v/iccciC * Jvajfc. /y? /K; • PRÉCIS D’UN VOYAGE AU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE, FAIT PAR ORDRE DU GOUVERNEMENT; - M LU A L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES EN SA SÉANCE DU l6 JUILLET l 82 I. Par M. P. DELALANDE. S U I Y I Des Rapports de MM. les Professeurs Administrateurs du Jardin du Roi , et à l’Académie royale des Sciences. PARIS. IMPRIMERIE DE A. BELIN, • 0 N ' * V *'- wï ^ *v (y. n° M°\- \J\ iû Fl 0*4 4 .. '.V*- * PRÉCIS D’UN VOYAGE AU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE, Fait par ordre du Gouvernement. PAR M. DEL ALANDE. M ESSIEURS , De nombreuses lacunes qui existoient dans nos collections , le besoin d’individus qui dévoient lier entre eux des genres séparés par de grandes distances , et plus encore , le désir de hâter les progrès de la science et d’éclairer sa marche , don- nèrent à MM. les Administrateurs du Muséum d’Histoire na- turelle , l’idée d’un voyage qui auroit pour but de lui procurer plusieurs espèces qui manquoient, entre autres l’hippopotame et le rhinocéros bicorne , qu’on savoit exister en Afrique. Je fus désigné pour cette mission. Elevé dans le Muséum d’Histoire naturelle , formé à l’école des savans professeurs de cet établissement , et préparé à cette expédition par trois voyages : le premier en Espagne et en Portugal , où j’accom- pagnai M. Geoffroy Saint-Hilaire , aux soins et aux bontés duquel je suis redevable d’une partie de mes connoissances dans les sciences naturelles; le second sur les cotes de la Voyage Méditerranée, et le troisième au Brésil où j’accompagnai S. E. Monseigneur le duc de Luxembourg , ambassadeur ex- traordinaire ; je sentis toute l’importance de la mission qui m’étoit confiée , et le zèle dont j’étois animé me fit espérer que je pourrois la remplir avec quelque succès. Je partis de Paris, en avril 1818, et je débarquai à Fals- Baie , à dix lieues du cap de Bonne-Espérance , le 8 août , accompagné de mon neveu , le jeune Verreau^ âgé de 12 ans ; cet enfant a été le compagnon de mes travaux, il a cons- tamment montré beaucoup de courage, et ne m a pas quitté pendant tout le cours de mon expédition. Je ne vous peindrai pas, MM., la foule de sensations qui vinrent s’emparer de moi , en touchant la rive d’Afrique, et surtout lorsque de la mon- tagne la plus voisine du lieu du débarquement , je pus pro- mener mes regards sur cette vaste contrée que j’allois par- courir après Kolbe , Sparmann , Paterson , Le Vaillant , Barrow , Daniel , et tant d’autres ; je n’ai point à vous faire l’histoire des impressions que j’ai ressenties, mais bien celle des faits que j’ai recueillis. Je ne m’arrêterai pas non plus à vous décrire le Gap et ses environs , je me contenterai de jeter un coup d’œil rapide sur l’histoire naturelle du pays, et sur les phénomènes qu’il présente. Les yeux sont d’abord frappés de l’aspect imposant et ter- rible des montagnes de la Table, du Lion et du Diable dont la hauteur et l’âpreté contrastent avec l’aspect riant delà ville, et des habitations qui l’environnent ; là seulement on trouve quelques arbres qu’on élève avec peine ; partout ailleurs on ne voit que des buissons qui ne font que végéter , ne pou- Au Gap de Bonne-Espérance. 3 am s élevei à une certaine hauteur , sans être bientôt dé- n ^ ai ^ GS V ents nor d-ouest ou du sud-est c[ui souf- rent toujours dans ces contrées avec une violence dont nous n avons pas d’idée dans nos climats tempérés. A des jours une chaleur excessive, pendant lesquels le thermomètre va- iie quelquefois de i5 à 3o degrés, succèdent des nuits d’une très-grande fraîcheur. ïl y pleut rarement, excepté durant les mois de juin, de juillet et d’août, qui sont les mois d’hiver, et pendant lesquels les tempêtes tourmentent ces parages ; de là le nom de cap des Tempêtes. Le mois de septembre ramène le printemps. La terre rafraîchie par les pluies se cou- vre de verdure ; des collines entières semblent de vastes parterres de fleurs diversement colorées et distribuées par grandes masses; alors les environs du Gap offrent une foule do belles plantes, surtout des liliacées, des bruyères, des protées parmi lesquelles on remarque le proteaargenteahses feuilles soyeusej^et d’un éclat argenté. On jouit pendant deux mois de ce spectacle ; alors les vents soufflent avec moins de violence ; mais bientôt la couronne de fleurs de la nature se flétrit, et la terre reprend cet aspect triste et monotone qu’elle^ conserve le reste de l’année. C’est pendant les mois de septembre et d’octobre que j’ai recueilli une foule de plantes dont j’ai enrichi mon herbier. Après avoir fait mes préparatifs de voyage et m’être muni de lettres de recommandation pour les différens landdrosts , et surtout d’une permission de chasse aux hippopotames (permission que le gouverneur lord Sommerset voulut bien m’accorder, malgré la loi qui défend cette chasse, sous peine d’une amende de 1000 rixdalers) , je partis accompagné Voyage de mon neveu et de 3 hottentots; un chariot et 22 formoient notre équipage ; on ne commît pas d autre manière de voyager clans cette partie de l’Afrique. Il est difficile 3 MM., de se figurer quelles innombrables dif- ficultés se présentent au voyageur qui veut parcourir cette contrée ; tantôt il n’a devant lui qu’un vaste désert brûle par le soleil, et d’immenses plaines de sable où l’on trouve a peine quelques habitations séparées par plusieurs journées de m ai- che ; tantôt ce sont des forêts impénétrables; d autres fois d PS ch n în es de montagnes du pied desquelles coulent des rivières* qui gonflées tout - à - coup par les pluies deviennent des torrens impétueux, et quelque temps après n offrent plus que la trace de leurs ravages, ou des n/ares dont 1 eau est fétide et bourbeuse. Pendant le jour , un soleil brûlant joint à un vent continuel qui soulève des tourbillons de sable rend là^ marche pénible et quelquefois impossible , des serpens ved^neux menacent de la mort à chaque pas ; la nuit les panthères, les hyènes , les chakals , cherchent leur proie; Tels sont les obstacles contre lesquels le voyageur a continuellement à lutter; mais le dé- sir de connoître un monde nouveau, d’agrandir le domaine des sciences , fait disparoître le danger et ne laisse voir que le bonheur d’être utile. Je ne vous fatiguerai pas, MM., de l’itinéraire des trois voyages que j’entrepris, le premier à l’est , le second au nord et le troisième aussi à l’est du Cap. Ce premier ne vous offriroit que le récit d’une suite noninter- rotnpue de peines et de dégoûts. Je ne trouvai que peu d’objets dignes d’être recueillis , etjefus àla veille deles perdre, ayant Au Gap de Bonne-Espérance. 5 été contraint de rétrograder à marche forcée , par une séche- resse extraordinaire même dans ces climats j pavois de plus a ciaindre de tomber entre les mains desCafres, qui, irrités de rapproche des Anglais , s’étoient réunis au nombre d’en- viron ]o,ooo combattans, et s’avançoient sur la colonie en répandant partout la dévastation et la mort. Ils se croy oient tellement sûrs de la victoire qu’ils avoient cassé le bois de leurs sagaies pour s’en servir comme de poignards mais deux cents anglais, qu’ils avoient surpris et enveloppés, suffirent pour les disperser , par le feu de la mousquetterie qui eut bientôt porté la terreur dans leurs rangs. Le pays que je parcourus dans ce premier voyage est bordé au midi par la mer, au nord par une chaîne de hantes mon- tagnes de grès ou de granit qui (d’après la carte d’ Arrows- mith , qui m’a paru lamoins inexacte) s’étend de l’est à l’ouest sur une largeur moyenne de 2.0 a 2 5 lieues, depuis le 18 0 , 27 0 , 5 o de longitude de Grenwith jusqu’au 26° 27 , et se trouve comprise entre le 33 et 34 e . degré de la- titude australe. Il est habité par des colons et des hottentots. C’est ifrflfviron cent lieues du Gap qu’on commence à ren- contrer ces forêts impénétrables qui paroissent aussi anciennes que» la terre , et se prolongent d’espace en espace jusque dans la Cafrerie. C’est au retour de mon I er . voyage que je trouvai une baleine échouée sur le sable. Cet animal long de 7$ pieds avoit été jeté à la côte par le vent de nord-ouest. Je n’hé- sitai pas à m’en emparer , et pendant deux mois , sous le so- leil le plus ardent, etmalgréla puanteur laplus infecte, jene cessai d’y travailler, jusqu’à ce que je l’eusse entièrement dé- 2 ^ Voyage pecée J’en ai par un bonheur inouï conservé tous les os et surtout ces fanons dont la mâchoire supérieure est ornée. On avoit bien quelques descriptions de ce cétacée , mais plus ou moins incomplètes , et les squelettes qu’on en possedoit étant composés d’os empruntés à vingt individus différens , on y cherchoit vainement les caractères les plus distinctifs. J ai ajouté par la suite, deux autres squelettes de baleine à ma collection. Le i er . est celui de la baleine à ventre plissé, et le second s’est trouvé un très-jeune individu appartenant, comme le plus grand, à la baleine franche. J’en avois encore préparé deux autres ; mais lorsqu ils etoient presque terminés, le vent les jeta à la mer. Mûn second voyage fut plus heureux que le premier ; je me dirigeai au nord en suivant la côte , et je parvins jusqu à la rivière des Éléphans qui se jette dans l’Océan à environ 20 39' du cap de Bonne-Espérance. Ce pays le plus cultivé et le plus fertile de la colonie est bas et sablonneux, il offre de beaux pâturages, et dans plusieurs endroits 011 y cultive le bled. Vers le Berg-River je trouvai l’ibis sacré d’Egypte, et beaucoup de beaux oiseaux , ainsi que plusieuïis^spèces d’antilopes nouvelles ou mal décrites; j’y ramassai aussi une grande quantité d’insectes ; enfin , après six semaines de re- cherches inutiles dans les marais qui bordent le Berg-River , au moment où je me disposois à partir , désespéré de n’avoir pu me procurer l’hippopotame dont la recherche étoit un des principaux motifs de mon voyage, un de mes hottentots que j’ avois envoyé à la découverte vint m’annoncer qu’il en avoit entendu crier dans le voisinage des joncs qui bordent le fleuve. Cette nouvelle me transporta de joie ; il n’y avoit Au .Gap de Bonne-Espérance. 7 pas un moment à perdre ; mes gens , mon neveu et moi nous nous ai marnes; j etois prévenu que le moindre bruit averti- îoit ces animaux vigilans de notre présence ; nous en étions a un quait de lieue; il fallut nous courber, et ce fut presque en rampant que nous fîmes le chemin qui nous séparoit d’eux. A quelque distance , nous nous séparâmes , après être con- venus de tirer sur le plus gros de la troupe. Mon coup de fusil et ceux de mes hottentots l’atteignirent, je le vis tomber et je poussai un cri de joie ; les autres hippopotames se pré- cipitèrent dans le fleuve avec un bruit ‘épouvantable, le blessé se releva et vint fondre sur moi (ne sachant sans doute où il alloit^ et je dois m’estimer heureux qu’il n’ait pas été se jeter dans le fleuve qui l’eût porté à la mer); un second coup de fusil l’étendit mort à mes pieds. J’en ai rapporté la peau et le squelette ; l’un et l’autre serviront à prouver combien sont inexactes les descriptions qu’on a faites de cet animal (1). De retour de mon second voyage , je fis aussitôt mes pré- paratifs pour un troisième , et profitant des offres obligeantes de M. le secrétaire colonial Bird , je partis sur un vaisseau anglais qui me débarqua à AlgoaBay. Delà, je me dirigeai au nord-est, jusqu’à la rivière de Keiskama qui coule du (i) Des crânes d’hippopotame existoient dans beaucoup de cabinets, mais c’est tout ce qu’on connoissoit du squelette de ce grand quadrupède , à l’exception ce- pendant des précieux détails ostéologiques que M. Cuvier , ayant pu disposer d’un fœtus conservé dansl’alcool , avoit déjà donnés dans le tome quatrième des Annales du Muséum. Le squelette que j’ai rapporté , dont il vient d être pris un dessin très-exact , va -remplir une lacune importante dans le grand et bel ouvrage sur les ossemens fossiles dont M. Cuvier publie en ce moment une seconde édition. g Voyage nord au midi, et qui a son embouchure dans la mer, vers le 2 8° 7' de longitude et le 33o 1 1 ' de latitude ; ce pays a ete en grande partie habité par les Cafres, surtout 1 espace compris entre Groote-Vis rivière et le Keiskama; mais de- puis un an ces peuples ont été rejetés au delà de cette der- nière rivière , par les Anglais qui y ont transporté une popu- lation prise dans la métropole, pour lui assurer cette bel e colonie. Le pays qui s’étend d’Algoa Bay au Keiskama m a paru très-susceptible de culture, on y retrouve ces forêts qui comme nous l’avons dit ne sont que la continuation d autres plus grandes situées à l’ouest. De belles rivières 1 arrosent en tous sens , mais leur embouchure est tellement obstruée par de bas fonds et des bancs de sable qui se prolongent le long de la côte, qu’il est impossible même aux plus petits vais- seaux d’y pénétrer. C’est là que ma collection s’est enrichie d’un grand nombre d’insectes rares, d’oiseaux et de quadru- pèdes inconnus ou mal décrits , entr’autres d’ichneumons , d’hélamys, de plusieurs espèces d’antilopes, enfin du rhino- céros bicorne qui faillit me coûter la vie. J’avois entièrement dépouillé ce rhinocéros et j’étois allé à mon camp chercher du monde et un chariot pour l’enlever, craignant avec juste raison qu’il ne fût dérobé par les Cafres ou dévoré par les bêtes féroces. Je revenois de cette course lorsque mon che- val , qui jusque-là avoit été très-docile, irrité par l’odeur du rhinocéros , s’emporta avec une telle violence que je n’en fus plus maître j il me renversa, et dans ma chûte, je me meurtris la tête et me cassai l’épaule. Lnfin ? après huit mois de séjour dans le pays des Cafres, aü Gap de Bonne-Espérance. g que je parcourus daus tous les sens, je repris la route du Cap , avec la douleur de n’avoir pu pénétrer plus avant et cependant avec 1 espoir de m avancer dans les terres dans un fquatiieme voyage. Déjà j avois recueilli des renseignemens sur ces contrées ; on m’avoit dit quil existoit au delà et à deux mois de marcfie de la rivière d’Orange , des contrées plus fertiles , et des villes populeuses que je brulois de con- noître j mais les nouvelles que je reçus d’Europe , l’arrivée d’un vaisseau, la crainte d’abandonner ma précieuse collec- tion à la conduite de gens sans expérience, me forcèrent à re- noncer à ce projet; et c’est après deux ans de séjour en Afri- que , que j’en partis le ier. septembre 1820. Jamais exilé n’éprouva plus de regret en quittant le sol natal, que je n’en éprouvai lorsqu’il fallut me résoudre à m’éloigner de cette terre au moment même où je me proposois de visiter des contrées tout-à-fait ignorées, et lorsque les succès que je ve- nois d’obtenir, me donnoient l’espoir d’appliquer à de nou- velles découvertes des connoissances déjà acquises sur les objets si variés et si intéressans que le règne animal présente dans cette partie du globe. Quoique mes espérances aient été déçues, quoiqu’il ne m’ait pas été permis d’explorer cette terre, objet de mes vœux, je me console en pensant que mes travaux auront contribué à détruire quelques erreurs et à éclairer quelques points de la science ; et sous ces rapports , messieurs, j’aurois une multitude de faits à vous présenter 3 mais je n’abuserai pas de votre indulgence , et je me con- tenterai de vous en exquisser les principaux traits. Parmi les voyageurs qui sont ailes etudier lhistoiie natu- relle dans des contrées éloignées , les uns ont apporté à cette 10 Voyage étude un système établi d’avance et auquel ils ont rattache tous les faits qu’ ils ont recueillis au lieu de rassembler d’abord une multitude de faits , et de les coordonner pour tirer de leur réunion des lois générales ; d’autres , et c est le plus grand nombre , ont décrit tout ce qu’ils ont vu , et rassemble sans ordre une foule de matériaux, plus jaloux, à ce qu d semble, de beaucoup voir, que de bien voir; ainsi ils ont moins avancé qu’embarrassé la science , puisque ceux qui les ont suivis, au lieu de n’avoir qu’à énoncer des faits, ont été de plus obligés de renverser l’ouvrage de leurs pré- décesseurs ; et après tant de voyages , après une loule de relations , on en est le plus souvent réduit à douter des choses sur lesquelles il semble qu’il ne devroit exister qu une seule opinion. Grâce à la méthode philosophique introduite dans l’étude des sciences naturelles , on sent maintenant que pour arriver à des connoiesancoa eAcictes et précises , il faut les appuyer sur des faits bien observés , que pour cela il faut pénétrer jusque dans l’organisation intime des individus , les considérer sous les clifférens aspects qu’ils présentent, dé- terminer les rapports qui les lient à d’autres individus ou qui les en éloignent , et en conclure la place qu’ils doivent occuper dans l’échelle des êtres. Guidé par ces principes, je me suis fait une loi de recueillir tous les caractères des ani- maux que j’ai trouvés en Afrique ; la plupart d’entre eux et toutes les-espèces nouvelles sont accompagnés de leurs sque- lettes. Je n’ai surtout épargné aucune peine, aucune recher- che pour me procurer des crânes et même des squelettes d’hommes , et considérée sous le rapport de la science , cette partie de ma collection n’en sera pas la moins intéressante. 1 1 Au Cap de Bonne-Espérance. En effet, vous trouverez depuis l’Asiatique jusqu’au Makoia, une suite non interrompue de dégradations. L’angle facial augmente progressivement du Makoia au Boschisman; vient ensuite 1 e Hottentot, et enfin le Namaquois qui nous conduit au Lalre, dont toute l’anatomie porte l’empreinte de la force et de l’énergie physique, poussées à l’extrême , en même tems que la masse encéphalique a pris un plus grand développe- ment surtout au-dessus des arcades orbitaires. D autres espèces de 1 intérieur montreront des orbites plus rapprochées des fosses nazales moins développées. Farmiles races croisées on trouvera le Malais, métis du Malais pur et du Makiava, et le Namaquois que je crois provenir de l’al- liance du Cafre et du Hottentot. A côté du Namaquois nous placerons l’habitant de Madagascar à cheveux frisés; vien- dront ensuite les races asiatiques qui ont les cheveux plats et longs : le Malais pur , le ChW 3 , l e Bengali et le Malabar. Il est aussi difficile, je crois , de rendre compte de la réunion de tant d’espèces cl’hommes sur un petit point à l’extrémité de l’Afrique (et ici je ne parle point des espèces qui n’en sont pas originaires et qui sont comprises dans ma collection, • mais bien de celles qu’on trouve si différentes et si nombreuses dans la seule colonie du Gap) ^ que d’expliquer pourquoi toutes les femmes du Cap blanches ou noires sans distinction y sont d’une taille svelte dans leur jeunesse, et deviennent d’une grosseur qui va toujours croissant lorsqu’elles sont parvenues à un certain âge. Ce qu'il y a de probable cepen- dant , c’est que toutes ces différences si tranchées aujour- d’hui diminueront progressivement et se confondront avec le temps dans un seul type par le mélange de toutes les a- »»« différences très-sensibles autrefois entre les peuples qui 1 ha bitoient. L’angle facial si aigu chez les Makoia , et augmen- tant progressivement jusqu’au Cafre , est une juste m ication du degré des facultés intellectuelles de ces différens peuples. Et ici , messieurs , si de l’homme physique nous voulons re- monter h l’homme moral , combien nous aurons à regretter qu’on ait si mal étudié l’homme, si intéressant surtout dans F enfance de la société. M. Levaillant , à qui l’on n’a peut - être pas rendu assez de justice, a vengé depuis long-temps les Hottentots des calomnies de Kolbe, qui les peint comme des peuples livrés aux superstitions les plus folles et les plus exagerees. Sans doute il existe chez eux des préjugés produits par 1 igno- rance, et, comme partout ailleurs, le plus adroit trouve quel- quefois le moyen d’en imposer à des hommes simples et cré- dules; mais s’ils sont simples et ignorans , ils ne sont pas dégradés , et l’on trouve chez eux des vertus quon cherche- roit vainement chez des peuples plus civilisés. Leurs mœurs d’ailleurs ne ressemblent en rien aux nôtres. Ainsi l’activité semble être le partage des peuples civilisés : la passion do- minante des peuples que nous appelons sauvages, celle à laquelle ils sacrifient tout, est l’amour du repos-: ils semblent se contenter du seul plaisir d’exister. Combien de fois je les ai vus, tout étonnés de me voir recueillir des insectes qu’ils fouloient aux pieds, se demander entre eux : Pourquoi venir de si loin chercher des choses si méprisables ? Ils ne sèment ni ne cultivent , ils chassent et nourrissent des troupeaux dont ils boivent le lait. Ils ne sont point , comme on l a dit tant au Cap de Bonne-Espérance. i3 de fois, dans un état de guerre continuel avec les animaux féioces. Habitans de la meme terre , ils la partagent et vivent en paix , chacun de leur cote , jusqu’à ce que quelques causes viennent troubler l’harmonie : alors leKral prend les armes, on éloigne ou l’on tue l’animal agresseur, et tout rentre dans 1 ordre accoutumé. Les peuples qui habitent la colonie du Cap, parmi lesquels je ne comprends pas les Cafres qui ont été rejetés aü-delà , sont doux , bons , hospitaliers, mais foibles , indolens, enervés par un climat brûlant. Leurs proportions physiques indiquent assez cette défaveur de la nature, et chez eux l’intelligence ne vient pas suppléer aux forces qui leur manquent. Les animaux, au contraire , y sont d’une vigueur, d’un courage, et d’une férocité extrêmes. Il semble que la nature ait pris plaisir à les former aux dépens des autres habitans de cette terre. Eh bien ! malgré toutes les circonstances défavorables dans^ lesquelles l’homme se trouve placé , il est probable que dans un temps qui ne paroît pas éloigné ( à en juger du moins gar^Pétat gé- néral d’accroissement de l’espèce humaine*).,’ il est probable, dis-je, que la plupart des grands arîiûiaux -^uront disparu et cédé la terre à l’homme, qui ne conserve des animaux que ceux qui lui sont utiles et qu’il soumet ou associe à son empire. Ceux-ci multiplient alors d’une manière pro- digieuse ; tant est grande la puissance que l’homme exerce sur toute la nature! Déjà même les lions et leséléphans, si communs il y a quarante ans , sont très- rares dans toute la colonie 5 et cela tient à la nature des choses : l’homme en se multipliant fait quelques progrès vers la civilisation , ses moyens de conquête deviennent plus puissans , tandis j4 Voyage que les animaux, toujours réduits à l’instinct, ne savent que se précipiter sur leur proie, et la dévorer. A la tête des grands quadrupèdes de la colonie du Cap sont les éléphans, le rhinocéros , l’hippopotame, l’antilope , dit l’élan du Cap. J’ai tué un individu de cette dernière espece plus grand qu’un bœuf, mais les bêtes féroces 1 ont dévoré dans une nuit ; le zèbre et le coagga sont très -communs a l’embouchure du Groote-vis, rivière oùils vivent àlamanière des chevaux sauvages. Parmi les carnassiers sont : les lions , les panthères , les chakals et de prétendus chiens sauvages qui à l’inspection de leurs dents m’ont paru être de vraies hyènes. Ces animaux sont d’une subtilité telle , qu’il est difficile de s’en procurer malgré leur grand nombre. Répandus sur toute la surface de la colonie , vivant en grande troupe , ils y cau- sent beaucoup de ravages , et attaquent les troupeaux avec une fureur inconcevable. Ce pays si fécond en espèces sauvages , ne produit en animaux domestiques que la chèvre , le mouton et le bœuf dont quelques races sont remarquables par leur taille. Au nombre des espèces nouvelles que j’ai rapportées , je citerai la civette à crinière, le renard aux longues oreilles, le mangouste deCafrerie, le ree-bock laineux du pays des Hot- tentots , et le ree-bock rouge de Cafrerie. Qui neconnoîtles charmans oiseaux que produisent les co- lonies du Cap! Les coucous dorés, les couroucous, les pics, les sucriers , les martins pêcheurs, les guêpiers et tant d’au- tres, qui ornent nos collections ou qui viendront les embellir. L’aigle à poitrine noire, l’indicateur à gorge noire , le merle à deux raies, le fourmilier jaune , la fauvette des mimoses. Au Gap de Bonne-Espérance. i5 I outaicle a taches rousses et l’outarde à cravate noire , et une foule d’autres. Ges îeptiles très-communs dans cette partie y sont aussi très-venimeux , surtout la capelle, les vipères à queue courte et a croissant , et la vipère à cravate noire , de la morsure de laquelle j’ai vu mourir en 12 heures un jeune homme fort et bien constitué. Les tortues sont très-recherchées par les Hottentots ; com- bien de fois moi-même n’ai-je pas été heureux d’en trouver dans le désert qu’elles seules et les serpens peuvent habiter, et qui semblent placées là pour prouver qu’il n’est aucun lieu où la nature n’ait exercé son pouvoir de reproduction. A six espèces connues , j’en ai ajouté cinq autres. On ne trouve qu’une petite espèce de poisson dans quel- ques ruisseaux; les rivières en manquent absolument; ce qui tient sans doute à ce que , lorsquelles sont grossies par des pluies subites, elles coulent avec une telle impétuosité que des poissons 11e pourroient résister au courant. A l’embouchure des fleuves et des baies, on trouve une quantité innombrable de squales, et de raies dont j’ai vu des individus de 10 pieds d’envergure; les silures, les labres, les blennies y abondent. Parmi les mollusques , j’ai trouvé des tétries , animaux dont les uns vivent isolés et d’autres réunis en famille : ceux-ci ad- hèrent à un noyau charnu, alimenté par la vie commune et à la surface duquel vient s’ouvrir la bouche etoilee de chacun des individus qui composent la famille, organisation admirable découverte et étudiée avec tant de sagacité par M. Savigny, mais sur des individus de proportion bien inférieure a ceux que je me suis procurés. Voyage Je ne vous arrêterai pas, MM. , sur chacune des grandes classes du règne animal , je craindrois de surcharger cet aperçu de détails fastidieux. Je ne puis cependant passer sous silence les insectes : quoi- que j’en aie rapporté plus de dix mille individus, j aurois pu encore ajouter à ce nombre , mais je me suis attaché sur- tout aux espèces négligées par les voyageurs , et à celles qui nous étoient inconnues, ou qui, soit par leur petitesse, soit par leur peu d’éclat, avoient échappé aux yeux des natura- listes. L’entomologie du Gap est en rapport avec son climat brû- lant^ avec son sol sablonneux et aride, et avec ses productions végétales; aussi les insectes qui se nourrissent d’herbes et de fleurs, ou qui à l’état de larves habitent les grands arbres , et qui sont si communs dans l’ Amérique méridionale , tels que les coléoptères , tétramèrec et lépidoptères, sont-ils très rares dans cette contrée, et manquent même le plus souvent ; ceux au contraire qui vivent à terre ou dans les sables, ceux qui se nourrissent de racines, de substances cadavéreuses ou excrémentielles, ceux qui habitent les arbres peu ligneux, y abondent, surtout les tenebrio , les nieloe de Linnœas , les anthia , les copris, les brachycerus , truxalis , et grillas de Fabncius , différentes espèces de lamies à corps bombé ou presque cylindrique , les termites , les mutilles et les pangonies • quelques genres, tels que les manticores, euricho- res et pneumores, appartiennent exclusivement à cette partie du monde. M. Latreille, qui a eu la bonté d’examiner ma collection d’insectes, y a trouvé plus de trois cents espèces nou- velles dont les plus remarquables appartiennent aux genres au Gap de Bonne-Espérance. *7 étoine, ibis, lamie, brachicère, charanson, pneumore, etc. J ai aussi recueilli plusieurs espèces d’arachnides et de inconnus. crustacés La zoologie n’a point été seule l’objet de mes travaux. J’ai egalement recueilli et desséché avec soin les plantes que j’ai trouvées en fleur, dans l’espoir d’en rapporter qui auroient échappé aux recherches de Sparmann et des autres botanistes qui ontparcouru les mêmes contrées. Je n’ai point été trompé dans mes espérances- mon herbier, composé de huit à neuf cents plantes , a offert beaucoup d’espèces qui ont enrichi la collection du Muséum , et dans ce nombre il s’en trouve qui n’étoient pas encore connues. J’ai aussi rapporté des bulbes de liliacées et s3o espèces de graines. J av ois , de plus , rassemblé un grand nombre de plantes vivantes, dont la plupart sont inconnues dans nos jardins; mais j ai été contraint de les abandonner 5 le vaisseau qui est venu chercher ma collection , ayant préféré le mouillage de Fals-Baye à celui de la baie de la Table qui est en vue du Cap, il a fallu faire traverser dix lieues du pays le plus âpre à ma collection; rude assaut auquel elle a résisté , mais que n’eus- sent pas supporté des plantes vivantes , quelques soins qu’on eût apportés à leur transport. Trois cents échantillons de minéralogie pris en différens lieux n’offriront rien de remarquable , ni de précieux pour- nos collections; mais le géologue trouvera dans leur examen des renseignemens sur la composition du sol et des monta- gnes , qui ne se trouvent pas dans les nombreux ouvrages pu- bliés sur la colonie du Cap. Voilà , messieurs , quels sont les résultats d un voyage de g Voyage deux ans » et quoiqu’ils ne soient pas tout-à-fait stériles sous le rapport de la géologie et du règne végétal, vous vous etes facilement aperçus que la zoologie avoit ete plus spéciale- ment l’objet de mes travaux. Ainsi la comparaison des sque- lettes de l’hippopotame et du rhinocéros bicorne , avec les os fossiles des mêmes animaux, servira à déterminer d une manière précise les différences ou les rapports qui existent entre les espèces d’Afrique et celles des anciens, et peut-être cette comparaison pourra conduire à quelques inductions sur la marche des bouleversemens du globe. Legrand nombre de crânes humains que j’ai pu me procurer, parmi lesquels vous trouverez des différences si grandes, des dégradations si marquées, contribuera, je l’espère, à fournir à la science qui s’occupe des variétés de l’espèce humaine des matériaux du plus grand intérêt.. Dirigé dans mes recherches par les principes qui heureu- sement prévalent dans l’étude des sciences naturelles , l’ob- servation des rapports qui, existant entre les différens êtres, les lient, les rapprochent ou les éloignent , l’examen intime des parties , examen qui ne peut être fait que le scalpel à la main, et en allant fouiller jusques dans les replis les plus ca- chés de l’organisation , je me suis appliqué à disséquer une foule d’animaux, surtout les espèces inconnues. Ni le dégoût attaché aux travaux anatomiques sous un soleil brûlant, ni la multitude et la variété des objets dont j’étois environné , n’ont pu me faire perdre de vue ce but philosophique de la science; je lui ai consacré une grande partie de mes soins , et les ré- sultats sont 122 squelettes , dont quelques-uns sont des plus grandes dimensions, au Gap de Bonne^Espérànce. jg Enfin , messieurs , pour résumer , le seul règne animal \ ous piésentera i 3 , 4 o 5 individus appartenant à 1620 espè- ces, savoir : Individus. Espèces. Mammifères. . . . Oiseaux Reptiles Poissons Insectes Mollusques Mais, messieurs, si j’ai obtenu quelques succès , Je ne suis pas le seul à qui Y on doive les attribuer j le consul de France au Cap , monsieur le comte des Ecotais , le gouverneur lord Sommerset et le secrétaire colonial M. Bird, auxquels je suis heureux de pouvoir exprimer toute ma reconnaissance de- vant cette auguste assemblée, ont puissamment contribué à la réussite de mes efforts, par leurs bons offices, et par l’em- pressement qu’ils ont mis à me procurer par eux-mêmes ou par leurs ordres , toutes les facilités qui pouvoient favoriser l’exécution de mes projets. C’est ainsique sur toute la terre , les savans et les amis de l’humanité ne forment qu’une seule famille , exempte des rivalités qui divisent les nations 5 ils ne savent que se réunir , quand il s’agit de faire le bien et d’éclairer les hommes. Quant à moi , messieurs, si vous jugez que mes travaux méritent quelque attention , votre bienveillance et votre ap- probation seront ma plus douce récompense ; heureux si pour completter ce que j’ai commencé , je puis, en publiant le ré- sultat de mes observations, et les faits nombreux que j’ai recueillis , ajouter quelque chose au domaine de l’histoire 20 Voyage au Gap de Bonne-Espérance. naturelle! J'ai déjà arrêté le plan de ce travail, et disposé quelques matériaux, avec le secours d'un ami, M. Bénit , qui s'est associé à moi pour cette entreprise; mais je vois avec douleur que je serai forcé d'y renoncer , à moins que le gou- vernement, fixé par l’opinion de l’Académie sur l’intérêt de cette publication, ne veuille bien me continuer sa bienveil- lance, et contribuer au succès, en m’accordant les moyens matériels qui me manquent. RAPPORT A SON EXCELLENCE LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR, Sur les Collections et Histoire naturelle faites au cap de Bonne-Espérance ; par M. Delalande. IM ous avons cru devoir attendre pour soumettre ce rapport à votre Excellence, que nous ayons pu le faire avec quelque exactitude, et il n’a rien moins fallu que tout le mois qui s’est écoulé depuis le retour de M. Delalande pour mettre en ordre et classer les collections qu’il a remises à l’établissement. Le cap de Bonne-Espérance, occupé depuis long-temps par des Européens , paroissoit suffisamment exploré, à en juger par de célèbres ouvrages sur cette contrée, tels que les rela- tions de Kolbe, de Sparmann, Le Vaillant, etc.; mais c’est une idée toute différente qu’en donnent les collections de M. Delalande : par les soins de cet employé de notre muséum dont les travaux comme aide naturaliste datent de vingt-cinq ans , nous pouvons maintenant nous flatter de connoître les terres qui terminent l’Afrique dans sa partie australe, si ce n’est son sol lui -même, du moins ses productions en choses organisées , comme plantes et animaux. 4 22 Rapport. Les succès de notre voyageur dans une carrière où il avoit été précédé par tant d’efforts et de travaux, prouve qu il a déployé une bien plus grande activité que ses devanciers, et, il le faut bien aussi d’après les résultats , une instruction plus universelle , que révèlent les moyens et les ressources qu il est parvenu à se créer. M. Delalande avoit donné des preuves de sa capacité dans trois voyages (à Lisbonne, à la mer de Provence et au Bré- sil) qu’il avoit déjà faits pour le gouvernement, et de son zèle pour les progrès de l’histoire naturelle, quand il fut dé- signé pour un quatrième voyage. Accompagné d’un neveu âgé de douze ans , qui a partagé ses fatigues, ses travaux et ses dangers, notre voyageur quitta Paris le 2 avril 1818 , et fut le 3 août suivant rendu aux atté- rages du Gap. Tout en s’occupant d’ excursions et de découvertes dans les environs de la ville du Cap, il prépara ses expéditions pour l’intérieur des terres. Elles ont eu lieu dans l’ordre suivant : Il entra dans le pays des Hottentots le 1 1 novembre 1818; revenu au Gap , ce fut pour en repartir et se rendre dans la province de Berg-Rivière le 5 juillet 1819 ; et après un second retour, il partit le 2 novembre suivant pour la Cafrerie. N’ayant en Européens près de lui que le jeune Verreaux son neveu, aidé uniquement par quelques hottentots ou nègres sans ressort ni intelligence, M. Delalande fut long-temps en expédition d’histoire naturelle à 800 milles du chef-lieu de la colonie : il se trouvoit ainsi enfoncé dans l’ouest à une époque d hostilité des Gafres, fort animés contre les Européens, sans 2 3 R apport. que cette circonstance très-pénible pût l’arrêter dans F accom- plissement de sa mission. Ce n étoit que dans cet éloignement du Gap qu’il pouvoit espérer de joindre un énorme quadrupède, le rhinocéros à double corne, qui lui avoit été très-expressément demandé; il tint ferme sur cette terre inhospitalière, jusqu’à ce qu’il eût renversé l’énorme bête de douze pieds de long, dont l’ab- sence, celle du squelette surtout, formoit une lacune très- impatiemment ressentie dans nos collections et dans nos ou- vrages d’histoire naturelle. C’est à l’ouest du Gap qu’il fit cette chasse heureuse. Il se porta bientôt après dans l’est pour satisfaire à une autre recommandation. Le squelette d’un autre animal d’une taille tout aussi colossale lui avoit été aussi désigné comme également nécessaire pour la science. Il poursuit à Berg-Rivière, il est long-temps sans joindre , et puis enfin il surprend une famille d’hippopotames; il en tue le chef, le plus gros et le plus redoutable de la bande. Une circonstance concernant cet événement honore notre voyageur, en même temps quelle nous fait un devoir de témoigner notre reconnoissance au gouverneur du Cap, lord Charles Sommerset (i), et au secrétaire colonial, M. le co- lonel Christophe Bird. Une loi de la colonie portoit défense de chasser et de tuer des hippopotames. Mais le gouvernement pouvoit rele- ver de l’amende de 1000 rixdales que l’infracteur encouroit. M. Delalande , grâce à la protection éclairée des deux chefs de (,) Présentement à Paris, étant sur le moment d’aller reprendre le comman- dement de la colonie. Rapport. la colonie , qui lui ont procuré en tout temps la plus grande facilité et les encouragemens les plus flatteurs, fut pourvu d’instruction pour commettre l’infraction h la loi sans incon- vénient pour son avenir. Dans les intervalles de ses expédi- tions lointaines, M. Delalande employoit sesmomens au Cap à agir sur des animaux d’une bien autre dimension que les giraffes, les rhinocéros, les hippopotames. La mer, bouleversée par des coups de vent de la plus grande violence, apportait et venoit briser sur le rivage des baleines qui restoient quelquefois échouées. Notre voyageur cour oit aussitôt sur la côte s’emparer de proies aussi importantes : mais celles-ci lui étoient par fois ravies par lamer , qui agitée de nou- veau, faisoit rouler et rentrer dans son sein ces monstrueux cadavres que M. Delalande et son collaborateur de douze ans , s’étoient efforcés avec tant de labeur de dépecer. Ce- pendant la constance de nos voyageurs fut récompensée par un résultat bien précieux pour nous : ce sont trois squelettes de baleines : l’un de la baleine franche, un autre de la baleine à ventre plissé et le troisième d’un jeune âge de la première. Nonobstant les influences du ciel le plus brûlant, les progrès d’une putréfaction à l’excès incommode, aucunes peines, aucuns soins ne furent épargnés; toutes les pièces grosses, moyennes, petites, les plus petits os de l’oreille, les fanons, généralement tout ce qui constitue le système osseux, tant de pièces qui vont dévoiler plusieurs points importans de l’organisation de ces plus grands animaux de la création , tout a été soigneusement rapporté. Qui ne croiroit , qu’occupé d’aussi grands animaux, qu’em- ployant un si long temps à les dépecer et à les préparer, que Rapport. 2 5 tenu aux plus pénibles efforts pour les tirer des lieux où ils av oient été atteints ou trouvés, dans un pays sans routes, sans le concours des arts européens ou d’une population intelli- gente j qui ne croiroit que ce ne soit à ces résultats déjà très- importants que se sont bornés les travaux de nos deux voya- geurs. Voilà, monseigneur, ce qui est présumable et ce qui n’est cependant pas. Que votre Excellence veuille bien se faire re- mettre les inventaires des collections de M. Delalande, accom- pagnant ce rapport, catalogues sommaires, mais exacts, et votre Excellence apprendra que ce naturaliste, qui est arrivé au Gap en août 1818, et qui en est reparti en août 1820, a ce- pendant recueilli le nombre d’objets ci-après. Individus. Espèces. En insectes 10000 982 En niseanx 22 o 5 280 En mammifères. 228 5 g En reptiles 322 i 36 En poissons 2g3 70 En mollusques 387 102 A quoi il faut ajouter 122 squelettes qu’il a préparés. i33o7 1629 Dans le nombre des mollusques se trouvent plusieurs indi- vidus d’une nouvelle espèce de théthyes composées, animaux vivant en famille et adhérant à un noyau charnu et alimenté par la vie commune, organisation tres-recemment connue, mais non sur d’aussi gros individus; organisation véritablement merveilleuse. Pour ne pas donner trop de longueur à ce Rapport, nous ne Rapport. nous étendrons point sur le mérite même des principaux ob- jets. Un grand nombre de ces animaux est nouveau, les au- tres espèces seront mieux connues, tant sous le rapport de leur organisation que sous celui de leurs mœurs et de leurs localités. Pour l’exprimer en un mot, ce voyage nous procure une zoologie à peu près complète du Cap. Une science dont on s’occupe aujourd’hui plus que jamais, l’anthropologie, ou la science qui s’applique à faire connoître toutes les organisations variées des diverses races humaines, n’est pas une des moins redevables aux recherches éclairées de M. Delalande. Il a surtout profité de son séjour en Cafre- rie pour se procurer des squelettes et des têtes des peuplades de cette contrée, dont les races sont autant remarquables jiar leur nombre sur ce petit point de la terre qu’ elles sont extraordinaires par leur très-singiilicrre conformation. Ce que ne sembloit point promettre le genre d’études et de connoissances de M. Delalande, c’est l’attention qu’il a donnée également à la minéralogie et à la botanique. Trois cents échantillons sont rapportés en minéralogie ; ces trois cents objets, sans avoir une très-grande valeur intrin- sèque comme minéraux, en ont une pour le géologiste qu’ils avertissent de la constitution des montagnes, et de la nature des roches de l’extrémité australe de l’Afrique; ce sont les premiers renseignemens de cette nature qui aient été donnés. M. Delalande a aussi rapporté un herbier du Cap, composé d’à peu près 6000 échantillons de 920 espèces, appartenant à 235 genres différens. Rapport. 27 Il avoit recueilli des plantes vivantes : il a eu le chagrin de les laisser au Gap. La frëgate qui Fa ramené a préféré le inouillage plus sur de False-Baie à celui de la baie de la Ta- ble, à vue de la ville du Cap. Il a donc été dans la nécessité de faire franchir à ses collec- tions les hautes montagnes qui séparent ces deux mouillages dans une étendue de douze lieues; rude assaut, auquel les collections ont heureusement résisté à cause des précautions prises pour leur emballage, et Fexcellent état de leur conser- vation. Les plantes vivantes n’eussent pas soutenu ce transport par terre, et M. Delalande n’a enrichi nos serres que par des oignons et des graines; par des oignons, au nombre de 58ç), 33 espèces, parmi lequelles i3 sont signalées comme nou- velles, et par des graines, se rapportant à a5i espèces. Tant de travaux fixèrent sur M. Delalande l’attention de la colonie; c’est ce que noua avons appris par des lettres de M. le comte des Escotais , agent de France au cap de Bonne- Espérance , et c’est ce que cet agent nous a confirmé de vive voix depuis son retour à Paris. Son extrême bienveillance et zon intérêt soutenu pour notre voyageur, ont porté M. le comte des Escotais à nous communiquer le 12 décembre der- nier les réflexions suivantes que nous avons cru de nature, monseigneur, à être soumises a votre Excellence. (( Je veux vous parler, messieurs, de l’effet moral qu’ont « produit dans la colonie dn Cap le séjour et les travaux de « votre envoyé. M. Delalande déploya une activité qui étonna « dans un climat aussi ardent ; il produisit en si peu de temps « tant de collections, et il fut si obligeant et en même temps « si réservé et si modeste , qu’il fixa sur lui 1 attention de 2.8 Rappojrt. les chefs et de tous les habitans les plus distingués de la colonie. , , , ■ K H y eut de toutes parts un empressement égal a lui etre utile et à seconder l’intérêt que je portois à ses recherches. J’ai donc reçu sur son compte les rapports les p us. at leurs; mais , de plus , son séjour aura un résultat puissant pour les sciences, c’est un exemple qu’il a laisse. Présen- tement on sait au Cap tout ce que la colonie peut fournir à la science, et voilà plusieurs colons qui veulent marcher sur ses traces ; enfin le zèle des médecins, a été excite pour continuer les recherches de M. Delalande sur les variétés (( de l’espèce humaine. (( En contemplant, Messieurs, l’effet moral du séjour de « M. Delalande dans la colonie, et en présentant les résultats « que ce séjour pourroit y avoir ultérieurement pour le bien (C de la science, j’ai pensé., étant oncorc sur les lieux , que le ce zèle et les travaux de M. Delalande, les hasards auxquels « il s’est courageusement exposé , lui mériteroient une récom- cc pense , et celle qu’ ambitionnent les âmes geneieuses, la. « décoration de la Lé gion-d’ Honneur. » L’administration du Muséum, monseigneur, partage les vues de M. le comte des Escotais, et sollicite de son côté les bontés de votre Excellence pour quelle veuille bien deman- der au roi la décoration de la Légion-d’Honneur en laveur de M. Delalande (i). Mais, monseigneur, votre excellence ne voudra sans doute pas borner à cette grâce la récompense due (i") S. M. ayant daigné accueillir ces recommandations a, par une décision spéciale en date du a 3 mai 1821 > nommé M- Delalande Chevalier de la Légion- d’Rouneur. c( tous C( Rapport. 29 a d aussi honorables travaux. Nous savions notre voyageur tiès actif, nous comptions beaucoup sur lui, et il a de beau- coup surpassé toutes nos espérances. Il n y a pas à craindre, monseigneur, que ce qui sera fait pour lui ne soit dans l’avenir une raison d’importuner le gou- vernement; car il n’est pas vraisemblable que de sitôt nous puissions nous flatter d’un accroissement aussi notable de ri- chesses pour le Muséum et pour la science; ou bien, si cela étoit , nous regarderions comme un très-grand avantage d’a- voir à reproduire la même demande. Nous avons des voyageurs en expédition : qu’ils puissent apprendre l’intérêt qu’inspire ici leurs recherches ; qu’ils soient encouragés dans leurs travaux par la confiance que le gouvernement sait récompenser dignement ceux qui le ser- vent avec un zèle et un dévouement sans bornes. Nous avons l’honneur, etc. Signé : les professeurs administrateurs DU JARDIN DU ROI. Paris, le 10 janvier 1821. 3o RAPPORT A L’ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. « Le lundi 5 novembre 1821 , l’Académie entend le Rapport » suivant : elle en approuve la rédaction et en adopte les conclu- » sions. » L Académie , en sa séance du 16 juillet dernier, nous a chargés, MM. le baron Cuvier, Desfbntaines, le baron de Humboldt, le comte de Lacépède , Latreille, Duméril et moi ( Geoffroy- Saint - Hilaire ) , de prendre connoissance d’un Précis de voyage fait au Cap de Bonne -Espérance, par M. Delalande, Précis qui lui a été lu alors et soumis par ce voyageur ; nous avons l’honneur de présenter ce Rapport à l’Académie. Le siècle dernier vit fleurir deux hommes d’une immense influence sur les sciences naturelles, Linnæuset notre Buffon. Tous deux passionnés pour la gloire, douésd’une imagination forte, entraînèrent les esprits dans les hautes méditations fa- milières a leur génie. Leurs ouvrages, qui pénétrèrent en tous lieux, y développèrent une vive émulation, y excitèrent a contribuer aux travaux des naturalistes , et firent naître ce vi désir, même parmi les personnes entièrement étrangères t a Ir ie d CeS - AlnSi ’ f0Urair des “fériaux pour le grand ca- 8 deS 6treS) P° ur empiéter ce grand enregistrement Rapport. 3i des piodactions de la nature , devint la pensée dominante et souvent l’occupation consolatrice de tout homme instruit que les bouleversemens politiques déplaçoient et f'aisoient refluer aux extrémités du monde civilisé. Le génie de Buffon prépara les voies, et, en excitant le zèle, ouvrit une nouvelle carrière. Cette influence fut naturellement plus marquée au centre du mouvement qu’à sa circonférence. Là on avoit sondé le terrain, on connoissoit les lacunes : on désiroit joindre de nouvelles aux anciennes richesses, et Ion pensoit qu’il ne falloit pas se borner à les attendre de quelques efforts par- ticuliers. Un état de choses inconnu aux anciens caractérise donc notre époque; nous avons vu des hommes ardens, aussi sa- vans qu infatigables , se vouer à l’exploration des diverses contrées de la terre; des naturalistes aller s’enquérir en tous lieux et des choses et des hommes, appeler tous les peuples à une participation commune et réciproque de toutes les productions du globe; et en rapportant de partout l’histoire des habitudes , des procédés imaginés et des diverses prati- ques sociales, montrer à l’homme toute l’étendue de ses res- sources et de son génie. Un incident est venu dernièrement ajouter à cet entraîne- ment des esprits. La guerre avoit eu de bien fâcheux résultats pour les Muséums de Paris; le gouvernement conçut l’idée de procurer aux amis des arts et des sciences un dédomma- gement de ces pertes ; pensée généreuse dont le développe- ment fut poursuivi avec le zèle le plus louable. C’est dans ces circonstances qu’un voyage d’histoire natu- 3 2 Rapport. relie fut confié à M. Delalande; il étoit signalé comme propre à ce service scientifique. Elevé au Jardin du Roi, il y avoit rempli avec distinction les fonctions d’aide-naturaliste pour la zoologie , et il avoit déjà^fait preuve d’habileté et de dévouement dans trois précédens voyages, l’un en Portugal, un second sur les côtes de la Méditerranée , et un troisième , au Brésil, dans lequel il avoit accompagné S. Exc. M. le duc de Luxembourg, ambassadeur de Sa Majesté. M. Delalande, muni des instructions du gouvernement et de l’administration du Jardin du Roi, partit de Paris en avril 1818 et arriva le 3 août suivant aux attérages du Cap. Il n’avoit emmené avec lui qu’un enfant de 12 ans, fils d’une de ses sœurs. Cet enfant, le jeune Yerreaux, soutint tout aussi bien que son oncle les fatigues du voyage. On devoit croire le Gap de Bonne-Espérance épuisé comme contrée d’histoire naturelle. De nombreux voyageurs, Kolbe, Sparmann, Paterson, Levaillant, Barrow, etc., sont rede- vables d’une grande renommée à leurs découvertes comme explorateurs du Gap. Cependant, où on auroit su un si grand gré à notre voyageur de seulement glaner sur les pas de ces hommes illustres , il trouve à faire d’abondantes moissons. Il se hasarde à de plus grandes distances ou devient plus at- tentif dans des heilx déjà parcourus. Bref, il revient à nous avec une cargaison qui exige un bâtiment de haut bord, un bâtiment de l’Etat pour la rapporter. Au nombre considérable d’êtres et d’objets nouveaux dont il pous enrichit , on diroit qu il vient de visiter une terre vierge. Si nous disions que c’est beaucoup, que c’est un grand nombre d’objets qu’if a rapportés, nous ne peindrions Rapport. 33 pas à 1 esprit cette réelle abondance, comme nous allons le aiie, en vous présentant le tableau numérique que voici, iele\é très-exact des divers catalogues des professeurs du Jardin du Roi. Individus. { Mammifères 228 Oiseaux 22o5 Reptiles 322 Poissons 263 Insectes 10000 Mollusques 387 Squelettes 122 Espèces. 5o 280 i36 70 982 102 122 11527 1742 { desséchés 6000 920 en graines mém re 25 1 en ognons 58g 33 Minéraux. Pour la géologie 3oo » 18416 2946 A la variété et à la nature de ces objets, on est disposé à penser que plusieurs talens divers , et au grand nombre de ces productions, que plusieurs naturalistes ont été employés à les réunir. C’est sans doute une des choses les plus remar- quables de ce voyage, que cette égalité d’attention donnée aux êtres les plus petits , à des insectes presque microscopi- ques , et en même temps aux animaux des plus grandes di- mensions. Trois baleines , des giraffes, des rhinocéros, des hippopo- tames , etc. , ont été atteints et disséqués par notre voyageur. Leurs squelettes étoient au nombre des objets les plus dé- 3^ Rapport. sîrés , et avoieot été nommément demandés. On est tenté de croire que tout le littoral du Cap a donné à M. Delalande ses poissons , les forêts du sud leurs oiseaux , les plaines leurs antilopes, les vallées leurs reptiles, les rochers leurs damans , les sables leurs grandes gerboises, leurs oryctéropes et leurs insectes. Nous savons par M. le comte des Escotais, consul general de Sa Majesté j ce que la vie laborieuse et l’activité de M. De- lalande lui ont valu d’égards et de protections au Cap, tant de la part des colons dans l’intérieur des terres, que de la haute administration du pays. Il falloit bien tout ce concours d e- vénemens, mais qui d’ailleurs honore notre voyageur, pour nous expliquer le nombre et le parfait état de ce qui compose la riche cargaison qui nous est parvenue, et qui cependant a été recueillie en moins de trois années. Tels sont les faits qui déposent en faveur de M. Delalande, et qui établissent la supériorité d’intérêt de ce voyage , com- parativement aux moyens mis à la disposition du voyageur ; appréciation qu’il convient dans le vrai de faire entrer en ligne de compte. Nous avons extrait ces considérations du Précis dont vous nous avez confié l’examen , après en avoir vérifié et trouvé exactes toutes les circonstances. Dans ce travail, que vous a lu M. Delalapde, vous aurez plus particulièrement été fixés sur le détail de ses diverses excursions; on le suit avec in- térêt, soit quand, averti de la présence d’un hippopotame , lequel s’étoit trahi par un grognement fort et retentissant, il se jette de très-loin et ordonne à sa petite troupe de se jeter a plat ventre pour mieux surprendre une proie aussi pré- Rapport. 35 cieuse; soit quand il pousse un cri de joie et de victoire, en voyant cet énorme animal étendu, à ses pieds ; soit quand il expiime sa douleur de ce qu’une mer courroucée lui a dérobé pendant la nuit une baleine de 75 pieds qui lui avoit coûté six semaines de travaux bien pénibles ; soit enfin quand il raconte comment , lorsqu’il se cassa la clavicule ^ il ne put éviter ce désastre, monté sur un cheval que l’odeur seule du rhinocéros qu’il avoit tué quelques heures auparavant avoit effrayé et disposé à s’emporter. INTous avons trouve dans le Précis une peinture de f aspect des lieux parcourus par le voyageur. En traitant des habi- tudes des colons de l’intérieur des terres, il se loue de la généreuse hospitalité qui lui fut accordée, et que les colons exercent d’ailleurs envers tous les voyageurs avec la plus affectueuse cordialité. M. Delalande a principalement donné son attention aux diverses races d’hommes qui, par une singularité bien remar- quable, se trouvent entassées et se maintiennent distinctes vers l’extrémité de la partie la plus australe de l’Afrique. M. Delalande n’a pas craint de s’approcher de quelques-uns de leurs kraals ou lieux de campement. La collection des têtes osseuses qu’il a rapportées est considérable, et ses ob- servations sur ces races d’hommes judicieuses et instructives. Le gouvernement voudra sans doute récompenser tant d’efforts et de succès; nous croyons M. Delalande digne de son intérêt et de sa munificence ; ce seroit de plus exciter une vive émulation parmi les autres voyageurs actuellement en expédition. M. Delalande annonce l’intention de publier, avec un de 36 Rapport. ses amis, les faits nouveaux qu’il a recueillis ; il est à désirer qu il puisse y réussir et qu’il en obtienne les moyens. Nous concluons enfin à ce que l’Académie témoigne a haute estime dans laquelle elle tient ce voyage, en voulant bien donner son approbation aux observations precedentes, et en arrêtant d’en recommander l’objet à S. Exc. le ministre de Fintérieur. Signé Humboldt , Làtreille, Cuvier, Desfontàines , Dumèrïl , de Lacépède et Geoffroy-Sàint- Hilaire , rapporteur .