SUR LA PRODUCTION ET LA FIXATION " : : ho DES VARIÉTÉS DANS LES PLANTES D'ORNEMENT Par B. VERLOT CHEF DE CULTURE AU JARDIN DES PLANTES DE PARIS MÉMOIRE QUI À REMPORTÉ LE PRIX DANS LE CONCOURS OUVERT, EN A 862 PAR LA SOCIËTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D'HORTICULTURE. PARIS - J.-B. BAILLIERE ET FILS LIBRAIRES DE L'ACADÈMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE k RUE HAUTEFEUILLE, 19 « LONDRES MADRID L NEW-VORK Hivporyte BAILLIÈRE C. BAÏLEY-BAILLIÈRE BAILLIÈRE-BROTHERS LEIPZIG, E. JUNG-TREUTTEL, QUERSTRASSE, 10 1865 ê SUR LA PRODUCTION ET LA FIXATION DES VARIÉTÉS DANS LES PLANTES D'ORNEMENT Extrait du. Jouïnal de lu. Societé. impériale et centrale d'Horticulture X, 1864. Paris.— Imprimerie de E. Donnaup, rue Cassette, 9. 4 | SUR LA PRODUCTION ET LA FIXATION DES VARIÉTÉS LES PLANTES D'ORNEMENT Par B. VERLOT CHEF DE CULTURE AU JARDIN DES PLANTES DE PARIS MÉMOIRE QUI A REMPORTÉ LE PRIX DANS LE CONCOURS OUVERT, EN 4862 PAR LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE ET CENTRALE D’HORTIGULTURE. PARIS J.-B. BAILLIÈRE er FILS LIBRAIRES DE L'ACADÈMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE RUE AUTEFEU ILLE, 49 LONDRES MADRID ES | NEW-YORK thproiYrE BAILLIÈRE C. BAILLY-BAILLIÈRE BAILLIÈRE-BROTHERS LEIPZIG, E. JUNG-TREUTTEL, QUERSTRASSE, A0 1865 GS À CAROLO DARWIN À NT & AN A7 _. É he + FRANCISCVS DARWIN EN C* [es ©Q JE > = = < dd O al Q E IE SUR LA PRODUETION BT LA FIXATION DE VARIÉTÉS DANS LES PLANTES D'ORNEMENT. EE > __ QUESTION PROPOSÉE. Exposer, en se basant, soit sur des expériences nouvelles, soit sur des faits déjà connus et bien établis, les circonstances qui dé- terminent la production et la fixation des variétés dans les plantes d'ornement. ; Je dis ce que je seai. “MONT., Essais. Cette question est certainement irès-complexe, etrsirelle cent : l’une des plus importantes qu’on puisse poser en horticulture, elle est aussi l’une des plus difficiles à résoudre. Avant de rechercher si nous pouvons rattacher à des causes connues la production des variétés chez les végétaux, il est néces- ‘saire d’abord de bien déterminer le sens qu’on doit atiribuer au mot espèce; car selon que nous en adopterons une définition plus ou moins large, la variété s’entendra d’une manière différente. Nous sommes loin d’avoir la prétention de fixer la science sur ce point ; nous voulons seulement, autant que possible, déterminer Je sens que nous attribuerons à ce mot dans le cours de ce travail. Quid species, bene censeris ; speciei autem definitio ardua. B. .Ve Si l’on consulte un herbier, on trouve que les nombreux échan- tillons qui yreprésententune plante spontanée offrent parfoisentre eux des différences si grandes qu’on est porté a priori à les consi- dérer comme devant appartenir à des typesdifiérents. Il n’en estrien cependant ; ces echantillons ont été recueillis dans le même pays, etsouvent sur le même individu. Cette remarque, qu’on peut faire pour certaines plantes du Cap, par exemple pour le Cluytia alaternoïdes, se répète assez souvent sur les végétaux pour que nous nous abstenions d'en citer d’au- tres exemples. RS Maïs c’est surtout chez les végétaux cultivés depuis un grand nombre d'années, chez ceux-là même dont l'introduction est tel- lement ancienne qu’elle se perd dans la nuit des temps, que l’on constate des modifications profondes et multipliées : ainsi la culture a transformé les racines pivotantes ou fibreuses du Céleri, du Pa- nais, de la Carotte, de la Betierave, etc., en racines charnues ou succulentes et diversement colorées. Les tiges des plantes, des ar- bres notamment, ont été considérablement rapetissées, et il en est résulté des formes naines; leur port s’est également modifié dans un grand nombre de cas et nous à offert des variations fastigiées, pyramidales, pleureuses, etc. Les feuilles se sont modifiées non- seulement dans leur forme, leur coloration, mais encore dans leur disposition. Le Noyer. et Je Robinia ont produit des variations monophylles ; le Broussonetia papyrifera, le Marronnier et beau- coup d’autres, ont donné des individus à feuilles profondément laciniées. Ces laciniures ou autres déformations analogues sont devenues plus manifestes encore dans d'autres végétaux, comme par exemple dans le Persil, le Cerfeuil , la Tanaisie, les Choux, ete. La coloration des feuilles a varié du blanc au jaune, du vert au rouge et au brun; enfin leur disposition, qui est cependant considérée par les botanistes comme un caractère de haute valeur, n’a pas échappé aux variations. Nous en avons un exemple dans le | Rosa cannabifolia trouvé accidentellement sur un Rosa alba dans la belle collection de Rosiers du jardin du Luxembourg, et qui est non seulement remarquable pour la forme de ses folioles, mais aussi pour la position opposée de ses feuilles, exception singulière dans . une famille où toutes les autres planies ont ces organes alternes. Les fleurs ont varié dans des limites plus considérables encore : leur forme, dans quelques cas, leur mode de groupement, leur gran- deur, leur composition, les fonctions de leurs parties constituanies et surtout leur couleur ont subi un grand nombre de modifications. Le fruit a, lui aussi, beaucoup varié de forme, de grosseur, de coloris, de qualité : nous en avons ‘de nombreux exemples dans nos arbres fruitiers, dans les Cucurbitacées, etc. Enfin la graine n'a pas échappé à la mutabilité, car elle a offert des variations’notoires aussi bien dans son volume que dans sa couleur. Bu 2e Comme on le voit, il semble que, par cela seul qu’une plante est cultivée, elle est forcée de varier. L’instabilité d’une plante culti- vée est même tellement évidente dans certains cas qu'elle ne se manifeste pas seulement dans la descendance directe de la plante, mais encore sur la plante elle-même. Ainsi, tandis que la généralité des rameaux d’une plante porte des feuilles, des fleurs, des fruits de formes ou de couleurs déterminées, un rameau se produit par- * fois dont les feuilles, ou les fleurs, ou les fruits présentent des ca- ractères complétement différents : le Æosa cannabifolia trouvé. ac- cidentellement sur un Rosier à feuilles alternes en est un exemple; tel est aussi le cas qu’on a observé chez certains Chrysanthèmes qui portent à la fois des fleurs jaunes et des fleurs roses. On pour- rait multiplier beaucoup cesexemplesde polymorphisme, carils sont fréquents chez les végétaux cultivés, et nous verrons que plusieurs de nos variations n’ont pas d'autre origine. Pour n’en ajouter qu’un, nous rappellerons certaines espèces d’Aralia à trois folioles, par exemple l’A. érifoliata, sur lequel on observe fréquemment | des rameaux ne présentant plus que des feuilles simples ou de | _ formes diverses et qui, bouturés ou greffés, se sont maintenus avec | leur caractère. Les Aralia heteromorpha, Hookeri, Cunninghamiï, | Cookiï, ne sont indubitablement que des formes développées acci- | dentellement sur l’Aralia trifoliata, ou des individus trouvés dans | les semis de ce dernier. ) Nous reconnaissons donc que la culture a été et est encore la cause essentielle de la variation des végétaux et que, par elle l’homme les a pour ainsi dire obligés à revêtir de nouvelles formes appropriées à ses besoins ou à ses caprices. Les changements que la culture a fait produire aux végétaux, la domesticité, qui est une culture aussi, les a produits dans le règne animal ; c’est par elle en effet que tous nos animaux domestiques, ceux surtout qui ont suivi l’homme dans ses diverses migrations, ont subi des modifications profondes, dans leur forme, leur cou- leur, leur volume, etc. Selon que l'esprit de synthèse ou d’analyse prédomine dans la pensée des hommes qui s'occupent de la délimitation des espèces, on voit le nombre de celles-ci diminuer ou grandir. De là deux écoles, dont l’une semble avoir pour mission de multiplier sc GS um démesurément les espèces, tandis que l’autre, poussée par la ten- dance contraire, tend sans cesse à en restreindre le nombre. Pour les premiers, il suffira qu’un individu présentant des dif- férences, quelque minimes qu’elles soient, reproduise dans sa des- cendance ce caractère pour qu'il appartienne à une espèce dis- tincte. Les seconds considéreront comme appartenant à la même espèce les séries, successions ou collections d'individus, qui présentent entre eux le plus grand nombre possible de traits communs, et ils n’accepteront comme espèces distinctes que les collections d’êtres séparées par des différences d’un ordre assez élevé et auxquelles ils donnent le nom de différences spécifiques. La première de ces opinions, qui est celle d’un grand nombre de botanistes descripteurs, a, à notre sens, le grave inconvénient de multiplier dans des proportions exagérées le nombre des espèces et de ne pas tenir compte de ce qui se passe dans la pratique, puis- que, d’après elle, on ne pourra faire autrement que de considérer comme espèces toutes les variétés cultivées où sauvages qui sont fixées et qui se reproduisent par semis. La deuxième, il est vrai, est vague et ne fournit pas toujours un criterium qui permette de reconnaître facilement si des individus qui présentent quelques traits communs appartiennent légitime- ment à la même espèce; c’est cependant celle qui répond le mieux à notre pensée et que nous adoptons. Aussi,quand nous parlerons d’une espèce, arrivera-t-il fréquem- ment que sous un seul nom se trouveront réunies un cerlain nom- bre de formes différentes, qu’elles aïent été considérées comme variétés ou comme espèces distinctes par les personnes qui s’en sont occupées. Du reste, on leremarquera, nous serons souvent obligé, à cause de cette manière d’entendre l’espèce, d'appeler es- pèce ce que certains botanistes descripteurs auront appelé genre et de n’attribuer qu’une valeur de races ou variétés àce qu’ils ont considéré comme espèces. Ce n’est en réalité qu’une différence de nom. Nous venons de dire que ce que les uns considéraient comme espèce n’était qu’une race ou variété ; nous réservons ce nom de race à toute modification:se reproduisant sans changement par la — 7 — voie du semis; et puisque nous admetions que les races doivent se reproduire sans modifications, nous devons admettre aussi d’autres formes qui, touten présentant ce caractère, sont cependant suscep- tibles d'offrir des déviations : à celles-là nous donnerons le nom de variations ; etnous appellerons lusus, jeu toute modification qui ne se reproduit qu’accidentellement ei qu’on ne peut espérer mainte- ° nir provisoirement que de boutures, greffes, marcottes, elc. Si un individu, se reproduisant franchement par semis, appar- tenant par conséquent à une espèce ou à une race bien fixe, n’était jamais fécondé que par son propre pollen, la question qui nous occupe serait considérablement simplifiée ; en effet, pourexpliquer les modifications qu’il pourrait présenter dans sa descendance, nous aurions seulement à tenir compte soit de son idiosyncrasie, soit des circonstances extérieures dans lesquelles il vit et se perpétue. Mais il n’en est pas ainsi; il arrive que, d’une manière ou d’une autre, le pollen d'un individu est souvent transporté sur un autre; alors, selon que ce pollen appartient à un genre, à une espèce, à une race, ouà une variété différente, nous obtiendrons des résultats dif- _ férents qu’il est nécessaire d'étudier au‘préalable ; car, nous le ver- rons, il pourra y avoir production d'une sérienouvelle d'individus participant aux caractères de l'un et de Vautre des parents, quel- quefois même tenant plus de l’un que de l’autre, d’autres fois et en proportions identiques, les uns très-fertiles et pouvant se re- produire indéfiniment par le semis, les autres d’une fertilité pas- sagère, momentanée ou d’une stérilité complète. Examinons donc les résultats qu’on peut obtenir dans les dif- férents: cas qui peuvent se présenter ; nous formulerons ensuite quelques règles auxquelles nous aurons parfois recours dans le dé- veloppement de ce mémoire. ver CHAPITRE [®. DES EFFETS DE LA FÉCONDATION CROISÉE. $ H. De la fécondation entre individus appartenant à deux genres différents. Bien que plusieurs grands botanistes aient dit avoir obtenu, et qu'ils aient décrit ou signalé des plantes issues de fécondations opérées entre des genres souvent très-éloignés les uns des autres, on nous permettra de tenir ces faits en suspicion. Si, sans re- monter à Camerarius, à Linné, à J. Gœrtner, à Knight, et à d’au- tres encore qui n’ont pas craint d'annoncer ces faits comme cer- tains, nous nous reportons seulement à quelques années de nous, “nous verrons que les personnes qui semblent encore admettre l’opinion des botanistes que nous venons de citer, n’appuient leur thèse que sur des faits qui ne sont nullement concluants, et que les expériences entreprises au Muséum par M. Naudin démontrent de la manière la plus formelle l’impossibilité absolue d'obtenir un produit quelconque par le croisement opéré entre individus de ‘genres distincts. Ainsi il est généralement admis par les jardiniers et même par quelques botanistes que les Courges peuvent être fécondées par les Melons. Pour soutenir cette opinion, ils se fondent sur les mau- vaises qualités qu'acquièrent parfois leurs Melons. L’erreur que ren- ferme l’énonciation de ce fait a déjà été démontrée par Sageret (1), et les nombreuses expériences de M. Naudin ont constaté l’impos- sibilité absolue du croisement des Melons par les Courges, et vice versa. | Une question qui a vivement préoccupé les savants dans ces derniers temps et qui est bien loin d’être résolue, semblerait indi- quer que le croisement entre individus de deux genres pourrait cependant avoir lieu. Nous faisons allusion à la question des Ægi- lops. Mais les expériences faites sur ce sujet sont-loin d’être con- cluantes ; car, si la fécondation peut être ici parfaitement démon- trée, ne pourrait-il pas se faire que les genres Ægtlops et Triticum, si voisins déjà par plusieurs caractères, dussent, comme quelques botanistes l'ont déjà pensé (2), être réunis pour ne former qu’un seul et même genre? On répète presque journellement dans le jardinage qu’on a ob- tenu des produits par les croisements de différentes espèces d’Aza- lées, notamment en croisant les Azalea pontica et sinensis avec différents Rhododendron; mais on sait que ces deux genres ont tel- (1) Annales de la Soc. d'Hort. de Paris, V, p. 164, (2) Gren. et Godr., Fl. de France, vol, HI. — 9 — lement d’affinitéentre eux que plusieurs botanistes les ont depuis longtemps réunis. ; Nous ne ferons que rappeler les tentatives infructueuses faites, en 1854, par M. Naudin pour féconder le Petunta violacea par des gen- res appartenant comme lui à la famille des Solanées. Ce fut sans au- cun résultat qu’il tenta de féconder un nombre considérable defleurs par le pollen des Nicotiana auriculata, angustifolia, rustica, Langs- dorfii, persica; Datura Stramonium, fastuosa; Hyoscyamus nüger; _ Salpiglossis sinuata; Nierembergia filicaulis. Si quelques graines fertiles furent obtenues, elles ne le durent qu'à l'intervention du pollen des Petunia violacea et nyctaginiflora cultivés dans le voisi- nage, et les plantes qui en sortirent ne rappelèrent d’aucune façon les espèces précitées. je : La même année, M. Naudin tenta encore de féconder huit fleurs de Datura Stramonium par le pollen du Nicandra physalodes et de l'Æyoscyamus niger, Les fleurs tombèrent sans que la fécon- dation eût pu s’opérer. Le Datura Tatula se comporta de même après avoir reçu du pollen des Micotiana Tabacum et noctiflora. C’estvainement aussi que, de mon côté, j’essayai, en 1862, de fé- conder les fleurs de l’Umbilicus chrysanthus par le pollen d’un Sem- pervivum de la section Jovis BARBA, le S. Atrtum, et cependant ces plantes ont des analogies très-grandes, quoique appartenant à deux genres différents. No Lorsque, ilya quelques années, un individu femelle de Cycas re- voluta fleurit dans les serres du Muséum, on ne possédait pas de pollen de cette espèce. M. Houllet essaya néanmoins de féconder les fleurs avec du pollen conservé d’une plante appartenant à un genre voisin, le Cerafozamia mexicana. Les ovules, au lieu de sécher promptement, comme cela arrive lorsqu'ils ne sont pas fé- condés, grossirent un peu sous l’action de cette opération ; quel- _ques-uns prirent même un développement aussi grand que dans la nature; mais lorsqu'on les ‘examina, on reconnut qu'ils étaient entièrement stériles. Il y a quelques faits qui, s’ils étaient bien démontrés, prouve- raient que la fécondation peut être opérée entre espèces de genres distincts. Tel est le suivant, qui, dans cet ordre d'idées, nous semble 48e présentet un certain intérêt et que nous allons emprunter à une lettre adressée, en novembre dernier, à M. Louis Neumann par M. Mac-Nab, jardinier en chef du jardin botanique d’Edimbourg. Après avoir émis cette opinion qu'un hybride vrai devait être le produit d’une fécondation entre deux genres différents, le célèbre et profond horticulteur anglais continuait ainsi : « Telle est cette plante si curieuse obtenue, il y à quelques années, par feu M. Cunningham, de l'établissement d'horticulture de Comely- bank, entre le Wenziesia cœrulea ét le Rhododendron chameæcistus étàlaquelle MM. Graham et Paxton donnèrent le nom de Bryan- thus erectus, nom sous lequel elle est encore cultivée. Elle ne de- vrait pourtant point porter ce nom. J'ajoute que cette plante ne produit jamais de bonnes graines et qu’elle fut aussi obtenue par M. Isaac Anderson entre les mèmes plantes. » Nousavouons que ce fait ne laissa pas d’éveiller notre attention. Le Pryanthus erectus est cultivé au Muséum, et nous devons dire que l’origine qu'on lui attribue ici nous sembla bien extraordi- naire. Nous fimes demander à M. Isaac Anderson quelqués rensei- gnements SUT Ce Bryanthus, et ce célèbre horticulteur répondit: .. « Quant au Bryanthus erectus, j8 ne puis en revendiquer la produc- tion; il fut obtenu par M. James Cuñningham, horticulteur de nos environs (Edimbourg), qui en tint la parenté cachée, parce qu'il avait souffert que le professeur Graham, à qui il Vavait soumis, le publiât comme le type d’un genre, chose qu’il regretta plus tard. En même temps qu'il me fit cet aveu, M. Cunningham me mon- tra la plante en me demandant ce que j'en pensais ; comme j'avais déjà fait des essais entre des plantes que je considérais comme très voisines (sinon les mêmes) de celles qui avaient dû servir à ce croi- sement, je hasardai de lui répondre que cette plante provenait du | croisement entre le Rhodothamnus Chamæcistus (1) et le PAyllo- doce‘cærulex (2). Si M. Cunningham ne nia pas que je devinais juste, il ne voulutrien affirmer, étant déterminé à ne rien dire tant que le docteur Graham vivrait. | «... de dois vous dire que longtemps avant de connaitre le 5 (1) Rhododendron Chamæcistus . (2) Menxiesia cœrulea. | = AM — . Bryanthus erectüs, avant mème qu'il en fût question, ÿ avais opéré le croisement qui lui donna naissance, sans arriver cependant à aucun bon résultat; mais, en voyant la plante de M. Cunningham, j'acquis la conviction que j ’étais dans la bonne voie, et que mes doutes sur son origine étaient bien fondés. Je recommençai encore une fois mes expériences; mais, au lieu de faire comme précédem- ment, de féconderle Rhodothamnus par le pollen du Phyllodoce, Fe intervertis les rôles, et ce fut le Phyllodoce qui reçut le pollen du Rhodothamnus. Je réussis alors, et les graines que j'obtins de ce croisement furent semées au mois de juin 4850; le 40 septembre suivant, je possédais quatre plantes dans un état parfait de xégéta- tion et qui avaient tous les caractères du Pr yanthus erectus; mal- heureusement, à ma grande douleur, elles devinrent la proie d’une Limace en maraude. Depuis je ne fis aucune tentative, pour la reproduire. Mais j'étais persuadé d’avoir découvert le ee de M. Cunningham. Il n'est donc pas douteux que le By yanthus erectus n’est pas une plante importée; 1l est complétement stérile, et j'ai essayé vainement de le croiser avec d’autres plantes, » C’est encore dans ce même ordre de faits que nous placerons le _ suivant que nous extrayons également de la lettre de M. Mac- Nab..…. « Il y a quelques années, dit ce savant horticulteur, je réussis à obtenir des graines fertiles d’un croisement entre le Kalmia latifolia et le Rhododendron Catawbiense ; les plantes issues de ces graines avaient une apparence chiffonnée ; aucune d'elles ne vécut plus de 6 ans ; chez plusieurs la moitié des feuilles semblait tenir du Xalmia et l’autre moitié du Æhododendron Catawbiense. » Ainsi, si l’on ne peut nier d’une manière absolue que la fécon- dation entre deux genres différents, légitimes, ne puisse avoir lieu, on doit reconnaître qu’elle ne peut se produire que très-exception- nellement, puisque, à l'exception peut-être de cette plante curieuse, le Bryanthus erectus, dont l’origine est tellement extraordinaire que, quoiqu’elle soit sanctionnée par des hommes habiles et dignes de foi, elle doit encore demeurer comme incertaine jusqu’à ce que des expériences plusieurs fois répétées l’aient démontrée d'une manière irréfragable ; à l'exception encore de cette autre expérience tentée par M. Mac-Nab entre les Æalmia latifolia et le Rhododen- _dron Catawbiense, à exception de ces deux faits, disons-nous, _# re nous n’en connaissons pas qui puisse appuyer ce que les anciens auteurs que nous avons cités plus haut ont dit à ce sujet. Dans le cas où l'origine du PBryanthus erectus serait exacte, quelque chose frapperait tout d’abord, c’est la stérilité absolue de cet être considéré à tort comme espèce ; et dans l’expérience des Kalmia latifolia et Rhododendron C atawbiense, une autre chose est également frappante, c’est l'impossibilité manifeste qu'ont éprouvée les individus issus de ce croisement à pouvoir vivre plus de quel- ques années. CONCLUSION. Nous pouvons done conclure que si la fécondation entre indi- vidus appartenant à des plantes différentes, comme nous le verrons plus loin, en nous occupant des causes qui peuvent déterminer les variations chez les végétaux, doit avoir une large part dans ces causes, la fécondation entre deux genres bien tranchés n’a pu et ne peut, par son impossibilité même, servir à la production ou formation des variétés dans les plantes d'ornement. : SEE. De la fécondation opérée entre deux espèces distinctes. La fécondation entre individus d'espèces légitimes est assez rare. De ces croisements naît, si la fécondation a lieu, et si les graines sont fertiles, une variation qu'on est convenu d’appeler hybride ; mais alors ces variations sont ou d’une stérilité com- plète, ou d’une fertilité limitée à quelques générations, et disparais- sent promptement, soit par leur retour à l’un ou à Vautre ou. quel- quefois à un seul des parents, soit par extinction de la fécondité. Ce sera seulement par boutures, greffes, marcottes qu'on pourra les propager. | La question de lhybridité ressemble fort à celle de l'espèce, c’est-à-dire qu’à ce sujet les opinions ont été et sont encore très- partagées. Quelques personnes, les Anglais notamment, ne consi- dèrent comme hybride que le produit du croisement entre individus de deux genres distincts : par exemple, en parlant du Bryanthus erectus, ainsi qu’on a pu leremarquer, MM.Mac-Nab et J. Anderson « Le le citent comme un vrai hybride; pour d’autres et avec plus de raison, l’hybride est le résultat de la fécondation entre individus de deux espèces ; pour d’autres enfin (et ils sont malheureusement très-nombreux en horticulture), l'hybride est le produit d’un croisement quelconque, opéré soit entre une espèce ef sa variété, soit entre deux races ou variétés, soit même entre deux indivi- dus de la même espèce. Pour nous l’hybride estle produit d’un croisement opéré entre individus d'espèces différentes. Cette définition, qui est celle des auteurs du Manuel du jardinage, est loin d’être purement théori- que; elle s'appuie, au contraire, sur de nombreuses expériences auxquelles s'est livré l’un des deux auteurs de ce livre. Nous considérerons encore comme hybride le produit du croisement, quand, par extraordinaire, il est possible entre individus de gen- res distincts; tel est, par exemple, le Bryanéhus erectus, et cela avec d'autant plus de raison qu'il présentera au plus haut degré l’un des caractères les plus essentiels de l’hybride : la stérilité. Nous verrons dans le chapitre suivant, en nous appuyant sur des faits, que la plupart des plantes que les jardiniers désignent sous le nom d’hybrides ne sont, en réalité, que des êtres analogues à ceux qu’on obtient dans le règne animal par le croisement d’in- dividus de deux races d’une même espèce, êtres qu'on est convenu avec raison d'appeler mélis. _ D'après notre définition des hybrides et les caractères que nous leur avons assignés, ces produits, quoique plus nombreux chez les végétaux que chez les animaux, sont cependant comparativement rares; il ne pouvait en être autrement, puisque la nature leur à refusé la faculté de se reproduire indéfiniment au moyen de leurs propres graines. _ Anciennement, les botanistes avaient appliqué à plusieurs plan- tes qu’ils supposaient d’origine hybride Les épithètes de spuria, hybrida, notha; mais on sait que le plus souvent l’hybridation n’a joué aucun rôle dans leur formation. Parmi les hybrides cultivés, nous ne pouvons en citer aucun avec certitude. Cependant le Ribes Gordonianum qu’on dit provenir d'un croisement entre les Aides palmatum et sanguineum à tous les caractères d’un véritable hybride, car il tient à la fois de ces deux es ir Ce plantes et de plus, il est constamment stérile. M. Naudin essaya vainement de le féconder et nous-mêème n’obtinmes aucun succès dans cette opération. Le Cytisus Adami, d’une stérilité complète, est, quoiqu’on n’en ait pasla preuve absolue, indubitablement un hybride des Cytisus purpureus et Laburnum dont il reproduit sur un seul individu tous les caractères extérieurs. Il en est de même des Orangers bizarreries quisont moitié orange et moitié citron. C’est par disjonction que, dans ces deux derniers cas, les formes spécifiques reparaissent ainsi sur des plantes hybrides; et c’est, on le remarquera, chez les vé- gétaux ligneux que ce fait se présente, c’est-à-dire sur des indivi- dus qui, persistant de longues années, doivent accomplir toutes les phases de l'existence d’une plante hybride, existence dont cette disjonction serait le dernier terme. Cependant M. Naudin l’a pu constater chez le Datura Stramonio-lævis, dont les capsules étaient | épineuses d’un côté et lisses de l’autre, offrant ainsi les deux types réunis sur la même capsulé. Ici la disjonction s’était non-seule- ment opérée par ce caractère extérieur, mais encore par un autre d’une haute importance : c’est que les graines recueillies sur le côté lisse de la capsule n’ont reproduit que le Datura lœvis, tan- dis que celles qui ont été prises sur le côté épineux n’ont donné naissance qu’à des Datura Stramonium. Il ya sans doute d’autres hybrides parmi nos plantes cultivées ; mais on sait combien est grande l'incertitude qui règne dans cette grave question; aussi nous abstiendrons-nous d’en indiquer d’au- tres exemples. Nous rappellerons seulement quelques-unes des expériences de M. Naudin. Ces travaux, dont la scrupuleuse exac- titude n’est pas sujette à discussion, nous fournissent matière à établir quelques lois qui nous serviront à indiquer, mieux qu’on ne l’a pu faire avant lui, le caractère des hybrides; et des résultats qui découleront de ces expériences, nous tirerons quelques consé- quences relativement au rôle que l’hybridation est appelée à jouer dans la production des variations chez les végétaux. 4° De la fécondation hybride dans. les espèces annuelles. Ces croisements se manifestent parfois naturellement, et les pro - duits auxquels ils donnent naissance sont ordinairement stériles. Ainsi, en 1858, nous vimes se former sous nos yeux, à l’école de bo- tanique du Muséum, un hybride entre les Digitalis lutea L. var. mi- cranthaet purpurea. Cet hybride était tout à fait intermédiaire entre ses deux parents : son feuillage se rapprochait du D. micrantha plus que du D. purpurea; pour la grandeur, ses fleurs étaient intermé- diaires entre les parents et leur coloration était légèrement temntée derose sur fond jaune, par conséquent aussi, elle tenait à la fois des deux espèces qui l'avaient produite. En outre, cet hybride fut complétement stérile et par la mauvaise conformation du pistil et par l'organisation non moins défectueuse du pollen. La science possède, du reste, un fait presque identique dans celui qu'a si bien observé M. J -S. Henslow et qu'il a publié en 1851 dans les Transactions de la Société philosophique de Cam- bridge. Les parents de son hybride étaient les Digitalis purpurea et D. lutea, et les seules différences que nous ayons trouvées entre son observation et la nôtre tiennent à la différence de parenté. En fécondant le Micotiana ruséica Par le pollen du A. cali- forniea, M. Naudin obtint un hybride entièrement stérile. Mème résultat en fécondant le Micotiana glutinosa par le N. auricu- lata. Nous rappellerons aussi que, par le croisement des Mirabilis Ja- lapa et longiflora, M. Naudin obtint un unique individu très-fort, vigoureux, et à peu près entièrement stérile, puisque la féconda- _tion artificielle d’une soixantaine de fleurs (par son propre pollen, il est vrai) n’amena qu’une seule graine, fi Cependant, à l'égard des Mirabilis, nous devonsrappeler comme un fait qui a eu cours dans la science que M. A. Lepelletier a vu se former sous ses yeux un hybride des M. longiflora et Jalapa qu'il appela #. hybrida el qui, au rapport de Bosc, se TEpro- duisait identiquement de semis (Bosc, in Deterville, 1809). Nous n’avons jamais eu occasion de voir cette plante, et bien qu’elle soit encore portée sur quelques catalogues, nous n'avons toujours 0b- tenu, en en semant les graines, que des Mirabilis longiflora ou des M. Jalapa aussi caractérisés que possible. ; De ces quelques faits il ressort que les hybrides obtenus entre ‘individus à végétation monocarpique ne peuvent se perpétuer, et dt cela par extinction des organes reproducteurs. Pourtant des ex- périences entreprises au Muséum par M. Naudin sur différentes plantes annuelles, notamment Sur les Petunia, démontrent que les hybrides peuvent être quelquefois fertiles. Ainsi, en 4854, M. Naudin recueillit des graines sur un pied de Petunia hybride entre les P. violacea et nyctaginiflora ; ces grai- nes furent semées en 1855. Sur 7 individus qui en naquirenf, 19 présentèrent des fleurs blanches ou faiblement rosées, à gorge violacée et à pollen gris-bleu, dans lesquelles le tube de la co- rolle était encore évasé et comparativement court, COMME il l'est dans le P. violacea; À individu avait les fleurs comparative- ment petites et était presque la reproduction de celui de l’hy- bride. qui avait fourni les graines du semis. Les 27 autres pieds reproduisirent à peu près les 2 autres iypes : les P. violacea et nyctaginlora. ; Cette observation démontrait le peu de fixité de cet hybride, mais elle prouvait aussi qu’il n’était pas entièrement retourné à ses types. Les 20 plantes qui se Tapp rochaient le plus de l’hybride don- nèrent un grand nombre de graines qui, semées en 1856, produi- sirent 416 plantes, sur lesquelles 12 répétaient à peu près les ca- ractères du premier hybride. | M. Naudin s’est arrêté là dans cette expérience, mais il est pro= bable que, s’il avait continuée en choisissant chaque année pour porte-graines les plantes qui reproduisaient le plus exactement possible la forme hybride premièrement obtenue, il aurait été pos- sible, pendant une longue suite de générations, de reproduire . cette forme intermédiaire, mais toujours accompagnée d'individus retournant plus ou moins complétement à l’un des parents, el cela jusqu'à ce que la disjonction des types spécifiques, devenani complète, eût entrainé le retour total aux parents. Donc dans les plantes raonocarpiques, nous le voyons, la fécon- dation hybride ne donne naissance qu’à des produits stériles ou qui, s'ils sont fertiles, présentent au plus haut degré l'instabilité des caractères de leur descendance. Comme conséquence pratique, cette fécondation dans ces plantes pourra donner naissance à des va- riations, mais ne pourra servir à la création de races ni de variétés. —\7 — 2° De la fécondation hybride dans les espèces vivaces. _ Comme dans les plantes annuelles ou bisannuelles dont nous venons de parler, dans les plantes vivaces les hybrides ne sont pas toujours stériles, contrairement à l’opinion qui est généralement admise denos jours ; la mème instabilité se remarquera dès lors dans les produits ; seulement ici, on le conçoit, il sera facile de les pro- pager. Nous ne pouvons citer un meilleur exemple que les expé- riences de M. Naudin sur des Zinaria purpurea et vulgaris. En 1854, cet observateur féconda 6 fleurs de ZL. vulgaris par le “pollen du Z.purpurea; de ces 6 fleurs, .4 seulement donnèrent des grainesqui, récoltées le 25 septembre et semées, les unes en novem- bre de la mème année, les autres en avril suivant, donnèrent 30 plantes qui fleurirent toutes au mois d'août; 27 d’entre celles-ci n'étaient pas autre chose que le L. vulgaris, et les 3 autres, exacte- ment intermédiaires entre les 2 types, présentaient des fleurs de moitié plus petites que celles du Z. vulgaris et de couleur jaune pâle rayée de violet. La plupart de ces fleurs furent stériles; néan- ‘moins quelques-unes donnèrent de bonnes graines qui, semées l’an- née suivante, ne levèrent point. De nouvelles graines recueillies en 1856, mais n'ayant été semées qu’en avril 1858, levérent en si grande abondance que M. Naudin put en faire repiquer environ 400 pieds quifleurirent tous à la fin de l'été. Sur ces 400 pieds, 36 reproduisirent l’un des types, le Z. rilsunie, avec cette seule différence que le palais en était un peu plus coloré en orangé; 44 pieds se trouvèrent assez semblables au 4* hybride de 1 855; 22 pieds se rapprochèrent de l’autre type ou du L. pur- purea; 4 pied unique reproduisit ce dernier, et le reste de la plan- tation représenta tous les degrés intermédiaires entre les premiers : _bybrides et la Linaire commune. En choisissant et en semant ainsi les graines recueillies sur les individus les plus semblables à l’hybride primitivement obtenu, M. Naudin put avair, pendant 6 générations, des individus qui. rappelaient tout à fait cette forme intermédiaire. Dans chacun des semis il remarqua en outre, comme. dans ses précédentes expé- riences, qu’un grand nombre avaient une tendance manifeste à 2. | SP RS retourner à lun ou à l’autre des parents, et il put même obtenir à volonté ce retour complet vers l’un ou l’autre type en semant les graines recueillies sur Les individus qui avaient une tendance à s’en rapprocher. Faisons remarquer une particularité toujours consiante dans les ‘hybrides que nous venons de voir : c’est l’absence dans les produits de couleurs autres que celles ou une combinaison de celles des parents. Nous insistons sur ce caractère, parce que nous aurons occasion d'y revenir ; il nous servira à établir que jusqu'ici les faits prouvent que, par des fécondations hybrides; on n ‘obtiendra, dans quelque partie du végétal qu’elles se présentent, que: des varia- tions de coloris limitées à ceux des parents. Nous avons du reste’ d’autres exemples d’hybrides authentiques qui nous semblent très- _ concluants à cet égard. Nous les trouvons spécialement dans le genre Begonia, dans lequel on a pratiqué des hybridations extrè- mement variées. En voici les exemples les plus saillants : Les fécondations que M. Malet fils, jardinier en chef de M. i comte d'Haussonville, a entreprises, dans ces dernières années, entre différents Begonia nous semblent d'autant plus intéressantes à publier qu’elles ont été faites dans le but de produire des indi-" vidus dont les caractères avaient été en quelque sorte prévus par cet expérimentateur. pure Désirant obtenir des plantes qui offrissent par le feuillage ahetioue ressemblanceavec les Begonia Dregei, Rex, et quelques autres, mais désirant surtout que ces plantes fussent plus rustiques que celles- - M: Malet choisit le 2. discolor comme mère; ses fleurs reçu- ent donc le pollen des B. Dregei, Rex etdes 2. œanthina-Reichein- heimii, nivosa et Comtesse Théod. de Murat ; ces trois Ne semblent être des variétés du 2. Rex. Les nombreuses graines obtenues de ces croisements produisi- rent des plantes dont l’aspect extérieur trahissait l’origine by bride. Chez toutes, l'influence paternelle était plus prononcée que _ cellé de la mère. La somme de ressemblance aux pères existait “dans la formeet la coloration des feuilles, la largeur des sépales, la longueur de l'ovaire etle développement plus considérable de Vaile supérieure de la capsule. Bien que ces caractères tinssent plus spécialement du côté paternel, on retrouvait néanmoins chez — 19 — eux quelque chose qui indiquait l'influence maternelle, mais à un degré beaucoup moins prononcé. Les jeunes hybrides tenaient surtout. de leur mère par leur robusticité, par leur tige qui est droite, simple chez les uns, ramifiée chez le plus grand nombre, et surtout par cette particularité très-remarquable de présenter des bulbilles à leur aisselle, Dans les hybrides obtenus en fécon- dant le B. discolor parle B. Rex, M. Malet constata que des bul- billes assez nombreuses (de 40 à 12) se développaient, non pas à Vaisselle des feuilles, mais sur la partie supérieure du péliole, à l'endroit même où il est adhérent au limbe. Tous ses hybrides furent complétement stériles. M. Malet ds saya d’en féconder un grand nombre par leur propre pollen. Les _ovaires grossirent notablement sous l’influence de cette opération; trois semaines ou un mois après, ils présentaient extérieurement tous les caractères d’un développement normal ; mais on recon- naissait aisément à l’aspect des graines que la Lich Ale n'avait pas eu lieu, et que ces graines n'étaient pas aptes à germer. Par la fécondation des B. rubrovenia et xanthina, M. £. Regel_ obtint un hybride bien conformé et dont tous les individus étaient à peu près identiques entre eux (1). En croisant le 2. splendida avec le B. anrulata, M. on obtint: - des hybrides au nombre de plusieurs centaines, qui ne différaient entre eux que par de légères variations dans l'intensité de leurs couleurs ; de plus, ils étaient exactement intermédiaires entre les _deux parents (2). . En fécondant l’hybride des Begonia rubrovenia et æanthina par son propre pollen, M. E. Regel a obtenu quelques individus ana- logues à l'hybride et d’autres qui étaient retournés à l’un ou l'autre des parents (3). Par la fécondation du Begonia nd par son propre pollen, M. Stange a obtenu des individus ‘en majeure partie sem- blables entre eux. Même résultat pour le Pegonia æanthino-gan= davensis fécondé par lui-même (4). (1) Journal de la Soc. d’hort. de Paris, 1858, p. 442. (2) Journal de la Soc. d'hort. de Paris, 1859, p. 295. (3) Locs-cit,. (4) Loc. cit. M RD En fécondant le PBegonia rubrovenio anthina, par lun de ses parents, le 2. xanthina, M. E. Regel constata que la plupart des individus étaient retournés au B. zanfhina et qu'un petit nombre étaient restés intermédiaires entre eux (1). De la fécondation du Coccinia Schimpero-indica par le C.in- dica, M. Naudin obtint le Coccinia indica aussi pur que possible, En fécondant un hybride, le Begonia æanthino-gandavensis par le 2. splendida, M. Stange a obtenu des individus intermédiaires entreles B. zanthina et splendida, mais montrant une tendance plus | marquée vers ce dernier. Par leur coloration, les feuilles se rap- portaient, en parties à peu près égales, aux B. rubrovenia, xanthina et splendida (2). “ | Le mème observateur constata que le Begonia xanthino-argentea (atemaculata) fécondé par le B. splendida, avait produit des plantes identiques à celles dont il vient d’être question, avec cette seule différence que les teintes ên étaient plus pâles (3).. En fécdndant le B. splendida par le pollen du 2. xanthino-ar- _gentea, M. Stange obtint des individus qui, par leurs fleurs et leur villosité, étaient identiques avec ceux qu’il avait obtenus en fécon- dant le 2. anthino-argentea par son propre pollen ; mais la colora- tion de leurs feuilles était notäblement différente. À ce sujet, . M Stange tire cetie conséquence que ces hybrides doivent l’un de ces trois caractères : port, villosité et fleurs au père et les autres à la mère, mais que ces mêmes caractères se prononcent selon que l’un des parents a la prédominance sur l’autre (4). Dans les Pegonia noustrouvons un fait que nous ne citerons que inciäemment, pour ne plus y revenir, et qu'ont souvent constaté ceux qui se sont occupés de fécondationshybrides : c’est qu’il n’est pas indifférent, pour le succès de l’opération, de choisir pour père l’une ou l'autre des espèces que l’on veut croiser. Dans les Expé- riences de M. Stange, il n’y eut de graines produites entre les 2. splendida, æanthino-gandavensis, annulata et laciniata qu’en por- (1) Loc. (2h Bac: (3). Eoe (&) Loc. OÙ — tant " pollen de ces oué derniers sur les 2. splendida et xanthino- gandavensis. La fécondation en sens inverse, C est-à-dire en pre- - nant le pollen des 2. splendida et æanthino-gandavensis, et en les portant sur les 2. annulata et laciniata, n’amena aucun résultat. 8e De la fécondation hybride dans les espèces ligneuses. ol les horticulteurs $ 'hybridation a joué un rôle immense dans la production de la plupart des Æhododendron dits hybrides. Nous sommes loin de prétendre que cette cause soit tout à fait étrangère à cette production, mais il est peu évident pour nous qu’elle ait toute l’importance qu’on lui attribue. D'ailleurs ici, comme malheureusement dans toutes les questions de ce genré, il n’a pas été publié de faits exactement et sévèrement observés. On nous pardonnera donc de n'être pas tout à fait du même avis que nos confrères sur la réalité de ces prétendues hybridations. Néan- moins nous croyens que la fécondation entre les Æhododendron “arboreum et sinense a donné naissance à une longue série d'hy- _ brides, faciles à distinguer d’ailleurs en ce qu ‘ils sont stériles ; que leur feuillage, quoique persistant, rappelle celui du père (2. si- _nense) et que la ‘couleur de leurs fleurs est une combinaison de celle des fleurs des deux parents, quoique dérivant plus manifes- tement de la couleur desfleurs du père, c’est-à -dire RAR des teintes jaunâtres, mordorées, etc. &o De la fécondation entré indisédus d'une espèce et sa variété, ou entre individus de deux races ou de deux variétés SE à la même Pau De ces férobdatique. on obtient une série de variations, en géné- ral intermédiaires entre les parents, plus ou moins fixes selon que les parents l’étaient eux-mêmes, mais dont la fertilité sera illi- mitée sans retour obligé à l’un des parents. : Nous désignons, avec MM. Decaisne, Naudin etL. Vilmorin, les produits de ces divers croisements par le nom de méfis. C’est pour avoir généralement méconnu cette distinction, que les Jets ont presque toujours RS da dénomination d’hybrides. à des — 29 — produits qui ne sont en réalité que de purs métis. Qu'on parcoure en effet les catalogues des horticulteurs, et l’on y trouvera de nom- ‘breuses plantes indiquées à tort comme bybrides; comment en. serait-il autrement quand l'ouvrage horticole le plus répandu, celui qui se trouve entre les mains de tout le monde, suit les mêmes errements ? LR | Les exemples que nous pourrions citer à l'appui .de l’idée que nous venons d'émettre seraient trop nombreux pour être consignés lei; nous nous contenterons d'en indiquer quelques-uns. Parmi les variations les plus bizarres obtenues dans ces derniers temps par MM. Vilmorin, nous citerons en première ligne celle qui a été produite par les Zeptosiphon androsaceus et luteus , dont lPun de nos plus zélés écrivains horticoles, et en même temps l’un de ceux qui ont cependant le mieux étudié la question de l’hy- bridité, a fait connaître l’histoire : variations pures et simples, comme nous nous proposons de le démontrer et que M. Groen- land est allé jusqu’à considérer comme de vrais hybrides. - Rappelons l’histoire de ces prétendus mulets. Le Leptosiphon luteus Sreu., les variétés lilas et blanches du Z. androsaceus, le L. aureus nouvellement introduit dans les cul- tures, et enfin le Z. densiflorus et sa variété blanche, étaient cul- tivés non loin les uns des autres ; nous ne mentionnons ce dernier que pour bien préciser les faits, car il n’a servi en quoi que ce soit à à la formation des prétendus hybrides. + : L'année suivante, les semences du Z. androsaceus et sa variété, ainsi que celles des Z. aureus et luteus, donnèrent naissance en, “même temps qu'aux Leptosiphon précités, à des produits dans lesquels la couleur des fleurs tenait à la fois des L. aureus et andro- saceus lilas. Ces variations, qui s'étaient présentées sur un grand nombre d'individus, furent cultivées isolément ; elles fleurirent et fructifièrent abondamment ; leurs graines récoltées avec soin furent semées de nouveau et reproduisirent la forme intermédiaire, dans Ja proportion d'environ 60 0/0; le reste était rentré dans les types précités. Les couleurs des fleurs, chez ces plantes, étaient si diverses qu’il était difficile à l’œil le plus exercé de rencontrer deux pieds dont les fleursse ressemblassent. À la troisième généra- tion, les graines recueillies sur les formes intermédiaires reprodui- | — 98 — girent presque toutes ces formes, et, malgré la sélection ri goureuse qui avait été pratiquée, june dizaine de pieds conservèrent seuls le caractère des types. On remarqua même, dans ce semis, quelques individus qui présentaient des fleurs de couleur feu ou acajou, tranchant très-agréablement sur les auires, dont les nuances étaient un peu ternes. Les pieds issus de ces graines furent cul- tivés à part et ne reproduisirent pas identiquement cette varia- tion, mais donnèrent des plantes dont les couleurs étaient néan- moins un peu plus vives que celles des formes primitivement obtenues. Nous ne doutons pas que les efforts auxquels se livrent MM. Vilmorin, pour la fixation de cette variété, ne soient COUTON= nés de succès. Telle est l’histoire des Leptosiphon hybrides qui ont été décrits comme tels, ef figurés dans la Aevue horticole de 1862 é 18.88 HET Examinons donc quels ont pu être les parents de cette race nouvelle, que M. Groland appelle hybride. Le Leptosiphon densi- florus et Sa variété doivent être de prime abord écartés, les L. hybrides ne présentant aucun des traits qui les caractérisent ; restent donc les Z. androsaceus, aureus et luteus. Mais le L. luteus, bien qu'il ait été décrit dans le Prodromus comme distinct, ne diffère absolument du L. undrosaceus que Par la couleur de ses fleurs ;. or si le L. androsaceus a pu varier à fleurs blanches et à fleurs lilas, il n’y a rien qui s'oppose à ce qu'on admette qu'il a pu varier à fleurs jaunes. Ce qui confirme encore cette manière de voir, c’est que, sauf la couleur des fleurs, les descriptions de M. Bentham s'appliquent exactement à l’une ou à l’autre espèce. Quant au L. aureus, il ne constitue évidemment qu’une variété d'intensité de coloris du L. luteus. Si donc, ce qui est extrème- ment probable vu la nuance obtenue, les L. aureus et luteus ont reçu le pollen du L. androsaceus lilas, cest par le pollen non d'une espèce différente, mais d’une variété de la même espèce qu’ils ont été fécondés. ( La Les Leptosiphon obtenus ne soni donc pas des hybrides, mais des métis, et ce qui le démontre encore c’est leur fertilité. Les Pivoines de la Chine sont encore considérées comme des hybrides, et cependant ilest hors de doute que cette appellation est erronée et ne repose sur aucun fait précis. Pour qu'il y ait . — 24 — “hybridation, il faut des espèces différentes ; or, bien que le Pon Jardinier de 1862 décrive encore séparément et dans des sections différentes les Pæonia sinensis et fragrans, qui seraient sans doute les types de nos prétendues Pivoines de Chine hybrides, il est évi- dent que ces plantes doivent être rapportées au Pœonia albi flora (edulis). Nous aurions ainsi un groupe spécifique caractérisé entre outes les Pivoines herbacées par la tige pluriflore, de même port, _même feuillage, et présentant dans les coloris les nuances qui se retrouvent chez le P, albiflora lui-même. Quant aux caractères de la villosité et de la glabrescence des carpelles, on ne peut leur attribuer aucune valeur. Parmi les plantes qui embeilissent nos parterres, nous trou- verions encore un grand nombre de faits analogues à ‘citer : les Phlox, les Iris, les Canna, les Glaïeuls en sont les plus mani- festes. Quelles plantes plus que les Glaïeuls sont généralement désignées sous le nom d’hybrides? Aucune peut-être, et pourtant qu’y a-t-il de moins prouvé que ces faits d'hybridité ? Pour nous, l’hybridation n’a dû jouer qu’un rôle très-restreint dans la pro- duction de nos nombreux Glaïeuls ; s’il en existe de réellement hybrides, ils sont toujours stériles ; mais la généralité d’entre eux n’a pas d'autre origine que celle que nous avons indiquée pour les Leptosiphon hybrides et pour les Pivoines de Chine; il en est absolument de même pour les PAlox, les Zris, les Canna. En multipliant davantage ces faits, nous ne ferions qu’allonger inutilement ce chapitre. Nous espérons que ceux que nous avons énumérés suffiront pour démontrer que Ja plupart des végétaux cultivés dans les jardins, auxquels on a donné et on donne encore l'appellation d’hybrides, et spécialement ceux qui se reprodui- sent de graines, ne sont en réalité que des métis ou de simples variétés. Lt | , Arrivés ici, nous avons examiné la fécondation au point de vue des produits qu’elle pouvait faire naître, selon qu’elle était pratiquée entre genres, espèces, races OU variétés. Cet examen était nécessaire et il nous permet de formuler d’une manière générale les règles suivantes: 4° La fécondation entre deux genres est généralement impossi- ble, et à l’exception deun ou deux faits, dont l’exactitude a encore — 25 — besoin d’être sanctionnée par de nouvelles expériences, nous n’en connaissons aucun de certain. | 9 La fécondation entre deux espèces est possible, mais élle est comparativement rare; elle donne naissance à des produits qu’on “est convenu d'appeler Abrsds: ceux-ci sont exceptionnellement stériles, le plus souvent fertiles, et par conséquent capables de se reproduire ; mais leur fertilité est de courte durée parle retour plus ou moins rapide de leurs produits aux types qui leur ont donné naïs- sance. Tous leurs caractères, de quelque nature qu’ils soient, à l'exception d’un développement plus considérable dans les organes de la végétation, sont en général intermédiaires entire ceux des parents, mais toujours limités par eux. 3 La fécondation entre une espèce et ses variétés, où entre des races ou variétés d’une même espèce, est très-fréquente et donne de nombreux produits qu’on nomme méfis ou variétés, et ces pro- duits plus ou moins fixés sont doués au plus haut degré de la ferti- lité et peuvent devenir la source de races nouvelles. : Ces conclusions ne sont pas les seules que nous puissions tirer des faits que nous avons signalés, et il en est d’autres non moins importantes qui, on l'a déjà deviné, vont servir à formuler une dé- | finition de l'espèce. ; De - L'espèce, dirons-nous avec MM. Decaisne et Naudin, esé Ja collec- tion de tous les individus qui se ressemblent les uns aux autres autant qu’ils ressemblent à leurs parents ou à leur postérité. | Si maintenant, avecles mêmes auteurs, nous ajoutons que le ca- ractère essentiel de l'espèce est moins peut-être dans la ressem-. blance des individus qui la composent que dans l'impossibilité où elle se trouve de donner, par son croisementavec une autre espèce, une série d'êtres capables de se perpétuer indéfiniment de semis, nous aurons la définition, un peu longue peut-être, mais la plus exacte possible de l’espèce. Comme on le voit, l'expérience et la culture sont le criterium le plus certain qu’on puisse invoquer dans cette question si impor- tante de l’espèce. Nous savons que cette manière de voir ne sera pas goûtée d’un certain nombre de personnes ; mais lorsqu'on voit combien sont considérables 1 les variations que peut revêtir une ‘ Par y n Men PR mi 44 LL. té” D do mt ms im ae ne.> "7 es Fe — ee re l — %6 — plante, on ne peut excuser le botaniste descripteur qui crée des espèces dans le silence de son cabinet. | Nous aurions encore beaucoup à dire sur la fécondation : nous y reviendrons toutes les fois que son action aura été ou sera néces- saire pour la production des différentes variations que présen- teront les végétaux que nous aurons à passer en revue. # CHAPITRE IL. ‘DE LA CRÉATION ET DE LA FIXATION DES VARIÉTÉS. Pour faire une variété deux choses sont à considérer : 4e la Création d'un individu différent d’un type par quelques carac- tères: 90 la Fixation où tien de cette Na os ls par l’un des moyens connus. Voici quelles étaient à ce sujet les idées de l’un des hommes qui se sont le plus occupés'en France de la création et de la fixa- tion des races de végétaux, M. L. Vilmorin, de regrettable mémoire. Nous les reproduisons avec d’autant plus de raison que nous par- tageons entièrement son opinion. « Si nous considérons une graine, dit M. Vilmorin, au moment où, mise en terre, elle va donner naissance à un nouvel individu, nous pouvons la regarder comme sollicitée, quant aux caractères que devra présenter la plante qui doit en naître, par deux forces distinctes et opposées. | « Ces deux forces qui agissent en sens contraire, et de équilibre desquelles RAIN la fixité de l'espèce, peuvent être considérées‘ ainsi qu’il suit : ù » La 1° ou force centripète est le résultat de la loi de ressem- ‘blancedes-enfants aux pères ou atavisme; son action a pour résultat de maintenir dans les limites de variation assignées à l’espèce, les écarts produits par la force opposée. | | » Celle-ci ou force centrifuge, résultant de la loi des différences individuelles, ou de l’idiosyncrasie, fait que chacun des individus composantuneespèce, bien qu’on puisse la considérer comme formée _de la descendance d’un individu (ou d’un couple) unique, présente He à mode des différences qui constituent sa physionomie propre et pro | duisent cette variété én/inie dans l'unité qui caractérise les œuvres du Créateur. ne ru oh RU » Nous venons d’abord, pour plus de simplicité, de considérer l'atavisme comme constituant une force unique; mais si l'on y _ réfléchit, on verra qu’il présente plutôt un faisceau de forces agis= | sant à peu près dans le même sens, et qui se composent de l'appel où de l'attraction individuelle de tous les ancêtres. Or, pour faci= liter l'intelligence de l’action de cette force, il nous faudra consi- dérer d’abord et d’une manière absträite la force de ressemblance à la masse des ancôtres, qui pourra être considérée comme l’attrac- tion du type de l'espèce, et à laquelle nous réservons le nom d’atavisme; puis, séparément et d’une manière plus spéciale, l’at- traction ou la force de ressemblance au père direct, ou {érédité, qui, moins puissante, mais plus prochaine, tendra à perpétuer dans l'enfant les caractères propres du parent immédiat. » Tant que le père ne s’est pas éloigné d'une manière sensible du type de l'espèce, ces deux forces agissent parallèlernent ei se con= . fondent, et les variations qui peuvent survenir, dans ce cas, Par l'effet de la loi d’idiosyncrasie, peuvent se présenter indifféremment dans toutes les directions sans en affecter plus particulièrement aucune. _ ; this: » Il n’en est plus de même quand le père direct s’est éloigné notablement du type: la force de ressemblance directe se combinant alors avec celle de variation individuelle, il en résulte un excès de déviation dans le sensde la résultante de ces deux forces, ou, si on l'aime mieux, les variations nouvelles rayonnent älors, non plus ‘autour du type comme centre, mais autour d’un point placé sur la ligne qui sépare le type de la première déviation obtenue. © » Abandonnées à a nature, les variations individuelles périssent presque toujours dans la iasse surabondante d'individus qu’elle sacrifie sans cesse. De là la fixité des espèces naturelles. Mais, recueillies par l’homme, ces variations sont protégées ; leur des- _cendance se multiplie; obéissant alors aux lois plus complexes qui les régissent, elles produisent ces modifications nombreuses qu’il a su fixer pour son usage. C’est alors aussi que l'influence de Phomme, en choisissant exclusivement, pour en multiplier la ue 98 ‘descendance, les individus modifiés, vient contre-balancer, par des effets constants, la force constante aussi de l’atavisme, et arrive à affranchir ou fixer les races modifiées. é » D’après les considérations qui précèdent, on voit que l’un des points qu’on doit considérer comme des plus ‘essentiels consiste à Jutter le plus efficacement possible contre la force que je viens de désigner par le nom d’afavisme. Or, cette force, moins directe en quelque sorte que celle de la ressemblance au parent immédiat, agit peut-être avec plus de persistance. Siune nouvelle comparaison, empruntée aux lois de la mécanique, m'était aussi permise, je dirais qu’elle doit à son origine éloignée de ne décroitre que d’une manière presque insensible pendant le petit nombre de générations sur lesquelles l’homme peut exercer son influence; tandis que la décroissance de l’autre force (celle de la ressemblance au père direct) marche en progression géométrique. J'ai donc été amené à _me faire, au sujet de la marche à suivre dans le cas où l’on veut obtenir des variétés d’une plante non encore modifiée, une théorie que je ne présente toutefois ici qu'avec une extrème réserve. » Pour obtenir, d’une plante non encore modifiée, des variétés d'un ordre déterminé à l’avance, je m’attacherai d’abord à la faire varier dans une direction quelconque, en choisissant pour repro- ducteur, non pas celle des variétés accidentelles qui se rapproche- rait le plus de la forme que je me suis proposé d'obtenir, mais simplement celle qui différerait le plus du type. A la. deuxième gé- nération, le même soin me ferait choisir une déviation, la plus grande possible d’abord, la plus différente ensuite de celle que. j'aurai choisie.en premier lieu. En suivant cette marche pendant quelques générations, il doit en résulter nécessairement, dans les produits obtenus, une tendance extrême à varier ; il en résulte encore, et c’est là le point principal, selon moi, que la force de l’atavisme, s’exerçant au travers d'influences très-divergentes, | aura perdu une grande partie de sa puissance, ou, si l’on ose employer cette comparaison, elle le fera sur une ligne brisée. . » C'est après avoir atteint ce résultat que j ’appellerai, si l’on me permet ce mot, affoler la plante, que l’on devra commencer à rechercher les variations qui se rapprocheront de la forme que . lon s’est PR d'obtenir, recherche qui sera facilitée par l’ac- me DE É croissement énorme sde l'amplitude de variation que ‘la marche précédente aura produite. On devra alors éviter, avec le même soin qu’on les à recherchés d’abord, lés écarts qui pourraient Le présenter, afin de donner à la race que nous noûs appliquons à former une constance d'habitude qui sera d'autant plus facile à ob- tenir que l’atavisme, cetle cause incessante de destruction des races de création humaine, aura été affaibli par les chainons inter- médiaires au travers desquels on l'aura forcé à exercer son in- _ fluence. » On voit donc qu'il y a pour nous, dans la rie des variétés, deux phases bien distimctes et pendant lesquelles la mar- che à suivre est directement opposée. Jusqu'à présent, la première a été complétement abandonnée à ce que l’on appelait les jeux de la nature, et le soin des horticulteurs s’est borné à propager et à fixer les variations accidentelles, Peut-être paraitra-t-il prématuré d'avancer ici que celte première phase peut, tout aussi bien que l’autre, être soumise à l'influence de l’homme. Cependant, les faits qui m'ont conduit à cette opinion sont maintenant assez nombreux pour que j'aie l'espérance fondée de pouvoir, assez pro- chainement, montrer des exemples de ni cie . cette mé- thode. » à Après le travail que nous venons de reproduire, nous avons s peu d'idées nouvelles à: apporter dans la question. Cependant il nous | reste à examiner sous quelle influence se produisent les variations individuelles sur lesquelles nous avons à agir ; question que M. L. Vilmorin a laissée de côté pour ne s'occuper spécialement que des moyens de développer dans un sens déterminé et de fixer ces va- riations. Bien que nous devions étudier plus spécialement chacune d’elles, lorsque nous passerons en revue les diverses variétés de . nos cultures, nous ti bon de les indiquer i ici d’une manière générale. Si nous comparons une espèce dans son état spontané à la même espèce cultivée, c’est-à- dire transporlée le plus souvent dans des conditions de ‘climat, de sol, etc., complétement diffé- _rentes de celles où elle vivait auparavant, nous serons frappés de voir que, dans nos jardins, cette dernière présentera des déviations du typebeaucoup plus nombreuses qu ’àl'état sauvage. Noustirerons 2 af de de ce fait cette conséquence que la faculté de varier qui est propre à la plante augmente avec la culture. Sinous remarquons ensuite que les plantes cultivées dans nos jardins, qui ont le plus varié, comme par exemple les Dahlias, les Roses, les Camellias, les ÆAkododen- _ dron, les Pommes de terre, etc., etc., ne sont pas empruntées pour la plupart à notre flore, ni à des flores voisines, mais au contraire proviennent de contrées lointaines où elles croissent dans des conditions souvent absolument différentes de celles où nous les cultivons, nous conclurons que plus une espèce sera dé- payséé, plus elle variera facilement. Si nous considérons enfin . que plus une plante est reproduite pendant un grand nombre de générations par le semis, plus elle varie dans ses caractères, nous serons amenés à conclure aussi que la possibilité de la varia- tion augmente en raison directe de la répétition des semis. Donc pour nous : La culture, È La diversité des conditions d'existence, Et le semis répété, . sont aptes, par eux seuls, à apporter dans l'habitude du végétal un _ certain trouble qui se traduit par la variation. Les modes spéciaux de culture devront aussi nous arrêter . et en étudiant le nanisme, nous Nos la réalité de leur im- portance. Nous aurons peu occasion de nous arrêter sur si uénee des graines, selon qu'elles seront plus ou moins récemment récoltées, ou qu’elles auront: été recueillies sur des parties différentes de la plante, ou que, sur un même porte- graines, leur apparition € etleur maturation auront été plus ou moins tardives. | _ Jusqu’ ici on a peu étudié le mode d’action de ces circonstances dans la floriculture, bien que la culture maraichère et La . culture semblent en avoir tiré quelque profit. . Quant aux fécondations croisées, aux exemples que nous avons déjà cités dans les pages qui précèdent, nous aurons occasion d’en ajouter quelques-uns. Pour n’avoir pas à revenir sur les lois pénesies de la conserva- tion des variations, soit qu’on veuille seulement les propager, ce à quoi l’on arrive en répétant l’individu par les moyens de multipli- \ — 31 — cation ordinaires, soit qu’on si, à les fixer, c’est-à-dire à les amener à se reproduire franchement de semis, nous allons encore résumer en quelques mots notre manière de voir sur ce point. Une variation étant produite, pour la conserver ei la propager, nous avons toujours à notre service les ressources que la pratique a mises à notre disposition: telles que les boutures, les greffes, les marcottes, ete. Mais ce n'est pas là fixer une variété, et.nous n’emploierons ces moyens que si la variation est stérile, ou si ses graines ne reproduisent que le type. Mais supposons que nous ayons affaire à une. sise fertile et voyons les divers cas qui se LRO -teront. Si la variation s’est produite dans un sens autre que LS vers | lequel on tend, elle ne doit pas être abandonnée pour, cela : on aura plus de chance, en semant une déviation du type, même dans une direction diamétralement opposée, d'obtenir de nouvelles déviations qu’en semant de nouveau le type lui-même. Dans la dé- _viation il y a déjà tendance à l afolement et commencement de destruction de l’atavisme. Si deux variations se sont produites, dont l’une diffère peu du type, mais est placée sur la ligne qui mène à la variation désirée, et que l’autre soit placée dans une direction opposée, mais s’é- cartant considérablement du type, nous ne négligerons pas cepen- dant de suivre cette dernière, parce us Re elle l’ébranlement de latavisme est plus avancé. En choisissant nos porte- graines d'après ces règles, Souvent du premier coup nous avons obtenu une variation que nous voulons maintenir; il nous reste à combattre et à détruire la tendance à l’affolement à laquelle nous poussions auparavant, et à chercher à développer dans la variation un tempérament spécialiqui l'empêche de céder et à l’atavisme et à l’affolement. La Sélection, que nous ‘avons déjà pratiquée, devra être répétée : jusqu’à ce que toutes les graines obtenues ne produisent plus que des individus semblables, sans mélange d'autre déviation. Mais, pour obtenir ce résultat, il aura fallu aussi joindre à la sélection l'isolement, c’est-à-dire ‘ soustraire les porte-graines au métissage par le pollen des indivi- dus de la même espèce qui l'entourent. Cette précaution sera le plus souvent d’une haute pOrRE car nous avons déjà cité des TE rer à dt re at those faits qui prouvent combien est facile cetie fécondation croisée dans certaines espèces. | | CU Telles sont les règles desquelles le floriculteur intelligent ne devra pas se départir. Ajoutons cependant que la sélection, telle que nous l'avons indiquée, à le grave défaut de ne s'appuyer que sur des caractères extérieurs, Îles seuls malheureusement qui soient appréciables. Les observations de M. Vilmorin démontrent que des plantes parfaitement semblables éntre elles, obtenues d'un mème parent fécondé par lui-même, présentent parfois des | aptitudes différentes à reproduire ce parent. Les graines d’un cer- tain nombre de pieds de la Balsamine Camellia ponctuée de cra- moisi, qui s'était montrée accidentellement dans un semis de B. Camellia ponctuée de violet, furent récoltées et semées séparé- ment; ces Balsamines présentaient toutes, au plus haut degré, l’ensemble des caractères que M. Vilmorin voulait fixer, et cepen- dant la semence d’un certain nombre d’entre elles ne donna qu'un mélange avec Ta variété ponc ‘rement sortie; tandis que les autres reproduisirent uniquement et nettement leur parent, non-seulement par elles-mêmes, mais encore dans leur descendance. Mème fait s’est présenté pour le Ta- getes Rose d'Inde double, que M. Vilmorin n’arriva à avoir Ccon- \ .stamment double qu'en semant séparément les graines d'individus choisis et en ne continuant que ceux qui avaient produit uni- quement des fleurs doubles. Sur. 6 plantes, 2 seulemeni avaient reproduit sans mélange leur parent. C’est en pratiquant la même méthode que MM. Vilmorin sont arrivés et arrivent encore à fixer la plupart de leurs variétés. | . Nous devons donc reconnaitre qu'il faut tenir compte, pour le choix des porte-graines, non seulement des caractères extérieurs, : mais encore de l’idiosyncrasie de chacun d'eux. Or, celle-ci ne se manifestant que par ses effets. nous devrons, si une variation semble présenter quelques difficultés à se fixer, examiner séparé- ment les produits de chaque porte-graines, et faire porter notre choix sur ceux qui présentent au degré le moins prononcé l’ata- -visme ou tendance à retourner au type primitif. e CHAPITRE IT. DES VARIATIONS OBSERVÉES CHEZ LES VÉGÉTAUX. Examinons les modifications qui se présentent le plus habituel- lement dans ies végétaux cultivés, et lorsque nous traiterons sépa- rément de chacune de ces variations, nous indiquerons les causes sous l’action desquelles elles ont pu ou pourraient se produire. Ces variations sont, comme on le sait, extrèmement nombreuses ; pourtant toutes peuventse grouper dans les suivantes : 4. Des variétés par diminution de taille; Nanisme. 2. Des variétés par augmentation de taille; Géantisme. 3. Des variétés de robusticité. 4. Des variétés grandiflores. 5. Des variétés de précocité. 6. Des variétés de tardiveté. 7. Des variétés odorantes. | les tiges. les feuilles. 8. Des variétés de coloration com- Panachures. les fleurs. … plète ou partielle dans. . . ‘| Ponctuations. les fruits. les graines. . Des variétés sans coloration ou Albi- { partiel... Panachures. complet... Chlorose. . Des variétés par dédoublement ou par trans- | Fleurs doubles. formation de l’androcée et du gynécée. | Fleurs pleines. . Des variétés prolifères. . Des variétés par soudure. 3. Des variélés par avortement. . Des variétés péloriées . Des Chloranthies. e mo ré rire . és ’ k DR © is inermes. épineuses. à tiges. fastigiées. filiformes. | pleureuses, elc. : 16. Polymorphisme compre- | nant les variétés crispées. à feuilles. | FSCiées- | bullées. Jaciniées, elc., etc. S E. — Des variétés par diminution de taille ou du Nanisme. Le Nanisme est l’une des variations les plus fréquentes qu’on observe dans le règne végétal; mais dans ce règne, comme du reste dans le règne animal, nous ne pouvons la considérer comme un état languissant de l'être qui la revêt. Au contraire, toutes ces races naines possèdent au plus haut degré la faculté de se repro- duire, et nous ne connaissons qu’un exemple du contraire ; c’est le suivant. Autrefois MM. Vilmorin possédaient une variété naine d’Ageratum cœruleum, qui fleurissait abondamment, mais qui ne produisait que peu ou point de graines (4), de sorte que la multi- plication s’en opérait de boutures et qu’on dut abandonner. Mais, ainsi que nous l'avons dit, la production des variations étant en raison directe du nombre des semis, quelques années après l’appa- rition de cette race naïne et stérile d’Ageratum cœruleum, MM. Vil- morin en obtinrent une autre qui était très-fertile et qu'ils fixè- rent. À La fréquence du nanisme est plus grande chez les végétaux cul- tivés que chez les plantes sauvages. Il est en effet peu de plantes depuis longtemps soumises à la culture qui n’aient produit une ou quelquefois plusieurs variétés naines. Aussi sera-t-il inutile d’en citer un grand nombre d'exemples ; on.en rencontre même jusque dans les plantes qui, par leurs rameaux volubles, semblent ce- (1) Cette variété est encore cultivée dans quelques établissements pour l’ornement des appartements, ee A2 en ETAT Eu vf a pendant s'éloigner de la tendance à cette variation. Les Haricots nous la présentent fréquemment ; mais, poux ne Pas faire appel aux variétés potagères qui sont cultivées depuis un si grand nombre d’années qu’il est pour ainsi dire impossible de savoir si ce sont les variétés naïnes qui ont donné naissance aux variétés grimpantes ou si ce sont ces dernières qui ont produit les formes naines, nous prendrons pour exemple Vespèce d'ornement, Îe Phaseolus multi- florus. Dans le 35° vol. des Ann. de la soc. d'Hort. de Paris, M. Jac- ques dit avoir Semé des graines d’un ‘Haricot d’Espagne supposé hybride, et que les individus qui en naquireni furent extrèmement variés, non-seulement sous le rapport de la coloration des fleurs, mais encore sous ceux du port et de la taille. A l'égard de ce dernier _ caractère, M. Jacques put même classer ces individus en deux sé- ries : en nains et en grimpants. Dans la Revue horticole, année 1846, M. Pépin dit avoir semé des graines de ce Haricot, que M. Jacques avait déposées sur le bureau de la Société, le 47 avrili844, etque ce semis produisit également des variétés naines et des variétés grim- pantes. | | Nous savons que cet exemple ne peut être regardé comme con- cluant et que quelques personnes croiront que cette variabilité ex- trémie est le résultat d’un croisement, comme l'a supposé M. Jac- ques. Nous ne pensons pas que la fécondation (si difficile à prati- quer dans les plantes de cette famille) ait joué un rôle dans la production de ces variations. Nous n'y VOyOns qu’un'de ces écarts _ considérables, qui ne s’obtiennent le plus souvent qu'après une cul- ture longtemps pratiquée, Se montranttout à coup et d’un seul jet. Mais si l'exemple précédent laissait encore quelques doutes sur la production des formes naines chez les planies grimpantes, nous en trouverions la confirmation dans celui qui. nous est. offert par le Lablab vulgaris, dont les tiges s'élèvent jusqu'à 3 mètres, ei qui à produit une variété qui n’excède jamais 80 c. de hauteur. Plusieurs auteurs, notamment Lamarck et Linné, ont remar- qué que les terrains peu nutritifs, tels que les sols siliceux, et les expositions sèches et arides, prédisposaient au nanisme ; cela peut être vrai pour les individus d'une espèce que la nature a placés daris ces conditions. Nous disons pour {es individus, cax on sait Que, ‘transportés dans des conditions plus favorables à leur végétation, PP Mende dr GE mat hi PSS % pos Some: — 36 —. ces nains ne ardent pas à prendre leur développement normal. Mais, à supposer même que des races naines se "créent spontané- ment de cette façon, nous ne pourrions admettre l’influeuce des mêmes causes dans la production des races naines de nos jardins qui se montrent dans des conditions diamétralement opposées : ‘dans des terres riches, substantielles et fraîches. L’altitude a été considérée aussi comme l’une des causes qui pré- disposent au nanisme. Chacun sait que les plantes des régions très- élevées, celles surtout qui croisseni sur les rochers, sont compara- tivement plus petites que les mêmes espèces croissant dans les prai- ries ou les pâturages silués à des limites plus basses. Ce fait n’est cependant pas général, car nous connaissons des plantes qui crais- sent à une altitude de plus de 2000 mètres, ei qui ne présentent pourtant aucune différence sensible dans leur taille avec la même “espèce croissant au-dessous de 400 mètres d’altitude : tels sont par exemple les Zenaria alpina, Brassica repanda, Oxytropis montana, Astragalus depressus, Rhaponticum scariosum, ec. On pourrait, en ous cas, faire la mème objection qu’à la cause précédente. De ces faits nous pouvons donc déduire que les causes auxquelles on attribue généralement le nanisme, chez les végétaux spontanés, ne peuvent être celles qui produisent les mêmes variations chez Les plantes cultivées. Si l’on recherche dans quelle catégorie de plantes le nanisme est le plus répandu, on verra qu’il est plus fréquent chez les végétaux annuels que chez les végétaux vivaces et ligneux , d’où l’on peut conclure que plus une plante est multipliée de semis, plus elle est susceptible de produire la variation qui nous occupe. D’après cette idée, si la reproduction par graines des espèces vivaces et ligneuses était plus pratiquée, les variétés naines se rencon- treraient plus fréquemment chez elles. Les moyens à employer pour CONServer et propager les variétés naines sont divers et varient selon que ceite modification s’est pro- duite chez des végétaux de durée différente. Pour les arbres et les arbustes, c’est par la greffe, la bouture ou le marcottage qu'on ob- tient ce résultat. Ce n’est, en un mot, qu’en employant une par- tie de la variation, eten l’obligeant à se pourvoir elle-même, qu'on parvient à la propager. Pour les plantes vivaces ou bulbeuses, ces APE re moyens seront identiques aux précédents; c’est aussi en divisant les parties des individus nains qu'on arrivera à ce résultat, Enfin, pour la propagation des plantes annuelles, nous avons deux moyens à employer : les boutures pour celles qui ne fructifient pas, les se- mis pour celles qui donnent des graines. Mais ce dernier procédé ne doitêtre pratiqué seul que lorsque la variation est définitivement fixée, autrement, nous n’obtiendrions qu’un résultat incertain. Pour propager une variété naine quelconque par ses propres graines, nous devons donc, avant toute chose, nous occuper de sa fixation et nous y parviendrons en employant les moyens que nous avons déjà indiqués dans les pages précédentes, la sélection et l’iso- lement. - Supposons une forme naïne apparaissant dans un semis; si nous voulons la fixer, il faudra l’isoler, c’est-à-dire ne pas la laisser au milieu des individns avec lesquels elle est née, afin de n’avoir à combattre chez elle que la tendance de l’atavisme et de prévenir tout métissage. Une fois isolée, nous en recueillerons la graine et nous la sèmerons. Pour les raisons que nous avons émises précédem- ment, lesindividus qui naïîtront de ce semis ne ressembleront pro- bablement pas tous au pied qui leur avait donné naissance ; nous exclurons donc tous ceux qui, par une variation quelconque, sem- bleront s'éloigner de celle que nous avons à maintenir. Ces pieds ainsi épurés nous fourniront, comme précédemment, maïs en plus grand nombre peut-être, des individus représentant la variété qu'on tient à fixer. En pratiquant ainsi la sélection, on arrivera indubitablement, après quelques générations, à obtenir des indivi- dus assez semblables entre eux pour qu’on puisse supposer qu’ils soient sortis d’un même couple. Dès lors notre variété sera fixée. Pour la fixation du nanisme et en général pour celle de la plu- part des variations, il y à des différences très-grandes dans le temps nécessaire à son obtention. Ainsi nous avons des variations naines qui se fixent dès la première ou la deuxième génération; d’auires ne sé fixent qu'après 5 ou 6 années d’expériences consé- cutives; d’autres présentent constamment des retours au type; d’autres enfin disparaissent dès la première génération. Nous ne savons à quelle cause attribuer cette diversité dans la durée de la fixation des variétés naines ; elle dépend sans doute de Le US ds la difficulté plus ou moins grande qu’on éprouve à vaincre la ten- dance qu'ont les enfants à ressembler à leur ascendant. Mais pour- quoi, chez certaines plantes, cette tendance ne peut-elle être anéan- tie par 5 ou 6 générations, tandis que chez d’autres. elle tend à s’an- nihiler dès la première? L’explication de ce fait est peu facile. Cependant nous pensons qu’elle réside dans cette proposition : plus les plantes sont cultivées, plus leurs variations sont grandes et par cela même plus elles sont faciles à fixer. On nous contredira peut-être, mais nous n’hésitons pas à considérer une fois de plus la culture longtemps pratiquée comme l’un des antécédents les plus favorables à la fixation rapide des variations. Pour démontrer l’impossibilité de fixer certaines variétés naines, nous rappellerons le fait suivant : En 4859, MM. Vilmorin remar- quèrent dans leurs cultures, rue de Reuilly, parmi un lot de Sapo- naria calabrica, un individu dont la taille était remarquablement plus petite que celle du type. Pensant que cette variation serait une bonne fortune pour l’ornement de nos jardins, MM. Vilmo- rin tentèrent de la fixer. De nombreuses graines recueillies sur cet individu nain furent semées en 1860 et reproduisirent un grand nombre d'individus à peu près semblables à la variation qu’on voulait fixer; des graïnes prises sur les individus qui se rap- prochaient le plus de la forme naïne furent semées en 4864 et (parmi les nombreux individus auxquels elles donnèrent nais- sance, aucun ne reproduisit la variation naine. Il est vraisemblable cependant que si, comme nous l'avons précé- demmentindiqué, MM. Vilmorin avaient cultivé isolément un plus grand nombre d'individus naïns de ce Saponaria, et que s’ils en avaient semé séparément les graines, ils seraient arrivés à fixer cette variation. Maintenant, pour démontrer la commodité avec initié on ar- rive en très-peu de temps à fixer une variation naine, NOUS pren- drons le faït suivant dont l'origine est tonte récente : En 1860, MM. Vilmorin remarquèrent, dans une plantation de Tagetes Signata, un individu qui, par sou port trapu et buissonneux, était comparativement plus petit que ceux du reste de la plantation. Ce pied ne fut pas isolé, et les graines qu'il produisit donnèrent, en 4861 ; un nombre considérable d'individus dont 2 seulement répétèrent la forme naine; le reste était intermédiaire éntre elle et le type. Les graines recueillies sur ces 2 individus nains Îes reproduisirent presque entièrement en 4862, puisque C’est à peine si une sélection rigoureuse a nécessité l’exclusion de 40 0/0 d'in- dividus qui étaient retournés au type. Ainsi voilà une variation qui s’est manifestée d’abord chez un unique individu, et qui, après 3 générations, s’est tellement bien fixée, que les individus auxquels elle a donné naissance sont assez semblables entre eux pour sembler tous sortis d’une seule et même graine... Lorsque ces variations sont définitivement fixées, qu’elles se spé- ciéisent en un mot, elles passent à l’état de race ou de sous-espèce et- elles peuvent alors devenir la souche d’une nouvelle lignée de varié- tés qui n'auront de commun entre elles que là diminution de leur taille. Telest, par exemple, le Scabiosa atropurpurea var. nana, qui a produit, comme son type, des variétés de coloration ; ainsi les jar- dins possèdent le Scab. atropurp. nana purpurea, de laquelle MM. Vilmorin obtinrent et fixèrent les variétés carnées et roses. Le Calliopsis tinctoria a produit une variété naine qu’on a ap- _pelée pumila, ete cette variété MM. Vilmorin DURE le C. tinct. pumila purpurea, Le Tagetes patula à également produit une variété naïne, le T. patula nana, dans laquelle la coloration des fleurs était iden- tique à celle du type. Cette variété a donné naissance à une nou- velle variété naïñe caractérisée par des fleurs entièrement jaunes. Lemême faits’est présenté chez les Balsamines et les Reines-Mar- guerites ; ces dernières surtout présentent plusieurs races naines qui ont produit des variétés de colorations différentes. De ces exemples on pourrait conclure que le nanisme,' une fois bien fixé, prend un cachet de constance tel que de nouvelles va- riations se produisent; ce n’est pas sur lui, maïs sur des caractères | persistants du type lui-même, ou au moins plus anciennement fixé, qu’elles porteront de préférence. Si, pour soutenir cette théorie, nous recherchions des éxemples dans le règne animal, nous n’aurions que l’embarras du choix : les Chiens, les Cochons, les Poules et les Canards nous en fourniraient de nombreux. L Nous n’avons aucune indication précise sur la fixation par semis du nanisme chez les végétaux ligneux. Mais, en considérant ce . Qui se passe chez les plantes annuelles, on doit supposer, affirmer même que si ces variations pouvaient être semées avec autant de commodité que chez les végétaux annuels, leur fixation s’opérerait tout aussi facilement. On comprend que, pour les arbres, des expé- riences consécutives sur leur reproduction par semis ne peuvent être tentées par l’homme dont la vie est si coûrte. Existe-t-il un moyen quelconque pour la production des varia- tions naïnes ? Si l’on consulte à ce sujet les différentes publications horticoles, on ne trouve aucune indication qui soit basée sur des faits bien éta- blis. Ces variations apparaissent, on en constate parfois l’appari- tion, et là se bornent les renseignements; les cultivateurs eux- mêmes, si on les questionne à cesujet, répondent que cettevariation est purement accidentelle et que si parfois elle offre un intérêt quelconque qui en motive la propagation, ils s'occupent de la propager par les moyens que l’expérience a mis à leur disposi- tion. Pour nous, nous considérons comme un puissant moyen d’affol- lement des végétaux dans le sens du nanisme les semis d'automne et en même temps les repiquages successifs qu'ils nécessitent. Pour rendre notre idée plus sensible, prenons pour exemple le Calliopsis tinctoria. Aprèsl’avoir semé en août-septembre, nous devrons, dans une culture bien entendue, dès qu'il aura développé quelques feuilles, le repiquer dans une pépinière d’attente, en laissant entre lesplants un espace suffisant pour qu’ils puissent croître librement. Lorsque les feuilles viendront à se toucher, nous devrons nécessai- rement opérer un nouveau repiquage, que nousrenouvellerons une 3° et peut-être mème une 4° fois; après quoi nous les meitrons en place. Or, qu’aurons-nous obtenu par ces repiquages successifs ? Des plantes fortes, vigoureuses, fermes, trapues ; nous aurons favorisé le dé- veloppement des ramifications inférieures qui se sera nécessaire- ment opéré au détriment de celui de la tige principale, et nous au- rons ainsi créé un individu comparativement nain. Si maintenant nous récoltons des graines sur des plantes ainsi cultivées et que nous donnions les mêmes soins aux individus qui en naîtront, nous e ef 2 $ RE obtiendrons, d’année en année, des êtres chez lesquels onaura fait développer une certaine tendancé au nanisme. En un mot, des graines recueillies sur des plantes ainsi traitées pendant plusieurs générations seront plus aptes que d’autres à produire des variétés paines: et cela est tellement vrai que la plupart de ces variétés ap- partiennent à des plantes qu’on peut semer à so dé ou bien à celles qui, semées au printemps, sont soumises à à des repiquages successifs. Ainsi, parmi les espèces annuelles qu’ on sème habituellement de juillet en septembre, les suivantes ont produit des variétés nai- nes. Calceolaria plantaginea. Leptosiphon densiflorus. . Senecio cruentus. Dianthus sinensis. Agrostemma Cœli-Rosa. Scabiosa atropur purea. Calliopsis tinctoria. Schizanthus retusus. OŒEnothera Drummondit. Iberis umbellata. Helichrysum bracteatum. ; Et parmi celles qu’on sème au printemps et dont les plants sont soumis à des repiquages successifs, nous citerons les suivantes : Impatiens Balsamina. Tagetes erecta. Callistephus sinensts. — signata. Tagetes patula. La fécondation artificielle pourrait-elle être invoquée pour Ja production des variétés naines ? Cette question est certainement très-importante, mais nous ne pensons pas que la fécondation aitrété tentée dans le but direct d'obtenir le nanisme. Nous savons que la fécondation est une des _ causes les plus puissantes pour faire varier les plantes ; or, en fé- condant une espèce avec l’une de ses variétés, ou bien en fécon- dant entre elles ces deux variétés (chez lesquelles naturellement le nanisme ne se sera pas fait remarquer), nous serons certain par ce procédé de faire naître en ces plantes un plus grand nombre de variations que si nous avions semé séparément les graines de chacune d’elles fécondées par leur propre pollen; donc plus nous aurons de variations, plus la plante sera affolée, plus la chance sera grande d'obtenir celle que nous désirons. Cependant nous 1 — » savons quele métissage produit presque toujours desindividus plus robustes que leurs parents; c’est ainsi, par exemple, que, dans les animaux, et l’homme en particulier, le mulâtrequi estle produit du croisement entre les races blanche et noïre, est plus vigoureux queses parents ; d’où on peut tirer cette conclusion, que de toutes les variations que le métissage pourra produire, le nanisme est celle qu’on aura le moins dé chance d’obtenir. | Un fait curieux, dont nous devons la communication à l’obli- geance de M. Mac-Nab, démontrerait cependant qu’étant opérée d’une certaine mamière, la fécondation pourrait produire des indi- vidus ayant une tendance au nanisme. .... . QI est une circonstance qu’on a récemment fait con- naître, dit M. Mac-Nab et sur le résultat de laquelle on ne doit avoir aucun doute : c’est que lesmeilleures variétés naines de Æho- dodendron sont celles obtenues par l'emploi du pollen pris sur les petites étamines. Les produits qu’on en obtient, je puis le certifier, sont très-différents de ceux obtenus par l’emploi du pollen des grandes étamines. » Nous ne croyons pas que cette expérience ait été pratiquée par nos cultivateurs de Æhododendron. Si le fait est exact, on pourrait non-seulement produire des variétés naines de Ahododendron , mais encore d’Azalées, et en général de toutes les plantes dont les étamines présentent une inégalité dans leur développement. Telles sont, par exemple, celles des familles des Scrofularinées, des Labiées, etc. On sait généralement que, par la taille et le pincement, on peut obtenir des individus comparativement moins élevés ; ainsi c'est par la taille qu’on imprime à quelques-uns de nos ärbustes ces formes buissonnantes qu’on recherche parfois pour l’ornement de nos jardins : c'est de même par le pincement que nos fleuristes parviennent à diminuer avantageusement la taille de quelques “plantes vivaces ; tels sont par exemple les Phlox, lHelianthus or- gyalis, les Chrysanthèmes, etc. Mais ces moyens sont purement mécaniques et les plantes qu’on y soumet ne conservent pas ces caractères lorsqu'on les y soustrait. Néanmoins, nous pensons que les graines recueillies sur une plante vivace soumise annuelle- ment et depuis un certain nombre d’années et de générations à = Mb se l'influence de la taille ou du pincement, aurait plus de tendance à produire dés variations naines que les graines de ces mêmes plantes non habituées à ces traitements. . $ 2« — Des Vexiètés par augmentation de taille ou du géantisme. Les variations géantes sont très-rares chez les végétaux d’orne- ment; cela tient à ce qu’elle ne sont pas recherchées et qu'on les rejette même toutes les fois qu’elles se présentent. Le géantisme résulte de causes diverses, parmi lesquelles nous indiquerons les suivantes : la richesse et la fertilité du sol; l’em- ploi de graines nouvellement recueillies, le métissage et l’hybri- dation. Une culture mal entendue prédispose aussi au géantisme. On sait par exemple que des semis trop épais et non éclaircis produi- sent des individus plus grêles mais plus élevés que les mêmes plantes auxquelles on fait subir un ou plusieurs repiquages. La richesse et la fertilité du sol ont une influence des plus pro- noncées sur le développement des formes géantes. C’est là un fait qui n’a pas besoin de commentaire, du moins en ce qui regarde les plantes SANABPEs: surtout celles qui croissent dans les terrains secs et arides, et qu'on introduit dans un jardin. On sait que l’âge des graines exerce une influence diverse sur les produits qu’elles doivent donner : ainsi les graines nouvelle- ment recueillies donnent toujours naissance à des individus plus vigoureux, plus robusies que les graïnes reposées. C’est là un fait généralement admis en horticulture, et il a étéégalement reconnu dans la culture maraichère. % Nous pouvonsdoncen déduire que plus nous sémerons des graïnes : fraîchement recueillies, plus nous aurons de chance d’obtenir des individus grandsetrobustes, et que plus nousemploieronsdes graines reposées, plus les résultats que nous obtiendrons seront opposés aux précédents. | Nous avons vu que le rétéemenn entre individus d'espèces dif- férentes produisait ce qu’on appelle un hybride ; or, le caractère de l'hvbridité se trahit toujours par le grand développement des individus auxquels elle donne naissance. Pour n’en citer qu'un M LR de exemple, nous rappellerons les observations faites en 1855 par M. Naudin, sur 120 sujets hybrides de Datura, dont 96 provenant du Ÿ. Tatula fécondé par le D. Stramonium, et 24 issus du 2: Stramonium fécondé par le D. Tatüla. Ces hybrides, dit M. Nau- din, « étaient sensiblement intermédiaires entre les deux espèces, quoique peut-être un peu plus voisins du D. Tatula que du D. Stramonium ; mais leur hybridité se trahissait par un caractère qui a souvent été remarqué : le développement exagéré des or- ganes de la végétation; leur taille en effet variait entre 2 mèt. et 2 mèt. 50 cent., et plusieurs de leurs feuilles avaient au moins, en surface, le double de celles des deux espèces originaires. » Un autre caractère qui a été de même souvent remarqué chez les hybrides, c’est celui de la difficulté qu’ils ont à produire des fleurs et des fruits : ainsi l’augmentation des organes de végéta- tion se fait au détriment de celle des fleurs. De cette circonstance, jointe à celle de l'impossibilité qu'ont ces êtres de pouvoir se con- server indéfiniment par semis, nous tirerons cette conclusion : que, bien que l’un des caractères de l’hybride réside dans le grand développement des organes de la végétation , nous ne devons pas cependant, dans les végétaux annuels, pour produire des variétés géantes, compter sur l’hybridation, tout en reconnaissant son action sur la prédisposition au géantisme. Mais il n’en sera pas de même pour les végétaux vivaces et li- gneux. Ici, en effet, en fécondant une espèce à peu près naine par le pollen d’une espèce plus élevée (appartenant au même genre bien entendu), les graines de ce croisement produiront éndubita- blement des individus plus élevés que ne l'était leur mère, indivi- dus qu’il sera facile de multiplier de boutures, greffes, mar- cottes, etc. As Nous avons vu précédemment que le caractère essentiel du mé- tissage était de donner naissance à des individus plus forts et plus robustes que leurs parents, d’où nous pouvons conclure que plus nous féconderons entre elles les races et variétés (d’une même espèce), plus elles seront susceptibles de produire des variations chez lesquellesla tendance au géantisme sera prononcée, variations que nous parviendrons ensuite à fixer en pratiquant les moyens connus, c’est-à-dire la sélection et l'isolement. LE He ns L'emploi des engrais liquides pousse au géantisme; c’est ce que savent très-bien les horticulteurs qui en font usage pour exciter le développement de certaines plantes. Mais on comprend que cette cause n’agit que momentanément ei qu'une plante qui aura été soumise à son influence pendant une période annuelle de vé- gétation n’en gardera aucun effet postérieurement, si on la soustrait à cette condition. Mais il n’en est pas ainsi pour les plantes depuis longtemps cultivées dans le même terrain ; de même que, dans cettecondition, une espèce aura pu produire une variation naine, de même aussi elle pourra donner naissance à une variation opposée, € ’est-à- dire géante (nous n’employons ce mot que pour désigner toute varia= tion s’éloignant de son type par la hauteur de la taille). Or sup- posons que, dans un semis de Reïnes-Marguerites, nous remar- quions un individu différent des autres par l’élongation de ses tiges et que nous voulions fixer cet individu, nous y parviendrons par les moyens connus: l'isolement et la sélection. Quand une variété géante est bien fixée, sa fixation n’est pas telle qu’elle ne puisse jamais varier; sa stabilité ne dépend pas seu- lement de la sélection et de l’isolement; elle est encore subor- donnée aux conditions climatologiques et terrestres dans lesquelles on la cultive. | Ainsi nous avons des variétés géantes qui se conservent .par- faitement pures dans certaines localités, et qui, transportées sous un autre climat, dans un autre terrain, perdent promptement: leur caractère essentiel. Tel est, par exemple, le Chanvre du Piémont qui, dans ce pays, acquiert des proportions gigantesques qu’il conserve encore dans quelques-uns de nos départements de l’Est; mais quand on le cultive dans un lieu plus éloigné (dans l’Anjou par ex.), il perd sa haute stature après une ou deux générations au plus et y devient tout à fait semblable au Chanvre ordinaire du pays. $ 3. — Des variétés de rusticité. Est-il possible de produire des variétés de rusticité? Nous croyons, bien que nous n’en ayons pas d’exemple très probant, que, | » is, ME En par des choix successifs dirigés dans ce sens, on peut obtenir, mais dans des limites toujours étroites, des individus plus rustiques que les espèces qu'on possédait déjà, et qu'on peut arriver à fixer ce .. Caractère. Ce n’est guère du reste dans la culture potagère que nous en pourrions prendre quelques exemples. Par l’hybridation on est arrivé dans ce sens à des résultats assez remarquables. Ainsi, c’est en fécondant lAmaryllis brasiliensis, espèce délicate et à laquelle il était impossible de faire passer l'hiver en pleine terre, sous le climat de Paris, par l’Amaryllis vittata, plante beaucoup plus rustique, que MM. Souchet père, _ de Fontainebleau, et Truffaut fils, de Versailles, ont obtenu des \ individus de nuances intermédiaires, qui ont presque la rusticité | de leur père, et qui, avec l’aide d’une couverture de feuilles ou autre, peuvent supporter l'hiver sans trop souffrir sous le climat de: Paris, comme l’A. vitlata lui-mème. Nous notons ce fait d'autant plus volontiers qu’il est remar- quable à à un double point de vue, les produits obtenus ne tenant aux parents que par les caractères qu’on à voulu conserver : ils ont emprunté à l’un la beauté de ses fleurs, etils tiennent surtout de l’autre, dont les couleurs sont moins brillantes, par la rusticité. On sait que le Æhododendron arboreum ne peut résister à un froid de plus de 3 à 4 degrés et que, fécondé par le À. Caéawbiense, qui est beaucoup plus rustique, les graines qui naissent de ce croise- ment produisent des plantes qui ont hérité de la rusticité de celui-ci. & &. — Des variétés grandifiores, Ces variations sont toujours dues à un terrain substantiel, riche en humus et surtout à une culture rigoureusement et savamment pratiquée ; elles se fixent aisément, mais elles s’éteignentinsensible- ment, voire mème promptement si les conditions et les soins dont nous venons de parler ne président pas constamment à leur édu- cation. C’est ainsi, par-exemple, et nos cultivateurs le savent bien, que les races de Pensées à grandes fleurs retournent rapidement au Viola tricolor pur etsimple, lorsqu'on néglige de leur donner des soins RÉME semis en temps oRporeun, repiquage chaque fois M se qu’il en est besoin, suppression des individus qui ne présentent pas les caractères désirables, tels sont les principes desquels on ne doit pas se départir pour la conservation des races de Pensées à grandes fleurs. F: PE Il importe peu de recueillir et semer de préférence les graines des premières fleurs, bien qu’on V’ait recommandé comme de toute nécessité, parce qu’elles sont ordinairement les plus grandes. Des observations exactes faitespar MM. Vilmorin prouvent Pinu- tilité de cette pratique. tu RATE A Voulant s'assurer si, selon leur position sur la plante et l’époque de leur maturité, les graines des Pensces produiraient des indivi- dus différant notablement entre eux, MM. Vilmorin firent, sur un grand nombre de pieds de belles Pensées, onze cueillettes succes-. sives, dont les graines furent semées séparément et dans des con- ditions de culture identiques. En cultivant de même plusieurs individus de chacun de ces semis, MM. Vilmorin remarquèrent que les produits du onzième lot, c'est-à-dire ceux qui provenaient des dernières fleurs, furent tout aussi beaux, sous le double rap- port du nombre et de la grandeur des fleurs, que ceux du pre- mier lot, provenant par conséquent de la première cueillette. Il est un fait généralement reconnu en horticulture, et qui n’est pas sujet à discussion c’est que l’hybridation peut être'invo- quée pour la produetion d'individus à fleurs comparativement plus grandes que celles de leur mère (quand toutefois le père les a plus grandes qu’elle). C’est ainsi, par exemple, qu’en fécondant le Be- gonia discolor par le pollen du 2. Rex et de quelques variétés de ce dernier, M. Malet fils, jardinier de M. le comte d'Haussonville, a obtenu des produits dont l’origine hybride se trahit par plu- sieurs caractères, et entre autres par celui de la grandeur des fleurs. Mais, nous le répetons, l’hybridation ne peut produire que des variations qu’on propagera et multipliera, mais qu’on ne fixera jamais. En métissant une espèce parviflore par sa variété grandi- flore, nous pourrons aussi obtenir des individus à fleurs plus gran- des que celles de leur mère, individus qui seront très-fertiles et qu’au besoin nous pourrons fixer. Par le métissage, on peut donc créer une race ou une variété dans laquelle Ja grandeur des fleurs sera augmentée. a ; ARTE Il va sans dire que par les mêmes procédés, mais en interver- tissant les rôles, c'est-à-dire en fécondant une espèce grandiflore par le pollen d’une variété parviflore, ou bien une espèce à grandes fleurs par sa variété à petites fleurs, nous pourrons pro- duire des variations ou des races qui seront caractérisées par des fleurs plus petites que celles de leur mère. NS 5 et 6. — Nes variétés de précocité et de tardiveté. Nous réunissons sous un même titre ces deux variations qui ne sont, en somme, que les deux termes extrèmes d’une même série ; nous ne pourrions du reste séparer l'étude des causes sous l’in- fluence desquelles semble se produire chacune d'elles. On sait que les conditions cli matologiques ont une influence des plus grandes sur la durée de la végétation. Selon qu’un végétal est exposé à une chaleur plus où moins élevée, son développement s’0- père plus ou moins rapidement ; c’est un fait consiaté depuis long- temps et sur lequel il est à peine besoin d’insister. C'est ainsi, comme ledit M. le D' Sagot, dans un travail remarquable sur la végétation des plantes potagères d'Europe à la Guyane française, que, tandis qu’à Paris le Maïs met 3 mois pour opérer sa végétation, à Cayenne il mürit ses graines en 4 mois; il en est de même pour le Melon d’eau et le Haricot qui, à Paris, mürissent en 3 mois, tandis qu’à Cayenne ils opèrent leur végétation en 2 mois et demi. Sans sortir de notre pays, la vendange et la moisson commen- cent beaucoup plus tôt dans le Midi que sous le climat de Paris, et la maturation des fruits s’y fait plus rapidement. Nous savons aussi que, pour no$ plantes alpines, une es- pèce poussant à 4 ou 500 mètres d'altitude, non-seulement fleurit plus tôt, mais encore parcourt plus rapidement les phases de sa végétation que la mème espèce croissant à ue altitude plus grande, à 1000 mètres, par exemple. Or, de ce que nous Savons déjà que, dans certaines limites bien entendues, une plante se familiarise, s’habitue en quelque sorte aux conditions auxquelles on la soumet, nous pouvons tirer cetie con- séquence que, Si une espèce est cultivée dans un climat chaud, elle sera plus susceptible de produire des variations de précocité que la même plante cultivée dans une région plus froide qui aura, elle, — 49 —. plus de tendance à donner naissance à des variations tardives. Cela est tellement évident que ces deux variations ne s’observent exclusivement que dans les végétaux cultivés sous des climats très-différents. Nos arbres fruitiers en fournissent de nombreux exemples ; ceux que montrent nos espèces potagères ne leur cèdent pas en nombre, et parmi nos plantes d'ornement ce ne sont que celles-là qui offrent ces variations. Ex : —les Reines-Marguerites, les Balsamines, etc. En partant de ce principe, si l’on voulait, par exemple, chercher à produire un Abricotier tardif, ce qui ne serait pas sans intérêt, ainsi que l’a dit M. Vilmorin, on sa plutôt en semant des abricots recueillis sur des arbres cultivés à ployant des abricots cultivés dans le Midi. D’après les mêmes idées, une plante cultivée dans le Midi de la France y fleurissant plus tôt et accomplissant plus rapidement sa végétation que dans le Nord, sera susceptible de produire des va- riétés précoces. C’est ce qui a eu lieu effectivement pour l’une de nos plantes les plus connues, le Chrysanthème de la Chine, dont les premières variétés hâtives naquirent à Avignon. Dans l’origine, M. Coindre, jardinier en chef du jardin botanique de cette ville et l’obtenteur de cette race, trouva une variété qui fleurit en septembre et, en. en semant des graines, il obtint successivement des individus qui fleurirent déjà en août. Ainsi nous avons chez ces Chrysanthèmes une différence considérable dans l’époque de flo- raison, résuliat très-important, mais auquel il reste quelque chose à ajouter à à un autre point de vue. Dans ces variétés hâtives, on n’observe encore ni cette variation considérable de coloris, ni cette abondance de floraison, ni le port enfin particulier aux Chrysan- thèmes ordinaires; nous sommes persuadé cependant que, par des expériences suivies, celte race particulière s’enrichira de nouvelles variétés qui ne le céderont en rien à celles desquelles elle est pri mitivement sortie. Ii est évident qu ‘il faudra travailler une plante d'autant plus longtemps qu’on. voudra réunir plus de qualités dis- tinctes ; ainsi, par analogie, on peut admettre que, dans le cas où les pépiniéristes arriveraient à obtenir une variété tardive d’ Abrico- tier, le fruit pourrait ne pas avoir les qualités requises, et l’on ET El rait alors à chercher : à les lui rendre par des semis successifs, à Paris qu’en em- 4 2,0 1e Nous avons vu précédemment que l’âge des graines influe sur les individüs qui en sortent; que plus les graines sont jeunes, plus leur germination s'opère rapidement, et partant plus leur dévelop- pement est prompt. Nous pouvons donc espérer que les graines jeunes auront une tendance à produire des variétés hâtives, contrai- rement aux graines reposées qui, germant plus lentement, produi- ront par cela même des variations plus ou moins tardives. | On a attribué à l’époque à laquelle une graine paraît sur une plante une influence-pour la production des variétés tardives et h4- tives. Ainsi les premières graines müûres donneraient desplantes plus hâtives, et celies qui viennent après des plantes plus tardives. Ce- pendant cette opinion est en contradiction avec l’expérience que nous avons rapportée précédemment du semis fait par M. Vilmorin de 41 lots de graines de Pensées récoltées successivement sur les mêmes plantes, et qui donnèrent des résultats identiques pour l’époque de floraison et la grandeur des fleurs. La fécondation artificielle pourrait-elle servir à la production des variétés tardives ou précoces ? Jusqu’à présent nous n’avons pas de faits qui le prouvent. Nous pensons que, par l’hybridation entre une espèce précoce et une espèce tardive du mème. genre, on n’ob- tiendrait que des individus plus précoces ou plus tardifs, selon qu’on considérerait l’un ou l’autre des parents. Quant au métissage, nous ne pensons pas qu'il puisse être invoqué davantage. En supposant qu’on métisse entre elles une plante très-précoce avec sa variété très-tardive ou vice versa, On ne pourrait obtenir que des variétés de précocité ou de tardiveté intermédiaires entre les parents. $ 7. — Des variétés odorantes. 4 L’odeur est un caractère qui, comme tous les autres, varie dans certaines limites. Cette variabilité s’observe mème chez les variétés d’une seule espèce : chacun saitque, par exemple dans les Phlox, i1 y a des individus très-odorants et d’autres qui ne le sont que peu ou point; dans les Pivoines albiflores on constate les mêmes différences, qu’on observe du reste dans les Roses, le Pefunia violacea, etc. Les causes auxquelles nous pouvons attribuer ces différences d’o- deur sont peu nombreuses et aussi irès-peu connues encore. Pour- tant le climat, l'exposition et la nature du sol ont une influence + 5 marquée sur ce caractère. L'odeur des plantes qui croissent sur les collines sèches et arides est de beaucoup plus pénétrante que celle des mêmes espèces cultivées.dans les lieux humides et ombragés. L’odeur*est même susceptible de se transformer entièrement d’une localité à l’autre: par ex, le Satyrium hircinum exhale une odeur hircine des plus prononcées dans les environs dé Paris et plus au nord, tandis que dans l’est et particulièrement dans le midi, ses fleurs ont une senteur qui se rapproche de celle de la Vanille. Z'Or- chis coriophora, dont on connaît l'odeur si fétide dans nos envi- rons, devient très-suave aux environs de Montpellier (4). Les Giroflées, on le sait, sont plus odorantes au printemps que pendant l'hiver. Dans quelques cas, la chaleur es st loin d'augmenter lodeur. d’une plante. Par exemple le Æéséda est beautoup plus - suave à lautomne que pendant Pété ; les Verveines et les ÆMebens- treitix ne sont odorants que du soir au matin. On le voit donc, ces transformations d’odeur PÉRRMOIEE de cause diverses et bien incertaines. | En fécondänt une espèce inodore par une plante odorante, les graines qu'on obtiendrait de ce croisemen pourraient-t-elle sdonner naissance à des individus odorants ? Nous né pensons-pas que des expériences aient été vil éès sur ce sujet; mais nous en citerons une dont le résultat a été communi- qué à M. L. Neumann par M. J. Anderson laquelle démontrerait que la chose est possible. .« Dans quelques croisements que j'ai opérés entre une espèce raies et une inodore, j’ai constaté, dit M. Anderson, que les in- dividus issus des graines de ces croisements participaient du ca- ractère odorant du père. L’exemple le plus remarquable que j'aie obtenu est celui qué présentaient les individus issus d’un croise- ment du Æhododendron ciliatum (espèce inodore) par le Æhododen- dron Edgeworthit (espèce très=odorante). La progéniture est déli- nd (4) il est vrai que la plante méditerranéenne est. considérée comme une espèce distincle, sous le nom d’O. fragrans; mais il est évident pour nous qu'elle ne diffère de l'O. coriophora que par le changement d’odeur. La culture pourrait nous démontrer l'exactitude de cette opinion, si ces plantes étaient moins difficiles à cultiver. A Le BD den 20 cieusement parfumée, également belle, peut-être moins robuste que l’espèce fragrante qui a fourni le pollen. » $ 8. — Des variétés de coloration. Ces variations sont sans contredit celles qu'on rencontre le plus communément chez les végétaux cultivés ; ce sont celles aussi qui font le plus bel ornement de nos parierres. On les observe sur toutes les parties des plantes : ainsi les tiges, les feuilles, les fleurs, les fruits, les graines, oftrent chacune, quoiqu'en propor- tions très-différentes, des variations de coloration. Examinons successivement chacune de ces parties. : 1° Tiges. Si nous examinons d’abord les tiges souterraines, telles que bul- bes, rhizomes ou tubercules, nous çonstaterons que la coloration est parfois très-variée chez une mème espèce, comime dans la Ja- cinthe, la Batate, la Pomme de terre, la Betterave, etc.; et en second lieu, qu’elle peut faire pressentir jusqu'à un certain point celle des fouilles ou des fleurs que ces tiges doivent produire. Cependant il arrive plus fréquemment que la coloration des fleurs est moins variée que celle ‘des tiges souterraines. Ex. : la Pomme de terre, la Batate, etc. Ù : Nousne connaissons d’autre moyen pour créer cette variation chez _nne espèce qui enest dépourvue que celui des semis répétés, afin d'obtenir son ébranlement le plus tôt possible. Nous savons déjà que les variations les plus diversés peuvent se rencontrer Sur toutes ies parties des végétaux; or, parmi les écarts qu’une plante bul- beuse ou tuberculeuse pourra présenter, nous avons évidemment toutes chances d'obtenir une variation, soit dans la couleur, soit dans la forme des bulbes ou tubercules. Une fois obtenue, il ne nous restera qu’à la multiplier par l’un des moyens connus. Nos variétés de Pomme de terre, ete., n’ont certainement pas d'autre origine, _le volume des racines de quelques-unes de nos plantes potagères. C’est avec l’aide de ces auxiliaires que MM. Vilmorin père et fils La culture d’abord, la sélection ensuite contribuent à augmenter rates mes este TES + 2 — sont parvenus à créer cette race remarquable de re améliorée, dont on a tant parlé dans ces dernières années ; et il en est de même pour le Cerfeuil bulbeux. Cest par la culture et la sélection que lApium graveolens, qu'on rencontre à l’état sauvage sur plu- sieurs points du littoral, introduit d’abord dans nos jardins pour le produit qu’on pouvait retirer du pétiole de ses feuilles, à donné naissance à une variété à pétiole violet, etc’est par les repiquages: successifs, auxquels on à dû soumettre ces variétés pour favoriser leur développement, qu’on à obtenu cette race si curieuse désignée sous le nom de Céleri-Rave. | | La coloration des tiges aériennes est moins variée, et ici encore cette coloration ne peut servir à déterminer à à l’avance celle que pourront revêtir les fleurs. Néanmoins les variétés à tiges pâles et blanchâtres produisent le plus souvent des fleurs blanches ou jaunes, lilas ou roses; tandis que la coloration violacée ou rouge est un indice que les fleurs seront d’une couleur foncée dont l'in- | tensité sera en rapport avec. celle de la coloration des tiges. Ce caractère sert aux semeurs pour l’éclaircissement ou l’épuration de leurs variétés avant qu’elles soient en fleurs; ce qui, onle con- çoit, peut hâter considérablement leur fixation, en prévenant tout métissage. Nous ne savons si iare curieuse coloration du Fraxinus excelsior, var. aurea, peut se reproduire par semis. Nous ne connaissons aucune expérience qui ait été tentée à ce sujet; mais nous pensons que la fixation de cette variété serait tout aussi facile à -obtenir que chez les plantes annuelles. Ce neserait, en définitive, qu'une question de temps. 96 Feuilles. Nous ne comprenons ici que les variations de coloration uni forme: nous excluons par conséquent les panachures dont nous parlerons dans le chapitre suivant. Ces colorations sont peu fréquentes; rarement on à observé une plante à à feailles vertes ayant produit une variété à feuilles rouges ou purpurines. Nous ne pouvons en citer que quelques exemples, Le Chou rouge en est un des plus manifestes; mais, pour ne parler que des plantes d'ornement, l'Ocimum Basilicum et sa variété — 5 — mininum, VOxalis corniculata, VAtriplex horleñsis, ont produit chacun une variété atrosanguinea. Le Trifolium repens a aussi produit une variété à feuilles pourpres et, chose curieuse! non : contente d’avoir ainsi changé la coloration des feuilles dece Trèfle, et comme pour nous donner un exemple des écarts considérables que peut revêtir une espèce, la nature a voulu que cette variété offrit un caractère bien plus curieux encore, unique dans les nom breuses espèces de ce genre : celui d’avoir des feuilles composées de 4 ou 5 folioles au lieu de 3. Les végétaux ligneux ne quelques variations de ce genre: tels sont, par ex., les Fagus silvatica, Corylus Avellana te Berberis vulgaris, Acer 1 units: etc. Ces variations sont faciles à fixer, et les espèces annuelles précé- demment indiquées restent presque toujours pures, lors même qu’elles sont cultivées dans le voisinage des plantes qui les ont produites ou à côté d'espèces très-voisines. Pourtantleur coloration se maintient plus certainement et est plus intense lorsqu'on les élève isolément , de sorte qu’en cultivant ces variétés aux envi rons des plantes qui leur ont donné naissance, on pourrait peut être, parle métissage, obtenir de nouvelles variations d’un coloris moins intense qui, une fois fixées, augmenteraient le nombre encore restreint de ces végétaux aussi curieux que bizarres, Tel est le cas pour V'Atriplex hortensis et le Fagus purpurea, qui ont “produit chacun une sous-variété cuivrée. Les végétaux ligneux que nous venons de citer se prop pagent aisément de boutures, greffes ou A et quelques-uns d’entre eux se reproduisent mème assez franchement dé semis. Ainsi en 1840 (1), M. Cappe sema des graines de Fagus purpurea, ettous les individus qui en naquirent reproduisirent cette variété. M. Pé- pin vit ces arbres en 4859; ‘il remarqua dans leur voisinage un grand nombre de jeunes individus issus de leurs graines, et il estima à environ 60 0/0 le nombre des pieds qui avaient conservé le caractère du Hôtre pourpre. En 1850, M. Pépin sema 44 graines de cette v variété. Sur ce nombre 40 germèrent et la reproduisirent. En 1853, le même &) Ann. Soc. d'hort. de Paris, 1853, p. 462 et suiv, San: En expérimentateur recut de Belgique environ 100 graïnes de cet _ arbre; toutes germèrent bien et donnèrent environ 1/3 de Hôtre pourpre. Dans une lettre que M. Joscht écrivit à M. L, Neumann en novembre dernier, cet habile horticulteur disait avoir fait un semis de Fagus purpurea et en avoir obtent u exactement lamême plante. Enfin les pépiniéristes s'accordent Mr LR à regarder le Hètre pourpre comme une variété se reproduisant assez franche- ment de semis; et, pour notre compte, nous serions disposé à croire que, si des retours au Fagus silvalica type s’observent en certaines quantités, cela pourrait tenir à ce que les sexes étant dise tincts sur le même arbre, le métissage par le pollen apporté des variétés vertes qui se trouvent aux environs doit se produire fré- quemment. | Le Berberis ? vulgaris purpurea obtenu par M. Bertin, de Ver- sailles, est dans le même cas, Ainsi, en 4830, M. Bertin en ftun semis et il obtint la mème variété (1), Les pépiniéristes ne pro-, _ cèdent souvent pas autrement pour 5a. multiplication ; mais tandis | que les uns obtiennent un résultat satisfaisant, lesautres échouent presque complétement. D’après ce que nous venons de dire sur le Hêtre pourpre, nous pensons que si l’Épine-vinette ne recevait pas l'influence du pollen du Berberis vulgaris ordinaire, celte variété se montrerait beaucoup mieux fixée. Nons n’avons aucune indication sur la reproduction par sels au Corylus purpurea etdel Acer atropurpureum ; mais lesrésultats obtenus dans les cas précédents nous font penser que ces varietés pourraient se propager de cette manière, | Bien que le Hêtre pourpre et l’Épine-vinette ne se reproduisent pas franchement de semis, on n’en peut déduire pourtant que ces variétés ne pourraient être fixées. Les résultats obtenus chez les plantes annuelles nous font supposer que la fixation serait fout aussi facile à obtenir chez les plantes ligneuses. Dans ce cas, il n’y aurait évidemment qu'une question de temps, (1) Ann. Soc. d'Hort. 4853, p. 462. — 56 .— 90 Fleurs. Avant de passer en revue les Fa colorations des fleurs, rappelons en peu de mots ce que l’on sait à ce sujet. On a divisé les couleurs que présentent les fleurs en 2 séries partant toutes deux du blanc pour arriver au. rouge, en passant lune par le jaune, l’autre par le bleu : la 1°est la série xanthique ; la 2° la série cyanique. On a remarqué aussi que les espèces appar- tenant à l’une de ces deux séries ne présentaient pas la couleur caractéristique de l’autre : ainsi on ne connaît jusqu'ici aucune espèce appartenant à la série xanthique qui ait varié au bleu, et réciproquement. Cela est même quelquefois vrai pour des genres, mais cependant d'une manière bien moins générale : nous citerons comme exceptions les Zinum, Gentiana, Tris. D’après cette théorie, étant donnée une plante quelconque, on peut, jusqu’à un certain point, connaître d’avance les variations de coloration qu’elle pourra présenter. La plus fréquente sera le blanc ; mais on peut poser en règle générale que sont possibles toutes les variations connues dans la série à laquelle appartient la plante. Ainsi, dans la série xanthique, nous aurons le blanc avec ses intermédiaires au jaune, et de là au rouge en passant par l’o- rangé et le pourpre brun. Dans la série cyanique, du blanc nous arriverons au rouge intense par les bleus, les violets et les lilas. Chacune des couleurs qui se présenteront pourra du reste varier d'intensité, et les nuances qui se rapprocheront du noir ne seront que des coloris très-intenses. DE LA COLORATION EN BLANC. 1 La coloration blanche est très-fréquente dans le règné végétal. On a dit qu’elle coïncidait avec un affaiblissement de la plante ; mais on sait que, loin de languir, Les plantes dont les fleurs revêtent cette coloration se fixent et se propagent de semis avec une ex- trême facilité. On à dit aussi que toutes les couleurs pouvaient la produire, mais qu’on l’observait plus rarement dans la couleur jaunes | | : Jetons un rapide coup d'œil sur les plantes diverses qui ont FE produit des variétés blanches, et nous verrons si cette opinion est bien fondée. I. Plantes rouges ou roses, ayant produit des variétés blanches, appartenant à la série cyanique et qui, par conséquent, n’ont pas produit de variétés Jaunes. Impatiens Balsamina. Clarkia pulchella. Viscaria Cœli Rosa. Cyclamen europœæum. Syringa vulgaris. Lavatera trimestris. - Digitalis purpurea. Dictamnus Fraxinella. Lablab vulgaris. Hedysarum coronarium. Quamoclit coccinea. Phaseolus coccineus. . Primula prænitens. — — fimbriaia. Centranthus ruber. Vénca rosea. Phlos: Drummondit. Lathyrus odoratus. Malcolmia maritima. Malope grandiflora. Malva moschata. Antirrhinum majus. -Papaver somniferum. Polygonum orientale. Callistephus sinensis. . Centranthus macrosiphon. Viscaria oculata,. Erica vulgaris. — cinerea, etc, ele, . IT. Plantes violettes ou lilas, appartenant de même à la série cyanique, qui ont produit dés variétés blanches et sans espoir d’ob- tenir d'elles des variétés Jaunes. Amberboa moschata. Hesperis matronalis. ne Collinsia bicolor. Leptosiphon androsaceus (1). — densiflorus. Linaria bipartita. Datura fastuosa. Matthiola annua. lonopsidium acaule. Viola odorata. Pentstemon gentianoides. Gomphrena globosa. Campanula Speculum. | (1) Cette plante fait exception à la règle. Nous avons vu précédemment que les Leptosiphon hybrides de MM. Vilmorin proviennent du métissage _ du L. androsaceus type, par le pollen de ses variétés jaunes et orangées. HT. Plantes à fleurs bleues dé eyanique), qui-ont varié an blanc et qui ne pourront produire des variétés jaunes. Myosotis alpestris. Nemophila insignis. Polemontum cœruleum... Aconitum Napellus. Brachycome iberidifolia. PBrowallia elata. Delphinium Ajacis. — OPNGTUM. Lupinus nanus. Campanula pyramidalis. — medium. — Loreyi. — pentagonia. Commelyna luberosa. Veronica syriaca. Galega officinalits . Gilia capitata, Linum perenne. Lupinus polyphyllus. IV. Plantes à fleurs Jaunes ou orangées, appartenant à la série xanthique, qui ont produit des variétés blanches sans que nous puissions en espérer de bleues. Mimulus luteus. — SpeCiosus. ( hrysanthemum coronarium. Schortiu californica. Primula acaulis. Helichrysum bracteatum. — — nanum. Thunbergia alata. Dakhlia variabilis. Primula elatior. — Auricula. n Comme on le voit, les variétés blanches sont nombreuses ; elles sont une nouvelle confirmation de la règle que nous avons posée dans les pages précédentes : que le nombre des variations est en raison de celui des semis. En effet, de l’irrégularité qui règne dans le nombre des exemples que nous avons cités dans les 4 groupes qui précèdent on ne doït et ne peut conclure que telle ou telle couleur est plus apte que telle autre à produire des variétés blan- ches ; car, si le nombre de ces variétés issues de plantes à fleurs jaunes est comparativement moindre que celui des autres variétés, la cause en est à ce que les plantes à fleurs jaunes cultivées dans nos parterres sont presque toutes des végétaux vivaces, et consé- quemment celles qu'on propage le moins par semis. Cette prédisposition à se colorer en blanc se produit non- sé ment dans les fleurs unicolores, mais encore dans les plantes tricolores, Dans ces dernières, on le conçoit du reste, la couleur blanche est déjà plus ou moins prononcée, de sorte que là subs- titution doit se produire plus aisément. Ainsi les Mesembryanthemum tricolor, Convolvulus tricolor, ‘et Gilia tricolor nous en fournissent des exemples. Si les différentes couleurs que nous venons d'indiquer produisent facilement la coloration blanche, il n’en est pas de même de la ten- dance de celle-ci à en produire d’autres. Rarement, en effet, a-t-on vu : une plante à fleurs d’un blanc pur donner naissance à une variation de couleur quelconque capable de se reproduire de semis. Nous n’en connaissons aucun exemple dans les plantes annuelles : les Ibéris amara, pinnata, Petunia nyctaginiflora, etc., ete., qu’on cultive depuis très-longtemps, ont toujours résisté aux variations de coloration. Parmi les végétaux vivaces, ce caractère est non moins frappant pour la totalité d’entre eux; cependant, on cultive un Muguet rose et le Lis ensanglanté ; ce sont les seuls exemples que nous puissions en citer. Dans les arbres, nous constatous encore le même fait. La grande majorité des types à fleurs blan- ches sont restés inébranlables. Nous n’avons à signaler, comme ayant produit une autre coloration, que les Orangers et les Citron- uiers, et cet autre exemple bien curieux que M. Decaisne a fait connaître à la Société botanique de France, de la décou- verte d’une variété rose de Aobinia Pseudoacacia, trouvée par M.Villevielle, pépiniériste à ous dans un semis de Æobinia ordinaire. ‘Une fois obtenue, a coloration der. peut servir, soit par le métissage, soit par Phybridation, à la production de variations nouvelles ordinairement intermédiaires entre elle et la couleur d'où elle est sortie. C’est par de semblables métissages qu'il faut sans doute expliquer dans nos jardins la présence des prétendues Phlox hybrides, ainsi que celle du plus grand nombre des plantes désignées comme telles par les fleuristes. C’est aussi par Phybri- dation que les horticulteurs parviennent à créer des individus présentant des coloris différents de ceux des parents, mais tou- jours intermédiaires entre eux. Ainsi, c’est en fécondant l'Ama- nyllis brasiliensis dont on ne possédait que des variations de coloris sombres où intennes, par le pollen d'une autre espèce à Me — 60 — | fleurs d’un ton clair, l'Amaryllis vittata, que MM. Souchet père, jardinier en chef au palais de Fontainebleau, et Truffaut fils, de Versailles, obtinrent une série de formes hybrides qui ont hérité à des degrés différents de la coloration de leurs parents. Inutile de multiplier les exemples; nous nous bornons à recon- naître à nouveau que l’hybridation est un puissant auxiliaire pour la production de variations de coloris, et que le métissage produit les mêmes effets; cependant, pour ce dernier, nous ne le Considérons que comme activant celui qu’on obtiendrait naturel- lement par les semis dans un espace de temps plus ou moins éloigné, par suite de laffollement qui résulie chez les plantes de _ la répétition fréquente des semis. es On ne connaît en aucune facon la cause qui peut modifier une couleur de manière à la faire passer au blanc. L’obscurité, on le sait, peut déterminer le blanchiment des couleurs lés plus inten- ses. Lorsque, par exemple, les gelées sévissent plusieurs jours et qu'on est obligé de maintenir des paillassons sur les panneaux des châssis, on remarque, après quelques jours seulement, que les fleurs du Pelargontum inquinans, qui sont d’un rouge si vif et si brillant quand elles se développent à la lumière, deviennent ternes, pâles, et semblent visiblement maladives. Il en est de même pour les autres plantes qui ne peuvent supporter l'hiver sous notre climat, et que, pour cette raison, on hiverne sous châssis. . On sait aussi que, pour obtenir de irès-beau Lilas blane, M. Lau- rent force de préférence un lilas coloré. Or, cet infatigabie hor- ticulteur n’hésite pas à voir dans l’obscurité la cause essentielle du blanchiment de la corolle. D'ailleurs, expérience lui a appris que, sans l’obscurité, il lui serait impossible d'obtenir du Lilas incolore. C’est encore pour empêcher la décoloration-de ses Roses, _que, deux ou trois jours avant l'épanouissement des fleurs, le même horticulteur enlève les panneaux de bois qui recouvrent les vitres | de ses serres. : | … Si donc il est vrai que l’obscurité soit ici la cause essentiélle de la décoloration, on ne peut l’admettre pour les variétés blanches de nos jardins, qui naissent tout à fait en dehors de cette cause et qui, de toutes les variations possibles, sont celles qui se fixent le plus promptement. . RE : C'est dans ce même ordre de faits que nous placerons celui relatif au changement que revêt la coloration des fleurs de certains végétaux, notamment des Hortensia et de quelques variétés roses de Camellia imbriqué. Ts À quelle cause peut-on attribuer le bleuissement de ces fleurs? Si l’on parcourt nos annales horticoles, on verra que les causes auxquelles on lattribue sont aussi nombreuses que contradic- - toires. Rappelons d’abord que les Æortensia bleus peuvent ve cette. coloration pendant plusieurs années, et, dans le même terrain, redevenir roses, puis retourner au bleu, et offrir ainsi des fleurs alternativement bleues et roses ; que parfois, sur un même végétal, on constate la présence de ces deux colorations sur des rameaux distincts, et qu’enfin les fleurs d’Æortensia revètent presque constamment la coloration bleue dans certaines localités, one: que, dans d’autres, ce caractère n’existe jamais. Les Anglais obtiennent des Æortensia bleus en les plantant tout simplement dans de la terre de bruyère, En France, nous n’en obtenons que très-rarement dans ces conditions. Cependant, M. Carlier a dit avoir obtenu des H. bleus en employant de la terre de bruyère des environs de Roye (i), et M. Pépin a assuré qu’on en obtenaït aisément en se servant de la terre de bruyère de bois au-dessus de laquelle les bûcherons ont fait du charbon. M. Rossignon a attribué à la présence dans le sol de l'acide ulmique la cause du bleuissement des Æortensia (2). ‘On a dit aussi que ce changement de coloration résulte de la présence dans la terre d’une certaine quantité de fer à l’état d'oxyde. Cependant M. E. Gris, quia eu plusieurs fois occasion de soumettre à l’action du sulfate et du chlorure de fer un grand nombre d’'Hortensia, soit pour combattre la chlorose, soit pour en exciter la végétation, a remarqué que les individus ainsi traités | produisaient des fleurs très-roses et jamais bleues (3). Cette observation ne prouve pas que la présence du fer dans le sol ne soit pas nécessaire au bleuissement des fleurs.de l’Æortensia, een | (1) Revue horticole, A84T, p. 415. (2) Paquet, Journat d'hort. prat. et de fard., 1, p. 79. (3) Revue horticole, 1846, p. 344. 6 un DE mais elle démontre RE que celle cause seule ne suffit pas. Après quelques expériences tout: à fait opposées et qui produi= sirent cependant un résultat identique, le docteur Lindley s’est demandé si la teinte bleue ne proviendrait pas de l’action du tannin sur une solution de ; veroxyde de fer qui existerait dans le tissu de cet arbuste. S'il en était ainsi, continue l'illustre bota- niste, tous les mystères seraient expliqués, et on obtiendrait du bleu artificiellement, en arrosant d’abord pendant quelques jours avec une solution étendue de } peroxyde de fer, et en donnant en- suite une solution faible de tannin, comme on peut l’obtenir en meltant dans l’eau pendant quelques semaines de la terre de bruyère, du bois, des feuilles, de l'écorce de chêne ! 4). Enfin, un chimiste distingué du Muséum, M. Terreil, qui ‘s'occupe depuis quelques années de cette question, pense que la coloration rouge étant le résultat de la présence d'un acide où d’un composé acide, le bleu se produit quand on parvient à satu- rer Cet acide; c’est ce qui arrive naturellement dans les fleurs roses qui bleuissent en vieillissant. [l pense donc qu'il faudra déposer dans le sol un corps réducteur, ou plutôt un corps pouvant brûler facilement les matières organiques de la terre, de telle sorte que l’azote de ces matières fournisse de l'ammoniaque à l’état naissant qui saturera les acides; ce corps pourra être le peroxyde de fer, ou bien encore de la craie arrosée avec de l'eau chargée d’acide carbonique. Dans des expériences faites avec du minerai de fer du Berry réduit en poudre et mélangé à de la craie en parties égales, il est arrivé à rendre bleu le point central de la fleur. L' expérience avait été faite tardivement, mais il ne doute pas qu’en s’y prenant plus tôt, il n'arrive cette année à bleuir complétement et à volonté. DES . FLEURS PANACHÉES, Jusqu’à présent nous ne nous sommes occupé que de la trans- formation complète en couleur blanche ; examinons celle qui n’est que partielle et qu’on désigne sous le nom de Panachures. Di RE POP ERESE (1) Journal de la Soc. d'Horé. de Paris, 4851,p. 159 vf y a léatiops déià qu'on à tomate ii présence des panachu- res dans les fleurs cultivées ; depuis longtemps aussi on à remar- qué, sans en donner l'explication, que les panachures étaient plus fréquentes dans les plantes ayant des variétés blanches. Mais ce nest que depuis dix ans environ qu'il est dû à un Français, M. L. Vilmorin, d’avoir fait connaître la manière dont la nature procède pour la production des fleurs panachées. Ce savant expérimentateur constata que, pour obtenir une variété panachée, la règle était que la plante à typé coloré donnât d’abord nais+ sance à une variété à fleurs blanches, et qu ensuite la panachure| se présentait dans cette variété en retour à son type coloré. Ï _ La premièreformation de ce genre qui fut observée par lui fut! celle du Cônvolvulus ‘tricolor, et il vit naître successivement, d’après le mème procédé, dix exemples de panachures. M. Vilmo- / vin n’a jamais observé qu'une fleur panachée naquit directe- ment d’un type coloré, etil a ajouté que la couleur jaune unie joue dans là panachure le même rôle que-Îe blanc. Ces remarques con- firment celles qui ont été indiquées au commencement de ce siècle par Féburier, dans l'excellent dictionnaire de Déterville. À l'ar- ticle Tulipe, cet auteur dit : « Que les Tulipes à fond blanc se pa- nachent plus tôt que les fonds de couleur et que l'expérience qui a donné cette connaissance aux amateurs doit les déterminer à les semer séparément, parce qu’ils peuvent, la neuvième année du semis, jeter tous les oignons provenant de fonds blancs qui ne se. sont pas panachés, au lieu que, mêlés aux semences de fonds de couleur, ils seraient contraints de les conserver 15 ans. » Parmi les variétés observées par M. Vilmorin, sept étaient déjà “assez complétement fixées pour qu’on püt les reproduire d’une manière assurée par 8 graines ; c’étaient, dans l’ordre de leur ob- tention : _ L’Amarantoide panachée: La Belle de jour panachée; Le Muflier panaché fond La Némophile remarquable ; blanc; Le Pourpier à grandes fleurs; Le Muflier panaché fond Le Delphinium Ajacis. jaune; | À l’égard de ce dernier, M. Vilmorin dit qu 5] n’était pas né die PARENT de la variété blanche, mais 7 71l s'était présenté dans Lu ON ue une variété lilas très-pâle en retour vers le type violet clair dont elle était primitivement sortie. : Trois autres variétés panachées s'étaient montrées récemment et n'avaient pas été l’objet d’essaisayant pour but de les fixer; c’étaient les Clarkia pulchella, Browallia erecta et Commelina tuberosa. En- fin une seule, le Zinnta ‘elegans avait toujours résisté aux tentati-- ves que M. Vilmorin avait faites pour la fixer. « Dans nos semis de Zinnia elegans, dit M. Vilmorin, il apparaissait presque chaque année des fleurs présentant quelques pétales panachés en violet pourpre, nuance du type de cette espèce; mais lorsque nous avons resemé les graines provenant des fleurs qui avaient offert cette va- riation, nous n'avons obtenu que des fleurs unicolores, et, con- trairement à ce qui à lieu presque toujours dans cecas, apparte- nant pour la plupart à la variété blanche. » | Aux variétés panachées que nous venons de citer, nous 1S POUVONS ajouter les suivantes qui se sont produités ces dernières années dans les cultures de MM. Vilmorin, et dont la fixation est aujour- d’hui un fait accompli; ce sont : Le Clarkia pulchella maryinata, précédemment indiqué comme n'ayant pas été fixé ; La Primevère de Chine blonche panachée de rose, dont la forma- tion concorde parfaitement avec la loi indiquée par M. Vilmorin ; Le Lobelia Erinus marmorata, qui est né d’une variété bleu-clair en retour vers son type bleu-violet. Les observations de M. Vilmorin sur La formation des variétés panachées doivent éveiller l'attention des horticulteurs. Il nous semble que, par la fécondation artificielle, ils pourraient peut-être aussi obtenir des variétés panachées chez des espèces qui n’en possè- dent pas encore. Nous ne pensons pas que des expériences dans ce sens aient été tentées en France; mais elles le furent par un Alle- mand, M. À. C. (4), qni avait reconnu aussi la marche que suit la nature pour produire ces variétés. Cependant Vexpérience sui- : vante qu'il rapporte tendrait à prouver que ce moyen ne donnera pas à coup sûr les résultats recherchés : ; : « Depuis longtemps, dit M. A. C., je désirais vivement obtenir (4) Journal de la Société d'Horticullure de Paris, 1857, p \— 65 — une variété de Gloxinia panachée de bleu ou de rouge sur fond blanc ; pour essayer d'arriver à ce résultat, je pris un très-beau pied de Gloxinia caulescens candidissima que j'avais vu ne pro- duire jamais de graines sans fécondation artificielle. J'en fécondai . les fleurs avec du pollen de Gloxinia caulescens cærulea, et j’obtins un grand nombre d’excellentes graines. Celles-ci donnèrent envi- ron 4000 jeunes pieds que je cultivai avec soin et qui fleurirent successivement depuis le commencement de juillet jusqu’à la . mi-octobre; tous ne portèrent que des fléurs parfaitement bleues ; pas uge sde blanche ni une seule panachée, bien que les fleurs dé la plante mère fussent d’un blanc pur. Sans se laisser décourager paï cet échec, M. À. C. féconda ensuite une fleur du même pied de Gloxinia caulescens candidissima - avec le pollen du GZoxinia caulescens grandiflora rubra. Le résultat fut le même : tous les pieds venus du semis des graines ainsi ir: eurent les fleurs entièrement bleues. » Cette expérience semblerait en effet dan que, dans ee cas, la production des panachures serait assez difficile à obtenir par ce moyen; mais elle ne prouve pas qu’en la variant et en la ré- étant, non pas entre les mêmes plantes, mais avec les descendants de ces parents, on n’aurait pu y arriver. Pour nous, nous sommes à porté à croire que de nouveaux essais auraient pu donner de bons résultats, surtout si l’on avait interverti les rôles et pris le pollen sur la variété à fleurs blanches pour le porter sur celles à fleurs roses et blanches. La fixation des variétés panachées s'obtient de la même ma- nière que nous l'avons indiqué pour les diverses variations que nous avons examinées , C’ést-à-dire par une sélection raisonnée. Toutefois, il y a ici quelques différences avec le procédé ordi- naire : ce n’est pas la variation la mieux panachée qu’on doit choi- sir de préférence, mais bien, ainsi que l’a remarqué M. Vilmorin, celle qui se rapproche le plus du type incolore, c’est-à-dire dans lequel les fonds blancs dominent. Une autre observation intéres- sante de M. Vilmorin, c’est que les variations panachées ne s’ob- servent que quand on est arrivé à fixer la variété blanche, et il dé- crit ainsi leur développement successif : elles apparaissent d’abord sous la forme delignes qui n’occupent guère qu’un dixième ou un ë 6) = — 66 — ce vingtième de la surface blanche totale ; mais, à la seconde SÉNÉTA- | tion, elles deviennent très-abondantes, et parmi les individus il yen & même dont les fleurs sont entièrement colorées. Quelque bien fixées qu’elles soient, les panachures sont loin de conserver leur caractère comme les variétés de coloration uni- forme. Dans la plupart des.cas, il suffit que ces plantes soient cul- tivées non loin de celles qui les ont produites pour que ce voi- sinage entraine un bouleversement bien manifeste dans leur stabi- lité. C’est ainsi que le Convolvulus tricolor panaché ne se conserve pur que lorsqu'il est cultivé à une assez grande distance du €. éri- color ordinaire. Il en est de même pour le Nemophila insiqus, qui reproduit presque toujours des individus à fleurs entièrement bleues ou blanches. Enfin cette tendance qu’ontles variétés pana- chées à rentrer dans le type coloré s'est manifestée chez des plantes dont la fixation était depuis longtemps assurée. Ainsi, parmi les plantes panachées qui sont cultivées chez MM. Vil- morin, les Antirrhinum caryophylloides rose et blanc, rouge et jaune étaient certainement l’une des mieux fixées. Or, tant que ces variétés furent cultivées isolément, et loin d’autres variétés de la même espèce, leur constance n’a pour ainsi dire pas dévié. Maïs un jour, alors que par mégarde on avait laissé non'loin d'eux plusieurs autres Mufliers, elles subirent tellement l'influence de ce voisinage que leurs graines n’ont produit que des Et On num qui ont entièrement cessé d'être panachés. : Depuis cette époque iln’a pas été possible de rendre à ces va- riétés la même stabilité qu’elles présentaient auparavant, c’est-à- ! dire que, malgré une sélection rigoureusement pratiquée, leurs ‘semis produisent toujours, dans de faibles proportions il est Vrai, des individus à fleurs non panachées qu’il est d’ailleurs facile d exclure avant la floraison, en ce que leurs feuilles primordiales ne sont pas tachées ou maculées, comme elles le sont dans les va- riétés panachées. Nous ne connaissons aucune plante qui, à l’état spontané, pré- sente des variétés à fleurs panachées ; mais elles se trouvent abon- damment dans les végétaux cultivés : : les Balsamines, les Camellias, les Roses nous en fournissent un exemple. . Lorsqué les panachures de fleurs se présentént accidentellement A — sur les arbres ou arbustes, leur propagation se fait de boutures ou de greffes ; mais, dans ce cas, ces variations sont peu constantes. Pourtant on aremarqué que, dans les fleurs de Camellia, lors- que les panachures n’occupaient que le bord des pétales, qu'elles étaient marginales en un mot, elles se conservaient facilement, tandis que lorsqu'elles étaient réparties sous forme de stries sur toute l'étendue du limbe des DARUER elles disparaissaient Les à tement. Dans les fleurs de Camellias, l'instabilité des ee a été souvent remarquée. Aïnsi, dans les Annales de Flore et Pomone, 4844-45, M. Jacquin a cité un C. impertalis qui avait constam- ment donné, depuis 42 ans, desfleurs d’un blanc éclatant rehaussé de stries et de panachures roses, ainsi que cetle variété les montre habituellement, et sur lequel une année il remarqua une petite - branche qui produisit à son extrémité trois fleurs groupées l’ une près de l’autre et que teignait un joli coloris rose uniforme et de la même nuance que celle des stries ou panachures des autres fleurs. Il est évident, dans ce cas, que les colorations se disjoignaient et que cette variation retournait par disjonction à son type coloré, comme nous l'avons indiqué us certaines plantes d'origine hybride. On a signalé, sans en donner l Sablon à que Île Camellia ja- ponica variegata donnait presque toujours des fleurs panachées quand il fleurissait en novembre et décembre et des fleurs non panachées lorqu’il fléurissait en avril. Un fait analogue fut signalé par M. Soulange-Bodin (4) qui, en visitant le marché aux fleurs remarqua que les Camellias à fleurspanachées de rouge et de blanc, avaient moins de rouge que n’en ont les mêmes fleurs lorsqu'elles s’épanouissent en février. : M. Féburier expliqua ce fait en rappelant que le froid ou la ue température est contraire au développement des couleurs vives. Bien que cette explication ne satisfit point Poiteau, qui avait re- marqué que la haute et basse température étaient généralement nuisibles à la floraison du Camellia, nous croyons cependant que ne mn EP mm En a NN > TE GA EE a Pu 7. maire Fe" a A ar trie ee - Fm F fe 1 CA RE % È RUE me ; "4 - 5 be DR: s : PR TR DE are DIR Te TRS RTE te ja À FTE a de. < (1) Annales de la Soc. d'Hort. Paris. XVI, p. 4. nr os : r opinion de Fébürier pourrait être exacte et l'ébservation sui- vante la confirmerait. L'année dernière, un pied d’Zpomcæa Learti, cultivé en pleineterre le long de la terrasse du Pavillon tempéré du Muséum, a produit un nombre considérable de ces belles et grandes fleurs bleues qui caractérisent cette espèce. Au mois d'octobre, le lendemain d’une nuit un peu froide, nous fûmes surpris en voyant que le coloris des fleurs s’était entièrement modifié en prenant une teinte mani- festement rose. Plus tard la température devint plus élevée, de nouvelles fleurs se développèrent et toutes revêtirent la couleur bleue caractéristique de cet /pomæa. Cette observation démontre donc que l’abaissement de la tempé- rature est nuisible au développement des couleurs vives. Cepen- dant, pour prouver aussi combien-est grande l'incertitude qui règne à ce sujet, nous rappellerons que la coloration des fleurs des plan- tes alpines augmente d'intensité au fur et à mesure qu’on s'élève vers lesrégions supérieures. Le Æhododendron ferrugineum, V Ononts fruticosa, la plupart de nos Gentianes, l’'Hutchinsia rotundifolia et beaucoup d’autres ont certainement, dans ces conditions, des fleurs de couleurs plus vives, plus intenses que celles des mêmes espèces cultivéés dans les jardins. ce 4 DÉS VARIATIONS PONCTUÉES, ‘ Si desfanachures nous passons aux variétés ponctuées, nous ver- rons qu'ici encore la nature suit la même marche, à cela près toutefois que ces variations se présentent presque 1Oujours $ sur un fond jaune uni. Dans une notice sur l’hybridité, W. L. Vilmorin a émis cette idée que nous partageons entièrement, que le Mimulus rivularis pourrait bien être l’origine de la plupart des variétés de Mimulus : cultivées dans les jardins. Voici comment M. Vilmorin a expliqué la formation successive de ces variétés : « L'espèce (W. rivularis) est d'un jaune clair, marqué à la gorge de légères ponctuations ; par la culture, ces ponctuations, qui se présentaient d’abord sous forme de petits points, s'agrandirent et donnèrent alors naissance à la plante cultivée sous le nom de M. guttatus; dans — 69 — | cette espèce, les ponctuations s’agrandirent encore et finirent par -OGCUPET, SOUS forme de larges macules, le bord extérieur du limbé (A. Thomsonianus). Enfin, chez ce dernier, une chlorose partielle de la fleur s’est présentée, qui a fait disparaître la couleur jaune; la couleur brune s’est transformée par la disparition de l’un de ses éléments (violet et jaune), et il est resté en définitive une fleur amarante et blanche (HZ. spectosus Ar issu origi- nairement d’une plante à fleurs jaunes. » Nous pensons que cette théorie sur la formation successive de ces Mimulus est bien fondée. Du reste, cette question est assez in- téressante pour que, dans le cas où elle laisserait subsister quelques doutes, on se livrât à des expériences dans le but d’en démontrer la légitimité. Ces expériences seraient faciles à entreprendre, puis- que le W. rivularis type est encore cultivé dans les jardins. | C’est sans doute aussi par le même procédé que la coloration purpurine qui, dans le Calliopsis Hinctoria, se présente à la base des demi-fleurons sous la forme de petits points, s’est agrandie peu à peu et a produit ainsi le Calliopsis tinctoria purpurea; à son tour, cette variété, enretournant à son type jaune uni, aura laissé quel- “ques traces de sa coloration sur toute la surface des demi-fleurons en produisant le Calliopsis tinctoria marmorata. Il a dù en être de même pour la formation du Cosmidium Burridgeanum sorti originairement du C. filéfolium à fleurs jaune uni. : Si les variétés à fleurs panachées sont difficiles à fixer, les varié- \ tes ponctuées qui n’en sont qu'une modificatioh se font également remarquer par leur tendance extrême à retourner à leur type, et, pour les avoir pures autant que possible, la sélection et l'isole- / ment sont d’une absolue nécessité. | On doit encore rattacher à ces variations celle que présentent quelques plantes à fleurs uni ou bicolores qui, par la culture, de- viennent bi ou tricolores, leur formation étant identique. Les exem- ples sont peu nombreux : pour en citer un, nous rappellerons deux remarquables variétés de Chrysanthemum carinatum, qui ont été introduites tout dernièrement dans la culture. Constatons d’a- bord que le C. carinatum type a les ligules blanches, maculées de jaunâtre à la base. Chez le C. carinatum venustum, l'une des va- riétés en question, les demi- fleurons sont d'un blanc pur au am Er TE ne ET ee à nm — 102 — constituer des races ou des variétés, les produits qui en naïtront, devant être stériles, ou s’ils sont fertiles, n’ayant qu’une fertilité limitée à quelques générations ou disparaissant après un certain temps par la disjonction des types. Un des caractères des hybrides est aussi un grand développe- ment des organes de végétation coïncidant avec une floraiso n peu abondante; ils sont, en général, intermédiaires entre les espèces types, mais souvent se rapprochent plus du père. L'hybride fécondé par lui-même retourne plus eu moins rapide- ment aux parents. L’hybride fécondé par un PARA retourne aussi très-prompte- ment à ce parent. Le métissage, c’est-à-dire la fécondation réciproque de variétés ou races d’une même espèce, servira à obtenir des variations nou- velles, intermédiaires entre les parents, très-fertiles, et qui pour- ront se fixer plus ou moins rapidement, etconstituer de nouvelles variétés ou races. Ce sera aussi un n puissant nr de produire et d'augmenter l’affolement. Dans le cas de fécondation de no par son propre pollen, il paraît possible que par le choix de celui-ci on arrive à mo- difier les individus qui en naïtront; c’est du moins ce que nous avons rapporté pour la formation de variétés naines d’Azalées. POLYMORPHISME, La variation ne porte pas toujours sur ioutes les parties similai- res de l'individu; elle peut ne se montrer que sur un point très- restreint : c’est cequi constitue le Polymorphisme. On pourra sé- parer les parties ainsi modifiées et essayer d'en faire des individus distincts par un des moyens de multiplication connus. Cette varia- tion ne se conserveet ne se multiplie généralement que par mar- cottes, greffes, boutures, etc. Cependant on pourra chercher dans la suite à la fixer par le semis, et on y arrivera probablement dans un certain nombre de cas. \ © Paris, — Imprimerie horticole de E. Donxaur, rue Cassette, ©, % OUVRÂGE DU MÊME AUTEUR. GUIDE POUR LES HERBORISATIONS EN FRANCE. — Conseils sur les excursions botaniques en France, la recherché, la récolte, la préparation et la conservation des plantes sèches et leur arrangement . dans les herbiers; précédé d'une introduction par M. Naupix, membre de FInstitut. 4 vol: d'environ - 300 pages, avec figures intercallées dans le texte. \ . Paris. — Imprimerie: horticole de E. DonnauD, rue Cassetle, 9.