AAA ARAAARARAN RAA AAA AA AA Ana RAA “AAA A a) An 2 RQ AA AA AAA AAANANN AR RAR AA a) nAARA A AMAAN AD: AAAA AT AAA BAT" AA À" >: = NAN, A7. 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UV ANT VMS RMMUY HBCUBARTE DES ACTES DE L'ACADEMIE Des Nciences, BellesLettres et Arts de Bordeaux. A BORDEAUX, CH GOUNOUILHOU, IWPRIUBUR DE PACADÈMIR) place Puy-Paulin, 4. Y 6 Sao no 0ù RECU, DES ACTES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES , BELLES-LETTRES ET ARTS DE BORDEAUX, QUINZIÈME ANNÉE. — 1853. BORDEAUX , CHE RUE LAWALLE, LIBRAIRE, allées de Touroy, n. 46. PARIS , CHEZ DERACHE, LIBRAIRE, rus du Boyloy, n. 7, AVIS. L'Académie n'accepte point la solidarité de toutes les opinions émises dans les articles insérés au re- cueil de ses Actes. ANALYSE CHIMIQUE des EAUX DU DÉPARTEMENT DE LA GIRONDE ; PAR Elo PATCH RIO INTRODUCTION. Les progrès de l'hygiène générale et de l'industrie agricole, sont si intimement liés à l'étude des eaux dont les populations disposent, qu'on est étonné du peu de travaux dont cette étude a jusqu'à ce jour été l'objet. Frappé de cette immense lacune, le laborieux et sa- vant Ministre qui, en 1850, dirigeait l'agriculture, M. Dumas, invita l'Académie de Médecine de Paris à réunir en un seul faisceau les analyses éparses faites sur celte importante matière, et l’'engagea à stimuler le zèle des hommes spéciaux qui voudraient se livrer, dans leurs localités respectives, à l'étude des eaux de toute nature qui sillonnent le sol, soit à sa surface, soit à certaines profondeurs. 2 Encouragé par cet appel, adressé à toutes les intel- ligences, à toutes les capacités, j'ai entrepris de rem- plir, pour le département de la Gironde, si vaste et si bien arrosé, une lacune regrettable, et je me suis con- formé aux vues philantropiques de lillustre chimiste, en soumettant à une analyse exacte et rigoureuse les eaux des sources, des fontaines, des puits, des ruis- seaux, des rivières, du fleuve et même de la mer qui baignent notre département. En commençant ce long et minutieux travail , je ne me suis pas dissimulé l'étendue et les difficultés de la tâche que je m'imposais. J'en eusse été découragé si javais moins vivement senli l'importance de ce travail, et si je n'eusse eu la certitude qu'il en sortirait quel- ques données utiles, quelques enseignements profita- bles à la santé générale de nos populations agricoles, de celles surtout que la mauvaise qualité des eaux ex- pose chaque année à des fièvres pernicieuses qui les déciment. Ne voulant m'en rapporter à personne du soin de recueillir les échantillons sur lesquels je devais opérer, c'est sur les lieux et dans chacun des quarante-huit cantons du département, que j'ai puisé moi-même ces échantillons et recueilli les renseignements utiles à mes recherches. Ces eaux, renfermées dans des bouteilles neuves en- tièrement remplies, solidement bouchées et étiquetées à mesure, étaient apportées dans mon laboratoire, où elles ont été successivement soumises aux diverses opé- rations qu'elles avaient à subir. 3 Tous les produits obtenus par ces opérations ont été exactement pesés où mesurés, puis enfermés dans des vases convenables, et conservés avec le plus grand soin jusqu'au moment où, à leur tour, ils ont dù être soumis aux manipulations et aux dosages qui devaient en faire connaître la nature et les proportions. J'ai suivi, dans ces nombreuses et minutieuses ana- lyses, la marche rationnelle, méthodique, certaine, tra- cée par les chimistes distingués qui m'ont précédé dans de semblables recherches, notamment par mon excellent maitre François Lartigue, et MM. Dupas- quier, Boutron-Charlard, Ossian Henry, Filhol, etc. Toutefois, persuadé que sous l'influence de l'ébulli- tion, il s'opère des modifications importantes dans la nature des sels, j'ai adopté un mode.particulier d'éva- poration , l'étuve, qui ne permet pas aux liquides d'ac- quérir plus de 40 à #5 degrés de chaleur. C’est à l'aide de ce procédé lent, mais sûr, que j'ai pu isoler, sans altération apparente, la matière organique contenue dans certaines eaux. J'ai toujours opéré sur cinq litres au moins : trois litres étaient réservés pour être soumis à l'évapora- tion; un litre était légèrement alcalisé, puis conservé pour y rechercher l'iode et le brôme; l'excédant était examiné à l'aide de réactifs titrés, pour reconnaitre tout d'abord la nature et la quantité approximative des sels qu'il renfermait. En recueillant sur place, j'ai mesuré avec précision la température des eaux de sources, de puits, de fon- taines, comparativement à celle de l'air, et me suis k rendu un compte exact des caractères physiques que ces eaux présentent sur les lieux mêmes. Bien que notre département ne renferme que peu d'eaux minérales, j'ai cependant pu noter quelques sources ferrugineuses, parmi lesquelles je signalerai celles de Bernos, de Saucats et de Belloc. Tant et de si minutieuses recherches ne seront pas perdues, nous en avons l'espoir, pour notre population agricole; elle y trouvera, entre autres renseignements utiles, les moyens de convertir sans frais de mauvaises eaux en eaux saines et potables. Le progrès de son bien-être sera la récompense de mes travaux : c’est la seule que j'ambitionne. CHAPITRE 1° Considérations générales sur les eaux. L'eau est le premier des corps liquides, non-seule- ment parce qu'elle est l'un des éléments constitutifs des êtres organisés, mais encore parce qu'elle est indispen- sable à leur entretien, à leur développement, à leur croissance. Véhicule universel, c'est l'eau qui transmet à la plante, à l'animal, à l'homme, l'électricité et le calori- que, la vigueur et la vie. L'eau à l'état liquide ou à l'é- lat gazeux, est le milieu dans lequel ils vivent; sans elle, leurs tissus, bientôt desséchés par l'air, perdraient la souplesse nécessaire à toutes les fonctions de l’exis- tence. Dissolvant général, l'eau pénètre tout, s'assimile à tout, dissout, entraine, charrie tout ce qu’elle rencon- tre sur son passage; rien ne peut résister à son action : la roche la plus dure, le granit le plus compacte, le métal le plus tenace, sont peu à peu désagrégés, dis- sous, détruits par elle. Qu'on juge de la facilité avec la- quelle elle s'empare des corps moins résistants, et dès lors combien sa pureté doit varier, selon la nature du 6 sol qu'elle parcourt et des couches atmosphériques et terrestres qu'elle traverse. L'eau n'attaque pas seulement les corps inorgani- ques; elle dissout encore les corps organisés. Partie constituante des êtres vivants, elle devient après la mort leur dissolvant le plus actif, et se charge, alors surtout que la température favorise son action, de matières or- ganiques qui deviennent bientôt les éléments d'une fer- mentation où elle joue le double rôle de dissolvant et d'agent de destruction. Ainsi altérée et chargée de produits morbides, l'eau peut devenir un poison d'autant plus dangereux, que ses caractères physiques n'indiquent pas toujours la présence d'éléments toxiques. L'influence pernicieuse de ces eaux empoisonnées sur les populations qui s'en abreuvent, faute d'autres, produirait des résultats bien plus désastreux si elles ne trouvaient dans l'action de l'air et dans une circulation vaste et rapide des mo- dificateurs puissants qui annihilent en partie, soit les miasmes délétères produits d’une fermentation prolon- gée, soit les sels solubles qu'elles contiennent : et, en effet, à mesure que la fermentation qu'on observe dans certaines eaux donne naissance à des produits morbi- des, l'influence réparatrice de l'air, favorisée par l’agi- tation, oxide et solidifie tout ou partie de ces produits dangereux, et les précipite sous forme de sédiment. Elles se débarrassent de la sorte des impuretés qui les altérent, et reprennent peu à peu les caractères des bonnes eaux potables; c’est ainsi que s'explique la pu- reté remarquable des eaux courantes : l'agitation, le 7 roulement, le mouvement continu, changent en peu de temps des eaux impures, chargées de matières or- ganiques, en eaux limpides d'excellente qualité. . Cette heureuse métamorphose est due principalement à l'attraction moléculaire, considérablement augmentée par la multiplicité des surfaces, surtout lorsque celles- ci sont remplies d'aspérités, comme les lits caillouteux des rivières, les sinuosités rocheuses des torrents. On avait remarqué depuis long-temps la pureté des eaux courantes; on s'était même aperçu que des eaux de mauvaise qualité à leur source, acquéraient bien- tôt, en roulant sur le sable ou sur le gravier, les qualités des bonnes eaux potables; mais on n’en connaissait pas la cause. La physique est venue récemment expli- quer ce phénomène par le roulement continu et lac- tion oxidante que l'air, mis en rapport avec de minces couches liquides, exerce sur la matière organique et cer- tains sels minéraux. Dès-lors, on à pu se rendre compte de la disparition si prompte et si complète des débris organiques que la Seine et surtout la Tamise recoivent sans cesse par les nombreux égouts qui s'y déversent, débris dont l'analyse la plus minutieuse retrouve à peine des traces. Les sels minéraux très-solubles fournis par certains terrains, trouvent aussi dans le sein de la terre des élé- ments propres à en débarrasser les eaux; les couches argileuses s'assimilent les sels à base de chaux, pendant que les roches siliceuses s'approprient les sels à base de soude, de potasse, de magnésie. La nature, cette bonne mère, avait prévu les effets 8 désastreux que des eaux très-chargées de matières sa- lines ou de débris organiques pouvaient produire sur les animaux, et, dans sa sage prévoyance, elle a Joint aux éléments de dépuration dont nous venons de par- ler, une autre force absorbante bien active et bien puis: sante, la végétation. Cette force permanente, mais qui se produit au printemps avec plus d'intensité, en- lève aux eaux les sels solubles qu'elles contiennent, pour les transmettre, par les mille spongioles des racines, aux végétaux dont ils sont l'un des principes constitu- tifs. L'eau pluviale elle-même ne se sature des gaz de l'atmosphère que pour les transmettre aux plantes, qui se les assimilent et les consomment pour leur nutri- tion. Evidemment, les eaux ne peuvent être identiques ; leurs qualités varient comme les éléments qu'elles ren— ferment, et il doit exister de grandes différences entre elles, suivant qu'elles sont courantes ou stagnantes, souterraines ou superficielles. Aussi, lorsqu'on jette un coup-d'œil rétrospectif sur le sujet qui nous oceupe, on voit que de tout temps on s'est vivement préoccupé des moyens propres à reconnaitre la pureté et la bonté des eaux, surtout de celles employées à la boisson. Les anciens, qui n'avaient pas les moyens d'analyse dont nous disposons, mais qui appréciaient peut-être mieux que nous les avantages des bonnes eaux po- tables, admettaient généralement comme bonnes les eaux fraîches, aérées, limpides, sans odeur, sa- veur, mn couleur appréciables, froides en été, tem- ) pérées en hiver, dissolvant le savon sans le grume- ler, et cuisant bien les légumes. Ces caractères généraux, consacrés par l'observation et l'enseignement des siècles, doivent servir de point de départ aux investigations de la science moderne, car ils renferment à eux seuls des indications suflisantes pour faire admettre ou rejeter à priori les eaux desti- nées à la boisson. En effet, quand l’eau est sans odeur ni saveur, elle est ordinairement pure de tout corps étranger. Si elle affecte désagréablement lodorat, il faut se garder d'en faire usage, car elle est altérée. IT faut s'en abstenir encore, quand elle déplait au gout, car une saveur quelconque autre que cette saveur fraiche et légèrement piquante qui caractérise les bonnes eaux, est l'indice certain qu'elles contiennent une subs- tance étrangère presque toujours de nature organique, souvent en décomposition. [l en est de même de la couleur, de la limpidilé : Veau, pour être potable, doit être sans couleur et d'une transparence parfaite; toute eau colorée ou trouble et bourbeuse tient en solution ou en suspension , soit des corps organiques qui peuvent être dangereux, soit des matières terreuses qui peuvent amener des désordres dans les fonctions digestives, ne füt-ce que par le dégoût qu'elles inspirent. La température des eaux est aussi Fun des carac- tères les plus importants à signaler, car des eaux de très-bonne qualité d’ailleurs, pourraient être nuisibles à la santé par cela seul qu’elles seraient ou trop froides, ou trop chaudes. C'est en raison de l'égalité de tempé- rature des eaux de sources qu'il convient de leur don- 10 ner la préférence sur les eaux de rivières, dont la tem- pérature suit toutes les variations atmosphériques. Per- sonne n'ignore combien l'eau froide plait, en été, au palais et à l'estomac : elle procure instantanément un sentiment de bien-être; elle apaise la soif, ranime les forces, tant par son action tonique que parce qu'elle modère par sa fraicheur l'activité de la transpiration. Au contraire, rien n'est plus désagréable et plus nuisi- ble dans les chaleurs que l'usage d'une eau dont la tem- pérature se rapproche trop de celle de l'asmosphère, quelle qu'en soit d'ailleurs la pureté : elle ne plait ni au palais, ni aux organes digestifs. D'après l'expérience des àges, les eaux potables doi- vent, en outre, étre aérées, pouvoir dissoudre le savon sans le grumeler , et cuire bien les légumes. Ces dernières propriétés indiquent la légèreté et la pu- reté des eaux, et se rapportent à leur composition chi- mique. Ainsi, une eau est aérée, légère, quand elle contient une quantité convenable d'air atmosphérique et d'acide carbonique; elle grumèlera le savon et S'op- posera à la cuisson des légumes, si elle contient une quantité trop forte de sels minéraux. Mais si ces caractères généraux suffirent long-temps pour apprécier la pureté des eaux, on conçoit qu'il n'en fut plus de même quand les progrès de la chimie eurent permis de démontrer la nature et la quantité de toutes les substances gazeuses, salines et organiques, qu'elles contiennent en solution ou en suspension. Des analyses rigoureuses furent faites, et ne sen tenant plus aux caractères physiques indiqués par nos an- 11 ciens, on arriva à ne regarder comme propres à la bois- son que les eaux chimiquement pures : de telle sorte que l'eau distillée, convenablement aérée, fut le proto- type des eaux potables. Il est advenu de cette opinion exagérée, ce qui arrive toujours dans les sciences lors- qu'on substitue.trop promptement et sans assez de ma- turité des résultats partiels à des résultats généraux, positifs, sanctionnés par le temps. Des travaux en eux- mêmes d'une grande exactitude, peuvent conduire à des applications dangereuses, jusqu'à ce que l'expérience ait fait de nouveau luire la vérité. Depuis quelque temps, une réaction en sens contraire s'opère dans le monde savant; les tendances de quel- ques hommes spéciaux semblent les porter vers un ordre d'idées complétement opposées aux principes de leurs devanciers; ils sont disposés à regarder comme bonnes toutes les eaux qui ne contiendraient que des sels assimilables, quelles que fussent d'ailleurs les proportions que ces eaux en continssent. Ces tendan- ces, qu'il nous fut donné de signaler, dès l'année 1838, au sein de la Société de Médecine de Bordeaux, lors de la discussion que soutint le docteur Arthaud, mon excellent ami, l'un des antagonistes les‘plus spirituels de l'eau chimiquement pure, ces tendances, dis-je, se sont encore accrues depuis les travaux de Dupas- quier, de Lyon, qui, loin de regarder certains sels comme nuisibles, établit, au contraire, que leur pré- sence est indispensable à la bonne qualité des eaux destinées à la boisson. Sans repousser complétement une pareille théorie, 12 je crois qu'il convient de faire des réserves. Par leur action excitante et digestive, certains sels minéraux contenus dans les eaux de sources ou dans les eaux courantes peuvent quelquefois être utiles, on ne saurait le contester; mais il y aurait de limpru- dence à admettre comme boisson ordinaire, dans un état régulier de santé, des eaux où ces agents se trouveraient en fortes proportions. Préservons-nous donc de toute exagération, et en matière d'hygiène comme en économie politique, restons dans un sage mi- lieu. Les faits chimiques les plus concluants coïncident parfaitement avec les caractères primitifs que le pa- triarche de Cos, et bien plus tard le savant Hallé, Nysser, Rostan et autres nous ont transmis; tous ad- mettent la limpidité, la fraicheur, la saveur fran- che et pure, la faculté de dissoudre le savon et de cuire les légumes, comme caractères immuables des bonnes eaux; or, les expériences de Dupasquier, celles de M. Boutron-Charlard et Ossian Henry, et enfin, sil m'est permis d'en parler, celles qui me sont pro- pres, démontrent qu'il suffit de dix centigrammes de sulfate de chaux ou de vingt centigrammes de chlorure ou d'azotate calcaire par litre d’eau, pour lui communi- quer une saveur fade et faire grumeler le savon. Cette réaction devient plus marquée à mesure que ces pro portions sont dépassées, ou lorsque plusieurs de ces sels se trouvent réunis dans la même eau. Le carbonate de chaux dissous dans un excès d'acide carbonique, peut bien échapper au gout et être sans ac- tion sur le savon, même à la dose d’un gramme par litre ; 13 mais si l'on emploie à la cuisson des légumes de leau ainsi chargée, dès que le calorique chasse l'excès de l'acide carbonique, l'eau se trouble, et la plus grande partie du sel calcaire se dépose sur les légumes et nuit à la cuisson. En résumé, je considère comme eaux potables de bonne qualité, celles qui réunissent aux caractères généraux déjà indiqués, l'avantage de ne pas contenir par litre plus de 60 centigrammes de matières sa- lines ou terreuses, plus de { centigramme de ma- tières organiques. Au delà de ces limites, bien que limpides encore, sans odeur , sans couleur, elles sont fades, grumèlent le $avon, cuisent mal les légumes. Toutefois, les organes digestifs les tolèrent chez les personnes en santé, et tant que les proportions des matières salines ne dépassent pas un gramme, elles n'ont sur l'économie aucune ac- tion marquée. Ces eaux, qui sans être précisément mauvaises, ne sont pas non plus précisément bonnes, je les caracté- rise par l'épithète d'indifférentes. La plus grande par- tie de l'eau de nos puits appartient à cette classe. Certaines eaux contiennent des sels minéraux en plus forte proportion encore ; j'en ai trop souvent, dans mes explorations, rencontré de telles. Elles sont limpi- des, sans odeur ni couleur, mais elles ont une saveur terreuse ; elles grumèlent abondamment le savon, con- tiennent de la matière organique en forte proportion, et laissent, par litre d'eau évaporée, un à deux grammes de résidu, dans lesquels les azotates et les sulfates en- 1% trent au moins pour un quart. Ces eaux, généralement désignées sous le nom d'eaux crues et séléniteuses, fa- tiguent les organes digestifs des personnes qui n’y sont pas habituées, et ne sont pas plus propres à la cuisson des légumes et au blanchissage du linge, qu'à la bois- son. Il n'en faut faire usage que lorsqu'on ne peut ab- solument s'en procurer d'autres : je les appelle eaux malsaines. Pour donner à mon travail l'ordre et la clarté que nécessite la multiplicité des opérations, j'ai divisé les eaux du département par catégories, suivant leur na- ture, afin de les classer selon leur mérite. Voici la classification que j'ai cru devoir adopter : Fleuve. Rivières. Ruisseaux. Sources. Fontaines. mi D profondes. | Puits. Etangs. Lagunes. Marais. profondes. Po Sous-sol des Landes. courantes superficielles. superlicielles. slagnantes 15 CHAPITRE IE. Procédés adoptés par l'auteur pour reconnaitre et doser les diverses substances organiques ou inorganiques contenues dans les eaux. Pour arriver à une analyse complète et aussi exacte que possible des eaux que j'avais à examiner, j'ai fait usage de tous les moyens d'analyse qui étaient à ma disposition. Ces moyens, tendant à se contrôler les uns les autres, présentent toutes les garanties désirables d'exactitude. Ce sont l'appréciation des caractères physiques, l’action des réactifs, et enfin l'examen des résidus après l'évaporation complète des eaux. Les caractères physiques sont : la température, la limpidité, la couleur, l'odeur et la saveur, Ces carac— tères une fois constatés, je passais à l'examen par les réactifs : des liqueurs soigneusement fitrées me per- mettaient de doser avec exactitude soit les acides, soit les bases contenues dans les eaux à l'état de combinaison ou de liberté, puis je procédais à la troisième, à la plus concluante épreuve, l'évaporation à siccité. Les corps contenus dans les eaux étant de différen- tes natures, les uns gazeux et les autres solides, orga- niques ou inorganiques, j'ai dû m'occuper d'abord de 16 rechercher et de recueillir les corps gazeux ; pour cela, j'ai suivi le procédé le plus ordinairement employé , l'ébullition à vase clos. Les gaz contenus dans les eaux courantes ne pou- vant être que de l'acide carbonique , de l'oxigène ou de l'azote, j'ai disposé pour cette expérience l'appareil suivant. Un matras à long col, de la contenance exacte d'un litre d'eau, était rempli de l'eau à analyser, et après y avoir adapté, à l’aide d’un bouchon convenable effleurant l'eau , un tube recourbé rempli d'eau distillée, jengageais la courbure de celui-ci sous le récipient d'une petite cuve hydrargyro-pneumatique , surmontée d'une cloche allongée, exactement graduée et pleine de mercure : chauffant alors avec précaution le matras placé au bain de sable, sur un fourneau disposé à cet effet, j'arrivais à chasser complétement les gaz conte- nus dans l'eau du matras, et à les faire passer dans la cloche graduée, qui indiquait exactement leur volume. Quelques fragments de potasse à l'alcool, introduits alors sous la cloche, absorbaient peu à peu l'acide car- bonique, et lorsque l'absorption n'était plus apparente, je voyais, à la diminution du volume, la quantité de gaz qui avait été absorbée. Je transvasais ensuite avec beaucoup de soin dans une autre cloche graduée, et sous la euve hydrargyrique, le gaz non absorbé; j'y fai- sais passer un petit cylindre de phosphore; l'absorption de l'oxigène par ce corps inflammable diminuait d'au- tant le gaz restant, et lorsque le phosphore était sans action marquée, cette diminution était notée, et le gaz non absorbé, lavé à l'eau distillée, était examiné, me- 17 suré et noté : c'était de l'azote. C’est ainsi que j'ai re- cueilli l'acide carbonique, l'oxigène et l'azote. La mul- tiplicité de ces opérations m'a bientôt mis à même de constater que, dans l'eau de puits, l'air atmosphéri- que change à peine de composition, c'est-à-dire que l'oxigène et l'azote y restent dans les mêmes proportions que dans l'atmosphère. Il n’en est pas de même dans les eaux superficielles : il est rare d'y rencontrer l'oxi- gène et l'azote dans les proportions normales de l'air atmosphérique ; dans quelques-unes , la quantité d'azote est beaucoup plus considérable; dans le plus grand nombre , ce sont les proportions d'oxigène qui se sont accrues. J'ai donc admis l'air atmosphérique contenu dans les eaux de puits et de fontaine, comme étant dans les proportions normales, et n'ai mesuré isolé- ment les proportions d'oxigène et d'azote que pour les eaux courantes. Les sels et autres corps fixes contenus ordinairement dans les eaux, sont des carbonates, des sulfates, des hydrochlorates, des azotates, terreux ou alealins, de la silice, de l'alumine et de l'oxide de fer; leur présence était signalée à l'avance par les réactifs. Pour les re- cueillir, je réunissais dans de petites capsules en porce- laine exactement tarées, le produit de l'évaporation de trois lities d'eau; je desséchais convenablement ces produits à une température de cent degrés, et après les avoir pesés avec soin, pendant qu'ils étaient chauds, à l’aide d'une balance d'essai très-sensible , je notais avec la plus scrupuleuse exactitude, le poids de chacun d'eux. [ls étaient ensuite détachés, pulvérisés dans les 9 # 18 capsules mêmes, et traités par de l'alcool à 65 degrés, jusqu'à ce que ce véhicule ne leur enlevàt plus rien ; la partie insoluble dans l'alcool était desséchée de nou- veau et pesée, puis soumise à l'action de l'eau distillée. Ces diverses opérations permettaient de diviser en trois parties les sels contenus dans les résidus de léva- poration, savoir : ceux qui sont solubles dans l'alcool, ceux qui sont solubles dans l'eau et insolubles dans l'alcool , et enfin ceux qui sont insolubles dans ces deux menstrues. La séparation ainsi opérée, je n'occupais de leur dépouillement respectif, en commençant par la matière complétement insoluble, qui était composée de carbonate de chaux, de magnésie, de fer, de sul- fate de chaux, de silice, et quelquefois d’un peu d'alu- mine. Après l'avoir desséchée et pesée, je la traitais par l'acide hydrochlorique faible, qui la dissolvait pres- qu'en entier avec effervescence ; ce qui restait d'insolu- ble dans cet acide, était lavé, séché et examiné: c'était ordinairement de la silice, mélée d'un peu de matière organique, dont on la débarrassait par la caleination. Le solutum hydrochlorique était évaporé à sicerté et repris par de l'alcool à 65 degrés, qui en séparait le sulfate de chaux, dissous à la faveur de l'excès d'acide hydrochlorique, et dissolvait les hydrochlorates nou- vellement formés. La liqueur alcoolique était alors évaporée; vers la fin de l'évaporation, on ajoutait un peu d'acide sulfurique étendu; on continuait à chauf- fer pour chasser l'acide hydrochlorique, transformer les bases en sulfates, et volatiliser l'excès d'acide sul- 19 furique ; cela fait, on lavait le résidu avec de l'eau distillée, qui dissolvait les sulfates de magnésie et de fer, et laissait le sulfate de chaux; celui-ci était sé- ché et pesé ; son poids indiquait la quantité de chaux fournie par le carbonate caleaire que contenait le ré- sidu insoluble, traité primitivement par l'acide hydro- chlorique. Le solutum de sulfate de magnésie et de sulfate de fer était ensuite traité par le carbonate d'ammoniaque, qui en précipitait le fer; on lavait, desséchait et cal- cinait fortement pour avoir l'oxide pur, tandis que le solutum magnésien était évaporé et fortement calciné, pour volatiliser les sels ammoniacaux et obtenir la ma- gnésie pure, que je pesais avec soin. Ainsi se trouvaient isolés, la silice, le sulfate de chaux, le carbonate de chaux, de magnésie, de fer, ete., qui formaient la partie insoluble du résidu de l'é- raporation. Je passais ensuite à l'examen du solutum aqueux; il était évaporé à siccité et pesé, il ne contenait que des sulfates solubles mélés d'un peu de sulfate de chaux ; un simple lavage à l'eau distillée sufisait pour enlever les premiers. Après avoir dosé l'acide sulfurique à l'aide de l'azotate de baryte, j'isolais et dosais les bases par le phosphate de soude, l'antimoniate de potasse ou le chlorure de platine, qui précipitaient la magnésie, la soude, ou la potasse, seules bases avec lesquelles l'acide sulfurique eût pu former les sels solubles se rencontrant ordinairement dans les eaux. Enfin, le solutum alcoolique était placé dans une 20 capsule en porcelaine et évaporé à une douce chaleur, jusqu'à dessiceation parfaite; le résidu, desséché et exac- tement pesé pendant qu'il était chaud, pouvait renfer- fer des chlorures, des azotates et de la matière orga- nique. Le chlore était dosé par lazotate d'argent, l'acide azotique par le procédé Christisson ou par la limaille de cuivre et l'acide sulfurique; quant à la chaux, la magnésie, la soude, la potasse, avec lesquels ces acides pouvaient être unis, je les dosais par les procé- dés indiqués dans le précédent paragraphe. | me reste à dire à quels procédés j'ai eu recours pour isoler les corps qu'on ne rencontre qu'exception— nellement, c'est-à-dire la matière organique, l'iode, le brôme, l'ammoniaque; et dans quelques eaux ferru- gineuses, le soufre, le manganèse et l'arsenie. Matière organique. La matière organique contenue dans les eaux, peut être végétale ou animale; celle-ci ne s'y trouve qu'ac- cidentellement; celle-là au contraire s’y rencontre sou- vent, mais dans des proportions très-variables. Pour l'obtenir pure, il faut l'extraire directement, en faisant évaporer par ébullition une quantité donnée de l'eau à analyser. Dès les premières impressions de la chaleur, les eaux qui contiennent de la matière orga- nique albumineuse se troublent, et il s'en sépare, au moment de l'ébullition, une foule de petits globules qu’on voit nager dans la liqueur. Après quelques instants, on laisse refroidir, sans remuer, et l'on isole par dé- 2 cantalion cette matière, que l'on trouve réunie au fond du vase; on la dessèche, on la pèse et on note le poids. Cette matière, ainsi coagulée, est de l'albumine ani- male ou de l'albumine végétale, ce qui est indiqué dans le premier cas par la couleur et les sels ammoniacaux; dans le second, par l'absence des produits azotés. On achève à l'étuve l'évaporation de l'eau d'où l'on à séparé l'albumine, jusqu'à ce qu'elle soit réduite à quelques grammes; On la délaye alors avec de l’éther alcoolisé, qui dissout la matière organique non séparée par l'é- bullition, sans toucher au résidu salin qui l'accompa- gne. L'évaporation de l'alcool éthéré laisse la matière organique dans l'état de quasi pureté; en cet état, elle à une saveur amère, une couleur brune; elle se dissout dans/leau et dans l'alcool : c'est de la matière orga- nique passée à l'état d'humus. Un fait digne de remarque, c'est que les eaux les plus insalubres et les plus dangereuses à la santé, con- tiennent une forte proportion d'albumine végétale, et qu'à mesure que ce principe immédiat des végétaux est solidifié par l'action de l'air ou séparé par toute autre cause, l'insalubrité disparait. Quant à la matière organique passée à l'état d'hu- mus, son action est peu appréciable; on rencontre souvent des eaux qui en contiennent de fortes quanti- tés, et qui néanmoins sont bues impunément par les hommes et les animaux. C'est done surtout à l’albu- mine végétale qu'il faut attribuer l'altération rapide des eaux marécageuses et l'insalubrité qui accompagne cette altération ; on peut reconnaitre promptement là pré- 22 sence de l'albumine dans les eaux, en versant dans celles-ci quelques gouttes de solution de tanin pur ou d'alcool gallique : il se forme bientôt après une opacité blanchàtre, d'autant plus marquée que lalbumine sy trouve en plus forte proportion. Comme je l'ai dit, la matière organique animale se reconnait aux sels ammoniacaux et à l'ammoniaque qu'elle dégage quand on la chauffe à vase clos. Jode. Depuis que M. Chatin à annoncé la présence de liode dans toutes les eaux, il n'est plus permis de s'oc- cuper de leur analyse sans y rechercher spécialement ce corps simple. Ne connaissant point le procédé parti- culier à l’aide duquel ce chimiste est parvenu à recon- naitre dans certaines eaux des quantités infinitésimales d'inde, j'ai dû, parmi les procédés connus, en choisir un qui unit à la plus grande simplicité possible, assez de sensibilité pour déceler la présence de ce corps dans les eaux qui en contiendraient la millionième partie de leur poids. Le chloroforme, proposé par M. Rabourdin , le chlo- rure de palladium, proposé par M. Lassaigne, la solu- tion d'amidon activée par l'acide sulfurique, bien que très-sensibles, n'ont pu me permettre de reconnaitre liode qu'à plus d'un millionième du poids de l'eau en expérimentation, et je ne suis arrivé à constater sa pré- sence dans cette proportion qu'en me servant d'une solu- tion d'amidon aiguisée d'acide azotique. C'est avec sa- 23 tisfaction que j'ai vu tout récemment dans les journaux scientifiques, que MM. Chatin et Gaultier de Claubry donnaient aussi la préférence à l'acide azotique; il est facheux que M. Chatin n'ait pas dit si c'était là le moyen dont il s'était servi. Voiei le procédé que j'ai suivi. — L'eau alcalisée sur laquelle je devais opérer était rapidement évaporée jus- qu'à siceité; le résidu était traité par de l'alcool à 65 de- grés; je filtrais pour séparer les matières insolubles dans l'alcool, et je faisais évaporer complétement le li- quide alcoolique; je reprenais de nouveau le résidu par une petite quantité d'eau distillée, et je versais le tout dans un tube en verre blanc, bien diaphane, fermé par un bout; j'ajoutais une petite quantité de solution d'ami- don, quelques gouttes d'acide azotique, et j'agitais pour opérer le mélange ; puis je laissais reposer. A l’aide d'une feuille de papier blane placée derrière le tube, j'arri- vais à distinguer la coloration bleue, pour peu qu'elle füt apparente. Je n'ai pu la constater que dans un très- petit nombre d'échantillons. Brôme, Quelque soin que j'aie mis dans mes recherches, je n'ai pu découvrir des traces de brôme que dans les Eaux de la Gironde avoisinant la mer. Le procédé que j'ai suivi pour isoler le brome des eaux salées est celui indiqué par M. Ossian Henry : concentration du liquide après l'avoir légèrement alca- lisé par Ja potasse pure à l'alcool; précipitation par le 24 solutum d’azotate d'argent, et, après un repos convena- ble à l'abri de la lumière, lavage du précipité; on le re- eueille exactement et on le place dans un vase avec une petite quantité d'eau distillée et un excès de li- maille de zinc et d'acide sulfurique pur; on laisse en contact jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'action apparente, c'est-à-dire jusqu'à ce que le dégagement du gaz hy- drogène ait cessé : on filtre ce liquide, qui renferme du sulfalte, du chlorure, du brômure et de l'iodure de zinc; on le met dans un tube allongé, en y ajoutant un tiers environ de son volume d'éther rectifié , et quelques gouttes d'eau chlorée récente; on agite fortement et on laisse en repos : l'éther se réunit bientôt à la partie su- périeure du tube; et pour peu qu'il y ait du brome dans le liquide , il s'en empare et prend une teinte jaune. La coloration plus ou moins foncée du véhicule indique la présence d'une plus ou moins grande quantité de brôme. Le chloroforme, proposé par M. Rabourdin, ne m'a pas mieux réussi que l'éther; divers motifs me font croire qu'il vaut mieux s'en tenir à ce dernier. Ammoniaque. L'ammoniaque libre, et plus souvent l'ammoniaque combinée, se retrouve en quantité appréciable dans quelques eaux de puits et dans certaines eaux maréca- geuses; Jai pu le constater, en faisant évaporer à un feu doux, jusqu'à consistance pateuse, l'eau où j'en supposais, après l'avoir préalablement acidulée par quelques gouttes d'acide sulfurique. Je versais ensuite un léger excès de potasse à l'alcool : lammoniaque se décelait bientôt par son odeur vive et pénétrante, et un morceau de papier de tournesol rougi, placé à l'o- rifice du vase où se faisait l'opération, reprenait sa couleur bleue. En général, les eaux de sources ne contiennent qu'accidentellement de lammoniaque; les eaux sta- gnantes et les eaux pluviales sont celles où on la ren- contre le plus fréquemment. Soufre, Manganèse, Arsenic. Ces corps simples pouvant se rencontrer dans quel- ques eaux minérales ferrugineuses, J'ai dû les recher- cher dans celles de notre département. La présence du soufre se reconnait sans peine à l'o- deur hépatique que répandent les eaux qui en contien- nent; on peut le doser par une foule de réactifs, les sels diode, de plomb, d'argent, etc. Fréquemment, le manganèse accompagne le fer; pour les séparer, on les dissout dans l'acide sulfurique faible, on suroxide le fer par l'addition de quelques gouttes d'acide azotique et une légère ébullition. Pen- dant que la liqueur est bouillante, on la neutralise exactement avec le carbonate d'ammoniaque, qui pré- cipite le fer; le manganèse reste en solution; on évapore à siccité, et on calcine fortement pour l'obtenir pur. La présence de l'arsenic dans quelques eaux minéra- les, surtout dans celles où se trouvent le fer et le man- 26 ganèse, m'a engagé à le rechercher dans nos eaux ferrugineuses; je l'ai fait, en traitant le résidu de l'é- vaporation de plusieurs litres d'eau, par de l'eau distillée acidulée d'acide sulfurique pur; je versais le tout dans un appareil de Marsh perfectionné , c'est-à-dire disposé avec un tube à étranglement, renfermant une mèche d'amianthe, et je brülais le gaz hydrogène à son pas- sage, à l'aide d'une forte lampe à l'alcool. Tel est le sommaire des opérations chimiques aux- quelles toutes les eaux du département ont été succes- sivement soumises. Ce travail, long ét minutieux, n’a pas exigé moins de trois années de patientes recher- ches; les résultats en sont exposés dans les chapitres suivants. CHAPITRE HIT. Résultat de l'analyse des Eaux du département. ARTICLE A%. — A" SECTION. Eaux courantes superficielles. I. — FLEUVE. ———— Gironde, Cest au Bec-d'Ambès, confluent des deux grandes rivières, la Garonne et la Dordogne, que de la réunion de leurs eaux se forme la Gironde. Resserrée d’abord entre la côte du Médoc et le Blayais, elle prend bien- tôt du développement, et sa largeur, qui est à peine de trois kilomètres devant Blaye, atteint douze kilomè- tres devant Talais. Les deux rives se rapprochent en- suite brusquement, et nonobstant la pointe de Grave, extrème limite du littoral, elle a encore six kilomètres de largeur. La masse d'eau qui entre et qui sort par eette énorme embouchure, varie selon les phases de la lune, l'état de l'atmosphère, la force des courants, ete. Quoi- qu'elle soit constamment agitée par les vents et par le mouvement que Jui imprime le flux et le reflux, la 28 composition de l'eau de la Gironde est très-variable; le mélange de l'eau douce que fournissent les deux gran- des artères supérieures, ne s'opère avec l'eau salée que d'une manière très-incomplète : on rencontre fréquem- ment des courants d'eau de mer presque pure, montant ou descendant le fleuve sans se méler à l'eau douce; c'est surtout dans les couches inférieures que ce phé- nomène s'observe. Dans les nombreuses prises d'eau que j'ai faites sur plusieurs points du fleuve et à diverses profondeurs, il m'est arrivé de rencontrer des nappes d'eau contenant deux fois autant de sel que les couches supérieures; jai pu constater aussi la différence qui existe entre l'eau prise au milieu du fleuve et celle puisée sur ses bords. À Royan, par exemple, l'eau de la grande con- che contient de moins 5 à 6 p. 100 de sel que l'eau prise le même jour et à la même heure, soit au milieu de la Gironde, soit sur les bords de la pointe de Grave. Mais c'est surtout en remontant le fleuve, et de Talais à Blaye, que l'inégalité est appréciable. Vingt opérations faites avec l’eau de la Gironde, prise sur divers points de son parcours, depuis Cordouan jusqu'au Bec-d'Ambès, m'ont permis de suivre pas à pas la marche de l'eau de mer jusqu'à sa disparition complète dans la Garonne. Ainsi, un kilogramme d'eau de mer prise à Cordouan, à haute mer, a laissé, après évaporation complète, un résidu salin, pesant, bien sec. ........ 35 gr. 905 La mème quantité d'eau, puisée à Ja pointe de Grave, le mème jour. .....,. 34, 250 29 A Richard, au large, haute mer. ..... 33, 105 À La Maréchale, au large, haute mer. . 13, 767 Vis-à-vis Pauillac, au large, haute mer. 8, 974 Vis-à-vis Blaye, au large, haute mer .. 5, 298 Vis-à-vis La Roque, au large, haute mer. 2, 4107 Au Bec-d'Ambès, au large, haute mer. . 0, 545 A Lormont, l'eau de la Garonne ne contenait le mème jour que 0,152 de matières salines. A basse mer, la nature de l'eau de la Gironde est complétement changée ; l’eau salée, qui arrive jusqu'au Bec quand la mer est haute, dépasse à peine Pauillac quand elle est basse; encore y est elle affaiblie, puis qu'elle ne contient plus, par kilogramme, que 4,035 de matières salines, au lieu de 8. À Pauillac, l'eau du fleuve cesse de pouvoir être utilisée pour les irrigations; elle renferme trop de sel pour ne pas nuire à toutes autres plantes que les plantes marines. Aussi, quoique encore chargée des sédiments alluvionnaires que lui apportent les deux grandes ri- vières qui l'alimentent, la Gironde ne peut servir sur toute cette étendue au colmatage du sol; mais depuis Richard jusqu'au Verdon, on extrait le sel que ces eaux contiennent, et celte exploitation constitue une des ri- chesses de la localité. Toute cette partie du Bas-Médoc, baignée par la Gironde, manque de bonnes-eaux potables , et le mé- lange des eaux saumâtres du fleuve avec les courants d'eau douce, forme des mares d'autant plus dangereu- ses pour la santé publique, que des myriades d'êtres organisés, vivant très-bien dans ces eaux isolées, meu- 30 rent promptement dans les eaux mixtes, trop salées pour les uns, trop douces pour les autres. On verra par les résultats, comment varie la eom- position de l'eau du fleuve, depuis le Bec-d'Ambès jus- qu'à Cordouan. Ainsi qu'il sera facile de s'en convain- cre, le rapport de l'eau douce à l'eau salée décroit progressivement jusqu'à l'embouchure du fleuve; mais, selon toute apparence, il est encore appréciable à une assez grande distance et dans un rayon très-étendu, puisque l'eau de mer prise à Arcachon, contient du sel en proportion beaucoup plus forte que l'eau puisée à Cordouan, à dix kilomètres de la côte. 31 € 0cG'GE “aquutu —19)9pur 91quenb ‘amuQiq 79 a1npOT pgo‘o ‘‘‘""""""epsqeuue onbuesi0 AQUEN : { ss... .. **"2ISQU$EU op FOE O .............. neo op oyeuoque) c6&'0 sons... 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Elle contient par litre : AU BEC-D'AMBES. HAUTE MER. Très —trouble; elle laisse déposer 0,970 de vase par litre d'eau. Elle contient : Gaz acide carbonique... 0,0030 Gaz acide carbonique. ........ 0,0025 GATIONIPONE Le cree ne 0,0035 Gaz oxigène...: ............. 0,0038 GAZ OIE EE ah sde eser ce 0,0095 Gaz azote... RCUOCE 0,0092 0,0160 0,0155 pu | eee Carbonate de chaux........... 0,072 Carbonate de chaux... 0,076 de magnésié., ..... 0,014 de magnésie....... 0,016 Sulfate de chaux..….....,,..... 0,011 Sulfate de chaux... .....…. .… 0,018 de magnésie. .....,.., 0,016 de magnésie. ....... . 0,055 Chlorure de sodium. ......... 0,066 Chlorure de sodium... 0,271 de magnésium. . .,. 0,022 de magnésium... (,076 CBTCAICUM eee 0,010 de calcium. ....,.... 0,010 Silicate d’alumine.. ........... 0,016 Silicate d’alumine............, 0,014 OxIdeIde en Et aude mess ODOÆPMOxIHE TEE... 0,004 Matière organique animalisée. 0,006 Matière organique animalisée. 0,005 Jode , des traces très-légères. 0,237 0,545 ee een nr Dordogne. C'est un peu au-dessus de Castillon que la Dordogne pénètre dans le département de la Gironde. Après avoir arrosé dans son cours sinueux les rives fertiles du Li- bournais, longé les communes de Saint-Germain, de Cubzac, de Fronsac et de Bourg, elle vient méler ses eaux à celles de la Garonne au Bec-d'Ambès, confluent de ces deux magnifiques rivières. Puisée près de la berge et aux pieds des coteaux de Bourg, l'eau de la Dordogne ne présente pas la même composition chimique que celle qu'on recueille au mi- / 40 lieu de sa largeur. Cette différence dans les résultats, dont je transmettrai plus loin les chiffres, tient, sans aucun doute, à la force avec laquelle les courants in- férieurs entrainent l'eau de mer dans la Dordogne. En effet, l'analyse m'a démontré que l'eau de la Garonne, à deux kilomètres du Bec, dans les temps ordinaires, ne contenait que des traces d'eau salée, tandis que dans la Dordogne, même à dix kilomètres de son em- bouchure, on en trouve encore des quantités très-ap- préciables. Ces résultats sont beaucoup plus sensibles dans l'eau puisée à une certaine profondeur, que dans celle re- cueillie à la surface. Cette variation dans la nature des couches d'eaux tient à la différence de leur densité, et il n'est pas rare de voir dans la Gironde, ainsi que je l'ai constaté devant Blaye et devant Pauillac, des mas- ses d'eau salée montant le fleuve au-dessous de couches d'eau bien moins salées qu'elles. Cette différence, très- appréciable à la fin du montant dans la Gironde et dans la Dordogne lors des grandes marées, est très-tranchée devant Bourg. En effet, tandis que l'eau prise à haute mer, sur les bords de cette rivière et à la surface, ne contenait que 0,282 de matières salines, celle que je puisais au milieu de sa largenr, vis-à-vis le même point et à deux mètres de profondeur, en contenait 0,765. En séloignant du Bec pour remonter vers sa source, l'eau de la Dordogne s'éclaireit à Libourne; elle est moins trouble à Coutras; elle est opaline à Castil- lon; à Sainte-Foy, elle est presque transparente dans les beaux jours. F1 cca ‘0 ; ‘S2)81} Sop ‘9pOT 400 ‘0 .. DERREEEEE EEE “anbiue$10 11e c00‘0 0e COCCEOECDE OR ES SOS GOT op 2pIXO &I0‘0 ane QU ele Re A9 9 LTUINT CD 209IlIS F&0'O * +++ “LUNISQUSEU 9p LT0‘0 GOSOOOONP CONTENT) | EN ap &90'‘0 sms *Unpos op 21110119 £10°‘0 ser agen EÉTS TT EU op 180‘0 Rene er RC TNT PTE op ÉTAIT L6O‘O “"""""""""xnen op o1euoque) ‘010 RS EE UT OS DA : NI] ed ‘AnapO 1u Anaans sus ‘anbodo “ANUNOAIT V coL°0 *Sa[QISUAS U21q S22b1) S9p ‘9PO] 6000 ‘‘‘‘"""-"""""*"". anblue#i0 AANEN 900‘0 CEREEENEEEE IEEE GUODC CON E ap 2PIXO 000 "eee eOuNE D APS GOT ‘0 .. etes “UNISQUBEU ap 160‘0 isielejelsiensiefe set ne ST ER TN] OT ED) ap L6£‘0 Pesreseesseesese s tiNIDOS 9P AINMOIU) 9100 pre os ee ess RER EONTUS op 8r0‘0 passes A PEENESTSONTS ET ap 1£0‘0 venues ss TER TN ETTO 9p ITU &80‘0 Do LT ES CS 4 (LA pi) 9p ajeu0qeT) : 91] 184 Jreugquos a] ‘aasodap uaig *LR8‘O 1eS0i 919 ‘991298 19 aran9a1 ‘99504 —9p Juolu9)ajduoo J18J9 uoIsuodsns Ua J1eU9) ojjo nb osea er ‘sodor op sanof dos saidy *SpA0Q Sa] ANS 2nb 24098 2S8N2QUN0Q SNId *MATANOAOVWA Y 14 AMAIAIM VI AQ OAITIN AY ‘DHNAO4 Y aq SHNIIN & ‘aN90qauoa &8&'0 *S991] Sap ‘opO] g00‘0 CPC E EEE EEE EEE EEE anbiueS10 DQUEN L00‘0 . . SN CE 7 PNSRICOBOEICE E 2p 2PXO &I0‘0 CREER E) °°°" *Qurune p AUOIIIS 1&0‘O *‘""""""""""" eemyopeo op G£0‘0 . .s..... “UNISQU$EUL 2p LLO‘0 _..... vtt unIpos ap 21n10[4) &&0'0 GOOSCOCODERCOE GORE CET EN 2p G&0 ‘0 nn **XnEU op d)eJinS CON D en EE EEE TE TO OP JTE OU EE) 2 Oui] APd Jreuaju09 979 ‘agSod9p ISU:Y ‘294998S9P u9lq 2SeA 9p GGL'Q ‘au =1} Jed asodp e sud re [ onb uojl}teqog,T *21Qn04-S249 SAno{noy anbsaud 959 2714 °"USN AINVH Y JA AOVAUNS VI Y “'AMAGYOUVANA,1 V AS1N4 ‘OUNO4 V 42 -ÉOH—0UIRS R 79 UOIINSED & UOSIPI 9910} snjd e “souueig e snid 2140099p 1 9U UO 79 Eoumoqu'i jueAap autad & JS/ ‘auS0p10q EI 2P NE9,I SUEP ‘ SINOG & ajqerwaadde-sai ‘2poUT en 0£T'0 “ap, 1u104 900‘0 nennesssesnsnee seen bUEÉIO DNA c00'0 RE OC CRETE) 2p 2pPIXO LT0'0 net *aUIUN(E D 2JUONS L&0'0 + “UNIpOS 2P 21MOIUY 810 ‘0 ++ *XNEY0 9D 9JUJNS LeQQ tee exNEN Op AEUOQE) : ali] td *sodo4 21] wod s0d as0d2p au ape ‘auyndo quawuauaboT ‘AOÏ-HINIVS V < 0 ‘9por,p JU10q e00‘0 .. onsesessses ee nPIULEIO QQUEN 900 ‘0 sesesnesseseeeeessseteset 19] AD JPIXO 1&0‘0 sessneseresesseese + UNE D ETATS F10‘0 sensesesesestesee-unio[l) 00 0£0‘0 sessesssseceseese *NNILOS 2P ANMIOIUT) &c0‘0 sensenensestesess eee XNPUO OP 97EJINS 710‘0 sersssresss eee XN0O OP ajeuoque) : o4J1] Jed Ju21jU09 AH -nod un 9S0d9P all “apidu] 2479 SUDS 241019 “NOTTILSVI V ‘æaN20auO0QG ‘apor,P 1U10d 900‘0 sessesesssessesssst :OnDIURÉIO OUEN c00‘0 sososreceesesesresseeerete ay JD apixO 0&0‘0 sessecsessesrestet *QULUNE D eo &10‘0 sens sessssseeses UNIOICO OP 6&0‘0 sosseseressses see nipOS OP 2NUOIU) G10‘0 QDULO YOOOCNOQDO CODOCE 04141 F] ap a}eJins esssenssennssse ee ynego OP 2JEU0UED : ai]l] 1td “21902460 Ja ayouvu] anaans “apuaunisu»u anbsaud "SANNVUZ V 43 Le Drot. Petite rivière prenant sa source dans le département de la Dordogne qu'elle parcourt, ainsi que celui du Lot-et-Garonne; avant d'entrer dans le département de la Gironde, près de Monségur, elle baigne les murs de cette ville, et vient se jeter dans la Garonne, près de Casseuil. L'eau du Drot est généralement trouble, de couleur ambrée; sa saveur est un peu marécageuse : après deux jours de repos à vase clos, elle a laissé déposer 0,062 de limon par litre. Ainsi dépurée , elle contient : Gaz acide carbonique. .............. 0,0025 Gaz azote. …..,... HE Lee brie tt 0,0102 GAZIOXIS NE See esscecee sers ee 0,0048 0,0175 Carbonate de chaux.. .......,..,.,,.. 0,087 SUR LE Te CRANXS eee 0,036 Chlorure de sodium.................., 0,042 de caleium.. ..............., 0,027 de magnésium .............. 0,014 Silicate d’alumine. ..............,.... 0,012 OXUE BIEL. starter es-ene 0,005 Matière organique albumineuse....... 0,041 0,264 Cette eau, moins limoneuse que celle de la Dordogne et de la Garonne, est néanmoins chargée d'une assez grande quantité de sels calcaires pour qu'on puisse l'employer aux irrigations; la quantité de matière or- ganique augmente encore ses propriétés fertilisantes ; 44 mais on ne devrait en faire usage pour la boisson qu'a- près l'avoir filtrée au charbon, suivant le procédé que j'indiquerai plus loin. L'Isle. La rivière de l'Isle prend sa source dans la Haute- Vienne, traverse le département de la Dordogne, et vient arroser ensuite toute la partie du département de la Gironde comprise entre Saint-Antoine et Libourne, où elle vient se jeter dans la Dordogne. L'eau de l'Isle est légèrement ambrée; sa saveur n'a rien de remarquable; elle est nn peu opaline, et con- tient moins de matière organique que celle du Drot. Voici le résultat de l'analyse des eaux puisées à Ab- zac, à Laubardemont et à Libourne : 29 LFT'0 G00‘0 .. NEO eee COTES 10) aRNeN 010‘0 CC NOTONS 2p apixo 19 99IIS &10‘0 DOCONQO TOO TT ET E à 8&0‘0 ressseeereseeteee eUINIDOS 2D 91010) YL0‘0 sonesesereseste esse YntO 9 OJEJINS 8L0‘0 DORE EEEEEEEE **XNEU9 9P ajeuoqien) 0610‘0 8010‘0 .... OC QG LAOONN OO SOI Ty 47 205 &c00 ‘0 nn nn **"au9$IX0 Ze1) 0£00‘0 nosneoosseneisee -anbiuoque? apte zen) : a) JEd Ju2NU09 A4 *IN9ABS I An2po ‘inopnoo sues ‘ajuaiedsuri} enbsaiq ‘ANUYNOAIT V AISLT L9t'0 L00‘0 COLLE eesere *anbIUESIO OUEN I10‘0 mme *19} 2p pIxO 12 als 810‘0 CORRE RENEE TETE **LUNI9/89 9p &£0‘0 CORNE ETE] +" wunipos ap 911047) LI0‘0 CERERENERET TE) AQPOOCLCE, 4 Arts) 9p jen &80‘0 ss... "xne19 ap aJeu0q1en) 0610‘0 &LL0‘0 GO O0 Un TG DOROQN TÉOOO QUO EE) |rpA:) 289 8F00‘0 nn nement "aUQ$IXO 281) 0£00‘0 DETTE + -anbluoqueo ApI08 289 a 484 JU91009 AIT “aqouray Sud J9 ajout Snjd 7S9 inoaes es ovzqy enb ognbietu SurOu 359 Ana[noo es "LNONAGHVEAVI V a1S11 6980 + tt onburSI0 ARE CI0‘0 sus £10‘0 Go 0 MONO) ET EU OME) as 910‘0 nus “UWNI9[9 op cF0‘0 eatreseessesee + ee NIDOS 2 JANMO[UT L£0‘0 CCNETEET LE LLLEELILET *XNE9 2p as gpl '0 …. Dee ere NpTD 9) aJeuoquer) G610‘0 8IT0‘0 nero tons SE NT 7 PE 7LE) &F00‘0 PET ELEC LICE EE ELEC *au9$1x0 ze:) C£00 ‘0 Moser eme" anDIUOQIED ape zm) : AUIf 1CÉ JU U00 91[H “alaudsoune | 9 9[[90 ap Snossap-ne Sai$op sanbjonb ‘souar —11 S9] S9]n0} 9P 2/99 9UUO9 }S9 J1n)eJ9duay es *2SN9$PI9ILU JU9L919H9I 159 ANDAPS ES 91} —PpIJA—QUNEl AN9IN02 AUN LE A[SI,[ 2P NP9,/T "OVZAV V 4ISLI 46 S'il était besoin d’un nouvel exemple pour mdiquer l'action dépurative que le roulement et Tagitation exercent sur les eaux, Fsle nous le fournirait : colorée, légèrement marécageuse, chargée de sels calcaires à Abzac, elle en à déjà perdu plus d’un tiers à Laubar- demont, et Ja moitié à Libourne; il est vrai que le pont d'Abzac qui traverse la rivière de l'Isle, venait d’é- tre terminé depuis quelques mois lorsque les échantil- lons sur lesquels j'ai opéré ont été puisés, et que le lit de cette rivière devant Abzac devait être encore garni de débris de démolition; toujours est-il que dans un cours de huit à dix kilomètres, sur un terrain sinueux et accidenté, l'eau de l'Isle a perdu plus du tiers des corps solubles dont elle s'était saturée sous le pont et dans les environs d'Abzac. La Dronne. Cette petite rivière, qui prend sa source dans le dé- partement de la Haute-Vienne, n'arrose qu'une faible partie de notre département, dans lequel elle entre aux Églisottes, pour aller se réunir presque aussitôt à l'Isle, un peu au-dessous de Coutras. L'eau de la Dronne est légèrement colorée; sa saveur est marécageuse, et elle fournit par l’ébullition de petits globules d'albumine végétale coagulée, Elle contient par litre : Gaz acide carbonique. .............., 0,0020 Gaz oxigène. . ....... Dion nec 0,0054 GAL AO Es ss ee es rscarees 0 (EE, 0,0180 Carbonate de chaux. ...,......,..... 0,104 Bulfate de chaux. .............,..... 0,027 Chlorure de sodium, . ..,,,.......... 0,031 de calcium, 2... 0,012 Silice et oxide de fer... ........… 0,014 Matière organique albumineuse. .…... 0,017 0,205 #7 Le Ciron, Prenant sa source dans le département de Lot-et- Garonne, le Ciron entre dans le département de la Gi- ronde près de Captieux; il traverse plusieurs com- munes de ce canton, se détourne vers Villandraut, et vient se jeter dans la Garonne; près de Barsac. L'eau du Ciron coulant sur un sol siliceux et alio— tique, se charge de la matière soluble de lalios, et prend une teinte jaune paille assez prononcée; elle contient peu de sels calcaires, est transparente, rougit sensiblement le tournesol, et favorise peu la végéta- tion; c’est de telles eaux qu'on peut dire qu'elles hu- mectlent et raniment, mais ne nourrissent pas les végélaux. EAU DU CIRON. A VILLANDRAUT. A BARSAC, PRÈS DE SON EMBOUCHURE. Elle est de couleur jaunâtre; sa sa- La couleur jaune est bien moins veur est marécageuse ; son odeur pré sensible; la saveur marécageuse est à sente aussi quelque chose d’herbacé, peine appréciable. Elle contient par litre : Elle contient par litre : Gaz acide carbonique... . 0,0020 Gaz acide carbonique... .... 0,0025 CAZIOXISÈNE: «Echec ODOLD GAZ TOXNIGÈNE. . .. ...eece 0,0052 GATE Te tem DO DB D MRAZ AO, ner eenessesecnre 0,0088 0,0145 0,0165 nl RES me Carbonate de chaux... . 0,052 Carbonate de chaux... ...... 0,062 Sulfate de chaux............., 0,016 Sulfate de chaux . ........... 0,021 Chlorure de sodium........ .. 0,028 Chlorure de sodium .....,.... 0,027 Silice oxide de fer, ........... 0,012 Silice et oxide de fer... 0,014 Matière organique,'......... .. 0,041 Matière organique... ..... 0,013 0,149 0,137 48 La Leyre, La Leyre prend sa source dans le département des Landes, entre dans celui de la Gironde par le canton de Belin, parcourt le territoire de Belliet, de Lugos, de Salles, de Mios, de Biganos, du Teich; et après s'être divisée en deux bras, elle va aboutir au bassin d'Arcachon. Le sol que parcourt la Leyre est éminemment sili- ceux; des sables presque purs forment la base de son lit; aussi ses eaux sont-elles d’une pureté remarquable ; et, n'était la matière végétale aliotique qu'elle enlève à ses berges, ce serait de l’eau pluviale dans toute sa pureté. Elles sont, du reste, de toutes les eaux cou- rantes du département, tant superficielles que pro- fondes, certainement les plus pures. EAU DE LA LEYRE, A BIGANOS. Elle contient par litre : Gaz acide carbonique . ......,...... 0,0015 GAZIOXIZÈNE. 25580 cocotiers 0,0037 GAZON soon . 0,0078 0,0130 Carbonate de chaux. ...............ce 0,022 SUfALE Te CHAUX... eee 0,010 Chlorure de sodium, ..........,..... 0,017 Silice et oxide de fer ............., . DAON Matière organique un peu albumineuse. 0,018 49 IE. — RUISSEAUX. L'eau des ruisseaux est généralement moins pure que l’eau des rivières; son écoulement, moins rapide, lui permet de se saturer de tous les principes solubles que lui fournissent en abondance les nombreux végé- taux qui vivent et meurent incessamment sur le sol qu'elle parcourt; elle doit done être considérée comme impropre à la boisson, non qu'elle contienne des sels minéraux trop abondants ou dangereux, mais en rai- son de la masse de matières organiques albumineuses qu'elle renferme. On doit la réserver pour les usages agricoles; et s'il devenait nécessaire d'en faire usage pour la boisson, il faudrait préalablement la filtrer au charbon. La composition chimique de ces eaux est à peu près la même sur tous les points du département; les pro- portions seules varient. Le département de la Gironde est sillonné par un grand nombre de ruisseaux. Ne pouvant soumettre toutes ces eaux à l'analyse chimique, j'ai pris dans chaque arrondissemeut ceux que leur importance si- gnalait plus particulièrement à mon attention. Ainsi, dans le 1% arrondissement, j'ai choisi le Mouron et la Saye; Dans le 2, le Lary, la Soulège et le Signol; Dans le 3°, l'Andouille, la Durèze et l'Engranne ; Dans le 4°, la Bassane, le Lizos et le Barthoz; 4 50 Dans le 5°, l'Eau Bourde, l'Eau Blanche et la Jalle; Dans le 6° arrondissement , il n'y à aueun ruisseau d'eau douce. 4er ARRONDISSEMENT. LE MOURON. Le Mouron est le ruisseau le plus considérable de l'arrondissement de Blaye; il prend sa source au-dessus de Saugeon, et se jette dans la Dordogne à Mercamps, après un trajet de 50 à 55 kilomètres. L'eau du Mouron est l’une des eaux courantes du département les plus char- gées de matières salines. Elle contient aussi une grande quantité d’albumine végétale qui la rend impropre à la bois- son, mais qui doit lui donner une pro— priété végétative supérieure à celle des autres cours d’eau, PRISE AU PONT DE MAGRIGNE, L'EAU DU MOURON CONTIENT PAR LITRE : Gaz acide sarbonique..... .. 0,0020 Gaz oxigéne. ..........e se. 0,0045 (CEE one pe nn 000 EE 0,0105 0,0170 Carbonate de chaux... 0,145 Sulfate de chaux.........,.... 0,027 Chlorure de sodium........... 0,056 de calcium. ....... . 0,010 Silicate d’alumine..... .... .. 0,026 Oxide Te En eee 0,006 Matière organique albumi- NAT TA 0ade 020 Hidonsannes 0,034 0,304 LA SAYE. Moins considérable que le Mouron, la Saye prend sa source aux confins du département de la Charente, et, après un cours de 60 kilomètres, vient se je- ter dans l'Isle, au port de Girard. La Saye baïignant des rives sur les- quelles croissent une grande quantité de plantes aquatiques, ses eaux ont une odeur et une saveur marécageuse très— prononcées; elles sont moins chargées de matières salines que le Mouron. EAU DE LA SAYE PRISE A DEUX KILOMË— TRES DU PORT DE GIRARD, Par litre : Gaz acide carbonique... 0,0020 Gaz oxigène... ...... descere 10 O0AT Gaziaztte eee 0) DLIOS 0,0175 Carbonate de chaux........ 0,068 Sulfate de chaux......,..... 10 016 Chlorure de sodium. ........ 10,097 de calcium. .…......…. 0,020 Silicate d’aumire, oxide de DER er cooutos 9e Aéarné 0,024 Matière organique albumi-— NOUS. eee 10020) 0,191 ) 2e ARRONDISSEMENT. LE LARY. Eau colorée en jaune—verdâtre ; sa— veur fade herbacée ; dépose, par le re— pos, des particules terreuses !. Gaz acide carbonique... 0,0025 GALIOLISÈNE Sense este tic 0,0065 CAAAZ ONE See RU 0,0115 0,0205 Carbonate de chaux. . 0.122 Sulfate de chaux... ........... 0,022 Chlorure de sodium........... 0,051 Silicate d’alumine et oxide de MALTE con aca OeSeE 0,035 Matière organique albumi— MÉUSE Re de tue en 0,027 0,260 LA SOULÈGE, A CAPLONG. Eau trouble; dépose un sédiment de couleur jaunâtre ; saveur herbacée. Gaz acide carbonique... 0,0050 Gaz oxigène. ....... Sera se 0,0048 GAZ AAA IR ne cocncer eee doc 0,0102 0,0180 Carbonate de chaux... ....... 0,102 Sulfate de chaux .......... …. 0,037 Chlorure de sodium... ....., 0,028 de calcium. .. ......, 0,023 Silicate d’alumine et oxide de TON cette ete se eee den SI 0,017 Matière organique albumi— RENSE er enee M Hobce 0022 0,229 EE LE SÉGNOL, A Eau sensiblement MARGUERONe opaque; légère teinte roussâtre, saveur herbacte; contient un peu d'albumine végétale. Gaz acide carbonique. ..........,..... 0,0025 GATIOLIEÉNENA RE ere en .…. 0,0050 GAZ AZOIE eee den COCO OO Une. 0,0110 0,0185 Carbonate de chaux... .. en einen e 0,073 SUCRE CHAUX ne ES 0,017 Chlorure de sodium. . ............... 0,021 decalCiUnte.s 20e DH 0,013 Silicate d’alumine et oxide de fer... 0,021 Matière organique albumineuse...... 0,028 0,173 Re mr ? Pour éviter les redites, nous croyons devoir prévenir que tous nos chiffres se rapportent à un litre d'eau. Il est bien entendu aussi que l'évaluation des gaz à pour unité le litre, et le poids des matières salines le gramme, 5e ARRONDISSEMENT. L'ANDOUILLE, À ROQUEBRUNE. Couleur jaune-verdâtre, Saveur et odeur marécageuses. Gaz acide carbonique ........ 0,0030 Gaz oxigëne........... de Gaz OXISÈNE, sers sssnere 0,0045 Gaz azote. ...... +... Gaz azote. ...…. si désrese ....… 0,0120 Carbonate de chaux.......... 0,113 —— Sulfate de chaux......... +... 0,021 0,0195 Chlorure de SOdIUM. see se 0,037 ——— Silicate d'alumine............. 0,024 Carbonate de chaux........... 0,067 Matière organique albumi-— Sulfate de chaux... ............ 0,041 UT Rte OA UPS Chlorure de sodium. ... ..... 0,046 Oxide de fer.......s ++... 0,005 de calcium... ....... 0,024 re Azotate alcalin, des traces. 0,238 Silice et oxide de fer.......... 0,021 RTE) Matière organique très-albu— MINEUS. ...sssorvoneree 10042 0,241 EE el L'ENGRANNE, LA DUREZE, A LISTRAC. Eau limoneuse , saveur marécageuse. Gaz acide carbonique. PRÈS SAINT—GENISe Couleur ambrée, saveur et odeur marécageuses. Gaz acide carbonique. 4e Gaz OXIQÈNE,. ses : daurres Gaz 22016... eere ECO Carbonate de chaux........... 0,094 Sulfate de Chaux... 0,037 Chlorure de sodium. .......... 0,040 de calcium. ......... 0,014 Silice et oxide de fer...... ... 010LC Matière organique peu albu— MINEUSE, .e ose Dee NRA DER 4e ARRONDISSEMENT. LE LIZOS, A AILLAS,. Eau limpide, un peu colorée en jaune; se trouble légèrement par l’é— bullition. Gaz acide carbonique... ..... 0,0020 (AAOXILÈNEN 2. ssnece-eeree 0,0047 MAZIAZOIB: 22e cn oecnreee 0,0123 0,190 Carbonate de chaux. ....... . 0,081 Sulfate de chaux........... 0,035 Chlorure de sodium.........…. 0,044 Silicate d’alumine. ........... 0,013 TRUE AA BE open an doc 0,006 Matière organique albumi- MENSOr er ere are seneriee 0,018 0,197 LA BASSANE. Eau légèrement opaque et jaunâtre, sans saveur ni odeur. Gaz acide carbonique. ........ 0,0020 CAMOXIPENE ES ere ee-e-eee 0,0045 (CEVA EVE = Odossaoccucocoacne 0,0115 0,0180 ——— Carbonate de chaux.......... 0,105 SUIALE ENCHAUX-- 2e... e 0,042 Chlorure de sodium. ......... 0,037 de calcium. ......... 0,021 Silicate d’alumine et oxide de LOS eee eneraessoie 0,022 Matière organique albumi-— Een Too ob na acouse 0; 017 0,244 LE BARTHOS, A LAVAZAN, Eau sensiblement opaque; cageuse prononcée. saveur maré— Gaz acide carbonique........... ...., 0,0025 ÉTAT EN Ra Mondeo so on roue . 0,0048 CA AZOIE een rente rence 0,0122 0,0195 Carbonate de chaux........ ...-... 0,089 SULALENAELCHAUXS--e esseesseeeestese 0,036 Chlorure de sodium.................,, 0,054 UE CAICIUME encres 0,022 Silice et oxide de fer. -..... ......... 0,031 Matière organique albumineuse..….... 0,026 0,258 5e ARRONDISSEMENT. L'EAU BOURDE, A CANÉJEAN, Légerement opaque, sans saveur ni odeur marquées. L'EAU BLANCHE, A LÉOGNAN. Plus opaque que la précédente ; odeur marécageuse. Gaz acide carbonique,. | quantité Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... \indéterminée. Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux... ........ 0,103 Carbonate de chaux... .. 0,128 Sulfate de chaux.............. 0,022 Sulfate de chauxs.....1.... 0,027 Chlorure de sodium... .... 0,071 Chlorure de sodium .......... 0,078 Silice et oxide de fer... 0,017 Silice et oxide de fer... 0,022 Matière organique extractive. 0,026 Matière organique albumi— 7 0,239 HOUSE. , re SDDOBOT à ee D, OSEE FT RSS 0,289 LA JALLE DE BLANQUEFORT. L'eau de la Jalle de Blanquefort est de cou-. leur ambrée ; elle est transparente, a une saveur herbacée et point d’odeur. Gaz acide earbonique.… (AZ OXISÈNE. suce - (CHANCES EEE Carbonate de chaux... Sulfate de chaux... Chlorure de sodium... DRAC EE CCNEPEEEEEEEEE nsosess sus. Matière organique peu albumineuse.. Fes sacsranee 0,0020 se 0,0046 AE eee 0) OO 0,0170 0,058 0,024 0,035 0,015 0,032 0,164 6e ARRONDISSEMENT. (Nous avons dit qu'il ne renferme aucun ruisseau remarquable ). FU 29 IV. — SOURCES ET FONTAINES. Les sources qui jaillissent à la surface du sol sont nombreuses dans le département; toutes fournissent des eaux potables de bonne qualité, mais toutes ne sont pas remarquables. J'ai négligé les moins importantes pour ne m'oceu- per que de celles qui m'ont été signalées pour leur pu- reté, leur abondance ou les services qu'elles rendent. 4 ARRONDISSEMENT. Blaye. Cet arrondissement est divisé en quatre cantons, qui ont pour chefs-lieux Blaye, Bourg, Saint-Savin et Saint-Ciers-Lalande ; il est baigné par la Dordogne et la Gironde, et traversé par deux autres cours d'eau, le Mouron et la Saye. Quelques fontaines publiques remarquables et un grand nombre de puits y fournissent l'eau nécessaire aux besoins domestiques et à la boisson. Nous ne nous occuperons, dans ce chapitre, que des eaux de sour- ces ou de fontaines. Blaye, chef-lieu de l'arrondissement, possède l'une des fontaines les plus abondantes du département; elle fournit, par six cannelles de 6 centimètres d'ouverture chacune, une eau limpide, agréable, sans odeur ni couleur, marquant de 9 à 10 degrés au thermomètre 56 centigrade, l'air étant à 24; elle suffit amplement à la boisson des habitants de la ville, et alimente un lavoir public, très-vaste, dont les eaux se rendent dans le fleuve. En voici l'analyse : Gaz acide carbonique. ......... ...., 0,0190 Air atmosphérique......... eteccenose 0,0030 0,0220 Carbonate de chaux............,.,... 0.165 Sulfate de chaux... 0,020 Chlorure de sodium.................. 0,048 Silice et oxide de fer............. ... 0,017 Matière organique , des traces. Aucune trace d’iode. BourG. — La population de Bourg fait usage pour boisson de l'eau d'une fontaine placée au bas du coteau sur lequel est bätie la ville, non loin des bords de la Dor- dogne. Cette fontaine coule par quatre cannelles, de trois centimètres d'ouverture, et fournit en toute saison une eau fraiche et limpide, exempte d'odeur et de cou- leur; elle suffit non-seulement à la boisson des habi- tants, qui reconnaissent sa supériorité sur l'eau de leurs puits, mais encore, comme la fontaine de Blaye, elle alimente un beau lavoir couvert, très-bien disposé, dont les eaux s'écoulent dans la Dordogne. Cette eau, qui parait d’une grande fraicheur en été et tempérée en hiver, marque de 9 à 10 degrés au thermomètre centigrade. GAURIAC.— La pelite ville de Gauriac est privée de fontaine publique; la population n'emploie pour sa boisson que l'eau de puits. Cette commune renferme 57 cependant de petites sources superficielles, peu abon- dantes il est vrai, mais dont l'eau est bien supérieure à l'eau des puits de l'endroit. FONTAINE DE BOURG. SOURCE DE GAURIAC. Gaz acide carbonique. ........ 0,0220 Gaz acide carbonique. . ..…., 0,0165 Air atmosphérique. ........... 0,0020 Air atmosphérique. .......... 0,0035 0,0240 0,0200 Carbonate de chaux. .. ...... 0,307 Carbonate de chaux, ........., 0,268 Sulfate de chaux ............. 0,057 Sulfaté de chaux..........,,., 0,062 Chlorure de sodium. .......... 0,065 Chlorure de sodium.......... 0,084 de calcium... .......…. 0,062 de calcinm cree. 0,013 Silice et oxide de fer........… 0,017 Silice et oxide de fer... 0,012 Matière organique, des traces. Matière organique... ........ 0,006 0,508 0,445 BAyoN.— Comme la commune de Gauriac, celle de Bayon est privée de fontaine publique; les babitants ne font usage pour leur boisson que d'eau de puits, bien qu'il se trouve à peu de distance du bourg de belles et bonnes eaux de sources. Voiei l'analyse de ces dernières eaux, puisées dans le domaine de M. de Chataignier : SOURCE DU SOL, FONTAINE DU CAILLOU. Gaz acide carbonique. ........ 0,0195 Gaz acide carbonique. . ....... 0,0200 Air atmosphérique, ......,.... 0,0025 Air atmosphérique... 0,0025 0,0220 0,0223 >arbonate de chaux. ......... 0,195 Carbonate de chaux.. ........ 0,170 Sultate de chaux......... .... 0,045 Sulfate de chaux............... 0,110 Chlorure de sodium. ...... .…, 0,036 Chlorure de sodium. ...,..... 0,090 de calcium... ...... . 0,014 de calcium, .... 2... 0010 Silicate d’alumine............. 0,020 Silice et oxide de fer........,. 0,015 Oxide de fer et matière orga— Matière organique. ....,..,.... 0,008 nique. .. dr-hpmera ee seee 0,906 AE DEe 0,403 08 ÉTAULIERS, — Au centre du bourg d'Étauliers, dans la propriété de M. Perrault, il existe une fontaine très-abondante, dont l'eau jaillit à trois mètres du sol, et est retenue dans un bassin d'où elle se répand en- suite dans la propriété, et sert à des irrigations ; elle jouit dans la contrée d’une grande réputation, non- seulement à cause de sa fraicheur et de son abondance, mais aussi parce qu'elle renferme une petite quantité de crénate de fer, qui lui donne une propriété appéritive et emménagogue; aussi est-elle recherchée des per- sonnes qui ont une tendance à la chlorose. Comme toutes les eaux minéralisées par le crénate de fer, l'eau de la source de M. Perrault est légèrement atramentaire en sortant de la source; mais cette saveur disparait bientôt sous l'influence de l'air et de la lumière qui décompose le sel ferreux; l'oxide métallique se dépose sous forme d’une matière ocracée, et l'eau devient alors excellente au goût, car elle est d'ailleurs d'une grande pureté. Ainsi, celte eau, à sa source, est une eau miné- rale dont les effets sont remarquables, et quelques heu - res après avoir été puisée, elle est potable et de très- bonne qualité. SAINT-SA VIN. — À l'entrée du bourg de Saint-Savin, on remarque plusieurs sources jaillissant au niveau du sol, au pied d'un coteau pen élevé, d'où elles sem- blent provenir. La plus considérable de ces sources est eelle dite de la Garenne; ses eaux alimentent un la- voir public avant de se perdre dans un vaste fossé, qui la conduit dans les propriétés voisines : elles sont 59 d'une fraicheur remarquable, leur température n'étant que de 8 degrés ‘/, quand l'air est à 24; leur limpidité est parfaite, leur saveur franche et agréable; on pour- rait à peu de frais les conduire sur la place de Saint- Savin, et procurer par là aux habitants une boisson aussi agréable que salubre. SOURCE DE M. PERRAULT. SOURCE DE LA GARENNE. Gaz acide carbonique. ........ 0,0110 Gaz acide carbonique... 0,0165 Air atmosphérique... . ...., 0,0015 Air atmosphérique .......,... 0,0020 0,0125 0,0185 Carbonate de chaux....,..... 0,042 Carbonate de chaux... ...... 0,162 Sulfate de chaux.............. 0,007 Sulfate de chaux. ........... 0,037 Chlorure de sodium.......... 0,034 Chlorure de sodium... ........ 0,062 MIENATÉ TO MENe rence 0,021 Silice et oxide de fer... 0,016 Silice et matière organique... 0,022 Matière organique... 0,004 0,126 0,281 2e ARRONDISSEMENT. Libourne. L'arrondissement de Libourne, le plus fertile et l'un des plus riches et des plus peuplés da département, est divisé en neuf cantons, ayant pour chefs-lieux Li- bourne, Brannes, Castillon, Coutras, Sainte-Foy, Fron- sac, Guitres, Lussac et Pujols. Il est arrosé par trois rivières navigables, l'Isle, la Dronne et la Dordogne, et par un grand nombre de ruisseaux dont nous avons déjà parlé. Indépendamment de ces cours d'eaux, le deuxième arrondissement renferme un grand nombre 60 de sources superficielles ou fontaines, que nous allons passer successivement en revue. Libourne, chef-lieu de l'arrondissement, est, après Bordeaux, la principale ville du département; sans avoir des fontaines élégantes, elle a l'inappréciable avantage d'être pourvue d'excellentes eaux, qu'elle dis- tribue dans ses divers quartiers à l'aide de fontaines à pompe d'une grande simplicité. Il est facheux qu'étant située sur la Dordogne et au confluent mème de la ri- vière de l'Isle, elle n'ait pas augmenté son système hy- draulique de l'eau nécessaire à l'irrigation de ses rues et de ses marchés. Émule de notre cité, Libourne ne voudra pas rester en arrière de Bordeaux, qui va enfin se voir doté d'un système hydraulique complet. Ses fontaines, ses puits nombreux, suflisent sans doute aux besoins domestiques ; mais un chàteau-d'eau, placé sur le point culminant de la ville, lui est indis- pensable pour ses aqueducs et ses bas quartiers. L'eau des fontaines publiques et celle des puits est, à peu de chose près, identique, ce qui fait supposer qu'ils sont alimentés par la même nappe d'eau. L'eau de la source des lavoirs fait exception; elle est remar- quable par sa pureté. 61 EAU DES FONTAINES DE LIBOURNE. FONTAINE DE LA HALLE. Marque 12 degrés, l'air étant à 24. Saveur fraîche, agréable, limpidité parfaite; sans odeur ni couleur. Gaz acide carbonique. ........ 0,0175 Air atmosphérique. .....,..... 0,0020 0,0195 Carbonate de chaux... ....... 0,237 Sulfate de chaux........,..... 0,042 Azotate de potasse............ 0,026 Chlorure de sodium ........ 0,031 Silice et oxide de fer. ........ 0,012 Matière organique... 0,007 0,355 RS SOURCE DES LAVOIRS. Fraîche, agréable, limpide, sans odeur ni couleur. Marque 10 degrés ‘/,, l'air à 24. Gaz acide carbonique... 0,0165 Air atmosphérique......... 7 10:0025 0,0190 th Carbonate de chaux........... 0,158 Sulfate de Chaux ee... 0,072 Chlorure de sodium........... 0,018 de calcium......... 0,012 Silice et oxide de fer... ……, 0,011 Matière organique. . ......... 0,006 0,277 SAINT-ÉMILION. — Petite ville fort ancienne, aussi FONTAINE DE LA RUE DE GUITRES. Mèmes caractères physiques que celle de la fontaine de la Halle. Marque 11 degrés ‘/,, l'air à 24. Gaz acide carbonique. ....... 0,0170 Air atmosphérique. .. ........ 0,0020 0,0190 Carbonate de chaux.......... 0,213 Sulfate de chaux.............. 0,047 Azotate de potasse............ 0,028 Chlorure de sodium .... ..... 0,026 Silice et oxide de fer.. … 0,015 Matière organique............ 0,008 0,337 FONTAINE REDEUILH, Saveur agréable , limpidité parfaite, Marque 10 degrés ‘/.. Gaz acide carbonique. .…....... 0,0135 Air atmosphérique............ 0,0035 0,0170 Carbonate de chaux... 0,105 Sulfate de chaux... ..... 0,075 Azotate de potasse. ....... 0,042 Chlorure de sodium... “ne OU: de calcium... ....... 0,053 Silice et oxide de fer. ........ 0,018 Matière organique ............ 0,008 0,339 CE REA remarquable par sa position pittoresque que par la 62 bonté de son vin, l'abondance et la pureté de ses eaux. Elle renferme deux fontaines publiques : l'une, la prin- cipale, coule des ruines de l'ancien Château du Roi, par deux cannelles de quatre à cinq centimètres d'ou- verture; elle fournit une eau fraiche, limpide, d'une saveur agréable, qui alimente un vaste lavoir; l'autre, un peu moins abondante, se nomme la Fontaine de la Place : l'eau qu'elle débite est aussi limpide, mais moins fraiche que la première; elle se répand dans la grande rue, dont elle lave le pavé, y entretenant en été une fraicheur aussi agréable que salutaire. Ces deux fon- taines suffisent, et au delà, à tous les besoins de la po- pulation. FONTAINE DU ROI FONTAINE DE LA PLACE. Marque 9 degrés, l'air étant à 25. Marque 10 degrés, l'air étant à 25. Gaz acide carbonique. . ..... 0,0160 Gaz acide carbonique. ........ 0,0170 Air atmosphérique. …....... . 0,0025 Air atmosphérique... .. .… . 0,0025 0,0185 0,0195 Carbonate de chaux.........., 0,156 Carbonate de chaux. .......…. 0,302 SUP ITENCNAUX eee ee 0,047 Suliate de chaux ............. 0,045 Azotate de potasse............ 0,028 Azotate de potasse..........…. 0,021 Chlorure de sodium, . ... .... 0,021 Chlorure de sodium... 0,025 TETCAICIUM Eee. 0,030 de calcium. ......... 0,014 Silice et oxide de fer... 0,023 Silice et oxide de fer.......... 0,009 Matière organique... ........ 0,008 Matière organique... ........ 0,005 0,313 0,421 BARON. — Ce petit bourg ne renferme aucune fon- taine publique, bien qu'il existe dans la localité une foule de sources superficielles dont les eaux sont bien supérieures à celles des puits. 63 SOURCES SUPERFICIELLES DE LA PROPRIÉTÉ S....., A BARON. Fraîche, agréable, limpide, sans odeur ni couleur. Marque 10 degrés, l'air étant à 22. Gaz acide carbonique Air atmosphérique. Carbonate de chaux. .…. Sulfate de chaux... Chlorure de sodium, Silicate d’aluinine, .,... OxITONTE DEEE. re. Matière organique... DEREEEEEEEEEC tsssssrsrssse CCE ECO 0,0165 0,0025 0,0190 0,157 0,092 0,083 0,037 0,007 0,011 CASTILLON. — Castillon possède un assez grand nom- bre de fontaines dont l'eau, d'excellente qualité, suflit à la boisson des habitants; avantage d'autant plus im- portant pour la population, que l'eau des puits de la localité est fort mauvaise. Les trois fontaines principales sont : la fontaine Pey- ronin, celle de Lagrave et celle de Tranchard , dont les eaux abondantes et pures réunissent toutes les qua- lités désirables. FONTAINE LA GRAVE, Limpide, incolore, inodore; saveur fraiche, agréable. Marque 10 degrés, l'air étant à 22. Gaz acide carbonique... 0,0190 Air atmosphérique. .......... 0,0020 0,0210 Carbonate de chaux... OA 5) Sulfate de chaux... .......... 0,085 Azotate de potasse......... .. 0,013 Chlorure de sodium.......... 0,085 de calcinmM...-...... 0,017 Silice et oxide de fer. ..... - 0,008 Matière organique. . ....,..... 0,005 FONTAINE TRANCHARD. Limpide, fraîche, agréable. Marque 9 degrés ‘/,, l'air étant à 22. Gaz acide carbonique. ....... 0,0170 Air atmosphérique, ,....... . 0,0020 -0,0190 Carbonate de chaux........... 0,068 Sulfate de chaux....,........ 0,021 Azotate de potasse...……. .. , 0,025 Chlorure de sodium........... 0,027 Silice et oxide de fer... 0,013 Matière organique...........…. 0,008 0,162 Cette eau est l’une des meilleures du département, ü4 FONTAINE PEYRONIN. Légère, agréable, limpide. Marque 10 degrés, l'air étant à 22. Gaz acide carbonique... ............, . 0,0170 Air atmosphérique, .................. 0,0020 0,0190 nl Carbonate de chaux. ......... te DAUON SulEIIE TE CHAUR eee ee ee eines 0,031 Azotale de pOtASSe.. ss. . 0,028 Chlorure de SOdiUM, . esse... 0,046 Silice et oxide de fer... sessessree 0,016 Matière organique... recticto ce 0,008 0,226 courras. — Le canton de Coutras, arrosé par deux peutes rivières, la Dronne et l'Isle, est le plus fertile de l'arrondissement. Vu du haut des coteaux qui bordent la rivière de l'Isle, la plaine de Coutras présente l'as pect le plus pittoresque et le plus ravissant; les sinuo— sités de l'Isle, la richesse des päturages, la variété des cultures, tout dénote l'un de ces terrains privilégiés où se trouvent réunis la qualité du sol et l'abondance des eaux qui le vivifient. Ce canton joint à tant d'avanta- ges celui de posséder des eaux délicieuses qui jaillissent sur presque tous les points, et s'écoulent dans lune des deux rivières qui le traversent, après y avoir ré- pandu la fraicheur, la fertilité, la vie. La petite ville de Coutras renferme un grand nom- bre de sources superficielles appartenant toutes à la même nappe d'eau, de telle sorte qu'en analyser une, cest, à peu de chose près, connaitre la nature de toutes les autres. Nous allons indiquer les résultats 65 de l'analyse de la source ou fontaine Vidal, située au centre de la grande rue, comme type de l'eau des fon- taines de Coutras. FONTAINE VIDAL, A courras. Abondante, pure, fraiche, agréable. Marque 10 degrés, l'air étant à 23. Gaz acide carbonique. .............. 0,0170 AITMAUMOSDHÉTIQUE er ee ec seeetee 0,0020 0,0190 Carbonate dECHANX.. es mcaceccee 0,075 SUITE TE ICHAUX Sac, ee :... 0,029 A0tate AR NOLASSE MAT. . Meme ec este 0,026 Chlorure Kde/sodiumi "22... 0,041 Silicexetoxideiderfer.. 5... 5... 0,016 Matière lONGANIQUEL EEE ..-Lemesessces 0,002 0,189 SAINTE-FOY. — La ville de Sainte-Foy ne renferme dans son enceinte proprement dite, aucune fontaine jaillissante; mais on à établi sur quelques points, no- tamment à chacun des angles de la grande place, des puits-fontaines qui servent aux besoins domestiques et à la boisson. L'eau de ces puits-fontaines rentrant dans la catégorie des eaux profondes, nous aurons à les examiner plus loin. Je me bornerai ici à faire connai- tre les résultats de l'analyse de l'eau de la fontaine de la Porte de Bergerac, seule source superficielle que possède Sainte-Foy. CADILLAC-SUR-DORDOGNE. — Le petit bourg de Ca- dillac ne possède aucune fontaine publique; les habi- tants font exclusivement usage d'eau de puits. Toute- fois, à peu de distance du bourg, dans la propriété du 66 Branda, appartenant à M. de Vassal, il existe une fon- taine abondante très-renommée, dont j'ai voulu ana- lyser les eaux. FONTAINE DE LA PORTE DE FONTAINE DU BRANDA, BERGERAC, A SAINTE-FOY. A CADILLAG-SUR- DORDOGNE. Limpide, fraîche, agréable au goût, Saveur fraîche, agréable, limpidité mais peu abondante. parfaite, Sans odeur ni couleur. Gaz acide carbonique. .. .... 0,0160 Gaz acide carbonique. …...… 0,0125 Air atmosphérique... ...... 0,0020 Air atmosphérique... 0,0025 0,0180 = Carbonate de chaux........... 0,250 Sulfate de chaux... .......... 0,067 Caïbonate de chaux. . ........ 0,218 Aolate de potassé.......... 0,031 Sulfate de chaux. .... ....... 0 085 Chlorure de sodium.........…. 0,127 Azotate de potasse..…........ 0,026 Silice et oxide de fer... 0,014 Chloruré de sodium.,....... 0,112 Matière organique. .…......... 0,002 Silice et oxide de fer... 0,019 0,491 Matière organique... ......... 0,008 0,468 Rien de remarquable dans la nature chimique de l'eau de la fontaine du Branda, ne vient justifier la ré— putation dont elle jouit dans la localité. GUITRES. — Bàli sur un coteau au confluent de l'Isle et du Lary, Guitres possède deux fontaines publiques , dont lune est due à la munificence de M. le duc de Caze. L'eau de ces fontaines n'est pas de très-bonne qualité ; elle est loin de valoir celle de la fontaine Grin- champ, située à quelque distance du bourg. L'eau de celle-ci jaillit par deux cannelles de trois à quatre cen- timètres d'ouverture, et alimente un lavoir; sa saveur est fraiche et agréable, et sa température est à 9 de- grés ‘/,, l'air étant à 24, 67 EAU DE LA FONTAINE DE CAZE, ANCIENNE FONTAINE A GUITRES. DE GUITRES. Gaz acide carbonique... 0,0170 Gaz acide carbonique. ..…...... 0,0165 Air atmosphérique... ...,...... 0,0020 Air atmosphérique ........... 0,0020 0,0190 0,0185 Carbonate de chaux... 0,416 Carbonate de chaux... ...... 0,385 SULATE TE CHAUX... se 0, LE 10 SUIFAIE HE CHAUX à cesser ce ce 0,168 Azotate calcaire. .......,,... .. 0,048 Azotate calcaire... F8 Mo ote 0,056 Chlorure de sodium... ...., .. 0,052 Chlorure de sodium .......... 0,062 de calcium... ....... 0,021 de calcium. ......... 0,028 Silice et oxide de fer. ..…....… 0,022 Silice et oxide de fer. ..,...., 0,017 Matière organique. ........... 0,007 Matière organique. ..... ..... 0,005 0,753 0,721 EAU DE LA FONTAINE GRINCHAMP, PRÈS GUITRES. Gaz acide carbonique......,...,..,... 0,0160 Air atmosphérique. .. … ER canne 0,0025 0,0185 Carbonate de chaux. ............. …. 0,207 DUATEITEENAUXR pere ces 0,088 AZOTA EME PDLASSE Mr eee 0,052 Chlorure de sodium. . .......... hace 0,162 SIC EL OxIUE A6 FE. esse me 0,014 Matière organique... dinaretite 0,006 0,529 LUSSAC occupe une position très-agréable sur un plateau élevé, entouré de ruisseaux et de riants val- lons. Si le bourg ne renferme aucune fontaine, on en trouve à peu de distance plusieurs qui fournissent des eaux d'excellente qualité; nous avons surtout remarqué les fontaines de Piquot et de Picampot : la première, 68 de forme carrée, de construction antique, bâtie à mi- coteau, au centre d'une prairie qu'elle irrigue dans tous les sens, fournit une eau limpide, pure, agréable au goût. La deuxième, à quelques centaines de mètres de celle-ci, est plus abondante encore ; elle est aussi, frai- che, agréable, limpide, mais elle contient un peu plus de sels calcaires et de matière organique. FONTAINE DE PIQUOT, PRÈS LUSSAC SOURCE DE PICAMPOT, ALIMENTANT UN LAVOIR, PRÈS LUSSAC, Gaz acide carbonique......... 0,0170 Gaz acide carbonique. 0,0160 Air atmosphérique. ........... 0,020 Air atmosphérique. ........... 0,0020 0,0190 0,0180 Et —— a Carbonate de chaux... 0,201 Carbonate de chaux. ........…. 0,258 Sulfale de chaux. ............… 0,032 Sulfate de Chaux. see ce. 0,018 Chlorure de sodium........... 0,018 Ayzotate de potasse..…...... 00002 Silice et oxide de fer.......... 0,016 Chiorure de sodium........... 0,022 Matière organique. ......….. 0,005 Kilice et oxide de fer... ..... 0,024 Matière organique .....,..... 0,009 0,272 HE 0,383 pa | PUYSSEGUIN. — Commune rocheuse, fournissant d'ex- cellentes pierres et des argiles d'une: grande pureté. C'est sans doute à la présence des couches argileuses nterposées dans les bancs calcaires, qu'il faut attri- buer la bonne qualité des eaux de ses puits, bien supé- rieures à celles des puits des environs. Sur le bord de la route, et à peu de distance du bourg, il existe une petite fontaine dont l'unique cannelle fournit cons- tamment une eau pure et limpide. 69 EAU DE LA PETITE FONTAINE DE PUYSSEGUIN, Gaz acide carbonique.........,....... 0,0130 Air atmosphérique. ..........,...... 0,0015 0,0145 Carbonale de CHAUX M. esse oscse 0,107 SALE TE ACRAUXS 22-20-12 se 0,096 AOC IAE ICRA Me remesedeneseeee ee 0,032 Chlorure: de) sodium. ................, 0,085 Silicate d'AlUMINC..... eee 0,015 Oxide de fer et matière organique... 0,012 0,347 5° ARRONDISSEMENT. La Réole. L'arrondissement de La Réole est divisé en six can- tons, qui ont pour chefs-lieux : La Réole, Saint-Ma- caire, Monségur, Pellegrue, Sauveterre et Targon. Bien qu'arrosé sur plusieurs points par le Drot, la Ga- ronne et plusieurs de leurs petits affluents, le sol est généralement plus sec dans cet arrondissement que dans le reste de la Gironde. Ce fait trouve son explica- tion, tant dans la topographie du pays que dans la na- ture perméable du terrain, qui le rend moins propre à conserver l'humidité; aussi les sources sont-elles géné- ralement peu nombreuses, et les puits profonds. Chef-lieu de l'arrondissement, la ville de La Réole, bàtie sur un tertre élevé, ne renferme aucune fontaine remarquable; celles qui servent aux besoins de la po- 70 pulation sont de triste apparence et fournissent peu d'eau; encore est-elle de qualité inférieure. Mais il existe à quelque distance de La Réole une source qui jaillit à trente ou quarante centimètres du sol, et four- nit une eau abondante et pure; on la nomme la fon- taine du Turon; elle jouit dans la contrée d'une cer- taine réputation, en raison sans doute de la pureté, de ses eaux, qui est, en effet, remarquable. SAINT-MAIXANT, petite commune située partie sur le coteau littoral, partie dans la vallée de la Ga- ronne, renferme quelques sources et des puits nom- breux; les sources jaillissent du coteau; l'eau qu'elles donnent est fraiche, limpide, d'une saveur franche et agréable. En voici l'analyse : FONTAINE DU TURON. EAU DE SOURCE PUISÉE AU CHATEAU DE LAVISON, PRÈS Marque 10 degrés, l'air étant à 24. SAINT-MATXANT. Saveur fraiche, agréable, limpidité parfaite ; sans couleur ni odeur. Gaz acide carbonique... .. 0,0160 Gaz acide carbonique. ...... . 0,0160 Air atmosphérique... 0,0020 Air atmosphérique... .. ..... 0,0020 0,0180 0:0160 Carbonate de chaux... . .... 0,177 Carbonate de chaux. ......... 0,270 SPRETETE cuux hrorminr 06e SR ; Chlorure de sodium. . ........ 0,054 Sulfate de chaux..……...,...... 0,081 Sd 0.014 Chlorure de sodium... ...., UMTS EE UE CSC SRE : ea le 0.038 Silice et oxide de fer..…........ 0,016 Silicate d’alumine..….... ..... 0,032 RARETE BABA AR RES RM Oxide de fer et matière orga— 9 DES SRB 0 ne aone 0,011 mir 0,584 tes MONSÉGUR. — Ce canton est traversé par le Drot et par plusieurs petits ruisseaux; le plus considérable est 71 l'Andouille, qui prend sa source dans le département du Lot-et-Garonne. La petite ville de Monségur, située au sommet d'un coteau qui domine la vallée du Drot, possède une fon- taine publique, qui fournit à la population nne eau d'excellente qualité; l'excédant alimente un lavoir vaste et bien entretenu. L'eau s'écoule par deux cannelles de trois à quatre centimètres d'ouverture; sa température est de 9 de- grés ‘,, l'air étant à 22 degrés. Monségur renferme aussi un grand nombre de puits fournissant d'assez bonnes eaux dont nous examinerons la nature au cha- pitre des eaux profondes. L'eau de la fontaine pu- blique est limpide, d'une saveur agréable, sans couleur ni odeur, FONTAINE DE MONSÉGUR. Gaz acide carbonique...........,..... 0,0130 Air atmosphérique... ............... 0,0020 0,0150 Carbonate de chaux.................. 0,124 SUITE TC CRAUX ARR ES encens esese 0,065 Chlorure de sodium. ..........,...... 0,054 HEXGAICIM A Res ces ete 0,024 de magnésium. ............. 0,011 Silice et pxide de fer.......….:........ 0,024 Matière organique. ..............028. 0,003 74 ° ARRONDISSEMENT. Bazas. L'arrondissement de Bazas renferme sept cantons, dont les chefs-lieux sont : Bazas, Auros, Captieux, Grignols, Langon, Saint-Symphorien et Villandrault ; il est bordé par la Garonne et arrosé dans son intérieur par un grand nombre de cours d'eaux, dont le plus important est le Ciron, qui partage l'arrondissement en deux parties. Bazas est l'une des villes les plus anciennes du dé- partement; elle renferme plusieurs fontaines publi- ques ; les plus remarquables sont celle de Bragous, la Fond d'Espans et celle des Capucins. La première four- nit, par trois cannelles de quatre centimètres d’ouver- ture, une eau dont les sécheresses les plus prolongées ne diminuent pas l'abondance; les deux autres n'en ont qu'une; elles suffisent néanmoins aux besoins de leurs quartiers. La Fond d'Espans alimente en outre un vaste abreuvoir. Les environs de Bazas renferment aussi des sources nombreuses ; je signalerai surtout la fontaine d’Ausone, la source incrustante du Trou d'Enfer, la fontaine du Bourreau , l'eau ferrugineuse de Belloc, et l'eau sulfu- reuse de Recaire. Toutes ces sources sont remarqua- bles, les unes par les souvenirs qu’elles rappellent, les autres par leur action médicale. Nous laisserons celles- ci pour nous en occuper avec les eaux minérales. 73 FONTAINE DES CAPUCINS. Une cannelle. Marque 10 degrés, Limpide, saveur terreuse très-pro— noncée. Gaz acide carbonique......... 0,0220 Air atmosphérique... ,...... 0,0015 0,0235 Carbonate de chaux........... 0,383 Sulfate de chaux. ...........e 0,278 Azotate de chaux... .........…. 0,095 de magnésie. ...... 0,052 Chlorure de sodium........... 0,340 Silice et oxide de fer......... 0,022 Matière organique... onda 0,009 1,119 EAU DU TROU D'ENFER. INCRUSTANTE, Limpidité parfaite, saveur fraîche et piquante, Gaz acide carbonique... 0,0270 Air atmosphérique ........., . 0,0020 0,0290 Carbonate de chaux... ....... 0,607 Sulfate de chaux. ......., #.210,055 Chlorure de sodium.......... 0,037 de calcium. ....... . 0,018 Silice et oxide de fer......... 0,021 Matière organique............ 0,004 - 0,742 FONTAINE D'ESPANS. Une cannelle. Marque 9 degrés !/.. Limpidité parfaite, saveur fraiche et agréable, Gaz acide carbonique. ........ 0,0160 Air atmosphérique, ........... 0,0020 0,0180 Carbonate de chaux. ......... 0,232 Sulfate de chaux... ......... 0,051 Arotate derchaux. 5:42. 0,024 de magnésie. ...... 0,018 Chlorure de sodium... ...,... 0,042 Silice et oxide de fer... 0,013 Matière organique....... ..... 0,006 770,386 FONTAINE DU BOURREAU, A ‘/, KILOMÈTRE DE Bazas. Source abondante , eau limpide, frai- che et agréable. D'après la tradition du pays , c’est à cette fontaine que le bourreau lavait les instruments du supplice. Gaz acide carbonique. ........ 0,0170 Air atmosphérique. .. ....... 0,0020 0,0190 Carbonate de chaux....,..... 0,226 Sulfate de chaux.........,.... 0,063 Chlorure de sodium.......... 0,060 Silice et oxide de fer.......... 0,017 Matière organique.. :........e 0,005 0,371 FONTAINE BRAGOUS. Trois cannelles. Marque 10 degrés, l'air étant à 24. Limpidité parfaite, saveur terreuse. Gaz acide carbonique. ........ 0,0180 Air atmosphérique. ........... 0,0020 0,0200 Carbonate de chaux... ...... 0,507 Sulfate de chaux. ............. 0,106 Azotate de chaux ............. 0,065 de magnésie......... 0,030 Chlorure de sodium........... 0,182 Silice et oxide de fer.......... 0,021 Matière organique......,..... 0,007 0,918 FONTAINE D'AUSONE. Limpide, agréable, sans odeur ni couleur. Gaz acide carbonique... .. 0,0145 Air atmosphérique. ........ 0,0025 0,0170 Carbonate de chaux......... UNS Sulfate de chaux............., 0,022 Azotate de potasse............ 0,018 Chlorure de sodium.......... 0,042 de calcium. ........ 0,016 Silice et oxide de fer. ..... . 0,014 Matière organique... . 0,003 0,293 74 CANTON DE CAPTIEUX. Ce canton, l'un des moins fertiles de l'arrondissement, se ressent du voisinage des Landes; son sol, complé- tement sablonneux, est arrosé par le Ciron et plu- sieurs de ses affluents. L'alios qui recouvre une grande partie du sous-sol du canton de Captieux, maintient à peu de profondeur les eaux pluviales, qui, en été, sévaporent prompte- ment sous l'influence des rayons solaires, mais inon- dent en hiver presque tout le canton. Cette couche alio- tique imperméable à le double inconvénient de s'op- poser à l'infiltration des eaux dans les profondeurs du sol, et d'empêcher l'ascension onterstitielle de l'eau des couches souterraines lorsque le sol est desséché. Aussi le canton de Captieux ne possède-t-il aucune source ascensionnelle importante; les habitants ne font usage pour la boisson que d'eau superficielle ou du moins très-peu profonde, aceumulée dans des puits ou citernes à fleur de terre. Cette eau, de couleur jaune, de saveur marécageuse, forme une catégorie spéciale que nous examinerons en son lieu. Je ne parlerai ici que de la fontaine de Laguüe, si- tuée dans le bourg de Captieux, et remarquable par sa pureté; c'est de l'eau pluviale presque pure échappée à l'action de l'alios, et conservée dans quelque cavité souterraine argileuse. Voici sa composition : FONTAINE DE LAGUE, A CAPTIEUX Saveur agréable, fraiche, sans odeur ni ceu- leur. Marque 12 degrés, l'air étant à 20 Gaz acide carbonique .............. 0,0070 AGMALMOSDRÉTIQUE. es ecsece css 0,0020 0,0090 ARR EEE Carbonate de chaux. 4... 0,021 Sulfaté dechaux......,....2huues.te 0,011 Chlorure de sodium, ...,...,........, 0,036 Silicetet oxide de. fer .,,.,..0e “HO 01? Matière organique... ...... ............ 0,006 0,086 CANTON DE GRIGNOLS. Ce canton est arrosé par plusieurs ruisseaux; les plus considérables sont le Lizos et le Berthos. Le terrain y est bien meilleur au point de vue agricole que dans le canton précédent; néanmoins il ne renferme au- cune source considérable; mais on trouve sur plu- sieurs points de petites sources dont l'eau serpente: à la surfrce du sol. Le bourg de Grignols renferme un puits-fontaine publie, dont la population fait usage pour ses besoins. À quelque distance du bourg, il existe une fontaine peu remarquable pour son abon- dance, mais très-renommée pour la pureté et la légè- relé de ses eaux; elle est connue dans la contrée sous le nom de Fontaine de Presbos. FONTAINE DE PRESBOS, PRÈS GRIGNOLS. Eau limpide, fraiche, agréable. Marque 11 degrés, l'air étant à 21. Gaz acide carbonique... ............ 0,0210 Air atmosphérique ....... .... ...... 0,0025 0,0235 Carbonate de chaux...........,...... 0,082 Sulfate de chaux..........ss.o.s.se.e 0,063 Chlorure de sodium...... ..... ..... 0,065 decalcinm..........4000 0,015 Silice et oxide de fer......... eau 0,012 Matière OrganiqUe, «ee unssss sossne 0,006 0,243 CANTON DE LANGONe Ce canton se divise en deux grandes parties, la haute et la basse-plaine : la basse-plaine, formée de terrains alluvionnels, est bordée par la Garonne; il ne S'y trouve aucune source jaillissante; elle renferme des puits nombreux. La haute-plaine, au contraire, for- mée de calcaire et de graviers, permet aux eaux plu- viales de traverser le sol, et de former dans les par- ties souterraines des nappes d'eau qui viennent se faire jour sur plusieurs point du coteau. L'une de ces sources, la plus remarquable pour son abondance, est celle qu'on désigne dans le pays par le nom de Fontaine du Briou, et dont les eaux alimentent un la- voir. Fee 11 LANGON. — La petite ville de Langon possède des fontaines publiques qui, jointes aux puits nombreux de la ville, suflisent à tous les besoins de la population. L'eau de ces fontaines est élevée au-dessus du sol, à l'aide de pompes à manivelles; elle est transparente, agréable au goût; sa température est de 11 degrés, l'air étant à 20. FONTAINE DU BRIOU, PRÈS LANGON, Eau limpide, agréable. Marque 10 degrés, l'air étant à 23. Gaz acide carbonique. ........ 0,0130 Air atmosphérique. ..…....... . 0,0020 0,0150 Carbonate de chaux... nc 10,107 Sulfate de chaux........... 0,081 Chlorure de sodium. . ... . 0,054 Azotate de chaux... oo 0,022 Silice et oxide de fer.......… 0,014 Matière organique .. ........ 0,005 0,373 On trouve rarement des azotates dans l'eau des fontaines rurales. J'attribue la présence de celui qui se trouve dans l’eau de la fontaine du Briou , aux fumiers qui recouvrent les terres aux environs de celte source. CANTON FONTAINE DE LA PLACE, A LANGON. Gaz acide carbonique... 0,0185 Air atmosphérique... .. ...... 0,0020 0,0205 Carbonate de chaux.......... 0,195 Sulrate de chaux ............. 0,102 Chlorure de sodium........... 0,042 de calcium. ......... 0,016 Azotate de potasse............ 0,065 Silicate d’alumine............. 0,017 Oxide de fer et matière orga— DIQUE- .shonrcasctar FoBec nee 0,010 0,447 DE VILLANDRAULT, Comme le canton de Captieux, celui de Villandrault, limitrophe du département des Landes, participe de la nature de son sol. Villandrault, chef-lieu du canton, est un gros bourg baigné par le Ciron, sur lequel on a jeté un pont. Pas plus que les localités environnan- 78 tes, Villandrault ne possède de fontaine; sa popula- tion fait exclusivement usage d'eau de puits. A peu de distance du pont de Villandrault, jaillissent deux sour- ces assez remarquables, connues sous le nom de Fon- taines du Credo : lune est légèrement atramentaire, l'autre a une saveur franche et agréable. Il n'en est fait usage que par les personnes du voi- sinage, bien que la première ait été, pendant long- temps, recommandée dans les affections chlorotiques. Nous ne donnons ici que les résultats de l'analyse de la seconde, nous réservant de donner ceux de l'eau fer- rugineuse au paragraphe des eaux minérales. FONTAINE DU CREDO. Eau fraîche, agréable, sans odeur ni couleur. Gaz acide carbonique........,.,.,.... 0,0110 Air atmosphérique... ss... 0,0015 0,0125 CarbonatedeICHAUX mere ere 0,092 SUIFATE AE CHAUX... cocrssemese ee 0,064 Chlorure de sodium.. ........, M D O0L5 Silice et oxide de fer... ENS .. LU ULZ Matière organique..................e 0,006 0,219 5e ARRONDISSEMENT. Bordeaux. Ce vaste arrondissement, le plus riche et le plus po- puleux du département, est arrosé par la Gironde, la Garonne, la Dordogne, la Leyre, le Ciron, la Jalle de Blanquefort, et une foule de petits ruisseaux; il ren 79 ferme treize cantons, et borde les deux rives de la Dor- dogne et de la Gironde. CANTON DE BORDEAUX. Ce canton comprend, indépendamment de Bordeaux, les cinq communes qui forment sa banlieue : Bègles, Talence, Caudéran, le Bouscat et Bruges. Toutes ces communes renferment des sources nom- breuses, fournissant des eaux abondantes, fraiches et salubres. Bordeaux seul, bàti aux bords d'une grande rivière, sur un sol alluvionnel et dans la partie la plus déclive du bassin de la Gironde, ne contient aucune source capable de fournir l'eau dont il aurait besoin pour alimenter des fontaines publiques. Bordeaux possédait jadis une fontaine qui suflisait aux besoins de sa population; mais l'onde intarissable qui alimentait la fontaine Divona, à disparu avec ce monument, et aucune trace n'indique le lieu où elle jaillissait. Aujourd'hui, Bordeaux n’a que des sources peu importantes, encore sont-elles enfouies sous l'ex haussement considérable que le sol de la ville a éprou- vé, et ne sont plus pour les habitants, bien qu'ils leur aient conservé le nom de fontaines, que des puits plus ou moins profonds. Ce sont : 1° La fontaine Bouquière, dont la source est actuel- lement à huit mètres au moins au-dessous du sol. 2° La fontaine Daurade, enterrée à une profondeur à peu près égale, et qui fournit une eau de très-mau- vaise qualité, 80 3° La fontaine d'Audège, dont une pompe fait mon- ter l'eau à la surface du sol. 4° La fontaine de l'Or. Son eau, moins impure que les précédentes, est élevée dans un vaste bassin par une pompe à manège et se distribue ensuite sur plusieurs points de la ville, où elle alimente les fontaines de la Grave, de la porte Bourgogne, de la place du Palais, de la rue de la Bourse, du quai des Chartrons, vis- à-vis les rues Raze et Borie, et enfin celle du marché des Chartrons. 5° La fontaine de Figuereau. Cette fontaine, bien su- périeure aux précédentes en abondance et en qualité, est exploitée par les marchands d'eau. 6° La fontaine Lagrange , propriété particulière, dont l'eau, à peu près de même nature que celle de Figue- reau, reçoit la même destination. Telles seraient les eaux auxquelles la population bor- delaise se verrait réduite, si la ville n'eut acheté les sources d'Arlac et du Tondut, situées à peu de distance de son enceinte, et fournissant de quinze à vingt pou- ces fontainiers d’une eau d'excellente qualité, avec la- quelle on à pu établir six nouvelles fontaines rue Saint- Christoly, place Saint-Projet, place du Poisson-Salé, rue des Minimes, place de la Bourse et allées d'Albret, derrière l'Hôtel-de-Ville. Quelques filets d'eau ont en outre été fournis à quelques-uns de nos établissements publics, tels que la prison départementale, l'hôpital civil, la caserne municipale, ete., etc. Le manque de sources superficielles dans l'intérieur de la ville, la mauvaise qualité des eaux souterraines - S1 chargées de toutes les infiltrations d’une grande cité, le peu d'abondance des sources qui lavoisinent, telles sont sans doute les causes qui ont fait différer l'établis- sement dans Bordeaux de fontaines publiques en rap- port avec les besoins hygiéniques de la population. On répugnait d'ailleurs à dépenser de fortes sommes pour aller chercher de l'eau au loin, alors qu'on avait sous les murs de la ville le plus beau fleuve d'Europe, et qu'on n'avait pour ainsi dire qu'à se baisser pour la puiser. Des essais nombreux, des propositions plus nombreuses encore furent faites à diverses époques, pour clarifier l'eau de la Garonne et lui donner la limpidité indispensable aux eaux destinées à la boisson. Toutes ces tentatives, toutes ces recherches furent infructueu- ses; on n’a pu jusqu'à ce jour trouver un moyen simple et peu dispendieux d'enlever aux eaux de notre rivière le limon si ténu et si délié qu’elles tiennent en suspension. Aussi, après de vains efforts, tous ces projets gigan- tesques de filtration, toutes ces théories brillantes de dépuration ascendante et descendante furent abandon- nés. La science dut Ss'incliner devant les dificultés insurmontables que présentaient la filtration quoti- dienne des vingt-quatre mille mètres cubes d’eau né- cessaires à la consommation de la cité. Il faut avoir suivi toutes les phases d’un pareil tra- vail, pour se rendre compte des obstacles que rencon- trerait celte immense opération ; on s’en fera une idée, lorsqu'on saura qu'à certaines époques, il faudrait, et cela chaque jour, séparer de la masse d'eau nécessaire aux besoins de la ville, deux à trois cent mille kilo- 6 82 grammes d'une vase d’une ténuité extrême, traversant les couches filtrantes les plus épaisses, déposant dans leurs interstices le limon dont elle se compose, et obs- truant ainsi tous les filtres en peu de temps. Ce ne fut qu'après s'être assurée de l'impuissance des moyens de filtration proposés, que l'administration municipale, frappée chaque jour davantage des incon- vénients sans nombre qui résultent de l'insuffisance et de la mauvaise qualité des eaux de la ville, prit la ré solution d'établir un système hydraulique plus en rap- port avec les besoins de la population, et chercha sé- rieusement, hors des murs de la cité, la masse d’eau fraîche, limpide, salubre, que le fleuve ne pouvait lui fournir. Les sources ne manquaient pas : Bordeaux en est entouré; mais il fallait en trouver qui joignissent à la qualité et à l'abondance, une position qui permit de Tamener en ville à peu de frais. Les communes de Mérignac, de Talence, de Gradignan , de Villenave d'Or- non furent explorées ; mais ces recherches ne produi- sirent aucun résultat satisfaisant. Tel était l'état des choses, quand les bords de la Jalle de Blanquefort, où déjà on avait remarqué quelques sources abondantes, furent parcourues avec soin par un homme intelligent et capable *, qui reconnut bientôt que des coteaux du Taillant jailissaient, dans la Jalle méme et sur une vaste étendue, des sources abondantes et nombreuses. Avec un désintéressement qui l'ho- 1 M, Jouis, 83 nore, il en informa M. Brun, alors maire de Bordeaux. Après bien des oppositions, des études furent enfin commencées sous la direction de M. Mary, ingénieur hydraulique de la ville de Paris, homme spécial dont le savoir et l'intégrité sont depuis longtemps reconnus. Ce savant praticien fut chargé de visiter les lieux, et il reconnut qu'en effet le volume des sources signalées était considérable; qu'elles réunissaient toutes les con- ditions désirables, qualité, abondance, durée; qu'il était, en un mot, à peu près impossible de trouver mieux. Le jaugeage en fut opéré par les soins de M. De- vannes, à qui M. David Johnston venait de confier la direction des travaux publies de la ville, et il fut cons- taté que les sources de la Jalle, réunies, présentaient une masse d'eau courante équivalant à 1,190 pouces fontainiers, soit 23,800 mètres cubes par vingt-quatre heures. Des modifications importantes furent apportées au plan que dressa alors M. Mary; dix années s'écoulè- rent en études, en nivellements, en discussions, et enfin le projet était sur le point d'être mis à exécu- tion, lorsque la révolution de 1848 vint encore en re- tarder laccomplissement. I fat repris en 1850; le tracé primitif reçut de nou- velles modifications; on rectifia le parcours, et sous lhabile direction de notre ingénieur hydraulique, un nouveau plan fut dressé. M. Mary, appelé pour don- ner son avis sur les changements apportés à son tra ail, s'entendit avee M. Devannes, et tous deux pré- 84 sentèrent à la Commission un projet complet qu'arrêta définitivement la délibération du Conseil municipal du 2 juin 1851. Une somme de 4,200,000 fr., néces- saire à son exécution, fut votée dans la même séance. Les plans et devis ont été depuis approuvés par le gou- vernement, et l'autorisation d'emprunter accordée à la ville. Cet emprunt vient d'être réalisé à des conditions très-avantageuses. Rien ne s'oppose donc plus à ce que les travaux d'exécution ne soient enfin entrepris et poussés avec vigueur. Dans trois années, il faut l'es- pérer, la ville de Bordeaux, dotée d'un système hydrau- lique complet, n'aura, sous ce rapport, rien à envier à aucune autre cité. Quelques craintes s'étant élevées, à la suite de la sé- cheresse excessive des premiers mois de l'année 1852, sur l'abondance des sources du Taillant, M. le Maire ordonna un nouveau jaugeage ; il y fut procédé au mois de juillet, alors que toutes les sources environnantes avaient diminué de plus de moitié. Cette opération, faite avec le plus grand soin, sous les yeux d’une Commis- sion nommée à cet effet, permit de constater que les sources avaient subi l'influence de la sécheresse généra- le, mais d'une manière bien moins sensible, puisqu'elles fournissaient encore 800 pouces fontainiers, soit 16,000 mètres cubes d'eau dans les vingt-quatre heures, quan- tité bien suffisante pour l'alimentation quotidienne de la cité. Toutes les craintes sont done évanouies; dans peu d'années, tous nos établissements publics, jusqu'à pré- sent si mal pourvus, et la population entière , auront en abondance des eaux fraiches et salubres. 85 Toutes les fontaines, tous les puits, et généralement toutes les sources qui se font jour dans le périmètre de la ville, fournissent une eau de qualité inférieure, que nous avons classée dans les 2° et 3° catégories. Les fon- taines de Figuereau, de Lagrange et des Enfants-Trou- vés, sont les seules qui, avec les sources d’Arlac et du Tondut, alimentant les six fontaines déjà désignées. puissent figurer dans la première. SOURCES FONTAINE DE FIGUEREAU, D'ARLAC ET DU TONDUT PROPRIÉTÉ DE LA VILLE, RÉUNIES, La source est à 3 ou 4 mètres du Alimentant les fontaines de Saint— Sol.On élève l’eau à aide de deux corps Projet, du Poisson Salé, des Mi— de pompe mus à bras. nimes, de Saint-Christoly, du cours d'Albret et de la place de La Bourse. Limpide, fraiche et agréable. Légère, fraîche, parfaitement lim— Gaz acide carbonique... 0,0160 pide. Air atmosphérique.….....,.... 0,0020 Gaz acide carbonique... 0,0145 0,0180 Air atmosphérique. ......... .. 0,0020 FES Carbonate de chaux. . ....... 0,308 0,0165 Sulfate de chaux .......... 0,027 =—— Chlorure de sodium... ...... 0,097 Carbonate de chaux. . 0.198 de calcium. ........ 0,068 Sulfate de chaux... ........... 0,009 de magnésium... 0,015 Chlorure de sodium........... 0,019 Silice et oxide de fer... 0,018 de calcium... .... 0,010 Matière organique............ 0,002 Silice et oxide de fer... 0,007 PRE. Matière organique ,..,........ 0,002 , 86 FONTAINE LAGRANGE. Fraiche, limpide, d’une saveur agréa- ble. Gaz acide carbonique... 0,0160 Air atmosphérique..........., 0,0025 0,0185 Carbonate de chaux., ...... . 0,257 Sulfate de chaux... ........ 0,021 Chlorure de sodium........... 0,075 de calcium... ....... 0,042 de magnésium... .... 0,013 Silice et oxide de fer, ........ 0,012 Matière organique .........,.. 0,002 0,422 FONTAINE DES ENFANTS TROUVÉS. L'hospice des Enfants possède, au milieu de la grande cour, une fontaine alimentée par la source de St-Vincent, commune de Bègles , à l’aide d’une con- duite souterraine. Gaz acide carbonique. ....... 0,0145 Air atmosphérique... ........ 0,0015 0,0160 Carbonate de chaux.......... 0,215 Sulfate de chaux.............. 0,063 Chlorure de sodium .... ..... 0,056 de calcium.......... 0,038 Silice et oxide de fer.. ... .. 0,016 Matière organique...........… 0,003 0,395 Les sources Bouquière, Daurade, d'Audège, de l’'Or, n'étant plus superfi— cielles, je les ai comprises dans les sources profondes, puits. BANLIEUE DE BORDEAUX. BÈGLES. — La commune de Bègles est l'une des mieux arrosées de l'arrondissement; le ruisseau de l'Eau Bourde et trois autres cours d'eau là traversent dans toute sa longueur. Bègles possède aussi un grand nombre de sources superficielles, fournissant d'excellentes eaux. SOURCES SUPERFICIELLES DE BÈGLES. PROPRIÉTÉ JEANTET. PROPRIÉTÉ JOCQUEL. Gaz acide carbonique... 0,0175 Gaz acide carbonique. ........ 0,0180 Air atmosphérique... 0,0015 Air atmosphérique. .......,... 0,0015 0,0190 0,0195 Ér D ee] Carbonate de chaux........... 0,247 Carbonate de chaux... ....... 0,238 SuLAtETE CDAUXS ere. eet 0,068 Sulfate de chaux... PEU 0,071 Chlorure de sodium... .…. 0,058 Azotate de potasse..….......... 0,068 de calcium.......…. 0,034 Chlorure de sodium......... 0,032 Silice et oxide de fer... …, 0,017 Silice et oxide de fer... . 0,012 Matière organique. .. ......... 0,010 Matière organique... 0,006 0,434 0,427 CITES CEE 87 CAUDÉRAN. — Le sol de celte commune est grave- leux, léger; il contient peu d'alumine ; les eaux séjour- nent à peine à sa surface, et la rapidité avec laquelle elles le traversent, ne lui donne pas le temps de se charge: de tous les principes solubles qu'il contient ; aussi les eaux de Caudéran sont-elles généralement lim- pides, fraiches, agréables, et de bonne qualité. Voici les résultats donnés par l'analyse : EAU DE SOURCE PRISE À CAUDÉRAN, CHEZ LES FRÈRES ARNAUD. Saveur fraiche et agréable, limpidité parfaite, ni odeur ni couleur. Gaz acide carbonique... .. 0,0145 Air atmosphérique. . ........ 0,0015 0,0160 Carbonate de chaux........... «0,345 Sulfate de chaux......... .... 0,057 Chlorure de sodium........... 0,064 Silice et oxide de fer......... 0,014 Matière organique... ... .. 0,002 0,482 TALENCE. L'une des communes les plus agréables de la banlieue de Bordeaux, si elle n'était envahie par les sécheries de morues, qui nuisent, par leur odeur re- poussante , à l'agrément des jolies villas que cette com- mune renferme. Ces sécheries ne sont pas d'ailleurs sans influence sur la qualité des eaux souterraines de la localité, en raison de la masse de sel marin que les eaux de lavage entrainent dans les profondeurs du sol, au grand préjudice de tous les puits environnants. Les eaux superficielles ne participent pas de l'alté- ration que font éprouver aux Eaux profondes les infil- 88 trations salées dont je viens de parler; elles sont géné- ralement d'excellente qualité. SOURCES SUPERFICIELLES DE TALENCE , PROPRIÉTÉ TOMASSON. Gaz acide carbonique. ........ 0,0155 Air atmosphérique. ......... .. 0,0020 0,0175 Carbonate de chaux... .......…. 0,248 Sulfate de chaux.............. 0,062 Chlorure de sodium. ... .... 0,071 de calcium... 0,027 Silice et oxide de fer.......... 0,013 Matière organique. ............ 0,004 0,425 D BOUSCAT. — Commune très-boisée, dont le sol, émi- nemment sablonneux, est mal cultivé et renferme de vastes terrains en friche. Il y a cependant de jolies pro- priétés dans la partie qui avoisine Bordeaux. Les eaux du Bouscat sont généralemént pures, limpides et de bonne qualité, bien que quelques puits fournissent des eaux très-chargées de sels calcaires. SOURCES SUPERFICIELLES DU BOUSCAT, RUE DE LA SEPPE. PROPRIÉTÉ BRISSON. Gaz acide carbonique. ........ 0,0140 Gaz acide carbonique. ........ 0,0150 Air atmosphérique.........., 0,0015 Air atmosphérique. ........ . 0,0020 -0,0155 0,0170 - ] LE Ciel Carbonate de chaux.........… 0,321 Carbonate de chaux........... 0,242 de magnésie. ...... 0,020 Sulfate de chaux.........…, 0,094 SUALE TBICRAUX. eee en 0,013 Chlorure de sodium.........…. 0,068 Chlorure de sodium. .......... 0,065 de calcium ........ . 0,012 de magnésium, .... 0,007 Silice et oxide de fer... 0,011 dé calcium. ......... 0,030 Matière organique... 1100008 Silice et oxide de ÉELteroee 0,025 0,390 Matière organique............ 0,005 =, 0,486 89 BRUGES. — Le sol de la commune de Bruges est hu- mide, marécageux ; les eaux employées à la boisson S'y ressentent un peu de la nature du sol; elles sont char- gées d'une bien plus grande quantité de matière orga- nique que dans les autres communes de la banlieue de Bordeaux. SOURCES SUPERFICIELLES DE BRUGES. RECUEILLIE PRÈS DU BOURG, DANS UN TERRAIN SEC ET GRAVELEUX, PRISE DANS UN SOL HUMIDE ET MARÉCAGEUX. Gaz acide carbonique. ........ 0,0125 Gaz acide carbonique. . ...... 0,0110 Air atmosphérique. ..……. nues 0,0015 Air atmosphérique... ... 0,0015 0.0140 0,0125 ! _. Carbonate de chaux.........… 0,167 Garbonate de chaux... ge Sulfate de chaux......... SbEtid 0,038 Sulfate de chaux AspOne 0,024 Chlorure de’sodium, . 20 0,052 Chlorure de sodium. O0DCON Tac 0,032 de calcium... 0,012 Silice et oxide denferseer-.eee 0,011 Silice et oxide de fer... 0,014 Matière organique. .......,... 0,009 Maière organique _albumi— ET 4 UE Too dtiona ne soso 0,038 0,252 L 0,321 CANTON DE BLANQUEFORT. Le canton de Blanquefort est l’un de ceux où les eaux de sources sont le plus abondantes. Bordé par la Garonne, et traversé par la Jalle, qui porte son nom , il peut être irrigué à volonté. Néanmoins, le bourg de Blanquefort ne possède aucune fontaine publique, et les habitants ne font usage que d'eau de puits. EYSINES. — La commune d'Eysines possède un grand 90 nombre de sources; les principales sont : la fontaine de Cantinolle, à M. Lemotheux; celle de M. Boué, et les sources abondantes de la propriété Abiet. FONTAINE DE CANTINOLLE, À M. LEMOTHEUX. Incolore, limpide, saveur fraîche et agréable. Marque 10 deg. ‘}, , l'airétant à 24. Son abondance peut être évaluée à 100 pouces fontainiers environ. Gaz acide carbonique. ..…..... 0,0155 Air atmosphérique. ........... 0,0020 0,0175 Carbonate de chaux... ...... 0,217 Sulfate de chaux ............. 0,042 Chlorure de sodium. ....,..... 0,045 de calcium......,.... 0,024 Silice et oxide de fer...,...… 0,017 Matière organique......,..,... 0,010 0,355 FONTAINE DE M. BOUÉ, ANCIENNE PROPRIÉTÉ DURAND. Deux cannelles. Limpide, agréable, sans coule ni odeur. Marque 10 deg., l'air étant à 22. Gaz acide carbonique. . ..….. 0,0145 Air atmosphérique. .......... 0,0020 0,0165 Carbonate de chaux. .......... 0,275 Sulfaté de chaux:............: 0,012 Chlorure de sodium.......... 0,055 Silice et oxide de fer... ..... 0,008 Matière organique... ........ 0,004 La quantité de matière organique que contient l’eau de la fontaine de Can— tinolle, s'explique par l’état où se trouve le bassin qui la renferme : il est com— plétement envahi par des plantes aquatiques qui y meurent et s’y décomposent. SOURCE DE LA PROPRIÉTÉ ABIET. Cette eau sert à des irrigations, Au moment où elle jaillit à la surface du sol , elle contient : Gaz acide carbonique........... ..... 0,0165 Air atmosphérique... s'aheraie 0,0015 0,0180 RE CRE Carbonate de chaux..........., se. 10,205 SnteRTEChANX- eee ee 0,013 Chlorure de sodium... ............... 0,042 decalcinms.:.<..--e.. 0,016 Silice et oxide de fer............. ... 0,007 MAfIETENOTBANIQUE,.. se... esnsseusrse 0,004 0,287 91 LE TAILLANT. — Cette commune n'a d'importance et ne mérite d'être remarquée qu'à cause de l'abondance et de la pureté des sources qu'elle renferme. C'est au pied d'un coteau boisé qui borde la Jalle, que sourdent de toutes parts les sources qui doivent fournir l'eau nécessaire à l'alimentation du grand système hydrau- lique que Bordeaux va établir pour l'arrosage de ses rues et les besoins de sa population. Ces eaux viennent de deux points différents; les plus éloignées de la ville se font jour dans la propriété de M. Tenet, au bas d'une petite prairie, d'où elles se dirigent vers un large fossé, qui les conduit à la Jalle. Elles se grossissent dans ce court trajet de celles d'une foule de petites sources, à ce point qu'elles for- ment un petit ruisseau, bien au-dessous du moulin du Thil, au moment où elles viennent se mêler à l’eau de la Jalle. Les autres sortent du coteau boisé dont j'ai parlé, et qui appartient à M"° Lapène. Elles sont nom- breuses, et fournissent à elles seules 5 à 600 pouces fontainiers, d'une eau pure, limpide, agréable au goût, qui, réunies à celles du Thil, compléteront l'approvi- sionnement nécessaire à notre cité. Pour connaltre le degré de pureté de ces diverses sources, J'ai dû les analyser séparément. Voici les ré- sultats que j'ai obtenus : 92 SOURCE MÈRE, AU THIL, A M. TENET. Eau fraîche, agréable, sans odeur ni couleur, d’une limpidité parfaite. Gaz acide carbonique... ...... 0,0120 Air atmosphérique............ 0,0015 0,135 Carbonate de chaux. ......... 0,168 Sulfate de chaux........... 20001 Chlorure de sodium........... 0,035 de calcium... ...... . 0,008 Silice et oxide de fer.......... 0,009 Matière organique............ 0,004 0,235 SOURCE PRINCIPALE DE MME LAPÈNE. Pure, limpide, agréable. Marque 10 degrés, l'air étant à 24. Gaz acide carbonique... 0,0150 Air atmosphérique............ 0,0020 0,0170 Carbonate de ehaux........…. 0,214 Sulfate de chaux.............. 0,014 Chlorure de sodium. ......... 0,027 de calcium. ......... 0,008 Silice et oxide de fer... ...... 0,003 Matière organique............. 0,004 0,270 EAU DE TOUTES LES SOURCES DU THIL, RÉUNIES , prise un peu avant leur jonction avec l'eau de la Jalle, à M. Tener. Mêmes caractères physiques. Gaz acide carbonique... ... 0,0145 Air atmosphérique... . ..... 0,0020 0,0165 Carbonate de chaux........... 0,209 Sulfate de chaux..…........... 0,014 Chlorure de sodium........... 0,037 de calcium. ..…, …… 0,010 Silice et oxide de fer......... 0,006 Matière organique .. ........, 0,006 0,282 EAU DE TOUTES LES SOURCES RÉUNIES , telle qu’elle sera pour l'alimentation des fontaines de Bordeaux. Gaz acide carbonique ......... 0,0125 Air atmosphérique. ...…. Do 00e 0,0030 0,0155 Carbonate de chaux........ .. 0,212 Sulfate de chaux......,....... 0,010 Chlorure de sodium. ........., 0,036 de calcium... ...... 0,010 Silice et oxide de fer... 0,005 Matière organique.. ......... . 0,006 0,279 = Le bourg du Taillant possède une fontaine qui four- nissait autrefois une eau pure et abondante; depuis quelque temps, elle a été entièrement négligée. Par suite de cette incurie, une grande partie de l'eau qui l'alimentait a été détournée, et le bourg est menacé de 93 perdre complétement une source qui fournissait de l'eau non-seulement pour la boisson, mais encore pour ali- menter un petit lavoir construit tout près de là. Il se- ait à désirer que l'autorité municipale ouvrit enfin les yeux et s'opposàt énergiquement aux empiétements de quelques voisins, qui compromettent l'existence de la fontaine et du lavoir. LUDON. — La commune de Ludon possède quelques sources superficielles fournissant de bonnes eaux ; celle de la propriété de M. Duffour-Dubergier nous fera con- naitre la nature de ces eaux, qui, quoique très-pures, contiennent cependant un peu trop de matière organi- que. FONTAINE SOURCES DE LUDON. DU BOURG DU TAILLANT. PROPRIÉTÉ DUFFOUR—DUBERGIER . Gaz acide carbonique... .0,0115 Gaz acide carbonique... 0,0125 Air atmosphérique.........,.. 0,0020 Air atmosphérique... ...... 0,0015 0 0135 0,0140 Carbonate de chaux........... 0,231 Carbonate de chaux....... .. 0,135 Sulfate de chaux.............. 0,010 Sulfate de chaux............…. 0,017 Chlorure de sodium..... .... 0,038 Chlorure de sodium .......... 0,013 de calcium.......... 0,017 Silice et oxide de fer..…....... 0,011 Silice et oxide de fer......... 0,008 Matière organique. ........... 0,011 Matière organique... .... 0,004 ———— ———— 0,217 CANTON DE CASTELNAU. Le canton de Castelnau présente, à côté des terrains les plus fertiles, les landes les plus incultes; l'eau , très- abondante et très-pure dans certaines communes, est 9% rare et de mauvaise qualité dans plusieurs autres; il est arrosé par plusieurs ruisseaux; il renferme aussi de nombreux marais, dont les plus étendus sont ceux d'Arcins, et plusieurs étangs, parmi lesquels je citerai ceux de Lacanau et d'Hourtins. CASTELNAU. — Le bourg de Castelnau renferme une seule fontaine et un grand nombre de puits, qui four- nissent de l'eau en quantité plus que suffisante. L'eau de la fontaine sert à alimenter un lavoir; elle est bien supérieure à celle des puits. ARCINS. — Ce petit bourg est bâti sur un sol maré- cageux; il existe, à peu de distance, une source abon- dante, dont l'eau limpide et incolore serait propre à la boisson, si elle ne contenait pas de la matière organi- que végétale, qui en altère la qualité. L'échantillon que j'ai pris au mois de juillet dernier, contenait : FONTAINE DE CASTELNAU. Limpide, fraîche, sans couleur ni Gaz acide carbonique. . ..... 0,0125 odeur; saveur agréable. Air atmosphérique. ........... 0,0030 Gaz acide carbonique... 0,0090 THIERS Air atmosphérique. … ........ 0,0025 0) _ Carbonate de chaux... US 0,0115 Suifate de chaux. . 0,041 7 Chlorure de sodium... 107088 Carbonate de chaux........... 0,215 Silice et an es fer 0.017 Sulfate de chaux... ......... 0,087 Matière Re évétale a]. < Chlorure de sodium... ..,,... 0,062 Dion A SE led 28 Rene. US 0 026 LATIBDSR mere meeee ee 0,02 Silice et oxide de fer. ..... . 0,017 anc Matière organique. ........... 0,006 (02 0,413 SOURCE D’ARCINS. 95 MARGAUX. — La commune de Margaux, renommée pour les vins délicieux qu'elle produit, n'est pas aussi bien partagée sous le rapport des eaux. Les puits, qui seuls fournissent l'eau nécessaire aux besoins de la po- pulation, sont peu profonds, et l'eau, chargée de ma- tière organique, est de mauvaise qualité. À quelque distance du bourg, il y a une fontaine assez abondante connue sous le nom de Fontaine Ma- riotte, dont l'eau est meilleure que celle des puits, bien qu'elle soit encore de qualité inférieure. soussANs. — La commune de Soussans renferme peu de sources superficielles ; celles que l'on trouve sont de peu d'importance, et l'eau qu'elles fournissent n’est guère supérieure à celle des puits. FONTAINE MARIOTTE. SOURCES SUPERFICIELLES Gaz acide carbonique... 0,0110 DERSOHEES ES Air atmosphérique. .......... 0,0015 Gaz acide carbonique. …….…. 0,0140 Air atmosphérique . .......... 0,0015 0,0125 z Carbonate de chaux... 0,274 — Sulfate de chaux.............. 0,109 Carbonate de chaux. … 0,315 Chlorure de sodium... ..... .. 0,135 Sujfate de chaux ..........…. 0,062 de calcium... ....... 0,039 Chlorure de sodium 0,056 Silice et oxide de fer. ........ 0,024 de calcium. ........ 11101033 Matière organique. ........... 0,010 de magnésium... 0,021 7 Silice et oxide de fer... 0,011 0,591 Matière OTSANIUE, us. ss. 0,010 0,508 CANTON DE PESSAC,. Le canton de Pessac contient de bonnes eaux de sources; il est arrosé par les ruisseaux, l'Eau Bourde 96 et l'Eau Blanche, et quelques autres cours d'eaux moins importants. pEssAC. — Bien que l'on rencontre aux environs de Pessac des sources nombreuses, le bourg ne renferme aucune fontaine publique; les habitants font usage d'eau de puits, qui, du reste, est de très-bonne qualité. GRADIGNAN. — Cette commune renferme plusieurs sources abondantes; la plus considérable est celle de Montjau, dont le volume est de 150 à 200 pouces fon- tainiers : l’eau est d'excellente qualité. MÉRIGNAC. — L'une des jolies communes de l'arron- dissement ; le sol y est graveleux, les sources abondan- tes, et l'eau d'une pureté remarquable. VILLENAVE D'ORNON. — Commune agréable et fertile, arrosée par plusieurs petits ruisseaux; les puits y sont nombreux et peu profonds, l'eau excellente. LÉOGNAN. — Jolie commune bien cultivée, baignée par le ruisseau l'Eau Blanche; elle renferme plusieurs sources, qui autrefois alimentaient l’un des aquedues de l'antique Burdigala. CASTRES. — Petite ville bâtie sur un tertre grave- leux, dominant la Garonne; il n'y a point de fontaine publique dans la partie haute de la ville, mais il y en a une près du port. 9 SOURCES SUPERFICIELLES DE PESSAC. Gaz acide carbonique... . 0,0140 Air atmosphérique... .. ..... 0,0020 0,0160 Carbonate de chaux... 0,182 Sulfate de chaux.............. 0,044 Chlorure de sodium... ..... . 0,086 de calcium......"... 0,017 Silice et oxide de fer.......... 0,014 Matière organique .....,,.... 0,010 0,353 SOURCE MONTJAUX, A GRADIGNAN. Marque 10 deg., l'air étant à 24. Gaz acide carbonique... 0,0135 Air atmosphérique. .....,..... 0,0025 0,0160 Carbonate de chaux... . .... 0,205 Sulfate de chaux .. .... dei 0,027 Chlorure de sodium, . ........ 0,054 de calcium. ...,..... 0,024 Silice et oxide de fer.......... 0,020 Matière organique. ........... 0,004 0,334 SOURCE DE MÉRIGNAC. Gaz acide carbonique. . 0,0115 Air atmosphérique... ...... 0,0025 0,0140 Carbonate de chaux... 0052156 Sulfate de chaux... .......... 0,047 Chlorure de sodium.........…. 0,042 Silice et oxide de fer .....,... 0,024 Matière organique, ,...,...... 0,007 0,276 Î SOURCE DE VILLENAVE-D'ORNON Gaz acide carbonique. } quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux. . ........ 0,192 Sulfate"deYchaux-t. 24 ....... 01054 Chlorure de sodium. , . 5 0,048 Silice et oxide de fer.......... 0,016 Matière organique............ 0,007 0,317 ANCIENNE SOURCE ROMAINE, A LÉOGNAN, Limpide; fraïche, agréable. Marque 10 degrés, l’air étant à 23. Gaz acide carbonique... …. 0,0130 Air atmosphérique. . . 0,0025 0,0155 Carbonate de chaux. ......... 0,151 Sultatelde chaux ...........2. 0,049 Chlorure de sodium........... 0,074 Silice et oxide de fer... 0,011 Matière organique. ......,..., 0,005 0,290 SOURCE DU MOULIN DE VAYRES, A LÉOGNAN. Claire, limpide, sans odeur. Gaz acide carbonique. .…...., 0,0145 Air atmosphérique. ......... . 0,0030 0,0175 Em ee Carbonate de chaux.........., 0,171 SUITE AB ICNAUT: 2-2. 0. 0,052 Chlorure de sodium. . ...,.... 0,065 Silice et oxide de fer... 0,021 Matière organique .. ,,....., 0,008 0,317 En | 98 FONTAINE DE CASTRES, PRÈS LE PORT. Gaz acide carbonique......,....,..... 0,0115 Air atmosphérique. .. ... .......... 0,0015 0,0130 CarhONaLE MIO CEUX. est-ce 0 LUS SUR LE TE TCHAUX EEE career te 0,044 Azotate de potasse..…................. 0,031 Chlorure de sodium................. 0,078 Silice et oxide defer.. .............e 0,017 MATIÉTEMONBANIUUE Aer re een esitee 0,009 0,281 sAUCATS. — Les sources Ÿ sont nombreuses, et ce- pendant il n'y à aucune fontaine publique; les puits, peu profonds, fournissent une eau légèrement colorée. SOURCE DE SAUCATS. Limpide, fraîche, agréable, sans couleur et sans goût. Gaz acide carbonique. ........ j quantité Air atmosphérique, ............ \ indéterminée Carbonate de chaux... ..... .... . 0,178 Sulfate de Chaux... ere 0,044 Chlorure de sodium......,......,.... 0,056 (UHUUNARS scévactaddone 0,012 Silice et oxide de fer... dates ... QUIZ Matière OMGANIQUE.. eee. 0,014 0,318 CANTON DE LA TESTE, Ce canton forme l'extrême limite du département ; il borde l'Océan à l'ouest, et le département des Landes au sud; le sol en est sablonneux, sec et aride : quelques puits peu profonds fournissent aux habitants une eau colorée, souvent albumineuse. J1 n'y a point de fon- 99 taines publiques dans ce canton ; nous aurons OCCASION, en parlant des eaux profondes, de faire connaitre la nature des eaux des Landes. CANTON DU CARBON-BLANC. Ce canton, bordé par la Garonne et la Dordogne, est l'un des plus pittoresques et des plus fertiles de l'ar- rondissement; indépendamment des nombreux cours d'eaux qui l'arrosent , il possède de nombreuses sour- ces superficielles. FONTAINE DES LADRES. — Située à peu de distance du Carbon-Blane, sur le bord de la grande route de Paris, la source dite des Ladres alimente un lavoir presque en sortant du sol; l'eau qu'elle fournit est lim- pide, fraiche, agréable; elle était fort renommée au- trefois, à cause de Ja propriété qu'on lui attribuait de g térir la lèpre; elle est à peu près abandonnée aujour- d'hui, quoique d'une excellente qualité. FONTAINE DES LADRES. Gaz acide carbonique... Fc 00 D ÉOBe 0,0080 Air atmosphérique... ............... 0,0030 0,0110 CArDONALE UE CRANXS. rene.» 0,192 Sulte de ichAUx Er... FOR -0 2. 0,030 Chlorure de sodium... ............... 0,064 UE TAICINME SE. areecese 0,037 de magnésium. . .......... 0,014 Silice et oxide de fer..,.....,....,.., 0,024 Matière organique. tes deteste 0,006 100 FLOIRAC. — L'une des communes les plus vastes et les mieux situées du canton, elle renferme plusieurs sources sortant du coteau, sur lequel est bàti le bourg. L'une des principales est celle qui se fait jour dans la jolie propriété de Monrepos, et qui fournit à La Bas- tide l'eau potable, dont elle est complétement dépour- vue. Floirac renferme aussi un grand nombre de puits, fournissant de très-bonnes eaux. LORMONT. — Gros bourg sur le bord de la Garonne, entre deux coteaux qui l'abritent du vent du nord. Lormont possède une fontaine fournissant de l'eau ex- cellente, et un grand nombre de puits. SOURCE DE MONREPOS, FONTAINE DE LORMONT. + RES RERS Gaz acide carbonique... } quantité Limpidité parfaite, saveur fraiche, Air atmosphérique. ..…. | indéterminée. agréable, sans couleur ni odeur. Carbonate de chaux. .......... 0,145 ate a LAS Gaz acide carbonique... 0,0145 CL Re AGP SNOECSOOCES “e Air atmosphérique. ........... 0,015 Ne SOUS sn nes ce ’ M a Te : de calcium... 0,028 de magnésium.,.... 0,014 na Silicate d’alumine. .......,... 0,016 Carbonate de chaux.........…. 0,235 Oxide de fer et matière orga— de magnésie.. …. 0,013 NUNENEaBIN 00 M0 sono 0,009 Chlorure de sodium........... 0,081 2 de magnésium, .... 0,042 0,335 de calcium. ......... 0,070 ETS Sulfate de chaux. ............. 0,035 Silice et oxide de fer........…. 0,013 Matière organique... 0:005 SAINT-LOUBES. — Bäti sur un coteau qui domine la vallée de la Dordogne, le bourg de Saint-Loubès occupe lune des plus jolies positions du canton. tof I existe près du bourg, sur l'emplacement de l'an- cien prieuré, une source dont les eaux sont excellentes. On pourrait y établir à peu de frais une fontaine pu- blique, qui suflirait aux besoins de la population SOURCE DU PRIEURÉ, À SAINT—LOUBES, Gaz acide carbonique. . .............. 0,0130 Al AtMOSPRÉTIQUE.............e see. 0,0020 0,0150 es Carbone dE CHAUX eee ere asnese 0,252 SUIAICNTeCHAUXE, res seieemiese 0,048 Chlorure de sodium. .......,.......…. 0,062 deCaldium..-. d--treeheeee 0,044 de magnésium... ....... 0,032 AzntatelÜe ChANX. 2-2. --reeeeste | e dORMAPNÉSIE.--seteeeee-e (01045 Silice-et oxide de fer .............. .. 0,016 Matière organique... ...... ....,....... 0,006 0,505 CENON LA BASTIDE. — Le bourg de La Bastide, situé dans la plaine, est complétement dépourvu d'eaux po tables; c'est, comme nous l'avons dit, au pied du co- teau de Monrepos, que jaillit la source qui alimente les bornes-fontaines qu'on y à récemment établies. Le co- teau de Cenon, comme celui de Floirac, renferme des sources abondantes qui se font jour sur plusieurs points. La fontaine Delbos, sur la grand'route de Bordeaux à Paris; la source de M. Faure-Laubarède, sur le ver- sant opposé , et celle de M. Firmin Dussaut, au centre du coteau, fournissent toutes des eaux fort bonnes, FONTAINE DELBOS. Gaz acide carbonique. j quantité Air atmosphérique. .. | indéterminée, Carbonate de chaux......... AO 162 de magnésie.. ..... 0,018 Sulfate de chaux... ......... 0,032 Chlorure de sodium.......... 0,09% de magnésium... .... 0,018 de calcium... ........ 0,012 Silice et oxide de fer. ..... .. 0,021 Matière organique, . ........ . 0,006 0,363 SOURCE FAURE- Gaz acide carbonique Air atmosphérique. . Carbonate de chaux... de magnésie Sullate de chaux... Chlorure de sodium. .…. de magnésium. de calcium, Silice et oxide de fer. .. Matière organique ons. 2 SOURCE FIRMIN DUSSAUD. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique. ..…. | indéterminée. Carbonate de chaux. ......... 0,148 ‘ de magnésié. ...... 0,012 SUITE AC CDAUX- eee OU ON Chlorure de sodium... ....... 0,036 de magnésium. ..... 0,022 AeNCAICIIMER nee 0,018 Silice ét oxide de fer.......... 0,018 Matière organique..........,.. 0,004 0,295 LAUBARÉDE. Ps re | quantité ...….. Vindéterminée. PAR DELA 0,167 AOC LE DA 0,013 does Tee 0,030 PE OU CLIEE 0,038 OP AUS 0,021 des RME 0,018 de 0,022 A . (0*002 0,311 CANTON DE CRÉON, Ce canton, très-étendu, embrasse une grande par- tie de l'Entre-deux-Mers; il est traversé par plu- SIeUTS l'UISSEAUX, mais ne possède aucune source r'e- marquable,. La petite ville de Créon ne fait usage que d'eau de puits. CARIGNAN. — Plus favorisé que Créon, Carignan renferme des sources nombreuses et d'excellentes eaux, 103 Les résultats oi-dessous consignés font connaitre la qualité de la nappe d'eau qui alimente cette contrée. FONTAINE DE BELLEFOND, A CARIGNAN. Limpide, fraiche, agréable; du volume de 3 pouces fontainiers. Gaz acide carbonique... ............ 0,0150 Ai atmosphérique ....... 1... 0,0020 0,0170 Te Carbonaletde ChIUX. 2er 0,392 SUITE AR TOR A eee 0,028 Chlorure de sodium...... ...., ..... 0,042 DENCAICI A rec eee 0,026 de magnésium... .....,. 0,037 Silice-eL'oxide ‘de fer......... 2. 0,018 MAtibl@ OESARIQUEE .. 2: sense 0,003 0,546 CSPSDETINNE EEE CANTON DE PODENSAC. Ce canton, sur la rive gauche de la Garonne, est traversé par le Ciron et par plusieurs de ses petits af- fluents ; le sol de cette localité est siliceux. Podensac, chef-lieu du canton, renferme quelques bonnes sources, ainsi que le démontre l'analyse que nous avons faite de l'eau fournie par Fune d'elles. Lars. — Le bourg d'Hlats possède une source qui suffit amplement aux besoins de la population, et al mente un fort joli lavoir nouvellement construit. I y existe aussi un grand nombre de puits, dont l'eau est presque aussi pure que celle de la fontaine, 104 Bupos. — Remarquable par son ancien château sei- gneurial et la fontaine qui l'avoisine. Les eaux de cette fontaine suflisent pour faire marcher deux moulins ; elles sont aussi pures qu'abondantes, ce qui à valu à la source le nom de Font-Bonne. PORTETS. — Le bourg de Portets, situé sur le bord de la Garonne, possède une fontaine excellente, dont les eaux arrivent d’un coteau voisin. Cette source, plus que suflisante pour les besoins de la population, est du volume de trois pouces fontainiers environ. SOURCE DE PODENSAC. FONTAINE D'ILLATS. Gaz acide carbonique. | … quantité Limpidité parfaite, saveur fraîche et Air atmosphérique... . |indéterminée. agréable. Volume, 5 à 6 pouces fon— Carbonate de chaux....,..... 0,137 tainiers. Se re Ds ee Gaz acide carbonique. ........ 0,0160 ilorure de s hic 0, UD pi musee de TES 0 012 Air atmosphérique. ....…. .…. 0,0025 Azotate de chaux. ............ 0,016 En 0,0185 Silice et oxide de fer.......... 0,015 SEEN Matière organique. 0.003 Carbonate de chaux... ...... 0,192 RC ifate de CHAUXe 0 0,038 0,259 Chlorure de sodium.........…. 0,042 ———— Silice et oxide de fer... . 0,016 FONT-BONNE, Matière organique..........…. 0,004 À BUDOS. 0,292 EE Limpide, fraiche, agréable au goût. FONTAINE DE PORTETS, Gaz acide carbonique... 0,0145 Air atmosphérique .......,.., 0,0020 Gazacide carbonique... | quantité Air atmosphérique... . | indéterminée. 0,0165 Carhonate de chaux... 0,213 Carbonate de chaux... 0,195 Sulfate de chaux. ............. 0,027 Sulfate de chaux. ........... 0,062 SRE TEMPS Per COAOIRS Chlorure de sodium. ......… 0,044 eue de sons: Kobd ÉIpal UE . 0.013 : ilice et oxide Üe JET: secs 0,011 Silice et oxide de fer... 0,016 AP PSPAANNEERSe Peu, Matière organique............ 0,002 0,304 0,332 105 CANTON DE CADILLAC. Ce canton, situé sur la rive droite de la Garonne, est l'un des plus productifs de l'arrondissement ; il est sillonné par de petits cours d'eaux qui rafraichissent le sol et fournissent l'eau nécessaire aux besoins agricoles. CADILLAC. — L'eau des puits de Cadillac est lourde , séléniteuse, malsaine; mais cette petite ville possède une fontaine publique alimentée par l'eau de l'Euille, qui est d'excellente qualité. LANGOIRAN. — Joli bourg bàti sur un coteau qui do- mine la Garonne; les eaux y sont abondantes. FONTAINE DE CADILLAC. SOURCE DE LANGOIRAN. Gaz acide carbonique. ........ 0,0110 Gaz acide carbonique. .} quantité Air atmosphérique. .......,... 0,0030 Air atmosphérique. …, \indéterminée. 70,0140 Carbonate de chaux. .......... 0,178 — Sulfate de chaux..........,... 0,048 Carbonate de chaux... ...... 0,157 Chlorure de sodium.......... 0,054 Sulfate de chaux ............. 0,052 Silice et oxide de fer... ..... 0,017 Chlorure de Sodium. ....,,..... 0,033 Matière organique... ........ 0,007 Azotate de chaux... ......... 0,019 Le Silice et oxide de fer... 0,010 pa 0:304 Matière organique... idodec 0,007 0,278 CANTON DE SAINT-ANDRÉ-DE=-CUBZACe Ce canton est bordé par la Dordogne sur une assez grande étendue; il est arrosé par la Virvée et plusieurs de ses affluents. 106 SAINT-ANDRÉ. — Le bourg de Saint-André, bati sur un plateau qui domine toute la rive droite de la Dor- dogne, ne renferme aucune source remarquable; la fontaine qui fournit Feau nécessaire aux besoins de la population, est évidemment alimentée par la même nappe d'eau que les puits; elle est d'ailleurs d'une bonne qualité. À quelque distance du bourg de Saint-André existe une fontaine abondante, renommée par la pureté et la bonté de ses eaux. L'eau de cette fontaine, dite font de Boudeau, est limpide, fraiche, agréable ; elle alimente un lavoir. FONTAINE L FONT BOUDEAU. DE SAINT—ANDRÉ—DE—CUBZAC, : : e # Gaz acide carbonique. ......., 0,0135 en, FESSES = Gaz acide carbonique, . } quantité RE ECS VOReS Air atmosphérique. …. |indéterminée . = Carbovate de chaux... 0,302 0,0155 Sulfate de chaux 0,104 f Les M pt Sd g Carbonate de chaux... 0,134 Azotale de potasse.….......…. 0,051 , Re x É Sulfate de chaux . ....... .., 0,032 Cblorure de sodium... ..... 0,070 x : 3 a CNIOTUTO UC SOUUM, ..<.-..... 0,037 decalcinm. 1... 0,047 3 ee _. ” à Silice et oxide de fur......... 0,016 Silice et oxide de fer. ......…, 0,014 He area nique 0 009 Matiere organique, ......,.... 0,010 ‘ PSE éof di ti), & 0,228 0,598 107 6e ARRONDISSEMENT. Lesparre. Si l'arrondissement de Lesparre est remarquable par la bonté des vins qu'on y récolte, il est bien mal doté sous le rapport des eaux. Baigné par la mer sur une grande étendue, une par tie de sa basse plaine disparait presque complétement pendant l'hiver, sous de nombreux marais, résultat du séjour des eaux pluviales et des eaux saumatres de la Gironde sur un sol peu perméable. Ces eaux crou- pissent pendant l'été, et répandent au loin des miasmes putrides, souvent pestilentiels. C'est dans ces localités surtout, dépourvues de bon- nes eaux potables, qu'il conviendrait d'établir des fon- taines publiques d'eau dépurée au charbon, où les ha- bitants pourraient, à peu de frais, trouver une boisson salubre, non-seulement pour eux, mais encore pour leurs bestiaux. Les sources y sont rares, peu abondantes, et con- tiennent presque toutes de la matière organique en forte quantité. En général, la population du 6° arrondissement ne fait usage que d'eau de puits; l'eau des sources isolées que renferment quelques belles propriétés est de même nature, et parait appartenir à la même nappe. Le beau domaine de Chàteau-Laflitte, si renommé par la linesse, le velouté et la supériorité de son vin, ren- 108 ferme de très-bonnes eaux, que nous prendrons pour type des petites sources superficielles qui se font Jour sur plusieurs points de l'arrondissement. SOURCES SUPERFICIELLES DE CHATEAU-LAFITTE, SOURCE PRÈS LE CUVIER. SOURCE DU JARDIN. Limpide, parfaite, saveur agréable. Limpide, fraiche, agréable. ps ’air à à OC Marque 10 deg, l'air étant à 22. Gaz acide carbonique... } quantité Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... \ indéterminée, Air atmosphérique... \indéterminée, Carbonate de chaux... 0,325 Carbonate de chaux. ......... 0,182 Sulfate dechaux............... 0,027 Sulfate de chaux......... .... - 0,018 Chlorure de sodium, ......... 0,064 Chlorure de sodium. ...... ... 0,084 Silice et oxide de fer... 0,021 Silice et oxide de fer......... 0,017 Matière organique. ........... 0,015 Matière organique... .. 0,010 = — — 0,452 0,311 CT EAUX MINÉRALES FERRUGINEUSESe Le département de la Gironde ne renferme aucune source d'eau thermale, mais il possède quelques Eaux ferrugineuses froides, dont les plus remarquables sont celles de Bernos, de Saucats et de Belloc. Ces eaux, d'une saveur styptique très-prononcée au moment où elles sortent du sol, perdent bientôt et leur saveur et leur propriété médicale, quelques précau- tions que lon prenne pour la leur conserver. L'eau ferrugineuse de Bernos, l'une des plus char- gées et des plus abondantes du département, conserve à peine vingt-quatre heures quelques traces de fer en 109 solution ; ce métal y est combiné à l'acide crénique, dont la force de saturation est si faible, que l'action de Fair et même celle de la lumière, suflisent pour la détruire. Le fer se suroxide aux dépens de l'oxigène que ces eaux contiennent, et se dépose sous forme de flocons légers, de couleur ocracée; l'eau à alors complétement perdu sa saveur première. Les médecins ne peuvent donc attendre de bons ef- fets des eaux ferrugineuses du département, qu'en en- gageant leurs malades à aller les boire à la source même : sous tous les rapports, celles de Bernos, en raison de la situation agréable de la source, de leur abondance et de leur qualité, méritent la préfé- rence. Source de Bernos, canton de Saint-Vivien. — À quelque distance de Saint-Vivien, dans la propriété de Bernos, sur un petit plateau garni d'arbres touffus, sort en bouillonnant d'un sol sablonneux une source abondante, maintenue dans un bassin carré de quatre mètres environ. Cette eau, d’une saveur ferrugineuse très-pronon- cée, laisse sur son parcours un dépôt rougeàtre abon- dant, puis elle perd sa saveur et va serpenter dans une prairie peu éloignée. Elle est peu connue; les habitants de la localité ne paraissent pas même comprendre que cette eau ait une vertu médicale : sa température, au sortir de la source, est de 13 degrés, l'air étant à 24. 110 Source de Saucals, canton de Castres. — Cette eau, assez abondante, perd en très-peu de temps, comme la précédente, sa saveur atramentaire, el dé- pose également, dans une assez grande étendue, la matière rougeàtre dont nous avons fait mention. Source de Belloc, canton de Bazas. — Transpa- rente à sa source, elle se trouble à l'air et dépose, comme les précédentes, un sédiment ocracé, qui gar- nit une partie du bassin où elle est recue; sa sa- veur, très-prononcée d'abord, diminue promptement , et quelques heures d'exposition à l'air suffisent pour la lui faire perdre complétement. Source du Credo, près Villandrault. — À peu de distance du pont de Villandrault, jaillit une source fer- rügineuse, connue dans la localité sous le nom de Source du Credo. La saveur atramentaire de ses eaux et les bons effets qu'en ont obtenu bon nombre de per- sonnes, lui ont valu une certaine réputation. Elle offre les mêmes caractères physiques que les précédentes. Source de Monrepos, près Bordeaux. — Elle jullit du coteau boisé du Cypressat, est peu abon- dante, et présente les mêmes caractères que celles que nous venons de mentionner. Ilexiste dans le dé- partement un grand nombre d'autres sources ferru- gineuses aussi abondantes que celle-ci, et de même nature, ul SOURCE DE BELLOC, Gaz acide carbonique......... 0,0110 Air atmosphérique. ........... 0,0020 0,0130 Carbonate de chaux. . ...... 0,182 de fer... 5 0,016 Sulfate de chaux... ........... 0,069 Chlorure de sodium...... 0,027 Crénale de (en.:.....5... «2e 0,026 Silice et matière organique . 0,011 0,331 SOURCE DU CREDO. Gaz acide carbonique .. } quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux. :........ 0,137 HONTE me meme due 0,012 Sulfate de chaux .......... .. 0,014 Chlorure de sodium... ...... 0,033 Crénate de fer... stats 0,018 Silice et matière organique... 0,016 0,230 SOURCE DE SAUCATS. Gaz acide carbonique. ........ 0,0100 Air atmosphérique... . 0,0020 0,0120 CSG LA Carbonate de chaux.........… 0,217 UC: fente die 0,012 SUNACTTEC HAN Reese 0,058 Chlorure de sodium. .......... 0,047 CRÉNAETACATEREENNN Sen en. 0,032 Silice et matière organique... 0,012 0,378 SOURCE DE MONREPOS. Gaz acide carbonique... | quantité Air atmosphérique. ..…. | indéterminée. Carbonate de chaux... 0,210 (ON bb 0000 sous 0,018 Chlorure de sodium........... 0,055 de magnésie. ..... .. 0,017 Sulfaterdechaux.s..t........ 0,021 Crénaterdemfenen.crnee---eccee 0,020 SOURCE DE BERNOS Gaz acide carbonique. .............. 9,0105 Air atmosphérique, .,..,,,..,.,,, 0,0015 0,0120 Garbonatelde chaux... 0,171 de fer... Si css ct 0,019 SULITA LE AG CHAUX re mdrssecesecesere 0,032 Chlorure de SOdium.. ses, 0,042 Grénate de (CL ere ere eeee 0,038 Silice et matière organique, ….... 0,0 0,313 , “ . s “ n Je n'ai reconsu aucune trace d’arsenie ni de manganèse, soit dans le dépôt ocracé, soit dans le résidu de l’évaporation de ces eaux, 112 Eau sulfureuse de Recaire.— Cette source assez abondante, située à quelques kilomètres de Bazas, jouit d'une certaine réputation dans la localité; elle a une odeur sulfureuse très-prononcée en sortant de la source, mais qui disparait promptement à l'air; sa température est de 12 degrés, l'air étant à 22; elle mousse légère- ment par l'agitation, comme si elle contenait un mu- cilage; sa saveur est sulfureuse; elle noircit les sels de plomb : ces derniers caractères ne sont appréciables que pendant peu d'instants. EAU SULFUREUSE DE RECAIRE. Gaz acide carbonique.........., ..... 0,0135 Air atmosphérique......... dandononoc 0,0015 0,0150 Carbonate de Chaux... sseereecee 0,195 Sulfate TE CRhANXS Se: cree 0) US Chlorure’de sodium... ............... 0,067 Silice et oxide de fer............. 0,916 Matière organique albumineuse....... 0,004 Acide hydro—sulfurique, des traces. 113 Eaux courantes profondes. V. — PUITS. L'eau de puits est généralement employée à la bois- son et aux usages domestiques par les populations ru- rales, qui se préoceupent beauconp plus, en les faisant creuser, de la proximité, que de la nature de l'eau. Les puits sont donc des excavations ordinairement circulaires, plus où moins profondes, revêtues de ma connerie, dans lesquelles les eaux souterraines vien- nent se réunir. Ces eaux, fournies par des nappes pro- fondes, proviennent d'infiltration; leur nature varie à l'infini, suivant la composition chimique des couches qu'elles traversent ou des terrains qu'elles parcourent : généralement , les eaux profondes sont beaucoup plus chargées de sels minéraux que les eaux superficielles, mais elles contiennent moins de matière organique. On conçoit, en effet, qu'en traversant les couches argilo- calcaires du sol, elles se dépouillent de celle-ci et se chargent de ceux-là, double effet d'autant plus sensible que les couches ont plus d'épaisseur, ou, ce qui re- vient au même, que les puits sont plus profonds. Nous allons suivre, pour indiquer la nature des eaux des puits du département , la marche que nous nous som- mes tracée pour les eaux de sources, c'est-à-dire par- courir successivement les arrondissements, les cantons el les communes principales. 14 4er ARRONDISSEMENT. BLAYE . Eau Limpide, saveur fraîche, agréa - ble. Marque 10 deg. ‘/, ,l'air étant à 22. Profondeur, 12 à 14 mètres. Gaz acide carbonique... ..... 0,0200 Air atmosphérique............ 0,0020 0,0220 Carbonate de chaux... . 0,187 Sulfate de chaux........... 0,081 Chlorure de sodium........... 0,052 Silicate d’alumine............. 0,025 Ozide’de’fer...... 0,005 Matière organique... ..,..... 0,002 0,352 BOURG. PUITS PURLIC DU DISTRICT. Eau Limpide, saveur fade, terreuse, Marque 9 degrés 1 l'air étant à 22, Profondeur, 17 à 18 mètres. Gaz acide carbonique......... 0,0200 Air atmosphérique............ 0,0015 0,0215 Carbonate de chaux........…. 0,409 Sulfate de chaux ............. 0,215 de magnésie. .…. .. 0,012 Chlorure de sodium. ......... 0,090 dercalcium: 5"... 0,127 de magnésium. ..... 0,069 Silice et oxide de fer... .,.... 0,032 Matière organique...,.....,... 0,004 0,958 COMPS,. Eau limpide, saveur fade. Marque 10 degrés ‘/,, l'air étant à 22. Profondeur, 12 à 15 mètres. Gaz acide carbonique... 0,0200 Air atmosphérique. .....,.,... 0,0020 0,0220 Carbonate de chaux........ 0,576 Sulfate de .chaux........... 0,078 Chlorure de sodium. ....... 0,036 AL CAICINMS 0-22 0,072 Silice et oxide de fer ........ 0,019 Matière organique... ......... . 0,003 0,784 GAURIAC. Eau limpide, saveur fade, terreusé. Marque 10 degrés, l'air étant à 22. Profondeur, 14 à 16 mètres jusqu’à la nappe d’eau. Gaz acide carbonique... 0,0200 Air atmosphérique... . ..... 0,0020 0,0220 Carbonate de chaux. ....,..... 0,584 Sulfate de chaux.............. 0,097 Chlorure de sodium........... 0,105 de CalCInM.......:.. 0,065 Silicate d’alumine........ .... 0,017 Oxide de fer... Re 0,006 Matière organique . ...,..... 0,004 0,878 een ! Quand le puits n’est pas nommé, où sa position précisée, c’est que tous les puits de la localité fournissent des eaux de même nature, 115 BAYON. Limpidité parfaite, saveur fade. Marque 10 degrés ‘/,, l'air étant à 23. Profondeur, 12 à 15 mètres. SAINT-AUBIN. Limpide, fraiche, agréable, Marque 11 degrés, l'air étant à 24. Profondeur, 12 à 14 mètres, Gaz acide carbonique... . 0,0190 Gaz acide carbonique... . 0,0170 Air atmosphérique... ......., 0,0020 Air atmosphérique... ..,... 0,0020 0 0210 0,0190 Carbonate de chaux........... 0,325 Carbonate de chaux....... 0,166 Sulfate! de chaux........,.1... 0,165 Sulfate de chaux::.5:2. 000. 0,071 Chlorure de sodium... .... 0,096 Chlorure de sodium .......... 0,063 de calcium... ....., 0,014 Silice et oxide de fer... 0,017 Silieate d'alumine.. ,......... 0,022 Matière organique... ..…. . 0,003 (BEI CPI CS TASER PERTE 0,007 SE LUE Matière organique, ..... 0,005 0,320 ons 6 0,634 SAINT=CIERS-LALANDE, PUITS VINCENT, A L'EXTRÉMITÉ DU BOURG, où viennent se pourvoir les habitants du marais, Limpidité parfaite, saveur fraiche, agréable. Marque 10 deg, , l'air étant à 23, Profond., 10 m. Gaz acide carbonique ........ 0,0130 Air atmosphérique. ........... 0,0015 0,0115 Carbonate de chaux... ........ 0,145 Sulfate de chaux. .......,..., 0,067 Chlorure de sodium... ..... 0,055 He CAIGIUM ee 0,026 Silice et oxide de fer... 0,016 Matière organique. .…..,........ 0,006 0,315 PUITS JOLY, AU CENTRE, Limpide, fraîche, agréable. Marque 10 deg., l'air étant à 23. Prof. 12 à 14 m. Gaz acide carbonique... 0,0125 Air atmosphérique. ..,...., 0,0015 0,0140 Carbonate de chaux... 0157 Sulfate de chaux... ......... 0,076 AETSONTP rec 0,012 Chlorure de sodium, .......,.. 0,064 Silicate d’alumine. ........…. 0 OS OUXIUE TENTE eee. 1 10 008 Matière organique... . 0,004 116 PUITS CAZENAVE, A L'ENTRÉE DU BOURG. Limpide, saveur fraiche et agréable. Marque 10 deg., l'air étant à 23. Profondeur, 11 m. Gaz acide carbonique... ..... 0,0135 Air atmosphérique........... 0,0020 0,0155 ne Carbonate de chaux......,.... 0,135 Sulfate de ChAUX. « ....ssseses 0,043 Chlorure de sodium...... ess 0) OA Silicate d'alumine........... 0,022 Oxide de fer, .........e.sere 0,006 Matière organique... ......... 0,005 0,285 ES SAINT-SAVIN, Eau limpide, saveur terreuse. Marque 11 deg., l'air étant à 23. Profond., 8 à 9 m. Gaz acide carbonique. ....... 0,0185 Air atmosphérique. .. ........ 0,0015 0,0200 Carbonate de chaux.......... 0,362 Sulfate de chaux... ..... 0,193 Chlorure de sodium .......... 0,117 de calcium.......... 0,065 Silicate d'alumine............. 0,016 Oxide de fer. .. . ... .... 0,004 Matière organique......., 2000003 0,760 ÉTAULIERS. Eau limpide, saveur fade. Marque 12 deg., l'air étant à 29. Profondeur, 6 m. Gaz acide carbonique......... 0,0190 Air atmosphérique. ........... 0,0020 0,0210 Carbonate de chaux......... 0,415 Sulfate de chaux. .... ........ 0,132 Chlorure de sodium...... .... 0,104 de calcium... ....... 0,055 de magnésium. ..., 0,037 Silicate d’alumine........ 0,018 Oxide/deifer....-..:-sartins 0,006 Matière organique ...,.,,...., 0,005 0,772 nl CAVIGNAC *. PUITS PUBLIC. Limpide, saveur désagréable. Marque 11 deg, , l'air étant à 23. Profondeur, 8 m. Gaz acide carbonique... .. 0,0170 Air atmosphérique. ......... 0,0020 0,0190 Carbonate de chaux... 0,475 Sulfate de chaux......... ,... 0,127 de magnésie.…........ 0,032 Chlorure de sodium........... 0,138 de calcium ........ . 0,067 de magnésium... . 0,024 Azotate de chaux............…. 0,082 Silice et oxide de fer......... 0,016 Matière organique... ... .. 0,014 0,975 ‘ L'eau du puits public de Cavignac est bien inférieure en qualité à celle des puits particuliers qui l’avoisinent. Celle-ci, en effet, ne contient pas plus de 0,487 de sels de toutes natures, J’attribue cette différence aux corps étrangers que les enfants y jettent, et à la poussière que sa proximité de la grand'route permet au vent d'y apporter. Ce puits. fournissant de l'eau à la population pauvre du bourg, celle qui mérite le plus de sympathie, il serait urgent que l'autorité municipale le fit recurer et recouvrir d’une portière à châssis, qui le préservât du double inconvénient que nous venons de signaler, 11 et 1 2e ARRONDISSEMENT. Libourne. Les puits sont nombreux, de profondeur moyenne, l'eau à peu près identique. PUITS DE L'HÔTEL DU GRAND ORIENT. Limpide, fraiche, agréable. Marque 10 deg. ‘/,., l'air étant à 22. Profoud., 8 m. Gaz acide carbonique... À Air atmosphérique......... do 0,0180 0,0020 0,0200 a Carbonate de chaux........... 0,185 Sulfate de chaux. ............ 0,095 Chlorure de sodium...…... .. 0,072 de calcium......... 0,084 Azotate de chaux............ 0,062 Silice et oxide de fer...., ... 0,021 Matière organique un peu ani- DIARGE vbs sas sos AURA 00007 0,526 La proximité des écuries n’est pro— bablement pas étrangère à la présence de l’ammoniaque dans l’eau de ce puits. PUITS DE LA PLACE D'ARMES. Limpidité parfaite, saveur agréable. Marque 11 deg., l'air étant à 22. Profondeur, 10 m. Gaz acide carbonique. ........ 0,0175 Air atmosphérique. .....,..... 0,0020 0,0195 Carbonate de chaux... ,....…, 0,215 Sulfate de chaux........ BE 0,097 Chlorure de sodium ....... . 0,088 Azotate de chaux... 0,075 Silice et oxide de fer... . 0,017 Matière organique un peu ani- MANISÉC Se ---h-tets aNO ee DL 0,008 0,500 Cette eau a beaucoup d’analogie avec celle de l'hôtel du Grand Orient. PUITS DES ENVIRONS DE LA HALLE. Limpide, agréable. Marque 11 deg. , l'air étant à 22. Profondeur, 11 m. Gaz acide carbonique......….. .. 0,0170 Air atmosphérique... scodoee 0,0015 0,0185 Carbonate de chaux........... 0,235 Sulfate de chaux. ..… 6,068 : Chlorure de sodium........... 0,096 de calcium. ......... 0,036 Axotate de chaux... 0,954 SINCO EL OXITE AE ETS. tee 0,022 Matière organique... .AU0 007 0,0518 118 CANTON DE BRANNES. Les puits sont assez profonds; l'eau repose sur un sol calcaire, dont elle se sature; elle grumèle abondam- ment le savon, euit mal les légumes. BRANNES. BARON. Marque 10 deg., l'air étant à 22. Marque 10 deg., l'air étant à 22, Profondeur, 11 m. Profondeur, 12 m.r Saveur fade, terreuse. Saveur terreuse plus prononcée. Gaz acide carbanique......... 0,0170 Gaz acide carbonique... 0,0165 Air atmosphérique ...... ..., 0,0020 Air atmosphérique. ......… .,: 0,0015 0,0190 0,0180 Ro mtee e 0,505 Carbonate de chaux..........…. 0,365 Sulfate de chaux... . 0,247 GEmapneste seras DHDAT Sulfate de chaux......... .…. . 0,183 Azatate de‘chaux............. | 0,065 Le 99 dé magnésie,. ...... de ca" SERRES 0,022 Chlorure de sodium... 0,047 ARGUS Fe hi Le Au 5 0,082 de calcium. ......... 0,073 BADAGDÉSIENT = de magnésium. . .…. 0,026 Chlorure de sodium ru CHA Et «0,1 13 Silice et oxide de fer... . 0,018 ss ralclom ut ct A Matière organique... 0,0 AB Dee: 25: ASUS ne es 9009. Silice et oxide de fer.. ....... 0,014 0.0990 Matière organique, ......,.... 0,007 0,0959 ESPIET. Marque 10 deg. Profondeur, 9 mètres. Saveur fraiche , agréable. Gaz acide carbonique. . .............. 0,0130 Air atmosphérique. ..... ss 0,0020 0,0150 Garbonate de Chaux... ........:.,... 0,392 Sulfate de chaux... PACA dB 0 0,102 A7otateide potasse..:........ #0 0,056 Chlorure de sodium.......,.......,.., 0,067 dercalcium. 0, 0,024 de magnésium... ..........1 0,018 Silice etroxide de fer... Le, 0,014 Matièrelorganique......... nue 0,004 0,677 1 19 CASTILLON, PUITS DE LA PLACE. Saveur désagréable, terreuse. Gaz acice carbonique. ........ 0,0190 Air atmosphérique... ....... 0,0020 0,0210 Carbonate de chaux..........… 0,402 Sulfate de chaux... ......... 0,502 Azotate de chaux............ | de magnésie ...,.... | 0,105 Chlorure de sodium. .,....... + 0,187 de calcium... ........ 0,023 de magnésium,. 0,019 Silicate d’alumine.. .......... 0,021 OXITE TE ER er -ssessce 100,006 Matière organique, . ........ 0008 1,273 SAINT Point de fontaine p PUITS DE L'HOTEL DES DILIGENCES Marque 10 degrés, l'air étant à 22. Profondeur, 9 mètres. Gaz acide carboniqne.......... 0,0170 Air atmosphérique... ... ..... 0,0015 0,0185 Carbonate de chaux. ....,.... 0,465 Sulfate/de chaux... .......... 0,474 Azotate de chaux.. ....., …, [l : de magnésie ....,,... \ 0,092 Chlorure de sodium.......... 0,260 de calcium......... . 0,041 de magnésium. . .... 0,026 Silice et oxide de fer.......... 0,022 Matière organique.........,... 0,008 1,388 E-TERRE. ublique. Puits nombreux assez profonds, 11 mètres. Eau limpide, mais lourde et séléniteuse. Gaz acide carbonique.........,,,..... 0,0165 Air atmosphérique... .. nee 0,0015 0,0180 Carbonate de chaux... ........... onde (set Sulfate de chaux. ....... OUR 0,414 AZO(ALEICAICAITE mes ecran Î 2 desmagnésies....,...1...1. | 0,082 Chlorure de sodium, . ......,......... 0,103 DETCAICIUMe Re terre 0,044 Silice et oxide de fer................…. 0,016 MAtEreOTE NIUE ES enr ees 0,006 0,972 120 CANTON DE COUTRAS. Puits du Château. — M ne reste plus du château célèbre qu'habitèrent pendant longtemps Catherine de Médicis, Marguerite sa fille, et Henri IV, qu'un joli puits de forme hexagone, d'un n.être de côté, recouvert d'une petite lanterne couronnée d'une calotte à écailles , sur laquelle repose un dauphin; le tout soutenu par six colonnettes, s'appuyant elles-mêmes sur des vases de diverses formes qui leur servent de socle. À six mè- tres de profondeur, il se rétrécit brusquement, et atteint ainsi le niveau de la nappe d'eau, à onze ou douze mètres au-dessous du sol. Ïl contient en toute saison trois à quatre mètres d’eru fraiche et limpide, d'une saveur agréable, marquant 10 degrés, l'air étant à 22. PUITS PUITS D'ABZAC. DU CHATEAU DE COUTRAS. ; Gaz acide carbonique... 0,0180 Gaz acide carbonique. ….… 0,0175 Air atmosphérique. ........... 0,0020 Air atmosphérique .,..., .... 0,0020 RAT Sr a PR 0,0200 0,0195 Carbonate de chaux. . ...... 0,138 Carbonate de chaux... .... 0,071 Sulfate de chaux... ........... 0,085 Sulfate de chaux . ….... … 0,029 Chlorure de sodium........…. 0,042 Azotate de polasse.... ....... 0,027 és de calcium FORSENNCE 0,021 Chlorure de sodium .......... 0,034 Silice et oxide de fer... ... 0,018 Silice et oxide de fer.,......, 0,012 Matière organique .…........ - 0,010 Matière organique. …... ..... 0,002 ère organique AU 0,314 Cette eau est la plus pure de toutes les eaux de puits da département. 121 GUITRES. Puits nombreux. Prof , 13 à 14 m. Eau limpide , saveur fade et terreuse. Marque 9 deg. ‘/., l'air étant à 22. Gaz acide carbonique... | quantité Air atmosphérique. .…. | indéterminée . Carbonate de chaux.,......... 0,510 Sulfate de Chaux... ............ 0,215 Azotate de potasse........... 0,057 Chlorure de sodium... ........ 0,064 de calcium.. ........ 0,030 Silicate d’alumine. .... .. ... | 02 DRE UE EL: 2e e-cccceccnes | DES Matière organique. ........... 0,008 0,910 CE MARANCIN. Puits nombreux. Prof , 12 à 14m. Eau lourde et séléniteuse. Marque 9 deg., ‘/, l'air étant à 22. Gaz acide carbonique. ........ 0,0175 Gaz acide carbonique. ..…..... 0,0160 Air atmosphérique... ...... 0,0015 Air atmosphérique... 0,0020 0,0190 0,0180 ee Carbonate de chaux... .. 0,413 Carbonate de chaux, .. ...... 0,168 Sulfate de chaux... ,......... 0,285 Sulfate de chaux ............. 0,102 Azotate de potasse. ........... 0,082 Azotate de potasse........... 0,057 Chlorure de sodium., ........ 0,065 Chlorure de sodium. .......... 0,103 de calcium... ....... 0,071 de calcium... ...… .. 0,021 Silice et oxide de fer... .,.... 0,017 Silice et oxide de fer... 0,022 Matière organique. ........... 0,005 Matière organique... ..... 0,006 0,938 0,479 SAINTE-FOY. SAINT-DENIS-DE-PILES. L'une des communes les plus consi- dérables du canton de Guiîtres. Point de fontaine publique. Puits nombreux, profonds de 7 à 8 mètres. Eau limpide , sans odeur ni couleur, Marque 10 deg. ‘/,, l'air étant à 22, Gaz acide carbonique.. jy quantité Air atmosphérique. .. | indéterminée. Carbonate de chaux........... 0,267 Sulfate de chaux: ............. 0,166 Azotate de potasse. .....,.... 0,047 Chlorure de sodium. .......... 0,152 de calcium. ...….. 15410 0:028 Silice et oxide de fer.......... 0,017 Matière organique............. 0,004 0,681 SAINT-MÉDARD DE GUIZIERS. Puits peu profonds, 6 à 7 mètres. Eau limpide, agréable. Marque 11 deg., l'air étant à 22, PUITS DE L'HOTEL DES MESSAGERIES. Gaz acide carbonique .. } quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux... ...... 0,614 Sulfate de chaux ....:..... …. 0,296 Chlorure de sodium.... ...... 0,192 de calcium... : 0,037 Azotate de potasse..........., 0,085 Silice et oxide de fer........, + 10 OÙ7 Matière organique.......,..... 0,007 1,248 PUITS A L'ENTRÉE DE LA VILLE. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique. ... | indéterminée, Carbonate de chaux... ...,.,.. 0,582 Sulfater te chaux... et 0,375 Chlorure de sodium.....,..... 0,167 de Calcium. ......... 0,048 Azolate de potasse............ 0,182 Silice et oxide de fer. ....... 0,022 Matière organique. ............ 0,010 1,386 PUITS-FONTAINE DE LA GRANDE—PLACE. Saveur fade, terreuse. Marque 11 deg. ‘/., l'air étant à 23 Gaz acide carbonique... | quantité Air atmosphérique. .…. | indéterminée. Carbonate de chaux........... 0,592 Sulfate de chaux. ............. 0,287 Chlorure de sodium........... 0,215 de calcium... 0,063 Azotate de potasse.., ........ 0,137 Silice et oxide de fer. . 0,021 Matière organique, ............ 0.010 1,325 FRONSAC. Le bourg de Fronsac n'a point de fontaine publique. Les puits y sont nom- breux , assez profonds, l’eau de bonne qualité. PUITS DE FRONSAC. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux.. ........ 0,272 Sulfate de chaux............... 0,117 Chlorure de sodium. . ....,... 0,078 de calcium.......... 0,05 de magnésium. . .. 0,027 Silice et oxide de fer...,...... 0,014 Malière organique. ....,...... 0,006 0,550 PUITS-FONTAINE DE L'ÉGLISE, Marque 10 deg. ‘/,, l'air étant à 23. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique. ..….. | indéterminée. Carbonate de chaux... ..... 0,595 Sulfäte de Chaux::.......... 0,325 Chlorure de sodium...., ..… 0,227 MINE soso: 0,056 Azotate de potasse....,......, 0,172 Silicate d’alumine... ...,..... 0,021 Matière organique et oxide de } 0,014 EN ee ane elase | 1,410 ee ee de CADII LAC-SUR-DORDOGNE Ne renferme non plus aucune source superficielle ; les puits fournissent à tous les besoins. PUITS- DE CADILLAC-SUR=-DORDOGNE. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux. ........ 0,365 Sulfate de chaux.......…. Fe OAlO? AZOIALELGAICAITE. eme -ee 0,044 Chlorure de sodium. ...... .… 0,073 de calcium... ..... 0,022 Silice et oxide de fer......... 0,011 Matière organique... . 0,007 LUSSAC. — Le bourg de Lussac, entouré d'eaux su- perficielles, ne fait usage que d'eau de puits de mau- vaise qualité, bien qu'à quelques centaines de mètres il y ait d'excellentes eaux courantes. PUJOLS est un gros bourg situé sur un coteau do- 123 minant la vallée de la Dordogne; les puits y sont pro- fonds ; l'eau qu'ils fournissent est, comme celle de tous les puits du canton, lourde et séléniteuse. PUITS DE LUSSAC. PUITS DE PUJOLS. Eau limpide, saveur terreuse. Eau limpide, saveur fade, désa— gréable. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... . |indéterminée. Gaz acide carbonique... | quantité Carbonate de chaux... 0,402 Air atmosphérique... . | indéterminée. Sulfate de chaux.............. 0,287 Carbonate de chaux... ....... 0,519 Azotate de potasse............ (0,210 Sulfate de chaux.. ........... 0,396 Chlorure de sodiam.......... 0,265 Azotate de chaux. ...........) 4e de calcium.......... 0,048 de magnésie......... | 0,137 Silice et oxide de fer... 0,016 Chlorure de sodium... ........ 0,165 Matière organique. .......,. 0,004 de calcium. .....…. : (0142 — de magnésium... .... 0,064 1,232 Silicate d'alumine et oxide de ——— TO nou eee ent oi 20e 0,041 Matière organique............ 0,006 1,466 -20-SRRERee Es GENSAC, Situé également sur un plateau élevé, n'est pas mieux partagé que Puijols. Les puits y sont profonds, de dix-huit à vingt mètres. RAUZAN. — Commune populeuse et commercante ; puits nombreux et profonds. L'un de ces puits pré- sente une intermittence remarquable : il fournit pen- dant une partie de l'année une eau abondante et très- bonne, tarit tout à coup, et reparait après trois à quatre mois. Îl était à sec à l’époque où je visitai Rauzan. 124 PUITS DE GENSAC. Marque 9 degrés l’air étant à 23. Gaz acide carbonique. .} quantité Air atmosphérique. … |indéterminée. Carbonate de chaux. ..... ea OSOLS Sulfatée de chaux... ..........…. 0,387 Azotale calcaire... 0,162 Chlorure de sodium.......... 0,105 de calcium... ..... 0,182 Silicate d’alumine... ......... 0,028 Oxide de fer et matière organi- MÉbER een are 0,012 1,391 LR PUITS DE RAUZAN. Gaz acide carbonique... quantité Air atmosphérique. ..…. | indéterminée. Carbonate de chaux. .......... 0,312 Sulfate de chaux. ....... Fepene 0,167 Chlorure de sodium...,....... 0,102 de calcium... .. 0,184 Silice et oxide de fer........…. 0,018 Matière organique. ........... 0,006 0,789 SRE 5e ARRONDISSEMENT. La Réole. Ce cheflieu d'arrondissement ne renferme aucune source superficielle ; l'eau des fontaines qui servent aux besoins de la population, est élevée au-dessus du sol par des pompes à manivelles; c'est pour cela que nous les avons rangées dans la catégorie des eaux profondes. PUITS-FONTAINES DE LA RÉOLE. Gaz acide carbonique... 0,0180 Air atmosphérique .......,... 0,0020 0,0200 Carbonate de chaux... 0,325 Sulfate de chaux. ............ . 0,187 Azotate de potasse......,..... 0,042 Chlorure de sodium.........., 0,095 deicalcium......2.... 0,027 Silicate d’alumine.. ,......... 0,021 OXIB ACER eee e cet ee 0,007 Matière organique... ,.,..., 0,006 0,710 PUITS DE LA RÉOLE. Gaz acide carbonique. ........ 0,0200 Air atmosphérique. ........... 0,0020 0,0220 Carbonate de chaux... ....., 0,475 Sulfate de chaux. .....,.. ... 0,267 Azotate calcaire”. 122.220 0,073 Chlorure de sodium... ..... 0,082 UE CAICIANS. 2... 0,063 de magnésium... 0,037 Silicate d’alumine........ .... 0,021 OxidB de TER rene ercemene 0,006 Matière organique.....,,.,... 0,010 1,034 125 GIRONDE. — Gros bourg assez peuplé. La population ne fait usage que d’eau de puits : il n’y à point de fon- taine publique; l'eau des puits est à onze mètres du sol; sa température est de 10 degrés, l'air étant à 22. PUITS DE GIRONDE. Gaz acide carbonique. ........ | quantité Air atmosphérique. .....,..,... | indéterminée. Carbonatetde Chaux... e...ee 0,516 Sulfate dé Chaux Aer. srreenencceete 0,265 Chlorure de sodium. ................, 0,102 de CALCIUM er rer meer 0,036 de magnésium... .......,.... 0,028 Azotate de chaux... , babbacaecc ent 0,062 SIHCENELOXIE TER IER 2. asc 0,026 MATE TE Or ANIQUE.. .....- esse 0,003 1,038 SAINT-MACAIRE. — L'une des plus anciennes villes du département ; les rues y sont étroites, les maisons mal bâties et mal aérées. La ville ne possède aucune source superficielle; aucune eau courante ne vient rafraichir en été l'intérieur de cette vieille cité, qui se trouve ainsi réduite à user exclusivement d'eau de puits. Cette eau a une température de 11 degrés, l'air étant à 24; elle est limpide, sans odeur ni couleur, mais elle a une saveur fade et terreuse. CAUDROT. — Bourg considérable sur la Garonne, à quelques kilomètres de Saint-Macaire, est, comme celte ville, dépourvu d'eaux courantes superficielles ; l'eau des puits y est encore plus malsaine. 126 PUITS DE SAINT-MACAIRE. Gaz acide carbonique......... 0,0200 Air atmosphérique. ........... 0,0020 0,0220 Carbonate de chaux.....,....…. 0,427 Sulfate de chaux. ..... ....... 0,252 Chlorure de sodium........... 0,065 de calcium. ......... 0,044 de magnésium, ..... Azotate de potasse,.…...... . 0,081 Silicate d’alumine. ........... 0,021 Oxide de/fer-.--. {pence 0,006 Matière organique, ........... 0,008 0,940 PUITS DE MONSÉGUR. Eau limpide, saveur franche, agréable. Marque 10 deg., l'air étant à 23. Profondeur, 12 mètres. Gaz acide carbonique... . 0,0175 Air atmosphérique... ........ 0,0020 0,0195 Carbonate de chaux. ......... 0,263 Sulafe de IChANXS.-..-8......0 0,185 Chlorure de sodium... ..... DD) de calcium:. ...:.... 0,060 de magnésium... ... 0,028 Silice et oxide de fer.......... 0,018 Matière organique. . .......... 0,004 0,640 PUITS DE CAUDROT, Gaz acide carbonique... 0,0210 Air atmosphérique. . ....., -. 0,0020 0,0230 Carbonate de chaux. .......…. 0,655 Sulrate de chaux ............ 0,237 Chlorure de sodium.......,... 0,092 de calcium... ....... 0,048 de magnésium... 0,034 Azotate de potasse........ 9,065 Silicate d'alumine............. 0,022 Oxide.deifersresatesshesseeess 0,006 Matière organique. ..,......,.. 0,003 1,162 PUITS DE SAINT-MAIXANT. Limpidité parfaite. Marque 10 degrés, l'air étant à 23. Profondeur, 11 mètres. Gaz acide carbonique... 0,0190 Air atmosphérique. ........... 0,0020 0,0210 Carbonate de chaux... ...... 0,208 Sulfate de chaux... ........... 0,072 Chlorure de sodium. . ........ 0,089 de calcium. ......... 0,036 Silice et oxide de fer......,.., 0,017 Matière organique. ........... 0,004 0,426 ROQUEBRUNE.— Bourg assez populeux, arrosé par le Drot et l'Andouille, auxquels il doit de l'emporter en fertilité sur les communes voisines; il n'y à point de fontaine publique. Les puits y sont profonds de dix à douze mètres; leur température est de 10 degrés ‘/,, l'air étant à 22; l'eau qu'ils fournissent est limpide, in- colore, mais de mauvaise qualité. Dans le canton de Pellegrue, le terrain est montueux 127 et coupé d'étroites vallées ; le sol argilo-calcaire, blan- chàtre , friable et très-froid. Le bourg de Pellegrue est situé sur un plateau éle- vé; il ne possède aucune fontaine publique, mais il a un puits communal couvert. Ce puits, où vont se pour- voir une partie des habitants, est très-profond (25 mè- tres au moins); il fournit une eau lourde, d'une saveur fade et désagréable. PUITS DE ROQUEBRUNE. PUITS DE PELLEGRUE. Marque 10 deg. ‘/., lairétant 322, Marque 9 degrés, l'air étant à 22, , D 9 tr Profondeur, 12 mètres. Profondeur, 25 mètres. Gaz acide carbonique... 0,0200 Gaz acide carbonique. … .... 0,0175 Air atmosphérique ARE 0,0015 Air atmosphérique soso . 0,0015 0,0215 GRO EN) Carbonate de chaux... 0,629 Carbonale de chaux... ….. 0,435 Sulfate de chaux... . 0,268 Sulfate de chaux... .. 0,172 Chlorure de sodium... 0,084 Chlorure de sodium. ....,.... 0,091 de calcium... 0,052 de calcium. ......... 0,046 de magnésium... 0,037 de magnésium... 0,021 Azotale de chaux..........,.. 0,105 Azutate de chaux... ......... 0,042 Silicate d’alumine. ............ 0,022 Silicate d’alumine..…......... 0,016 Oxrde de fer; de 0,005 Oxide de fer.......... ....... 0,006 Matière organique, ........... 0,009 Matière organique ........... 0,004 1,211 0,833 RE nel SAINT-FERME. — Joli bourg bien situé, sol léger, sa- blonneux, eaux courantes, abondantes ; point de fon- taine publique; puits nombreux, de profondeur moyen- ne; eau limpide et salubre. 128 PUITS DE SAINT-FERME. Marque 10 ‘/,, l'air étant à 23. Profon— deur, 12 mètres. Gaz acide carbonique......... | quantité Air atmosphérique............. \ indéterminée. Carbonate deMcHAUX. ee, 0,367 Sulfate de chaux....,..... RU 000 091 Chlorure de sodium.......,,......... 0,065 16 CAICIUME Seche encres 0,062 Silicate d’alumine..…. Mar esebats due 0,017 Arzotate de CHAUX. RU ee -eece 0,044 Oxide de fer. … IF. Pen eree 0,005 Matière organique. .......,.,........ 0,006 0,657 SAUVETERRE. — Cette petite ville ne renferme aucune source superficielle; quelques filets d'eaux peu abon- dants et des puits nombreux, suffisent aux besoins de la population. On y à établi tout récemment, un puits à pompe qui tient lieu de fontaine publique; le bourg possède aussi plusieurs puits communaux. MAURIAC. — Petit bourg à sept ou huit kilomètres de Sauveterre; point de fontaine, puits assez nom- breux; eau séléniteuse et lourde. 129 PUITS DE SAUVETERRE,. PUITS-FONTAINE. Eau limpide, saveur franche. Marque 10 deg. ‘/,, l'airétantà 23. Gaz acide carbonique... 0,0135 Air atmosphérique... ... ..... 0,0020 0,0155 Carbonate de chaux. ....,.... 0,247 Sulfate de chaux............. 0,163 Chlorure de sodium.........., 0,172 de calciimMe.....s..s 0,048 de magnésium... 0,031 Silice et oxide de fer.......... 0,016 Matière organique......,....., 0,008 0,685 PUITS DE LA GENDARMERIE L'eau de ce puits est excellente et bien supérieure à celle des puits du bourg ; le sol en est caillouteux. Marque 10 degr., l'air étant à 23. Profondeur, 13 m. Gaz acide carbonique. ....... 0,0155 Air atmosphérique, .. ........ 0,0020 0,0175 Carbonate de chaux... ..... 0,197 Sulfate de chaux.............. 0,122 Chlorure de sodium ........., 0,046 de calcium... ........ 0,024 de magnésium. ...…. 0,016 Azotate de potasse.........….. 0,035 Silice et oxide de fer... 0,013 Matière organique. .......... 0,005 PUITS COMMUNAL DE LA HALLE. Eau incolore, inodore, saveur fade. Marque 11 degrés, l'air étant à 23. Profondeur, 14 mètres. Gaz acice carbonique. ..…...... 0,0190 Air atmosphérique... ....... 0,0015 0,0205 Carbonate de chaux.........., 0,337 Sulfate de chaux... ........., 0,245 Chlorure de sodium. ......... 0,182 de calcium... ..,..... 0,045 de magnésium... 0,028 Silice et oxide de fer....... 0,014 Matière organique. . .......... 0,007 0,858 PUITS DE MAURIAC. Limpide, fade, terreuse. Marque 11 deg, , l’air étant à 23. Profondeur, 11 m. Gaz acide carbonique... .. 0,0195 Air atmosphérique. . ........ 0,0020 0,0215 ES Carbonate de chaux. .......... 0,425 Sulfate de chaux............…. 0,272 Chlorure de sodium........... 0,102 de calcium ........ . 0,064 de magnésium... 0,026 Silice et oxide de fer........…. 0,017 Matière organique... ....... 0.006 0,912 130 CANTON DE TARGON. Terrain silico-argileux peu fertile, manquant d'eau pour les irrigations. Targon, chef-lieu du canton, n’a aucune fontaine publique; des puits nombreux assez profonds fournissent l'eau nécessaire aux besoins de la population. PUITS DE TARGON. Eau limpide, mais lourde et séléniteuse. Marque 10 degrés, l'air étant à 23. Profondeur, 14 mètres. Gaz acide carbonique. ........,...... 9,0190 Air atmosphérique, ....,........,.... 0,0020 0,0210 Carbonate de chaux.. .......,........ 0,495 Sulfate de chaux... RS TRE EU 0,270 Chlorure de sodium............,....., 0,094 de calcium. ........ .. . .. 0,086 Silice et oxide de fer... ............, 0,018 Matière organique... esse ane et .… 0,006 0,969 es 42 ARRONDISSEMENT. Bazas. Bazas renferme, indépendamment des fontaines dont nous avons parlé, un grand nombre de puits, dont l'eau est de qualité très-médiocre. cupos. — Commune populeuse au sud de Bazas; une 131 partie du terrain est marécageux, les habitants ne font usage que d'eau de puits. PUITS DE BAZAS. Eau limpide, saveur fade Marque 10 deg. ‘/,, l'air étantà 22. Profondeur, 14 m. Gaz acide carbonique......... 0,0195 Air atmosphérique. .........., 0,0015 0,0210 Carbonate de chaux., ...... . 0,376 Sulfate de chaux. ............. 0,257 Chlorure de sodium........... 0,091 deCaICiOM ee. 0,054 de magnésium... 0,038 Arzofate de (chaux... 10,072 de magnésie....,.... 0,026 Silice et oxide de fer... 0,014 Matière organique ............ 0,008 0,936 PUITS DE CUDOS. Eau limpide, un peu fade. Marque 10 deg., l'air étant à 292, Profondeur, 11 m. Gaz acide carbonique... ..... 0,0175 Air atmosphérique... 0,0045 0,0190 Carbonate de chaux........... 0,282 Sulfate de chaux. . ........... 0,213 Chlorure de sodium. ,..,.,.... 0,102 de calcium... ...... 0,048 Azofate calcaire... 0,066 Silice et oxide de fer... ...... 0,015 Matière organique. ...,,..,.,.…. 0,007 0,733 AUROS. — Chef-lieu du canton de ce nom, situé sur le sommet d'un coteau escarpé, ne renferme aucune fontaine, et la population, comme celle de Cudos, ne fait usage que d’eau de puits. BARIE. — Commune fertile, arrosée par la Garonne et la Bassanne ; terrain plat fréquemment inondé ; il n°y a point de fontaine ; l'eau de la Garonne sert à presque tous les usages domestiques, et l'eau des puits fournit à la boisson. 132 PUITS D'AUROS. Eau limpide, agréable. Marque 10 deg. ‘/,, l'air étant à 22. Profondeur, 8 m. PUITS DE BARIE. Eau limpide, saveur franche, agréable. Marque 10 deg., l'air étant à 22. Profondeur, 12 m. Gaz acide carbanique......... 0,0190 Gaz acide carbonique......... 0,0165 Air atmosphérique ........... 0,0020 Air atmosphérique. ......... , 0,0020 0,0210 0,0185 Carbonate de chaux. ......... 0,280 Carbonate de chaux........... 0,234 Sulfate de chaux. ........... 0,184 Sulfate de chaux......... .... 0,152 Chlorure de sodium... ......... 0,086 Chlorure de sodium........... 0,074 dé calCiUmMe,.. ee 0,127 de calcium. ......... 0,026 Silice et oxide de fer... .. 0,021 Azotate de potasse........... 0,041 Matière organique... ... .... 0,003 Silice et oxide de fer......... 0,016 Matière organique, ........... 0,005 0,701 ES 0,518 CSS ARS GRIGNOLS. — Ce canton est arrosé par plusieurs cours d'eau considérables, le Lizos, le Berthoz, etc. Le bourg de Grignols ne renferme que des sources superficielles d’un volume insignifiant; les puits sont, comme dans tout l'arrondissement, les seuls réservoirs d'eau potable dont fasse usage la population. I possède un puits-fontaine à pompe, qui fournit en toute sai- son une eau assez abondante, mais de mauvaise qua lité, comme celle de tous les puits du canton. LAVAZAN. — Le sol de cette commune est beaucoup plus siliceux que celui de Grignols, aussi les eaux y sont-elles plus pures. Lavazan n’a aucune fontaine pu- blique ; la nappe d'eau qui alimente ses puits, n'est qu'à huit ou dix mètres du sol. 133 PUITS DE GRIGNOLS. PUITS DE LAVAZAN. Eau limpide, saveur terreuse. Eau limpide, fraiche, agréable, Marque 10 deg., l'air étant à 24. Marque 10 degrés, l’air étant à 24. Profondeur, 12 mètres. Gaz acide carbonique... 0,0155 Gaz acide carbonique... … 0,0200 Air atmosphérique. .........,. 0,0020 Air atmosphérique. ........... 0,0025 == 0,0175 0 0225 RP SE GT DNA ENTE CDAUXE = eee 0,286 Carbonate de chaux... 0,337 Sulfate de chaux............…. 0,156 Sulfate de chaux... 0,306 Chlorure de sodium. .....… SCT Azotate de chaux. ............ | 0.107 de calcium... ...... 0,036 de magnésie. NC: Azôtate de chaux. ............ 0,027 Chlorure de sodium.......... 0,210 Silice et oxide de fer... 0,018 de calcium... 0,036 Matière organique... .......... 0,004 Silicate d'alumine.. .......... 0,022 = Oxide de fer et matière or— 0,601 SAMQUE see messe etes ONU PRET 1,029 LANGON. — Les puits de Langon sont nombreux, peu profonds, creusés dans un sol caillouteux, et ali- mentés par de bonnes eaux. CASTETS EN DORTHE. — Petit bourg dans la basse plaine, avec un port sur la Garonne. Les puits de Cas- tets, creusés dans un sol argileux, fournissent une eau excellente, dépouillée d'une grande partie des sels cal- caires qui se trouvent dans l'eau des puits des cantons VOISINS. TOULENNE. — Petite localité près de Langon, remar- quable par son collége; il n'y a pas de fontaine publi- que, les puits fournissent à la population l'eau néces- saire à ses besoins. 134 PUITS DE LANGON. PUITS DE CASTETS-EN—-DORTHE. Eau limpide, saveur agréable. Limpidité parfaite, saveur fraîche et RS agréable. Marque 11 deg., l'air étant à 21. Marque 10 deg. , l'air étant à 22, Gaz acide carbonique.......…. 0,0175 Profond., 11 m. ir atmosphérique. .. ........ 0,0020 SAS I RENIQUE Gaz acide carbonique ....…. .… 0,0135 0,0195 Air atmosphérique. .......,... 0,0020 Se 0,0155 Carbonate de chaux........ 0,208 ——— SUITE AE CHAUX Me. ere.e 0,115 Carbonate de chaux... 0,137 Chlorure de sodium .«......... 0,042 Suilfate de chaux. ............ 0,091 de calcium. ......... 0,038 Chlorure de sodium ... ..…. 0,072 Azotate de potasse. ..... .... 0,087 Azotate de potasse .."......…. 0,068 Silice et oxide de fer. .…. .. 0,016 Silice et oxide de fer... 0,014 Matière organique............ 0,004 Matière organique...........…. 0,003 0,510 0,385 PUITS DE TOULENNE. Ecau limpide, fraïche , agréable, Marque 10 deg. ‘/,, l'air étant à 22. Profondeur, 11 mètres. Gaz acide carbonique, . j Quantité. Air atmosphérique. . … | indéterminée. Carbonate de chaux... 0,217 Sulfate de chaux... 0,104 Chlorure de sodium .......... 0,042 de calcium........,.. 0,026 Azotate de potasse. ........... 0,058 Silicate d’alumine..….....…. . 0,016 Oxide de fer........... AE 0,004 Matière organique... .... . 0,005 0,472 SAINT-SYMPHORIEN, — La constitution géologique de ce canton et de celui de Villandraut, est la même que celle du canton de Captieux. Nous aurons occasion d'en parler plus loin, quand nous nous occuperons de l'eau du sous-sol des Landes, 135 5e ARRONDISSEMENT. Bordeaux, Comme nous l'avons déjà dit, la ville de Bordeaux possède un grand nombre de puits; mais creusés dans un terrain rapporté, constamment imprégné de liqui- des animalisés, presque tous fournissent une eau mal- saine. Il est aisé de comprendre que les eaux d'infiltra- tions qui traversent le sol, altèrent les sources qui ali- mentent les puits. Tous les établissements publics et une grande partie des établissements privés ne font usage, pour les besoins domestiques, que d'eau de qualité infé. rieure, lorsqu'elle n'est pas malsaine : les résultats que je vais faire connaitre le démontreront suffisamment. PARTIE SUD DE LA VILLE, PUITS-FONTAINE PUITS-FONTAINE DE LA PLACE DU MAUCAILEOUX. DE LA PLACE CANTELOUP. Eau limpide, saveur fade, terrense. Gaz acide carbonique... ...., 0,0165 Gaz acide carbonique... .… 0,0175 Air atmosphérique... 0,0015 Air atmosphérique... . ..... 0,0015 0,0180 0,0190 £ —— Carbonate de chaux. ......... 0,322 Carbonate de chaux... 0,370 Suifate de chaux... 0,210 Sulfate de chaux... ,......... 0,185 de magnésie. ..….. … 0,027 de magnésie.…....... 0,015 Azotate de chaux: . … 0,078 Arolate de chaux... Üo.072 Chlorure de sodium... 0,162 de magnésie.... | ? de calcium. ......... 0,138 Chlorure de sodium........... 0,134 de magnésium. .... 0,054 de calcium. .….. 0,165 Silice et oxide de fer... 0,028 de magnésium. 0,066 Matière OTSanIqUe.. ........ 0,009 Silice et oxide de fer... ...... 0,035 ' — — Matière organique azotée.…. 0,011 1,028 136 PUITS-FONTAINE PLACE DU MARCHÉ—NEUF. Eau limpide, saveur terreuse. Gaz acide carbonique... . 0,0170 Air atmosphérique......... .. 0,0020 0,0190 ESS Carbonate de chaux........... 0,445 Sulfate de chaux..........,... 0,127 de magnésie. ........ 0,018 Azotate de chaux. nrrnernene | 0,125 de magnésié......... | Chlorure de sodium......,.... 0,152 de calcium......... 0,235 de magnésium ..... 0,065 Silicate d’alumine...........….. 0,022 Oxide de fer et matière orga— EUR EU RE LEE cc 0,013 PUITS-FONTAINE RUE DU MIRAIL, Gaz acide carbonique. ........ 0,0165 Air etmosphérique. ........... 0,0015 0,0180 Carbonate de chaux... .....,. 0,715 Sulfate de chaux.............. 0,195 Azotate de chaux.. ...... ... | b] de magnésie ......... \ 0,062 Chlorure de sodium. ....... . 0,180 de calcium... ..... 0,137 de magnésium... 0,091 Silicate d'alumine et oxide de PO nb aus 0,042 Matière organique azotée... . 0,009 1,394 res me HOSPICE SAINT=JEAN. PUITS DE LA COUR DES HOMMES. Gaz acide carbonique.......... 0,0160 Air atmosphérique... METEO T00LS 0,0175 Carbonate de chaux... se OST Sulfaterde chaux. ds. .en 6,135 Azotate de chaux... ..,..... | de magnésié ........ | 0,108 Chlorure de sodium.....,..... 0,082 de calcium, ......... 0,074 de magnésium. ...... 0,026 Silice et oxide de fer... 0,018 Matière organique azotée,.……. 0,007 0,0827 PUITS DE LA COUR DES FEMMES. Gaz acide carbonique... 0,0165 Air atmosphérique, ......... . 0,0015 0,0180 Carbonate de chaux. . ....... 0,345 Sulfate! de chaux... ....-.22.4. 0,145 Azotale de chaux… APCHo co | 0,068 de magnésie..... \ Chlorure de sodium........... 0,084 de calcium... ...,... 0,071 de magnésium. ..…. 0,022 Silice et oxide de fer. ... . 0,019 Matière organique. ............ 0,006 0,760 137 PUITS DE L'ABATTOIR GÉNÉRAL. Eau limpide, saveur fade, terreuse. Marque 12 deg., l'air étant à 22. Gaz acide carbonique... 0,0160 Air atmosphérique.........,…. 0,0015 0,0175 Carbonate de chaux.......... 0,434 Sulfate de chaux ............, 0,139 de magnésie..…........s 0,010 Azotate de chaux. rrsiresee | 0,071 de magnèsie...... | Chlorure de sodium. .....,... 0,092 de calcium... .... 0,084 de magnésium... ... 0,031 Silicate d'alumine., .......... 0,014 Matière organique et oxide de féagonnonee, oi rnhsuoeponnaa D) UE) 0,880 PUITS DU PETIT-SÉMINAIRE. Limpide, sans couleur ni odeur, sa- veur terreuse. Gaz acide carbonique... 0,0145 Air atmosphérique ...... .... 0,0015 0,0160 Carbouate de chaux ....,,.... 0,485 Sulfate degchaux...…........., 0,365 Azotate de HIT EEE + | 0 068 de magnésie...… Co 2 Chlorure de sodium......, 0,115 dertalciume 0,102 de magnésium... ... 0,044 Silicate d’alumine...,......... 0,017 Matière organique et oxide dè TER asset ans SC ane 0,009 1,205 ———— ASILE DES FEMMES ALIÉNÉES. PUITS DE LA BUANDERIE. Acide carbonique... | Quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux... 0,475 Sulfate de chaux . ....... 0,128 Azotate de chaux ....... l de magnésie........, \ 0,078 Chlorure de sodium ...,...... 0,167 deicalcime. 0: 0,087 de magnésium .. … 0,044 Silcate d'alumine, ..... ..... 0,016 Matière organique et oxide de PUITS DE LA CHAPELLE. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux... ....… 0,510 Sulfate de chaux... 0,252 Azotate de chaux... os | 0,064 de magnésie......... Je? Chlorure de sodium... CAPE 0,098 de calcium... 0,066 de magnésium... 0,032 Silicate d’alumine, matière or- ganique et oxide de fer... 0,014 1,036 10 138 GRAND SÉMINAIRE, PUITS À POMPE, Gaz acide carbonique. | quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux... . 0,416 Sulfate de chaux... ........ 0,155 Azotate de chaux...........…. 0,042 Chlorure de sodium ........ . 10, LOS de calcium., ...... 0,064 Silicate d’alamine.. ,......... 0,016 Matière organique et oxide de (ERA sde eennene 0,007 0,808 PUITS-FONTAINE DE L’OR. Gaz acide carbonique... .... 0,0155 Air atmosphérique... ..,.... 0,0015 0,0170 Carbonate de chaux.......... 0,445 de magnésie. . … 0,017 Sulfate de chaux. ........ ... 0,125 de magnésie.......... 0,014 Chlorure de sodium.......... 0,108 de calcium... 0,092 de magnésium... . 0,037 Azotate de chaux. DE l 0,095 de magnésie......... | Silicate d’alumine et oxide de (EN ESA Ent: lies 0,021 Matière OTganique... se... 0,006 0,960 HOSPICE DES VIEILLARDS, EAU DU PUITS A POMPE. Gaz acide carbonique... { quantité Air atmosphérique. .... | indéterminée. Carbonate de chaux........... 0,292 Sulfate de chaux. ......,...... 0,418 Chlorure de calcium. ........ 0,118 de sodium........... 0,112 de magnésium. ..... 0,046 Azotate de chaux............. | de magnésie.... | 0,107 Silice et oxide de fer......... 0,022 Matière organique., ........ 0,008 1,123 PUITS DU JARDIN. Gaz acide carbonique. . j quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux........... 0,436 Sulfate de chaux... ....,....., 0,169 AzutatellC CHAUX... ....-.. 0,948 Chlorure de sodium... ..... 0,128 de calcium... ..... , 0,082 Silieate d'alumine, .…....... . . 0,013 Matière organique et oxide de DÉS 0e de ob DATE 0,008 0,880 HOSPICE DES INCURABLES Eau Limpide, saveur fade. Marque 10 deg. ‘/,, l'air étant à 23. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique. ... | indéterminée. Carbonate de chaux... ..... 0,364 Sulfate de chaux........., 0,162 Azolate de chaux.… 50100006 | 0,065 de magnésie ......... \ Chlorure de sodium.......... 0,081 de calcinm.......... 0,087 de magnésium, ..... 0,032 Silice et oxide de fer... .... 0,017 Matière organique...........…. 0.008 0,816 RSR LA De PUITS DE PALUDATE. Gaz acide carbonique... j quantité Air atmosphérique... \indéterminée. Carbonate de’ chaux. ........ 0,514 Sulfate de chaux......... .... 0,165 de-magnésie. ...... 0,010 Azotate de:clraux:1........... | , de magnésie... ..... \ 0,037 Chlorure de sodium. ...... .…. 0,055 de calcium.......... 0,047 Silicate d’alumine... ......... 0,018 Matière organique et oxide de A dbonocoaeee ton jonsbac 0,010 0,856 LL ment à 139 HÔPITAL MILITAIRE. PUITS DE LA BUANDERIE. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique. … , | indéterminée. Carbonate de chaux... ....... 0,274 de magnésie........ 0,012 SuMate de chaux... .......... 0,163 Azotate . magnésie.. .... .. | 0,065 TENCDAUT eee eee] Chlorure de sodium........... 0,078 de calcium. ......... 0,085 de magnésium. . .. 0,042 Silice et oxide de fer......,... 0,018 Matière organique. ....,...... 0,005 0,742 PUITS DU SERVICE GÉNÉRAL, Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux.. ..,...., 0,357 de magnésie ........ 0,021 Sulfate de chaux... Déac ne 0,102 Chlorure de sodium, ......... 0,070 dercalcium. 4e. 0,078 de magnésium... 0,052 Azotate de chaux... ........ de magnésie..... | 0,081 Silice et oxide de fer... ...... 0,015 Matière organique. ........,. 0,004 0,760 Lsememsetel QUARTIER OUEST DE LA VILLE. CASERNE SAINT-RAPHAEL. PUITS A POMPE, Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux. ......,.. 0,352 de magnésie. .…...... 0,018 Sulfate de chaux... ...... 02217 Azotale de chaux. .….....…. | de magnésie......., | 0,116 Chlorure de sodium........... 0,132 de calcium... .... 0,105 de magnésium... 0,018 Silice et oxide de fer... 0,016 Matière organique... 0,008 1,022 ne HOPITAL SAINT-ANDRÉ. PUITS A POMPE, Gaz acide carbonique, . } quantité Air atmosphérique. ..…. | indéterminée, Carbonate de chaux., ..,..... 0,324 de magnésie.., .… 0,014 SUMAIPATBNCAUX eee 0 240 de magnésie... ....... 0,021 Azotate de chaux... nest 1 0,098 de magnésie......... \ Chlorure de sodium, ,,#.. 0,094 de calcium... 0,106 de magnésium. ...., 0,048 Silice et oxide de fer, ..,...… 0,018 Matière organique... ,........ 0,006 0,964 140 CASERNE SÉGUR. PUITS À POMPE. Saveur terreuse très-prononcée. Gaz acide carbonique. ....…... 0,0140 Air atmosphérique. ....….... . 0,0015 0,0155 Carbonate de chaux........... 0,565 de magnésie ....... 0,037 Sulfate de chaux........... 0,720 Chlorure de sodium. . ........ 0,288 de calcium. .. 0,217 de magnésium... .... 0,082 Azotate de chaux... ...,.... | de magnésie.. ....., \ 0,135 Silice et oxide de fer......... 0,022 Matière organique. ........... 0,009 2,075 PUITS BRONDEL, A BELLEVILLE. Gaz acide carbonique... 0,0125 Air atmosphérique. ........... 0,0015 0,0140 Carbonate de chaux... ., 0,311 Sulfate de chaux... 0,068 Chlorure de sodium .......... 0,031 de calcitm........... 0,054 de magnésium, ..... 0,018 Silice et oxide de fer... ,.... 0,012 Matière organique... . 0,004 0,498 PUITS-FONTAINE DU COURS CHAMPION. PUITS A POMPE. Saveur fade Marque 10 deg. ‘/,, l'air étantà 22. Gaz acide carbonique. . 0,0155 Air atmosphérique... ... … 0,0015 0,0170 Carbonate de chaux........... 0,365 Sulfate de chaux. .. ......... 0,199 Azotate calcaire., .........., . 0,034 Chlorure de sodium... Lie 0,068 de calcium... .. .... 0,017 Silice et oxide de fer. .. .. 0,016 Matière organique. ........… 0 007 0,706 PUITS DE LA MANUFACTURE DE TABACS. Gaz acide carbonique, . } Quantité. Air atmosphérique... . (indéterminée. * Carbonate de chaux... 0,249 Sulfate de chaux. .......,..... 0,042 Chlorure de sodium....,....…. 0,037 HelCalCINMen see 0,064 Silicate d’alumine. ........... 0,012 Matière organique et oxide de Laon choc 08e 0,009 0,413 141 CASERNE DES QUARTIER DE CAVALERIE. PUITS A POMPE, Eau limpide, saveur agréable. Marque 10 deg., l'air étant à 23. Gaz acide carbonique......... 0,0170 Air atmosphérique. ........... 0,0015 0,0185 Carbonate de chaux... . .…. 0,267 Sulfate de chaux ............. 0,172 Chlorure de sodium, . ........ 0,106 de calcium. ........ . 0,114 de magnésium... 0,044 Azotate de chaux... REA RS i 0,068 de magnésie......... \ Silice et oxide de fer.......... 0,017 Matière organique. ........... 0,006 0,794 PUITS-FONTAINE DU GRAND MARCHÉ. Gaz acide carbonique.. } Quantité Air atmosphérique. … | indéterminée. Carbonate de chaux. ......... 0,302 Sulfate de chaux............. 0,165 Chlorure de sodium... ..... . 0,213 de calcium... ........ 0,207 de magnésium... 0,064 Azotate de chaux... ..... a de magnésie.... ..…. MUCE Silice et oxide de fer... 0,015 Matière organique. . ..…. 0,009 1,060 FOSSÉS. INFANTERIE. PUITS À POMPE. Eau limpide, abondante. Gaz acide carbonique. ........ Air atmosphérique... . .... . 0,0015 0,0175 Carbonate de chaux. ......... 0,295 Sulrate de chaux... 0,132 Chlorure de sodium............ 0,106 de calcium... .....….. 0,127 de magnésium....... 0,038 Azotate de chaux.… A OLD | 0,077 de magnésie......... | Silicate d’alumine............. 0,016 Matière organique et oxide de féls Meet da lo Ho +. 0,008 0,799 PUITS DES CORDELIERS. BAIN PUBLIC, Gaz acide carbonique... j Quantité Air atmosphérique... \'indéterminée. Carbonate de chaux........... 0,370 SUHAIEITEICRAUT arte e 0,195 Chlorure de sodium. . 0,122 de calcium... ... 0,064 de magnésium, ...... 0,032 Azotate de chaux. nrnneens l 0,076 de magnésie.... .... | Silice et oxide de fer.,......... 0,014 Matière organique. ..,........ 0,007 0,880 ne 0) 142 CENTRE DE LA VILLE» PUITS-FONTAINE BOUQUIÈRE. Gaz acide carbonique... } Quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux.......... 0,442 Sulfateïde chaux. ........ ... 0,135 de magnésie........…. 0,032 Chlorure de sodium........... 0,135 de calcium... ...... de magnésinm...... 0,046 Azotate de chaux... ...... ... | de magnésie..,....,…. \ FAURE Silicate d'alumine............. 0,022 Matière organique et oxide de TERRA Use dr nene ses ssres 0,010 0,999 — PUITS DE LA RUE DU LOUP. Gaz acide carbonique... } Quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux... ..,.... 0,347 Sulfate de chaux......,:,..... 0,211 Chlorure de sodium, .:..... . 0,067 de calcium... .... 0,105 de magnésium... 0,031 Azotatende chaux. 0.500. 0,062 Silice et oxide de fer. ... ,... 0,014 Matière organique .......... . 0,006 0,843 EL PUITS-FONTAINE DAURADE. Gaz acide carbonique... 0,0175 Air atmosphérique. ........, ,; 0,0015 0,0190 Carbonate ge chaux........... 1,525 Sulfate de-chaux...:..... ..., 0,675 de magnésie, ........, 0,087 Chlorure de sodium... 28022517 CE CACIIME RS ee. 0,248 de magnésium..... 0,094 Azotate de chaux. DEEE | 0,147 de magnésie. . ...,... \ Silice et oxide de fer . ....... 0,038 Matière organique, ......,.... 0,014 3,065 PUITS-FONTAINE MAURIAC. Gaz alide carbonique... } quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux.......... 0,560 Sulfate de chaux... ........... 0,165 Azotale de chaux. neneesene l 0,082 de magnésie..... \ Chlorure de sodium... er LONIDS de calcium... 0,219 de magnésium. .... 0,075 Silicate d’alumine.. .......... 0,014 Matière organique et oxide de TEA Le esessaseseee Une 0,012 1,292 PUITS SAINT-SIMÉON. Gaz acide carbonique... } Quantité Air atmosphérique. ... | indéterminée. Carbonate de chaux.........,. 0,382 Sulfate de-chaux.… 0.06 (1,974 Chlorure de sodium..,.,,..... 0,082 de calcium. ...,..,.. 0,164 de magnésium... 0,048 Azotate de Ge Douce (|) 0,078 de magnésie ......…. | Silice et oxide de fer... 0,017 Matière organique... . 0,008 1,053 PUITS DES FOSSÉS DE L'INTENDANCE, Gaz acide carbonique. ........ 0,0160 Air atmosphérique. ........... 0,0015 0 0175 Carbonate de chaux........... Sulfaterde Chaux ee .2eee 0,325 de magnésie.. ... .... 0,037 Chlorure de sodium.......... 0,102 detcalcium.::....r.. 0114 de magnésium. .... 0,038 Azotate de chaux. Fons cons | 0,066 de magnésie.. ....,.. | Silice et oxide de fer... 0,021 Matière organique azotée, 0,013 PUITS DE LA RUE PORTE—DHEAUX. Gaz acide carbonique... j quantité Air atmosphérique. ..…. | indéterminée. Carbonate de chaux. .......... 0,427 Sulfate de chaux... .... 0,315 Azotate de SL vroceteL “CFA | 0,096 de magnésie,...,..... \ Chlorure de sodium... 0,102 de calcium. .......... 0,086 de magnésium... 0,028 = 3 PUITS DE LA RUE DU PALAIS—GALIEN. Gaz acide carbonique. . { quantité Air atmosphérique. \ indéterminée. Carbonate de chaux. .......... 0,675 SuAlE tle/Chauxe 0 2-mreererst 0,598 Azotate de chaux. ....... Hbade P ; 7 | 0,105 de magnésie......... | Chlorure de sodium... 1 0,164 de calcium,........…. 0,127 de magnésium. ..….. 0,056 Silice et oxide de fer... 0,026 Matière organique... ........ 0,012 1,763 QUARTIER SAINT=SEURIN. Silice et oxide de fer... 0,021 Matière organique... sed MO 1,084 PUITS DE LA RUE NEUVE SAINT—SEURIN. Gaz acide carbonique. ...... . 0,0160 Air atmosphérique. ......,.... 0,0015 0,0175 Carbonate de chaux... 0,302 Sulfate de chaux. ............ 0/10 Chlorure de sodium. ....... .. 0,048 de calcium... ...... 0,074 de magnésium... 0,036 Azotate de chaux............. 0,062 de potasse.......... . 0,028 de magnésie.......... 0,046 Silice et oxide de fer.......... 0,021 Matière organique. .......... 0,009 0,731 EE PUITS DES ALLÉES D'AMOUR. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux. ........ …. 0,292 Sulfate de chaux. ............ 0,206 Chlorure de sodium... ..... .. 0,087 de calcium. . ....... 0,058 Azotale de potasse........,. 0,027 de.chaux....:2.4%:090, 036 Silice et oxide de fer ... .. 0,018 Matière organique. ........... 0,005 0,729 ——— PUITS CARAYON, RUES DE LA TRÉSORERIE ET BURGUET, Gaz acide carbonique... . 0,0155 Air atmosphérique... .... 0,0020 0,0175 Carbonate de chaux. ........ 0,370 de magnésie ..….. , 0,016 Sulfate de chaux. …..,.... . 0,085 Chlorure de sodium., ......,.. 0,025 de calcium ...... DAUOS de magnésium... 0,058 Azotate de chaux... ....., .. 0,137 de magnésie. ... 0,065 de potasse............ 0,030 Silice et oxide de fer... ,..... 0,036 Matière organique. ......,., :.:10;007 0,934 PUITS DE LA RUE CAPDEVILLE. Gaz acide carbonique, . } quantité Air atmosphérique. ,.,, \indéterminée. Carbonate de chaux... 0,307 Sulfate de chaux...,,,........ 0.154 Chlorure de sodium... ... ... 0,105 de calcium. ,....... 0,063 de magnésium . ... 0,026 Azotate de chaux .......... | de magnésie...... .. | 0,048 Silice et oxide de fer... oo onid Matière organique... 0,006 0,723 A4 PUITS DE LA RUE DE LERME. Gaz acide carbonique... quantité Air atmosphérique... \'indéterminée, Carbonate de chaux.......... 0,277 Sulfate de chaux... 0,082 Azotate de chaux... ......... | ë de magnésie., ....... HOLOES Chlorure de sodium.....,..... 0,072 de calcium.........…. 0,105 de magnésium. ...….. 0,032 Silice et oxide de fer, ...... 0,012 Matière organique........... . 0,004 0,649 PUITS-FONTAINE D'AUDÈGE. Gaz acide carbonique. } quantité Air atmosphérique... { indéterminée. Carbonate de chaux... .... 0,472 Sulfate de.chaux,. 0.00 0,215 Chlorure de sodium .... ..... 0,097 decalcium.......... 0,065 de magnésium... .…. 0,035 Azotate de SEUE E reste à 0,118 de magnésie.... ..... \ Silicate d’alumine........ .... 0,024 Matière organique et oxide de TEL ee trees 0,011 1,037 PUITS DE LA RUE HUSTIN. Gaz atide carbonique. } quantité Air atmosphérique. .. |indéterminée. Carbonate de chaux........... 0,325 Sulfate de chaux... ......... 0,117 Chlorure de sodium, , ......., 0,064 de calcium., #00 DS Azotate de Chaux.......,..... 0,042 Silice et oxide de fer... 0,013 Matière organique, ...,..,... 0 004 0,668 | PUITS DE LA RUE LAROCHE. Gaz acide carbonique. j quantité Air atmosphérique. .… | indéterminée. Carbonate de chaux......,.... 0,330 Sulfate de chaux... .1.. 0,292 Azotale de chaux.........,... 0.177 de potasse..,.s..... 0,033 Chlorure de sodium. ...,...... 0,192 de calcium 22.4 0,087 Silice et oxide de fer.........…… 0,013 Matière organique... ....... 0,007 1,131 RE PUITS DE L'INSTITUTION DES SOURDS-MUETS. Gaz acide carbonique . { quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux... 0,410 SHC CRAUXS. sec ice 0,175 Chlorure de sodium........... 0,157 de calcium ........ . 0,056 de magnésium....... 0,023 Azotate de chaux..." | de magnésie......... | SA0ST Silice et oxide de fer.. ....... 0,018 Matière organique... 0.008 0,914 PUITS DE LA CROIX DE SEGUEY. Gaz acide carbonique. . } quantité Air atmosphérique. .... | indéterminée. Carbonate de chaux... ...... 0,292 Sulfaterde» chaux 0 0,083 Chlorure de sodium. ....,..... 0,068 de calcium... . 0,047 de magnésium... ... 0,031 Azotate de chaux..." 0: l j de magnésie.......... \ 0,063 Silice et oxide de fer... 0,017 Matière organique... LUE 0,006 0,607 145 QUARTIER NORD. PUITS DU PAVÉ DES CHARTRONS Gaz acide carbonique. j quantité Air atmosphérique. .... | indéterminée. Carbonate de chaux. . ....... 0,520 de magnésie...... 0,032 Sulfate de chaux ............. 0,305 de magnésie.. ... . . 0,043 Chlorure de sodium.... ...... 0,150 de calcium... : 0,069 de magnésium. ..... 0,037 Azotate de chaux. senres ee i 0,086 de magnésie..... cout Silice et oxide de fer ........ 0,014 Matière organique... .….. 0,006 1,262 PUITS DU MAGASIN DES VIVRES DE LA MARINE. Gaz acide carbonique... j quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux... ee 1,475 de magnésie. ...... 0,062 Sulfate de/chaux... 2.10, 901 de magnésie.. 414 00,056 Chlorure de sodium........... 0,225 de calcium. ,,...... 0,012 Silicate d’alumine et oxide de Ter Re rene rene tt mette so... 0,024 Matière organique . .......... 0,008 2,763 PUITS DU COURS DU JARDIN PUBLIC. Gaz acide carbonique... | quantité Air atmosphérique... {indéterminée. Carbonate de chaux... .... .. 0,392 Sulfate derchaux....".: 41.10 0,187 Chlorure de sodium., ........ 0,136 de calcium........…. 0,092 de magnésium... 0,062 Silice et oxide de fer... 0,018 Matière organique, ..,,,,.,... 0,008 0,895 PUITS DU QUAI DES CHARTRONS. Gaz acide carbonique. | quantité Air atmosphérique . ... ! indéterminée. Carbonate de chaux... .. 0,620 de magnésie....... 0,038 Sulfate de chaux......... 0,376 de magnésie. ....... . 0,062 Chlorure de sodium......,.... 0,082 de'calcium: 24 0,106 de magnésium. ...... 0,062 Azotate de chaux............. 0,046 Silice et oxide de fer. ........ 0,021 Matière organique... 2oGcone 0,009 1,422 PUITS DU QUAI PE BACALAN. Gaz acide carbonique.. | quantité Air atmosphérique. . .… | indéterminée. Carbonate de chaux... 1,372 de magnésie...... 0,048 Sulfate de chaux... 009; 800 de magnésie.......... 0,104 Chlorure de sodium..... ..... 0,182 de magnésium. ....... 0,065 Azotate de chaux............. | de magnésie........ SA 0,068 Silicate d'alumine et oxide de BL = senesceeccs cet 0,020 Matière organique.....,...,... -0,011 2,112 PUITS DE LA PLACE PICARD. Gaz acide carbonique. . } quantité Air atmosphérique... .…., \ indéterminée, Carbonate de chaux... .... 0,416 Sulfate de chaux... ....s.. 0,202 Chlorure de sodium..,,..,... 0,046 de calcium ..... .… N,062 Silice et oxide de fer... 0,014 Matière organiqne.. .......... 0,008 0,748 HR 146 PUITS DE LA RUE DE LA COURSE. Gaz acide carbonique... ; quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux... ......…. 0,622 Sulfate de chaux. .....,...... 0,280 Chlorure de sodium, ......... 0,102 de calcium.......... 0,066 de magnésium...... 0,021 Azotate de chaux. sesvetesnens 0,054 de magnésie.... se Silice et oxide de fer.......... 0,018 Matière organique......... .. 0,005 1,168 BANLIEUE DE PUITS DES ALLEES DES NOYERS. Gaz acide carbonique. . } quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux.. ...... . 0,564 Sulfate de chaux... . 0,436 Chlorure de sodium....,, .... 0,108 de calcium... ....... 0,084 de magnésium... ..…. 0,026 Azotate de chaux............. l de magnésie. ........, | 0,102 Silice et oxide de fer... 0,014 Matière organique ............ 0,007 1,341 BORDEAUX. Comme nous l'avons dit ailleurs, les communes de la banlieue de Bordeaux renferment des sources super- ficielles nombreuses et de bonne qualité; néanmoins, les habitants, en raison de la proximité, font usage d'eau de puits. . PUITS DE BÈGLES. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux. .......... 0,310 Sulfate/de "chaux... ......... 10,167 Clilorure de sodium. ......... 0,084 Ge CAICIUME re... 0,041 Silice et oxide de fer.......... 0,016 Matière organique. ..........…. 0,004 0,622 ee PUITS DE CAUDÉRAN. Gaz acide carbonique... j quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux... 0,297 Sulfate de chaux. . ....,,,.... 0,068 Chlorure de sodium... 0,07 de calcium... .... 0,032 Azolale de chaux......:. 4... [l de magnésie. ..,..,, V,028 Silice et oxide de fer... 0,014 Matière organique. .,.., ,,,. 0,006 0,521 1% PUITS DE TALENCE AVOISINANT LES SÉCHERIES DE MORUES. Gaz acide carbonique.......... 0,0145 Gaz acide carbonique. ........ 0,0160 Air atmosphérique... ... ..... 0,0015 Air atmosphérique. ........... 0,0015 0,0160 0,0175 Carbonate de chaux ..... . . 0,305 Carbonate de chaux... 0,312 Sulfate de chaux. ........... 0,102" Sulfate:de chaux............…. 0,081 de magnésie.......... 0,022 Chlorure de sodium .......... 0,067 Chlorure de sodium... ...... 0.187 de calcium...,..,... 0,052 de calcium.........…. 0,034 de magnésium... 0,012 de magnésium... . 0,042 Silice et oxide de fer ....... 0,014 Silice et oxide de fer ........ 0,016 Matière organique... ...., .. 0,004 Matière organique......,.. 0,007 0,542 lode, des traces. an 0,715 BOUSCAT. PUITS DE LA PROPRIÉTÉ B. PUITS DU BOURG. Gaz acide carbonique.. | quantité Air atmosphérique. . … | indéterminée. Carbonate de chaux... 0,207 Sulfate de chaux... . 0,082 Chlorure de sodium. .......... 0,074 de calcium... 0,021 Silice et oxide de fer... 0,017 Matière organique... 0,014 0,415 Per 1 PUITS DE TALENCE ÉLOIGNÉ DES SÉCHERIES DE MORUES. PUITS DU BOURG. Gaz acide carbonique. ......, 0,0170 Gaz acide carbonique... 0,0170 Air atmosphérique, .. .,...... 0,0915 Air atmosphérique. ....,..... 0,0015 0,0185 0,0185 Carbonate de chaux... .… 0,476 Cerbonate de chaux... .010,297 . Sulfate derchaux. "2.4: 0,247 Sulfate derchaux..... 2... 0,108 Chlorure de sodium.........…. 0,066 Chlorure de sodium..…......... 0,052 de calcium... ..... 0,052 de calcium. .…. Ê 0,015 Silice et oxide de fer... 0,021 Silice et oxide de fer... 00 0ILE Matière organique... .,...... 0,008 Matière organique... ....... 0,006 0,870 0,0496 BRUGES. PUITS DE LA PROPRIÉTÉ P. Gaz acide carbonique... j quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de ehanx..…......... 0,192 Sulfate de chaux... 0,068 Chlorure de sodium... 0,046 Silice et oxide de fer... 0,018 Matière organique... 0,016 0,310 mens À 118 Je renvoie l'examen des eaux que fournissent les can- tons d'Audenge, Belin, la Teste, etc., au chapitre des eaux du sous-sol des Landes. CANTON DE BLANQUEFORT. Quoique le canton de Blanquefort soit un des plus favorisés sous le rapport des sources superficielles, les habitants n'en font pas moins usage de l'eau de leurs puits, très-inférieure en qualité; Blanquefort nous en donne la preuve : l'eau de ses puits est lourde, séléni- teuse, malsaine, et partout aux environs circulent, à la surface du sol, des eaux pures et légères. Il en est de même dans les communes du Taillan, d'Eysines, etc. PUITS PUITS DU BOURG DE RLANQUEFORT. DU BOURG DU TAILLAN. Profondeur, 16 à 18 mètres. Profondeur, 11 à 12 mètres. Marque 10 deg., l'air étant à 24. Marque 10 deg. /., l'air étant à 24. Gaz acide carbonique... 0,125 Re nes EE Air atmosphérique. ...,.,..., 01015 OM MOSnACnnnE EEE No? ù 0145 0,140 PRES Carbonate de chaux. . ...... 0,435 Carbonale de Chañx,- veus JE x 20ISuate APICHAUX. LE rc. 0,102 SulAtE ACICRAUX..... 2... 0,267 x Ë SEL AE Chlorure de sodium... ...,.... 0,056 Chlorure de sodium. ......... 0,122 ; Ve ! de calcium.,......,. 0,032 decalcium.......-. OUOGNE # : = à -Q Silice et oxide de fer... .. 0,016 AZotate de chaux... .......... 0,078 RCD ET RO 0.006 Silice et oxide de fer... 0,024 Ne IR TITRES Hate : pe Matière organique. , .......... 0,009 0,529 1,031 PUITS DU BOURG D'EYSINES. Gaz acide carbonique... 0,0135 Air atmosphérique. ......, .. 0,0015 0,150 Carbonate de chaux. 0,315 Sulfate de chaux... .. .. 0,182 Chlorure de sodium... ...... 0,056 APICAICIUN eee ae 0,021 de magnésium....... 0,019 Silice et oxide de fer. … . 0,021 Matière organique ........,.. 0,012 0,626 = de) PUITS DE LA PROPRIÉTÉ AÀ., COMMUNE D'EYSINES. Gaz acide carbonique........ 0,0140 Air atmosphérique.. ...... . 0,0020 0,160 =. Carbonate de chaux........... 0,275 Sulfate de chaux.............. 0,167 Chlorure de sodium... . 0042 de calcium... ....... 0,034 Silice et oxide de fer......... 0,018 Matière organique... ..,...... 0,010 0,546 Les communes de Ludon et de Macau contiennent quelques bonnes sources; mais généralement l'eau des puits est de qualité inférieure, et rentre dans la classe des eaux indifférentes. PUITS DE MACAU. Gaz acide carbonique.. | quantité Air atmosphérique ... | indéterminée. Carbonate de chaux..........…. 0,435 Sulfate de chaux.. ........... 0,208 Chlorure de sodium. ......... 0,122 de calcium... ,..... 0,016 Silice et oxide de fer......... 0,014 Matière organique. ........,.. 0,008 0,803 CANTON DE PUITS DE LUDON. Gaz acidé carbonique... } quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux. ........…. 0,476 Sulfate de chaux... 0... 0,184 Chlorure de sodium...... 3000; 107 He CAlCIUME ee 0,024 Silice et oxide de fer.. ....... 0s016 Matière organique... . AGE 0,012 0,819 LL cnonmmttthsl CASTELNAU. Les puits sont nombreux; l'eau qu'ils fournissent, bonne dans quelques communes, est: très-inférieure dans d'autres; ils sont généralement peu profonds : creusés dans un sol siliceux très-perméable, l'eau con- 1 0 tient presque partout de la matière organique en forte quantité. Le bourg de Castelnau, celui de Margaux, de Sous- sans, d'Arcins, sont alimentés par des eaux de puits assez chargées de matières organiques pour les rendre malsaines. PUITS DE CASTELNAU. Profondeur, 6 mètres. Marque 11 deg. , l'air étant à 23. Eau limpide, un peu colorée. Gaz acide carbonique. ...... . 0,0125 Air atmosphérique... .. ..... 0,0015 0,0140 Carbonate de chaux. .......... 0,252 Sulfate de chaux. ............. 0,087 Chlorure de sodium. .......... 0,102 de calcium... ...... 0,028 Silice et oxide de fer... 110,026 Matière organique aliotique..… 0,022 0,517 note) PUITS DE SOUSSAN un Gaz acide carbonique... 0,0120 Air atmosphérique. ...,..... , 0,0015 0,0135 L Carbonate de chaux. .......... 0,363 Sulfate de chaux......... 0,087 Chlorure de sodium... OO de CAICUMEt-..-... 0,048 de magnésium. .,, . 0,024 Silice et oxide de fer......... 0,019 Matière organique... 0,017 0,630 st PUITS DE MARGAUX. Gaz acide carbonique... 0,0130 Air atmosphérique ...... .... 0,0015 0,0145 Carbonate de chaux. ......... 0,295 Sulfate de chaux... ..., . 0,154 Chlorure de sodium... ,........ 0197 de calcium. ........, 0,049 Silice et oxide de fer... ....…. 0,016 Matière organique légèrement albumineuse..…............. PUITS D'ARCINS. Gaz acide carbonique... , 0,0125 Air atmosphérique. ........... 0,0015 0,0140 ee 65. 1 Carbonate de chaux........... 0,287 Sulfate de chaux.............. 0,062 Chlorure de sodium.......... 0,091 deXcalCME AR. 0,014 Silice et oxide de fer.......... 0,015 Matière organiqueun peu al— DUMINÉUBE seems eee 0,026 0,495 15 CANTON DE PESSACe Les eaux profondes de ce canton sont de très-bonne ualité, le sol qui les recouvre étant généralement sa- { ; I 5 blonneux. Pessac, Canéjean, Gradignan, Mérignac, Villenave-d'Ornon, Cestas, ont des puits qui rivalisent de pureté avec les sources superficielles les plus renom- mées. PUITS DU BOURG DE PESSAC. Profondeur, 7 à 8 mètres. Marque 10 deg. "},, l'air étantà 22. Gaz acide carbonique. ........ 0,0140 Air atmosphérique. ......... . 0,0015 0,0155 Carbonate de chaux.......... 0,263 Sulfate de chaux........., 0,087 Chlorure de sodium........... 0,072 de calcium... 0,025 Silice et oxide de fer. ...... 0.018 Matière organique. .......... 0,009 0,47 PUITS DE GRADIGNAN. Gaz acide carbonique. ......…. 0,0135 Air atmosphérique. ........... 0,0020 0,0155 Carbonate de chaux......,..…, 0,282 Sulfate de chaux... … 0,096 Chlorure de sodium. . ... .... 0,082 de calcium. ...... .. 0,048 de magnésium... .... 0,027 Silice et oxide de fer... 0,021 Matière organique ........... 0,007 PUITS DE CANÉJEAN. Peu profond. Marque 10 deg. ‘/,, l'air étant à 23. Gaz acide carbonique. .. .... 0,0125 Air atmosphérique... ...... 0,0015 0,0140 Carbonate de chaux........... 0,256 Sulfate de chaux............. 0,042 Chlorure de sodium. .......... 0,054 Silice et oxide de fer.......... 0,021 Matière organique... ....... 0,008 0,381 PUITS DE MÉRIGNAC. Gaz acide carbonique... 0,0135 Air atmosphérique. .........,. 0,0015 0,0150 Carbonate de chaux........... 0,245 Sulfate de chaux... ......... 0,102 Chlorure de sodium... 0 00 GB CAICIUN- Re re.-« 0,031 Silice et oxide de fer, .... .. 0,018 Matière organique. .…........ 1207007 0,470 Eu 152 PUITS DE VILLENAVE-D'ORNON. PUITS DE CESTAS. Gaz acide carbonique... } quantité Gaz acide carbonique . } quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux.......... 0,282 Carbonate de chaux. .......... 0,192 Sulfate de chaux.............. 0,064 Sulfate de chaux......... 0,035 Chlorure de sodium .... .... . 0,087 Chlorure de sodium........... 0,082 de calcinm.......... 0,061 de calcium ........ . 0,056 Silice et oxide de fer......... 0,014 Azotale de potasse.........….. 0,034 Matière organique............ 0 005 Silice et oxide de fer.. .....…. 0,022 ————— Matière organique un peu albu- 0,513 IniNeuSe se EN 0,013 0,434 CANTON DE LA BRÈDE. Ce canton, quoique arrosé par plusieurs petits ruis- seaux, est cependant moins favorisé que celui de Pessac. Le bourg de La Brède possède un puits public, dont l'eau est assez pure en été; mais le sol où il a été creusé est tellement perméable, que dans les fortes pluies l'eau double de volume au détriment de sa qualité. Les puits dont le bourg est abondamment pourvu, sont généra- lement peu profonds, et l'eau qu'ils fournissent chargée de matières organiques. PUITS PUBLIC DE LA BRÈDE. PUITS DE LA MAISON MONTESQUIEU, Gaz acide carbonique... 0,0125 A LA BRÈDE. Air atmosphérique..........…. 0,0015 ee 1Gazracite carbonique, ...:.0. 0,0155 0,0140 Air atmosphérique . .......... 0,0015 Carbonate de chaux... 0,182 0,0170 Sulfate de. chaux. ............. 0,05 TER Chlorure de sodium... 0,072 Carbouate de chaux 0,295 de calcium... . … 0,048 Sulfate de chaux........ ..... 0,084 Silice et'oxide de fer... 0,018 Chlorure de sodium... 0,132 Matière organique 0,014 de calcium... 0,042 = Silice et oxide de fer. .....…. 0,018 0,590 Matière organique... 0,018 153 Les puits de Léognan, de Castres, de Saucats, four- nissent une eau qui diffère peu quant à la quantité de matière saline, de celle de La Brède; mais elle con— tient beaucoup moins de matière organique, ce qui la rend préférable pour la boisson. PUITS DE LÉOGNAN. Gaz acide carbonique. ....... 0.0125 Air atmosphérique. .......... 0,0020 0,9145 Carbonate de chaux, ....,..... 0,253 Sulfate de chaux. ....... ..... 0,102 Chlorure de sodium....e...... 0,064 de calcium........... 0,038 Silice et oxide de fer.......... 0,021 Matière organique............. 0,007 0,485 PUITS DE CASTRES, HAUTE PLAINE Gaz acide carbonique......... 0,0125 Air atmosphérique. . ......... 0,0015 0,0140 Carbonate de chaux....... …. 0,244 SulRIeITE ChAUXS.2-....-...r 0,094 Chlorure de sodium .......... 0,067 de calcium........... 0,082 Silice et oxide de fer... ..... 0,017 Matière organique... ...... 0,007 0,511 PUITS DE SAUCATS. Gaz acide carbonique. . j quantité Air atmosphérique. \ indéterminée. Carbonate de chaux. .......... 0,273 Sulfate de chaux............. 0,068 Chlorure de sodium..... .... 0,052 de calcium.......... 0,056 Siiice et oxide de fer... HO, 016 Matière organique... ... .... 0,008 0,473 ns El PUITS DE CASTRES, BASSE PLAINE. Gaz acide carbonique........ 0,0135 Air atmosphérique. .......... 0,0015 0,0150 Carbonate de chaux... . ..…. 0,205 Sulfate de chaux ............ 0,102 Chlorure de sodium, . ........ 0,121 de calcium. ...,..... 0,048 de magnésium... .... 0,037 Silicate d’alumine........ .... 0,021 Matière organique et oxide de PÉDOC De bons ad HO DI 0,545 CANTON DU CARBON-BLANC. Les puits sont profonds, l'eau qu'ils contiennent est de qualité très-ordinaire; dans quelques localités, elle est mème malsaine. 154 CARBON BLANC. — Gros bourg situé sûr un plateau ; élevé; comme le plus grand nombre de nos communes rurales, il manque de fontaine publique; les puits y sont nombreux. AMBARÈS. — Joli bourg, bien bàti, terrain fertile, sol calcaire, eau séléniteuse. BOUILLAC. — Jolie commune sur le coteau qui borde la rive droite de la Garonne. Point de sources super- ficielles remarquables; puits profonds de 16 à 18 mè- tres, eau de bonne qualité. FLOIRAC. — Site élevé dominant la Garonne, terrain argilo-calcaire, puits très-profonds, 18 à 30 mètres; eau limpide, fraiche et pure. LORMONT. — Sources profondes, nombreuses, sol argilo-siliceux; puits abondants, eau limpide, saveur franche et agréable. SAINT-LOUBES. — Puits peu profonds, eau séléni- teuse, lourde, malsaine. CENON-LA-BASTIDE, — Les puits de La Bastide sont peu profonds, l'eau qui les alimente n'est pas à plus de ä ou 5 mètres du sol; cette eau, chargée de matières organiques, contient du crénate de fer, qui lui donne une saveur atramentaire assez sensible, et la rend im- propre à certaines industries, telles que la fabrication de la bière, celle des poteries blanches, ete. 155 PUITS DU CARBON-—BLANC. Gaz acide carbonique... 0,0130 Air atmosphérique........... 0,0020 0,0150 Carbonate dé chaux... ...... 0,462 Sulfate de chaux . ......... 0,196 Chlorure de sodium .......... 0,115 de calcium...,...... 0,076 de magnésium ..... 0,042 Silicate d’alumine ...... ..... 0,014 Matière organique et oxide de Sa éd ete" son 00e Gooc 0,009 0,914 PUITS DE BOUILLAC. Profondeur, 14 mètres. Marque 10 deg. '/,. l'air étant à 23. Gaz acide carbonique... quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux... ...... 0,276 Sulfate de chaux.............. 0,054 Chlorure de sodium... Serie 0,062 de calcium.......... 0,071 de magnésium... .... 0,022 Silice et oxide de fer.......... 0,014 Matière organique. ........... 0,006 0,505 PUITS DE LORMONT. Profondeur 11 mètres. Marque 11 deg., l'air étant à 23. Gaz acide carbonique. } quantité Air atmosphérique. ... | indéterminée. Carbonate de chaux... ....... 0,252 Sulfate de chaux. .......,..... 0,064 Chlorure de sodium ....... . 0,036 GAEICAICIUM -... -...- 0,028 de magnésium... .. 0,026 Silice et oxide de fer. ... ... 0,021 Matière organique .......... 107002 0,429 nc | PUITS D'AMBARES. Gaz acide carbonique... 0,0165 Air atmosphérique... ....... 0,0015 0,0180 Carbonate de chaux... ...... 0,620 Sulfate de chaux ............. 0,465 Azotate de chaux... + 20) 0,076 de magnésie.......... | Chlorure de sodium. ....,...... 0,115 de calcium... .,..... 0,252 de magnésium, ...... 0,081 Silice et oxide de fer... 0,014 Matière organique....... ...., 0,008 1,631 PUITS DE FLOIRAC. VILLA ROSA. Profondeur, 31 mètres. Marque 9 deg. ‘/,, l'air étant à 23. Gaz acide carbonique... .... 0,0165 Air atmosphérique. .......... 0,0015 0,0180 Carbonate de chaux........…, 0,280 Sulfate.de chaux .............. 0,044 Chlorure de sodium........... 0,056 de calcium... ....... 0,032 de magnésium... 0,017 Silice et oxide de fer......... . 0,021 Matière organique... ...... . 0.003 0,453 PUITS DE SAINT-LOUBES. Profondeur, 14 mètres. Marque 11 deg., l'air étant à 23. Gaz acide carbonique... j Quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux... ...... 0,725 Sulfate de chaux... ... 0,442 Chlorure de sodium... 0,402 de calcium... ...... 0,064 de magnésium... 0,038 Azotate de chaux... ...... … i Fe de magnésie ......... 00,265 Silicate d'alumine............. 0,024 Matière organique et oxide de 0,010 1,870 156 PUITS DE LA BASTIDE. PUITS DE CENON-LA-BASTIDE, Gaz acide carbonique. | quantité Gaz acide carbonique... quantité Air atmosphérique... \indéterminée, Air atmosphérique. . ..… \'indéterminée. Carbonate de chaux... ...... 0,167 Carbonate de chaux........... 0,325 Sulfate de chaux. ............ 0,038 Sulfate de chaux... .........., 0,102 Chlorure de sodium ........ . 0,051 Chlorure de sodium... ..... 0,046 de calcium.. ,..... 0,042 de calcium... ..... . 0,038 de magnésium... 0,018 Silice et oxide de fer... ....... 9,016 Silicate d’alumine.. .......... 0,014 Mativre organique... , 0,002 Crénate de fer et matière or— Fe HAIIQUE..... te eee eo 0,009 0,529 0,339 CANTON DE CRÉON. Créon n'a point de fontaine publique, les puits y sont nombreux, l'eau lourde et malsaine. LA SAUVE. — Le collège de la Grande Sauve possède des sources profondes, qui fournissent à ses puits une eau abondante et de bonne qualité. CARIGNAN. — Petite commune contenant de bonnes eaux, tant superficielles que profondes; le sol est silico- argileux, les puits abondants et peu profonds. LA TRÈNE. — Petit bourg dans la vallée de la Ga- ronne ; il est entouré de sources superficielles; mais les habitants n'emploient que l'eau de puits, qui est plus à leur portée. PUITS DE CRÉON. Eau limpide, inodore, saveur fade et terreuse. Gaz acide carbonique... 0,0145 Air atmosphérique. .......... 0,0015 0,0160 Carbonate de chaux........... 0,362 Sulfate de chaux. ..... ....... 0,340 Chlorure de sodium........... 0,127 de calcium. ......... 0,102 de magnésium. ..... 0,054 Silicate d’alumine. ........... 0,021 Matière organique et oxide de raies ss bte Ste 0,009 1,015 EE | PUITS DE CARIGNAN. Eau Limpide, un peu fade. Profondeur, 11 à 12 mètres. Marque 10 deg. , l'air étant à 23. Gaz acide carbonique...) quantité Air atmosphérique. ..…. | indéterminée. Carbonate de chaux.......... 0,438 SUIALEME CHAUX... 0. 0,057 Chlorure de sodium...., ... 0,051 de calcinm.......... 0,034 Silicate d’alumine......... . . 0,016 Matière organique et oxide de unes sn nsnsnsnnnnnse PUITS DU COLLÉGE DE LA GRANDE SAUVE. Eau limpide, fraiche, agréable et légère. Gaz acide carbonique... . . 0,0165 Air atmosphérique, ......... 0,0020 0,0185 Carbonate de chaux. . ..... 0,177 Sulfate de chaux... ........... 0,112 Chlorure de sodium........... 0,068 de calcium... ....…. 0,052 Azotate de chaux............. 0,024 Silice et oxide de fer.......... 0,018 Matière organique. ........... 0,002 0,453 mme PUITS DE LA TRÈNE. Eau limpide, un peu fade. Profondeur, 11 à 12 mètres. Marque 10 deg. , l'air étant à 93. Gaz acide carbonique... quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux. ........ 0,422 Sulfate,de chaux............. 0,130 Chlorure de sodium. ...... ... 0,042 de calcium..... ..... 0,036 Silicate d’alumine... ......... 0,012 Matière organique et oxide de ET etes sde 0,011 0,660 CANTON DE PODENSAC. PODENSAC. — Commune populeuse, sources abon- dantes, eau pure et agréable; puits profonds de 9 à 10 mèlres, 158 gARsAC. — Bourg considérable; point de fontaine; eau de puits fraiche, agréable et pure. ILLATS. — Eaux abondantes et salubres, sol siliceux ; puits profonds d'environ 8 à 9 mètres. porTETs. — Eaux excellentes; puits nombreux et peu profonds. PUITS DE PODENSAC. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique. .…. | indéterminée. Carbonate de chaux........... 0,192 Sulfate de chaux.............. 0,034 Chlorure de sodium. ...,.... 0,038 de calcium... ........ 0,032 Azotate de chaux........,..... 0,018 Silice et oxide de fer......... 0,011 Matière organique.. ........ 0,002 0,327 PUITS D'ILLATS. Gaz acide carbonique... j Quantité Air atmosphérique ..... \ indéterminée. Carbonate de chaux. ....,....…. 0,267 Sulfate de chaux.. ............ 0,042 AZOtAte AE CHAUX. ce... 0,016 Chlorure de sodium ... ..... 0,048 de calcium... ..… 0,034 Silice et oxide de fer.......... 0,012 Matière organique. ............ 0,002 0,421 0 PUITS DE BARSAC. Gaz acide carbonique... j quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux.........…. 0,348 SUITE de CHAUX... ., se 0,068 Chlorure de sodium........... 0,057 Azotale de chaux... ......... 0,036 Silice et oxide de fer . ..... 0,014 Matière organique. ........... 0,006 0,529 PUITS DE PORTETS. Gaz acide carbonique.. } Quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux. ......... 0,293 SUITE IENCRANX rer eee 0,067 Azotate de chaux. nosehe ssl) 0,036 de magnésie.... .... \ Chlorure de sodium... ..... . de calcium. ......... 0,064 de magnésium... Silice et oxide de fer. ....... 0,012 Matière organique. ........... 0,006 0,478 159 CANTON DE CADILLAC, CADILLAC. — Jolie petite ville; elle possède une fon- taine publique; les puits y sont profonds et fournissent de très-mauvaises eaux. LANGOIRAN. — Eau de puits bien supérieure à celle des puits de Cadillac. PUITS DE CADILLAC. PUITS DE LANGOIRAN. Gaz acide carbonique... 0,0160 Gaz acide carbonique, . } quantité Air atmosphérique... ........ 0,0015 Air atmosphérique. .……. | indéterminée. a A DONAIE (E CHAUX. 2-2... 0,329 0,0175 « Sulfate de chaux... .......... 0.112 ————— Chlorure de sodium, . ........ 0,063 Carbonate de chaux... ....... 0,792 deYCaIéuns 4... 0,034 Sulfate de chaux.......... …… 0,475 Silice et oxide de fer... … 0,014 Azotate de chaux... ... …. | - Matière organique...........…. 0,008 Fe 0,187 de magnésie......... \ FR. Chlorure de sodium........... 0,130 0,560 de calcium.......…. | 0.214 = — de magnésium. . .. | Silice et oxide de fer... 0,016 Matière organique......,...…. 0,012 1,826 CANTON DE SAINT=ANDRÉ-DE=CUBZAC. SAINT-ANDRÉ. — Bourg populeux situé sur un haut plateau; puits nombreux, de 40 à 12 mètres de pro fondeur, eau limpide et de bonne qualité. SALIGNAC. — Point de fontaine publique; puits pro- fonds, eau limpide, un peu séléniteuse, 160 PUITS DE S.-ANDRÉ-DE-CUBZAC. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux., ........ 0,251 Sulfate de chaux.........,... + 10 105 Azotate de chaux. ........... 0,067 Chlorure de sodium. . ........ 0,078 de calCInMe 2... 0,042 Silicate d’alumine et oxide de TÉL ner ER een ep es use 0,020 Matière organique............. 0,009 0,575 PUITS DE SALIGNAC. Gaz acide carbonique, . | quantité Air atmosphérique. .…, lindéterminée. Carbonate de chaux... ........ 0,384 Sulfate de lChANT: 7. 0 62 Chlorure de sodium. ......….. 0,056 UC CaICIUM 1... MO U OZ de magnésium, ...…. 0,027 Silice et oxide de fer. ,.... . 0,012 Matière organique... ,,....... 0,006 0,111 6e ARRONDISSEMENT. Lcsparre, Construite au milieu d'une plaine fertile, la petite ville de Lesparre, bien bâtie et assez populeuse, ne ren- ferme aucune fontaine publique; les puits suffisent aux besoins de la population. CIVRAC. — Bourg peu important: point de fontaine ; puits peu profonds; eau lourde, séléniteuse, malsaine. QUEYRAC. — Bourg considérable, sol fertile, marais étendus; point de fontaine; puits nombreux, eau mal- Salne, 161 PUITS DE LESPARRE. PUITS DE CIVRAC. Profondeur, 9 à 10 mètres. Profondeur, 7 à 8 mètres. Marque 10 deg. , l'air étant à 22. Eau limpide, saveur un peu maré Eau limpide, saveur fade, terreuse. cageuse. Carbonate de chaux... 0,505 Gaz acide carbonique... } quantité SALE Te CRAUX, Ne rercesse 0,316 Air atmosphérique... . | indéterminée. Azotate de chaux........... … 0,042 Carbonate de chaux. ....... . 0,475 Chlorure de sodium... 0,136 Sulfate de chaux........... .. 0,225 de calcium. . ........ 0,012 Chlorure de sodium........... 0,185 Silice et oxide de fer... . 0,014 de calcium. ......... 0,096 Matière organique... 0,010 Silice et oxide de fer... ...... 0,027 ————— Matière organique. .....,.... 0,011 1,035 ES — 1,019 EE PUITS DE QUEYRAC. Profondeur, 6 à 7 mètres. Eau limpide , marécageuse. Gaz acide carbonique... | quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux........... 0,525 Sulfate de chaux. ............ 0,082 Azotate de chaux... ee delete l 0.096 de magnésie...... .. jee Chlorure de sodium... ........ 0,135 de calcium. . ....... 0,102 de magnésium. ...…. 0,037 Silice et oxide de fer........... 0,022 Matière organique albumin..… 0,013 CANTON DE SAINT=-LAURENT, Terrain sablonneux, aride, peu fertile; point de sources superficielles, puits nombreux, peu profonds, eau chargée de matières organiques. SAINT-LAURENT. — Bourg assez populeux, puits 12 162 plus profonds que dans les autres parues du canton, eau de meilleure qualité. PAUILLAC. — Bâtie sur le bord du fleuve, la petite ville de Pauillac manque de fontaine publique; les ha- bitants font usage d'eau de puits. SAINT-ESTÈPHE. — Joli bourg sur la Gironde; point de fontaine publique; puits nombreux, eau lourde et séléniteuse. PUITS DE PAUILLAC. Acide carbonique... | Quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux. ........., 0,195 Sulfate de chaux..........:.. 0,052 Chlorure de sodium....... ... 0,115 de calcium......... 0,034 de magnésium, . .. 0,021 Silice et exide de fer... 0,014 Matière organique. ....,,..,.. 0,007 lode, des traces. PUITS DE SAINT-ESTÉPHE. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux... 0,585 Sulfate de chaux... 2... 10287 de, magnésie.. ........ 0,026 Chlorure de sodium........... 0,102 de-calcium. ......... 0,024 de magnésium, ..….... 0,038 Silice et. oxide de fer......... 0,018 Matière organique... 00,006 lode, des traces, 1,031 PUITS DE SAINT-LAURENT. Gaz, acide carbonique... } .. |'indéterminée. Air atmosphérique. Carbonate de chaux, Sulfate de chaux... Chlorure de sodium nous de calcium. ....... , Silice et oxide de fer Matière organique albumin..…. quantité 0,266 0,080 0,056 0,022 0,017 0,016 163 CANTON DE SAINT=VIVIEN Situé à l'extrème limite du département du côté de la mer, ce canton n'est arrosé par aucun cours d'eau ; de nombreux marais salans occupent tout son littoral. SAINT-VIVIEN. — Ne renferme aucune source super- ficielle; les puits y sont nombreux, peu profonds, l'eau chargée de matières organiques. TALAIS. — Petit bourg, dont les eaux sont encore plus chargées que celles de Saint-Vivien. SOULAC. — Petite localité au pied des dunes; l'eau des puits est de mauvaise qualité. PUITS DE SAINT-VIVIEN. PUITS DE TALAIS. Gaz acide carbonique... } quantité Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique. ... | indéterminée. Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux... .,... 0,395 Carbonate de chaux. . ........ 0,346 SEAT ACTE SERRES 0,210 Sulfate de chaux... .... 0,084 Chlorure de sodium... ...,.... 0,135 de magnésie, ...... 0,014 de magnésium... 0,042 Chlorure de sodium. ...... …. 0,147 Silice et oxide de fer... .. 0,017 de calcium... :.... 064 Matière organique albumin . 0,022 de magnésium. ..…. 0,048 Jode , des traces. Silice et oxide de fer... 0,016 7 0 821 Matière organique albumin... 0,034 ——— [ode, des traces, 0,753 PUITS DE SOULAC. Gaz acide carbonique. . } quantité Air atmosphérique. ..….. | indéterminée, Carbonate de chaux... ..… 0,382 Sulfate de chaux... 0,177 de magnésie,.. ... .... 0,027 Chlorure de sodium... ..... 0,231 de calcium... ......., 0,054 de magnésium... 0,046 Silice et oxide de fer. … .. . 0,014 Matière organique albumin... 0,038 lode, des traces, 0,969 164 ARTICLE 2. — A" SECTION. Eaux siagnantes superficielles. l'SÉTANES" Les eaux que le sol des landes ne peut retenir, se rendent vers la mer par linclinaison naturelle du sol. Arrétées par les dunes qui bordent l'Océan, elles for- ment à leur base, sur une grande partie des côtes du golfe de Gascogne, une suite d'étangs communiquant ensemble et présentant une vaste étendue. Plusieurs de ces étangs appartiennent au département de la Gi- ronde; les principaux sont : l'étang de Hourtins, celui de Lacanau, et l'étang de Cazeaux ou de Sanguinet. Un nombre considérable d'autres étangs moins étendus se trouvent dans les communes du Porge, de Sainte- Hélène et du Temple, et se relient presque tous avec les deux grands étangs de Hourtins et de Lacanau. Ces grandes masses d'eau, retenues sur des surfaces de douze et même de quinze kilomètres d'étendue, sont d'une pureté remarquable, le sol qu'elles ont parcouru , composé de sable pur, n'ayant pu leur fournir que de très-petites quantités de sels minéraux et de faibles par- lies de matière organique, 165 Elles sont done bonnes pour la boisson ; néanmoins on doit leur préférer les eaux courantes, qui, saturées d'air et d'acide carbonique, sont beaucoup plus légères, et de plus facile digestion. Comme les eaux de quel- ques rivières que jai signalées, l'eau des étangs est peu fertilisante : elle ne fournit point aux végétaux les éléments de nutrition dont ils auraient tant de besoin sur le sol aride des landes, Mais ces eaux, qui sont, sans contredit, d'un grand secours pour les populations du voisinage, ont encore linappréciable avantage de pouvoir servir à l'arrose- ment des rizières (culture nouvellement introduite dans nos landes), sans compromettre la santé des travail- leurs; car elles ne laissent après leur évaporation que des quantités très-minimes de matière organique. Il ne faut done pas confondre, au point de vue de l'hygiène publique, l'eau des étangs et celle des marais et des ruisseaux; une différence énorme les sépare, ainsi que le démontrent les résultats suivants : EAU DES ÉTANGS DE HOURTINS. Eau limpide, sans couleur. Marque 17 deg. , l'air étant à 23. Gaz acide carbonique. ...... 0,0019 Gamioxigbne, 4245.74 620) 2 0,0024 (Crrr ET Dane orders 0,0072 0,0115 Carbonate de chaux... Pres 0,119 Sulfate de chaux... ......... 0,011 Chlorure de sodium.........., 0,052 Silice et oxide de fer. ......... 0,008 Matière organique, des traces. 9,190 — DE LACANAU. Eau très-limpide. Maïque 18 deg., l'air étant à 25. Gaz acide carbonique... 0,0017 Gazhoxigène {19.2 LA El 0,0025 FAT LOIR AS ares ec 0,0070 0,112 Carbonate de chaux. ......... 0,102 Sulfate de chaux.............. 0,014 Chlorure de sodium.......,... 0,046 Silice et oxide de fer... 0,006 Matière organique, des traces. 0,168 166 DE CAZEAUX OU SANGUINET. Limpidité parfaite. Gaz acide carbonique... 0,0018 Gaz oxigène. . :.. 0.0 00.402 0,0028 Gaziazoie.-. +... SRE 0,0074 0,0120 Carbonale de chaux... .. .. 0,132 Sulfate de chaux. ............, 0,016 Chlorure de sodium... ...... 0,041 Silice et oxide de fer......... 0,007 Matière organique, des traces. * IL. — LAGUNES. On désigne dans nos landes, sous le nom de lagu- nes, des bassins naturels, de forme généralement cir- culaire, de profondeur variable, creusés sur un fond argileux ou aliotique que les eaux pluviales emplissent en hiver, et qui se dessèchent souvent en été, s'ils ne sont alimentés par quelques sources. Les lagunes les plus considérables du département sont celles de Rouquières, de Saint-Magne et de Trou- pins; ce sont aussi les seules dont j'aie étudié les eaux. Quoique l'eau des lagunes se rapproche beaucoup de celle des étangs par l'absence presque complète de sels minéraux, elle en diffère cependant en ce qu'elle con- tient une certaine quantité de matière organique, qui la rend souvent impropre à la boisson. Puisée en été, après une sécheresse assez prolongée, l'eau des lagunes est légèrement colorée; elle a une sa- veur fade et désagréable. 167 EAU DES LAGUNES DE ROUQUIÈRES. Limpide, mais colorée en jaunc— pailie. Marque 19 üeg., l'air étant à 24. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... ) indéterminée. Carbonate de chaux... Frécne 0,092 Sulfate'dé chaux. ..... ....... 0,016 Chlorure de sodium........... 0,042 Silice et oxide de fer... .....…. 0,006 Matière organique... . eee 0,014 0,170 DE TROUPINS. Limpide, fade, sans dégoût, peu colorée, sans odeur. Gaz acide carbonique, , } quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de ‘chaux. .…......... 0,086 SUITALE de CHANX-. ee... 0,006 Chlorure de sodium... .,. 0,034 Silice et oxide de fer... sett 0;007 Matière organique............. 0,011 0,144 DE SAINT-MAGNE. Saveur un peu marquée, colorée en jaune-paille. Gaz acide carbonique.. | Air atmosphérique Carbonate de chaux Sulfate de chaux ... Chlorure de sodium. . ........ Silice et oxide de fer Matière organique extractive. sus. quantité .… lindéterminée. 0,010 0,016 0,175 168 IT, — MARAIS. Le département renferme un grand nombre de ma- rais, tant sur les bords de la Gironde que sur ceux de la Garonne et des étangs littoraux. Ces marais ne sont pas tous de même nature; quel- ques-uns sont sans action marquée sur la santé des populations; d'autres au contraire deviennent, pendant les chaleurs de l'été, des foyers pestilentiels. Les marais qui présentent ce dernier caractère au plus haut degré, sont situés dans les communes de Blanquefort, de Pa- rempuyre, de Montferrant sur la Garonne, de Sous- sans, d'Arcins, d'Avensan et de Vendays sur la Gironde. L'éducation de là sangsue à instantanément arrêté les travaux de dessèchement et de colmatage dont on s'occupait depuis plus de vingt ans, et qui avaient mo- difié et presque complètement changé la nature du sol bourbeux d'une partie des marais de la Garonne. Quel- ques années encore, et la plus grande partie des ma- rais de Blanquefort et de Parempuyre avoisinant la ri- vière allait disparaître; un sol alluvionnaire des plus fertiles aurait remplacé la fange humide et bourbeuse qui forme, à une grande profondeur, le sol de ces ma- rais. À cette amélioration si importante au point de vue agricole, si utile et si salutaire au point de vue de la santé publique, ont succédé des travaux d'une nature diamétralement opposée : les prairies nombreuses qui commençalent à recouvrir ces tourbières imparfaite— 169 ment colmatées, et que quelques centimètres de plus de terre argileuse eussent transformés en des terrains d'une fertilité remarquable, sont changées en cloaques per- manents, par le piétinement incessant des animaux qu'on affecte à la nourriture des sangsues : bientôt tous nos marais seront employés à la reproduction de ces annélides. Cette industrie oblige les éleveurs à mettre ces marais à sec alors qu'ils devraient être submergés par l’eau limoneuse de la Garonne, et de les tenir cou- verts d'eau précisément à l'époque où les chaleurs de l'été rendent plus actives et plus malfaisantes les exha- laisons miasmatiques dont ils deviennent le foyer. Le séjour de ces couches d'eaux répandues à dessein sur de vastes surfaces présente d'autant plus de danger, que la masse liquide ainsi abandonnée à une évaporation lente et continue, contient le plus souvent, indépen- damment d'une forte quantité de matière albumineuse végétale, des portions considérables de débris prove- nant des animaux qu'on donne en pàture aux sangsues. Il est donc urgent que l'administration supérieure réglemente au plus tôt une industrie qui nuit d'une manière aussi directe à la santé des populations rura- les des rives de la Garonne et de la Gironde. L'eau des marais à des caractères qui lui sont pro- pres, et qui permettent de la distinguer des eaux cou- rantes ; elle est ordinairement colorée; sa saveur et son odeur ont aussi quelque chose de particulier qui la dé- cèle ; l'ébullition la trouble légèrement; elle s'éclaireit par le repos, en déposant de petits globules albumineux coagulés par la chaleur ; souvent l’action du calorique 170 suffit pour la décolorer et lui enlever son odeur et sa saveur ; elle devient alors fade, nauséabonde, et son évaporation complète ne laisse pour résidu que de la matière organique et une pelité quantité de sels. Ces eaux ne servent point à la boisson; mais si dans quelques localités éloignées on était réduit à en boire, il faudrait d'abord les faire bouillir et les ventiler après leur refroidissement, ou, ce qui vaudrait mieux en- core, les filtrer sur de la poudre de charbon, ainsi qu'il sera indiqué plus loin. EAU DES MARAIS DE BLANQUEFORT, PUISÉE AU MOMENT DE LA PÊCHE DE LA SANGSUE, Cette eau est colorée en jaune-paille ; elle a une odeur de marécage et une saveur nauséabonde. Carbonate de chaux. .......... 0,105 Sulfate de Chaux. ....... ..... 0,024 Chlorure de sodium...,.....…. 0,046 de calcium........... 0,018 Silice et oxide de fer.....,.... 0,011 Matière organique albumin.... 0,038 0,242 DE PAREMPUYRE, PUISÉE PENDANT LA PÈCHE DE LA SANGSUE. Légèrement colorée en brun fauve; saveur marécageuse. L'ébullition la trou- ble; elle s’éclaireit par le rayon qui sé— pare l’albamine végétale coagulée. Carbonate de chaux....... .. 0,086 Sulfate de chaux.............. 0,019 Chlorure de sodium .......... 0,042 decalcium........... 0,012 Silice et oxide de fer..….......…. 0,016 Matière organique albumin . 0,041 0,216 DE MONTFERRANT, PUISÉE A L'ÉPOQUE DE LA PÈCHE, Légèrement colorée en brun; saveur marécageuse, odeur particulière. L’ébul- lition est sans action apparente. Carbonate de chaux........... Sulfate de chaux... Chlorure de sodium de calcium........., Silice et oxide de fer. Matière organique extractive.. 0,09 ? AU N0 014 0,056 0,008 PAT 0,010 0,044 0,224 171 92e SECTION. Eaux stagnantes profondes. I. — EAU DU SOUS-SOL DES LANDES. On sait que les eaux pluviales retenues à peu de profondeur par les couches aliotiques imperméables qui forment le sous-sol de nos landes, y croupissent, se chargent des principes solubles de l'alios, et forment ensuite cêtte nappe d'eau souterraine qui alimente tous ces puisards qui fournissent à la population landaise l'eau dont elle a besoin pour ses usages domestiques, sa boisson et celle des animaux. Ces eaux, presque entièrement privées de sels miné- raux, ont une couleur jaune-brun plus ou moins foncé, et contiennent une grande quantité de matière organi- que provenant soit de leur séjour sur l'alios, soit de la décomposition des végétaux, qui meurent sur ce sol perméable; aussi portent-elles le germe des maladies, trop souvent mortelles, que les chaleurs de l'été déve- loppent parmi les populations qui s'en abreuvent faute d'autre. La composition chimique de ces eaux n’a encore été consignée nulle part; c'est ce qui m'a déterminé à ap 172 porter dans l'examen analytique que J'en ai fait, des soins plus minutieux encore que pour les autres caté- gories. Lorsqu'en 1847 j'annoncai à l'Académie des Sciences de Bordeaux que le tuf de nos landes n’est point, comme on l'avait cru jusqu'alors, une agrégation fer- rugineuse, mais un amas sablonneux résultant de Fad- hérence des molécules siliceuses, liées entre elles par un sédiment végétal qui se dureit sous l'influence des rayons solaires, j'expliquai que cette matière extracti- forme, s'infiltrant tout d'abord dans l'intérieur des cou- ches sableuses qui constituent la presque totalité du sous-sol des landes, s'y dessèche, s'y solidifie , et forme ainsi un réseau imperméable, qui retient les eaux plu- viales et les empêche de pénétrer plus avant dans le sol. C'est cet agrégé végéto-siliceux, qu'on nomme alios. Les eaux pluviales séjournant sur ce terrain alioti- que, s'emparent de toutes les parties solubles de lalios et des débris organiques qu’elles baignent, prennent de la couleur, contractent une odeur particulière, et peu- vent devenir dangereuses pour la santé des popula- tions; elles ne sont pas toujours de même nature, et varient suivant leur profondeur. La matière végétale que contiennent celles qui séjournent à une profondeur de 3 à # mètres a perdu ses qualités délétères, parce que les diverses phases de la fermentation qu'elle à su bie l'ont transformée en une matière extractive en par- tie résinifiée, sorte d'humus qui parait être sans acuon sur l'économie animale, Je nommerai ces eaux alioli- 173 ques, parce qu'elles ne paraissent contenir que la par tie soluble de lalios. Les autres, retenues à 4 ou 2 mètres du sol, ont une couleur plus foncée, quelquefois légèrement verdàtre ; leur saveur et leur odeur ont quelque chose de maré- cageux; elles se troublent par l'ébullition, et bientôt après il se sépare un petit sédiment floconneux, ayant les caractères de l'albumine végétale : je les nommerai eaux aliotiques albumineuses. Cette dernière eau à beaucoup d'analogie avec celle des marais, dont elle est le diminutif; comme elle, elle perd en bouillant la plus grande partie de son odeur de marécage, sa saveur devient plus franche; renfermée dans des bouteilles soigneusement bouchées, elle peut se conserver un mois et plus sans altération, tandis que quand elle n’a n'a pas bouilli, quatre ou cinq jours suffisent pour l'amener à putréfaction. Filtrée au travers de la poudre de charbon, ou mise en contact avec des copeaux de bois de chêne, l’eau albumineuse perd, comme par l'ébullition, albumine qu'elle contient, et, avec elle, l'odeur et la saveur ma- récageuse; sa qualité est de beaucoup améliorée, et elle peut alors être bue sans danger. Des expériences com- mencées depuis plusieurs années et qui se continuent encore, ont démontré que ces eaux si malsaines, dont on est cependant réduit à faire usage dans certaines localités, subissent ainsi une modification des plus sa- lutaires. L'action du charbon ou du tanin de chêne est bien plus marquée sur les eaux franchement albumi- neuses que sur les eaux aliotiques; en effet, la poudre 17% de eharbon absorbe la matière albumineuse, le tanin la coagule et la rend insoluble. Sans vouloir faire jouer à l'albumine végétale un rôle plus important que celui qu'on lui à attribué jus- qu'ici, je suis cependant tout disposé à admettre que c’est surtout à sa présence qu'il faut attribuer Faltéra-— tion rapide des eaux marécageuses, la fermentation qui s'y produit, et là formation des principes délétères qu'elles exhalent ou qu'elles retiennent en solution. De tous les principes immédiats des végétaux, lal- bumine est un de ceux qui se putrifie le plus prompte- ment; et en raison de sa nature animalisée, elle donne naissance à des produits azotés, qui contribuent au développement des fièvres paludéennes, si meurtriè- res dans quelques-unes de nos localités. On ne sau- rait donc trop recommander de filtrer au charbon tou- tes les eaux colorées de nos landes ou du Médoc qu'on destine à la boisson ; cette précaution devrait être prise surtout dans les années de sécheresse, où les eaux sont rares et où elles accumulent sous un petit volume les éléments morbides qui viennent d'être signalés. La construction de filtres dépurateurs est d'ailleurs si simple, si peu dispendieuse, que toutes les popula- tions de nos landes s'empresseront d'en faire usage, dès qu'on aura pu les convaincre des avantages qu'elles doivent en retirer. Comme il ne leur serait pas possible de distinguer les eaux purement aliotiques de celles qui sont albumineuses, je les engage à filtrer indistincte- ment toutes les eaux destinées à leur boisson, lors- qu'elles auront une couleur, une saveur ou une odeur quelconque, 175 Pour construire un filtre dépurateur, on place une barrique debout, après l'avoir bien nettoyée et défoncée d'un côté; on établit à 25 ou 30 centimètres du fond, une cloison circulaire ou double fond en bois de chène, percé d'un grand nombre de trous de la grosseur d'une plume à écrire; on étend sur ce fond une couche de gravier de 8 ou 10 centimètres d'épaisseur, et l'on ré- pand par-dessus une couche de 12 centimètres de charbon de chêne pulvérisé grossièrement. Ce charbon ne suflit pas toujours pour décolorer complétement les eaux; pour obtenir ce résultat, il faut ajouter au char- bon de bois un cinquième de charbon animal concassé, recouvrir le tout de & où 10 centimètres de sable fin bien lavé, et placer par-dessus une seconde rondelle ou fond, pour comprimer les matières filtrantes régu- lièrement étendues. Ce dernier fond, percé comme le premier, doit être fortement assujetti à l'aide de quel- ques clous ou de chevilles en bois de chêne. Ces dispositions prises, on remplit la barrique de leau qu'on destine à la boisson, et on la retire filtrée au fur et à mesure des besoins, à l'aide d’un petit ro- binet en bois placé à la partie inférieure. Pour obtenir une pression suflisante et une filtration rapide, il con- vient de maintenir la barrique pleine. Un filtre ainsi préparé peut fonctionner longtemps, sans qu'il soit besoin de renouveler les matières filtran- tes, car la propriété absorbante du charbon est considé- rable, On reconnaitra d'ailleurs que le charbon doit être changé, lorsque son action décolorante et absor- 176 bante ne suffira plus pour purifier complétement l'eau qu'on soumettra à la filtration ‘. Les postes des douanes situés sur le littoral, ceux surtout des communes de Saint-Vivien, du Verdon, de Talais, de Soulac, de Béchevelle, etc., sont privés chaque année pendant l'été de bonnes eaux potables; aussi une partie des douaniers de ces stations sont- ils périodiquement atteints de fièvres très-graves. J'ai la certitude que l'administration des Douanes prévien- drait en grande partie ces accidents, en établissant dans chacun de ces postes un filtre-tonneau, et en obligeant les employés à ne faire usage que d'eau filtrée. Les mêmes précautions pourraient être prises sur tous les points du département où l'on ne peut se procurer pour la boisson que des eaux aliotiques où albumi- neuses. Les avantages qu'on procurerait ainsi aux po pulations, sont trop évidents pour ne pas fixer l'atten- tion de l'administration départementale. Les cantons du département où se trouvent des eaux aliotiques et albumineuses, sont ceux d’Audenge, de Belin, de Captieux, de La Teste, de Saint-Sympho- rien, de Villandrault. Il faut y joindre quelques commu- nes des cantons de Castelnau, de Saint-Laurent et de Saint-Vivien. CANTON D'AUDENGE:+ Lé canton d'Audenge, borné par le bassin d'Arca- ? Dans toutes les localités où l'on a fait, pendant l'été, un usage habituel de l'eau filtrée au Charbon, on a vu disparaître les fièvres pernicieuses ; et dans cer taines communes, des familles ont été préservées des épidémies annuelles par cette précaution si simple, 177 chon, est en pleine lande; c'est à peine si l'on trouve de loin en loin quelques couches de terre argileuse su- perticielle : le sable recouvre la presque totalité du sol, variant seulement de nature, selon qu'il sy trouve mêlé une plus ou moins grande quantité d'humus, pro venant de la décomposition permanente des végétaux. Les eaux, chargées de matières organiques albumi- neuses, qui les rendent promptes à s'altérer, y sont dé- testables *. AUDENGE. — Bourg peu considérable près du bassin d'Arcachon; l'eau qu'on y boit est jaunätre et sent le marécage; les puits sont peu profonds. Cette commune renferme un assez grand nombre de marais qui vicient l'air et occasionnent fréquemment des fièvres que la mauvaise qualité des eaux dont s'abreuve la population rend souvent mortelles. BIGANOS. — Commune assez populeuse arrosée par la Leyre; les eaux employées par les habitants sont à peu près de même nature que celles d’Audenge ; cepen- dant les puits y sont plus profonds et fournissent en gé- néral de l'eau purement aliotique; les eaux albumi- neuses y font exception. Mi08. — Le bourg de Mios est l'un des plus fertiles du canton; il doit cet avantage à l'humus dont le sol | Moutes ces eaux filtrées aû charbon perdent leur couleur, leur saveur désa= gréable et leurs principes délétères. Par cette opération, on les dépouille des neuf dixièmes de la matière organique qu'elles contiennent, 12 178 est chargé : le maïs et le sei leur vigueur. L'eau de cett gle s'y font remarquer par e commune à une teinte brune; elle est recueillie dans de petits puisards peu rofonds; elle est presque partout aliotique et albumi- } ; nelise. EAU DES PUITS D'AUDENGE. Cette eau est renfermée dans des puits ou citernes peu profonds; eile est à 2 ou 3 mètres du sol. Elle est colorée; saveur et odeur désagréables. ‘ Gaz acide carbonique... 0,0020 (CÉLAE VER RES 0,0035 Gaz oxigène.. .......: LACCA TE 0,0005 0,0060 Carbonate de chaux. ..... ..…. 0,056 Sulfate de chaux... ..…. 0,007 Chlorure de sodium... .... 0,035 Silice et oxide de fer, ........ 0,012 Matière organique aliotique.. 0,046 0,164 EAU DES PUITS DE BIGANOS. Plus colorée que celle d'Audenge; elle n’est qu'à 1 ou 2 mètres du sol. Corps gazeux comme la précédente. Carbonate de chaux... .. 0,061 Sulfate de chaux... .......…. 0,012 Chlorure de sodium........... 0,026 Silice et oxide de fer ........ 0,010 Matière organique aliotique, al- bumineuse..…. ...... ...…. 0,052 0,0162 EAU DES PUITS DE MIOS. Moins colorée que La nappe d'eau à celle de Biganos. 2 mètres. Corps gazeux indéterminés. Carbonate de chaux. Sulfate de chaux... Chlorure de sodium . Silice et oxide de fer su. Matière organique aliotique, al- bumineuse...…. .... 0,047 179 CANTON DE BELIN. Sol aride et sablonneux, couvert de bruyère; ce n'est que dans le voisinage des villages qu'on rencontre quel- ques bouquets d'arbres et des champs cultivés. Au mi- lieu de ces vastes plaines uniformes, la petite ville de Belin s'élève comme une oasis dans le désert, entourée d'une riche végétation qu'entretiennent et alimentent quelques filons argilo-calcaires. C’est à cette nature de terrain qu'est due en grande partie la bonté de ses eaux. Belin à un puits public pourvu d'une pompe à levier, dont l'eau est bien supérieure à celle des puits situés hors de son enceinte. À peu de distance de la ville, on trouve, dans la propriété de M. Peringuey, une source que pourraient envier les localités les mieux partagées. SALLES. — Cette commune, traversée par la Leyre, est relativement assez fertile; l'eau des puits du bourg est chargée de moins de matières organiques que celle des puits environnants. LE BARPT. — L'une des communes du canton où les eaux sont le plus détestables; on a peine à com prendre que des hommes puissent boire et employer pour leur besoins domestiques une eau aussi chargée d'humus. LE BUCH. — Petite station sur la route de Belin à Bordeaux ; l'eau y est encore plus mauvaise qu'au Barpt; 180 la nappe d'eau qui alimente les puits n'est pas à un | mètre et demi du sol, de sorte qu'elle se charge in- cessamment de toute la matière organique que lui fournit un sol perméable à l'excès BELLIET, traversé par un ruisseau abondant, ren- ferme une belle forge et plusieurs poteries; l'eau y est moins mauvaise qu'au Buch, mais elle est encore trop chargée d’albumine végétale, pour qu'on puisse se dis- penser de la filtrer au charbon. PUITS DE BELIN. Gaz acide carbonique. .... 0,0070 Air atmosphérique. ......,... 0,0010 0,080 Carbonate de chaux........... 0,149 Sulfate de chaux.. ........... 0,042 Chlorure de sodium. ......... 0,054 de calcium... ...... 0,048 Silice et oxide de fer......... 0,013 Matière organique aliotique.. 0,016 0,322 PUITS DU BARPT. Très-colorée, saveur désagréable. Carbonate de chaux... 0,067 Sulfate de chaux. . .......... 0,021 Chlurure de sodium........... 0,066 HeCalCINMee re --E-Le 0,024 Silice et oxide de fer... 0,016 Matière organique aliotique, al- DUMINPNSE Fesses steese 0,186 0,380 a» PUITS DE SALLES. Gaz acide carbonique... } quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux. .......... 0,098 Sulfate le CHANXS-S --...--.0 0,027 Chlorure de sodium....,,...…. 0,034 de calcium... 100; 019 Silice et oxide de fer.......... 0,018 Matière organique aliotique.. 0,022 0,218 PUITS DE BUCH. Très—-coldrée, saveur désagréable. Carbonate de chaux... ........ 0,114 SULATERENCTANXSE--eeerce 0,027 Azotate de chaux !............ 0,116 Silice et oxide de fer... 0,014 ‘Chlorure de sodium. ......... 0,086 Matière organique aliotique, al- DUMINEUSES rc lee cescec 0,217 0,574 ‘ Les étables sont très-rapprochées des puits. 181 PUITS DE BELLIET. Moins colorée, sans saveur. M olorée, san Carbonate de chaux..........., 0,092 SUP AE CHAUR ER desc ee ee 0,042 Chlorure de sodium........... 0,082 Silice et oxide de fer.. ....... 0,015 Matière organique aliotique... 0,105 0,336 CANTON DE CAPTIEUX. Dans ce canton, l'un des moins fertiles , Falios recou- vre une grande partie du sous-sol et retient à peu de pro- fondeur les eaux pluviales, qui en hiver l'inondent pres- que complètement. Le bourg de Captieux possède quelques sources su- perficielles dont l'eau est très-pure ; il y à aussi un grand nombre de puits peu profonds, dont l'eau est colorée, désagréable au gout et chargée de matière organique. Giscos.— Petit bourg isolé, dont les habitants, entiè- rement dépourvus d'eau de source, ne font usage que de l'eau de quelques puits creusés dans le sable et à 2 me- tres au plus du sol. Cette eau, de couleur jaune foncé, à une saveur marécageuse très-désagréable. PUITS DE CAPTIEUX. Gaz acide carbonique... } Quantité Air atmosphérique ..... \ indéterminée. Carbonate de chaux... ..,..... 0,027 Sulfate de chaux. ............ 0,021 Chlorure de sodium. ... ..... 0,038 Silice et oxide de fer... ........ 0,016 Matière organique. ............ 0,044 0,146 Te mn PUITS DE GISCOS. Gaz acide carbonique... | Quantité Air atmosphérique... | indéterminée. Carbonate de chaux... 0,027 Sulfate de chaux:............. 0,013 Chlorure de sodium... ...... 0.037 Silice et oxide de fer. ....... 0,014 Matière organique albumineuse 0,052 0,143 182 CANTON DE LA TESTE. Ce canton forme l'extrême limite du département; il est borné à l'ouest par l'Océan, et au sud par le dé- partement des Landes; le sol en est sec et aride; quel- ques puits peu profonds fournissent aux habitants une au colorée, la seule dont ils puissent faire usage. La Teste, bätie près du bassin d'Arcachon, n’est pas mieux pourvue que le reste du canton; éloignée de grands cours d'eau, elle ne renferme aucune source superficielle abondante ; la population ne fait usage que d'eau de puits. ARCACHON.— Petite bourgade nouvellement bâtie sur les bords mêmes du bassin; elle se compose d'une foule de petites maisons aussi élégantes que commodes ; les puits, peu profonds, fournissent de l'eau moins colorée que celle de La Teste. GUJAN ne renferme non plus aucune source super- ficielle; l'eau des puits y est colorée et chargée de matière organique. PUITS DE LA TESTE. PUITS D’ARCACHON. Gaz acide carbonique... | quantité Gaz acide carbonique..| quantité Air atmosphérique... \indéterminée. Air atmosphérique. . .…. | indéterminte. Carbonate de chaux. .......... 0,155 Carbonate de chaux.........…. 0,137 Sulfate de chaux. ............ 0,082 Sulfate de chaux. .........… . 0,074 Chlorure de sodium........... 0,121 de magnésie....... ... 0,022 detalcinme ter 0,034 Chlorure de sodium. ........…. 0,131 Silice et oxide de fer.......... 0,016 ACICAITIUM = uece-cee 0,026 Matière organique... ... 0,026 Silice et oxide de fer. ......, 0,017 lode, des traces. Matière organique... ...... 0,020 mr Iode, des traces, re 0,427 183 PUITS DE GUJAN. Gaz acide carbonique... {quantité Air atmosphérique. .…. lindéterminée. Carbonate de chaux........... 0,152 Sulfate de chaux............. 0,078 de magnésie.. ….. .… 0,035 Chlorure de sodium. ........ 0,127 de calcium.......... 0,020 Silice et oxide de fer.....…... 0,018 Matière organique. ..,..... 0,032 Jode, des traces. 0,462 CANTON DE SAINT-SYMPHORIEN. Ce canton, limitrophe du département des Landes, a la même constitution géologique; il n'est arrosé que par le Ciron ou ses affluents. SAINT-SYMPHORIEN. — Chef-lieu du canton, est un gros bourg manquant de bonnes eaux; la population ne fait usage que d'eau de puits; elle est de très- mauvaise qualité, colorée et chargée de matière orga- nique. BALIZAC. — Petit bourg dont le sol fournit d'excel- lent minerai; l'eau est de même nature qu'à Saint Symphorien, mais elle est encore plus chargée de matière organique. PUITS DE SAINT-SYMPHORIEN. PUITS DE BALIZAC. Gaz acide carbonique... } quantité Gaz acide carbonique... j quantité Air atmosphérique... |indéterminée. Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux........... 0,082 Cerbonate de chaux... . 0,077 Sulfate de chaux,. .,......... U,014 Sulfate de chaux... 0,016 Chlorure de sodium. .......... 0,038 Chlorure de sodium........... 0,042 Silice et oxide de fer... 0,014 Silice et oxide de fer... 0 URLS Matière organique aliotique..… 0,042 Matière organique, aliotique, 7 0,190 albumineuse............ …_ 0,047 —— 0,195 184 CANTON DE VILLANDRAULTS: VILLANDRAULT. — Chef-lieu, baigné par le Ciron; on n’y fait usage que d'eau de puits, mais elle est géné- ralement meilleure que celle des communes qui Favoi- sinent; plus chargée de carbonate de chaux, elle con- tient beaucoup moins de matière organique. uzESTE. — Petit bourg à quelques kilomètres de Vil- landrault. Il est remarquable par son église, où se trou- ve, dit-on, le tombeau du pape Clément V, son fonda- teur. La grande majorité des puits de cette commune fournit une eau aliotique très-colorée ; quelques privi- légiés possèdent des puits creusés dans des couches silico-argileuses, dont l'eau est incolore et de très-bonne qualité. PUITS DE VILLANDRAULT. PUITS Gaz acide carbonique... } quantité DE LA COMMUNE D'UZESTE. Air atmosphérique... \indéterminée, Gaz acide carbonique... } quantité Carbonate de chaux........... 0,171 Airatmosphérique..... \ indéterminée. Sulfate de chaux... .......... 0,107 Carbonate de chaux.. ....... 0,082 Azotate de chaux. ....., .:... 0,058 Sulfate de chaux............... 0,054 Chlorure de sodium........... 0,087 Chlorure de sodium. ........ 0,068 de calcium.......... 0,014 Silice et oxide de fer.....,.... 0,018 Silice et oxide de fer... ..... 0,016 Matière organique albumin... 0,038 Matière organique. ........... 0,016 —— 0,469 0,260 PUITS DU BOURG D'UZESTE. Gaz acide carbonique... | quantité Air atmosphérique... \ indéterminée. Carbonate de chaux. ........ 0,148 Sulfate de chaux... ....,..... 0,037 Chlorure de sodium........... 0,053 Silice et oxide de fer.......... 0,017 Matière organique peu album. 0,014 0,269 185 EAU DE PLUIE. C'est toujours avec les vents marins ouest, nord- ouest et sud-ouest, qu'il pleut dans le département de la Gironde et surtout à Bordeaux; si, par exception; la pluie est amenée par d'autres vents, elle n’est que pas- sagère et dure peu. Dans le courant de l'année 1852, il n'a plu qu'une fois avec le vent du sud, et trois fois seulement avec les vents du nord ou du nord-est. La constitution chimique de l'eau de pluie se ressent évidemment de ce phénomène atmosphérique, et les émanations que nous apportent les vents d'ouest, doi vent être toujours imprégnées de vapeurs d'eau de mer. Bien pénétré de ces faits, et désireux de m'en convain- cre, j'ai recueilli à diverses fois de l'eau de pluie avec les vents d'ouest, et je me suis assuré que lorsque le temps est à la tempête et les vents d'ouest très-forts, la pluie contient du sel marin et de liode en quantité très-appréciable; qu'elle en contient beaucoup moins lorsque le vent d'ouest à peu d'intensité, et qu'elle n'en contient pas du tout lorsqu'elle nous vient d'une autre région que les côtes de l'Océan. C'est ainsi que le 24 avril 4852, par une pluie assez abondante et un fort vent du nord, 5 kilogrammes d'eau recueillie avec beaucoup de soin dans un vase vernissé contenant une petite quantité de solution de potasse très-pure, ne présentèrent aucune trace de chlorure, d'iodure, ni de brômure, Je ne fus pas plus 186 heureux le 16 septembre de la même année, avec 5 au- tres kilogrammes recueillis dans les mêmes circonstan- ces, sauf le vent qui soufflait du sud. Le 22 novem- bre 1851, au contraire, pareille quantité d'eau de pluie traitée de la même manière, mais obtenue pendant un fort vent d'ouest, m'avait donné des traces très-évi- dentes d'iodure et de chlorure. Toutes les expériences auxquelles je me suis livré depuis cette époque ont con- firmé ces premiers résultats; je n'ai trouvé des traces de ces sels que dans l'eau de pluie tombée pendant les forts vents marins; dans un temps calme, méme avec les vents d'ouest, l'eau de pluie en contient beaucoup moins; quelquefois même ce n'est qu'en opérant sur une quantité relativement considérable, qu'on en ob- tient quelques traces : j'ai pu le constater de nouveau au mois de décembre dernier. Ces faits expliquent comment je n'ai pas trouvé diode dans la grande généralité des eaux que j'ai examinées : recueillies presque toutes pendant lété et dans des temps secs, la faible quantité que les vapeurs marines peuvent en apporter dans les eaux de notre départe- ment avait probablement disparu, absorbée par les terres et les végétaux. 187 RESUME. Les faits résultant du travail et des observations qui précèdent, peuvent se résumer ainsi : La constitution physique et chimique des eaux du département de la Gironde, varie selon l'état de l'at- mosphère. Dans les temps secs et les vents de terre, les chlo- rures diminuent, l'iode disparait, les sels calcaires et la matière organique prédominent. Dans les temps pluvieux et les vents de mer, les sels marins augmentent, la matière organique diminue, l'iode devient appréciable. Le carbonate de chaux, le chlorure de sodium et la silice s'y rencontrent dans toutes les eaux, mais dans des proportions extrémement variables; les sels à base de potasse y sont très-rares; ceux à base de magnésie Sy rencontrent peu, et les azotates ne se trouvent que dans les eaux qui traversent les centres de population. L'arrondissement de Libôurne fait exception; les azolates y existent dans presque toutes les eaux, ap- portés sans doute par les terreaux de ville dont on re- couvre dans cet arrondissement une grande partie des terres cultivées. L'eau de mer qui baigne le littoral est plus ou moins salée, suivant qu'elle se rapproche ou s'éloigne de l'em- bouchure de la Gironde. Elle remonte le fleuve jusqu'à Ambès, où elle se di- vise; les courants en entrainent dans la Garonne une 188 faible partie; ils la poussent au contraire avec force dans la Dordogne, puisqu'on en trouve des traces très- appréciables à plus de 10 kilomètres de Bourg. Cette tendance des courants à se porter dans la Dor- dogne , est très-remarquable ; elle indique une des cau- ses de lenvasement de la Garonne. Les eaux courantes superficielles de notre départe- ment sont peu chargées de matières salines ; le sulfate de chaux et autres sels nuisibles à la végétation ne Sy trouvent qu'en très-pelite quantité, tandis qu'au con- traire, quelques-unes d'entre elles contiennent de la matière organique en forte proportion ; deux circons- tances qui les rendent on ne peut plus propres aux ir- rigalions. Au point de vue de l'hygiène publique, dont nous nous sommes occupé plus spécialement dans ce tra- vail, les eaux de sources et les eaux de rivières du dé- partement, lorsqu'elles sont limpides, sont éminem- ment propres à la boisson. L'eau des ruisseaux, au contraire, ne doit être em- ployée que pour les usages agricoles. Les eaux profondes, celles des puits, sont Leaucoup plus chargées de sels minéraux que les eaux superti- cielles, ce qui les rend lourdes et séléniteuses; d'où il résulte que, quoique contenant généralement moins de matière organique, elles sont néanmoins presque tou- jours malsaines; leur usage peut même n'être pas sans danger, lorsqu'elles ont traversé des terrains imprégnés de matières azotées. Les eaux stagnantes superficielles, étangs et lagu- 189 nes, sont les plus pures de toutes, et cependant elles conviennent moins pour la boisson, parce qu'elles ne contiennent que peu de bi-carbonate de chaux et d'air atmosphérique. L'eau des marais est très-souvent stagnante el toujours malsaine , parce qu'elle repose sur un sol po- reux, Simprégnant facilement de matières organiques; celles-ci fermentent promptement sous l'influence de la chaleur, et donnent naissance à des gaz et à des produits insalubres, dont se saturent ensuite les eaux qui viernent le recouvrir : on ne doit jamais en faire usage, à moins de l'avoir au préalable dépurée par le charbon. L'eau du sous-sol des Landes et de quelques localités du Bas-Médoc forme une catégorie toute particulière. Chargée de la matière soluble de l'alios, et très-sou- vent d'albumine végétale, elle peut devenir une cause d'insalubrité bien grande, si cette dernière Sy trouve dans de fortes proportions. Toute la partie du département située sur la rive droite du fleuve, est pourvue d'excellentes eaux pota- bles; c'est sur la rive gauche surtout que se trouvent les marais et les eaux aliotiques et albumineuses que nous venons de signaler. C'est aussi dans cette partie du département que se rencontrent les eaux ferrugineuses les plus remarqua- bles. Nous avons dit que ces eaux se décomposent ra- pidement, et qu'on ne peut compter sur leur action médicale que lorsqu'elles sont bues à la source même. L'eau de pluie qui tombe dans le département ne con- 190 tient de l'iode en quantité appréciable, que lorsqu'elle est amenée par les vents d'ouest, et dans ce cas elle contient aussi du chlore *. On sait que les eaux courantes superficielles éprou- vent dans leur parcours des variations rapides; Fai pu le constater plusieurs fois pour la Dordogne, Fsle, la Dronne et la Leyre : leurs eaux perdent et recouvrent plusieurs fois les mêmes produits, selon la nature des sols qu'elles parcourent; et, sous l'influence de l'air et de la lumière, favorisée par le roulement continu, elles se dépouillent promptement de la matière organique et de certains sels minéraux. Nous livrons ces faits à la science; ils sont le ré- sultat d'observations longues, patientes, consciencieu- ses; à elle d'en déduire les conséquences, et de dire le parti que pourront tirer de nos eaux les arts, l'indus- trie, l'agriculture. Pour nous qui dans le cours de ces recherches nous sommes constamment et exelusivement préoccupé de la santé publique, nous éprouvons, en arrivant au * A certaines époques de l’année, surtout au mois de mars, le département est assailli par des vents de nord-ouest {rès-secs , qui poussent avee une grande force vers la terre les émanations de la mer. Ces vents sont très-nuisibles à la végétation, surtout aux arbres fruitiers ; s'ils arrivent au moment de la floraison, il ne reste plus, au bout de quelques heures, aucune espèce de récolte. L'elet produit par ces vents salés peut être attribué à deux causes principales : l'action corrosive des chlorures et des iodures secs sur les jeunes pousses et sur les fleurs, et l’avidité avec laquelle ces sels anhydres s'emparent de l'humidité; peu d’instants leur suMisent pour dessécher et brûler les bourgeons, 191 terme de notre tache, le besoin d'appeler de nouveau l'attention de l'autorité départementale et des munici- palités, sur les populations déshéritées de nos landes. Un filtre-fontaine en maconnerie élevé au centre de chaque village; à défaut de maçonnerie, une cuve; à défaut de cuve, un tonneau, voilà ce que nous deman- dons pour elles. Il ne s'agit, on le voit, ni de longs tra- vaux, ni de dépenses considérables ; il n’y à pas même nécessité de faire intervenir la loi : de simples mesures administratives sufliront, pourvu qu'on leur donne un caractère obligatoire. Nous refusera-t-on quand nous demandons si peu? Nous ne saurions le croire, surtout quand nous consi- dérons l'importance des résultats que lon obtiendrait à ce prix. Certes, nous ne prétendons pas que la substitution d’une eau dépurée à l'eau corrompue dont ces popula- tions font usage fera immédiatement disparaitre les fièvres de toutes sortes qui les déciment si souvent ; nous savons que les effluves marécageuses pénètrent dans l'économie par la peau qui les absorbe, par les poumons avee l'air; mais on ne contestera pas qu'elles ny soient apportées plus directement encore par la boisson et les aliments. Il est donc certain qu'en contraignant les habitants de ces contrées si mal partagées à venir échanger au filtre commun le liquide insalubre dont ils font usage contre un breuvage limpide et sain, on aura supprimé la cause la plus prochaine de la faiblesse constitution- nelle, de l'étiolement et du rachitisme, si communs parmi eux, 192 Il appartiendrait à l'administration à la fois si éclai- rée et si paternelle des Douanes, de donner l'exemple de cette utile innovation; nul doute qu'en pourvoyant d'un tonneau-filtre chacun des postes disséminés dans les communes de Talais, de Soulac, du Verdon et sur tout le littoral, elle ne réduisit considérablement les cas de fièvres paludéennes auxquelles ses préposés sont plus sujets encore que les habitants du pays eux- mêmes. Les trois années de recherches et de peine que nous a coûtées ce travail n'eussent-elles que ce résultat, nous nous trouverions encore assez bien payé. 19 3 EAUX COURANTES SUPERFICIELLES. OCÉ AN. Localités où l'eau a été puisée. Arcachon, sur la plage. 38 gram, 727 Poids des corps fixes con- tenusdans un litre d'eau. Cordouan, à la Tour., 35 905 Royan, à Foncillon.... 32 550 Pointe-de-Grave.. 31 -256 RIVIÈRES. DORDOGNE. A Bourg, au large... une 0100 A Bourg, sur les bords.,...... 0,282 A Libourne... robe eone 0,357 AMBTANESe Suns asasee res 0,153 ROIS ETION ES ere etre ec cese ae 0,17£ A Sainte-Foy. ................ 0,130 GARONNE {clarifiée par le repos). A Castets...…. EL ARE Er 0,145 BRRAN BONE MAUR ELU SNES 0,162 {LL TLE(INII ET HRRRERRRE AT RER QT 0,168 A Bordeaux, haute mer... 0,166 A Bordeaux, basse mer. ...... 0,174 BATONHONL. 20e Ji RUES 0,156 A Bassens, haute mer......…. 0,237 Au Bec-d'Ambès, haute mer. 0,545 L’ISLE. < 1: NT OSRÉSM PERS 0,269 A Laubardemont. . ............ 0,167 RDOMTN ES ec vccsc se acace 0,147 LA DRONNE. ANUGuITAS.<.sStse, SARL EN 0,205 LE DROT. PAMDNAÉ DUT. 0e ces ca oinioie à 6 0,264 k LA LEYRE. /.\UH TT CT FSANSARENRRS rs 0NONS LE CIRON. AVillandratits sn... 0,149 RO Rs. can acte 0,137 FLEUVE, Localités Poids des corps fixes où l'eau à été GIRONDE, contenus puisée. daus un litre d eau. Au Verdon, au large......., 33,475 À Richard, au large... 3: AlatMaréchale 00 7. Lao À Pauillac, en rade... obnoë 8,974 A" Blaye, : au Pâté....…. Hope 5,298 RUISSEAUX. 17 ARRONDISSEMENT. Le Mouron, à Magrigne...…. 0,304 La Saye, prèsle port de Girard. 2° ARRONDISSEMENT. La Soulêge, à Caplong.......… Le Ségnol, à Margueron. .… . 0,173 3° ARRONDISSEMENT. L'Andouille, à Roquebrune... 0 La Durèze, à Listrac....... 107 L'Angranne, près Saint-Genis. 0, 4€ ARRONDISSEMENT. Le’iz0s, à Aillas. Per 0107 PANBASSANNE Ses sensceeoe cos Le Barthos, à Lavazan.... ... 0,258 5€ ARRONDISSEMENT. Eau Bourde, à Canéjean...... 0,239 Eau Blanche, à Léognan...... 0,289 La Jalle, à Blanquefort... 0,164 13 194 EAUX COURANTES SUPERFICIELLES. SOURCES ET FONTAINES. PREMIÈRE CATÉGORIE. — EAUX DE BONNE QUALITÉ. 1e7 ARRONDISSEMENT. laye: fontaine publique ...….. Bourg : fontaine publique... GaupiaC: SOUTCE.--. ce see.» Bayon : du Caillou Étauliers : source Perrault... St-Savin: source la Garenne. 2e ARRONDISSEMENT. Libourne : fontaine de la Halle. — de la rue de Guitres — des Lavoirs........ — Redeuilh........... Saint-Émilion, du Roi... — de la Place. Baron: source S..... ...... : Castillon : fontaine la Grave... — Fran0hards ee se — FEVrONIN sheet Coutras : fontaine Vidal.. .... Sainte-Foy : porte de Bergerac. Cad.-sur-Dordogne: du Branda. Guitres : Grinchant.. . ....... LUSSAL AP ICO IE eee — PICANPOT. es. Puysseguin : fontaine publique. 3€ ARRONDISSEMENT. La Réole: fontaine du Turon. St-Maixent: château Lavison.…. Monségur: publique...'......… AE ARRONDISSEMENT. Bazas : fontaine du Bourreau, 0,371 — d'Ausone = d'PSDADS-- ee : Captieux : fontaine Laguë .….…. Grignols: Presbos............ Langon : de la Place........... DUABrOUE Se... Yillandrault: du Crédo.,.,,... ss 5€ ARRONDISSEMENT. 0,260 Bordeaux : sources d’Arlac et du 0,508 Tondut. ............ 0,445 — Figuereau .......... 0,403 — LABTANGE. 2 e-ccce 0,316 -— Enfants-Trouvés .. 0,126 Bègles: source Jeantet.. ...…. 0,281 — source Jocquel. ..... . Caudéran : frères Arnaud... _ Talence: Tomasson.. ......... 0,355 Bouscat : rue de la Seppe...…. 0,337 — propriété Bresson... 0,277 BYUSES = ADOUTE eee eee eee 0,339 Eysines : Cantinolle.. ..... .. 0,313 — propriété Boué...…... 0,421 — propriété Abiet..….... 0,387 Taillan : source—mère, an Thil. 0,365 — sources du Thil réunies 0,162 — source Lapène...… we 0,226 — toutes les sources réu— 0,186 MES... 0,491 — fontaine du bourg... 0,438 Ludon : Duflour-Dubergier. …. 0,529 Arcins : SOurce.. ...... Jas0 A dE 0,272 Castelnau: fontaine publique. 0, 83 Margaux : fontaine Mariotte. . 0,347 Soussans : source... PESSAC SONG ecrire ee 0,584 Gradignan : Montjaux... ...., 0.331 Mérignac: source... ......... 0 305 Villenave-d’Ornon : source... É Léognan : source romaine... — moulin de Vayres... Castres : fontaine du port...... 0,293 Saucats : sources... 0,316 Carbon-Bl : font. des Ladres, 0,086 Floirac: Monrepos............ 0,243 Lormont: fontaine publique... 0,447 Saint-Loubes : ancien Prieuré 0,373 Cenon-La-Bast.: source Delbos. 0,219 — source Dussault, 195 Suite du 5° ARRONDISSEMENT. Cenon — La — Bastide : source Faure-Laubarède.. ...., .. 0,311 Carignan : fontaine Bellefond.. 0,546 BOdÉRSAC = SOUTCE. 0.5 none 0,259 Ilats : fontaine publique... 0,292 Budos : Font-Bonne. ......., 0,332 Portets : fontaine publique... 0,304 Cadillac : fontaine publique. 0,278 DEUXIÈME CATÉGORIE. — EAUX INDIFFÉRENTES. 2e ARRONDISSEMENT. Guitres, de Caze.. ......4... — ancienne fontaine... 0,721 Langoiran: source, ........., 0,304 St-André-de- ; font. publique. 0,598 Cubzac |! Font-Boudeau. 0,228 G° ARRONDISSEMENT. Pauillac, Château—Lafitte : fontaine du jardin.. 0,311 fontaine du cuvicr. 0,452 42 ARRONDISSEMENT. 0,753 Bazas : trou d'Enfer..…......…. 0,742 — fontaine Bragous.. ..…, 0,918 fontaine des Capucins.. 1,170 196 EAUX COURANTES PROFONDES, PUITS. PREMIÈRE CATÉGORIE, = EAUX DE BONNE QUALITÉ, 127 ARRONDISSEMENT, 0.352 0,315 0,339 0,285 0,320 Blaye : de l'hôtel du Lion-d'Or. S.—C.—Lalande : de Vincent... — de Joly....... —— de Cazenave. Saint—Aubin : puits du bourg. 2e ARRONDISSEMENT. 0,526 0,500 Libourne: de l'hôtel des Princes. — de la place d'Armes. — dela Halle......... Coutras : du château... ....... Abzac: du bourg............ . Saint-Médard—de-Guiziers : de M. Camus... DÉBIT) 5 Fronsac : du bourg............. 3€ ARRONDISSEMENT. St-Maixant : château-Lavison. Sauveterre : caserne de la gen— TATMENE Eee eeerer-te 4e ARRONDISSEMENT. BAC: AUMDOUTB.. eee. 0,548 Langon: public ............... 0,510 Castets-en—Dorthe : du bourg. 0,385 ‘Toulenne : du Collége.......... 0,472 D° ARRONDISSEMENT. Bordeaux: Brondel, à Belleville. 0,498 — Manufact. de tabacs. 0,413 Caudéran: bourg............... 0,521 Talence : bourg.. ......... 0,542: Bouscat: bourg-.......,...... 0,496 Bruges : bourg... kaeche 0,415 Letaillan bonne... 0,529 Eysines: M Abiet..........…. 0,546 PESSAC-ADDUTE eee ceeemerereee 0,474 Canéjean DOUTER eee ceemchee 0,381 Gradignan: bourg............. 0.563 Mérignac : bourg.............. 0,470 Villenave—d’Ornon : bourg... 0,513 CESSE DONS eee. 0,434 DaMBlede = ApuDiCe..eesescee 0,390 —- maison Montesquieu. 0,589 TéONnAN ADO eee 0,485 SAUCITS DOUTE see e--eeee 0,473 Castres: haute plaine..... .... 0,511 — basse plaine.......... 0,545 Bouillac: bourg....... esse 0,505 Floirac: Villa—Rosa. ........…. 0,453 Lormont :ADDUTS, 2... cote 0 429 Cenon-La-Bast.: sur le coteau, 0,529 La Grande-Sauve : Collège... 0,453 Podensac : bourg.........…. .... 0,327 Barsac: Dours... Hs tsar 0,529 HS ENDONTE ee eee. 0,421 PONS DOUTE Secret. 0,478 Langoiran : bourg... ......... 0,560 St-André-de-Cubzac : bourg. 0,575 6€ ARRONDISSEMENT. PATIAC DOUTE -e-ceeece 0,438 Saint-Laurent : bourg........, 0,457 197 DEUXIÈME CATÉGORIE, == EAUX INDIFFÉRENTES. 127 ARRONDISSEMENT. — Abattoir général... 0,880 Bourg : du district...........…. 0,958 — . Gr.Séminaire, puits Coms: DONNE ere. 0,784 ORPODO Eee 0,808 Gauriac : bourg............... 0,878 — id. du jardin.....: 0,880 BAVON: Dour. Reste et... 0,634 — de LOr........... 0,960 Étauliers : public... ouvre MES ESRI: 00 8È6 Saint-Savin : bourg........... 0,760 = F RS 0,856 Cavignac : public... … es 0,975 ARTE : 2 0,742 2 ARRONDISSEMENT. id. service général. 0,760 Brannes : bourg. ............. 0,990 — hôpital St-André.. 0,964 BArON DOUTE... 0,959 Êz cours Champion, pu- Espict : bourg................. 0,677 blic............. 0,706 Guîtres : bourg ............... 0,910 — caserne des fossés, St—Denis-de-Piles : bourg... 0,681 cavalerie. ....... 0,794 Marancin : bourg....... ...... 0,938 — id. infanterie.. 0.799 Cadillac-sur-Dordogne : public. 0,629 — desCordeliers, bains Rauzan : bourg... ........ 0,789 publics. ...... 0,880 Se ERONSISEE MENT — de la rue Bouquière. 0,999 $ — delarue du Loup.. 0,843 La Réole : puits-fontaine public 0,710 — delarueS.-Seurin. 0,731 Saint-Macaire : ville. ........ 0,949 — des Allées d'Amour, 0,729 Monségur :! ville... ...,....... 0,640 — dela r. Capdeville. 0,723 Pellegrue : bourg.......... ... 0,833 — Burguet-Carayon. 0,934 Saint-Ferme : bourg........., 0,657 — dela rue de Lerme. 0,649 Sauveterre : de la Halle... .. 0,858 — de la place Picard. 0,748 MAMA CRMDOUlE eee. e 0,912 — du cours du Jardin- Targon bourg... ............ 0,969 BUDIC eee eeere 0,895 A ARRONDISSEMENT. — de la rue Hustin..… 0,66$ S — des sourds—muets . 0,914 EAN 0,936 — delCr.-de-Sezuey. 0,607 DSiourg... YA EE 0,733 Bègles : du bourg............. 0,622 BROSSE DOU TES... re caen e 0,701 Eysines : du bourg... ... 0,626 RANEZAN LE, ROUTE: ss son se COOL ra caut : du DOUPG. eee 0,803 5° ARRONDISSEMENT. Eudon :"Ün DOurD:..-.-.-..... 0,819 Bordeaux : hospice Saint-Jean , Margaux : du bourg........ . (D,ONL Soussans : du bourg........... 0,630 cour des hommes. 0,827 — id. cour des femmes 0,760 Carbon—Blanc : du bourg... 0,914 198 TROISIÈME CATÉGORIE. — EAUX MALSAINES, 2 ARRONDISSEMENT. Castillon : puits de la plaoc.… 1,273 — puits de l'Hôtel des diligences.. ..... Ste—Foy : puits de l'Hôtel des diligences.. ...... — puits à l’entrée de la USE aoacaadhon — puits-fontaine de la grand'place. ..…. — puits-fontaine près 1,388 1,248 1.386 1,325 l'église........ AO HUSSAC chere Mer eee 11,282 lTN ÈS sodcdoceo noasaobodbe . 1,466 (HAT (HE o MAOdUna UNE 1,391 3° ARRONDISSEMENT. LauR60 less itaavileseens 1,034 GHONdE ne na ner este 1,038 Gaudro Ste ee ape ce 1,162 Roquebrune. He... AT 4® ARRONDISSEMENT. CHER boadoanombaauonose 1,029 5° ARRONDISSEMENT. Bordeaux : du Maucailloux..….. 1,058 _- de la pl. Canteloup. 1,028 — du Marché-Neuf.. 1,202 — de rue du Mirail... 1,394 — du Petit-Séminaire. 1,205 — de l’Asile des fem— mes aliénées , buan- dErIE riorennes ALADUN Bordeaux : id. de la chapelle. de l'Hospice des vieillards... ....: de la caserne Saint- Raphaël......... de la caserne Ségur. du Grand—-Marché. de l’imp. Mauriac. de la rueSt-Siméon. de la font. Daurade. des fossés de l'In- tendance. ....... de la Porte-Dijeaux. de la rue du Palais- Giles de la rue Laroche. du pavé des Char— MONS en enreses du q. des Chartrons. du Magasin des vi— VTOS; s0 an sos se . du q. de Bacalan.. de rue de la Course. des al. des Noyers. de la fontaine d’Au- ÉTE reset Blanquefort : du bourg. ...... Ambarès : Saint-Loubès : du bourg.....:...:... Créon : Lesparre Civrac..….. du bourg........... du bourg... . 6€ ARRONDISSEMENT. ons nnnns monte nn msnmnnnnuns 1,019 QUOYEAES seen mener be 1,012 Saint-Estèphe................. 1,031 199 EAUX STAGNANTES SUPERFICIELLES. ÉTANGS, Corps fixes. HONNINSE SEC ere 0,190 LACANAR ER eee esse 0 LOS Cazeaux où Sanguinet......... 0,196 LAGUXRES, Matière organique. Matière saline, Total. Des Bouquières. ..... ne 00e 0,014 0,156 0,170 DES AITDUPElES Ses eee fetes» a ofsieie 0,011 0,133 0,144 De Saint-Magne............. 0,016 0,159 0,175 MARAIS. Blanquefort... DO DUC 0,038 0,206 ,0,242 Parempuyre......... are mie te 0,041 0,175 0,216 Montferrant........ See ea 0,044 0,180 0,224 EAU BU SOUS-SOL DES LANDES, INT T TT cabane togdes asvuda 0,046 0,118 0,164 BPANOS. esse etsecmecec echec 0,052 0,110 0,162 MISE ere sceecerentt 0,047 0,112 0,159 Relin......... dre et 0,016 0,306 0,322 SALES Se ree dreceeseasee anse 0,022 0,196 0,218 LenRarnte se. he. . 0,186 0,194 0,380 HefBUCHasssseseaneress ere 0,217 0,357 0,574 LITTORAL ARS REC EE 0,105 0,231 0,336 ARTE See ee eareeces 0,044 0,102 0,146 (LT Tea OA como 0,052 0,091 0,143 PANTES tea sors unes 0,026 0,408 0,434 ATCACRON A serre escales 0,020 0,407 0,497 (CUTÉT RAP EPS RS Frcse 0,032 0,430 0,462 Saint-Symphorien............, 0,042 0,148 0,190 BAZ AC amas are encens 0,047 0,148 0,195 Milandrault se Ares 0,016 0,453 0,469 PES TOR nee tee lnal ess 0,024 0,245 0,269 SAUL=MVIVIEN er eee 0,022 0,799 0,821 MAIS 2 ste te eee 0,034 0,719 0,753 CH Gogo nt 0,038 0,931 0,969 Certains puits de Talais et de Soulac contiennent de l’eau saumâtre qu'il n’est pas possible de rendre potable, + ts H'IAQAUS PAT. LATE AUAX pen A, RAPPORT MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ STATISTIQUE DE LONDRES SUIVI DE QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LE SYSTÈME HYPOTHÉGAIRE ET LE CRÉDIT FONCIER: Par M. DARRIEUX. MESSIEURS , Chargé de vous présenter l'anayse des Mémoires re- us cette année de la Société Statistique de Londres , je viens remplir ce devoir au moment où, en France, le Gouvernement, convaincu avec raison des avanta- ges à obtenir d'une science qui semble les résumer tou- tes, à voulu lui imprimer une marche régulière en établissant une Commission de Statistique au chef-lieu de chaque canton. Tel est, en effet, le sens du Décret du 4° juillet 1852, dont la fidèle exécution mettra en Saillie l'état des forces vives du pays, en procurant à l'Administration les moyens de composer avec exacti- tude la plus utile de toutes les statistiques, celle qui embrasse la partie industrielle et agricole de la France. 14 202 Lorsque les institutions d'un pays invitent tous les citoyens, par la voie du suffrage, à se grouper autour du Pouvoir, et même à s'y associer hiérarchiquement, pour prèter à l'État l'appui de leurs lumières dans l'in- térêt publie, et comme pour venir en aide au progrès social, il est du devoir de tous les hommes d'intelli- gence de se familiariser avec la science de l'économie politique, science dont les principes généralement adoptés et l'application bien entendue maintiennent l'Europe, depuis près de quarante ans, dans des dis- positions pacifiques. Il est donc indispensable que les hommes dont l'am- bition utile , le dévouement louable et les connaissan- ces spéciales les encouragent à aider de leur concours la marche de l'Administration publique, ne négligent jamais l'étude de la statistique, quant aux branches qui peuvent éclairer le Gouvernement sur l’état agri- cole, industriel et commercial de la France, compara- tivement à celui des autres nations. Le Pouvoir, désireux de mettre un terme aux dis- cussions stériles, pour obtenir, sans perte de temps, la réalisation de projets déjà débattus, appréciés, mais sans cesse ajournés, s'est gardé, néanmoins, de substituer le caprice de sa volonté aux enseignements résultant de l'observation des faits. Il a compris que la réserve, même dans le désir d'a- méliorer, ne doit jamais êtré négligée comme moyen de succès, et que par conséquent toute institution nou- velle, pour être accueillie sans défiance, doit être in- troduite sans effort. Telle est, sans doute, la pensée 203 qui a présidé à l'exposé des motifs présentés par le Ministre de l'Intérieur, de l'Agriculture et du Com- merce, pour faire adopter le Décret du 4% juillet 1852, prescrivant la formation de Sociétés Statistiques cantonales dont les travaux doivent commencer le 4°* janvier prochain. Des Sociétés à peu près semblables fonctionnent de- puis longtemps chez la plupart des puissances du nord. M. le Ministre l'a lui-même rappelé dans ses motifs, ei a fait observer qu'en Angleterre toutes les grandes villes ont des Sociétés Statistiques libres, qui corres- pondent avec la Société centrale de Londres, celle-là même dont les intéressantes publications vous sont adressées avec exactitude. Déjà elle vous a fait parve- nir les trois premiers cahiers de cette année. Soumis à mon examen, je les dépose sur le bureau après les avoir parcourus ; non pour en présenter une fidèle analyse, ce qui dépasserait les limites d'un rapport, mais pour indiquer ceux des sujets dont l'intérêt doit captiver l'attention générale. En tête de ceux-ci, je placerai un Mémoire sur la Statistique et la législation commerciale, inséré dans le cahier du mois de juin dernier, et qui devait avoir passé sous les yeux du Ministre de l'Intérieur, de FA- griculture et du Commerce, lorsqu'un mois plus tard, le fe juillet, on soumettait à la signature du Prince-Pré- sident le Décret tendant à régulariser les investigations que réclament depuis longtemps les intérêts matériels du pays. Ce Mémoire, lu à la Société Statistique de Londres, 204 par un de ses membres, M. Leone Levi, n’est qu'une succincte analyse d'un grand travail du même auteur, analyse où sont d'abord déduites les causes qui, dans cerlaines branches, empêchent d'obtenir des rensei- gnements exacts. La difficulté, en effet, dans presque toutes les parties, est de coordonner des travaux épars, d'en composer un recueil méthodique, d'en former un tout exempt d'erreur. En France, le Pouvoir à compris cette difficulté ; aussi par le Décret du 4% juillet, il a eu l'intention d'obtenir d’une manière régulière les recensements de statiques agricoles et industrielles, auxquels des Com- missions composées d'hommes éclairés imprimeront désormais un caractère de vérité. Cette intention a-t-elle puisé quelque encouragement dans le Mémoire du statisticien anglais? Je l'ignore; mais, au surplus, voici l'entrée en matière de M. Leone Levi : « La Statistique, depuis quelque temps, a obtenu » une position élevée; et maintenant il est générale » ment reconnu que de toutes les sciences, c’est celle » qui offre le plus de ressources pour concourir au » progrès de la législation. « De l'ensemble et de l'exactitude des renseigne » ments qu'elle peut offrir, résulte une connaissance » plus étendue de l'état économique et commercial des » nations; Mais comme, Jusqu'à présent, le progrès » signalé de cette science n’est dû à aucun enseigne- » ment méthodique, il en résulte qu'il y a beaucoup à » faire pour obtenir que les avantages auxquels elle a 205 .» présidé, où que les améliorations qui peuvent lui » être attribuées, se traduisent en un bienfait généra- » lement répandu. « Le perfectionnement introduit dans quelques con- » trées, mais restreint à certaines branches, est sus- » ceptible de recevoir une application plus complète, » sans limite , et c’est ce qui nous permet de détermi- » ner quel pourra être, dans un temps donné, l'état » des nations considérées isolément, ou chacune d'el- » les à l'égard des autres. La voie à suivre pour attein- » dre ce but désiré, doit être bien tracée, et il faut » aussi que nos besoins actuels et l'imperfection de nos » travaux soient clairement exposés. » M. Leone Levi était aux prises avec cette préoccu- pation, lorsque le grand ouvrage par lui entrepris sur la législation commerciale de toutes les puissances lui a suggéré l'idée de faire connaître l’état du commerce et des finances de toutes les nations à deux époques séparées par un intervalle de dix ans, 1840 et 1850. Dans ce but, il avait envoyé dans les pays étrangers des tableaux questionnaires pour être remplis. Quel- ques-uns de ces tableaux lui ont été fidèlement ren- voyés avec les instructions demandées; mais les ren- seignements ainsi obtenus présentaient des dates si dif- férentes, et se rattachaient à des objets si divers, qu'il reconnut l'impossibilité de réaliser son premier dessein. Comment d'ailleurs, et d'après lui, en aurait-il pu être autrement? Les recensements de la population sont faits à des époques qui n'ont aucune concordance. Dans quelques pays, ils ont lieu tous les dix ans, et 206 dans d'autres, tous les cinq ou tous les trois ans ; de sorte que, si ce nest par approximation, on ne peut constater la population actuelle, et à une même date, que de deux ou trois nations. Dans quelques États, l'année financière a pour terme le mois de juin, et dans d’au- trees, elle finit en janvier ou en octobre. Il résulte de là, que des écrivains d'un mérite égal et dont l’auto- rité a une égale portée, se trouvent souvent en oppo- sition, encore qu'il s'agisse de documents ou de calculs de la même année. Et comme pour le total du produit de l’agriculture, à quelques exceptions près, aucune statistique n’a encore été faite, bien que ce soit là un sujet d'une très-haute importance, nous sommes obli- gés, dit M. Leone Levi, de nous en rapporter à des estimations qui sont souvent autant d'erreurs. C'est cette lacune signalée devant la Société Statisti- que de Londres, que le Ministre veut combler en France à l’aide des Commissions instituées par le Décret du 4° juillet 4852, Décret dont les moyens d'exécution font l'objet d'une circulaire du 48 septembre dernier, adres- sée par le Ministre de l'Intérieur à tous les Préfets, et où l'on voit que deux tableaux questionnaires, déposés au chef-lieu de chaque canton pour être remplis par les Commissions, sont soumis à un système de vérifi- cation et de contrôle qui, à l'avenir, ne laisseront plus de doute sur l'exactitude des faits industriels et agri- coles. Si M. Leone Levi Sest trouvé dans l'impossibilité de mettre à exécution son plan de statistique décennale de 1830 à 1850, parce que quelques renseignements lui 207 ont fait défaut, il a néanmoins voulu assurer la mar- che progressive de la science dont il s'occupe. Dans ce but, il a commencé un travail qui compren - dra une série de tableaux où seront encadrés d'une manière synoptique les renseignements annuels desti- nés à faire connaître la population de tous les pays, en distinguant les races et la religion, l'état de leurs finan- ces, les contributions directes et indirectes, l'intérêt de la dette, la dette inscrite ou flottante de chaque État, les manufactures, le nombre des filatures et des factoreries , la quantité des divers produits naturels ou industriels, les importations et les exportations, le nombre et le tonnage des batiments de chaque nation. le système rail-way comprenant le nombre de milles de chemins de fer construits, de ceux en cours d'exécu- tion ou projetés dans chaque pays. Déjà, pour l'année 1851, M. Leone Levi a présenté à la Société Statistique de Londres plusieurs de ces nombreux tableaux, dont voici quelques extraits : Marine marchande du monde, NOMBRE ET TONNAGE DES BATIMENTS APPARTENANT AUX NATIONS CI-APRÈS : Pays, Navires. Tonneaux. Grande-Bretagne. ....... 104,000 5,100,105 Hameie en. ie se Le ,49,019 554,557 tu euous ere, 9,064 500,944 11 SENS SRRRRAN ERA Acte 750 Ù A reporter... 51,585 1,552,604 ? ) Nan er Hampours--....... Bel PT cree Cap de Bonne-Espérance.... États-Unis . ......... FICHE ER ne HROSCANE sastane sc dope ÉPUSSe EE eee re Toraux Pays. ss... Navires. 51,585 4,000 » 286 461 54 Productions du monde, Grande-Bretagne... .s. cursus sas. Autrichée. de. ès PAPAS 00. Danémarck- 2e mme... ture es ces es es ss... Tonneaux. 4,532,604 155,928 89,285 75,261 20,550 5,651 5,156,652 554,595 158,928 150,875 149,109 61,654 27,525 8,946 24,641 119,557 9,055,147 ER Hectolitres. 168,000,000 75,600,000 175,600 ,000 550,400,000 145,600,000 55,200,000 55,600,000 22,400,000 el'utetene te 4,002,400,000 Pays. Hectolitres. RÉDOr EE EN 4,002,400,000 M RESICUIES 02 Re ur 119 21,000,000 AH Romains. ++... dance 8,400,000 RE Dee : « A OS As 16,800,000 RATES... 1-0 de 44,000,000 PR... SOA 9,800,000 ETONCE ETIENNE REPAS 8,400,000 Re tp 8,400,000 LT RUE ARRET ER TRNrT 8,400,000 nn care ce de ite M 5,600,000 ae once dt eut 4,200,000 Mon eee 407,400,000 CHARBON Pays. Tonneaux Grande-Bretagne... ..,..4202: 4... 54,000,000 D 22 «e dondeonn ue 4,000,000 PARC cn r2s225 8808022226 20,000,000 LEUR Re FE 4,000,000 Nonvelle-Galle. serrer 40,000 BORA 2808 see ee 62,040,000 MÉTAUX PRÉCIEUX. Pays, Francs. GAÉDRH IG sise à 24 sie ee rue bocoisis 562,500,000 nn mm enter de 175,000,000 Russietéten #5. 2224408 nl lux 85,750,000 Grande-Bretagne (argent)......... 4,250,000 M Er die nc e dos ) LE FRERE RTE 55,000,000 HOT SES - 657,500,000 SR ES 210 FER. Pays. Tonneaux. Grande-Bretagne.............. he 4,650,000 AS UMR de en ermpene » FTANCE secs rem verser sc 600,000 Belgique ........s.eess..sss. 205,000 PISSIe ee ne demee pepe ds 440,000 AMÉTICRB.. me esse seems » Sardaigne............ ARTE es 20,000 Bavière ..... M SC rc ere 15,000 ÉSpagne.. ..--.. consorts 16,000 SAT TM MAR EMENANIREREN 140,000 États du Pape..................: 700 ŒOrAT 2 HD 0e 2,784,700 es SOIE, Pays. Kilogrammes. ltalies ht dé. Le ee es Ut 6,250,000 Sardaigne... ss... 2,200,000 Éiaisidu pape esters der 700,000 Deux-Siciles ................... 4,070,000 Prusse .......seses Ne TE NAT 560,000 Salonique....s..essssessee DURS 150,000 1H Na eo deco sie 40,910,000 Tableau général du commerce du monde. Pays. Importations. Exportations. Grande-Bretagne .... 2,500,000,0007 4 ,750,000,000f ETAPE X. . 4,125,000,000 1,400,000,000 A reporter. .. 5,625,000,000 3,150,000,000 Pays. Hambourg ......... Pays-Bas... .... Belgique. cus:s.t. tr Russie ......... HÉDASNC.- : este MAMHATONES ere see MANÉITATK eee ee rss... Je Maurice ........ Ceylan Grèce . Cap de ss... B"<-Espérance DENON Re Terre de Vandiémen. Etats du pape...... TDOTAUX: 211 ss Importations. Exportations. 5,625,000,000 5,150,000,000 975,000,000 800,000,000 550,000,000 500,000,000 530,000,000 450,000,000 400,000,000 515,000,000 550,000,000 550,000,000 57,500,000 45,000,000 220,000,000 150,000,000 162,500,000 157,500,000 150,000,000 125,000,000 225,000,000 462,500,000 157,500,000 87,500 ,000 142,500,000 140,000 ,000 100,000,000 75,000,000 62,500 ,000 50,000,000 37,500,000 62,500,000 62,500,000 10,000,000 50,000,000 125,000,000 50,000,000 50,000,000 50,000,000 57,500,000 25,000,000 21,000,000 27,500 ,000 12,500,000 21,250,000 50,000,000 15,000,000 12,500,000 57,500,000 50,000,000 8,045,750,000 6,998,500,000! 8,045,750,000! 15,042,250,000! 212 Système railway. Pays. Kilomètres. Sommes employées. Grande-Bretagne et l'Irlande... 11,200 6,250,000,000f FRAME EE NS OR RE + 16,462 1,662,500,000 L'Allemagne, .. Méta .. 8,547 41,668,750,000 La France......... 0,900.0€ 2,908 4,225,000,000 Ta pelpique 50270 000 854 257,500,000 (DE NTI LE RER AA 520 75,000,000 CANNES. ee Den TE 75,000,000 L'Espagne ....... MOTTE tee 76 » TOTAL... 40,656 414,195,750,000! ans Voici le résumé de ce premier travail : Le tableau comparatif de l'état des finances des prin- cipales nations, parait être celui-ci : La Grande-Bre- tagne à 75 millions de francs de revenu au-dessus de sa dépense. L'Autriche 475 millions, et les États-Unis 25 mil- lions, pendant que le budget de la France présente un déficit de 50 millions, et celui de la Prusse de 7 millions 500 mille francs. La dette de la Grande-Bretagne est la plus considé- able de toutes ; elle s'élève à 787,000,000 de livres ster- ing, ou 19 milliards 675 millions de francs. Celle de la France, à 5 milliards de francs ; Celle del'Espagne à3 milliards 875 millions de francs. Celle de l'Autriche et de la Hollande, à 2 milliards 500 millions. Celle de Ja Russie, à 4 milliard 325 millions, et celle 213 des États-Unis, à 342 millions 500 mille francs ; mais la plupart des États de l'Union ont une agglomération de dettes de 4 milliard 100 millions de francs. Le total approximatif des grains récoltés dans les divers pays, d'après le tableau ci-dessus, s'élève à 1,407,400,000 hectolitres. La quantité de froment produite dans la Grande-Bre- tagne est évaluée à 51,000,000 d'hectolitres. Or, comme sa population, de 27 millions d'âmes, consomme près de 57,000,000 d'hectolitres de blé, et qu'il en faut 4,900,000 hectolitres pour la semence, il en résulte que le vide à combler annuellement par l'importation est d'environ 11,000,000 d'hectolitres. Les minéraux constituent la principale richesse de la Grande-Bretagne. Les énormes quantités de fer et de charbon, si heureusement combinés dans les cou- ches de la terre, donnent à ce pays une supériorité marquée sous le rapport du bas prix de cette double production et de l'introduction de l'usage du fer dans plusieurs branches de l'industrie. La quantité de fer produite dans les pays dont la désignation précède, s'élève à 2,784,700 tonneaux, dont 1,650,000 tonneaux sortent des forges de la Grande-Bretagne ; 600,000 des forges de France; 140,000 de celles de la Suède. Dans la production générale de 62,040,000 tonneaux de charbon de terre, la Grande-Bretagne y concourt pour 34,000,000 de tonneaux, et la France pour 20,000,000. Les métaux précieux extraits annuellemeut des mines de la Russie s'élèvent à 83 millions 750 mille francs. 214 Ceux du Brésiletdel Amérique du Sud, à 475,000,000. Ceux de la Californie, depuis la découverte des mi- jusqu'à la fin de l'année 1850, à 362,500,000 francs, et dans le courant de l'année 1851, à 300 miilions en- viron. La valeur des importations et des exportations des différents pays, dans leurs mutuels rapports com- merciaux, s'élève à 45 milliards 42 millions 250 mille francs, dont 8 milliards 43 millions 750,000 francs d'importations, et 6 milliards 998 millions 500 mille francs d'exportations. l La marine marchande de tous les pays comprend 276,040 batiments, jaugeant ensemble 46,072,421 tonneaux. Le système des chemins de fer, si merveilleusement développé dans un court espace de temps, présente en saillie les chiffres ci-après : I parait qu'il y en à maintenant 40,636 kilom. de li- vrés à la circulation, et qui ont coûté 11 milliards 193 millions 750 mille francs. Sur cette étendue il y en à 11,200 kilom. en Angle- terre, dont la dépense s'est élevée à 6 milliards 250 mil- lions, ou environ 550,000 francs par kilomètre. En Amérique, il y en a 16,462 kilom., qui ontcoûté 4,662,500,000 franes, ou 100,000 francs environ par kilomètre. En Allemagne, 8,548 kilom., dont le coût s'élève à 1,668,750,000 francs, ou 185,000 franes par kilomètre, Au mois d'octobre 4851, la France en avait 2,908 kilom., qui ont couté 1,225,000,000 de francs, ou 420,000 francs par kilomètre. 215 Après avoir ainsi Succinctemement analysé les statis- tiques de l'agriculture, du commerce et de l'industrie à une époque fixe, ce qui servira de point de départ ou de terme de comparaison pour reconnaitre et détermi- ner, à l'avenir, la progression croissante ou décrois- sante de chaque État, dans toutes les branches, il est bien de porter son attention sur les lois qui règlent et protègent les transactions commerciales. Des relations sans nombre qui résultent du com- merce, naissent aussi des droits et des devoirs qu'il appartient à la législation de définir et d'établir. Ces droits et ces obligations résultent le plus souvent d'un principe d'équité, base de toute justice, et quelquefois des lois positives. Ces dernières ne forment qu'une faible partie de celles en vigueur dans les relations commerciales, pendant que les lois naturelles, fondées sur des principes d'une application universelle, sont les mêmes dans tous les temps et chez toutes les na- tions. Aussi les différents Codes de commerce qui ren- ferment de tels principes, ne font que reproduire une frappante ressemblance dans leurs dispositions impéra- üves; mais à cause de la différence des langues, du système des lois, et du plus ou moins de développe- ment imprimé à la jurisprudence commerciale, ces grandes maximes reposent enfouies sous un graml nombre de dispositions, ce qui laisse dans une bien nuisible ignorance les hommes voués au commerce. La loi de la Grande-Bretagne, réglant les intérêts des négociants avec les principes de l'association, des compagnies de banque, des contrats, de la lettre de 216 change, des assurances, de la navigation et de la fail- lite, contient 2,335 dispositions générales; en outre, il y a 90 Statuts touchant la législation commerciale. Sur ces mêmes sujets, en Amérique, on ne compte que 817 articles; mais aussi, dans ce pays, la loi n'em- brasse que les cas généraux, pendant qu'en Angleterre elle pénètre toujours dans des détails minutieux. En France, le Code de Commerce ne comprend que 648 articles ; il est en vigueur en Belgique. Celui d'Es- pagne en comprend 1,219; celui de la Hollande, 923 ; du Portugal, 4,286; du Wurtemberg, 1,164; de la Hongrie, 575 ; de la Prusse, 2,358 ; de la Russie, 1,514 ; de la Sardaigne, 723; du royaume Lombardo-Véni- tien, 634; desiles Yoniennes, 608 ; des Deux-Siciles, TAA; et tous ces Codes réunis comprennent 415,515 articles. A ces lois doivent être ajoutées celles du Brésil, du Danemarck, de Hambourg, du Hanovre, de la Suède, de la Norwége, de Lubec, de la Grèce et d'autres pe- tits États, ayant chacun des lois distinctes. De là, le négociant qui a des relations avec plusieurs pays, ignore complétement les lois qui protégent ses intérêts, ainsi que les droits qui lui sont garantis. En présence de ces graves inconvénients, il devient important de signaler l'utilité d'un Code International pour le commerce; par conséquent, d'extraire, pour les réunir, tous ces grands principes dont l'application est universelle, afin que sous la forme d'un Code, ils puissent être adoptés et suivis par toutes les nations. La réalisation d'un tel plan serait féconde en consé- 217 quences heureuses; elle dirigerait l'esprit publie, chez tous les peuples, vers l'unité de lois. Elle donnerait une nouvelle vie à l'administration de la justice à l'in- térieur comme à l'extérieur; et toutes les puissances, plus étroitement unies par ce nouveau lien , concour- raient à vaincre un de ces obstacles s’opposant encore à la marche du progrès universel. Et, en effet, une loi internationale est la base sur laquelle les droits mutuels des nations sont fondés; et si c'est une barrière à lusurpation, en temps de guerre, c'est aussi un heureux lien de justice en temps de paix. Telle est la pensée émise, tels sontà peu près les vœux exprimés par M. Leone Levi; mais si l'Académie trouve, comme je dois le craindre, que j'abuse de l'at- tention qu'elle me prête, en dépassant le cadre dans le- quel doit se renfermer un rapport, j'invoquerai, comme excuse, l'obligation qui semble nous être imposée par le Pouvoir, de nous occuper d'une manière plus suivie de travaux statistiques. Cette obligation résulte implicitement, et en pre- mier lieu, des motifs du Décret du 1‘ juillet, qui or- donne la formation d’une Commission de Statistique au chef-lieu de chaque canton; et en second lieu, de la Circulaire du 48 septembre dernier. Par cette Circulaire, le Ministre de l'Intérieur com- prend d'abord, de droit, dans le personnel de ces Commissions, non seulement les fonctionnaires salariés par l'État, par le département, par les communes, mais encore ceux non salariés; et, en outre, il invite 15 218 Les Préfets à porter de préférence leurs choix sur les membres des Sociétés savantes, des Comices agricoles et du Corps médical. Ces Sociétes, habituées à prêter le concours de leurs lumières aux institutions qui réclament leur appui, s'empresseront de seconder les sages intentions du Pou- voir, toutes les fois surtout qu'il s'agira de venir en aide à l'Administration dans l'intérêt de l'agriculture. Et, en effet, le Décret du 4° juillet peut être consi- déré comme le corollaire ou le complément de celui du 28 février 1851, qui autorise les Sociétés de crédit foncier ; car, faire connaitre la nature des terres, leur produit, leur valeur, c’est faciliter les opérations d'une Banque ayant pour mission de diminuer, de rendre moins lourd le poids des 8 milliards grevant hypothé- cairement le sol de la France. Depuis l'année 1838, époque à laquelle je présenta à l'Academie la première partie d'un travail sur les améliorations réclamées par nos lois pour combattre les causes qui privent l'Agriculture du erédit dont elle a besoin, le mouvement en faveur de la réforme hypo- thécaire n'a cessé d'être généralement approuvé. Ainsi, les Cours d'Appel, les Facultés de Droit, les juriscon- sultes et les auteurs les plus éminents, ‘ont répondu à la Circulaire de M. le Ministre de la Justice, du 2 mai 1841, soumettant à leur examen les points principaux sur lesquels devrait porter la réforme, et on à générale- ment reconnu avec, M. Persil, que, sans publicité, l'hypothèqueestune sourcede fraude el de supercherie, pendant qu'avec la publicité, lhypothèque devient 219 la compagne de la bonne foi et peut faire renaître la confiance et consolider le crédit public C'est avec ce désir de mettre un terme aux hypothè- ques occultes, et de rendre aux transactions les avanta- ges autrefois garantis par la loi du 44 brumaire an VII, que les diverses chambres ont été appelées à se prononcer sur le projet tendant à modifier le régime des priviléges et des hypothèques, dont l'application , depuis près d’un demi siècle, à fait ressortir les vices el entrevoir les lacunes. Ce projet n'a cessé, depuis dix ans, d'être discuté par les divers Pouvoirs législatifs, et jusqu'à présent celle discussion, côté brillant des Chambres, n’a pro- duit aucun résultat utile. C'est aussi cette longue indifférence, en présence de laquelle demeure dans l'oubli l'amélioration réclamée de puis si longtemps par les besoins du commerce et de l'a- griculture, qui a motivé le Décret du 28 février dernier. Ce Décret, émané d'un Pouvoir sans contrôle, sous- trait les Sociétés de crédit foncier aux vices de la légis- lation existante, en leur traçant, à titre de préroga- tive, la voie à suivre, les formalités à remplir pour reconnaître où pour purger les hypothèques légales, les priviléges et les actions résolutoires dont seraient grevés les immeubles offerts en garantie par les em- prunteurs. Cest là une exception qui sans doute, plas tard, après avoir acquis la sanction de l'expérience, devien- dra la règle générale et cessera de soumettre à des principes différents des intérêts identiques. 220 Jusqu'alors, les Sociétés de prêteurs profiteront seu- les de cette dérogation au droit commun, et à côté de celte attribution, qui, dans l'intérêt de la justice, ne peut être que temporaire, se rencontre pour toujours l'avantage exclusif offert aux propriétaires par les ban- ques de crédit foncier, de mobiliser, pour la rendre négociable à volonté, une partie de leur fortune immo- bilière, grevée ainsi d'un capital devenu disponible, et dont on essaie de faciliter le remboursement au moyen d'annuités multipliées. Néanmoins, on ne doit pas perdre de vue toutes les conséquences à attendre d'une réforme hypothécaire générale offrant à tous les prèteurs la plus grande sécurité. Et si les améliorations réclamées par la législa- tion en vigueur sont obtenues, si elles ne laissent pla-- ner aucune arrière-pensée sur Jes garanties offertes, si, enfin, on peut faire obtenir à l’agriculture comme à l'industrie et au commerce la réduction apportée au taux de l'intérêt, — le crédit, dès lors, rendu à la terre, ajoutera bientôt à la production, la production à la richesse, puis au bien-être des cultivateurs, première garantie d'ordre et de moralisation. Personne n'ignore, en effet, que les populations heureuses sont à la fois reconnaissantes envers le Pouvoir qui les protège, et toujours attachées au sol qui les nourrit. (Séance générale du 2 décembre 4852.) 221 RAPPORT SUR UN OUVRAGE DE M. DULUC, MÉDECIN VÉTÉRINAIRE, ayant pour titre : DE LA RAGE OÙ HYDROPHOBIE CHEZ LE CHIEN ET AUTRES ANIMAUX ; Par M. ze Dr COSTES. MESSIEURS, Vous avez recu de M. Duluc, médecin vétérinaire, . un travail intitulé : De la Rage ou Hydrophobie chez le chien et autres animaux. Une commission a été nommée pour examiner ce travail, et je viens aujour- d'hui, comme son Rapporteur, vous faire part de son Jugement et vous soumettre les propositions qui en sont la conséquence. C'est à l'occasion des faits nombreux de rage obser- vés dans ces dernières années, surtout dans l'été de 1852, que l'auteur à cru utile de publier le Mémoire ! Au nom d’une Commission composée de MM, Grateloup, Gintrac, Burguet, Marchant, Dégranges, Costes, rapporteur. L'Académie , ratifiant les conclusions du rapport, a accordé à ce travail une mention honorable, et décidé que le rap— port serait publié dans ses Actes. 222 qu'il vous a envoyé. Dix ans d'expériences personnel- les l'ont mis à même de connaître des faits qui, trop méconnus, sont devenus la cause de bien des mal- heurs. La trop grande multiplicité des chiens est d'abord ce qui frappe l'observateur ; puis, la reproduetion, surtout de ceux qui, s'éloignant le plus du type naturel, of- frent par cela mème leur système nerveux à l'état anor- mal, Ainsi, comme le dit l’auteur : « On recherche les chiens de type distingué, et l’on se trompe, en cela que l'on prend pour tel ce qui n’est que le résultat, le plus souvent, d'une véritable dégénération; ces petits animaux, à peine dévelop- pés, chétifs, malingres, à qui l'on ne conserve la vie qu'à force de soins, et qui sont d'autant plus beaux (affaire de mode) qu'ils sont davantage avortés, ont généralement le système nerveux excessivement pré- dominant. Il n'est pas rare de les voir être atteints subitement de suffocations ou d'attaques dépilepsie par le trop grand bruit du passage d'une voiture; ils ont des convulsions à l'ouverture de la soupape d'une machine à vapeur, et on les rend malades en les grondant seulement. Aussi, avec de pareilles dispo sions organiques, il n'est pas étonnant qu'ils soient fréquemment frappés d’affections du système ner- veux, et parmi elles de la rage. » Les symptômes de cette maladie, surtout celui qui se trouve implicitement dans sa dénomination, dans 223 le mot d'hydrophobie, la signification qui semble en- core ressortir de cette épithète d'enragé, atteint de la rage, semblent très-propres à induire le publie en er- reur; c'est donc un service à rendre à la société, au point de vue de la prophylactique, que de dévoiler les erreurs qui semblent découler des notions qui s'atta- chent à certaines dénominations. Ainsi, on n'est pas étonné d'entendre dire à M. Du- luc : «Les premières fois que je fus consulté sur lhydro- phobie, je mis dans plusieurs circonstances de l'hé- sitation à me prononcer. On le comprendra sans peine; le mot rage entrainait pour moi l'idée de tout ce qu'il y a de plus terrible dans la pose, dans le regard, dans l'expression, et j'avais peine à recon- naitre celte épouvantable maladie dans un animal qui refusait, il est vrai, de manger, mais qui était doux, aimable, caressant, se trainant aux pieds de son maitre pour lui lécher les mains. Plusieurs fois, j'ai trouvé des chiens enragés dans des appartements, au milieu de personnes qui les caressaient et qui ne pouvaient penser que de pareils sujets fussent atteints de cette maladie. En 1847, une jeune dame ne vou- lant pas croire que son chien füt hydrophobe, ainsi que mes confrères et moi le lui avions assuré, com mit l'imprudence de lui faire prendre un purgatif. Elle donnait pour raison de son incrédulité : « qu'un » chien hydrophobe avait horreur de l'eau, et que » le sien buvait très-bien. » 224 L'erreur qui s'attache à la lettre de qualifications impropres est importante à dévoiler. L'auteur a fait quelques pas dans cette voie, dans le Mémoire que nous avons sous les yeux; mais lui-même n'a peut-être pas assez précisé la véritable distinction qu'il faut établir, au moins chez l’homme, entre la rage et l'hydrophobie, ou, si l'on aime mieux, entre l'hy- drophobie, maladie spontanée chez l'homme, simple névrose, et la rage communiquée ou l'hydrophobie due au virus rabique.' L'étude, que fait l'auteur, de l'étiologie de la rage, nous laisse à peu près dans l'obscurité; c’est qu'en effet dire que la rage est due à un virus, et convenir après que nous ne savons pas comment il se produit sponta- nément dans l'espèce canine, est assez peu satisfaisant, Nous ne pouvons donc qu'assigner de loin les condi- tions qui nous semblent jouer un rôle dans la produc- tion de ce virus. Si, dans l’état peu soigné du chien de campagne , ou mieux encore du chien vagabond , dans la privation d'eau que peuvent quelquefois amener les saisons estivales, on a cru trouver une cause de la rage, comment concilier ce fait que la rage a été observée en toute saison. Mais, au point de vue des cas de rage spontanée que l'on remarque quelquefois au sein des villes, sur des chiens qui n’ont cessé d'être bien soignés, nous devons admettre comme assez plausible l'explication qu'en donne notre auteur dans le passage suivant : «Il est d'observation que les chiens, ceux surtout à 225 longs poils, qui habitent les appartements étroits, peu aérés, dont la constitution n'a pas pris le déve- loppement vigoureux que favorisent l'exercice et l'air excitant et tonique de la campagne; ceux chez qui le tempérament sanguin-nerveux est prédominant , sont excessivement impressionnés par l'électricité at- mosphérique. » À l'époque des temps orageux, ils sont inquiets, tristes, agités, tirent la langue, battent des flancs, se plaignent fréquemment, aboient d'un hurlement plaintif et refusent la nourriture. » Je connais une chienne de forte taille, dite de montagne, à longs poils, qui est tellement excitable, que par les temps d'orage elle se plaint et jette des hurlements effrayants. La première fois qu'on remar- qua cette disposition de son tempérament, elle se trouvait renfermée dans une cour, et toute la nuit elle effraya les habitants de la maison et les voisins par des hurlements continuels; rien ne pouvait la cal- mer; elle se précipitait le long du mur, elle avait comme des accès de folie; dans la matinée, on lui ou- vrit la porte, elle alla courir dans la ville: quand elle revint, on ne remarqua plus aucun caractère d'inquié- tude : avec la température normale, elle était devenue calme. » Le manque et la mauvaise qualité des aliments ont été classés au nombre des causes occasionnelles de la rage ; on oubliait probablement, en énoncant une pareille assertion , qu'un grand nombre d'animaux affec- tés appartient à la classe des chiens dits de luxe, qui 226 sont les mieux soignés. Des expériences ont été faites, et les chiens sont morts d'inanition sans fournir un symptôme de rage. » Les chiens sont, de leur nature, voraces et essen- tiellement carnivores. Il leur faut la liberté, le grand air et l'agitation pour satisfaire leur tempérament san- guin. L'état de domesticité modifie tout cela. Une nourriture choisie, mais prise en dehors de leur con- venance, un manque complet d'exercice, la tempéra- ture constamment élevée des appartements, l'air échauf- fé, altéré, vicié qu'ils respirent , les soins assidus qu'on ne cesse de leur prodiguer, la servitude avec toutes ses douceurs et toutes ses exigences, les appétits véné- riens non satisfaits, la jalousie de plusieurs, qui se croient remplacés dans laffection de leur maitre par les simples caresses prodiguées à un enfant, tout cela change prodigieusement leur nature primitive, et rem- place leur tempérament vigoureux par une prédomi- nance nerveuse, irritable, pouyant en faire autant de causes prédisposantes aux névroses. » Mais la cause qui, pour l'homme, doit nous tenir toujours en éveil, c’est l'inoculation. À cet égard, on sait qu'elle n'a lieu que par l'introduction sous la peau, par une blessure, du virus rabique; et bien qu'il ne faille pas s'exposer à toucher la bave d'un chien enragé, même avec la peau des mains intacte, il est bon de savoir, pour sa tranquillité, qu'on n'est pas nécessai- rement atteint de la maladie bien qu'un chien enragé vous ait léché la figure ou les mains. C'est ce que les 227 faits ont prouvé, et ce que démontre M. Duluc dans les lignes que voici : «Le virus rabique ne paraît avoir aucune action sur l'économie, quand il est appliqué sur l’épiderme sain. J'ai fait beaucoup d'autopsies sans gants; la gueule des chiens à été principalement le but de mes recher- ches ; j'ai eu de la bave, de la salive, du sang, plein les mains, du vivant même de l'animal, en faisant mes expériences sur l’éthérisation; je me suis coupé une fois en ouvrant l'abdomen d'un chien mort, que l'on me priait d'examiner et où 7e trouvai les caractères de la rage, éclairé par les renseignements du maître du chien, sur l'état de l'animal avant sa mort. Jamais il ne m'est rien survenu; dans cette dernière circonstance, il est vrai, je me cautérisai immédiatement avec la pierre infernale. » Je n'induirai pas néanmoins, de ces circonstances, qu'on doive toujours agir imprudemment avec les chiens enragés, et leur essuyer sans crainte avec les mains la salive qui s'échappe de la gueule au début de la ma- ladie; loin de moi cette pensée: je ne mentionne, au contraire, ces faits que pour rassurer quelques esprits, trop préoccupés d'avoir eu chez eux des animaux hy- drophobes et de leur avoir donné des soins. » Mais il n'en est pas de même quand la peau est dénudée de son épiderme; une gercure, une écor- chure, une petite plaie, favorisent l'inoculation. » Une question importante que soulève l'étude de la 228 rage, c'est celle de la rapidité de l'absorption du virus. Elle n’est pas égale dans toutes les parties du corps, selon notre auteur, et ceci serait essentiel à savoir. Le moyen de détruire le virus sur place pourrait avoir une eficacité relative. — Peu de temps suflirait pour l'ab- sorption aux lèvres, à la conjonctive ; il pourrait falloir une heure, plus longtemps même sur d'autres parties, selon M. Duluc. Nous avons quelque peine à nous ranger de son avis, à cet égard. L'absorption a lieu par la circulation, sur- tout par la circulation veineuse, et nous avouons que , dans toutes les parties du corps, le cycle circulatoire ous parait le même. Au nombre des effets que produit le virus rabique, l'auteur ne pouvait manquer de mentionner les vési- cules où pustules que le médecin russe Marochetti pré- tend être un des caractères de la maladie; mais M. Du- luc ne les a jamais rencontrées chez les animaux, ce qui, pour le dire en passant, rend pour nous un peu problématique cette assertion de l'auteur, qui a trouvé dans une autopsie d'un animal mort enragé les carac- tères de la rage, car il n'y en a pas de précis, que nous sachions. Bien que le travail que nous examinons ne contienne rien de nouveau sur le sujet qu'il traite, cependant , en se mettant au point de vue de l'auteur, «qui, en écrivant ces quelques pages, déclare n'avoir eu qu'un seul but, celui de faire connaitre l'hydrophobie du chien sous toutes ses phases et avec tous ses symptô- mes, de répandre des connaissances trop ignorées, et 229 de mettre les propriétaires de ces animaux, parfois trop confiants où même trop imprudents, à l'abri de tout malheur, » nous devons convenir qu'il a atteint son but. C'est surtout par rapport à la symptomato- logie. Aussi, votre Commission at-elle désiré que nous missions sous vos yeux le tableau qu'il en a tracé, et qui lui à paru plein de vérité. Rien n’est plus variable que la forme de cette mala- die, et néanmoins elle à des traits si caractéristiques , qu'on ne peut la méconnaître, bien qu'une erreur soit plus facile au début. Aussi, nous estimons que l'auteur a eu raison de tracer à part les symptômes qui déno- tent la rage, soit chez le chien de forte race, soit chez le chien de luxe. « Le premier, dit l'auteur, devient triste, irritable, moins obéissant, laisse de sa nourriture, boit comme à l'ordinaire, souvent davantage, grogne aux étrangers, hérisse son poil, se calme difficilement , reste seul, re- cherche même les endroits retirés, et s'éloigne du bruit. » Le chien de luxe, et particulièrement celui de petite race, est inquiet, préoccupé, obéit, mais avec distraction, prend sa nourriture, l'abandonne et s'en éloigne parfois, comme s'il était subitement frappé par la pensée d'un devoir oublié et devant être rempli im— médiatement. Il boit sans répugnance tout liquide, rentre dans sa corbeille, n'y reste qu'un instant, change de place, caresse son maitre, et fixe sur lui des yeux si douloureux, que c'est à ce regard souvent qu'on s'a- perçoit que cet animal souffre. 230 » Les caractères généraux, qui d'ordinaire échap- pent à tout le monde, ne seraient que de peu d'impor- tance, puisque beaucoup de maladies de l'espèce ca- nine en fournissent de semblables au début, si l'on ne remarquait avec soin celte tristesse particulière, cette sorte de préoccupation mentale, qui, saisissable plus tard, en fera un symptôme pathognomonique, ainsi que le regard, qui, par son éclat passager, vient as- sombrir davantage cet état de tristesse. » Bien que j'établisse, pour faciliter l'étude de la symp- tomatologie de la rage, deux catégories parmi les chiens, il ne faudrait pas en conclure que les caractères observés chez les uns ne puissent pas se traduire chez les autres. Rien n’est plus variable que la forme sous laquelle se pré- sente cette maladie ; et en écrivant ces quelques pages, Je n'ai qu'un seul but , que j'ai déja énoncé, celui de faire connaitre l'hydrophobie du chien sous toutes ses phases et avec tous ses symptômes ; en les publiant, de répan- dre des connaissances trop ignorées, et de mettre les propriétaires de ces animaux, parfois trop confiants, ou mieux trop imprudents, à l'abri de tout malheur. » L'auteur cite des faits qui témoignent de la grande difficulté qu'il y a à reconnaitre l'hydrophobie dès son début, c'est-à-dire du moment où elle possède la funeste propriété de se transmettre par inoculation. Ces faits nous paraissent utiles à reproduire. Le premier a été rapporté par M. Bouley, professeur de l'École vétéri- naire d'Alfort, et appartient à Williams Youatt, pro- fesseur vétérinaire anglais : » » S ) » » » » » S ) 231 « Dans l'année 1813, un jeune enfant essaya d'en- lever à un chien sa ration du matin, qu'on venait de lui donner. » Le chien, en se défendant, l'égratigna légèrement d'un coup de dent. » Huit jours après, les symptômes de la rage se dé- clarèrent sur le chien; la maladie suivit son cours, et l'animal mourut. Peu de jours après la mort du chien, l'enfant tomba malade, les caractères de la rage se manifestèrent de la manière la plus évidente. La maladie suivit aussi fatalement son cours, et l’en- fant succomba. » Le second est relaté par M. Pierquin, dans son livre sur la folie des animaux. » » » « Une dame avait un lévrier habitué à coucher sur son lit; elle remarqua un matin qu'il avait déchiré la couverture, et qu'il buvait plus qu'à l'ordinaire, » Le jour suivant, ce chien la mordit au bout du doigt au moment où elle lui offrait à manger. Elle le conduisit chez un vétérinaire, qui ne reconnut au- cun des symplômes de la rage. Le jour suivant, le chien mourut. Il n'avait cessé de boire très-abon- damment jusqu'à la fin. Trente-neuf jours après, au moment ôù celte dame dinait avec son mari, elle éprouva quelques diflicultés de déglutir. Elle désira prendre un peu de vin, mais elle ne put l'avaler, et elle mourut de la rage après quatre jours de cruelles souffrances. » 232 Mais exposons le tableau de la maladie développée , tel que l'a tracé M. Dulue : « Après les prodromes , qui n'ont de durée que deux ou trois jours, apparaissent des symptômes beaucoup plus sérieux : le chien de race vigoureuse est plus abattu, porte la tête basse, se retire dans les lieux iso- lés, gratte la terre, la paille, y plonge la tête et la mord; il n'a pas de repos, est constamment en éveil; il entend de loin ceux qui viennent le visiter, se lève à leur approche, jette sur eux un regard fixe, péné- trant; ses reins sont légèrement voütés en contre-haut ; il porte la queue basse, entre les jambes. » Si on lui offre à manger, il refuse sa nourriture, ou en prend à peine. [l éprouve une grande difficulté à déglutir ; le bol alimentaire s'arrête parfois au passage pharyngien, et ne le franchit que par un violent effort, qui détermine un frémissement général sur tout l'indi- vidu. Il boit souvent, quelquefois avec avidité; mais il arrive qu'au déclin de cette période, la déglutition étant très-difficile, peut-être impossible, il lape le liquide et ne peut étancher sa soif. D’autres ont véri- tablement horreur de l'eau, mais ils sont très-rares. » Les corps brillants, luisants, lui donnent de la fu- reur; la salive est filante, mousseuse, et humecte les lèvres ou tombe en filaments. I aboie d'un hurlement lent, à plusieurs intonations, qui est caractéristique, et que l'on appelle le hurlement de la rage. S'il est libre, 1 s'éloigne de sa niche, court à la poursuite d'un objet imaginaire, revient, lape l'eau de son écuelle, 233 conserve son inquiétude et remue la paille de son lit. » Ces symptômes s’aggravent; alors apparaissent les accès. Ils sont provoqués par une douleur quelconque, par la difficulté qu'éprouve le chien à uriner, l'excita- tion d’un bàton, surtout la vue d’un animal de la même espèce, enfin par la seule influence de l'action de la maladie. Le corps se redresse, se dispose à l'attaque, les yeux brillent subitement, s'injectent de sang et deviennent effrayants de fureur ; fa gueule s’entr'ouvre pour mordre avant même d'avoir approché l'objet; la morsure est cruelle, car il y met toutes ses forces; il lache prise aussitôt, mais il y revient à plusieurs repri- ses, S'il est libre, il abandonne sa demeure, il court les chemins, les grandes routes, il prend les ruettes dé- tournées , le bord des ruisseaux ; il ne va pas très-vite, s'il n’est pas poursuivi; sa marche est souvent pénible, ‘préoccupée; il a néanmoins l'instinct de sa conserva- tion, il évite le danger et comprend quand on le pour- suit. [l est poltron dans cette circonstance, car il se réfugie où il peut. Il rentre douze à vingt-quatre heu- res après, ayant mordu, en passant et presque sans s'ar- rêter, les animaux, les personnes, particulièrement les chiens qu'il rencontre. I est fatigué, bat des flancs, se couche sur le ventre, ouvre la gueule et sort la lan- gue, qui est d’un rouge foncé; l'œil est fixe, hagard ; un aspect de sombre fureur se dénote dans toute la pose de la tête et la crispation de la face, et cependant le maitre qui commande est encore obéi; mais il ne faudrait pas le frapper ou le contrarier trop fort, le faire boire de force, par exemple; car il pourrait, dans 16 234 un transport de fureur facile à provoquer, oublier la main qui l'a nourri. Si à ce moment on lui présente un corps quelconque, un fer rougi au feu, il le mor- dra ; la sensibilité est beaucoup diminuée. » Apparaissent ensuite les symptômes de la dernière période. L'œil hagard devient terne, la gueule ne se meut plus avec autant de facilité, il y a commence- ment de paralysie, la salive est épaisse et ne parait plus à la commissute des lèvres; quelques chiens la- pent encore l’eau, d'autres sont affaissés et laissent échapper un burlement plaintif; le corps est amaigri, dans le marasme, les reins et les flancs sont relevés, la queue est entre les jambes, la paralysie du train de derrière indique que la mort n'est pas éloignée; enfin, après avoir beaucoup essayé, pendant quelques heures et à plusieurs reprises, d'enlever un obstacle de la gorge, avec ses pattes de devant, le chien enragé meurt sans pouvoir changer de place. » Cette maladie, de son début à sa terminaison par la mort, a une durée variable, mais qui est comprise entre le deuxième et le neuvième jour. » Le chien de luxe présente des différences impor- tantes à connaitre et qui se retrouvent également chez le chien de garde. » Il reste couché dans son lit, qu'il défait fréquem- ment; il est agité, inquiet, va sous les meubles et re- vient dans sa corbeille, après avoir fait des caresses à ses maîtres et leur-avoir jeté un profond regard de tris- tesse sombre, semblant leur demander un remède à ses souffrances. Îl obéit à leur voix, et, bien qu'il ne se dé- 235 range que difficilement, il peut encore exécuter les ordres qu'on lui donne. Il vomit parfois des matières verdàtres, sanguinolentes. Il urine difficilement ; il refuse la nourriture, et cependant, chose digne de remarque et qui prouve toute la docilité de ces ani- maux quand ils ont été habitués à une grande obéis- sance, c'est que le maitre peut, par son autorité, leur faire prendre quelques matières liquides. » Un des caractères de cette maladie, le plus im- portant à connaitre et que l’on a toujours observé chez toutes les espèces de chiens, c'est la dépravation de l'appétit; c'est, sans contredit, le symptôme le plus caractéristique du début de la rage. » Toutes les fois qu'un chien perd l'appétit, qu'il prend dans la gueule sa nourriture sans pouvoir la déglutir, s'il est triste, s'il vomit, si surtout il recher- che les terreaux, déchire des morceaux de bois, de chif- fon, boit son urine, ou mange ses malières excrémen- tüüelles, il faut être très-prudent à son égard ; et si la température est élevée ou très-froide, l'animal devra être surveillé attentivement; on éloignera surtout les enfants, qui, en le caressant ou en le contrariant, sont exposés à se faire mordre. » Le chien de salon est le plus disposé à ce délire, qui ne trompe jamais, au dire de M. Youatt, qui fait autorité en cette matière. « Si dans un salon vous » voyez un chien fixer son attention avec persévérance » Sur chaque coin, et en lécher le mur avec une per- » sistance infatigable ; tenez-vous en garde contre lui : » IL y à tout à craindre qu'il ne soit sous le coup de la 236 » rage, et l'on peut même, sans aueun autre symp- » tôme, aflirmer qu'il est décidément enragé. Je n’ai » jamais vu ce symplôme tromper. » » Le chien est préoccupé comme d'un objet lointain ou d'un bruit indéfinissable, il se précipite le long du mur, et semble vouloir attrapper des mouches; d'autres fois, couché sur une chaise, ses paupières s'abaissent, il cache sa tête dans ses pattes, il paraît endormi ; mais sa tête, glissant la première, emporte le corps : l'ani- mal tombe sur le parquet, et presque insensible à cette chute, se pelotonne comme s'il voulait se réduire en plus petit volume; un instant après, il semble se ré- veiller, ouvre les yeux et recommence à monter sur les chaises. » L'endroit de la morsure, au moment où se déclare la rage, enfle quelquefois et produit une grande dé- mangeaison. M. Youatt, qui l'a le plus observé sur l'es- pèce du chien, nous met en garde contre ces prétendues douleurs d'oreilles qui font que le chien se gratte conti- nuellement, et qui ne sont que des symptômes de rage. » Le hurlement que le chien enragé fait entendre est si particulier, qu'il suflit de l'avoir entendu une fois pour toujours se le rappeler. Il est parfaitement dis- tinct dans le bruit discordant que fait une meute aux abois. M. H. Bouley nous dit {Recueil de Médecine vélérinaire pratique, 1847) : « Il y a quelques jours, un dimanche, des élèves en » rentrant à l'École vétérinaire d'Alfort, à neuf heures » du soir, entendirent le hurlement de la rage poussé » par un chien de garde dans une maison voisine. 237 » Ils s'empressèrent de prévenir le propriétaire du » danger qui le menaçait. Le chien heureusement était » encore à l'attache, et y fut maintenu toute la nuit. » Le lendemain, on le conduisit à l'École, où il fut re- » connu enragé, au grand étonnement de son maitre, » qui ne pouvait croire que cet animal, si docile » encore, si caressant et qui lui obéissait comme » en santé, était atteint d’une aussi redoutable ma- » ladie. » » Cette modification de la voix à plusieurs tons, sac- cadés, lents et lugubres, est des plus significative. » Sa démarche devient pénible, le derrière se meut difficilement, s'affaisse quelquefois; le flanc est agité, le regard est de plus en plus inquiet, triste, étrange, fixe, douloureux, mais jamais effrayant comme chez le chien sauvage. » Enfin, ces symptômes augmentent :le chien refuse toute nourriture, maigrit, ne peut plus se mouvoir; la paralysie du train de derrière, presque toujours cons- tante, gagne les mâchoires, les yeux se fondent, dimi- puent de volume, deviennent ternes; les orbites ne sont plus que deux cavités rouges par la conjonctive, et l'animal est aveugle. Le corps tombe dans le ma- rasme et se déforme, les muscles diminuent de volume, la violence de cette horrible maladie semble tout ab sorber; enfin, l'animal meurt avant une huitaine de jours, sans avoir mordu personne de la maison S'il n'y à pas été provoqué. » Tous ces symptômes, réunis quelquefois chez un seul individu, qui caractérisent la rage du chien, et 238 qui, s'ils n'étaient pas si ignorés, éviteraient bien des malheurs, ne sont pas les seuls qu'il faut répandre. » Ilest, dans ce tableau, deux symptômes qui exigent quelques réflexions : c'est l'hydrophobie ou horreur de l'eau , et la grande salivation. Ces deux symptômes, caractéristiques selon beaucoup d'auteurs et l'opinion générale, n'ont pas toute importance qu'on leur a at- tribuée. Mais notre auteur va peut-être trop loin lorsqu'il dit que « l'existence de l'un et de l'autre de ces symptô- mes est assez futile. » Notons cependant que M. Wil- liams Youatt dit qu'il ne se rencontre pas plus d'une fois sur cinq, — et que notre auteur, qui a vu beau- coup de chiens enragés, dit n'avoir jamais remarqué celte grande répulsion de l’eau, au point d'en faire un caractère important, ni de salivation plus abondante que dans l’état normal. La croyance à l'hydrophobie comme symptôme de la rage, consacre une erreur po- pulaire. En effet, d’après M. Dulue, le chien hydro- phobe lape l'eau sans la déglutir, souvent avec avidité. Il boit avec prédilection son urine, et lèche longtemps après la place desséchée. « Chez lui, la salivation n’est pas abondante, comme on le pense généralement. Aux premiers jours de l'af- fection, on l'aperçoit sur le bord des lèvres; c’est sur- tout après un accès : elle est claire, filante, mousseuse, mais pas abondante. L'histoire de ces animaux enragés couverts d'écume est fabuleuse. Dans les dernières pé- 239 riodes de la maladie, la salive est plutôt rare que fré- quente, et c'est même à son épaississement dans le pharynx que l'on attribue non-seulement la gène dou- loureuse qu'éprouvent ces animaux, mais encore les mouvements qu'ils font avec les pattes de devant comme pour arracher un obstacle dans la gorge, et l'asphyxie qui leur donne la mort. » Ce mouvement que font les chiens avec les pattes de devant, cherchant à se débarrasser de la douleur qu'ils éprouvent dans le gosier, ne manque pas de faire supposer aux propriétaires que leurs animaux ont avalé un os. Il en est de même quand le chien est atteint de la paralysie des mächoires, dans le cas de rage mue, fausse-rage, où la gueule est toujours ou- verte. L'historique de l'os incriminé, et qui s'est mis tout exprès en travers du pharynx, remonte quelque- fois à plus de quinze jours de date. On croit fort, tant l'imagination est complaisante en pareille matière, que ce doit être à sa présence dans la gorge qu'est due la souffrance qu'éprouve l'animal. Quelqu'un, après m'a- voir consulté sur un chien que je déclarai atteint de la rage mue, me dit, afin de me persuader que je me trompais, que son animal n'avait qu'un os dans le go- sier, et que déjà il avait introduit la main dans la gueule pour l'en sortir; mais que n'ayant pas réussi, il se disposait à l'essayer de nouveau, espérant être plus heureux. Je l'engageai à ne plus recommencer. La nuit suivante, cette bête ne fit qu'aboyer du hurlement si caractéristique de la rage. Elle mourut dans la ma- tinée, 240 » Autre fait. Le 16 juillet 1852, une femme me portait dans ses bras, recouvert d'une serviette, un petit chien affecté de rage mue au début, et qu'elle m'assurait n'être indisposé que parce qu'il avait un os dans le gosier. Un enfant en avait été mordu il y avait plusieurs jours (heureusement, il n’y avait eu que pin- cement). La maitresse voyant la salive découler de la gueule de son chien, l'avait essuyée. Elle tenait dans ce moment un morceau de pain à la main, qui en avait été imprégné. Se contentant d'enlever la partie seule- ment du pain qu'elle supposait avoir été touchée par le liquide, elle avait mangé le reste. » En terminant l'exposition du tableau symptomatolo- gique de la rage, nous devons signaler avec approba- tion l'observation que fait M. Duluc relativement à cette opinion qu'il appelle à bon droit déplorable, à savoir : que la salive du chien est des plus propres à la cicatri- sation des blessures. « Des mères imprudentes, dit-il, pour faire guérir certaines plaies à leurs enfants, les font lécher par ces animaux. En Angleterre, on à aussi la croyance que les boutons à la figure, par exemple, cèdent à l'action bienfaisante de la langue d'un chien. C'est ainsi que William Vouatt a observé beaucoup de cas d'inocula- tion de virus rabique, par le simple contact sur les plaies de la salive d'animaux même que rien ne pou- vait faire supposer malades. Combien de personnes, parmi nous, ont aussi la mauvaise habitude de se faire ! 241 ainsi embrasser, ignorant sans doute que, par une pareille imprudence, elles s'exposent à là mort la plus affreuse. » M. Dulue à consacré un article à ce qu'il a appelé lésions de la rage. Mais nous pensons que les traits qu'il a tracés de l'anatomie pathologique dans cette af- fection, ne caractérisent rien qu'une irritation vive des voies digestives, et qu'on ne saurait rien conclure de celle-ci à celle-là. Le mot quil dit sur la rage mue nous parait offrir de l'intérêt comme tableau descriptif et surtout par sa conclusion, qui nous parait marquée au coin de la prudence. Ainsi, comme lui, nous n’oserions affirmer que la rage qu'on appelle mue ou muette, parce qu'on pense que le chien qui en est atteint ne peut aboyer, n'est pas contagieuse. En effet, elle tire sa source de la morsure de l'animal enragé; et bien que celui qui a la rage me semble ne pouvoir mordre, ses machoires étant spasmodiquement écartées, rien ne dit que sa salive inoculée ne donnàt pas la rage. Pour une maladie si cruelle, l'article le plus impor- ‘tant que devrait offrir la science, devrait être celui du traitement. Malheureusement, notre auteur , sous ce rapport, n'a rien à nous dire d'intéressant ni de nou- veau. Ainsi, quand on a vanté la cautérisation, et cela même au moment le plus rapproché de la morsure, on à tout dit; — car c’est vainement que, dans limpuis- sancé de la vraie médecine, on a eu recours à des moyens plus ou moins excentriques; ils ont tous échoué, 242 et les prétentions de l’homæopathie ont été aussi var- nes, quoi qu'elle en ait dit. Dans son exagération , elle s’est éblouie, et, comme dit M. Dulue, elle n’a cité que des faits inexacts et incomplets. Au reste, à l'égard des statistiques qu'on pouvait faire sur les résultats probables de tels ou tels traite- ments , il suflit de savoir que tous les individus inocu- lés, mème directement, du virus rabique, ne devien- nent pas enragés. Ainsi, M. Renaud, directeur de l'École vétérinaire d’Alfort, dans son Rapport lu à l'Académie nationale de Médecine, le 43 janvier 4852, s'exprime ainsi : « Depuis 1830 jusqu'en 1852, dit M. Renault, à » des époques différentes et dans des vues diverses, » tantôt j'ai fait mordre à plusieurs reprises par des » chiens complétement enragés que j'avais sous les » yeux, sur des parties où la peau est fine et dépour- » vue de poils, des chiens ou des herbivores, tantôt » j'ai puisé dans la gueule de ces chiens enragés, au » moment de leurs plus forts accès, une certaine quan- » tité de salive que j'ai inoculée sur plusieurs régions, » sous l’épiderme d’autres animaux. » Quatre-vingt-dix-neuf individus (chiens, chevaux » où moutons) ont été ainsi mordus ou inoculés. Sur ce nc bre: » Foixante-sept sont devenus enragés ; > Ÿ » Les trente-deux autres, restés en observation pen- » dant plus de cent jours, n'ont rien éprouvé. » Les trois quarts des animaux soumis à des expé-— 243 riencés sont devenus enragés, et un quart, sans avoir été soumis à aucun traitement, n'a rien éprouvé. » Les mêmes chiffres ont été obtenus à l'École vété- rinaire de Lyon. Si on rapproche les résultats des trois faits précédemment énoncés, où les personnes mordues par des animaux enragés ont été traitées par le mer- cure, de ceux observés sur les individus inoculés, et qui n'ont été soumis à aucun traitement, on trouve : que sur quinze personnes mordues par un chien en- ragé, et traitées par le mercure, trois sont devenues bydrophobes, et deux sont mortes accidentellement. » Que sur onze personnes traitées par M. Blais, à la suite des morsures d'un loup enragé, cinq personnes contractèrent la maladie. » Que sur vingt personnes mordues par une louve enragée, et soignées par M. Thiesset, sept moururent de cette affection. » En sorte que, sur quarante-six personnes mordues par des chiens ou des loups enragés, et soumises au traitement mercuriel, quinze de ces personnes, c'est- à-dire, le tiers en sont mortes. Comme on le voit, si l'on s’en tenait à la valeur mathématique des chiffres, on pourrait évaluer, à priori, qu'il est plus avanta- geux de ne rien faire que de soumettre les individus mordus par des animaux enragés à un traitement mer- euriel, surtout quand on observe que ceux qui ont servi d'expérience à M. Renault ont été placés dans les conditions les plus favorables au développement de cette maladie, tandis que les personnes mentionnées dans les faits précédents n'ont été mordues, le plus 244 souvent, qu'au-dessus de leurs vêtements, que leurs blessures ont même été cautérisées, et que deux d'en-- telles sont mortes de l'emploi de ce médicament. Telle est la valeur curative des traitements connus jusqu'à ce jour, employés pour combattre la rage. » A peine léthérisation, soit par l'éther , soit par le chloroforme, eut été connue, que l'analogie en indi- qua l'emploi contre la rage; mais on l’a tentée encore sans succès, et les expériences qu'a faites à cet égard M. Duluc sont curieuses, quoique également déses- pérantes. Or, puisque nous ne pouvons guérir la rage, dimi- nuons au moins les occasions qui peuvent la produire. De là, la nécessité de diminuer graduellement la popu- lation des chiens ; de là aussi, le devoir de s'occuper un peu plus de leur hygiène, pour ceux de luxe qu'on peut vouloir conserver; de là encore, la nécessité d’instituer, comme le demande l’auteur, une Commission spéciale chargée d'étudier la rage et de se livrer à des expé- riences tänt sur les causes de cette maladie que sur sa nature, sa marche, ses symptômes, sa propagation , et enfin son traitement. Messieurs, si je vous ai fait apprécier le degré de l'ouvrage que vous à envoyé M. Duluc, peut-être au- rai-je en même temps ratifié le jugement qu'en a porté votre Commission. En effet, ce travail à un mérite réel, c’est de vulgariser de saines idées sur le sujet qu'il traite. Il dissipe quelques erreurs, et ceci est toujours un grand service. S'il est un peu long, et peut-être 245 trop diffus pour que votre Commission vous propose de l'insérer en entier dans vos actes, il est tels passages qui offrent un véritable intérêt; ce sont ceux que votre Commission m'a prié de mettre sous vos yeux, pour qu'après leur lecture vous puissiez juger s'il vous parait utile de les publier. Ainsi, Messieurs, votre Commission vous propose d'accorder une mention honorable au travail de M. Duluc. TABLEAU MÉTÉOROLOGIQUE. JANVIER 1853. Moy. générale. | 59,34 DU MOIS. A 69,11 2 64,44 3 60,45 X 62,9% D 59,85 6 60,80 7 58,83 8 52,06 9 60,70 10 64,40 11 62,94 12 65,52 13 56,90 1% 62,52 A5 60,65 16 56,20 17 47,69 18 60,49 19 66,3% 20 65,89 21 60,79 22 62,39 23 62,25 2} 64,20 25 58,07 26 45,28 27 46,22 28 54,42 29 54,85 30 56,82 31 61,91 MOYENNES du ie au 40! 61,06 ‘du 44 au 20! 60,51 du 21 au 34| 56,72 JOURS BAROMÈTRE A 00. a 7 h. du m.| 2h. dus. | 9 h.dus. | Maxima, | Minima. TEMPÉRATURE. CRU. CR GES 66,76 65,99 802 308 62,18 61,08 8,4 5,5 62,09 63,95 10,4 71 61,46 61,39 9,9 3,1 59,00 59,87 10,8 7,6 59,99 60,19 12,5 6,3 55,8% 54,62 11,5 5,7 54,7% 55,24 14,5 10,0 64,82 63,24 12,5 7,0 59,85 59,74 12,1 5,0 65,49 66,63 414,4 9,8 63,00 64,49 12,5 6,0 » 54,56 13,9 8,5 64,43 64,94 13,6 7,8 58,87 59,95 12,6 k,5 51,18 » 12,2 8,0 47,70 53,98 9,6 6.8 61,43 64,34 10,0 3,2 66,84 67,58 10,7 va 63,48 63,48 11,2 3,5 60,46 57,83 1,1 » 60,58 60,79 14,5 7,2 62,10 63,21 8,4 L,3 64,69 63,39 6,7 k,1 52,00 47,178 5,8 0,5 k5,37 25,25 7,9 3,0 47,52 48,34 11,8 6,6 54,10 54,80 10,6 2,8 33,79 55,08 13,9 6,8 57,74 60,80 13,0 7,0 63,24 66,79 8,1 5,4 60,07 60,53 | 44008 5,77 60,26 61,88 | 42,07 6,14 56,514 56,64 | 140,16 k,77 58,82 | 59,54 | 41,08 | 5,53 Température moyenne du mois... 803, Pluie dans le mois... 68mm 2x 247 FÉVRIER 1953. JOURS BAROMÈTRE A 0°. TEMPÉRATURE. DU MOIS. AE pe du m | 2h.dus 9h.dus Maxima Minima 1 64,99 63,81 65,29 806 2,8 2 66,10 64,31 63,29 9,1 1,6 3 56,41 48,67 49,31 8,9 5,5 4 47,93 46,1% 47,55 9,4 3,8 5 50,58 50,56 51,38 9,7 2,6 6 52,56 | 51,40 | 51,65 9,6 4,1 7 50,43 49,02 49,03 6,7 3,0 8 kk,49 40,87 37,48 SG 2,5 9 35,03 34,15 34,30 Ma 3,3 10 38,29 38,68 41,00 7,8% 1,2 11 43,44 45,24 47,59 6,7 1,0 12 44,98 43,07 43,59 4,0 —\1,1 13 43,96 45,50 46,68 3,1 1,0 1% 48,68 50,46 54,61 6,9 1,0 15 54,59 53,73 53,07 5 0 —0,2 16 52,26 50,67 52,83 8,4 2,3 17 55,36 55,49 54,95 3,8 —1,4 18 50,40 54,68 54,79 3,8 170 19 47,84 48,00 51,80 k,5 — 5 20 56,78 57,54 60,53 k,8 287 21 64,64 65,08 65,71 5,5 nt L 22 66,01 65,53 66,32 5,0 1,9 23 64,146 59,38 54,68 8,6 ET 24 58,88 61,12 60,58 Tr 1,7 25 52,73 55,20 64,60 10,2 3,0 26 60,36 56,83 55,54 10,4 2,0 97 53,90 52,50 54,83 8,1 6,0 28 51,78 54,34 58,49 5,5 i,3 pu. à | es — DT du 4erau 40! 50,65 48,76 49,03 8059 3,04 du 44 au 20| 49,80 50,44 51,74 5 A0 220738 du 24 au 28| 59,05 58,75 59,34 6,20 | 0,60 Moy. générale.| 52,75 | 52,14 52,98 | 7,40 | 4,46 Température moyenne du mois... 401 Pluie dans le mois... 85mm 248 MARS 1853. ro TT TU [ JOURS BAROMÈTRE A 0°. TEMPÉRATURE. DUMOIS Ale ET EE 7 b. du m.| 2h.dus. | 9h.dus. | Maxima. | Minima. [ 60,42 59,48 57,63 6°9 —197 2 56,13 56,95 53,95 9,1 4,7 3 51,1% 59,34 64,81 10,2 3,4 k 69,10 69,63 70,44 9,1 —0,7 5 69,22 65,6% 64,40 42,0 2,2 6 64,54 64,64 65,86 41,7 1,2 7 65,29 64,51 64,86 13,9 8,0 8 65,38 65,17. 65,87 13,9 8,8 9 65,95 65,33 65,05 14,4 8,4 10 65,97 64,39 64,67 14,5 SJ A1 62,12 59,27 58,55 15,7 6,0 12 58,15 57,59 58,08 15,1 9,2 13 58,65 58,60 61,33 15,8 6,0 A4 61,94 60,23 58,75 12,6 5,0 45 52,78 48,28 45,40 12,1 4,5 A6 44 A4 46,90 51,98 10,9 4,2 17 54,31 54,55 54,62 11,5 2,0 18 54,50 54,63 56,09 12,1 3,5 19 51,57 61,51 64,68 1,9 —0,1 20 65,84 64,64 64,6% 1,2 —2,1 PA 64,27 58,24 56,93 Ter 4:64 29 53,19 54,1% 55,84 9,2 —0,6 23 56,41 55,31 54,81 7,5 —0,4 2% 56,36 56,49 57,60 1,k —1,0 25 56,38 53,66 52,49 8,6 —1,6 26 53,26 53,25 55,20 10,5 4,0 27 60,06 64,91 64,89 8,6 3,0 28 64,88 62,32 61,32 10,5 —0,% 29 57,26 56,58 56,51 43,4 4,0 30 55,60 55,34 56,46 16,9 6,3 31 51,81 57,46 57,07 8,2 7,8 r MOYENNES du 4er au 10! 63,94 63,54 63,85 4010 5°9% du A1 au 20! 56,99 56,62 57,41 3,82 5,60 du 21 au 31] 57,55 56,79 57,24 1,54 4,89 Moy.générale.| 59,42 | 58,90 | 59,42 | 3,10 | 5,46 Température moyenne du mois... 70,1 Pluie dans le mois.,. 43mm L'Académie n'accepte pas la solidarité des opinions émises dans les articles insérés au Recueil de ses Actes. C'est un avis général qu'elle reproduit chaque année en tête de la première livraison. Il a paru cepen- dant utile de le rappeler ici d’une manière spéciale, à propos d'un Mémoire de M. Duboul, intitulé : — Du Bouddhisme, et de son action civilisatrice en Orient , et publié dans le cahier du 3° trimestre de 1851. Ce travail à donné lieu, dans le sein de la Compa- gnie, à des réclamations nombreuses et à une réponse détaillée de la part d'un de ses membres, M. l'abbé Bla- tairou, suivie elle-même d’une réplique de M. Duboul. Comme il n'est point dans les usages de l'Académie d'autoriser une polémique publique entre ses membres, elle n'a pas cru pouvoir, quoique à regret, insérer la réponse de M. Blatairou dans ses Actes; mais voulant donner satisfaction aux convictions religieuses que le travail de M. Duboul à pu froisser, l'Académie déclare ne point accepter la responsabilité des assertions et des doctrines de ce Mémoire, qui sont personnelles à l'au- teur. (Le Conseil d'Administration de l'Académie. ) Errata du 14° volume des Actes (1852). Page 641, ligne 44, au lieu de ef nos loisirs, lisez : et nos misères. Page 801, au lieu de dagues à mains gauches, lisez : dagues et mains gauches; au lieu de épées du grand maître, lisez: épées de grand maître; au lieu de pertuisans, lisez : pertui- sanes; au lieu de l'étrinal, lisez : le pétrinal; au lieu de Sarrazin , lisez : Sarrazins. 251 (') … HISTOIRE DES BASQUES OÙ ESCUALDUNAIS PRIMITIFS restaurée D'APRÈS LA LANGUE, LES CARACTÈRES ETHNOLOGIQUES ET LES MŒURS DES BASQUES ACTUELS * ; PAR M. A. BAUDRIMONT. Le voile qui recouvre l’histoire des races primitives qui ont habité le globe terrestre est si épais qu'il parait impénétrable. En effet, comment remonter à l'origine des nations, comment savoir d'où elles viennent et quels ont été leurs rapports mutuels, lorsque les moyens em- (*) C’est par erreur typographique que la pagination du trimestre précédent s’est arrêtée au n° 248, tandis que la note de l’Académie, relative au travail de M: Blatairou, aurait dû porter le folio 249, et l’errata qui la suit le folio 250. * Voir une note à la fin de ce Mémorre, pout l'intelligence du texte. 17 252 ployés pour transmettre ces notions n'étaient pas en- core inventés? Comment, sans le secours de l'écriture, retrouver les traces des faits accomplis? Ce problème, je me le suis posé bien des fois, et je n'ai jamais désespéré de le résoudre, quoiqu'il m'eût d'abord été bien difficile de dire comment il serait possible d'y parvenir d’une manière satisfaisante; mais j'étais guidé par cette pensée, que les archéologues restaurent des monuments avec quelques-uns de leurs débris; que Cuvier est parvenu à restaurer des ani- maux antédiluviens, à laide de leurs ossements de- meurés à l’état fossile; que les géologues ajoutent tous les jours quelques pages à l'histoire primitive du globe terrestre, considéré à des époques qui ont de beau- coup précédé la création de l'homme. En effet, les masses minérales qui entrent dans la composition de la croûte observable du globe que nous habitons, leur constitution chimique et mécanique, leur disposition relative, tout parle aux yeux du savant qui sait les in- terroger : il y trouve de véritables annales, qui lui révè- lent des faits qui se sont accomplis même avant qu'au- cun être vivant ait pu les observer. Et, chose bien di- gne de remarque, à mesure que l'homme s'éloigne de son origine, il apprend à la mieux connaitre par suile des progrès de la science et du perfectionnement des méthodes d'observation! Pénétré de la pensée qu'il ne fallait point désespérer d'arriver au but que je me proposais d'atteindre, j'ai analysé tous les éléments qui m'ont paru pouvoir y conduire, et peu à peu je suis parvenu à me créer É —- 253 une méthode qui m'a paru assez satisfaisante pour m'engager à entreprendre de restaurer l'histoire d'un peuple primitif. L'histoire de nos ancêtres était, sans aucun doute, celle qui devait mériter la préférence; mais la France étant habitée par plusieurs races fort distinctes, le pro- blème que je me proposais de résoudre eût été trop compliqué pour un simple essai; j'ai dû le scinder et n'aborder que l'étude d'une seule race. Si j'ai com- mencé par celle des Basques ou Escualdunais, c'est parce qu’elle s’est conservée dans toute sa pureté, parce qu'elle habite en partie le sol de la France, et parce que je croyais y trouver une simplicité que je recher- chais par-dessus toutes choses. Depuis que j'ai accompli mon travail, j'ai dû chan- ger d'opinion à cet égard, car 1l n'est point de peuple qui puisse présenter dans son histoire primitive une plus grande complication que la race escualdunaise, par suite des rapports qu'elle a eus avec les princi- paux peuples que l’histoire et la géographie nous font connaitre, et je me suis aperçu que l'histoire des Es- cualdunais primitifs était celle du genre humain tout entier. On a déjà fait des tentatives pour retrouver les afi- nités des races anciennes. Les uns les ont faites en s'appuyant principalement sur la linguistique, et les autres sur l'ethnographie. Depuis la publication polyglotte de l’illustre Catherine de Russie, d’autres travaux du même genre ont été publiés par divers savants, parmi lesquels on distingue 254 d'une manière toute spéciale Pallas, Adelung, MM. Kla- proth et Balbi. On doit à plusieurs savants, et notamment à M. Pri- chard, des travaux considérables sur l'histoire naturelle de l'homme, où j'ai puisé de précieux renseignements. Les travaux de linguistique comparée de M. Kla- proth, et l'atlas ethnographique de M. Balbi, m'ont été très-utiles par les vocabulaires qu'ils renferment et qu'il m'eùt été impossible de me procurer ailleurs. Le parallèle des langues de M. Eichhoff m'a aussi rendu de grands services. A l'époque où j'écris, il n'existe point de diction- naire commencant par la langue basque, si lon ex- cepte un très-court vocabulaire que l’on trouve dans la grammaire d'Harriet, publiée en 1741 *. La non- existence d'un tel dictionnaire a rendu mon travail très- long et très-pénible; elle seule est cause que les raci- nes basques que je donne sont incomplètes. | Afin d'arriver au but que je me proposais d'attein- dre, j'ai dû d'abord composer le dictionnaire par ordre de matières qui termine cet ouvrage, et c’est de lui que je me suis constamment servi pour compléter mon travail. Pour cela, j'ai fait usage du dictionnaire de ‘ M. Archu, Basque de naissance, et connu par sa traduction des fables de La Fontaine en langue euscharienne, a fait un dictionnaire complet de cette langue avec la coopération de M. Francisque-Michel ; mais ce dictionnaire, qui m'eût été si utile, n’est point encore paru. On publie en ce moment, à Saint-Sébastien (en Espagne ), une nouvelle édition du dictionnaire trilingue, espagnol, basque et latin, de Larramendi, et l’on annonce la publication d’un dictionnaire commençant par le Basque; mais cette dernière publication n’est malheureusement encore qu’à l’état de projet. 255 Larramendi, commençant par la langue espagnole. Avant de terminer ces observations, je suis heureux de pouvoir témoigner ma gratitude à divers savants, pour l'empressement qu'ils ont mis à me communiquer tous les renseignements qui ont pu m'être utiles : à M. Delas, conservateur de la Bibliothèque de la ville de Bordeaux, qui a mis à ma disposition les trésors de ce riche établissement ; à M. Archu, inspecteur de l'A- cadémie de la Gironde, auteur de plusieurs travaux sur la langue basque, pour les renseignements qu'il m'a donnés avec une obligeance sans égale; à M. Brunet, membre de l'Académie de Bordeaux, qui m'a donné plu- sieurs collections de proverbes et de poësies basques, re- cueillis et publiés par ses soins; à M. Pomiers, de Bor- deaux et Basque de naissance, qui, par amour pour son pays, à pu me procurer des livres fort rares sur les langues de l'Amérique du sud; à M. Latouche, de Paris, neveu du célèbre linguiste du même nom ; à M. Geffroy, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux; à M. Le Marquière, de Paris, pour l'obligeance qu'ils ont mise à me procurer divers renseignements. Je commencerai par exposer l'ensemble de la mé- thode que j'ai adoptée; puis, après en avoir examiné les différentes parties, j'en ferai l'application au peuple Basque ou Escualdunais. 256 re PARTIE. MÉTHODE D'INVESTIGATION HISTORIQUE. INTRODUCTION. L'histoire comprend l'exposition de faits qui se sont accomplis dans des lieux déterminés, à des époques que l’on rapporte à la suite non interrompue du temps mesuré par le mouvement des astres. Elle ne laisse que peu de chose à désirer lorsque l'on a complétement satisfait à ces trois conditions : eæpo- sution fidèle, indication des lieux, fixation du temps. Les événements rapportés par l'histoire sont de plu- sieurs ordres : tantôt elle ne s'attache qu'à faire con- naitre la vie des hommes qui ont gouverné les peuples, et les principaux faits qui se sont accomplis sous leur direction ou leur gouvernement; d'autres fois, prenant les nations pour objet, elle fait connaitre leurs mœurs, les modifications qu'elles ont éprouvées, leurs migra- tions, les inventions dont elles ont doté l'espèce hu- maine, et les progrès qui se sont accomplis par elles. En un mot, cette partie de l'histoire s'attache à l'évo- lution sociale des nations, plutôt qu'aux actes spéciaux des individus qui les composent. C'est cette dernière partie de l'histoire qu'il m'a paru possible de faire surgir de la tombe où elle était ense- velie. Si elle est dénuée de l'intérêt dramatique qui se rattache aux actions de quelques hommes mis en évi- Er 257 dence par les circonstances, elle n'en à pas moins une grande importance; car, à mesure que les événements s'éloignent de nous, les détails s'effacent, et l'histoire des individus se trouve absorbée dans celle des nations. Ce n'est pas sans éprouver une indicible émotion, qu'après avoir franchi l'espace ténébreux qui sépare les temps historiques des temps primitifs, on peut con- templer le spectacle offert par le développement maté- riel et intellectuel des races humaines : on les voit d'a- bord grandir, puis se répandre à la surface du globe suivant des lois déterminées, et emporter avec elles leurs caractères primitifs, leur langue, leurs usages. Puis, on les voit s’isoler ou se pénétrer mutuellement, et opérer ainsi la diffusion et l'altération de leurs ca- ractères distinctifs. Mais, guidé par le flambeau de l'ethnologie et de la linguistique, on sait les distinguer et les reconnaitre partout où elles se trouvent; et, suivant une marche inverse, on peut remonter à leur origine. C’est en vain que plus de quarante siècles se sont écoulés, que des changements considérables se sont accomplis dans les caractères ethnologiques, les mœurs et les langues des différentes races qui couvrent la surface de la terre; il sera possible de reconnaitre d'où elles viennent, et, quelque rapide qu'ait été leur course, elle aura laissé des traces ineffacables pour ce- lui qui veut les observer. Les lieux parcourus par les races humaines dans leurs migrations, pourront quelquefois être fixés avec précision; d'autres fois, ils ne pourront l'être que d'une manière approximative. 258 Pour ce qui concerne le temps, il faut considérer l'époque à laquelle les événements se sont accomplis, et la durée de ces événements. Les époques ne peuvent être établies que d'une ma- nière relative, c'est-à-dire dans l'ordre même de la pro- duction des événements auxquels elles se rapportent : les plus anciennes avant celles qui le sont moins. La durée des événements ne pourra aussi être indi- quée que d’une manière relative. On verra bientôt comment on pourra retrouver la trace des événements antérieurs et les relations mu- tuelles des races. Ces notions pourront paraitre bien minimes auprès de ce que l'on espère rencontrer en étudiant l'histoire ; cependant, si l'on songe qu'elles sont les seules de ce genre et qu'elles seraient demeurées inconnues sans la création de la méthode que j'expose ici, j'ose espérer que l'on voudra bien les accueillir et leur accorder quelque valeur. Les moyens que l’on possède pour restaurer l'histoire d'un peuple, sont : 4° L'histoire proprement dite, la tradition, la poé- sie, les légendes, les chroniques, les annales des peu- ples voisins; 2° La religion ; 3° Les monuments de toutes natures; 4° La langue, les inscriptions, la littérature; 5° Les caractères ethnologiques ; 6° Les mœurs, les coutumes, les usages ; 7° L'étude comparée des différents peuples qui habi- 259 tent le globe, depuis l'état primitif jusqu'à l'état social le plus avancé. Parmi les peuples qui habitent l'ancien monde, il n'en est peut-être pas un seul qui se présente à nous dans toutes les conditions qui viennent d'être indi- quées. Nous ignorons notre propre origine, et les premiers temps de notre histoire ne nous sont connus que par les écrivains romains. Les Égyptiens, les Grecs et les Romains ont changé de langue et de religion : leurs mœurs et leurs usages s'en sont ressentis. Les Juifs ne se sont conservés parmi les autres peu- ples que par leur religion. Les individus errants que nous nommons Bohémiens; que les Anglais, les Espagnols et les Basques nomment Égyptiens ; que les savants nomment Zinganes, et qui vivent à l'état nomade parmi les autres nations, ne possèdent par cela même aucun monument, et ils n'ont pu se conserver, comme peuple distinet, que par leur langue, leurs mœurs et leur religion. Les anciens Basques n’ont point eu d'historien qui nous ait fait connaitre les principaux faits qui se sont accomplis dans leur nation. Les Basques actuels sont chrétiens et catholiques. On ignore quelle était leur religion et même s'ils en avaient une avant d'embrasser le Christianisme. Leurs monuments historiques sont presque nuls; des iscriptions, on ne leur en connait pas, et leur litté- rature se borne à fort peu de chose. Il ne reste donc que leurs caractères ethnologiques, leurs mœurs et 260 leur langue qui puissent être interrogés pour en tirer des notions historiques. Les caractères ethnologiques et les mœurs des Bas- ques, tout en ayant une valeur réelle, ne peuvent donner de bien amples renseignements sur l'origine de ce peuple, et encore moins sur les faits principaux de son histoire. Il n'en est point de même de sa langue : conservée depuis plus de deux mille ans, sinon dans toute sa pureté, au moins dans toute son originalité, elle se trouve dans des conditions on ne peut plus fa- vorables pour une étude historique. Si aux caractères propres des Basques, à leurs mœurs et à leur langue, on ajoute l'étude comparée du déve- loppement de la civilisation tel qu'on peut l'observer à la surface du globe, on aura l'ensemble des moyens qu'il est possible d'invoquer pour reconstituer l'histoire de ce peuple. La première partie de ce travail sera divisée en quatre chapitres principaux, qui correspondront aux quatre points de vue particuliers qui viennent d'être signalés : 1° Langue ; 20 Caractères ethnologiques; 3° Mœurs ; &° Étude comparée de l'évolution sociale. L'étude de la langue basque, indépendamment de sa grammaire, se subdivisera elle-même en trois parties correspondant aux trois conditions principales de his- toire : 4° Faits; 2° Temps; 3° Lieux. 261 LANGUE. Détermination des faits historiques. L'étude d’une langue peut donner des renseignements précieux sur l'origine du peuple qui la parle, soit qu’on la considère au point de vue des mots qui la constituent, soit qu'on étudie son mécanisme ou la grammaire qui lui est spéciale. La valeur de chaque mot, l'étude des racines, des dérivés et des composés; la comparaison des racines d'une langue avec celles des autres lan- gues; le classement des mots dans un ordre emprunté aux sciences naturelles ou à la chronologie spéciale à l'évolution des sociétés humaines, peuvent donner les renseignements les plus précieux sur l'histoire sociale d'un peuple, rapportée au temps, aux lieux et aux re- lations qu'il a eues avec d’autres peuples. Les propositions qui précèdent vont être démontrées dans une suite de paragraphes. Le vocabulaire d'une langue est formé de mots qui ont chacun une signification déterminée. Les uns ser- vent pour désigner des êtres réels ou abstraits; les au- tres, à très-peu d'exceptions près, ne sont employés que pour indiquer l'état, les actes et les rapports de ces êtres considérés dans l'espace et dans le temps. Tous ces mots, quelles que soient les fonctions 262 grammaticales qu'ils remplissent , représentent chacun une idée spéciale. La réunion de tous ces mots ou de toutes ces idées représente l’ensemble des connaissan- ces des nations qui font usage du vocabulaire auquel ils appartiennent. On peut donc dire qu'il y a un rapport évident en- tre le vocabulaire d'une langue et les connaissances du peuple qui la parle. Il. Il découle de ce qui précède, que si l'on classe les mots principaux d’une langue par ordre de matières, en s'astreignant aux méthodes suivies dans les sciences naturelles, on aura une suite de tableaux qui représen- teront les connaissances d'un peuple dans chaque spé- cialité. Le tableau relatif à l'astronomie donnera des rensei- gnements sur l'étendue des connaissances astronomi- ques. Ce tableau pourrait servir, au besoin, pour sa voir si le peuple qui parle la langue qui à servi à le former, a connu les deux hémisphères terrestres, par suite des constellations qui s’y trouveraient inscrites. Le tableau relatif à la division du temps serait émi- nemment précieux; car il permettrait de savoir quel était primitivement le nombre des saisons, des mois de l'année, des jours de la semaine, et par suite, quelle était la région habitée par le peuple dont la langue est soumise à cette sorte d'examen. Des tableaux relatifs aux sciences naturelles, la mi- 263 néralogie, la botanique et la zoologie, on pourra en- core tirer de précieux renseignements; car des végé- taux et des animaux déterminés n'existent qu'entre des latitudes également déterminées. Tout, jusqu'au nom des objets usuels les plus com- muns, peut être utilisé pour rappeler les mœurs, les usages et les coutumes des peuples dans le premier àge de leur existence. Il est donc bien vrai de dire que le vocabulaire de la langue d'un peuple représente l'inventaire le plus complet des connaissances de ce peuple, et qu'il est possible de les en déduire. IL. Chaque idée propre à un peuple doit être en harmo- nie avec l'état social dans lequel il se trouve; quelques exemples serviront pour le démontrer : Les différences qui existent entre l'homme nu et celui richement vêtu ; entre l'arc et le fusil; la barque et le navire; l'âne, le cheval, le chameau, le lama, l'éléphant et la vapeur utilisée comme génératrice de force; l'idole et la divi- uité; le bon vouloir du despote et un code de lois, dé- montrent jusqu'à l'évidence que l'état social d’un peuple peut être déduit des mots composant la lan- que qu'il parle. IV. Non-seulement la présence des mots qui composent 264 un vocabulaire à une valeur historique, ainsi que cela vient d'être démontré; mais l'absence même des mots a une signification qu'il ne faut point négliger; car si les mots représentent des idées, l'absence des mots in- dique l'absence des idées. Par exemple, au point de vue des transactions commerciales, on a les idées sui- vantes : rien, échange, kauris, monnaie, papier monnaie ou son équivalent, crédit, qui correspon- dent à des états bien distinets de l'évolution sociale. En général, l'absence des mots dans le vocabulaire d'un peuple, indique un arrêt de l'évolution sociale dans l'ordre auquel appartient le mot qui manque. V. Lorsque l’on soumet les mots d’une langue à l'analyse logique, on trouve qu'ils peuvent être classés en qua- tre groupes : 4° les racines; 2° les mots dérivés de ces mêmes racines; 3° les mots composés ou formés par la réunion de plusieurs racines; et 4° les déri- vés des mots composés. Les racines sont les véritables éléments des langues, parce que c'est d'elles que tous les mots des langues sont tirés; aussi, leur étude est-elle de la plus haute importance pour les investigations historiques. Si l’on se borne à rechercher les racines d’une seule langue sans la comparer à aucune autre, on la réduit à ses éléments les plus simples. Ce genre d'analyse, qui est celui que l’on a généra- lement pratiqué, peut être utile pour apprendre à tra- 265 duire ou à parler les langues; mais il ne donne que des renseignements très-bornés lorsqu'il s'agit de la philo- sophie de la linguistique et de l'investigation des faits historiques. Le moindre inconvénient des racines extraites d’une seule langue, c'est-à-dire des éléments avec lesquels elle est constituée, est de donner plusieurs fois la même racine avec des significations et quelquefois une ortho: graphe différentes. Ainsi, on trouve dans les racines latines de M. Boinvilliers ‘ : filum, fil, et hilum, hile, qui dérivent du seul mot radical fil; car le hile est l'empreinte laissée sur la graine par le fl ou cordon ombilical. Dans la première page de cet ouvrage, on trouve encore : Acer, est aigre, acide ou rude. Actes, pointe ou bataillon. Acus, dit aiguille, ardillon. Les trois mots : acet, acies et acus, dérivent de la racine ac, qui, en grec et en latin, indique une pointe ou quelque chose d'aigu et de pénétrant, ainsi que cela a été démontré par Court-de-Gébelin, antérieure- ment à la publication de M. Boinvilliers. Un autre inconvénient attaché à la détermination des racines d’une seule langue, est de prendre pour des racines, des mots venant d'une autre langue et qui sont | Les racines de la langue latine, mises en vers français par M. Boinvilliers, Paris, MDCCCXXXI. 266 eux-mêmes composés. Par exemple, dans cette mème première page des racines latines de M. Boinvilliers, on {rouve : ApamaAs, diamant superbe. Le mot adamas est grec; il est composé de l’a pri- vatif, et de damaô, dompter, et veut dire indomptable; car le diamant est si dur, que les Grecs, si habiles dans l'art de tailler les pierres, n'ont pu l’entamer. Cela n’a pu être fait qu'en 1476, par L. de Berquem, qui par- vint à l’user à l’aide de sa propre poudre, c’est-à-dire à l’aide de diamants réduits en poussière. Si l'on examinait les racines grecques du P. Lance- lot, celles de M. Romain-Cornut, ou celles de M. l'abbé Bonnevialle et bien d'autres encore, on trouverait plu- sieurs prétendues racines grecques qui seraient des mots composés. Par exemple : le terme phalanæ, phalange, qui se trouve dans les deux premiers ouvrages, est un mot composé de deux racines grecques : palè, combat, et anyxô, rapprocher, serrer; combat serré, combat dans lequel les guerriers se rapprochent en se serrant les uns contre les autres. Le mot palè est lui-même un dérivé analogique, comme on le verra plus tard. En écrivant ces lignes, je n’ai point l'intention de cri- tiquer les travaux de littérateurs qui n’ont eu d'autre but que d'instruire la jeunesse. A leur place, j'aurais agi comme eux; car, dans ce cas, il vaut mieux répé- ter une racine ayant plusieurs acceptions, que de la 267 passer sous silence; et, dans les racines basques, j'in- troduirai plusieurs mots dérivés ou composés, qui se suivront immédiatement ou seront distingués par des astérisques (*). Comme résumé de ce qui vient d'être dit, je crois pouvoir affirmer qu'il n'est pas une seule langue qui possède toutes les racines qui entrent dans sa cons- hitution. Les langues que nous considérons comme très-an- aiennes, telles que le sanscrit, le grec et le latin, sont des langues usées, très-compliquées, qui ont perdu la plupart de leurs racines, ou qui ne les ont jamais possédées, parce qu'elles ont puisé des mots tout faits dans d’autres langues. On ne peut connaître la véritable valeur des ra- cines des langues, qu’en comparant entre elles celles des principales langues. VI. Escu, en eskuara, veut dire main. Une sorte de bouclier qui se porte à la main et qui n'est pour ainsi dire qu'une extension de la main avec laquelle on pare les coups portés par un adversaire, a recu le nom d'escutakia ‘. Ce nom est devenu fran- cais, en l’abrégeant selon le génie de notre langue. Les escus ont été décorés par des peintures repré | Escutakia vient probablement d’escu, main, et de leg ou tek, toit, abri, couverture, protéger, et voudrait dire abri manuel ou main protectrice. 18 268 sentant des armoiries et des devises. Plus tard, on les a imprimés sur la pile des monnaies, et ces monnaies ont été nommées des escus, ou simplement des écus. Une même racine peut donc avoir plusieurs si- gnifications fort distinctes qui dérivent toutes d'une même idée primitive. Si un peuple a adopté un des mots dérivés, il est évident que la racine du mot adopté vient d'une autre langue, et très-souvent avec une autre significa- lion. La filiation des racines et leur recherche dans plusieurs langues peut donc être éminemment utile pour l'investigation des faits historiques des temps primitifs, car elle donne la clef des rapports des nations et de l'ordre chronologique selon lequel ces rapports se sont établis. VAL. Il arrive presque toujours que l'orthographe des mots change lorsqu'ils passent d'une langue dans une autre; cela tient au génie particulier de ces langues. Ce que les Escualdunais écrivent par es, les La- tins l'écrivaient par une seule s. Il résulte de à que la racine escu, avec la signification de bouclier, en passant chez les Romains, à été écrite par scu, et l'on a effectivement le mot scutum, un bouclier, un écusson. Le mot eskuarien esculahkia élant composé, il en résulte que le mot latin sculum, qui en vient directe- 269 ment, est loin d’être radical comme on le pense com- munément ‘. Le mot tallua ?, statue en eskuarien, dérive de no- tre verbe français tailler, que nous avons conservé sans altération, malgré la présence des Romains. Il doit paraître bien évident qu'une langue peut servir pour trouver les racines d'une autre langue, lors même que celte dernière est fort ancienne, el je dirai même lorsqu'elle est plus ancienne que la pre- mière, parce qu'une langue moderne peut posséder des racines qui remontent aux langues primitives. VIE. Le mot scriptum, écrit, latin, n’est pas plus une racine que le mot scutum. Ce mot rappelle, par l's et le c qui le commencent , l'action de la main qui est employée pour parler aux yeux, comme l'a dit Boileau ; et le reste du mot, si l'on cherche, doit représenter le son, le bruit de la voix, ou une (race, et peut-être lun et l’autre à la fois. 2 1 j1 faut aussi conclure de ce qui est contenu dans les paragraphes VI et VI, que notre mot escu ne vient pas de scutum latin. J'ajouterai encore ici que l’on regarde comme étant d’origine latine, tous les mots français dont les racines sont latines, et qu’en cela on est très-souvent dans Verreur, non—seulement à cause de l’exemple qui vient d’être donné, mais parce qu'une foule de mots celtiques ou basques ont des racines communes avec le latin , sans pour cela venir de cette langue, mais parce que les peuples qui parlaient ou parlent encore ces langues, les ont puisées à une source commune. * Prononcer £ailloua. 270 Scriptum peut donc se partager en sc et riptum, ou plutôt en sc et criplum. Pour représenter criptum, les Latins n'ont aucun mot primitif, mais nous avons Cri, crier, qui repré sente le bruit que la pointe fait en traçant sur la pierre ; car c'est sur la pierre que l’on a d’abord écrit dans les temps anciens. Les Grecs ont glypt6, glaphô et gra- phô, pour dire creuser, tailler, graver, tracer, écrire. Les mots français craie et crayon ont une même ori- gine que les précédents. Le mot scriptum, le verbe scribere, les mots fran- çais escril et escrire, dérivent en partie du basque et de l'onomatopée; et ces deux derniers mots de notre langue , que l'on croit dérivés du latin, sont, par leur orthographe, plus rapprochés de leur origine basque que les mots latins correspondants dont ils ne viennent pas. Le mot sculpture, soumis à la même analyse, veut dire couper, lailler avec la main. Dans le mot manuscriplum, latin, et le mot ma- nuscrit, francais, on trouve deux fois l’idée de main, rendue par des racines différentes, escu et manus ; et cela à été fait par les Latins, qui n'ont pas connu les véritables racines du mot scriptum. Il est plus cu- rieux encore de voir les Escualdunais dire escuscri- batua, pour exprimer un manuscrit, et avoir deux fois la même racine dans le même mot sans le savoir. Nous verrons plus tard quel immense parti lon peut tirer de cette sorte d'analyse des langues. En résumé : une langue a des racines étrangères RE ee 271 dont l'origine peut être ignorée de tous ceux qui la par lent. Une même racine peut entrer plusieurs fois dans le même mot, soit avec la même signification et par des mots différents, soit avec la même signification et des mots semblables. IX. Lorsque, par un travail assidu et par la comparaison des racines, on en recherche l’origine, on trouve que des mots très-simples, dans la constitution desquels il n'entre qu'un très-petit nombre de lettres et qui sont considérés comme de véritables racines par tout le monde, sont souvent susceptibles d'être décomposés en deux ou trois mots ayant une valeur sigmificative, réelle; c'est-à-dire que les racines trouvées don- nent une explication suffisante de leur origine, parce qu'elles s'appliquent nettement à la signification des mots qu'elles concourent à former. On pensera ce que l’on voudra des détails dans les- quels je vais entrer; mais je crois devoir les exposer ici. En général, les racines primitives se résument en une forme très-simple et quelquefois en une seule let- tre, qui est alors une voyelle. Il y a deux formes fondamentales qui veulent dire aller. L'une est Z, d'où 1b, 1v, Ir, It; autre est Va, ou Oua. La première forme se trouve dans le verbe latin ?re; 272 la seconde est dans notre verbe aller, va : Je vais, tu vas, il va. La lettre N est le signe de la négation dans presque toutes les langues; on la trouve dans ne, nec, nek, neg, non, no, nein, nicht, negare, etc. Cela établi, nous avons les mots negua, l'hiver en eskuarien ; neige en français, et niæ, génitif nivis en latin, qui veut dire aussi neige. Ura veut dire de l'eau en eskuarien ; et dans la com- position des mots, ce nom peut être réduit à wa, s'il est final, ou simplement à w, sil commence le mot ou se trouve dans son intérieur. Nequa, hiver en eskuarien, a son correspondant dans le mot neige français. Neg, ua, veut dire priva- tion d'eau, il n'y a plus d'eau. Mais ua, vient de va, aller, parce que l'eau coule dans le lit des ruis- seaux, des rivières et des fleuves ‘; et negua, veut en- core dire ne va pas, ne coule pas. La neige est de l’eau solidifiée qui ne coule plus. Le mot latin nix, nivis, vient de nec, iv, qui re- présente exactement la même idée avec d’autres racines. Un mot aussi simple que nix est donc susceptible d'être analysé, même sans le secours d'une autre Dans presque toutes les langues, le nom de l’eau, quel qu'il soit, veut dire aller, couler. Le mot latin aqua, le mot roman agua, viennent du verbe latin ago, ou dérivent de la même racine que lui. Le mot eau vient d’une forme du verbe aller : eo. Ura, eskuarien, et hydor, grec, sont déjà des mots composés qui contiennent la racine va, ou son équivalent. Le premier contient, si simple qu’il soit, la racine rhed, je coule, et renferme deux fois la même idée, ou aller en voulant. pa 273 langue que celle à laquelle il appartient : niæ veut dire qui ne coule pas. X. Chaque mot, à quelque langue qu'il appartienne, à une raison d'existence et a dû être formé d'après cer- taines lois naturelles. Je ne chercherai point ici à établir ces lois, dont la connaissance offre cependant un vif intérêt. Je ne cher- cherai pas non plus si tous les mots dérivent de l'ono- matopée, si les noms dérivent des verbes, ou si les verbes dérivent des noms, quoique cette discussion puisse avoir une valeur réelle; mais comme elle m'é- loignerait trop du but que je me propose d'atteindre, je me bornerai à adopter quelque chose qui puisse être immédiatement mis en pratique. Ce qui se passe aujourd'hui a du avoir lieu dans tous les temps : ou bien les idées nouvellement acquises sont représentées par des mots dérivés les uns des au- tres, ou bien elles le sont par des mots composés for- més par la réunion de plusieurs racines. Dans le premier cas, on est conduit d'une idée à une autre qui s’y rattache immédiatement. Dans le second, on combine plusieurs racines pour représenter une idée composée. Les dérivés sont de plusieurs ordres. Les uns sont grammalicauæ, et ont pour but de changer les fonctions grammaticales des mots, comme de faire un adjectif ou un verbe à l’aide d'un substan- 274 tif, ou le contraire, ete. Par exemple : de fer, on tire ferreux et ferrer; de graisse, on tire graisseux & graisser. La dérivation des mots peut porter, non plus sur les fonctions grammaticales qu'ils remplissent, mais sur leur propre signification, en passant d'une idée déter- minée à une autre idée qui s’y rattache par des liens étroits; mais, en passant de dérivés en dérivés, la si- gnification primitive peut se trouver tellement altérée, qu'il est souvent fort difficile de la reconnaitre. Ces dérivés seront appelés analogiques, pour les distin- guer des précédents. La racine ber signifie chaleur en langue eskua- rienne. De cette racine est venu le mot aber, animal, parce qu'une chaleur propre est le caractère de la vie chez les animaux supérieurs revêtus de plumes ou de poils. L'idée d'animal a dû conduire à celle de troupeau ; et l'on a abere, pour indiquer cette dernière acception. Enfin, on trouve que les Escualdunais indiquent la ri- chesse par le mot aberatsa. Cette remarquable filiation des mots permet de pen- ser que les Escualdunais primitifs étaient des peu- ples pasteurs, et que leurs richesses consistaient en troupeaux , puisque le mot richesse est immédiatement dérivé de celui de troupeau. Plus tard, nous parviendrons sans doute à détermi- ner quelle était la nature de ces troupeaux. Concluons donc, de ce qui est contenu dans ce pa- ragraphe : 275 1° Que les dérivés grammaticauæ allèrent peu la valeur des racines dont ils proviennent ; 2 Que les dérivés analogiques qui portent sur la signification des racines, altèrent plus ou moins leur valeur et les rendent souvent fort difficiles à reconnaitre ; 3 Que la filiation des dérivés analogiques peut conduire à des renseignements bien dignes d'inté- rêél sur les mœurs des peuples primihfs. XL. Lorsque les mots passent d’une langue dans une au- tre, ils éprouvent des modifications analogues à celles qui viennent d’être indiquées pour les dérivés du se- cond ordre. Ces modifications peuvent aller si loin, qu'ils finissent par indiquer des choses absolument con- traires de celles qu'ils indiquaient à leur origine. On à déjà vu comment l'idée de chaleur conduisait à celle d'animal, de troupeau et de richesse. La racine eskuariénne wr ‘, qui veut dire eau, donne urdin, bleu, parce que l'eau parait bleue lors- qu'elle réfléchit la couleur de l'atmosphère privée de nuages; et nous trouvons ouranos, qui veut dire ciel en grec, mot qui dérive évidemment de la racine es- kuarienne ur. Le nom du @e/ peut donc dériver de celui de l’eau, ! Il faut prononcer our. V. la partie grammaticale de ce travail. 276 et le lien qui unit ces deux sis nifications, est la cou leur sous laquelle ils apparaissent. Par une analogie du même ordre, le mot océan, qui parait être dérivé du persan, oukianous , se décompose en « basque et Æyanos grec, qui veulent dire : eau bleue *. De la même racine sont encore venus ouron et urina, qui sont les noms de l'urine en grec et en latin; mais les dérivés de cette racine sont loin de se borner là : il y en a plus de trente, qui comprennent principalement les idées d'eau, d'urine, d'humidité, de bleu, de jour, de ciel, de verre, de mamelle, de pluie, de cruche, d'urne, de potier de terre, de plongeur, de sueur, d'hiver, de neige, elc., comme on le verra dans le catalogue des racines anologiques où parasynonymi- ques. On retrouve dans une foule de langues de l'ancien et du nouveau continent les mots alta, ama el papa, qui signifient alternativement père et mère. Comme on le voit, non-seulement les mots s'altè- rent, mais il en est de même des racines. Il arrive quelquefois que les significations des mots s'expliquent avec moins de travail : ainsi, le mot grec Daimôn, signifie tour à tour Dieu et démon. Cela vient, sans doute, de ce qu'il a aussi une valeur cor- respondante à celle de génie, et à ce que l'on admet * Remarquez que très-souvent, et dans toutes les langues, les noms des cou- leurs sont tirés des substances qui les possèdent : carmin , rose, violet, mur- ron, café, chocolat, puce, coquelicot, bleuet, flamme de punch, gorge de pigeon, liége, etc. 277 de bons et de mauvais génies; les bons génies condui- sent à l'idée de Dieu, et les mauvais, à celle de démon. On ne devra donc admettre l'origine des racines et des mots ainsi altérés, que lorsque leur filiation sera bien établie, en faisant voir les modifications successi- ves qu'elles auront éprouvées en passant d'une langue dans une autre. Cela est souvent assez facile, si l'on compare un nombre de langues suffisant pour établir celte filiation, XII. Non-seulement les mots changent de signification en passant d'une langue dans une autre, mais leur orthographe éprouve presque toujours des modifica- tions considérables. Cela est facile à concevoir, puis- que les différents peuples qui couvrent le globe ont des alphabets particuliers, et que la correspondance des alphabets n'est pas toujours facile à établir. En effet, comment établir les relations d'un alphabet qui a ein quante lettres, comme l'alphabet sanscrit, avec un al- phabet qui n’en à que vingt-cinq, comme le nôtre? Et quoique les Persans aient adopté l'alphabet arabe en y ajoutant quatre lettres, comment représenter en arabe ces quatre lettres qui manquent à l'alphabet de celte langue? Cela ne pouvait être fait qu’en analysant tous les sons de la voix, toutes les articulations dont elle est susceptible, et en les représentant par des si- gnes de convention. Mais cela n’a pu être exécuté qu'à une époque très- 278 rapprochée de nous, par divers savants, parmi lesquels M. Eichhoff occupe une place très-honorable, puis- qu'il a fait coïncider quarante alphabets avec le nôtre. Les anciens peuples n’ont done pu profiter de ces travaux, qui sont tout modernes. Aussi ne peut-on re- connaître les mêmes mots dans diverses langues qu'a près avoir trouvé comment les sons d’une langue sont traduits dans une autre. Il résulte de à qu'une même racine peut se trouver écrite el même prononcée de plusieurs manières fort différentes. Lorsqu'on la consi- dère dans plusieurs langues, et même lorsque l'on veut reproduire les diverses formes de cette racine dans une seule langue, comme la nôtre, par exemple, on trouve qu'elle peut être écrite à l'aide d'une foule de lettres qui peuvent se substituer les unes aux autres. Les let- tres se rangent ainsi par groupes, et lon trouve un de ces groupes qui peut renfermer jusqu'à quatorze lettres différentes pour une seule expression. J'ai adopté une manière toute particulière d'écrire ces racines, manière que j'avais introduite dans la chi- mie pour exprimer les substitutions par les corps iso— dynamiques. Par exemple, on trouvera la racine : D a F e m !. V 0 ‘ On pourrait aussi écrire (D, F, V) (a,e, 0) (m). Le résultat serait le même; mais il paraîtrait moins évident. 279 que lon pourra lire dam, sanserit; dom, latin, espa- gnol; fem, français; vom, anglais, racines qui cor- respondent toutes à une idée de domination active ou passive, et représentent successivement le maitre, son domaine ; la femme et la femelle, qui sont sous la domi- nation du mâle, etc. Je qualifie les racines ainsi altérées dans leur signi- fication et leur symbolisation, par le nom de parasy- nonymiques. Je joindrai à ce travail quelques exemples de ces transformations des racines, considérées soit au point de vue de leur signification, soit à celui de leur sym- bolisation. XIE. Si la détermination des racines des mots simplement dérivés est diflicile et sujette à erreur, celle des mots composés l'est souvent davantage; car la difficulté est de diviser le mot composé en plusieurs tronçons qui représentent ses véritables racines, et, cette division opérée, il faut assigner la valeur réelle de chacune d'elles; nouvelle difficulté qui rentre dans celle signa- lée dans le paragraphe précédent. Quelquefois même il faudra chercher les racines des mots dans plusieurs langues afin d'en trouver de satisfaisantes. Les notions développées dans le paragraphe précédent ont dû dé- montrer la nécessité d'agir ainsi; l'exemple suivant le démontrera d'une manière plus évidente encore. Par exemple, le mot ezcurra appartient au chêne 280 qui produit le gland comestible, et à ce gland même. On verra par la suite qu'il est d’une grande impor- tance de connaitre la formation précise de ce mot. Afin d'obtenir ce résultat, il importe d’abord de ju- ger s'il est simple ou composé. Pour cela, il faut l'a- nalyser. S'il se refuse à l'analyse, on pourra admettre, non pas qu'il est simple, mais que, relativement à la langue qui l'emploie, il peut passer pour tel. Le mot ezcurra se divise naturellement en ez cur ra. Nous négligerons la dernière syllabe, qui n’est qu'une terminaison grammaticale, et nous considéreronsles deux autres. 3, particule négative, qui semblerait indiquer qu'il manque quelque chose à ce gland. Que lui man- que-t-il donc? Évidemment, ce qui le différencie des autres glands, qui sont àpres et non comestibles. Cher- chons dans cette direction, et nous trouvons garra et ÿo- gorra, qui veulent dire rude, âpre. Cur est-il une modification de gar ou ée gor? Cela parait possible. Le 4 se change souvent en c dur ou en #, aeno,et 0 en uw, portant le son ow français. Le gland comes- tible aurait done un nom qui voudrait dire sans âpreté. Mais dans cette explication le sujet manque, et il est rare que l’on forme des mots qui se trouvent dans cette condition. Divisons le mot autrement, nous aurons ezc urra, qui viennent d'ezca et d'urra. Ezca n’est pas eskuarien; mais cette racine est latine, et elle signifie aliment, nourriture. Urra étant le nom de la noi- sette en eskuarien, il en résulte qu'ezcurra voudrait dire noiselte, et probablement gland à manger, gland comestible. Évidemment, cette dernière signification 281 l'emporte sur la première, car elle satisfait à toutes les conditions désirables, et il faut l’adopter, quoiqu'elle soit le résultat de l’adjonction de deux racines tirées de langues différentes. La racine ezca ou esca peut d'ailleurs avoir existé dans la langue eskuarienne ; car on trouve encore le mot ezcalea, qui veut dire mendiant; et ce nom s'ap- pliquait sans doute exclusivement à celui qui deman- dait sa nourriture, ezca. Lorsqu'il s'agit de trouver les racines d’un mot com- posé, il faut done agir avec la plus grande circonspec- tion, et éviter d'accepter des racines insignifiantes ou n'ayant aucun rapport avec la signification du mot composé. Il est arrivé à la plupart des auteurs basques de com- mettre ce genre d'erreur lorsqu'ils ont voulu recher- cher les racines de leur langue. Le P. Larramendi, Iharce de Bidassoet, et l'abbé d’Arrigol, qui était bien certainement un des écrivains les plus judicieux et les plus réservés de cette nation, sont tombés dans ce dé- faut. Iharce de Bidassoet est allé si loin dans la com- paraison des racines, que, confondant les homonymes avec les synonymes, il a fait dériver {yr, de tiro un coup de fusil en basque! choses qui n'ont aucun rap- port, et qui feraient venir {yr, mot très-ancien, d'un coup de fusil, chose très-moderne *. ‘Je dois faire remarquer que la racine basque tir est fort ancienne et signifie lancer, frapper. Tirua signifie un coup quelconque porté avec une arme de jet. Ce mot est passé dans la langue espagnole avec la même signification; on dit tiro de pistola, coup de pistolet. Les Basques désignent un are par tiruslaia, tireur de flèches. 282 L'origine des Basques est assez intéressante pour que l'on n’ait pas besoin de faire intervenir le merveil- leux afin de la signaler à l'attention des savants. Je le dis avec peine : il suffit que les racines d'un mot soient données par un Basque, pour que je croie devoir les sou- mettre à un examen rigoureux. Je n'aurai peut-être pas été moi-même à l'abri d'erreurs du genre de celles que je viens de signaler, malgré les efforts que j'ai faits pour les éviter. XIV. Un peuple accepte des mots composés aussi bien que des mots radicaux; il accepte mème des mots dont la signification ne diffère en aucune manière de ceux qu'il possède déjà, mais qui dérivent d'autres racines ou se prononcent autrement : c’est ainsi que nous avons les mots journalier et quotidien, qui ont une même valeur et des racines différentes, et que, récemment, nous avons introduit dans notre langue le mot anglais gentleman, qui est le représentant exact de notre mot gentilhomme. Il résulte de là qu'une langue possède souvent des mots dont elle n’a pas les racines, et qu'à une racine, comme jour et homme, correspondent des dérivés tirés d'autres langues. C’est encore ainsi que nous avons le mot cheval et le mot équitation qui dérive du latin equus, cheval. Le caractère d'une véritable langue-mère conservée 283 dans toute sa pureté, serait de posséder toutes ses ra cines et n'avoir d'autres mots que ceux qui en seraient dérivés ou seraient composés avec elles. IT faudrait encore qu'il n’y eùt qu'un seul mot pour chaque signi- fication. Quoique la langue eskuarienne ait conservé des ra- cines dont l'ancienneté ne peut être douteuse, puisque l'on a déjà vu que plusieurs d'entre elles sont antérieu- res à l'existence des langues grecque et latine, il n’est pas moins vrai qu'elle en a perdu un grand nombre, D'une autre part, elle a souvent jusqu'à cinq et six synonymes dérivés de racines différentes pour expri- mer une même idée. Cela démontre qu'elle a fait de nombreux emprunts à d'autres langues; et l'on en peut déduire que les Escualdunais ont eu des relations fort étendues avec d'autres peuples. Je démontrerai ulté- rieurement que la langue eskuarienne a des aflinités non équivoques avec plusieurs des langues les plus im- portantes qui aient été ou soient encore parlées sur le globe, telles que le sanscrit, le persan, l'hébreu, l'a- rabe, le turc, le grec, le latin, le français, les lan- gues slaves, les langues celtiques, les langues des Sa- moyèdes, des Esquimaux, des Guarani du Brésil, et d'une foule d’autres peuples. Détermination du temps. Dans la détermination du temps relatif aux événe- ments historiques, il faut considérer deux cas diffé- 19 284 rents : 4° la fixation des époques où les événements ont eu lieu ; 2° la durée de ces événements. Ces deux cas peuvent être déterminés d'une manière relative et par un seul ordre de recherches. XV. Puisque les langues sont la représentation fidèle des connaissances des peuples qui les parlent, il est évi- dent qu'elles ont dû se former successivement, à me sure que ces connaissances se développaient. Si lon pouvait déterminer l'ordre dans lequel une langue s'est formée, on connaitrait par cela même l'ordre dans lequel se sont développées les connaissan- ces du peuple qui la parlait, et l'on aurait ainsi la chronologie relative de l'évolution sociale de ce peuple. La formation d'un vocabulaire disposé selon l’ordre chronologique n’est pas une chose impossible; la phi- losophie des sciences est assez avancée pour que l'on sache, non-seulement quelles doivent être les connais- sances primitives que l’homme peut acquérir, ce qui est assez facile à déterminer, mais même dans quel or- dre les connaissances ultérieures doivent se développer. Les premières connaissances acquises sont celles qui résultent de l'observation directe et immédiate des êtres naturels les plus faciles à distinguer les uns des autres : les principaux astres, les animaux, les végétaux, les pierres, les différentes parties du corps de l'homme et des animaux, les premiers degrés de la parenté, les phénomènes offerts par le feu et la lumière, quelques 285 idées générales où abstraites. Par exemple : les idées de soleil, de lune, d'étoile, d'animal, d'arbre ou d'herbe; la distinction des différentes parties du corps de l'homme, telles que la tête, les mains, les pieds, la bouche, le nez, les yeux, les dents, la langue, le sang, etc., seront acquises par l'homme, même dans l'état le plus sauvage. Si l’on considère, d’une autre part, que les progrès de la civilisation sont le résultat d'observations plus précises et plus détaillées, ou celui de diverses inven- tions, qui, s’'ajoutant les unes aux autres, finissent par constituer tout le domaine des connaissances de Fhom- me, on pourra trouver l'ordre successif de ces obser- vations ou des inventions. Les observations se perfectionnent en passant du su- perficiel au profond, de ce qui est le plus évident à ce qui exige un examen plus attentif et quelquefois des instruments spéciaux, comme cela a lieu dans les scien- ces, lorsque nos organes deviennent insuffisants : le microscope, le télescope, nous permettent d'observer un monde nouveau qui échappe à l'observation directe au moyen des sens que la nature nous à donnés, et la chimie, par ses réactions, pénètre encore plus loin. Le développement des connaissances humaines est soumis à des lois inévitables, qui ont été exposées par Ampère dans son Traité de la philosophie des scien- ces, et ces lois remontent, des observations les plus simples, aux conceptions les plus sublimes auxquelles ait pu parvenir l’homme dans notre état de civilisation moderne. 286 On peut donc établir la filiation des observations dans l’ordre chronologique de leur développement pour tous les états possibles de la civilisation. Le moindre examen démontre que les inventions ont dû se produire dans un ordre déterminé; par exemple, que les canons n'ont pu être inventés avant la poudre. Si l’on considère, en outre, que les inventions ont tou- jours pour but de perfectionner ce qui existe, en le simplifiant, le rendant plus précis ou moins onéreux, on pourra pénétrer jusque dans les détails. Sans quit- ter l’ordre des armes à feu, on trouvera que le fu- sil à mèche a dû précéder ceux à pierre; et parmi ces derniers, on trouvera encore que le fusil à rouet a dù précéder celui à batterie proprement dite, puisque le premier exige l'emploi d'une clef indépendante de lar- me, qui rend son maniement moins rapide. Par d'au- tres raisons, on trouvera que le fusil à piston est venu le dernier. On peut donc conclure des détails contenus dans ce paragraphe : qu'il est possible de construire un vo- cabulaire chronologique qui représente les différen- Les phases de l'évolution d'un peuple. XVL Les notions historiques que l’on peut déduire de la connaissance d’un vocabulaire sont loin de se borner à ce qui précède; car les relations qui s'établissent entre les peuples amènent un échange d'idées nouvelles et de 287 mots qui représentent ces idées. Ainsi, les Brezads *, confinés aujourd'hui dans trois départements de l’ex- trémité occidentale de la France, ont dans leur langue un grand nombre de mots fort anciens, que nous pos- sédons aussi à quelques modifications près. S'ils ne nous ont pas donné ces mots, nous les avons au moins puisés à la même source qu'eux; mais, depuis cette époque, combien de mots ne nous ont-ils pas emprun- tés? Et quels sont ces mots, si ce ne sont ceux que la civilisation a forcément introduits chez eux depuis qu'ils sont confinés dans les lieux qu'ils habitent? tels sont les mots mousquet, fusuil, bistolen, xanon, vou- let xanon, qui n’ont pas besoin d'être traduits pour être compris de ceux qui entendent la langue fran- caise. [l en est de même des mots basques : mosquetea, fusila, pistola, canoyac, bola. Toutefois, je crois de- voir faire remarquer que les mots canoyac et bola dé- rivent de racines purement basques, canoya, un tube, et boilla, une boule. Si nous n'avons pas emprunté ces racines aux Basques, je dirai encore que nous avons dü, directement ou indirectement, les puiser à la même source qu'eux; et, plus tard, ces mêmes racines sont retournées chez eux avec un nouvel emploi indi- quant une nouvelle application et une importation. XVIL. Les mots empruntés à une langue peuvent être re- Les Bas-Bretons se nomment eux-mêmes Brezads, et donnent le nom de Brezonne à leur langue. J’emploierai ces deux termes, pour éviter ce mot de Bas-Breton. 288 latifs à la guerre, au droit, au gouvernement, à la re- ligion, au commerce, aux sciences, aux arts, ou à toute autre partie de l’ordre social. L'ordre auquel appartiennent les mots empruntés à une langue indique la nature des relations qui ont existé entre le peuple dont on veut établir l’histoire, et celui qui parlait la langue à laquelle les emprunts ont été faits. Si les mots empruntés sont groupés dans l’ordre chronologique, il deviendra donc possible de connaitre non-seulement la nature des relations des peuples, mais même l'époque relative à laquelle ces relations ont eu lieu. Les termes empruntés au droit indiquent en général que les lois d'un peuple, celui dont viennent ces ter- mes, ont été imposées par force à un autre peuple, ce- lui qui les a reçus. C'est ainsi que les termes du droit français existent en Angleterre par suite de l'envahis- sement de ce pays par Guillaume-le-Conquérant; que le code Napoléon a été imposé à une partie de l'Alle- magne, et que les Polonais subissent la loi des Russes. Les termes empruntés au gouvernement ou à l'admi- nistration indiquent aussi une domination et l'intro duction d'un nouveau mode de gouvernement par un peuple vainqueur. Des observations analogues peuvent être faites pour ce qui concerne la religion, les sciences et les arts. On peut donc, en analysant la langue d'un peu- ple, déterminer la nature et l'époque des relations qu'il a eues avec d'autres peuples. 289 XVIIL. Pour ce qui concerne les sciences, il peut se pré- senter plusieurs cas assez embarrassants. Ainsi, la mau- vaise habitude que nous avons de fabriquer des termes scientifiques avec des racines grecques, pourrait faire croire, si l’on n'avait d'autres renseignements, que les Grecs possèdent où possédaient toutes les sciences dont les noms sont construits ainsi qu'il vient d'être dit, et que c’est à eux que nous les avons empruntées. D'une autre part, la langue basque se prêtant très-facilement à la construction des mots par ses propres racines, il arrive que la plupart des noms des sciences connues de ce peuple sont tout à fait basques en apparence, et que l’on pourrait croire que les Basques sont les inven- teurs de ces sciences, lorsque très-probablement ils les ont reçues toutes faites, et n’ont eu que la peine d'en imiter les noms avec leurs racines. C’est ainsi qu'ils ont sans doute formé, à une époque assez rapprochée de nous, les noms suivants : Jainkokindea , théologie, Erakindea, chronologie, qui sont formés des racines Jainkoa, Dieu; era, temps; kindea, science, qui correspondent exactement aux racines grecques 06os, xronos et logos, qui ont la mème signification. 290 On ne saurait affirmer que Izarkindea, qui signifie l'astrologie, et se trouve formé des racines 2zar, astre, et kindea, science, ait été formé de la même manière; car, sa- chant aujourd'hui que les Basques viennent de l'Asie, et sachant d'ailleurs que l'astrologie judiciaire à pris naissance dans ce continent à une époque fort éloi- gnée de nous et avant d'avoir pénétré chez les Grecs, il est possible que les Basques aient connu ce nom avant de venir en Europe. Il faut encore reconnaitre que plusieurs sciences ont en basque des noms plus précis qu'en grec ou en d’au- tres langues qui en dérivent : tel est le nom de neur- takindea (de neurta, mesure), par lequel ils dési- gnent la géométrie. Cela pourrait servir à démontrer que celte science n'a pas pris naissance en Égypte, comme on le pense communément; qu'elle est née en Asie, qui est le pays originaire des Basques, ainsi que je viens de le dire, et que là elle avait tout le caractère d'une science, lorsque, considérée dans son étymolo- gie grecque, qui signifie mesure du sol, elle ne re- présente qu'une pratique ou un art que nous nom- mons arpentage. XIX. La durée et l'intensité, si l'on peut se servir de ce terme, des relations des peuples, pourront être recon- 291 nues par le plus ou moins grand nombre de mots qui seront passés d’une langue dans une autre; et le temps qui s’est écoulé depuis l'origine de ces relations pourra aussi être déterminé jusqu'à un certain point, quand même ces relations auraient précédé l'invention de l'é- criture : on se fondera pour cela sur ce que les nations se sont généralement dispersées et fondues les unes dans les autres, et que les mots qui ont élé empruntés à une seule langue ont éprouvé les mêmes vicissitudes que la nation qui parlait cette langue, et se trou- vent dispersés dans une famille de langues. J'entends par famille de langues, un groupe de lan- gues réunies par leur plus grande affinité, ainsi que M. Balbi en a établi un grand nombre dans son re- marquable Atlas ethnograhique. C'est ainsi que nous verrons la langue basque dispersée dans la famille tur-— que, dans celle des Samoyèdes et dans celle des Es- quimaux. On comprendra facilement d’ailleurs que si l'histoire d'un peuple qui a eu des relations avec un autre peu- ple, est connue, cette histoire pourra donner des ren- seignements précieux, en permettant de fixer quelques époques d'une manière précise. XX. Si l’on dispose les mots principaux du vocabulaire d’un peuple dans l’ordre chronologique de leur appari- tion, et si, pour avoir des termes définis de comparal- son, ce vocabulaire est divisé en âges successifs cor- 292 respondant aux divers états sous lesquels l'homme existe ou a existé sur le globe, par exemple : en dge primitif ou premier âge, en deuxième, troisième, quatrième et cinquième âge, soit depuis l'habitant des iles de la mer du Sud jusqu'à nous, en passant par les princi- paux degrés de civilisation connus; si l'on compare ensuite ce vocabulaire avec ceux des autres langues, les aflinités se dessineront dans l'ordre même de leur apparition fixée dans le temps. Un travail exécuté comme il vient d'être dit satisfe- rait à toutes les conditions discutées et exposées dans les paragraphes précédents relatifs aux déterminations chronologiques. On verra, par suite de l'exécution de ce travail, que les Basques, dès le premier àge, ont eu des relations avec des peuples des deux Amériques et du nord de l'Asie; qu'ils en ont eu avec les Indiens sanscrits; et enfin, qu'à des époques plus rapprochées de nous, mais fort anciennes, ils en ont eu avec les peuples Sémiti- ques, les Grecs, surtout avec les Latins. L'étude chro- nologique de la langue basque poussée jusqu'à nos jours, démontrerait, s'il en était besoin, les relations de ce peuple avec les Français, les Espagnols et les Portugais. Investigation des lieux. Les lieux qui ont été successivement occupés par une race ou une nation, peuvent se déduire de plusieurs sortes de considérations : 293 1° De celle des noms mêmes des lieux qui peuvent appartenir à la langue du peuple dont on entreprend de restaurer l'histoire ; 2° De celle des relations de cette nation avec d'au- tres nations qui n'ont cessé d'habiter les régions où elles existent encore, ou bien des régions indiquées par l’histoire ; 3° Par les noms des familles qui peuvent se trouver dispersées à la surface du globe ; 4° Par la déduction la plus plausible qui peut résul- ter de l'ensemble des recherches faites pour restaurer l'histoire d'une nation, XXI. Les hommes qui habitent une région pour la pre- mière fois, éprouvent la nécessité de donner des noms aux différents accidents des lieux qu'ils habitent, afin de pouvoir parler de ce qu'ils ont fait ou vu, ou de donner des renseignements, des indications ou des ordres. Ces noms, comme tous les autres, sont formés d'a près certaines lois et sont presque toujours significa- tif, c'est-à-dire qu'ils rappellent un des points les plus saillants de la localité qu'ils désignent. Si les noms ne sont point significatifs, ils ne sont point pour cela faits en associant des sons ou des lettres au hasard, mais à l’aide de noms empruntés à la lan gue du peuple qui habite la localité, noms qui rappel- 294 lent le plus souvent quelque circonstance ou quelque fait historique dont la trace est bientôt perdue; ou bien ce sont des noms d'hommes ou de familles. Comme ces noms ont souvent un caractère linguistique spécial, cela permet encore de reconnaitre leur origine. Enfin, les noms sont cons'ruits avec des racines perdues et entièrement sorties d'une langue, de telle manière qu'ils n'ont aucune signification détermina- ble; mais, dans ce cas, ils peuvent encore être de quelque utilité, parce qu'ils ont un caractère de famille qui permet de reconnaitre leur origine, c'est-à-dire de les rapporter à une langue connue. Plusieurs localités habitées actuellement par les Bas- ques ont des noms entièrement basques. Bayonne vient de Bai ona {bonne baie ); Mendi- belza, montagne Noire, montagne de France, Basses- Pyrénées; Mendigorria, (montagne Rouge). Bourg d'Espagne en Navarre, situé sur une montagne. /{salso (mer), village de France situé sur une montagne d'où l'on voit la mer, Basses-Pyrénées, etc. XXII. Les noms des lieux ou des contrées ont une prépon- dérance relative, lorsqu'on les considère au double point de vue de leur ancienneté et de leur durée. Les noms des montagnes, des fleuves, des lacs et des rivières, sont ceux qui persistent le plus, non-seulement parce que les objets qu'ils désignent sont eux-mêmes très- persistants, mais parce que généralement ces noms 295 sont acceptés par ceux qui viennent habiter les régions où se trouvent les objets auxquels il se rapportent. Souvent ces noms subissent des altérations considéra- bles dans leur terminaison et dans la manière de les écrire, mais on peut encore reconnaitre leur origine par leurs racines. Le mont le plus élevé de la chaine du Caucase se nomme Elburu. Si ce nom a une origine basque, on trouve qu'il vient d'elur, neige, et de buru, tête, et qu'il veut dire tête de neige. Vers 42° de latitude N. , et 75° de long. O., on trouve Bourouts dans la chaîne de montagnes qui sépare au- jourd'hui la Chine du reste de l'Asie. Faut-il encore voir dans ce nom le mot téle en Basque? Le pie Cayamburo, un des plus élevés de la chaine des Andes, sous l'équateur, n’a-t-il pas un nom qui rappelle aussi le mot téte, souvent appliqué aux mon- tagnes élevées? Près de Biel, dans le nord de l’Aragon, on trouve la Cabeza mayor, nom qui, en espagnol, signifie tête majeure, où la plus haute tête, c'est-à-dire le pic le plus élevé. Ce nom vient à l'appui des citations pré- cédentes, dans l'emploi du mot téle, pour désigner un pic ou une montagne élevée. Les noms des villes sont souvent moins anciens que ceux des accidents superficiels du globe. Cela se con- çoit facilement, puisque les peuples ont existé long- temps avant de bâtir des villes. Les noms des localités secondaires par leur impor- lance géographique sont aussi ceux qui s'altèrent le 296 plus rapidement; ou bien, au moins, c’est par eux que des noms appartenant à de nouvelles langues viennent s'intercaler parmi les plus anciens. Les noms les plus anciens relatifs aux accidents physiques du globe sont donc ceux qui appartien- nent à ceux de ces accidents qui sont les plus appa- rents; el moins il y a de ces noms appartenant à une langue déterminée, dans une contrée où l’on ne parle plus cette langue, et plus il y a de temps que celle contrée a élé abandonnée par le peuple qui la par lait. Et par contre, lorsque dans une contrée on ne trouve pas d'autres noms que ceux tirés de la lan- que du peuple qui l'habite, on est conduit à penser que ce peuple est autochthone de celte contrée, et qu'il n'a cessé de l'habiter depuis qu'il y est venu pour la première fois. XXII. Si dans une langue on trouve des mots appartenant à plusieurs autres langues, on est conduit à penser qu'il y a eu des relations entre les peuples qui parlaient ces langues, soit parce qu'ils étaient tous d'une même origine, soit parce qu'ils ont fait invasion les uns chez les autres, soit enfin parce qu'ils ont eu simplement des relations commerciales ou autres. Le problème qui vient d'être posé est un des plus compliqués et des plus difficiles à résoudre. Cependant, 297 la méthode exposée jusqu'à ce moment permet d'en avoir la solution. Il faudra voir : 4° Si ces mots sont primitifs dans l’ordre chronolo- gique ; 2% S'ils sont primitifs ou dérivés dans l'ordre gram-— matical ; 3 Enfin, il faudra, par leur propre valeur, cher- cher la nature des relations établies entre les peuples. Cela étant bien considéré, on pourra en déduire si les mots dérivent d'une origine commune, s'il y a eu invasion, ou s'ils sont le résultat de relations commer- ciales ou autres. En admettant que cela ait pu être fait, il faudra chercher quelle est la combinaison qui se concilie le mieux avec les observations. C'est par des considérations de l'ordre précédent que j'ai pu établir le lieu d'origine des Basques, et ceux qu'ils ont habités à différentes époques, dont la moins éloignée de la nôtre remonte à plus de deux mille ans. XXIV. Les noms de quelques familles se conservent quelque- fois sans altération pendant un temps considérable, et lorsqu'un peuple à changé de langue, on retrouve en- core des noms propres qui se rapportent à sa langue primitive. Les noms des individus, combinés avec leurs carac- 298 tères ethnographiques, peuvent donner des renseigne- ments d’une assez grande valeur. Si le nom se rapporte aux carctères ethnographi- ques, il peut passer pour un véritable nom propre long- temps conservé. Sans celte concordance, il pourrait n'ètre qu'un sobriquet, ou bien il aurait une tout au- tre signification que celle dont il est ici question. XXV. Il n'y a point que le vocabulaire d'un peuple qui puisse être utilisé pour une restauration historique; les autres éléments de la langue de ce peuple offrent aussi des sujets de recherche d’une haute importance ; la prononciation, l'alphabet, la grammaire proprement dite, et la littérature, sont dans ce cas. Le mécanisme du langage, les lois auxquelles sont assujettis les mots pour l'expression de la pensée ou la grammaire, sont en général plus durables que ces mé- mes mots. Ceux-ci s'usent, se contractent, et dispa-- raissent des langues par mille causes diverses; tan- dis que les règles de leur association persistent tou- jours; seulement, ces règles vont en se compliquant à mesure que les langues font des acquisitions nouvelles. La langue française offre un exemple remarquable de la persistance des grammaires. Principalement for- mée de mots primitifs ou communs à une foule de lan- gues anciennes ou modernes, de mots celtiques, es- kuariens, latins et grecs, elle est assujettie à des lois 299 grammaticales qui ne sont ni celtiques, ni eskuarien- nes, ni latines, ni grecques :. Indépendamment de son mécanisme, chaque langue à encore un cachet spécial qui la caractérise. La pro- nonciation , l'orthographe des mots, leurs désinences, sont astreintes à des lois qui, pour n'être pas écrites, n'en sont pas moins très-évidentes. C'est à cette parti- cularité des langues que ceux mêmes qui ne les con- naissent pas savent les distinguer, soit à l'audition, soit à la lecture. Par suite des lois spéciales à chaque idiome, les mots qui passent d'une langue dans une autre subissent des modifications profondes, soit dans la manière de les prononcer, soit dans celle de les écrire. Ces modifications rendent souvent les origines fort difliciles à reconnaitre. Plusieurs savants linguistes ont déjà signalé les avan- tages que l'on peut recueillir de la comparaison des grammaires et de la suprématie qu'elles ont sur les mots des vocabulaires, pour reconnaitre les affinités des langues. Sans me préoccuper de cette suprématie, qui pourrait être contestée pour le cas particulier dont je m'occupe, ce ne sera point trop d'avoir recours à tout ce qui peut apporter quelque lumière pour éclairer un sujet aussi obscur. Je donnerai quelques détails sur la grammaire es- \ Je ferai remarquer en passant, que la grammaire française n’est pas telle qu'on l’expose généralement dans nos livres élémentaires : elle est plus simple et fait tous les jours des progrès à mesure que l’on apprécie mieux les fonctions grammaticales des mots qui composent notre langue. 20 300 kuarienne, laquelle est bien digne de l'intérêt de ceux qui s'occupent de linguistique. Simple dans sa marche, aussi générale que possible et ne présentant aucune es- pèce d'exception, elle peut être signalée comme un type que l'on pourrait imiter, mais que l’on s’efforce- rait en vain de dépasser. La grammaire eskuarienne, conservée intacte pen- dant un grand nombre de siècles, est un fait des plus remarquables, non-seulement au point de vue de la linguistique, mais aussi de l’histoire de l'humanité. CARACTÈRES ETHNOLOGIQUES.. Si les langues peuvent être scrutées pour retrouver les traces de l'histoire primitive des peuples, elles ne peuvent cependant avoir une valeur absolue; et il est indispensable, non-seulement d'y joindre les caractères anthropologiques de ces peuples, mais même tous les documents, quels qu'ils soient, propres à nous éclairer. Les langues peuvent parfaitement servir pour éta- blir les affinités qu’elles ont entre elles; mais elles ne suffisent pas toujours pour démontrer celles des na- tions ou des races qui les ont parlées. On conçoit très- bien effectivement que plusieurs races différentes, réu- nies en corps de nation ou isolées, puissent parler la même langue; on conçoit bien encore que la même race, en se divisant ou en se fondant dans les autres races, puisse arriver à parler des langues différentes. Cette seule pensée fait naitre une foule de problèmes dont la solution est souvent fort diflicile et exige as- 301 surément un grand travail. J'en examinerai quelques- uns par la suite, et je m'efforcerai d'en donner une so- lution probable; mais ce ne pourra être par les seules études linguistiques : il faudra leur adjoindre des re- cherches sur les races humaines et sur leur conserva- tion , leur altération et les modifications plus ou moins profondes qu'elles éprouvent de la part du temps, des circonstances et des croisements. Je donne le nom d’ethnologie à une partie de l'an- thropologie qui comprend l'ensemble de ce qui est re- latif aux races considérées en elles-mêmes, dans leurs ascendants et leurs descendants, et dans leurs rapports avec les circonstances qui les entourent; l'ethnogra- phie n’en est elle-mème qu'une partie fort circonscrite. Les caractères ethnologiques qu'il faudra consulter pour essayer de résoudre les problèmes qui se ratta- chent à l'histoire des Escualdunais primitifs, appar- tiennent à cinq ordres principaux, susceptibles d'être divisés et subdivisés, qui comprennent : 1° Les caractères anatomiques ; 2° Les aptitudes et les facultés ! physiques ; 3° Les aptitudes et les facultés instinctives; 4° Les aptitudes et les facultés artistiques ; 5° Les aptitudes et les facultés intellectuelles. Les caractères anatomiques se réduisent générale- ment, et faute de plus amples renseignements, à l’'as- pect extérieur des individus; c’est parmi eux que vien- nent se ranger la forme du visage et du crane, celle des màchoires et du nez, la taille, la couleur, etc. ! Le mot faculté est pris dans le sens de puissance de faire ou d'exécuter, 302 Les aptitudes et les facullés physiques compren- nent les dispositions naturelles, qui permettent d’exer- cer certaines actions avec ou plus ou moins de facilité; c'est à elles que se rapportent la gymnastique et les professions manuelles. Ces dernières ont des con- nexions intimes avec le groupe des facultés artistiques. Les aptitudes et les facultés instinclives compren- nent une foule de penchants que l'homme possède sou- vent en commun avec les animaux supérieurs; il en est cependant plusieurs qui sont propres à l'homme. Ces penchants, lorsqu'ils sont modérés, passent ina- perçus. Développés jusqu'à un certain point et dans des circonstances déterminées, ils peuvent devenir des vertus, des vices, des tendances au crime et à la mo- nomanie. Parmi ces penchants, on distingue la làcheté, la bravoure; la probité, le penchant au larcin, au vol; la crainte, le courage, la témérité; l'indolence, la pa- resse, le penchant au travail; l'intempérance, l'abus de toutes choses; la charité, l'égoïsme; la franchise, la dissimulation , l'hypocrisie ; la loyauté, la ruse, la four- berie, etc. Les aptitudes et les facultés artistiques compren- nent tout ce qui se rattache aux beaux-aris, tels que la sculpture, le dessin, la peinture, et l'architecture, comprise dans le sens de sa valeur étymologique. Les aptitudes et les facultés intellectuelles compren- nent principalement la mémoire, la conscience, l'ap- préciation des relations et des analogies ‘, et les facul- 1 C'est de cette faculté que dépendent le jugemént, le raisonnement, la dé 303 tés d'analyser, de réunir, d’abstraire et d'inventer. Plusieurs auteurs admettent la persistance des ca- ractères ethnologiques, malgré l'influence des circons- tances; d’autres admettent au contraire, et M. Pri- chard est de ce nombre, que les caractères ethnologi- ques s’altèrent avec une grande facilité, et surtout avec la latitude habitée par l'homme. Sans prétendre juger ici quelle est de ces deux opinions opposées celle qui a le plus de probabilités pour elle, on devra admettre, sans aucun doute, qu'à l'abri des croisements et dans des circonstances toujours les mêmes, les races se con- servent dans toute leur pureté. Ce sera sur ce théo- rème, dont la solution ne peut laisser le moindre doute, que je m'appuierai principalement. Les principaux problèmes que nous aurons à résou- dre, pour apporter quelque exactitude dans l'histoire des Basques primitifs, seront les suivants : 1° Lorsqu'il existe des rapports linguistiques entre deux peuples qui diffèrent essentiellement par leurs ca- ractères ethnologiques, faut-il admettre que ces deux peuples dérivent d'une même souche, modifiée par les circonstances ; ou bien qu’étant nettement distincts par leur origine, les rapports linguistiques se sont établis par des communications de race à race? 2° Lorsque des races possèdent des caractères eth- nologiques semblables et parlent des langues essentiel- lement différentes, faut-il admettre qu'elles ont une origine commune, ou le contraire? daction, l'induction, la généralisation, la détermination des lois de la nature et la coordination ou la classification, 304 3° Que peut-on conclure de ce que des peuples of- frent des relations restreintes entre les langues qu'ils parlent et leurs caractères ethnologiques? Afin d'éviter des répétitions, ces problèmes ne seront étudiés que dans la troisième partie de ce travail. Il est facile de voir que le troisième problème est complexe, et que les solutions que l’on peut en donner doivent va- rier selon la nature des relations linguistiques et eth- nologiques, MOEURS , COUTUMES , USAGES. Il'est des coutumes et des usages qui se perpétuent chez les peuples pendant un temps si considérable, malgré une foule de modifications religieuses, politi- ques ou sociales, que ces mêmes usages peuvent servir pour reconnaitre les affinités qui existent entre eux. Les Basques ont des coutumes bizarres qui se pra- tiquent lorsque les femmes accouchent, qui ont existé autrefois en Corse, et que l’on a retrouvées dans la province de Kardan, chez plusieurs hordes tartares, et jusque dans l'Amérique du Sud. Lorsqu'un Basque meurt, on fait de grandes réjouis- sances, et cet usage singulier existe encore au Chili. Les usages et les coutumes des peuples ne peuvent seuls permettre de juger les affinités des races, mais ils donnent des indices pour rechercher ces affinités par d'autres moyens plus précis. Si l'on trouvait réu- nis, par exemple, des usages semblables avec des affi- nités linguistiques et des relations ethnologiques, on serait forcé de conclure, même malgré l’histoire, qu'il 305 y a unité d'origine. Ce résultat pourra être obtenu pour plusieurs peuples qui offrent ces relations avec les Basques. ÉVOLUTION SOCIALE COMPARÉE. L'homme existe encore à notre époque à tous les de- grés de l'évolution sociale, dans les différentes régions du globe. On l'y trouve, depuis l’état sauvage où il vit sans vêtements et sans agriculture, jusqu'à celui de l'Europe moderne, en passant par tous les points in- termédiaires que l'histoire de l'évolution sociale nous a fait connaitre. L'étude comparée de l'homme dans ces différentes conditions, celle des moyens par lesquels il s'élève peu à peu de l’état de la plus grande simplicité à cette con- dition qui est la nôtre, peut fournir d'amples rensei- gnements pour faciliter l'étude de l'histoire primitive d'un peuple quelconque; car cette histoire nous ap- prend que toutes les races, suflisamment perfectibles, sont passées à peu près par les mêmes degrés de civili- sation, et que les mêmes inventions relatives, soit à leurs besoins de tous les jours, soit à leur défense per- sonnelle, ont été à peu près les mêmes partout. C'est ainsi que tous les peuples se sont servis de ha- ches de pierre, et qu'ils ont fait des poteries même à l'époque antédiluvienne ‘, et que partout ils ont su se servir de bâtons, de zagaies, d'ares et de flèches. ! On a rencontré des débris de poteries mêlées à des ossements humains et enfouics dans des grottes, au—dessous de débris d'animaux dont plusieurs espè— ces sont perdues, telles que l’ursus spæleus, etc. 306 C'est là le résultat de l'observation; mais il est facile de se rendre compte de la filiation forcée de ces faits; car partout l'homme étant construit de la même ma- nière, à moins de n'être pas homme, et partout ayant rencontré les mêmes matériaux, soit minéraux, soit organiques, il a dû en disposer selon la nature de ses organes et le plus ou moins de puissance de ses facul- tés intellectuelles. De l'identité de l'être et des circonstances dans lesquelles il s'est trouvé, on déduit l'identité des produits qu'il a formés. Cette unité du mode d'évolution sociale et industrielle de l'homme a tellement été générale, que tous les jours elle vient se confirmer par les recherches des archéo- logues; mais, bien plus : l'histoire proprement dite, telle qu’elle a été écrite par Hérodote, Strabon et Dio- dore de Sicile, nous apprend que, du temps de ces his- toriens, plusieurs peuples européens étaient encore dans l’état de barbarie où se trouvaient à peu près les peuples océaniens lorsque la découverte en fut faite par les navigateurs. Les Eskuariens, et même nos propres ancêtres, étaient dans cette condition il y a environ deux mille ans. L'étude comparée de l'évolution sociale de l'homme, telle qu'elle peut être observée à notre époque sur divers points du globe, l'invariabilité du mode d'é- volution, peuvent donc être d'un grand secours pour l'étude de l'histoire primitive d'une race quelconque, car ce qui a eu lieu pour un peuple a eu également lieu pour les autres peuples, à quelques modifica- tions près. 307 I PARTIE. APPLICATION DE LA MÉTHODE D’INVESTIGATION HISTORIQUE. LANGUE. Je me suis efforcé de démontrer, dans la première partie de ce travail, qu'en soumettant la langue d’un peuple à un examen spécial, il était possible d'en tirer des renseignements considérables sur son origine et sur les relations qu'il avait pu avoir avec d’autres peu- ples; en un mot, que l'on pouvait en déduire des no- tions suflisantes pour restaurer son histoire sociale. Dans cette deuxième partie, je vais m’efforcer d'appli- quer la méthode d'investigation historique qui à été développée dans la première. L'étude de la langue d'un peuple comprend essentiel- lement celle des mots qui la forment et celle des rè- gles auxquelles leur association est soumise pour repré- senter les idées et les transmettre. L'ensemble des mots forme un vocabulaire. Les règles de l'association des mots constituent une grammaire. Les mots peuvent être considérés non-seulement au point de vue de leur signification directe, mais ils peu- vent aussi être étudiés aux divers points de vue de leurs racines, de leur dérivation et des analogies qu'ils présentent avec les mots des autres langues. 308 Pour compléter cette étude , il faudra classer les mots de cette langue dans l'ordre chronologique, rechercher à quelles époques se présentent les analogies qu'ils of- frent avec les mots d'autres langues, et il importera enfin de rechercher les lieux dont les noms peuvent avoir été formés avec les racines de cette langue. L'examen qui vient d'être fait conduit à étudier une langue dans l’ordre suivant : Grammaire, Vocabulaire, Racines, Parasynonymes, Vocabulaires comparés, Vocabulaire chronologique, Vocabulaire des noms de lieux. Avant de procéder à l'examen de ces diverses par- ties,, il est utile de rechercher l'origine des noms divers qui ont été portés par les Basques. Des noms divers de la nation basque Le peuple que nous désignons aujourd'hui sous le nom de Basque a été nommé successivement Jbérien, Cantabre et Basque; il se nomme lui-même Eskual- dunac, et il donne à sa langue le nom d'eskuara ou d'euskara. Tant de peuples ont formé des colonies en Espagne, que l’histoire ne permet pas d’aflirmer que les Basques actuels soient les descendants des anciens lbériens; ce- 309 pendant, cette opinion à de grandes probabilités pour elle. L'Espagne a porté très-anciennement le nom d’/bé- rie; et comme les Basques passent pour avoir été les premiers habitants de cette contrée, on a cru devoir les nommer Jbériens. D'une autre part, la Géorgie actuelle, située au pied méridional de la chaine du Caucase, a porté très-an- ciennement aussi le nom d’/bérie; et rapprochant ces noms, on à pensé que les Ibériens, partis du Caucase, étaient venus s'établir en Espagne et avaient donné leur nom à cette contrée. Lorsque Hérodote écrivait, dans le cinquième siècle avant Jésus-Christ, les Ibériens du Caucase avaient déjà émigré, et cette contrée, comme aujourd'hui, était habitée par plusieurs nations différentes. Ce serait donc au moins cinq siècles avant Jésus-Christ que les Ibé- riens auraient émigré. Selon Varron, ce serait quinze cents ans avant le Christ qu'ils se seraient rendus en Espagne par le nord de Ftalie, Arrivés dans la péninsule hispanique par le passage qui existe entre la Méditerranée et les Pyrénées, ils auraient d'abord habité la Catalogne, l'Aragon, puis les provinces qu'ils occupent encore. C’est là qu'ils auraient donné le nom d'/berus à l'Ébre *. Strabon, qui vivait dans le premier siècle de l'ère ! Iberus veut dire un véritable fleuve: ou tirant ce nom d'Ibaia, ou eau courante, rivière ou fleuve, et d'eria, terre, ce nom voudrait dire terre arrosée par un fleuve. Ce nom convient parfaitement à la vaste plaine de l'Aragon, arro- sée par l'Ébre et ses afluents. 310 vulgaire , a désigné les Basques actuels sous le nom de Cantabres; ils habitaient alors la contrée où ils se trouvent maintenant. Les détails donnés par ce savant géographe sont si précis, qu'il ne peut y avoir aucun doute sur l'identité des Cantabres et des Basques. Strabon donne aussi des détails sur les Vascons, qui habitaient la contrée comprise entre les Pyrénées et la Garonne, et il les distingue nettement des Cantabres par leurs caractères ethnographiques et par leurs mœurs. Ce nom de Vascon parait être l’origine des noms Bas- que et Gascon, en changeant la mutable v en b et en g. Il faut remarquer ici que la transformation du b en v appartient au génie des langues du midi de la France, et que celle du v en g appartient aux langues du nord de ce pays ou aux Flamands *. Les Espagnols ont étendu le nom de Vascon aux Cantabres, qu'ils ont nommés Basques; et les Fran- cais, ne confondant point les Cantabres et les Vascons, ont donné le nom de Gascons à ces derniers, et celui de Basques à ceux que les Espagnols nommaient Bas- ques (lisez Baskèsses ). Le nom de Vascon vient d'un mot commun aux lan- gues les plus anciennes comme aux plus modernes, et qui veut dire successivement nourrilure, paire el pasteur (V. les dérivés analogiques ), et semble indi- ‘ En Flandre, on dit wantier pour gantier; et une rue de Valenciennes porté encore le nom de rue Des Wantiers. On dit aussi Guillaume pour Willaume, et Gallois pour Wallons. 311 quer que les peuples qui habitaient l'Aquitaine étaient des peuples pasteurs. Les Basques se nomment eux-mêmes Escualdunac. Ce nom à donné naissance à des recherches qui n'ont point été heureuses. lharce de Bidassoet voit dans ce nom escu alde dunac, main favorable à ceux qui l'ont! Et il se fonde, pour appuyer sa trouvaille, sur ce qu'il n'est au- cun peuple qui soit aussi habile à se servir de ses mains que les Basques. Il est malheureux que des mains aussi habiles n'aient jamais produit d'œuvres artistiques; car elles eussent sans doute dépassé tout ce que l'on a pro- duit jusqu'à ce jour. On dit encore qu'ils se nomment ainsi, parce qu'ils vivaient de glands { ezcurrac ). On peut voir, dans ce mot composé : ezcu alde dun, man, où chêne, ou gland; région ou côté, et monta- gne, en tirant ce nom de la langue celtique et proba- blement d’une racine basque perdue. D'où, en choisis- sant dans ces racines, ce nom signifierait : habitant de la région montagneuse des chênes. Ce nom convient parfaitement à la partie des Pyrénées habitée par les Basques. Les Basques ne sont point d'accord sur le nom donné à leur langue : les uns veulent que ce soit ezkuara, el les autres veulent que ce soit euzkara et mème uskara. L'interprétation donnée au mot ezcualdunac vou- drait que le premier nom füt le seul vrai; il serait une contraction, qui voudrait dire : des chênes, ou habi- tant des chênes. 312 En résumé, ôn verra par la suite qu'il est éminem- ment probable que les Basques sont les descendants des Ibériens; que ce sont certainement les anciens Canta- bres dont parle Strabon; que le nom de Basque qu'on leur donne actuellement n'est point le leur, et que le nom Æscualdedunac, sous lequel ils se désignent d'une manière spéciale, a une signification fort incertaine, quoique ce soit bien évidemment un nom composé et qui doit être significatif *. Grammaire. La langue basque (eskuara) peut être parlée à l'aide de cinq voyelles et de vingt-quatre articulations * qui n'existent pas dans tous les dialectes; il résulte de là que son mécanisme verbal est fort simple. Les voyelles sont toutes très-sonores et rendent cette langue éminemment apte à être chantée; car tous les sons pourraient en être exprimés à pleine voix comme ceux de la langue italienne. ‘ S'il était possible de rechercher dans le quichua , ou la langue des Incas, l'origine du mot escuara (escu, main; huarakca, fronde de ce nom signilie— rait manieur de fronde. Cette étymologie singulière rapprocherait les Basques des habitants des Iles Ba- léares, que l’on croit de la même origine, et qui n'ont reçu ce nom que parce qu'au moyen de la fronde ils lançaient des pierres avec une telle adresse, qu'ils s'étaient rendus fort redoutables. ? Les voyelles se nomment bechao, en basque, et les consonnes oskide. Les premières rappellent l'organe de la bouche par la particule bech on bec, qui est conservée dans la langue brezonne avec la même signification. Les secondes rappellent le son par os, contraction d'ots, et veut probablement dire qui détermine Le son. 343 On trouve souvent plusieurs voyelles de suite dans la langue basque, et cela est peut-être cause que plu- sieurs d'entre elles sont aspirées; mais pour peu qu'on s'exerce à lire cette langue, on n'y trouve pas le moin- dre hiatus qui nuise à la diction. La langue basque ne possède pas le % grec, qui se retrouve dans la langue brezonne sous la forme ch’; dans l’allemande, sous celle de ch, et dans l'espagnole, sous celle de 7 ou de æ. A Itsaso, le c est prononcé fs, comme en Prusse, et ce son se rapproche du c italien {ch. Les habitants de ce village peuvent écrire harca pour hartza, ours. Il est éminemment probable que les Latins pronon- çaient ainsi le c, peut-être bien des deux manières, selon les dialectes. Le ch se prononce comme en Espagne, {chi. À Us- taritz et à [isatso, l’s se prononce comme le ch français. La lettre ñ, semblable à celle des Espagnols et au gn nazal des français, remplace la lettre » dans les dia- lectes parlés en Espagne. Il est probable que ce son est étranger à la langue basque proprement dite. Le v est rare dans la langue basque, et se trouve presque constamment remplacé par le son b. Les sons de l’f ou du ph ne sont employés que plus rarement encore, et tous lui sont étrangers. Dans le dialecte du Labourt, on écrit ebanyelio pour évangile. Je n'ai vu aucun auteur distinguer la prononciation de quelques villages français, /tsaso et Ustaritz, de celle des autres contrées basques; cependant, elle en diffère essentiellement, et l'opinion la plus probable, est 314 que cette prononciation est la moins altérée de toutes, parce qu'elle affecte un son particulier à chaque let- tre. En dehors de ce dialecte, le €, ls et le 3 se trou- vent confondus. Pour ces contrées, ces sons corres- pondent aux sons français {s, ch et s sifllante. Il résulte de ce court examen, que la prononciation basque la moins altérée, à quelques exceptions près, se rapproche infiniment de celle du latin, et que l'al- phabet des deux langues est le même, non-seulement quand on le considère dans les lettres qui servent à le former, mais quand on le décompose en ses véritables éléments phonaux. Nous verrons bientôt qu'il existe d'autres points de contact entre ces deux langues. La grammaire basque, hilzekinda, science de la pa- role, diffère essentiellement de toutes les grammaires d'Europe. Ce qui la caractérise particulièrement, c'est une simplicité extrème et une harmonie parfaite de toutes ses parties. La simplicité de la grammaire basque la rapproche tellement de la grammaire générale la mieux raisonnée, que l'on pourrait croire qu'elle est le résultat d'une profonde analyse des langues, si lon ne devait plutôt demeurer convaincu que cette simplicite est le résul- tat et la preuve de l'ancienneté de la langue à la- quelle elle s'applique, et de l'isolement complet du peuple qui la parle. En effet, les grammaires de l'Eu- rope moderne, et même les grammaires grecque et latine, ne paraissent présenter quelque complication que parce que, à n’en pas douter, les langues parlées par tous les peuples auxquels appartiennent ces grammai- 345 res, sont formées par les lambeaux de plusieurs autres langues; ce qu'il serait facile de prouver, et par la lin- guistique, et par l’ethnologie. Si l'on voulait s'en rapporter à quelques auteurs bas- ques qui ont écrit sur leur langue, celle-ci ne com- prendrait que deux espèces de mots : le nom et le verbe. Cest là une prétention fondée sur un système lin- guistique peu éclairé et qui veut trouver du merveil- leux là où il ne peut y en avoir. Si une langue était réduite à ces deux seules espèces de mots, telles que nous les comprenons, elle serait d'une pauvreté extrème et ne pourrait exprimer ni les divers états des êtres, ni leurs rapports mutuels. Mais par deux sortes de mots, il faut entendre, qu’à cela près de quelques faibles ex- _ceptions, tous les mots de la langue basque sont réduc- übles aux conditions grammaticales du nom et du ver-- be; c'est-à-dire que tous les mots peuvent être déclinés ou conjugués. Voici comment Darrigol prétend démontrer que la langue basque n’a pas de véritables conjonctions : « Mais pour ce qui concerne les conjonctions envi- » sagées comme une espèce particulière de mots, elles » se réduisent à peu de chose, n'étant pour la plupart » que des noms tantôt modifiés par les déclinaisons, » tantôt employés comme indéclinables ‘. » La langue basque, comme toutes les autres langues, a besoin de conjonctions pour réunir les parties du discours, ou plutôt pour indiquer la filiation qui existe ! Dissertation sur la langue basque, p. 88-89, ol 316 entre les idées et les raisonnements; et si c'est parce qu'elles ne comprennent qu'un petit nombre de mots qu'il faut n’en pas tenir compte dans cette langue, il est évident que l'on peut, au même ütre, supprimer celte partie du discours dans toutes les autres langues. Qu'un mot puisse être pris et employé tour à tour comme substantif ou adjectif, cela se peut et se ren— contre dans toutes les langues; mais ce mot n'est pas moins alternativement substantif ou adjectif, sa valeur grammaticale ne dépendant pas de sa ressemblance écrite où phonique avec uñ autre mot, mais de son em- ploi dans le discours, ou, en propres termes, de sa fonction grammaticale. En résumé, la langue basque, quels que soient les moyens qu'elle emploie, satisfait à toutes les fonctions grammaticales des parties du discours reconnues dans les autres langues, et elle peut tout exprimer avec sim- plicité, netteté et précision. L’immense simplicité de la grammaire basque ne pou- vant être considérée comme le résultat d'un profond tra- vail de linguistique, se trouve être l'expression naturelle et naïve d'une langue primitive, qui a su se préserver de l'invasion des autres langues, soumises à des méca- nismes différents, souvent corrompues et représentant le mélange de plusieurs langues. Elle indique aussi, dans le peuple qui en fait usage, une grande indépen- dance de caractère, qui a pu être conservée depuis l'o- rigine de la race escualdunaise jusqu'à nos jours, mal- gré les vicissitudes qui sont indiquées par la chute successive d'un grand nombre d'empires. 317 Les principes de la grammaire basque se rappro- chent tellement des principes de la grammaire générale la mieux raisonnée, que si l'on devait un jour adopter une langue universelle, ce serait la langue basque qu'il faudrait prendre de préférence à toute autre. En un mot, là grammaire basque offre un modèle d'une si grande perfection, que l'on pourra peut-être l'imiter, mais qu'on ne le dépassera jamais. Les langues que l'on eroit les plus parfaites, telles que le sanserit, le grec, le latin, deviennent des mo- dèles de confusion lorsqu'on les compare à la langue basque. Si la simplicité des moyens mécaniques d'une langue indique une simplicité d'origine; la complica- tion de ces moyens, les exceptions qu'ils offrent à cha- que instant, doivent être la preuve du contraire. Les langues qui sont dans ce dernier cas ont dù accroître leur vocabulaire et leur grammaire par une foule d'em- prunts faits à d'autres langues. On a taxé les grammairiens basques d'exagération lorsqu'ils ont parlé de leur langue; mais ils sont plus qu'excusables : l'enthousiasme est permis quand on soccupe d'un sujet aussi remarquable et aussi digne d'intérèt. On ne peut douter que l'étude de la langue et de la grammaire basques ne puisse devenir l'origine de re- cherches linguistiques qui seraient à jamais restées en- sevelies dans l'oubli, si cet idiome n'avait été conservé d'une manière pour ainsi dire miraculeuse. Plusieurs auteurs pensent que les Basques avaient un alphabet fort ancien qu'ils ont abandonné; mais il 318 n'en reste aucune preuve. Si l’on consulte leur voca- bulaire, on trouve successivement : Escritura, écriture; Librua, livre ; Escuseribatua, manuscrit; Abecea, alphabet ; Escola, Icasola, école; Escolamaistrea, maitre d'école; qui semblent indiquer que les Basques ont recu l'écri- ture des Romains, et que l'ouverture des écoles a été la conséquence de cette nouvelle acquisition. La similitude des mots basques et romains relatifs aux premiers éléments des langues et à leur enseigne- ment, pourrait peut-être porter à penser que ce sont les Romains qui ont recu un alphabet des Basques. Cela serait possible; mais Strabon, qui écrivait au siécle d'Auguste, nous dépeint les Basques ou Cantabres com- me des hommes nus ou couverts de peau, dont la plu- part vivaient dans des tannières : l'opinion contraire est donc infiniment plus probable. Lorsque l'on s'occupe de rechercher l'histoire des Basques par les mots de leur vocabulaire, il faut faire biep attention que chaque idée est souvent représentée par des mots fort différents, et qu'en prenant certains synonymes à l'exclusion des autres, on pourrait tom- ber dans l'erreur. C'est ainsi que l’on trouve aussi agercaya pour exprimer l'écriture; d’où l'on peut con- clure que les Basque avaient quelque moyen d'exprimer leur pensée par des signes tracés à la main; mais que ces moyens étaient inférieurs à ceux qu'ils ont adoptés définitivement, puisqu'ils les ont abandonnés. 319 La logique n'était pas étrangère aux Basques, puis- qu'ils ont deux mots pour la représenter : billegidea et dialectica. Le premier est un mot composé de raci- nes basques, le second est grec. Ils peuvent exprimer l'idée d'argument de plusieurs manières différentes; et, chose incroyable, argimen- dua parait d'origine basque, et veut dire : lumière de l'esprit. Cette étymologie est tellement significative, qu'elle porterait à penser que les Basques sont les vé- ritables créateurs de ce mot, contre l'opinion généra- lement reçue qui en fait honneur à Aristote; mais, il faut le reconnaitre, contrairement à son propre aveu. La littérature est représentée par Jakindea, qui est le nom de la science en général. C’est, en effet, par la littérature que les sciences peuvent être consignées dans des ouvrages et transmises d'âge en àge. La poésie n'était pas étrangère aux basques, puis- qu'ils ont une suite de mots divers et de différents âges qui s'y rapportent; et quoique nous n'ayons pas d'an- ciennes poésies basques, il est évident que cette partie de la littérature était connue de ce peuple. Toutefois, cela est-il dû au caractère du peuple basque, cela est- il inhérent à sa langue, qui, par cela même qu'elle est fort simple et pour ainsi dire mathématique, ne se prête pas aux élucubrations poétiques, le peu de poésie bas- que que l’on possède est plus prosaïque que poétique ; on n'y trouve ni profondeur d'imagination, ni coloris, ni richesse d'expressions. 320 Vocabulaire. ASTRONOMIE ET DIVISION DU TEMPS ‘. L'étude des connaissances astronomiques des Bas- ques et de leur manière de diviser le temps est une des plus importantes auxquelles on puisse se livrer, parce qu'elles peuvent donner des renseignements pré- cieux sur leur origine et les premiers lieux qu'ils ont habités ; aussi entrerai-je dans des détails aussi considé- bles que le comporte un sujet de cette importance. Les Basques ont donné le nom d'izsarjakindea (scien- ce des astres ), à l'astronomie et à l'astrologie. Par 23arra, ils entendent un astre ou une étoile. Ce nom parait vouloir dire lumière de la nuit (ikus zaroa ), comme ceruargia , Son synonyme, veut po sitivement dire lumière du ciel. Les noms du ciel, cerua et zeha, rappellent cælum des Latins. Le soleil ekia, eguzkia et iruzkia, a, dans le pre- Larramendi, qui ignorait les sciences naturelles et médicales, ignorance dont il a donné plusieurs preuves dans son dictionnaire trilingue, a dû commettre bien des erreurs en astronomie, en minéralogie, en botanique, en zoologie, en ana— tomie et en médecine. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour les éviter; mais je n’ai pas loujours réussi, faute de racines plus complètes que celles que j'ai tirées de ce même dictionnaire. Larramendi a aussi laissé des lacunes à remplir, et je n'ai pu les combler. Par exemple, il ne donne pour le nom du requin qu'une phrase, voulant dire : une espèce de loup de mer. Il est impossible que les Basques, hardis navigateurs , n'aient pas eu un nom spécial pour cet animal. 321 mier cas, une communauté d'origine avec la racine sanserile eg, qui veut dire lire ". La lune a reçu le nom d'ilargia; ee nom veut dire lumière morte, pour exprimer que la lumière de la lune est sans chaleur ou sans ardeur *. Les Basques ayant désigné l'obscurité par t/luna {sans lune ), il est probable qu'ils ont connu le nom de luna; mais ce n'a pu être que par les Latins, ainsi que le démontre la particule négative ?/, qui vient de cette langue. Les Basques auraient dit ezluna, ou lu- naguea, pour exprimer la même idée. Ils distinguaient la nouvelle lune i/berria, et la pleine lune illargibe- tea. Ils nommaient i/zarra, ou vieille lune, celle qui est sur son déclin. Les comètes sont nommées izarkea, ce qui veut dire éloile, ou astre vaporeux. Il y à plusieurs noms pour exprimer la nuit, et ce- lui de zaroa est de la même origine que notre mot sour . Le zodiaque est connu des Basques, qui lui ont donné _ le nom de senesia (signes), nom qui indique qu'ils ne l'ont pas reçu des Grecs. Les signes du zodiaque basque ne diffèrent en rien de ceux que nous avons adoptés. Le zodiaque des Chaldéens différait du zodiaque des ! Les autres noms ont des racines incertaines; ils voudraient dire : Lumière du jour, véritable lumière, ou qui Lance ou dispense La lumière. Darrigol et d’autres auteurs ont cherché les racines d'ilargia, et n'ont rien trouvé de plausible. L'étymologie que je viens de donner me parait si simple et Laturelle, qu’elle doit être vraie. 322 Égyptiens; celui-ci n'avait pas le signe du bélier, que l'on trouve sous le nom d'aruzara dans le zodiaque basque. Les Basques n'ont donc point acquis la con- naissance du zodiaque par les Égyptiens; ils ne sont dont point passés par l'Égypte pour venir en Europe; ou, s'ils leussent fait, c'eût été à une époque anté- rieure à linvention du zodiaque égyptien, et plus tard ils auraient connu le zodiaque dans la péninsule hispa- nique, par leurs communications avee les Latins. Il paraît que les Grecs n'ont commencé à se livrer À l'étude de l'astronomie que quatorze siècles avant J.-C., et que ç’a été l'un des résultats du voyage des Argo- nautes. Ce voyage avait pour but de se rendre en Col- chide, située au S.-0. du Caucase, et qui touchait à l'Ibérie. Si les habitants de la Colchide connaissaient le zodiaque, ceux de l’Ibérie devaient le connaître aussi ; mais déjà les [bériens avaient émigré, si ce n'est le voyage des Argonautes qui ne leur a donné l'idée d'al- ler chercher une autre patrie, où ils seraient moins ex- posés aux invasions de leurs redoutables voisins du S.-E. Il n'existe chez les Basques aucune trace de la divi- sion du zodiaque en vingt-sept signes, qui parait avoir précédé, chez tous les peuples observateurs, la division en douze signes. Les Basques n'ont done pu connaitre le zodiaque que depuis l'établissement définitif de l'année solaire, qui en a fait fixer le nombre des signes à douze. Les Basques nomment l'année wrtea. Ts ont main- tenant quatre saisons : uda berria, le printemps; uda, l'été; udazkena, l'automne; negua, l'hiver. En analysant les noms des saisons, on trouve qu'ils 323 veulent dire : le nsuvel élé, l'élé, l'élé finissant, et l'hiver. Il est éminemment probable que les Basques n'ont d'abord distingué que deux saisons, wuda et negua, et que par la suite ayant changé de résidence, et par analogie avec les saisons des peuples devenus leurs voisins, ils ont employé les noms intermédiaires. Il est deux circonstances dans lesquelles on peut n'admettre que deux saisons : c’est lorsque l'on habite les pôles ou la région tropicale de l'Amérique méridio- nale. Dans le premier cas, on a une saison de glace, de sommeil et de nuit, et une saison dans laquelle l'eau reprend son état liquide; dans le second cas, on a la saison des pluies et la saison de la sécheresse. Cherchons laquelle de ces deux opinions il faut adopter. Negua veut dire plus d'eau, et convient aussi bien à la saison des glaces qu'à celle de la sécheresse. Uda n’a pas de racine qui le rende explicable; mais il paralt vouloir dire : le don de l’eau, la saison de l'eau ; et ce nom convient encore aussi bien à la saison d'été des terres polaires arctiques qu'à la saison des pluies des régions équatoriales de l'Amérique. Si l'on considère que negua est la paraphrase de notre mot neige; que negua correspond à la saison d'hiver chez les Basques, qui n'ont point dû avoir de raison pour changer la signification. de ce mot, il de- vient certain que ces noms conviennent aux terres polaires et non aux régions équatoriales du nouveau monde. 324 Les mois se nomment ?/a, illa, et illabete en lan- gue eskuarienne. Ila ou illa est une partie du nom de la lune qui n’en rappelle nullement la signification, puisque ce nom employé seul indique la mort. Mais il arrive souvent dans les langues que des fractions de mots composés entrent dans la construction de nouveaux mots com— posés, avec le sens entier du mot dont ils viennent, et rendent ainsi les analyses des plus difficiles. Ilabetea est le nom de la pleine lune, et doit, pour _ le cas présent, sans doute, être traduit par une lunai- son entière. Les mois de l'année basque sont représentés par plusieurs synonymes pour chacun d'eux. Plusieurs de ces synonymes sont oubliés dans certains dialectes et se retrouvent dans d'autres. Ces synonymes ont du être établis à des époques fort distantes les unes des autres, et pour satisfaire à cerlaines exigences. S'il est difficile de trouver la signification de quel- ques mois de l'année romaine, il ne l'est pas moins de trouver celle des mois de l'année basque ‘. Cependant, plusieurs des noms de ces mois se prêtent à une ana lyse qui parait satisfaisante sous tous les rapports. Considérés sous ce point de vue, les mois de l'année ‘ Plusieurs érudits basques ont cherché l'interprétation de la signification des mois de l’année. Darrigol a donné une explication plausible de la plupart d’entre eux. J'ai consulté sur ce sujet M. Archu, qui, avec son obligeance habituelle, a bien voulu me donner des renscignements conformes à ceux de Darrigol, et qui viennent les corroborer. 325 basque appartiennent à trois catégories : 4° celle de noms dont l'analyse est diflicile et incertaine; noms qui paraissent appartenir à une époque fort ancienne ; 2° celle de noms qui se prêtent à l'analyse, et qui, en général, se rapportent à l'agriculture; 3° celle de noms d'origine romaine. Les mois basques sont disposés selon cet ordre dans le tableau suivant : Beltzilla-llbaltza. Urtarilla. Janvier. Otsailla, Ceceila. Février. Epailla. Marcchoa. Mars. Jorailla. Aphirilla. Avril. Ostaroa. Mayatza. Mai. … Ci an Erearoa. Juin, Garilla. Uztailla. Juillet. Agorilla. Abostoa. Août. Irailla. Buruilla. Septembre. Urilla, Uria. Octobre. Acilla, 4zaroa. Cemendilla. Novembre. Lohilla, Lotazilla. Abendua. Abendua. Décembre. Beltzilla et Ibatza veulent dire la lune noire. Ce nom, qui ne trouve guère d'explication dans nos contrées, convient parfaitement aux terres polaires arcliques, où la lunaison de la fin de décembre et du commencement de janvier correspond à la plus grande obscurité de la nuit polaire de six mois. Urtarilla veut dire lune de l’année, comme nous disons : jour de l'an, pour exprimer le premier jour de l'année. Ce nom n'a dû être adopté par les Basques qu'après avoir accepté l'année romaine commencant avec le mois de janvier. Olzailla. La racine otz signifie : son, bruit, loup, 326 froid et agréable. On à cherché quelle pourrait être la signification la plus convenabie hour ce mois; et il faut avouer que l'on n’en à trouvé aucune, à moins d'admettre qu'il correspondait à quelque fête oubliée dans laquelle on faisait beauccup de bruit; ou que dans la région polaire, les loups se livrent dans ce mois à quelque action que nous igncrons, ou que c'était le mois convenable pour leur destruction. Ceceila, qui veut dire : lune du taureau, rappelle sans doute quel- que sacrifice qui se faisait à cette époque, ou peut-être encore que cette époque convenait à la chasse du tau- reau sauvage. Goragarilla, vagicilla, garilla, irailla, qui ap- partiennent à l'époque primitive, demeurent sans ex- plication plausible. Ekaina, d'eki gain, selon Darrigol, veut dire : s0- leil élevé, et indiquerait le solstice d'été dans notre hé- misphère, qui a effectivement lieu dans le mois de juin. Selon Darrigol, trailla voudrait dire : qu'il faut songer à s'approvisionner de fougère pour l'hiver. La fougère a-t-elle une importance telle pour les Bas- ques, qu'elle ait pu donner son nom à un mois de lan- née? Je ne le pense pas. Faut-il voir dans ?ra le nom que le lichen aurait porté chez les anciens Basques, et la nécessité de s'en approvisionner pour la nourriture des rennes? cela serait plus plausible, et lon pourrait savoir à quoi s'en tenir en consultant plusieurs voca- bulaires de terres polaires, où lon pourrait trouver quelque indice du mot ira, comme étant le nom du lichen. 327 Lohilla, ou lotacilla, veut dire mois, ou lune du sommeil. Ce nom convient parfaitement au mois de décembre dans les terres polaires, où l'homme, ren- fermé dans une caverne et presque engourdi, se trouve dans un état voisin de celui des animaux pendant l'hi- bernation. Ce nom a pu être conservé dans nos con- trées, où il signifie : repos du laboureur, ou sommeil de la nalure. Les mois de la deuxième catégorie correspondent aux opérations agricoles : épailla, lune de la taille des arbres, sans doute; 7orailla, lune du sarelage; osta- roa, lune de la feuillaison; erraoa, lune de ja saison brûlante; agorilla viendrait d'agor, tarir, et voudrait dire : lune de la sécheresse; buruilla, lune de la tête ; urria el urilla indiqueraient les pluies d'octobre ; acil- la, lune des semailles, et azaroa, saison des semail- les, conviennent au mois de novembre. Les mois de la troisième série, qui paraissent em- pruntés au calendrier romain, n’ont pas besoin d'ex- plication; cependant, il est quelques observations que je ne puis passer sous silence, car l'étude de la langue basque permet seule de les faire. On admet généralement que le nom latin du mois d'avril, aprilis, vient d'aperire, ouvrir, parce que dans ce mois la terre ouvre son sein pour donner issue aux plantes germées. Cette origine, il faut le recon- naître, ne peut paraitre convaincante; car, au lieu d'aller chercher le verbe ouvrir, qui n'a qu'un rapport fort indirect avec la germination, il eüt été plus con- venable de chercher quelque mot plus précis, comme germanal, que nous avons adopté lors de notre pre- 328 mière révolution. Cette origine ne paraissant pas bien fondée, il s'en présente une autre, qui a plus de valeur à cause de l'identité des mots. Abril, en eskuarien, veut dire sacrifier. Ce nom vient d'aber, animal, et d'il, tuer. Or, il est éminem- ment probable que le mois d'avril a reçu ce nom, parce qu'au renouvellement de la saison de printemps on faisait des sacrifices, comme nous faisons, quoique un peu plus tard, les Rogations, mais dans le même but. Dans le cas qui vient d'être exposé, le nom du mois d'avril ne vient pas du latin, mais directement de la langue basque, qui en à perdu l'usage, pendant que, passé chez ses voisins, il y est demeuré. Et, chose remarquable, il est retourné plus tard chez les Bas- ques, mais altéré, méconnaissable et avec une origine linguistique incertaine ! Cemendilla à la mème signification qu'acilla; mais acia S'y trouve remplacé par la racine latine semen, qui, comme elle, veut dire semence. Abendua. Tous les auteurs basques s'accordent à voir dans ce mot un synonyme d'Avent { Adventus ), épo- que qui précède la venue du Messie ou la fête de Noël *, Les noms des jours de la semaine sont plus dificiles à interpréter que ceux des mois. Ces noms diffèrent ! Cette opinion peut être bien fondée; mais n'est-ce point abandon qu'il faut voir dans ce mot, pour dire que la nature ne produit rien dans ce mois, ou qu'il faut l’abandonner à elle-même? Le mot abandon n'est ni latin, ni brezon, et il existe dans les langues française et espagnole ; il faut done qu’il existe aussi dans la langue basque, ou au moins qu'il en vienne. On trouve dans Harriet : larga- tua et abandonatcea, pour abundonner ; mais ce dernier mot, qui a son ho— monyme et dont on a pu se passer pendant longtemps, a pu retourner dans Ja langue basque après l'avoir quittée pendant un temps assez long. = 329 essentiellement des nôtres, et ils démontrent que les Basques ont été longtemps privés de relations intimes avec les peuples qui ont étudié l'astronomie; car tous ces peuples ont adopté une semaine, des jours, et ont donné aux jours les mêmes noms des divinités paiennes que nous avons adoptés *. La semaine, astea, veut dire le commencement. Les trois premiers jours de la semaine sont nommés astelehena, aste artea, et aste azkena, le premier du commencement, le milieu du commencement, et la fin du commencement. Ces trois noms indiquent une période de trois jours seulement, qui a dû précéder l'adoption de la semaine de sept jours, période qui se rapportait probablement au commencement de quelque phase de la lune. Les noms des quatre derniers jours de la semaine basque ne se prêtent à aucune interprétation plausible. On ne pourra en avoir l'explication que par une étude approfondie de la langue et de l'histoire des peuples qui ont eu des relations avec les Basques dans les pre- miers àges de leur évolution. GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE. Les divisions de la terre ; les divers accidents de sa sur- ? face ; les eaux, leur manière d'être dans la nature: les ? ? ? principaux minéraux ou éléments solides de la croûte du globe, ont été rassemblés dans un chapitre spécial. o , ! Les Portugais font exception, « 330 Les Basques ont donné le nom du luciazalda à la description de la terre. Le nom de la mer, t{saso, parait composé. Ses ra- cines, tirées du basque, 2tsal, ombre, et de sea, amas d'eau, dans les langues irlandaise et teutoniques, vou- drait dire : eau sombre, eau ténébreuse *. Les montagnes, dont la erète est formée de pierres qui leur donnent l'apparence des dents d'une scie, ont recu le nom d'arcaitzerra, pierre scie, que les Es- pagnols ont contracté dans le mot sierra. Les eaux courantes, errioa et chirripa, rappellent une racine primitive, 72, qui se retrouve dans les noms sanscrit, latins, français et espagnols : arivi; rivus, ripa; ruis (picard), ruisseau, rivière, rivage; rio, ribera, par le moyen des mutables b, p, v. Chirripa vient de cho, petit, et d'irripa, ruisseau. Le mot acha, pierre ou rocher, est remarquable pour nous, parce que c'est de lui que vient le nom de la hache, que l'on faisait primitivement en pierre; et, ob- servation bien digne de l'attention des philosophes, la hache des Basques, aizcora, dérive d'un autre nom basque de la pierre, aitza, et aizcora veut sans doute dire pierre coupanle. L'origine primitive des mots hache et aizcora est donc trouvée, et les racines qui permettent de remon- ? On mé vetra souvent tirer des racines de plusieurs langues en apparence fort différentes, mais qui, en général, dérivent d'une même origine, soit parce qu'une race primitive a parlé une langue qui est demeurée par flagments dans les langues qui lui ont survéeu, soit parce que les hommes de même race ont dû parler la même langue à des époques déterminées de leur évolution sociale, 331 ter à cette origine existent dans la langue basque; elle vient de l’époque où les Celtes et les Basques, con- fondus dans une même nation, et probablement avant d'arriver en Europe, possédaient le mot acha dans leur langue, puisque l’un de ces peuples en a fait le nom de la hache, et que l'autre a conservé la racine acha. De plus, le mot acha a dù être créé après la séparation de ces peuples, parce que, sans cela, le nom de la hache, instrument très-vulgaire, très-ré- pandu , devrait s'être conservé chez les Basques. D'une autre part, ces deux noms : hache et aiz- corra, quoique fort différents, ne viennent pas moins confirmer que l’homme, passant par les mêmes modes d'évolution sociale, a dü former les mots par suite d’ap- plications de mêmes principes dérivant d'une loi géné- rale qui l’asservit à ses conditions d'existence. Arria est le nom de la pierre que les Basques font entrer le plus ordinairement dans la composition des mots; ils en ont fait pizarria, pierre fissile (ardoise) ; arricatza, pierre-charbon (houille ); et zuarria, feu- pierre (amianthe), parce que l'amianthe sert à faire des tissus qui résistent au feu. On dit que les anciens habitants de l'Inde brülaient leurs morts après les avoir enveloppés d’un tissu d'a- mianthe , afin d'en pouvoir recueillir les cendres. Ce serait là une preuve que les Basques ont habité l'Asie, et qu'ils y ont connu cette propriété remarquable de l'amianthe *. ! L'amianthe est une substance minérale du groupe des amphibules, qui cris 4 22 332 On trouve encore arria dans burnarria ‘ et mear- ria, qui sont les noms du sulfure d’antimoine, qui a été usité chez les Romains, dans l'Orient, et qui l’est en- core en Perse, pour noircir les sourcils et pour brunir l'angle externe de l'œil, afin que cet organe paraisse plus grand. Pillaria, nom du grenat, vient de celui de la gre- nade, pillatuna, dont les grains forment un assem- blage, pilla *. Le nom du vermillon, bermejoya, mérite aussi une mention. Ce nom vient de sa couleur, qui est celle de la flamme : bermea. Il résulte de cette observation, que ce nom est véritablement basque, puisque bermea dérive des racines bero et me, vapeur ou fumée en feu. Les Brezons nommaient le vermillon flammaish , nom qui rappelle aussi sa couleur de flamme. Ces mots viendraient à l'appui de ce qui a été dit en par- lant de la hache, s'il en était besoin. MÉTÉOROLOGIE. La météorologie a recu le nom de kemeairakinda, tallise en longs prismes soyeux et flexibles. J1 est possible de tiler cette subs— tance en la mêlant avec des fibres textiles organiques. Quand le tissu est fini, on le soumet au feu, qui brûle la substance organique, et laisse intact le tissu minéral. ‘ Lenom de burnarria, qui signifie pierre de fer, pourrait bien n'être pas celui du sulfure d’antimoine naturel Sb S,. ? Le nom du grenat peut servir pour démontrer combien les Basques altérent les étymologies, en tronquant des mots déjà composés pour en faire d'autres. Pilla, pris isolément, ne signifie plus grenade, mais assemblage, et n’a plus de rapport avec grenat. 333 ou science des vapeurs de l'air. Ce nom, par sa si- gnification, diffère beaucoup de celui que nous avons tiré du grec, et pour être plus précis il n’en est pas plus exact, car tous les phénomènes météorologiques n’exi- gent pas la présence d'une vapeur pour se produire : les vents secs sont dans ce cas. Les noms divers que la glace a reçus méritent quel- que attention. Leya semble rappeler notre mot Her, et indiquer que les parties de l’eau ont été reliées en- tre elles. Jzotza est un mot composé formé des ra- eines 23 et o{z. La première est d'origine teutonique, et à elle seule veut dire glace; la seconde est basque, et indique le froid ; z0{3 voudrait donc dire : glace pro- duile par le froid. Gela, qui rappelle le mot 7alan du sanscrit, celui de gelu du latin, et celui de ge- lée de notre langue, est une des racines du mot grec hyalos (cristal); car gela est en basque la même chose que yela. Hyalos renferme de plus la racine ura, eau, et voudrait dire eau congelée. Elura, la neige, parait venir d'e/, atome, poussière, et d’urra, eau : eau en poudre. VÉGÉTAUX. Ainsi que cela a déjà été dit, l'étude des êtres vi- vants, végélaux ou animaux, à de l'importance pour rechercher l'origine des races, non-seulement parce que les êtres organiques ne vivent qu'entre des latitudes déterminées, mais parce que la plupart des espèces sont propres à certaines contrées. C’est ainsi que le quin- quina est propre à l'Amérique du Sud, et que le che- 334 val, notre bœuf, l'éléphant, le rhinocéros, le chameatüi, étaient tout à fait étrangers à ce continent avant la découverte de Christophe Colomb. N'avons-nous pas nous-mêmes le marronnier et le coq d'Inde qui ont été importés dans les contrées que nous habitons, et qui, pouvant y prospérer, ne s'y trouvaient cependant pas parce qu'ils n'y avaient point été créés? Le café est originaire d'Arabie; le thé croit à la Chine; le cerisier, l'abricotier, le pêcher, ont été im- portés chez nous. Malheureusement, on ne peut avoir l'espoir de tirer tout le parti possible des productions naturelles, parce qu'un peuple ayant émigré pendant un grand nombre de siècles, et n'ayant plus sous les yeux les objets qui se trouvaient dans les climats qu'il habitait en premier lieu, a dû oublier leurs noms, qui sont alors perdus à ja- mais, à moins que des fractions de la même nation, retrouvées dans les lieux qui l'ont vu naître, ne vien- nent nous les rappeler un jour. C’est ainsi que le nom du lichen aurait une grande importance s'il existait dans la langue basque *. ‘ Larramendi n’en parle pas, et M. Archu, à qui j'ai écrit à ce sujet, ne connaît pas le nom de ce végétal dans sa langue. J'ai déjà dit comment le nom du lichen aurait pu être donné à la fougère, et serait tra ou iratz ; mais cela est fort douteux. Harriet nomme la fougère hiretcea. En général, le nom du lichen, qui croit souvent sur des végétaux, a été donné à plusieurs maladies de la peau. Les Russes nomment ces deux sortes de lichens, lichaï. Larramendi donne le nom de leguen beltza, ou de lichen noir, à l'éléphantiasis, et semble indiquer par là que le nom du lichen existait dans la langue basque. Le nom du lichen, qui servait pour nourrir les rennes dans les terres polaires, s'est perdu dans les pays basques; mais il y est resté comme le nom d'une ma— ladie. 335 Les noms des êtres vivants ont quelquefois une si- gnification dont on peut tirer des indications considé- rables. Ou les noms ont suivi les peuples dans leur émigra- tion, ou bien ils ont été adoptés ou créés sur les lieux que ces peuples ont habités définitivement. Dans le premier cas, les noms ont pu être appliqués à des espèces différentes, mais voisines de celles qui les avaient primitivement reçus, et des noms analogues peuvent être retrouvés chez les peuples qui avaient des relations avec ceux qui ont émigré. On peut tirer de ces indications des renseignements sur les lieux habités par un peuple antérieurement à son émigration , et sur les peuples avec lesquels il a eu des relations. ( V.orena, zaldia, elefandia, naranjoa.) Dans le second cas, les noms sont acceptés de ceux qui habitaient les lieux où l'immigration s’est faite; ou bien ces noms sont construits avec des racines propres à la langue du peuple immigré, ou bien avec des raci- nes empruntées à plusieurs langues Ces deux cas donnent encore des indications pré- cieuses. Si les noms sont empruntés, le peuple immi- gré a été précédé par d'autres peuples dans les lieux qu'il habite. Si le nom est formé avec des racines mê- lées, on en déduit des relations du mème ordre, ou bien que les racines étaient communes aux deux lan- gues d'où les noms sont tirés. ( V. ezcurra.) Quand les noms sont faits avec des racines propres à la lan- gue du peuple émigré, le cas est plus difficile; mais il y a des probabilités pour que l'être qui à reçu un 336 nom ainsi formé, ait été nouveau pour ce peuple lors de son arrivée dans le lieu où il l’a trouvé, et qu'il lui ait fait un nom, soit en imitant les noms composés des autres langues, soit en rappelant quelque trait carac- téristique de l'être. Ces deux cas donnent encore des indications spéciales faciles à juger par ce qui a été dit dans la ['° Partie. Il a été question, dans la 1° Partie, des racines du mot ezcurra, qui est le nom du gland; il a été également question de la grenade. Je n'oserai rien con- clure du nom du thé, tea, parce que les Basques ont pu le connaitre dans la contrée qu'ils habitent. Le nom du châtaignier, gastaña, existe avec de faibles altéra- tions dans presque toutes les langues de l'Europe. Les noms de la vigne, mastia et matsa, ont quel- que analogie avec mustum et moust, qui sont les noms du suc de raisin en latin et en français. Le nom de l'olivier diffère du nom français juste autant que le génie de la langue basque l'exige. Les noms de l'orange, larana, larandia et naran- joa, méritent une attention toute spéciale; car ces noms, analogues à ceux des Français, orange; des Italiens, arancia; des Espagnols, naranja, et des Portugais, laranja, se retrouvent chez les Hindous, les Persans et les Arabes, sous les noms de naranj, de narang et de naringe, tandis qu'il est tout à fait étranger aux Grecs et aux Latins, qui employaient un nom composé équivalent de pomme d'or. Il faut ajouter en outre que les trois noms basques de l'orange contiennent arana, qui veut dire prune 337 dans la même langue. Larana est probablement la contraction de largo arana, grosse prune, et laran- dia viendrait de larana andia, grande prune. Quant au mot naranjoa, il pourrait bien être revenu dans la langue basque après avoir été altéré en passant chez des peuples divers. Malgré les probabilités des origines précédentes, il ne faut cependant pas perdre de vue que la terminai- son ranj peut venir du sanscrit, et veut dire : animer, colorer, rougir. On ne peut non plus passer sous si- lence les analogies qui existent entre le mot latin au- rantia, que l’on considère probablement à tort com- me un adjectif ‘, avec le mot italien arancia, qui est pourtant si rapproché d'arana. Le citron, qui a été importé de la Médie en Europe, est nommé cidra par les Basques *. L'abricot, importé d'Arménie, pays voisin de l'an- cienne Ibérie d'Asie, est nommé alberchiga ou abri- cola par les Basques. La pêche, importée de la Perse, pays encore voisin de l'Ibérie, est nommée murchica par les Basques. La datte, fruit du dattier, est nommée datila; le lys, lirioa, hilia. Le chanvre est nommé kanbara à Itsatso, et cala- mua dans les dialectes des autres pays basques. Il sem- ble rappeler par là que sa tige fistuleuse est analogue ! A aurantia correspond l'adjectif aurantiacus, qui manque daos la plupart des dictionnaires. À ? Je dois faire remarquer que le citronnier pousse en pleine terre dans la par- tie la plus occidentale et espagnole des pays basques. 338 à celle des roseaux, canna et calamus en latin. Kam- bara parait être d’ailleurs de la même origine que kanbous en hébreu, cannab en persan, cannabis en latin, et chanvre en français. Calamua*a ses homony- mes dans kalamas en sanscrit et calamus en latin. Canna et cala paraissent d'ailleurs venir d’un mème nom primitif. Il n'est pas moins fort difficile de décider lequel des deux noms du chanvre les Basques ont reçu le premier. Le nom du chou, aza, est celui d'une ombellifère en Perse. Le pois chiche, cicer des Latins, est nommé gar- bantzua par les Basques, et ce nom veut dire graine sèche, selon Larramendi; c'est de là que vient le nom espagnol garbanzo. Le nom de la fève, baba, rappelle celui des Latins, faba. Le nom du haricot, indi babac (fèves de l'Inde), semblerait indiquer qu'il vient de ce pays. L’aloès est appelé zubila et belarminiza; mais ce dernier nom paraît être celui du bois d’aloès, que les Chinois brülent comme parfum. Le nom du coton, linabera, peut vouloir dire véri- table toile. L’anil, plante indigofère, est nommée belarurdina, plante bleue. Les épices, telles que le poivre, la canelle, la mus- cade, ont reçu des noms qui rappellent ceux usités en Europe. Le nom du girofle, wrriltza, contient celui de la 339 noisette où du gland, parce que l'on a cru à tort que cette fleur non épanouie était un petit fruit, et celui de clou, à cause de sa ressemblance avec cet objet : c'est donc un gland-clou. ANIMAUX. Les animaux connus des Basques sont très-nom- breux; tous pourraient être l’objet de recherches spé- ciales; cependant, afin d'éviter des détails, je ne m’oc- cuperai que de ceux qui méritent des mentions parti culières. Le mot animal, abere, a déjà été l'objet d’une dis- cussion spéciale, dans laquelle j'ai cherché à démon- trer que ce nom venait de ber, chaleur, et qu'il était l'origine d'aberats, qui veut dire richesse. Comme être riche, c’est posséder, c'est avoir, il est éminem- ment probable que le verbe latin Aabere, considéré non comme verbe auxiliaire, mais comme indiquant la possession, vient d'aberats, et que notre verbe avoir a la même origine; cela deviendra bien plus sensible si on le prononce avèr. Le nom du chat, katua, ou gatua, est analogue à ceux usités chez les Arabes, les Grecs, les Latins et les principaux peuples de l'Europe. Les Basques ont donné le nom de caturdea à Vich- neumon *. On sait que cet animal peut vivre en do- mesticité comme le chat, et qu'il était en grande véné- 1 « : , AT Viverra de Linné, Mangouste de Cuvier, 340 ration dans l’ancienne Égypte, parce qu'il détruit les œufs du crocodile, les reptiles venimeux et les petits animaux nuisibles. Les habitants de ce pays le nom- ment nems. Le nom d'ichneumon est grec et veut dire bon chercheur de traces, c’est-à-dire qui suit les ani- mauæ à la piste, en un mot chasseur. Le nom de caturdea veut dire chat-pore, ou peut-être chat aqua- tique. Quelle que soit l'opinion que l'on adopte, ces deux noms conviennent parfaitement à cet animal; car il vit en domesticité comme le chat, dont il remplit les fonctions, et dont il est d’ailleurs très-rapproché par son organisation. De plus, il a le corps couvert de soies rudes comme celles du sanglier, et il vit sur les bords des grands fleuves. Ce qui vient d'être dit de lichneumon permet de con- clure que les Basques ont parfaitement connu cet ani- mal, tout à fait étranger à l'Europe, puisqu'ils lui ont donné un nom qui rappelle non-seulement son analo- gie avec le chat domestique, mais encore son aspect ou ses habitudes. Toutefois, les mangoustes étant ré-— pandues dans toute l'Afrique et dans l'Inde, on n'en peut conclure que les Basques ont habité les bords du Nil, mais seulement l'Inde ou l'Égypte. Le chien a reçu plusieurs noms qui peuvent donner des renseignements sur les pérégrinations des Basques. Zacurra, ou chacurra, selon le dialecte, est pres- que identique avec le koukoura des Sanscrits qui ha- bitaient la presqu’ile de l'Inde. Potzoa rappelle pes et pessik, qui sont russes; pres el piest, qui sont polonais. 341 Ora rappelle ouri, qui est taitien. Le nom de l'éléphant, elefandia, exige une atten- tion toute spéciale. Cet animal, ainsi qu’on le sait gé- néralement, habite la région méridionale de l'Afrique jusqu'au cap de Bonne-Espérance, et la partie méridio- nale de l’Asie depuis l’Indus jusqu’à la mer orientale. Le nom basque de l'éléphant s’analyse fort simple- ment en ele handia, ou grand animal domestique; car ele est le nom des troupeaux formés de grands ani- maux. L'origine du nom de l'éléphant peut donc être tirée de la langue basque, soit que ce nom y ait été con- servé, soit qu'il y soit revenu par des peuples inter- médiaires après un temps plus ou moins long. Les parhomonymes * du nom de l'éléphant existent en grec, en latin, dans les langues celtiques et germa- niques, dans Éléphantine, nom d'une ville très-an- cienne de l'Égypte, et ne se retrouvent ni en sanscrit, ni en hindoustani, ni en arabe, ni en hébreu *. Si le nom de l'éléphant est d'origine basque, ce n’a pu être qu'en Asie que ce nom à été créé à une épo- que où cet animal était déjà réduit à l’état de domesti- Presque homonymes. ? L'éléphant a plusieurs noms en sanscrit. Ces noms rappellent en général le nez ou les dents de cet animal; à: en est deux qui veulent dire nez-main. Il en est de même de l’hâtin des Indous, qui est sanscrit. Le nom arabe de l'éléphant est fil; son nom hébreu est schen habim, qui paraîtrait vouloir dire dent d'é— bène , mais qui est probablement une corruption de schen aben, dent de pierre. Cette version serait d'autant plus probable, que les nègfes changallas, d'Abyssi— nie, nomment encore aujourd'hui l'éléphant abbeéna. En russe, le nom de l'é— léphant est sloni ; en polonais, il est son; cependant, un dialecte de cette der- nière langue dit elefanty. 342 cité, et dans une contrée autre que l’ancienne Ibérie, Géorgie actuelle, où il n’y avait probablement point d'éléphants, puisque du temps d'Hérodote, comme au- jourd'hui , cet animal n'était connu qu’au delà de l'Indus. On peut même dire encore que l'éléphant n’a pas été dompté pas les Basques, parce qu'il eût eu un autre nom avant d'appartenir à un troupeau. Toutefois, ce nom primitif a pu être oublié chez une nation qui a été plus de trois mille ans sans avoir cet être extraor- dinaire sous les yeux. Les Basques ont dû connaître le cheval, zaldia, zamaria, et la jument, behorca, avant de venir en Europe; car ces noms ne rappellent aucun de ceux usités chez les peuples de ce continent ‘, Cette obser- vation est de la plus haute importance, car elle suflit à elle seule pour démontrer qu'ils ne viennent pas d'A- mérique, comme leur langue pourrait le faire soup- conner, puisque le cheval, absolument inconnu dans toute l'étendue de ce vaste continent, y a été importé postérieurement à la découverte qui en fut faite par Christophe Colomb, à la fin du quinzième siècle. Si les Basques avaient trouvé le cheval pour la pre- mière fois en arrivant en Europe, ils eussent fait de même que pour l'éléphant : ils lui eussent donné un nom qui eût rappelé au moins une de ses qualités les plus saillantes, ou bien ils auraient accepté un des noms de la localité, et c’est ce qui n’a point eu lieu. M. Klaproth trouve de l’analogie entre zamaria et khamoura en langue syriaque; mais cela ne change rien à l'observation qui vient d'être faite; au con— traire, puisque la Syrie est en Asie. 343 Les noms du taureau, cecena; du bœuf, dia; de la vache, beia , permettent, et au même titre, de faire les mêmes observations que pour ceux du cheval. Le nom de la vache, beia, a quelque analogie avec celui du bœuf en général, et en particulier avec celui qu'il porte dans les langues slaves, byk. Le nom du cerf, orena, servirait, sil en était besoin, pour démontrer que les Basques ont habité les régions septentrionales les plus reculées de notre hémisphère ; car ce nom rappelle celui du renne, qui rend de si grands services dans ces contrées, que, sans cet ani- mal, elles seraient presque inhabitables pour l'homme. Le nom du cerf, olen en langue russe, et oron en toungouse, rappelle la même origine et les contrées polaires ; car les toungouses, peuplade nomade de l'A- sie, poussent leurs pérégrinations jusqu'au cercle po- laire, depuis la rive droite de l'Iénisséi jusqu'à la mer orientale. On trouve enfin dans le nord et sur le bord occi- dental du golfe de l'Obi la presqu'île habitée par les Olénéi. Afin d'éviter de trop longs détails, les noms des ani maux offrant moins d'intérèt que les précédents, se— ront réunis par groupes. Noms significalifs. Otsoa, loup; hurleur, d'otsa, son, bruit. Arrabioa, scorpion; enragé, d'errabioa, rage; rabies en la- tin : à cause de la douleur que produit la piqûre faite par cet animal. 344 Zaina, sangsue ; de zaina, veine, en basque; saigner, français. Trichua, hérisson , hérissé ; 4riæ, cheveu en grec. Adar, rhinocéros; adar, corne. Noms composés par imitation. Ibaizaldia, hippopotame (cheval de rivière); ibaia, rivière; et zaldia, cheval. * Indiollara, poulet d'Inde; India, Inde; oilloa, poulet; ara, suff. habitant. Noms venus des Indes. Artza, ours; arksa, sanscrit; arktos, grec; ursus, latin. Musarra, marmotte; musas, rat, sansC.; mys, grec; Mus, lat. Pitosa, putois; putikas, sanscrit; putacius, latin. Aria, bélier; avis, sanscrit; ois, ars, grec; aries, latin. Anizara, oie; hamsas, sanscrit; anser, latin. Anatea, canard; anas, latin. Noms d'origine grecque. Ostra, buître; hiena, hyène. Noms basques ayant leurs analogues dans d’autres langues. Harmina , hermine; erratoya, rat; balena, baleine. Lehoya, lion; lincea, lynx; crocodiloa, crocodile; gamelica, chameau. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Les connaissances anatomiques et physiologiques des Basques sont fort peu étendues ; elles comprennent ce- pendant les noms des principales parties du corps de 345 l'homme et des animaux, et ceux des fonctions qu’elles remplissent. Les noms de la plupart de ces parties ap- partenant au premier âge, permettent de faire des rap- prochements remarquables dont on peut déduire le plus ou moins d'ancienneté des nations. Le nom de la vie, bicia, se retrouve en grec, bios; en latin, vita; en français, vie; en espagnol, vida, et dans plusieurs autres langues. Il se retrouve encore dans plusieurs aliments, bihia et pipia, de mème que nous l'avons dans vivres. On a déjà vu que le nom de la mort, i/a, entre dans celui de la lune; et peut-être a-t-il été donné aux poils et aux cheveux, qui, dépourvus de sensibilité, sont comme des parties mortes du corps de l’homme. Ce nom ti/a, ou illa, qui signifie poil en général, a été spécifié par les Latins dans pilus et capillus, qui veulent dire poil de la peau et poil de la tête { pellis ila, et caput illa ). Buru, tête, parait être un nom composé; cepen- dant, il est fort ancien et remonte à plus de trois mille ans, puisqu'il a servi pour désigner l'Elburu, qui est le pic le plus élevé de la chaine du Caucase *. Burua pourrait dériver des langues sémitiques, et voudrait dire siége de l'esprit (de bou, possesseur en arabe, et rouach, esprit en hébreu ). Le cerveau, burmuna, veut dire moelle de la tête (buru , tête ; mun, moelle). Dans leur langue ; les Bas- 4 D'après Varron, il y aurait environ trois mille trois cent cinquante ans que les Ibériens seraient arrivés en Europe, et probablement après avoir quitté le Caucase, dont ils ont dû être les premiers habitants, puisque c'est eux qui ont donné un nom au pic le plus apparent de cette chaîne de montagnes. 346 ques confondent la moelle des os avec la matière céré- brale; et nous, qui avons fait de grands progrès dans les sciences anatomiques, nous avons encore une trace de notre ignorance primitive dans le mot moelle épi- nière, qui n’est pas plus excusable. Combien de gens en France coupent-ils encore la queue de leur chat ou de leur chien, parce qu'ils pren- nent les cordons nerveux émanés de la moelle épinière pour des vers! Quelques mots, relatifs à l'anatomie, sont formés d'une manière très-remarquable : Bihotza, cœur, vient de bici otza : son ou bruit de la vie. Biscaya, membre, vient de bici caya : agent ou instrument de la vie. Bulharac, poumon, vient de bul aragha : chair bulleuse. Urina ou uriña, huile de baleine, vient dur, bas- que, et ignis, latin, ura ignea, eau de feu, eau in- flammable. Un autre synonyme de la même substance, lumera, lumière, vient confirmer cette origine. L'huile est une eau inflammable employée pour l'éclairage. MÉDECINE. La médecine, chez les Basques, ne pourrait donner lieu de faire des observations de quelque importance qu'autant que le vocabulaire en eût été recueilli par un médecin. Larramendi, étranger à cette science, a pu commettre des erreurs, qu'il ne m'a pas toujours été possible de corriger. 347 On remarquera que le nom de barber est employé dans le Labourd pour dire médecin. Ce nom est tout à fait moderne et ne remonte qu'à l'époque où le barbier eumulait avec sa profession celle d'exercer la médecine et la petite chirurgie *. Les noms de la fièvre, sucara et beroa, rappellent le feu et la chaleur que les malades éprouvent lorsqu'ils sont affectés de ce symptôme morbide. On verra encore que le mot legen sert pour dési- gner plusieurs maladies de peau. Larramendi * émet l'opinion que le nom de la /adre- rie est d'origine basque, et qu'il dérive de landerria, construit avec landerra, étranger, et eria, maladie, parce que la ladrerie viendrait des Cagots, restes des Goths vaincus, qui seraient demeurés dans la Cantabrie. L'opinion de Larramendi n’a aucune probabilité pour elle. Si une maladie porte le nom de /anderia dans la langue basque, ce ne doit point être la ladrerie, mais la pellagre des Landes; car landeria veut dire ma- ladie des Landes, maladie propre aux habitants des Landes. Cette maladie, qui existe toujours dans ce pays, et qui affecte principalement la peau des mains, qu'elle rend hideuses, diffère essentiellement de la la- drerie *. + ! J'ai vu à Bordeaux un diplôme datant de moins d'un siècle, qui autorisait un individu à pratiquer la chirurgie et à porter des plats à barbe pour enseigne ! ? Dictionnaire trilingue, 1er vol., p. 21 La ladrerie, presque entièrement disparue de l’Europe, existe encore dans la République de l'Équateur, où l'on à établi un hôpital dans lequel les malades 23 348 ETHNOLOGIE. Sous ce titre, j'ai réuni quelques mots relatifs à la famille, aux races et aux nations. On verra plus tard que le nom de père, aila, est très- répandu dans diverses langues, à quelques modifica- tions près; que celui de mère, ama, l'est encore plus, et qu'il se trouve dans le sanscrit sans aucune modi- fication. Il est remarquable que le mot amila, qui veut dire tante paternelle en latin, soit exactement formé avec les mots basques ama, mère, et alta, père, et que ce mot veut dire mère paternelle. Cette origine du mot amila est si précise, que l'on ne peut douter qu'il soit formé avec des racines basques. MÉTAPHYSIQUE. Les Basques, privés de littérature et d'enseignement scientifique, ont dans leur langue beaucoup plus de mots pour exprimer des abstractions que l'on ne pour- rait le penser. Plusieurs de ces mots sont composés et formés d’une manière vraiment heureuse. Le nom basque de la métaphysique, meicetakindea, qui se décompose en me icela kindea, semble vouloir sont entièrement séquestrés. Cette maladie est attribuée, sur les lieux, à l'usage de la viande du porc. Les Juifs avaient la même opinion sur l’origine de cette maladie, et c'est pour cela qu’ils défendaient de manger la chair de cet animal. 349 dire science ou connaissance des subtilités naturelles. Les noms de l’âme, arima et anima, paraissent ti- rés directement du latin, parce que cette dernière lan- gue, ainsi que la nôtre, a beaucoup de dérivés de cette racine ‘. L'opinion contraire aurait moins de probabi- lités pour elle. Ce n’est peut-être même qu'avec la re- ligion chrétienne que ce nom a pénétré chez les Bas- ques. ARITHMÉTIQUE. L'arithmétique, cembateen jakindea, ou science des nombres, permet de faire des observations très-impor- tantes. L'examen des divers systèmes de numération usités chez différents peuples a déjà été l’objet des études d’un grand nombre de savants; car, à eux seuls, ils pour- raient suilire pour reconnaitre l'origine et la filiation des nations. On peut considérer dans la numération, les noms des nombres élémentaires et la manière d'exprimer les nombres élevés. Les noms de nombres basques s’éloignent de tous ceux qui sont connus, à l'exception : 1° de bi, deux, qui se retrouve en latin dans bis, qui veut dire deux fois; 2° de sei, six, qui se rapproche de l'hébreu, du ! Les noms de l'âme ont leur origine dans celui de l'air, Anima vient du sanscrit et du grec, ânas, anilas, air; anémos, vent. Arima viendrait d’aer, grec et latin, qui a la même signification. L'âme, mal définie dans les premiers temps, a dû tirer son origine de mots indiquant des êtres ou des choses que l’on croyait impondérables. C’est là une preuve de la dérivation successive et significative des mots. 350 sanscrit, du latin; qui est italien, presque espagnol, et se rapproche en général des principales langues de l'Europe; 3° d'ica, qui existe dans onze, amaica, et est presque le nom de l'unité en sanscrit. Bat, un, est une racine qui entre dans la composi- tion des mots pour exprimer l'idée d'unir, de réunir, comme on dit en latin adunare, et en vieux français aduner. Le nombre cinq, bozt ou bortz, semble rappeler l'idée de la force, symbolisée par une main entière comprenant cinq doigts ‘. Le nombre dix, amar ou hamar, me paralt venir du verbe amar, qui veut dire lier, ou plutôt fixer à l'aide d'un nœud. Ce rapprochement rappelle une machine à calcul d'origine chinoise, qui passe pour avoir été inventée environ deux mille sept cents ans avant J.-C. Cette machine est formée de trois baguettes parallè- les sur lesquelles les dixaines étaient indiquées par des nœuds ou des pièces mobiles. N'y a-t-il point un rapport entre cette machine à calculer et le nombre dix hamar ? Si ce rapprochement était fondé, on pourrait dire que les Basques n'ont formé leur système de numéra- tion qu'en apprenant à calculer à l’aide de la machine qui vient d'être indiquée, et que cela n’a pu être plus tôt que deux mille six cents ans avant l'ère vulgaire. Il a été démontré depuis longtemps que l’universalité du système de numé— ration décimale était due à ce que l’on se sert des doigts pour compter. Une main entière représente donc cinq unités; ces cinq unités réunies se trouveraient ca— ractérisées par l'union des doigts qui fait la force de la main. ne dr : 351 Le système de numération des Basques est décimo- vigésimal ; ils disent : berogei, hirurogei, laurogei, deux vingts, trois vingts et quatre vingls, pour ex- primer 40, 60 et 80. Ce système de numération rapproche les Basques des Brezads, des Français et des Géorgiens; il les éloi- gne des Hébreux, des Arabes, des Sanscrits, des Grecs, des Latins, des Goths, des races germaniques, des Po- lonais, des Russes, des Lithuaniens, des Espagnols, des Portugais, des Italiens et de la langue Romane, restée à l’état de patois dans l’ancienne Aquitaine. GÉOM!TRIE. La géométrie sera d’un faible secours pour l'histoire des Basques; seulement, elle permettra de faire quel- ques observations. Le nom de la ligne, cnuza, donne lieu de penser que nous en avons dérivé celui du sinus, et que ce nom n’a pas l’origine invraisemblable qu'on lui attribue généralement. Le nom wrka, ou bien hurka, qui entre dans la composition des noms des polygones, et qui signifie an- gle, permet de penser qu'il existait libre dans la lan—* gue basque. Il y existe encore, mais veut dire pendre, et il entre dans la composition du mot potence, wr- khabea. Le mot latin furca, et son équivalent fourche en français, doivent être de la même origine. 352 Les noms du cercle et de la sphère rappellent les mots boule et pelotte, français. Le nom de l'axe, acha, rappelle les noms sanscrit, aksas; grec, axôn; latin, aæis; lithuanien, aszis; allemand, achse; anglais, axle; français, axe; ita- lien, asse; espagnol, exe; et portugais, eiæ0. Le cône et le cylindre ont reçu des noms singuliers qui ne sont tirés d'aucune des langues européennes ; ils se nomment : bigancia, deux faces, et hirgaña, trois faces *. MÉCANIQUE. Les noms relatifs à la mécanique sont peu nombreux et sont l'indice que cette science, considérée aux points de vue rationnel et technique, est peu cultivée chez les Basques. Lancaya, nom collectif des machines, veut dire instrument où agent du travail. Le nom de la balance est le même qu'en latin, Zibra. Le nom de l'hydrotéchine est ulancaikintza. M vient d'ur, eau; lancay, machine ; kintza, art. Le nom de la mécanique considérée comme science n'existe point chez les Basques; et cela n'a rien qui puisse étonner, puisque la mécanique ne date que de- puis les travaux de l’illustre Galilée. C'est le P. Mer- senne qui rendit compte de ses travaux en France dans un ouvrage intitulé : Les Mécaniques de (ratilée. * Ces noms ont l'inconvénient d'être tirés de deux dialectes différents; mais je les ai laissés tels que je les ai trouvés dans le dictionnaire de Larramendi, 353 On pourrait être étonné de ne point trouver le nom de la mécanique dans le dictionnaire de Larramendi, et d'y trouver celui d'hydrotéchie, si lon ne savait que les Basques sont très-habiles dans l’art de conduire l'eau, à de grandes distance et à peu de frais, pour arroser leurs champs ou leurs jardins. PHYSIQUE. La langue basque offre un vocabulaire assez étendu de noms qui se rapportent à la physique. Toutefois, ces noms, indispensables aux usages de la vie, ne repré sentent pas une science constituée. Le nom qu'ils ont donné à la physique, icetakinda, veut dire science de la nature, comme le nom grec qui y correspond. Le nom de la vapeur, baoa, rappelle celui de buée, usité dans les patois du nord de la France. On trouvera dans les parasynonymes un assemblage de mots de même origine que bero, chaleur, et argi, lumière. Les Basques ont donné le nom d'üman à aimant; et je soupçonne que le nom de solimana, donné au mer- cure, est à moitié latin et à moitié basque, et veut dire aimant du soleil, ou plutôt aimant de l'or, parce que le mercure s'allie à l'or avec facilité. Le nom de la boussole, i{sasorratza, veut dire ai- quille de mer. « CHIMIE. Rien ne démontre que les Basques aient eu des con- naissances en chimie; cependant, plusieurs noms qu'ils ont donnés à quelques phénomènes et à plusieurs pro- duits sont remarquables. Tous ces noms, générale- ment originaux ou tirés de racines basques, donnent l'assurance que cette langue se prêterait à tous les dé- veloppements scientifiques imaginables, si les Basques se livraient sérieusement à l'étude des sciences. Toute- fois, leur pays est trop restreint et leurs dialectes trop nombreux pour qu'ils puissent publier des ouvrages importants dans leur langue avec l'espoir d'en couvrir les frais. La combinaison cum binatio, ou réunion deux par deux, est rendue par le mot équivalent binakidea. Le nom du sédiment, liac, rappelle notre mot le. Larramendi émet l'opinion qu'alambicar, qui veut dire distiller, et que l’on sait d'origine arabe, signifie double travail de la vapeur, parce que, dans la dis- tillation , elle se forme et se condense ensuite. Pour cela, il décompose ce mot en lan, travail; bi, deux, et kea, vapeur. 1 Le nom de l'évaporation, kemeartzoa, qui vent dire réduire en vapeur subtile, parait être l'origine du verbe espagnol quemar, brüler (réduire en fumée ). Le verbe ur, liquéfier, veut dire réduire en eau. La flamme, bermea, veut dire esprit du feu. La cendre, hauæa, est sans doute de même origine qu'aulza, qui veut dire poudre, poussière. Le nom de l'or, urrea, parait être dù à sa ductilité ; il viendrait de la racine sanscrite ur, étendre. Cette racine vient elle-même dura, qui est le nom de l'eau en basque. Le nom du cuivre, cebrea, est analogue au cuprum 399 des Latins. Urraida veut sans doute dire semblable à l'or. Beruna, le nom du plomb, veut sans doute dire fu- sible, de ber, chaleur. Le nom du nitre, gatzua, veut dire sel-feu. Ce nom lui vient de ce qu'il active la combustion lorsqu'on le jette sur des charbons ardents. Il est probable que les Basques connaissaient ce nom avant de venir en Europe; sans cela, ils eussent probablement adopté un des noms latins nitrum ou sal petreus. Beira rappelle le nom du verre, et ce nom ne parait pas avoir été accepté en Europe. Le nom de cupritza, donné au verdet, a dû être formé avec la racine latine cuprum , et par conséquent adopté en Europe. Ce produit est fabriqué dans les en- virons de Montpellier depuis un temps immémorial. Le nom de l'huile, oliva, rappelle l'olivier et le nom latin oleum. Les noms du vin sont nombreux, et l'un d'eux, noa, mérite une mention toute spéciale à cause du nom de Noé, à qui l'on en attribue l'invention. Ce nom est-il une indication traditionnelle qui rappelle que les Bas- ques ont eu connaissance de Noé? Il serait de la plus haute importance d'avoir une solution précise de cette question. “ Un des noms de l’eau-de-vie, wsutua, veut dire eau de feu. Un des noms de la cire, argicaya, indique qu'elle était employée pour l'éclairage; car ce nom veut dire producteur de lumière. 390 Le nom de Falchimie, urrekintza, veut dire art de l'or. Le nom de filosofarria, pierre philosophale, moitié grec, moitié basque, renferme deux fois le son /, qui n’est pas de cette dernière langue. C'est done un mot récemment introduit dans la langue basque. ÉTAT SOCIAL. Toutes les connaissances d’un peuple, toutes ses con- ditions d'existence, se rapportent à son état social. Ce- pendant, j'ai réuni dans un article spécial ce qui se rattache le plus immédiatement à cet ordre : le mode de gouvernement, les différents rangs de la société, la législation, la guerre, la navigation. La religion, qui joue un rôle si important dans l'existence des peu- ples, a été traitée à part pour ne point trop augmenter cet article. Gouvernement Des deux noms d’une république, dierondea et er- republica, le premier est basque, le second est positi- vement latin, et tous deux ont à peu près la même va- leur. Les différents noms de l'empire, mempea, jabaria, agindea, veulent dire commander ou diriger. Bateronkia, royaume, semble indiquer une réu- nion sous un seul chef ou en une seule masse; erre- ñua doit être latin. Les noms des chefs, burua et buruzagia, dérivent de tête et correspondent à notre mot capitaine, dans me 357 le sens où nous disons que tel guerrier fut un grand capitaine; agintaria correspond au mot duc, et indi- que cependant plutôt celui qui fait agir que celui qui dirige. Des noms de la noblesse, le plus ancien semble vou- loir dire : lumière de la lignée où de la famille, et ce nom indique le haut prix que les Basques attachaient à une origine distinguée. Le mot noblecia est proba- blement d'origine française ou espagnole. Le nom du peuple, jendaiea, est de la même ori- gine que gens, latin et francais, et se retrouve dans le verbe grec gennaô, engendrer, et dans la racine sanserite jan, naître, produire. Ces filiations linguis- tiques indiquent que les Basques primitifs ont rattaché l'idée de race à celle de peuple, et peut-être bien aussi celle d'une espèce de confraternité. Jauna, nom par lequel on honore celui à qui lon parle, se rattache à une foule de noms répandus dans toutes les langues principales d'Europe et d'Asie, et qui expriment l'idée d’un homme supérieur, et quel- quefois même de la Divinité. ( V. les parasynonymes. } Les Basques ont plusieurs noms pour exprimer la domesticité, la servitude et l'esclavage. Kitagea veut dire privé de liberté, et c’est bien le nom de l’escla- vage. Mempecoa et serbitua paraissent tirés du latin. Lotekintza, employé comme servitude, rappelle peut-- être l'ilotisme de Lacédémone. Le nom de mutyla rappelle peut-être aussi le nom des eunuques, par l'o- pération barbare subie par ces malheureux. Morroya et morroca semblent rappeler les esclaves Maures que lon employait dans les temps anciens. 358 Tous ces termes, moins un, recus de l'étranger, dé- montrent que les Basques les ont acceptés pour parler de ce qui se passait chez d'autres peuples, plutôt que de ce qui avait lieu chez eux. Xitagea parait avoir été employé pour dire qu'un homme avait perdu sa hberté ; car Strabon nous apprend que les Basques avaient un tel respect pour leur propre liberté, qu'ils ne faisaient point d'esclaves. Le nom de /anderra, employé pour exprimer l'é- tranger, paraît dériver du mot teutonique land, qui veut dire terre : ceux qui habitent la terre étrangère. Les Basques ont connu des pauvres et des riches, et parmi ces derniers, ils distinguaient ceux qui étaient peu fortunés de ceux qui demandaient leur nourriture, ezkaleac. Le riche, aberatsa, était le possesseur. (V. p.274.) Les Basques nommaient les Zinganes ou Bohémiens errants, Asiagambaria et Igitucoa. Par le premier mot, on peut admettre que les Basques n'ignoraient pas que ce peuple vagabond était originaire de l'Asie : découverte assez récente pour les Européens, et qui a été faite au moyen de la linguistique. Le second nom aura été adopté postérieurement et à l'exemple de plu- sieurs peuples européens, qui faisaient venir les Zin- ganes de l'Égypte. On peut encore conclure que les Basques ont eu des professions variées, et ont connu le mariage depuis un temps très-considérable, parce qu'ils ont des mots fort anciens pour exprimer ces choses. ns, Législation. La loi écrite n’a pu évidemment exister qu'après l'introduction de l'écriture chez les Basques; aussi lé criture proprement dite ayant été introduite par les Latins, le nom de la loi, lege, doit être d’origine la- tine ou romaine. Le droit, neurtartea, veut, à proprement parler, dire l'art des mesures, mais peut-être bien aussi le code des règlements. Le jugement, debedea, parait avoir dû être consi- déré comme un devoir auquel il faut satisfaire. Les Basques, d’ailleurs, connaissaient les délits et les crimes, et ont des noms pour les distinguer. Le nom du bourreau, burreba ou burreroa, parait être l’origine certaine de notre mot bourreau, car il dérive du mot burua, qui veut dire téte en basque, et qui démontre que l'office de l’exécuteur des hautes œuvres était de donner la mort en coupant la tête. Guerre. Les noms relatifs à la guerre né manquent pas chez les Basques, qui de tout temps ont été des hommes in- trépides. Les noms du guerrier, gudaria et gerratia, rap- pellent la même origine que notre mot guerre. Mais quelle est la racine primitive de ces mots? On retrouve la racine gud dans ingudea, enclume. La particule in indique, à n’en pas douter, que ce mot dérive du 360 latin incus, incudis, qui exprime la même chose. Cu- dere veut dire forger, et a dù signifier primitivement frapper, battre; car cusio est l'action de frapper ou de battre la monnaie. Le guerrier est done celui qui frappe ‘. En général, j'ai remarqué que, dans la plupart des langues, une bonne partie des noms indiquant le guer- rier ou la guerre, dérivent de frapper, battre, ou de l'instrument avec lequel on frappe. Les mots battre, se battre, combattre, donnent une idée de ce qui vient d'être dit. Le mot grec palè vient de la racine pal, bâton, pieu, qui est resté dans notre langue jusque dans le dernier siècle écoulé, et qui existe encore dans la lan- gue espagnole, palo. Mazè vient probablement de la racine primitive mac, faire, agir, combattre; et, de plus, ce mot renferme peut-être aussi le nom de la main, xévr. Le verbe latin pugnare vient de pugnus, le poing, comme nous disons en venir aux mans. Le mot soldadua est probablement moderne et in- dique le militaire payé ou soldé pour se battre. Le mot campicheca, tente, veut dire abri de cam- pagne. Le mot arma est commun aux Latins et à la plupart des peuples modernes. ‘ On pourrait pousser plus loin l'analyse des mots gudaria et gudartaria , en gud arria et gud art arria, qui voudraient dire : coup de pierre , Ou quer— rier lancant des pierres, Ou guerrier exercé à lancer des pierres; mais uria et taria sont des sufixes qui servent pour former des adjectifs. 301 Le mot lanza, lance, qui était sans doute un jave- lot destiné à être lancé à la main, est resté dans notre langue. Le mot pica, pique, ou instrument long et aigu , est commun à un grand nombre de langues. Les noms de la flèche sont nombreux; ils indiquent que les Basques en ont puisé dans plusieurs langues. Istoa, ou plus simplement ist, est tiré de l'onomato- pée et exprime le sifflement de la flèche lorsqu'elle est lancée; quecia, une pointe où un dard de querre; sayeta rappelle le mot sagitta des Latins et celui de zagae, si répandu qu'on le rencontre dans presque toutes les langues. Les noms de la fronde, aballa et aballaria, rap- pellent la balle qu’elle sert à lancer. Le nom ezpala, qui est sans doute un mot composé, est de la même origine qu'espada, spada et épée. Il est une foule d'autres mots moins importants qui offrent encore des analogies remarquables et que l’on trouvera dans le vocabulaire. Navigation. Des noms relatifs à la navigation, il en est un fort remarquable, c’est batoa ou batel. Ce nom dérive, à * n'en pas douter, de bat, nom de l'unité, et indique que les bateaux, contrairement aux canots évidés dans le tronc d'un arbre, sont formés de pièces réunies. Le nom du bateau dérive donc de la langue eskuarienne, et les Basques sont probablement les inventeurs des 302 barques formées par un assemblage de morceaux de bois. Le nom du navire, untzia, rappelle les noms étran- sers onou, des Samoyèdes, et ongosou, des Toungou- ses, peuples qui habitent près des régions polaires, et viennent confirmer ce qui a été dit précédemment relativement aux lieux anciennement habités par les Basques. RELIGION. Avant d'être chrétiens, les Basques avaient reconnu un être supérieur qu'ils nommaient Jaincoa, Seigneur d'en haut. Ce nom composé, dont le premier terme se rattache à une racine répandue chez tous les peuples tant anciens que modernes de l'Europe et de l'Asie ( V. les parasynonymes), peut être fort ancien; ce- pendant, il n’a dû dater que de l'époque où plusieurs familles réunies se sont données un chef commun, qui a pu être appelé Jauna; car pour distinguer le Sei- gneur d'en haut, il faut avoir reconnu celui d'en bas, ou celui auquel on obéit sur cette terre. Ïl n’y a aucune trace linguistique qui ait pu me dé- montrer que les Basques aient été idolàtres ou poly- théistes. Est-ce dû au défaut de leur imagination, qui, pleine de positivisme, ne crée ni n’adopte les idées fan- tastiques, superstitieuses et religieuses des races sémi- tiques? On peut le penser. Les Basques ont eu des cou- tumes bizarres, qu'ils ont transportées d’une région dans une autre, mais qui n'ont aucun rapport à ces croyan- 363 ces plus poétiques que rationnelles, où les produits d'une imagination exaltée tiennent lieu de la réalité. Il ne faut cependant point oublier de noter qu'Ignace de Loyola, fondateur de l'Ordre des Jésuites , était Bas- que; mais cet homme à fait preuve de fanatisme plutôt que de religion. Le nom de l'idole Ceagia parait venir de la particule ez *, et d'agin ou egin, faire agir, et paraitrait vou- loir dire sans puissance. Il va sans dire qu'à de très-faibles exceptions près, les noms relatifs à la religion catholique, observée par les Basques, sont modernes et des sub-homonymes de ceux qui sont usités chez les autres nations. Ils distinguent le paradis, paradisua, du ciel, ze- rua *. D'où l'on peut penser que les Basques méprisaient les idoles, et les considéraient comme de faux dieux ou des êtres impuissants et dont on attendrait en vain quelque secours. Les Basques ont cependant le mot arrilu, synonyme d'ensorceler, et le mot sorregin, qui veut dire 7e- ter un sort, qui témoignerait qu'ils ont partagé cette fausse croyance, qu’un individu pouvait jeter un sort à un autre et en faire ainsi sa victime. Cela n’a d'ail- leurs rien d'étonnant : l'ignorance et la superstition laissant le champ libre à l'imagination, permettent | Ez est souvent transformé en ce dans la langue basque. ? Le nom du paradis, que l’on dit d'origine persane, s’analyse fort bien en grec, et voudrait dire auprès de Dieu. Ce serait le séjour dans lequel les élus seraient appelés à jouir de la présence de Dien. 24 364 d'admettre une foule de choses impossibles. If n'y à que la science et la saine philosophie qui aient pu extirper ces erreurs si fatales au genre humain. Le nom de Jaincobagea est la paraphrase d'athée et veut dire sans Dieu. Le nom de donedea, donné aux choses saintes, vient d’une racine qui exprime la domination et qui est ré— pandue dans une foule de langues. ( V. les racines pa- rasynonymiques. ) Les noms divers de la création sont remarquables, en ce sens qu'ils expriment en général l’action de fœre, du verbe egin, et mème celle de faire quelque chose avec rien, baguelic. Les Basques paraissent n’avoir connu les temples, temploa, que par les Romains. Effectivement, on ne trouve dans les pays basques aucune trace d'anciens monuments qui auraient pu être consacrés à un culte religieux. Le nom elizea est une simple imitation du mot ecclesia, qui est d'origine grecque *. Obi, sépulture, est aussi le nom d'un fleuve consi- dérable du nord de l'Asie *. ‘ Église vient d'eklégô, choisir. On traduit généralement le nom d'église par l'assemblée des fidèles; mais ce nom peut dire plus encore : il indique un choix de personnes tirées de la foule des autres personnes; car Leégô seul veut dire choi- sir, appeler, et ek lego veut dire tirer de la foule ceux qu'on appelle; en un mot, choisir. Les membres de l'Église sont les élus. Élirea, nom basque, est plus prochain du verbe français élire que de tout autre nom. ? Ce nom semblerait indiquer que le verbe latin obire n’a pas besoin d'un complément pour exprimer l'action de mourir. Par exemple : obire, seul, veut dire mourir, aussi bien qu'obire diem mm 365 AGRICULTURE. Les noms de l'agriculture, achurza, aitzutza, ont cela de singulier que tous deux commencent par ach et aitz, qui sont des noms de la pierre ou du rocher en basque. Or, comme on ne cultive point les pierres, mais que l’on peut cultiver à l’aide de pierres, il est probable que les premiers instruments agricoles des Basques étaient armés de pierres dures qui leur per- mettaient de pénétrer dans le sol. L'agriculture, chez les Basques, a donc dû précéder l'emploi du fer et du bronze pour faire les instruments agricoles. Dans les terres polaires, où les métaux sont rares et où l’on n’a pas même un morceau de bois pour faire un manche d'outil, on emploie les bois du renne ou de l’é- lan pour faire des instruments agricoles. Le nom du joug du bœuf, u{zarria, contient aussi un troisième nom de la pierre arria. Cette coïncidence est vraiment remarquable *. Il est probable que le joug n’a pu être fait avec de la pierre, car il eût été fort pesant et bien peu solide; mais, sous ce nom, on confondait probablement l’ins- trument aratoire et le joug des bœufs, qui pouvaient ‘ être réunis en une seule pièce *. Utz pourrait ètre de la même origine que les racines sanscrites us et de, pénètrer, percer. Utzarria voudrait dire pierre qui perce , qui entame La terre. ? Dans les montagnes du nord de l'Espagne, on emploie une charrue excessi- 366 Lantzea, qui veut dire encore agriculture, vient sans doute de landa et d'antzea, industrie de la terre. La ferme porte le nom d'acienda, d'acia, semence, grain, parce que c’est dans ses greniers que l’on con- serve les grains provenant des récoltes. Dans le dialecte du Labourd, l'a d'acienda est aspiré, et l'on écrit hacienda. La ferme étant la demeure de celui qui dirige les travaux des champs, il est possi- ble que les verbes /acere, latin; hacer, espagnol, et faire, français, dérivent de hacienda. Les noms suivants présentent des analogies encore plus douteuses que les précédentes : Le nom de la charrue, goldea, semble venir de ce qu'elle coupe le sol en faisant des sillons. Le nom de la herse, area, semble venir de ce qu'elle égalise le sol et en fait une aire. Le nom de la charrue en latin, aratrum, parait avoir une origine semblable. Pour que l'homme se livràt à l'agriculture, il à fallu qu'il observat que les plantes se reproduisent par leurs graines, et qu'il fit de plus cette réflexion : qu'une plante en donnant plusieurs, il serait possible de multiplier beaucoup celles qui sont utiles, en recueillant leurs graines et les enfouissant dans une terre disposée pour cela. Ce résultat des observations et des réflexions de nos vement simple : elle est formée par deux pièces de bois, réunies en T, mais faisant entre elles un angle d'environ 500. La pièce représentée par la tige du T peut être fixée au oug. La deuxième pièce, représentée par la barre de cette lettre, entame la terre par une extrémité, tandis que Pautre, tenue dans la main du laboureur, sert pour diriger tout l’appareil. 307 premiers pères, dont nous jouissons sans même nous enquérir de son origine, a dû demander bien du temps si nous en jugeons par les progrès des inventions de no- tre époque; car il a fallu arriver jusqu'au milieu du dix- huitième siècle, pour que lillustre botaniste Linnœus nous enseignàt comment les plantes se fécondent. Si l'étude de la nature à pu conduire à l'agriculture, il est une pratique, fort ancienne déjà, qui a du de- mander plus de temps encore pour se produire : c’est l'emploi des engrais pour fumer les terres. Il a fallu observer que les plantes poussaient en plus grande abondance dans les lieux où l’on avait déposé des ex- créments : de là, l'idée d'en introduire dans le sol pour en réparer les pertes et en augmenter le rendement. L'agriculture est l'indice d’une augmentation de la population et d’un progrès de la civilisation. Les Basques nomment l’engrais abono, et par là ils semblent vouloir dire bonificateur où améliorateur. Hon veut dire bon en basque, et l'emploi du b semble- rait indiquer qu'ils ont tiré cet usage des Latins. Je dis des Latins et non des Francais, parce que les Basques du Labourd, qui sépare la France du reste de la Canta- brie, ont un autre terme et disent cekina. Il résulte de là que les Basques connaissaient les en- grais avant de venir en Europe, mais qu'ils ont acquis de nouvelles notions sur cette matière par les peuples de Fltalie. Pour l'expression de fumer les terres, les Basques ont encore gorotzu, cimaurtu, basaralu et inaur- kindu. 368 Le premier verbe à quelque analogie avec le nom grec kôpros, et, il faut le dire, avec notre mot crotte. Le second parait se rapprocher du mot fimus des Latins; le troisième, venant de bas aratu, semblerait vouloir dire cultiver ou rendre producteurs des lieuæ incultes ou sauvages. INDUSTRIE. L'industrie, peu développée chez les Basques, com- prend cependant quelques arts dont les noms sont ras- semblés dans le vocabulaire. Le nom ekintza, fabrique, vient du verbe egin, faire *. Les noms 2cazkintza, fabrique de charbon, et bei- rakinlza, verrerie, s'expliquent facilement. Le nom du cordonnier, zapataria, est l'origine du mot zapatero des Espagnols, et se retrouve par sa ra- cine dans notre mot savaile. Le nom du moulin, errota, rappelle la forme cireu- laire de la meule par celle d'une roue, rota en latin. Aizerrota, moulin à vent, vient d’aice, vent, et de la racine précédente. Errotarria, nom de la meule, veut dire roue de pierre. Le verbe filer, irun, rappelle celui d'une ville d'Es- pagne non loin de la Bidassoa. * La racine de ce verbe paraît n’être pas étrangère aux racines ag, mouvoir en sanscrit; ago, faire, agir, en latin, et ag, aller, conduire, en grec. 369 Aria, le nom du fil, semblerait indiquer que l'on a filé la laine du bélier, aria, avant de chercher dans les plantes une fibre textile. Ce nom a encore cela de sin- gulier, qu'il rappelle le fil d'Ariane dont se servit Thé- sée pour se guider dans le labyrinthe de Crète *. Les verbes eo et cheitu semblent exprimer : l’un, éo, le mouvement que fait le tisserand; l’autre, l'emploi de la main, xéir en grec. D'où il résulterait que si les Basques ont précédé les Grecs dans l’art de filer la laine, ceux-ci leur ont enseigné à tisser leur fil. L'un des noms du tisserand, cheila, vient à l'appui de cette origine ; il voudrait dire main et laine, ou tra- vail manuel de la laine. Le nom de la toile, enta, veut dire une chose tissée ; celui de tela a été introduit postérieurement chez les Basques par les Latins et peut-être par nous. Un des noms de la soie, ciricua, en rétablissant l'orthographe, semble indiquer que les Basques ont connu cette substance par la Syrie; et c'est effective ment par cette contrée qu'elle a dù être introduite en Europe avant que le ver à soie y fût cultivé. COMMERCE. Les Basques ne produisant que pour eux-mêmes, se Sont généralement peu livrés au commerce. Les noms du vocabulaire relatifs à cette partie sont représentés ! Ce nom fort remarquable rapproche les Grecs des Basques par leur origine la plus reculée. Le verbe grec hard, ajuster, allier, accommoder, vient proba— blement de la même origine, et serait postérieur à l'emploi de la laine du bé— lier pour faire du fil formé de brins de laine que l’on ajuste et relie ensemble. 370 par quelques verbes qui se trouvent dans le catalogue de ces dernies, tels qu'acheter, erostea; vendre, sal- cea, bercerencea; payer, pagatu, elc. ARCHITECTURE. Sous le nom d'architecture, j'ai réuni plusieurs ter- mes relatifs aux habitations et aux constructions en gé- néral. Murrua rappelle le mot latin murus, et les mots français mur et muraille. Eïtchea, echea, maison, rappellent le même nom, Oixos en grec, le mot chai, français, usité à Bordeaux pour désigner un grand cellier à l'usage des négociants en vins, et le mot che, des chinois Iria où hria, ville, parait venir de l'hébreu, îr, mot qui a la même valeur. Le nom d’une forteresse, gaztellu, rappelle celui de castellum , latin; de castel, de chastel et de château, français. Les noms qui viennent d'être comparés sembleraient indiquer l'inverse de ce qui a eu lieu : que les Basques ont connu les murailles par les Latins ; puis que, mar— chant vers la Grèce, ils y ont connu les maisons ou constructions spacieuses et commodes à plusieurs com- partiments; que, marchant toujours vers lorient, ils ont connu les villes par le peuple hébreu; et que, re- venant enfin vers l’ouest, ils ont accepté le mot castel- lum, une forteresse ou un château fort; dont ils ont fait gazstelua. 4 RÉ 371 L'itinéraire qui vient d'être tracé n'étant point en rapport avec les indications tirées des autres parties étudiées jusqu'à ce moment, il est plus convenable d'ad- mettre que les Basques, les Latins et les Grecs, ont pu puiser à une même source les noms qu'ils possèdent en commun; que cest bien aux Hébreux que les Bas- ques ont emprunté 22, le nom des villes, à leur arri- vée dans le nord de la Chaldée. Quant au mot gaztelu, il est propre aux Basques, et c'est par eux qu'il a dû être communiqué aux Latins, puisque les Brezads pos- sèdent le mot castel et qu'ils viennent de la même ori- gine que les Basques. Un autre mot, tiré du vocabulaire de l'architecture, vient rappeler cette communauté d'origine : c’est es- tratea, rue, qui rappelle les mots séreet des Anglais primitifs, et stread des Brezads, leurs congénères. Le mot cale se retrouve dans le castillan, calle, rue. BEAUX-ARTS. Les beaux-arts ont été peu cultivés par les Basques. Vivant indépendants, ils se contentent de leur liberté. Je dois cependant dire qu'ayant traversé à petites jour- nées les pays basques espagnols dans toute leur lon- gueur, depuis Santillana jusqu'à Saint-Sébastien, en passant par Puente de Arce, Bilbao, Azpeitia et Tolosa, J'ai rencontré des châteaux de la renaissance ruinés, qui attestaient une élégante architecture et étaient recou- verts de riches sculptures. Le portail de l'un d'eux était encore debout; son sommet était surmonté d'une statue 372 de femme habillée portant un cornet, qui était d'une grande pureté de forme et d’un effet admirable. Sur les maisons de Santillana, on remarque un grand nombre d'écussons très-bien sculptés; mais là on n’est pas à proprement parler dans les pays basques. On peut encore citer le monument élevé à la mémoire de Loyola, dans une pleine située près d’Azpeitia. Le nom de la sculpture, otallua, et celui des sta- tues, {allua, rappellent notre verbe tailler, ainsi que je l'ai déjà dit *. La musique, otsankida, rappelle le son qui la pro- duit : ofs. Le nom de la danse, dantza, rapproche les Basques des Brezads, et les éloigne des Espagnols, qui disent bailar pour danser. Le chant, cantua, se retrouve dans le latin, le bre- zon et le français. Comme on a dansé et chanté à toutes les époques, il est probable que les peuples qui ont des noms sembla- bles, ou à peu près tels, pour exprimer ces actions, sont de la même origine. Il serait illogique d'admettre que les mots cantua et dantza fussent tirés du latin : les Basques ont chanté avant qu'il fût question du peuple qui a parlé celte langue. OBJETS USUELS. Sous le nom d'objets usuels, j'ai réuni une foule Le nom piédestal, français, vient peut-être du mot tallua. 373 d'objets, d'outils et d'instruments qui n'ont pu trouver place dans les divisions précédentes. Ces objets sont fort nombreux et peuvent donner des renseignements très-utiles. Cependant, pour ne point trop prolonger une dissertation déjà fort longue, je ne m'occuperai que des principaux. Le marteau, mallua, et la bits lima, rappellent le nom du maillet et de la lime, français, ainsi que malleus et lima, latins. Il a déjà été dit d'où vient le nom de l'enclume. Le nom de la faux, igitaya, semble indiquer qu'elle vient d'Égypte, à moins que son nom ne vienne d’egin, faire, agir, et de {ailler ‘, et veuille dire couper en agissant. [taya voudrait dire aussi couper en allant. La fourche, sardea, semble dire de Sardaigne. Cependant, la fourche est une chose si simple, offerte naturellement par les branches des arbres, que l’on peut douter de cette origine. Hurka, un angle, parait être l’origine des mots furca et fourche. Jostorratza, le nom de l'aiguille à coudre, est un nom composé qui semble indiquer tout à la fois le verbe joindre et le nom de la couture; de telle manière que joindre et coudre viendraient d’une même racine. Le nom du plat, platea, et le nom de la tasse, taza, rappellent les noms qui les expliquent en français; le dernier est aussi persan. Luborlla, plat de terre, veut dire un rond de terre. Cullida et collara, cuiller, rappellent l'action de cueillir. * Cette racine a dù exister dans la langue basque. (r. 1 Partie, p2697) 374 Canibeta, nom du couteau, rappele le Ænife, an- glais, et notre canif. Les noms divers de la cuisine rappellent zu, nom du feu employé pour cuire les aliments; comme les. noms français, espagnol, italien, portugais, allemand et anglais rappellent l'action de cuire. Le nom dela bière, gararnoa, veut dire vin d'orge. Les noms du fromage, gazla, gazlaya, et même gasna, rappellent notre mot français gâlé, gasté, qui en est la racine, et caseum pourrait bien aussi en dé- river. Ce nom viendrait de ce que l’on fait le fromage avec du lait gâté. Avee un peu d'attention, les autres noms du voca-. bulaire consacrés aux objets divers fourniront d’autres analogies. Le nom du rayon de la roue, besagu, parait être connu des Basques depuis fort longtemps; cependant, leur pays est encore sillonné par une foule de voitures de charge ou de transport dont les roues sont pleines ou seulement évidées par deux ouvertures percées dans les madriers qui les forment. Les essieux de ces voitu- res sont généralement en bois; aussi font-elles enten— dre un bruit fort incommode. DIVERS. Dans ce groupe se trouvent réunis des noms qui n'ont pu trouver place dans les groupes précédents. On peut remarquer parmi EUX : Andrea, dame, maitresse de maison, féminin du grec anèr, gen. Andéros, mari; rencontre bizarre, qui 375 placele mari chez les Grees et la femme chez les Basques! La lampe, argiontzia, veut dire vase-lumière! Lampa vient probablement du grec. Baga, vague de la mer. Vague, qui est aussi le signe de l'incertitude ou de l'indétermination dans notre lan- gue, devient une négation dans le dérivé basque bagea. On a cherché l’origine du mot français bouteille sans la trouver. Ce nom vient du diminutif de bota, une outre à vin, en basque et en espagnol. Botella est une petite outre ou une bouteille *. Quand on compare la vie à un sentier, on ne se doute pas généralement que sentier et vie deviennent presque homonymes dans la langue basque, comme dans la nôtre d’ailleurs : bicia, la vie; bidia, une voie. On trouve du reste, dans ce groupe, d'autres ana- logies faciles à saisir et qu'il est inutile d'indiquer : tel- les sont celles relatives aux mots ampolla, barrica, caxæa, hucha, arca, espia, salaria, ermua, trabail- lua , plama, virgina et usura, qui correspondent à ampoule, barrique, caisse, huche, arche (coffre), espion, salarié (espion), ermite, travail, feuille de papier, vierge et usure. ! Le nom de l'outre, bota, vient sans doute de celui des bottes avec les- quelles nous nous chaussons, parce qu'on les a d'abord faites avec des peaux sans coutures et liées à leurs ouvertures naturelles comme une outre. 376 ALJECTIFS, VERBES, ADVERBES, PRÉPOSITIONS, CONJONCTIONS, Les généralités relatives aux parties du discours de la langue basque se trouvent dans les notions gramma- ticales placées en tête des II° et IV® Parties. Racines de la langue eskuarienne. Si l'analyse des langues et la comparaison des mots qui les constituent peuvent donner des renseignements sur l’histoire sociale des peuples primitifs, l'étude de leurs racines ne parait pas devoir être moins féconde en heureux résultats. En effet, il y a une analogie évi- dente entre rechercher les racines d'une langue et re- monter à l'origine du peuple qui la parle. La compa- raison de ces racines avec celles des autres langues, l'étude de la formation des mots, nous permettraient pour ainsi dire d'assister à l'évolution sociale des races et des nations. Il serait bien à désirer que l'analyse des langues fût facile à faire, car il est évident que l’on en retirerait d'immenses avantages; mais il n’en est point ainsi : ce n’est que par un grand travail et une application cons- tante que l’on y peut parvenir. Ce qui a été dit dans la re Partie le démontrerait, si cela n’était une chose re- connue de tous ceux qui se sont occupés de linguistique. Il faudrait d'abord savoir au juste ce que l’on en- tend par racines d'une langue, et où l’analyse peut et doit s'arrêter. Il n’y a rien de décidé à cet égard. Les 377 uns veulent que toutes les racines des langues soient tirées de l’onomatopée. Un auteur, dont je tairai le nom, veut qu'elles soient tirées de l’interjection. D'au- tres veulent qu'elles viennent des noms des êtres; les autres les voient dans les verbes. Au lieu de discuter la valeur de ces diverses opinions, je vais me borner à raconter ce qui m'est arrivé en cherchant les racines de la langue basque; cet exemple sera plus utile qu'une dissertation. Après avoir fait-un vocabulaire d'environ deux mille acceptions principales de la langue basque, j'ai cher- ché les racines de ces acceptions, et j'en ai trouvé onze cent cinquante-huit *. L'étude et la réflexion m'ont appris que plusieurs raci- nes que j'avais adoptées sont des mots dérivés, ou même quelquefois des mots composés. Ezfin, quelques mois après le premier travail, j'ai soumis à un nouvel exa- men les racines commençant par la lettre À, et sur cent soixante-deux racines, j'ai obtenu les résultats suivants : Racines ayant la même valeur dans diverses EDEN CEA CIEL SP EPP ETES ARE COL RES 7 Racines analogiques ou ayant une acception prochaine dans d’autres langues... 42 Racines dérivées d’autres racines basques. 23 Mots composés... écho escorte douce Ten Racines réelles et propres à la langue basque. 73 162 ! Le nombre des racines élémentaires de la langue basque ne s’élèverait guère au dela de deux mille, si l'on opérait sur les treize à quatorze mille mots dont elle se compose. C’est parce que les mots élémentaires ont été choisis qu'ils ont donné un nombre de racines relativement aussi élevé : presque tous les autres sont des dérivés. 378 Sur les soixante-treize racines qui aujourd'hui me paraissent propres à la langue basque, il y en a douze qui peuvent être composées et dont j'ai une des racines constituantes. [| y en a encore quatre autres qui me paraissent l'être, mais dont je n'ai aucune racine; le nombre des racines proprement dites est donc réduit à cinquante-sept. Dans quelques mois, il le sera peut- être à cinquante, et dans un an il pourra y en avoir encore moins, si j'ai le loisir d'y songer. On ne trouve pas les racines d’un mot quand on le veut; il faut pour cela saisir des analogies qui ne se présentent pas toujours d'elles-mêmes. C'est ce dont il sera facile de se pénétrer en cherchant les analogies qui relient les mots suivants : Hamua............. hameçon. Haha ere AmarIILE ELA IA MmMÈrEt Amarra...........…. Cancre (crustacé ). Amaratu........... . amarrer. Amore............... amour. Hamon.........….. harpon. En faisant dans l'orthographe de ces noms quelques changements permis par les divers dialectes de la lan- gue basque, les réduisant à leur forme indéfinie et les mettant dans un autre ordre, nous aurons le tableau suivant, qui rendra les analogies plus faciles à saisir : AIRE dE ARTE mère. ANOMEE ER eos e amour. — nn Amar... REC ARE lien. Amar ae. leo dix. 1 CNT PEER ERS . hamecon Hamon 53.13. ab harpon. Amarra.........….…. homard. Les liens qui unissent une mère à ses enfants sont le plus bel exemple de l'amour. Lier, c'est amarrer: amarrer, c'est arrêter, c’est fixer les animaux à l'ex- trémité d’un lien terminé par un hamecon ou un har- pon. Il a déjà été dit comment le nombre dix, amar, de- rive d'amaratu, et il suffit de considérer les pattes des crustacés, tels que les crabes et les homards, pour comprendre comment ces animaux peuvent amarrer leur proie *. On a vu qu'aizcora, la hache, dérive d’aitz, pierre ou rocher. Il doit en être de même d'aiztua, le cou- teau, et d'aitzura, bècher *. Asbida, le larynx, de- vient asne bidea, la voie de la respiration ou le passage de l'air. Acienda, la ferme, devient l'endroit où l’on serre le grain, acia; et bien d’autres mots en- core que je pourrais expliquer sans sortir de la lettre À. Parmi ceux-ci, il en est un trop remarquable pour que je le passe sous silence : c’est airgea, ténèbres. Ce mot s'analyse assez facilement en air gea *, sans air... Si l'on considère que, dans les temps primi- ! Amar est basque , hébreu et français, Homard est sans doute une corrup— tion d'hamar ? Aitzura renferme aussi le nom du bois. * Gea Vient de bagea. Les Basques, peu soucieux de conserver les traces de 25 380 its, on a dû confondre l'air avec le ciel, le jour et la lumière, on admettra facilement qu'airgea veuille dire sans lumière où ténèbres. Les exemples qui précèdent et ce qui à été dit dans la Irc Partie de ce travail doivent démontrer que l'ana- lyse des langues peut remonter beaucoup plus haut qu'on ne le soupçonne ordinairement, et que les raci- nes véritablement primitives doivent être en très- petit nombre. &i cent soixante-deux racines, qui viennent d'être examinées, se réduisent à cinquante-sept, deux mille racines que la langue basque pourrait donner par l'a- nalyse immédiate, se réduiraient à sept cent trois. M. Eichhoff a réduit les racines verbales de la lan gue sanscrile à cinq cent cinquante. Mais de ces ra- cines, qui sont presque toutes représentées par des ver- bes actifs, on remonte difficilement aux mots usuels des langues. En poussant aussi loin l'analyse de cette sorte de racines, on arrive à des expressions si générales, que l'on retombe presque toujours dans les mêmes. Ainsi, dans le petit nombre de racines admises par M. Eichhoff, il y en à cinquante-quatre qui sont traduites par ou- vorr ! Il résulte de ce qui précède, que l'on prend géné- ralement pour des racines des mots qui n'en Sont pas, l'origine des mots composés qu'ils forment, coupent leurs racines pour les en ployer : ils en mettent la première partie au commencement des mots, ou la der- nière à la fin. D'autres fois, ils les retournent : ex, particule négative, se change souvent en ce. 38 | puisqu'en les soumettant à une analyse convenable, on parvient à les décomposer et à leur trouver un sens déterminé qui convient parfaitement à leur signifi- cation. L’utilité des racines des langues et les difficultés que lon éprouve pour les trouver, permettraient d'en dis- tinguer deux espèces : les racines primilives et des racines que je nommerai élémentaires, parce qu'elles sont les éléments des langues, qu'elles soient simples ou composées, comme les éléments chimiques de no- tre époque sont les éléments des combinaisons, que leur simplicité ait été démontrée ou non. Si l’on réduisait plusieurs langues en leurs racines élémentaires, et si l'on comparait ces racines, elles se rangeraient en trois groupes analogues à ceux qui ont déjà été établis pour les racines basques : 4° Racines communes à plusieurs langues avec une même signification ; 20 Racines communes à plusieurs langues avec une signification dérivée; 3° Racines propres à chaque langue. Pour savoir quel parti l'on peut tirer de ce classe- ment des racines, admettons pour un moment qu'une race primitive se divise en plusieurs nations, et que ces nations finissent par avoir de nouvelles relations entre elles et avec des nations provenant d'autres races. Dans cette condition, chaque nation perd un certain nombre de racines primitives, crée des dérivés et des mots composés. Plus tard, en communiquant avec d'autres races, elle acquiert des racines qu'elle avait 382 perdues, et elle en prend d'étrangères à son idiome primitif. Lorsque ces nations seraient arrivées à ce point, les racines du tableau précédent se répartiraient selon le tableau suivant : 1° Les racines communes à plusieurs langues se- raient évidemment des racines primitives. 2° Les racines dérivées permettraient de remonter à des racines primitives. 3° Les racines propres comprendraient : a. — Des racines primitives conservées dans cer- taines langues et oubliées dans les autres; b. — Des racines revenues après avoir été plus ou moins altérées; c. — Des racines puisées dans des langues primiti- ves différentes de celles soumises à l'analyse ; d. — Un résidu formé de racines tellement altérées qu'elles seraient méconnaissables, et de racines déri- vées et composées qui auraient échappé à l’analogie et à l'analyse. Ce travail, que je n'ai pu qu'ébaucher et dont je ré- serve les résultats généraux pour une autre publication, me conduit à conclure : 1° Que la langue basque contient beaucoup de raci- nes primitives perdues -pour les autres langues ; 2° Qu'elle est beaucoup plus ancienne que les lan- gues grecque et latine ; 3 Qu'elle à concouru à former toutes les langues dites aujourd'hui indo-germaniques, la langue tur- que, la langue des Esquimaux, et celle de plusieurs peuplades de l'Amérique méridionale. 383 Ces conclusions seront confirmées d'ailleurs par l'é- tude qui va suivre des racines parasynonymiques, du vocabulaire chronologique et des études topologiques. Parasynonymes ou dérivés analogiques. Les parasynonymes ont été définis p. 277, $ XII. Je me suis en outre assez étendu sur les racines déri- vées, pour qu'il soit utile d'entrer dans de nouveaux détails à ce sujet. Les parasynonymes, tout en démontrant comment les racines et les mots s’altèrent en passant d'une lan- gue dans une autre, permettent de reconnaitre l'uni- versalité et l'ancienneté des racines de la langue basque. La racine ber, chaleur, dont sont successivement dérivés les substantifs animal, troupeau, richesse, et le verbe habere des Latins, se retrouve dans le sans- crit, l'hébreu, le grec, le latin, le francais et les lan- gues celtiques et germaniques. La racine su, feu, se retrouve dans le sanscrit, l'hin- doustani, dans les langues celtiques et germaniques, et dans celles des Esquimaux et des Groënlandais, avec des significations variées qui correspondent à soleil, œil, beau temps, etc. La racine w, tirée d'ura, l'eau, donne lieu à un grand nombre d'acceptions différentes, déjà signalées p. 276. Cette racine est plus ancienne que les noms primi- tifs grec et latin wrina et oyron, qui en dérivent im- médiatement. 384 La racine arg est aussi fort ancienne et donne nais- sance à des dérivés grecs et latins. Je n'ai pu décider si les racines sanscrites ég et dg, qui veulent dire luire, briller, sont plus anciennes que les mots basques egun, jour, et ekia, soleil; mais selon toutes les probabilités, les racines sanserites sont dérivées des mots basques, parce qu'ils sont tout à fait primitifs. C'est ici le lieu de dire que des verbes peuvent dériver de noms substantifs; car le soleil est le type de ce qui brille et n’a pu recevoir ce nom d'aucune autre lumière terrestre, parce qu'il les a précédées tou- tes. Il est donc éminemment probable que deux racines sanscrites très-anciennes sont dérivées de la langue basque. Comme conséquence de ce qui vient d'être dit, la racine sanscrite wr, mouvoir, étendre, vient plutôt de la racine basque ura, eau, que celle-ci ne vient du sanscrit. Les idées sont la conséquence de l'existence des êtres, et il a fallu de l’eau, qui s’étendit et coulàt dans tous les sens, pour donner celle de répandre. Si les eaux courantes paraissent dériver de mots qui, en général, veulent dire aller, ces mots sont générale- ment composés et veulent dire : l’eau va en coulant dans le lit des fleuves et des rivières. L'examen des parasynonymes suflira pour démontrer que la langue basque est une des langues les plus an ciennes qui soient parlées sur le globe; il n’y a peut- ètre que les langues arabe et chinoise qui puissent lui être comparées sous ce point de vue. 389 Vocabulatres comparés à la langue basque. Ces vocabulaires sont une dépendance du vocabu- laire chronologique; mais comme ils servent pour dé- terminer les faits, les lieux dans lesquels ces faits se sont accomplis et les relations des peuples, et qu'il eût été difficile de les faire rentrer dans le vocabulaire chronologique, je les ai conservés à part. Les vocabulaires comparés comprennent l'hébreu et le chaldéen , l'arabe, le persan , le sanscrit, le grec, le latin, le guarani, l'esquimau, le français, et quelques mots qui se rapportent à diverses langues réunies en- semble et par groupes, selon les lieux habités par les peuples qui les parlent. Le latin, l'espagnol et le fran- çais, se trouvent d'ailleurs comparés avec le basque dans toute l'étendue du vocabulaire général. L'examen des vocabulaires comparés conduit aux re- lations suivantes : Tous les peuples dont les vocabulaires ont été ana- lysés, ont eu des relations dès l’âge primitif. Cet âge a duré longtemps pour les Basques, puis- qu'ils s'y trouvaient encore, à peu de chose près, à l'époque où Strabon écrivait. Dès l'époque où les Basques furent en eontact avec les Samoyèdes, ils ont connu les navires ou des bar- ques d’une dimension assez considérable. Plus tard, les Basques ont eu de nouvelles relations avec les Hébreux, à l’époque où ceux-ci construisaient des villes; ils en ont eu aussi avee les Persans, lorsque 386 l'on avait déjà inventé les serrures, puisque c’est de ce peuple qu'ils tiennent le nom de la clé. Les Basques paraitraient s'être trouvés avec les In- diens-Sanscrits, dont ils auraient emprunté le nom de l'essieu. Cependant, il est probable que ces dernières relations n'ont pas existé, et que ce nom a été tiré des autres langues, telles que le grec et le latin. Cela n'a rien qui puisse étonner, puisqu'il existe un très-grand nombre de mots sanscrits dans ces deux langues. Les relations des Basques avec les Turcs remontent aussi jusqu'à l'époque primitive; cependant, il est pro- bable qu'à cette époque la race turque n'existait pas; mais comme elle a eu nécessairement des ascendants, les Basques doivent en faire partie, puisqu'il y à une relation très- fréquente entre les noms primitifs des deux langues. Les Turcs me paraissent être des métis. Si l'on analysait leur langue comme jai analysé celle des Basques, on retrouverait facilement les races qui ont concouru à leur production. Je crois pouvoir dire dès aujourd'hui que, par leurs caractères ethnographiques et par leur origine topolo- gique, les Turcs me semblent venir des Basques et de la race mongole. Les relations des Basques et des Arabes ont été fort étendues et se rapportent probablement à plusieurs époques fort distinctes, quoique les termes communs à ces deux races ne paraissent pas l'indiquer ; mais l'exa- men des circonstances générales dans lesquelles ces deux peuples se sont trouvés, permet de le penser. Il 387 est difficile, d'ailleurs, de conclure quelque chose d’ab- solu relativement à l'ensemble des relations des peuples dès le premier âge, parce qu'il faudrait faire, pour cha- cun d'eux, un travail semblable à celui que je fais en ce moment pour les Basquese Il à pu y avoir des in- vasions et des pérégrinations que l'histoire ne nous fait pas connaitre. Les Arabes sont aujourd'hui répandus sur une zone considérable, qui s'étend de la presqu'ile arabi- que à l'océan Atlantique. [ls ont eu des rapports assez récents avec les Basques, qui les ont chassés du nord de l'Espagne, et ils ont sans doute une foule de métis qui s'étendent à des latitudes plus boréales. Il est donc probable, ainsi que je l'ai dit, que les Basques se sont trouvés plusieurs fois en présence des Arabes. Il ne faut pas oublier non plus que les Basques ont eu des relations immédiates avec les peuples qui ont parlé les divers dialectes de la langue hébraïque, et que beau- coup de mots de ces langues peuvent se trouver tout à la fois et dans la langue basque, et dans la langue arabe. Par exemple : le mot hébreu arag, qui veut dire {uer, se retrouve dans le basque aragia, viande, et dans le mot arabe «’rq, os couvert de chair. Les relations des Basques, des Esquimaux, des Gua- ranis et des Quichuas, remontent à l'époque primitive. Les Esquimaux appartiennent à la race mongolique et n'ont pu avoir avec les Basques que des relations telles qu'il peut s'en établir de race à race. Ces rela- tions tendent à démontrer que les Esquimaux, nés dans le sud de l'Asie et refoulés dans le nord de ce conti- nent, se sont rencontrés avec les Basques, et que ce 388 n'est qu'après avoir établi ces relations qu'ils se sont rendus en Amérique. Des observations, que je publierai ultérieurement, me portent à penser que les Esquimaux actuels sont -des métis de la race momgole par les hommes, et des races du nord de l'Amérique par les femmes. En résumé, les Basques ont eu, dès l'époque primi- tive, des relations indubitables avec les peuples sémi- tiques, les peuples indo-germaniques, les peuples qui habitent les régions les plus septentrionales de l'Asie, et de plus, avec des peuples qui habitent le nord de l'Amérique septentrionale et d'autres peuples qui ha- bitent une vaste étendue de l'Amérique méridionale, comme on le verra par les études topographiques. Vocabulaire chronologique. Pages 283 et suivantes je me suis longuement étendu sur les moyens qu'il était possible d'employer pour re- trouver les époques des faits accomplis, dont les traces pouvaient être retrouvées par des études linguistiques et anthropologiques. J'ai été ainsi amené à la création d'un vocabulaire chronologique. Il ne reste donc plus qu'à exposer comment ce vocabulaire a été exécuté. Si la raison ne donnait les lois de la filiation du pro- grès de la civiliation, la simple observation de ce qui se passe dans les différentes régions habitées du globe suffirait pour l'établir. On voit ainsi que la civilisation, parvenue chez nous à un développement considérable, existe à tous les de- 389 grés chez les peuples de l'Océanie, de l'Afrique, de l'Asie et de l'Europe, et même dans le seul continent américain. En partant du principe développé pages 205 et sui vantes, qui établit qu’il y a une relation forcée entre l’homme et les produits de ses travaux, selon les cir- constances qui l'entourent, on est conduit à appliquer à une race quelconque les résultats de l'observation gé- nérale. L'évolution sociale a été divisée en plusieurs âges. En réalité, il n'y a qu'un seul âge, qui a commencé avec l’homme et qui finira avec lui; mais afin d’avoir des termes de comparaison, j'ai établi cinq âges, qui représentent les divers degrés de l’évolution sociale ob- servée à la surface du globe. Les points, d'arrêt reconnus chez les races qui peu- plent le globe m'ont servi pour établir les âges, de même que Werner a dù diviser les terrains considérés géologiquement, d'après les arrêts observés dans les formations qui l'entouraient. Les àges de la civilisation ne sont point absolus; car il est des races plus perfectibles que d'autres, lors- qu'aucune tyrannie ne pèse sur elles ; c’est ainsi que les Grecs ont pu, dès les premiers temps de l’histoire, créer des chefs-d'œuvre scientifiques, littéraires et ar- tistiques , qui seront à jamais des modèles de perfec- tion, tandis que les Basques, jouissant d'une grande liberté, n’ont rien produit de semblable. Le vocabulaire chronologique peut être établi dans l'ordre suivant : 390 AGE PRIMITIF. Age d'or; nourrilure sans travail; habitants des îles de l'Océanie avant leur découverte par les Eu- ropéens. Étres et phénomènes cosmologiques : lune, soleil, étoile, jour, nuit, etc. Étres terrestres anorganiques el organiques : montagne, plaine, rivière, mer, etc. Nom du peuple dans la langue qu'il parle et dans celle de ses voisins. Nom de l'homme. Noms des parties du corps de l'homme et des ami- maux : tête, membres, ailes, etc. Idées générales et abstraites : feu, lumière, eau, etc. Parenté : père, mère, enfant, fils, fille, etc. Objets divers el instruments : baton , are, flèches, lance ou zagaie, elc. Mots divers représentant nos préposiions el nos adverbes : haut, bas, loin, près, etc. Arts libéraux : premières traces de l'art par des sculptures. DEUXIÈME AGE. Travail indispensable à l'alimentation. Climat nécessitant des abris, des vêtements et du feu. Peu- ples autochtones de l'Amérique, Celles et Brelons. 391 Plusieurs peuples de l'Afrique. Premiers âges de la Grèce et de Rome. Supershition, idoldtrie, culte : idole, autel, tem- ple, sacrificateur, etc. Hiérarchie sociale : chef, castes privilégiées, escla- ves; tente, hutte, village, ville. Les objets et les actes qui se rapportent à cet âge varient selon que la nation à laquelle ils se rattachent ne vit que de chasse, de pèche, de troupeaux ou d’a- griculture. Peuples chasseurs : appats, piéges, peaux, etc. Peuples ichthyophages ou pécheurs : filet, ligne, hameçon, harpon, etc. Peuples pasteurs : troupeaux, pâturages, toi- sons, etc. Peuples agriculteurs : sol arable, instruments ara- toires ; semer, récolter, etc. Les peuples de cet àge sont nomades, à cela près de ceux qui se livrent à l'agriculture : ils sont tous guer- riers. Les peuples nomades ont des tentes et divers ob- jets de campement; ils ont tous des armes plus perfec- tionnées que ceux de l’âge précédent; ils commencent à porter des armes défensives. À cette époque, se ratta- chent donc des armes variées, des vêtements, des ob- jets de luxe, et, de plus, des noms d'animaux domptés ou réduits à l'état de domesticité, qui varient selon les lieux. TROISIÈME AGE. Cet âge, qui est la continuation du précédent, est 392 caractérisé par le développement des idées religieuses ; l'idée d'un Dieu unique, celle de l'existence et de l’uni- versalité de l'âme, commence à se produire. On remar- que l’organisation d'un gouvernement, la création de monuments publics, la tactique militaire. Chez les Romains et surtout chez les Grecs, avec les mêmes moyens d'exécution, mais guidés par une intelligence supérieure, l’architecture et les beaux-arts ont pris un développement considérable. Les sciences naturelles ont été créées par le génie d’Aristote; l’arith- métique et la géométrie ont été fondées par les génies de Pythagore et d'Euclide. L'apparition de quelques machines élémentaires, la fabrication de divers produits, le commencement de la métallurgie, le commerce, l'invention de la monnaie, celle de l'écriture, celle des beaux-arts, le perfec- tionnement de l'astronomie, la création de l’année so— laire et l'origine de quelques sciences, caractérisent ce troisième àge. On a donc à signaler tous les mots nouveaux qui correspondent à ce nouvel ordre de choses ‘ QUATRIÈME AGE. Religion et hiérarchie, comme les précédents; ré- publique. Constructions : édifices publics plus développés que dans l'âge précédent. « est pour éviter On les tronvera réunis dans le vocabulaire chronologique ; un double emploi qu'on ne les donne pas ici a 393 Navigation perfectionnée par les connaissances as- tronomiques et les instruments de physique; usage de l'aimant. Commerce très-étendu par le perfectionnement de la navigation : introduction des noms de différents peu- ples qui habitent le globe ; développement des connais- sances géographiques. Armes à feu : attaque et défense des places. Création des sciences expérimentales : physique, chimie, développement de la mécanique pratique, per- fectionnements considérables apportés à l'astronomie, création de la géologie, nouvel aspect des sciences re- latives aux êtres organiques. Arts chimiques : vitrification, porcelaine, aci- des, sels, potasse, soude, savon, métallurgie du fer, trempe de l'acier, tannage des peaux. Existence des beaux-arts. CINQUIÈME AGE. Cet àge, qui représente l'état de notre civilisation depuis quelques siècles, se trouve caractérisé : Par des oscillations dans les idées religieuses ; Par le renversement de la féodalité, la création et le renversement du gouvernement représentatif ou parle- mentaire ; Par la discussion des idées philosophiques, socialis- tes et humanitaires ; Par des invasions réciproques qui opèrent un échange mutuel d'idées et de mots; Par une foule d'inventions qui facilitent la commu- 394 mation de la pensée, soit en la répandant avec une grande diffusion, soit avec une rapidité extrême : tel- les sont l'imprimerie, l'application de la vapeur à la navigation et aux chemins de fer, la télégraphie ; Par la création d'une foule de machines et d'indus- tries nouvelles, qui occupent des populations tout en- uères ; Par d'immenses progrès dans les sciences, qu'elles soient abstraites, comme les mathématiques, ou qu'elles aient la nature pour objet, comme la physique, la chi- mie et les sciences naturelles proprement dites; Par des progrès non moins grands dans les beaux- arts et la littérature. On remarque en outre : Substitution du crédit à la monnaie; Introduction d'un jury dans les tribunaux; Abolition de l'esclavage ; Création de colonies pénitentiaires ; Abolition momentanée de la peine de mort; Tendance à l'abolition de la guerre; Amélioration matérielle et morale des classes infé- rieures de la société. Dans l'application, je n'ai pas poussé l'étude du vo- cabulaire historique relatif aux Basques au delà de la troisième époque, parce que depuis que cette époque a commencé, l’histoire a parlé. Le vocabulaire historique a été comparé avec les vo- cabulaires des autres langues. Cela n'a pu être fait 395 pour tous les mots qu'il renferme, soit par le manque de vocabulaires, soit par leur insuflisance. Les noms appartenant à chaque langue ont été comp- tés, et voici le résultat obtenu pour le premier àge : Français et Brezon AS TALIN:...5..,.:.....:.... 44 MUNC:=. 2 dne-csscecececoe AA -LNONO de l'ASI6....... sa cet 40 Sanscrit....... ae 8 — Amérique du Sud... 8 Esquimau .:.............. 7 — Langues germaniques. 6 Hébreu AU. pennt 6EI'Arabeste in PENES PERSAN SE. + he ee 2 FEES Sax ON: Se. nest. 3 Roman... suc. 13 — Thubétain et Grec... 2 Espagnol, chinois, berbère, japonais, mongol, koph- te, coréen, langues du Caucase, un mot pour chacune de ces langues. Le petit nombre de mots primitifs reconnus pour avoir appartenu à plusieurs langues, tient au peu d'é- tendue du vocabulaire chronologique. Si ce vocabu- laire eut été plus considérable, beaucoup d’autres mots seraient venus y prendre place. Cela sera rendu évi- dent par les vocabulaires comparés, qui ne sont qu'une extention du vocabulaire chronologique. Dans les deux àges suivants, les relations des lan- gues s'établissent avec moins de facilité; je n'ai pas pu d'ailleurs me procurer toujours des vocabulaires assez complets pour y trouver tous les mots utiles; cepen- dant, voici le résultat de mes observations : Dans le second âge, le latin domine, puis le fran— çais, l'arabe, le syriaque , hébreu , le sanscrit, les lan- gues du Caucase. 396 Dans le troisième âge, le latin est très-abondant, le français vient ensuite, puis le saxon, l'allemand et l'espagnol; les noms des autres langues donnent des résultats insignifiants et négligeables. Les résultats numériques qui viennent d’être signalés n'ont pas besoin de commentaire; cependant, je pense qu'ils pourraient conduire à des erreurs, si on les ad- mettaient en masse et sans pousser l'analyse plus loin. Il importe de considérer d'abord si les mots des lan gues, qui correspondent au Basque, sont simples ou composés, directs ou dérivés. Il faut voir en outre, en- fin, si les caractères anthropologiques sont d'accord avec la linguistique. Si les noms des langues comparées au Basque sont dérivés ou paraissent l'être par leur longueur, ils ne sont point primitifs pour la race qui les emploie; par exemple : les Basques eux-mêmes ayant deux noms pour désigner le soleil, ekia et eguzkia, ces deux noms ne peuvent être de la même époque, et le second est moins ancien que le premier, puisqu'il exprime une idée composée dont la première fait d'ailleurs partie. Si les mots ont une acception dérivée, ils ne peu- vent indiquer les mêmes rapports que s'ils en avaient une qui fut directe. En effet, dans ce cas, on ne peut affirmer que les peuples viennent de la même souche, mais seulement qu'ils ont eu des rapports entre eux. Cependant, l'identité de race n’est pas impossible dans ce cas; car des rapports ultérieurs avec d'autres races peuvent conduire à changer les noms. Enfin, si les ra- ces diffèrent par leurs caractères anthropologiques, on 397 ne peut non plus aflirmer que l'identité de quelques mots de leur vocabulaire commun ait le caractère in- faillible d'une mème origine. Mais lorsque le vocabulaire coïncide avec les carac- tères anthropologiques, je pense que l'on en peut con- clure que les nations qui se trouvent dans celte cir- constance dérivent d'une même race primitive. Il peut arriver enfin qu'une race déterminée soit mo- difiée par les circonstances, et surtout par le mélange avec d'autres races, et c’est là le:cas le plus fréquent. En tenant compte de toutes ces considérations, voici ce qui me parait résulter de l'examen du vocabulaire historique : Les Basques, les Celtes ( désignés sous le nom de Français et Brezads dans le résumé du vocabulaire chronologique }, les Germains et les Saxons, les Sans- crits et les Latins, sont de la même origine que les Basques. Quelques-uns sont modifiés par les circons- tances, et peut-être par des races qui en sont très-voi- sines par leur organisation : tels sont les Sanscrits et les Latins. Les peuples sémitiques proprement dits, les Arabes, les Persans, peuvent être de la même origine que les Basques; mais ils ont été modifiés par le métissage. Les Turcs, ceux qui ont parlé et parlent encore la langue romane et qui en sont les descendants, sont des métis de la race basque et de la race mongolique. L'Amérique du Sud à compté parmi ses habitants divers peuples d'Europe, chez lesquels il y a eu des Basques, des Sanscrits, et probablement des Celtes, 398 dont les races se sont fondues avec celles indigènes, parce que probablement ces peuples, qui ne sont arri- vés en Amérique qu'en y faisant naufrage, n'avaient point de femmes avec eux. J'ai déjà dit que les Esquimaux, reconnus de race mongolique, ne pouvaient descendre des Basques. Les quelques mots de la langue basque qui corres- pondent à l'esquimau peuvent, pour la plupart, être rapportés à la langue sanscrite. Les mots esquimaux du premier àge qui se rappor— tent à cette langue sont au nombre de sept, pouvant être groupés ainsi : BASQUE. BANSCRIT. Signification directe... Halde Sn donne 10 — IndINe CO MAR. me eeeree-cbee nil _— nulle: DIT eric LDH 543 7 7 Les mots esquimaux sont d'ailleurs tirés de plusieurs régions; ils appartiennent donc à une famille et non point à une nation proprement dite *. Vocabulaire toponymique. Les noms des lieux qui paraissent d'origine basque pouvant être utiles pour retrouver Îles régions qui ont 1 Je n'ai point eu d'autre vocabulaire à ma disposition que celui de l'Atlas ethnographique de M. Balbi, qui ne comprend que vingt-six mots en comptant les dix premiers noms des nombres, en tout seize noms d'êtres primitifs. 399 été successivement habitées par les Basques, je les ai recherchés avec soin. J'en ai trouvé peu; mais comme ils sont en rap- port avec les renseignements donnés par le vocabulaire général , il en résulte qu'ils offrent une certaine valeur. Les voici par région. Nord de l'Asie. Ont, fleuve, sépulture. Ce fleuve a pu recevoir ce nom, parce que les Bas- ques y jetaient leurs morts au lieu de les enterrer comme on le fait en Europe. Cette pratique est encore usitée dans l'Inde, et on lui attribue l’origine du choléra. Lac Baïcaz, bacaillab, morue en basque. Les eaux de ce lac ne contiennent probablement pas de morue, mais un poisson qui y ressemblerait et qui aurait permis aux Basques d'en conserver le nom, en l'attribuant à une autre espèce en Europe. Baïcal pa- rait être un nom composé dans lequel entrerait la particule affirmative bai, et baïcal voudrait dire un Dre... x La région comprise entre l’origine de lObi, le cours de ce fleuve et le lac Baïcal, s'étend depuis le 65° jus- qu'au 407° degré de longitude orientale; elle se trouve bornée au midi par la chaine des monts Altaï. D'après une carte de M. Klaproth, les Samoyèdes occupaient celte region au siècle de Cyrus, 530 ans avant J.-C. Une nation de race mongole existait de l'autre côté du lac Baïcal. Aujourd'hui, les Samoyèdes 400 ont été refoulés plus au nord, et les Toungouses les ont remplacés. La rivière Angara, qui prend sa source dans le lae Baïcal et va se perdre dans l'Iénisséi, paraît avoir un nom basque; mais je n'ai pu l'expliquer. Région moyenne de l'Asie. En côtoyant la chaîne des monts Altaï et s'avancant vers le S.-O., puis tournant vers le midi, on rencontre : Les lacs Balkhach et Issicoul, et une nouvelle région située au S. de la grande Boukharie actuelle, entre 40 et 50° de latitude, où se trouvent plusieurs noms qui paraissent basques ; La rivière Sarasou, Bourouts, de buru, tête; du côté oriental des montagnes, d’autres lacs; puis Bar, ou, et Aksou, aksu, pointe de feu? La MER D’ARAL, connue aussi sous le nom de Mer des Aigles, tire son nom du basque, arranoa, aigle. Caucase. Ecsuru. Ce nom est celui du pie le plus élevé de la chaine du Caucase; il veut dire tête de neige en basque. MoxTs CÉRAUNIENS. Strabon signale ces monts, où Il existe une foule de reptiles et de serpents venimeux. Cerau est le nom de la vipère en basque *. ! Kerayna orè, montagne de la chimère. Selon le mythe grec, la chimère était un monstre composé de la tête d'un lion, 401 Igérie. Le nom de cette province vient sans doute des fleuves qui l'arrosent. Jb, erria, terre arrosée par des eaux courantes. ( V. la note p. 309.) Nord de l'Italie. Car. On trouve dans toute l'Italie, et en Sicile, beau- coup de villes et de localités commençant par cette par- ticule, qui vient sans doute de chat, petit. Dans le nord, au sud du lac Oglio, est Chaari | petit bélier), ville de six mille huit cent cinquante habitants. ArANA, prune; autre localité au sud du lac Majeur. Pays basqus. Presque tous les noms de cette contrée, située en partie dans le nord de l'Espagne et en partie dans l'ex- trême S.-0. de la France, sont d’origine basque; i!s du corps d’une chèvre et de la queue d’un dragon... Ce prétendu monstre était une montagne au sommet de laquelle était un volcan entouré de lions. 1 y avait au milieu des pâturages où paissaient des chèvres, et au pied, beaucoup de ser- pents. ( Dict. ab. de la fable; par Chompré. ) Ovide nommait cette montagne Chimerifera; Chompré la place en Lycie. Le dictionnaire grec de Jos. Planche vent qu’elle soit en Épire : elle est en réalité dans l’ancienne Albanie, au N.—E,. de l’ancienne Ibérie caucasienne. L'erreur de Planche vient sans doute de ce qu’il a confondu l’ancienne avec ta nouvelle Albanie, qui est effectivement la même contrée que l'ancienne Épire. La description scientifique de Strabon, La Fable, tout vient confirmer que les monts Cérauniens doivent leur nom à celui de la vipère : cerau. La racine du mot cerau est d’ailleurs demeurée dans la langue grecque : c'est kèr, maladie, peste, mort fatale. Cette racine est sans doute la mème qu'eria, maladie en basque. Ceraua viendrait donc de kèr, peste, venin, et d'aoa, bouche : bouche ou gueule venimeuse. 402 ont été étudiés à diverses reprises par plusieurs auteurs, parmi lesquels on peut citer Iharce de Bidassouet et G. de Humboldt *. Quoique les noms des accidents géiques des pays basques soient d'une origine certaine, on n’a pu les expliquer tous d'une manière heureuse; ceux mêmes des principales divisions de cette contrée sont restés pour la plupart sans explication plausible. C'est à une preuve évidente que la langue basque a perdu beau- coup de racines faute d'avoir une littérature qui ait pu permettre de les conserver. On retrouve dans les noms des pays basques, et dans beaucoup d’autres noms de l'Amérique du Sud, beau- coup de racines homonymes qui ne peuveut être ex- pliquées d'une manière certaine. Les noms véritablement basques dépassent rarement Santander dans l’ouest, et l'Aragon dans l'est. On peut conclure de là que les Basques n’ont point fait un long séjour en Catalogne et en Aragon, et que depuis plus de deux mille ans que Strabon en a parlé, ils sont restés dans les limites où ils se trouvent actuel- lement. C'est d’ailleurs une grande erreur de vouloir que les Espagnols soient les descendants directs du peu- ple basque *. 1 G. de Humboldt a fait un ouvrage remarquable sur la langue des Basques et sur les noms des lieux qu’ils habitent. J'ai le profond regret de n'avoir pu me procurer cet ouvrage, et de ne le connaître que par les éloges qu’en font les &- teurs. Il est évident qu'il aurait pu m'être d’un grand secours, et cela d'autant plus, qu'il est l'œuvre d’un des plus grands philologues de notre époque. ? Les pays basques sont bornés à l'est par l’Aragon. Ce pays est habité par une race qui diffère des Basques. Les Aragonais sont en général d’une belle sta— EE 403 La majeure partie des Espagnols est d'une tout au- tre race que celle des Basques; toutefois, elle en dé- rive, comme je le démontrerai dans un ouvrage géné- ral sur l'origine des nations; mais ce n’est point en Es- pagne que cette nouvelle race à été produite. Les travaux qui ont été faits sur les racines des noms des contrées basques me permettent de ne pas m'occu- per de ce sujet. Amerique méridionale. On retrouve plusieurs noms d'origine basque dans l'Amérique méridionale, depuis le fleuve des Amazones jusqu'au Rio de la Plata. On en trouve aussi vers les Cordillières en remontant au nord, jusque dans la Louisiane. ANDEs. Andiac, hautes. Il était impossible de don- ture; ils ont la poitrine très-développée, contrairement aux autres Espagnols ; leurs cheveux sont bruns foncés ou noirs, Mais ce qui les distingue de toutes les autres races qui les environnent, c’est le volume considérable de leur tête. A ce sujet, je raconterai une aventure qui m'est arrivée et qui permettra d'apprécier l'énorme différence qui existe sur ce point entre les Aragonais et les Bordelais, qui sont d’ailleurs en général de la même origine que la plupart des Espagnols. En 1846, je quittai Paris pour me rendre en Espagne. En passant par Bor- deaux, je voulus acheter une casquette, et il me fut impossible d'en trouver une dans laquelle ma tête püt entrer, quoique j’aie cherché dans un grand nombre de magasins, Je partis donc sans casquette, et me rendis ainsi jusqu’à Saragosse. Là, je voulus de nouveau en acheter une, qui me devenait indispensable pour voyager à cheval. J’entrai chez un chapelier français qui habitait le Coso, et, à men grand étonnement, toutes les casquettes de son magasin se trouvèrent trop grandes pour ma tête : sur plus de cinquante, il n’y en eut qu’une seule qui püt aller ! I faut ajouter que ma tête à 59 centimètres de circonférence. #04 uer un nom plus caractéristique à cette chaine de mon- tagnes, qui traverse les deux Amériques dans toute leur longueur. UruGuax, d'ura ugaya, eau permanente alimentée par des sources. Ce nom convient tellement à la contrée arrosée par l'Uraguay, qu'il est impossible de ne pas y voir un nom basque; et cependant je ne pense pas que ce nom ait été donné à cette contrée par des Basques depuis la dé couverte de Christophe Colomb *. ParaGuay. Para veut dire pluie en quichua, et Paraguay voudrait dire eau permanente alimentée par les pluies. L'ORÉNOQUE parcourt une contrée remplie de cerfs : oren en basque. Unax, & bai, bonne eau. Large rivière du Pérou, qui sort d'un lac formé par la rivière Parapiti. Il existe aussi en France, dans le département des Basses-Alpes, une rivière qui porte le mème nom : Ubaye. Cette contrée a d'ailleurs pu être habitée par les Basques lors de leur passage dans le midi de la France. On trouve encore une rivière du nom d'/bar qui prend sa source en Albanie. Ubay est d'autant plus d'origine basque, que le son du à est étranger à la langue quichua qui est parlée au Pérou. Pizca ciQuir, montagne de la Colombie. Le mot pilla veut dire un assemblage en basque. æ ‘ Uru veut dire plaine, ou lieu bas en quichua. En comhiaant les deux lèn- çues basque et quichua, on aurait plaine inondee par des eaur Ge pluie. 405 Une cérémonie qui a lieu en Colombie, et dans la- quelle on offre au chef d’une fête un monceau de fruits et de pâtisseries qui porte le nom de pillarico, me donne lieu de penser que pilla a la mème valeur dans la langue du pays. Pilla veut dire couronne en qui- chua. Picacuo, montagne de la Colombie. Ce nom est bas- que et veut dire montagne ou pic de pierre. CayamBouro, montagne des Andes sous l'Équateur, un des plus haut sommets. Les trois parties du nom sont basques; la dernière, bouro, veut dire tête. Arinos. Ariña, rapide. Rivière du Brésil. On pourrait encore augmenter ce petit vocabulaire ; mais ce qui précède suffit pour démontrer qu’il est émi- nemment probable que des Basques ont très-ancienne- ment habité l'Amérique méridionale. On a pu être étonné de me voir invoquer la langue quichua pour expliquer des noms appartenant aux ré- gions du Brésil ou de la Colombie; mais le peu que j'ai pu connaitre de ces langues me donne lieu de penser qu’elles ont beaucoup d'analogie entre elles, et de plus, avec le basque, le sanscrit, le latin et le français *. ! Je possède le vocabulaire quichua du P. Diego de Torres. J'y fai trouvé plusieurs mots tout à fait basques, et un plus grand nombre encore de ‘mots dérivés de cette dernière langue. Je publierai ultérieurement le résultat de mes observations. 406 He PARTIE. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. La [re Partie de ce travail a été consacrée à l'expo— sition d’une méthode ayant pour but de rechercher les traces des faits qui se rattachent à l’histoire sociale des peuples primitifs. La II° Partie de cette méthode a été appliquée d'une manière toute spéciale à la langue des Escualdunais ou Basques primitifs. Dans cette IIIe Partie, je me propose de résumer les faits recueillis à l’aide de la méthode, et de les présen- ter autant que possible sous la forme historique. La IVe Partie comprendra tous les documents ana- lysés dans la Il Partie et appliqués dans la IF. L'histoire des Escualdunais sera divisée en cinq épo- ques qui se rapporteront aux lieux qui ont été succes- sivement occupés par les Basques. 1e ÉPOQUE :. Région indéterminée. La [re Époque de l'histoire des Escualdunais remonte à l'antiquité la plus reculée. ‘Je donnerai le nom de race à un ensemble d'individus dérivant d’une même 407 L'originalité de la langue basque, la sublime naïveté de sa grammaire, l'universalité de ses racines, la pos- sibilité d'en dériver des mots appartenant à des lan- gues fort anciennes et éteintes depuis longtemps, nous forcent d'en reconnaitre l'ancienneté. Une langue ne pouvant s'être formée sans avoir été parlée, il faut reconnaitre que la nation basque a pré- cédé la plupart des nations connues, et que les plus anciennes sont, ainsi qu'elle, dérivées d’une souche unique. L'examen comparé des vocabulaires des langues dé- montre que les deux grandes sous-races que l'on nom- me aujourd'hui 2ndo-germanique et sémitique, déri- vent d'une souche unique dont les basques faisaient partie, et tout porte à penser que ce peuple en à con- servé la langue presque intacte jusqu'à nos jours. La race basque se serait donc divisée en deux sous- races : lindo-germanique et le sémitique. La race indo-germanique comprend principalement les Sanscerits, les Latins, les Celtes, les Germains . La race sémitique se compose essentiellement des famille, possédant les mêmes caractères anthropologiques, mais pouvant parler » différentes langues et habiter.des contrées séparées les unes des autres. Les sous races seront des rameaux des races, parlant des idiomes appartenant à une même famille. Les nations seront formées par une réunion d'individus de même race et par- lant la même langue. Les peuples pourront être représentés par plusieurs races habitant le même lieu, parlant mème des langues différentes, mais soumis aux mêmes lois politiques. * Les Slaves et les Finnois appartiennent, au moins en partie, à cette sous— late, mais il ne pout en ètre question dans ce travail que d'une manière incidente, 408 Hébreux, des Syriaques, des Chaldéens et des Arabes. J'ai déjà eu l'occasion de dire que les Turcs descen- dent des Basques et des Mongols. Les Grecs me paraissent aussi être une race mé- tissée; mais je ne puisencore me prononcer à leur égard. Leurs rapports avec la race escualdunaise n'en sont pas moins évidents. A une époque fort ancienne, tous ces peuples, ou leurs ascendants, ont parlé la même langue. La langue basque ayant peu varié, il est plus que probable que c'est elle qui est la langue mère dont dé- rivent toutes celles de la même famille. Cette opinion, déjà émise par Iharce de Bidassouet et Darrigol, et qui pouvait paraître hasardée, me sem- ble aujourd'hui confirmée. Pour en être convaincu, il suffira de reproduire des observations qui le démontrent. La langue hébraïque est fort ancienne; mais on sait qu’elle a beaucoup varié chaque fois que les Hébreux ont été emmenés en captivité chez d'autres nations. Au sortir de la captivité d'Égypte, leur langue avait été considérablement modifiée par le cophte. Pendant soixante-dix ans que dura leur captivité dans Baby- lone, ils adoptèrent un grand nombre de mots Chal- déens. La langue hébraïque, que l’on regarde avec raison comme une des plus parfaites, a donc varié, tandis que celle des Basques est demeurée intacte. Il n’y à d'ailleurs rien de plus variable qu’une lan- gue. Il faut qu'un peuple habite des montagnes pres= 409 que inaccessibles, et qu'il ne fasse pas d'incursions chez ses voisins, pour que sa langue demeure intacte. On a retrouvé dans le désert habité par les Hébreux, après leur sortie d'Égypte, des inscriptions gravées sur les roches de Sinaï, parmi lesquelles se trouve souvent Tao, le nom de Dieu. Le nom basque Jau, commence- ment de Jauna, Seigneur, est sensiblement le même :. A l'époque primitive, les Basques avaient le makila, espèce de bàton où de casse-tête qu'ils ont conservé jusqu'à nos jours, et qu'ils manient avec une grande adresse. Le nom de ce bâton est d'origine basque, puisqu'il vient des racines mak *, agir, faire, et la, la mort; instrument qui fait ou donne la mort! De malkila les Hébreux ont fait maquel. L'inverse est aussi arrivé : De bou, père ou possesseur en Arabe; et de rouack, esprit en Hébreu, père ou possesseur de l'esprit, les Basques ont fait burua, tête. La comparaison d’autres langues anciennes avec le ‘basque, conduit à des résultats analogues aux précé- dents. Le nom du feu, sua en basque, se retrouve dans plusieurs dérivés sanserits. ( V. le vocabulaire com- paré. } La racine eg, luire, paraît venir d'ekra, le so- ! The voice of Israël from the roks of Sinaï, by the reverend Ch. Forster. London 1851. ? Mak est une racine de la langue primitive, perdue pour la langue basque et qui se retrouve dans toutes les autres langues. 410 leil, et d'eguna, le jour. La racine wr, étendre, com- mune au sanscrit et au basque, viendrait d'ur, eau en basque. La racine sanscrite Jan, naitre, a donné naissance à gendea, race; bak et vag, aller et se mouvoir, ont donné naissance à baga, vague ( de la mer). Ki, savoir, a servi pour former kindea, science; de pitan, boisson, les Basques ont fait piltara, cidre. Du basque ur, eau, est dérivé oyron, urine en grec; de la même racine est venu oyranos, ciel. D'une autre part, on a vu que la racine grecque kèr entre dans le nom de la vipère, cerau. Les origines basques de la langue latine sont nom- breuses : D'ur, eau, vient urina, comme en grec. D'il, poil ou cheveu, sont venus pilus, poil, et ca- pillus, cheveu. Amare, aimer, vient d'ama, mère, et d'amnar, lier, fixer à l’aide d'un lien. Habere vient d'aberalsa, richesse , qui dérive de ber, chaleur. Facere vient de hacienda, ferme, venant d'acia, semence. On a vu d’ailleurs comment escu, le nom de la main, entrait dans scriplum et dans sculum. La langue latine, par contre, a conservé des racines de la langue basque. On y trouve cudo, frapper, for- ger, qui entre dans gudaria, guerrier, et ingudea, enclume; esca, nourriture, aliment, que l’on retrouve dans ezcurra, gland comestible, et dans ezcalea, men- diant. 411 D'è man, vient eman, donner ‘. Il serait possible de multiplier ces exemples, s'ils ne sufisaient pour établir d'une manière certaine la com- munauté d'origine des Basques, de la race indo-ger- manique et de la race sémitique. Je donnerai le nom de souche escualdunaise à celle dont ces deux races dérivent. Il découle encore de ce qui précède, l'immense pro- babilité que la langue basque est la langue primitive qui à été parlée, sinon par toutes ces sous-races, au moins par leurs ascendants. L'ancienneté de la langue basque est d’ailleurs prou- vée par la simplicité et l'on peut dire par la pureté de sa grammaire, les exceptions grammaticales pouvant être considérées comme la preuve assurée d'un mélange de divers idiomes. L'orthographe des mots, leurs désinences, les con- jugaisons des verbes, représentent autant d'invasions ou d'acquisitions étrangères que d'irrégularités ou d’'ex- ceplions *. Le lieu primitivement habité par la souche escual- dunaise ne peut être déterminé directement à l'aide des renseignements qui découlent de la Il° Partie de ce travail. Ce n'est qu'en combinant tous les résultats, en ! Man est la racine de manere, demeurer, resler. Emun veut dire quitter un lieu pour aller dans un autre, faire sortir.une chose du lieu où elle demeurait. ? Je me propose de publier une grammaire générale déduite de l’observation de la nature, dans laquelle, remontant jusqu’à l’origine du langage, je démon— lrérai cette assertion de manière à ne laisser aucun doute. 42 1 412 tenant compte des émigrations successives et en faisant une étude générale et comparée de tous les rameaux de ces races, que l’on pourrait avoir quelque rensei- gnement précis. Ce lieu pourrait être dans les terres voisines du cer- cle polaire arctique, dans la Mésopotamie, dans l'Inde ou dans la région caucasique. La première supposition est celle qui présente le plus de simplicité; car on se rend facilement compte des émigrations successives qui ont eu lieu. Ces émigra- tions se trouvent suffisamment justifiées par l’accrois- sement de la population et par la tendance à chercher un climat meilleur que celui que l'on habite. Cette supposition a pour elle le phénomène constant de l'invasion des régions méridionales par des peuples ve- nus du Septentrion, le contraire ayant rarement eu lieu. Des régions polaires, seraient partis successivement les Hébreux, les Arabes, les Sanscrits, les Basques, les Grecs, les Latins, les Celtes, les Germains, etc. Dans cette supposition, les Basques seraient allés jusque dans l'Inde, où ils auraient connu l'orange, l'é- léphant, l’ichneumon; puis ils seraient revenus habi- ter le Caucase, qu'ils auraient quitté définitivement pour se rendre en Espagne. Plusieurs objections s'élèvent cependant contre cette première hypothèse : comment le Nord, pays peu fa- vorable au développement de la population, pourrait il avoir donné naissance à tant de nations? Il n’est pas probable non plus que l'homme soit né dans un lieu si peu favorable à son existence. On peut seule ment admettre qu'il y aurait survécu à la suite d’un déluge qui aurait anéanti le reste de la race humaine. En outre, l'examen des lieux habités par les diverses races qui peuplent le globe, démontre que rarement elles s'étendent sur une zone de plus de 40° de latitude, à moins d'être métissées. Les trois hypothèses qui suivent exigent que les Bas- ques quittent une première région pour aller habiter les terres circompolaires. Si l’on fait naître la race basque dans la Mésopotamie ou quelque autre contrée d'Asie située à peu près à la même latitude, on suit encore la marche des sous-ra- ces; mais les Basques, repoussés vers les terres polai- res, les quittent après un temps assez long, et reve- nant sur leurs pas entre la mer d'Aral et les monts Moussours, vont jusque dans la Mésopotamie, et de là dans le Caucase. Si les Basques viennent de l'Inde, les mêmes événe- ments s'accomplissent ; ils peuvent connaitre l'éléphant à l'état domestique. Ils quittent les Sanserits, qu'ils n'ont connu que dans le premier âge, et ils se ren- dent dans le nord de l'Asie, pour ne plus revenir dans l'Inde. Enfin, la troisième supposilion, qui ferait venir les Basques du Caucase, aurait pour elle l'avantage de coïncider avec la Bible, qui nous apprend que l'arche de Noé s’est arrêtée sur une montagne de l'Arménie : cela aurait permis que le Caucase se peuplàt prompte- ment, et les Basques auraient pu se former en corps de nation. 414 Cette dernière supposition conduirait à faire émigrer les Basques pour les terres polaires, et à les faire re- venir ensuite au Caucase. Il faut remarquer qu'entre le déluge historique et l’é- migration définitive des Basques pour les contrées qu'ils habitent maintenant, il y a un espace de dix- huit siècles, qui permet d'adopter telle opinion que l'on voudra. En résumé, une souche unique à donné successive- ment naissance à la race indo-germanique et à la race sémitique. Les Basques proviennent directement de cette souche, et de leur langue sont dérivées toutes celles des races de la même origine. Le lieu primitif d'où sont émanées toutes les races . provenant de la souche escualdunaise demeure indé- terminé. 2° ÉPOQUE. Region polaire. C'est sans doute contraints par la guerre que les Basques ont quitté la région qu'ils ont primitivement habitée, pour se rendre dans le nord de l'Asie; car on ne quitte pas volontairement une contrée richement dotée par la nature, pour une autre contrée où lhom-— me ne peut vivre que de privations et par un grand travail. La région principalement habitée par les Basques à déjà été indiquée; elle était comprise entre le fleuve er #15 Obi et le lac Baïcal, depuis environ 65° jusqu'à 107° de longitude orientale, et depuis environ 50° de lati- tude jusqu'aux extrémités polaires. Dans cette région, les Basques ont admis deux sai- sons voulues par les circonstances : negqua, saison de neige et d'hiver; wda, saison dans laquelle l'eau re- prend sa forme liquide et arrose la terre. Beltzilla, la lune noire, correspondait à cette époque de l'année où le soleil ayant abandonné la région polaire, il règne une obscurité profonde juste au solstice d'hiver. £ki- na, le mois du soleil élevé, correspondait au solstice d'été, lorsque le soleil a pris sa plus grande élévation au-dessus de l'horizon. Dans cette contrée, les Basques ont connu le renne, orena, dont le nom est resté chez les Russes, olen, et chez les Toungouses, oron. Là ils ont connu le lichen, qui sert pour nourrir cet animal, végétal eryptogame, dont le nom, legen, est resté pour désigner plusieurs maladies de la peau : le legen simple ou herpes; le le- genarra, a lèpre, et le /egen beltza ou lichen noir, qui correspond à l’éléphantiasis, selon Larramendi. Le traineau, narra, dont le nom est resté chez les Kamt- chadales, narta, a été mis en mouvement par le renne. Les Basques ont aussi connu le chien, potzoa, dans cette région; son nom est resté chez les Russes, pes, pessik, et chez les Polonais, pres et piesi. Dans le lac Baïcal, les Basques ont sans doute pé- ché ce singulier poisson, qui, selon Pallas, contient une quantité considérable d'huile, et que les Russes nomment solomanha. C'est probablement de ce pois- 416 son qu'ils üraient l'huile, uriña, eau de feu, dont ils alimentaient leurs lampes. Dans ces régions, les Basques ont construit le ba- toa, bateau , formé de plusieurs pièces de bois réunies. Dans ces mêmes régions, les Basques ont dû même construire des navires, ontziac, d'une plus grande di- mension, que les Samoyèdes de Touroukhansk nomment encore onou, et que les Toungouses désignent sous le nom d'ongosou. Si cela est, pour faire usage des navi- res, les Basques ont dû s'étendre jusqu’à la mer gla- ciale Arctique, ou jusqu'à la mer d'Okhotsk, située à l'orient de l'Asie. Il faut cependant remarquer qu'on{zia veut dire non- seulement un navire, mais un vaisseau ou un vase en général, comme cela est prouvé par le nom composé de la lampe argiontzia, vase-lumière. Cela étant et subissant la loi qui préside au développement du lan- gage par une suite d'analogies non interrompues, lors- que ce n’est point par des acquisitions directes, plu- sieurs peuples qui ont connu le nom onfzia comme celui d'un vase, ont pu l'appliquer ultérieurement à un vaisseau de mer, à un navire. Les Basques ont laissé dans les terres polaires d'au tres traces que celles dont le souvenir vient d'être in- diqué; on les retrouvera dans les vocabulaires compa- rés des Samoyèdes, des régions polaires et des Slaves. C'est dans le nord de l'Asie que les Basques ont connu des individus de la race mongole, comme eux re- poussés d’une terre plus prospère. C'est là qu'ils y ont fait un échange de mots et d'idées, que les Mongols 417 ont transportés avec eux dans le nord de l'Amériqué. Il a été possible à des hommes experts dans la navi- gation de se rendre d'Asie en Amérique : de 52 à 55° de latitude septentrionale, les îles Aléoutiennes forment un cordon non interrompu qui à rendu le passage fa- cile. Lors de la découverte de l'Océanie par les Euro- péens, tous les peuples qui en habitent les îles se con- naissaient entre eux; ils connaissaient même les nè- gres, ainsi que cela est dit dans la relation du second voyage du général Alvaro de Mendana, de Neyra, qui aborda l’île Christine en 1595. Les Indiens voyant un ‘nègre avec les Espagnols, montrèrent le sud, faisant entendre qu'il y avait des contrées habitées par des peuples de cette couleur; que les nègres se servaient de flèches, et que leurs grandes pirogues étaient desti- nées à des expéditions dans le pays de ces hommes noirs. L'Océan n'était donc pas une barrière insurmonta- ble pour les peuples primitifs. Il résulte de mes observations, que les Esquimaux sont des métis de la race mongole par les hommes, et d'une race américaine par les femmes. Les Samoyèdes me paraissent être des descendants des Basques, modifiés par les circonstances et peut- être par le métissage, mais qui en ont conservé les principales mœurs et les habitudes. Ces deux derniers peuples, dont la taille est aujour- d'hui rabougrie, peuvent servir pour démontrer com— ment la race humaine s’altère lorsqu'elle n’est pas dans des conditions convenables à son existence. 418 Les races polaires ne sont point des petits hommes : ce sont des hommes d'une taille plus élevée qui se sont affaissés. Cela est sans doute dû à ce que ces hommes n'ont point trouvé dans leur nourriture, presque entiè- rement formée de poisson et de graisse, une quantité suffisante de phosphate de chaux pour donner à leur système osseux la résistance convenable : la pesanteur, agissant sans relàche, à diminué leur hauteur sans leur faire rien perdre sur leur largeur, et c'est cela qui les rend hideux et difformes, car un petit homme pour- rait être aussi bien fait qu'un grand. C’est aussi cela qui fait que chez les Esquimaux, les pommettes des joues paraissent encore plus saillantes que celles de la race mongole en général. 8° ÉPOQUE. Région moyenne de l'Asie. Les Basques, trop courageux pour demeurer éter- nellement dans les régions polaires, sont revenus vers le Sud; ils ont passé entre la mer d’Aral ou des Aigles, Aranoa, et cette immense chaine de montagnes qui enveloppe la Chine et la protége contre les invasions étrangères. C'est dans cette région qu'une partie des Escualdu- nais, se croisant avec des Mongols, et peut-être pos- térieurement au départ des Basques pour le Caucase, ont donné naissance à la race turque, qui s'est beau— 419 coup développée, a constamment marché vers l'Ocei- dent, et oceupe aujourd'hui l'Aquitaine sous le nom de Gascons, et l'Espagne, dont elle forme les plus nom-— breux habitants. Il est probable que les Basques se sont avancés dans l'Inde par le Nord, du côté d'Hérat, jusqu'à la région des éléphants. C’est là qu'ils ont pu avoir quelques nou- velles relations avec les Sanserits; ils sont ensuite re- venus sur leurs pas, et ont eu des rapports nombreux avec d'autres rameaux de la souche escualdunaise, dis- tinguée aujourd'hui sous le nom de race sémitique. C'est dans ces lieux que les Basques ont connu les villes ro (Ir en hébreu ), que les peuples sémitiques construisaient d'une manière durable et fort distinctes des huttes habitées dans le nord par les Basques. C'est par les Latins que les Basques ont reçu beaucoup de noms d'une civilisation fort avancée; c'est par les Bas- ques que les Hébreux ont sans doute connu le renne, qu'ils nommaient rés; celui du loup, {séb, car le nom olsoa est significatif en basque, et veut dire Aurleur. Toutefois, les Hébreux ont ozen, oreille, fort rappro- ché du mot ofsa, son en basque, dont vient le nom du loup. C'est d'arag, tuer, en hébreu, que les Basques ont fait araghia, chair à manger ou viande. Les Basques ont pu recevoir de nouveaux mots sé mitiques par les Phéniciens, après leur arrivée en Es- pagne. Les Arabes, de race sémitique, comme les Hébreux, les Chaldéens., les Syriaques, et probablement les Phé- 420 niciens, ont dans leur langue beaucoup de mots pri- mitifs dont l’origine ne peut s'expliquer que par le basque. Ces deux peuples ont dù avoir de nouveaux rapports dans l'Asie méridionale. On sait par l'histoire qu'ils en ont eu d'assez récents dans la Péninsule his- panique. Les Basques ont aussi eu des rapports avec les an- ciens Persans. C'est de ce dernier peuple que les Bas- ques ont tiré le nom de la clé, gilça en basque; ki- lid en persan; et il faut remarquer que notre mot clé n'est lui-même qu'une contraction de ce dernier. Les anciens Persans ont dû exercer une influence considérable sur une foule de langues comprenant le latin , le grec, et les deux principaux idiomes français, le celtique et le roman *. C'est à cette époque que les Basques ont reçu des peuples sémitiques l'écriture, qu'ils ont nommée ager- caya. ‘ Dans la crainte de n'avoir plus l’occasion de revenir sur ce sujet, je dirai ici que les Toulousains m'ont toujours paru être d'anciens Babyloniens. Les Tou- lousains et les Persans sont les seuls hommes qui nous rappellent les traits des statues et des basreliefs trouvés dans la Mésopotamie. J'ai trouvé depuis, que le Père Angelo Joseph, carme déchaussé, et auteur d’un dictionnaire persan, a pu— blié une liste de mots qui établissent des analogies considérables entre le patois toulousain et le persan. Il y a donc une relation évidente entre les Babyloniens, les Persans et les Toulousains. C’est du persan que vient le mot matar, tuer, qui est roman et espagnol. La petite phrase corrompue, échec et mat, employée dans le jeu d'échec, vient du persan, scia mat, et veut dire Le roi est mort. 421 42 ÉPOQUE. Région caucasienne. Les Escualdunais, après s'être répandus dans la ré- gion moyenne et occidentale de l'Asie, ont été repous- sés, au moins en partie, dans la région comprise en tre la mer Noire et la mer Caspienne, jusque dans le Caucase. Cette dernière région convenait d'ailleurs à ce peuple, qui, ayant vécu par lui ou par ses ancé- tres dans le nord de l'hémisphère arctique, retrouvait, à une altitude convenable, un climat analogue à celui qu'il avait habité pendant si longtemps. Les Escualdunais ont donné le nom d'Elburu, tête de neige, au pic le plus élevé de la chaine du Caucase. Une branche de cette chaine, qui s'étend vers la mer Caspienne, a reçu celui de Monts cérauniens où Monts des Vipères, nom tiré de ceraua, la vipère, à cause du grand nombre de serpents venimeux qui sy trou vent. Ces monts portaient aussi le nom de Monts de la Chimère, chez les Grecs et les Romains :. L'Aragwi (sans doute l’Araghus de Strabon), qui roule ses eaux dans le Caucase, rappelle l'Aragon, qui a donné son nom à une province d'Espagne, où coule aussi l'Ébre , Tberus des Romains, qui a été primitive- ment habitée par les [bères, après qu'ils eurent quitté le Caucase. Ce nom, quoique donné par les Ibères, peut ‘ Pallas cite le Schlangemberg ou Montagne des serpents qui existe dans le Caucase. / Foyage de Pallas. } 422 venir de la racine hébraïque arag, tuer, qui a peut- être appartenu à la langue basque, sans qu'il me soit possible de dire pourquoi ce cours d'eau à été ainsi désigné. Les noms qui rappellent le séjour des Escualdunais dans le Caucase, datent peut-être d'une époque plus ancienne : ils ont pu être donnés lors du premier sé- jour de leurs ancêtres dans cette région, et ils sont peut-être aussi la preuve que les anciens Hébreux et les Escualdunais ont parlé la mème langue à l'époque de Noé. Cette opinion est encore confirmée par no4@, vin, qui rappelle Noé, l'inventeur de cette boisson *. On sait d’ailleurs que Noé a habité l'Arménie, voi- sine de l'ancienne Ibérie et du Caucase, et que dans ces pays la vigne croit avec facilité et donne d’excellent vin. La Géorgie actuelle est située dans le même lieu que l'ancienne Ibérie; ses habitants parlent une langue dont le vocabulaire n’a que des analogies rares et incertai- nes avec celui des Basques. Au point de vue grammatical, elle offrirait ce rap- prochement, qu'elle n'a pas d'articles, et que les pré- positions sont représentées par des suflixes. La numé- ration des Géorgiens est décimovigésimale, comme celle des Basques; mais les noms de nombres de ces deux peuples n’ont aucune analogie entre eux. Quant à l'alphabet des Géorgiens, il n'a aucune ana- logie non plus avec celui des Basques. i Noë veut dire repos en hébreu, 423 M. Brosset jeune, dans sa grammaire géorgienne, rappelle que cet alphabet à été inventé par P'harnavaz, roi de Géorgie, qui chassa de ce pays le vice-roi qu'A- lexandre-le-Grand y avait placé; par conséquent, dans le troisième siècle qui a précédé l'ère vulgaire. Malgré l'énorme différence existant entre la langue des Géorgiens et celle des Basques, ces deux nations possèdent les mêmes caractères ethnologiques et parais- sent provenir d'une même souche. La beauté des Géorgiennes, la couleur de leurs che- veux, qui est la même que celle des femmes basques, tout porte à confirmer celte assertion. Les Géorgiens actuels, s'ils ne sont les descendants des anciens Ibériens, sont évidemment leurs collaté- raux, et viendraient par conséquent des Basques ré pandus en Asie. Selon M. J. Klaproth, il y aurait encore dans le Cau- case un peuple nommé Gudamakari, habitant les hau- tes montagnes à l'est de l'Aragwi, qui conserverait son indépendance et parlerait encore la langue des an- ciens Géorgiens. Il eût été de la plus haute importance, pour élucider l'histoire des Escualdunais, de se procurer des rensei- gnements sur la langue des Gudamakari, qui serait la même que celle des Basques actuels, s'il est vrai qu'ils descendent des anciens Ibériens du Caucase. Quelques recherches que j'aie faites ou fait faire, je n'ai pu m'en procurer un seul mot, si ce n'est celui de Gudamakari, nom par lequel on les désigne. J'ai done cherché ce que voudrait dire en langue 424 basque ce nom, qui est composé et qui doit être si gnificatif. Je n'hésite point à dire que ce nom est d'origine basque : la première partie, guda, veut sans aucun doute dire guerrier. Le reste peut être interprété de diverses ma- uières; mais il en est une qui l'emporte sur les autres. Si l’on employait deux 7 au lieu d’une, on aurait Guda mak arri : guerriers qui combattent à coups de pierre; de guda, guerrier; mak, combattre {racine perdue de la langue basque); arri, pierre. Si l'on songe aux ha- bitants des iles Baléares, d'origine escualdunaise, qui étaient si redoutables par l'adresse avec laquelle ils lan- caient des pierres au moyen de la fronde, événement consacré par l’histoire et conservé dans le nom même de ces iles, l'explication du mot gudamakari devien- dra très-probable, si elle ne doit être considérée com- me l'expression de la vérité. L'avenir donnera une solution certaine à cette ques- tion; car il existe une Bible en gudamakari : si je puis me la procurer, il me sera bien facile de savoir si elle est en langue basque. 5° ÉPOQUE. Arrivée des Escualdunais en Espagne. Les Basques, sans cesse harcelés par les peuples de la région méridionale et occidentale de l'Asie, ont dù abandonner l’Ibérie en traversant le Caucase. L'époque de cette émigration remonterait à quinze siècles avant 425 l'ère vulgaire, selon Varron. De là, ils ont cotoyé la mer Noire et se sont rendus, par terre, dans le nord de lltalie, où ils ont laissé des traces par quelques noms de localités que j'ai cités. De ce point, ils se sont étendus, en rayonnant, en ltalie, en Corse, en Sar- daigne, en Sicile, dans les iles Baléares, dans la Pro— vence française, et de là en Espagne. Le rameau escualdunais, qui s’est rendu en Espa- gne, est venu finalement se fixer dans les Pyrénées, où il à retrouvé le même climat que dans le Caucase. C'est là qu'il a su conserver son indépendance et l'i- diome merveilleux qu'il parle. Colonie basque en Amérique. Ainsi que je l'ai fait voir, on trouve dans l'Amérique du Sud une région considérable dont les points les plus importants ont reçu des noms d'origine basque; tels sont l'Uruguay, l'Orénoque, l'Ubay, l'Arinos, les Andes, le Pillachiquir, le Picacho, le Cayambouro, et bien d'autres noms, moins importants il est vrai, qui sont là pour démontrer cette assertion. M. de Humboldt a trouvé de l’analogie entre la gram- maire des Basques et celle des Quichuas, qui habitent le pays des Incas et qui en sont les descendants; mais, indépendamment de cela, beaucoup de mots quichuas et de mots guaranis ont une analogie profonde avec ceux de la langue basque, et de plus, avec le sans- crit et le français. Toutefois, ces mots sont dispersés dans divers dialectes; cependant, ils ont exercé une 426 influence assez grande sur la langue de ces peuples, pour que l'on puisse admettre que ce n’est pas une seule fois, mais bien des fois, que des Européens sont échoués en Amérique. M. A. de Humboldt signale une tradition qui exis- tait dans l'Amérique du Sud, selon laquelle des mu- railles auraient été bâties par des hommes blanes ayant de la barbe et qui habitaient les Andes. Il existe en- core, en Amérique, une tribu d'hommes blanes qui est anthropophage et fort redoutée de ses voisins... Jl ne peut donc exister le moindre doute que, bien longtemps avant la découverte de Christophe Colomb, des hommes blancs ou des Européens ont habité FA-' mérique. Parmi ces hommes, il y eut des Basques. Cette assertion n’a rien qui doive étonner : les Basques, hardis navigateurs, qui passent pour sêtre livrés les premiers à la pêche de la morue, auraient été entrai- nés jusque dans le Nouveau-Monde. Là, privés des moyens de reconstruire un navire, n'ayant point de connaissances astronomiques et géographiques sufli- santes, étant d’ailleurs dépourvus de ces instruments merveilleux dont on fait maintenant usage dans la na- vigation pour déterminer les latitudes et les longitudes, ils ont dù rester où ils se trouvaient. Tout ce qui précède, la communauté d'origine des Basques, des principaux peuples de l'Asie et de l'Eu- rope; la connaissance qu'ils avaient de l'éléphant et du cheval, suffisent d’ailleurs pour démontrer que les Bas- ques ne viennent point d'Amérique, mais qu'ils y sont allés. 427 L'époque à laquelle les Basques se sont rendus d'Eu- rope dans l'Amérique méridionale, ne peut être détermi- née; elle doit remonter cependant assez loin, car on n’a pas trouvé, dans les langues des peuples de ce continent, de noms qui rappelassent notre civilisation moderne. Ce n'a cependant pu être antérieurement à l'émigration du Caucase, qui remonte à quinze cents ans au delà de l’ère vulgaire, comme cela a déjà été dit. Les Basques, lors de leur arrivée en Espagne, ne connaissaient point l'écriture qu'ils emploient actuelle- ment; ils avaient, pour conserver leurs pensées, un moyen moins parfait, qu'ils nommaient agercaya *, auquel ils ont renoncé après avoir reçu un alphabet des Romains. Les Géorgiens, qui les ont remplacés dans l’ancienne Ibérie, n’ont eux-mêmes reçu un al- phabet que trois siècles avant l’'avénement du Christ. Strabon dit que les Ibères se rassemblaient le jour de la pleine lune, et qu'ils passaient la nuit à rendre un culte à une divinité anonyme. Il n'est resté aucune trace qui démontre d’une manière certaine qu'ils aient adopté le culte polythéiste des Romains. Le nom de ceagia, impuissant, qu'ils donnaient aux idoles, ten- drait à démontrer qu'ils étaient peu disposés à recon- naitre la divinité de ces êtres fantastiques. On sait que, plus tard, ils sont devenus chrétiens. Les Basques ont toujours aimé l'indépendance et ont souvent préféré la mort à la perte de leur liberté ! Depuis que j'ai écrit ce paragraphe, j'ai appris que l'écriture des anciens Basques avait été retrouvée depuis quelques années : elle s’écrivait de droite à gauche, comme celle des peuples sémitiques. 28 428 ou à une vie sans honneur. Strabon, qui vivait à une époque fort différente de la nôtre au point de vue des idées morales, rapporte d'une manière singulière quel- ques faits qui sont très-honorables pour les Basques, et qu'il considère tout simplement comme des actes de férocité. « Les Ibériens sont féroces, — dit-il. — Des » individus que l'on avait mis en croix, n'ont cessé » d’entonner des chants guerriers jusqu’à leur mort! » Le chef d'une famille qui venait d'être fait prison- nière, ordonna à l'un de ses fils, encore enfant, qui avait les mains libres, de prendre un glaive qui était près d'eux, de les mettre tous à mort et de se frapper ensuite. Ce qui fut exécuté. Un jeune Ibère prisonnier se jeta dans un feu ardent, plutôt que de céder à la brutalité de Romains qui s'é- taient enivrés dans une orgie! Quel est le plus féroce, de celui qui crucifie des guer- riers malheureux, ou de celui qui chante en recevant la mort? Quel est le plus féroce, de celui qui asservit inutilement des hommes, ou de celui qui meurt parce qu'il ne peut conserver sa liberté? Quel est le plus fé- roce, de celui qui s'enivre et qui veut assouvir d'igno- bles passions, ou de celui qui souffre une mort cruelle pour éviter une flétrissure ? Honte aux Romains! honneur aux Basques! Je me résumerai en quelques mots. Les peuples de l'Europe et de l'Asie occidentale descendent d’une même 429 famille, d'un mème père : la race indo-germanique, comme la race sémitique. La langue basque est, à n’en pas douter, la langue la plus ancienne qui soit parlée sur le globe. Les Escualdunais, que l'on nomme Basques aujour- d'hui, ont habité le nord de l'Asie, l'Asie centrale, le Caucase, et se sont rendus en Espagne. Ils ont fourni, probablement sans le vouloir, des colons à l'Amérique. La plupart des nations de l’Asie occidentale et de l'Europe ont des aflinités non équivoques avec la race escualdunaise, qui sont démontrées par les langues qu'elles parlent et par leurs caractères anthropologiques. En général, l’altération de la race est en rapport avec celle de l'idiome qu’elle parle. Il faut ajouter que les affinités des Escualdunais avec les autres nations ne se bornent pas à celles que j'ai signalées. La famille nubienne, qui est nègre et habite l'Afri- que orientale sur les bords de la mer Rouge, parle une langue dont plusieurs mots se rapportent à celle des Basques. Plusieurs lieux du nord de l'Afrique portent des noms qui se traduisent d’une manière significative en Basque. Un seul suflira pour donner une idée de l’universalité de cette langue : Sahara, le grand désert, veut dire plaine ou sable de feu. Je termine ici cé que j'ai à dire sur les Basques; mais j'aurai l'occasion de revenir sur ce sujet en fai- sant une application de ma méthode d'investigation historique aux principales nations du globe. # A | 0 out do dés aatatiéb noie diet, Eté dE | Mer fentie Phare nr a ribhubhanoét aahtedtte Malesf bit 1 0 'enpaslioéengihiimedaet me ur 2) EL Quef'et té ptun robe, de eutti dur tes ri . * Aohidenem srgédtasiip: sonde shit LA ra soie oguort n3r0 ut drrabrd be freoite ARS À ob lib à diode nt STE RATES pau rare A RUN ee ses tu + A Pons etant meet Fe ir oh “A TOR MODES Dre re sept a xuk al à sé op or sottis) sE nl F ist n8 Jojus 90 vie Ainovés "1 abiapno6"l joel à 4 | + coBégftasraihe ob mat ob coissilqqc ennlèÉe 1 E . l'Eitope TE . ; | | 1 A qu 431 RAPPORT SUR LES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, SCIENCES ET BELLES-LETTRES DE ROCHEFORT et notamment sur les doublages en cuivre employés pour les carènes de navires; Par M. W. MANÈS. MESSIEURS, Le Recueil, que vous m'avez chargé d'examiner, des travaux de la Société d'Agriculture, Sciences et Belles- Lettres de Rochefort, pendant l'année 4851 à 52, n'est pas très-volumineux, car il ne contient que cinq no- tices assez courtes; savoir : Sur les chaudières de bateaux à vapeur ; Sur les doublages en cuivre pour carènes de navires; Sur le mouvement de la population de Rochefort en 1851; Sur les fortifications de Cherbourg ; Sur les améliorations agricoles introduites dans le domaine du Négrier. 432 Parmi ces diverses notices, il n’est que les deux pre- mières qui m'ont paru mériter de fixer votre attention. La Notice sur les chaudières de bateaux à vapeur a été écrite par M. Auriol, ingénieur de la Marine, à la suite de l’examen qu'il a fait du résumé qui a été ins- crit dans les Actes de l'Académie, sur les chaudières à vapeur en général. M. Auriol y donne, concernant les chaudières à va- peur employées dans la marine militaire, des détails intéressants que je dois vous faire connaitre. On se sert uniquement, dans la marine militaire, de chaudières en tôle, dont on à diminué le poids par la suppression des fers en cornières dans les angles. La forme de ces chaudières est exclusivement, depuis sept à huit ans, celle des chaudières tubulaires, avec tuyaux chauffeurs dans les coffres à vapeur. Ces sortes de chau- dières encombrent un peu moins que les chaudières à tombeau , et permettent de pousser plus haut la tension de la vapeur; mais elles élèvent un peu la position du centre de gravité, ce qui est contraire à la stabilité du navire, et sont d'un entretien plus difficile, qui peut cependant être obtenu d'une manière satisfaisante par des extractions régulières d'eau. Toutes les faces planes et parallèles de ces chaudières sont consolidées par des boulons qui ne permettent ni l'écartement, ni le rapprochement. Les corps cylindriques sont terminés par des calottes hémisphériques. | Les tubes calorifères employés sont en cuivre plutôt qu'en fer étiré, parce qu'ils s’oxident moins, durent 133 plus longtemps et ont une plus grande faculté conduc- trice de la chaleur. La tension de la vapeur ne dépasse pas, sur nos bà- timents, celle de deux atmosphères. On n’y fait point usage de la haute pression, pour ne pas être obligé d'augmenter l'épaisseur de la tôle et le poids des appareils. On dispose sur la plupart des navires de plusieurs degrés de détente, suivant les diverses circonstances de mer et de vent, en mème temps qu'on éteint les feux dans une proportion correspondante du nombre des corps de chaudières employés : c'est là un moyen sûr de diminuer la dépense et de ménager le charbon pour une plus longue route ; car on sait, par expérience, que par l'emploi de la détente, la vitesse du sillage du navire est diminuée dans un rapport beaucoup moindre que la consommation du combustible. Quant aux dangers d'explosion, on s’en met à l'abri par un service régulièrement établi et exécuté : 1° On porte une attention particulière sur les rivets, qui se détruisent plus promptement que la tôle; sur les bouts rivés des tubes, à l'extrémité des foyers et au re- tour de la flamme; sur les boulons, sur les joints, et l’on répare immédiatement les petites avaries, à mesure qu'on les voit. 20 On veille à ce que les soupapes de süreté soient toutes en bon état et fonctionnent sans surcharge. 3° On prend garde à ce que les feux soient bien con- duits. L'usage est de mettre sur les grilles environ dix centimètres d'épaisseur de charbon en morceaux gros comme des pommes et des noix, d'allumer avec du bois, 434 deramener toujours la houille crue versles portes desfour- neaux, et de la pousser vers le fond lorsqu'elle est con- vertie en coke; de lui laisser développer toute sa flamme, d'éviter toute augmentation brusque de chaleur et tout refroidissement, d'empêcher que le combustible ne colle aux grilles et ne forme une croûte, de nettoyer les cendriers. Un perfectionnement remarquable est résulté de la suppression du registre de la cheminée et de son rem- placement par des registres particuliers appliqués con- tre les ouvertures des cendriers des divers fourneaux. Par là, on peut régler ou modérer le tirage de chaque fourneau , suivant l’activité du feu. 4° On veille à ce que l'alimentation se fasse bien, et à ce qu'il n’y ait point d'adhérence entre le fond des chaudières et les dépôts des sels calcaires qui s'inter- posent entre l’eau et la tôle, attendu que ces dépôts di- minuent l'efficacité de la chaleur et obligent à chauffer davantage, d'où il résulte que la consommation du combustible augmente , et qu'on fait rougir le métal, dont la ténacité est alors altérée. Des divers moyens qui ont été indiqués pour préve- nir les dépôts salins, celui de l'emploi de l'argile à un extrême degré de ténuité a été en usage dans la marine pendant plusieurs années, et a eu des succès incontes- tables. L’argile mêlée aux sels empéchait leur adhérence aux parois, et les extractions d'eau entrainaient à la fois les sels et l'argile, qui était continuellement rempla- cée; mais comme cette argile passait avec la vapeur dans les tuyaux, dans les articulations, dans les gar- 435 nitures, et jusque sur les pistons des cylindres dont le service était compromis, On a dù y renoncer. M. Polonceau considère toutes les tentatives de ré- duire les dépôts dans les chaudières des locomotives, comme très-incomplètes et sujettes à de graves incon- vénients ; il a successivement essayé différents produits chimiques ayant pour base des sels de soude, du sel marin, du tannin, des décoctions de bois, et n’a ob- tenu que des résultats peu satisfaisants. Les acides vé- gétaux n'ont pas assez d'action, et les acides minéraux rongent le métal. M. Auriol conclut que le plus sûr moyen de conser- ver les appareils évaporatoires en état de propreté et de bon fonctionnement, se réduit, au moins jusqu’à présent, à établir un service régulier dans les extrac- tions d'eau, qui doivent être continues ou très-fré- quentes. Dans la Notice sur les doublages en cuivre pour les carènes de navire, M. Auriol expose le résultat des travaux d'une commission qui, par ordre du gouver- nement anglais, s'est occupée récemment de rechercher quelles pouvaient être les causes de la prompte détério- ration des doublages en cuivre. On sait que les doublages ont un double but : 4° em- pêcher les vers et autres animaux marins de s'introduire dans le bois et de détruire le vaisseau; 2° empêcher l'adhérence des algues et coquillages à la carène du na- vire, ce qui ralentit considérablement sa marche et nuit à ses qualités nautiques. Mais on ne tarda pas à s’apercevoir que lesdits dou- 436 blages s'usaient rapidement, et on chercha les moyens d'y obvier. En 1824, le célèbre chimiste Davy vit la cause de cette destruction dans la condition électrique du métal en rapport avec l'eau de mer : il imagina de rendre la surface totale du doublage négative par la superposi- tion, dans le sens de la longueur du navire, de bandes minces et étroites d’un métal positif, comme le zinc, de manière à occuper environ la deux centième partie de la surface du doublage, et ces essais furent couron- nés d'un plein succès; le cuivre fut préservé de toute oxidation. Davy prévit alors que le cuivre, ainsi pro- tégé, pourrait bien se couvrir d'un dépôt de sels cal- caires et magnésiens, sur lequel les algues et les co- quillages viendraient s'attacher ; mais il pensa qu'on pourrait prévenir cet effet en diminuant, dans une juste proportion, la quantité du métal protecteur. Il faut croire, toutefois, que cet inconvénient persisla à se montrer, Car c'est pour cette cause que cette belle ap— plication d’un principe philosophique dut être, en moins de deux ànnées, complétement abandonnée. Plus tard, on erut trouver la cause de la destruction des doublages en cuivre dans la qualité du métal; il parut que l’eau de mer agissait plus directement sur le cuivre pur que sur le cuivre allié, et on proposa pour doublages des cuivres alliés soit à de l’étain, soit à du zinc, soit à du fer. Le métal de Müntz, composé de deux parties de cuivre et une partie de zine, fut alors employé avec quelque avantage; le bronze donna aussi de bons résultats. k37 M. Prideaux, chimiste attaché officiellement à l’ar- senal de Plimouth, émit, lui aussi, en 1841, cet avis que le cuivre allié était le meilleur pour le doublage. Depuis, et après avoir effectué un grand nombre d'a- nalyses sur plusieurs spécimens de doublages de bonne ou mauvaise qualité, vieux ou neufs, il dut reconnaitre qu'il n'ya point de différences caractéristiques ou cons- tantes entre les bons et les mauvais cuivres de doubla- ges. Le tableau suivant des alliages trouvés par lui dans divers cuivres, et où l’on voit que le cuivre qui a duré trente ans était le plus pur de tous, l'a amené à cette conclusion : CUIVRE AYANT DURÉ CUIVRE à 30 ans. | 17 ans. | 5ans. [rapide usure. Étain..….....| 0,08 0,07 0,40 0,07 Zincubieu 0,09 | 0,44 0,24 0,45 Fer...…....| 0,07 0, 26 0,45 0,56 Argent... 0,01 0,14 0,01 0,06 ToTar....| 0,25 0,61 0,45 0,64 M. Prideaux examina aussi les effets des clous em- ployés, et vit que, dans quelques cas, ils semblaient avoir protégé le cuivre, ce dernier étant plus épais au- tour d'eux; que, dans d'autres cas, ils avaient eu un effet contraire, le cuivre étant usé autour des clous. À l'aide du galvanomètre , les clous furent trouvés pour la plupart négatifs au cuivre ; mais lorsqu'ils 438 étaient couverts de vert de gris et que le cuivre était propre, ils lui étaient positifs. Voici la composition comparative de clous anglais trouvés très-bons pour doublages, et des clous français, destinés au même usage, qui sont fabriqués à Roche- fort pour tous les ports militaires : Tor. 98,59 CLOUS ANGLAIS CLOUS FRANÇAIS pour doublages en enivre. pour doublages en cuivre. Cuivre 62, 62 Cuivre... 92, 00 VAT ONERR PER 24, 64 Etain... 8, 00 Plomb... 8, 69 Tora.. 400, 00 LE Fa d OLA APRES 2, 64 M. Auriol fait observer, en terminant, que de toutes les recherches faites sur les causes qui affectent les doublages par des hommes du plus haut mérite, en An- gleterre comme en France, il n'est guère possible de tirer une conclusion nette et claire. Aussi, M. Pri- deaux, résumant en 1850 les divers travaux effectués, a-t-il déclaré publiquement, dans le Journal des Mi- nes, que presque aucun progrès n'avait été réalisé de- puis 1824. Dans ces derniers temps, M. Bobierre, ayant été chargé par le Tribunal de Commerce de Nantes de re- chercher les causes de l'altération du bronze employé au doublage d'un navire du nom de Sarah, fit à ce su- 439 jet beaucoup de recherches, et les a exposées à l’Institut dans plusieurs Mémoires, dont voici le résumé : « Les doublages en bronze sont préférables, au point » de vue de la durée et de la solidité, aux doublages » en cuivre ou en laiton. Les altérations anormales, » souvent ruineuses pour les armateurs, et qui ont, » depuis quelques années, été l'objet de nombreuses » contestations, sont le résultat d’une fabrication dé- » fectueuse. La présence de l’arsenic dans les bronzes » à doublage n’entraine pas nécessairement l’altération » rapide de ces alliages, ainsi que cela paraît avoir lieu » pour les cuivres rouges. L'expérience a prouvé que » les bronzes à doublage ayant fait un excellent service » à la mer, renfermaient en général de 4,5 à 5,5 d'é- » {ain sur 100 de métal, tandis que presque tous les » bronzes qui ne contiennent que 2,4 à 3,5 d'étain » pour 100, sont hétérogènes et s’altèrent inégale » ment. » Ces résultats sont, comme on voit, fort différents de ceux obtenus par M. Prideaux. M. Bobierre ajoute d'ail- leurs que le désir de laminer à bas prix, en diminuant la dureté de l'alliage et l'appat offert au fabricant par l'infériorité de prix des cuivres aigres, sont les causes principales de la pauvreté en étain et de l'hétérogénéité des bronzes à doublages livrés aujourd'hui à la marine marchande. Il n’est pas dès lors étonnant que, vu la grande incertitude existante sur la bonne fabrication de ces bronzes, le doublage en cuivre rouge soit encore généralement conservé, malgré son prix élevé. On à cherché encore à préserver de l'oxidation les cuivres de doublage, en recouvrant ceux-ci d'un en- k40 duit; mais quelles que soient les prétentions des inven- teurs des divers enduits proposés, ils n'empêcheront jamais les coquilles, les herbes et les mousses, de s'at- tacher aux flancs des navires, qu'ils transformeront bientôt en espèces d'îles flottantes. Ce moyen ne saurait donc être recommandé. M. Arman, de notre ville, bien loin de chercher à empêcher l'oxidation du cuivre de doublage, voit dans cette oxidation même une des garanties du maintien en bon état de marche de la carène du navire. Dans lopi- nion personnelle de cet habile constructeur, le dou- blage en cuivre n’a d'efficacité spéciale qu'à cause pré- cisément de son usure continue à la mer. En effet, les coquillages qui s’attachent sur la carène d'un navire dou- blé, rencontrent sur la paroi une couche permanente d'oxide, et c'est sur elle qu'ils adhèrent ; mais bientôt ils sont emportés avec la couche d'oxide et de petites pail- lettes de cuivre qui se détachent successivement sous la pression du courant continu qu'opère la marche du navire. L'oxidation du doublage empèche ainsi l'en crassement de la carène, qui fait perdre au bâtiment une grande partie de sa marche, et la durée de ce doublage est dès lors proportionnée à l'épaisseur du métal employé. Nous appelons l'attention des industriels sur cette question intéressante, qui laisse encore bien des doutes et des incertitudes, et nous les invitons à chercher les moyens d'assurer enfin de bons résultats dans la pra- tique. Bordeaux, ce 4 août 4853. 441 RAPPORT sur L'ÉLOGE DE ROMAS; Par MN. ABRIA !. MESSIEURS, En mettant au concours l'éloge de l'un des membres de l'ancienne Académie de Bordeaux, vous avez voulu payer à la mémoire de de Romas le juste tribut de louan- ges auquel il a droit, et rappeler aussi l'attention des physiciens sur les expériences célèbres auxquelles est resté attaché le nom de notre compatriote, et sur les observations qui les ont accompagnées. C'est à de Ro- mas, en effet, que l'on doit l'étude des propriétés élec- tiques des nuages orageux, la plus remarquable, sans contredit, par l'intensité et la variété des effets obte- nus; et quoique les Mémoires véritablement importants que nous lui devons soient en petit nombre et puissent se résumer en quelques pages, les observations qu'il a faites dans les recherches qui ont rendu son nom célè- Commission composée de MM. Manès, Raulin, Baudrimont, Magonty, et Abria, rapporteur. 442 bre n'ont rien perdu de leur importance, et l’on est loin d'en avoir déduit toutes les utiles conséquences qui paraissent devoir en résulter. Le seul Mémoire qui vous soit parvenu sur la ques- tion que vous avez posée, offre un résumé fidèle et com- plet des divers travaux scientifiques de l’assesseur au présidial de Nérac ‘. Ces travaux, assez nombreux, ne sont pas tous remarquables au même degré. Quelques- uns même renferment de graves erreurs; mais ils in- diquent un esprit inventif, ardent au travail, ingénieux et hardi dans les procédés d'expérimentation. Leur au- teur aurait cerlainement occupé un rang élevé parmi les physiciens de son époque, s'il avait reçu une forte éducation scientifique. A côté de Mémoires sur la tri- section de l'angle, le mouvement perpétuel, le raccour- cissement du télescope de Newton, la détermination des latitudes par l'inclinaison de l'aiguille aimantée, qui n'ont absolument aucune importance, nous remarquons quelques recherches sur le baromètre, le thermomètre, la capillarité et la météorologie, qui contiennent des observations intéressantes et faites avec soin. Il est à regretter même aujourd'hui que nous ne possédions pas un journal d'observations météorologiques qui parait avoir été tenu par de Romas avec exactitude, et qui nous fournirait certainement quelques données utiles sur le climat de l'Aquitaine. Les véritables travaux scientifiques de notre compa- ! Les Mémoires de de Romas n'ont pas été tous imprimés, mais la plupart ont été conservés dans les archives de l’ancienne Académie de Bordeaux, archi vés qui sont déposées aujourd’hui à la Bibliothèque de la ville. C’est là que l’au— teur a puisé les principaux éléments de son travail, 443 triote, ceux qui lui assignent une place honorable parmi les physiciens du dix-huitième siècle, sont relatifs, on le sait, à l'électricité atmosphérique. L'auteur du Mé- moire les rapporte avec détails; il fait ressortir la portée des observations faites par de Romas dans le cours de ses recherches, observations qu'on peut résumer ainsi : 1° L’intensité électrique de l'atmosphère croit avec la hauteur au-dessus du niveau du sol. Cette remarque, parfaitement exacte, conduisit le physicien de Nérac à lancer un cerf-volant vers les nuages orageux. 2 L'électricité se manifeste par un temps serein, ob- servation qui fut faite à la même époque par Lemonier. 3° On peut obtenir des signes d'électricité dans des pluies non accompagnées d'orage, et aussi avant qu'on n’entende le bruit du tonnerre. : 4° Les nuages sont entourés d'atmosphères électri- ques, quelquefois très-étendues, soumises à l'influence des vents. 5° Le bruit du tonnerre, la lumière des éclairs, per- dent notablement de leur intensité quand on décharge les nuages orageux. Cette dernière observation est une des plus impor- tantes parmi celles qu'on doit à de Romas. Elle prouve qu'en déchargeant, à l'aide de paratonnerres mobiles et suffisamment élevés, les nuages orageux, on pour- rait atténuer singulièrement, peut-être même annuler, les désastreux effets de la foudre. Aujourd'hui, qu'à l’aide de ballons captüfs il nous serait aisé de faire pénétrer dans la région des nuages des canaux par lesquels pourrait s'écouler leur fluide électrique, nous parvien- 29 kh4 drions peut-être à prévenir la formation de la grèle, ou du moins à affaiblir l'intensité des causes qui parais- sent lui donner naissance. Les intérêts engagés dans la question sont assez nombreux, ils ont trait à une portion trop considérable de la richesse nationale, pour ne pas justifier une dépense qui épargnerait peut-être à l'agriculture des pertes énormes, et préviendrait des malheurs auxquels jusqu'ici on n’a jamais pu porter un remède efficace. Si ces essais sont tentés quelque jour, et si leurs résultats répondent aux espérances que l’on est en droit de concevoir, l'honneur des services qu'on rendra ainsi à l'humanité devra rejaillir en partie sur notre illustre compatriote, qui, le premier, aura mis sur la voie par des expériences aussi hardies qu'étonnantes dans leurs résultats. On ne peut disputer à de Romas le mérite d’avoir fait sur l'électricité atmosphérique des expériences qui, par la grandeur de leurs effets, ont considérablement dé- passé celles qui se faisaient à la même époque; on ne saurait non plus, nous le croyons, lui contester, sans injustice, d'avoir eu, en même temps que Franklin, li- dée d'appliquer le cerf-volant à l'exploration électrique de l'atmosphère. On a remarqué bien des fois que les auteurs se bor- nent généralement à copier leurs devanciers, sans pren- dre la peine de remonter aux sources et aux Mémoires originaux. Dans l’histoire de l'électricité atmosphéri- que en parliculier, les différents historiens se sont contentés de copier Priestley, que l'on ne peut vrai ment considérer dans cette question comme un modèle 445 d'impartialité. Franklin à eu le mérite incontestable d'indiquer le premier le pouvoir des pointes comme propre à vérifier l'identité de la foudre avec l'électri- cité, comme propre aussi à préserver les édifices des désastreux effets de ce météore; mais il faut ajouter quelques remarques pour que l'histoire de la science sur ce point soit complète et conforme'à une rigoureuse exactitude. 4° Dès le mois d'août 1749, l'Académie de Bordeaux proposait pour sujet de prix la question des rapports entre la foudre et l'électricité. D'après le témoignage de Franklin lui-même, c'est le 7 novembre 1749, c’est-à- dire deux mois au moins après la publication du pro- gramme de l'Académie de Bordeaux, qu'il inscrivait sur son registre d'observations les analogies entre la foudre et le fluide électrique, et qu'il se trouvait conduit à es- sayer le pouvoir des pointes. Sa lettre à Collinson, dans laquelle il propose ce moyen, et qui forme veritable- ment le premier document authentique, est du 29 juil- let 1750. Il nous semble qu'il serait juste, dans l’his- toire de la science, de faire remarquer que l'Académie de Bordeaux a réellement provoqué les méditations des physiciens sur l'identité de la foudre et de l'électricité. 2° D’Alibard est le premier qui ait obtenu des signes d'électricité atmosphérique, le 10 mai 1752. Ce n’est qu'en septembre de la même année que Franklin en ob- tint avec la verge de fer qu'il avait fait placer sur sa maison. Rien ne prouve, comme l'affirme Priestley, que l'expérience du cerf-volant ait été faite par Franklin en juin 1752. La lettre où le physicien de Philadelphie l'annonce, est du 19 octobre de la même année; et d'a- 446 près la manière dont elle est écrite, tout porte à croire que l'expérience était récente. 3° Dès le 13 juillet 1752, par conséquent avant la lettre de Franklin, probablement avant son expérience, de Romas avait écrit à l'Académie de Bordeaux qu'il songeait à un moyen très-peu coûteux {la dépense, dit- il, ne doit pas excéder six francs) et emprunté à un jeu d'enfant, pour porter une aiguille électrique dans la région des nuages. Quoique le physicien de Nérac n'ait pas nommé le cerf-volant, il nous parait vraiment dificile, d'après ces expressions, de croire qu'il ait eu en vue un autre appareil. Nous croyons donc que de Romas a fait autre chose que répéter les expériences du physicien de Philadel- phie; on ne saurait lui contester l'invention de l'appa- reil qu'il a employé. C’est en effet dans ce sens que l'A- cadémie des Sciences de Paris s’est prononcée en 1764; et si notre compatriote n'a pu obtenir de son vivant la justice qui lui était due, il est de toute équité qu'on re- connaisse aujourd'hui ses droits. Votre Commission pense que le Mémoire qui vous à été adressé remplit les conditions imposées par le pro- gramme de l'Académie, et que les savants liront avec intérêt les détails donnés par l’auteur sur un physicien dont la biographie était tout à fait inconnue. Nous avons donc l'honneur de vous proposer de lui décerner le prix, et d'autoriser l'insertion de son travail dans le Recueil de vos Actes. Il nous parait très-digne d'y figu- rer avec honneur. 12 janvier 1853, 447 ÉTUDE sur les TRAVAUX DE ROMAS; Par M. MERGET, Professeur de Physique au Lycée impérial de Bordeaux, Sie vos non vobis. La découverte de la nature électrique de la foudre, faite au milieu du dernier siècle, eut un immense re- tentissement en Europe, et produisit sur les imagina- tions étonnées l'impression la plus universelle et la plus profonde. Accueillie avec de véritables transports d’en- thousiasme par des générations ardentes aux nouveau- tés et avides d'émotions, elle conserva longtemps sa vogue, et, de nos jours encore, quoiqu'il suffise de l'in- telligence d'un enfant pour comprendre les principes sur lesquels elle repose, quoiqu'elle ait été suivie de beaucoup d'autres découvertes dont l'enfantement exi- geait pour le moins autant de génie, et dont les appli- cations ont été plus utiles et plus fécondes en grandes conséquences , elle n'a pas cessé d'occuper le premier rang parmi les plus populaires. Les poëtes ne laissent 748 pas échapper une occasion de rimer en son honneur des vers qui n'ont servi jusqu’à présent qu'à prouver la difficulté d'accorder la physique avec la césure, et les savants eux-mêmes, malgré leurs habitudes sérieuses, se résignent rarement à parler d'elle sans méthaphores. On a fait moins de réthorique bruyante pour la va- peur elle-même, quoiqu'elle méritàt, à bien plus de ti- tres, les honneurs de l'amplification oratoire ;. préfé- rence partiale qui resterait inexplicable si l'on ne savait que nos plus chaudes admirations sont toujours celles dont s’'accommode le mieux notre vanité. Les autres grandes victoires que l'homme a remportées sur les agents naturels, lui ont, il est vrai, coûté plus de pei- ne, et lui rapportent aussi plus de profits que celle qui a établi sa domination sur la foudre, mais jamais au- cune ne fut plus flatteuse pour son amour-propre. Ha- bitué comme il l'était à trembler devant les éclats du tonnerre, il salua de ses plus vives acclamations le jour où il put enfin commander en maitre à ce redoutable météore; moins il comptait sur la victoire, plus il se trouva fier de l'avoir remportée, et, suivant la cou- tume des poltrons, il manqua de modération dans son triomphe. Il est résulté de cet engouement de l'opinion une dis- position très-marquée à exagérer les mérites du savant qui passe pour avoir démontré le premier que la foudre est un phénomène électrique; aussi Franklin, auquel on attribue généralement l'initiative de cette glorieuse démonstration, est-il en possession d'une brillante re- nommée scientifique dont le temps n’a pas terni la splen- 449 deur; et quand la reconnaissance des peuples exalte l'ouvrier imprimeur de Philadelphie, devenu par occa- sion physicien éminent et grand homme d'État, elle fait passer l'inventeur des paratonnerres avant le fonda- teur de la République américaine. La réputation de Franklin comme homme politique ne lui a cependant pas été inutile pour consolider et pour étendre sa réputation comme physicien. L'éclat jeté sur sa personne par le rôle important qu'il joua dans le plus grand événement de l’histoire du dix-hui- tième siècle, la vénération enthousiaste dont il fut l'ob- jet, nelaissèrent plus à l'opinion assez de liberté pour juger le savant. On proclama de confiance la supério- rité de ses litres, sans trop se donner la peine de les examiner; et comme si ce n'était pas assez de la part de gloire qui lui était due pour ses travaux personnels, on Ja grossie de la part d'autrui; car, en physique comme ailleurs, on prête volontiers aux riches. Il s'en faut de beaucoup cependant qu'on doive rap- porter à Franklin seul le mérite d'avoir découvert l'iden- tité de la foudre avec la matière électrique. Annoncée comme possible, et pressentie instinctivement assez longtemps avant d'avoir été réalisée, cette mémorable découverte devint, vers le milieu du siècle dernier, le but des préoccupations et des travaux du plus grand nombre des électriciens, et pendant quelques années, elle fut maintenue à l'ordre du jour de la science. Des travailleurs hardis et infatigables, des sociétés savantes éclairées, la prirent pour point de mire de leurs actives investigations, et la poursuivirent sans relâche, dans 450 des voies diverses, avec des succès fort inégaux, mais avec le même courage intrépide et la même émulation de zèle. Ce fut à la ligue de tous ces généreux efforts, et non pas à l'inspiration isolée d’un homme de génie, que l'on fut enfin redevable de la conquête de la vérité. Parmi les physiciens qui prirent part avec le plus d'ardeur à cette émouvante lutte où l'homme osa fière- ment se mesurer avec une des forces les plus redouta- bles de la nature et parvint à l'asservir, les annales de la science mentionnent, très-diserètement, un juge obs- cur de Gascogne, un certain M. de Romas, que les his- toriens de la physique ont jusqu'à présent jugé trop provincial pour accorder à ses travaux l'honneur d'un sérieux examen. M. de Romas naquit en 1706 dans cette petite ville de Nérac qui fut aussi le berceau de la famille de Mon- tesquieu. Entrainé, dès sa jeunesse, par une vocation bien décidée vers l'étude des sciences, l'obligation de se faire un état l'empêcha de suivre sa passion dominante; il se tourna donc vers la magistrature, et ses études de droit terminées, il obtint la modeste place d'assesseur au présidial de sa ville natale. Qu'il ait été magistrat plein de zèle et légiste recom- mandable par ses lumières, nous l'accordons sans peine, et cela se montre assez clairement par l'estime générale qu'il sut conquérir dans l'exercice de ses délicates fonc- tions. On peut croire cependant qu'il ne ressentit Ja- mais pour les spéculations abstraites du droit qu'une affection très-modérée, et qu'au lieu de consacrer ses loisirs à méditer Cujas et Bartole, il préféra les em- ployer à étudier la physique dans les ouvrages de Nol- let, dont il adopta les vues et dont il fut à l'occasion le zélé partisan. Toujours est-il qu'il nous à laissé, non pas des com- mentaires sur des questions de jurisprudence, mais de nombreux écrits scientifiques, qui fixèrent assez l’atten- tion des hommes spéciaux de son temps pour lui mé- riter les suffrages des deux Académies des Sciences de Bordeaux et de Paris, dont la première lui conféra le titre de membre correspondant en 1745, et celui d'as- socié en 1754; la seconde, le titre si rarement accordé de membre correspondant, en 1755. L'homme privé ne nous est pas mieux connu que le jurisconsulte. La vie de M. de Romas s’écoula modes- tement et sans épisodes dans la sphère calme d’une pe- tite ville de province ‘; il la partagea tout entière entre l'accomplissement des devoirs de sa charge et la pour- suite de ses entreprises de physique; il n’a légué à la posterité, sous bénéfice d'inventaire, ni Mémoires pos- thumes, ni Impressions de voyage, et pour le connai- tre, nous en sommes réduits à chercher dans ses œu- M. de Romas, qui paraît avoir eu des goûts très-sédentaires, ne quitta Né- rac qu'à de rares intervalles, pour venir à Bordeaux, où il ne fit que des séjours de courte durée. Le retentissement que donnèrent à son nom ses belles expériences sur le cerf-volant électrique, lui attira la visite de quelques personnages il lustres, entre autres celle du chevalier d'Acosta, ancien ambassadeur du Portugal auprès des Provinces—Unies, et celle de la célèbre lady Montague. Le chevalier d’Acosta, exilé par le très-philosophe marquis de Pombal, devint l'ami ne notre compatriote, auprès duquel il se fixa; quant à lady Montague, elle se lia plus particulièrement avec Mm° de Romas, qui la combla de prévenances, lui offrit l'hospitalité la plus généreuse, et sut gagner l'affection de !a spirituelle touriste. 452 vres scientifiques des révélations éparses sur les traits dominants de son caractère. A le juger par son style incorrect et diffus, où les négligences les plus fortes et les infractions les plus hardies aux règles grammaticales viennent trop souvent mettre en relief des pensées qui étonnent par leur naï- veté, M. de Romas ne recut sans doute qu'une éducation fort incomplète, et l'isolement auquel le condamna son existence toute provinciale, l'empêcha d'arriver à cette maturité de talent que l'on peut acquérir par le com- merce des hommes, quand elle n’est pas donnée par la culture sévère de l'esprit. Les documents, fort peu nombreux d'ailleurs, où il est question de lui, tout en attestant sa parfaite bon- homie et les excellentes qualités de son cœur, insinuent qu'il ne fut pas exempt de ce défaut de vanité presque inséparable d’une origine gasconne; et aussi trouve-t- on plus d’une fois dans ses Mémoires la preuve qu'il joignait à une simplicité primitive de caractère, une confiance en lui-même qu'on excuse volontiers tant elle est de bonne foi. Ce qui rachète largement ces imperfections légères, c’est l’ardeur intrépide et désintéressée qu'il montra pour les recherches scientifiques, recherches qui furent cons- tamment l’objet de ses plus chères prédilections, et pour lesquelles il n'hésita pas, dans l’occasion, à exposer sa santé et sa vie. L’àge même ne parait pas avoir amorti la passion généreuse avec laquelle il s'y livra; et il faut qu'il l'ait bien vivement ressentie, pour que ses forces aient pu suffire à la multiplicité des études qu'il em- 453 brassa. Il n’y a pas, en effet, de branche de la physique sur laquelle notre curieux compatriote n'ait porté ses in- vestigations ; etcommes'iltrouvait trop restreint pour ses facultés le vaste champ de cette science, nous le voyons s'occuper encore de météorologie, de mécanique, de géographie, de navigation, d'agriculture, d'élève des bestiaux, expérimenter, inventer des machines, faire des essais de toutes sortes, écrire enfin trois gros vo- lumes de Mémoires, le tout en remplissant exactement les devoirs de sa charge et sans jamais trahir la moin- dre lassitude. Les manuscrits des Mémoires dont nous venons de signaler l'existence, après avoir fait partie jusqu’à la fin du dernier siècle des archives de l'ancienne Académie de Bordeaux, appartiennent maintenant à la Bibliothèque de notre ville, où j'ai pu les consulter à loisir, grace à l’obligeance bienveillante de l'habile con- servateur de ce riche établissement. M. Delas ne s'est pas contenté de mettre à ma disposition les documents bibliographiques que je devais consulter , il s'est cor- dialement empressé de me fournir tous les renseigne- ments propres à faciliter et à étendre les recherches que j'avais entreprises; je suis heureux d'acquitter ici la dette de reconnaissance que j'ai contractée envers lui. Par un malheur à peu près inévitable, quand on veut toucher à tout, on s'expose à ne rien approfondir, et il est arrivé à M. de Romas ce qui arrive presque tou- jours en pareil cas aux hommes qui ne savent pas ré- gler leur mobile imagination. Il effleura beaucoup de sujets sans en creuser aucun; il eut par moments des 15% inspirations très-heureuses, sans jamais se montrer ca- pable d'en tirer parti jusqu'au bout; et, en moyenne, avec des facultés brillantes, mais mal employées, il ne s'éleva que par accident au-dessus du niveau de la mé- diocrité. Parmi les nombreux travaux dus à son infatigable activité, ceux qui sont étrangers à l'électricité n'offrent aucune partie digne de remarque, et ne renferment pas un seul résultat qui mérite de fixer notre attention; souvent, au contraire, ils contiennent des erreurs con- sidérables, dont quelques-unes appartiennent en propre à l'auteur et doivent lui être reprochées, tandis que les autres tiennent à l'imperfection des méthodes scienti- fiques en usage à l'époque où il vivait. L'analyse de ces divers travaux serait sans intérêt et sans profit; nous les passerons donc sous silence, pour nous attacher ex clusivement à l'examen des recherches de notre compa- triote qui ont pour objet les phénomènes électriques. Au temps où vivait M. de Romas, l'électricité tenait une grande place non-seulement dans les discussions des savants, mais aussi dans les préoccupations des hommes du monde, et plus encore en France que dans le reste de l'Europe. C'était la grande époque où se fon- dait cette branche si attrayante et si curieuse des scien- ces physiques; chaque jour apportait une découverte nouvelle, et, à chaque pas en avant dans ce vaste champ dont les perspectives infinies se déroulaient pour la première fois devant les yeux étonnés et ravis des physiciens, quelque fait aussi merveilleux qu'inattendu venait frapper les imaginations et enflammer les espé- 455 rances des intrépides explorateurs de ce nouveau monde scientifique. . On vit alors dans tous les pays civilisés s'organiser une véritable croisade philélectrique, entreprise avec celte fougue que donne l'enthousiasme, et continuée avec celte persévérance invincible qu'inspire une foi forte, car on croyait à l'électricité et on lui demandait même des miracles. Tout le monde se mit bravement en campagne, les uns avec leur léger bagage d’ama- teurs, les autres avec leur bagage plus lourd de savants, ce qui nous explique sans doute comment il se fit que les savants n'arrivèrent pas toujours les premiers. L'en- gouement devint irrésistible et gagna toutes les classes du public, depuis les quakers de Philadelphie, qui ou- blièrent la bible pour les globes de verre et de soufre, jusqu'aux grands seigneurs élégants et raffinés de Ver- sailles. Ce qui est plus significatif encore, les marquises à talons rouges assiégeaient en foule les cabinets des physiciens, où elles venaient chercher les émotions de l'étincelle, et, d'un bout à l'autre de l'Europe, elles en- tretenaient des correspondances fort sérieuses, non plus avec leurs marchandes de modes, mais avec les élec- triciens les plus éminents de la capitale; quelques-unes même poussèrent le fanatisme de la propagande jusqu'à se faire professeurs publics d'électricité *. ! Ce fait assez curieux se présenta en Italie : Me Laura Bassi, membre de l'Académie de l'Institut de Bologne, dirigeait une école de physique expérimen— tale, fréquentée par un grand nombre d'auditeurs. Une autre Italienne, Mlle Ardinghelli, se fit aussi remarquer par son ardeur à étudier l'électricité : cette jeune personne, qui appartenait à une des familles les plus illustres et les plus 456 La France, comme on se l'imagine sans peine, ne fut pas le pays qui prit part avec le moins d'ardeur à ces luttes de la science, ni celui qui fournit le moindre contingent d'infatigables travailleurs. Les sociétés sa vantes de notre ingénieuse patrie se placèrent à la tête de cet important mouvement ; elles furent les premiè- res à donner l'élan à l'opinion, et par l'empressement avec lequel elles discutèrent les grandes questions alors à l'ordre du jour, par les prix qu’elles proposèrent comme une glorieuse récompense aux meilleurs travaux desti- nés à en donner la solution, elles contribuèrent puis- samment à l'accroissement de l'émulation universelle. Parmi ces sociétés savantes, celle qui montra le plus d'activité, d'intelligence et d'esprit d'initiative, celle dont l'action éclairée et forte se fit le plus eflica- cement sentir, et qui contribua, pour la plus large part, à diriger les esprits dans la voie du véritable pro- grès, fut sans contredit l'Académie des Sciences de Bordeaux, qui traversait alors une période glorieuse et trop peu connue de son histoire. Il y aurait injustice à ne pas rappeler ici les services éminents rendus par ce corps savant à la cause du progrès scientifique; cette étude se rattache d’ailleurs très-étroitement au sujet que nous traitons. anciennees de Toscane, fit imprimer en 1749, alors qu’elle n'avait que seize ans, une traduction italienne de l'Hémostatique de Hales, avec des remarques très-savantes et très-judicieuses. Plus tard, elle publia une traduction de la Statistique des Végétaux du même auteur. Toutes deux étaient des disciples de l'abbé Nollet, qui les tenait au courant du mouvement de la science, et qui leur dédia deux de ses lettres imprimées sur l'électricité. 457 En 1747, les premiers travaux sérieux sur l'électricité venaient à peine d'être révélés au monde savant; leur haute portée philosophique ne pouvait encore être que très-diflicilement comprise; et l'Académie des Sciences de Paris elle-même, n’osant pas se prononcer, se con- tentait prudemment d'attendre, pendant que l'Académie de Bordeaux, devinant dès-lors avec une rare puissance de pénétration toute l'importance des faits nouveaux dont la science s'était récemment enrichie, pressentait heureusement et montrait dans l'avenir les grandes dé- couvertes auxquelles ces faits devaient inévitablement conduire, en même temps qu'elle encourageait les sa- vants à en poursuivre la conquête. Cest ainsi que nous la voyons, en 1748, proposer pour sujet du prix des sciences la recherche des rap- ports entre le magnétisme et l'électricité; et, en 4749, celle des rapports entre l'électricité et la foudre. Une initiative aussi éclairée et que signalait tant d'à- propos doit nous faire concevoir une haute idée de la valeur scientifique des hommes éminents qui n’hésité- rent pas à la prendre; elle suffirait, à défaut d'autres preuves, pour nous apprendre que la compagnie illus- tre dont la réputation jetait alors tant d'éclat sur notre ville, renfermait dans son sein des esprits d'élite ca- pables au besoin de réaliser les grandes choses dont ils provoquaient l’entreprise. Cependant, parmi tous les memires de l'Académie, on ne comptait pas alors un seul physicien de profession. Ces promoteurs hardis de grandes découvertes étaient des hommes du monde, simples amateurs des sciences, 458 à la culture desquelles ils ne pouvaient consacrer que les heures trop peu nombreuses de leurs loisirs. Rap- prochés par la communauté des goûts autant que par la distinction des manières et par toutes les qualités ai- mables de l'esprit et du caractère, ils formaient une de ces sociétés souverainement élégantes et polies dont alors l'aristocratie de la naissance faisait noblement et délicatement les honneurs à l'aristocratie du talent, et où les savants trouvaient toujours des protecteurs géné- reux et éclairés, devenus bien souvent leurs émules. Le fondateur et l'inspirateur de ce petit cénacle de savants bordelais était le chevalier de Vivens, un des esprits les plus cultivés de son époque, tout à la fois agronome de premier ordre, littérateur brillant et sa- vant plein de zèle, digne enfin, par les excellentes qua- lités dont il présentait le rare assemblage, de présider les hommes éminents dont il aimait à s'entourer, et auxquels il offrit souvent une généreuse hospitalité dans son château de Clairac. C'est dans cette riante demeure que se réunissaient, pour s'entretenir de leurs travaux de prédilection et pour se communiquer les résultats de leurs méditations fécondes, l'immortel auteur de l'Esprit des Lois, qui se délassait de ses hautes spéculations sur la philoso- phie et sur l'histoire par la culture suivie de la physi- que et de l'histoire naturelle; le baron de Secondat, son fils, auteur de plusieurs opuscules scientifiques juste- ment estimés, et d'une excellente histoire de l'électri- cité; le docteur Raulin, qui fut depuis médecin par quartier de Louis XV; les frères de Dutilh, ardents et 459 habiles expérimentateurs; les abbés Guasco et Venuti , et enfin M. de Romas, qui habitait dans le voisinage. Ce dernier était sans contredit la tête scientifique la plus forte de l'assemblée, et, à côté des trop apparentes erreurs que l'on peut signaler dans ses œuvres, des ins- pirations heureuses et des traits d’une sagacité peu com- mune dénotent de sa part une incontestable aptitude aux investigations scientifiques. Malheureusement, pour féconder les remarquables qualités dont il avait reeu le germe, il lui manqua, ce qui ne se remplace guère, une éducation première forte et sagement dirigée. Re- légué dans une province éloignée, il vécut au milieu d'un cerele d'amis trop indulgents pour ses erreurs; il n'eut à redouter ni les luttes de la discussion, ni les mordantes attaques de la critique; on lui épargna les avertissements rigoureux, mais salulaires, qui relè- vent l'homme qui bronche, et le replacent dans la voie droite; aussi sa marche fut-elle toujours très-irrégu- lière et très-inégale ; et si nous analysions ses nombreux Mémoires, nous aurions malheureusement plus d'une chute à constater. Le défaut d'éducation scientifique sérieuse devait être moins nuisible à M. de Romas dans ses recherches sur l'électricité que dans celles auxquelles il se livra sur les autres branches de la physique. De son vivant, comme nous avons eu déjà l’occasion de le dire, on dé- butait à peine dans l'exploration du vaste champ de l'é- lectricité. Tout était à faire, ou presque tout; et une imagination ardente, jointe à une activité infatigaPle, pouvait conduire au succès aussi bien et mieux peut- 30 460 être que la réflexion froide s'appuyant sur des connais- sances acquises. Aussi le modeste amateur de Nérac se montra-t-il quelquefois, dans ses travaux sur les phé- nomènes électriques, mieux inspiré que les savants les plus exercés et les plus habiles. Nous devons toutefois nous hàter de dire que c'est comme expérimentateur seulement, et non pas comme théoricien, qu'il peut ètre mis en parallèle avec eux. Jugeons-le d’abord comme théoricien. Deux systèmes, à celle époque, se partageaient les préférences des physiciens: celui des affluences et des effluences, dont l’auteur , l'ingénieux abbé Nollet, expli- quait tous les phénomènes de l'électricité par l'action d’effluves simultanées qui s'échappaient des corps pen- dant l'acte de l’élecirisation ; et celui des électricités en plus et en moins, imaginé par Franklin. Ce physicien suppose d'abord qu'il existe un seul fluide très-délié , auquel il donne le nom de fluide électrique. Cet agent est répandu partout; ses molécules se repoussent, et le verre résiste victorieusement à leur passage. Plongés originairement dans ce fluide, les corps en prennent en raison de leur attraction et de leur capacité, jus- qu'à ce qu'il se soit mis en équilibre avec lui-même dans tous les corps de la nature. Alors, aucun n'est électrisé; ils sont tous dans l'état naturel. Mais du moment que le frottement ou toute autre action quel. conque détermine la rupture de cet équilibre, les at tractions des corps pour les fluides électriques perdent leuf rapport d'égalité : les uns acquièrent une surabon- dance de fluide électrique, les autres manquent d'une 461 partie de leur fluide naturel, et c'est cet excès ou ce défaut de fluide qui les constitue dans deux états élec- triques différents. Le système de l'abbé Nollet, dont l'idée première est empruntée aux tourbillons de Descartes, n'avait abso- lument aucune valeur scientifique. Accepté d'abord avec une assez grande faveur, faute de mieux, il fut promplement abandonné pour celui de Franklin, plus simple et par conséquent plus séduisant, mais n’em- brassant qu'un petit nombre de faits, et ne se prêtant pas au calcul mathématique des lois ; aussi, ce dernier tomba-t-il à son tour devant l'hypothèse des deux élec tricités, dont celle de l'électricité en plus et en moins n'est qu'une maladroite reproduction. Pour le dire en passant, cette hypothèse des deux électricités sur laquelle la science moderne est aujour- d'hui victorieusement assise, et à laquelle elle est rede- vable de la plupart de ses admirables progrès, a pris naissance en France vers le commencement du dernier siècle, et elle a été formulée avec la plus grande net- teté par Dufay, dont les remarquables Mémoires, insérés tout au long dans le Recueil de l'Académie des scien- ces, furent comme non avenus pour les savants con- temporains. Mais Dufay était français, ce qui est la plus sûre condition pour n'être pas écouté en France ; on lui contesia ses belles expériences, alors qu'il suffi- sait d'avoir des yeux pour s'assurer de leur rigoureuse exactitude, et ses découvertes eurent le sort de bien d'autres découvertes faites dans notre pays. Il fallut qu'elles abandonnassent leur sol natal pour aller se faire 462 naturaliser étrangères; et quand elles nous revinrent défigurées et assez mal comprises avec le passeport de Franklin, alors on ne trouva plus pour elles des for- mules d'admiration assez hyperboliques; elles eurent leurs enthousiastes incorrigibles, leurs défenseurs in- trépides toujours prêts à rompre des lances contre qui- conque oserait manifester des velléités d'opposition, et trop long temps, dans l'opinion presque unanime des savants européens, le physicien de Philadelphie passa pour le véritable fondateur de la théorie électrique. Pen- dant qu'on parlait partout, et à tout propos, de Fran- klinisme, de Franklinistes et de système Franklinien, on poussait l’ingratitude jusqu'à oublier le nom même de Dufay. Nous devons rendre cette justice à M. de Romas, qu'il ne sacrifia pas aux dieux étrangers et qu'il resta fidèle au drapeau national; mais la Physique n'y gagna pas grand chose; et sil repoussa vigoureusement les idées de Franklin, ce fut pour adopter celles de l’abbé Nollet : évitant ainsi Charybde pour aller, tête baissée, se jeter dans Scylla. Du reste, les questions de pure théorie ne paraissent pas avoir pris une bien large place dans ses préoccupations, et il ne les a que très-superticielle- ment abordées dans deux Mémoires, fort courts, s'ils ne sont pas très-bons. Dans l’un de ces Mémoires, pour prouver la réalité des matières aflluente et ceffluente, il prétend que lors- que la décharge électrique se produit entre deux corps conducteurs , deux étincelles bien distinctes prennent naissance sur ces deux corps, viennent se choquer 163 avec bruit au milieu de l'intervalle qui les sépare, et reviennent ensuite très-fidèlement chacune à son point de départ primitif. Il ne fournit absolument aucune preuve en faveur de cette singulière assertion: il se contente d'affirmer très-cavalièrement que les choses se passent comme il dit les avoir vues, et on à peine à comprendre d'où lui vient l'imperturbable assurance avec laquelle il se porte caution pour un fait aussi ma- tériellement faux. Lors même qu'il aurait exactement observé, nous n'avons pas besoin de dire que son observation n'aurait pu fournir aucun argument en faveur de l’insoutenable système des affluences et des effluences. Le second Mémoire qu'il composa pour la démons- tration de ce système est consacré à établir ce point de fait, nié par les Franklinistes et affirmé contradictoire- ment par les partisans dé l'abbé Nollet, que le verre est perméable à la matière électrique. Cette question était alors assez vivement controversée parmi les savants, à l'occasion de l'explication récente donnée par Franklin de la charge et des effets de la bouteille de Leyde, et dans laquelle ce savant admettait limperméabilité du verre au fluide électrique. M. de Romas, qui se moque de cette explication, et qui s'oublie jusqu'à l'appeler entortillée, imagina, pour prouver que le verre est perméable, quelques expé- riences assez ingénieuses et qui lui parurent décisives. Il s'en fallait de beaucoup cependant qu'il eût le droit de chanter victoire, car il n’opéra qu'avec du verre ex- trémement mince; et s'il est vrai que sous de faibles 464 épaisseurs, cette substance livre passage à la matière électrique, elle perd cette propriété sous des épaisseurs un peu considérables. En dehors des deux Mémoires que nous venons d’a- nalyser fort brièvement, et de quelques pages où il raconte les effets du traitement électrique essayé par lui dans deux cas de paralysie, tous les autres travaux que M. de Romas entreprit sur l'électricité ont eu pour objet l'étude de l'électricité atmosphérique, et c'est dans ces derniers que nous devons chercher ses véritables titres de gloire. Dès 1750, nous le voyons fortemement préoccupé de cette pensée, que la foudre est un phénomène électri- que, et déjà il se livre à d'actives recherches pour con- firmer par l'expérience ses idées théoriques. Le point de départ de ces recherches fut l'observation des effets produits par la chute de la foudre sur le chäteau de Tampouy, près de Nérac ( juillet 4750 ). Comme on remarqua, dans cette circonstance, deux lames de feu qui se croisèrent à plusieurs reprises avec des siffle ments assez forts, et que des corps solides volumineux furent soulevés et transportés à des distances considé- rables, Romas vit dans ces particularités une ressem- blance avec les phénomènes d'attraction et de répulsion des corps légers par les corps électrisés, et avec la double étincelle qui, d'après lui, part entre deux con- ducteurs au moment de la décharge. Ces analogies étaient assez mal choisies; mais telles qu’elles étaient, elles frappèrent son imagination; et à la fin du Mé- moire où il les consigne, il écrivait les mots suivants, que nous transcrivons comme échantillon de son style, et qui annoncent de sa part l'intention bien arrêtée d'étudier à fond cet intéressant sujet : « Je me réserve, » si ce Mémoire est bien reçu, de traiter un peu plus » amplement, dans un autre que je me propose de » donner sous la forme d'un ouvrage lié, de toutes les » parties qui me paraitront les plus propres à faire » connaitre l’analogie de la foudre et de l'électricité . » Le temps marqua pour la confection de cet ouvrage ; notre compatriote fut devancé dans ses recherches, et la gloire de démontrer par des expériences décisives l'identité de la foudre et de l'électricité, lui fut enlevée au moment peut-être où il était sur le point de la con- quérir. Sans se laisser atteindre par le découragement, il entra avec résolution dans les voies nouvelles où d’autres plus heureux l'avaient précédé; il prit une part très-active au mouvement scientifique que provo- qua cette grande découverte; et sil ne brilla pas au premier rang, ses remarquables travaux lui assignaient au second une place encore fort honorable. Cette place cependant lui fut injustement contestée, et on le dé- pouilla sans serupule des titres scientifiques qu'il avait si laborieusement amassés, pour en faire honneur à un [1 paraît qu’à la suite du cas de foudre de Tampoüy et des réflexions dont il fut le point de départ, Romas conçut le projet d’un instrument destiné à attire le tonnerre. Cet instrument, qu’il ne décrit nulle part, mais auquel il fait quel— ques allusions dans sa lettre à Lutton, consistait, autant qu'on peut en juger sur de vagues indications, en un conducteur isolé terminé par une boule, ce qui aue rait fait un fort mauvais paratonnerre.M. de Vivens, qui eut connaissance du nou- vel instrument, et qui lui donna même le nom de brontomètre, comprit sans doute les dangers que son emploi aurait inévitablement entrainés, et détourna Romas de publier son invention, 466 autre. Ce sont ces titres que nous allons nous efforcer de lui restituer; ils appartiennent d'ailleurs à l’histoire, jusqu'à présent incomplétement ou inexactement ra- contée, de la découverte de l’identité de la foudre avec la matière électrique. En rétablissant cette histoire dans sa vérité, nous ne sortirons pas de notre sujet : l'expo- sition pure et: simple des faits est le meilleur éloge qu'on puisse faire du physicien de Nérac. Le premier rapprochement entre l'électricité et le tonnerre est dù au physicien anglais Gray, qui s'ex- prime de la manière suivante dans une lettre adressée, en 1735, à Cromwell Mortimer, secrétaire de la So ciété Royale de Londres, et publiée peu de temps après dans les Transactions philosophiques. «West probable » qu'avec le temps on trouvera un moyen de rassem- » bler une plus grande quantité de feu électrique, et » par conséquent d'augmenter la force de ce feu, qui, » par plusieurs expériences, st licet magnis componere » parva, parait être de même nature que celui du ton- » nerre et des éclairs. » A l'époque où Gray s’'exprimait de la sorte, les faits connus de l'électricité n'étaient encore ni assez nom-— breux, ni assez bien interprétés, pour qu'on attachàt quelque importance au rapprochement indiqué par ce savant; aussi sa lettre ne produisit aucune impression sur l'esprit des physiciens contemporains , et elle n’exerca aucune influence sur la direction de leurs recherches. Plus tard, en 1748, l'abbé Nollet se montrait un peu plus explicite ; à cette date, les faits s'étaient mul- tipliés, et devant le faisceau de convictions qu'ils ap- 467 portaient, ingénieux physicien se laissait aller aux réflexions suivantes : « Si quelqu'un entreprenait de » » » » » » » » » » » » » » » » » » » ) Ÿ » » » ) C4 ) C4 ) 4 ) C4 D 4 prouver, par une comparaison suivie des phénomè- nes, que le tonnerre est entre les mains de la nature ce que l'électricité est entre les nôtres; que ces mer- veilles dont nous disposons à notre gré, sont de peti- tes imitations de ces grands effets qui nous effraient, et que tout dépend du même mécanisme; si l'on faisait voir qu'une nuée préparée par l’action des vents, par la chaleur, par le mélange des exhalai- sons, etc., est vis-à-vis d'un objet terrestre ce qu'est le corps électrisé en présence et à une certaine dis- tance de celui qui ne l’est pas, j'avoue que cette idée, si elle était bien soutenue, me plairait beaucoup; et pour la soutenir, combien de raisons spécieuses ne se présentent pas à un homme qui est au fait de l’élec- tricité! L'universalité de la matière électrique, la promptitude de son action, son inflammabilité et son activité à enflammer d'autres matières, la propriété qu'elle à de frapper les corps extérieurement et inté- rieurement jusque dans leurs moindres parties, l'exemple singulier que nous avons de cet effet dans la bouteille de Leyde, l'idée qu'on peut légitimement s'en faire en supposant un plus grand degré de vertu électrique, ete., tous ces pointsd’analogie que je médite depuis quelque temps commencent à me faire croire qu'on pourrait, en prenant l'électricité pour modèle, se former, touchant le tonnerre et les éclairs, des idées plus saines et plus vraisemblables que tout ce qu'on à imaginé jusqu'à présent. » Tout cela, sans aucun doute, est fort joli; mais il 168 n'y avait encore que des mots mis en circulation, et les sciences ne vivent pas seulenent de beau langage. Dans une question de cette importance, il fallait des faits coneluants, et ce fut pour provoquer leur produc- tion, qu'en 1749 l'Académie de Bordeaux proposa har- diment, pour prix des sciences physiques, la démons- tration des rapports de la foudre avec l'électricité. Cette initiative audacieuse partant d'un corps sa- vant dont la réputation était alors à son apogée, et dont les hommes les plus éminents de l'Europe s'em- pressaient de briguer les suffrages, a eté dédaigneuse- ment passée sous silence par les divers historiens de l'électricité. On peut affirmer cependant qu'elle exerça l'influence la plus salutaire et La plus décisive, et qu’elle donna la première impulsion au grand mouvement scientifique dont nous la voyons immédiatement suivie. Le simple rapprochement de quelques dates nous fournira des lumières à cet égard. C'est en 1749 que l'Académie de Bordeaux propose son prix sur la nature électrique de la foudre; et ce qui prouve que Fappel fait par elle aux savants de tou- tes les nations fut entendu, c'est que jamais il n'y eut pareille abondance de Mémoires; de sorte qu'en 1750, les juges du concours se trouvèrent fort embarrassés lorsqu'il fallut faire un choix parmi les nombreux can- didats dont les dissertations étaient soumises à leur exa- men ‘. Le prix de l'Académie fut solennellement décerné en ‘ Ce fut M. Bergeret, médecin de Dijon, qui remporta le prix; sa dissertation ne renferme aucun fait nouveau: il se borne à résumer les faits alors connus, et il les interprète avec assez d’habileté en faveur de l'afirmative. 469 séance publique, au mois d'août 1750; à la date du 29 juillet de la même année, Franklin adressait de Phila- delphie, à son ami Collinson, membre de la Société Royale de Londres, deux longues et remarquables let- tres, dont la première est consacrée à l'énumération et à l'interprétation des faits alors connus, qui tendaient à prouver que le tonnerre était un phénomène électri- que, et dont la seconde était accompagnée d'un Mé- moire, intitulé : Opinions el conjectures sur les effets de la matière électrique, qui résultent des expcrien- ces el des observntions faites à Philadelphie en 1749. Dans ce Mémoire, l'auteur propose d'utiliser le pouvoir que possédent les pointes de soutirer l'électricité des corps conducteurs, pour vérifier d'abord si les nuages orageux sont électrisés, et pour se préserver ensuite des atteintes de la foudre. La coïncidence est au moins remarquable, et vaut la peine qu'on la signale. A l'époque où l'illustre physicien de Philadelphie écrivait les deux remarquables lettres que nous venons de mentionner, connaissait-il, oui ou non, le pro- gramme de l'Académie de Bordeaux? C'est là, nous devons le dire, une question d’une délicatesse extré- me, qu'il faudrait trancher non pas avec des présomp- tions, mais avec des documents authentiques, et ces documents nous font absolument défaut. Franklin, pour sa part, ne dit pas un mot, ne laisse pas échapper une allusion qui autorise à croire qu'il ait puisé ailleurs que dans ses méditations personnelles l'heureuse inspi- ration qui le conduisit à s’occuper de l'électricité atmos- #70 phérique, et la réserve impénétrable dans laquelle il se renferme laisse le champ libre à toutes les suppositions. Un de ses amis lui ayant demandé, en 1755, d'où cette inspiration lui était venue, voici la réponse qui lui fut faite (Philadelphie, mars 1755) : ©A l'égard de la » question que vous me faites, d'où m'était venue la première idée de proposer l'expérience d'attirer la foudre afin de constater son identité avec le fluide électrique, je ne puis mieux y répondre qu'en vous donnant un extrait des minutes que j'ai coutume de garder des expériences que je fais, et des mementos de celles que je propose de faire, avec les motifs sur lesquels je me fonde et les observations qui en résul- tent; minutes d'où je tirais ensuite de quoi composer mes lettres. Vous verrez par cet extrait que cette idée n'était pas un hors-d'œuvre, et qu'il ny avait pas d'électricien à qui elle ne pût se présenter. 7 no- vembre 1749. Propriétés communes au fluide élec- trique et à la foudre : 4° de rendre de la lumière; 2° couleur de cette lumière; 3° direction en zig-zag ; 4° rapidité du mouvement; 5° facilité à se laisser con duire par les métaux; 6° bruit où craquement dans l'explosion; 7° de subsister dans l'eau ou la glace; 8° de déchirer les corps au travers desquels il passe; 9° de tuer des animaux; 10° de fondre les métaux; 14° d'allumer des substances inflammables; 12° l'odeur sulfureuse. Le fluide électrique est attiré par les pointes. Nous ne savons pas si la foudre a cette pro- priété. Mais puisque ces deux substances conviennent en tous les points dans lesquels on à pu les comparer 47 » jusqu'à présent, il est probable qu'elles conviennent » également en celui-ci; il serait à propos d'en faire » l'expérience. » Quoique nul ne puisse servir de témoin dans sa pro- pre cause ; quoique Franklin, sans jamais avoir eu per- sonnellement recours au mensonge pour accroitre sa réputation, ait fait la sourde oreille alors que des amis offlicieux mentaient sciemment à son intention, nous admettrons que la pensée de comparer la foudre à l'élec- tricité lui soit réellement venue, pour la première fois, en novembre 1749. Ce qui n'en reste pas moins irré- “vocablement acquis, c'est que la note où il consigne celte pensée, est postérieure de plusieurs mois à la pu- blication du programme de l'Académie de Bordeaux. Or, depuis le mois d'août 1749, date de l'apparition de ce programme, Jusqu'au mois de novembre, il s'écoula plus de temps qu'il n'en fallait pour que le prix sur la foudre fut annoncé aux physiciens anglais d'abord, et bientôt après aux physiciens américains, qui étaient alors en correspondance très-active avec les savants de la mère-patrie. Si l'on objecte que nous accordons trop d'impor- tance à une Société savante de province, en supposant qu'on tenait compte d'elle et de ses programmes en Angleterre, nous répondrons que l'Académie de Bor— deaux, toute provinciale qu'elle était, jouissait alors d'une réputation (rès-étendue et très-justement méri- tée. Les électriciens surtout avaient les yeux fixés sur elle, et apportaient une scrupuleuse attention à suivre ses (ravaux; ils puisaient dans les remarquables sujets k72 de prix dont elle avait le talent de faire choix ‘, linspi- ration féconde de leurs recherches, et dans l'espoir de conquérir ses suffrages, le stimulant le plus énergique ‘ L'Académie de Bordeaux a successivement posé toutes les grandes questions de la physique et de la chimie; mais elle n’a pas toujours trouvé des hommes de génie pour les résoudre : elle était évidemment en avance sur son siècle. Pour en fournir la preuve, nous allons transerire ici quelques-uns des sujets de prix pro— posés par elle de 1726 à 1752. Ces sujets, choisis avec un rare bonheur et avec un merveilleux presseutiment de l'avenir, embrassent les problèmes les plus vastes et les plus féconds de la science, ceux dont la solution devait enrichir no- tre âge des plus brillantes découvertes : 1726. Cause et nature du tonnerre et des éclairs. 1739. L'air de la respiration passe-t-il dans le sang? 1741. Origine des fontaines. — Fertilité des terres. 1742. Sur l'électricité des corps. — Le prix fut remporté par Désaguliers, alors réfugié en Angleterre; et le Mémoire couronné révéla des faits nou- veaux qui contribuërent eficacement à l'avancement de l'électricité. 1743. Théorie de l'élévation des vapeurs. 1746. Cause de la rouille des métaux. Id. Mécanique des sécrétions. 1747. Cause de l'augmentation de poids que certaines matières acquièrent par la calcination. 1748. Rapport entre la cause des effets de l'aimant et celle des phénomènes électriques. 1750. Rapport qui se trouve entre les phénomènes du tonnerre et ceux de l'électricité. | 1752. Nature et formetion de la grêle. On attribue le choix de ces beaux sujets à Montesquieu, qui ayait une prédi- lection marquée pour les spéculations scientifiques, et qui parvint à la faire par— tager à ses collègues de l’Académie de Bordeaux. Avant lui, cette Académie, dont il fut le directeur en 1717, 4723 et 1734, était exclusivement littéraire ; il en fit un corps scientifique èn 1710, et ce fut lui encore qui fit instituer ce prix annuel des Sciences, brigué dès l’origine par les savants les plus éminents de l’Europe. L'auteur de l'Esprit des Lois cultivait lui=même les sciences avec distinction ; il composa plusieurs Mémoires sur des sujets de physique et d'histoire naturelle, et il avait coutume de dire qu'une bonne expérience vaut mieux qu'un beau discours. 473 de leurs efforts. Elle était alors, de toutes les com- pagnies savantes de l'Europe, celle qui se montrait la plus digne de diriger et d'accroître le mouvement scien- tifique dont elle fut la première et la seule peut-être à comprendre l'immense portée, et l'on n'a pas encore assez fait valoir la décisive influence qu'il lui fut donné d'exercer sur l'avancement des sciences pendant plus de la première moitié du dix-huitième siècle. Ce qu'il y a d'assuré, c’est qu'elle était connue et dignement appréciée en Angleterre. Ses membres les plus éminents, M. de Vivens, M. de Secondat, et le grand Montesquieu lui-même, y avaient séjourné pen- dant de nombreuses années, avaient été nommés mem- bres de la Société Royale de Londres, et entretenaient avec les hommes les plus illustres de cette Société des relations actives et amicales, pendant que, d’un autre côté, plusieurs Anglais de distinction faisaient partie de l'Académie de notre ville. Enfin, ce qui lève tous les doutes, c'est que le Mémoire auquel l'Académie décerna le prix de physique en 1742, venait d'Angleterre, et qu'il avait pour auteur Désaguliers, un des électriciens les plus renommés. de cette époque. Dans une autre circonstance, le prix de physiologie fut remporté par le docteur Stuart, médecin de la reine d'Angleterre ; et sur la liste des lauréats de 1740 à 1750, nous voyons figurer les noms de savants suisses, prussiens, saxons et polonais. Quand Franklin, qui s'occupait activement depuis 1745 de l'étude des phénomènes électriques, et qui pendant plusieurs années n'écrivit pas un seul mot se k74 apportant de près ou de loin à l'électricité atmosphé- rique, se tourna brusquement de ce côté en 1749, il est donc probable que ce fut l'éveil donné aux savants par l'Académie de Bordeaux, qui fut la cause de cette nouvelle direction imprimée à ses études. Dans tous les cas, en ne tenant compte que des documents officiels, les seuls après tout qui fassent foi, le mérite d'avoir attiré l'attention du monde savant sur le grand pro- blème de l'identité de la foudre et de l'électricité, et d'en avoir ainsi préparé la solution, ce mérite, nous ne saurions trop le répéter, revient tout entier à l'Aca- démie de Bordeaux. C'est à nous, quand l'histoire des sciences l'oublie, de nous en souvenir et de le procla- mer bien haut. Ce qui appartient à Franklin, et sa part est encore assez belle, ce sont ses expériences sur la fusion des métaux par la bouteille de Leyde, expériences qui vin- rent ajouter une nouvelle et frappante ressemblance de plus entre les effets du tonnerre et ceux de l'électricité ; c'est enfin la pensée originale et féconde qu'il eut d'ap- pliquer le pouvoir des pointes, analysé par lui avec une sagacité rare, à la démonstration de la présence du fluide électrique dans les nuages orageux. Voici, d'après une traduction littérale, le passage de sa lettre où il fait part de cette pensée à Collinson; et comme point important à noter au débat, ne perdons pas de vue que cette lettre n'était pas destinée à lim pression : « Pour décider cette question, savoir si les nuages » qui contiennent la foudre sont électrisés ou non, S ) 475 j'ai imaginé de proposer une expérience à tenter en un lieu convenable à cet effet. Sur le sommet d'une haute tour où d'un clocher, placez une espèce de guérite assez grande pour contenir un homme et un tabouret électrique; du milieu du tabouret, élevez une verge de fer, qui passe en se courbant, hors de la porte, et de là se relève perpendiculairment à la hau- teur de vingt ou trente pieds et se termine par une pointe fort aigue. Si le tabouret électrique est pro- pre et sec, un homme qui y sera placé lorsque des nuages orageux passeront au-dessus, pourra être électrisé et donner des étincelles, la verge de fer lui attirant le feu du nuage. S'il y avait quelque danger à craindre pour l'homme {quoique je sois persuadé qu'il n'y en ait aucun) ‘, qu'il se place sur le plan- cher de sa guérite, et que de temps en temps il ap- proche de la verge le tenon d'un fil d'archal qui a une extrémité attachée aux plombs de la couverture, le tenant par un manche de cire; de cette sorte, les étincelles, si la verge est électrisée, frapperont de la verge au fil d'archal, et ne toucheront point l'hom- me. » Après avoir parlé de la sorte, que va faire Franklin? Si ses convictions sont fortement arrêtées sur l'effica- cité du moyen qu'il propose, il devra se hâter de l'é- prouver par l'expérience. Il a si peu de chose à tenter et la matière présente tant d'importance , que des ! Cette parenthèse a tort; c’est pour ne s'être pas assez méfé d'elle que Rich= mann fut foudroyé en 1753, 31 476 retards ne se comprendraient guère de la part d'un savant convaincu et sûr de son fait. Rien ne prouve cependant qu'il ait eu, même un seul instant, l'inten- tion de se mettre à l'œuvre, ni qu'empêché d'agir per- sonnellement, il ait pressé quelque autre savant d'ex- périmenter à sa place. Ainsi, c'est en 1749, sil faut l'en croire, que l'expérience des barres pointues lui vient à la pensée; il laisse écouler 1750 sans rien en- treprendre pour la réaliser. En 1751, les lettres où il en propose l'exécution sont imprimées en Angleterre par Collinson; en 1752, la traduction française de ces lettres est publiée par d’Alibard. Ces deux savants, à l'oc- casion de cette double publication, sont en relations fré- quentes avec l’illustre physicien de Philadelphie, qui entretient en outre, à la même époque, une correspon- dance scientifique très-suivie avec Kinnersley, son com- patriote, et cependant il ne dit pas un seul mot, il ne tente aucune démarche pour engager ces habiles expé- rimentateurs à vérifier ses hardies prévisions, qu'il ou- blie comme s'il les trouvait trop peu fondées pour que l'expérience vienne jamais les confirmer. Ses panégyristes ont bien répété qu'il attendait, pour se mettre à l'œuvre, l'achévement d'un clocher qu'on était alors en train de construire à Philadelphie, et que ce fut la faute de ce malencontreux clocher si les cho- ses n'allèrent pas plus vite; mais cette explication, puisée on ne sait trop à quelle source, n'a jamais été donnée par Franklin lui-même, qui n'aurait pu l'in- voquer pour la défense de sa cause sans formellement se contredire; car il reconnait dans ses lettres, de la #77 facon la plus explicite, qu'une maison, un arbre, un mat de vaisseau peuvent parfaitement servir à défaut d'un clocher. «Je demande, dit-il, si la connaissance du pouvoir » des pointes ne pourrait pas être de quelque avantage » aux hommes pour préserver les maisons, les églises, » les vaisseaux, etc., des coups de la foudre, en nous » engageant à fixer perpendiculairement sur les parties » élevées de ces édifices des verges de fer en forme » d'aiguilles. Ces verges ne tireraient-elles pas proba- » blement en silence le feu du nuage avant qu'il vint » assez près pour frapper. » Toutes ces idées étaient excellentes sans doute, mais il ne suflisait pas de les développer plus ou moins in- génieusemeut et d'en faire la matière d'amplifications littéraires ; il fallait se hâter de les appliquer, et per- sonnne n'y songea, ni en Amérique ni en Angleterre. On dirait que les graves physiciens de ces deux pays, où la prudence est un des traits dominants du carac- tère national, voulaient prendre le temps de réfléchir avant de se mesurer avec un météore aussi redoutable que la foudre, et qu'ils se réservaient, avec sagesse, pour le premier jour où se présenterait une bonne oc- casion. Ce fut en France, sur cette terre native de l'intelligence et de l'audace, que les idées de Franklin furent pleinement comprises, et le danger des expé- riences qu'il proposait, au lieu d'être un obstacle, se changea en un attrait de plus pour ceux qui tentèrent de les réaliser. Par une singularité qui n’a pas été remarquée, ce k78 fut le roi Louis XV qui devint le promoteur de ces mé- morables expériences, et c’est à peu près le seul grand événement accompli sous son règne auquel on puisse rattacher honorablement son nom. Pour le distraire de l'ennui chronique sous lequel il s'affaissait, les courtisans chargésdu soin difficile d'amu- ser sa royale personne, imaginèrent, entre autres expé- dients, d’avoir recours à l'électricité. Le moyen réussit: Louis XV suivit avec intérêt les expériences électriques qui furent répétées en sa présence, et lon sait que ce fut sous ses yeux que l'abbé Nollet, en 1746, fit passer la commotion de la bouteille de Leyde à travers une chaine formée par deux cents hommes des gardes fran- çaises. Depuis lors, il parait que le roi ne resta pas étranger au mouvement de la science, et qu'il se tint assez régulièrement au courant des principales décou- vertes. Voici, en effet, ce que nous lisons dans une let- tre en date du 20 mai 1752, adressée par l'abbé Ma- zéas au célèbre docteur Hales : « Monsieur, les expériences de Philadelphie , que » M. Collinson, de la part de la Société Royale de Lon- » dres, a eu la bonté de communiquer au public, ayant » été universellement admirées en France, le Roi dé- » sira de les voir exécuter. Sur quoi M. le duc d'Ayen » ayant offert à Sa Majesté sa maison de campagne de » Saint-Germain pour les y faire exécuter par M. de » Lor, maitre de physique expérimentale, Sa Majesté » les vit avec beaucoup de satisfaction et fit un grand » éloge de MM. Franklin et Collinson. Ces applaudis- » sements du Roi ayant inspiré à MM. de Buffon, d’A- 479 » libard et de Lor l'envie de vérifier les conjectures de » M. Franklin, sur l’analogie du tonnerre et de l'élec- » tricité, il se préparèrent à en faire l'expérience. M. » d'Alibard choisit, etc. (suivent les détails de Pexpé- S CA » rience de Marly ). » Louis XV, qui ne se piquait pas de prévoir de loin, ne se doutait guère que cet amateur de physique dont il applaudissait les travaux et auquel il prodiguait avec tant de générosité ses éloges, entrainerait bientôt toute la France dans une irrésistible croisade en faveur de la liberté des colonies anglaises de l'Amérique, et serait un des fondateurs de cette république des États-Unis, dont l'établissement ne contribua pas médiocrement à la ruine de la monarchie francaise. Par une coïncidence dont on nous permettra de signaler l'étrangeté, le nom du plus actif démolisseur de cette grande monarchie appartient encore à l’his- toire de l'électricité; car ce fut un plaidoyer pour les paratonnerres, prononcé dans une cause qui fit grand bruit vers la fin du siècle dernier, qui revéla pour la première fois à la France le nom de M. de Robespierre. Voilà pourtant par quelle série d'enchainements les plus petites causes engendrent quelquefois les plus grands effets. Si Louis XV n'avait pas montré tant d'enthousiasme à Saint-Germain, les savants qui l'en- touraient n'auraient pas été tentés peut-être de de- mander à l'expérience la vérification des idées de Fran- klin, l'invention du paratonnerre se trouvait par le fait indéfiniment ajournée, Robespierre perdait la belle occasion que cette invention lui offrit de sortir de l'obs- 480 curité du barreau de sa ville natale, il n'était pas nommé député à l'Assemblée Nationale, ne faisait pas partie de la Convention; et lui de moins, qui sait ce qui serait arrivé? Buffon et d'Alibard ‘, qui ne s'imaginaient pas que leur zèle monarchique aurait de pareilles conséquences, se mirent immédiatement à l'œuvre, et ils érigèrent, le premier à Monthard, le second à Marly-la-Ville, des tiges métalliques isolées et terminées en pointe, d'après les prescriptions de Franklin. Ce fut du côté de Marly que le hasard dirigea la première nuée orageuse, et le 10 mai 1752 s'accomplit le grand événement qui doit former une époque à jamais mémorable dans les fastes de la physique, et qui apprit à l'univers savant que le fluide électrique est le principe de ce terrible météore que les nuages enfantent au sein des tempêtes. Neuf jours plus tard, le 19 mai 1752, Buffon cons- tatait l'électrisation des barres qui s'élevaient au-dessus des tours de Monthard; et de Lor, de son côté, faisait Ja même observation à Saint-Germain-en-Laye, avec une tige de fer de cent pieds de hauteur. A la suite de ces hardis expérimentateurs, les savants français s'élan- cèrent avec une généreuse émulation dans le nouveau ! L'abbé Bertholon affirme très — explicitement que re fut Buñon qui conçut le premier le projet de vérifier les idées de Franckin sur l'électricité des nuages orageux, et qu'il fit élever dans cette intention, sur la tour de Montbard, une barre de fer isolée, à laquelle il joignit un conducteur, pour tirer plus commo— dément des étincelles, et des timbres, qui devaient l'avertir par leur bruit de la présence du fluide électrique. D’Alihard n'aurait êté déterminé à construire un appareil semblable que sous l'inspiration et par l'exemple de son maitre, Bufon. 481 champ de recherches fécondes qui s'ouvrait devant eux. Après avoir rendu compte de l'expérience de Marly, dans un Mémoire dont la lecture à l'Académie des scien- ces provoqua le plus vif enthousiasme , d'Alibard s'em- pressa de faire connaitre les détails de cette expérience à Franklin, avec lequel il était déjà en correspondance. « Je lui fis part, dit-il, dans le temps, du succès de » mon expérience sur le tonnerre, et lui envoyai le Mé- » moire que j'en avais donné à l'Académie des sciences » le 43 mai 1752; il en fut charmé, et m'envoya avec » sa réponse son premier supplément, dont je vérifiai » également les expériences. Le second ne m'a été rendu » que longtemps après, en 1753. » Cette réponse ne se trouve nulle part dans la corres- pondance imprimée de Franklin, et on doit le regret- ter, car en présence de ce document, il n'aurait pas été possible à certains écrivains de dénaturer, comme ils l'ont fait, l'histoire de la découverte de l'électricité atmosphérique. On a dit très-souvent, en effet, et cela se répète encore aujourd'hui dans les livres spéciaux les plus dignes de foi, que pendant que d’Alibard expé- rimentait en France, Franklin, à Philadelphie , lassé d'attendre son éternel clocher, et ignorant d'ailleurs complétement ce qui se passait en Europe, avait spon- tanément imaginé de diriger vers les nuages orageux un cerf-volant à corde isolée, muni d'une pointe mé- tallique. On fixe en outre au 22 juin 1752 la date du premier emploi du cerf-volant. On ajoute que la même expérience fut répétée en France, en 1753, par M. de Romas, qu'on représente généralement comme un imi- 482 tateur assez habile du physicien de Philadelphie, et auquel on n’accorde d'autre mérite que celui d’avoir su perfectionner quelques détails de l'expérience qu'il re- produisait. Voilà ce qu'affirment des historiens sérieux, tels que Priestley, par exemple, en Angleterre, et M. Becquerel en France. D'autres vont plus loin encore, et pour augmenter l'éclat de l'auréole de Franklin, ils vont jus- qu'à supprimer d'Alibard lui-même. Nous lisons, en effet, ce qui suit dans le récit de la vie de Franklin composé, pour la Biographie universelle, par un des physiciens les plus en renom de notre époque : « Il » reconnut aussi le pouvoir que possèdent les pointes » de déterminer lentement et à distance l'écoulement » de l'électricité; et tout de suite, comme son génie le » porlal aux applications, il conçut le projet de » faire descendre ainsi sur la terre l'électricité des nua- » ges, si toutefois les éclairs et la foudre étaient des » effets de l'électricité. Un simple jeu d'enfant lui ser- » vit à résoudre ce hardi problème. Il éleva un cerf- » volant par un temps d'orage, suspendit une clé au » bas de la corde, et essaya d'en tirer des étincelles. » D'abord, ses tentatives furent inutiles; enfin, une pe- » tite pluie étant survenue, mouilla la corde, lui donna » ainsi un faible degré de conductibilité, et, à la grande » joie de Franklin, le phénomène eut lieu comme il » l'avait espéré. Si la corde avait été plus humide, ou » le nuage plus intense, il aurait été tué, et sa décou- » verte périssait probablement evec lui. » Ce récit, aussi touchant que pittoresque, est fort Ÿ 183 habilement arrangé pour faire naître l'intérèt , et doit plaire aux âmes sensibles ; il ne lui manquerait abso- lument rien pour devenir un petit chef-d'œuvre de narration, Sil n'était faux par malheur d'un bout à l'autre. Ce qui est véritablement et non pas dramati- quement vrai, c’est que Franklin n’a pas reconnu le premier le pouvoir des pointes, constaté par d'autres expérimentateurs avant lui ‘; son unique mérite fut de mettre ce pouvoir en évidence, par des expériences plus variées et plus précises, et surtout d'indiquer le parti qu'on pouvait en tirer pour étudier la constitution des nuages orageux. Il ne fit pas un pas de plus; loin de demander {out de suite à l'expérience la confirmation de ses prévisions théoriques, et bien que d'après un témoignage honorable son génie le portàt aux applica- tions, il resta indifférent et inactif pendant près de trois années, attendant tranquillement que d’autres expérimentassent à sa place, et ne prenant pas même la peine de les encourager. Ce fut seulement après avoir appris leur succès, que lui-même se mit tardivement à l'œuvre, et qu'il entreprit l'expérience du cerf-volant, laquelle, par parenthèse, il conduisit fort gauchement, sans avoir été toutefois exposé un seul instant à périr, ni sa découverte avec lui. Malgré toutes les assertions contraires , il est incon- testable que la pensée de substituer le cerf-volant aux pointes s'offrit à Franklin seulement après qu'il eut ap- pris par les journaux d'Europe et par la lettre de d’Ali- ! Notamment par Jalabert, de Genève, 484 bard les détails de l'expérience si concluante de Marly- la-Ville. Priestley lui-même en convient dans son his- toire de l'électricité, publiée à Londres en 1767. Or, Priestley était l'homme du physicien de Philadelphie ; il marchait au premier rang de ses admirateurs les plus fanatiques, et il n'est pas permis de supposer que Fran- klin, alors en mission à Londres, ne lut pas le chapi- tre qui le concernait, dans une histoire écrite sous ses yeux et dont il patronait l'auteur. Voici le texte de Priestley : « M. Franklin est le pre- » mier ( nous savons maintenant à quoi nous en tenir » sur celte priorité), qui ait soupconné l'identité des » éclairs et du fluide électrique; il a indiqué d'avance » le moyen de constater cette identité, en proposant » d'isoler à l'air libre, en temp d'orage, une aiguille » électrisable par communication; le premier spectacle » électrique que .cet instrument ait offert, a paru en » France sous les yeux de MM. de Lor et d'Alibard. » M. Franklin, animé par le succès de ces deux Mes- » sieurs, éprouva lui-même le succès de son aiguille à » Philadelphie, où il était alors. Ce physicien ayant eu » aussi un heureux succès, pensa bientôt qu'au moyen » d'un cerf-volant il pourrait se procurer un accès plus » sûr et plus facile dans la région où s’engendre la fou- » dre : l'idée de ce moyen se trouva juste, par l'épreuve » qu'il en fit au mois de juin de la mème année 1752, » dans là campagne de Philadelphie, où il jugea à » propos d'opérer sans autre témoin que son fils, pour » éviter la risée des sots. » Quoique l'ensemble de ee récit soit vrai, il y à ce- 485 pendant quelque chose d'inexact, c’est la date assignée par Priestley à l'expérience du cerf-volant. Cette expé- rience n'ayant été faite à Philadelphie qu'après l'an nonce, par la lettre de d'Alibard, de l'expérience de Marly-la-Ville, il est matériellement impossible que Franklin se soit mis à l'œuvre pendant le mois de juin, car la nouvelle de la réussite de Marly mit plus d'un mois à passer de France en Angleterre, et de l'Angle- terre dans l'Amérique du Nord. Il est infiniment pro- bable que l'essai du cerf-volant eut lieu seulement à la fin d'août, ou même pendant le courant de septembre, car Franklin fixe lui-même au mois de septembre 1752 la date de l'épreuve de la verge de fer élevée au-dessus de sa maison ; et d'après le témoignage de Priestley, ce nest qu'après le succès de cette épreuve qu'il imagina de recourir au cerf-volant. Ce qui ajoute un degré de probabilité de plus à l’opi- nion que nous venons d'émettre, c'est que la lettre dans laquelle Franklin annonce à Collinson les résultats de l'expérience du cerf-volant, est écrite de Philadelphie à la date un peu reculée du 49 octobre 1752, et il y est constamment parlé de cette expérience comme si elle était toute récente. Cette lettre de Franklin fut lue aux membres de la Société Royale de Londres dans les premiers jours de janvier 1753; le 15 du même mois, Watson la traduisit et la fit parvenir à l'abbé Nollet, qui sempressa d'en donner immédiatement communication à l'Académie des Sciences. Cinq mois après, le 13 mai 1753, M. de Romas, 486 auquel il est temps que nous revenions, accomplissait de son côté, à Nérac, l'expérience du cerf-volant, et comme il suivait Franklin d'assez loin, on put s’ima- giner qu'il n'avait été que le très-humble copiste du physicien de Philadelphie. Priestley, qui a toujours le ton très-tranchant, l’affirme sans hésiter. « MM. de Lor » et d'Alibard, dit-il, firent également l'expérience du » cerf-volant en Angleterre, l'année suivante (ce qui est » complétement faux }, et M. de Romas voulant s'assu- » rer par lui-même de ce qu'il entendait raconter à ce sujet, la répéta en France avec beaucoup plus d'ap- pareil. » j CA Ÿ S Ÿ Cette assertion si précise, placée dans un livre qui obtint un éclatant succès de vogue et qui devint bien- tôt très-populaire, désespéra notre ingénieux compa- triote, qui se redressa de toutes ses forces contre un pareil déni de justice; mais la première impression, la seule qui dure en France, était produite; il eut beau réclamer, il ne parvint pas à faire rapporter par l'opi- nion publique le jugement inique qui le frappait dans sa réputation. Il est faux cependant que Romas ait emprunté à au- trui la pensée première de l'application du cerf-volant à l'étude de l'électricité des nuages; les documents les plus authentiques, fournis par lui sur cette question et vérifiés par l'Académie des Sciences, établissent pé- remptoirement l'originalité de ses recherches ; c'est d'après ces documents que nous allons essayer de réta- blir les faits dans leur vérité. L'expérience de Marly-la-Ville fut faite, comme nous 487 avons eu déjà l'occasion de le dire, le 42 mai 1752; Romas en reçut la nouvelle par la Gazette de France, vers la fin du même mois; et sans perdre de temps, il se mit à l'œuvre pour la répéter; non pas, il prend le soin de le déclarer, « qu'il doutât du succès, mais » pour étudier les nouveaux phénomènes qu'elle » offrait, et en tirer, s'il lui élait possible, quelque » utilité pour la société civile ou pour les progrès de » la physique. » Les détails des recherches qu'il entre- prit alors sur les barres isolées, sont consignés dans six lettres adressées à l'Académie des Sciences de Bordeaux, du 12 juillet 1752 au 414 juin 1753. Pendant la période comprise entre ces deux dates, M. de Romas fit preuve d'une activité vraiment infatigable, servie par une rare habileté d'expérimentation. S'attachant sans relàche à varier ses essais, il eut bientôt imaginé des dispositions nouvelles pour perfectionner l'isolement des barres com- me pour les rendre plus capables de résister à l'effort des vents, et 1l ne laissa pas passer un seul jour sans le marquer par d'utiles travaux. Afin d'être averti de l'électrisation de ses appareils, sans être assujetti à la gène d'une observation continuelle, il termina les con- ducieurs par des carillons électriques, dont les tinte- ments répétés l'avertissaient en temps opportun et ren- daient toute omission impossible. Grèce à cet ingénieux perfectionnement, appliqué par lui dèsle 43 juillet 1752, et dont Nollet et Bertholon eurent le tort d'attribuer l'invention à Buffon, il put noter quelques faits très- importants d'électricité atmosphérique, tels que l’élec- trisation des barres en temps serein, leur électrisation 188 par la pluie sans qu'il y eùt d'orage, l'apparition des étincelles longtemps avant l'audition du bruit du ton- nerre, et enfin l'existence d'atmosphères électriques très-étendues autour des nuages orageux. Cette dernière observation, la plus importante sans contredit de toutes celles qui viennent d'être citées, fut faite un jour que des nuages orageux passaient, à l’est de son observatoire, à une distance de plus d’une lieue ; Romas constata que les barres s'électrisaient lorsque le vent soufllait de l'est, et que les signes électriques ces- saient brusquement lorsque les raffales venaient de l'ouest. Les atmosphères électriques qui environnent les nuages orageux peuvent done avoir des dimensions considérables, et nous voyons en outre qu'elles obéis- sent à l'impulsion des vents, fait curieux rarement ob- servé depuis lors, et dont les conséquences météorolo- giques n'ont pas été Jusqu'à présent suffisamment approfondies. L'existence des atmosphères électriques vient à l'appui de l'ingénieux système proposé par l'abbé Laborde pour l'explication des pluies d'orage. Dans la belle série des expériences que nous venons d'énumérer, Romas s'imposa d'abord l'obligation rigou- reuse de suivre à la lettre les prescriptions de Franklin; mais venant à douter bientôt qu'il fût nécessaire que les barres isolées s'élevassent verticalement, il les dis- posa de manière à pouvoir les incliner à son gré, et il reconnut que plus elles s’approchaient de l'horizontale, moins fortement elles s’électrisaient. Cela le conduisit à conclure que l'intensité des phénomènes électriques observés croitrait en raison de l'élévation des barres au- 489 dessus du sol; et pour s'assurer de la justesse de cette conclusion, il dressa au-dessus du faite de sa maison, el en les séparant par une distance de quinze pieds, deux barres dont une était de dix pieds plus haute que l'autre. Il constata que, dans les mêmes conditions, c'était la première qui donnait toujours les plus fortes éuncelles; et à partir de ce moment, il n'eut plus qu'une pensée, « celle de porter des conducteurs le plus haut » possible dans la région des nuages, afin d'augmenter » le feu du ciel. » Entre autres moyens, il imagina d'abord de se servir d’un très-long mât; mais arrêté par les difficultés de la mise en place, il chercha quel- que combinaison plus simple encore, et ce fut alors que l'idée de tirer parti du cerf-volant s'offrit à son es- prit inventif. Il s'empressa de prendre date sur le champ, dans une lettre qu'il écrivit à l'Académie de Bordeaux le 13 juillet 4752, et où, tout en informant ce corps savant du succès des expériences faites avec l'appareil de Franklin, il annonçait qu'il se proposait de les répéter avec un procédé d'une complication moins grande, emprunté à un simple jeu d'enfant. Ces paroles trop vagues étaient insuffisantes, il faut bien l'avouer, pour signifier que Romas, en les employant, pensait au cert- volant électrique; mais en même temps qu'il révélait à moilié son secret à l'Académie, afin de ne pas le faire tomber trop tôt dans le domaine publie, le 9 juillet il faisait une confidence sans périphrases et sans restric- üons à un gentilhomme de Nérac, M. de Dutilh, qui l'aidait avec le plus grand zèle dans ses recherches; et 490 le 49 août, comme il expérimentait au château de Clairac devant MM. de Vivens et de Secondat, il renou-— vela cette confidence au chevalier de Vivens et au curé de Clairac, en l'accompagnant des détails les plus cir- conslanciés. En 1764, lorsque l'Académie des Sciences fut ap- pelée à prononcer entre Romas et Franklin , les person- nages honorables que nous venons de citer n'eurent pas de peine à retrouver leurssouvenirs, et les témoigna- ges irrécusables qu'ils s'empressèrent de fournir, éta- blirent sans contestation possible l'originalité desrecher- ches de notre compatriote. Ce fut en s'appuyant sur leurs déclarations, que Nollet et Duhamel, les commis- saires nommés par l'Académie, arrivèrent à formuler comme il suit les conclusions de leur rapport : « Ayant » égard à toutes ces preuves, nous croyons que M. de » Romas n’a emprunté à personne l'idée d'appliquer le » cerf-volant aux expériences électriques, et qu'on doit » le regarder comme le premier auteur de cette inven- » tion, jusqu'à ce que M. Franklin ou quelque autre Y TZ fasse connaitre par des preuves suffisantes qu'il y a pensé avant lui. (4 février 1764.) » *. Avec sa prudence ordinaire, Franklin se garda bien de réclamer; il resta bouche close, comme s'il recon- naissait pour sa part l'équité du jugement de l'Acadé- mie; mais cette résignation sournoise ne l'empêcha pas, trois ans après, en 1767, de laisser son ami Priestley parler de Romas dans les termes cavaliers que nous SM Ÿ 1 Nous trouvons le Rapport tout entier à la suite de ce Mémoire ( Note 4 ). 491 avons transcrits plus haut. On peut alléguer, il est vrai, pour sa justification, qu'il ignorait la déclaration des commissaires de l'Académie, ce qui est très-possible sans être aucunement probable. Mais ce qui est hors de doute, dans tous les cas, c’est qu'il connaissait dans toute leur étendue les prétentions de son compétiteur ; car ce dernier, à la date du 49 octobre 1753, lui avait adressé deux Mémoires où ces prétentions sont très- nettement exprimées, et où l'expérience du cerf-volant, racontée dans tous ses détails, est présentée comme une expérience originale. A de semblables avances, Franklin se contenta de répondre, le 29 juillet 1754, par la très-laconique lettre qui suit : « Monsieur, la très-obligeante lettre dont vous » m'avez favorisé le 19 octobre, et vos deux excellents » Mémoires sur le sujet de l'électricité, ne m'ont été » rendus qu'hier par un vaisseau qui est sur le point » de partir pour Londres. Je ne puis que vous en ac- » cuser la réception, et vous assurer que la corres- » pondance que vous m'offrez d'une manière si polie » me sera extrèmement agréable. Je suis obligé de dif- » férer une plus particulière réponse à la plus prochaine » commodité. Je vous envoie en même temps un de » mes nouveaux Mémoires sur la foudre, qui ne sera » peut-être pas imprimé avant de parvenir jusqu'à » Vous. « Je suis respectueusement, Monsieur, « Votre très-humble et très reconnaissant serviteur. € B. FRANKLIN. » 492 La réponse promise n'arriva jamais, et Romas dut prendre pour du comptant, en attendant mieux, ces protestations de politesse banale sous lesquelles d'habi- tude on étouffe la franchise. On dirait que Franklin, auquel l'opinion publique, trop prévenue, attribuait si libéralement le double mérite d'avoir conçu et réalisé l'expérience qui démontre la présence de l'électricité dans les nuages orageux, ne persis{a dans son silence obstiné que pour entretenir une méprise, fort profita- ble sans doute à sa réputation, mais très-nuisible à la réputation de ses émules scientifiques. I semble envier à ces derniers, expérimentateurs plus actifs et plus ha- biles, l'honneur de lavoir devancé ou surpassé dans leurs hardies expériences; il lui en coûte d'avouer qu'il a eu des collaborateurs dans cette grande décou- verte qui à immortalisé son nom; aussi, pour éviter cet aveu, pénible à son amour-propre, fait-il de la diplo- matie, et s'il ne ment pas pour le triomphe égoïste de sa cause, du moins il ne défend pas à ses amis de men- ür quand il y trouve son profit. Ce ne fut pas seulement envers Romas qu'il se com- porta de la sorte; il ne traita pas avec plus de gé- nérosité d’Alibard, dont il n’a pas prononcé une seule fois le nom dans sa volumineuse correspondance scien- tifique, et dont il tenta peut-être de se faire attribuer les beaux travaux. Ainsi, pendant que l'Europe tout entière donne à l'expérience si audacieusement abordée par le physicien français le nom d'expérience de Marly-la-Ville, Fran- klin seul l'appelle l'expérience de Philadelphie (lettre du 48 octobre 4752), et quand il résume, dans une lettre 493 adressée à Collinson (septembre 1753), l'ordre histo - rique de ses recherches sur l'électricité atmosphérique, après la description de quelques expériences infruc- tueuses sur l'électrisation de l'air par le frottement, il ajoute, sans faire la plus légère allusion à d'Alibard, dont il semble même ignorer le nom : « En septembre » 1752, j'élevai une verge de fer pour tirer l'éclair dans » ma maison, afin de faire quelques expériences dessus, » ayant disposé deux timbres pour m'avertir quand la » verge serait électrisée. Cette pratique est familière à » tout électricien. » Nous n’accusons pas Franklin d'avoir mis une pré- méditation calculée dans son silence; toujours est-il que ce silence, avec lequel s'accordent si bien les as— sertions de Priestley, donna le change à l'opinion pu- blique, lui fit méconnaitre les titres des émules du savant américain, et fut cause qu'elle attribua sans examen à ce dernier la part du lion, qu'il trouva trop belle sans doute pour la refuser. ( Note B. } Pour ajouter encore à l'éclat de sa renommée, la poésie s'empara de ses travaux, et l’on se fatiguerait à citer les vers plus ou moins heureux inspirés par sa fameuse expérience du cerf-volant électrique, beaucoup moins poétique dans la réalité que dans les descriptions emphatiques dont elle a fourni le thème. Quoiqu'il nous en coûte de détruire les illusions entretenues par les descriptions des poëtes, nous devons dire, pour être vrai, que cette expérience tant vantée fut conduite d'une facon fort prosaique, et il est facile d'y signaler des lacunes qui auraient rendu le succès impossible sans l'intervention du hasard qui arrangea tout. L'es- 494 prit de pénétration et d'analyse dont Franklin donne ailleurs tant de preuves, semble ici lui faire défaut : ses préparatifs sont incomplets et mesquins, ils les dé- robe soigneusement à ceux qui l'entourent; seul dans les champs avec son jeune fils, il se cache comme s’il allait commettre une mauvaise action, et quand on lui de- mande le motif de ces précautions extraordinaires, il répond qu'il a voulu éviter la risée des sots, qui for- maient sans doute à Philadelphie une bien formidable majorité, Il construit avec deux bâtons en croix, sur lesquels il étale son mouchoir de poche, un cerf-volant qu'on peut trouver fort économique, mais qui devait: être lourd et difficile à enlever; il ne se préoccupe pas du défaut de conductibilité de la corde, ne prévoit au- cun des dangers auxquels peut l'exposer la tension élec- trique trop forte des nuages, et combine tout, enfin, comme s'il voulait se ménager un échec, qui lui serait infailliblement arrivé, si la pluie, qu'il n'avait pas mis - de la partie et sur laquelle il n'était pas logique de compter, n'était pas venue tout exprès pour le faire réussir malgré lui. Demandons-nous maintenant comment, appelé à ré- soudre le même problème, M.de Romas parvint à sur- monter les mêmes difficultés. La comparaison ici est tout à l'avantage de notre com- patriote, et c'est lui qui se montre le physicien habile et consommé ; il prépare son expérience avec sagesse, la conduit avec vigueur, sait en calculer toutes chan- ces bonnes et mauvaises, et sa confiance dans les me- sures profondément raisonnées qu'il prend est sigrande, qu'au lieu de se cacher comme un physicien honteux, 495 il invite de nombreux assistants à venir admirer les éclatantes merveilles qu'il leur annonce. Le premier cerf-volant qu'il lança n'avait pas moins de dix-huit pieds carrés de surface: il était simplement attaché à une corde de chanvre comme celui de Fran- klin; mais cet appareil gigantesque ayant été enlevé une première fois, le 1% mai 1753, on ne put tirer de la corde aucune étincelle, quoiqu'il tombât alors une pluie légère, et que les barres isolées donnassent ce jour-là des signes manifestes d'électricité. Ce premier insuccès, fait pour décourager une volonté moins ar- dente et moins forte que celle de Romas, ne l'arrête pas un seul instant; il l'explique avec sagacité par la remarque « qu'une corde de chanvre qui n'est pas » mouillée ne conduit jamais bien le feu électrique que » lorsque l'électricité est très-forte ; » et il cherche aus- sitôt un moyen de remédier à ce défaut de conducti- bilité. « Si j'eusse été moins ardent, dit-il, à faire ces expé- riences, j'aurais bien pu laisser les choses dans l'état ŸY S A4 de simplicité où elles étaient, et renvoyer mes ob- CA -servations à un autre temps où j'aurais un orage violent suivi de pluie. Mais mon impatience me faisait entrevoir que des affaires de famille ou de mon état m'ôteraient peut-être les plus belles occasions ; que d'ailleurs il était intéressant de faire aussi des expé- riences pendant un orage qui ne nous donnerait ni » grêle ni pluie; je me déterminai done à huiler le papier du cerf-volant et à garnir la corde, d'un bout à » l'autre, d'un fil-trait de cuivre, de la même manière Y S TZ ŸY A Y S T S 496 » qu'on en garnit les cordes de violon, avec cette dif- » férence que ce fil n’y fut pas mis aussi serré qu'il » l'est sur les cordes de violon (Sav. Etr., t. Il, page » 396.) » Le cerf-volant ainsi préparé fut muni d'une corde de 260 mètres de longueur, et lancé le 7 juin 1753, vers des nuages orageux; il atteignit la hauteur de 183 mè- tres. Le bout de la corde fut attaché à un cordon de soie de 445 de long, et ce cordon lui-même vint se rattacher à un lourd pendule suspendu au-dessous de l'auvent d'une maison voisine des promenades de Né- rac. À la corde, et tout près du cordon de soie, fut rattaché un cylindre en fer blanc de 35 centimèt. de long sur 3 centimèt. de diamètre, sur lequel devaient ètre tirées les étincelles en cas d'électrisation; mais comme Romas comprit sans peine qu'il serait dange- reux d'approcher de ce cylindre la main ou tout autre corps conducteur tenu par elle, il imagina, pour éli- miner toutes les chances d'accident, un instrument qui eut désormais sa place marquée dans tous les cabinets de physique, l'excitateur à manche de verre, qui a donc été, non-seulement inventé, mais aussi nommé par Romas, ce qu’on ignore trop généralement. Les premières étincelles qu'il tira avec l’excitateur étant très-faibles, il osa s'aventurer à les tirer avec les doigts, et tous les assistants, au nombre de plus de deux cents, qui suivaient, sous le coup d'une émotion facile à comprendre, ces hardies expériences, voulu- rent faire comme lui. Avec cette insouciance du dan- ger, sous quelque forme qu'il se présente, qui caracté- 497 rise, entre tous, les Français du Midi, et pleins d'ar- deur dans leur empressement, on les vit s’efforcer à l'envi de toucher le cylindre de fer-blanc, les uns avec les doigts, les autres avec leurs cléfs ou leurs épées, certains enfin avec leurs cannes et leurs bàtons. Cette joyeuse assemblée, dont la verve toute méridionale se traduisait par de vifs propos et par de bruyants éclats de rire, jouait gaiement avec le tonnerre, qui faisait patte de velours, quand tout à coup et sans que rien fit présager ce brusque retour offensif, Romas reçoit une commotion violente qui le secoue jusque dans les malléoles des pieds, et que les plus courageux de la troupe qui l'entoure veulent néanmoins recevoir comme lui. Huit d'entre eux ayant formé la chaine, et le pre- mier ayant tiré une éuüncelle du cylindre de fer-blanc, le choc électrique arriva jusqu'au cinquième de ces hardis expérimentateurs. Mais de gros nuages noirs s'élevaient à l'horizon, l'o- rage s’approchait et s’animait de plus en plus, le dan- ger aussi devenait de plus en plus imminent. Alors Romas, qui s'aperçoit que l'heure des jeux est passée, éloigne la foule qui le presse, et restant seul à côté du cylindre conducteur, il en tire, avec l’excitateur, des étincelles d'un pied de long et de trois lignes de diamètre, dont le craquement retentit à deux cents pas. Malgré le péril croissant dont l’avertit une forte impression de toile d'araignée au visage, à peine s'écarte-t-il de quel- ques pas de son poste d'observation, où il est seul, af- frontant stoïquement la mort pour les intérêts sacrés de la science, avec cette fermeté calme qui est le signe du 198 véritable courage, et conservant au milieu de cette scène émouvante, la plus solennelle sans contredit qu'aient enregistrée nos annales scientifiques, assez de sang- froid pour observer les phénomènes qui se manifestent dans les nuages amoncelés au-dessus de son appareil, et ceux que présente le conducteur en fer-blanc. Il sent d’abord une forte odeur sulfureuse, qu’il com- pare à celle des machines électriques; il distingue, mal- gré l'éclat de la lumière du jour, un cylindre lumineux de trois ou quatre pouces de diamètre, qui entoure la corde du cerf-volant ; il entend un bruissement continu, comparable au bruit d’un soufflet de forge, et enfin il décrit avec une vérité saisissante les phénomènes sin- guliers présentés par les pailles, qui exécutèrent au- dessous du conducteur une curieuse danse de pantins. À ces diverses observations, il en ajoute encore une dernière, qui les domine toutes par son importance : c’est qu'à partir du moment où les étincelles tirées du con- ducteur de fer-blanc furent un peu fortes, jusqu’à la fin de l'expérience, les nuages orageux ne donnèrent plus ni éclairs ni pluie, et qu'à peine entendit-on le ton- nerre, ce qui n'eut plus lieu après la chute du cert- volant. Cette observation capitale, dont on ne saurait con- tester la fidélité, méritait qu'on en tint compte, et elle ouvrait une large et brillante carrière, dans laquelle il est regrettable qu'on ne soit pas entré. Elle faisait en- trevoir la possibilité de transformer les nuages orageux en nuages ordinaires, à l'aide de conducteurs élevés à des hauteurs convenables, et par conséquent de pré- 499 venir la formation de la grèle, qui semble incontesta- blement liée à la présence, dans les nuages, d'une grande quantité de fluide électrique fulminant. Un juge bien compétent sur cette matière, M. Arago, s'autorisant principalement des expériences de Nérac, qu'il place bien au-dessus de toutes celles du même genre qui ont été tentées ailleurs, croit au succès de celte hardie entreprise. Il propose seulement de rem-— placer les cerfs-volants par des ballons captifs, et il af- firme, avec l'autorité qui s'attache à sa parole, qu'on arriverait ainsi à faire avorter les plus forts orages. Si Jamais cette grande conquête se réalise, c’est à notre compatriote que reviendra l'honneur de l'avoir préparée. Franklin, comme nous le voyons, est dépassé de cent coudées; et quand on lit le récit des admirables expériences dont nous venons d'esquisser les traits prin- cipaux, on se demande pourquoi Romas, qui en avait eu l'idée en 1752, différa cependant leur exécution jus- qu'en 1753. Ce retard, qui fut si préjudiciable à sa gloire, et qui facilita l'usurpation de renommée dont Franklin se rendit coupable, fut dû indirectement à une démarche de l'Académie de Bordeaux. Cédant aux sollicitations de ce corps savant, qui, tout en le félicitant des beaux résultats auxquels il était parvenu avec les barres isolées, l'engageait à épuiser ce sujet avant de l’abandonner, Romas continua ses re- cherches jusqu'à la fin du mois d'août. Absorbé par le soin des observations délicates auxquelles il se livrait, il chargea son collaborateur M. de Dutilh, qui était en même temps dépositaire de son secret, de construire le cert- 500 volant dont il avait déjà annoncé à l'Académie l'inten- tion de faire bientôt usage. Par malheur, M. Dutlh fut négligent ; il laissa passer la saison des orages sans rem- plir la mission de confiance qu'il avait reçue, et force fut, par conséquent, de remettre la partie à l'année sui- vante. M. Duthil s'accusa plus tard publiquement de celle négligence; mais son loyal mea culpa ne modifia pas le jugement partial qu'avait déjà porté l'opinion. On n'en continua pas moins de regarder Franklin comme l'homme aux grandes vues et au génie supérieur, qui avait partout donné l’impulsion et l'exemple, pendant que les autres physiciens passaient pour de simples imi- tateurs à la suite. En décrivant, comme nous venons de le faire, l'ex- périence du 7 juin 1753, nous avons donné la subs- tance du Mémoire dans lequel Romas en à consigné toutes les circonstances. Ce Mémoire, auquel l'Acadé- mie de Bordeaux accorda les honneurs d'une lecture en séance publique, et que l'Académie des Sciences de Paris jugea digne de l'insertion dans le Recueil des sa vants étrangers, est sans contredit le plus remarquable de ceux que Romas à produits. Non-seulement le fond se recommande par les plus solides qualités, mais le style même s’y relève; il emprunte quelques accents à la majesté du sujet; le tour de phrase est vif, chaleu- reux et quelquefois entralnant; il est probable que l'au- teur prit la plume au sortir de la grande expérience à laquelle il essaie de nous faire assister, et l'émotion qu'il ressentait encore suffit pour le transformer pendant quelques instants en bon écrivain. 501 Ce Mémoire, plein de choses et trop peu connu des savants, se termine par des conseils que Romas adresse à ceux qui, suivant son expression, ayant un mâle courage, voudraient répéter l'expérience du cerf-vo- lant. Ces conseils sont donnés avec une précision ri- goureuse, à laquelle on ne saurait rien ajouter après un siècle de progrès dans la théorie et dans la pratique de l'électricité; ils ne sont pas applicables seulement au cas du cerf-volant, mais encore à celui des barres; et s'ils avaient été formulés plus tôt, l'infortuné Richmann ne serait pas mort foudroyé à Saint-Pétersbourg. Après avoir accompli sa gorieuse expérience, Romas ne suspendit pas les travaux qu'il avait si admirable ment inaugurés; il continua ses recherches sur l’élec- tricité atmosphérique, soit avec les barres, soit avec le cerf-volant, et consigna les nombreux résultats de ses observations dans un journal d'expériences qui n’a pas été conservé. Quelques extraits de ce journal, relatifs à l'électricité de l'air en temps ordinaire et en l'absence de tout nuage orageux, lui fournirent la matière d'un Mémoire présenté à l'Académie de Bordeaux (avril 1753), et qui existe encore en manuscrit. Romas erut avoir constaté le premier l'électricité de l'air atmosphérique par un ciel serein ; mais la mauvaise fortune qui ne cessait de le poursuivre voulut que le docteur Lemonier eùt fait avant lui la même découverte, dont il donna communication à l'Académie des Scien- ces en novembre 1752. Nous devons dire cependant que les expériences de Nérac, si elles vinrent après celles de Paris, furent fai- 502 tes sur une bien plus large échelle; que les conclusions en furent plus nettement formulées, et qu'elles établi- rent certains faits entièrement nouveaux, tels que les suivants : augmentation de l'électricité de l'air avec la hauteur; électrisation en sens contraire de l'air et de quelques nuages d'un aspect particulier. Dans la plupart de ses expériences avec le cerf-vo- lant, Romas déploya une audace qui n'a jamais été égalée, et il arriva à des résultats vraiment prodigieux. Plus d'une fois sa vie fut exposée, sans que jamais il reculàt. En 1756, par exemple (21 juin), il reçut une commotion si terrible, qu'il fut violemment renversé par terre. La crainte de voir se renouveler pareil accident lui fit imaginer une petite machine, portée sur un char- riot mobile, et à l'aide de laquelle il déroulait la corde de son appareil sans avoir besoin d'y toucher. Il rem-, plaça aussi, à la même époque, l'excitateur à manche de verre par un instrument d'un nouveau genre, con— sistant en un fil métallique attaché à la corde du cerf- volant, et manœuvré de loin à l'aide d'un cordon en soie; mais il revint bientôt à ses premières dispositions. En 1757, les effets qu'il obtint dépassèrent en intensité tous ceux qu'il avait obtenus jusqu'alors. Ce ne furent plus des étincelles de sept à huit pouces de longueur, mais des lames de feu de neuf à dix pieds de longueur et d’un pouce de grosseur, qui faisaient autant de bruit que des coups de pistolet. « En moins d'une heure, dit- » il, j'eus certainement trente lames de cette dimen- » sion, sans compter mille autres de sept pieds et au » dessous, Mais ce qui me donna le plus de satisfaction 503 » dans ce nouveau spectacle, c'est que les plus grandes » lames furent spontanées, et que, malgré l'abondance » du feu qui les formait, elles tombèrent constamment » sur le corps non électrique le plus voisin. Cette cir- » constance me donna tant de sécurité, que je ne crai- » gnis pas d'exciter ce feu avec mon excitateur dans le » temps même que l'orage était assez animé, et il ar- » riva que lorsque le verre dont cet instrument est cons- » truit n'eut que deux pieds de long, je conduisis où je » voulus, sans sentir à ma main la plus petite commo- » on, des lames de feu de six à sept pieds, avec la » même facilité que je conduisais des lames qui n'a- » vaient que sept à huit pouces. » {Mémoires des sa- vants étrangers, 1. I, année 1755. Le peuple de Nérac, qui assistait fréquemment à ces imposantes scènes, ne pouvait se défendre d'un senti- ment de terreur superstitieuse devant l'homme qui se jouaitainsi du tonnerre, et l'assesseur au présidial, armé S de sa mystérieuse baguette de verre, passait, auprès de ses administrés, pour un sorcier plutôt que pour un lé- giste. De peu s’en fallut que les Bordelais ne partageassent la même opinion, et partout, à cette époque, la masse du peuple regardait d'un assez mauvais œil ces savants, qu'elle trouvait trop habiles dans l'art de conjurer la foudre pour ne pas supposer qu'ils devaient leur pou- voir à quelques maléfices. Dans plus d'une ville, on fut sur le point de faire un mauvais parti aux amateurs fort innocents cependant de paratonnerres et de cerfs-vo- lants, et Bordeaux même eut sa petite émeute anti-élec- 504 trique ; voici à quelle occasion : M. de Romas, s'étant rendu dans notre ville, en 1759, pour répéter ses ex- périences en présence de M. de Tourny, qui désirait les connaitre, choisit le Jardin-Publie pour y installer ses appareils, et en attendant un jour d'orage, il déposa provisoirement son cerf-volant chez un cafetier logé dans les batiments de la terrasse. Le hasard ayant permis que la foudre tombàt sur ces bàtiments, quoiqu'elle n'eût pas atteint la pièce qui renfermait le cerf volant , la voix publique accusa cet innocent appareil d'avoir attiré la matière fulminante. Le cafetier épouvanté se hàta de s'en débarrasser, et la foule, qui s'en empara, le mit im- pitoyablement en pièces. L'expérience projetée ne put pas avoir lieu. Depuis ce jour, quand Romas passait dans les rues de notre ville, le peuple le montrait au doigt, en disant : « Voilà le maître du tonnerre; voilà » celui qui fait tomber la foudre à sa volonté. » ( Note C.) Après avoir si laborieusement étudié l'électricité at- mosphérique, M. de Romas fut naturellement conduit à rechercher les moyens de se préserver des atteintes de la foudre; mais ici la haute pénétration dont nous venons de lui voir donner tant de preuves, lui fait com- plétement défaut. Par ignorance ou par secrète irrita- tion contre Franklin, dont il avait beaucoup à se plain- dre, il repoussa les paratonnerres, sous prétexte que l'électricité pourrait fort bien abandonner le conduc- teur et se porter vers les corps voisins, au lieu de sui- vre la voie qui lui était ouverte et d'aller se perdre dans le sol. Or, le moyen qu'il propose pour remédier à cet 505 inconvénient, aurait eu pour effet infaillible de l'aceroi- tre, car ce moyen consiste à isoler le conducteur avec soin et à le terminer brusquement à quatre ou cinq pou- ces du sol. Il prétend que, grace à cet isolement, le condueteur aura le temps de se charger, et qu'on verra le fluide électrique s’écouler par sa partie inférieure sous forme d'aigrettes, tandis qu'avec la disposition de Fran- klin, comme on n'a ni aigrettes ni étincelles à cause de la communication intime avec le sol, l'absence de ces signes électriques visibles lui fait supposer que le conducteur ne se charge pas. Il ne parait pas avoir persévéré longtemps dans ces étranges idées, que nous trouvons exposées dans une de ses lettres à l'Académie, mais auxquelles il ne donna pas de place dans l'ouvrage ex-professo qu'il publia , en 1776, sur les moyens de se préserver de la foudre dans l'intérieur des maisons. Dans ce dernier ouvrage, qui est un de ceux dont la confection lui coûta le plus de soins, et où ne manque pas l'esprit de déduction, il part de cette idée très-sim- ple et très-vraie, qu'un nuage orageux ressemble par- faitement , à la forme près, au conducteur électrisé d'une machine; que l'éclair est figuré par l'étincelle qui part de ce conducteur, et la personne foudroyée par le doigt avec lequel on excite l'étincelle. Ces faits une fois acquis, ce qu'il y avait de plus immédiat à constater, c'est qu'en présentant une pointe au conducteur, on le décharge en évitant l'éüncelle; mais au lieu d'utiliser celte remarque, qui le mènerait droit aux paratonner- res, M. de Romas observe que si on soumet à l'action du conducteur chargé de fluide électrique des corps 506 d'une conductibilité nulle ou imparfaite, entourés d'au- tres corps bons conducteurs, tels que les métaux, et communiquant eux-mêmes avec le sol, c'est sur ces derniers exclusivement que se porte la décharge, pen- dant qne les premiers se trouvent ainsi radicalement préservés. Îl observe encore que si on dirige la décharge de la machine électrique sur un conducteur ramifié en communication avec le sol, la matière électrique suit fidèlement les diverses ramifications, en s’affaiblissant d'autant plus que ces ramifications sont plus nom- breuses. S'appuyant sur ces observations, qui sont toutes ri- goureusement exactes, et dont il confirme du reste l'exactitude par des expériences conçues et exécutées avec sagacité, il est conduit à proposer le procédé sui- vant pour se préserver de la foudre dans l'intérieur des maisons : Il veut qu'on tapisse le plafond d'un réseau de fils d’archal croisés descendant le long des murs et venant se rattacher à des clous de fer enfoncés dans le plan- cher. Ces clous eux-mèmes doivent être reliés par un fil d'archal d’un assez gros diamètre, dont les deux ex- trémités réunies servent à former une corde tressée aboutissant à une partie du sol extérieur très-humide. Au centre de celte véritable cage en fil d'archal, il suspend, à l’aide de cordons de soie isolants, une caisse en bois sec et résineux, enduite partout de substances isolantes et à fenêtres exactement vitrées. C'est dans cette caisse qu'on doit se réfugier en temps d'orage, et il recommande de la construire assez spacieuse, pour qu'on puisse y passer les heures du danger en bonne 507 compagnie; à la rigueur cependant, il fait remarquer qu’on pourrait se contenter des fils. Théoriquement parlant, ce procédé de préservation est bon. Le tonnerre qui frapperait un appartement muni de l'appareil que nous venons de décrire, sui- vrait très-probablement, on peut même dire certaine- ment, les fils conducteurs, et il irait se perdre dans le sol; cependant, quelques-uns de ces fils, ou tous en- semble, venant à se fondre, le redoutable météore pour- rait fort bien s’écarter de sa route et se porter sur les corps conducteurs renfermés dans l'appartement. Le mieux est donc de ne pas s’y fier, et de dire avec un homme d'esprit : «Il est des grands seigneurs dont il » ne faut pas s'approcher; le tonnerre est de ce nom- » bre »° Du reste, Romas, comprenant très-bien que, dans une question de cette importance, il ne suffisait pas de faire de la théorie, imagina une expérience très-origi- nale pour démontrer ce qu'on pouvait attendre de son procédé dans la pratique. Un jour qu'il avait lancé son cerf-volant vers un nuage orageux, et qu'il'tirait du cy- lindre de fer-blanc des étincelles de dix à douze pieds de longueur, il plaça juste au-dessous de ce cylindre, dans une cloche en verre renversée et recouverte d’une cage en fil de laiton reposant elle-même sur le sol, un pigeon au-dessus de la tête duquel pendait une chaine métal- lique fixée à un des barreaux supérieurs de la cage. II dirigea des étincelles en grand nombre sur ce frêle ap- pareil; le pigeon parut effrayé, et de plus courageux que lui, mis à sa place, n'auraient pas fait meilleure 33 508 contenance; mais il en fut quitte pour la peur, et se tira définitivement de cette rude épreuve sans perdre une seule plume. Lorsqu'il fut bien démontré que l'électri- cité était impuissante contre lui, le pigeon fut remplacé par un énorme chien de boucher, simplement attaché à un pieu voisin par un cordon de soie. Romas attendit que l'orage füt assez affaibli pour ne plus donner que des étincelles longues de cinq à six pouces, et l'une d'elles lui suffit pour foudroyer le robuste animal. Quoi qu'il en soit, ni pigeon ni chien n'eurent assez de cré- dit pour faire adopter les cages en fil d’archal, et le pa- ratonnerre n'eut pas un seul instant à redouter la con- currence. À la suite de l'opuseule dont nous venons de donner une rapide analyse, Romas fit imprimer une longue let- tre qu'il avait adressée en 1768, avec demande d'inser- tion, à M. Lutton, directeur du Journal encyclopédi- que, et dans laquelle il défendait avec énergie ses droits méconnus contre les assertions mensongères de Priest- ley, dont l'histoire de l'électricité avait été publiée par fragments dans le journal de M. Lutton. Celui-ci, qui a tout l'air d'un spéculateur anglais, entrepreneur de gazeltes françaises, fit d'abord la sourde oreille; plus tard, vivement pressé par les instances de Romas, et relancé jusque dans Paris par quelques amis de notre compatriote, il répondit qu'il ne se rappelait pas avoir reçu la lettre dont on lui parlait, et que, du reste ; il n'a- vait d'autre service, dans le journal, que celui des abon- nements. Ainsi éconduit, Romas, après une attente de quel- 509 ques années, résolut de faire imprimer et de livrer à la publicité cette lettre, où sa justification est mise dans la plus éclatante lumière, et il la joignit au Mémoire pour se préserver de la foudre dans l'intérieur des mai- sons, formant du tout un petit volume in-12, qui parut à Bordeaux en 1776. Cette lettre ne renferme rien de plus que les docu - ments à l’aide desquels nous avons établi déjà l'origina- lité des recherches de notre compatriote sur l'électricité atmosphérique; nous pouvons donc nous dispenser d'en faire l'analyse. Ce que nous devons mentionner ici, c'est qu'elle est écrite avec un sentiment des convenances et avec une dignité calme qui méritent des éloges sans restriction. Malgré l’évidente mauvaise foi de ses ad- versaires, Romas ne se départ pas envers eux de la rè- gle de la modération la plus généreuse; il ne répond pas à l'injustice par l'injure, et n'oublie pas un seul instant les obligations de son double titre de magistrat et de gentilhomme. Loin qu'il cherche à se venger des procédés déloyaux dont il est victime, en rabaissant les mérites et la gloire de Franklin, il est le premier à les proclamer et à re- connaltre hautement tout ce qu'il doit à l'homme de gé- nie qu'il honore toujours comme son maitre. — « Si » l'aiguille de Franklin n'eut pas réussi, dit-il, peut- «être n’aurais-je jamais eu l'idée du cerf-volant; j'ai » travaillé sur le fond de Franklin : je lui ai rendu cet » hommage dans ma lettre du 48 octobre 1753. » Mais une fois cette concession faite, laissant de côté les hom- mes pour lesquels sa belle âme ne saurait ressentir au- 510 cune animosité, il prend les faits corps à corps, et il démontre avec force et clarté que « niles hommes, ni » Dieu qui sait tout, ne peuvent lui reprocher d'avoir » emprunté à personne la plus petite pièce qui concerne » son instrument. » La démonstration ne vint pas assez tôt pour qu'on rendit à Romas, de son vivant, la justice qu'il récla- mait. Îl mourut avant la publication du livre dans le- quel il revendiquait ses droits, attristé à ses derniers moments par la pensée de l'injustice dont ses contem- porains se rendirent coupables envers lui, mais consolé peut-être par l'espérance que la posterité, à laquelle il léguait les pièces du procès, se chargerait de la répa- ration due à sa mémoire. Cette réparation s’est fait trop longtemps attendre ; le bruit sourd, précurseur des grands événements qui se préparaient , l'avènement d'un nouveau prince, les préoccupations d'un avenir déjà plein de menaces, fi- rent qu'on ne prêla qu'une attention distraite à des ré- clamations toutes personnelles et dont l'intérêt dispa- raissait devant les émotions des luttes passionnées de chaque jour. Un siècle s'est écoulé depuis que notre intrépide com- patriote accomplissait ses belles et audacieuses expé- riences, sans qu'aucune voix se soit élevée pour protes- ter en sa faveur. C'est au corps savant dont il fut un des membres les plus zélés, que revenait la tâche de mettre un terme à cet injuste oubli, et de replacer au rang qu'il doit occuper parmi nos célébrités provineia- les, le savant persévérant et courageux qui lui dut l'ins- 511 piration de ses travaux les plus remarquables, et qui resta médiocre lorsque cette inspiration lui manqua. On ne saurait donc louer M. de Romas sans faire re- monter l'éloge jusqu'à cette illustre Académie des Scien- ces de Bordeaux, la première sans contredit des Aca- démies de province, supérieure même sur quelques points à l'Académie des Sciences de Paris, pendant la période commune de leur existence de 1716 à 1789, et dont le glorieux passé nous venge des jalouses cla- meurs de ces détracteurs ignorants qui osent soutenir, malgré l'éclatant démenti de l'histoire, que le culte sé- vèré des sciences ne saurait convenir aux hommes nés sur le sol fécond qui enfanta les Montaigne et les Mon- tesquieu. Bordeaux, 4852. 512 Note A. Rapport présenté à l'Académie des Sciences, le 4 février 1764, par MM. DunameL et NOLLET, commissaires. On voit par la lettre de Watson (45 janvier 4753), que M. Fraoklin a fait indubitablement usage du cerf-volant électrique plus de quatre mois et demi avant M. Romas. Mais comme on peut inventer longtemps avant que d'exécuter, et que la lettre de M. Watson, en annonçant le fait, ne dit pas si M. Franklin y avait pensé longtemps auparavant, M. de Romas cherche à constater l'époque de son invention, et prouve qu'au mois de juillet 4752 il avait déjà imaginé d’éprouver l'électricité de l'atmosphère ou des nuages par le moyen d’un cerf-volant. Il le prouve : 4° par une lettre de M. le chevalier de Vivens, qui est un homme très-initié dans les sciences, et dont le témoi- egnage doit être d'un très-grand poids. M. de Vivens dit en ter mes formels, qu'il se souvient très-bien qu’à l'occasion de quel- ques expériences électriques que fit M. de Romas en sa pré- sence, le 49 août 4752, celui-ci lui fit part du projet qu’il avait conçu de tirer l'électricité des nuées par le moyen d’un cerf-vo- lant. Il le prouve : 2° par la lettre d’un curé du voisinage, qui paraît avoir pris beaucoup de part à ces expériences, et qui, n'osant pas par scrupule déterminer au juste le jour auquel M. de Romas lui fit la confidence de son projet de cerf-volant, affirme que c’é- tait à cinq ou six jours près d’une expérience qu'on sait d’ail- leurs avoir été faite le 49 août 1752. Il le prouve : 3° par le témoignage très-circonstancié de M. de Dutilh, où il paraît que la plupart de ces expériences ont été fai- tes, et qu'il y a contribué par ses dépenses et par ses soins. M. de Dutilh, en attestant que M. de Romas a imaginé le cerf- volant électrique un an avant que d'en faire usage, avoue qu'il s'était chargé de la construction de l'instrument dès le mois d'août 513 4752, et se reproche d'en avoir négligé l'exécution eë& d’avoir laissé passer la saison de s’en servir en 1752. M. de Romas le prouve : 4° par un certificat en forme, de l'A- cadémie des Sciences de Bordeaux, par lequel il paraît que M. de Romas a fait remettre, le 42 juillet 4752, à l'Académie, une let- tre dans laquelle il fait mention, non pas explicitement du cerf- volant, mais d'un moyen plus propre, dit-il, que les barres de fer élevées en l'air pour éprouver l'électricité des nuages, moyen qu'il appelle un jeu d'enfants. , Nous avons vu de plus une lettre de M. Franklin, en réponse à M. de Romas qui lui avait fait part de son cerf-volant électri- que, dans laquelle réponse M. Franklin ne revendique nullement cette nouveauté, comme il semble qu'il aurait dû faire s’il eùt pensé en être le premier auteur. Ayant donc égard à toutes ces preuves, nous croyons que M. de Romas n’a emprunté à personne l'idée d'appliquer le cerf- volant aux expériences électriques, et qu’on doit le regarder comme le premier auteur de cette invention, jusqu'à ce que M Franklin ou quelque autre fasse connaître, par des preuves suffi santes, qu'il y a pensé avant lui. Note B. L'éclatante réputation scientifique dont Franklin jouit encore parmi nous, date du voyage qu'il fit en France pour négocier l'intervention de notre pays en faveur des États-Unis d'Amérique ; elle lui fut faite par les beaux esprits philosophiques du dix- huitième siècle, qui le présentèrent comme la personnifica- tion des idées dont ils poursuivaient le triomphe. Il est évident maintenant, pour tout juge impartial, que ses admirateurs allè- rent trop loin dans leur enthousiasme, et qu'ils exaltèrent outre mesure ses mérites scientifiques. Il serait temps que la vérité fût rétablie sur ce point, et nous avons un intérêt d'autant plus sé- rieux à la rétablir, que les savants aux dépens desquels elle a été faussée sont nos compatriotes, 514 Les Anglais, qu'on n'accusera pas de partialité pour nous, ren- dent aux travaux de ces savants la justice que nous ne leur accor- dons pas encore, etils savent mettre Franklin à la place qui lui appartient. Le jugement qu'ils portent sur son compte a été for- mulé avec autant de modération que d'équité, par le docteur Wheweli, directeur du collége de la Trinité à Cambridge, auteur d’une récente et fort remarquable histoire des sciences naturel- les. Voici en quels termes s'exprime ce savant, dont personne ne conteste ni la vaste érudiction ni l'honorable caractère. « En 4750, Franklin émit quelques vagues conjectures tou- » chant l'existence de l'électricité dans les nuages; mais il m'était » pas possible, avant l'explication des phénomènes d'influence à » distance pas Wilcke et par Æpinus, de comprendre véritable- » ment l'état électrique des nuages. Cependant , en 1752, d'Ali- » bard et d’autres savants français furent désireux de vérifier les » conjectures de Franklin sur l'analogie du tonnerre et de l'élec- » tricité ; ils le firent en érigeant à Marly, etc.» Quant à la portée qu'il attribue aux idées théoriques du physi- cien de Philadelphie, le docteur Whewell, après avoir rappelé que la théorie d'un fluide unique fut imaginée simultanément par Watson et par Franklin, tandis que ce dernier passe pour en être seul l'auteur, s'explique ainsi sur la valeur de cette théorie : « En 4754, Symmer soutenait encore l'existence des deux » fluides, et Cigna faisait disparaître le défaut principal du sys- » tème de Dufay, en démontrant que les deux électricités se » produisent en même temps. Malgré cela, l'apparente simplicité » de l'hypothèse d'un seul fluide lui donna beaucoup de partisans : » c'était elle que Franklin avait adoptée dans l'explication de la » bouteille de Leyde ; et quoique après la première conception » de la charge électrique, qui la faisait considérer comme une » rupture d'équilibre, il n’y avait rien dans les développements » ou les détails des vues de Franklin qui méritât de leur at- » tirer aucune autorité, sa reputation et son habileté comme » écrivain donnèrent une influence très-grande à ses opinions. » Aussi, pendant un certain temps fut-il considéré en Europe » comme le créateur de la science, et les termes Frandklinisme, 515 » Frankliniste, système Franklinien, se rencontrent presque à » chaque page dans les ouvrages relatifs à l'électricité pabliés sur » le continent. » Au fond , cependant , les phénomènes électriques auxquels » Franklin ajouta le moins, je veux parler des phénomènes d'in- » fluence, furent ceux qui donnèrent la plus puissante impulsion » au progrès de la science, et ils s'accordent généralement avec » la conception des deux électricités introduite par Dufay et » confirmée par les travaux de Coulomb et de Poisson. Quoique » les relations des corps non conducteurs avec l'électricité et » quelques autres phénomènes encore restent imparfaitement » expliqués dans la théorie des deux fluides, nous pouvons dire » cependant qu’elle est sûrement et définitivement établie ; et » nous devons, je le crois, attribuer à Dufay plus de mérite » qu'on ne lui en accorde pour la part qu’il prit à cet établis- » sement. Il vit clairement, en effet, et il énonça d'une manière » qui prouvait qu’il appréciait avec précision leur caractère, les » deux principes fondamentaux suivants : 4° les conditions de » l'attraction et de la répulsion; 2° l'existence apparente de deux » espèces d'électricité. » Le mérite réel de Franklin, comme inventeur, fut d’avoir été » un des premiers à concevoir distinctement la charge électrique » comme une rupture d'équilibre. La grande réputation dont il » jouissait lui vint de la clarté et de l'esprit avec lequel il racon- » {ait ses découvertes, de la grandeur du sujet qu'il traitait en » s'occupant des éclairs et du tonnerre, et en partie peut-être » de son caractère comme Américain et comme homme politique ; » car il était déjà en 1736 engagé dans les affaires publiques » comme secrétaire général de l’Assemblée de Philadelphie, Ce- » pendant, le moment n’était pas encore venu où ses amis dirent » de lui : Eripuit cœlo fulmen, sceptrumque tyrannis. A propos de ce vers latin tant de fois cité, nous ferons remarquer en passont, que, tout sublime qu’il est au point de vue poétique pur, il n’en renferme pas moins deux pensées fausses ; et à ce prix, on peut trouver le sublime un peu cher. 516 On sait en effet que les colons américains s’insurgèrent contre la Métropole, non pas parce qu'elle les gouvernait iyrannique- ment, mais, ce qui est infiniment moins poétique, parce qu’elle voulait leur faire payer trop cher le droit de boire ieur thé. Voilà donc le second hémistiche convaincu d’exagération; quant à la pensée que le premier exprime, et dont le sens est que l'homme a désarmé la divinité de sa foudre, Bernardin de Saint-Pierre, qui valait Turgot en histoire naturelle, qualifie cette pensée d'im- pie, et il justifie cette épithète par les considérations suivantes : « Le tonnerre n’est point un instrument particulier de la jus- » lice divine. Il est nécessaire au refroidissement de l'air dans » les chaleurs de l'été. Dieu a permis à l'homme d'en disposer » quelquefois, comme il lui a donné le pouvoir de faire usage du » feu, de traverser les mers, de se servir de tout ce qui existe » dans la nature. C’est la mythologie des anciens qui, en nous » représentant Jupiter toujours armé du foudre, nous en inspire » tant de terreur. Il y a dans l'Écriture sainte des idées de la » divinité bien plus consolantes, et une bien meilleure physique. » Je puis me tromper, mais je ne crois pas qu'il y ait un seul » endroit où elle nous parle du tonnerre comme d’un instrument » de la colère divine. Il n’est pas compté parmi les dix plaies » d'Égypte ; Sodome fut détruite par une pluie de feu et de sou- » fre; dans les menaces faites au peuple dans le Lévitique, iln’est » pas question du tonnerre. Au contraire, ce fut au bruit des » tonnerres que la Loi fut promulguée sur le mont Sinaï; enfin, » dans le beau cantique où Daniel invite tous les ouvrages du » Seigneur à le louer, il y appelle les tonnerres; et il n’est pas » inutile de remarquer qu'il comprend dans son invitation tous » les météores qui entrent dans l'harmonie nécessaire de l'Uni- » vers. Il les qualifie du titre sublime de puissances et de vertus » du Seigneur. » Note C. Cette accusation d'attirer la foudre, et d'être ainsi plus dan- gereux qu'utiles, fut aussi portée dans l'origine contre les para- 517 tonnerres; elle fut soutenue avec obstination, à l'aide d'argu- ments théoriques, par des savants distingués, tels que Wilson et Nollet, et leur opposition, qui nous étonne aujourd'hui, nous paraîtra justifiable si nous nous rappelons que Franklin, se trompant lui-même théoriquement, expliquait l'efficacité de ses barres en disant qu'elles soutiraient l'électricité des nuages ora- geux. Ce mot soutirer effraya longtemps les imaginations, et fut cause sans doute de la lentenr avec laquelle l'emploi des para- tonnerres se vulgarisa. Ce fut aux États-Unis qu'ils se multipliè- rent d'abord avec le plus de rapidité, grâce à l'esprit pratique du peuple de ce pays et aux recommandations incessantes de Fran- klin, dont l'influence alors était toute puissante. En Europe , les choses marchèrent moins vite, et pendant long- temps encore les particuliers refusèrent de laisser ériger au-des- sus de leurs demeures ces tiges de fer pointues dont ils redou- taient le mystérieux pouvoir. L'exemple vint d'en haut : à Lon- dres, en 1768, le chapitre de l’église Saint-Paul, après avoir pris l'avis de la Société royale, décida que l'église métropolitaine serait munie d'un paratonperre; un second s’éleva quelque temps après sur le palais de Buckingham-House, et bientôt les maga- sins à poudre et les principaux châteaux eurent chacun le leur. Le grand-duc de Toscane , la République de Venise, l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse se montrèrent favorables à l’intro- duction des paratonnerres dans leurs États; cependant, par une de ces bizarreries qui se rencontrent souvent dans son caractère, le grand Frédéric, qui en fit placer partout sur ses magasins mi- litaires, n'en voulut pas pour le palais de Sans-Souci. La France resta longtemps en arrière, malgré les efforts de quelques savants, parmi lesquels il faut citer en première ligne Leroy et Charles, de l’Académie des Sciences. En 4784, il n’y avait encore pres- que rien de fait, et lorsque à Saint-Omer, M. de Vissery s’'avisa d'armer sa maison d'un paratonnerre, la foule s’amassa mena- çante, et peu s’en fallut qu’elle ne fit un mauvais parti au témé- raire novateur. La municipalité de Saint-Omer, qui partageait alors les passions aveugles de ses administrés , au lieu de soute- nir M. de Vissery, lui enjoignit d’abattre l'appareil suspect ; M. de 518 Vissery résista , il fit appel devant le Tribunal d'Arras, et confia le soin de défendre sa cause à M. de Robespierre, qui n’était en- core qu'un très-obscur avocat de province. Cette cause eut beau- coup de retentissement; l'attention publique en suivit les diver- ses phases avec un vif intérêt, et on accueillit avec d’unanimes applaudissements le jugement du Tribunal d'Arras, rendu le 34 mai 4783, qui cassait l'arrêté de la municipalité de Saint-Omer. M. de Robespierre , au dire du Journal des Savants, traita son sujet avec beaucoup d'érudition et d'esprit; le plaidoyer qu'il prononca dans cette circonstance fut lu par toute la France, et né contribua pas médiocrement à étendre au loin la réputation de l'auteur. A Sienne, une émeute fut aussi sur le point d'éclater, parce qu’on avait élevé un paratonnerre sur la tour qui domine la place du Marché. L'affaire de Saint-Omer eut pour effet d'attirer l’attention des corps scientifiques sur la question des paratonnerres ; l’Acadé- mie de Dijon fut celle qui s’en occupa la première, et elle char- gea MM. Guiton de Morreaux et Maret de lui faire un rapport sur ces appareils, dont ces deux savants constatèrent l'utilité, en même temps qu’ils formulèrent quelques-unes des règles relatives à leur bonne construction. Leroy et Charles donnèrent à ces règles une plus grande pré- cision, et enfin, en 4823, elles furent formulées avec toute l’au- torité du talent et de l'expérience, dans l'instruction pour l'éta- blissement des paratonnerres, rédigée par Gay-Lussac au nom de la commission choisie par l'Académie des Sciences. 519 FRAGMENT DE L'HISTOIRE DES ARTS A BORDEAUX ; Par M. J. DBELPIT, ACADÉMIE DE PEINTURE ET SCULPTURE SOUS LOUIS XIV ?, Dans la première moitié du dix-septième siècle, à Bordeaux, comme dans toute la France, la direction des arts était nulle et leur culture considérée à peu près comme un métier. Or, selon l'esprit de ce temps, tels métiers devaient être héréditaires; d’autres étaient soumis à des règlements qui fixaient le nombre des mai- tres et celui des apprentis, le temps de l'apprentissage, les matières qui devaient être employées. Le fise en était * Les documents qui m'ont fourni le sujet de cette Notice sont peu nombreux ; üyena vingt-deux, imprimés ou manuscrits, M. Lacour , leur possesseur, qui les tient de son père, les a fait réunir par une élégante reliure portant cette inserip— tion : Titres et documents relatifs à l'École académique de peinture et sculp— ture sous Louis XIV. Il se propose d’en faire hommage à la ville; mais, en at- tendant, il m'a semblé que leur analyse était assez intéressante pour être détachée de l’Histoire des Arts à Bordeaux, que je prépare, et séparée de la description des édifices et autres objets d'art contemporains qui doivent naturellement l’ac— compagner, 520 venu jusqu à créer des offices pour les métiers, et à les vendre, non au plus habile, mais au plus offrant. Au commencement du règne de Louis XIV, lorsqu'on vou- lut soumettre des règlements faits pour des corporations d'ouvriers à l'action du courant qui portait alors toutes les idées vers la centralisation, l'effet immédiat de cet essai d'organisation du désordre produisit dans les arts des conséquences étranges, et que semblait pourtant justifier la logique d'un principe faux en lui-même. Ainsi, la corporation des Maîtres peintres de Paris, qui se faisait appeler : Académie de Saint-Luc, mais qui n'en était pas moins la corporation des peintres ou- vriers, prétendit avoir le singulier privilège d'empêcher quiconque ne lui était pas afilié de s'occuper de pein- ture, et, par conséquent, fit saisir et vendre à son pro- fit les tableaux de tous les artistes qui ne faisaient pas partie de la communauté. Quelques-uns des plus habiles artistes de Paris, fati- gués par les exigences de cette corporation absurde dans sa logique, se déterminèrent, vers l’année 1648, à reunir leurs efforts pour secouer ce joug humiliant. M. Charles Lebrun, qui venait d'Italie, joignit à leurs efforts l'influence de sa célébrité, et la fondation de l'Académie royale de peinture fut résolue. Ce n’est pas ici lelieu d’en faire l’histoire et d’en décrire l'organisation; qu'il nous suflise de dire que la nouvelle Académie, comme elle devait s’y attendre, eut à lutter vio- lemment contre l'influence de la communauté des maitres peintres. Cette corporation, déjà puissante par son an- cienneté, fut soutenue, nous le disons à regret, par la jalouse rivalité d'un artiste éminent, émule de M. Le- 521 brun, M. Pierre Mignard. Néanmoins, malgré, ou peut-être à cause des troubles civils, l'Académie triompha de tous les obstacles que la jalousie ajouta aux hésitations et aux fausses démarches inséparables d'un établissement nouveau sur un terrain inconnu. Dès l'année 1654, la nouvelle Académie réforma ses statuts, prit pour protecteur ME le cardinal Mazarin, et obtint, entre autres priviléges accordés par le Roi le 28 décembre 165%, confirmés en janvier 1655, et en registrés au Parlement le 25 juin suivant, que les mem- bres de l'Académie seraient exemptés de tutelle, de cu- ratelle et de faire le guet, et qu'ils jouiraient, en outre, du droit de committimus pour tous leurs procès, comme les membres de l'Académie française et les ofliciers com- mensaux du roi ‘. Les progrès de la nouvelle Académie furent long- temps encore enrayés par l'influence des nombreux et puissants amis de M. Mignard; mais, à la mort de M: le cardinal de Mazarin, M. Colbert, nommé vice-pro- tecteur de l’Académie, prit chaudement en main la cause de cette Compagnie, et son existence fut désormais as- surée. En 1663, l'Académie obtint une pension de 4,000 livres. Le roi, qui s’en était déclaré hautement le pro- tecteur, fit encore plus : en 1665, il fonda à Rome l'É- cole de France, où les jeunes lauréats de l’Académie de Paris devaient se perfectionner par l'étude des maitres. L'influence de l'Académie grandit; on en comprit l'uti- | Titres. de l'École académ. de Bordeaux , n° 1. 522 lité, et enfin, sur l'instigation de M. Colbert, au mois de novembre 1676, Louis XIV rendit une ordonnance, enregistrée le 22 décembre suivant, qui autorisait la création d'une espèce d'Université des Beaux-Arts sous le titre d'Écoles académiques de peinture et de sculp- Lure. Pour encourager les beaux arts, qui font à l'intérieur la splendeur et la félicité d’un État, comme la gloire des armes la procure au dehors, cette ordonnance per- mettait au sieur Colbert, ce sont les propres termes des lettres patentes, de créer, dans les différentes villes de France, des écoles académiques de peinture et de sculp- ture, sous la conduite et administration des officiers de l'Académie royale de Paris. M. Colbert en était déclaré chef et protecteur, et pouvait seul en approuver les sta- tuts et les règlements *. En conséquence, l’Académie de Paris, sous la direc- tion de M. Lebrun, rédigea des statuts, approuvés par M. Colbert, pour l'établissement d'écoles académiques dans les principales villes du royaume. Ce fut une me- sure aussi habile que hardie. On comprend en effet qu'elle était destinée à exercer une immense influence sur l'avenir des arts; malheureusement, par des cir- constances diverses, ce plan gigantesque ne put être exécuté dans son ensemble. Il ne faut pas d’ailleurs se laisser tromper par la si- militude des mots et perdre de vue que, selon les temps et les lieux, les mêmes expressions ont souvent une si- 1 Titres... de l'École académ. de Bordeaux, n° 2, gnification toute différente. Nous avons vu que la pré- tendue Académie de Saint-Luc n'était rien moins qu'une association académique comme nous le comprenons aujourd'hui. L'Académie royale de peinture elle-même n’était pas alors ce qu'est devenue depuis l'Académie des Beaux-Arts; et, par conséquent, les écoles acadé- miques qu'il s'agissait d'établir dans les villes de pro- vince, n'avaient, pour ainsi dire, rien de commun avec ce que nous appelons aujord'hui une Académie. Quoi qu'il en soit, il paraît que cette mesure, digne du génie de M. Colbert, ne reçut d'autre application qu'à Bordeaux, dans cette ville rebelle qu'agitaient en core tant de passions diverses, et que d'innombrables ouvriers, dirigés par, M. de Vauban, entouraient de ci- tadelles formidables, uniquement destinées à réprimer et punir nos turbulents ancêtres. Il est donc important, pour notre histoire particulière et pour l'histoire géné- rale des arts, d'examiner avec soin les effets produits par cet essai d'organisation artistique. Nous avons un exemplaire imprimé des statuts rédi- gés par l'Académie royale de Paris ‘. Voici le résumé de leurs principales dispositions : Le protecteur des écoles académiques avait le droit de choisir dans chaque ville le vice-protecteur de cette école, et l'Académie-mère elle-mème nommait les gouverneurs des écoles, sur lesquels elle se réservait un certain droit de surveillance et de juridiction. Ces gouverneurs étaient d'ailleurs tenus de se conformer aux préceptes el ma- * Titres. de l’École académ. de Bordeaux, n° 2. 34 524 l nière d'enseigner de l’Académie. Ils pouvaient se faire aider par des gens capables, auxquels ils transmet- taient tous leurs priviléges; mais, au moins quatre fois par an, les ofliciers délégués pour la direction des éco- les devaient soumettre les ouvrages de ‘leurs élèves à l'examen des académiciens de Paris. Du reste, il était expressément défendu dans les éco- les de parler de toute autre matière que de peinture et de sculpture, et l'article 5 est assez remarquable sous ce rapport. Le lieu où les exercices se feront, y estil dit, estant consacré à la vertu, s'il arrivoit qu'au- cun vinst à blasphémer le saint nom de Dieu ou par- ler de la religion et des choses saintes avec irrévé- rence, ou proférer des paroles deshonnêétes, il sera banny des dites écoles. Les ecoles devaient être ouvertes tous les jours pen- dant deux heures, excepté les jours de fête.., ete. Les lettres patentes de 1676 qui autorisaient la créa- tion des écoles académiques, ne furent mises à exécu- cution, comme nous l'avons déjà dit, ni à Lyon, ni à Toulouse, ni à Marseille, ni à Rouen; pendant douze ans, il n’en est question nulle part. Cependant, il pa- rait que le 26 juillet 1688, il y avait déjà longtemps que M. Leblond de Latour, peintre ordinaire du roi et membre de l'Académie de peinture de Paris, fixé à Bor- deaux depuis 1656, avait essayé, aidé de M. Larraïdy” et de quelques autres artistes ou amateurs, de faire créer une école académique à Bordeaux. Il résulte d'une lettre que M. Guérin, secrétaire de l’Académie de peinture de Paris, écrivait ce jour-là à 525 son collègue à Bordeaux ‘, M. Leblond de Latour, que ce n'était pas sa faute si la demande des artistes borde- lais n'avait pas encore reçu de solution, mais que la maladie de M. de Louvois avait tout retardé. M. Guérin félicitait d’ailleurs M. Leblond d'avoir découvert l'auteur d'une lettre malicieuse écrite par un anonyme à l'Aca- démie, et qui méritait d'être puni ?. Néanmoins, le 21 janvier 1689, rien n'avait encore été fait, et M. Guérin écrivait de nouveau que la de- mande des peintres bordelais avait dû être accordée lors de la présentation de l'Académie à M: de Louvois, à l'occasion du premier de l'an; mais que le Ministre était si occupé, qu'on n'avait pas osé l'importuner de cette affaire. [l ajoutait que M. Lebrun avait pris à cœur celte demande et promettait de s’en occuper activement. Il félicitait ces messieurs d'avoir écrit directement à l'Académie. Cette lettre devait être un moyen de plus pour s'occuper de leur affaire *. Dans l'intervalle, M. Lebrun mourut (23 février 1690) ; il y avait à craindre que son successeur, ce même M. Mignard qui s'était si fortement opposé à la création de l'Académie de Paris, ne mit pas beaucoup de zèle à terminer une affaire que son prédécesseur et son antagoniste avait patronée; il parait qu'il en fut autrement. Arrivé enfin au pouvoir, objet de sa jalou- sie et de sa convoitise, M. Mignard, comme tant d'au- tres, envisagea les choses sous un tout autre aspect qu'il ne l'avait fait jusqu'alors; etenfin, le 3 juin 1690, ! Nicolas Guérin avait été reçu membre de l’Académie le 20 décembre 1681, ? Preuves, n° 1. * pièces justificatives, n° 2, 526 l'Académie royale, ayant pris l'avis de M le marquis de Louvois, fit expédier des lettres sous forme authen- tique autorisant l'établissement de l'École académique de Bordeaux. Ce document important, car il est probablement uni- que en son genre, mérite d'être reproduit en entier. Il est écrit sur parchemin, dans la forme des lettres pa- tentes, parfaitement conservé, et revêtu des signatures autographes des principaux membres de l'Académie des Beaux-Arts de cette époque. Malheureusement, la terreur qu'inspirait la stupidité des prétendus patriotes de 1793, en a fait enlever le sceau de l’Académie, dont l'emprein- te portait peut-être quelques emblèmes dangereux. « L'ACADÉMIE ROYALLE DE PEINTURE ET DE SCULP- TURE establie par lettres patentes du Roy, vérifiées en Parlement, présentement sous la protection de mon- seigneur le marquis de Louvois et de Courtenveaux, conseiller du roy en tous ses conseils, ministre et se- crétaire d'Estat, commandeur et chevalier des ordres de Sa Majesté, surintendant et ordonnateur général des bastiments, arts et manufactures de France, » À TOUS CEUX QUI CES PRÉSENTES LETTRES VERRONT, sALUT. La Compagnie s'estant fait représenter les let- tres à elle cy devant escrittes par plusieurs peintres et sculpteurs de Bourdeaux, qui proposent de faire un es- tablissement académique dans leur ville, au désir et conformément aux lettres patentes du Roy, portant l’es- tablissement des Académies de peinture et de sculpture dans les principales villes du royaume, et règlement dressé à ce sujet, du mois de novembre 1676, registrez 527 en Parlement le 22 décembre en suivant, après avoir examiné les délibérations particulières et résultats sur ce projet dudit établissement, et voulant de sa part con- tribuer au zèle que les dits peintres et sculpteurs font paroistre de se perfectionner dans leur art autant qu'il leur sera possible, à résolu et arresté, sous le bon plaisir de monseigneur de Louvois, son protecteur, de consen- tir à l'établissement demandé par lesdits peintres et sculpteurs de Bourdeaux, à la charge d'observerles règle- ments contenus esdites lettres patentes, et de se con- former, autant que faire se pourra, à la dissipline qui s’observe dans cette Académie royalle; à l'effect de quoy elle a ordonné qu'il leur seroit envoyé une expédition en parchemin du présent résultat, signé de monsieur le directeur, de messieurs les officiers en exercice, de messieurs les recteurs et adjoints-recteurs, et des deux plus anciens professeurs, scellez de son sceau et con- tre signez par son secrétaire, et une copie collationnée des lettres patentes et règlements, qui pourront servir à leur établissement et à la régie de leur compagnie. » À Paris, le troisième juin mil six cens quatre vingt dix. Signé : MIGNARD, GIRARDON, DESJARDIN, DE SÈVE, COYPEL, recieurs; COYSEVOX , PAILLET, adjoints-recleurs; REGNAUDIN , BLANCHARD , HOUASSE, JOUVENET, Pr'O- Jesseurs; BOULOGNE le jeune, P. SEVE, N. DE PLATE-MONTAGNE ', J.-B. LECLERC EDELINCK. Au dos est écrit sur le pli: Visa : MIGNARD *. Par l’Académie : GUÉRIN. ‘ Nicolas Vanplattenberg (Plate-Montagne), connu sous le nom de Montagne et de van Platen. ? Titres. de L'École academ. de Bordeaux, n° 3, 528 Remarquons, en passant, que les lettres patentes de 1676 ne parlent, comme nous l'avons vu, que de l’éta- blissement en province d'écoles académiques, et que cependant il résulte des termes de l'acte que nous ve- nons de transcrire, que l’Académie royale elle-même comprit que l'Ecole académique de Bordeaux devait être considérée comme une Académie; car il y est dit : « Conformément aux lettres patentes portant » l'établissement des Académies... dans les princi- » pales villes... ;» et peu après, les artistes bordelais composant la nouvelle Société l’intitulèrent Académie royale. Il fallut près d'un an pour que les lettres de l'établis- sement de la succursale bordelaise pussent recevoir un commencement d'exécution, après plusieurs hésitations et tàtonnements, soit pour trouver un local, soit pour réunir un nombre suffisant d'artistes qui voulussent faire partie de la nouvelle société. Aucun document ne nous fait connaitre comment furent choisis la pre- mière fois les membres de l’Académie. Après plusieurs tentatives inutiles, disons-nous, les nouveaux acadé- miciens parvinrent enfin à se réunir en nombre sufli- sant, le 29 avril 4691, et à constituer définitivement leur Académie. Le procès-verbal de cette première as- semblée n’est pas long, et nous croyons devoir le trans- crire tout entier. Il fera mieux juger, que ne pourrait le faire une analyse, ce que fut cette première réu- nion. «Aujourdhuy vingt neufviesme d'avril mil six cens 529 quatre vingt onze, nous soussignez, composant l'Aca- démie royalle de peinture et de sculpture établie à Bor- deaux, estant assemblés dans le palais archiépiscopal, conformément à la délibération précédente , en présence de monseigneur l'Archevèque de Bordeaux, nostre vice- protecteur, avons procédé à la nomination et l'élection des professeurs et adjoints de la ditte Académie, et com- mencé par nommer monsieur Leblond de Latour pour premier professeur, en considération de son méritte et de ce qu'il a l'avantage d’estre du nombre de ceux qui composent l'illustre compagnie de lAcadémie royalle de Paris, laquelle nomination a esté unani- mement faitte. Ensuitte avons procédé à la nomination des autres comme s'ensuit; le tout à la pluralité des VOIX : Professeurs : MM. LEBLOND DE LATOUR, peintre. BENTUS , peintre. DUBOIS , sculpteur. THIBAULT , Sculpteur. FOURNIER aisné , peintre. DUCLAIRC aisné , peintre. GAULIER , sculpteur. BERQUIN le jeune, sculpteur. LARRAIDY, peintre. TIRMAN , peintre. BERQUIN aisné, sculpteur. DORIMON , sculpteur. Adjoints à professeurs : MM. FOURNIER le jeune, pucLaïRc le jeune, CONSTANTIN-. » Desquelles élections ei dessus avons dressé le pré- sent procez-verbal pour servir et valoir en temps et 530 lieu, et a mondit seigneur Archevesque déclaré aprouver les dittes élections *, » Cette pièce, écrite de la main de M. Larraïdy, est revêtue des signatures autographes de tous ceux de ces messieurs qui étaient présents ou savaient signer *; car il y manque trois signatures : un des MM. Berquin, MM. Dorimon et Constantin; elles sont précédées de la signature de M l’Archevèque, qui, le premier, a si- gné : Louis, Arch. de Bordeaux. Remarquons encore que les lettres patentes de 1676 réservaient expressément à l'Académie de Paris le droit de désigner les officiers directeurs des Écoles académi- ques, et qu'ici ce sont les nouveaux membres qui choi- sissent eux-mêmes les professeurs. Quoi qu'il en soit, cet acte curieux nous révèle le nom de quinze artistes bordelais, à peu près inconnus ou oubliés, qui, il y a près de deux cents ans, dans l'enceinte resserrée de nos fortifications si souvent émues du bruit des armes, à quatorze ans d'une com- motion violente qui avait vivement ébranlé la cité, s'oc- cupaient d'art avec assez de zèle et de talent pour éta- blir une École académique de peinture et de sculpture dans une ville où il n’en existe pas au milieu du dix- neuvième siècle, et où il serait peut-être difficile , à en juger par ce que nous connaissons du mérite de quel- ! Titres... de l'École académ. de Bordeaux, n9 7. * On s’étonnera peut-être de cette supposition; mais elle est justifiée par quelques exemples. Il passe pour certain que le célèbre Carle Vanloo ne savait ni lire ni écrire, 531 ques-uns des fondateurs de notre ancienne Académie, de réunir un nombre si considérable de peintres et de sculpteurs aussi habiles et aussi instruits. Constatons le fait, sans chercher à l'expliquer; mais profitons de cette occasion pour consigner ici tous les renseignements que nous avons pu recueillir sur cha cun de ces artistes, et prier tous ceux de nos compa- triotes qui connaitraient d’autres renseignements sur ces personnages ou sur d'autres artistes de Bordeaux, de vouloir bien nous les communiquer, leur promet- tant de faire tout ce qui dépendra de nous pour que ces notes ne soient pas perdues, et que la reconnaissance en revienne à ceux qui nous les auront communiquées. M. Leblond de Latour, peintre et écrivain distingué, que ses collègues nommèrent à l'unanimité premier pro- fesseur de l'Académie de Bordeaux, en considération de son mérite et de l'honneur qu'il avait déjà d'être mem- bre de l’illustre compagnie de l'Académie royale de Pa- ris, n'est mentionné dans aucune biographie. Ses ou- vrages de peinture ne sont indiqués dans aucun cata- logue de tableaux, et pas un catalogue de bibliothèque ne fait connaître les livres qu'il a publiés. Quand je dis aucune bibliothèque, je me trompe; il en est une, celle de la ville de Bordeaux, qui possède un exemplaire, probablement unique, d'un ouvrage publié par M. Leblond de Latour, et qui nous permet de constater que la considération dont l'artiste jouis- sait auprès de ses collègues, était justement méritée. Ce livre nous vient de la bibliothèque des Capucins de Bor- deaux; il à pour titre : Lettre du sieur Leblond de Latour à un de ses amis, contenant quelsques ins- truclions touchant la peinture ; dédiée à M. de Bois- garnier, R. D. L. C. D. F. à Bourdeaux; par Pierre du Coq, imprimeur et libraire de l'Université, 1669, in-8° de 79 pages. Ce M. de Boisgarnier, ami et protecteur de M. Le- blond de Latour, est encore un amateur des arts à Bor- deaux dont le nom était tout à fait oublié ; il possé- dait une des plus belles collections de tableaux qu'il y eût dans la province. Ce n'était pas peu dire; car les Musées publics n'absorbaient pas, alors comme aujour- d'hui, tous les chefs-d'œuvre, et il y avait à Bordeaux plusieurs collections célèbres : entre autres, pour ne parler que de deux ou trois, celles des d'Épernon, des Sourdis et celle de M. Raphaël Trichet, dont les Livres enrichirent la Bibiothèque royale, et les tableaux la célèbre collection de la reine Christine, de Suede. La lettre du sieur Leblond de Latour à un de ses amis est illustrée, comme nous disons aujourd'hui, d'une épigramme en son honneur, par M. de Lama- the, avocat au Parlement de Paris; elle n’est pas lon- gue, la voici : Latour nous fait voir dans son livre Qu'il a su joindre deux talents Fort rares et fort diflérents, Et qui sauront le faire vivre Malgré les jaloux et les ans. Si l'exemplaire que possède notre bibliothèque est unique, comme tout nous porte à le croire, il s'en 533 est fallu de bien peu que la prédiction poétique de M. de Lamathe ne devint un rêve complet; mais, grace à la publicité que les Actes de l’Académie donneront, je l'espère, à ces lignes, elle est assurée de s'accomplir encore pendant quelque temps. M. Antoine Leblond de Latour signe sa lettre du ti- tre de peintre de l'Hostel de Ville de Bourdeauæ. Ce titre, Joint à l'aveu de la supériorité que lui reconnu- rent unanimement ses collègues, sont les seuls indices qui puissent nous faire apprécier son mérite artist que ‘. Quant au mérite littéraire de M. Leblond, sa leltre prouve qu'il écrivait avec une habliété peu com- mune dans ce temps, et qu'il était non-—seulement instruit dans son art, mais qu'il avait même des pré- tentions tant soit peu verbeuses à la théologie et à la métaphysique. En commençant son ouvrage, M. Leblond développe cette pensée, que la peinture étant une sorte d’émana- tion de la puissance divine, puisqu'elle aussi sait créer, elle doit surtout avoir pour but de glorifier Dieu en représentant la beauté de ses créatures. De l'exposé de cette théorie, il passe à un éloge pom- peux de Louis XIV; mais l’entousiasme pour son art l'amène bientôt à une appréciation philosophique du règne des conquérants et des Mécènes, diamétrale- * M. Leblond de Latour, d’après une note communiquée par M. Aruaud Det- cheverry, archiviste de la Mairie, aux rédacteurs des Archives de l'Art fran- gais, t. 1er, page 125, prèta serment en qualité de peintre de l'Hôtel-de-Ville le G juin 1665. Il remplaça M. Philippe Delay, peintre de Paris, décédé après dix-sept ans d'exercice, 534 ment opposée et certainement plus vraie que celles qu'on en fait ordinairement ; il en conclut que ce ne sont pas les grands règnes qui créent les grands hommes, mais que ce sont les grands hommes qui font les grands rêgnes. Sous le rapport de l'art proprement dit, M. Leblond se montre admirateur de la couleur et du Titien. Les préceptes et les règles qu'il donne sont très-simples et peu nombreux; mais ils sont dictés avec une certaine hauteur de vues qui leur prête je ne sais quoi de magis- tral, tout à fait en rapport avec le style dans lequel ils sont écrits. L'auteur parait avoir la conscience intime de leur valeur et du mérite personnel de celui qui les donne. J'ai remarqué (pag. 37) le récit détaillé du procédé dont le célèbre M. Poussin, que l'auteur avait sans doute vu travailler, et dont la mémoire et la gloire étaient alors toutes récentes, se servait pour composer et éclairer ses tableaux. Le fameux M. Poussin, cel homme ad- mirable et presque divin, composait en petit, avec de la cire molle, qu'il maniait avec une adresse et une tran- quillité singulières , les différents accidents des ter- rains et des monuments de la scène qu’il voulait repré- senter, dans la position et le geste convenables; puis, arrangeant de petits mannequins habillés et drapés à l'aide d’une baguette, il recouvrait toute sa composition d'une grande caisse, où la lumière pénétrait par des ouvertures semblables à celles qui éclaireraient le ta- bleau dans le local qu'il devait aller occuper. Il prati- quait ensuite sur le devant de la caisse un trou qui lui permettait de dessiner sa composition sans y introduire 535 aucun jour étranger, car son œil le fermait exacte- ment. Plusieurs artistes modernes ont employé avec succès le procédé dont l'invention est ici attribuée à M. Poussin; mais ces détails n’en sont pas moins uti- les et curieux. M. Leblond de Latour avait joint à son livre une planche représentant les proportions de trois figures : un homme, une femme et un enfant. Elle nous eût per- mis d'apprécier M. Leblond comme dessinateur; mais celte planche a été enlevée, ou n’a jamais été mise dans l'exemplaire de notre bibliothèque. On ne trouve dans cet ouvrage aucune indication relative à la famille et au pays de l'auteur. Cependant, pour s’excuser d'avoir écrit son livre, M. Leblond, s’a- dressant à son ami, lui dit : Ayant considéré que no- tre petit Marc-Antoine pourroit quelque jour profiter de ce petit travail. Le petit Marc-Antoine était le fils de l'auteur. Il succéda à son père dans la charge de peintre de l'Hôtel-de -Ville de Bordeaux, dont il reçut la survivance le 30 août 1690 ‘, et qu'il exercça jus- qu'au 1% septembre 1742. Dans l'absence de tout autre renseignement sur M. Leblond de Latour, j'ai recueilli tous les indices qui peuvent se rattacher plus ou moins directement à son nom, el voici ce que j'ai trouvé : Antérieurement à l'époque dont nous nous occupons, en 4626, il y avait à Amsterdam un artiste du nom de Leblond, qui a gravé des ornements, des damasquinu- res, etc. Était-ce le père de notre auteur? | Preuves, n° 3, 530 Il serait d'autant plus diflicile de l'assurer, qu'à peu près à la même époque existait un autre graveur, Mi- chel Leblond ,-dont on a, entre autres, douze sujets tirés de la vie de la Vierge, d'après les compositions d'AI- bert Durer. D'un autre côté, M. Dussieux, dans l’ou- vrage intitulé : Les Artistes français à l'étranger, pag. 125, cite Jean-Baptiste-Alexandre Leblond, né à Paris en 1679, célèbre dessinateur de jardins, d'orne- ments et d'architecture, passé en Russie en 1716, où il mourut en 1719, premier architecte du Czar; et, dans la liste chronologique des membres de l'Académie, que le même M. Dussieux à publiée dans les Archives de l'art français, 1. 1, pag. 271, figure encore un Jean Leblond, peintre d'histoire, né vers 1635, reçu mem- bre de l'Académie le 4°° août 1681, et mort le 43 août 1709. Quoi qu'il en soit, d'après la liste de M. Dussieux, Antoine Leblond de Latour, dont nous nous occupons, avait été reçu membre de l'Académie royale de pein- ture de Paris le 28 décembre 1682; mais aucun autre renseignement n'accompagne son nom. M. Dussieux donne aussi la liste des membres agréés par l'Académie, qui n'ont jamais été reçus, et il y mentionne { pag. 399) le mème Jean Leblond, qu'il avait déjà indiqué comme recu en 1681. M. Dussieux a confondu Jean avec An- toine Leblond. Antoine Leblond, dont le séjour à Bor- deaux est constaté en 1665, 1668, 1688 et 1690, fut sans doute agréé par l'Académie en 1682, mais ne fut probablement jamais reçu membre titulaire. Postérieurement à l'époque où vivait Antoine Le- blond, on trouve que, vers 1740, l'abbé de Saint-Ro- 537 main-de-Blaye était M. Denys Leblond. Était-ce un descendant de notre académicien? On peut le suppo- ser, car cet abbé, grand amateur des arts, fit graver par Charles Dupuis, graveur distingué dont l'histoire est aussi mêlée à celle des arts à Bordeaux, le célè- bre et joli tableau du Mariage de la Vierge, par Carle Vanloo. Ce tableau appartenait probablement, à cette époque, à l'abbé Leblond ou au cardinal de Polignac, à qui l'abbé dédia la gravure, chef-d'œuvre de Charles Dupuis. À ces indices, j'ajouterai que la notice des tableaux du Musée de Bordeaux dit que le célèbre M. Taillasson , également né à Blaye, était un des descendants de M. Leblond de Latour. Après M. Leblond de Latour, l'homme le plus remar- quable de l'École académique de Bordeaux était sans contredit M. Larraidy, peintre et secrétaire de l'Aca- démie, homme instruit et considéré, comme nous le verrons bientôt par les lettres qu'il écrit et qu’on lui écrit, mais sur lequel nous n'avons aucun autre ren seignement. M. Dubois, sculpteur, fut nommé, le premier, profes- seur après M. Leblond de Latour; il faisait précéder sa signature d’un P. Nous ne savons rien autre chose de lui. M. Fournier aîné, peintre, jouissait sans doute d'une certaine estime, quisqu'il est porté sur la liste des professeurs avant M. Larraidy; M. Fournier jeune, peintre, qui fut nommé premier adjoint à professeur , était probablement son frère. Tous les autres académi- ciens sont également inconnus. M. Gaulier ou Gaul- 538 lier, Pierre et Jean Berquin, frères, Thibault et Dori- mon, tous sculpteurs; MM. Bentus et Tirman, pein— tres. M. Duclaire ainé, professeur de peinture, signe : Duclaircq; tandis que M. Duclaire jeune, adjoint à professeur, signe : Duclercq. Quant à M. Constantin, le troisième des adjoints à professeur, nous ne savons mème pas s’il était sculpteur ou peintre. Espérons que ces remarques et nos recherches ulté- rieures ne seront pas tout à fait inutiles, et qu'elles contribueront à arracher à l'oubli quelques-uns des hommes généreux dont les efforts tentèrent de doter notre patrie d'une institution qui manque encore au- jourd’hui non-seulement à son éclat et à sa gloire, mais à sa prospérité et à son bonheur. En attendant, reprenons l'histoire de la trop courte existence de l'École académique bordelaise. Quoique les lettres patentes de 1676 eussent réservé au protecteur de l’Academie royale le privilège de dé- signer le vice-protecteur de l'École académique, les nouveaux académiciens choisirent eux-mêmes, pour vice-protecteur de l'École académique de Bordeaux, l'archevèque du diocèse, Mf' d'Anglure de Bourlemont '; c'était non-seulement le choix le plus distingué qui püt être fait, mais le plus heureux. L'intendant et le gouverneur de la province avaient peu de crédit, le Parlement était exilé, et pour faire tolérer dans une ville de province un établissement où l’on devait faire ! Louis d’Anglure de Bourlemont, nommé Archevèque de Bordeaux le 6 septembre 1680, mort le 9 novembre 1697, à l’âge de 70 ans, 539 posé des personnes nues devant une réunion de jeunes hommes, il ne fallait rien moins que la protection du manteau vénéré du chef du sacerdoce bordelais. Heu- reusement, M“ d'Anglure de Bourlemont avait une piété tempérée par une large et haute éducation; il comprit parfaitement, comme tant d'autres de ses pré décesseurs et de ses successeurs, qu'il est des circons- tances où l'intérêt de la société doit l'emporter sur les mesquines exigences d'un zèle peu éclairé; et non-seu- lement il consentit à être le protecteur de l'École aca- démique, mais il lui donna un asile dans son palais archiépiscopal. Le chef du clergé bordelais payait ainsi aux artistes une partie des services que l'art rend à Ja Religion. Une marque de protection aussi ouverte et aussi illustre stimula le zèle de MM. les Jurats, et les encou- ragea à prêter aussi leur concours à cette utile institu tion. Nous allons bientôt voir l'École académique passer du palais archiépiscopal dans les bàtiments de la Muni- cipalité. Dès le 13 août 1691, une délibération de la Jurade de Bordeaux permit à MM. Leblond de Latour, Four nier el autres peintres et sculpteurs, d'établir une École académique dans la ville, et leur concéda , dans ce but, une des salles du collège de Guyenne, à con- dition d'y faire à leurs frais les ouverture et les ferme- tures nécessaires ‘. Munis de cette autorisation, et avec l'agrément de 1 Prouves. n0 4. 2 540 M. Bardin, principal du collège, les artistes bordelais mirent à profit le temps des vacances, et le 12 décem- bre, une députation se présenta en Jurade pour prier MM. les Jurats de vouloir bien leur faire l'honneur d'assister , le dimanche suivant, à une messe solen- nelle qu'ils se proposaient de faire célébrer dans la chapelle du collége de Guyenne pour l'inauguration de l'Académie. Les Jurats répondirent, que pour rendre celte cérémonie plus célèbre, ils y assisteraient revè- tus de leurs robes rouges . En conséquence, le dimanche 16 décembre 1694, au bruit du canon et cloche sonnante, MM. les Jurats, vêtus de leurs robes rouges, sortirent de l'Hôtel-de-Ville, précédés du chevalier du guet et de ses archers, des héraults, massiers, trompettes, huissiers et autres offi- ciers, pour se rendre dans la chapelle du collége de Guyenne. En tête de la Jurade, en l'absence de M. le marquis d'Estrades, maire de Bordeaux, marchait M. d'Aste, premier jurat, suivi de MM. Eyraud, Lavaud, Borie de Poumarède, Leydet et Jeantille de Moras, jurats; venaient ensuite M. de Jehan, procureur syndic, et M. du Boseq, clere de la ville. Arrivés dans la cha- pelle, ornée pour cette circonstance, et dans laquelle on avait mis vis-à-vis la chaire un portrait du Roi, sous un dais élevé sur un trône, messieurs les Jurats furent placés au haut du balustre et du côté de l'Évan- gile; M“ le marquis de Sourdis, commandant pour ? Preuves, n° 5, 541 S. M. en Guyenne, avait été placé au milieu du par- terre ‘ avec beaucoup de personnes éminentes; et M: d'Anglure de Bourlemont, archevèque de Bordeaux, en camail et rochet, vint prendre place sur le marche- pied de l'autel, du côté de l'Épttre. Pendant la messe, il fut chanté un motet en musique et symphonie, et le panégyrique du Roi fut prononcé avec éloquente et applaudissements par M. l'abbé Barré *. Le lendemain, 17 décembre, l'École fut ouverte, et les études commencèrent dans la salle, au-dessus de laquelle on lisait en gros caractères : Académie de peinture et sculpture. Nous ne savons pas d’une manière précise combien de fois la nouvelle Académie s’assembla , et si elle le fit régulièrement; mais d'après le peu de documents qui nous sont restés de cette époque, nous serions tenté de croire que l’Académie, une fois installée, se borna principalement au professorat et se rassembla très-ra- rement pour autre chose. Cependant, dès le 26 janvier 1692, deux membres nouveaux se présentèrent pour faire partie de l'Acadé- mie : c'étaient M. Leblond de Latour, peintre, fils du principal fondateur de l'Académie de Bordeaux *, et ! François d'Escoubleau de Sourdis, chevalier des ordres du roi, l’un de ses lieutenants— généraux en ses armées, gouverneur et lieutenant — général. pour S. M, des villes et duchés d'Orléans, pays Orléanais, Chartrain, Perchegouet , Sologne, Vendômois, Blaisois et dépendances d’iceux, et de la ville et château d'Amboise, commandant en Guyenne et pays circonvoisins , avait fait son entrée à Bordeaux le 11 avril 1690. ? Preuves, n° 6. * Marc—Antoine Leblond de Latour avait été reçu, en survivance de la place de son père, le 30 août 1690. Preuves, n9 3, 542 M. Lemoyne, sculpteur. L'Académie les agréa. Elle demanda au peintre, pour morceau de réception, un Christ en croix avec une Madelaine à ses pieds, sur une toile d’un mètre de hauteur, élant du devoir, dit le procès verbal, que le premier tableau exposé dans l’Académie soit à la gloire du Sauveur. Cependant, on demanda au sculpteur un portrait du Roi en grand, en bois de noyer, pour mettre au-dessus de la porte de l'Académie. Les récipiendaires n'étaient sans doute pas riches, et l'Académie modifia, dès la première fois, le montant du cadeau en argent que ses Statuts exigeaient des nouveaux membres. Elle ne leur demanda que 50 liv. à chacun. Cette somme leur parut néanmoins trop forte. Le 4 mars suivant, il y eut une nouvelle réunion de l'Académie, qui abaissa à 30 liv. pour chacun le présent des membres élus, et fixa à six mois le délai pour exécuter leur morceau de réception. Les nouveaux élus , présents à la séance, acquiescè- rent à la délibération ‘. Néanmoins, ils eurent sans doute beaucoup de peine à se procurer cette somme, car sept mois après, le 4 octobre, une nouvelle déli- bération de l'Académie les admit à prendre séance en payant la moitié de la somme fixée, c'est-à-dire 45 liv., l’autre moitié devant être payée en livrant leur mor- ceau de réception *. \ Titres..…., n° 8. ? 50 liv. était une somme assez importante à cette époque. En 1625, Guil- laume Cureau, peintre de l’Hôtel-de-Ville, eut une discussion avec les Jurats dont il avait fait les portraits. Il demandait 60 liv. pour chacun. Les Jurats préten— daient qu'ayant fourni les cadres, ils ne devaient payer que 30 liv. 543 Quoi qu'il en soit, voici donc l'École académique complétement installée, fonctionnant régulièrement, s'adjoignant de nouveaux membres, et commencant le Recueil de ses registres et des objets d'art qui devaient former avant peu un véritable et précieux Musée. Mal- heureusment, la gloire des grands règnes a besoin, elle aussi, de s'alimenter par les finances, et aux exigences du fisc vinrent se joindre les convulsions administrati- ves, qui devaient nécessairement amener l'établisse- ment de cette séduisante unité d'action que nous allons voir fonctionner et étouffer l'École académique dont l'existence paraissait si bien assurée. ‘En effet, la tranquillité dont jouit l'École académi- que ne fut pas longue. Cette même année, elle com- mence à être attaquée par les traitants. Le 5 mars 1692, M. d'Estrehan, personnage important, et qui était récemment venu à Bordeaux, écrit à Mf' l'Arche- vêque qu'il n’a pas répondu plus tôt à la lettre du 16 fé- vrier, parce que M. Mignard est malade. Enfin, il l'a vu aujourd'hui même, dit-il, et dans une grande con- férence qu'ils ont eue malgré les souffrances de M. Mi- gnard, celui-ci a promis de porter l'affaire à la pre- mière réunion de l'assemblée, et de s'employer de tout son crédit auprès de M. de Ponchartrain pour faire conserver ses priviléges à l'Académie de Bordeaux. Comme M. Mignard est très-vieux et fort souffrant , M. d'Estrehan n'a pas négligé de se présenter chez les principaux directeurs de l'Académie qui pourraient le remplacer. Ils ont promis de faire prendre une délibé- ration favorable à l'intérêt de leur École académique, 544 car c'est ainsi, selon eux, que l’Académie de Bordeaux se doit qualifier. Et M. d'Estrehan recommande, comme il en a déjà averti M. Larraidy, que l'Académie n’ou- blie pas de garder ce degré de subordination envers les anciens barbons de Paris, qui en sont fort jaloux. Pour guérir la délicatesse du cœur de ses gros maîtres, il faut se servir du terme nominal d'École académique quand on leur écrit, mais laisser vulgariser le nom d'Académie à Bordeaux et partout ailleurs. La lettre de M. d'Estrehan contient une particularité curieuse. Îl annonce à l'Archevèque, que dans une pro- chaine lettre il lui rendra compte des démarches que fait M. de Pontac contre M. d'Hugla, ce qui cause de nouveaux embarras dans l'affaire de Bonséjour ‘. Le 5 août 1692, M. Larraidy, secrétaire de l'Aca- démie, écrivit à M“ le Chancelier pour se plaindre que, contrairement aux priviléges accordés aux Académies par les lettres patentes qui les ont établies, les agents chargés du recouvrement des taxes imposées sur les métiers et arts mécaniques, veulent comprendre les académiciens dans leurs rôles, contrairement à linten- tion de S. M., qui les eùt nominativement désignés dans son édit si elle avait voulu les assujettir à la taxe. L'Académie priait, en conséquence, MF le Chancelier de vouloir bien faire comprendre à M. de Bezons ?, in- tendant de Guyenne, la différence que S. M. faisait entre les corps académiques et les corps de métiers, \ preuves, n° 11. ? Preuves, n° 8. 545 ME de Bourlemont, archevèque de Boraeaux, vou- lut bien ajouter sa recommandation à leur lettre, et écrivit à M* le Chancelier en même temps que l'Aca- démie ‘. Pour ne négliger aucune ressource, M. Lar- raidy , secrétaire de l'Académie, écrivit aussi à M. d'Estrehan pour lui demander son appui et le prier de voir en leur faveur MM. Mignard et Guérin *. Ces mesures obtinrent enfin un plein succès. Un arrêt du Conseil ( nous ne l'avons pas trouvé), fit rayer les académiciens desdits rôles, et désormais ils purent continuer paisiblement leurs travaux. L'orage semblait évité; mais à toutes les époques, les agents du fise se sont montrés fort ingénieux à trouver de nouvelles sources d'impots. Bientôt après, les édits du mois d'août 1701 et de juillet 1702 déclarèrent et confirmèrent l'hérédité des offices de syndic et d’auditeur des comptes des com munaulés. Sur l'avis du sieur de Labourdonnaye, alors intendant de Guienne , la communauté des peintres, sculpteurs et doreurs de Bordeaux, fut taxée à 1,200 liv. et les membres de l'École académique furent sommés par huissier, le 28 juin 1703, en la personne de M. Leclerc ainé, demeurant au coin de la rue Maucoudi- nat, au nom du sieur Valtrin, de payer la taxe comme les autres. Les poursuites furent plus vives que la première fois, et les académiciens, ne sachant comme s'en garantir, ? preuves , n° 9. ! preuves, n° 10. . 540 M: d'Anglure étant mort, ils dénoncèrent cette nou- velle tracasserie aux maire et jurats , et pour les enga- ger à vouloir bien prendre l'Académie sous leur protec- tion, ils les prièrent dors et déjà de désigner lun d'en- tre eux pour visiter les travaux de l'École et faire faire à leur salle les réparations nécessaires. En même temps, M. Larraidy adressa une réclama- tion à M. de Labourdonnaye, dans laquelle 1l exposa que les académiciens n'avaient jamais été compris dans les taxes imposées aux corporations, el le pria de dé- fendre au sieur Valtrin de les poursuivre. Le 45 avril 1704, M. de Labourdonnaye ordonna au sieur Valtrin de lui expliquer, dans trois jours, les motifs qui lui faisaient poursuivre injustement les membres de l'Aca- démie *. Le 20 avril 4704, le sieur Valtrin répondit, avec cette aisance et cette fatuité qui caractérisaient, alors comme aujourd'hui, les hommes qui ne reconnaissent rien de supérieur à l'administration à laquelle ils ont l'honneur d'appartenir : 1° Que les lettres patentes de l'Académie ne contien- nent aucune exemption des charges particulières des villes ; 90 Que la taxe demandée est pour la confirmation de l’hérédité des offices de la communauté dans la- quelle les suppliants sont compris, et qui à déjà payé 500 liv. pour cet objet; 3° Que les suppliants ne rapportent aucun titre jus- ! Titres. de L'École acad., n° 16. 547 üficatif de l'établissement de l'Académie de Bordeaux, ni une liste de ceux qui en font partie. En conséquence, le 25 avril, M. de Labourdonnaye ordonna, qu'avant de faire droit, les académiciens seraient tenus de produire, dans le délai de huitaine, les titres qui leur étaient demandés et l'extrait du rôle contenant les taxes qu'ils avaient payées. Les pièces que nous venons d'analyser prouvent qu'il ne fut pas difficile au sieur Leclerc aîné, en l'absence du secrétaire, de produire les pièces demandées. Il les remit le 7 mai 1704; quant à l'extrait du rôle, il ré pondit avec raison, que n'ayant jamais payé aucune taxe, il lui serait difficile d'en rapporter le rôle. Néanmoins, l'affaire fut loin d'être terminée, et les académiciens eurent encore à lutter contre les mesqui- nes tracasseries des agents du fisc. Dans sa détresse, l'École académique de Bordeaux s'adressa à sa mère, l'Académie royale de Paris, et M. Guérin; son secrétaire, toujours zélé pour ses collègues bordelais, écrivit, le 29 septembre 1704 ‘, à M. de Labourdonnaye, pour le prier, puisqu'il ne trouve pas assez authentique le certificat que l'Académie de Paris a déjà envoyé, de suspendre sa décision jusqu’au retour du Roi de Fontaineblau, car S. M. n’a point changé de sentiment à l'égard de l'Académie : elle continue tou- jours à l'honorer de ses faveurs, et l'intention formelle du Roi est d'élever en France les arts de peinture et de sculpture à la plus haute perfection qu'il est possible. ÜPreuves, n9 11. 948 On est heureux de trouver de loin en loin de ces nobles et belles paroles pour relever l'âme attristée du spectacle pénible de ces ignobles luttes que l'insatiable avidité du fisc livrait aux malheureux artistes. Pour donner plus de poids à sa déclaration, M. Guérin fit signer sa lettre des principaux officiers de l'Académie, MM. Coysevox, Girardon et Coypel. Le 30 mars 1705, M. Guérin éerivit à M. Larraidy ‘, qu'il qualifie de peintre ordinaire du roi en son Acadé- mie de Bordeaux, que l'Académie de Paris est aussi impatiente que celle de Bordeaux de voir que ses solli- citations auprès de M. Mansard ? ne produisent aucun résultat, malgré les instances de M. Coysevox, nouveau directeur de l'Académie. Deux choses méritent d’être remarquées dans cette lettre. M. Guérin la termine en assurant M. Larraidy de son dévouement à son illustre Compagnie. Cette épitre est scellée de deux cachets : l'un, porte des ini- tiales croisées, comme c'était alors l'usage; l'autre, un écu coupé : au premier, de sable au soleil d'or; au deuxième, d'azur à la fleur de lys d'argent. Ces armoiries sont timbrées d’un casque de chevalier, et sont exactement celles du célèbre M. Lebrun, pro- moteur et premier directeur de l'Académie de peinture. M. Lebrun avait-il adopté les armes données à l'Acadé- mie, ou l'Academie, par reconnaissance, se servait- elle toujours du cachet de son ancien directeur? Quoi 1 Preuves, n° 12. ? Jules Ardouin Mansard, neveu du célèbre architecte français Mansard, nommé surintendant des bâtiments et des manufactures royales en 1699, mort le 11 mai 1718, 549 qu'il en soit, cest une circonstance qui nous à paru curieuse à noter. L'École académique de Bordeaux est done obligée de faire de nouvelles démarches. Le 21 avril 4705 *, son secrétaire écrit, au nom de l’Académie, à M. Mansard, lui rappelle les faits, et fait valoir les services déjà ren- dus par l'École bordelaise, dont il est sorti trois ingé- nieurs alors au service. Pour intéresser plus particuliè- ment M. Mansard à cette affaire, il ajoute adroitement que l'Académie de Bordeaux compte sur la protection de celui qui à été choisi par Louis-le-Grand, parmi tant de beaux génies, pour diriger les beaux-arts, pour obtenir de S. M. l'exemption qui seule peut empêècher la destruction de tous les fruits obtenus par tant d'an- nées d'efforts. M. Larraidy écrivit en même temps à l’Académie de Paris, et à M. Guérin en particulier ?. Néanmoins, ce ne fut que le 24 septembre 1705 que M. Guérin an- nonça aux académiciens de Bordeaux que leur demande avait été enfin mise sous les yeux de M. d'Armenon- ville, directeur des finances, et qu'on en espérait une heureuse issue ©. Il était temps, car M. Larraidy avait écrit, le 21 novembre 1705, à M. Guérin *, que les poursuites du traitant étaient devenues si fatigantes, que les académi- ciens bordelais s'étaient résignés à payer provisoire- ! Preuves, n° 13. ? Preuves , n° 14. * Preuves, n° 15. * Preuves, n° 16. 550 ment, jusqu'à ce que M. d'Armenonville leur ait enfin rendu justice. On sent que l'Académie était lasse, et que sa fin approchait. Cependant, le 12 janvier 1706, un arrêt du Conseil d'État ‘, rendu sur la requête de l'Académie de Paris, au rapport du sieur Fleuriau d'Armenonville, et dont l'expédition est contresignée Leseurre, déchargea les membres de l'École académique de Bordeaux, et tous ceux des Écoles que l'Académie avait établies dans d'autres villes { nous n’en connaissons aucune , comme nous l'avons déjà dit), de leur contribution à la taxe spéciale, dont ils demandaient à être exempts. La tranquillité que cet éclatant succès procura aux membres de l'École académique ne fut pas de longue durée. Pour faire de grandes choses, il faut de grandes sommes, et pour se procurer ces grandes sommes, les grands rois eux-mêmes sont obligés d'employer de pe- tits moyens. 4 Vers 1709, les académiciens récemment exemptés des taxes ordinaires des corporations, furent sommés, par le même M. Valtrin, directeur de la recette géné- rale des finances de Guyenne, demeurant rue du Cha- peau-Rouge, à Bordeaux, de payer leur quote-part de la somme de 25 liv. pour le dixième des revenus du commerce et industrie des marchands, négociants et artisans d'icelle. On voit par là que les idées qui paraissent jeunes et belles à quelques adorateurs du budget, sont renouvelées des vues démocratiques d'un \ Titres..., n9 22. 551 grand socialiste, Louis XIV, qui voulait, lui aussi, que tout appartint à l'État. M. Larraidy, secrétaire de l'Académie, mit donc encore la main à la plume, et s'adressant au nouvel intendant de Guyenne, M de Lamoignon, comte de Launay-Courson, etc., lui cita l'arrêt tout récent que l'Académie avait obtenu du Conseil d'État, et lui démon- tra, avec une certaine fierté, que les académiciens ne pouvaient être confondus avec les autres peintres, sculpteurs et doreurs qui ne sont pas du corps acadé- mique, et n'ont pas la jouissance des privilèges ac- cordés, à juste titre, à un art que les plus grands hommes des siècles passés ont tenu à honneur d’exer- cer, el pour lequel les plus grands conquérants ont eu de la vénération. Une note marginale de la main même de MF de La- moignon témoigne que l’intendant approuva la récla- mation de l'Académie . Cette requête de 1709 est le dernier vestige, j'allais presque dire le dernier soupir de l'existence de l'École académique de Bordeaux. Elle s’éteignit bientôt après, sans doute, sans quoi nous eussions trouvé des traces de nouvelles exigences du fise. Il suflit, pour anéantir notre Académie, d'un simple accident, peut-être de la mort de M. Larraidy. Ne nous en étonnons pas. Si les arts ont quelquefois fleuri au milieu des guerres civiles etdans l'effervescence des partis politiques, it n'existe pas un seul exemple qui nous les montre en progrès à une MTelres mul. 552 époque de décrépitude et d'abaissement. Or, ce règne si glorieux de Louis-le-Grand portait enfin ses fruits si connus, mais trop souvent oubliés. Tout décroissait, excepté la misère et la corruption. L'Académie de Pa- ris se soutenait à peine, celle de Bordeaux disparut. Il y avait à peine vingt ans que la pensée mère de Colbert, l'organisation et l'affiliation des Académies pro- viaciales à celle de Paris, avait été formulée, et déjà elle était complétement oubliée ‘; le goùt des arts s'était perdu, parce qu'il n’y avait plus eu ni discipline ni règle. Contrairement à une assertion trop souvent répétée, cette notice nous fait voir, que lorsque Louis XIV pro- tège les arts et institue des Académies et des Écoles, les arts fleurissent ; lorsqu'il les néglige , les académies s’étei- gnent et les arts tombent. Louis XV réorganise les Académies, et les arts renaissent. Je n'ai pas besoin de citer ce qui s'est passé de nos jours, en 1793, et à l'or- ganisation de l'Institut. ‘ L'École ou l'atelier de peinture fondé à Toulouse par M. Dupuy-Dugrez n'a- vait rien de commun avec les Écoles académiques fondées par M. Colbert, puis— que les médailles qu’on y distribuait portent cetle inscription : Tolosæ Pallad. præmium graphices privato sump datum. Et, chose singulière et qui montre combien les documents que nous venons de publier sont précieux et contredisent l'opinion jusqu'ici la plus répandue sur ce sujet, c’est que le savant auteur de l'Histoire des Institutions de Toulouse, M. Dumège, auquel nous empruntons cette note, en prend l’occasion de faire les réflexions suivantes : « Les magistrats » municipaux ne pouvaient s’habituer à la pensée qu'il y aurait dans cette École » des modèles vivants des deux sexes..….; il ne put vaincre à cet égard l'opposi- » tion systématique des magistrats. Il crut alors devoir s'adresser au roi; mais » on ne croyait pas qu'il dût y avoir des artistes en province, et Louis XIV rejeta » le projet de Michel. » Hist. des Inst. de Toulouse, t. IV, pag 361 et 362, Et voilà comment s'écrit l’histoire ! 553 PIÈCES JUSTIFICATIVES ET PREUVES. N° 1. Lettre de M. Guérin, secrétaire de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture de Paris, à M. LEBLOND DE Larour, à Bordeaux. Monsieur, Ne vous impatientes pas, s’il vous plaist, si jusqu’à pré- sent vous n’avez point eu de nouvelle sur vostre affaire ; les indispositions de Monseigneur de Louvois en ont esté cause, et le voyage qu'il faict à Forget pour prendre des eaux. Jay bien de la joye que vous ayes découvert celuy qui a escript la lettre malicieuse que je vous ay envoyée. Il mérite assurément d’en estre puni. J'en parleray samedy prochain à l’Académie. Soyes, s’il vous plaist, persuadé que je n’ay point oublié ce que vous désirez de moy, et que je ne laisseray pas eschapper les moments où je vous pourray rendre service, que je m'y employe tout entier, car je suis assurément à M. Larraidy et à vous, Monsieur, Vostre très-humble et très-obéissant serviteur, GUÉRIN. Ce 26 juillet 1688. Au dos : A Monsieur Monsieur Leszonn pe LATOUR, peintre ordinaire du Roy, en son Académie Royalle de Peinture et Sculpture, À Bourdeaur, No 2. Lettre de M. Guérin, secrétaire de l'Académie Royale, à MM. les Membres de l'École académique de Bordeaux. Messieurs, Je vous avoue que c'est avec chagrin que j'ay esté si longtemps sans avoir l'honneur de vous escrire; mais j’es- pérois toujours que vostre affaire finiroit et que je pourrois vous mander quelque chose de plus positif, car toute lA- cadémie va rendre au commencement de l’année ses de- voirs à Monseigneur de Louvois , son protecteur. Je croyais que l’on trouveroit l’occasion de luy faire signer les arti- cles qui ont esté dressés pour vostre Establissement, car il ne reste que cela à faire : je les avois portez pour ce sujet; mais on le trouva si occupé par les grandes affaires qu'il a, que l’on ne trouva pas à propos de l’en importuner. Je suis bien aise que vous ayez escrit à l’Académie, cela me don- nera occasion de presser. Pour moy, je n’ay rien à me re- procher, et feray toujours tout ce qui sera possible pour vous rendre service. Je vous manderay ce que l’Académie aura ordonné sur vostre lettre, que je luy présenteray le dernier samedy de ce mois, qui est la première assem- blée. Je viens de faire voir à M. Lebrun la lettre que vous me faites l'honneur de m’escrire, et celle pour l’Académie. Il est toujours dans la même disposition de vous rendre ser- vice et de seconder vostre zèle autant qu’il pourra. Je le voy dans la pensée de finir vostre affaire au plus tost. 555 Je suis toujours, avec beaucoup d’estime pour vostre mé rite et bien du respect, Messieurs, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, GUÉRIN. Ce 24 janvier 1689 N° 3. Extrait des Registres de la Jurade, du mercredi 30 août 1690. S’est présenté Antoine Leblond de La Tour, peintre or- dinaire de la ville, qui a prié MM. les Maires et Jurats vouloir recevoir à sa place en survivance , Marc-Antoine- Leblond de Latour, son fils, en qualité de peintre ordinaire de la ville, pour jouir, après le décès dudit Antoine-Leblond de Latour, son père, des mesmes gages, émoluments, hon- neurs et prérogatives. À esté délibéré qu’acte est octroyé audit Latour, et qu’à sa place est reçu en survivance Marc- Antoine-Leblond de Latour, son fils, pour jouir par ledit Marc-Antoine des mesmes gages, émoluments, honneurs et prérogatives après le décès dudit Antoine, son père, et à l'instant le Marc Antoine Latour a presté le serment au cas requis. D'Estranes , »aire; »'EsriGnozs pe LANCRE, GRécoIRE . BarkEyRE, BoRie, J. CaRrENTEY , jurats': Durosco. clerc de ville. \ Le sixième jurat était M. Secondat de Montesquieu, absent. 36 556 N° 84. Extrait des Registres de la Jurade de 1691, du 13 août 16914 Les maire, jurats, gouverneurs de Bordeaux, juges cri- minels et de police, ayant esgard à la requeste des sieurs Leblond de Latour, Fournier, Larraidy, Dubois et Berquin, et autres peintres et sculpteurs, leur permettent, confor- mément aux patentes de Sa Majesté du mois de novembre 1676, et règlement fait en conséquence, et l'approbation de l’Académie Royalle de Peinture et Sculpture du 5 no- vembre 1690, d’establir en la présente ville une Escole académique de peinture et sculpture; à ces fins, leur ont concédé une salle dans le Collége de Guyenne pour faire leurs exercices, à la charge de faire toutes les fermures né- cessaires pour empescher l'interruption qui pourroit sur- venir, tant par les escoliers que principal et régent, et qu’ils feront une ouverture à la grande rue, de sept pieds de hau- teur et quatre de largeur, et que les degrés qui y faudra faire seront en tout enfoncés dans la muraille que faire ce pourra; en oultre , les fenestres du costé du parterre seront fermées jusques au second grilhat , et que lesdits peintres et sculpteurs pourront faire ouvrir, si bon leur semble, les deux fenestres qui sont sur la rue, comme aussy de mestre une inscription sur la porte , en ces termes : Académie de Peinture et Sculpture. Et pareillement que, au cas que les- dits sieurs maire et jurats eussent besoing de ladite salle, lesdits peintres et sculpteurs seront obligés de la quitter, et pourront emporter toutes les peintures, sculptures et autres effets, pourvu qu'elles ne soient attachées à la mu- 551 raille , et à la charge aussy de remettre les choses en pre- mier estat. Borte, CaRPENTEY , Daste, Eyraun, Lavaun, jurats. (La délibération fut, par mégarde, copiée deux fois sur le registre, au f0 113 et au fo 115). N° s. Extrait des Registres de la Jurade de Bordeaux, du 12 décembre 1691. Se sont présentés en Jurade les peintres et sculpteurs de la présente ville, qui ont prié MM. les maire et jurats de vouloir, dimanche 16 du courant, leur faire l'honneur d’as- sister à une messe et au panégyrique du Roy, qu'ils veu- lent faire faire dans le Collége de Guyenne, à l'honneur d'une nouvelle Académie de peinture et de sculpture qu’ils ont estably dans la présente ville, dans ledit Collége, dont MM. les maire et jurats sont patrons, sur quoy eu déli- bération. Les maire et jurats gouverneurs de Bordeaux, juges cri- minels et de police, ont délibéré de se donner (sic) à la- dite cérémonie revestu de leurs robes rouges, pour la ren- dre plus célèbre et sans tirer à conséquence. EyrauD , LEYDET, POUMAREDE , JENTILLE DE Monas, jurats. DS N° 6. Extrait du Registre de la Jurade de Bordeaux, du dimanche 16 décembre 1691. MM. les jurats estant assemblés dans l’Hostel-de-Ville, en exécution de la délibération du 42 du courant, sont par- tis dudit Hostel revestus de leurs robes rouges, précédés du chevalier du guet et de ses archers, du héraut massié, trompettes et huissiers, et autres officiers accoutumés, pour se rendre dans la chapelle du Collége de Guyenne, et as- sister à l'ouverture de l’Académie de peinture et sculpture, comme estant patrons dudit Collége et ayant donné la per- mission ; là où estant arrivés , ils auroient esté placés au haut du balustre, du costé de l'Évangile, et Monseigneur le marquis de Sourdis, commandeur dans la province, s’y estant rendu , a esté placé au milieu du parterre; et Mon- sieur l’Archevesque ayant esté prié d’y assister par ceux de ladite Académie , auroit esté placé sur le marchepied de l'autel, du costé de l'Épistre, en camail et rochet, où il se fit un discours contenant le panégyrique du Roy, prononcé par l'abbé Barré; et du costé des fenestres, il y avait le portrait du Roy sous un dais eslevé sur un trosne et vis- à-vis de la chaire où l’on a accoutumé de prescher; et la cé- rémonie finie, lesdits seigneurs , jurats, procureur, scindiq et clerc de ville se retirèrent audit Hostel, au mesme rang et ordre que dessus , pour y quitter leurs robes. La Jurade était alors composée de : MM. D’EsrRane , maire, absent; p’ASTE, Exraup, Lavaun , BoriE DE Poumarène, LEyner, JENTILLE pE Moras , ju- rals; dE JEAN, procureur-syndic; Du Bosc, clerc de ville. 359 N° 7. Lettre de M. D'ESTREHAN , à Monseigneur l'Archevéque de Bordeaux. A Paris, le 5e mars 1692. J'ay différé, Monseigneur, à répondre à la lettre que V. G. m'a fait l'honneur de m'’escrire le 46 du passé, au sujet de la taxe de MM. les peintres et sculpteurs de l'A- cadémie de Bourdeaux, parce que M. Mignard, chef de l’Académie Royalle, était indispozé , et que c'étoit à luy qu'il falloit insinuer les justes remontrances pour soutenir l'exemption portée par les lettres patentes. Enfin, Monseigneur, j'ay eu ce matin une longue con- férence avec M. Mignard , que j'ay trouvé fort incommodé d’un rhumatisme; et l'ayant prié, de vostre part, d’avoir la bonté de protéger l’Académie de Bourdeaux dans cette occasion , il m'a dit qu’il n'avait encore eu aucune connois- sance de cette affaire; mais que dans la première assemblée qui se tiendra, il ne manquera pas d'en parler, et qu’il em- ployera volontiers tout son crédit et tous ses amys auprez de M. de Pontchartrain, pour faire conserver l’Académie de Bourdeaux dans les mêmes priviléges et prérogatives que celle de Paris, étant juste qu’elle jouisse des mesmes advantages, puisqu'elle travaille pour le bien publie et pour la gloire du Roy. Il m'a ajouté qu'à votre considération, Monseigneur, il redoublera ses empressements en faveur de ces Messieurs, et qu’il prendra plaisir à donner en cette rencontre des marques de son devoir et de son respect. Comme M. Mignard est valétudinaire et fort âgé, et que peut-estre sa santé ne luy permettra pas d'aller à l’assem- blée, j'ay fait le même compliment aux principaux direc- 560 teurs qui sont en tour d'y assister, et qui m'ont promis de faire prendre une délibération pour appuyer et favorizer cet intérêt de leur école académique, car c’est ainsy qu'ils prétendent que l’Académie de Bourdeaux se doit qualifier envers celle de Paris. J'en ay adverti autrefois M. Larraidy. C'est un degré de subordination dont ceux-cy paraissent fort jaloux, surtout les anciens Barbons, qui veulent faire valoir le droit de supériorité sur les filiations subalternes des provinces. Pour guérir cette délicatesse qui touche le cœur des gros maîtres , il faudrait se servir du terme no- minal d'école académique quand on leur écrit, et laisser vulgariser le nom d’Académie à Bourdeaux et partout ail- leurs, comme je l’ay conseillé sur les lieux. Je vous rendray conte, Monseigneur, par le prochain ordinaire , des mouvements que se donne icy M. de Pontac contre M. d'Hugla, ce qui cause de nouveaux embarras dans l'affaire de Bonséjour. Je vous suis toujours, Monseigneur, et vous seray à ja- mais entièrement dévoué. D'ESTREHAN. No 8. Requête de l'École académique de Bordeaux, envoyce à Paris à Monseigneur le Chancelier, le à août 1692. (Copie.) Monseigneur le Chancelier, Les peintres et sculpteurs qui composent l’Académie de la ville de Bourdeaux, remontrent très-humblement à vostre Grandeur, qu'ayant plu au Roy d'accorder des lettres paten- tes pour lestablissement des Académies de peinture et 561 sculpture dans les principales villes du royaume où elles seront jugées nécessaires, on à estably une académie des mesmes arts à Bordeaux, par des lettres patentes qui ont esté envoyées par l’Académie Royalle de Paris à quelques peintres et sculpteurs de la mesme ville , qui ont observé toutes les formalitez requises, ayant pris Monseigneur leur Archevesque pour leur vice-protecteur, conformément aux intentions de Sa Majesté, qui veut qu’on choisisse pour vice-protecteur une personne esminente en dignité, dans les mesmes provinces où les Académies seront establies. Lesdits académistes ayant joui assez paisiblement jusqu'à présent de leurs estudes depuis leur establissement, qui n'est que du mois de décembre 4691, se voyent aujourd’huy troublés à leur avènement par les autres peintres et sculp- teurs de la mesme ville , qui, d'intelligence avec ceux qui sont chargés du recouvrement des taxes imposées sur les métiers et.arts mécaniques , les veulent comprendre dans leur corps pour les y rendre sujets, sans avoir égard aux patentes et aux priviléges accordés par Sa Majesté auxdits peintres et sculpteurs qui entretiennent l'Académie à leurs dépens , au profit de la jeunesse et à l’ornement de la ville. Que si cela avoit lieu, Sadite Majesté auroit compris dans son esdit les Académies des Arts et des Sciences ; mais n’en faisant aucune mention, vous estes très-humblement sup- plié, Monseigneur, de vouloir faire connaître à M. de Bezons, intendant de cette province, la distinction que Sa Majesté fait des Académies d’avec les corps de métiers, afin qu’on laisse jouir les suppliants, qui sont au nombre de quatorze, du fruit de leurs estudes, et qu'ils ne soient pas inquiétés pour raison desdites taxes par les autres peintres et sculpteurs de la ville, qui sont beaucoup plus en nombre qu'eux, et ils continueront leurs vœux et leurs prières pour Ja santé et prospérité de vostre grandeur. 562 N°9. Lettre de Monseigneur l'Archevêque de Bordeaux, à Mon- seigneur le Chancelier, le 5 août 1692. (Copie.) Monseigneur, Je dois vous dire que dans l'Académie des peintres et sculpteurs qu'il a plu au Roy faire establir icy, il s’y trouve des sujets qui s'appliquent avec diligence, et font espérer de bien réussir. Ils ont l'honneur, Monseigneur, de vous présenter une requeste pour estre conservés dans les pri- viléges que le Roy leur accorde; cette grâce leur donnera du cœur pour travailler avec plus de soin. Je joins mes supplications aux leurs, et suis avec tous respects, Mon- seigneur , L LOUIS, Avrchevesque: de Bourdeaux No 10. Lettre de M. Larraiy, secrétaire de l'Académie de Bor- deaux, à M. D'ESTREHAN, à Paris, envoyée le 5 août 1692. (Copie.) Monsieur, Comme on nous veut inquiéter au sujet des taxes impo- sées sur tous les corps de métiers, nous sommes après à défendre nos droits avec toute la vigueur possible, estant animés par Sa Grandeur, qui prend nostre cause fort à 503 cœur, ayant bien voulu se donner la peine d’escrire à Mon- seigneur le Chancelier, en lui envoyant une requeste de nostre part, suivant l’avis que j'en ay recu de M. Mignard, qui m'a fait l'honneur de m'’escrire qu’il n’y auroit auçune difficulté pour obtenir ce que nous souhaitons, si Monsei- gneur se donnoit cette peine: mais comme on a besoin de sollicitations dans les meilleures causes, j'ose vous prier, par ces lignes, de continuer vos bontez pour l'exercice de la vertu, et sollicitant incessamment une réponse de Mon- seigneur le Chancelier à Monseigneur lArchevesque. Si “ous jugez à propos et que vous ayez la commodité de voir M. Mignard et M. Guérin, qui sont forts dans nos intérests, nous laissons le tout à vostre volonté Comme je suis per- suadé que vous ne vous lassez jamais de faire du bien, j'at- tends cette grâce de vous pour joindre à toutes les autres , qui m'engagent à me dire éternellement, Monsieur, Votre très-humble et obéissant serviteur, LARRAIDY. N° 11. Lettre de M. Guérin, secrétaire de l'Académie Royale de Peinture et Sculpture de Paris, à Monseigneur de La- BOURDONNAYE, conseiller du Roi en ses conseils, maitre des requêtes ordinaires de son hôtel, intendant de la généralité de Bordeaux, écrite de Paris le 29 septem- bre 1704. (Copie. ) Monseigneur , L'Académie Royalle de Peinture et de Seulpture a cru que vous écouteriez favorablement la très-humble prière 564 qu’elle se trouve obligée de vous faire en faveur de l'École académique établie à Bordeaux, en conséquence des lettres patentes du Roy, et elle espère que vous lui ferez la justice de la protéger contre les traitans , qui prétendent la com- prendre dans l'imposition qui est faitte sur les corps de métiers. Ceux qui composent cette École ont écrit à la Com- pagnie que vous aviez différé à prononcer sur leurs con- testations , jusqu’à ce que vous eussiez esté mieux informé que l’Académie n’est point comprise dans cette taxe. Elle a déjà envoyé un certificat pour justifier de ce fait, qui est connu de tout le monde, et ce qu'elle prend à présent la liberté de vous demander, Monseigneur, est que comme ce certificat n’a pas paru assez autentique, d'avoir la bonté de faire différer les poursuites jusqu’après le retour du Roy de Fontainebleau , pour avoir le tems de prendre des me- sures pour les faire cesser, Sa Majesté n'ayant point changé de sentiment à l'égard de l’Académie, qu’elle honore tou- jours de ses grâces, de pensions et d’un appartement dans le Louvre. La Compagnie est persuadée que vous lui ac- corderez ce qu’elle attend de vostre bonté, avec d'autant plus de confiance, que vous savez que l'intention du Roy est d'élever en France les arts de peinture et de sculpture à la plus haute perfection qu'il est possible, et que Sa Ma- jesté n’a point trouvé de meilleur moyen pour y réussir que l’establissement de l'Académie. Elle a fait signer ce placet par ses principaux officiers, qui ont autant de respect que d'estime pour vostre personne. CoysEvaux, GIRARDON , COYPEL. Par l'Académie, GUÉRIN. 565 No 12. Lettre de M. Guérin, secrétaire de l'Académie Royale de Paris, à M. Larrainy, secrélaire de l'École académique de Bordeaux, : Monsieur, Je ne doute point que vous ne soyez dans une grande in- quiétude de ne point recevoir des nouvelles de vostre affaire, estant dans une situation aussi fächeuse que celle que vous me faittes l'honneur de me marquer. L'Académie est aussi dans l’impatience de voir que ses sollicitations auprès de M. Mansard ne produisent point l’effect qu'il faict toujours espérer à la Compagnie, mais dont elle ne voit pas la fin. Aussitost que j'ay eu receu vos deux dernières lettres , l’A- cadémie m’ordonna d’en eserire à M. Mansard, et de luy renouveler les instances en vostre faveur. Je luy ay mesme envoyé vos deux dernières lettres, afin qu'il fût convaineu de l’estat où vous vous trouvez; mais quoiqu'il ayt receu ces deux lettres, et que dans l’entretemps de l’une à l’autre il ayt encore promis à M. Coysevox, nostre directeur, qui eut occasion de luy parler, qu’il songeoit à vostre affaire et qu'il donneroit à l'Académie la satisfaction qu’elle attend de lui, jusqu'à aujourd’hui je n’ay receu aucune nouvelle. Comme je vous fais un récit fidèle de ce qui s’est passé, vous jugerez de l'embarras de la Compagnie et des mesu- res que vous croirez le plus à propos de prendre dans de pareilles circonstances. Si j'aprens quelque chose de plus favorable, je vous le feray savoir aussitost. Ce que je vous puis assurer, est que je n’ay manqué à rien de ce que je 506 pouvais faire de ma part, estant très-parfaittement à vostre illustre Compagnie et à vous en particulier, Monsieur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur, GUÉRIN. Ce 50 mars 14705. Au dos : A Monsieur Monsieur Larraipy, peintre ordinaire du Roy, en son Académie de Bourdeaux, : À Bourdeaux. N° 13. Lettre de M. Lanrainy , secrétaire de l'École académique de Bordeaux, à MM. de l'Académie Royale, envoyée le 21 avril 1705. ( Copie.) Messieurs , Comme nous sommes informés des bontés que vous avez toujours pour nostre Compagnie , nous ne cessons de vous en marquer nos très-humbles reconnaissances, en vous priant de nous continuer l'honneur de vostre protection, de laquelle nous avons toujours plus de besoin dans les pour- suittes continuelles du traittant. Nous aimons mieux souf- frir les contraintes, que de consentir à la destruction de nostre Académie. Nostre espérance ne nous paroît point mal fondée, tant que vous daignerez vous employer à l'af- fermissement de vostre ouvrage; et comme nous croyons bien que M. Mansard effectuera ce qu'il voûs a promis en nostre faveur, nous l’attendons toujours avec soumission. Nous nous donnons , Messieurs, l'honneur de lui écrire à ce qu'il lui plaise nous obtenir ce que vous avez la bonté 5067 de lui demander pour nous ; mais comme nostre Compä- gnie ne fera jamais rien sans vostre participation , nous vous envoyons la lettre, affin d'en disposer selon vostre prudence ordinaire, persuadés que vous ne ferez rien qu’à nostre avantage ; aussi serons-nous toujours avec respect, Messieurs, Vos très-humbles et très-obéissants serviteurs. LES ACADÉMICIENS DE BORDEAUX. Par l'École académique : LARRAIDY. No L4. Lettre de l'Académie de Bordeaux, à M. GuéRin, secrétaire de l'Académie Royale de Paris, envoyée le 21 avril 1705. (Copie.) Monsieur, Nostre Compagnie est si sensible aux continuations de vos bontez, qu’elle espère une heureuse issue de nostre affaire tant que vous daignerez continuer vos sollicitations. Nous suporterons toujours les contraintes autant que nous pourons, fondez sur cette espérance. Comme nous apre- nons, par vostre dernière, que M. Mansard est toujours dans la volonté de donner à l’Académie Royalle la satisfac- tion qu’elle attend, nous nous donnons l'honneur de lui écrire et nous envoyons la lettre à vostre illustre Compagnie, qui en disposera à sa volonté. Ayez, s'il vous plait, la bonté de nous faire savoir le succès d’icelle, et soyez persuadé 568 que nous sommes avec toutte la reconnoissance et le zèle possible, Monsieur, Vos très-humbles et très-obéissants serviteurs. LES ACADÉMICIENS DE BORDEAUX. Par l'École académique : LARRAIDY. No 15. Lettre de M. Guérin, secrétaire de l'Académie Royale, à M. Larrarny , secrétaire de l'Ecole académique de Bor deaux. Monsieur, Je viens d’aprendre tout présentement que l’on à mis les Mémoires que j'ay faicts sur vostre affaire entre les mains de M. d'Hermenonville, directeur général des finances, et qu'il a promis d'y mettre ordre incessamment. Comme je cherche à vous faire tout le plaisir qu’il m'est possible, j'ay voulu vous en donner avis au plus tost, sans même atten- dre le temps de l’Assemblée, qui se fera samedy prochain. Lorsque je sçaurai quelque chose de plus, je vous le feray sçavoir. Je suis très-parfaitement à vous et à vostre Compagnie, Monsieur, Vostre très-humble et très-obéissant serviteur. GUÉRIN. Ce 24 septembre 1705. Au dos : A Monsieur Monsieur Larrarpy, peintre ordinaire du Roy, en sor Académie de Peinture et de Sculpture, A Bourdeaux. 569 N° 16. Lettre de M. Larrarny, secrétaire de l'École académique de Bordeaux, à M. GuÉnin, secrétaire de l'Académie Royale de Paris, envoyée le 21 novembre 1105. (Copie.) Monsieur , Nostre Compagnie, toutte persuadée de vos bontez et de la continuation de vos soins pour elle, m'a chargé de vous remercier, de sa part, de la dernière dont vous m’avez ho- noré, qui nous à servi jusqu'à présent de rempart contre les poursuittes du traittant; mais enfin, ennuyé de tant de remises, dont, dit-il, on nous repaist à Paris, il continue à nous chagriner fortement, de manière que nous payons actuellement les contraintes qui nous viennent de sa part. Cela fait que nous réitérons nos instances auprès de vostre illustre Compagnie , à ce qu’elle ait la bonté de solliciter M. d'Hermenonville à nous sortir de peine. Nous attendons nostre repos de la continuation de sa protection, et nous vous prions de joindre vos instances aux nostres à la pros- chaine Assemblée, et de nous donner avis des délibérations qui seront prises à ce sujet. C’est la grâce qu’attendent de vous ceux qui sont en général, et moy en particulier, Monsieur, Vostre très-humble et obéissant serviteur. Par l'École académique de Bordeaux : LARRAIDY. TABLEAU MÉTÉOROLOGIGQUE. AVRIL 1853. oo JOURS BAROMÈTRE A 0. TEMPÉRATURE. DENOMIMOL Le RARES seen Nid | eue menrens ! 156,84 | 57,49 | 39,66 | 4597 1206 2 64,43 | 60,98 | 64,25 | ‘93,4 44,0 3 64,48 | ‘60,46 | ‘69,78 |. 49,4 12,4 k 58,24 | 56,60 | 58,04 | 22,7 14,5 5 58,24 | 57,39 | 58,35 | 241 | 494 6 88,71 | 59,65 |. 64,64 | 29,3 | 14,2 7 62,74 | 63,48 | ‘65,14 | ‘49,9 11,6 8 65,38 | 65,00 | 66,28 | 23,0 | 12,9 9 64,149 | 64,89 |. 60,39 | ‘26,1 12,5 10 89,17 | 57,89 | 86,97 | 148,4 44,9 si 56,03 |. 56,09 |. 57,05 |. 47,5 13,7 12 57,25 | 59,99 | 60,92 | 148,7 11,5 13 64,49 | 64,96 | 64,67 | 148,5 12,2 14 60,30 | 62,45 | 64,44 | 48,4 | 140,9 15 66,94 | 67,24 | 67.80 | 49,3 8,2 16 65,54 | 64,48 | 68:70 | 21,2 1433 A7 66,37 | 66,27 | 65,84 | 923,7 1522 18 65,39 | 62,76 | 62,57 | 923,9 1,1 19 64,03 | 59,37 | 58,77 | 241,1 13,5 20 | 58,24 | 58,08 | 58,84 |‘ 49,9 13,0 21 86,44 | 55,39 | 55,59 | 18,6 14,6 92 50,73 | 52,66 | 54,82 | 18,4 11,8 23 86,08 | 57,61 | 59,41 | 20,8 14,3 2 61,32 | 62,35 | 63,76 | 20,9 14,9 | 95 65,23 | 64,96 | 65,25 | 24,8 re | 96 64,78 | 64,82 | 65,33 | 49,9 16,8 | 27 64,03 61,30 59,67 25,3 414,0 28 58,50 |. 56,91 | 60,53 | 33,5 18,0 29 64,85 | 60,74 | 61,23 | 96,7 16,9 140 60,94 | 64,14 |. 62,92 | 24,4 16,5 BG TA ERe Al — messe MOYENNES | du 4e au 40! 760,58 | 60,02 | 60,78 | 24044 | 1287 duiau20| 62,16 | 64,76 | 62,36 | 49,89 | 49,48 du 24 au 30| 59,95 | 59,78 | 60,85 | 23,00 | 44:59 Moy. générale.| 60,89 | 60,52 | 64,33 | 24,44 | 43,31 Température moyenne du mois... 1704, Pluie dans le mois... 111mm 573 HISTOIRE BASQUES OU ESCUALDUNAIS PRIMITIFS . restaurée D'APRÈS LA LANGUE, LES CARACTÈRES ETHNOLOGIQUES ET LES MŒURS DES BASQUES ACTUELS; PAR M. A. BAUDRIMONT. (Suite et fin ‘.) IVe PARTIE. PIÈCES A L'APPUI DE L'HISTOIRE DES ESCUALDUNAIS OU BASQUES PRIMITIFS. Notions grammaticales de la langue euskarienne, Les langues ont pour but de transmettre par des si- gnes la connaissance des êtres réels ou abtraits, de leurs modifications, de leurs relations et de leurs actes, rapportés au temps et à l'espace. Les signes sont parlés, écrits, ou transmis par des moyens très-variables, dont il n’y a pas lieu de s’oc- ! Voir le commencement de ce travail, 2e trim, 1853, p. 251 à 429. 37 574 cuper ici. Les signes parlés, associés d'une manière déterminée, constituent le langage; les signes tracés à la main représentent l'écriture. La grammaire générale à pour but d'exposer les lois auxquelles se trouve transmise la communication de la pensée. Les grammaires spéciales exposent simplement les règles relatives à une langue déterminée. Une grammaire spéciale doit comprendre dans son ensemble : 4° L'étude des signes .parlés et écrits ; 2° L'étude des modifications que les mots éprouvent, afin de faire connaître les rapports des êtres et de leurs actes considérés dans le temps et dans l'espace; 3° L'étude des règles de l'association des mots pour formuler les idées, ou de la syntaxe; 4° L'étude des fonctions grammaticales des mots et de leur dérivation lorsqu'ils passent d'une partie du discours dans une autre. Ces trois dernières parties seront réunies en une seule, pour ne point entrer dans trop de détails. La grammaire basque peut être étudiée d'abord en elle-même, puis dans ses rapports avec les principales grammaires des langues avec lesquelles la langue bas- que offre des relations, et enfin dans ses rapports avec la grammaire générale. C'est sous ce triple point de vue qu'il conviendrait de l'examiner. Ne pouvant avoir pour but de la développer dans toute son étendue, je me bor- nerai à en exposer les principes généraux. Ce qui a été dit précédemment pourra servir à en compléter l'étude. 575 EXAMEN DES SIGNES ÉLÉMENTAIRES DE LA LANGUE EUSKARIENNE. Les signes parlés comprennent essentiellement des sons et des arliculalions. On peut encore considérer les accents, appartenant à la partie musicale des lan- gues parlées, qui portent sur la quantité ou la durée relative des sons, et sur leur intonation, dont nous- n’aurons pas à nous occuper. Les signes écrits sont généralement des lettres que lon divise en voyelles et en consonnes, selon qu’elles représentent des sons on des articulations. Il est rare qu'une langue possède autant de lettres que de sons et d'articulations. On y supplée par des combinaisons de voyelles et de consonnes. La langue basque comprend cinq sons représentés par autant de voyelles, et vingt-quatre articulations spéciales représentées par dix-neuf consonnes ‘. Les Basques écrivent avec l'alphabet romain, tel que tous les peuples de l’Europe occidentale l'ont adopté. Ils le nomment abecea. \ Les vingt-cinq lettres adoptées par les Basques sufli- sent pour rendre tous les sons et toutes les articula- tions de leur langue, ainsi que cela est exposé dans le tableau suivant : En employant le X, le c et qu se trouvent supprimés. 576 Sons et Articulations de la langue basque. Lettres simples ou composées. CTSENCES Rx SO TUTAzRERS RS On o5at VALEUR DES LETTRES ET OBSERVATIONS. Voyelles. a français. é fermé. i 0 ou français, u de presque toutes les langues, excepté la française et la turque. Douteuse. i, Ou j, ou g; yan, manger; Faincoa, Dieu, pour Jaincoa. articulations. b français. c français et ts à Itsasso. d français. [ française. — Presque inusitée. gu ou gh.— Toujours dur, même devant e et à : gi = gui francais. h aspirée française. ch espagnol, tchi : {tchi) a, (tchi) é, (tchi) à, (tchi) 0, (tchi) u. j français, en France; Î c dur et qu. — Remp k aspiré. 1 française. ll espagnoles, 11 mouillées françaises. m française. n française. ñ espagnole, gn français, comme dans Espagne. p français. y grec, f française. — Presque inusitée. k. — Qu est abandonné par plusieurs écrivains. r française. s toujours sifilante; ch français à Itsasso ; simu, singe — chimou. t français. v français, — Rare. kset ts. z espagnol, s toujours sifllante ou ç prononcé la lan- gue contre les dents supérieures. aspiré en Espagne. ace ces deux articulations. 577 Lorsque plusieurs voyelles sont réuniés, on les lit successivement, et jamais leur combinaison ne donne naissance à des sons particuliers, comme cela a lieu en francais. ai = ai — au — ao — ei — Éi — eu — éoù — OÙ — OÙ — Où — O0Ù — ui — oui. La langue basque peut être lue comme la langue es- pagnole, à cela près du 7, qui s'articule comme il a été dit au tableau des articulations. La langue basque a quatre dialectes principaux. A .ces quatre dialectes, il faudrait peut-être en ajouter un cinquième, celui d'Itsasso, qui offre des particularités vraiment remarquables, surtout dans la prononciation. Les mots, en passant d'un dialecte à un autre, su- bissent souvent des altérations assez profondes dans leur prononciation, et par suite dans leur orthographe. Les différents dialectes d’une langue qui n’est fixée par aucane espèce de littérature, sont le résultat de mots altérés et mal prononcés. L'altération de la prononciation se faisant en passant d'une voyelle ou d'une consonne à une autre voyelle ou à une autre consonne qui en est prochaine, par le mécanisme employé pour la prononcer ou l'articuler, il en résulte que ces altérations sont soumises à cer- taines lois, et que, partant d’un mot altéré, on peut remonter à son origine. L'étude des lettres qui peuvent passer de l'une à l'au- tre, est indispensable pour rechercher les racines et les origines des langues. 578 Les lettres qui peuvent ainsi passer de l'une à l'au- tre portent le nom de mutables. On peut établir des groupes représentant les muta- bles d'une seule langue ou les mutables de plusieurs langues. Les principaux groupes des mutables de la langue basque sont : Voyelles. 4, 0. TN à E510: SAUT: DAYS Consonnes. HiFi nB5 Ps C dur, K, G, Qu. D, T. LR. N, \. CS: Ch, X. Les principes grammaticaux de la langue basque sont d'une simplicité extrême, et ne souffrent d'ailleurs qu'un très-petit nombre d'exceptions. Ces deux condi- tions permettent de les exposer nettement et complé- tement en quelques mots. Tous les noms substantifs et adjectifs sont représen- tés chacun par un mot spécial, qui ne prend une signi- fication déterminée que par une suite de terminaisons, fort simples d'ailleurs, qui tiennent lieu d'articles, de cas et même de prépositions, comme on le verra dans le tableau de la déclinaison. Les comparatifs, très-multipliés et indiquant tous les degrés imaginables des rapports des êtres, excepté 579 ceux de l'infini et de la transition insensible, sont as- sujettis aux mêmes lois. La langue basque n'admet point la distinction du genre grammahcal, où il n'y en a qu'un seul pour tous les noms. Le nom indéfini, ou l'espèce, chez les animaux su- périeurs, se trouve représenté par un nom radical ou plutôt élémentaire. Lorsque parmi les animaux on veut distinguer le mâle ou la femelle d’une manière toute particulière, on emploie les suffixes arra et emea : oreh, cerf; oreñarra, cerf mâle; oreñemea, biche. Les pluriels sont indiqués par les modificateurs suf- fixes. L'accord des substantifs et des adjectifs ou qualifica- teurs ne se fait pas comme dans la-plupart des autres langues. Lorsque plusieurs noms substantifs, adjectifs et même adverbes, se suivent et se rapportent à un même sujet, il n'y à que le dernier qui se décline; les autres sont représentés par le mot élémentaire, sans aucune mo- dification : ur garbia, et non ura garbia, eau claire; nongo ‘ gizona da orti, d'où est cet homme? Les noms de nombre suflisent pour indiquer le plu- riel : bi elche handi beltz, deux grandes maisons noires. l Enfin , dans la phrase suivante, qui est assez longue, le verbe suffit pour indiquer le pluriel : gizon ela emas- le, handi ela chipi, zahar eta gazte, aberatsa eta ! 4 est supprimé dans nongoa. 580 pobre, adi-zazue oroc; hommes et femmes, grands et petits, vieux et jeunes, riches et pauvres, écoutez tous. Les pronoms personnels, les pronoms démonstratifs, les noms propres des personnes, les surnoms, la plu- part des noms de lieux et les adverbes ne prennent point les désinences a, ak ou ek au nominatif singulier ou pluriel. | Les mots dont l’a final est précédé de ai, b, c, à, m, p, ü, ne le perdent en aucune circonstance, com- me : anaia, frère; arreba, sœur; aza, chou; arro- da, roue ; haga, perche; erroma, Rome; capa, man- teau; alta, père. Déclinaison. La langue basque n’a qu'une seule déclinaison, qui comprend au moins treize cas. Les flexions de la déclinaison tiennent lieu d'articles et peuvent suppléer à plusieurs prépositions. L'aceusatif, indiquant le régime des verbes actifs, n'existe point dans la langue basque. Les noms, les adjectifs, le génitif, les pronoms, les infinitifs des verbes, le futur de l'infinitif, les partici- pes, plusieurs adverbes et les racines qui donnent naïis- sance aux postpositions { prépositions des autres lan- gues ), sont susceptibles d’être déclinés. 581 Exemple de Déclinaison basque. SUFFIXES FONCTION VALEUR FRANÇAISE Es , Où VALEUR FRANÇAISE GRAMMATICALE | des mots basques indéterminés| ÉSIENCES des du mot basque. déclinés. È : déterminant sufixes basques. invariables. fee SINGULIER, a do=sa le 1e GER lnle la aren ss... du, de la. an | dans le, dans la. (10 RSS (RE LIRE Ù FE avec le, avec la. vers le, vers la. aganat NOM en Der ES manner AT dec arentaco C Dour le, pour la. : Ë zat.. Du père... | Aitaren ‘| 47654 Du Aiten © etik......| du, dela, de la part de. . rence ..| par, par le moyen de. PRONOM ©.......... A DE eee reel Cents le : PAP" Ps ADJECTIF. ....... MINI Tec eouscretl'MHeLEZ, 0. PLURIEL. ENFINITIF ...s.cec ce Dire... | Errate nn Celui ou ‘celle qui es. Lu L Fur’ de l’Inrinit. doit étre chanté Cantatceco, ek.....… Loc PARTICIPE -........ Déchiré.. oda06o Urratu. ENT. |NUES, Nom tenant lieu de) prépos. lorsqu'il, Hors, dehors .....| Campo...) etan ....… dans les, parmi les. prend la flex. an. ( (TETE ei. .....( AUXe EHIN- co... ekila.....( avec les. etara enganat, .{ YTs les. entako.... DE. 1 pour les. entaric...| des, de la part des. ez.. .....| par le moyen des. ! Troisième cas du singulier, soumis à la déclinaison régulière, et voulant dire : celui ou celle du père, de celui du père, etc. , au singulier, et ceux ou celles du père, de ceux ou de celles du.père, etc., au pluriel. ? Troisième cas du pluriel, soumis à la déclinaison : celui ou celle des pères, etc. ; ceux ou celles des pères, etc. * Les pronoms personnels se déclinent irrégulièrement ou d’après une déclinaison qui leur est propre; toutefois, leurs cas sont très-reconnaissables à l’aide de cette déclinaison, qu'ils p’altèrent que dans les premières lettres. — Les adjectifs possessifs, que plusieurs grammai- riens confondent avec les pronoms, se déclinent régulièrement. * Ce temps de l’infinitif est propre à la langue basque, 582 Un nom peut se décliner jusqu'à six fois l'une dans l'autre; mais il n'y a que les trois premières qui soient usitées. L'exemple suivant donnera une idée de cette singu- lière sorte de déclinaison : AORACINE see erece Ait, père. 2° GÉNITIF............ Aîtaren, du père. 30 GÉNITIF DÉGLINÉ. Aitarena, celui du père. 4° NOMIN. DU GÉNIT. Aitarenarena, celui de celui du père. 5° ...........,.......... Aitarenarenganicacoarena , celui de celui de celui du père. 6° ...................... Aitarenarenganicacoarenarena, celui de celui de celui de celui du père. FDeneseere ses... +... Aitarenarenarenganicacoarenarena, ce- lui de celui de celui de celui de celui du père. PRONOMS PERSONNELS. Singulier. Pluriel. Are Personne. Ni ou nik. Gu ou que. 2e Personne... Hi ou hik. Zuek. 3° Personne... Hura, hare, hunek. Hec ou hanc. VERBE. En général, un verbe basque comprend, dans son énonciation : 4° un pronom; 2° le nom que l'on con- jugue ; 3° le verbe auxiliaire. Le pronom est supprimé dans quelques temps des verbes, par exemple dans l'impératif. Le nom verbal varie peu dans sa désinence; sa ter- minaison est en ea à l'infinitif; en en à l'indicatif pré- sent; en {u au participe passé, à moins d'irrégularité ; et en co au futur de l'indicatif. L'impératif est le radical et n'est pas distingué par une terminaison spéciale. La langue basque n’a qu'un seul verbe : 2zatea. 583 Ce verbe correspond aux verbes français étre et avoir, considérés comme auxiliaires. Il est conjugé de deux manières distinctes, selon qu'il indique une forme active ou passive et neutre. On se sert des deux modifications de ce verbe pour conjuguer une foule de quahficalifs, que l'on désigne généralement sous le nom de verbes. La conjugaison suivante comprend les deux formes du verbe izatea, et peut servir pour conjuguer tous les prétendus verbes *. INFINITIF PRÉSENT............. Izatea...…. Être ou avoir. PARTICIPE PRESENT. {zaten .….. Étant ou ayant. PARTICIPE PASSÉ ..….. Izan....….. Été, ayant été, ou ayant eu. PARTICIPE FUTUR... {zanen..... Devant être ow devant avoir. INDICATIF. Rp PASSÉ DÉFINI ET PLUS-QUE-PARFAIT. Pronoms ?. Forme active. Forme neutre et passive Forme active. Forme passive. Ni. Dut. Niz. Izan nuen. Izan nizen. Hi. Duk. Hiz. buen. hinzen. Zu. Duzu. Zira. zinuen. zinen. Hura. Du. Da. zuen. zen. Gu. Dugu. Gira. ginuen. ginen. Zuek. Duzue, Zarete. zinuten. zinelen. Hek. Dute. Dira. zuten. ziren. PASSE DEFINI He PRAlSS ET PASSÉ ANTÉRIEUR. Nuen. Ninzen. Izan dut. niz. Huen. Hinzen. duk. hi1z. Zinuen. Zinen. duzu. zira. Zuen. Zen. du. da. Ginuen. Ginen. dugu. gira. Zinuten. Zineten. duzue. zirete. Zuten. Ziren. dute. dire. ! Le verbe avoir indiquant la possession , est représenté par ukhatea à l'in finitif présent; il l'est par khan à l'impératif. * Les pronoms doivent être répétés partout, excepté dans l'impératif. 584 FUTUR. Forme active. Izanen dut. Formo passive, Izanen niz. FUTUR ANTÉRIEUR. Forme active. Izan duket. Forme passive. Izanen ninzen. duk. hiz dukek., hinzen. duzu. zira. dukesu. zinen. du. da. duke. zen. dugu. gire. dukegu. ginen. duzue. zarete. dukesue. zineten. dute. dire. dukete. ziren. CONDITIONNEL. PRÉSENT. PASSÉ. Nukien. Ninteke. Izan nukien, Izan ninteke. Hukien. Hinteke. hukien. hinteke. Zinukien. Ziniteke. zinukien. zinitezke. Zukien. Liteke. zukien. liteke. Ginuken. Ginitezke. ginukien. ginitezke. Zinuketen. Zinitezkete, zinukien. ziniteskete. Zuketen. Litezke. zuketen. litezke. IMPÉRATIF. Ezak. Hadi. Dezagun. Giten. Zazu. Zite. Zazue. Litezte. Beza. Bedi. Bezate. Bite. SUBJONCTIF. PRÉSENT. PASSÉ. Dezadan. Nadin où Nodila. Izan dezadan. Izan nadin. Dezeian. Hadin Hadila. dezeian. nadin. Dezazun. Ziten Zitela. dezazun. ziten. Dezan. Dadin Dadila. dezan. dadin. Dezagun. Giten Gitela. dezagun. giten. Dezazuen. Ziterten Ziteztela. dezazuen. zitezten. Dezaten. Diten Ditela. dezaten. diten. IMPARFAIT. PLUS-QUE-PARFAIT. Nezan. Nindadin. Izan nezan. Izan nindadin. Hezan. Hindadin, hezan. hindadin. Zinezan. Ziniten. zinezan. ziniten, Lezan. Zadin. lezan. zadin. Ginezan. Giniten. ginezan. giniten. Zinezaten. Zinitezten. zinezaten. zZinitezten. Lezaten. Ziten. lezaten. ziten. Le premier verbe se traduit en français par le verbe être, et le second, par le même verbe ou le verbe avoir, selon le besoin, 585 Il n'y à de temps simples dans ces verbes que le pré- sent et l'imparfait de l'indicatif et du subjonctif, le pré- sent du conditionnel et l'impératif. A l’aide des temps simples et de la valeur attribuée à chaque temps de l'infinitif, il est facile de traduire en français les deux conjugaisons qui viennent d'être ex- posées ; par exemple : les futurs i3anen niz et izan en dut, veulent dire devant être je suis, ou plus simple- ment Je serai, et devant avoir je suis, ou j'aurai. Le premier mode de conjugaison auxiliaire sert pour représenter les verbes actifs. EXEMPLE DE CONJUGAISON D'UN VERBE ACTIF : Nic hilzen dut........…, Je tue. Hic hilzen due... Tu tues. Hare hilzen du... I tue. La deuxième forme du verbe auxiliaire est employée pour conjuguer les verbes neutres, passifs ou réfléchis. EXEMPLES : 19 Verbe neutre. Ni hilzen niz............ Je meurs. Hi hilzen niz............ Tu meurs. Hura hilzen da... Il meurt. 20 Verbe passif. Ni maithatua niz....….. Je suis aimé. Hi maithatua hiz...…. Tu es aimé. Hura maithatua da... Il est aimé. 30 Verbe réfléchi. Ni gidatzen niz....….. Je me conduis. Hi gidatzen hiz....…. Tu te conduis. Hura gidatzen da... Il se conduit. 586 On voit par ces exemples comment le nom Ai! peut signifier {uer où mourir, selon qu'il est conjugué avec dut où niz. Le verbe egin, faire, sert quelquefois d'auxihaire pour conjuguer d’autres verbes, comme dans la langue brezonne; mais il n'est employé que pour les verbes unipersonnels. Exemple : uria egitea, pleuvoir; elhura egitea, neiger. C'est ainsi que, dans notre langue fran- caise, on dit il fait beau, en parlant du temps. La partie déterminante * d'un nom verbal varie se- lon les modes et les temps auxquels elle s'applique. L'impératif est la racine dont les autres temps sont tirés; sa terminaison est très-variable. Exemple : urra, déchire; gozal, déjeune ; yants, descends; erran , dis; urrun, écarte; leher, écrase; bihi, égrène; egor, en- voie; egin, fais, etc. Cette racine entre avec ou sans terminaison spéciale dans la formation des prétérits, du plus-que-parfait et du futur passé de l'indicatif, dans les conditionnels pré- sent et passé, dans l’imparfait et le prétérit du sub- joncuif. Ten, tzen et sten, sont les terminaisons du présent et de l’imparfait de l'indicatif; nen et co sont celles du futur de l'indicatif; na est celle du plus-que-parfait du subjonctif. Les terminaisons de l'infinitif du verbe 2zan peuvent ! Celle qui détermine le mode d'action ou d'état; celle que l’on nomme vul= gairement verbe et qui est cependant fort distincte des verbes latins, espagnols, ete., qui contractent en un seul mot : le pronom, le nom verbal et le verbe auxiliaire, comme amo , lego, canto , etc. 587 donner une idée des terminaisons des infinitifs des au- tres verbes. Indépendamment des conjugaisons qui viennent d’é- tre exposées, le verbe auxiliaire peut encore éprouver vingt-deux modifications pour exprimer les rapports du sujet à son complément; seize de ces modifications sont applicables à des compléments èmpersonnels, et six à des compléments personnels. EXEMPLES RELATIFS AUX CAS IMPERSONNELS : A — Yaten dut ..….....… Je mange. 2° — Yaten ditut......……. Je les mange. 3% — Yaten daizquidac. Tu me les manges. 4e — Yaten doiat..…..….… Je te le mange. EXEMPLES RELATIFS AUX CAS PERSONNELS : Yaten naïüc...... Tu me manges ( moi-même ). — haut... Je te mange à toi-même. Etc. Les verbes ont en outre des formes spéciales, selon les conditions relatives des êtres qui parlent entre eux. Ils ont une forme enfantine, une forme d'égalité, une forme respectueuse et une forme pour parler aux femmes. La forme respectueuse des Basques est spéciale, et n’est représentée par aucune des trois personnes ordi- naires des autres langues. EXEMPLE : Dauchut….. enfantin. Dayat égalité. Dautzut.... respectueux. Je vous les donne. Emaiten . Daunat..….…. féminin. 588 La langue euskarienne a des conjonctions comme les autres langues; on en trouvera une liste à la fin du vocabulaire. Elle a aussi des adverbes. Les adverbes de lieu varient selon qu'il y à ou qu'il n'y à pas mouvement. Le tableau suivant donnera une idée de ces varia- tions : où om" SÉJOUR, |. DÉPANT. TENDANCE, PASSAGE RE SE nl Non ou nun?|Nundi …, c ‘?|Nora .…… t '?|Nondican? Où? Hemen. Hemendi. c. |Hurra....t. |Hemendican. |Ici où je suis. Or. Oréteneee C2 |ONra. t. Ortican. Là où tu es. AU. Andi CAT... t. |Andican. Là où il esl. Goian. Goili..... C:LA|GormE t. |Goitican. En laut. Barruan. Barrenet\ c. Barrena . t. Barrenetican. |Dedans. Campoan. |Campoti. c. |Campora.t. |Campotican. |Dehors. Un même adverbe de lieu a une terminaison varia- ble, selon la question à laquelle il répond; ces ques- tions sont : noiz, quand? noizco, pour quand? et noiztic, depuis quand? Les terminaisons sont celles de la question, ou à peu près : gaur, aujourd'hui, oran, maintenant, donnent gaurco, orango, pour la deuxième question, et goz, de bonne heure, donne goitetic pour la troisième. Il existe des degrés de comparaison pour les adjectifs 1 Quand la question prend un c ou un t final, la réponse le prend également, 589 et les adverbes, dont le tableau suivant donnera une idée : DEGRÉS DE COMPARAISON DES ADJECTIFS ET DES ADVERBES. Positif... comparatif... superlatif. (Nom)... ago suffixe... arras ou haiñitz prélibres ‘ ou en suffixe. Les adjectifs se déclinent, les adverbes ne se décli- nent pas. Adverbe irrégulier. Ongi ou onsa, bien ; hobeki, mieux; arras ou haiñitz ongi, ou hobekien, très-bien, le mieux. Les prépositions sont remplacées dans la langue basque : 4° par plusieurs cas de la déclinaison ; 2° par des mots au quatrième cas du singulier terminé en an. Ces mots se placent après ceux auxquels ils se rap- portent, de telle manière qu'ils sont des postpositions : c’est ainsi que les nomme Larramendi, plutôt que de véritables prépositions; mais leur fonction grammati- cale est la même que celle des prépositions des autres langues. Plusieurs postpositions régissent le génitif, comme gizonaren aurrean, avant l'homme; elizaren aldean, près de l'église. En résumé, la langue basque n’admet point la dis- tinction des genres, et ne connait l'accord du nom et de l'adjectif ni en nombre, ni en cas. Il résulte de cela, Je donne ce nom pour indiquer que la particule se place avant le mot au- quel elle se rapporte et qu'elle demeure libre. 38 590 que les adjectifs ne peuvent être distingués des subs- tantifs que par la fonction grammaticale qu'ils rem- plissent. L'article et une grande partie des prépositions se trouvent remplacés par une déclinaison fort étendue. La distinction du nominatif et de l'aceusatif, qui rem- plissent une fonction grammaticale si élevée et portent une si vive lumière dans le discours, n'existe point dans la langue basque, quoiqu'elle soit congénère de la langue latine. Il n’y à qu'un seul verbe, qui se modifie pour conjuguer activement ou passivement. La conjugaison, qui est très-riche, comprend l’énonciation complète du pronom personnel, du mot que l'on conjugue et du verbe proprement dit. Les prépositions sont en général rem- placées par des noms au cas en an. La langue basque a d’ailleurs des adverbes nombreux, des comparatifs pour les adjectifs et les adverbes, des conjonctions et des interjections. La grammaire basque se rapproche de la grammaire anglaise par son défaut de genre et par la généralité de sa conjugaison; mais elle s'éloigne des grammaires de la plupart des langues, tant anciennes que moder- nes de l'Europe, par son verbe, qui n’est point con- tracté en un seul mot et présente tous ses éléments primitifs : le pronom, le nom, et le verbe proprement dit. Il va sans dire que la langue basque, comme toutes les autres langues, a quelques interjections. Ces inter- jections étant pour la plupart le eri animal particulier à l'homme, doivent exister et existent dans toutes les langues. 591 VOCABULAIRE BASQUE, CLASSÉ PAR ORDRE DE MATIÈRES, EXPLIQUÉ PAR L'ESPAGNOL, LE LATIN ET LE FRANÇAIS. I.— Langue, Grammaire, Littérature, Poésie, Enseignement. BASQUE. Hitzekinda. Hiskuntza, miatzoa. Hitza, min(zoa, verba, Hitzegin, verbegin, mintzo edas. Mutadia, isitza. Agercaya, escritura. Librua, Liburua. Escuscribatua, Azgarria, Margoa. Abecea, Bechaoa. Bibechaoa. Oskidea. Geibechia. Icena. Otsicena. Egopearra. Eraskitza. Besteri dichecan icena. Osicheca, Orticena. Leipintza. Isaskida. Artizkindea. Dialectica, billegidea. Abilidadea, gaytasuna, cintzo- tazuna, Megopea, ispiritua. ESPAGNOL, Gramatica, Lengua, idioma. Habla, palabra. d | Hablar. Geroglifico. Escritura. Libro. Manuscrito Letra, caracter. Alfabeto, Vocal. Diptongo. Consonante Silaba. EI nombre. Onomatopeya, Sustantivo. Verbo. Adjetivo. Articulo. Pronombre. Preposicion. Conjuncion. Orthografia. Logica, dialectica. Habilidad. Espiritu. Iracasdea, jakintza, jakindea, Erudicion. Coudera, istorioa. Historia. LATIN, Grammatice. Lingua. Verbum. Loqui, Fari, Hieroglyphus. Syngraphia. Liber. Manusceriptum, Littera. Alphabetum. Vocalis. Diphthongus. Littera eonsouans. Syllaba. Nomen. Onomatopeia. Substantivum. Verbum. Adjectivum nomen. Articulus. Pronomen. Præpositio. Cunjuuctio. Orthographia. Logica, Ingenium Spiritus. Eruditio. Historia. FRANÇAIS. Grammaire. Langue, idiome. Parole. Parler, dire. Hiéroglyphe. Écriture. Livre. Manuscrit. Lettre, caractère Alphabet. Voyelle. D'iphthungue. Consonne. Syllabe. Nom. Onomatopée. Substantif. Verbe ( gram. ). Adjectif. Article. Pronom. Préposition. Conjonction. Orthographe. Logique, dialectiq. Génie, habileté. Esprit (faculté). Érudition. Histoire. BASQUE. Ceja kindea. Aritadiera. Eraldetarra, Ecadoikia. 592 ESPAGNOL, Ignorancia. Raciocinio. Racional. Juicio. Argüimena, arguimendua, } iharduntza. } ALEUDENTO, Irudidea. Idea. Irudia. Aperencia. Bida urrecoa, Silogismo. Ocipabia. Dilema. Utseragoa. Abstracto. Lototkindea , biursakindea, ; Lotoskintza, biursakintza. | PO6SiA- Biursatea , lotostea. Poema. Escola, icasola. Escuela. Maistrea. Maestro. Escolamaistrea. Maestro d’escuela. Jakindea , jakintza. Literatura. Biursa, lototsa, versoa, neurt- } y à | Verso. hitzac. | Aslea. Autor. Obrac. Obras. LATIN, Ignorantia. Ratiocinium. Rationalis. Judicium. Argumentum Idea: Representatio. Syllogismus. Dilemma. Abstractum. Poesis, Poema. Schola. Magister. Scholasticus. Litteratura. Carmen. Auctor. Opera. FRANÇAIS. Ignorance. Raisonnement. Rationel. Jugement ( opéra- tion de l'esprit). Idée. Apparence. Syllogisme. Syllogisme. Dilemme ( argu- ment cornu ). Abstrait. Poésie. Poëme. École. Maître. Maître d'école. Littérature. Vers ( paroles ). Auteur. Œuvres. IT. — Astronomie et Division du temps. Izarjakindea. Izarkida, Izarra, Ceruargia Cerua, zelia. Ekia, eguzkia, iruzkia arch. Illargia , ilargia, arguzaita. Iiberria, illarguiberria, Iigora. Illargibetea. Ilbera. Jzarra. Izarra. Izarkea. Izarcoloca. ‘ . Astronomia y Astronomia et astrologia. Constelacion. Astro. Cielo. Sol. Luna. Luna nueva. Luna creciente. Luna llena. Luna menvuante. Luna que acaba. Estrella. Cometa. Planeta. * Ceru argia ( lumière du ciel ). astrologia. Sidus. Astrum. Cœlum. Sol. Luna. Novilunium, Plenilunium, Stella. Cometa. Planeta. Astronomie et astrologie. Constellation. Astre. Ciel. Soleil. Lune. Nouvelle lune. Lune croissante, Pleine lune. Lune décroisste, Fin de la lunaison. Étoile. Comite. Planète. 593 BASQUE, ESPAGNOL, LATIN. FRANÇAIS. Artizarra ‘, Aurkzarra, Venus. Hespero, lucero Jubar. Vénus (planète). del alba. Saturno. Saturno. Saturno. Saturne (planète. ) Lurra. Tierra. Terra. Terre. Eguna. Dia. Dies. Jour. Gaüa, gauba, airatsa, zaroa. Noche. Nox. Nuit. Acha. Eje. Axis, Axe. Eucacha. Polo. Polus. Pôle. Iguru berdinzallea. Ecuador. Equator. Équateur. Eguerdi boillia. Meridiano. Cireulus meri-- Méridien. dianus. Arguzteguia. Ecliptica. Ecliptica. Écliptique. Marboilla. Horizonte. Horizon. Horizon. Eguerdia. Mediodia. Meridies. Midi. Sortaldea. Oriente (Levte) Oriens. Orient ( Levt). Sartaldea . Ocaso (Occidte) Occasus (Occids) Occidt (Coucht). Ifaraldea. Las partes sep- Regio septentrs Le Nord. tentrionales. Cigupea. Nadir. Nadir. Nadir. Erpiña , burgaïña. Zenith. Zenith. Zénith. Argea, argigea, argutsa. Eclipse. Eclipsis. Éclipse. Artizarra. Estrella del norteStella polaris. Étoile polaire. Izar carra. Canicula. Canicula, Syrius Syrius. Izar pilla ala deritzana. Casiopea. Cassiopea. Cassiopée. Izarlira. Lyra. Lyra. La lyre. Izarots0a. Lobo. Lupus. Le loup. Izardi zazpikia *. Pleyades. Pleiades. Pleyades. Ceruco esnebidea. * Via lactea Via lactea. Voie lactée. Senesia. Zodiaco, Zodiacus. Zodiaque. Izardia, izarpilla, izarmolzua. Signodelzodiaco Signum zodiaci. Signe du zodiaq. Aziizarra. Aries, Aries. Le bélier. Cecena. *: Toro. Taurus. Le taureau. Birichiac. Geminis. Gemini. Les gémeaux. Argiamarra. Cancer. Cancer. L'écrevisse. Izar leoya. Leon. Leo. Le lion. Virgiñizarra, Virgo. Virgo. La Vierge. Izar libra. Libra. Libra. La balance. Lupu izartia. Escorpion. Scorpio. Le scorpion. Sayetizarra. Sagitario. Sagittarius: Le sagittaire. Akelargia, Capricornio. Capricorne. Le capricorne. Urjarioa. Aquario. Aquarius. Le verseau. Arraizarra, Piscis. Pisces. Les poissons. ‘ Larramendi a sans doute fait erreur : artirarra est l'étoile de l'ours ou l'étoile polaire. ? Les sept chamois. 594 BASQUE. ESPAGNOL, Era, dembora. Era, tiempo. Era boillanza. Ciclo. Eunkia, mendea, secula. Siglo. Urtea. Año. Uda. Estio, verano. Udazkena, udazena, udarrazkia Otoño. Negua, L.; Neguja, Itz. Invierno. Uda berria. Era lora L.; pri- : madera, Itz. k | Primavera. Jlla, ila, illabetea. Mes. Beltzilla, urtarilla. Enero. Otsailla, ceceila. Febrero. Epailla, Marchoa. Marzo. Jorrailla, apirilla, opea. Abril. Maihaca. Mayo. Garagarilla, vagicila, erearoa. Junio. Uztailla, garilla. Julio. Agorilla, aboztua. Agosto. Eriarua. Setiembre. Urrià, urrilla, beldilla. Octubre. Acilla, cemendila, azaroa. Noviembre. Abendua, lotacilla. Diciembre. Astea. Semana. Astelena, ilena. Lunes. Asteartea, matizena. Martes. Asteaskena , egastena. Miercoles. Osteguna, orceguna, eguena. Jueves. Ostirala, orcirala, baricua. Viernes. Larumbata, zapatua, iracoitza. Sabado. Igandea, jandea, domeca. Domingo. Egunsentia , eguanza, eguaisea arthatsa, argiaren begia. Goiza. La mañana. Auroro, aurora. Arratsaldea, arrastegia. La tarde. Guereïza , kereiza , itzala ISOmbra añoa, errañoa. Ë Illuna, airgea Tinieblas. Oren, muga, hora. Hora. Ordu. Momento, instante. LATIN. Tempus. Cyclus. Seculum. Annus. Æstas. Autumnus. Hiems. Ver. Mensis. Janaarius. Februarius. Mars. Aprilis. Maius. Junius. Julius. Augustus. September. October. November. December. Hebdomada. Lunæ dies. Dles martis. Dies mercurii. Dies Jovis. Dies veneris. Sabbatum. Dies dominica. Aube. Manè. Vesper. Umbra. Tenebræ, Hora. Momentum, IT. — Géologie et Minéralogie. Luciazalda. Geografa. Lurra. Tierra. Mundua, Mundo. Geographia. Terre. Mundus. FRANÇAIS. Ëre ( temps ). Cycle. Siècle. An, année. Été. Automne. Hiver. Printemps. Mois. Janvier. Février. Mars. Avril. Mai. Juin. Juillet. Août. Septembre. Octobre. Novembre. Décembre. Semaine. Lundi. Mardi. Mercredi. Jeudi. Vendredi. Samedi. Dimanche. Aurore. Matin. Soir, Ombre. Ténèbres. Heure. Moment. Géographie. Terre. Monde. 595 BASQUE. ESPAGNOL, LATIN. FRANÇAIS: Itsasoa , ichasea. Mar, Oceano. Mare, Oceanus. Mer, Océan. Ichaso betea, ichaso sabela. Pielago. Pelagus. Haute mer. Ujola, ubeldea, ugoldea, idola. Diluvio. Diluvium. Déluge. Airea. Aire. Aer. Air (atmosphre) Lutugea. Continente. Continens. Continent. Ugartea, uribitartea. Isla. Insula. Ile. Aintzirra, umancia. Lago. Lacus. Lac. Ugayozcoa. Agua manantial Jugis aqua. Eau permanente Cingiradia, aintsiralea, umancitea Marea, pantano. Palus. Marais. Errioa, ibaya. Rio, Fluvius. Fleuve, rivière. Erreca, chirripa. Arroyo. Rivus. Ruisseau. Mendia. Montaña, monte Mons Montagne. Arcaitzerra. Sierra de montes Rupes. Montagne den— tée en scie. Picacha. Picacho. Saxicacumen. Pic. Mendisca Colina, collado, Collis. Colline, ceno. Lurruspea. Cueva. Specus, crypta, Caverne. spelunca. Meatzea. Mina. Mina. Mine. Mea. Veta. Vena metallifera Filon. Menasta. Mineral. Fossile. Minéral. Ondoa. Pie de montaña. Radix, basis Piedde montagne Arepillac, ondar, munoac. Dunas, mogote, Dunæ. Dune. megano. Lutarra. Terreno. Terrenus. Terrain. Lurra, Lurgaña. Suelo. Solum. Sol. Tbarra, hara, irura, errepira » | : allé Den ae { Valle. Vallis. Vallée. Lauba, celaya, nava. Llano. Planities, æquor Plaine, Oïbana, selva. Selva. Silva, nemus. Forêt. Peña, aïitza, acha, arcaitza. Peña. Rupes, petra Rocher, pierre. saxum. Arria, Piedra. Lapis, saxum, Pierre. petra. Arri boilla, arri leuna. Guijarro, pe— Saxum. Caillou roulé. dernal. Arri mugerra, chingarria. Silex. Silex. Silex. Buztinzurria. Arcilla. Argilla. Argile. Pizarria, lauza. Pizarra. Schistus. Schiste, ardoise Agorria, Porfido. Porphyrus. Porphyre. Marmola. Marmol, Marmor, Marbre, Clera. Greda. Creta. Craie. Quisoa, Iyelsoa, Yeso, Gypsum. Gypse. Arricatza, lapitza, Lapiz, carbon Carbo fossilis. Houille, de picdra. Lapitzaria. Lapicero, Lapis delinea— Ampélite. torius. BASQUE. Agata. Tella, pusca. Basa mortua, eremua, ermua. Area, ondarra, legarra , sablea. Sutokarpia. Ludardara, lurricara. Arrocarria, Belchurica. Eztera, zorrostarria. Arrandarria. Policarria ( pierre à polir ). Zuarria. Bilguztarria. Diamantea, arturgia. Bertistea, ferdatistea. Caztistea. Pillalarria, Meatzeco, cristala, leyarra. Gatza. Solimana, azogea, cillar bicia. Burnarria, mearria. Bermejoya, arminea. [V. Kemeairakinda. Kemeaira. Aicetorkia. Aroa , giroa, adina. Aicea. Urtaiza. Iphar, AÀ.; Artecaicea, L. Hegora. Oltzodarra, ostrellaca, Odeguzkia. Odeia, odoya, osa. Ecaitza, ecacha. 596 ESPAGNOL, LATIN. FRANÇAIS. Agata. Achates. Agathe. Tejo. Saxum. Galet. Paramo , de— Solitudo, eremus Désert, solitude, sierto. Arena, sable. Arena. Sable. Volcan. Vulcanus. Volcan. Terremoto. Terræ motus. Tremblement de terre. Piedra ponce. Pumex. Ponce. Onique. Onyx. Onyx, agathe. Piedra deamolar Cos. Pierre à repasser Piedra de aguila Ætites. Esmeril. Smyris. Amianto. Amiantus. Opalo. Opalus. Diamante. Adamas. Esmeralda. Smaragdus. Rubi y carbun— Rubimus. culo. Granate. Granatus. Cristal de roca. Crystallus. Sal. Sal. Azogue. Hydrargyrum. Alcool, antimo- Stibium. nio, Ciuabrio, ver- Cinnabaris. mellon. — Météorologie. Meteorologia. Meteotologia. Meteoro. Meteorus. Clima. Climas. Sazon. Temperies. Viento, Ventus. Euro, viento Eurus. levante. Aquilon. Aquilo. Viento del sud. Auster, notus. vis. Iris. Parhelias. Parhelius. Nube, nublado. Nubes. Ætite ( pierre d'argile ). Émeri. Amianthe. Opale. Diamant. Émeraude. Rubis. Grenat. Quartz. Sel. Mercure (métal) Sulfure d'anti— moine, Cinabre. Météorologie. Météore, Climat. Saison. Vent. Zéphir. Vent du Nord. Vent du Sud. Iris, arc-en-ciel Parhélie. Nuages. Tempestad, tor- Tempestas, pro- Orage, tempête. menta, cella. 597 BASQUE. ESPAGNOL, LATIN. FRANÇAIS. Pur M Le. |'Relampago. Fulgur. Éclair. Turmoya , ostotsa, odotsa, 0s— tiya, iurtzuria, igorciria, ? Trueno. Tonitru. Tonnerre. iñusturia, iusturia, calerna. Euria, uria. Lluvia. Imber. Pluie. Elurra. - Nieve. Nix. Neige. Abazuza, chingorra, iñatacia, | babazuca, cizarcora, ezca— ? Granizo. Grando. Grêle. barra. Ecea, ecetea, bustia. Humedad. Humiditas. Humidité. Intza. Rocio. Ros. Rosée. Lañoa, lañua, inuntza, lan— |. ; choa, brumâ. Niebla. Nebula. Brouillard. Otza. Frio. Frigidus. Froid. Izotza, orma, leya, gela. Hielo. Gelu, glacies. Glace. Escarcha, ecachea, bitsuria. Escarcha. Pruina. Gelée blanche. V. — Végétaux; leurs parties et leurs produits. Belarjakindea, belarrenezagea. Botanica. Botanices. Botanique. Zuhatza. Vegetal. Planta. Plante. Sustraya, erroa, funtza, betarra. Raiz. Radix. Racine. Zortena, chortena, zurtoina, | rallo. Seabus, caliss Tige. ocia, gara. ) Motea, ninica. Brota en los arholes Gemma. Bourgeon. Lora, motea, leca. Brota en las flores Calix. Calice (de fleur). Ostoa, ostroa, orria. Oja. Frons, folium. Feuille. Lorea , lora. Flor. Flos. Fleur. Ostaleac. Bayas. Baccas. Baies. Fruta, frutea, alorta. Fruta. Fructus. Fruit. Acia, belarracia. Semen, semilla. Semen. Graine, semence HER ae Hiamuls | Arbol. Arbor: Arbre. Belharra, bedarra, L.; hierba. Yerba. Herba. Herbe. Adarra, Brazo, rama. Ramus. Branche. Zutondea, zucoitza, ondoa. Tronco. Truncus. Tronc d'arbre. Aritza, arecha. Roble. Robur. Chêne. Artea, ezcurra. Encina. Quercus ilex. Chêne vert. Ezcurra, ezcurracia. Bellota. Glans. Gland comestible Zi. Borla. Glans. Gland. Gastaña. Castaño. Castanea Châtaignier. Pagoa, fagoa, Haya. Fagus. Hêtre. 598 BASQUE. ESPAGNOL. LATIN. FRANÇAIS, Picozoroa. Sicomoro. Sycomorus. Sycomore. Ezpela, urrosta. Box. Buxus. Buis. Zumarra. Alamo negro. Ulmus. Orme. Cipresa , necosta. Cipres. Cupressus. Cyprès. Pinua , pinoa. Pino. Pinus. Pin. Abetoa. Abeto. Abies. Sapin. Agina. Tejo, tejon. Taxus. jf Gorostia. Acebo. Ulex aquifolium Houx. Urriza. Avellano. Corylus. Coudrier, noïsetier. Urra. Avellana. Avelana. Aweline, noisette Inchaurra, nogerra. Nogal. Juglans regia. Noyer. Inchourra , eltzaurra. Nuez. Nux. Noix. Tea. Te. Thea. Thé. Cafea, baba ismiña. Cafe. Cofœum. Café. Pillaltuna , mingrana. Granada. Malum punicum Grenade. Matsa, mastia, aihena. VAGUE 07 Vitis. Vigne. Oliva, olivoa. Oliva, olivo. Olea, oliva. Olivier. Larana, larandia, naranjoa. Naranjo. Malus aurantia, Oranger. Cidroa. Cedro. Citrus medica. Citronnier. Cidra. Limon. Citrum. Citron. Arana, ocarana. Ciruelo Prunus. Prunier. Alberchiga. Albaricoque. Prunus arme— Abricot. niaca, L. Mirchica ( har ). Melocoton. Persicum. Pêche ( fruit ). Sagarra (bar ) Manzana. Malum. Pomme. Marrabidia, malluguidia, L. Fresal. Fragarla. Fraisier. Chirivia. Chirivia. Siser. Chervi. Otzerri. Cicuta. Cicuta. Ciguë. Garraisca. Cidronela. Artemisia pontica. Citronelle. Gireguzkia Girasol. Heliotropium. Héliotrope ? Erramua, erreñotza, L.; Ju lusraia, 1t:? Laurel. Laurus. Laurier. Erruibarboa. Ruibarbo. Rhabarbarum. Rhubarbe. Meloya, meloca, moloya. Melon Melopepo. Melon. Angurria. Sandia, melon Cucurbita an-— Pastèque. de agua. guria. Khuia ( A.) Calabaza. Cucurbita. Citrouille. Aza, L.; berroa, fr. Col, berza. Brassica. Chou. Garbantzua. Garbanzos Cicer. Pois chiche. Ilarra, Itz. Guisante. Pisum. Pois. Gorroba. Aganobo, arveja Vicia. Vesce. Illarra. Arveja. Ervilia. Ers? pois? Baba. Haba. Faba. Fève. Baberrumac, maillarrac, in- | dia babac; hilara, Itz. | Dilista, chilistéa, L.; nan- tilla, Itz. Datila, Datil. Fructus palmæ. Datte. Alubias, judias. Phascolus. Haricot. Lenteja. Lens. Lentille. BASQUE. Lirioa , lilia, lilioa. Zabila , belarmintza. Baratzuria , baracatza. Tipula, kipula. Ihial(@A), ia uya, L. Garia, ocaya, L.; ogija, fr. Cecalea, cikiroa, cekela, ce- kelea. Garagarra, L:; Moraina, fr. ? Oloa, L.; cherespluna, fr. ? Maïiza, artoa, L. Arroza, L.; irisa, fr. Goroldioa , oroldioa. Zuricacha. Altzbelarra. Ciursa. Osiña, osina, asuna, Calamua , L. Lizuna, lizunqueria, Zumintza. Liñabera. Canela, “Liz Pimiña, piperra. L.; bipera, 1tz. Inchaur, muscatua. Belarurdiña. Urriltza. Erresina. Ganuskiaren licurta. Licurta, licalea, 599 ESPAGNOL, Lirio. Aloe. Ajo. Cebolla. Junco. Trigo. Centeno, Cebada. Avena. Maiz. Arroz. Moho, musgo. Brezo. Escabiosa, Euphorbio (arbol). Ortiga. Cañamo. Moho (del pan). Aloe, linalve. Algodon. Canela. Pimienta. Moscada. Aüil Girofle. Resina. Trementina. Goma. LATIN. Lilium. Aloe. Allium. Cæpa. Juncus. Triticum. Secale. Hordeum. Avena. Mais. Oryza. Muscus. Erica. Scabiosa. Eupharbium. Urtica. Cannabis. Mucor. Agallochum. Gossypium. Cinnamomum Piper, Moschata nux. Indicum. Caryophyllum. Resina. Terebenthina. Gummi. NI. — Animaux. Ihizia ( A.). Aberea, abrea, animalia. Eurtarra. Urtarra, Urlurrecoa. Aicetiarra. Lavoinduna Ointzagea. Animaliachoa, aberechoa, Bizaberac. Guizona. Emacumea, andrea, andracu- l mea, Emaztekia, Animal. Animal. An. terrestre. An. acuatico. An. amfhio. An. volatil. Animal. Animal. An. terrestris, Aquatil. Amphibium. An. volatile. An. cuadrupedo. Quadrupes. An. reptil. Animalejo. Insecto. Hombre. \ Muger, Reptile. Animalculum. Insectum. Homo. Mulier, fæmina. FRANÇAIS. Lys. Aloës ( plante ). Ail. Oignon. Le jonc. Blé ( plante ). Seigle. Orge. Avoine, Maïs. Riz. Mousse (plante) Bruyère. Scabieuse. Bupherbe (plante). Ortie. Chanvre. Moisissure. Bois d’aloës. Coton. Canelle. Poivre. Muscade. Indigo Girofle. Résine. Téréhenthine. Gomme. Gibier. Animal. An. terrestre. An, aquatique. An. amphibie. Volatile. Quadrupède. Reptile. Animalcule. Insecte. Homme. Femme, BASQUE. Emaztea. Arra. Emea. Chimua. Artza. Azcenarra, Misarra, musarra. Catua, L Lehoya. Catamotza? L. Leoinavarra ? Leoiarremea ? Lincea. Armiña, armiñoa. 600 Erbiñudea, pirocha, ogigastaya. Comadreja. Pitosa, piztia, udoa, mierlea, } catacuisaneha, martea. Udoa, uncharta. Caturdea. Otsoa, L.; oxoa, Itz., A. Zacurra, chacurra, ora, potzoa, Perro. Azeria. Hiena. Basurdea. Cherria, charria, L.; urde, Itz. Puerco. Elefandia. Abere adar bacocha. Ibaizaldia. Zaldia, L.; zamaria, Har. Astoa, L.; astuca, Itz, Cecena , L. Idia, L. Beia. Basauntza, arcaitzauntza, L. Oreña, orina, L.; Orkhatz | iermn oreñmea, Ar. Gamelica, L. Vicuña, basaunza motabat. Akerra. Untza. Aria. Chiquiroa, L.; Aharia, Itz. Aricho, L.; achari, A. Erbia. Unchia, conejua, L. Sagua, sabua, ESPAGNOL, LATIN, FRANÇAIS. Muger casada. Uxor. Femme mariée, Macho. Mas. Mâle. Hembra. Fæmina. Femelle. \°on0. Simius. Singe. Oso. Ursus. Ours. Tejon, tarugo. Melis. Blaireau, Marmota. Mus montanus Marmotte. arctomys mar- mota, L. Gato, gata. Felis, catus. Chat. Leon. Leo. Lion. Tigre. Tigris. Tigre. Leopardo. Leopardus. Léopard. Onza. Panthera. Panthère, Lince. Lynx. Lynx. Armiño. Mus ponticus. Hermine. Mustella. - Belette. | Garduña, Muztella. Martre ou fouine? Huron. Viverra, L. Furet. * Ichneumon, Ichneumon. Ichneumon. Lobo. Lupus. Loup. . Canis. Chien. Zorro. Valpes. Renard. lena. Hyena. Hyène, Jabali. Aper. Sanglier. Porcus. Porc. Elefante. Elephas. Éléphant. Rinoceronte. Rhinoceros. Rhinocéros. Hipopotamo. Hippopotamus. Hippopotame. Caballo. Equus. Cheval. Asno, burro. Asinus. Ane. Toro. Taurus. Taureau. Buey. Bos. Bœuf. Vaca. Vacca. Vache. Gamuza. Rupicapra. Chamoïs. | Cervus. Cerf, biche. Camello. Camelus. Chameau. Vicuña. Capra peruana. Vigogne. Macho de cabra. Hircus. Bouc. . Cabra. Capra. Chèvre. Carnero, Aries. Bélier. Carnero castrado Vervex. Mouton. Cordero. Agnus. Agneau. Licbre. Lepus Lièvre. Conejo. Cuniculus. Lapin. Soriza, Sorex. Souris, 601 BASQUE. ESPAGNOL LATIN. Arratoya, erratoya. Raton. Mus. Basacua, lumisarra. Liron. Glis. Tricua, kirikioa, sagarroia. Erizo. Erinaceus, echinus. Satorra, satsuria. « Topo. Talpa. Cherritricua , tatoa. Tato. Tatus. Balena. Balena. Balena. Adar bacocha. Unicornio. Unicornis, mo- noceros. Soriba, Itz.; egaztia, egaztina. Ave. Avis. Egoa, L.; heggala, Itz. Ala. Alæ. Egatsa. Pluma. Plumo. Mocoa, aotzia, L.; mutura, Itz. Pico. Rostrum. Arranoa. Aguila. Aquila. Buzoca , saya. Buitre. Vaultur. Mozolloa. Mochuelo. Noctua. Cucua. Cuclillo. Cuculus. Enada, elaya, ainhara, L. Golondrina. Hirundo. Choarrea, curroca, echachoïca, } Gorri dal Pass ormochoria, parrachoria, | "7/01, Parea! F'asser. Erresinola. Ruiseñor. Luscinia. Buztanicara. Chirivia. Motacilla. Loroa, L. ; Peruceta, Itz Papagayo. Psittacus Okilla, catachoria, aotzilaria. Pico, picama-— Picus. deros. Sayea. Avestruz. Struthio-camelus. Egazterrena. Pavo real, Pavo. ne ne Er Pavo. Gallus indicus, Nauderra , faisana. Faisan, Phasianus. Ollarra, L.; oïloa cocorasea, Itz.; oillarra, Ar. | Galo. FE Oilloa. Gallina. Gallina. Eperra. Perdiz. Perdix. Usacumea , ussoa. Pichon. Columba. Belea, belaa, erroya, belija, ; Itz.; belia, Ar, | Cuervo. Corvus. Belcharga. Cisne. Cygnus. Antzarra, L.; ancara, Itz. Oca, ansar, ganzo Anser. 5 Atea, ataa, ahalea, L.; aha- hade. Ans. tea, Itz. J Suguea. Culebra. Coluber. Sugarrasta, L.; subija, Itz. Sierpe, serpiente Serpens. Sugue lotaria. Aspid. Aspis. Ciraua, ceraua. Vibora. Vipera. Crocodiloa. Cocodrilo. Crocodilus. Muskerra. Lagarto. Lacerta. Zapoa; apoa, L., Itz. Sapo, escuerzo. Bufo. Iguela, inguela, zarrapoa, l'Rana. Rons ugarayoa. FRANÇAIS. Rat. Loir. Hérisson. Taupe. Tatou. Baleine. Narwal? Oiseau. Aile. Plume. Bec. Aigle. Vautour. Chouette. Coucou. Hirondelle. Moineau, Rossignol. Fauvette ? Perroquet. Pic, pivert, bec- bois. Autruche. Paon. Dindon. Faisan. Coq. Poule. Perdrix. Pigeon. Corbeau. Cygne. Oie. Canaré. Couleuvre. Serpent. Aspic. Vipère. Crocodile, Lézard. Crapaud. Grenouille, BASQUE. Arrai, L.; arraina, L., 1tz. Arraizpata. Ugotsa, caboca, Itz. Amurraya, amuarraina, ar rancaria. 1z0kia Carpa, L. Legatza, lebatza. Bacaillaba. Sardiña igarra. Atuna. Goïizcata. Sortarraya ? Aingira, L.: ra, amaratza. Arrabioa, lupua. Armiarma. Amama, amelauna. Arbisca. Erlea. Chingurria, chindurria, chi- naurria. Eulia, ulia. Elchoa, eltzoa. Larrapotea, otiya, othia, Chimica. anegira, Îtz. Camarroa, changurrua, amar- | ) af | Cucusa, arcacusoa, ardia, L.; |} cucusua, Itz. Zorria, L.; corija, Itz. Gusonoa. Arra, gachoa. Izaya, izaina. Lapa, Magurioa. Ostra , ostrea. Chirlac. Altistea perla. Arrokia, belokia, ezpoiñia. Hilicuskera. Aberea, abrea, animalia. Aberea, abrea, atzienda. \ 602 Anatomia. Animal. Bestia, bruto. ESPAGNOL. LATIN, Pescado. Piscis, Espada. Xiphias. Sollo. Lucius. Trucha. Tructa. Salmon. Salmo. Carpia. Cyprinus. Merluza. Merlus. Bacalo, abadejo. Morua. Arenque. Harengus. Atun. Thinnus Esturion, sollo. Sturio. Torpedo tremielga. Torpedo. Anguila. Anguila. Cangrejo. Cancer marinus. Escorpion, alacran. Scorpio. Araña. Aranea. Telaraña. Araneæ tela. Insecto. Insectum. Abeja. Apis. l Hormiga. Formica. Mosca. Musca. Mosquito. Culex. Langosta, sal Locusta. taregla. Chinche. Cimex. Pulga. Pulex. Piojo. Pediculus. Gusano deseda, Bombix. Gusano. Vermis. Sanguijuela. Hirudo. Marisco. Conchæ marinæ Ostra. Ostrea. Almeja, Modiola ? Perla. Margarita. Esponja. Spongia. VII. — Anatomie et Physiologie. Anatome. Animal. Bestia. FRANÇAIS. Poisson, Espadon ( pois- son ). Brochet. Truite. Saumon. Carpe. Merlus. Morue. Hareng. Thon. Esturgeon. Torpille. Anguille. Cancre. Scorpion. Araignée. Toile d’araignée Insecte. Abeille. Fourmi. Mouche. Cousin (insecte) Sauterelle. Punaise. Puce. Pou. Ver à soie. Ver. Sangsue. Coquille. Huitre. Moule. Perle. Éponge. Anatomie. Animal. Bête. BASQUE. Gorputza. Frintza, larmea, narmea. Incerdia. Burua. Arpegia, aurpegia, begitar— tea, bisaya. Betaguiria, irudia. Ocotza, cocotza. Bizarra, bidarra. Ilea, ulea, biloa. Munen, muna, muña, L.; ba- resarca , Itz. Burmuna, L. Goraiña. Bidadigarria. 603 ESPAGNOL, Cuerpo. Cutis. Sudor. Cabeza. | À Parecer del ros- tro. Barba. Barba, Pelo. Sesos, cerebro. Cerebelo? Nervio. Sensibilidad. Lela, loloa, gueza, aula, goza. Insipidez. Aditua, gosartua, zenzu. Irudia, irudetsia. Irudeslea , irudikiña , irudi— gillea. Burua. Izpiritia ( A ). Becokia , betondoa, copeta, belarra , belarria. Bécinta, bepurua Begia. Icustea. Sudurra, surra. Usaya, usaña. Usña, usma, usaikifa. Aoa, aboa, auba, aba. Mia, mihia, mifa, mingaña. Asbida. Bozoa, Aozquia. Ortza. Marlila. Belarria, bearria. Bizcaya, L. Bezoa, L.; sarcea, Itz. Bernea, zancoa, aztala, ber- nazakia, L. Escua. Entendimiento Imaginacion. l Imaginativa. Caletre. Espiritu. | | Frente. Cejo. Ojo. Vision. Nariz. Olor. Olfato. Boca. Lengua. Laringe. Voz. Diente. Marfl. Oreja, oido, Miembro. Brazo. Pierna. Mano. Cara, rostro. LATIN Corpus. Cutis. Sudor. Caput. Os, oris. Orisapparentia. Memtum. Barba. Pilus, capillus Cerebrum. Cerebellum ? Nervus. Sensibilitas. Insipiditas. Intellectus. Imaginatio. Facultas ima— ginendi. Mens. Spiritus. Frons. Superclium. Oculus. Visio Nasus, narcs. Odor. Odoratus. Bucca. Lingua. Larynx. Vox. Dens. Ebur. Auris. Membrum. Brachium, Crus. Manus, FRANÇAIS, Le corps. Peau. Sueur. Tête. Visage, face. Mine, physio— nomie. Menton. Barbe. Poil, laine, che- veu. Cerveau. Cervelet? Nerf. Sensibilité. Insipidité. Intelligence, fa— culté. Imagination, in- vention. Imagination, fa- culté. Esprit. L'esprit. Front. Sourcil. Œil. Vision. Nez. Odeur. Odorat, olfactr Bouche. Langue. Larynx. Voix. Dent. Ivoire. Oreille (son, au- dition ). Membre. Bras. Jambes, Main, 604 BASQUE. ESPAGNOL. Ofa, oifa, L.; cangoa, Har. Pie. Atza, heatza, erhia, L.; | Dedo. hura, Itz. } Lepoa, iduna, garrondon. Cerviz. Sobalda, lesaburna, soiña, soina. Hombro. Bularra, L.; bularac, Itz. Pecho. Sabela, L. Vientre. Muna, muña, mamia. Tuetano. Gartzurra. Vertebra Sayetsac, sayet sezurrac, al— boco ezurrac. Costilla. Bacia. Bacin. Nasarkia. Musculo. Haragia, okela. Carne. Zaintulea. Tendon. Barbillea. Contraccion. Utzequia, bustana, hopa. Cola. Belauna , belaña. Rodilla. Ucondoa, ucalondoa, besacoscoa Codo. Esqueletoa, ezur, azurrutza. Esquelelo, Ezurra, azurra, L.; esteija, Itz. Hueso. Titia, ditia, ugatza. errapia. Teta, pecho. Bularra, ugatza, boillezna. Eznea Biria, birica, biriac, biricac. Atsedea, atra, asnasea, arnasea. Respiracion. Bicia, bicitza. Vida. Ila, illa, balbea. Leche, Biotza. Corazon. Zaña, zaifia, Zaina. Vena. Arteria. Arteria. Lazañac. Carotida. Odola. Sangre. Bollagira, ingurandea. Cireulacion. Egostokia, estomago, urdal- la, L.; urdabila, esto— > Estomago. maca, Itz. Mora, estea, estzea, L.; tri-} 3 cite | Intestino. Legosia. Quilo. Chegosketa, chegoskera, era- Digestion. jatea, Ichiriztea, echoitza. Gibela. Higado, hepar. Supita, erracita ? colera ? Colera. Barea. Bazo, melza. Giltzurruna, guntzurruna,. Riñon. Bisiga , mascuria. Vejiga. Pysia, chysya, gernua, garnura, Orina. Pecho de muger. Pulmon, livieno. Muerte, muerto. LATIN, Pes, Dix. Cervix. Humerus. Pectus. Venter. Medulla. Vertebra. Costa. Pelvis, Musculus. Caro. Tendo, Contractio. Cauda. Genu, poples. Cubitus. Ossa articulata. Os. Mamma. Mammæ. Lac. Pulmo. Respiratio. Vita. Mortuus, mors. Cor. Vena. Arteria. Carotida. Sanguis. Cireulatio. Gaster. Iitestinum. Chylus. Digestio. Jecur, hepar. Bilis. Splen, Ren. Vesica. Urina. FRANÇAIS. Pied. Doigt. Cou? Épaule. Poitrine. Abdomen, ventre Moelle. Vertèbre. Côte. Bassin. Muscle. Chair ( viande). Tendon. Contraction. Queue. Genou , jarret. Coude. Squelette. Os. Mammelles. Sein. Lait. Poumon, Respiration. Vie. Mort. Cœur. Veine. Artère. Carotide. Sang. Circulation. Estomac. Intestin. Chyle. Digestion. Foie. Bile. Rate, Rein. Vessie. Urine, BASQUE, Verga. Barrabilla. Acia. Emasabela. Illodoltzea, ilbetctzea. Arraultza. Humekia. Chilbora, cila. Limuria, labaña. Emajautzea, andraketa, pail- lardiza. Errun. Seboa, Ciboa, bicorra. Failcorra , saiña, sain. Coipea, gantza. Lumera, uriña. Azala, atzazala, azcazala. Aztaparra. Adarra. Croca, chungurra, burcoilla, cuneurra. Aurdera , seindera. Gaztetasuna, nerabetasuna. Zartza, zarrera, zarraldia. Galordea. Basca, janaria, othoraza. Edaria. Gosea, amia. Egarria, edayalea. Bidutzia, gueyurtia. 605 ESPAGNOL: LATIN. Verga. Virga. Testiculo. Testiculus. Esperma. Semen, Utero. Uterus. Menstruacion. Menstruatio. Huevo. Ovum. Feto. Fœtus, Ombligo. Ombilicus. Lubrico. Lubricus. | Fornicacion. Fornicatio. Ovar. Ovum parere. Sebo. Sebum. Manteca. Axonge. Grasa. Adeps. Grasa de ba— Balenæ pin- llena. guedo. Uña. Unguis. Garra. Unguis. Cuerno. Cornu. Giba, joroba. Gibbus. Infancia, niñez. Infantia. Juventud, mo- Juventus. cedad. Vejez. Senectus. Nutricion. Nutritio. Alimento, sus— Cibus. tento. Bebida. Potus. Hambre. Fames. Sed, ansia, Sitis. Monstruo, Monstrum. VIT. — Ethnologie. Dierria. Encartea, encartza, meta, samantza. Arraca, leinna , etorkia. Humeac, sumeac. encar— k Generacion. Nacion. Natio. Generatio. Linage, estirpe, Genus, stirps. raza. Prole. Proles, ERANÇAIS, Verge. Testicule. Sperme. Matrice. Menstruation. Œuf, Fœtus. Ombilie, nombril Lubrique. Fornication. Pondre. Suif. Saindoux. Graisse. Huile de baleine Ongjle, Grife. Corne. Bosse. Enfance. Jeunesse. Vieillesse. Nutrition. Aliment, nour— riture. Boisson , breuvage. Faim. Soif. Monstre. Nation. Génération. Race. Race. 39 606 BASQUE, ESPAGNOL. Gendea. Gente, Mota, mueta. Linage, especie. Aila. Padre, Ama. Madre. Semea. Hijo. Alaba. Hija. Anaya, anagea, neüea. Hermano. r du frère ). Arreba ( sœur d ) (LEE Aizpa, aizta (sœur dela sœur). | Osaba. Tio. Illoba , illobea, senidumea. Sobrino. Gusua. Primo. Europarra, europacoa. Europeo. Asiarra, asiatarra. Asiatico. Indiarra, indiatarra. Indiano. LATIN. FRANÇAIS. Gens. Peuple. Genus, species. Genre, espèce. Pater. Père. Mater. Mère. Filius. Fils. Filia, Fille. Frater, Frère. Soror. Sœur. Avunculus. Oncle. Sobrinus. Neveu. Consobrinus. Cousin. Europæus. Européen. Asiaticus. Asiatique. Indicus. Indien. IX. — Pathologie, Médecine. Sendakindea, éruskindea. Medicina. Barber ( Archu, Labourt). Medico, Erjakindea, minjakindea. Patologia. Osakintza. Cirugia. Obratu, ekin. Operar. Senda, gallintza, sendacaikinza. Farmacia. Curatu, geritu, sendagaitu, Curar. Eria, gaisotasuna, erarzuna. Enfermedad. Balioza. Valido. Elgaitsa, sucarra, beroa, ba— } unes { Calentura. Errabia. Rabia. Birikeria, biricamiña. Pulmonia. Gozaifen galcordea. Paralisis, perlesia. Paralysis. Medecina. Médecine. Medicus. Médecin, barbier Pathologia, Pathologie. Chirurgia. Chirurgie. Operari. Opérer. Pharmacia. Pharmacie. Curare, sanare. Guérir. Infirmitas, mor- Maladie, infir— bus. mité. Validus. Valide. Febris. Fièvre. Rabies. Rage. Pulmonia. Pneumonie. Paralysie. Ero, erotu. Perder el juicio In insaniam in- Déraisonner ( de- cidere. venir fou ). Usuria. Dysuria. Dysuria, Dysurie. Sabeldarsuna. Dysenteria. Dysenteria. Dysenterie, Suazala. Erysipela, Erysipelas. Érysipèle. Maizanarra, susterra. Herpes. Herpes. Dartre. Supitzaya. Empeine. Impetigo. Impetigo. Legenarra, sorayotasuna. Lepra,. Lepra. Lèpre. Legen beltza. Elcfancia. Elephantia. Éléphantiasis. Zauria. Ulcera, Uleus. Ulcère. Minbicia, minjalea, Cancer. Cancer. Cancer (maladie) 607 BASQUE. ESPAGNOL, LATIN, FRANÇAIS, Autsia. Quebrado. Fractus. Rompu, cassé. Guiltzagea , locazurguetu. Descoyuntura. Luxatio. Luxation. Zorna, guerlia, licustela. Pus. Pus. Pus, Ustu, utsitu. Evacuar Evacuare. Évacuer. Ustutzea, utsitutzea. Evacuacion. Evacuatio. Évacuation. Sangria , Zancia. Sangria. Venæ sectio, san-Saignée. guinis missio Sualea. Boton de fuego. Cauteriumigni— Cautère. tum. Ira, pozoina, edena, mene-— | Veneno. Venenum. Poison. noa , venenoa. | X. — Métaphysique. Meicetakindea. Metañsica. Metaphisices. Métaphysique. Arima, anima, Alma, Anima. Ame. Burua. Caletre. Mens. Esprit. Indarra, kemena, erremanka, portidea, sendogoa. Bucahagea, ondobagea, at- }Infinidad, in— {nfinitas, infini-Infinité, infini. Fuerza. Vis. Force. zenbagea. \ finito. tus. Cecaya, gayeza. Immaterial. Immaterialis. Immatériel. Neurtezdea. Immensidad. Immensitas. Immensité. Dune à JE QE = Immortal. [mmortalis. Immortel. Zuna , illecifia. | Bicicaya. Espiritu vital. Spiritus vitalis. Esprit vital. ne DEEE Ser. Essentia. Être ( subst. ). Cerabea, irozcaya. Materia. Materia. Matière. Gorpuschoa. Cuerpecillo, ci- Corpusculum, Corpuscule. to, zuelo. Pisca, puisca, partechoa. Particula. Particula. Particule, Pitsa, Fitsa, icabea, ela, Atomo. Atomus. Atome. Era, dembora Tiempo. Tempus. Temps, durée. Artea, tocartea. Espacio. Spatium. Espace. Soïldura, utsunea. Vacio, elvacio. Vacuum. Vide (substant"). Causa. Causa. Causa. Cause. Causa, equiñoya, eguillea. Causa eficiente. Causa eficiens. Cause cficiente. tr POSE | Causa final, Gausa finalis. Cause finale. Causa gayezcoa. Causa material, Causa materialis Cause matérielle Causa lena, lenengoa. Causa primera. Causa prima. Cause première, Arrengog. Causal. Causalis. Causalité. Causatu, sortu, eracarri egin, Causar. Eficere, edere, Causer, déter- gignere. miner, 608 XI. — Arithmétique. BASQUE. Cembateen, jakindea. Cembatea. Batasuna, batagoa. Conticheca, partida. Cerbakitu. Diaskitea. Ucitu, bereci. Uzcuya, uzeoa, uzcura, berezoca Division. Dindea, doidea, lagindea. Berdindea. Araldea, ondedaira. Ceroa, ciabolla. Algebrea. Bat. Bi. Hiru. Lau. Bost. Sei. Zaspi, Zortzi. Bederatzi. Amar. Amaica. Amabi, Amairu. Amalau. Amabost. Amasei. Amazazpi. Amazortzi. Emeretzi. Ogei. Ogeitabat. Ogeiltabi. Ogei eta amar. Bérrogei, Berrogei eta amar. Hirurogei. Hirurogei eta amar, Laurogei. ESPAGNOL. LATIN. Aritmetica. Ariihmetica. Numero. Numerus. Unidad. Unitas. Adic on, suma. Summa. Sustraccion. Substrahere. Multiplicacion, Multiplicatio. Dividir. Dividere. Divisio. Proporcion. Proportio. Equacion. Equatio. Serie. Series. Cero. Arithmeticæ nota. Algebra Algebra. Uno, una. Unum. Dos. Duo. Tres. Tres. Quatro. Quatuor. Cinco. Quinque. Seis. Sex. Siete. Septem. Ocho. Octo. Nueve. Novem. Diez. Decem. Onze. Undecim. Doce. Duodecim. Trece. Tredecim. Catorce. Quatuordecim. Quince Quindecim. Diez y seis. Sedecim. Diez y siete. Diez y ocho. Diez y nueve. Veinte. Veinte y uno. Veinte y dos. Treinta, Cuarenta. Cincuenta. Sesenta. Setenta. Ochenta, | Septem decim. | Decem et septem { Decem et octo. } | Duo de viginti | FRANÇAIS. Arithmétique. Nombre. Unité. Addition. Soustraire, Multiplication, Diviser. Division. Proportion, Équation. Série. Zéro. Algèbre. Un, une. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Six. Sept. Huit. Neuf. Dix. Onze. Douze. Treize. Quatorze. Quinze. Seize. Dix-sept. Dix-huit. Decem et novem Dix—neuf. Viginti. Vingt. Unus et viginti. Vingt et un. Duo et vigenti. Vingt-deux. Triginta. Quadraginta. Quinquaginta. Sexaginta. Séptuaginta. Octoginta. Trente. Quarante. Cinquante. Soixante. Soixante—lix. Quatresvingts. BASQUE. Laurogei eta amar. Ehun. Berrehun. Hirurehun. Milla. Birmilla. Hirumilla. Milliun. 609 ESPAGNOL, Noventa. Ciento. Doscientos. Trescientos. Mil. Dos mil. Tres mil, Millon. LATIN Nonoginta. Centum. Ducenti. Trecenti. Mille. Duo millia. Tres millia. XII. — Géométrie. Neurtakinda. Neurtua. Leuna, cinuza. Erodusa. Chakezkia. Eskina. Zocoa, chocoa, bazterra. Ciria, Camutza, ciacaitza. Bidastigoala. Bollesia, bollagira, ingura. Eïdioya, ertcia, centroa. Lerroa, ciluza. Marrerdia. Arrautzera, itarca. Marmacurra, L. Hiraurka. Ondapea. Aldaurkea. Alda, aldea, alboa. Laurca. Zortziaura. Leplauntia. Alde ascotacoa. Seialda, seiaurea. Seigaïña, Geigantia. Plauna. Seplauntia, Hirgaña. Auzkia, aisala, asyala, naiña. Bigancia. Boilla, bola, pella. Geometria. Medida. Linea. Punto. Angulo. Esquina. Rincon, Cuño. Obtuso. Paralelo. Circulo. Centro. Radio. Diametro. Ovalo. Lunula, Triangulo, Base. Hypotenusa. Lado. Cuadro. Octogono. Paralelogramo. Poligono. Hexagono. Cubo, hexaedro. Cubico. Plano. Paralelipedo. Cilindro. Superficie. Cono. Globo. FRANÇAIS. Quatre-vingt-dix Cent. Deux cents. Trois cents. Mille. Deux mille. Trois mille. Mille millia Million. Geometria. Géométrie. Mensura, dimensus Mesure. Linea. Ligne. Punctum. Point. Angulus. Angle. Angulus. Angle (saillant) Angulus. Angle, coin (an- glerentrant ) Cuneus. Coin. Obtusus. Obtus, camus Parellellus. Parallèle. Circulus. Cercle. Centrum. Centre. Radius. Rayon. Diameter. Diamètre. Ellipse. Ellipse, ovale. Lunula, Lunule, Triangulum, Triangle. Basis. Base. Hypothenusis. Hypothénuse. Latus. Côté. Quadrum. Carré. Octogonum. Octogone. ParallelogramumParallélogramme Multilaterus. Multilatère. Hexagonum. Hexagone. Cubum. Cube. Cubicus. Cubique. Planum. Plan. Parallelipipedus Parallélipipède. Cylindrus. Cylindre. Superficies. Superficie. Conus Cone. Sphæra, Sphère, BASQUE. Acha. Aurkelougoya. Zortzi. Ogeiaurkea. Beruna, berdincaya. Cartajoia. Oinkida, ciakida. Gira. Marroldu. Berunean. 610 ESPAGNOL. LATIN. Eje. Axis. Tetraedro. Tetraedron. Octaedro. Octoedrum. Icossedro. Icosaedrum. Nivel. Libella. Escuadra , car— Norma. tabon. Compas. Circinus. Giro, cerco. Gyrus. Reglar, pautar. Delineare. A plamo. Verticalis. FRANÇAIS. Axe. Tétraèdre. Octaèdre. Icosaèdre. Niveau ( fil à plomb ). Équerre. Compas. Tour, rond, cercle Régler, rayer. Vertical, à plomb XIII. — Mécanique. (V. Industrie, 4rts mécaniques. ) Lancaya, lanabesa. Aimbastuna. Mugida, ibillia, igina, uherriza. Ciya. Libra. Ulancaikintza. Icetakindea. Iceta. Izaira , izatea, sortiza. Gorputza. Gorputz trincoa. — argiguroa. — ezakia. — arantia. — gogorra. Maquina, artiä— Machina. cio. Equilibrio. Equilibrium. Movimiento. Motus Cuña. Cuneus. Balanza. Libra. Hydrotechnia. Hydrotechnia, XIV. — Physique. Physica. Physica. Naturaleza. Natura Naturaleza. Natura. Cuerpo. Corpus. Cuerpo denso. Corpus densam. —— diafano — transpar. — fluido. — fluidum. — regular, — regulare. — solido. — solidum, Machine. Équilibre. Mouvement. Coin. Balance. Hydrotechnie. Physique, Nature ( collec— tion des êtres composant l’u- nivers ). Nature (considé- rée comme puissance). Corps ( être ma- tériel ). Corps dense. — diaphane. transpart. — fluide. — régulier. — solide. BASQUE: Gorputz ostia. argitua. ariña, arguitsua. arroa. Lodikia, ciokia, trincokia. Beregoitza. Utsunea. Mea, Jatorria, etorkia. Sendarra. Gogorra. Zuta, zutina. Idortaria, chucatzaria. Pusea, Zatia. Biltzea, batzea, biribillatzea. Dia, taldea, pilla, molsoa, } montoya. | Mospilla. Otsa. Pisua. Pisatu. Berotu. Baoa, Kemearra. Beroa, berotasuna, sukindea. Icuskindea. Argia. Igargikea. Igarguia. Distiatu, tistiatu, ganargitu. Mirailla, Miserac, Har. Imana. Itsasorratza. 611 ESPAGNOL, LATIN, FRANÇAIS, Cuerpo sonoro, Corpus sonorum Corps sonore. illuminado — illuminatum — éclairé. — leve. — leve. — léger. — luminoso — luminosum. — lumineux. — raro. — rarum, — rare. Densidad. Densitas. Densité. Elasticidad? Elasticitas, vis Élasticité. elastica. Vacio. Vacuum. Vide. Fluido, Inanis. Fluide. Emanacion. Emanatio. Émanation. Solido. Firmus, solidas Solide, ferme. Duro. Durus. Dur ( phys. ). Yerto, tieso, de- Rigidus. Droit, roide. recho. Absorbante Absorbens. Absorbant. Pieza, pedazo. Pars, portio. Partie, pièce, morceau. Agregacion, Aggregation. Aggrégation. Agregado, con— Congeries. Assemblage. junto de cosas Desmocho. Partium mutila- Amas de parties tarum congeries coupées. Sonido. Sonitus. Son. Peso. Pondus. Poids. Pesar. Ponderare. Peser. Calentar. Calefacere. Chaufer, Vapor. Vapor. Vapeur. Calor. Calor. Chaleur, Optica. Optice. Optique. Luz. Lux. Lumière, Opacidad. Opacitas. Opacité. Diafanidad, trans- Luciditas. Transparence. pareneia. Brillar, relucir, Micare. Briller, luire. resplandecer, Espejo. Speculum. Miroir. Anteojos. Perspicillum. Lunettes. Iman. Magnes. Aimant. Brujula. Pixis nautica. Boussole. XV. — Chimie Lenmena, lenastea. Nastua. Elemento, orum Élément. Mixtus. Mixte (composé mélange). Elemento. Mezclado. BASQUE. Nasiero, naskera, naspilla. Binakidea. Licura Liac, ondakina. Iraci, iragaci. Alambicar. Kemearra, baoa. Kemeac, kemearrac. Celaustea, kemear(zaa. Urtu. Sua. Garra, carra, bermea. Kea, gea. Hauxa. Maca, macatu. Sufrea, L., Itz. Icatza, iketza. Urrea, urregoria. Cillarra. Solimana, cillar bicia, azogea. Cirraida, estañua. Beruna. Cebrea, urraida. Broncea, Burnia, burdina. Cirberukia, petrea. Arminca, bermejoya. Gatzastea. Caliza, edacaya, edontzia, ga— porra. Carobia. Erdoya, ordoya. Gatzua. Menoslora. Anoduna. Licurta indietaca. Beira, beirakia, vidrioa. Nauturrea. Ozpifa, arlacha, vinagrea. Cupritsa. Liardora. Upezmea, 612 ESPAGNOL Mezcla, mixtura Mixtio. Combinacion. Licor. Pie. Colar. Alambicar,. Vapor. Espiritu, vapor. Evaporacion. Derretir. Fuego. Llama. Humo. Ceniza. Podrirse. Azufre. Carbon. Oro. Plata. Azogue. Estaño. Plomo. Cobre. Bronce. Hierro. Peltre Vermellon. Alcali. Cal. Horno de cal. Cardenillo. Nitro. Caparrosa. Alumbre. Atincar, borax. Vidrio. Esmalte. Vinagre Verdete. Tartaro. Cremor tartaro. LATIN. FRANÇAIS, Mélange. Combinatio. Combinaison. Liquor. Liqueur. Sedimentum. Sédiment, lie. Colare. Passer, filtrer. Stillare, Distiller. Vapor. Vapeur. Spiritus. Esprit (vapeur). Evaporatio Évaporation. Liquore, lique— Fondre, liquéfer facere, Ignis. Feu. Flamma Flamme. Fumus. Fumée (vapeur apparente ). Cinis. Cendre. Putrescere, Se putréfier, se corrompre. Sulphur. Soufre. Carbo. Charbon. Aurum. Or. Argentum. Argent. Argentum vivum Mercure ( mé— hydrargyrum tal. Stannum. Étain. Plombum. Plomb. Cuprum. Cuivre. Œs Bronze. Ferrum. Fer. Stannum plumbo Alliage de plomb admixtum. et d’étain. Cinnabaris Vermillon. Alkali. Alcali. Calx. Chaux. Calcaria fornax. Four à chaux. Ærugo, rubigo. Vert-de-gris. Nitrum. Nitre. Atramentum su- Couperose verte torii. (sulf. de fer). Alumnus,. Alun. Borax. Borax. Vitrum. Verre. Encaustum. Émail. Acetum. Vinaigre. Ærugo Vert—de-gris. Tartarus. Tartre. Cremor tartari Crème de tartre. 613 BASQUE. ESPAGNOL. Azucrea. Azucar. Olioa. Aceite. Ardoa, ardaua, arnoa, matsa, Vino. noa. Sagarnoa. Cidra. Gararnoa. Cerbeza. «s Uricekia, urecion, ucartua , | Aguardiente. usutua. | Tinta, coransia. Tinta. Tintura, gambustea, coranstea, Tintura. Larrua, narrua, Piel, cuero. Eztia. Miel. Ez coa , arguzagia, argicaya, | PE ezkidea. | Chaboya, salboina, jaboca. Jabon. Urrekintza. Alquimia. Eraldaira. Transmutacion. Filosofarria. LATIN, Saccharum. Oleum. Vinum. Vinum & malis. Cerevisia. Spiritus vini. Atramentum. Tinctura. Pellis, corium. Mellis. Cera. Sapo. Alchimis. Transmutatio. phicus. FRANÇAIS. Sucre. Huile. Vin. Cidre. Bière. Eau-de-vie. Encre. Teinture. Peau, cuir. Miel. Cire. Savon. Alchimie. Transmutation. Piedra filosofal. Lapis philoso— Pierre philoso— phale. XVI. — État social : Gouvernement , Législation, Guerre, Navigation, Chasse et Péche. Dierondea, errepublica, Republica. nu jabaria , agindea, Imperio. ringia. Bateronkia, einua. Reino. Erregue. Rei. Burua, buruzagia, agintaria. Gefe. Leñargia, noblecia. Nobleza. Jendaiea. Pueblo. Jauna. Señor. Kitagea, mempea, lotekintza. Esclavitud. Serbitua. Servitud. Kitagea, lotekia, mempecoa. Esclavo. Kitagea, mempecoa, lotekia sr 21e esclavoa. { Siervo. Respublica. Imperium. Regnum. Rex. Dux, præses. Nobilitas. Populus. Dominus. Servitus. Servitus. Mancipium. Servus. Morroya, nescamea, seya, mu- | Servidor, criado Famulus. tyla, mirabea, \ Charra, chatarra. Landera, landericoa. Lancaitza, eztakindua, azal- } keretsua. | Harbaro, Proletario. Forastero. Proletarius. Barbarus. Barbarus. République. Empire. Royaume. Roi. Chef. Noblesse. Peuple. Monsieur, sei— gneur. Esclavage. Servitude. Esclave. Serf. Domestique, Prolétaire. Étranger. Barbare. 614 BASQUE. Basotia, basatarra, oyandarra, | Silvestre ÿF 5 sarobearra. Tarra. Vecino. Ermita. Ermita. Eskalea eskean, debillerra eraumesa, noarroina. \ Mendigo. Karitate. Caritad. Aberatsa. Rico. Maïzterra. Colono. Asiagambaria , igitucoa. Gitano. Jostallua, jardunaya. Juglar. Cabildez, profesioa. Profesion. Senartea, escontza. Matrimonio. Astura, bezoa, oicuna, oitura, } Uso, costum— Consuetudo, plegua, costuma. { bre, habito. Hiztuna. Orador. Era. Era. Eragoa. Cronica. Itsaspitegia. Estanco. Neurtartea , araudea, Derecho. Lege, legea. Lei, Escuciatua. Codigo. Hogena, hobena, legautsia. Crimen. Araustea. Delito. Debedea. Fallo. Eripea, condenacioa. Condenacion. Lapurra, ohoina. Ladron. Erallea. Asesino, Burreba, borreroa, gicerlea. Verdugo. Erbestetua , erretic, botatua, egotzia, camporatua. | Desterrado. Gaïstakidea. Complice, FR bidcetaco, lapurra, | Saiteador. Guerra, guerrea. Guerra. Gerratia, gudartaria, solda— dua, gudaria. | Soidado. Diandea, kersitua. Ejercito. Ointaridia. Infanteria. Zaldundia, zamaldundia. Caballeria. Brigada. Brigada. Pilla, zadia, giza, cambetea. : bres. Bandera. Bandera. ESPAGNOL, LATIN. FRANÇAIS. Sylvestris. Sauyage. Incola. Habitant. Solitarius. Ermite. Mendicus. Mendiant. Charitas. Charité. Dives. Riche. Colono. Colon. Bohémien. Ludio. Jongleur. Professio. Profession. Matrimonium. Mariage. Coutume, usage. mos. Orator Orateur. Æra. re. Annales. Chronique, an— nales. Mercium vetita- Débit de la régie. rum locus. Jus. Droit. Lex. Loi. Codex. Code, Crimen, Crime. Delictus. Délit. Decisio. Jugement, sen— tence. Damnatio. Condamnation. Fur, latro. Voleur. Sicarius. Assassin. Carnifex, tortor Bourreau. Proscriptus. Proscrit. Particeps. Complice. Grassator, latro.Brigand. Bellum. Guerre. Miles. Guerrier. Exercitus. Armée Peditatus. Infanterie. Equitatus. Cavalerie. Manus, turma. Brigade. Partido de hom- Cohors, manus.Parti. Signum , vexil— Drapeau, ensei- lum. gne. BASQUE. Banderetuna, banderatua. Gudatu, gatezcatu, pelcatu. Bitoria, victoria. Diandea, pillandea, Campicheca. Arma , armes. Lanza, lancia. Pica. Tiruztaya. Sayeta, guecia, istoa, lutzia Dardua, azagaya, chochoa. Ubalarria, aballa. Ballestä. Arbtalea, Puñala, traketa, ucabicia, L.; Puñeta, Itz. Ezpata, L.; apala, Itz. Alfangea, L ; sabrea, Itz. Agapurua. Makila, makilla, hua, ma-— khila, L. Brokela, ezcutakia, adarga. Burantza. Soiburnia, bularcaya. Cota, cotea. Ontzia, untzia. Batela, L.; batoa. Barcochoa, Chanela. Uasca, urasca. Arrauna, errauna, boacaya. Vela, L. Lenra, buztega, L.; gober- naria, Itz. Uricala. Eïiza, ihicia. Artea, lakioa, lazoa. Cebo, cebar. Arrantza. Zurda. Amua. Harpoa. Butroea. 615 ESPAGNOL. LATIN. Abanderado. Vexilifer. Combatir, pelear Pugnare. Victoria. Victoria. Campo. - Acies. Tienda de cam- Tentorium, paña. Arma. Arma, orum. Lanza. Hasta, lancea. Pica. Hasta, Arco. Arcus. Saeta, flecha. Sagitta. Dardo. Telum. Honda, Funda. Ballesta. Balista. Catapulta (ma- Catapulta. quina ). Puñal. Pugio. Espada. Ensis, gladius Sable. Acinaces Maza, Claya. l Fustis, palus, | 0 sudes. Proquel,escudo, Clypeus, pelta, adarga. Morrion. Coraza. Cota de malla, Navio, nao. Bo:e. Barquilla, 0. Barca. Remo. Vela. l Timon. Naufragio, Caza. Cepo, lazo. Cebo. Pescado Sedal, codal. Anzuelo, Arpon. cetra. Cassis, galea, Lorica. Lorica hamis conserta. Navis. Scapha. Cymbula. Cymba, scapha. Remus, Velum. Gubernaculum. Naufragium. Venatio. Laqueus. Illex. Piscatio. Linea. Hamus. Harpago. Buitron, butron Nassa. FRANÇAIS. drapeau. Porte {enseigne. bannière. Combattre. Victoire. Camp d’une armée. Tente. Arme, Lance. Pique. Arc ( arme ). Flèche. Trait, flèche, Fronde. Baliste (de guerre). Catapulte. Poignard, Épée, Sabre, Massue, Bâton, Bouclier. Casque. Cuirasse, Cotte de mailles. Navire. Bateau. Barque. Barque. Aviron. Voile. Gouvernail. Naufrage. Chasse. Piége. Appât. Pêche. Ligne à pêcher, Hameçon. Harpon. Nasse, filet, 616 XVII. — Religion. BASQUE. Jaincoa, Jincoa Jesus. Aingerua. Aingeru guardacoa, aitzinda— ria, gure Zaya, Zaina, Zait— zalea, beguiralea. Done, jaun done. Paradisua, L. Ifernua. Dealrua, dealruja, deabrua. Demonioa. Bostliburu. Hitzaldia. Etorkuzunen, asmeguia profecia. Donakia, donatia, donetia, do— netua. Ganutsa, eztondea, Habro. Ceagia. Asmariac, somariac, igerleac, egaztietatic. Sacrificaria, sacrificatzallea , doscainlea. Donguedea. Mirabilla, marabilla, miraria. Mira, mirara, milagroa. Mirakindea. Mirakinde beltza. Arritu , sorgindu, sorregin. Jaincobaguea. Donedea. Christaua, guiristioa Fedea, sinisteragillea. Cinez ezertatu. Batayoa, batcoa. Apoiza, apeza, abodea. Abrildu. Iñoteriac, jauteriac, aratuz— teac, zampantzartac. ESPAGNOL. LATIN. Dios. Deus. Jesus. Jesus. Angel. Angelus. Angel de la Angelus custos. guarda. Santo. Sanctus. Paraiso. Paradisus. Infierno. Infernus. Diablo. Diabolus. Demonio. Dœmonium. Pentateuco. Pentateucum. Oracion, ruego. Oratio. Profecia. Prophetia, vati- cinium. | Sagrado, a, Sacer, a, um. Profanidad. Profanatio. Hado. Fatum, sors. Idolo. Idolum. | Auguro. Augur. | Sacrificador. Sacrificus. Supersticion. Superstitio. Maravilla. Mirum. Milagro. Miraculum. Magia, Magia. Magia negra, Magia diabolica diabolica . Encantar. Incantare. Atheo, a. Atheus. Religion. Religio. Cristiano. Chbristianus. Fe. Fides. Abjurar. Abjurare. Bautismo. Baptismus. Cura , sacerdote.Presbyter, Immolar. Immolare. Carnaval. Bacchanalia. FRANÇAIS. Dieu. Jésus. Ange. Ange gardien. Saint. Paradis. Enfer. Diable. Démon. Pentateuque. Prière. Prophétie. Sacré. Profanation. Destin, sort. Idole. Aügure. Sacrificateur. Superstition. Merveille. Miracle. Magie. Magie noire. Enchanter, en— soreeler, jeter un sort. Athée. Religion. Chrétien. Foi. Abjurer. Baptème. Curé, prêtre. Immoler, tuer. Carnaval, BASQUE. Garizuma. Naspilla, nastapilla, Bagetic, egitea, utzetic, ece- reztic, deuseztic, ateratzea, Temploa , elizea. Altarea, aldarea, Obia, ehortzuloa. Tumboloa. Obarria. 617 ESPAGNOL. LATIN. Cuaresma. Quadragesima. Caos. Indigesta rerum moles. Creacion. Creation. Templo. TTemplum. Altar. Altare. Sepultura Sepultura. Tumulo. Tumulus. Lapida sepuleral Lapis sepulchrasis. XVIII. — Agriculture. Achurza, aitzutza, lantzea. Scloa , alorra, ordakia, soroa. Ostadia, erial. Naroa, ugaria, joria, mucu— Tua, Murna. Agortasuna. Luralferra. Acienda, aciendea. Baratza. Baratzaya, L. Goldea, Lar.; goldiga, Lab. Utzarria. Arrea, area. Goldatu, eisar. Landa, soloa, soroa, Larroa, L. Landeta , sorodia, larraga, } larreta. Alea, bihia, garua, pipia. Lustoa, Lar, fr. ltua, heia, bagastegia. Cekina, Lab.; Abono, Lar. Sastu, goroztu, basaratu, ci— } maurtu, inaurkindu. | Suguzuzta, uzta. Erein, ereindu. Atzitu, batu, biribillatu. Laudatu. Bihitegia, Sarcoya, basoa, oyana. Arizaya. Ganadua. Agricultura. Agricultura. Campos. Sata. Erial. Ager incultus. Abundancia, Ubertas, co— | pia. | Esterilidad. Sterilitas. Erial. Ager incultus. Hacienda. Rustieum prædium Huerto. Hortus. Hortolano. Olitor. Arado. Aratrum. Yugo. Jugum bovis. Aroyo euadrado Aratrum dentalum Arar. Arare. Prado, Pratum. | Pradera. Pascua. Grano. Granum. Paja. Palea. Muladar. Sterquilinium. Estiercol. Stercus, fimum. Estercolar. Stercolare Mies, siega, Messis. Sembrar. Serere, seminari Coger, recoger. Congerere. Plantar. Plantare. Desvan. Granarium. Selva. Sylva. Pastor. Arietor pastor. Ganado. Grez, pecus. FRANÇAIS. Carême. Cahos. Création. Temple, église. Autel. Sépulture. Tombeau. Pierre tumulaire Agriculture. Terres cultivées Champ inculte. Fertilité, abon— dance. Stérilité. Friche. Ferme. Jardin. Jardinier, Charrue. Joug des bœufs. Herse. Labourer, Pré, Pâturages. Grain, céréales. Paille. Fumier. Engrais. Fumer les terres Moisson. Semer. Récolter, Planter, Grenier. Forêt. Berger. Troupeau (en général ), 618 BASQUE. ESPAGNOL, LATIN. FRANÇAIS. Elea , aberea. Ganado mayor. Armentum. Troupeau de grand bétail. Eïumea, abrumea. Ganado menor. Grex. Menu troupeau. Illea, ulea. Lana. Lana. Laine. Arullea. Esquileo. Vellus. Toison. Bicaña. Nata. Pinguedo lactis. Crème. XIX. — Industrie, Arts mécaniques et Arts chimiques. Mana, Antzea. Industria. Ars, industria. Industrie. Jrun , irulea, ardazketan , | Hijar. Nere. Filer. egon ou egin. Aria, pillera , fillera. Hilo. Filum. Fil à coudre. Eo, cheitu. Tejer. Texerc. Tisser. Eulea ,.cheila, L. Tejedor. Textor. Tisserand. Cuerda, esgarria, Locarria , | era Fnfé. Corde: baga, L. | Euta, L.; ehoïhala, Itz.; euta. Tela, lienzo. Tela. Toile. Illea, ulea. Lana. Lana. Laine. Oyala. Paño. Pannus. Drap. Seda, ciricua. Seda. Sericum bombix Soie. Errota, igara, bolua, L. Molino. Molendinum. Moulin. Aizerrota, aïzigara, aizabolua. Molino de viento Mola alota. Moulin à vent. Errotarria, eotarria, L. Muela de molino Mola. Meule. Erremeniaria, L. Herrero. Faber ferrarius. Forgeron. Dendaria, ecojoslea, L. Sastre. Sartor. Tailleur. Zapataria, oskegillea, L. Zapatero. Sutor. Cordonnier. Arotza, zuarotza, zurgina,. Carpintero. Faber ligniarius Charpentier. Ekintza. Fabrica. Oflicina Yabricandi. Fabrique. Icaskintza. Carboneria. Carbonis fabrica Fab. de charbon Bcirakintza. Vidrieria. Vitri fabrica. Verrerie. Ola, burniola. Herreria. Officina ferraria. Forge ( fonderie de fer. XX. — Commerce ‘. Tratua, haremana. Comercio. Commercium. Commerce, Erospena. Compra. Emptio. Achat. 1 V. les verbes acheter, vendre, payer, etc. BASQUE. Salpena , Har. Dirua, moneda. 619 ESPAGNOL. LATIN, Venta. Venditio Moneda. Moneta. FRANÇAIS. Vente. Monnaie. XXI. — Architecture et construction des bâtiments. Chaola, echola. Cabaña. Casa. Hutte. Lagoya, sabaya. Cloza. Tectum, terreum Hutte, tanière. Adrillua, adrallua, buztiñerra. Ladrillo. Later. Brique. Echea, ichea. Casa. Domus Maison. SELS ARE Cocina. Culina, coquina Cuisine. caratza, L.; cusina, Itz. Sala, L., Itz.; mandiota, tarbea, sollerua. | Sala. Aula. Salle. Echurubea, utsagiria, L, Patio. Impluvium. Cour. Zamaltegia. Caballeriza. Equile. Écurie. Leorpea, echapea, L., Itz. Sotechado. Tectum. Hangar, remise. Soilleriia, vicitza, goiticoa. Soto, gelupea. Kertokia, chimitua, chiminea, L. Iria, uria, erria, Lar. Iria, biria, uria Jauregia, echandia. Bittoquia. Plaza. Calea, carrica, ataria, estra— tea, L. Leyoa, icharguia, ventana. Ichagoya , atarbea, bea, tellatua. Coloma, habea. Metola, Metarria. Guizameta. Dorrea. Murrua, Esindartzea. Gaztelu, gaitza, Piso, alto. Altior domus contiguatio. Cueva, bodega , Specus, cella. sotano. Chimenea. Caminus. Lugar, pueblo. Pagus. Ciudad. Urbs. Palacio. Palatium. Teatro. Theatrum. Plaza, lugar. Forum. | Calle. Via. Ventana. Fenestra. pots | Techo, tejado. Tectum. Columna. Columna, Columna de madera Columna lignea Obelisco. Obeliscus. Coloso. Colossus. Torre. Turris. Muralla. Murus. Fortificacion, Munitio. Ciudadela. Arx. Étage, Cave. Cheminée. Village. Ville. Palais, Théâtre. Place publique. Rue. Fenêtre. Toit. Colonne. Colonne de bois. Monolithe. Colosse ( statue colossale. Tour. Rempart. Fortification. Citadelle, BASQUE. Ciamartea. Pintura, antzeskintza. Otallua. Otsankida, musica. Tallua, tallunza. Talluntza. Dantza, oinearidea. Canta, cantea, cantua, otsastea. Lira. Tuta, A. Adarturunta, autsaoya. Biurturunta Chirola 620 XXII. — Beaux-Arts. ESPAGNOL. LATIN. Dibujar. Delineatio. Pintura. Pictura. Escultura. Seculptura. Musica. Musica. Estatua. Statua. Imagen. Icon, nis. Baile. Saltatio. Canto. Cantus. Lira. Lyra. Cuerno (trom- Cornu tuba. peta ). Corneta. Cornu buccina. Gaita. Symphoniacus, Chifla. Tibia tribus fo- raminibus. FRANÇAIS. Dessin, Peinture. Sculpture. Musique. Statue, Planche (figure, gravure) Bal, danse. Chant. Lyre. Trompette (corne de bœuf). Cornet (musique) Cornemuse. Galoubet. XXII. — Objets usuels : Instruments et Outils divers. Erremienta, burnilancaya. Herramienta. Errementaritegia, burnikinztegia Fragua. Auspoa, haicemetecua, Itz. tenaza Currica , betzearra, L.; trucasac, Itz. Mallua, mallukia, L. Ingudea, chungurea, L. Lima, Itz.; limea, L. Cerra , L. Aïzcora, puda, L. Puda, ayotza, iñauseaya, L. Ganibetea. Pala, chabola, L. Escubarea, L. Aitzurra , achurra. Andiagoa, L.; hancarra, Sardea , L. Igitaya, itaya, L.; porcacija Gurdestalia , orgestalia, orgac, Itz. Titarea, azcutaya, L tarja, Itz. On] Fuelle. 4 | Tenaza. Martillo. Ayunque. Lima. Sierra. Hacha. Podadora. Cuchillo. Pala. Rastrillo. Azada. Azadon. Horca. Itz. , Iz. Falce, hoz. L él Carriola, VE | Dedal, Instrumentum. Ferraria. Follis. Forceps. Malleus. Incus, dis. Lima. Serra, Securis. Scirpicula. Culter. Pala. Rastrum. Ligo, pastinum. Ligo, grandior. Merga. Falx, cis. Carracutium. Digitale. Instrument. Forge Souflet. Tenaille. Marteau. Enclume. Lime. Scie. Hache. Serpe. Couteau. Bêche. Rateau. Houe. Pioche. Fourche. Faulx. Brouette, Dé, 621 ESPAGNOL, BASQUE. Cicela, L.; hausturra, Itz. tijera. Jostorratza. Aguja. Eztena. Estilo. Cacoa, macoa, L.; corceta, Itz. Gancho, Maya, maea, maina, mahaina. Mesa. Zamaüa, zabaua, dafailla. Mantel. Serbilleta, L. Servilleta. Botella, beiracolla, L. Botella. Beira, L.; baso, Itz. Vaso. Hupea, dupa. Cuba. Catillua, L.; asca, Itz. Escudilla. Platea, luboilla. Plato. Platina, platerchoa, luboichoa. Platillo. Taza, edoncia, L. Taza. Cuchara, cullida, collara. Cuchara. Canibeta, aïztua, L.; na—} bala, Itz. | Euslea, forcheta , achordea. Tenedor. Sucaldea, subatea, suina, ez- Cia caratza. F Zartagia. Sarten. Bazeca, janaria, othoranza. Alimento. Aragia, okela. Carne. Arzai- bitanza. Merienda. Salda, Har. Caldo. Irina, Harina. Legamia, oranza, aïliza, al- chagarria, beranzagia, az— carria, chanchadurea. mento Ogia, L.; ogoja, Itz. Pan. Arnuya, Itz; arnoa, noa, L. Vino. Gararnoa. Cerveza. Sagarnoa. Cidra, Pittara. Bebida. Gazta, gasna. Queso. Guria, L.; burua, Itz. Burruncia, burduncia, guerrena Asador, Labea, L.; cacuja, Itz. Horno. Alaja, alajea, alhaja. Mueble. Oya, oea, oatzea, L.; choca, re Itz. | Silla, besalkia, catabera, esal- Silla kia, cadira, coya. ” Espillua, ispillua, miralla, L. Espejo. Soñecoa, jazcaya, jaunzcaya, aldagarria , filda, abilla— mendua. Levadura , fer LATIN, Cincel, escoplo, Scolprum Acus. Stylus. FRANÇAIS. Ciseaux. Aiguille, Style, poinçon. Uneus, uncinus, Crochet. Mensa. Table, Mantilia, mappa Nappe. Mappula, man- Serviette. Cuchillo, navaja Culter. Manteca de vaca Butyrum. telium. Ampulla. Bouteille. Vas. Verre à boire. Cupa. Coupe. Seutella. Ecuelle. Lanx, catinus, Plat. paropsis. Catillus. Assielte. Patera. Tasse. - Cochlear. Cuiller. Couteau. Furcilla. Fourchette, Culina. Cuisine. Sartago. Poële à frire, Alimentum. Aliment. Caro. Chair. Cibaria pastorum. Pitance du pâtre Sorbitio. Bouillon. Farina. Farine. Fermentum. Levain, ferment. Panis. Pain. Vinum. Vin. Cerevisia. Bierre. Vinum è malis. Cidre. Potus. Boisson. Caseus. Fromage. Beurre. Veru. Broche, Furnus. Four. Supellex. Meuble. Lectus, torus. Lit. Sedes, sedile. Chaise. Speculum. Miroir. Vêtement, Vestido, ropaje. Vestilus. 40 622 BASQUE. ESPAGNOL. LATIN. FRANÇAIS. Capela, chapela, sombrellua. Sombrero. Galerus. Chapeau. Chanoa, boneta. Gorra, gorro. Pileus. Bonnet. Galtzeta, L.; galcerdija, 1tZ. Media. Tibiale. Bas. Galtzac, fracac, L. ; labeca, [tz. Calzado. Caligæ. Chaussure. Arropa, jazcaya, L. Ropa. | Vestis, indumentum Robe. Gonazpicoa, L.; cotylun, Itz. Enaguas (guar— Muliebris tunica Jupon, dapies, Za— interior. galejo). RE nn tar Canisa. Subucula. Chemise. Gorontza, jipersa. Corpiño. Thorax. Corset. Botinac, bernaüalac. Botines. Ocrea. Botte. Uztaya, cimitza. Aro. Arculus, circu— Anneau. lus, annulus. Idundea , lepandea. Collar. Torques. Collier. Besakia, ajorca. Brazalele, ma— Brachiale, ar— Bracelet. nilla. milla, Gerricoa, uzlaya, üala. Cingulo, cinto. Cingulum. Ceinture. Silla, cerralkia Silla. Ephippium. Selle. Ezproya, orpizarra. Espuela. Calcar. Éperon. Brida. Brida. Frenum. Bride. Oneuscaria, estribua, Estribo. Stapeda. Étrier. Nara. Rastra, narria. Traha. Traineau. Gurdia, orga. Carro. Currus. ” Char, voiture. Gurdisca, orgasca. Carreta. Carruca. Charrette. Curpilla, boibilla. Rueda. Rota. Roue. Besaga. Rayo de rueda. Radius, Raie. Errodacha. Eje. Axis. Essieu. XXIV. — Noms abstraits : Fonctions intellectuelles, Passions , Impressions, Sentiments , etc. Adia, aldia, erosta. Plañido,lamento Gemitus, lamenta. Plainte. Re " JAmistad, Amistad, © Amitié. adiskidetasuna. Amodioa, amoria, naicundea, } amaer…a , maitaera, amorea, » Amor. Amor. Amour. onesguna, onirizCoa. Ancifaera, anciñatea, zartasuna, Antiguedad. Antiquitas. Antiquité. Bakitea. Union, junta. Unio. Union. Banernea, Produccion. Productio. Production. Batunea, bilgura. Compleion. Complexio. Complexion. Beécaitza, becaizcoa, ondamua Euvidia, gana. Invidia. Envie. Bigiria. Vigilia, Vigilia, Veille ( action ). Bi.durra, Temor. Timor. Crainte. 623 BASQUE. ESPAGNOL. LATIN, FRANÇAIS, Controkida, etsaikida. Complicacion. Complicatio. Complication. Cordea, bidadia, sentiera. Sensacion, im— Sensatio, per— Sentiment. presion. ceptio. Coudaira, esagaroa, tempiztea. Historia, Historia. Histoire. Dendarra au ler Oran | Grito, clamor. Clamor. Cri. coa, marrasca. | { Félicité, bon F cé Dir, ‘doaya, Donna, zoNone (Dicha, felicidad Felicitas. heur. doatsundea. Elhea. Fabula, cuento. Fabula. Fable, conte. Eman. Data, fecha, Data. Date, époque. Endea. Ausencia. Absentia. Absence. pue ; hole die es | Eugaño. Dolus. Fraude. baira, cililoca. | Eracaya. Motivo. Causa, ratio. Cause, motif, raison Erdia. Mitad. Dimidium. Moitié. Ermua, eremua. Soledad. Sacellum. Solitude. Fama, iomena, osmena. Fama. Fama, nomen. Renommée, Galgiroa. Vicio. Vitium. Vice. Galla, galtzea, galera. Perdida. Auwissio, jactura Perte. Icekia, beroicekia, beroiza. Ardor. Ardor. Ardeur. Icia, izua. Terror. Terror. Terreur. Igaltasuna, berdindea, idetasuna Igualdad. Æqualitas. Égalité. Irautca , iraupena. Duracion. Duratio, diu-— Durée. turnitas. Irri, fana, bane. Reir. Risum. Rire ( subst. ). Isilgoa , isiltasuna. Silencio. Silentium. Silence. Izaira, izatea, sortiza. Naturaleza. Natura. Nature. Jakindea, Jaquintza. Ciencia. Scientia. Science. Larra, bearra, trabaillua. Trabajo. Labor. Travail. Leicea, leiza, ondolacea. Abismo. Abysus. Abîme. Loa, lokhunba. Sueño. Somnus. Sommeil. Mendeca, venganza. Venganza. Ultio. Vengeance. Miña, damua, oñacea, Pena, dolor, af- Dolor. Peine. fliccion. Mua. Mugido. Mugitus. Mugissement, Mesne, een Hal l Ocasion. Occasio. Occasion. galdia, goitaldia. Ogena. Engaño. Dolus. Fourberie, Pasionea, pairakunza. Pasion, afecto. Ardor. Passion. GR bons Gusto. Yoluptas, gaudium. Plaisir, joie. Sinhex. Fe. Fides. Foi. Sosegua, pauza, cesua, sosagua, Calma, tranqui- Tranquillitas, Calme. lidad. Ustea, peskiça. Esperanza. Spes. Espérance. Usura, lucurua, irabasgoya. Usura. Usura. Usure. Utziera, lajaera, largacra. Abandono. Derelictio. Abandon. Virtutea, vértulea. Virtud. Virtus, Vertu, 624 XXV. — Divers. BASQUE. ESPAGNOL. LATIN. Aizekina, aizegillea , aizemallea. Abanico. Flabellum, Ampolla. Ampolla. Ampulla. Amarrac, bagac, soca. + Amarra. Retinacula, ru- dentes. Argicaya, candela, eZCorra. Candela. FRANÇAIS. Éventail. Ampoule. Amarre, lien, corde, câble. Candela, lucerna Chandelle. Argiontzia, lampa, lampara, L. Lampara. Lampas. Lampe. Baga. Olas, ondas. Fluctus, uada. Vague, flot, ondes, Barrica, L., Itz. Barrica, tonel. Doliolum. Tonneau. Bota, sacoa, zagia, Zakia, ae zorT0a , lanuzCO , NAITUZCO. | Bota. Urtriculus. Outre. Camio, camino, bidea. Camino. Via, iter. Chemin. Canoyac. Tubo. Tubus. Tube. Catea. Cadena. Catena. Chaîne. Caxa, cuchala, iskipota. Caja. Capsa. Caisse, Cia, punta. Punta. Mucro, cuspis. Pointe. Contza, 0poa. Quicio. Cardo. Gond. Cucha, hucha, arca. Arca. Arca. Arche, coffre. Ecanza. Imagen. Imago. Image. Espia, salaria, salataria. Espia , espiador Explorator. Fratrikera, fradriquera. Faltriquera. Marsupium. Gamboilla. Quitasol. Umbella. Giltza, gacoa, L.; cacuja, [tz. Llave. Clavis. Giralda. Giralda. Index ventorum gyrans. Latigoa. Latigo. Flagrum. Lugorria. Almagre. Rubrica. Musua, muturra, ahurpegia, Cara. Vultus, facies. Muzorroa. Mascara, Larva, persona Ontzia. Vaso. Vas. Plama. Oja de papel. Folium. Sarralla, L., cerula. Cerradora, Cerraja. Sera. Gilza, gakhoa. Llave. Clavis. Saskia, Har. Cesta, batea. Corbis. Ucaba. - Codo. Cubitus. Zorroa, larruzco, narruzco. Coracha. Zura. Madera. Lignum. XXVL — Adjectifs. Rico. Habil. Aberatsa, ondiatsua , dirutia. Abill, amarrutzia. Dives, locuples Habilis. Espion. Bourse, poche. Ombrelle. Clé. Girouette. Fouet. Ocre rouge. Visage. Masque. Vase (en général) Feuille de papier Serrure. Clé. Corbeille. Coude. Saceus coriaceus Sac de cuir. Bois (matière). Riche. Habile, rusé. 625 BASQUE. ESPAGNOL. Ahalduna, alduna, altuna, al- mentsua, puchanta, pui-— } Poderoso. syanta. Audia, aundia, larria, esker- 9 , L Grande. gea, ordongoa. Animotsua, aloitsua, indart- |} , . Animoso, sua, kemandua. | Anutia, bildurtia. Cobarde. Argia, argitua, ocea, claroa. Claro. Arina, losterra, beloskia. Arrea. Pardo. Atradu, aularia, ascotacoa, | Comun, ordina- askitacoa, anitzetacoa. Berin. Arroa, üanditua, meatsa, bacan.Raro. Arrotia, arrutia, antusteduna, furfuiatsua, facatia. \ Ausarta, atrebitua. Auscorra, Zaticorra. Aspadicoa, anciñacoa, anchi— nacoa , lengoeracoa. Azkena, atzena. Bacuna. Bacuna, tolesbagea. gante. Atrevido. Simple. nuo. Bagaya, nagia, alfer, alperra, nina erabea , alper, potza. À Bakida. General. Bakida, anizkida. Comun. Bambesteco, biderbico. Doble. Bornaria, barrencaria, Penetrante. Bean, betic. Bajo. Beltza, belchia. Negro. Berdina, igoala, bardina. Unido, igual. Bermea, bermeoja. Bermejo. Berria. Nuevo, reciente Beroa, berotsua , berotia, be- Calente eat roduna. Z Bestitura. Vestidura Betea. Lleno. Bezalako. Semejante. Bicia. Vivo. Bilutsa, biluza. Vil, bajo. Bisicatua, babalarrutua. Ampollado. Cechaüa, cegarbia, chaubeza, Impuro. chaüeza, garbieza, Celaya, lauba, nava, plauna. Chaüa, icusia, garbia. Chikia, tipia, chumea, men— drea, nimiñoa. Llano, Ilana. Puro. Pequeño, Rapido, veloz. LATIN. Potens. FRANÇAIS, Puissant. Magnus, grandis Grand. Animosus. Ignavus, timidus. Lucidus. Velox, celer. Fuscus Vulgaris. Rarus. Soberbio, arro—Arrogans. Audens, audax. Fragil, quebradizo, Fragilis. Antiguo, viejo. Priscus. Ultimo, postrero Ultimus. Simplex. Inocente, inge-Innocens. Piger, Generalis. Communis. Duplex, Penetrans. Subtüs, infra. Niger. Planus, œqualis Roseus. Novns, recens. Calidus. Vestiture. Plenus Similis. Vivus. Vilis, infimus Vesiculosus. Impurus. Planus, æqualis. Purus. Parvus. Courageux. Lâche. Clair. Rapide, léger. Brun. Commun, vul— gaire. Rare. Fier. Hardi. Fragile. Ancien. Dernier. Simple. Innocent. Paresseux. Général. Commun, Double. Perçant. Bas. Noir. Uni, égal. Vermeil. Récent, nouveau Chaud. Habillement. Plein. Comme, semblable. Vif. Vil. Vésiculeux. Impur. Plane. Pur, limpide. Petit. 626 BASQUE. ESPAGNOL. LATIN. FRANÇAIS. Chit, cipia. Minimo. Minimus. Très-pelit. Chitoria. Amarillo. Flavus. Jaune. Ciatua, lodia, gatzatua, trincoa. Denso, compacto Densus. Dense. Colorea. Color. Color. Couleur. Crocatua. Jorobado. Gibbosus. Bossu. Deseigotua. Arruinado. Eversus. Détruit. Dohatxua. Feliz. Felix. Heureux. Ederra, galanta, polita, fichoa. Hermoso. Pulcher, venus- Beau. tus, formosus Ekiascoa. Verdadero. Verus. Vrai. Egokieza, egokibagea, bear— Absurdo. Absurdum. Absurde. zakea, bearreztana. Egosia. he Coctus. Cuit. Erbala, ebaina. Debil, endeble, Debilis. Faible. flaco. Eskerdo, ezkena. Izquierdo. Scœvus. Gaucher. Eskergea, eskerbagea. Ingrato. Ingratus. Ingrat. Eskersalea , eskertzallea. Reconocido, Beneficii, me-— Reconnaissant. agradecido. mor. Estna, ersia, chidorra. Angosto. Augustus. Étroit. Falsoa, palsoa. Falso. Falsum. Faux. Fauna, utsa, vanoa. Vano. Vanus. Vain. Fedebagea , fedegea, nl Infidelis. infidèle. geduna, fedageduna. Fedecarlea, fiela. Fiel, leal. Fidelis, Fidèle. Fuertea, indartsua, indartia, ersconasendoa, portitza, az. } Fuerte. Fortis. Fort. carra. Gaiztoa, dongea, deungea. Malo. Malus. Méchant. Gastatia. Podrido. Patridus. Gâté. Gautarra. Nocturno. Nocturnus. Nocturne. Gay, acutua, cintzoa, entregu. Habil, capaz, Habilis aptus, Apte, propre à, dicstro. idoneus. habile. Geldia, astitsua, malsoa, za— ets, Tentis. Lent. barra, langia. Gogorra. Duro. Durus. Dur. Goia, goicoa, goratua, goititua, Allo. Altus. Haut. Gorra. Sordo. Surdus. Sourd. Gozoa, eztia. Dulce. Dulcis. Doux. Gorria. Colorado. Ruber. Rouge. Guci eracoa. Universal. Universalis. Universel. Gozuriae Encarnado. Rubeum. Incarnat. Hanitz. Mucho. Multum. Beaucoup. Ibilgarria. Movil. Mobile. Mobile. Icaragarria. Terrible. Formidandus. Redoutable. Illuna. Oscuro. Obscurum. Obseur. Itsua, ichua. Ciego. Cæcus. Aveugle. Itsusia, ichusia, czaña, que } Feo menguea. Fædus, deformis Laid. BASQUE. Jaincozcoa. Jakiña, icusia, clarua. Laburra , escasa. Lan, bear. Lasterra, frunta, bicia. Legarra, legaraucoa, eadoyarra. Lela. Lotsagarria, ahalgarria. Lotza, ikezua,. Lucea. Macurra garratza , malcorra, erroya, mukerra, gogorra , Macurtua, beeratua, ceartua. Mea. Meharra, herchia, Har. Mina, samina, carmina, karatsa Navarra. Necatua, unatua, aricatua. Ona. Ondecoya, barnacoya. Osandetua. Otzana, onirizgarria, naicaria, Pare, berdin, Parebagea. Pisua, astuna. Pobrea, beartua. Escalea, eskelea. Primuarra, guruzcuyarra, Sendarra. Sicua, leorra, idorra, agorra, leihorra, elcorra, sicatua, leortua. Soilla, faüa, faüna. Suteoa. Tolescorra , biurcorra, cimela. Triste. Tzarra. Urdina. Urdiñarrea. Urguna, errena, makia, mainga, Urratua. Usatua, usua, usantza. Utzi, lajatu, largatu. Verdea. Violdarra. Zabala , lucea, Zarra. 627 ESPAGNOL, Divino. LATIN. Divinus. Claro, manfesto Evidens. Corto. Laborioso. Pronto. Legitimo. Insipido. Vergonzoso. Aspero, rudo. Largo. Curbo. Iuclinado. Claro, fluido. Estrecho. Amargo. Abigarrado, Fatigado, cansado. Bueno. Hondo, profundo. Completo, cabal Agradable. Igual. Incomparable. Pesado. Pobre. Mendigo. Hecreditario. Solido, consistante. Seco. Esteril. Purpura. Flexible. Triste. Grande. Azul. Ceniciento. Cojo. Roto. Usado, gastado. Abandonado. Verde. Morado. Amplio, ancho. Viéjo. FRANÇAIS. Divin, Clair, évident. Brevis. Court. Laboriosus. Laborieux. Promptus, vivus Prompt, vif. Legitimus. Légitime. Insipidus. Insipide ou fade. Pudendus, turpis. Honteux. Asper. Rude, âpre. Largus, longus. Long. Curvus, a, um. Courbé. Inclinatus. Penché. Inanis. Clair, fluide. Strictus. Étroit. Amarus. Amer. Variegatus. Bigarrè, rayé. Lassus, Fatigué. Bonus. Bon. Profundus. Profond. Completus. Complet. Gratiosus. Agréable. Æqualis, similis Égal, semblable. Incomparabilis. Gravis, onero— sus. Pauper, inops. Mendieus. Hæreditarius. Solidus, firmus. Siceus. Sterilis. Purpura. Flexibilis. Tristis. Magnus. Cæruleus. Leucophæus. Claudus. Scissus. Usitatus. Relictus. Viridis. Violaceus. Amplum. Vetus. Sans pareil. Lourd. Pauvre. Mendiant. Héréditaire. Solide, ferme. Sec. Stéril. Pourpre. Souple. Triste. Grand. Bleu. Gris. Boiteux. Rompu, cassé. Usé. Abandonné,. Vert. Violet. Ample, large. Ancien, vieux. 628 BASQUE. ESPAGNOL, LATIN. FRANÇAIS. Zorigaistocoa, doacabea, doat- | Infelix. Malheureux. sueza. | Zucena, chuisena, arteza, margoa Derecho, recto. Rectus. Droit. Zuria, churia. Blanco. Album. Blanc. Zute, zutinie, chutie, chut, zut. En pie. Sopra, pedes, stans Debout. XXVII. — Verbes. Aci, bezatu, oitu. Acostumbrarse. Assuesco. S'accoutumer. Aditu, enzun, beatu. Oir. Audire. Entendre. Adindu. Templar. Temperare. Tremper. Agiri, agirtu. Parecer. Apparere. Paraître. Aïtçurtu. Cavar. Fodere. Bècher. Aitzin, agotu, aurreragotu. Avanzar, Promovere. Avancer. Aitu, acabatu, bucatu, azkenan. Acabar. Finire. Finir. Alaraci. Nutrir Alere. Nourrir Alegeratu. Alegrarse. Gaudere. Se réjouir. Altzatu. Elevar. Extollo. Elever. Amatu, Ouetsi, ouiritzi. Amar. Amare. Aimer. Amarratu, lotu, uzcaldu. Atar, amarrar. Alligare, figere. Lier, attacher. Anditu, geiagotu. Crecer, aumentar. Crescere. Croître. Apaldu. Almorzar. Prandere. Déjeüner. Argitu. Alumbrar. Illuminare. Eclairer. Arkitu, idoro, causitu. Hallar, inventar. Invenire. Trouver, inventer. Articasi, estudiatu, Estudiar. Studere. Etudier. Artu. Tomar. Capere. Prendre. Asacatu, neitu. Acabar, terminar. Finire. Finir, terminer. Asi, abia. Comenzar. Incipere. Commencer. Atheratu. Salir. Gredi. Sortir. Atrabesatu, lanzartu. Atravesar, {ras- Transire. Passer, traver— pasar. ser. Atsegin, atseden, asnalu, asnase. Respirar. Spirare. Respirer. Azipetu, bairatu, ciliboca— } tu, gaintatu, enganatu. | Burlar. Ludere. Jouer. Aurkitu. Encontrar. Invenire. Trouver. Aztaparcatu. Arañar. Lacerare. Egratigner. Baholatu. Cribar. Cribrare. Cribler. Balio. Valer. Valere. Valoir. Banernetu. Producir. Froducere. Produire. Baranda , ibeilli, goatea. Ir, marchar. re, ambulare Aller, marcher. Baratu, tricatu, gelditu, geratu. Parar, detener. Arcere. Arrêter. Barnatu. Profundizar. Penetrarc. Pénétrer profon- dément. Bathaiatu Bautizar. Baptizare. Baptiser. Batu, bildu, Reunir, juntar. Compilare, col-- Réunir, rassem- ligere. bler, 629 BASQUE. ESPAGNOL. Bazcatu. Pacer. Begietsi. Admirar, Belahuneatu. Arrodillarse. Bençutu. Vencer. Benedicatu. Bendecir. Berotu. Calentar. Besarcatu. Besar. Bici. Vivir. Bici. Habitar. Bidaditu , sentitu. Sentir. Pidagea, Biagea. Viajar. Bihitu. Desgranar. Biluci. Desnudar, Bridatu, Lab, Embridar. Brodatu, Bordar. Bulzatu. Empujar. Calmatu. Tranquilizar. Cantatu, Otsatu. Cantar. Caresatu. Acariciar. Castigatu, Castigar Celebratu. Celebrar. Cerbitçatu. Servir. Cerratu. Serrar. Chahutu. Barrer, Cheatu. Pegar. Churitu, Blanquear. Ciakidatu, gelakidatu , isozki- } Congelar. datu. | Colpatu. Herir. Contatu. Contar. Creatu. Crear. Damnatu. Condenar. Dantzatu, Oincaritu. Bailar. Danzkitu, progatu. Probar. Dastatu, gustatu, Deithu. Deitzi. Deseigotu. Distiatu, ganargitu. Doitu. Ebaki, picatu, trencatu, ucitu. Ebatsi. Eçagutu. Ecçarri. Echeden , zai ou begira, egon Edan, Tastar, gustar. Llamar. Ordeñar. Arruinar. Relucir, brillar. Ajustar. Cortar, partir, dividir. Hurtar. Conocer. Poner. . Aguardar, Beber, LATIN. FRANÇAIS. Pascere. Paître. Admirari. Admirer. Genua inflectere.S’agenouiller. Vincere. Vaincre. Benedicere. Bénir. Calefactare. Chauffer. Amplectare. Embrasser. Vivere. Vivre. Morari. Habiter. Sentire. Sentir, Peregrinari. Voyager. Grana excutere. Egrener. Vestem detra- Deshabiller. here. Frenare. Brider. Acu pngere. Broder. Pellere. Pousser, Sedare. Calmer. Canere. Chanter. Blandire. Caresser. Castigare. Corriger, punir. Celebrare. Célebrer. Servire. Servir. Secare. Scier. Verrere. Balayer. Verberare. Frapper. Candefacere. Blanchir, Congelare. Congeler, Vulnerare. Blesser. Narrare. Conter. Creare. Créer. Dampare. Damner. Saltare. Danser. Probare. Prouver. Gustare. Goûter. Vocare. Appeler. Mulgere. Traire. Evertere. Ruiner. Micare, fulgere, Briller. Aptare. Ajuster. Scindere, ampu. Couper, diviser. tare, dividere. Furari. Dérober. Cognoscere. Connaître. Ponere. Mettre. Expectare. Attendre. Bibere, Boire, BASQUE, Edertu. Egin. Egoatu, egaldatu. Egon, egondu, egotu. Egorri. Egosi. Egotea, gelditcea. Eho. Ekharri. Eman. Emondatu. Enzun. Eraman. Eratsi, Jachi. Eratzatu, etzineraci, echuna- raci. Eriotu. Erran. Eraso, acopilatu. Erori. Erosi. Errabili. Erre. Escubilatu. Escatu. Esuidatu. Estali. Estampatu. Estu, Ertsia. Etartu. Elçan. Etorri, eldu, zeitu. Eyatu, lasteregin, corri, hilli. Flacatu. Freitu, frigitu, sertagitu, erra- gosi. Gainbia. Garbitu, jeuzi, chautu, araztu. Gidatu. Giratu. Goratu, irten, io, igo, gaindu. Gorde. Gorrotatu, higindu , iduki. Gosaldu. Guducatu. 630 ESPAGNOL, LATIN. Hermosear. Ornare. Hacer. Facere. Volar. Volare. Ser, estar. Esse, stare. Enviar. Mittere. Cocer. Coquere. Morar, quedarse.Manere. Moler. Molere. Traer. Ferre. Dar. Dare. Aumentar. Augmentare. Escuchar. Audire. Llevar. Abducere. Bajar, descen— Descendere. der. Acostarse. Cubare. Matar. Necare. Decir. Dicere. Atacar, invadir. Invadere. FRANÇAIS. Embellir. Faire. Voler (avec des ailes ). Être. Envoyer. Cuire. Demeurer, res— ter. Moudre. Porter. Donner. Augmenter. Entendre, ouir. Emmener. Descendre. Coucher (se). Tuer. Dire, Attaquer, enva— hir. Caer. Cadere. Tomber. Comprar. Emere. Acheter. Mover. Movere. Mouvoir. Asar. - Assare. Rôtir. Cepillar. Detergere. Brosser. Suplicar, pedir. Postulare. Demander. Comprender Intelligere. Comprendre. Ocultar, cubrir. Tegere. Couvrir. Imprimir. Imprimere,. Imprimer. Comprimir. Premere. Comprimer. Recibir. Recipere. Recevoir. Echarse. In lecto collocare. Coucher. Venir, arrivar. Venire. Arriver, venir. Correr Currere. Courrir, Enflaquecer. Macere. Maigrir. Freir.. Frigere. Frire. Cambiar. Permutare. Echanger. Limpiar. Mundare, purgare. Nettoyer. Guiar, conducir.Ducere. Conduire. Girar. Gyrare. Tourner. Subir, montar. Ascendere. Monter. Esconder. Latere. Cacher. Aborrecer. Odisse. Hair. Almorzar. Jeniare. Déjeüner. Combatir, Pugnare Combattre, 631 BASQUE. ESPAGNOL. LATIN. FRANÇAIS, Gurutçatu. Cruzar. Decussare. Croiser. Hasi. Comenzar. Incipere. Commencer. Hastandu. Alejar. Separare. Eloigner. Hautsi. Romper Rumpere. Rompre. Heci. Domar, subyu= Domare. Dompter. gar. Jan. Comer. Edere. Manger. Jakin, iakitea, À., Hir. Saber. Scire. Savoir. Iceki, sutu, gartu, ecio. Arder. Ardere. Brüler. Icusi. Ver. Videre. Voir. Igeritu. Nadar. Natare. Nager. Iguriks. Aguardar. Expectare. Attendre. Ikhasi. Aprender. Discere Apprendre. Ikitu, aztalu. Tocar. Tangere. Toucher. Il, ill. Morir, matar. Mori, necare. Mourir, tuer. Ines , inesi. Huir. Fugere. Fuir. Iraun. Durar. Durare. Durer. Irten , ilkitu. Salir. Egredi. Sortir. Isuri. Derramar. Efundere. Répandre. Jzan. Ser, haber. Esse, habere. Etre, avoir. Jayo. Nacer. Nasci, cor. Naître. Josi. Coser. Consuere. Coudre. Kea eman, Humear. Fumare. Fumer. Khamustu, Embotar. Obtundere. Emousser, Khondatu. Contar. Computare. Compter. Kiscaldu. Abrasar. Nimium assare. Trop rôtir. Lagundu. Ayudar. Adjuvare. Aider. Landu. Cultivar. Colere. Cultiver. SET, Mearreain, trabifatns | Trabajar. Laborare. Travailler. trabaillatu, n set trait, | Lanzar. Jacere. Lancer. egotzi, aurtiki. Larrutu. Desollar. Excoriare. Ecorcher. Lehertu. Aplastar. Obterere. Ecraser. Libratu, irukindatu. Salvar, librarse. Salvare, servare.Sauver, délivrer. Lo, luegin, loacartu. Dormir. Dormire, Dormir. Lotu, liatu, estecatu. Atar, ligar. Ligare. Lier. Lurpetu. Enterrar. Inhumere. Enterrer. Machacatu, ceatu. Machacar. Contundere. Broyer, fripper. Macurtu. Curbar. Curvare. Courber. Mercaritu , salerosi, arreman. Comerciar. Negotiari, Commercer. Minhatu. Bañarse. Lavare. Baigner. “EL Een | Habta r. Loqui. Parler. verbegin. Pugtu, Igrdus igitu nuler | Mover. Movere. Mouvoir. riztu. Nagustu. Crecer. Crescere. Croître. Nastu, naspillatu. Mezclar. Miscere. Mèler. Negarregin. Llorar. Flere. Pleurer. Ohitu, Acostumbrar. Assuefacere. Accoutumer. 632 BASQUE, ESPAGNOL. LATIN. ERANÇAIS, Oi, ei. Soler. Solere. Avoir coutume. Onhartu. Consentir. Assentire. Consentir. Ofñon egin. Gruñir. Grunnire. Grogner. Ordaindu, zorrotzicatu. Compensar, Compensare, Compenser. Orhoitu. Acordarse. Meminisse. Souvenir (se). Orron, ibili. Vagar, ir. Vagari. Errer, aller. Otseratu, atzeratu, gibeleratu, Atrasar, recular. Regredi. Reculer. Pagatu Pagar. Solvere. Payer. Pensatu, uste izan. Pensar. Cogitare. Penser. Peritu. Perecer. Perire. Perir. Phicatu. Cortar. Secare. Couper. Phitztu. Inflamar. Accendere. Allumer. PES A UT | Picar, pinchar. Pungere. Piquer. Pisu. Pesar. Ponderare, Peser. Pitzatu, idiki, arracatu. Hendir. Findere. Fendre. Porroscatu. Destrozar, Rumpere. Dechirer. Saingatu. Ladrar. Latrare. Aboyer. Salatu , gaizgertu , acusatu. Acusar. Defertuli. Accuser. Saldu. Vender. Vendere. Vendre. Saltatu, jauci, jesapatu. Saltar, brincar. Saltare. Sauter, Sarbaskitu, Matar. Necare. Tuer. Sartu. Meter. Immitere. Mettre. Sartu , barratu. Entrar. Intrare, ingredi. Entrer. Sinhetsi. Creer. Credere. Croire. Sortu. Nacer. Nasci. Naître. Sufritu, pairatu, osartu, eram- l'Sufrir. Pati. Soufrir. petu. À Lanegin, beanegin, traballatu, Trabajar. Laborare. Travailler, Trochat. Envolver. Involvere. Envelopper, entou- rer, entorliller. Ukhan. Tener. Habere. Avoir. Urratu, etendu, arrasgatu. Rasgar. Scindere. Déchirer. Urrun. Descarriar. Amovere. Ecarter. Usmatu ,usmeatu. Oler, olfatcar. Olfacere. Flairer. Utsegin. Errar. Errare. Errer, faireerreur, Yarri, Sentarse. Sedere. S'asseoir. Yo. Batir, golpear. Percutere. Battre. Yosi. Coser. Sucre. Coudre. Zor, Deber. Debere. Devoir. Zulatu. Horadar. Perforare. Percer. Zulcatu , sildatu, tincatu. Fijar. Figere. Fixer XXVIIT. — Adverbes. Ancin, haraincina, lengo. Antiguamente. Antiquitus. Anciennement, Atz0, Ayer. Heri. Hier. BASQUE. Azpean, Bai. Barnerat. Batere. Batzutan. Bchinere, egundaino, seculan. Berant, beranki. Bercetan, hercetarat. Berech. Berhala, laster. Bertan. Bertce, orduz. Bestela. Bethi. Bethidanie. Bezpera ou bezperan. Bibar, bigar. Biharamuna. Bissian, bis. Biziki. Bizkitartean. Campoa. Camporat. Certaco. Eghiazki. Egun. Elkharrekin. Erdian. Ere. Etzi. Ez. Gaur. Gauz. Ghero, A.; guezo, H. Ghibela. Gogotic. Gorago. Gichi, Guti. Hain, bertce. Han, hor, Hantik. Hara ou horra. 633 ESPAGNOL LATIN. Debajo. Subter, infra. Si. Ita. Dentro. Intro, intus. Nulamente. Nequaquam. Alguna vez. 7 Aliquando. Nunca, jamas. Nunquam. Tarde. Tarde. En otra parte. Alibi, alio. A parte. Separatim. Luego. Modo. Pronto, presto al instante. En tiempos pa sados. De otro modo. Siempre. En lodus tiempos. Vispera. Mañana. AI dia siguiente. En frente. Con viveza. Por tanto. Fuera. Fuera. Porque. Yerdaderamente. Hoy. Junto. En medio. Tambien. Pasado mañana. No. , Celcriter. Esta tarde, es— Vespere. ta noche, De nocle. Noctu. Despues , en se- Post, dein. guida. Detras. Con gusto. Muy alto. Poco. Tanto. Aqui. Post. Libenter. Altior. Parum. Tantum. Hic. FRANÇAIS. Dessous. Oui. Dedans. Nullement. Quelquefois. Jamais. Tard. Ailleurs. A part. Bientôt. Vite, prompte— ment, sur le champ. - Olim. Jadis. Aliter. Autrement. Semper. Toujours. Semper. De tout temps. Dies antecedens.La veille. Cras. Demain Postera dies Le lendemain. In conspectu. Vis-à-vis. Vivaciter. Vivement. Attamen. Pourtant, Foris. Le dehors. Foras. Dehors Quare. Pourquoi. Vere. Vraiment. Hodie. Aujourd'hui, Simul. Ensemble. Medium. Au milieu. Etiam. Aussi. Perindie. Après demain. Non. Non. Ce soir, cette nuit. De nuit. Après, ensuite. Le derrière, en arrière. Volontiers. Plus haut. Peu. Autant. La, ye De ahi, alli; por Illine, istine, il-De là, par À. ahi, alli, Ve aqui. lac, istac. Ecce. Voilà. BASQUE. Harat. Hebeki. Hemen. Hemen, gindi. Hemendie. Hobe. Holachet. Honkitzen. Huna. Hunat. Jadanic. Lehen. Maïs. Nahi, eta, nez, Neholere. Nihon. Nehorat. Noiz. Non. 2 Non gaindi, Nondic. Norat. Onghi, onxa. Oraïa Orobat. Orotan. Orotarat. Salbu, lekhat. Segurki. Urrun, hurrun. Ustegabe. Zeren, zerentako. Zoin. Aitcinean, H. Aldean, urrean. Azpian. Barnean. Contra. Gabe. Gainen, À; gainean, H. Gana, ganat. 634 ESPAGNOL. Ahi, alli. Mejor. Aqui. Por aqui. De aqui. Mejor. Asi. Sobre. He aqui. Aca, Ya. Antes. A menudo. À pesar de, no obstante. De ningun modo. Ba parte ninguna. En ninguna parte. Cuando. Donde. Por donde. De donde. A donde. Bien. Ahora. Igualmente. En todas partes. Por todaspartes. Excepto, salvo Ciertamente. Lejos. Por ventura. Porque. Cuanto. LATIN. FRANÇAIS, Hlie, illuc, illo. Là, en cet en— droit. Melius. Mieux. Huec. Ici. Hac. Par ici, Hinc. D'ici. Meliusac melior.Meilleur, Sic, ila. Ainsi. De, super. Sur, touchant. Ecce. Voici. Huc. Ici. Jam. Déjà. Prius. Auparavant Sæpe. Souvent. Invite. Malgré, non obstant. Minime. Nullement. Nullibi. Nulle part. Nuspiam. Nulle part, Quando. Quand, Ubi. Où. Quà. Par où. Unde. D'où. Quù, unde. Où. Benè. Bien. Nunc. Maintenant. Pariter. Pareillement, Ubique. Partout. Quocunque, un- Partout. dique. Præter, salvum. Excepté, sauf. Certe. Assurément. Longe. Loin. Forte. Par hasard, Cur. Pourquoi. Quot, quan— Combien. tum, XXIX, — Prépositions. Delante. Proximo. Debajo. Dentro. Contra. Sin. Encima. Acia, Ante. Devant. Circiter, Près de. Sub. Sous, Intra. Dedans. Contra. Contre. Sine, absque. Sans. Super, supra. Sur, dessus. Versus. Vers, BASQUE. Gatik. Gibilean, H. Harat, horrat. Hartan. Hortara. Hurbil. Inguruna. Lehenago, Ondoan. Zat. 635 ESPAGNOL. Por. Atras. Aca, alla. En. Acia aqui. Cerca. Al rededor, casi Antes. Al lado de. Para. LATIN. Propter. Post. Eo. In. Wersus. Circum. .Circa. Antea. Prope, juxta. Pro. XXX. — Conjonctions. Amoreagatic. Arabera. Bada. Bainan. Bainan oraino. Baizik. Baldin, Beçala. Beraz. Berheala. Biskitartean. Ceren. zerentako. Ecen. Edo. Eta. Ez choïilki. Finean. Ganik. Ghehiago. Gherotik, A; Gueroztic, Har. Guciagatic. Hati, hargatic. Heltubada. Hemendic, aitcina. Hola, Mena. Menturaz. Nahiz. Noizeta ere. Nola. Oraino, orano. Ordantino. Ordian, orduan. Orobat. Con el fin de. Segun. Asi pues. Pero. Pero tambien. Sino. Si. Como. Pues. Desde luego. Sin enbargo. Porque. Atendido que. 0. de No solamente. En fin. De. Demasiado. Desde. Toda vez. Mientras tanto. Puede ser. Por ultimo. Asi. Mas. Quizas. Aunque. Mientras. Como. Aun, todavia,. Hasta ahora, Entonces. Tambien. Ut. Secundumn, Porro. At, sed. Secd etiam. Si non. Si. Ut. Igitur. Primo. Tamen, Quia. Enim. Vel, aut. Ac,et, que. Non solum. Tandem. Ex. Plus. Abhine. Tamen. Tamen. Forsan. In posterum. Sic. Sed. Forsan. Quamwvis Cum. Ut. Adhuc, rursus. Hactenus, Tune, Etiam, FRANÇAIS. A cause de. Derrière. La, y. Dans ce ou cette. Vers ce ou cette. Près. Environ Avant, Auprès, près de. Pour, Afin que. Selon, suivant. Or. Mais. Mais encore. Sinon. Si. Comme. Donc. D'abord. Néanmoins. Parce que. Car. Ou. Et. Non seulement. Enfin. De. Plus, davantage. Depuis, lors. Toutefois. Cependant. Peut-être. Désormais. Ainsi. Mais. Peut-être. Quoique. Lorsque. Comme. Encore. Jusqu'’alors. Alors. Aussi, 637 PRINCIPALES RACINES ESKUARIENNES. 7 Afin de ne point rompre les analogies et d'éviter les répétitions, les mutables ont été réunies ensemble. Les mots précédés d'une astérisque (*) sont dérivés. Les mots suivis d'un c sont composés. Il n'y a donc de racines probables ou réelles que celles qui n’ont aucune indication spéciale. Les racines sont représentées par leur forme indéfi- nie, ou sans désinence déterminative. En général, les lettres / et r se doublent dans les dé- sinences : cela est indiqué par une particule séparée, la ou ra. Les principales racines affixes ont été jointes aux ra- cines ordinaires : elles sont distinguées en préfives et en sufites. RACINES ESCUARIENNES. A. A a Aker ra bouc. …. Ponte Akhaba fin, finir. Abal la Fronle. Acusa tu accuser, ant? animal, bête. rt a eapiles exercé. Ë agathe. * troupeau. Agin if. * Aberats riche. Id., suf. direction, commandemt. Abeto sapin. Agiri paraître, Abilid génie. Ach axe. Abon engrais. rocher, * Abril du, c, immoler. * Achurz, €. agriculture. Apal du souper, v. Adar ra corne, branche, * Apal souper, subst. Adar rhinocéros ? 41 Adarg Adrillu Adi Adio * Aditu a Ainhar Aiïhen Alisi Aintzir Aice Aire * Airge, c. Aizcor, c. Aizp Aiztu, c. Ait Aitz * Aitzur, C. Alab Alaj Alaraci Alberchigu Alfang Alper ra Ald a et ea d Al pare * Aldean * Alde a Aldi d Alçun Ale Aleger Alor ra,c. Alort, c., Am * Amar * Amara atu * Amar ra * Am°re 0 Ami Ampoll Amu Anai Anate Andi et handi Andre A. bouclier. brique. entendre, comprendre. adieu. intelligence. hirondelle, vigne. levure, ferment. lac. vent. air. ténèbres. hache. sœur de sœur. couteau. père. rocher, pierre. bêcher. fille. meuble. paître. abricot. sabre. paresseux côté. autel. auprès. région. plainte. puissant. grain, céréales, réjouissant. champ, sol cultivé. fruit. mère. dix. amarrer, lier. cancre, homard ou crabe. amour. faim. ampoule. hameçon. fils. canard, tz. grand. dame, demoisAle * Animal ia Anodun Antzar ra Ano Ao Aub Aaotz ja, €. Ar Aran Arau Arbol Arc Ard ia Aro, c. n Are a Arech Argi Ari * Ari et hari Aricat *Arlach, e. Arm Arina Arilz Armina Arp Ar ra Arra, Su. Arrano Arrac Arrai Arrats Arratz Arrau Arraultz Arraun Arre Arreb Arri Arri tu A anguille. âme. animal. alun. ancien, vieux. industrie. oie. ombre. bouche. bouche. bec. herse ( agric. ) prune, droit (législ. ) arbre. arche, coffre. puce. vin, sable, herse. arbre, chêne. lumière. bélier. Fil. fatigué. vinaigre. arme. léger, rapide. chêne. hermine. harpe. ver. mâle. aigle. race, poisson. nuit. tambour . commun, vulgai e, or dinaire, œuf. rame. brun. sœur de frère. pierre. ensorceler. 639 A. mercure. charpentier. sucré. ortie. jambe, jarret. semaine, commencement. âne. pesant, lourd, coutume canard. rue. porte. sortir. traverser. chemise. doigt. respiration, dernier. récolter. hier. insipide. angle. enfance ( premier âge). trouver. lancer. soufet (instrument ). poudre, pulvériser, di- viser, cendre. rompre, briser, fracture. HE INSB; le A. Arro rare, Azoge, €. Arroz riz. Azotz, C. Arroy robe. MS Arte espace. Asun chène-vert. Aste lac, piége. Astun Arteri artère. Asto Arto mais. Astur Artu prendre. a At Artz ours. e AZ chou. Atari Azal ongle. Athe Azaz (u nettoyer. * Athera Asbid, €., larynx. Atrabes atu,c. Aspad icoa ancien. Alor ra Azpi dessous. Atz Asc écuelle. Ats Azcar ra fort. Atzen. Azeri renard. Atzi tu Aci s’accoutumer. Atzo Aci et haci semence, graine, sperme. Aul .n, et ha- ’ Aurc *Acie d ET ferme (agric. ) Her * Azkin dernier. Aurki Aski assez. Aurtiki * Ask! tacoa, c. commun, ordinaire. cu 0 Auts Asl auteur. A quase respiration. Le H, F, V, B, P. Bab fève. Hainitz Habe colonne. Bair Habro destin, sort. Pairatu Bahol cribler. Faisan Bakid commun, adj.; géné- Balbe ral, adj. Balen * Bakite union. Balio * Bacun simple, adj.; innocent, * Balioz adj. F # Bag vague, subst. po É M palt ( p) pég0 (bp) hêtre. Fam Bai oui, part. afirmative, Bander beaucoup. fraude. soufrir, faisan. mort. baleine, valeur, prix. valide. faux, adj. faute. renommée. enseigne, drapeau, banderolle 640 H;F, Vs, EP: Banerne Hanitz Vano Bao Bara tu Har ( V.are). * Baratz * Barbille. Pare Bare * Harritz Harminc Barn * Barnatu Harp B tr ra Barratu Harrapatu, c. Barric Has Bas Basa, préf. Bazc * Bazcal Baci Baso Hastan Bat * Bato * Batu * Bateron * Batz ea Faü Faun Hauts Bean Bear Bearri Beartu Hebeki Behinere Becaiz coa Bochau Begi Fede Bederatzi production. plusieurs, beaucoup. vain, faux, vapeur. arrêter. vallée. jardin. contraction (cemposé ). égal. rate. chène. vermillon. dans, dedans. pénétrer. barpe. rire (le). arrêter, attraper. barrique, tonneau. commencer. sauvage. id. nourriture. dîner. bassin. forêt. éloigner. un, bateau. réunir, rassembler, ré- colter. royaume. aggrégation. stérile. faux. poudre. bas, en bas, inférieur. travail. oreille. pauvre. mieux. jamais. envie. voyelle. œil. foi. neuf, H; FSANS BE Hei Beir Belan Belar ra Bele Peieatu Belcharg Pel la Beloski Beltz Hen Veneno Venganz Benzu Pen Ber Herchi, Lab. Berdin Bereci Berne Bero Verb, en comp. Berri Bertce V srtut ea Berun. Bilutz Hez Besag * Bezatu Bezo Bezo Bezperan Betar ra Bete Betle Petre Bi Bi ler Cs Bihi a * Bihi Phicatu Pie * Picatu Picuzoroa, ce. fumier. verre. genou. herbe. front. corbeau. combattre. cygne. boule, pelotte. rapide, vite, noir. haine. poison. vengeance. vaincre. rocher, pierre. mème, vrai (aflirmrtif). étroit. égal, pareil, semblable. diviser, jambe. chaleur. parole, nouveau. jadis, autrefois. vertu. plomb. vil, dompter. raies (rayons de roue ). s’accoutumer. coutume, usage. bras. veille. racine. plein. bas. alliage d'étain et de plomb deux. demain, grain, céréales, vivres. égrener, couper. pic, pique. piquer. sycomore, Bide Fiel Hien Higin Hil Pi la * Bildu * Biltze. Biluz Fin Pin® u Biol Pipi Biri Hiru Virgin Piroch * Piz Pis,a,atu Bizar ra Bici Fild Bisig Piztia Pitos * Pitz * Pitz atu Hitz Biurs, ec. Plaz Flac atu Plam Plate Plegu Pobre Hoben 8 Bol * Boill * Bollesi Polit 641 HSE, NS BP: HSE, BHPI voie, chemin. * Bolu moulin, fidèle, Porzel vierge. hyène. Hope queue. Hair. Borch contraindre, mort, mourir, tuer Porrose atu briser. (V. 11.) Portitz - fort. réunion, assemblage, pi-B . fe le, monceau, chercher. P° à Joie réunir, rassembler, com- Bozo Voix. piler. Pozoi poison. aggrégation. Bost cinq. déshabiller. Bot outre. fin, enfin. Botatu lancer, pin * Potz paresseux. i * Potzo chien. violette. Brid a,atu. bride, brider. grain, céréales. Bringi empire. poumon. Frintz peau. trois. Rrokel bouclier. vierge. Progatu prouver. belette. Bronce bronze. fissile. Brum brouillard. poids, pesant, lourd, Frunt prompt. peser. Frut fruit. barbe. Bucoc hirondelle. habiter, vivre, vie, vif, Fuerte fort. prompt. Pud. serpe. red P Use particule. vessie. i martre ou fouine. Bular ra poitrine. martre ou fouine. Rulzatu pousser, atome, particule, par- Humeki puanteur. celle. Punta pointe. fendre, diviser. Funtz racine. parole. Puñ poignard, vers ( poésie). Hur doigt. place. Hurbil près. affaiblir. Burdin fer. feuille de papier. Burni fer. plat, écuelle. à coutume, usage. as Denxes pauvre. Buru tête, chef, esprit (faculté) , Puse partie, pièce, morceau. crime. Buzoc vautour. boule, sphère. Bustan queue. cercle. * Busteg gouyernail, cercle, boule. Busti humidité. beau, joli, Butro nasse, filet. 642 Cidür,(K,1G! C dur, K, G. Gabe sans ( privatif). C Cabilde asie Er gs Caco, gaco, mao croc, crochet. Garratz âpre, rude. Gaco clé. Garrena suff. employé pour for— Cacui four. mer les nombres ordi- Cadir siége. maux. Caya matière, argent, instru- Carric rue. ment, organe, pro- Garrondo cou. ducteur. Gartu brûler. * Gain dessus. Gastañ châtaigner. * Gaindu monter, s'élever. Gaztelu castel. château fort. Gaint fraude. Castigatu corriger. Gay babile. Gastu fromage. Gay (tasuna), c. génie. Gatezc combat. Gaitz citadelle, château fort Catillu écuelle. Gaitzo méchant. Calamu chanvre, E "2 ne Cale rue. Gatz sel. Calern tonnerre. Gaïi, gaui nuit. Galant beau. Caus cause. Caliz a chaux. Gauz chose. Gao" perte Es coffre, caisse. Galtz ac bas ( vêtement ). 6° a DENT: Gambi change, échange. Gec flèche, trait. Gamb uste, c. teinture. Gel glace. Gamel chameau. Geldi lent. Camiño chemin. Geritu guérir. Camutz angle obtus. Ce b * Khamus émousser. ‘ai ME Ganado troupeau. Gerli pus. Canbar chanvre. Gero après. Cango pied Ger ra guerre. Canibet couteau. * Gerric oa ceinture. Canoy tube, canal, canon. e 8e Cant a etatu chant, chanter. B 0! Tee Gantz graisse. Gibel foie. Ganuts profanation. Gibil ean derrière. Capu tête. Gidatu conduire , guider. Gar tige. Giltz clé. Gar grain, céréales Kinde , c. connaissance, science, Caudair, c. histoire. K. ; Caratz cuisine. g'pul Le * Garbi clair, pur. Giratu tourner. * Garbi tu nettoyer. Kirikiu hérisson. Karg charge. Giz cohorte, bataillon, parti. Caria, taria su”. de l'adjectif actif. Gis mode, manière. Carobi four à chaux. Giso gypse. Carp carpe. Gizon homme. Kit Cler Cleru Goa Coki Cocotz Gogor ra Coy Goi a et coa Coipe Goiïz Gold Colore Colp a et atu Khondatu Coneju Contz Gor a et atu Goraiñ, c. Corians Cord Corde Gorde Khoro Goroldio Grostia Gorputz Talde Tallu Damu Danz a et atu Dardu Taria Tarra Tassuna Datil Taz Tcea Debecatu Tegi Deit 643 ACER quitte, libéré, :bre. Gorrob craie. ; É ordi t clair, évident. Z suf. indiquant l’abstrac- Cor ra tion; té etion, fran- Gor ra çais. Gorri deusité. Gosal mouton. Gosartu, c. solide, âpre, rude. Cozc chaise. Gose haut, élevé, hauteur. Gozo graisse. Cot matin. Cotilon , c. charrue. Croc couleur. Crocatu blessure, blesser. Gudari compter. * Gud ua et atu lapin. Cucu gond. Cucus baut, monter, s'élever. Cuch nerf (anat. ) Cuña encre, teinture. Cupritz corde. Curatu sentiment. Gurdi cacher. Currie couronne, Gurutz mousse. Guzia houx. tia corps, Guti DE agrégation, assemblage. Deitz. statue. Dembor peine. Tempizt danse, danser. Templo dard, flèche. Tenaz su”. de l’adj. actif. Di suf. naturel; (subst. }, Dian habitant. Dierri suffi. pour former les Dinde et dorde Tint a et ura noms abstraits, datte. Tipi fasse. Diru suf, pour former l’infi— * Dirut nitif des verbes. Tiru défendre. Distiatu abri, toit, case, local. D appeler. 4Ù C dur, K,,G. vesce. fumier. graisse. sourd. rouge. déjeüner. intelligence. limite, borne, crâne, faim. doux. cotte ( de maille ). jupon. brosse. bossu. guerrier, combattant. guerre, combattre. coucou. puce. coffre, huche. coin. verdet. guérir. char. tenaille. Croix. tout. peu. DT traire. temps. histoire. temple. tenaille. agrégation, assemblage. armée, nation, proportion. encre et teinture. minime, très-petit. monnaie. riche. tir (le). briller, luire. mamelle. 644 D; DRE Doitu ajuster. Trist triste. Toki lieu, point, endroit. Trochatu emmailloter. Done saint, sacré. Tu, atu, itu suf. servant à former le Trabaiu travail. participe passé des Traket. poignard, verhes. Ex.: ur, eau; Trencatu couper. urtu, liquéfié. Trieu hérisson. Dup coupe (subst. ). * Trincatu fixer. Turmoy tonnerre. Trinco dense. Tut corne, cornet (musique). Trip ac intestin. Tzarra su”. grand. E. E be Emendatu augmenter, E ul us a Emocatu crépir. Ebats dérober. Enad hirondelle. Eho moudre. Engan fraude. Ehun cent. Entregu apte, habile. Econz image. Entzun écouter. Ecce ardent. Eo tisser. Ecue maison. Eper ra perdrix. Ega… aîle. Epor ra chaux. * Egatz plume. Ere temps. * Egazti oiseau. Id. mode, manière. Egaitz fièvre. Eraman emmener. Egi vérité. Eratzi descendre. Egin faire. Erbol faible. Egon être et resté. Erbi lièvre. Egor envoyer. Erdi demi ,semi, moitié. Egosi cuire. * Erdoy vert-de-gris. Egotzi lancer. Erein semer. Egun jour, aujourd’hui. Eremu et ermu solitude. Ekhar porter. Erhi doigt. Eki soleil. Eri maladie Edan boire. Erial champ inculte. Edas parler. Eripe condamnation. Eden poison. Erle abeille. Edonci tasse. Erotu déraisonner. Eisar labourer. Erodus point. El atome, poussière. Eror tomber. Elay hirondelle, Eros acheter. e Erran dire. El i mr Errapi mamelle. Elcor ra sécheresse. Errabi rage. Elhe fable, conte. Erramu laurier. Elize église. Erratoy rat. Eman donner. Erre brüler. Eman date. Errec ruisseau. Emea sut, femelle. Errege roi. Erren Erresiñol, c. Errio Erro Erroy Erroy Ersi Ertzi Esagaro, c. Esca * Eskale * Escatu Escas Ece Ecio Eskin Escu Ezeur ra, €. Escuar, c. Esne Espi Escol Escrit E. boîteux. rossignol. rivière. racine. âpre, rude. corbeau. étroit, comprimer. semer. histoire. nourriture, aliment. mendiant. demander, mendier, court. humidité. brüler. angle. main. chène à gland comes- tible. langue basque. lait. espion. école. écrit. Escualdunac, c. basque. 1,Y, 3, G doux. Jabari Jaboc Jakin, c. Jakiñ Jachi Jayo Yan lar Jauci Jaun Yauts Ibay I lr ra p Ibilli Ica Icasol El Ik et? Icabe empire. savon. savoir , science. clair, évident, descenüre. naître. manger. s'asseoir. sauter. seigneur, descendre, rivière. vent du nord. mouvement. un (dans onze). école. charbon. atome. connaissance , 645 Estali Estañiu Este Esteij Estrate Estu Ezagut Ezar Ezcor ra, €. Ezpat ,c. Ezpel Ezten Ezter Erti Ezur Etartu Ethor Etorki Etzan Eule Euli Eusle Eki E. couvrir. étain. intestin. 05. rue. serrer, comprimer. connaître. mettre. chandelle, épée. buis, stilet, pointe. pierre à repasser. miel, doux. os, squelette. recevoir. venir, race. coucher. tisserand, mouche. fourchette. après-demain. 1, Y, JS Gidoux. Ikesu Ikhas Ikhus * Icus * Jeusi Ikuz 4 eheden leuzi Idi ldor ldun * Idundea Jeitu Gende * Igel * Igeri Igin âpre, rude. apprendre. voir. clair, évidunt, pureté. allumer. attendre, demeurer. nettoyer. bœuf. sécheresse. cou. collier. arriver. race. grenouille, nager. mouvement. * Igitayetitay faulx (instrument ). * Igilu el igindu mouvoir. Igo monter. 1, YY: 1, Ya. Igoal égal. Iri ville. Iguriki attendre. * Jriteturio population. g, : Irri rire. | n°" ne Irten monter. Ihi jonc. Irudi apparence, image. Ihiz animal, gibier. Irur vallée. lyelso gypse. Izay sangsue. Il la mort, mourir, tuer. Izan être ( subst. et verbe). li, ill lune, mois. Jzair et izate nature. Ile et ule laine, poil, cheveu. Izar ra, c. astre, étoile. ki sortir. Jzeribatu, c. écrire. Illob neveu. Iceki ardeur, brûler. Illun obscur. Icen nom. Iman aimant. Icerdi sueur. Ingude, ce. enclume. Icet uature. Ingurun environ. {silgo silence. Intz rosée. Isitz hiéroglyphe. lo monter. Ist flèche, trait. Yo battre. Jzi, izu terreur. Yoan aller. * Izotz glace. lomen renommée. Ispiritu esprit (faculté). Yos coudre. Jsuri verser. Ir temps (dans les com— Itzu aveugle, posés ). Itzal ombre. Ir, iruñ et irut filer. Itsatso, ichase mer. Ir a, ea poison, Itan faute. Iraci passer, filtrer. Itzucietitchusi laid. Iraitzi * lancer. Itare ellipse. Iraun durée. Itu fumier. Irin et iriñ farine. LR: LR: Labañ Lubrique. Lapur ra, voleur. Labur ra bref, court. lors pré. Labe four. Laran et naran orange. Lakio lac, filet. Larri grand. Lagun aider. Larru et narru peau, cuir. Lampar lampe. * Larru écorcher. Lan travail. Lazo lac, filet. Laño brouillard. Last paille. Land étranger, barbare. Laster ra rapide, prompt, bientôt, Land lande. vif. Landatu planter. Latigo fouet. Landu cultiver. Lau quatre. Langi lent. Laub pleine. Lanz . lance. Lec bourgeon floral. Lap coquille, marine. Lecu lieu, endroit. Lapiz houille, ampélite. Leenhago avant. Legami Legar ra Legen Legosi Legu Leher Leher Leiz Lehoy Lel et lol. Lein Len Leor ra Leorpe * Lepande Maistre Maiza Mallu Malso Mañ Mar * Marg Margo Marmol Marrasc Masti et mats * Mats Me * Meatzeco Megope. Meh LR: levure, ferment. sable. lichen, herpes. chyle. loi. écraser. crever. abime. lion. fade, insipide. gouvernail. premier. sécheresse, hangar. collier. cou rayon. ligne ( géom.). glace. fenêtre. sommeil. fleur. M. putréfer. courber. boîteux. crochet. table. baigner. aimer. maître. mais, marteau. lent. industrie, limite. lettre, caractère. droit, adj. marbre. cri. vigne. vin. clair, fluide, vapeur, esprit. quartz. esprit (faculté). étroit 647 Loro Liatu, loatu Lotz Liac Libr Liburu Libratu Licale Lili, lirio Lim Lir Limuri Lizun Lodiki Lotos Lotu Lucurru Lumer Lupu Lur ra Luze Lutz Mempe Mendec Mendi Mepon Metol Mi et mihi * Miatz Mierle Mini * Mintz Mir Mirabe Mirail la Moco Melso Mor Morroe Mote Mot et muet Mu Macuru Mug Mugid LR: perroquet. lier. âpre, rude. lie, dépôt, sédiment. balance. livre. sauver, délivrer, gomme. lys. lime. lyre. lubrique. moisissure. densité (des fluides . vers ( poésie ). lier. attacher. usure. graisse. scorpion terre. ample, étendu, long. flèche, trait. M. esclave, empire. vengeance. montagne. serf. colonne. langue (organe). langae ( idiome ). martre ou fouine. maladie, souffrance. parole. merveille, miracle. domestique, subst. miroir, bec. agrégation, assemblage. intestin. domestique. bourgeon. genre, espèce. mugissement. fertilité, abondance. limite, borne. mouvement. Muna et munen moelle, cervelle. 648 M M. Muno ac dune. Mutadi hiéroglsphe. Mund monde. Mutur bec. Murru mur, rempart. Muthyl domestique. 4n eunuque ? Murn fertilité, abondance. Muzorro masque. N N Nabar ra coutre, fer de charrue. Navo fertilité, abondance. Nabar ra bigarré, rayé. Necos cyprès. Nabar ra vallée, plaine. Nek manque, privation, né- Nagustu croître. gation, disette. Nahal couteau. Negu hiver. Narme et larme peau. Nese domestique. Nas. mélange. Neüe fils. * Nastu mêler. Neurt mesure, dimension. Nauder ra faisan. Ninie bourgeon. Nav plaine. No vin, 0. O. Obi sépulture, tombe. Ondamu envie. Obr ac œuvre (littéraire ). Ondar dune. * Obra tu opérer. Ondar ra. sable. Ocaya blé, froment. Ondo tronc d’arbre. Oce clair, brillant. Ondolau abîme. Ocia tige. Ongi bien. Odei et odoy nuage, Onbhar consentir. Odol sang. Oiû et of pied. Ohi s’accoutumer. * Ofiace peine. Ohoin voleur. Ofestu éclair. Ogoi et oguei vingt. Onx bien. * Ogoi etogui pain. Opo gond. Ogii blé, froment. Or chien. Oi et ei s’accoutumer. Orai maintenant. Oicunetoïtun coutume, usage. Oranz levure, ferment. Oillo coq. Ordaki champ, sol cultivé. Oju ci. Orduz jadis, autrefois. OI forge, fonderie. Oreñ cerf. Olio huile. Org char. *Oliv aetoa olive. * Org ac brouette. Olo avoine. Orhoit se souvenir. On bon. Ori pâle. Ondape et ondo base, pied. Orkbatz (Archu) cerf‘. ‘ Ce nom, donné au cerf per M. Archu, me paraît devoir être celui du lynx, que l’on nomme loup-cervier. et qui devrait plutôt être nommé chat-cervier, parce que c'est un véritable chat; d’où oReN, cerf, et «mat, chat, et orkhatz. Alors ce mot ne serait pas une racine, 649 0. dent. sauterelle. son, bruit. loup. froid. agréable. lit. drap (de lit). forêt. vinaigre. C siflant, S, Z. 0. Orm glace, Ortz Orri feuille. Othi Orron errer, vaguer. Ots Os nuage. Otso Osab ongle ou oncle. Oz Osartu souffrir, Otzan Osin ou osiñ ortie. Oy et oe Ostadi champ inculte. Oyal, ce. Ostu feuille. Oyan Ostallu sculpture. Ozpiñ Ostr huitre. C sifflant, S, Z. Zabal étendu, ample, large, Zar ra Zabar ra lent. Zaro Sabel ventre, Sartu Zabil aloës, Sasitu Sable sable. Saski Sabre sabre. Zaspi Sabu etsagu souris. Zati Sagar ra pomme, Ce * Sagarroi hérisson, Ceatu Saco sac, outre. Cebar, cebo Zad cohorte, bataillon, parti. Sebo et cibo Zay gardien. Cebre Say vautour. Sed Saye autruche. Seg Sayet flèche, trait. Cekele Zain ou zaifi veine. Sei Saing aboyer. Zeli * Zaintule tendon. Cembate Saiñ graisse. Seme Salariet solatari espion. Sen et señ Salaiu accuser. Send a et atu Salbu sauf, Sald bouillon. * Sendar ra Saldu vendre. Centro Sallatu sauter. Zenzu * Salpen vente. Zaldi cheval. Celay Zanco cri. Cerale Zanco jambe, pied. Cero Sangri saignée. Sey Zapat.… cordonnier, Cerbakitu Zapo crapaud. Serbitu Sarcoy. forêt, Cer ra Sarde fourche; Ceru Sarce bras. Cecen vieux, ancien, nuit. entrer, introdnire. fumer { la terre ). corbeille. sept. partie, pièce, morceau. pr. sans in, part, nêg. broyer, appât. suif. cuivre. soie. continuer, suivre. seigle. six. ciel. nombre. fils. signe. force, santé, vigneur, guérir. solide. centre. entendement, sens ( fa— culté ). plaine. matière. zéro. domestique. soustraire. serviteur. scie. ciel. taureau, C siflant, S, Z. Cecen Cesu Ci Zi Ciazalde Sicu Cikurio Cidr Ciy Cil Sil la Cillar ra Sildatu Ciluz Cime! Cimitz Sinexte * Sinhetsi Cinuz Cirau Ciri Ciricu Ciraid Cizarcor Cicel Sudur ra Ciurs Ciutz Sobald Soc Soin et soif Soildar Uherriz Ukhan Unchart, c. Unchi Untziet ontzi Ura Urdal la Urde taureau. calme. pointe. gland. description. sec. seigle. citron. coin (instrument ). ombilic. siége, selle. argent, fixer, rayon. souple. anneau. foi. croire. ligne. vipère, coin. soie. étain. grêle. ciseau. nez. euphorbe. apte, habile. épaule. corde. épaule. vide. U. ceinture. coude. été. furet. fertilité. mamelle. mouvement. avoir. furet. lapin. navire, Vaisseau, vase. eau. estomac. porc. 650 CG sifilant, S, Z. Soil la Sol et sor Soñee Zor Sor Soriba Zorn Zor et zur ra Zorri Zorten Sortiz Zortzi stérile. terrain, sol. vêtement. devoir. sort. oiseau. pus. renard. pou. tige. destin, sort, nature, huit. Sasagu et sosegu calme. Su et sutu feu, brüler. Zuhain et su— haïitz, c. arbre. Subatz végétal. Sufritu souffrir. Sufre soufre. Sugarast et subii serpent, Zulatu percer. Zulcatu. fixer. Zumar ra orme. Supit bile. Zur bois ( matière ). Zurd ligne (à pêcher ). Zuri blanc. Sur ra nez. Zucen droit, adj. Sustray racine. Zut droit, roide, tendu. U. Urgun boîteux. *Urieteuri pluie. Urratu déchirer. Ur ra noisette. Urre or, Urrean près de, environ. Urrost buis. Urrun éloigner, écarter, loin. Urt orient. Urie année. Urten et irten sortir. * Urta liquéfier, fondre.( d’ur, eau ). Usaldi faute, 651 (af U. Usay et usañ odeur. Ustu et utsitu évacuer. * Usma et usna olfaction. Usu usé. Ucitu diviser. Usur usure. * Uzco division. Uts faux. Uso et usu pigeon. Utz joug ( des bœufs ). Uzt moisson. Utzeki queue. Uztai anneau. * Utsune vide. Uste espérance. X et Ch. Xet Ch. Chaboy et sal- Chilist et dilist lentille. boin. savon. Chimic punaise, Chahu balayer. Chimist éclair. Chacur etzaenr ra chien. Chimu singe. Changurru cancre (crustacé marin). Chirol et churol flûte, galoubet. Chaol hutte. Chit préf. diminutif, petit. Chaü a et atu clair, pur, pureté et net- Chito et chitez petit. toyer. Chirlac moule ( mollusque ). Cheatu frapper. Chitori jaune. Cheitu lisser. Choc lit. Cherri porc. Chocoet zoco angle rentrant, coin. Chilbar ombilic, nombril Chume petit. hit ph ie dr ) FLE, p 3 tabl 7 — LA 143 ° U ” IST À r_ vero | Æ | Le AA ee L | | hé in l'- AE DÉRIVÉS ANALOGIQUES Aoa, aba, aboa, auba Aboyer Abogado Boû Boo Boû Boaô Boys Bos Bu Boatus Bootes Ohen, ouhen Vox Voice Votum Voüez, Boüeh An Anima, ar:ma Anas, anilas Anémos Animus Auima Animus Animal Animalis Animo Argia OU PARASYNONYMES. 0 Ê | a LI PT \ 0 basque). Bouche. français). Aboyer. espagnol). Avocat, ( ( ec r (tin) (Beugler. (grec) Bruit, mugissement, retentir gronder. (grec). Crier. (grec). (latin). Bœuf, (brezon (latin ). Beuglement. latin). Bouvier. reron) Bœuf. atin : ps fVoix. (latin). Vœu. (brezon). Voix. elm (sanscrit). Mouvoir, vivre. (basque). Ame. Fuel Souffle , haleine, grec), |y (Tatin). Vent. (latin). Souffle, esprit, Âme, vie. (latin }. Esprit, courage, cœur, fig. (lat., basq., fr.) Animal. (latin). D'air respirable , d'animal (latin). Animer, vivifier. Arg. (basque). Lumière, clair, subst. 42 654 Argitu PR Briller. | Arcos grec). Blanc, brillant. Areyros grec). daim WBtinl fargent. Argus (latin). L'oiseau aux cent yeux, paon. Arguo (latin). Démontrer, prouver (éclairer l'esprit . Argutus (latin). Ingénieux, fin, subtil; lumi- neux , fig. Argumentum (argui-mentis : lumière de l'esprit ou preuve de l'esprit), argument. Et les mots français : argent, arguer, argument , arguties. B 4 OMS er: F H Bero et beru (basque). Oermos (grec). Chaleur. Wärme (allemand). Heres. (hébreu). Soleil. Herer (hébreu). Sèche, brûle. Bhar (sanscrit). Chauffer, brûler. Ver (latin). Printemps. Oéros (grec). Été. Barazal (hébreu). Fer. Ferrum et fer (lat.etfr.) Fer. Hermès (copthe, lat. Créateur de lalchimie qui grec, fr.) opère par la chaleur. Bero, berff, berr, verr (brezon). (Boul. Ferveo (latin). Fermentum (latin). sn déterminant une ébul- Ferment (français). lition. Ferveur (français). Passion ardente. Verve (français) Activité chaleureuse. Bermea ‘ (basque). Flamme. Vermeil et vermillon * (français). Couleur de flamme. * BerMea est un. mot composé venant de BER, chaleur, et de mea, esprit, fluide : fluide brûlant, ? Le vermillon se nomme vermylhoun et flammaish, en langue brezonne. Ces deux mots rappellent l’analogic de couleur de la flamme et du cinabre pulvérisé, ou vermillon. Les Brezads n’ont dû connaître le vermillon que par les Basques, puisqu'il est naturel à l'Espagne, étle nom de flammaish est la paraphrase de celui de vermillon. 655 De la même racine viennent encore ‘ : Aberea (basque). Animal. Behem (bébreu). Id. er (grec). Id. Fera et ferus (latin ). Id. Bera Ft Bahr teut Bear (anglais). Que: Beer (holland. De | Boréal (français). De l'ours ou septentrional. Borée (français). Vent de l'ours ou du nord. Féroce (français). Féroce. Phera hébreu) Sauvage, farouche, Bar rs Nourrir. Aberasa et aberatsa (asauq Riche, possesseur, Habere latin ). Avoir, posséder. Haber en AE Avoir. Avoir, verbe et subst. (français). Avoir, Aber (hébreu). Fort, puissant. vs Bici (basque). Vivre. Bicia (basque). Vie, vif, Bios (grec). Vita ft etai Vida (espagnol) Bioô tee Vivre. Bia (grec). Force. Vis (latin). Vertu, puissance, force. Vir (latin). Homme. Virtus (latin). Courage. Bir, beo, beü (hrezon). Vif. Buhe7, buez (brezon). Vie. Buée (patoisde Lillk) Vapeur vésiculaire. a en H | Le Dam (sanscrit). Calmer, dompter. ! Ces mots dérivent de BER, Chaleur, parce que les animaux ont une tempé- rature propre et généralement plus élevée que celle du milieu ambiant, Dériver le nom de l'animal de la température qni lui est Propre par aberea, c'est dire qui possède où qui a La chaleur. Damin, damânôâs Damô Domare,domitare ,do- minari Donvi, at, et, Domare, dominare Domar Daimôn Dæœmon Demonio Donea Dommeneddio Domiuus Dam Vama Femme Dame Dam, woman Domina Dama Madama Donna Damaza Damuzza Damerino Damo Domus Domaiue Domain Domâne Domanio Domestique Domestic Domicile Domination Dominion Dom Dôme Demnum Dommage Dampner To Damn Damno Dannato Damned Damnare Dannare . (latin). 056 (sanscrit). Vainqueur, maître, dominateur. (grec). (latin . Dompter. (italien). (espagnol). (grec). (latin). Génie, démon. (italien). (basque). Saint, sacré. (italien). Dieu. (latin). Seigneur, mitre. LAS (sanscrit). (français). (fr., allem.) (apsRIs)- Dame, fenime, maîtresse. (latin). EN bas ue). (ae) j EUR Belle femme. (italien). Femme perdue. (italien). Dameret. (italien), Galant. (latin). Habitation du maître, maison. mel (anglais). (bomaine (allemand). à Die pe rançais Pr Domestique. ds Domicile. r., aD nt CR. ). (Domination. (RARE Qui domine l'édifice, dôme, (fr.,angl.).) coupole. lehaiie {Dommage. rançais). (français). (Damner (anglais). é (latin). (italien). (Damné anglais). (italien). |Condamner. 657 Damner (français). Don (titre espagnol de noblesse ou de politesse ) *. Demos ET Peuple. Fæmina (latin Femme (français). Femme. Emea (basque). Homo (latin). Huomo (italien). [tomne. Hombre (espagnol). \ Eg. Eg, âg (sanscrit). Briller, luire. Egun (basque). Jour. Ag (mahratte). Feu. Egia, ekia (basque). Soleil. Gun (languestur- ciques). Soleil. Eagh, eigh (irland.). Lune. Icekia (basque). Ardeur. Kaiô (grec). Je brûle. Begia (basque) OEïil. Gjün et koun (tures ouigours) Soleil. Gjün (tures ouigours) Jour. Gün, kun, koun (famille turque). Jour. Aghrir, agri, agir, (kurdes) Feu. J a )70 J e { u HAMatre faô, inscriptions desroches de Sinaï, faites par les Hébreux dans 1F{RIepe désert. Ihéoa (hébreu)’. Dieu. Jauna (basque). Seigneur. Jaincoa, mot composé (basque). Dieu. Jau (celtique). Dieu, Jupiter Jovis, (latin). De Jupiter Heou (chinois). Prince. * Cette particule s'ajoute au nom de baptême et diffère essentiellement de Ja particule française de, qui se place devart un nom de localité. Don est sans doute le domine latin, qui a perdu sa terminaison par le fréquent usage que l’on ena fait. On en tient lieu par señor, monsieur ou seigneur, nom par lequel nous traduisons domine, latin. ? On transcrit généralement ce nom par Jehova. Je ne crois pas que cette transcription soit exacte. On pourrait encore lire /haoh. Mak, racine primitive Maka Machen Macan Make Maxé Méyanè Machina Maq Machinn Mira Miraculum Miraql, miraqlou Mirum Miraria Mihira Midhr Miror Mire Mira Mirer Mirare Mirein Mirar Mirador Mirailla Miraglio Miroüer Mirada Mirette Miri Mere, merein Micare 658 ) ketc M | 4 A ch : Main faire, agir, combattre. (océanien). Faire, attaquer, battre, guerre. (allem.), faire agir. (saxon), idem. (anglais). Créer, faire, fabriquer, forme, façon. (grec). Combat. (grec). Mouvement. (latin). Machine, mécanique. (turc). Sert pour former les verbes actifs. (quichua). Le gros du bras ou de la jambe. mit} basque). latin ). {iracie. (Probe atin). l : ant). | Merveille. (sanscrit). Soleil. (irlandais). Rayon de soleil. is Admirer. rançais). | ay: ss arte \Mire, but. (français) (italien). Vis (brezon de | "'°°"- Vannes). (espagnol). Regarder. (espagnol). Spectateur. (ere) italien ). hé Hem de Bip Vannes. (espagnol) OEillade. ( argot fr. ) 4830. OEil. (purys de ’Am. mér. : LR gr.) (ox. cantos). \ (latin). Briller. S,, Su (basque). Feu. Sund'yu (sanscrit). Feu. Sù À (sanscrit). Darder, lancer. Sur (sanscrit). Darder, briller. Sorch (irlandais). Brillant. Soürya (sanscrit, : kawi, cakia da, banga). Souradj (hindoust.). Suus ( chiquitos, péruvien). Succanink (ros. esqui.) | Sukkinnek (doble id. ). Soleil. Saccanak (groenl. id.) Sonja (rossawan). Sun (anglais). Sonna (allemand). | Sol (lat.,esp.). | Sole (italien ). Soleil (français). Sud (fr., ital.). Sudf. Süd (allemand). Sud. South (anglais). Sud. Suil (galique ou celt. propre). OEil. Sud (allemand). Bouillonnement. Sudum (latin). Beau temps. Sudus, adj. (latin). Serein, clair, beau. Sudor (latin). Sueur. Et suer, sueur; sureau, plante sudorifique; mots français. U M Ura, ur et u dans les mots com- posés (basque). U (guarani, jacoute ou soka), fa- mille tartare. Eau. Uretul (imbark}), famille jenessei ( région supérieure de l'Asie). Hu (brésilien indigène). 1 Un des quatre points cardinaux, ce:ui tourné vers le Midi, moment au— quel le soleil est le plus élevé sur l'horizon. 660 Uni (omagua), Amérique mérid. Uisque (celt. prop.) Ussu, ussum,ugun, (f.mong.) Teh u (thib. ) Ss u (turc). Eau. Chouï chinois). Mizzu ren AA Dour (brezon). Udak (kunkuna ). Ud , und Es dis Mouiller, couler. Oyron grec). : Vins (latin). he Urdina, urdina (basque). Bleu *. Oyranos (grec). Ciel. Uru (xancusa), Amérique mér.). Jour. Udur, oudur, eudur, udur rules mong.). Jour Outhar (grec). Mamelle, Hyalos (grec). Cristal. Hyelus (latin). Verre. Hyo (grec). Pleuvoir. Hydôr Fe Eau. Hygros (grec). Humide. Uber latin ). Mamelle. Udo (latin). Mouiller. Udor (latin). Humidité. Udus, a, um (latin). Humide, moite, imbibé, mouillé. Unda (latin). Onde. Undo (latin). Inonder, fluctuer. Urna (latin), ; NIET Urn LR | > LS Urne. Urne (allemand), pu 7 Urnarius Potier de terre. Urinari Plonger. Uvor Humidité, moiteur. Uvesco Devenir humide. Uva, à cause de la grande quantité de suc qu'il contient. Humecto et humesco Humor Hyades, constellation pluvieuse. Uter (latin). Uterus (latin). Hydros (grec). Hydra, us (latin). Hyder (allemand). Raisin. Humecter. Humeur. Pléïades. Outre. Matrice. Hydre. * Couleur d’eau sous un beau ciel. Les mots latins cærula, les mers; cœru- leum, azur, viennent du basque ceru, ciel, d'urdina. et ont une origine analogue à celle Hydria. Ora Ora Heur Ubr Hora Hour Idos et Idrôs Hyems Hima Hima Hiberno Jal. Jalan, jalitan. Hygea Hygeia Hygie 661 (latin). Cruche. (grec). Heure. (italien ). (brezon). (allemand). ‘Heure. (lat., esp.). (anglais). (grec). Sueur. (latin). Hiver. (sanscrit). Hiver et neige. (thibétain). Neige. - (latin). Hiverner. (sanscrit). Couvrir, condenser. (sanscrit). Eau glacée. (latin).{ Eau Santé, hygiène, ou con- (grec).{ et naissance des eaux et terre.) des lieux. * Ce nom d'heure vient de ce qu'anciennement le temps était mesuré par de l’eau qui s'écoulait d’une clepsydre. les ; Mar, se - Paredns cpu, ds Dans ent nriçind dahagui Wide d'urine, 663 VOCABULAIRES COMPARÉS Dans ces vocabulaires, la langue basque est compa- rée à treize langues ou groupes de langues. Le vocabulaire général, comprenant le français, l'es- pagnol et le latin, me dispense de publier les vocabu- laires comparés de ces langues. Cependant, comme ce vocabulaire ne donne que les significations directes, et que les mots qui ont le plus d'analogie avec ces trois langues ne sont pas toujours ceux qui ont été admis dans ce vocabulaire, je me propose de publier prochai- nement des observations sur l’origine des langues bas- que et française, qui seront suivies d'un vocabulaire de mots dont il serait souvent diflicile de trouver une autre origine que dans la langue basque, qui a d'ail- leurs laissé des traces dans presque toutes les langues parlées sur le globe. I. — Hébreu et chaldéen. Age Adina Idar , ch. Agneau Umeria Immera, ch. Aîle Egoa Egaf, h. Bâton Makila Maquel, b. Chair, viande Aragia Harag. tuer, h. Chaux Carea Ghira, ch. Cheval Zamaria Khamoura, syriaque. * Ces vocabulaires ont été composés en compilant une foule de dictionnaires ou de grammaires que je possède ou qui appartiennent à la bibliothèque de la ville de Bordeaux; mais principalement à l’aide des travaux déjà exécutés, de M. Klaproth, dans ses Mémoires sur l'Asie, et de M. Balbi, dans son Atlas ethnographique. Ciel Cerf Crapaud Déraisonner Désert Doigt Esprit (faculté) Fendre Fille Flocon de neige. Grèle Grenouille Haut Loup Lumière Miroir Ombre Pays Puissant Soir Son Stérile Ville Vol, larcin Agneau Bélier Ame Aveugle Blessure, plaie. Chat Chaux Chèvre Corbeau Crapaud Crime Dent Dur, fort Flamme Flocon de neige Fosse, trou Gardien 664 Cerua Orena Zapoa Erotu Eremua Atza Burua Phicatu Nesca Tela Goria Zapallora Goia Otsoa Argia Mirailla Itzala Erria AI Ahal Aratza Otsa Agorra Iria Soilla Zer, lumiere Rès, renne, h. Dzab, h Ere, se mettre en colère. Erem, vouer, consacrer. Etzloa, h. Rouack , h. Phelé, h. Nas, h. Telag, h. Gesakh, h. Tsepharedda, b. Goabh, h. Tséb, h. Or, gèr., h. Marob, h. Tsal, h. Era’a, ch. El, h. E’reb, h. Ozen, oreille, h. A’gar. reine Chalal, h. Il, — Arabe. Aria Umeria Arima Ichua Zauria Catua Carea Auntza Erroya Zapoa Hobena Ortza Zaïilla Sua Orria Sukharra Sarca Neitu Garra Tela Lezoya Zaina Arig' (agneau ). Immer, ou’mrous. Armaq (dernier soupir ). A’chi. Djarh’. Qytt. Kirs. A'nz. Aou'’er. Sifda”. H'aubeh. A'Tyz. Djald , djalid. Sou’ar. Ouerq. Sekàt. Charkah, chark. Nehi. H'arq (feu). Tzeldj. Ledjet, Siyän, 665 Gras, gros Gicena Ketzim. Lard Chingarra Khinzir (cochon). Lièvre Erbia Erneb. Loup Otsoa Assäs, adjour. Lune Illa Hilal (le croissant ). Maître Jauna Ain. Mer Itsasoa Adjour. Rapide Arina Rain. Moelle Hunna Honnet. Mordre Autsikitu Azz, a dzm. Mou Guria Khary’. Nom Icena Jsm , isem. Ombre Itzala Dzyil. Peu Guti Qit, qidz. Pointu Zorrotzo Sarali. Poitrine Bularra Beled. Poli, lisse Leuna Leïn. Poussière Autza Adjdj. Pur, pet. Aratza Ariz. Raviver Erroa Y'rq Réjouir (se) Azeria Hedjres. Rue Carrica Garin. Sang Odola Tolla. Sourd Gorra Khors. Stable Bortez Barid. Stérile Agorra A'qyr. Tendre, fin Guria Khara. Vaincre Garraitcea Gahr. Veine Zaina Chan. Vestige Alzarma Atzir. Viande Aragia A'rq (os couvert de viande). Vite Sari Siru’. Voix Bozoa, aozkia ,aoa Haoua. (bouche) Zèle Kharra Ha'rr. IT, — Persan. Arc Tyruelaya Tir (flèche, en persan et hindoustani ). Bras Bezoo Bazou. Broussailles Basoa Bichch Clef Gilça Kilid. Crâne Cosca Kasch Douleur Mina Män. Faible, paresseux Lachoa (lâche) Lachah. Grains (céréales). Artoa Ard (farine), Hérisson Sagarroya Sag'ar. Lie de vin Nuque Paresseux Perdreau Peur Pierre Pomme Poussière Puce Sac Sifilet Sourd Tasse Tendre, fin Trou Urine Urine Vautour Vieux Voix Volonté Axe Bélier Blanc Boule, cercle Chameau Laine Boisson Ciel Eau Esprit (faculté) Été Être Feu Flèche Glace Homme vur Limite 666 Tertica Dordi. Garrondoa Kerden, kerd, Aroya Aroân. Eperra Perperem, ferfar. Baldur Baliden (avoir peur). Harria, arria Khara Sagarra Zoug'rour. Autza Adjok Cucusa Keik. Çurruna Chirâr, chirad. Hichtua Hicht. Gorra Kar. Taza Tas. Bero Barik. Zuloa Soulakh. Pisya Pichar. Chysia Chacha. Bazoca Baz Zarra Zar, zer. Bozoa, aozkia, aoa Aouaz. (bouche) Gogoa Khoua. IV. — Sanscrit. Acha Aksas Roue, centre. Aria Avi Mouton Zuria Gaura Boilla Vaill Tourner. Gamelua Kramêlaka Ulea Bâla Cheveu. Pittara Pitan Cerua Sourga Ura Udaka — Ud, und Mouiller. Be Ur Étendre. Ispiritua Spr vivre, respirer. Uda Iddhan chaleur. Izan San Sua Sur Briller, _ Süris Soleil. — Sù Lancer, darder. — Sveda Sueur. Sayeta Sayaka Gela Jalan Gizon G'ana Eguna Luire. Le4 Ce) Mar Marka Frontière, 667 Mère Ama Ama Oie Antzarra Hansa Os Esteya Asthi Ours Artza Arksas Père Aita Tata Race Gendea Jan Naître, produire. Respiration Asnacea Asou Rivière Errioa Arivi Rocher, pierre Aitza Acman Science Kindea Ki Savoir. Soleil Egia Ég Luire. Terre Lurra Oùr Vague (flot) Baga Vahas, baketvag Mouvoir. Vieux Zarra Djera Voir Hegisti Eg” Luire. V.— Grec. Ame Anima Anémos Vent. Animal Aberea Oèr Axe Acha Axon Bélier Aria Ars À Boisson Pittara Pinô Boire. Bouche Aoa AÔ Soufller. — Aboa Boû BeugJler. — — Boaû Crier. —- — Boys Bœuf. Cervelle Baresarca Sarkos Chair. Chaleur Beroa Oermos _ _ Oéros Été. Cheval Zaldia Kelès Ciel Cerua Seir Soleil. Dame Andrea Aner, andéros Mari. Déraisonner Erotu Héros Débat. Eau Ura Hydor — — Hygros Humide. — — Hydros Hydre. — — Hyades Constellation. — — Idos, idros Sueur. — — Oyron Urine. — — Oyranos Ciel. = — Ora Heure. — — Oybar Mamelle. — — Hygeia Hygiène", | Hygeia veut dire eau et terre. Le plus ancien traité d'hygiène est d'Hip= pocrate; il à pour titre : Des eaux, des aïrs et des lieux, Hérisson Herse Huître Hyène Coudre Lampe Lion Lumière Lynx Madame Maïs Maison Mâle Mamelle Muscle Nourriture Ours Père Race Région Servitude. Soleil Solitude Soufflet Squelette Trouneau Tourner Vie Vivres Zodiaque Avoine. Baiser (subst.) Bon Bouche Chat Clair Eclair Examiner Fange Jour Mâle 668 Forme, apparence. Îda, idea, suff, Eis, eidos. Trichua Orix Cheveu Area Aroyn Cultiver. Ostrea Ostrakon Hiena Hyéna Josi los Pointe, poinçon. Lampa Lampas Lehoya Léôn Argia Argos Blanc. — Argyros Argent. Linoea Lynx Madama Damô Dompter. Artoa Artos Pain. Etchea Oixos Arra, suff. Arrèn Titia Difos Nasarkia Sarkos Chair. Bazca Boskô Paître. Artza Arktos Aita Atta Gendea Gennaû Engendrer. Erria Era Terre. Lotekintza Eilos Ilote. Ekia Kaiô Brûler. Eremua Erèmos Auspoa Ayô Soufiler. Eskeletoa Skéléton Elea Elos Prairie, Giratu Gyros Tour, Bicia Bios Bihi, pipi Bios Vie. Senesia Sèma Signe. VI. — Turc. Oloa Joulaf, Apa Opuch. Ona Onat. Aua Aus, ous (fam. t.). Catua Kedy. Acena Atchiq. Chimista Chimchek. Aratu Ara-maq. Cimaurra Kumreh. Eguna Gun, kun (fam. t.). Arra Ar, er. 1 On a dù coudre avee un poinçon ou une alène avant d'inventer l’aiguille, Maturité Mère Mourir Nid Oblique Père Pied Prairie Prune Pur, net Roseau Sec Tête Vol, larcin Volonté Blanc Fille Fumée Geuou Grand Manger Navire Poisson Prairie Sable Blanc Bouche Cerf Eau Fosse Froid Frontière Langue. Navire Oreille Pluie Prairie Sable Traîneau. 669 Oea ou chea Okerra Aita Oina Soroa Arana Aratza Sesca Agorra Burua Ohorga Gogoa VIT. — Samoyède. Zuria Nesca Kea Belarra. Andia Jan Untzia Arraya Soroa Kasca Arich. Ana. Eul-mek. Ouia ( Sib.), ioua ( Const.). Arquourou. Alta. Aiak, Tchaïr; Arik. Ari. Saz , sæz, Quourou. Bash, Burun (nez), Og or ( voleur). Gongoul. Syr, sirr. Neatzyke. Kwoe. Poul. Annia. leng. Onou. Harra; Seior. Kotcha. VIII. — Région polaire arctique. Zuria Sorni, sar Aoa Ao$, awouz Oren Oron Ura Ur, ul Odia Oidouck Otza ltchik Muga Moükout Mihia Inni Ontzia Ongosou Belarria Bel, pel Uria Ouri Soroa Serwn Kaska Khias, khas Nara Narta vogule. nogaï, tartare. toungouse. imbark de l'Iénesséi: téléoute, ostiake de Wasiougan. ostiake de Berezow. tcungouse. toungouse, vogule. assane et kotove, en Sibérie. tchouwache. iéniséen. kamtchadale, 43 Brebis Cerf Cheveux Chien Fille. Flamme. Grappe de raisin Nez Rouge Rouge Rouge Sec Soir Barbe Bois Brebis Dormir Etoile Frontière Fumée Ours 670 IX. -- Slave, Finnois, etc. Ardia lar esthonien. Orena Olen slave. Ulea Wolos slave. Potzoa Pes. pessik russe. Nesca Netchit esthonien. Garra Karst kriwo livonien. Matsa Mesi, mari esthonien. Sudurra Souda mordouine. Gorria Gord wotiake. Gorria Goird zyriane. Gorria Gordé permien. Chukkoa Soukhoa slave. Arratsa Rat permien. X. — Région du. Caucase. Bizarra Botzo . ossèles. Bigajou andi. Zura Dzar arménien. Ardia Arlhe touchi Lo Louri mingrelin. Izarra Zouri " akoucha. Muga Moukhk tchetchense. Kea Koui lesghi de Tchar. Artza Ars ossètes, XI. — Esquimau. Aoa Ocka(langue) groënlandais propre. Sua Succanuck groënlandais en gé- (soleil) ral, Eguna Agsünük tchoukche en général. Illargia Igaluk, all. tchougatchi konegu. — Irallük, all. choukche du cap — Tchoukchi. Ama Amama groënlandais de Lang. Aita Attala id. divers. — Alta tchoukche asiatique. Oiña lo-oga tchougatchi konégu. Ikhusi Eicega (œil) groënlandais de Lang. 671 AMÉRIQUE MÉRIDIONALE. XII. — Pérou et région brésilienne :. Idore (feu) Uru (jour) péruvien. xamuca. Abboa (langue) guarani. Oos Idatu (terre) Hu Huaylla chiquitos. cayurari, brésilien. LE Huaccani ( pleurer) q. Suus (soleil) Ghican, père. Killa Ma Mama Yta Ccaka Milhua Chupa Bari (lune) Lamkcani XIII. — Divers. Aride, sec Idora Bleu Ur Bouche Aboa Dent Ortza Desséché Idatu Eau U. Feu Sua Homme Ghizon Lune Illa Mère Ama » » Père Aita Pierre Acha Poil, laine Ilea , ulea Queue Hupa Tête Burua Travailler Londu Bœuf Idia Broussailles Basoa Cheveux Ulea Chien Potzoa Cochon Charria Etoile Izarra Genou Belarra Grappe de raisin. Matsa Mâle Arra Mère Ama Mobile, léger. Arina Oblique, de travers Okerra Pierre Arria Pluie Uria Rocher Aitza Eidion Bush Wolle Petze Souaer Itzri Seren Djarra Polwy Maisi Arre Ama Arrangia Queer Harreg Orée Issi ‘ Le péruvien ou quichua est marqué par q. chiquitos. guarani, quichua. morimi, q. et aïmara. mocori. q- LE ne sapiricOni. q. gallois. allemand. allemand. allemand. indoustani. berbère, gallois. hindoustani. fiunois. boukhare. kalmuke. mandchou. ioukaghire. allemand. gallois. romance. japonais. 672 Rocher Aitza Is Sec Agorra Khorai — — Kara — — lagyour Songe Ametsa Amou Trou Ciloa Skile Urine Cerisuria Chirzeq permien. mongol. japonais. berbère. mandchou. lettonien. nabathéen , au s. du Caucase. 673 VOCABULAIRE CHRONOLOGIQUE. Afin d'éviter l'impression des tableaux considérables et nombreux qui représentent ce vocabulaire, je ne l'ai donné qu'en français. Il pourra servir de modèle pour en faire d'autres. Il est d’ailleurs complété par les vo- cabulaires polyglottes imprimés dans cette partie. AGE PRIMITIF. Êtres cosmologiques. Soleil. Etoile. Nuit. Lune. Jour. tres terrestres. Montagne. Glace. Oiseau. Plaine, vallée. Neige. Lézard Marais. Nuage. Serpent. Terre , sol. Brouillard. Poisson. Pays, contrée, ré- Rocher. Mouche. gion. Pierre. Puce. Forêt. Sable. Pou. Mer. Arbre, Punaise, Lac. Herbe. Cousin. Rivière. Animal. Lieux. Noms spéciaux des montagnes, plaines, lacs, rivières, forêts, etc. Nom du peuple dans sa propre langue. Homme et parties du corps des animaux Homme. Poitrine. Poil. Tête. Ventre. Corne. Bras. OEil. Griffe. Aile. Oreille. Os. Jambe. Nez. Chair. Main, Bouche. Sang. Pied. Dent. Lait. Doist. Langue. Urine. Corps, Cheven. Excréments, 674 Idées générales, phenomènes. Lumière. Feu, flamme. Père. Mère. Naître. Vivre. Mourir. Tuer. Manger. Boire. Arc. Flèche. Haut. Bas. Près. Loin. Dedans. Fumée. Eau. Parenté. Fils. Fille, Principales actions. Respirer. Dormir. Marcher. Monter. Descendre. Avancer. Divers. Lance ou zagaic. Bâton. Mots divers. Dehors. Avant. Après. Dessus. Dessous. 2%e AGE. Air. Ciel. Frère. Sœur. Reculer. Tourner, Courir. Sauter. Danser. Chanter. Barque ou canot. Rame. Assez. Beaucoup. Peu. Trop. Oui, non. Superstition, idolatrie, culte. Être suprème. Bon et mauvais gé- nie. Chef. Lieutenant. Peuple. Idole. Autel. Sacrifice. Hiérarchie sociale. Esclaves. Habitations. Caverne. Sorcier ou devin. Augure. Tente. Hutte. Village, ville. ( Les objets et les actes qui se rapportent à cet âge varient selon que le peu— ple vit de chasse, de pêche, de troupeaux ou d'agriculture). Appt. Piége. Filet. Ligne. Peuples chasseurs. Armes spéciales à la la chase, peaux et vè- tements provenant de cette chasse. Peuples ichthyophages. Hamecon. Harpon. Graisse, suif. Huile animale, Troupeau. Pâturage. Toison. 675 Peuples pasteurs. Laine, Fil. Fuseau. Poinçon. Couture. Lait. Connaissance du mouvement des principaux astres. Sol arable. Graine , semence. Semer. Bouclier, casque. Ceinture. Bracelet. Bœuf, taureau. Bélier, brebis. Chévre. Dieux. Temple. Roi. Féodalité, Titres de noblesse. Maison. Palais Ville. Navire. Charrue. Roue. Char et chariot. Briques. Poteries. Teinture, Peuples agriculteurs. Récolter. Moulin. Farine. Collier. Anneau. Vêtements. Animaux domptés. Cheval. Renne. Eléphant. 3me AGE. Religion, culte. Autel. Prêtre. Hiérarchie sociale. Cours judiciaires. Tribunaux. République. Architecture. Fortification. Citadelle. Place publique. Navigation. Voile. Agriculture. Herse, Arts mécaniques. Rouet à filer. Tisser. Arts chimiques. Or. Argent. Etain. Four. Pain. Armes, ornements, vétements. Fourrures. Ponnet ou cape. Chaussure, Chameau. Lama. Porc. Sacrificateur. Militaire. Civil. Serf, esclave. Rue. Porte. Fenêtre. Mât, gouvernail. Engrais, fumier. Baliste de guerre. Catapulte. Cuivre. Bronze, Fer, Armes de métal. Casque. Cotte de mailles. Sabre. Cuirasse. Epée. Instruments, outils. Hache. Enclume. Burin. Scie. Tenaille. Aiguille. Marteau. Lime. Commerce. Échange. Monnaie. Acheter, vendre. Beaux-arts. Scuipture. Musique. Flûte. Peinture. Chant. Tambourin. Dessin. Danse. Lyre. Broderie. Cornet musical Harpe. Arts graphiques. Écriture figurée. Ecriture par lettres. Littérature. Poésie. Histoire. Sciences. Astronomie. Heure. Physique. Année. Eclipse. Optique. Mois. Comète. Médecine. Semaine. Arithmétique. Maladies diverses. Jour. Géométrie. Additions et corrections. P. 325,1. 15, et p. 326,1. 13, garagarilla veut dire Lune de l'orge. P. 327,1. 14, buruilla, lune de la tête. Ce nom vient sans doute de ce que les congestions cérébrales et les apoplexies sont fréquentes dans notre hémisphère pendant le mois d'octobre. . 331,1. 7, au lieu d'acha, lire: hache. . 351,1. 10, après des Italiens et, ajouter : des peuples parlant la lan- gue romane. . 352,1 19, au lieu d'hydrotéchine, lire : hydrotechnie. . 387, 419 et 422, au lieu d'arag, lire : harag. 404,12 de la note, au lieu de pluie, lire : source. . 426,1. 17, après morue, ajouter : et de la baleine. 3 ST DESCRIPTION D'UNE COUPE GÉOLOGIQUE des collines qui bordent Les rives droites De la GIRONDE , de la GARONNE, du TARN, de l'AVEYRON et de la LEYRE, De la PornrTe De LA Cousre, près de Royan, à Serr-Fonps, près de Montauban !, SUIVIE D’UNE NOTE SUR L'AGE DE LA MOLASSE DE MOISSAC; Par Vor RAULIN. 4° DESCRIPTION DE LA COUPE GÉOLOGIQUE. La constitution géologique de l'Aquitaine, cette vaste plaine du sud-ouest de la France, est encore environ- née de beaucoup d'obscurité, quant aux terrains ter- tiaires qui en forment la plus grande partie, malgré les études faites pendant les trente dernières années ! Cette note est la description d’une Coupe graphique manuscrite que nous avons adressée à l’Académie des Sciences de l’Institut de France, le 11 mai 1852, et qui forme le complément indispensable d’une Esquisse manuscrite de carte géologique de l'Aquitaine que nous avons adressée à M. Dufrénoy, le 25 dé— cembre 1848, pour lui montrer l’extension que nous donnons au terrain éocène dans la partie orientale de cette région. 678 surtout par MM. Boué et Dufrénoy, et aussi par MM. Jouannet, Drouot , de Collegno et Delbos. Des opinions contradictoires ont été et sont encore émises par les géologues qui s'efforcent de préciser exactement les faits. Depuis la publication, dans le courant de l’année 1848, de notre Nouvel Essai d'une classification des terrains tertiaires de l'Aquitaine, deux de nos col- lègues, M. Coquand, à Besançon, et M. Leymerie, à Toulouse, se sont successivement élevés contre quel- ques-uns des résultats auxquels nous sommes parvenu. M. Coquand a deux fois combattu nos opinions, et nous avons répondu deux fois par des faits concluants, suivant nous, à ses objections en partie théoriques. M. Leymerie nous avait d'abord attaqué occasionnel- lement et d'une manière très-générale, et nous avions répondu sans entrer dans aucun détail. Puis, dans la séance du 30 juin 4851 *, il a adressé à l'Académie des Sciences de l'Institut de France un travail dans lequel il émet une opinion différente de la nôtre, et qui vient d'être publié sous le titre de Vote sur un ANTHRACO- THERIUM MaGnum découvert à Moissac (Tarn et-Ga- ronne), et sur l'âge géologique de cette parhe du bassin sous-pyrénéen. C'est seulement après avoir quitté Bordeaux, à l'ar- rivée des vacances, et lorsque nous étions séparé de nos notes, que nous avions eu connaissance de l'extrait du Mémoire de M. Leymerie, inséré dans les Comples- 1 C.R,t. XXXII, pag. 942. 679 Rendus. À notre retour, nous nous étions empressé de dresser une coupe graphique, et de l'accompagner d'une note descriptive destinée à la publication, afin de mettre les géologues à même de se prononcer en connaissance de cause sur la valeur des deux opinions. La publication complète du Mémoire de M. Leymerie * nous fait connaitre en entier les raisons sur lesquelles est fondée l'opinion dont l'énoncé seul nous était con- nu ; elle nous permet de donner à la partie de notre description qui s’y rapporte, le développement néces- saire pour motiver et défendre l'opinion que nous avons émise, en moins d'une ligne, en 1848. Notre coupe, faite suivant une ligne un peu sinueu- se, est dirigée du nord-ouest au sud-est ; elle est à peu près parallèle à la ligne de jonction de l’Aquitaine avec la presqu'ile de Bretagne et le Plateau central ; cependant, elle vient aboutir, au sud-est, à cette pointe du Plateau central qui s'avance de Rodez jusqu'à Bru- niquel, à l'est et non loin de Montauban. Cette coupe, qui comprend un développement de 325 kilomèt., montre la succession de toutes les assises tertiaires qui forment le sol de l'Aquitaine, à l'excep- tion de celle du terrain pliocène, que nous ne croyons pas exister au nord de la Gironde, de la Garonne et du Tarn. Conformément au tableau que nous avons publié en 1848, ces assises sont les suivantes : : 9 Calcaire d'eau douce jaune de l'Armagnac TERRAIN MIOCÈNE (Bazas) jt SUPÉRIEUR. 8 Falun de Bazas. ? Mémoires de l’Académie de Toulouse. 680 Calcaire d'eau douce gris de l'Agenais (Saucats) Falan de Léognan. — Molasse moyenne de l’'Agenais. eu TERRAIN MIOCÈNE INFÉRIEUR. Qt Calcaire grossier de Saint-Macaire. 4 Calcaire d'eau douce blanc du Périgord (Agenais). 3 Sables de la Saintonge. — Calcaire gros- : sier de Bourg. — Molasse du Fronsa- TERRAIN ÉOCENE. dais (Agenais). 2hisCalcaire d'eau douce de Blaye. 2 Calcaire grossier du Médoc (Blaye). \ 4 Sables de Royan. La coupe présente, à l'extrémité nord-ouest, le ter rain crétacé supérieur, craie jaunàtre de Royan et craie blanche de Talmont, et médio-supérieur, craie à silex de Mortagne; à l'extrémité sud-est, se trouve l'étage su- périeur du terrain jurassique. Pour la description, nous divisons, ainsi qu'il suit, celte coupe en sept sections, dont chacune comprend soit un ensemble géologique, soit l'intervalle de deux grandes vallées latérales. io Dunes situées entre la pointe de la Coubre et Mèchers. 2° De Royan à Saint-Ciers-Lalande. 3° De Saint-Ciers-Lalande à Saint-André -de-Cubzac. 4° Du Bec-d'Ambès à Sainte-Bazeille. 8° De Sainte-Bazeille au confluent du Lot, près Aiguillon. 6° Du confluent du Lot à celui du Tarn, près Moissac. 7° Du confluent du Tarn à Sept-Fonds. 4° Dunes situées entre la pointe de la Coubre et Mèchers. A la pointe de la Coubre, il y a une plage unie, sableuse, de plus de À kilomèt. de largeur, à 681 marée basse. Le sable, poussé par les vents d'ouest, va former les dunes situées entre la côte d'Arvert et la plaine du bourg de ce nom; dunes qui sont les plus élevées de celles qui existent sur les côtes de France, au nord de la Gironde. Au sud-est de ces dunes, et au sud-ouest d'Arvert, il y a une autre bande de dunes, d'abord fort basses, puis devenant presque aussi élevées que les précédentes, au sud de Saint-Augustin-sur- Mer. Au-delà de Puyraveau et du phare de Terre-Nègre, les dunes ne forment plus que de petits massifs isolés, placés à l'est et au fond des différentes anses ou conches de la côte, dont toutes les parties intermédiaires sail- lantes sont de petites falaises rocheuses. L'étendue et la hauteur de ces massifs duneux sont en rapport avec les dimensions des conches. Les plus considérables sont ceux qui se trouvent à l'est des conches de Terre-Nè- gre, de Royan et de Saint-Georges-de-Didonne. Ce dernier massif, le plus élevé de tous, est situé au nord de Mèchers. 2° De Royan à Saint-Ciers-Lalande. Entre le phare de Terre-Nègre et le vallon de Saint-Palais-sur- Mer, sur une longueur d'environ 2 kilomèt., se trouve l'assise tertiaire la plus inférieure, désignée sous le nom de sables de Royan. La partie inférieure est un calcaire grossier, blanchätre, renfermant quelques grains de quartz qui le font distinguer assez facilement de la craie qui se trouve immédiatement au-dessous, à stratification à peu près concordante. Ce calcaire, qui a 2 à 3 mètres d'épaisseur, forme aussi le plateau ro- 682 cheux de la tour de Cordouan, et le roc Saint-Nicolas ou d'Usseau sur la côte opposée; il renferme un grand nombre d'Échinides, qui se rapportent aux espèces sui- vantes : Echinopsis elegans. Gualtieria Orbignyana. Goniopygus Pelagiensis. Amphidetus subcentralis. Cæœlopleurus Agassizi. Brissopsis elegans. Echinocyamus subcaudatus. Hemiaster (nov. spec). Echinolampas dorsalis. Schizaster vicinalis. — subsimilis. M. Delbos y a trouvé à Terre-Nègre, au contact de la craie, des carapaces de tortues et des ossements indéterminés. La partie supérieure est constituée par des sables argileux, grossiers, jaune-verdàtre, qui ont 7 à 8 mèt. d'épaisseur, et dans lesquels on trouve en abondance, par places, l'Ostrea multicostata et un Peclen. MM. Manès et d’Archiac ont trouvé sur plusieurs points, à la surface du sol, des plaquettes de grès fin renfermant en abondance les Nummulites planulata et Alveohina oblonga. Ces couches représentent sans aucun doute , comme nous l'avons déjà dit, les sables glauconifères inférieurs du Soissonnais et de tout le nord du bassin de Paris. De Saint-Palais-sur-Mer jusqu'au-delà de Mèchers, apparait la craie jaunâtre de Royan, qui forme tous les escarpements et les caps rocheux de cette partie de la côte; c'est un calcaire grossier, jaunâtre, divisé en bancs assez irréguliers, et renfermant en immense quan- 683 tité l'Ostrea vesicularis; on y trouve encore fréquem- ment les espèces suivantes : Retepora disticha. Lima maxima. Orbitolites media. Pecten substriatocostatus. Fungia polymorpha. Exogyra Matheroniana. Echinolampas Leskei. Spherulites crateriformis. Spatangus Prunella. — Hæninghausii. Cardium Faujasii. Nalica royana. Cucullæa cretacea. Turbo royanus. Pectunculus Marrotianus. Trochus Girondinus. Trigonia inornata. Nerinea bisulcata. Inoceramus regularis. Nautilus Fleuriausianus. Mytilus Dufrenoyi. La plaine entre Mèchers et Talmont est formée par des vases brunâtres alternant avec des sables, renfer- mant les coquilles marines actuelles; elle présente des salines au sud-est de Mèchers seulement. Vient ensuite le petit rocher de Talmont et la colline qui est au sud, dont la falaise montre la craie blanche de Talmont , qui est massive, sans stratification, avec de nombreux fossiles, dont les principaux sont : Tragos pisiformis. Lima Santonensis. Polypothecia dichotoma. Pecten quadricostatus. Ceriopora subimbricata. — substriatocostatus. Cidarites vesiculosus. Ostrea frons. Ananchites ovata. — vesicularis. Cyphosoma magnificum. Exogyra Matheroniana. Micraster cop-anguinum. Terebratula seiniglobosa Mytilus Dufrenoyi. — vespertilio. Inoceramus regularis, Serpula gordialis. HS Cette craie couronne les plateaux de Saint-Seurin et de Mortagne, et s'avance même au-delà. Sur ce point, elle est très distincte de la craie jaunàtre de Royan, au- dessous de laquelle elle git ; mais dans les autres parties de la bande crétacée, en Saintonge, cette distinction n'est plus aussi tranchée. Au-dessous de cette craie blanche, depuis Talmont jusqu'au delà de Conac, vient la partie supérieure de la craie tufau, très-visible, surtout dans les anciennes falaises au-dessous de Mortagne, dans les vallons de Barzan, au nord, et de Port-Maubert et de Conac, au sud. Elle est un peu sableuse et micacée, légèrement grisatre, assez régulièrement stratifiée, et renferme de nombreux lits de silex calcarifères grisätres, et surtout de nombreux polypiers et quelques autres fossiles. Les : principaux sont : Tragos pisiformis. Exogyra conica? Asterias punctulata. Terebratula difformis. Exogyra Matheroniana. Cette craie est exploitée pour pierre de taille au-des- sus de Mortagne, de Saint-Fort et sur la route de Mi- rambeau. Après le vallon de Port-Maubert, les coteaux dévien- nent plus élevés, et la craie supérieure reparait; elle est blanchâtre et renferme les mêmes fossiles qu'à Royan et Talmont. Elle forme les coteaux de Conac et de Saint- Bonnet, où elle est exploitée, et va, en s’abaissant, disparaitre dans la vallée de la Gironde avant Saint- Ciers-Lalande. 685 3 De Saint-Ciers-Lalande à Saint-André-de- Cubzac. Le plateau formé par la craie supérieure va en s'abaissant, de Conac, par Saint-Ciers-Lalande, jusqu'au vallon de la Livenne avant Anglade. Sa sur- face est formée par les dépôts tertiaires de la Sainton- ge, dont l’âge a été, en 1850, l'objet d'une discussion entre M. Coquand et nous. Dans cette partie, ce sont des sables un peu argileux, jaunes ou rougeàtres, plus ou moins grossiers, renfermant assez souvent des cail- loux de quartz, et çà et là, des argiles rouges et vertes, à grains de quartz, ou grisätres, assez pures, exploi- tées pour des tuileries. Ces sables argileux font partie de la grande nappe qui recouvre la Saintonge et qui va se prolonger, par l'Angoumois et le Périgord, jus- que dans le Quercy. Il est facile de comprendre que des observateurs qui n’ont point étudié leur liaison avec les terrains tertiaires régulièrement stratifiés de lAqui- taine, aient pu être amenés, par des considérations théoriques particulières, à les rapporter à des étages différents. M. Dufrénoy les a considérés comme mio- cènes, et M. Coquand, récemment, a voulu les faire en- trer dans le terrain pliocène. Quant à nous, tenant compte de l'altitude qu'ils possèdent au voisinage des terrains tertiaires réguliers, du passage latéral des uns aux autres, de la composition de ces derniers au voisi- nage des dépôts sableux, et surtout de l'alternance de ces deux systèmes sur quelques points, même dans le voisinage de ceux par lesquels passe notre coupe (au Pontet et à Jollet, entre Étauliers et Blaye }, il nous à été impossible de ne pas les rapporter aux assises infé- 686 rieures du terrain éocène, ainsi que nous l'avons éta- bli dans notre réponse à M. Coquand. D'Auglade, par Blaye, jusqu'à Roc-de-Tau, on voit l'assise inférieure du terrain éocène formée d'abord par le calcaire grossier du Médoc. À Anglade, au voisinage des sables précédents, ce calcaire est très-arénifère, et renferme abondamment des cailloux de quartz, souvent de la grosseur d'une noisette. À Blaye, il n’y a plus qu'une partie des bancs qui renferme du sable et des cailloux à peine de la grosseur d'un pois; les autres sont formés par un calcaire grossier ordinaire à Orbitolites, Miliolites, Echinolampas, et mollusques fossiles en partie identiques à ceux du calcaire grossier parisien. Au-dessus du calcaire grossier viennent, d'Eyrans à Roc-de-Tau, des marnes vertes assez épaisses, sur— montées par une assise de calcaire d'eau douce, dans lequel les fossiles sont fort rares, et qui est exploité pour chaux hydraulique au bas des moulins de la Garde à Rollon, et surtout au moulin de l'Air près de Plas- sac. Ce calcaire vient former une petite falaise à Roc- de-Tau avant de disparaitre dans la Gironde. La partie supérieure du terrain éocène, sur la rive droite de la Dordogne, de la Garde à Rollon, à Bourg et jusqu'à Cubzac, est formée par des molasses gris- verdatre, grossières ou fines, alternant avec des mar- nes argileuses de mème couleur, renfermant souvent des ostracées et d’autres mollusques. Seules à la Garde, à Rollon et à Plassac, ces molasses et argiles renfer- ment, à partir de Roc-de-Tau , à diverses hauteurs, deux ou trois grandes assises et d'autres petites de calcaire 687 grossier rempli d'empreintes de coquilles marines et de polypiers, et renfermant en outre des Miliolites, des Astéries , des dents de poissons, des côtes de lamantin, etc. C'est à ces diverses assises qu'appartiennent les calcaires de La Roque, de Bourg, de Marcamps, de Peyrelevade, de Cubzac, d'Asques, etc. Sur un point, au Puy, près de Berson, à l'est de Blaye, ce système est terminé par une argile rose, à rognons de calcaire marneux d'eau douce, qui a 3 mètres d'épaisseur et qui est pour nous le représentant du calcaire d'eau douce blanc du Périgord, qui termine la période éocène. De Mortagne à Blaye, les collines sont séparées de la Gironde par de vastes marais qui ont jusqu'à 6 kilo- mètres de largeur devant Saint-Ciers-Lalande. 4° Du Bec-d'Ambès à Sainte-Bazeille. Après avoir décrit les coteaux de la rive droite de la Dordogne, si- tués au nord et en arrière, nous traversons les ma- rais tourbeux de Montferrand, qui s'avancent jusqu'au delà de Bassens, et la Dordogne , pour venir suivre les coteaux de la rive droite de la Garonne. D'Ambarès jus- qu'à Baurech , et même Langoiran , la pente des coteaux est formée par le système des molasses marines de Bourg , qui devient moins arénacé, les assises, ainsi qu'on pouvait bien le voir dans les tranchées du che- min de fer à Lormont, étant composées d'alternances de marnes et de calcaires plus ou moins marneux, ren- fermant des empreintes de coquilles marines. À Lormont, l’assise inférieure du terrain miocène , constituée par le calcaire grossier de Saint-Macaire, recouvre la précédente assise éocène; il est tantôt dur, 688 tantôt tendre, il renferme des nodules calcaires con- crétionnés, et est caractérisé par des fossiles en partie identiques à ceux des marnes à huîtres et de la partie inférieure des sables de Fontainebleau dans le bassin de Paris. Un lambeau en existe déjà sur la rive droite de la Dordogne, au sommet de la côte de Montalon près de Saint-André-de-Cubzac. Sur la rive droite de la Ga- ronne, de Lormont à Baurech , il couronne les coteaux, et de là, en s’abaissant successivement, il va se perdre sous la Garonne, peu après Cadillac, sous les dépôts plus récents. Entre Cadillac et Saint-Macaire, notam- ment à Sainte-Croix-du-Mont, ces calcaires sont entiè- rement au-dessous du niveau de la rivière et n'appa- raissent plus. Mais ils se relèvent vite de Saint-Macaire à La Réole et Saint-André, au-dessus de Mongauzy, jusqu'à la petite vallée de Castelnau-sur-Gupie , avant Sainte-Bazeille; à l'est, il a disparu complétement par suite de l'amincissement qu'il éprouvait depuis La Réole. De Lormont jusqu’au delà de Langoiran , et de Saint- Macaire à Saint-André, ce calcaire forme des escarpe- ments, une sorte de corniche, au-dessus des marnes et des calcaires marneux éocènes, auxquels il se lie intime- ment par suite de l'absence de l’assise supérieure du terrain éocène, le calcaire d'eau douce blane du Péri- gord, dans toute cette partie de la coupe. De Baurech au vallon de Castelnau-sur-Gupie, la dépression formée par le calcaire grossier de Saint-Ma- caire est comblée par les autres assises du terrain mio- cène, soit les deux qui appartiennent encore à l'infé- rieur, soit les deux qui constituent le supérieur, 689 Le falun de Léognan est représenté par des sables un peu argileux, jaune-fauve, à veines grisâtres, par- fois peu consolidés, renfermant quelquefois des débris d'Ostracées, soit à Rions, soit à La Réole. À Sainte- Croix-du-Mont, ce sont des alternances de molasses grossières, verdàtres, et de marnes sableuses , jaunà- tres et verdètres, dans lesquelles les fossiles sont très- rares, Au-dessus, vient l'assise du calcaire d'eau douce gris, de Saucats, représenté tantôt par des marnes noirà- tres, comme à Rions; tantôt par des marnes grisàtres, avec couche de calcaire à Lymnées, Planorbes et Palu- dines, comme à Sainte-Croix-du-Mont ; tantôt par des marnes verdàtres et des calcaires d'eau douce plus ou moins concrétionnés, comme au moulin du Mirail et dans toute la colline qui est au nord de La Réole. Nous avons pensé que c'était peut-être à celte assise qu'ap partiennent les argiles grises de Créon et de Sadirac, si employées à faire des poteries; mais M. Delbos vient de démontrer qu'elles dépendent du terrain diluvien *. Le terrain miocène supérieur qui existe entre Rions et La Réole, est surtout développé autour de Sainte- Croix-du-Mont. L’assise inférieure, ou falun de Bazas, se compose d'argiles sableuses verdàtres, avec quelques empreintes de coquilles marines, puis de caltaires gros- siers , jaunàtres , arénifères, renfermant en énorme quantité l'Ostrea undata, et d'autres fossiles à Sainte- Croix-du-Mont, où, par suite de leur endurcissement, ! Bulletin de la Soc. geol. de France, 2° série, t. X, pag. 41. 690 ils occasionnent une corniche rocheuse dans les colli- nes avoisinantes. À Rions, il y a des couches de cal- caire grossier arénifère jaune avec de petites huitres, et il en est de mème sur les collines qui sont au nord de La Réole, au télégraphe de Graveilleuse, où il y a aussi de grandes huitres. L'assise supérieure, ou calcaire d'eau douce de Ba- zas, se présente seulement au centre de la dépression, dans la colline au-dessus de Sainte-Croix-du-Mont, et peut-être dans celles de Saint-Macaire. Ce sont des marnes blanchâtres, renfermant des rognons de cal- caire compacte brunâtre. Le terrain pliocène ne se trouve sur aucun point de la rive droite de la Garonne, pas même dans la dépres- sion dont il est ici question; seulement, sur toute cette rive, depuis la vallée du Drot jusqu'à Lormont, et sur la rive droite de la Dordogne, depuis Saint-André-de- Cubzac jusqu'à Blaye, il y à un diluvium épais, com- posé de sables argileux, jaune-rougeàtres ou rouges, renfermant en immense quantité des cailloux de quartz, dont la grosseur varie depuis celle d'une noisette jus- qu'à 5 centimèt. de diamètre; dans les environs de Sainte-Croix-du-Mont, ce dépôt est pénétré de fer hy- droxydé qui y occasionne des poudingues ferrugineux durs, employés dans les constructions. 5° De Sainte-Bazeille au confluent du Lot, près Aiguillon. De La Réole à l'embouchure du Lot, au- dessus de Tonneins, on retrouve le terrain éocène, par suite du relèvement des couches; mais ici il ressort de dessous le calcaire grossier de Saint-Macaire, des cou- 691 ches de molasse plus ou moins argileuse, grisâtre, jaunàtre où verdàtre, alternant avec des argiles et mar nes de même couleur. Ces couches, qui ne renferment incontestablement aucun fossile marin, paraissent bien avoir été formées dans des eaux douces. Elles rempla- ceraient ainsi les calcaires de Bourg; probablement même, le système marin inférieur de Blaye serait repré- senté par les molasses et argiles également d'eau douce, qui ont été rencontrées plus bas dans quelques son- dages. En remontant la Garonne, on retrouverait ainsi des faits analogues à ceux que l'on constate lorsque de Blaye et de Bourg on voit les calcaires passer latérale- ment à des molasses marines, et celles-ci, plus loin, passer aux sables et molasses d’eau douce de la Sain- tonge et du Fronsadais. Ce système est surmonté par le calcaire d'eau douce blanc du Périgord, qui manque au nord-ouest de Sain- te-Bazeille, mais que l'on voit, dans les environs de Duras et de Monségur, placé au-dessus du calcaire grossier de Saint-Macaire. Ce calcaire d’eau douce est assez développé entre Sainte-Bazeille et Marmande; il est blanchätre et renferme des Lymnées assez fréquem- ment; mais au delà de cette dernière ville, il n’est guère représenté que par une couche de marne rose, avec petits rognons de calcaire d’eau douce. Cette marne est très-caractéristique, assez constante ; mais, par suite de sa faible épaisseur, qui souvent n'atteint pas un mètre, elle n'est pas toujours visible sur la pente des coteaux. Au sud-est, le calcaire d'eau douce reprend pourtant dans cette assise, et devient assez épais dans la pres 692 qu'ile qui, au delà de Tonneins et de Clairac, porte les moulins de la Ramière ; il donne lieu à de grandes exploitations au-dessus de Nicole. Le terrain miocène inférieur qui recouvre le cal- caire précédent, formé entre La Réole et Sainte-Ba- zeille par des couches marines, présente entre Sainte- Bazeille et Marmande des alternances marines et d'eau douce ; elles sont formées au-dessous de Beaupuis par des argiles grises à empreintes végétales, des argiles vertes, et des molasses grossières grises à Scutella, Pecten, Ostrea, ete. De Marmande à l'embouchure du Lot , il n'y a plus que des assises d'eau douce consis- tant en molasses, argiles et marnes entièrement sem- blables à celles du terrain éocène qui sont au-dessous, séparées seulement par la marne rose dont il a été question. Le calcaire d'eau douce gris de l’Agenais se trouve rarement dans celte partie; il existe cependant aux moulins de la Ramière, où , comme d'ordinaire, il est gris, fétide, à tubulures, avec nombreux Lymnées, Pla- norbes et Helix. G° Du confluent du Lot près Aiquillon, à celui du Tarn près Moissac. La molasse d'eau douce éocène de Tonneins se poursuit dans toute l'étendue de cette section en conservant une épaisseur à peu près égale ; ce sont toujours des molasses grossières, grisètres, al- ternant avec des molasses plus fines, plus argileuses, vertes où jaunàtres, et des argiles et des marnes plus ou moins sableuses de même couleur. Elles sont recou- vertes immédiatement par le calcaire d'eau douce blanc 693 du Périgord, massif, sans stratification, qui renferme rarement des fossiles et qui est exploité pour pierres de taille. Son épaisseur moyenne, peu variable, est d'en- viron 20 mètres, et il vient, en s’'amincissant , se ter- miner au-dessus du port de Boudou en formant des escarpements , une corniche horizontale, excepté au- tour de Clermont-Dessus, où il y a un léger exhausse- ment, ainsi qu'à la terminaison, où il atteint le sommet des coteaux. Le terrain miocène inférieur est représenté d'abord par la mollasse moyenne de l'Agenais, en tout sembla- ble à la précédente, qui vient recouvrir le calcaire d'eau douce blanc jusqu'à sa terminaison à Boudou. Au- dessus, vient le calcaire d'eau douce gris de l'Agenais, fétide, à tubulures, avec Lymnées, Planorbes, Helix, et quelques ossements, qui couronne les coteaux autour d'Aiguillon et qui se retrouve jusqu'un peu au delà d'Agen. Le terrain miocène supérieur, dans cette partie de la coupe, n'existe qu'au-dessus d'Aiguillon, et encore n'y at-il que la base de lassise inférieure, le falun de Bazas, représenté par des molasses et des marnes, ren fermant d'assez grandes huitres en abondance. T° Du confluent du Tarn près Moissac, à Sept- Fonds. Au delà du port de Boudou, on ne retrouve plus la molasse miocène inférieure, ni le calcaire blanc du Périgord; les collines sont entièrement formées par la molasse éocène, qui s'élève et acquiert une plus grande épaisseur visible, au-dessus du fond des val- lées que partout ailleurs; elle forme la colline entière 45 69% de Moissac, le plateau de La Française jusqu'à Caus- sade; elle est constituée absolument comme à Tonneins et dans la section précédente; seulement, sur beaucoup de points il y a des bancs renfermant des cailloux de quartz qui atteignent parfois, comme au confluent du Tarn, sous La Française, la grosseur d'une noix. En quelques endroits, des parties consolidées plus ou moins fortement, donnent un mauvais moellon. Autour de Caussade, aux limites extrêmes du terrain tertiaire, les mollasses grossières ou argileuses fines, présentent par places, à leur base, soit des marnes vertes, soit des argiles vertes ou rouges, au contact des terrains secon- daires. À Caussade, le bas plateau est formé par le terrain jurassique, consistant en des calcaires compactes légè- rement brunàtres, donnant de grandes dalles , à terre brun-rougeàtre, très-pierreuse ; ils appartiennent très- probablement à l'étage supérieur à Caussade, et à des étages plus inférieurs aux environs de Sept-Fonds. Un coup d'œil d'ensemble fait voir que le sol décrit dans notre coupe, va, ainsi que les assises qui le cons- tituent, en s'élevant du nord-ouest au sud-est, c’est-à- dire de la mer vers l'intérieur. Mais lorsque l’on vient à examiner plus attentivement, on aperçoit des ondu- lations assez prononcées. Dans la partie nord-ouest, il y a un bombement des couches, dont le centre parait être à Mortagne, et qui embrasse toute la partie située entre la pointe de la Coubre et le confluent de la Dor- dogne au Bec-d'Ambès. Ce bombement se traduit même, à l'extérieur, par une sur-élévation du sol, dont le point 695 culminant est à Saint-Thomas-de-Conac. Aux deux cinquièmes de la longueur de la coupe, et faisant suite au bombement, existe une dépression des couches dont le centre est à Sainte-Croix-du-Mont près de Cadillae, et qui s'étend depuis Bordeaux jusqu'à Sainte-Bazeille. Cette dépression n’est traduite à l'extérieur par aucuu accident particulier du sol. De Sainte-Bazeille à Caus- sade, sur plus de la moitié de la longueur de la coupe, les couches tertiaires vont en s’élevant doucement et d'une manière régulière. Ces deux accidents, bombement et dépression , ainsi que nos recherches nous ont permis de le constater, ont eu des causes analogues. Le bombement de Mor- tagne fait partie d’un relèvement du sol, postérieur au dépôt du terrain crétacé , qui s'est produit suivant une ligne dirigée à peu près de Pons à Marennes. L’abais- sement de Sainte-Croix-du-Mont est dü à une dépres- sion qui existait dans le golfe de l'Aquitaine également avant le dépôt des terrains tertiaires. Considéré en grand, au point de vue géologique, on voit le bombement qui est au voisinage de la côte «mener au jour le terrain crétacé; sur la pente nord- ouest, très-courte, se trouve un petit lambeau tertiaire, masqué de suite par les dunes; la pente sud-est, très- longue, fait partie du fond du grand golfe tertiaire de l’Aquitaine; à l'extrémité sud-est de celui-ci, le fond, lorsqu'il redevient visible, n'est plus constitué que par le terrain jurassique. Dans ce grand golfe, situé entre Mortagne et Caus- sade , le terrain éocène commence à Saint-Thomas-de- 696 Conae, et vient, sous forme de dépôts marins, s'abais- ser graduellement et se perdre sous la Garonne avant Cadillac. Le terrain miocène inférieur commence à Saint-André-de-Cubzae, s'abaisse jusqu’à Sainte-Croix- du-Mont, et ensuite se relève rapidement jusqu'à Mar- mande; puis, exclusivement constitué par des forma- tions d'eau douce, il se relève très-doucement jusqu'au delà de Valence d'Agen. À partir de La Réole, reparaît le terrain éocène, exclusivement d'eau douce, qui se relève d'abord rapidement jusqu'à Marmande, puis très- doucement jusqu'à Caussade. Le terrain miocène supé- rieur achève de remplir le centre de la dépression entre Rions et La Réole. Il reparait un instant près du con fluent du Lot, au-dessus d’Aiguillon. Comme nous l'avons déjà fait remarquer, les différen- tes assises exclusivements marines , ou la forme marine des assises mixtes, pénètrent ou se poursuivent d'au- tant plus avant dans l’intérieur de l'Aquitaine qu'elles sont plus récentes; ainsi : Le falun de Bazas dépasse Aiguillon. Le falun de Léognan devient d'eau douce avant Marmande. Le calcaire grossier de Saint-Macaire ne dépasse pas Île vallon de Castelnau-sur-Gupie. Le calcaire grossier de Bourg se transforme en assise d’eau douce entre Cadillac et La Réole. Le calcaire grossier du Médoc disparaît avant Bourg. Les sables de Royan n’atteignent pas Royan. Quant aux quatre assises de calcaire d'eau douce, leur plus ou moins grand éloignement de la mer ne 697 présente aucune espèce de régularité, car elles ne dé- passent pas les limites suivantes : Calcaire jaune de l'Armagnac (Bazas)... Cadillac. Calcaire gris de l'Agenais (Saucats)..... Cadillac. Calcaire blanc du Périgord (Agenais).... Sainte-Bazeille, Calcaire de Blaye... Drobodne COR SE .. Anglade. D'après notre coupe, les plus grandes épaisseurs visibles des différents étages tertiaires, au-dessus de la Garonne et du Tarn, sont les suivantes : Terrain miocène supérieur... A Ste-Croix-du-Mont.. 40m Terrain miocène inférieur... A La Réole....…. ct 20 MennainMÉoC near MAUCAUSSatles.s. 0 130 L'épaisseur des deux étages supérieurs est complète dans les localités indiquées, car on y voit la base et le sommet de chacun d'eux. Mais il n’en est pas de même pour l'étage inférieur, car de Saint-Ciers-Lalande à Caussade, la base étant située beaucoup au-dessous du niveau de la vallée, on ne peut en connaître que bien rarement la puissance totale. Toutefois, les trois son- dages qui ont été faits dans le voisinage de la coupe permettent d'attribuer des épaisseurs déjà fort considé- rables au terrain éocène, quoique les sondages n'aient pas atteint la craie ou le terrain jurassique sous-jacent. Elles sont : A Beychevelle, de... 130 m A Bordeaux, de... 230 ANA'Sen eee. 22 D LE 220 698 90 NOTE SUR L'AGE DE LA MOLASSE DE MOISSAC. Après avoir terminé la description de notre coupe, nous arrivons à nous occuper du Mémoire de M. Ley- merie, et spécialement des trois dernières pages. Dans notre Essai d'une classification des terrains tertiai- res de l’Aquitaine, nous avions déjà rapporté à la molasse éocène du Fronsadais les couches au milieu desquelles, dans d’autres localités, ont été trouvés les Rhinoceros minutus, Anthracotherium magnum et minutum. Ce ne fut pas sans quelque étonnement que nous lûmes dans les Comples rendus le passage sui- vant : «Cette mächoire a été trouvée avec des dents » isolées d’un grand Rhinocéros, au milieu d'une mo- lasse friable, au pied des coteaux qui s'élèvent der- rière les maisons même du quartier Saint-Martin, à Moissac. Nous considérons ce terrain comme identi- que à celui des collines de Toulouse, et comme de- vant rester dans l'étage miocène de la formation ter- » tiaire. » Nous désirions vivement connaitre les faits qui avaient amené M. Leymerie, qui a étudié plus particulière- ment la partie supérieure de la vallée de la Garonne, à proposer pour les couches situées au confluent de cette rivière et du Tarn, à Moissac, un classement dif- férent de celui auquel nous étions arrivé par l'étude de la partie inférieure de cette même vallée, entre l'Océan et cette dernière ville, partie où la succession des as- sises peut être le mieux étudiée. La publication de % 2 CA A, Ve Ÿ 4 C4 699 son Mémoire vient satisfaire notre désir, en nous don- nant les moyens de connaitre les observations sur les- quelles il s'appuie, et d'apprécier la valeur des déduc- tions qu'il en tire contre notre manière de voir. Les raisons qui portent M. Leymerie à ranger la molasse à Antracotherium des bords de la plaine du Tarn, à Moissac, dans le terrain miocène, se rapportent aux trois catégories suivantes, que nous allons examiner successivement : 4° La présence de l'Anthracotherium magnum, un des animaux les plus caractéristiques de l'époque miocène, suivant M. Leymerie ; 2 L'identité minéralogique des collines de Tou- louse et de Moissac, et la continuité du terrain dans tout l'intervalle qui sépare ces deux villes; 3 L'existence d'un calcaire d'eau douce à moules d'Hélix du Gers au sommet des coteaux, sous une as- sise sableuse à Boudou, à 4% à l'O. de Moissac. 1° Quant au genre Anthracotherium, nous n'avons pas oublié que M. Gervais l'a considéré, en 1849, com- me caractéristique de sa quatrième faune, l'une de cel- les des terrains miocènes. Mais s'il en est ainsi incon- testablement pour une espèce, l'A. onoideum Gerv. des sables de Neuville-aux-Bois (Loiret), et peut-être aussi pour l'A. alsaticum Cuv. des lignites de Lobsann et de Béchelbronn, il ne faut pas oublier qu'on manque de données pour l'A. Silistrense Pentl. des b>.ds du Brahmapoutra, dans l'Inde. Pour les autres espèces, les assises qui les renferment avaient déjà été en partie rapportées au terrain éocène, avant la publication de la 700 note de M. Gervais, et depuis, cette opinion tend à pré- _ valoir chaque jour davantage dans la science, comme on va voir. L'A. Gergovianum BI. d'Ivoine, près d'Issoire, dans les couches inférieures du dépôt de la Limagne, vient d'être classé lui-même, par M. Gervais, dans le terrain éocène supérieur. Dans le petit bassin du Puy-en-Vélay, l'Anthraco- therium velaunum Cuy. a été trouvé dans des assises superposées, et se liant intimement à celles qui renfer- ment plusieurs espèces de Palæotherium, que M. Ger- vais considère comme caractéristiques de sa faune éo- cène supérieure, la troisième, celle des Gypses pari siens. Quant à l'Anthracotherium magnum Cuv. lui-même, considéré par M. Leymerie comme un des animaux les plus caractéristiques de l'époque miocène , tous ses gisements sont, Ou reconnus, Ou supposés éocènes, comme on va le voir dans leur énumération. Dans le bas- sin de Paris à Meudon, il a été trouvé dans un conglo- mérat crayeux situé à la base de l'argile plastique. Dans la Limagne d'Auvergne, c’est à Orsonnette et à Bansac, près d'Issoire, dans des arkoses qui forment les couches les plus inférieures du terrain tertiaire, que plusieurs géologues rapportent au terrain éocène. À Digoin et à Varennes, près de cette ville, l'âge des terrains où il a été rencontré n'est pas certainement déterminé. Son plus ancien gisement, à Cadibona, près de Savone, en Ligurie, est dans des lignites que M. Coquand assimile maintenant à ceux des environs d'Aix, en Provence, 701 qu'il a toujours considérés comme de l'âge des gypses de Paris, et que MM. Leymerie ‘ et Mathéron ? con- sidèrent comme un équivalent synchronique lacustre du terrain à Nummulites. Cette opinion a pris un ca- ractère de vérité absolu par la découverte qui a été faite dans les lignites analogues , des environs d'Apt, des espèces de Palæotherium les plus caractéristiques du gypse parisien. Enfin, on à vu que, par des consi- dérations purement géologiques, nous étions arrivé, en 1848, à mettre aussi les molasses de Moissac en pa- rallèle avec cette dernière assise. L'Anthracotherium minus Cuv. appartient aux mé- mes lignites de Cadibona, et doit suivre le sort du pré- cédent. Enfin, nous rappellerons qu'en 1848, antérieure- ment à la publication de M. Gervais, nous avions rap- porté à la molasse éocène du Fronsadais les couches dans lesquelles, à Hautevignes (Lot-et-Garonne), a été trouvé lAnthracotherium minimum Cuv. M. A. d'Orbigny, dans le premier volume de son Traité élémentaire de Paléontologie, publié en 1850, n'a pas hésité non plus à rapporter, sur les cinq An- thracotherium connus de lui, trois espèces au terrain parisien (éocène supérieur), et deux au terrain falu- nien {miocène). 2° Dans notre Nouvel essai d'une classification des terrains terhiaires de l'Aquitaine, nous avons suffi- samment établi, par des descriptions de coupes et de ‘ Bull. de la Soc. géol. de France, 2° série, t. VIII, p. 205. 1851. é Id. id. IX, p. 189. 1852. 102 continuités d'assises, l'identité des caractères minéra- logiques des divers étages de molasse d'eau douce, pour n'avoir pas besoin de donner encore de nouveaux faits. Dans l'Agenais { Lot-et-Garonne) et l'Armagnac (Gers) surtout, on peut recueillir des séries des diffé- rentes variétés de molasses, de marnes et d’argiles ab- solument impossibles à distinguer les unes des autres, quoique provenant des quatre assises bien distinctes de molasses, séparées par les trois grandes nappes de cal- caire d'eau douce, comme il suit : Molasse supérieure de l’'Armagnac............... Terrain pliocène. Calcaire d’eau douce jaune de l’Armagnac. | Terrain miocène Molasse inférieure de l'Armagnac...…. DL supérieur. Calcaire d’eau douce gris de l'Agenais..…. | Terrain miocène Molasse moyenne de l’Agenais................…. inférieur. Calcaire d’eau douce blanc du Périgord. | L T in éocène. Molasse du Fronsadais.:-............. ie) LE EN Quant à la continuité du terrain dans lout l'inter- valle qui sépare Toulouse de Moissac, villes qui se trouvent à 62 kilomèt. de distance en ligne droite , les faits que nous avons observés ne nous permettent pas de l’admettre avec M. Leymerie. Sur la rive gauche de la large plaine de la Garonne, des coteaux la limitent depuis Toulouse jusque devant Moissac, Agen, Tonneins, etc.; en les étudiant, on peut voir, avec la plus grande évidence, la molasse et le calcaire d'eau douce inférieurs d'Agen, s’abaisser vers le sud et aller plonger sous les assises miocènes du Gers et de la Haute-Garonne. L’assise calcaire forme un excellent horizon qu'on voit s'abaisser et disparaitre 703 du Port-Saint-Marie, au-dessus de Nérac, dans la vallée de la Baïse; d'Agen, au-dessus d'Astaffort, dans celle du Gers; de Boudou, près Moissac, à Caumont d’a- bord, et ensuite dans la vallée de la Gimone bien avant Beaumont-de-Lomagne, dont la prairie se trouve à l'alütude de 95 mètres. Le tableau suivant permet de bien saisir cet abaissement des couches au sud. PE — 2 [' “ pp, . LOCALITES. Altitudes. | Différences. | Distances. |Pentesen desr. Port Sainte-Marie... 100 60° |414,000® 45° NÉrACES es eee 40 ANA Doenen oadbondedduene 140 60 16,000 13° AStaffont ess: tree ire 80 Boudou, près Moissac.| 470 50 8.500 20 ? Caumont. 20e 120 | La surface de l'Aquitaine, à partir des bords de la Garonne entre Tonneins et Moissac, reste d'abord hori- zontale, puis va ensuite en s’élevant vers les Pyrénées au sud, tandis que le calcaire d’eau douce de Boudou va en s'abaissant dans la même direction; il en résulte que les diverses assises du terrain miocène superposé acquièrent une plus grande épaisseur à mesure qu'on se rapproche des Pyrénées, et finissent bientôt par rester seules apparentes dans les coteaux de la rive gauche, dans la partie dirigée du nord au sud , de Mois- sac à Toulouse et Saint-Gaudens. Sur la rive droite de la Garonne, il ny a plus la même continuité de coteaux ; sur la moitié de la longueur, de Moissac jusque vis-à-vis de Verdun-sur-Garonne, on 704 se trouve dans la vaste plaine basse qui résulte de la réunion des vallées de l'Aveyron, du Tarn et de la Ga- ronne, et dans laquelle un épais manteau diluvien ne permet de faire aucune observation sur les dépôts situés au-dessous. Toutefois, la disparition du calcaire d'eau douce blanc du Périgord, à l'est de Moissac, ne permet- trait que bien difficilement de reconnaitre la ligne de séparation entre les molasses éocènes et miocènes, lors même qu'il y aurait des coteaux sur la rive droite. Si, comme on n'en doit pas douter, l'inclinaison des couches de la rive gauche se reproduit sur la rive droite, c’est sans doute aux environs de Montech que la molasse éocène vient se perdre sous la molasse miocène dans la vallée. Dans la seconde moitié méridionale, la rive droite de la vallée de la Garonne présente jusqu'au delà de Toulouse des coteaux formés exclusivement, à notre avis comme pour M. Leymerie, par les molasses miocène et pliocène. 3° Quant au calcaire d'eau douce de Boudou, que nous connaissons et qui est mentionné par M. Leyme- rie, sa présence seule dans ce lieu suffit pour établir d'une manière incontestable l'âge des molasses de Mois- sac placées au-dessous. En effet, comme nous l'avons reconnu le 4 avril 4847, et comme le dit M. Leymerie, ce calcaire se développe de plus en plus à mesure qu'on approche d'Agen, où les escarpements qui do- minent la ville en sont en grande partie composés. C'est l’assise calcaire la plus inférieure, celle que nous avons désignée sous le nom de calcaire d’eau douce blanc du Périgord; à Agen, elle est située à plus de 100 mètres au-dessus de la Garonne, à l'altitude de 705 140 mètres environ; au-dessus, vient, comme à Bou- dou, une assise sableuse avec des argiles et des mar- nes, que nouûs avons appelée molasse moyenne de l’Agenais, el qui supporte (ce qui manque à Boudou) un second calcaire d’eau douce gris, celui de l'A ge- nais, qui atteint, lui, l'altitude de 186 mètres. Ces deux dernières assises constituent, pour nous, dans l'Aquitaine agenaise, le terrain miocène inférieur. La position du calcaire d'eau douce blanc du Péri- gord, dans la série des assises tertiaires de l'Aquitaine, ne saurait être l'objet du plus léger doute. En marchant d'Agen vers le nord, on le retrouve dans la vallée du Lot à Villeneuve-sur-Lot, et dans celle du Drot à Cas- tillonès; puis, en descendant celle-ci vers l’ouest, on le suit dans les flancs, par Eymet, jusqu'à Duras et Monségur ; là, il repose sur la molasse du Fronsadais, et il est recouvert directement par le calcaire grossier de Saint-Macaire, absolument comme dans les environs de Castillon, à l'est de Libourne, où sa position à la partie supérieure du terrain éocène avait été établie de la manière la plus incontestable par M. Delbos avant que nous n'ayons observé les mêmes faits et exprimé la même opinion. Pour nous, aujourd'hui comme il y a cinq ans, la molasse de Moissac est le prolongement de celle du Fronsadais, dont la position et les fossiles font l'équi- valent des marnes gypsifères du bassin de Paris; le cal- caire de Boudou qui la recouvre est le calcaire d'eau douce blanc du Périgord, l'assise supérieure du terrain éocène; et en raison des grandes difficultés qui existent dans la caractérisation des espèces fossiles d'Helix, 106 nous regardons, quant à présent, comme de détermi- nation douteuse les moules que M. Noulet a reconnus pour apparlenir à une espèce très-fréquente dans les calcaires marneux miocènes du Gers. En présence des faits que nous avons exposés dans la description de notre coupe, faits dont tous les géo- logues pourront vérifier l'exactitude, et des considéra- tions précédentes sur les environs de Moissac, nous ne pensons pas qu'il soit possible d'attribuer au terrain miocène, comme le pense M. Dufrénoy, les dépôts ter- tiaires qui se trouvent à l'E. du méridien de Marmande et au N. de la Garonne et du Tarn, et comme le pense M. Leymerie, les couches qui sont à Moissac, peu au- dessus de cette dernière rivière. Il nous semble évident qu'on ne peut rapporter qu'au terrain éocène, ainsi que nous l’avions déjà énoncé sommairement en 1848, les molasses qui y renferment lAnthracotherium magnum. C'est au terrain éocène qu'appartiennent, pour tous les géologues, les gisements d'ossements de vertébrés fossiles de la rive droite de la Gironde; ceux de Terre- Nègre, près Royan (Tortues); de Blaye (Manatus du- bius) et d'Eyrans. C'est aussi, suivant nous, au terrain éocène, mais à d'autres assises plus supérieures, que, sur les mêmes rives de la Dordogne, de la Garonne et du Tarn, se rapportent les gisements de la Grave { Palæo- therium girondicum, medium, crassum et minus), de Hautevignes {/Anthracotherium minutum), et de Moissac { Anthracotherium magnum et Rhinoceros minutus ). CHANGEMENTS QUI SE SONT OPÉRÉS dans la distribution primitive des êtres vivants A LA SURFACE DU GLOBE; Par Marcez DE SERRES, membre correspondant. L'harmonie qui règne dans toutes les œuvres de la création ; l'ordre, la régularité qui s'y manifestent de toutes parts, porteraient à croire que rien n’a été changé dans l'œuvre du Créateur, et que la distribution primi- tive des êtres vivants à la surface du globe n’a éprouvé aucune altération. Mais si l'on considère ces êtres divers d'un œil plus attentif; si l'on réfléchit sur les causes nombreuses qui à différentes époques ont exercé leur influence dans la nature, telles surtout que les révolutions du globe et la dispersion des hommes dans tous les climats, on ne tarde pas à reconnaitre que des modifications ont dû s'opérer dans l'ordre primitif de la création. On ne peut douter que, dans l’origine, les végétaux 708 et les animaux n'aient eu chacun leur patrie distincte et propre à plusieurs de leurs espèces. On ne doute pas davantage que des lois pleines de sagesse, quoique en- core peu connues, n'aient présidé à leur distribution et ne les aient tous placés, dès le principe, dans les conditions les plus favorables à leur existence. La connaissance de ces lois nous serait sans goute nécessaire pour apprécier avec exactitude les change- ments survenus depuis l'époque où ces êtres ont em- belli la surface du globe; si nous ne pouvons espérer de l'acquérir entièrement, nous pouvons du moins, par des observations suivies, l'examen et la comparaison des faits, nous avancer d'un pas assez sûr dans cette étude, et arriver à une solution approchée de ces ques- tions importautes, bien dignes d'exciter notre curiosité et d'enflammer notre zèle. Nous essaierons donc de rechercher si ces lois ont été les mêmes pour l'homme que pour les animaux; nous étudierons ensuite les espèces qui l'ont constam-— ment accompagné et qu'il à entrainées avec lui dans la plupart des contrées de la terre. L'homme n’est pas seulement l'être le plus parfait au moral, il l'est aussi sous les rapports physiques. Plus que les animaux, il supporte les températures les plus extrêmes et les pressions les plus différentes. Aïnsi, il affronte sans danger des froids de près de 50 degrés au-dessous de la glace, et des chaleurs de plus de 48 à 50 degrés centigrades. L'homme, au moyen des aérostats , s’est élevé dans les airs jusqu'à 8,000 mèe- tres, et à vu sans péril le baromètre s'abaisser à 0"237 millimètres. 709 Sans doute, les voyageurs les plus intrépides et les plus accoutumés à vaincre les obstacles qui s'opposent à notre ascension sur les hautes montagnes, ne sont pas parvenus à d'aussi grandes élévations. Ils sont ce- pendant arrivés à près de 6,000 mètres, hauteur bien supérieure à celle que peuvent franchir les divers ani- maux de la création. L'homme a fait plus encore : il a porté sa demeure en Europe jusqu'à la hauteur de 3,000 mètres. Il a même dépassé ce niveau dans le Nouveau-Monde, où le décroissement du calorique marche moins rapide- ment que dans nos régions. Ainsi, il a établi de gran- des fermes à 4,792 mètres; des villages à 4,344; enfin, des villes à 4,166 et 4,141 mètres, élévations qui dif- fèrent peu de la cime du Mont-Blanc. L'homme ne peut atteindre le sommet de ce colosse des montagnes de l'Europe que par le travail le plus pénible qu'il lui soit possible d'entreprendre. Cepen- dant, ce travail, ou l'équivalent, une machine à vapeur lexécute en brülant un kilogramme de charbon. Ainsi, 630 chaldrons de ce combustible seraient capables d'exécuter des monuments aussi gigantesques que les pyramides d'Égypte ‘. Ces appréciations nous donnent une idée de la fai- blesse de nos organes considérés sous le point de vue de leur force matérielle et de la puissance de notre in- telligence, qui nous inspire les moyens d'y suppléer. Le chaldron est une mesure de capacité usitée en Angleterre; elle est com— posée de 12 sacs, et équivaut à 13 hectolitres 08516, Il en résulte que 630 chaldrons de charbon correspondent à 8,197 hectolitres. 46 710 Toutefois, une foule de circonstances exercent une in- fluence si funeste sur les animaux, qu'aucun d'eux n'ose les affronter et encore moins s'y soumettre. Un seul animal a suivi l'homme dans les hautes ré gions où il a placé sa demeure. Comme vous le pensez, c'est celui dont il a fait le plus particulièrement la con- quête, et qui participe à nos plaisirs comme à nos dangers. En abrégeant son existence, nous avons conduit le chien jusque sur le Mont-Saint-Bernard, à la hauteur de 2,491 mètres. Il y est devenu le compagnon fidèle des religieux, qui, vivant constamment au milieu des nei- ges, se condamnent eux-mêmes à une mort prochaine *. Mais quels prodiges n’enfante pas la charité? N'en est-ce pas un, en effet, de voir ces religieux auxquels dix années de vie sont à peine accordés du moment où ils ont mis le pied dans l'Hospice, en faire le sacrifice sans ostentation et sans désir d'une vaine gloire, pleins de l’espérance que dans ce terme le plus long irrévo- cablement fixé à leur existence, quelle que soit leur force et leur jeunesse, ils auront plus d’une fois le bonheur de sauver leurs frères égarés au milieu des brouillards ? L'homme résiste donc le mieux à l’action des agents * Depuis que l’on a reconnu que la plupart des moines du Mont-Saint- Bernard périssent par l'effet des rhumatismes aigus auxquels les expose l'atmosphère hu— mide au milieu de laquelle ils vivent, on les fait descendre dans les vallées avant qu'ils aient été trop gravement affectés. On les place dans diverses cures situées entre l’Hospice et Martigny. Les plus âgés habitent un hospice dont l'élévation n'est que de 400 mètres au-dessus de la mer. Quelques-uns d’entre eux y vivent assez longtemps. TA extérieurs. Cette puissance lui à été donnée par suite de sa destinée. Placé à l'origine des choses sur un point unique, d'où il devait bientôt s'éloigner pour aller se répandre sur toutes les parties de la terre, pour lui il n'est plus d'asile inexploré, et ses nombreuses tribus couvrent comme d'un vaste réseau les diverses par- ties d'un monde longtemps privé de sa présence. Les animaux, qui, par leur constitution physique aussi bien que par la nature de leur instinct, ne pou- vaient être les maitres de cette terre, dont ils ne sau- raient comprendre les merveilles, ont subi des lois dif- férentes dans leur distribution primitive. Au lieu d'être placés comme l'homme dans une seule région , ils ont été disséminés par grandes tribus dans toutes les parties de la terre. Ces régions, distinguées par des espèces particulières, sont de véritables cen- tres de création. De toutes les influences qui ont agi sur les êtres or- ganisés, la plus puissante a été celle de l'homme. En effet, il a répandu à l'infini les espèces dont il pouvait tirer parti; il les a entrainées non-seulement hors de leur patrie, mais dans toutes les contrées où il a porté ses pas. I y à plus, il a entrainé avec lui une foule de végé- taux et d'animaux à son insu; les uns et les autres sont devenus souvent aussi abondants que les her- bes les plus vulgaires ou les espèces animales les plus communes. Avant d'entrer dans ces détails, permettez-nous, Messieurs, de vous dire quelques mots des centres de 712 création, caractérisés par des flores et des faunes tout à fait spéciales. En effet, les espèces de chacun de ces centres diffèrent, à des degrés divers, de celles qui appartiennent à d'autres foyers, fussent-ils même rap- prochés des premiers. Les centres de création ou les différents points du globe signalés par des flores ou des faunes particuliè- res, ont eu chacun leurs espèces propres, quoique plusieurs semblent communes à divers foyers. Lorsque les conditions des milieux extérieurs ne sont pas les mêmes dans deux centres, la flore et la faune qui y brillent suivent cette différence et n’ont plus la moin- dre analogie ‘. La similitude des conditions n’entraine pas d'une manière nécessaire la similitude des flores et des faunes , surtout lorsqu'elles appartiennent à des ré- gions éloignées. La distance des deux centres a alors empêché les végétaux et les animaux qui les babitaient ! On se rend facilement raison, à l'aide de ces centres de création, de plu- sieurs faits curieux de la distribution des animaux. Tel est l'isolement singulier de quelques espèces, la prédominance de certains types, dans des contrées ou dans des circonstances particulières qui s'opposent aux migrations lointaines et aux .invasions du dehors, D'un autre côté, les espèces végétales et animales appartenant à deux régions analogues, s’acclimatent facilement en passant de l’une dans l’autre. C’est là un résultat d'observation journalière et dont l'histoire des établissements européens nous offre de nombreux exemples. Le bœuf, le chien, le cheval, serviteurs assidus et dociles de l’homme , n’exis- taient pas en Amérique lors de la découverte du Nouveau-Monde. Quelques individus transportés sur cette terre étrangère, rendus accidentellement à la liberté, ont engendré ces races sauvages dont les troupes innombrables animent aujourd’hui la solitude des Pampas, les marais de la Floride et les prairies sans bornes des États-Unis, 713 de passer de l'un de ces points dans l'autre, quoiqu'ils eussent pu y prospérer également. Citons quelques exemples qui puissent faire juger de la réalité de ces centres de création, qui ne sont pas, comme on pourrait le supposer, des jeux de l'esprit. Une famille de plantes occupe des espaces immenses sur un des côtés de notre planète; cependant , on n’en découvre pas la moindre trace sur l'autre hémisphère. Ainsi, tandis que les peuples qui habitent l’ancien con- tinent luttent, depuis des siècles, contre la marche progressive des tribus nombreuses des bruyères, les habitants du Nouveau-Monde ignoreraient l'existence de ces végétaux envahisseurs si nous ne les y avions en- trainés. Comment douter de la réalité de ces foyers primitifs, lorsqu'on voit l'Égypte presque privée de cryptogames terrestres, tandis que ces plantes sont répandues avec profusion dans les régions tempérées et boréales ‘, On ne voit pas davantage , dans les contrées africaines, ces gazons si frais qui couvrent de leur belle verdure le sol des grandes hauteurs ou des contrées septentrio- nales. Les gramens qui constituent ces gazons n’y existent pas; lorsqu'ils s'y trouvent, ils appartiennent à des espèces différentes et demeurent isolés sans se réunir en grandes touffes. Les graminées, répandues en Égypte, n'y sont pour- ? [Len est peut-être différemment des cryptogames marins; du moins, la partie de la Méditerranée et de la mer Rouge qui avoisine l'Égypte paraît en offrir un grand nombre; tandis qu'il en est autrement des régions polaires , où les algues sont rares, 714 tant pas accompagnées par certaines familles végétales, telles que les gentianées, les rosacées et les saxifrages, qui n'y sont pas plus représentées que dans la Nou- velle-Hollande. De pareils faits ne sont pas uniquement propres aux végétaux : les animaux nous en offrent d'analogues. L'ile de Madagascar , sorte de débris d'un grand conti- nent, à en juger par la particularité de ses productions, ne renferme aucune espèce de singe, malgré l'assertion contraire de Buffon. Ils y sont remplacés par les Lému- riens, particulièrement les Makis, l'Aye-Aye, les seuls représentants des primates dans cette Île. Mais tandis que trois espèces de Tenrecs l'animent, elle est privée d’une foule de classes, d'ordres, de familles et de genres qui, ailleurs, offrent un grand nombre de races dis- tinctes. Les primates ne sont pas mème représentés en Eu- rope , car les Magots, naturalisés dans les parties les moins accessibles du rocher de Gibraltar et les mon- tagnes de l’Andalousie et de Grenade, y sont venus de Barbarie. Ainsi, tandis qu'il n’est pas une seule espèce de singe en Europe, ni de commune aux deux grands conti- nents, les contrées européennes en offraient un assez grand nombre dans les temps géologiques. Les Marsupiaux et les Monolrèmes sont à peu près les seuls mammifères de la Nouvelle-Hollande, quoique son étendue soit plus grande que celle de l'Europe. On chercherait en vain ailleurs l’un de ces ordres; on dé- couvre bien les Marsupiaux dans le nouvel hémisphère ; mais ils sont loin d'être aussi nombreux que dans le plus nouveau des continents *. Si nous connaissions avec exactitude les divers cen- tres de création, il serait facile de reconnaitre la dis- tribution primitive des êtres organisés ; toutefois, nous sommes loin d'être arrivés à une pareille précision. Ces centres ne peuvent pas toujours être déterminés, surtout maintenant qu'une foule de plantes et d’ani- maux ont passé d'un foyer de création à un autre, et y ont acquis un développement tout aussi grand que dans les lieux où ils ont pris naissance. Ainsi, le Surmulot, Mus demmanus, et une foule de rats étrangers à nos régions, sont maintenant aussi communs parmi nous que le rat ordinaire. De même, l'Érigeron du Canada, l'Erigeron canadense, est pres- que aussi répandu dans les champs des contrées méri- dionales de la France, que le chiendent ou la centaurée solstitiale. Plusieurs de nos fleuves et de nos canaux sont main- tenant encombrés par la Jussiæwa grandiflora de la Georgie et de la Caroline *. On est obligé de l'extirper dans l'intérêt de la navigation. Une aussi grande abon- dance est d'autant plus remarquable, que cette plante ! Ces faits sont inexplicables, si l’on admet que toutes les espèces animalesont été placées sur un point unique, d’où elles ont irradié pour se répandre sur la surface du globe. On ne peut les concevoir qu'en supposant que chaque espèce jetée à son origine dans la position la plus favorable à son développement, s'en est éloignée dans la suite jusqu'au point où les milieux extérieursne pouvaient plus convenir à ses conditions d'existence. ? Cette espèce paraît avoir été introduite dans les caux du midi de la France vers 1808. 716 était à peine connue dans nos régions il y a une qua- rantaine d'années. Il en est de même de l'aponogeton distachion du Cap de Bonne-Espérance, et du monos- tachion, qui nous est venu de la Chine et des Indes- Orientales. Mais ces végétaux et ces animaux ne sont pas arri- vés dans nos régions par l'effet de notre volonté; nous en avons eu seulement l'occasion; le plus souvent, nous les avons entrainés, sans nous douter que nous allions nous donner des hôtes fort incommodes. La connaissance des lois de la distribution primitive des êtres vivants a d'autant plus d'intérêt, qu'elle se lie en quelque sorte à la marche et aux progrès de la eivi- lisation. Si l'homme, dans certaines circonstances, con- tribue au déplacement des végétaux et des animaux, ce déplacement à dû commencer par la contrée où il a été fixé dans l'origine. Si nous interrogeons à cet égard les traditions et l'histoire, elles nous répondront que le plus étendu des continents de l'hémisphère boréal a été la patrie de nos premiers pères. L'Asie est, en effet, le berceau de la civilisation; c'est par elle qu'elle s'est répandue sur toute la terre. Par une de ces circonstances que l’on découvre partout dans les desseins de la nature, ce continent s'est trouvé placé de manière à faciliter la dispersion du genre humain, en même temps que les grands fleuves qui le parcourent et les côtes découpées qui en hbordent les mers ont singulièrement favorisé les progrès de Ia civilation naissante. Ne soyons donc pas étonnés, Messieurs, que de ce pi grand continent soient parties les lumières qui nous ont éclairé à notre berceau. Ce flambeau précieux qui nous a été légué par nos premiers parents, n'est point des- tiné à s'éteindre; comme tous les dons du Créateur , c’est à nous à le faire triompher des obstacles qui pourraient tendre à en affaiblir les vives clartés. L'Asie, berceau du genre humain, a été aussi le pre- mier centre de la dispersion de la plupart des végétaux et des animaux qui servent à notre nourriture ou dont nous retirons d'autres avantages. Cette contrée a dû ce privilége à ce qu'elle a été habitée avant toutes les au- tres et à son rapprochement des régions européennes. L'éloignement est l'une des causes les plus puissantes qui s'opposent à l'extension des espèces végétales et ani- males, surtout lorsqu'il s’y joint des obstacles naturels, comme des mers étendues ou de grandes chaînes de montagnes. Premier centre des sociétés humaines, l'Asie a été, à l'origine des temps historiques, ce qu'est l'Europe dans ce moment. Cette contrée, devenue le principal foyer des lumières, envoie chaque jour des végétaux et des animaux utiles à des peuples qui en ignoraient l’exis- tence, et qui y puisent une nourriture abondante en même temps que des vêtements commodes. Par suite de ces échanges continuels de productions, les arbres et les herbes de nos jardins, ainsi que les oiseaux de nos basses-cours, remplaceront bientôt dans les pays les plus sauvages les plantes et les animaux dont nous ne saurions tirer parti. Mais que dis-je, de pareils faits se passent déjà dans plusieurs parties du monde: nos légu- 718 mes et la plupart de nos herbes potagères se sont em- parées du sol de la Nouvelle - Zélande, à tel point qu’elles ont chassé devant elles les espèces qui naguère en étaient seules maitresses. A quoi sont dus ces bienfaits, si ce n'est aux perfec- tionnements que la navigation à obtenus de nos jours. Par un de ces effets providentiels qui dominent la nature entière, les végétaux les plus éminemment uti- les sont aussi les plus répandus. Parmi ceux dont nous retirons le plus d'avantages, les céréales sont au premier rang; un assez grand nombre de leurs espèces servent à la fois à notre nourriture el à couvrir nos habita- tions *. La connaissance de ces plantes, si précieuse pour l'humanité, ne l'est pas moins pour l'histoire des sociétés humaines. Comment en douter lorsqu'on voit que les nations les plus civilisées ont seules fait usage du lait et de la farine des graminées à épis étroits. Le maïs est l'unique céréale cultivée dans le Nou- veau-Monde, depuis le 45" parallèle nord jusqu'au 42% parallèle sud ; tandis que dans l'ancien continent, la culture du froment, de l'orge, du seigle et de l'avoine, a été pratiquée depuis les temps les plus réculés. Ces plantes, dont la culture a suivi les progrès des arts, pra culture des céréales est pratiquée avec avantage dans le Kumaon et le Garhwald, dans les ‘monts Himalaya, à la hauteur de 14,000 pieds (3,504 mètres ). A la vérité, le caractère de la végétation de ces régions élevées est tropi- cal jusqu’à la hauteur de 4,000 pieds (1,293 mètres), quoique déjà, à l'éléva— tion de 3,000 pieds (968 mètres), on voit apparaître des plantes des contrées tempérées. Voyez XVI* Session de l'Association britannique pour l'avancement des sciences, tenue à Ipswich en juillet 1851. 749 croissent spontanément dans la Palestine et les diverses parties de l'Asie. Lorsqu'elles deviennent sauvages en Europe, elles ne se propagent plus dans les lieux où les soins de l'homme les abandonnent; preuve irrécusable qu'elles ne sont plus dans leur patrie primitive, et qu'elles ne sont pas encore naturalisées dans les régions où l'homme les à transportées. Aussi, ne croissent-elles jamais spontanément lors- qu'elles n'ont pas été semées par avance. Sans ce préa- lable, le blé, l'orge, le seigle et l’avoine ne végètent pas d'eux-mêmes comme les herbes de nos champs. Les espèces d'où elles paraissent provenir sont les seu- les qui aient cet avantage ; mais celles-ci exigent les soins de l'homme pour produire les variétés dont il fait usage et qui servent à sa nourriture. ÎLest toutefois diflicile de reconnaitre les principales céréales à l'état sauvage, non-seulement à cause des variétés que la culture y à fait naître, mais encore en raison des modifications que l'espèce primitive doit su- bir avant de prendre les formes sous lesquelles elle est utilisée. Ces variétés ne sont pas moindres de trois cents pour le seul froment; dès-lors, il est peu étonnant que tant de voyageurs aient signalé le blé comme se trou- vant à l’état sauvage dans un si grand nombre de lieux différents. Cette circonstance doit d'autant moins nous surpren- dre, que les ægilops, les types sauvages du blé cultivé, sont extrêmement répandus. Plusieurs de leurs espèces, notamment les ægilops ovala, triaristala et trilicoi- des, en passant par des transformations nombreuses et successives, finissent, pour peu qu'elles soient aidées par 720 la culture, par devenir le traticum sativum de Lamark. Mais, ce qui est non moins digne de remarque, on n’a pas aperçu jusqu'à présent le blé cultivé, parvenu à son état parfait, reprendre les formes propres aux œægi- lops, desquels il est cependant provenu. La plupart des botanistes considèrent l'Asie comme la patrie primitive du blé; aussi admettent-ils que cette céréale croit naturellement dans la Palestine et la Ba- bylonie. De même, Hérodote et Diodore de Sicile assu- rent que le blé se trouve a l'état sauvage dans la der- nière de ces régions; et Loiseleur Deslongchamps fait remarquer que le dire de ces écrivains a acquis un grand degré de probabilité par les récits des voyageurs modernes *. Olivier a observé le blé sauvage dans l'Asie centrale, surtout dans les plaines incultes de la Perse. D'un au- tre côté, André Michaud a trouvé en 1787, sur une montagne de la même contrée éloignée de toute cul- ture, à quatre journées au nord d'Hamadan, quelques pieds sauvages de l'épeautre, triticum spelta Linné *. Enfin, Koch, qui a parcouru l'Arménie, lAnatolie, la Crimée et les environs du Caucase, a vu le seigle très- répandu dans cette partie de l'Asie, et dans des circons- tances qui ne permettent pas de douter qu'il n’en soit originaire. Le seigle, caractérisé par des épis minces et alon- gés, n'était pas connu dans le pays où il a été rencon- tré comme plante céréale; aussi n'avait-il jamais été ! Dictionnaire des Sciences naturelles , article Froment, t. XVII, p. 423. ? Lamark; Encyclopédie, t. Il, II° partie, pag. 500. 721 cultivé dans les environs de lOlympe, où M. Thirck l'a observé à l'état sauvage. Une comparaison attentive des épis de cette graminée rencontrée dans des lieux aussi différents, à prouvé à ces botanistes qu'ils appar- tenaient au véritable seigle, et que l'Asie était la partie du monde à laquelle nous devions probablement cette graminée. Les céréales, particulièrement le blé, ont non-seu- lement l'Asie pour patrie, mais encore toutes celles où croissent les ægilops, qui n’en sont que les types sau- vages. Les observations de M. Fabre d'Agde ne lais- sent aucun doute à cet égard. En effet, ce botaniste a vu l'æ@gilops ovata et triticoides passer par degrés, au moyen de la culture, à l'état de froment, et produire des récoltes aussi abondantes que celles que donne le blé. Les grains qui en proviennent sont d'une tout aussi bonne qualité que ceux du froment. Ainsi, plusieurs {riticum cultivés, si ce n'est tous, ne sont que des formes propres à certains ægilops, et doivent être considérés comme des variétés de ces es- pèces. On conçoit facilement, d'après ces faits , que le blé ait pu être rencontré à l'état sauvage en Babylonie, en Perse et en Sicile, puisque dans ces contrées, comme dans toute la région méditerranéenne, les ægilops crois- sent en abondance. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs espèces d'ægilops y aient acquis accidentel- lement un développement considérable, lequel a été ensuite amélioré et propagé par la culture *. ! Académie des Sciences de Montpellier, Séance du lundi 15 mars 1859, 122 Du reste, plusieurs botanistes avaient pressenti la véritable origine du blé, mais aucuu d’entre eux n'avait songé à la démontrer par des faits positifs et des obser- ations suivies et longtemps continuées. Aussi l'hon— neur de cette découverte appartient sans aucun doute à M. Esprit Fabre d'Agde. La patrie de l'orge n'est pas aussi certaine que celle du blé, quoique cette céréale paraisse provenir de la Tartarie. Ce qui donne une certaine probabilité à cette asserlion, c'est que les genres froment, orge el sei- gle, ont la plupart de leurs espèces indigènes dans lO- rient. Une seule espèce d'orge, l'hordeum ascendens, est commune en Amérique, tandis qu'on n’y à jamais observé aucune espèce de froment, ni aucune de ses variétés. Quant à l'avoine, elle paraît croitre spontanément sur les hauteurs du nord-ouest de l'Asie, auprès des nations qui vivent constamment à cheval, ainsi que Linné l'a fait remarquer. Quelque préférable que soit celte céréale pour la nourriture des animaux domesti- ques, elle était avec le seigle tout à fait inconnue des anciens Égyptiens. Ils faisaient usage du blé barbu, de l'orge, de l'épeautre et du grand millet. Si nous consultons les annales des Égyptiens et des Chinois sur l'époque de l'introduction du froment dans leur agriculture, nous n'y trouvons pas de renseigne- ment utile. Les écrivains de l'antiquité ne nous disent point si le blé a été cultivé de bonne heure en Grèce et en Italie. Ils nous apprennent seulement que cette céréale était, dès la plus haute antiquité, l'objet des 723 soins des habitants de l'Asie centrale, d'où elle passa ensuite en Afrique. On concoit dès lors pourquoi le froment à été répandu si tard en Europe, où il a été apporté probablement d'Égypte. Les graminées nourrissantes ont le grand avantage de supporter, comme l'homme lui-même, les chaleurs des tropiques et le froid des cimes voisines des neiges perpétuelles. Ce fait et celui de leur distribution inté- resse au plus haut dégré les sociétés humaïnes, puis- que c'est sur elles qu’elles comptent pour leur nourri- ture. Leur culture, avec l'usage du lait et du fromage, est un des traits distinetifs des peuples de l’ancien con- tüinent. Du moins, les céréales n’ont été rencontrées nulle part sur le sol du Nouveau-Monde. Elles étaient tout à fait inconnues aux habitants primititifs de l'A- mérique. Aussi, ces plantes éminemment utiles n'ont pas pu les préparer aux bienfaits de la vie sociale et aux avantages de l'agriculture. L'Asie ne nous à pas uniquement doté des céréales : nous lui devons également le riz et le maïs, principaux aliments de ses habitants, ainsi que le blé noir ou le blé sarrasin, qui nous est venu de la Perse. Nous avons obtenu de la mème contrée le pêcher, le citronnier, l'oranger et le noyer, dont nous apprécions tous les jours de mieux en mieux les avantages. L'Arménie nous a fourni l’abricotier, comme l'Asie- Occidentale et l'Asie-Mineure nous ont gratifiés du coignassier, du pistachier, du cerisier et du caprier. La Syrie, la Chine et le Japon nous ont envoyé à leur tour le figuier, le jujubier, le prunier, le nefllier, ainsi que le mürier ordinaire et le mürier de la Chine, “ 124 Enfin, du Balkan et de l'Olympe, nous est venu un de nos plus beaux arbres d'ornement , le marronnier, avec lequel rivalise le chätaignier, paré sans doute de moins belles fleurs, mais dont les fruits sont bien autrement précieux. Ces arbres acquièrent dans nos régions de si grandes dimensions, qu'on les en croirait originaires si l’on ne savait que le châtaignier a été trouvé à l'état sau- vage dans le nord de la Chine et les environs du Cau- case. Parti de ces régions, la culture en a obtenu des fruits savoureux, principal aliment des habitants des hautes régions. Enfin, comment pouvoir oublier que le cèdre du Liban, le plus bel arbre que connurent les Hébreux, nous est venu des mêmes contrées. L’Asie, en nous envoyant le lotus ou nelumbo (nelumbium spe- cicsum) *, nous aurait donné la plus belle des fleurs, si la Victoria regia, partie des rivières de la Guyane, n'était venue leur enlever le sceptre de Flore. ! Le Nelumbium indicum vel speciosum, originaire de l'Inde, autrefois commun én Égypte, ne s'y trouve plus maintenant , Pas plus que dans aucune autre partie de l’Afrique. La Victoria regia est encore plus remarquable par le diamètre de ses feuilles, qui, d’après le capitaine Hirlop, est dans son pays natal de 4 mètres 60 centimètres. A la vérité, le naturaliste Struve ne donne à ce même diamètre que L mètre 20 centimètres; mais il fait observer que cette dernière dimension doit être attribuée à ce que les eaux où elles croissaient avaient seulement 60 centimètres de profondeur, tandis que celles où M. Hirlop les avait recueillies, beaucoup plus abondantes, n'avaient pas moins de 4 mètres 60 centimètres. M. Planchon , auquel nous empruntons ces détails, a mesuré les feuilles de la Victoria regia dans le jardin de Gand, c’est-à-dire fort loin des contrées où végète cette plante; elles lui ont offert un diamètre de L mètre 60 centimètres. Quant au diamètre des fleurs de cette belle nymphacée, il était à Gand de 30 centimètres; mais dans leur pays natal, elles atteignent une circonférence de La canne à sucre, transportée par les Espagnols des iles Canaries en Amérique, paralt également originaire des Indes-Orientales. Elle appartient du moins à l'an- cien continent, puisque le sucre était connu des Ro- mains. Dioscoride le signale comme provenant d'un roseau nommé saccharum, qui croit naturellement en Chine et dans l'Arabie-Heureuse. Pline le fait de la même région, et ajoute que celui des Indes-Orientales lui était préféré comme meilleur et plus sucré. Ni Pline ni Dioscoride ne se sont doutés que cette plante, dont ils ne connaissaient pas tout le prix, trans- portée dans une ile qu'ils ne connaissaient pas davan- tage, était destinée à produire une sorte de révolution dans le commerce et la navigation. En effet, c'est seu- lement en 1506 que, la canne à sucre introduite à Saint-Domingue et dans les colonies françaises, on sut en retirer la plus grande partie de la matière sucrée qui en fait la valeur. Depuis lors, l'usage du sucre, de- venu général, s'est répandu avec une promptitude d'autant plus grande, que le café a été à la mème épo- que l'objet d'un commerce non moins étendu. Cette plante, connue en Europe vers le quinzième 1 mètre au moins. La seconde espèce de ce genre, la Victoria cruziana , es moins belle et moins grande. Voyez la Flore des Serres et des Jardins de l'Europe, par M. L. Van Houtte, t. VI, VIL” livraison, novembre 1850 , p. 193. On peut enfin citer parmi les grandes fleurs, celle de l’Aristolochia grandi— flora, dont la circonférence est d'environ L mètre; aussi, les habitants des bords du fleuve de la Magdelaine s'en servent et en jouent comme d’un bonnet, en raison de sa forme. 47 726 siècle, le fut en même temps en Arabie. Le muphti Adon, voyageant en Perse, en 1550, frappé de l'excel- lence du café, que Delille dans son enthousiasme poé- tique considère comme un rayon du soleil, en intro- duisit la culture dans sa ville natale et à la Mecque. A l'aide de son influence, cet arbrisseau, qu'aucun autre n'a pu encore remplacer, fut cultivé à Bagdad en 1510, et à Constantinople en 1554. Quoiqu'on soit loin d’être certain de l'époque où le café s'est répandu en Europe, il parait avoir été em- ployé à Venise en 1563, et à Paris en 1644. Son usage eut la plus heureuse influence sur la société, surtout sur les hautes elasses. Elle les préserva de l'abus des liqueurs fortes et spiritueuses, qui commencail à prédo- miner. Mais qui aurait supposé que le sucre, cette matière dont nous ne saurions nous passer, devrait un jour nous manquer. L'industrie, exeitée par la nécessité, a trouvé dans une plante arrachée au sol de l'Amérique septentrionale une liqueur non moins douce, non moins agréable que celle que fournit la canne à sucre : elle nous à donné un produit nouveau qui rivalise avec celui de nos colonies ‘. Sans doute la science n'a pas eu le même succès pour le café; mais qui oserait mettre des bornes à ses progrès, et qui oserait dire qu'elle n’y arri- vera jamais? 1 Si jamais le sucre de gland, découvert par M. Braconot, pouvait être uti— lisé comme le sucre de canne ou de betterave, nous aurions en Europe une plante indigène qui nous fournirait cee matière précieuse aussi bien que nos colonies, 127 Le thé, cette boisson dont Putilité n’est pas moins grande, à en outre l'avantage d'avoir diminué une des maladies les plus cruelles qui nous afligent; nous le devons à la Chine et au Japon. L’Asie-Mineure nous : envoyé le coton herbacé, et a fourni aux Indes-Orien- tales le cotonier, connu des botanistes sous le nom de Gossipium indicum. Nous devons également à la même contrée un grand nombre de nos herbes potagères dont l'usage est le plus vulgaire. La plupart de ceux qui se nourrissent de haricots, de fèves, d'ognons, de lentilles, ne se dou- tent guère que ces plantes nous soient venues des In- des, de Perse ou des bords de la mer Caspienne et de la Palestine. A la vérité, l'ognon à été cultivé en Égypte dès la plus haute antiquité, comme en Pales- ne; ainsi s'explique la préférence donnée par les Israé- lites à ceux qui venaient du pays des Pharaons. Il est assez conu que la quantité de ces racines dont se nour- rirent les hommes employés à la construction des Py- ramides, orgueilleux monuments de la vanité humaine, annonce un grand développement dans la culture de celte plante. d Nos jardins ont encore recu de l'Asie l'asperge ofi- cinale, le panais, la chicorée endive, l'échalotte, l'au- bergine, l'épinard , le melon , le concombre, les cour- ges ou citrouilles, la patate, enfin plusieurs autres es- pèces non moins utiles *. ! La culture de la patate a réussi dans plusieurs contrées méridionales de l'Eu- rope, ainsi que dans diverses parties de l'Afrique, surtout en Algérie, 728 Ces conquêtes faites sur les régions asiatiques sont loin d’être les seules, si, comme le supposent bien des botanistes, l'olivier comme le figuier, et même la vigne, nous sont venus de la Palestine. Il est du moins cer- tain que Noé fut le premier qui sut utiliser le raisin et en obtenir le vin, ainsi que nous l'apprend la Genèse. Ces suppositions ont une assez grande probabilité, puisque ces végélaux couvrent encore les champs de la Palestine. L'un d'entre eux, l'olivier, parait même avoir été transporté d'Asie à Marseille à l'époque où les Phocéens y fondèrent une colonie. Aussi, Pline fait observer qu'à l'époque de Tarquin-l'Ancien, on ne voyait pas d'olivier dans les Gaules, l'Espagne et lA- frique. D'un autre côté, d'après Plutarque, lors des in- vasions des Cimbres, la vigne était cultivée par les ha- bitants de Marseille. Il paraitrait néanmoins que cette culture dut être interrompue, puisque l'empereur Pro- bus autorisa de nouvelles plantations dans la Gaule ‘. Depuis lors, la vigne s'est grandement répandue. Portée par la navigation sur l'autre hémisphère, elle est arrivée, d'une part, sur les bords de l'Ohio jusqu’au 37°, el s'est arrêtée au 38° degré dans la Nouvelle-Ca- lifornie. Elle se maintient et prospère dans sa limite méridionale, à 26° dans la Nouvelle-Biscaye, et jus- qu'au 32° au Nouveau-Mexique, n’atteignant nulle part le 40° degré de l'hémisphère austral. On observe, en effet, la vigne en grande culture dans le Chili et la province de Buenos-Ayres jusqu'au 34° degré, sous la ! Voyez l'Histoire des Empereurs romains, par Crevier, liv. XXVII. 129 ait même latitude. Elle donne d'excellents produits à la Nouvelle-Hollande et au Cap-de-Bonne-Espérance, si renommé par ses vins. La vigne, qui exige une température moyenne hi- vernale de + 6°, et une estivale de + 24° à + 23e, ne trouve pas des conditions aussi favorables sous les tropiques. Toutefois, les iles du Cap-Vert et Saint-Tho- mas près la côte de Guinée, l'Abyssinie et la côte oc cidentale de l'Amérique, depuis le 18° jusqu'au 6° de- gré, sont une preuve que la vigne, dont les récoltes sont encore abondantes dans le midi de la France à 800 mètres de hauteur, prospère avec tout autant d'avantages dans des climats plus chauds. Après ces végétaux, dont l'utilité est si grande et que nous devons au plus étendu des continents terrestres, nous devons dire quelques mots de l'indigotier des In- des, que nous avons entrainé avec nous à l'ile de France, à Madagascar et jusqu'en Amérique. Partout, il fournit la couleur bleue, qui en fait tout le prix; cou- leur bien supérieure à celle du pastel ou de la renouée tinctoriale { polygonum tinctorium ). De ces deux es- pèces venues d'Asie, la première est maintenant fort répandue dans les lieux humides de l'Europe méri- dionale. Voilà quelques-uns des biens que nous devons à l'A- sie, Si nous ne les énumérons pas tous, c’est afin de ne pas donner à ces recherches une trop grande éten— due; ils ont singulièrement contribué aux progrès de la civilisation. Elle n'avait cependant pas besoin, pour se produire, de voir réunir dans nos climats, le ba- 730 panier, le cocotier et l'arbre à pain, qui remplacent à eux seuls nos moissons et nos vendanges. Cette trinité féconde nourrit, abreuve, soutient les forces épuisées de l’homme, en même temps qu'elle supplée nos fabriques de draps et fournit des vêtements souples et commodes. Elle fait plus, elle donne du bois et des fils assez forts pour en construire des pirogues et en préparer les gréments. Ces avantages, elle nous les accorde sans efforts et presque sans travail. N’était- il pas juste que tant de biens réunis fussent le partage des lieux où la culture est à peu près inconnue, plutôt que de ceux où elle fait chaque jour de nouveaux pro- grès? Qui ne voit dans de pareilles compensations, les admirables desseins de la nature, qui à tout fait ici bas en vue de l'homme, but et terme des œuvres de la création ? L’Asie, en nous donnant les céréales, fondement de notre nourriture, nous à fait le cadeau le plus précieux et le plus utile. Nous devons moins à l'Amérique, quoi- qu'elle nous ait doté de plusieurs végétaux dont l’im- portance, sans être aussi grande, mérite cependant d'être signalée. Au milieu des productions dont elle nous à gratifiés, il en est une dont l'importation parmi nous à été très-précieuse; elle y a rendu toute famine impossible. La culture de la pomme de terre ne date, dans nos régions, que d'un petit nombre d'années. Répandue maintenant dans toute l'Europe civilisée, elle est venue ajouter un aliment de plus à ceux fournis par les cé- réales. Depuis son introduction, sa culture à suivi celle 731 des graminées; elle les dépasse même un peu, si l'on choisit les variétés hâtives qu'un été fort court peut amener à maturité. Ainsi, la pomme de terre prospère en Islande, à des hauteurs considérables, et sur diver- ses montagnes de l'Europe où les céréales ne peuvent réussir. On a longtemps ignoré dans quelle partie de l'Amé- rique ce tubercule était à l'état sauvage. MM. de Hum- boldt et Bonpland, ni même M. Auguste de Saint Hilaire, ne l'avaient jamais rencontré en cet état en herborisant dans le Nouveau-Monde, sur les paramas des Pampas; ils ne l'avaient même aperçu sur aucun des sommets de la Cordilière du Pérou, ni dans le territoire de la Nouvelle-Grenade, où cette plante est cultivée avec le chenopodium quinoa. Plus tard, M. Gay a rencontré au Chili la pomme de terre dans des lieux non cultivés, et ce botaniste n’a pas douté qu’elle n’en fût originaire. C'est un fait assez curieux dans l'histoire des aliments dont nous faisons usage, de voir le maïs cultivé dans l'Amérique méridionale par les moindres peuplades. A cette céréale s'ajoutent des plantes importantes, sous le rapport alimentaire, chez les nations parvenues à une civilisation plus avancée. Ainsi, l'arracacha est très-répandu chez les Muycas, et la pomme de terre, propagée par les Incas, est commune dans toute l'Amé- rique, comme le cacao chez les Mexicains. Le maïs et la pomme de terre, quoique étrangers à nos régions , n'en sont pas moins la base de la nourriture d'une grande partie des habitants de l'Europe. Le cacao est 732 devenu indispensable aux habitants de l'Espagne, comme le café aux nations civilisées; mais ces plantes n'ont pas encore été naturalisées parmi nous et ne comptent pas dans nos cultures. Il n'en est pas de même du tabac, que Christophe Colomb rapporta en Europe de l'ile de Cuba. Si l'in troduction de cette plante, dont l'usage est devenu une sorte de passion, ne datait pas pour ainsi dire de nos jours, on serait tenté de considérer le tabac comme de nos régions tempérées. La pistache de terre, le bananier, l'ananas, et le calalpa, si remarquable par la grandeur de ses feuilles, sont encore des acquisitions nouvelles que nous avons faites sur l'Amérique. Une espèce du Nouveau-Monde est devenue aussi commune dans nos régions que les herbes les plus vulgaires de nos champs; elle est éga- lement abondante dans les [ndes-Orientales et l'Afrique australe. L'érigeron du Canada à même acquis, dans plusieurs contrées européennes, un développement tout aussi grand que dans l'Amérique septentrionale, sa patrie. Si l'Europe a profité des végétaux utiles que lui ont donné tour à tour l'Asie, l'Afrique et l'Amérique, de- venue maintenant le centre de la civilisation, elle est aujourd'hui le centre de la dispersion des plantes qui manquent à d'autres contrées. Ainsi, nos régions tem- pérées ont enrichi les champs du Nouveau-Monde, de même que ceux de la Nouvelle-Hollande et de la Nou- velle-Zélande, de nos arbres fruitiers, de nos céréales et de nos plantes potagères. 133 Les anciennes forêts de la dernière contrée, com- posées de palmiers {corypha australis), de fougères et de dracæna, de conifères à feuilles élargies, de dam- mara à port élégant, tendent à disparaître entièrement. Déjà, nos végétaux utiles, forts des soins de l'homme, chassent devant eux les arbres naguère maitres du sol. Ces végétaux jouent un rôle assez important dans la flore de cette ile, pour la modifier d'une manière sen sible. Notre cardon {cynara cardunculus) à envahi les campagnes du Rio de la Plata, et de concert avec le chardon {carduns marianus), il a chassé les plantes qui les avaient si longtemps embellies. Ces herbes eu- ropéennes ont tellement prospéré, que les habitants du Brésil s'en servent comme bois de chauffage. Le mourron des oiseaux, l'herbe à Robert , la grande ciguë, l'ortie dioïque, la viperine commune et le ma rube, sont tellement abondants en Amérique, qu'ils se sont propagés dans un très-grand nombre de villes, et à tel point, qu'en les foulant, on se croirait en Europe. De même, nous avons entrainé dans le Nouveau- Monde une foule de nos herbes; elles y ont tellement multiplié, qu'elles attirent la sollicitude des agronomes américains, désireux de se délivrer de ces hôtes incom- modes. Tels sont le chiendent (triticum repens), les diverses espèces d'orties, la menthe sylvestre, le lizeron des champs et la bourse à pasteur. Nous avons enfin doté l'Amériqne du fraisier com- mun, répandu maintenant dans toute la partie australe et tropicale du Nouveau-Monde. Si l'Amérique nous a donné le cochon d'Inde, le 734 dindon et le hoco, nous l'avons enrichie à notre tour de nos animaux domestiques, qui lui sont bien plus précieux. Le cheval, tout à fait inconnu au Nouveau- Monde lorsque les Européens y ont pénétré, y est de- venu si commun, qu'il a chassé devant lui les bisons, les cerfs et les tapirs, qui naguère en foulaient seuls les vastes savanes. Un grand nombre de végétaux utiles, qui font l'or- nement de nos vergers et de nos jardins, nous sont également venus du Nouveau-Monde. Ainsi, le pru- nier mirobolan de l'Amérique du Nord prospère et donne d'excellents fruits dans nos climats. Il en est de même des chènes et des noyers de la même contrée ; et un de ces noyers, nommé olivæ formis par les bo- tanistes, à l'avantage d'avoir l'enveloppe de ses fruits extrêmement mince, ce qui est tout le contraire chez le noyer commun. D'un autre côté, la bonté et l'ex- cellence de leurs bois est telle, qu'il serait à désirer qu'ils fussent plus répandus. Quoique moins utiles, les tulipiers, les magnolia, les sterculia, et une foule d’autres arbres non moins précieux, nous les devons également à l'Amérique; ils embellissent maintenant nos bosquets par l'élégance de leur feuillage et la beauté de leurs fleurs. Ajoutez à ces cadeaux le topinambour, la capucine, le tournesol et la pomme d'amour, et vous aurez une idée des biens dont le nouvel hémisphère nous a gratifiés. Ces conquêtes végétales ne sont pas les seules qui ont contribué à notre bien-être ; nous devons encore à l'Asie d'autres avantages. Le cheval, originaire des grands plateaux de Asie 735 centrale, n'existait pas primitivement en Afrique ni en Amérique, et encore moins dans la Nouvelle-Hollande. Sortis des vastes steppes de la Tartarie, berceau de leur race, où ils sont connus à l’état sauvage sous le nom de trapan, les chevaux se sont étendus dans quelques contrées de l'Europe, où ils errent encore de nos jours. Après ce noble compagnon de l'homme, qui le suit et l'accompagne partout, même à la guerre et dans les combats, nous devons rappeler les services que nous rend chaque jour le cheval de la pauvreté, l'âne, venu également des grands déserts de l'Asie ‘. La chèvre nous est également d'une grande utilité; sortie des hautes montagnes de la Perse et du Thibet, où elle vit en grandes troupes, elle conserve encore quelque chose de ses habitudes primitives. Parmi les animaux dont l'Asie nous a dotés, il n’en est pas de plus précieux que le chameau et le droma- daire, ces navires du désert, ainsi que les appelle Buffon. Ils ont encore bien d’autres avantages : leur chair et leur lait servent de nourriture à ceux qui en font usage pour parcourir les immenses mers de sable des contrées africaines. A l’aide de leurs poils, nous préparons des vêtements qui nous défendent contre la fraicheur des nuits des régions où ils nous rendent d'utiles et de continuels services. 1 Le kyang ou âne sauvage, le yak, le mouton sauvage ou domestique, la chèvre et l’once, vivent actuellement avec quelques autres mammifères sur les hauteurs du plateau du Thibet. M. Strachey les y a observés récemment en assez grandes tribus. ( Voyez la XVI: session de l'Association britannique pour l'avan- cement des sciences, tenue à fpswich en juillet 1851.) 736 Le cerf de l'Inde ou l'axis originaire du Bengale, et qui se propage dans nos régions tempérées, mérite à peine d'être nommé, ainsi que le buflle, qui de l'Inde a été amené en Égypte, en Grèceet en Italie, dans les temps modernes. Il n'en est pas de même du chien, devenu partout notre fidèle compagnon, et pour ainsi dire notre ami. Le chien semble être sorti du Kepoul; du moins, son type primitif y est désigné par les habitants sous le nom de buansu. M. Hogdson, auquel est due cette dé- couverte, à reconnu dans le buansu tous les caractères du chien, en même temps que des habitudes analogues à celles de nos races domestiques. N'oublions pas que les Argonautes nous ont apporté le faisan des bords du Phase, tout comme Alexandre a amené en Europe le paon que, dans ses conquêtes, il avait rencontré dans le nord de l'Inde. Si le souvenir de ce grand capitaine, qui trouvait la terre trop étroite pour son ambition, venait à s'effacer, il resterait de toutes ses victoires une ville qui rappelle son nom, un livre immortel, et un oiseau image de la vanité. L'Afrique nous a donné le moufflon, cadeau bien précieux puisqu'il parait être la souche de nos mou- tons domestiques. Nous lui devons encore la pintade et l'autruche, dont la taille nous paraissait si gigantesque avant que nous connussions les oiseaux colossaux de la Nouvelle-Zélande, nommés inormis et épiormis. Avec ces animaux, la même contrée nous a fourni quelques arbres utiles. L'amandier peut être cité au premier rang ; arbre d'autant plus précieux, qu'il pros- 737 père dans tous les terrains, et ne nuit pas, comme le mürier, aux autres cultures. Naturalisé dans quelques parties de l'Europe, le dattier nous est venu de l'Asie septentrionale, quoique l'on suppose, non sans raison, que les [ndes-Orientales pourraient bien être sa pre- mière patrie. La distribution primitive des êtres vivants à donc éprouvé de nomkreuses modifications; on se demande à quelles causes sont dus de pareils changements. La plus simple réflexion nous dit assez que, parmi elles, la perfection des organes du mouvement et la nature du milieu dans lequel vivent les êtres animés, doit être une des plus puissantes, de même que la structure et les détails de l'organisme pour les végétaux. Il est une autre influence dont le pouvoir est plus grand encore sur les animaux, celle de leur instinct qui les pousse, comme malgré eux, à quitter les lieux de leur naissance pour aller à l'aventure chercher dans d'autres climats des conditions nouvelles plus d'accord avec leurs désirs momentanés. Semblables à nous- mêmes, les animaux doués des organes de locomotion les plus perfectionnés se déplacent sans but, et ne voya- gent en quelque sorte que pour changer de place. Pressés par un besoin impérieux, presque irrésisti- ble, ils ne sont arrêtés ni par l'étendue des mers ni par la grandeur des déserts qu'ils ont à traverser. On dirait même que les mers ne sont pas assez spacieuses pour contenter l'humeur vagabonde des poissons voyageurs, ni pour satisfaire les passions aventureuses des oiseaux cosmopolites. 138 L'homme exerce également une influence notable sur le déplacement des végétaux et des animaux; cette in- fluence est d'autant plus manifeste, qu'elle a lieu souvent à notre insu. Peut-on supposer, en effet, que, de notre propre gré, nous avons répandu dans nos régions celte multitude de rats de tous les pays, dont le nombre, dans une seule ville de France, est évalué à près de douze millions. Ce n'est pas non plus volontairement que nous avons amené d'Amérique cet insecte incom- mode qui envahit nos lits et trouble notre sommeil. Si nous considérons les animaux sous le rapport de leurs organes, du mouvement, nous verrons que les espèces où ils sont perfectionnés s’écartent le plus des lieux où elles ont été placées dans l'origine : tels sont les oiseaux, les insectes et les poissons. Néanmoins, ce ne sont pas toujours les oiseaux, re- marquables par la légèreté deleur vol, qui entreprennent les plus longs voyages. En effet, la caille, dont les mou- vements sont si lourds et si pesants, a pénétré partout, aussi bien que les chouettes et les corbeaux. Le pre- mier de ces oiseaux est si répandu, que l'on se demande si c'est bien la même espèce que l’on découvre dans toutes les parties du monde. On s'étonne moins qu'il en soit ainsi des hirondelles et des étourneaux , dont le vol est aussi léger que les mouvements prompts et faciles. Les insectes, ces oiseaux des invertébrés, ne se sont pas moins étendus, et les migrations des sauterelles en sont des exemples fameux et qui se renouvellent pour ainsi dire chaque jour. Il est non moins remarquable de retrouver dans toutes les régions des insectes, et 139 particulièrement des papillons, qui naguère étaient bor- nés à nos contrées. La belle-dame /vanessa cardui), que dans les jeux de notre enfance nous nous sommes amusés à pour- suivre, el qui n'avait pas encore été aperçue dans d'autres régions, nous pouvons la prendre aujourd'hui dans les plaines de l'Asie et de l'Afrique, ainsi que sur les plateaux de l'Amérique. Si nous recherchons la cause de ce phénomène, qui est loin d'être borné à ces seuls exemples, nous la trouverons dans les progrès que la navigation à faits de nos jours. A l’aide de nos vaisseaux, nous transporltons continuellement dans des contrées nouvelles les germes des végétaux et des ani- maux propres à nos climats, et nous confondons ainsi les productions de tous les pays. En effet, les graines et les semences de tout ce qui respire ici-bas s'attachent à nous, à notre insu; elles se fixent et s’accrochent à nos vêtements, à notre ba- gage, et répandent ainsi les germes de la vie partout où nous porlons nos pas. Les animaux eux-mêmes ne sont pas sans influence sur la dispersion des plantes. Les oiseaux granivores opèrent ce déplacement en emportant dans les contrées lointaines les graines dont ils se nourrissent. Leurs races ont répandu sur tous les points de la terre les articulations du chiendent ou les graines de la fume- terre, du mourron et de tant d'autres espèces. Il est mème des végétaux qui ne voyagent qu'avec leur se- cours. Les semences du gui, privées d'ailes et d’aigrettes, ne peuvent se développer mises en terre, ni se trans- 740 porter d'elles - mêmes sur les arbres où elles doivent végéter. Les oiseaux chargés de ce, soin ne mettent pas de limites aux lieux où cette plante peut vivre et prospérer. Les êtres les plus agiles de la création con- courent aussi à répandre les végétaux peu favorisés par leur organisation et à les disséminer indéfiniment. Admirable échange de services qui assure la durée de tout ce qui existe ici-bas, en même temps qu'il montre les précautions que la nature a prises pour con- server l'ensemble des choses créées. La structure, la disposition des graines, facilitent singulièrement la dispersion des végétaux, aidée d'ail- leurs par les vents et les courants. Toutes ces influences contribuent d'une manière puissante au mélange des productions de tous les pays. Des actions semblables ont également lieu sur les œufs des plus petits ani- maux, qui sont ainsi transportés à de très-grandes dis- tances. La nature ne s’est pas bornée à donner aux semences des végétaux des formes propres à en faciliter le trans- port; elle en a recouvert un grand nombre de substan- ces résineuses, qui ont le double avantage de les rendre plus légères et de contribuer à leur conservation en les préservant de toute humidité. A l’aide des graines que les eaux emportent au loin, les marins, et même les sauvages, découvrent les fles situées au vent de leurs pirogues ou de leurs vaisseaux; elles furent pour Christophe Colomb le signe certain de l'approche d’une terre, et le Nouveau—-Monde fut découvert. En facilitant la dispersion des végétaux et des ani- 741 maux, la nature à produit, dans le monde dont nous sommes les témoins, une variété de plus en plus grande. Cette variété donne au paysage ce charme qui séduit notre imagination. Que nous sommes loin de ces temps où les productions végétales, à peine le vingtième de ce qu'elles sont maintenant, étaient uniformément ré- parties sur des continents dont l'étendue égalait au plus celle de nos grandes iles! Cette primitive végétation, triste et monotone par son peu de variété, n'était égayée par aucune voix. Un pareil monde, plongé dans un silence absolu, que rien ne pouvait interrompre, n’é- tait pas fait pour nous; aussi, l’homme n'a-t-il apparu sur cette terre que lorsque les animaux terrestres et les oiseaux l'ont eu égayée de leurs cris et de leurs chants. Depuis notre apparition, tout a concouru à répandre la variété sur ce globe si longtemps nu et inerte. Les voyages lointains, les grandes expéditions militaires, ont aidé à ce but. Souvent une plante ou un animal utile est la seule chose qui nous reste des conquêtes des plus grands capitaines de l'antiquité. En effet, où sont les traces de ces milliers de combattants qui ont versé leur sang pour satisfaire de folles ambitions? Nous les cherchons en vain sur les champs de ba- taille ; elles ont entièrement disparu. Le vent les a dis- persées. Cependant, les empreintes des pas des reptiles et des oiseaux qui, dans les temps géologiques, ont passé sur les sables mouvants, y ont laissé des traces impérissables de leur présence, comme pour attester la vanité des grandeurs humaines. {48 742 Les faits que nous venons de rappeler annoncent que les espèces vivantes n’ont pas toutes conservé la place qui leur avait été assignée à l'origine des choses. Leur dispersion a commencé avec la civilisation, et elle prend un nouvel accroissement à mesure qu'elle fait de nouveaux progrès. L'histoire de l'entrainement des vé- gétaux et des animaux dans de nouvelles contrées, est - donc liée à celle des sociétés humaines dont elles ont suivi l'essor. À mesure que les nations grandissent et qu'elles prennent un notable accroissement, les dépla- cements des êtres qui nous sont soumis deviennent plus nombreux et plus faciles. Alors seulement les tribus végétales et animales peuvent nous suivre et parcourir avec nous les diverses parties de la terre. Au milieu de ces faits, liés d’une manière si intime avec notre histoire, on s'étonne qu'il y ait encore tant de points obscurs relativement à la patrie primitive d'un si grand nombre de végétaux; on s'étonne surtout qu'il en soit ainsi pour plusieurs des céréales dont nous faisons un usage continuel et dont nous tirons un si grand parti. Un voile impénétrable couvre encore l'his- toire de ces plantes éminemment utiles, sur lesquelles les recherches et les voyages de nos descendants répan- dront peut-être quelque clarté. Les changements dans la distribution primitive des êtres vivants, dominés, pour la plupart, par l'influence de l'homme, nous font concevoir pourquoi ils ont com- mencé par l’Asie, et que l'Europe soit devenue le cen- tre de leur dispersion. Cette partie du monde distribue maintenant, aux différentes régions de la terre, nos 743 céréales, nos plantes potagères et nos arbres fruitiers, que nous avons dù nous-mêmes à la patrie primitive du genre humain. En répandant ces biens dans d’au- tres contrées, nous les leur donnons singulièrement améliorés et embellis par la culture ; ceux auxquels nous les devons, ne les reconnaitraient certainement pas si nous pouvions les soumettre à leurs regards. Le phénomène de la dissémination des êtres n’est plus uniquement en rapport, comme dans l'origine, avec les conditions de l'organisation ou avec celles des milieux extérieurs. L'influence de l’homme en est la principale cause. Elle tend, par son action constante, à effacer de plus en plus les centres de création, qui finiront même par disparaitre. Toutefois, lorsqu'on considère l'ensemble des êtres, on voit que l'on peut encore en déméler les principaux traits, et que leur dissémination n'est pas assez avancée pour les avoir détruits. Les races cosmopolites sont le résultat le plus remar- quable de ces diverses actions; mais ces races ne sont pas toujours celles qui ont les moyens de locomotion les plus puissants; il faut encore qu'elles aient été ré- pandues avec une sorte de profusion dans les contrées dont elles sont originaires; enfin, que leur organisation soit assez robuste pour supporter les températures les plus extrêmes et les passions les plus différentes. Ainsi, les espèces les plus communes dans une ré- gion, sont le plus susceptibles de dissémination; elles occupent maintenant les espaces les plus étendus et les pays les plus divers. Par suite de notre influence, ces espèces, devenues cosmopolites, appartiennent en géné- 144 al à l'Europe, moins à l'Asie et moins encore aux autres continents. On ne voit pas des rapports aussi manifestes entre la dissémination des espèces vivantes et les classes aux- quelles elles appartiennent. Toutefois, les eryptogames semblent une exception à cette loi générale. En effet, ces végétaux offrent le plus grand nombre d'espèces cosmopolites, surtout les mousses et les champi- gnons. Une espèce de la première famille, le bryum hygro- métrique ({sunaria hygrometrica), d'une abondance extrême en Europe, est devenue commune partout où nous avons pénétré. Elle a parcouru en quelque sorte avec nous le monde entier. Il n’est pas maintenant de région de la terre où cette mousse n'étale son tapis de verdure dans les lieux humides. On comprend facilement, d’après ces faits, l'impor- tance qu'il y aurait d'enregistrer les progrès constants de la dissémination des végétaux et des animaux, afin de s'assurer de ceux que pourra faire dans l'avenir leur extension. Ce phénomène, qui se passe sous nos yeux, dont nous pouvons apprécier le commencement et sui- vre la marche progressive, n'est pas sans intérêt pour l’histoire des espèces disséminées dans l'origine sur des points déterminés du globe. Cette extension entre dans les desseins de la nature ; car elle est un progrès, et un des progrès dont nous avons le plus à profiter. Si l'on considère, en effet, les productions de la nature depuis le moment où la vie a commencé ici-bas, on voit les espèces vivantes aller sans cesse en augmentant, el n'acquérir une grande variété qu'à l'époque à laquelle nous appartenons *. Les espèces ont bien pu rester fixes et immuables , sans pour cela se conserver dans les mêmes proportions. Si la variété est un progrès, comme il est difficile de ne pas le supposer, le monde actuel est plus complet que ne l'était l'ancien, puisque lui seul jouit de la pré- sence de l’homme, but et terme de la création. Les êtres animés ne sont pas les seuls qui se dépla- cent ici-bas. Les corps bruts, tout inertes qu'ils nous paraissent, cèdent, comme les corps organisés, à lac- tion des agents extérieurs. Ces agents, par leurs effets constants, les entrainent loin de leur origine, sous la forme de blocs erratiques, de dépôts diluviens ou de ter- rains meubles et d'alluvion. Les matériaux ainsi dépla- cés sont une énigme pour le physicien qui veut re- connaître les causes qui les ont transportés à de si grandes distances, et les lieux d'où ils sont partis pour couvrir de leurs débris la surface du globe Le transport des matériaux inorganiques a cela de particulier, d'avoir toujours lieu dans le sens de leur pesanteur, tandis que les plantes et les animaux re- montent assez souvent, contrairement aux lois de la gravitation. Ainsi, les graines légères des végétaux, { Pour se faire une idée de la variété du monde qui s'offre à nos regards, on n'a qu’à se rappeler que, d'après les calculs de M. Lacordaire, il existe proba— blement à la surface du globe environ trois cent soixante-deux mille espèces d'in— sectes. Le monde qui nous a précédé n’en a pas vu apparaître plus d'un millier. Ainsi, quelle immense variété de formes d’un côté, et quelle pauvreté de l'autre. ( Voy. l'introduction à l'Entomologie, par Th. Lacordaire, tome IL, p. 565.) 746 tout comme les œufs d’un grand nombre d'animaux mi- croscopiques, s'élèvent, entrainés par lescourants ascen- dants, le long des pentes des montagnes, ou emportés par les vents à de très-grandes distances. Tout est donc en mouvement dans la nature, aussi bien dans les phénomènes qui nous frappent par leur grandeur que dans ceux qui, soumis à de plus petites proportions, n’en ont pas pour cela moins d'importance. Il ne faut pas, du reste, s'y tromper : la vie est aussi un tourbillon, un mouvement qui ne peut s'arrêter sans s'éteindre. Le sujet que nous venons d'étudier est digne des mé- ditations des hommes éclairés. Avec lui, nous sommes remontés jusqu’à l’origine des êtres vivants, dont nous avons suivi la marche graduelle et progressive. Si nous n'avons pas résolu toutes les questions que soulèvent les changements que ces êtres ont éprouvés dans leur distribution primitive, nous en avons peut-être facilité la solution. Heureux si nos recherches sont utiles aux physiciens jaloux, comme nous, d'obtenir quelques progrès dans les voies scientifiques, seules conquêtes que l'homme éclairé ambitionne et qui ne causent ja- mais de regrets. +} +? = RÉSUMÉ LU DANS LA SÉANCE PUBLIQUE DU 20 JANVIER 1853, d'un Rapport fait à l'Académie SUR LE CONCOURS DE 1852 : Question relative à L'Histoire de la Poésie lyrique EN FRANCE; Par M. DABAS. MESSIEURS, L'Académie avait mis au concours pour 1852 cette question de littérature nationale : « Tracer l'histoire » de notre poésie lyrique française , en comparant notre » génie lyrique avec celui des anciens, eten indiquant » les causes de leur différence. » Plusieurs Mémoires ayant été envoyés de Paris, de Cherbourg et d’ailleurs, une Commission’, dont j'ai eu l'honneur d'être le Rap- porteur, en a fait un long et sérieux examen. C’est d'un extrait où d'un résumé du Rapport que j'ai mission de vous donner connaissance. ‘ La Commission était composée de MM. Ch. Des Moulins, Justin Dupuy, Cirot de la Ville, J. de Gères et Dabas, 748 A l’exception de deux Mémoires qui lui ont paru re- marquables, et qui se partageront le prix, la Commission a trouvé peu de chose à louer dans les travaux soumis à son appréciation. Îl est même telle composition si peu digne du corps savant auquel elle a été adressée, que l'envoi tout seul d'une pareille œuvre pouvait être considéré comme une épigramme, si sa faiblesse ex- trême n’eût témoigné tout à la fois de l'innocence et de la témérité, nous ne voulons pas dire de la présomp- tion de son auteur. Il n’a pas été nécessaire d'en exa- miner le fond ; son style la jugeait. La première condi- tion d’un concours littéraire n'est-elle point que l’on possède au moins l'usage de la langue littéraire? A ce- lui qui ne la remplit pas, à celui qui permet au solé- cisme et au barbarisme de s’étaler dans ses écrits à côté de l’humble faute d'orthographe, il faut dire : « Mon ami, nécrivez-plus, ou plutôt, si vous êtes assez jeune encore, apprenez à écrire. Revenez sur votre rhétorique, sur votre logique aussi, et cherchez un maitre de philosophie comme celui de M. Jourdain, qui enseigne un peu d'orthographe et de grammaire. En général, on ne saurait trop recommander aux concurrents de se souvenir du précepte d'Horace : Sumite materiam vestris, qui scribitis, æquam NRA Henaeacene Mais, pour en sentir la valeur, il faut qu'ils s’habituent à respecter davantage les maîtres du goût, les législa- teurs de la poésie et de la langue. Pourquoi l'aversion fort singulière que Boileau inspire à tous nos auteurs 749 malheureux? Que leur a donc fait Nicolas? L'un d'eux le maltraite fort pour sa critique de Ronsard, et s’ef- force de venger le français de cet illustre latineur ; l'autre, abusant contre lui de son ode sur la prise de Namur, en conclut que « ce célèbre Despréaux ( assez » célèbre, en effet) n'eut du poëte ni le cœur, ni le » génie, et semble avoir eu horreur du sentiment. » Il parait s'étonner qu'il compte encore des admirateurs, et le plaint, comme poëte, d'avoir eu le génie du bon sens; comme si le bon sens, même élevé jusqu'au gé- nie, pouvait jamais nuire à rien! Combien de gens, et de poëtes surtout, à qui l'on pourrait souhaiter ce mal- heur là! Si Boileau doit être respecté, il est des choses qui doivent l'être encore davantage : c'est la religion et la morale, ce sont les convenances et la décence. Hà- tons-nous de dire qu'en général nos concurrents n'ont pas manqué à ce devoir. Il est un Mémoire, toutefois, dont nous aurions voulu effacer certaines citations trop lestes, et surtout un esprit d'irréligion qui n'est plus de notre époque ni de notre goût. Nous avons cru ces avertissements utiles à nos con- currents, et c’est pour cette raison que nous n'avons pas voulu les leur épargner. Leur amour-propre n’en saurait beaucoup souffrir, puisqu'ils sont inconnus, et que leurs noms, ignorés de vous, Messieurs , sont et resteront un secret pour nous-mêmes. Il n’en est point ainsi pour les auteurs des deux Mé- moires dont il nous reste à vous parler; ceux-ci nous sont déjà nominalement connus, et seront tout à l'heure proclamés dans cette enceinte. Nous leur devons ce- pendant, à eux aussi, quelques vérités, mais heureuse- ment plus faciles à dire; car la critique y admet une part considérable d'éloge. Le Mémoire qui nous a paru le plus satisfaisant est celui qui a pour devise le vers d'Horace : Seribendi recte sapere est et principium et fons. Il est évident que l'auteur a dû se pénétrer du principe que ce vers renferme; car il exprime justement la na- ture de son mérite. Sa pensée est sage, ses idées sont justes, sa marche est ordonnée, sa méthode simple et facile; son style est aisé, clair, généralement pur et élégant. Il n’a pas, il faut le dire, beaucoup d’origina- lité, beaucoup d'érudition, ni d'éclat, ni de chaleur; mais en revanche, il possède une sûreté de goût, une rectitude d'esprit et de sens moral, que des esprits plus brillants auraient sujet de lui envier. Dès son début, il sait définir, il sait limiter sa tache; et considérant notre poésie lyrique avec l'idée présente de celle des anciens, qui ne le quittera pas, il remar- que qu'à la différence de celle-ci, la nôtre, dans ses modes les plus élevés, s'est isolée de bonne heure de la musique. Îl recherche aussitôt les causes de ce fait, il les expose judicieusement; et convaincu de la légiti- mité comme de la réalité de ce divorce inévitable, il s'attache à cette partie de notre répertoire lyrique qui est faite pour être lue plutôt que pour être chantée. Il lui en coûte d'abandonner toute une partie de notre littérature, qui aurait pour lui beaucoup de charme; CAO 151 je veux dire celle qui exprime les sentiments populai- res : la ballade, la chanson, le cantique, la complainte. Il regrette qu'il y ait chez nous ce que les Grecs ne connaissaient pas, deux littératures séparées, celle des classes lettrées et celle du peuple, deux courants de poé- sie qui se rapprochent quelquefois, mais demeurent dis- tincts et ne se confondent pas. Qu'y faire, cependant? C'est une nécessité qu'il faut subir; et à quoi bon dès lors s'occuper, dans une histoire de l'art, de composi- tions faites le plus souvent sans art, n'ayant d'autre mérite qu'une simplicité naïve? Il y aurait bien une intéressante étude à faire sur nos chants populaires, et notre auteur l’a senti; mais ce serait de l’histoire plutôt que de la littérature : « En rechercher l’origine, » dit-il; y retrouver la trace de l'esprit national et la » physionomie des diverses provinces; suivre le pro- » grès du temps et des mœurs, ce serait là une tàche » belle et difficile. Tour à tour on entendrait les joyeu- » ses chansons de nos ancêtres, oublieux de leurs sou- » cis quand la guerre leur laissait quelque repos, les » délicates élégies des troubadours, les malignes satires » des trouvères. On aurait une histoire de France, » telle qu'elle se faisait aux champs et dans les carre- » fours des villes, ou plus secrètement à table et au » foyer. Ce travail n’est pas le nôtre; nous avons à » parler de la poésie lyrique d’après les définitions lit- » téraires généralement acceptées. » Il y a beaucoup de sagesse à résister ainsi à un at- trait dont on sent la force, et à s'imposer, par raison, un plan sévère dont on ne s'écartera pas. Ce n'est pas que l’auteur omette tout à fait notre poésie lyrique du moyen àge. Il est trop Français pour la passer ainsi sous silence; 1l nous en fait respirer un parfum, et là encore ses regrets se font jour. « Pourquoi ces vieux chants où le dévouement, l'amour, la querre, res- pirent avec pleine effusion, n'ont-ils pas animé les siècles suivants d'un souffle plus vif de l'esprit na- tional? » Mais l'enthousiasme de l'antiquité ne l'a pas permis, et l'on ne peut se dissimuler que notre ode est fille de la Renaissance. Le critique, bien avisé, s'en console un peu par cette Juste réflexion, que si nous avons trop imité les anciens, « nous les avons imités d'une manière de plus en plus libre, » et que «le goût moderne a procédé, par des éliminalions successi- ves, à la formation de notre style comme de notre poésie. » « De tout cela, » dit-il plus loin après nous avoir donné une esquisse assez bien faite de la poésie ly- rique des Grecs et des Romains, ainsi que de nos pre- miers efforts pour pindariser, «de tout cela, il est ré- » sulté un ordre d'idées , une manière de sentir et d'é- » crire généralement admise. Ce n’est pas le style an- » tique, c'est le style classique; il doit aux latins plus » qu'aux Grecs. La beauté des poésies grecques est » toute simplité, grâce légère ou grandeur naïve; elle » se refuse à limitation ; c’est une fleur qui se fane » au toucher. La poésie latine, formée d'éléments en » partie empruntés aux Grecs, en partie donnés par le » progrès des arts et de la réflexion, s’altérait moins » en passant dans les ouvrages des modernes. » 153 Nous approuvons l'auteur de suivre cet ordre d'idées ; et toutefois n'a-t-il pas été trop exclusif en ne réser- vant pas, à côté du lyrisme savant de la Renaissance, une petite place au moins à la poésie plus naïve et plus spontanée, mais lyrique aussi et jusqu'à un cer- {ain point classique, de notre Villon. Boileau n’a pas été si sévère. Assurément, nous ne prétendons pas, comme l'auteur d'un Mémoire écarté, que Villon doive être compté parmi nos plus grands lyriques. Comment faire un tel honneur à ce joyeux libertin, à ce rieur ef- fronté, à cet escroc miraculeusement échappé de la potence, à ce poële des tavernes et des ruisseaux de Paris, qui manque si souvent de décence, de dignité et d'élévation morale? Il ne faut pas le grandir outre mesure; il ne faut pas oublier que s'il s'élève quelque- fois assez haut, il retombe bientôt, pour s'y rouler en- core, dans la fange d'où il est sorti. Mais peut-être ne faut-il pas oublier non plus que sa muse grossière a trouvé des accents vrais et touchants; qu'elle à du na- turel, de l'esprit, de la gràce, quelquefois de la sensi- bilité et de l'éloquence. Ne pouvait-on pas accorder une mention et un éloge à l'auteur du Grand Testament, et de la ballade des Dames du temps jadis ? Nous n'avons pas le temps de passer en revue, avec l'auteur du Mémoire, les quatre siècles de notre histoire littéraire. Disons seulement que son esprit, suflisam- ment synthétique, sait présenter des aperçus d'ensem-— ble; que sa critique, généralement saine et judicieuse, sait se borner aux noms illustres et se montre d'une sobriéte pleine de goût dans les citations. Non moins 754 sobre dans l'expression de ses jugements, il se contente assez souvent de peindre en quelques traits la manière et le talent d'un poëête. Ainsi, veut-il donner une idée de Chaulieu, qu'il mentionne après Rousseau : « Peut- » être, nous dit-il, le contraste de ces poésies, nées sans » effort, avec l'éclat bigarré des modernes leur donne- » t-il plus de prix. On se repose en les lisant, comme » au sortir d'un riche musée on se réjouit de voir un » peu de verdure. » Veut-il nous représenter l’élégante poésie d'André Chénier, il la compare spirituellement à « celtecoupe d'un travail exquis el délicat que le poëte » de Syracuse décrit dans sa première idylle.» Veut-il rendre la peinture et la musique de M. Victor Hugo : « Le soleil ne peint pas de couleurs plus vives et plus » diverses les paysages du Midi. L'Océan qui roule sur » les grèves, ou le vent qui résonne dans les bois, » n’ont pas une harmonie plus profonde. La phrase de » M. Victor Hugo est large; ses métaphores se prolon- » gent, s'étendent, de manière à couvrir comme d’un » grand flot l’espace qu'il a à parcourir. Ordinairement » même sa pensée ne se voit pas aussitôt; on l’aperçoit » sous ce voile éblouissant d'images continues. » Et en- core : « J'éprouve en le lisant une impression sembla- » ble à celle que ferait sur ma vue un soleil ardent; je » cherche en vain un peu d'ombre. » La modération, qui semble le caractère distinctif de notre auteur, donne aussi un grand prix à ses juge- ments; elle Le préserve, à l'égard de certains écrivains, et par exemple de J.-B. Rousseau , de deux excès fort com- muns : d'une admiration outrée et d'un dénigrement 755 systématique. Précieuse surtout quand il s'agit d'ap- précier les contemporains, elle le laisse à leur égard dans les meilleures conditions d'impartialité. On pour- rait citer tout entière sa critique de Victor Hugo, de Lamartine, de Béranger surtout. Par nature, par con- viction, si sa doctrine fait bien juger de ses convictions religieuses et chrétiennes, il semblerait devoir être peu favorable au chantre de Lisette et du Dieu des bonnes gens. Cependant, il veut rester et il reste juste. Tout en faisant de très-légitimes réserves, il paie au talent de Béranger un généreux hommage; et pour faire ap- précier son insigne mérite d'avoir transformé la chan- son, il le compare ingénieusement à Lafontaine, fai- sant de la fable une comédie à cent actes divers. I va même jusqu'à lui accorder plus d'originalité qu'à Horace, parce que Horace est à demi Grec, tandis que Béranger est tout Français. Après ces éloges mérités, nous aurions bien quelques critiques à faire : les jugements n’ont pas toujours as— sez de profondeur ; le style, quoique généralement cor- rect, offre de temps en temps des négligences. Nous avons aussi remarqué plusieurs distractions, dont une assez singulière : l'auteur a gratuitement prêté des chœurs à l'OEdipe de Voltaire; ces chœurs-là, dans quelle édition les a-t-il trouvés? Le défaut le plus grave est dans la manière incom- plète dont a été comprise la question des rapports et des différences de notre génie lyrique avec celui des anciens. C’est à la fin du Mémoire qu'il eùt fallu en établir ou en résumer les causes. Or, le résumé de l’ou- vrage n’est pas de plus de quatre pages. Parce qu'il 756 avait consacré aux anciens une partie de chapitre, et fait en passant tous les rapprochements naturels, l'au— teur s’est trop cru dispensé de traiter le sujet à fond, d'une manière spéciale. Il s'est contenté de resserrer brièvement ce qu’il en avait déjà dit, et c'était trop peu. Cette lacune et les imperfections signalées n'ont pas permis à l'Académie de donner à ce travail le prix entier, qu'il eùt obtenu s'il eût été plus irréprochable et plus complet Elle a cru le récompenser en lui dé- cernant, comme marque de son estime, une première médaille d'or de 200 fr. Elle se plait en effet à procla- mer le mérite d'un ouvrage qui, s'il n'est pas éminent, révèle tout à la fois une plume exercée, un talent lit- téraire, un homme de goût, un cœur et un esprit droits. La Commission avait ajouté : « peut-être un professeur voué à l'enseignement. » On vous dira tout à l'heure qu’elle ne s'était pas trompée *. Le Mémoire que l’Académie honore d'une seconde récompense est celui qui porte cette devise : Dissipantur cogitationes ubi non est consilium. (SALOMON.) C'est assurément l'œuvre d'une plume très-habile, d'un esprit fin, d'un littérateur érudit*?; mais c'est en mê- me temps une composition très-excentrique, d'un ton leste et assez souvent cavalier, où le système s'étale sans mesure, où le sujet est traité sans façon, quand il n’est pas tout à fait mis de côté. Plus brillant, plus 1 L'auteur de ce Mémoire est M. Adrien-Édouard Delachapelle, docteur ès lettres, regent au collège de Cherbourg. # M, A. Morel (Paris). LES 1 57 fait pour séduire que le précédent, il lui est très-infé- rieur par la justesse des vues, par la sagesse du plan, par l’art enfin de la composition. Permettez qu'avant de vous présenter un aperçu ra- pide de l'ouvrage, je vous offre une analyse de ses qua- lités et de ses défauts, empruntée à la plume spirituelle de M. Des Moulins : > » » » « IL est malaisé, disait à la Commission notre hono- rable collègue, de deviner si l'auteur de ce Mémoire est jeune d'âge, ou jeune seulement de cette jeunesse d'esprit et d'imagination qui répand tant de charme sur son singulier travail. » Jeune, il l'est par l'impatience du joug qu'imposent la composition méthodique d’un ouvrage et en parti- culier l'observation d'un programme. » Il l'est encore par son ardeur, par la soudaineté de sa fantaisie, par la fraîcheur habituelle de son style, et même par l'étourderie qui en ternit quel- quefois l'éclat; un peu aussi par la confiance que lui inspirent ses propres jugements. » Vieux, on le dirait à voir son esprit railleur et désabusé, qui rit en faisant de l'anatomie historique ou métaphysique, et qui s'y attache au point de faire l'analyse des produits de l'analyse. » On le dirait encore à voir son érudition aussi va- riée qu'étendue, à voir tout ce qu'il lui a fallu de réflexion pour tirer, de ses études historiques et lit- téraires, des conséquences hardies, étranges parfois et novatrices, quelquefois justes et lumineuses. » Son observation est toujours fine, fruit ordinaire 49 CA Ÿ S Ÿ 158 de l'àäge et de l'expérience, indice de la maturité ; mais la maturité découvre rarement tant de neuf dans les hommes et dans les choses. Est-il vrai qu'il y ait tant à changer dans l'appréciation du passé et dans la manière de faire à l'avenir? » Dans tous les cas, on ne saurait adresser à l'auteur le reproche de ne pas approfondir assez les idées qui se présentent à lui. Une idée, dans un ouvrage d'a- nalyse, est pour ainsi dire un ruisseau affluent du fleuve ; il est bon de remonter son cours jusqu'à un certain point, puis de revenir au fleuve lui-même. L'homme qui n'approfondit point, se borne à recon - naitre l'embouchure de l'afiluent, et passe outre sans s'enquérir de ce qu'il est et d'où il vient. Au con- traire, notre auteur, dès qu'une idée se présente à lui, laisse là toutes choses pour s'élancer à sa pour- suite; et cette poursuite, il la pousse jusqu'au bout du monde et jusqu'au bout du temps. S'il lui arrive d'oublier quelque chose, ce ne sera rien de l'incident ; ce sera plutôt de revenir à son point de départ; — comme ce Français qui s'en allant à Rome pour y pas- ser un mois, y passa (rente ans de sa vie et finit par ÿ mourir. » Voilà, Messieurs, une image exacte autant qu'ingé- nieuse du faire de ce talent bizarre, mais fort distingué. Maintenant, comment nous y prendre pour vous donner une idée du Mémoire lui-même, vaste labyrinthe où les idées se croisent, où l'œil alarmé du lecteur n’a- perçoit pas un seul jalon, pas une seule indication, pas un seul repos? L'auteur commence par faire le procès à toutes les poétiques et à tous les cours de littérature, à leurs di- visions arbitraires, à leurs définitions inintelligentes, à leur critique mesquine, à leur dogmatisme absurde. Les rhéleurs français ont, suivant lui, perdu la poé- sie française. Qu'ils s'appellent La Harpe, Marmontel , Batteux, ou qu'ils signent d'un nom obseur des livres spéciaux d'histoire littéraire et poétique, peu lui im- porte; il les confond tous dans le même mépris avec ces pauvres gens qui occupent, comme il dit, l'étage du bas dans un journal, une chaire de professeur où un grenier dans une revue à la mode. Les uns et les autres reconnaissent des genres qui ne signifient rien; les uns et les autres définissent l'ode de telle sorte, qu'elle doit être, ou peu s'en faut, l'œuvre d'un fou. J'avoue que sur ces deux points, j'éprouve tout d'a bord quelque scrupule. C'est préjugé, sans doute; mais javais cru jusqu'ici qu'Aristote, Horace et Boileau avaient donné à La Harpe, à Marmontel et à Batteux, ainsi qu'à nous tous, diseurs de riens, ardélions et pédants (V. p. 218 ), l'exemple de ces divisions, de ces définitions, et tout au moins de l'établissement de ces genres. Aristote, Horace et Boileau seraient — ils aussi de méchants dogmatiseurs? Apparemment. Quant à demander que l'ode soit à peu près l'œu- vre d'un fou, ce n’est pas absolument mon avis; mais est-ce bien tout à fait le leur? Que nos théoriciens français, outrant les préceptes des anciens, montrent sur ce point un peu d'exagération, je l'accorde; et s'il en est qui réclament du poëte Iyrique «un enthousiasme 760 continu, un délire sans frein, une aberration inex- plicable et digne cependant d'être admirée, une fu- reur et un transport aveugles » (V. p.5 et 6), je n’hé- site pas à dire, moi aussi, qu'ils s'égarent. Mais, d'un autre côté, n’y a-t-il pas, dans la grande poésie lyri- que, une exaltation assez souvent voisine du délire et du transport? Est-il vrai que le style de Pindare soit généralement calme et froid (p.5)? Les poë- tes, en général, et à plus forte raison les poëtes lyri- ques, n'ont-ils pas toujours comme un grain de folie, qui n'exclut pas d'ailleurs le bon sens? car il est des folies sages, comme il des sagesses folles. Les anciens le croyaient, eux qui comparaient le poëte inspiré à la prophétesse sur son trépied, ou à la bacchante; eux qui lui donnaient communément les épithètes de fu- rens, insanus, amens. Horace n'a-t-il pas dit dans le même sens, que Démocrite exclut de l'Hélicon les poëtes sains d'esprit ? Excludit sanos Helicone poelas Democritus..…. Il veut même, si je m'en souviens, que la folie poé- tique soit réelle et non feinte; et c'est pour cette raison qu'il se moque de ces poëtes chevelus du temps d'Au- guste, qui, pour singer le génie, affectaient de laisser pousser leurs ongles et leur barbe, de chercher la so- litude, et de ne pas paraitre au bain. Horace, cepen- dant, et ceux qui l'ont suivi, n'avaient point passé jusqu'à présent pour avoir dit une sottise. Il faudra croire qu'on s'était trompé. 161 Donc, toutes les poétiques sont à refaire; il faut les reprendre et les reformer toutes (p.18 ); jeter à bas loutes les vieilleries existantes, et entre au- tres la théorie actuelle des genres (p. #); s’armer de courage pour renverser la multitude des erreurs litiéraires qui s'appuient de mille autorités célèbres (p.18). Voyons à l'œuvre ce grand démolisseur. Il n'y va pas de main morte en commençant, car voici son principe : « Toute poésie doit se ramener à » l'une de ces trois grandes classes : sérieuse, joyeuse » ou mixte. Toute distinction, hors celle-là, établit » des entraves où l'esprit sera serré comme dans un » étau. » (P. 12 et 13.) S'il en est ainsi, il n’y a plus de poésie lyrique; partant, plus d'histoire de la poésie lyrique; partant, plus de question à mettre au con- cours ni à traiter, Ceci ne laisse pas que d'être un peu embarrassant pour un concurrent qui veut disputer le prix académique. Heureusement, il se ravise et s'a- mende bientôt. « Il serait excessif, ajoute-t-il un peu plus bas, de » prétendre que la division des trois genres ne corres- » ponde à rien de vrai. L'auteur de ce Mémoire croit, » avec l’Académie, qu'il y a réellement un genre lyri- » que. » — Voilà qui est fort heureux, pour l'Académie d'abord, et ensuite pour l'auteur. Notre critique reproduit alors en son nom cette di- vision des trois genres, telle à peu près qu'Aristote l'a donnée, en se contentant d'ajouter que « on doit sentir ce qu’elle a d'étroit et de lâche, et qu'à tout instant la forme lyrique dérive au drame, le drame au ré- 762 cit, ou la tragédie au lyrisme » (p.15). Soit. Eh! qui à jamais prétendu que les divisions doivent être absolues! N'en est-il pas des genres de poésie comme des genres d'éloquence, et Aristote, l'auteur de cette double et savante classification, ne le savait-il pas aussi bien que vous? Votre classification, à vous-même, non celle d'à présent, mais celle de tout à l'heure, est-elle absolue et peut-elle l'être? Non, puisque vous admettez, à côté de la poésie sérieuse et de la poésie joyeuse, une poésie mixte, sans parler de « malle nuances intermédiaires entre la joie et la douleur, se mêlant l'une avec l'autre, dites-vous très-spirituel- lement, comme le sourire et les larmes sur le vi- sage d'Andromaque » {p. 13). Pourquoi donc ren- verser avec un si grand bruit ce qu'en fin de compte on laissera debout, et se poser superbement en pour- fendeur de théories qu'on n’atteint mème pas? La définition que l’auteur donne de la poésie lyrique n'est pas non plus aussi nouvelle qu'il parait le penser ; on la trouve, sous une forme assez semblable, dans tous les cours de littérature, et dans ceux-là même qu'il méprise le plus. C'est, dit-il, l'expression du sentiment et du sen- timent chanté. Ce qu'il y met de nouveau seulement, c'est le sens qu'il attache à ce mot chanté. Nous pen- sons, nous, que dans la poésie lyrique, c’est l'âme sur- tout qui chante; lui, parait tenir beaucoup à un ins- trument, ne füt-ce que la vielle ou l'orgue de barbarie. Aussi n'a-t-il pas assez de regrets pour les temps de nos vieux trouvères Arnoult-le-Vielleux et Bau- 763 douinl'Orgueneur; aussi ne peut-il se consoler { à la différence du précédent) de voir commencer au moyen àge et consommer au seizième siècle le divorce de la musique et de la poésie. Bien plus, il trouve étrange, tout en y donnant forcément les mains, que nous ayons encore une poésie lyrique alors que nous n'avons plus de lyre. Il ne nous pardonne guère de faire des odes et des strophes, comme les Grecs, quand nous ne les chantons pas et ne les dansons pas comme eux. « E4 » pourquoi pas aussi, demande-t-il, des antistrophes, » des épodes et des parabases? » Inutile de dire qu'il se moque beaucoup de Malherbe, de J.-Baptiste Rous- seau et de Voltaire, qui disent qu'ils chantent! Où est la musique qui se prête à l'accompagnement (p.18#)? Cette manière d'entendre le chant lyrique n’est pas sans conséquence. L'auteur en conclura que tout ce qui est en vers el se chante (se chante musicalement) est es- sentiellement lyrique ( p.24). Et au lieu de s'attacher à ce que notre poésie française offre de plus élevé, de plus inspiré, de plus vraiment poétique et lyrique, il s'arrêtera à des productions plus spontanées, moins savantes, mais très-inférieures sous le rapport de l'art, à des chansons, à des bagatelles, à des riens. Il abon- dera justement dans le sens du travail curieux que le précédent écrivain indiquait et a su éviter. Il cher- chera l'histoire dans la poésie, au lieu de chercher la poésie dans lhistoire; il essaiera de présenter des esquisses, des crayons des différentes époques de no- tre histoire nationale. Voulez-vous quelques échantillons de sa poésie lyri- que? Il glane dans de savants recueils, dont la con- naissance fait honneur à son érudition ,.…. quoi? des re- frains de cavaliers, des airs de trompettes sonnant le boute-selle, une chanson de bourgeois parisiens cou- rant sus aux huguenots, un couplet de Bussy-Rabutin sur la nouvelle maitresse de Sa Majesté ( p. 21, 22, 23), « Tout cela n'est-il pas de la poésie lyrique, puisque cela est en vers et que cela se chante? » (P.34.) Ses principes posés, l'auteur est en droit de dire, ce qu'il fait, que les mazarinades et « les chants des li- queurs ou des routiers entrent dans son sujet, non sur la même ligne, mais dans le même plan que les stances de Rodrigue, au premier acte du Cid. » (P.26 et 27.) C’est d’après cette donnée qu'il parcourt, le roman- cero français à la main, toute l'histoire du moyen àge, mettant en relief, ici l'influence de l'Église, les agita- tions de la Croisade, la dévotion mystique d'un siècle de foi; là l'impertinence ou la galanterie de l'esprit français, les superstitions et les idées du peuple, les dernières prouesses de la chevalerie, la formation de la patrie française, l'agrandissement de la royauté, la naissance et l'esprit de la bourgeoisie. Il arrive ainsi jusqu'au Vive Henri IV et à cette chanson préférée d'Alceste où la passion parle mieux en effet que dans le sonnet d'Oronte : Si le Roi m'avait donné Paris sa grand'ville ,.… L'auteur se moque, en quelque endroit, de ceux qui cherchent les petites curiosités littéraires. Nous ne savons trop s'il en a bien le droit; mais assurément il : 765 ne se défendra pas de rechercher les curiosités hsto- riques. x Cependant, nous touchons au seizième et au dix-sep- tième siècles. Peut-être allons-nous rencontrer la gran- de poésie lyrique. Erreur! Notre critique, par goût et par système, n’a que faire de la poésie savante des let- trés. Après avoir justement repoussé le pédantisme de Ronsard, dont il amnistie pourtant les inspirations amoureuses, et justement vanté quatre jolis vers de Bertaut, il arrive à Malherbe. Est-ce pour apprécier le lyrique? Malherbe, lyrique! On ferait rire ce dédai- gneux théoricien. C'est pour louer, honnêtement et sensément, le réformateur de la langue et des vers; mais voilà tout. Racan et Ségrais ont au moins, il le reconnaît, quelque tendresse. Corneille est parfois admi- rable, et souvent très-obscur dans sa paraphrase de l’Imitation. Racine a des chœurs d'une gràce céleste; mais personne au diæ-seplième siècle, excepté Bos- suet, n'a compris le génie lyrique des Hébreux, non plus que la poésie de Pindare et d'Horace. Quant à Jean-Baptiste, qui reçoit ici, dans une page des plus méprisantes , le coup de grâce de la critique; quant à Jean-Baptiste, avec sa friperie des Juifs, on ne condamnera pas notre auteur au supplice de le relire; il aimerait autant apprendre par cœur les vers chrétiens de MM. de Port-Royal, ou les poënres os- sianiques de M. BaourLormian. » M ne veut plus rien que «relire quelques vers de Théophile, de Chau- lieu, de Lafare, de Gresset; les stances de Gilbert, quinze ou vingt petils poëmes de Chénier, deuæ ou trois de Parny, el surtout des chansons » (p. 80). 766 Apparemment, Le reste ne vaut pas l'honneur d’être nommé : un {as de grimauds qu'on a salués du nom de ly- riques, et qui n’en ont en effet que le nom. Il leur refuse jusqu'à ce regard de mépris que Dante laisse tomber, en passant, sur les plus vils des êtres qui peu- plent son enfer, alors que Virgile lui dit : Ne parlons pas d'eux; mais regarde et passe ". L'histoire de la poésie lyrique française est finie. Est- il possible? Oui , en vérité , elle est finie. Nous n’en som- mes guère pourtant qu'au tiers de l'ouvrage ; mais c'est que l’auteur a tant d'autres choses à faire! IL faut qu'il analyse les facultés de l'âme humaine, et cette étude psy- chologique ne demande pas beaucoup moins d’une ving- taine de pages environ ( de la p. 83 à la p. 100 ). Il faut qu'il explique le développement de l'esprit fran- çais, en recherchant dans toutes les races qui se sont croisées sur le sol de la France, les divers éléments du caractère national : esquisse rapide | c'est ainsi qu'il appelle l'histoire de ces races, depuis les Aquitains, les Ibères, les Galls, les Kimris, les Belges, les Pho- céens, etc., jusqu'aux Visigoths, aux Burgundes, aux Francs et aux Normands, sans omettre l'élément Arabe et l'élément Corse ) ; esquisse rapide de 35 pages, qui nous mène au 136° feuillet. Il faut qu'après avoir mon— tré ainsi le fond de notre tempérament, il approfon-— disse les causes internes et externes qui ont agi sur ! Div. Commed. di Dante : Dell’'Infern. G. LT, 51 767 nos facultés : nouvelle étude métaphysique et histori- que, qui comprend l'examen de notre pensée réfléchie et voulue, celui de l'examen du milieu social et litté- raire dans lequel nous avons fatalement grandi, celui du rôle imitateur que, moitié volontairement et moitié involontairement, nous avons joué et adopté (de la p. 436 à la p. 155 ). Il faut enfin qu'après avoir cher- ché notre caractère national dans notre poésie, il le fasse voir aussi dans notre langue ; d'où l'étude et l'his- toire complète de la langue française, considérée , comme tout à l'heure la nation, dans ses origines, dans les éléments divers qui l'ont constituée, dans les révolutions diverses qu'elle a subies jusqu'à sa forma- tion; puis, comme il s'agit ici de la langue poétique et lyrique, l'étude et l'histoire de cette langue sous le rap- port musical, avant et après son divorce avec la mu- sique ; l'étude et l'histoire approfondie de notre système prosodique, du rhythme, de la rime, de l'accent et des divers accents, etc., ete. Ce n'est pas trop, pour tout cela, de 50 ou 60 pages, et c'est ainsi que l'auteur arrive à sa conclusion. N'ayez pas peur, Messieurs, que nous le suivions pas à pas dans ses excursions de philosophe, d'ethno- graphe, de métaphysicien, de philologue, de linguiste, de prosodiste. Mais il faut pourtant vous dire, sous peine d'être incomplet et injuste, la raison de tous ces longs excursus. Comment vous laisser croire qu'un homme de tant de savoir et de tant d'esprit ait simple- ment battu la campagne? Il n’en est rien. Ce défaut, énorme néanmoins, de sa composition, à son sens el son but; il fait partie de son plan, de son système, 168 Tout ce que je viens d'embrasser en dernier lieu est la seconde partie du Mémoire, et répond à la seconde partie de la question mise au concours : « Comparer » notre génie lyrique avec celui des anciens, et indiquer » les causes de leur différence. » Cette pensée de l'é- crivain , il est assez difficile de la dégager des nuages de sa métaphysique, des longs amusements de son récit et du bagage embarrassant de son érudition. On l'en dégage cependant, et la voici, ou je suis fort trompé : Notre poésie lyrique française, comparée à celle des anciens, est fort peu de chose. D'où vient notre infé- riorité? D'abord, de ce que nou; ne savons pas vouloir. L'homme est doué partout de trois forces : la force d'expansion dominante chez les peuples de l'Orient, qui se donnent à la nature et se laissent absorber par elle ; la force d'assimilation, plus particulièrement propre aux Grecs, aux Latins, et en général aux peuples de l'Oc- cident, qui s'incorporent tout ce qu'ils rencontrent; la force de résistance, caractère distinctif des peuples du Nord, qui repoussent tout ce qui vient du dehors et maintiennent fortement leur originalité. L'analyse de nos facultés prouve que la volonté, souveraine dans l'homme, gouverne et dirige à peu près à son gré, malgré l'instinct naturel, l'emploi de ces forces diver- ses et communes. L'homme est toujours libre d'agir con- tre la nature; mais il faut qu'il veuille. D'autres peu- ples ont voulu; nous, Français, nous n'avons pas su et ne savons pas vouloir. Nous nous prêtons, mais sans nous donner; nous nous assimilons, mais sans nous incorporer; nous ne résistons à rien. Avec ces défauts, comment créer et produire? La volonté seule 769 est créatrice. Les Hébreux, les Grecs, les Latins, ont, sous ce rapport, valu bien mieux que nous. Non-seulement nous n'avons rien voulu, mais nous n'avons pas tout pu. Nous sommes les fils de nos pè- res, et nos pères, quels étaient-ils? Aquitains, Ibères, Galls, Kimris, Belges, Visigoths, Burgundes, Francs, Normands, ete., mais surtout Galls ou Gaulois. Nous sommes restés Gaulois avant tout; et grâce à cet élé- ment dominant du sang national, plus gâté par le mé- lange des autres que tempéré par leurs qualités, nous sommes nés vains, inconsidérés , remuants, incapables d'une action soutenue et d'une volonté énergique; sou- ples et imitateurs, personnels pourtant, sans profondeur d'esprit et surtout sans aptitude pour le sentiment : au sentiment nous substituons l'idée, ce qu'il y a de moins lyrique. Avec ces défauts encore, comment créer, et créer surtout la poésie du sentiment, la poésie lyrique? Ce point est capital; et l'auteur, qui revient mainte et mainte fois sur notre portrait pour le parfaire et l’a- chever, ne le flatte jamais. Ne sommes-nous que les fils de nos pères? Nous sommes encore les continuateurs et les héritiers des anciens; héritiers forcés, pour qui il eùt été souhaita- ble cependant de n'accepter cet héritage que sous bé- nélice d'inventaire. Mis en possession de tous leurs trésors, nous y avons puisé à pleines mains, sans nous donner la peine d'extraire l'or des entrailles de la terre nationale. Au commencement, nous avions quelques inspirations originales ; la Renaissance nous les à tuées ou ravies. Nés imitateurs, nous n'avons plus songé qu'à imiter; et limitation, c'est le fléau, la ruine de il toutes les littératures. Sous ce rapport encore, com- bien les Hébreux, les Grecs, et les Romains eux-mê- mes, ont été plus heureux et mieux favorisés que nous! Ajoutez que n'approfondissant rien et ne comprenant rien, nous avons supprimé {out ce que nous ne com- prenions pas, el gàté tout ce que nous touchions. Qu'espérer aussi de notre langue, formée de débris informes, héritière des langues les plus diverses et les plus opposées, remplie de sons rudes, sourds, guttu- raux; élaborée sous l'influence de mille causes facheu- ses, el particulièrement de notre caractère national, qui lui Ôte tout caractère synthétique et toute expression sen- timentale, pour la rendre aussi intellectuelle qu'il peut? Sans l’élément populaire qui la régénère et la retrempe un peu, elle serait devenue aussi idéelle que la langue des mathématiques. Quelle différence avec les langues des anciens! Et sous le rapport musical! Les Hébreux, les Grecs, chantaient en dansant leurs hymnes; les Romains écri- aient au moins les leurs dans un vers rhythmique et harmonieux? Nous, nous avons dépouillé la poésie lyri- que de la danse et du chant; nous avons oublié le rhyth- me, au point que nos vers font frémir tous les musi- ciens, au point que les beaux chœurs de Racine sont horribles quand on les chante! Il est vrai que notre rythme prosodique peut soutenir, quoi qu'on en ait dit, la comparaison avec celui des anciens. La rime a suf- fisamment remplacé pour nous la quantité du vers mé- trique; elle a fait depuis le seizième siècle de nota- bles progrès, un moment trop oubliés, mais dont on commence à se souvenir. Pourvu qu'on sache profiter 171 des ressources qu'offrent avec elle le rhythme et lac- cent, on possède un instrument musical dont il est encore possible de tirer quelque chose. Voilà, Messieurs, le bilan de notre génie et l'inven- taire de notre matériel lyrique, dressés après faillite bien et dûment constatée. Notre actif et notre passif ainsi éta- blis, on se demande quel sera notre avenir. De l'avenir, l'auteur nous permet, un peu ironiquement , de tout es- pérer. Nous sommes jeunes comme nation; nous n’a- vons eu une àme que vers le treizième siècle; nous n'avons commencé à nous sentir vivre qu'au quinzième, en présence des Anglais; nous n'avons été que dans les derniers jours une nation formée et complète. Nous avons donc devant nous le temps, et avec le temps, {out arrive en France, même l'improbable. Jusqu'ici, peuple chansonnier, nous n'avons guère eu que des chansons. «Le galoubet et le fifre ont acquis chez nous une perfection admirable. » Peut- ètre quel- que jour retrouverons-nous la lyre. Que de questions remuées dans cet exposé, sans par- ler de toutes celles que l’auteur soulève encore par ac- cident! Il faudrait un volume pour y répondre; d’au- tant plus que s'il y a dans tout cela beaucoup de vrai, le vrai y est presque toujours mélé d'exagération et d'er- reur. Nous n'essaierons pas d'en faire le triage. Qu'il nous suflise de dire que ceite histoire, faite d'après la manière vive el amusante, mais un peu systématique de certain historien, ne nous laisse pas toujours parfaite- ment convaincu; que ce portrait de notre caractère national nous ressemble, mais comme une charge ha- bile à un portrait véritable; qu'il ne suflirait pas de 172 dire les dangers et les égarements de limitation, mais qu'il en faudrait reconnaitre aussi les avantages et la valeur, même créatrice ; qu'il y a de l’exagération à vou- loir proscrire l'idée de la poésie lyrique, comme si dans la nature elle ne s’alliait pas sans cesse au sen- timent; qu'il faut prendre garde de tomber dans une sorte de matérialisme littéraire, en grossissant trop l'importance, incontestable d'ailleurs, de la langue, du rhythme, et surtout d'une alliance de la danse et de la musique avec la parole chantée; qu'enfin, si pauvres que nous soyons où qu'on se plaise à nous faire, nous avons le droit de nous inscrire, au nom de tous nos grands poëtes, contre le reproche étrange de n'avoir guère produit que des chansons. Avouons, d'ailleurs, que tout cela est écrit et sou- tenu, malgré des obseurités métaphysiques et des lon- gueurs fatigantes, avec une verve, un esprit el un style peu communs; le style surtout est excellent. A l'exception de quelques taches légères, échappées à la négligence d'une plume rapide, de quelques expressions qui affectent le sans façon, et de quelques termes sin- guliers créés par esprit de système philosophique, comme le mot individuation plusieurs fois répété, nous n'y avons rien trouvé qui ne füt correct, aisé, noble, clair, net et vraiment français. Je veux, Messieurs, vous en faire juger, en vous lisant quelques pages de ce Mémoire : « En réfléchissant mieux, on aurait compris que » chaque peuple à son caractère, chaque poëte son » tempérament, chaque sièele sens opposé est engagé dans la por- 4E tion de la voie sur laquelle il doit ÿ lui-même cireuler. Il est principa- lement destiné à prévenir la ren- contre des trains sur les courbes et dans les tunnels, quoiqu'il puisse être égalementemployé danses par- ties droites. Mais M. Fragneau ne propose aucune modification aux moyens actuellement employés pour arrêter la marche des convois dans les parties où les trains peuvent s'apercevoir à des distances de 700 à 800 mètres, les convois pouvant être arrêtés dans ce cas par l'em- ploi des agents qui sont à la dis- position des mécaniciens, du moins lorsque la pente et la charge nexe cèdent pas certaines limites. Pour concevoir le mode d'action de l'appareil Fragneau, supposons quatre stations AB, C, Die tantes, savoir : À et B d'une part, Cet >. Dde l'autre, de 700 RNTR à 800 mètres envi IN à ron; B.et:Cd'un intervalle indéter-— _miné. De A à B, de C à D, la voie est rectiligne; entre B et C est une courbe ou un tunnel. 967 En D se trouve placé un disque - signal mobile au- tour d'un axe vertical retenu dans sa position normale par un levier en communication avec le contact d'un électro-aimant. Un courant électrique cireule dans celui-ci en tra- versant d'une part la terre et de l’autre un fil conduc- teur qui est en communication électrique avec des ap- pareils identiques dans leur construction, destinés à interrompre le passage de l'électricité et disposés à la première et à la troisième station, c'est-à-dire l'un en A, l'autre en C. Un appareil semblable est disposé à la station À, et les deux pôles de la pile qui y est installée communi- quent d'une part avec le sol, de l'autre avec deux appa- reils interrupteurs situés à la deuxième et à la quatrième station, c’est-à-dire l’un en B, l'autre en D; le fil qui sert de conducteur à l'électricité se rendant de l'une à l'autre de ces stations, et les appareils interrupteurs qui y sont établis servant comme les premiers, dans leur position ordinaire, de conducteurs au fluide élec- trique. Supposons qu'un convoi, circulant dans le sens ABCD, arrive à la station A, les roues de la locomo- tive agissent sur l'appareil interrupteur placé en À, le courant électrique est interrompu, le disque-signal placé en D à l’autre extrémité de la voie, exécute un quart de révolution autour de l'axe vertical qui le porte, et indique dès lors l'entrée du train en À à tout autre convoi qui se présenterait en D pour marcher dans le sens DCBA. Le convoi, continuant sa marche, arrive à la station 968 B, interrompt le courant dans cette station, ce qui permet à l'indicateur placé en À d'exécuter un quart de tour sur lui-même, et de faire connaître ainsi que la voie est fermée à tout convoi marchant dans le mème sens que le premier, c'est-à-dire qui se présenterait encore en À pour marcher dans le sens ABCD. Dès lors, la voie est fermée aux deux extrémités; et si la partie BC est, comme nous l'avons supposé, un tunnel ou une courbe dans laquelle les convois ne puis- sent s’apercevoir, le premier train pourra circuler sans obstacle et en toute sécurité. Arrivé en C, le convoi rencontre de nouveau le cou- rant électrique qui commande l'appareil — indicateur placé en D, l'interrompt et permet au disque d’exécu- ter un quart de révolution sur lui-même, ce qui le ra- mène dans une direction parallèle à la direction pri- mitive, et indique au convoi placé en D que la voie devient libre. Enfin, arrivé en D, le convoi interrompt le courant électrique qui commande l’appareil-indicateur placé en A, le disque exécute un quart de tour, se dispose pa- rallèment à sa direction normale, et la voie devient li- bre du côté de A. Par ces dispositions diverses, les appareils une fois mis en place, munis de piles électriques vérifiées avec soin comme on vérifie celles des télégraphes électriques, fonctionnent d'eux-mêmes par le passage des convois, et indiquent tant à l'avant qu'à l'arrière que la portion du chemin aux deux extrémités de laquelle sont pla- cés les appareils indicateurs est occupée ou est libre. Ajoutons que le mécanisme qui fait exécuter au dis- 969 que-signal un quart de révolution pour le mettre per- pendiculaire à la voie, amène sur le rail trois pétards dont la détonation, lors du passage des roues de la lo comotive, avertirait le mécanicien qui, par inadver- tance ou par toute autre cause, n'aurait pas aperçu l'indicateur. Ces signaux se retirent également d'eux- mêmes lorsque le disque reprend sa position normale, Un convoi marchant dans le sens DCBA agira de même sur les signaux et avertira de sa présence : En D, en interrompant le courant qui traverse l'é- leetro-aimant de l'appareil À, et en ramenant l'indica- teur placé à cette station d’une direction parallèle à la direction normale à la voie; dès lors celle-ci est fer- mée du côté de A. En C, en agissant sur l'indicateur placé en D et fermant la voie de ce côté. En B, en rouvrant la voie du côté de A. En À, en rouvrant la voie du côté de D. Si l’on suppose maintenant deux trains au lieu d'un seul, et si l'on admet d'abord qu'ils circulent en sens opposés, celui des deux qui se présentera le premier à l'une des stations extrêmes, soit en À, soit en D), aver- tira le second de sa présence par la position que prendra le disque. Si les deux trains arrivent simultanément aux stations extrêmes, les mécaniciens ne peuvent être avertis, il est vrai, par la position de l'indicateur; mais il faut remarquer que ce cas se présente rarement; et d'ailleurs, les signaux détonnants, venant toujours se placer sur la voie dès le passage des premières roues, seront écrasés par les roues des wagons suivants, et avertiront encore dans ce cas les mécaniciens par leur explosion. 970 Il pourra se faire encore que le convoi entré le pre- mier, par exemple, du côté de À, soit arrivé à la troi- sième station en C avant que le convoi opposé se soit présenté en D. Dans ce cas, le signal de D a repris sa position normale, et la voie paraît libre pour le second train; mais comme la voie ferrée est rectiligne de C en D et au delà, les deux convois pourront s'aperce- voir et faire les signaux et les mouvements nécessaires pour l'arrêt. Par la même raison, la voie doit être rec- tiligne de B en À et au delà de A. Si les deux convois circulent dans le même sens, dans le sens ABCD , par exemple, celui des deux qui arrivera le premier sur la voie, ou sera aperçu par le second S'il n'est pas encore en B quand celui-ci arri- vera en À, ou bien aura fait tourner le disque -signal s'il est engagé dans la portion BCD ; la rencontre sera donc encore évitée. Après s'être rendu compte de la manière dont les appareils doivent fonctionner dans les divers cas qui peuvent se présenter, la Commission a porté son atten- tion sur le mécanisme lui-même. Ce mécanisme est des plus simples. Les deux parties essentielles sont, d’une part, l'ap- pareil indicateur qui porte le disque; de l'autre, l'ap- pareil interrupteur destiné à faire marcher le premier quand le courant est interrompu. L'axe qui porte le disque-signal reçoit son mouve- ment d'un ressort, et le levier qui est lié avec le con- tact de l'électro-aimant n'a d'autre fonction que de l'a- bandonner à lui-même pendant un quart de révolution, quand le courant électrique cesse de passer dans le 971 fil. Le même mouvement entraine sur le rail une pla- que sur laquelle sont placés les signaux détonnants. Toutes ces pièces peuvent être exécutées sans diffi- culté et de manière que, dans la pratique, leur jeu soit certain. L'appareil interrupteur se compose essentiellement de deux lames de cuivre placées à l'extrémité d’un levier dont l'autre bras s'abaisse lors du passage des roues de la locomotive et des wagons. Alors la première lame se relève , et comme elle repose par ses extrémités sur deux autres lames de cuivre placées en regard l'une de l'autre, isolées et en communication chacune avec l'un des fils conducteurs, le courant est aisément inter- rompu, et le contact se sépare de l'électro-aimant, soit par suite de l'absence du courant, soit par l'action d'un faible ressort auquel il est uni. La lame de cuivre mobile fait ressort contre les deux autres, et il n’est pas à craindre que le courant éleetri- que éprouve de trop grandes difficultés dans son pas- sage; on en serail, du reste, aisément averti. Il est essentiel que le contact, une fois interrompu, ne se rétablisse qu'après le passage du convoi tout entier : le levier tendant à s’abaisser après le passage de chaque roue, M. Fragneau ralentit son mouvement de descente à l'aide d'un soufflet qui ne lui permet d'exécuter qu'une partie de ce mouvement dans l'intervalle de temps qui sépare le passage des deux roues consécutives ; le con- act, une fois interrompu par la première roue, ne se rétablit qu'après le passage de la dernière, et le disque n'exécule qu'un quart de tour. La pile est à zinc et sulfate de cuivre. L'appareil 972 devant fonctionner quand le courant est interrompu, il est aisé de s'assurer si la pile a une énergie suffi- sante et si les contacts sont convenablement établis : celte partie du service est à peu près la même que pour les piles des télégraphes électriques. Quant à la dépense d'établissement et d'entretien, nous n'avions pas à nous en occuper; mais elle ne pa- rait pas devoir être considérable. En résumé, cet appareil présente une application rationnelle et très-ingénieuse des propriétés de l'élec- tricité dynamique. Il est simple, facile à exécuter, aisé à surveiller daus la pratique. La Commission pense qu'il peut rendre de véritables services sur les chemins de fer à une seule voie, et mème sur ceux à deux voies. Les conséquences de la rencontre des trains sont telle- ment désastreuses, qu'on ne saurait prendre trop de précautions pour les éviter; et les moyens inventés par M. Fragneau paraissent de nature à les prévenir pré- cisément dans les cas où les moyens ordinaires sont insuflisants. De semblables appareils placés, soit dans les parties courbes, soit de gare en gare, offriraient certainement quelques garanties contre les chances d'accidents; et l'Administration des Chemins de fer de Bayonne a bien mérité de la chose publique en autori- sant les essais sur la ligne de Bordeaux à La Teste. Nous avons l'honneur de vous proposer de décerner à M. Fragneau, inventeur de cet ingénieux appareil, une médaille d'argent grand module. 15 décembre 1853. 973 RAPPORT SUR LE CONCOURS DE POÉSIE Pour l'année 1853; PAR M. JULES DE GÈRES. MESSIEURS, La poésie serait-elle comme ces arbres de nos vergers qui ne donnent leurs fruits que tous les deux ans, et la saison de disette serait-elle la conséquence et le pré- sage d'une saison d'abondance? Nous tournerions alors nos souvenirs, pleins de regrets, vers le Concours si éclatant de l'année dernière, et nos regards se repor- teraient avec une confiante espérance vers celui non moins fortuné sans doute de l'année prochaine. Heu- reux, si là pouvait se borner notre tache! Nous ne 974 sortirions pas de cette loi commune et providentielle par laquelle on se console du présent en songeant à l'avenir et au passé. — Mais telle n'est pas notre fa- cile mission : enviant le sort de nos honorables et heu- reux prédécesseurs, dont la récolte à été si abondante, nous devons glaner là où ils ont moissonné. Il nous est particulièrement pénible que notre pre- mier pas dans une voie qu'ils ont si brillamment par- courue, soit l'accomplissement d'un devoir ingrat : le tenter est faire acte de courage et de résignation. Peut- être n'étions-nous pas dignes d'un meilleur lot, C'est done une double fatalité, qu'à l'infériorité de la matière se joigne encore l'insuffisance de l'ouvrier. Il semble dur au juge qui peut devenir accusé, de se montrer sévère lorsque lui-même sollicite lindulgence ; mais il tire sa force et son autorité de la Commission dont il est l'organe; il ne fait que prononcer la sentence du jury; — et l'on ne doit point oublier qu'il peut lui ar- river parfois l'obligation de renoncer à son jugement privé pour le fondre dans celui de la majorité. Cette sévérité nécessaire, Messieurs, est en quelque sorte ex- piée par la stérilité du rôle de votre Rapporteur ; il lui sera douloureux, à la fin de son œuvre, de ne pas voir votre digne Président couronner, selon l'usage, les vain- queurs de nos paisibles tournois, — il aimerait à faire partager et consacrer par ce publie d'élite des senti ments qu'il eüt été heureux d'éprouver lui-même, et les applaudissements recueillis par les lauréats eussent été la meilleure, la plus douce récompense de son travail. Il faut le constater, le Concours de 1852 était ex- 975 ceptionnel. Empiétant un moment sur les droits mé- mes de la postérité, votre tribunal suprême y jugeait les vivants et les morts. Cent dix lutteurs se pressaient dans l'arène; cette année, trente seulement s'y sont présentés. L'Académie ne se plaindrait pas du nombre, si la qualité lui offrait compensation. C'est le mérite des concurrents qui fait leur gloire et la sienne : Non numerantur, sed ponderantur. L'an dernier, votre Commission de poésie accordail quatre citations, trois mentions honorables, trois mé- dailles d'argent petit module, une médaille d'argent grand module, et une médaille d'or. Foreément plus modeste aujourd'hui, elle a dû restreindre ses largesses à quatre citations et trois mentions honorables. C'est, à le prendre du bon côté, un encouragement positif pour les poëtes à venir, et même pour ceux à revenir. Abandonnant les vingt=trois athlètes malheureux auxquels là consciencieuse exactitude de votre hono- rable Secrétaire général réserve la consolation d'un accusé de réception publié dans vos Actes, notre Rap- port s'oceupera exclusivement des sept élus que votre Commission a sauvés des gémonies de vos Archives. Nous commencerons par les citations, qui sont Îles moindres faveurs accordées par l'Académie, et nous débuterons par la quatrième; les derniers seront les premiers. C'est le n° 20 du Concours qui a obtenu cette légère distinction, pour l'expression d'un vœu très-louable, intitulé : Épitre aux Bordelais, par un Bas-Breton. — Témoin de l'empoisonnement en grand de la Chine 976 par l'opium anglais, l'honorable auteur supplie les Bordelais d'éviter le même sort à ses compatriotes de la Basse-Bretagne, en rétablissant de forts droits de sortie sur la boisson qu'une dérisoire anomalie fait nommer eau-de-vie, et qu'il nomme eau-de-mort. Il commence par décerner de justes éloges au vin de Bordeaux, à ce jus riche et vermeil, Plein des parfums du sol, et des feux du soleil. Quiconque en fait modérément usage, dit-il, Est des hommes, du sort, de lui-même charmé; Tandis que de son front fuit un dernier nuage , Le bonheur lui renaît au cœur, comme au visage. L'excès, presque toujours ou coupable ou fatal, Ici, sans être un bien, moins qu'ailleurs est un mal, Votre vin, prodigué, par ses vapeurs légères, Nous transporte au pays des riantes chimères, Fait d’un manant un roi, presqu'un Dieu d'un mortel , Qui tout éveillé rêve et devine le ciel! Sans que les voluptés où son âme se noie, Libre de tout penser qui n’est pas une joie, Attaquent sa santé, ce premier des trésors, Et d'une courte vie usent trop les ressorts. Ainsi, chez vous la vigne, en merveilles féconde D'un monde de douleurs sait faire un meilleur monde! Pourquoi faut-il que l'homme, qui ne se contente pas du bien, ait trouvé le mal en cherchant le mieux? Mais l’effréné désir d'une ivresse rapide Fit d'un agent chimique un breuvage homicide, 977 Dont le funeste attrait engendra plus de maux Que la guerre, la peste, et dix autres fléaux! Notre Bretagne, hélas! plus qu'aucun autre lieu, Par milliers de tonneaux reçoit ce vin de feu, Dont ses enfants, français encore un peu sauvages, Ont avec frénésie accepté les ravages... Aussi, combien chez nous, source amère de pleurs, Il jette chaque jour de trouble et de douleurs! Voyez, redevenu le fils de Teutatés, Ce Celte, qui sans cesse, hôte des cabarets, De son flacon brûlant boit jusqu’au bout la flamme ; Furieux , il fait fuir amis, enfants et femme, Du délit passe au crime, et la hache des lois Termine avec ses jours ses bachiques exploits! Cet autre, si souvent dans l’ardente bouteille, A laissé sa raison, que rien ne la réveille. Chez celui-là, son sang soudain s’est allumé, Et d’invisibles feux tout son corps consumé, D'un incendie humain qu’atteste chaque veine, Offre au scalpel surpris l'horrible phénomène! Celui-ci n'attend pas que le cruel poison Vienne abréger ses jours ou troubler sa raison; Doublement ivre, il cède à la sanglante envie : D'une main criminelle il s’arrache la vie! Aussi, qui des Kymris, en voyant leur langueur, Reconnaîtra bientôt la race et la vigueur ? Déjà quand tous les ans le gouffre de l’armée Réclame de soldats sa proie accoutumée, Il en faut deux pour un chez ce peuple breton Admiré par César et par Napoléon! Tout cela est malheureusement vrai, et ce n’est pas seulement en Basse-Bretagne que les choses se passent 978 ainsi. Nous regrettons de ne pouvoir allonger ces crta- tions. Mais si l'intention est aussi bonne dans toute celle pièce, l'exécution ne se maintient pas à son ni veau, Un Rapport n'est pas un éloge; il faut bien dire que le ton poétique est peu soutenu ; qu'il existe de fortes négligences, un vers faux, entre autres; que les rimes sont souvent moins qu'insuflisantes; que l'inspiration ne répond pas toujours à l'indignation, et que des ex- pressions telles que : chagrin grimaçant le malheur, font tache sur l'ensemble. Avant tout, c'est la pensée philanthropique, c'est la raison qu'il faut louer dans l'Épitre aux Bordelais, et nous verrions avec plaisir que l’auteur en adressàt une copie aux rois MUNICIPAUX , De la cité pour Bacchus sans rivale ! C'est le n° 28, contenant une ode sur Jeanne-d'Arc, et une pièce descriptive, intitulée : {a Falaise, qui à obtenu l'honneur de la troisième citation. Mécaniquement parlant, l'auteur est le meilleur for- geur de vers entre tous ses rivaux. At fabricando faber, — ou du moins, cela devrait être; — mais l'A- cadémie, qui aime le progrès, — et à qui l'auteur à donné le droit d'être exigeante, éprouve une déception cruelle en reconnaissant ici un de ses anciens lauréats, auquel ses encouragements n'ont pas profité. Jeanne- d'Arc et la Falaise sont si loin de Vercingétoriæ et de Saint-Malo, couronnés l'an dernier! L'Homère bre- ton a fait un petit somme. C'est toujours son vers for- tement trempé; mais, pour nous servir de l'heureuse 979 expression d'un de nos honorables collègues, « s'il a » l'éclat et la vibration du métal, il en a aussi la du- » reté. » L'auteur oublie trop souvent Qu'il est un heureux choix de mots harmonieux. Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée Ne peut plaire à l'esprit quand l'oreille est blessée. C'est grâce à cet oubli qu'il écrit : Là l'Océan miroir où quand l'ouragan gronde. Nous n’aimons pas non plus les mots : « liquide pou- » dre » appliqués à l'écume de la mer. — L'artiste se préoccupe tellement de la forme, de la ciselure, qu'il ne songe pas toujours à y enfermer la pensée ; il sculpte et fouille richement de magnifiques reliefs qui sont creux. Ce reproche va surtout aux passages descrip- tifs, où la sonorité recouvre parfois le vide. — Ces ré- serves établies, nous rendons pleine justice à l'auteur pour ses qualités; et si la rime seule faisait le poëte, il aurait incontestablement l'avantage sur tous ses émules. Jeanne-d'Arc est un sujet splendide, si beau, que c'est peut-être une témérité d'y toucher. I faut à l'ins- piration de puissantes ailes pour se soutenir longtemps à la hauteur où plane l'immortelle héroïne. — Voici le remarquable début de l'auteur : Il est des noms si beaux qu'ils font résonner l'âme, Comme un bronze sacré sous le battant d'airain, De ces noms, lumincux comme un reflet de flamme, Dont le prestige est souverain! Gravés en lettres d’or aux fastes de l'histoire, Par le glaive de la victoire 980 Ou le burin de la vertu, Du Léthé fabuleux ils ont franchi l’abime, Et vibrent dans les temps comme un écho sublime Des siècles dont le bruit s’est 1. Il en est un surtout, qu'ont chanté les poëtes, Et qu'un poëte, hélas! voulut déshonorer.….. Comment, à Jeanne d'Arc, ce sceptique génie, Aurait-il fait pour croire en toi? Moi, j'y crois! moi, je veux de son poëme infâme , Dont les impurs feuillets maculeraient le pied, Venger, si je le puis, l'inspirée et la femme ; Ton échafaud est mon trépied! Là, devant tes bourreaux , là, devant la patrie, Haletant, la voix attendrie, Sur le luth à la fibre d’or, J'entonnerai pour toi l'hymne d’apothéose! J'allumerai, s’il faut, le chant que je compose, A ton bucher tout rouge encor! Ces strophes ne sont pas exemptes de quelques im— perfections, même de quelques chevilles; mais elles ont de l'ampleur et du mouvement, et le sentiment qui les anime est de ceux qui font battre un cœur français.— Jeanne-d’Arc est une belle, noble et touchante figure : Ne s'attendrit-on pas sur sa douce nature, Quand l'aspect de son sang qui sort d’une blessure, Lui fait verser des pleurs d'enfant ? Le temps nous manque pour la critiqué éoinme pour 981 l'éloge. Citons cependant la dernière strophe , empreinte de l'enthousiasme qui a fait naitre les premières : Jeanne, monte au bûcher... au ciel... Puisque la guerre N'a pas fait ton linceul d’un étendard conquis, Tu ne pouvais finir par un trépas vulgaire Le rôle qui te fut commis. Du saint patriotisme immaculé symbole, Le martyre à ton auréole Ajoute un rayon immortel. Le moyen âge est plein de ta grande figure; Objet d’un culte ardent que l’histoire inaugure, Ton tombeau se change en autel! Descendons maintenant sur la Falaise, et saluons le beau jour qui se lève. . Le brouillard du matin s’est fondu sur la grève, Aucune brise encor ne s’en va voltigeant ; Le flot, calme et sonore, en volute s’enroule, Et, s’affaissant plus loin comme un mur qui s'écroule, Couvre les sables d’or d’une nappe d'argent. Ici, le poète fait un heureux échange de sa plume avec son pinceau. Sa falaise a la limpidité d'une aqua- relle, et parfois la solidité un peu lourde d'une goua- che. Il excelle à reproduire les beautés maritimes; les deux derniers vers cités sont pleins de vérité et d'har- monie imitative. Grand nombre d'autres témoignent de l'amoureuse prédilection de l'auteur pour la rèverie contemplative aux bords de la mer : Bien au delà des caps, vois à l'horizon vague, Comme un point qui s’abaisse et monte avec la vague : 63 982 C'est un navire! Il glisse, il grandit sur les flots. Il va toucher bientôt à des rives chéries. Déjà, tel qu’un fantôme aux blanches draperies, Il surgit, plus distinct, derrière les îlots. Le brick a jeté l'ancre, étalant ses bordages Et ses bruns matelots suspendus aux cordages, Et sa blanche ceinture où s'ouvrent les sabords. Tel, lassé de franchir les vagues mugissantes, L'albatros, repliant ses ailes blanchissantes, S'endort sur les rescifs dont l'onde étreint les bords. Tantôt c'est le pêcheur qui, saus rame et sans voile, Au fond des horizons tout à coup se dévoile, . Et penché sur sa barque y vide ses filets; Et puis les cormorans, quand desceud la marée, S'appeiant sur l’écueil d'où l’eau s’est retirée, Viennent polir leurs becs aux angles des galets. La nature à des beautés inépuisables, — la mer est un océan de poésie. Nous quittons à regret la Fa- laise; nous regrettons surtout que le poëte s’y soit trop longtemps oublié à côté du marin. — Il n’est pas à sa place dans une troisième citation de Concours ; son ta- lent est de ceux pour lesquels les prix sont fondés : il en à déjà fait l'expérience, et nous ne doutons pas qu'il puisse la renouveler quand il le voudra. Les Hussards de la Mort, inscrits sous le n°3, ont mérité la seconde citation. Cette pièce a du mouve- ment et un certain entrain de poésie guerrière. Le chant des soldats à de la vie et de l'ardeur; ce sont les qualités qu'a voulu récompenser votre Commission. 983 VILHELM. Entendez-vous sifiler les balles : Mes hussards au sombre dolman ? Penchez-vous au cou des cavales, Et suivez-moi sans intervalles, Allons, mes braves, en avant! Entendez-vous ce bruit qui roule ? Est-ce la foudre ou le canon? Est -ce une ville qui s'écroule? Quel est ce feu qui se déroule Comme un serpent à l'horizon? Au milieu de la fusillade Nous allons le revoir encor, Le danger, ce vieux camarade, Dont la franche et chaude embrassade Donne au courage un nobie essor. Mais quand l'ennemi nous fusille, J'aime à voir sur les lourds carrés Le sabre recourbé qui brille Et s’abat comme la faucille Au milieu des épis dorés. Un long cercle de feu ceint les flancs des coteaux; Voyez, frères, voyez cette flamme écarlate! Le bronze retentit, la fusillade éclate. Hurrah! le cri de guerre ébranle les échos! Et ce fut une course ardente, échevelée ; Chevaux et cavaliers à travers la vallée Fendaient l'air, plus légers que gnomes et démons. 984 Oh! comme s’enfuyaient champs, forêts et villages, Châteaux, clochers, vallons, monts, collines sauvages, Derrière les noirs escadrons! CCC CC ss... Et les guerriers volaient, volaient sur leurs cavales ; Le soufle de l’obus, le sifflement des balles, Et le boulet rougi, météore sanglant; La bombe vomissant ses gerbes homicides ; Rien, non, rien n’arrêtait les hussards intrépides, Les hussards au sombre dolman. En vain, réunissant leurs manœuvres habiles, Impétueux chasseurs, lanciers aux bras agiles, Lourds dragons, cuirassiers, redoutables géants, Fondaient sur les héros; la phalange invincible, La noire légion, indomptable, terrible, Jonchait la terre de mourants! 000000 Ne trouvez-vous pas dans ces strophes animées, comme un écho de la course fantastique de Mazeppa, comme un parfum de légende rhénane mise en musi- que par Schubert? — Malheureusement, Vilhelm, le chef des hussards, ne se relève pas roi; il est blessé mortellement dans le combat, et le monologue, qu'il a le temps et la force de prononcer avant de mourir, est un écueil contre lequel est venu se heurter et s’amortir toute la fougue de l'auteur. La fin de l'œuvre est d'une grande faiblesse. En outre, l'ensemble en est grave- ment déparé par plusieurs vers faux, — par des rimes négligées ou mal alternées, telles que quatre féminines de suite, enfin par des lieux communs de style passa- blement usés. Ces défauts ont fait rétrograder l'auteur 985 du rang où sa verve l'avait placé. Citons, en le quit- tant, un très-beau vers, qu'en sa qualité de sergent- major d'infanterie de ligne il doit être fier d'avoir écrit : C’est un noble destin de mourir en soldat! La première citation, toujours en procédant du moins méritant au plus digne, appartient au n° 24 bis; le petit poëme qui en est l’objet à pour titre : le Monde et la Famille, épitre à ma sœur; avec cette épi- graphe de Montesquieu, presque d'Horace, qu'il peut être utile de remettre sous les yeux dans un siècle aussi agité que le nôtre : Heureux celui qui, connaissant tout le prix d’une vie douce et tranquille, repose son cœur au milieu de sa famille, et ne con— naît d'autre terre que celle qui lui a donné le jour *. C'est le cœur qui distingue cette pièce; les plus doux sentiments de l'âme y sont pieusement épanouis. Le poëte doit être bon fils et bon frère; il dit bien ce qu'il éprouve :, Ma sœur, combien ce jour m'est ravissant et doux; Après un long exil, je reviens près de vous; Je revois, attendri, les lieu x de ma naissance, Où j'ai tout reconnu malgré dix ans d'absence, La croix sur le rocher, le grand bois, le chemin, Où nous courions, enfants, en nous tenant la main, Le ruisseau murmurant dont l'onde cristalline De ses replis nombreux embrasse la colline, Le mont, où, vieux débris, la féodale tour ! Lettres persanes. 986 Semble encor protéger le pays d'alentour ', Ah! le bonheur ne vit qu'au sol de la patrie! Oui, je te reconnais, ma Bretagne chérie, J'atteins avec transport au comble de mes vœux, Et je puis à mon tour dire : « Je suis heureux ! » Le bonheur se rassied au foyer de famille. Ce bonheur qui fuyait, que le Seigneur nous rend, A laissé dans mon cœur son prestige enivrant, Et dans ce monde vain , malgré tout son tumuite, Des souvenirs sacrés j'ai conservé le culte. L'image d'une mère, en tous lieux, en tous temps, Soit que mon front subit la fureur des autans, Soit que sur l'Océan où voguait mon navire, L'humble voile obéit au souflle du zéphire, Me suivait, prolongeant sur mon destin nouveau, Ce regard protecteur qui couvrait mon berceau. L'auteur peint avec vérité ces éternelles déceptions que le contaet du monde fait éprouver à l'âme candide et neuve qui s'envole pour la première fois du giron maternel. Nous avons remarqué ce distique : L'égalité, dit-on, règne seule aujourd'hui, Et chacun veut monter... en rabaissant autrui. Les épreuves fortifient un cœur bien né. Mal à l'aise dans cette fausse civilisation qui létouffe, le jeune homme reporte ses regards et ses vœux vers ce vrai bonheur de la famille qui lui apparait plus doux en- core depuis qu'il l'a quitté : £t dulces réminiscitur! (*) Le château de Coatfrech, dont les ruines pittoresques s’apercoivent de la route qui mène de Guingamp à Lannion. {Note de l’auteur.) 987 Ah! le seul bien réel sur cette scène étrange, Ne perd rien de son prix , et jamais il ne change! Hélas! je l'avouerai! quand mon âme incertaine, Cherchait pour ses destins une plage lointaine, (Car un temps vient, ma sœur, qu'un devoir solennel], Nous force à déserter l'asile maternel), Sans cesse ma pensée, inquiète, étonnée, Vers le nid bien-aimé se sentait ramenée, Puis, devenu plus fort, j'invoquais cependant, Pour mes regrets amers un discret confident. Je disais : Ce soleil, qui sur nos têtes brille, Dans notre humanité ne voit qu'une famille, Et si le sol datal nous manque , les bannis Dans le commun amour restent encore unis. Mais voiei le passage qui a surtout fixé les indéci- sions de votre Commission : c'est un petit chef-d'œuvre de grace, d'observation et de sentiment, — digne de Berquin et de Legouvé. — La bonté de Dieu, dit l'au- teur, a consolé les douleurs de notre existence par des biens ineffables : -__ De trois amours divins elle y mit la douceur : Elle y plaça la mère, et l'épouse, et la sœur; La sœur, de nos succès fière et jamais jalouse, Qui, sous nos toits, fleurit entre l'ange et l'épouse, Et, mère virginale auprès d’un frère enfant, L'encourage, l'instruit, le berce et le défend ; Qui, plus tard, de nos deuils tempère l'amertume, En dévouements sécrets s'immole et se consume , Et lorsque les anciens sont remontés aux cieux, Nous retrace leur vie et la rend à nos yeux. De tels vers font triplement honneur à celle qui les 988 a inspirés, à celui qui les à conçus, et à ceux qui les applaudissent. Hélas! les impérieuses vicissitudes de la vie forcent le jeune homme à s'éloigner de ce paradis terrestre : De la grande unité le lien se dissout. Dès lors, autour de lui tout prend une autre face, Ce qu'une mère écrit dans notre âme, il l’efface, Et sa raison poursuit mille objets décevants, Comme un vaisseau sans mât, jouet de tous les vents, Aussi, comme il est heureux quand il a fini ce mau- vais rêve, quand les jours de l'exil sont achevés : Je vous revois, ma sœur, et nos embrassements, En foule ont réveillé des souvenirs charmants: Ma mère m'apparaît souriante et parée, Du bonheur de ses fils toujours plus altérée. Comme autrefois, après une absence, je sens Qu'elle m’entoure encor de ses bras caressants, Mon cœur de son esprit comme autrefois s'inspire; C’est, sous ce toit béni, la vertu qu'on respire, Le murmure du siècle et son vaste souci, Comme un flot sur la grève à mes pieds meurt ici. C'est aussi là qu'aurait du mourir le poë’me. — Une médaille, et non une première citation, aurait été la récompense de cette œuvre, si nous pouvions penser de sa totalité ce que nous sommes heureux de dire pour ces gracieux fragments; mais le parfum qui s’en échappe est si pur et si doux, la sonorité qui en survit conserve une vibration si calme et si harmonieuse, que nous ne nous sentons pas le courage de troubler, par un mot de blâme, les impressions de ce modeste triomphe, — 989 et nous nous hàtons d'arriver aux trois mentions hono- rables, qui sont, cette année, le point culminant de votre Capitole poétique. La troisième de ces mentions, — pour conserver l'ordre inverse que nous avons adopté dès le principe, a été adjugée au n° 8 du Concours, qui est un assez volumineux cahier de Poésies religieuses. Ces poésies ont un mérite éprouvé : elles sont les lettres de créance d'un liltérateur sérieux, d'un travailleur érudit, et ne rapportent pas à l'auteur la somme d'honneur qu'il était en droit d'en attendre. C'est que votre Commission s’est trouvé embarrassée de choisir le point de vue auquel elle devait les juger. Est-ce traduction, imitation, ou paraphrase?— Faut-il prendre comme un programme celte épigraphe que l'auteur emprunte à Stace? Sed longé sequare, et vestigia semper adora ? Une traduction s'écartant plus ou moins d'un texte, peut-elle lutter avec équité sur le terrain des œuvres originales, et sa valeur positive, mais d'emprunt, doit- elle avoir le pas sur l'imagination et l'invention? — Telles sont les questions que votre Commission à dû se poser en principe, et qu'elle a résolues négative- ment. Nous ne pouvons que regretter, pour l'auteur, qu'il n'ait pas eu à mesurer ses forces dans un Con- cours spécialement ouvert pour le genre qu'il à choisi; il aurait conservé relativement cette supériorité indis- cutable qui lui appartient intrinsèquement. Dans un milieu plus assorti, son œuvre eut probablement été la 990 première; mais non erat hic locus, et le triomphe académique est resté fort au-dessous du succès d'estime et du talent réel. — En maintenant l'auteur en ligne de bataille, nous lui avons cependant fait un sort plus heureux que celui d'un poëte latin que nous avons dû faire sortir des rangs, où le combat ne saurait avoir lieu qu'avec des armes toutes françaises. Des psaumes, des cantiques, des proses, des hym- nes, composent le recueil des Poésies religieuses. La versification en est noble et facile, dans les hymnes principalement. Mais l'expérience dont l’auteur y fait preuve ne peut que rendre plus difficile pour ses im perfections. Il nous parait de taille à supporter une part de cette critique dont aucune œuvre humaine n’est exempte, et qu'il a dû certainement se faire lui-même, beaucoup mieux et beaucoup plus sûrement qu'il ne nous appartient de l'oser. Les droits des concurrents réservés par votre déci- sion suprême, nous ne nous dissimulons pas qu'il faut plus de courage et de force pour bien traduire que pour inventer. On se ferait illusion en supposant le travail moindre; c'est une tâche ingrate et périlleuse ; on risque beaucoup pour avoir peu. Quel qu'en soit le fini, une copie a toujours le désavantage prévu de rester au-dessous de son modèle. Le génie créateur ne l'anime pas, la chaleur de l'inspiration ne s'y réflète que comme dans une glace, en s'y refroidissant. C'est une contre-épreuve, qui reproduit, déteints et usés par le décalque, les tons vigoureux de l'épreuve mère. — Il est téméraire de porter la main à de telles arches. Il 991 vaut mieux, ainsi que dans les beaux chœurs de tra- gédie couronnés l'an dernier, s'approprier, en arran- gements par souvenir, les beautés transmissibles, que de les transplanter de vive force par une traduction aveugle. Le génie des langues n'étant pas identique, le servilisme de la seconde aboutit au prosaisme, dans lequel sont perdues et comme noyées les originalités de la première. — Les traductions en vers, surtout, seront toujours faibles, le mètre contenant trop ou trop peu pour que le texte puisse exactement sy emboiter. De là, des allongements qui affaiblissent, ou des suppres- sions qui tronquent et amoindrissent. — De son côté, la paraphrase dérange l'harmonie des conceptions, dé- truit la sobriété de l'esquisse primitive, et fane les cou- leurs en les délayant.— La langue française, en parti culier, est d’un laisser-aller trop moderne pour qu'on puisse la réduire à la coneision du style antique et au poétique laconisme du style sacré.— Ces observations, qui ont pour double but de motiver votre indulgence et d'atténuer la portée de vos reproches, atteignent surtout certaines strophes où la pittoresque beauté du texte sacré est inévitablement badigeonnée par les pro- lixes exigences du rhythme superposé. Ainsi en est-il dans les versets : De torrente in vid, Laboravi in gemitu meo, etc., elc. L'auteur ne s'est pas attaché à la lettre, il a eu raison; — mais il ne s'est peut-être pas suffisamment pénétré de l'esprit. — Il a été mieux inspiré dans le psaume 413 : Dieu paraît; la mer fuit, le Jourdain se retire. 992 Vers magnifique, irréprochable à tous égards, et ré- sumant les splendeurs du texte. Monts, pourquoi tremblez-vous sur vos bases profondes ? Coteaux, pourquoi bondir ainsi que des agneaux ? lei, la traduction acquiert une translucidité qui laisse comme apparaitre l'idiome original, sans qu'il subsiste entre les deux la moindre trace du travail d'assimilation . Voici maintenant une strophe d'un mouvement élevé et graduellement soutenu : Dieu, qui de mes jours es la source, Fais-moi connaître de ma course L'espace, hélas! trop limité. Mais, au milieu de mes années, Ne tranche pas mes destinées, Toi, dont l'âge est l'éternité ! Pourquoi les rimes de ce recueil n'ont-elles pas tou - jours cette perfection? — La grande généralité des ac- cords se borne à la sonorité des voyelles; et l'eupho- nie des consonnes, — qui font pourtant les conson- nances, — est trop habituellement négligée. Nous ignorons pourquoi l'honorable auteur interver- tit le texte du premier vers de la prose des morts; elle est généralement connue sous le titre de Dies iræ, plutôt que sous celui de Dies illa. Les deux rimes veæilla et favilla ne permettent point d'ailleurs cette transposition. Le manque d'espace nous interdit de reproduire tous 993 les passages qui méritent d'être cités avec grands élo- ges : la lecture de trois beaux morceaux, un peu choi- sis au hasard parmi beaucoup d'autres, mais diffé rant entre eux de rhythme, fera mieux connaitre la manière du poëte, et ressortir d'eux-mêmes les avanta- ges et les côtés faibles de son procédé : PSAUME 109 : Dixit dominus domino meo, etc. Viens t’asseoir à ma droite, et partage mon trône, Dit au Christ le Seigneur, à qui tout est soumis, Et dès ce moment je te donne Pour marchepied tes ennemis. Je prendrai dans Sion, dans sa pieuse enceinte, Le sceptre que ta main doit recevoir de moi, Et, des méchants, saisis de crainte, L'orgueil fléchira devant toi. Les cieux resplendiront d'éclat et de lumière, Lorsque de ton triomphe arrivera le jour; L'aube n'éclairait point la terre Quand tu naquis de mon amour. J'en ai fait le serment et j'y serai fidèle. Selon Melchisédec, mon zélé serviteur, Tu seras de la loi nouvelle Le pontife et le fondateur. À la droite de Dieu, fils semblable à son père, Sur le monde ébranlé faisant tonner sa voix. Le Christ au jour de sa colère Sans pitié brisera les rois. 994 Sa justice en tous lieux promenant la ruine, Apparaîtra terrible aux peuples effrayés, Sous les coups de sa main divine Ses ennemis seront broyés. Tel qu'un humble indigent, pour boire une eau fangeuse, Sur les bords du torrent le Christ se penchera, Et puis sa tête radieuse Vers le ciel se relèvera. Hymne : Veæilla regis prodeunt, etc. Du souverain des cieux s’avance la bannière. Quel éclatant mystère au monde est révélé! Sur un gibet infâme, au sommet du Calvaire, Le créateur de l'homme est par l'homme immolé. De son flanc déchiré par la lance cruelle, Une eau pure s'échappe avec son sang divin, Afin de désarmer la justice éternelle, Et de tous ses forfaits laver le genre humain. Ils sont venus , ces temps qu'en ses chants prophétiques, David a célébrés sur des modes divers, Quand sa voix annonçait aux nations antiques Que la croix règnerait un jour sur l'univers. Noble croix , que le Christ de son sang a rougie, De la pourpre des rois tu revêts la couleur, Rejeton précieux d’une tige choisie, Digne d’avoir touché les membres du Sauveur! Tes bras sont la balance où se pèsent nos crimes, De la rançon du monde ils ont porté le poids ; 995 Et le Christ à l'enfer arrachant ses victimes, A l'héritier du ciel a rendu tous ses droits. Je te salue, à croix, mon unique espérance! Que des tourments d'un Dieu le pieux souvenir Soutienne la vertu, redouble sa constance ; Qu'il inspire au pécheur un profond repentir! Que notre gratitude en nos chants se déploie! Grand Dieu! que de tes dons nos cœurs soient pénétrés! Dirige constamment dans une sainte voie Ceux que d'un joug honteux la croix a délivrés! HYMNE : Ave maris stella, etc. Salut, astre brillant des mers! De notre Dieu mère adorée, Vierge, qu'implore l'univers, Du ciel tu nous ouvres l'entrée. Ta divine fécondité Par un ange à toi se révèle, l'our le genre humain racheté Tu deviens une Eve nouvelle. De la foi qu'un voile fatal Ne nous cache plus la lumière, Faisons le bien, fuyons le mal Sous ton égide tutélaire. Si nous sommes tous tes enfants Vierge sainte, fais-le connaître En offrant nos vœux suppliants Au Christ qui pour nous voulut naître, 996 Brise les chaînes du péché O toi, qui n'eus jamais d’égale! Rends à l’homme au vice attaché Une pureté virginale. Enrichis-le de tes vertus, Du salut montre-lui la voie, Et près de Dieu, que des élus Il goûte l’éternelle joie ! Honneur et gloire au Créateur Dont l'homme est le sublime ouvrage! Qu’à la Trinité notre cœur Rende en ce jour un triple hommage! Le bris du cachet a révélé le nom de l'honorable M. Fourtou, chevalier de la Légion d'honneur, con- seiller à la Cour Impériale de Bordeaux. C'est Me Louise Brunet, de Casseneuil — sur — Lot, élève de la Maison des Loges, qui a obtenu la seconde mention honorable du Concours, pour deux pièces de poésie : la Dernière Nuit des Girondins, et la Fian- cée du Voyageur. La première de ces pièces est dédiée à M. Jules Ducos, préfet de Lot-et-Garonne. Ce que nous pourrions en dire excéderait les bornes d'un Rapport déjà forcément un peu long. On comprendra que lorsqu'il s'agit des illustres martyrs de la Gironde, et des paroles suprêmes que l’on prête à leur chef, nous trouvions ample matière à controverse, même poétique. Nous croyons done plus à propos de nous taire. Qu'il nous suflise aujourd'hui de dire à l’aimable auteur, que, malgré le pouvoir dont il fait preuve d’ex- 997 primer noblement de nobles pensées, il ne devra ja- mais fermer l'oreille au sage conseil de La Fontaine : Ne forçons point notre talent, Nous ne ferions rien avec grâce. Or, la politique n’a jamais été la grâce d'une femme, Et la grâce est plus belle encor que la beauté! Nous allons citer le meilleur fragment de {4 Der- nière Nuit des Girondins : ehotoreteNel el ehele tr re lent se »e nnbie » ee es 17e Silence! du cachot l'écho sombre s’éveille, Et son soupir lugubre apporte à mon oreille Le bruit des pas des conviés. Sous la main du geôlier la porte s'ouvre et gronde : Salut aux nobles fils de la fière Gironde, Du peuple grands disgraciés! Ils ont, superbe erreur du génie en tout âge. Cru d’un seul coup de rame à la plus haute plage Faire aborder l'humanité; Mais la vie est un souffle, et, rapide, il expire : Ce n’est qu'un flot houleux franchi par le navire Sur un océan indompté. 0 liberté! peux-tu resplendir sur la terre? Non, trop tôt parmi nous ton vif éclat s’altère Au courant de nos passions. A ces brises du mal ta féconde étincelle Allume un incendie, et ne laisse après elle Que des débris de nations! 998 Quand cette flamme sainte, enfants de l'Aquitaine, Éclose en d’autres jours, grandie à votre haleine, Dévia de son divin but ; Quand un fleuve embrasé traina tout aux abimes, Votre bras généreux voulut vers les victimes Lancer la barque du salut!… aol e etes, sb ele ® piatiete, ere (els iofelole © ee Des révolutions terrifiant exemple, Le flot monta toujours! l’aveugle feu du temple Brüla les sacrificateurs! Muette, je n'ai plus qu'un sanglot sur malyre, Qu'un frisson de terreur dans mon âme en délire : J'entends le fatal tombereau! Y monter dans l'éclat du talent, du génie, Beaux, jeunes, s’incliner, — destin! quelle ironiel — Sous l’ignoble fer d'un bourreau! à ee eo ve o ee « syfafe{lelpe le fo'o)fe Shore elelleello tete wfelelererte Celui de nos spirituels collègues qui, — selon l’ex- pression académique de votre honoré Président, — « fait revivre parmi nous les graces de Tibulle et de » Parny, » vous disait, il y a trois ans : « La flûte » poétique a été plus douce à vos oreilles que les re- » tentissements de la trompette, et cette fois encore le » cothurne à cédé le pas au brodequin ; c’est qu'en effet » le poëte a su trouver le chemin du cœur en en par- » lant le langage. » Ces paroles si vraies ne peuvent recevoir une plus juste application. La Fiancée du Voyageur contient quelques stances heureuses, plei- nes de délicatesse et de sensibilité. Le cœur sera tou- 999 jours la véritable source pour les poëtes ; lui seul donne la vie à la poésie et la fait vivre dans les autres. Une poésie sans cœur est un Corps sans àme; ou plutôt, sans lui, il n’est pas de poésie. Aussi sommes-nous ici plus à l'aise pour louer sans restriction les strophes suivantes de la Fiancée du Voyageur : La pervenche étoilant le gazon des ravines S'entr'ouvre au vent du soir. Dans le sentier moussu, tout bordé d’églantines, Je veux aller m'asseoir. Mais je ne sais pourquoi je fatigue mes ailes Aujourd’hui dans les airs, Et ne voudrais raser, avec les hirondelles, Que la terre et les mers. Quand le soleil de mai, dénouant le corsage De la royale fleur, Ramène parmi nous ces oiseaux de passage, Je leur dis en mon cœur : Ne vous reposez point aux branches de nos saules, Amantes du printemps; Des plus lointains climats, venez sur mes épaules, Me parler bien longtemps. Bâtissez votre nid dans mon alcôve blanche : Vous fuyez! ah! pourquoi? Je suis seule, arrosant mon rosier qui se penche, Il n’est plus près de moi! Il n’est plus près de moi, craintives voyageuses, Celui qu'en d'autres jours Vous vites de ses jeux sur nos rives ombreuses Effrayer vos amours, 1000 Comme vous il partit : mais, moins que vous fidelle, Il n’est pas revenu : Au pays où la source abreuve la gazelle, L'avez-vous reconnu? L'avez-vous reconnu dans la cité bruyante? Ab! quand il reviendra, moi qui sur ma poitrine Porte une humble croix d’or Et pare mes cheveux des fleurs de la colline, M'aimera-t-il encor ? A soupiré mon nom? Il semble... oh! son retour me ferait trop heureuse : C’est une illusion... Encore! — c’est donc toi! — c'est luil mes hirondelles L'auriez-vous reconnu ? Comme vous, sur ces bords, voyageuses fidelles, Le voilà revenu! Ce morceau est empreint d'une gràce véritable; le poëte s’y montre femme, et la femme s'y montre poëte. Nous ne ternirons pas cette double auréole qui le cou- ronne, en relevant quelques légères imperfections de détail. Mais nous sommes sûrs d'avance que Mm° Louise Brunet nous en voudrait si la critique ne montrait pas le moindre bout d'oreille, et si la patte de velours lais- sait complétement oublier qu'elle à des griffes. — On s'aperçoit que l'auteur à de bons yeux, — de beaux yeux peut-être; — mais la rapidité de son inspiration ne lui laisse pas toujours le temps de chercher l'ex- 1001 pression juste pour bien peindre ce qu'il voit si bien.— En second lieu, — et ceci n'est qu'un reproche d'hor- ticulteur, — en notre qualité d'intime ami des perven- ches, nous n'admettons pas qu'elles s'ouvrent au vent du soir, car c'est toujours à ce vent-là que nous avons la douleur de les voir se fermer. — Et ceci nous remet en mémoire qu'un de nos concurrents fait ensemencer les terres lorsque les vergers sont en fleurs. C’est un peu tard; et de deux choses l'une : ou ces semailles n'auront pas de moissons, ou ces fleurs ne donneront pas de fruits. Il n'en sera pas de même des fleurs et des semailles de M"° Louise Brunet, à laquelle nous croyons de l'a- venir. En lui assignant la seconde place, votre Com- mission à surtout été influencée par l'envoi d'un vo- lume manuserit, où le talent du poëte a pris un heu- reux développement, et qui aurait valu à son auteur une distinction plus flatteuse, si son apport tardif, et postérieur à la fermeture du Concours de 1853, ne l'eut privé d'en faire partie. Espérons que M"° Louise Brunet se représentera l'année prochaine, et tressons d'avance les couronnes que celte jeune et gracieuse muse viendra conquérir elle-même sous vos regards charmés. Nous voici arrivés à la première mention honorable. Aux derniers les bons, — ce qui ne veut pas dire que ce bon soit parfait. Le n° 17 nous offre sous ce ti- tre : le Missionnaire, un poème de mille alexandrins, divisé en dix-neuf épisodes, — et qui à le tort, croyons-nous, de n'être qu'une traduction interlinéaire 1002 des Lettres édifiantes, ou des Annales qui en sont la suite. Assurément, il en est de son sujet comme de son plaisir : on le prend où on le trouve, et nous ne blà- mons pas l'origine; — mais la prose est un écueil qui se voit à fleur de poésie lorsque le poëte la côtoie ser- vilement; — la transparence de la versification laisse deviner le papier réglé sur lequel on l'a froidement ali- gnée. — Nous pouvons nous tromper, du reste, et ce n'est ici qu'un simple doute; mais il est déjà fâcheux d'y donner lieu. Un de nos collègues a spirituellement défini cette œuvre : « Un petit poëme long. » L'auteur à dû s'ins- pirer de la manière du chantre des jardins, dont il re- produit en partie les qualités et les défauts. — On ne file pas la poésie comme le lin d’une quenouille bien garnie : Hippocrène est une source intermittente, Pé- gase n'est pas Rossinante, il doit avoir assez d'ardeur pour changer d’allure, et rompre la monotonie de Fam- ble par quelques écarts d'inspiration. — Mais on doit le tenir assez en main pour qu'il ne butte pas ainsi contre les voyelles de la route : Dans la crainte de Dieu et l'amour du prochain. L'auteur peut là dessus rédiger une note, IL fait un hiatus indigne de pardon. Ce n’est pas tout : « La versification française se compose de deux éléments : la mesure et la rime. » — C'est fausser la première que de la couper à contre- ‘temps, comme dans ce vers : Et ramassant le peu de force qui lui reste. sms ist sffiies 1003 Que toujours en vos vers, le sens coupant les mots, Suspende l'hémistiche, en marque le repos. C'est forfaire à la rime que d'accoupler torrents et bienfaisants, — instruil et appui, — suppliante et menaçante,— et de hasarder d'autres unions plus que légèrement assorties. Plusieurs expressions sont regret- tables; nous n'aimons pas « les matelots offrant à Dieu » leurs cœurs stgnants. » Enfin, le prosaïsme descriptif et la longueur des sou- dures reliant les épisodes enraient souvent l'intérêt de l'action. En voilà plus qu'il n’en faut pour absoudre la Com- mission du reproche de parcimonie ; c’est à regret qu’elle retient les prix fermés dans sa main. L'Académie, Mes- sieurs, cherche des fronts pour toutes ses couronnes : — comme Paris, elle ne sait à qui les décerner ; — mais elle ne demanderait pas mieux que ce fût pour d'aussi bonnes raisons que lui. Après avoir motivé Finfériorité de la distinction dont le n° 17 est l'objet, il reste à justifier la distinction elle- même. — La part du feu réservée, — l'éloge doit sui- vre la critique, et s’efforcer de la faire oublier. Dans l'impossibilité de tout citer, et mème, disons- le, de faire, avantageusement pour l'auteur, une cita- tion de quelque étendue, nous allons enchàsser dans une rapide analyse toutes les beautés isolées, tous les vers bien frappés, et mettre en lumière les reliefs les plus heureusement détachés de la monotonie de l'en- semble. Nous ne laisserons ainsi dans l'ombre rien de ce qui mérite d'en être retiré. 1004 Maurice est un jeune français qu'une voix secrète appelle aux rives infidèles; son vœu le plus cher est d'y porter la foi chrétienne qui l'embrase, sur les tra ces brülantes des généreux martyrs dont il ambitionne secrètement la couronne. Une sœur éplorée, une mère chérie, N'ont pu le retenir sous le toit paternel, Il part, — et son exil devait être éternel. Remarquons, en passant, que, dès le troisième vers, le poëte prive son drame de l'attrait de l'inconnu; — il se trahit et dévoile le dénouement au début de Faction. C'est une faute qui nuit plus d’une fois à l'intérêt d’un récit dont la fin n'est plus un mystère pour le lecteur. Rien n'arrête donc la résolution du jeune mission- naire ; il lui tarde d'être au milieu des sauvages, pour, si Dieu bénit sa parole et son zèle, En faire des chrétiens à force de bienfaits. À peine embarqué, il est assailli par une tempête, dont l’auteur a craint de tirer parti. Le vaisseau tra- verse cette mer de l'Equateur , Où rougit le corail, où la perle s’argente, Où l'or coule en filons parmi les diamants. Il aborde en Chine, — cette terre qui est dans l’en- fantement d'un monde, que le sang du Christianisme régénère, et dont les fleuves roulent l'idolatrie en éclats. — Maurice, accompagné d'un simple catéchiste, s'é- 1005 lance vers les tribus incultes, y porte la bonne nou- velle et leur prèche l'admirable charité D'un Dieu né sur la paille et mort sur une croix. Une première épreuve consacre sa mission; il souf- fre persécution pour la justice; mais il en sort vain- queur et plus fort pour le combat : Plus son corps est brisé, plus son âme est vivace. Il reprend son œuvre et se lance dans le désert. — Ici, comme pour la tempête , le poëte avait une magni- fique occasion de poésie; mais il nous allèche par un titre, et s'en tient là. Chasseur heureux à lever le gi- bier, il le fait partir et ne le tire pas. — Après la so- litude éternelle, nos deux missionnaires traversent une solitude humaine, une ville abandonnée : Lieux déserts où leurs voix demeurent sans réponses, puis un marais tourbeux : Sous un plancher mouvant formé d'herbes solides Et sur un lit de sel, dorment ses eaux fétides. Ce fragile plancher, au voyageur tremblant. Offre seul sur le gouffre un chemin ondulant Qui, pliant sous ses pas, et s’abaisse , et s'élève, Comme les eaux d’un lac que l'orage soulève. Une seconde et plus douloureuse épreuve y attendait Maurice. Le corps avait eu sa douleur, le cœur devait avoir la sienne : le jeune catéchiste trouve la mort 1006 dans ce marais. Entièrement seul, loin de tout secours humain, le missionnaire regarde le ciel, où un nouveau protecteur lui est acquis, sans doute; il dit adieu à la dépouille sacrée, et continue son courageux voyage. — Il rencontre une oasis. Nouvelle absence de descrip- tion; l’auteur l’oublie pour nous peindre un orage. Le chapitre suivant, intitulé : Une Eglise, nous fait assister aux chutes des cascades, aux ébats des cha- mois, aux courses des élans, aux jeux des oiseaux exotiques. La cloche ramène enfin le missionnaire au temple saint, où trois mille chrétiens le suivent, at- testant, non moins que le monument bàti sur ces ter- res si lointaines, Ce que l'amour inspire, et ce que peut la foi. Le prêtre entre dans l’église, Signe son front, s'incline, el la messe commence. Ici, nous sommes heureux de pouvoir citer un beau fragment : La messe! à ce nom seul je sens faiblir ma voix, Ma lyre est détendue et se tait sous mes doigts. Et comment, en effet, oserais-je dépeindre ? Ce que l'œil ne peut voir, La main ne peut atteindre ; Ce que l'esprit en vain s'efforce de saisir; Qui se refuse au doute et se donne au désir; Vérité pour le cœur, pour la raison mensonge, Mais vérité sans prix, ne fût-elle qu'un songe! Silence donc, silence, orgueilleuse raison! Car ton œil ne parcourt qu’un étroit horizon, 1007 Le cœur seul, pour monter aux clartés éternelles, A de la foi la vue et de l'amour les ailes: Silence! sur l'autel où le prêtre l'attend, Pour s’y voir immoler la victime descend. A part trois négligences qui les déparent, ces vers sont remarquables. Le sixième et le septième surtout sont très-heureux, — ils ont tout le bonheur de la vé- rité. — L'auteur accuse sa lyre d'être détendue: nous croyons, au contraire, qu'elle n'est jamais plus sonore que dans ce passage et dans tous eeux où la Religion l'inspire. Pour être ainsi poëte, il faut commencer par être chrétien. La poésie a cela de beau, que le vrai seul fait sa force. C'est un hommage à lui rendre, qui en prouve l'excellence, de constater qu’elle est tou- jours incomplète au service de l'erreur et du mensonge, et que c'est seulement aux sources les plus pures qu'il lui est donné de puiser la plénitude et la perfection. Lorsque le talent se jointà la conviction du cœur, il y a un poële : on n'exprime bien que les sentiments dont on est profondément pénétré. Il n'existe pas de poésie sans une foi quelconque, et il ne saurait être de poésie plus grande et plus entière que celle qui vient de Ja foi. Maurice doit abandonner le bien réalisé pour courir vers celui qui reste à tenter. [l quitte les convertis, qu'il laisse heureux, et pénètre chez de malheureuses tribus indomptées. Faible et seul, comment réussira-t-il? Il l'ignore ; qu'importe? — il sait que Dieu le veut. Les chrétiens le voient partir sans pleurer, « mais 1008 » le cœur plein de larmes. » — Maurice les console; et leur montrant son crucitix : « Mes devoirs sont écrits » sur ce bois, » dit-il; C'est là qu'un immortel consentit à mourir. et il ajoute, comparant leur sort au sien : Je vous laisse un pasteur et m’en vais sans troupeau. Par une liaison qui ressemble fort à une digression, nous voici subitement engagés dans une chasse aux bisons, chasse très-peu récréative pour les chasseurs, et qui présente de sérieuses analogies avec les courses de taureaux. Le courroux du bison, — comme celui du mythologique époux de Pasiphaé, Au chasseur qui l'affronte est quelquefois fatal. On j'a vu de ses pieds le pétrir sur la grève, Plus souvent il le prend, sur ses cornes l’enlève, Le lance dans les airs, le reprend au retour, Le relance’. Et l'abandonne enfin mourant sur la poussière. Après cet aimable délassement, ceux des chasseurs qui survivent se hâtent de s'en réjouir dans un ban- quet. — Maurice, avec deux nouveaux prêtres qui l'ac- compagnent, tombe au beau milieu de ce festin des Balthasar et des Nemrod sauvages; et les voyant fiers des riches dépouilles qu'ils ont acquises au péril de leur vie, il leur dit, avec une sainte autorité : Le premier des trésors, c'est de connaître Dieu! 1009 Les convives chinois accueillent les nouveaux venus avec une hospitalité tout écossaise. Au dessert, un barde de la Mongolie entonne l'hymne du grand Tamer- lan, et chante des strophes alternées avec un refrain des chœurs. Après avoir écouté ses hôtes, Maurice s’en fait écou- ter; bientôt mème il s'en fait aimer, et finit par ame- ner ses convives an banquet divin. — Encouragé par ce succès, et croyant n'avoir rien fait tant qu'il reste un seul infidèle, l'apôtre tourne son zèle vers une race proserite, exilée, une tribu de parias dégradés, qui vivent esclaves au sein d'une tribu libre : Comment, dans le malheur, ne pas être chrétien ? leur dit-il; — et il ouvre leurs yeux à la lumière par les rayons de l'espérance et de la consolation. Ce n’est pas tout : après avoir assuré leur bonheur dans l'autre vie, il veut leur rendre le bonheur de celle-ci. Il laisse ses deux prêtres aux chasseurs de bisons, rassemble ses nouveaux enfants sous les ailes de sa charité, et, comme Moïse ramenant les Hébreux de l'Égypte, il les retire de leur esclavage, et, marchant à leur tête, se met en route vers leur patrie. La petite colonie tra- verse le fleuve Jaune, puis de longues steppes de neige, sans route apparente, et où l'on n'apprend que par la présence d'ossements humains, Que d’autres ont passé par les mêmes chemins. Mais les voyageurs ne perdent pas courage; ils mar- chent, leur double but les soutient : 1040 Leur sang est chaud encor sous leurs habits glacés. Cependant, l'ouragan arrive avee la nuit ; ils faiblis- sent : L'âme, comme le corps s'épuisait dans la lutte, Ils mesuraient l'abime en attendart la chute, Et déjà dans leur cœur i!s se sentaient mourir, lorsque soudain, étoile dans leurs ténèbres, s'offre à leurs regards une statue de Marie; ils l'invoquent avec celte ferveur que donne le danger, et l'ouragan est en- chainé. Le sommeil répare leurs forces; et quand, le lendemain, Le soleil, dont le cours doit leur servir de guide, De sa poussière d’or parsema leur chemin, Ils partirent joyeux, le bâton à la main. Îls ont bientôt retrouvé leur patrie, et le mission naire, qui les a gagnés à l'amour, les gagne facilement à la foi. Quand le cœur est soumis, l'esprit n’est plus rebelle ! Beau vers, que l’auteur peut écrire en lettres d’or parmi les meilleurs et les plus vrais qu'il lui sera jamais donné de faire. La jeune Église fait de rapides progrès ; la vic- toire suit Ce conquérant nouveau plus puissant que les rois, Dont l'arme est la parole et le sceptre une croix. 1011 Une nouvelle conquête séduit le zèle de l'apôtre. La fille d’un roi voisin avait reçu de sa mère mourante, chrétienne en secret, une parole de foi qui devait ger- mer. Maurice achève de l'initier, l'instruit et la baptise. Du ciel, où elle bénit le saint missionnaire, la mère tressaille de joie; son bonheur est complété par cette pensée, que son enfant pourra le partager un jour, et lui être rendue. — Il est vrai que Lao-si est jeune ; — mais sa mère a le gage de leur réunion future : Mais elle peut attendre, elle a l'éternité! Averti par un traître, le père furieux fait arrêter Maurice, et donne à sa fille l'alternative d’abjurer ou de voir le missionnaire livré au dernier supplice. — Secourue et fortifiée par la grâce, Lao-si reste fidèle. Maurice, chargé de fers, est conduit devant les bour- reaux qui sont ses juges; on allume le bücher. — Le mandarin promet la vie au prêtre s'il abjure : Orgueilleux mandarin, quelle erreur est la tienne! Apprends donc que la mort, pour une âme chrétienne, N'est que le premier pas vers l’immortalité! Ce soir, je dormirai dans la sainte cité. L'ordre cruel est donné. — Maurice, dont les beaux cheveux blancs se détachent en diadème et brillent déjà comme la sainte auréole du martyre, Maurice s'avance avec fermeté, et monte sur les bois enflammés. Un roulement lointain a parcouru les airs; C’est le signal : la flamme en vingt endroits portée, 1012 Sans relâche s’accroït par le vent excitée; Du bûcher sacrilège elle envahit les flancs, Monte en lames de feu, court en flots dévorants, Et, du tas qui s’affaisse ayant atteint la cime, Dans son cercle brülant enserre la victime. Le héros chrétien pardonne en mourant, Il veut être sans haine ainsi qu'il est sans peur. Ici finit le poème. — Mais l'épilogue nous apprend que les derniers vœux du nouveau Xavier ont été exau- cés; sa mort a été un miracle. —C'est le roi lui-même, c'est le bourreau qui a trouvé le baptème dans le sang du martyr; c’est le père, converti à la foi de sa fille, qui raconte ainsi le prodige : Dieu préserva son corps des flammes dévorantes, Il uous montra ce corps au milieu du brasier, Tel que nous l’avions vu, superbe et tout entier. Rien en lui n’a du feu subi le moindre outrage, C'est toujours son sourire et son calme visage; Sa bouche prie ercor, son sein va soupirer, Il ne respire plus, mais semble respirer... La foule, témoin du miracle, se prosterne, remplie de crainte et de saisissement. Lao-si paraît alors en vêtements de deuil, et confesse devant son peuple la foi dont elle veut le faire vivre : Dans ses œuvres, païens, admirez l'éternel! lui dit-elle ; 1013 Invisible à vos yeux, il parle à votre cœur ; De tout ce qui respire il est le créateur; Il voit tout, il peut tout, il connaît toute chose : L'avenir incertain sommeille en sa main close, Et sa seule pensée enfanta l'univers, Païens, c'est le vrai Dieu, c’est le Dieu que je sers! Nous obéissons tous à cette parole inspirée, ajoute le père en terminant son récit : Tous du divin Sauveur nous suivons la bannière, Et le doute orgueilleux que blesse sa lumière Fait, et fuit sans retour, laissant seuls après soi, L'amour dans notre cœur, dans notre esprit la foi. Nous avons achevé notre tâche. Vous connaissez, Messieurs, l'œuvre du poète, M. Hippolyte Bravet, de Bazas. Nous en avons scrupuleusement extrait tout ce qui pouvait faire ratifier par le public la justice du rang que vous lui avez assigné dans les mentions ho- norables, et nous avons couvert des voiles du silence les pages qui ont empêché cette première mention de s'élever jusqu'à un prix. Ce qu'on doit louer avant tout dans le travail de M. Bravet, ce sont les sentiments qui l'ont inspiré, et qui lui prêtent parfois de véri- tables beautés. En général, et à part de très-rares exceptions, le Concours de poésie de cette année se fait remarquer par de bonnes tendances religieuses et morales; d'ex- cellentes intentions s'y manifestent. — Nous devons nous en féliciter. — La poésie, qui a civilisé les peu- ples, doit les perfectionner aussi. Elle n’est belle qu'au- 65 1014 tant qu'elle est utile, qu'elle fait germer les bonnes pensées dans les cœurs, les bonnes actions dans la vie. — La majeure partie des concurrents l'a déjà do- tée de ce fonds essentiel. Mais l'Académie demande aussi la forme; car n'étant pas héritière de M. de Mon- thyon, elle ne peut distribuer des prix de vertu. Elle espère donc que le Concours de 4854 brillera double ment de l'éclat que celui-ci possède et de celui qui lui manque. Alors, les économies qu'on à imposées à son budget n'auront été qu'un capital de réserve placé à gros intérêts, et qui vaudra à ses futurs lauréats une large augmentation de cette somme d'applaudissements et de gloire qu’elle est depuis longtemps habituée à compter au nombre de ses revenus. TABLEAU MÉTÉOROLOGIQUE. OCTOBRE 1553. QD JOURS BAROMÈTRE A 00. TEMPÉRATURE. DRM OIS SR 7 h. du m.! 2h. dus, | 9h.du$: | Maxima. | Minima. mm mm mm TO pr A 763,10 764,89 764,45 20°5 1408 2 62,80 64,45 64,66 18,9 44,9 3 64,77 65,74 67,21 18,2 11,4 4 66,41 62,44 59,59 17,8 6,2 5 55,91 53,12 51,80 18,8 10,3 6 51,33 54,40 53,46 17,8 14,7 7} 52,48 50,72 52,81 18,9 41,4 8 53,49 54,94 57,08 17,0 11,7 9 51,92 49,80 40,72 17,% 9,4 10 48,9% 53,57 55,80 13,9 10,5 41 55,65 54,46 54,02 47, 10,9 12 51,08 51,77 53,43 17,2 41,0 13 54,89 54,97 56,86 19,4 9,6 1% 57,03 58,67 60,27 14,2 41,7 15 59,63 56,07 52,19 16,5 9,0 416 54,09 52,16 54,09 41,1 17,2 17 54,29 51,97 48,96 16,2 11,4 18 50,66 52,53 48,64 47,0 10,0 19 45,26 46,6% 48,66 17,2 42,5 20 53,6% 60,47 64,77 15,9 44,5 21 65,92 64,93 65,08 17,8 8,8 22 64,83 6%,88 65,68 17,9 10,1 23 65,98 64,33 65,7% 18,9 6,5 24 63,49 61,45 59,9% 20,4 10,2 25 59,37 58,74 56,52 24,2 13,2 26 55,12 54,26 53,71 20,0 4%,9 PAT | 52,06 54,65 50,85 21,8 44,5 28 55,60 57,89 60,39 49,1 13,0 29 62,69 63,48 65,15 17,2 40,4 30 65,40 64,55 64,65 16,2 7,5 34 63,12 61,61 61,57 16,5 7,4 MOYENNES RE 4 | : ir SRE N du à au 40! 57,44 56,80 57,36 47092 10,87 du 44 au 20! 53,32 53,97 54,25 16,79 10,9% du 21 au 31 64,23 60,70 60,84 18,82 10,59 Moy. générale.) 58,96 | 58,89 | 59,20 | 47,87 | 10,19 Température moyenne du mois, 1403. Pluie dans le mois. 115 ,0mm 1016 NOVEMBRE 1853. JOURS BAROMÈTRE A 0e, TEMPÉRATURE. DU MOIS. FFE 7h. qu m|2h.dus. | 9h.dus. | Maxima. | Minima. a pan Lan me! 1 759,73 | 757,54 | 758,27 1603 8,0 o 60,50 64,65 64,89 14,8 9,8 3 60,45 58,18 57,84 17,2 9,1 4 56,29 54,37 54,11 18,8 11,1 5 5315, 53,09 55,70 18,4 13,4 6 58,68 60,36 63,04 19,2 11,2 7 65,92 65,44 65,79 14,8 9,9 8 64,82 63,68 65,29 15,2 10,6 9 67,70 69,54 74,63 14,4 40,7 10 5 ,27 66,08 64,47 44,0 k,7 41 61 GO 60,143 61,10 13,8 4,5 12 61,60 55,45 59,05 44,4 4,3 13 57,20 55,24 54,24 13,1 9,0 14 52,99 54,94 52,50 12,8 8,3 15 52,5% 54,84 52,13 15.2 9,0 46 52,44 | 53,13 | 55.24 | 44,7 8,0 47 56,28 56,76 59,27 44,4 7,5 48 60,50 61,82 63,34 41,0 3,0 19 63,57 63,64 64,31 7,0 41,6 20 63,14 62,99 44,05 6,0 0,7 21 66,26 67,04 68,09 7,0 2,7 22 66,9% 65,94 66,83 7,2 1,0 23 67,72 67,40 67,14 6,7 —92,0 24 64,73 63,38 62,91 6,9 —0,9 25 64,90 67,91 67,81 9,6 4,4 26 64,89 62,70 63,70 16,5 5,9 27 62,99 63,43 66,00 8,6 3,0 28 67,81 67,28 68,12 5,6 0,0 29 68,13 67,53 67,27 k,6 _—_2,8 30 67,20 65,98 65,61 1,9 —2,0 RE RE ARR D PR OS A du 4erau 40| 61,74 60,99 61,80 | 46031 9,85 du 44 au 20] 58,16 57,26 58,52 11,64 5,59 du 24 au 30| 66,146 65,86 66,35 7,46 0,90 Moy. générale. | 62,04 | 64,37 | 62,22 | 44,80 5,45 Température moyenne du mois... 806 Pluie dans le mois. . A Grom 1017 DÉCEMBRE 1953. SE JOURS BAROMÈTRE A 0e. TEMPÉRATURE. DU MOIS. DALELE Dos à Th. du m.| 2h.dus. | 9h.dus. | Maxima. | Minima. D'Harelc mac] mn | Ÿ 4 162,66 | 759,76 | 758,73 208 —299 2 56,85 56,66 57,16 9,6 —2,7 3 58,26 58,48 59,81 14,5 2,5 4 61,18 60,42 60,81 412,5 4,5 5 61,34 60,93 60,72 9,6 1,2 6 60,67 59,81 59,97 8,7 4,8 7 60,57 64,47 64,96 8,6 2,5 8 62,46 62,77 62,93 6,5 2,1 9 65,414 63,94 63,98 3,7 1,2 | 10 61,86 60,26 60,6% 2,9 1,8 | 41 64,25 59,84 60,33 6,3 4,0 412 57,54 49,94 48,98 6,7 0,7 43 51 4% 43,31 39,23 10,8 5,0 1% 34,36 34,92 33,55 10,3 8,0 15 41,56 44,51 °| 49,96 4,0 5,2 16 50,63 51,68 53,178 8,k 0,0 47 56,57 56,97 57,40 9,2 5,0 ! 18 43,58 49,76 48,24 6,6 2,5 | [549 9,58 49,73 51,73 10,5 5,2 | 20 52,23 52,88 54,31 9,3 2,0 21 53,78 52,36 53,98 7,3 22 22 53,65 53,71 55,85 5,0 0,9 ; | 23 56,52 56,99 58,37 0,6 0,0 2% 56,96 57,51 59,70 2,0 —1,0 25 60,56 60,68 62,03 0,8 —2,0 | 26 63,26 64,0% 66,46 0,0 —3,1 | 27 65,58 60,88 57,30 —1,0 —2,6 28 59,23 59,36 59,614 0,3 —k,1 29 60,09 62,37 65,71 — 4,0 —1,1 30 67,67 65,87 62,58 | —2,0 | —6,0 | 31 59,22 60,62 65,07 —0,7 —0,5 | 2» 2 à MOYENNES du 4er au 40! 64,43 60,45 60,53 1°6% 456 du 41 au 20| 49,84 49,35 49,75 8,22 | 3,906 du 24 au 30| 59,67 59,40 60,58 0,75 |—2,17 Moy. générale.| 56,97 56,50 57,07 5,38 | 0,88 Température moyenne du mois ., 304 Pluie dans le mois... 52m Rd GOT AQUUE AUIOIZIIT AAUIPDDO7 T 9D 19 19 | © ñ | S 6,2 LS &e‘0S |66'8P |1L'89 g & ee LU Go S|#1: .: SR = È & a — . gs CRÈTE , a & © DONC ON ES SE 80 et |[8 00 67:69 1209 |g0‘T9 |LI‘T9 MRC EE À locérte (Sie IFTELA c6o9 [8119 |ee‘19 zr'ee |Ls‘ot'|gg'eg À Lée‘er |" Di: À A À 6616 |6T4P 19069 Le‘ec |cc'‘6c |0L‘6S ii : ei : 28% loroc lsc'er |Ls‘e9 ee |8g'ze |86‘2G | ae LES DE (Br a \ ce CO LT : M RNCS RES LE RE Er SE = mn © # So louer |rs‘ie |60'14 Le‘to les‘to |ro‘eo À ofez | 8‘ —| ‘61 | co‘ *OIQUEAON — Do TE OR Te LE 66 10. 10067 10 L9 688 11066 |968G | 9'GT | 9 | 81e | 68 FI °"2140790 — DS £S £. 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SKON PSE, [sut BAR Î SANNALON SHATTVA ‘II QVA'IAVL ‘6SSt HA SNOILVAYAISAO SHG ANASAH RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS DE 1853. TABLEAU III. NOMBRE DE JOURS CE 1 ISEUES SE . = £ = = MOIS. | & ss |s|8$) s | À lEuls | Eu ÆAOGNIRE RÉ PEUE ST EAN SENS elSS 8 8 Le ls 23) Scs lÉS| SSSlSE mm © 2 a es TA RER | en | cms | caen | messe | nom | ns | cum us moemeu | muse | oocnes | nes ! 1852. Décembrel 7 | 3| ,| 1| » | 2| 11 o| 31 8! 7lus | 1853. Janvier. OBIAEL » 2 | » l l 4 » | 18 5 b) | révrien nl 100) Sete 0 US ATETCE 31 St ea les | — Septembre] 10 | 11 » 1 » Jet à 2 3 9Ù'BLG — Octobre..| 13 | 10 » » » » » 1 » 3 7h | O1 — Novembre] 3.| 11 » » 5 » » 6 2n|MTONIERIS 6 — | —— | ——— | — | | | | ———— | — | — | — CRE CCE es | amseecess | smmmmm— | scene | smmmmmmmmms soon | cememceumes | memes po d HAVE de nostee ct 33 | > [238873 lol 16. «6 ar | 23 | 41: Printemps. ....… 30 » 2 4 6 5 4 2 8 | 15 | 22 | 47 ]® OT RNMRETES 31 » » 1 0 (EI) 9 3 | 6 | 10 | 24 | 50 PS Automne... 30.0 5 arr eii kaele Dee" 12 (Ad: Ld4 | 106 | 421,5 É Es Pr Ve Ex es es PS Poe) AIS ee | tee) RP Ve 5 Année:: ?.v5.0.2 114 » 4 95206" 19 A| 6 |" 33 30 | 60 | 95 | 180 E. * On n'a compté comme jours de pluie dans le Résumé des observations de 1851, que ceux où il est tombé au moins 1 millimètre d’eau. Dans celui des observations de 1852, on a considéré en outre commê tels ceux où le sol a été mouillé. Les résumés devant être faits d'après une méthode unique, le tableau des. jours de pluie inséré dans les Actes de l’Académie pour 1852, p. 981, doit être remplacé par & colonne (1) du tableau ci-dessus, 1021 TABLEAU DES MEMBRES DE L'ACADÉMIE DE BORDEAUX arrété au 20 mai 1855. Membres Honoraires. MM. BRYAS (ne), ancien maire de Bordeaux. CURÉ ( Gusrave), ancien maire de Bordeaux. D'HAUSSEZ (LE Baron ), ancien préfet de la Gironde. DUCASTAING , ancien membre résidant, docteur médecin. DUFOUR-DUBERGIER , ancien maire de Bordeaux. JOHNSTON ( Davip ), ancien maire de Bordeaux. LACOSTE (»E), ancien préfet de la Gironde. LACOUR, ancien membre résidant, correspondant de l'Ins- titut. NEVEUX , ancien préfet de la Gironde. SERS (ZE BARON ), ancien préfet de la Gironde. YZARD, ancien membre résidant, ancien conseiller à la Cour d’appei de Bordeaux. GUESTIER guxior (P.-F.) %, négociant, ancien mem- bre résidant. HAUSSMANN, préfet de la Gironde. 1022 Membres Nésidants. . MM. LATERRADE, direct’ du Jardin des Plantes. 23. GINTRAC %X, professeur à l'École préparatoire de médecine, rue du Parlement Ste-Catherine, 22. . GRATELOUP, docteur en médecine, rue Monba- ZON M0 . DARRIEUX, notaire, fossés de l’Intendance, 95. . DURAND, architecte, rue Michel, 6. . DES MOULINS (CuaRLes), propriétaire, rue de Gour- gues , 9. . MARCHANT (Léon), docteur en médecine, rue Porte-Dijeaux. . GUICHENET, médecin vétérinaire, r. d'Orléans, 16. . FAURÉ, pharmacien, fossés Bourgogne, 9. . PETIT-LAFITTE, professeur à la chaire d’agricul- ture de Bordeaux, rue Henri IV. . DÉGRANGES (E. ), docteur en médecine , ruc Ste- Catherine, 25. . GOUT DESMARTRES % , avocat, chemin de Saint- Genès, 161. . BRUNET ( Gusrave ), facade des Chartrons, 81. . ABRIA %, professeur de physique et doyen de la Faculté des Sciences, quai de Bacalan , 15. 2. MAGONTY, professeur de chimie , rue Margaux , 21 . LAMOTHE ( Léonce ne ), inspecteur des établisse- ments de bienfaisance, rue Servardony, 8. . GAUTIER axé %, maire de Bordeaux, rue Du- trouilh, 18. . MANES %, ingénieur des mines, ruelle du Cossu. 1023 . MM. SAUGEON, professeur de belles-lettres, rue du Champs de Mars, 12. . RAULIN, professeur de botanique, de minéralogie et de géologie, à la Faculté des sciences, rue du Manége, 1. . DELPIT, littérateur, cours d’Albret, 42. . DUBOUL ( Jusr-Azserr ), littérateur, rue de Sau- geon. . BAUDRIMONT, professeur de chimie à la Faculté des Sciences, rue des Herbes, 42. . LÉO DROUYN, peintre et graveur, rue de Gasc, 143. . IMBERT DE ROURDILLON %*%#, conseiller à la Cour impériale de Bordeaux, cours d'Albret, 88. GORIN, artiste peintre, fossés de l'Intendance, 20. . BURGUET ( AuGusre ), docteur en médecine, rue Fondaudège, 67. . DABAS, professeur de littérature ancienne et doyen de la Faculté des Lettres, allées d'Amour, 22, . CIROT DE LA VILLE, chanoine honoraire, pro- fesseur d'Écriture sainte à la Faculté de Théolo- gie, rue Capdeville, 12. . COSTES, professeur à l'École préparatoire de Me- decine, rue du Parlement-Ste-Catherine, 12. . BROCHON ( Hexry }, avocat, rue Margaux, 22. . BLATAIROU, chanoine henoraire, doyen de la: Fa- culté de Théologie de Bordeaux, rue de la Misé- ricorde , 4. . DUPUY (Justin ), homme de lettres, rue Mar- gaux, 11. . DONNET (FerpiNanD) #, cardinal, archevêque de Bordeaux, rue de Cheverus. . DE GÈRES (Juzes ), homme de lettres, place Dau- phine, 1024 1853. MM. MOREL (Énouar»), directeur de l'Institut im- périal des Sourds-Muets de Bordeaux, rue des Religieuses. 1853. A. VAUCHER, avocat, rue Devise-Ste-Catherine, 55. 1854. A. MOURIER, recteur de l'Académie, rue Capde- ville, #7. Membres Correspondants. MM. ARBANERE, correspondant de l'Institut, à Tonneins. AYMARD (AuGusre ), au Puy. BALBI ( Ankie }, littérateur, à Paris. BAREYRE, médecin vétérinaire, à Agen. BARRAU, professeur de rhétorique, à Niort. BASCLE DE LAGREZE ( Gusravs ), conseiller à la Cour impériale de Pau. BEAULIEU , antiquaire, rue du Cherche-Midi, 13, à Paris. BLOSSAC (pe), ancien magistrat, à Saintes ( Charente- Inférieure ). BONNET DE LESCURE , officier du génie maritime , à Ro- chefort. BORDES, conservateur des hypothèques, à Pont-Lévêque (Calvados ). BOUCHEREAU 5EuxE %, correspondant agricole, à Car- bonnieux. BOUCHER DE PERTHES, directeur des contributions di- rectes, en retraite, à Abbeville. BOUCHERIE %# , ancien membre résidant, docteur en mé- decine, à Paris. BOUILLET (JEan-BartisTE), naturaliste, à Clermont- Ferrand, département du Puy-de-Dôme, 1025 MM. BRONDEAU (Louis pe), naturaliste, à Estillac, près d'Agen. BOURRAN (E. ne), littérateur, à Bruxelles. CUISINE (»E LA), conseiller à la Cour impériale de Dijon. CAPDEVILLE-LILLET, propriétaire, à Barsac. CASTAIGNE ( Eusèse ), bibliothécaire, à Angoulême. CAVALLERO (J.-B.), avocat à Valence ( Espagne ). CAVENTOU, chimiste, rue de Gaillon, 18, à Paris. CGAZEAUX, propriétaire, correspondant agricole, à Béliet. GAZENAVE DE LIBERSAC, propriétaire à Saint-Capraise ( Dordogne }). CAZENOVE DE PRADINES, au Passage, près d'Agen. CHAPUIS DE MONTLA VILLE ( Le BARON ), liltérateur, rue de Rivoli, à Paris. l CHASSAY (L'assé Épouarp), professeur de philosophie au Grand-Séminaire de Bayeux. CHEVALIER, pharmacien-chimiste, quai Saint-Michel, 25, à Paris. COLLEGNO (0e ), ancien membre résidant, à Turin (Pié- mont ). CONTENCIN (De ), ancien membre résidant, à Paris. COQ ( Pauz ), ancien membre résidant, à Paris. COTARD, homme de lettres, à Pons, département de la Charente-Inférieure. COUERBE, propriétaire, à Verteuil, en Médoc, arrondis- sement de Lesparre. D’ABRAHAMSON, homme de lettres, à Copenhague. DAGUT, astronome, à Rennes. DARMAILHAC, correspondant agricole, à Pauillac. D'AUSSY (H.), de Saint-Jean-d'Angély, membre corres- pondant de {re classe de l'Institut de France. DELAPYLAIE, naturaliste, à Fougères, département d'Ille-et-Vilaine. 1026 MM. DE LE BIDART DE THUMAIDE, magistrat, secré- taire général de la Société libre d'Émulation, à Liège. DEMOGEOT, ancien membre résidant, professeur de rhé- torique au Lycée de Louis-le-Grand, rue Serpente, à Paris. DÉPIOT-BACHAN, correspondant agricole, à Saucats. DERBIGNY (Valéry), directeur des domaines de 1° classe en retraite, à Arras. DESCHAMPS (E. ), littérateur, à Versailles. DROUOT, ancien membre résidant, ingénieur des mines. à Châlons-sur-Saône. DUBROCA, médecin, à Barsac. DU BURGUET, maire d’Allemans , près de Ribérac, dépar- tement de la Dordogne. DUFAU riss, directeur de l’Institution des Jeunes-Aveu- gles, à Paris. DUMEGE , ancien ingénieur militaire, à Toulouse. DUMONCEL (Tu.), président de la Société Naturelle de Cherbourg. DUPIERRIS , médecin, à la Nouvelle-Orléans. DUPLAN , ancien capitaine d'artillerie, à Castelmoron , dé- partement de la Haute-Garonne. DUVIVIER ( Axrtoxy }, archéologue, à Nevers. EYSENBACH, archiviste du département de la Nièvre. FABRE, médecin, à Villeneuve-sur-Lot. FEUILLERET, professeur d'histoire au Collége de Saintes. GAUDRY (Azgerr), docteur ès sciences naturelles, atta- ché au Muséum d'histoire raturelle de Paris. GAVARRET, professeur de physique à la Faculté de Méde- cine de Paris. GIMET DE JOULAN, homme de lettres, à Nérac. GINDRE ( Juces ), ingénieur des mines, à Bayonne. GASSIES, naturaliste, à Bordeaux. 1027 MM. GIRARDIN, professeur de chimie à l'École munici- pale et à l'École d'agriculture de Rouen, correspondant de l'Institut ( Académie des Sciences, etc. ). M. GOURGUES (Le comte DE), à Lanquais, département de la Dordogne. GRIMAUD, avocat, à Grenoble. GRAGNON- LACOSTE, ancien notaire, à Ste-Croix-du- Mont. GRELLET-BALGUERIE, juge de paix à la Guadeloupe. GROSSE (L'assé), curé de Freminville, près de Naney. GUADET, S°-directeur de l’Institution des Jeunes-Aveu- gles, à Paris. GUILLAND, capitaine d'artillerie, à Belley. HAYS, S'-commissaire de marine, chef de comptoir à Mahé. HEYER, docteur médecin, à Pondichéry. HOMBRES-FIRMAS (LE BARON D’), homme de lettres, à Alais, département du Gard. HEMSKEERCH, avocat, à Amsterdam. JASMIN, littérateur, à Agen. JOUBERT, correspondant agricole, à Paris. KEBENE, ingénieur civil, à Saint-Léon, près de Bayonne. KERCADO (LE comte DE), correspondant agricole, à Gra- dignan. LAFERRIÈRE, avocat, ancien professeur à la Faculté de Droit de Rennes, inspecteur général de l'enseignement supérieur pour le droit. LAGATINERIE ( pe }, commissaire de la marine, à Cherbourg. LANET (Épouarp), ancien membre résidant. LAPOUYADE, archéologue, président du tribunal de pre- mière instance, à La Réole. LEGUAI, docteur médecin, correspondant agricole, à St- Aubin, canton de Saint-André de Cubzac. 1028 MM. LEMONNIER (Cn.), ancien membre résidant, direc- teur du contentieux, administration du chemin de fer du nord, à Paris. LERMIER, ancien membre résidant, directeur des pou- dres et salpêtres, en retraite, à Dijon. LEROY (FerpNann), ancien membre résidant, rue de Varennes, à Paris. LEVERRIER, membre de l’Institut, à Paris. LEVI ( Azvarez ), professeur d'histoire et de littérature, à Paris. LIAIS (EmmanuEL), physicien, attaché à l'Observatoire de Paris. MAGEN , membre du jury médical du Lot-et-Garonne, pharmacien, à Agen. MAHON DE MONAGHAN ( EuGëne ), chancelier de 1'° cl. du consulat impérial de Liverpool ( Saint-Germain-en- Laye). MALAURIE, curé de Montpont. MALLE, professeur agrégé de la Faculté de médecine de Strasbourg. MARCEL DE SERRES, conseiller à la Cour impériale de Montpellier, professeur à la Faculté des Sciences de cette ville. MARTIN, docteur médecin, à la Paz. MARTIN SAINT-ANGE (G.-J.), docteur en médecine, à Paris. MAURY (Azrrep), avocat, Ss-bibliothécaire de l’Institut de France. MÉTIVIER (ze vicomre pe ), archéologue, à Nérac. MICHAUD, chef de bataillon au 10° régiment d'infanterie de ligne. MICHELOT, ancien officier du génie, ancien chef d’insti- tution , à Paris. 1029 MM. MICHON (L'assé ), chanoine honoraire, à la Valette, près Angoulême. MILLER (L'assé), curé de Lugon et de l'ile de Carney, près de Libourne. MITRAUD (l'abbé Tu. ), directeur du Collége de Billons { Puy-de-Dôme ). MONNIER , homme de lettres, à Toulouse. MOREAU ( César }, homme de lettres, à Paris. MOREAU DE JONNES, naturaliste-géographe, membre de l’Insutut de France, à Paris. NAYRAL (Macro), littérateur, juge de paix, à Cas- tres, département du Tarn. PAIGNON, avocat à la Cour de Cassation et au Conseil d'État, à Paris. PAYAN, docteur médecin, à Aix. PÉCOUL , ancien représentant du peuple, présid' de la So- ciété d'agriculture et d'économie rurale de la Martinique. PERNET, directeur du Collége de Salins. PERREY, professeur à la Faculté de Dijon. PIERQUIN DE GEMBLOUX, inspecteur de l'Université, à Bourges. PIORRY (P.-A. ), professeur de clinique médicale à la Fa- culté de Paris. PUYBUSQUE ( An. pe), littérateur, rue Bourgogne, 40, à Paris. RAFN (Cu.-Cnrérien ), professeur de philosophie, à Go- penhague. RENAN (Enwesr }, agrégé de philosophie, employé au dé- parlement des manuscrits à la Bibliothèque Impériale de Paris. REUME (AuGusre pe }, à Bruxelles. RICHARD ( Davi), ancien membre résidant, directeur de l’Asile des aliénés de Stephensfeld (Bas-Rhin ). 66 1030 MM. RIFAUD (J.), homme de lettres, à Paris. ROBINET, professeur du cours d'industrie séricicole, rue Jacob, 48, à Paris. ROOSMALEN (pe ), professeur de littérature, rue du Jar- dinet, 11, à Paris. ROUX-FERRANT, homme de lettres. RUELLE , ancien membre résidant, recteur en Corse. SAINT-DIZIER , professeur d'histoire, à Bergerac. SAMAZEUIL, avocat, à Nérac, SCHULTZ, de Bitche (Moselle), docteur en philosophie de la Faculté de Tubingue. SÉDAIL, ancien membre résidant, littérateur, rue de la Nation, 10, à Montmartre. SEURE ( OxésimE ), homme de lettres, à Paris. SIGOYER (ANTonin DE), ancien membre résidant, homme de lettres. SILVELA , jurisconsulte, à Madrid. SISMONDA ( EuGëne ), docteur médecin, à Turin. SOYER-WILLEMET, naturaliste, à Nancy. TARRY, médecin, à Agen. THURMANN, ancien directeur de l'École normale du Jura bernois, à Porrentruy ( Suisse, canton de Berne ). TUPPER, naturaliste, à Paris. VALADE - GABEL, ancien membre résidant, directeur honoraire de l’Institut des Sourds-Muets de Bordeaux, rue d’Enfer, à Paris. VALAT, ancien membre résidt, ancien recteur à Rhodez. VALERNES ( 1e vicomTe pe ), homme de lettres, à Apt, département de Vaucluse. VALLOT, médecin, à Dijon. VANHUFFEL, jurisconsulte, rue Méhul, 1, à Paris. VAUVILLIERS , inspecteur divisionn. des ponts et chaus= sées, rue Duphot, 23, à Paris. 10314 MM. VINGTRINIER, médecin des prisons de Rouen. VIVENS (LE COMTE DE), propriétaire, à Clairac. WATEVILLE (LE BARON DE), inspecteur des établissements de bienfaisance de la ville de Paris, rue du Faubourg Saint-Honoré, 14, à Paris. OFFICIERS DE L'ACADÉMIE DE BORDEAUX, pour l'année 1854, MESSIEURS E. GINTRAC, Président. IMBERT DE BOURDILLON , Vice-President DURAND, Secrétaire général. VAUCHER. | Secrélaires- nts. CIROT DE LA VILLE. j Ne RAUR 22. ee Trésorier. G. BRUNET... Archiviste. BAUDRIMONT, BROCHON (Henry ), Membres du Conseil d'ad- PETIT-LAFITTE, ministralion. MOREL, C4 EP 4h saté 6 SEA HAT ON M TO TN PTE LI LL AR edooéeeilders Sbrinassqu (ao nortan ax) ATV TAN suce bb our ado offiiost br 6eme ots it af de ete 6 ,8E", brormtoll- mise K TLA ARS HIMULA AUS HQ AGBR sb Emo | S'HIVE ( at de ptrtron Era ed tte, PNESEnS La) | 2AUA4aa U Mit et DAATATD A RUN TT DIU ENT BNZCEN RE LE LUCE: O0 LES 9: KL: | Eee mas be st SA POUPEE oies tps (1592. AARPAN: . 4 e ANS BALE - Ÿ À br sad ronts oisoabeS rénit.. sur dlAAN NES À ssdanttidor 236.5: .64 PAMUHH x) +, x, fi . TAOMMIUUAH | trait} AONOOHME } EVE RA TE Wuri .JAHHOM à hHn'hhosner ul spl MOD Art 1033 TABLE DES MATIÈRES DE LA QUINZIÈME ANNÉE. Analyse chimique des eaux du département de Ja Gi- ronde: pasiM: Fauré. se 5 sofiant avt ul. profs Rapport sur les Mémoires de la Société Statistique de Londres, suivi de quelques considérations sur le système hypothécaire et le crédit foncier; par M. Darrieur. dent: te 46 he. needs 368 0h Rapport sur un ouvrage de M. Duluc, médecin vété- rinaire , ayant pour titre : De la rage ou hydropho- bie chez le chien et autres animaux; par M. le Dr Coslesass ae nt ontiilesensrens OT CN ETC Tableau météorologique des mois de janvier, février etfimazs: par Mdbniqiehss.-snstosnéh à LES dl te Histoire des Basques ou Escualdunais primitifs restau- rée d’après la langue, les caractères ethnologiques et les mœurs des Basques actuels; par M. A. Bau- GTIMONC LE ne à 2» eo 0 Ant Ur dE JAUTOR Rapport sur les travaux de la Société d'Agriculture, Sciences et Belles-Lettres de Rochefort, et notam- ment sur les doublages en cuivre employés pour les carènes de navires; par M. W. Manès.,.,..,.... Pages. 204 251 451 1034 Rapport sur l'éloge de Romas; par M. Abria..... EF Étude sur les travaux de Romas: par M. Merget, pro- fesseur de physique au Lycée Impérial de Bor- Fragment de l’histoire des Arts à nt : Acadé- mie de Peinture et Sculpture sous Louis XIV; par NC. PR Dee AE NE UE 2 OR NE Tableau météorologique des mois d'avril, mai et juin; par M ARR Re EP APS RE Histoire des Basques ou Escualdunais primitifs res- taurée d’après la langue, les caractères ethnologi- ques et les mœurs des Basques actuels (suite et it) par MA Paudrimont.. SE Te Description d'une coupe géologique des collines qui bordent les rives droites de la Gironde, de la Ga- ronne, du Tarn, de l'Aveyron et de la Leyre, de la Pointe de la Courbe, près de Royan, à Sept-Fonds, près de Montauban, suivie d’une Note sur l’âge de la Molasse de Moissac; par M. Vor Raulin....... Des changements qui se sont opérés dans la distribu- tion primitive des êtres vivants, à la surface du globe ; par M: Marcel ide Serres. 22420, 2. MID OLENN, Résumé lu dans la Séance publique du 20 janvier 4855, d'un Rapport fait à l'Académie sur le Con- cours de 4852 : Question relative à l’histoire de la poésie lyrique en France ; par M. Dabas......... La Lampe du Sanctuaire; par M. de Gères......... Tableau météorologique des mois de juillet, août et septembre: par M: Abria....1.......... 20 Procès-verbal et Séance publique du 24 novembre 1855, pour l'installation de M. A. Vaucher, avocat. Discours de M. A. Vaucher, récipiendaire… Réponse de M. Henry Brochon, président... ....... 441 447 219 677 707 741 779 802 805 . 806 1035 Pièce de vers intitulée : Sur la Folie; par M. de Discours d'ouverture prononcé à la Séance annuelle du 42 janvier 4854; par M. Henry Brochon, pré- SEM esters ie ons see Se ee ne Et 864 Compte rendu des travaux de l’Académie des Scien- ces, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, pendant le cours de l'année 4853, lu le 42 janvier 4854, par M. le Dr É. Dégranges, secrétaire général... 875 Programme des Prix décernés par l’Académie pour l’année 4855, et des Questions mises au Concours DOUT PANNE MORE ER... reere 927 Rapport sur le Mémoire de M. de Lacolonge, con- cernant les roues à aubes courbes; par NES. RARES ane cr uhiagatian dt sou 957 Rapport sur l'appareil Fragneau, destiné à prévenir les rencontres des trains de chemins de fer; par NPA BR EE RTS na à 965 Rapport sur le Concours de poésie pour l’année 4855; par M. Jules de Gères.............2.... 975 Tableaux météorologiques des mois d'octobre, no- NEMOTE EL dÉCRMDTE eee tous dames 4045 Résumé des observations météorologiques de 4853. 1018 Tableau des Membres de l’Académie...... ...... 4021 Officiers de l’Académie... pe LA REINE A TN Re S Es 4051 LOUP LU #2 l : PR , + 1e 9 sd. Lau + STE } di PA (id mi Fe - nager CORRE: enr des Lt Po tu Mt an dt) ? Le collogare sounèe nl à | 'Ucnisag A nodsoniE pen nr à PB» de +Maletales Wire a nuits + hoaobis uyle eabioë eh sist)hsaAft ob ane eu go nbametqon : M Ansbaog ,aussfofl pb ehA la Antod-eallofl ,2090 | Lanesshést post suhyseæhamashob euros à D OUR SESTEUS ET D ps e Mhovavomembhed og ebmmobb aff aobemasgont D: ho gpupapos ns aaslsn suoilsau@.sob de MÉBHosant $ ‘se. jagle ch etat dis aides PAMITTE DNS ETES L En 2008 cagaoionsd 9b46 0h viomèlf. 9 ave HR. | CO pe NE M ang enthuno modus deanes ant nndes " ven DECO ENEE EEE EE EEE PORUD US LE Lu, RU -. iagdaqé haltesb , vesagnE hosqsi iuedtoqqni ont auegatkcoh animarte, si RER res (20 | tag ,2. Ma taindtuns, ii dois VGleie sus ch M (21; NS a vobaanl waqiaiebog, ob anmonoQ st ae HoGSE “à 55e, REDECLLELE RENE 860 pis eh cr sn E & osent hab nenmrtaneran dierair if be É DE LS Bureeb ler Farm irrriis ph fe nn, à CO MAO-2t4h ob sonpigolonobhm anoburinado 9h dmébi 4 (FT TERRE és iso led 2 h NAS ET a HG que de de + due pers ais . ‘e À DHL. BIP/ULUTATIO CN À 2 2 Fa Latine du fadot dus + 140 4 Faber met obpt ht. anni N 2 apte! QE M ANT 1 lroctiabensr al Baies UNE 22 over | FRE Mir rniatatin tons vi } | A t'héhern QVEl ‘AUS 1} PTE de M4, FR EE pien AR ; rot. # le 0, any Hdhu, (rate . : 146, F4 | p- ‘= ë | { : à | AA S VV PUR eur LUF NOUS = BY he. Os A ue CR LATINE + TETE AU RTE ere Lu «a ce BE MAMMA ME OS YYY MA A PAS PI di ME NY VV AC NM AL “es . LT N NU RUN A si DENT Sen TE Me MTV VV MALE F RME * VOTENVY ne NC A ei FEV Fe uv eue yVU v VENU” ve y AE VS AAA VAR LEP eV | ji Yu A MANU ÿY PMU PEUR MMM Wu PA SEP EE PE MMM MALE SE VY D A PAIN \" VU VU RME Wa V ur VV" AVE \ \ V EU AU LH PARLES NME je NN N V. WE to were _—. VAN JU A ÿ Ÿ % AM VV MAAUO TS ù k Se dr A J AR at Ni “y LH LL URSS Us Ê “ us Fe ELU f DM OU EM VUE pv : | - ere SAT A A ” LAS MOUV VA” I VE # 74 une FER \ PEER MANN MANN AS s JUS ve | à vY M ; ANSE TEAM AAA JUN À Vins UE SN NAN UY UN VAL S AUU 1Y. AM À k M MN ES YUY g vb ER PME 54 RNA ENNNRE QUE A “uv LA VUS Le SY nes Lu À MAN MAS is MC ONE VU me RER tea & VAT MEANS AY UN Yi FL ULUMRNNS YYyy Yyy vy ANT RER note as done LEA A ENT e WA SAVE : AVR ne” ARRET AAA MANS nv JEUN A NN VIS ENN ON QUUER | VU Et Mi AE METRE EAN PA A UN Etes V\YVY LA M tie M T EME none AUS EN NME SARL sou M FtE RO ME VE May NY VMUVUUYE EPP ANA y VVY Ÿ VV LUE aa ae | "à “a d-: EUX FE US AA eu VUE Le LE TU YVES VV UU SMEUYAA VE Ÿ WP = NN ANR NM EU ANS AY | 4 NEW ji AE MN ENT ge CET ** YY VU ÈS ARE RUN SEINE au NY We Ke VE … | AN Te RU JW es Fe re pe ŒE (ou. AL < res < SMS iSS cs à cŒCLCE > D <- DT de x arr * Œ ACL ER & 7 >— + CL € PE > s es. > TES, & em . G F—" «e CL ta e , l'O Ca Ce DE sc C'eRS L4 << cÆ PA Cl Rat TE NNN 2. RP S HART ENNe MU RAS NN V V Sp" DPD 2 AAA, EAE \RAPAN Fa AAA? 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