il fl “i don . (Ur 7 VE pe HE FIELD MU LIBRARY (ll qu ll 3 5711 0 | | —— — — Tree | JOHN CRERAR LIBRARY & CHI _ Ê Digitized by the Internet Archive in 2012 with funding from Field Museum of Natural History Library http://archive.org/details/anatomiephysiolo00dufo ANATOMIE PHYSIOLOGIE ET HISTOIRE NATURELLE DES GALÉODES EXTRAIT DU TOME XVII DES MÉMOIRES PRÉSENTES PAR DIVERS SAVANTS À L'ACADEMIE DES SCIENCES. ANATOMIE PHYSIOLOGIE ET HISTOIRE NATURELLE DES GALÉODES PAR M. LÉON DUFOUR PARIS IMPRIMERIE IMPÉRIALE ; M DCCC LXI : 4 LA * e Lt rs i Dial, L L . | . = L rev ON F | h I: 4 F ï : + hi r. | | Ù [a LOUE D FE : ‘ ; | | ü 1 f A | | | LL” À f ! : ti L + | | | | : ; 4 it 6 té it Ê : - | d | ï { Va . | l f ] “ M ï | s | Ki} ) # | | UT : | 5 #3 in L « “ q À | . 4 . #- : à. | | | À NT HR | | AUTRES (UC ORNE h \ nf \ mr PE PAL | ji à à fine AIN ä . AT ANATOMIE, PHYSIOLOGIE ET HISTOIRE NATURELLE DES GALÉODES. PROLÉGOMÈNES. Après avoir publié, dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, pour 1856, l'anatomie des scorpions, dont les di- vers appareils organiques avaient été si mal compris, si défectueusement décrits et figurés par mes devanciers, je tiendrais à honneur de donner à cette anatomie le pendant de celle des galéodes à laquelle je viens de consacrer trois années de recherches assidues. Ces deux notabilités arachnidiennes offrent, tant par leur organisation intérieure ou viscérale que par leur struc- ture extérieure ou tégumentaire, un haut intérêt de science. Quoique contiguës dans le cadre actuel de la série clas- sique, elles sont néanmoins longuement distancées l'une de l'autre par leurs principaux appareils de la vie, par celui surtout de la respiration qui, dans la méthode naturelle, a une valeur physiologique de premier ordre. Ainsi le scor- pion termine la série des arachnides à poumons, et le ga- léode commence la série des arachnides à trachées. Sans avoir eu le bonheur, vivement ambitionné, de por- ter le scalpel dans les entrailles vivantes ou récemment ex- Histoire naturelle des galéodes. 1 d) HISTOIRE NATURELLE pirées des galéodes, comme je l'avais fait pour les scor- pions, Jai pourtant eu à disséquer un bon nombre d'indi- vidus qui n'avaient fait qu'un court séjour dans l'alcool, le temps nécessaire pour arriver directement par la poste du Sahara austral de l'Algérie, de Boghar principalement, jus- qu'à mon laboratoire à Saint-Sever. Je dois ce signalé ser- vice à mon ami le capitaine Dastugue, chef d'un bureau arabe, investigateur aussi intelligent qu'actif, intrépide et dévoué à la science. Dans l'intérêt de celle-ci, j'ai souvent harcelé ce brave oflicier, pour activer ses chasses confiées à des Arabes éprouvés; je lui dois la justice de dire que mes importunités ne l'ont point découragé; qu'il veuille bien recevoir ici le témoignage de ma sincère reconnais- sance. Dans mes appréciations anatomiques et dans mes induc- tions physiologiques, une longue pratique du scalpel m'a mis à même de tenir un compte consciencieux et rationnel des diverses altérations des organes ou des tissus produites, soit par le séjour prolongé des sujets dans les liqueurs con- servatrices, soit par les effets immédiats et inévitables d'une mort violente et des tourments qui l'accompagnent. De semblables dissections, quand on se fait un devoir d'appré- cier les circonstances dont je viens de parler, sont délicates et d'une interprétation ardue; aussi est-ce par centaines que J'ai pratiqué ces autopsies. Ces minutieuses et souvent désespérantes difficultés, inhérentes à ces altérations cada- vériques, auraient pu lasser une patience moins pratique que la mienne, mais j'ai su me tenir en garde contre des in- ductions trop empresstes, et je ne donne comme positifs que les faits réitérativement avérés. J'ai restreint le cadre de ceux-ci, et, tout en évitant une concision obscure, Ja cherché à en faire saisir l'individualité et les connexions. DES GALÉODES. 3 J'ai dès longtemps acquis l'intime conviction que dans les petits êtres à l'étude desquels je me suis voué il n'est pas une configuration, une modification de structure, une saillie, un creux, une soie, un poil, qui n'aient leur raison d'existence, et qui ne soient appelés à à remplir une attribu- tion physiologique; aussi me suis-]e constamment attaché à poursuivre, à interroger tous ces riens organiques, négli- gés par les zootomistes habitués à tailler en grand. C'est surtout dans ces études que j'ai vivement déploré de n'avoir pas été à même d'observer directement les mœurs, les habitudes, les manœuvres, la vie privée des galéodes. De quel précieux secours m'eût été cette connaissance pour arriver au complément histologique de ces fiers habitants du désert, que de perplexités, que de conjectures, que de pertes de temps n'aurais-je pas évitées ? Le scorpion est, Je le répète, le noble chef des arach- nides pulmonaires, comme le galéode est le représentant éminent des arachnides trachéennes. Gette double anatomie comparative est faite pour stimuler puissamment lambi- tion d'un scalpel vieux de service, mais non encore rouillé. Les viscères, les tissus, le squelette de ces deux orga- nismes étudiés en regard nous font assister, avec un inté- rêt toujours croissant, à ces transitions, à ces fusions, à ces conformités, à ces dissemblances qui témoignent si haut des étonnantes ressources de la nature pour dotalée ses productions, tout en maintenant les types à travers des nuances si merveilleusement échelonnées. Esquissons à grands traits cet instructif parallèle. Le scorpion a un cœur et une circulation vasculaire de sang blanc, un système nerveux à nombreux ganglions rachi- diens, des poumons circonscrits, un estomac simple, un appareil génital des deux sexes à larges mailles fermées. } in HISTOIRE NATURELLE Le galéode manque de cœur et de circulation vasculaire sanguine; il inaugure la circulation aérifère des trachées, circulation qui, au-dessous de lui, forme le trait anatomique caractéristique de la vaste classe des insectes; il a un énorme ganglion thoracique avec le simple vestige d'un seul gan- ghionule rachidien, un estomac rameux ou à longs boyaux latéraux, un appareil génital formé dans le mâle de quatre testicules isolés, et dans la femelle de deux sacs ovariques distincts et simples. C'est à ces deux organismes typiques que viendront se rallier plus lard une foule d’arachnides dont on n’a point encore sondé les entrailles. Heureux le scalpel appelé à faire à la science l'oblation de l'anatomie des phrynes, des théliphones, des phalanqium, troqulus, etc. Ces arachnides ofriront, je n'en doute point, ces affinités, ces différences organiques qui font ressortir l'admirable échelonnement des créations. Venons maintenant à l'exposition succincte des conformi- tés organiques, communes à ces dignes représentants de deux familles contiguës; ils ont l’un et l'autre : 1° Un grand ganglion thoracique d'où partent les nerfs mandibulaires, palpaires, cruraux et abdominaux ; 2° Un cerveau sessile sur ce même ganglion, et donnant naissance aux nerfs optiques et buccaux ; 3° Une carcasse intrathoracique, sorte de charpente cornéo-osseuse abritant les centres nerveux, et fournissant attache à de puissants et nombreux muscles ; 4° Un énorme foie parenchymäteux multilobulé, récep- tacle de tous les viscères abdominaux; 5° Un tube digestif membraneux, fragile, de la simple longueur du corps, avec un cœcum latéral très-dilatable; 6° Une génération ovovivipare. DES GALÉODES. 5 Si de ce parallèle d'organisation viscérale ou intérieure nous passons à celui de la configuration et de la structure extérieures de ces deux sommités arachnidiennes, nous verrons : 1° Que le scorpion a un véritable céphalo-thorax, tandis que le galéode a une tête et un thorax très-distincts l'un de l'autre; 2° Queles pattes, et je ne donne ce nom qu'aux membres ambulatoires, insérées au thorax et terminées par deux ongles ou grifles, sont au nombre de quatre paires dans le scorpion et de trois seulement dans le galéode ; 3° Que l'abdomen est annelé ou segmenté dans les deux arachnides, mais le tégument est corné et glabre dans Île scorpion, coriacéo -membraneux et velu dans le galéode; 4° Que le premier de ces articulés a une longue queue, qui manque complétement au second; 5° Dans l'un comme dans l’autre l'orifice externe de la génération des deux sexes est à la base du ventre, d'où la conséquence de la supination de la femelle dans l'acte co- pulatif; 6° Le scorpion et le galéode sont organisés pour être chasseurs, et se nourrissent d'une proie vivante qu'ils broient pour en avaler seulement les sucs ; 7° Les galéodes n'ont qu'une paire d'yeux, tandis que les scorpions en ont trois et le plus souvent quatre paires; 8° Enfin le galéode et le scorpion partagent ensemble cette grande différence avec les légitimes araignées ou ara- nétdes, qu'ils sont privés d'organes propres à filer. Malgré une patience, devenue chez moi constitutionnelle, malgré ma vieille passion entomotomique encore dans sa période d'acuité, je ne me dissimule point les côtés vulné- 6 HISTOIRE NATURELLE rables de mon travail. Le scalpel assez favorisé pour se h- vrer aux vivisections des galéodes, ou à des autopsies pra- tiquées immédiatement après la mort, pourra fournir un contrôle éclairé sur cette dolce anatomie, dissiper des incertitudes, redresser des erreurs faciles en présence d'entrailles plus ou moins altérées par leur séjour dans les liqueurs spiritueuses, et d’une délicatesse, d'une fragilité désespérantes. Bien loin de moi la prétention d'avoir d'un premier jet élucidé une anatomie qui a si souvent mis à de cruelles épreuves et ma pince et mes lentilles ampli- fiantes! Je ne m'offenserai pas de la critique, si elle est pro- fitable à une science pour laquelle je professe un véritable culte. Qu'on me combatte par les armes courtoises du scal- pel et de la loupe, je m'inclinerai sincèrement devant l’au- thenticité des faits. Il est des idées d'un grandiose scientifique incontestable qui frappent limaginalion, surtout quand elles sont procla- mées, formulées par des esprits supérieurs, par des génies hors ligne. Celle de Geoffroy Saint-Hilaire sur l'Unité de composition organique est dans cette catégorie. Depuis de longues années je suis le sincère, le fervent admirateur de ce sublime naturaliste philosophe, et dans mes études mi- crotomiques, auxquelles j'ai consacré les deux tiers d'une longue vie, j'ai toujours cherché à ramener à cette unité les appareils vitaux des petits êtres soumis à mon scalpel; j'ai religieusement conservé les dénominations techniques dès longtemps adoptées pour les animaux de l'ordre le plus élevé. Mais je n'hésite point à le dire et à le dire bien haut, on a exagéré, on a mal interprété la pensée du grand homme, on l'a fait descendre trop bas dans l'échelle des êtres; elle ne saurait encore avoir une juste application aux animaux articulés. La pénurie des faits dûment constatés DES GALÉODES. ; dans ces organismes inférieurs si prodigieusement multi- pliés a été méconnue par des esprits trop enclins à la gé- néralisation, trop ambitieux d'imposer à la nature des lois qu'elle réprouve, parce qu'elles émanent d'observations trop restreintes, mal étudiées, mal digérées. Oui, pour les invertébrés, cette unité d'organisation est encore à l'état d'idée, et non à l'état de principe. Dans mes recherches ac- tuelles je demeure conséquent à mon passé, je ne cesse point de poursuivre, de signaler, de mettre en relief ces analogies anatomiques ; mais je suis circonspect. Ces réflexions m'ont été suggérées par le désordre tech- nologique qui règne dans la zoologie inférieure, et notam- ment dans les galéodes. La nomenclature des parties ex- ternes de cette remarquable arachnide a subi par des rapprochements forcés, tous les caprices des prétendus méthodistes. Que de faits à rassembler, à classer, à compa- rer avant d'acquérir le droit de s'élever à une législation qui promette quelque durée ! Et que faut-il pour modi- fier ou abroger ces lois? La découverte de quelques êtres nouveaux ou réfractaires dans cette inépuisable créa- üon, ou une certaine trempe d'esprit dans les savants appelés à les interpréter, à en rédiger le code. Ces mil- liers de créatures, chacune avec son type inaltérable, remplissent toutes, par des organes variés à l'infini, le triple but de vivre, de croître et de se multiplier; toutes concourent, dans la mesure de leurs facultés pondéra - trices, aux sublimes harmonies qui régissent l'univers. En procédant tout naturellement du simple au composé, de l'extérieur à l’intérieur, l'anatomie des galéodes se par tage en deux grandes divisions : celle des organes extérieurs ou tégumentaires, et celle des organes intérieurs tant nerveux que viscéraux. 8 HISTOIRE NATURELLE DIVISION PREMIÈRE. ORGANES EXTÉRIEURS. Dans les animaux supérieurs, le squelette est une charpente intérieure solide, osseuse, destinée à fournir attache ou appui aux parties molles, et ces insertions ont lieu à la face externe de cts os. Ceux-ci servent aussi avec des formes appropriées à protéger, à envelopper certains organes délicats. Dans les animaux articulés parvenus à leur dernière morphose, le squelette est presque tout extérieur ou tégumentaire; c’est une peau durcie, coriacée, cornée ou crétacée, à nombreuses segmen- tations et articulations fournissant à sa face interne des points d'attache aux tissus charnus locomoteurs et autres, et servant de bouclier protecteur aux divers appareils organiques ou viscéraux. Vous le voyez, ce squelette, tout tégumentaire qu'il est, remplit les mêmes fonctions que celui des êtres le plus haut placés dans l'échelle zoologique. Mais nos articulés offrent, en outre, cette cu- rieuse particularité que des muscles s’introduisent, se fixent dans l'intérieur même des os ou tubes cornés qui constituent les membres ou autres appendices, afin d'en déterminer, d’en régler les mouvements. Le corps du galéode ou son squelette se divise en : Tête, Thorax, Membres ou appendices, Abdomen, Carcasse intrathoracique. Cette étude sérieusement comprise au point de vue physiolo- gique des corrélations viscérales avec les actes extérieurs amène comme conséquence naturelle, comme complément scientifique, V'hisloire des genres et des espèces, et en mème temps la classifi- cation. DES GALÉODES. 9 CHAPITRE PREMIER. TÊTE, Je maintiens cette dénomination parce qu'elle est rationnelle et fondée, tant sur les faits anatomiques que sur la physiologie. Toutelois, je me hâte de le dire, c’est une tête imcomplète, un demi-crâne de transition. Le nom de céphalothorax affecté aux arachnides pulmonaires est pleinement justifié par la soudure en une seule pièce de la tête et du thorax; mais il ne saurait convenir au galéode, dont la tête est très-distincte et indépendante du thorax, quoique les auteurs les plus récents, obéissant à une sorte de laisser-aller et à un res- peci irréfléchi pour la parole du maître, attribuent encore au ga- léode un céphalothorax. Du reste, la tête de notre arachnide pré- sente la particularité, insaisie par les entomologistes, de n'être, à proprement parler, ainsi que je viens de le dire, que la moitié d’une tête, un hémicéphale. Elle consiste en effet en une sorte de carapace, de bouclier, de calotte crânienne, cornée, de forme le plus souvent demi-circulaire, parfois trapézoïdale ou transversale- ment ovalaire. Son côté antérieur est le plus long et presque droit. Mais ce qui rend cette tête fort originale, et 1} était réservé au scalpel de nous l’apprendre, c’est qu’elle n’est point le réceptacle du cerveau, quoiqu'elle soit le siége des yeux et parfois d’un rudi- ment d'antennes. Nous allons examiner sommairement, comme dépendants de la tête ou ayant avec elle des connexions articulaires, les parties suivantes : Yeux, Mandibules, Antennes ? Palpes, Rostre buccal. Histoire naturelle des galéodes. 2 10 HISTOIRE NATURELLE ARTICLE PREMIER. YEUX. Loin d'être au nombre de six ou de huit comme dans le scor- pion et les arachnides pulmonaires, 1l n'existe dans le galéode, ainsi que Je l'ai déjà dit aux prolésomènes, qu’une seule paire d’yeux qui représentent parfaitement les grands yeux médians du scorpion. Dans l'intérêt des transitions et des échelonnements or- ganiques, 1l faut noter cette disparition complète, dans le galéode, des petits yeux du scorpion, en même temps que le maintien, la survivance des grands yeux. Rapprochés sur une éminence médiane du bord antérieur de la tête, ceux-ci sont ronds, lisses, c’est-à-dire non réticulés, médiocrement convexes, et ils appartiennent aux stemmates comme ceux des autres arachnides. Les orbites qui enchatonnent les globes oculaires sont latérales, ainsi que les cornées transparentes, en sorte que l'axe visuel a cette même direction, et l'animal voit habituellement de côté. Mais comme le bouclier céphalique est garni en dessous de muscles nom- breux et puissants, ceux-ci peuvent déterminer au gré de l'animal d'insensibles mouvements qui, en inclinant ce bouclier, modifient la direction de l'axe visuel. Quand on parvient à évulser adroïtement, quand on désencha- tonne le globe oculaire de dessous la cornée transparente qui l'abrite, on constate que la rétine qui en fait la masse a une forme ovoide, de globuleuse qu’elle devait être avant l'énucléation. La rétine entraine avec elle le pigmentum noir dont il est coiffé. Ce pigmentum, qui adhère au pourtour interne de la cornée transpa- rente, est sans doute une choroïde; mais, pour la fonction active de l'œil, il faut de toute nécessité supposer l'existence d’une pupille. Or, je n'ai pas pu constater celle-ci, parce que cette délicate et molle membrane se déchire pendant la mort à la moindre traction exercée sur elle. On ne saisira la pupille que dans l'animal vivant et lors de l'exercice de l'acte visuel. Voyez comme dans les plus minimes détails la nature sait adap- DES GALÉODES. 1i ter aux divers organismes les instruments propres à les servir, comme elle est ingénieuse à sauvegarder les actes physiologiques. Le lourd et ténébreux scorpion étant destiné à trainer son corps sur la terre, sans pouvoir quitter celle-ci, avait besoin de la double série de petits yeux latéraux et myopes qui touchent presque le sol pour en éviter les inégalités et saisir une proie fa- cile. Le galéode, au contraire, voltisgeur de profession, agile cour- sier, effleurant à peine l'arène, d’une activité incessante sous un soleil éclatant, n’a reçu que deux yeux sincipitaux; mais 1ls sont grands et brillants pour viser de loin une proie aussi preste que lui, pour l'atteindre jusque sur les arbrisseaux, suffisants enfin pour satisfaire à tous ses besoins, à tous ses plaisirs. Il existe sans doute dans l'œil du galéode un cristallin. Je ne l'ai point constaté. ARTICLE IL MANDIBULES, On a lieu de s'étonner que des hommes graves, des savants dignes de ce titre, et surtout des partisans de la conformité orga- nique, aient pu méconnaitre les préceptes de celle-ci au point de dénier le nom de mandibules à des organes durs, robustes, cornés, didactyles, armés de dents incisives, canines et molaires, à des organes placés près de la bouche, évidemment destinés à la pré- hension, à la lacération, à la trituration. Sans égard pour une structure anatomique si hautement signi- ficative, au mépris d'actes émanant si naturellement de cette configuration, de cette composition, on s’est laissé entrainer à je ne sais quelles conséquences outrées d'organisation compa- rative; enfin, on a eu la malencontreuse idée de destituer ces légitimes mandibules, malgré leurs dents défensives, et de créer arbitrairement les noms de cheliceres, de forcipules, d'antennes- pinces. Antennes-pinces !....... Comment leur plume ne s’est- elle point desséchée en traçani ces deux mots si antipathiques? Quoi! une antenne que sa configuration articulée et la délica- 2 12 HISTOIRE NATURELLE tesse de sa texture rendent le siége de l’ouïe, de l’odorat et d’un tact exquis, on en appliquerait le nom à une dure tenaille dont les vigoureuses dents protestent si énergiquement contre l'alliance hétéroclite de ces deux noms! On verra à l’article du système ner- veux les raisons puissantes qui militent en faveur du nom de man- dibules. Avec ce grand mot sonore de philosophie, avec ce parti pris d'une conformité organique despotiquement imposée et faussement appliquée, on arrive à violer les rapprochements les plus naturels, à méconnaitre les actes physiologiques les plus palpables, à s’éga- rer dans ces idées transcendantes d’outre-Rhin qui hérissent la science au lieu de laplanir. Je viens de dire que les mandibules des galéodes sont armées de trois ordres de dents comme celles des animaux les plus élevés dans l'échelle. Cette singulière composition dentaire, qui se prête si bien à l'unité organique, sera saisie avec avidité par les partisans quand même de cette idée. Mais il ne faut pas se hâter de la trop généraliser. Toutefois, comme c’est un fait très-positif, je tiens à le mettre en relief. Qu'on veuille bien pour cette démonstration jeter les yeux sur la figure des mandibules du g. Dastuguei, qui, par leur grandeur, forment un spécimen typique. Son mors supérieur a douze dents bien comptées, indépendamment de sa pointe apicale. Celle-ci, en crochet médiocrement arqué, forme avec celle du mors inférieur une pince, une tenaille faisant l'office en même temps d'instru- ment préhensif et vulnérant. La proie, ramenée sans doute par les palpes et les griffes jusqu’à cette tenaille, commence à y subir son sort de victime. Viennent ensuite deux incisives pointues et tranchantes qui n’ont pas de correspondantes au mors inférieur, Puis succède une pre- mière canine très-saillante et fort grosse, opposée à une semblable canine du mors inférieur. Deux autres incisives suivent la pre- mière canine et combinent leur action lacérante avec de pareilles incisives du mors inférieur. DES GALÉODES. 15 Chaque mandibule didactyle de ce grand galéode se trouve donc armée de : 6 incisives, A canines, 6 molaires, en tout 16 dents, et par conséquent 32 pour les deux mandibules du même animal. Ce chiffre de 32 dents du galéode présente une remarquable et bizarre conformité avec le nombre des dents de l'espèce hu- maine. Je suis loin d’en tirer aucune conséquence rationnelle d’u- nité organique. C’est un fait positif que j'ai dûment constaté et que je livre avec sincérité, voilà tout. Cependant revenant au point on1- principal de mon sujet, quoi de plus caractéristique, de plus sig ficatif, de plus physiologique que ce nom de mandibule! Mais ce n’est pas tout que d’avoir des instruments, des armes propres à saisir, à lacérer, à briser une proie vivante dont les sucs exprimés servent à la nourriture définitive du galéode. Il existe encore au milieu des diverses dents de la mandibule des or- ganes sétifermes représentés par Savigny, et auxquels, depuis lui, on n’a fait nulle sérieuse attention. Personne, pas même Savigny, n’en a soupçonné les attributions physiologiques. Je vais les faire connaître. Ces organes sétiformes se rencontrent dans toutes les espèces algériennes que j'ai disséquées. Je prendrai encore pour type de ma description et de mes figures ceux du Dastuguer. Indépendamment des poils qui hérissent les mandibules, et dont les uns sont implantés sur un exanthème orbiculaire, comme on le voit dans l’araneoides de Savigny, tandis que les autres naissent tout simplement d’un point brunâtre, on observe, soit dans les interstices des dents, soit au-dessous de celles-ci, dans les deux branches ou mors de la même mandibule didactyle, des soies d'une nature toute différente de celle de ces poils. Ces soies, d’un aspect moelleux, sont plus ou moins courbées d'avant en arrière et blanchätres. Soumises au microscope, ou même à une forte loupe bien éclairée, on les voit finement barbues, excepté à leur 14 HISTOIRE NATURELLE base, qui est glabre. On peut les considérer comme de petits pa- naches où balais simples, des scopules, qui dans l'acte de la mas- üication raménent la substance alimentaire vers les dents mo- laires, puis la font cheminer vers le rostre buccal, qui, lui aussi, est muni de deux semblables scopules bien plus grandes, attei- gnant le même but fonctionnel. Savigny n’avait pas, je crois, pé- nétré ce dernier. Les mandibules des galéodes présentent extérieurement à la face interne, par laquelle elles sont contiguës, une sorte de grande plaque subquadrilatère un peu échancrée en avant, et se faisant remarquer par une surface glabre, lisse, luisante, fort peu saillante. Cette plaque est représentée dans les figures de Savigny, et s’ob- serve avec les mêmes traits dans toutes les espèces de ces arach- nides. Dans les prolégomènes j'ai avancé que dans tout orga- nisme, même dans les plus petits, rien n’a été créé sans un but d'utilité, sans une prévision physiologique. Il s’agit de chercher la raison d'être de ces plaques mandibulaires. L’explication me semble simple et rationnelle. Comme ces plaques existent sur les faces correspondantes des deux mandibules, il est évident que leur texture, parfaitement unie et glabre, est destinée à faciliter les mouvements mutuels de glissement de ces deux puissants instru- ments de trituration. ARTICLE IIL. ANTENNES, Mais si tant ils voulaient, ces conformistes si mal inspirés, des antennes là où la nature n’en voulait qu'un simulacre, un vague rudiment, comme jalon de la marche graduelle de ses créations et de ses gradations, pourquoi, au lieu de travestir les mandibules en antennes, n'ont-ils pas su tenir compte de ce rudiment? Ils au- raient trouvé dans cette ébauche organogénique, si savamment mise en relief par Savigny, un document de quelque valeur scien- üfique, un précieux enseignement pour se tenir dans la voie de la véritable conformité organique. DES GALÉODES. 15 On voit, en effet, sous le bord antérieur du bouclier céphalique au-devant des yeux, là où chez la plupart des articulés siégent les antennes, deux petits tubercules séparés par la ligne médiane, terminés chacun par un long poil roide ou une soie. Ces deux tu- bercules sétifères, susceptibles d’un mouvement obscur, et d’une nature un peu charnue, rappellent à l’'entomologiste les antennes mieux conditionnées de quelques diptères, notamment des mus- cides et en particulier des œstres. En descendant l'échelle zoolo- gique, c'est le galéode qui offre le premier exemple de ce jalon organique, car il n’en existe pas la moindre trace dans les arach- nides pulmonaires, même dans le scorpion, qui précède dans la série le chef des arachnides trachéennes. Ce n’est pas sans beaucoup d’hésitation que je me suis servi de ce nom d'antennes pour ces poils bulbeux du galéode. Aussi ai-je fait mes réserves, en accompagnant cette dénomination du signe du doute. Ma conviction est devenue bien plus flottante encore, lorsqu'en étudiant les diverses espèces de galéodes, j'en ai trouvé qui, comme Île barbarus, le Dastuguei, Vintrepidus et les grands galéodes de Savigny, n'avaient qu’une seule paire de ces poils bul- beux, tandis que le nigripalpis, le brunnipes, le quadrigerus, ont, à ce même point des environs des yeux, plusieurs poils roides dirigés en divers sens et nullement bulbeux. On retrouve dans ces transitions organiques de poils bulbeux binaires, à des poils multiples dépourvus de bulbe, un de ces nombreux exemples des créations graduelles. ARTICLE IV. PALPES. Ces organes, d’une configuration, d'une structure et d’une si- tuation tout à fait insolites quand on les compare aux palpes des autres articulés, sont sans doute exposés à prendre une autre dé- nomination technique, dès qu'on découvrira de nouvelles arach- nides voisines du galéode, ou lorsqu'on aura mieux apprécié sur ces animaux vivants les actes ou les fonctions tant présumés 16 HISTOIRE NATURELLE | qu'inconnus de ces curieux tentacules, de ces balanciers. En atten- dant, nous adopterons provisoirement le nom consacré de palpes. Is ont, par leur insertion latérale et patente, ou à découvert, une singulière ressemblance avec les pattes; et Olivier, comme Latreille, leur donnait ce dernier nom. Mais ces deux savants, ainsi que d’autres auteurs modernes, n’avaient nullement réfléchi ni à la différence essentielle des fonctions, n1 à l'absence des ongles où grifles qui caractérisent si éminemment les membres ambulatoires, ni à leur insertion, non pas au thorax comme les pattes, mais bien sous la tête dans les appartenances de l'appareil buccal. Mais ce qui a lieu de m’étonner, de m'attrister même, c'est de voir un savant du haut mérite de Von Siebold donner dans la même page le nom de palpes en pinces aux mandibules que quelques lignes auparavant il appelle des antennes en pinces. Il existe dans le galéode deux paires de palpes, les antérieurs et les postérieurs. 1° Palpes antérieurs. Toujours plus robustes, plus puissants, plus longs que les postérieurs, ils constituent un organe plus actif, plus parfait, plus typique, d’une valeur fonctionnelle mieux déterminée. Jen parlerai donc avec quelque détail. Chacun d'eux se compose de cinq articles cylindriques unis bout à bout, à savoir : a. Le trochantérien, qui est unique, court et articulé avec la hanche comme dans les pattes; b. Le fémoral, long et comparable à la cuisse de celles-ci: c. Le tbial, pareillement long, représentant la jambe; d, e. Les tarsiens, formés de deux articles étroitement unis, analogues au tarse. Latreille donne à ces palpes six articles, parce qu'il regarde comme le premier la hanche, qui dépend de l'appareil buccal, comme je le dirai. Le trochantérien du palpe antérieur est généralement conoïde, de manière que la pointe du cône s'incline en arrière pour se ter- DES GALÉODES. 17 miner à la ligne médiane inférieure; il résulte de cette configura- tion et de cette position que les deux coxaux laissent en avant un intervalle en V qui correspond au rostre buccal. Chacun d'eux, avant son articulation à la hanche, présente une apophyse plus où moins conoide, garnie de poils formant le pinceau. Latreille, se fondant sur les figures de Savigny, et présumant trop de la forme et des fonctions de cette pièce, lui a imposé le nom, peu justi- fiable, de coxo-maxille. Je me crois plus rapproché de la vérité en considérant cette apophyse trochantérienne comme un de ces pinceaux où balais auxiliaires destinés à ramener vers la bouche les parties alimentaires broyées par les mandibules. C'est là, à mon avis, sa mission physiologique, sa fonction; il n'y a rien là qui ressemble à une mâchoire. Ce palpe antérieur étudié dans l'animal vivant, ainsi que J'ai eu occasion de m'en convaincre sur l'intrepidus, lorsqu'en 1808 je le découvris pour la première fois en Espagne, est susceptible de mouvements variés et prompts, soit pour exercer une tentacu- lation quand il marche sans être inquiété, soit pour se redresser ou se projeter en avant lorsqu'il s’agit d'attaque ou de défense. Outre sa villosité, il est garni, au côté interne surtout, de soies ou de piquants mobiles sur leur bulbe radical, et que l’on peut considérer comme des armes offensives. L'article terminal, beaucoup plus court que celui qui le pré- cède, et uni à lui par une articulation circulaire serrée et presque g ou turbiné et inonguiculé. Il est le réceptacle d'un organe rétractile qui, dans le repos, y demeure imclus. Mais cet organe, que le premier j'ai dé- imperceptible, quoique très-positive, est oblon couvert, ne saurait être constaté sur les sujets conservés dans l'alcool; du moins j'ai vainement essayé de le mettre en évidence par une compression expulsive dans les plus grandes espèces al- gériennes. On parvient seulement, par ce procédé, à mettre en légère saillie une petite hernie charnue, glabre, molle, subvési- culeuse, offrant une fente médiane subbilabiée qui en occupe tout le diamètre. Il est possible, probable mème, que pendant Histoire naturelle des galéodes. 3 18 HISTOIRE NATURELLE la vie de l'animal cette fente donne issue à un organe analogue à celui que je vais bientôt décrire. C’est donc sur des sujets vivants ou très-récemment morts qu'il faut se livrer à l’investigation de la curieuse structure interne de l’article terminal du palpe antérieur; je l'ai étudiée dans le g. intrepidus. Qu'on me permette de citer textuellement le pas- sage qui s’y rapporte et d’en reproduire le dessin original. «Le bout de Particle terminal du palpe antérieur parait fermé par une membrane blanchâtre; mais, lorsque l'animal est irrité, cette membrane, qui n’est qu'une valvule repliée, s'ouvre pour donner passage à un disque ou plutôt à une cupule arrondie d'un blanc nacré. Cette cupule sort et rentre au gré du galéode, comme par un mouvement élastique. Elle s'applique, et parait adhérer à la surface des corps, comme une ventouse; son contour, qui semble en être la lèvre, est marqué de petites stries perpen- diculaires au centre, et l'on voit par ses contractions que sa tex- ture est musculeuse. On peut soi-même déterminer la saillie de la petite ventouse en comprimant au-dessous de son extrémité un palpe frais, récemment arraché du corps de l'animal. Cet organe ne sert-il au galéode que pour s’accrocher et grimper? Est-il des- tiné à saisir les petits insectes dont il fait sa nourriture? Estal le réceptacle ou l'instrument d'inoculation de quelque venin? etc. » (Ann. génér. des sc. phys. de Brux. 1. V, pl. Lxix, fig. 7; 1820.) Ce fait, encore isolé dans les archives de la science, semble être demeuré imaperçu pour les auteurs et les compilateurs de mon époque. J'ai lieu de m'étonner qu'un observateur aussi sagace que Sa- vigny, lui qui avait vu en Ée sypte beaucoup de ntinds galéodes vivants, lui qui a figuré de si admirables détails sur ces arach- nides, n'ait Jamais eu occasion de constater ces ventouses. La figure 7 f de la planche VIIT des aptères de l'Atlas d'Égypte offre, grossie, la hernie charnue et bilabiée de sa solpuga araneoides, mais on n'y voit rien qui rappelle les ventouses en question. Sa- vigny a été moins favorisé que moi. DES GALÉODES. 19 En consultant l’Atlas entomologique de l'Algérie, où M. Lucas a fait figurer le mâle du g. barbarus, J'ai cru au premier aspect, et de plus habiles que moi s'y tromperaient, que le peintre avait voulu représenter au bout des palpes antérieurs une ventouse exserte ou saillante, et sa forme ronde m'en imposa d’abord pour celle de l'intrepidus; mais un examen plus scrupuleux et le silence absolu du texte de l’auteur me détrompèrent aussitôt. Je recon- nus que le pinceau, ou le burin, avait mal saisi et très-défectueu- sement rendu l’article terminal de ce palpe. 2° Palpes postérieurs. Composés du même nombre d'articles que les antérieurs, ils en différent au premier aspect par leur gracilité, leur fai- blesse, le défaut de piquants, l'absence d’un organe pulpeux inclus, et la privation, du moins dans les espèces à longues pattes, d’une double griffe. Je n'ignore point que Savigny, dans l'habileté du- quel j'ai toute confiance, a représenté dans une figure fort grossie le bout de ce palpe postérieur dans le melanus avec deux crochets simples. N'ayant pas eu l’occasion d'étudier cette espèce, je ne balance pas néanmoins à admettre ces crochets. Quoi qu'il en soit, ces palpes postérieurs ne me semblent que des instruments préhensifs rudimentaires ou vestigiaires, faisant peut-être l'office de balanciers ou de régulateurs dans l'exercice actif des palpes antérieurs. Leur article terminal est plus long pro- portionnellement que celui de ces derniers, et son articulation avec l’article qui le suit, est surtout bien plus sensible, plus distincte. ARTICLE V. ROSTRE BUCCAL. Il me reste, pour terminer l'anatomie des organes annexés à la tête, à parler du principal et jusqu'ici du plus mal connu de ces organes, la bouche, où mieux le rostre buccal. Entre les mandibules du galéode, mais profondément et au niveau du plancher inférieur de la tête, s'aperçoit un corps dé- 20 HISTOIRE NATURELLE taché, oblong, lancéolé, dur, corné, glabre, blond, roide, dirigé en avant : c’est le rostre buccal. Fabricius lui donnait le nom de labium haustelliforme, et La- treille d’abord celui de labium liguliforme, puis celui de languette sternale, enfin plus tard, dans son Cours d'entomologie, celui de camerostome. Von Siebold, conséquent à ses idées erronées sur les mondibules des galéodes, devait nécessairement s’égarer en abordant les attributions de la bouche de ces arachnides, et c’est ce qui lui est arrivé. Voyez dans quelles vicissitudes technolo- giques on se laisse entrainer lorsqu'on s’empresse de nommer des organes où mal étudiés, ou mal interprétés sur les figures des auteurs! Sans contredit Savigny est l’auteur qui a le mieux étudié ce singulier suçoir, mais il n’en a point compris toute la structure, comme Je le dirai bientôt, et ses figures, devenues classiques, ont été si diversement, si arbitrairement traduites, qu'il en est résulté un désordre extrême dans la nomenclature. Pour bien juger la composition et la structure du rostre buccal du galéode, il faut l’arracher adroitement d’un coup de pince, puis létudier immergé dans l’eau d'un verre de montre. Cest alors qu'on peut apprécier la forme, la position respective et le mode de connexion des parties qui le constituent. L’extérieur de ce rostre, tel qu'il se présente dans sa situation normale entre les mandibules, est un demi-étui un peu relevé à la ligne médiane supérieure, qui est en carène ou en dos d’âne avec une ramure de chaque côté de cette carène. Il est échancré en arrière, par où il s'attache, au moyen de muscles, à la base des palpes antérieurs, et par où s'introduisent l’æœsophage et les canaux excréteurs des glandes salivaires. Je dis que ce rostre est un demi-étui, car s'il est formé en dessus d’un tégument dur et glabre, il est garni en dessous par des parties molles et musculeuses; ce serait comme un epistome. Son extrémité antérieure est obtuse, comme tronquée, et s'applique étroitement à une pièce en apparence linéaire, parce qu'on n’en DES GALÉODES. 9i aperçoit que la tranche supérieure ou dorsale. Une bonne loupe suffit pour constater à cette dernière pièce un duvet court, serré, uniforme, d'aspect velouté; ce serait là le labre, d'après Latreille. Si l’on renverse le rostre de manière à le coucher sur le flanc, on se convainc que la tranche dorsale dont je viens de parler est échancrée en croissant, et que le prétendu labre se continue en une base large, en forme de cotylédon, revètue du mème duvet dont j'ai parlé. Cela a été parfaitement représenté par Savigny et ses compilateurs; mais ni Savigny, ni Latreille, ni aucun autre entomologiste, ne se sont doutés que le susdit labre était composé de deux panneaux semblables contigus ou appliqués l'un contre l’autre. Il était réservé au scaipel de mettre en évidence ce fait nouveau, qui a une haute importance physiologique. Je suis donc parvenu, à ma grande surprise, à ma vive satisfaction, à disjomdre ces deux panneaux, ces deux moitiés d’un même organe, ces deux mâchoires verticales d’une même bouche. Les faces par lesquelles se touchent les deux cotylédons maxillaires n'ont point de villo- sité, et le microscope y rend sensibles de fines cannelures paral- lèles, qui sont de véritables limes. Les bouts seuls de ces cotylé- dons ont de la villosité en dedans comme en dehors. De chaque côté de la base inférieure de ces mâchoires (et je qustifierai bientôt cette dénomination) se voit en dehors un article pyramidal ou conoïde, assez gros, blanchâtre, quoique faible- ment corné, mobile sur une masse musculaire de sa base, hérisse de poils roides et que termine, avant sa pointe, une longue soie barbue. Une lentille microscopique bien dirigée, bien éclairée, découvre à l'axe de cette soie, surtout aux approches de son implantation, une fine rainure médiane. Savigny a désigné ces deux articles sous le nom de palpes de la lèvre. Latreille, dans son dernier livre (Cours d'entomologie), se contente de les appeler des appendices, en leur donnant pour synonymes les noms de Savigny que je viens de dire. Si, malgré sa forme insolite, l'absence d’articulations, et sur- tout par l'existence d’une longue soie plumeuse, il faut qualifier 22 HISTOIRE NATURELLE de palpe cet appendice, j'y consens, au moins provisoirement, à cause de sa position, mais Je fais mes réserves. Dans tous les cas, ce ne serait pas, à mes yeux, un palpe labial; je suis porté à le prendre, d'après les fonctions que j'indiquerai bientôt, pour un organe accessoire, une espèce de scopula. Je laisse aux microto- mistes qui me suivront le soin d'une désignation technique, qui leur sera peut-être inspirée par l’autopsie de quelques arachnides voisines des galéodes. Maintenant je vais m'expliquer sur les attributions physiolo- giques respectives des parties qui constituent le rostre buccal, et plus particulièrement la bouche. Avant que j'eusse découvert le double cotylédon maxillaire dont j'ai donné la description et la figure, il était impossible d'arriver à une solution logique et rationnelle du premier acte de la digestion, la manducation, lingestion, et personne n’a entrepris cette tâche. Lorsque le galéode, chasseur par toute sa struclure anatomique comme par le fait, a saisi sa proie, ses grands palpes antérieurs, par leur mobilité, par leur position d'avant-garde, leur vigueur, leurs soies, leurs spinules, lapophyse pénicillée de leur base, entrainent, précipitent la victime, plus ou moins mutilée, entre les terribles dents des mandibules. Ces dents incisives, canines et molaires déchirent, comminuent, triturent l'aliment, le rédui- sent en bol au moyen de leurs scopules et le dirigent vers la bouche. C’est alors que le plumet du palpe maxillaire ou labial, avec les poils qui hérissent son support, entre en fonctions, faisant l'office de balai, de plumeau, d’écouvillon, pour présenter aux lèvres ou mâchoires qui s’entr'ouvrent un mets à demi digéré par sa comminution. La villosité des bouts des cotylédons labiaux ou maxillaires saisit, retient la pâte triturée et la livre aux deux plans cannelés; ceux-ci, spTee l'avoir broyée, mâchée et imbibée de salive, la rendent propre à la déglutition. La véritable bouche serait donc l’entr'ouverture du hou des lèvres. Sans doute, je n'ai point constaté ex visu tous ces actes méca- DES GALÉODES. 93 niques de la digestion, et personne, je pense, n’est appelé à les constater sur un animal aussi sauvage que l'est lagile galéode ; mais l'anatomie parle haut, et les inductions physiologiques ne sauraient tromper le praticien habitué à apprécier la valeur des moindres détails. Cette manière d'envisager le premier acte digestif du galéode différe entièrement, comme on le voit, de tout ce qu'on a écrit et répété sans contrôle sur cette question : il fallait des dissections soigneuses et multipliées, personne ne s’y est livré; 11 fallait avoir constaté la double lèvre formée de deux lames étroitement ap- pliquées lune contre l'autre, et personne ne l'avait soupçonnée, Cette découverte anéantit toutes les théories émises sur ce point. Quand le scalpel a mis en évidence une pareille composition buccale, quand on a clairement constaté un œsophage d’une ténuité plus que capillaire, quelle confiance accorder à ces relations d’un voyageur anglais qui parle d'un lézard de trois pouces de long dévoré, sauf la queue, par un galéode du Bengale? Tout en fai- sant la part du narrateur qui vient de loin, c’est par trop fort pour nous Européens. Je ne doute point qu'il n'y ait là équivoque, quiproquo pour le nom de galéodes ou solpuga. Ce dévoreur exo- tique sera un autre animal qu'une arachnide. CHAPITRE IL THORAX, J'ai déjà dit que les arachnides pulmonaires avaient un cépha- lothorax, où des yeux exercés peuvent encore discerner les traces fugitives de la délimitation des parties qui constituent un même tout continu. Dans le galéode, il existe incontestablement un thorax distinct, destiné à l'insertion des véritables pattes. Ce thorax, déprimé et placé au-dessous du niveau de la tête, se compose de trois segments transversaux, un pour chaque paire de pattes, pouvant, à bon droit, porter, comme dans les articulés en général, les noms de prothorax, mésothorax et métathorax. Le pre- 24 HISTOIRE NATURELLE mier de ces segments, ou le prothorax, est souvent plus étroit et moins prononcé que les suivants; il est même parfois tellement pressé et adhérent contre le contour de la tête, qu'il semble lui former un simple bourrelet; mais, en donnant attache à la pre- mière paire de pattes, il revendique hautement ses droits. CHAPITRE IT ABDOMEN. Les araignées n'ont pas de segmentation à l'abdomen, tandis que le scorpion, qui appartient pourtant comme elles aux arach- nides pulmonaires, a cette segmentation très-prononcée malgré son test corné et glabre. Le galéode , dont le tégument est souple et velu, a celui de l'abdomen avec dix segments bien comptés, et non neuf seulement, comme on le dit. Cette partie du corps est généralement oblongue, mais susceptible d’un grand développe- ment, suivant l’âge et suivant l'état de gestation des femelles. Sa région inférieure ou ventrale présente, à son extrémité, l'anus, dont il sera question ailleurs; à sa base, l'ouverture génitale dans les deux sexes, et vers son milieu les stigmates abdominaux. CHAPITRE IV. PATTES. Le galéode, vu son poste dans le cadre des arachnides, forme, sous le rapport du nombre de ses pattes, une bizarre exception. Les arachnides pulmonaires, avec le scorpion, qui dans la série précède immédiatement le galéode, et le phalangium, arachnide trachéenne qui suit ce dernier, sont octopodes, tandis que le galéode est hexapode. On ne doit, je le répète, considérer comme pattes ambulatoires que celles qui ont leur attache au thorax et qui se terminent par deux ongles. Quoique les pattes du galéode soient d’inégale longueur, cette inégalité est moins prononcée que dans les araignées en général; DES GALÉODES. 25 la première paire est plus courte que la deuxième, et la troisième est bien plus longue et plus robuste que celle qui la précède. Cette supériorité de force et de longueur des pattes posté- rieures trouve sa raison d'existence dans une fonction de plus ajoutée à l'ambulation, c'est de servir plus spécialement à l'acte copulateur; je le dirai bientôt. Les trochanters sont composés de deux articles, sans y com- prendre le coxal, qui forme le plancher sous-thoracique; les pos- térieures ont un article de plus, parce qu’elles sont le siége des raquettes trochantéro-coxales, auxquelles je consacrerai bientôt un article. La cuisse et le tibia sont comme dans toutes les arachnides. Les tarses varient suivant les espèces, et pour le nombre des articles qui les composent, et aussi pour leur structure. C’est sur- tout à Koch, qui a publié un travail monographique sur les ga- léodes, que lon doit d'avoir signalé à l’attention des classifica- teurs la composition des tarses de ces arachnides. C’est sur le nombre des articles tarsiens qu'il a formé des coupes génériques. Je reprendrai ce sujet au chapitre des espèces. Je ne connais aucun articulé dont les ongles des tarses soient comparables à ceux du galéode; toutefois, en consultant les figures de Savigny, on voit que ceux des chelifer leur ressemblent. Les ongles du galéode sont remarquables par leur longueur, leur finesse, leur forme modérément arquée et surtout par un crochet terminal, un onglet plus dur, plus fort et toujours glabre qui se distingue, par une articulation, du corps de l’ongle qui, celui-ci, serait une espèce de doigt. Ce dernier peut être velu ou glabre, et c’est là un caractère qui n'est pas sans valeur. Cette longueur, cette forme des ongles du galéode sont-elles destinées à favoriser l’action de grimper, en même temps qu’elles servent à saisir une proie vivante? Ces ongles ou griffes ont leur point d'attache non pas direc- tement au bout du dernier article tarsien, mais sur un talon ou une pelote charnue dont la forme et la grandeur varient suivant les Histoire naturelle des galéodes. h 26 HISTOIRE NATURELLE espèces, et dont les invisibles muscles intérieurs sont destinés à régler surtout les mouvements de diduction des ongles. Dans toutes les espèces de galéodes soumises à mon étude, je remarque aux pattes comme aux palpes, indépendamment de la villosité générale et des soies ou piquants, des poils isolés fort longs et Lu, que j'ai pris soin de représenter dans mes figures. poils, dans ma manière d'envisager la microtomie, ne sont pas de vains ornements; mobiles sur leur point d'implantation, ils peuvent être considérés comme des organes tactiles, des mo- niteurs pour prévenir d’un danger ou avertir d’un besoin. Mais, outre cette toison et ces longs poils isolés, il existe sur les côtés, et mème au-dessous des tarses, des piquants, des spi- nules, des papilles mobiles qui sont des armes offensives et dé- fensives, et qui paraissent avoir été négligés dans les figures de la plupart des auteurs, même dans celles de Savigny. Je me dis- pense de les décrire, mais je les ai religieusement représentés dans tous mes portait Et puisque jen suis à l’article des poils, qui paraîtra peut- ètre minutieux et futile aux yeux de ceux qui apprécient peu les petites choses, je dirai que parfois on trouve, soit aux mandi- bules, soit aux palpes antérieurs, organes susceptibles d’une éner- gique activité, des soies tronquées, ainsi que les représente Savi- gny; Jen ai même vu qui étaient bifides. Ce ne sont là que des formes accidentelles, des mutilations qui s’observent surtout dans les vieux sujets; on ne les rencontre ni dans les jeunes individus ni dans ceux récemment adultes. Ces soies mutilées sont donc les indices de l’âge et d’une vie plus ou moins tourmentée. Des raquettes trochantéro-coxales. Toutes les espèces du genre galéode offrent à la face inférieure et basilaire des pattes postérieures, seulement, cinq appendices en forme de raquettes, organes fort singuliers qui méritent d’ar- rêter notre attention. De ces cinq raquettes, deux appartiennent au coxal, deux au DES GALÉODES. 27 premier article du trochanter et une seule au deuxième article; le troisième n’en a point. M. Guérin-Méneville, dans son Iconographie du règne animal de Cuvier, a représenté sept de ces raquettes dans le g. spinipalpis, originaire de Amérique. Ge fait, si exceptionnel, éveille d’autant plus mes soupçons et mes doutes sur sa réalité, que M. Guérin, qui l’exprime isolément et qui donne trois de ces appendices au deuxième article trochantérien, qui d'ordinaire n’en a qu’un, n’a pas fait dans son texte la moindre mention d’un trait si éminem- ment caractéristique. Latreille lui-même, dans son dernier ou- vrage (Cours d'entomologie), tout en citant la figure de M. Guérin, auquel il avait communiqué l'espèce, garde un silence absolu sur ce nombre insolite de raquettes. Celles-ci ont été négligemment étudiées par la plupart des au- teurs, qui en ont pourtant donné de bonnes figures. Personne n'a abordé la question physiologique ou fonctionnelle. Ces organes sont parfaitement glabres et ils présentent quelques modifications suivant les espèces de galéodes. Il faut y distinguer la palette et le pétiole. La palette est, à mes yeux, l'organe principal, le véritable or- gane. Elle est, même dans l'individu vivant, plate comme une lame, largement triangulaire, parfois même sécuriforme; son plus grand bord, celui opposé au pétiole, est taillé en biseau. Je comprends difficilement sur quoi s’est fondé Latreille en l'appelant un demi-entonnoir, expression hasardée que tous les au- teurs ont répétée par écho. Elle est formée sur ses deux faces par une fine membrane hyaline fermée dans son limbe. Toutefois :l existe entre ces deux membranes une pulpe sub-gélatineuse, qui par son séjour dans les liqueurs conservatrices se coagule, se condense, devient blanchâtre et opaque. J'ai souvent constaté que, par le retrait de cette pulpe, le bord principal est finement transpa- rent et parait même noirätre au premier aspect. Enfin il est des sujets où la palette est entièrement diaphane, comme si la pulpe avait disparu de son intérieur. 28 HISTOIRE NATURELLE Mes plus puissantes lentilles microscopiques, favorisées même par la projection d'un rayon de soleil, ne m'ont point révélé la moindre apparence de fibres dans la double membrane de la pa- lette. Cependant je suis loin de nier cette texture fibreuse. Le pétiole s’'unit à la palette, ainsi qu'au trochanter ou au coxal, par une articulation qui permet à l'organe un double mou- vement aux deux points d'insertion; il est blanchâtre, charnu, et, je crois, de nature musculeuse. Essayons maintenant un aperçu physiologique sur ces raquetites; remarquons d’abord qu'elles sont communes aux deux sexes sans qu'il y ait aucune différence appréciable. La texture délicate de la palette et l'existence interne d’une humeur lubrifiante font naître l’idée d’un organe érectite. Leur surface glabre, leur aspect comparable aux articles terminaux des palpes de beaucoup d’in- sectes, rappellent des facultés tactiles. Leur insertion à la face inférieure des trochanters et des coxaux, leur voisinage de l'orifice externe des organes génitaux, leur disposition en série rapprochée et leur mobilité offrent, sauf la forme, une frappante analogie avec les peignes sous-thoraciques des scorpions, les voisins des galéodes dans le cadre classique. Latreille avait déjà signalé cette analogie. J'ai la conviction intime que ces raquettes sont appelées à rem- plir le mème rôle, le même but physiologique que les peignes des scorpions. Je présume que dans les ébats qui préludent à un accouplement, rendu difficultueux dans les galéodes par la posi- tion ventrale des orifices génitaux des deux sexes, les raquettes, dans leur turgescence érectile, peuvent SENENENÈr mutuellement et devenir ainsi un organe de titillation réciproque, un organe de volupté, comme Je l'ai avancé avec Treviranus à l’occasion des peignes du scorpion. Je l'ai dit cent fois, et je ne me lasse point de le répéter, Ms diversité des moyens de la nature pour atteindre un même but est inépuisable, et l’avide curiosité de l'homme, malgré la pré- tention du savoir, trouve partout le mystère. Et quel mortel pri- DES GALÉODES. 29 vilégié pourra, en explorant le silencieux désert du Sahara, sur- prendre le genre de vie, épier les amours des sauvages galéodes ? CHAPITRE V. CARCASSE INTRA-THORACIQUE. 2? Dans mon anatomie des scorpions, j'a1 donné ce nom de car- casse à une charpente squelettique, sinon osseuse, du moins dure et cornée, garnissant l'intérieur du céphalothorax et formant un arc-boutant compliqué, soit pour protéger les grands centres ner- veux, soit pour fournir des points d’attache aux muscles infinis et puissants de cette cavité. Ge singulier squelette intérieur n'avait été signalé par aucun de mes prédécesseurs. Une semblable carcasse, mais beaucoup plus simple et tout aussi nouvelle pour la science, se rencontre dans les galéodes et y présente les mêmes attributions. C’est là une conformité orga- nique d’un incontestable intérêt entre le magnate des arachnides pulmonaires et l’agile représentant des arachnides trachéennes. C'est surtout sur Ics sujets préalablement dépouillés des parties molles qui encombrent l'intérieur du thorax et desséchés ensuite qu'on peut se livrer plus facilement et plus sûrement à l'étude de la carcasse intra-thoracique du galéode. C’est celle du g. bar- barus que je vais décrire. Quand on dissèque le thorax des mdividus récemment retirés de l'alcool, on sent la pince et le scalpel butter contre des parties dures, dont il est alors dificile de saisir la configuration et les limites. Cette carcasse consiste, dans l’état de dessiccation, en deux tiges sub-osseuses, roides, canaliculées, qui, partant d’un point correspondant aux hanches des pattes antérieures, s'élèvent en convergeant l’une vers l'autre par leurs bouts supérieurs. Ces bouts sont creusés en cuillerons, imitant les mors d’une tenette à opérer la taille. Ces cuillerons laissent entre eux une large et profonde gorge ou coulisse dont le fond a une symphyse médiane bordée par uu filet d’une extrême finesse. Dans les individus frais, 30 HISTOIRE NATURELLE et surtout dans les jeunes, on peut, en tirant en sens contraire ces tiges, disjoindre ou désarticuler cette symphyse médiane. À leur point de départ, ces tiges, ces sortes d'apophyses mon- tantes, s'articulent d’une manière serrée à une côte sub-osseuse comme elles, obliquant à la ligne médiane et couchée sur le plan- cher sternal. Les deux côtes et les deux tiges circonscrivent une losange au milieu de laquelle, dans les individus frais, apparait le ss à nu, tandis que dans la gorge de la tenette s'engage l’œsophage. Le troisième segment du plancher sternal, celui où s’insèrent les pattes postérieures, offre en arrière trois lames cartilagi- neuses triangulaires, dont celle du milieu, un peu plus longue, se termine par un stylet particulier. Ces lames sont séparées à leur base par une échancrure arrondie. Nest-il pas présumable qu’en correspondant justement aux hanches postérieures, siège des raquettes coxales, elles donnent attache à des muscles dont les invisibles fibres peuvent jouer un rôle dans l'exercice actif de ces singulières raquettes ? À l'aspect de cette petite et curieuse ostéologie interne, qui, surtout dans le scorpion, correspond plus ou moins à la tête, les esprits préoccupés verraient dans cette complication, dans cette apparente 1rrégularité, quelque analogie avec le sphénoïde du crâne de l’homme, et les imaginations aventureuses s'empresse- raient de proclamer des conformités organiques là où la froide raison n'aperçoit que d'illusoires rapprochements. Nora. Depuis la rédaction de ce chapitre sur le squelette intra -thora- cique du galéode, et lorsque déjà mon manuscrit avait été livré à l’Académie des sciences, j'ai eu connaissance de deux figures qui représentent ce même squelette. L'une, de date plus ancienne (1848), fait partie d'un Mémoire de Modest Kittary sur l'anatomie du galéode aranoide (Bulletin de la Société nationale de Moscou, vol. XXI), mémoire qui m'a été communiqué par mon digne ami le professeur Milne-Edwards; l’autre, se trouvant dans une planche du grand ouvrage de M. Émile Blanchard intitulé l'Organisation du règne animal, planche que je dois à l’obligeance de cet auteur et qui est en voie de publication. DES GALÉODES. 31 La figure 3 de la planche VI de Kittary est prise sur le g. aranoïdes, grande espèce de la Russie méridionale, tandis que mon scalpel s’est princi- palement exercé sur le q. barbarus, espèce algérienne. Comme moi, Kittary donne le nom de squelette à l’ensemble des pièces de celui-ci, et il le dis- tingue en céphalique et en thoracique. Ge squelette à une grande analogie de structure et de composition avec celui du barbarus. Cette analogie est, à mes yeux, d'un intérêt d'autant plus apprécié qu'elle confirme et corrobore , à ma vive satisfaction, mes recherches sur ce point et qu’elle sert elficace- ment la science; mais l’auteur représente ces tiges, ces côtes étalées sur un plan horizontal, et il n’en est point ainsi dans la nature. Je comprends, du reste, toute la difficulté iconographique. Toutefois, en analysant avec une rigoureuse mais sincère attention les parties constitutives du squelette de l'aranoïde de Kittary, je retrouve en / les apophyses que j'ai appelées montantes, parce qu’elles s'élèvent au-dessus du plancher sternal; en n l’image des cuillerons, et en à l'intervalle en losange, représenté ici triangulaire. Enfin je reconnais les analogues des trois lames cartilagineuses de l’origine des pattes postérieures, mais avec une configuration et une disposition différentes, tenant peut-être à l'espèce de galéode disséquée par ie savant russe. Quoi qu'il en soit, Kittary a, sans nulle contestation, la priorité de la découverte du squelette intérieur des galéodes; c’est une vérité et une justice que je me plais à lui rendre. Le squelette intra-thoracique de M. Blanchard {L ce. pl. XXV, fig. 9), pris sur un grand galéode égyptien désigné sous le nom de g. araneoïdes Ov. a, quant à la figure, une frappante analogie avec celui de l’aranoïdes Kitt. par conséquent avec celui du barbarus. L'espace en losange y est mieux des- siné; les cuillerons des apophyses montantes confirment, par leur écarte- ment, ce que j'en ai dit, et je reconnais avec plaisir les trois lames cartila- gineuses citées tout à l'heure. CHAPITRE VI MOEURS, HABITUDES ET GENRE DE VIE DES GALÉODES. Les archives de la science demeurent encore bien pauvres de faits authentiques et rationnels sur le genre de vie des galéodes. Dans tous les pays habités par ces derniers, on les regarde comme des animaux dont la morsure est venimeuse. Leur corps hérissé, leurs longues pattes, leurs robustes mandibules, leur agilité, leur audace à se défendre, semblent justifier cette réputation. Pallas 32 HISTOIRE NATURELLE et Olivier, ainsi que la plupart des auteurs après eux, ont consigne dans leurs écrits tout ce que leur ont raconté de vrai, d'exagéré ou de faux, les indigènes du pays de ces arachnides. Dans mes publications sur l'intrepidus et le barbarus, J'ai bien signalé quel- ques rares traits de la vie privée de ces deux espèces; mais, pour remplir cette vaste lacune, j'ai senti le besoin de recourir à la sa- gacité et au zèle dévoué d'amis placés dans la sauvage patrie des galéodes, auxquels j'avais transmis une série de questions à ce su- jet. La science doit donc les intéressants détails qu'on va lire soit au docteur Dours, qui a séjourné comme médecin militaire à Orléans- ville et à Pontéba, soit au capitaine Dastugue, chef du bureau arabe, d’abord à Boghar, désert privilégié des grands galéodes, puis à Blidah. J'apprécie d'autant plus la valeur de ces documents qu'ils n’ont point été concertés entre ces observateurs, qui ne se connaissent point. Les Arabes des provinces d'Alger et d'Oran appellent le galéode akreb-errih, ce qui veut dire scorpion du vent. Il est surtout fréquent dans la région saharienne. Le barbarus, la seule espèce que les deux entomologistes précités ont directement observée , s'avance jusqu'à la Métidja, Milianah, Orléansuille, Pontéba. Je parlerai au chapitre des espèces de celles du Sahara. Olivier, qui a voyagé dans le désert de l'Arabie et de la Méso- potamie, où il a rencontré beaucoup de galéodes, dit qu'ils se cachent dans le jour et ne sortent que la nuit. Il raconte que tous les soirs dans sa tente et dans celles de la caravane ces arachnides s'introduisaient et couraient sur les tables et sur les lits sans que personne eût été mordu. Si ces habitudes nocturnes ou cré- pusculaires sont vraies pour les caléodes du Levant, elles cessent d’être applicables aux grandes espèces de l'Algérie. C'est au con- traire sous les rayons verticaux du soleil de midi, lors des ardentes bouffées du vent du désert, que le galéode est plus vif, plus alerte, qu'il se livre à tout le feu de la chasse. Ses palpes pédiformes s'agitent alors comme pour interroger l’espace ; les mouvements de sa tête témoignent de son impatience à découvrir, à viser, une DES GALÉODES. 33 proie. Ce fait des mouvements de la tête, constaté par M. Das- tugue, confirme ce que l'étude anatomique des muscles puis- sants du crâne et de la direction des yeux m'avait déjà fait pré- sumer. Le galéode recherche les lieux sableux et déserts. Il parait depuis le mois de juin jusqu'à la fin de septembre. Il est d’une vélocité surprenante à la course, et quand on le poursuit il se retourne, fait face à son agresseur, se redresse sur ses pattes pos- térieures et prend l'attitude hardie d’une défense ou d’une attaque énergique. J'avais jadis fait connaître cette manœuvre dans lin- trepidus. MM. Dours et Dastugue s'accordent à dire que le barbarus, à défaut d’un abri naturel creusé dans le sol où il puisse se réfugier, trace dans le sable à laide de ses griffes et de ses tenailles une large dépression circulaire dont il balaye les déblais de manière à ce que le limbe de l'enceinte soit un peu relevé. il se tient au centre, qui est plus déprimé, pour s’élancer à l'occasion sur une proie qui passe à sa portée. Mais le galéode ne se creuse pas un terrier comme la tarentule : c’est le camp volant du nomade. _ Ce n’est pas seulement en rase campagne que le barbarus se livre à ses excursions chasseresses. On le voit grimper sur les hauts chardons, les atripleæ, les grandes ombellifères, pour s'em- parer des acrydium, dont il parait friand, des mylabris maro- cana, etc. Il descend avec sa proie entre les mandibules pour la transporter au loin et la dévorer. M. Dours raconte que, dans ses courses vagabondes, le galéode n'est point attaqué par les terribles sphex afra et maæillosa, qui se précipitent sur les plus grosses araignées, telles que la tarentule, qu'ils charrient dans leurs larges repaires, en présence du galéode, qu'ils ne convoitent point. M. Dastugue a constaté un fait de mœurs qui intéresse à un baut degré l’histoire naturelle de notre arachnide. La mère galéode, malgré sa sauvagerie, ne faillit point à la tendresse maternelle : à Histoire naturelle des galéodes. 5 34 HISTOIRE NATURELLE l'instar du scorpion et de la lycose, elle rallie autour d'elle et dresse à la chasse sa jeune famille, composée de six, de sept et jusqu'à douze ou quinze petits qui la suivent et ne la perdent pas de vue. Si elle fait une bonne prise, si elle saisit un gibier du goût de ses enfants, comme un jeune orthoptère, une tendre pha- lène, les petits galéodes se groupent près de la mère et sucent à l'envi la victime. Ce tableau de famille dans la solitude du Sahara a bien sa valeur de sentiment. Les galéodes ne sont point sociables ; ils vivent isolément. L'instinct seul de la reproduction rapproche les deux sexes. Mais l’accouplement terminé, la femelle fait une guerre acharnée au malheureux étalon, qui paye de la vie celle qu'il vient de donner. De semblables faits s'observent, comme on sait, dans d’autres arachnides. M. Dastugue, afin d'étudier de plus près quelques traits de la vie des galéodes, a tenté des expérimentations analooues à celles que je faisais il y a un demi-siècle sur les tarentules. Il plaça huit barbarus vivants dans une grande caisse au fond de laquelle étaient des mottes de terre plus ou moins divisées ; ces galéodes coururent aussitôt dans diverses directions, soit pour reconnaître le terrain, soit pour chercher à s'évader. Trois minutes ne s'étaient pas écoulées que des rencontres hostiles eurent lieu, et que bientôt une mêlée, une bataille générale, s’engagea. Un seul des combat- tants survécut aux autres, et le premier résultat de sa victoire fut de se jeter sur les morts pour les dévorer. Le lendemain, M. Dastugue, qui conservait encore un barbarus fort et vigoureux, le làächa dans l'arène du galéode vainqueur. Celui-ci, refait de ses combats par un repas copieux et succulent et aguerri par le triomphe d’une grande lutte, se précipita sur le nouvel athlète. Les étreintes de leurs pattes enlacées, la vibratilité gnaient de la rage frénétique des deux combattants. Mais enfin, après quelques secondes d’une boxe achar- née, la victoire demeura encore du côté du triomphateur de la veille. Après avoir terrassé son antagoniste, il se cramponna avec des palpes antérieurs, témoi DES GALÉODES. 35 ses deux tenailles sur le derrière de la tête de ia victime, à l’'en- droit correspondant au cerveau; il déchirait et suçait le thorax ainsi qu'une partie de l'abdomen. En épiant attentivement cette manœuvre, On s'assure que le mors supérieur de la mandibule servait de pivot, de point d'appui, tandis que le mors inférieur, bien plus mobile, ne cessait pas de broyer le tégument en faisant entendre de légers craquements. La déglutition, en s'opérant d'une manière continue, témoigne du mouvement de succion dont J'ai parlé ailleurs. Dans cet acte de la déglutition de petits battements ondulatoires ont lieu le long de l'abdomen dans la direction du ventricule chylifique. On pourrait croire au premier coup d'œil que ces pulsations ondulatoires sont d’une constatation impossible à cause du feutre de l'abdomen. Cependant, vu le large ruban noir et presque glabre de celui-ci dans le barbarus, ce mouvement peut devenir sensible à des yeux clairvoyants. Au dire de M. Dastugue, les galéodes ne sont pas naturelle. ment voraces ; du moins ils peuvent, comme beaucoup d’autres arachnides, supporter une abstinence prolongée sans une notable altération de la santé. Il en a conservé isolément dans des boîtes pendant un mois sans la moindre nourriture, et non - seulement ils se sont maintenus vivants, mais ils ne donnèrent aucun signe de faiblesse. Pallas cite des faits constatés par lui qui prouveratent que le g. aranoïdes a un venin mortel, si l'on n'y apporte point re- mède. Olivier, ainsi que je l'ai déjà dit, les regarde comme imof- fensifs. Le docteur Dours m'a transmis un cas de blessure venimeuse du barbarus, dont il a été témoin et dont voici l'observation textuelle : « Bricet, colon à Pontéba, fut mordu, le 6 août, au tiers supérieur et interne de la jambe par un magnifique barbarus; il s'empressa d'écraser l'animal pour ainsi dire sur la plaie et se borna à en- duire celle-ci d’un peu de salive. Une heure après, M. Dours fut 36 HISTOIRE NATURELLE appelé en toute hâte. Bricet était pâle et vomissait des flots de bile. IT accusait une douleur très-vive à la partie interne de la jambe mordue et de la cuisse du même côté. Tout le membre était affecté de soubresauts et commençait à s’enfler, surtout au- dessous du genou. (Olivier, Voyage en Perse, IT, p. 441, dit que les Arabes parlaient du gonflement considérable de la partie mor- due, de la gangrène et de la mort.) «M; Dours administra à l'instant un verre d’eau avec douze gouttes d’ammoniaque liquide. La piqûre fut agrandie et reçut quelques gouttes d’alcali. La potion fut continuée par cuillerées à bouche d'heure en heure. Le soir les accidents généraux avaient cessé, mais Le membre blessé était devenu énorme et dur. On sentait le cordon des lymphatiques de sa partie interne, et Bricet ne recouvra l’usage de sa jambe que dix-sept jours après l'accident. Des frictions mercurielles à haute dose avaient été pratiquées pendant tout ce temps. M. Dours pense que cette intoxication avait produit une phlébite. » Maintenant je me demande et je demande aux autres par quelle voie s'inocule, s’instille le venin du galéode et quelle glande le sécrète ? La structure du rostre buccal, telle que je lai fait con- naître, et de ses cotylédons maxillaires, rend impossible cette inoculation par la bouche. Les mandibules ou tenailles, indépen- damment de ce qu’elles ne tiennent au corps que par des muscles, des irachées et des nerfs, sans pénétrer ni dans la bouche ni dans les cavités splanchniques, n’ont à leurs dents ni aux crochets terminaux aucun orifice, aucun pore qui rappelle les pertuis de l'aiguillon du scorpion. Serait-ce donc, comme je le soupconnais jadis pour l'intrepidus, cette ventouse protractile du bout du palpe antérieur, ventouse que personne n'a vue depuis moi, qui insi- nuerait le venin dans une plaie préalablement pratiquée, ou par les tenailles, ou par les griffes ? Adhuc sub judice lis est. DES GALÉODES. LE =] CHAPITRE VIL HISTOIRE DU GENRE ET DES ESPÈCES. ARTICLE PREMIER. HISTOIRE DU GENRE. Olivier fonda le premier, en 1791, le galéode, galeodes { Encycl. met.), sur le phalangium arancoides du célèbre Pallas et sur le galéode séifère du cap de Bonne-Espérance !. Fabricius, en 1781, avait inséré dans le genre phalangium de son Species insectorum la singulière arachnide de Pallas. Herbst, ignorant la publication d'Olivier, créa, en 1797, pour ces arachnides le genre solpaga, dont six espèces toutes exo- tiques. Fabricius, sans égard pour le précepte sacré de la priorité scientifique, et quoiqu'il connût très-bien la publication d'Olivier, adopta, en 1798, le genre solpaga de Herbst dans le supplément de son Entomologia systematica. Mon respect pour la propriété scientifique, mon amour de la justice et du droit, me font un devoir de préférer au nom de solpuga celui de galeode, qui a sur ce dernier l'antériorité de publication. | La conformation générale, la structure, la physionomie et l'a- natomie font des galéodes un groupe si naturel, si homogène dans l’ordre des arachnides trachéennes, qu'il doit constituer à juste titre une famille parfaitement distincte, qui prendra le nom de galéodides comme celle des scorpions s'appelle les scorpionides. L'existence d’un rostre buccal, de six pattes ambulatoires, d’une tête distincte du thorax, de palpes pédiformes, de stigmates * Olivier a fait galéode du genre masculin, et j'ignore par quels motifs plusieurs de ses successeurs l'ont rendu féminin. Cet auteur ne nous a point indiqué l'étymo- logie de ce nom, qui vient, sans nul doute, de la ressemblance de la tête du galéode avec un casque (galea) ou mieux avec un bouclier. 38 HISTOIRE NATURELLE abdominaux avec ou sans peignes ventraux, et surtout de raquettes coxales, ne permet point de laisser le galéode dans le même cadre que le chelifer et le phalangium. Koch, ainsi que je Fai déjà dit, a établi sur la composition articulaire des tarses de ces arachnides des coupes génériques. J'apprécie toute l’importance organique de ces caractères ; mais, dans ma manière d'envisager la constitution des genres ces carac- tères, dans un groupe aussi homogène que celui des galéodes, ne sauraient avoir une valeur générique légitime. Mais ils peu- vent servir à établir d'excellentes divisions qui facilitent la déter- mination des espèces, ainsi qu'on le verra tout à l'heure. D'après ces considérations j'ai adopté, en me restreignant à la vérité aux types algériens qui ont servi à mes dissections, l'unique nom générique de galéode. ARTICLE II. HISTOIRE DES ESPÈCES. Mes études anatomiques des galéodes m'ont fourni l’occasion de découvrir dans leur structure extérieure des faits tant positifs que négatifs qui ont échappé à plusieurs de mes devanciers et qui ont une importance de premier ordre pour la distinction des espèces. Je citerai entre autres la forme de la tête, la présence ou l'absence des peignes ventraux, le nombre des articles tarsiens, les ongles glabres ou velus. Comme mon scalpel n’a pu s'exercer que sur les galéodes alge- riens, dont j'ai disséqué cinq grandes espèces, je me suis tenu dans une prudente réserve quant à la généralisation de ces traits sous le rapport de la classification. Pour mieux apprécier certains caractères extérieurs, et en particulier la villosité, j'avais eu le soin de recommander aux amis qui m'expédiaient ces arachnides que, indépendamment des individus plongés vivants dans l'alcool, on m'en réservât d’autres conservés à sec en les plaçant isolément dans des cornets de papier. DES GALÉODES. 39 Dans l'intérêt des entomologistes qui étudieront après moi les galéodes, je vais donner un apercu de statistique géographique tant des espèces décrites où mentionnées par les auteurs que de celles que J'ai obtenues de nos possessions d'Afrique. Je puiserai les principaux documents de ce travail dans le volume de M. Paul Gervais, formant le tome II de l'Histoire des aptères de Walc- kenaër. ÉTAT DES ESPÈCES DE GALÉODES (OU SOLPUGA) CONNUES JUSQU’À CE JOUR, AVEG LEUR HABITATION. 1. Brevipes (Gervais); Népaul. 2. Melanus (Savigny); Égypte, Tunis. 3. Phalangista (Savigny) ; Égypte, Algérie (Boghar). h. Fatalis (Herbst); Bengale. 9. Persicus (Herbst); Perse. 6. Araneoides (Pallas); Russie méridionale, Égypte. 7. Arachnodes (Herbst). 8. Setifer (Olivier), Chelicornis (Herbst); Afrique australe 9. Intrepidus (Dufour); Espagne, Égypte, Algérie, Grèce. 10. Tardus (Herbst); Grèce, Naples. 11. Spinipalpis (Laitreille); Amérique. 12. Cubæ (Lucas); Cuba. 15. Africanus (Herbst); Afrique australe. 14. Limbatus (Lucas); Mexique. 15. Scenicus (Herbst); Grèce, Crète. 16. Gryllipes (Gervais); Martinique. 17. Lethalis (Koch); cap de Bonne-Espérance. 18. Rufescens (Koch); cap de Bonne-Espérance. 19. Jubatus (Koch); cap de Bonne-Espérance. 20. Cinctus (Koch); cap de Bonne-Espérance. 21. Badius (Koch); cap de Bonne-Espérance. 22. Fuscus (Koch}; cap de Bonne-Espérance. 23. Hirtuosus (Koch); cap de Bonne-Espérance. 24. Lineatus (Koch); cap de Bonne-Espérance. 25. Lateralis (Koch); cap de Bonne-Espérance. 26. Flavescens (Koch); Égypte. 27. Græcus (Koch); Grèce, Sibérie. 28. Arabs (Savigny); Égypte. 40 HISTOIRE NATURELLE 29. Scalaris (Koch); Arabie. 30. Leucophœus (Koch); Arabie. 31. Lunatus (Koch); Afrique australe. 32. Furiosus (Koch); Arabie. 33. Impavidus (Koch); Arabie. 34. Præcox (Koch); Mexique. 39. Elongatus (Koch); Mexique. 36. Cinerascens (Koch); Mexique. 37. Gracilis (Koch); Venezuela. 38. Geniculatus (Koch); Colombie. 39. Formicarius (Koch); Mexique. 40. Striolatus (Koch); Portugal. Al. Barbarus (Lucas); Algérie. 42. Nigripalpis (Dufour); Algérie. 43. Brunnipes (Dufour) ; Algérie. hh. Quadrigerus (Dufour); Algérie. 45. Dastuguei (Dufour); Algérie. 46. Lucas (Dufour); Algérie. Ainsi qu'on le voit par ce tableau, le nombre des iypes de galéodes connus jusqu'à ce jour est de quarante-six. Il n'était que de trois au temps de Fabricius, il y a soixante ans. Je ne serais point surpris qu'on en découvrit au moins une vingtaine de nouveaux en Afrique, soit en decà soit surtout au delà de l'Aïlas. Je crois que c'est la patrie privilégiée de ces arachnides. Je n'ai point à porter un contrôle sérieux sur la validité, la légitimité de tous ces quarante-six types. Mon travail actuel, dont l'anatomie forme la partie essentielle, ne concerne, je le répète, que les galéodes algériens soumis à mon scalpel. Je dirai seule- ment que Koch a établi, sur la seule considération de la structure des tarses des galéodes, cinq genres dont je vais faire connaitre les noms et les signalements : 1 Solpuga. Tarses antérieurs et intermédiaires à quatre arti- cles ; les postérieurs à sept. 9 Galeodes. Tarses antérieurs et intermédiaires à deux articles: les postérieurs à trois. DES GALÉODES. ul 3° Ællopus. Tarses antérieurs et intermédiaires à deux articles; les postérieurs sans ongles. 4° Rhax. Tous les tarses sans ongles. 5° Gluvia. Tarses inarticulés, longs et grèles. En ne portant un contrôle que sur les espèces algériennes, dont quelques-unes sont comprises dans la répartition générique de Koch, je ne saurais, dans l'intérêt de la science et de la vérité, passer sous silence les remarques suivantes : 1° Les melanus et phalangista du genre rhax de Koch ont, malgré l’assertion contraire de cet auteur, deux ongles bien prononcés à tous les tarses. Les figures de Savigny (. c. fig. 9 et 10) ne sauraient laisser le moindre doute à cet égard, et je l'ai moi-même confirmé dans le phalangista dont J'ai publié la figure dans les Annales de la Société entomologique, 1857, pl. IV. 2° Trois grandes espèces de l'Algérie, les brunnipes, quadri- gerus et nigripalpis, ayant toutes les trois huit articles aux tarses postérieurs, ne sauraient trouver place dans les genres établis par Koch. TABLEAU SYNOPTIQUE DES GALEODES ALGÉRIENS. : : à Abdomen à ruban dorsal noir.. Barbarus. Peignes ventraux stigmatites. ..................... Abdomen unicolore, ..,..... Dastuquei. Abdomen unicolore. ....,... Intrepidus. Ongles VelMSs nues honda +4 Abdomen à double rangée de taches. Sois ia Lucasü. FoinE de peignes Tous les tarses à Palpes unicolores ....... ... Melanus. stigmatites. deux articles. | Palpes antérieurs à bout noir. Phalangista. | Ongles glabres. Abdomen Tarses : . unicolore.... Brunnipes. _ intermédiaires Tarses postérieurs A Abdomen à ; . à six à huit articles. ; taches articles. : dorsales., ,. Quadrigerus. Tarses intermédiaires à cinq articles ; issue Nigripulpis. Ce petit tableau, tout artificiel qu'il est, met à même d'arriver promptement à la détermination de ces neuf espèces algériennes. Histoire naturelle des galéodes. 6 12 HISTOIRE NATURELLE À mesure que les espèces d’une famille ou d’un genre se mul- üphient, la science devient plus exigeante, et pour les signale- ments spécifiques comparatifs et pour le développement de cer- tains caractères. En procédant à la description des espèces, je demeurerai conséquent à la sobriété de ma plume en m'abste- nant de répéter ce qui aura été déjà dit, soit dans la diagnose aphoristique, soit dans les généralités du genre. DESCRIPTION DES ESPÈCES. 1. G. Barparus. PL I, fig.:. Q d G.BarBara. Lucas, Histoire naturelle des articulés de l'Aljérie, t. 1, p. 270, pl. XVII, fig. 7. & Dufour, Annales de la Société entomologique , 1852. « Setæ binæ antennæformes. «Tarsi postici quadriarticulati, intermedui biarticulati. « Citrino dense villosus, abdominis thoracisque vitta dorsali « nigra; tarsis posticis subtus papillosis; maris cirrho brevi lanceo- ‘ lato ; feminæ pedibus quam in cospeciebus brevioribus validiori- « busque. Long. 15-20 lin. «Hab. in vartis Algiriæ regionibus. » Le trait le plus saillant, celui qui saute aux yeux et qui est de tous les âges de ce type, c'est une villosité citrine longue et bien fournie. Le ruban noir dorsal de l'abdomen est aussi un trait caractéristique, surtout dans les individus en livrée de noces; mais il peut disparaître en tout ou en parlie, soit par le fait de la macération, soit par des variétés individuelles. J'ai disséqué des sujets qui, au lieu d’un ruban continu, n'avaient qu'une ou deux grandes taches isolées, carrées ou semi-lunaires, et parfois, à la suite de ces taches, une série de petites mouchetures, mais toujours la villosité citrine; en outre, ce ruban a un encadre- ment tégumentaire limité par un léger bourrelet: c’est là un trait organique qui ne faillit point et qui ramène toujours à l'espèce. Ce ruban, ces taches, sont produits par un pigmentum qui peut se fondre par le séjour dans l’alcool. Le plancher ou le fond de DES GALÉODES. 43 l'encadrement a une peau bien plus fine que le tégument et subdiaphane. En décembre 1856, je disséquai une grande femelle bien adulte, qui n’offrait extérieurement aucune trace ni de ruban ni de taches, et quelle fut ma surprise, en renversant le tégument dorsal, de voir à sa face interne ou viscérale une suite de taches noires bien tranchées, une pour chaque segment! La villosité citrine ne manquait pas. Toutes ces variations, quand on n’a pas été à même d'étudier un grand nombre d'individus, peuvent en imposer aux entomo- logistes trop tourmentés du besoin de créer des espèces. Le barbarus mâle, toujours plus svelte que la femelle, a des pattes proportionnellement plus longues et plus grèles. Le cirrhe, bien plus court que le corps de la mandibule, est en forme de fer de lance. On voit au bord supérieur de la mandibule non un lobe tégumentaire, comme dans quelques espèces, mais une touffe de soies roides, longues et redressées. Ce sexe est le seul représenté dans l'Atlas entomologique de l'Algérie. Il est fâcheux que la science ait à reprocher au peintre de cet élégant portrait de notables oublis et des défectuosités; on a omis le cirrhe mandibulaire, et il n’en est pas mème question dans le texte. J'ai déjà signalé à la section de la squelettologie l'incor- rection du bout des palpes antérieures, et je dénonce surtout celle du nombre des articles des tarses, qui n’a point été saisie, ainsi que les poils et les piquants, qui ont été arbitrairement rendus. Quoique j'aie figuré (L. c.) la femelle du barbarus, je la renou- velle dans mon travail actuel pour en faire disparaitre quelques imperfections. D'ailleurs, comme j'ai pris cette belle espèce pour sujet principal de mes dissections, jai voulu, sachant qu'elle est commune en Algérie, fournir aux entomotomistes qui se livreront aux investigations du scalpel l’occasion d’un contrôle bien fondé. Palpes antérieurs armés, dans les deux sexes, de soies roides, spiniformes, mais non bulbeuses. Mandibules, plus faibles et plus oblongues dans le mäle que 6. A HISTOIRE NATURELLE dans la femelle, avec le mors supérieur armé de dix dents. Celles-ci, en procédant de la pointe à la base, consistent, dans la femelle, en deux incisives, une canine, une incisive, une canine et cinq molaires sur deux séries, 3 et 2. Dans le mâle, les cinq pre- miéres dents n'ont aucune distinction de canines; il n’y a que des incisives, et encore peu prononcées, comme usées ou oblité- rées. Le mors inférieur de la femelle a trois dents, dont deux canines et une petite incisive intermédiaire. Le mâle a parfois quatre dents, dont la pénultième est une incisive presque imper- ceptble, et dans d’autres mdividus il n’en existe que trois, peut- être canines. Toutes ces dents ont été mal saisies dans l'Atlas de l'Algérie. Tarses des pattes postérieures avec une structure curieuse, originale et inédite jusqu'à ce Jour, faisant soupconner des actes fonctionnels encore inconnus. Le second et le troisième de ces tarsiens sont garnis en dessous, indépendamment des piquants latéraux, par des espèces de papilles dures, grèles, mobiles sur leur point d'insertion. Ces papilles sont droites ou incurvées, par- fois renflées en massue pointue ou obtuse, implantées sans ordre. Une figure représente cette singulière composition. Comme cette structure existe dans le mâle et la femelle, elle suggère l'idée d’un usage accessoire dans laccouplement; celui-ci ayant lieu ventre contre ventre, n'est-il pas vraisemblable que, pour le maintien de cette posture difficile, ces papilles s’enche- vêtrent réciproquement les unes dans les autres? Ce qui vient à l'appui de cette opinion, c’est qu’elles n'existent point dans les jeunes barbarus, et qu'elles ne commencent à se montrer qu'à mesure que l’arachnide approche de l’état adulte. Le barbarus habite différentes zones, ou, du moins, des loca- lités diverses dans l'Algérie. M. Lucas le cite à Séuf et à Tunis; le docteur Dours l'a pris abondamment à Pontéba et Orléansville, M. Dastugue à Blidah, et en prodigieuse quantité à Boghar. DES GALÉODES. 45 2. G. DasruGuel. Dufour, pl. I, fig. 2. «Setæ binæ antennæformes, ungues villosi. « Tarsi postici quadriarticulati, intermedii triarticulati. « Uniformiter albido-pallescens, rufescenti villosus; palpis an- cticis elongatis cum setis internis bulbosis rigidis; capite trape- «zoideo; mandibulis magnis; cirrho longo, seuformi, fusco, « flexuoso, subreflexo, basi incrassato. Long. 2 pollic. «Hab. im Algiria, Sahara, Boghar. » C'est, comme on le voit, le géant des galéodes de l'Algérie, au moins jusqu’à ce jour. Sa couleur, d’un blanc uniforme, qu’une villosité à peine roussâtre ternit peu, surtout dans les individus récemment adultes, s'étend aux mandibules, aux palpes et aux pattes. L’abdomen a une villosité plus serrée qui passe au feutre. La tête n’est point demi-circulaire comme dans le plus grand nombre des espèces; elle s'étrécit en arrière, où elle est tronquée, ce qui donne à son ensemble la forme trapézoïdale. Les mandi- bules, plus grandes, plus velues que dans les autres galéodes, ont leur pointe seule brune. Le mors supérieur a douze dents et l'inférieur quatre. J'en ai donné une suffisante description dans la section de la squelettologie, et des figures les expriment. Cirrhe long, brun, corné, très-renflé à sa base, atténué ensuite en un filet sétacé, recourbé en haut et diversement flexueux. Abdomen d’un gris roussâtre, pâle, sans raie ni taches, plus hérissé, plus étroit dans le mâle. Palpes antérieurs proportionnellement plus longs que dans les autres types algériens. J'ai vu des individus adultes où leur longueur égalait presque celle de tout le corps. Des soies bul- beuses hérissent le bord interne de la moitié antérieure du fémoral et celui des deux articles suivants. Ces soies sont mobiles sur leur point d'insertion et exercent une préhension active sur la proie vivante. Pattes robustes, quoique d'une bonne longueur. Les deux avant- derniers articles des tarses postérieurs garnis en dessous, non de 46 HISTOIRE NATURELLE papilles, comme dans le barbarus, mais d’une brosse de poils longs et serrés qui doit remplir les mêmes fonctions; pelote des ongles simple, arrondie; raquettes coxo-trochantériennes plus longuement pétolées que dans le barbarus; dernière de ces ra- quettes avec le pétiole inséré latéralement à la palette. Cette espèce m'a été envoyée du Sahara de Boghar, par M. le capitaine Dastugue, auquel je la dédie comme un témoignage bien mérité de ma reconnaissante amitié. OBSERVATIONS SUR LE GALEODES ARANEOIDES DE DIVERS AUTEURS. Le phalangium arancoides de Pallas (Spicil. zool. fase. IX, tab. nr, fig. 7, 8, 9) est le point de départ, le berceau du genre galéode ou solpuga. Grossièrement figuré et défectueusement décrit par ce célèbre auteur, 1l est devenu de nos jours un type probléma- tique dont la synonymie est presque inextricable. Je vais essayer de la débrouiller. À en juger par les figures de Pallas, le galéode des steppes de la Russie méridionale, vu l'existence à l'abdomen d’une série dor- sale simple de lunules noires dont l’échancrure est postérieure, est bien l'arachnodes Herbst (tab. 1, fig. 2); mais il ne saurait être ni l’araneoides d'Olivier, dont, selon ce savant, l'abdomen est sans taches ei qui habite le Levant; n1 l’'araneoides de Blanchard, que cet auteur rapporte à l'espèce susnommée d'Olivier; ni l’'araneoides de Savigny, qui a l'abdomen sans taches; ni l’araneoides de Koch, qui a sur l'abdomen deux rangées de taches noires. Mais par une inadvertance ou un flagrant quiproquo que je ne saurais m'ex- pliquer, l’intrepidus de Kittary (4. c. tab. 1, fig. 1), rapporté par cet auteur au type de ce nom, dont je donne la description et la figure (voir plus bas), et qui a l'abdomen unicolore, cet intre- pidus n’est pas autre que l’araneoides Pall. et il habite la même contrée. Ainsi tous ces araneoïdes, sauf le primitif de Pallas, de- vront changer d’épithète spécifique. Notre Dasluquei, n'ayant non plus aucune tache sur l'abdomen, semble avoir par sa conformation générale, amsi que par sa DES GALÉODES. 47 grande tulle, des affinités avec l’arancoides d'Olivier et de Savigny. Nous allons voir quels traits l'en distinguent. Le cirrhe du mâle de l'araneoides Sav. ainsi que de celui d'Oliv. et Blanch. ne ressemble pas du tout à celui du Dastuguei. Le leur est court et droit, étroitement lancéolé; le mien est long, fortement renflé à sa base et terminé en une soie cornée, flexueuse. La tête de laraneoides Oliv. et Sav. est largement arrondie en arrière, tandis que, dans le Dastugquei, la partie postérieure est un côté droit plus court faisant le trapézoïde. Les segments du thorax ont, dans Savigny, une configuration qui n’a aucune analogie avec ceux du Dasluquet. Les soies bulbeuses du palpe antérieur du Dastuquei font dé- faut dans l'aranceoides Sav. et c'est un trait organique appréciable. Ces soies bulbeuses sont représentées dans l’araneoides Oliv. par la figure de M. Blanchard. Enfin, le nombre des articles tarsiens est conforme dans Savigny à celui de mon Dastuquei : quatre aux tarses postérieurs et trois aux autres; tandis que la figure de M. Blanchard aurait cinq de ces articles aux tarses postérieurs et trois aux autres. Je conclus de cette dissertation synonymique que le g. Dastu- guei est une espèce distincte de tous les arancoides des auteurs. M. Lucas (Bull. Soc. ent. 1855, p. 66) cite le q. arancoides Pal. et Sav. comme ayant été trouvé à Laghouat par mon confrere et ami le docteur Reboud. J'ai de bonnes raisons de présumer que ce galéode n'est pas autre que le Dastuguei de Boghar. 3. G. inrreripus. Dufour, pl. [, fig. 3. ç Dufour, Annales des sciences physiques de Bruxelles, t. V, pl. LXIX, fig. 7. Savigny, Arachn. Egypt. pl. VIT, fig. 8 & G. porsazis. Latreille, Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, nouvelle édition ,t. XEI. Lucas, Anim. artic. de l'Algér. t. I, p. 281. « Setæ binæ antennæformes. «Tarsi postici triarticulati, reliqui biarticulati. Ungues vil- « lost. Rufo - ferrugineus, villosus ; abdomine interdum obscu- 46 HISTOIRE NATURELLE «riore; capite subsemicirculari; cirrho simplici lanceolato. Long. 6-8 lin. « Hab. in Hispania (Madrid, Valence), in Algiria et in Ægypto. » En 1808, je découvris ce galéode à Madrid, et je le commu- niquai à Latreille, qui le mentionna sous le nom de dorsalis ({. c.). Je publiai plus tard la description et la figure du mâle, et Audouin, qui en eut connaissance, en appliqua la dénomination spécifique à un galéode sans nom représenté par Savigny (/. c.). Mon dessin et la lithographie, qui était à son début, ont des incorreclions auxquelles je cherche à suppléer aujourd’hui par la figure d’une femelle adulte et de forte taille. La tête n’est point rigoureusement demi-circulaire, car son contour postérieur est un peu tronqué, et une bonne loupe y constate un fin rebord. Mandibules hérissées de poils uniformes assez roides, mais non bulbeux; mors supérieur à neuf dents placées ainsi : deux incisives, une canine, une incisive, une ca- nine, quatre molaires sur une même ligne, dont une excessive- ment petite. Ligne de la seconde rangée des molaires dépourvue de dents; mors inférieur à deux canines séparées par une incisive. Pattes, ainsi que les palpes, avec des poils et des piquants fidè- lement représentés dans la figure, ce qui me dispense d’en parler; ongles perdant souvent leur villosité, mais bien constatables dans des individus moins dégradés. Du reste ce trait, ainsi que celui des poils, des piquants et des articles, ne saurait être bien mis en évidence qu'après une convenable macération. Dans la femelle adulte et de grande taille qui a posé pour mon dessin, l'abdomen avait une teinte obscure; mais ce caractère est loin d’être constant. Quelquefois les deux derniers articles des palpes antérieurs sont un peu noirâtres. J'ai déjà dit plus haut que le q. intrepidus Kitt. est l’arancoides Pall. 4. G. zucasir. Dufour, pl. II, fig. 5. © « Setæ binæ antennæformes. DES GALÉODES. 49 « Tarsi postici quadriarticulati, reliqui triarticulati. Ungues « villosi. « Rufescenti pallidus; capite semicirculari; palporum anterio- «rum articulo penultimo dimidiatim, antepenultimo toto, api- «cibus exceptis, atris; horum articulorum setis bulbosis; abdo- «minis serie dorsali duplici macularum quadratarum nigrarum. « Long. 19 lin. « Hab. im Algiria australiort. » Je n'ai vu de ce grand et beau galéode qu'un seul individu conservé dans l'alcool. J’en dois la généreuse communication à mon collègue et ami M. Lucas, l’auteur de l'Entomologie algé- rienne. C’est une femelle bien adulte qu'il a prise en juillet 1850 à quarante lieues au sud de Boghar; j'espère qu'il voudra en agréer la dédicace. La taille de cette espèce égale presque celle du Dastuquei; une foule de traits tant positifs que négatifs l’éloignent de tous les types de nos possessions d'Afrique qui me soient parvenus jusqu'à ce Jour. Tête de la même configuration que celle de l’araneoides Sax. demi-circulaire, arrondie en arrière, avec une légère teinte rous- sâtre, ainsi que les mandibules. La loupe y découvre un duvet excessivement court, qui est peut-être velouté pendant la vie. Plongée dans l’eau claire, on y aperçoit deux lignes dorsales pa- rallèles d’un roux plus foncé, et il y en a trois ou quatre sem- blables sur le dos de chaque mandibule. Ces lignes ne sont point des stries. Les deux poils antenniformes placés au - devant des yeux manquent dans cet individu; mais une bonne loupe y cons- tate le bulbe ombiliqué de chacun d’eux, ce qui donne l’assu- rance qu'ils existaient dans l’animal vivant. Mandibules ayant près de deux fois la longueur de la tête, velues de poils simples assez moelleux, et non de soies roides. Mors supérieur en tout semblable pour le nombre et la qualité des dents à celui du Dastuguei; deux incisives, une canine, deux incisives, une canine, six molaires sur deux rangées, en tout Histoire naturelle des galéodes. 7 50 HISTOIRE NATURELLE douze. Mors inférieur à deux canines et une incisive intermé- diaire. J'aperçois au-dessous de ce mors un coussinet oblong formé de poils cendrés, serrés, feutrés. Palpe antérieur remarquable par sa longueur, qui mesure presque celle de tout le corps de l'arachnide, toute velue de poils à peme roussâtres sur un fond pâle. Il y a vers le milieu du bord interne de l'article fémoral une série de soies plus longues, et au üibial, ainsi qu'au premier tarsien, des soies bulbeuses plus ou moins roides; le terminal est turbine. Thorax pâle, avec son premier segment en croissant pour s’ap- pliquer au contour de la tête; les autres carrés. Pattes longues et grèles à peu près comme celles du nigri- palpis, pâles ou à peine roussâtres, velues. La première paire presque aussi longue que la deuxième; le premier article de son tarse ayant au bord externe une rangée de quatre piquants séti- formes. La deuxième patte avait ses derniers articles du tarse mutilés; mais comme ordinairement ce tarse se compose du même nombre d'articles que la patte antérieure, je l'ai représenté ainsi. Cependant, le premier article de ces tarses étant demeuré enüier, j'ai pu constater qu'il n’a pas les piquants du correspon- dant de la patte antérieure. Les aurait-il perdus dans la mutilation? Pattes postérieures presque aussi longues que tout le corps, à peine plus fortes que les autres, leurs tarses avec un seul piquant aux articulations. Raquettes plus longuement pétiolées que dans d’autres espèces, surtout les dernières, dont la palette est sécu- riforme. Ongles blancs, grêles et velus; pelote ovalaire, simple et velue. Abdomen distendu, ovalaire en apparence, glabre à cause d’une dépilation accidentelle, mais velu à une loupe scrupuleuse; double rangée dorsale de taches carrées noires, et non un large ruban comme le barbarus, ou une seule série de taches comme le quadrigerus. La longueur et la gracilité des pattes du galeodes Lucasu por- tent à penser que cette espèce est agile et prompte à la course, DES GALÉODES. 5] mais peu propre, Je crois, à combattre une proie qui opposerait quelque résistance. Il se pourrait même que sa nourriture fût une substance molle, des chenilles par exemple, car j'ai trouvé quelques piquants des tarses antérieurs, et les scopules du rostre buccal salis, enduits par une matière noire que J'avais d’abord prise pour des poils de cette couleur. | Si on ne s’arrêtait qu'aux taches abdominales de cette espèce, on pourrait croire qu'elle ressemble au g. arancoides de Koch, qui est représenté avec deux séries de taches dorsales. 5. G. MELANUS. Olivier, voy. 3, pl. XLIT, fig. 5. SOLPUGA MELANA. Sav. Égypt. pl. VIT, fig. 0. « Setæ binæ antennæformes ; « Tarsi omnes biarticulati; « Cirrhus duplex brevis: « Ungues glabri. Cette espèce, que je ne connais que par les figures des au- teurs, est citée par M. Lucas comme habitant le royaume de Tunis (Annal. Soc. ent. 3° série, t. IV; Bullet. p. 49, 1856). 6. G. PHALANGIsTA. PL. I, fig. 4, mandib. d' SOLPUGA PHALANGISTA. Sav. Égypt. pl. VIT, fig. 10. & Dufour, Annales de la Société entomologique, 3° série, t. V, p. 64, pl. IV, fig. 11. « Setæ binæ antennæformes ; «Tarsi omnes biarticulati:; «Cirrhus duplex brevis; « Ungues glabri. «Rufescens, capite, mandibulis, palporum amborum articulis « duobus ultimis abdomineque nigris; capite semicirculari; pe- « dibus brevibus; lamellis coxalibus brevi petiolatis. Long. 10 lin. « Habit. im Algiriæ Boghar et in Ægypto. » Pour ce qui tient à la description de cette espèce, je renvoie à celle que j'ai insérée dans le recueil précité. Je me bornerai aux observations suivantes : 52 HISTOIRE NATURELLE Le melanus et le phalangista forment dans le groupe galéode une section particulière remarquable par un corps trapu, des pattes courtes et fortement armées, des mandibules robustes, avec une grosse dent unique au mors inférieur, et surtout par un cirrhe double et court. Ces galéodes, quoique de petite ou de moyenne taille, ont une vigoureuse constitution et des armes qui les rendent redoutables pour l'attaque et pour la défense. Is doivent étreindre avec force leur proie, si résistante et dure qu'elle soit, et la lacérer cruellement avec leurs tenailles. Le phalangista, du moins la femelle que J'ai sous les yeux, a le premier article des tarses antérieurs et intermédiaires garni extérieurement d'un terrible râteau, de six piquants mobiles sur leur base. J'ai jugé à propos de donner ici une nouvelle figure des deux mors mandibulaires et de leurs dents, que J'ai mieux étudiées. Pour bien mettre en évidence ces dernières, il faut gratter avec ménagement la brosse de la villosité compacte et serrée qui les cache; c’est alors seulement qu'on peut bien les apprécier. Le mors supérieur est armé de neuf dents, et non de onze, comme dans la figure de Savigny, qui pourtant n’a représenté que la mandibule d'un mâle, sexe où d'ordinaire les dents sont moins nombreuses et moins prononcées. Ces dents, dans notre femelle, sont ainsi disposées : deux incisives, une canine, quatre incisives subégales dont les deux postérieures, en m’étayant plus de l’ana- logie que de la forme, doivent faire l'office de molaires; enfin deux molaires placées en dehors de la série précédente, sur une peute ligne parallele. Le mors inférieur se fait remarquer par une seule et énorme canine qui fait la pince avec celle du mors supé- rieur, Outre cela, 1l existe avant l'énorme canine une incisive d’une extrême petitesse, qui aura échappé à Savigny, à moins que le mâle n’en soit dépourvu. 7. G. BRuNNIPEs. Dufour, pl. I, g. 6. «Selæ plurimæ oculares. DES GALÉODES. 53 « Fusco-badius, rufo villosissimus; capite transversim ovato- rotundato, dorso subcanaliculato; palpis pedibusque uniformi- «ter brunneis; abdomine immaculato; cirrho simplici setiformi «mandibulis duplo breviore, lobo mandibulari adnato. Long. «18-20 lin. 13 c. Labre. 13 dd. Glandes salivaires. 13 e. OEsophage. 13 f. Estomac ou jabot. 13 ggg. Boyaux latéraux du jabot avec leur appendice basilaire. 13 ga. Un de ces boyaux fort renflé à son origine. 13 gb. Autre boyau des pattes postérieures où l'appendice est presque aussi long que le boyau principal. 13 h. Ventricule chylifique. 13 1. Intestin fort court, précédé du bourrelet de la valvule ventriculo-intestinale. 13 7. Cœcum latéral trés-enflé. 13 ja. Ce cœcum isolé, vide, affaissé, cannelé. 13 k. Origine du rectum. 13 l. Portion du dernier segment ventral, pour montrer l'anus. 13 mm. Fragments du foie, avec les utricules constitutives, les canaux biliuires, hépatiques et cholédoques, et plusieurs souches de ceux-ci tronquées. 14. Cœcum du galeodes quadrigerus, isolé, très - enflé, pour montrer sa texture spéciale. 14 a. Bandelettes musculaires annulaires et fibres longitudinales. 14 b. Portien de l'intestin. 14 e. Portion du tégument ventral de l'abdomen et anus. 19. Portion fort grossie du rostre buccal, vue de côlé pour montrer sa com- position. 19 a. Rostre proprement dit, sorte d'épistome. 15 bb. Conduits excréteurs des glandes salivaires. 15 c. OEsophage. 15 d. Faisceau musculaire. 15 e. Palpe labial. 15 f. Scopule ou soie plumeuse insérée avant l'extrémité du palpe. 15 gg. Les deux lèvres du labre disjointes ou entr'ouvertes; l’une vue par sa face externe veloutée, l’autre vue par sa face interne glabre, à fines stries saillantes. 10. Glande salivaire isolée et fort grossie du galeodes barbarus. 17. Idem du galeodes nigripalpis. 17 a. Grande agglomération des vaisseaux salivaires. 17 0. Tresse ou cordon à trois chefs anastomosés par des conduits tra- versiers. 17 d. Autre agglomération. 17 d. Les six conduits subparallèles nés de celle-ci. e. Réservoir salivaire, où s’abouchent les six conduits précédents, avec une portion du conduit excréteur. 18. Portion de cette même glande salivaire, pour montrer les anastomoses irrégu- lières. IH I -J 1 108 HISTOIRE NATURELLE 19. Foie fort grossi du qaleodes barbarus. 19 4. Porlion thoracique de cet organe. 19 bb. Sa portion abdominale. — On voit à la ligne médiane la scissure de cet organe, et, de chaque côté de celle-ci, les rubans tendineux, blancs, articulés, et les trous qui donnent passage aux muscles per- Jorants. 19 c. Lambeau de la tunique hépatique renversé en dehors. 20. Portion grossie du foie, préparée de manière à tenir écartés les deux grands lobes, pour montrer la scissure médiane profonde. Les utricules hépatiques ne sont que contiguës lors du rapprochement des deux lobes. Le vaisseau dorsal se voit au milieu; à gauche, la tunique hépatique est renversée en dehors. 21. Le foie passé à l'état d'induration par un long séjour dans l'alcool, et conser- vant l'empreinte, la sculpture des segments abdominaux. 22. Un bouquet fort grossi et isolé d'utricules hépatiques. 23. Portion considérablement grossie et isolée d’un ruban tendineux de la région dorsale du foie. On y voit la texture fibrillaire. | 23 aa. Muscles perforants. 24. Appareil génital mâle fort grossi du galeodes barburus. 24 aaaa. Les quatre testicules. 24 bbbb. Les quatre conduits déférents 24 ce. Les quatre vésicules séminales. 24 dd. Les quatre canaux éjaculateurs. 24 e. Sorte de cloaque. 2. Ce même appareil grossi dans le qaleodes nigripalpis. 25 a. Premier segment ventral de l'abdomen vu par sa face interne ou viscé- rale, pour montrer l'orifice génital où aboutit l'appareil. 25 bbbb. Les quatre testicules. 25 cc. Vésicules séminales; une seule pour deux testicules. Point de canal éjaculaleur distinet. ; 25 a. Une vésicule séminale isolée, non renflée, pour montrer l'insertion des deux testicules. 25 b. Orifice génital interne, isolé. 25 c. Ce même orifice vu en dehors. 26, Appareil génital femelle, fort grossi, du galeodes barbarus. 26 aa. Sacs ovariques, avec le bord externe à trois festons garnis de gaines ovigères ; le bord interne côtové par une grande trachée. 26 bb. Terminaison des sacs ovariques avec les ligaments ramifiés qui les fixent au tégument ventral. 26 ce. Dilatations des cols utérins ou vagins, peut-être des réservoirs séminaux. 26 d. Ligament suspenseur des sacs. 26 a. Un sac ovarique du même galéode dans un état de gestation très-avancé, farci d'embryons; son bout postérieur détaché, libre, dépourvu de ligament; son col à peine dilaté à sa confluence avec l'autre sac. DES GALÉODES. 109 26 b. Portion de ce sac avec un lambeau de sa tunique externe renversé, pour mettre en évidence les fibres de la tunique sous-jacente. 26 c. Autre portion de ce sac encore plus grossie, pour montrer les capsules ovigères externes, vides et oblongues, et les fœtus ou embryons tombés dans le sac. 26 d. Deux embryons encore plus grossis et isolés. 27. Portion des sacs ovariques du galeodes Dastuguei, pour montrer leur communi- cation réciproque par un cordon continu. EXPLICATION DES FIGURES DU SUPPLÉMENT. À. Galeodes curtipes (Dufour, 9. PI. 3, fig. A), à peine supérieur à la grandeur naturelle. B. Galeodes ochropus (Dufour, &. PL 3, lig. B), de grandeur naturelle. B a. Une mandibule fort grossie, vue par sa face interne. Mors supérieur avec ses dents et son cirrhe double. Mors inférieur avec sa grosse dent canine. Bb. Portion grossie d'un palpe antérieur avec ses poils et ses spinules. B c. Portion grossie du palpe postérieur avec ses deux ongules terminaux. B d. Tarse intermédiaire grossi, pour mettre en évidence les spinules latérales externes du premier article. DR non Au steel mnodicral qu ave 26% mu. sb COUDE n de Pa - Hnpsef 2008 sughotui. Al sb soi: es: sono qu sou UT - LR: | eu. 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V Hemond, Imp'rue de la Vieille Lstrapade, 5, Paru. ; ” 18 1 L Tr A CADEMIE DES SCIENCES (Savants Ltrangers) TOME XVI. 77 u4 RATE ANNE] \ DNA k 1 DA 1. di \'lp nr {| ANA s. rt ] ANNE | AE LPPRASARN RP OTLRUS AE ATOU PARLE HT FH ut 1eb EN is RDA RER Re | L Dufour del. | , | _Annedouche se: Anatomie des Galéodes PI.3. A Remond, imp! rue de la Yrerlle Æitrapade, 16, Pare . à \ VNCES (J PE ni TOME XVI ls trangers) avai 1DEMIE DES SCIE ‘ AC h in tr NS | J È È + — eu # TT © = D © me L °£ É œ = ee L Dufour del. A Hemond 1np! rue de la Vidle Estrapade, 15, Parts . “ : » ER A D nd & “ < Lg ‘. ñj. M: