2 37 PS, LS Q ear « © ce = VE - HENS CHENO EEE" 0 QC] (Q] po (ge jm — QD == ea © 2 LA TÉ D LA SOCIET G2 D ANNALES En e LA SOCIÉTÉ D’AGRICULTURE, SCIENCES, ARTS ET COMMERCE DU PUY, POUR 1826. RÉDIGÉES PAR LES SECRÉTAIRES DE LA SOCIÉTÉ. AU PUY, DE L'IMPRIMERIE DE PASQUET PÈRE ET FILS, IMPRIMEURS DE LA PRÉFECTURE. AVERTISSEMENT. FA Société d'Agriculture, fondée au Puy par M. pe Basrarr, Préfet du département , n'avait encore donné quelque publicité à ses travaux que par l'insertion aux Bulletins admi- nistratifs, de plusieurs mémoires ou notices d’une utilité purement locale. Elle était per- suadée que, malgré la foule d’écrits que l’on voit paraître sur l’agriculture, en général, et tant de découvertes préconisées par leurs auteurs, les nouvelles méthodes, vraiment utiles, arrivent en très-petit nombre, et ne s’ac- créditent même qu'avec lenteur, dans les pays où d'anciennes habitudes, la division des propriétés et la modicité des fortunes sem- blent repousser également les innovations salutaires et les essais hasardeux. Elle savait qu'une utile influence sur l'esprit des culti- vateurs lui serait plus sûrement acquise en ne leur présentant que des faits bien cons- tatés et d’une application propre au départe- ment, qu’en publiant, sans examen, de sédui- santes théories, ou même divers procédés, iv dont les inventeurs n'ont pas toujours prévu les résultats sur un sol et dans des climats tels que les nôtres. Elle ne pouvait manquer d'apprécier tout le pouvoir que les sciences et l’industrie exercent sur l’agriculture en portant une vive lumière sur ses méthodes, en transformant ses nombrèux produits et leur créant au loin, comme sous nos yeux, de nouveaux moyens de consommation et d'échange. Pénétrée, d’ailleurs , de cette vérité, devenue triviale, que les connaissances humai- nes se prêtent un mutuel secours, et désirant signaler au zèle de ses membres toutes les recherches qui tendent à améliorer le sort de l'agriculteur, à exciter à l'étude des beaux- arts et à propager d’utiles notions, elle crut devoir prendre un titre convenable aux nou- velles obligations qu’elle allait s'imposer, et elle fut solennellement installée par le Préfet, sous la dénomination de Société d'Agriculture, Sciences, Arts et Commerce, dans l’une des salles du Musée Canrorine, dont ce Magis- trat venait de lui confier la direction et la sur- veillance. C’est le recueil de ses travaux que nous publions aujourd'hui. La plupart des Sociétés académiques de France font imprimer périodiquement des gomptes rendus, des extraits de leurs procès- V; verbaux, où une analyse très-succincte des rapports, mémoires, etc., qu'elles ont pro- duits. 11 nous semble que cette méthode, exclusivement adoptée, aurait pour le pays que nous devons avoir toujours en vue, le itrès-grand défaut de n’oflrir qu'une aride nomenclature des divers sujets traités dans nos séances, au lieu des développemens qui seuls peuvent porter l'instruction dans une certaine classe de lecteurs, et permettre aux hommes éclairés d'en apprécier l'utilité ou le mérite littéraire. Les Annales de la Société présenteront donc à-la-fois un précis analytique des rapports, notices, etc., que les bornes de ce recueil ne permeitraient pas d'y insérer en entier, et la copie littérale de ceux qui paraissent se recommander plus particulièrement à l’aiten- tion du public. Elle continuera, d’ailleurs, à faire imprimer séparément les mémoires qui auraient un but d’une pressante utilité, tels que des instructions sur les épizooties, etc., etc. Nous exprimerons ici le regret que la modi- cité des fonds mis annuellement à la dispo- sition de la Société ne lui ait pas encore per- mis d'offrir des encouragemens à l'agricul- ture, d'accroître les intéressantes collections du Musée, et de fonder des prix qui appe- Y1 lassent sur notre sol et notre industrie les méditations des savans étrangers. Elle a cepen- dant à se féliciter d’avoir pu, d’après un exposé favorable des essais faits à Vorey par M. Labatie, sur la culture du mürier et l’édu- cation des vers à soie, attirer sur cet esti- mable agriculteur des marques de la bien- veillance du Préfet et du Conseil général (1). Puisse ce témoignage de leur constante sol- licitude pour les progrès des arts utiles, exci- ter les propriétaires à faire de nouvelles ten- tatives et à favoriser, par leur exemple, l’in- troduction des cultures appropriées au climat de ce département! (1) Il lui a été accordé une prime de 500 franes. ANNALES DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, SCIENCES, ARTS ET COMMERCE DU PUY. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. OCTOBRE 1020. PRÉSIDENT HONORAIRE. M. ARMAND DE BasrarD, Chevalier de la Légion- d'Honneur, Maître des Requêtes, Préfet du dépar- tement de la Haute-Loire, fondateur de la Société. BUREAU. Président........ M. ARNAUD aîné, Docteur en médecine. Vice-Président... M. BERTRAND DE Dove, Négt. Secrétaire........ M. RUELLE, Payeur du départ. Secrétaire adjoint. M. DertBiEr DE CeissAc, chef de division à la préfecture. Bibliothécaire.... M. Pomier, ancien Principal du collége du Puy. Trésorier... M. DE PARRON, Receveur gé- néral du département, (2) CONSEIL D'ADMINISTRATION. MM. ARNAUD aîné, Doct.' en Médecine, Président. CALEMARD-LAFAYETTE, Conseiller de préfect. DE Lesranc, Chevalier de la Légion-d'Hon- neur , Secrétaire-général de la préfecture. LoseyraAC, Juge au tribunal civil du Puy. D'AUTRIER DE SaiNT-SAUvEUR, Chevalier dela Légion-d’'Honneur, ancien Sous-préfet. COMMISSION DU MUSÉE. IE SECTION. — Antiquités, médailles, statues, tableaux, dessins et gravures. M. le Vicomte pe BecDELIÈvRE , Conseiller de préfec- ture , Président de la Commission, Conservateur. 2.€ SECTION. — Minéralogie. MM. BERTRAND DE DoUE , Négociant.\ RuELLE ; Payeur du départemt. Derieier pe CueissAC, Chef de division à la préfecture. Conservateurs, 3.€ sEcTION. — Zoologie, MM. ARNAUD aîné, Docteur en mé- decine, CALEMARD-LAFAYETTE, Conseil- ler de préfecture, Moussrer, Doct,' en Médecine, FÉcix Rogerr, Négociant, Conservateurs. (5) €OMMISSION DE LA PÉPINIÈRE DÉPARTEMENTALE. MM. De Lesranc, Chevalier de laLégion-d'Honneur, Secrét.®-général de la préfecture, Président. Losevyrac, Juge au tribunal civil du Puy. DE Bizcorr, Ingén. en retraite. Ficmior aîné, Propriétaire. DUMOoNTAT, Propriétaire. Joyeux, Pharmacien. Conservateurs. MEMBRES HONORAIRES. MM. Borne, Officier de la Légion-d’Honneur, Sous-préfet à Brioude. DE Bronac, Maire de la ville de Montfaucon. DE Cnoumouroux, Chevalier de la Légion- d'Honneur, Maire de la ville d'Yssingeaux. Le Comte Ducrozer, Chevalier de la Légion- d'Honneur. DUrAURE DECITRE, Juge de paix à Montfaucon. DE FERRAIGNHE, Chevalier de Saint-Louis, Membre du Conseil général du dépar- tement. GALLET, Vice-Président du tribunal civil du Puy. DE Euzy, Chevalier de Saint-Louis, Membre du Conseil général du département. OppE-DuvicLars, Juge de paix au Puy. PAscoN, Président du tribunal civil de Brioude. La Rocue-Durir, Maire de Paulhaguet. MM. MM. (4) De Sanrr-CocLomse, Chevalier de la Légion: d'Honneur, Sous-préfet à Yssingeaux, Tusa, Docteur en médecine, Membre du Conseil général du département. Le Baron pr VEYRAC, Chevalier de la Légion- d'Honneur, Maire de la ville du Puy. MEMBRES RÉSIDANS. ARNAUD ainé, Docteur en médecine. AULANIER (Louis), Propriétaire. D'AuTHIER DE SAINT-SAUVEUR , Chevalier de la Légion-d’Honneur, ancien Sous-préfet. Avir ainé, Négociant. Bazme (Victor), Propriétaire. Beau DE BRIVES, Propriétaire- Le Vicomte DE PECDELIÈVRE, Conseiller de préfecture. BERTRAND DE Dour, Négociant. DE Bizroer, Ingénieur des ponts et chaus- sées en retraite. Bonwuomme, Propriétaire. BoriE, Avocat. CaLzemARD-LAFAYETTE , Chevalier de la Légion- d'Honneur, Député de la Haute-Loire. CALEMARD-LAFAYETTE , Conseiller de préfect. CarLEmARD-LATour, Commissaire de police. CHaBALIER, Propriétaire, ancien Député du département. DrrarocquE fils, Auditeur au tribunal civil du Puy. (5) MM. Derteter DE Cueissac, Chef de division à la préfecture. DüumonTAT, Propriétaire. Fiznior aîné, Propriétaire. GirarD-JANDRIAC père, Propriétaire. GiRARD-JANDRIAC fils, Propriétaire. GrrE , Artiste vétérinaire. GUILLAUME , Ingénieur des ponts et chaussées, Hicarre-LaroureTTE, Docteur en médecine. Joyeux, Pharmacien. LAVALETTE , Juge au tribunal civil du Puy. De Lesranc, Chevalier de la Légion-d'Hon- neur, Secrétaire-général de la préfecture. LogeyrAC, Juge au tribunal civil du Puy. De MoRGUES DE SAINT-GERMAIN, Propriétaire. Morez, Docteur en médecine. Moussrer, Docteur en médecine. O’FrARELLz, Chevalier de la Légion-d'Honneur, ancien Maire du Puy, Ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite. DE Parrow, Receveur-général du départemt. Pouier, ancien Principal du collége du Puy. RicHOND-AssEZAT , Avocat. RoserT (Félix), Négociant. RUELLE, Payeur du département. Tarpy, Docteur en médecine. TRÉVEYS, Propriétaire. DE VERTAURE , Chevalier de Saint-Louis, Pro- priétaire, (6) MEMBRES NON RÉSIDANS. MM. Acurrmow, Notaire à Pradelles. BonnommE père, Propriétaire à la Bruyère. BonnommEe (Théofrède), Propriétaire à Pradelles. Daupvizze, Négociant à Saint-Quentin. DELALANDE , Inspecteur des domaines à St.- Quentin. Durac, Propriétaire à Lyon. Fourner ; Notaire à Pradelles. GENESTET, Négociant à Saint-Chamond. Gimsert-DüuviLLars père, Propriétaire au Monastier. GrocNiEr, Secrétaire de la Société d’Agri- culture, histoire naturelle et arts utiles, à Lyon. Morin, Ingénieur des ponts et chaussées, à Nevers. De PLAnuoLz, Propriétaire à Planhol. PomiEr, Professeur de mathématiques au collége de Brioude. RicHonp ainé, Avocat, à Viaye. Le Baron pe TALAYRAT , Chevalier de la Légion- d'Honneur, membre du Conseil général du département, Propriétaire à Brioude. TERRASSE, Propriétaire à Saint-Marcel. | EXTRAIT DU RÉGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ D’AGRICULTURE, SCIENCES, ARTS ET COMMERCE DU PUY. ARTICLE 2. Li Société se compose de Membres résidans et non résidans, et de Membres honoraires, ART, Te Les Membres résidans contractent l'obligation de don- ner, tous les ans, soit un mémoire, ou un rapport par écrit sur un ouvrage envoyé à la Société, soit de faire partie de la Commission chargée de ce rapport. ART, 8. Les Membres non résidans s’obligent à communiquer à la Société leurs ouvrages, et le fruit de leurs recher- ches ; si l’un d'eux laisse écouler le terme de trois années, sans exécuter cette Gisposition, il sera censé renoncer au titre qui lui a été conféré, et son nom pourra être supprimé du tableau. ART, O: Les Membres de la Société qui cultivent les beauxe arts sont invités à faire hommage à la Société , tous les trois ans, d’un sujet de leur composition, ART, 10, Les Membres résidans versent, chaque année, avant le premier vendredi de mai, dans les mains du Trésorier, la rétribution fixée par les Réglemens intérieurs de la Société. ART, 34 Pour être reçu à la Société, comme Membre résidant ou non résidant, on doit envoyer au Président un (8) mémoire propre à faire connaître le mérite du candidat, à moins qu’il n’ait déjà publié quelqu’ouvrage qui rem- plisse le même but. ART, 37. L'admission des Membres honoraires aura lieu sur la proposition de trois Membres résidans, et à la majorité des suffrages. Ceux des Membres rêsidans qui auront proposé l’admission d’un candidat comme Membre hono- raire, donneront à la Société l'assurance que ce candidat leur a exprimé le désir d’en faire partie. ART. 38. Les Membres honoraires ne votent point dans les élections et sur tous les objets qui concernent les Régle- mens, les dépenses et l’économie intérieure de la Société. ART. 39. Trois des Membres de la Société pourront proposer l'admission , en qualité de Membre non résidant, d’un auteur déjà connu par des ouvrages scientifiques ou lit- téraires, ou d’un agriculteur qui se serait distingué par des expériences, l'adoption de procédés utiles, ou l’in- troduction d’un nouveau genre de culture profitable au département, Dans ce cas, et sans que les candidats soient tenus de satisfaire aux dispositions de l’article 54 du Réglement, la Société procédera au scrutin; et si les deux tiers des suffrages sont en faveur du candidat, le Président prononcera son adoption. DISCOURS PRONONCÉ PAR M. DE BASTARD, PRÉFET DU DÉPARTEMENT, PRÉSIDENT HONORAIRE , À la séance du 30 août 1825. Nue ; En vous priant d’agréer l'expression des regrets véritables que j’éprouve de ne pouvoir m'associer périodiquement, à vos honorables travaux, vous devez, par cela même, juger du bonheur que je ressens awjourd'hui à me trouver au milieu de vous. Oui, Messieurs, depuis long-temps j'avais le besoin de vous dire que je ne suis jamais resté indifférent à tout le bien que vous avez fait, à tout celui que vous préparez encore, Votre zèle, vos succès, vos talens, tout m'est connu; et déjà, je puis le dire, Favenir nous appartient, puisque nous sommes assez heureux pour compter parmi vous une foule d'hommes dis- tingués auxquels ladministration et le départe- ment ont voué des sentimens de reconnaissance, et dont je n'ose prononcer les noms pour ne pas blesser leur modestie. Vous avez eu, Messieurs, une heureuse idée en, demandant au Gouvernement lautorisation de former une Société qui, par ses soins conslans et éclairés, doit donner à l’agriculture d’utiles (10) conseils, une direction mieux entendue; au com- merce et aux arts une impulsion salutaire. Le premier Magistrat de votre ville et ses conseils, le conseil général lui-même, et qu'il me soit permis d'ajouter, l'autorité supérieure du dépar- tement, ont secondé vos vœux de tout leur pou- voir, heureux de s'associer ainsi à vos généreux efforts. Il faut le dire, tout était à créer au moment de votre installation ; ces contrées éloignées, hors du centre commun, semblaient être exclues à jamais des avantages réservés à des climats plus heureux; notre sol infertile , nos âpres montagnes, une certaine paresse dans l'esprit, et plus encore l'empire d’une routine si difficile à détruire, tout formait un obstacle presqu'insurmontable à toute espèce d'améliorations. Mais vous avez prouvé, Messieurs, que la volonté est une puissance tou- jours victorieuse. Les difficultés n’ont pu vous cffrayer À et nous avons vu, non sans étonnement, les différens objets qui devaient vous occuper exciter également et avec succès votre sollicitude. C’est ainsi, Messieurs, que profondément versé dans la science des Werner et des Humboldt, Fun de vous nous a donné une description aussi neuve qu'instructive du sol de votre province; après en avoir dessiné à grands traits la charpente, il est entré dans ces détails qui décèlent à-la-fois lhomme méditatif et l'observateur à qui rien n'échappe. S'il n’est pas permis à ceux que ‘des Crr) études préliminaires n’ont point initié à son lan- gage, de le suivre dans une partie desonlivre, quel lecteur ne se plairait à se reporter avec lui vers ces époques reculées où s’élevèrent vos monta- gnes, où se creusèrent vos vallons, où de longs siècles après, quoique bien antérieurs aux temps historiques, s’enflammèrent ces volcans dont les laves répandues en nappes immenses, inondèrent vos contrées !! L'homme, sans doute , ne fut pas témoin de ces sublimes horreurs; mais les débris d'êtres organisés, qu’il Louve à chaque instant aux plus grandes profondeurs, attestent, par leur présence, ces étonnantes catastrophes, ces prodigieux bou- leversemens. Chose étrange! les méditations du philosophe le conduisent par delà les bornes de l’imagina- gination vagabonde du plus hardi des poètes... Arrélons-nous, Messieurs, avec l’auteur dont je parle, et sages comme lui, ne cherchons pas à pénétrer des mystères que le Créateur a couverts d'un voile qu'il ne soulevera probablement jamais pour nous. Parcourons plutôt vos montagnes et vos forêts, le bord de vos rivières et le fond de vos vallées, et admirons les richesses végétales dont la nature a paré cette terre, jadis en déflagration. Déjà, dans un ouvrage remarquable par ses recherches d’érudition , un honorable membre de votre Société vous avait appris à connaitre l’histoire de votre 2 (r2) pays; aujourd'hui, dans ses délassemens, il vient d'offrir à la jeunesse studieuse celle des végétaux qui en embellissent le sol. Je vois d'ici, son livre à la main, des élèves de Flore abandonner, sur les bords de l'Allier et de la Loire, des conquêtes faciles; et remontant vers leur source, cueillir avec transport ces plantes alpinés qui percent les neiges du Mezenc. Un ouvrage éminemment utile encore est né au milieu de vous. En encourageant la publication de la Sfatistique de votre province, lAdministra- tion a cherché à donner en même temps à son estimable, laborieux et modeste auteur une mar- que de sa reconnaissance, et au département de la Haute-Loire, une preuve de ce sentiment irré- sistible qui tend à identifier FAdministrateur avec le pays dont les intérêts et la prospérité lui sont confiés. Mais les sciences naturelles ne sont pas exclu- sivement cultivées parmi vous. Ce n’est pas dans cette enceinte, qui sera désormais le lieu conve- hable à vos réunions ; ce n’est pas dans le temple des beaux arts, auquel une auguste et infortunée princesse a daigné accorder son nom, que je puis oublier qu'ils sont aussi de votre domaine. Entourés de ces modèles, chefs-d’œuvre des anciens et désespoir des modernes; environnés de ces débris qui, naguère épars sur votre sol, attestent le zèle êt le goût de celui qui les a recueillis, nous paie- æons un tribut de reconnaissance, et aux hommes (124) qui, par leurs offrandes, ont enrichi votre pré- eieuse collection, et aux mains habiles qui les ont mis en ordre. S'i n’est donné qu'à un petit nombre de se livrer aux sciences spéculatives; s’il n’est permis qu'à peu de personnes de se délasser avec l'étude des beaux arts, je vous vois, Messieurs, dès qu'il s'agit d'agriculture , rivaliser d'efforts pour en assurer les progrès et la prospérité dans vos contrées. Les uns apportent ici le fruit de leurs lectures, les autres les résultats de leur propre expérience ; les premiers font connaître ce qui, disséminé dans une foule de volumes, leur paraît susceptible d'être, avec utilité, ap- pliqué à leur pays; les seconds interrogent la nature elle-même, et viennent vous rapporter ses réponses. Ainsi, tour-à-tour , chacun met en commun sa part de travail, de zèle et de succès. Continuez, Messieurs , votre laborieuse carrière ; Ja tâche que vous vous êtes imposée est grande et difficile; elle n’est point au-dessus de vos forces. Les arts, les sciences réclament votre appui salutaire; et, grâces à vous, une jeunesse avide d'apprendre va se former à vos exemples, et s’'abreuver à la source la plus pure de bonheur qui puisse être réservé à l’espèce humaine. Ah! Messieurs, ce n’est pas devant vous que je retracerai tout ce qu'a d’entrainant l'étude des arts etdes sciences naturelles ; mon langage serait froid , (14) insignifiant, et mes pinceaux bien faibles pour Fimmensité d’un tel sujet. Que diraï-je, en effet, de cette passion qui, douce et consolante, ne redoute rien du temps; qui s'empare de notre être en nous donnant une nouvelle existence, nous arrache à ces chagrins, à ce trouble, à cette inquiétude que lon trouve partout dans le cours de la vie? Mais laissons parler une voix plus éloquente, et disons avec un homme célèbre, que Fétude des arts pro- duit pour jouissance une paix intérieure, un conten- tement secret et inexprimable; pour récompense, l’estime de son siècle et de la postérité. Comme elle embellit tous les objets avec lesquels elle s'allie! A quel âge, à quel état, à quelle fortune re convient-elle pas ? Elle enchante les jeunes années, elle plaît à l’âge mûr, elle pare la vieillesse de fleurs; dissipant les chagrins, calmant les dou- leurs , écartant les ennuis, elle allège le far- deau du pouvoir, soulage du souci des affaires pénibles, et, faisant oublier jusqu’à la misère, elle console du malheur d’une grande renommée. Poursuivez, Messieurs, votre utile et honorable mission. Les temps sont favorables; des jours de paix nous sont promis. La France, arrivée à l'apogée de la gloire militaire, aspire à des conquêtes plus paisibles et non moins glorieuses. Aujourd’hui, à côté de la lance de Mars, elle veut voir briller le laurier d’Apollon. Les beaux arts règnent avec ce Monarque chéri sur le front duquel l’auguste Religion à fait couler l'huile sainte , non pour per- (15) pétuer ou affermir des droits qu'il tient de la légt- timité, mais pour les consacrer et leur donner une sanction divine. La patrie a tressailh de joie; tous les drapeaux de la gloire se sont inclinés avee respect, lorsque, ratifiant les promesses de la loyauté, la France a entendu son Roi renouveler devant Dieu le serment solennel de maintenir les institutions qu'elle doit à la sagesse de son auguste frère. Quels jours prospères la patrie ne doit-elle pas attendre d’un tel Prince! Et, comme la dit un ancien, en parlant de Trajan, nous serons heureux de ses bienfaits, qu'il soit heureux de notre bon- heur et de notre amour! RÉPONSE DE M. ARNAUD aîné, PRÉSIDENT. Msssievrs ,: Les sciences et les arts furent de tout temps, chez les peuples civilisés, l’objet du culte des hommes qu'inspirait le désir d’être utiles à leurs concitoyens. Les premières recherches, les soins les plus constans dürent être dirigés vers un but de première nécessité, celui d'obtenir, des pro- duits de la terre, les moyens de satisfaire aux besoins physiques. Aussi l’agriculture fut-elle en honneur dès les temps les plus reculés; et chez une nation qui prétend être plus ancienne que le monde, on vit le Souverain, comme on le voit tp") éncoré de nos jours, mettre chaque année solen- nellement la main à la charrue. Columelle, chez les Romains, s'illastra par des écrits sur lagri- culture qui sont parvenus jusqu'à nous. D’autres recherches pouvaient procurer à homme une habitation commode et plus on moins élégante; ui donner la faculté de parcourir les mers et de diriger sa course sur ces vastes plaines liquides ; Jui faire connaître les diverses classes, les genres, des espèces et variétés des êtres répandus sur ce globe et dans la nature entière ; apprécier les propriétés des corps dont 1l est environné, et lui indiquer les moyens propres à guérir ou à soulager ses maux. Tel fut l'objet.de Farchitecture, oùs'illus- trérentles Ctésiphon et les Vitruve;deFartnautique, si puissamment secondé parles découvertes de Fas- tronomie qui rappellent les noms d'Hipparque, de Ptolémée, de Thalès, d'Euclide et d'Archimède; de Fhistoire naturelle , de la physique et de la médecine , sciences inventées ou perfectionnées du moins par Hippocrate, Aristote et Pline J'an- cien. Le désir de transmettre à la postérité par des chants sublimes, à Faide de pinceaux ou aveë le ciseau, les actions ‘ou les traits de ceux qui s'étaient allustrés :parmiles contemporains, s'em- para des hommes -de génie, et ‘de là naquirent la poésie, que cultivèrent avec tant d'éclat les Homère, les Pmdare, les Saphocle; la peinture , qu'on peut appeler l'art de Zeuxis et d'Apelles, comme la sculpture celui de Phidias et de Praxitèle: (a7) Peu de temps après la réunion d'hommes en société, il fut aisé à quelques-uns d’entr’eux de juger de quelle utilité serait, dans beaucoup de circonstances de la vie, l'art de bien dire et de persuader; et de grands orateurs, tels que Démosthènes chez les Grecs, Cicéron chez les Romains, ne tardèrent pas à se signaler par des chefs-d'œuvre d’éloquence. Les Francais, à qui aucun genre de gloire n'est étranger, s’élancèrent dans la carrière et se livrè- rent avec le plus grand succès à la culture des sciences, des arts et des lettres. Que de grands hommes dans tous les genres ne produisirent pas diverses époques de la monarchie, notamment le règne fécond de ce prince à jamais illustre dont le nom est devenu celui de son siècle, de ce siècle de gloire qui brille d’un si vif éclat à côté même des siècles de Léon X, d’Auguste et de Périclès! Déjà, sous le règne de son aïeul, du père de ses sujets, Olivier de Serres, presque notre compatriote, avait rendu à l’agriculture de signalés services, et mérité l'estime particulière du grand Henri. Replacés sous le sceptre de nos princes légitimes, il nous était réservé de voir leur gouvernement paternel encourager, récompenser les savans, les artistes et les hommes de lettres, favoriser tous les genres de prospérité. L'agriculture était d’une trop haute importance pour ne pas exciter sa sollicitude ; aussi dès les premières années après la restauration, il institua dans toute la France (18) des Sociétés destinées à en hâter les progrès, el celle que j'ai Phonneur de présider fut établie. Elle a toujours su apprécier , Monsienr le Préfet, ce que vous avez fait pour elle. Organisée par vos soins , il a été mis successivement à sa disposition des fonds votés chaque année , sur votre propo- sition , par le Conseil général du département , dont les membres sont aussi distingués par leurs lumières que par l'amour de leur pays. C’est encore par votre médiation qu'elle a obtenu du Gouver- nement la faculté de prendre un nouveau titre, de donner plus d'extension à ses travaux, et qu’un Réglement plus en harmonie avec sa nouvelle exis- tence a recu l'approbation de Son Exc. le Ministre de l'intérieur. Le local où elle tenait ses séances était peu convenable , soit parce qu'il servait à d'autres usages, soit qu’étant au centre d’un établissement d'instruction publique , on ne pou- vait toujours y jouir du silence si cher aux Muses. D'un autre côté , quoique les sciences et les arts fussent aussi devenus lobjet de ses travaux, elle n'avait encore aucune collection d'histoire natu- relle, aucun morceau de sculpture ni de peinture qui pût être exposé aux regards des amis des beaux arts, ni offert pour modèle à de jeunes élèves; elle ne possédait aucune inscription ni médaille qui fût l'objet des recherches des antiquaires et de ceux qui cultivent la science numismatique. En placant le Musée sous la surveillance immé- diate de la Société , vous lui avez procuré, (19) Monsieur le Préfet, tout-à-la-fois une salle très- propre à lenir ses séances, une précieuse réunion d'objets d'histoire naturelle, un riche recueil de productions d'habiles artistes et une intéressante collection d'inscriptions et de médailles. Pour d'aussi flatteuses marques de bienveillance et d’es- üme , daignez agréer l'expression de la vive gra- ütude de la Société. Elle doit également de la reconnaissance à M. le Maire et au Conseil muni- cipal de cette ville, qui, dans le budget communal de 1826, ont voté des fonds en faveur du Musée. Elle sent tout le prix de l'honneur que lui ont fait des personnes recommandables par leug rang, leurs vertus, leurs talens , d'assister à cette séance. La Société s’estimera heureuse si, par d'utiles travaux, elle justifie d'aussi grands témoignages de confiance, (20) RÉSUMÉ DE DIVERS RAPPORTS LUS DANS LES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, ET QUE LES BORNES DE CE RECUEIL N'ONT PAS PERMIS D’Y INSÉRER, Noires De. sur quelques cahiers du Journal d'agriculture. Commissaires, MM. FizuiorT, La- TOURETTE @l EL. AULANIER, Rapporteur. Avantages de la durée des Baux à ferme. Ces avantages sont balancés , dans nos pays, par l'in- convénient du choix qu'on est souvent obligé de faire de fermiers peu riches où mauvais cultiva- teurs, et il est bon alors que le maïtre ait, dans ces circonstances , la faculté de pouvoir en changer au bout d’une courte période de temps. Avantages de la culture des Plantes oléiferes. Celle du Colza, entr'autres, en présente d'autant plus, que c’est une plante éfouffante qui empêche les mauvaises herbes de monter en graine, et qui, se récoltant plutôt, laisse plus de temps à la pré- paration de la terre pour les céréales qui doivent lui succéder. Cette culture prend de l'extension (21) dans ce département ; mais elle n’a pas, à beau- coup près, toute celle qu'on devrait lui donner, C'est à sa propagation qu'on est redevable de la diminution dans le prix des huiles tirées des dé- partemens étrangers, objet bien important pour une province où l'olivier ne peut être introduit , et où le noyer n’est connu que sur un très-petit nombre de points. Ce même rapport contient encore le compte rendu de divers mémoires sur le déboisement des bauteurs, sur la possibilité d’acclimater le PAor- mium tenax, dont la force est reconnue double de celle du chanvre ordinaire ; sur une machine À battre le blé, etc. N° 2€ — Rapport sur deux cahiers des Annales de l'agriculture francaise. Commissaires , MM. DE PARRON et HiLAIRE-LATOURETTE , Rapporteur. Il renferme lanalyse de divers articles dont nous n’indiquerons que ceux qui intéressent plus particulièrement ce pays. Essais de cautérisation du crâne comme moyen de guérison du tournis des bêtes à laine. — Æmploi du muriate ou chlorure de chaux comme engrais. — Mémoire sur lophtalmie périodique des che- vaux. (L'auteur conseille, comme moyen de gué- rison, le kinkina.) — £ssai sur l'amélioration des races des bétes à cornes dans le département du Nord. La malpropreté des écuries et le défaut de pansage des animaux sont des vices reprochés aux cullivateurs des départemens du Nord, et que (22) nos fermiers de la Haute-Loire, d’après le Rappor= teur,méritent peut-être encore à un plus haut degré. N° 53° — Rapport sur l'application à faire dans la Haute-Loire du système de pompes de Finven- tion de M. Arnollet, ingénieur des ponts et chaus- sées. Commissaires, MM. De BizLoEr père, et DERIBIER , Rapporteur. La machine dont il s’agit a valu à son auteur le prix proposé par la Société royale et centrale d’a- griculture de Paris. La multitude de sources de ruisseaux ou de rivières qui arrosent le département de la Haute-Loire, la fraicheur de son atmosphère, les pentes multipliées du sol ont presque partout donné naissance à des prairies naturelles, ou facilité leur création. La Commission ne pense donc pas que la machine de M. Arnollet puisse recevoir beaucoup d'application dans lin- térêt de notre agriculture. Mais on regarde comme très-utile d'appeler Vattention de la Société sur les avantages qu’on pourrait en‘retirer en l’appliquant à d’autres be- soins non moins importans. La partie du Puy con- nue sous le nom de Haute-Ville, et qui renferme le plus grand nombre des établissemens publics, tels que les deux hospices, la cathédrale, l'évêché , le séminaire, les casernes, les prisons, est dé- pourvue d'eaux jaillissantes, et réduite à l'usage des citernes. Au moyen de la machine de M. Ar- nollet, on pourrait, sans de grands frais, élever jusqu’à un point qui domine ces étahlissemens, une (23) masse d’eau assez considérable pour suffire à tous leurs besoins. Il ne s'agirait que de disposer une des roues d’un moulin à blé situé sur la rivière de Borne , et appartenant aux hospices, de manière à ce qu'elle servit de moteur à la pompe. La hau- teur verticale à laquelle il s'agirait d'élever Peau serait de 60 à 63 mètres. Or, si nous appliquons ici les calculs donnés par M. Arnollet dans son mémoire , calculs dont le résultat est établi par l'expérience , puisqu'une machine semblable a été construite à Châtillon sur une des propriétés du duc de Raguse , on trouvera que l’on obtiendrait ici, par minute, 132 litres. La totalité des fon- taines de la ville du Puy, qui sont d’ailleurs insuf: fisantes aux besoins de la population, ne fournis- sent, pendant le même temps, que 169 litres. Le jeu de cetle machine mue par l'eau, et par conséquent sans emploi de forces d'hommes, four- nirait donc un volume d’eau capable de remplir en vingt-quatre heures un réservoir ayant pour base un carré de six mètres de côté et sept mètres de hauteur. Les frais de la machine, de son trans- port, de la pose, des tuyaux de conduite , etc., d’après l’apercu donné par la Commission , n’excé- deraient pas 30,000 fr. N° 4° — Rapport sur l’ouvrage intitulé : Flore du département de la Haute-Loire, où Tableau des plantes qui y croissent, disposées selon la mé- thode naturelle, par M. ARNAUD aîné, docteur en médecine , membre de la Socicté. (24) Commissaires , MM. LoreyrAc , DERIBIER et BERTRAND DE Dove, Rapporteur. Cet ouvrage est l'extrait d’un autre plus consi- dérable, entrepris il y a plus de trente ans, et dans lequel on retrouve cet esprit de suite et de persévérance qui caractérise le laborieux auteur de l'Æistoire du Velay. Ce premicr travail conte- nait la description complète de tous les végélaux de ce département, avec leurs caractères étudiés d’après nature , et confrontés avec ceux donnés par les auteurs. On y trouvait aussi une synonymie bien faite, l'indication des meilleures figures et généralement tout ce qui peut aider le botaniste dans la détermination des plantes qui croissent dans nos contrées. Mais, partagée entre le désir de proposer à la Société de faire les frais d'impression de cet ou- vrage et la crainte de lui occasionner une dépense trop disproportionnée avec ses ressources, la Commission n’a pu que savoir gré à l’auteur du sacrifice qu'il a fait en réduisant son manuscrit à ce qu'il est aujourd'hui. Il s’est borné à l’indica- tion des végétaux qui croissent dans le départe- ment, à celle des localités où ils ont été observés et à cerlaines autres circonstances propres à jeter quelque intérêt sur cette esquisse de nos richesses végétales. On ne manquerait pas, au surplus, d'exemples pour justifier cette forme concise, et l'on pourrait citer la Flora delphinalis , la Chloris lugdunensis , ouvrages au moins aussi succincts, (25) et qui jouissent cependant d’une réputation méri- tée. Si aux exemples il fallait joindre des motifs, on ajouterait que la meilleure Flore locale ne dis- pensera jamais un commencant d'étudier les carac- téres dans Linné ou dans Jussieu. Parmi les espèces décrites par M. Arnaud, il n'en est qu'une seule qui nous appartient presque exclusivement. C'est sur le petit plateau qui forme Fextrême sommité du Mezenc, à 1774 mèlres au- dessus du niveau de la mer, que le botaniste doit aller cueillir le Seneçon à feuilles blanches (Senecio leucophyllus) , et c’est là seulement qu’il a été observé, dans Fintérieur de la France. L'auteur , en adoptant la méthode naturelle, a rendu un véritable service aux jeunes botanistes qui, quoique généralement plus exercés à étudier la science d’après le système sexuel de Linné, pourront néanmoins , par le secours de l’ouvrage de M. Arnaud , disposer dans leur herbier, selon l'ordre des familles naturelles, les plantes qu'ils auront recueillies. La Commission propose l'impression de la Flore du département de la Haute-Loire aux frais de la Société. N9 5€ — Rapport sur la Machine écossaise à battre Les grains. Commissaires , MM BoNnomme et Fizuior, fapporteur. Il résulte des conclusions du Rapporteur que cette machine, comme toutes celles qui exigent des frais considérables pour les établir, surtout ( 26 ) une grande force motrice , tels que des che- vaux, une chute d’eau, etc., n’est pas suscep- tible d’être introduite dans les exploitations géné- ralement petites ou médiocres de ce département. N° 6. — Rapport sur plusieurs cahiers des Annales de l’agriculture francaise. Commissaires, MM. De Brives et BALME , Rapporteur. Le Rapporteur fait précéder son analyse de quel- ques réflexions sur les moyens d'améliorer l’éco- nomie rurale dans ce département. Il voudrait que lon ne s’occupât point d’agri- culture seulement par théorie. Il faut faire des ap- plications , des expériences ; il faut établir des primes au moyen desquelles les cultivateurs jaloux de tenter quelques essais trouveraient à se couvrir en partie de leurs avances. Ils cesseraient de ré- voquer en doute l'avantage des résultats qu'eux- mêmes ou leurs voisins auraient obtenus , et ils abandonneraient ainsi leurs préjugés et leurs rou- tines. L'établissement de ces primes exigerait des res- sources que la Société pourrait facilement obtenir de la munificence du Conseil général. Une partie des fonds mis, dans ce but, à sa disposition , se- rait employée à l'achat de modèles d'instrumens aratoires dont les avantages ne sont plus problé- matiques, mais encore inconnus dans le pays. Ces modèles seraient d'autant plus nécessaires que le cultivateur comprend peu les descriptions écrites. M. Balme donne ensuite l’analyse des divers ar- ( 27.) ticles dont se composent les cahiers qu'il a été chargé d'examiner. Nous extrairons de son rapport le procédé qu’il indique pour faire les vins blancs du Puy, méthode aujourd’hui suivie par les pro- priétaires jaloux de leur donner le degré de qua- lité dont ils sont susceptibles . « Immédiatement après avoir fait la vendange , qu'il convient de fouler peu (avant de la vider dans la cuve), on tire de celle-ci le premier trait, en ouvrant le robinet de manière à ce qu’il ne laisse couler que peu de vin, qui est versé, au fur et à mesure, dans des vases en bois destinés à cet usage, On couvre ces vases, et on laisse le vin déposer son sédiment pendant deux ou trois jours, suivant le degré de maturité qu’a la vendange, ou suivant la chaleur qu'il fait alors. Mais il faut se garder d'attendre le commencement de l’ébullition , acci- dent qui détruirait tout lavantage du procédé. Ce vin ayant ainsi déposé sa lie au fond du vase où il a été versé, on le soutire en percant le vase avec une vrille un peu forte, à cinq ou six pouces au-dessus de sa base, et avec beaucoup de pré- caution, pour ne pas le troubler. On le place im- médiatement dans des tonneaux qu’on a soin de boucher parfaitement ; il conserve par ce moyen plus de vivacité. Si, au contraire, on laisse sortir lécume au-dehors par l’ébullition , il reste à la vérité moins de lie, le vin est plus dépouillé, plus clair, mais moins doux et moins mousseux, Il est à observer, quand on bouche les ton 3 (28 ) neaux de suite, qu'il importe d’avoir de bonnes futailles cerclées en fer, pour qu'elles résistent aux æfforts de l’ébullition. On a remarqué que Fhiver était l'époque la plus favorable pour mettre ce vin M. le comte de Macheco, a pris le soin de nous » en dédommager, et sa magnifique culture a » déjà transformé en la plus fertile campagne le » plus stérile désert. Défoncer à un mètre de pro- » fondeur des terres incultes, changer successi- » vement les terres labourables en prairies artifi- » cielles, et réciproquement, tel à été son secret » pour opérer ces miracles. Puisse un pareil » exemple, que nous sommes heureux d’avoir sous » les yeux, ne pas être perdu pour nous ! » Il entretient ensuite la Société du. eontenu des divers ouvrages analysés dans le volume dont il a été chargé de rendre compte. Les plus remarqua- bles sont : 1° Une notice du célèbre Georges Sainclair, sur les propriétés nutritives des diffé— rens végétaux mangés par les bestiaux. 29 Des observations sur l'effet de lâge sur les arbres fruitiers, par Knigh. L'auteur y pose en principe que les maladies sont héréditaires dans le règne végétal comme dans le règn4 animal, d’où il faut nécessairement conclure que le choix des. boutures destinées à la greffe de nouveaux sujets: ne saurait être fait avec trop de soin et qu’elles doi vent être prises sur des arbres sains et vigoureux. (34) 3° Essai sur Les terres et engrais indispensable- ment nécessaires dans la propagation et la cul- ture des plantes les plus rares et Les plus précieuses. Parmi les nombreux moyens mis en usage par l'auteur, pour tromper les plantes étrangères à notre sol, de manière à leur procurer la plus belle végétation, il en est un fort simple dont lauteur fait le plus de cas; ce moyen est uniquement l’em- ploi d’un sable blanc, très-fin et très-pur. Il n'hésite pas à le préférer à la terre de bruyère, regardée jus- qu'à ce jour comme la plus précieuse pour la cul- ture des plantes dont les racines ont souvent à-la- fois la finesse d’un cheveu, et la mollesse de la géla- tine. Si les plantes les plus délicates de nos jardins doivent prospérer par ce procédé, pourquoi n'es- saierait-on pas de lappliquer à celles cultivées dans nos champs, etc. ? NO 11€ — Rapport de M. DE BILLOER, sur un numéro des Annales de l’agriculture francaise. Les principaux articles surlesquels M. de Billoer, appelle Fattention de la Société, et dont aucun n’est susceptible d'analyse, sont : 19 Une notice de M. Ternaux, sur l’utilité de l'importation et de Pélève en France des bêtes à laine de race petfectionnée ; 29 Un projet d’assolement nouveau ; 39 Une note de M. Huzard fils, sur une opéra- tion pratiquée en Angleterre, et dont les effets sont de détruire toule espèce de vermine sur les ‘brebis, de prévenir la gale et les inconvéniens de (35 ) l'humidité extérieure, de tenir ces animaux chau- dement, etc. C’est un enduit composé de goudron et de beurre, dont les proportions varient suivant le sol, la situation et le climat. On l'appelle Smearing. Suivent des réflexions relatives aux assurances mutuelles contre La gréle. M. de Billoer voudrait que la Société prit connaissance des statuts de l’as- sociation, et s’occupât des moyens de procurer aux propriétaires de ce pays la facilité d’en faire partie, les sacrifices à faire étant si légers en com- paraison des chances désastreuses contre lesquelles il s’agit de se prémunir. N° 12€ — Rapport sur un cahier des Annales de l’agriculture francaise, par M. Borre. Les ouvrages qui sont l’objet de ce rapport sont: 10 Traité de l’assolement des terres légères, par Jacques Pelleport. 2° Traité sur laccroissement progressif des frais de culture , par M. Marin Meterel, du Doubs. Ce rapport n’est pas susceptible d'analyse. N° 132 — Rapport sur une brochure intitulée : Résumé des expériences faites pour La conservation illimitée des grains et farines. Commissaires : MM. GirarD-JaNprrAc fils, et TARDY, Rapporteur. N'est pas susceptible d'analyse. NO 14 — Rapport de M. Tarpy, sur le journal hebdomadaire intitulé : le Producteur, ou Journal de l’industrie des sciences et des arts. N'est pas susceptible d'analyse. (36) Ce journal, dit le Rapporteur en terminant, enr: brasse un plan très-vaste, et si Fentreprise est mise à exécution par des mains habiles, ce que la lec- ture des premiers numéros nous fait espérer, l’ou- vrage peut devenir d’un grand intérêt et d’une utilité générale. Quoique l’on compte dans notre département bien peu de riches capitalistes dont le crédit puisse organiser des opérations d’une cer- taie étendne, il n’en est pas moins vrai que l'in: dustrie dirigée d’après le plan tracé dans l’intro- duction de cet ouvrage periodique , prospérerait chez nous comme ailleurs. Elle pénétrerait jus- qu'aux sources de la Loire; elle saurait y utiliser ses eaux pour l'établissement des fabriques; elle mettrait à profit ses bons pâturages pour la mul- tiplication et l'amélioration de nos bestiaux. Déjà les fabriques de rubans qui, jusqu’à ce jour, :yaent à peine franchi les limites du département, et restaient confinées dans le canton de S.-Didier et de Montfaucon, viennent de s'établir en grand dans celui d’Yssingeaux. Espérons que bientôt cette heureuse invasion deviendra générale; puissent nos travaux contribuer à d’aussi utiles résultats ! N° 152— Rapport par M. Joyeux, sur un cahier des Annales de l’agriculture française. Les articles dont il est rendu compte sont: 19 Mémoire sur la conservation des grains dans des silos, d’après les expériences de M. Ternaux. 20 Mémoire de M. Roy, surun procédé employé pour retirer de l'alcool du lichen. (37) 39 Mémoire sur les moyens de prévenir les dan- gers du gaz acide carbonique pour la vie des hommes, et d’écarter cet acide des caves où s'opère la fermentation vineuse,. Le procédé consiste à saisir le gaz acide carbo- nique au sortir des cuves ou des tonneaux, et à le conduire à l'extérieur à l’aide de canaux carrés faitsen planches soigneusement joimteset enduites de poix, pour qu'il ne puisse s'échapper à travers les assemblages. N9 16€ —— Rapport sur les six premiers numéros du Journal de médecine vétérinaire, Commissaires MM. Moussier, Rapporteur, et Gire. Dans l'examen que nous avons fait de ces pre- miers numéros du Journal de médecine vété- rinaire , dit M. Moussier , nous avons été à portée de connaitre les progrès rapides que fait chaque jour cette partie de Fart de guérir, aban- donnée pendant si long-temps à un empirisme routinier, souvent bizarre et ridicule, plussouvent encore nuisible. On la voit maintenant, dirigée par des mains habile s, secouer chaque jour les erreurs et les préjugés qui l'ont retenue et la retiennent encore en arrière des autres sciences, et principa- lement de la médecine humaine de qui elle peut recevoir de si grands services, et à laquelle elle peut en rendre de biens grands aussi. Le Rapporteur rend ensuile compte des mémoi- res qui lui ont paru les plus remarquables. Nous ne (538) pouvons le suivre dans ses analyses; nous indique- rons seulement les titres de quelques articles. Mémoire sur les moyens de reconnnaître l’âge du cheval, par M. Girard ls. Observations pathologiques sur l'usage et les fonctions de certaines parles du système nerveux. Observation chirurgicale sur la guérison, sans igature, d’une ouverture faite à la carotide d’un cheval. Sur les bons effets de la pommade anti-ophtal- anique de Desault, pommade qui, employée avec avantage chez l’homme, a été mise en usage sur um cheval, et a parfaitement réussi. _ Observationssur les causes du tic du cheval, etc. N° 17° — Extrait de deux notices lues à la Société par M. RUELLE. M. Ruelle rend compte de la découverte qu'il croit avoir faite, conjointement avec M. Joyeux, d’une argile à foulon : « cette terre, dit-il, se » montre au nord-est vers la sommité de Îa » montagne appelée [a Chaux-de-Fay, à 20 minutes » du village de Fay-la-Triouleyre et une lieue du » Puy, en couches presque horizontales , se diri- » geant du nord-ouest au sud-est. L’échantillon que » nous avons rapporté est d’un blanc verdàtre , » onctueux, se laissant polir avec l’ongle , assez > fusible et se délitant dans l’eau sans y acquérir » de la ductilité. I présente à un tel point les » caractères d’une véritable argile smectique, que (39) nous n'hésiterions pas à la croire aussi bonne que celle qu'on emploie à la fabrique de draps de Charensac et dont on laisse ignorer le gise- ment, si toutefois ce n’est pas la même terre. Nous les soumettrons plus tard lune et l’autre à une analyse rigoureuse pour nous assurer de leur identité, ou du moins qu'elles possèdent des propriétés analogues. » Dans la seconde notice, dont nous ne donnons également qu'un extrait, M. Ruelle entretient la Société d'uue excursion qu'il vient de faire à la mine de l’Aubepin , commune de Laussonne. »” « L'exploitation, maintenant en activité, d’un combustible auquel M. Bertrand de Doue, notre confrère , a assigné le premier ses vrais carac- tères minéralogiques , en le désignant sous le nom de Lignite , m'a fait entrevoir la possibilité d'en rapporter quelques détails qu'il vous serait intéressant de connaître. L'origine de la houille, ou charbon de terre, est un problème qui, pour avoir donné lieu parmi les savans à beaucoup de conjectures et de systèmes, n’en est pas moins resté sans solution satisfaisante. Celle du lignite, plus rapprochée de notre époque, quoique bien des siècles marquent encore cet intervalle, pré- sente moins d'incertitude à l'observateur , parce qu'il y découvre certains indices qui aident à la détermination du mode et des circonstances de cette formation. Les caractères extérieurs du lignite diffèrent essentiellement de ceux de » LR (40) la houille, que nous connaissons tous. Celui de lAubepin se présente en couches assez puissantes , sous un grès qui supporte l'énorme coulée de lave formant la surface du sol ; il est d’un noir brunâtre , à texture ligneuse , se déli- tant en feuillets au grand air, mais conservant plus de solidité quand 1] est mis à lPabri des influences atmosphériques ; on y apercoit en- core les couches concentriques du bois. Il s’en- flamme avec lenteur, mais brûle ensuite aisé- ment, en répandant uue odeur analogue à celle de la terre végétale en combustion. Dès que la flamme cesse, le lignite reste long-temps em- brasé, et finit par donner un résidu terreux et rougeàtre, » Indépendamment de ce combustible qui, em- ployé tel qu’on lextrait de la mine, deviendra une ressource précieuse pour les communes ên- tièrement privées de bois, telles que les Estables, Fay, Saint-Front, etc., les exploitans se proposent de réduire le lignite en charbon, en enlevant, par la calcination à vase clos, le bitume qui en est partie composante essentielle. Cette opéra- tion , si elle est praticable , en augmenterait considérablement le débit, parce qu’on pourrait alors se servir du lignite carbonisé pour la pré- paration des alimens , sans craindre qu'il leur. communiquät une mauvaise odeur. » Quoique les habitans de nos montagnes sachent apprécier aussi sûrement que les Sociétés savan-. (41) » tes ce qui peut leur être profitable, celles-ci » ont du moins l'avantage de pouvoir hâter leur » détermination par des expériences promptes et » décisives, au lieu du temps et de la dépense » qu'exigent les essais particuliers. C’est dans » cette persuasion que je croirai faire une chose » utile en vous soumettant bientôt les résultats des » expériences comparatives que j'ai en vue pour » constater le degré de chaleur , la durée de Pigni- » lionet le prix vénal du ligniteet des divers autres » combustibles employés dans ce département. » N° 16€ — Rapport par M. DE SAINT-GERMAIN , extrait de celui de M. de Villelongue, sur le battage des grains au fléau | comparé avec légre- nage au moyen de machines. Réponse aux questions sur le dépiquage des grains proposées par la Société royale et centrale d'agriculture , par le même. Il résulte de celte analyse que ce serait une précieuse conquête pour notre agriculture, que l'introduction d’une machine à battre les grains, et dont la dépense fût à la portée des exploita- tions ordinaires ; que le battage au fléau met le propriétaire à la discrétion de son fermier, soit sous le rapport des infidélités que lui ou les siens peuvent commettre, soit parce qu'il n'apporte pas le soin nécessaire à extraire tous les grains de la portion du maître; que si on emploie des ouvriers à la journée, l’inconvénient est à-peu-près le même, et la consommation qu'ils font est considérable ; 1 (42) Que , sous le rapport sanitaire, cet exercice est peu sain et qu’il exige des hommes robustes ; Qu'enfin, ce serait une erreur de penser que l'introduction des machines, en faisant diminuer le prix de la main-d'œuvre, fit aussi diminuer celui des grains. En agriculture, le plus ou moins de cherté des denrées n’a jamais dérivé des moyens plus ou moins dispendieux employés dans le mode d'exploitation. La Société royale et centrale d’agriculture de Paris a proposé aux autres Sociétés du royaume une série de questions sur le dépiquage des grains proprement dit, c’est-à-dire, à laide des chevaux ou des mulets. Ce mode de battage n’étant pas employé dans ce département, le Rapporteur n’a pas cru devoir entrer dans des détails étrangers à ce pays. N° 19° — Rapportsur une presse propre à retirer le miel des gâteaux de cire, par MM. DumonTar et DE SAINT-GERMAIN. La Commission pense que cet instrument n’est pas susceptible d'application dans ce pays. C’est moins contre la machine elle-même qu’elle se prononce , que contre le procédé d'extraire le miel par une pression forte. En comprimant trop la cire, on y incorpore en quelque sorte une foule de substances étrangères contenues dans les alvéoles, telles que les étamines des différentes plantes non encore élaborées, les excrémens collés sur les parois des gâteaux, les nymphes (45 ) non écloses , etc.; leur goût âcre ou désagréable se communique au miel; elles altèrent sa couleur, et on ne peut, même avec beaucoup de peine, parvenir à le clarifier complétement. Le seul motif qui pourrait déterminer les pro- priétaires de ruches à adopter Fusage de cette presse, serait l’économie de temps; mais cette considération perd tout son poids, si l’on fait at- tention que l'éducation des abeilles est très-bornée dans ce département, où nulle part on ne voit de particuliers qui en élèvent de grandes quantités. La Commission expose ensuite un procédé pius simple pour séparer le miel de la cire, et qui lui paraît préférable à lusage de la presse en ques- tion. On fait chauffer légèrement au bain-marie des gâteaux de miel, dans un grand vase en cuivre, et on les broie avec une spatule ; on les place en- suite dans un panier d'osier que l’on suspend. Le miel qui en découle est recu dans un meuble dis- posé à cet effet. Lorsqu'il ne découle presque plus rien, on remet le marc du panier dans le pre- mier vase; on jette dessus une certaine, quar- tité d’eau froide proportionnée à la quantité de marc, et on remue avec une cuiller. Quand il est délayé, on passe à travers un linge, on clarilie la liqueur, et on l’enferme dans des pots pour s’en servir au besoin. Quelques habitans de nos campa- gnes sont dans l'usage d’y mêler de la farine d’orge cuite, etils conservent ce mélange comme provi< sion. Ils s'en nourrissent eux et leurs ouvriers. 4 (44) N© 209 — Rapport de M. O‘FFARELL sur une Notice sur les ponts suspendus, présentée par M. GUILLAUME. L'auteur dont la notice est analysée a imaginé un moyen encore plus économique que les chai- nes entièrement en fer pour suspendre les ponts. 11 propose de composer ces chaînes en pièces de bois armées de ferremens à leurs extrémités pour les lier dans ie sens de leur longueur. Ce moyen serait extrêmement utile, surtout aux communes de nos montagnes qui présentent un si grand nom- bre de torrens à traverser , et qui ne sont pas assez riches pour faire Îles frais de construction de ponts dispendieux. Le Rapporteur voudrait que lautorité provoquât une expérience qui püt faire juger des avantages qu’on obtiendrait par ee genre de construction. N° 21€ — Notice sur le Pic noir (Picus martius), par M. Félix ROBERT. C’est une description des mœurs et des habitn- des de cet oiseau peu commun dans nos localités. Ne 22€ — Quelques observations sur l'histoire naturelle des lépidoptères de la Haute-Loire, par M. Édouard DELAROCQUE. Ce petit mémoire est une ébauche de nomen- clature des diverses espèces de papillons qui se trouvent plus particulièrement dans telle ou telle partie du département. N° 25e — Rapport de M. Joyeux sur un mémoire de M. le baron de Chaulieu, préfet du département (45 ) de la Loire, intitulé : De la chaux considérée comme engrais des terres. En appréciant le degré d'utilité que pourrait avoir, dans certaines parties de ce département, l'application bien raisonnée des procédés indiqués dans ce mémoire, pour former des engrais avec de la chaux, le Rapporteur, après en avoir rendu compte, propose à la Société d'engager quelques membres à faire des essais comparatifs, et à en publier les résultats. L’art agricole est encore chez nous presque dans son enfance. La seule lecon profitable au paysan de nos contrées, c’est l'exem- ple, car il n’a ni les lumières ni les moyens néces- saires pour apprécier d'avance par lui-méme les avantages de ce qu'on lui propose; il conserve donc ses habitudes jusqu'à ce qu'un voisin plus éclairé , plus riche, lui présente, par une nouvelle culture, des résultats meilleurs que les siens. N° 24° — Rapport verbal de M. DE BECDELIÈVRE sur lEcole gratuite de dessin linéaire de Cler- mont-Ferrand. M. de Becdelièvre entretient la Société des suc- cès étonnans des jeunes élèves de l'école gratuite de dessin linéaire appliqué aux arts et métiers , créée à Clermont, depuis la fin de 1824 seulement. En déposant sur le bureau le procès-verbal de la distribution des prix de cette école, il raconte ce dont il a été témoin. Il expose tous les avantages qui dérivent d’une au$si utile institution , pour les arts mécaniques en général,et pour la classe ouvrière ( 46 ) en particulier. Combien ne devons-nous pas envier à nos voisins un pareil établissement! Combien ne serait-il pas à désirer que la ville du Puy püt également jouir du même bienfait!.. La Société partage les regrets et les vœux du Rapporteur. ( 47) RAPPORTS ET MÉMOIRES QU'IL À PARU UTILE D'INSÉRER EN ENTIER DANS CE RECUEIL. RAPPORT Sur les cahiers d'octobre et de décembre 1825, des Annales de l'agriculture française. Commissaires , MM. AULANIER €t BERTRAND DE Dour, Rapporteur. MESSIEURS, Les deux cahiers des Annales de l’agriculture francaise sur lesquels vous avez chargé la Commis- sion dont je suis l'organe de vous faire un rapport, lui ont présenté de nouvelles preuves de la révolution qui s'opère dans l’art agricole par la seule force des choses. La fécondité des dernières années, l'introduction d’assolemens mieux enten- dus, l'accroissement de la population, et surtout la division des propriétés et du travail ont jeté sur le marché intérieur de la France, les céréales en si grande abondance qu’elles sont tombées à vil prix. Dans les pays de grande culture, cette baisse à rejailli sur le fermier qui peut à peine (48) couvrirses frais d'exploitation. Dans ceux de petite culture, dans le nôtre par exemple, c’est sur le propriétaire qui percoit ses fermages en nature qu’elle retombe de tout son poids. Peut-on raisonnablement prévoir un ordre de choses plus favorable ? Une année ou deux pendant lesquelles se succéderont quelques-unes de ces intempéries auxquelles nos montagnes ne sont que trop exposées rétabliront-elles l'ancien équilibre ? Faut-il s'occuper d'en créer un nouveau, et doit-on, pour y parvenir, chercher à remplacer la culture des céréales à laquelle nos paysans s’adonnent trop exclusivement, par quelques-unes de celles qui enrichissent des contrées plus favo- risées de la nature, ou fécondées par des mains plus habiles ? . Telles sont les questions qu'a fait naître dans Fésprit de vos Commissaires la lecture des mé- moires dont ils sont chargés de vous rendre éompte. L'un des plus importans a pour objet la culture des betteraves, l’art d'en retirer un sucre égal en qualité et bientôt peut-être d’un prix in- férieur à celui que fournit la canne aux régions équatoriales. Ee second présente des faits inté- ressans sur les perfectionnemens des laines et des duvets. Un troisième donne des renseignemens très-détaillés sur la culture du pommier et du poirier à cidre, sur la fabrication de ces boissons qui fournissent une ressource précieuse à plusieurs des grandes provinces de l’ancienne France. ( 49 ) ‘: H convient de vous donner une idée de ces mémoires; car ils traitent, les uns et les autres, d'objets qui nous ont paru susceptibles de recevoir tôt ou tard une application avantageuse dans ce département. Les progrès qu'on a fait dans la culture de la betterave et la fabrication de son sucre, depuis les ouvrages qui ont été publiés par MM. Chaptal et Matthieu de Dombasle, avaient fait sentir la né- cessité d’un nouveau travail sur cette matière. L'ouvrage de M. Dubrunfaut, dont M. Bosc a donné l'analyse , etqui est aujourd’hui dans la bibliothèque de la Société, a fait conuaiître tous les procédés nouveaux, soit qu'ils fussent le fruit de l’expé- rience, ou indiqués par la théorie. Ce livre sera très-recherché, car il existe aujourd’hui en France plus de cent établissemens qui ont pour but la fabrication du sucre de betterave, et ils ne pen- vent manquer de se multiplier encore si le bas prix des grains continue à encourager la eul- ture de cette racine. Quels immenses avantages n'offriraient-ils pas au premier bruit d’une guerre maritime | Douze variétés de betteraves, parmi un plus grand nombre, sont généralement cultivées. La blanche paraît être la plus riche en sucre, ensuite la jaune, dite de Castelnaudary. Un sol léger, un climat froid, une exposition sèche paraissent être les conditions nécessaires à la culture de cette plante. Elle passe avec raison pour être peu épur (50) sante. L'assolement le plus convenable est celui de trois ans, qui est: 1.° avoine ou pommes de terre fumées; 2.9 betterave; 3.° froment. Les feuilles et autres débris de la betterave sont très-propres à être consommés par les bestiaux. Répandus sur la terre et enfouis par les labours, ils comptent pour une demi-fumure. On sème la betterave depuis la fin de mars jusqu'à la fin de mai. L'auteur entre dans tous les détails désirables ‘sur les divers modes de semis; les sarclages paraissent nécessaires. Dans les cultures en ligne, on peut biner avec la houe à cheval. Suivant les années et les climats, les betteraves peuvent être récoltées pour le suc, dès le com- mencement de septembre. L'arrachage des racines, l’amputation de leur vollet, leur mise en tas, leur conservation jusqu'au inoment de la fabrication, sont autant d'opérations dont l’auteur parait avoir traité d’une manière satisfaisante. Je ne puis qu'applaudir, dit M. Bosc, en finissant son analyse, à toute cette première partie de l'ouvrage de M. Dubrunfant , et engager les cultivateurs à en méditer le contenu. Votre Commission a pensé qu'il était mutile de. vous offrir Fapercu du procédé chimique relatif à la fabrication du sucre de betterave. Le moment où il sera possible d'en faire quelque application est peut-être encore bien éloigné. Elle se bornera, quant à présent, à rapporter les deux faits suivans qu'elle tire du savant ouvrage sur la chimie appliquée (51) à l'agriculture, par M. Chaptal, et qui sont le résultat d'une expérience de douze années : 1.0 Le sucre extrait de la betterave ne diffère en rien du sucre de canne, ni par la couleur, ni par la saveur , ni par lepoids ,nipar lacristallisation. 2.9 La fabrication du sucre de betterave peut concourir avantageusement avec celle du sucre de canne, lorsque le prix de ce dernier est dans le commerce à 1 fr. 25 c. le demi-kilogramme. Votre Commission désire que cet exposé des avantages qu'offrirait au pays une fabrique de sucre de betterave puisse engager quelques-uns de vous, Messieurs, à faire des essais dans la vue de recon- naître jusqu'à quel point notre sol et notre climat peuvent être propres à la culture de cette plante. C’est à le préliminaire indispensable à tout projet d'un établissement de ce genre. Nous aurions actuellement à vous entretenir d’un travail extrêmement intéressant sur les améliora- tions obtenues depuis quelques années dans la qua- lité des laines longues et courtes, et dans celle des duvets. Les soins apportés dans le choix des animaux à laine fine; limportation de races an- glaises dont les laines ont jusqu'à 14 pouces de longueur ; celle de béliers saxons qui serviront à multiplier rapidement une autre race dont les laines, d’une extrême finesse, se vendent déjà plus de moitié en sus de celles du troupeau royal de Rambouillet; enfin ,; le croisement des chèvres dites de Cachemire avec celles d’Angora, tout promet (52) à l’industrie francaise de riches toisons qu’elle transformera en tissus plus précieux encore. Quel contraste forme cet apercu des succès obtenus dans l'éducation des bêtes à laine, avec ce que nous observons autour de nous! On voit dans l’ouvrage dont le département est redevable à M. Deribier (1) que, parmi les races communes qui couvrent nos pâturages, il n’en est pas une qui nous soit particulière ou que nous soyons par- venus à naturaliser. Quelques efforts isolés ont été faits, il y a plusieurs années, par l’un de nos col- lègues; mais, par suite de circonstances fächeu- ses, ils n’ont eu aucune suite, et rien n’annonce que nous soyons prêts à sortir de cette déplora- ble apathie. Nous appellerons votre attention, Messieurs, sur un dernier mémoire ayant pour objet la cul- ture du pommier et du poirier à cidre dans l’ar- rondissement de Lizieux, départementdu Calvados, par M. Morel, docteur en médecine. Déjà différens essais ont été faits par M. Liogier, de Marminhac, par M. Robert-Laurenson et par lun de vos Com- missaires, à l’effet d'introduire dans nos montagnes la culture de ces arbres dont les fruits fourniront un jour une boisson saine et fortiñiante à des hommes réduits à ne boire que de l’eau ou un rt, (:) Description statistique de la Haute-Loire, 1824. À Paris, chez Belin-Leprieur, quai des Augustins, n.° 55, et au Puy, shez La Combe. (55) petit-lait plus propre à les énerver qu’à réparer leurs forces. Ces essais et quelques autres qui ont eu lieu dans les parties élevées du département de la Loire , où ils ont été assez multipliés pour engager les pépi- niéristes d’Annonay à élever un grand nombre de ces arbres, ont déterminé votre Commission à entrer dans quelques détails sur: leur culture et sur la fabrication des cidres et des poirés. Il est inutile, sans donte, de vous faire observer com- bien quelques pommiers à cidre placés autour des rustiques habitations de nos montagnes pourraient offrir d'avantages à nos malheureux paysans. Cher- cher à leur procurer une boisson salutaire et agréable dont l'usage habituel modif: 1t leur tempérament trop relâché par l'abus du laitage, influerait insensiblement sur leurs mœurs et sur leur caractère, ne vous semblera pas un de ces rêvés philantropiques impossibles à réaliser. Peut-être même sourirez-vous à cette idée, et voudrez-vous, en introduisant le pommier et le poirier à cidre dans votre pépinière, mettre de pauvres pères de famille à même de se procurer une utile provision de ménage, en employant à lachat d’une demi - douzaine d'arbres ce qu'ils auraient dépensé, en autant de dimanches , au cabaret de leur paroisse. En Normandie, les pommiers et poiriers à cidre viennent de pepins pris dans le marc rejeté du pressoir. Le semis a lieu en mars. Il exige à-peu- (54) près les mêmes soins que ceux des autres arbres: Au bout d’un an ou deux, on transplante les jeunes plants à un pied de distance et par rangs espacés de deux pieds. Au bout de six à sept ans, on les enlève pour les mettre en place. Il est d'usage de greffer les arbres au bout de deux à trois ans de plantation , méthode peu con- venable dans nos pays, où il serait, selon nous, plus à-propos de fournir au cultivateur les arbres tout greffés. La greffe en fente est la plus usitée. Il paraît cependant qu'on laisse sans greffer un certain nombre de pieds, lorsqu'ils ne se rap- prochent pas trop de l’état sauvage. Les uns et les autres donnent promptement des fruits. Il est très-rare de voir tous les arbres d’une plantation rapporter la même année; ce qui est le contraire de ce que nous observons dans nos vergers, où l’on remarque en général une alter- native d'année d’abondance et de stérilité. Cette différence tient à ce qu’en Normandie les poiriers à cidre fleurissent successivement du 15 mars au 30 avril; les pommiers du 15 avril au 25 juin. Il est rare aussi que ces deux espèces rapportent la même année complétement. Il est donc utle de les cultiver lune et lautre. Les pommes, comme les poires, ne parviennent pas en général sur l'arbre à l'état de maturité requis pour en exprimer le suc. On en forme des tas placés dans des lieux secs et à l'abri de la gelée, dont on sait d’ailleurs les garantir en éten- (55) dant de la paille dessus, et recouvrant cette paille avec des toiles mouillées. Pour pressurer les poires , il faut qu’elles aient molli et soient devenues ce que nous appelons ici blettes. ; Le degré de maturité des pommes s'annonce par la couleur jaune qu’elles prennent et l'odeur un peu alcoholisée qu’elles exhalent. C’est alors que le principe sucré se développe, et c’est à son plus haut degré d'élaboration qu'on doit pressurer tous les fruits. Nous ne suivrons pas l’auteur dans les détails sur la forme assez compliquée de la machine dont on sesert en Normandie pour écraser les fruits et exprimer complétement le suc. Nos pressoirs à vin seraient très-susceptibles d’être employés à cette dernière opération. On remplacerait aussi avec facilité les meules destinés à écraser le fruit, Au sortir du pressurage, le cidre, le petit cidre et le poiré sont déposés dans des futailles où s'opère la fermentation. Elle est d'autant plus ra- pide que la température est plus élevée. Celle du poiré s'opère plus promptement que celle du cidre, qui dure quelquefois jusqu’à Vété suivant. Au reste, il est potable, quoique sa fermentation ne soit pas complète. Une opération essentielle est celle qui consiste à soutirer le cidre aussitôt qu'il est éclairci, afin de le débarrasser de la plus grande partie de sa lie. On le dispose ainsi à se garder plus long-temps, ( 56 ) c'est-à-dire, jusqu'à 3, 4 et même 5 ans. On ne soutire pas le poiré. L'une et l’autre de ces liqueurs se conservent très-bien dans le verre. Lorsqu'on veut qu’elles aient le mousseux à un degré très-fort, on tire en bouteilles, lorsqu'elles piquent agréablement la langue. Il arrive souvent qu’elles cassent les bou- Leilles, et moussent comme le vin de Champagne, surtout le poiré. Plus d’un gourmet y a été pris. Ici, Messieurs, se termine notre tâche. En réflé- chissant sur ce que nous vous avons rapporté, peut-être reconnaîtrez-vous avec nous la néces- sité de substituer de nouvelles cultures à celle des céréales , et surtout de préférer celles qui exigent moins de bras, relativement à la richesse des produits. C’est à vous, Messieurs, qu'il appar- tient de proclamer et de recommander à nos con- citoyens la mise en pratique de ce principe fon- damental de l’agriculture moderne. On en appré- cierait promptement la justesse, si les habitudes locales vous permettaient de joindre plus souvent l'exemple au précepte. (57) RAA AA MY AA AAA A A AR A A AAA A A A A AE VU RAPPORT De la Commussion chargée de l'examen d'une lettre de M. Labatie, contenant le détail de ses expériences sur la culture du mürier et l'éducation des vers à soie. Commissaires , MM. Joyeux, Fizmior aîné et BERTRAND DE DOUE , Rapporteur, MESSIEURS , M. le Président de la Société a transmis à la Commission dont je suis l'organe une lettre de M. le Préfet, par laquelle il exprime le désir qu’un, rapport soit fait à la Société sur une notice de M. Labatie , relative aux essais qu'il vient de faire sur la culture du müûrier et l'éducation des vers à soie. MM. Joyeux, Filhiot aîné et moi avons été chargés par M. le Président de vous faire ce rap- port. Le peu de temps que nous avons eu pour nous en occuper servira d’excuse pour sa brièveté. Ce n'est pas la première fois que des müûriers ont été plantés aux environs du Puy. Il en existe encore de très-beaux pieds dans la plaine de Durianne; on se rappelle en avoir vu un assez grand nombre dans le clos appelé la Gazelle, à (58 ) Cormail et jusques dans le vallon de la Gagne, au-dessous de Servissas. On en trouve encore à Vals , près de Baubas, à Latour; partout ils parais- sent prospérer. L'intention des personnes qui ont planté ces arbres ne peut être douteuse. Il est évident qu'elles ont voulu faire des essais qui, d’après les ren- seignemens que votre Commission a recueillis, auraient généralement réussi; et il faut avant tout chercher à expliquer pourquoi ces personnes n’ont pas étendu une culture qui devait nécessairement leur promettre des résultats satisfaisans. Votre Commission a cru trouver la solution de celte question dans diverses circonstances qu'il lui suffira d'indiquer pour vous les faire apprécier. C’est d’abord la faiblesse même de ces essais ; l'obligation de donner à quelques vers à soie les mêmes soins qu'à une magnanière considérable; la nécessité d’avoir sous la main une personne en- tendue ; l'ignorance absolue des procédés de la greffe et de la taille , au moyen desquelles on par- vient non-seulement à assurer, mais aussi à dou- bler la récolte des feuilles et à se les procurer durant tout le cours de l'éducation des vers à soie. C’est l'éloignement des marchés où l’on est obligé d'envoyer ses cocons lorsqu'on n’a pu en filer la soie ; la résistance qu'on trouve dans tout ce qui nous entoure dès qu’il est question de changer quelque chose aux habitudes de la maison ou du pays ; le découragement qui en est la suite / (59 ) inévitable. Cest enfin celte apathie routinière qu s’oppose si invinciblement à Fintroduction des cultures nouvelles pour nous, et dont notre agri- culture , écrasée par le bas prix des grains, pour- rait cependant tirer de si utiles ressources. On ne peut donc raisonnablement conclure, des résultats insignifians obtenus jusqu'ici, que le sol et le climat de certaines parties de notre départe- ment ne soient pas propres à la culture du mürier, et qu'on ne puisse s’y livrer avec avantage à l’'édu- cation des vers à soie. Le succès des plantations récemment entreprises par M. Labatie, les cocons et les échantillons de soie qu'il a mis sous nos yeux viennent à l'appui de cette vérité. Plusieurs milliers de müûriers ont été plantés par ce propriétaire sur un terrain granitique tout-à- fait analogue à ceux de la Mastre, de Vernoux, de Saint-Félicien, d’Annonay et de toute cette partie des Boutières. Guidé par la lecture des bons auteurs, M. Labatie a voulu joindre à leurs préceptes ses propres ob- servalions , et dans divers voyages entrepris dans cette vue , il a acquis les connaissances pratiques, supplément indispensable aux lecons de la théorie. Il à appris qu'on ne pouvait se dispenser de greffer la presque totalité de ses müriers. C’est en effet le moyen de multiplier à son gré les variétés les plus convenables, soit sous le rapport de la la qualité des produits , soit qu'on veuille obtenir 5 (60 ) des feuilles précoces et délicates qui plairont aux vers à soie pendant leurs premiers développemens, soit qu’on désire se procurer des feuilles tardives qui échapperont ainsi aux gelées et fourniront à ces insectes devenus plus voraces une abondante nourriture. Il à vu par lui-même ce que les livres n’appren- nent qu'imparfaitement : tout ce qui a rapport à la culture du mûrier , à sa taille et à la manière d'en récolter les feuilles. Il s’est procuré enfin une magnanière instruite qui sait non-seulement élever les insectes précieux confiés à ses soins, mais qui s'occupe encore à faire subir à la soie ses premières préparations, et qui sait lui donner la forme sous laquelle on la présentera dans les marchés avec un grand avan- tage , puisqu'elle permettra d’en reconnaitre l’ex- cellente qualité. Car, Messieurs, vous ne l’ignorez pas, mais il est de notre devoir d’en faire ici mention : les soies sont d'autant plus belles, plus fortes, plus recher- chées qu'elles ont été obtenues dans une zone qui se rapproche davantage de la limite où les müriers cessent de prospérer. Ainsi, les soies du Bas-Lan- guedoc et des plaines du Dauphiné sont principa- lement employées comme trames, tandis que celles beaucoup plus nerveuses du pied des Alpes, des gorges des Boutières et des montagnes qui dominent Aubenas fournissent ces organsins indis- pensables aux belles soiceries de Lyon et de Saint- (Gr) Etienne ; ainsi, le bourg Argental, situé sur les pentes orientales du mont Pilat, produit ces soies magnifiques dont l'éclat rivalise avec celui des plus brillans métaux, et qui servent de matière première à ce que les fabriques de blondes de Caen et de Chantilly fournissent de plus riche aux cours des souverains. Les premiers résultats obtenus par M. Labatie sont très-propres à justifier les espérances qu’il avait concues d’après l’analogie du sol et des climats. Les cocons qu’il a joints à sa notice sont épais, fermes et pesans. Ils donneront donc une quantité de soie considérable relativement au poids des chrysalides qui y sont renfermées ; condition très-favorable à la vente des cocons et qui en augmente de beaucoup la valeur. La soie provenant de ces cocons a élé soumise à l'examen de plusieurs personnes versées dans ce genre de commerce; elle a été trouvée nerveuse, brillante et d'excellente qualité. Il paraît toutefois qu'elle a été filée un peu gros; mais ce défaut, qui est uniquement dû à la magnanière et qu'il est facile d'éviter, n’ôte rien à la valeur intrinsèque de la soie. Montée convenablement, elle fera des organ- sins de première qualité. Votre Commission n’élève donc aucun doute sur le succès des nombreuses plantations de M. Labatie;, elle trouve qu'il a fallu un courage peu ordinaire pour en risquer les frais, qui ont dû être considérables, et elle applaudit sincère- (62). ment aux efforts de ce père de famille, persuadée qu'un si bel exemple ne sera pas perdu. Une entreprise exéculée sur une aussi grande échelle est trop importante pour ne pas mériter des encouragemens : M. Labatie les obtiendra, n’en doutons pas, de la munificence du Conseil général et de la sollicitude éclairée de notre premier Magistrat. Le Chambon n'est pas le seul point où puisse se développer la culture du mürier; les plantations de cet arbre précieux réussiront également dans toutes les parties tempérées de ce département, partout où la vigne est cultivée. Le succès en est encore plus assuré dans les gorges granitiques de Durianne, de Lavoüte, de Vorey, de Chamalières, et généralement dans toute la vallée de la Loire, depuis Brives jusques à Aurec.Il en sera de même des parties inférieures du cours de l'Allier, depuis Langeac, Lavoûte et Saint-Ilpize. Mais, votre Commission ne doit pas vous le dissimuler, il faut que ces plantations soient faites avec discerne- ment; qu'elles se composent en partie de sujets nains et en partie de sujets à plein-vent; que presque tous soient greffés en variété convenable; qu'ils soient assujétis sans exception à une taille annuelle, et que le pied en soit cultivé avec soin. C’est parce que M. Labatie a apprécié limpor- tance de ces conditions essentielles à toute, plan- tation de müriers, et qu'il a cherché à les rem- plir, que son établissement pourra être considéré (63) comme établissement-modèle, et qu'il mérite l'attention et les encouragemens de ladminis- tration. AA VA VV VIS UV VU VV A MVL UD VU MA UV UV UV MU M VUE VV MVL UV UV VV UV UE MU NA AVS LA MEMOIRE Sur l'épizootie qui règne parmi les bêtes à cornes du départemeut de la Haute-Loire , Par M. GIRE. Mai 1826. De toutes les maladies qui affectent les diverses espèces d'animaux que l’homme a soumis à son empire et réduit à l’état de domesticité, il n’en est sans doute pas de plus terribles et de plus redoutables que celles qui attaquant dans une même contrée un grand nombre d'individus de la même espèce, ou d'espèce différente, et dépendant d’une cause commune accidentelle souvent incon- nue, constituent ces terribles fléaux connus sous le nom d’épizoolie. L’affection que je vais essayer de décrire, celle qui depuis quelque temps ravage nos contrées est de ce nombre. Elle se déclara, dans le courant de l'été dernier, sur les bêtes à cornes du dépar- tement dela Haute-Loire; sur toutes elle présenta le même caractère, offrit des symptômes analo- gues, affecta le même genre d'organes, suivit la (64) même marche, et, partout où elle étendit ses ravages , ses résultats furent à-peu-près les mêmes. À son début, cette épizootie fut prise, par ceux qui l’observèrent les premiers, pour une maladie simple, une maladie sporadique dépendant d’une cause particulière, d’une cause locale, innée au sol et toujours présumée en rapport avec l’idée qu'ils se faisaient de la nature de cette affection; on n’employa pour la combattre que des moyens souvent sans effet, ou, le plus ordinairement, on l’'abandonna aux seuls efforts de la nature; cepen- dant elle faisait des progrès rapides; le nombre des malades augmentait journellement, la mor- talité croissait dans les mêmes proportions. La facilité avec laquelle elle se propageait d'un lieu à un autre donna l'éveil et tira les habitans des campagnes de cette espèce d’apathie, de cette insouciance dans laquelle vivent la plupart d'en- tr'eux; insouciance qui, dans ces circonstances malheureuses, nuit non-seulement à leurs inté- rêts, mais encore aux progrès et à Favancement de la science vétérinaire , de cette science si utile à l’agriculture. Désigné par M. le Préfet pour reconnaitre et signaler cetle affection, je me transportai dans les lieux où elle s'était déclarée; là, j’eus occasion de l'étudier sur un grand nombre d'animaux qui furent soumis à mon inspection. Sa nature, sa marche, son intensité et la rapidité avec laquelle (65 ) elle se propageait me démontrèrent jusqu’à l’évi- dence que l’affection qui était l’objet de mes recher- ches avait tous les caractères d'une épizootie; dès-lors je m'eflorcai de découvrir les causes qui avaient pu donner naissance à cette calamité; je vérifiai les objets en rapport avec les animaux malades; je m’informai du régime et du genre de travail auxquels ils étaient habituellement soumis; je cherchai à découvrir les signes qui lui étaient propres et qui pourraient me la faire distinguer des maladies simples ordinaires, des maladies locales; je m'assurai par l’autopsie cadavérique d'un certain nombre d'animaux, victimes de cette maladie, quels étaient les organes particulièrement affectés. Je notai exactement toutes les particula- rités que j'avais observées, et que je comparai en temps opportun. Par ce moyen, j'eus le double avantage de porter sur cette épizootie un diag- nostic cerlain, et de composer une méthode curative basée sur la parfaite connaissance de la nature et du genre de cette maladie. Telle fut la marche que je suivis et que je suis encore toutes les fois que je suis appelé pour Ja combattre, ou pour aviser aux moyens de la prévenir. Le rapport que j'ai l'honneur de vous commu- niquer, Messieurs, et que je soumets à votre jugement, est le fruit de mes propres et nom- breuses observations. Heureux, si j'ai dignement rempli la tâche que vous m'avez imposée ! ( 66 ) Histoire de la maladie. Les animaux qui offrirent les premiers signes de cette épizootie avaient été achetés à Malliargues, dans le département du Cantal. Conduits au village des Granges, commune de Saint-Jean-de- Nay, ils furent mis en conctact avec ceux de leur espèce, auxquels ils communiquèrent la maladie dont ils étaient affectés; de là elle se propagea par la même voie au nord, vers les hameaux de Fix, Allègre et Joux; au midi, vers ceux du Thio- lent, Beissac, Vergezac, Saint-Remy, Loudes; et de là, aux animaux des communes plus éloignées; aussi règne-t-elle, dans le moment où j'écris, aux Seuils de Chaudeyrolles, à Haute-Vialle, commune de Rosières et au Puy. Partout où cette affection s’est déclarée, elle a fait de nombreuses victimes. L'hiver apporta quelques modifications dans son intensité; le nombre des malades était moindre et diminuait sensiblement; tout enfin faisait croire qu’elle était à son déclin. L'idée d'être débarrassé d'une pareille calamité portait l'espoir et la consolation dans lame du cultivateur. Vaines chimères ! l'illusion fut de courte durée et se dissipa totalement au retour de la belle saison. À cette époque, la maladie reparut avec la même intensité qu'elle avait à son début, et depuis lors elle continue à faire des progrès, du moins tel est je résultat des rapports qui me parviennent de plusieurs hameaux où elle vient de reparaitre, et ( 67 ) où déjà je me suis transporté pour aviser aux moyens nécessités par le retour de cette cruelle affection. Cette maladie, connue dans le pays sous le nom impropre de Maou de la courade, consiste dans Viatdammation de la plèvre et du poumon (pleuro- peripnenmonie) avec adynamie; elle se complique quelquefois de inflammation des autres organes contenus dans la cavité thorachique, souvent de ceux de la cavité abdominale. Sa durée ordinaire est de huit à quinze jours; rarement elle dépasse ce terme. Il est des cas cependant, mais ils sont fort rares, où elle arrive au trentième et même au quarantième jour. Elle affecte indistinctement les animaux de tout âge, se propage facilement par voie de contagion; elle ne se communique qu'aux animaux de la même espèce; je n’ai du moins aucun exemple du contraire. Cette affection, je dois le dire en passant, n’est pas nouvelle dans notre pays; elle peut être con- sidérée comme enzootique dans le département de la Haute-Loire, vu qu'un grand nombre de bêtes à cornes y périssent annuellement par suite de cette maladie; à la vérité, je ne lui avais jamais reconnu un caractère adynamique, et c’est probablement celte circonstance qui l’a rendue épizootique et contagieuse. Dans lexposé des causes, je ferai observer celles que je lui crois particulières, celles qui n'ont paru les plus favorables à son dévelop- pement, celles enfin qui agissent d’une manière directe sur les individus chez qui elle se déclare, (68) . Cette épizootie a beaucoup d’analogie avec une pareille maladie qui, à diverses époques, ravagea l'Auvergne et le Velay, et à laquelle succombèrent beaucoup de bêtes à cornes de tout âge et de tout sexe. M. Gastellier parle d’une maladie semblable qui affecta les animaux d'espèce bovine du Loiret; suivant cet auteur, cette épizootie fut introduite dans les environs de Montargis par des vaches ét des taureaux malades , vendus par des marchands; elle se répandit bientôt dans les lieux circonvoisins, vu son extrême conlagion. Abildgard, vétérinaire à Copenhague, cite une maladie analogue, dont furent atteints tous les haras et les chevaux du roi de Danemarck. L'épizootie qui en 1768 ravagea le département de l'Allier, et qui a été décrite par M. Gervy, était une peripneumonie. Cetauteur pense qu'elle n’était point contagieuse et qu'elle était due au passage subit d’une nourriture sèche à une nourriture verte; elle se borna aux villages de Saint-Bonnet et de Montpensier , près Gannat. M. Chabert a inséré dans les Annales vétéri- naires, année 1793, un mémoire fort intéressant sur une peripneumonie gangreneuse qui, depuis plusieurs années, affectait périodiquement et au retour de la belle saison les bêtes à cornes de plusieurs départemens. Ce savant vétérinaire con- sidère cette maladie comme éminemment conta- gieuse, et le plus ordinairement épizoolique. ( 69 ) Topographie. La partie du département de la Haute-Loire où cette épizootie a fait le plus de progrès est très- montagneuse , peu abritée au nord et exposée une grande partie de l’année aux vents froids du seplenirion; les eaux y sont très-froides et crues; en hiver elles sont assez abondantes, le contraire arrive lorsque l'été est sec; à cette époque de l'année, les animaux sont abreuvés le plus sou- vent dans des mares où croupit une eau bour- beuse remplie d'insectes. Il est même des fermes, et elles sont en grand nombre, où les eaux plu- viales sont stagnantes autour des maisons, dans les cours, s’y corrompent et donnent naissance à des émanations insalubres et dangereuses. Causes. Les causes de cette épizootie sont, comme toutes celles qui produisent de pareilles affections sur l'espèce humaine, peu connues ou du moins très-équivoques ; je les diviserai en causes prédis- posantes, et en causes occasionnelles, Les premières, ou cet état particulier dans lequel se trouve l'individu, qui le rend apte et susceptible de contracter la maladie toutes les fois qu’il est exposé à l'influence des causes occa- sionnelles, sont hors de mes connaissances, ou trop obscures pour que je croie devoir m'en occuper. (708 Les causes occasionnelles, celles qui sont hors de la sphère des individus et qui sont dues à Finfluence générale de tout ce qui est en rapport avec eux, sont assez nombreuses et peuvent jeter quelque jour sur Fhistoire de lépizootie actuelle; ce sont celles dont je m'occuperai pour les mettre à profit et en tirer des inductions précieuses. Je jetterai un coup d'œil rapide sur la manière dont on élève et nourrit l'espèce des bêtes bovines de notre département. Exelusivement destinées aux pénibles travaux de l’agriculture de nos contrées, les bêtes à cornes sont pendant toute la belle saison employées à ce service; pendant cette époque de l’année, et tant que leurs services sont uüles, elles sont assez bien nourries et assez libres pour respirer un air pur; mais l'hiver, lorsque les travaux agricoles sont momentanément suspendus, on les renferme dans des étables très-basses, creusées souvent dans la la terre jusques à la première solive, n'ayant qu’un petit nombre d’ouvertures presque toujours her- métiquement fermées ; espèce d’étuve où sont entassés un certain nombre d'animaux de toute espèce, obligés de respirer un air usé par la respiration continuelle d’un grand nombre d’in- dividus, chargé de molécules hétérogènes et vicié par la transpiration cutanée et les émanations alcalines qui s'élèvent des fumiers. L'état de moiteur dans lequel se trouvent ces animaux les rend très-impressionnables aux changemens de CE température, et c'est cependant dans cet. état qu'ils sortent deux fois dans la journée pour aller aux abreuvoirs, souvent assez éloignés des habi- tations. Les eaux dont ils s’abreuvent proviennent presqu'ordinairement dans cette saison de la fonte des neiges qui couvrent, une grande partie de lhiver, le sommet des montagnes de ces froides contrées. Les fumiers séjournent très-long-temps sous les animaux; puis ils sont ramassés en tas dans un des coins de lécurie qui, toujours mal pavée, est remplie de creux où croupissent les écoulemens des fumiers et des urines, et, par leur putréfaction, donnent naissance à des gaz délétères. Presque toujours les fourrages sont conservés au-dessus de létable, dans un lieu qui n’en est séparé que par un plancher mal jointé, percé de plusieurs ouvertures par où ils sont exposés à être imprégnés d'émanations délétères, qui les rendent plus ou moins insalubres. Jai souvent eu occasion d'observer dans les campagnes des étables bâties ou adossées contre des rochers, d’où filtrait conti- nuellement une certaine quantité d’eau; celiquide se réunissant dans la partie déclive de l'écurie, sans issue, était forcé de s’évaporer ou de s'infiltrer dans l'aire de létable. Dans tous les lieux où règne une maladie quel- conque, les colons sont dans la mauvaise habitude de parfumer leurs ecuries avec des graines de foin, de vieux cuirs, de l’assa-fætida ou tonte (72) autre substance mise en combustion; pendant cette opération , les animaux, soit malades ou non, restent dans ce lieu enfumé, respirent un air chargé de vapeurs irritantes. Souvent aussi ils gardent à lattache, dans le fond de létable, un bouc, animal à forte exhalaison, et que pour cela ils regardent comme propre à absorber ou à attirer à Jui le virus ou venin contagieux : manière de penser qui prouve combien nos agronomes sont encore éloignés des connaissances physiologiques. Dans presque toutes les fermes il n’existe qu'une seule écurie, où vivent péle-mêle les animaux sains en contact avec les malades; le pansement de la main est inconnu pour cetté espèce domes- “tique, que l’on laisse presque toujours remplie de crotte el de poussière; lhabitant des campagnes croirait se rendre ridicule s’il en agissait autre- ment : grossière erreur, opposée à la saine raison et toujours nuisible à la santé des animaux. La nourriture du bétail consiste, en hiver, en une grossière pâture, composée de moitié paille et moitié regain; elle est continuée jusqu'à la belle saison. À cette époque, l’on conduit les animaux aux pacages, et ils passent ainsi du régime sec au régime vert, sans aucune précaution; vers la fin de l'automne, on les en retire aussi brusque- ment qu'ils y ont été mis. Voilà, je pense, des causes suffisantes pour avoir donné lieu au développement de lépizootie qui désole nos campagnes. Soit qu’elles aient agi (73) énsémble ou isolément, elles me paraissent être aussi et avec juste raison celles de ces maladies qui, sans être épizootiques ni contagieuses, font périr annuellement dans beaucoup de hameaux un grand nombre de bêtes à cornes, sans que pour cela les habitans des campagnes aient cher- ché jusqu'à ce jour à les prévenir, en s’occupant à détruire les causes qui les produisent; et cela par la folle raison que létable qui sert d'asile à leurs bestiaux a été pendant trente à quarante années à l'abri de pareilles maladies. Les causes de cette épizootie peuvent donc se réduire, d'après l'exposé qui vient d'être fait, 1.9 à l’insalubrité des étables; 2.0 à l’encombre- ment d’un grand nombre d'individus dans un lieu souvent bas, dépourvu d'ouvertures suffisantes pour faciliter la libre circulation de lair atmos- phérique, agent si nécessaire à l'existence animale; 3.0 à l’usage des alimens parfois de mauvaise qualité, chargés de molécules hétérogènes; 4.° aux eaux crues et froides; 5.° au passage subit d’une température élevée à un air froid ; 6.9 aux exha- laisons putrides et irritantes; 7.0 au changement subit de nourriture; @.° et enfin, à la facilité avec laquelle se propagent les principes contagieux. Symptômes. Les signes propres à faire reconnaître cette affection peuvent, d’après la marche de Ia mala- die, se diviser en deux temps ou périodes : dans (74) la première, les animaux perdent plus où moins l'appétit, portent la tête basse, le pouls est élevé, l'artère bat avec vitesse , les yeux sont enflammés, chassieux; Pair expiré est chaud, la bouche sèche; l'on remarque sur eux de l'inquiétude, ils se cou- chent quelquefois et restent peu de temps dans cette position; l’on observe une toux fréquente, le mouvement du flanc est plus fort que dans l'état normal, la rumination continue à s’exécuter, le museau est sec, la conjonctive et la pituitaire sont légèrement enflammées, les urines sont moins abondantes, les matières alvines n’offrent rien de bien notable, le lait ne coule plus si abondam- ment et perd de ses qualités; le poil est terne, les oreilles et les cornes sont alternativement chaudes et froides. Dans la seconde période, tous les symptômes que je viens de citer augmentent d'intensité; les animaux perdent totalement l'appétit, la rumima- tion cesse complétement, le lait ne coule plus, les mamelles deviennent flasques, la toux est plus fréquente, convulsive, presque toujours quin- teuse; quelques animaux ne se couchent pas, et d’autres ont peine à rester debout; les flancs bat- tent avec force et vitesse, le ventre s’aplatit, les flancs se creusent, le poil est piqué, la peau est collée aux os, la respiration est laborieuse, la bouche est béante et donne issue à une bave vis- queuse; la langue paraît plus volumineuse que dans l’état naturel, presque toujours hors de la (75) cavité gutturale; les yeux deviennent ternes, s’en- foncent dans leurs orbites; les membranes mu- queuses sont jaunâtres; l’on remarque des frissons aux avant-bras et aux fesses; les forces se con- centrent, le pouls devient petit et vite; les ani- maux se couchent, se relèvent alternativement, poussent quelques gémissemens et meurent le plus ordinairement sans beaucoup se débattre. Un signe particulier à cette maladie, et que j'ai constamment observé, est l’écartement des deux extrémités antérieures l’une de l'autre, joint àune forte douleur qu'éprouvent les animaux lorsqu'ils sont pincés vers la région sternale. Sur quelques individus, le tissu cellulaire sous- cutané s'infiltre, la peau crépite sous la main et rend un son semblable à du parchemnn froissé; la tympanite accompagne souvent ces symptômes, qui s’observent vingt-quatre, trente-six heures avant la mort, et peuvent être considérés comme les signes précurseurs de cette terminaison. Souvent, dix ou douze jours après l'invasion de la maladie, lon apercoit une diminution sensible dans l'intensité des symptômes : le pouls s'élève graduellement, la rumination se rétablit, il se forme des dépôts sur diverses parties du corps; les sétons, après avoir produit un engorgement considérable, donnent un pus abondant et loua- ble ; l'appétit revient, et Fon peut compter sur une prochaine convalescence , à moins cepen- dant qu'un régime contraire ou un traitement 6 (76 ) négligé ne replonge les animaux dans leur pre- mier état. Ouverture. L’autopsie cadavérique des animaux morts de cette affection m'a offert le plus ordinairement les traces d’une inflammation intense des organes de la respiration et les lésions que Fon remarque à l'ouverture des annnaux qui ont succombé sous le poids d’une: fièvre adynamique; la membrane muqueuse qui tapisse la bouche et la trachée- arlère était légérement enflammée; les bronches contenaient une quantité de sérosité roussâtré; le poumon ; très-volumineux , était recouvert de petits tubereules, dont le nombre et la forme étaient variables ; son parenchyme était plus dense que dans l'état naturel , et infiltré d’un sang noirâtre; les bords des lobes antérieurs étaient quelquefois gangrenés; la plèvre et toutes ses duplicatures, fortement enflammées, offraient un grand nombre d’adhérences , parsemées de traces gangreneuses et recouvertes d’une matière semblable à de-fausses membranes; la cavité thorachique, celle du péri- carde , contenaient une sérosité jaunâtre dont la la quantité était en proportion de la durée de la maladie. J'ai observé que plus cette dernière s'était prolongée, plus le liquide était abondant. En avant de l'insertion du péricarde , au-dessous des lobes pulmonaires antérieurs et sur la face ‘interne du siternum, j'ai toujours rencontré une (177 D tumeur de forme sphérique, du poids de -deux kilogrammes environ, d'une nature spongieuse, d’une couleur jaunâtre , occupant une grande portion de la partie inférieure de la cavité thora- chique , environnée d’une substance adipeuse. Cette tumeur que j'ai constamment observée à Pouverture que j'ai faite d’un grand nombre d'animaux victimes de cette affection, et dont ne parle aucun auteur, m'a paru très-remarquable et particulière à cette épizootie. Sur quelques animaux, la membrane interne des estomacs était enflammée; celle du rumen se détachait facilement et adhérait aux matières contenues dans cet organe, sous la forme d'une pellicule noirâtre; le bonnet contenait des alimens durs et desséchés; la caillette n'’offrait rien de particulier. Le plexus choroïde a été quelquefois trouvé infiltré, quoique le cerveau füt dans son état naturel. Le tissu cellulaire sous-cutané des animaux qui ont succombé à cette épizoote présentait, dans plusieurs parties du corps, des plaques plus ou moins grandes, infiltrées d’une sérosité jau- nâtre et exhalant une odeur cadavéreuse; les corps se ballonnaient promptement, et la putré- faction s’établissait immédiatement après la mort. Traitement. Le traitement qu'il convient d'employer pour combattre cette épizootie doit ètre mis en usage (782?) dès les premiers signes de la maladie, et continué avec une persévérance rigoureuse, si l’on veut en obtenir d’heureux résultats ; la moindre négligence, le moindre retard dans emploi des moyens curatifs peuvent être suivis de graves inconvéniens” Ce traitement devra être en rapport avec la période de la maladie. La saignée, les béchiques adoucissans , les tem- pérans mitreux et les dérivatifs convienent dans la première période de la maladie; ainsi, dès que lon s’apercevra qu’un animal offre des signes ma- ladifs, on lui ouvrira la jugulaire; la saignée sera de deux livres pour les animaux adultes, répétée à midi et le soir, et continuée pendant les trois à quatre premiers jours de l'invasion de la maladie; lon s'empressera de poser un séton au fanon, animé avec la racine d’hellébore noir (Helleborus niger , Herbe à la broche) ouavec larsenic; ce séton sera pansé tous les jours avec longuent basilicum et entretenu tout le temps que durera la maladie. L'on donnera tous les jours aux animaux ma- lades une tisane faite avec la décoction des “feuilles et tige de bourrache miellée et nitrée, et à laquelle l’on ajoutera une petite quantité de fleurs de tilleul. Cette tisane sera donnée tiède et en deux reprises, deux litres le matin et autant le soir ; l’on pourra ajouter à ce breuvage un gros de camphre en suspension dans l’oxymel pour les animaux fatigués par une forte toux, surtout si celle-ci n’est point très-sèche (N.0 1.) ( 79 ) Des fumigations émollientes , rendues légére- ment résolutives par le vinaigre ou la fleur de sureau , seront faites deux fois par jour et dirigées sous les naseaux des animaux, la tête étant bien couverte. (N.0 3.) Dans la seconde période , lorsque les symptômes inflammatoires auront été combattus avec succès et qu'il ne s'agira plus que de remédier à l’état adynamique qui survient promptement, état indi- qué par la petitesse du pouls, la concentration et la prostration des forces, les frissons des avant- bras et des fesses, la froideur des cornes et des oreilles, 1l conviendra de ne pas hésiter à employer des amers et des antiseptiques. (N.0 2.) La décoction de racines d’angélique, d'impéra- toire, d’écorces de chêne, de marronnier d'Inde, la thériaque, le camphre, le sel de nitre rempli- ront parfaitement cette indication. Ces moyens devront étre continués jusqu’à ce que l’état du pouls et l'habitude du corps indiquent un mieux marqué. Les fumigations émollientes seront avantageuse- ment remplacées par celles faites avec l’infusion de fleurs de sureau, de sauge, de lavande, ou par celles de baies de genièvre, macérées dans Peau- de-vie camphrée. (N.° 4.) Le régime, tant que durera la maladie, devra être sévère et d’une exacte rigueur. Pour neurri- ture, peu de foin, mais toujours de bonne qua- lité; la boisson sera tiède et blanchie par la ( 80 ) farine d’orge ou de seigle, dans laquelle sera versée une petite quantité de sel de nitre. Un léger exercice, si la saison le permet, est salutaire; il importe que les écuries soient tenues propres et bien aérées; les animaux sains seront séparés des malades, et ne devront cohabiter avec ces derniers qu'autant que lon sera certain de leur parfait rétablissement, se conformant du reste aux me- sures prophylactiques que je vais rapporter. Les viandes provenant des animaux morts de cette épizootie sont insalubres, et, comme aliment, seront proscrites; les corps devront être enfouis, d'après la loi; il n°y a aucun danger à ce que l’on enlève les cuirs, il est cependant prudent de les chauler le plus promptement possible. Mesures prophylactiques. Dès que la maladie aura disparu, il est prudent de faire dans les écuries où auront séjourné des animaux malades, des fumigations désinfectantes, afin de détruire le virus contagieux et étemdre jusqu'aux derniers germes de maladie. On trouvera à la fin de ce mémoire la formule de celles que je crois convenables en pareille cir- constance. ù On devra aussi nettoyer, racler, passer à l’eau de chaux bouillante tous les objets qui ont été en rapport avec eux, ainsi que les auges, les râte- liers, les murs de face et de retour, et le pavé. Dans les heux où la maladie ne s’est point en- (81) core déclarée, l’on devra, autant que possible, empêcher la communication des animaux sains avec ceux des villages où règne Fépizootie, et éviter tout ce qui pourrait donner naissance à cette calamité; tenir les animaux à un régime: blanc, leur donner de temps à autre quelques poignées de sel de cuisine, verser dans leurs bois- sons une légère quantité de vinaigre, asperger souvent les fourrages avec l’eau salée et vinaigrée, tenir les écuries bien propres, enlever tous les jours les fumiers de dessous les animaux et les transporter hors des habitations , donner une légère inclinaison au sol pour faciliter écoulement des urines, établir des ouvertures en nombre suffisant et assez grandes pour faciliter la libre circulation de l'air. Si l’étable est bâtie dans terre, l’on pratiquera un fossé tout autour, assez pro- fond pour donner issue et cours aux eaux plu- viales ; des aqueducs seront construits dans celles traversées par les eaux, et conduits hors des écuries; les planchers devront être assez élevés et sans autres ouvertures que celles utiles au service ordinaire. On s’abstiendra de faire aucunes fumi- gations autres que celles propres à la désinfection ; l'on éloignera des écuries tous les animaux à fortes exhalaisons, vu qu'ils vicient Fair par leurs transpirations ; on ne conduira les bestiaux à l'abreuvoir, pendant la saison rigoureuse, que bien avant dans la matinée, et après que les écuries auront été ouvertes uy certain laps de (82) temps; on ne les fera passer du régime sec au régime vert, ef vice versd, que progressivement et avec toute l'attention voulue en pareil cas. N° 1. — Breuvage tempérant. (:) Prenez feuilles et tiges de bourrache. . . 1 poignée. Pleurside tieul RP ete 1 forte pincée. Miek ee SN ARMR AS 4 onces. Selidesnitrenl. = ea 26e L once. Faites bouillir ces substances dans suffisante quantité d’eau pour obtenir à la colature deux litres de décoction; donnez à l'animal en une seule fois; répétez le même breuvage le soir. Autre. Eroper orte crue, = 52 2 sie) enont a ta A DORÉ, Li, Ha MA Ent AI NS MS HOUSE 4 onces. VARIE ES PE me et ele ES OT ee 7 20e 3 onces. Sélde mirent VLC ROUTE 1 once. Faites bouillir le tout dans trois litres d’eau jusques à réduction d’untiers; retirez du feu, ajoutez à la colature un gros de camphre en suspension dans suffisante quan- tité d’oxymel; laissez refroidir jusques à tiédeur; donnez à l'animal en une seule dose; répétez. N° 2. — Breuvage tonique. Prenez racine/d’angélique. 21... 4 2: 10% 2. 3 onces Ragwne d'impératoire. 45h. cl. c5or- idem. HHÉTIAQRERS =. lee je, ce = cle 2 gros. DONHEANTITENT LA SEEN le ete lee tas rehe 2 once. D Faites bouillir dans quatre litres d'eau jusques réduction de moitié; donnez en une seule dose. (1) Les doses que je prescris ne sont, bien entendu; que pour un seul animal. (83) Autre. Prenez ÉCUTCC IDE CRÉNE see = tele ele elles à = 3 onces. Racinelidetgentianes tele Anis OM idem. BaiesNdefreneyret eee tee Cie 1 poignée. Faites bouillir dans 4 litres d’eau jusques à réduction de moitié; retirez du feu et coulez; ajoutez à la colature un gros de camphre délayé dans un jaune d'œuf, N0 3. — Fumigations, Prenez feuilles et tiges de mauve. . . . . . .. 2 poignées, Eau commune, suffisante quantité. Faites bouillir pendant demi-heure; retirez du feu; versez dans cette décoction une verrée de bon vinaigre, exposez de suite la vapeur sous le nez des animaux; ayez la précaution de leur tenir la tête bien couverte ; restez dans cette position pendant un quart-d'heure. N° 4. — Fumigation résolutive. £ Prenez baies de genièvre macérées dans l’eau-de-vie cam- hréeiriust. EURE ST CE SU AO ARCS 1 poignée, pois Jettez-les dans un réchaud ardent, et exposez comme il est dit pour les fumigations émollientes, Fumigations désinfectantes. Prenez sel/de cuisines el... ele ete se 1/2 kilogramme. Oxide de manganèse en poudre. . 6 décagrammes. LÉ MATS T 0 Sr0 OiS © 0 1 io 6 décalitres. Mettez le tout dans une terrine de grès non vernissée et suffisamment grande; posez cette terrine sur un réchaud ardent; portez-la dans le milieu de l'écurie; versez dessus le mélange : Aoidemsulfuriques he spi: ef. re 3 hectogrammes. Fermez exactement toutes les ouvertures; ne les ouvrez et ne Yaissez rentrer les animaux que lorsque les La vapeurs seront entièrement dissipées. IN. B. Pendant cette fumigation, l’on ne doit laisser dans l'écurie aucun être vivant, crainte de suffocation. Pour désinfecter une écurie, supposée de 40 pieds de long sur 12 de large, prenez 4 bouteilles de chlorure de sodium, ou 2 livres de chlorure de chaux, que vous délayerez dans environ 4o litres d’eau; puis, avec un balai ou une brosse, passez fortement de ce mélange sur tous les points de l'écurie, que vous laverez ensuite avec de l’eau pure. La désinfection opérée , ouvrez les portes et les fenêtres, pour faire dissiper l'humidité. Dans le cours d’une épizootie on devra, comme moyen prophylactique, arroser matin et soir les écuries avec de l'eau chlorurée, préparée avec une bouteille de chlorure de sodium ou demi-livre de celui de chaux dans quatre à cinq seaux d’eau. RAA AA AAA AA AA A AAA A AV AA AAA RAA AA VS AA A VU MA A MUR MA VA af RAPPORT De M. De VerTaurE, sur les Annales de l'agriculture française ,cahier de janvier 1826. J'ai été chargé par vous, Messieurs , de faire un rapport sur le premier cahier de 1826, des Annales de l'agriculture française. J'y ai remarqué un essai fait en Angleterre sur la culture du colza pour être livré eomme pâture au gros bétail et aux bêtes à laine. Des comptes très-clairement détaillés établissent dans ce rapport que la dépense pour la culture du colza employé à la nourriture de ces animaux (85) s’élève plus haut que le produit; d’après ces ré- sultats , dont je suis persuadé, tout en reconnais- sant en général les avantages des prairies arüfi- cielles , je ne traitcrai de la culture du colza que sous le rapport de l'utilité de sa graine pour faire de l'huile; il se fait une grande consom- malion de cette huile, parce qu’elle est la moins chère et ne le cède pas en qualité, pour l'usage d'une ferme, à l'huile de noix; aussi est-elle d’un emploi général dans les ménages peu aisés : c’est le plus grand nombre. La culture du colza en grand convient dans un pays comme la Flandre, où les terres sont fortes et les vastes plaines propres aux grandes exploi- tations; mais dans le département de la Haute- Loire, où les terres sont en général légères, les trop fortes chaleurs de l'été nuisent quelquefois à la prospérité de cette plante; les bonnes terres sont de préférence ensemencées de froment, parce que cette récolte est plus facile et plus assurée. D'après cet exposé, il ne paraît pas que la culture du colza en grand soit praticable dans ce pays; l'expérience prouvera si c’est sans excep- tion. Il n’en est pas de même de sa culture sur une petite surface; il est peu de propriétaires fon- ciers qui ne puissent destiner une portion de terre qui convienne à la culture du colza; il est facile au cultivateur de donner dans une petite étendue de terrain tous les soins qu’exige la culture de cette plante : elle n’est pas très-sensible aux (86) influences de la gelée; cependant pour la préserver de son atteinte, ainsi que de la grande sécheresse , convient de lentourer de l'espèce de fumier appelé pailleux. Le colza se sème dans nos pays de suite après l'enlèvement du blé; pour profiter du terrain, on le sème dans un champ où l’on vient d’ameublir cette récolte; si ce champ a été bien béché et fumé l’année précédente , on se contente ordinairement de semer le colza et de donner un bon labour; quand les plants de colza ont suffisamment grandi, on choisit dans l'automne un jour où le terrain est humecté pour arracher ceux qui sont à moins d'un pied les uns des autres, et pour transplanter les meilleurs plants là où le semis est trop clair. Avant l’hiver, on bine et on sarcle le champ de colza que l’on couvre avec soin de fumier. Deux opinions contradictoires sont émises sur le mode de culture du colza : lune est la nécessité de transplanter dans l'automne cette plante, pour obienir une bonne récolte ; l’autre est le non- succès de cette transplantation et l'avantage pour la faire prospérer de s’en tenir à cultiver le semis. On peut expliquer cette diversité d'opinions et en même temps convenir de la justesse de cha; cune d'elles, en considérant que les avantages de ces deux facons de cultiver le colza dépendent de la différence des terrains; les cultivateurs des communes de Vorey, Chamalières et Retournac, pays où les terres sont en général très-légères et (97) même sablonneuses, ont acquis l'expérience que le colza transplanté réussit bien moins que celui qui s'élève sur le point où il a été semé; le contraire est prouvé dans des domaines qui nous avoisinent dans la commune de Beaulieu, tel que le domaine de Conches, etc., où les terres sont plus fortes, quelques-unes argileuses. Il semble que nos terres légères ne fournissent précisément à cette plante pivotante et vivace que la quantité de suc nécessaire à sa prospérité, et que le retard apporté à son dé- veloppement par la transplantation ne peut pas se réparer dans un terrain aussi maigre, tandis que l'excédant des sucs qu'elle prend dans une terre forte, lui permet de supporter l’état de stagnation qui suit la transplantation sans en souffrir , et que, se trouvant ensuite dans une terre neuve, elle y profite avec rapidité. On dit la récolte du colza casuelle: elle l’est en effet; mais une bonne année dédommage de deux mauvaises. On peut en baser ainsi le produit, en admettant trois récoltes : une bonne ,une médiocre, une mauvaise. Sur un terrain de 200 toises d’é- tendue, la première doit rapporter, calcul fait, huit doubles décalitres de graine à 7 francs la MESSE OPA EE NS TI HOT. La seconde année, 6 doubles déca- RER ER Re ILE D LENS Va La troisième année, 3 doubles deca- Mines a BAL AREA SIDE GASTON TE # Ce # ( 88 ) La dépense pour obtenir cette récolte, suivant ce qui se pratique dans nos pays pour trois car- tonnées de terrain, se monte pour le labour et semence, sixfr.quatre-vingt-dix c., ci. 6f. goc. Quinze charretées de fumier , le teansporier ekl'étendres-i.5s 43. .e29n0es Binage , sarclage , remplacement des mauvais plants... sms ss.t 016 Pour couper et lier Le colza...... 4 » Le transport avéc char. .......,..,. 6 Pour battre et vanner..........., 6 5of. goc. Reste de profit 68 fr. 10 centimes, ce qui fait un revenu de 22 fr. 70 centimes sur une surface d’une cartonnée, Peu d’autres cultures produisent autant, surtout dans le moment actuel, où une trop grande étendue de terrain en Europe est en- semencée de grains, ce qui est une des causes principales de leur bas prix. Il est intéressant pour le propriétaire foncier de réserver une cer- | taine contenance de terrain pour d’autres récoltes utiles et profitables; la culture du colza est une des plus avantageuses, ne füt-ce que pour en reti- rer l’huile nécessaire à la consommation du mé- nage , et dont le prix serait bien différent si on l'achetait. En employant pour cette culture la transplan- tation sur un terrain béché exprès, les frais sont plus considérables que ceux de la culture par ( 89 ) semis, et les bénéfices, tout compensé, diffèrent peu. L'expérience peut encore amener des amé- liorations dans cette récolte; il reste bien démontré que la culture du colza, soit sur une grande, soit sur une petite surface, suivant les localités , mérite d’être mise en pratique. Si Pon considère que les fonds où Fon a cueilli cette utile graine, peuvent encore rapporter la méme année des pommes de terre ou des raves, et produire l’année suivante une abondante récolte de grains martiaux, on sera convaincu que cette récolte ne saurait étre trop recommandée et encouragée. AAA VU VV A M A VAL VA M VU AV AU AV M M MU A M ME VA AE AA A INSTRUCTION Sur la clavélisation , ou manière de traiter le claveau ou clavelée, par M. Movssier. Jusqu'à présent l'économie agricole avait eu à redouter les ravages de la maladie des bêtes à laine connue sous les noms de claveau, clavelée ou picote; mais, grâces aux découvertes dont notre siècle s’honore , il en séra bientôt de ce fléau comme de la petite-vérole. Un moyen a été découvert depuis plusieurs années, et mis en usage dans divers départemens ; toujours il a réussi au point de rendre nuls les effets de la con- tagion. Nous avons dans notre département deux exemples de son efficacité; et si notre confrère M. Treveys n'a point fait une découverte réelle, (90 ) il n’en a pas moins contribué à prouver sous nos yeux les faits avancés ailleurs : dans le courant de l’année dernière |, son troupeau composé de 140 bêtes, est reconnu atteint du claveau; il se borne d’abord à isoler les malades, mais l’infec- üon continuant à se manifester dans le troupeau, il se décide à pratiquer l'inoculation du claveau. Sur 96 bêtes, toutes guérirent parfaitement, tandis que la plupart de celles qui n’y furent pas sou- mises, périrent, perdirent la vue, ou restèrent maigres et chétives pendant long-temps. A-peu- près vers le même temps, M. de Saint-Germain pratiquait cette opération sur 60 bêtes, restant d'un troupeau de 100, dont 40 avaient déjà été atteintes du claveau; lopération réussit parfaite- ment, toutes les bêtes opérées guérirent, tandis que des 40 affectées primitivement, 10 seulement échappèrent à la mort, et encore atteintes pour la plupart de pneumonies, d’ophtalmies chro- niques, etc: Ces deux expériences, quoiqu'imparfaites, puis- qu’elles ont été pratiquées sans connaissances posi- tives sur la clavélisation , n’en servent pas moins à prouver ses avantages, et nul doute que chaque fois qu’il sera possible de la mettre en usage, l’on n’obtienne d’aussi heureux résultats ; et si, par la voie de l'impression, on parvient à la propager, surtout dans les campagnes, on n’aura bientôt plus à craindre le fléau qui les ravage si fré- quemment, puisqu'à la première apparence d’in- Cor ) fection chaque propriétaire s’empressera de deve- nir le médecin de son troupeau. Les fais que nous venons de citer devraient suffire pour ne laisser aucun doute sur les avantages de la clavé- lisation ; mais comme un auteur , M. Hurtrel d’Arboval, en a rapporté un plus grand nombre et de plus concluans , nous allons donner un résumé succinct de son ouvrage, apres quoi nous décri- rons, d’après lui, le mode opératoire, afin de ne pas laisser à l’empirisme le soin d’exploiter cette branche de l’art vétérinaire : « Dans la circonstance malheureuse d’épizootie » claveleuse et toutes les fois que la clavelée est » à craindre, la clavélisation offre des avantages » incontestables malgré les idées contraires de » quelques praticiens routiniers ou entêtés, et de » quelques gens de campagne prévenus défavora- » blement, mal-éclairés sur leurs véritables inté- » rêts, ou imbus de préjugés ficheux. _» En laissant la clavelée se manifester et par- » courir sa marche naturelle, des propriétaires » ont perdu quelquefois les trois quarts de leurs » troupeaux. Quand par la clavélisation on perd » un dixième de bêtes inoculées, on peut regar- » der lopération comme très-malheureuse ; le » plus souvent on ne perd pas un vingtième, et il » est même possible de ne rien perdre , surtout » quand on n'attend pas que la clavelée soit dans » le troupeau, et qu’on en prévient l'invasion par » l'inoculation. Nous sommes parvenus à réunir 7 (92) » une masse imposante de faits desquels il résulte » que les pertes éprouvées par la clavélisation ne » s'élèvent pas à un centième. D’après un relevé » de plusieurs clavélisations faites à l’école d’Al- » fort, la perte n’est évaluée qu'à 4 sur 400. Pour » obtenir d’aussi heureux effets, on ne doit pas » attendre que la clavelée soit dans le troupeau, » car alors la clavélisation est d’un caractère plus » grave, quoique moindre cependant que la ma- » ladie primitive, ce qui doit engager à inoculer » aussitôt que la maladie règne dans le voisinage. » Pour pratiquer cette opération, il faut observer les règles suivantes : 1.0 choix du virus; 2.° ma- nière de l’extraire; 3.2 lieu d'élection et imocu- lation. Choix du virus. Le virus doit être pris sur des bêtes qui ont eu une clavelée régulière. On saisit linstant où les boutons sont blancs, comme argentés, et où ils laissent suinter , après les avoir percés, un fluide roussâtre et limpide ; c’est à-peu-près vers le huitième jour après l'apparition de la maladie qu'il est propre à l’inoculation. Extraction du virus. Pour extraire le virus, on détache légèrement la peau mince qui recouvre le sommet du bouton; on charge la pointe d’une lancette, ou de tout autre instrument pointu et tranchant, du fluide qui en sort en goutteleltes. (93) Lieu d'élection et inoculation. Le lieu le plus propice pour l'opération est- sans contredit le bas du ventre, à la partie ordi- nairement privée de laine; on a moins à craindre par-là les accidens qui résultent quelquefois de la lésion des organes sensilifs et moteurs, lorsqu'on inocule à la face interne des cuisses, et qui sou- vent donnent lieu à des tumeurs gangreneuses et trop souvent mortelles; d’ailleurs les frottemens exercés sur cette parlie par les mouvemens ou dans les diverses attitudes que prend l'animal, suffisent seuls pour augmenter considérablement inflammation et prolonger la maladie. Lorsqu'on opère au bas-ventre, la seule attention que l’on déitavoimest de pratiquer l'opération un peu en avant des mamelles chez les brebis, et des parties génitales chez le mâle, ayant soin de ne pas enfoncer trop l’instrument, afin de ne pas léser les ganglions lymphatiques qui se trouvent autour de ces parties. Il est inutile de conseiller d'enlever la laine qui pourrait s’y trouver. Ce choix une fois fait, on passe à l'opération proprement dite, qui se pratique ainsi : on fait pénétrer entre les lames de la peau, et de manière à détacher et soulever un peu l’épiderme, le bout de l'instrument, qu'on enfonce obliquement et avec précaution, de peur de traverser la peau, ce qui donne lieu à des accidens; puis, on pince avec le pouce et l'index la petite plaie par ses extrémités, de manière à (94) la rendre béante, et l’on y introduit la pointe de instrument chargée de virus; on l’y agite légère- ment, et après l'avoir retirée on applique le pouce sur la petite plaie afin d'y mieux fixer le virus et d'en favoriser l'absorption. Peu de jours après l'opération, plutôt chez les jeunes bêtes que chez les vieilles, les effets de la clavélisation commencent à se manifester, et bien- tôt un bouton de clavelée se montre à l'endroit de chaque piqüre; il est, en général, plus rouge, plus gros, plus douloureux que ceux développés aux environs ou aux autres parties. Après une certaine époque , qui varie de dix à quinze jours, il se recouvre d’une croûte sous laquelle on trouve un fluide tantôt limpide, tantôt plus épais, qui paraît moins propre à la clavélisation que ceux du claveau naturel. Après cette époque, les pustules se dessèchent; elles deviennent noirâtres, dures et forment une véritable escarre, qui tombe quel- quefois sans suppuration , mais le plus souvent avec une suppuration véritable qui ne donne plus le virus de la clavelée. L'éruption est aussi marquée par un mouvement fébrile assez apparent et par des phénomènes sympa- thiques , indices certains d’une bonne clavélisation ; Fanimal devient triste , ilmange peu ou pas du tout, jusqu’à ce que la fièvre ayant diminué un peu, ce qui arrive à-peu-près vers le troisième ou quatrième jour, il reprend son état naturel et commence à rechercher la nourriture. On doit alors lui donner (95 ) un peu de son, dont on augmente la quantité jusqu’à ce que les symptômes diminuant encore, on lui permet lusage du foin ou de lherbe. Pendant tout ce temps, les soins à prendre sont plutôt hygiéniques que médicamenteux : les ani- maux seront logés à l'aise sur une bonne litière, dans des bergeries très-sèches, fraîches sans être froides, dont l'air sera renouvelé souvent; on les fera parquer quand le temps et la saison le per- mettront, ou sortir toutes les fois qu'il fera doux et beau, tandis qu'on aura soin de les tenir ren- fermés pendant les temps pluvieux et froids; on s’attachera plutôt à la qualité qu'à la quantité des alimens; on leur donnera peu, mais aussi bon que possible. À cela se borne le traitement, pendant lequel on se gardera bien de pratiquer des éva- cuations sanguines, d'administrer des purgatifs ou toutes autres drogues, presque toujours inutiles et très-souvent nuisibles. Un des accidens qui accompagnent quelquefois la clavélisation, est la formation, aux endroits même des piqûres, de tumeurs d’abord phlegmo- neuses, mais qui ne tardent pas à devenir gangre- neuses : c’est ordinairement du 10° au 20° jour. On voit les escarres devenir le siége d’une tumé- faction œdémateuse plus ou moins considérable, et dont le centre devient mou, violet et insensible, état qui ne tarde pas à se communiquer à la cir- conférence. Dans d’autres cas, l’escarre, au lieu d'être son- (96 ) levée, est adhérente aux parties sous-jacentes; la peau qui l'entoure se gerce, devient jaune, terne et insensible. Il arrive aussi que lorsque l'opération est pra- tiquée pendant les chaleurs de l'été, certaines mouches venant déposer leurs œufs dans les piqüres ou dans Îles boutons écorchés, on voit bientôt des vers s’y développer et venir aggraver le mal. Ce dernier accident est beaucoup moins grave que les précédens, pendant lesquels la chaleur du corps augmente considérablement , la soif est ardente, la diarrhée ne tarde pas à sur- venir, et la mort en est souvent la suite. Le traitement qui convient à ces sortes d’acci- dens consiste dans l'usage d’un liniment ammo- niacal, dont on frictionne les boutons gangreneux, et avec lequel on imbibe un linge dont on les recouvre; à l’intérieur, on donne quelques doses de vin chaud avec le qumquina ou lacétate d’am- moniaque, dans des proportions différentes, sui- vant les cas. Dans la complication vermineuse, l'huile essentielle de thérébentine convient mieux que l'huile de cade pour détruire ces insectes; 1l suffirait d'en introduire quelques gouttes une fois ou deux dans les plaies. Ici se termine ce que nous avions à dire sur la marche à suivre dans la clavélisation ; nous croyons en avoir démontré suffisamment les avantages inappréciables pour ne pas devoir y revenir. Cependant, tout en adoptant Fopinion recue sur (97 ) les effets de ce moyen, qui, au lieu d’une maladie toujours désastreuse, en font une bénigne et régu- lière, nous attirerons l’attention des gens de art sur une remarque qui nous est particulière , et dont les auteurs qui ont traité du claveau n’ont pas parlé : nous pensons que sile elaveau fait autant de ravages lorsqu'ilse montre dans un troupeau, c’est que mettant quelques intervalles pour en attaquer les individus etne les atteignant que partiellement, on les voit, au fur et à mesure qu'ils tombent ma- lades, se traîner péniblement à la suite, manger les restes et être continuellement harcelés par les chiens, ce qui ne tarde pas à déterminer chez ‘eux des maladies qui, quoique étrangères au claveau, n’en deviennent pas moins mortelles, telles que des pulmonies, des diarrhées chro- niques, etc. Par la clavélisation on combat faci- lement ces graves inconvéniens, puisque la ma- ladie inoculée en même temps suit la même marche et se termine cheztous à la même époque. AN AV MA AU MAL A AA AUS NN VU NV V4 AV AA AAA AV AA A VA AU AA VS AU AV AU VU NOTICE Sur lutilité dune pépinière dans chaque exploitation rurale. Par M. Dumon'rarT. Le désir de faire participer mes compatriotes aux avantages que j'ai obtenus et que je retire encore de la formation d’une pépinière destinée à pourvoir aux besoins de ma propriété , me dé- (98 ) termine à entretenir la Société des résultats d’une expérience aussi décisive qu'elle m'a été profi- table; j'y joindrai quelques réflexions sur le déboi- sement progressif de nos campagnes et sur la né- cessilé d'y porter un prompt remède en encou- rageant et favorisant les plantations nouvelles. Ayant acquis, en 1919, un domaine dans les environs du Puy, j'éprouvai bientôt le très-grave inconvénient de n’y avoir point de pépinière, et mon premier soin fut d'en créer une, à laquelle, faute d'emplacement convenable, je ne destinai d'abord qu’un espace de 200 toises carrées (1). J'y plantai, ormeaux de 2 ans...,.., Goo pieds. Frênesdei2;ans 50) 1700 Pousses de peupliers , una soso eo Marrons d’Inde......... 100 Noix ou noyaux de pêches et d'abricots......,..... 100 Pepins de pommes et de poires (mis en place à 2 ans. }. sheet TO 1800 Les 1300 arbres me coûtèrent 10 francs; la dépense occasionnée par les travaux annuels faits à la pépinière fut amplement compensée par d'abondantes récoltes de haricots , et j'ai pu (1) Ma pépinière occupe actuellement un terrain de 1,000 toises. ( 99 ) planter, en 1825 et 1826, 1000 frênes, ormeaux ow peupliers qui, presque tous, ont parfaitement réussi. Je n'hésite point à attribuer l’état prospère de ces arbres à l'avantage inappréciable d’avoir pu arracher soigneusement ceux que je devais mettre en place et d'en conserver le chevelu comme les grosses racines, tandis que ceux que l’on fait venir à grands frais des départemens voisins, se trouvant presque toujours desséchés ou mutilés , on est obligé de rabattre la plupart des racines essen- telles ; il en résulte que la sève n'étant plus assez abondante pour résister aux fortes chaleurs du mois d'août, l'arbre languit, se dessèche par le haut, ou périt entièrement. Il est très-utile de défoncer le terrain où l'on veut former une pépinière et de choisir une place abritée des grands vents. On s’exposerait, sans cette dernière précaution, à voir les greffes se décoller, les jeunes sujets se casser, ou à n’obteniy que des arbres dont la tige serait tor- due et noueuse. 11 convient également de planter les arbres en quinconce et à deux pieds de dis- tance en tout sens , afin qu'ils soient plus faciles à arracher, et que l'air et le soleil y pénètrent mieux. Je n’ai considéré jusqu'ici, dans les pépinières particulières, que l’avantage qui résulte de la prompte reprise des arbres; mais l’économie qu'on y trouve paraîtra encore plus importante, lorsqu'on saura que mes arbres ne me coûtent ( 100 } pas 10 centimes, tandis que ceux qu'on achète aw loin reviennent à 55 cent., 1 fr. et même 1 fr. So cent., lorsqu'il s'agit de fruits à pepins sur franc. Il est donc à désirer que tous les proprié- taires consacrent une portion de terrain à la for- mation d'une pépinière proportionnée à l'étendue de leurs domaines ou à la quantité d'arbres qu'ils peuvent y placer, et qu'ils s’attachent à planter de Ja mi-côte jusqu'à la sommité des montagnes, et généralement tous les terrains fortement inclinés, afin de prévenir les effets désastreux des eaux pluviales. Le pin, le chêne et le hêtre sont les arbres qui, dans nos contrées, conviennent le mieux pour le reboisement des hauteurs, en ce qu'its se repro- duisent par le semis et réussissent à toutes les expositions (1). Quant aux plantations qui doivent border les propriétés cultivées , le peuplier, le frêne et lorme me paraïîtraient préférables, sauf dans certaines vallées du département, où le climat plus tempéré favoriserait également les plantations de noyers et de müriers. Fai vu des propriétaires de grands domaines sus- ceptibles d’être reboisés, contester Putilité des pépi- nières particulières, en disant qu'on ne respecte point assez les nouvelles plantations, et qu'ils “avaient pu mettre en place tous les arbres qu’ils avaient élevés. Je crois que la police rurale fait EEE SO ES {x} Le hêtre préfère cependant le nord, ( ‘ror: ) justice de la première de ces objections, et que si les arbres d’une pépinière excédaient quelque part le nombre de ceux qu'on peut planter, il serait facile d’en trouver le débit en faisant insérer un avis dans le journal du département. J'ai déjà fait observer d'ailleurs qu'il est convenable de pro- portionner l'étendue de la pépinière aux besoins du domaine dans lequel on veut l’établir. C’est non-seulement sur lutilité, mais encore sur la nécessité des plantations de toute espèce que j'appelle la sollicitude des agriculteurs, et en particulier celle de Messieurs les Maires des com- munes rurales. Bientôt nos campagnes, dans un rayon de plusieurs lieues, n’offriront plus que des cultures en prairies ou céréales, ou des côtes arides, si l'on ne s'empresse de remplacer les arbres qui les embellissaient autrefois. Percepteur d'un cantonnement aux environs du Puy, j'ai vu les propriétaires arracher les frênes, les ormeaux et même les arbres fruitiers qui bornaient leurs héritages, sans songer à en planter de nouveaux. Ils usaient de cette ressource pour payer Fimpôt, en disant que les épis qu'ils récoltaient à la place. de ces arbres les dédommageaient amplement de leur perte; äussi les grandes communes de Bains, Saint-Christophe, Cayres, Sanssac, Vergezac et autres n'offrent-elles plus un seul abri. Il est résulté de ce calcul de limprévoyance et de l’égoïsme que le bois renchérit chaque jour, et qu'un eulti- vateur ayant 12 à 1500 fr. de revenu , en dépense ( 102 ) actuellement le sixième pour son chauffage; et le besoin de rémédier à ces abus de la propriéte devient d’autant plus pressant, que les mines de houille se trouvant à une grande distance, ne nous présentent qu'une ressource très-onéreuse pour la plupart des communes de cet arron- dissement. Je laisse à ceux de mes confrères que la Société a chargés d’un rapport sur la culture du mürier et du pommier à cidre, le soin de démontrer tous les avantages que notre pays pourrait en retirer, et je me bornerai à demander que les jeunes plants de pommicrs qui sont dans la pépinière départe- mentale soient, en grande partie, greffés avec les pommiers à cidre. DR MERS" CROP NPD ET CS NT Ed CNET 3 i (Page 103,) Des âges des personnes mortes parmi les habitans du Puy pendant les deux périodes de 1581 à 1790 et de 1816 à 1825 inclusivement. NECROLOGES OU TABLEAUX MOIS COLLECTIFS, 1" PÉRIODE. (10 ans.) Septembre. .., Octobre..--n1re Novembre Décembre ToTAUx par âge... 2° PÉRIODE, (10 ans.) Janvier. rs. Février Septembre. .., Octobre Novembre... Décembre TOTAUX par âge... | À UN AN. ——— fm mâles. |femelles 66 DE 1 À 5 ANS, —— 4 —— > _— mäles, femelles 29 23 32 29 21 DE 5 À 10 ANS, DE 10 À 20 ANS, + ——— femelles, || mâles. |femelles. DE 20 À 30 ANS. ——————— femelles. DE 30,4 40 ANS. DE 40 A 50 ANS. DE 50 À 60 ANS. > ——— femelles. 21 22 19 DE 60 A 70 ANS, —_—_—— DE 70 A Bo ans. DE 80 À 90 ANS. | DF 90 4 101 ANS. | mme , | femelles,| mâles. se [15 15 16 el a = © nm © © ON NI Se = © 392 | 115 | 134 Œ O1 O Or © O1 O1 © © 98 DÉCES ANNUELS, 1'® période, 1781 | 352 512 453 532 418 507 463 421 374 417 1782 1765 1784 1785 1786 1787 1788 1789 1790 2° période, 1816 1017 1018 1819 402 558 409 4 402 474 546 404 422 408 1820 1821 1822 1823 1824 1625 DIFFÉRENCE . . « { 103 } MÉMOIRE Sur la mortalité parmi les habitans du Puy, la durée moyenne de leur vie et les maladies auxquelles ils sont sujets. Par M. ARNAUD aîné. Un des principaux objets de la statistique d’un pays est la désignation de la durée moyenne de la vie de ses habitans. Le plus sûr moyen de Fob- tenir est de prendre note, sur les registres de Pétat civil, des âges des personnes mortes dans un espace de temps suffisant, de les additionner et de diviser la somme par le nombre dés morts : le quotient indique la durée moyenne de la vie. L'opération serait extrêmement simple si la popu- lation se composait uniquement d'individus domi- _ciliés et habitant, du moins depuis quelque temps, "dans ce pays; mais il n’en est pas ainsi, particu- lièrement à l'égard des villes où abordent successi- -vement des étrangers qui n’y font qu'un séjour plus ‘ou moins court, et dont quelques-uns y sont sur- pris par la mort. En faisant le relevé des décès, il paraît convenable d'en distraire ces derniers, de la durée de la vie desquels on ne peut rien conclure pour celle propre aux habitans du pays. C'est ce que j'ai fait en dressant les deux tableaux nécrologiques joints à ce mémoire. Je n’y ai point (ro4 ) compris les morts parmi les militaires en gar- nison au Puy, les étrangers passant dans cette ville ou y étant fixés depuis peu, les militaires nés au Puy et morts aux armées, les individus nés dans cette ville et morts en pays étranger, quoiqu'ils soient tous portés au nombre des décès sur les registres de l'état civil. Jai fait de même pour les morts-nés : ils ne doivent pas prendre part à la division de la somme des âges des personnes mortes n'ayant eux-mêmes pas vu le jour et n’ayant par conséquent pas été soumis à l’influence immé- diate du climat. Au lieu de les inscrire dans les registres de l’état civil au nombre des décès, je croirais plus convenable d’en tenir un registre particulier, ou plutôt de les placer parmi les nais- sances, comme il paraît qu’on agit à Paris, d’après un ouvrage périodique : Revue médicale (1). Les deux tableaux nécrologiques dont j'ai parlé sont le relevé des morts qui ont eu lieu pendant deux périodes décennales, séparées lune de l’autre par un intervalle de 25 ans. Indépendamment de la fixation du terme moyen de la durée de la vie, à laquelle ïls doivent servir, on peut en tirer d’autres corollaires non moins intéressans. En additionnant les âges des morts pour en former une somme totale du nombre d'années qu'ils ont vécu collectivement, chaque colonne présentant une certaine latitude, comme de la ps Eee |] (1) Tome 2°, page 168. Paris, 1826. ( 105 } naissance à un an; d'un an à 5; de 5 à 10; de 10 à 20; elc.; et au nombre des morts compris dans chacune de ces colonnes , les uns s'étant trouvés plus près, d’autres plus éloignés de lun des deux termes, j'ai pris un Lerme moyen; ainsi, j'ai fixé à 6 mois l’âge de ceux de la première colonne, laquelle indique les morts de la nais- sance à un an; à 3 ans, ceux compris dans celle d’un an à 5 ans; etc. CONSÉQUENCES TIRÉES DES DEUX TABLEAUX. 1.9 Le nombre des morts pendant la période de 1761 à 1790 est de 4449, dont 1990 mâles, et 2459 femelles. 2.9 Ils ont vécu collectivement 137745 années, dont 52620 pour les mâles, et 84925 pour les femelles. Ces 137745 années divisées par 4449, qui est le nombre des morts, donnent 30 années 11 mois 10 jours pour terme moyen de la durée de la vie des habitans du Puy. La durée commun: de la vie des mâles, indiquée par 52820 divisé par 1990, a élé de 26 ans 1 mois 3 jours; celle des femelles, de 34 ans 6 mois 13 jours, ce nombre étant le quotient de 84925 divisé par 24509. D'où il suit que la vie commune des personnes du sexe féminin a excédé de 8 ans 5 mois 10 jours celle des mâles. 3.° Le nombre des morts pendant la période de 1816 à 1825 est de 4466, dont 1922 mâles , et 2544 femelles. Ils ont vécu collectivement 151081 ( 106 } années, dont 57058 pour les mâles , et 94023 pour les femelles. La durée moyenne de la vie a donc été, pour la masse, de 33 ans 9 mois 26 jours; pour les mâles, de 29 ans 8 mois 7 jours, et pour les femelles, de 36 ans 11 mois 15 jours. Il en résulte que la durée moyenne de la vie pendant cette période, comparée à celle de 1781 à 1790, s’est accrue de 3 ans 7 mois 4 jours, pour les mâles; de 2 ans 5 mois 2 jours, pour les femelles, et de 2 ans 10 mois 12 jours pour la masse. 4.° Il est mort au Puy, année commune, 445 in- dividus de 1781 à 1790, et 447 de 1816 à 1625 : différence en plus, 2 ou 1/222°; ce qui suppo- serait une augmentation de population. 5.0 En ne faisant de la mortalité des deux pé- riodes qu’une année commune, qui est de 446, et admettant que la population du Puy est de 16000 ames et qu’elle n’était pas moindre ou guère moindre durant la première période, la proportion des morts aux vivans est de 1 individu sur 36. Mais si l’on prend l’entier nombre des décès d’après le relevé des registres de la mairie, et sans les distractions que j'ai indiquées ci-dessus, ce nombre, année moyenne, déduite des dix der- nières années, étant de 485, la proportion est de 1 individu sur 33. Cette proportion est encore en faveur de la salubrité du climat de cette ville. Jai admis que la population du Puy était de 16000 ames pendant la première période, d’après les résultats des dénombremens faits pour des ( 107) opérations municipales et d'administration. Je ne pense pas qu'elle ait été moindre pendant la seconde période, d’aprèsles derniers recensemens. Leur résultat a indiqué 14998 ames ; mais, quoiqu'ils aient été faits avec soin, je ne doute nullement que ce nombre ne soit au-dessous de la réalité , et que plusieurs individus , dans la classe peu éclairée, n'aient été soustraits à la connaissance des préposés aux recensemens, dans la crainte de quelque nouvel impôt personnel. Je n’hésite donc pas à croire que la population est ,sans exagération, de 16000 ames. 6.9 L'année 1817 a été la plus meurtrière d’entre les vingt qui composent les deux périodes; il y a eu 558 décès. L'année qui en a donné le moins est celle de 1781; le nombre ne s’en est élevé qu'à 552 : la différence en moins est de 206. 7.° Le nombre des décès , parmi les individus du sexe féminin, a excédé, dans les deux périodes, celui des màles: la proportion a étécomme de 31 à 25, dans la première; etde 32 à 24 dans celle de 1816 à 1825. 8.0 De la comparaison des décès qui, pendant les deux périodes, ont eu lieu dans l'intervalle de la naissance à 10 ans, ilrésulte qu'il est mort dans la seconde période 353 enfans de moins que dans la première. Cette différence me parait devoir être attribuée, du moins en partié, au bienfait de la vaccine, bien supérieur aux avantages de l’inocu- lation de la petite-vérole, seule méthode préser- * vative connue durant la première période. 8 ( 108 }) 9° Pendant les deux périodes, l'hiver à été la saison la plus meurtrière, et le printemps a tou- jours présenté moins de décès. 10.9 Le plus grand nombre des décès a eu lieu, pour tous les sexes, de la naissance à 5 ans et de 50 à 80. Il est mort moins de femelles que de mâles dela naissance à un an, un nombre presque égal d’un an à 10, et beaucoup plus de femelles à tous les âges qui précèdent celui de 90 ans. 11.9 La mortalité pour les individus du sexe féminin a été plus grande de 40 à 50 ans que de 10 à 20 ans, dans la proportion de 21 à 16. 12.0 28 individus dans la première période, et seulement 16 dans la seconde ont dépassé l'âge de go ans, et sur ces 44 individus il y a eu 11 hommes, dont 4 sont morts de go à g1 ans; 3 de 92 à 93; 1 de 93 à 94; 1 de 98 à 99; 1 de 99 à 100, et 1 de 100 à 101. Des 33 femmes complétant le nombre de 44 individus, 7 sont décédées de 90 à 91 ans; 4 de 91 à 92; 4 de 92 à 93; 2 de 93 à 94; 5 de 94 à 95; 3 de 95 à 9%; 2 de. 96 à 97; 1 de 97 à 98; 2 de 98 à 99; 1 de 99 à 100; 1 de 100 à 101, et 1 de 102 ans. 13.0 Pendant la période de 1816 à 1825, la mortalité a été moindre dans les vingt premières années de la vie, et s’est accrue dans les äges suivans Dans un troisième tableau, j'ai porté les indi- vidus que je u’avais pas compris, pour les motifs exposés ci-dessus, dans le second tableau , quoiqu'ils (109 ) fussent inscrits aux registres de l’état civil pour les décès arrivés de 1816 à 1625. Le nombre des morts-nés dans le cours de ces dix ans a été de 233, dont 130 du sexe masculin, et 103 du féminin. Les années 1819 et 1823 en ont. présenté le plus, 26 chacune d’elles; tandis qu'il n’y ena eu que 16 en 1617, et 15 en 1621. Silon ajoute les 233 morts-nés aux 5192 naissances qui, d’après le relevé des registres de l'état civil, ont eu lieu pendant cette période, ce qui donne le nombre de 5425, la proportion des morts-nés est de 1 sur 25. Il n’y a eu dans ces dix ans que 27 militaires nés au Puy et morts aux armées : ce qui ne donne même pas 3 pour l’année moyenne. Il en est mort, il est vrai, 10 en 1816; mais aucun en 1820 et 1825. III. TABLEAU. Inprr1DUS inscrits au nombre des morts dans les Registres de l'État civil de la ville du Puy, et non compris dans le second Tableau nécrologique, MILITAIRES INDIVIDUS MILITAIRES | ÉTRANGERS MORDRPEES nés au Puy nés au Puy en garnison Re TOTAUX. et morts et morts et et morts Môûles, |Femelles.} aux armées, (en pays étranger.| morts au Puy. | dans cette ville. ms net 13 re) 1 3 37 8 4 1 4 30 14 1 3 0 38 17 2 ro) 3 44 13 o 3 (o) 39 10 1 O 2 29 13 4 0 7 9 17 3 O0 10 50 19 2 oO 9 41 10 o 3 7 35 27 11 45 388 ( arr ) Maladies auxquelles leshabitansdu Puy sont sujets. Les maladies épidémiques, même constitution- nelles, sont très-rares dans cette ville. Celles propres aux saisons attaquent peu de sujets, et elles ne sont jamais généralement répandues, ENDÉMIQUES. Les maladies endémiques sont les scrophules et la phthisie pulmonaire. On observe aussi quelques sujets atteints de fièvres intermittentes, et quelques autres du scorbut. Plusieurs causes paraissent concourir au déve- loppement des scrophules, et contribuer à main- icnir cette maladie, qui est assez commune. La plupart des mères, ou ne pouvant allaiter leurs enfans, ou renoncant volontairement à ce devoir sacré, chargent de ce soin des nourrices merce- naires, prises parmi les habitans des campagnes voisines, et notamment des villages de Vals et d’'Espaly, lun et l’autre considérables et à un quart le lieue du Puy. Dans ces deux lieux, préférés souvent par les parens des nourrissons à cause de Ja proximité, le vice scrophuleux se montre fré- quemment, eton observe des femmes avec quelque apparence de goître ou quelque tumeur de même nature, el des hommes portant un engorgement des glandes cervicales, parotides où sous-maxil- laires (*). Cen est assez sans doute pour que plu- (*) Les habitans d'Espaly, bordé par la Borne, et ceux de Vals, traversé par le Dolaison, font souvent usage de l’eau de Care) sieurs de ces eñfans, recevant un lait puisé dans un sein mfecté, soient rendus aux auteurs de leurs jours avec le germe d’un mal qui ne tardera pas à faire des ravages. Une autre cause de la naissance des scrophules ou de leur développement, est la qualité des ali- mens. Les légumes secs, tels que pois, fèves de marais, lentilles, haricots, sont communs dans le canton, et ils font fréquemment, ainsi que Forge mondé, la principale nourriture du manouvrier et même de lartisan. On sait que les farineux four- nissent un chyle visqueux, épaississent la lymphe et par-là même secondent l’activité du vice scro- phuleux. La phthisie pulmonaire, quoique moins commune que les scrophules, n’est pas rare. D’anciens pra- ticiens , ainsi que des observateurs, m'ont assuré qu'elle n'était point aussi répandue vers le milieu du siècle dernier. Cette cruelle maladie, dont on ne guérit presque jamais, quand elle est parvenue à la seconde période, s’observe le plus souvent chez des sujets scrophuleux. L'abus du vin, des femmes, le genre de profession de certains arti- sans; chez les femmes les métastases du lait et la suppression des menstrues, ainsi que celle des ces deux rivières, qui eoulent sur un sol calcaire. En outre, ces villages sont situés chacun dans un vallon resserré , planté d’un grand nombre d’arbres et coupé par plusieurs canaux, cir- constances qui maintiennent l’atmosphère dans un état habituel d'humidité, (21809 lochies, y donnent lieu. Des rhumes négligés, le vice scorbulique et une disposition héréditaire entrainent aussi dans cet état déplorable. Les fièvres intermittentes étaient, amsi que la phthisie pulmonaire, plus rares il y a soixante- dix ans, qu’elles ne le sont de nos jours. Plus souvent elles sont tierces ou quartes, rarement doubles-tierces, quelquefois très-opiniâtres. Dans le cours d’une pratique de plus de quarante ans, je n’ai observé qu’un petit nombre de cas de fièvre tierce pernicieuse. AIGUES. Les maladies qui attaquent le plus les habitans du Puy sont, parmi les aiguës, les fièvres adyna- miques, souvent vermineuses, et presque toujours bilieuses; les péripneumonies bilieuses ou fièvres péripneumoniqués compliquées d’embarras gas- trique , et quelquefois rhumatisantes; les fièvres érysipélateuses ; le rhumatisme musculaire, rare- ment articulaire; les affections catarrhales , les fluxions ; quelques fièvres ataxiques; la dysenterie; Fangine pharyngée; des ophtalmies, le plus sou- vent scrophuleuses, et la scarlatine. L'apoplexie est assez commune, ainsi que la jaunisse. Les goutteux ne sont pas très-rares. On trouve beau- coup d’asthmatiques et un plus grand nombre d'individus sujets aux affections nerveuses. La pétite-vérole se reproduit, ainsi que la rougeole, au bout d’un certain laps de temps : la première ne s’est pas montrée depuis nombre d'années. (114) CHRONIQUES. Parmi les chroniques, les hydropisies anasarque etascite sont très-répandues, surtout dans la classe des artisans et dans celle des manouvriers. L'hy- dropisie de poitrine est beaucoup plus rare. DES SAISONS. Quoique la pleurésie et la péripneumonie franche soient très-rares, je dirai presque n’exis- tent jamais, la fausse péripneumonie ou périp- neumonie bilieuse, et compliquée quelquefois de pleurodynie, est commune. À l'exception de l'été, elle se montre plus ou moins dans toutes les saisons : elle est néanmoins plus répandue en hiver, et c’est ordinairement vers la fin de cette saison et au printemps qu’elle s'accompagne de pleurodynie. Elle est aussi quelquefois vermi- neuse. Les fièvres adynamiques s’observent indistinc- tement dans tout le cours de l’année. Comme il existe dans l'air une variation presque continuelle, les affections rhumatismales ont lieu, pour ainsi dire, dans toutes les saisons. En hiver paraissent les fluxions à la tête, les catarrhes, les érysipèles, les œdèmes ou enflures et les courbatures. Au commencement du printemps, les érysipèles; etdansle cours de cette saison, l’angine pharyngée, diverses éruptions à la peau. En été, la scarlatine, la dysenterie, la diarrhée ( 115 ) bilieuse, le cholera-morbus, liliaque, les fièvres ataxiques. En automne, l’ictère ou jaunisse, qui continue quelquefois à se montrer en hiver ; lœdème, les courbatures, les fluxions. C’est souvent à la fin de Vautomne qu'on voit paraître les diverses espèces d'hydropisie. DES ENFANS. Lesenfans , indépendamment de la rougeole , de laquelle il en est peu qui ne soient attaqués à cette période de la vie, ainsi que de la variole, à moins qu'ils n'aient été vaccinés, sont sujets aux croûtes de lait, à la scarlatüine, aux convulsions , à la coqueluche, aux vers, aux obstructions du mésen- tère, aux coliques, au marasme, et quelquefois, quoique rarement, au rachitis. DU SEXE. Les filles, à l’âge nubile, sont sujettes à la rétention du flux menstruel, aux pâles-couleurs et à des obstructions. Elles le sont également à la suppression, diminution ou difficulté sensible de l'évacuation périodique. Les femmes en couches sont atteintes quelquefois de péritonite et de dé- pôts laiteux. Les personnes du sexe sont encore exposées à éprouver, à l'époque de la cessation des règles, divers accidens, tels que cancer aux seins ou à la matrice, de pénibles alternatives de chaleurs et de sueurs, la lésion des fonctions des organes digestifs, etc. ( 56 ) DES ARTISANS. Les femmes et les filles des manouvriers, et même celles de quelques artisans s'occupent de l fabrique de dentelles, soit en fil, soit en soie. Ce genre d'occupation, qui les rend stationnaires et les tient dans une attitude génante, occasionne une lenteur dans la circulation des fluides, et les: expose aux engorgemens des viscères, principa- lement des organes sécréteurs de la Iympbhe : il en résulte souvent des ophtalmies chroniques et des taies. Il est des artisans sujets aux mêmes accidens , parce qu'ils exercent une profession qui les oblige à tenir le corps habituellement dans une position à-peu-près semblable : tels sont les tailleurs et les cordonniers. Ils sont atteints aussi quelquefois de phthisie pulmonaire. L'habitude où sont quelques artisans et manouvriers de faire des excès en vin, de vivre principalement de légumes secs, et la froidure à laquelle ils sont exposés, mal vêtus et souvent sans moyens de se chauffer, les rendent sujets aux engorgemens, aux obstruc- : tions, à la jaunisse et aux différentes espèces d'hydropisie. (rer ) ANUS M UV AU UV AN MU UUAA AAA A A A A A A AU EU AE VU MU MU INSTRUCTION Sur l'emploi des chlorures de chaux et d'oxide de sodium , comme désinfectant. . Par M. CALEMARD-LAFAYETTE. Mine féconde dans laquelle les arts vont puiser de nouveaux élémens de succès, la chimie se prêle tous les jours à de nouvelles applications qui ont pour résultat d'étendre, de multiplier nos jouissances ou d'assurer notre bien-être. Parmi les découvertes qui lui donnent de nou- veaux droits à notre reconnaissance , il importe de signaler celle de M. Labaraque, pharmacien de Paris. Cet habile chimiste a reconnu et cons- talé, par des expériences réitérées, que les chlo- rures de chaux et d’oxide de sodium étaient, de tous les moyens de désinfection , les plus puis- sans et les plus sûrs. L'Institut royal de France a cru devoir lui accorder, dans sa séance dun 20 juin 1823, un prix de 3,000 fr. « pour avoir » démontré , par un grand nombre d'expériences, » qu'on peut employer avec succès, économie et » facilité les solutions de chlorures de chaux et * de soude dissous, dans l’eau, pour détruire » tout-a-coup les odeurs infectes des matières animales qu'emploie l’art du boyaudier et celles ÿ ( 118 ) # des cadavres en putréfaction , ainsi que pour » assainir les lieux où Fair est corrompu. » Le Gouvernement , toujours jaloux de propa- ger les découvertes utiles , a voulu donner la plus grande publicité à celle de M. Labaraque. M. le Préfet s’est empressé de communiquer le mémoire qui lui a été transmis, à la Société d'agriculture , sciences , arts et commerce de la ville du Puy, en la chargeant d'en faire rédiger , par l’un de ses membres, un extrait qui fit connaître Îles propriétés désinfectantes des chlorures, et la ma- nière dont on doit en faire usage. Les chlorures de chaux et d’oxide de sodium sont les seuls dont nous ayons à nous occuper ici: Produits par la combinaison du chlore avec la chaux ou l’oxide de sodium, ces sels sont, le premier, sous forme solide, le second, à l’état liquide. La facilité avec laquelle le chlore s’en dégage exige qu’on les tienne dans des vases exac- tement fermés. Le procédé de leur fabrication devenant tous les jours plus simple et plus sûr, on pourra se les procurer à un prix modéré. Dis- sous dans l’eau, ils donnent une solution d’une odeur peu agréable mais qui n’est point nuisible, qui jouit de la propriété d'enlever Fodeur putride des substances animales en décomposition avec lesquelles elle est mise en contact, de modifier les miasmes dangereux qui en proviennent et de rassainir les appartemens qui en seraient infectés. Les chlorures de chaux ou d’oxide de RCE sodium pourront , sous ce point de vue, être indifféremment employés ; mais le chlorure de sodium ayant plus spécialement encore la pro- priété d'arrêter la putréfaction , de lenrayer dans les parties où elle tend à se propager , et, dans quelques cas morbides, d'associer en quel- que sorte son action conservatrice aux efforts conservateurs du principe vital, on devra l’em- ployer de préférence lorsqu'on aura non-séule- ment à neutraliser les produits de la décomposi- tion , mais encore à s’opposer à leur développe- ment. M. Labaraque donne , à l’occasion de ces effets différens des chlorures, une explication que nous croyons devoir reproduire. Dans l'acte de la désinfection d’une matière animale putride, le chlorure, dit-il, passe à l’état d’hydro-chlorate; et Fhydro-chlorate de chaux, ayant la propriété d’absorber l'humidité de Pair, la fixe sur le corps désinfecté. Or, une des conditions de la putré- faction étant l'humidité, il s'ensuit qu’une fois laction désinfectante opérée, le chlorure après un temps plus ou moins long, selon sa quantité, a changé d'état et fournit une des conditions propres à faire renaître la fétidité; le chlorure d’oxide de sodium, au contraire, en passant à l'état d’hydro-chlorate, donne lieu à la formation d’un sel très-sec, qui agit comme conservateur, en coagulant le principe qui commence la putré- faction. Les propriétés désinfectantes des chlo- rures, authentiquement constatées, seront utile- ( 120 ) ment mises à contribution par lhygiène et par la médecine. Ainsi, lorsqu'un local aura été infecté, soît par le séjour d’un trop grand nombre d'individus, soit par les émanations qui s’exhalent de certaines plaies, soit par les effluves délétères que four- nissent les maladies contagieuses, les épizooties, il sera facile de le rassainir à l’aide des chlorures. Pour cela, prenez soit une bouteille de chlorure de sodium concentré, soit une demi-livre d’oxide de chaux; versez dans urf seau contenant dix à douze litres d'eau, agitez ce mélange, trempez une forte brosse ou un balai de bruyère dans l’eau ainsi chlorurée, et immédiatement promenez cette brosse sur tous les points de appartement, que vous laverez ensuite avec de l'eau pure. La désin- fection opérée, on ouvrira les portes et les fené- tres, pour faire dissiper Fhumidité. Pour désinfecter une écurie de 40 pieds de long sur 12 de large et 10 de haut, il faudra quatre bouteilles de chlorure de sodium ou deux livres de chlorure de chaux. Dans le cours d’une épizootie, on devra, comme moyen prophylactique , matin et soir, arroser les écuries avec de Veau chlorurée, préparée avec une bouteille de chlorure de sodium ou demi- livre de chlorure de chaux dans quatre ou cinq seaux d’eau. Les hommes ni les bestiaux n’éprou- veront aucune incommodité de ce dernier mode de désinfection, ce qui le rend bien préférable au { ta1 } procédé de Guyton-Morveau, qui ne peut étre employé sans inconvénient dans les lieux habités, Les ulcères gangreneux, cancéreux, tous ceux qui fourniraient des émanations fétides ou dange- reuses, pansés avec de la charpie et des linges trempés dans de l’eau chlorurée, dans les pro- portions de deux à dix parties d’eau sur une de chlorure de sodium, ne laisseront plus échapper d'’odeur incommode. Les gens de l'art pourront en outre juger des modifications plus on moins heureuses que cette dissolution peut exercer sur la nature du mal. D’après les expériences aux- quelles se sont livrés d’'habiles médecins, il est permis de regarder les chlorures comme pouvant être très-utiles dans le traitement des dartres, des ulcères et des brûlures. Nous devons nous borner ici à faire observer que ces nouveaux agens thérapeutiques doivent être classés parmi les irri- tans ; que dès-lors il faudra les employer plus ou moins étendus, suivant les indications que four- niront les plaies. Les personnes qui donneront des soins aux malades affectés de maladies contagieuses, tire- ront un grand avantage du chlorure liquide, si elles ont l'attention d’en respirer l'odeur, de s’en mouiller les mains, d’en arroser les lits. Des arrosages répétés matin et soir dans l’apparte- ment des malades avee l’eau chargée d’un ein- quantième de chlorure, le soin de verser quelques cuillerées de Fun des chlorures sur une assiette ({ 1222) qu’on laissera dans l'appartement, attention d’en jeter une ou deux cuillerées dans les vases destinés à recevoir leurs excrétions, seront autant de pré- cautions précieuses. Dans le cas où l’on devrait procéder à l'examen d'un cadavre dont la putréfaction rendrait l’ap- proche dangereuse ou incommode, les chlorures offriront un puissant moyen de désinfection; on devra également les employer lorsque quelques motifs forceront à retarder l’inhumation, ou lors- que, dans les grandes chaleurs, la putréfaction se développe avant vingt-quatre heures. Dans ces cas, versez une livre de chlorure de chaux dans environ deux seaux d’eau; déployez ensuite un drap pour le tremper dans cette eau, de manière que deux personnes, le prenant par les quatre coins, puissent le retirer et l’étendre prompte- ment sur le cadavre : bientôt l’odeur putride est détruite; en continuant à tenir le drap mouillé, on l’empêchera de se reproduire. Dans les grandes sécheresses, si l’on était réduit à user d'eaux corrompues, on pourrait enlever leur insalubrité à l’aide des chlorures ; pour cela , versez une once de chlorure de chaux dans environ cent livres d'eau, agitez fortement ce mélange, laissez déposer , et l'eau se trouvera potable, surtout si on a le soin de la filtrer. Nous ne nous étendrons pas davantage sur les nombreuses applications auxquelles peuvent se prêter les chlorures dans les hôpitaux, les prisons, ( 123 ) les vaisseaux, dans les manufactures où l’on tra- vaille sur des matières animales plus où moins putrescibles; lorsqu'il s'agira de cures des fosses d’aisance, des égoûts d’un abord dangereux. Nous avons dû nous borner, en exposant leurs princi- pales propriétés, à démontrer que dans l'hygiène privée et publique, dans la chirurgie et l'art vété- rinaire, ils peuvent être souvent et très-heureu- sement mis à contribution. AAA AA AA A AAA AAA A AAA A AA A A AA A A AA AA AA PS AAA A MÉMOIRE Sur les chaut du département de la Haute-Loire. Par M. GUILLAUME. La solidité de toutes les constructions dépen- dant en grande partie de la qualité du mortier qu'on y emploie, on a toujours attaché une grande importance à l’art de le bien faire. Plusieurs au- teurs ont récemment publié le fruit de leurs re- cherches sur cette matière ; les travaux exécutés dans ce département m'ont mis à même de véri- fier la plupart des résultats qu’ils ont obtenus. Je me propose de les exposer en peu de mots, en tant qu'ils sont applicables aux matériaux que le terrain nous offre ; j'examinerai ensuite en détail les propriétés des chaux dont nous nous servons communément , et les moyens d’en faire le meil- leur usage. La chaux, long-temps regardée comme un corps 9 (124 ) simple , est un oxide d’un métal auquel on a donné le nom de calcium. On trouve la pierre calcaire dans tous les terrains , en cristaux de chaux car- bonatée, en grandes masses dans les marbres, en couches déposées par les eaux, dures et com- pactes, ou tendres et friables comme la craie. On fait aussi de la chaux avec des débris de coquilla- ges et d’animaux marins. Dans toutes ces pierres, la chaux est combinée avec l’eau et acide carbo- nique; elle contient aussi plusieurs autres subs- tances. Celles qu’on y trouve plus communément, sont: la magnésie, l’alumine, la silice, les oxides de fer et de manganèse. + La calcination de la pierre calcaire a pour but de la rendre susceptible de s’étemdre et d’être réduite en pâte au moyen de l’eau. Cetteopération dégage en grande partie Peau et l’acide carbonique que la pierre calcaire tient en combinaison, et modifie, les uns par les autres, les oxides qui en font partie. La chaux vive, mise en contact avec l’eau, se fend en sifflant, produit de la chaleur et un dégagement de vapeurs considérable, se délite et se fond en bouillie : c’est alors de la chaux éteinte. La quantité d’eau nécessaire pour éteindre la chaux varie suivant sa qualité et le procédé que on emploie; cette quantité est d'autant plus considérable que la chaux contient moins de matières étrangères, Si l’on met un morceau de ( 1225 9 chaux vive sous un volume d’eau qui la recouvre entièrement, la quantité d’eau qu’elle absorbera pour se réduire en bouillie peut varier d’une à trois fois et demie son poids : cette propriété la fait distinguer en chaux grasse et en chaux maigre. On peut appeler maigre celle qui absorbe d’une à deux fois et un quart son poids d’eau, et grasse, celle qui en absorbe, dans les mêmes circons- tances, d’une fois et un tiers à trois fois et demie son poids. On a cru pendant long-temps que les chaux grasses étaient les meilleures et les plus écono- miques; on sait maintenant qu’elles n’ont que cette dernière propriété. La dureté des mortiers fabriqués avec cette sorte de chaux ne provient que des autres matières qui entrent dans leur composition. La plupart des chaux maigres jouis- sent de la propriété de prendre corps sous l’eau, seules ou mélangées, tandis que les chaux grasses s’y dissolvent complétement; sous ce rapport, on les distingue encore en chaux communes et chaux hydrauliques ou propres aux constructions sous l'eau. Les chaux qui durcissent dans l’eau font aussi, en général, le mortier qui acquiert le plus de dureté, exposé à l'air et à toutes les intempé- ries; elles sont très-précieuses sous ce double rapport. Des recherches récentes ont fait décou- vrir des chaux hydrauliques en plusieurs lieux de la France; les carrières de pierre à chaux com- munes renferment aussi quelquefois des banes ( 126) qui donnent de la chaux hydraulique. On la reconnaît assez ordinairemet à sa couleur fauve; mais le seul moyen de s'assurer de cette qualité, c’est de faire une boule de chaux éteinte en pâte ferme, et d'examiner si elle prend corps sous l'eau. Il y a trois moyens d’éteindre la chaux : 1.° en la plongeant entièrement dans l’eau : elle se réduit en bouillie et l’on fait écouler l’eau surabondante; 2.0 en jetant par-dessus une quantité d’eau suff- sante pour la réduire en poudre ; on la recouvre de sable, elle se fuse, et on la réduit ensuite en pâte en ajoutant de nouvelle eau; 3.° par lexpo- sition “prolongée à l'air humide , elle se réduit d'elle-même en poudre. La chaux réduite en pâte également ferme absorbe toujours plus d’eau par le premier procédé que par le second , et plus par celui-ci que par le dernier. Si la chaux est maigre, elle devient plus propre à faire de bon mortier , éteinte par le premier procédé, que si elle était éteinte par le second ou par le troisième; si elle est grasse, au contraire, le troisième et le second procédés sont préférables, contre opinion géné- ralement reçue que la chaux long-temps exposée à l'air perd sa qualité. Ce résultat s'explique si l’on fait attention que la chaux absorbant beau- coup d’eau, ne peut la solidifier toute entière; par le dernier procédé, elle en absorbe beaucoup moins;elle acquiert alors quelques propriétés des chaux hydrauliques. La quantité de chaux et de sable qui doit entrer ( 127 ) dans le mortier ordinaire , pour obtenir le meilleur résultat, varie suivant la qualité de ces matières; il faut dans chaque localité la déterminer par des expériences directes. La qualité du sable influe beaucoup sur celle du mortier; il doit toujours être pur et bien lavé, pour enlever les matières étrangères. Le gros sable convient mieux aux chaux grasses, et le sable fin aux chaux hydrau- liques. La chaux étant réduite en bouillie, les matières doivent être triturées ensemble jusqu’à ce que le mélange soit bien intime. Le mortier prendra corps d'autant plus facilement qu'il aura été mieux broyé. On ne doit employer à la fabri- cation du mortier que la quantité d’eau néces- saire pour en former une pâte ferme et ductile; si on le laisse sécher et prendre consistance avant de l’'employer, il se lie mal et tombe facilement en poussière. Plusieurs ouvrages, tels que les fondations sous l'eau et dans des terrains humides, les puits, les citernes, les conduites d’eau, ne peuvent se faire qu'avec des mortiers hydrauliques ou durcissant dans l’eau. On obüent ce résultat, soit par la nature de la chaux, soit par celle des matériaux qui entrent dans la composition du mortier. Si lon a à sa disposition une chaux hydraulique, on peut faire de bon mortier en mélangeant avec cette chaux du sable quartzeux; on choisira le plus fin et le plus pur. On peut rendre une chaux grasse hydraulique, par un procédé trouvé par M. Vicat, (128) aussi simple que facile à exécuter dans tous les lieux; il consiste à mêler à la chaux éteinte en bouillie, de 1/5 à 1/10 de son volume, d'argile; on en fait des boules qu'on laisse sécher au soleil, et on les fait recuire dans le chaufour au degré convenable. On obtient par ce moyen une chaux d'autant plus maigre qu’elle contient plus d'argile et qui se durcit facilement dans l’eau, seule ou mélangée avec du sable. On fabrique en grand cette espèce de chaux à Paris et dans plusieurs grandes villes. Les substances qui, avec la chaux grasse, pro- duisent des mortiers hydrauliques, sont : la pouz- zolane, le ciment, le schiste argileux calciné, la cendre de houille et de charbon, ainsi que quel- ques autres substances moins communes; le degré d'énergie de ces matières est très-variable. Toutes les substances pulvérulentes produites par les éruptions volcaniques, jouissent de la propriété de former avec la chaux des mortiers durcissant dans l'eau; elles proviennent de pierres argileuses que l'action d’un feu plus ou moins fort a rendues poreuses; c’est à ces substances qu’on a donné le nom de pouzzolanes; la grande dureté des mor- tiers romains, que l’on polit comme du marbre, est due à l'emploi de la pouzzolane. Le ciment se fabrique avec des débris de tuiles ou de poteries concassés et réduits en poudre; lorsqu'il est cuit au degré convenable et que le mélange est bien fait, le ciment peut produire un excellent mortier. ( 129) Chaux du Puy. La pierre à chaux que l’on exploite dans le bassin du Puy provient du dépôt des eaux qui en ont autrefois recouvert la surface. L'analyse faite par M. Ruelle a donné : Eau et matières volatiles....... Oo 051. Carbonate de chaux....,.,..... O. 810. MR Oo cd See das gen AO LOT Carbonate de magnésie......... © o10. Ode de ler... sseesssS COOP entend case. date ee MO LOS 1 000. nee La chaux du Puy, plongée vive sous un grand volume d’eau, absorbe, pour se réduire en bouillie, deux fois et demie son poids d’eau; elle doit donc être regardée comme médiocrement grasse. Éteinte par le procédé généralement suivi dans ce pays, qui consiste à la mettre en tas, verser de l’eau par-dessus et la recouvrir de sable, elle se réduit en poudre, triple en volume, et, réduite en bouillie, n’absorbe plus qu'une fois et trois quarts son poids d’eau. Le second procédé est préfé- rable au premier, en ce que la pâte qui en résulte est moins grasse et plus propre à durcir à Fhumi- dité. La chaux du Puy, éteinte d'elle-même à Pair libre, donne aussi un très-bon mortier; l’exposi- ( 130 ) ton à l'air n’altère pas sa qualité : la chaux devient seulement paresseuse, elle s'éteint plus diffci- lement. Le sable dont on se sert pour faire le mortier provient de la Loire ou des ruisseaux voisins qui coulent dans des terrains granitiques. Celui de la Loire est le plus pur; on doit choisir le sable grenu, mélé de gravier de moyenne grosseur. Les proportions de sable et de chaux qui paraissent donner le meilleur mortier, sont de deux volumes de chaux éteinte en poudre et de trois volumes de sable. Le mélange doit être bien broyé avec des râcles en fer, jusqu'à ce qu’on n'apercoive plus aucun morceau de chaux, en ajoutant peu- à-peu la quantité d’eau nécessaire pour en former une pâte ferme et liante. Il n'est point de plus mauvaise méthode que celle des macons de ce pays, qui font une grande quantité de mortier très-mal broyé, le laissent durcir pendant plu- sieurs jours et même plusieurs semaines, et, quand ils veulent s’en servir, le rendent liquide par une nouvelle quantité d'eau. Ce mortier ne fait qu'une mauvaise liaison et tombe facilement en poussière. On doit, au contraire, employer le mortier sur- le-champ ou quelques heures après sa confection, avant qu'il ait pris consistance. La chaux du Puy, seule on mélangée avec du sable, ne durcit point dans les lieux humides et se délaye entièrement dans l'eau; mais’ les envi- rons de cette ville nous offrent en abondance des ( 137 ) pouzzolanes (scories des cratères, vulg. gorgue), dont les qualités suppléent à celles qui manquent à la chaux. M. Ruelle à trouvé dans la pouzzolane du Puy : SCC MER MR EEE or 1370: Mumine isa mhsrstss ist © | £OOi Orne déiens Rois one VO, LOO: CAR EEE coule severtoos ON OJD: MASSE me tree nee nee eee VOINOIO: Hadetiperte sun Men, Aaron os 1 000. ERREURS LANTERNE TRA Toutes les variétés de pouzzolane que j'ai essayées ont paru donner du mortier également bon ; celle que l’on trouve aux environs du Mezenc, sous forme d'une terre rouge et friable, serait peut-être la meilleure. La pouzzolane doit être réduite en poudre fine; on la passe d’abord au tamis à la carrière, on peut ensuile la réduire en poudre sous la meule à écraser le plâtre. Les proportions les plus conve- nables sont d'un volume de chaux en poudre pour deux volumes de pouzzolane aussi en poudre, ou un volume de chaux en pâte pour trois volumes de pouzzolane. Lorsque les matières sont bien mélangées avec des râcles en fer, on peut les corroyer avec des masses de bois ou de fonte, de manière à obtenir un mélange complet. Employé sur-le-champ, ce mortier prend sous l’eau en huit jours, et acquiert une grande dureté. Pour couvrir les voûtes et les terrasses, on peut ( 13a,9 méler au mortier préparé comme nous venons de le dire un tiers de pierres concassées en petits fragmens, battre fortement le mélange en place avec une hie, et le recouvrir d’une couche de mortier bien battu et lissé à la truelle. Dans tous les cas, il faut que la dessiccation soit lente; et si la chaleur est trop grande, humecter de temps en temps la maconnerie jusqu'à ce qu'elle ait pris consistance. On doit avoir la précaution de mouiller tous les matériaux avec lesquels on met le mortier en contact, sans cela ils s’imbiberaient de l’eau qui n’est pas encore solidifiée, empêche- raient que le mortier ne prit, etil se sécherait en masse pulvérulente. Si l’on veut enduire un mur ou garnir des joints, après avoir bien nettoyé les surfaces, il faut les mouiller, étendre le mortier gâché ferme en le comprimant le plus que possible et le frotter jusqu’à ce qu'il devienne sec et noir. De cette manière, on obtient un-enduit très-dur qui résiste à toutes les intempéries. Dans les fondations des maisons, on peut em- ployer avec la chaux le sable et la pouzzolane en parties égales, mais le mortier qui en résulte ne peut prendre assez de consistance pour résister au cours de l’eau, ou seulement à ses infiltrations. On peut facilement, si on le trouve plus écono- mique que d'employer la pouzzolane, se procurer de la chaux hydraulique , par le procédé de M. Vicat : 1l faut ajouter à la chaux éteinte en (133) bouillie un douzième de son volume de terre à potier, étendre le mélange bien corroyé sur des planches , le couper en forme de briques et, quand il est sec, le faire recuire au fourneau comme la chaux ordinaire. Jai obtenu de cette manière, à Charensac, une chaux maigre qui n’absorbait plus qu'une fois et un quart son poids d’eau, et qui, seule ou mélangée avec du sable, prenait en très-peu de temps sous l’eau la consis- tance d’une bonne brique. Tels sont les résultats d’un grand nombre d’ex- périences faites sur la chaux du Puy, à l’occasion de la réparation du pont de Brives. Chaux de Paulhac, près Brioude. La pierre dont on fait la chaux à Paulhac parait avoir la même origine que celle des environs du Puy. On la trouve en bancs épais de différentes nuances, ordinairement d’un gris-blanc , compacte et veinée d'argile verdätre. Ou cuit la pierre avec de la houille comme au Puy. La chaux de Paulhac contient, d’après l'analyse de M. Ruelle : Eau et matières volatiles....... Oo 040. Carponale Ge CHAUX, .. ++ on oc O 02% PADIMIRE = ess see sen vec: OU OI Rene nn in est meer: © VOD Carbonate de magnésie......,.. © 015. VAS MC ÉÉrer coeosese ss s ose | OU ONE LOMME mn er soie o se «+ 0 ses ne I OO 1 O00. (154) . Plongée vive sous un grand volume d’eau, elle en absorbe une fois et deux tiers son poids; éteinte par le procédé en usage dans ce département et que nous avons décrit plus haut, elle n’en prend plus qu'une fois et un tiers son poids. Réduite en bouillie et plongée dans l'eau, la chaux de Paulhac ne se délayespoint, mais elle ne se solidifie pas en très-peu de temps comme la chaux hydraulique factice dont nous venons de parler ; elle ne prend une consistance solide que quand elle est mêlée avec la pouzzolane: c’est donc une chaux maigre médiocrement hydraulique. La chaux de Bar, dans les environs de Brioude, jouit à-peu-près des mêmes propriétés; cependant elle est un peu moins maigre et moins propre aux constructions sous l’eau. Mélée avec deux tiers de son volume en pâle de sable fin de l'Allier, la chaux de Paulhac fait un très-bon mortier; mais, pour qu'elle se dur- cisse promplement dans Veau, 1l faut la mêler avec de la pouzzolane tamisée et du sable. C’est de cette chaux que lon s’est servi pour les fon- dations du nouveau pont de Vieille-Brioude, qui sont établies à quatorze pieds environ au-dessous de l’eau. Les proportions qui ont donné le meilleur résultat, d’après un grand nombre d'expériences, sont de deux parties de chaux en pâte, deux par- lies de pouzzolane et trois parties de sable fin de l'Allier. Les matières, après avoir été mesurées dans des baquets, étaient bien mélangées avec ( 155 ) des râcles en fer et fortement broyées avec des masses de fonte du poids de 5 kilogrammes. Une quantité peu considérable de ce mortier, jetée au fort du courant de la rivière, ne se délaye point et se durcit dès le lendemain. Avec du mortier ainsi fabriqué, on pourrait faire des voûtes de petite dimension d’une seule pièce et comme jetées au moule, qui n'auraient pas de poussées latérales. Il faudrait recouvrir le cintre de la voûte d’un fort plancher, jeter par- dessus le mortier et y faire entrer des pierres de moyenne grosseur, en ayant soin seulement que le tout soit bien comprimé et qu’il ne reste abso- lument aucun vide dans la maconnerie. On ferait des tuyaux de fontaine à très-peu de frais de la manière suivante : on creuserait une pièce de sapin de manière à ne lui laisser qu'un ou deux pouces d'épaisseur ; autour de cette pièce on établirait, avec du mortier hydraulique etdes pierres concassées ,un massif de maconnerie qui formerait un tuyau cylindrique dont le tuyau de sapin serait le cintre. Le bois, au bout d’un certain temps, s’userait par le frottement, tom- berait en pourriture, et serait peu-à-peu entraîné par l’eau; la maconnerie hydraulique aurait alors acquis assez de consistance pour devenir tout-à- fait imperméable. (136) VA AA AAA VS A AAA AAA A AAA A AAA A AA AA AS AAA AA NS VAN ASS NA OBSERVATIONS CHIMIQUES Sur un calcul biliaire ou concrétion intestinale de l’homme. Par M. Joyeux. L'analyse appliquée aux substances animales présente d'autant plus de difficultés, que le travail se complique dävantage à raison du nombre des élémens qui entrent dans leur composition. Il arrive souvent que les produits sont en si petite quantité, qu'on est forcé de procéder à leur analyse, sans qu'il soit possible de la faire précéder par des essais propres à conduire à la connaissance approximalive des élémens du corps qu'on veut soumettre à lexamen. Dans le travail que j'ai l'honneur de présenter à la Société, il ne m'a pas été possible, vu la petite quantité de matière à analyser , de faire toutes les expériences nécessaires pour arriver à un résultat positif, relativement à Fexacte pro- portion de certaines substances qui entrent dans la composition du calcul qui fait objet du présent mémoire ; n'ayant, surtout dans le principe, cherché qu’à opérer la séparation de deux matières qui constituent ordinairement cette espèce de calcul, qui sont la cholesterine et la matière jaune de la bile. Mais ayant voulu tenter d’autres expé- riences dans le butde m’assurer si cette concrétiom (137) ne contenait pas quelque principe acide, alkalin, salin, terreux ou ferrugineux, j'ai été obligé de faire une série d’essais dont les résultats m'ont prouvé que ce calcul contient, outre les deux principes ci-dessus dénommés , du carbonate de chaux , un sulfate, de la bile et de l’oxide de fer, comme je le démontrerai dans le cours des expé- riences ci-après relatées. Au mois de septembre 1822, M. Calemard- Lafayette, médecin de cette ville, me remit, pour en faire lanalyse, environ les trois quarts d’un calcul en plusieurs morceaux, qu'il avait extrait par l'anus d’un de ses malades. S- LT PROPRIÉTÉS PHYSIQUES. Les fragmens de ce calcul, ayant été lavés dans de l'alcool pour les débarrasser d’un reste de matières fécales dont ils étaient enduits, furent desséchés à une température modérée. Ils pesèrent douze grammes , où deux cent vingt-six grains. A leur inspection et à leur rapprochement, on pouvait assigner à ce calcul une forme sphérique de la grosseur d’une noix; il était moins pesant que l’eau, sans odeur sensible, 11 s’enflammait à l'approche d’une bougie et brûülait avec une flamme vive, répandant une odeur resino-animale, Sa surface extérieure élait parsemée d’aspérités plus ou moins grandes, de couleur blanchâtre, qui, vues à la loupe, présentaient un aspect gras et savonneux; coupé transversalement avec un ins- (138 ) trument tranchant, il offrait dans son intérieur deux couches concentriques bien distinctes par leur couleur , leur épaisseur ou leur consistance. La première avait une ligne de diamètre , de couleur brune , d’une consistance assez ferme pour résister à la pression des doigts; on aper- cevait dans sa cassure, soit à la loupe, soit à la vue simple , qu’elle n’était composée que de lames cristallines et brillantes. La seconde couche avait deux lignes de diamètre, d’une couleur jaune foncée, ayant beaucoup moins de consistance que la première; on apercevait aussi dans sa cas- sure des points cristallins et brillans, mais en moindre quantité qu'à la précédente. Ces couches concentriques recouvraient un noyau central de six lignes de diamètre. Sa couleur était moins intense que celle des couches extérieures. Ce noyau, bien plus compacte, était formé presqueen totalité de paillettes blanches et brillantes, ayant un aspect nacré, dont linspection seule faisait présumer qu’il n’était composé que de cholesterine. Je n’hésitai pas, après un mûr examen de toutes ces parties, à ranger celle concrétion dans la classe des calculs biliaires ou intestmaux de l'homme. $. IT. ExAMEN CHIMIQUE. Action de l'eau. Cinquante grains de ces couches concentriques ont été mis dans un petit matras, avec quatre (139 ) ences d'eau distillée; après dix minutes d’ébulli- tion, l’eau avait pris une légère teinte jaune et avait acquis un goût amer bien prononcé. Ayant filtré le produit, la liqueur à été soumise à l’action de plusieurs réacüfs propres à y décéler l'exis- tence des acides , des alkalis ou des sels. Plusieurs m'ont produit aucun effet sensible; il n’y a eu que l'acide nitrique et lhydrochlorate de baryte qui aient exercé une action bien marquée sur cette liqueur. Le premier l’a totalement décolorée et a occasionné un léger précipité brun floconeux, que j'ai cru devoir attribuer à la présence de la bile; le second en a troublé de suite la transpa- rence et a laissé déposer un précipité blanc pesant, qui a été reconnu, par son insolubilité dans les acides les plus forts, pour du sulfate de baryte. Le résidu resté sur le filtre , après avoir été desséché à la température de 4o à 45 degrés du thermomètre centigrade , a pesé 48 grains. S. IIT. Action de l'alcool. Ayant remis les 48 grains insolubles dans l’eau, dans le matras, avec trois onces d'alcool à 38 de- grés de l’aréomètre de Baumé, après cinq minutes d'ébullition, la matière a été presque totalement ‘dissoute, sans cependant donner une teinte bien prononcée au liquide alcoolique. On a filtré la dissolution chaude, ayant soin de verser sur le résidu resté sur le filtre deux onces d'alcool 10 { 140 ) bouillant , afin de dissoudre tout ce qui pou- vait être soluble dans ce menstrue. Jai observé successivement, à mesure que l'alcool se filtrait et perdait de son calorique, un abondant précipité sous forme d’écailles blanches d’un éclat nacré; ce précipité, recueilli avec soin et desséché à une température de 40 degrés, a pesé 36 grains. Ces écailles étaient inodores, insipides, se fondant à la température de 137 degrés du thermomètre de Fahreneith, se cristallisant par le refroidisse- ment en lames rayonnées; elles sont solubles dans l'éther et l’alcool bouillans; insolubles dans l’eau, n'étant pas altérées par les aikalis, ni susceptibles de se saponilier. À tous ces caractères, on recon- naît aisément la cholesterine, improprement dé- signée par Foureroy sous le nom d’adipocire. Le résidu insoluble dans l'alcool bouillant, resté sur le filtre, desséché à la même température que le précipité, a pesé 10 grains: il avait une cou- leur brune jaunâtre, n’ayant ni odeur ni saveur sensible; 1l était insoluble dans l’eau, l’alcool ét les huiles; soluble dans les alkalis, dont on le séparait en flocons bruns par les acides. D’après tous ces phénomènes, on ne peut douter que ce ne soit la matière jaune de la bile, substance qui existe dans presque toutes les biles, dans les cal- culs biliaires de l'homme, et forme la presque totalité de ceux de la vésicule du bœuf, (141) : S. IV. Les expériences des deux paragraphes précé- dens ayant été répétées sur 50 grains de la matière formant le noyau central du calcul soumis à mon examen, j'ai obtenu pour résultat 42 grains de cholesterine, 6 grains de matière jaune de la bile, avec des traces de bile, ainsi que d’un sulfate. $. V. Incinération. Cent grains des couches concentriques, ou du noyau central de ce calcul, ayant été mis dans un creuset d'argent sur un feu modéré, à la pre- mière impression du calorique, cette matière s’est fondue comme une résine; elle a donné ensuite beaucoup de fumée d’une odeur résmo-animale ; du moment que la fumée a cessé, le creuset a été retiré du feu. Le résidu refroidi et obtenu était d’un gris foncé, n'ayant ni odeur ni saveur bien prononcée; 1l a pesé 10 grains. L'ayant mis dans une capsule de porcelaine, avec une once d’eau distillée, après une ébullition de cinq minutes, on a filtré; l’eau avait conservé sa limpidité, elle était sans saveur et n’exercait aucune action sur le papier teint par le tournesol, ies violettes ou le curcuma; essayé par d'autres réactifs, pour s’as- surer si ce résidu ne contenait rien de soluble dans ce liquide, il n’y a eu que l’eau de baryte, le nitrate et lhydrochlorate de cette base, qui en aient troublé la transparence et occasionné un (142) précipité blanc pesant, qui a élé reconnu pour du sulfate de baryte. La poudre noirâtre, restée sur Îe filtre, a élé mise dans une capsule de verre; on y a versé quelques gouttes d’acide hydrochlorique affaibli, qui ont occasionné à linstant une vive effervescence, produite par la décomposition du carbonate de chaux contenu dans ce résidu. Après lavoir saturé complétement, j'ai fait évaporer jus- qu'à siccité, afin d'en chasser tout l'acide hydro- chlorique non combiné qu'il pouvait contenir; ayant alors ajouté au produit desséché une once d’eau distillée, le mélange, après une légère ébul- lition, a été filtré. Ayant traité cette dissolution par l’oxalate d’ammoniaque, il s’est développé à instant un précipité blanc poudreux, occasionné par la double décomposition de lhydrochlorate de chaux par l'oxalate d’ammoniaque, résultant de l'échange réciproque de leur base, formant un précipité d’oxalate de chaux, sel indissoluble par sa nature, à moins qu'il ne soit très-acidule, et de lhydrochlorate d’ammoniaque qui reste en dissolution dans ce liquide. Le précipité ci-dessus, séparé par la décantation, a été fortement des- séché et a pesé 9 grains. Le liquide décanté, ayant été mis en contact avec les réactifs propres à y démontrer la présence du fer, tels que les hydro- cyanates ferrurés de potasse, de chaux et d’am-' moniaque, tous trois y ont développé une teinte bleue claire, qui est devenue très-intense au bout de quelques heures. Le résidu noir insoluble dans (14) l'eau et dans l'acide hydrochlorique, qui était resté sur le filtre, a éte desséché et reconnu être du carbone qui a pesé un grain. Je crois avoir démontré d'une manière positive, dans le calcul analysé, l'existence du carbonate de chaux, du sulfate de soude, de la bile et de l'oxide de fer, quoiqu'aucun chimiste (du moins à ma connaissance) n'ait annoncé leur présence dans les calculs biliaires humains; et cela ne doit point paraitre extraordinaire, puisque toutes ces substances existent en plus ou moins grande quanlilé dans la bile de l'homme. Il résulte des expériences rapportées aux para- graphes If, IT et IV, que le calcul soumis à l'analyse est composé des substances suivantes : 1.9 Les couches concentriques, de : Cholesterime. 5.8... 21 200,70. Matière jaune.:....,.4:.0:62 5.200,20. Blepinn pu staluns dés due ne a PE Suite de soude... se ste de 401 (0,04. ÉÉ DELLE; ses ce se soso ovesepe ces 1,00. 2.0 Le noyau central : Chalestenmenti seen. AR. MONO Matière jaune. au th dure ‘nt O2 SHRJLETAe SOUS + 280 eue sue o eoio 1e NNONOTe Et Re de a Lee ba 1,00. (144) 3.9 Que les 10 grains provenant du résidu de Vincinération de 100 grains de ce calcul, sont composés, d’après les expériences rapportées au ‘paragraphe V, de : Garbonate de chaux... 440 20003. 056: Garbone.sscelen AMEN IeIe O;l. Sulfate de “Soon peser Onde AE MIEr Se «à sos pe see sis 00 Etperte.. os eoouessorsvece 1,0 e EPS CERTES 0 Enfin, ce calcul, considéré dans son ensem- ble , est composé de : CHOlESLELIMEM 8 se coco rs cesse best OO Matière jauné. .. 4.4 44.00: 47. + 0,08. Carbonate de chaux............... 0,06. PArbONEn is ose) dus tee iiye 018 etoile MO ON Sulfate de soude..........oeeoe baide” de TETS sauve 8 00e does EE Or A 20 lo CÉLcuc.c Et perte..........s..sesrsvesvee 0,02. 1,00. AAA AAA MA AA AR AA AV MU MU AU AA VV VV AE VU MA MU MA AU VD VU UV AAA AV RÉSULTATS De l'analyse d'un calcul biliaire de l'espèce désignée sous le nom d'hepato-cystique. Par M. Joyeux. Quelque temps après que j'eus fait l'analyse du calcul qui fait l’objet du précédent Mémoire , M, Calemard-Lafayette, médecin, m'en renut un (145) second pour en faire l'examen. Ce caleul avait été excrété par Fanus d’une personne d’un tempé- rament bilieux très-prononcé; quoiqu'il soit dans la même classe que le précédent, il en diffère cependant sous bien des rapports soit physiques, soit chimiques, ce qui me l'a fait ranger, après un mür examen, dans l'espèce ci-dessus désignée. Il me suffira, pour en faire apprécier la différence, de faire la description succincte de ses caractères et propriétés physiques, et de donner les résultats des nombreuses opérations chimiques que j'ai été obligé de faire pour arriver à la connaissance intime de ses principes constituans. Caractères et propriétés physiques. Ce calcul avait le volume et la forme d’un œuf de pigeon, il pesait six grammes (113 grains), il n'avait pas d’odeur sensible; sa pesanteur spéci- fique était moindre que celle de l'eau; il était recouvert d'une enveloppe mince et de couleur brune, qui se brisait au moindre choc; coupé transversalement avec un instrument tranchant, il avait un aspect luisant et résineux, il était formé de plusieurs couches concentriques d’un diamètre différent. J'en ai compté, à l’aide d'une loupe, jusqu'à quinze; elles avaient une couleur jaune verdàtre ; elles recouvraient un noyau cen- tral pesant quatre grains, de couleur brune fon- cée. J'ai reconnu que ce noyau n'était que de la bile concrélée, qui a servi probablement de base à (146 ) la formation dece calcul; sa consistance était peu ferme, puisqu'en le broyant entre les doigts on le réduisait facilement en poudre; il laissait sur la peau une teinte jaune intense; exposé à la flamme d'une bougie, il brülait lentement avec une flamme très-circonscrite, répandant une odeur de matière animale brûlée, et laissant un résidu volumineux d’un beau noir très-friable. Les résultats de l'analyse chimique m'ont dé- montré que cent parties de ce calcul sont com- posées de : Choleslérment Pi Te OI 604 Matière jaune de la bile.......... 0,70. Mierommel cs EME Cie CE MODO BH QC TA PNGEL LAN, ASE EN 0,08. Matière résineuse verte.......... 0,05. Phosphate de chaux etde magnésie.. 0,03. Oxide de feriet perte. : . 44 4.4. .10,04. 1,00. AAA AU A A MU UV AA AA MU AV AAA AA RAP NAS AU AA AR AVR AA AU AA AAA RAY AY OBSERVATIONS k Sur les maladies que contractent les pauvres habitans des villes et des campagnes, en s'exposant , sans précaution, aux premiers rayons du soleil du printemps. Par M. D'AUTHIER DE SAINT-SAUVEUR. Notre Société est instituée non-seulement pour les progrès de l'agriculture , des arts et des sciences , mais encore pour tout ce qui est utile; ( 147) Nititur ad utilia : telle est sa devise. Parmi les objets d'utilité, rien n’est à négliger et rien n'est préférable, sans doute, à ce qui peut contribuer au bien de l'humanité. Quelqu’intérêt que présentent les autres études scientifiques , on les quitte sans regret pour se rapprocher de la demeure du pauvre, le soulager dans ses infirmités ou prévenir celles auxquelles expose son ignorance. Depuis long-temps j'observe avec peine et j'ai cherché à détruire, dans le cours de ma longue carrière administrative, une habitude qui occa- sionne de grands maux aux pauvres habitans des villes et des campagnes. Après être restés renfermés pendant tout l'hiver dans des grottes, dans des étables plemes de bestiaux, dans des chambres étroites, remplies d’ouvrières en dentelles, réchauffées par le nombre et leurs chaufferettes, ces malheureux imprudens sont presque toujours affectés par la chaleur du soleil, lorsqu'au printemps ils veulent jouir de ses premiers beaux jours en s’exposant tout-à- toup, surtout dans les premiers jours du mois de mars, aux impressions des rayons de cet astre. Ce n’est pas que le soleil de ce mois soit différent du soleil des autres mois, mais bien parce que sa chaleur ayant acquis un certain degré de force, attire avec beaucoup de facilité les humeurs à la tête, les y raréfie et occasionne par là une tension contre nature à toutes ses parties membraneuses. | ( 148 ) De Eà naissent des douleurs lancmantes quitiennent du caractère rhumalismal ; des Huxions eatar- rhales sur les yeux, les oreilles, les dents et les joues. De là surtout les enchifrenemens violens, improprement appelés rhumes de cerveau, qui font beaucoup souffrir , et dont l'humeur âcre fluant ensuite sur les arrières-narines , sur lx trachée-artère et sur les bronches, cause une tonx fatigante, de l'oppression et des rhumes opi- niâtres. Ces rhumes dégénèrent souvent en des maladies plus graves, que produit communément la chaleur du soleil en cette saison, et plus faci- lement que ne ferait le grand froid qu'on aurait pu endurer en toule autre circonstance. Les vapeurs que le soleil élève, dans ce temps, de la surface de la terre jusqu'alors humectée par les pluies, la neige et les brouillards de l'hiver , ne contribuent pas peu aux différentes affections que nous voyons éclore au printemps, surtout ‘parmi les vieillards, les invalides, les femmes, les filles et Les enfans que l’on voit, aux premiers beaux jours, rassemblés en divers groupes aux Heuxles plus exposés aux rayons du soleil, occupés à fure de la dentelle, à filer, à tricoter. Toutes les observalions ettoutes Les exhortations qu'on peut leur faire sont peu écoutées, malgré les plus funestes exemples. Il en est comme de la sonnerie des eloches pendant les orages. Ce n'est pas une raison de garder le silence : avec le temps ei Fexpérience Ja vérité se fait jour; mais pour ( 149) cela il ne faut pas se lasser de la dire et de la répéter. Il se trouve toujours quelques gens de ben sens qui en profitent, qui la propagent par leurs discours et par leur exemple; j'ai eu la satisfaction d'en rencontrer. Ces observations pourront paraître peu de chose; mais aux yeux d'hommes instruits et amis de l'humanité, elles auront leur prix et ils s’em- presseront de les répandre. Elles sont extraites de l'Essai météorologique de M. Toaldo , prévôt de Ja Sainte-Trinité, professeur d'astronomie , de géographie et de météorologie à Padoue, et membre de presque toutes les Sociétés savantes de l’Europe. AD A AA A VS VS AU VU AURAS AV AA AU AUS AU A AU LU VU UV MS UV VA VU MUR MUR UE LRU RAPPORT Sur une machine à piquer les cartons employés à la fabrication de la dentelle (x). Par M. BERTRAND DE DOUE. MM. De Billoer, Félix Robert et moi avons été nommés, à votre dernière séance, pour vous faire (1) La machine à piquer se compose d’un plateau quadrilatéral en noyèr, de deux pieds sur dix-huit pouces, sur lequel est monté tout le mécanisme. Un levier soulève un composteur rempli d’aiguilles montées sur de petits parallélogrammes en métal parfaitement égaux et de grosseurs variées, suivant le numéro ou la finesse des fonds que l’on veut obtenir; ce com- posteur contient deux rangs d’aiguilles et est fixé à chaque bout à des coulisses qui le dirigent; sur le replat du plateau et en ( 490") un Rapport sur la machine à piquer les cartons œui vous a été présentée par M. Avit aîné, de cette ville. Notre tache sera facile ; peut-être même penserez-vous qu'il aurait sufh de mettre sous vos yeux les produits de l’ingénieux mécanisme dont il est l'inventeur , pour vous déterminer à témoigner votre satisfaction au concitoyen estimable qui a consacré ses veilles et appliqué avec succès son arrière est couchée une carie entière qui est prise par son tra- vers dans deux machoïres en fer, l’une sur le derrière chargée de quatre contrepoids, l’autre sur le devant, qui fait partie d’un chariot en fer coulant dans des coulisses en cuivre ; au centre est une grande vis qui tourne par le moyen d’une manivelle et qui traverse le chariot, qu’elle fait agir en avant et en arrière; an bout de cette vis, du côté de la manivelle, est un diviseur en forme de cadran, qui sert à espacer les rangs de piqûre; uue alidade, qui tourne avec la vis, marque sur ce diviseur les points déterminés pour chaque fonds, de manière que l’ou- vrier, armé, d’une main , dela manivelle, etdel’autre, du levier, frappe de celui-ci la carte qui avance en tournant l’autre; cha- que coup de levier fait deux rangs de piqüre contrariés daus toute la largeur de la carte. Pour déterminer la hauteur de la piqüre suivant la largeur de la dentelle, il y a, sur le rebord d’une des coulisses du chariot, une échelle gravée et divisée en pieds et pouces, qui est parcourue par le chariot à mesure qu’il avance, trainant la carte avec lui. Les avantages de cette machine sont généralement reconnus : depuis quatre ans qu’elle est construite, les cartes qu’elle a piquées, à vil prix, ont produit des dentelles beaucoup plus régulières , plus agréables à l'œil et, par conséquent, d’un débit certain. Les deux seuls fabricans qui s’en sont servi s’en pré- valent auprès de l’achetenr; elle met le pays à même de sou- tenir et mème de dépasser la concurrence étrangère, sans aug- menter les prix. | | | | | CV r97 1) talent au perfectionnement de la plus importante de nos fabriques. Il n'est personne parmi vous, Messieurs, quels que soient son état et ses occupations, qui ne sache par quel procédé nos ouvrières fabriquent la dentelle. Sur un éylindre mobile, placé au centre de leur carreau, est ajustée une carte symétriquement percée d’un grand nombre de trous, destinés à recevoir les épingles qu£ Pouvrière pose à mesure qu’elle travaille chacune des mailles dont se com- pose le réseau ou le fond de la dentelle. Cette carte porte en même temps une trace en encre rouge ou noire qui indique à l'ouvrière les mailles au travers desquelles doit circuler le cordon qui forme le dessin. On comprend d'abord que cette dernière partie de la confection des cartes dépend entièrement des caprices de la mode, que nous ne suivons que de bien loin, et de l'art du dessinateur qui, nous lavouerons , laisse dans notre fabrique beaucoup à désirer. La partie de la main d'œuvre qui consiste à piquer les cartes ne saurait offrir au contraire trop de régularité dans l'alignement et la distance des trous et de leurs rangées. De ce travail pré- paratoire dépend en grande partie la beauté de la dentelle; on le comprend sans peine, et Fexpé- rience l’a prouvé: celle qui a été fabriquée sur: une carte irrégulièrement piquée n’offrira jamais ( 152 ) cet aspect uniforme qui flatte l'œil et ajoute né- cessairement à son prix, quel que soit le dessin plus ou moins élégant dont elle à été ornée. C’est vers ce but que M. Avit, animé du désir d'être utile à son pays, a dirigé ses efforts; votre Commission ne craint pas de déclarer qu'il la complétement atteint. La machine ingénieuse qu'il a inventée a été exécutée dans ses moindres détails avec une perfection rare et qui prouve que son auteur possède à un haut degré le génie de la mécanique. Elleest, en effet, simple, solide, se prête au piquage de tous les fonds convenables à notre fabrique, depuis les plus elatrs jusqu'aux plus serrés , et les exécute en quelques instans avec une précision et une régularité dont les échantillons déposés sur le bureau vous donneront la mesure. Cependant, Messieurs, ilest pénible de le dire : cet esprit de routine qui, déjà plus d’une fois, a paralysé vos efforts pour introduire dans nos cam- pagnes des procédés utiles, exerce aussi dans nos villes sa funeste influence. Au lieu de profiter avec empressement du nou- veau moyen qui est mis à leur ‘disposition, nos fabricans paraissent méconnaitre tous les avan- tages qu'ils pourraient en reürer pour le perfec- tionnement de lenrs dentelles. Ils avouent que les cartes de M. Avit sont à meilleur marché et infi- niment au-dessus de celles piquées à la main, et ils continuent à se servir presque exclusivement de ces dernières. Votre Commission a cherché à { 153 ) se rendre compte de cette singulière contradiction, Elle a recueilli les objections que font quelques personnes sur l'emploi des cartes à la mécanique, et elle le dit avec un nouveau sentiment de peine, ces objections sont toutes plus ou moins futiles. Elles décèlent chez le fabricant beaucoup d'insou- ciance , ou plutôt elles sont leffet de cette ré- pugnance qu'on dirait naturelle à l'homme pour tout changement dans ses habitudes ou ses idées recues. Toutefois, 1] paraît difficile que les avan- tages des cartes piquées à la mécanique ne finissent par être généralement reconnus, et que l’auteur de cette utile découverte ne recueille le juste salaire de ses recherches et de ses veilles. En attendant , c’est à vous, Messieurs, qu'il appartient de l’encourager par vos suffrages. Tel a été l'avis unanime de votre Commission, Elle vous propose en conséquence d'accorder à M. Avit, par une délibération spéciale, un témoignage authentique de votre satisfaction, A AA VAS VAS AA AURAS VA AA AR A VAE VAL AAA UN VA AV MU VAE AAA RAA VAR AVANT NOTICE : TOPOGRAPHIQUE ET MINÉRALOGIQUE Sur les terrains houillers de l'arrondissement de . Brioude, département de la Haute-Loire. Par M. Pomrer jeune, Les terrains houillers de l'arrondissement de Brioude, placés le plus au nord du département de la Haute-Loire, occupent l’espace assez consi- (154) dérable qui s'étend, sur la rive gauche de l'Allier, depuis les mines de la Tanpe jusqu’à Vergongheon, Lempdes, Frugères, Sainte-Florine , Charbonnier , Beaulieu ; et, sur la rive droite, jusqu'à Auzat : les trois dernières localités appartiennent au dépar- tement du Puy-de-Dôme. Ces différens points, où l’on a exploité et où l'on exploite encore maintenant avec le plus grand succès, fournissent des houilles très-estimées , qui servent non-seulement à la consommation du pays et de ses environs, mais qui alimentent, au moyen des embarcations sur l'Allier, les nombreux maga- sins de la capitale, où l’on va puiser pour le chauffage , les forges, les fabriques, les pompes à feu , etc., etc, Tout porte à penser que ce terrain appartient à la grande formation houillère. D'abord, sa posi- tion entre les montagnes primordiales qui forment les rameaux de l’extrémité nord de la chaine de la Margeride, et celles qui vont joindre la chaîne du Forez; ensuite, des bancs de psammites com- posés de grains et de fragmens souvent très-gros de quartz, de feld-spath, de mica; etc., servant toujours de toit et parfois de mur à la houille; les diverses impressions de plantes qu'ils présen- tent, telles que des graminées et surtout des fou- gères, dont quelques-unes sont assez bien conser- vées, des parties de palmiers, des troncs d'arbres, des branches qui indiquent par leurs diverses positions les révolutions lentes que ces lieux ont ( 255: } subies3 le gisement des houilles en masses consi- dérables, ou en couches répétées et souvent d’une grande épaisseur; c’est, enfin, la nature même de ces houilles. Nous allons successivement indiquer les diffé- rens points où elles sont en exploitation, en com- mencant par le grand bassin de Frugères et de Sainte-Florine. TERRAIN HOUILLER DE FRUGÈRES ET DE SAINTE-FLORINE. 1.0 La mine de la Taupe. C’est celle qui est le plus à l’est; la houille compacte et la houille sèche s’y trouvent en amas qui se perdent à la profon- deur de cent dix à cent vingt mètres. Sa position sur le penchant d’une colline a quelque chose de remarquable, et la rivière d’Allier qui la côtoie semble avoir englouti la partie supérieure des filons, nommés vulgairement fétes des veines, et intercepté ainsi sur plusieurs points leur direc- tion, en les divisant; aussi ne parvient-on à retrouver leur continuation qu'après beaucoup de recherches et de détours. Ces filons passent sous la rivière d'Allier et se prolongent dans la com- mune de Vézézoux jusqu'au pied des montagnes de première formation qui bordent la rive droite, où de petites veines se font encore apercevoir. La houille qu’elle fournit est très-propre aux grosses usines et aux verreries. 2.9 À peu de distance, on rencontre la mine des Grègues. Elle a été abandonnée à cause de la 11 ( 156 ) proximité de VAllier, dont les eaux rendaient l'ex= ploitation pénible, et en considération de la mau- vaisé qualité de la houille. 3.° Le Gros-Menil, qui se rapproche du centre de cé térrain, donne en abondance de la houille sèche ét de la houillé grasse. Il présente plusieurs amas, nommés veines par les ouvriers; ils’ sem: blent partir tous d’un point central, appelé masse du Gros-Menil ; où se rattachent aussi les différens amas exploités aux Lacs, à la Molière, aux Poi- rières, à la Fosse, etc. Ce point est d'autant plus important, qu'à cent cinquante mètres de profondeur, lépaisseur de certaines couches est de vingt-deux à vingt-quatré mètres; les moins considérables ont de quatorze à seize mètres. Ces houilles sont généralement pro- pres aux grandes, moyennes et pelites usines, à la forge et au raffinage du sucre. Leur eéxploita- tion, infiniment précieuse, alimente sans cesse le commerce et l'industrie de l'arrondissement de Brioude; les vivifie par le numéraire qu'elle y fait rentrer, et dont une partie est distribuée entre grand nombre d'individus employés à ces travaux. Aujourd’hui, leur exploitation estsi considérable qu’elle fait rentrer chaque année, dans le pays, de huit à neuf cent mille francs, d’après le calcul fait par des personnes de l'art; et on a tout lieu d'espérer de voir s'accroître cette somme, par l'emploi des pompes à feu qui vont y être établies. Nous ferons remarquer, en passant, que toutes —— ln. (157) ces couches inclinent du nord-est au sud-ouest, dans les travaux de la commune de Frugères. 4.0 La mine du Feu, qui est dans la commune de Vergongheon , fournit abondamment de la houille grasse. Elle joint celle des Barthes, aban- donnée pour le peu de résultat qu'elle offrait en dernier lieu. Son nom lui vient de la facilité à prendre feu par la grande quantité de gaz inflam- mable qu’exhalent les houilles sur ce point, et qui produit quelquefois de fortes détonations à Fap- proche d'un corps enflammé. Cependant depuis long-temps, soit à cause des nouvelles précautions que l’on a prises, soit que le danger ait diminué, nul accident n’a arrêté les ‘travaux. Le malheur serait d'autant plus grand, si des événemens de ce genre s’y renouvelaient, que c’est là le gîte du meilleur charbon. Les cou- ches inclinent du sud au nord; elles ont, dans leur plus grande puissance, de huit à dix mètres, et ordinairement de quatre à six mètres. On ignore la profondeur de cette mine, située sur le pen- chant du Bois-Chevalier. À plus de cent mètres, dans certains endroits, et à cent vingt dans d’au- tres, on ne rencontre encore aucune source; ce qui fait présumer, au-dessous, un bien plus grand nombre de couches de ce combustible. 5.0 Vis-à-vis sont les rnines de Mège-Coste ct dé la Pénide, peu considérables, d’abord par leurs travaux, puisqu'àa peine l'on a atleint cinquante mètres de profondeur; ensuite, par la petite < ( 158 ) quantité de houille qu'on en a extraite, insuff- sante pour en bien faire connaître l'importance et la qualité. Les. couches y ont une inclinaison inverse de celle du Gros-Menil, et leur puissance est de quelques décimètres seulement. | 6. Vient ensuite, dans les revers et au bas des côtes de Sainte-Florine, une nouvelle mine appe- lée Fondary, dont les houilles sont à fleur de terre et de bonne qualité; le charbon y est surtout très- gros; il annoncerait des couches plus épaisses que dans le voisinage , et par conséquent d’une grande richesse : aussi la concession de cette mine, qui n’a été encore exploitée que superfciellement, est-elle demandée aujourd’hui par plusieurs so- ciétés. Elle offre les plus grands avantages, par la proximité de l'Allier, qui rendrait le transport des charbons plus facile et moins dispendieux pour lembarquement. Nous ne donnerons aucun détail sur les mines de la Combelle et de Charbonnier, qui sont près de la limite nord de notre département, et où les exploitations sont dans la plus grande activité; ces mines sont étrangères à l’arronadissement de Brioude: La houille du Gros-Menil, ainsi que de la plupart des côteaux de Sainte-Florine, renferme. souvent une assez grande quanlité de fer sulfuré hépatique; de fer oxidé hématite, et surtout de fer carbonaté compacte; celte dernière substance s’y trouve en assez grandes masses pour avoir inspiré à des ingé- nieurs qui ont visité ces contrées, la pensée que ( 159 ) le minérai y serait suffisamment abondant pour y établir une fonderie, etsoustraire ainsi notre dépar: tement au tribut qu'il paie annuellement pour ce métal, dont le transport est si dispendieux. Nous devons désirer ardemment la réussite de létablis- sement de ce genre formé près de Saint-Étienne, à Vinstar de ceux qui existent en Angleterre, afin que nos capitakistes soient encouragés à nous pro- curer les mêmes avantages, dont profiteraient auss» les départemens voisins. Dans tous les terrains assez étendus que nous venons de décrire et dans ceux que l’on retrouve à près de trois lieues sud- est, ainsi que nous le verrons bientôt, les veines, les masses et les couches de houille sont riches et promettent du combustible pour long-temps. Le Gouvernement devra pourtant veiller à ce qu'on suive les exploitations selon les règles de l'art, e& arrêter la trop grande cupidité de ceux qui, pour arriver vite à de grands résultats, négligent les couches les moins abondantes, qu'il deviendra ensuite très-difficile d'exploiter, à raison des éboulemens occasionnés par les premiers travaux. TERRAIN HOUILLER DE LAMOTHE ET DE FONTANNES, Au sud-est de Lamothe commence un autre gite de terrain houiller, qui paraît peu considérable; il formerait néanmoins un bassin tout-à-fait dis- tinct de ceux dont nous venons de parler, d’après leur éloignement et les terrains primordiaux qui se montrent entre-deux. Des fouilles y ont jadis ( 160 ) été faites, ainsi que l’annoncent des restes d’ou- vertures de puits; mais le charbon qu'on en avait extrait, faisant à peine rougir le fer à la forge, fut jugé de mauvaise qualité. Peut-être les nou- veaux travaux conduiront-ils à des résultats plus Salisfaisans. Un nouveau puits vient d’être ouvert, mais il serait à désirer qu’on l’eût rendu plus central et qu’on eût tenu note des couches qu'il a traversées , afin d'en déterminer la nature. Les déblais de ce nouveau travail paraissent composés d'un grès assez semblable à celui de Langeac et à ceux des terrains houillers en général. Son analogie avec ceux employés au nouvel hôtel-de-ville de Saint- Étienne doit faire espérer à la ville de Brioude d'y trouver des pierres de taille, et d'économiser ainsi des frais énormes de transport. TERPAIN HOUILLER DE LANGEAC. Ce terrain est le dernier dont nous ayons à nous occuper. Il est situé au sud et à l’ouest de la petite ville de Langeac, au pied des montagnes de la Margeride et un peu au-dessus de Marsange, où l’on extrait des houilles d'assez bonne qualité ; mais les travaux sont mal concus et dirigés par des hommes qui n’ont ni assez de connaissances , ni assez de ressources pécuniaires pour exploiter convenablement. Ce terrain paraît occuper l’espace qui est à l'est de Ferrussac, Taïlhac, Marsange, Chadernac, Aubiac, et s'étend jusques aux grès de Chanteuges, (167 ) qui se lient aux formations primordiales ; à l’est, il passe sous l'Allier près du moulin de Lafont et s’en- fonce profondément dans une partie de la plaine de Von, ou plutôt il a été recouvert par les immenses dépôts de la riviére qui a formé cette plaine; il s'étend au nord, jusqu'auprès du bateau de Costet, et passe sous le terrain de transport qui est au nord- ouest de la ville. Ce dernier terrain, formé par les torrens qui descendent de la Margeride, se montre sur différens points, principalement vers la rive gauche de PAllier, autour de la butte de Saint- Roch, qui est entièrement composée de brèches volcaniques jaunâtres ou blanchâtres. Il paraîtrait qu'à partir de cette butte , dans la direction de Chanteuges, tout a été recouvert par la même brèche, puisqu'on la rencontre sur plu- sieurs points où elle est un objet d'exploitation. Il m'a été assuré par des ouvriers occupés à l’ex- traction de cette pierre, qu'assez souyent on y -rencontrait des os : un d’eux me dit avoir brisé une tête d'homme et lavoir bien reconnue. Nous n’avons rien négligé pour vérifier ce fait; mais nos efforts ont été vains. Nos recommanda- tions et nos recherches n’ont abouti qu'à nous procurer quelques fragmens d’os qu'il est impos- sible de déterminer. Il est inutile de faire remarquer que la butte Saint-Roch et tous les segmens disséminés de brèches volcaniques sont superposés au terrain houiller dont nous nous occupons. ( 162 ) Des psammites micacés se montrent en couches très-considérables à l’est de Langeac, sur la rive gauche de la rivière. Leur structure est schistoïde; ils renferment beaucoup de fer, et présentent entre leurs couches des empreintes nombreuses de végétaux. La partie de ce terrain la plus remar- quable est celle où l’on exploite, entre Chan- teuges et Langeac, des meules très-recherchées pour la coutellerie. Nous indiquerons aussi les carrières de Jahon, où l’on exploite un grès très- dur qu’on avait employé pour les contreforts de l’ancien pont de Vieille-Brioude. On en extrait aujourd'hui, pour la reconstruction de ce pont, des blocs d’une grandeur énorme, provenant de bancs nombreux, d’un mètre environ d'épaisseur ; ils vont toujours en s’élargissant. À une plus grande profondeur, ils finissent par ne former qu'une seule masse d’un plus beau grain, mais aussi de bien plus difficile extraction. En général, ces couches présentent dans presque toute leur étendue une inclinaison de 12 à 20 degrés. Leur direction est du nord au sud. Nous avons observé entre les pierres meu- Bières des noyaux de fruits semblables à ceux découverts dans les terrains houillers de Saint- Etienne, mais en bien plus grande grande quan- üité, et de beaucoup plus d’espèces. Souvent ils font corps avec la pâle de la pierre, ce qu annoncerait qu'ils ont été enveloppés pendant la formation des couches. Ces fossiles ont fixé { 263 l'attention de M. Brongniart fils; il espère qu'ils lui serviront à déterminer quelques analogies des plantes de la formation houillère. Il en est surtout une espèce qui a particulièrement excité sa curio- sité. Nous y avons aussi trouvé quantité de tiges dont les unes sont complétement indéterminées, et les autres appartiennent au genre calamites. Ce savant désirait savoir si l’on n’y a point apercu les plantes qu’il a décrites sous les noms de sigil- laria, clathraria, sagenaria, stymaria, syringo- dendron, il faisait la même demande sur les /yco- podites; mais il a reconnu cette plante parmi celles que nous lui avons envoyées et qui étaient en assez grand nombre. L'absence des premières, qu’on ren- contre communément dans les terrains houillers, serait, dit-il, un fait très-curieux , et pourrait faire présumer que ces fruits appartiennent, du moins en partie, aux espèces de calamites qu’on trouve dans celui de Langeac. Nous avons formé une collection assez nom- breuse de toutes les plantes et de tous les fruits que nos recherches et les recommandations faites aux ouvriers ont pu nous procurer. Nous en avons fait passer des doubles aux Musées d'histoire natu- relle de Turin et de Paris, et une collection la plus complète qu'il nous sera possible est destinée au Musée du Puy. Les végétaux dont nous venons de parler ne peuvent être classés, ni parmi les pétrifications qui conservent toujours leurs formes et leurs (164) fibres, tels que les bois qui se trouvent em bancs assez considérables dans le département de YAllier et dans bien d’autres lieux; ni parmi les incrustations, telles que celles formées par la chaux carbonatée qui recouvre les objets et les conserve, ainsi qu'on le voit à la fontaine de Saint-Allyre, près Clermont; ni parmi les impres- sions que fournissent tous les terrains houillers, telles que celles de fougères. Ici la forme seule reste, entourée quelquefois d’une partie d’écorce carbonisée ; tout l’intérieur est composé de la même pâle, mais beaucoup plus fine, ce qui nous a porté à croire que ce mode de formation est dù à une infiltration opérée pendant la période où ces couches ont été déposées, période où la tem- pérature locale était infiniment plus chaude qu’au- _jourd'hui, puisque la plupart de ces végétanx n’ont leurs analogues que sous la zone torride, ou les latitudes voisines. Il paraïtrait aussi que des arbres assez gros couvraient alors ce sol; plusieurs ont été découverts par les ouvriers. La mairie de Langeac en possède un dont les racines sont bien conservées, et qu'elle a fait extraire au nord de la butte Saint-Roch. Il est à regretter que le soin de cette extraction ail été confié à une personne qui n’a pas senti combien :il fallait de ménagement pour conserver des objets de cette nature, et d'attention pour em bien ajuster les débris. ( 165 ) AO A MAN VUE VAR UV AA VE AA A AL RAA AU LV A A A MA A MA AA VA MR ME MVL AE TABLE Des pesanteurs spécifiques de quelques roches employées dans les constructions. Par M. Dertster. En connaissant le poids dans l'air et le poids dans l’eau d’un corps solide quelconque, on en déduit sa pesanteur spécifique, et par conséquent le poids absolu d’un pied cube, ou d’un mètre cube du même corps. L'auteur de cette table à fait l'application de ce principe à diverses substances minérales du dépar- tement, et il a répété avec beaucoup de soin ses expériences sur plusieurs échantillons de la même espèce, assez volumineux pour que la tempé- rature et la pression atmosphérique fussent sans influence sensible. Il n’extraira de son travail, qui se rattache à d’autres recherches, que les résultats trouvés pour la pesanteur spécifique des roches employées dans nos constructions (1). (1) Pour la commodité du plus grand nombre de lecteurs, on a donné en livres poids de marc la pesanteur absolue du pied cube de chaque roche, en multipliant sa pesanteur spéci- fique par 70, poids du pied cube d’eau, en livres poids de marc. Si on voulait l’obtenir en kilogrammes, on se rappellerait qu’il faut multiplier la pesanteur spécifique par 34,27, et qu'un mètre cube renferme 29 pieds cubes, et 1/6 environ. ( 166 ) Lave boursoufflée (vulgairement Triffoux), employée pour la cons- truction des cheminées, etc..... Pierre de taille de Denise ( Brèche volcanique)..............:.. , Tdem de Corneille (Brèche volca- nique er serre D 0 OO CS CDI TIT Pierre de taille de Monac (Trachyte porphyroide). .s....s.ssssssss Pierre detaille deBlavozy(Psammite granitoïde blanc, à ciment de kaolin; arkose de Brongniart).. Grès quartzeux de la Chartreuse et du pont de Brives (idem)..... + Pierre detaille d’Araules (7rachyte porphyroide.........,....,... Granite porphyroïde......... ste Pierre de taille de Jahon, près Langeac (Psammite micacé)... Pierre de taille de la Pradette ou de Montcharret ( Trachyte porph.). Gneis commun plus quartzeux.... Gneis de Pradelles ( Église)..,... Meules de grès de Langeac (Psam- MEME eee 0 DEEE ÉTIIST of Marbre de Lauriat, près Brioude (Brèche calcaire )..:......,.. Basalte prismatique dé la carrière de la Croix de la Paille........ ; Pesanteur spécifique, CRT DUT er Dies 2,433 2,40, 2544ee 2,44... 235048 2,55 Poids du pied cube , en lir. poidsdemarc. (167) PARA ANA UT A AA AL MA LU AV AAA UV VE VUE VUE M MIA MAR T TABLEAU : Des substances minérales du département de la Haute - Loire. Par M. RUELLE. OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. Les grandes révolutions physiques dont les traces se montrent de toutes parts dans cette contrée, ses anciens volcans, la configuration particulière et souvent pittoresque du sol, et la variété des produits des trois règnes appellent vivement l'attention des personnes vouées par goût à l’étude des sciences naturelles, tandis que les ouvrages publiés par plusieurs de nos Socié- taires leur en ont aplani les plus grandes diffi- cullés (1). J'ajouterai bien peu sans doute à toutes les tonnaissances déjà répandues par l’un de ces judi- cieux observateurs, en donnant aujourd'hui le catalogue des minéraux du département; mais ce travail m'a paru emprunter quelqu'intérêt de la G@) M. Arnaud aîné a donné la Flore du département; M. Bertrand de Doue (Bertrand-Roux) une savante Description géognostique des environs du Puy, ou plutôt du vaste bassin supérieur de la Loïre, qui comprend plus de 1oolieues carrées, et M. Deribier, la Statistique du département, où l’on trouve dés notions générales, mais très-exactes, sur l'histoire naturelle, ( 168 ) méthode que j'ai suivie pour sa rédaction et des nombreux développemens dont elle l’a rendue susceptible. Ce nest point, en effet, une nomenclature presqu’exclusive des substances minérales em- ployées dans l’agriculture et dans les arts, ou de ces brillantes productions naturelles qui vont orner les cabinets des curieux, et qu’on ne trouve d’ailleurs ici qu’en bien petit nombre. Sans contester l'utilité de ces descriptions par- tielles, il m’a semblé qu'on pouvait faire un peu plus pour la science, en présentant suivant l’ordre de superposition, et par espèces, variétés et sous- variétés, le tableau de toutes les masses minérales d’un département, avec les substances de loryc- tognosie qui les accompagnent dans les diverses localités; en sorte qu'a l’aide d’une carte topo- graphique (1) qui indiquerait les limites des ter- rains, on aurait en même temps l'aspect de la superficie du sol et une connaissance exacte des formations inférieures, là, du moins, où l'œil de Fobservateur aurait pu les suivre jusques aux gra- nites qui, partout, leur servent de support. La méthode que j'ai adoptée pour ce tableau m'a donc permis d’y introduire à-la-fois la nomen- clature des grandes formations minérales suivant (1) Nous savons que des Membres de cette Société se proposent d'en construire une, cn prenaut pour modèle, mais: sur'une plus grande échelle, la belle carte de M, Bertrand de Dous, ( 169 ) leur ancienneté relative, celle des roches qui en constituent les principales masses, et l'indication des substances que renferment ces dernières et qui sont plus particulièrement l’objet des recher- ches des minéralogistes. Mais les limites d’un département n’étant pres- que jamais celles qu'on peut assigner à des obser- vations géognosliques , les avantages de cette distribution seraient beaucoup mieux appréciés si des tableaux et des cartes du même genre étaient dressés pour les départemens voisins, et surtout pour ceux de lArdèche, du Puy-de-Dôme et du Cantal, où la plupart des formations analogues à celles de la Haute-Loire ont été signalées. Il deviendrait alors possible d’assigner aux diffé- rens terrains cristallins, sédimentaires ou pyro- géniques qui constituent l'énorme groupe du centre de la France, des caractères assez généraux pour embrasser l’ensemble des faits dont se compose leur histoire géologique. On saurait, par la compa- raison des fossiles, si les formations tertiaires correspondantes de la Limagne , d’Aurillac et du Puy ont été contemporaines. On parviendrait peut- être aussi, par l’examen de l’âge relatif des laves du Vivarais, du Velay et de PAuvergne, à connaître sur quel point ont commencé les déflagrations volcaniques, et en quel lieu s’est éteint le grand incendie qui a ravagé ces contrées. De pareilles recherches sont trop intéressantes pour ne pas exciter chez nos voisins le zèle des hommes que (1m) leur goût et lesprit d'observation portent à à l'étude des phénomènes de la nature. Comme lhistoire des minéraux doit présenter aussi celle de leur application aux arts et à l'agriculture, j'ai rejeté dans cette notice toutes les observations qui devaient naître du sujet, en supprimant néanmoins celles qui ont été publiées par M. Deribier au chapitre 5 de sa Statistique, et en suivant l'ordre que j'ai adopté dans le Tableau. I. TERRAINS PRIMORDIAUX. Ces terrains, qui forment la plus grande partie du sol de ce département, n’ont pas été suffi- samment explorés vers les hautes montagnes de la Margeride, où tout porte à croire qu’il existe des roches de serpentine, des variolites et peut- être encore d’autres membres de la série talqueuse. Les seuls gites de minérais susceptibles d’exploi- tation consistent en plomb et antimoine sulfurés ; car on ne peut considérer comme tels ceux de fer oligiste et de fer oxidé rouge, dont on n’a que de faibles indices aux environs de Brioude. Il est utile de faire observer d’ailleurs que le fer sulfuré qui se montre assez fréquemment dans les granites et dont la couleur métallique peut séduire , n’est d'aucun emploi dans les fonderies (1). (1). Le fer sulfuré se présente en masses compactes , ou cristallisé. Les cristaux (souvent cubiques ou dodécaëdres) sont d’un jauue de laiton. En masse, ou en roguons (pyrite C171) C’est en général sur la limite supérieure des formations granitiques que l’on trouve ici les subs- tances métallifères. Elles s’y annoncent par la pré- sence du quartz cristallisé, de la baryte sulfatée, ou de la chaux fluatée , et quelquefois, comme à Saint- Just, près Brioude, et à Chambonnet, commune d'Yssingeaux, par une roche stéatiteuse, en filons, qui, dans la première de ces localités, leur sert de gangue. Un avis à donner aux personnes qui se livrent à ces sortes de recherches, est celui de parcourir le litdes afiluens d'une rivière un peu considérable, et lorsqu'elles y trouvent des fragmens d’un minérai, d'examiner avec soin toutes les pentes voisines, pour y découvrir son gisement, mais de ne point entreprendre des travaux coûteux, tels que puits, galeries, etc., sans avoir consulté un ingénieur des mines. Les Membres de la commission du Musée s'empresseront d’ailleurs de répondre aux questions qui pourraient leur être faites sur la nature et la composition des échantillons de minérai qu'on leur adresserait. Toutes les eaux minérales qui existent dans le département sont froides, et sourdent ou parais- sent avoir Jeur origine dans les terrains grani- tiques. Plusieurs de ces eaux possèdent sûrement martiale), le fer est d’un blanc jaunätre et a un aspect grenu. Il donne presque toujours, par le choc du briquet, desélincelles ef une odeur sulfureuse, L'espèce de minérai decuivre qui, par la cou- leur, se rapproche de celui-ci, ne fait pas feu avec le briquet. F2 (277 des propriétés médicales qu'il serait imntéres- sant de constater par des analyses bien faites. C’est un travail qu’on doit attendre du zèle de ceux de nos Sociétaires qui possèdent assez de connaissances en chimie pour y mettre toute exactitude et la précision qw’il exige. M. Arnaud ainé a eu la bonté de me communiquer un manuscrit où il a consigné des observations sur les eaux minérales des environs du Puy, qui éta- bliraient quelques rapports entr’elles et les eaux de fals, si salutaires dans certaines maladies. Je dois aussi à l’obligeance de M. Quioc, maire de Monistrol, des renseignemens sur les eaux miné- rales de Peirouzette, commune de la Chapelle d’Aurec, qui, d’après les essais préliminaires faits à la source, paraîtraient contenir une quantité notable de fer et d'hydrogène sulfuré, et auraient la plus grande analogie avec les eaux de Char- bonnières, très-fréquentées par les Lyonnais. IT. T'ERRAINS SECONDAIRES. L'unportance de ces terrains relativement aux moyens industriels qu'ils peuvent fournir , est en raison inverse de leur étendue; car, n’occupant, dans ce département, qu'un espace de quelques lieues carrées , on y trouve cependant d’abon- dantes mines de houille, de très-bonnes meules et les meilleures pierres de taille etde construction. M. Pomier, professeur de mathématiques, à qui ie suis redevable de plnsieurs renseignemens sur (173) les productions minérales des environs de Brioude, ayant inséré, dans ces Annales, un article très- développé sur les houilles de l'arrondissement, je m'abstiendrai de présenter à cet égard des obser- vations, que son ouvrage rend inutiles. L’altention de nos compatriotes se portera avec d'autant plus d'intérêt sur cet écrit, que la dimi- nution progressive des bois leur montre, dans un avenir peu éloigné, l'usage de la houille devenu indispensable pour les usines du pays comme pour les besoins de l'économie domestique. Les grès de Blavozy , Sainzelles et Auteyrac diffè- rent essentiellement des grès houillers, et parais- sent appartenir à la première série des formations de psammites de M. Brongniart. III. 'TERRAINS TERTIAIRES. La dénomination de terrain d’origine indéter- minée m'a été indiquée par M. Bertrand de Doue pour le plus ancien de ces terrains, comme annonçant qu'il n'y avait encore été découvert aucuns vestiges de fossiles marins ou lacustres. C’est à ce terrain qu'il faut rapporter les brèches calcaires des environs de Brionde et d'Yssingeaux, dont on fait d'excellente chaux hydraulique. Je signale plus particulièrement ici cette roche, parce que devant, par sa destination, passer entre plu- sieurs mains et être divisée en petits fragmens, il de- viendrait plus facile d'y apercevoir les coquillages, corps Jigneux, impressions, etc., qu’elle pourrait (174) sontenir, si les propriétaires des fours à chaux voulaient bien nous seconder dans cette intéres- sante recherche. Le grès imprégné de bitume, que l’on trouve en morceaux épars dans le sol cultivé aux environs de Saint-Pierre-Eynac et de Laussonne, mériterait peut-être un examen particulier; mais les bornes de cette notice me permettent seulement d’ex- primer le désir que l’on parvienne à s'assurer du gisement d’une substance que Fon pourrait utiliser en extrayant le bitume qu'elle contient en si grande abondance. On peut juger, d’après la grande étendue de la formation marneuse aux environs du Puy, que l'ignorance seule. a pu considérer comme une découverte l'annonce d’une carrière de marnes fertilisantes, lorsque presque tout le sol cultivable n'y consiste qu'en un mélange de ces mêmes marnes avec le détritus des roches basaltiques qui les recouvraient autrefois. Ce n’est que dans les communes où le terrain est alternativement granitique el marneux que lon pourrait faire servir celui-ci à l'amendement de lautre (1); car lors même que la culture s'établit sur un sol uni- quement formé de détritus de lave, la terre y contient, d'après l'analyse chimique , assez de principes fertilisans pour qu'on doive s'abstenir de toutautre mélange que celui des engrais ordinaires, EEE (1) Et réciproquement, si les marnes sont très-argileuses. (0730) Le gypse et le calcaire marneux du Puy sont foujours recouverts par les marnes dont nous venons de parler, et ce n’est le plus souvent _qu'aprè$ les avoir traversées à une assez grande profondeur que lon peut extraire la première de ces utiles substances. Il n'existe que des carac- ières assez équivoques pour distinguer les marnes du gypse, de celles qui recouvrent le calcaire marneux : toutes ont à-peu-près le même aspect, les mêmes couleurs, et donnent par le frottement une odeur d'hydrogène sulfuré, un peu plus pro- noncée dans les premières. Celte légère différence échappe aux ouvriers du pays et rend très-incer- taines les recherches faites pour trouver le gypse hors des localités où l’on sait par l’expérience qu'il existe en gisement continu. On s'était flatté que le lignite de lAubepin deviendrait une ressource précieuse pour les habitans des communes voisines, qui n’emploient pour combustible que du gazon desséché; mais celte exploitation, commencée d’abord sous des auspices assez favorables , est aujourd'hui tout-à-fait abandonnée. Les principales causes que je croirais pouvoir assigner à ce manque de réussite sont l'en- thousiasme qui naît bien souvent de la découverte d'un nouveau genre d'industrie dont on s’exagère les bénéfices, la direction incertaine donnée aux premiers travaux et les rapports inexacts qu'on établit d’abord entre la dépense et les moyens de consommation ou les débouchés. Aussi voit-on (176 ) assez fréquemment de nouvelles tentatives, sou tenues par l'expérience du passé, porter à un haut degré de prospérité certaines entreprises qui avaient été préjudiciables aux premiers exploitans. Je dois à M. Bertrana de Doue cette intéressante observation, que malgré Fimmense intervalle qui existe entre les terrains houillers et les formations de lignite, des rapports d’origine sont indiqués par l’analogie des minérais de fer de la même espèce que les uns et les autres contiennent. Ceux de FAubepin, d’ailleurs très-riches , ont offert, de plus, un peu de titane à l’analyse. IV. TERRAINS PYROGÉNIQUES. La plupart des terrains tertiaires, les masses trachytiques, presque tous les anciens cratères et les immenses coulées de lave qu'ils ont vomies, se trouvant dans la circonscription du vaste bassin décrit par M. Bertrand de Doue, j'ai toujours suivi cet excellent guide dans le classement des subs- tances auxquelles il a assigné, le premier, leurs vrais caractères géognostiques ; c’està son ouvrage, dont le mien n'est en quelque sorte qu’une table analytique , que je renverrai le lecteur. Quant aux laves de larrondissement de Brioude, que cet auteur n’a pas comprises dans son travail, je les ai placées d’après des rapports purement minéra- logiques, avec ses laves basaltiques modernes, en attendant que des observationsultérieures viennent recüfier ce que la classification actuelle pourrait présenter d'inexact. (277) Je n'ai pas cru devoir donner l’énumération des formes de tous les cristaux que l’on trouve dans hos lerrains pyrogéniques, parce qu'ils sont, en général, peu nels et assez mal terminés. Les indications suivantes suppléeront à cette omission : 1.9 Le titane de quelques trachytes appartient à la variété plagiédre. 2.0 La néphéline et la chabasie, à la varicté primitive. 3.° La chaux carbonatée, l’arragonite, le quartz, Le feldspath, Famphibole,la plupart des pyroxènes, la mésotype et Fanalcime n’ont pas des formes déterminables. 4.9 Les grenats appartiennent à la variété tra- pézoidale. 5.0 Le zircon offre les variétés dodécaëdre ; prismée, dioctaèdre et plagiédre. Le seul cristal primitif qu'on ait trouvé, depuis plusieurs années. existe dans la collection de M. Bertrand de Doue. 6.0 Les saphirs présentent assez souvent des cristaux déterminables, parmi lesquels on recon- nait les variétés prismatique et divergente. 7.° La wollastonite a été trouvée en prismes hexaëdres seulement. 8.9 Le spinelle noir provient d’un oc{aëdre. 9.° On trouve dans les pyroxènes bien terminés (ce qui est rare}, les variétés héxaëdre , triuni- taire et sexoctonale. ( 178 ) 10.0 Très-peu de cristaux de fer oxidulé titané ont conservé les formes de l’octaëdre. Les eaux qui sourdent dans ces terrains sont d'une pureté admirable ct prennent à peine un aspect opalin par leur mélange avec tous les réactifs qui précipitent les oxides terreux. Elles contiennent, d’ailleurs, une trés-petite quantité de fer. On peut citer celles de Laroche, près de Vals, comme les plus pures qui existent. V. TERRAINS D'ALLUVIONS MODERNES. J'ai cru reconnaître la tourbe fibreuse dans certains lieux qui paraissent avoir été des cratères devenus de petits lacs et convertis ensuite en marais, où se montre de nos jours une végétation vigoureuse. Néanmoins, comme les tourbes qu'on exploite dans les autres pays se trouvent ordinai- rement à plus d'un mètre de profondeur, et que mes remarques n’ont pas été jusques là, je n’oserais affirmer encore que ce combustible existe dans nos marais en assez grande abondance pour devenir Fobjet d’une exploitation profitable. ( 179) TABLEAU Des Substances minérales du département de la Haute-Loire. I. TERRAINS PRIMORDIAUX. GRANITE. — Arrondissemens de Brioude et d'Yssingeaux , cantons de Saugues, d’Allègre, de Craponne, vallons de la Loire , de la Gagne, de la Sumène, de la Gazeille. 1. Commun. Les mêmes localités, 2. Porphyroïde à gros grains. Prades, Monistrol d’Allier, Saint-Privat-d’Allier, 3. Porphyroide à petits grains. Laussonne (bois de la Tourette, ) 4. Veiné, Vorey. 5. Cristallin. Peyrard, Saint-Pierre-Eynac , Pont- Salomon. 6. A petits grains , rose, gris, blanc, etc. Saint- Quentin, Saint-Vincent, Vorey, Margeaix, Chamalières, Limandre, Saint-Maurice, Tence. 7. Avec pinite en prismes hexaëdres. Le Balayas (com- mune des Estables), Agnat, près Briouée. 8. Avec pinite en grains bruns, noïrätres ou verdätres. Saint-Germain , Lantriac, Laussonne , Yssingeaux, Saint-Maurice-du-Lignon. 9. Avec pinite comme principe colorant. Le pont d'Estaing, près le Monastier. 10. Avec amphibole hornblende. Vorey, Saint-Laurent- Chabreuges, Salzuit, la Chaise-Dieu , Pont-Salomon. 11. Avec amphibole actinote. Gibroux, près la Cho- mette, Coste-Cirgues, près Vieille-Brioude, 12. Avec grenats. Pradelles , Limandres, vallée de la Loire. (180 ) 15. Avec toùrmaline. Fix, Chanteuges, la Rouveyre; Chassignoles, Chazelles-Haut, près Saint-Just (1). 14. Graphique, Fix. &NEIS. — Pradelles, vallons de l'Allier, le Vernet, Chan- teuges, Pébrac, Langeac, Fix, vallons de la Loire, de la Gagne , de la Sumène, Queyrières. 1. Commun ou quartzeux à feuillets contournés. Pra— delles , le Vernet, Pébrac. 2. À petits grains avec mica argentin. Pradelles. 3. À petits grains avec mica de diverses couleurs, Pébrac, le Vernet, Queyrières. 4. Avec fer suljuré. Vieille-Brioude. MICASCHISTE. — Vallons de l'Allier, Pébrac, Chanteuges , Langeac, la Chaise-Dieu, Saint-Germain, Alleyras, Saugues, Pinols, Lavoûte-Chilhac, la Margeride. 1. À mica noir, gris, brun, blanc et rougeätre. Les mêmes localités. SCHISTE ARGILEUX. — Saint-Ferréol. STÉASCHISTE. — Æ mica blanc ou jaunätre. Chanteuges, Langeac, la Chaise-Dieu. AMPHIBOLITE. — Blavozy, Vorey, Peynastre, Fix, Vieille- Brioude, Pout-Salomon. 1. Granitoide. Fix, Vieille-Brioude, Pont-Salomon. 2. Schistoïde. Blavozy, Vorey, Peynastre. SERPENTINE. — Sauzet, Berc, Grenier-Montgon, Versilhac. VARIOLITE. — Eu morceaux roulés dans le ruisseau de Courgon, près Brioude. On en ignore le gisement. ARGILE. — Lithomarge. (en filons.) Vieille-Brioude, Marsanges. CHAUX FLUATÉE. — Chanteuges, Langeac , Maleys, Saint- Vincent, Chavagnac, Lavauüieu, Saint-Pierre-Eynac, Yssingeaux, Brugeyroux. 1. Cubique, blanche, verte et violette, Yssingeaux, Chavagnac, Lavaudieu , Chanteuges. 2. Subcompacte, verte et violette. Lavaudieu, Chan- teuges, Chavagnac. (1) Saint-Just, seul, indique que c’est la commune de ce nom près Prioude. (1879) 5. Concrétionnée stratiforme. Ties mêmes lieux, BARYTE SULFATÉE. — Compacte, Lavoûte-sur-Loire, le Fiou, Saint-Vincent, Maleys, Yssingeaux, la Flache, Mar- cillac, Saint-Just, les Ribeyroux, Puy de Marnhac, Saint-Haon, Saint-Pierre-Eynac. 1. Laminaire, Les mêmes lieux. QUARTZ HYALIN, — Dans tous les terrains primordiaux. 1. Limpide pyramidal. Aurec, Saugues, Fix, Cha- vagnac, Langeac, Chanteuges, Chomelix, la Chaise-Dieu. 2. Limpide prismé. Maleys, Chomelix, Nozeyrolles, Auzon, la Chaise-Dieu. 3. Améthyste. Auzon, Vézézoux. 4. Enfumé. Aurec, Saugues. 5. Voir. Yssingeaux, Aurec, Saugues, Fruges (com- mune de Saint-Pal-de-Mons}, 6. Radié. Chavagnac. 7. Fibreux. Coste-Cirgues, près Vieille-Brioude. 8. Concrétionné, blanc et rose. Aurec. 9. Limpide massif. Aurec, Fix, Chanteuges, Langeac, Chomelix, Nozeyrolles, la Chaise-Dieu.. 10. Pseudomorphe, Saint-Just, près Brioude. SILEX CORNE. — Saint-Geneys (bois de la Sauvayade), Ma- zéral, près Vieille-Brioude, ASBESTE. — Saint-Préjet, Blesle, Vieille-Brioude. 1. Flexible. Berbézit, près la Chaise-Dieu. FELDSPATH. — Commun. Dans tous les terrains primordiaux, 1. Laminaire. Doue, Chadrac, Roche-Rouge, Saint- Quentin, le Vernet, Pébrac. 2. Kaolin, Le Pouzat, la Champ, la Besseyre-Saint- Mary. MICA. — Foliacé. Vallons de l’Allier , Aurec, Fix, Saint-Just, Chomelix, la Chaise-Dieu. PLOMB SULFURÉ. — Saint-Vincent , Marcillac, le Bez, la Flache, Maleys, le Fiou, Lavoüte-sur-Loire, les Ri- beyroux, Saint-Pierre-Eynac , Saint-Julien-Chapteuil , Chambonnet, Versilhac, Tence, Chomelix, 1. Cubique. Les mêmes lieux, ( 182 } 2. Cubo-octaèdre. Versilhac et Chambhonnei , près d'Yssingeaux. 3. Laminaire. Chambonnet. j 4. Antimonifére. Chambonnet et Versilhac. #LOMB CARBONATÉ. — Aciculaire, Idem. PLOMB PHOSPHATÉ. — Primitif, vert. Idem. GUIVRE GARBONATÉ. — Vert, terreux. Maleys, Fruges (com- mune de Saint-Pal-de-Mons), Pont-du-Lignon, Beau mont et Lamothe, près Brioude. 1. Bleu, terreux. Fruges, Beaumont. TER OLIGISTE.— fouge luisant. Aguat , près Brioude. FER OXIDÉ, — {ématite. Javaugues. FER SULFURÉ. — Servissas, Alleyras, Vieille-Brioude, Saint- Germain, Saint-Just, Vergongheon, Pout-du-Lignon, le Brignon, Saint-Pierre-Eynac. 1. Cubique. Les mêmes lieux. 2. Dodécaëdre. Alleyras, Vieille-Brioude. le Brignon, 3. Compacte. Dans les localités citées plus laut. ZING SULFURÉ, — Lamellaire, Fruges, près Chanteloube (com- mune de Saint-Pal-de-Mons}), Yssingeaux. ANTIMOINE SULFUBÉ. — Saint-Ilpize, Blesle, Chazelles-Haut (commune de Saint-Just près Brioude), Ally, Mercœur, Fromenti, Pinols, Layoüte-Chilhac, Saint-Austremoine, Cronce, Langeac, Chastel, Vieille-Brioude. 1. Primitif. Chazelles-Haut, Ally. - 2. Fibreux. Idem, Ally, Mercœur, Saint-Austremoine. 5. Compacte. Tous les lieux déjà cités. EAUX MINÉRALES FROIDES. — Les Salles, Margeaix, les Pan- draux , les Estreix, Laprat, près Saint-Julien-d’Ance, la Soucheyre, près Craponne, Coubon, Andruéjols (commune de Saugues), Arsac, Prades, Chante geal, près la Chapelle-Alagnon, Auzon, Azerat, Oufous, la Prade, près Chomelix, Peirouzette, près la Chapelle d’Aurec. a. Acidules, gazeuses et salines, à divers degrés. Les mêmes localités excepté les deux dernières. b. Hydro-sulfureuses. La Prade près Chomelix, Peirou- zette, près la Chapelle d’Aurec. (183) A AE A VE AA A AA AAA VU AV AA VU LA AU M LUE LA AA AA A AU LM AA AA 8 067 IH. TERRAINS SECONDAIRES. #OUDINGUE QUARTZEUx. — Chartreuse de Brives. PSAMMITE. — (Grès ancien). Brives, Blavozy, Autcyrac; Sainzelles, Langeac, Chanteuges, Jahon, Lamothe, Marsanges, Frugères, Sainte-Florine, Vergongheon. 2, Quartseux (Arkose commune de Brongniart), Brives, Blavozy, Sainzelles. a. Avec impressions de végétaux monocotylédone:. Chartreuse de Brives. b. Avec végétaux silicifiés. Blavozy. c. Avec végétaux carbonisés, Brives (Chartreuse). d. Avec fer sulfuré, blanc et jaune. Brives, Blavozy, e. Avec fer sulfaté e florescent. Chartreuse de Brives. 2. A ciment de kaolin ( Arkose commune de B.). Blavozy, Autcyrac, Sainzelles. a. Avec pétrifications ligneuses. Sainzelles. b. Avec véxetaux carbonisés, Brives. c. Avec fer sulfuré primitif. Brives, Blavozy, Sain- zelles, Autcyrac. d. Avec noyaux de quartz amphiboleux et silex cornée. Brives. 3. Micacé. Brives. P 4. Micacé, meulière. Chaunteuges , Langeac , Jahon, Marsanges, Lamothe, Vergongheon , Sainte-Florine, Frugères, Lempdes. a. Bitumineux, Jahon, b. Avec impression de végétaux. Yahon, Langeac. c. Avec tiges et fruits pétrifiés. Langeac, Jahon. 5. Imprégne de bitume. Saïint-Pierre-Eynac, Lanssonne, MIQUILLE. — Frugères, Sainte-Florine, Eamothe, Marsanges , Langeac, Vergongheon. a. Compacte. Les mêmes lieux. b. Grasse, Frugères, Sainte-Florine, Vergongheon , Langeac. c. Sèche, Frugères, Sainte-Florine, Lamothe. d. Terreuse. Lamothe, Marsanges, (184) ARGILE SCHISTEUSE. — Frugères, Sainte-Florine, Lamothe, Langeac, Marsanges, Vergongheon. 1. Avec impressions de végétaux. Les mêmes lienx. FER CARBONATÉ. — Lithoide, Idem. AMMONIAQUE MURIATÉE. — Puits des Barthes, près Sainte- Florine. du AAA AA AU AU AL AU AU MU A M VU A AU AU AU AU A A LU MAR VU AU MS HI. TERRAINS TERTIAIRES. TERRAINS D’ORIGINE INDÉTERMINÉE. A. Formation des argiles et marnes sans fossiles. — De Viaye à Glavenas, la Baume, Laroche, Broussac, Pey= nastre, Bouzols, Doue, Brunelet, Chaux de Fay, Cham- beyrac, plateaux de Sainte-Anne et de Chanceaux. 9. SABLE ARGILEUX. — Saint-Germain, le Monteil, Bard, Beaumont près Brioude. 3. ARGILE SABLEUSE. — Le Monteil, Pont de Malescot, Doue, Sainzelles, Chaspinhac, Retournac. a. À tuiles et briques. Fay la Triouleyre. b. Ændurcie. Le Monteil. 3. ARGILE FIGULINE. — Fay la Triouleyre, Pont de Malescot, Orsilhac, Malataverne, la Rochelambert. 4. ARGILE MARNEUSE. — Le Puy, Ceyssac, Chauras, Peylenc, Bouzols, les Boyroux, Cascade de Laroche. 5. MARNE ARGILEUSE. — Doue, Brunelet, Chaux de Fay, Chambeyrac, Peylenc, Pont del’Oulette, Roche-Limagne, Rosières, Marnhac-les-Vignes, Mercœur. a. Avec chaux carbonatée métastatique. Roche-Limagne. b. Avec chaux carbonatée laminaire. Chaux de Fay. c. Avec chaux carbonatée grenue, Chauras. d. Avec chaux carbonatée filreuse. Peylenc, Marnhae, Servissas, Lantriac. e. Avec arragonite prismatique. Polignac, Rosières, les Pautus, Roiron, Mésères, Vorey, Chadouard (Saint- Vincent ). (1585 ÿ 5. MARNE ARGILEUSE , à infiltrations spathkiques. Rohac, ruissean de Magnore, les Estreix, Ceyssac, Rosières, Poinsac, Chaux de Fay, Chalm des Boiroux, Lantriac (Sud-est de la butte Mont-Chouvet ). 7. BRECHE CALCAIRE. — Varennes (Chamalières), Couteaux, Sue de Bellerut, Glavenas, Malpas, Saintignac, Malataverne, Lamothe, Beaumont, Lauriat. $. GRES CALCAIRE. — Beaumont près Brioude. a. Avec chaux carbonatée métastatique. Beaumont, b. Avec cuivre carbonaté, bleu et vert. Beaumont. TERRAINS LACUSTRES OU D'EAU DOUCE. 8. Formation des marnes siliceuses. — Saint-Pierre- Eynac, Araules, Glavenas, Bellecombe, Fay-le-Froid. 2, BRECHE ARGILOÏDE — Saint-Picrre-Eynac. 2. MARNE SILICEUSE. —Saint-Pierre-Eynac, Glavenas, Araules, a. Fissile. Fay-le-Froid, Saint-Pierre-Eynac. b. Fissile, avec impressions de végétaux. Saint-Pierre- Eynac, Fay-le-Froid. c. Fissile, avec dendrites. Glavenas. d. Fragmentaire. Saint-Pierre-Eynac. e. Avec dragées siliceuses. Glavenas. f. Avec globules siliceux. Bellecombe. 3. SILEx. — Saint-Pierre-Eynac, Araules, Bellecombe, Gla- venas , le Monteil , Chayrac, Beaumont, Paulhac, Vieille- Brioude. a. Résinite. Glavenas, Saint-Pierre-Eynac. b. Corne. Idem. c. Pyromaque. Araules, Saint-Pierre-Eynac, Chayrac, Bellecombe. d. Ménilite compacte. Bellecombe. e. Ménilite fissile. Idem. f. Jaspoide. Glayenas, Saint-Pierre-Eynac, Vieille- Brioude. g. Calcédonieux. Beaumont et Paulhac, près Brioude. 4. TUF SILICEUX avec moules de végétaux. — SaintPierre-Evuac, ( 186) €. Formation gypseuse. — Le Puy, Espaly, le Collet. 2. CHAUX SULFATÉE. — Carrières de Vienne , de Gouteron, du Séminaire, de Cormail, du Pont d’Estrouilhas. a. Lenticulaire à lignes parallèles. Carrières de Vienne et de Gouteron. b: Fer de lance. Carr. de Gouteron et du Séminaire, c. Laminaire. Idem. d. Fibro-laminaire. Carrière de Cormuil. e. Fibreuse. Carrières de Cormail, de Vienne, de Gou- teron et du Séminaire. f. Soyeuse. Idem. g. Compacte à cassure inégale, laminaire ou cireuse, Carr. du Pont d’Estrouilhas, h. Compacte, avec ossemens de mammifères. Carrière du Pont d’Estrouilbas, i. Compacte grenue. Carrière de Cormail. 1. Compacte écailleuse. Idem. m. Compacte, en couches minces alternant avec des marnes calcaires, Garrières de Vienne, de Gouteron, du Séminaire. : n. Compacte, dissémince en grains ou en filets dans les marnes (vulg, tourte). Dans toutes les carrières. o. Compacte cariée. Idem. 2. MARNE ARGILEUSE. — Toutes les carrières. a, Compacte. Idem. Avec bulimes. Carr. de Gouteron et du Séminaire. b. Fissile. Toutes les carrières. Avec impression de phyllites. Gouteron. Avec limnées. Toutes les carrières. Avec cypris. Idem. Avec graminées carbonisées. Idem. 5. MARNE CALCAIRE grise, jaunâtre ou bleuätre. Toutes les carrières. a. Avec ossemens de paléoithérium. Carr. de Gouteron. b. Avec strontiane. Carr. du Séminaire. c. Cariée. Le Collet, carr. du Séminaire. d. #ilicifiée, Le Collet. ( 187 ) 4. ARGILE ONCTUEUSE ET TENACE (vulg. pège). — Les carrières du Mont-Anis. 5. CONCRÉTIONS SILICEUSES en couches interrompues ou en géodes. — Toutes les carrières. D. Formation de calcaire marneux.- Xe Puy, Espaly, Vals, Taulhac, Polignac, Farges, Malpas, Arsac, la Tour. 2. MARNE ARGILEUSE grise, jaunâtre, bleuâtre , fragmentaire ou fissile. — Le Puy, Marminiac, Espaly, Saint-Marcel. 2. MARNE CALCAIRE friable (vulg. rable). Le Puy, Vals, Saint-Marcel, a. Avec cypris, Saint-Marcel, Ronzon, les Brus, Valsé b. Avec limnees. Vals. $. CALCAIRE MARNEUX. — Le Puy, Espaly, Saint-Marcel, Vals, Taulhac, la Tour, Farges, Malpas, Arsac, Polignac. a, Compacte (pierre à chaux), blanc, grisätre, jaunätre ou verdätre. 1. À tubulures parallèles, Taulhac, Vals, Saint-Marcel, le Puy ( Séminaire). 2. Avec ossemens de mammifères. Carrières de Ronzon et des Capucins, au Puy. 3. Avec fragmens de carapaces de tortues. Idem. 4. Avec limnées, Le Puy (carrières de Ronzon et des Capucins), Vals, ia Tour, Farges. 5. Avec planorbes. Ronzon, Polignac, Vals, Farges, aux Trois-Pierres, près de Farnier. 6. Avec bulimes. Vals. 7. Avec cypris. Dans toutes les carrières, mais rare. 8. Avec silex pyromaque noir, Cormail, Paradis, 9. Avec cailloux roulés. À Ronzon (très-rare),. 10. Avec fissures enduites de fer sulfure. Idem. b. Gris foncé, très-dur, avec limnées. Les Brus. c. Fissile, avec cyclostomes. dem. d. Ferrugineux. Polignac, Chayrac. 1. Zone. 2. Ocracé. 3. Dendritique. 13 ) { 188 }) e. Tendre, grisdtre, avec empreintes de graminées. Far- ges, Malpas. f. Avec limnées ayant leur test. Malpas, Farges. E. Terrains d'alluvion. 3. LIGNITE, — La Roche-Lambert, l’Aubepin. a. Fibreux. Idem. ’ b. Papyrace. Idem. c. Terreux. Idem. &, ARGILE MIGACÉE LIMONEUSE. — Alleyras, la Roche-Lam- bert, l’Aubepin, les Rioux, Laval, Vabres, Bas, Cra- ponne, Charensac, Malpas, Sainte-Anne , Saint-Vincent. a. Grise, Alleyras, chemin de Genebrit (Charensac), Communac. b. Voirätre. La Roche-Lambert, Alleyras, Malpas, Sainte-Anne, Craponne. c. Rougeâtre. Alleyras. d. Bleuâtre. 1’ Aubepin. e. Avec fer hydraté géodique. Laval, l’Aubepin. f, Avec fer hydraté mamelonné. Vals. g. Avec fer phosphaté. Alleyras, Saint-Vincent. h. Avec fer sulfuré. La Roche-Lambert. i. Avec fer ocreux et tiges de joncs perforées. Laval. Î. Avec impressions de feuilles de dicotylédones. Laval. m. Avec bois carbonisé. Alleyras, la Roche-Lambert. 3. GRES ARGILEUX FERRIFERE. — L’Aubepin. a. Avec empreintes de monocotylédones, b. Avec ossemens. c. Avec chrysalide pétrifiée. 4. ARGILE BRUNE AVEC CARBONE. — La Bernarde, Bellecombe, les Rioux, le Collet. a. Avec feuilles de roseaux et de gramens carbonisées. Les Rioux. ‘%. BRECME ARGILOÏDE avec fer hydraté géodique. æ Doue, les Trois-Pierres, l’Arbousset. ( 189 ) 6. SABLE FERRUGINEUX. — Bois de T'aulhac, Ceyssac,lesRioux/; le Collet, Chauras, Broussac, Farges, a. Avec ossemens. Ceyssac, bois de Cussac, de Roche- Limagne. 7. JASPE COMMUN rougeûtre , jaunâtre et rubané. — Le Mon- teil, la Champ, Saint-Etienne-Lardeyrol, Noustoulet, plaine Saint-Germain. $. TERRE VÉGÉTALE. — À la cascade de Laroche. RAA AE VS VA AA LULU A AS AA AA VA AU VV M M VU VS UV AN A AA NA A IV. TERRAINS PYROGÉNIQUES. A. Terrain trachytique. a. TRACHYTE. — Du Gerbier de Jones à Chamaliéres. a. Porphyroide, La Pradette, Araules, Ardemais, Monnac, Valamon, les dents du Mezenc, Saint-Pierre-Eynac. 1. Avec cristaux abondans de feldspath. Dents du Mezenc. 2. Avec titane silicéo-calcaire. Ardemais, Araules, 3. Avec titane compacte. Araules, 4. Avec granite enveloppé. Valamon, Courbeyre, près le Pertuis. ». 5. Scorifié. Araules, la Pradette. b. Homogène. Freisselier, Pidgier , Mount-Gros, Costaros { Chamalières ), Fay-le-Froid, Saint-Pie rre-Eynac, les Rosiers {Saint-Front)}, c. Cellulaire. Costebelle, Gerbizon, Mounedeyres, Fay-le- Froid, Saint-Pierre-Eynac, Monnac. 1. Avec néphéline, Costebelle. 2. Avec mésotype aciculaire et chabasie. Gerbizon. 3. Avec mésotype, chabasie et amphibole. Mounedeyres {très-rare ). 4. Tapissé de fer oligiste. Fay-le-Froid (rare). 5. Tapissé de fer oæidé métalloïde. Saint-Pierre-Eynac, Costaros (Chamalières). d. Schistoïde, Lardeyrol, Freisselier, Saint-Pierre-Eynac, €oudros. (ago ) 2. Tigré ou moucheté. Saint-Pierre-Eynac. 2. Avec dendrites.. Gondros. æ. Amphibolique. Montusclat, Monnac, Alamain (Saint-Voy). f. En décompositior. Ranc, Mercœur, la Pradette, Arde- mais, Saint-Pierre-Eynac, Saint-Hostien. g. Décomposé ( Æaolin). Les mêmes localités, ; &, PHONOLITE. — Du Gerhier de Joncs à Chamalières. a. Commun ou schistoide. Jalore, Eÿmereau, Saint-Pierre Eynac, Rofiac , Pierre-lÉglise, Mezenc, le Pertuis, lAmbre, le Mégal, Saint-Front. 1. Porphyroide. Peute est du Mezenc , Mésères et Mézerette, Pidgier, Foucher, Suc d’Eyme, Chaniaux { Vastres). 2,41 pâte finement écaïlleuse. Gerbizon , la Madeleine, D. feuilletée ou tégulaire (vulg. lauses). Le “Mégal, le Ronc, Signon, Pierre-dce-Bar, Mezenc. c. Tigré où moucheié. Huche-Pointue, Tourte, Saint- Hostien , Mezenc, la Madeleine. d. En décomposition. Cellier, Foumourette, Queyrières, ‘Saint-Pierre-Eynac. e. Décomposé ( kaolin). Pic de Fay (Yssingeaux), Saint- “Hostien, lé Pertuis. B. Terrain basaltique. #. LAVES BASALTIQUES. a. Anciennes. Mezenc, Saint-Front, Fay-le-Froiïd, les Æstables, Chaudeyrolles, Laussonne, Montchamp, Peÿ- nastre, Montuselat, Saint-Julicn-Chapteuil, Glavenas, . Queyrières, Mésères , Suc-du-Garde , Planèze , Yssin- “geaux , le Pertuis , Saint-Julien du Pinet, Lantriac, Mont-Chouvet, Raffy, etc. 1. Prismatiques, tabulaires et compactes. Lies mêmes Deux. 2. Sphéroïdales. Laussonne. 3. Schistoides. Queyrières, Arlias, les Boyroux, Le “boïs des Barthes. ï 6 197 } 4. Cellulaires et amygdaloïides. Les Rochettes, Cham— Bouroux, les Boyroux, Mont-Plaux, Roche-Rouge, 5. Poreuses. Suc-de-Choulet, Laussonne, Médille. 6. À pores nombreux et allonges. Suc-de-Choulet, bois des Barthes. 7. Sublamellaires. Peynastre, Boissier , Chapteuil, Fay-le-Froid | Bellerut, es Effruits, Mont-Barnier (Yssingeaux ). 8. Décomposées ( Vake ). Les Rocliettes, Médille, Saint-Julien du Pinet, base sud de Mont-Plaux. 9. Avec chaux carbonatée. Planèze, Saint - Pierre- Eynac, les Rochettes. 10: Avec amphibole, Les Boyroux. 11. Avec pyroxène, très-abondant. Tiaussonne, Mésères, Glavenas, Mont - Chouvet ( Ysssingeaux )}, dJaurence, Chazeaux (Yssingeaux). 12: Avec péridot. Fay-le-Froid, Laussonne, Mésères, 13. Avec feldspath disséminé. Queyrières. 14. Avec analcime. Queyrières. 15. Avec mésotype. L’Aubepin, Saint-Pierre-Eynac. (26. Avec feroxidé. Le Mezenc, Yssingeaux, les Rochettes, 17. Avec fer titané. Saint-Picrre-Eynac, le Mezenc, les Rochettes, 18. Avec granite enveloppe. Le Pertüis, Fay-le-Froid, 19. Avec trachyte enveloppé. Fay-le-Froïd. b. 7ntermédiaires. Suc-de-Breysse, le Monastier, Goudet, Chadron, Peylenc, Montserre, Huche-Plate. 2 Prismatiques, tabulaires, sphéroidales, Idem. 2. Avec péridot en rognons. Peylenc. c. Modernes. De Pradelles à Allègre, parle Bouchetet Fix, Talobre, Eycenac, Vourzac, Croustet, Denise, Vals, Espaly, Polignac, Arlempdes, Prades, la Chomette, Salzuit, Azerat, Javaugues, Lamothe, Saint-Just, Saint- Arcons, Saint-Ilpize, Chillac, Saiut-Privat-d’Allier, 1. En beaux prismes, Espaly, la Tour, Saint-Arcons , Saint-Privat-d’Allier, 2. Tabulaires. Dans presque toutes les coulées, (192) 3. Spheroïdales. Denise, Polignac, Talobre, Villeneuve: de-Fix, Taulhac, Pradelles, Saint-Michel, près le SH 4. Tete Au centre des coulées. 5. Cellulaires, Dans la partie supérieure des coulées. 6. Très-poreuses (vulg. Pierre joubarde). Dans le voisinage des cratères; à Bar, Eycenac, Montserre, etc. 7. Granulaires. Saint-Marcel, Sainte-Anne, Croix de la Paille (Espaly). 8. Mouchetées. Croix de la Paille. 9. Scorifiées. Croustet, Denise, Polignac, Le Bou- ‘æhet, Talobre, etc. 10. Avec arragonite. Vals, Croix de la Paille, 11. Avec corindons bleus et verts. Riou - Pezzouliow (Espaly}, Croustet. 13. Avec quartz. Croustet, Ronzon (Le Puy). 13. Avec calcédoine. Croix de la Paille, 34. Avec zircons. Croustet, Riou-Pezzouliou. 15. Avec grenats. Croustet (très-rares). 16. Avec noyaux ow cristaux d’amphibole. Polignac, Croustet, Alleyras, Fix, Bar, nord de Denise. 17. Avec pyroxène vert foncé. Ceyssac. 18. Avec pyroxène noir. Croustet. 29. Avec péridot. Le Puy, Polignac, Laroche, Sohgnac, Saint-Jean-Lachalm, Saint-Just, Lamothe, Saint-Privat- d’Allier, etc., etc. 20. Avec noyaux de péridot. Bar, Talobre, Farges, etc. 21. Avec feldspath. Saint-Marcel, Ronzon. 22. Avec fer oxidulé titané. Ceyssac, Espaly , Croustet. 23. Avec fer sulfuré. Ronzon. 24. Avec fer sulfuré irisé. Croix de la Paille. 25. Avec fer oxide hydraté globuliforme. Croustet. 26. Avec granite enveloppe. Croustet, Denise, etc, ,ele. 2. BRECHES A CIMENT DE LAVE. — Roche-Rouge, Doue, Roche-Arnaud. 3, BRECHES VOLCANIQUES DÉPOSÉES SOUS LES EAUX. a. À ciment de cendres volcaniques agglutinées, d’ar- gile, etc, (jaunâtres, verdätres, grisâtres , etc.). Polignac? (198 ) Espaly , le Puy, Loudes, Saint-Paulien, Ceyssac, Beys- sac, Cordes, Chambeyrac, Peynastre, Lespitalet, Doue, Lantriac, Langeac, la Chomette, Fay-le-Froid, la Lou- vèce, Bellecombe, Salzuit, Lamothe. 1. Avec chaux carbonatée ferrifére oolithique, Roche= Limagne. 2. Avec chaux carbonatée mamelonnée. Polignac, Saint- Michel. 3. Avec arragonite. Le Puy, Roche-Limagne,Polignac. 4. Avec noyaux de quartz. Croustet, Deuise. 5. Avec amphibole. Done , Denise, 6. Avec pyroxène. Yssingeaux. 7. Avecpéridot. Vals, Trois-Pierres (Le Puy), Yssingeaux. 8. Avec fer oligiste. Le Puy. 9. Avec fer oxidé hydraté géodique. Doue, Borne, Polignac, Le Puy. 10. Avec noyaux de calcaire marneux. Denise. 11. Avec fragmens de trachyte. Freisselier. 12. Avec granite renfermant des grenats. Doue, Mont- Anis, Saint-Michel. 15. Avec granite renfermant de la dichroite et des grenats. Saint-Michel, la Malouteyre. 14. Avec ossemens. Yssingeaux, Denise. b. Sans ciment. Beyssac, Poinsac, Chaponnades, Lantriac, Lac d’Issarlès, 1. Solides. Beyssac. 2. Terreuses, Poinsac, Lantriac, Chaponnades , Lae d’Issarlès. c. Argiloïides. ’Emblavès, Doue, Vals, Trois-Pierres (Le Puy), Chazeaux, Saint-Vidal, Plagnol. 1. Avec fragmens de trachyte. Combriol, Ebde. 2. Avec débris ligneux. Brunelet, les Trois-Pierres. 3. Avec quartz et mica. Artias. 4. Avec noyaux de péridot. Chemin de Genebrit (Cha- rensac). 4. BRECHES SCORIACÉES FORMÉES PAR LA VOIE SÈCHE, —= Mont= bonnet, la Durande, le Bouchet, Croustet, ( 194) &. SCORNIES DE LAVES. a. Anciennes. Les Estables, Laussonné, Fay, T'ouraire, Croix des Boutières, Médille, FAubepin, le Fraysse, le bois des Barthes. 1. À pores arrondis, Le Fraysse de Laussonne. 3, À l’état de tuf rouge avec pyroxène noir. Médille. 3. A l’état de tuf rouge avec cristaux de chabasie. Tou- raire, Queyrières, l’Aubepin. 4. A létat de tuf rouge avéc analcime et chabasie. Quey- rières. 5. A l’état de pouzzolane (vulg. arcane), Laussonne, les Estables, Touraire , Fay, Médille, Croix des Boutières. b. Intermédiaires et modernes (vulg. frifoux). Denise, Croustet, Eycenac, Talobre, Chaspinhac, Bar, Montserre , Breysse , Saint-Geneix, le Bouchet, Vals, le Puy, Lamothe, Javaugues, etc., etc. 2. Avecchaux carbanatée mamelonnée. Polignac, Denise. 2. Avec arragonite. Espaly , Polignac. 3. Avec zircons. Croustet. 4. Avec quartz hyalin concrétionné (hyalite). Croustet, Eycenac. 5. Avec amphibole. Vals, Espaly, Polignac. 6. Avec pyroxène. Croustet, Lamothe. 7. Avec feldspath. Croustet, Denise. 8. Avec péridot en rognons ou en grains. Farges, Peylenc, Céaux-d’Allègre. 9. Avec granite. Polignac, Denise, Espaly, Croustet. 10. Avec bois carbonisé. Denise, Croustet. 11. En forme debombes , de larmes , etc, Près des anciens cratères. c. Des cratères. Pouzzolane poreuse ( Faujas), vulg. gorgue. Aux cratères des volcans intermédiaires et modernes. & CENDRES VOLGANIQUES. — Doue, Denise , Polignac, Ceyssac. 2. A Pétat 1erreux, Plateau de Chambeyrac, vis-à-vis Saint-Quentin. 2, Agglutinées. Ceyssac, le Collet. (195 ) 3. Agglutinées prismatiques. Doue , Denise, Espaly, le Collet. 7. PRODUITS ISOLÉS DES DÉJECTIONS VOLCANIQUES. 1. Corindons-saphirs bleus et verts. Croustet, Espaly. 2. Spinelle noir. Croustet (très-rare ). 3: Zircons. Les Brus, Espaly. 4. Grenats, Idem. 5. Amphibole. Bar, Alleyras, la Durande, Polignac. a. Amphibole aciculaire, en masse. Près du Bouchet, route de Cayres; Marminiac, près de Musa , au Monastier. b. Amphibole aciculaire, en masse, mélé de péridot, Marminiac. 6. Pyroxène noir. Espaly, Les Brus. 7. Wollastonite. Croustet (très-rare), 8. Péridot. Bar , Alleyras', Borne, Céaux-d’Allèsre, Peylenc. a. Péridot rougeâtre et irisé, en décomposition. Bar, Alleyras, 9. Fer oxidulé titanifère. Espaly. 10. Granite plus ou moins altéré. Denise, Eycenac; Croustet, Fay-le-Froid. 11. Granite plus ou moins alléré, avec grenats. Doue, Saint-Michel, la Malouteyre. 12. Granile plus ow moins altéré, avec dichroïte. Saint- Michel. VA AAA AAA A AS A AR A AU AA AU AA AV AU AU US AV UE MAL AE MU UE A MA VAL AA V. TERRAINS D’ALLUVION MODERNES. TOoURPE DES MARAIS, fibreuse. — Landos, Costaros, Limaicne, la Sauvetat, Hurtes, etc. ( 196 ) AN AT VA VW VE AU AS AL VA LUE M MUR AA AU EU MU A MA AR MN AS AU A AA AU LA VER NOTICE Des Tableaux, Antiquités, Monumens et Curiosités du Musée CAROLINE, au Puy. Par M. le Vicomte DE BECDELIÈVRE. TABLEAUX (1). LE BARBIER (Jean-Francois) dit GUERCHIN , né à Cento près Bologne en 1590, mort en 1666. Ecole lombarde. 1. — Le sujet de ce tableau est Dédale:et Icare, Il a beau- coup souffert par les restaurations. TERBURG (Gérard), né en 1608, mort à Deventer en 1681. Ecole hollandaise. 2. — Portrait d’un ministre protestant. Les tableaux de ce peintre sont fort estimés. 3. — Présentation de l'Enfant Jésus à la prophétesse Anne, par la Sainte Vierge. Quoique ayant beaucoup souffert , ce second tableau n’en est pas moins précieux par l’harmoniedes couleurs et la suavité du pinceau. VAN-DYCK (Æ£cole de). 4. — Petit tableau de famille. MIERIS (Guillaume), né en 1662, mort à Leyde en 1747. 5. — Une Bacchante tenant une coupe, et un Satyre pressant dans ses mains une grappe de raisin. Ce tableau peut etre mis au nombre des plus belles productions de ce maître. BECDELIÈVRE (Le Vicomte de). 6, — Étude d’un lyux, tué dans le département de la Haute- Loire en 1822. (1) Chaque section a une série particulière de numéros, (197 ) VERBÜIS. Æcole de Nelscher. 7. — Vertumne et Pomone. Vertumne, déguisé en vieille, lui conseille d’aimer. Ce joli tableau a été donné au Musée par M. de Parron, receveur-général, MAAS (Nicolas), mort à Amsterdam en 1693. 8. — Portrait d’un Bourgmestre hollandais. GIRODET , mort à Paris, sa patrie, en 1825, 9. — Tête d'étude. WENIX (Jean), né à Amsterdam en 1644, mort en 1719. 10. — Oiseaux et un pigeon. Ce tableau peut être considéré comme une des meilleures productions de ce peintre, qui excel- lait dans ce genre. KALF (Guillaume), morten 1693. Ecole hollandaise, 11. — Uncitron, une orange et quelques autres objets, Tableau d’une vérité admirable. BOTH (Jean), né en 1610 , mort en 1650 à Utrecht. 12. — Un paysage. 4 VANDER-PLAAS. ÆEcole hollandaise. 13. — Portrait de l’auteur. POELEMBURG (Corneille), né à Utrecht en 1586, mort en 1660. Ecole hollandaise. 14. — Amazone endormie. La manière de ce peintre est suave et légère; il entendait très-bien le clair-obscur, mais son dessin manquait de finesse et d’élégance. ALLEGRAIN. 15. — Paysage avec quelques figures sur le premier plan. Ce tableau peut être regardé comme un chef-d'œuvre d’exécu- tion et d'harmonie : Le ciel, les arbres sont admirables, TENIERS le jeune (David), né à Anvers en 1610, mort à Bruxelles en 1694. 16. — Portrait de femme attribué à Teniers. On y reconnaît sa couleur et sa touche, mais ik n’a ordinairement fait que de petits tableaux, (198 J ROBUSTI (Jacques) dit le TINTORET, né à Venise en 1512, mort en 1594. 17. — Annonciation, On reconnaît dans cet ouvrage a pro- digieuse facilité de: l’auteur, le coloris du Titien qu’il avait étudié avec constance, et un grand goût de dessin, dans la Vierge surtout, j MAIRE. Æ'cole française. 18. — Paysage avec un monument en ruine. POUSSIN (Nicolas), né aux Andelys en 1594, mort en 1665. Æcole française. 19. — Paysage où l’on croit reconnaître la manière de Nicolas Poussin, mais qui pourrait bien être de son beau-frère Guaspre Dushet, dit Poussin. Dans tous les cas, les figures sont indubi- täblement de Nicolas, Ce tableau est délicieux pour l'harmonie ét la beauté des fabriques. VAN FALENS. 20. — Départ pour la chasse. Charmant tableau où l’on retrouve toute fa finesse et la fraîcheur du coloris de cet imita- teur de Wouvermans, GUASPRE DUGHET, dit Le Poussm, né en 1613, mort en 1675. . 21. — Étude de paysage au premier coup. LE NAIN, peintre français, mort en 1648. 22. Portrait de l’auteur, VAN-DYCK (Copie de). 23. — Belle copie d’une tête de Van-Dyck. VAN-DYCK (Antoine), né à Anvers en 1999, mort en 1641. 24. — Tête d'étude attribuée à Van-Dyck. Quoiqu'il en soit, elle est fort belle quant à l’exécution et à l’expression. . 35. — Etude de raisins. ( Auteur inconnu). TENIERS (Ecole de). 26.— Paysage, avec quelques personnages qui pêchent à la ligne. SANTERRE (Jean-Paptiste), né en 1651, mort en 1717. 27. — Jeune fille à la fenétre, qui rappelle par la chaleur ( 199 ) äu coloris les meilleures productions de Rembrandt. Ce tableau a été gravé. CALLOT (D’après). 28. — Tentation de saint Antoine. Ce tableau, que l’on a attribué mal-à-propos à Callot, graveur francais, est une copie à l'huile d’une gravure de cel auteur célèbre, LÉONARD DE VINCI (Ecole de). 39. — Sainte famille, que l’on pourrait croire avoir été peinte au Puy, si l’on en juge par le rocher de Corneille, que l’on remarque dans le paysage. Il paraît que ce tableau est un vœu à Notre-Dame du Puy; une mère à genoux aux pieds de la Vierge lui présente ses enfans pour les mettre sous sa pro- tection. Ce tableau a beaucoup souffert, mais ce qui en reste est remarquable par la naïveté de l'expression , l’extrême fini des détails et la beauté des draperies de la Vierge. 30. — Portrait d’un censul francais. On le croit peint en Chine (ce qui est assez douteux). Ce serait alors une copie, car on sait que les Chinois se plaisent à copier les peintures ou gravures d'Europe qu’ils peuvent se procurer. 31. Saint Jérôme. (Auteur inconnu). JORDAENS (Jacques), mort en 1678. 32. — Copie d’une têle de Jordaens. MOOR-KAREL , né à Leyde en 1656, mort en 1738. 33. — Deux paysages sous le même numéro, MOUCHERON (Isaac), né en 1670, mort en 1744. Ecole hollandaise. 34..— Joli paysage donné au Musée par M. Primat. 35. — Tableau chinois peint sur verre. DOMINIQUE (Zampiéri) dit le DOMINIQUIN (Ecole de). 36. — Un cardinal. RIGAUD (Hyacinthe), né à Perpignan en 1659, mort à Paris en 1743. Ecole française. 37. — Portrait qu’on croit être celui de Malborongh. LAGRENÉE. Æcole française. 28, — Téte d'étude. ( 202 ) GRAVURES. AUDRAN ( Girard), né à Lyon en 1640, mort en 1703. Batailles d'Alexandre, d’après Le Brun. 1. — Passage du Granique. 2. — Bataille d’Arbelles, 3. — La famille de Darius aux pieds d'Alexandre. 4. — Défaite de Porus, roi des Indes. 5. — Porus amené devant Alexandre. 6. — Entrée d'Alexandre à Babylone. MASSARD (Jean), graveur francais, 7. — Charles I[.°*, roi d'Angleterre, et sa famille, d’après le tableau de Van-Dyck. 8. — La femme de Charles I." et ses deux enfans. AVRIL, d’après Le Barbier. 9. — Ulysse, importuné par les regrets du père de Pénélope qui semble vouloir retenir le char qui conduit sa fille dans la demeure de son époux, propose à Pénélope de rentrer dans le sein de sa famille ou de suivre sa nouvelle destinée; Pénélope, pour toute réponse, se couvre la figure d’un voile. 10. — Coriolan et Véturie. LITHOGRAPHIES. AUBRY LE COMTE. 1. — Danaë, d’après le tableau de Girodet. 2. — Tête de Christ, d’après le tableau du Guide. Cette Kthographie est fort estimée. (203 :) ANTIQUITÉS. 1. — Colonne milliaire trouvée à Saint-Paulien , dans un clos appartenant à M. Chabron de Solilhac, et donnée par lui au Musée. Dominis nostris D D NN. À nos Seigneurs, mp. Marco Julio Philip- JMP M IVL PHILIP l'empereur Marc Jules po, pio felici augusto PO P10 FELIC AVG Philippe, pieux, heu- et Marco Julio Philip- ET M IVL PHILIP reux, auguste, et Marc po nobilissimo PO NOBILISS Jules Philippe, très- Cœsari civitas Vellavo- CAES CIVII VL noble César , la citédes sum, Mille passus tres. M P I, Vellaviens. 3000 pas, 2. — Colonne milliaire trouvée à Chomelix, et donnée au Musée par M. Liogier, gendre de M. de Sereys. TInp. Cæsari Marco Aurelio IMP CAE MAV. 1 Al'emp.CésarMarc-Aurèle Severo Alexandro , CT AGE M UE Sévère Alexandre , pio; felici, augusto, ac iO FEL AUC pieux, heureux, auguste, Marci Aurelii Antonini + .. VI ANTONINO filsyde Marc-AurèleAntonia- magni filio, divi ‘AGNA 111 DIVI le-Grand, descendant du Severi nepoti, ... VE... ... Of divin Sévère, la cité des Civitas Vellavorum. el-la ele lee 1.1. Vellayiens. Millia passuum XII. Douze mille pas, 3. — Fragment d'un bas-relief où se trouve représenté un grifon qui paraît tenir dans ses serres un taureau; un serpent est entortillé autour - du cou du griffon : ces divers attributs étaient consacrés par les anciens à Apollon. 4. — Autre débris de bas-relief (en grès). Cerf aux abois, au moment d’être saisi par un dogue ; une biche précède le cerf. Ce fragment faisait partie de la frise d’un temple probablement élevé à Diane. D’autres débris pareils se voient encore dans la cour du clocher de la Cathédrale. 5. — Débris fort mutilé (en grès) qui semble représenter un homme luttant contre un animal : ce peut être un Gaulois combattant un lion, où bien l’un des travaux d'Hercule. ( 204 ) 6. — Fragment d'une frise avec corniche (en grès }, où se trouvent quelques personnages occupés à une cérémonie religieuse. On croit y reconnaître un bâton augural. Le griflon y est aussi représenté, ce qui fait présumer que ce fragment faisait partie d’un temple d’Apollon. Sur une autre face de ce débris on remarque, sur une échelle beaucoup plus grande , un général ou empereur revêtu du pallium, manteau qui se rattachait-sur l'épaule droite par une agrafe. Ce fragment a été retiré du mur de la Cathédrale, vers le clocher, à 40 pieds de hauteur. 7. — Fragment d'un autre bas-relief (en grès). On y voit un autel et quelques personnages occupés à un sacrifice. Le losange qui est sur le devant paraît être une barrière pour fermer l'enceinte du lieu où se faisait le sacrifice. Sur la face opposée du même débris, on remarque un pied :chaussé avec un cothurne de général ou d’empereur. Ce fragment a été retiré du mur de la Cathé- drale , du côté du Fort. 8.— Cérémonie d’un mariage romain. Bas-relief, en marbre, du temps de la décadence, mais qui n’en est pas moins intéressant par la scène qu'il représente. La future est couverte d’un voile; elle est revêtue d’une tunique rattachée sous le sein par une ceinture de laine avec le nœud herculéen que le mari seul, après la cérémonie, avait le droit (1205 ) de dénouer. La jeune mariée a la main gauche dans celle de son époux. Un personnage tenant une bourse vient offrir les présens de noce. Un vieillard assis sur le devant de la scène, et qui paraît plongé dans la douleur, exprime le moment où le père va se séparer de sa fille. Les autres personnages sont ceux qui ont arraché la jeune fille des bras de sa mère. L'habitation paternelle est ombragée des lauriers protecteurs. Ce bas-relief était encastré dans le mur de l'église de Saint-Jean, à 20 pieds de hauteur. 9. — Fragment d’un bas-relief (en granite rose) trouvé à Pontémpeyrat, près de Craponne. La forme de ce fragment fait présumer qu'il formait la pierre angulaire d’un petit temple où d’un arc de triom- phe. On y remarque un personnage portant un che- vreau sur ses épaules, et un autre jouant dela flûte. Le monument devait être situé non loin du lien où a été trouvé le débris, si on en juge par la qualité des pierres environnantes, qui sont de même nature. Une voie romaine passait tout auprès. 10. — Pierre tumulaire (en grès) trouvée 4 Ceyssac, dans le clos de M. Lobeyrac, et donnée par lui au Musée. Quoique mutilé, ce monument est fort curieux. On y voit un bas-relief représentant un laboureur tenant une charrue d'une main et un fouet de Fautre; et au-dessus du bas-relief, un animal qui peut être un lézard, une salamandre ou bien un ( 206 } crocodile. Le monument est couronné par une larve , symbole de la douleur ou de la mort, que les anciens placaient sur leurs tombeaux. Une très- grande inscription se trouve sur une des faces latérales de ce monument, mais elle est tellement mutilée que, jusqu'à ce jour, il a été impossible de la déchiffrer. 11. — Bas-relief (en grès), nouvellement décou- vert dans le clos de M. Filhiot, à Saint-Marcel, et donné par lui au Musée. Ce beau débris a environ deux mètres de long sur un de hauteur. Il représente une chasse aux cerfs ou aux biches. Des chasseurs, armés de leur arc et suivis de leurs chiens, conduisent un cerf apprivoisé auquel on a mis une bride. Une biche occupée à paitre en avant de cette scène, semble indiquer que le but des chasseurs , au moyen du cerf apprivoisé, est de s’en rendre maîtres. Du reste, ce bas-relief parfaitement conservé dans ce qui existe, car la partie supérieure des per- sonnages manque, est d'une grande beauté. Il est à présumer que ce débris faisait partie du monument auquel avait appartenu celui indiqué au n.° 4. 12 — Tombeau romain trouvé dans les murs de léglise de Saint-Jean. Diis Manibus D. M. Aux Dieux Mânes et memoriæ æternæ ET MEMOÆER., E et à la mémoire éternelle eémantissimæ Ropeliommeæ , .… Æ AM ROPE... de la bien-aimée Ælia Ro- fratervivusponendumcuravit, .... MÆ FRAVIV.... péliomma, son frère, qui Dédicavit sub ascid. PON'DVM CV... lui survit, a fait élever ce RAVIT DED,...., monument, et l’a dédié ; sub ascid, _ ( 207 ) 13. — Pierre tumulaire romaine. Elle a été enlevée d'un petit perron dans la cour de la sacristie de la Cathédrale. Diis manibus. D. M. Aux Dieux mânes, A M: s D M. Douno Prisciano M. DONNO PRISCIANO piiscianus filsdeCaius €. J. Douni Prisciani CI DONNI PRISC Julius Donnus Priscia= Vellavi omnibus officiis VELLAVI OMN'BVS OF "us Vellavien, lequel a rempli toutes les civilibus in civitate 1S CIVIL’'BVS’N CIVITA fonctions civiles dans suû functo. « . « : + . SVA FVNCTO A’FERBAR sa cité, Caius Julius «C. J, Paternus amicus RVM CIVL PATERNVS AMI Paternus, son ami, à fait élever ce mouu- sibique vivus deproprio VSS'BIQVE VIV’'S D PROPRI ment, de ses deniers, ponendum curavit. PONENDVM CVRAVIT, et pour lui-même, de son vivant, Sub ascià dedicavit. D. 11 l’a dédié sub ascid, 14. — Inscription mufilée trouvée au Puy. Les lettres ont six pouces de hauteur, ce qui fait pré- sumer qu'elle a appartenu à un grand monument. GEIL VNT» H S » FOR V. 15. — Inscription trouvée à Saint-Marcel, dans le mur du clos de M. Filhiot. Elle a été donnée par lui au Musée. CILTICA ITHONOR. TABBOPVI 16. — Téte de Naïade trouvée à Margeaix, commune de Beaulieu, par suite d'une fouille faite par M. le vicomte de Becdelièvre. Elle est couronnée de plantes aquatiques. Près de ce lieu se trouvent des eaux minérales. Une vieille tradition faisait connaitre qu'il y avait existé 208 ) un monument élevé au culte des paiens. Ce fragment de la statue de l’une des filles de Jupiter qui, comme l’on sait, présidaient aux fleuves et aux fontaines, semble confirmer cette FT tradition. Les Romains, qui fréquentaient beaucoup les eaux minérales, y ont laissé partout de sem- blables monumens. Quoi qu'il en soit, cette tête fort mutilée est d’un bien beau style. 17. — Colonne et chapiteau d'ordre composite, en grès, trouvés dans une fouille faite par M. le vicomte de Becdelièvre, à Espaly. 18. — Masque dit d’Apollon, plâtre moulé sur le débris colossal qui se trouve au château de Polignac, et que l’on croit avoir servi à rendre les oracles dans un temple d’Apollon qui devait être situé sur ce rocher. 19. — Les quatre colonnes du petit monument à gauche placé au milieu du Musée, sont en marbre , ainsi que les chapiteaux ; elies sont gothiques. Elles ornaient un tombeau élevé dans l’église des Cordeliers, sur l'emplacement de laquelle à été bâtie la maison de M. Dugone. 20. — Les quatre colonnes qui ornent le deuxième petit monument dressé au centre du Musée, à droite, sont en granite; elles ornaient Vextérieur du chœur de l’église de Saint-Marcel, et ont élé données au Musée par M. Filhiot. On les croit antiques, du temps de la décadente. 21. — Deux caisses sous le même es ren- ( 209 ) fermant divers objets d’antiqutés trouvés dans une fouille faite à Espaly, par M. le vicomte de Becdelièvre. 1.° Le plan de l'édifice; 2.0 des poteries fines de diverses couleurs, dites poteries fines de Nimes; 3.° des agrafes en bronze, dites fibulæ; 4.° des aiguilles en cuivre servant à la coiffure des Romaines, etc. 22. — Amphore : Vase dans lequel les Romains mettaient leur vin. Elle a été trouvée près de Vienne en Dauphiné, et donnée au Musée par M. le docteur Moussier. 23. — Bas-relief en marbre blanc : Tête de Silène et de Bacchus. Ce bas-relief, qui est fort beau, a été acquis pour le Musée. 24. — Masque de fontaine en marbre blanc : N a été trouvé près de Vienne en Dauphiné. 25. — Plusieurs vases, sous ce numéro, trouvés à Herculanum, et donnés par M. le baron de Glavenas. 26. — Plusieurs vases lacrymatoires trouvés à Saint-Paulien , et donnés au Musée par Madame de Mons, née Chabron, et par M. Roux, médecin. Le Musée possède encore des plätres du Musée royal , donnés par le Gouvernement et parmi lesquels se trouvent : le groupe du Eaocoon, PApollon du Belvédère , Castor et Pollux , la Vénus de Médicis, l'Amour grec, Vénus accroupie, les bustes de tous les empereurs romains, ceux de Caton, Cicéron, Faustine , Epicure, Diane, Ptolomée, Démosthène, Platon, Socrate, { 256 } Jupiter, Isis, Hippocrate, Homère, Diogénce , Flore, les Muses. ANTIQUITÉS ÉGYPTIENNES. N.0 1 à 53. — Plusieurs pièces en lapis, por- phyre, pâte émaillée, représentant des divinités primitives, des amulettes, des scarabées, etc., dont le catalogue particulier est à côté. Envoyées à M. le vicomte de Becdelièvre, par M. Prosper de Parron, et données par lui au Musée. 54. — Un Harpocrate en bronze dont la base est couverte d’hiéroglyphes; donné au Musée par M. Dubois-Robert, fondeur. 55. — Diverses figurines, en terre vernissée et non vernissée, ayant la forme des sarcophages qui renferment les momies humaines. Plusieurs sont couvertes d'hiéroglyphes. Ces figures se trouvent en grand nombre dans les tombeaux, pyra- mides, ou catacombes d'Égypte. 56. — Momie de la deuxième classe, également envoyée à M. le vicomte de Becdelièvre , par M. Prosper de Parron, et donnée par lui au Musée. La tête seule a été découverte. 57. — Sarcophage de la momie, en bois de sycomore. 58. Première enveloppe de la momie, en toile peinte avec des hiéroglyphes. MONUMENS GOTHIQUES. 59.— Tombeau en pierre de la Pradette. X élait dans l'église de Saint-Pierre, sur l'empla- ( 25xr ) cement de laquelle a été construit le lribanal de commerce actuel. Le bas-relief représente l’enter- rement du personnage, à visage découvert, pour lequel le monument fut élevé. 6o. — J'ase en marbre blanc ayant la forme d'une gourde de pélerin. Elle est creuse en dedans avec une ouverture à l’une des faces ; sur l'autre est la figure de Saint Louis sculptée en relief. On a lieu de penser que ce monument, qui était con- servé autrefois à la Cathédrale, est un reliquaire donné par Saint Louis, peut-être même celui dans lequel fut mise l’épine de la couronne de Jésus-Christ qui fut donnée par ce roi au trésor de cette église, lorsqu'il y vint en pélerinage, à son retour de la Palestine. G1. — Bas-relief, en marbre blanc poli, du 14.8 siècle ; représentant un groupe de religieuses. Il est fort remarquable par son fini précieux. 62. — Plusieurs haches antiques, en pierres de diverses couleurs. 63. — Fauteuil gothique ayant appartenu à Ja famille des Polignac , dont on remarque les armoiries sur un des ornemens de la frise. Il a éte donné au Musée par M. Richond, de Viaye. Le travail délicat des ornemens rend cet objet fort curieux. 64. — Coffre gothique, avec des ornemens par- semés de fleurs de lis, donné au Musée par M. le vicomte de Becdelièvre. 65. — Deux trophées, sous le même numéro, ÉME ) composés de diverses armes des deux derniers siècles. Les armes ont été données par M. de Becde- lièvre, lacotte de mailles, par M. de Choumouroux, et le beau cornet en ivoire, par M. d’Authier de Samnt-Sauveur. Ce cornet, autrefois conservé dans les archives de la Cathédrale, était connu sous le nom de cornet de saint Hubert. 66. — Une petite caisse renfermant deux cierges embaumés, que l’on prétend avoir servi à la con- sécration de la Cathédrale du Puy. Quoi qu'il en soit, ils sont fort curieux. Ils ont été donnés par M. d’Authier de Saint-Sauveur. 67. — Éperon en fer, plaqué en or. Il avait appartenu à Raymond, comte de Toulouse, qui le déposa, avec son pareil, à Fabbaye de la Chaise-Dieu où il avait été en pélerinage, à l'époque de là première croisade. Ce fait est rapporté dans l'ou- vrage intitulé : Coutumes d'Auvergne. Il a été donné au Musée par feu M. le curé de Craponne , qui avait été prieur de cette abbaye. 68. — Petite montre fort ancienne, curieuse par sa forme, qui est celle d’unecroix, et dont lenve- loppe est en cristal 69. — Coupe en cuivre émaillé, avec des figures et des ornemens. Ces sortes d’ustensiles étaient fort en usage au 16.2 siècle; les plus estimés se fabriquaient à Limoges. 70. — Planche en cuivre, où se trouve gravé le portrait d'Armand de Béthune, évêqne du Puy. ( 273 } _ Cette planche, quoique usée, n'en est pas moins intéressante, tant par la beauté du burim “ que par l’image du prélat qu’elle représente. 71. — Plan en relief de la Bastille. Cette forte- resse, qui fut une prison d'état, existait à Paris, et fut détruite au commencement de la révolution. 72. — Armoires renfermant plusieurs quadru- pèdes, oiseaux, coquillages et divers autres objets d'histoire naturelle qui n’ont pas encore été classés. On travaille au catalogue. 73. — Armoires contenant une collection d’en- viron mille médailles des empereurs romains, parmi lesquelles il s’en trouve quelques-unes en or, des plus rares. Le catalogue en sera inces- samment dressé. £c cabinet qui est au fond de la grande salle du Musée contient plusieurs des tableaux indi- qués dans cette Notice, la collection des subs- tances minérales du département, et une autre collection générale de minéraux, de roches et de fossiles. (214) VERS Sur l'installation de la Société au Musée du Puy, par M. pe BasrTARD, préfet du département. Par M. Tarpy. Nas un préjugé funeste à notre France, Aux soins de l’aveugle ignorance, Des agrestes travaux confiait les destins... Ces temps sont loin déjà... La charrue outragée , D'un injuste dédain est aujourd’hui vengée. Elle n’avilit plus, elle honore nos mains. Honneur au magistrat qui, dans ce jour prospère; Vient nous ouvrir le sanctuaire Élevé par son zèle au culte des beaux arts! Auprès de ces tableaux, chefs-d'œuvre du génie, Entre ces monumens du siècle des Césars, La modeste charrue y figure ennoblie. Elle te doit, Basrarp, ce succès glorieux. Cérès comme Minerve a son temple en ces lieux. Savant, laborieux, magistrat citoyen, Protège nos travaux et reçois notre offrande, Pour tes nombreux bienfaits ta bonté ne demande Que l'hommage du cœur. Seul prix digne du tien. 4 Carr) A VU VU VAR DR AU UV LR LR AA VU VU LV DUR LAVE LEUR VE RAY VU AVE PA AA VAR VAL WARS MISSOILONGHI. Par M. le baron DE TALAIRAT. | PARA a n’est plus !... Aux pieds de ses remparts, Sous le nombre accablés , pressés de toutes parts, Les braves ont rendu leur glorieuse vie : De ce généreux sang la source s’est tarie. Missoionghi n’est plus !.... Au sein de vos tombeaux, Héros de Marathon, accueillez ces héros. Ah ! ne rougissez point de leur noble infortune : Vos succès sont divers, votre gloire est commune. Comme vous, défenseurs des droits les plus sacrés, Soldats de la patrie et par elle inspirés, S'ils n’ont pu triompher , si la valeur succombe, Que la gloire du moins vienne éclairer leur tombe. D’eux seuls sont les desseins, les revers sont du sort; Leur vie était illustre, et sublime est leur mot. Tels les enfans de Sparte, à ses ordres dociles, S'embrassant, combattant, mourant aux T'hermopyles, Comme aux jours du plaisir se couronnaient de fleurs ; Tels de Missolonghi les vaillans défenseurs Dans les champs du carnage accouraient, pleins de joie, Et chercher, et saisir, et déchirer leur proie. Le succès a trahi la gloire et la valeur ; La faute est au destin, la victoire à leur cœur. Pénétrons dans ces murs , vaste et muette enceinte, La mort, la mort partout... Nuls soupirs, nulle plainte. L'hymne saint a cessé: mais, du pied de l'autel, L'encens s'élève encore aux pieds de l'Éternel, { 216 ) La vieillesse , l'enfance, et ce sexe timide, Ce sexe, en nos dangers, plus que nous intrépide, Femmes , enfans, vieillards, comme un bienfait du sort, Au lieu de l'esclavage ont embrassé la mort. Pour leurs mains point de fers , pour eux point d’infamie, Et par un beau trépas finit leur belle vie. Tel, au déclin du jour, un rayon lumineux Semble fuir de la terre et remonter aux cieux. Pour ces faits éclatans, pour ces brillans trophées, Pindares, revivez ; chantez , nouveaux Orphées! Sur les bords du Mélès, pour ces nobles douleurs, Homèére, viens encor nous demander des pleurs. Ce n’est plus d’Ilion la chute magnanime : Ce sont les Grecs luttant sur le bord de l’abime ; Les Grecs et leurs malheurs, qui s’en vont devenir L’éternel entretien dés siècles à venir, Sors du tombeau, parais, ombre chère à la gloire, Byron! et que tes chants guident à la victoire De la terre d'Hellé les belliqueux enfans. Ils approchent.... Tremblez! Fuyez, vils Musulmans! Vous servez un despote , ils ont une patrie ; La liberté, pour eux, est bien plus que la vies Et vous, vous dont le bras pourrait les secourir, Rois chrétiens, ces chrétiens les laissez-vous mourir ? Ils adorent le Christ et leur voix vous implore. Le stupide oppresseur des rives du Bosphore, Étranger à nos mœurs , à nos lois étranger , N'a qu’un besoin, du sang; qu'un plaisir , d'égorger. Pour leurs jeux criminels, pour leurs horribles fêtes, Les insolens déjà se promeitent vos têtes. 11 faut les prévenir ; entr'eux et les chrétiens La foi, la loi, l'honneur repoussent tous liens. (217 ) Monarques , entendez une voix qui vous crie: « La Grèce est en péril! » Cette terre chérie, Des cruels Osmanlis prête à subir les lois, Appelle à son secours les peuples et les rois. Dans ces champs désolés, dans ces incultes plaines, Athènes vous attend... Courez venger Athènes ! Et de Sparte et d’Argos rassemblant les débris, Servez l'humanité! La gloire est à ce prix. SD VV MU MU VU VU VU AU A MAUR UV AU LU LU VV LU UV AU MU AR VU VU LL VU VB VV AY VA LA FERME RÉSOLUTION, IDYLLE DE GESSNER , Traduite de l'allemand, par M. DertBtER. O: vais-je !..., Sous mes pieds meurtris et déchirés Je foule l’épine et la ronce, Où tendent mes pas égarés ? Dans ces halliers je pénètre et m'enfonce ; Je cherche à m'y frayer des sentiers inconnus... De quel saisissement tous mes sens sont émus ? Du pin, du chène altier les tiges élancées S’élèvent au-dessus des faibles arbrisseaux, Et leurs branches entrelacées | S'arrondissent en noirs berceaux, | Tu me conviens , silencieux asile |... Cette voûte sombre et mobile En s’agitant fait frissonner mon cœur. je mé sens pénétré d'une douce terreur. Approchons de ce chêue étendu sur la terre... Par un lierre épais son flanc est tapissé. Assis sur ce vieux tronc que le temps a creusé, Rien ne pourra m’y troubler , me distraire, ( 218 ) Les pas d'aucun mortel n'ont profané ces lieux. Je n’entendrai que l'oiseau solitaire Faisant gémir les airs de ses cris douloureux. L’abeille, en bourdonnant de feuillage en feuillage , Seule y viendra cueillir son miel délicieux. Tu viendras seul agiter cet ombrage, Jeune zéphyr, dont l’haleine sauvage N’approcha point encor du sein d’une beauté. À travers ces buissons qui recouvrent tes rives, Où portes-tu , ruisseau, ton cours précipité !.... Je suis tes ondes fugitives..…, Du haut de ce roc sourcilleux Mes avides regards plongent dans la vallée : Un immense horizon s'agrandit sous mes yeux. Dieux ! quelle scène à ma vue étalée !... Là, sur ce bloc prêt à se détacher, Reposons-nous..... Au pied de ce rocher, Plus resserré, plus enflé, plus rapide, Le ruisseau tombe et s’élance à grand bruit, Chargeant les airs de sa poussière humide, Entre les noirs sapins il écume et s'enfuit, Mon œil en suit la chute, et j'entends mugir l'onde Comme on entend au loin le tonnerre qui gronde. La ronce et l’aride buisson De ce roc dépouillé sont la triste parure, Telle une épaisse chevelure Petombe sur le front du farouche Timon, Sauvage enfant de la nature, Qui d’an baiser jamais ne connut la douceur ! Mais descendons.…. Salut, sombre vallée ! Au fleuve qui t’arrose , à sa rive isolée, (219) Salut! Vous porterez le calme dans mon cœur. Je veux errer sur ce bord solitaire Et suivre lentement ses détours sinueux. Je te salue, à bois silencieux Que fuit le profane vulgaire ! J'irai me reposer sous tes ombrages frais. Amour, amour, adieu! ‘Tous tes feux vont s’éteindre ; Je puis enfin braver tes traits ; Ïls ne sauraient ici m'atteindre; Cultivons la sagesse en paix. Brune charmante , au regard plein de flamme, Je te fais aussi mes adieux !..….. A mon insçu se glissa dans mon âme L’ardeur qui brille dans tes yeux. Hier je la vis encor, folâtre, sémillante, S’abandonnant à sa gaiîté. Dans ies replis de sa robe d'été Les zéphyrs se jouaient... Qu'elle était ravissante! Telle cette onde transparente , Quand le soleil darde ses feux, Des plus vives couleurs paraît étincelante. Et toi, dont le regard tendre et voluptueux Tenait mon cœur dans un doux esclavage, Adieu, blonde touchante! Adieu !.... Charmes naissans, Ah! votre dangereuse image Viendra plus d’üne fois, je le crains , je le sens, Forcer ma solitude et troubler tous mes sens, Adieu, noble Mélinde ! à ta démarche fière, À ce port si majestueux, On eut cru voir Pallas, cette déesse altière , La fille du maitre des dieux... Et toi, naive Églé, jeune et vive bergère, 1) { 220 ) Autour de moi-comme tu folâtraist Adieu donc , adieu pour jamais. Dans cet impénétrable asile , Je rirai de l'amour et de ses vains projets... Mais qu’apercois-je, à Ciel! Sur ce sable mobile J'ai reconnu les pas d’une beauté, Le joli pied !.... C’est l'empreinte des grâces... Raison, philosophie, ah! vous m'avez quitté, Aimable enfant, je vole sur tes traces; Suspends ta course, arrête-toi | Du moins, en l'éloignant de moi, Fais comme la rose nouvelle Que presse l’amoureux zéphyr. Sur sa tige inclinée, elle semble le fuir... Bientot à ses baisers, plus riante et plus belle, Elle-même revient s'offrir, AAA S VUS MU MAS UN NAN VU VU A AU AU UV RS A VA US MUR VU VV VV LS VAR VERS A Son Exc. le Prince DE PoricNAc, ambassadeur de France en Angleterre. Par M. DE SAINTE-CoLoMEr. LS les ruines d’un castel, Manoir d’une race héroïque, Naguëre on a d’un menestrel Retrouvé la vieilie chronique : C'étaient joyeux refrains d'amour ; C'étaient nobles faits de vaillance. On eût dit que le troubadour Chantait un preux de notre France, ee { 22x ) C'étaient, pour le sang de leur Roi, Des sujets dévouant leur vie ; Des guerriers, dont l'unique loi Était l'honneur et la patrie ; Des châtelains sans ennemis, Des protecteurs sans arrogance, Des bienfaits aux grâces unis, Comme on en voit dans notre France, C'était, aux traités de l'état, Un médiateur plein d'adresse, De ses talens prêtant l'éclat, Êt de ses vertus la noblesse ; D'un seul mot appaisant l’aigreur D'une ombrageuse méfiance : Mais c’est bien ainsi que l'honneur Traite aujourd'hui pour notre France, Sous les débris du vieux donjon Où ma chronique fut trouvée, Jadis la gloire d’Apollon Par maints miracles fut prouvée. C’est encore, grâces à lui, Que le troubadour a d'avance, Sur un Poricnac d'aujourd'hui, Dépeint ceux de l’ancienne France, Des intérêts de mon pays, Prince, auguste dépositaire , Va rendre à l'étendard des lis Son rang et sa gloire premiere !..,. Qu’Albion retrouve dans toi Un nouveau frein à sa puissance , Et le Meccuior du grand Roi Dans le Juzes de notre France ! { 222 ) LC AS EN CUVE US AU PE A VA A M A VE A M A EU RAA AA A LA ROSE ET LA PENSÉE. Par le même. Tv - la Rose et la Pensée Grands débats advinrent un jour; Des fleurs la reine courroucée Va porter sa plainte à l'amour : Sois notre juge, lui dit-elle ; Au trône on dispute mes droits. C’est une sujette rebelle Qui veut se soustraire à mes lois. Du printemps fraîche messagère, J'annonce au berger le retour ‘Des chants joyeux de sa bergère Et de ses rendez-vous d'amour, En tombant des mains de l’aurore, -Je colore le jour naïssant, Et de la ceinture de Flore Je suis le plus bel ornement, Fille du sang de Cythérée, Présent d’'hymen cher aux mortels ; Partout ma gloire est révérée, Partout mo culte a des autcls, Le trône est un bien légitime Que ma naissance a mérité. Me le disputer est un crime ; Tout doit céder à la beauté, 6 23 J La Rose se tait. La Pensée Vient plaider sa cause à son tour , Et dit à sa sœur offensée : Calme-toi ; règne dans ta cour. Le repos est tout ce que j'aime ; Je crains l'éclat qui suit les grands, L’ennui s'assied au rang suprême, Et le plaisir se cache aux champs, Fière de ses droits, ma rivale Insulte à ma modeste fleur ; Ma gloire à la sienne est égale, Je dois pardonner son erreur. Minerve, en me donnant naissance, Pour sa fille ravit aux dieux Le plus beau droit de leur puissance ; Celui de faire des heureux. Ia Rose, au sein de la bergère, Est le présage du bonheur ; Moi, je ne plais, je ne suis chère Qu’à l'absence et dans le malheur, Loin d’un ami, d'une maîtresse, Le cœur implore mon secours, Et sur l'aile de la tendresse Je sers l'amitié, les amours. Pour mettre fin à leurs querelles , L'amour porta son jugement , Et satisfit chacune d'elles En flattant son goût dominant. : A la plus belle, en apanage, 11 donna l'empire des fleurs; À la plus tendre, à la plus sage, 11 donna l'empire des cœurs, ë (224) A SU UV VAS VUS AT MS AR A AS AU AA AD A AA AA AE AU AU RAA AR AR A RÉ DE L'INFLUENCE DU COMMERCE SUR LA CIVILISATION. Épitre philosophique, par M. Cu. Dauovircs. Pare entre le désir de faire connaître ce morceau, et la nécessité de se renfermer dans les limites qui leur ont été tracées, les Rédacteurs: se voient obligés de ne donner que quelques pas- sages d’un oûvrage qui contient plus de 300 vers. Voici le début du poème, adressé par l'auteur à M. Héré, un de ses amis : Toi qui sais marier, pat un rare génie, La lyre d’Apollon au compas d’'Uranie, Héré, parfois as-tu , dans tes loisirs secrets, Des mœurs des nations médité les progrès ? Quels merveilleux ressorts, quelle cause féconde ; De son antique rouille a dégagé le monde ? Comment les arts captifs, brisant soudain leurs fers, Ont d’un pas de géant mesuré l'Univers ? Comment deux habitans de la Seine et du Gange De rapports fraternels ont cultivé l'échange ; Et de leurs pavillons confondant les couleurs, Par quels nœuds l Amérique et l’Europe sont sœursf Cette puissance, ami, qui, d’une chaîne immense, Ceint l'univers heureux par sa vaste influence, C’est le commerce. Il est le soutien des États; Réparateur des maux qu’enfantent les combats, Lui seul, par les doux fruits d’une active industrie, Après de longs revers console la patrie, me. f 225: ) L'élève au plus haut rang de gloire et de splendeur, Imprime à ses traités le sceau de la grandeur, Allège au front des rois le poids du diadème (1), Rend plus chère aux sujets l'autorité suprême, Et, foulant à ses pieds l’hydre des factions, Fait fleurir le bonheur au sein des nations, Le poète développe ensuite sa pensée, et fait voir comment le commerce adoucit les mœurs, devient un lien entre les nations , les enrichit; l'agriculture lui doit ses progrès, etc. C'est le ecommerce qui a-uré les peuples du Nord, l'Angle- terre surtout, de leur barbarie. ... Cet astre prospère a lui sur vos rivages ; Il souffle l’industrie en vos âmes sauvages : O prodige ! à sa voix, la mer , soumise au frein, Se brise en mugissant contre cent murs d’airain, Les prés sont desséchés ; les forêts abattues Ouvrent au voyageur des routes non battues, Tandis que leur dépouille, occupant mille bras, Là se recourbe en quille, ici s’allonge en mâts. Bientôt tu les verras, sur la foi des étoiles, Guider vers d'autres bords leurs intrépides voiles; Contre les riches dons de leurs voisins séduits, De leur sol indigent échanger les produits, Et confondre avec eux leurs mœurs, leurs habitudes, Leurs vices, leurs vertus, leurs arts et leurs études. M. Daudville décrit une ville sans commerce : S'il en est cependant où n’ait point rejailli Quelqu'un de ses rayons par l’espace affaibli : Ru Pie 0 te Re MR TOPRUT EN SES ELU UE LR AR (1) Cette pensée et les précédentes appartiennent à Robertson ( Iutroduçe tion à l'Histoire de Charles-Quint). ( Note de l’auteur, ) ( 226 ) Quel calme des tombeaux sur ces places désertes (1), D'infertiles chardons et de mousse couvertes ! Sur ces chemins publics, prolongés, spacieux, Pas un seul habitant! ‘Tout est silencieux , Tout est mort! Seulement, au lointain l'œil remarque Des vieillards, des enfans qu'a dédaignés la Parque, Extrpant, étendus près des parvis sacrés, Les insectes impurs dont ils sont dévorés, Laissant lécher aux chiens leur lépre ou leurs ulcères, Ou qui vont, promenant tristement leurs miséres, De logis en logis solliciter en vain Un pain noir refusé par le riche inhumain. Dans un pays où règne une aveugle routine, Où les progrès sont nuls, l’égoisme domine. L'égoismel.... 11 devient la loi du citoyen, Dont chaque heure de vie est un vol à son bien, ‘Et qui ne réparant par aucune industrie Ses trésors épuisés, sa fortune tarie, Sur sa tête croirait amonceler demain Les maux de l'indigent qu’aurait sauvé sa main. A côté de ce tableau dont nous sommes obligés de supprimer la plus grande partie, le poète offre le contraste d’une ville favorisée par le dieu du commerce. Mais sur une cité, si ce dieu magnifique Épanche les trésors de son urne magique, Tu la verras, sortant de son obscurité, Croïitre de jour en jour en noblesse, en beauté; Et comme un chène altier, faible à son origine, Plus tard, de sa grande ombre embrasser la colline, tpm omreté mtionermgrtietentif (1) La plupart des villes d'Italie, d'Espagne et de Turquie. (Note de l'auteur.) (327) Autour d'elle éfendant ses bras industrieux, Remplir tout l'univers de son nom glorieux. Déjà de tous les points que le flambeau du monde Visite des rayons de sa claïté féconde , Dans son port agrandi, de mille nations Accourent se presser les nombreux pavillons. La fève de Moka, le doux miel d'Amérique Qu’exprime, avec son sang , l’exilé de l'Afrique, Et l'émail du Japon et le vif indigo, Le froment du Natchez, l'herbe de ‘Fabago, Le coton insulaire, orgueilleux d’un empire Que réclame à son tour l’opulent cachemire, Volent en un instant, sur son rivage épars , Des chantiers de Neptune au sein de ses remparts. Entrons-y !.... Quel spectacle à nos yeux se déroule, Quelle est donc en ces lieux cette innombrable foule Qui va, revient, se croise'et se presse en tous sens? La patrie en péril, jetant un cri d’alarmes, A:t-elle à tous ses fils fait revêtir leurs armes ; Et pour les rallier, leur prescrivant ces lieux, Voulu tenter le sort ou périr avec eux ? Bannis ta crainte, ami, le démon de la guerre Laisse dormir, oisifs, son glaive et son tonnerre, Cet innombrable peuple, à tes yeux rassemblé, Le commerce en ces murs l’a lui seul appelé, Voici comment M. Daudville décrit le mouve- ment de la Bourse d’une grande ville ; Mais quel est ce palais, dont les vastes arcades Se prolongent au loin en riches colonnades ? Une foule empressée, et qui grossit toujours, Inonde son enceinte, assiége ses pourtours. Maures, Américains, Grecs, Turcs, Asiatiques, (#08 } Chrétiens ou Musulmans remplissent ses portiques. Qui donc a rassemblé, des bouts de l'univers, Tant de peuples , d'esprit, de langage divers, S’est fait de leurs pensers l'interprète fidèle? C’est le commerce : il est la langue universelle. A Pekin, à Boston, au Cap comme à Paris, Ce Dieu parle, et partout son langage est compris: Ce palais est son temple, et cette foule immense Sont ses adorateurs qu’appelle sa présence. L ; . Siir ne © auteur termine son epiire par ces vers : Et maintenant, ami, témoin de ses effets, Qui pourrait du commerce abjurer les bienfaits ? T'andis qu’un grand Monarque, adoré de la France, À la face des cieux proclame sa puissance , Sur son trône avec lui prétend le faire asseoir, Et de le protéger (1) s'impose le devoir ; Qui, sans être frappé de stupides vertiges, Du commerce oserait contester les prodiges ? Ah! c’est alors qu'épris de ces pompeux tableaux, Le poète en son cœur sent des transports nouveaux... Et plein d'enthousiasme, invoquant son génie, Saisit sa noble lyre et chante sa patrie... RE (1) La prospérité des états est liée à celle de l’industrie et du commerces ( Paroles du Roi à la députatior de la ville de Saint-Quentin. ) (Note de l’auteur. } ( 229 ) Le DER TRUE = à APPENDICE. —————— ÉCONOMIE DOMESTIQUE (r). Manière prompte et certaine d'éteindre le feu qui a pris dans une cheminée. Ésores s’apercoit que Île feu à pris dans une cheminée , on doit aussitôt étendre sur l’âtre le bois allumé ainsi que la braise, el y jeter le plus également possible trois ou quatre poignées de Heur de soufre. On bouche immédiatement après le devant de la cheminée en y placant un drap mouillé qu’on a soin de tenir fortement à la partie supérieure et sur les côtés. Le feu, quelque ardent qu'il soit, s’éleint à l'instant. Comme on peut éviter les plus grands désastres par un moyen si facile, 1l serait prudent d’avoir dans les ménages une ou deux livres de soufre en poudre pour s’en servir en cas de besoin. Il faut avoir soin de ne pas déboucher de suite le devant de la cheminée, ahn de laisser refroidir et bien éteindre la suie. ÎVote des rédacteurs. Ce procédé à été employé un erand P pl0) g nombre de fois ayec succès, et dernièrement encore, par Fun de (:) L’impression avancée des Annales ne nous a pas permis d'insérer à leur véritable place plusieurs recettes d'économie domestique, extraites de divers rapports lus à la Sociéié : elles auraient dû faire suite à la section d'Agriculture. Leur utilité nous détermine à les donner ici. ( {Vote des rédacteurs.) ( 50.) æous. C'est à tort que des personnes qui ne s'expliquent poin® les effets produits ici par le soufre, prétendent qu’il y aurait du danger à l’employer dans un tuyau de cheminée qui ne serait pas solidement construit. Le soufre, en s’enflammant, éteint la suie qui était embrasée et n’occasionne dans l’intérieur du tuyau aucune commotion sensible. Il est donc absurde d’ad- mettre qu’il peut agir d’une manière dangereuse contre les paroïs de la cheminée. L’'extinction de la suie par la com bustion du soufre est un des phénomènes les plus simples que vrésente la chimie. Moyen de conserver les œufs. On emploie diverses méthodes pour la conser- vation des œufs, telles que celle de les mettre dans des vases avec du sel où de la cendre, de la sciure de bois, de la paille, ou dans des tas de blé, mais elles sont toutes imparfaites, et celle que nous allons décrire mérite la préférence. On fait de l’eau de chaux en jetant dix parties. d’eau sur une de chaux vive et délayant bien Île tout. Lorsque cette eau a reposé pendant deux ou trois heures , on la met dans un vase où l’on dépose chaque jour les œufs aussitôt qu'ils sont pondus. On tient en réserve dans un autre vase de l’eau de chaux pour couvrir à la hauteur de deux ou trois pouces, lorsqu'il est nécessaire, les œufs que Fon a déposés; on descend le vase à la cave et on le couvre d’une planche. Les œufs, ainsi disposés, se conservent d’une année à l’autre dans un bon état de fraîcheur. Il ne faut pas en mettre dans le même vase plus de 50 à 60, de crainte que le poids des œufs placés dans la partie supérieure ( 237 ) &'écrasât les autres. (Journal des connaissances usuelles et pratiques. — Juin 1825.) Recette pour rétablir Les vins tournés ou échaudés. M. Breton s’est assuré que les vins tournés ne diffèrent des vins naturels que par une certaine quantité de sous-carbonate de potasse qui s’est formée aux dépens de la crême de tartre et de la matière colorante. Il suffit, pour les rétablir, d'a: jouter un peu d'acide tartarique (une 1/2 once par hectolitre). L’acide carbonique se dégage, le vin reprend sa couleur ét sa saveur naturelles, et le tartrate acide de potasse se précipite au fond du tonneau. Ce procédé a parfaitement réussi à des membres de la Société d'agriculture de Toulouse. {Bulletin de la Société de l'Hérault. — Août 1824.) Mastic ou ciment pour les terrasses. Jl existe un mastie que l’on emploie avec le plus grand succès pour couvrir les terrasses, enduire les bassins, souder les pierres et s'opposer partout à l'infiltration des eaux. Il est si dur qu'il raie le fer. Ce mastic est formé de 93 parties de brique où d'argile bien cuite, de 7 parties de litharge et d’une certaine quantité d'huile de lin. Rien de plus simple que sa confection et son emploi. On pulvé- tise la brique et la litharge : celle-ci doit être réduite en poudre très-fine ; on les mêle ensemble et on y ajoute assez d'huile de lin pure pour donner au mélange la consistance du plâtre gäché. (‘2529 On l’applique alors à la manière du plâtre, après avoir légérement mouillé, avec une éponge imbibée d’eau, le corps que l’on veut en recouvrir; cette précaution est indispensable. Lorsqu'on étend le mastic sur une grande surface , ils’y faitquelquefois des gercures : on les bouche avec une nouvelle quantité de ce mastic. Ce n’est qu'au bout de quatre ou cinq jours qu'il devient solide, (Chimie de M. Thénard.) Procédé pour empécher le lait d'aigrir. Mettez une cuillerée de suc de raifort sauvage dans une terrine de lait : ce lait conservera sa douceur pendant plusieurs jours et sera également bon pour tous les usages. (Journal des connais- sances usuelles. — Décembre 1625.) Moyen de reconnaître La falsification de l'huile d'olive par les huiles de graines. On mettra dans une fiole trois onces de l'huile soumise à l'essai; on y mélera deux gros de ni- trate acide de mercure; on agitera le mélange deioen 10 minutes, pendant environ deux heures. Si Fhuile d'olive est pure, elle se coagule en six ou sept heures en été, et en deux ou trois heures en hiver, et le lendemain elle est entière- ment concrète et solide. Si l'huile d'olive est mélangée d'huile de graines, celle-ci reste fluide, et Fon peut aisément en déterminer la proportion. ed EEE TABLE DES MATIÈRES. PR due nelle sise de ssi PAGE Liste des Membres de la Société......,... tra au Réslaments.. ei. Na sites Discours d'ouverture de la séance du 30 août 1025, par le Président honoraire. . réponse du Président... AGRICULTURE. Résumé de divers rapports lus dans les séances de la Société, et que les bornes de ce recueil n'ont pas permis d'y insérer. Rapports et Mémoires qu'il a paru utile d'in- sérer en entier dans ce recueil. ......... Rapport , au nom d’une Commission composée de MM. AuzaNrEr et BERTRAND DE Dour, Rapporteur, sur la culture de la betterave et l’art d'en retirer du sucre, Le perfection- nement des laines, et la culture du pom- aier et du poirier & cidre... ....ss..sse Rapport, au nom d’une Commission composée de MM. Joyeux, FILHIOT et BERTRAND DE Dour, Rapporteur, sur la culture du mürier et l'éducation des vers à soie dans le département de la Haute-Loire. ,,..,. Er © +/ sa 3 (254) Mémoire sur une épizootie parmi les bétes à cornes dans le département de la Haute- Loire, par M, GIRE.......s.ossss.rse Rapport de M. De VErTAURE, sur la culture duc as 0 RE RS ere tieet Fnstruction sur La clavélisation, par M. Mous- Notice sur lutilité d’une pépinière dans cha- que exploitation rurale, par M. DumonrT4rT. SCIENCES. Mémoire sur la mortalité parmi les habitans du Puy, la durée moyenne de leur vie et les maladies auxquelles ils sont sujets, par M. ARNAUD aîné... secs soso fnstruction sur lemploi des chlorures de chaux et d’oxide de sodium, comme désin- fectans, par M. CazzmARD-LA4FAYETTE.. Mémoire sur Les chaux du département de la Haute-Loire, par M. GUILLAUME... ...... Observations chimiques sur un calcul biliaire ou concrétion intestinale de Fhomme , par M TOPETE UNS, VOS OUR MESSE Résultats de lFanalyse dun autre calcul biliatre "par M: Joreux. NN. Observations sur les maladies que contrac- tent les pauvres en s’exposant, sans précau- tion, aux premiers rayons du soleil du printemps, par M. D'AUTHIER DE S4INT- SAUVE URSS NS eee OT ee ner ne 103 117 Ç 235 Rapport sur une machine à piquer les cartons employés à la fabrication de la dentelle, par M. BrrrrAaND DE Dour..........., Notice topographique et minéralogique sur les terrains houillers de l'arrondissement de Brioude, département de la Haute- Loire, par M. PomrEr jeune........... Table de la pesanteur spécifique de quelques roches employées au Puy dans les construc- ions par. D: DERTÉIER M, TN : Tableau des substances minérales du dépar- tement de la Haute-Loire, par M. Rurzzr. BEAUX-ARTS. Notice des tableaux, antiquités, monumens et curiosités du Musée CAROLINE, au Puy, par M. le vicomte DE BECDELIÈVRE. .... LITTÉRATURE. Vers sur l'installation de La Société au Musée du Puy par M. DE BasrarDo, Préfet du département; par M. TAnbr.:. 0... Missolonghi, par M. le baron DE Tararrar. La ferme résolution, Idylle de GEssner, _ traduite de l'allemand , par M. DErir1Er. Vers à S. Exc. le prince pe PoricNaC, ambas- sadeur de France en Angleterre, par M. DE SAINTE-CoLoMBE........ FU E La Rose et la Pensée, par le même....... 16 149 214 219 217 220 222 : "hi # pe! , ( 236 ) De l'influence du commerce sur la civilisation, Epttrephilosophique,par M.Cx.Daupriize. | APPENDICE. ! ÉCONOMIE DOMESTIQUE. ; Manière prompte et certaine d'éteindre le feu qui a pris dans une cheminée.....,..... Moyen de conserver les œufs.............. Becelte pour rétablir Les vins tournés ou ÉCHAMAES AP Se = AO Re ne ee NS ON Mastic ou ciment pour les terrasses. ...... Procédé pour empécher le lait d'aigrir..... Moyen de reconnaître la falsification de l'huile d'olive par les huiles de graines....,.... A LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, SCIENCES, ARTS ETs COMMERCE DU PUY. ST (7 Tps dE EY ïs ? a ft} ® Sn © t D OC ES > > ave ANNALES LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, SCIENCES, ARTS ET COMMERCE DU PUY, POUR 1827. RÉDIGÉES PAR LES SECRÉTAIRES DE LA SOCIÉTÉ. . Tr AU PUY, DE L'IMPRIMERIE DE PASQUET PÈRE ET FILS, IMPRIMEURS DE LA PREFECTURS, AVERTISSEMENT. | Nov saisissons avec empressement l’occasion que nous offre la publication des Annales de 1827; pour faire connaître ce qui a été entrepris et exécuté dans moins d’un an pour fl'accroisse- ment des ressources agricoles et industrielles de ce département. Au moment même où nous manifeslions, l'année dernière, nos regrets de ne pas voir à la disposition de la Société des fonds suflisans pour offrir des encouragemens à l'agriculture, le Conseil général votait une somme destinée à être distribuée, sous forme de primes , pour la propagation de la culture du müûrier et de l'éducation des vers à soie. L'émulation des propriétaires cultivateurs, excitée bien moins encore par l'attrait d'une faible indemnité qne par l'intérêt que leur témoignait en cette cir- constance la haute Administration du dépar- tement, s’est manifesiée tout-à- coup sun les divers points où cette culture pouvait s'établir avec succès. Des échantillons de cocons jaunes et blancs, des soies filées avec plus ou moins de perfection sont arrivés à la Commission chargée d’en rendre compte à la Société. Plu- sieurs mémoires qu ’elle a recus attestent que déjà sur une étendue de terrain plus ou moins considérable s’élevent des müûüriers, là en pépi- niére, ici en haie, en taillis et à plein-vent. Un an s'est à peine écoulé depuis que, dans une séance publique, deux Membres firent la C] 1v AVERTISSEMENT. proposition de créer dans cette ville des Écoles gratuites de Dessin linéaire et de Géométrie appliquée aux Arts mécaniques. Nous n’avions alors d’autres ressources pour faire face aux frais de premier établissement que l'espoir d’une souscription entre les Sociétaires, et qui devait être évidemment insuflisante. Nous appelàmes à y participer tous les amis de la prospérité de leur pays: l’appel fut entendu, et dans quinze jours la souscription eut produit au-delà des besoins du moment. * À peine l’ouverture des cours fut-elle annon- cée, que les jeunes ouvriers arrivèrent en foule pour se faire inscrire, et qu’on se vit dans l’obli- gation d’ajourner, pour cause de l’exiguité du local, la moitié des Elèves inscrits. Il fallait trouver des maîtres, et sur-le-champ des Membres de la Société, et l’estimable Pro- fesseur de mathématiques du Collége, se pre- sentèrent et s’entendirent pour se distribuer l'honorable fardeau de cet enseignement gratuit. Des jeunes gens, déjà initiés à Pétude des sciences, s'offrirent pour répétiteurs et ils ont secondé avec autant de persévérance que d'intelligence et de zèle les travaux des maitres. Organes en ce moment de la Société, nous leur devions ce témoignage tout de justice. Le dévouement des Professeurs et de leurs jeunes délégués, l’émulation soutenue des Élèves sont les plus sûres garanties du maintien et de la prospérité d’un établissement auquel la Société se trouve honorée d’avoir attaché son nom. ANNALES _ LA SOCIÉTÉ D’AGRICULTURE, b. SCIENCES, ARTS ET COMMERCE DU PUY. Le ? LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. L * JUIN 1626. 2 ‘ PRÉSIDENT HONORAIRE. 4 M. ARMAND DE BasrAnp, Officier de la Légion- n : } A A , D * d'Honneur, Maitre des Requêtes, Préfet du dépar- * tement de la Haute-Loire, fondateur de la Société. + BUREAU. Président........ M. Vice-Président... M. Séfrétaire.....,.. M. Secrétaire adjoint. M. ” Bibliothécaire.... M. $ Lnésorter . : JL M. ARNAUD aîné, Docteur en médecine. BERTRAND DE Dour, Née. RUELLE, Payeur du dépar'. DERIBIER DE CueissAc, Chef de division à la préfecture. POMIER , ancien Principal du collége du Puy. DE PARRON, Receveur-9 a néral du département, 1 M (2) CONSEIL D'ADMINISTRATION. MM. ArxAUD aîné, Doct.' en médecine, Président. CaLemARD-LAFAYETTE, Conseiller de préfect. DE Lesranc, Chevalier de la Légion-d'Hon- neur, Secrélaire-général de la préfecture. Beau DE BRives, Propriétaire. Joyeux, Pharmacien. COMMISSION DU MUSÉE. 1'E SECTION. — Antiquités, médailles, statues, tableaux, dessins et gravures. M. le Vicomte be Dreprrrivn LUE Cumscillez de pi éfec- ture, Président de la Commission. Conservateur. 2€ sEcTION. — Minéralogie. MM. BerreaAnn DE Dour, Négociant, RuELLE, Payeur du départem’, Conservateurs. Derisier DE Cueissac, Chef de division à la préfecture, 3e secrion. — Zoologie. M. MM. ArnaAup aîné, Docteur é mé- decine , LEMARD-LAFAYETTE, Conseil- CALE ? Conservateurs. ler de préfecture, Moussier, Doct.' en médecine, Fécix RoBerT, Négociant, + (3) COMMISSION DE LA PÉPINIÈRE DÉPARTEMENTALE. MM. De Lesranc, Chevalier de la Légion-d'Honneur, Secrét.®-cénéral de la préfecture, Président. Frcuior ainé, Propriétaire , Dümonrar, Propriétaire, Joyeux, Pharmacien, _} Conservateurs. BoriE, Avocat, JANprrac fils, Propriétaire. ÉCOLES GRATUITES DES ARTS ET MÉTIERS. MM. DE Becnerièvre , Conseiller de préfecture, Directeurs. Rueuue, Dayonr dun départemeul , DE L'HORME, ancien Géomètre en chef du cadastre, GUILLAUME, Ingénieur des ponts et chaussées, RUELLE, Payeur du département, MoïseLET, Architecte, Professeurs, MEMBRES HONORAIRES. MM. Borne , Officier de la Légion - d'Honneur, Sous-préfet de Brioude, BoupiNaon , Maréchal-de-camp en retraite, Officier de la Légion-d'Honneur. De Bronac, Maire de la ville de Montfaucon. DE Caoumouroux, Chevalier de la Légion- d'Honneur, Maire de la ville d'Yssingeaux, (4) MM. Le Comte Ducrozer, Chevalier de la Légion- d'Honneur. DurAURE DE CITRE, Juge de paix à Montfaucon. Le Baron Charles Dupin, Membre de l’Aca- démie des sciences. DE FERRAIGNHE, Chevalier de Saint-Louis, Membre du Conseil général du département. GAzLET, Vice-Président du tribunal civil du Puy. IxcREs, Membre de l’Académie des beaux-arts. DE Luzy, Chevalier de Saint-Louis, Membre du Conseil général du département. OppE-Duvizrars, Juge de paix au Puy. DE Parron (Prosper), Chevalier de la Tégion- d'Honneur. PAscon, Président du tribunal civil de Brioude. Ramey père, Membre de l’Académie des beaux- arts. RecnAULzT, Membre de l’Académie des beaux- arts. La Rocue-Durir, Maire de Paulhaguet. DE SainTe-CoLomBEe, Chevalier de la Légion- d'Honneur, Sous-préfet à Yssingeaux. Soumer, Membre de l’Académie francaise. Tusa, Docteur en médecine à Langeac. Le Baron pe Vevrac, Chevalier de la Légion- d'Honneur, Maire de la ville du Puy. (5) MEMBRES RÉSIDANS. MM. ARNAUD aîné, Docteur en médecine. AULANIER (Louis), Propriétaire.- D'Avrurer de SarnT-SAuvEUR, Chevalier de la Légion-d'Honneur, ancien Sous-préfet. AvirT aîné, Négociant. BALME (Victor), Propriétaire. BEAU DE BRives, Propriétaire. Le Vicomte DE BECDELIÈVRE, Conseiller de préfecture. BERTRAND DE Dour, Négociant. De Bircoer, Ingénieur des ponts et chaussées on ratraite. BONHOMME, Propriétaire. BORIE, avocat. BoriE, Docteur en médecine. CALEMARD-LAFAYETTE, Chevalier de la Légion- d'Honneur, Député de la Haute-Loire. CALEMARD-LAFAYETTE, Conseiller de préfect. CALEMARD-LaTour, Commissaire de police. CHABALIER, Propriétaire, ancien Député du département. DertgrErR DE Cneissac, Chef de division à la préfecture. DümonrTar, Propriétaire. FrcuioT aîné, Propriétaire. GIRARD-JANDRIAC père, Propriétaire. GIRARD-JANDRtAC fils, Propriétaire. GIRE , Artiste vétérinaire. (6) MM. GUILLAUME, Ingénieur des ponts et chaussées. HiLAIRE-LATOURETTE, Docteur en médecine. DE L'HORME, ancien Géomètre en chef du cadastre. Joyeux, Pharmacien. LAVALETTE, Juge au tribunal civil du Puy. LEexorr, Directeur des contributions directes, DE Lesranc, Chevalier de la Légion-d'Honneur, Secrétaire-général de la préfecture. LoseyrAC, Juge au tribunal civil du Puy. ManpeT, Batonnier des Avocats au Puy. DE Manor, Chev. de Saint-Louis, Propriétaire. Moisezrr, Architecte de la ville du Puy. MoONTELLIER, Avoué. De Morçues DE SAINT-GERMAIN, Propriétaire. MorEez, Docteur en médecine. Moussrer, Docteur en médecine. O’FFARELL, Chevalier de la Légion-d’'Honneur, ancien Maire du Puy, Ingénieur en chef des ponts et chaussées en retraite. DE PARRoN, Receveur-général du département, Pomrer, ancien Principal du collége du Puy. RicHonD-AssEzAT, Avocat. Ricuonp-pes-Brus, Docteur en médecine. RogerT (Félix) Négociant. RuELLE, Payeur du département. Tarpy, Docteur en médecine. TRÉVEYS, Propriétaire. DE VERTAURE, Chevalier de Saint-Louis, Pro- priétaire. (#7) MEMBRES NON RÉSIDANS. MM. AcurLnon, Notaire à Pradelles. Bazmis, Directeur du jardin des plantes et Pro- fesseur de Botanique à Lyon. BErGErY, Professeur de l’école royale d’artil- lerie à Metz. BERNARD, Contrôleur des douanes à Nantua. BLonper, Peintre d'histoire à Paris. BoNuommE père, Propriétaire à Labruyère. Bonnomme (Théofrède), Propriét. à Pradelles. BouizreT, Naturaliste à Clermont. CROZATIER, Fondeur en bronze à Paris. DaunvrrLe., Nécgociant à Saint Quentin, DELALANDE, Inspecteur des domaines à Saint- Quentin. DELAROGQUE fils, Substitut du Procureur du Roi à Moulins. Demousrier, Chirurgien à Paris. DERIBIER DU CHATELET , à Ydes (Cantal). DusRUNFAUT , Professeur de chimie à Paris. Fourner, Notaire à Pradelles. FarnauD, Secrétaire général de la préfecture à Gap. GENEsTET, Négociant à Saint-Chamond. GImBERT - DuviLLARS père, Propriétaire au Monastier. Groenier , Secrétaire de la Société d’Agricul- ture, Histoire naturelle et Arts utiles à Lyon. Hsope (Philippe), Fabricant à Saint-Étienne. (8) MM. Huserr, Peintre de paysage à Paris. JorAnD, Membre de la Société des Antiquaires de France. Joyeux, Docteur en médecine à Privas. Lecoe , Professeur d'histoire naturelle Clermont. / 22 DE LeyvaL, Propriétaire à Clermont. pe Macneco (Le comte de), Propriétaire à Alleret. Charles MALO, Homme de Lettres à Paris. Marurieu De Domsasce, Directeur de la ferme expérimentale de Roville. Micuer, Chef d'institution à Lyon. MoLcaneuz, Statunire à Pario- MonTAIGNE DE PoncINs, Propriétaire à Mont- brison. Morin, Ingénieur des ponts el chaussées à Nevers. Passeron, Homme de lettres à Lyon. Pronoux, Docteur en médecine à Privas. DE PLANuoL, Propriétaire à Planhol. PomtEer , Professeur de mathématiques au collége de Brioude. Ramey fils, Statuaire à Paris. RUELLE, Propriétaire à Serres (Hautes-Alpes). Le Baron pe TALAYRAT, Chevalier de la Légion- d'Honneur, membre du Conseil général du = département , Propriétaire à Brioude. TERRASSE, Propriétaire à Saint-Marcel. ViLLENEUVE, Peintre de paysage à Paris. EXTRAIT DU RÉGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, SCIENCES, ARTS ET COMMERCE DU PUY. ARTICLE 2, 1 Société se compose de Membres résidans et non résidans, et de Membres honoraires. ART. 6 Les Membres résidans contractent l'obligation de donner, tous les ans, soit un mémoire, ou un rapport par écrit sur un ouvrage envoyé à la Société, soit de faire partie de la Commission chargée de ce rapport. Un Membre résidant est censé démissionnaire et rayé du tableau s'il n'a pas assisté d'un an aux réunions de la Société, et s’il ne justifie pas d'empêchement légitime. ART, 9 Les Membres non résidans s’obligent à communiquer à la Société leurs ouvrages et le fruit de leurs recherches; si l’un d’eux laisse écouler le terme de trois années sans exécuter cette disposition, il sera censé renoncer au titre qui lui a été conféré, et son nom pourra être supprimé du tableau. Les Membres de la Société qui cultivent les beaux-arts sont invités à faire hommage à la Société, tous les trois ans, d’un sujet de leur composition. ART, De Pour être reçu à la Société, comme Membre résidant ou non résidant, on doit adresser au Président, ou lui faire remettre par l’un des Membres de la Société, un mémoire propre à faire connaître le mérite du candidat, à moins (ro) qu’il n’ait déjà publié quelque ouvrage qui remplisse le même but. Ce mémoire sera remis à des Commissaires chargés d’en faire le rapport par écrit, dans la séance suivante, et d'exprimer leur opinion d’une manière positive, Le rap- port entendu, la Société procédera au scrutin. Si les deux tiers des suffrages se réunissent en faveur de l’auteur, le Président proclamera son admission, et le Secrétaire lui iransmettra un diplome signé de lui et du Président. Si le scrutin est défavorable, le nom de l’auteur ne sera pas mscrit au procès-verbal, ART, 32. L'admission des Membres honoraires aura lieu sur la proposition de trois Membres titulaires et à la majorité des suffrages, Ceux des Mombres qui aurunit proposé des candidats comme Membres honoraires donneront l’assu- rance que ces candidats leur ont exprimé le désir de faire partie de la Société. On ne recueillera les suffrages que dans la séance qui suivra celle où ils auront été proposés. Trois des Membres de la Société pourront proposer l'admission, comme Membre non résidant, d’un auteur déjà connu par des ouvrages scientifiques ou littéraires, ou d’un agriculteur qui se serait distingué par l'adoption de procédés utiles ou l'introduction d’un nouveau genre de culture profitable au département, Dans ce cas, et sans que les candidats proposés aient satisfait aux dispositions de l’article qui précède, la Société procédera au scrutin, dans la séance suivante, et si les deux tiers des suffrages sont en faveur des candidats, le Président proclamera leur admission DISCOURS PRONONCÉ PAR M. DE BASTARD, PRÉFET DU DÉPARTEMENT ; PRÉSIDENT HONORAIRE ; À la séance du 20 août 1827. Neue E Qu’elles sont douces et consolantes les idées qui se présentent à nouc dans cette solennité qui appa- rait, pour la première fois, dans cet asile de la méditation des sciences et des lettres! Combien sont flatteurs pour cette Société, dont j'ai l'honneur d'être Membre, les encouragemens qu'on vient lui prodiguer en ce jour ! Modeste et laborieuse, n’ayant d'autre intention que celle du bien public, d'autre intérêt que celui du pays, elle s'attendait peu à voir réunis dans cette enceinte ces citoyens de tous les âges, de toutes les conditions. Votre présence, Messieurs, est pour nous une récompense bien douce; toujours nous la désirerons, toujours nous nous efforcerons de la mériter. Si limagination, remontant vers les siècles qui ne sont plus, est flétrie par de douloureux souvenirs; si elle se reporte avec amertume sur un passé stérile et qu’elle a droit d’accuser , avec quelle (12) satisfaction elle vient se reposer sur le présent qui la ranime et l’épanouit! Ainsi, à mesure que les années passeront sur notre Société, elles lui don- neront un nouvel éclat, et le public reconnaissant témoignera un intérêt plus vif à des travaux dont il recueillera des fruits plus abondans. Ces fruits, Messieurs, sont assurés; nous pouvons compter sur avenir avec d'autant plus de certitude, et j'ose- rais dire d’orgueil, que nous avons pour appui, pour soutien et pour collaborateurs ces hommes distingués qui, venus des différens points du département pour préparer, assurer sa prospérité, croient ne continuer que leurs travaux en venant s'asseoir parini nous. Leur hionvoillance n1E IOUS à jamais manqué; en allant au-devant de nos vœux, ils n’ont eu que le regret de ne pouvoir pas faire pour la Société tout le bien qui était dans leur cœur. Nous ne resterons pas, Messieurs, au-dessous de si grands témoignages de confiance; et pour ne pas cesser de les obtenir, nous n’avons qu'à poursuivre nos utiles travaux, qu'à nous livrer sans réserve à l'étude, ce besoin et cette consolation de tous les hommes. L'étude ! pourquoi ma voix est-elle impuis- sante pour en retracer, sous tous les rapports, et le charme et l'avantage ? Du moins qu'il me soit permis de vous soumettre, sans art, sans apprêt, quelques simples réflexions sur le bonheur et la gloire de celui qui cultive les Lettres. La Providence a déposé dans le cœur de l’homme un désir de bonheur vers lequel il tend de toutes (135) les puissances de son: être. Il le cherche par mille moyens, il use sa vie à le rendre constant et impé- rissable ; mais que ses vœux sont souvent insensés ! qu'ils sont vains les projets qu’il médite! Lorsque s'élancant en aveugle hors de lui-même, il appelle à grands cris ce bonheur qui le fuit à l'instant où il croit le saisir, il s'attache à un vain fantôme qu'il repousse aussitôt. Alors il précipite de nouveau sa course, il dévore le temps en idée; à son gré, les jours, les années sont lents à s'écouler. Fatigué, harassé, il arrive au terme, tout étonné d'éprouver un vide immense et de n'avoir obtenu, pour prix de tant d'efforts, qu'un long ennui et de cuisans Chagiins. Qu'il rentre en lui-même, qu'il s’étudie un instant, et l'homme, cet être créé pour limmor- talité, trouvera dans lui ce calme heureux vaine- ment cherché dans le tourbillon d’un monde qui peut offrir des émotions profondes, si vous voulez, mais jamais de ces véritables jonissances que l’étude seule peut procurer. Oui, pour l'homme livré à de sérieuses réflexions, tout devient bonheur : la nature, l'amitié, la douce confiance remplacent à ses yeux les trompeuses promesses, et ne font pas naître les regrets des fragiles félicités. Seul avec ses livres, il n’a besoin ni de témoins, ni de spectateurs ; rien ne le soutient en apparence, ni la gloire, ni le préjugé, ni l'amour de la renommée, ces grandes faiblesses de lâme; son isolement, sa retraite, son cabinet, voilà sa force et sa récompense. Le monde, cet ingrat qu'il faut plaindre et servir, ne le connaît (16) ; ‘ sentent en foule à ma pensée, pour donner à mes paroles le poids de la conviction. Dirai-je la gloire du poète ? Dans ses vers immor- tels il s'empare de tous les sujets; il chante Pharsale, il gémit avec Didon, il pleure Ariane abandonnée ; furieux comme Oreste, comme lui on le dirait poursuivi par les trois filles de l’enfer; gräcieux ou terrible , il ne médie plus, il est inspiré. Représentez-vous le philosophe de Ferney, tra- versant lentement une foule idolâtre; acccablé par Pâge, avec peine il gravit les degrés qui doivent le conduire au temple de Melpomène. Appesanti par cent triomphes , ses pas chancelans n’avancent qu'avec effort. Il apparait enfin aur rette oct brillante de mille feux; ce n’est plus un homme, c’est une divinité qu'on implare; toutes les voix s’élèvent à l'instant pour saluer l’auteur de Mérope; tous les cœurs sont attendris. Ce vieillard, paré de ses cheveux blancs, recoit avec émotion le laurier que pose sur sa tête la France, messagère alors de limmortalité. Je ne Coublierai point, 6 sublime Molière! tos qui as su L’élever à la censure périlleuse des mtri- gues de cour, des menteurs politiques , des tartufes de religion. A la vue de ces portraits frappans de ressemblance, une foule acharnée se déclare contre le grand homme; mais le grand Roï, avec son sens élevé, voit dans le génie du poète un auxiliaire utile à sa puissance, et dans le même temps où il appelle Lamoignon à réformer nos Codes, il (Er) éncourage Molière à poursuivre dé ses traits les vices qui doivent échapper aux lois. Je vous le demande, Messieurs, quels sont les triomphes san: glans qui valent ces pacifiques honneurs !!! Sije ne craignais d’abuser de vos momens, j'agran- dirais ici le cercle de mes pensées, et envisageant avec vous la littérature dans ses rapports avec la religion, nos mœurs et nos lois, je vous la mon- trerais comme une providence qui, dans l’ordre politique, veille aux intérêts de tous; mais le temps se refuse à de pareils développemens, ou plutôt je sens toute mon impuissance pour traiter un si vaste sujet. Je vous dirai seulement que l’étude, envisa- gée d’un point élevé, n’est qu'uu des brillans reflets de cette vérité éternelle affranchie des limites de l'espace et du temps. La littérature doit donc être prise dans lesentiment, dans la conscience; si on la cherche ailleurs, ou elle est incomplète, ou elle sera impuissante. L'orgueil ; reprenant ses droits, obscurcira bientôt Vintelligence; il égarera de nouveau les pas de l'homme... Dégageons-la de toute passion, de tout système; gardons-nous bien de la soumettre à la froide analyse; pour elle, il faut que notre âme ressemble à cet instrument qui frémit au contact le plus doux; il faut que rien dé bas ne puisse arriver jusqu'à elle, ni troubler l'harmonie de ses facultés. Alors, l'Éloquence, l'Histoire , la Poésie , ces dépo- sitaires éternels des vengeances morales du genre 2 (18) humain, lui serviront tour-à-tour à proclamer d’une voix solennelle les principes immuables du juste et du vrai, à défendre la raison contre les attaques de ceux qui voudraient la replacer sous une honteuse tutelle, après qu’elle a grandi avec le siècle et versé des flots de lumières sur son passage. Ainsi envisagée, parlerai-je, Messieurs, des triom- phes de la littérature ? Observez la marche du monde; deux pouvoirs se disputent l'empire : celui de la force et celui de la pensée. La première, dans son action rapide , brise entre ses rouages les hommes et les choses; mais elle trouve bientôt dans cette action elle-même la cause de sa ruine. La seconde se fortifie à mesure qu'elle vieillit, et, comme un phare immense au milieu de l'océan des âges, elle éclaire les ténèbres du passé et les ténè- bres de l'avenir. Entendez-vous le bruit de ces états qui s’écrou- lent? Sidon a péri, Ninive ést tombée; tous les dieux de Belus dorment dans la poussière des tom- beaux; sur ses bords dévastés, le Nil roule depuis long-temps les débris de la ville aux cent portes; JArabe insolent s’asseoit sur le tronc mutilé de la colonne de Palmire, et le superbe fils d'Omar a posé sa tente d’un moment sur les ruines du temple de Thésée. Le temps, dans son insatiable voracité, imprime partout sa dent destructrice; autour de lui sont entassés les débris des dignités et des gran- deurs humaines ; devant lui passent rapidement toutes les générations : les vieillards poussés par (49) és hommes d’un âge mür , et ceux-ci par dés enfans; tout meurt, tout finit. Les ralions dispa- raissent, les empires tombent; seule, la pensée demeure debout au milieu de tant de ruines... Les peuples, en délire, peuvent essayer de la proscrire, comme une étrangère inconnue; mais tôt où tard sa voix puissante, et à la fin victorieuse, sera entendue. Le despote voudra lexiler de son palais, elle en assiégera incessamment les portes et demandera à être recue comme reine, là où l’on voulait la traiter en esclave; car il est dans sa des- tinée d’user toutes les tyrannies. C’est par la pensée que la science et la vérité sont sorties de la retraite des lettres , et c'est à elle qu'il a été donné de pouvoir dire à la barbarie : Tu ne régneras pas. L'éloquence, dans un ZL’Hôpital, dans un Mathieu Molé, devient une puissance conservatrice et la sauve-garde d’un État; elle prend encore ce noble caractère dans l'homme délibérant aux conseils des Rois sur le sort des peuples ; ou plaidant dans les assemblées la cause du malheur; dans le philosophe qui, du sein de la retraite, prépare ces réclamations courageuses qui défèrent les abus, les erreurs et les crimes au tribunal de l'opinion publique. Ainsi dirigée, létude des Lettres n’est pas seulement un aït, c’est un ministère auguste consacré par la vénération de tous ; on oublie lhomme éloquent pour ne voir que l'homme ver- tueux et le bienfaiteur de l'humanité. C'est ainsi que s'établit cette admirable correspondance entre (2) tout ce qu'il y a de plus grand sur la terre, la vertu et le génie; c’est ainsi que, par un heureux mélange , nos plus précieux intérêls liennent à nos émotions les plus douces; c’est ainsi que se révèlent à tout être pensant la puissance réelle et la dignité des arts. Et quel temps fut jamais plus favorable aux déve- loppemens de ces grandes et salutaires pensées! La terre a cessé de trembler sous nos pas ; à l'ombre du sceptre auguste et protecteur de nos Rois, les Lettres sont sorties des ruines fumantes de la Patrie. Les hommes qui les cultivent ont été les témoins et quelquefois les victimes du drame le plus sanglant qui jamais ait épouvanté la terre. Grâces à enx, la Littérature a repris son noble caractère; et pouvait- elle employer, pour assurer son triomphe, des voix plus éloquentes que celles des Fontanes, des Lainé, des Châteaubriand, des Lamartine ? Désormais son trône ne saurait être ébranlé; autour de lui je vois croître, s’agiter et briller une jeunesse tourmentée du besoin de s’instruire... Qu'elle s’élance avec ardeur et sans crainte dans cette carrière de gloire et de bonheur; qu’elle apprenne à défendre avec une égale énergie et la religion attaquée, et la royauté mena- cée, et les libertés compromises; si elle a des droits à exercer, qu'elle n'oublie pas surtout qu’elle a aussi et avant tout des devoirs à remplir. Sous ce rapport, les modèles ne lui manqueront pas; qu’elle jette les yeux autour d'elle, et elle verra marcher à sa tête des hommes qui lui enseigneront comment on sert à-la-fois et son Roi et sa Patrie. (21) DISCOURS DE M. ARNAUD aîné, PRÉSIDENT. Mssreurs ; En portant mes regards sur cette assemblée, je ne suis pas seulement frappé de son éclat; il se mêle à l'émotion que j'éprouve le sentiment d'un noble orgueil, dont je ne puis me défendre, pour la Société qui a bien voulu m'appeler à l'honneur de la présider. Eh! comment ne pas céder à un mouvement si naturel, lorsque je vois siéger parmi nous un Magistrat moins redevable à son rang qu'à lui-même de lamour unanime des habitans de la Haute-Loire, attentif à saisir, comme un délassement de ses importantes fonctions , tout ce qui peut favo- riser les institutions utiles de son département ; quand je retrouve dans nos rangs un Maire dont le zèle s’est constamment signalé par des entreprises que lui inspire Pintérêt public, et par des monumens qui embellissent sa ville natale ? Puis-je aussi, sans être pénétré du même sen- üment, apercevoir dans ce sanctuaire des muses tout ce que ladministration et la magistrature ont de plus éminent et de plus distingué : ce concours d'hommes également chers à notre patrie, recom- mandables ou par cette éloquence qui fait l’orne- ment de notre barreau, ou par la gloire de nos armes, ou par le genre de lumières et de mérite propre à chaque branche des divers emplois publics; enfin, et comme pour couronner ce tableau, ce (22) sexe aimable dont les grâces font le charme de toutes les réunions ? L'honorable présence de cette élite de la cité est moins sans doute le prix de succés obtenus, qu'un encouragement de lindulgence et le témoignage de l'intérêt que prennent les amis des sciences, des lettres et des arts aux travaux des Sociétés acadé- miques. Si elles ne brillent pas toutes du même éclat, le zèle des plus modestes est peut-être digne de quelque louange. La Société, pour qui un pareil concours est déjà un suffrage flatteur, ne peut, il est vrai, se glorifier de productions qui excitent Fadmiration générale, ou qui soient d’un avantage universel; mais n'a-t-elle pas acquis quelque droit à l'estime de ses concitoyens ? Comme une senti- nelle toujours en éveil, son étude constante est de recueillir, d'examiner les découvertes qui peuvent tourner au bien de son pays, et de le mettre à portée d’en jouir. Eh! pourquoi hésiterais-je à le dire? Les recher- ches, les observations, les talens et lémulation de ses Membres n’ont pas élé sans fruit. Ne leur devons- nous pas la découverte, dans ces contrées, d’une argile à foulon et d'une multitude de substances minérales; la connaissance plus exacte du lignite de l’Aubepin; indication de la qualité des chaux de ce département, et l'art de les mettre en usage plus utilement; une table des pesanteurs spécifiques de quelques roches employées dans Îles construc- tions ? D’autres Membres n’ontls pas enrichi le (25 ) Musée d’une nombreuse collection de minéraux, spécialement de ceux du département, de divers animaux empaillés et d’un grand nombre d'objets d'art où d’antiquité ? Quelques-uns ont orné cette enceinte des productions de leur crayon ou de leur pinceau; d’autres n’ont pas essayé en vain d’attacher à leur couronne quelques feuilles deslauriers d’Apollon. Je pourrais ne pas borner là peut-être cette esquisse des succès de la Société et de ses travaux particuliers pour bien mériter de ses concitoyens. Forte de ses intentions, elle a Fespoir d'obtenir de plus en plus la seule récompense qu'elle doit ambi- tionner , le suffrage des gens de bien amis de leur pays. Cet espoir si flatteur pour elle, la Société le fonde encore sur Fétablissement de prix annuels qu'elle n’a pu jusqu'ici proposer, par des circons- tances indépendantes de sa volonté. Elle avait songé à cette institution dès son origine, puisque les dis- positions relatives à ces prix font partie de son Réglement. Certes, elle n’a pas encore renoncé à un plan dont elle sent tous les avantages, soit pour propager parmi nous le goût des sciences et des lettres, soit pour y favoriser cette pureté de lan- gage si difficile à obtenir dans les pays où l’on à sans cesse à se préserver des idiotismes d’un jargon populaire, source de locutions vicieuses, plus com- mune qu'on ne pense, pour ceux même à qui les principes de notre langue sont le plus familiers. Les Membres éclairés du Conseil-général du dépar- (24) tement, qu'anime sans cesse le désir de la prospé- rité publique, et à qui c’est pour nous un devoir de payer ici le juste tribut de notre reconnaissance, n'auront pas encouragé la Société par un vote de fonds appliqués à ses dépenses, pour la laisser sans les moyens de donner à son zèle un essor qui puisse en accroître l'utilité. Jalouse de répondre à de si nobles intentions, dès que des ressources suffisantes le lui permettront, la Société s’empressera de publier des programmes et d'ouvrir ainsi la carrière à une émulation non moins utile que glorieuse. DISCOURS DE M. LE Vte DE BECDELIÈVRE. Mssruns ; L'étranger qui, ayant visité notre pays dans des temps encore peu reculés, se retrouverait aujour- d'hui parmi nous, serait assurément surpris du contraste que présentent ces deux époques. Soit que nous dussions subir les conséquences d’une révolution qui avait tout désorganisé, soit que nous fussions moins avancés que le reste de la France dans les voies de la civilisation, il est certain que les lumières, qui chaque jour nous éclairent davan- tage , ne pouvaient alors pénétrerles épaisses ténèbres doninous étionsenvironnés;etcependant Messieurs, Fhistoire est 1à pour attester que, dans les arts, les (25 ) sciences, la magistrature, la pourpre et les armées, plusieurs de nos compatriotes se sont montrés avec éclat. Si nous n'avons fait que sorlir d'un long assou- pissement, à qui devons-nous, Messieurs, ce réveil salutaire? Aurai-je besoin de vous désigner ici celui qui n’a cessé de protéger de toute la hauteur de sa position cette noble émulation qu'il avait su faire naître? Non, Messieurs, vous l'avez déjà nommé. Sous son administration tutélaire , les habitans de cette ville, comme ceux du département, ont vu les édifices publics sortir de leurs ruines; ils ont vu s'élever de nouveaux ponts, améliorer les routes, encourager et favoriser sans cesse l’agriculture et Findustrie; ils ont vu s’accroître le nombre des écoles primaires, établir une école spéciale pour les sourds-muets, former d'’intéressantes collec- tions pour les sciences et les arts et fonder une Académie qui compte déjà parmi ses membres rési- dans des hommes assez éclairés pour avoir fourni à la science plusieurs ouvrages couronnés ou men- tonnéshonorablement par l'Institut; et ce nombreux. auditoire qui vient applaudir à nos travaux et à notre zèle, n’est-il pas, Messieurs, la preuve irrécusable des heureux changemens qui se sont opérés dans nos goûts ? Si homme qui présidait à ces grandes amélio- rations a su nous faire apprécier les avantages du savoir et les plaisirs si purs que donne l'étude des arts et des lettres, ne nous a-t-il pas imposé en ( 26 ) quelque sorte le devoir de faire participer à ce bienfait toutes les classes inférieures, en leur pro- curant, à notre tour, une instruction appropriée à leur position sociale ? Vous le savez, Messieurs , ce temple des arts, où nous nous trouvons réunis aujourd'hui, s'ouvre inu- tilement pour elles; ces belles collections scienti- fiques n’offrent encore à leurs regards que des objets inconnus ou indifférens ; leurs travaux usuels même se ressentent du défaut de théorie et de leur igno- rance. Mais si nous appliquons à leur instruction les méthodes nouvelles, peut-être un jour pourrons- nous présenter à la France nos Franklin, nos d'Alembert, encore un Julien !.…. tous sorlis des rangs du peuple, et dont le génie füt resté infertüle sans le puissant auxiliaire de étude. Pour réussir dans un but si louable et si digne de votre philantropie, il vous manque des Écoles élémentaires de mathématiques et de dessin. Déjà, dans plus de sbixante départemens, des institutions de ce genre se sont établies et prospérent; Îles résultats en sont admirables. Encore quelque temps, et notre patrie n'aura plus à envier à l'Angleterre, cette implacable ennemie de Findustrie qui se développe hors de chez elle, ces ouvriers si habiles dans les arts mécaniques; et tels sont les progrès decetesprit philantropique, dont nous revendiquons aussi notre part, que les sciences appliquées aux besoins de la classe industrielle sont professées gratuitement par des officiers du génie, des ingé- (127) pieurs des ponts et chaussées et d’autres particu- liers ayant les connaissances nécessaires. Sans doute, Messieurs, nous trouverons ici de pareils secours et les mêmes résultats. Le digne Maire de la ville du Puy , qui a déjà tant de part à tout le bien qui s’est opéré, secondé d’un Conseil municipal toujours empressé d'accueillir les vues utiles, voudra ajouter aux titres déjà acquis à notre gratitude celui de Fondateur des Écoles appliquées aux arts et à l’ins- dustrie; et c'est du sein même de la Société acadé- mique que sortiront , n’en doutons pas, les professeurs appelés à donner deslecons gratuites dans ces écoles. J'émettrai encore ici, Messieurs, un vœu déjà exprimé par beaucoup d’entre vous et par le Conseil- général, qui est d'obtenir de l'Autorité municipale la réunion de la bibliothèque au Musée. Ces deux grands moyens d'instruction pour toutes les classes se préteraient un mutuel secours et faciliteraient des progrès que nous hâtons de tous nos désirs. Il suffit d'indiquer les avantages d’une pareille disposition, pour qu'ils soient convenablement appréciés dans l'intéret de Finstruction publique. Après vous avoir offert le tableau des nombreuses améliorations qui se sont opérées et de celles qui se préparentencore , qu'il me soit permis derappeler aux habitans de la ville du Puy la nécessité d’affecter aux inhumations un local plus convenable que celui qui y est actuellement destiné. Ici, Messieurs, se confon- dent les idées de religion, de morale et tousles sou- venirs affectueux; etiln’estaucun de vous quinesente (28 ) s’adoucir des regrets déchirans, ou qui n’éprouve une satisfaction intérieure en pensant que le der- nier asile de Fhomme, ce lieu que tous les peuples ont entouré de respect, ne sera plus exposé ici à des profanations révoltantes, et s’'embellira des hom- mages de la piété filiale et de ces monumens religieux, interprètes muets de la douleur et des souvenirs. DISCOURS DE M. RUELLE. Mssreurs ; M. le vicomte De Becdelièvre vous a déjà démontré les avantages que retircrait la ville du Puy d’une École de dessin, de géométrie et de mécanique appliqués auxarts et métiers; mais jaloux de donner à sa proposition toute l'importance dont elle me paraît susceptible, jose entreprendre d'y ramener encore l'attention de ses auditeurs. L'homme qui livre au jugement du public les innovations les plus salutaires, soulève trop souvent contre lui ceux qu'une langoureuse apathie tient courbés sous les habitudes locales, ou ceux qui, reportant sans cesse des regards attendris vers le passé, veulent y voir les bornes dela perfectibilité hu- maine etles plus belles proportions de l'édifice social. Les uns, comme ces reptiles engourdis qui ne mordent que lorsqu'on les réveille, frappent d’iner- tie et de dégoût les idées les plus utiles, si toutefois leur souffle glacé ne les paralyse point en naissant. ( 29 ) Les autres, envisageant avec une invincible répugnance les propositions nouvelles et rappe-. lant de tous leurs vœux ce qui n’est plus, sem- blent croire, dans leurs décevantes illusions, qu'un chêne superbe peut rentrer dans le gland d’où il est sorti. Mais si la volonté, se dégageant des entraves de Fhésitation et du doute, marche d’un pas ferme à son but, alors toutes les résistances cessent, les clameurs s’appaisent et l’on applaudit ou lon se tait devant des résultats dont la société se hâte de recueillir les avantages. Ce n’est point ici, Messieurs, dans cette impo- sante réunion d'hommes éclairés , dignes appré- ciateurs de ce qui est utile et juste; ce n’est point devant un magistrat à qui il faut emprunter les pensées grandes et généreuses; ce n’est point sous les yeux de ce sexe aimable, aréopage brillant où l'esprit et la raison nous apparaissent sous les formes de la beauté, que nous devons craindre de ren- contrer une opposition hostile. Ici, la question qui nous occupe se montre hbre et affranchie de tous les obstacles dont a pu vouloir la croire susceptible. Des hommes plus habiles ont déjà pris la peine de réfléchir et de décider pour nous, et loin d'ouvrir une nouvelle carrière, c’est une carrière largement ouverte que nous aurons à parcourir. Le Gouvernement protège les Écoles d'application aux arts et métiers, et déjà plus de soixante villes de France en ont vu s'établir et prospérer dans leur sein (30) Ce prince que nous comptons avec orgueil parmi nos compatriotes est allé recueillir lui-même en Angle- terre les notions les plus exactes sur de semblables institutions. Partout un mouvement rapide, imprimé par le génie des arts, porte vivement les peuples vers le perfectionnement des procédés industriels ou agricoles. Dans cette grande rivalité, les hommes ne s’atta- quent qu'avec des moyens de séduction et ne cherchent à s’imposer que des jouissances nouvelles ou des besoins nouveaux; mais là, l’immobilité est toujours frappée de mortet la victoire ne se montre qu'avec ceux qui accélèrent le pas. Pourquoi ne nous placerions-nous point dans les rangs de cette armée industrielle ? Pourquoi ne prou- verions-nous pas à ce censeur trop austère que, ne reposant que d’un sommeil léger sous le voile lugubre qu'il vient d'étendre sur notre pays, l'intelligence et la raison s’y releveront grandes et fortes ? Que nous manquerait-il enfin ; Messieurs , pour nous montrer les dignes enfans de cette glorieuse France? Des agriculteurs éclairés ? Nous en aurons quand le tenancier, qui ne parcourt ses domaines que pour y lever des tributs, présidera lui-même à la culture des champs et saura mettre leurs produits en rapport avec les besoins des consommateurs ef de l'industrie. De bons ouvriers? L'intelligence des nôtres n’a besoin que d’être aidée par une instruction théorique. Des fonds pour les Écoles? Nous en aurons au- (31) delà de nos espérances; j'en ai pour garans les géné- reuses insinuations de plusieurs de nos compatriotes et celles d’un pouvoir qui ne se manifeste que par des bienfaits. Craindrait-on de manquer de Profeseurs pour ce nouvel enseignement? Ah! qui de vous ne repous- serait ce doute comme une insulte à la Société dont nous avons l'honneur de faire partie? Eh! quelle plus douce prérogative que celle d’em- ployer vos talens à améliorer le sort d’une classe aussi peu fortunée que laborieuse !.... Croyez, Messieurs , que, solidaires de honneur du pays qui les a vu naître, enfans chéris d'une mère qui a daigné m’adopter, ces hommes éclairés que nous regreltons de ne pas voir dans nos rangs s'empresseront de seconder votre généreuse entre- prise. Croyez surtout que si notre illustre auditoire décerne une branche de laurier à ces liltérateurs qui savent embellir de nobles pensées de tout le charme d'une diction pure et harmonieuse ; s’il honore également ici ceux pour qui les nuits s’écoulent dans la recherche des vérités utiles à leur pays, il réservera quelque estime pour ces philantropes qui, dans les classes inférieures, ne voient que l’homme, lui tendent une main frater- nelle, et versent dans son intelligenceune portion des lumières que le sortleura départies. Pourles premiers, c'est de la gloire, sans doute; ici, c’est de la vertu. Et vous, jeunes Velauniens, vous qui devez plus tard élever la coupole de ce temple dont nous (32) n’aurons rassemblé que les premiers matériaux; vous à qui nous n’aurons pu donner d'autre exem- ple que celui d’un zèle que la vieillesse s'apprête à nous ravir, cultivez les arts, soyez avides d’ins- truction , craignez loisiveté comme ce vent du Nord qui, affligeant la nature, vient flétrir les bourgeons naissans; soyez bientôt le phare lumi- neux qui éclairera les replis de nos plus sombres vallées, et hâtez-vous de recueillir le faible héritage que nous aurons pu vous laisser; mais que ce soit pour l'agrandir et pour le défendre contre les atta- ques de l'ignorance et du préjugé. Je proposerai, Messieurs, dans votre séance par- ticulière du 31 de ce mois, 1° qu'il soit demandé à l'Autorité municipale la permission d'établir une École de dessin, d’arithmétique, de géométrie et mécanique appliqués aux arts. 20 Qu'une souscription soit ouverte, à cet effet, dans la ville du Puy. 39 Que les personnes qui voudront professer les cours fassent déjà partie de la Société, ou qu'elles y soient admises sur leur demande. 4° Que les cours soient ouverts le 1°" janvier prochain. 5° Qu'il soit fondé des prix d'encouragement pour les jeunes ouvriers exercant ou voulant exercer une profession mécanique, qui se seront distingués par leur aptitude et par leur empressement à suivre les cours, et que ces prix soient décernés en séance publique. RÉSUMÉ DE DIVERS RAPPORTS LUS DANS LES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ, ET QUE LES EORNES DE CE RECUEIL N’ONT PAS PERMIS D’X INSÉRER: Noyer. Diese sur un cahier dés Annales de l'agriculture francaise, par M. Félix Roserr. Expérience faite sur Les labours. Jefis, dit Fauteur, labourer un champ immédiatement après que les turneps furent consommés par mes brebis. Une partie fut labourée trois fois, deux en long et une en travers. Je pensais alors que la terre était d’au- tant plus fertile qu'elle était plus de fois labourée ; j'étais surtout grand partisan des labours croisés. Une seconde partie fut labourée deux fois, et la troisième une fois. Je m'attendais que le produit de cette dernière serait très-médiocre, mais, à ma grande surprise, il fut supérieur à celui des deux autres. Le grain fut plus beau et de meilleure qua- lité, et surtout il mürit plutôt. La partie labourée trois fois fut la moins bonne de mes trois récoltes. Ce résultat, qui m'étonna beaucoup, fut absolu- 2 o (34) ment le même dans une seconde expérience faite l'année suivante; j'ai été long-temps à m'en expli- quer la cause, mais je suis persuadé maintenant qu’elle tient à ce que l'urine renfermée dans la terre par le labour qui a suivi le parcage , s’y est conservée sans altération et dans son état naturel, que lexpé- rience m'a démontré être le plus favorable à la végétation. M. Cavoleau recommande de tenir en toute saison la terre couverte d’une récolte verte, et quand on n’a point de brebis à faire parquer , on fait succéder la cul- ture de la vesce ou du sarrasin à celle de la navette. Sur la culture des pins, par M. de la Marre. Par cette culture, au rapport de M. Bosc, ce propriélaire s’est créé une valeur de plus d’un million. Quel contraste présente un pareil résultat avec le déboi- sement de nos montagnes qui, cependant, seraient si propres à la végétation des arbres de cette espèce! Quelque propriétaire n’y donnera-t-1l donc pas l'exemple des plantations faites en grand? Ce ser- vice rendu à une partie de notre population mon- tagnarde ne serait pas désintéressé, et sans s’a ttendre à des produits comparables à ceux obtenus par M. de la Marre, le planteur serait dédommagé avec usure de ses travaux et de ses avances. N° 2e — Annales de l’agriculture francaise , cahier de février. M. Joyeux, Rapporteur. Note de M. Bosc sur les moyens de nourrir les vers à soie avec d’autres feuilles que celles du mürier blanc. (35 ) Il résulte des nombreuses expériences qui ont été faites en divers lieux et à diverses époques, qu'avec les feuilles de certaines plantes, surtout avec celles de scorsonère, on peut subvenir momen- ‘tanément à la nourriture du ver à soie dans le cas des gelées et jusqu’à la pousse des nouvelles feuilles; mais qu'on n'a point encore trouvé de vraie succé- danée à la feuille du mürier. En reconnaissant les avantages qui résulteraient d’une pareille décou- verte, bornons-nous à appeler par nos vœux etnotre exemple l'introduction, dans ce département, de la culture d'un arbre aussi précieux. Déjà les expé- riences de quelques propriétaires promeltent des succès, et les encouragemens de l'administration, joints aux essais des particuliers, triompheront des obstacles que toute innovation éprouve toujours quand elle est entièrement étrangère à la masse des cultivateurs. N° 32 — Annales de l’agriculture francaise, cahier d'avril. M. Moussier, Rapporteur. Sur les plantations de müriers dans le département de Saône et Loire, par M. le comte de Rambuteau. L'auteur prouve si évidemment; par des raison- nemens et des calculs très-simples, les avantages immenses de ce genre de culture, qu'il est incon- cevable qu'on ne s’y livre pas avec plus d’ardeur. Le produit du mürier est double au moins de celui de tout autre arbre occupant le même terrain. I} réussit sept années sur dix, tandis que les arbres fruitiers donnent à peine une récolte sur quatre ans. (56) Celle-ci est sujette à tous les genres d'intempérié jusqu’en automne; la récolte du mürier se fait en quarante jours; elle est souvent même vendue sur pied. Un verger de mürier rapporterait donc bien plus qu'un verger à fruits. Les plantes cultivées sur le sol y réussiraient même mieux, puisque le dé- pouillement des arbres permettrait aux rayons so- luires d'arriver jusqu’à elles. M. Moussier cite à ce sujei l'exemple de M. Robert-Faure qui a planté, à son vignoble de Chausson, près le Puy, 600 pieds de mürier qui tous ont parfaitement réussi, et ont fourni, cette année, des jets de près de deux pieds; plantés en allée, ils ne peuvent nuire que très-peu à la vigne, et d'ailleurs leur produit fera bien plus que compenser ce tort. Espérons que cet exemple trouvera des imitateurs, et que les arbres fruitiers, de mauvaise qualité et d’un rapport presque nul dont sont encombrées nos vignes, seront remplacés par des müûriers, arbre qui, comme on le sait, vient partout où croît la vigne. N° 4°-— Annales de l’agriculture francaise, juillet, août et septembre. M. DERIBIER, Rapporteur. Essai sur la manière de conduire une laiïterte. Cet article fort long et occupant la plus ‘grande partie des trois cahiers , n’est pas susceptible d’ana- lyse. On engage ceux qui ont des exploitations rurales, où on nourrit un certain nombre de vaches, à le lire en entier dans les Annales. Ils y trouveront plusieurs remarques essentielles que bien des per- sonnes, d’ailleurs familiarisées avec cette branche ue d'économie domestique, n’ont jamais faites et dont cependant lutilité n’est pas douteuse. Mémoire sur une nouvelle plante textile. Ce n’est autre chose que la fibre corticale de la vigne dont M. Léorier propose l'emploi pour faire des cordes. Dans les pays où on échalasse, on peut avec avan- tage s’en servir pour l’accolage des ceps. Rapport sur le concours des charrues. Ce rapport qui est extrait lui-même du compte rendu des tra- vaux de la Société de Metz, ne nous parait guères que d’un intérêt local. On peut cependant y lire avec plaisir le résultat d'expériences faites sur les efforts de traction pour chaque espèce de charrue. Cette lecture peut suggérer à l’agronome observateur des vues d'amélioration dans la forme actuelle de Faraire du pays. Sur lavantage de protéger la tige des arbres fruiliers contre la gelée, au commencement du prin- temps. L'auteur de cette notice a reconnu par lex- périence qu'en défendant la tige de ces arbres au moyen des branches où du feuillage de quelques arbustes peu élevés, tels que le rosier, le lierre, ete., que Fon plante à leur pied, leur végétation est bien plus vigoureuse et les fruits plus abondans. Une note extraite du Mercure de Souabe nous apprend que des paragrèles en cordes de paille, établis sur une grande étendue de terrain, d'après les principes de M. Lapostolle, n’ont point du tout rempli l’espérance qu'on en avait concue. M. Peyrandeaux indique pour détruire les cha- ( 38) rancons un moyen si simple et si peu dispendieux, que nous croyons devoir le rapporter ici. Ce moyen consiste à couvrir les tas de blé attaqués par les charancons, de toisons de laine grasse. On les y laisse trois à quatre jours, au bout desquels on vient les retirer. Elles sont alors couvertes ou rem- plies de ces insectes que lon fait tomber en les secouant, puis on les replace de nouveau pour le même laps de temps. Après quatre ou cinq opé- rations semblables, qui ne demandent pas plus de quinze à vingt jours, on peut être assuré qu'il ne reste plus de charancons. C’est au hasard que M. Peyrandeaux père doit cette découverte. N.0 5®— Annales de l'Agriculture francaise, cahier de mai. M. Tarpy, Rapporteur. Fragment sur la science des Haras, etc. Ce mor- ceau, fait pour intéresser ceux qui s’occupent de l'éducation des chevaux, doit être lu dans l’ouvrage même, et n’est pas susceptible d'analyse. Nous sai- sirons pourtant cette occasion de faire remarquer combien FPélève des chevaux est négligé dans ce département. Pourquoi ce pays, qui a tant d’'ana- logie avec la Haute-Auvergne et des ressources en fourrage et en pacage à-pen-près semblables, semble-til avoir presque entièrement renoncé à une branche d'économie. rurale et de commerce si florissante dans cette autre province? La principale cause en est sans doute dans les avantages que trouvent les petits propriétaires à élever des mulets, dont l'éducation est moins longue, moins dispen- ( 39) dieuse et surtout moins chanceuse, et le débit plus prompt et plus assuré. Il serait pourtant d'une grande importance pour l'Etat, que partout où nos bonnes races de chevaux peuvent prospérer , il s’en élevât suffisamment pour fournir aux remontes de notre cavalerie. Mais on n’obtiendra ce résultat dans nos contrées que lorsque, par des primes ou des encouragemens quelconques, on aura déterminé le cultivateur à préférer, dans son propre intérêt, Féducation des poulains à celle des mulets. N° Ge — Annales de l’agriculture francaise, cahier de novembre. M. HizatRE-LATOURETTE, Aapporteur. Recherches sur les propriétés physiques des Lerres, par le docteur Schubler. Il paraîtrait que les terres les plus légères sont généralement partout les plus fertiles, pourvu que la magnésie n’y soit pas trop abondante. Une bonne terre arable doit absorber une certaine quantité d'eau; mais si elle en retient trop, elle est imauvaise, La meilleure est celle qui, contenant beau- coup d'humus et de parties animales ou végétales, n'absorbe d’eau que le double de son poids. Du plus ou moins de ténacité du sol dépend le plus où moins de facilité de le travailler. Un fonds de sable siliceux est donc celui qui a le moins de cohésion, et un fonds argileux celui qui en a le plus, et dont l'exploitation est dès-lors la plus pénible. Plusieurs causes peuvent donner lieu à une diminution de cohésion des terres. Les gelées, en soulevant la terre humide par la formalion de petits (40) cristaux dé glace, la laissent poreuse , lorsqu’au printemps ils viennent à fondre. Le docteur en prend occasion de recommander les labours d’au- tomne. Ceux de printemps ne doivent être faits dans les terres argileuses que lorsqu'elles sont sèches et non humides; car, dans ce dernier cas, la terre, par le labour, perdant sa porosité acquise par la gelée, elle devient extrêmement dure, dès-lors plus pénible à travailler et moins susceptible d’être convena- blement préparée. La combustion où l'application du feu sur les terres diminue aussi leur consistance. Les terres diminuent de volume par la dessi- cation, elles absorbent à l’état sec l'humidité de Fair. Elles en absorbent aussi loxigène. Entr'autres raisons données par l'auteur, il fait remarquer que les terres contiennent du fer ; que celui-ci ne s’oxide qu'à laide de l'humidité; qu'ainsi la terre arable qui contiendra le plus d'humus et d'argile, renfermant par suite beaucoup de fer, absorbera la plus grande quantité d'oxigène. N° 5° — M. Grocnier, Secrétaire de la Société royale d’agriculture de Lyon, fait hommage à celle du Puy (dont il est Membre non résidant), d’un Mémoire sur l’établissement pastoral de M. le baron De Staël, à Coppet. Ce grand propriétaire a considéré le désavantage de la culture des céréales, là où la valeur vénale du sol est à un tanx très-élevé. Convaincu que tout capital est fort mal employé lorsqu'il n’a d'autre CA ) objet que d'obtenir des récoltes en blé sur un terrain de qualité inférieure, il a dû s'attacher aux cultures dont les produits n’ont point à craindre de concur- rence étrangère, et la plus grande partie de cette belle terre a été laissée au pâturage et à l'éducation des bestiaux. « Voyez en France, dit M. Grognier, l'embarras des propriétaires et des fermiers dans les cantons les plus riches en blé surtout après les années de la plus grande abondance; ils demandent au Gou- vernement des mesures pour arrêter la dépré- ciation commerciale du principal, pour ne pas dire de lunique produit de leurs dispendieuses cultures ; ils invoquent des prohibitions qui, entre autres inconvéniens, rendraient fréquentes et rapides les variations dans le prix du blé, et compromettraient ainsi l'existence des nombreuses classes d'ouvriers. » Le temps n’est peut-être pas éloigné, ajoute-t1l, où toutes les barrières fiscales seront effacées, et où on verra les produits de toute nature et ceux de Findustrie, arriver sans obstacles partout où il est plus avantageux de les recevoir du dehors que de les créer chez soi, et ces avantages devien- dront tous les jours plus sensibles à mesure que les moyens de transport seront plus puissans, plus rapides et moins dispendieux; alors on aban- donnera la culture des céréales au pays dont le sol sera fécond et la population peu nombreuse. » Mais, lorsque dans ces pays dont les fourrages (4) » constitueront la culture principale, le solsera d’un » prix très-élevé, comme dans le bassin du Léman, » il ne suffira pas, pour eultiver avec profit, d'en- » tretenir de nombreux troupeaux; il faudra éncore » s'attacher à créer, à perfectionner les races et non # à multiplier au hasard des animaux. » C’est sur les principes que vient d'émettre M. Gro- gnier qu'est basée la grande exploitation de Coppet. Ne cultiver des céréales que pour se procurer le grain strictement nécessaire à la consommation intérieure de la ferme et les pailles indispensables pour la confection des engrais; employer le surplus des terres à la culture des fourrages naturels et arti- ficiels ; élever pour leur consommation les races de chevaux et de mouton que la théorie et la pratique font juger les plus convenables aux localités, et par suite plus susceptibles de multiplication et de per- fectionnement, tel est le but et l’objet constant du propriétaire du bel établissement décrit dans Finté- xessant mémoire dont nous rendons compte. Il n’est permis sans doute qu'à un bien petit nombre de grands agriculteurs de suivre dans ses détails le vaste plan de M. De Staël; mais il n’en est guères qui ne puissent faire usage de la théorie qu'il a prise pour guide et que nous venons de faire connaitre, No 8° — Extrait du procès-verbal de la séance publique du 31 mai 1827, de l’Académie royale des sciences, etc., de Bordeaux. M. LENOIR, Rapporteur. Ce rapport est peu susceptible d'analyse. (4) Nous nous bornerons à en extraire des réflexions sur deux articles, le déboisement des foréts et la mendicité. Les forêts, considérées sous le rapport des avan- tages qu'elles procurent à la société, arrêtent les orages, conservent et alimentent les sources , abritent les plaines et empêchent l’éboulement des terres. C’est parce que ces vérités n’ont pas été bien senties que la France offre sur plusieurs pots de son territoire, notamment dans nos montagnes, des vallons stériles et des rochers dont l'affreuse nudité attriste l’observateur qui compare aux courts instans qui ont suffi pour ces dégradations, Îles siècles qui doivent s'écouler avant que le dommage soit réparé, si la nature du roc ne s'oppose pas à ce que son hideux aspect soit recouvert un jour d'un nouveau feuillage. Nos réflexions sont peu consolantes, mais nous voudrions qu'elles fussent entendues et jugées par les propriétaires qu'elles intéressent. Ils en con- cluraient, nous le pensons du moins, qu'ils ne peuvent trop tôt suspendre le défrichement des bois qui leur restent, et profiter des avantages offerts par le nouveau Code forestier. Nous saisirons cette occasion de faire remarquer que si la coupe des bois entre deux terres est très- favorable à la reproduction dans les fonds secs, elle est nuisible dans les terrains humides, en ce qu'elle cause la pourriture des souches. (44) Un autre fléau social, la mendicité, afflige toutes les âmes généreuses, Un habitant de Bordeaux qui tait son nom offre, par les mains du Président de l’Académie, une médaille de 300 fr., à l’auteur de la réponse la plus satisfaisante à la question suivante: « Quelles seraient les lois, les institutions, en » général, quels seraientles moyensles plus propres » à prévenir la misère et à diminuer, pour les pauvres, » la nécessité de recourir à Fassistance publique. » La solution de ce problème n’est pas facile; depuis long-temps tous les peuples civilisés la cherchent en vain ,etdes expériences diverses ontsouvent trompé, par leurs résultats, les espérances que les combi- naisons de projets bien concertés avaient fait naître. Un seul point paraît bien établi : c’est celui qui repose sur le travail, seule base solide de Faisance des prolétaires. Mais dans quels asiles et sous quelles règles faut-il contraindre les fainéans à gagner leur vie ? Les dépôts de mendicité n’ont pas prospéré comme on l’espérait; ce fait est incontestable. Il reste à examiner si leur décadence provient d’un vice dans l'institution , de la négligence des agens chargés de poursuivre et d'occuper les mendians, ou enfin d’une impatience naturelle et trop peu réfléchie qui ne permet pas toujours d'attendre du temps les améliorations et le succès d’établissemens utiles, dont les premiers frais sont nécessairement onéreux. Un Francais propose d'approfondir ces recherches. Jl a bien mérité de la Société toute entière; et celui (45) qu obtiendra la médaille offerte aura des droits à la reconnaissance publique. N°09 —Mémoiresurles déboisemens, par M.JoyEux, docteur en médecine à Privas, Membre non résidant de la Société. M. BERTRAND DE DOUE, rapporteur, Ce Mémoire est extrait d’un travail beaucoup plus étendu, qui a été publié dans le tome 3€ des Annales européennes; nous n’en donnerons donc pas l'analyse. Il paraïîtrait que , dans les deux arrondissemens de Tournon et de Privas, le défrichement des forêts remonte à une époque très-reculée et même, selon l’auteur, à des temps antérieurs à la conquête des Gaules par les Romains. Il faudrait peut-être en excepter les parties les plus élevées de la chaîne du Coiron, dont les eimes, comme celles du Mezenc , ont éte dépouillées dans des temps plus modernes. Il en est de même de larrondissement de FArgen- tière, qui renferme encore des forêts existantes et de nombreux vestiges de celles détruites, d’une étendue bien plus considérable. C'est au funeste abus des droits d'usage et de pacage que doit être attribuée leur destruction. Ce déboisement est, d'après Fauteur, la principale cause de divers accidens météorologiques qui influent d’une manière fâcheuse sur les parties hautes et basses du département de l'Ardèche. N° 10€ — Rapport sur les Annales de la Société des: Lettres, Sciences, elc., de Metz, par M. Ricmonp DES BRUS, Le résumé des travaux de cette Société, pour ( 46 ) l'année 1627, prouve qu’elle s’est placée au premier rang parmi celles qui s'occupent avec succès du progrès des sciences et des arts utiles. Il est impos- sible de faire plus en aussi peu de temps, et de donner une impulsion plus rapide à l’industrie qu'elle ne l’a fait dans la ville de Metz. Le Rapporteur commence par citer plusieurs passages d’un discours fort remarquable du Prési- dent, qui a pris pour épigraphe : Si ce que nous Jaisons nest utile, la gloire en est vaine. Nous reconnaissons tous avec M. Renault, ajoute ensuite M. Richond, l'importance de lutile. La nature de nos travaux et la carrière nouvelle que vous avez ouverte aux ouvriers de notre pays le prou- vent assez. Favorisons l'industrie , éclairons autant que possible les classes ouvrières... Qui sait si quel- que découverte importante ne jaillira pas d’un cer- veau que vous aurez faconné ? Qui sait si l'instruction que vous allez répandre comme une rosée bienfai- sante, ne sera pas l’étinceile qui animera un génie qui, sans elle, füt resté enveloppé pour jamais de son écorce grossière ?.. La plus légère découverte amène souvent à des résultats aussi immenses qu'imprévus. Qui aurait pu prédire à ces matelots phéniciens, qui virent le sable des rivages de la Bétique se transformer au feu en un verre transparent, que par suite de celte découverte on pourrait prolonger les jouis- sances de la vue, remédier à des altérations de l'organe de la vision, rapprocher les objets éloignés 5 é et nombrer les étoiles de la voie lactée ? Ce) Qui aurait pu prévoir par les premières expé- riences qui furent faites sur lélectricité, qu’elles conduiraient Francklin à maîtriser la foudre? Le Rapporteur donne ensuite une idée des matières qui constituent les diverses parties de ce recueil ; mais comme louvrage qu'il analyse n’est lui-même qu’un compte rendu, nous n’aurions À présenter ici qu'une stérile nomenclature des titres des objets traités. Si cependant l'espace le permet, nous insé- rerons à la fin de ces Annales la description d’un établi mécanique pour les menuisiers, et celle d’un pétrin mobile où le massage de la pâte s'opère au moyen d'un mécanisme assez simple et peu coûteux. N° 11° — Sur les améliorations à introduire dans l'agriculture et l’industrie de la Haute-Loire, par M. BERNARD, membre non résidant. Notre département livré à des routines regardées comme incurables par l’insouciance et loisiveté d’une partie des habitans, était resté en arrière; il vous était réservé de le faire sortir de cet état de langueur, par votre zèle infatigable qui a déjà obtenu d'excellens résultats et qui en fait espérer de meilleurs encore, car lessentiel était d'établir ce centre de communication que vous avez saisi avec habileté; en persévérant, vous réussirez dans votre glorieuse entreprise et vous parviendrez à faire naître l’industrie qui donnera l'existence à une foule de personnes qui ne savent que devenir. Si les grands capitaux manquent pour manifester le désir de voir s'élever ces grandes fabriques qui (48 ) occupent beaucoup de bras, nous pouvons nous restreindre à une industrie de simple atelier plus aisée à obtenir et qui peut procurer beaucoup d’ac- tivité, ainsi que le font nos dentelles. La petite ville de Saint-Claude, dans le Jura, qui ne possède pas un pouce de terre pour l'agriculture, est resserrée par des montagnes couvertes de buis qui fait sa prospérité; peut-on se persuader qu’en travaillant ce buis , dont on ne faisait que des ouvrages grossiers dans le principe , cette ville, quoi qu'elle ait été totalement brûlée il y a trente ans, possède aujourd'hui des usines, des papeteries, une impor- tante filature de coton et quantité d'ateliers isolés occupés par des lapidaires eu des tourneurs fort adroits qui vivent dans laisance. J°y ai vu un ouvrage délicat fait par la fille d’un tourneur, qui consistait en un paon, une petite fillette et un jeu d'échec dont les pièces n'avaient pas deux lignes; son père en avait refusé 1200 francs. Les montagnes envi- ronnantes qui vontjoindre la grande chaîne du Jura sont peuplées de lapidaires qui travaillent pendant que l'hiver les tient enfermés ; ce sont eux qui taillent ces belles pierres et ces beaux cristaux du Mont-Blanc qui se vendent à Chamouni, comme objets de goût. Il conviendrait peut-être, Messieurs, de nous procurer quelques genres d'industrie pour les mul- tiplier avec ceux que nous possédons; en adoptant un plan sagement combiné pour diriger les travaux vers ce but, vous remarquerez dans notre situation ( 49 ) actuelle que nos vues ne peuvent se porter que su ce que j'appelle petite industrie, qui permet de placer un métier dans chaque habitation, au lieu de les réunir dans des établissemens très-coûteux; Fexemple de la ville de Saint-Claude que j'ai cité fixera votre opinion sur les bons effets qu'elle peut produire, et la fabrication des rubans qui s'établit sous vos yeux ne témoignera pas contre cette vérité. Parmi les métiers qui me paraissent susceptibles d’être transportés chez nous, je désigne : 19 La tabletterie, pour les localités où sont les buis, s'ils sont abondans et bons à être travaillés (1). 29 La lapidairie, qui conviendrait à Espaly, si nos saphirs étaient assez multipliés et pouvaient être taillés. L'apprentissage de ces deux métiers se ferait à Saint-Claude ; le second est très-aisé. 3° La broderie au crochet, à apprendre à Tarare. La Suisse en fournit beaucoup par contrebande, qui n'a d'autre supériorité sur celle de Tarare que le bon marché de la main d'œuvre, que nous pos- sédons aussi; ce quiestavantageux pour nos débuts. Si la broderie devait s’introduire chez nous, il conviendrait d'appeler une ouvrière qui serait payée par les élèves, plutôt que de les éloigner du dépar- tement. Une brodeuse de Nantua a demandé, il y a em dx nf, à à "4° (1) Nous ne connaissons guères de buis indigènes dans ee département que dans la plaine dite des Barrys (route d’Yssin- geaux à Monistrol ); et ce ne sont encore que des rejetons de souche, et tellement rabougris qu’il ne paraît pas trop possible d’en tirer du bois de travail, (Vote des Réitactewrs, } à (50) quelque temps, 4 ou 5 francs par semaine, le logé- ment et la nourriture, qui est celle d’une ouvrière, ce qui n'est pas exorbitant lorsque c’est réparti sur plusieurs individus; les enfans peuvent apprendre cet état à l’âge de dix ans et même à moins, et les élèves n'ont besoin que de trois mois pour savoir leur métier et l’apprendre à d’autres; il serait pos- sible par la suite de parvenir à apprêter ces pièces pour les vendre chez nous, car nous avons un commencement de débouché par nos marchands, qui en prennent des assortimens à Tarare pour les vendre avec des rubans et des dentelles. Il est cependant présumable que nous n’anrons pas besoin de naturaliser beaucoup de métiers pour généraliser industrie; nos dentelles se soutiendront par leur bon marché, quoiqu'il soit à regrelter que les essais qui ont été faits pour leur perfectionne- ment aient échoué; trop de précipitation pourrait bien en être la cause. La fabrication des rubans, qui nous est apportée par un étranger qui a des droits à notre rconnaissance, est susceptible aussi d'une grande extension et pourrait envahir tout le département. Un de nos compatriotes pense que, par actions, ce phénomène pourrait se produire, et donnerait un bien meilleur résultat, puisque Fétranger ne peut nous abandonner que la main- d'œuvre, très-importante sans doute, puisqu'elle occupe beaucoup de bras que nous ne pouvons utiliser, mais qui ne doit pas empêcher de faire fabriquer comme lui, pour que le bénéfice reste” (51) en entier dans le département. La Société peut exa- miner cette proposition importante, carilest certain que par actions on arrive à de grands résultats, qui ne doivent cependant pas faire perdre de vue que notre situation exige de ne multiplier Findustrie qu'à proportion que nos débouchés seront assurés. Ce point est essentiel et vous pressentirez combien il serait ficheux de succomber dans nos débuts; ce serait irréparable. Par conséquent, les actionnaires devraient se réduire, dans le commencement, à ne faire monter qu’un petit nombre de métiers qu'ils multiplieraient prudemment par la suite, selon les débits. Il est une autre industrie, Messieurs, qui doit avoir une place dans ce Mémoire : le département de l'Isère nous rend tributaires de ses toiles, connues sous le nom de toiles de Grenoble, qui se font dans tout l’arrondissemént de Latour-du-Pin , par des cultivateurs qui, en partie, les travaillent à loisir. Les pièces ont soixante aunes de longueur sur une de largeur, et leurs entrepôts sont dans les villes de Voiron et de Bourgoin. La première, qui les des- Une pour ses vastes blancheries, les envoie ensuite à la foire de Beaucaire, où les Espagnols en faisaient de grands achats ; la seconde les expédie tout écrues pour notre département et pour ceux qui nous avoisinent, où elles sont recherchées par les habitans des campagnes, qui ne veulent pas de chemises blanches, mais bien rousses, parce qu'ils prétendent quelles sont à moitié usées après le (52) blanchissage. Ce n’est pas sans inconvénient pour Île vendeur, qui est forcé de tenir ses pièces dans un Leu humide, s'il ne veut pas les voir devenir si claires qu'elles seraient inverdables. Nous avons des chanvres qui sont ordinairement employés pour les robinets des tonneaux, et certai- nement on pourrait en employer aussi pour faire des toiles et cesser d’être tributaires d'un autre département. Le débouché serait primitivement assuré par la consommation du nôtre, et pourrait s'ouvrir par la suite vers les départemens voisins; dès-lors, pour avoir de bons ouvriers, il faudrait envoyer des élèves à Voiron, qui est entre Romans et Grenoble, ou bien à Saint-Geoire, à deux lieues de Voiron, pour apprendre à bien faire cette espèce de toile, ainsi que le beau linge de table qu’on y appelle friège. L'agriculteur augmenterait la culture du chanvre; l’industrie obtiendrait des peigneurs, des fileuses, des tisserands, et probablement des blancheries. Si les toiles de coton ont porté quelque préjudice à celles de chanvre et de lin, ce ne doit pas être une entrave, parce que les villageois préfé- reront toujours ces dernières, par rapport à leur leur usage, car elles peuvent résister à leurs travaux pénibles. Les habitans du département des Basses-Pyrénées n’ont presque point de chanvre; ils cultivent le lin depuis les bords de l’Océan jusqu’à la hauteur de la station du Rhododendron, près les cabanes des pas- teurs, où il est infiniment plus petit, mais peut-être (53 ) plus fin; ils le sèment ordinairement sur des terres légères; ce qui n’est pas sans exception, car j'en ai observé de très-beau sur des terres fortes de la Basse- Navarre. L'auteur du Mémoire entre ici dans d'assez longs détails sur le mode de préparation et de mise en œuvre du lin et du chanvre, soit dans le pays des Basques, soit dans le Dauphiné. Passant ensuite de l’industrie à Fagriculture , M. Bernard continue ses recherches sur les amélio- rations dont celle de la Haute-Loire est susceptible, et reprenant dans nos Annales de l’année dernière les articles qui se rattachent à son sujet, il ramène successivement notre attention sur l'éducation des vers à soie, objet traité par M. Bertrand de Doue; sur la chaux considérée comme engrais, et il s'arrête spécialement sur un passage du rapport de M. de Lestang, n° 8 des Annales de 1826. M. de Lestang (dit M. Bernard), dans son rapport placé au n° 8 des Annales de 1826, manifestele désir de voir consommer les pâturages du Mezene pour le profit du département; la Société ne doit pas laisser échapper une ressource aussi considérable ; mais il ne faut rien précipiter, pas plus en agriculture qu’en industrie, parce que notre position actuelle ne permet guères d'aller à pas de géants; M. de Lestang mérite des remercimens pour s'être occupé le premier de ces pâturages, dont il nous fait con- naître la destinalion et qui paraissent perdus depuis long-temps pour notre agriculture; c’est un grand (54) malheur quil est urgent de réparer, et l’adminis- &ration doit seconder notre travail. Les capitalistes du Gard et de l'Hérault se sont emparés de ces paturages pour leurs moutons , parce qu'ils sont favorisés par leur climat qui leur procure l'avantage de les faire paitre pendant presque tout l’hiver sans consommer de fourrages, tandis que nous devons nourrir les nôtres pendant sept ou huit mois de l’année, ce qui est bien différent pour le bénéhce à retirer d’une spéculation; il faudrait donc trouver cette ressource, avant de se livrer à une entreprise qui exigerait des capitaux. L'auteur décrit ensuite la manière d'élever et de gouverner des bêtes à cornes et des bêtes à laines, etde fabriquer les fromages dans les Basses-Pyrénées et sur les montagnes du Jura. À la suite de ces des- criptions qui perdraient par l'analyse une partie de leur intérêt, et que les bornes de ce Recueil ne permettent pas d'insérer en entier, l’auteur ajoute : C’est ainsi, Messieurs, que sont mis à profit les pâturages des Pyrénées et du Jura; ceux des Alpes le sont de même pour le résultat qui est toujours de faire du fromage, indépendamment de l'entretien des bestiaux. Je vous prie de remarquer que tous ces pâturages sont utilisés par les cultivateurs à qui ils appartiennent de droit, et que ceux du Mezenc doivent être rendus à notre agriculture. Les capitalistes du Gard et de l'Hérault en profitent au préjudice de tout un pays qui les a laissé perdre. Ce fait, qui est sans exemple, est réellement affli- (55 ) geant pour notre pays. Chaque chälet du Jura, qui a soixante vaches, fabrique, par jour, deux meules de fromage de cinquante livres chacune; il y en a de plus fortes. Ce fromage vaut 1 fr. le kilogramme; le produit de ce seul article, pour quatre mois, est donc de 6000 fr. qui restent pour l’agriculture : exa- minez à quelle distance nous sommes de ce résultat ! Le surplus du Mémoire contient des observations fort intéressantes sur l'éducation des mérinos et les avantages qui peuvent résulter de leur introduction dans la Haute-Loire, avec les modifications qu'il indique; mais cet article n’est nullement suscep- tible d’analyse. N° 12€ — De l’origine des aérolithes, par M. D’Au- THIER DE SAINT-SAUVEUR. Cette Notice, dans laquelle l'auteur fait preuve de grandes connaissances en physique générale, ne présentant qu'une théorie de la chute des corps atmosphériques, nous attendrons, pour linsérer dans les Annales, que M. de Saint-Sauveur y ait joint l'énoncé des faits qui doivent étayer sa nou- velle doctrine. N° 15€ — Deux Mémoires sur l'ancienne ville des Gaules qui a porté le nom de Samnarobriva, par M. MANGcoON DE LA LANDE. Ces Mémoires, d’ailleurs trés-intéressans, ayant déjà été imprimés, n’ont pu être insérés dans les Annales. N° 14€ — Notice sur quelques observations médi- cales, par M. Ricuonp DES Brus. (56 ) M. le docteur Richond fait part à la Société de deux cas rares qu'il a observés, et des réflexions qu'ils lui ont suggérées. Le premier est relatif à une corne qui se développa à l'extrémité du pénis chez un paysan de Saint-Vincent (Haute-Loire), à la suite d'irritations prolongées et négligées de cet organe. Cette corne avait un pouce de diamètre à sa base et deux pouces de hauteur, bien que le malade en eût, peu de jours auparavant, coupé lui-même une bonne partie. Le deuxième a été observé sur une femme de Mons ( Haute-Loire) qui, après avoir porté dix années une énorme hernie ombilicale, sans en être incommodée, vit sans cause connue se for- mer un ulcère au centre de la tumeur. Cet ulcère s'ouvrit et se ferma successivement pendant dix autres années. Enfin, dernièrement il se r’ouvrit; des phlyciènes se montrèrent vers son centre, Vintestin correspondant fut érodé, et un anus arti- ficiel s'établit. Ce qu'il y a de remarquable dans ce fait, c'est que l’anus arüfciel ne succéda point à un étranglement de la hernie, mais bien à une altération des tégumens; et que cette altération grave s’opéra sans que la santé générale fut trou- blée, et même sans que la gaieté de la malade fut diminuée. N° 15° — Examen topographique et minéralogique de la vallée de lAllier, depuis Vieille-Brioude jus- qu'au Chambon près Langeac, par M. POmIER jeune. Cette Notice ne présentant que l'exposé de quel- C5» ques faits auxquels l’auteur se propose de donner de plus grands développemens, nous avons dû nous borner à en faire mention dans les Annales. NO 16€ — Tableau du règne de Francois Ier, par M. MICHEL. L'étendue de ce morceau ne nous permettant point de linsérer textuellement, nous n’essaierons pas d’en faire l'analyse. Nous nous bornerons à trans- crire l'esquisse que M. Michel à tracée des époques saillantes de notre Histoire, antérieures à la restau- ralion des lettres en France. & Dans le vaste et changeant tableau que nous offre l'Histoire de notre patrie pendant une durée de quatorze siècles, il est quelques époques saillantes qui atürent plus particulièrement sur elles et nos regards et notre attention. L'esprit les remarque et les retient, soit par l'intérêt des événemens qu’elles embrassent, soit par les rapports qui lient ces évé- uemens au passé, et surtout par l'influence qu'ils exercent sur lavenir. Ainsi, dès l’abord, Clovis jetant sur les débris de la grandeur romaine les fondemens d’un empire dont la durée doit dépasser de bien loin celle de Rome, marquant à cet empire les limites dans lesquelles il se trouve renfermé aujourd'hui, et cherchant dans la religion du Christ le lien qui doit rapprocher et unir le Sicambre bar- bare et victorieux, et le Gaulois civilisé et vaincu, Clovis appelle nos pensées sur cet antique berceau de la nation, où repose, informe encore, le germe de ses mœurs et de ses lois, de son caractère et de (58 ) Sa grandeur. Après ce conquérant sauvage de la première monarchie européenne, apparaît avec plus de gloire le fondateur éclairé de cet empire d’Oc- cident, dont les contours embrasseront l’Europe presque entière. Génie prodigieux bien au-dessus de de son siècle, et plus grand encore que son empire et que sa fortune, tirant du cahos de l’anarchie f6o- dale un gouvernement ferme et régulier; législateur habile , alors que l’on ne connaissait d’autres lois que la violence, d'autre droit que la force, faisant briller dans la nuit profonde et universelle du moyen âge le flambeau des lumières et de la civili- sation , et dont la main puissante est tellement nécessaire à l'immense édifice qu’elle a élevé et qu'elle soutient, qu'au moment où elle se retire, glacée par la mort, cet édifice s'écroule tout entier et ne laisse sur ses décombres qu'un nom glorieux et d’immortels souvenirs. » Quand lalächeté des descendans de Charlemagne consommait cette grande ruine, Hugues-Capet s'est rencontré pour en sauver quelques débris. Usur- pateur hardi d'un sceptre sans puissance, d’un royaume sans territoire, et d’un titre contesté (1}, on (1) L’auteur, sur la foi de plusieurs de nos historiens, taxe d’usur- pation hardie l’avènement au trône du chef de la dynastie régnante. Cette opinion , il faut avouer, est celle de Velly; mais comment l’appuie-t-il? Sur une lettre de Gerbert à Thierry, évêque de Metz , mort en984, trois ans ayant que Hugues montât sur le trône. C’est encore celle de Mably qui, en tronquant le sens des mots ( 59 ) le voit rassembler avec effort et au milieu de mille obstacles les premiers élémens qui doivent servir à la reconstruction de la monarchie et a renouveler Franci primates , fait décerner la couronne à Hugues par les seuls principaux du duché de France , dont Hugues était souverain, Mais si les capitulaires de Charlemagne laissaient aux peuples la liberte de se choisir un maitre après la mort des princes, pourvu qu’il fût du sang royal; si le serment des rois de la seconde race, si les annales contemporaines s’accordent à prouver que le sceptre était devenu électif; si la postérité légitime de Charle- magne s’éteignit avec Louis-le-Bègue; si les enfans naturels de ce même Charlemagne n’avaient pas même réclamé un apanage après sa mort, sous un règne aussi faible que celui de son successeur {et ces faits sont attestés par les annalistes du temps les plus dignes de foi), dès-lors, suivant la remarque du célèbre Mon- tesquieu , au sujet de l'empire ( Liv. 51, ch. 17 de l'Esprit des Lois), la faculté d’élire, jusques-là conditionnelle et restreinte à la seule famille royale, était devenue pure et simple; ainsi, le peuple était rentré dans les droits laissés par les capitulaires, seule charte de ce temps. Alors , quel prince francais pouvait, sans le concours de la force ni de l'intrigue, fixer plus particulièrementles suffrages libres de la nation que le descendant de ce Robert, mort en défendant la patrie contre les barbares ; de cet Eudes, couronné roi à cause de ses services après l’extinction de la ligne légitime? Quel autre» par l’étendue de ses domaines, par l’avantage de leur position et par l'influence des souvenirs de tout un peuple, promettait à son pays un plus ferme rempart contre les invasions et les attaques des hommes du Nord! Et de plus, ce prince comptait dans la seconde race trois rois de sa famille; on le fait encore remonter à une branche de la tige de la 2° dynastie; toujours est-il certain qu’il appartenait par les femmes au sang de Charlemagne. Vous nous pardonnerez une digression que nous ayons tâché d’abréger. Elle intéresse la race de nos rois; elle ne pouvait donc vous déplaire. (Vote de M. Pomier l’ainé, Rapporteur.) (60 ) ses destinées sous de meilleurs auspices. Moins illustre par Jui-même que par Fillustration et la per- péluité de la dynastie dont il est le fondateur, il recommence dans l'ombre de la barbarie et de Fignorance l'édifice de la grandeur francaise, édifice que ses successeurs relèvent pièce à pièce pendant la durée de sept cents années, à travers toutes les vicissitudes de la bonne et de la mauvaise fortune, et avec une persévérance comparable à celle que Bossuet à tant vantée dans le sénat romain. » Enfin, de cet enfantement laborieux sort la monarchie de Louis XIV, resplendissante de tous les genres de gloire et d'illustration, présentant la pussance royale dans la plénitude de ses droits, la France dans l'intégrité de ses limites, et Ia civili- sation dans le plus magnifique période de son déve- loppement. » Mais dans ce long intervalle qui sépare la France de Hugues-Capet, de la France de Louis-le-Grand, entre ces deux époques d’un caractère si divers, 1l en est une qui leur sert d’intermédiaire et qui n’est pas moins digne d'intérêt. C’est le moment remar- quable où l'Europe, comme réveillée d’un profond sommeil par un concours de circonstances extraor- dinaires , et frappée tout-à-coup d’une impulsion irré- sistible, s’agite dans ses vieilles entraves et s'avance par toutes les directions dans la route des amélio- rations et des changemens. » La France suitou accélère le mouvement général; pressée entre la féodalité qui s'éteint et les nouvelles (61) destinées d’un avenir déjà commencé, elle montre en présence la société telle que lavait faite le moyen. âge, et la société telle que la prépare la civilisation moderne. Cette double influence se reconnait dans le caractère de la nation, et plus encore dans celmi de Francois If qui se trouve alors appelé à la gou- verner; de ce roi que la chevalerie regarde comme son dernier fils, et les lettres francaises comme leur père et leur protecteur. Mais, plus cette époque est digne d'intérêt, plus nous éprouvons le besoin de compter sur l'indulgence , en entreprenant d’en tracer le rapide tableau. » N° 19 — De la nécessité d'établir dans ce dépar- tement des écoles expérimentales d'agriculture et de procédés technologiques, par M. le comte pe MAcHEco. « Les beaux arts, les arts mécaniques, dit Fauteur de ce Mémoire, ne sont que les conséquences de celui qui donne la vie aux premiers besoins et aux jouissances : l'art de faire produire à la terre!!! » Les connaissances de celte science ne sont point dans l'enfance, ainsi que je l'ai Lu et souvent entendu répéter; elles sont même très-multipliées. » Ce qui manque, c’est une application plus géné- rale. En effet, il y a des contrées qui sont fort en arrière dans la connaissance des bons assolemens. L'exemple, lecon si puissante, est loin d'elles; elles n'en contribuent pas moins aux charges de Pétat. » Ce genre de prévoyance doit nous venir de plus haut, Un simple particulier ne peut agir que pour lui; (62) il n’opère souvent qu'en tâtonnant; s’il fait des expériences dont le succès n’est pas complet, faute de documens, une défaveur retombe sur une entre- prise qui ailleurs donne des avantages. » Quel est le propriétaire aisé qui n’ait pas senti le besoin de se procurer un régisseur moral, intelli- - gent, instruit, pourvu de toutes les connaissances qu'il faut pour bien administrer un domaine, une terre ? » Doit-on attendre du hasard cet homme précieux ? si rare... qu'on ne le rencontre pas! » Ce noble zèle qui porte une Société vraiment philantrope, à former une école dans un but si ütile; ce zèle ne pourrait-il s'étendre sur l’objet qui, peut-être, aurait dû avoir la priorité ? » En formant de jeunes cultivateurs à travailler avec plus de résultat pour eux, il s’en trouverait aussi qui s’attacheraient à des propriétaires qui ne peuvent agir par eux-mêmes. Quel avantage pour des biens qui ne sont fréquemment que des conces- sions sans bras! » Des procédés méthodiques se répandraient dans nos campagnes; l'instruction amenerait l’ordre; des principes de morale conduiraient cette classe, si honorable par ses occupations, à un succès qui ne serait plus basé, comme cela se présente trop sou- vent, sur des moyens de transaction qu'on qualifie modestement de finesse ; de véritables connais- sances éviteraient de ruineuses et décourageantes expériences. (65 ) » Puis, il faut des ressources aux talens : lagri- culture en réclame continuellement. » En Angleterre il existe, dans beaucoup decomtés, des caisses de secours formées par une association de proprictaires. Le propriétaire foncier vient y puiser, dans la proportion de son avoir et de sa souscription; de là, il résulte que les marchés se font au comptant et que l'argent circule; que le besoin d’acheter ne mène pas à vendre à vil prix une denrée qui gagnerait à attendre. » L’aisance , la richesse, l’union deviennent la force d'un pays (l’Angleterre) qui fait naître l'envie, et qu'on peut imiter. » Ne trouverions-nous pas dans cette marche de prospérité les moyens d'employer des sujets pleins de talens, qui sortiront de l'École des Arts? Leur concours sera en rapport avec la position que j'ap- pelle de tout mon cœur. » Il faut y arriver. J'en résume les moyens, selon ma pensée : » 10 Une école expérimentale, où l’on donnera des primes aux élèves qui s’y distingueront. » 29 L'établissement d’une caisse qui fournisse au taux légal, aux propriétaires associés, un vingtième de leurs propriétés (libres d'hypothéques ), des fonds destinés à l’acquisition de leurs troupeaux. » N° 16€— Notice de M. D'AUTHIER DE SAINT-SAUVEUR, sur les nouvelles découvertes. M. D'Authier de Saint-Sauveur a lu un Mémoire dans la séance publique du 20 août 1827, sur les (64 ) Découvertes modernes en astronomie, sur la Nature de la lumière et de La chaleur, sur l’Electro- magnétisme , etc. Cette Notice n'étant qu'une analyse fort bien faite de ce qui a été dit de mieux sur ces matières, d'ailleurs peu familières au grand nombre des lec- teurs, nous nous bornerons à faire connaitre le but de l’auteur. 2 2 LA 2 2 » 2 « Les nouvelles découvertes, a-t-il dit en termi- nant, sont si intéressantes, et la connaissance en est si peu répandue qu'il m'a paru important de piquer la curiosité d’une jeunesse avide de connaissances, et de la porter à consulter les ouvrages de tant d'illustres savans qui ont répandu un si grand éclat sur la fin du 16€ siècle, et qui promettent plus d'illustration encore au 19°. » (65) MÉMOIRES ET RAPPORTS QU'IL À PARU UTILE D'INSÉRER EN ENTIER DANS CE RECUEIL. MÉMOIRE Sur la culture des graines oléagineuses , leurs qualités et l'extraction de leur huile. Par M. DUBRUNFAUT. (Première partie.) La culture des plantes oléagineuses à contribué à enrichir l'agriculture des départemens du Nord, par les avantages qu’elles offrent dans les assolemens comme plantes pivotantes et sarelées, ét par la valeur de leurs produits, bien supérieure à celle des céréales et des autres produits agricoles. On a cru long-temps que cette culture était un privilége du sol fécond du Nord, et qu'elle ne pouvait être introduite dans les terres maigres et peu profondes, qui produisent péniblement du seigle. Cette erreur a disparu, grace à l'influence de plusieurs sociétés savantes et d’agronomes éclairés, Plusieurs sociétés ; en effet, en tête desquelles on doit placer la Société royale et centrale d'agriculture de Paris, ontencouragé = K Ce par des prix la culture des graines oléagmeuses, em les décernant aux agriculteurs qui introduiraient cette culture dans des départemens où elle n’existe pas. Ainsi, on a vu depuis peu de temps un grand nombre de départemens de FEst, de l'Ouest et de l'intérieur se livrer à cette nouvelle culture, aussi féconde pour eux qu'elle le devient peu pour les départemens du Nord, désormais détrônés de leur privilége. Cet exemple et beaucoup d’autres que l’on pour- rait citer tendent à démontrer que, si la nature des sols a quelqu'influence sur les produits des cultures, ces cullures n’en ont pas moins sur la nature des sols; ce sont elles, an effet, qui, avec laide dn tra- vail, du temps et des sacrifices, parviennent à enrichir les terres et à faire disparaitre les priviléges naturels ; et l’on peul affirmer qu'il n’est point de terrain, quelqu'ingrat qu'il soit par sa nature, qui ne puisse être amélioré et fécondé par de bons sys- tèmes de culture. C’est par l'introduction des prairies arüfcielles, par l’engrais des bestiaux, la culture des plantes pivotantes et sarclées, par Fannexe des manu&e-, tures, qui consomment une portion des récoltes sur place, qu’on peut obtenir ces résultats magiques. De toutes les plantes pivotantes et sarclées, si Von en excepte les betteraves à sucre, il n'en est point qui, par leur nature, soient plus propres à faire disparaître lassolement triennal et à améliorer les terres, que les graines oléagineuses. Leurs produits C6) permettent au cullivateur de faire des frais pour améliorer son fonds par des engrais et des amen- demens de toute espèce. Il y a plus, la culture des graines oléagineuses dans une contrée est presque toujours immédiatement suivie de l'établissement de tordoirs ou usines pour l'extraction de l'huile, Ces acquisitions sont pour l'industrie la conséquence d'une nouvelle culture et la source d'une nouvelle richesse. Ces établissemens fournissent, outre l'huile, des résidus de parenchymes de graine {tourteaux) qui retournent à la terre, soit immédiatement sous forme d'engrais, soit par l'intermédiaire du bétail, dont ils améliorent beaucoup la nourriture d'hiver par leur mélange avec d’autres alimens. Ces considérations nous ont déterminé à donner dans ce recueil quelques détails sur les diverses branches d’une industrie qui peut être groupée dans une exploitation agricole, en produisant tous les phénomènes qui résultent de lannexe des manu- factures à l'agriculture. Des diverses espèces de graines oléagineuses. Les graines cultivées qui servent à la fabrication de l'huile, sont le colza, l'œillette où pavot, la came- line, le lin et le chanvre, Les trois premières sont cultivées uniquement pour Fhuile, et les deux der- nières le sont particulièrement pour leurs fibres textiles; leur graine n’est qu'un produit accessoire, quoiqu'il soit assez important. (68 ) Les personnes qui font le commerce des graines oléagineuses, où qui s'occupent de la fabrication de l'huile, reconnaissent la qualité des graines à quelques caractères physiques qui appartiennent à chaque espèce. IL est cependant quelques qualités qui conviennent à toutes les graines et qui leur assignent de la valeur; c’est : 1° une grande séche- resse; 29 l'absence de poussière et de corps étran- gers, ce que lou reconnait à l'œil et à lodeur; 3° une odeur qui soit celle de la graine, et qui ne provienne point d’altération, comme échauffement, etc.; 4° un grain plein et non crispé ni ridé. Toutes les graines oléagineuses achetées pour l'huile subissent un essai sur l’ongle. Cet essai consiste à écraser une cerlaine quantité de graines entre les ongies des pouces, et lon conclut de la dureté du grain, de la couleur de la chair, de l’épaisseur de la peau et de la consistance de la pâte produite par ce broiement, la valeur de la graine. Nous allons maintenant nous occuper des diverses espèces de graines en particulier. Des colzas. Gn distingue les colzas, en colzas d'hiver et colzas de mars. Les premiers sont préférés par les cultiva- teurs, parce qu'ils donnent plus de produits. Colza d'hiver. On le sème en juillet sur des lins, des verts, ou ( 69 ) des seigles. On peut fumer avec des tourteaux. On cueille le plant vers la fin d'octobre où pendant la première quinzaine de novembre. On le met en bottes pour le transporter sur les champs où l’on doit repiquer. ; On dispose la terre par billons de & à 10 pieds de largeur. On fait des trous avec un plantoir dou- ble, manœuvré par un homme qui peut préparer la besogne pour quatre planteuses. Les trous sont écartés de o" 2, et les lignes écartées de 0,25. Pendant l'hiver, après la reprise du plant, on approfondit à la bêche (louchet) les sillons (ou ruaux) qui séparent les billons. On leur donne ordinairement 06,25 largeur sur 0,3 profondeur. La terre est répartie également et sans soin sur le billon, la gelée divise les mottes qui se répartissent aux pieds des plantes. Lorsque le colza languit un peu vers la fin de l'hiver, on l’asperge avec des urines mélangées avec des tourteaux. La terre, avant le repiquage, doit être fumée avec les fumiers de cour ou avec des tourteaux. On ne sarcle pas les colzas. Les tiges s'élèvent depuis 1 pied 1/2 jusqu'à 6 picds, suivant la vigueur des sols. Il Heurit en avril, et se récolte en juillet. On pro- cède à la récolte lorsque la gousse est sur le point de s'ouvrir, et que la graine commence à noircir. Si lon attendait davantage, toutes les siliques s'ou- vriraient et la graine serait perdue. + 102 On scie alors chaque tige avec une faucille, et Jon met en meules sur un terrain battu. Lorsque la moisson des céréales est terminée, on défait les meules, puis on bat le colza au fléau sur une grande toile; on recueille les tiges en bottes et on brüle les cosses sur le terrain. Les tiges servent de combustible pour le chauffage domestique ou pour le chauffage du four. Le produit d’un hectare de terre varie de 10 à 30 hectolitres de graines; la moyenne est donc de 20. Les colzas cultivés sur un terrain après des tabacs donnent des graines volumineuses, bien pleines et bien nourries, mais peu riches en huile. Le parcage produit le même effet et communique à la graitie la propriélé de donner beaucoup d'ammoniaque pendant l'extraction. Cette odeur piquante se mani- feste dans les ateliers de broyage, et monte au nez de manière à provoquer les larmes. Le colza succède avec avantage aux céréales. Il arrive quelquefois que des gelées le détruisent, mais alors 1] peut être remplacé avantageusement en mars par de nouvelles semailles de colza dit de mars. Cette espèce de graine varie en densité suivant sa qualité; elle varie de 58 à 70 kil. à l'hectolitre, et il en faut pour confectionner une tonne d'huile (90 kilogrammes) de 3 1/4 à 4 1/4 hectolitres. La graine de colza de bonne qualité pour la pro- duction de Fhuile doit présenter un grain rond, pelit, noir et dur; écrasée sur l'ongle, elle doit Con) près Versailles. M. Dailly fils s'occupe aussi de la même culture et avec succès dans le même dépar- tement. Cette graine sert à fabriquer des huiles pour la bouche et pour les savons durs. Celle qui sert aux huiles à bouche a besoin d’un soin particulier pour le choix. Ses grains doivent être petits, noirs et durs. Ils doivent s’écraser facilement entre les doigts, et leur chair doit être onctueuse au toucher et très-peu colorée. Le goût et l'odeur doivent être francs; elle doit être très-sèche et peu poudreuse, Elle est sujette à s’échauffer, et alors ses’ produits sont de moindre qualité. En général, elle ne donne . de bons produits que lorsqu'on la travaille avant les mois de mars ou avril. Après cette époque elle s’altère et elle a besoin d’être choisie avec beaucoup de soin par les fabricans. Arras et Lille sont en possession de la fabrication des huiles d’œillette. L'hectolitre de cette graine pèse de 58 à 61 kilog. , et il en faut de 4 à 4 3/4 hect. pour confectionner une tonne d'huile (go kilog. à- peu-près ). Cameline. La cameline se sème fin mai et se récolte deux mois après. Un sarclage lui suffit. La racine pivote, et la tige grêle s'élève à une hauteur d’un pied 1/2 à 2 pieds. Les tiges servent dans le Nord à couvrir les maisons, en place de paille; cette couverture est plus solide, mais elle est moins chaude. tr20 comme ressource du colza d'hiver détruit par les gelées. On ne le repique pas. Il est beaucoup mois productif que le colza d'hiver. Les tiges sont plus gréles et moins hautes. Le poids d’un hectolitre de graines varie de 55 à 65 kil., et il en faut 4à5hect. pour confectionner une tonne d'huile. Cette espèce se récolte en juillet ou en août. On la récolte de même que l'autre, et on peut appli- quer à la qualité de la graine toutes les observations que nous avons faites pour le colza d'hiver. Gillette. L'œillette se sème en avril. On peut lemployer comme ressource du colza d'hiver gelé, et même du colza de mars manqué. La terre doit être divisée avec grand soin, et pour être certain de semer plus également, on sème en croix. On sarcle deux fois pendant la durée de la végétation, et on éclaircit en même temps. Alors aussi on rempiète la plante avec une raclette. Elle fleurit dans le courant de juillet et la récolte se fait en août, en même temps que celle des céréales; cette circonstance et les soins que sa végétation réclame en restreignent la culture. Cette graine est cultivée dans les départemens du Nord, du Pas-de-Calais, de l'Aisne, de la Somme, du Haut et du Bas-Rhin , de la Meurthe, de la Meuse, et sa culture se répand dans beaucoup de dépar- temens. M. Caffin l'a étendue sur une grande échelle dans Je département de Seine-êt-Oise, à Orsigny ? (75) années le temps qui doit séparer deux récoltes de lin dans un même champ. Les graines de lin ne valent point, ni pour les semailles, ni pour l'huile, celles qui nous viennent du Nord. On attribue cette infériorité à la récolte prématurée que nous faisons de nos lins. Cette récolte faite avant la maturation de la graine, la dénature et rend la fibre du végétal plus fine. On ne cultive guère cette plante que dans le Nord, et un peu dans les départemens de l'Est. Le poids d’un hectolitre de graine de lin varie de 65 à 74 kilog., et il en faut 4,8 à 5,75 hectolitres pour confectionner une tonne d'huile. Chanvre. La graine de chanvre ou chenevis n’a pas, dans la fabrication des huiles, l'importance des graines que nous venons de passer en revue. Elle est formée de siliques petites, de forme ellipsoïde, contenant de petits grains noirs. Les siliques doivent être bien pleines et le grain noir et dur. Cette graine est très-sujette à s’échauffer, et cet échauffement est utile pour la fabrication de l'huile, pourvu cependant qu'on ne le laisse pas aller trop loin. On le provoque en disposant les graines en tas, dans des magasins peu aérés. On l’arrête en les retournant avec la pelle, ou en les faisant tomber d'un étage à un autre. L'échauffement marche quel- quefois si rapidement qu'on ne peut larrêter, (760 et il suffit de 24 heures pour rendre les grains tout-à-fait impropres à la fabrication de l'huile. La graine de chanvre pèse de 40 à 55 kilogrammes à lhectolitre, et il en faut de 7 à 9 hectolitres pour confectionner une tonne d'huile. Cette huile est froide, verte et sert à la fabrica- tion du savon noir. (La suite, relative à la fabrication des huiles, aux prochaines Annales.) VV VV UV VE AU VV MUR UV UV UV AR UV A MU RAA US A MU A VU VU LUS UV MUV MAR LA RAPPORT Sur un Mémoire de M. Morin , ayant pour titre : Correspondance pour l'avancement de la Météorologie. Par M. DERIBIER DE CHEISSAC. Jar à rendre compte d’un Mémoire imprimé, ayant pour titre : Correspondance pour l'avancement de la météorologie, par M: Morin, membre non résidant de notre Société. Depuis long-temps l'esprit actif de notre laborienx et zélé collègue s'était proposé ce problème : Faire connaître à l'avance, pour un point donné de la terre, le temps qu'il doit y faire, par exemple, dans un mois, dans un an. Déjà, en 1826, un premier Mémoire exposa les principes fondamentaux d’où il était part pour Cv) marcher vers la solution d’une question qui n'avait guères été abordée , jusqu'ici, que par les faiseurs d’almanachs. L'auteur, dans son second Mémoire, poursuit les développemens de sa théorie. Vous n'altendez pas de moi, Messieurs, que je cherche à vous expliquer comment M. Morin par- viendra à prédire le temps. J'essaierai seulement de rapprocher ici quelques principes généraux posés par l'auteur, si non pour prouver d'une manière absolue la possibilité de la solution du problème qui loccupe, du moins pour faire entrevoir que les élémens nécessaires pour le résoudre peuvent être connus et appréciés, et qu'il ne s’agit que de les étudier, de les réunir, et surtout de les employer convenablement. Le soleil, dans sa marche apparente vers un des tropiques, échauffe successivement les parties de l'hémisphère dans lequel il se trouve. L'air se dilate par sa présence, tandis qu'il se refroidit et se con- dense dans les lieux qu'il abandonne. Mais comme ce fluide élastique tend continuellement à se mettre en équilibre avec lui-même, il se précipite d’une part pour remplir les vides opérés de Fautre. De là naissent des courans verticaux el horizontaux, supé- rieurs et inférieurs, ascendans et descendans. Or, ces courans d'air, c'est-à-dire, ces vents, en tra- versant des mers, se chargent de lhumidité pro- duite par l'évaporation, et celle-ci est d'autant plus abondante que la chaleur est plus considérable, L'évaporation produit les nuages , et les nuages (78) couvrant de plus en plus l'atmosphère, interceptent ou affaiblissent les rayons du soleil, et refroidissant ainsi l'air humide, produisent la pluie. Les phénomènes ignés, tels que les éclairs, la foudre , les aurores boréales sont le produit de l'électricité. Mais comme celle-ci n’est elle-même engendrée que par la dilatation de Fair et lévapo- ration de l’eau, favorisée par des courans ascendans, il faut en conclure que la cause première et unique de tous les phénomènes atmosphériques est la chaleur du soleil. Il devrait pourtant résulter de ce principe que le cours de cel astre étant chaque année le même, les saisons, les mois et les jours devraient, au bout de la même période, se trouver les mêmes aussi : c’est pourtant ce qui n'arrive pas. M. Morin répond que la terre n’est pas un solide de révolution régulier; qu'elle est hérissée d’aspé- rités qui brisent ou dévient le cours des vents; que surtout elle n’est pas homogène; que les eaux, dont une partie de sa surface est couverte, les subs- tances hétérogènes qui forment la croûte du globle, réfléchissent où absorbent différemment le calo- rique. De là, de nouvelles combinaisons qui modi- fient de mille manières l'action primitive du soleil et produisent ces anomalies qui ont, jusqu'à ce jour, fait le désespoir des météorologistes, Mais ces anomalies sont-elles tellement nom- breuses qu'elles ne puissent être soumises au calcul ? M. Morin a tenté de prouver le contraire, et sans (79 ) prétendre avoir découvert toutes les lois d’après la connaissance desquelles le problème qui loccupe peut être réduit en formule , il établit quelques dor- nées générales qu'il espère confirmer ou modifier à Faide des résultats que lui fourniront les collabo- rateurs auxquels il fait un appel dans son écrit. Il faudrait posséder, Messieurs , des connaissances bien supérieures aux notions imparfaites que j'ai sur cette matière, pour discuter jusqu'à quel point sont justes les conséquences qu’il déduit des prin- cipes que nous venons d'exposer ct l'application qu'il en fait. Heureusement, Messieurs, il s'agissait moins d’exa- miner le Mémoire dans ses détails que dans son objet et dans ses conséquences. L'établissement d'une correspondance pour l'avancement de la météorologie parait-il devoir contribuer aux progrès de cette science ? Telle est la question sur laquelle je n'hésite pas à me prononcer affirmativement, Les personnes qui n'ont pas, comme M. Morin, médité sur la connexion intime des phénomènes atmosphériques et leur dépendance d’une cause unique et commune, l'action du soleil, pourront bien sourire, en le voyant nous donner l'espoir de prédire, un an d'avance, et à jour nommé, la pluie ou le beau temps; c’est-à-dire, en d’autres termes, de réaliser les indications un peu aventurées , comme chacun sait, de lPalmanach de Bâle ou de Matthieu Laensberg. Mais dût l'expérience ne pas répondre entièrement aux résultats qu'attenil (80 ) M. Morin de sa théorie, les observations qu'il pro- voque ne tendront pas moins à faire faire des progrès à cette science qui, perfectionnée, doit devenir un si puissant auxiliaire des diverses bran- ches des connaissances humaines, et surtout de l’agriculture , cet art par excellence qui est le premier Utre dont notre Société s’honore. Ainsi , Messieurs , entrant dans les vues de M. Morin, je regarde comme utile la création d’une commission de météorologie prise dans votre sein, et dont les membres régleraient entr’eux les attri- butions et les travaux, et en publieraient le bulletin dans les Annales de Ia Société. Mais à cette première proposition j'ajouterai celle de provoquer auprès d’un corps savant, tel que la Société royale et centrale d'agriculture de Paris, ou la Société géographique, la création d’une sec- tion spéciale de météorologie. Vers ce point, comme vers un centre commun, convergerait le faisceau d'observations recueillies de toutes parts soit par d’autres Sociétés, soit par des correspondans isolés. Un corps académique seul doit être le conservateur des matériaux que réuniront, pour l'avancement de là science, les individus ou les Sociétés de province livrés à ces utiles recherches; j'invoque, à l'appui de mon opinion, le témoignage de M. Morin lui- même. Les Sociétés savantes qui veulent s'occuper d’une science en particulier, dit-il dans son Avant-propos, ont cet avantage quelles ne meurent pas, que les (81) Jonds à leur disposition sont assez considérables pour soutenir leur entreprise, et quelles parviennen£ facilement à faire concourir tous les gens instruits à leurs désirs. Ajoutons avec lui qu'un obstacle imprévu, que des ordres ou des événemens subits peuvent inter- rompre ou faire cesser tout-à-fait les travaux d’un particulier, tandis que la consolidation des entre- prises de ce genre, les recherches pénibles et nom- breuses, les progres lents, mais certains dans les sciences , sont l'ouvrage des Sociétés. AA AA AU AU AV AU VU VV LU MU AU VU UV UV AR LB A VU US LULU AE VU MU A VEV VU VE De l'influence de la lune sur les saisons, les plantes et les animaux. Par M. GUILLAUME: La lune agit d'une manière certaine et visible sur la terre; elle occasionne des variations sensibles dans sa position astronomique. L’attraction qu’elle exerce sur les caux de la mer est la cause du flux et du reflux; cette même attraction produit un mou- vement semblable dans l'atmosphère qui nous envi- ronne. Presque tous les peuples ont attribué à la lune d’autres influences sur le beau et le mauvais temps, sur la végétation, sur la santé des animaux. Les savans ont soumis plus lard ces opinions à un examen scrupuleux et réfléchi. Je me propose de vous exposer les résultats de leurs recherches et de 6 (82) leurs expériences. Cetle note est extraite en grande partie d’un Mémoire de M. Olbers, savant astronome et médecin allemand. Les variations du baromètre annoncant ordinai- rement les variations du temps, les physiciens qui ont cherché à se rendre compte des influences de la lune ont comparé les hauteurs données par cet instrument dans les différentes phases. Howard avait trouvé que le baromètre monte dans les quadra- tures et baisse dans les syzygies, c'est-à-dire, qu’il annonce en général le beau temps dans le premier et dernier quartier, et qu’il annonce au contraire le mauvais temps dans la pleine et la nouvelle lune. Cottes , autre savant anglais, ayant noté pendant vingt ans les hauteurs du baromètre , tira de ces expériences une conclusion toute contraire. Lamark et le célèbre Lalande, après des recherches et des épreuves sans nombre, parvinrent également à des résultats contradictoires. Cependant l'abbé Toaldo conclut d’une suite d’expériences prolongées pendant cinquante ans, qu'il y avait six à parier contre un qu'une nouvelle lune amenait un chan- gement de temps, etsept contre un, lorsqu'elle était à son périgée, c’est-à-dire, le plus près de la terre. Mais les règles données par Toaldo, même d’après ce physicien, sont sujettes à u1 si grand nombre d’exceptions, qu’elles prouvent la faible influence de la lune, et dans un grand nombre de cas elles ont été tout-à-fait démenties par l'expérience. Si l’action de la lune sur la terre était sensible, (85 ) ôn l’éprouverait surtout entre les tropiques, où la lune et le soleil sont plus rapprochés de la terre; cependant, dans ces contrées, les vents, la pluie sont tout-à-fait indépendans des phases de la lune. L'observation suivante est encore plus concluante. Il arrive assez ordinairement que les temps les plus opposés ont lieu simultanément à la surface de la terre, même dans des lieux assez rapprochés. Comme les phases de la lune sont identiques au même moment pour tous les points de la terre, il est clair que si elles influaient sensiblement sur les phéno- mènes météorologiques , il devrait, en général, faire le même temps sur tous les points du globe. Les astronomes publient ordinairement leurs obser- vations sur chaque éclipse; elles constatent souvent un mélange singulier de beau et de mauvais temps répandu au même inistant sur la terre. Il est démontré que Faction de la lune élève et abaisse les eaux de l'Océan deux fois en vingt-quatre heures ; ces marées s'élèvent jusqu'à 20 pieds à Brest, et 50 à Bristol. L’atmosphère elle-même est soumise, comme la mer, à un flux et reflux beau- coup moins sensible à la vérité, à cause de la flui- dité de l’air et du peu d'obstacles qu'il rencontre; il ne serait pas impossible que ces effets disposassent le temps à des changemens plus fréquens dans les nouvelles et les pleines lunes, c’est-à-dire, lorsque les marées sont les plus fortes. Ceux qui ont cru que la lune faisait succéder la pluie et le beau temps ont dû nécessairement (84) ajouter foi à son influence sur tous les corps animés. On à dit que les accès des maniaques étaient réglés sur le cours de la lune; que la durée des périodes de quelques maladies s'’accordait avec le retour de ses phases; que les garcons étaient le plus souvent concus dans la pleine lune; que dans les ports de mer il ne mourait personne pendant le flux; Aris- tote et Pline avaient établi cette doctrine, et les médecins y ont long-temps ajouté foi. Un célèbre docteur anglais a composé un livre pour prouver que le corps humain était soumis à l’action de la lune, comme les eaux de la mer. Toutes ces asser- tions sont tombées devant l'expérience qui en a démontré la fausseté; ainsi, des recherches faites à Fhôpital de Brest ont prouvé qu'au bout de plu- sieurs années il n'était mort que deux hommes de moins pendant le flux que pendant le reflux. Aujourd'hui les médecins ne font plus attention, dans le traitement des maladies , aux phases de la lune. Il est peu d'opinions aussi généralement répandues parmi les habitans de la campagne que celle de l'influence de la lune sur les végétaux. Un jardinier n’oserait confier ses semences à la terre dans le décours de la lune. Combien de gens croient que les bois de charpente coupés en lune vieille sont plus sujets aux vers et à la pourriture? Buffon et Réaumur ont varié leurs expériences sur la coupe des bois de mille manières; les célèbres agriculteurs Laquinterie, Heichart, Nardman, etc., ont semé, { 95) \ taillé, planté dans toutes les positions de la lune : tous sontarrivés à cette conclusion, que la lune croissante ou décroissante n’a aucune influence ni sur la germi- nation des semences, nisurla croissance des plantes, nisur la rapidité de leurs développemens, nisur leurs qualités, et qu'il est indifférent de semer une graine, de couper un arbre dans la pleine oula nouvelle lune, dans le premier ou le dernier quartier. Il s’'écoulera encore bien du temps avant qu'on parvienne à per- suader cette vérité aux agriculteurs de certains pays. On appelle June rousse celle qui commence en avril et devient pleine soit à la fin de ce mois, soit au commencement de mai. Les jardiniers assurent que quand le cicl est serein, les feuilles et les bourgeons exposés à la lumière de la lune rous- sissent, c’est-à-dire, se gèlent, quoique la tempé- rature de Fair soit au-dessus du terme de congé- lation. Lorsque le ciel est couvert et que les nuages interceptent la lumière de cetastre, ceteffet n’a plus Beu, quoique dans des circonstances d’ailleurs par- faitement semblables. Ces phénomènes indiqueraient que la lumière de la lune est douée d’une vertu frigorifique ; cependant cette lumière, condensée par de fortes lentilles ou réfléchie par des miroirs, n’a aucune action sur le thermomètre ; aussi les physiciens avaient-ils relégué les effets de la lune rousse parmi les préjugés populaires, à côté de Pinfluence des phases sur le temps. Une belle décou- verte de M. Wels, sur laquelle est basée la théorie de la formation de la rosée, a donné lieu à M. Arago, ( 86 ) membre de l’Académie des sciences, d'expliquer le phénomène de la manière suivante: M. Wels a démontré que les corps placés à la surface de la terre peuvent acquérir la nuit une température inférieure à celle de atmosphère; par un temps serein, de petites masses d'édredon acquièrent souvent une température de 6 et 7° moindre que celle de Fair; il en est de même des plantes, en sorte qu'il ne faut pas juger de leur température pendant la nuit par celle de l'air. Si le ciel est couvert, la différence de température est tout-à-fait insensible, On attribue cet effet au rayon- nement des couches supérieures de l’air quienlèvent aux corps exposés à leur action une partie de leur calorique. Dans le mois d'avril la température de l'air est d'environ 4° par un temps serein; lorsque la lune est visible, la température des plantes peut descendre au-dessous de zéro , quoique celle de l'air soit toujours de 4°; mais si le ciel est couvert et que la lune ne brille pas, cet effet n’a plus lieu; ainsi, ce n'est point Ja lune qui roussit les plantes, elle est seulement lindice d’un temps serein, cir- constance nécessaire pour produire le phénomène. Si cette explication est vraie, il suffirait d’interposer un corps quelconque entre le ciel et les plantes, pour les empêcher de se geler au mois d'avril. De tout ce qui précède on peut conclure, ce me semble , que s'il n'est point prouvé que les influences de la lune sur la terre, autres que celles qui produisent le flux et le reflux, sont nulles, 1l Ç 52) est au moins constant que ces influences sont telle- ment faibles, qu'on peut, sans inconvénient, n'y avoir nul égard dans les circonstances ordinaires de la vice. VU MA A NV VV A MU M MU VUE MAL AA MAL AL MU VU VUE A MUR AU MU AA MA AL A ANA RAPPORT Fait à la séance du 4 janvier 1828, sur l'ouvrage offert à la Société, par M. J.-B. Bouillet, de Clermont, ayant pour titre : Essai géologique et minéralogique sur les environs d'{ssoire, et principalement sur la montagne de Boulade, avec lu description et les figures lithographiées des ossemens fossiles qui y ont été recueillis, par MM. Devèze de Chabriol et J.-B. Bouillet. Clermont 1827. Commissaires, MM. DE BECDELIÈVRE , VIBERT et BERTRAND DE DouE, Rapporteur, Mrssruns, Votre commission a été chargée de vous ren- dre compte d'un ouvrage récemment publié par MM. Deveze et Bouillet, de Clermont, et qui a été offert par ce dernier à la Société, Cet ouvrage où brille un luxe inusité de typo- graphie et qu'orne un grand nombre de planches très-bien lithographiées, a principalement pour but de faire connaître les ossemens fossiles recueillis. (88) il y a peu d'années , aux environs d'Issoire, Leur découverte, déjà si intéressante, est devenue bien davantage depuis que M. Laurillard , chef des travaux anatomiques au jardin du Roi, les a reconnus pour être les débris de ces antiques générations qui, après avoir été successivement ensevelies dans les couches du globe, revivent dans nos musées pour y être l’objet des savantes et curieuses recherches de l’anatomie comparée. Trente ans se sont à peine écoulés depuis que M. Cuvier a posé les fondemens de cette science nouvelle et qu'il a trouvé, dans la corrélation des formes que présentent les êtres organisés, le moyen de reconnaître chaque sorte d'êtres par chaque fragment de chacune de ses parties. A l’aide de ce principe si simple et si fécond, les restes de cent cinquante grands mammifères ou quadrupèdes ovipares ont déjà été déterminés par ce savant, et reconnus appartenir à des espèces et souvent à des genres plus ou moins différens de ceux qui existent aujourd'hui. En étudiant le gisement de ces singuliers débris, les géologues ont pu facilement apercevoir qu'ils étaient enfouis dans trois ordres ou systèmes de cou- ches de dates bien distinctes, et ilaétéreconnu que, sans compter lâge actuel, où selonla belleexpression de M. Cuvier, l'espèce humaine, aidée de quelques animaux domestiques, domine et féconde paisi- blement la terre , nos continens auraient été jadis habités par trois successions d'animaux appartenant (89 ) à autant d’âges différens, etqui tous ont été succes- sivement anéantis. Ce furent d'abord d'énormes et monstrueux rep- iles , des lézards grands comme des baleines ; d’autres pourvus d'ailes, d'ongles crochus, ou ayant, soit un cou grêle aussi long que leur corps, soit une queue aplalie en forme de rame verticale. A ces antiques races des terrains jurassiques suc- cédèrent celles des paleotherium, des anthraco- therium etdes nombreux pachydermes trouvés dans les terrains tertiaires, ét entr'autres dans les plà- trières de Montmartre et du Puy, ainsi que dans les molasses de la Dordogne , où ils sont souvent accom- pagnés d'animaux rongeurs ou carnassiers, de tor- tues, de poissons, d'oiseaux, etc. Une troisième population, composée de nom- breuses et grandes espèces de mammifères, vint à son tour couvrir la surface du globe. Cest dans les couches meubles, sablonneuses et limoneuses des anciens terrains de transport que sont enfouies leurs dépouilles, parmi lesquelles on distingue celles de plusieurs espèces d'éléphans, de masto- dontes, d'hippopotames, de rhinocéros, de cerfs, de chevaux et de quelques carnassiers, presque tous d'espèces différentes de celles qui vivent aujour- d'hui. C’est à cette troisième succession d'animaux ter- restres, à celle qui a immédiatement précédé notre époque, qu'appartiennent les débris figurés dans l'ouvrage de MM. Devèze et Bouillet. Ce sont des ( 9e) os de cerfs, d'élans, de rennes, de chevaux et de plusieurs ruminans. On y reconnait aussi des os et des dents de tapirs, de mastodontes, d’éléphans, d’hippopotames, de rhinocéros, ainsi que ceux de divers carnassiers, tels que des ours, des hyènes, et quelques-uns du genre du chien et de celui des chats. Votre Commission a dû regretter que ces diffé- rentes espèces n'aient pu être caractérisées de manière à recevoir un nom spécifique. Elle ne se permettra d'ailleurs aucune réflexion sur cette partie du travail de MM. Devèze et Bouillet. Tant de connaissances sont nécessaires à acquérir avant que de pouvoir conclure d’une simple apophyse à quelle espèce appartient l’ossement que lon a sous les yeux, qu'on ne s’étonnera pas de notre réserve sur le résultat de recherches de ce genre. Nous ne suivrons pas non plus ces Messieurs dans celles auxquelles ils se sont livrés, dans la vue d’éta- blir qu'en Auvergne l’homme a été contemporain des grandes éruptions volcaniques qui en ont boule- versé le sol. Les faits qu'ils rapportent ne nous ont pas paru assez soigneusement observés, et la prin- cipale autorité sur laquelle ils s’appuient, celle de l'abbé Soulavie, est trop suspecte pour admettre, sans de nouvelles preuves, un résultat aussi impor- tant pour l’histoire de notre espèce. Donnons plutôt une rapide idée de la géographie physique des environs d'Issoire et des différens terrains qui y ont été observés. Comme aux environs (91 ) du Puy, on y trouve les traces d’un grand bassin inondé par les eaux qui, par leur action long-temps continuée, ont fini par se frayer un passage à travers les montagnes primitives qui forment le soubas- sement des Monts-Dores, et qui servaient de digue à ce bassin. Comme aux environs du Puy, les différens terrains qui y ont été déposés reposent sur le gra- nite. Des grès que MM. Devèze ct Bouillet rapportent au grès rouge, mais qui appartiennent bien plus vraisemblablement, avec les grès de Coude et de Montpeyroux , aux psammites et aux arkoses de M. Brongniart, se montrent à Usson, au-dessus du granite, et représentent les psammites et les arkoses de Brives et de Blavozy. Viennentensuite les argiles plastiques qui couvrent le fond de la vallée d'Issoire. Ces argiles ne sont point caractérisées géologiquement. On ne voit pas non plus qu'aucun fossile y ait été apercu. II devient done difficile de juger sur quel motif ils ont été rangés parmi les terrains secondaires. Les caractères miné- ralogiques de ces argiles, leur mélange avec des sables et l'absence présumée des fossiles les rap- prochent beaucoup des assises inférieures de ce terrain qui a été reconnu par Fun de nous dans le bassin du Puy, et qu'il a provisoirement désigné sous le nom d’argiles ef marnes sans fossiles. C’est encore dans les formations secondaires que MM. Devèze ct Bouillet rangent les couches de cal- caire marneux ou d’eau douce qu'on observe près d'Issoire , au-dessus des argiles plastiques. Il est à (92) regretter que, dans la description de ce calcaire ; on ne trouve pas l'indication des espèces de coquil- lages qui y ont été apercus. Leur présence suffit d'auleurs pour classer ce terrain parmiles formations Lrbiaires ou de sédiment supérieur, ainsi que tous les autres gites de calcaire d'eau douce qui existent en Auvergne. Quatre formations ou séries de couches alluviales presqu'entièrement composées de sables et de cailloux roulés succèdent aux terrains précédens et auraient ; selon MM. Devèze et Bouillet, successivement formé le fond du bassin ou grand lac qui remplissait la vallée d’Issoire. La plus élevée de ces formations constitue à Bou- lade une masse d’une grande épaisseur, divisée en seize couches distinctes. Celle n° 8, composée de sable -quartzeux plus ou moins fin, recèle principa- lement les débris de cette animalisation éteinte dont nous venons de vous donner une idée. Ils sont mêlés entr’eux, sans ordre, souvent brisés et sans dis- ünction d'espèces. Quelques-uns sont silicifiés ou pénétrés de molécules ferrugineuses. I n’y a d’ail- leurs été trouvé aucun squelette, même imparfait. L'ensemble de ces couches est enfin recouvert, comme le sont les terrains d’alluvion ou de transport des environs du Puy, par des agglomérats volca- niques et des coulées basaltiques de divers âges, et dont quelques-unes sont peut-être contemporaines de celles du Velay. Vous aurez été sans doute frappés, Messieurs, des (93 ) nombreuses analogies qui existent entre la consti- tution physique et géologique de la vallée d'Essoire et celle du bassin du Puy. Comme nous, vous vous étonnerez de ce que ces rapports n’ont pas été du moins indiqués par MM. Devèze et Bouillet, et qu'ils aient laissé échapper cette occasion de donner un nouveau degré d'intérêt à leurs recherches, en montrant des faits analogues à ceux qu’ils observaient le long du cours de l'Allier, se reproduire sur les bords de la Loire. Le style de cet ouvrage est pur, élégant et facile; on pourrait y blâmer quelques termes techniques pris dansun sens différent de leur véritable acception. Les principes de classification géologique n’y ont pas toujours été non plus scrupuleusement res- pectés; mais il n’en est pas moins, par la richesse et la nouveauté des matériaux qu'il renferme, ainsi que par sa belle exécution, un travail utile à la science, et un don précieux pour notre Société. (94) AAA AA A A A A A A AR A AR MM M AA MA A AA MU ab ta RÉFLEXIONS Sur les combustions spontanées ,et Observation d'une combustion des deux mains chez un jeune homme . de vingt-quatre ans.” Par M. Ricaonp pes Bruüs. On gagne toujours à se défaire d’une erreur, car on ne cherche pas les vérités qu’on croit tenir dans ses mains. (Peyrilhe.) Massrrurs, S'il a été difficile aux physiciens de donner des explications satisfaisantes des combustions sponta- nées qui ont lieu quelquefois dans les amas de foin, charbon de terre, de hardes entassées , dans les ballots de laine ou de coton (combustions qui ont eu souvent des résultats déplorables, et qui ont compromis plusieurs fois lexistence des établisse- mens du port de Brest), il Fa été bien davantage encore aux physiologistes de rendre compte de celles qui se manifestent sur des tissus organisés vivans , soustraits, par conséquent, à l'empire absolu des lois physiques ordinaires. Aussi, tous leurs efforts ont été jusqu’à présent impuissans, et lon peut, je crois, proclamer encore que la solution du problème est à trouver. Les combustions humaines spontanées ont été (95 ) connues assez anciennement (1); mais comme elles n'avaient pas été observées en assez grand nombre pour fixer d'une manière spéciale l'attention des médecins, quelques-uns de ces phénomènes inso- lites furent traités de fabuleux ou attribués à une cause miraculeuse. Dans quelques cas même on attribua la mort des victimes de ces accidens à un acte criminel, et le commencement du rô° siècle vit condamner à la mort deux de ces prétendus coupables (2). Maintenant nous n'avons plus à redouter de semblables erreurs. De nombreux faits ont été recueillis et publiés, et les travaux de Lecat, de Vic d’Azyr, de Lair , de Koop, de Marc, de Fodéré ont démontré que l'existence des combustions spon- tanées est incontestable. Mais pour être vrais, ces phénomènes n’en sont pas moins merveilleux. En effet, des personnes qui paraissaient exécuter régulièrement toutes leurs fonctions et jouir d’une santé parfaite, ont tout-à- coup été enflammées et réduites en peu de temps en un charbon gras ou en une cendre noire et fétide, bien que les chaises, les tables, le plancher et toutes les pièces de bois qui étaient auprès d'elles fussent restées intactes ou n’eussent été que faiblement endommagées; tandis que nous savons (1) Voyez une Notice fournie par Devillers à l’ancien Journal de médecine, pour l’année 1786, tom. 69. (2) Recueil périodique de la Société de médecine de Paris, t. 7. p.392. — Vigné, médecine légale, pag. 148. (-96°) que les anciens étaient obligés d'employer une énorme quantité de combustibles pour obtenir cette cendre qu'une piété bien entendue leur faisait recueillir et conserver avec un soin religieux, et que souvent, malgré le soin qu'ils avaient d’em- ployer dans cette circonstance les bois les plus chargés de matières résineuses, tels que l'if, le pin, le mélèze, ils ne pouvaient pas obtenir une inciné- ration complète, comme semblerait lannoncer le nom d'ossaria qu'on donna souvent aux urnes funéraires. À quoi donc peut-on attribuer cette propriété com- bustible qu'acquiert quelquefois le corps humain ? Comme beaucoup de personnes qui ont été victimes de ces combustions faisaient depuis long-temps un usage abusif de liqueurs fortes, quelques médecins, au premier rang desquels il faut placer Lair, ont supposé queles diverses parties de leurs corps avaient subi une imprégnation alcoolique qui leur avait fait contracter un degré de combustibilité propre à les rendre inflammables. Mais cette application toute physique a été rejetée avec raison; et il suffit, pour légitimer son abandon, de rappeler, 1° que l'alcool, soumis à l’action des puissances digestives, éprouve en général des modifications plus ou moins nombreuses , et n'arrive au. sang que dénaturé et incorporé avec les autres matériaux qui ont concouru avec lui à former le chyle; 2° que cette substance a une si grande affinité pour eau; qu'en admettant qu'elle pût traverser les tissus du : (97 ) corps comme une éponge, elle devrait bientôt étre étendue, affaiblie, et par conséquent incombustible, L'opinion qu'a émise M. le docteur Marc paraît plus fondée au premier abord, mais dans le fond elle n’est pas plus rationnelle que la précédente. Il pense que l’âge, les excès, une vie inactive, etc., déterminent une asthénie ou faiblesse générale qui, diminuant l’action des vaisseaux absorbans , favorise le dégagement du gaz hydrogène; que ce gaz peut s’'accumuler dans les mailles du tissu cellulaire, et s’y réunir en quantité suffisante pour déterminer une combustion générale si une cause extérieure ou intérieure vient à l’enflammer; et enfin, que les diverses circonstances qui précèdent où accom- pagnent les combustions spontanées lautorisent à croire que le gaz hydrogène en est réellement la cause, et que lui seul peut rendre compte des phénomènes qui peuvent alors être observés. Je répondrai à M. Marc : 19 qu'il est loin d’être prouvé que les causes éloignées qu'il mvoque occa- sionnent une asthénie générale; 2° qu’en admettant cette asthémie, il resterait à prouver qu’elle diminue Vaction des vaisseaux absorbans; 3° et que la dimi- nution d'action des vaisseaux absorbans n’explique point le dégagement du gaz hydrogène. En effet, ce gaz n'existe point à l'état libre dans le corps humain; il y est combiné avec le carbone, l’azote , l’oxigène, etc., etc. 1 faudrait donc qu'il y eût dissociation des principes constitutifs de notre ma- chine, pour qu'il pût être dégagé; et pour étre 7 (98) plus faibles, les parties n’en sont pas moins vivantes; Si la théorie de M. Marc était admise, on devrait s’étonner que les combustions spontanées n’aieni pas lieu surtout chez les scorbutiques, les scrophu- leux, les-phthisiques, les hydropiques, et dans tous les cas enfin où de longues souffrances ou de pro- fondes lésions ont produit une débilité plus ou moins prononcée d’un grand nombre de parties; et je ne sache pas que la combustion ait jamais hâté la mort d'aucun des malheureux placés dans ces circonstances. Mais il est deux objections puissantes qu'on peut encore faire, et les voici : Si des gaz s’accumulaient dans le tissu cellulaire, comme lean dans l’anasarque, n'est-il pas évident que les parties quiles recéleraient devraient être emphysématiques, c'est-à-dire, tuméfiées, boursoufflées? Si c’est du gaz hydrogène qui, s’enflammant, produit la com- bustion, ne devrait-il pas y avoir une explosion au moment où le foyer qu'il occupe est embrasé ? C'est ce qui arriva dans un cas dont il est fait mention dans les Mémoires de l’Académie des sciences, année 1751, et que je crois devoir rappeler ici : « Au moment où un boucher de Neufchàtel ouvrit » un bœuf qui depuis long-temps était malade et » très-enflé, il se fit une explosion ct il sortit de la » panse une gerbe de feu qui s’éleva à plus de cinq » pieds de haut, et blessa le boucher ainsi qu'une » petite fille qui était auprès de Îui.» On ne peut douter qu'ici ce fut réellement la combustion spon- tanée du gaz hydrogène phosphoré qui donna lieu ( 99 ) à l'accident; mais remarquez qu'il y eut ermphysème €t explosion, tandis que ni l'un ni l'autre de ces phénomènes n’a été observé chez les nombreuses victimes des combustions. Enfin, pour dernière objection ; rappelons que la plupart d’entr'elles n'étaient point dans un état d’asthénie au moment où elles s'émbrasèrent. Dans la pluralité des observations de combustions spontanées qui ont été publiées, la cause détermi nante de l'accident fut le contact plus ou moins pro- longé d’un corps en ignition. Mais, dans quelques- uns, ce contact n'eut pas lieu, et la combustion fut réellement spontanée. Dans ce dernier cas, on a supposé qu'une étincelle électrique s’était développée dans le corps. Cette manière de voir a été professée par Lecat, Koop, Marc, Fodéré et autres médecins distingués. 11 est quelques faits qui, sans être bien concluans, sont pourtant de nature à lui donner quelque probabilité. Ainsi, il est des individus qui sont dans un état plus ou moins permanent d’idio- électricité; témoins : celte femme dont parle le voyageur Brydoine, chez laquelle de nombreuses étincelles électriques jaillissaient de ses cheveux chaque fois qu'on les peignait; le sénateur américain Daylon, qui remarquait des éüncelles quand le soir il retirait ses bas; ce goutteux dont Daniel Horstius a rapporté l'histoire, qui, après des accès de goutte, rendait, par le frottement, ses jambes resplendis- santes de lumières; ce carme dont parle Cardon (1), (1) Nouyeau Dictionnaire de médecine, ( 100 ) qui faisait jaillir des étincelles de ses cheveux chaque fois qu'il rejetait son capuchon sur ses épaules, et peut-être aussi ce jeune Ascagne dont Virgile a immortalisé le nom par ses sublimes vers. On connait l'histoire du prêtre Bertholi, qui , après une longue course, étant à lire son bréviaire, éprouva tout-à-coup dans le bras une commotion analogue à celle qu'aurait produit un coup de bâton, et sentit aussitôt cette partie s’enflammer. Mais si toutes ces considérations peuvent per- mettre d'admettre que l'électricité est quelquefois la cause déterminante de l’accident, elles n’éclairent en rien sur le point essentiel, c’est-à-dire, sur la cause médiate de ce phénomène extraordinaire. Car l’histoire ne nous a pas appris que les personnes qui présentaient des phénomènes électriques aient péri victimes de combustions spontanées; et je ne sache pas que la raie torpille, le silure trembleur et la gymnote électrique aient jamais brülé spon- tanément. L’explication des combustions spontanées n’est donc pas encore trouvée, et nous n'avions pas tort d'avancer que le problème n’était pas résolu. Voyons maintenant si les théories que nous avons attaquées peuvent convenir aux deux observations suivantes ; PREMIÈRE OBSERVATION. M. Dessimont, âgé de24 ans, d’unetaille moyenne, d’un tempérament sanguin, cheveux noirs assez épais, plutôt maigre que gras, bien portant et natu- ( 101 ) rellement très-sobre, se rendit à l'église cathédrale du Puy, dans la soirée du 19 avril 1827. Il y resta peu; la chaleur insupportable qu'il y éprouvait le forca à sortir, et il se retira dans l'appartement de son frère, au portail Pannessac. Vers les neuf heures et demie, celui-ci s’amusait à faire brûler à la chan- delle un fragment de soufre; cette substance s'étant liquéfiée et enflammée coula sur ses doigts et déter- mina une douleur assez vive pour qu'il s’empressät de les secouer. Dans ce mouvement brusque ; quelques gouttes du liquide enflammé s’attachèrent à son habit et l'embrasèrent. L'incendie faisait des progrès rapides; il appelle au secours, et aussitôt M. Dessimont, qui était occupé à quelque distance de lui, accourt avec rapidité et s'efforce d’étouffer le feu en serrant les vêtemens dans ses mains; il réussit. Son frère en fut quitte pour une brûlure légère à deux doigts et pour un trou à son habit; mais il n’en fut pas de même de M. Dessimont, À peine s’apercevait-il que son frère était à l'abri de tout danger, qu'il éprouva des douleurs très-vives dans les mains ; il pousse des cris, appelle aw secours, et la femme Ginhoux qui accourt s’aper- coil aussitôt que ses mains étaient toutes cou- verles de flammes; elles brülaient comme des chandelles, m'a-t-elle dit, mais les flammes étaient bleuâtres. La première idée qui se présenta à leur esprit fut que la flamme était produite par le soufre ; on s’efforca donc de léteindre par des affusions froides, mais ce fut en vain. Un cataplasme { 1027 fait avec de la farine et de l'huile fut préparé à la hâte, il ne fit qu'augmenter l'incendie. Dessimont descendit chez un coutelier qui habite la même maison, et trempa ses mains dans la boue qui se trouvait sous la meule; il ne fut pas beaucoup sou- lagé. Enfin, après une demi-heure de douleurs into- lérables, il se fit ouvrir la porte et courut avec rapi- dité jusques chez moi. Pendant tout ce trajet, il vit distinctement, ainsi que la femme Ginhoux qui lac- compagnait, une flamme qui était assez vive pour J'éclairer. À la force avec laquelle on sonnait, je jugeai que le cas était pressant, et je me hâtai de descendre. A peine la porte était ouverte que AM. Dessimont, l'œil égaré, la figure rouge et l'ex- pression du désespoir peinte dans tous ses traits, se précipila auprès de moi, en s'écriant : vite , Monsieur , vite, appliquez-moi quelque chose sur les mains, je suis tout en feu, je brûle; regardez, je brûle, et il me montrait ses mains; elles étaient très-rouges, gonflées, et une espèce de vapeur ou de fumée s’en élevait. A peine put-il rester deux minutes pour m’ex- pliquer la eause de son accident, 1l remuait sans cesse, et m'accusait hautement de la lenteur que je mettais à le soulager. Comme Fimmersion pro- longée des parties brülées dans un liquide froid est le moyen le plus efficace pour soulager dans ces cas, je lui conseillai d'aller à une fontaine qui se trouve vis-à-vis de la maison, d'y plonger les mains, d’y rester jusqu'à ce qu'il se sentirait soulagé, puis { 103.) de se faire préparer des bains froids pour la nuit. aussitôt il s’échappa et courut à la fontaine. Ne me doutant pas du véritable sens qu'il donnait à ces expressions, je brûle, je suis tout en feu, et les considérant comme une description métaphorique de lespèce de douleur qu'il éprouvait, je ne le suivis point, comme je n'aurais pas manqué de le faire si je l'avais mieux compris, et ce ne fut que le lendemain, qu'à mon grand étonnement, j'appris les détails de son aventure. M. Dessimont m'assura que tant qu'il avait eu les mains dans l’eau de la fontaine , il avait éprouvé du soulagement, que les flammes s'étaient éteintes, et qu'il avait pu courir pendant un certain temps sans en voir; mais qu'à cent cinquante pas de distance à-peu-près, il les avait vu reparaître. Arrivé chez lui, il se fit pré- parer deux sceaux d’eau, dans chacun desquels il trempa une main. En peu de temps, l’eau fut chaude et dut être renouvelée. Pendant toute la nuit, les douleurs furent assez vives; cependant l'eau pro- duisait du soulagement. Chaque fois qu'il retirait les mains du liquide, il voyait, m’a-t-il dit, une espèce de graisse couler sur ses doigts, et des flammes bleuâtres reparaitre aussitôt. Mais il neles distinguait bien que lorsqu'il avait le soin d'examiner les parties sous une table qui les abritait de la clarté que répandait la chandelle. M. Varette, jeune écolier, âgé de quinze ans, qui couchait dans la même chambre, vit plusieurs fois ces flammes dans le courant de la nuit, et me l’a affirmé avec cette (104) naïve assurance qu'inspire la seule vérité. Vers le point du jour, M. Dessimont n’apercevait plus que que des espèces d’étincelles qu'il croyait, mais à tort, pouvoir dissiper par des frottemens brusques. Les douleurs furent vives pendant une partie de la journée, mais elles eurent un caractère différent. Elles étaient moins âcres, moins poignantes que les premières. Ce jeune homme présentait, sur presque toute l'étendue de chaque main, mais surtout sur les doigts, de volumineuses ampoules remplies d’une sérosilé rougeñtre. / Dans plusieurs points l’épiderme était totalement enlevé, ct le derme dénudé était grisâtre et paraissait corrodé; l'artère radiale battait avec force, et de légers signes d’une irritation sympathique de l'es- tomac commenceaient à se dessiner ; de légères incisions furent faites aux ampoules; du linge enduit de cérat et des cataplasmes furent appliqués, un régime sévère el lusage de la limonade furent prescrits, Comme M. Dessimont a toute sa famille à Chomelix, bourg distant de cinq lieues du Puy, il voulut y aller dans celte circonstance. Avant son départ, je lui recommandai de se faire saigner du bras si l’inflammation était violente, et de prier son chirurgien de tenir une note exacte de ce qui se passerait, Je renouvelai mes questions, jeles lui fis de mille manières diverses, et toujours ses réponses furent conformes aux premières. Aumoment où ilme quitta, il avait les mêmes vêtemens qu'au moment de l'accident, etaucune partien’avait éprouvéde brûlure. (2105) Désirant acquérir sur ce fait des renseignemens nouveaux, et redoutant de m'en laisser imposer par de fausses apparences , je me transportai dans la maison où l’accident avait eu lieu. Là, j'interrogeai toutes les personnes qui en avaient été témoins, et leurs réponses me parurent faites avec tant de bonne foi que je fus obligé de regarder comme avéré que M. Dessimont avait présenté un de ces phénomènes de combustion qui étonnent et confon- dent la raison. Vingt-deux jours après l'accident, jeus occasion de passer à Chomelix; j'allai voir M. Dessimont, et le trouvai dans un état très- salisfaisant. La saignée n’avait pas élé nécessaire, l'inflammation avait été modérée, une suppuration de bonne nature avait eu lieu, et déjà alors il avait plusieurs doigts entièrement guéris. Le doigt médius et le poignet de la main droite étaient les parties les plus malades; une ulcération assez profonde, suppurant, s’y faisait remarquer; du reste, point de fuèvre, bon appétit. Vers les premiers jours du mois de juin, M. Dessimont revint au Puy parfaitement guéri. On remarquait alors d'assez larges cicatrices non difformes sur les doigts et les poignets; une d'elles s’opposait un peu à l'entière extension du doigt auriculaire de Ja main gauche; plusieurs des ongles étaient tombés ou prêts à tomber; lun d'eux avait été brûlé à sa racine, et ne repoussera probablement pas. Que de réflexions doit susciter cette observation! Si la flamme n'avait été apercue qu'inmédiatement ( 106 ) après l'incendie de l’habit du frère de M.Pessimont, Von aurait pu penser avec raison qu'elle était pro- duite par quelques parcelles de soufre enflammé adhérentes à la peau des mains; mais elle a résisté aux affusions d’eau froide, aux bains prolongés; elle a persisté pendant toute la nuit, elle s’est repro- duite spontanément quelques instans après le bain de la fontaine; elle fut d’abord assez vive pour étonner les assistans, et faire dire à la, femme Ginhoux que les mains brûlaient comme des chan- delles. On ne peut donc pas admettre cette expli- cation. Lorsque M. Dessimont arriva chez moi, je n’aper- eus qu'une vapeur ou espèce de fumée; mais il faut remarquer qu’alors j'étais éclairé par la chandelle que j'avais à la main et par celle qu'avait mon domestique, et que dès-lors la flamme légère qui existait put étre pour ainsi dire éclipsée. Si on la vit plus distinctement chez M. Dessimont, c’est probablement parce qu'alors elle était plus vive et parce que la chandelle qui était dans l'appartement ne répandait qu'une faible clarté, par suite de l'alté- ration qu'avait éprouvé sa mèche imbibée de soufre. À quoi pouvons-nous attribuer cette combustion ? Au gaz hydrogène? mais qu'est-ce qui l’aurait pro- duit? Nous ne pouvons pas invoquer comme cau- ses favorables à son développement les habitudes vicieuses du sujet, puisqu'il est très-sobre; son âge, puisqu'il n’a que vingt-quatre ans; un état d’as- thénie générale, puisqu'il a été rarement malade, L 3071) et qu'il se portait très-bien au moment où l’acci- dent eut lieu. Pourquoi l'accumulation de ce gaz se serait-elle faite exclusivement dans les deux mains, malgré la résistance que la texture serrée des tissus de ces parties devait y opposer ? Si ce gaz y était accumulé, pourquoi n’y eut-il pas d’emphysème ? Pourquoi n’y eut-1l pas d’explosion au moment où il s’enflamma ? Invoquerons-nous l'électricité ? évidemment elle ne joua aucun rôle dans ce fait, et, malgré toutes les merveilles qu'elle enfante, je ne crois pas qu'elle puisse avoir produit celle-ci. DEUXIÈME 6BSERVATION. À côté de cette observation placons celle dont a parlé M. le docteur Moulinié, dans une lettre adressée à M. Jules Cloquet, qui est insérée dans le tome 15° du nouveau Journal de médecine, n° de décembre 1822; on verra qu'il existe beau- coup d’analogie entr’elles. « Le 5 septembre dernier, Renatean, âgé de quarante ans, forgeron à Loignan, village situé à trois lieues de Bordeaux, s’en retournait chez lui accompagné d’une fille, portant seulement sa veste au bout d’un bâton sur son épaule, parce que le temps était très-chaud : il était alors quatre heures de l'après-midi. Il n’était guères qu'à cent pas de sa demeure et dans un chemin où il n’y avait aucune habitation , lorsqu'il sentit tout-i-coup une vive douleur au doigt indicateur de la main droite, avec ( 108 ) pétillement et apparence de feu et de fumée. I} rapprocha subitement le pouce et le doigt du milieu pour éteindre le feu, mais il enflamma le pouce et l'extrémité phalangienne du doigt medius. Alors, cherchant à éteindre la combustion, il appliqua avec pression ses doigts sur son pantalon qui était de drap, et y fit deux brûlures. Ensuite il mit la main dans la poche droite de ce pantalon, et la poche s’enflamma. Il se hâta d’ôter ce vêlement, et dans un mouvement brusque, il appliqua la pulpe des doigts index et medius de la main droite sur la - face palmaire des doigts semblables de la maim gauche, vers leur portion phalangienne; le feu s’y communiqua. Alors, Renateau courut chez lui ct demanda avec empressement à sa femme de l’eau froide. Celle-ci croyait qu'il voulait faire une plai- santerie; cependant elle lui donna un sceau d’eau, il y plongea les mains, les ressortit peu après et les doigts continuaient à brüler. Il demanda de la boue de la meule, sachant, par expérience, que ce moyen était efficace dans la brûlure; mais, malgré son appli- cation, le feu continua. Une fille dévote, là pré- sente, lui dit alors : Croyez-moi, la foi nous sauve; mettez vos mains dans l’eau bénite. Elle alla en chercher une écuelle; il y plongea les mains, et le feu s’éteignit. L’Autorité du lieu, informée de ce fait extraordinaire, dressa le procès-verbal qui fut envoyé au préfet, au maire de Bordeaux, et qui me fut communiqué à l'hôpital Saint-André. # Doutaut raisonnablement de la réalité des combus- { 109 ) tions spontanées f1), étant dans une grande réserve sur ce qui à trait aux miracles, j'ai été curieux d'aller à Loignan, pour avoir des éclaircissemens sur ce cas vraiment rare. J'ai vu Renateau, homme bien constitué, mais sobre, ne s’adonnant point aux boissons; j'ai conféré avec plusieurs personnes qui avaient été témoins de lévènement. J'ai examiné scrupuleusement les brûlures, qui consistaient en une sorte de tuméfaction de l’épiderme du doigt indicateur et du pouce droit, une grande phlyctène tout autour de la troisième phalange du medius du même côté, des phlyctènes de huit lignes de dia- mètre à la face palmaire des doigts index et medius gauches. Du pus s'était formé au-dessous de l'épi- derme soulevé. J'ai examiné le pantalon, j'ai vu deux trous propres à recevoir la pulpe des deux doigts; la poche, qui était de toile de coton, était largement trouée et roussie par l’action du feu. J'ai vu de la bonne foi, de la franchise dans toutes les personnes qui me donnaient des renseignemens. Je n'ai pu soupconner aucun subterfuge , aucun motif d’exciter l'intérêt de la part de qui que ce soit. Je suis resté convaincu de la réalité de la combustion. Mais comme tout le monde attribuait l'extinction du feu à Feau bénite, j'ai fait des questions à cet égard. Renateau est convenu qu'il éprouva du soulagement quand il plongea ses mains dans le seau d’eau; il pensait que le et (1) Une longue expérience a pourtant prouvé que leur existence est incontestable, ( ro) feu se serait éteint sans eau bénite; enfin, il m’a dif qu'il était déjà éteint à la main droite avant que l'eau bénite arrivät, ce qui est une preuve que plus tard il se serait également éteint à l’autre main. L'eau bénite n'aurait servi qu'à une seconde immersion qui aurait hâté l'extinction (1). » Dans ce fait, comme dans le précédent, la com- bustion n'atteignit que les mains, diminua et s’éteignit par suite de bains froids, et ne détermina que des lésions peu profondes, bien qu'elle eût duré assez long-temps. Mais chez Renateau, la com- bustion fut spontanée; chez M. Dessimont, elle fut due au contact d’un corps en ignition. Chez Rena- teau, les vêtemens qui furent touchés furent brûlés; chez M. Dessimont, au contraire, la combustion se concentra sur les parties vivantes et ne se commu- niqua pas aux vêtemens. Chez Renateau , le feu se com- muniqua d'un main à l'autre; chez Dessimont, il se développa sur toutes deux à-la-fois. 11 existe donc bien quelques différences dans ces deux obser- vations, mais elles sont de peu d'importance. On ne peut s'empêcher de reconnaitre que les deux sujets présentaient une prédisposition à la combustion, fixée dans les mains, prédisposition qui fut mise tout-à-coup en action par une cause imconnue chez Renateau, et par un corps en ignition chez M. Des- simont. Or, c’est cette prédisposition particulière oo (x) Le sel qui entre dans l’eau bénite ne peut-il pas avoir con- tribué à arrêter l'incendie? Crony qui se refuse à toute explication rationnelle, de même que la combustion elle-même. Les supposi- tions de M. Moulinié sont inadmissibles, et les théories de MM. Lair et Marc viennent se briser contre de tels faits. : est vrai que ces combustions partielles diffèrent de celles qu'ont cherché à expliquer ces derniers médecins, puisque dans les premières le mal est limité, et que dans les autres il envahit rapidement le corps entier et détermine la mort. Mais n'est-il pas vraisemblable que cette différence n’est que du plus au moins, et que le phénomène est, dans les deux cas, identique ? Quoi qu'ilen soit, jecrois que malgré les travaux des savans médecins que j'ai cités, l'ori- gine, la nature et la cause des combustions spon- tanées partielles où générales sont encore enve- loppées de ténèbres épaisses, et que le voile qui nous dérobe la vérité n’est point encore déchiré. Oserons-nous maintenant essayer de résoudre un problème si obscur ? Entrerons-nous dans une lice où tant d'habiles athlètes se sont consumés en efforts superflus ? Non, Messieurs, nous ne craignons pas de proclamer hautementnotre insuffisance. Le temps ne nous paraît pas arrivé où il sera possible d'’éta- blir une théorie rationnelle et satisfaisante; et plutôt que de donner lessor à notre imagination et d’en- fanter des opinions que renverserait, peut-être, l'observation, nous croyons préférable de nous taire. Il faut savoir avouer que la nature a encore mille secrets pour nous, et que la médecine, quoique (112) : faisant chaque jour de rapides progrès, est loir pourtant d’être arrivée à ce degré de perfection qu'elle acquerra, sans doute, un jour. Mais comme chaque médecin doit contribuer autant qu'il est en lui aux progrès de la science qu'il cultive, il doit recueillir des faits, les comparer avec ceux qui ont été publiés sur le même sujet, pour en tirer des conséquences utiles et les publier, afin que ces matériaux puissent servir à la construction d’un édifice durable, s'ils tombent entre les mains d'un architecte habile, Tel est, Messieurs, le motif qui m'a engagé à vous entretenir du fait que j'ai pu recueillir, et si j'ai critiqué des opiniuus émises par des médecins dont j'apprécie tout le mérite, c'est que je suis persuadé, avec Peyrilhe, qu'on gagne toujours à se défaire d’une erreur, et qu'on ne cherche pas les vérités qu'on croit tenir dans ses mains. A AA AA A M A A AU MD UV AU MU LU UV VU VUS LU MU UV VV UV AU UU VUVUY VUU US MÉMOIRE. Sur les eaux minérales de Margeaix, des Salles, des Estreix et des Pandraux. Par M. ARNAUD aîné. Six, est des maux dont triomphent les ressources pharmaceutiques , il en est d’autres qui ne cèdent qu'à l'usage des eaux minérales. Leur utilité a été si bien reconnue que l’art s’est efforcé de les imiter 6 (°F162) et que des établissemens d'eaux minérales artificielles ont été formés dans diverses villes, notamment à Paris et à Lyon. Mais malgré les prodiges de la synthèse, les productions de la nature seront tou- jours préférables, parce qu’elles sont marquées au coin de l’uniformité de ses procédés, et qu'il est très-souvent infiniment profitable de s’'arrachier pas- sagèrement à ses foyers pour aller soi-même puiser à la source une salutaire boisson. Il est donc tou- jours intéressant pour une contrée d’avoir des sources d'eaux minérales. Parmi celles que renferme le département de la Haute-Loire, et qui sont en assez grand nombre et toutes froides (1), je me propose d'exposer dans ce Mémoire les propriétés physiques, chimiques et médicinales des eaux niné. rales de Margeaix, des Salles, des Estreix et des Pandraux, dont les habitans des campagnes font un grand usage et dont ils abusent souvent (2). Ces quatre eaux sont très-limpides et sans couleur, pétillent en les versant dans un verre et ont un goût piquant. Elles sont de la classe des acidules, gazeuses, salines et imartiales. Mais les substances minérales que contient chacune d'elles sont dans différentes proportions. Dans l'examen analytique (1) M. Ruelle, dans son Tableau des substances minérales de ce dèpartement, en indique seize, dont deux senlement hydro- sulfureuses. (2) Plusieurs d’entr'eux en font usage pour une indisposition quelconque et sans le conseil d’un médecin ; d’autres en boivent jusqu’à dix écuellées par matinée, 8 # (rr4) que j'en ai fait, j'ai scrupuleusement suivi le procédé du savant chimiste Foureroy, soit dans l'emploi des réactifs, soit dans l’évaporation et les opérations subséquentes. Il serait sans doute fastidieux que je rappelasse ici tous les détails minutieux de lana- lyse : je me bornerai à en indiquer les résultats (1). Eau de Margeaix. Située dans le canton de Vorey, au nord-est et à trois lieues du Puy, sur la rive droite et au bord de la Loire, elle est la plus riche en principes miné- raux fixes. Elle contient, par pinte, 42 grains;, dont 34 grains de sous-carbonate de soude, 4 grains d’'hydrochlorate de magnésie, 2 grains 4 de sous- carbonate de magnésie, 1 grain ? de sulfate de chaux, ? de grain d’oxide de fer. La quantité du gaz acide carbonique libre peut être évaluée à & du volume de l'eau. Eau des Salles. Cette eau minérale sourd sur la rive gauche de la Loire, dans la commune du Brignon, à trois lieues et au sud du Puy. Elle contient, par pinte, 28 grains x de substances fixes, dont 21 grains 1: de sous- a ————————————————— (1) M. le docteur Arnaud, ayant point à sa disposition tous les instrumens et réactifs nécessaires pour opérer d’une manière conve- nable, n’a dû obtenir que des résultats peu exacts; mais ses obser- yalions médicales , fruit d’une longue et sage expérience, nous paraissent pouyoir suppléer ici à l’analyse chimique. (Note des Rédacteurs. ) { Hro 5 carbonate de soude, 2 grains ‘ de carbonate de chaux, 1 grain & d'hydrochlorate de soude, 1 grain + d'hydrochlorate de magnésie, Z de grain de sul- fate de chaux, # de grain d'oxide de fer, + de grain de silice. On peut évaluer la quantité de gaz acide carbonique libre à + du volume de Feau. Eau des Estreix. Située dans un vallon resserré , sur la rive droite et à soixante pas environ de la Borne , à unelieue ouest- nord-ouest du Puy, elle n’est guères moins riche que celle des Salles, La quantité des substances fixes qu'elle tient en dissolution est, par chaque pinte , de 27 gr.£, savoir : 10 grains + de sous-carbouale de soude, 6 grains d'hydrochlorate de soude, 5 grains d'hy- drochlorate de magnésie, 4 grains # de carbo- nate de chaux, 1 grain de sous - carbonate de magnésie , 7 de grain d'oxide de fer, x; de sulfate de chaux. La quantité de gaz acide carbonique libre est, par approximation, de ;; du volume de l'eau. Eau des Pandraux. Elle tire son nom d’une ferme près de laquelle elle est située, dans la commune de Eantriac, à deux lieues et au sud-est du Puy, au fond d'une gorge très-étroite, Elle est beaucoup moins abon- dante en principes fixes qu'aucune des trois autres : elle n’en contient, par pinte, que 11 grains, dont 7 grains de carbonate de chaux, 1 grain © d’hydro- chlorate de chaux, à grain Æ d'hydro-sulfate de ( 116 ) soude, 15 de grain de sous-carbonate de soude, À de grain d’oxide de fer, ; de grain de sulfate de chaux, Mais le gaz acide carbonique libre s’y trouve en assez grande abondance : on peut estimer à 4 du volume de l’eau. La connaissance des principes constitutifs des eaux minérales est, en médecme, moins un objet de curiosité stérile que d’utilité réelle. C'est cette connaissance qui sert de première indication de leur convenance dans les maladies. Sans elle on est réduit à aller à tâtons, et si, à force d'essais et d'observations en les appliquant à certains maux, on parvient à reconnaître leurs propriétés, ces moyens, indépendamment du danger qu'il y a d'y avoir recours, n'offrent qu'une route longue et hérissée de difficultés. On ne peut donc méconnaitre l'utilité de l’analyse des eaux minérales. Mais en faisant usage de cette ressource, le médecin peut en tirer un double parti : il acquiert d’une part des lumières sur les propriétés des eaux, par la consi- dération de leurs principes dont les effets sur le corps humain sont connus; d'un autre côté, il a l'avantage de pouvoir confirmer lidée qu'il s’en était faite, par la comparaison de telles eaux avec telles autres analogues ou même entièrement sem- blables par leurs élémens, desquelles expérience et une suite d'observations ont fixé les vertus médi- cinales. Or, soit qu'on s'arrête à la considération des substances contenues dans chacune des quatre Ç 51) eaux minérales dont j'ai fait l’analyse, et dont les principes sont à-peu-près les mêmes , soit qu'on réfléchisse sur les propriétés médicinales d’autres eaux de même nature, on conclura qu’elles doi- vent être regardées comme toniques, légèrement sümulantes, apéritives, diurétiques et même quel- quefois purgatives, stomachiques, dépurantes, tem- pérantes et utiles souvent contre les fièvres inter- mittentes opiniàtres. D’après la classification adoptée par M. Le Roy (1), célèbre professeur de la faculté de Montpellier, on doit ranger nos quatre eaux minérales parmi les martiales où ferrugineuses; néanmoins il convient, dans leur emploi comme dans celui de presque toutes les eaux martiales gazeuses (2), de ne leur assigner cette classe que conditionnelle- ment ét d'une manière subordonnée aux circons- tances. Ainsi, si on ne les boit dès qu’on les a puisées, elles se dépouillent plus ou moins de leur fer en perdant de leur gaz acide carbonique, quel- ques précautions que lon prenne pour le contenir. Si cette précipitation du fer a lieu, elles rentrent alors dans la classe des salines. Cette distinction (1) Caroli Le Roy, De aq. miner, nat. et usu. Monspelii, Rochard, 1762, pag. 2. (2) Je dis presque toutes, parce que le petit nombre de celles dont le fer est en dissolution sous forme de sulfate de fer, n’est pas dans ce cas. Sa précipitation ne peut se faire spontanément. I! est vrai qu’alors elles sont ordinairement désignées sous le nom de vitrioliques martiales. ( 146 ) ” est très-importante et la différence qui en résulte très-essentielle à saisir, puisque dans ce dernier cas elles sont privées de deux principes énergiques, le fer et le gaz acide carbonique. Nos quatre eaux minérales sont donc ou rartiales, et alors gazeuses, ou salines. Il est inutile au sur- plus, je pense, d'observer que la qualification de martliales ne suppose pas l'exclusion d’autres prin- cipes que le fer. M. Le Roy désigne ainsi celles qui contiennent du fer, en si petite quantité qu'il soit, el en quelque abondance qu'y soient dissoutes des substances salines, | Dans l’état de mnartiales, c’est-à-dire, avec leur fer et par conséquent le gaz acide carbonique, nos eaux possèdent les vertus détaillées ci-dessus , page 117 (1). Dans létat de salines, ou pour mieux dire étant privées du gaz et de leur fer, elles sont moins ioniques et moins apérilives, puisque le fer, qu'elles tenaient auparavant en dissolution, possède émi- nemment cette double qualité (2). Elles sont aussi un peu moins stimulantes, parce qu’elles sont dé- pouillées non-seulement du fer, mais encore du gaz acide carbonique. A cela près, elles ont les mêmes propriétés (3). Ces qualités générales les rendent propres à com- 2 D D D D, AE (1) Car. Le Roy. Ouvrage cité, pag. 36 et 37. (2) Même ouvrage, pag. 57. (3) Tbid., pag. 15, 16 el u7. ( #01) battre avec succès plusieurs maladies. On peut. même, suivant les tempéramens et les états patho- logiques , tirer parti de la différence qui existe entr’elles à raison des principes qu’elles contiennent en plus ou moins grande quantité. Elles peuvent être très-utiles dans les obstructions des viscères de l'abdomen, et principalement dans celle des canaux biliaires qui donne lieu à la jau- nisse opiniâtre. Dans cette dernière maladie, celle de Margeaix sera préférable, et on devra la boire à assez fortes doses. Elles conviennent aussi à ceux dont les viscères sont dans un état de relâchement et chez qui les digestions sont lentes et péuibles; aux mélanco- liques, aux hypocondriaques et à ceux dont les- tomac est continuellement surchargé de levains acides ; aux personnes du sexe sujettes à la leu- corrhée invétérée , à la chlorose et à la suppression ou diminution des menstrues; à ceux atteints de blennorrhée ancienne; contre la diarrhée opiniâtre et même la dysenterie chronique; à ceux soumis à Fempire des fièvres quartes rebelles, d’affections néphréliques, lors des rémissions, si toutefois la maladie dépend d’engorgemens"ou de graviers exis- tans dans les voies urinaires ; aux hémorrhoïdaires, chez qui elles peuvent modérer un flux trop abon- dant, surtout s'il résulte de Fobstruction des vis- cères, ou bien en rappeler un convenable, si sa suppression était nuisible; enfin, leur usage peut être avantageux dans le traitement des maladies de ( 120 ) È la peau et celui des menstrues immodérées, qu'elles récularisent quelquefois, notamment lorsqu'elles dérivent de l’obstruction des viscères ou de saburre dans les organes digestifs (1). Dans toutes ces maladies, elles doivent être prises à la source, c'est-à-dire, dans l’état de martiales, Dans l'état de salines, où pour mieux dire lors- qu’elles ont perdu une partie de leur gaz acide car- bonique et que leur fer s’est précipité, elles n'auront pas le même degré d'utilité dans les maladies ci- dessus mentionnées ; mais elles conviendront davan- tage aux épileptiques et à ceux qui sont sujets au vertige opinitre, le cerveau étant quelquefois appe- santi par l'action sympathique du gaz acide car- bonique (2). On sent aisément qu'il est des personnes à qui usage de ces eaux dans l'élat de mnartiales serait nécessaire, mais qui sont d'ailleurs très-délicates , ont la fibre irritable et dont les nerfs et la poitrine pourraient se trouver pincés par la vertu un peu stimulante du fer et du gaz acide carbonique. On doit alors choisir celle des quatre eaux qui proportion nellement paraît la mieux adaptée à raison d'une moindre quantité de ces deux principes, suivant que cette contre-indication est plus ou moins marquée chez ces personnes. og (1) Car. Le Roy. Ouvrage cité, pag. 37. — M. Raulin, Traité analytique des eaux minérales, Paris, 1772, pag. 193, 134 etsuiv. (2) Jbid,, pag. 16. ( 121 ) En comparant nos eaux avec d’autres de même nalure, dont les vertus médicinales sont connues, nous trouvons que, hors une très-petite différence dans les principes et les proportions, elles sont sem- blables à celle de Medague, près de Clermont (à), à celle de Saint-Martin de Fénouilla (2), à celles de Vals, excepté la Dominique et la Camuse (3), et principalement à celle de Seltz et à celle de Saint- Myon (4). Or, toutes ces eaux possèdent les vertus attribuées ci-dessus à nos quatre eaux minérales (5). Leurs principes néanmoins étant, dans presque toutes, en un peu plus grande quantité que dans celles que j'ai analysées, elles doivent être plus acuves; mas celles de Seltz et de Saint-Myon, que M. Raulin regarde comme identiques en principes cten propriétés, sont presque entièrement con- formes à nos eaux, et la différence de la quantité de leurs principes relativement à celle de ceux con- ienus dans l'eau de Margeaix est insensible (6). (1) Raulin. Parallèle des eaux minérales d'Allemagne, section 7. (2) Carrère. Catalogue raisonné des ouvrages sur Les eaux minér. Paris, Cailleau , 1785, pag. 446. (3) Madier. Mémoire analyt. sur Les eaux de Vals. Privas, 1820. (4) Raulin. Ouvrage cité, section 2. — Venel, Æssais sur l’art d'imiter Les eaux minérales, par M. Duchanoy , Paris, 1780. (5) Voyez les auteurs cités ci-dessus, — Peyrilhe. Tableau méthodique d’un cours d'Histoire naturelle médicale, Paris, 1804. (6) Suivant M. Raulin, l’eau de Saint-Myon contient, par pinte, 48 grains de sous-carbonate de soude, 15 grains envirom d’hydrochlorate, soit à base alcaline, soit à base terreuse, et 2 grains environ d’oxide de fer; elle est impréguée de gaz acide carbonique. Ibid, ( m2 ) Ainsi, tout concourt à établir la réalité des pro- priélés que je leur ai attribuées. I suit de là que dans le cas où les eaux de Vals (1) seraient trop chargées en principes et où néanmoins la présence du fer et du gaz acide car- bonique serait nécessaire où même utile, il sera bien plus avantageux , si on est réduit à ne les prendre que transportées , de leur préférer nos eaux bues à la source; l'air pur qu'on respirera, et un exercice modéré auquel on pourra se livrer accroîtront l'efficacité des eaux. SARA UV VD MU AS US VU AR M AD MVL LA ME UE LUE VE MUR UV ML VE VE LUS LUE VE VAR ANALYSE Des eaux minérales de la Soucheyre. Par M. Joyeux. On est convenu de donner le nom d’eaux minérales à toutes celles qui contiennent des substances gazeuses, acides, sulfureuses, salines, terrenses où métalliques. Mais comme iln’estancune eau , même parmi les plus pures, qui ne se charge de certains principes avant d'arriver à la surface du sol, on ne doit comprendre sous ce nom que celles qui sont assez imprégnées de quelques-uns de ces principes pour proguire sur l'économie animale des effets sen- sibles et différens de ceux de l'eau commune. (1) On ne fait généralement usage des eaux de Vals au Puy et daps ses environs, que de la source appelée la AZarquise. ( 1290) Les premières connaissances que l’on ait eues sur les eaux minérales sont dues au besoin ou au hasard (1), et les seuls signes d'après lesquels on prononcait sur la nature de ces eaux se bornaïent à l'odeur , à la saveur et surtout à leurs effets sur le corps humain. Ce n’est que vers la fin du 16€ siécle qu’on a cherché à développer le peu de connaissances que Pline et quelques anciens nous ont laissé à cet égard (2). Depuis cette époque jusqu'à nos jours, de nom- breux travaux ont été entrepris dans le but de découvrir leur nature, afin d'apprécier les causes de leurs bons effets. Peu de sujets chimiques pour- raient se prévaloir d’avoir appelé autant d'efforts. A chaque nouvelle découverte que fait la science sur des matières pouvant intéresser l'étude de ces eaux, de nouvelles tentatives sont faites pour amé- liorer et étendre nos connaissances sur ce point. Les plus habiles chimistes ne dédaignent pas d’en- irer dans cette carrière d’explorations analytiques, et leur zèle philantropique se trouve excité surtout par le besoin de mettre le médecin en état d’appré- cier cette grande ressource de la thérapeutique. QG) Un chien de la meute de Charles IV, poursuivant un cerf, tomba dans une mare d’eau bouillante; 1l poussa des hurlemens qui attirèrent vers ce lieu tous les chasseurs, et les bains de Carlsbad furent découverts. (2) Pline, dans son Histoire naturelle, liv. 31° et ailleurs, parle des eaux acidules, sulfureuses, salées, nitreuses, alumi- neuses, martiales, bitumineuses, etc., sans indiquer les moyens de les reconnaître, (124) Le grand nombre d'eaux minérales qui existent dans le département de la Haute-Loire et l'ignorance presqu’absolue où l’on est encore des principes qui les composent a fait vivement désirer à la Société que quelques-uns de ses Membres s’en occupassent sérieusement, soit sous le rapport de leur analyse, soit sous celui de leurs propriétés médicales, soit enfin sous le point de vue géologique, pour remplir la lacune qui existe encore dans cette partie de la minéralogie de notre département. Depuis long-temps M. Ruelle et moi avions formé le projet de les analyser; nous avions même com- mencé de mettre ce projet à exécution, quand des circonstances imprévues nous ont faitsuspendre nos travaux. En attendant un temps plus opportun pour les reprendre, je viens aujourd’hui offrir à la Société mon faible tribut académique, par l'analyse d’une des eaux minérales de cet arrondissement. DESCRIPTION TOPOGRAPHIQUE DE LA SOURCE: Il existe près du hameau de la Soucheyre, canton de la Chaise-Dieu , plusieurs sources d'eaux miné- rales, paraissant avoir une origine commune , qui sourdent dans un terrain granitique, appartenant, par la simplicité de sa composition , à la forma- tion généralement reconnue comme la plus ancienne. Sur les trois principaux points où ces eaux se montrent avec le plus d’abondance, les proprié- aires ont construit des réservoirs qu'ils ferment x à clef, afin d’en üÜrer un certain tribut. Deux de ( #350) ces sources ont été abandonnées depuis quelqué temps; la troisième, qui paraît la plus considérable, se trouve placée entre les deux autres, au bord d'une prairie et au pied d’un coteau couronné par un bois de pin, ce qui rend sa position aussi pitto- resque qu'agréable. Le bassin qui la renferme est de forme ronde, surmonté d’une voûte en pierre brute, couverte de gazon; 1l a six pieds de dia- mètre intérieur sur autant de hauteur. On y entre avec peine par une porte qui n’a que trois pieds de haut sur deux de large. Le seuil de cette porte se trouvant À deux pieds au-dessus du niveau des eaux minérales, oblige les buveurs à descendre dans le bassin pour les puiser, ce qui n’est point sans danger , d’après lexpérience que j'en ai faite moi-même et que je rapporterai bientôt. L'eau contenue dans ce bassin a huit pouces de profon- deur. Sur toute sa surface , et principalement sur les bords, on observe un bouillonnement conti- nuel, occasionné par la grande quantité d’acide carbonique qui s’en dégage sous la forme de grosses bulles qui viennent crever à la surface (1). — (1) M. Berthier pense que ce bouillonnement est principalement dû à un courant de gaz acide carbonique qui est produit en même temps que l’eau minérale, et qui est trop abondant pour que celle-ci puisse l’absorber. Îl regarde même comme très-probable que l’eau n'arrive à la surface du sol que par l'effet de la com- pression qu’elle éprouve de la part du gaz acide carbonique dans. 1e laboratoire souterrain où elle se forme. (Voy. Annales de chimie et de physique, janvier 1822.), ( 126 } PROPRIÉTÉS PHYSIQUES: L'odeur de ces eaux est presque nulle; léux couleur est un peu louche et leur transparence imparfaite, ce que jattribue au mouvement per- manent qu'éprouvent ces eaux par le dégagement d’une partie d'acide carbonique qu’elles ne peuvent retenir sous la seule influence de la pression atmos- phérique; car j'ai observé que, par le repos, elles acquièrent une limpidité parfaite. Leur saveur est acidule et piquante; elles laissent dégager beaucoup de bulles lorsqu'on les agite. Leur température est de 14 degrés centigrades; celle de l'atmosphère était à 19 1/2. Leur pesanteur spécifique est à-peu-près celle de Feau distillée. PROPRIÉTÉS CHIMIQUES: Action des réactifs. L'action chimique du plus grand nombre des réactifs que j'ai essayés ayant été négative, je me dispenserai d'en donner la nomenclature et je me bornerai à indiquer ici ceux qui ont produit un effet sensible. La teinture de tournesol a été rougie, ainsi que l'infusion aqueuse de fleurs de mauves. L'acide sulfurique concentré, versé dans cette eau, a occasionné un dégagément considérable de bulles. Le nitrate d'argent et de mercure l'ont légère- ment troublée. (127) La dissolution de sous-acétate de plomb a pro- duit un précipité blanc abondant, ainsi que Feau de baryte et l’eau de chaux. D’après l’action de ces réactifs, j'ai conclu que cette eau contient en abondance de l’acide carbonique et des hydrochlo- rates et carbonates en petite quantité. Voulant m’assurer si l'acide carbonique qui s'en dégage n'était point mêlé à quelqu'autre substance gazeuze, je me disposais à en recueilir an moyen d'un flacon renversé sur la planchette de ma cuve pneumato-chimique, mais ce fut vainement que je tentai à plusieurs reprises de placer mon appareil, car toutes les fois que je me baissais pour opérer, j'éprouvais une si forte gêne dans la respiration que j'étais obligé de me relever bien vite pour ne pas être asphyxié. Forcé, à mon grand regret, de renoncer à mon entreprise, et éprouvant déjà quelques symp- tômes alarmans, tels qu’une forte douleur de tête, des tintemens d'oreille, le trouble de la vue, une grande gêne dans la respiration et des battemens de cœur violens, je me déterminai à sortir de cet antre qu'on peut comparer avec juste raison à la grotte du chien qui est près de Pouzzol dans le royaume de Naples , au puits de Pérols près de Mont- pellier, à celui de Neyrac dans le Vivarais, et au fameux Lac Averne, où Virgile a placé l'entrée des enfers. Pour remédier à l'inconvénient que je viens de signaler et qui tient à deux causes bien évidentes, l'autorité locale devrait obliger le propriétaire du | (128) bassin à faire prolonger par le bas, et jusqu’au niveau des eaux minérales, la porte qui existe; alors Fair atmosphérique, qui tend toujours à se mettre en équilibre avec les fluides ambians, empé- cherait l’accumulation et le séjour du gaz méphytique. Evaporation. Deux kilogrammes de ces eaux minérales ont été évaporées jusqu’à siccité dans un vase convenable et à une chaleur qui n’a jamais excédé 60 degrés. Les précautions Îles plus minutieuses ont été prises pour éviter qu'aucun corps étranger ne-se mélàt à cette eau. Peu de temps après son exposition à l'action du calorique, il s’est dégagé un grand nombre de bulles, sans que l’eau ait perdu sa limpidité. L’éva- poration terminée, j'ai obtenu un résidu gris-blanc qui, desséché complétement, a pesé un décigramme (2 grains). L’exiguité de ce résidu ne m'ayant pas permis de le soumettre à l’action de plusieurs dis- solvans, pour en séparer les principes constituans, je me suis contenté de le dissoudre dans une petite quantité d’eau distillée, et de le mettre en contact par fractions avec des réactifs appropriés. Ils m'ont démontré par leur action que ce résidu était com- posé d'hydrochlorate de magnésie, de carbonate de chaux et de magnésie. Quant à l'acide carbonique contenu dans ces eaux minérales, l'appréciation en a été faite de quatre manières différentes : la première, par l’eau de chaux; la seconde, par une dissolution de sous- ( 129) acétate de plomb; la troisième, avec l’eau de baryte; ét la quatrième, en recevant le produit gazeux de la distillation d'un kilogramme de cette eau dans une solution mélangée d'hydrochlorate de chaux et d’ammoniaque. Les sous-carbonates de chaux, de plomb et de baryte formés dans ces quatre expériences a: ant été recueillis desséchés et pesés avec som, m'ont donné pour résultats, d'après leur composition respective, le terme moyen pris pour base : acide carbonique , er poids, 1060 milligrammes (20 grains) ; en volume, 595 centimètres cubes (30 pouces) (1). D’après ce qui précède, il résulte qu'un kilo- gramme de l’eau minérale de la Soucheire contient les substances suivantes : Acide carbonique , en volume, 595 centimètres cubés (30 pouces); en poids, 1060 milligrammes (20 grains). Hydrochlorate de magnésie.......... | 1 Garbponate de Chaux. 2,67 eue. ue: 10,000. PR 1e THABNÉSIC.-. rtf stoiese De toutes les eaux minérales gazeuzes et acidules connues et analysées jusqu'à ce jour (du moins à ma connaissance), aucune ne peut être mise en paral- lèle avec celle-ci, sous le rapport de la quantité si minime des substances salines qu’elle tient en disso- lution, ce qui me prouve d'une manière évidente A ——————— © © — (2) Le pouce cube d’acide carbonique pèse 0,68985 grains, d'a près Les expériences du célèbre Lavoisier, 9 ( 130 ) que le trajet qu'elles parcourent dans l'intérieur de la terre n’est ni calcaire, ni volcanique (1); car dans ce cas, l'acide carbonique, qui est un des grands dissolvans de la nature, auraitindubitablement dissous et entraîné, à l’aide de cette eau, une plus grande quantité de substances terreuses et alkalines. Quant à leurs propriétés médicinales, elles ne doivent être basées que sur l'acide carbonique qu'elles contiennent : les substances salines étant en trop petite quantité dans ces eaux pour avoir une influence marquée sur Péconomie animale. AA AV A AA A UV VU VU VU VV VU VUS UV UV VU A VU NUL UV UV UV AS VV VU VUS NOTICE Lue à la Société, dans sa séance solennelle du 20 août 1827. Par M. Moussrer. Mssirurs, Tandis que le Musée, sous les auspices de la Société et par les soins et le zèle de M. le vicomte de Becdelièvre et de la Commission de minéralogie, (1) M. Brongniart admet qu’on n’a jamais rencontré cet acide dans les terrains de cristallisation ou primitifs, et que les eaux acidules sont toujours placées dans les terrains secondaires ou dans les terrains volcaniques. (Voy. Trait, él, de m.,t.1°".) (4185) voit augmenter chaque jour ses richesses en tableaux , antiquités et minéraux dont la collection surtout ne laisse rien à désirer, tant pour la beauté et le nombre des échantillons qui la composent, que par l’ordre et l'ensemble qui ont présidé à leur classement, la Commission de zoologie est confuse de sembler vouloir rester en arrière et de n'avoir à offrir qu'un petit nombre de sujets, tandis que notre département nous fournirait si amplement de quoi former une collection qui, bien que moins considérable que celle de minéralogie , n’en offrirait pas moins d'intérêt, puisqu'elle se composerait des espèces nombreuses d'animaux qui habitent nos contrées ou qui les traversent à différentes époques. J'avais eu lintention d’abord de joindre ici une nomenclature de zoologie départementale, dont je m'occupe depuis quelque temps; mais connaissant la difficulté, je dis même l'impossibilité de bien décrire en Histoire naturelle, comme dans toute autre science positive, ce qu'on n’a pas bien vu, j'ai pensé que, pour communiquer ce faible travail, 1l était convenable d'attendre que notre collection fûE plus nombreuse; aussi, me bornerai-je ici à donner une description rapide des sujets les plus curieux qui sont en notre possession, et à énumérer briè- vement aussi ceux que je crois faciles à se procurer, tels sont : le lynx ou loup-cervier, quadrupède de la famille des feles , qui n'habite que les hautes et longues chaines de montagnes, et qui, probable- ment chassé des Pyrénées à l'époque du cordon (1329 sanitaire, vint se faire tuer dans le canton de Saint- Julien-Chapteuil. Cet animal , bien différent de l'être fabuleux dont parlent les anciens et dont la vue a passé en proverbe, n’a de commun avec lui que la vivacité de ses yeux, qui, comme ceux de tous les feles, brillant vivement dans l’obscurité, ont pu être crus d’une nature différente des autres animaux, et faire penser que celui-ci avait la faculté de distin- guer à travers les corps opaques. Quoiqu'il en soit» sans chercher à faire ressorürle ridicule d’une pareille idée, totalement dénuée de fondement, on n’en doit pas moins considérer notre lynx comme une des pièces les plus précieuses de notre collection. La genette, de la famille des civettes, originaire des pays méridionaux et particulièrement d’Es- pagne, d’où lui est venu le nom de chat d'Espagne, sous lequel elle a été désignée par quelques natu- ralistes, s’est répandue depuis quelque temps dans notre département, où elle paraît même s'être mul- tipliée, car on en a tué plusieurs à différentes épo- ques et en divers endroits. Celle que nous possé- dons a été tuée, l’hiver dernier, dans les environs de Saugues, et achetée, pour le compte du Musée, par M. le Maire de cette ville. L’hermine du Nord, joli petit animal de la famille des belettes, avec lesquelles on le confond sou- vent; originaire des régions septentrionales, où il est si commun que sa fourrure, quoique très-petite, est une branche de commerce assez considérable. Naturalisé dans nos montagnes, il en habite les (029010) points les plus élevés et froids, quoique celui que nous possédons ait élé tué à Vals près le Puy. La loutre, le blaireau, le pulois, la fouine, étant plus multipliés, offrent quelques bénéfices aux chasseurs, qui en tuent un assez grand nombre chaque année. Les loups, les renards y sont très-communs, Les premiers y sont, en général, plus grands que dans d'autres pays. On y trouve encore plusieurs autres quadrupèdes beaucoup plus petits mais non moins curieux, tels que le loir, le lérot, le hérisson, lécureuil brun, la musaraigne, des souris, des taupes blanches, etc. Les oiseaux y sont beaucoup plus nombreux. Nous possédons l'aigle royal et presque toutes les familles des oiseaux de proie diurnes et nocturnes; celles des corbeaux, des pics, dont deux espèces, celle du petit pie varié et surtout celle du pic noir, sont rares et ne se trouvent que dans les hautes futaies et quelques vergers. Nous avons encore l'échelette où grimpereau de muraille, joli petit oiseau, aux ailes couleur de rose, que les auteurs disent ne se trouver qu'en Auvergne et dans les montagnes de la Suisse. Le printemps nous amène le loriot, qui habite nos vergers dans la belle saison ei nous quitte en aulomne, après avoir fait deux ou trois couvées. J'ai eu en ma possession un merle blanc, pris dans le canton du Monastier; mais, comme il était tombé en mauvaises mains, il a été très-mal (154) conservé et est maintenant tout-à-fait détérioré, de sorte que jusqu'à nouvel ordre il nous serait difhicile de convaincre, du moins ici, les incrédules qui ne croient pas à son existence. Comme il habite de préférence les lieux montagneux, nous conservons l'espérance de nous en procurer quel- qu'autre. | J'ai maintenant une caille qui, sans être complé- tement blanche, l’est tellement qu'elle n’a conservé que la forme de son espèce. Il nous sera facile d'avoir les nombreux oiseaux de passage dont nous voyons régulièrement les bandes multipliées tra- verser notre département au printemps et en au- tomne; c’est à l'approche de ces deux saisons que nous voyons arriver en foule les grues, les cigognes noire et blanche, les hérons, les cormorans, les plongeons, les moueites, les goëlands, les canards sauvages, les sarcelles , les morelles, les poules d’eau et même quelques cignes, les chevaliers, les vanneaux, les pluviers et une multitude d’autres qu'il serait trop long d'énumérer ici. En résumé, notre collection pourra se composer de 280 espèces d'oiseaux et 5o espèces de quadrupèdes, qui forme- ront un total de 660 individus, tant mâles que femelles. Nous y joindrons plus tard les familles moins nom- breuses des reptiles et des poissons, dont quelques- uns des premiers, déjà préparés, ne demandent qu’à être classés et formeront le noyau de la collection. Il nous sera possible, avec le temps, d’y ajouter (m5) } les familles considérables d'insectes, très-riches sur- tout en lépidoptères, et alors nous parviendrons, peut-être, à avoir une collection de zoologie dépar- tementale. Je dis peut-être, parce que je prévois d'avance les difficultés nombreuses qui viendront cntraver nos projets. Il n'est pas toujours aisé au naturaliste de se procurer les pièces dans un état convenable pour être conservées ; après les avoir tuées ou achetées, il faut encore procéder à une dissection minutieuse, d'autant plus pénible que la plupart des chasseurs prenant peu de soin du gibier qui tombe entre leurs mains, et le gardant quel- quefois trop long-temps avant de le faire vendre, il est presque toujours, dans Fun et l'autre cas, ou souillé par le sang sorti des blessures et quientache plus ou moins le plumage, ou dans un état de putréfaction telle qu'il est souvent impossible d'en opérer la dissection. Lorsque, dans les cas plus heureux, on peut se les procurer en bon état, il faut non-seylement les disséquer, leur donner la forme et la conve- nables, mais encore les mettre à l'abri des insectes, qui, si on n'y porte la plus grande attention, ne lar- dent pas à exercer des ravages tels qu'un été suffit souvent pour voir la plus belle collection détruite complétement, Il en est de même des collections d'insectes , d'autant plus difficiles à conserver que les individus qui les composent sont presque tous d’une organisation frêle et délicate. Malgré des obstacles aussi multipliés, nous espérons venir à bout de nos (236) projets, et offrir bientôt des preuves de notre zèle et de notre bonne volonté; trop heureux de placer notre collection à côté de celle de minéralogie, qu'elle aurait peut-être dû précéder au Musée, et dont elle est le complément nécessaire dans un établissement du genre de celui que nous avons commencé à organiser. Alors nous serons satisfaits d'avoir contribué à élever au milieu de nos mon- tagnes un monument destiné à propager les sciences et à étendre les connaissances humaines, d'autant plus précieux pour nous qu'il sera le fruit de nos soins et de nos travaux, VAR VUV VAR UV MAT UV MU UV AA UV AU VU A UV VUS AU AU UV UE VU MU VU UV MU VU VU UV AV NOMENCLATURE Des mammifères et des oiseaux observés dans le département de la Haute-Loire. | Fes "00 Par M. Félix ROBERT. (re) Ex nommant une Commission particulière pour chaque branche de FHistoire naturelle, la Société a eu pour but de faire aux Membres qui les compo- sent une obligation plus intime de coopérer de tous leurs moyens aux progrès de la science , objet spé- cial de leurs travaux. C'est ainsi que M. Arnaud, en publiant sa Flore ( 137) de La Haute-Loire, nous a fait connaître les espèces de plantes qui végètent sur notre sol, et nous en a facilité l'étude par Findication des localités où elles croissent. C'est ainsi que M. Bertrand a décrit les formations du bassin du Puy, la structure des terrains qu'il renferme, leur mode de superposition, le genre de fossiles qui s’y rencontrent, etc. M. Ruelle, réunissant aux indications fournies par l'ouvrage de M. Bertrand les résultats de ses propres recherches, a donné, dans les Annales de 1826, le Tableau des substances minérales du département. L'Histoire naturelle des animaux de notre pays est bien loin d'être aussi avancée; mais quel que soit l'attrait qu'excite celte étude, elle exige, il faut en convenir, tant de courses, tant de recherches, et surtout un si long temps, qu’on ne doit guères s'étonner si nous n'avons eu jusqu'ici pas même une ébauche sur le règne animal de la Haute-Loire. En attendant qu'il trouve à son tour un his- torien, qu'il me soit permis d'offrir à la Société le Tableau des mammifères et des oiseaux observés dans ce département. En suivant la classification de M. Cuvier, j'ai rapporté, en tout ou en partie, la phrase descrip- ve, soit du genre, soit de l'espèce. Mon but a été d'éviter ainsi au lecteur la peine de recourir, pour les caractères, aux grands ouvrages d'his- toire naturelle. Heureux si, en ouvrant la car- riére, je détermine quelqu'un de mes compatriotes ( 138 ) à compléter ce faible essai par un travail moins imparfait. MAMMIFÈRES. FAMILLE DES CARNASSIERS, Caractères : Trois sortes de dents : des molaires, des canines et des incisives; doigts munis d’ongles, point de pouces libres et opposables. LES CHEIROPTÈRES. Une membrane formée d’un repli de la peau s'étend du côté dn cou et du corps jusqu'aux extrémités de leurs quatre pieds ; quatre grandes canines; vie nocturne; trois espèces de chauve- souris qui sont communes. Ea Chauve-souris ordinaire. (fespertiliomurinus.) Grise, à orcilles nues, grandes comme la tête, à oreillon alongé et pointu. L'Oreillard. (7’esp. auritus. ) Petite, cendrée, à oreilles nues aussi grandes que le corps, oreillon comme la précédente. La Noctule. (7’esp. Noctula.) Brune, à oreilles triangulaires, courtes, à oreillon petit et arrondi, LES INSECTIVORES. Molaires hérissées de pointes coniques, point de membranes latérales; vie nocturne. Le Hérisson commun. (Ærinaceus europœus. Corps couvert de piquaus, museau pointu, queue presque nulle; six incisives; canines plus courtes; il habite nos bois, nos haies; Blanzac, Chambeyrac, Doue, LVEmblavès, le bas des bois de Peynastre, etc. La Musaraigne ordinaire. (Sorex mus araneus.) Poils au lieu de piquans, cendrée, queue carrée, six incisives ; canines plus courtes; on la trouve dans les prés, les jardins. ( 139 ) La Musaraigne d’eau. (Sorex fodiens.) Corps noirâtre, queue carrée, pieds bordés de poils roïdes ; on la trouve au bord des ruisseaux, des sources. La Taupe ordinaire. ( Talpa europæa.) Six incisives en haut et huit en bas, égales; canines plus longues; elle est commune dans les prés, les jardins. Le Blaireau commun. (Ursus Meles.) Les molaires forment une série non interrompue jusqu'aux cauines; il est gris en dessus, noirâtre en dessous; une bande noire sur les yeux ; une ouverture sous la queue; on le trouve dans les hois et les rochers de Sanssac, des £streix, de Chambeyrac, du Monastier, de Vergezac, etc. LES CARNIVORES. Dents complétement tranchantes, six incisives à chaque mà- hoire placées entre de grandes canines. où La Loutre commune. (Mustela Lutra.) Pieds palmés, tête aplatie en dessus, poil d’un brun uniforme; on la trouve au bord des rivières à Goudet, la Baume, Alleÿras, Brioude , etc. La Marte. (Mustela Martes.) Poils du corps bruns, tache de la gorge d’un blanc plus jaune que dans la fouine; elle habite de préférence les bois de hêtre. On la trouve dans ceux de Saint-Just, de la Chaise-Dieu, du Monastier où elle est rare. La Fouine. (Mustela Foina.) Caractères de la Marte; beaucoup plus commune. Le Putois. (Must. Putorius.) Brun, avec les flancs jaunätres et des taches blanches à la tête; plus commun que la fouine; il habite, comme elle, nos fermes, nos maisons, nos bois, etc. La Belette. (Mustela vulgaris.) Petite, longue, d’un roux uniforme; on la trouve dans nos champs, le long des murs, (rio) L’'Hermine. (Must. Erminea.) Blanche, le bout de la queue noir; rare; on en a trouvé à Vals, à la Chartreuse, à Saint-Germain. Le Chat sauvage. (Felis Catus.) Ongles retractiles, museau court et rond, langue hérissée de papilles, poil gris plus ou moins clair, avec des lignes noirâtres qui forment des espèces de spirales, lèvres noires ; on le trouve dans les bois et les rochers ; aux Æstreix, à Bornette, à Chaulet, au Monastier, etc. (Le chat domestique n’a pas de couleur fixe). Le Lynx (Felis Lynx.) Caractères du chat; poil gris à taches brunes, queue très-courte, pinceau de poils à l’extrémité des oreilles; c’est un habitant du nord que l’on rencontre rarement. Celui qui est au Musée a été tué à Saint-Julien-Chapteuit, à trois lieues du Puy. Le Chien. (Canis familiaris.) Mächoires plus longues que celles des chats, point d’ongles retractiles; les molaires plus nombreuses, les incisives latérales échancrées; les variétés les plus répandues dans le département sont le chien de berger, le chien loup, le braque, le chien-courant, Le basset, le barbet , l’épagneul, le mâtin, le dogue, les roquets, etc. Le Loup. (Canis Lupus.) Gris, queue et oreilles droites. Il est commun dans nos mon- tagnes, à Pradelles, aux Estables , dans les bois de Couran, de St.- Just, etc. Le Renard. (Canis Vulpes.) Roux, avec le bout de la queue noir ou blanc; il se trouve à Denise, à Sinzelle, à Viaye, à Doue, etc. La Genette. (f’iverra Genetta.) Peau d’un fauve brun, tacheté de noir, queue annelée; elle a, comme toutes les civettes, les ongles demi-rétractiles, la langue rude, quatre ou cinq molaires de chaque côté et un sillon odorant sous l’anus; elle nous vient du midi; on en a trouvé à S'augues, au Monastier. (rar) FAMILLE DES RONGEURS. Point de Canines, deux incisives disposées en avant et sépa- rées des molaires par un grand espace vide. Molaires tantôt à tubereules, tantôt à couronnes entièrement plates. Le Lièvre. (Lepus.) Incisives supérieures doubles, poil d’un gris roux, oreilles noires à la pointe, queue blanche en dessous; il est commun dans nos contrées; il produit presque tous les mois. Le Lapin. (ZLepus Cuniculus.) Plus petit que le lièvre, incisives de même, poil d’un gris-brun roussâtre sur le col; on ne le trouve à l’état sauvage qu'aux envi- rons de Brioude, Lempdes et Langeac. Le Cochon-d'Inde. (Cavia Cobaya.) Originaire d'Amérique ; on l’élève dans quelques maisons par curiosité, On dit que son odeur éloigne les rats, L'Écureuil commun. ($Sciurus vulgaris.) Tucisives infé:ieures comprimées par les côtés; d’un roux vif ; oreilles terminées par un pinceau de poils; il est commun dans nos bois. Le Campagnol. (Mus arvalis.) Molaires sillonnées sur leur couronne; il est grand comme une souris; gris-roussâtre, queue plus courte que le corps; il est commun dans nos champs. Le Rat d'eau. (Mus amphibius). Caractères de même, gris-noirâtre, queue longue comme le corps; il habite nos ruisseaux, les biez de nos moulins, où il est commun, Le Rat ordinaire (Mus Rattus.) Il a, comme toutes les autres espèces de rats, trois molaires en haut et en bas légèrement échancrées, les incisives inférieures pointues ; il est d’une couleur noirâtre et généralement connu, (142) Le Surmulot. (Mus decumanus,) De couleur roussâtre, plus grand que le rat; il est aussi commun. La Souris. (Mus Musculus.) Petite, grise, à queue longue : plus commune que le rat. Le Mulot. (Mus sylvaticus.) Grand comme la souris; couleur d’un roux brun, à queue longue; il se trouve dans nos boïs; il est très-nuisible aux semis. Le Lérot. (Mus quercinus.) Gris fauve, bande noire au travers des yeux, queue longue et touffue ; il est nuisible aux espaliers. Le Muscardin. (Mus avellanarius.) Grand comme la souris, d’un fauve vif : habite les boïs où il ‘vit de noisettes. FAMILLE DES PACHIDERMES. Mammifères dont les doigts ont toute l’extrémité qui touche à terre enveloppée d’un sabot de corne. Le Cochon. (Sus.) Canines qui sortent de la bouche pour leur servir de défense; incisives inférieures couchées en avant, celles d’en haut sont droites; nous ne connaissons que le cochon domestique et celui de Siam qui nous vient d’Asie. Le sanglier se trouvait autrefois dans les bois de Viaye, de la Chaise-Dieu et dans les forêts de la Margeride, FAMILLE DES RUMINANS. Deux sabots, quatre estomacs, point d’incisives supérieures ; ils ramènent les alimens dans la bouche après une première déglutition (1). 1 Les Chèvres. (Capræ.) Ont pour caractères des cornes comprimées et ridées en travers; EE CESR S ES (1) Le Cherreuil a disparu de nos forêts, (143) leur menton est garni d’une barbe pointue; nous ne possédons que l’espèce domestique. Les Brebis. (Oves.) Cornes anguieuses , ridées, se portant en arrière pour revenir en spirale; l'espèce domestique est très-répandue; quelques proprié- taires él'vent le mérinos. Le Bœuf. (Bos.) Taille courte et ramassée, membres robustes, peau du col pen- dante, cornes dirigées de côté et en bas, se relevant en demi- cercle ; l’espèce ordinaire est très-répandue, et l’élève qu’on en fait dans nos montagnes sert aux besoins de plusieurs départemens voisins. FAMILLE DES SOLIPÈDES. Un seul sabot, six incisives à chaque mâchoire, deux canines, molaires à couronnes plates. Les espèces connues sont le cheval, l’âne et le mulet. Ce dernier fait une des principales branches de notre commerce agricole. OISEAUX. FAMILLE DES OISEAUX DE PROIE. (Accipitres.) Bec crochu dont la pointe se recourbe en bas, pieds courts à ongles forts et crochus. Les Vaurours. (J’ultures.) Bec droit, crochu à son extrémité, tête dénuée de véritables plumes, col retractile, avec des plumes au bas formant un collier; ce sont des oiseaux diurnes. Le Vautour fauve. (Pultur fulvus.) Gris roussâtre, col reyêtu d’un duvet blanchâtre, pennes des (144) ailes et de la queue brunes; il passe rarement ; il en a été tué un sur le rocher de Polignac. Le Vautour brun. (fulf. cinereus.) Brun noirâtre, collier remontant vers l’occiput comme un capuchon. On en a tué un à Lamothe, près Brioude; il ayait des petits sur un rocher voisin. Les Faucons. (Falcones.) Bec crochu, garni à sa base d’une peau ou épiderme appelé cire, tête couverte de plumes. L’Aigle commun. (Falco fulvus.) Brun, le dessus de la tête et du col fauve clair, queue blanche; on le trouve dans nos montagnes. Le Balbusard. (Fal. haliætus.) La tête, le col et le dessous du corps blauchâtres, le dos, les ailes et une bande de chaque côté du col, brun foncé ; on le trouve au bord des étangs L’Autour ordinaire. (Fal. palumbarius.) Bec courbé dès sa base, brun noirâtre en dessus, en dessous blanc, rayé en travers de brun, le sourcil blanc, la cire brune ; ou le trouve sur les rochers qui bordent la Loire et l’ Allier. L'Épervier. (Fal, Nisus.) De même que l’autour, plus petit; il estcommun dans nos bois. L'Épervier des alouettes. (Fal. alaudarius.) Roux rayé de brun, ailes brunes, ainsi que la queue; il est commun dans nos bois. La Buse. (Fal. Buteo.) Brun foncé en dessus, blanchätre en dessous avec des taches transverses brunes, la poitrine brune ; habite près des fermes. La Sous-Buse. (Fal. pygargus.) Brune en dessus, tachetée de brun et de fauve en dessous, le croupion blanc; elle est aussi commune que la buse et fréquente les mêmes lieux. (145) Le Busard des marais. (Fal. æruginosus.) Brun, la tête et la poitrine jaunâtres : on le trouve aux marais de Limagne, de Landos, à Brioude, la Chaise-Dieu, Le Milan royal. (Fal. Milvus.) Bec alongé, mince, couleur fauve à tête blanchâtre, queue rousse et fourchue; on le trouve sur les côtes de l’ Allier, de la Loire , dans nos montagnes. Le Faucon. (Fal. communis.) La mandibule supérieure du bec a une forte dent de chaque côté ; cendré , en-dessous blanc avec des taches trausyerses brunes ; il habite les mêmes lieux que le milan. La Cresserelle. (Fal. Tinnunculus.) Rousse en dessus, avec des taches noires; blanche en dessous, avec de longues taches brunes : un la trouve communément dans les bois de Tulobre, de Viaye, de Doue, etc., etc. L'Emérillon (Fal, Æsalon.) Brun, varié de roux en dessus; blanc, avec taches brunes en dessous, cire et pieds jaunes : il est commun dans nos bois et nos montagnes, Le Hobereau. (Fal, dendro.) (1) Brun en dessus, une petite bande d’un blanc sale de chaque côté de la tête; blanc en dessous, avec des taches longitudinales brunes; le bas du ventre , le dessous de la queue, les jambes sont rousses : ou le trouve dans nos bois. Les CHOurTTES. (Sériges.) Bec crochu, sans cire à sa base; narines oblongues, couvertes de plumes étroites tournées en devant; tête grosse, yeux grands, oreilles très-ouvertes, pieds couverts de petites plumes : ce sont des oiseaux nocturnes. Le grand Duc. (Sfrix Bubo.) Roux, marqué de lignes longitudinales noires, traversées par {1) Cuvier l’appelle Fal. Subbuteo, 10 (146) d’autres plus petites : on le trouve dans les bois et les rochers du Monastier , à Saint-Quentin, à Poinsac, à Doue, etc. Le Hibou. (Sérix Otus.) Jaunâtre, varié en dessus de gris et de noir, les pennes poiu- tillées, aigrettes de six plumes noires et jaunes : il habite les mêmes lieux , les clochers, etc. Le petit Duc, (Sfrix Scops.) . Varié de gris, de brunet de noir ; pieds tachetésde noir; aigrette d’une seule plume : il est plus rare que le grand Duc et se trouve dans les mêmes lieux. La Hulotte. (Strix Aluco.) Dos brun tacheté de noir et de blanc, dessous blanchätre avec des lignes brunes en travers et en long, point d’aigrettes : elle habite les ruines, les clochers. Le Chat-huant. (S. stridula.) Roussâtre, rayé et pointillé de brun, iris bleuâtre ; on le trouve à Polignac, à Doue , à Poinsac, etc. L'Effraie. (Sfrix flammea.) Le bec blanchâtre; dos mêlé de cendré et de roussâtre, avec des taches noires, au milieu de chacune un point blanc; ventre jau- nâtre : elle habitre les ruines, les clochers, etc. La Chouette (Sfrix Ulula.) Le bec brun, couleur jaunâtre mêlée de brun et de blanc, par taches longues : elle est plus commune que l’Effraie et habite les mêmes lieux. La Chevèche. (Sfrix passerina.) Taille d’un Merle; brune à grandes taches blanchâtres arron- dies sur la poitrine et les ailes : elle est plus rare que les autres espèces. (147) FAMILLE DES PASSEREAUX. (Passeres.) Bec en forme de cône terminé en pointe , fait en forme de cou- teau dans les Corbeaux; pieds grèles, à doigts divisés : la plupart des oiseaux de cette famille ont le chant plus ou moins mélodieux, Les Pres-criÈcHEs. (Lanii.) Bec dont la mandibule supérieure est crochue au bout et armée d’une petite dent. La Pie-grièche grise. (Lanius Excubitor.) Cendrée-bleuâtre en dessus, blanche en dessous, une raïe noire par Pœil : elle est commune aux environs du Puy, de Brioude, etc. L’Écorcheur. (Lanius Collurio.) Cendré sur la tète et le cou, fauve sur le dos, ailes noires et fauves, ainsi que la queue, blanchätre eu dessous : il est commun dans nos environs, sur [es grands arbres, dans nos vergers. La Pie-grièche rousse. (Lanius rufus.) Marron sur la tête et le cou; le haut du dos est noirâtre, le bas est cendré ; le dessous est d’un blanc mêlé d’une teinte de rous- sätré : on la trouve dans les mêmes lieux que les précédentes. Les MErLESs. (Turdi.) Bec comprimé, légèrement arqué, petite échancrure vers la pointe de la mandibule supérieure. La Grive ordinaire (Turdus MUSICUS« ) Brune en dessus, des taches jaunes sur l’a’le, jaunâtre en des- sous avec des taches rondes et noires : elle habite nos bois, nos haies, nos vignes. Le Mauvis. (Turdus iliacus) Brun en dessus, blanchâtre en dessous; une ligne blanche sur l’œil et une en dessous; le dessus de l’aile roux : il se trouve dans les mêmes lieux. La Drenne. (Turdus viscivorus.) Brune en dessus; blanchâtre, tachetée de noïr en dessous : elle est commune sur les grands arbres, dans les bois, et vient par bandes, au mois de février , véroter dans les prés. (148) La Grive blanche. ( Turdus candidus.) Brun clair en dessus; d’un blanc jaunâtre en dessous, avec des taches brunes claires : elle habite les mêmes lieux que la Drenne. La Litorne. ( Turdus pilaris.) Dos d’un brun roussâtre, tête et queue cendrées ; gorge blanche, poitrine variée de taches noirâtres, le ventre blanc: elle se trouve dans nos bois. Le Merle ordinaire. (Turdus Merula.) Noir uniforme, le bec jaune doré; la femelle est brun foncé, le bec brun : il est commun le long des haies, dans nosboiïs. Le Merle à plastron. (Turdus forquatus.) Noir rayé de blanc, plastron blanc sous le cou : on le rencontre, en automne, au-dessus des vignes de Blanzac, de Binlhac, de Baubas; il est commun dans nos montagnes. Le Merle de montagne. ( Turdus montanus.) Brun noirâtre, varié de gris en dessus; en dessous plus clair, avec des taches roussâtres sur la poitrine : on le trouve aux £sta- bles, à Saint-Julien-Chapteuil, à la Chaise-Dieu, etc. Le Merle de roche. (Turdus saxatilis.) Le cou et la tête d’un beau cendré, le dos d’un brun taché de blanc, le dessous ainsi que la queue orangés avec des mouchetures blanches et brunes : c’est le Rossignol de nus rochers, où il se trouve pendant la belle saison. La Religieuse ou le Merle d’eau. ( Turdus cinclus.) D'un noir fauve, un collier blanc : elle est commune le long de nos rivières. Les CORBEAUX. (Corvi.) Bec droit, fort, comprimé par les côtés; mandibule supérieure » , e légèrement convexe, narines recouvertes par des plumes roides. Le Corbeau. ( Corvus Corax.) Noir uniforme : commun. (149 ) La Corneille. (Corvus Corone. ) Noir; plus petite que le Corbeau : les diverses espèces de Cor- neilles se trouvent dans nos contrées; on les rencontre par bandes nombreuses en hiver. Le Fréux. ( Corvus frugilegus.) Différe de la Corneille par la base du bec, qui est chauve, La Corneille à mantelet. (Corvus Cornix. D'un cendré clair; à tête, aïles et queue noires, La Pie (Corvus Pica.) Noir avec reflets bleus et rouges sur les ailes et la queue; une tache blanche sur Paile, le ventre blanc, la queue longue et pointue : on la trouve dans les lieux boisés, sur les grands arbres, Le Geai. (Corvus glandarius.) Gris roussätre, les pennes noires, taché de bleu et de noir sur Paile : il est commun dans nos bois. Le Choucas. (Corvus Monedula.) Brun noirâtre, une calotte noire sur la tête : il niche dans les elocherse. Le Loriot d'Europe. ( Oriolus Galbula.) Bec conique, pointe très-acérée, à base arrondie, d’un beau jaune, à ailes et queue noires, un trait noir sur l’œil; la femelle est olivälic : vu le trouve 5 dans la belle saison, à Vals, à Cha- drac, dans l’Emblavès , dansles vignes de Brioude, de Lempdes, etc. L'Étourneau d'Europe. (Sfurnus vulgaris.) Bec comme le Loriot, aplati horizontalement à sa base; d'un noir brillant parsemé de taches blanches : on le trouve en automne, par bandes nombreuses, dans nos prés, dans nos champs, etc. Les Gros-BEcs. (£oxiæ.) Bec conique, court, gros à la base et comme renflé. Le Bec-croisé. (Loxia curvirostra.) Mandibules arquées ; leurs pointes se croisent : on le trouve dans lEmblavès, à Roche- Arnaud et à Ceyssaguet, ete, ( 150 ) Le Gros-bec. (ZLoxia coccothraustes.) Téte jaunâtre, dos brun, dessous gris roussätre, tache noire sur. l’œil et sous le bec : on le trouve à Roche, à Saint-Pierre- ÆEynac, à Ceyssaguet, elc. Le Verdier. (Zoxia Chloris.) Dos verdâtre; joue, gorge, poitrine, ventre jaunâtres; le bord de l’aile, de la queue, jaune pur : on le trouve dans les bosquets et les saussaies, à V’als, à la Chartreuse, à Langeac,à Brioude, etc. Le Bouvreuil commun, (Loxia Pyrrhula.) Le dos cendré, le croupion blanc, les ailes et la queue noires; le dessous d’un beau rouge dans le mâle; gris roussâtre dans la femelle : on le trouve à Saint-Pierre-Eynac, dans l’Amblavès, à Ceyssaguet, etc, Les. Moinraux. (Fringillæ.) Bec conique, court, non renflé à sa base. Le Moineau commun. (Fringilla domestica.) Brun varié de noir et de fauve en dessus, grisâtre en dessous; uue ligne blanche sur l'aile : il est commun partout. Le Friquet. (Fringilla montana.) 11 diffère du Moineau en ce qu’il a deux lignes blænches sur J’aile : il est commun dans nos saussaies. Le Pinson (Fringilla cælebs.) Brun en dessus, ailes et queue noires, deux bandes blanches sur l’aile , gris roussâtre en dessous; le mâle a du bleu sur les côtés du cou : il est commun dans nos vergers. * Le Pinson d’Ardennes, (Fr. Montifringtlla.) Noirâtre en dessous; les pennes noires, bordées de blanchütre; a gorge, la poitrine fauve vif; deux bandes blanches sur l’aile : on le trouve dans nos montagnes ; il se rapproche des villes en hiver, La Linotte. (Fringilla cannabina.) Brun fauve en dessus, blanchâtre en dessous; tête grise, l’aile LÉ 455) noire avec une ligne blanche; le mâle a la poitrine et le sommet de la tête d’un rouge pur et vif : il est commun le long des murs à Vals, dans l’ Amblavès , à Saint-Paulien, etc. Le Serin. ( Fringilla canaria.) Originaire des Canaries : on l’élève dans beaucoup de maisons. Le Chardonneret. (Fringilla Carduelis.) Bec aiguisé en pointe; brun en dessus, blanchätre en dessous ; une tache d’un beau jaune sur l'aile; le tour du bec rouge : il est commun dans nos vergers, dans nos jardins. Le Tarin, (Fringilla spinus.) Olivâtre en dessus, jaunâtre en dessous; les ailes et la queue noires, variées de jaune : il habite les bois de sapins. Les Bruans. (Ærmberizæ.) Bec conique, pointu, la mandibule supérieure plus étroite que l’inférieure, et la ligne qui les sépare, courbe, Le Bruant. ( Emberiza Citrinella.) Fauve; tacheté de brun en dessus, d’un beau jaune en dessous; la tête variée de jaune, le bord de l’aile et de la queue jaunes : on le trouve sur les buissons , aux environs du Puy, de Langeac, de Brioude, etc. Le Proyer. (Emberiza Miliaria.) RoussAtre eu dessus, Lacheté de brun, grisâtre en dessous; les pennes bordées de gris : on le trouve au bord des prés à V'als, à la Chartreuse , à Brioude , etc. L'Ortolan. (Emberiza Hortulana.) Châtain tacheté de brun en dessus, gris roussâtre en dessous ; la tête et le cou olivâtres : on le trouve, en automne, à Guittard, à Ceyssaguet, dans l’Emblavès. Les MéÉsances. ( Pari.) Bec grèle en forme d’alène, excessivement court dans quelques 5 , q { espèces : on les trouve dans nos vergers, dans nos bosquets, aux environs du Puy, de Langeac, de Brioude, ( 352 ) La Charbonnière, (Parus major.) Dos olive, ventre jaane, ailes et queue cendrées; tête noire ayec une tache blanche sur la joue. La petite Charbonnière. ( Parus minor.) Les caractères de même; beaucoup plus petite. La Mésange à tête bleue. (Parus cæruleus.) Dos olive, ventre jaune, ailes et queue cendrées, sommet de la tête bleu céleste, les côtés violets, une tache blanche sur la joue. La Mésange des marais. (Parus palustris.) Dos cendré, ventre blanchâtre , ailes et queue noires, ainsi que la tête, avec une tache blanche sur la joue. La Mésange à longue queue. ( Parus caudatus.) Très-petite, dos roussâtre, ventre blane, tête blanche, sourcils noirs, queue plus longue que tout le corps. La Mésange huppée. (Parus cristatus.) Gris roussâtre eu dessus; plumes de la tête noires, bordées de blanchâtre , qui forment une huppe. La Mésange cendrée. ( Parus cinereus.) D'un cendré roussätre en dessus, gorge blanche; en dessous d’un blanc roussâtre. La Moustache. (Parus barbutus.) D'un roux en dessus; le dessus de la téte cendré clair, de cha- que côté une tache noire; les plumes d’en bas très-longues ; gorge blanche, en dessous d'un gris-blanc, Les ALOUETTES. ( {laudeæ.) Bec plus alongé que les précédens; ongle du doigt de derrière, droit et extrêmement alongé. L’Alouette des champs. ( Ælauda arvensis.) Gris fauve-clair, tacheté debrun, queue noirâtre ; les deux pennes externes blanches en dehors. ( 1553) L’Alouette pipi. (.Ælauda‘trivialis.) Dos brun olivâtre, poitrine grise; sur l’aile , deux bandes trans- verses blanchâtres : on la trouve dans les champs semés de pois, les prés, etc. ; elle se perche sur les arbres. La Farlouse. ( {lauda pratensis.) Olivâtre, variée de noirâtre en dessus, la poitrine jaunâtre, le sourcil blanchâtre : elle estcommune dans nos prés, où elle niche. Le Cochevis. (Ælauda cristata.) Gris-brun en dessus, blanchâtre en dessous, une huppe sur la tète : elle est commune sur nos routes, au bord des bois, etc. Les BEcs-FiNs. (Motacillæ.) Bec en forme d’alène, grèle et faible; l’ongle postérieur n’est pas plus alongé qu'à l'ordinaire : an les trouve dans les bosquets, dans les prairies, les buissons qui sont autour du Puy, de Langeac, de Brioude, Espèces qui ne se trouvent que dans La belle saison. P q Le Rouge-sorge. (Motacilla Rubecula.) En dessus brun, la gorge et la poitrine d’un roux vif. La Gorge-bleue. (Mofacilla suecica.) Gris bruñ on devouo, gorge et puitrine d’un bleu azuré. Le Tarier. (Motacilla Rubicola.) Varié en dessus de noirâtre et de roussâtre; queue rousse, tachée vers le bout de noiïrâtre; une bande blanche de chaque côté de la tête, joue noirâtre, gorge blanche, en dessous roussâtre. Le Fournier. (Motacilla Phænicurus.) Gris-brun , poitrine rousse , gorge noire, croupion et queue roux ? on le trouve sur les vieux murs. Le Traquet. (Mofacilla Rubetra.) Noirâtre, poitrine rousse, le croupion blanc, une tache sur l'aile et une du côté du cou blane. (154) Le Motteux ou Cul-blanc. (Motacilla Œnanthe.) Gris-brun clairen dessus, poitrine roussâtre , ventre et croupiow blancs, ailes noires : il se trouve le long des murs. | Le Rossignol. Mofacilla Luscinia. Brun roussâtre en dessus, blanchâtre en dessous, les genouillères grises. Le Bec-figue. (Motacilla Ficedula.) Brunâtre en dessus, gris jaunâtre en dessous, ailes ef queue noirâtres, un ruban blanchätre sur l'aile. La Fauvette. (Motacilla Hippolais.) Brun foncé uniforme en dessus, gris roussätre en dessous. La Fauvette à tête noire. (Mot. atricapilla.) Cendré-brun en dessus, blanrhâtre en dessous. La petite Fanvette. (Mot. minor.) Gris en dessus; en dessous gris blanc mélé d’une teinte de roussàtre. La Roussette. (Mot. sylvestris.) Le dessus varié de brun et de roux, roussâtre en dessous. Espèces que l’on rencontre toute l’année. La Fauvette d'hiver. ( Mot. modularis.) Fauve tacheté de brun en dessus, les côtés du cou, la gorge et la poitrine d’an cendré bleuâtre. Le Roitelet. (Motacilla Regulus.) Verdâtre en dessus, jaunâtre en dessous, sur la tête une huppe d’un jaune mélé de noir; c’est le plus petit de nos oiseaux. Le Troglodyte. (Motacilla Troglodytes.) Un peu plus grand que le roitelet, d’un brun roux, sans huppe. La Lavandière. (Motacilla alba.) Le dos cendré, la tête et le ventre blancs, la tête et l’occiput uoirs, les ailes et la queue noires bordées de blanc; elle a la Ca55) queue longue sans cesse en mouvement; on la trouve le long des rivières, dans les près. La Bergeronnette. (Mofacilla flava.) Verdâtre en dessus, jaune en dessous, ailes et queue noires bordées de jaune ; elle habite les mêmes lieux que la Layandière et a la queue de même. Les HiRoNDELLES. ( Hirundines.) Bec très-court, aplati horizontalement et fendu très-avant, la tête plate, presque point de cou, pieds très-courts, les ailes si longues qu’elles dépassent de beaucoup la queue, qui est ordinai- rement fourchue, L'Hirondelle de cheminée. ( Hirundo urbica.) D'un noir brillant, avco des reflets verts et violets; le front et la gorge d’un roux brun, le dessous blanchâtre. L'Hirondelle de fenêtre. (Hirundo rustica.) D'un noir brillant, avec des reflets bleus; le dessous blanc, ainsi que le croupion , pieds velus. L'Hirondelle de rivage. (Hirundo riparia.) D'une couleur cendrée , la gorge et le ventre blancs; elle niche dans les trous de rochers, sur le bord des rivières. Le Mautinel noir. (Æirundo Apus.) Tout noir avec un peu de blanchâtre sous la gorge; il niche sous nos toits comme les autres espèces. * L'Engoulevent. (Caprimulgus europœæus.) Bec plus fendu que les hirondelles, base garnie de barbes, ongle du doigt du milieu dentelé d’un côté; il ne vole que la nuit; on le trouve à Doue , à la Rochelambert , à Poinsac, dans l’'Emblavés, ete, etc. LES GRIMPEREAUX. (Certhiæ.) Bec long et arqué dans toute sa longueur, langue longue et aiguë; ils grimpent comme les pics. ( 56‘) Le Grimpereau commun. (Certhia familiaris.) Un peu plus grand que le Roitelet, gris moucheté de brun et blanc, queuetrès-roide, rousse, il est commun dans nos saussaies, Le Grimpereau de muraille. (Certhia muraria.) Cendré bleuâtre, le haut de l’aile et une partie des pennes d’un rose yif: on le trouve surles rochers de Denise, de Corneille, etc. La Huppe. (Upupa Epops.) Bec comme les Grimpereaux, langue très-courte et obtuse, une belle huppe sur la tête formée de longues plumes rousses ter- minées de noir, plumage roux; ailes noires, avec des bandes trans- versales blanches; on la trouve à Vals, à Polignac, dans l'Em- blavès , etc. Le Guépiér ordinaire. (Merops Apiaster.)} Béc alongé et arqué, deux doigts externes unis jusqu’à l’ongle, plumage d’un beau bleu d’aigue-marine sur le dessous du corps, le front, là queue et une partie de Paile; roux sur le dos, gorge d’un beau jaune encadré de noir : il vient en été sur les bords de l’Allier. Le Martin-pécheur d'Europe. (Alcedo Ispida.) Bec droit et pointu comprimé par lescôtés, deux doigts externes réunis jusqu’à l’ongle, le déssus du corps d’un bleu mêlé de vert, le dessous d’un roux vif, gorge blanchâtre : il est commun le long de nos rivières. FAMILLE DES GRIMPEURS. (Scansores.) Les Pics. (Pici.) Bec très-long, droit, pointu, comprimé à la pointe; langue très-longue armée de petites pointes recourbées en arrière; queue composée de pennes très-roides en forme d’arc-boutant, ce qui les aide à grimper. Le Pic noir. { Picus martius.) Grand comme une corneille, tout noir, une tache d’un beau rouge à l’occiput : on le trouye dans les bois de Ceyssaguet qui regardent la Loire. (157) Le Pic vert. (Picus viridis.) Vert en dessus, jaunâtre en dessous, le dessus de la tête d’un beau rouge: il est commun dans nos bois. L'Epeiche ou le Pic varié. (Picus major.) Corps varié de noir et de blanc, le dessous de la queve d’un beau rouge : il est commun dans nos bois, sur les grands arbres. Le petit Epeiche. (Picus minor.) Corps varié de blanc et de noir, le dessous d’un blanc sale, du rouge à la tête du mâle : on le trouve sur les grands arbres, Le Torcol. (Jynx.) Bec court, langue conformée comme celle des Pics, queue longue et carrée; il est cendré, varié de petites taches grises, noires et brunes : on le trouve, daus la belle saison, aux environs du Puy, de Prroude . etc. Le Coucou ordinaire. (Cuculus canorus.) Bec arrondi à sa base, peu arqué, pointu, la langue lengue et pointue ; il est gris brun sur le dos, rayé de brun et de blanc sur le ventre , queue noirâtre avec des points blancs; les coins du bec, les yeux, les pieds jaunes: il se trouye dans nos bois. FAMILLE DES GALLINACÉS. (Gallinæ.)} Ils ont des rapports avec le coq domestique; le bec est convexe, les bords de la mandibule supérieure, qui est voûtée, sont saillans sur la mandibule inférieure; les narines sont à moitié recouvertes par une membrane cartilagineuse ; les pieds sont courts, les doigts dentelés sur leurs bords et réunis à leur base par de courtes membranes. Les Piceons. (Columbæ.) Bec grêle renflé par le bout, narines recouvertes à demi d’une écaille charnue, gonflée; doigts séparés jusqu'à leur origine par une très-courte membrane. Le Biset. (Columba ænas.) D'un bleu d’ardoise, le cou changeant; c’est la souche de nos différentes races domestiques, ( x58 ) Le Ramier. (Columba Palumbus.) Gris-brun en dessus, poitrine roussâtre, des taches blanches -aux côtés du cou : on le rencontre, en automne , dans nos bois. La Tourtereile. (Columba Turtur.) Grise en dessus, poitrine reugeâtre, une tache rayée de blanc et de noir de chaque côté du cou : on la trouve sur les grands arbres, dans les bois, à Jandriac , à Vals, aux environs de Brioude. Les TETRAS. ( Tefraones. ) Tache nue au dessus de l’œil, dont la peau est grenue et ordi- nairement d’un beau rouge; tarses nus dans les perdrix, dans les cailles. La Perdrix grise. ( Tetrao Perdix.) Dos gris brun, ventre cendré, flancs lauhetés de roux, tête fauve, fer à cheval couleur marron sur la poitrine du mâle: elle est commune dans nos champs; il y a une variété appelée voya- geuse que, l’on rencontre quelquefois en automne par compagnies nombreuses. La Perdrix rouge. ( Tetrao rufus.) Dos brun, flancs cendrés tachetés de roux , gorge blanche entourée de noir : on la trouve à Doue, à Saint-Quentin, à Wolilhac, Chanceaux, dans les gorges de l’ Allier, etc. La Bartavelle. ( Zetrao græcus.) Plus grosse que la perdrix rouge, mème caractère: on la trouve plus particulièrement sur les côtes de l’ Allier. La Caille. (Tefrao Coturnix.) Brune en dessus, variée de fauve, roussâtre en dessous, tachetée de brun sur la poitrine, un pinceau jaunâtre sur chacune des plumes du dos et des flancs : elle nous arrive dans les derniers jours d’avril et nous quitte vers la fin de septembre, Le Coq. (Gallus.) Originaire des Indes : il y en a une iufinité d’espèces que l’on élève dans nos basse-cours, ( 199 ) Le Paon ordinaire. ( Pavo cristatus.) Originaire des Indes: on l’élève dans quelques maisons. L'Outarde. (Otis Tarda.) Un des grands oiseaux d'Europe; dos d’un fauve vif traversé de petites traces noires, grisätre sur tout le reste : oiseau de pas- sage que l’on rencontre en hiver dans les plaines, dans l'£m- blavès , à Saint-Germain, à Brioude, Le Dindon. (Weleagris Gallopavo.) Originaire d'Amérique: on l’élève dans beaucoup de fermes. FAMILLE DES ÉCHASSIERS. (Grallæ.) Bas de leurs jambes nus, tarses allongés, ce qui leur permet d'entrer dans l’eau à une certaine profoudeur sans se mouiller les plumes; leur doigt extérieur est généralement uni par sa base à celui du milieu; bec en forme de sonde, Le Flamant. ( Phænicopterus.) Pieds extrèmement longs dont les doigts antérieurs sont entière- ment palmés; cou grêle aussi long que les pieds; mandibule infé- rieure du bec ovale ployée en forme de canal, la supérieure est courbée en travers pour couvrir l’autre; le plumage est blan- châtre, les ailes d'un rouge rose vif. Cet oiseau ne peut guères être considéré comme étant de pas- sage dans ce pays; mais on en fait mention parce qu’il y est quelquefois poussé par les vents, Les HÉRONS. (4rdeæ.) Bec long, droit, pointu, fort, comprimé, tranchant; narines en forme de lignes longues et étroites; les jambes hautes; le Héron a l’ongle du doigt dentelé, il ne l’est point dans les Cigognes, les Grues; ce sont des oïseaux de passage que l’on rencontre, principalement en hiver, sur le bord de nas rivières, dans nos plaines, etc. ( 160 ) Le Héron commun. (4rdea cinerea.) D'un cendré bleuâtre, pennes des aïles noires, sur la tête une aigrette de même couleur. Le Butor. (Ardea stellaris.) Presque de la taille du Héron; il est jaune tacheté de noir: on le trouve, en été, sur le bord de l'Allier. Le Bihoreau. {A4rdea Nycticorax.) Un peu plus court, taille moins élancée que dans les précédens; plumage d’un gris brun en dessus, blanchâtre en dessous, trois longues plumes implantées dans le derrière de la tête : il fré- quente les bords de l’ Allier. La Cigogne blanche. ( 4rdea alba.) Blanche, pennes des ailes noires, bec et pieds rouges; c’est un de nos grands oiseaux. La Cigogne brune. ( 4rdea fusca.) En dessus d’un brun changeant en violet et en vert doré, de même que la partie supérieure de la tête; la gorge et le cou bruns avec des taches blanchâtres; en dessous blanche : elle passe rarement. La Grue. (Ardea Grus.) Cendrée, gorge noire, le sommet de la tête nu, de grandes plumes frisées sur le croupion ; c’est un de nos plus grands oiseaux. M. de Saint-Germain fils en a tué une qui a rejeté, en tombant, une vingtaine de petits poissons vivans. L'Avocette. (Recurvirostra Avocetta.) Pieds palmés, bec long, grêle, sa pointe est dirigée vers le ciel; plumage blanc varié de noir: on la rencontre au bord de nos étangs, dans nos marais. Les PLuviers. (Charadrii.) Bec droit, renflé par Le bout, point de pouces, trois doigts antérieurs: ce sont des oiseaux de passage. C'r60) Le Pluvier doré. (Charadrius Pluvialis.) Noirâtre pointillé de jaunâtre, poitrine jannâtre tachetée dé noir, ventre blanc: on les rencontre en automne par bandes nom- breuses aux environs du lac du Bouchet, à Vernassal, à Allègre, à Saint-Germain, etc. Le Pluvier à collier. (Charadrius alexandrinus.) Blanc, dos gris, la poitrine et quelques lignes noires sur la tête: on le trouve dans les mêmes lieux que Île Pluvier doré. Le grand Pluvier. (Charadrius Œdicnemus.) Grisätre avec des lignes noires : il se trouve sur le bord de l'Allier, les étangs de Paulhaguet, ceux de la Chaise-Dieu, les marais de Limagne, de Landos. L'Echasse. (Charadrius Himantopus.) Bec courbé en dessous, pieds excessivement longs et gréles ; blanc, ailes ct occiput noirs, pieds rouges : on la trouve dans les mêmes lieux que la précédente espèce, Les VANNEAUX. ( Tringcæ.) Pouce très-court pour appuyer à terre. Le Vanneau ordinaire.( 7ringa V’anellus.) Aigrettes de plumes longues et étroites derrière la tête, plu- mage d'un beau noir changeant en vert et en violet; le ventre, le croupion et les côtés du cou blancs ; il va en troupe commelc Pluvier et se tronve dans les mêmes lieux, à la même époque. Le Combattant. (Tringa pugnax.) Gris tacheté de brun : c’est un oïseau du Nord que l’on ren- contre rarement. Le Bécasseau. (Tringa Glareola.) D'un brun noirâtre pointillé de blanc sur le dos, blanc tacheté de noïrâtre en dessous; le croupion blanc, la queue rayée de blanc et de noir : il est commun le long de nos rivières, de nos ruisseaux, etc, LE ( :62 ) Les Bécasses. (Scolopaces.) Pouce assez long pour l’appuyer à terre. La Bécasse. (Scolopax rusticola.) Variée en dessus de roux et de noir; ventre blanc rayé de brun ; quatre bandes transverses noires derrière la tête; elle passe du 15 octobre au 15 novembre, et repasse au mois de mars : on la trouve en abondance dans les bois qui sont aux environs de WS'augues, dans les bois de Seneujols, à Talobre, à la Chaise- Dieu, etc. La Bécassine. (Scolopax Gallinago.) De moitié plus petite que la Bécasse, bec plus long, dos varié de noir, de fauve, de brun; quatre bandes longitudinales ; elle habite nos prairies aqueuses , nos marais : elle est commune dans les marais de Limagne, de Landos, dans les prairies de Saint- Geneix. La petite Bécassine. (Scolopax Gallinula.) Plus petite que la Bécassine : on la trouve dans les mêmes lieux. Le Chevalier aux pieds rouges. (Scolopax Totanus.) Bec un peu plus courtet les pieds plushauts que les précédens; d’un rouge vif, brun en dessus; en dessous d’un blanc tacheté de noir : on le trouve dans nos marais, sur le bord des étangs, de l’Allier et de la Loire, à Paulhaguet, à la Chaise-Dieu, etc. Le Chevalier cendré. Scolopax cinerea.) Dos grisätre, le cou, la tête, la queue d’un blanc moucheté de noir; le dessous blanc : il fréquente les mêmes lieux. Le Courlis ordinaire. (Scolopax Arquata.) Beaucoup plus grand qu’une Bécasse; brun clair avec des taches foncées : il fréquente les mêmes lieux que les Chevaliers. Le Courlieu. (Scolopax Phæopus.) Beaucoup plus petit : il habite les mêmes lieux. La Maubèche. (Scolopax Calidris.) En dessus d’un brun noirâtre bordé de marron clair, en dessous marron clair. ( 165 ) La Maubèche tachetée. (Scolopax nœvia.) En dessus d’un cendré brun varié de très-petites taches noires, le dessous d’un brun roussâtre varié de taches brunes : on les ren- contre dans les mêmes lieux que les précédens. Les Rares. (Ralli.) Bec comprimé, pointu, des narines longues et étroites, corps aplati sur les côtés, queue très-courte, doigts antérieurs longs, lisses, sans membranes: on les rencontre, dans la belle saison et surtout en automne, dans les marais de Limagne, de Landos , dans les genêts et dans les prairies qui sont autour du Puy, de Brioude, etc. Le Räle de genêt, vulgairement roi des Cailles. (Rallus Crex.) En dessus brun clair tacheté de noirâtre, en dessous gris clair, l'aile rousse. Le Râle d'eau. (Rallus aquaticus.) En dessus brun tacheté de noir, en dessous cendré bleuätre, les flancs rayés de noir et de blanc, le bec rouge. Le petit Râle d’eau. (Rallus minimus.) Le plus petit de tous les Râles. La Marouette. ( Rallus Porzana.) Brun elair pointillé de blanc par les flancs rayés de noir et ds blanc, le bec et les pieds verdätres, Les PouLes D'Eau. (Fulice.) Plaque nue placée sur le front à la base du bec, ce qui les distingue des Râles; bec plus court, doigts bordés de membranes : on les trouve le loug des rivières et des cours d’eaux, à f’als, aux Æstreix, à Brioude, La Poule d’eau. (Fulica Chloropus. ) Brun foncé en dessus, noirâtre en dessous; pieds verts, geuouillères jaunes, (164) La Foulque ou Morelle. (Fulica atra.) Doigts bordés de larges membranes, plumage noir, bec blan- shâtre, pieds verts avec des genouillères rougeâtres. FAMILLE DES PALMIPÈDES. (-Anseres.) Pieds implantés à l’arrière du corps; tarses courts, comprimés par les côtés; membranes entre les doigts, qui leur servent de rames; plumage plus épais, garni de duvet; ils sont tous oiseaux de passage; la plupart ne se rencontrent que dans les hivers froids : on les trouve sur l'Allier, la Loire , les lacs du Bouchet, de Cham- beyrac, les étangs de Paulhaguet , de la Chaise-Dieu, etc, Le Cormoran. (Pelecanus Carbo.) Doigts unis dans une seule membrane; bec comprimé, crochu au bout, dénué de plumes à sa base dont la peau est jaune; d’un noir uniforme. L'Hirondelle de mer. (Sferna Hirundo.) Pouce libre; bec droit, effilé, pointu, sans dentelures; queue fourchue, plumage cendré, bleuâtre en dessus, blanc en dessous; ailes longues, dont les pennes sont noires ainsi que la tête; bec et pieds rouges. La Mouette cendrée. (Larus cinereus.) Cendré en dessus, d’un blanc de neige en dessous; de petites plumes noires qui entourent la demi-circonférence antérieure des yeux; deux taches noires derrière la tête. La Mouette rieuse. (Larus ridibundus.) Cendrée en dessus; la tête, le cou, la gorge d’un cendré noirâtre ; le tour des yeux et le dessous du corps sont d’un blanc de neige- Les CANARDS. ( Anates.) Pouce libre; large bec, dentelé, dont les mandibules ont cn dedans une rangée de petites lames verticales, L'Oie. (Anas Anser.) Planmage gris, brun noirâtre sur le dos; la couleur varie dans 13 domesticité. ( 165.) Le Canard. (Anas Boschas.) Îl est connu de tout le monde. Le Canard musqué. (Ænas moschata.) Originaire d'Amérique, plus grand que le commun; il se dis- tiugue par un espace uu et rouge qu’il a à chaque côté de la tête; on l’élève dans quelques basse-cours,. Le Canard sifHleur. (nas Penelope.) Tête rousse, dos gris rayé de noir, poitrine bai clair, aile variée de blanc et de noir. Le Morillon. (nas Fuligula.) Noir, ventre blanc, un trait blanc sur l’aile, une petite huppe derrière la tête. Le Pilet. (nas acuta.) Canard à longue queue. Le Millouin. {nas ferina.) La tête et le cou d’un beau marron, le bas du cou couleur de suie, en dessus rayé en zig-zag alternativement de brun et de gris blanc; en dessous d’un gris blanc clair rayé de même avec des lignes grises peu apparentes. Le Souchet. ( {nas clypeata.) La tête, la gorge, le cou sont d’un vert doré changeant en violet; en dessus vert foncé; en dessous d’un blanc marqué de quelques petites taches noirâtres en haut, le bas estcouleur marron. Le Garrot, (nas Clangula.) La tête, le cou et la gorge sont d’un noir changeant en violet et en vert doré; de chaque côté de la tête une tache blanche qui remonte en pointe au dessous de l'œil; en dessus noir, en dessous blanc. Le Chipeau. ( Anas strepera. ) La tête et le cou bruns variés de taches roussâtres; les côtés de Ja tête, la gorge d’un blanc roussàätre varié de taches brunse ; brun en dessus varié de lignes blanchâtres; eroupion noir, eu dessous d’un blanc varié de taches grises, ( 166 ) La Sarcelle. (nas Querquedula.) Variée de gris et de brun, une tache verte sur l'aile, le sourcil blanc. La petite Sarcelle, (Anas Crecca.) La tête et le cou d’un marron brun, le bas du cou d’un noir de velours; de chaque côté de la tête une bande d’un blane rous- sâtre; derrière l’œil une tache de vert doré; gorge brune, en dessus brun varié de blanc, en dessous d’un blanc roussâtre, Le Harle. (Mergus Merganser.) Bec plus étroit que les Canards, mandibule armée de dents poiutues dirigées en arrière; tête d’un vert foncé, les plumes y forment, en se relevant, un espèce de toupet; le dos est brun woirâtre avec une tache blanche sur l'aile; le cou et tout le devant du corps sont blancs avec une teinte couleur de rose. Les PLonceons. (Colymbi.) Bec droit, pointu, comprimé par les côtés; ailes courtes, point de queue apparente. Le Grèbe cornu. (Colymbus cristatus.) Pieds lobés, huppe noire qui se partage en arrière comme en deux petites cornes ; espèce de crinière noire et rousse sur le haut du cou ; dos noirâtre varié de blanc sur l’aile, ventre argenté. Le Castagneux. (Colymbus minor.) Un des plus petits palmipèdes; pieds lobés, dos d’un brun uniforme, ventre argenté. Le grand Plongeon. (Colymbus Immer.) Un peu plus grand qu’un Canard; gris bran en dessus, blan- châtre en dessous, 6 167) DISCOURS Sur la nécessité d’allier les Sciences et les Lettres. Par M. BERGERY. Lzs Sciences et les Lettres, au dire des sages de tous les pays et de tous les temps, sont les conso- latrices de humanité. C’est dans leur sein que nous trouvons quelque adoucissement aux maux sans nombre qui nous poursuivent; ce sont leurs char- mes qui nous font oublier, du moins pendant quelques instans, et les malheurs publics, et nos chagrins de famille. Vraies amies que le temps n'attiédit point, que les circonstances ne font pas changer, que le malheur n'’éloigne jamais, elles nous offrent à chaque instant tous les plaisirs qu’elles peuvent donner, et nous les prodiguent quand une fois nous avons bien voulu commencer à les goûter. IL fut un temps où la reconnaissance des hommes leur éleva des autels, où elles recurent le culte des divinités bienfaisantes , où leurs prêtres et leurs adorateurs furent regardés comme des mortels privilégiés et chéris des dieux; et quand la barbarie vint, sur les pas de la guerre, succéder à cet âge d'or, on vit les sages, qui dans la retraite offraient encore un encens secret aux Muses , s'attirer la vénération des peuples et même celle des rois. Les mœurs des temps modernes ne permettent 7 ( 1:68 ) plus de déifier ainsi les Lettres et les Sciences, ni de leur offrir un culte public ; mais la considération, mais l'estime, mais la gloire sont encore les prix qui attendent ceux dont les veilles sont consacrées à des travaux littéraires ou scientifiques. Leurs efforts, leur enthousiasme ne doivent pas être moindres que ceux de ces Grecs qui couraient en foule aux lecons du portique et des jardins d’Académus, ou qui se disputaient les palmes du talent, aux jeux solennels de Delphes et d’Olympie. Aussi chaque jour voit-il éclore de nouveaux succès, et des succès qui par- fois effacent ou rappellent les plus belles époques de antiquité. Mais après tant de siècles écoulés depuis la res- tauration des Lettres et des Sciences, avec le riche héritage des anciens, avec cette mine inépuisable d'idées nouvelles que nous devons aux découvertes modernes, avec d'innombrables moyens d’instruc- tion, comment, nous qui partons d'un point si élevé, ne nous élancons-nous pas plus avant encore dans la carrière? Comment nos succès ne sont-ils pas et plus nombreux et plus éclatans ? Comment les connaissances sont-elles si peu répandues et les talens littéraires si rares? Comment enfin ne som- mes-nous pas supérieurs à nous-mêmes ? Mon but n’est pas de signaler toutes les entraves qui empêchent l'esprit humain de prendre un plus rapide essor : cette tâche serait trop au-dessus de mes forces. Mais je crois qu'au nombre de ces entraves, on doit mettre cette espèce de divorce ( 169 }) « entre les Lettres et les Sciences qu'ont produit les temps scolastiques , et qui de nos jours existe encore malgré tous les efforts qu'on a tentés pour le faire cesser. La direction actuelle des esprits, la nature des productions littéraires, le style des ouvrages scientifiques indiquent, il est vrai, une forte ten- dance vers un entier rapprochement; mais il s’en faut qu'il soit prochain, et l’on ne saurait trop faire pour hâter l'époque où il doit s’opérer. C’est dans cette conviction que j'entreprendrai de montrer combien l'union des Sciences et des Lettres scrait profitable aux unes et aux autres, et combien isolement où elles se trouvent leur est funeste. En d’autres termes, j'essayerai de faire voir que les Sciences ont un éminent besoin des Lettres, et que les Lettres ne peuvent se passer de l'appui des Sciences. Les Savans qui n’ont jamais sacrifié aux grâces, et le nombre en est grand, regardent la littérature proprement dite comme une des plus grandes fri- volités de ce monde. Ses productions leur paraissent bonnes tout au plus à charmer le désæœuvrement des esprits superficiels. La stricte observation des règles grammaticales est pour eux une niaise pédan- ierie, et l'homme éloquent n’est à leurs yeux qu'un faiscur de phrases. Ah! qu'ils déploreraient amère- ment cette funeste prévention, s'ils pouvaient com- prendre combien elle a retardé , combien elle retarde encore les progrès de l'esprit humain! ils ignorent donc que les lecons, pour arriver à (en) lesprit, ont besoin de charmer l'oreille, et qu'un langage incorrect dépouillé de toute élégance, de toute harmonie, est comme un de ces fluides pleins d’âcreté qui, en irritant les parois des canaux où ils coulent, les resserrent et se ferment le passage. Is ignorent donc que le meilleur moyen de faire aimer la Science est de la rendre aimable, et que si les philosophes de lantiquité voyaient une foule de disciples s’empresser à leurs lecons, c’est qu'ils ne dédaignaient point le secours d’une suave élo- quence. Ils ignorent donc enfin que lart oratoire, que l’art d'écrire, exercent, comme la musique, une action toute puissante sur les hommes, une action qui, pour être inexplicable , n’en est pas moins réelle, et qui prouve que les Lettres, comme tous les Beaux-Arts, sont nés des besoins de l'âme. Il faut le reconnaître, l’enseignement des Sciences réclame le secours des Leltres; il est une éloquence pour le professeur, comme il en est une pour les défenseurs de nos intérêts et de nos droits, comme il en est une pour les Apôtres de la religion. Toute lecon est vaine, si l'attention n’est pas excitée par un débit animé, ni soutenue par la pureté du lan- gage, par des tours variés et par l'harmonie des phrases; si les choses abstraites ne sont pas exposées avec cette clarté qui les fait saisir sans effort; si les idées ne sont pas liées avec un tel art qu'une seule suffise pour rappeler toutes les autres, et que de leur ensemble lidée nouvelle jaillisse comme un trait de lumière. CR) Les lecons des Laplace, des Monge, des Fourcroy, à l’école polytechnique, étaient écoutées avec une sorte d’avidité; et semblables à ces semences pleines de vie qu'aucune maligne influence ne peut faire périr, elles portent aujourd'hui des fleurs et des fruits, après être restées sans culture pendant toutes ces guerres qui ont si long-temps désolé l'Europe. Laplace et Fourcroy étaient d’habiles litté- rateurs, et Monge possédait ce génie qui donne tout ce qu’on lui demande, ce génie qui supplée à tout et avec lequel on n’a, pour ainsi dire, besoin de rien apprendre, parce qu'il fait tout deviner, tout jusqu'aux règles de rhétorique. Mais, ce génie! qui peut se flatter de le posséder ? Des siècles s’'écoulent entre deux Monge; la nature, avare de tels hommes, semble ne les former que pour opérer une révolution dans les Sciences et faire franchir un pas difficile à l'esprit humain. Nous devons donc chercher l’éloquence nécessaire à l’enseignement dans l'étude raisonnée de la gram- maire, dans la connaissance parfaite de tous les tours, de tous les artifices de la langue, et surtout dans la méditation des bons écrivains. Sans études littéraires, on ne possédera jamais que léloquence de la passion, éloquence éphémère qui s'éteint dès que le calme renaît dans l’âme. Si l’on objecte qu'il existe des hommes qui, sans avoir jamais fait aucune sorte d’études, ont acquis par lusage seul une élocution assez facile; si lon prétend que Féloquence du discours n’exige pas (ae) absolument d'études préliminaires , on ne pourra nier du moins que l’art d'écrire ne soit le fruit d’un long travail, et que nul ne doit écrire sur les Sciences, s’il ne sait exprimer sa pensée avec pureté, avec clarté, avec exactitude, avec simplicité et même avec une sorte d'élégance; car l'élégance ne gäle jamais rien. C'est elle qui soutient le lecteur dans une étude longue et pénible, comme une route bien plantée et percée à travers une campagne agréable fait oublier au voyageur sa fatigue et la longueur du chemin. L'art d'écrire nécessaire à tous les savans, soit pour exposer des vues profondes, un ingénieux sys- tême , une heurense découverte, soit pour tracer FHistoire des Sciences , soit enfin pour présenter l'ensemble de tous les faits qui constituent chaque branche de nos connaissances, l’art d'écrire devient indispensable pour les auteurs de ces traités destinés à initier les jeunes gens qui n’ont encore que des idées simples et qui ne sont pas susceptibles d’une bien forte attention. Les auteurs ne doivent pas oublier que les choses frappent moins par elles- mèmes que par la manière dont on les dit; que ce n'est pas assez qu'on puisse comprendre, qu'il faui encore mettre l'élève dans Fimpossibilité de ne pas saisir ce qu'il lit, et qu'il suffit d’un seul passage mal entendu pour que tout ce qui suit devienne un cahos. | Quel que soit au reste l'ouvrage scientifique qu'on veuille publier, le moins qu'on doive aux lecteurs, (173) à la science, à soi-même, c’est, je le répète, d'écrire purement. Rien ne cause le dégoñteomme les incor- rections du style; rien n'indispose autant contre lécrivain, rien n’est plus saillant ni plus aisément remarqué des censeurs; et souvent, dans leur humeur jalouse, ils en tirent occasion de jeter du ridicule sur l'ouvrage et même sur l’auteur. Les philosophes anciens attachaient une impor- tance extrême à la pureté du style; César même, au rapport d’Aulugelle , ne dédaignait pas de se livrer à des discussions grammaticales qui sembleraient fort minutieuses et peut-être ridicules à un grand nombre des savans de nos jours Mais s'il est des hommes illustres par les sciences qui dédaignent et la Grammaire et les Belles-Lettres, nous pouvons en citer de plus illustres encore qui, tandis qu'ils reculaient les bornes de nos connais- sances, ne négligeaient nullement l’art d'écrire. Pascal, déjà légal d'Euclide à douze ans, n'a-t-il pas créé la plupart des tours les plus agréables de la langue francaise, et n’écrivait-il pas de la même plume les Provinciales et le fameux probléme de la Cycloïde ? Buffon n'est-il pas regardé commeun des écrivains qui aient le plus soigné leur style ? Son Histoire naturelle n’offre-t-elle pas des morceaux descriptifs d'une précision et d’une élégance que la poésie ne pourrait surpasser? Et de nos jours, n’avons-nous pas vu Haüy parvenir, à force d'artifices qui ne s’apercoivent plus, à traduire des formules algé- (174) briques en langage vulgaire, en phrases pleines d'élégance? Aussi ne peut-on se lasser de lire la Physique d'Haüy : l'intérêt qu'elle inspire semble toujours plus vif, le plaisir qu'elle cause semble toujours nouveau. Et ce plaisir ne vient pas tout entier du sujet, car on est loin d’en éprouver autant quand on ouvre d’autres traités sur la même matière. Enfin, et pour borner là mes citations, Laplace, dans son Exposition du système du monde, et dans cette Mécanique céleste si justement regardée comme une des plus merveilleuses productions de lesprit humain, Laplace a tracé des pages que ne désa- voueraient point les plus grands maîtres, des pages qui ne dépareraient ni les œuvres éloquentes de Rousseau, ni les brillantes compositions de Voltaire. Ah! combien les Sciences seraient aimables ! avec quel empressement on se ferait initier dans leurs mystères! avec quelle ardeur on essayerait d'attendre leurs limites, si elles avaient toujours pour inter- prêtes des hommes aussi habiles dans l’art d'écrire. Après avoir nommé Pascal, Buffon, Haüy, Laplace, je n'ai point à craindre, sans doute, d’être accusé de vouloir de la géométrie en logogriphes, ui de la physique en madrigaux. Ainsi, il est inutile que je déclare que, tout en désirant de l'élégance dans le style didactique, je suis loin d'approuver ces lettres à unc foule de belles imaginaires, où les oisifs qui ne veulent que s'amuser trouvent trop de science, et où ceux qui veulent s’instruire n’en trouvent pas assez. Une chose qui, dans le style, est encore plus Caps 2 nécessaire que lélégance, c’est sans contredit ta convenance, et la nature est trop grande, trop majestueuse pour qu'on en décrive les phénomènes en vers f1des, calqués sur ceux que le trop spiri- tuel de Moustier a rimés pour une Émilie. Cette restriction faile, je ne vois pas qu'on puisse s'empêcher de reconnaitre que le secours des Lettres doit hâter la propagation des Sciences. Et si lon allègue que je ne prouve point par là que tout savant a besoin de connaissances liltéraires; qu’on ne voit pas en quoi elles peuvent être nécessaires à l'homme qui se contente de scruter la nature dans la retraite, de méditer en silence sur les lois éter- nelles de lunivers, et de jouir intérieurement des secrets qu'il a dérobés, je répondrai que méditer c'est penser, que penser c’est parler bas à soi- même, et qu'on doit d'autant mieux penser qu'on se sert d’un meilleur langage. Mais si l'étude des Lettres doit toujours être unie à celle des Sciences, il est peut-être plus néces- saire encore que les Sciences prêtent un constant appui à la Littérature. En vain nous aurons päli pendant toute notre jeunesse sur le'grec et sur le latin; en vain nous serons devenus des Vaugelas ; si nous n'avons pas analysé, commenté, comparé par nous-mêmes nos grands orateurs, nos grands poètes et tous nos autres écrivains classiques, nous n’aurons jamais qu'un fort mince talent littéraire. Or, comment profiter des lecons pratiques de ces grands génies, si nous ne les entendons pas? et C176) comment les entendre, si nous sommes étrangers aux sujets de ces ingénieuses allusions, de ces brillantes comparaisons, de ces passages à-la-fois pleins de charme et de profondeur que leurs œuvres immortelles présentent à chaque page ? Les plus grands écrivains du siècle précédent étaient, pour leur temps, des hommes fort instruits. Is avaient compris, ou plutôt ils avaient deviné qu'une Littérature qui n’a pas les Sciences pour base est toujours vaine et souvent ridicule. Si nous méprisons cette sage maxime de nos maîtres, et que l'amour propre, qui sait si bien palher à nos yeux notre insuffisance, nous pousse un jour à donner quelque livre au public, cette œuvre d’un esprit vide n’aura rien de ce qui cons- titue les bons ouvrages : point de pensées neuves, point de pensées fortes et justes, point de ces syllogismes nerveux dignes de la philosophie du siècle. Nous nous trainerons dans un cercle de lieux communs; nous ne ferons que répéter ces phrases bannales , ces tours usés qui dans leur temps ont été fort agréables, sans doute, mais qui causent aujourd'hui le dégoût qu'on éprouve toujours à voir les vieilles gens faire les jeunes. C’est surtont en litlérature qu'il faut du neuf, n’en füt-il plus au monde. Et ne me reprochez point de vouloir proscrire’ces compositions charmantes, délicieuses que dicte le sentiment encore plus que limagination, qui par- lent à lâme, qui emeuventle cœur , et qui, en nous (177) faisant verser de douces larmes au récit d’une action grande et généreuse, nous inspirent le désir de limiter. Mon unique vœu, mon vœu le plus ardent, c’est que les beaux mouvemens qu'inspirent et la nature et la vertu ne soient point gâtés par un plan mal raisonné, par uñ drame sans vraisem- blance, par des détails qui choquent les lois du monde physique et les lois du monde moral. Vous prônez sans cesse les anciens : à vous enten- dre, on ne peut rien faire d’excellent sans les imiter; le bon goût réprouve même lout ce qui s'écarte de leur manière. Maïs si lon convient que vous avez raison, et si l'on vous prouve que ces anciens, par vous tant admirés, élaient tous très- versés dans les Sciences de leur temps, ne serez- vous pas pris par vos propres paroles, et ne serez- vous pas forcés d’imiter les anciens dans l'étude des Sciences, comme vous voulez qu'on les imite dans l'art d'écrire ? Je vous rappellerai donc que Cicéron et Quintillien exigeaient que l’orateur ne füt étranger à aucune des connaissances humaines. Il aurait besoin, disaient- ils, de tout savoir, pour être en état de parler sur tout. Aujourd’hui que Féloquence écrite a remplacé presque en tout l'éloquence parlée des anciens, Quintillien et Cicéron diraient de l'écrivain ce qu'ils disaient jadis de l'orateur. Je vous rappellerai encore que Virgile était méde- cin et géomètre, et qu'à l’aide de ses poèmes, on pourrait décrire assez exactement l’état des Sciences 12 (178) à l'époque où il écrivait. Virgile, au reste, n’a peut- être dû sa supériorité, comme poète, qu'à sa supé- riorité comme savant; et c’est peut-être aussi parce que ses premiers traducteurs dédaignèrent trop les sciences, qu'ils ont si mal réussi à rendre ses idées. Vous vous trompez étrangement si vous croyez atteindre à la hauteur de nos grands écrivains modernes, en vous bornant à prendre des anciens ce qui est à votre portée. Vous n’y parviendriez pas, même quand vous auriez toute l'instruction de Cicéron et de Virgile. Les maîtres que vous tentez d’égaler ont su profiter des immenses progrès que les derniers siècles ont fait faire aux Sciences, et sans abandonner la route tracée par les anciens, ils lont poussée hardiment, à travers des régions inconnues avant eux, jusqu'à des limites que lima- gination peut à peine percevoir. Voulez-vous apprendre de combien de beautés les Sciences peuvent enrichir la Littérature ? Voulez- vous apprécier la force qu’elles peuvent lui donner ? Voulez-vous être éblouis par la majesté dont elles l'environnent ? Ouvrez les œuvres de Voltaire, ouvrez surtout la Henriade. Lisez ce magnifique combat de Turenne et d’Aumale, où des traits de feu qui se brisent en pénétrant dans une onde transparente, qui se rompent et se divisent pour repasser dans les airs peignent si bien ces mouvemens des glaives que l'œil ne peut suivre, parce que des feintes conti- nuelles et des ripostes imprévues détournent tou- jours le coup du point qu'il semblait menacer, (179 ) Lisez encore ces beaux vers où le système du monde est exposé dans son entier avec une précision, une vérité, une pompe dont vous chercheriez peut-être en vain des modèles dans lantiquité. Quelle gran- deur! quelle immensité! Et c'est encore au-delà de ces mondes sans fin que le Dieu des cieux réside! Quelle belle image! Comme elle saisit limagina- tion! Comme elle jette l'âme dans une méditation profonde et religieuse ! Comme elle nouûs montre notre néant et la toute-puissance de l'Ëtré infini ! Mais pourquoi m’efforcer d'inspirer l'ainour des Sciences à ceux qui cultivent les Lettres ? N’avons- nous pas sur l'art d'écrire les préceptes que nous ont laissés les anciens et qi'ont sanctionnés les modernes ? Ces préceptes ne prescrivent-ils point à ceux qui veulent entrer dans la carrière littéraire de songer d’abord à former leur raison, leur jugement et à faire une ample provision d'idées et de connais- sances de tous gerires ? L'étude des Sciences est donc d'obligation, car il n’en est point de plus propre à donner de la force et de la solidité à l'esprit; n’en est aucune qui puisse faire contracter au même degré l'habitude de vaincre les difficultés et de raisonner avec justesse et profondeur; aucune qui offre autant de faits, autant de vérités; aucune, enfin, qui puisse mieux développer et enrichir l’imagination. Cette dernière assertion semblera sûrement para- doxale à ceux qui partagent l’opinion depuis long- temps établie, que les Sciences , par leur sécheresse et leur aridité, éteignent toute imaginaüon. Mais ( 180 ) que nous importe, si nous pouvons leur prouver que nos paroles sont l'expression d’un fait, et qu'ils sont, eux, sous l'empire d’un préjugé répandu par des ignorans ou par des hommes jaloux d’un savoir au-dessus de leurs forces. Le monde est plein de ces fausses sentences énoncées d’abord par la mau- vaise foi, admises sans examen et uniquement parce qu'on les a entendues, répétées quelquefois par dis- traction, souvent par défaut d'idées, et plus souvent encore par envie. Oui, les Sciences développent l'imagination : j'en apporterai comme preuves les efforts qu’elle est obligée de faire pour comparer les divers états d’un systéme de lignes, de surfaces, de corps, et en déduire tant les lois permanentes que les relations accidentelles; ses efforts pour opérer ces abstrac- tions, sources des prodiges de l'esprit humain; pour saisir ces figures compliquées et toutes idéales que la géométrie trace dans l’espace; pour suivre les cours de tous les corps célestes et se peindre les actions réciproques qu'ils exercent les uns sur les autres à travers limmensité; pour dégager les phé- nomènes physiques de toute illusion, et les expli- quer par les mouvemens de ces fluides qui échap- pent à nos sens; enfin, ses efforts pour embrasser à-la-fois l’infiniment grand et linfiniment petit, et pour découvrir près de ces deux limites, qu'elle seule a devinées, cette foule de faits naturels qui font la science et la puissance de l'homme. Ce serait une entreprise et bien vaste et bien impor- (ro tante, que derechercher toute l'influence des Sciences sur l’imagination. On serait bien sûrement conduit à prouver par mille et mille faits que non-seulement elles l’agrandissent, mais qu’elles lenrichissent en- core d'une multitude de tableaux agréables et piquans, parce qu'ils sont neufs, parce qu'ils sont vrais, et parce que l’homme y reconnait le jeu de tous ces agens qui ont, sur son existence, une influence tantôt maligne, tantôt bienfaisante, et toujours puissante. On arriverait encore certainement à cet autre résultat si important pour lélat social, et si bien fait pour porter l'homme de lettres aux études sérieuses , que les grandes pensées, que les sublimes méditations épurent l’âme, et qu’elles font trouver les choses de ce monde si petites et si vaines, qu'on ne tarde pas à voir qu'il n’y à d’eslimable que la vertu. Craindrions-nous que le temps ne nous manquât pour étudier à-la-fois les Lettres et les Sciences? Mais si l’enseignement n’a pas encore toute la sim- plicité désirable , il est pourtant perfectionné au point que peu d'années suffisent aujourd'hui pour acquérir one instruction quiautrefois eût été l'affaire de toute la vie. Nous céfierions-nous de nos forces ? . Mais une excessive modestie est presque un aussi grand mal que la présomption; à force de se défier de soi-même, on finit par n'être plus capable de rien, tandis que presque toujours lhomme peut tout ce qu'il ose. Il ne faut pas d’ailleurs, à époque C'H62) où nous vivons, être doué d’une intelligence extra- ordinaire pour comprendre les merveilles de la nature, ni pour embrasser l’ensemble des connais- sances. L'esprit humain a fait dans ces derniers temps de si grands progrès, qu’il semble que sa force soit doublée, et qu'un adulte de nos jours puisse, sous le rapport des facultés intellectuelles , se com- parer aux hommes faits des temps passés. Mais nous fallüt-il consacrer un assez grand grand nombre d'années aux études scientifiques et faire les plus grands efforts pour y réussir, qu'il scrait honteux à nous d'hésiter! Quoi! nous em- ployons dix ou douze ans à l'étude de langues qui n'existent plus; nous consumons toute notre jeu- nesse pour parvenir à exprimer nos pensées de trois manières différentes, tandis qu'une seule suffit; nous nous tourmentons toute la vie pour appro- fondir l'histoire et les mœurs de peuples républicains, nous qui vivons et voulons vivre sous une monar- chie; nous compulsons sans cesse d’énormes volu- mes pour apprendre ce qu'ont dit, ce qu'ont fait les Grecs et les Romains, et nous ne consacrerions pas quelques années à létude de cette grande machine de Funivers dont nous sommes un point, à l'étude de ces phénomènes qui nous jettent cha- que jour dans l'admiration! Nous saurons au juste où s'élevait cette Troie qui tomba pour une adul- ‘ère; nous pourrons répéter tous ces vers que les poètes de l'antiquité firent imitatifs, peut-être sans y penser, et nous ignorerons tout ce qui concerne (2030 eette terre où nous sommes jetés, ces eaux qui nous environnent, ces astres qui nous éclairent, cette atmosphère où nous respirons, cette foudre qui nous écrase |... Loin de nous une pareille honte! Étudions les Sciences avant tout, parce que les faits qu'elles révèlent intéressent notre existence et notre bien- être; parce qu'elles renferment tout ce qu'il y a de vrai ici-bas; parce qu'elles excilent à la vertu en nous découvrant l’ordre, lharmonie et limmensité de l'univers. Étudions donc ïes Sciences, mais en même temps eultivons les Lettres; car les Sciences ne peuvent êlre bien enseignées sans un langage pur; elles ne peuvent devenir vulgaires qu’au moyen de livres bien écrits ; l'esprit ne peut pénétrer dans leur profondeur qu'à l'aide d’une langue exacte et précise; l'homme ne saurait trop bien exprimer ses pensées, puisque c'est la pensée qui le place si haut dans l'échelle des êtres; enfin, les les Lettres, émanations de l'esprit et de l’âme, sont des sources intarissables de pures jouissances, des sources où se puisera toujours la bonté du cœur. Nous donc qui nous consacrons spécialement aux Sciences, dérobons-leur quelques-uns de nos mo- mens pour les donner à la Littérature. Et vous qui affectionnezles Lettres par-dessus tout, vous, poètes, romanciers, moralistes, historiens, écrivains de tous genres, posez quelquefois votre plume trop hâtive el trop rapide, et méditlez les œuvres des savans avant d'achever, avant de commencer les vôtres. (184) Vous et nous rappelons-nous toujours que les Grecs, nos modèles, ont fait sœurs toutes les Muses, et ne séparons point les Lettres et les Sciences que les fictions pleines de sens de ces peuples ingenieux nous peignent comme devant être unies à jamais. RAD VA VU AE MAR LA VU MAVD VAA L VU VU VU AVR VUS SA VU UV MU RAR MUR AV LA A M AV EL NOTICE Sur les métiers à tisser les rubans. e Par M . HEDDE. Les villes de Lyon, Saint-Étienne et Tarare sont dans un état de prospérité qui provient de la fabri- cation des divers tissus qu'ils fournissent au monde entier. Le Puy, placé dans leur voisinage, possède les élémens dont s'est formée la fortune de ces villes florissantes; il pourrait, avec l'espoir du plus grand succès, se livrer à cette branche d'industrie qui est encore susceptible d'acquérir un grand accroissement, Pénétrés de cette vérité, MM. Lupin et comp.® et Sivons, fabricans d’étoffes de soie à Lyon, avaienttenté en 18235 d'introduire leur industrie dans cette ville, et malgré les obstacles sans nombre qui s'étaient présentés, la difficulté des transports et les sacri- fices qu'ils avaient été obligés de faire pour les premiers frais d'établissement, ils voyaient pros- pérer leur entreprise et avaient réussi à former d'assez bons ouvriers. À celte époque, la fabrique (185) de Lyon se trouvant en souffrance par le manque de commissions, ces Messieurs se décidèrent à abandonner cette entreprise : sa réussite eut pré- senté de bien grands avantages peur la ville du Puy, dont les habitans sont occupées au travail de la dentelle, qui n’est plus aussi productif depuis la concurrence des tulles-coton de Lille et Saint- Quentin, et l'introduction des tulles anglais. Désirant contribuer à la prospérité de mon pays et faciliter à mes compatriotes les moyens de se soustraire à linaction qui pourrait résulter de la chute de la fabrication de la dentelle, je vais entrer dans quelques détails sur les tissus en général, et leur indiquer ceux que je crois être le plus à leur portée. Les tissus, en général , forment un objet de pre- mière nécessité. Leur genre et leur largeur varient suivant les besoins de l’homme et les matières dont ils sont composés. Ils sont soumis à l'empire de la mode, qui influe sur leur forme et leur couleur. Parmi les tissus de première nécessité, on dis- üngue les tissus de laine destinés à l'habillement des habitans des campagnes. La fabrication de ces étoffes exigeant peu de soins, de propreté et de perfection dans les métiers, peut former l’occu- pation des habitans des campagnes pendant la saison morte. La fabrication des tissus de laine fine ne pour- rait facilement être introduite parmi eux, à cause de léloignement des matières premières et des ( 186 ) fabriques dans lesquelles on pourrait former des ouvriers. La culture des plantes filamenteuses n’étant pas très-répandue dans le département de la Haute- Loire, semble éloigner pour long-temps l’occasion de se livrer avec succès à la fabrication des tissus de lin et de chanvre, qui est d’ailleurs si bien établie dans l'Auvergne et la Flandre. La filature des cotons à la main étant annullée par les filatures mécaniques, ce genre de tissu ne saurait être introduit sans exiger des avances très- considérables. Le prix modique auquel Tarare et Mulhouse ont réduit ce genre de tissu ne permet pas à des fabriques nouvelles de s'établir avec avan- tage dans ces pays. La fabrication des étoffes de soie de tous genres, que Lyon exploite depuis si long-temps avec tant de succès, a besoin d’un matériel si considérable, d'artistes et d'ouvriers différens qu'il serait très- difficile de les rassembler au Puy. On ne pourrait donc y établir que des ateliers pour la fabrication des étoffes unies qui dépendraient de Lyon, et ne travailleraient que lorsque cette ville n’aurait pas assez de métiers pour remplir ses commissions. La proximité de Saint-Étienne, où se trouve le centre de la fabrique des rubans de tous genres qui depuis quelques années a pris un si grand accroissement, la délicatesse de travail qu’exige la fabrication de la dentelle, pourraient donner aux habitans du Puy une grande facilité pour la fabri- (67) cation des rubans. On pourrait choisir, parmi les méliers employés à leur confection, celui qui, par sa simplicité, nécessite moins de frais à l’ouvrier et exige une moins grande connaissance. Plusieurs sortes de métiers sont établis à Saint- Étienne pour la fabrique des rubans; je vais entrer dans quelques détails sur leur utilité, et je m’arré- terai principalement à la description de celui que je crois le plus convenir aux habitans du Puy. Il faut distinguer deux sortes de métiers : celui qui fait plusieurs rubans à-la-fois, appelé métier de barre, et celui qui ne fait qu'une seule pièce, ou métier à la main. Nous allons commencer par le métier de barre uni, qui est employé pour le tissage des rubans unis, laffetas, satins, etc., de toutes largeurs, dont le prix est de 6 à 800 francs. Un ouvrier ordinaire peut faire de cinq à huitaunes, par jour, d’un ruban dont le prix varie de 5 à 7 centimes l’aune. Ce métier est le plus usité à Saint-Étienne, sauf les changemens que nécessitent les différentes armures du üssu que l'on veut obtenir. Le nombre de pièces de chaque métier est proportionné à la largeur du ruban. Au métier de barre uni, on a ajouté depuis quelques années un tambour ou cylindre sur lequel est décrit le dessin que lon veut obtenir sur le ruban. Le prix de ce métier est de 750 à 1000 fr., et un ouvrier ordinaire peut faire de six à septaunes, par jour, d’un ruban dont le prix varie de 10 à 19 centimes l’aune. Ces métiers sont très-employés ( 188 ) à Saint-Étienne pour les rubans faconnés. Au métier de barre faconné, on a ajouté depuis quelques années le mécanisme à la Jacquard, qui présente beaucoup d'avantage et d'économie pour le tissage des rubans faconnés de tous genres. Le prix d’un de ces métiers est de 1000 à 1300 francs. L’ouvrier peut faire de quatre à six aunes de rubans par jour, et la facon lui en est payée de 15 à 25 cent. l’aune. En général, les ouvriers ont plusieurs métiers pour leur compte, et les font travailler par d’autres ouvriers auxquels ils ne paient que moitié facon. Le métier à une seule pièce, étant beaucoup plus simple, a été adopté dans les montagnes. Il y en a de deux sortes bien distinctes : le métier à la haute- lisse pour tisser les rubans à grands sujets, et le métier de basse-lisse, sur lequel on ne peut exécuter que de l’uni ou des dessins très-peu compliqués. Le métier à la haute-lisse étant assez compliqué, exige que l’ouvrier ait une connaissance parfaite du travail el qu'il puisse corriger les fautes qu’il pour- rait occasionner dans le dessin. Ces métiers se trouvent reunis à Saint-Didier, à Saint-Étienne et à Saint-Chamond. Un ouvrier y peut faire de sept à huit aunes, par jour, d’un ruban qui lui sera payé de 25 à 55 centimes l’aune. Le prix du métier est de 50 à 70 francs. Le métier de basse-lisse étant le moins compli. qué , est par conséquent celui qui est répandu parmi les habitans des campagnes. Le peu de frais qu'il occasionne le met à la portée de toutes les ( 189) classes ouvrières. Le prix d'achat est de 15 à 20 fr. Il ne convient en général, pour le travail, qu'aux personnes du sexe. Une ouvrière peut faire de sept à huit aunes, par jour, d’un ruban qui lui sera payé de 20 à 25 centimes l’aune. Il est reconnu que les rubans fabriqués sur ce métier sont beaucoup plus délicats; l’ouvrière, n'ayant pas un bien grand méca- nisme à diriger, ne donne son attention qu'à la per- fecüon de son tissu, qui en est beaucoup plus suivi. C’est, je crois, le seul genre de métier qui pourrait avec avantage être introduit au Puy. (Le manuscrit donne le plan et la description de ce métier.) AA AA ANA AV A NV VV AA AV AA VV VV VA AR AA AR AA A M VUE AV AR AL AV AS SAV AV Pi DESCRIPTION Des globes servant de Cadrans solaires, inventés par M. Avi aîné (1). M. Francœur s'exprime ainsi dans un rapport fait à la Société d'encouragement pour l'Industrie natio- nale, le 21 novembre 1627 : « L'appareil dont il s’agit est un globe de verre soutenu et fixé par une monture, et orienté de manière qu'un rayon solaire, pénétrant par un trou de la surface, se projette dans l’intérieur en divers points qui dépendent de l'heure et du jour où l’on fait observation ; des lignes gravées à la surface ct portant des chiffres permettent de lire l'heure et la date. C’est un cadran solaire sphérique. (1) Le dépôt est à Paris, chez MM. Jæker frères, opticiens, rue de Bondy, n° 52; et la fabrique, au Puy, chez l'inventeur, (190 ) » Pour remplir le but proposé, il faut satisfaire à deux conditions : dessiner les lignes horaires à la surface du globe et orienter l'appareil. » Pour la première, l'auteur a tracé un grand cercle, qui représente l'équateur, et cst divisé en arcs égaux; c’est en l’un des points de ce cercle qu'est placé le petit orifice par lequel pénètre le rayon solaire, et on concoit d’abord qu'aux époques où le soleil est dans les équinoxes, si ce grand cercle est placé paralièlement à l'équateur céleste, plan que lastre décrit alors, son image ira se porter successivement sur tous les points de la circonfé- rence, et, parcourant des arcs égaux en temps égaux, tombera d'heure en heure sur toutes les divisions. Aux autres époques de l’année, l’astre décrit des cercles parallèles à l'équateur, d’un tro- pique à l’autre; son image va done plonger soit au- dessous, soit au-dessus du cercle dont nous avons parlé, selon que les déclinaisons sont boréales ou australes, et il est facile de comprendre que si les divisions du globe sont convenablement t-acées, on obtiendra de la sorte l'heure cherchée, et même la date du jour, par l'écart que fait l’image, par rapport au cercle équatorial et au méridien; il sera même aisé de déduire de cette exposition le procédé qui servira à régler les lignes horaires. » La seconde condition à remplir est dans l’orien- tation du globe. M. Avit a imaginé une monture qui permet à l’appareil deux sortes de mouvemens de rotation : l’un autour d'un diamètre horizontal ; Cior1) Pautre autour d’un autre diamètre perpendiculaire. Lorsque cette monture est fixée à une muraille , on fait d’abord tourner le globe autour du premier diamètre, pour donner la situation qui convient à la latitude du lieu; ensuite on produit la rotation autour du diamètre vertical iusqu'à ce que lorilice qui pro- jette l’image solaire soit dans le méridien. Le premier de ces mouvemens est facile à régler à l'aide d’un arc gradué, qui sert à marquer le point d'arrêt d'après la latitude du lieu; le second s'obtient en dirigeant le globe de manière que le rayon solaire indique l'heure juste à une époque quelconque. On peut même, par ce dernier procédé seulement, opérer l'orientation, et par suite en conclure la lati- tude du lieu par le point d'arrêt sur l'arc régulateur de la rotation, autour de laxe horizontal. » L'appareil imaginé par M. Avit est un cadran solaire ingénieux; il compose un meuble assez élégant, qu'on peut fixer en tout lieu recevant la lumière du soleil, et particulièrement à l’embrasure d’une croisée. Il a toute lexactitude des bons cadrans solaires; mais il a sur ceux-ci plusieurs avantages. D'abord il peut être fixé à toutes les expositions sans considérer la déclinaison des murs où on attache; ensuite on peut le consulter sans sortir de l'appartement; enfin, ilconvient à toutes les lati- tudes, et les lignes horaires sont les mêmes pour toutes les contrées. Pour le transporter d’un lieu à un autre, il ne faut rien changer au tracé des lignes, et il suffira de l’orienter convenablement, (192) en disposant l’axe parallèlement à celui de rotation de la terre, et amenant la ligne de midi dans le méridien. Cette dernière propriété est, il est vrai, commune à tous les cadrans solaires; mais il est bien difficile d'orienter ces instrumens lorsqu'ils ont été construits pour un mur ou pour un horizon différent de ceux où lon veut les exposer. Le globe de M. Avit ne présente pas cette difficulté, car il suffit qu’en tout lieu son cercle équatorial soit paral- lèle à l'équateur céleste, et son plan de midi dans le méridien du lieu; les plans horaires se coupent sui- vant son axe perpendiculaire au cercle équatorial, lequel, par l'orientation , est parallèle à l’axe de la terre. » Nous ne pourrions rien ajouter ici qui pût donner une idée plus exacte de cet instrument et de sa supériorité sur les cadrans solaires que l’on connait déjà. L’approbation d'un savant aussi distingué doit mettre hors de doute l'utilité de cette invention, et assurer à son auteur les avantages d’un prompt débit. Les globes dont il est question dans le rap- port de M. Francœur ont un pied et demi de dia- mètre; mais M. 4vit en construit aussi d’une plus petite dimension, que l’on peut placer contre le chambranle d’une croisée, ce qui permet de voir l'heure, de l'intérieur de l'appartement. Ces petits globes ont trois pouces et demi de diamètre et sont divisés de cinq en cinq minutes. Ils sont d’ailleurs absolument conformes aux premiers, avec cette seule différence que le temps moyen ne s’y trouve point indiqué. RTE ES ( 193 ) AAA A AAA A A AA AA A A AA A AA A A AAA AAA AA AAA A VS LE PLAISIR EN VOYAGE. ÉPITRE A ÉGLÉ. Par M. le baron DE TALAIRAT. Nr m'ordonnez de chanter le Plaisir, Ce Dieu charmant, à qui rendent hommage Rois et sujets, le héros et le sage; Vous l’ordonnez : c’est à moi d’obéir. D'autres sauront définir son essence, Sur tous les cœurs son heureuse influence, Ce feu si doux que vos yeux font sentir, Moi, je dirai ses travaux, ses voyages, Lorsque du ciel fuyant les noirs orages, Sur notre globe il voulut s'établir, Daignez, Églé, sourire à mon ouvrage; Préparez-moi des couronnes de fleurs : Je les préfére au laurier des neuf sœurs , Et mon succès sera votre suffrage. Dans l’Olympe, jadis, ne se-brouillant jamais, Avant la pomme d’or, les Dieux vivaient en paix, Junon seule, Junon, d'humeur atrabilaire, Ayant le don d'aimer, sans avoir l’art de plaire, Dévorée, en secret, par des soupçons jaloux, Qelquefois éclatait contre un volage époux. Mais sitôt que Vénus, au jugement d’un homme, Sur elle et sur Pallas eût emporté la pomme, 13 ( 194 ) La guerre s’alluma, Les Dieux s’armérent tous (Car ils étaient galans}), et pour chaque immortelle, Chacun, d’après son cœur, prit part à la querelle. Un seul demeura neutre : et ce fut le Plaisir. Délicat, vif, aimable, à-peu-près de votre âge, Ne vieillissant jamais, ce petit Dieu volage, Quand la discorde arrive est toujours prompt à fuir. Elle aime à diviser , il cherche à réunir. Dès qu'il vit dans les cieux la guerre déclarée, Blämant, sans nul égard, Vénus la mijaurée, La superbe Junon et la docte Pallas, Au lieu de prendre part à leurs tristes débats, Dégoûté de l’'Olympe et ne sachant qu'y faire, {1 forma le projet de venir sur la terre; Et voilà qu'aussitôt il traverse les airs. Les hôtes des forêts, les habitans des mers Ont déjà ressenti sa divine influence, Et l’homme a tressailli de joie et d'espérance Quel peuple lui plaira ? quel lieu va-t-il choisir ? Les Grecs et les Troyens étaient alors en guerre; Ce ne fut point chez eux qu’il alla s'établir : Il penchait pour l’Europe, elle avait su lui plaire, Mais de l’Europe , hélas! les grossiers habitans, Sans commerce , sans lois, sans arts, sans industrie, Des plus rudes saisons bravant l’intempérie, Errans dans les forêts , se nourrisaient de glands. Cette façon d'agir et ce genre de vie Dégoûta le Plaisir ; et vers d’autres climats, Pour trouver un asile, il dirigea ses pas. Il voyagea long-temps de royaume en royaume, Fréquentant peu les cours et vivant sous le chaume, De l'antique Orient parcourant les débris, Las de ne rencontrer que des cœurs avilis, (195 ) Ïl attendait qu'un jour l’Europe, moins grossière, Des beaux arts, dans son sein, vit briller la lumiere. Ce jour parut enfin! et déjà le Plaisir, De la Perse au Mogol, du Mogol à la Chine Avait porté ses pas, mais sans y découvrir Ni son aimable nom, ni sa noble origine, Voyageur égaré durant un siècle entier, Que voit-il? En tous lieux le despotisme altier Sous son joug écrasant des peuples imbéciles, Qu’une longue habitude a su rendre dociles, Au seul nom de leur maitre inquiets et tremblans, Incapables d'efforts et façonnés à craindre, Ils vivent pour souffrir et souffrent sans se plaindre. Aux lieux où naît le jour tel fut dans tous les temps Le sort, le triste sort de tout ce qui respire. Pour y faire chérir son culte et son empire, Le Plaisir avait fait des efforts impuissans. Mais enfin pour l’Europe abandonnant l'Asie, Il parcourut la Grèce, ensuite l'Italie, Où tout était soumis au second des Césars, Où le prince, avec lui, faisait régner les arts, Forcé de s’exiler sous l’ombrageux T'ibère, On ignera long-temps quel antre solitaire Avait pu le cacher : lorsque des Médicis, Il embellit la cour, et suivant Léon dix, Visita de nouveau les murs du Capitole, Le Français, à son tour, peuple aimable et frivole, Attira ses regards : et quand le bon Henri Fut monté sur le trône à sa voix affermi, Dans la France, pour lui, jusqu'alors étrangère, Le Plaisir vint s'offrir aux tristes laboureurs Et leur verser l'oubli d’une longue misère, Age heureux! où chacun, en essuyant ses pleurs, ( 196 ) Mettait la poule au pot pour régaler cet hôte. Il vécut ignoré sous ce fier cardinal Qui, punissant de mort la plus légère faute, Fit pourtant à l'État plus de bien que de mal. Il reparut bientôt à cette cour brillante Où l’art de plaire était une affaire importante ; Où le goût des beaux vers et celui des beaux arts S’unissait à la grâce et charmait la puissance ; Où la gloire et l’honneur brillaient de toutes parts; Où l’on courait en foule applaudir l’éloquence, Et du même laurier ceindre Apollon et Mars. C'est là qu'il séduisit la tendre Lavallière; Montespan lui soumit son son âme libre et fière; Et changeant de maintien, de langage et de ton, Il prit un air dévot pour plaire à Maintenon. Il se fit libertin avec un Prince aimable, Vainqueur au champ de Mars, à Gnide et même à table; Et sous un jeune Roi, favori de l'Amour, Il escorta Mailly, Chateauroux, Pompadour. Plus tard, près d'une Reine aussi bonne que belle, I1 s’efforca de plaire et de charmer comme elle; Et noble, délicat, grâcieux tour-à-tour, Sur les pas d’Antoinette il embellit la cour, Oh! comme il se plaisait dans la France charmée D’aimer cet hôte aimable et de s’en voir aimée! A l'envi l’un de l’autre, ils faisaient le bonheur. Mais sitôt que le crime, évoquant la terreur, De meurtres et de sang eût jalonné ses traces, Sur l'aile des Amours fu yant avec les Grâces, On le vit s’exiler en répandant des pleurs , Et d'un peuple enivré retirer ses faveurs. gr ne mé mi mt tt mr ttes tt ( 197 ) Lorsque le calme enfin succédant à l'orage, On sut associer aux pompes du courage, Le triomphe des arts, les fêtes de l'Amouw . Pour revoir ce pays il revint un beau jour. Et depuis ce moment, de sa douce alliance Le Plaisir a scellé le pacte avec la France. En tous lieux désiré, cherché de toutes parts, Il sourit aux talens, applaudit aux beaux arts; 1! console les fils de la docte Uranie, Ceux de Clio, d’Euterpe et ceux de Polymnie, Au sen d'un bon ménage il est souvent admis; Il aime à se trouver entre de vrais amis. Mais préférant du cœur les intrigues secrètes, Amans! tendres amans! pour vous il a des fêtes. Il s'endort chez les grands et n’y peut respirer, Chez l’avare jamais il n’osa se montrer; Il va du cours au bal, entre à la comédie, On peut le rencontrer même à l'Académie. C'est surtout près de vous qu’il aime à se placer; Sans art et sans effort, Églé sait le fixer. Et vous, dont la présence anime cette fête, Objets inspirateurs du peintre et du poète, Chefs-d'œuvre de beauté, de grâce et de candeur, | Que poursuit la pensée et que rêve le cœur! À mon heureux sujet vous sourirez peut-être ; J'ai chanté le Plaisir, et vos yeux le font naître. Puissent ces vers, pour qui j'implore votre appui, Par vous être applaudis, être approuvés par lui! Si des nobles travaux la gloire est le salaire, Aux jeux que je chéris la gloire est de vous plaire, Heureux, cent fois heureux qui peut la mériter! Et c'est assez pour moi que d'oser le tenter. ( 198 ) AA AA AU LU UV A LR MU MU AR AV AAA VY AAA A AA A A AU A AA A MR A ANS L'ESPÉRANCE ET LA RÉALITÉ. Par M DE SAINTE-COLOMBE. L: destin un beau jour ayant eu fantaisie, ( Les dieux y sont sujets non moins que la beauté, ) D'appaiser une fois leur vieille jalousie, Réunit l'Espérance et la Réalité. Est-ce bien vous, belle inhumaine, Dit l'Espérance, en embrassant sa sœur, À vous chercher combien de peine! A vous retrouver quel bonheur! À mes désirs pourquoi toujours rebelle, Quand je crois vous saisir, me fuyez-vous toujours ? D'une injuste et longue querelle Faut-il éterniser le cours} Sur nos débats aux célestes arbitres Faut-il encor, pour l'honneur de nos droits, Avoir recours, ét rappeler des titres Contestés tant de fois ? Par le décret des Dieux, toutes deux appelées A concourir au bonheur des mortels, Suivons, ma sœur, nos nobles destinées. , Et scellons de la paix les traités solennels. Mais... que veut dire ce silence? Répondez-vous encor par le dédain Aux prières de l’'Espérance, Vous implorant au nom du genre humain ? Des Dieux la sagesse profonde Également à toutes deux ‘ Imposa le bonheur du monde ; Qui de nous a trahi ce devoir généreux, ( 199 ) Ce doux et sacré ministère? Non, je ne l'ai point oublié, Du soin qui me fut confié Demandez le compte à la terre, Qui met un frein au torrent destructeur Des maux qu'a prodigués l’indiscrette Pandore!? Quelle voix calme et suspend la douleur Qui flétrit l’âme et la dévore ? Pour l'enfant pleurant au berceau, Pour l’ambitieuse jeunesse, Pour le vieillard près du tombeau, N'ai-je donc pas toujours des chants, une caresse! Et quand du sort l'arrêt fatal À marqué leur dernière aurore, Je cache l'horreur du signal En les charmant par un sourire encore! Aux plaines sanglantes de Mars, J'apprends aux fils de la Victoire À braver de nobles hasards, En leur montrant les palmes de la gloire : De leurs exploits, redits à la postérité, J'anime les récits des chantres de Bellone, Et par la main de l’Immortalité, Des héros sur leur front je place la couronne. L’esclave courbé sous ses fers Les pèse-t-1l avec courage, Et d’un bourreau que flétrit l’univers Brave-t-il les fouets et la rage? C’est qu’à ma voix la charité Du malheureux quand il sommeille Murmure tout bas à l'oreille Le nom sacré de liberté! ( 200 }) Lorsque, banni de sa patrie, Un exilé, sur des bords inconnus Verse des pleurs que ne tariront plus Les baisers de sa douce amie, L'infortuné! qui le consolera Des biens que lui ravit l'absence? Et ses pleurs. qui les séchera Si ce n’est encor l'Espérance! Du tropique embrasé ma main éteint les feux Au génie appelant un nouvel hémisphère, Et pour franchir l’Arctique à l'Anglais courageux D'une éternelle glace amollit la barrière. Du temple d’Épidaure arrachant les secrets, Au malade affaissé sur son lit de misère De la santé j'apporte les bienfaits Quand Esculape en désespère. Mon souffle enfin anime l'univers, Et pour consacrer ma puissance, Les Dieux ont mis sur le seuil des enfers ; Ici la mort... Plus d'Espérance !!! De vos bienfaits, dit la Réalité, Ma sœur, que je vous félicite ; Ils sont nombreux, en vérité, Mais vous faut-il tant vanter leur mérite? De tout venant, votre cœur généreux Accueille avec feu la prière, Et vous ne laissez plus aux Dieux Le moindre petit bien à faire. Vous le croyez... détrompez-vous, ma sœur, D'une trop noble erreur qu’aisément on pardonne : Vous promettez aux mortels le bonheur, La Réalité le leur donne! (20217 NOTICE HISTORIQUE Sur le baron RoQuEPLAN DE LESTRADE, lieutenant- général des armées du Roi. Par M. TARDY. L'sroine d’un homme qui ajeté quelqu'illustration sur le pays où il recut le jour doit nécessairement intéresser ses compatriotes; il semble qu'elle soit environnée de plus d’attraits lorsqu'on peut suivre plus aisément tous les faits que présente sa vie, interroger les lieux qu'il habita et chercher les traces de sa présence. Les exemples qu'il laissa, les actions qui le dis- üinguèrent, les services qu'il rendit, tout sera plus grand, plus sublime aux yeux d’un concitoyen, et le souvenir de ses vertus se grave plus profondément dans sa mémoire. Tel est l’homme : il s'attache avec plus de force aux choses dont il fut le témoin. Amable-Vincent de Roqueplan de Lestrade naquit au Puy en Velay, le 5 avril 1729. Il fit ses études dans le collége de cette ville. Il avait naturellement l'esprit vif et la conception aisée. D’après ces heu- reuses dispositions réunies à un physique vigoureux, son éducalion fut rapide. Il'entra à l’âge de quinze ans, en qualité de cadet, dans le régiment de Lyonnais, sous la direction d’un ( 202 ) oncle qui y était officier. Il fut blessé, à dix-huit ans, à la bataille de Fontenoy. Devenu sergent-major de grenadiers, il fut envoyé À la découverte à la tête d’un détachement; il inter. cepta un convoi qu'il amena, après en avoir battu et dissipé lescorte plus nombreuse que sa troupe; le grade de lieutenant fut le prix de ce premier fait d'armes. Plus tard, nommé capitaine, il fut toujours em- ployé aux avant-postes, et fit avec distinction les campagnes d'Italie et de Hanovre. Quelque pénible et lent que fut Favancement pour les militaires qui n'étaient pas recommandés par la plus haute naissance, le mérite de De Lestrade porta le ministère à un acte de justice. Il fut promu au rang de lieutenant-colonel du régiment de Gâtunois. Il s'embarqua pour Amérique à la tête de ce corps qui recut alors le nom de Royal-Auvergne. De Lestrade fut chargé d'attaquer , avec douze cents grenadiers on chasseurs le fort d'Yorck, poste bien fortifié et à la conservation duquel l'ennemi mettait la plus grande importance. Il était défendu par quatre cents soldats d'élite qui avaient juré de périr plutôt que de se rendre. 1] fallait emporter le fort d'in coup de main. L’assaut est donné, l'action devait être vive et De Lestrade commençait à perdre beaucoup de monde. Pour décider sa troupe , 1l s’élance le premier pour franchir.le fossé, mais ren- versé d’un coup de biscayen, voyant que ses soldats balancaient; à moi! s’écrie-t-il, camarades! si je PRE RES (203: dois périr ici, que mon corps vous serve de pont pour arriver à l'ennemi! Sa brave troupe animée par ces mots dignes d’un Spartiate, fit les derniers efforts pour Farracher des fossés et le porta vers les remparts où 1l contiua à donner ses ordres avec le méme sang-froid. Les Francais étaient parvenus à dominer l’ennemi sur ses retranchemens, et leur feu meurtrier plon- geait sur lui avec lavantage du nombre et de la position; De Lestrade, aussi généreux que brave, offrit une honorable capitulation; mais les Anglais persistant à vouloir se défendre, l’ordre fut donné d’enfoncer les portes et de pénétrer à la baïonnette. Bientôt toute résistance cessant, De Lestrade fit aussi cesser le carnage , et il ne vit pas sans admiration les restes de cette brave garnison dont il n’existait plus un soldat qui n'eût été mutilé. Il ordonna qu'on en prit le plus grand soin et leur fit laisser tous leurs effets, Quelque temps après la prise du fort d'Yorck, De Lestrade à la tête de deux mille hommes, recut l’ordre d'aller surveiller de près le général Cornwallis qui en commandait huit mille sur le bord de la rivière d'Yorck. Le général anglais, qui occupait dans sa ligne de défense les places d'Yorck-Town et de Glocester, se voyant déjà enveloppé par une marche habile de larmée franco-américaine, commandée par Washington et ne recevant pas les secours qu'on lui avait promis, avait imuülement tenté de sauver ses troupes au moyen des embarcations qu'il aval ( 204 ) préparées. Mais il n’avait pu descendre les fleuves James et Yorck, dont le comte de Grasse occupait Fembouchure avec sa flotte. Il tente de pénétrer par la rivière dans Glocester; le général de Choisy, à la tête d’un détachement, lui coupe encore cette retraite; alors De Lestrade voyant la position critique de l’en- nemi, fait ses dispositions pour l’attaquer à la pointe du jour sur son centre, tandis qu'on linquiéterait sur ses ailes; 1l marche à lui en colonne serrée et à la baïonnette et réduit les Anglais, qu'il avait en tête, à se rendre ou à être jetés dans la rivière. Alors Cornwallis capitula avec son armée le 19 octo- bre 1981, et livra les deux places qu'il occupait avec les forces navales anglaises qui se trouvaient dans le port. On n’accorda point à Cornwallis, dans la capitu- lation, les honneurs de la guerre, parce que ces mêmes honneurs avaient été refusés, dix-huit mois auparant, au général américain Lincoln, lors de la reddition de Charles-Town. Cornwallis, en se ren- dant, présenta son épée à De Lestrade qui ne voulut pas la recevoir et qui adressa son prisonnier au général en chef Washington. Le général américain nomma De Lestrade, sur le champ de bataille, brigadier des armées, le décora de l'ordre de Ciucinnatus, et Jui fit présent, au nom des États-Unis, de deux pièces de canon prises sur lennemi. De Lestrade les donna à son régiment, en disant à ses grenadiers qu'ils avaient bien aidé à les gagner. (Ce régiment de royal Auvergne était com- Ce (2085 } posé en grande partie d'officiers et de soldats natifs, comme De Lestrade, du Puy même ou du Velay). Avant la bataille de Brandy-Wine, le général De Lafayette ayant laissé le commandement de l'aile gauche combinée à De Lestrade, les Anglais feigni- rent de porter leurs forces contre l'aile droite com- mandée par Washington , mais leur but était d’écraser De Lestrade en fondant brusquement sur lui par une contre-marche ; ils avaient eu connaissance que Lafayette l'avait quitté, en emmenant avec lui quelques troupes. Les Anglais venaient de s’em- parer de Philadelphie, capitale de la Pensylvanie, et de plusieurs autres positions importantes : ils se croyaient maîtres de la campagne et ne s’atten- daient pas à une grande résistance. De Lestrade voyant tomber sur lui les forces anglaises, se tourne vers ses soldats : Camarades, suivez-moi, et nous vaincrons! et chargeant soudain l'ennemi, 1l le bat complétement. En revenant d'Amérique , De Lestrade fut recu au Cap Saint-Domingue comme en triomphe. Les dames, au spectacle, lui offrirent des couronnes et lui adressérent les vers suivans : Il est donc vrai, vieux soldat de Cythére, Que tu n’as quitté nos remparts Que pour apprendre à l'Angleterre Qu'on peut braver ses léopards, A ton aspect, le fier Anglais se sauve; Et Bellone, pour prix de tes travaux guerriers, À sans doute voulu que ton front devint chauve Pour y placer plus de lauriers. ( 206 ) À son arrrivée en France, De Lestrade se pré- senta à la cour; comme il avait les cheveux blancs, le front large et chauve, une figure pleine et mâle, le Roi, en le voyant, demanda au ministre de la guerre, qu'elle était cette tête de Saint Pierre? Sire, répondit le ministre, c’est un de vos plus braves officiers, De Lestrade; hé bien! dit le Roi, il faut lui donner de l’avancement; Sire, reprit le ministre, il a le temps d'attendre, il peut encore bien servir. De Lestrade était présent; néanmoins le Roi, plus juste, dut persister, et De Lestrade fut nommé maréchal-de-camp. Il était rentré dans sa famille lorsque la révolu- tion francaise arriva. L’amour de la liberté, qu'il avait défendue si glorieusement en Amérique, l’es- poir de voir améliorer le sort de sa patrie, le fixèrent dans le parti qui lui parut le plus inté- resser la France. À la création de la garde nationale , il en fut nommé commandant en chef dans le département de la Haute-Loire. Toute la population devenait militaire; cette organisation fut pénible et suivie de troubles. En 1789, De Lestrade accourut se jeter entre une parte de la garde nationale du Puy et la troupe corse, en garnison dans cette ville, mjuste- ment provoquée par la première. Il exposa sa vie dans cette occasion, en parant un coup de faulx qu'on portait sur la tête du commandant corse, et il rétablit parfaitement la paix et l'union entre la troupe et la bourgeoisie. ot St nos Lu ( 2071) Nommé lienutenant-général des armées du Roi, il fut appelé au commandement de la division du Gard. Il fut chargé bientôt après de celui des places de Briancon, d’'Embrun et de Mont-Dauphin. Briancon, la clef du Piémont , était menacé par un camp ennemi formé dans son voisinage; il se trouvait dénué de tout moyen de défense en matériel d'armes et de vivres. De Lestrade parvint par son activité à mettre cette place sur un pied respectable. Ce furent ses derniers travaux. Des infirmités le ramenèrent dans ses foyers, où après plusieurs années de souffrances, il mourut le 7 mai 1801. agé de soixante-douze ans. ERRATA. Page 8, ligne 20, au lieu de : Privas, lisez : Clermont. Page 59, ligne 20, au lieu de : Louis-le-Bègue, Lisez : Charles- le-Gros. ( 209 } TABLE DES MATIÈRES. Aa nee sossssesseses...... Page Liste des Membres de La Société.......,.,.. Frirati du héslementie is. een Discours prononcés dans la séance publique du 20 août 1927 : Par le'Président honoraire: 2.0: Par lePrESideR AN SERRE En MURS Par M.'le Vite de BECDELIÈVRE. .......... Par Ms RGELLE sn rer te teteretetett dos QU sa 05 AGRICULTURE. Résumé de divers rapports lus dans les séances de la Société , et que les bornes de ce recueil n'ontpas permis d'y insérer uv... 00". 0e Rapports et Mémoires qu'il a paru utile d'in- sérer en entier dans re recueil........... Mémoire sur lu culture des graines oléagi- neuses, leurs qualités et l'extraction de leur huile) par M. DUBRUNFAUT.. 00.4 Rapport sur un Mémoire de M. Morrx, ayant pour titre : Correspondance pour lavance- ment de la Météorologie, par M. DERIBIER DE CHEISSAC ss esosrerveressressssseuee (:9760 ) De l'influence de la lune sur les saisons, les plantes et les animaux, par M. Gurzrauwe. SCIENCES, Rapport, au nom d'une Commission composée de MM. pre BEecheLzIÈèvrE, Visert et BEr- TRAND DE Dour, Rapporteur , sur un ouvrage offert à la Société par M. J.-B. BourLzer, de Clermont, ayant pour titre : Essai géolo- gique et minéralogique sur les environs d'Issoire et principalement sur la montagne de Boulade, avec la description et les figures Litographiées des ossemens fossiles qui y ont été recueillis, par MM. DEVÈZE DE CHABRIOL CL PS PODILLET re meruderen had re Réflexions sur les combustions spontanées, et Observation d’une combustion des deux mains chez un jeune homme de vingt-quatre ans, PAR MS RICHOND, DEN PROS. «eee Mémoire sur les eaux minérales de Margeaix, des Salles, des Estreix et des Pandraux, par M ArNAavDiaine de de mate Analyse des eaux minérales de la Soucheyre, PARU dome ETC Rte ee Notice lue dans la séance publique du 20 août 1027. var. M, MOUSSTAR RER ee à us Nomenclature des mammifères et des oiseaux observés dans le département de la Haute- Loire, par. M. Félix. ROBERT... auto vos « 81 87 94 112 122 (RATTe) Discours sur la nécessité dallier Les Sciences et les Lettres, par M. BEerGERy.......... ARTS. Notice sur Les métiers à tisser les rubans, par SE DD Es Rio etais e coco see eee eee Description des globes servant de cadrans solaires, inventés par M. Ayir aîné....... LITTÉRATURE, Le Plaisir en voyage : Epttre à Eglé ; par Me baron DE TATAIRAT des oe ; L'Espérance et la Réalité, par M. DE SA41NTE- COLOMBE, sosesosererossoeteneesree NÉCROLOGIE. Notice historique sur Le baron ROQUEPLAN DE LESTRADE, lieutenant-général des armées du Roi, par M. Tarpr...............se FIN. 4 JUN. 98 201 Lex LÉ HAT are ï, sr rss PAL SR 3 St sig. sax ve. ) ; Ps ans Ve ro AL A 1 NT Nu rx DA eurine tt As gant Fe un mur 10e rntepossts sens à CU" 22 4 " F l d ÉA Ï 4 : a ( Ur AUS g 1 à … M'Y : ; HER SEEN SRERGSAUME SNS) SR he) 2 2, CES agrae RO Are TT TRS > Es PRES 2 E TS