V

1

ANNALES

DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE

DE LYON

LYON ASSOCIATION TYPOGRAPHIQUE

RUE DE LA BARRE, 12.

F. PLAN, DIRECTEUR

ANNALES

BE LA

SOGIÉTÉ BOTANIQUE

DE LYON

QUINZIÈME ANNÉE. 1887

NOTES ET MÉMOIRES

SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ

AU PALAIS-DES-ARTS , PLAGE DES TERREAUX

GEORG, Libraire, rue de la République, 65.

1888

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SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE LYON

Bureau pour l’aniiée 1887

Président d'honn^iir: le Maire de la Ville de Lyon.

Président . MM. Franc. MOREL.

Vice-président . LACHMANN.

Secrétaire général . . . Oct. MEYRAN.

Secrétaires des séances

Trésorier .

Archimste .

GARCIN.

PRUDENT.

MERMOD.

BOULLU.

Membres titulaires résidants

MM. Barral (Joseph), étudiant, rue de Béarn, 37.

Beauvisade (D'‘), professeur agrégé à la Faculté de médecine. Blanc (Léon), docteur en médecine, rue de la Charité, 33. Blanc (Louis), répétiteur à l’École vétérinaire.

Boudet (Claudius), quai St-Antoine, 24.

Boullu, professeur, rue Victor-Hugo, 31.

Boussenot, pharmacien, place Le Viste.

Boget (Joanny), rue Luizerne, 5.

Bravais, docteur en médecine, rue Victor-Hugo, 15. Cardonna, propriétaire, à Montchat.

Carrier (D'’), méd. des hôpitaux, rue de l’Hôtel-de-Ville, 101. Chanay (Pierre), rue Terme, 25.

Collonge-Ollagnier, institutrice, rue Laurencin, 14.

VI

MM. CoTTON, pharmacien de classe, rue Sainte-Hélène, 35. Courbet (Jules), rue Victor-Hugo, 28.

CousANçvT, horticulteur, grande-rue-de-Cuire, 88.

CouTAGNE (Georges),' ingénieur de l’État, quai des Brot- teaux, 29.

CusiN, secrétaire général de la Société d’horticulture pratique du Rhône, rue Neuve des Charpennes, 4.

Damon (Pierre), cours Vitton, 83.

Débat, place Perrache, 7.

Despeignes (Victor), chef des travaux de zoologie à laFaculté de médecine, quai de Bondy, 16.

Durand, rue de Gadagne, 14.

Erard, rue de la Bombarde, 6.

MM. Faure, professeur à l’École vétérinaire de Lyon, cours Morand, 26.

Ferrouillat (Auguste), rue du Plat, 10.

Ferrouillat (Prosper), rue du Plat, 10.

Fournebeau, professeur à l’Institution des Chartreux. Gagneur, négociant, rue Vaubecour, 28.

Garcin, préparateur de botanique à la Faculté des sciences. Gérard, professeur de botanique à la Faculté des sciences, place Raspail, 2.

Gillet (François) fils, quai de Serin, 9 Gillet (Joseph) fils, quai de Serin, 9.

Grémion (Étienne), rue Cuvier, 2.

M”® Groboz, place Bellecour, 26.

M. Guillaud, docteur en médecine, cours Gambetta, 17.

Mme Haond, rue Thomassin, 22.

MM. Jordan (Alexis), rue de l’Arbre-Sec, 40.

Kieffer, professeur au Lycée de Lyon, cours Vitton, 27 Lachmann, maître de conférences à la Faculté des sciences, cours Gambetta, 30.

Lambert, pharmacien en chef de PHospice de Bron. Lardière, 16, rue Laurencin.

Lavenir, chef de cultures chez M. F. Morel, rue des Sou¬ venirs, 33, à Vaise.

Lille (Léon), horticulteur, quai Saint-Antoine, 35.

Lille (Louis), horticulteur, quai Saint-Antoine, 35. Linossier, horticulteur, à la Demi-Lune, Lyon.

Lorenti (Philippe), professeur à l’École de la Martinière, place des Hospices, 4.

Mathevon (Octave), avocat, rue des Deux-Maisons, 2. Maurice (Claudius), étudiant en pharmacie, quai Claude- Bernard, 47.

VH

M"® Mayoux (Anna), rue Mercière, 45.

MM. Mégret, libraire, quai de l’Hôpital, 56.

Merley (J. -B.), étudiant, cours Gambetta, 38.

Mermod (Étienne), négociant, rue d’Alsace, 13.

Meyran (Octave), rue Centrale, 8.

Morel (Francisque), pépiniériste, rue des Souvenirs, 33, à Valse.

Nicolas, secrétaire général de la Société d’Horticulture du Rhône.

Paillasson, docteur en médecine, rue de la Barre, 12. Parcelly (l’abbé), professeur au Séminaire des missions africaines, cours Gambetta, 174.

PÉLOCiEUx (Mathieu), directeur de l’école des Rivières, à la Mouche.

Perroud (D'*), médecin des hôpitaux, chargé de cours à la Faculté de médecine, quai des Célestins, 6.

Perroud (André), étudiant, 57, rue Franklin.

Peteaux, professeur de chimie à l’École vétérinaire.

PiCHAT, cours Lafayette, 92.

Mme xNchat, cours Lafayette, 92.

MM. Prudent (Paul), chimiste, Saint-Rambert-l’lle-Barbe. Rabaste, impasse Savoie, 1 Rambaldy (J. -a.), rue Tramassac, 26.

Renaud, rue Pelletier, 4.

Riel (Philibert), docteur en médecine, boulevard de la Croix-Rousse, 122.

Rouast (Georges), rue du Plat, 32.

Roux (Gabriel), docteur en médecine, rue Duhamel, 17. Roux (Nizius), rue Pléney, 5.

Saint-Lager, docteur en médecine, cours Gambetta, 8. Sargnon, rue Vaubecour, 15.

Sève (Simon), rue du Chariot-d’Or, 7.

Soulier (D*’), médecin des hôpitaux, professeur à la Faculté de médecine, rue Sainte-Hélène, 11.

Tillet, professeur, place des Minimes, 1.

Veulliot (Charles), cours Perrache, 20.

ViLLEROD, montée St-Sébastien, 21.

Viviand-Morel (Victor), secrétaire général de l’Association horticole lyonnaise, cours Lafayette prolongé, 61.

M^'e AVahl (Julia), licenciée es-sciences physiques et naturelles, rue Centrale, 4.

VIII

Membres titulaires non résidants

MM. Billet, percepteur, à Clermont-Ferrand, rue de la Pou¬ drière, 1 (Puy-de-Dôme).

Bochu, (l’abbé Benjamin), vicaire à Gleizé (Rhône).

Brénac, pharmacien militaire, rue de Paris, 66, Le Havre.

Chassaunieux, usine de la Comète, Valence (Drôme).

CHATELAIN (Maurice), notaire, à Faverges (Haute-Savoie).

Chenevière, à Lausanne-Maupas, 6 (Suisse).

Chevallier (l’abbé), professeur au Petit-Séminaire de Pré- cigné (Sarthe).

Darde, employé de chemin de fer, à Saulieu (Côte-d’Or).

Ducrost, curé de Solutré (Saône-et-Loire).

Durand, professeur à l’École nationale d’agriculture, boule¬ vard de la Comédie, 18, à Montpellier (Hérault).

Dutailly, député de la Haute-Marne, boulevard Saint- Germain, 181, à Paris.

Faure , directeur du petit séminaire du Rondeau , près Grenoble.

Fleureton, herboriste de 1^® classe, rue Beaubrun, 6, à Saint-Etienne (Loire).

Gastoud, pharmacien de classe, à Romans (Drôme).

Genty (P. A.), rue de Pouilly, 15, à Dijon (Côte d’Or).

Gillet (François), teinturier à Izieux (Loire).

Gillot (D"”), rue du faubourg Saint-Andoche, 5, à Autun (Saône-et-Loire).

Godet (Alfred), rue de la Présentation, 3, à Paris.

Guédel, docteur en médecine, cours Berriat, à Grenoble (Isère).

Guichard (Sylvain), au château de Bien- Assis, près Crémieu (Isère).

Guignard (Léon), professeur à l’École supérieure de phar¬ macie, rue des Feuillantines, 1, à Paris.

Guinet, Plain-Palais, route de Carouge, 56, à Genève.

Jacquart, professeur au collège de Saint-Thomas-d’Aquin, à Oullins (Rhône).

Jamen, clerc de notaire, à Farnay, par Grand-Croix (Loire).

Janin, pharmacien à Grand-Croix (Loire).

JüLLiEN (Jules), à Lorette (Loire).

Lacroix, pharmacien de 1"'® classe à Mâcon (Saône-et-Loire).

IX

MM. Lannes (Jules), rue de Wattignies, 22, à Paris.

Magnin (D" Antoine), professeur à la Faculté des sciences de Besançon (Doubs).

Magnin (Eugène), pharmacien à Sainte-Foy-PArgentière (Rhône).

Marçais (l’abbé Ed.), rue Ninau, 19, Toulouse (Haute- Garonne),

Matthieu (Albert), rue Sur-l’Eau, 1, à Belfort.

Maurice, pharmacien, rue Roanelle, 14, à St-Étienne (Loire). Merget, professeur à la Faculté de médecine de Bordeaux. Olagnier, pharmacien à l’Arbresle (Rhône).

Paillot (Justin), pharmacien, à Rougemont (Doubs). Paradis, instituteur à Beaujeu (Rhône).

Philippe (Louis), curé à Loyes, près Meximieu (Ain). Prothière, pharmacien à Tarare (Rhône).

RÉrolle (Louis), directeur du Musée d’histoire naturelle à Grenoble.

Richard, pharmacien, cours Berriat, à Grenoble.

Rimaud (François), rue de Cadore, à Roanne (Loire).

Saintot (abbé), à Audincourt (Haute-Marne).

Scagnetti (Angelo), à Pesaro (Italie).

Vairet (Ernest), à Germolles, près Tramayes (Saône-et- Loire).

Membres correspondants

MM. Arvet-Touvet, à Gières, près Grenoble.

Aubouy, directeur de l’École laïque, à Aniane (Hérault). Battandier, professeur d’histoire naturelle à l’Ecole de médecine d’Alger.

Bohnensieg, conservateur de la Bibliothèque du Musée Tey- 1er, à Harlem (Hollande).

Bonnet (D** Edm.), rue Claude-Bernard, 11, à Paris.

Bouvet (Georges), pharmacien, rue Saint-Jean, 2, à Angers. Carestia (l’abbé), à Riva Valdobbia (Italie).

Chevallier, chanoine du diocèse d’Annecy.

Duvergier de Hauranne, avenue d’Iéna, 57, à Paris. Fabre, docteur ès-sciences, à Orange (Vaucluse).

Gautier (Gaston), à Narbonne.

Hanry, juge de paix, au Luc (Var).

X

MM. Hüsnot, directeur de ia Revue hryologique , à Caban (Orne). Lannes, capitaine des douanes, à Briançon (Hautes-Alpes). Legrand, agent-voyer en chef, à Bourges (Cher).

Le Sourd (IL), directeur de la Gazette des Hôpitaux rue de l’Odéon, 1.

Loret (Henri), rue Barthez, 4, à Montpellier.

Martin, docteur en médecine, à Aumessas (Gard).

Payot (Venance), naturaliste, à Chamonix (Haute-Savoie). Perrier de la Bathie, à Conflans, près Albertville (Savoie) Reverchon, botaniste-collectionneur à Bollène (Vaucluse). Roux, rue Saint-Sutfren, 1, à Marseille.

Saccardo, professeur à l’Université de Padoue.

Seynes (de), professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris.

Smirnoff, inspecteur des écoles, àTiflis (Russie-Géorgie). Thuemen (le baron de), 1, Schulgasse, Wæhring, à Vienne (Autriche).

Todaro (Agostino), sénateur du royaume d’Italie, directeur du Jardin botanique de Palerme (Sicile).

Thierry, directeur du Jardin botanique à la Martinique. Trabut (D’’), professeur d’histoire naturelle à l’École de mé¬ decine d’Alger.

Vendryes, au Ministère de l’instruction publique, à Paris. Verlüt (J. -B.), directeur du Jardin botanique de Grenoble. ViALLANNES, professeur à l’École de médecine de Dijon.

Sociétés correspondantes

Société botanique de France, 84, rue de Grenelle à Paris.

nationale d’horticulture de France, 84, rue de Grenelle

à Paris.

française de botanique, directeur M. Lucante, à Courren-

san, par Gondrin (Gers).

des sciences naturel'es, à Cherbourg (Manche).

botanique et horticole de Provence, à Marseille.

d’Études scientifiques à Angers, (Maine-et-Loire).

d’Études scientifiques de Béziers, (Hérault).

d’Études des sciences naturelles de Nîmes, (Gard).

llorimontane à Annecy, (Haute-Savoie).

d’agriculture, sciences et arts à Vesoul (Haute-Saône).

XI

Société d’horticulture et d’histoire naturelle de l’Hérault à Montpellier.

d’histoire naturelle à Toulouse (Haute Garonne).

linnéenne, à Bordeaux (Gironde).

linnéenne à Lyon.

d’Etudes scientifiques du Finistère à Morlaix.

des sciences et arts agricoles et horticoles, Le Havre

(Seine-Inférieure).

scientifique et littéraire des Basses-Alpes, à Digne.

des sciences naturelles de Saône-et-Loire, à Chalon.

d’histoire naturelle, à Autun (Saône-et-Loire).

Académie des sciences, lettres d’Aix (Bouches-du-Rhône).

des sciences, lettres de Savoie, à Chambéry.

Société des sciences naturelles à Brême, (Allemagne).

botanique de Brandebourg, à Berlin (Allemagne).

botanique de Landshut (Bavière).

Académie Léopold. Carol. des curieux de la Nature, à Halle -sur- Saale (Prusse).

Société de zoologie et de botanique de Vienne (Autriche).

d’histoire naturelle de Graz (Styrie).

royale de botanique de Belgique, à Bruxelles.

malacologique de Belgique, à Bruxelles.

botanique d’Edimbourg (Écosse).

Académie des sciences de Californie, à San Francisco.

Trenton natural history Society, Trenton (États-Unis).

New-York Academy of sciences, New-York (États-Unis).

Società crittogamica italiana, directeur M. Ardissone, à Milan,

(Italie).

Sociedade da instruçcâo do Porto (Portugal).

Sociedade Broteriana, Coimbra (Portugal).

Academia nacional de Ciencias, à Cordoba (Républ. -Argentine). Société botanique, à Luxembourg.

Institut royal-grand-ducal, à Luxembourg.

Société impériale des naturalistes, à Moscou (Russie).

des naturalistes, à Kiew (Russsie).

Societas pro Fauna et Flora fennica, à Helsingfors (Finlande). Société murithienne du Valais, à Sion (Suisse).

botanique, à Genève.

Sociedad cientifica Antonio Alzate, à Mexico.

Archives d’histoire naturelle, à Leide (Hollande).

Museo nacional, San José de Costa-Rica (Amérique Centrale).

XII

Publications échangées

Revue bryologîque de M. Husnot, à Calian, par Athis (Orne).

Revue mycologique, dirigée par M. Roumeguère, rue Riquet, 37, à Toulouse.

Feuille des Jeunes naturalistes, dirigée par M. Dollfus, rue Pierre- Charron, 55, à Paris.

Revue scientifique du Bourbonnais, dirigée par M. Olivier, à Mou¬ lins (Allier).

Jow'nal de botanique, dirigé par M. L. Morot, rue Tournefort, 28, à Paris.

Repertorium literaturae hotanîcae, rédigé par M. Bohnensieg, à Harlem.

Botanische Zeitung, dirigée par M. de Solms-Laubach.

Annalen des U. U. naturhistorischen Hofmuseums, Vienne, 1, Burgring.

Terme zetraj zi füzeteh. Revue d’Histoire naturelle du Muséum de Budapest (Hongrie).

Attl del Museo civico di Storia naturale, Trieste.

Annuario del R. Istituto hotanico di Roma, rédigé par le pro¬ fesseur R. Pirotta.

Bulletin of Torrey hotanical Clul), New-York.

Malpigfiia, dirigé par MM. Pirotta, Penzig et Borzi, à Messine.

Notaiàsia, dirigé par MM. de Toni et David Levi, au Jardin bota¬ nique de Padova.

TABLE DES MATIÈRES

Vict. Loret. La Flore pharaonique . . . . 1

Delamare, Renauld et Càrdot. Florule de l’île Miquelon . 65

Edm. Bonnet. Documents pour servir à l’histoire de la Botanique

dans la région lyonnaise . 145

Beauvisage. Observations sur deux Roses prolifères . 157

Le Jardin botanique de la Faculté de médecine de

médecine de Lyon et la méthode naturelle . 163

Garcin. Recherches sur les Apocynées . 197

LA FLORE PHARAONIQUE

D’APRÈS LES DOCUMENTS HIÉROGLYPHIQUES ET LES SPÉCIMENS DÉCOUVERTS DANS LES TOMBES

PAR

Victor LORET

Depuis plusieurs années, je me suis occupé à relever dans les textes hiéroglyphiques tous les noms de plantes, en vue de re¬ constituer la flore de l’ancienne Egypte et de combler une lacune qui subsiste encore dans les dictionnaires égyptiens où, en regard de chaque mot désignant un végétal, on ne trouve la plupart du temps que l’indication vague « nom de plante ».

Mais un tel travail n’avance que bien lentement. En cinq ou six ans, je n’ai encore réussi qu’à identifier une cinquantaine de noms de plantes.

La méthode à employer ne permet pas, en effet, d’aller bien vite. Etant donné un nom hiéroglyphique dont le déterminatif nous assure qu’il désigne une plante, quelle est la marche à suivre pour arriver à déterminer l’espèce de cette plante ?

D’abord, il faut voir ce que peuvent donner les recherches phi¬ lologiques.

On sait que, si l’écriture des anciens Egyptiens a cessé d’être employée dès les premiers siècles de l’ère chrétienne, leur lan¬ gue du moins s’est conservée à peu près intacte jusqu’au siècle dernier. La langue copte n’est autre chose que l’égyptien écrit avec des lettres grecques. Or, la Bible a été traduite en copte.

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2

LA FLORE PHARAONIQUE.

Donc, tous les noms de plantes cités dans la Bible ont leur équivalent en copte, c’est-à-dire en égyptien.

D’autre part, les Coptes, à l’époque l’arabe s’est répandu en Egypte, ont produit un certain nombre de lexiques coptico- arabes, dans lesquels les noms de plantes sont traduits en arabe. Nous avons ainsi une assez longue liste de noms coptes de plantes que l’on peut traduire sûrement, soit à l’aide de la Bible, soit à l’aide des lexiques coptico-arabes. La première recliercbe à faire est donc de voir si le mot égyptien désignant une plante se retrouve en copte.

Si on ne le retrouve pas en copte, il reste la ressource de le trouver en hébreu ou en arabe. Beaucoup de radicaux sont com¬ muns aux trois langues. Les Hébreux, ayant connu certaines plantes en Egypte, ont pu leur conserver leur nom égyptien ; les Arabes d’Egypte ont pu également arabiser à leur usage les désignations anciennes des végétaux qui ne croissaient qu’aux bords du Nil.

Enfin, un dernier recours nous reste. Dioscoride et Apulée ont donné dans leurs écrits les noms égyptiens d’un grand nom¬ bre de plantes. Ces noms, il est vrai, ont été une première fois déformés par leur transcription en lettres grecques, puis déna¬ turés encore par les copistes et les éditeurs successifs qui nous ont transmis les ouvrages de ces auteurs. Mais on peut espérer que certains noms ont échappé à trop de mutilations, et, en fait, il se trouve que quelques termes égyptiens, de Dioscoride surtout, sont la transcription presque exacte de mots hiérogly¬ phiques.

Cinq ou six fois sur dix, le nom d’une plante hiéroglyphique se retrouve en copte, en hébreu ou en arabe. Il reste alors à con¬ solider ces données, fournies par la philologie, au moyen de recherches d’autre nature. C’est surtout que la tâche devient délicate et périlleuse. Pour chaque plante, la méthode diffère.

S’il s’agit d’une plante médicinale, dont le nom se retrouve plusieurs fois dans les traités de médecine égyptiens que nous possédons, on peut comparer les propriétés indiquées dans ces traités avec celles qu’indiquent pour les mêmes plantes les médecins grecs et latins.

J’ai pu remarquer que, pour les quelques plantes médicinales égyptiennes dont les noms nous sont bien certainement connus, les propriétés que leur attribuent les Egyptiens correspondent

LA FLORE PHARAONIQUE.

3

exactement à celles q.ui, par exemple, leur sont attribuées par Dioscoride. Il y aura là, un jour, matière à d’intéressants tra¬ vaux sur l’histoire de la médecine. Si notre plante médicinale, dont l’espèce nous est déjà indiquée par un dérivé copte, hébreu ou arabe, se trouve avoir les mêmes propriétés médicales dans les textes hiérogdyphiques que dans les traités gréco-latins, nous avons quelque chance d’être près de la vérité.

S’il s’agit d’autres plantes, d’autres procédés sont à employer. Parfois les textes mêmes nous aident singulièrement. Des plan¬ tes y sont clairement décrites. D’autres fois, les usages auxquels on utilise les végétaux nous permettent de ne pas nous égarer.

Telle plante sert à teindre en rouge. A priori, ce peut être le Carthame. Un texte nous indique qu’on en faisait des couron¬ nes ; or, certaines guirlandes de momies renferment des heurs de Carthame. C’est un argument presque décisif.

Le mot désigne un bois. Ce nom se rapproche des noms

sémitiques et gréco-latins de l’ébène. Le même mot se re¬ trouve auprès d’une statue noire. Enfin, les propriétés médici¬ nales de l’ébène et celles du Rabin sont identiques.

Qu’en conclure, sinon que Rabin est le plus ancien nom connu de l’Ebénier, et qu’il a donné naisance à celui dont nous nous servons encore?

Un dernier exemple : Soushin est le nom égyptien d’une fleur. Sousan en arabe, Shoshan en hébreu, Shoshen en copte sont les noms du Lis. Mais certains textes nous apprennent que le Soushin était aquatique et poussait dans les canaux d’i¬ nondation. Ce peut être alors un lis d’eau ou Nénuphar, d’au¬ tant plus qu’Hérodote nomme le Lotus « lis du Nil ». D’autres documents nous enseignent que les pétales de cette fleur sont blancs, que ses feuilles sont arrondies et fendues. Il n’y a plus de doutes à avoir, le Soushin est bien le Nénuphar ou Lotus blanc d’Egypte, soit le Nymphæa Lotus L., de sorte que notre prénom Suzanne, qui, on le sait, dérive du nom hébreu du Lis, a, en réalité, sa source primitive dans le nom égyptien du Lotus blanc. Et même, chose assez curieuse, il se trouve que ce nom était porté, dans l’Egypte antique, par certains personnages. Je pourrais citer une chanteuse de temple et un chef militaire qui portent le nom de Soushin et qui, par conséquent, s’ils vivaient aujourd’hui, se nommeraient Suzanne.

Comme on le voit, si l’identification des plantes pharaoniques

4

LA FLORE PHARAONIQUE.

n’est pas une chose facile, elle est du moins possible. Je n’ai jusqu'ici identifié que cinquante noms de plantes environ. La raison en est que, d’une part, je n’ai pu consacrer tout mon temps à ce seul travail et que, d’autre part, il me manque, sur bien des plantes, des données suffisantes, que je ne pourrai réu¬ nir qu’à force de dépouiller des textes biérog-lypbiques. A mesure que les déterminations certaines se multiplieront, le nombre des plantes à trouver diminuera nécessairement par élimination, et la besogne ira alors de plus en plus vite.

En attendant, un travail me semble utile à entreprendre. C’est de réunir sur la flore ancienne de l’Egypte tous les documents étrangers à la philologie. Ces documents sont de deux sortes :

Les plantes trouvées dans les tombes, les fruits offerts en dons funéraires et desséchés dans les hypogées, les fragments de graminées découverts dans les briques antiques, les végétaux textiles reconnus au microscope dans les tissus, les bois dont on fabriquait les meubles et les cercueils, les chaumes dont on for¬ mait des corbeilles, les feuilles dont on tressait des nattes, etc., etc ;

2^* Les renseignements fournis par les auteurs classiques, dont quelques-uns sont restés longtemps en Egypte.

C’est au premier ordre de documents que je m’attache aujour¬ d’hui. Traiter la question à fond me serait impossible pour le moment. D’abord un certain nombre d’ouvrages spéciaux me font défaut, soit par suite de leur rareté en librairie, soit par suite de leur absence dans les bibliothèques j’ai accès ; en¬ suite, bien des recherches restent encore à faire pour détermi¬ ner tous les végétaux, contemporains des Pharaons, qui existent dans nos musées.

Je me contenterai donc, en attendant mieux, de dépouiller minutieusement quelques travaux, dont je donne plus loin la liste, sur les plantes trouvées dans les tombes.

Ces travaux, je me hâte de le dire, sont du reste les plus im¬ portants qui aient été écrits sur la question, et les autres, à peu de choses près, n’en sont que les bases ou les résumés.

J’y ajouterai les résultats que j’ai obtenus jusqu’ici par la philologie, résultats consignés dans divers mémoires dont je donne également la liste. Plus tard, je pourrai donner une suite à la publication de ce premier ordre de documents, en compul¬ sant de nouveaux ouvrages et en y ajoutant de nouvelles plan-

LA FLORE PHARAONIQUE.

5

tes trouvées dans les textes égyptiens. Le dépouillement des écrivains classiques pourra également faire l’objet d’un mé¬ moire spécial.

En résumé, l’étude que je publie ici est bien fixée et bien délimitée. Elle a l’avantage, à défaut d’autres, d’épargner aux botanistes la lecture d’une vingtaine de mémoires dont la plu¬ part sont écrits en langue allemande ou imprimés, ce qui est pire encore, avec des caractères hiéroglyphiques. Puisse-t-elle, à ce titre, être jugée avec quelque indulgence !

V. L.

Lyon, 20 mai 1887.

LISTE DES OÜYEAGBS CONSULTÉS

C. s. Kunth, Examen botanique des fruits et des plantes de la collection égyptienne (J. Passàlacqua, catalogue raisonné et historique des antiquités découvertes en Egypte. Paris, 1826, pp. 227 et sqq) .

F. Unger, Ber versteinerte Wald bei Kairo und einige andere Arten

verkieselten Holzes in Ægypten (Sitzungsberichte der ma- thematisch-naturwissenschaftlichen Classe der Kaiserlichen Akademie der Wissenschafteu. Wien, 1858).

Die Pflanze des alten Ægyptens (Ib., 1859).

Inhalt eines alten œgyptischen Ziegels an organischen Kœr- pern (Ib., 1862).

Ein Ziegel der Bashurpyramide in Ægypten nach seinem Inhalte an organischen Einschlüssen (Ib., 1866).

Die organischen Einschlüsse eines Ziegels der alten Juden- stadt Ramsès in Ægypten (Ib. 1867).

G. ScHWEiNFURTH, TJeber Pflanzenreste aus altægyptischen Grœbern (Be-

richte der deutschen botanischen Gesellschaft, 1882).

Neue Beitrœge zur Flora des alten Ægyptens (Ib. 1883).

Notice sur les restes de végétaux de V ancienne Egypte

contenus dans une armoire du Musée de Boulaq. (Bulletin de l’Institut égyptien, 1884),

Les dernières découvertes botaniques dans les anciens

tombeaux de V Egypte (Ib., 1886).

Die letzten botanischen Entdeckungen in den Grœbern

Ægyptens , mit Yerbesserung en und Zusætzen. (Engler’s botanische Jahrbücher. Leipzig, 1886).

Sur les dernières trouvailles botaniques dans les tom¬

beaux de V ancienne Egypte (Bulletin de l’Institut égyptien, 1887).

V. Loret, Le Rabin du Papyrus Ebers et VEbenus de Pline (Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptiennes et assyriennes. Paris, Vieweg, I, p. 132).

Sur le Kanna (Ib., I, p. 190).

Sur les noms égyptiens des Lotus (Ib., I, p. 191).

Sur le Nabi (Ib., I, p. 194).

Les palmiers d'Egypte (Ib., II, p. 21).

Les arbres Ash^Sib et Shent (Ib., II, p. 60).

Note complémentaire sur le Kanna (Ib., IV, p. 156).

L'Ebène chez les anciens Egyptiens (Ib., VI, p. 125).

- Recherches sur plusieurs plantes connues des anciens Egyp¬

tiens (Vo., VII, p. 101).

•— Le Kyphi, parfum sacré des anciens Egyptiens. (Journal asiatique, 1887).

O O UE

DES PLANTES

PAH FAMILLES NATURELLES

GRAMINÉES

1 . liCerisia oryzoides Swartz

Des fragments de cette plante ont été trouvés en grand nom¬ bre dans une brique de la pyramide de Dasbour, laquelle date de l’Ancien Empire : caryopses unis et comprimés, dont quelques- uns encore entourés de leurs glumes ; plusieurs parties de l’in¬ florescence. La forme de ces fragments et leur structure anato¬ mique montrent avec certitude qu’ils appartiennent, non au riz cultivé, mais bien ÿ,\xLeersia oryzoides^ plante disparue aujour¬ d’hui de l’Egypte, d’après Unger, mais encore mentionnée pourtant dans la Flore égyptienne de Delile, publiée au commen¬ cement du siècle.

2. Phalaris paradoxa Lin. Fil.

Des fragments nombreux de cette plante ont été trouvés dans la même brique, ainsi que dans une autre brique prove¬ nant des ruines de Tell-el-Maskhouta, près du canal de Suez. hQ Phalaris paradoxa se rencontre encore de nos jours dans tous les champs de la Haute et la Basse Egypte. En examinant de près les restes de la plante antique, on est porté à les consi¬ dérer comme appartenant à une Graminée intermédiaire entre le P. 'paradoxa et le P. appendiculata Schultz qui, on le sait, est regardé par la plupart des botanistes comme une simple variété du P. paradoxa^ et qui se rencontre encore en Egypte, au dire de Kunth, bien que Delile ne le mentionne pas dans sa Flore.

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LA FLORE PHARAONIQUE.

3. Panicum miliaceiim L.

Plante cultivée de nos jours en Egypte et rangée par Unger au nombre des anciennes Graminées égyptiennes. Le botaniste autrichien s’appuie sur un passage d’Hérodote il est ques¬ tion d’une Babylone auprès de laquelle croissait cette plante ; mais cette ville peut ne pas être la Babylone du nome memphite.

4. Panicum italicum L.

Unger mentionne cette plante d’après Ch. Pickering, qui dit l’avoir vue représentée dans plusieurs tombes de Thèbes et d’Eileithyia. Le P. italicum n’est pas nommé dans les flores égyptiennes. Une brique d’Eileithyia renferme des caryopses d’une espèce indéterminée de Panicum^ qui peut être l’une des deux ici nommées.

5 Pennisetum typhoideum DG.

Plante mentionnée dans la flore antique d’Unger, avec cette restriction : « über den einstmaligen Anhau in Ægypten uichts Sicheres. »

6 Arnndo Donax L.

Une scène de chasse gravée à Thèbes, dans le temple funé¬ raire de Médinet Habou, représente le pharaon Ramsès III pour¬ suivant un lion à travers des touffes de cette plante. La panicule du Roseau est l’un des signes hiéroglyphiques les plus employés et sert à rendre la voyelle a. Enfin, le nom même du Roseau se retrouve dans les textes égyptiens ; la prononciation en est Nabiy mot conservé en copte avec le sens de bois de lance. Les Egyptiens se servaient du Roseau pour faire des flèches, des treillages, des tubes à l’usage des soufflets de forge ; avec les feuilles, ils tressaient des nattes ; en médecine, ils employaient cetce plante pour provoquer l’urine, emploi indiqué de nouveau par Pline, bien des siècles après. Sous le nom de Nabi de Phé¬ nicie, ils désignaient l’Acorw5 Calamus L. La moelle du Roseau est nommée Agagi dans le Papyrus Ebers.

7 Arundo islaca Del.

Unger a découvert des chaumes de cette plante dans un sar¬ cophage provenant de la nécropole de Memphis. Il suppose

LA FLORE PHARAONIQUE. 9

qu’ils ont servir de calames à écrire. VArundo isiaca est encore très répandu de nos jours en Egypte.

8. Dauthonia Forskalci Trin.

Différents fragments trouvés dans des briques de Dashour et de Tell-el-Maskhouta ont été rapportés avec doute, par Unger, au Danthonia Forskalei, Avénacée très fréquente dans l’Egypte moderne.

9. Eragpostis cynosuroldes Rœm. et Schült.

Une brique de Dashour contient divers fragments de cette plante, entre autres des graines qui, mêlées par hasard à la terre à potier, avaient commencé à y germer. Cette plante se ren¬ contre encore en Egypte. Une hotte de chaumes feuillus de cette espèce d!Eragrostis a été reconnue par Schweinfurth aux côtés d’une momie royale découverte à Deir-el-Bahari. Enfin, des cor¬ beilles et des paniers trouvés dans une tombe de Gébéleïn étaient formés avec les chaumes et les feuilles de cette Graminée.

10. Eragrostis akysusinica Link.

Céréale cultivée abondamment de nos jours en Abyssinie, elle est connue sous le nom de Teff\ elle donne un pain d’excellente qualité. De nombreux restes de cette plante, trouvés dans des briques de Dashour et de Tell-el-Maskhouta, nous prouvent que V Eragrostis abyssinica était autrefois cultivé en Egypte, d’où il a disparu de nos jours. Comparant le nom abys¬ sinien à la dénomination latine, Unger se demande si ce n'est pas à cette plante que Pline fait allusion dans le passage sui¬ vant : « Ægypto autem ac Syriæ Ciliciæque et Asiæ et Graeciæ peculiares zea, olyra, tiphe. (XVIII, 81). »

11. Kcelcria phleoides Pers.

Quelques épis de cette petite Graminée ont été trouvés dans une tombe de Drah-aboul-neggah, mais Schweinfurth suppose qu’ils sont relativement modernes. En tout cas, le K, 'phleoides ne se rencontre pas dans la flore actuelle de l’Egypte ; le seul Kœleria égyptien est, au dire de Kunth [E'nu'm, plant, I, 383), le K, laxa Lk.

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LA FLORE PÎIARAONIQÜE.

12. Tritlciim vnlgarc Vill.

Des grains de Froment ont été très souvent rencontrés dans les tombes égyptiennes, et il s’en trouve exposés dans presque tous les musées d’Europe. Le Blé antique de l’Egypte a donné lieu à plusieurs expériences intéressantes, celle entre autres, peut-être un peu naïve, de le semer à nouveau après plus de trois mille ans de dessèchement. Cette expérience, il est à peine besoin de le dire, n’a nullement été couronnée de succès. Des chimistes ont remarqué que le Blé égyptien, placé dans de l’alcool bouillant, lui cède une substance résineuse que l’eau en précipite ; d’où la conclusion curieuse que les Egyptiens, pour mieux conserver les grains destinés à la nourriture du défunt, les vernissaient avant de les renfermer dans les tombes. Et, en fait, cet enduit rési¬ neux a si bien préservé le Blé que la fécule en a gardé toutes ses propriétés chimiques. Schweinfurth a trouvé du Blé bien plus petit que l’espèce ordinaire, et qu’il compare au Blè de Béhèra de l’Egypte moderne ; d’autres botanistes, par contre, ont re¬ marqué des grains beaucoup plus gros que ceux de nos jours.

Le Froment, nommé Souô en copte, porte en hiéroglyphes le nom de Sou ; on le divisait en Sou blanc et Sou rouge. On le trouve souvent représenté dans les tombes, au milieu de scènes de récoltes. Il est toujours nommé dans le texte officiel des listes d’offrandes à faire aux défunts, et on l’employait fré¬ quemment en médecine.

13. Tpiticnm tnrgidam L.

Unger a découvert, dans une brique d’El-Kab, des fragments de cette céréale, très cultivée de nos jours en Egypte. De Candolle en a reconnu les grains dans un certain nombre de cercueils de momies.

14. Triticum dicoccnm Schrank

Des épis et des graines isolées de cette espèce de Froment ont été reconnus par Schweinfurth au milieu d’offrandes provenant d’une tombe de Gébéleïn.

15. Triticnin SpeltaL.

On sait, grâce aux écrivains classiques, que l’Epeautre crois¬ sait en Egypte ; on en a du reste retrouvé des graines dans les

LA FLORE PHARAONIQUE.

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tombes. Le nom hiéroglyphique de TEpeautre était Bôti^ mot conservé intact par les Coptes. Comme pour le Froment, les Egyptiens divisaient TEpeautre en Bôti blanc et Bôti rouge.

16. Hordeum Tiilgarc L.

Des grains d'Orge se trouvent dans les tombes en aussi grande abondance que les grains de Froment et d’Epeautre. Des fragments de la plante se rencontrent dans des briques d’El-Kab. Le nom égyptien de l’Orge était mot déformé en copte sous l’orthographe lot. Les Egyptiens connaissaient VAti blanc et VAti rouge. Des pains d’Orge, reconnus par Schweinfurth, et exposés au musée de Boulaq, proviennent d’une tombe contempo¬ raine des pyramides, ce qui montre l’antiquité de la culture de cette céréale en Egypte. Les Egyptiens préparaient de la bière d’orge, à laquelle ils donnaient le nom de Haqi. Tandis que la plupart des riverains du Nil préparent aujourd’hui la bière avec des grains fermentés, les Egyptiens anciens laissaient à cet usage germer l’Orge, comme nous le faisons aujourd’hui. La preuve en a été donnée par Schweinfurth, qui a trouvé dans un tombeau de Thèbes un paquet de grains d’Orge ayant des radi¬ cules de plusieurs centimètres de longueur, le tout noué soi¬ gneusement et placé sur la poitrine de la momie.

17. Hordeum hexastichiim L.

Des parties de cette espèce d’Orge ont été reconnues parmi les débris de végétaux mêlés à la terre de briques de Dashour et de Tell-el-Maskhouta. D’autre part, des grains rôtis AH. hexas^ tichum et des fragments de chaumes de la même plante ont été découverts dans une tombe de Gébéleïn. Schweinfurth estime que c’est cette espèce que les Egyptiens cultivaient de préfé¬ rence à la première.

18. Andropogon Slchœnanthiis L.

Espèce inconnue aujourd’hui en Egypte. Cette plante est souvent mentionnée dans les recettes hiéroglyphiques de parfu¬ merie, sous les dénominations suivantes : Roseau cl Ethiopie^ Jonc du Soudan^ Souchet occidental. Ces noms semblent mon¬ trer que VA. Schœnanthus ne croissait pas plus dans l’Egypte ancienne que dans l’Egypte moderne, et que les parfumeurs le tiraient de l’Afrique centrale, on le rencontre encore de nos jours.

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LA FLORE PHARAONIQUE.

19. - Andropogon laiitg;er Desf.

Schweinfurth a trouvé, dans un cercueil de Deir-el-Bahari remontant àlaXXII* dynastie, des épis complets ainsi que des frag*ments de cliaumes de cette plante, laquelle ne se rencontre plus en Egypte.

20. Sopghum Tulgare Pers.

Le Sorgho est représenté sur quelques monuments égyptiens. Des grains, trouvés dans les tombes, s’en trouvent exposés dans divers musées, entre autres dans celui de Florence. Enfin, Pickering a trouvé, dans un cercueil ouvert à Saqqarah, des tiges de Sorgho entrelacées à des chaumes de Papyrus.

CYPÉRACÉES

21. Cyperns potundns L.

Les rhizomes très odorants de ce Cyperus sont mentionnés dans les recettes de parfumerie égyptienne, entre autres dans les recettes du Kyphi. Le mot Kaïou sert en hiéroglyphes à dé¬ signer à la fois le C. esculentus et le C. rolundus. Le mot Shabin servait à en désigner les rhizomes. On n’a pas retrouvé cette plante dans les tombes, mais tous les auteurs anciens s’ac¬ cordent pour déclarer qu’elle croissait en Egypte, on la ren¬ contre encore en grande abondance.

22. Cyperus esculentus L.

Les Egyptiens mangeaient les rhizomes de cette plante comme plats de dessert ; le fait est constaté par Pline et Théophraste. Aussi est-il bien naturel qu’on en ait retrouvé de pleines cou¬ pes dans les tombes égyptiennes. Ces rhizomes, provenant de Thèbes, sont exposés au musée de Boulaq. Les Arabes, qui en font au Caire un très grand commerce, les nomment Habb-el- aziz, c’est-à-dire « grains exquis ».

23. Cyperus Papyrus L.

Est-il besoin de démontrer ici que le Papyrus est une plante de l’ancienne Egypte ? La chose est connue depuis longtemps

LA FLORE PHARAONIQUE.

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par une quantité de documents classiques. Du reste, comme pour les plantes précédentes, on a trouvé dans les tombes des spéci¬ mens antiques du Papyrus. Un certain nombre de momies, entre autres celles de quelques rois de la XVIIP dynastie, te¬ naient dans leurs mains des tiges entières de Papyrus, surmon¬ tées de leur ombelle multiradiée.

Le Papyrus servait chez les Egyptiens à bien des usages. La partie inférieure de la tige, coupée près de la racine, était assez charnue pour fournir un aliment à la classe pauvre. On la m⬠chait crue, comme on fait aujourd’hui de la canne h sucre, ou bien on la faisait bouillir. Le* Papyrus donnait aussi un charbon très estimé. Les tiges, longues, lisses et flexibles, servaient à faire des paniers, des cages, et même, en les réunissant à l’aide de bitume, des bateaux légers qui voguaient sur les eaux cal¬ mes des canaux. La nacelle fut déposé Moïse était en Papy¬ rus, d’après le mot spécial employé dans le texte hébreu de la Bible.

Mais le principal emploi du Papyrus était la fabrication d’une espèce de papier. La partie externe de la tige triangulaire de cette plante est formée de plusieurs pellicules concentriques, très légères, comparables à des pelures d’oignons. On détachait ces pellicules en battant doucement la tige, et on les taillait en pièces d’environ 20 à 30 centimètres de long sur 5 à 6 de large. A l’aide de colle de pâte, on réunissait par le bord, dans le sens de la longueur, un certain nombre de ces pièces.

Lorsqu’on avait obtenu ainsi plusieurs feuilles, on les col¬ lait à plat l’une sur Pautre, en plus ou moins grand nombre, selon la force que l’on voulait donner au papier. On avait soin, pour obtenir plus de solidité, de placer alternativement les feuil¬ les en travers l’une de l’autre, en faisant se croiser les fibres des pellicules. Lorsqu’on avait atteint l’épaisseur voulue, on po¬ lissait le papier avec des polissoirs d’ivoire et il était prêt alors à recevoir l’écriture. On fabriquait du Papyrus un peu par toute l’Egypte, mais l’un des principaux centres de fabrication était la ville de Sais. A l’époque gréco-romaine, le Papyrus fut l’objet d’une importante exportation. Hiéron de Syracuse fit transplan¬ ter le Papyrus en Sicile, il réussit admirablement, à tel point qu’aujourd’hui on ne le rencontre plus nulle part en Egypte, par suite du manque de culture, tandis qu’il forme spontané¬ ment de grands bosquets impénétrables dans beaucoup de riviè¬ res des environs de Syracuse.

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LA FLORE PHARAONIQUE.

Chose curieuse, on n’a pas encore trouvé en hiérog*lyphes le nom du Papyrus. Cela tient à ce que, la plante étant très con¬ nue, on se contentait d’en donner la figure dans les inscriptions, sans l'accompagner de signes phonétiques pouvant permettre d’en déterminer la lecture.

Pourtant, le signe du Papyrus, qui est très employé pour symboliser le Delta, avait par lui même la valeur de la syllabe Hay d’où l’on peut conclure que Ha fut le nom, ou l’un des noms, du Papyrus.

Le papier de Papyrus se nommait, en ancien égyptien, Djamâ,

24. €ypei*ii9 alopecuroidest Rottb.

Dans un tombeau découvert à Gébéleïn par M. Maspero, se trouvait une natte formée de tiges coupées en deux d’une Cypé- racée que l’on a reconnu, après examen au microscope, être le C. alopecuroides. Pourtant, Schweinfurth, qui rapporte ce fait, donne comme synonyme de cette plante le (7. dives Del. qui est ordinairement considéré, par Delile lui-même tout le premier, comme une espèce différente. Ces deux plantes, d’ail¬ leurs, se rencontrent encore aujourd’hui par toute l’Egypte.

AROÏDÉES

25. Acorus Calamns L.

Cette plante, connue des anciens sous le nom de Calamus aromaticuSy était certainement connue des Egyptiens. Son nom hiéroglyphique, Kanna^ se trouve dans presque toutes les re¬ cettes de parfums. Il est à peine besoin de faire remarquer l’a¬ nalogie frappante qui existe entre ce nom ancien de la plante et les noms gréco-latins d’où est dérivé notre mot canne. L’A. Ca- la^nus ne croît pas aujourd’hui en Egypte. Je ne crois pas qu’il y ait poussé non plus dans l’antiquité. D’après la périphrase Roseau de Phénicie sous laquelle est désigné l’Acore dans plu¬ sieurs textes égyptiens, il est à supposer qu’on le faisait venir d’Asie. Les Egyptiens le nommaient aussi Roseau odorant, expression équivalant h Calamus aromaticus. L’arabe et l’hé¬ breu ont pour l’Acore le mot Qannah, analogue au Kanna hié¬ roglyphique.

LA FLORE PHARAONIQUE.

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TYPHACÉES

‘26. Typlia angnstifolia L.

Cette plante se rencontre aujourd’hui dans le Delta. D’après Unger, une monnaie égyptienne du temps d’Hadrien représen¬ terait le dieu Nil tenant en main une tige de T, angustifolia,

ALISMACÉES

27. Alisma Plantago L.

Une boîte à jeu du Louvre (salle civile, K) fait mention d’une plante Rim^ qui croît dans l’eau et dont les fleurs sont d’un aspect agréable. En rapprochant ce mot du copte Arim^ traduit par a7i[j.a (pour je crois qu’il est à peu près certain que

le mot hiéroglyphique désigne VA. Plantago^ plante qui, du reste, croît de nos jours en Egypte et y poussait autrefois, au dire des auteurs classiques.

PALMIERS

28. Hyphæne tbelialca Mart.

Palmier dichotome à feuilles flabelliformes que l’on rencontre dans la Haute-Egypte et que les auteurs classiques, qui Pin- diquent comme plante égyptienne, nomment Cucifère. Les Arabes le nomment Boum. De les synonymes Quoi fer a the- haica Del, et Douma thehaica Poir. Ce palmier est fréquem¬ ment représenté sur les monuments égyptiens en compagnie du Dattier. Son nom hiéroglyphique était Marna. Les fruits de cet arbre se rencontrent en abondance dans les tombes égyp¬ tiennes.

Ce fruit, dans les inscriptions hiéroglyphiques, est nommé Qouqou^ et il est certain que c’est de ce mot que dérive le nom gréco-romain Cucifère., littéralement « l’arbre qui porte des Qouqou ». Quelques égyptologues, trompés par l’analogie, ont

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LA FLORE PHARAONIQUE.

voulu voir dans ce fruit la noix de coco, mais on sait que le Cocotier était inconnu des anciens Egyptiens.

29. Hyphæue Arg^nn Mart.

Synonymes Medemia Argun Hook., Areca Passalacquœ Künth. Le fruit de ce palmier se rencontre également dans les tombes; quelques spécimens en existent au Musée de Berlin. Cette espèce ne croît plus aujourd’hui en Egypte; on ne la ren¬ contre qu’en Nubie, entre Korosko et Abou-Hamed. Il est certain, pourtant, que le H. Argun poussait en Egypte, puisqu’un texte égyptien, qui le nomme Marna à noyau^ l’indique comme ayant été planté dans le jardin funéraire du scribe Anna, à Thèbes, sous la XVIIL dynastie. Le Musée de Florence (n® 3606) contient un fruit de R, Argun identifié à tort, dans le catalogue, avec V Areca CatechuL. [A. Faufel Gærtn.).

30. Phœnix dactylifera L.

Le nom égyptien du Dattier est Bounnou ou Phounnou, Il est d’autant plus probable que ce mot est l’origine du grec çoTviÇ que le même mot Bounnou ou Phounnou, avec le déterminatif de l’oiseau, sert à désigner le phénix, animal sacré adoré à Héliopolis. Le nom du Dattier revient dans un grand nombre de textes, l’arbre est souvent représenté sur les monuments, enfin, des dattes ont été trouvées en grand nombre dans les tombes. Au sujet du Dattier, il est intéressant de rappeler que les Egyp¬ tiens connaissaient déjà les sexes des plantes dioïques. Nous le savons par Hérodote et par les textes hiéroglyphiques ; seule¬ ment, considérant les choses à l’inverse de nous, ils nommaient Dattier mâle celui qui produit les fruits. Les nervures médianes des frondes de Dattier servaient, comme elles servent encore de nos jours, à fabriquer des cages et des sièges légers. Les fila¬ ments qui naissent à la base des feuilles, et que l’on appelait Shou nou bounnou, « cheveux de Dattier », étaient employés, comme nos brosses de chiendent, pour nettoyer les objets peu fragiles, par exemple les cornes et les sabots des taureaux des¬ tinés aux sacrifices. En médecine, on recommandait souvent les Dattes pour leurs propriétés laxatives.

31. Calamus fasciculatns Roxb.

Une canne formée d’une espèce de Rotang, que Schweinfurth

LA FLORE PHARAONIQUE. 17

attribue avec doute au C. fasciculatus, a été découverte par Maspero dans une tombe égyptienne de Gébéleïn.

JONCACÉES

32. Jniiciis iiiarîtiniiis» Lmk.

Des fragments de cette plante ont été trouvés, par Unger, dans une brique de la pyramide de Dashour. Le J. ynaritimiis croît encore en Egypte; Delile le cite dans sa Flore, sous le 383.

ASPHODÉLÉES

33. Allâuin €cpa L.

L’Oignon des Egyptiens est souvent mentionné cliez les auteurs classiques, à partir d’Hérodote, qui nous apprend quelle quantité énorme en consommèrent les constructeurs des pyra¬ mides. On le trouve de même très fréquemment représenté dans les tombeaux, attaché en botte. L’Oignon était en effet l’an des aliments les plus estimés des Egyptiens et, h ce titre, l’un de ceux que l’on offrait le plus habituellement aux défunts. On en a même trouvé dans la main d’une momie.

Le nom hiéroglyphique de l’Oignon n’a pas encore été re¬ connu d’une manière certaine dans les textes, mais, comme le signe égyptien qui représente un Oignon a la prononciation Houdjy il est probable que cette syllabe nous donne le nom de la plante. M. Maspero a trouvé, dans un tombeau de Thèbes, le mot Badjar écrit à côté d’un personnage qui porte une botte d’Oignons. Si ce mot se rapporte à la plante représentée, il nous donnerait l’origine de l’hébreu Bezel et de l’arabe Bassal^ qui tous deux désignent VA. Cepa.

Le nom copte Emdjôl présente aussi, par changement du h en m, beaucoup de rapports avec ces trois noms.

34. Allium satîviim L.

L’Ail n’est pas représenté sur les monuments. Le nom copte de cette plante est Shgên ou Shdjên^ qui dériverait d’un nom égyptien Sagin ou Shagin, mais un tel mot n’a jamais, que je

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LA FLORE PHARAONIQUE.

sache, été trouvé dans les textes hiérog*lyphîques. Les docu¬ ments ég-yptiens, soit fig*arés, soit écrits, ne font donc pas men¬ tion de l’Ail. Hérodote (II, 125) est la seule autorité sur laquelle on puisse s’appuyer pour établir la connaissance de l’Ail chez les anciens Egyptiens.

35. Alliiiiii Pomim L.

Le Porreau est nommé dans les textes bibliques. Pline l’in¬ dique comme plante égyptienne. On ne le trouve d’ailleurs ni représenté sur les monuments, ni mentionné dans les inscrip¬ tions sous un nom analogue au copte Egé^ Êdji. Pourtant, Schweinfurtb a reconnu des Porreaux provenant de deux tombes égyptiennes. L’espèce antique paraît intermédiaire entre VA . Por- rwmetl’A. Amjpeloprasunilj., espèce dont, selon A. de Candolle, le Porreau cultivé ne serait qu’une variété. Il y aurait à faire, sur ces anciens spécimens, des études intéressantes au sujet de l’bis- toire des plantes cultivées. Malheureusement, les recbercbe*s au microscope faites jusqu’ici par le D' Volkens n’ont donné qu’un résultat décevant, à savoir que le Porreau des tombes égyptien¬ nes ne se rapporte entièrement à aucun Allium connu de nos jours, mais présente des caractères communs à plusieurs espèces distinctes.

36. Allium asci&loniciim L.

Unger reconnaît l’Echalotte dans les représentions d’un mo¬ nument égyptien situé à Sarbout-el-Kbadem, au Sinaï. La plante figurée me paraît, pour ma part, plutôt être l’Oignon, dont VA. ascalonicum ne serait du reste qu’une variété, d’après l’opinion de la plupart des botanistes.

ASPAEAGINÉES

SI. Asparagus ofliciiialis L.

LFnger a cru reconnaître l’Asperge dans plusieurs représenta¬ tions égyptiennes. Il n’a eu à sa disposition que des publications dans lesquelles les scènes étaient reproduites sans couleurs et il a été trompé par la forme de certaines offrandes, ne présen¬ tant que de fort lointaines ressemblances avec l’Asperge. J’ai

LA FLORE PHARAONIQUE.

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revu sur les lieux les représentations auxquelles il fait allusion, j’en ai retrouvé d’autres, tout à fait analogues, et, après examen scrupuleux, il se trouve que ces prétendues Asperges ne sont autre chose que des pieds de veau, liés deux par deux ou qua¬ tre par quatre. L’Asperge est donc à rayer de la flore égyptienne antique, et si j’en ai parlé ici, ce n’est que pour détruire une erreur naissante.

AMARYLLIDÉES

38. Criuiim aliyssînîciiiii Hochst.

La momie d’un personnage nommé Nesi-Khonsou avait les yeux et la bouche recouverts d’une pellicule provenant, d’après les recherches du docteur Volkens, d’une espèce de Crinum au sujet de laquelle Schweinfurth hésite entre le C. abyssinicum et le C. Tinneanum Ky. P. Je ne trouve aucun dans les

Flores égyptiennes de Delile ou de Forskal.

CONIFÈRES

39. «fiinipcrus phœnicea L.

Des fruits de Genévrier ont été découverts, comme offrandes funèbres, dans deux tombes de Thèbes, à Deir-el-Bahari et à Drah-abou’Lneggah ; il s’en trouve au musée de Berlin, rappor¬ tés d’Egypte par Passalacqua. Le nom égyptien du Genévrier, que l’on trouve écrit Ouân, Aoun, Annou^ Arou^ Arlou, pa¬ raît, à cause même de ces différentes orthographes, être d’origine étrangère, ce qui semblerait prouver que le J. phœnicea ne croissait pas en Egypte. Les baies de Genièvre portaient un nom spécial, Pershou, qui semble, lui aussi, dériver d’un radical sémitique. Les baies de Genièvre étaient employées en médecine et en parfumerie. Le bois de Genévrier, presque toujours in¬ diqué dans les textes comme bois syrien, servait à faire des cannes.

40. Pinus Ccdrus L.

Le Cèdre n’a pas été retrouvé dans les tombes, mais son nom égyptien, Sib, répondant au copte Sibe^ Sêbe^ est souvent men-

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LA FLORE PHARAONIQUE.

tionné dans les textes. On a dit souvent que l’Egypte ne pro¬ duit pas de conifères.

Delile cite pourtant, comme arbres trouvés en Basse-Egypte, le Cyprès et le Pin d’Alep. De plus, il est certain que le Cèdre croissait en Egypte, au moins à l’époque des pyramides. Dans la tombe de Ti, à Saqqarab, deux ouvriers sont représentés en train de travailler du bois de Cèdre. Le même arbre est nommé dans un texte religieux de la pyramide du roi Pépi, de la VP dynastie. Au temps de l’Ancien Empire, les Egyptiens n’avaient certainement pas encore de relations commerciales avec la Syrie ; les charpentiers de la tombe de Ti ne travaillaient donc que des bois de leur pays. De plus, la présence du mot Sib dans un texte religieux archaïque semble bien indiquer que le Cèdre était un arbre égyptien.

41. P£iins( Piiiea L.

Deux cônes de cette espèce de Pin ont été trouvés, par Ma¬ riette, dans une tombe de la XIP dynastie, à Drah-abou’l-neg- gah. Le P. Pinea ne se rencontrait probablement pas en Egypte. Si, comme tout le fait supposer, le mot hiéroglyphique Ab dési¬ gne le cône du Pin, les cônes auraient joué dans la mythologie égyptienne un rôle assez important au sujet du mythe solaire. Leur forme allongée les aurait fait comparer à l’obélisque, dont les rapports avec le soleil ne sont plus discutés.

SALICINÉES

42. Sialix iSafsiaf Forsk.

Le nom antique de cet arbre, très fréquent sur les bords du Nil, est Tari, en copte Tore, Thôri. Les feuilles du Saule, pliées en deux, cousues ensemble et ornées de pétales de fleurs, ser¬ vaient à faire les guirlandes dont on décorait les momies. Les cadavres d’Ahmès I, d’Aménophis I, à la XVIIP dynastie, celui de la princesse Nesi-Khonsou, à la XXIP, portaient de ces guir¬ landes. On en a trouvé également dans une tombe de Sheikh- abd-el-gournah. Le Saule était l’arbre sacré de Tentyris ; Tune des cérémonies religieuses qu’accomplissait le roi dans cette localité consistait à dresser un Saule devant Timage d’Hathôr.

LA FLORE PHARAONIQUE.

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43. Populns aîlja L.

Théophraste nous apprend {Hist. plant. ^ IV, 8) que le Peu¬ plier blanc se rencontrait sur les bords du Nil, mais non en très grande abondance.

Delile et Forskai le mentionnent dans leurs flores égyptien¬ nes, en l’accompagnant de son nom arabe Ungeratrouvé, dans une brique de Tell-el-Yahoudi, deux fragments de bois qu’il attribue, avec doute, au genre Populus. Si cette attribu¬ tion est juste, les fragments ne peuvent provenir que de l’espèce P. alha.

ARTOCARPÉES 44. Ficus Siycamopiis L.

Le Sycomore est l’un des arbres égyptiens dont il nous est parvenu le plus de fragments desséchés dans les tombes, fruits emplissant des corbeilles entières, branches et feuilles placées dans les sarcophag*es auprès des momies, bois entrant dans la confection des cercueils, des meubles, des statues, dès l’époque de l’Ancien Empire. Des figues de Sycomores sont souvent re¬ présentées sur les parois des hypogées, et une peinture de Saq- qarah nous montre deux personnages grimpant dans les bran¬ ches d’un Sycomore, en détachant les fruits et les jetant dans des corbeilles disposées sur le sol.

Le nom ég'yptien de cet arbre est Nouhi^ mot qui revient très souvent dans les textes. Nous savons aussi que le Sycomore était considéré comme un arbre sacré dans un certain nombre de villes et qu’il était placé sous la protection d’Isis et d’Hathôr. En thérapeutique, ses fruits jouaient un rôle très important et sont mille fois mentionnés dans les papyrus médicaux. Le Sy¬ comore était si commun en Egypte que son nom, Nouhi, servait à désigner la plupart des arbres nouvellement implantés sur les rives du Nil. Le Baumier s’appelait « Sycomore à encens »; le Figuier, « Sycomore à figues » ; le Térébinthe, « Sycomore à résine », etc.

45. Ficus ci&pîca L.

La Figue ordinaire a été trouvée par Kunth et Schweinfurth dans des tombes égyptiennes. Son nom hiéroglyphique est Taby

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LA FLORE PHARAONIQUE.

et le nom de l’arbre est Nouhi net tab, « Sycomore à fig*ues ». Une sépulture de Beni-Hassan nous offre un tableau sur lequel est figurée la cueillette des Figues. Un Figuier bas étale au loin ses branches couvertes de feuilles palmées-quinquélobées, dont la forme est bien franchement caractérisée par le peintre égyptien. Trois singes sont dans les branches, jetant d’une main des figues à des personnages qui en emplissent des paniers, et de l’autre dévorant des fruits et se payant ainsi eux-mêmes leurs services en nature. Les fruits et le latex du Figuier étaient sou¬ vent employés en médecine.

CANNABINÉES

46. Cannabis sativa L.

Unger cite le Chanvre parmi les plantes égyptiennes, mais en s’appuyant uniquement sur ces deux arguments : La déesse syénite Anouki a la tête ordinairement couverte d’une coiffure dans laquelle Birch voit une botte de tiges de Chanvre, et cette coiffure sert à déterminer le mot égyptien « lin » ; 2” Po-

lydamma, épouse de Thonos, offrit en Egypte, à Hélène, un breuvage qui faisait oublier les maux passés {Odyssée IV, 229) et qui ne peut être autre chose que le Hashish, boisson faite avec les graines du Chanvre.

Que la boisson de Polydamna ait été le Ilashish, c’est une pure hypothèse impossible à discuter scientifiquement. Quant à la coiffure d’Anouki, elle représente non une botte de tiges, mais un faisceau de plumes liées par la base et s’évasant au sommet. D’ailleurs, cette coiffure fût-elle composée de tiges, je ne vois pas comment on pourrait y voir les tiges du Chanvre plutôt que celles de toute autre plante. Le déterminatif du mot Hemâ est effectivement une botte de tiges, mais Remâ^ si ce mot est le nom d’une plante, ce que je ne crois pas, ne pour¬ rait désigner qu’une Graminée, d’après les peintures de Zaouïat- el-maïetin (L. D. II, 106- 107), au-dessus desquelles il se trouve inscrit.

Enfin, Passalacqua, dans le catalogue des antiquités qu’il a découvertes en Egypte, cite, sous le 465, un peigne de bois, à manche, encore garni de filasse de Chanvre. Ce fait serait suf-

LA FLORE PHARAONIQUE.

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fisant pour nous prouver que les anciens Eg-yptiens connaissaient le Chanvre ; mais, malheureusement, Passalacqua n’est pas bo¬ taniste, et son témoignage en perd toute son importance.

EUPHORBIACÉES

47. Ricluiis communia L.

Des graines du R. communis ont été reconnues au musée égyptien de Berlin, par Kunth, et à celui de Vienne, par Unger. Schweinfurth en a également trouvé dans une tombe de Thèbes, mais leur antiquité lui paraît douteuse. On sait par les auteurs classiques que le Ricin croissait en Egypte, on le cultive encore de nos jours. On en tirait une huile qui servait à l’éclairage dans les basses classes. Hérodote nous a transmis le nom égyptien de cette plante, Kiki. Je ne l’ai jamais, pour ma part, retrouvé dans les textes hiéroglyphiques. Unger donne la figure de quelques plantes, tirées de diverses tombes, qu’il croit être des Ricins. D’après la disposition et la forme des fruits, je crois plutôt que ce sont des Figuiers, dont les feuilles, dans un dessin un peu superficiel, peuvent facilement se confondre avec celles de Ricin.

48. Eiiphorbia lielioscopia L.

Des fruits de cette plante ont été reconnus par Unger dans une brique de la pyramide de Dashour, nécropole de l’ancienne Memphis. L’AI helioscopia est mentionné par Delile dans la flore de l’Egypte moderne (n® 478).

49. Pliyllaiithiis» IVirupi L.

Une brique provenant d’Eileithyia (El-Kab) renfermait des fleurs mâles de cette plante, laquelle ne se rencontre de nos jours que dans les Indes orientales.

SANTALACÉES

50. Slautalum alliiiio L.

M. de Verneuil a reconnu, dans la cavité abdominale d’une momie, des fragments de bois de Santal mélangés à du natron

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LA. FLORE PHARAONIQUE.

pulvérisé (Cat. Passalacqua, p. 286). C’est probablement par l’intermédiaire des marchands arabes que les anciens Eg-yptieus se procuraient ce bois, qu’on ne trouve que dansTAsie orientale.

LAURACÉES

51. Laurns Casfsia L.

Le bois du L. Cassia était très employé par les parfumeurs ég'yptiens. Il entrait dans la composition du parfum sacré appelé Kyplii. On le nommait Bois ou Ecorce de Qdt.

52. Laiirus Ciiinamoiniiiii Andr.

Bois ég’alement employé en parfumerie. On le nommait Tas ou Bois odorant. Ces deux bois de Cannelle venaient probable¬ ment des Indes en passant par l’Arabie, comme la plupart des produits pharmaceutiques ou aromatiques en usage dans l’Egypte antique.

POLYGONÉES

53. PolygoBËiiin aTiculare L.

Des fragments de cette herbe, encore très commune en Egypte» ont été reconnus par Unger dans une brique de Tell-el- Yahoudi.

54. Riimex clcutatiis L.

Plante encore fréquente en Egypte. Des branches de R. den- tatns^ couvertes de fruits bien conservés, ont été reconnues par Schweinfurth dans une tombe thébaine d’époque gréco- ro¬ maine.

CHÉNOPODIACÉES

55. Clienopodiiim liybridiiui L.

Quelques graines de cette plante ont été trouvées dans une brique de Tell-el-Yahoudi.

LA FLORE PHARAONIQUE.

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56. Chciiopodîwin murale L.

Une brique de la pyramide de Dashour renfermait un certain nombre de g’raines de cette plante, encore très commune en Egypte (Delile, 287).

57. Blitiim virgatum L.

Cette plante n’est pas indiquée dans les flores modernes de l’Egypte. Aussi, est-ce avec un certain doute qu’Unger rapporte au B, virgatum une graine trouvée dans une brique de Tell-el- Yahoudi.

LABIÉES

58. Heutlia pîperita L.

Dans une tombe ouverte en L884 par Maspero, à Sbeikb-abd- el-gournah, se trouvait une guirlande composée en partie de sommités de M, 'piperita, au svijet desquelles Schweinfurtb, (TJeher Pflanzenreste, p. 367) donne des renseignements d’ana¬ tomie' botanique très détaillés. La Flore égyptienne de Delile énumère quatre espèces de Menthe, mais le M. piperita ne s y trouve pas. La Menthe était fort employée en médecine et sur¬ tout dans la parfumerie. Son nom ancien était Agaï et quelque¬ fois Nakpata, mais d’une manière abusive, car je crois que ce dernier nom doit plutôt s’appliquer au Romarin.

59. Salvia spinosa L.

Quelques fragments de graines de cette plante ont été recon¬ nus par Unger dans une brique d’El-Kab. Elle existe encore en Egypte.

60. Rosmainiaus» ofîlciflialis L.

Le Romarin croît encore aux bords du Nil. Le seul spécimen antique que je connaisse a été découvert par Prosper Alpin et est ainsi décrit par lui : « Nos intra quoddam medicatum cadaver in- « venimus scarabæum magnum ex lapide marmoreo efforma- c< tum quod intra pectus cum libanotidis coronarii ramis colliga- « tum, fuerat repositum. Incredibile dictu, rami rosmarini, qui « una cum idolo inventi fuerunt, folia usque adeo viridia, et « recentia visa fuerunt, uteadie a planta decerpti, et positi ap-

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LA FLORE PHARAONIQUE.

(c paruerint {Hist. nat, Ægypt., II, 36). » Prosper Alpin, qui vivait au XVP siècle, était un médecin et un botaniste distin¬ gué. On peut donc se fier à sa détermination.

CONVOLVULACÉES

61. Convoi valus scoparins L.

Cette plante, répondant à râcTiàXaOoç des Grecs, portait en ancien égyptien les noms àeDjâbi et àe Djalmâ. On la trouve mentionnée dans la plupart des recettes de parfumerie égyptien¬ nes que nous connaissons, entre autres dans celle du Kyphi. L’Egypte moderne possède dix espèces de Convolvulus, mais le C. scoparius en a disparu.

SÉSAMÉES

62. < SIesamum indiciim DC.

On n’a jamais trouvé dans les tombes de restes antiques du Sésame. Des capsules de cette plante, trouvées dans une tombe de Thèbes par Scbiaparelli, ont été soigneusement étudiées par Scbw’einfurtb, qui n’ose pas trop leur attribuer une origine pharaonique. A. de Candolle, en effet, dans son Origine des plantes cultivées, croit que le Sésame n’a été introduit en Egypte qu’à l’époque de la conquête grecque. Unger a rangé le Sésame au nombre des plantes antiques de l’Egypte, d’après une peinture de la tombe de Ramsès III, qui nous montre des boulangers mêlant à la pâte des grains aromatiques. Mais, comme le fait judicieusement observer A. de Candolle, ces grains ne sont pas nécessairement du Sésame, ils peuvent être du Carvi, de l’Anis, du Cumin, etc. Pourtant un fait philologique assez frappant semblerait prouver que le Sésame était connu des Egyptiens de l’époque pharaonique. Le nom arabe du Sésame est Se7nsem : or, une plante dont les grains se mangeaient se nomme en hiéroglyphes Shemshem. D’autre part, le Sésame a un nom copte Olie, qui présente l’aspect d’une origine égyp¬ tienne, aspect d’autant plus évident qu’il existe dans les textes

LA FLORE PHARAONIQUE.

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hiéroglyphiques une plante Ake, non encore identifiée, dont on tirait de l’huile, et dont les graines étaient utilisées en médecine. Ake pourrait être le nom égyptien du S. indicum, et Shemslmn^ son nom sémitique égyptianisé. Le problème est assez intéressant pour que je puisse consacrer prochainement une étude spéciale à la détermination de ces deux noms égyptiens de plantes.

JASMINÉES

63. Jasminiim Sambac Ait.

Une guirlande trouvée dans la cachette de momies royales de Deir-el-Bahari, découverte en 1881 par Maspero, est formée de fleurs de Jasmin. Pourtant Schweinfurth, n’ayant pu observer la guirlande de près, ne donne cette détermination spécifique que sous toute réserve. Le J. Sambac est très cultivé de nos jours en Egypte pour ses fleurs odorantes.

OLÉACÉES

64. Olea eiiropœa L.

Des couronnes d’Olivier ont été très souvent trouvées sur la tête de momies. On a remarqué toutefois que ces momies ne sont jamais antérieures à la XX® dynastie. D’autre part, Pleyte croit que l’Olivier n’a été introduit en Egypte qu’à partir des grandes conquêtes égyptiennes en Asie, sous la XVIIP dynastie. En fait, le nom égyptien de l’Olivier, J)jadi^ fort rare dans les textes, ne se trouve, à ma connaissance, pour la première fois qu’à l’é¬ poque des Ramessides.

Le mot Baq^ que l’on considère comme le nom de l’Olivier, est fréquent dès les temps contemporains des pyramides, mais j’ai démontré dans un mémoire spécial que Baq est le nom du Moringa et non celui de l’Olivier. Les textes dans lesquels se trouve le mot Djadi i\o\x^ montrent qu’on faisait en Egypte une grande consommation d’olives, comme fruits comestibles, et surtout pour en extraire de l’huile à l’usage des lampes allu-

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L\ FLORE PHARAONIQUE.

niées dans les temples. Nous savons que les simples particu¬ liers n’alimentaient leurs lampes qu’avec l’huile du Sésame ou du Ricin.

ÉBÉNACÉES

65. ËïïeiioxvloBi vcraarn Lour.

Dès l’époque des pyramides, nous voyons le bois d’ébène em¬ ployé par les sculpteurs et les ébénistes égyptiens. On en faisait des statues funèbres, des lits -, plus tard on en fit des palettes pour les scribes. Sous la XIP dynastie, l’ébène était d’un usage très répandu en Egypte. Il est probable que, sous l’Ancien Em¬ pire, l’Ebénier croissait naturellement en Egypte. Mais, sous la XVIIP dynastie, on fut forcé de le faire venir du dehors. La reine Hatasou s’en procure au pays des Sômalis, les princes éthiopiens contemporains des Aménophis en expédient régulièrement de leur pays.

Tous nos musées égyptiens d’Europe renferment des objets d’èbène, chaises, coffres, statues, cannes, palettes, cuillers, man¬ ches de miroirs, etc. En médecine, la sciure d’ébène était recom¬ mandée pour les maux d’yeux, et cet emploi se retrouve dans Théophraste, Dioscoride et Pline.

Le nom hiéroglyphique de VE. veruyn est Hahin^ mot qui devint Hahen en hébreu, et, passant par egsvoç et ebenus, a donné naissance à notre mot ébène qui peut ainsi faire remonter son origine au temps des pyramides.

SAPOTÉES

66. Miniusops iSchimpcri Hochst.

Cet arbre était très commun dans l’Egypte ancienne. On en a retrouvé une quantité de fruits dans les tombes, et ses feuilles, comme celles du Saule, entraient dans la composition des guir¬ landes mortuaires.

Kunth avait reconnu le Mimusojps Elengih. dans quelques fruits de la Collection Passalacqua (n®454), mais Unger affirme qu’ils appartiennent au Cordia Myxa L., arbre encore très ré-

LA FLORE PHARAONIQUE.

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pan du en Egypte. Schweinfurth suppose que le M. Schimperi^ qu’on ne trouve plus aujourdtiui qu’en Abyssinie, est le Persea des anciens, sur lequel on a tant écrit et que Delile, en dernier lieu, avait rapporté au Balanites œgyptiaca Del., dont les fruits se rencontrent également dans les nécropoles égyptiennes.

CORDIACÉES

67. Copdia niyxa L.

Des fruits de cet arbre, très commun de nosjours en Egypte, ont été reconnus au milieu de végétaux de provenance égyp¬ tienne exposés aux musées égyptiens de Vienne et de Berlin.

COMPOSÉES

68. Slphderautliiig( siiaTColens DC.

Quelques capitules de cette plante ont été trouvés dans une tombe de Drab-abou’l-neggab, et déterminés par Schweinfurth. Cette plante existe encore en Basse-Egypte.

69. Chrysaiithensum coronarlsim L.

Cette plante est spontanée dans les environs d’Alexandrie, et était cultivée autrefois dans les jardins de la Thébaïde. A partir de la XX° dynastie on en formait des guirlandes dont on ornait les momies.

70. Chrysanthcmum seg^etiim L.

Des fragments de cette plante ont été reconnus par Unger dans une brique de la pyramide de Dashour, située sur les ruines de l’ancienne Memphis et datant des premières dynas¬ ties. Cette plante n’est pas citée dans la Flore égyptienne de Delile.

71. Ccntaurca depressa Bieb.

La momie de la princesse Nesi-Khonsou portait, entre autres guirlandes, une guirlande composée de feuilles de Mimusops et de fleurs de C. depressa dont l’identité spécifique, d’après

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LA FLORE PHARAONIQUE.

Sch-weinfurth, est absolument hors de doute par suite de certai¬ nes dispositions de l’androcée, qui distinguent cette espèce de tous les autres Centaurea connus. Le C. depressa est une plante asiatique que Delile n’a pas trouvée en Egypte, croissent pourtant quatorze espèces de Centaurées.

72. Carthamns tinctorius L.

La momie d’Aménophis I, pharaon de la XVIIP dynastie, por¬ tait sur la poitrine une guirlande formée de feuilles de Saule entre chacune desquelles était disposée une fleur de Carthame. Une autre momie, découverte par Schiaparelli à Drah-abou’l- neggah, était décorée d’une guirlande semblable.

D’autre part, on a reconnu par des analyses chimiques que toutes les étoffes roug’es trouvées dans les tombes égyptiennes étaient teintes au Carthame.

Il est donc bien établi que les anciens Egyptiens connaissaient le C. tinctorius. Or, il existe dans les textes hiéroglyphiques une plante, nommée ou (Br. et D., Rec., IV, 90),

dont une partie de la fleur servait à teindre en rouge. Cette plante ne me paraît pouvoir être que le Carthame. La culture de cette matière tinctoriale serait très ancienne en Egypte, car le même nom, orthographié Nas, se retrouve dans une inscription de la pyramide du roi Téti (col. 336), qui vivait à la VP dynas¬ tie. Les textes ne font pas mention de l’huile de Carthame, dont Pline nous apprend que les Egyptiens faisaient un très grand usage.

73. Picris corosiîpifolia Aschers.

Syn. Leontodon cor onopi folium Desf., Crépis radicata Boiss. Quelques-unes des guirlandes qui recouvraient le corps de la princesse Nesi-Khonsou (XXIP dynastie) étaient formées de fleurs de cette plante. Delile, qui, il est vrai, n’a guère exploré que le Delta, ne la mentionne pas dans sa Flore égyptienne ; mais Schweinfurth assure qu’elle croît en Haute-Egypte et qu’elle fleurit en mars et avril. C’est ici le cas de faire remarquer com¬ bien ces recherches sur la flore égyptienne peuvent rendre de ser¬ vices, même, ce à quoi on s’attendrait peu, aux études histo¬ riques. Si, en effet, on connaissait exactement l’époque de flo¬ raison de toutes les plantes renfermées dans un même cercueil, il serait facile de déterminer le mois de l’année pendant lequel eut

LA FLORE PHARAONIQUE.

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lieu renterrement. Quelquefois, les cercueils portent la mention du mois égyptien qui vit s’accomplir l’inhumation. On pour¬ rait ainsi établir une condordance exacte entre les saisons an¬ ciennes et les nôtres à une époque bien précisée. C’est en se pla¬ çant sur un terrain à peu près semblable^ l’époque des récoltes, que Lieblein a pu fixer, à quelques années près, certaines dates de la XVIIP dynastie.

74. Cyuara Scolymiis L.

Unger a pris pour des représentations de l’Artichaut certai¬ nes plantes figurées dans la plupart des tombes, au milieu des offrandes funèbres. D’autres les ont prises pour des pommes de Pin. J’ai relevé soigneusement sur place un certain nombre de ces dessins et, à coup sûr, ils ne peuvent représenter ni l’Arti¬ chaut ni la pomme du Pin. La plante, en effet, a à peu près la forme d’une laitue allongée en pointe, aux feuilles sinuées et longuement lancéolées surmontant une tige coupée courte, qui porte les cicatrices annulaires et parallèles des feuilles tombées de la’ base. Ces feuilles sont toujours peintes en un vert tirant sur le bleu. Je crois que ce devait être une plante à manger en salade. Des spécialistes pourraient peut-être, avec les dessins coloriés sous les yeux, en déterminer facilement l’espèce.

75. Cernaua prateiisiis Forsk.

Il existe, au Bristish Muséum et au Musée de Boulaq, deux balais formés de tiges de cette plante. Encore de nos jours le C. pratensis sert en Egypte au même usage. Des capitules de la même espèce se trouvaient dans une tombe égyptienne de Gébéleïn.

OMBELLIFÈRES

76. Apium graveolens L.

La momie de Kent, trouvée à Sheikh-abd-el-gournah, sur les ruines de l’ancienne Thèbes, portait au cou une guirlande com¬ posée rameaux de Céleri et de pétales de Lotus bleu. Schwein- furth compare la coutume égyptienne de ranger le Céleri au nombre des plantes funéraires à une coutume gréco-romaine analogue, quia donné naissance àl’expression creXivou SeTiai, signi¬ fiant « il est à la mort ».

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LA FLORE PHARAONIQUE.

77. Biiplenriim aristatum Bartl.

Des fruits de cette plante, qui n’est pas mentionnée dans la Flore égyptienne de Delile, ont été reconnus par Unger dans une brique de la pyramide funéraire de Dasbour. Il est donc certain qu’elle croissait en Egypte dès la plus haute antiquité.

78. 4iiethiiiti graycolens L.

L’Aneth croît aujourd’hui en Egypte. Il y croissait également autrefois, car son nom, Ammisi^ s’est retrouvé dans les textes hiéroglyphiques. On le trouve, en effet, dans le Papyrus médical Ebers, recommandé pour « guérir les maux de tête » et « amollir les vaisseaux du bras ».

79. Corianclrnm satiTiim L.

Delile et Forskal placent la Coriandre au nombre des plantes de l’Egypte moderne. Dioscoride et Pline la rangent parmi les plantes anciennes. Enfin, on peut voir, au musée égyptien de Leyde, deux paquets de graines de Coriandre provenant de tom¬ bes égyptiennes. Plus récemment encore, Schweinfurth en a trouvé des fragments dans un hypogée de Thèbes remontant à la XXIP dynastie, situé à Deir-el-Bahari. Le nom hiéroglyphi¬ que du (7. sativuyn n’a pu jusqu’ici être reconnu avec certitude dans les textes égyptiens.

PORTULACÉES

80. Portulaca oBcracea L.

Le P. oleracea est mentionné par Forskal (n° 249) et par Delile (n° 458) au nombre des plantes de l’Egypte moderne. Son nom arabe est Riglah. Or, les lexiques coptiro-arabes renferment un mot Mehmouhi traduit en arabe par Riglah, et en grec par àvBpaxvYj; c’est donc bien le nom du Pourpier. L’équivalent du mot copte s’est retrouvé dans un texte de l’ancienne Egypte sous la forme Makhynakhaï \ d’où nous pouvons conclure que le P. oleracea croissait déjà sous les pharaons aux bords du Nil. Apu¬ lée, dans son traité De herbarum virtutibus, cap. 104, donne comme nom égyptien du Pourpier le mot Moihmutim, dans

LA FLORE PHARAONIQUE. 33

lequel on peut reconnaître des traces de l'original hiéroglyphi¬ que.

CUCURBITACÉES

81. €iti*ullu§( Tulgaris Schrad.

Dans le cercueil du prêtre Nehseni, découvert en 1881 à Deir- el-Bahari, se trouvaient des feuilles du C. vulgaris Schrad., var. colocynthoides ScHWF.Dans une tombe ouverte postérieure¬ ment se trouvaient des graines de la même plante. Son nom moderne, en Haute-Egypte, est Gourma. La Pastèque se nomme Bottikha au Caire, nom qui semble venir de l’ancien égyptien Douttouka, par l’intermédiaire du copte Bettuke. Le fruit de cette plante est souvent représenté dans les tombes.

82. ■»“ Lagenarîa vulgarîs L.

Des Calebasses ont été souvent trouvées dans les tombes, à partir de la XIP dynastie, et il s’en trouve dans quelques musées d’Europe. Ce fruit est également représenté sur les mo¬ numents.

83. Momorclica Balsamiua L.

D’après Pickering, cette plante est figurée sur les monuments égyptiens avec ses feuilles profondément lobées et sa tige s’en¬ roulant autour des lattes d’un treillage.

84. Cucumis Chate L.

Le fruit de cette plante se trouve souvent parmi les représenta¬ tions égyptiennes, au dire d’Unger. Le nom copte du Concombre, (7. sativus L., est Shoobey Shôbe, qui répond peut-être à un mot égyptien Shoupi peu étudié jusqu’ici, mais dont le déterminatif paraît bien être un Concombre. Le nom spécifique Chate est une transcription un peu maladroite de l’arabe Qatta. Ce nom Qatta se retrouve en hiéroglyphe dans un mot Qadi qui désigne une plante rampante, « poussant sur son ventre » d’après le texte égyptien, et qui ne peut guère être que le C. Chate.

85. Cucnmiis Ulelo L.

Unger croit avoir trouvé la représentation du Melon dans une tombe de Saqqarah, nécropole de l’ancienne Memphis. D’après

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LA FLORE PHARAONIQUE.

le dessin qu’il publie, cette identification ne me semble pas abso¬ lument certaine.

Kunth a observé dans la collection Passalacqua des g*raines de Cucurbitacée qui ne proviennent, dit-il, ni du Melon, ni de la Courge, ni du Concombre. Peut-être sont ce des graines de Pas¬ tèque ou de Calebasse.

GRANATÉES

86. PiiBiica Oranatiim L.

Un égyptologue américain, C. Moldenke, est arrivé presque en même temps que moi, et par des moyens différents, ce qui donne une entière certitude à notre découverte commune, à la détermination du nom égyptien de la Grenade. Ce nom se pré¬ sente sous un certain nombre d’ortbograpbes diverses, ce qui, étant donné la fixité ordinaire des radicaux égyptiens, nous prouve d’une façon absolue que le Grenadier n’était pas d’origine égyptienne, mais fut importé de l’étranger en Egypte et y con¬ serva son som vernaculaire. Ce nom, en ramenant à une seule forme les différentes orthographes que nous en connaissons, est Arhmani. Le nom copte de la Grenade, dérivé de l’égyptien, est Erman ou Herman. Nous avons ainsi le thème primitif de l’hébreu Rimmoun et de l’arabe Roumman.

On sait que l’origine du Grenadier a souvent été discutée. Les uns, d’après son nom latin Malnm punicum, le considèrent comme originaire de l’Afrique occidentale. A. de Candolle, dans son Origine des plantes cultivées, arrive à la conclusion que le Grenadier vient de Perse. Voici quelques données nouvelles, fournies par l’archéologie égyptienne, qui pourront jeter de la lumière dans la question. Je les livre, sans les discuter, à la sagacité des botanistes.

Jusqu’ici, le texte le plus ancien qui nous donne le nom égyptien du Grenadier remonte à la XVIIP dynastie, époque des grandes guerres des Ahmessides en Asie. Ce texte se trouve à Thèbes, dans la tombe du scribe Anna, qui mourut sous Toutbmès L Touthmès lest le premier pharaon qui ait parcouru la Syrie. Jusques-là les Egyptiens n’avaient jamais combattu, en fait d’Asiatiques, que quelques nomades arabes et sinaïtiques

LA FLORE PHARAONIQUE.

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qui attaquaient leurs frontières de l’est. Il serait peut-être témé¬ raire de conclure du document fourni par la tombe d’Anna que le Grenadier fut importé d’Asie par Touthmès I. Anna rang-e le Grenadier au nombre des arbres plantés dans son parc funé¬ raire ; ce fait semble indiquer que le Grenadier n’était pas un arbre tout à fait nouveau pour les Eg-yptiens. Ensuite, de ce que la première mention connue de cet arbre ne remonte qu’à la XVIIP dynastie, il ne résulte pas nécessairement qu’il n’était pas connu auparavant. Qui sait si de nouveaux textes, contem¬ porains des pyramides, ne nous donneront pas un jour le nom du Grenadier ? En attendant, il me paraît certain que ce ne furent pas les armées égyptiennes qui l’importèrent d’Asie. Si l’on veut lui donner une origine asiatique, il ne reste qu’à sup¬ poser qu’il fut introduit par les Pasteurs qui, on le sait, furent les introducteurs du cbeval en Egypte, à la XVIP dynastie.

La plus ancienne représentation murale du Grenadier date du règne d’Aménopbis IV, à la fin de la XVIIP dynastie, et se trouve dans une tombe de Tell-el-Amarna. Les plus anciennes Grenades trouvées dans les tombes faisaient partie des oflPrandes funéraires d’un hypogée de la XX® dynastie. Des tombes de la et de la XIP dynastie, contenant quelques corbeilles de fruits, n’ont pas fourni de Grenades. En résumé, la Grenade n’est con¬ nue jusqu’ici, d’après les documents égyptiens, qu’à partir de l’invasion des Pasteurs ; mais, encore une fois, on ne peut en conclure formellement qu’elle était inconnue auparavant en Egypte.

L’espèce trouvée dans les tombes est plus petite que la Gre¬ nade ordinaire ; Sch^veinfurth la compare aux Grenades du Sinaï. En médecine, les Egyptiens employaient l’écorce de Gre¬ nade comme vermifuge. Aujourd’hui encore, dans le monde entier, on lui attribue les mêmes propriétés. Les Coptes l’em¬ ployèrent plus tard contre la gale.

MYRTACÉES

87. myrtus comuiiiiiis L.

Théophraste et Pline citent le Myrte parmi les plantes égyp¬ tiennes. D’autre part, Piçkering et Unger voient des rameaux de

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LA FLORE PHARAONIQUE.

Myrte dans les branches que tiennent souvent dans leurs mains les danseuses représentées dans les tombes. Myrte se dit As en arabe ; des égyptologues en ont conclu que la plante As, ou Asi, souvent mentionnée dans les textes hiéroglyphiques, est le Myrte. La chose est impossible : l’Ase est d’abord une plante aquatique, ensuite une plante aromatique, ce qui écarte com¬ plètement ridée de Myrte.

TAMARISCINÉES

88. ^ Taniarix uilotica Ehrb.

Hérodote et Pline nous apprennent que le Tamaris poussait en Egypte. Unger en a retrouvé des fragments nombreux dans une brique d’El-Kab, et Schweinfurth en a reconnu des bran¬ ches entières dans un cercueil de la XX® dynastie, dans lequel reposait la momie d’un personnage nommé Kent. Le Tamaris se nomme Ashel en hébreu, Açl en arabe, Osi en copte. En hiéroglyphes, son nom est Aser, mot qui nous donne l’origine des termes sémitiques. Plutarque, dans son traité Sur Isis et Osiris, nous dit que le Tamaris était consacré à Osiris. Le Tamaris devait, en effet, être un arbre sacré, car son nom se rencontre souvent dans les textes religieux. On l’employait également en médecine. Le T. nilotica pousse encore aujour¬ d’hui en Egypte, en compagnie de trois autres espèces de Tamarix.

LYTHRARIACÉES

89. Lawsouia inermis L.

Le L. mermw donne la poudre rouge-orange connue en arabe sous le nom de Henné ; cette poudre s’obtient en broyant les feuilles desséchées de l’arbre et sert aux Arabes à se teindre les ongles et l’intérieur des mains. On a découvert un grand nom¬ bre de momies dont les mains étaient teintes à l’aide du même procédé ; de plus, Schweinfurth a reconnu dans quelques tom¬ bes égyptiennes des fragments de L. inermis. Prosper Alpin, le premier qui nous parle de la poudre de Henné, la nomme Archenda,

LA FLORE PHARAONIQUE.

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Le L. inermis porte eu grec le nom de xüTrpoc;. Ce mot dérive de l’ancien égyptien par l’incermédiaire des langues sémitiques. Le nom hébreu de la plante est Kopher^ son nom copte Khouper, et les habitants d’Assouan, au dire de Delile, la nomment Kafra. Les Arabes appellent le Lawsonia Faghou ou Shagay'at-el-Henné, « l’arbre au Henné ». Le mot hiéro¬ glyphique d’où dérive cette série de noms est Pouqer, qui est devenu en hébreu Kopher par transposition de lettres. L’arabe Faghou semble dériver plus directement de l’égyptien, sans transposition, mais avec chute de la lettre finale R, fait extrê¬ mement commun dans toutes les langues sémitiques, et dont nous venons justement de voir un exemple dans le nom copte du Tamaris, Osi, qui vient de l’égyptien Aser,

Le L. inermis n’est cité, à ma connaissance, que quatre ou cinq fois dans les textes égyptiens, et toujours dans des recettes de parfumerie, entre autres dans la recette du Kyphi. Nous avons vu que, d’après l’examen de quelques momies, les Egyp¬ tiens se rougissaient les mains au Henné, ainsi que les Arabes. Dioscoride nous apprend qu’à Taide de la même poudre les Egyptiennes d’autrefois se teignaient les cheveux en blond. Comme on le voit, l’idée de se teindre les cheveux date de bien loin. Depuis quelques années, on vend à Paris du Henné pour se rendre les cheveux blonds ; c’est une découverte pharaoni¬ que remise au jour.

ONAGRARIÉES

90. EpiloMum hirsuttim L.

L’Epilobe croît encore de nos jours en Egypte, surtout dans le Delta. Schweinfurth en a retrouvé des bouquets dans une tombe postérieure à l’époque des Ramessides, sise à Sheikh-abd- el-gournah, sur les ruines de l’ancienne Thèbes. L’espèce anti¬ que a, paraît-il, les fleurs un peu plus petites que celles de l’es¬ pèce que l’on rencontre dans nos climats.

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LA FLOTIE PHARAONIQUE.

POMACÉES

91. Pynis Haliiii L.

Voici encore une plante intéressante au sujet de l’histoire de la culture. Le nom arabe du Pommier est Taffah, Djepehy dans les lexiques coptico-arabes, est traduit par Taffah, malum.

Enfin, le mot hébreu que les traductions de la Bible rendent par Pomme est Tapouh. Taffah, Djepeh et Tapouh sont donc trois mots bien identiques. Hœfer, dans son Histoire de la botanique, propose de traduire l’hébreu Tapouh par « orange » au lieu de « pomme », parce que le Pommier prospère peu hors de la zone tempérée froide et que ses fruits, en Orient, n’attirent ni par leur odeur ni par leur saveur. Ces motifs ne sont pas suffisants, ce me semble, pour nous permettre de méconnaître l’exactitude des traductions bibliques. L’hébreu Tapouh est évidemment le même mot que l’arabe Taffah, lequel désigne bien le Pommier, sans contradiction possible.

L’original égyptien de ces trois formes est Dapih, que je n’ai rencontré que dans des textes du temps de Ramsès II et de Ramsès III. Ramsès II fit planter des Pommiers dans ses jardins du Delta. Ramsès III donna aux prêtres de Thèbes, pour leurs offrandes journalières, 848 paniers de pommes. Sous la XIX® dy¬ nastie, le Pommier était donc un arbre fruitier communément cultivé en Egypte.

MIMOSÉES

92. Acacia nilotîca Del.

Quelques-unes des guirlandes qui ornaient les momies d’Ahmès I et d’Aménophis I, rois delà XVIIP dynastie, étaient composées de fleurs d’A. nilotica. Cet arbre, dont le bois ser¬ vait à faire des cercueils, des meubles, des statues, se nommait S haut en ancien égyptien. L’hébreu Shett, par assimilation du N au T, l’arabe Sant et le copte Shonte, Shanti, désignent également l’Acacia et dérivent du nom hiéroglyphique de cet arbre. U A. nilotica est un arbre très ancien sur les bords du Nil; son nom se trouve dans les textes contemporains des pyramides.

LA FLORE PHARAONIQUE.

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Une brique d’El-Kab renfermait, au dire d’Unger, quelques fragments d’^. nilotica. La gomme provenant de cet arbre se nommait, en ancien égyptien, Qami^ mot dans lequel on retrou¬ vera l’origine du grec y.ômM et de notre mot gomme. On sait que la gomme de l’Acacia est la gomme arabique du commerce.

93. Acacia Scyaî Del.

Cet Acacia est mentionné fort souvent dans les anciens textes égyptiens sous le nom Ash. Son bois servait h faire des cer¬ cueils, des statues, des portes, des barques. Il fournissait une essence souvent citée dans les inscriptions et qui n’était autre, probablement, qu’une dilution de sa gomme dans l’eau. L’A. Seyal se rencontre beaucoup de nos jours en Thébaïde. Dès les premières dynasties, son nom se trouve sur les monuments.

94. Acacia Fariicsiiaiia Willd.

Les fleurs de cette espèce se vendent depuis quelques années chez les fleuristes, sous le nom de Mimosa. On connaît leur forme globuleuse et leur aspect soyeux. Les anciens Egyptiens leur donnaient le nom pittoresque de Per-shen, qui signifie « grains chevelus ». Ces fleurs sont souvent employées en médecine, et on les rencontre dans presque toutes les recettes de parfumerie, désignées par un synonyme Sannâr.

95. Uloriuga aptcra Gærtn.

Une graine de cette espèce, qu’il est facile de distinguer de l’espèce voisine M, oleifera Lmk, a été trouvée par Schweinfurth dans une tombe de Drah-abou’l-neggah. Le M, aptera^ nommé par les Arabes, est commun, au dire du même auteur, dans le désert oriental de la Thébaïde. Le fruit du Moringa, connu sous le nom de noix de Ben, donne une huile précieuse pour la parfumerie ; les anciens lui donnaient les noms suivants, BaXa- vcç THÉoPHRjBaXavoç Diosc. MyTohcLlanuïïi^Glans

œgyptia Pline. J’ai retrouvé le nom égyptien du Moringa, Baq^ et, ne connaissant pas la découverte de Schweinfurth, j’y avais vu le M. oleifera, que l’on indique généralement comme pro¬ duisant l’huile de Ben et comme correspondant aux termes clas¬ siques cités plus haut. Mais, puisque le fruit trouvé dans une tombe appartient au M. aptera et que c’est cette espèce que l’on rencontre de nos jours en Egypte, il est probable que le Baq

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LA FLOUE PHARAONIQUE.

antique n’est pas le M. oleifera. Le Baq croissait dans la Tlié- baïde et dans le Delta. L’huile que l’on en extrayait, nommée Baqi^ était très réputée. On s’en servait en parfumerie, on en oignait les momies, on la recommandait en médecine. On la divisait en deux espèces, rouge et Baqi vert, ce qui s’accorde avec un passage de Pline qui nous dit que l’huile du Myroba- lanum était rouge en Egypte et verte en Arabie.

CÉSALPINIÉE8

96. Ccratoiiia Siiliqtia L.

Le mot hiéroglyphique Djaroudj ou Galouta, répondant au copte Garate^ signifier gousse» en général. hviiovuxQ Djarouga du même mot s’applique à un fruit spécial, au goût de miel, que l’on mangeait sec ou confit, et dont on faisait une boisson ; c’est la < Gousse » par excellence, la Caroube, à laquelle les Grecs et les Latins donnaient également le nom de Gousse, xepaTicv, Siliqua, désignations conservées par Linné dans le nom botani¬ que de la plante, Ceratonia Siliqua. Dans le midi de la France, la Caroube se nomme Carouge, et l’on reconnaît facilement dans ce mot une dérivation de l’ancien égyptien. Caroube se dit Khar- roub en arabe, mais aussi Qirat, et ce dernier mot se rapproche des formes hiéroglyphiques.

Théophraste nous apprend que le Caroubier croissait en Egypte ; Pline assure qu’on ne le rencontrait qu’en Syrie. Unger a trouvé une gousse de Caroubier représentée sur un ta¬ bleau au milieu des offrandes funèbres, et Kotschy a rapporté d’Egypte une canne découverte dans un cercueil de momie, qu’il a reconnue, après examen au microscope, être en bois de C. Siliqua. Cet arbre pousse encore de nos jours en Egypte. La forme de son nom égyptien pourrait nous permettre de lui attri¬ buer une origine étrangère, peut-être sémitique.

PAPILIONACÉES

97. Lapinu§( Tcrmîs Forsk.

Des gousses vides et brisées de cette plante ont été trouvées dans une tombe égyptienne. Schweinfurth suppose qu’elles

LA FLORE PHARAONIQUE.

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sont modernes, mais, à cause de l’existence d’un nom copte pour le Lupin, il n’en considère par moins le L. Terrais comme ayant été connu des anciens Egyptiens.

98. medicago liistpida Willd.

Dans une brique de la pyramide de Dashour, Schweinfurth a reconnu des fragments du M. hispida, var. denticulata Willd. On peut rapprocher de cette trouvaille des fruits exposés au Musée de Leyde sous le H, 52-54 et indiqués dans le catalo¬ gue comme provenant du M, rugosa Lmk.

99. Helilotufii parviflora Del.

Une brique de la même pyramide de Dashour a fourni à Unger quelques restes du M. parviflora, plante très commune en Egypte, et que l’on rencontre dans tout le reste de l’Afrique.

100. Iiidig^ofera argentea L.

C’est cette espèce que l’on cultive aujourd’hui en Egypte, et il est probable que c’est la même que l’on cultivait autrefois pour ses propriétés tinctoriales. L’Indigo a un nom sanscrit, Nili, et A. de Candolle, dans son Origine des plantes cultivées, en conclut que l’Indigo vient de l’Inde, comme du reste le prou¬ vent, dit-il, ses noms classiques ’Iv5ix6v, Indicum. En fait, le nom arabe et égyptien moderne de l’Indigo est Nil. Il reste donc à savoir si le nom sanscrit dérive du nom arabe, ou si c’est le nom arabe qui vient du sanscrit. Un fait d’ordre philologique vient éclairer d’un nouveau jour la .question d’origine de l’Indigo.

On sait que toutes les étoffes égyptiennes teintes en bleu ont donné, par analyse chimique, des traces certaines d’indigo. L’Indigo était donc connu des anciens Egyptiens. Le tiraient- ils de rinde, ou le cultivaient-ils déjà dans leur pays? Un texte relatif à la teinture nous donne le nom de la plante qui servait à teindre en bleu, et ce nom, qui n’a rien à voir avec l’Inde, est celui qui a donné naissance au grec ’tvBe/.ov. Le nom égyptien de l’Indigo est Dinkon. Les Grecs, en présence d’une plante tincto¬ riale d’origine étrangère, nommée Dinkon, y ont vu une plante indienne et, par une métathèse qui en facilitait la prononcia¬ tion, ont changé son nom en ’ivBaov. Le nom Dinkon signifie littéralement « plante qui chasse le relâchement ». Cette pro-

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LA FLORE PHARAONIQUE.

priété se trouve mentionnée dans Dioscoride (V. 107). Le Dinlion est, d’autre part, plusieurs fois nommé dans les papyrus médi¬ caux.

Que l’Indigo soit d’origine indienne, c’est possible. Mais cela ne résulte ni de son nom sanscrit, qui se retrouve en arabe d’Egypte, ni de ses noms classiques, qui dérivent directement de l’ancien égyptien. Ce qui est certain, c’est que cette plante était cultivée en Egypte dès les temps les plus reculés, et qu’on la trouve aujourd’hui spontanée au sud de l’Egypte, en Nubie et en Abyssinie.

101. SlesHiauia ægyptîaca Pers.

Des fleurs de cette plante, ayant encore conservé leur couleur jaune, ont été reconnues par Schweinfurth au milieu des guir¬ landes qui ornaient la momie d’Ahmès I (XVIIP dynastie).

102. Cicei* arietinum L.

Cette plante est cultivée de nos jours en Egypte, et ses grains se mang'ent grillés. Pickering suppose qu’elle était connue des anciens Egyptiens et que c’est à cause de la forme de ses grai¬ nes, qui ressemblent à des têtes de bélier, qu’elle était considé¬ rée, au temps d’Hérodote, comme un aliment que la religion défendait de manger.

103. Pisiiau arvensie L.

Unger a trouvé, dans une brique de la pyramide de Dashour, quelques fragments de graines d’une Légumineuse qu’il attri¬ bue au P. arvense, plante abondante aujourd’hui en Egypte.

104. Ervuiu Leiis L.

On sait par les auteurs classiques que la Lentille croissait en Egypte ; elle servait même déjà d’aliment, d’après Hérodote, aux constructeurs des pyramides de Gizéh. On en a retrouvé, cuites et réduites en pâte, dans une tombe de Thèbes datant de ja XIP dynastie. Le nom égyptien de VE. Lens est Arshâ ou Arshana. Ces deux formes, dont la seconde est un pluriel sémi¬ tique de la première, ne présentent pas une apparence égyp¬ tienne. Peut-être la Lentille venait-elle d’Asie. La première mention monumentale de la Lentille date de la XIX® dynastie. Son nom égyptien s’est conservé dans le copte Arshan ou

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LA FLORE PHARAONIQUE.

Arshin. Les noms hébreu et arabe de ce légume n’ont aucun rapport avec son nom égyptien.

105. Vicia Faba L.

Des Fèves ont été trouvées dans une tombe de la XIP dynastie ; d’autres, sans date ni lieu de provenance, mais certainement d’origine égyptienne antique, se trouvent, au dire d’Unger, exposées au Musée de Vienne. D’après les listes d’offrandes g'ra- vées dans les sépultures égyptiennes, les Fèves faisaieut partie des aliments offerts aux défunts, et cela dès les premières dynasties. Ramsès III en fit distribuer des quantités dans les magasins des temples de Tbèbes. Ces faits semblent controuver l’assertion d’Hérodote, qui affirme qu’en Egypte on considérait la Fève comme un aliment maudit et que personne n’en faisait usage, mais nous verrons plus loin que la Fève prohibée était le fruit du Lotus rose. Le nom égyptien de la Fève est Four, qui répond à l’hébreu Poul et à l’arabe Foui.

106. Vîcîa satîva L.

Des graines et des gousses de Vesce ont été retrouvées par Scbweinfurtb dans plusieurs tombes égyptiennes. Unger en a reconnu également quelques fragments dans une brique de la pyramide de Dasbour. La culture du V. saliva dans l’Egypte antique est donc bien démontrée. On l’y cultive encore de nos jours, et les Arabes lui donnent le nom de Foui roumi, « Fève grecque ».

107. liathyrus sativtis L.

Des graines de Gesse ont été reconnues par Scbweinfurtb dans une tombe ouverte à Gébéleïn par Maspero. Des gousses de la meme plante, trouvées dans un tombeau de Drab-abou’l- neggab, ne lui paraissent pas être d’origdne antique.

108. Latfiiypiis liirsiitiBS L.

Des gousses de cette plante ont été reconnues par Scbwein- furth dans une tombe de la XX“ dynastie découverte à Tbèbes par Scbiaparelli. Leur âge antique ne lui semble pourtant pas bien démontré ; il suppose qu’elles ont pu être déposées par des Arabes qui s’étaient logés dans le tombeau.

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LA. FLORE PHARAONIQUE.

109. Cajaniiü indicus L.

Une g’raine de cette plante a été déterminée par Schweiiifurth. Elle provenait d’une tombe de la XIP dynastie ouverte par Mariette. Le C. indiens se trouve en Haute-Egypte, à l’état sauvage ; on le cultive en Nubie.

ANACARDIACÉES

110. Piistacia TercMnthus L.

Le Térébintbe n’est pas nommé dans les textes égyptiens ; mais la résine que l’on en tirait, connue aujourd’hui sous le nom de térébenthine, se trouve citée dès les plus anciens temps de la royauté égyptienne. Son nom antique, Sounter, s’est con¬ servé en copte sous la forme Sonte, Sonti.

111. Pistacia Lentiscus L.

L’arbre se nommait Shoub chez les anciens Egyptiens; la résine que l’on en extrayait, et que l’on employait beaucoup en parfumerie, portait le nom de Fatti, Ces deux arbres crois¬ saient dans l’antiquité, au dire des auteurs classiques, sur le littoral de toute la partie sud-est de la Méditerranée.

RHAMNÉES

112. Zizyphiis iSpina-Christi Willd.

Ce Jujubier égyptien est souvent mentionné dans les auteurs classiques. Presque tous nos musées d'Europe en possèdent des fruits trouvés dans des tombes égyptiennes. Les découvertes de Maspero à Gébéleïn ont fourni à Schweinfurtb l’occasion d’étu¬ dier un grand nombre de fruits antiques de cet arbre. Une tombe de la XIP dynastie, ouverte par Mariette et contenant beaucoup de fruits et de légumes, ne renfermait pas de Jujubes.

Le nom du Jujubier doit se trouver très fréquemment dans les textes égyptiens, mais je ne l’y ai pas encore reconnu. Cet arbre porte, dans les lexiques coptico-arabes, les noms xY)vapt, xXtj et xpwouvi, que je transcris en lettres grecques afin d’en mieux

LA FLORE PHARAONIQUE.

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conserver la forme. Je n’ai pu retrouver l’origine égyptienne de ces mots coptes : il est donc très probable que les noms coptes du Jujubier ne dérivent pas de l’ancien égyptien. Il se pourrait que le nom antique du Jujubier fut Nabas.

Le Nabas est un arbre dont les fruits reviennent dans toutes les listes d’offrandes. On en faisait des pains, de même qu’on fait en Orient une sorte de pâte avec les Jujubes. Le nom du Z. Spina-Christi est Sidr en arabe ; le nom du fruit est iYa- baq.

AMPÉLIDÉES

113. Titisi Tinifera L.

On sait depuis longtemps déjà que la Vigne était connue des anciens Egyptiens. Dès l’époque des pyramides, c’est-à-dire trois ou quatre mille ans avant notre ère, les peintures des tombeaux égyptiens nous retracent le tableau de la culture de la Vigne et de la fabrication du vin. Les tombes les plus anciennes conte¬ naient, parmi les offrandes funéraires, des grains de raisin dé¬ tachés de leur grappe.

Tous nos musées en possèdent, et les sépultures qu’on ouvre journellement ne cessent d’enrichir nos collections de spécimens antiques de ce fruit. Schweinfurth a trouvé récemment, dans un tombeau de Thèbes, des paquets de feuilles de Vigne en parfait état de conservation. Ces feuilles ont pu être amollies par l’eau tiède et étalées dans l’herbier pharaonique du Musée de Boulaq.

Une remarque est à faire au sujet des raisins déposés auprès des morts comme offrandes funéraires : tous ces raisins sont noirs et ont été détachés de leurs grappes avant d’être offerts. Peut-être peut-on en conclure qu’on les laissait sécher au soleil avant de les offrir aux défunts. On en a trouvé plusieurs espè¬ ces. Kunth décrit ainsi les raisins de la collection Passalacqua : Vitis vinifera L, var. monopyrena^ Chasselas. » D’autres, au Louvre et au musée de Leyde, sont classés comme « Raisins de Damas » et « Raisins de Corinthe ». Une tombe de la XIP dy¬ nastie renfermait, d’après Schweinfurth, des raisins « apparte¬ nant à la variété noire à grosses baies recouvertes d’un duvet

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LA FLORE PHARAONIQUE.

bleuâtre ». D’autres, provenant d’une tombe plus récente, décou¬ verte à Gébéleïn, sont ainsi décrits par le même auteur : « Rai- (( sins appartenant à une variété noire àpeau épaisse et avec trois « à quatre graines. Malgré leur état rétréci et le froncement « profond de l’écorce, ils ont toujours 16 à 17 millimètres de « longueur sur 10 à 11 de largeur. Les graines sont abrupte- « ment atténuées en pointe tronquée et mesurent en longueur, « largeur et épaisseur, 7, 4 et 3 millimètres. Le sucre s’est par- « faitement conservé dans la pulpe de ces raisins. » Quant aux feuilles de Vigne trouvées à Thèbes, « elles ne diffèrent pas », écrit Schweinfurtb, « de l’espèce cultivée aujourd’hui en « Egypte, mais à la surface intérieure elles sont couvertes d’un « feutre de poils blancs, ce qui n’est pas le cas chez les variétés « indigènes de la vigne que j’ai pu comparer jusqu’ici. » En somme, on voit que les Eg’jptiens connaissaient plusieurs varié¬ tés de raisins, qu’il serait intéressant de chercher à retrouver parmi nos variétés modernes.

D’après les représentations égyptiennes, la Vigne était tou¬ jours cultivée sur tonnelles ou sur treillages disposés dans les jardins en rangs parallèles assez espacés. Le jardin funéraire d’Anna, personnage de la XVIIP dynastie qui fut enterré à Thè¬ bes, renfermait, d’après le catalogue qui nous en est parvenu, quatre-vingt dix Sycomores, cent-soixante-dix Dattiers, trois Mimosas, cinq Grenadiers, deuxMoringas, etc., et douze Vignes.

Plusieurs vins égyptiens étaient célèbres à l’époque gréco- romaine. D’abord, le vin des côtes voisines d’Alexandrie, qu’on appelait vin maréotique ; puis le vin de Sebennytus, dans le Delta. Il était fourni par trois espèces de Raisins : le thasien, l’æthale et le peucé. La Vigne thasienne produisait un raisin très doux, relâchant le ventre. Un autre raisin égyptien, l’ecbo- las, passait pour provoquer les avortements. Athénée men¬ tionne en outre les vins de Tanis, les vins de Thébaïde, parti¬ culièrement ceux de Coptos, et surtout le vin d’Anthylla, petite ville du Delta, voisine d’Alexandrie, vin qu’il place avant tous les autres.

Le nom de la Vigne et du Raisin, en égyptien, est Arouri. Le Raisin séché au soleil se nommait Ashep ou Shep, Le vin portait le nom de Arp. Voici les neuf espèces de vin qu’il m’a été donné de relever en dépouillant les textes hiéroglyphiques : Vin blanc, Vin rouge, Vin supérieur, Vin second, Vin syénite.

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LA FLORE PHARAONIQUE.

Vin du nord, Vin du centre, Vin Tekhes et Vin Neha. La plupart de ces vins étaient déjà disting’ués à l’époque des pyra¬ mides.

AURANTIACÉES

114. Citrns Anrantiiim L.

La présence dLiurantiacées dans les tombes égyptiennes est un fait bien intéressant pour l’histoire des arbres fruitiers. Sans entrer, sur l’origine des Citrus, dans une discussion qui a déjà donné lieu à bien des volumes, je me contenterai de donner les documents tels quels. Un fruit, rapporté de Thèbes par Passa- lacqua et exposé aujourd’hui au Musée de Berlin, est ainsi dé¬ crit par Kunth : « Citrus Aurantium L., var. fructu amaro. « Orange amère. Ce fruit étant seul. Une m’a pas été permis de « le couper. Il me reste donc encore quelques doutes sur l’exac- « titude de cette détermination. » Un second fruit, exposé au Musée du Louvre, est ainsi décrit dans le catalogue de Cham- pollion (L, 165) : « Fruit du Citrus medica L. » On ne sait mal¬ heureusement pas de qu’elle époque datent les tombes dans lesquelles ont été trouvés ces deux fruits. Je n’ai jamais trouvé dans les textes égyptiens de mots qu’on put rapporter au Citron ou à l’Orange. Pourtant, les lexiques coptico- arabes renferment un mot Gitré, qui est traduit par Malum citrium; mais on peut se demander ci ce mot est une forme coptisée du grecxiipov ou s’il dérive de l’ancien égyptien et si nous devons, par consé¬ quent, y voir l’origine du mot grec.

OLACINÉES

115. Balanites segyptîaca Del.

Syn. Xhnenia œgyptiaca L. Des fruits de cet arbre ont été reconnus par Schweinfurth dans des tombes de la XIP et de la XX® dynastie.

Il s’en trouve, provenant d’autres tombes, exposés dans nos musées d’Europe. C’est dans cet arbre que Delile, qui a écrit un

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LA FLOUE PHARAONIQUE.

long* mémoire à ce sujet, a voulu retrouver le Perséades anciens. Scliweinfurtli voit dans le Perséa l^Mviiusops Schhnperi; Meyer, dans ses études botaniques sur Strabon, y voit le Dyospyros mespiliformis. D’autres botanistes y voient d’autres arbres. C’est une question pleine d’intérêt à coup sûr, mais qui me paraît bien difficile à éclaircir tant que des documents égyptiens ne nous auront pas tracé une voie nouvelle. Or, le nom hiérogly¬ phique du Perséa n’a jamais été reconnu avec certitude. Le mot Shaouab, que l’on traduit ordinairement par Perséa, me semble être une variante de Shoub et désigner par conséquent le Len- tisque.

TILIACÉES

116. Oncolia spinoisa Forsk.

Un noyau ligneux et rond, montrant à l’intérieur les restes de huit à dix loges placentaires, a été déterminé avec réserve, par Schweinfurth, comme provenant de l’O. spinosa^ arbre de l’Arabie-Heureuse et de l’Afrique intertropicale. Ce fruit a été trouvé à Thèbes, dans une tombe de Drah-abou’l-neggah.

MALVACÉES

117. Alcca ficifolia L.

Des fieurs de cette plante entraient dans la composition des guirlandes mortuaires d’Ahmès I et d’Aménophis I. On rencon¬ tre encore VA. ficifolia dans quelques anciens jardins arabes d’Egypte.

Il semble y redevenir sauvage, et Schweinfurth en conclut que la plante fut introduite d’Asie en Egypte, longtemps cultivée par les sujets des pharaons, et qu’elle disparaît peut à peu aujour¬ d’hui.

118. Goi9S(ypium hcrliaceiiiu L.

Nous savons par Pline que les Egyptiens connaissaient le Co- tonier, et Hérodote nous dit que les bandelettes des momies

LA FLORE PEIARAONIQUE.

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étaient faites en coton. En étudiant au microscope les bandelet¬ tes qui nous sont parvenues, on a constaté que la plupart étaient en lin, mais on en a reconnu quelques-unes qui étaient en co¬ ton. Enfin, des graines trouvées dans une tombe égyptienne et exposées au Musée de Florence sont cataloguées sous ce titre : c( Un vasetto ripieno dei semi del cotone », et le D*' P. Hannerd les a identifiées au G. religiosum L. Le coton était donc connu des anciens Egyptiens. Le nom hiérogdyphique n’en a pas en¬ core été déterminé.

L’espèce cultivée aujourd’hui en Egypte est le G. herhaceum, et je suppose d’après cela que c’est la même espèce qui a été cultivée dans l’antiquité. On a supposé que le Byssus des anciens était le coton, mais cette identification demande à être confirmée par des preuves scientifiques.

LINÉES

119. Liiium liiiBnilc Mill.

Nous venons de voir que presque toutes les bandelettes de momies que l’on a étudiées au microscope se trouvaient être en Lin, Des capsules de Lin ont été trouvées par Schweinfurth dans des tombes de la XIP et de la XX® dynastie. Unger en a également reconnu des fragments parmi les débris végétaux qui se trouvaient dans une brique de la pyramide de Dashour. Unger a identifié ces fragments au L. usitatissimumh.\ mais Schwein¬ furth, qui, au lieu de menus fragments, a pu observer près de quinze hectolitres de capsules fort bien conservées, a reconnu que le Lin des anciens Egyptiens était le L. hwiiile, espèce qui est encore, du reste, la seule que l’on cultive en Egypte. Il n’y a donc pas de doute à avoir sur l’espèce que connaissaient les sujets des pharaons.

Le Lin est souvent mentionné dans les traités de médecine, mais on l’employait principalement pour le filage et le tissage. Son nom égyptien, que l’on retrouve dans un grand nombre de textes, est Mâhiy et ce nom s’est conservé intact en copte.

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LA. FLORE PHARAONIQUE.

CAPPARIDÉES

120. Mœi’tia uiaiâ!oi*a Vahl.

Dans une tombe de Gébéleïn, Scbweinfurth a reconnu des baies et des graines de cet arbre. Le M. imiftora, qui atteint parfois de 15 à 20 mètres de haut, se trouve encore dans le désert oriental de la Haute-Tbébaïde, ainsi que dans les oasis liby- ques. Son nom est Mérou cliez les Arabes du Hedjaz, et Kamôh chez les Bisharis.

CRUCIFÈRES

121. Mapliaissis satlvii® L.

Unger place le Radis parmi les plantes de l’Egypte ancienne, d’abord d’après un passage d’Hérodote qui nous indique la quan¬ tité de Radis que consommèrentles constructeurs des pyramides, ensuite, d’après des représentations égyptiennes dans lesquelles il a reconnu la figure de la plante.

122. = M£ïpli£iî3l®is»ïsiîî L.

Des fragments de cette espèce diQRaphanus ont été reconnus par Unger dans une brique de la pyramide de Dasliour.

123. Efiaai*tlîa»©cai*pîis îyi»aiiss DC.

Une tombe de Drah-abou’l-neggah contenait, au dire de Scbweinfurth, quelques siliques de VE. lyratus. D’autres débris de cette plante, trouvés par le même auteur dans une tombe de Tbèbes, lui paraissent ne pas être antiques.

124. ^tiiapis arvesasis L.

Des silicules de cette plante se trouvaient en assez grande quantité au milieu de capsules de Lin provenant d’une tombe de la XIP dynastie. Scbweinfurth les attribue à la variété Allionii Jacq. Le S. arvensis encore très abondant dans les champs égyptiens.

LA. FLORE PHARAONIQUE.

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125. Diclcsmias Del.

Une brique d’El-Kab, étudiée minutieusement par ünger, renfermait un grand nombre de fragments de cette plante.

PAPAVÉRACÉES

126. Papa ver somiaifcriim L.

Unger range le Pavot au nombre des plantes antiques de l’E¬ gypte en s’appuyant sur un passage de Pline qui indique que rOpium était connu des anciens Egyptiens.

127. Papa ver ïllaoeas L.

« Lange bekannt in Ægypten », écrit simplement Unger au sujet du Coquelicot. Cette assertion se trouve confirmée par la découverte de nombreuses fleurs de Coquelicot qui formaient l’une des guirlandes mortuaires de la princesse Nesi-Khonsou (XXIP dynastie).

L’espèce égyptienne répond à la variété a genuinum Bois- siER, que l’on retrouve encore en Egypte, surtout dans les envi¬ rons d’Alexandrie, et qui fleurit en mars et en avril.

NYMPHÉACÉES

128. RîèlBisiîîllïiaïBÈî @peci®@iiïîi Willd.

Cette Nymphéacée nous est soigneusement décrite par tous les auteurs classiques qui se sont occupés de l’Egypte. Ses fruits, comparés par Théophraste à des pommes d’arrosoir percées de trous nombreux, sesfleurs aux pétales rosés, qu’Hérodote nomme Lis roses du Nil, ses feuilles peltées, arrondies et creuses, en forme de pétase ou chapeau rond, d’après la description de Stra- bon, sont autant de caractères bien tranchés qui ne peuvent se rapporter qu’au iV. speciosum. Il est donc bien certain que cette plante était connue des anciens Egyptiens.

Cela dit, je dois avouer que jamais la plante n’a été retrouvée dans les tombes et que jamais, pour ma part, je ne l’ai vue figu¬ rée sur les monuments. Il y a à cela une double raison. Le

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LA FLORE PHARAONIQUE.

Lotus rose était considéré comme une plante sacrée, de même qu’il l’est encore en Extrême-Orient, les piédestaux de pres¬ que toutes les statues divines ontlaforme d’un Nelumbium. Les fèves, qu’il était interdit de manger, de l’avis unanime de tous les auteurs classiques, ne pouvaient être nos fèves ; la preuve en est que l’on a retrouvé des fèves dans les tombes égyptiennes, que les fèves sont citées fort souvent dans les textes médicaux, et qu’enfin Eamsès III en offrait des quantités considérables aux prêtres de Thèbes. Les fèves interdites ne pouvaient guère être que les fruits sacrés du N, speciosum^ plante que Tbéopliraste, du reste, nomme précisément xuaixog ylyùizxicç. On comprend que c’est l’unique motif qui a empêché de retrouver des restes desséchés du Lotus rose dans les tombes égyptiennes.

Quant à l’absence de la figure du Lotus rose sur les monu¬ ments égyptiens, elle tient à une cause toute spéciale. Le seul Lotus sacré était le rose ; le blanc {Nymphœa Lotus L.) et le bleu {N. cœrulea Sav.) pouvaient servir aux usages ordinaires de la vie. Le Lotus sacré est souvent figuré sur les monuments et, en réalité, ce ne peut être que la rose, mais un botaniste sceptique ne l’y reconnaîtrait pas. Les pétales y sont peints de toutes les couleurs, unis ou ornés de bandes multicolores; les feuilles n’y ont aucun caractère précis. Il est évident que les artistes égyptiens, ayant à représenter une fleur sacrée, se sont cru permis de l’enjoliver à leur fantaisie, aussi bien pour la forme que pour la couleur. De vient que nous ne possédons pas une seule représentation dans laquelle on puisse voir, au point de vue botanique, un Lotus rose réel. Quant aux Lotus roses de convention, ils abondent en peinture et en sculpture ; les chapitauxde presque toutes les colonnes égyptiennes en ont la forme. Pourtant, Unger, d’après le témoignage d’un de ses amis, affirme qu’il existe au Bristish Muséum un monument sur lequel est figuré le N. speciosum avec des caractères bien définis, fruits en forme de cône renversé et feuilles peltées. Mais ce monument, ajoute-t-il, est d’époque g'réco-romaine.

Si le Lotus rose, réel ou figuré, n’a jamais été retrouvé en Egypte, son nom hiéroglyphique, au contraire, se rencontre dans la plupart des textes religieux. Ce nom est Nekheb à l’o¬ rigine, et s’adoucit plus tard en Neheb et Nesheb. L’exemple le plus ancien que j’en connaisse ne remonte qu’à la XVIIP dy-

LA. FLORE PHARA.ONIQUE.

53

nastie, mais il est probable qu’on le trouverait dans des textes plus anciens. Le Nelumhium surmontait la coiffure du dieu Nefer-Toum. Mais son emploi religieux le plus répandu était de servir de berceau au jeune Horus, dieu symbolisant le soleil levant. On sait que la plupart des fleurs de Nympbéacée se fer¬ ment le soir et rentrent parfois sous l’eau pendant toute la nuit. C’est cette propriété qui a valu au N. speciosum le rôle impor¬ tant qu’il joua dans la religion ég-yptienne, surtout dans le mythe solaire. Cette fleur était considérée comme le symbole du soleil levant et, pour cette raison, était consacrée à Horus.

Le N. speciosum a, de nos jours, complètement disparu de l’Egypte ; on ne le trouve plus que dans l’Asie orientale. Mais Schweinfurtli nous met en garde contre la conclusion qu’on pourrait tirer de cette disparition, au sujet d’une modification du climat égyptien depuis les temps pharaoniques: si le Nelwn- hium ne se rencontre plus en Egypte, c’est qu’on ne l’y cultive plus; dans quelques jardins du Caire on a eu l’idée de le planter, il vient parfaitement, de même que le Papyrus, sans qu’on ait besoin d’en prendre le moindre soin.

"129. IVymphsea Lotus L.

Dès les premières dynasties, on trouve le Lotus blanc repré¬ senté sur les monuments. Dans l’un des tableaux copiés dans la nécropole de Memphis et exposés au Musée Guimet sont figurés des bateliers se livrant à une lutte sur les eaux d’un ca¬ nal. Sous les bateaux sont peints des poissons, des anguilles, des limaces, des grenouilles, et des iV. ; tous les détails

de la plante sont très fidèlement rendus : pétales blancs, sépales au nombre de quatre, feuilles arrondies, fendues, fruits enferme de capsule de Pavot. Le N, Lotus était donc connu, en Egypte, dès le temps des pyramides.

D’autre part, des fleurs entières et bien conservées du Lotus blanc ont été trouvées dans les tombes. Ces fleurs formaient l’une des guirlandes dont était couverte la momie de Ramsès II.

Cette plante est souvent nommée dans les textes. On l’em¬ ployait en médecine comme réfrigérante. On en faisait d’immen¬ ses bouquets dont on décorait les salles de festin. Les femmes, en visite, en tenaient toujours des fleurs à la main et souvent en ornaient leur coiffure.

Il n’est pas rare de voir, surtout à l’époque des Ramessides,

54

Lk FLORE PHARAONIQUE.

des femmes coiffées d’un diadème d’or autour duquel s’enroulent en spirale des pédoncules de N. Lotus dont les fleurs viennent gracieusement retomber sur le front, presque jusqu’aux yeux. La souche tubereuse de la plante se mangeait grillée ou bouillie. Les graines se mangeaient également et, en les pilant, on en fai¬ sait une sorte de pâtisserie dont nous parle Hérodote, et que nous trouvons mentionnée dans les inscriptions égyptiennes.

Le nom égyptien du Lotus blanc est intéressant par ce fait qu’il s’est conservé jusqu’à nos jours. Ce nom est Soushin. L’hé¬ breu Shoshan, le copte Shôshen^ l’arabe Sousan dérivent directe¬ ment du mot égyptien; mais, par un hasard singulier, ils n’en ont pas conservé la signification. Ces mots, en effet, désignent le Lis blanc ; l’arabe Sousan s’applique en plus, d’après Delile, au Fancratium mariiimum L.

La chose est aisée à expliquer. Les Hébreux, n’ayant pas de Lotus dans leur pays, et ne pouvant par conséquent faire de confusion, employèrent pour désigner le Lis le mot égyptien qui, sur les bords du Nil, s’appliquait au Lotus blanc. Les Ara¬ bes, désignant le Lotus par l’expression poétique Arousat-el- Nil, « Fiancée du Nil », pouvaient attribuer le mot Sousan à d’autres plantes. Enfin, le copte Shôshen ne trouve que dans la Bible, il rend l’hébreu Shôshan; dans d’autres textes, il pourrait s’appliquer au Lotus. De nos jours, le nom de Lis s’applique aux même plantes : le Nénuphar blanc se nomme communément Lis des étangs^ et la dénomination vulgaire du P. maritinum Lis Mathiole.

Mais ne s’arrêtent pas les dérivés de l’égyptien Soushin. On sait que notre nom propre Suzanne est un nom biblique. La fameuse Suzanne aux deux vieillards porte en hébreu le nom de Soushannah, mot formé du nom du Lis. De même, chez les Egyptiens, Soushin était employé comme nom propre. Le cata¬ logue des monuments découverts par Mariette à Abydos nous en fournit deux ou trois exemples. Les Egyptiennes de la XID dynastie se sont donc, commes nos contemporaines, appe¬ lées Suzanne ; des hommes même, sous les pharaons, portaient ce nom. Le mot se retrouve en grec et en latin. Soîjcov, Susi- num désignent le Lis. Les adjectifs acuavov, susinatum s’appliquent à des préparations dans lesquelles entrent le Lis. Le mot existe même en français. Je me rappelle avoir vu men¬ tionné, dans un passage d’Ambroise Paré dont je n’ai malheu-

LA FLOUE PHARAONIQUE.

55

reusement pas pris note, le Vinaigre susinat. Enfin, de nos jours, le Lis se nomme Azucena en espag*nol, et il est facile de voir Tétymologie de ce mot.

Le N. Lotus, si connu des anciens Egyptiens, n’a pas disparu de l’Egypte. On l’y retrouve encore dans les eaux peu mouve¬ mentées des canaux et au milieu de mares laissées par l’inonda¬ tion du Nil. 'Mais les Egyptiennes n’en ornent plus leur coiffure, et je suppose qu’il ne sert plus à l’alimentation.

130. IVymplasea cæmlca Sav.

Athénée (XV, 21) est le seul auteur ancien qui nous parle du Lotus bleu. Il le nomme Xwtoç xuaveo^, et le décrit en ces termes : « Les Lotus égyptiens sont de deux sortes et se distinguent par « leur couleur. L’un est semblable à la rose et sert à faire les « couronnes nommées Couronnes Antinoïennes ; l’autre, que « l’on appelle Xw-ivoç, est de couleur bleue. » Le Lotus bleu se retrouve encore en Egypte et a été décrit soigneusement par Savigmy (Desçr. d'Egypte, 111,74), qui lui a donné son nom de N. cœrulea ; il n’y a donc pas de doute à avoir sur l’espèce à laquelle Athénée fait allusion.

Cette plante a été retrouvée dans les tombes par Schweinfurth. Certaines momies portent, passant sous les bandelettes' exté¬ rieures, des pédoncules entiers de N. cœrulea surmontés de leurs fleurs. Les pétales détachés entraient dans les guirlandes. Schweinfurth a même remarqué une guirlande formée de bran¬ ches de Céleri et de pétales de Lotus bleu appartenant à une variété naine, non retrouvée de nos jours, Unger cite plusieurs représentations du N. cœrulea sur les monuments Egyptiens. Des personnages, peints dans des tombeaux de l’Ancien Empire, portent au cou des Lotus bleus. Quelques-uns des Lotus multi¬ colores, dûs à la fantaisie des peintres pharaoniques, semblent, par leurs fleurs en forme de pyramide renversée, se rapprocher du Lotus bleu ; mais s’arrête la ressemblance, la teinte n’a aucun aucun rapport avec celle du N, cœrulea.

Le nom de cette plante, en hiérogdyphes, est Sarpat. Le mot n’est pas fréquent ; j’en ai pourtant recueilli cinq ou six exemples. On n’en trouve pas trace en copte. En hébreu, il existe un nom de plante Sirpad qu’on pourrait, d'après sa forme, faire dériver de Sarpat ; mais il n’a nullement le sens du mot égyptien et il y a peut-être un cas analogue à celui dont nous avons parlé

56

LA FLORE PHARAONIQUE.

au sujet du Lotus blanc. D’ailleurs, Sirpad ne revient qu’une seule fois dans la Bible {Isaïe^ LV, 13) ; les Septantes le tradui¬ sent par y.ovuÇa, et la Vulgate par Urtica.

MÉNISPERMÉES

13L Cocenliis Lcælia Del.

Cette plante a été retrouvée par Schweinfurth dans une tombe de Gébéleïn reposait Ani, personnag-e de la XX® dynastie. Voici en quels termes il décrit cette trouvaille : « Beeren von « Cocculus Leœha D,, einem in den agyptiscben Wüsteii « ausgebreiteten, nocli heu te baufigen, namentlich aber in « Nubien selir stark entwickelten sclilingenden Strauche. Diese « Art warbislier noch nirgends unter den pflanzlischen Graber- « funden vertreten gewesen. »

RENONCULACÉES

132. ©elpiiiMîiim orientale Gay.

Cette plante n’existe plus aujourd’hui en Egypte. On l’a trou¬ vée dans le cercueil d’Ahmès I (XVIIP dynastie), ses fleurs étaient disposées en guirlande et avaient encore, après trois mille ans, conservé dans toute sa vivacité leur couleur violet pourpré.

CRYPTOGAMES

133. ïlsnea pitcata Hoffm.

Quelques fragments de cette espèce de Lichen ont été observés par J. Muller au milieu d’une certaine quantité de Parmelia furfuracea découverts dans la cachette de Deir-el-Bahari.

134. Parmelia fiirîwracca Ach.

Lichen trouvé en grande quantité dans des cercueils de la XXIP dynastie et identifié par J. Millier. Ce Lichen, au dire de

57

LA. FLORE PHARAONIQUE.

Scliweinfurth, se vend beaucoup dans les marchés du Caire, sous le nom de Shibah; on le fait venir des îles de l’Archipel. Forskal, qui a vu au Caire un Lichen analogue, portant le le même nom arabe, le Lichen Prunastri L., nous en indique Lu- sage en ces termes (F^or. œgypt.-arabic., 193): « Lichen hic « Ægypti indigenus non est; singulari tamen attentione dignus, « propter usum in re pistoria. Nescit Æg^^ptus artem Cerevi- « siam more Europæo parandi ; hinc et Fermentum ignorât. « Chamir ejus locos adhibetur, quæ massa est panis non coda, « et levissime acescens. Hæcmixta cum farina subacta, fermeii- « tationem producit. In hoc secreto primum deceptus fui. Plu- « rimum audivi nomen Shibah^ herbæ cujusdam, mihi ignotæ, « sine cujus admixtione nullus conficitur panis. Allata mihi « fuit Artemisia (absinth.) quam eodem nomine dénotant Arabes, « propter colorem cinerascentem ; signifîcat enim Shibah capil- « los canos. Verum tamen exemplar obtinui, et admirabundus « agnovi plantam Hyperboream. Toti navium oneribus Alexan- « driam advehitur ex Archipelago, etpræsertimlnsulajS^anc/i/o. « Rosettæ, Kahiræ et aliis locis distribuitur. Hujus Lichenis « manipule aqua per duas horas imbuitur ; quæ pani azymo « adjecta guistum conciliât peculiarem et Turcis deliciosum. « Lichen furfuraceus quoque in usu est, sed parcior affertur.»

Peut- être les anciens Egyptiens, eux aussi, employaient-ils ce Lichen pour faire lever la pâte, et est-ce pour cette raison qu’on l’a trouvé en telle quantité dans les sépultures pharaoniques. Le levain, Wixyj, fermentum, se nomme en copte Thab, Kôb, et Shemêr, mot qui répond exactement à l’arabe Chamir cité par Forskal. Il est fort probable que l’un de ces noms s’appliquait chez les Egyptiens au P. furfuracea, mais je n’en ai encore retrouvé aucun dans les textes hiéroglyphiques.

FOSSILES

135. Xicolia cegyptiaca Unh.

A quelques lieues à l’est du Caire, se trouve, dans le désert, un vaste emplacement couvert de fragments de troncs d’arbres pétrifiés, dont quelques-uns atteignent des dimensions considé¬ rables. D’où viennent ces bois et à quelles espèces appartiennent-

58

LA. FLORE PHARA.ONIQUE.

ils ? Ces questions sont loin d’être résolues. On a supposé qu’ils avaient été amenés par le Nil, du centre de l’Afrique, à une époque préhistorique. Mais, d’une part, il paraît que les bois fossiles observés en Nubie et en Abyssinie n’ont aucun rapport avec les troncs d’arbres de la forêt pétrifiée du Caire. D’autre part, le sol de ce désert est bien trop élevé au-dessus du niveau du Nil pour qu’on puisse admettre que les eaux du fleuve aient jamais pu atteindre ces hauteurs. Quant à l’espèce à laquelle appartiennent ces bois, certains auteurs y ont vu des Palmiers; d’autres, des Bambous, des Graminées gigantesques; d’autres enfin, des Acajous.

Unger en a rapporté de nombreux fragments, qu’il a étudiés au microscope et dont il a publié des dessins. Sans les comparer à des espèces modernes, il leur a donné, après avoir reconnu que tous ces fragments appartiennent à une seule et même espèce, le nom à^Nicolia œgyptiaca. Voici, d’après cet auteur, la détermination de leurs caractères :

« Ligni strata concentrica, inconspicua. Radii medullares « uniformes, confertissimi, undulatim excensi, corpore tenui, « humili e cellulis uni-triserialibus parenchymatosis, majoribus « formato. Vasa porosa ampla (0,10"') impleta, rariora copioso- « raque, æquabiliter disposita sæpius per paria vel per pluria « connata. Cellulæ ligni prosenchymatosæ augustissimæ sub- « pachytichæ.

« Formatio tertiaria in pluribus locis prope Cairo Ægypti. »

136. Dadoxylou ægyptîacMiii Un a.

Cette espèce de bois fossile, présentant une grande analogie avec les Conifères, et dont certaines espèces se retrouvent en Europe, a été observée par Unger dans les déserts de Nubie et ainsi décrite :

« Ligni stratis concentricis inconspicuis, cellulis prosen- « chymatosis (vasis) magnis pachytichis, poris bi-triserialibus « contiguis minimis, radiis medullaribus simplicibus e cellulis « 1-6 superpositis formatis crebris, ductibus resiniferis simpli- « cibus crebris. »

SUIVIS DE LEUR NUMERO d’oRDRE

Acacia Farnesiana Willd... . 94

nilotica Del . 92

Seyal Del . 93

Acorus Calamus L... . 25

Alcea ficifolia L . 117

Alisma Plantago L . 27

Allium Ampeloprasum L . 35

ascalonicum L . 36

Cepa L . 33

Porrum L . 35

sativum L . 34

Aiidropogon laaiger Desf . 19

Schoenanthus L.. . 18

Anethum graveolens L . 78

Apium graveolens L . 76

Areca Passalacqnæ Kunth . 29

Arundo Donax L . 6

isiaca Del . 7

Asparagus officinalis L . 37

Balanites ægyptiaca Del . 115

Blitum virgatum L . 57

Bupleurum aristatum Bartl... 77

Gajanus indicus L . 109

Calamus fasciculatus Roxb . 31

Cannabis sativa L . 46

Carthamus tinctorius L . 72

Centaurea depressa Bieb . 71

Ceratonia Siliqua L . 96

Ceruana pratensis Forsk . 75

Ghenopodium hybridum L. . . . 55

murale L . 56

Ghrysantbemum coronarium L. 69 Segetum .L.. 70

Gicer arietinum L . 102

Citrullus vulgaris Schrad . 81

Citrus Aurantium L . 114

medica L . 114

Cocculus Leæba Del . 131

Convolvulus scoparius L . 61

Gordia Myxa L . 67

Coriandrum sativum L . 79

Crépis radicata Boiss .

Crinum abyssinicum Hochst.. Tinneanum Ky. P, . . .

Gucifera thebaica Del .

Gucumis Ghate L .

Melo L. . .

sativus L .

Gynara Scolymus L .

Gyperus alopecuroides Rottb. .

dives Del .

esculentus L .

Papyrus L .

rotundus L .

Dadoxylon ægyptiacum Ung. . Dantbonia Forskalei Trin....

73 38 38 28

84

85 84

74 24 22 23 21

136 8

Delphinium orientale Gay.... 132

Didesmus tenuifolius Del . 125

Douma thebaica PoiR . 28

Ebenoxylon verum Lour . 65

Enarthrocarpus lyratus DC... 123

Epilobium hirsutum L . 90

Eragrostis abyssinica Link. ... 10

cynosuroides Rœm.

ET SCHULT . 9

Ervum Lens L . 104

Euphorbia helioscopia L . 48

Ficus carica L . 45

Sycomorus L . 44

Gossypium herbaceum L . 118

religiosum L . 118

Hordeum hexastichurn L . 17

vulgare L . 16

Hyphæne Argun Mart . 29

thebaica Mart . 28

Indigofera argentea L . 100

Jasminum Sambac Ait . 63

Juncus maritimus Lmk . 32

Juniperus phoenicea L . 39

Kœleria phleoides Pers . 11

Lagenaria vulgaris L . 82

Lathyrus hirsutus L . 108

60

LA FLORE PHARAONIQUE.

Lathyrus sativus L . 107

Laurus Cassia L . 51

Cinnamomum Andr. . . 52

Lawsonia inermis L . 89

Leersia oryzoides Swartz . 1

Leontodon. coroiiopifolium

Desf . 73

Lichen furfuraceus L . 134

Prunastri L . 184

Linum humile Mill . 119

usitatissimum L . 119

Lupinus Termis Forsk . 97

Mærua uniflora Vahl . 120

Medemia Argun Hook . 29

Medicago hispida Willd . 98

rugosa Lmk . 98

Melilotus parviflora Del . 99

Mentha piperita L . 58

Mimusops Elengi L . 66

Schimperi Hochst. . . 66

Momordica Balsamina L . 83

Moringa aptera Gærtn . 95

oleifera Lmk . 95

Myrtus communis L . 87

Nelumbium speciosum Willd. 128

Nicolia ægyptiaca Ung . 135

Nymphæa cærulea Sav . 130

Lotus L . 129

OleaeuropœaL . 64

Oncoba spinosa Forsk . 116

Panicum italicum L . 4

miliaceum L . 3

Papaver Rhœas L . 127

somniferum L . 126

Parmelia furfuracea Ach . 134

Pennisetum typhoideum DC.. 5 Phalaris appendiculata Schult. 2

paradoxa Lin. fil.... 2

Phœnix dactylifera L. . . . 30

Phyllanthus Niriiri L . 49

Picris coronopifolia Aschers. . 73

Pinus Cedrus L . 40

Pinea L . 41

Pistacia Lentiscus L . 111

Terebinthus L . 110

Pisum arvense L . 103

Polygonum aviculare L . 53

Populus alba L . 43

Portulaca oleracea L . 80

Punica Granatum L . 86

Pyrus Malus L . 91

Raphanus Raphanistrum L.. . . 122

sativus L . 121

Ricinus communis L . 47

Rosmarinus officinalis L . 60

Rumex dentatus L . 54

Salix Safsaf Forsk . 42

Salvia spinosa L . 59

Santalum album L. . . . . 50

Sesamum indicum DC . 62

Sesbania ægyptiaca Pers . 101

Sinapis arvensis L. . . . 124

Sorghum vulgare Pers . 20

Sphæranthus suaveolens DG. .. 68

Tamarix nilotica Ehrb . 88

Triticum dicoccum Schrank. . . 14

Spelta L . 15

turgidum L . 14

vulgare Vill . 12

Typha angustifolia L . 26

lisnea plicata Hoffm . 133

Vicia Faba L . 105

sativa L. . 106

Vitis vinifera L . 113

Ximenia ægyptiaca L . 115

Zizyphus Spina-Christi Willd. 112

INDEX HIÉRODLyriIIQUE

DES MOTS ÉGYPTIENS CITÉS DANS CE TRAVAIL

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Agagi. Moelle de roseau. 6.

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Ammisi. Aneth. ^ Anethum gra-

veolens L. 78.

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Arp. Vin. 113.

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Arouri. Vigne. Yitis mnife-

[ Arouri. Raisin. 113.

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Aser. Tamaris. Tamarix nilotica Ehrb. 88.

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8 Ati. Orge. Eordeum vul- gare L. 16.

Ab. Pomme de Pin ?

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Arshà. Lentille, iîr- vum Lensh. 104.

O Arshana.

111 Même sens.

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Aslî. Acacia. A. Seyal Del. CZEZI y 93.

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tlie. Alentha piperiia L. 58.

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^ ^ Agi. Huile de Sésame ? 62.

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Juniperus pliœnicea L. 39.

Ouân. Ge¬ névrier.

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fera L. 30,

Q y Ouâr. Même sens.

Bounnou, Phounnou. Dat¬ tier. Phœnix dactyli-

62

LA FLORE PHARAONIQUE.

J/vvvvv\

j) Bouni, Phouni. Datte. 30.

A A Baq. Moringa. Morin- Y g a aptera Gært. 95.

A Baqi. Huile de Ben. S 95.

Je:^ O Bôti. Épeau- ^ III tre. Triti- cum Spelta L. 15.

i:> Badjar. Oignon ? AUium ^ I Cepa, L.33.

Bouttouka. III Pastèque.

Citrullus vulgaris Schrad. 81

Ji

O Pershou. Baie de Genévrier. rm O 39.

Per-shen, « Grains clieve- O O O lus ». Mimosa. Acacia

Farnesiana Willd. 94.

AC ^ Pouqer. Henné. Lawsonia y O inermis L. 89.

(P O O O

Four. Fève. Vicia Faba

L. 105.

Ch Ch

fl fl Fatti. Résine de Len- ^ tisque. 111.

^ Marna. Palmier Doum. Hyphæne thebaica

Mart. 28.

Marna - n - khanen , « Doum à noyaux » . Hyphæne Argun Mart. 29.

O \\ ^ Màhi. Lin. Linum hu- _ Oa'^111 wîTe MiLR. 119.

Ch Makhma- khaï.

Pourpier. Portulaca oleracea L. 80. C Nabi. Roseau. Arundo Lonaco

J H L.6.

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'i Nabi-nt- Ch lüi Djahi,

« Roseau de Phénicie ». Acorc. Aco- rus Calamus L. 6, 25.

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Kabas. Jujubier? Zizyphus

J Pi Spina Chrùti Willd. \i2.

Nouhi. Sycomore. Sy~

f[] comorm L. 44.

Neheb. Voir

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Nekheb. Lotus rose. Nelum- 0 bium speciosum Willd.

128.

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Nas. Carthame. Cartha- mus tinctorius L. 72.

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Na si. Même sens.

^ Nasti. Même sens.

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Nakpata. Romarin ? Rosmarinus officinalis L. 58.

<rr> Rim. Plantain d’eau. Alis- I I I Plantago L. 27.

Ha. Papyrus. Cyperus Papyrus ®vlll L. 23.

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W Y verum Lour. 65.

Rabin. Rbénicr.

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Rabin. Ébène. 65.

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LA FLORE PHARAONIQUE.

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Haqi. Bière d’Orge. 16.

Koudj. Oignon. Allium Cepa L.

III 33.

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^ Sou. Froment. Triticum vul- ^ gare Vill. 12.

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J y 40.

Seb-noutem , « Roseau odorant » . Acore. A- corus Calamus L. 25.

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Résine de Térébinthe. 110.

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Sarpat. Lotus bleu. Nym- phæa cærulea Sav.130.

Soushin. Lotus blanc. Ntjm- phæa Lotus L. 129.

^ Shou-ament, « Sou- III chet occidental ». Scbœnantbe . Andropogon Schœ- nantlius L. 18.

Shoub. Lentisque. Pistacia

III »

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Lentiscus, L. ill.

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Shabin. Rhizome de Souchet. 21.

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O Shep. Raisin sec. 113.

Shoupi. Concombre? Cucu~ III sativus L. 84.

nr~\ nsa Shemshem. Sésame. Se- / / - samum indicum DG.

62.

5 I

/wwv\l

AWWA K

A Shant. Acacia égyptien. Aca- X cia nüotica Del. 92.

(j Kanua. Acore. Acorus Cala¬

mus L. 25.

1

Kek-Nehes, «Jonc de Nigritie ».

Synonyme de P ^

A/VWA

3a CiCifi

'] Oam-n-Kousli,

« Jonc d’ɬ

thiopie ». Même sens.

U

AWW\

Qanna. Voir /wwv\ N

AAAAAA F*

Qadi. Concombre. Cu- cumis ChateL, 84.

Qad. Cannelle. Laurus Cas- sia L. 51.

O Qouqou. Fruit du Pal- I mier-Doum. 28.

DD Gaïoii. Souchet rond

I i _^lll et Souchet comes¬ tible. Cyperus rotundus L., C. es- culentus L. 21, 22.

/i\

I üil

A<WVV\ ^ /WWV\ [Il

WPt

I Galouta. Gousse. 96. Ganna. Voir AVvAAA 1

/WWV\ V*

Tari. Saule. Sàlix Safsaf Forsk. 42.

Tas. Ginnamome. Laurus Cinnamomum Andr.

5L

ÎO

A^WAAA

I I I

A/WWS _

I I I fll

Daphi. Pommier. Pyrus Malus L. 91.

Darouga ((S'ô.pô.Te).

( Caroube. 96.

O Darouga. Sirop de [Il Caroube. 96.

64

LA FLORE PHARAONIQUE.

I I I

D

Darouga. Même sens.

argentea, L. 100.

Dinkon. Indigo.

Indigo fer a

Djarondj. Gousse. 96.

L. 61.

Djâbi. Bois d’Aspalathe. Convolvulus scoparius

_ _ 0 Dj amà. Papier de Pa-

pyrus. 23.

Djaîmâ. Synonyme de

%

Djadi. Olivier. Olea europœa L. 64.

Djadi. Olive. 64.

O

FLORA MIQUELONENSIS

FLORULE DE L’ILE MIQUELON

(Amérique du Nord)

Énumération systématique avec notes descriptives des Phanérogames, Cryptogames vasculaires, Mousses, Sphaignes, Hépatiques et Lichens,

PAR

Dr E. DELAMARE, F. RENAULD, J. CARDOT

AVANT PROPOS

Il faut remonter à De la Pylaie pour trouver trace des pre¬ mières recLerclies botaniques faites aux îies Miquelon. Cet ex¬ plorateur, outre quelques Phanérog*ames, Mousses et Spbai- gnes, avait principalement recueilli des Algues dont une liste a été publiée succinctement par M. Gauthier, pharmacien de la marine, dans sa Thèse pour l’obtention du grade de pharmacien universitaire (Montpellier, 1866). A notre connaissance, ce der¬ nier ouvrage est le seul qui traite de la botanique de Miquelon postérieurement à l’année 1816. On y trouve une liste assez complète des Phanérogames et des indications sommaires sur les Mousses, les Lichens et les Algues.

Pendant un long séjour dans ces îles, le D’’ E. Delamare a complété par de nouvelles recherches les découvertes de Gau¬ thier relativement aux Phanérogames, puis a récolté des Mous¬ ses, Sphaignes, Hépatiques et Lichens dont les listes succinctes ont été publiées dans diverses Revues périodiques {Bulletin de la Société botanique de France, Revue bryologique de M. Hus- not, Revue my CO logique de M. Roumeguère).

5

66

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Notre intention était d’abord de nous restreindre à la Bryolo¬ gie de Miquelon, afin de combler une petite lacune dans les im¬ portants travaux de M. Besclierelle sur les Mousses des colonies françaises ; mais nous avons pensé qu’il y aurait avantage, pour mieux caractériser la physionomie générale de la végétation de ces îles, à réunir en un seul mémoire les données relatives aux autres groupes de végétaux, afin de faire ressortir la concor¬ dance qui existe entre eux.

Chapitre premier

Description sommaire. Topographie. Géologie.

Climat.

L’île Miquelon, dont celle de Saint-Pierre est séparée par un détroit d’une lieue de largeur environ et improprement nommé « La Baie », est comprise entre les 47® 8’ et 48®47 latitude nord, et les 58® 40-59® longitude ouest. Sa plus grande longueur est de 36 kilomètres ; sa plus grande largeur, de 24 kilomètres. La superficie = 18,423 hectares.

Elle se compose de deux parties jadis séparées par une passe accessible aux navires et qui est comblée par les sables depuis 1783. L’une de ces parties est la grande Miquelon, l’autre Lan- glade ou petite Miquelon. Elles sont reliées l’une à l’autre par un isthme long d’au moins trois lieues. La plus grande partie du nord de l’isthme est occupée par le Grand-Barachois, vaste lac qui communique avec la mer, par des pâturages et des marais ou plutôt des plaines marécageuses au milieu des¬ quelles s’élèvent çà et une demi-douzaine de fermes ou de parcs à bestiaux dont les produits se composent de foin, de beurre et de légumes divers. Ces plaines sont bordées à l’ouest par une série de dunes élevées qui les isolent de la mer. Ces dunes sont à peu près le seul terrain d’alluvion à noter.

L’isthme est entièrement sablonneux dans son extrémité ; c’est la dune de Langlade, à l’aspect sinistre, aux souvenirs lugubres, l’on heurte à chaque pas des épaves de navires à moitié ensablés. La formation de cette dune, comme celle du plateau qui porte le nom de plaine de Miquelon, et sur lequel a

67

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

été élevé le bourg de ce nom, est probablement due à Taction séculaire des banquises entraînées du pôle nord parles cou¬ rants. Les dunes ont été le résultat de poussées successives de sables et de galets. C’est de cette manière qu’a pris naissance le plateau ou plaine de Miquelon, formée d’une série de tertres concentriques alternant avec des ravines ayant la même direc¬ tion que les tertres qui les séparent, et constituée par des bancs de galets. Jadis boisée (il y a un siècle), elle est entièrement nue aujourd’hui et ne s’élève, comme la dune de Langlade, que de quelques mètres au-dessus du niveau de la mer.

Configuration de la côte. Le littoral de l’île, très irrégu¬ lier, ne présente des pentes adoucies pour former des plages que dans l’isthme qui sépare les deux îles et dans la plaine sur les bords de laquelle a été construit le bourg de Miquelon ; encore ces plag’es sont-elles le plus souvent bordées, à peu de distance de la mer, par une ceinture de galets (bancs de galets). Partout ailleurs ce sont d’énormes cailloux qui découvrent à marée basse et prolongent les dangereux hauts-fonds sous-marins (bosses) qui avoisinent la côte, ou bien des falaises accores qui tantôt s’abaissent et se creusent pour donner passage à de petits ruis¬ seaux, et tantôt se dressent escarpées, taillées à pic, en attei¬ gnant en quelques points, au Cap, par exemple, plus de 200 mè¬ tres d’élévation. La mer y a creusé une succession non inter¬ rompue de criques, de fentes et de déchirures, mais nulle part un bon port.

Intérieur de Vite. A partir du littoral s’étendent des plai¬ nes d’une assez grande superficie, bornées par des éminences aux pentes plus ou moins rapides, au-delà desquelles se trou¬ vent encore d’autres plaines, puis des collines s’étageant en amphithéâtre, et enfin des « mornes » ou montagnes qui bor¬ dent l’horizon. La plus élevée de celles-ci ne dépasse pas 250 mè¬ tres ; tel est l’aspect intérieur de l’île.

Les plaines, vastes solitudes que le soc de la charrue n’a ja¬ mais remuées, sont occupées dans la plus grande partie par des tourbières sur lesquelles se développe un inextricable et spon¬ gieux tapis de Mousses, de Sphagnum et de Lichens. C’est aussi que se trouvent la plupart des plantes vasculaires : Kal- mia^ Myrtillus, Juncus^ Carex^ Rubus chamaemorus, etc.

L’aspect des mornes n’est guère plus riant que celui des plaines dont ils sont les aboutissants ; leurs sommets sont

68

FLORÜLE DE l’iLE MIQUELON.

dég*arnis. Qaelques-uns sont recouverts d’une légère couche d’humus, A leur pied s’étalent des taillis ou bouquets d’Aulnes et de Sapins rabougris qui se détachent en bandes verdâtres sur leurs dancs, le long des ravins dont ils sont creusés. A Lan- glade, ou petite Miquelon, ces arbres sont d’une plus belle venue qu’à la grande Miquelon et atteignent 6 mètres de hauteur.

Au fond des ravins, à l’abri desquels se développent cette végé¬ tation arborescente et les buissons baccifères du nord, circulent de minces filets d’eau qui, en avril, deviennent de petits tor¬ rents. Descendus dans la plaine, ils s’y élargissent fréquemment au-dessus d’un fond tourbeux reposant sur une couche d’argile, pour former des mares d’eau, de petits étangs et des marécages dont la tremblante surface n’est pas toujours sans danger. Ils communiquent entre eux par des anastomoses multipliées et constituent les affluents des ruisseaux dont les principaux sont: à l’ouest, la Carcasse, le Renard, le ruisseau de la Mère-Durand ; à l’est, la Carcasse de l’est, la Terre-Grasse, Sylvain, la Demoi¬ selle, le ruisseau du Cap-Vert, etc. Le cours d’eau le plus im¬ portant de Langflade est la Belle -Rivière, dont les bords rappel¬ lent quelques-uns des plus beaux sites de la Bretagne. Ces cours d’eau, larges au plus de 3 mètres et à peine profonds de 1 mètre, sont tous guéables et se déversent soit à la mer, soit dans les champs voisins du littoral. Quelques étangs sont à la fois profonds et étendus. Tels sont ceux du Cap -Vert, de Mi- rande et surtout le grand étang de Miquelon, dont la longueur est de 3,341 mètres, et dont la profondeur varie de 3 à 5 mètres.

Aperçu géologique. A notre connaissance, aucun travail sérieux n’a été fait sur la géologie de l’île. D’après la carte de Murray {Geological map of Newfoundland), il existe au N. -O. du cap Miquelon une zone étrroite de roches trapéennes à la¬ quelle succède jusqu’au cap Blanc le terrain laurentien. Vient ensuite le terrain huronien jusqu’à Tisthme de Langlade. Les terrains de Langlade sont presque entièrement primaires {pri- 7nordiaï)^ à l’exception d’une zone trapéenne qui s’étend du N. au S. jusqu’au cap d’Augeac. Ces divers terrains sont les prolongements de ceux de la presqu’île terre-neuvienne qui avoisine Miquelon, comprise entre les baies de Fortune et de Plaisance. D’après Gauthier, pharmacien de la marine, les îles Saint-Pierre et Miquelon sont presque entièrement formées de porphyres pétro-siliceux bruns, roug’es ou violâtres injectés de

69

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

quartz opaque et quelquefois cristallisé. C’est à peine si l’on peut voir sur quelques points toujours très restreints les pou- dingues et les grès de la formation houillère au travers des¬ quels a eu lieu l’éruption porphyrique, les brèches qui l’ont accompagnée et les roches verdâtres auxquelles il faudrait peut- être attribuer une origine trapéenne.

Au-dessus de ces différentes roches se trouve une légère couche d’argile, puis vient une couche de tourbe variant de 50 centimètres à 3 mètres d’épaisseur. L’île, dans les plaines, n’est qu’une vaste tourbière. C’est sur cette surface toujours humide, quand elle n’est pas un véritable marais, que s’étale l’épais tapis de Mousses et de Lichens qui donne à la flore de ce pays un faciès jaunâtre et malingre dont le voyageur est frappé à première vue.

Climat. Le climat de Miquelon a un caractère maritime manifesté par une différence hiverno-estivale de 18 degrés. Les observations de trois années donnent les moyennes suivantes pour les saisons :

Hiver . . .

Printemps .

Eté .

Automne .

Moyenne de l’année. . .

4«,2

+ 3%7

+ 13%S -f- 7%5

+ 5% 2

Ces moyennes diffèrent peu de celles de Saint-Jean de Terre- Neuve (hiver 5% été + 12®, 5) ; mais, dès qu’on aborde le bassin du Saint-Laurent, le climat devient beaucoup plus con¬ tinental ; ainsi, à Québec, situé à la latitude de Miquelon, avec une même moyenne annuelle de 5 degrés, l’hiver a 10®, 6 et l’été -f- 20®,6, ce qui porte la différence hiverno-estivale à 31®, 2. Le climat devient de plus en plus excessif à mesure qu’on s’avance dans l’intérieur du continent américain ; à Winnipeg, dans le Manitoba, au 52® degré de latitude, la moyenne de l’hiver est de 17®, et celle de l’été de -f- 17, avec des minimas et des maximas absolus qui ont atteint 41®, 9 en janvier 1874 et -|- 37®, 5 en août 1872.

A Miquelon, rien de semblable ; l’hiver est très long plutôt que rigoureux, les minimas s’abaissent rarement au-dessous de 20 degrés centigrades, e1 les basses températures varient en général entre > 14® et 16®. En revanche, les étés manquent

70

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

de chaleur et les maximas absolus dépassent rarement -f- 22 de¬ grés.

Les moyennes pluviométriques accusent de 1000 à 1200 mil¬ limètres d’eau tombée annuellement. Les premières neiges font leur apparition parfois en octobre, d’autres fois en novembre, mais ce n’est guère que dans la dernière moitié de ce mois qu’elles s’établissent d’une manière permanente pour ne dispa¬ raître complètement qu’en avril. C’est donc surtout depuis cette époque de l’année jusqu’au mois de novembre qu’il est utile de connaître le régime pluvial ; or, la moyenne de deux années consécutives nous a donné, comme nombre de jours de pluie, les chiffres suivants :

Pluie Brumes Neige

Avril . 12 jours 14 jours 4 jours.

Mai . 16 » 16 » 3 »

Juin . 10 » 16 » 3 »

Juillet . 16 » 21 » » »

Août . 15 » 14 » » »

Septembre . 11 » 9 » » »

Octobre . 16 » 4 » 2 »

Novembre . 12 » 3 » 6 »

Bien que, dans ce tableau, quelques jours se trouvent com¬ pris à la fois comme pluvieux et brumeux, il n’en ressort pas moins que l’humidité est grande pendant la période la terre est découverte et le ciel le plus souvent sombre, ce qui diminue l’insolation et explique la faiblesse de la moyenne de la tempé¬ rature de l’été. Si l’on considère, en outre, que, par suite du relief du terrain et de sa constitution physique, l’eau est cons¬ tamment maintenue à la surface du sol, on se rendra facilement compte de l’abondance des tourbières qui trouvent les condi¬ tions les plus propres à leur développement.

A Miquelon, les vents sont aussi fréquents que violents et nui¬ sent beaucoup à la végétation. Ce sont ceux de l’O. qui dominent, ceux d’entre-est et sud-ouest par le sud sont appelés assuétie, ils donnent un ciel brumeux et de la pluie ; les grands vents du N.-E. au N. -O. par le nord prennent le nom ^anordie et sont généralement accompagnés d’un ciel clair.

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

71

Chapitre II

Énumération systématique des espèces.

PHANÉROGAMES

L’énumération suivante comprend les plantes récoltées par le D*’ Delamare et dont les différents types offerts en nature au Muséum de Paris et présentés en 1885 à l’Exposition universelle d’Anvers ont été étudiés par M. Llyod, assisté par M. le D*" Viaud Grand-Marais et revus par leD’' Bonnet (du Muséum), qui a bien voulu communiquer au D’’ Delamare environ 120 de ses déter¬ minations.

A la liste des plantes spontanées on a cru devoir joindre celle des plantes potagères ou d’ornement qui sont cultivées avec plus ou moins de succès dans la colonie, afin d’apporter un élément de plus à la connaissance de sa végétation.

M. Durand, botaniste à Bruxelles, a bien voulu nous donner des renseignements sur l’aire de dispersion des espèces.

Un assez grand nombre de plantes phanérogames signalées à Miquelon par Gauthier et d’autres observateurs n’ayant pas été retrouvées par le D‘‘ Delamare, il ne faut pas en conclure qu’elles n’existent pas dans notre colonie ; nous les avons indiquées afin de provoquer de nouvelles recherches (1). Elles croissent d’ail¬ leurs au Canada dont la flore de Miquelon n’est qu’un reflet. Toutes, si ce n’est peut-être le lapponica^ se retrou¬

vent dans la zone que l’abbé Provencher avait choisie pour champ de ses observations, zone comprenant plus de huit degrés de latitude entre les 50® et 42® parallèles et circonscrite au nord- ouest par la chaîne des Laurentides, au sud-ouest par les lacs * Erié, Ontario et par les Alleghanies. Quelques-unes habitent également les provinces anglaises du golfe du Saint-Laurent, les États limitrophes des Haut et Bas-Canada (Maine, Massa-

(1) Langlade ou petite Miquelon ayant été beaucoup moins bien explorée que la grande Miquelon fournira sans doute de nouvelles espèces à ajouter à nos listes.

72

FLORÜLE DE l’iLE MIQUELON.

chussetSjVermont, New-York, etc.) et le territoire du nord-ouest jusqu’aux montagnes Rocheuses. La réciproque est loin d’être vraie et plus de soixante familles indigènes dans cette vaste ré¬ gion n’ont aux îles Saint-Pierre et Miquelon aucun représen¬ tant.

Il est probable que cette concordance entre le Canada et Mi¬ quelon se maintient au nord des Laurentides et que l’élément méridional ou plutôt tempéré diminuant peu à peu à mesure qu’on se rapproche des régions circumpolaires, il ne reste plus à l’actif des flores de la terre de Rupert, de la baie d’Hudson et du Labrador que des plantes alpines ou arctiques qui sont pré¬ cisément celles qui dominent à Miquelon et lui donnent sa phy¬ sionomie spéciale. Quant à la grande île de Terre-Neuve, son climat diflère trop peu de celui de notre colonie pour que l’iden¬ tité des deux flores puisse être mise en doute.

Lorsqu’il est question de concordance, cela doit s’entendre du nombre des espèces, mais non de leur développement. On ne doit pas, en effet, perdre de vue que le climat de Miquelon est essen¬ tiellement marin. Bien que ses hivers soient beaucoup moins froids que ceux du Canada (1), ses étés sont aussi moins chauds ; il jouit de plus du fâcheux privilège de la permanence et de l’in¬ tensité des vents, dont l’action sur les végétaux est pernicieuse. Les Conifères n’ont pas l’élévation et les dimensions majestueu¬ ses de leurs congénères canadiens ou de Terre-Neuve ; rabou¬ gris et souvent rampants à Saint-Pierre et à la grande Mique¬ lon, les arbres n’atteignent pas une longueur de dix mètres à Langlade, cependant un certain nombre d’individus sont suffisamment abrités. Le souffle des vents n’est guère moins fu¬ neste à la végétation herbacée. Il en résulte un appauvrisse¬ ment général de la végétation phanérogamique qui donne à son ensemble un aspect triste et monotone que les sommités fleuries

(1) A "Winnipeg, il n’y a pas d’année ou le thermomètre ne descende au moins trois ou quatre fois au point de congélation du mercure. Dans la dernière quinzaine de mai, la chaleur prend le dessus et la végétation se dé¬ veloppe avec une rapidité et une vigueur inconnues dans les climats tempé¬ rés. Un été de quatre mois mûrit non seulement les céréales ordinaires, mais le blé d’Inde, les melons d’eau et d’autres plantes qu’en France on de¬ mande à la Provence ou à l’Italie (H. de Lamothe : Cinqmois chez les Fran¬ çais d’ A mérique) .

Dans le bassin du Saint-Laurent, la température n’est pas excessive en hiver comme à Winnipeg, mais l’hiver est plus dur et l’été plus chaud qu’à Miquelon.

FLORÜLE DE l'iLE MIQUELON. 73

des Ledum, des Cornus qX des dont la terre se pare en juillet, n’effacent qu’incomplètement.

Si nous examinons l’ensemble des Plianérog*ames, signalées à Miquelon (abstraction faite des plantes cultivées), nous pouvons d’abord reconnaître les groupes suivants : espèces américai¬ nes ; espèces asiatico-américaines ; 3“ espèces communes à l’Amérique et à l’Europe (et en partie à l’Asie).

Espèces américaines.

Dans ce groupe il convient de distinguer les catégories sui¬ vantes :

(A) Espèces boréales ne dépassant guère vers le sud le 42® de¬ gré de latitude :

Ranunculus cymbalària. Hudsonia ericoides.

Viola Mühlenbergii . Rubus acaulis.

Potentilla tridentata. Pirus arbutifolia.

Ribes oxyacanthoides. Conioselinum canadense, Viburnum squamatum. Solidago Terrae Novae. Hieracium canadense. Aster paniceus.

nemoralis. Cassandra calyculata. Kalmia glauca.

Mertensia maritima. Swertia corniculata.

t

Utricularia cornuta.

Abies balsamifera?

Abies canadensis?

nigra.

alba.

Phalantbera fimbriata.

psychodes.

blephariglottis. Arethusa bulbosa. Spiranthes cernua. Gypripedium acaule. Smilacina stellata.

Juncus Pylaiei.

Garex xantbophysa.

Scirpus atro-virens.

Broraus canadensis.

Poa canadensis.

Betula papyracea Michx.

pumila L.

(J5) Espèces boréales s’avançant au sud des grands lacs jusque vers le 40® degré de latitude (Obio, Pensylvanie) :

Rubus triflorus.

Pirus americana.

Ribes prostralum. Heracleum lanatum. Cornus canadensis. Vaccinium pensylvanicum. Chilogenes hispidula.

Gaultheria procumbens. Rhodora canadensis. Lysimacbia racemosa. Larix americana ? Streptopus roseus. Tofieldia glutinosa.

74

FLORÜLE DE l’iLE MIQUELON.

(C) Espèces s’avançant dans la zone tempérée jusque vers le 36® degré de latitude (Missouri, Virginie) :

Rubus canadensis . Cornus alba.

Prunus pensylvanica. Trientalis americana. Lycopus virginious.

Juniperus virginiana. Phalantbera orbiculata. Clintonia borealis. Eriophorum virginicum.

(D) Espèces atteignant la zone subtropicale des États du sud du 36® au 30® degré de latitude (Caroline, Géorgie, Louisiane, Floride) :

Thalictrum corynellum, Nupbar americanum. Sarracenia purpurea. Viola blanda.

cucullata. Hypericum virginicum. Poterium canadense. Rosa nitida.

Fragaria canadensis. Amelanchier canadensis.

Prunus serotina.

Aralia nudicaulis.

Lonicera diervilla. Perdicesca repens.

Cirsium muticum. Prenantbes alba.

Kalmia angustifolia. Microstylis ophioglossoides. Galopogon pulchellus.

Iris versicolor.

Cette dernière série offre beaucoup d’intérêt. Quelques-unes des espèces qui la composent et surtout celles de la liste précé¬ dente (C) qui sont disséminées dans la zone tempérée ont une aire de dispersion fort étendue dans l’est du continent améri¬ cain ; mais le plus grand nombre ont des tendances boréales plus ou moins marquées et leur présence dans la zone subtro¬ picale ne peut guère s’expliquer qu’en admettant le transport de leurs graines par le Mississipi. Introduites du Canada en Louisiane par le grand fleuve, elles se sont répandues dans les États voisins de Géorgie, de Floride et de Caroline, elles crois¬ sent à de faibles niveaux au-dessus de la mer.

Especes asiatico -américaines.

Il est possible qu’on retrouve plus tard dans le nord de l’Asie quelques espèces considérées jusqu’à présent comme spéciales au continent américain. Parmi les plantes de Miquelon, nous ne pouvons citer qu’un très-petit nombre d’espèces qui, étrangères à l’Europe, sont communes à l’Amérique et à l’Asie. D’après M. Durand, le Ranunculus salsuginosus Pall. de la Sibérie ne se-

75

FLOllULE DE l’iLE MIQUELON.

rait probablement qu’une forme asiatique du R. Cymhalaria. Les Senecio 'pseudo-arnica^ Coptis trifolia et Sinilacina trifolia de Miquelon croissent aussi en Sibérie (le Coptis habite égale¬ ment l’Islande).

3" Espaces communes à V Amérique et à V Europe.

{E) Les trois espèces suivantes sont à peine européennes et n’ont été signalées que dans les îles du nord-ouest elles ont peut-être été introduites. Elles sont plutôt d’origine améri¬ caine :

Sisyrinchium anceps., Lam. Irlande occidentale.

Phalanthera hyperhorea., Linol. Islande.

Eriocaulon septangulare^ Willd. Hébrides, Irlande occidentale.

[F) Espèces arctiques ou subarctiques dans les deux conti¬ nents.

En Amérique, elles se maintiennent au nord du 42® degré de latitude et en Europe au nord du 53® :

Coptis trifolia.

Rubus arcticus,

R. cbamæmorus. Archangelica Gmelini. Ligusticum scoticum.

Cornus suecica.

Ledum palustre. Diapensia lapponica. Juncus balticus. Eriophorum russeolum.

[G] Espèces alpines ou subalpines dans les montagnes de l’Europe moyenne ou méridionale, la plupart croissant aussi dans les plaines du nord de l’Europe :

Cochlearia officinalis. Silene acaulis.

Geum rivale.

Potentilla fruticosa. Rubus idaeus.

Spiraea salicifolia. Sedum rbodiola. Lonicera cærulea. Vaccinium uliginosum.

Vaccinium uliginosum. Linnæa borealis.

Pirola secunda. Arctostaphylos alpina. Azalea procumbens. Polygonum viviparum. Empetrum nigrum. Streptopus amplexifolius. Scirpus caespitosus.

(H) Espèces maritimes ou submaritimes :

Cakile maritima. Lathyrus maritimus. Mertensia maritima. Plantago maritima.

Triglochin maritimum. Elymus arenarius. Ammophila arenaria.

76

FLORÜLE DE l’iLE MIQUELON.

(J^) Espèces répandues dans les tourbières de l’Europe :

Drosera rotundifolia.

longifolia. Comarum palustre. Andromeda polifolia. Pinguicula vulgaris. Utricularia intermedia. Anagallis tenella.

Menyanthes trifoliata. Myrica gale.

Eriophoron vaginatum.

polystachyum. Carex pauciflora. Rhynchospora alba.

On pourrait ajouter à cette liste {K) les Lohelia Borhnanna Qi Lathy rus palus tris qui habitent les lieux humides dans quel¬ ques localités.

(A) Espèces communes dans la plus grande partie de l’Europe :

Ranunculus acris.

flammula.

Viola tricolor.

Trifolium repens.

Potentilla anserina.

Malus communis. Myriopbyllum verticillatum. Epilobium palustre.

tetragonum.

spicatum.

Acbillea millefolium. Campanula rotundifolia. Eupbrasia officinalis. Rhinanthus minor.

Brunella vulgaris.

Rumex acetosella. Polygonum convolvulus.

aviculare.

amphibium.

Alnus glutinosa. Juniperus communis. Maianthemum bifolium. Sparganium natans. Potamogiton natans.

perfoliatus. Luzula pilosa.

multiflora.

campestris. Juncus glaucus.

lamprocarpus.

effusus.

tenageia.

filiformis.

bufonius.

Carex panicea.

Œderi.

Agrostis alba.

Triticum repens.

[M) Espèces introduites :

Sagina procumbens. Trifolium pratense. Ribes uva crispa. Taraxacum dens-leonis. Leontodon autumnalis. Leucantbemum vulgare. Bellis perennis. Anagallis arvensis. Plantago major.

lanceolata. Rumex acetosa.

crispus.

obtusifolius.

Atriplex rubra.

Euphorbia peplus.

Urtica dioeca.

Festuca elatior.

Avena elatior.

Promus mollis.

Dactylis glomerata. Lolium perenne.

Phleum pratense. Antboxanthum odoratum. Gynodon dactylon.

Poa pratensis.

77

FLOBULE DE l’iLE MIQUELON.

En résumé, le caractère général de la Flore plianérogamique de Miquelon est accusé par une forte proportion d’espèces amé¬ ricaines et d’espèces boréales.

Renonculacées

* Tlialictriim coryiielliim DC. [Th. CoTnutilj., Th. C(xn<x- den^eCoRNUx). G. presque partout dans les lieux humides. Juillet (1). Du Canada à la Virginie et à la Louisiane.

Raniiiiciiliis aca*is, var. multifidus DC. Prairies artifi- - cielles ; introduit d’Europe et répandu assez loin dans l’inté¬ rieur de l’île. C. Juillet.

R. flaiiiiiiiila , V. filiformis Hook. Marécages; lieux pierreux et humides, au pied du Calvaire. C. Juillet. De la baie d’Hudson à la Caroline.

* R. cymlialaria DC. Bords sablonneux et humides du grand Étang (salé) près du Goulet. R. Juillet. De Québec à la mer arctique.

€opti§i trifolia Salisb. (Hellehorus trilohus L.) Anémone du Groenland de Müller; vulgo Savoyarde, herbe jaune, àMi- quelon. Bord ouest de l’étang du Chapeau ; buttes à Larralde ; bords de l’étang de Mirande. CC. Juin-juillet. Canada, La¬ brador, Pensylvanie, Terre-Neuve, îles Saint-Pierre et Mique¬ lon, Islande, Russie.

La racine d’un beau jaune doré [gold thread des Américains) contient de la Berbérine qui la rend très amère et une substance cristalline, la Coptine. Les Indiens se servent de cette racine pour colorer en jaune la laine, les piquants de porc-épic et leurs mannes ou paniers. Préconisée en Amérique, il y a quel¬ ques années, comme succédané du Quassia amara, elle est pour les habitants de Miquelon une véritable panacée. Il est cer¬ tain que la Savoyarde est un tonique amer et qu’elle rend d’utiles services dans le traitement de certaines dyspepsies, du vertige sto¬ macal, de la stomatite ulcéreuse, des plaies de mauvaise nature, affections on l’emploie en masticatoire ou en décoction.

Ranunculus repens L. Signalé par Gauthier, non retrouvé.

Aconitum napellus L. Pœonia officinalis Retz. Cultivés avec suc¬ cès comme ornement.

(1) Dans la liste des phanérogames, le nom des espèces américaines est précédé d’un astérisque.

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FLORüLE DE l’iLE MIQUELON.

Nymphæâcées

* Xiipliai* amcricauum Peovencher {N. advenum Ait). Eaux stagnantes près les pêcheries de l'ouest et dans la plaine Bibite. C. Juillet. Canada, lac Saint-Jean, Géorgie, Louisiane.

Sarracéniées

* Sarracenia piii*piii*ea L. {S. heterophylla, Eat). Dédiée par Tournefort au D"" Sarrasin, de Québec, qui lui avait envoyé en 1730 la plante alors inconnue. Plante particulière aux îles Saint-Pierre et Miquelon, aux États-Unis et au Canada (de la baie d’Hudson et à la Floride). Abonde dans les plaines tour¬ beuses de Miquelon. Juillet.

Louvet, pharmacien de la marine, a fait une étude sur le Sar- racenia (Archives méd. nav.) Pour nous, les propriétés antiva¬ rioliques de la plante ne sont rien moins que démontrées. Quant aux vertus anti-rhumatismales qu’on lui attribue, nous les contestons jusqu’à plus ample informé, nos essais n’ont pas été heureux et nous avons abandonner cetie plante pour le sa- licylate de soude ou du moins ne l’employer qu’en qualité d’adju¬ vant.

Crucifères

Coclilearia oMciualis L. Anse du gros Gabion, terrain granitique du cap Blanc, éboulis schisteux de l’Anse à Trois Pics. Peu commun. Juillet. Les habitants ignorent ses pro¬ priétés anti-scorbutiques et rubéfiantes. Rarement on emploie la râpure de la racine comme condiment.

Les Crucifères potagères suivantes abondent dans les jardins, elles dis¬ putent la place au Thlaspi bursa pastoris.

Sinapis alba L. (mûrit bien). Rhaphanus sativus L. et sa var. niger. (Radis). Brassica oleracea et bullata (Chou de Milan). B. capitata (Chou pommé). Y, (Chou-fleur), Brassica napus (Navet).

Brassica rapa, B. esculenta L. (Chou-Rave, Turneps). Lepidium sati- vum, L. (Cresson alénois).

Le Cheiranthus cheiri L. ne résiste pas aux hivers de Miquelon et ne peut être cultivé qu’en pots.

Cakîle maritima DC. Sur les grèves à la grande Mique¬ lon. C.

CiSTINÉES

* Hiicisionia cricoides Lam. [H. tomentosa Nutt.). Au mi¬ lieu des Empetrum sur les buttes sèches et pierreuses du phare

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

de Miquelon. Rare. Juillet. Commun sur les bords du lac Huron, au Canada, la famille n’a d’ailleurs que trois autres représentants appartenant aux genres Helianthemum et Le- chea.

ViOLARlÉES

* Tiola blauda Willd. Calvaire ; bords de l’étang de Mi- rande ; butte d’ Abondance. C. Mai-juin. Du Canada à la Louisiane.

* Viola cuciillata Ait. Sous les buissons , terrains humides. Colline du Chapeau. C. Mai-juin. Du Canada à la Louisiane.

* Viola HlHlileubergii Torrey. Terrains humides et pier¬ reux de la plaine de Miquelon. C. Juin.

Ces trois plantes sont communes au Canada.

Viola ti*icolop L. et arvensis DC. Dans les jardins, parmi les plantes potagères. Juillet. Probablement introduite de la Nouvelle-Ecosse. New-York, Arkansas, bords du lac Huron. Remède certain, d’après Provencher, contre l’impetigo du cuir chevelu chez les enfants.

Viola canina L. Viola palustris L. Indiqués par Gauthier, non re¬ trouvés.

Droséracées

Di*os^ei*a votimdifolia L. Dans toutes les parties maré¬ cageuses de l’île. C. Juillet-août.

Drosera longifolia L. Moins commun que le précédent. Juillet-août. Du Labrador à la Floride.

Ces plantes sont astringentes, amères, acidulés et même lé¬ gèrement caustiques. Leurs propriétés contre la toux invétérée ne sont pas connues des habitants.

Caryophyllées

idleue acaiili§i L. Terrains pierreux entre le phare et la grande anse de Miquelon ; terrains humides auprès de la colline du Chapeau. C. Juin-juillet. Canada, Amérique arctique.

Sagina procnmlicus L. Plaine du bourg de Miquelon, autour des habitations. CC. Août. Peut-être introduit.

Les [Spergula nodosa L., Cerastium vulgatum L., et Stellaria aquatica Poli,. , indiqués par Gauthier, n’ont pas été retrouvés.

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

HyPERICINÉES

H^^periciim Tîrg^iiiicum L. [Helodes tuhulosa Vij'SLsn).

Plaines tourbeuses à l’est de la colline du Chapeau. C. Août.

Du Canada à la Louisiane.

Légumineuses

Trifolium repens L. Indigène et CC. dans l’île. Juillet- septembre. Du Canada à la Louisiane.

Trifolium pratenise L. Introduit. Lieux cultivés, prés. Eare. Juillet-septembre.

Pisum sativum L. Pois mange-tout. Cultivé avec succès. Juillet.

Phaseolus vulgaris L. Cultivé avec succès. Juillet-août.

Lathyrus maritimus Bigel. [Pisum marüimum), vulgo Pois des dunes. Langlade, terrains sablonneux ; anse aux Trois-Pics, en haut de la falaise, parmi les éboulis schisteux ; terrains sablonneux de la Pointe-aux- Alouettes. CC. Juillet- août. Du Labrador à New-York.

Latliyrus» palustris L., appelé aussi à Miquelon Pow dunes. Plaines à l’ouest des buttereaux de Langlade, prairies naturelles. C. Juillet. Du Canada à l’État de Pensylvanie. Ces deux espèces paraissent indigènes.

Medicago sativa L. Essayé à Miquelon, mais ne dure guère qu’un ou deux ans, par suite du manque d’épaisseur de la couche arable du sol de la plaine de Miquelon, qui n’est qu’un banc de galets recouvert d’une faible couche d’humus.

Rosacées

* Rubus acaulis Michx. [R. arcticus L., v. grandiflorus)» Plaine de Miquelon, colline du Chapeau. CC. Fl. juin. Matur. juillet-août. Saskatchawan, côtes du Labrador.

Rubus arcticus L. Au pied du cap à Paul, en haut des falaises qui bordent la rade, de ce côté du cap Miquelon. CC. Juillet. Saskatchawan, côtes du Labrador, Europe boréale.

* Riibiis triflorus Richards. (R. saxatilisMiGBrs.. R. mu- cronatus Ser.) Autour du lac (cap Miquelon), sous les buis¬ sons, terrains humides ou pierreux. C. Juillet. De la baie d’Hudson à la Pensylvanie.

* Riibus caiiaclcnsis L. Colline du Chapeau, anse de la Roncière, lieux secs. C. Juillet-août. Du Canada à la Vir¬ ginie.

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Rii1)ii§i idæns L. Lieux tourbeux et pierreux. C. Août.

Rubiis chamæiiioi'us L. Vulg‘0 Plate-hière. Abonde dans les plaines tourbeuses de Miquelon, au milieu des Spbag- num, plus rarement dans les endroits secs. Flor. juin. Matur. août. La fleur blanche, une des premières à paraître au prin¬ temps, précède le développement des feuilles. Les fruits, gros, jaunes, subgdobuleux, acidulés et sucrés, ont des propriétés astringentes, et sont employés dans l’île comme anti-diar¬ rhéiques. Les habitants en font une confiture excellente. D’après Popof (Congrès de la Soc. méd. de Moscou et Pétersbourg), la décoction du fruit serait diurétique et devrait cette propriété à la présence d’un principe actif qu’il a pu extraire en recourant à la méthode dont Lesch s’était servi pour l’extraction du principe de la Blatte orientale. Labrador et jusqu’au Groenland, dans les Mousses des marais, Europe boréale.

EPoÉcutilla aBîsei'ÎBîa L. Terrains sablonneux dans le voisinag’e des habitations. C. Juin. De l’Amérique arctique à la Pensylvanie.

PotcEfittlSa fi*6itlcosa L. Lieux humides, bords des cours d’eau. C. Juillet-août. De l’Amérique arctique à la Pensyl¬ vanie, Europe boréale et Pyrénées.

PotcDatlIîa ts»i€Îcaitata Ait. Lieux pierreux ou tourbeux. Plaine du bourg de Miquelon. CC. Juin-août. Du Labrador au lac Supérieur.

CoaaianiBia palnsiti*e L. Marécages autour de l’étang Beaumont, bords du ruisseau de l’Anse. CC. Août. Du La¬ brador à Montréal.

Gciim rivale L. Terrains marécageux près de la source dite du petit ruisseau de la Terre-Grasse. Rare. Juillet. Du Canada à la Pensylvanie.

* PotcpîBim canadciîscB. et H. {Sanguisorba canadensish., Pimpinella maximà canadensis Cornut). Sur les bords du ruisseau de la Carcasse Est et Ouest. Donne pour les ruminants un bon fourrage qu’on fauche fin juillet et août. CC. août. Du Labrador à la Géorgde.

* §ipii*âea isalicilolia L. [Sp. .carpini folia WrLLp). Butte d’ Abondance, colline du Chapeau. C. Août. Du Canada à la Géorgie, Europe moyenne. L’infusion des feuilles de cette plante offre une telle analogie avec celle du thé de Chine, qu’on pourrait la considérer à Miquelon comme un succédané de ce

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82

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

tlié. Elle vaut mieux pour le goût et tout autant pour la santé que les infusions de thé de James, de thé rouge et autres thés employés par les habitants.

* îlosa Biîtîfla WiLLD. Lieux secs ou légèrement humides. Colline du Chapeau. C. août. De Terre-Neuve à la Géorgie.

Rosa pimpinelli folia. L. Indiqué par Gauthier et non retrouvé. Si cette Rose existe à Miquelon, elle y a été introduite.

* Fragarîa cauaclciBi§i§i Michx. {F. virginiana Düch.) vulgo Fraisier. Cap Vert; pentes sud du cap Miquelon ; huttereaux de Langlade ; endroits pierreux ou sablonneux. Fruits excel¬ lents, mûrs fin juillet. Fl. commencement de juillet. Très abon¬ dant. De l’Amérique arctique à la Géorgie.

* PiriBS amei*icana DC. [Soy^hus americana Pursh). Colline du Chapeau. C. Août. Du Labrador en Pensylvanie.

* PIfus» aFîjiatifoISa, v. melanocarga^i'Li.D. ; vulgo Poirier saurage. Arbrisseau rampant rarement dressé et n’ayant, dans ce dernier cas, pas plus de 30 centimètres de hauteur. Fruits astringents, acidulés. Colline du Chapeau; plaines de la Terre-Grasse. C. juillet. Lahrador.

* Amclaiicliicr caBiadeusiit, var. oligocarpa Torr. et Gr. Terrains tourbeux et pierreux de la colline du Chapeau ; anse de la Roncière. C. Juillet. Du Labrador à la Géorgie.

* P8«iiuiisi pcMsylvaiiîca L. Arbrisseau d’environ un demi-mètre de hauteur. Versant nord du Chapeau. C. Juillet. Du Labrador au Saskatchawan et à la Virginie.

* Pi*uuiig( i»cs*otâBia Ehrh. Bois de Mirande, Sylvain, bois de Langlade. Rare. Juillet. Labrador et jusqu’en Louisiane.

Malus communis Juss. Rencontré une seule fois entre le cap de la De¬ moiselle et le bois de Bellevaux. Rare même à Langlade, et sans doute in¬ troduit. Reste rampant et a produit des pommes de la grosseur d’un œuf de pigeon. Fl. juillet.

Onagrariees

TulgaHs L. Lieux humides. C. Juillet. Du Labrador à New-York.

lUyrîopliylliim Tci*tîcillati9iii et sipicattim L. Eaux stagnantes de la plaine et de la pointe du bourg de Miquelon. C. Juillet. Du Canada à la Floride.

Slptloliiam paliiistrc L. Lieux marécageux ou humides ;

FLORULE DE l’iLE MIQUELON. 83

entre les deux ruisseaux de la Terre-Grasse. G. Août. Du Labrador à la Peusylvanie.

Epilobiniii tctragoiiiim L. Terrains pierreux : Terre- Grasse ; anses du Cap. G. août.

Epilobitim spicatiiiii Lam. Terrains humides ou plus souvent secs. Atteint parfois 1 mètre de hauteur. Ruisseau Syl¬ vain G. Juillet-août De l’Amérique arctique à la Pensylva- nie. Les habitants ne se servent pas de cette plante, bien que ses racines et jeunes pousses soient comestibles en salade et que les feuilles soient employées au Canada pour la fabrication de la bière.

UEpilobium alpinum L., signalé par Gauthier, n’a pas été retrouvé. Toutes ces plantes existent au Canada.

Crassulacées

i§ccluiii rhodiola DO. Anse à Trois-Pics, entre les fentes du rocher, sur le haut de la falaise et le plateau qui le termine. Rare. Juillet. Semble rare au Canada, l’on ne trouve guère que le Sedum ^ortulacoides Willd.

Grossulariées

* Ribes oxyacantfioidegi L. Lieux pierreux. Etang de la Loutre; anse de la Roncière indig’ène. Rare. Fl. juillet. Canada, Terre-Neuve.

Rihes ruhrum L., Ribes nîgrum L., Ribes grossularium L. Cultivés dans les jardins.

* Ribes pi*osti*atuiii L’Her. Cap Miquelon, autour du lac; près de l’embouchure du ruisseau du Chapeau. Rare. Juil¬ let. Du Canada en Pensylvanie.

Ombellifères

Archangclica Gmclîoi D.C.. Lieux humides. C. Anses de l’Ouest. Juillet. Groenland, Labrador, Europe boréale.

Lîgiasticiim scoticiim L. [Angelica scotica Lam.). Lieux secs ou humides ; anse à Trois-Pics, aux environs des cabanes de pêche de l’ouest et de Pousse-Trou. CC. Juillet. Les pêcheurs la mangent en salade ainsi que la précédente sous le nom de persil marsigoin. Du Labrador au Massachussets. Europe boréale.

84 FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

* If ei*acleiim laiiatimi L. Terrains humides et sablonneux de Lang-lade ; falaises de Pousse-Trou, de la Pointe-au-Clieval ; prairies artificielles. Atteint 1 mètre de hauteur. CC. Juillet- août. Du Canada en Pensyl7anie.

* CoBiÊoselîBiïiiin caoacleiBSC Torr. et Gr. VQlg*o *. Ciguë. Lieux tourbeux, plaines delà Terre-Grasse, plaines au sud du grand étang de Miquelon. G. Août. N’existe pas au Canada (Provencher), mais seulement sur les bords du lac Supérieur.

Les Apium graveolens L., Petroselinum sativum Hoff., Pastinaca sa¬ liva L., Daucus Carota L., Anthriscus cerefolium Hoff., sont cultivés avec succès dans les jardins.

Les Archangelica atro-purjmrea Hoffm., Æthusa cynapium L., indiqués par Gauthier, n’ont pas été retrouvés.

Araliagees

* Ai*alia iiiidicaBBlis L. Vulgo : Salsepareille, Sarsaparilla des Anglo-Canadiens. Plaines tourbeuses, cap Miquelon; pente nord du Chapeau; Bellevaux CC. Souvent stérile. Juillet. Ra¬ cine estimée à Miquelon comme ayant des propriétés dépurati- ves (?) Du Canada à la Géorgie.

CoRNEES

* Cornus alKia L. [C. stolonifera Michx.). Bords du ruis¬ seau de la Terre-Grasse. Rare. Juillet. Du Canada au Mis¬ souri.

*Coi*nus canacSeusis L. Vulgo : Quatre-^temps. Colline du Chapeau, chemins de Pouest. CC. Juin-juillet. Les enfants mangent impunément ses baies rouges, douceâtres. De l’Amérique arctique à la Pensylvanie, Europe boréale.

Cornus succica L. Terres de bruyères, peu humides. CC. Juin-juillet. Amérique arctique, Terre-Neuve, Labrador. Europe boréale.

Cette plante et la précédente couvrent en juillet des espaces très étendus et rompent agréablement Taspect triste de la végé¬ tation des îles Saint-Pierre et Miquelon.

Caprifoliacees

* YibuB*niBBii squauiatuiii Willd. {Vihurnum nudwn L. et crassinoides) . Bourdaine du Canada. Lieux humides, versant nord du Chapeau. C. Août. Canada.

*LonîceB»aOîcrvillaL. {Biervilla canadensisS^iiAAy). Sur

FLORULE DE l’iLE MIQUELON. 85

les petites collines avoisinant le ruisseau Sylvain. C. Juillet- août. De la baie d’Hudson à la Caroline.

Louiccra caeriilea canadensis Lam. {Xylosteujn Solonis Eat.). Plaines tourbeuses un peu humides au milieu des Sphagnum. Plaines du Chapeau, bords de l’étang du Chapeau. C. Juin-juillet. Baie d’Hudson, Labrador.

liiiiiiîea borealiü Gronov. Lieux humides à l’ombre des arbustes résineux ou mêlés aux Éricacées. Colline du Chapeau ; Calvaire. C. Juillet. Tiges et feuilles amères, sudorifiques et diurétiques, selon Provencher (?). Du Cercle arctique au New- Jersey. Europe et Asie arctiques.

Les Lo7iicera villosa MvEh. et L. velutina DC., indiqués par Gauthier, n’ont pas été retrouvés.

Rubiacées

* Pcrdicesca i*cp«u8PRov. {Mitchella repensL.). Trouvée une seule fois à quelques pas du ruisseau Bibite (août) dans l’humus humide, au milieu des Erica sous lesquels elle se dissi¬ mule. Les baies d’un rouge brillant, remarquables par leur double suture, d’un goût passable, sont recherchées par les la¬ gopèdes ou perdrix de l’île. Du Canada à la Louisiane.

Le Galium uliginosum L., indiqué par Gauthier, n’a pas été retrouvé.

COMPOSEES

Taraxaciiin clctis-leoMîs Desf. Naturalisé dans les prés. Apporté d’Europe. C. Juillet.

Lcoutoclon antnmualis L. Comme le précédent, mais fleurit un peu plus tard,

Acbillca millefoliiim, v. occidentalis L. Vulgo : Herhe à dindon. Comme les précédentes. C. Juillet-août.

Slciiccio pseudo-arnica Sw. Bord de la mer entre la Cou¬ pée et le Boyau. Terrains secs et pierreux. Juillet-août.

Lcncantlicmiim vulgarc Lam. Prés, voisinage des ha¬ bitations. Introduit. N’existe pas dans l’intérieur de l’île. C. Juillet-août.

Bcllis pcrenuis L. Introduit. Prairies. Rare. Juillet- août.

Dahlia coccinea Cavan. Jardins. Plante d’ornement.

Anthémis arvensis L. Camomille sauvage. Artemisia ahsinthium L. Absinthe. Calendula officinalis L. Souci. Cultivés dans les jardins.

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FLORÜLE DE l’iLE MIQUKLO^^

Tanacetum vulgare L. Tanaisie. Plante tonique et fébrifuge qui a la réputation bien imméritée d’être emménagogue et que, pour cet usage, on cultive avec empressement.

Les Cynara scolymus L., Cichorium endivia Willd., Tragopogon por- rifolius L., Lactuca sativa et capitata L., sont cultivés avec succès.

*IlicB»acîMm canadeiisc Michx. Vulg'o: Pissenlit de mon¬ tagne. Lieux humides tourbeux, bords du ruisseau de la Terre-Grasse. Rare. Août. Du Canada au Massachussets.

*CîrisiBiiîi miaticum Michx. Lieux humides ou secs. Anse à Trois-Pics ; près de Tembouchure du ruisseau du Chapeau. Rare. Juillet. Du Canada à la Louisiane.

* Prenaiitises alba L. [Nahalus alba Hook.) Buissons CC. Août. Du Canada à la Louisiane. Les porcs sont avides de sa racine connue dans l’île sous le nom de navet de montagne et qui donne à leur chair un g'oût excellent. La tige, creuse d’un bout à l’autre, et longue de plus d’un mètre, est employée par les chasseurs pourboire dans les ruisseaux.

* ®olMag® Mulh. Colline du Chapeau. C.

* SolMag© Tei*B*ae ]¥ovae Tour, et Gray. Colline du Chapeau. C.

* Aster Matliila Ait. Lieux humides, plus rarement secs. Plaine de Miquelon ; colline du Chapeau. CC. Août. Canada, États du Nord.

* Aster BBemoralis Ait. {uniflorus Nees.) Lieux humides, tourbeux. Colline du Chapeau ; plaine de Miquelon. CC. Août. Canada, Terre-Neuve.

* Aster umtiellatus Mill., v. latifolius Colline du Chapeau.

Les Erigeron canadensis L., Solidago canadensis L., Aster tripolium L., Artemisia borealis L., Carduus nutans L., Cineraria carnosa De la pyl. liypochœris radicata L., indiqués par GautMer, n^ont pas été retrouvés.

Lobéliacées

Lobelta Dortmanua L. Eaux stagnantes et courantes. Plante immergée, les fleurs seules dépassent le niveau. Ruis¬ seau du Chapeau ; étang près de la butte d’Abondance. CC. Août. Du Canada en Géorgie.

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

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Campanülacées

Campaiinla rotiiudifolia L. Abonde dans les prés et les parties humides de l’île. Tellement répandu au Canada que Provencher lui donne le nom de Camp, canadensis. CC. Juillet.

Le Campanula pusilla^L'ELm^'E,, indiqué par Gauthier, n’a pas été retrouvé.

Vacciniées

* Vacciuitim pciasylTaiiiciiBii Lam., v. angustifolium Ait. Vulgo : Bluet. Colline du Chapeau ; Terre-Grasse. CC. Juin- juillet. Terre-Neuve, Canada (Montréal).

Tacciiiiiim iiligtuoi§um L. Mêmes localités. CC. Juin- juillet. Terre-Neuve, Labrador, Canada.

Vacciiiîiim i*tibi*iim Dodoens (F. Vitis idaea L.). Vulg’o: Berrys, Abonde dans les plaines tourbeuses et aussi les ter¬ rains secs de l’île. CC. Juillet. Les habitants font une bonne confiture avec le fruit, soit en l’employant seul, soit en l’asso¬ ciant aux fruits des Oxycoccos. Terre-Neuve, Canada, État du Maine.

Oxycoccos palustris Pers. et O. macrocarpiis . Pers.

Vulgo : Pommes de pré. Plaines, mornes, lieux secs ou humides, un peu partout. Ce n’est guère que par la forme du fruit, oblong dans le O. palustris et globuleux dans l’O. macrO' carpus, qu’on distingue les deux espèces. Les habitants font d’excellentes confitures avec les baies qui sont, en outre, acidu¬ lés à l’état de crudité et antiscorbutiques. CC. Juillet-août. Terre-Neuve, Canada, Wisconsin, Virginie.

* Cbiogenes liîspîdaila Torr. etGR. {Vacciniwn hispidulum L., GauUheria hispidula Michx., Phalerocarpus serpylli folia Don). Vulgo : TJiéd'Anis, Anis de montagne, Troncs d’arbres en décomposition, pente du Chapeau ; Calvaire ; Cap Miquelon. CC. Mai-juin. Toute la plante est aromatique, les baies sont d’un beau blanc et sucrées à maturité. On emploie les feuilles en infusion, en guise de Thé, et les baies en macé¬ ration dans l’alcool pour faire la « liqueur d’Anis. » Terre- Neuve, Canada, Pensylvanie.

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Ericacées

Ai*ctostap^5yIo§> alpiaia SprenGt. Sommet des Mornes ; sommet du Chapeau (ait. 112 m.). G. Juin. Terre-Neuve, île d’Anticosti, Labrador.

* Gaiiltflici*ia pi*©cHml>CMS L. Vulgo : Thé rouge. Mirande ; Blandin ; Terre-Grasse ; anse de la Roncière ; vallée de la Cormorandière (cap Miquelon). C. Septembre. Les feuilles donnent une boisson aromatique agréable qui rappelle le goût du tbé d’Anis. Aux États-Unis, on retire de la plante l’essence dite de Winter green. Le fruit ne parvient guère à maturité qu’au printemps. Montréal, Cbicoutini, Pensylvanie.

Auilromccla poSf folia L. Au milieu des Sphagnum. Chapeau, Terre-Grasse. CC. Juin-juillet. Plante narcotico- acre, vénéneuse pour les moutons, d’après Provencber (?) Terre-Neuve, Canada, Pensylvanie.

* CassaBîcla»a calycailata Don. Mêmes localités. CC. Juin.

Canada, Terre-Neuve.

* Mîaocîora caisadeissis L. Lieux humides. Entre le morne du Chapeau et le ruisseau du même nom. C. Juin. Bel arbris¬ seau atteignant un mètre de hauteur. Les fleurs naissent au sommet des rameaux avant les feuilles et n’ont qu’une courte durée. Du Canada en Pensylvanie.

Azalca pi*ocumlie6is( L. [Loiseleuria procumhens Desv.)

Lieux secs, peu commun. Juin. Colline du Chapeau, Butte d’Abondance.

* ILaliuta glauea Ait. Plante couchée au milieu des Sphagnum, une des premières à fleurir; on la trouve aussi en fleurs dans quelques endroits, même en août et septembre. Epoque ordinaire de la floraison, juin. Abonde dans l’île. Canada, bords de la voie ferrée du Grand-Tronc.

* Kalinia angusitifolia L. Vulgo : Faux-Thé., Thé de chèvre. Bel arbrisseau d’environ 30 cent, de haut ; les fleurs apparaissent plus tard que celles du K. glauca et durent plus longtemps. Colline du Chapeau ; bords de la Belle-Rivière de Langlade, du ruisseau des Goëliches. CC. Juillet-août. Du Canada à la Caroline. Cette plante a une action toxique sur les ruminants ; elle serait toxique aussi pour l’homme, d’après le D^ Gras, qui a observé pendant son séjour à Miquelon un cas d’empoisonnement à l’ingestion d’une infusion de cette plante.

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Lcdam paliisitrc et latifoliwn Ait. Vulgo : Thé de James. Plante remarquable par ses feuilles dont la face infé¬ rieure est couverte d’un duvet couleur d’amadou. Lieux maré¬ cageux autour du Chapeau, du Calvaire, etc. On emploie l’infu¬ sion des feuilles à Saint-Pierre et Miquelon pour remplacer le Thé, et au Canada pour rendre capiteuses les petites bières. CC. ,Tout le mois de juillet. Canada, Visconsin, Asie et Europe arctiques.

Diapciisîa lapposaica L. Buttes pierreuses de l’Anse ; Calvaire ; Terre-Grasse. CC. Juin. Canada, Terre-Neuve, Labrador, Europe arctique.

PlROLACÉES

Pîpola j§ecnoida L. Buttes à Laralde ; colline du Chapeau. C. Août. Du Canada en Pensylvanie.

Pîi'ola uuifloFa L. Plante groupée par 12 ou 15 indi¬ vidus dans les lieux humides, tourbeux, mais toujours rare. Langlade ; vallée de la Cormorandière (Cap) ; environs du pré des Costes, le long du grand étang'. Août. Du Canada en Caroline.

Utricülariées

Pîngnîciila viilgaï»îs L. Lieux humides, terrains argi¬ leux. C. Juin-juillet. Canada.

lJti*iculaa»îa intepanedia Hayn. Mares, eaux stag'nantes. C. Juillet-août.

* lltricularia copaanta Michx. Plante aphylle de 5 et 6 cent, de hauteur. Marécages. C. août. Canada. Michigan.

VU. vulgaris L., indiqué par Gauthier, n’a pas été retrouvé.

Primulacées

* Tpicntalis» amcpîcanaPuRSH. Mornes, terrains tourbeux; la seule plante de l’île dont les fleurs soient heptamères. CC. Juin. Canada, Chicoutimi, Ottawa, Virginie.

^LysimacMa paccinosia Michx. {L. stricta Ait.,L. hulhifera CuRT.). Plaine du Chapeau ; prairies Gélos. C. Août. Ca¬ nada, État d’Ohio.

Auagallis( aPTens?^ L. Vulg. Mouron. Juillet. Intro¬ duit dans les lieux cultivés.

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Anagallisi tcnellaL. Prairies tourbeuses. G.

Gentianees

mcuyanilicsi trifoliata L. Vulg*. Trèfle d eau. Lieux vaseux : Plaine du Chapeau, bords du ruisseau du Chapeau. Indig-ène. C. Juin. Cette plante tonique, fébrifuge, emména- g'ogue, n’est pas utilisée dans Tîle. Canada.

* iSwcertîa coruiculata Mieux. Lieux secs, plaine de Mi¬ quelon, colline du Chapeau. C. Août-septembre. Du Canada à New-York.

Borrauinées

]flei*teiisia maritima Don. Vulgo : Sanguinie de mer. Bancs de galets. Usage populaire dans le rhumatisme, en appli¬ cations extérieures. CC. Juillet. Du Canada à New -York.

Borrago officinalis L. Introduit dans les jardins. Juin -juillet.

Aucune Solanée n’est indigène dans l’île. Le Solanum tuberosum L. {Pomme de terre) réussit très bien ; les Lycopersicum esculentum Mill. {Tomate)f Capsicum annuum h. (Piment), Solanum esculentum Don. (Au¬ bergine), mûrissent à moitié dans les jardins. Le Nicotiana tabacum L. réus¬ sit assez bien.

SCROPHULARIACEES

* Chclone glal)i*a. L. Bords du ruisseau de la Terre-Grasse.

Eiiplirasîa officiualis L. Prés, pâturages. Partout. CC.

Juillet. Canada, Montagnes-Rocheuses.

Rhiuaiithus minoi* Ehrh. Prairies artificielles, terrains tourbeux de l’intérieur de l’île. CC. Août. Canada, Massa¬ chussets.

Labiées

Briiuella vnlgarii» L. Sur les falaises qui dominent Tanse à Trois-Pics ; autour des cabanes de l’ouest ; pentes du cap, vis-à-vis de la rade, lieux elle atteint 30 cent, de hau¬ teur. CC. Août. Du Canada à la Louisiane.

* Lycopiis Tii*g^iniciis L. Plaine de Miquelon. Assez com¬ mun. Août. Est employé aux États-Unis contre l’hématémèse. Canada, États-Unis.

Les Thymus vulgaris L., Satureia hortensis L., Galeopsis ladanum L., Mentha piperita L., Lamium amplexicaule L. ont été introduits et ne se trouvent que dans les jardins ou dans leur voisinage.

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

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Plantaginées

Plaiitago niaritiiiia L. Fissures des rochers, d’où le nom vulg*aire de Passe-Pierre ; anse à Trois-Pics; anse de l’Ouest* CC. Juillet. Les habitants l’emploient rarement comme légume dans la soupe ou comme condiment en macération dans le vi¬ naigre. Canada. Rivages à eau salée.

Plantago uiajoi* L. et P. lauccolata L. Autour des ha¬ bitations. G. Août. Plantes probablement introduites.

Chenopodées

Ati*iplcx liastata L. Introduit dans les jardins.

Chenopocliiiiii L. Introduit dans les jardins.

Cliciiopodîiim opiilifoliaiua Schrad. Introduit dans les jardins.

PoLYGONÉES

Rheum rhaponticum L. Rhubarbe. Introduit dans les jardins ; résiste en pleine terre aux hivers de Tîle. Les Anglais de la colonie font des confitures avec les pétioles charnus de la plante. C. Juillet.

Rnuicx acetoi§a L. Jardins. Juillet-août. Peut-être indi¬ gène. Croît spontanément au Canada et dans les Montagnes- Rocheuses.

Riimcx acctosclla L. Terrains pierreux de la plaine de Miquelon ; route de l’Ouest. Indigène. Canada, Saskatchawan.

Slumcx. cB’isptis L. Prairies artificielles. Introduit.

Hiimcx obtisslioiiui» L. Prairies artificielles. Intro¬ duit.

Fagopyrum vulgare Nees. Essayé à Miquelon. Ne mûrit pas complè¬ tement,

Polygoniim couTolvuliiis L. Rare à Miquelon. Canada.

Polygouum Tivipapiim L. Dunes. C. Juillet. Cette plante, employée par les Tartares pour faire une espèce de pain, n’a pas d’usage à Miquelon.

Polygoniim avictilarc L. Bancs de sables et de galets. C. Tout Tété. Canada, États-Unis.

Polygounm aniphiMiiin L. var. natans. Embouchure du ruisseau de la Terre-Grasse. Rare. Août. Canada, Illinois.

Les Polygonum hydropipcr et P. sagittatum L., signalés par Gauthier, n’ont pas été retrouvés.

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FLORÜLE DE l’iLE MIQUELON.

Empétracées

Empctnim uigrum L. Valg’o : Goules noires. - CC. Avril- mai.

EmpcÉriam Vahl. ' Vulg*o : Goules rouges.

CC. Avril-mai, sur les mornes et collines , notamment au Calvaire.

Ces deux espèces sont difficiles à disting'uer, en dehors de la couleur du fruit. UE. ruhrum., inconnu au Bas-Canada, n’exis¬ terait, suivant Provencher, qu’au détroit de Mag*ellan, sur les côtes du Labrador et dans les îles du g'olfe Saint-Laurent, dont les habitants mêlent ses fruits à ceux de son congénère, E. nigrum, du Vaccinium ruhrum (vitis-idœa) et du Rubus chamœmorus pour en faire des confitures. Aux îles Saint- Pierre Miquelon sa présence est bien constatée, il n’est pas utilisé, pas plus que VE. nigrum.

De toutes les phanérogames, VEmpetrum est celle qui atteint les points les plus élevés des mornes. On la voit, laissant der¬ rière elle les autres Ericacées qui l’avaient accompagnée plus ou moins haut [Ledum, Vacciniwn rubrum {vitis-idœa), etc.)., résister, autour des rocs dénudés, h des vents violents, presque permanents et envahir le domaine des Parmélia qui finissent par l’attaquer et faire disparaître sous leurs expansions ses rameaux les plus avancés.

Euphorbiacees

EaphorMa pépins L. Eare. Jardins. Introduit.

Urticées.

IJrtica diceca et uFcns. L. Autour des habitations. Intro¬ duit.

CüPULIFÈRES

*Copylus amcricanaet rostrata Wklt. Vulgo : Coudrier, Noisetier. Mirande, bois de Langlade, le long de la Belle- Rivière. C. juillet. Écorce légèrement fébrifuge. Inusité. Canada, Etats-Unis.

Bétulacées

* Bctala piimila L. Bord des étangs. C. Juin. Labrador.

Alnus glntinosa Gærtn. Versant sud du Chapeau ; Calvaire. C. Juin.

FLOEULÉ DE l’iLE MIQUELON.

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Almis Tiridis D.C. Bord des ruisseaux , marécages, C. Juin. Canada.

Les Betula lenta L. (Merisier rouge)^ et Alnus incana Willd., qui crois¬ sent en abondance à Terre-Neuve, d’après Howley [Geography of New Foundland), ont été signalés à Langlade par quelques personnes étrangères à la Botanique. Ils ne peuvent toutefois être admis parmi les plantes de l’île, qu’après vérification ultérieure.

Myricées

Ulyrica gale L. Bord des cours d’eau. Juin. Canada.

Conifères

* AMcs lialsamîfcra Michx ? Vulgo : Sapin blanc. La Térébenthine appelée baume du Canada, baume de Gilead, est sans usage dans la colonie.

* Ahies cauadciisis» Michx? [Tsug a canadensis Provencher).

Vulgo : au Canada, Pruche, et à Saint-Pierre Miquelon: Spruce. CC. Suivant Provencher, sa limite extrême au nord de Québec serait le cap Tourmente et il n’arriverait pasjusqu’à la baie d’Hudson.

* \hicH uigi*a Michx. {Picea nigra L., Pinus nigra Ait.). Vulgo : Spruce noir à St-P. M. Grosse épinette. CC. Bois de Blondin ; étang de la Loutre. Canada, baie d’Hudson.

* Xhies aîlja Michx. {Picea alba Link., Pinus alba Ait.) _

Vulgo à Miquelon: Spruce blanc. N’est qu’une variété du précédent. Même fréquence et même habitat. ; plus commun à Langlade.

Ces trois dernières espèces, rabougries à la grande Miquelon, sont un peu plus fortes à Langlade, elles atteignent une hauteur de 5 à 6 mètres.

Le bois du Spruce léger, résistant et élastique, est utilisé pour la construction de petites goélettes. On emploie les jeunes pousses à la fabrication de la boisson habituelle du pays ou bière de Spruce.

* Larix aniericana Michx ? Vulgo : Bois de violon. Arbuste de 1 mètre de hauteur. AC. A Langlade. Eare à Mique¬ lon. Embouchure du ruisseau de la Terre-Grasse et bords du ruisseau de la Carcasse-Est. On l’emploie en décoction dans le traitement des plaies. Rimonski-Pensylvanie.

Quelques personnes qui ont exploré attentivement Langlade prétendent y avoir trouvé :

94 PLORULE DE l’iLB MIQUELON.

lo Pinus strobus L. (P. virginiana Plunk., P. alba canadensis Piiov. ou Pin blanc.

Pinus rubra Mieux. (P. resinosa Pürsh.). Pin résineux, pitch, pine.

3“ Pinus Banksiana Lamb. Pin gris, Cyprès.

Taxus canadensis Willd. {Taxus procumbens Lodd.). If.

Fraxinus sambucifolia Lam. Frêne noir.

Populus tremuloides Mieux.

Populus balsamifera Mieux.

Salix longifolia, purpurea, repens, herbacea.

La présence de ces arbres qui croissent à Terre-Neuve est à vérifier à Mi¬ quelon.

Jlaiaîipcriis couimuuis L. Arbrisseau couebé ; lieux secs, rochers. CG. Juillet. Le décocté de la plante réduit en consis¬ tance d’extrait est appliqué extérieurement contre le rhuma¬ tisme sous le nom de Cirrouenne ou Cirrho'éne.

* J^QiBiIpcruis et prostrata Lin. Juniperus sa-

bina Hook.). Arbrisseau rampant ; même port et même sta¬ tion que le précédent. Aux environs du Bec et sur les hauteurs du cap Miquelon. Fruits mûrs fin juillet. Canada, Terre- Neuve. États-Unis, Louisiane.

Les propriétés spéciales du J. virginiana sont complètement ignorées des habitants.

Orchidées

* PSaalantlaera fiml>riata Lindl. Lieux humides. Pré des Costes ; partie inférieure du cap Miquelon (côté de la rade). G. Août. Canada.

PSialaiitliera Iiyperljorea Lindl. Lieux marécageux G. Juillet-août. Celle de toutes les Orchidées de l’île qui fleurit la première. Baie d’Hudson, Islande.

* Plialaiitlicra lacera Gtray. Plaine du Chapeau ; environs du pré des Costes. AC. Août. Canada.

* Pfiiaiauthcra lblepliariglotti§» Lindl. Plaines maréca¬ geuses du Chapeau. AC. Août. Canada.

* Plialanthcra orMciilata Lindl. Lieux humides et om¬ bragés. Moins commun que les précédents. Juillet-août. Du Canada (Québec) à la Virginie.

* Mîcrostylîs oplsioglossioidcs Nutt. Au milieu des plantes herbacées des marécages. Rare. Août. Du Canada h la Virginie et û la Louisiane.

* Arcthiisa tonlliosa Nutt. Au milieu des Sphagnum.

FLORULE DE l’iLE MIQUELON. 95

Plaine entre l’étang* et la colline du Chapeau. C. Juillet. Du Canada au Wisconsin.

* Polonia opliîoglossoîclcs Nütt. Paraît de prime abord difficile à distinguer du précédent. S’en distingue par sa ra¬ cine fibreuse, non bulbeuse, et par la tige portant deux feuilles, tandis que VArethusa hulbosa est apbylle. Même fréquence et mêmes stations. Août. Du Canada à la Virginie et à la Loui¬ siane.

* Calopogoii piiîclicllii§» Br. (Cyjnhidium Willd.). Lieux tourbeux. Plaine à l’ouest de l’anse de Miquelon. C. Août. Du Canada à la Floride.

* S»p£faiitSies ccrmia Rich. Plaine autour du ruisseau Bi- bite. AC. Fin août-septembre. La dernière des Orchidées de l’île à fleurir. Canada (Québec).

* Cypripeclîiim acaiilc Ait. Petit ruisseau de la Terre- Grasse ; versant nord du Chapeau ; marécages de l’anse de Mi¬ quelon. Rare. Janvier-juillet. Canada (Québec).

Les Goodyera repens Br. et Cypripedium spectahile Willd., indiqués par Gauthier, n’ont pas été retrouvés.

Iridées

* Irîs Tcpsicolor L. Terrains humides , il atteint 0 mèt. 80 centim. de hauteur, plus rarement lieux secs. C. Fin juillet. Du Canada à la Louisiane.

Sisyrincliium anceps L. Lieux humides. C. Fin juillet- août.

Ces deux plantes sont, avec Iris virginiana L. et Sisyrin- chium mucronatum Mieux., qui n’ont pas encore été observés à Saint-Pierre et Miquelon, les seuls représentants indigènes de la famille des Iridées au Canada, à notre connaissance du moins. L’Irlande est la seule localité européenne pour cette espèce.

Asparagées

* Sitreptopns ros»cii8 Mieux. Dans les buissons de Sapins rabougris. Colline du Chapeau ; autour du lac (cap Mique¬ lon). Rare. Juin. Du Canada en Pensjlvanie.

i§ti*eptopus amplcxifolius Pers. Plus commun que le S. roseus. Mêmes localités. Juillet. Canada, Rimouski.

* Cliiitouia |}oi*ealii§ Rafin. Lieux légèrement humides,

96

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

particulièrement à l’ombre des buissons de Sapins {Conval- laria horealis L.). C. Juin. Du Canada au Missouri.

* SimilacSiia stcllata Desf. Plaine marécageuse entre les deux ruisseaux de la Terre-Grasse ; bords du ruisseau de la Carcasse Est ; AC. Juillet. ^ Canada, bords du lac Saint-Jean.

iSuiilacla&a Éi»îffoiia Desf. Partout dans les lieux humides ; autour du lac; cap Miquelon. CC. Fin juin-juillet. Du Ca¬ nada en Pensylvanie, Asie boréale, Sibérie ; manque à l’Europe.

SmilacîMa Trifolia Desf., var. Canadensis (juky. Partout dans les lieux humides. CC. Fin juin-juillet. Du Canada au Wisconsin.

U Asparagus officinalis L. est peu cultivé. Ou parvient, â force de soins et d’engrais, à obtenir de jeunes pousses comestibles.

Liliacées

Les AUium schœnoprasum L., ascalonicum L., cepa L,, sativum L., por- rum L., prospèrent dans les jardins.

Le Lilium candidum L. et quelques autres espèces du genre sont très rustiques et se cultivent en pleine terre sans avoir à souffrir de Thiver.

Melanthacees

* ’ïofîcîdîa gîïatîBîoga Mieux. C. à Miquelon, sur le bord du ruisseau de la Carcasse et dans tous les endroits marécageux. Fleurit vers la mi-août. Rare au Canada, Ohio.

Typhacées

«ataias L. Eaux stagnantes au nord du chemin de la grande Coupée. Canada, Montréal.

Alismacées

Ti*Igi©cMsi BnapItîBiium L. Marécages salés. C. Juin- juillet. Du Canada à la Louisiane.

Eriocaulonées

Erlocaiilon scptangnlare Willd. Submergé presque entièrement dans les mares, entre le morne du Chapeau et le ruisseau de la Carcasse Est ; étang au sud de la butte d’Abon- dance. CC. Août-septembre. Haut-Canada Ecosse, Irlande.

Naiadées

Potamogiton uataus L. Eaux stagmantes, vers la grande Coupée et dans la plaine de Miquelon.

Potamogitou pci*folîatiis L. Mêmes localités.

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

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JONCÉES

Luziila pîSosa Willd. CC. Juillet.

Liiziila campcstris, v. congesta DC. Viilgo : Rouche. Lieux marécageux. CC. Juillet. Canada.

* Luziala melasaocaippa Desv. C. Juillet. Canada.

ïLaaziila Lejeune CC. Juillet. Cap Mi~

quelon.

* Juncus Pylœi spécial aux îles Saint-Pierre Miquelon (Kunth, Enum. plant. ^ III). Non retrouvé.

Jiiiicsas ïjaîtîcîis Willd. «Kiisiciis glaticiBS Ehrh. JlBiBicus laBU5)i*ocai*piBS Ehrh. Jfiaaictas filifonnis L. JisBBciBS tcMageSa L. JiaiacMS c^îiasias L. «Juncus toa- fomsas L. CC. Dans l’île. Juillet.

Les Juncus conglomeratus, trifidus, biglumis L., can adensis Laharpe signalés par Gauthier, n’ont pas été retrouvés.

Cypéracées

Ei»îopSios«Bîm vagluatiim L. Marais tourbeux. CC. Juin. Canada.

EE»iopga€n»©ia pîisseoîiïiai Fr. AC.

Ei*iop^oa*OBa polystacSiyEim, v. latifolium L. et v. angus^ ii folium CC. Juin-août.

* Ei*iophoi*OBa virgiMicBaiaa L. - CC. Août.

Carcx pauicea L. CC. Juin.

* Carcx xaBitIfi®pliysa Wahl. {C. folUculata L). CC. Août. Marécages à l’ouest du Chapeau.

* Carcx apei'ta Boot, près du Chapeau.

Cai*cx paiicâfIoa*a Leight. - C. Juillet.

Carex <Edc8*i Ehrh. C. Juillet,

RSsyueBiospoa^a ailia Willd. C. Août.

Scirpug» cœspîtosiis L. CC.

* .^cii'piis ats»o-vifeu8 Willd. CC. Ruisseau de la Car¬ casse.

Ces Cypéracées, qui sont indigènes et habitent en grande quantité les marécages et les plaines tourbeuses de Miquelon, au milieu des Sphagnum, croissent aussi au Canada.

7

98

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Graminées

Agrostis alba L. Fesiiaca elatior L. Avena ela- tior L. Ba'OBBitis mollifi L. Bactylis gloinerata L. Loliuni pci*CBBnc L. PSilcum pi*aieiise L. Antho- xanÉhnm odoratnm L. CyiîOïï©ii dactylosi Pers. Poa pE*ateiisis L. Introduites d’Europe ou du continent américain.

* Bromas casaadcaasls Michx. Grande Miquelon.

* Poa caBaaîlesasI§i Palis. Grande Miquelon.

'ï'ritâciini repeiasi L. indigène aux îles S. -P. M. Ca¬ nada, bords de la Saskatcliawan ; Montagnes-Rocheuses.

* Elymias iîüoIMs Trin. Trois bourques ; banc de galets. G. Juillet.

AïomopMSa arciBarla Lindl. Les racines fortes et tra¬ çantes de cette Graminée retiennent efficacement les sables sur les dunes de l’ouest et de Mirande. On la retrouve du Canada au Micbigan, sur les bords de la mer et des lacs.

Les Avena sativa L., Triticum sativum L., Secale cereale L., Hordeum vulgare L. ont été cultivés avec succès à Langlade. Le Zea mays L. se dé¬ veloppe bien, mais ne mûrit pas.

L’impression du catalogue des phanérogames était à peu près terminée lorsque nous avens eu connaissance de la Florule des lies Saint-Pierre et Miquelon, que vient de publier M. le doc¬ teur Bonnet. Cette Florule, établie d’après les échantillons en nature provenant de La Pylaie et conservés au Muséum de Paris, comprend un assez grand nombre d’espèces (surtout de Saint- Pierre), qui n’ont pas été recueillies par le docteur Delamare, dont les recherches concernent principalement la grande Mique¬ lon. Le docteur Delamare ne pouvait connaître les découvertes de La Pylaie, ce dernier n’ayant rien publié à ce sujet, et Ton s’expliquera ainsi que le nom de La Pylaie n’ait pu être indiqué, le cas échéant, comme celui de premier collecteur.

Les considérations générales qui précèdent notre énumération n’ont été rédigées que d’après les seules espèces trouvées par le docteur Delamare, et nous renvoyons le lecteur, pour les détails et l’indication des localités, à l’intéressant mémoire de M. le docteur Bonnet. Nous nous bornerons à mentionner les listes succinctes des espèces qui manquent à notre Catalogue et qui

99

FLORULE DE l’ilE MIQUELüN.

proviennent en grande partie des récoltes de La Pylaie à Saint- Pierre. Il faut admettre d’ailleurs que la Flore des îles Saint- Pierre et Miquelon a pu se modifier par l’introduction ou la disparition d’un certain nombre d’espèces depuis l’exploration de La Pylaie, qui date de près de trois quarts de siècle.

Espèces américaines

Thalictrum diœcum L.

Acer spicatum Lam.

Priiios verticillata L.

Nemopanthes canadensis DG.

Rubus strigosus Mighx.

Rosa Garoliniana L.

Myriophyllum tenellum Bigel. Œnotbera biennis L.

Anaphalis margaritacea B et H. Gaylussaccia dumosa Torr. et Gray, Gaylussaccia resinosa Gray.

Bartonia verna Muhl.

Halenia deflexa Gris.

Mentha canadensis L.

Rumex salicifolius Weinm. Laportea canadensis Gaudich. Salix Culteri Tueck.

Betula Michauxii Spach. Betula papyrifera Michx. Myrica cerifera L.

Taxus canadensis "Willd. Ruppia rostellata Koch. Phalanthera dilatata Lindl. Gymnadenia tridentata Lindl. Carex vulpinoidea Michx. Carex crinita Lam.

Carex intumescens Rudge. Spartina cynosuroides Willd.

Le Ry^ppia rostellata Koch est une espèce maritime. Les Gaylussaccia resinosa, Cay'ex vulpinoidea, Carex intumescens s’avancent vers le sud jusqu’en Louisiane, comme les espèces de notre liste (D).

Espèces communes à V Amérique et à l’Europe

Ranunculus reptans. Arenaria lateriflora. Stellaria borealis.

longifolia.

uliginosa. Cerastium viscosum, Potentilla norvegica. Circæa alpina.

Galium triflorum. Galium trifidum. Arctostaphylos uva lirsi. Pirola minor.

Convolvulus sepium. Scutellaria galericulata. Callitricbe verna. Potamogiton heterophyllus. Lemna minor.

Sparganium simplex. Heleocharis palustris. Eriophorum alpinum.

Aira cæspitosa.

Aira flexuosa.

Holcus lanatus.

Poa laxa.

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Especes introduites ou

Ranunculus sceleratus. Barbarea vulgaris.

præcox. Thlaspi arvense. Géranium Robertianum. Stellaria media.

Vicia sativa.

Ervum tetraspermum. Montia fontana.

Soncbus oleraceus. Soncbus asper,

dont Vindigénat est douteux

Matricaria inodora. Senecio vulgaris.

Cirsium arvense. Gnaphalium uliginosum. Galeopsis tetrabit. Polygonum persicaria. Polygonum lapatbifolium. Urtica urens.

Agrostis vulgaris, Cynosurus cristatus.

Espèces maritimes

Lepigonum medium, Lepigonum salinum, Ruppia rostellata.

Ces listes, qui complètent l’énumération des espèces observées par le docteur Delamare, principalement à la Grande Miquelon, ne modifient pas d’ailleurs les conclusions que nous avons don¬ nées dans nos préliminaires sur le caractère de la flore de la colonie. Si on néglig'e les plantes introduites, dont on ne peut réellement tenir compte pour apprécier la végétation d’une région, on trouve que sur l’ensemble des phanérogames obser¬ vées, les espèces américaines entrent dans la proportion de 46 pour cent, et les espèces boréales ou subalpines, dans la pro¬ portion de 62 pour cent.

CRYPTOGAMES VASCULAIRES Fougères

* Osniiindâ cinnamoiMea L. Lieux humides. Abonde partout. Juillet. Canada, Québec, Louisiane.

Pterîs aquilîBia L. CC. Août. Canada, États-Unis, Louisiane.

*IVcplirocliiim ]\oT£el)oi*accBssc Hook. Lieux humides et ombragés, entre les deux ruisseaux de la Terre-Grasse. C. Août. Canada.

Polyi§tichiim calliptci*i§i DC. {Aspidium cristaium S\v.).

Lieux humides. Mornes de Mirande. CC. Août-septembre.

Canada.

FLORULE DE l’iLE MIQUELON. 101

PolystSchiim spiniilosiiin DC. Lieux humides. Versant nord du Chapeau. CG. Août. Canada.

Polypodieim Twlgarc L. Lieux pierreux. Pentes du Cha¬ peau ; Calvaire. CC. Mai-août. Canada, États-Unis.

Polypodiiim pïaegoptcrîs L. Dans les buissons, lieux humides. Au Cap ; autour du lac. C. Canada, États-Unis.

* Polypodîtim licxagoiioptcpumMiCH. Grande Miquelon.

U Osmunda spectabilis, signalé par Gauthier, n’a pas été retrouvé.

Lycopodiacées

l>ycopodâiim asiBiotiimm L. Lieux humides, au pied des mornes. AC. La poudre des Coniothèques de cette espèce est assez abondante pour être employée dans l’intertrigo des en¬ fants.

I^ycopodiiian complaiiatiaiBi , L. ciavatum, L. innnda-

ttim et * L. dcaidFoidenm Mich. Même dispersion à Mique¬ lon que le précédent.

Le Ly copodium alpinum L., signalé par Gauthier, n’a pas été retrouvé. L. S^lago L. est signalé dans la Florule du D^’ Bonnet.

Equisétacées

Eqiaîsctiim silvatâcîim L. Marécages autour du Cal¬ vaire ; le long du ruisseau de la Carcasse Est ; plaine de la Terre-Grasse. CC. Juin.

Eqiii§»ctiim limosiisai L. Havre de la Terre-Grasse, presque entièrement submergé. C. Juillet.

Autres espèces signalées dans la Florule du D*" Bonnet, E. arvense L., E. variegatum Schleich.

CRYPTOGAMES CELLULAIRES Mousses

La végétation muscinale de Miquelon, outre quelques traits qui lui sont propres, a la plus grande analogie avec celle de la moitié méridionale de la Scandinavie ou de la zone subalpine des montagnes de TEurope moyenne. Les trois quarts des es¬ pèces qui la composent se retrouvent en effet dans la région

102

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

supérieure des Sapins de ces montagries, c’est-à-dire de 900 à 1100™ d’altitude dans les Vosg*es, de 1200 à 1400™ dans le Jura, et de 1500 à 1800™ dans les Pyrénées, et il est remarquable que la température moyenne (+ 5 degrés centigrades), le ré¬ gime pluvial et la durée de persistance de la neige, dans cette zone montagneuse, sont sensiblement les mêmes qu’à Mique¬ lon (1),

Parmi ces espèces subalpines nous citerons :

Dicranum elongatum.

longifolium.

fuscescens.

Schraderi.

Racomitrium fasciculare. Bryum Duvalii.

pallescens.

cirratum.

Tetraplodon mnioides.

Ulota Drummondii. Brachythecium reflexum.

Starkei.

Plagiothecmm Muhlenbeckii. Hypnum reptile.

Hylocomium umbratum. Andreæa petrophila.

Puis viennent des espèces de la zone silvatique moyenne :

Dicranella cerviculata. Dicranum majus.

montanum. Trematodon ambiguus. Didymodon cylindricus. Racomitrium aciculare.

lanuginosum. Ulota intermedia. Splachnum ampullaceum. Polytrichum gracile. Bryum inclinatum.

Webera nutans.

Fontinalis squamosa. Antitrichia curtipendula. Brachythecium plumosum. Hypnum imponens.

uncinatum.

stramineum.

eugyrium.

Crista-Castrensis.

fluitans.

lycopodioides.

scorpioides, Hylocomium loreum.

Enfin, des espèces qui, en Europe, apparaissent dès les lignes inférieures de la région des forêts. En revanche, absence com¬ plète des Mousses méridionales et de la plupart des espèces européennes des régions basses qui s’avancent au nord jus¬ qu’en Suède. C’est à peine si l’on pourrait citer cependant six espèces cosmopolites, communes à Miquelon et aux plaines du midi de l’Europe : Grimmia acrocarpa, Funaria hygrome- trica , Brachythecium rutahulum, Hypnum cupressi forme ^ H. cuspidatum, H. purum, Ceratodon purpureus.

(1) Voir Bry O géographie des Pyrénées^ par le Jeanbernat et F. Re- nauld, 1 vol. in-8, 196 pages. (Éxtrait des Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, 1886.3

103

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Nous avons été surpris de ne pas recevoir de Miquelon un assez g’rand nombre d’espèces qui se rencontrent habituellement dans les tourbières du nord de l’Europe : Ginolidium^ Splach^ nwUy Pahidella, Bnjum (Cladodium), Meesea, Mnimn et sur¬ tout Hypnum de la section Harpidium, ces derniers repré¬ sentés cependant par d’abondantes et robustes touffes monèques et fertiles du H. fluitans (1). Assurément l’exploration de Lan- glade, ou petite Miquelon, est restée fort incomplète ; mais comment expliquer l’absence de ces Mousses si essentiellement turficoles à la grande Miquelon? Nous sommes enclins à suppo¬ ser que la végétation exubérante des Sphagnum y nuit aux autres plantes. De fait, entre leurs touffes serrées nous n’avons guère constaté que les Hypnum stramineum et fluitans^ qui souvent en sont réduits à croître par tiges isolées et grêles.

A l’exception du Pogonatum capillare, aucune espèce véri¬ tablement arctique n’a été constatée à Miquelon ; mais on y rencontre un certain nombre de Mousses qui, en Europe et en Asie, sont spéciales aux régions du Nord (Scandinavie, Sibérie) et manquent aux montagnes élevées de l’Europe moyenne : ce sont : P Bicranum Zett., déjà récolté à Terre-Neuve

et au Labrador, ainsi que nous avons pu nous en assurer par l'examen d’échantillons qu’a bien voulu nous communiquer M. Bescherelle, mais non connu sous son véritable nom, à moins qu’il ne faille l’identifier avec le Dicranum labradori- cum C. Müll. ; Brachythecimn Lindb., nouveau

pour rx4.mérique; Plagiothecium turfaceum\Ami^.\ Thyi- dium Blandovni Son., qui s’avance un peu dans l’Europe moyenne, sans dépasser toutefois le 5P parallèle ; enfin la var. orthothecioides Lindb. du Hypnum uncinatum.

Les espèces maritimes sont représentées à Miquelon par Grimmia maritima et U Iota phyllantha.

Il nous reste maintenant à parler des espèces exclusivement américaines de notre colonie, et ces espèces sont peu nom¬ breuses. Tandis que les phanérogames de cette catégorie entrent dans la proportion d’environ 46 du nombre total des espèces, sur les quatre-vingt-quatorze Mousses observées à Miquelon, on ne peut guère en citer que quatre extra-européennes, c’est-à-dire

(1) Hypnum scorpioides et lycopodioides n ont été trouvés encore que dans une seule mare à fond vaseux.

104

FLOHULE DE l'iLE MIQUELON.

4,2 7o- Ce sont : Bicy^anuni miquelonense Ren. et Card , créé pour une forme dont on ne pourra jug-er exactement la valeur spécifique que lorsqu’elle aura été trouvée fertile ; Bracliythe- ciiim No\me Angliae Sull., qui semble confiné dans les par¬ ties voisines du continent américain ; enfin, les Raphidosie-^ gium recurvans Sull. et Ilypnum curvi folium Hedw., qui sont répandus dans les États de l’est et s’avancent vers le sud jusqu’en Caroline.

Connaissant la grande puissance de diffusion des Mousses, on pourrait être surpris que si peu d’espèces américaines arri¬ vent jusqu’à Miquelon, si l’on ne savait que la plupart des es¬ pèces endémiques (1) des Etats de l’est ne dépassent guère vers le nord le 44® parallèle et pénètrent peu au Canada, dont la flore muscinale offre, en revanche, la plus grande analogie avec celle du nord de l’Europe et de la Sibérie. C’est bien à cette région canadienne qu’appartiennent Terre-Neuve et Mi¬ quelon, malgré les différences entre le climat maritime de ces îles et le climat continental du Canada.

Déjà les Helodium paludosum et Climacium americanum paraissent manquer à Miquelon, ils sont remplacés, le pre¬ mier par Thyidium Blandowii, et le second par Climacium dendroides , Cependant, sous le rapport de la quantité de dis¬ persion de certaines espèces, Miquelon offre encore quelques traits communs avec les Etats de l’est du continent américain, traits qui se reproduisent également dans la flore du Canada, dont celle de Miquelon n’est qu’un reflet ; c’est en particulier l’abondance des Ilypnum reptile et H. imponens^ beaucoup plus disséminés en Europe. Il est remarquable que, tandis que Viola intermedia Sch. (probablement peu distinct de Ulota amerieana Mitt.) pullule sur les Bouleaux et les Sapins de Langlade et que Ulota Brummondii n’y est pas rare, on n’a

(1) Bruchia flexuosa, Archidium ohioense, Fissidens limbatus, obtusifo- lius, Ptychomitrium incurvum, Drummondia clavellata, Ortbotrichurn oliio- ense, strangulatum, Schlotheimia Sullivantii, Aulacomnium heterostichimi Pogonatum brevicaule, Cryphaea glomerata, Leptodon tricliornitrium, ohio¬ ense, Leucodon julaceus, Clasmatodon parvulus, Thelia, Leskea obscura, denticulata, Pylaisia intricata, velutina, Cylindrothecium seductrix, Clima- cium americanum, Thyidium scitum, gracile, Brachythecium acuminatum, Eurhynchium Boscii, Rhynchostegium serrulatum, Amblystegium compac- tum, etc., etc.

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

rapporté encore de cette île aucun échantillon d’un Orthotrichum quelconque. L’Ulota phyllantha reste stérile comme en Eu¬ rope ; il en est de meme de quelques espèces qu’on trouve rare ment munies de capsules : Dicranmn montamim^ Leucohryum glaiicum, Racomitrmm lanuginosum, Antitrichia curtipen- dula^ Fontinalis squamosa, Climacium dendroides, Hypnum arcuatum^ cuspidatum, etc. En revanche, les Dicranum ma- jus, D. undulatum, B. Schraderi, Aidacomnimn palustre, Hypnum stramineum fructifient communément à Miquelon.

En ce qui concerne les formes spéciales qu’affectent certaines espèces, il faut citer tout d’abord les variétés à capsule pâle et striée et à feuilles ténues du Dicranum scoparium (var. sulca- tumR. et C., V. pallidum G. M.), qui sont très répandues à Miquelon et dans les Etats de l’est du continent américain, tandis qu’elles n’existent peut-être pas en Europe, ou y sont mal caractérisées.

Parmi les autres formes nouvelles que nous avons reconnues à Miquelon et qui pourront se retrouver au Canada, nons indi¬ querons la var. flexicaule R. et C. du Dicranum scoparium, le *Racomitrium Delamarei R. et C., qu’on serait tenté de considérer comme une espèce propre, la variété à feuilles ob¬ tuses larg'ement acuminées du Hypnum arcuatum, et la forme spéciale qu’affecte à Miquelon le Hypnum eugyrium Sch.

Parmi les espèces de notre énumération , les suivantes n’avaient pas encore été indiquées en Amérique ; Dicranum tenuiney've Zett. (signalé sous le nom de D. elongatum), Fon^ tinalis squamosa, Brachythecium latifolium Lindb., Amblys- tegium porphyrrliizum Lindb., Hypnum ayxuatum.

CRYPTOGAMES CELLULAIRES Mousses

Uîcraiiella cei'viciilata Sch. Lieux tourbeux. Anse de la Garonne au cap Miquelon. Rare.

Dicranella hetcronialla Son. Lieux argileux. Près du ruisseau Tabaron, sur les hauteurs du cap Miquelon; butte aux Truites près de l’étang de Mirande. Peu commun.

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Dicranam moutauiim Hedw. Troncs pourris à Lan- glade ; à la grande Miquelon, près du ruisseau du Renard. Rare.

Dlcrannm loii^ifolinm Hedw. Rare à Miquelon.

Var. compactum Ren. et Gard. Petite forme à touffes très compactes. Tige de un-deux centimètres ; feuilles de moitié plus courtes que dans le type, dressées, raides ou légèrement flexueuses, non homotropes ; nervure sillonnée et fortement rugueuse sur le dos, très large^ occupant 1/2 et par¬ fois 3/4 de la feuille à la base; cellules suprabasilaires plus courtes que d'ha¬ bitude. Stérile.

fi)ic5*aniim eloisgatum ScHW. Sur la terre tourbeuse. AC* Dans la plaine du bourg de Miquelon. Stérile; petite forme à tiges et à feuilles courtes.

Mcraniim tcimiiici»ve Zett. Peu commun; tourbière de la Terre-Grasse. Stérile. Nos échantillons sont robustes et les tiges atteignent jusqu’à huit centimètres de longueur. Plante intermédiaire entre les Dior. Schraderi et elongatum ; se distingue du premier par le port un peu plus grêle, les feuil¬ les obtuses entières et la nervure mince évanouissante, du se¬ cond par le port qui a plus d’analogie avec celui du D. Schra-^ deriy par les feuilles dressées ou à peine incurvées, non homo¬ tropes, plus larges, plus brièvement acuminées, arrondies au sommet et parle tissu (cellules à parois sinueuses).

Après avoir examiné plusieurs échantillons du Groenland que nous devons à Tamabilité de M. Bescherelle nous avons constaté des transitions évidentes qui relient le Dicr. elongatum au Lier, tenuinerve Zett. Il sera donc préférable de considérer ce dernier comme une sous-espèce du Dicr. elongatum Schw. Ajoutons que si l’on en juge par la description de Müller, le Dicr. lahradoricum C. Müll. serait bien voisin du Dior, tenui¬ nerve Zett., sinon identique.

Dicraraiim miquclouciise Ren. et Gard. Plaine du bourg de Miquelon et, sur un rocher, près de l’anse de la Roncière. Stérile.

Bien que les affinités de cette plante restent pour nous incer¬ taines par suite de sa stérilité, nous la plaçons ici parce qu’elle offre quelque analogie avec l^Dicr. tenuinerve Zett.

Touffes petites, très compactes, tiges longues de 1-2 centi¬ mètres. Feuilles petites, lancéolées, brièvement acuminées, dressées-imbriquées ou légèrement courbées, carénées, involu-

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

tées-tubulenses dans la moitié supérieure, entières ou munies de quelques dents au sommet qui est obtus ou sub-obtus et par¬ fois un peu cucullé, nervure n’atteignant pas le sommet, ru¬ gueuse sur le dos ; cellules du tiers inférieur rectangulaires^ assez courtes, à parois non épaisses, devenant carrées ou irré¬ gulièrement anguleuses.

Cette plante diffère par le tissu des Dior, elongalum et tenui- nerve dont les cellules sont étroites, allongées, atténuées et obtuses aux extrémités, avec des parois fortement épaissies.

Dicramim scopariiim L. Cette espèce présente à Mique¬ lon et dans les parties voisines du continent américain des va¬ riations dont les unes sont analogues à certaines formes d’Eu¬ rope et d’autres notablement différentes.

Parmi les nombreux échantillons que nous avons reçus de Miquelon, nous n’en avons trouvé pour ainsi dire aucun qui se rapporte exactement au type européen de l’espèce. Habituelle¬ ment la teinte générale de la plante et surtout de la capsule reste plus pâle ; mais ce caractère sur lequel est fondé principa¬ lement leDzcr. pallidum C. Müll. n’est pas d’une fixité abso¬ lue, non plus que celui tiré des cellules à parois non ou peu interrompues ; les autres caractères compris dans la diagnose de Müller, assez incomplète d’ailleurs, ont encore moins d’impor¬ tance.

L’inflorescence y est dite monèque {Flos masculus in ramulo axillari gracillhno) ; or, dans les échantillons qui se rappor¬ taient le mieux au Dior, pallidum, nous avons trouvé les rares fleurs mâles que nous avons pu apercevoir placées sur une tige plus grêle que les tiges femelles qui l’entouraient et naissant au milieu d’un paquet de radicules, comme cela se produit dans le Dior, scoparium. Nous ne pouvons donc considérer le Dior, pallidum comme une espèce propre. D’un autre côté, la plupart des échantillons de Miquelon offrent relativement au type du Lier, scoparium certaines différences assez notables dont Müller ne fait aucune mention ; les dents du péristome sont ordinaire¬ ment élargies et marquées à la base de deux, plus rarement de trois lignes divisurales interrompant les traverses, celles-ci plus irrégulières dans leur direction ; la capsule est plus ou moins régulièrement plissée à l’état sec ; la membrane capsulaire est moins épaisse et moins solide. Quand on l’étale sous le mi¬ croscope, on aperçoit distinctement des bandes longitudinales

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FLORüLE DE l’iLE MIQUELON.

d’une couleur plus foncée qui correspondent aux plis et qui sont formées de cellules plus allong*ées et à parois sinueuses plus épaisses que les autres.

L’expression la plus complète de ces différences relativement au Dior, scoparium type se présente dans la forme suivante :

Var. sulcatum Ren. et Gard. Touffes jaunâtres, port plus grêle ; feuil¬ les dressées ou étalées, parfois flexueuses ou même un peu tordues, plus étroites, longues (7-10 mm.) plus finement subulêes, munies de dents saillantes et plus aiguës ; tissu plus délicat, cellules ordinairement dépour¬ vues de chlorophylle, moins poreuses, à parois souvent peu épaissies ; pédi- celle plus grêle, vivement tordu vers la droite, pâle ; capsule d’un roux peu foncé, distinctement plissee à l’état sec, membrane capsulaire plus mince.

Cette variété rômarq[uable, qui se distingue à première vue par son port grêle assez analogue à celui du Dicr. longifolium, croît à la grande Mique¬ lon sur les buttes sèches (près du cap), au milieu des tourbières, et surtout à Langlade, ou elle est commune sur les troncs d’arbres de la grande Anse.

Ces caractères s’atténuent dans d’autres échantillons qui se rapprochent ainsi davantage par leurs organes de végétation des formes ordinaires du Bicr. scopariuyn, tout en gardant la teinte pâle du pédicelle et de la capsule ; on pourrait leur consacrer le nom de var. pallidum Müll,

Parmi les autres formes du Dicr. scoparium croissant à Mi¬ quelon, nous signalerons les suivantes :

Var. spadiceum Zett. A peu près identique à la plante d’Europe. Feuil¬ les dressées entières ou sub-entières, acumen médiocre sub-obtus, nervure disparaissant au-dessous du sommet. Cellules sinueuses et poreuses. Au¬ tour du lac aux Outardes.

Var. compactum Ren. Rev. bryol. Boulay, Musc. Fr., page 484. Touf¬ fes très compactes, feuilles légèrement homotropes, souvent cassées à la pointe, raides, dentées, acumen court. Stérile.

Var. flexicaule Ren. et Gard. Tige longue, grêle, couchée, puis re¬ dressée, fiexueuse, innovations grêles atteignant ou dépassant les capsules ; feuilles cZresséc^-incurvées peu flexueuses, assez longuement acuminées (acu¬ men large sub-obtus) entières ou sinuolées-crénelées (dents obtuses peu saillantes), nervure n’atteignant pas le sommet ; capsule rousse, irrégulière¬ ment bosselée-plissée à l’état sec; cellules à parois minces très sinueuses non ou très peu poreuses.

Cette dernière forme, très distincte par son port spécial et ses feuilles pres¬ que entières, a été récoltée dans)un marécage tourbeux de la grande Mi¬ quelon.

E>âci«aiiiiiii majsisi Tuiin. AC. et souvent fertile. Butte autour du ruisseau Bibite à l’extrémité sud du bourg de Mique¬ lon ; sur les écorces du bois du cap Vert ; Langlade, près de la grande Anse, etc.

FLORULÉ DE l’iLE MIQUELON.

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Se présente parfois sous une forme à feuilles moins longues, dressées (forma orthophijlla), analogue à celle que produit le Dicr. scoparium iy.orthophyllum).

Dicraiiuiii fiisccsccus Türn. AR. à Miquelon sur les troncs pourris ; colline du Chapeau, cap Miquelon ; fréquent à Langlade sur les écorces. Grande Anse, petit Barachois, etc.

Varie peu et par ses touffes jaunâtres de petite taille et par la nervure assez large, occupant 1/5 et même 1/4 de la feuille à la hase appartient bien au Bicr. fuscescens tel "que l’entend Lind- berg; une forme de couleur verte avec une nervure plus étroite récoltée près du ruisseau du Renard semble correspondre au Dicy\ congesium Brid. (Vide: Lindberg: Musci scanclinavici^ pages 23, 24).

Dicraiium iiKclfalatisni Ehrh. C. et souvent fertile sur les pentes de la colline du Chapeau.

Dici*auasaii Sclîi*aclci®l Schw. Abonde et fructifie assez souvent dans la plupart des tourbières de la grande Miquelon ; près du ruisseau de l’Anse entre le Bec et le cap Miquelon ; ca¬ banes de l’Ouest, etc.

Se présente sous trois formes :

Forma compacta. Touffes très compactes souvent noi¬ râtres, de petite taille, feuilles dressées, raides, non ondulées, acumen court.

2“ Forma intermedia. Correspond au type.

Y suhtortuosa. Touffes molles, tiges longues, feuil¬ les espacées fortement ondulées, longues, étalées, fiexueuses et plus ou moins crépues à l’état sec. Cette forme rappelle le port du Dicr. elatum Lindb.

Treiuatodou amlaigunis Hedw. R. Sur la terre tour¬ beuse, chemin du Boyau. Fertile.

Lcncobryuui glaiaciim Son. AC. Sur les mornes du cap Miquelon ; sommet du Calvaire. Stérile.

Ccratodoaa Brid. CC. Sur la terre et les troncs

pourris.

Barimia toptuosa W. et M. AC. Sur les rochers graniti¬ ques de la route du cap Blanc et du cap Blanc. Stérile.

Didymodou tcnuîi*osti*is WiLLS. R. Sur les pierres du ruisseau du Renard. Stérile.

Griinmia apocappa Hedw. AC. Sur les pierres, près du ruisseau du Renard.

110 FLORüLE DE l’iLE MIQUELON.

Grimmia maritima Turn. Sur les rocliers maritimes de la grande Miquelon. Paraît R. Fertile. Rochers de Pousse-Trou au cap Miquelon ; bords du grand Étang (eau salée).

RacomitHum acîciilas*c Brid. AR. Sommet du cap à Paul ; sur une roche de l’étang de Mirande. Fertile.

RacomitHiim fascîculare Brid. A. R. Sur les pierres, près du ruisseau du Renard. Stérile.

Racomitriuin lanugiuos^um Brid. Se présente sous deux formes distinctes :

Forme rupestris. Touffes robustes, déprimées, s’étalant sur les pierres, très grisonnantes, tiges trapues, fiexueuses, for¬ tement noduleuses, à rameaux rapprochés et entrecroisés, poil très long. Sur les pierres, près des ruisseaux de la Carcasse E. et O. et du Renard. Stérile.

Forme terrestris. Tapis très étendus, tiges longues (10- 18 cent.), dressées, peu fiexueuses, grêles, à peine noduleuses, rameaux espacés, courts; poil plus court, devenant parfois presque nul (var. sudimlterhe Hartm.). Cette forme abonde sur la terre tourbeuse, elle est presque aussi commune que les Sphagnum. Autour de l’étang des Joncs, près de la colline du Chapeau, près des ruisseaux de la Carcasse et du Renard, etc. Stérile.

RacomUpfiim canescens Brid. Le type et la var. eri- coides H. et H. n’ont pas été signalés à Miquelon.

Subspecies. * R. Delamarei Ren. et Card. Forme remar¬ quable, qui couvre des espaces étendus sur la terre tourbeuse, au pied de la colline du Chapeau. Touffes jaunâtres, tiges lon¬ gues de 4-5 cent., noduleuses, rameaux courts dressés, feuilles dressées à l’état sec, raides, souvent cassées à la pointe, dépour¬ vues de poil (entièrement vertes, ou plus rarement à peine hyalines à la pointe), presque lisses (les bords ne portent pas trace de la saillie des papilles), nervure atteignant le sommet, Stérile. Bien distinct de la var. lutescens Lesq. et James.

IJlota pliyllaiitha Brid. Rare à Miquelon sur les rochers, roche bleue de la ferme Granjean, à quelques mètres de la mer; plus commun à Langlade sur les troncs, bois de la ferme Cuque- mel au petit Barachois. Stérile.

Ulota mtcrmedia Sch. Rare à Miquelon, par suite du déboisement, mais abonde à Langlade sur les troncs de Sapins et de Bouleaux, il forme des coussinets étendus ayant parfois

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

10-12 centimètres de diamètre. Cette espèce (?) ne diffère g*uère de U. crispula que par le développement luxuriant des toutes et les feuilles un peu plus longues; la capsule est la même. D’après M. Venturi, cette forme serait plutôt intermédiaire entre les U. crispula et U, Bruchii qu’entre les Z7. crispulaQt crispa. Maturité précoce.

Il est probable que le ülota Americana Mitt. ne diffère pas sensiblement de notre plante.

Vlota S)i*ommoflïdîi Brid. Troncs de Sapins et de Bou¬ leaux à Langlade, aux environs de la Belle Rivière. Moins com¬ mun que le précédent et maturité plus tardive. Cette belle espèce, un peu plus robuste à Miquelon que nos échantillons d’Europe, et qui ressemble à TJ. Ladwigii par le port et l’absence de cils au péristome, se distingue facilement à première vue par sa capsule longuement atténuée, fusiforme et d’un brun roux dans la partie supérieure, tandis que la base reste pâle.

Tctraphis pelloeida Hedw. C. Partout sur les troncs pourris.

Splacliuem ampiiIIaceeBBii L. Peu commun; plaine entre la route du Phare et l’étang du Cap Blanc; plaine entre le ruis¬ seau de la Carcasse Est et le petit ruisseau de la Terre-Grasse ; anse de la Roncière. Fertile,

Tetrapîodou mnîoideis B. et Son. Sur une butte, à la bifurcation de la route de l’Ouest. RR. Fertile.

Fiiiiaria toygroinctBdca Hedw. Rare. Près du phare du cap Blanc, sur une motte de tourbe fraîchement remuée.

Webera nutaus Hedw. Paraît commun à Miquelon et à Langlade, principalement sur les troncs pourris, croît la forme ordinaire. C. dans les prairies de l’Anse; plaine de Mi¬ quelon, sur la terre au bord des ruisseaux. Var. suhdenticulata B. E. et hicolor H. et H. Sur des terrains pierreux dans les prairies de l’Anse.

Bi*yum iiBclinatum B. E. AC. Sur la terre, dans la plaine de Miquelon, derrière les maisons de l’Anse et sur les falaises de la Pointe sud (terrains sablonneux).

Duvalii Voit. Rare; sur les bords d’un ruisselet, affluent du ruisseau de la Carcasse Ouest. Plante mâle, stérile.

Br;^iBBii pscuclo-tB*iqneti*aBii ScH. C. dans la plaine, entre le ruisseau des Goeliches et les mornes de Sylvain, et au bas du cap Miquelon. Stérile.

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Bryiiin cii*i*atiiiii H. et H. Rare, mais fertile et bien ca¬ ractérisé; rochers de la Butte^aux Truites, au bord N. O. de Tétang de Mirande ; bords de la source du ruisseau de la Car¬ casse Ouest.

Baryum pallcgceiîs Schleich. Rare sur les rochers. Fertile.

Hlsaîiam ciaspidatum Hedw. C. Dans les prairies de l’anse de Miquelon. Fertile.

Maaium a£fiuc Bland, Var. insigne Mitt. AC. Dans une tourbière, entre le grand et le petit ruisseau de la Terre- Grasse. Stérile.

Muiiain Iioa*miiii L. CC. et souvent fertile. Bord de l’étang de Mirande et dans presque toutes les parties humides de Tiie ; cap Miquelon.

MialiiBu pamctatiBBBi Hedw. Var. elatum B. E. AC. et parfois fertile. Bords des ruisseaux du cap Miquelon (Tabaron, des Costes, de l’Anse à la Garonne, etc.); morne de la Cabane à Grandjean; à la naissance du ruisseau de la Carcasse-Ouest.

Cette belle variété présente les mêmes caractères qu’en Eu¬ rope, c’est-à-dire une taille élevée, des tiges à innovations suc¬ cessives, par étages bien distincts, des feuilles très grandes à margo plus étroit, non épaissi.

Aiilacomniiim paÎBisÉi*e ScHW. * CC. et fertile çà et là. Marécages près de l’anse du gros Gabion ; plaines tourbeuses du Calvaire, etc. La var. congestum Boülay, dans les lieux plus secs.

PliiloBiotis foiitana Brid. C. Mare au pied du cap à Paul; au pied du cap Miquelon, sur les bords de la rade; pré d’Amédée Coste ; autour des cabanes de pêche de l’anse à la Garonne. Fertile.

Ati*ic9iiim uudiilatum P. B. C. dans les terrains humides du « Cap-qui-Relève » et du ruisseau creux du cap Miquelon.

PolytricSiuiBi gracile Menz. C. lieux tourbeux; plaine du bourg- de Miquelon.

Polytrîclmm foriiiosum Hedw. C. Grande anse de Lan- glade; sur la pente du mont Pelé.

PoIytriciBiim Joiai|ierinum Hedw. AC. Cap-qui-Relève ; anse et ruisseau creux du cap Miquelon.

Polytrichum strietnm Menz. AC. dans les tourbières de la grande Miquelon.

FLORULE DE l’iLE MIQUELON. 113

Polytricliiim pilifcriim Schreb. Lieux secs. Grande Miquelon, sans indication de localité.

Polytricliiim commune L. CC. dans les tourbières. Plaine de Miquelon ; autour du Calvaire, etc.

Pogouatiim capîllarc Son. Rare. Fossés de la route des Cabanes de l’Ouest; bords de la route des Anses aux Warys et à Trois-Pics.

Foutiualis squamosa L. C. sur les pierres dans les ruis¬ seaux du cap (Tabaron, des Coste, de l’anse à la Garonne, etc.). Nouveau pour l’Amérique.

Fontinalis autipyrctica L. Var. gigantea Sull. Ruis¬ seau de la Terre-Grasse. Belle forme luxuriante atteignant 50-70 centimètres de longueur. Commune dans le nord de l’Amérique, mais paraissant rare en Europe, au moins à l’état fertile et bien caractérisé. Nos échantillons sont très richement fructifiés, mais les capsules n’étant pas suffisamment mûres, nous n’avons pu étudier la structure du péristome, ni vérifier complètement si les détails figurés dans les Icônes, tels que les dents externes faiblement verruqueuses ou presque lisses, à tra¬ verses peu nombreuses (15-20), et les cils internes à peine muri- qués, imparfaitement disposés en cône treillissé, constituent des caractères suffisants pour considérer comme sous-espèce cette forme remarquable, que Sullivant avait d’abord publiée comme espèce propre. Une seule capsule, un peu plus avancée que les autres, nous a permis d’examiner le péristome ; les dents externes, longues de 1 millimètre, faiblement papil- leuses et non percées sur la ligme divisurale; les cils internes, presque lisses, forment un treillis imparfait. Ces particularités sont bien d’accord avec la figure des Icônes de Sullivant ; en revanche, les traverses sont fortement saillantes sur la face interne et plus nombreuses (26-32) que la figure ne l’in¬ dique.

AuÉiti*ichia curtSiiencliila Brid. Rare. Près de la colline du Chapeau ; près de l’étang Rond. Stérile.

TSiyidîsam ESîaiidowii ScH. Terrains marécageux, près de la ferme Olano Lorenzo, Pointe au Cheval. Rire. Fertile.

TEiyidiiiita (BeHicatialiim Lindb. Près du ruisseau du Renard. AR. Stérile.

Climacium deiidroides W. et M^ Prairies du gou-

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

vernement de Miquelon ; près d’une source située entre legrand et le petit ruisseau de la Terre-Grasse. CG. Stérile.

Brachythecium populciim Hedw. Pré Grandjean^ sur les pierres. Fertile. AR.

Brachythecium reflexiim Sch. Sur les brandies tombées et les débris de feuilles. Miquelon, près du ruisseau du Renard et Langlade à la Grande Anse. AC. Fertile.

Brachytheciiim IVovae-Aoglîac Sull. Sur la terre humide. Bords du ruisseau de l’Anse à la Garonne, au cap Miquelon ; ruisseau des Costes; rive gauche du ruisseau du Renard. AC. Stérile.

Var. Belaynarei Ren. et Gard. ; diffère du type par des tiges plus courtes, presque simples, par les feuilles plus nettement imbriquées, brusquement contractées en une pointe courte et incisées-dentées à la naissance de l’acumen. Sur l’humus et les écorces au bord du ruisseau Tabaron.

Cette espèce signalée seulement jusqu’à présent dans les mon¬ tagnes de la Nouvelle-Angleterre appartient au groupe des Brachythecium glaciale et Starkei. Elle se distingue par ses touffes denses, ses tiges grêles dressées, parfois élégamment pennées, par ses feuilles petites, par le tissu serré, composé de cellules courtes^ ovoïdes ou linéaires, arrondies aux extrémités, h. parois épaisses^ et par son inflorescence diœque.

Brachythecium iStarkei Brid. Sur l’humus et les débris de feuilles près du ruisseau du Renard. Rare. Fertile.

La plante de Miquelon répond à la description du B. œdi- podiur(b Mitt. dont nous ne possédons pas d’échantillon. Le pédicelle est plus ou moins rugueux, parfois très peu, les folioles périchétiales dentées ou presque entières, la capsule arquée et fortement inclinée ; mais ces caractères varient dans un même échantillon et il ne nous est pas possible de distinguer spécifiquement notre plante de celle d’Europe. Elle est toutefois plus grêle.

Braehythccium rutahuliim B. E. Çà et à Miquelon et à Langlade à la base des troncs d’arbres.

La plupart de nos échantillons de Miquelon et ceux que nous avons reçus du Canada par M. l’abbé Rousseau, professeur au collège de Montréal, ont le port plus grêle que la plante d’Eu¬ rope, et les feuilles plus étroites et plus longement acuminées, ce qui leurdonne le faciès duR. salebrosum^ ils restent toutefois fiien caractérisés par le pédicelle fortement papilleux.

FLORULE DE l’iLE MIQUELON. 115

Bracliyiliecîuiii rîvulare B. E. Sur les pierres des ruis¬ seaux à Miquelon et à Langdade. AC. Stérile.

«ërachythcciiiiii laiifoiîtim Lindb. Bords du ruisseau de la Carcasse Ouest, en face de la butte d’Abondance. ' Stérile.

Cette espèce décrite par Lindbergdansles Musci Scandinavici (1879) se distingue du B, rivulare par le port plus grêle, par les feuilles larges et courtes, deltoïdes, brièvement acuminées, longuement décurrentes, et par le tissu translucide composé de cellules plus larges et plus courtes ; elle croît dans les régions du nord de l’Europe et de l’Asie et n’avait pas encore été signalée en Amérique.

Bracliythcciiim pliimoseiii B. E. Fréquent à Miquelon et à Langlade sur les pierres dans les ruisseaux. Fertile.

Rapliîdoütegiiim rcciii*vaîas Sull. Sur l’humus et les débris de feuilles à Miquelon, sans indication de localité. Rare. Fertile.

Espèce américaine, assez fréquente dans les Etats de l’Est jusqu’en Caroline et peut-être même en Floride. Miquelon est sans doute une de ses stations les plus septentrionales.

Plagiothceiniii tiirfaceiim Lindb. Sur les troncs pourris. Près du ruisseau Sylvain ; colline du Chapeau ; anse de la Foncière ; ruisseau des Eperlans ; sur les sapins de la grande anse de Langlade. AC. Fertile.

Cette espèce habite le nord de l’Europe et la Sibérie ; en Amérique elle est signalée dans les Alleghanys et les Montagnes blanches ; mais ne elle dépasse pas l’Etat de New-Jersey vers le 40® parallèle ; en Europe elle semble se maintenir au nord du 58® parallèle.

Plagiotheciiim deiitîculatiim B. E. Sur les troncs pourris. Çà et là. Colline du Chapeau. AR.

Plagîotliccium elegaiis Son. Quelques brins de cette espèce sur la colline du Chapeau.

Plagîoilseciïsm üiillivaiitiac ScH. Sous les sapins buissonnants au cap Miquelon, autour du lac. Rare. Fertile.

Nous conservons à cette plante le nom sous lequel elle figure dans le Manual of lhe mosses of North America de M. Les- quereux ; mais en réalité ce n’est qu’une sous-espèce du PL silvaticwyi ayant les plus grands rapports avec Plag. Rœsea-

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

num B. et Sch. Sa nervure bifurquée ou simple est ordinai¬ rement assez longue et atteint parfois ou dépasse même le milieu de la feuille. Nous avons trouvé des formes identiques dans les Pyrénées.

PlagîotBiccinm IflÏBlïlcnÎJCckiâ Son. K terre sous les Sapins buissonnants ; morne près du cap Miquelon et autour du lac ; sur les pierres, près du ruisseau du Renard ; fréquent sur la pente nord du Calvaire il s’étale en robustes touffes. Fertile.

AauMystegiiiBii seppcits L. Sur une brique, sur le tombeau du baron de FEspérance. R. Fertile.

ABiiPalystcgiBam variiim Hedw. Sur les pierres et sur la terre, le long des ruisseaux, à la Grande Miquelon, il ne paraît pas abondant. Fertile.

Feuilles ovales-lancéolées insensiblement et assez brièvement acuminées^ nervure épaisse à la base dépassant peu le milieu, plus rarement s’avançant jusqu’au 3/4 de la feuille. Cellules courtes à parois un peu épaissies.

Par la forme des feuilles et la consistance ferme du tissu, cette plante segapproclie beaucoup du H. orthocladon Beauv., dont elle représente une forme réduite et à nervure plus courte : forma hrevinerve^. et C. Le H. orthocladon Beauv., malgré son port et ses caractères bien tranchés dans certains échantil¬ lons, n’est qu’une var. de VAmhl. varium Hedw. caractérisée par sa taille plus robuste, ses rameaux dressés atteignant parfois 1-2 centimètres, ses feuilles ovales brièvement acurninées, sa nervure très épaisse atteignant le sommet, ses cellules courtes à parois fortement épaissies et la capsule légèrement incurvée.

Ce groupe à! Amblyste g ium présente en Amérique des varia¬ tions si étendues qu'elles forment comme une série non inter¬ rompue entre VA. serpens et VA. irriguum. Parmi ces formes nous signalerons, en particulier, celle publiée par Sullivant et Lesquereux dans les Musci Boreali-Americani [rV 224) sous le nom à'Amhl. radicale Beauv. Elle croît sur les troncs pourris et se distingue par ses feuilles lancéolées, insensiblement et longuement acurninées, [par la nervure plus mince atteignant le sommet et surtout par ses cellules moyennes longues et étroites (8-10 fois aussi longues que larges) à parois minces. Capsule fortement arquée, processus entiers finement ponctués , cils noduleux. Anneau double.

117

FLORULE DE L ILE MIQUELON.

Nous donnons le nom de Amhl. varium, var. Lesquereuæii Ren. et Gard., à cette forme qui diffère notablement du H. ortho- cladum Beauv., et du type décrit par Scbimper sous le nom à' Amhl. radicale Beauv., nom qui, d’après M. Lindberg*, doit être remplacé par celui A!A7nhl. varimn Hedw. (Voir pour la synonymie : Lindberg*. Musci scandinavici, pag*e 32, et R. du Buysson : Étude sur les caractères du genre Amhlystegiwn dans la Revue de botanique, tome IV, n“' 42 et 43.

Aiiiblyistcgiiiui radicale P. Beauv. [A. porphyrrhizmn Lindb. in Sch. Syn. ed. II, non A. radicale B. E. Vide R. du Buysson, op. cit.).

Sur la tourbe humide, au milieu des Sphagnum^ à la grande Miquelon. Rare.

Notre échantillon étant chétif, nous le rapportons avec doute au véritable A. radicale Beauv., tel que l’entend M. Lindberg, et qui croît dans le nord de l’Europe. Nous ne connaissons mal¬ heureusement pas ce dernier, mais la plante de Miquelon s’accorde avec la description de VA. po7'‘phyrrhizum^ qui figure à la page 715 du Synopsis de Schimper, et avec celle faite par M. R. du Buysson sur un échantillon récolté à Southport (Angde- terre), par M. Th. Rogers.

Par ses rameaux grêles, allongés, par ses feuilles espacées, très étalées ou même squarreuses, elle ressemble beaucoup à VA. liygrophilum Sch., de Nimkau, près Breslau (Silésie), publié par M. Limpricht ; mais elle en diffère par ses feuilles sinuolées à la base et par le tissu plus lâche formé de cellules plus courtes. La nervure faible ne dépasse guère le milieu ; plus rarement elle s’engage dans l’acumen en devenant très mince; les feuilles sont ovales, obeordées à la base, puis rapide¬ ment rétrécies, longuement et finement acuminées. Les cellules moyennes sont 3-5 fois aussi longues que larges.

polygaiMiim Wils. Pré Granjean. Fertile. AR.

Ilypuiim stcllatiiiii Schreb. Lieux humides, entre la colline du Chapeau et l’étang du même nom. AR. Stérile.

llypuiim scoi*pioides L. Complètement immergé dans une mare à fond vaseux, près de l’étang Beaumont. R. Stérile.

llypiiiiiii lycopodioidcs ScHWÆGR. Même localité, mé¬ langé avec le précédent. R. Stérile.

ilypiiiBiii L. Abonde çà et dans les tourbières

de Miquelon et de Langlade.

118

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Var. exannulatum Sch. Dièque et stérile. C’est la forme à feuilles et à cellules courtes, voisine de la var. purpurascens, et que nous avons décrite sous le nom de var. alpinum dans la Revue bryologique. (Classification de la section Ilarpidium) .

Var. falcatum Scii. Monèque et richement fructiflée.

Var. ^racî7e Boulay. Monèque et richement fructifiée. Autour du lac.

Var. tenellum Ren. Ruisseau de l’anse de Miquelon. Stérile.

Var. stenophyllum Wills. Mare près de la grande Coupée. Fertile.

Nous mentionnerons encore une forme produisant de longs rameaux fili¬ formes, dressés au milieu des Sphagnum, et munie de feuilles espacées très petites : forma filescens Ren. et Gard.

Slypiiiim iflncÎHiataaiiB Hedw. C. partout à Miquelon et à Lang'lade. Fertile.

Var. orthothecioides Lindb. C. dans la plaine du bourg de Miquelon; stérile. Cette forme est spéciale aux régions du nord de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique.

Mypuiim reptile Rich. Sur les écorces. AC. à Miquelon.

P'

Bord du ruisseau des Eperlans; près du grand étang; anse de la Roncière ; sur une roche près du ruisseau du Renard. C. à Langlade sur les troncs; grande anse, etc. Fertile. Passe çà et à la var. periclieliale.

Hypnüm pallescensB. E. Sur un tronc, à Miquelon. Rare. Fertile.

Notre échantillon est identique à la forme d’Europe et se dis¬ tingue du précédent par un port plus grêle, des rameaux effilés, des feuilles plus étroites et plus longuement acuminées. Les folioles périchétiales sont uninerviées et l’anneau simple; mais ces deux derniers caractères se retrouvent parfois dans le H. 7'ep- tile, dont le H. pallescens B. E. n’est qu’une variété ou au plus une sous-espèce. (Syn. H. pallescens, prohiber ans Brid.

in Lindherg Musez Scand, H. reptile, var. protuberans in Lesquereux ManuaL

llypuiiiti împoiicu§( Hedw. C. à Miquelon et à Langladé, mais rarement fertile, Bords du ruisseau du Renard ; plateau faisant suite au sommet du cap à Paul (cap Miquelon); colline du Chapeau ; grande anse de Langlade, etc.

Cette belle espèce varie très peu à Miquelon, ainsi que dans les États de l’Est du continent américain, elle est fréquente. Elle croît aussi en Sibérie et en Europe, elle reste confinée dans le nord; en dehors de cette zone, on ne la trouve plus que dans de rares localités de la région des Sapins des montagnes, par exemple dans les Pyrénées, elle a été découverte à la cas-

FLORULE DE l’iLE MIQUELON. 119

cade de Sidonie, près Ludion, par notre ami le docteur Jean- bernat.

nypiiiiiii ciiprcssifoMiie L. Çà et à Miquelon, il fructifie peu. Le type d’Europe, ainsi que les formes robustes, semblent faire défaut; nous n’avons reçu que les variétés sui¬ vantes :

Var. ericetorum Sch. Plus grêle que la forme d’Europe. Sur la tourbe sèche, au milieu des Ericinées.

Var. filiforme Brid. Sur les arbres de Langlade.

Var. pyrenaicum Ren. Boulay Musc. Fr.., page 587. Voisin de la var. filiforme, s’en distingue par les tiges rameuses à rameaux entrecroisés, et par les feuilles brièvement acuminées, assez fortement dentées ; elle est, en outre, saxicole et s’étale en tapis étendus sur les parois des rochers siliceux dans la région des Sapins des Pyrénées et de l’Auvergne. Elle croît dans les mêmes conditions de station à Miquelon, notamment sur le Calvaire.

llypniiiu curTÎfolium Hedw. Sur les pierres, près du ruisseau du Renard. AC., mais stérile. Belle espèce américaine, voisine du H. arcuatum, et qui s’en distingue par les tiges couchées, élégamment pennées, par les feuilles deltoïdes, cor¬ dées à la base et embrassant la tige par de larges oreillettes arrondies ; le tissu de la base est composé de cellules courtes, colorées, à parois épaisses, tandis que dans le H. arcuatwn les angles basilaires sont excavés et formés de cellules hyalines gonflées, à parois minces. Cette espèce est fréquente dans les États de l’est, sans dépasser probablement au nord le Canada, et au sud la Caroline.

llypniioi arciiatiim Lindb. C. dans les lieux humides, autour du Calvaire. Var. elatum Sch. Langlade, forme identi¬ que à celle d’Europe. Stérile.

Cette espèce a été sans doute confondue en Amérique avec le H. curvifolium Hedw. et le H. pratense B. E., car elle n’est pas indiquée dans le Manual de M. Lesquereux, et cependant elle croît dans les États de l’est et y fructifie même moins rare¬ ment qu’en Europe. La var. demissum Sch., en particulier, existe à Baltimore (Fitzgerald). Nous avions fait déjà cette observation à notre vénérable ami, lorsqu’il mettait la dernière main à son excellent Synopsis ; mais sans doute notre lettre n’a pas été suffisamment explicite. Le Hypnum arcuatwn se ren¬ contre parfois en Amérique, sur les troncs pourris et sous une forme spéciale, ressemblant par le port au II. curvifolium Hedw.

12G

FLORüLE DE l’iLE MIQUELON.

(var. americanum Ren. et Gard.), et caractérisée par ses touffes lâches, ses tiges grêles, couchées, rameuses, plus ou moins régulièrement pennées, par les feuilles plus petites, terminées par un acumen court, large et obtus, ordinairement denticulé. Nous pensons que c’est à une forme analogue que M. Lesquereux fait allusion à la page 396 du Manual^ celle qui a été publiée sous le nom de H. curmfolmm Hedw., var. par Sullivant et Lesquereux, dans les Musci horeali-americani. Elle appartient pourtant, sans contredit, au H. arcuatum, qui a la capsule semblable à celle du H. curvifolium^ mais qui en reste bien distinct par le tissu des angles basilaires.

Le Hypnum pratense Koch est indiqué aussi en Amérique, et nous l’avons reçu fertile de la Floride, il a été récolté par notre ami Fitzgerald. Bien que le port soit plus grêle que celui du H, arcuatum^ et la couleur d’un vert tendre, il est assez dif¬ ficile à distinguer de certaines formes de ce dernier à l’état stérile, car les feuilles ne sont pas toujours aplanies comme dans le type d’Europe. Le tissu des oreillettes ne diffère pas sensible¬ ment de celui du H. arcuatum, seulement l’acumen est plus ordinairement large et obtus. A l’état fertile, l’examen de la capsule lève toute indécision. Elle est petite et lisse, tandis que celle du H. arcuatum est du double plus grosse et fortement plissée à l’état sec. Ce caractère, qui est le plus important, n’est pas indiqué par Schimper dans son Synopsis.

llypiiiim €i*îsta-€astpciisis L. Miquelon et Langlade ; colline du Chapeau, cap Miquelon, vallée autour du lac, bords du ruisseau du Renard, autour du lac aux Outardes, grande anse de Langlade, etc. Très commun, mais rarement fertile.

Ilypasasii eaigypiiim ScH. Sur les pierres et les racines d’arbres, sur les bords de la Belle Rivière de Langlade. Rare. Fertile.

Cette forme diffère de celle d’Europe par les feuilles plus petites, par l’acumen court, large, souvent obtus ou subobtus, denticulé, et surtout par les oreillettes non colorées, faiblement marquées, parfois presque nulles.

llypiiiiiia ciispidatum L. C. mais stérile; passe parfois à la var. pungens Son.

Ilypiiiiiii Slclircbcri Willd. C. a Miquelon et à Langlade, habituellement stérile. A Miquelon, comme au Canada, cette espèce est souvent lignicole et s’étale en rampant sur les écorces.

FLORULÉ DE l’iLE MIQUELON. 121

vers la base des troncs d’arbres, ainsi que sur le thalle des Pel- tigera.

llypiiiiiti pnriim L. A la grande Miquelon, sans indica¬ tion de localité. Cette espèce paraît rare à Miquelon, ce qui con¬ corde avec sa distribution dans les Alpes et les Pyrénées, oîi elle devient rare dans la zone supérieure des Sapins, sans attein* dre la région alpine.

Ilypuiiiii straminciim Dicks. Fréquent et parfois fertile dans les tourbières. Près de la Pointe (fertile), ruisseau Bibite, pré Grandjean, etc.

Var. ecûguum Ren. Boulay Musc. Fr., page 584. Tiges couchées, courtes, très grêles, filiformes, garnies de feuilles espacées très petites. Cette forme, presque méconnaissable, tant elle diffère du type par son port et ses propor¬ tions réduites, croît aussi dans les Pyrénées, notamment sur les bords tour¬ beux du lac de Liât, au val d’Aran, ait. 2,300 mètres (D’’ Jeanbernat).

llylocomiiim §>pleiidens B. E. Fréquent à Miquelon et à Langlade, mais rarement fertile.

ISylocomiïiiM B. E. Près du petit Barachois

de Langlade; Miquelon, près du ruisseau du Renard. AC. Sté¬ rile. Rampe, comme le H. Schreheri, sur les écorces, à la base des troncs et sur le thalle des Peltigera.

IlylocomîHBii llîi»cvîi*©sti»e B. E. A la grande Miquelon, sans indication de localité. Paraît rare. Stérile. Cette espèce, comme le Hypnuyn purmn, devient rare dans la zone supérieure des Sapins (subalpine) des Alpes et des Pyrénées, et n’atteint pas la région alpine.

llylocoBiiiiim B. E. Fréquent au Calvaire,

au ruisseau du Renard et à la colline du Chapeau. Habituelle¬ ment stérile.

llylocoinitim lorciiaiî B. E. Abonde à Miquelon et à Lan¬ glade, mais fructifie rarement.

Aucli*caoa pciropliila Ehrh. Sur les pierres, près du ruis¬ seau du Renard, avec Racomitrium fascicidare. AR.

SPHAIGNES

Cette partie de notre travail étant rédigée d’après les princi¬ pes exposés par l’un de nous dans un ouvrage récent sur les

122

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Sphaignes d’Europe (1), nous croyons inutile d’entrer ici dans la discussion des caractères employés pour la distinction des espèces et des sous-espèces, nous contentant de renvoyer sur ce point à l’ouvrage en question, dans lequel on trouvera la justi¬ fication de notre manière de voir à ce sujet.

La végétation sphagnique de Miquelon est fort riche ; elle ne compte pas moins de 16 espèces et sous-espèces, comprenant plus de 50 variétés ou formes notables. Les conditions climaté¬ riques de l’île étant très favorables à la végétation des Sphai¬ gnes, celles-ci se multiplient d’une façon prodigieuse et enva¬ hissent tellement les tourbières, qu’elles semblent y étouffer toute autre végétation bryologique: c’est sans doute à cette cause qu’il faut attribuer la rareté des Harpidia à Miquelon.

Parmi les 20 espèces et sous-espèces de Sphaignes communes à l’Europe et à l’Amérique septentrionale , 4 seulement manquent à Miquelon : ce sont les S. laricinum Sprüce et S. JVulflanum Girg., S. affine Een. et Gard., (2), S. molle SuLLiv. ; mais il ne faut pas désespérer de trouver encore quel¬ ques-unes de ces espèces ou sous-espèces à la suite de nouvelles recherches.

Le Sph. Angstroemii Hartm., qui est propre au nord de l’Europe ne se rencontrera probablement pas à Miquelon ; on peut en dire autant de deux types spécialement américains, le S. Portoricense Hampe et le S. macrophyllum Bernh., qui appartiennent à la flore subtropicale des États du Sud et ne dépassent pas vers le nord le New-Jersey, par le 40“® degré de latitude.

Parmi les Sphaignes de Miquelon, on peut presque considérer comme un type américain le S. Pylaiei Brid., qui n’existe en Europe que dans deux localités de le péninsule armoricaine, il est représenté par des formes incomplètement développées. Le S. Lindhergii Son. est une espèce du nord des deux conti¬ nents ; si en Europe on l’a rencontrée jusqu’en Styrie, c’est seu-

(1) Les Sphaignes d'Europe^ révision critique des especes et étude de leurs variations^ par Jules Cardot, Gand, 1886, i vol. in 8, 120 p. et 2 pl. (Extrait des Bulletins de la Société royale de botanique de Belgique, t. XXV, 1'*= partie). On peut consulter également: Révision des Sphaignes de V Amérique du Nord, du même auteur, Gand, 1887, brochure in 8, 23 p. (Extrait des Bulletins de la Soc. royale de bot. de Belg. t. XXVI, partie).

(2) Cette plante a été tout récemment reconnue par M. Warnstorf sur un échantillon récolté en Angleterre, dans le Gheshire, par M. liolt.

123

FLORULE DE L ILE MIQUELON.

Icment grâce à une altitude déplus de 1,800 mètres. Le S. Aus- tini SuLLiv., qui paraît ég*alement chez nous plus particulier aux rég’ions septentrionales, ne montre pas la même tendance dans TAmérique du Nord, il descend jusqu’en Louisiane, sans présenter de variations notables.

Si nous en jugeons par le nombre des échantillons de chaque espèce figurant dans la collection qui a servi de base à ce tra^ vail, la quantité de dispersion des espèces serait à peu près la môme à Miquelon qu’en Europe, sauf pour le >S. suhsecundum, qui, chez nous, vient immédiatement en seconde ligne, après le S. acuti folium^ pour l’abondance des individus, tandis qu’il semble assez pauvrement représenté à Miquelon, et pour le S. Pylaiei, qui est au contraire assez abondant à Miquelon, tandis qu’il existe à peine en Europe.

Si maintenant nous envisageons la végétation sphagnique de Miquelon au point de vue des variations que présentent les différentes espèces, ce qui nous frappe tout d’abord, c’est la présence de deux formes tout à fait spéciales à cette île : S. acu- tifolium var. flavicomans Cdi-Yà. et S. cus'pidatum var. mique- lonense Een. et Gard. : ces deux magnifiques formes sont abon¬ dantes et constituent, avec le 'S. recurvum var. pulchrum Lindb., l’élément le plus brillant de la flore sphagnologique. Il faut signaler aussi, parmi les formes caractéristiques, toute une série de formes noirâtres ou d’un brun livide, qui sont dues peut-être à des conditions spéciales d’habitat, telles que des alternatives d’immersion et d’émersion ; ce sont les suivantes :

S. cymbifolium var. atroviride Schlieph.

S. medium var. congestum f. lividum Gard.

S. papillosum f. livens Gard.

S. subsecundum f. livens

S. Pylaiei f. nigrescens Brid.

8. acuiifolium var. flavicomans î. lividum Gard.

Le S. Lindbergii revêt aussi très fréquemment une teinte noirâtre.

Parmi les autres formes caractéristiques par leur abondance, nous indiquerons surtout les var. tenellum Son. et fuscum ScH. du S. acuiifolium. Par contre, on sera frappé de l’ab¬ sence complète des formes macrophylles et isophylles du S. sub¬ secundum, appartenant aux var. coniorium Son., viride Boül. fliùtans Grav., et obesum Wils., et de la rareté de la var’

124 FLOIIULE DE l’iLE MIQUELON.

luridum Hüb. du S. amiifolium^ qui est remplacé paria var. flavicomans.

Groupe I. i§pliagiia cymbîïolla.

i§l>Bia^iBi8B3s cyBiiBiifoliiBBii (Ehrli.) Hedw. Abonde dans toutes les tourbières de l’île.

Var. laxum Warnst. Grarida Miquelon.

Var. brachycladum W^arnst. Entre le pré et les buttes dites a à Larralde ».

Les formes de transition entre ces deux variétés et entre la var. hrachy- cladum et la suivante ne sont pas rares.

Var. compactum Sghlieph. et Warnst et la forme de/lexum Scui.I'EFU. Grande Miquelon.

Var. fuscescens Warnst. Grande Miquelon.

Var. atroviride Sghlieph. Grande Miquelon.

S. MEDIUM Limpr.

Var. purpurascens Warnst. Plaine tourbeuse à l’est de la colline du Chapeau.

Var. congestum Sghlieph et Warnst. F. purpureum Warnst. G. Plaine tourbeuse entre le ruisseau Bibite et les buttes à Larralde ; entre les buttes à Sonjean et aux Outardes.

F. lividum Gard. Touffes noirâtres dans le haut.

S. PAPiLLOSUM Lindb. Tourbières du Cap blanc. G,

F. livens Gard. Plante d’un brun livide.

Var. confertum Lindb. Plaine du ruisseau Bibite G.

S. Aüstini Sulliv. Abondant à la Tourbière de l’Anse C.

Var. laxum Rœll. f. squarrosulum Ren. et Gard. Forme verte, lâche, très molle, à feuilles raméales squarreuses. Sur nos échantillons, les cellules hyalines inférieures seules présentent des crêtes membraneuses, d’ailleurs peu développées ; les autres cellules en sont totalement dépourvues ; c’est donc une transition vers le S. affine Ren. et Gard.

Var. imhricatum Lindb. G., dans les plaines tourbeuses auprès du Bec, à l’ouest du Cap Miquelon.

Groupe. II Sipliagiia triiucata.

S. rigîclniii ScH.

Var. squarrosum Russ. Grande Miquelon.

Var. compactum Scii. Plaines entre le ruisseau de la Carcasse ouest, la butte d’ Abondance et les collines qui lui font suite dans la direction sud

FLORÜLE DE l’iLE MIQUELON.

125

Groupe. III. S»s>liagiia siiliseciincla.

S. tciiclluiii. Ehrh. S. molh(,scu7n Bruch. Abon¬ dant et fertile dans une plaine entre les étang*s de Mirande et de Miquelon. Peu répandu à Miquelon.

S. siibscciiudiim N. v. Es. Abondant mais peu répandu. Plaines tourbeuses entre le g-rand étang de Miquelon et l’étang de Mirande ; Tourbières du Cap blanc.

F. livens Gard. Plante d’un brun noirâtre. Tourbières du Cap blanc.

Var. intermedium Warnst, Tourbières du Gap blanc.

S. Pylaicî Brid. Abonde dans l’île, presque toujours sub¬ mergé. Mares entre la route du phare et l’étang du Cap blanc ; mares au nord de la route des Cabanes de l’ouest ; entre la route du phare et les Anses de l’ouest etc.

F. nigrescens Brid. Touffes noires à la surface. On trouve encore une forme à reflet rougeâtre (forma ruhrum) et une autre de teinte plus ou moins verte (forma viride) ; la forme nigrescens ^ plus fréquente que les deux autres, repose constamment sur des fonds tourbeux ; la forme ruhrum se trouve par¬ fois sur les pierres, au milieu des mares et est plus fréquente que la forme viride. Ces trois formes sont souvent réunies dans le même lieu.

Groupe. IV. fSpliagna aciitifolia.

S. tcfcs Angstr. La grande Miquelon, sans indication de localité, paraît rare.

S. squarposum Pers. Bords d’un filet d’eau descendant d’un morne du Cap Miquelon pour se jeter dans un étang de la vallée de la Cormorandière ; anse de la Roncière AR.

S. fiiiibriatnin Wils. Abondant dans les tourbières du Cap Miquelon, mais paraît peu répandu ailleurs.

S. acutifolium Ehrh.

Var. luridum IIub. {S. subnitens Russ. et Warnst.) Cap Miquelon et vallée autour du lac. AR.

Var. flavicomans Gard. Magnifique forme, très robuste; touffes assez denses, profondes, d’un blond pâle ou doré. Feuilles caulinaires grandes, nombreuses, allongées, rétrécies au sommet, tronquées et denticulées à la pointe, fréquemment fibreuses et poreuses dans le haut. La coloration si remarquable de cette forme en fait une des plus belles Sphaignes connues, Elle paraît très constante, et bien qu’elle croisse fréquemment on mélange avec d’autres formes de V acutifolium., jamais nous ne l’avons vu présenter de transitions vers Tune ou l’autre de cos formes.

126

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

Abonde dans les tourbières du Gap Blanc, et presque partout dans Tîle, soit dans les plaines, soit sur les hauteurs, dans les dépressions qui séparent les sommets des mornes,

F. minus Gard. Plante moins vigoureuse; rameaux plus courts, étalés.

F. lividum Gard. Touffes d’un brun livide ou noirâtre.

Var. defiexum Sch. assez fréquent.

Var. gracile Russ. (S. Warnstorfii Russ.) Assez fréquent.

Var. elegans Braithw. Paraît peu fréquent,

Var. capitatum Angstr. Paraît peu fréquent.

Var. purpureum Sch. Assez fréquent.

Var. ruhellum Russ. Paraît assez rare.

Var. tenellum Sch. (S. tenellum Klingg.) Commun et d’un déve¬ loppement luxuriant.

Var. congestum Grav. Paraît peu fréquent.

Var. fuscum Sch. {S. fuscum Klingg.) Commun. Tourbières de l’Anse et plusieurs autres localités de la grande Miquelon.

F. strictum Warnst. Tourbières de l’Anse.

De même que la var. flavicomans, la var. fuscum est très constante et ne présente que bien rarement des transitions vers d’autres formes.

Var. rohustum Russ. (S. RusscwU Warnst.) (1). Paraît assez fréquent, ainsi que la ïorvaQ poecilum Russow (in litt.).

S. Girgensohnii Euss. CC. Près du ruisseau du Cha¬ peau, etc. ; fréquent à la grande Miquelon sous les diverses for¬ mes énumérées dans la note ci-dessous (2).

Var. gracilescens Grav. Grande Miquelon, sans indication de localité.

Var. strictum Russ. Près du ruisseau du Chapeau.

(1) M. Warnstorf, qui a eu l’obligeance d’examiner nos Sphaignes de Miquelon et de vérifier toutes nos déterminations, nous signale encore deux autres variétés de V acutifolium , dont nous ne connaissons malheureusement que les noms : ce sont les var, pallescens Warnst. et versicolor Warnst. Nous devons dire aussi que le célèbre sphagnologue allemand, de concert avec M. Russow, élève maintenant au rang d’espèces plusieurs des variétés du (S. acuti folium. Ne sachant pas encore sur quoi reposent ces nouvelles créations, il nous est impossible de les discuter et nous avons nous con¬ tenter de les indiquer en synonymes. Elles seront d’ailleurs décrites dans une nouvelle monographie que prépare M. Warnstorf et qui paraîtra pro¬ chainement. Ajoutons que si l’on peut critiquer sur certains points les opi¬ nions actuelles du savant sphagnologue, on ne doit du moins le faire qu’avec toute la réserve et tout le respect que commandent son grand savoir et sa longue expérience.

(2) M. Russow, qui a examiné les formes du S. Girgensohnii de Miquelon, y a reconnu do nombreuses variétés inédites, qui nous sont inconnues ; ce sont les var. spicatum, cristatum.^ stachyodes, spectahile et Koryphœum . Nous ignorons sur quels caractères elles sont établies et nous ne pouvons à ce sujet que renvoyer le lecteur aux travaux qui seront publiés ultérieure¬ ment par MM. Russow et Warnstorf.

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

127

Groupe V. üphagna uiicliilata.

S. Liiidbergii ScH. Var. rohustum Limpr. En beaux et robustes échantillons dans un sillon inondé situé au milieu d’une plaine à 500 mètres au nord des Cabanes de l’Anse à Trois pics. Abondant.

S. rccurTiim PB. Type (Var. Angstr.). Tourbières

du Cap Miquelon, dans la vallée des Terres rouges; Calvaire.

Var. païens Angstr. Mares situées dans les tourbières entre le ruisseau de la Carcasse ouest, la butte d’ Abondance, la butte à Sonjean d'une part, et

t

le grand Etang de Miquelon d’autre part.

Var. pulchrum Lindb. Magnifique forme, d’un jaune doré. Husnot, Musci Galliae^ n“ . Abonde dans les tourbières du Gap Blanc. Mare près de l’embouchure du ruisseau du Chapeau ; près du grand étang de Mique¬ lon. CC.

Var rohustum Limpr. (Var. ohtusum Warnst.). Dans un petit cours d’eau situé entre l’embouchure du ruisseau du Chapeau et la pointe sud de l’étang du même nom. CC.

S. cuspiDATUM Ehrh.

Var. Russ. Mares presque desséchées en juillet, situées autour

des étangs compris entre Pousse-Trou et le ruisseau de la Carcasse ouest. CC.

Var. miquelonense Ren. et Card. Plante très vigoureuse, un peu raide. Epiderme de la tige en 2 ou 3 couches très distinctes. Feuilles caulinaires grandes, largement triangulaires, pointues, généralement fibrillées dans le haut. Feuilles raméales largement ovales-lancéolées ou lancéolées-subulées, lâchement imbriquées ou falciformes-homotropes, souvent un peu ondulées aux bords à l’état sec ; pores peu nombreux. Rameaux courts, épais, den¬ sément feuillés, étalés, ordinairement très rapprochés. Cette belle variété présente diverses formes, dont plusieurs établissent des transitions vers les var. robustum Limpr. et riparium Lindb. du <S. recurvum : ce sont des plantes moins robustes, plus molles et plus lâches, à feuilles caulinaires très largement triangulaires (souvent aussi larges que longues), obtuses, sans fibres, souvent un peu lacérées au sommet, à épiderme caulinaire parfois indistinct. Cette variété miquelonense a été publiée par erreur sous le nom de var. majus Russ. dans les Musci Galliae exsicc. de M. Husnot (a® 793).

GG. Terrains inondés, mares d’eau près du ruisseau Blandin ; tourbière du Cap blanc ; entre le Calvaire et la route de l’Ouest ; mares entre la Carcasse Ouest et l’Anse de la Roncière ; auprès du ruisseau du Chapeau près de son embouchure ; mare voisine de la grande Coupée près de la route.

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

HÉPATIQUES

Od peut appliquer aux Hépatiques de Miquelon ce que nous avons dit des Mousses. Sur 37 espèces signalées, deux seulement sont spéciales à l’Amérique ou du moins extra-européennes : Mastigohryum denudatum Torrey et Frullania Grayana Mont, et deux spéciales aux régions du Nord ; Odontoschisma denudatum Düm. et Aneura latifrons Lindb. Les autres se retrouvent dans la zone subalpine des montagnes de la plus grande partie de l’Europe et plusieurs même au-dessous de ce niveau, partout oii une humidité suffisante favorise la forma¬ tion des tourbières.

L’île de Langlade ayant été explorée moins complètement que Miquelon, il est probable que des recherches ultérieures augmenteront notre liste de quelques espèces surtout de celles à cachet boréal.

En revanche, nous citerons les Jungermannia suhapicalis Nees, /. ftuitans Lindb. et Aneura latifrons Lindb. comme nouveaux pour l’Amérique. On pourrait y joindre Sarcoscyphus sphacelatus Carringt. qui ne figure qu’avec un [point de doute dans le « Catalogue of Musci and Hepaticœ of North Ame¬ rica » de Miss. Cummings et qui a sans doute été méconnu.

M. Stephani a bien voulu se charg*er de l’étude de nos Hépa¬ tiques de Miquelon, nous lui offrons tous nos remerciements, pour l’obligeance qu’il nous a témoignée à cette occasion, dans un moment il est absorbé par la révision des Hépatiques de la zone tropicale.

âlarcoscypliiis emargiiiatiis Ehrh. Abondant sur les pierres complètement inondées des eaux courantes. Ruisseau de l’anse à la Vigne près du cap Miquelon. Tiges parfois très longues. C’est probablement la var. aquatilis Nees.

§lai*coscvpliiis spliacclatiis Carringt, Mares desséchées dans les plaines tourbeuses au Nord des cabanes de l’Ouest. C.

SicapaiBia nsfidcalata Dum. Sur les pierres submerg-ées du ruis¬ seau de l’anse à la Vigne ; au Calvaire à l’ombre des roches. C.

$icap<afiiia uefiiioB*oisa Dum. Sous les arbres nains qui bor¬ dent les ruisselets des plaines. C.

Sicapauia iiiiilirosa Dum. Sur uiTtronc pourri à Miquelon.

FLORULE DE l’iLE MIQUELON. 129

«Vnngermaullia alMcaiis L. Miquelon, sans indication de localité.

J. Taylor! Hook. Bruyères humides, tourbeuses au CaB vaire et ailleurs dans les tourbières. G.

JC. siil)apicali§i Nees. Sur les pierres humides, rive g’au- che du ruisseau du Bénard. G. Aussi sur les écorces, sur le bord des ruisseaux, à Langlade.

JC. îiîfflata Hudson. Abonde à Miquelon et à Langlade dans les tourbières et les bruyères humides. Morne du Ghapeau ; pla¬ teau du cap Miquelon, ruisseau de l’anse à la Vigne ; plaine entre l’anse aux Warys et la grande anse ; près du ruisseau du Renard etc. GG.

JC. flnitaus Lindb. Flotte dans les mares entre le ruisseau et le morne du Ghapeau. G.

JC. Hlüllcri Nees. Mélangé au Cephalozia Mcuspidata : anse de la Roncière ; bords du ruisseau de l’anse à la Vigne. R.

JC. barbata. Schreb. Troncs pourris à Miquelon et à Lan- glade.

JC. incisa Schràd. Troncs pourris à Miquelon, avec Lepi- dozia reptans, et h Langlade.

setacea Web. AG. Sur les troncs pourris : Miquelon et Laùglade.

JC. tricUophylla L. AG. Sur les troncs pourris à Mique¬ lon.

Cephalozia cateniilata Hubn. Sur les troncs pourris : pentes du Galvaire. AG.

Cephalozia bîcuspidata L. Fréquent à Miquelon et à Langlade, sous le couvert des bois ou au pied des arbres nains ; anse de la Roncière, etc.

Cephalozia mnltiHoea Spruce (non Lindb.) Troncs pour¬ ris et sous les arbres nains, anse de la Roncière ; grande anse de Langlade etc., paraît commun.

Lioehlaeua laaiceolata Nees. Lieux humides à Mique¬ lon ; sur les écorces à Langlade.

Odoutoschisma sphagui Dum. Dans les touffes de Sphag- num à la grande Miquelon. Probablement commun.

Odoiitoschis^ina deuiidatam Dum. Sur les troncs pourris avec Cephalozia catenulata^ pentes du calvaire. AR.

Cophocolea hctci*ophylla Dum. Sur les troncs pourris à la grande Miquelon et à Langlade. AR.

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130

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

narpanthns scntatns Sprüce. - Sur les troncs pourris à la grande Miquelon et à Langlade. AC.

Chiloscyphus polyanthus Corda. Sur les pierres du ruisseau de l’anse à la Vigne.

Gcocalyx graveolens Nees. - Autour du lac (cap Mique¬ lon), avec Wehera nutans. AR.

Calypogcia trSchomauis Corda. Sur les troncs pourris et sur la terre, pentes du Calvaire ; plateau près du cap à Paul, etc., paraît commun.

Lepidozia reptaias Dum. C. Sur les troncs pourris à Miquelon et à Langlade ; sur une roche près de l’origine du ruis¬ seau du Renard.

IVlastigobryum triloK^atum Nees. Abonde dans toutes les parties humides de Miquelon et de Langlade.

IVlastîgol>ryuiii dcBaiadatsim Torrey. Miquelon, sans indication de localité. Espèce spéciale à l’Amérique.

Trîchocoiea toiîaciateîla Dum. •— Sur la terre aux bords d’un filet d’eau descendant d’un morne près du cap Miquelon ; grande anse de Langlade. Rare.

PtilidiuBH cîlîare Nees. Abonde partout à Miquelon et à Langlade, sous diverses formes. C’est une des Hépatiques les plus communes de l’île.

Radula complaiiata Dum. Sur un tronc à Miquelon. Nous n’avons reçu qu’un seul échantillon de cette espèce et nous ignorons son degré de fréquence.

Lejeania serpyilâf^Iia Libert. Sur les troncs pourris. AC. à Miquelon et à Langlade.

Frullania tamaHsei Dum. Au pied des roches isolées à l’Ouest du Chapeau ; troncs d’arbres de la ferme Cuquemel au petit barachois de Langlade. C.

Frullaiiia Grayassa Montg. Espèce américaine assez fré¬ quente sur les troncs d’arbres de Langlade, notamment près de la grande anse.

Pcll£a cpîpïiyOa Corda. Bord des sources et des petits ruisseaux. Paraît AC. à Miquelon : ruisseau de l’anse à la Vigne.

Aneura latifi*oiis Lindb. Grande Miquelon. Reçu un seul échantillon sans indication de localité. Espèce spéciale aux régions du Nord.

FLORULE DE LILE MIQUELON.

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LICHENS

L’étude des Lichens récoltés par M. Delamare a d’abord été confiée au Viaud Grand-Marais (1) ; puis le D'' Arnold a bien voulu se charger d’en faire une révision générale et en a publié une liste succincte dans la Revue mycologique de M. Roumeguère (n° 35). Nous ne pouvons que renvoyer le lec¬ teur aux mémoires originaux que l’éminent lichénologiste a déjà publiés ou publiera sur ce sujet. Le D'' Delamare a commu¬ niqué aussi, au Muséum de Paris, des Lichens de Miquelon qui ont été étudiés par M. l’abbé Hue et parmi lesquels se trouvent quatorze espèces à ajouter à nos listes, mais que nous ne pou¬ vons pas y faire figurer, n’en connaissant pas les noms. Ceux- ci paraîtront dans le Bulletin de la Société botanique de France. M. le comte de Saint-Phalle, ex-gouverneur de Mique¬ lon, a distribué quelques Lichens de la colonie dont les détermi¬ nations sont dues à M. Nylander. Nous y relevons quatre espè¬ ces non signalées par M. Delamare.

Notre ami Flagey et M. l’abbé Hue ont bien voulu nous four¬ nir des renseignements sur la distribution géographique des espèces.

D’après M. Flagey, si les grandes espèces à thalle foliacéou fruticuleux sont assez bien représentées dans l’énumération sui¬ vante, il est à supposer que beaucoup de Lecideœ^ Verrucariœ, Graphideœ, etc., ont échappé à l’observation et que nos listes pourront être sensiblement augmentées à la suite de nouvelles recherches.

Le caractère de la flore, tel qu’il résulte des espèces signalées jusqu’à présent, a la plus grande analogie avec celui de la zone subalpine des montagnes siliceuses de l’Europe, avec quelques espèces américaines, boréales et maritimes en plus. Nous avons fait la même remarque au sujet des Mousses et des Hépatiques, et il y aura lieu de distinguer les mêmes catégories d’espèces.

(1) M. le Df Viaud G-raud-Marais s’est aidé du coucours du regetté Lamy de la Chapelle et quelques-uns des types ont ôté vus par M. Nylander.

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FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

La proportion des espèces spéciales à l’Amérique, ou du moins extra-européennes, ne paraît pas plus forte pour les Lichens que pour les Mousses. Les espèces ou formes boréales paraissent en revanche plus nombreuses. On peut citer notamment parmi celles-ci :

Alectoria nidulifera.

Ramalina minuscula.

Platysma lacunosum.

Platysma ciliare.

Imbricaria saxatilis forma fraudans. Imbricaria centrifuga.

Imbricaria olivacea.

Parmelia stellaris suhspecies marina. Nephroma arcticum.

Physcia scopularis.

Hæmatomma ochrophæum. Pertusaria panyrga.

Pertusaria dactylina.

Pertusaria glomerata.

Les autres Lichens de Miquelon sont cosmopolites ou se re¬ trouvent dans les montagnes subalpines ou alpines de l’Europe moyenne et descendent à des niveaux plus ou moins bas sui¬ vant les régions. Il y a toutefois quelques particularités à noter. Ainsi, tandis qu’en Europe la forme cosmopolite du Stereocau- Ion coralloides^ végétant en plaine et le Slereocaulon alpinum, propre à la Laponie, à la Norvège alpine et aux sommets du Mont-Blanc, ont leurs stations séparées par de grandes diâéren- ces d’altitude, à Miquelon elles croissent côte à côte. Il est aussi à noter que certaines espèces telles que Sphœrophorus fragilis et Physcia aquila y franchement alpines loin de la mer, s’abais¬ sent jusqu’à son niveau sur les rochers maritimes. Cette der¬ nière espèce atteint même le littoral de l’Algérie.

A Miquelon les sommets rocheux des Mornes, très pauvres en Mousses et en Hépatiques, sont au contraire, riches en Lichens saxicoles. Ceux-ci ne redoutent pas, comme les Mousses, la vio¬ lence des vents et beaucoup d’espèces se plaisent même sur les sommets dénudées et sans abri.

Collema ûacciclam Ach. Miquelon (Collection Saint- Phalle).

IJisiica bai’bata. Lichen fîoridus L. CC. Écorces de Lan- glade elle atteint une longueur de 0,30 cent., bois mort, pierres.

Usifica Bîîicrocappa Arn. CC. Branches d’arbres des deux MiqueloD, Sylvain, Cap Vert, presqu’île Bellevaux.

Aîccl®râa sarmcsitosa Acii. Plante vigoureuse station¬ nant à terre sur les monticules secs et caillouteux. Buttes de Pousse-Trou, Butte à Sonjean. CC.

FLORÜLE DE l’iLE MIQUELON. 133

Alcctoria ochrolciica Ehrh. CC. A terre; -plaines liumi- des et coteaux situés entre le Chapeau et le Grand-Étan^.

Alcctoria uigricans Ach. CC. Plateau tourbeux faisant suite vers le sud à la Butte d’Abondance.

Alcctoria jiibata L. CC. A terre dans les parties monta- g’neuses de l’île; Chapeau, sur les branches d’arbres, bords du ruisseau Sylvain.

Alcctoria iiidwlifcra Norrl. A terre; rare dans les endroits humides ; plus commun dans les lieux secs et pierreux couverts d’une légère couche d’humus ; plaine entre le Grand- Étang et le ruisseau de la Carcasse ouest.

Ramaliiia csispiclata Ach. -—Peu commun. Sur les pierres aux environs du Cap Blanc, vit aussi sur les écorces des vieux sapins des bords du ruisseau de la Carcasse est.

Ramaliua farisiacca |L. Commun, même habitat que le précédent.

Ramaliua miuiiscula Nyl. CC. Sur les pierres; à terre dans la plaine de Miquelon ; clôtures des prairies composées de sapins décortiqués; sur les écorces près du ruisseau Sylvain il fructifie remarquablement.

Stcreocaulou coa*alî©idcs Fr. CC. Pierres schisteuses, principalement rochers granitiques du Calvaire; plaines entre le ruisseau de la Carcasse ouest et les Mornes.

Stercocaulou toaiieutosum Fr. CC. Souvent mêlé au S. denudatum sur les pierres. VersantN.-O. des Mornes de Mirande. Se trouve aussi à terre.

Stci’cocauîon pascliale L. Miquelon (Collection Saint- Phalle).

filtercocaiiloai alpiuiim Laur. CC. Stérile ; pente ouest du Calvaire : sillons de la plaine de Miquelon il forme dans les endroits humides (une partie de l’année) des taches blanches cespiteuses.

Sitercocaiilon deiiuclatiim Fl. CC. Pierres humides en société du S. coralloides, bords du Grand-Étang; plaines de chaque côté des routes de l’ouest ; très abondant dans les plai¬ nes comprises entre les petits affuents du ruisseau de la Carcasse.

Stcrcocaislon pilcatiim Acii. Le moins commun des Stereocaiilon de l’île ; pierres sur le bord S.-E du Grand-Étang et autour du Gros Morne.

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FLORüLE DE l’iLE MIQUELON.

PSîopîaorns ccreolEis Ach. Rare. Vu une seule fois sur une roche située dans le pré Granjean. « Capitula albo-leprosa, planta rarior cum spermogonis atris apice podetiorum impo- sitis; cephalodia fusca apud thallum ». Arnold, in lût.

SpSaæropSiorEES coi*aIIotdc(9 L. CC. Stérile à terre ; sommet du Chapeau ; fertile et de proportions magnifiques sur les arbres de la ferme Cuquemel (petit Barachois de Langlade).

SpBiærophoriss fi»agîlis L. CC. à terre, stérile ; plaines tourbeuses au sud du Grand-Étang, sommet du Calvaire, plaine de Miquelon. Sur les pierres, stérile.

CladoMÊa raMgfiferîma L. Le plus commun de tous les Lichens de l’île avec Cl. silvatica; l’île entière en est couverte dans les plaines et sur les hauteurs. Formes nombreuses f. gi- gantea dont les podétions atteignent 20 cent., f. axillaris^ etc. Une variété moins commune « adusta » forme dans les plaines tourbeuses de larges plaques cespiteuses, violettes par la réunion de ses sommets colorés ; ses podétions ont une longueur moyenne de 6 cent., sont blancs et très entrelacés.

Le Cl. rangiferina est recherché pendant Thiver à Terre- Neuve par le Cervns tarandus, variété de Renne désignée à Terre-Neuve sous le nom de « Carihoo ».

Ciadonia gilvatîca L. Même fréquence et même station que le précédent; la sous-espèce a L. (formes pumila et sphagnoides de Nylander) quoique très abondante, est moins commune que le Cl. rangiferina,

Cladoisfia nncialis L. CC. forme hiuncialis H. entre le ruisseau de la Carcasse ouest et les petites buttes de Pousse- Trou; forme turgescens Fr. dans les terrains secs, sommet du Calvaire, plaine du bourg de Miquelon, au pied des piquets des prés, etc.

Cladoaiia lacnnosa Del. CC. Sur la terre; plaine tour¬ beuse entre le Grand'Étang* et les deux ruisseaux est et ouest de la Carcasse; très vigoureux autour de la butte d’Abondance. Espèce américaine. On en obtient par une ébullition prolongée une tisane de consistance sirupeuse excellente contre la bron¬ chite.

Cladonia cosiata, Terrains secs. Chapeau.

Cladonia dlgitata L. Terrains secs. Assez commun.

Cladonia deformis L. A terre ; plaine de la Terre

FLORULÈ DE l’iLE MIQUELON. 135

Grasse ; entre le ruisseau des Goeliches et les mornes de Sylvain; entre le ruisseau de la Carcasse O. et la butte à Sonjean.

Cladonia crîsiatclla Tuck. Sur la terre, dans les ter¬ rains ses; peu commun. Espèce américaine.

Claclouia bacillaris Ach. ^Terrestre et corticicole. Ver¬ sant nord du Chapeau. Peu commun.

Cladonîa coccîfcra L. Même habitat que le précé¬ dent. C.

Cladouia squamosa Hoffm. AC., A terre parmi les Vacciniées, dans la plaine située entre la route et l’étang' du Cap Blanc. Forme asperella FL, sur les écorces près du ruisseau du Renard ; forme racemosa foliolosa Hoffm., commun à terre dans les mousses; turfacea Rehm.

Cladonia ceiaotea Ach. AC. Sur les sapins le long du ruisseau du Renard, aussi sur les pierres voisines de sa rive gauche, elles sont recouvertes d’un peu d’humus.

Cladonia fnpcata Hüds. C. Sur la terre à l’abri des broussailles sous diverses formes : f. suhulata L. f. fissa FL avec des podétions élevés, fendus en long; f. racemosa, f. corym- bosa, enfin f. squamulosa dont Arnold nous dit dans une lettre: Certe nova varietas, planta habitu tenuior formæ squamulosæ ScHW. proxima, sed minus robusta.

Cladonia graciiis L. CC. Sapins du petit Barachois de Langlade, var. chordalis Fl, sur une petite butte en face des cabanes de pèche de Pousse-Trou ; var. hybrida Hoff. Calvaire ; var. macroceras FL CC. toujours à terre dans les lieux ombra¬ gés, humides, Cap Blanc, butte d’ Abondance ; var. amaura FL au milieu des touffes de Racomitrium lanuginosum,

Cladonia vea»ticillata Hoffm. CC. Terre sèche et nue ; plaines entre la Terre Grasse et le Caillou Blondin; entre les mornes de Sylvain et le ruisseau des Goeliches; bords du ruisseau de la Carcasse est, près de la Cabane à Granjean. La iorme phyllophoraYl. est la moins commune.

Cladonia oclirocMoi*a Fl. C, parmi les Empetrum sur les vieux troncs d’arbres avec les formes fibula H. et ceratodes FL

Cladonia pyxidata L. C. à terre et vieux troncs d’arbres. Revers sud du Chapeau, bords du Grand Étang.

Cladonia chlorophæa L. C. Pente nord du Chapeau ; bord du Grand Étang; Pousse-Trou.

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FLORüLE DE l’iLE MIQUELON.

CctB*aHa tsîasadîc.a form. crispa Ach. A terre, plaines tourbeuses situées entre le Grand-Étang* d’une part, le Chapeau, la butte aux Outardes, la butte à Sonjean, d’autre part ; plaine tourbeuse derrière les maisons de l’anse de Miquelon ; rarement en touffes, mais individus isolés et mêlés au CL rangiferina.

€oi*ul€nîai»la acwleata Schreb. CC. Sur la terre nue ; sommet du Chapeau, le plus souvent stérile, fructifié dans les mousses du plateau tourbeux qui fait suite, dans le sud, au Grand Étang. Différentes formes, parmi lesquelles laf. muricata dans les touffes de Racomitriwn lanuginosum.

ï»laty§ma piuastB*! Scop. D. Stérile, sapins sur le bord du ruisseau de la Carcasse ouest; pierres le long du ruisseau du Eenard à un kilomètre de son embouchure.

Platysma lacBiiBosBim Ach. Terrestre au Calvaire, saxi- cole près du sommet du Chapeau, corticicole sur les sapins nains de Poiisso-Trou, bois de Langlade. Plus souvent à terre que partout ailleurs.

Platy^ma glauciim L. CC. à terre sur les hauteurs du Cap Miquelon; sur les pierres à la butte à Sonjean ; aussi la forme fuscum Fl.

Platysina cîlîape Ach. C. Sur les écorces ; ferme Cuque- mel et Belle Rivière de Langlade ; se trouve aussi sur les pierres.

fimbrîcaria saxatilis L. CC. Sur tous les points de Pile; la forme furfuracea Schær., souvent fertile sur les pierres humides entre le Cap Blanc et la route du phare, à la butte aux Truites. La sous-espèce sulcata se trouve en abondance sur les bardeaux des vieilles maisons et les branches de YAMes ca- nadensis. Il faut noter encore la forme fraudans Nyl. VLnbri- caria saxatilis fructifie sur Técorce des bouleaux de Langlade. Est employé dans le pays pour obtenir, par ébullition, une tein¬ ture brune passable.

fimbË*icaa*£a pbysocles L. et forma labrosa Ach. CC. un peu partout sur les pierres et les écorces.

Hmbricaria centrifiiga L. C. Roches au voisinage de la grosse butte et parasite sur le Gyrophora Mühlenbergii,

Imliricaria olîvacca Nyl. CC. Écorces des sapins; pres¬ qu’île; Cap aux Corbeaux (Langlade).

Parmclia vittata Ach. Miquelon (Collection Saint- Phalle).

FLORULE DE l'iLE MIQUELON. 137

Parmclia stcllarîs L. CC. Roches aux bords de l’étang* de Mirande, de l’anse à la Vierge (Cap) près de la mer.

Parmclia incHCTa Pers. AR. Saxicole. Sur les roches des mornes de Sylvain et sur les flancs du Chapeau, souvent fertile.

Lobaria amplissima Scop. R. à la grande Miquelon, mais C. dans les bois de Langlade ; écorces des conifères du Cap aux Corbeaux et de la ferme Cuquemel ; bois de Belleveaux.

Sticta aorata Sm. Bois de . ]a ferme Cuquemel , stérile.

Sticta piilmonaria L. CC. Stérile à terre, fertile (avec le Celidium siictarum) sur les écorces de l’anse à la Vierge à Langlade, de l’anse aux Soldats, du r^-sseau (Pointe-

Plate). Apothécies nombreuses ; une forme se rapproche du Sticta linitoides.

@tietlna serobicnlata Scop. CC. Sur la ‘terre et les écor¬ ces; ferme Cuquemel, anse aux Soldats, fructifie rarement.

Stictîiia ccocata Nyl. Mêmes localités que le Stict. au-- rata^ mais plus commun.

IVcpliroma arcticimi L. C. Sur la terre, souvent mêlé au Peltidea aphthosa ; plateau du Cap à Paul ; buttes de Belle- vaux ; pente sud du Calvaire.

]¥ephromium laevigatum Ach. CC. Sur les écorces, sur¬ tout de bouleaux, bois de Bellevaux, de la ferme Cuquemel, vieux sapins des plaines de la Terre Grasse. Sur les pierres au pied du Calvaire.

IVephrominm lusitanicum Schær. Même habitat que le précédent.

Peltidea aphthosa L. CC. Presque toujours stérile sur la terre; trouvé cependant fertile à terre, entre le ruisseau Ta- baron et le Cap à Paul (partie du cap Miquelon); stérile sur |les pentes du Calvaire et du Chapeau, parmi les Mousses. Fertile sur les bois de Langlade, notamment ceux delà ferme Cuque¬ mel.

Pcltigera canina Fl. CC. à terre, prairies de Miquelon; sur les troncs d’arbres de la Belle Rivière il est fertile.

Peltîgera polydactyla Neck. CC. à terre et sur les troncs d’arbres, mêmes localités que le précédent.

IJmbilicaria pustulata L. CC. avec les variétés Ach. et pensy Ivanica (non U. pensylvanica Hoffm). Roches

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FLORüLE DE l’iLE MIQUELON.

du Chapeau, de Pousse-Trou, de chaque côté des routes de l’ouest, près de la Grosse Butte, autour du phare du Cap Blanc.

UmMlicaria IVIühleiiliergii Ach. Un peu moins com¬ mun que le précédent; roches du Chapeau, de Pousse-Trou, poudingue ou brèche au pied de la Butte Sonjean.

llmtiîlicarîa polypliyila L. CC. Les deux précédents vivent souvent en société et forment de larges expansions noires ou grises sur les rochers. VU. polyphylla Yit au con¬ traire, le plus souvent isolé, comme le Gyr. hyperhorea. On le trouve à toutes les hauteurs, Cap Miquelon, bout de l’é¬ tang, etc.

Umlliilicapta dictiysa Nyl. Espèce américaine qui s’é¬ tend de Terre-Neuve à la Caroline du Nord. Miquelon, sans indication de localité.

Gypophora hypepî>opca L. Le moins commun des Um- Mlicaria de la colonie; pierres au bord de la route de la Grande Anse ; entre la butte aux Outardes et l’anse de la Eoncière.

Gypophopa ppolioscitlea L. A peu près partout ; vient comme ordre de fréquence après les Umh. Mühlenhergii et pustulata. Individus isolés.

Coccocappîa pliiinbea Lghtf. E. Écorces des sapins delà ferme Cuquemel à Langlade.

Pansiapia caopulcobadla Schl. {conoplea). AE. Écorces des bois de la Belle Eivière, mêlé aux Ulota Drummondii et Sticta scroMculata.

Pannapia pczizoides Web. Écorce des sapins de la ferme Cuquemel; var. brumiea à l’embouchure du ruisseau des Eper- lans dans le Grand Étang. Aussi la forme nebulosa Ach.

Xanthopia papietSna Ehrh. CC. Eoches granitiques du Cap Blanc et du sentier du Boyau. Aussi sur les branches d’arbres.

Xanthopia candelapia L. Eoches près de la mer aux environs du ruisseau creux.

Physcia scopulapîs Nyl. Eoches de la pointe sur le bord de la rade de Miquelon ; espèce maritime.

Callopisma pypaceam Ach. C. Bois des bords du ruis¬ seau Sylvain autour du lac aux Outardes.

Blastenia feppugiuea Hüds. Écorces des sapins qui for¬ ment l’entourage des prairies artificielles.

FLORÜLE DE l'iLE MIQUELON. 139

Placodîssm sli'amSiacnm Wbg-. Saxicole. R. Miquelon.

Acarospora fiiscata Schrd. Miquelon, paraît R.

SEœiiiatofitiaisa vcaitosisHia L. Miquelon.

Hæmatoisima oclirophseram Tück. Miquelon.

OchrolccEfiia taa’tarea L. CC. Sur les rochers (stérile) et sur les écorces (fertile) avec la forme frigida Sw. et la sous-es¬ pèce androgyna Hoffm. La forme qui offre de belles fructifications couvre la pente ouest du Calvaire, sur des débris de plantes et de mousses.

RinodîBia maaiapæa Ach. Sur les écorces de Langlade ; dans les bois de la Belle Rivière.

RiflBodina pyriaia Ach. Même dispersion que le pré¬ cédent.

Rînodida demissa Fl. ' Sur les rochers maritimes en société du Physcia scopularis ; rade de Miquelon ; espèce mari¬ time.

Lccanopa taadia Pers. CC. Rochers bordant le Grand Étang, rochers du pré Grandjean, de la Pointe sur le bord de la rade.

Lecanora elattsia Ach. Miquelon (collection Saint- P h aile).

liCcanora apgoph^Iis Whg. Un seul échantillon qui, d’après Arnold, est voisin du L. argophoLis^ mais a les spores plus petites.

Lccanora subfusca L. Abonde partout dans File sous plusieurs formes : chlorona Ach. C. sur les écorces dans les bois de la ferme Cuquemel à Langlade, sur les clôtures des prés, etc., cœlocarpa Ach. et forme campestris Schær; sur les rochers.

Leeanopa dispersa Pers. Miquelon sans indication de localité.

Lecanora polytropa Ehr. Avec les formes illusoria Ach. et iniricata Schrad. ; peu commun ; roches près de la Grande Anse.

Lecanora syinmictera Nyl. Sur les écorces, sans indi¬ cation de localité.

Aspicilia phseops Nyl. Sur les rochers, sans indication de localité.

Pertusarla panyrga Ach. Sur les débris de mousses et de graminées. AR. sur les pentes du Calvaire de Miquelon il

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FLORULE DE L*ILE MIQOELON.

se trouve mêlé à terre hV Ochrolechia tartareay. frigida; dans la plaine, ôntreles ruisseaux du Renard et de la Carcasse ouest, au milieu des touffes diQ S phæropliorus fragilis (Epit. K. C; sporœ singulœ maximœ : Arnold, in lût.)

Pertnsarâa saiï^obcliicens Nyl. R. Mêlé au précédent.

Pcrtusaria clactylina Ach. Sur les touffes de Racorni- triwn lanuginosum en société du Megalospora alpina\ plaine de Bellevaux, du ruisseau du Renard. Butte près de l’étang du Chapeau.

Pertusaria glomerata Tue K. (non Pert. glom, Ach). AC. Sur les débris de graminées ou la terre sèche, au milieu des Einpetruniy souvent mêlé au Sphœrophorus fragilis dans les touffes de Racomitrium lanuginosum. Plaine de Miquelon, Calvaire sur la pente occidentale ; plaine entre les ruisseaux du Renard et de la Carcasse ouest.

Pertusaria lævigata Th. Fr. Sur les écorces lisses, sans localité.

Icmadophylns aerugiuosus Scop. CC. Sur les touffes de Sphagnum ; flancs du Chapeau; colline du Chapeau ; plaine tourbeuse au sud du Grand Étang.

Biatora vcpualis L. Sur les écorces lisses et les rameaux. CC. Bois du Mont Pelé ; Anse à la Vierge à Langlade.

Biatora circiimllexa Nyl. CC. Roches du Calvaire et du Chapeau.

Leciclea tessellata Fl. CC. Roches du Chapeau « affinis tessellatæ sed sporis tenuioribus 3/10 mm. diversa. KK medulla -f- cærulescens, epithecium sordide glaucum, hypoth. incolor, habitus rigidior quam apud tessellatam. » (Arnold, in lût.)

Lecldea panæola Ach. Roches rouges du Chapeau leuco- phœœ proxima » Arnold in lût.).

liccidca aiirîcnlata Th. Fr. CC. Un des Lichens crustacés les plus répandus dans l’île ; mornes en général, pied et sommet du Calvaire; aussi sur les pierres isolées dans les plaines.

Lc<;idea platyearpa Ach Saxicole. Miquelon sans indi¬ cation de localité, probablement commun.

liOcidea meîospora Nyl. Même observation.

Lecidca cotcroleiica Ach. Même observation.

Lccidea latîpiza Nyl. Même observation.

Lecidea silvicola Flot. Même observation.

141

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

liecidea . A comparer, d'après Arnold, au L. supers-

parsa NjL ; parasite sur le thalle du Lecanora symmictera^jl,

Mcgalospora alpina Th. Fr. CC. Plaine de Bellevaux, du ruisseau du Renard; butte près de l’étang* du Chapeau; sur les mousses.

Lopadiiiin pczizoidcnm Ach. et forme disciforme Fl. Sur les vieilles écorces, sans indication de localité.

BiliuiMa ciucrea Schær. Sur les rameaux; sans localité.

Bucïlia pai*asema Acii. Sur les écorces, commun.

Biiellia piiuctiformês Hoff et forme œquata Ach, CC. Sur les pierres.

Catocarpiis polycai^piiii Hepp. Sans localité.

Catocarpus badîoatci* Fl. Sans localité.

Rhizocai*pnm geograpliScism L. Répandu un peu par¬ tout.

lihizocarpnm couâopsoideum Hepp. Sans localité.

Rhizocarpiim boréale Arnold. (Species nova) voisin du Rhizocarpum grande Flot.

Sagedîa chlorotica Ach. C. sur les pierres.

Vcrrucarîa maura Ach. CC. Sur les rochers maritimes « Verrucaria (vix) maura, henevole admissa, quoad sporas convenit ; thallus autem est diversus. Certe varietas propria » (Arnold, in lût.).

IVcsolechia punctum Mass. Parasite sur le Cladonia digital a.

Phæospora peregrina Flot. Parasite sur le Catocar- pus polycarpus,

Sphiuctriua turbiiiata. CC. Parasite sur les Stereo- eau Ion.

Biatorina stcrcocaulorum. CC. Parasite sur les Stéréo- caulon.

Celîdiiim stictarum. Parasite sur le Sticta pulmonacea; abondant.

ALGUES

Nous ne possédons sur les Alg*ues de Miquelon que des docu¬ ments bien sommaires; aussi nous ne donnons l’énumération suivante qu’à titre de simple renseignement ; la végétation al- gülogique de Miquelon est cependant luxuriante et Gauthier

142

FLORULE DE l’iLE MIQUELON.

avait déjà fait observer que certaines espèces atteignent dans ces parages des dimensions considérables. Nous-même avons recueilli en 1882 une Laminaire dont la fronde dépassait 3 m. 50 de longueur.

Nous divisons en deux catégories les espèces connues de nous jusqu’à présent à Miquelon : 1“ celles citées par Gauthier dans ses ouvrages, celles découvertes par le D'' Delamare.

P Algues citées par Gauthier et dont plusieurs avaient été recueillies par De la Pylaie (1) . Celles retrouvées par le D** De¬ lamare sont suivies du signe !

Ulva umbilicata !

Ulva lactuca 1

Laminaria dermatodea ! De la Pylaie.

stenoloba ! D. 1. P.

platyloba 1 D. 1. P.

longicruris ! D. 1. P.

caperata 1 D. 1. P.

Alaria esculenta ! D. 1. P.

var. platypbylla.

var. tæniata.

Agarum pertusum !

Fucus vesiculosus

bicornis I D. 1. P.

fueci D. 1. P.

miquelonensis D. 1. P.

distichus 1 D. 1. P.

Fucus furcatus I D. 1. P. Porphyra purpurea. Chordaria flagelliformis. Scytosipbum filum. Halydris uodosa I D. 1. P.

uar. gracilis.

var. elliptica. Desmateria viridis 1

aculeata ! Ptilota plumosa 1 Furcellaria fastigiata. Ghoûdrus crispus. Rhodomenia cristata !

palmata 1 Corallina officiualis 1

Algues découvertes à Miquelon par le D' Delamare. Leur détermination est due à M. Lloyd, le savant auteur de la Flore de V Ouest de la France,

Gracilaria confervoides 1 Gymnogongrus plicatus 1 Ceramium rubrum 1 Rhodomela subfusca I Solieriâ chordalis ! Dictyoscyphon fascicularius ! Fucus nodosus I

vesiculosus 1

ceranoides 1

Fucus canaliculatus 1 Ghorda filum !

Gigartina mamillosa I Rhodomenia palmata I Ptilota plumosa !

Polysiphonia fastigiata !

Flustra truncata 1 extrait par 25 bras¬ ses de fond.

(1) Nous ignorons si les collections du Muséum et le premier fascicule de la F lors de Terre-Neuve et Miquelon publié par De la Pylaie fournissent des renseignements plus complets sur les Algues trouvées à Miquelon par cet explorateur.

ADDENDA

* Rnbns strigosus Michx. Commun à Miquelon dans les bois de Bellivaux, colline du Chapeau, plaine entre les bran¬ ches d’orig-ine de la Carcasse Ouest.

Ceratiniu viilgataam L. AR. Plaine de Miquelon.

ITIyrSopliyllum altereaifoliaain DC. Bords de l’étang de Mirande, havre de la Terre-Grasse.

Lamiiim psai>piïi*eiasn L. Lieux cultivés. Introduit.

Atfâplex laiîfolia Wahl. Lieux cultivés.

Les Spinacia oleracea et Fœniculum sont cultivés

dans les jardins. Le Diclytra spectahilis y résiste aux plus ri¬ goureux hivers.

* llaleuia dcllexa Griseb. Lieux secs, plaine de Mique¬ lon, colline du Chapeau. C.

E9eleocIaaa*âs palaasti*i§( R. Br., i§cli*pia§> paaiciflorus Lightf., €ai*cx ïîmosaL., €ai*ex vaalgarîs L., €ai*ex remota L. Dans les marécages de Miquelon.

* Osmainda Claytoiîiaaîa L. Langdade.

* iScMzea piisilla Pürsh. Sans indication de localité.

CORRIGENDA

Au lieu de Ranunculus flammula v. fîliformis, lisez R. rep-

tans V. fîliformis.

- Juncus effusus L., lisez Juncus conglomeratus L.

Supprimer les Swertia corniculata Mich. et Alnus g lutinosa Gærtn., ainsi que les points de doute qui suivent les noms de Abies balsmnifey^aWLohx.^Abies canadensis Michx. et Larix americana Michx.

Sphagnicm recurvuyn, v. pulchrum Lindb. Husnot, Musci Galliœ eœsicc., 792.

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POUR SERVIR A

Par le Dr BONNET

§ I. Antoine de Jussieu.

Comme un monument de vastes proportions captive les regards de l’observateur désireux d’en scruter tous les détails, de même le mont Pilât a de tout temps fixé l’attention des bota¬ nistes de la région Lyonnaise ; mais, entre Du Choul qui fut, en 1555, le premier historien de cette montagne, et Claret de Latourette qui dressa, pour la première fois, en 1770, l’inven¬ taire de ses richesses végétales, il y eut place pour plusieurs explorateurs. L’un des plus consciencieux et des moins connus, J. -B. Goiffon, avait dressé le catalogue détaillé des plantes récoltées par lui au Pilât dans le courant de l’année 1700 et, si ce travail ne fût pas resté inédit, le Botanicon de Latourette n’y eût ajouté que bien peu de nouveautés ; je laisse à mon excel¬ lent ami, M. le D*" Magnin, le soin de publier la Descriptio montis Pilati de Goiffon, d’après la copie du manuscrit origi¬ nal que je lui ai communiquée; quant à moi, mon rôle sera plus modeste, et je me bornerai à faire connaître quelques particularités inédites des voyages d’Antoine de Jussieu et du père Barrelier au mont Pilât et dans la région Lyonnaise.

Il n’est pas inutile de rappeler, au début de cette étude, que Goiffon fût le maître du premier représentant de cette illustre dynastie botanique dont la ville de Lyon est le berceau : ce fut Goiffon qui révéla au jeune Antoine de Jussieu que sa famille

10

146 A. DE JUSSIEU. VOTAGE AU PILAT.

destinait à l’Église, sa véritable vocation ; ce fut lui qui le recommanda à Chirac, docteur-régent de la Faculté de Mont¬ pellier ; ce fut encore sous les auspices de Goiffon, qu’il entra à Paris, au Jardin-Royal, bientôt il devait occuper une place de professeur. Devenu lui-même un maître, l’élève reconnais¬ sant dédia dans les termes les plus flatteurs l’un de ses premiers travaux (1) à celui qui lui avait ouvert la voie. De ses premières herborisations, auxquelles il est fait allusion dans la dédicace que je viens de rappeler, de Jussieu ne nous a pas conservé le récit, nous savons seulement qu’elles embrassèrent les environs de Lyon, le Forez, le Beaujolais, la Bresse, le Bugey, le Valro- mey, le Dauphiné, et que Goiffon reçut communication des récoltes de son élève (2). Nommé professeur au Jardin du Roi, Ant. de Jussieu ne fit plus que de courtes visites à sa ville natale ; nous l’y retrouvons cependant dans le courant de l’été 1716, et c’est alors qu’il rédigea les Notes que je transcris ci-après ; ce séjour à Lyon et les courses botaniques qui en furent la conséquence, n’étaient du reste que la première étape d’un voyage en Espagne et en Portugal, entrepris par ordre du Régent, dans le but de rechercher les plantes mentionnées dans le Corollaire de Tournefort.

Ecrit dans un latin qui réunit l’élégance à la simplicité, le manuscrit d’Ant. de Jussieu mentionne plus spécialement les plantes sur lesquelles les auteurs de l’époque n’étaient point d’accord ; chaque espèce est accompagnée d’une description ou d’observations critiques et est le plus ordinairement désignée par une phrase des Institutes de Tournefort ou par l’un des synonymes de cet auteur ; ces diagnoses et ces remarques criti¬ ques n’offrant plus aujourd’hui qu’un médiocre intérêt, je me bornerai à reproduire les phrases spécifiques du manuscrit, avec l’indication des localités donnée pour chaque espèce ; j’y ai joint la synonymie Linnéenne d’après mes vérifications dans l’herbier des de Jussieu ; il est vrai que les échantillons de cette collec¬ tion, suivant un usage trop fréquent à cette époque, ne sont pas toujours munis d’indication d’origine, du moins, les étiquettes

(1) Discours sur les progrès de la botanique; Paris, 1718, in-4®, dédié à « Monsieur Goiffon, Docteur en Médecine de la Faculté de Montpellier, « Aggrégé au Collège des Médecins et Echevin de Lyon. »

(2) Gfr. Mémoires de V Académie Royale des Sciences, 1758, p.p. 116 et 117.

A. DE JUSSIEU.

VOYAGE AU PILAT.

147

détaillées qui les accompag*nent permettent-elles de reconnaître avec certitude, à quelle espèce linnéenne Ant. de Jussieu appli¬ quait les synonymes de ses prédécesseurs ou de ses contempo¬ rains.

Le manuscrit se termine par une sorte de memento dans lequel Ant. de Jussieu a consigné brièvement quelques remar¬ ques d’histoire naturelle, les noms de plusieurs de ses corres¬ pondants, et jusqu’à une dépense de 8 livres 13 sols pour l’achat de papier à herbier; j’ai conservé ces détails qui peuvent inté¬ resser le biogTaphe et, pour plus d’exactitude, j’ai soigneuse¬ ment respecté l’orthographe d’Ant. de Jussieu.

Enumeratio plantarum ohservatarum a nodis, anno 1716

(Auctore Antonio de Jussieu).

Parisiis egressus cum Simoneau (1) pictore et sculptore in æs, et cum fratre meo Bernardo, quæ Lugdunum viam ducit sumpsi die 20 augusti 1716. Pernoctavimus hac die in pago Juvisy dicto. 21 transivimus per sylvam Fontis bellaquei, ibique collegimus Calamîntham quamdam quæ in Turnefortii Institu- tionibus vocatur « Calamintha procerior, magno flore, sylvæ Fontis bellaquei. » In sylva et circa urbem Fontis bellaquei satis copiose florebat (^Calamintha menthæfolia Host.).

Stramonium fructu spinoso, oblongo, flore violaceo, Inst, Vulgare est in via circa Nemours (Datura Tatula L.).

Gramen dactylon, spicis villosis, G. B. In aridis frequens secus vias. (Andropogon Ischæmum L.).

Sesamoides fructu stellato. Inst, Florebat julio anno 1711 et augusto 1716 circa Bussiere prope Nogent eundo Nivernum. (Asterocarpus Clusii Gay.).

Genista Spartium brevioribus aculeis, Inst. Sub fînem æsta- tis florebat circa Cône eundo Nivernum. (Ulex nanus Sm.) Fœniculum sylvestre, perenne, Ferulæ folio breviori, Inst. Secus viam obvia plerumque est in incultis. (Seselimontanum L.).

Scrophularia Ruta canina dicta, vulgaris, C. B. Prope la Charité eundo Nivernum et in agro Lugdunensi sæpius fuit obvia. (Scrophularia canina L. ).

Xeranthemum flore simplici, minore, Inst. Circa la Palisse

(1) Dessiaateur et graveur de l’Académie des Sciences.

148 A. DE JUSSIEU. VOYAGE AU PILAT.

copiose est eundo Lugdunum. (Xeranthemum cylindraceum Sibth. et Sm.).

Tribuloides vulgare, aquis innascens, Inst, app . Florebat fructiisque ferebat maturos aug*usto in paludosis Sancti Gerand eundo Koanne (Trapa natans L.).

Linaria Bellidisfolio, G. B. Ubique in vicinia montis Tarare copiose est. (Anarrhinum bellidifolium Desf.).

Jacobæa alpina, foliis Ferulaceis, dore minore, Inst. In monte Tarare. (Senecio adonidifoliiis Lois,).

Chamæcerasus alpina, fructu nig’ro, g-emino, G. B. In monte Pila supra Lugdunum. (Lonicera nigra L. ).

Doronicum Plantaginis folio, alterum, G. B. Flos ejus exsic- catus sternutationem movit ; a rusticis pro Betonicâ accipitur. In pratis humidis montis Pila. (Arnica montana L.).

Doronicum maximum, foliis caulem amplexantibus, G. B. In sylvis montis Pila. (Doronicum austriacum Jacq. (1).

Gacalia foliis cutaneis, acutioribus et glabris, G. B. In sylvis montis Pila. (Adenostyles albifrons Rcbb, (2).

Rubus Idæus, spinosus, G. B. Ubique in sylvis montis Pila ; fructusmense augusto mature fere incipiebat. (Rubus idæus L.).

Sambucus racemosa, rubra, G. B. In silvis copiose satis. (Sambucus racemosa L.).

Ghrysosplenium foliis minoribus, subrotundis, Inst. Secus rivulos sæpius fuit obvia (Ghrysoplenium alternifolium L. ).

Gruciata Lusitanica, latifolia, glabra, dore albo, Inst. Rarius occurrit in monte Pila. (Galium rotundifolium L. (3).

(1) Suivant une remarque qui m’est communiquée par le D'‘ Saint-Lager, les botanistes du siècle dernier, et notamment Ant. de Jussieu, Linné, Gla- ret de la Tourrette et Gilibert, n’ont pas su distinguer, comme il convenait, le Doronicum pardalianches du D. austriacum décrit et figuré, d’abord par de l’Écluse (Rar. plant. histor.XIX), puis par Jacquin. C’est Vaivolet qui, le premier, a démontré que le Doronicum du Pilât est bien le D. austria¬ cum. (Voyez Balbis Flore Lyonnaise, A. Magnin Enum. pl. Beaujolais).

(2) La phrase de C. Bauhin citée par Ant. de Jussieu se rapporte au Cacalia alpina L. (C. glabro folio Clusius) qui n’existe pas au Pilât. Il fallait dire « C. foliis crassis hirsutis G. Bauhin, C. incano folio Clusius ». Telles sont en effet les dénominations imposées par l’auteur du Pinax et par de l’Ecluse au Cacalia albifrons (Linné fils), le seul qu’on trouve au Pilât.

(3) Linné rapporte la phrase des Institutes à son Asperula lævigata; or, des deux échantillons de l’herbier de Tournefort réunis sous cette même phrase spécifique, l’un appartient au Galium ellipticum Willd., et l’autre au G. articulatum Lam. ; enfin, dans l’herbier de Vaillant le synonyme des Institutes désigne seulement le G. ellipticum, tandis que dans l’herbier des de Jussieu il est uniquement appliqué au G. articulatum. Malgré cette con¬ fusion, il n’eat pas douteux, en ce qui concerne la plante du Pilât, qu'Ant.

A. DE JUSSIEU.

VOYAGE AU PILAT.

149

Uva Ursi, Glus. Ibid. (Arctostapliylos Uva ursi Spreng*.).

Chondrilla Soncbifolio, flore purpurascente, major, Zm^.Ibid. (Prenanthes purpurea L.).

Lactiica montana, latifolia, laciniata, flore cæruleo, Inst. Ibid. (Lactuca Plumieri Gr. et Godr).

ThymelæaXaurifolio deciduo, sive Laureola fœmina, Inst. Ibid. (Daphné MezereumL.).

Valeriana alpina, Scrophulariæfolio, G. B. In summo monte versus la Ghaux de Pila et versus le Sau de la rivière de Gier (Valeriana tripteris L.).

Sedum minus, album, teretifolium, subhirsutum, G. B. E rupium rimis erumpit ac supra saxa humida delectatur. Ascen- dendo montem Pila ex parte urbis Sancti Ghaumont, septembri florebat, dein inveni prope Belg*arde in Boussilionis provincia et in Hispania versus Granatam. (Sedum hirsutum AIL).

Gytisogenista argentea Montis Pilati ; Genista sive Spartium purgans, J. B. Vulgaris in monte Pila et vicinia ejus ; tum cir- caurbem Saint-Ghaumont rustici ad scopas utuntur et Genistam humilem vocant sua lingua « Genest griot ». (Sarothamnus pur- gans Gr. et Godr.).

Papaver pyrenaicum, erraticum, flore flavo, G. B. In loco mon¬ tis Pila dicto la Gombe de Savari. (Meconopsis cambrica Vig.) (1).

Gentiana lutea, major, G. B. Girca Pralegé oppidum. (Gen- tiana lutea L.) (2).

Viola montana, cærulea, grandiflora, Inst. Girca la Bessar. (Viola sudetica Willd.).

de Jussieu ait eu eu vue le G. rotundifolium. La figure 324 et la note 100 des Icônes du P, Barrelier ne laissent aucune incertitude sur ce point. Le G. rotundifolium L., auquel Ant. de Jussieu donnait les noms de: Cruciata floribus paniculatim nascentibus ’Vovlvxï. Rubia semine dupUci hispidOy etc., est représenté dans son herbier par des échantillons dépourvus d’indica¬ tion de localité mais très probablement récoltés au Pilât ; En effet, dans une note que j’ai sous les yeux, Ant. de Jussieu mentionne « les Sapins du Pilât » et il fait suivre cette remarque de la phrase caractéristique de G. rotundifolium L., or on sait que cette plante est, encore aujourd’hui, assez commune dans les forêts de sapins du mont Pilât.

(1) Je ne sais en quel point du mont Pilât 11 faut placer cette Combe de Savari plusieurs fois mentionnée par de Jussieu ; c’est sur la lisière du Bois Noir, dans la vallée du Furon, au-dessus de Valbenoîte que les Aoristes les plus récents (Gariot, Le Grand, Saint-Lager) indiquent le Méconopsis Cambrica Vig.

(2) Pralagier ou Prélagé est encore la seule localité du massif du Pilât croît la grande Gentiane.

150

A. DE JUSSIEU.

VOYAGE AU PILAT.

Balsamine lutea, sive Noli me tang*ere, C. B. In monte Pila in loco dicto la Combe de Savari. (Impatiens Noli tang*ere L.).

Alsine muscosa, Lugd. Ubique in monte Pila (Mœliringia muscosa L.) (1).

Alsine montana, flore laciniato, C. B. In sjlvis montis Pila. (Stellaria nemorum L.).

Alsineformis paludosa, tricarpos, major, Pluk. Variât pluri- num berba bæc ratione soli plus minusve humidi ; rivulorum oras delectatur bumidioribusque locis cespitem densum, læte virentem efFormat ; in siccioribus locis tota planta fit mnlto mi- nor. Secus rivos copiose crescit in monte Pila. (Montia rivu- laris Gmel.).

Jacobæa alpina, foliis longioribus, serratis Inst. In aridis montis Pila. (Senecio Fucbsii Gmel.).

Vitis Idæa foliis oblongis, crenatis, fructu nigricante C. B, Frequentissima in toto monte Pila ubi Airelle dicitur. (Vacci- nium Myrtillus L.).

Apocynum minus, rectum, canadense. Corn. In borto B. P. Minimorum Lugduni. (Asclepias incarnata L.).

Fœniculum dulce, C. B. In borto cujusdam Cartbusiani Lug¬ duni. (Fœniculum dulce D C.).

Titbymalus amygdaloides, angustifolius, Tabern. In Delpbi- natu, Galloprovincia et Gallia Narbonensi sæpius occurrit ut et in agro Parisiensi. (Eupborbia Esula L.).

Polium montanum, album, C. B. Prope Viennam et alibi in Delpbinatu, Galloprovincia et Gallia Narbonensi. (Teucrium Polium L.).

Après avoir passé Saint-Pi erre-le Moutier, près d’un village nommé Cbatenay : Cailloux semblables à ceux de Medoc.

A Saint-Bel : Mines de cuivre et de vitriol (2).

A Saint-Cbaumont : pierres tendres, feuilletées, sur lesquelles sont empreintes des plantes qui paraissent être de la famille de celles qu’on nomme Capillaires ou Fougères (3).

(1) C’est très certainement le M. muscosa L. que de Jussieu a voulu dési- signer, comme j’ai pu le vérifier dans son herbier; la présence dans le mas¬ sif granitique du Pilât de cette espèce que les botanistes jurassiens ont cru être exclusivement calcicole est un fait important sous le rapports phy tostatique.

(2) Gfr. ; Ant. de Jussieu: Reflexions sur plusieurs observations sur la nature du gypse, in Mém. de l’Acad. des Sciences 1719 p. 82.

(3) Gfr. Ant. de Jussieu: Examen des causes des impressions de plantes marquées sur certaines pierres des environs de Saint-Chaumont dans la Lyonnais in Mém. de l’Acad. des Sciences 1718 p. 287.

BARRELIER.

VOYAGE AU PILAT.

151

A Lion, visites rendues à M. Goiffon pour apprendre de lui les endroits d’Espagne les plus fertiles en plantes ; en même temps un examen de plusieurs plantes qu’il en avoit rapportées (1).

Visite rendue à Neufville à M. l’archevêque de Lion : herbori¬ sation dans le parc avec M. Goiffon.

Lettres de crédit que M. La Croix, banquier, me donne pour ses correspondants d’Espagne et de Portugal.

Reçu de M. Pestalossi (sic) une dent fossile ; voyez Mémoires de l’Académie (2).

§ II. Le P. Barrblier.

Le nom du Père Barrelier serait presque ignoré aujourd’hui si l’un des principaux ouvrages du savant dominicain n’eut été sauvé de la destruction et édité par Ant. de Jussieu ; entre ces deux hommes qui ne se sont pas connus, dont l’un avait déjà disparu alors que l’autre n’était pas encore né, il existe donc une sorte de parenté scientifique qui me permet de réunir leurs noms dans cette étude.

En compulsant les Plantæ jper Galliam ohsermtoe on peut s’assurer que c’est à peine si, dans ce volumineux in-folio, le mont Pilât est cité trois fois, encore l’une de ces citations, celle du Cruciata major, villosa, flore Molluginis (Obs. 100 et Icon. 324) appartient-elle à Ant. de Jussieu ; de cette absence presque complète de documents sur la principale montagne du Lyonnais on aurait tort de conclure que le P. Barrelier n’a pas herborisé au Pilât; je trouve la preuve évidente du contraire dans un manuscrit du P. Barrelier lui-même, lequel, après avoir appar¬ tenu à Ant. de Jussieu, est devenu la propriété du Muséum de Paris. C’est un petit volume de 15 cent, de hauteur sur 10 cent. 1/2 de largeur, relié en velin et portant encore sur ses plats les traces de l’incendie qui détruisit une partie des collec-

(1) C’est très probablement à cette époque qu’Ant. de Jussieu reçut de Goiffon une assez belle série de plantes d’Espagne qui figurent encore au¬ jourd’hui dans l’herbier des de Jussieu, conservé au Muséum de Paris.

(2) Cette indication paraît avoir été ajoutée postérieurement à la rédaction du manuscrit; elle se rapporte probablement à l’un des mémoires de paléon¬ tologie publiés par Ant. de Jussieu en 1721 et 1724 (loc. cit. p. p. 69, 322 et 209.

152

BARRELIER. VOYAGE AU PILAT.

lions et des manuscrits du P. Barrelier ; il contient la liste des plantes récoltées par ce botaniste dans ses nombreuses herbori¬ sations en divers lieux de la France. C’est dans ce manuscrit, curieux à bien des titres, que Guettard a puisé toutes les indi¬ cations relatives à la végétation des environs de Malesherbes (1); je ne crois pas, du reste, qu’il ait été fait au travail du savant dominicain, d’autre emprunt que celui que je viens de rappeler.

Le P. Barrelier ayant négligé d’inscrire une date en tête de chacune de ses herborisations, il m’est impossible de fixer avec précision l’époque à laquelle il fit l’excursion du Pilât ; mais divers indices relevés au cours de mes recherches, me donnent à penser que le P, Barrelier a visiter cette montagne en même temps qu’il explorait le Dauphiné pour le compte de Gaston d’Orléans, c’est-à-dire pendant la période comprise entre les années 1646 et 1650.

On sait que l’auteur des Plantœ per Galliam ohservatœ avait adopté une nomenclature différente de celle des botanistes de son temps (2) ; pour la faire concorder avec les dénominations linnéennes, j’ai dû, en l’absence des collections du P. Barrelier aujourd’hui détruites, m’en rapporter à la synonymie des anciens auteurs, et plus spécialement, aux herbiers de Tourne- fort, de Vaillant et d’Ant. de Jussieu.

Index plantarum quœ in monte Pilatiejusquevicinia végétant

(Auctore Jacobo Barrelier).

Telephium vulgare, majus, G. ^B. (Sedum Telephium L., non Gr. Godr., S. maximum Suter).

Lilium Convallium, minus, G. B. ; Gramen Parnassi Gam. In altioribus pratis et silvis. (Maianthemum bifolium D. G.).

Lunaria Botrytis seu racemosa , J. B. In altioribus pratis (Botrychium Lunaria Sw. ).

Doronicum Plantaginis folio, alterum, G. B. ; Ptarmica montana, Lugd. In siccioribus et elatioribus pratis (Arnica montana L.).

Goronopus minimus, tenuifolius, hirsutus, Gol. (Plantago carinata Schrad.).

(1) Gfr. : Guettard, Observations sur les Plantes, p. xxxvm.

(2) Gfr. : Mémoires de V Académie des Sciences, 1714, p. 42 et 1758, p. 121.

BÂRRELIEll. - VOYAGE AU PILAT. 153

Alcliimilla alpina, quinque folia, argentata C. B. Inter saxa altiora (xilchimilla alpina L.),

Gnaplialium anglicum, Raj. In declivibus locis (G. sylvati- cum L.).

Pyrola rotundifolia, major, C. B. In sylvosis declivibus (P. rotundifolia L.).

Doronicum maximum, foliis caulem amplexantibus, C. B. In summis jugis montis Pilati (D. austriacum Jacq.).

Napellus verus. Lob. Ibid. (Aconitum Napellus L.),

Vaccinia nigu’a Dod. ; Vitis Idæa foliis oblongis, crenatis, fructu nigro, C. B. Ubique in montosis (Vaccinium Myrtillus L.).

Doria major, incana, Barr. Solidago sarracenica, Trag., Fuchs. (Senecio Fuchsii Gmelin).

Levisticum foliis Cicutæ, Barr. ; Siler creticum, Cam. In pra- tis declivibus. (Chæropliyllum hirsutum L.).

Meum athamanticum, Moris. In pratis ubique (Meum atha- manticum, Jacq.).

Valeriana minor, alpina, petræa, Barr. In saxosis jugis (Va- leriana tripteris L.).

Cacalia prima, incano^folio, Clus. In apricis montosis (Caca- lia albifrons L. fils).

Martagon Rupp. In monte Pilati. (Lilium Martagon L.).

Herba Paris Cæs, In silvosis umbrosis. (Paris quadrifolia L.).

Aconitum Bathracordis, flore albo, Barr. In editioribus pratis juxta rivos. (Aconitum Lycoctonum L.).

Aconitum racemosum, J. B. ; Cliristophoriana Clus. In sil¬ vosis et acclivibus ad orientera. (Actæa spicata L.).

Rapunculus alopecuroides, maculatus, flore albo, Barr. Ibid. (Phyteuma spicatum L. ; Cfr: Barrelier, Plantæ per Gall. obs. 88, Icon. 892).

Rapunculus alopecuroides, vulgaris, flore albo, Barr. Ibid. (Phyteuma spicatum L.).

Rapunculus alopecuroides, maculatus, flore cæruleo, Barr. Ibid. (Phyteuma nigrum L.) .

Polygonatum angustifolium, J. B. (P. verticillatum Ail.)

Oxallis rotundifolia, major, Barr. (Rumex scutatus L.).

Adiantum minus, angustifolium, crispum, Barr. In ruderibus (A. Ruta muraria L.).

Adianthum tenuifolium, mollius, Barr. Ibid. (Cystopteris fra- gilis Bernh. ? ?).

BARRELIER.

VOYAGE AU PILAT.

154

Ceteracli, J. B. Ibid. (Ceteracli officinarum Willd.).

Umbilicus Veneris, minor, Barr. Ibid. (Umbilicus penduli- nus D. C.),

Saxifrag-a aurea Dod. (Chrysosplenium oppositifolium L.).

Lyclinis viscosa, flore albo, Tourn. In siccis et editioribus pratis montis Pilati (Silene armeria L, var. flore albo).

Hieracium maculatum, Barr. (Hypocliœris maculata L.).

Veronica flore albo, Barr. In pratis convallium. (V. montana L.).

Calamintha montana, Pulegii odore, Barr. In silvis.’(C. gran- diflora Mœncli).

Calamintlium incanum, minus. Bar. In siccis planitiei. ^(C. Menthæfolia Host.).

Chamænerium Tourn. In pratis. )(Epilobiiim spicatum Lam.).

Linaria purpurea, odorata, Bellidis folio, Barr. iln montosis (Anarrliinum bellidifolium Desf.).

Lyclinis viscosa, purpurea, Barr. Inter saxa collis juxta Coin- drium (l)quæest ad viciniam oppidi. (Viscaria purpurea Wim- mer).

Lilium convallarium, majus, Lind. (Convallaria majalis L.).

Gnaphalium montanum, flore albo, purpureo et carneo, Barr. Ubique in siccioribus. (Antennaria dioica Gærtn.).

Asperula flore albo, Barr. In silvis. (Asperula odorata L.).

Filix fontana, tenuifolia,pinna rotunda, major, Barr. In pratis (Cystopteris fragilis Bernh. ?).

Filix fontana, tenuifolia, acuta, major, Barr. In pratis. (?)

Filix çorniculata, Moris. ; saxatilis. Lob. in rupibus. (Asplé¬ nium septentrionale Sw.).

Satyrium Basilicum, maculatum, elegans, Barr. (Orchis ma¬ culata L.).

Filix saxatilis, major, Barr., (Asplénium septentrionale Sw.).

Filix carbonaria Tragi, Barr. Dryopteris tenuifolia, ramosa. Barr. In rupibus (Polypodium Dryopteris L.).

Sonclius lævis, perenni radice,'purpureus, Barr. In silvosis. (Prenanthes purpurea L.).

Platanus, Barr. (Acer pseudoplatanus L.).

Aria Theoplirasti, Barr. (Sorbus Aria Crantz.).

(1) Probablement Condrieu,

A. DE JUSSIEU.

VOYAGE AU PILAT.

155

Sorbus, J. B. (Sorbus torminalis Crantz.).

Cornus altéra Barr. (Cornus mas L.).

Sambucus montana, racemosa, frnctu rubro, Barr. (S. race- mosa L.).

Castanea frnctu nigro, Barr. (Castanea vulgaris L.). Rubusidæa, saxatilis, alpina, Barr. Ubique fere in acclivis (1). Rubus hirsuta, rubra, Barr. Ubique in acclivis. (R. idæus

L.).

Persicaria siliquosa vulgo Noli |me tangere, Lob. (Impatiens Noli tangere L.).

Bistorta major, Clus. (Polygonum Bistorta L.).

Gramen Parnassi, vulgare, Cam. (Majantbemum bifolium D C.).

Ranunculus nemorosus Fucbsii, flore albo et carneo Barr. (Anemone nemorosaL.).

Genista scoparia, minor, Barr. (Sarotbamnus purgans Gr. et Godr.).

Cbamægenista folio articulato. Barr. Inacclivibus (Genista sa- gittalis L.).

Cbamægenista supina, Bar. (Genista pilosa L.).

Padus Tbeopbrasti, Dal. (Cerasus PadusD C., C. racemosa Lo- bel).

Soncbus montanus, purpureus TsipaTueiaXov Col. (Prenantbes purpurea L.).

Juxta Lugdunum.

Carduus tuberosus, Cnici facie vel Cirsium tuberosum, Barr. In pratis supra Rbodani pontem (Cirsium bulbosum D C.

Pimpinella major, seu Sanguisorba, Barr. Ibid. (Sanguisorba officinalis L.).

Sanicula alpina, seu Diapensia minor, Barr. In bortoRecolle- torum Lugduni a fratre Justino. (Cortusa Mattbioli L.).

(1) Il est probable que ce prétendu R. saxatilis est un R. idæus et non encore ligneux.

O BSERVATIONS

SUR

DEUX DOSES PROLIFÈRES

par

Le Dr BEAUVISAGE

M. Viviand-Morel a bien voulu me remettre, pour en faire l’étude détaillée, deux Roses prolifères qu’il avait présentées à la Société. Les observations que j’ai faites sur elles sont assez intéressantes, en ce qu’elles m’ont permis de constater, sur ces deux Roses, deux modes de prolifération tout différents.

I. La première est une Rose de la variété connue sous le nom de Souvenir de la Malmaison. Au premier coup d’œil on y remarque, en dedans des innombrables pétales qu’on rencontre ordinairement dans cette belle variété, un certain nombre de masses globuleuses saillantes, de la même coloration carnée, et paraissant formées uniquement par de nombreux pétales imbri¬ qués, étroitement enchevêtrés les uns avec les autres.

Ces masses globuleuses sont entremêlées d’étamines, et en dedans d’elles on distingue les têtes stigmatiques de nombreux styles d’aspect normal.

Une coupe longitudinale diamétrale de la fleur (fig. 1) permet de se rendre compte d’une manière plus précise des rapports qu’affectent entre elles ses diverses parties. Ce qui frappe tout d’abord, c’est la forme du réceptacle dans lequel on peut distin¬ guer aussitôt deux régions, l’une inférieure et centrale, à peu près normale, l’autre supérieure et périphérique, pour ainsi dire surajoutée, et qui est le siège des anomalies intéressantes que nous présente cette fleur.

158 OBSERVATIONS SUR DEUX ROSES PROLIFERES.

La région inférieure, le fond du réceptacle, est rég’ulièrement obconique évasée ; ses parois sont très épaisses, son bord supé¬ rieur, plus épais encore, forme une sorte de double bourrelet à deux lèvres : une lèvre externe donnant insertion à cinq sépales normaux, à des pétales en nombre considérable, enfin à des étamines normales et nombreuses; une lèvre interne nue limi¬ tant supérieurement la surface interne du cône renversé, c’est- à-dire la concavité du réceptacle. Cette surface donne insertion, dans toute son étendue, à des carpelles bien constitués, égale¬ ment en grand nombre. Eien de particulier à noter dans cette région.

Au contraire, la région supérieure, examinée en détail et minutieusement disséquée, nous offre des particularités curieuses que je vais résumer brièvement.

Cette région constitue dans son ensemble un rebord inter¬ rompu, irrégulièrement découpé, surajouté à la coupe réc'epta- culaire, et interposé aux deux lèvres du bourrelet qui forme ce qu’on peut appeler le bord supérieur normal de cette coupe.

Ce rebord surajouté et interrompu semble formé par une sorte de verticille de ramifications réceptaculaires très inégales, de largeur et de hauteur variables, plus ou moins connées entre elles, mais offrant, à part ces différences de détail, une complète identité d’organisation. Chacune d’elles (fig. 2) est aplatie tan- gentiellement, et d’une épaisseur égale sensiblement à la moitié de celle des parois de la coupe réceptaculaire ; elle présente une face interne nue, se continuant avec la lèvre interne du bour¬ relet normal, et une face externe au contraire toute couverte d’étamines, ainsi que les bords latéraux.

Quant à la partie supérieure de cette ramification réceptacu¬ laire, on peut y distinguer nettement deux portions, un bord tourné vers l’extérieur, et en dedans, un peu plus bas, l’une des masses globuleuses mentionnées au début.

Le bord extérieur et supérieur donne insertion très régulière¬ ment, de dehors en dedans, à des pétales, à des étamines nor¬ males et à de nombreux carpelles avortés, réduits à de très petites dimensions. La masse globuleuse, située immédiatement en dedans de ces petits carpelles, est tantôt tout à fait sessile, tantôt brièvement pédicellée; dans ce dernier cas, le court pédi- celle qui la supporte se dégage un peu plus bas de la face interne de la ramification réceptaculaire.

OBSERVATIONS SUR DEUX ROSES PROLIFERES. 159

Cette masse globuleuse, lorsqu’on en fait la section longitu¬ dinale (fig. 3), se montre constituée comme une fleur dépourvue de sépales. Elle est munie d’un réceptacle propre bien caracté¬ risé, à surface plane ou très légèrement convexe, portant rég’u- lièrement insérés autour de son sommet organique des pétales normaux très nombreux, des étamines petites, différant seule¬ ment des étamines normales par leur filet qui est droit au lieu d’être incurvé, enfin des carpelles avortés, très petits, tout à fait filiformes, paraissant réduits à leur portion stylaire.

En résumé, cette fleur de Rose présente : des portions hypertrophiées du bord de la coupe réceptaculaire, très nette¬ ment localisées dans la région interne de la portion stamini- fère ; au bord supéro-externe de chacune de ces ramifications réceptaculaires aplaties, un groupe d’organes floraux (pétales étamines et carpelles) à insertions unilatérales; en dedans de chacun de ces groupes, une véritable fleur, incomplète par l’absence de càlyce, mais pourvue d’un axe réceptaculaire bien caractérisé et d’une symétrie propre.

J’ai vainement cherché à reconnaître dans cette fleur les organes appendiculaires à l’aisselle desquels les ramifications réceptaculaires (si elles méritent bien ce nom) avaient pu pren¬ dre naissance. J’ai également cherché sans résultat dans l’an- drocée des caractères de forme ou de disposition qui pussent venir à l’appui des théories émises sur la nature stipulaire ou foliolaire des étamines des Rosacées. Le nombre considérable des étamines dans le premier cas, leur forme bien normale dans le second, m’ont empêché de faire aucune constatation utile dans ces deux directions.

II. La seconde fleur que j’avais à examiner était un exem¬ plaire de Rose de Provins (Rosa gallica).

Celle-ci, beaucoup moins grande que la précédente, s’en dis¬ tinguait tout d’abord, au point de vue de son mode de prolifé¬ ration, par ce fait qu’elle présentait dans sa région centrale un grand nombre de masses globuleuses exsertes, non plus rosées comme dans le premier cas, mais bien vertes et offrant au pre¬ mier aspect l’apparence d’autant de boutons normaux munis chacun de leur calyce propre.

La coupe longitudinale (fig. 4) montre tout d’abord que cette Rose a un réceptacle tout différent de celui de la première. Ce réceptacle, proportionnellement plus concave, a une forme coin-

160 OBSERVATIONS SUR DEUX ROSES PROLIFERES.

parable à celle de certains chaudrons. Son fond est larg’e et h peu près plan; ses parois latérales sont brusquement redressées et légèrement inclinées de bas en haut et de dehors en dedans, de telle sorts que sa cavité est plus large en bas qu’en haut, et que son ouverture supérieure est légèrement étranglée. La pro¬ fondeur de cette cavité est à peu près égale à son rayon maxi¬ mum, c’est-à-dire à la moitié du diamètre de son fond. Dans son ensemble, le réceptacle est donc large, court, ventru à la base et un peu rétréci vers son bord supérieur.

Ce bord supérieur, épais, donne insertion, de dehors en dedans, à cinq sépales normaux, sinon qu’il y en a trois barbus des deux côtés, à de nombreux pétales assez régulièrement imbriqués et d’autant plus petits qu’ils sont plus en dedans ; les plus intérieurs, réduits à des dimensions très minimes, repré¬ sentent les étamines, qui manquent absolument sous leur forme normale ; on ne constate d’ailleurs aucune forme de transition rappelant le passage des pétales aux étamines.

Les parois latérales de la cavité réceptaculaire ne donnent insertion à aucun organe, et présentent une surface absolument lisse. C’est dans le fond du réceptacle, c’est-à-dire dans la région carpellaire, qu’il faut aller chercher l’origine des proliférations.

Ce fond, à peu près plan, comme il a été dit plus haut, ne donne insertion à aucun carpelle normal. Au lieu des carpelles, on y voit attaché un faisceau très dense dans lequel on distin¬ gue aisément deux sortes d’organes : des languettes foliacées, linéaires-aiguës ou subulées, entremêlées d’un grand nombre de véritables pédicelles cylindriques, qui vont porter à une plus ou moins grande hauteur au-dessus de l’orifice du réceptacle, les boutons qui les terminent, et dont il a été question tout à l’heure.

L’étude, très intéressante, des rapports qu’affectent entre eux ces pédicelles et ces languettes foliacées, est rendue assez diffi¬ cile par la concrescence variable, souvent très prononcée, de ces divers organes. Cependant l’examen détaillé que j’en ai fait m’a permis d’arriver à une conclusion que j’ai tout lieu de croire juste, mais que je ne puis présenter que comme une probabi¬ lité; une étude organogénique de cette fleur eut pu seule donner à cette conclusion les caractères de la certitude.

Quoi qu’il en soit, voici les principaux faits que j’ai pu cons¬ tater sur ce point :

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1“ Plusieurs pédicelles étaient libres de toute adhérence et correspondaient exactement à la face interne d’une languette foliacée, à l’aisselle de laquelle ils semblaient prendre naissance.

2“ D’autres, non adhérents à leurs voisins et occupant la même situation par rapport à une languette foliacée, étaient connés dans une certaine étendue avec les deux bords de celle-ci.

Dans ces deux cas, les boutons terminant le pédicelle étaient pourvus de leurs cinq sépales régulièrement quinconciaux.

3“ Dans d’autres cas (fig. 5), plusieurs pédicelles étaient con¬ nés entre eux jusqu’à une hauteur variable et paraissaient cor¬ respondre tantôt à une seule, tantôt à plusieurs languettes foliacées semblant connées avec eux, soit par leurs bords, soit par leur face interne.

4” Enfin, pour plusieurs d’entre ceux-ci, j’ai pu constater ce fait que la lang'uette foliacée paraissant avoir son insertion réelle sur le fond du réceptacle, venait, par suite d’une concres¬ cence assez étendue, constituer le premier sépale du cycle quin- concial du bouton terminal, et, dans ce cas, les quatre autres sépales se détachaient successivement, à des hauteurs variables, du pédicelle qui les portait (fig. 6 et 7).

Dans tous les cas, les sépales n’avaient de normal que leur coloration ; leurs dimensions étaient très variables ; leur forme bien plus encore; leurs bords étaient toujours entiers et dé¬ pourvus des barbes caractéristiques qu’offrent les bords recou¬ vrants des sépales normaux.

La coupe longitudinale des boutons m’a toujours présenté, sauf en ce qui concerne le calyce, les caractères des boutons ordinaires, quant à la forme du réceptacle et aux pétales, éta¬ mines et carpelles auxquels il donnait insertion.

Je ne m’y arrête donc pas, et je reviens aux rapports entre les pédicelles et les languettes foliacées.

Des divers exemples que j’ai cités, je crois pouvoir tirer sous toutes réserves les inductions suivantes :

Les languettes foliacées paraissent être les carpelles, qui ont repris leur caractère de feuilles.

Les pédicelles, qui semblent toujours être en rapport avec leur face interne, doivent être des ramifications réceptaculaires nées à l’aisselle de ces carpelles.

Le deuxième cas permettrait de supposer que le pédicelle n’est autre chose que le placenta accru et prolifère, ce qui tendrait à

11

162 OBSERVATIONS SUR DEUX ROSES PROLIFERES.

confirmer la théorie de la nature axile du placenta, en ce qui concerne les Eoses.

Enfin le dernier cas, montrant un carpelle qui devient sépale, pourrait faire supposer que, malgré certaines apparences, il a son origine réelle sur le pédicelle, et établir une transition entre les deux hypothèses morphologiques suivantes : Supposant admise la nature axile du placenta, celui-ci naît-il à l’aisselle de la feuille carpellaire ou, au contraire, lui donne-t-il inser¬ tion ? Les deux hypothèses peuvent être vraies, comme aussi celle qui écarterait toute homologie entre les pédicelles en question et des placentas, et les envisagerait comme des pro¬ ductions entièrement nouvelles.

Quoi qu’il en soit, je crois intéressant de faire remarquer les deux modes très différents de prolifération que nous présentent ces deux Roses, dont le réceptacle se ramifie, chez la première par son bord, dans la région staminifère, chez la deuxième par son fond, dans la région carpellaire.

M. Duchartre a présenté, le 11 février 1887, à la Société botanique de France, deux Roses monstrueuses offrant un mode de prolifération tout à fait analogue à celui que j’ai décrit en premier lieu, c’est-à-dire des boutons naissant du bord de la cupule réceptaculaire ; mais ces boutons étaient pourvus d’un calyce, et portés sur des pédicelles munis de deux bractées ; en revanche, ii n’y avait dans ces Roses rien de semblable à ces ramifications irrégulières portant des groupes floraux à insertions unilatérales, que j’ai signalées plus haut.

LE

JARDIN BOTANIQUE

DE LA

FACÜLTÉ DE MÉDECINE DE LYON

ET

LA MÉTHODE NATURELLE

PAE LE

Dr BEAUVISAGE

I

CRÉATION DU JARDIN, SON EMPLACEMENT, SA DISPOSITION

La Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lyon va enfin avoir un jardin botanique. Dès l’époque de sa création, en 1877, il était décidé en principe qu’on en établirait un dans le grand terrain qui s’étend en arrière du bâtiment central, entre les deux pavillons, désignés sous les noms de Section A (Anatomie) et Section G (Physiologie), et qui est clos du qua¬ trième côté, au Sud-Est, par un mur auquel est adossé le petit bâtiment du chauffage, le long duquel devait être construite une serre.

Depuis dix ans que la Faculté existe, depuis cinq ans environ que les bâtiments sont achevés, ce projet d’établissement d’un jardin botanique et d’une serre a été ajourné d’année en année

164

Llî JARDIN BOTANIQUE

pour (les raisons administratives, financières et autres, que je n’ai pas à examiner ici.

Je n’ai pas besoin, d’autre part, d’insister sur les inconvé¬ nients et lés difficultés multiples résultant de ce fait, tant pour les élèves que pour celui qui est cliarg*é de leur enseigner la botanique. Nous n’avions tous d’autre ressource, en dehors des plantes spontanées qui croissent dans la campagne ou dans les terrains vagues situés autour de la Faculté et dans son enceinte même, que le Jardin botanique du Parc de la Tête-d’Or, qui est à l’autre extrémité de la ville et qui n’est pas organisé pour satisfaire aux besoins spéciaux de la botanique médicale.

Récemment, le Conseil municipal de Lyon vota les crédits nécessaires à la mise en état de la cour d’honneur et à l’établis¬ sement du jardin botanique.

Je me préoccupai dès lors de ce qu’allait être ce jardin que j’appelais de tous mes vœux depuis quatre ans. Je demandai à en voir le plan, dressé dès le début; quand j’en eus pris con¬ naissance, je le trouvai défectueux à tous égards, tant au point de vue scientifique, qu’au point de vue pédagogique, ou même esthétique, et j’eus aussitôt l’idée de lui en substituer un autre qui fût mieux en harmonie avec les tendances actuelles de la science en général et de la botanique en particulier.

Je me hâtai donc, autant que possible, de dresser un projet conforme à mes idées, et de le soumettre à l’administration de la Faculté. Malgré mes eflTorts, mon plan fut repoussé; le plan primitif fut approuvé : c’est lui que l’on met à exécution en ce moment même (décembre 1887).

Ma tentative a été infructueuse; je le regrette vivement; quoi qu’il en soit, j’ai fait à cette occasion un travail qui pourra peut-être intéresser mes collègues de la Société botanique de Lyon, non pas tant pour la disposition même de mon plan, élaboré trop hâtivement, en raison de l’urgence de la situation, que pour l’exposé des principes qui m’ont guidé dans l’éta¬ blissement de ce projet. Je les remercie d’avoir bien voulu me permettre de développer devant eux les motifs qui m’ont dirigé dans cette circonstance, et de m’avoir ainsi procuré l’occasion de dégager complètement ma responsabilité pour l’avenir.

On pourrait supposer en effet que, chargé du cours de bota¬ nique à l’époque de la création du jardin, j’ai contribué dans une certaine mesure h en régler la disposition générale. Je

DE LA FACULTÉ DE MEDECINE.

165

tiens à ce que l’on sache bien qu’il n’en est rien, que le plan primitif actuellement en voie d’exécution a été désapprouvé par moi, et que j’ai fait de vains efforts pour lui en faire substituer un autre, conçu dans un esprit tout différent.

Le terrain destiné à l’établissement du jardin botanique a, dans son ensemble, la forme d’un quadrilatère presque rectan¬ gulaire, dont le contour est rendu irrégulier sur ses deux petits côtés par deux bâtiments qui font saillie à son intérieur : au Sud-Est, c’est le bâtiment du chauffage avec la substruction destinée à l’édibcation de la serre ; au Nord-Ouest, c’est la rotonde du grand amphithéâtre rattachée au bâtiment central. De plus, la rue de Béarn, située au Sud-Est, n’étant pas exac¬ tement parallèle au quai Claude-Bernard, et par suite au bâti¬ ment central en façade de ce côté, il en résulte que les deux pavillons A et C, qui se font vis-à-vis, ne sont pas ég’aux ; le premier a environ 2“ 50 de façade de plus que l’autre; la ligne qui joint leurs portes médianes, et au milieu de laquelle a été construit un petit bassin occupant le centre de figure du ter¬ rain, est donc légèrement oblique par rapport aux deux grands

côtés de celui-ci.

Les principales dimensions de ce terrain sont :

Longueur. Côté Nord-Est (façade de la section C). 58“12

Côté Sud-Ouest (façade de la section A). 60 60

Axe longitudinal, de la serre à la rotonde . 41 30

dont : 1“ De la serre au centre du bassin . 25 90

Du centre du bassin aux marches de la rotonde. . . 15 40

Largeur. Distance des deux pavillons A et C . . . 49 26

(très peu réduite dans le milieu par une légère saillie des deux façades).

Saillie de la serre . . . 4 15

Sa largeur . 17 14

Saillie de la rotonde (rayon de courbure de l’hémicycle). 13 41

Pour compléter la description de cet emplacement, il importe de faire remarquer que les deux pavillons A et C sont séparés chacun : au Sud-Est, du mur de clôture par une bande de ter¬ rain de 6“ 50 en moyenne, pouvant être utilisée pour des réserves, couches, etc.; au Nord-Ouest, des deux pavillons antérieurs. Section B (Physique et Chimie) et Section D (Faculté des sciences), par un grand passage largue de 10“ 50. Or, en face de ces deux derniers passages, l’hémicycle de la rotonde se

160

LE JARDIN BONTÂNIQUE

rattache au bâtiment central par une portion rectangulaire qui laisse de part et d’autre, en dehors de l’alignement des pavil¬ lons A et C, un angle utilisable pour le jardin. Récemment encore, tous ces espaces, le terrain principal et les parties acces¬ soires que je viens d’indiquer, étaient dans un état d’abandon complet et constituaient un vaste terrain vague envahi par une florule rudérale assez riche, mais ne présentant, à part quelques rares exceptions, qu’un médiocre intérêt pour les études de botanique médicale et pharmaceutique (1).

(1) Voici la liste des espèces qui occupaient le terrain :

Hordeum murinum, Bromus sterilis, B, tectorum, B. mollis, Poa annua, P. trivialis, Dactylis glomerata, Lolium perenne, L. italicum, Holcus lana- tus, Avena elatior, A. sativa, Koeleria phleoides, Triticum sativum, Secale cereale.

Asparagus officinalis.

Urtica diœca, Parietaria diffusa, Cannabis sativa, Ficus Garica.

Chenopodium album, G. Vulvaria, Amarantus rctroflexus, Polygonum Per* sicaria, P. aviculare, P. dumetorum, Mercurialis annua, Gorylus Avellana, Populus alba.

Ranunculus acris, R. repens. Papayer dubium, Chelidonium majus.

Gapsella Bursa-pastoris, Brassica (Diplotaxis) tenuifolia, B. campestris (Rapa), B. (Sinapis) arvensis, Lepidium graminifolium, L. campestre, Isatis tinctoria Réséda lutea.

Cerastium vulgatum, Arenaria serpyllifolia, Silene inflata, Saponaria offi¬ cinalis, Dianthus prolifer.

Malva silvestris, M. rotundifolia. Hypericum perforatum. Géranium dissectum, Erodium cicutarium.

Trifolium repens, T. pratense, Medicago lupulina, Melilotus officinalis, M. leucantba, Lotus corniculatus, Vicia sativa.

Potentilla reptans, Sanguisorba Poterium, Rubus caesius, Persica vul- garis.

Bryonia diœca. Epilobium tetragonum, Œnotbera biennis.

Daucus Garota, Pastinaca sativa, Silaus pratensis, Conium maculatum, Fœniculum officinale. Galium erectum.

Barkhausia taraxacifolia, B. setosa, Pterotbeca nemausensis, Hypocbœris radicata, Taraxacum officinale, Sonebus oleraceus, S. asper, Lactuca Scariola, Tragopogon major. Carduus nutans, C. tenuiflorus, Girsium lanceolatum, G. arvense. Onopordon Acantbium, Lappa major, Centaurea Jacea, C. pani- culata, C. Calcilrapa. Cbrysantbemum Leucantbemum, C. partbenium, Tanacetum vulgare, Antbemis arveusis, Acbillea MillefoUum, A. Ptarmica, Artemisia vulgaris, A. campestris, Pulicaria dysenterica, Erigeroncanadensis, Tussilage Farfara.

Solanum Dulcamara, S. nigrum, Datura Stramonium; Nicandra pbysaloides.

Convolvulus arvensis. Lysimaebia vulgaris. Ecbium vulgare, Myo¬ sotis intermedia, Anebusa italica, A. officinalis.

Mentba rotundifolia, Lycopus euiopaeus, Calamintba officinalis, Brunella vulgaris, Ballota nigra, Leonurus Gardiaca, Salvia verbenaca.

Verbena officinalis. Plantago lanceolata, P. major.

En résumé, les familles représentées par le plus grand nombre d’espèces et d’individus sont les Gomposées, les Graminées, les Crucifères et les Légumineuses.

Plusieurs des espèces ci dessus, représentées d’ailleurs par un petit nombre d’échantillons ou même un seul, n’étaient pas venues spontanément; leur présence s’explique par le transport sur ce terrain d’une certaine quantité de bonne terre provenant de quelque jardin.

DE LA. faculté DE MEDECINE.

1G7

La nature du sol constitue déjà un des inconvénients du terrain au point de vue de la création du jardin botanique. Il est vrai que, pour établir les plates-bandes, on creuse des fosses que l’on remplit de bonne terre ; mais pour beaucoup de végé¬ taux, la profondeur de ces fosses sera insuffisante, et quand leur pivot, dans sa marche descendante, atteindra le sous-sol formé de graviers, plâtras, etc., l’existence de ces plantes, pour peu qu’elles soient exigeantes, pourra être rapidement compro¬ mise.

Le milieu atmosphérique, de son côté, ne sera pas des plus avantageux : il est en effet, habituellement vicié par la fumée de plusieurs usines du voisinage, sans compter celle qu’y dé¬ verse abondamment, en hiver, la cheminée de la machine qui chauffe la plupart des bâtiments de la Faculté.

En troisième lieu, au point de vue de la radiation lumineuse, une bonne partie du jardin se trouvera dans des conditions par¬ ticulièrement défavorables. En effet, le pavillon d’Anatomie (Section A) situé au Sud-Ouest projette son ombre sur la bande de terrain qui s’étend devant sa façade, et les plantes qui y se¬ ront placées, privées presque en tout temps des rayons directs du soleil devront se contenter de la lumière diffuse, qui pour¬ rait bien ne pas suffire à un bon nombre d’entre elles. D’autre part le bâtiment central, au Nord-Ouest, et surtout le pavillon de Physique et Chimie (Section B) à l’Ouest, plus élevés encore, masquent complètement le soleil dès le milieu de l’après midi, et mettent ainsi dans l’ombre beaucoup trop tôt la totalité de l’espace réservé au jardin.

Telles sont les conditions fâcheuses que présente cet empla¬ cement au point de vue de l’existence et de la vitalité des plan¬ tes qui seront destinées à y vivre. Mais il offre encore un incon¬ vénient d’un autre ordre qui est assez grave pour un jardin botanique : c’est essentiellement un lieu de passage, une véri¬ table cour, que les étudiants et le personnel de la Faculté tra¬ versent continuellement pour se rendre d’un pavillon à l’autre. Cette servitude forcée nuira évidemment au bon entretien du jardin ; elle sera une cause de trouble et de distraction pour les travailleurs; enfin, comme je l’exposerai plus loin, elle apporte un obstacle des plus gênants à tout arrangement méthodique des familles, dans le genre de celui que je rêvais de faire adopter.

Le plan primitif qui est mis à exécution et contre lequel je

168

LE JARDIN BOTANIQUE

me suis vainement élevé, n’a pas nécessité de grands efforts d’imagination à ses auteurs. Ceux-ci prenant pour modèle le Jardin botanique de la Ville, au Parc de la Tète d’Or, en ont modifié très légèrement le plan pour l’adapter au terrain mis à leur disposition.

Les plates-bandes concentriques, demi-circulaires au Parc, sont devenues ici des anneaux fermés, sauf les plus extérieures dont le contour est interrompu par la saillie de la rotonde. Ces plates-bandes au nombre de cinq (1), larges de deux mètres, séparées par des allées d’un mètre, se développent régulièrement autour du petit bassin. Leur ensemble, figurant assez bien une sorte de cocarde ou de cible, échancrée d’un côté, est entouré d’une grande allée de 2*“50, et divisé en quatre quadrants iné¬ gaux par deux autres allées rectilignes de même largeur qui se croisent presque à angle droit et dont l’une s’étend de la ro¬ tonde à la serre, l’autre de l’entrée de la Section A à celle de la Section C.

Les quatre angles restant libres, en dehors du jardin botanique proprement dit, sont occupés par des pelouses triangulaires, au milieu de chacune desquelles est un rond-point garni de bancs et accessible par de petites allées d’entrée. Ces pelouses, d’après le projet, pourraient être ornées de quelques arbres, buissons et corbeilles de fleurs. Deux des ronds-points doivent avoir à leur centre un petit bassin pour des plantes aquatiques (2).

Ce qui frappe au premier coup d’œil, c’est un contraste sin¬ gulier entre la rigidité toute géométrique des plates-bandes du jardin botanique, et l’élégance plutôt un peu fantaisiste des quatre angles. Il semble que l’on ait mal compris le précepte antique,

Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci.

L’utile et l’agréable sont bien ici représentés, mais séparé¬ ment; ils sont accolés, mais pas mêlés. L’agréable est dans les coins, réservés à des bancs entourés de jolies pelouses, d’arbris¬ seaux et de plantes d’ornement ; ce sont des lieux de repos, Ton peut venir se délasser des fatigues de l’étude. L’utile est

(1) Un amendement a été apporté sur ce point au plan primitif : les pla¬ tes-bandes concentriques seront au nombre de six et leur largeur est ré¬ duite à 1*“50.

(2) Ces deux petits bassins ont été supprimés du plan primitif lors do l’exécution.

DE LA FACULTÉ DE MEDECINE.

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au milieu ; c’est un lieu de travail, dont l’aspect est austère par la rég*ularité même de ses lignes ; on y va pour étudier, et l’étude doit être pénible ; rien de gracieux n’en altère le carac¬ tère, qui doit rester sérieux et grave ; aucun banc ne doit y in¬ viter au repos. Telle est l’idée, du moins, qui me paraît se dé¬ gager de ce contraste et avoir présidé à l’établissement de ce plan, comme à celui de la plupart des jardins botaniques que nous connaissons, qu’ils soient disposés suivant le type circu¬ laire, ou suivant le type rectangulaire.

On dirait qu’il y a comme une sorte de survivance incons¬ ciente de cette doctrine ancienne d’après laquelle le travail est un châtiment et doit, sous peine de sacrilège, conserver en toute circonstance ce caractère pénal et pénitentiaire. Aujourd’hui cette doctrine n’a plus grand crédit, et partout on cherche au contraire à mêler le plus intimement possible l’agréable à l’u¬ tile, et h rendre l’étude attrayante par tous les procédés imagi¬ nables. Qu’il me suffise de faire remarquer le soin que l’on ap¬ porte actuellement dans ce sens à la beauté des bâtiments et des locaux destinés à l’enseignement à tous les degrés. Les nouvel¬ les Facultés, les nouveaux lycées, les nouveaux groupes sco¬ laires, ne portent-ils pas tous la marque de cette préoccupation esthétique ?

A ce point de vue, notre jardin botanique fera exception ; il sera laid, comme les anciens. Cependant la présence de parties plus élégantes dans les coins semble attester une certaine ten¬ dance moderne ; mais ce n’est qu’une demi-mesure, et comme toutes les demi-mesures, celle-ci peut avoir des conséquences regrettables.

Ne serait-il pas à craindre, en effet, que les étudiants, voyant qu’on leur offre séparément l’agréable et l’utile, n’allassent de préférence dans les coins l’on pourra s’asseoir à Tornbre sans avoir rien à étudier, au lieu de rester dans les plates-bandes l’on devra étudier, le plus souvent en plein soleil, sans avoir le droit de s’asseoir ?

Mais tout cela n’est pour moi qu’un point très secondaire. Le principal, c’est le mode de classement des végétaux qu’entraîne forcément la disposition des plates-bandes régulièrement paral¬ lèles, qu’elles soient circulaires comme ici, demi-circulaires comme au Parc de la Tête-d’Or, ou rectilignes comme à l’Ecole vétérinaire de Lyon et au Jardin des Plantes de Paris. Les

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LE JARDIN BOTANK^UE

plantes ii’y peuvent être disposées qu’en série linéaire, ce qui d’une part est en opposition complète avec la méthode naturelle, et, d’autre part, a le défaut grave, au point de vue de l’ensei¬ gnement, de ne pas rendre sensible aux y eux le groupement des espèces et des genres en familles, et le groupement même de ces familles d’après leurs multiples affinités.

II

COUP D’ŒIL HISTORIQUE SUR LA MÉTHODE NATURELLE

Les classifications botaniques. Théophraste. Tragus, Gesner et Colonna. Gesalpino. Tournefort. Linné. Adanson. A.-L. de Jussieu et la subordination des carac¬ tères. Progrès récents. Lamarck et Darwin. Hérédité et filiation.

C’est une notion familière à quiconque s’est un peu occupé de botanique que la distinction entre les classifications artificielles et les classifications naturelles ; la plupart de nos Manuels élé¬ mentaires français établissent nettement cette antithèse et met¬ tant en opposition les classifications artificielles ou systèmes de Tournefort, de Linné, etc., avec les classifications naturelles d’A.-L. de Jussieu, De Candolle et autres, qu’ils désignent habituellement sous le nom de méthodes naturelles.

Or, il y a là, à mon avis, une confusion de mots qui entraîne une confusion dans les idées et contribue à répandre des notions erronées sur cette question.

Tout d’abord il ne peut y avoir, et il n’y a qu’une méthode naturelle, le mot méthode étant pris comme il convient dans son sens philosophique ; par suite, l’application rigoureuse de cette méthode ne saurait aboutir qu’à une seule classification idéale, parfaite, des végétaux, qui mériterait alors vraiment d’être appelée la classification naturelle. Or, il n’y a pas, il ne peut pas y avoir de classification naturelle véritable, comme j’essaierai de le faire voir tout à l’heure. Il y a des classifications établies plus ou moins a priori, avec plus ou moins de souci initial de la méthode naturelle, et d’autres qui au contraire ont

DE FACULTÉ DE MEDECINE.

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été faites plutôt a posteriori^ d’après les principes de cette mé¬ thode. Mais toutes, quoique à des degrés divers, sont fatalement artificielles et systématiques, et ce qu’il y a de plus curieux à remarquer, quand on en approfondit l’économie, c’est que, in¬ versement, toutes sont plus ou moins naturelles, soit dans leur point de départ, soit dans le détail de l’arrangement auquel ont été amenés leurs auteurs.

Il n’entre pas dans ma pensée de faire ici une histoire des classifications botaniques ; mais je crois utile de rechercher dans le passé les origines de la méthode naturelle, afin de bien pré¬ ciser le sens de cette expression et d’en dégager le vrai principe, qui semble avoir été quelque peu oublié par certains botanistes de notre époque, auxquels on peut reprocher de lui avoir subs¬ titué, à tort, un autre soi-disant principe, faux puisqu’il n’est pas absolu.

Le principe fondamental de la méthode naturelle est celui-ci: ^''approcher le plus possible les êtres qui se ressemblent le plus^ séparer le plus possible ceux qui diffèrent le plus. Il y a pour corollaire immédiat Vexa^nen de V universalité des ca¬ ractères. Ce principe n’est pas nouveau : il remonte à l’école aristotélique et a été proclamé par Théophraste. Ce philosophe botaniste voulait en effet, comme le dit fort justement M. Gérard an début de son remarquable travail sur \ Anatomie comparée végétale appliquée à la classification (\), « que l’histoire des « plantes présentât, non seulement la description fidèle de tou- « tes leurs parties extérieures, mais encore celles de leurs or- « ganes internes et l’exposé des phénomènes physiologiques « qu’elles présentent. » Cette règle d’analyse détaillée et com¬ plète, il a commencé à l’appliquer, mais ne pouvait, à son épo¬ que, en tirer de bien grands résultats ; il y avait trop à faire. Théophraste a du moins noté un certain nombre de caractères des végétaux, distingué les arbres et les arbrisseaux, les sous- arbrisseaux et les herbes, les plantes terrestres et les plantes aquatiques, les feuilles persistantes et les feuilles caduques, etc. Il a combattu les idées téléologiques qui prétendent tout rap¬ porter à l’homme, déclaré que la nature avait ses principes en elle-même, qu’il fallait les rechercher et les étudier, et que les

(1) Thèse d’agrégation de pharmacie, Paris 1884.

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LE JARDIN BOTANIQUE

pommes n’étaient pas uniquement faites pour nous fournir un aliment agréable.

Le grand malheur, c’est que Théophraste n’ait pas eu de con¬ tinuateurs: la science botanique eût été fondée alors dès l’an¬ tiquité sur des bases solides, et eût pu fournir aux hommes de la Renaissance un ensemble de connaissances considérable, mé¬ thodiquement groupées, qui eussent singulièrement facilité leur tâche. Le Moyen-âge lui-même eût pu certainement faire progresser la Botanique, si le legs de l’Antiquité eût été un peu enrichi sur ce point par une génération de vrais botanistes grecs ayant appliqué et développé les principes de Théophraste.

Au lieu de perdre tant de siècles à commenter les compila¬ tions de Pline, la matière médicale de Dioscoride et la théra¬ peutique de Galien, on eût beaucoup plus tôt commencé à étu¬ dier la nature pour elle-même, et le développement plus pré¬ coce de la science pure n’eût pas été sans influence sur la marche plus rapide du progrès de l’humanité.

Ce n’est qu’au XVP siècle qu’on commence à étudier les plantes pour elles-mêmes; on ne cesse pas assurément de s’in¬ quiéter, avant tout de leurs vertus, mais on herborise avec l’idée de connaître toutes les plantes d’un pays, on fait venir des plantes de contrées plus ou moins éloignées, on fait des her¬ biers, on plante des jardins botaniques, on cherche à figurer avec exactitude les caractères des végétaux, on les analyse et on éprouve le besoin de les classer méthodiquement, non plus par propriétés, ou par ordre alphabétique, mais d’après leurs caractères naturels.

C’est je crois, Bock de Heidesbach (Tragus) qui a le premier, à cette époque, formulé clairement cette tendance. Voici en quels termes il s’exprime, dans sa préface (1) :

« In his vero omnibus describendis eam fere rationem secutus « sum, ut eas in tractatione conjungerem plantas, quas natura « formœ similitudine conjunxisse videtur... Neque volui lite- « rarum ordinem sequi, ut veteres soient herbarii. Habet « enim ea ratio multum incommoditatis, si quid judico. »

En même temps Conrad Gesner suivait la même voie, avec

(1) ’Nev:) Kræuterhuch, Ir® édition, Strasbourg, 1539 ; édition, tra d action latine: Hieronymi Tragi De Stirpiurn... commentariorum libri très ; Strasbourg, 1552, in-é*^, 1250 p., 5G8 fig.

DK LA FACULTÉ DE MEDECINE.

173

plus de succès que Trag*us, précisait les idées de genre, d’es¬ pèce, de variété, et reconnaissait, sans lui donner la valeur d’un principe, la subordination habituelle des caractères végétatifs aux caractères tirés du fruit, de la graine et de la fleur, en par¬ ticulier dans le passage suivant d’une lettre à Théodore Zwingger :

« Ex his enim potius quam foliis,stirpium natura et cogna- « tiones apparent. His notis (a fructu, seinine et flore) Staphi- « sagriam et Consolidam regalem vulgo dictam Aconito au[jLtpuXou(; « etvai goxavaç facile deprehendi. »

C. Gesner dit encore ailleurs :

« Semen... unde ego cognationes stirpium indicare soleo. » L’emploi répété du mot cognationes montre que Gesner fut le premier à avoir cette idée d’une parenté entre les végétaux, qui s’est affirmée plus tard par l’emploi du mot familles^ usité en premier lieu par le prince Federigo Cesi, et popularisé par notre compatriote Magnol. Une autre expression, intéressante au même titre, semble avoir été inaugurée par Fabio Colonna, qui, soutenant la même thèse que Gesner, disait :

« Exipso potius semine plantarum dijudicamus. »

Parentés, affinité, familles, sont des mots précurseurs de la notion plus m.oderne de filiation et de descendance, dont ces botanistes de la Renaissance paraissent avoir eu une vague intuition, et sans laquelle aujourd’hui on ne peut aborder aucune question de taxinomie.

Mais arrivons à l’illustre savant italien dont l’œuvre brille d’un si vif éclat sur la fin du XVP siècle, et se montre vérita¬ blement comme l’aurore d’une ère nouvelle pour les sciences biologiques : je veux parler d’Andrea Cesalpino, celui même auquel est due la découverte de la circulation du sang. Dans son mémorable ouvrage. De Plantis libri XF/ (1), l’on a pu dire que tous les progrès futurs de la science se trouvent en germe, nous trouvons exprimée dans toute sa netteté la formule du principe de la méthode naturelle :

« Cum igitur scientia omnis in similium collectione et dis- « similium distinctione consistât, hæcautem distributio est in « généra et species veluti classes secundum differentias rei « naturam indicantes, conatus sum id præstare in universa

(1) Florence, 1583.

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Llî JAKDIN BOTANIQUE

« plantarum liistoria ; ut si quid, pro ingenii mei tenuitate iii « liujusmodi studio profecerim, ad communem utilitatem profe- « ram. Hanc verso tractandi rationem Tlieophrastus inter anti- « quos indicavit, sed in paucis est persecutus. Apud nostros « autem Ruellius tentavit quidem, sed præter ea quæ a Theo- « ptirasto excerpsit, circa rationem communem, ulterius nequa- « quam est progressus. »

Mais en continuant la lecture de ce passage, on constate que, plus loin, Cesalpino croit devoir, pour justifier la méthode natu¬ relle, invoquer des arguments extra-scientifiques, et descendre à des considérations purement pratiques qui semblent un peu terre à terre. Cet ordre, dit-il, est de tous le plus facile, le plus sûr, le plus utile, le plus commode pour la mémoire, et le plus conforme aux propriétés des plantes.

Ici le savant fait place au professeur ; il est vrai que si le point de vue change, les conclusions restent identiques. Mais plus tard il n’en sera pas de même, et nous voyons une première trace d’un antagonisme entre la science et l’enseignement qui va s’accentuer bientôt chez Tournefort.

La science recherche la vérité, c’est-à-dire, en l’espèce, les rapports naturels entre les êtres, leurs affinités plus ou moins étroites ; l’enseignement cherche à présenter les choses de la manière la plus simple, la plus facile, la plus attrayante, qui n’est pas toujours la plus conforme à la vérité, l’esprit humain ayant besoin, pour apprendre, d’une systématisation de ses connaissances, qui est en contradiction avec les procédés de la nature. C’est à ce besoin spécial de l’enseignement que doivent leur origine les classifications faciles dites artificielles, qui, si elles ont peut-être ralenti quelque peu les progrès de la science pure, après les importants travaux analytiques et descriptifs de Ch. de l’Écluse, de L’Obel et des frères Bauhin, ont du moins eu l’avantage immense de populariser l’étude de la botanique, et d’attirer à cette science de nombreux adeptes que des com¬ mencements nlus difficiles eussent peut-être rebutés.

C’est la principale caractéristique de l’œuvre de Tourne¬ fort ; chez lui, le savant et le professeur se trouvèrent en conflit, et dans l’établissement de sa classification, le premier dut le plus souvent s’effacer devant le second, malgré des révoltes con¬ tinuelles dont la trace se retrouve à chaque pas.

Tournefort, observateur minutieux et consciencieux, avait

DE LA FACULTÉ DE MEDECINE.

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trop profondément scruté l’organisation des végétaux, autant que cela se pouvait faire de son temps, pour n’être pas pénétré du sentiment vrai de la nature. Il voulait faire une classification naturelle. Mais il était professeur; il avait mission de démon¬ trer les simples aux élèves qui fréquentaient le Jardin royal du faubourg Saint-Victor pour les plantes médicinales; il était particulièrement préoccupé de leur en faciliter la reconnaissance et la détermination rapide. C’est ce qui l’a conduit (1) à fonder ses classes sur un seul caractère, la fleur (2) ou le fruit, à choisir la fleur comme plus commode, à n’utiliser le fruit qu’en second lieu pour les subdivisions de ses classes, à critiquer, à ce point de vue pratique, la méthode de Cesalpino, fondée sur les grai¬ nes, celle de Paul Hermann qui s’appuie sur les fruits, les classements multiformes comme celui de Jean Bauhin, qui, dit-il, ne sont pas faits pour l’utilité et sont trop longs à apprendre.

Mais il ne faudrait pas croire pour cela que Tournefort ait procédé uniquement a priori pour l’établissement de sa classifi¬ cation. On en a la preuve en lisant quelques pages plus haut les considérations qu’il développe relativement à l’institution du genre, et on voit qn’il s’est conformé à la méthode naturelle, autant que cela lui était possible, en procédant par voie d’ana¬ lyse. Il dit en effet (3) :

« Quamobrem analiticam rationem adhibui, quæ ut mox « patebit, coegit me ad Gesneri et Columnæ sententiam am- « plectendam. »

Et il formule très clairement (4) cette doctrine de Gesner et de Colonna, qui consiste dans la subordination des caractères véo:étatifs aux caractères floraux et séminaux combinés. Cette règle que Inobservation analytique des faits l’a contraint d’adop¬ ter est, dit-il, quasi innée et a été suivie d’instinct pour l’éta¬ blissement des genres institués avant lui et incontestés jus¬ qu’alors.

Mais cette subordination des caractères n’est pas pour lui un

(1) Institutiones rei herbariœ, édition, Paris, 1719; Isagoge, page 65 et suivantes.

(2) Tournefort entend par le mot fleur ce qui a été plus tard désigné sous le nom de corolle.

(3) Ibid., p. 54.

(4) Ibid,, p. 55 et suivantes.

LE JARDIN BOTANIQUE

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principe absolu ; il montre en effet, dans certains cas, Tutilité, pour la détermination des genres, des autres caractères tirés des feuilles, des tiges, des racines, des écorces, du suc, de la saveur, du port, etc.; et quand il formule quelques règles, il a soin d’ajouter qu’un peu d’élasticité est nécessaire, « sensibus aliquid tribuendum. » Il ne sépare pas de leurs genres respectifs les Trifolium et Limonium monopétales, ni des Radiées quel¬ ques espèces exceptionnellement flosculeuses.

N’est-ce pas suivre la méthode naturelle, que de tenir compte ainsi des circonstances, d’apprécier au besoin tous les carac¬ tères, et de se refuser à séparer des plantes qui se ressemblent par des traits multiples, sous prétexte que le caractère mis en vedette souffre par hasard une exception ?

Mais si le savant jug’e qu’il doit agir ainsi, le professeur s’en excuse devant ses élèves, amateurs d’absolu, et leur avoue, comme avec regret, que sa méthode n’est pas universelle; mais, ajoute-t-il en guise de consolation, elle est encore la meilleure, tempérée comme il convient.

En somme, dans la classification de Tournefort, nous trouvons deux parties distinctes : une partie analytique établie confor¬ mément au principe de la méthode naturelle, c’est le groupe¬ ment des espèces en genres, et une autre partie, moins natu¬ relle, plus systématique, le groupement des genres en classes ; mais encore le génie botanique de l’auteur se révèle dans les détails de l’application, soit par le choix même des caractères de la fleur ou du fruit dont il met l’importance en lumière, soit par les tempéraments nombreux qu’il apporte dans le détail à la rigueur apparente de son système.

On pourrait formuler des remarques analogues à propos du système sexuel de Linné; on peut lui reprocher, au point de vue théorique, d’être fondé seulement sur les caractères de l’androcée, et, en second lieu, des styles; mais encore il faut remarquer que l’auteur ne s’est pas attaché à un caractère uni¬ que des étamines, leur nombre par exemple; il a choisi d’abord ceux qui lui semblaient les plus importants, unisexualité, gy¬ nandrie, syngénésie, adelphie, didynamie, tétradynamie, parce qu’il voyait bien que ces caractères, habituellement accompa¬ gnés de beaucoup d’autres, pouvaient souvent servir à délimiter des groupes assez naturels.

Mais il y a plus : nous trouvons encore dans Linné, d’une

DE LA FACULTÉ DE MEDECINE.

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part le savant, d’autre part le professeur, j’oserai dire le vul¬ garisateur; mais leur œuvre est ici distincte, et tandis que celui-ci offrait aux gens du monde son système sexuel, qui obtenait un si grand succès, le savant travaillait patiemment à l’édification d’une classification naturelle basée sur les véritables affinités des végétaux, révisait et augmentait considérablement la liste des genres connus, les groupait en ordres naturels, et, incomplètement satisfait du résultat obtenu, disait :

« Diù et ego circa metbodum naturalem inveniendam labo- « ravi, bene multa quæ adderem obtinui, perficere non potui, « continuaturus dum vixero. »

Si je n’ai parlé jusqu’ici que des classifications de Tournefort et de Linné, c’est qu’elles sont les plus connues chez nous ; mais il serait facile de montrer chez tous les botanistes postérieurs à Cesalpino le souci très net de la méthode naturelle, et si leurs classifications présentent de nombreuses imperfections, elles le doivent souvent à une trop grande subordination des caractères, tel ou tel d’entre ceux-ci étant pris comme particulièrement dominateur ; elles le doivent surtout à la connaissance trop incomplète de l’organisation des végétaux, qui ne permettait pas encore de noter un assez grand nombre de caractères, alors qu’il faut, en principe, les envisager tous.

C’est ce dernier point qui rendait bien difficile la tâche qu’avait entreprise Adanson, et qui devait forcément diminuer beaucoup la valeur des résultats obtenus par lui dans son immense travail. Ce savant philosophe naturaliste était pour¬ tant dans la véritable voie. Après avoir lu les ouvrages de tous les botanistes qui l’avaient précédé, sans qu’aucun d’eux eût apporté à son esprit la conviction qu’il cherchait, il en fit hardi¬ ment table rase, et résolut d’étudier tout par lui-même et de soumettre les végétaux à l’analyse la plus détaillée et la plus complète.

Cette analyse le conduisit à cette idée qu’il fallait tout d’abord établir un système artificiel sur chacun des caractères suscepti¬ bles d’être constatés dans un végétal, sans en omettre aucun, puis compter le nombre de fois chaque végétal est rapproché d’un autre par un caractère commun; enfin édifier la classifica¬ tion définitive en groupant tous les végétaux d’après le nombre des caractères communs qu’ils présentent. Après quinze années (1741-1755) de travail, il avait composé 65 systèmes artificiels

12

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LE JARDIN BOTANIQUE

et constitué ’'sur cette base 58 familles naturelles. Je n’ai pas l’intention de faire ici l’examen critique de cette classification, pas plus que d’aucune autre; je tiens seulement à établir que le procédé suivi par Adanson était le plus sûr et le plus conforme au principe même de la méthode naturelle.

Est-ce à dire pour cela que sa classification soit parfaite? Non assurément, et cela tient non pas à son procédé, mais à l’imper¬ fection des connaissances qu’il pouvait avoir sur les caractères des plantes : il crut les avoir compté tous, alors qu’un très grand nombre lui échappaient. Pouvait-il soupçonner, par exemple, l’existence de tous ces caractères anatomiques que nous consta¬ tons aujourd’hui, grâce aux perfectionnements apportés à la construction des appareils microscopiques? Et, sans parler de ceux-là, pouvait-il avoir à son époque toutes les idées, toutes les conceptions qu’ont pu suggérer à l’esprit humain les obser¬ vations et les expériences des botanistes qui sont venus après lui ?

La connaissance des végétaux fait de continuels progrès ; la taxinomie en a fait de considérables depuis Adanson, comme les autres branches de la botanique, et une grande part dans ces progrès est due à Antoine-Laurent de Jussieu, dont la classifi¬ cation a servi de base à toutes celles qui ont été faites par la suite. Ces progrès n’eussent-ils pas été plus grands, dans notre pays surtout, si cet illustre botaniste n’avait pas malheureuse¬ ment formulé cette règle de la subordination des caractères, à laquelle j’ai déjà fait allusion plus haut, et sur laquelle je crois devoir m’arrêter un moment.

En quoi consiste la subordination des caractères? Dans cette loi qu’ « un caractère d'ordre supérieur entraîne forcément un « certain nombre de caractères d’ordre moins élevé, en même « temps qu’il en exclut d’autres. »

Sur quoi repose cette loi! Tout d’abord sur l’étude appro¬ fondie faite par A.-L. de Jussieu de sept groupes naturels uni¬ versellement admis avant lui. De cette étude il conclut à la remarquable fixité de certains caractères dans une même famille et à la variabilité plus ou moins grande de certains autres. L’analyse détaillée qu’il fit pendant de longues années de toutes les plantes qu’il eut à sa disposition, lui parut devoir confirmer cette règle que certains caractères sont par leur nature même supérieurs à d’autres, et le conduisit à distinguer des caractères

DE LA FACULTÉ DE MEDECINE.

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primaires uniformes, des caractères secondaires subuniformes, et des caractères tertiaires semi-uniformes; plusieurs de ces derniers, réunis, pouvaient, comme un seul caractère primaire, servir à disting*uer une famille ; isolés, ils n’avaient plus qu’une valeur purement g*énérique ou même spécifique.

Or cette règle, cette prétendue loi, est absolument fausse ; si elle peut paraître vraie dans certains cas, elle est inapplicable dans beaucoup d’autres, ou si l’on persiste à vouloir l’appliquer malgré tout, elle ne peut que conduire à de graves erreurs, à des rapprochements fâcheux de plantes hétérogènes, à de déplo¬ rables dislocations de groupes véritablement naturels. Pour s’en convaincre, il n’est pas besoin d’en chercher la preuve dans les études récentes sur les plantes inconnues en Europe au temps d’A.-L. de Jussieu. Il suffit de jeter un coup d’œil, même superficiel, sur sa propre classification, dans laquelle il a fait bon marché des prétendus principes qu'il avait lui-même pro¬ clamés, pour se convaincre que dans la pratique il ne leur accordait pas autant d’importance qu’il voulait bien le dire.

Il semble que encore nous pouvons constater, comme je l’ai fait voir plus haut pour Tournefort, la lutte intime du savant qui veut faire une classification naturelle et du profes¬ seur qui veut offrir à ses élèves un groupement systématique commode pour l’esprit et facilitant les études élémentaires, ainsi que la détermination rapide des plantes les plus communes.

En tous cas, voyons le résultat : qu’est-ce qui a fait le succès de la classification d’A.-L. de Jussieu? Est-ce sa patiente et judicieuse révision des genres, est- ce la sagacité avec laquelle il les a groupés en familles, est-ce son admirable travail d’ana¬ lyse, en un mot? Non certes. C’est surtout son tableau synop¬ tique, franchement artificiel, dressé presque a priori d’après les règles de la subordination des caractères, tableau que tout le monde connaît et dans lequel se résume, pour le plus grand nombre, toute l’œuvre de l’illustre botaniste.

Et pourtant, qu’est-ce qui lui appartient en propre dans ce tableau? Presque rien. Ce n’est pas la grande division fondée sur les cotylédons, empruntée à John Ray; ni les subdivisions basées sur la corolle, prises à Tournefort; ni même le caractère de l’insertion des étamines, dont il n’a fait que généraliser l’em¬ ploi, mais qui avait déjà été indiqué par Linné, et auparavant pressenti, sous une autre forme, par Tournefort et même

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LE JARDIN BOTANIQUE

par Cesalpino, qui avaient reconnu la situation supère ou infère des fruits.

Ce qui lui appartient surtout dans ce tableau, c’est ce qu’il y a de meilleur et de moins apparent, c’est le groupement des familles dans ses 15 classes, groupement qui n’est pas rigou¬ reusement conforme aux titres de celles-ci, c’est l’ordre même, intentionnellement irrégulier, dans lequel ces classes se succè¬ dent. C’est que l’on voit aisément, pour peu qu’on y veuille faire attention, combien il fait lui-même peu de cas des limites qu’il a tracées, et dont il sait n’en tenir aucun compte quand elles lui paraissent susceptibles de contrarier un rapprochement naturel. La meilleure partie de son œuvre, et la plus considé¬ rable de beaucoup en réalité, est celle il a pour ainsi dire oublié son principe de la subordination des caractères, pour ne faire attention qu’aux rapports naturels qui relient entre eux les espèces, les genres ou les familles, quels que fussent les caractères par lesquels ces rapports se manifestaient à lui ; c’est, on peut le dire, celle où, sans suivre absolument le même pro¬ cédé, il s’est inspiré des mêmes principes qu’Adanson.

« Il savait bien, » comme le dit M. Bâillon dans la magis¬ trale préface de son Dictionnaire de botanique (1), « il savait « bien tout ce qu’il devait à celui-ci, et combien Adanson avait « ajouté à ce qu’il avait pu recevoir de Bernard de Jussieu « lui-même.

« Nous croyons mieux connaître et mieux apprécier le génie « de A.-L. de Jussieu, à la gloire duquel nous n’avons rien à « enlever, mais qui au contraire nous semble avoir été amoin- « dri au niveau d’un pur théoricien, alors que c’est dans la

« pratique que se révèle sa véritable puissance . Et de ce que

« je vois, je conclus que ce qui est digne d’être admiré et imité « dans l’œuvre de Jussieu, ce n’est pas sa méthode, mais sa

« classification . Sa classification est aussi vraie qu’elle pou-

« vait l’être alors; systématique, sans doute, il n’en saurait « être autrement dans la pratique, mais plus parfaite encore

« qu’aucune de celles qui l’avaient précédée . Quant à la

« véritable expression de la méthode naturelle, on est en droit

de dire que c’est Adanson qui s’en est le plus rapproché, non « pas à son avantage; car il arrive d’ordinaire, comme on l’a

(1) Paris, 1876.

DE LA FACULTÉ DE MEDECINE.

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« VU par ce qui précède, que se rapprocher de Tidéal de la « nature, à propos de méthode, c’est précisément s’éloigner du « facile et du pratique, partant, du populaire, en fait de clas- « sifîcation. »

Si nous envisageons l’avenir qui a été réservé aux deux parties bien distinctes de l’œuvre de Jussieu, nous voyons qu’elles ont eu le sort qui était à leurs mérites respectifs.

D’une part les règles de la subordination des caractères ont été de plus en plus laissées de côté, et le tableau synoptique des classes, qui reposait sur ces règles, n’a pas tardé à subir de profondes atteintes de la part des disciples les plus fervents de l’illustre maître, à commencer par son fils lui-même; on connaît trop bien, pour que je les rappelle ici, les modifications variées apportées à ce tableau par les principaux botanistes de ce siècle. De Candolle, Endlicber, Lindley, Brongniart, Eicbard, Adrien de Jussieu, Payer, Sachs, Eicbler, Bentham et Hooker, et enfin par M. Van Tiegbem.

D’autre part, la constitution des genres et des familles qui représente le véritable monument scientifique édifié par A. -L. de Jussieu, conformément aux principes de la méthode naturelle, a été relativement fort peu touchée. On a bien pu modifier les limites de ses groupes en les dédoublant ou en les fusionnant, mais sans altérer sensiblement leurs rapports. Seules les décou¬ vertes récentes de plantes inconnues de son temps ont pu amener la création de genres nouveaux et de familles nouvelles, et le remaniement de certains des groupes qu’il avait créés; mais même, Jussieu avait souvent préparé lui-même la besogne qu’il ne pouvait accomplir faute de matériaux suffisants, et, comme le fait remarquer M. Duchartre (1) , il « a presque toujours « accompagné les genres, auxquels il donnait une place pro- « visoire, de réflexions empreintes de son sentiment merveilleux « des affinités, et qui souvent ont conduit plus tard à en trouver « le classement. »

Jussieu avait bien vu, comme Adanson, que chaque groupe naturel « a son génie, y> et qu’un caractère qui, dans telle fa¬ mille, doit prendre le premier rang, ne peut, dans telle autre, recevoir que le deuxième, le troisième, ou même être relégué parmi ceux qui sont de minime importance. Il avait reconnu

(1) Elêm, de bot., édit., p. 925.

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LE JARDIN BOTANIQUE

les familles par enchaînement et les séries parallèles; il avait bien constaté l’impossibilité de dresser une classification vrai¬ ment naturelle. « Dans sa coordination des familles et des gen- « res, il corrige, par des notes profondément judicieuses, ce « qu’une série linéaire a toujours d’artificiel. Il indique les « rapports multiples qui lient entre eux les divers groupes du « règne végétal, et les doutes même qu’il exprime révèlent ce « sentiment exquis des affinités qu’il avait reçu de la nature (1). »

En résumé, Jussieu n’a pas inventé la méthode naturelle ; il n’a fait qu’en appliquer et en développer les principes dans l’établissement des genres et des familles, qui est la partie admirable et durable de son œuvre, et c’est un véritable contre¬ sens que de donner au tableau synoptique de ses quinze classes, comme le font la plupart des traités élémentaires, le titre de méthode naturelle d’A.-L. de Jussieu, quand ce tableau est pré¬ cisément ce qu’il a fait de moins naturel, et quand, d’autre part, le mot « méthode ^ ayant un sens philosophique bien précis, ne devrait jamais en être détourné pour être appliqué à une classification.

Jetons maintenant un coup d’œil rapide sur les progrès qu’a pu faire la méthode naturelle dans notre siècle. Nous avons vu germer, bien avant Jussieu, l’idée de parenté, d’affinité entre les végétaux, qui s’est affirmée par l’emploi du mot famille. La découverte de la sexualité végétale avait fixé l’attention des botanistes sur les phénomènes de la reproduction, et accentué davantage encore cette notion de parenté. On en est venu gra¬ duellement à considérer le règne végétal, non plus seulement dans son état actuel, mais dans son développement, et au point de vue de la succession, dans le temps, des êtres qui le com¬ posent.

L’idée de parenté entraînait celle de filiation, d’hérédité, d’origine commune entre les êtres parents. On eut d’abord l’idée d’ancêtres communs à toutes les plantes d’une même espèce, ne différant entre elles que par des variations accidentelles ; puis ces variations accidentelles étant expliquées par les différences de milieu, on en vint à douter de la fixité même des espèces, et à attribuer à une communauté d’origine la ressemblance entre les espèces réunies dans un même genre, et entre les genres

(1) Le Maout et Decaisne. Traité de botanique, p. 387.

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groupés dans une même famille, conception qui justifiait ce dernier mot et lui conservait sa signification primitive (1). Cette théorie de la descendance, devinée par le puissant génie de Diderot, fut définitivement formulée sur des bases scientifi¬ ques par Lamarck. Ce savant naturaliste avait approfondi plus qu’aucun de ses devanciers l’étude des espèces tant animales que végétales ; il en conclut à leur variabilité, à leurs transfor¬ mations successives, et mit en évidence l’antagonisme entre l’action modificatrice des milieux et l’infiuence plutôt conserva¬ trice de l’hérédité. On sait combien cette théorie a été vivement attaquée, combien elle l’est encore aujourd’hui; on l’accuse de n’être qu’une hypothèse, malgré les faits positifs sur lesquels elle s’appuie; mais on ne peut nier, en tous cas, que cette hypo¬ thèse est justifiée, puisqu’elle seule permet d’expliquer scienti¬ fiquement tous les phénomènes.

Un moment laissée de côté, elle fut reprise par Ch. Darwin, dont les innombrables observations et expériences, conduites avec une sagacité si perspicace et une conscience si scrupuleuse, lui ont donné un si grand essor et lui ont acquis le droit de cité dans la science, sous le nom de transformisme. Darwin a parti¬ culièrement ajouté aux idées de Lamarck sur l’influence des milieux, la notion de la sélection naturelle, conséquence de la lutte pour l’existence ; ses travaux et ceux de plusieurs autres

(1) Payer n’acceptait pas cette idée. Voici en quels termes il s’exprime sur ce point, dans son Traité d'organogénie comparée de la fleur (Paris, 1857, page 1, note 1 :

A.-L. de Jussieu désigne dans son Généra plantarum les groupes que la plupart des auteurs modernes appellent Familles sous le nom d’Ordres naturels. Linné avait défini l’Ordre ainsi : Or do généra inter se magis affi- nia proxime collocabit, et cité comme Ordres naturels les Stellatæ, les Aggregatæ. Enfin Decandolle, dans son Prodromus regni vegetahilis, se sert encore, pour tous ses groupes de genres, de l’expression Ordo

« Pourquoi a-t on changé cette dénomination, consacrée par les princes de la science, en celle de Famille'i Pourquoi, lorsqu’on veut mettre en évi¬ dence avant tout la ressemblance des plantes qui composent un groupe, prendre, pour désigner ce groupe, un mot qui exprime nécessairement une idée fausse, la filiation commune de ces plantes, et accessoirement seulement l’idée de ressemblance? Pourquoi ne pas conserver le mot Ordre, qui, dans le langage ordinaire comme dans le langage des botanistes, signifie une col¬ lection d’êtres ayant un certain nombre de caractères communs? »

Il faut constater malgré cela que Payer, dans d’autres ouvrages, en parti¬ culier dans sa Cryptogamie, a fait usage du mot Famille, tout en protestant contre lui, comme on le verra plus loin, et employé en même temps le mot Ordre dans le sens que plusieurs autres botanistes lui ont donné et lui donnent encore de nos jours, à l’exemple des zoologistes, c’est-à-dire on l’appliquant à un groupe intermédiaire entre la Classe et la Famille.

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LE JARDIN BOTANIQUE

botanistes sur la fécondation croisée ont, en outre, singulière¬ ment modifié les opinions reçues au sujet de l’hérédité, qui se montre à nous maintenant comme un facteur, important à con¬ sidérer, de révolution des espèces ; c’est un point sur lequel je reviendrai tout à l’heure.

La théorie, incontestée aujourd’hui, de la métamorphose foliaire a jeté une vive lumière sur l’organographie, éclairé bien des questions relatives aux caractères des heurs, et fait reconnaître de nouvelles affinités.

Le développement de l’anatomie microscopique, de l’organo¬ génie, de l’histogénie, de la biologie cellulaire, de la cryptoga¬ mie, de la paléontologie végétale, ont fait faire à la botanique d’énormes progrès dans notre siècle, et nous en préparent bien d’autres encore pour l’avenir. Or, toutes ces acquisitions récen¬ tes viennent chaque jour fournir de nouveaux arguments à la théorie de la descendance, et nous permettent de remonter presque à l’origine commune non seulement de toutes les plantes, mais de tous les êtres vivants. Quelque nombreuses que soient les lacunes qui restent encore à combler, nous avons maintenant une idée générale de l’ensemble du règne végétal et de ses perfectionnements successifs, depuis l’organisme uni- cellulaire le plus simple jusqu’à ceux qui sont le plus perfec¬ tionnés. Nous constatons dans cette série des êtres la complica¬ tion croissante de l’organisme , par la division du travail physiologique, la localisation des fonctions, l’adaptation au milieu, et la différenciation des éléments, tissus, systèmes, organes et appareils. Nous savons comment on peut passer des Cryptogames aux Phanérogames; l’abîme naguère infranchis¬ sable qui les séparait n’existe plus. Nous pouvons entrevoir, en bien des cas, l’évolution progressive ou régressive d’un type, graduellement altéré dans ses traits primitifs, soit par compli¬ cation, soit par simplification.

Tout cela est bien fait pour modifier profondément l’idée que l’on pouvait se faire autrefois de l’œuvre de la nature, des rap¬ ports qui existent entre les êtres, et de la règle qui doit présider à leur classement. La conclusion qui s’en dégage est formulée en ces termes par Sachs (1).

« Considérée au point de vue de la théorie de la descendance,

(1) Traité de botanique, trad. Van Tieghem, 1874, p. 1107.

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« la classification naturelle des plantes représente les relations « actuelles de parenté, c’est-à-dire de généalogie des végétaux. « Une espèce se compose de toutes les variétés qui viennent de « sortir d’une forme originelle ; un genre se compose de toutes tt les espèces issues d’une souche plus âgée et qui, dans le cours « des temps, ont acquis des différences plus grandes: une « famille embrasse tous les genres qui sont descendus par « variation d’un type encore plus ancien; la forme primitive « d’une classe, la souche originelle d’un groupe tout entier, « appartiennent à un passé beaucoup plus reculé encore, et « enfin, il a y avoir un temps une première plante, placée « à l’origine de la série des développements du règne végétal, « a été le type primordial d’où sont descendues par variation « toutes les formes ultérieures. »

Voilà la conception qu’on peut se faire aujourd’hui de la classification naturelle idéale. Peut-on s’en rendre compte dans le détail? Évidemment non; nos connaissances sont encore trop incomplètes pour cela. Y arrivera-t-on un jour? C’est le secret de l’avenir, et d’un avenir assurément fort éloigné. Mais ce qu’il y a de certain, c’est qu’il sera toujours impossible de dresser le tableau de cette classification, à cause des affinités innombrables qui rattachent entre eux les groupes de tous les degrés, et dans lesquelles les croisements jouent un rôle des plus considérables.

Il y a longtemps qu’on s’est aperçu que les rapports de parenté des végétaux ne pouvaient être exprimés par une série linéaire. Robert Brown disait fort justement que le lien des êtres orga¬ nisés n’était pas une chaîne, mais un réseau. Et quel réseau! Quel inextricable enchevêtrement de rapports de toutes sortes ! Si l’on essayait de les figurer, même pour une famille de médio¬ cre importance, on constaterait bien vite l’impossibilité d’aboutir à un pareil résultat. Que serait-ce pour l’ensemble du règne végétal?

L’idée d’un arbre généalogique est venue naturellement à l’esprit de ceux qui ont songé à représenter la descendance des êtres. Cette idée paraît juste au premier abord; elle peut rendre quelques services dans certains cas, mais il faudrait se garder d’en exagérer l’importance, car en principe elle est moins exacte que celle du réseau, et dans la pratique elle est absolument irréalisable. Pour en donner la preuve, je n’aurai qu’à envisager l’application de l’arbre généalogique à une famille humaine ;

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on peut, pour cela, procéder dans deux sens, en recliercliant soit la descendance d’un personnage plus ou moins ancien, soit les ancêtres d’un individu quelconque, en remontant la série des temps.

Dans le premier cas, on ne tiendra généralement aucun compte des mariages, ou du moins on supprimera forcément tous les ascendants des membres alliés par mariage à la famille en question ; et si les membres de cette même famille se marient entre eux, l’indication de ces unions ne pourra y être portée qu’au moyen de renvois. Dans le second cas, ou bien on ne figurera que la série linéaire de la généalogie masculine, ou bien, après les dichotomies successives produites à chaque géné¬ ration d’ascendants, on se bornera à suivre une direction unique particulièrement intéressante, ou peut-être seule connue. Dans tous les cas, l’arbre généalogique sera fatalement incomplet, et restera sans aucune valeur scientifique, si l’on se préoccupe par exemple des antécédents héréditaires, ethniques, anatomiques, intellectuels ou morbides.

Et encore la filiation est connue d’une manière plus ou moins certaine, tandis que dans le problème qui nous occupe, la généalogie de tous les végétaux, cette filiation est précisé¬ ment l’inconnue, et nous ne pouvons encore, dans l’immense majorité des cas, formuler à ce sujet que des hypothèses plus ou moins plausibles.

Nous sommes loin de connaître encore toutes les plantes qui vivent actuellement à la surface de notre globe, et nous ne savons que peu de chose sur celles qui s’y sont succédé pendant les temps géologiques, la paléontologie végétale ne mettant guère à notre disposition que des restes de végétaux ligneux et à feuilles ou fruits coriaces, déjà très différenciés, ayant offert une assez grande résistance aux phénomènes de la putréfaction. Nous ne pouvons donc connaître la descendance de tous les êtres, pour cette première raison que nous ne les connaissons pas tous ; le fait matériel de leur filiation nous échappe, sauf pour les individus actuellement vivants, que nous pouvons sou¬ mettre à nos observations et à nos expériences, dont nous pou¬ vons constater par nous-mêmes les procédés de reproduction et de multiplication, avec les conséquences qui en résultent au point de vue de l’hérédité immédiate ou tout au moins pro¬ chaine.

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De nombreux travaux ont été entrepris dans cette direction, à l’occasion des controverses relatives à la variabilité des espèces, et je n’en retiens ici qu’une conclusion qui vient à l’appui de ce que j’ai dit plus haut du rôle importaut des croisements dans la modification des types : c’est celle qui a trait à la fécondation croisée. On sait que celle-ci est indispensable à la conservation des espèces qui, par la fécondation directe prolongée, aboutis¬ sent à l’abâtardissement et à la stérilité. Or, si la fécondation croisée est nécessaire, elle est forcément une cause de variation et enlève à l’hérédité le caractère exclusivement conservateur qu’on pouvait lui attribuer jadis; elle conserve les espèces, mais en modifiant plus ou moins leurs caractères.

Il y aurait donc lieu de tenir compte, pour l’établissement de la filiation des végétaux, des influences paternelle et maternelle sur chacun des individus, comme pour l’arbre généalogique d’une famille humaine, auquel je faisais allusion tout à l’heure, recherche impossible pour le passé, impraticable pour le pré¬ sent. Si donc des études de cette nature peuvent jeter une vive lumière sur certains côtés de la question, elles ne peuvent en aucune façon être utilisées directement à l’édification de la clas¬ sification naturelle.

Nous ne pouvons, pour la recherche de la filiation, procéder que par voie d’induction, c’est-à-dire par la constatation des analogies, en nous appuyant sur cette idée toute naturelle, conforme d’ailleurs aux résultats de l’observation, que le degré de parenté entre les plantes est en raison directe du nombre de leurs caractères communs : plus elles se ressemblent, plus elles sont proches parentes ; plus elles diffèrent plus leur degré de parenté est éloigné.

Nous n’avons rien à changer au principe fondamental de la méthode naturelle : rapprocher les plantes qui se ressemblent, écarter celles qui diffèrent, et pour cela nous n’avons pas de procédé plus sûr et plus fidèle que de compter les caractères qui leur sont communs ; cette numération est le seul moyen d’appré¬ cier l’importance que peut présenter ici ou tel ou tel carac¬ tère, importance que nous savons sujette à varier suivant le g'énie de chaque groupe, et absolument indépendante de toute considération théorique. Laissant de côté toute subordination préconçue, nous devons nous dire que la valeur d’un caractère tient uniquement à la constance relative de sa coïncidence avec un plus ou moins grand nombre d’autres.

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LE JARDIN BOTANIQUE

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PROCEDES MATÉRIELS DE CLASSEMENT

Les trois dimensions. Développement en surface. Appli¬ cation au jardin botanique. Difficultés et imperfections. La science et les étudiants. Avantages de la disposition proposée. Utile dulci.

Nous avons vu qu’en raison de la multiplicité des rapports qui relient entre eux les groupes végétaux de tous les degrés, il est matériellement impossible de représenter sous une forme sensible l’ensemble de tous ces rapports qui constituerait la clas¬ sification naturelle idéale pour laquelle d’ailleurs tant d’élé¬ ments nous font encore défaut. L’impossibilité ainsi constatée de réaliser cette oeuvre idéale doit-elle avoir pour conclusion l’aveu d’une impuissance absolue, et l’abandon désespéré de toute tentative dans cette direction ? Non certes ! Si nous ne pouvons atteindre à la perfection, nous devons du moins cher- cher à nous en rapprocher le plus possible.

Il ne nous est pas interdit de supposer que la perfection pour¬ rait être atteinte, si l’esprit humain avait à sa disposition cette quatrième dimension de l’espace dont les mathématiciens ad¬ mettent la possibilité idéale et dont ils étudient les propriétés théoriques. Si donc nous utilisions au moins pour nos tentatives de classification les trois dimensions de l’espace, nous serions aussi près que possible de la vérité ; c’est le cas du réseau de Robert Brown, sorte d’arbre généalogique à rameaux anasto¬ mosés. Nous nous en éloignerions davantage en cherchant à développer la classification sur une surface plane. Une autre conception, intermédiaire aux deux précédentes, inférieure à la première, mais supérieure à la seconde, est celle de Payer, qui» supposant le tableau du règne végétal développé à la surface du globe terrestre, en comparait ingénieusement les grandes

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divisions aux continents et aux cinq parties du monde, (i) Cette conception géographique, si artificielle qu’elle soit en réalité, est assez remarquable pour mériter d’être prise en considération et pour pouvoir rendre des services dans la pratique. On peut d’ailleurs se guider sur elle pour tenter la représentation sur un plan, de l’ensemble du monde végétal, sous l’aspect d’un planisphère. Qu’on suive ou non cette idée, la classification obtenue, ne pourra plus mettre en évidence un aussi grand nombre de rapports de parenté entre les gToupes végétaux, que celle qui se développait dans l’espace ; mais elle pourra encore ménager entre eux un certain nombre de points de contact. Avec la série linéaire enfin, la plupart des liens seront rompus et chaque groupe, espèce, genre, famille ou classe, ne pourra plus se rattacher qu’à deux autres entre lesquels il se trouvera placé.

(1) J -B. Payer. Familles naturelles des plantes; partie, Cryptogamie, Paris, 1849 ; édition Botanique cryptogamique^ Paris, 1868 (Préface).

Je crois intéressant de citer les principaux passages de cette curieuse com¬ paraison :

« On a imaginé bien des systèmes pour classer les plantes. Le meilleur, à mon avis, consiste à les distribuer sur une sphère, en réunissant sur une même terre ferme celles qui ont entre elles le plus d’affinité, et en séparant par des mers celles entre lesquelles il n’y a point d’intermédiaires qui con¬ duisent des unes aux autres. On a de cette façon une sorte de mappemonde végétale, analogue à la mappemonde terrestre, et sur laquelle on distingue au premier abord deux grands continents et un groupe d’îles, sorte d’Océanie végétale.

« L’un de ces continents, qu’on peut comparer à l’ancien continent du globe terrestre, est occupé par les plantes les plus élevées du règne végétal, celles dont l’organisation est la plus compliquée, telles que les Renoncules, les Œillets, c’est le continent des Dicotylédonées. Il est partagé par M. de Jussieu en trois parties, auxquelles il a donné le nom de Polypétales Mono¬ pétales, Apétales.

« Chacune de ces parties qui sont, en quelque sorte, l’Europe, l’Asie, l’Afrique, de notre mappemonde végétale, se divise à son tour en royaumes ou états que l’on appelle Classes; ces royaumes en provinces, que l’on appelle à tort Familles-, ces provinces en départements, que l’on appelle Tribus-, enfin les départements en communes, que l’on appelle Genres.

« Cette comparaison du globe végétal, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi, avec le globe terrestre, peut se continuer jusque dans les moindres détails et faciliter l’intelligence des questions les plus graves de la classifi¬ cation des plantes .

« L’autre continent, le continent des Monocotylédonées, qu’on pourrait appeler Amérique végétale, renferme des plantes dont l’organisation est très différente et beaucoup moins compliquée ; on y remarque des divisions ana¬ logues à celles que je viens d’indiquer dans le continent des Dicotylédonées, et il est inutile d’y revenir.

« Enfin, l’Océanie végétale, que les botanistes désignent sous le nom de Cryptogamie, est un groupe d’îles occupées par les plantes les plus simples, telles que les Algues, les Champignons, les Lichens, les Mousses, etc. »

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Nous avons donc en somme trois procédés à notre disposition pour tenter de figurer la classification naturelle ; le réseau dans l’espace, le réseau plan et la série linéaire. Le premier est le plus parfait, mais difficilement réalisable ; le deuxième, moins scientifique, plus éloigné de la nature, est en revanche, aisé¬ ment applicable ; le troisième est d’une simplicité extrême, mais aussi absolument artificiel et tout-à-fait contraire à la réalité ; malgré cela nous sommes contraints de l’employer dans la plupart des cas : la succession des pages d’un livre ou des leçons d’un cours ne peut se faire qu’en série linéaire, d’où une infériorité inévitable de ces deux modes d’exposition, au point de vue qui nous occupe. Aussi devons-nous chercher à remé¬ dier à cette infériorité autant qu’il est en nous, en employant, lorsque l’occasion s’en présente, le développement en surface, qui nous offre l’avantage de deux dimensions au lieu d’une, et nous permet de faire ressortir beaucoup mieux les affinités des groupes végétaux.

Quelle meilleure occasion pourrait-on rencontrer de mettre en pratique cette règle de conduite, que la plantation d’un jar¬ din botanique ? Quel meilleur tableau synoptique pourrait-on imaginer, que celui qui nous présente, au lieu d’une aride no¬ menclature, les êtres vivants à leurs places respectives, au lieu d’une terminologie abstraite les caractères eux-mêmes frappant directement les sens ? On devrait donc profiter avec enthou¬ siasme de cette circonstance, lorsqu’elle se présente, pour s’ef¬ forcer de dresser sur le terrain une classification, moins artifi¬ cielle que celle, quelle qu’elle soit, qu’un livre est obligé de suivre, et qui ne peut être qu’une série linéaire.

Tel est le principe que j’aurais voulu voir mettre en pratique dans la plantation de notre Jardin botanique de la Faculté de médecine de Lyon ; j’ai essayé moi-même de l’appliquer dans l’esquisse que j ai l’honneur de présenter à la Société. La pre¬ mière règle à suivre en pareil cas est bien simple : chaque fa¬ mille végétale doit constituer un tout bien distinct, un massif ou une plate-bande, ou un groupe de plates-bandes ; toutefois, les familles peu considérables, ou représentées dans le jardin par un trop petit nombre d’échantillons peuvent être jointes, dans un même massif à celles qui s’en rapprochent le plus, et alors le massif, au lieu de figurer une famille, représentera une cohorte ou une alliance, ou une classe, quel que soit le nom

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que Ton donne au groupe d’ordre immédiatement supérieur à la famille.

Ces massifs, de forme quelconque, limités par des allées plus larges que les sentiers qui peuvent serpenter dans leur intérieur, sont forcément en rapport de voisinage, par toute leur périphérie avec plusieurs autres massifs qui devront contenir les familles les plus voisines de celle qu’elles entourent. C’est le côté dif¬ ficile de la question.

Je ne prétends pas indiquer ici un système idéal de classifi¬ cation pour un jardin botanique quelconque ; car il y a des con¬ ditions matérielles qui varient pour chaque cas, et qui peuvent avoir une influence considérable sur la disposition à adopter, telles que les dimensions, la forme et la situation du terrain ; il y a encore à tenir compte du climat, qui permet ou ne permet pas de cultiver en pleine terre telles ou telles espèces, et qui fera qu’une famille pourra être plus abondamment représentée dans une localité que dans une autre ; il y a enfin à considérer les besoins spéciaux auxquels le jardin à créer doit répondre, ce qui est le cas du nôtre, réservé aux plantes médicinales, et ne devant contenir en dehors d’elles que des types de familles ou de genres, dont les espèces utiles ne pourraient vivre sous le climat de Lyon.

Je me borne donc exclusivement à l’exposé sommaire des dif¬ ficultés que j’ai rencontrées dans les conditions spéciales je me trouvais placé pour l’élaboration de mon projet, et qui sont la cause de ses trop nombreuses imperfections.

Le terrain très convenable quant aux dimensions, l’était déjà moins quant à sa forme, surtout à cause de la grande sail¬ lie de l’amphithéâtre ; mais ce qu’il présentait de particulière¬ ment défavorable, c’était sa situation. Entouré de tous côtés par les bâtiments de la Faculté, il était soumis par ce fait à de nom¬ breuses servitudes de passage : il fallait y réserver sur le pour¬ tour de larges voies pour la circulation éventuelle des voitures, et au besoin de la pompe à vapeur, en cas d’incendie, un rond- point autour du bassin central, une grande allée transversale pour les communications continuelles entre les deux pavillons latéraux, une grande allée longitudinale médiane en face de l’entrée de la serre projetée, enfin de grandes allées obliques allant des angles Nord et Ouest à l’entrée des pavillons A et O, directions constamment suivies par les étudiants se rendant à ces deux pavillons.

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LE JARDIN BOTANIQUE

Donnant tout d’abord satisfaction à ces nécessités de situation, totalement étrangères à la botanique, je n’étais plus libre de développer à l’aise, sur un terrain ainsi découpé, les familles végétales rapprochées d’après leurs affinités réciproques. Toutes ces grandes allées indispensables me gênaient énormément pour la mise en place et m’obligeaient à rompre certains rap¬ ports naturels que j’eusse voulu pouvoir mettre en évidence.

La deuxième difficulté provenait de l’étendue relative des familles qui n’était nullement en rapport avec le nombre de points de contact qu’elles devaient présenter. L’espace qui de¬ vait être consacré à chacune d’elles était déterminé par le nom¬ bre de ses- représentants nécessaire ou suffisant d’une part pour nos besoins spéciaux, et limité, de l’autre, par les conditions climatériques. Pour ces deux motifs, par exemple, les Légumi¬ neuses, dont les affinités sont assez restreintes, devaient occu¬ per une large place, tandis que les Saxifragacées n’en pou¬ vaient avoir qu’une très petite, malgré leurs relations si nom¬ breuses et si diverses. Ce fait entraînait pour la première de ces familles des contacts anormaux, pour la seconde des rapproche¬ ments trop peu nombreux.

La troisième difficulté tenait à l’entrecroisement des rap¬ ports naturels entre les divers groupes. L’indication de certains de ces rapports, barrait pour ainsi dire le passage à certains autres. Ces deux difficultés sont la conséquence fatale du déve¬ loppement en surface comparé au développement dans l’es¬ pace.

Il résulte de toutes ces causes que mon projet contenait de nombreux défauts, que je suis le premier à reconnaître : si j’a¬ vais eu plus de temps devant moi pour l’élaborer, j’eusse assu¬ rément réussi à en supprimer quelques-uns, en combinant un remaniement général des massifs et des allées, ou en introdui¬ sant seulement quelques modifications de détail, et tout d’abord en lui donnant un peu plus d’élégance, quant h la forme des massifs et aux courbes des allées qui sont empreintes d’une rigidité désagréable à l’œil, conséquence du calcul trop minu¬ tieux peut-être de toutes leurs dimensions.

Malgré tout, je crois que tel qu’il est, ce plan, si rapidement dressé, est supérieur à tout autre plan basé sur la série linéaire.

« Mais, viendra-t-on m’objecter, quel rapport peuvent bien « avoir avec les besoins spéciaux de la Faculté de médecine et

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« de pharmacie, toutes ces considérations de science pure? « Quel besoin vos étudiants ont-ils d’aborder ces hautes ques- « tions de taxinomie, d’affinité, d’évolution, tout-à-fait élran- « gères à l’exercice de la profession qu’ils doivent embrasser ? c< Qu’ils sachent reconnaître les plantes médicinales, cela est « bien suffisant, et encore on peut considérer que cela ne leur « est pas bien nécessaire ; les pharmaciens n’ont besoin que de « savoir reconnaître les drogues qu’ils emploient, les médecins « que d’en connaître les noms et les doses aux quelles ils doi- « vent prescrire telle ou telle forme pharmaceutique, poudre, « extrait, teinture, ou alcaloïde. »

Je connais ces objections, je rn’y heurte à chaque instant; mais elles ne sauraient m’arrêter, me décourager, ni modifier en rien mes convictions bien établies à cet égard. J’aurais bien des choses à leur répondre, mais ce n’est guère ici le lieu d’engager une semblable discussion. Je me contenterai donc d’indiquer en quelques mots les considérations les plus graves qui déterminent ma manière de voir, et l’esprit qui selon moi doit diriger l’enseignement de la Botanique dans une Fa¬ culté comme celle à laquelle j’ai l’honneur d’appartenir.

Nous ne sommes pas seulement une école professionnelle, nous sommes un établissement d’enseignement supérieur. Nous ne devons pas nous borner à donner à nos élèves les connais¬ sances pratiques strictement indispensables pour l’exercice ma¬ tériel d’un métier ou d’un commerce qui leur permette de ga¬ gner de l’argent. Nous avons à former des jeunes gens qui, une fois sortis de nos mains et diplômés par nous, seront considérés comme faisant partie de l’élite intellectuelle de la nation. Le médecin et le pharmacien, partout ils se trouvent, sont et doivent rester des représentants de la science. S’ils ne sont pas à la hauteur de cette mission, s’ils sont incapables de tenir ce rôle, ils jettent le discrédit sur la science elle-même, ils la dé¬ considèrent, l’avilissent et la déshonorent aux yeux du public, qui n’est que trop disposé à la railler. N’est-il pas honteux qu’ils puissent être convaincus d’ignorance en botanique par un her¬ boriste, une sage-femme, un juge d’instruction, un commis¬ saire de police, ou même par le premier paysan venu ? C’est pourtant ce qui n’arrive que trop souvent, dans des circons¬ tances absolument professionnelles. Que penseront de ces mé¬ decins et de ces pharmaciens, dépourvus de toute idée générale,

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LE JAHDIN BOTANIQUE

de toute vue élevée, et même de toute notion élémentaire en ces matières, les esprits cultivés appartenant par exemple au monde littéraire, et qui ne dédaig-nent pas de se tenir au courant des grands problèmes philosophiques dont se préoccupent les natu¬ ralistes et les biologistes ?

Nous devons à nos élèves, par respect de leur dignité et de la nôtre, un enseignement plus noble que celui qui en ferait de simples charlatans ou de vulgaires épiciers. Nous devons les initier à la science, leur inculquer les principes qui la dominent et les méthodes auxquelles elle doit se soumettre. Nous pouvons en faire ainsi, je ne dis pas des savants, mais des hommes do science, capables d’occuper dignement dans la société, la situa¬ tion due à la carrière dans laquelle ils vont entrer.

Et si nous envisageons à un point de vue plus terre à terre les études de ces jeunes gens, si nous nous préoccupons seule¬ ment des notions professionnelles qu’ils doivent acquérir, ne sera-t-il pas plus facile pour eux de les comprendre et de les retenir, si elles leur sont présentées dans un esprit scientifique, rattachées entre elles par un lien méthodique et par des vues d’ensemble ? Cela ne vaut-il pas mieux que de les obliger à recourir à d’abrutissants exercices de mémoire, et à de ridicules procédés mnémotechniques ?

Revenons à notre jardin botanique, considéré à ce point de vue. Les familles végétales sont la grande terreur de nos étu¬ diants, parce que ces groupes ne constituent pour eux que des entités abstraites, de la nature desquelles ils ne peuvent que difficilement se rendre compte. Je voulais en faire pour eux des objets concrets : chaque famille eut été dans le jardin un massif de plantes; la forme, les dimensions, la situation de ce massif par rapport à ses voisins, et le groupement des espèces dans son intérieur, étaient autant de traits sensibles qui eussent rendu beaucoup plus aisée aux élèves l’étude des familles, la connais¬ sance de leurs caractères et la compréhension de leurs rapports.

L’observation comparative, seule méthode naturelle, logdque et efficace pour se livrer à cette étude, eût été sing’ulièrement facilitée par une semblable disposition, dont l’irrég’ularité même eût été un avantage précieux, en même temps qu’un incontes¬ table agrément.

J’ai suffisamment indiqué, au début de ce travail, les incon¬ vénients présentés au point de vue esthétique par le plan adopté,

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qui n’est qu’une nouvelle application de la série linéaire déve¬ loppée en anneaux concentriques, pour n’avoir pas besoin d’y revenir long-uement. Il est certain que cette disposition géomé¬ trique manque absolument de grâce, et que ces plates-bandes, régulièrement décroissantes de la circonférence jusqu’au centre, offrent un aspect compassé totalement dépourvu de charme pour les yeux.

Aucun de nos habiles horticulteurs paysagistes ne me contre¬ dira, quand j’affirme qu’au point de vue de l’art et du goût, l’arrangement que je voulais faire accepter était, en principe, bien supérieur à l’autre. Des massifs irréguliers, de formes variées, de dimensions inégales, entre lesquelles serpentaient des allées sinueuses, aux contours d’apparence plus ou moins capricieuse, eussent été certainement plus agréables à voir que la cible à laquelle nous sommes condamnés.

Des tonnelles, garnies de bancs, dispersées dans tout le jardin, partout où. la classification appelait des espèces grimpantes, devaient retenir les élèves au milieu même des familles maté¬ riellement représentées, dont la réalité objective leur fût deve¬ nue plus saisissable encore par l’habitude qu’ils eussent prise alors plus volontiers de vivre au milieu d’elles.

Il n’en sera pas ainsi; je le déplore vivement. Le progrès que je proposais a paru une innovation dangereuse; ce n’était pour¬ tant pas une nouveauté, car je dois déclarer hautement qu’en exposant les principes qui me guidaient, je n’ai jamais eu la prétention d’en réclamer la paternité, ni d’être le premier à tenter de les mettre en pratique. L’idée ne m’appartient pas, le plan que je présentais n’est pas le premier de ce genre. Il existe déjà plusieurs jardins botaniques disposés d’après les règles que j’ai indiquées, non seulement dans quelques villes de l’étranger, mais en France. Le jardin botanique de la Faculté de médecine de Paris, créé par M. le professeur Bâillon, en est un des meilleurs exemples; c’est là, je dois le dire, le modèle que je voulais suivre, et j’ai le douloureux regret de constater que sur ce point, malgré moi, la Faculté de Lyon sera fort infé¬ rieure à sa sœur aînée (1).

(1) Au moment de publier le présent travail j’apprends que notre excel¬ lent collègue M. le D‘' Ant. Magnin, professeur à la Faculté des sciences de Besançon, va créer dans cette ville un jardin botanique disposé d’après les principes exposés ci-dessus, et que je regrette de ne pas voir appliquer à Lyon.

196 LE JARDIN BOTANIQUE DE LA FACULTE DE MEDECINE.

On pourrait me demander maintenant de donner une descrip¬ tion détaillée de l’arrange ment que j’avais élaboré. Je n’en vois pas bien la nécessité, parce que cela m’entraînerait à des justi¬ fications très développées pour faire connaître les raisons qui légitiment à mes yeux ou, dans certains cas, excusent la posi¬ tion attribuée à chaque massif, et que tout cela serait beaucoup trop long pour un projet resté sur le papier. En outre, je ne connais que trop tous les défauts qu’il présente, et je puis dire que ce ne serait pas mon dernier mot. Dans ces conditions, j’es¬ time que la reproduction pure et simple de mon plan suffira à titre de simple document, sans commentaires.

Il sera plus utile, je pense, de publier par la suite, avec toutes les explications désirables et un catalogue détaillé, le plan réel du jardin, tel qu’il sera après son achèvement.

C’est ce que je me propose de faire quand le moment en sera venu.

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SUR

LES APOCYNÉES

PAR

M. GARGIN

INTRODUCTION

Les drogues d’origine végétale ont tenu, de tout temps, une place considérable dans la thérapeutique ; elles ont même partagé pendant de longs siècles, avec quelques produits provenant des animaux, le domaine entier de la matière médicale. Les médecins de l’an¬ tiquité s’en servaient exclusivement. Nous savons qu’ Hippocrate et ses élèves opéraient leurs cures merveilleuses par le seul emploi de ces plantes qu’on appelait des Simples.

Plus tard, quand les progrès des sciences chimi¬ ques eurent montré la valeur curative de certaines substances minérales, les plantes furent tout d’abord un peu abandonnées. Mais les immortelles décou¬ vertes de Pelletier et Caventou vinrent bientôt leur rendre toute la faveur qu’ elles méritaient.

On connaît aujourd’hui une foule de végétaux, à action bien déterminée, jouissant des propriétés thé¬ rapeutiques les plus diverses et qui sont, pour le mé¬ decin des auxiliaires aussi indispensables que précieux.

14

198

LES APOCYNÉES.

Borné d’abord aux plantes indigènes, le domaine de la matière médicale s’est prodigieusement élargi par l’introduction des nombreux produits fournis par les flores exotiques. Que de familles, que de genres représentés chez nous seulement par des espèces rares ou inoffensives comptent, sous d’autres climats, d’in¬ nombrables individus doués de propriétés redouta¬ bles! Ne semble-t-il pas que le soleil des tropiques, qui donne aux plantes un feuillage plus luxuriant, des fleurs plus odorantes et plus belles , communique aussi à ces plantes des propriétés terribles et en font les poisons les plus sûrs et les plus rapides?

C’est le cas de la famille dont nous abordons l’étude : les Apocynées. Si l’organisation florale de ces plantes est encore peu connue, le champ à parcourir pour se rendre compte de leur structure anatomique est plus vaste encore. Et cela est facile à comprendre, étant donné le petit nombre d’espèces indigènes et la difficulté qu’on éprouve à se procurer des échan¬ tillons exotiques. Néanmoins, grâce à l’obligeance de notre maître, M. le professeur Gérard, qui a mis à notre disposition les collections et l’herbier du Jardin botanique de la Ville, nous avons pu étudier un assez grand nombre de plantes appartenant à cette famille. Le nombre des espèces que nous allons décrire est minime, à la vérité, comparativement à celles existantes; mais, vu Tuniformité frappante de la constitution histologique des membres de la fa¬ mille des Apocynées, nous avons pu néanmoins tirer quelques résultats des spécimens étudiés.

L’importance des caractères histologiques, en ma-

LES APOCYNÉES.

199

tière médicale, n’est plus à démontrer : à peine intro¬ duits dans cette science, ils y ont pris une place pré¬ pondérante. Les caractères morphologiques sont va¬ riables avec l’âge du produit et l’époque de la récolte, son mode de préparation ; les caractères organolep¬ tiques sont souvent encore moins sûrs. Quant aux caractères chimiques, outre que leur constatation exige un temps considérable et un opérateur très expérimenté, ils demandent une quantité de matériaux, qu’il est souvent fort difficile de se procurer. Avec l’histologie, la plupart de ces inconvénients dispa¬ raissent. Elle fournit presque toujours des résultats précieux ; c’est une analyse sûre et rapide. Par elle, on peut, dans beaucoup de cas, connaître l’âge de la plante et l’époque approximative de l’année elle a été recueillie ; par elle, on détermine si un fragment quelconque appartient à la tige ou à la racine. Assu¬ rément, ce sont des résultats dont l’importance n’é¬ chappera à personne et que nulle autre science n’est capable de donner.

Mais, les échantillons qui figurent dans les droguiers n’étant d’ordinaire que des fragments d’un végétal, il est bien difficile, à leur simple examen, de se rendre un compte exact de leur constitution théorique et de la genèse de leurs tissus. Nous basant sur la cons¬ tance remarquable des caractères histologiques de la famille examinée, nous avons pensé que l’étude mi¬ nutieuse des plantes indigènes, dont nous avons pu suivre le développement, nous permettrait de déter¬ miner la nature exacte des éléments des drogues exotiques et de prévoir leur histogénèse. Disons im-

200

LES APOCYNÉES.

médiatement que nous prévisions ont été justifiées et que nous avons rarement été embarrassés pour homo¬ loguer les tissus. Aussi, notre avis est-il qu’il est temps de renoncer complètement à cette histologie machinale, presque partout employée en matière médicale. On constate ici des fibres, plus loin des vaisseaux, plus loin encore du parenchyme, sans se demander le moins du monde pourquoi ces éléments sont et comment ils y sont venus. On n’a nul souci de la constitution type du végétal ; on constate le fait matériel, voilà tout ! Et, avec cette méthode, on ar¬ rive presqu’inévitablement, à l’exemple de l’auteur d’un récent travail, à prendre l’extérieur d’une écorce pour l’intérieur de cette écorce et un fragment de racine pour une portion de tige. Un autre inconvé¬ nient plus grave encore, résultant de cette manière de faire, vient de ce que, dans la plupart des plantes, certains éléments souvent des plus visibles, apparais¬ sent tardivement : celui qui ne s’est pas rendu compte du phénomène regardera invariablement deux échan¬ tillons provenant de la même plante, mais d’âge diffé¬ rent, comme fournis par deux espèces bien distinctes.

Il est temps de rompre avec cette routine et de mettre résolument le fer sur la plaie. La matière mé¬ dicale est, et doit être une vraie science. Pourquoi, à l’exemple de toutes les autres, n’éclairerait- elle pas la pratique des lumières de la théorie?

Notre travail comprendra deux parties : l’une pure¬ ment botanique, l’autre traitant spécialement de la matière médicale. Dans la première, nous nous occu¬ perons spécialement de la morphologie et de l’histo-

LES AP0CYNÉE5.

201

logie de la famille envisagée ; dans la seconde, nous étudierons les drogues proprement dites {Racines^ Tiges, Feuilles et Fruits), telles quelles sont employées en médecine.

Nous n’avons pas cru devoir nous occuper de re- clierclies chimiques et physiologiques, nous bornant k signaler les résultats acquis. Nous nous sommes contenté, entant que recherches originales, d’éclaircir les caractères botaniques de ces drogues, dont l’his¬ toire est le plus souvent fort obscure, parfois pres- qu’inconnue. Si nous sommes arrivé à ce résultat, nous nous estimerons heureux d’avoir contribué, pour notre faible part, à faire connaître les plantes médi¬ camenteuses de la famille étudiée, plantes si intéres¬ santes à tous les points de vue.

Il nous reste, avant de terminer cette introduction, à adresser tous nos remerciments à M. le professeur Cauvet, dans le laboratoire duquel nous avons fait ces recherches. Son obligeance et sa compétence en la matière nous ont puissamment facilité notre tâche; qu’il reçoive ici le témoignage de notre reconnais¬ sance. Nous remercions aussi M. le professeur agrégé Beau visage, aux conseils duquel nous avons fré¬ quemment eu recours.

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PARTIE

ÉTUDE BOTANIQUE DES APOGYNÉES

Chapitre P**

Considérations générales.

Aujoiircrhui que les connaissances histologiques ont décidément conquis le droit de cité dans les sciences naturelles, et que les recherches d’anatomie compa¬ rée se succèdent avec une remarquable activité, il ne pouvait manquer de se produire un fait, capable de jeter une certaine obscurité sur ces recherches déjà si délicates : c’est que chaque école et même chaque observateur cherche à faire prévaloir une termine-

LES APOCYNÉES.

204

logie spéciale. Les uns la basent sur la forme des éléments, leur nature ou leur place; d’autres sur leur rôle physiologique ; d’autres enfin, et ceux sont, à mon avis, les plus sensés, adoptent des dénomina¬ tions neutres et qui ne préjugent rien, ni sur la forme, ni sur la fonction. Nous avons donc cru utile, avant d’aborder notre étude, de jeter un rapide coup d’œil sur la terminologie que nous emploierons dans la suite de ce travail.

Tige. La tige se divise en trois régions : VÉpi- derme, l Ecorce et le Cylindre central.

Épiderme. Comme toujours, nous trouvons tout d’abord l’épiderme. C’est une assise constante, bien définie et dont le rôle, évidemment protecteur, ne saurait donner lieu à aucune discussion. Assez sou¬ vent, dans les Apocynées, cet épiderme devient géné¬ rateur de productions subéreuses : s’il se cloisonne sur sa face externe seulement, en donnant naissance à du liège seul, c’est une zone génératrice unifa^ claie ; si en même temps il donne sur la face interne de l’écorce secondaire, c’est une zone subéro-pheollo- dermique.

Ecorce. L’écorce a été envisagée de diverses manières. Plusieurs botanistes, à l’exemple de M. Du- chartre, la décomposent en parenchyme cortical et liber. Les pharmacologistes ont également adopté cette manière de voir. Au point de vue purement botanique, cette réunion d’éléments si différents est très défectueuse et doit être absolument rejetée ;

LES APOCYNÉES.

205

l’étude du développement de la plante au sommet suffit pour le démontrer abondamment. En effet, le bois et le liber dérivent toujours d’une même initiale, tandis qu’on ne voit jamais une initiale commune au parenchyme cortical et au liber. Pour les pharmaco- logistes, la question doit être posée différemment : ceux-ci, étudiant une drogue, ont surtout en vue le côté pratique. Or, quand on écorce les arbres, c’est régulièrement la zone génératrice qui cède, et, par le fait même, l’échantillon comprend le liber. D’un autre côté, on ne peut renoncer à une appellation en¬ trée depuis longtemps dans le domaine commercial ; nous croyons donc que la signification du mot écorce doit, dans ce cas particulier, être conservée intacte. Par suite, nous en distinguerons deux espèces :

P L’écorce botanique (Écorce proprement dite

seule) ;

L’écorce médicinale {Écorce proprement dite et liber).

Dans l’écorce botanique, on a généralement spé¬ cialisé l’assise la plus interne, qu’on a nommée endo¬ derme.

Il y a quelques années, dans un remarquable travail sur la tige des Composées (1), M. Vuillemin distingua sous l’épiderme une assise particulière et généra¬ lement bien différenciée, qu’il nomma exoderme. (( Fréquemment, dit cet auteur (loc. cit., p. 54), on (( trouve chez l’exoderme des cellules égales à celles

(1) P. Vuillemin. De la valeur des caractères anatomiques au point de vue de la classification. Tige des Composées^ Thèse de médecine de Nancy, 1884.

206

LES APOCYNÉES.

(( de Fépiderme, avec lesquelles elles alternent régu- (( lièrement, tandis que les suivantes sont bien plus (( larges. Ces cellules sont souvent cubiques. »

Dans la famille que nous allons étudier, l’exoderme est le plus ordinairement très visible. Souvent il manque de chlorophylle ou n’en possède que très peu, tandis que cette matière colorante abonde tout d’un coup dans la troisième assise. Il n’y a, d’ailleurs, qu’à remonter vers le sommet végétatif, pour voir l’exoderme de plus en plus net ; on l’aperçoit le plus souvent déjà formé par des cellules larges et cubiques, tranchant bien sur celles du parenchyme sous jacent, qui sont encore fort petites. Parfois, cependant, il est moins reconnaissable. C’est lui qui, le plus souvent, est destiné à donner naissance au liège. Lorsque les cellules de l’écorce renferment de nombreux cristaux, il en est généralement dépourvu. Dans certaines tiges, lui seul possède un suc cellulaire coloré. Nous n’y avons jamais rencontré de laticifères. Convaincu, par l’étude attentive de cette assise, aussi bien à l’état adulte, qu’à l’état jeune, que c’est une couche dis¬ tincte de fort bonne heure et bien caractérisée, nous l’adopterons constamment dans nos descriptions, au même titre que l’endoderme.

D’ailleurs, M. Vuillemin et nous,- ne sommes pas seuls à admettre l’autonomie de cette assise. M. Dou- liot, dans son travail sur le périderme des Légumi¬ neuses (1), adopte également cette manière de voir.

(1) H. Douliot, Sur le périderme des Légumineuses. Journal de Botanique^ mars 1888.

LES APOCYNÉES.

207

La couche parenchymateuse située entre l’exo- derme et l’endoderme a été désignée, par M. Vuil- lemin, sous le nom d'autoderme, nous continuerons néanmoins à l’appeler parenchyme cortical; toutefois nos préférences sont pour le nom de mésoclerme.

U endoderme est presque toujours reconnaissable dans les Apocynées, surtout dans les tiges jeunes. Tandis que, la plupart du temps, toutes les autres assises corticales sont totalement dépourvues d’ami¬ don, celle-ci en est gorgée : c’est à cette particularité qu’elle doit le nom d'assise amylifère qu’elle a reçu de Sachs. Cet endoderme forme, autour du tissu péri- cyclique, une ceinture composée d’une seule rangée de cellules unies radialement et épousant les contours sinueux du tissu sous-jacent. Le nom d’assise amy¬ lifère est assurément défectueux, car il arrive parfois que toutes les cellules corticales possèdent de l’ami¬ don et que seule l’assise amylifère n’en possède pas. A cette dénomination peu caractéristique, M. Van Tieghem a substitué celle d’endode^-me, qui indique sa position. Toutefois, il ne faudrait pas lier le nom d’endoderme à l’idée d’assise protectrice. Cette fonc¬ tion, qu’il remplit évidemment dans la racine, ne sau¬ rait lui être attribuée dans la tige. En vain y cherche¬ rait-on les plissements ou les plages subérifiées ; son seul caractère constant est d’être la dernière assise de l’écorce. Quant à sa fonction, s’il en possède une spéciale, elle nous est jusqu’à présent parfaitement inconnue.

Cylindre central. Nous le divisons en trois régions : Péricycle, Zone libéro -ligneuse et Moelle.

208

LES APOCYNÉES.

1" Péricycle. C’est une assise dont l’existence dans la tige est encore fort discutée. Son nom, donné par M. Van Tieghem, est un excellent exemple de ces dénominations neutres, dont nous parlions plus haut et dont nous sommes partisan. Les bota¬ nistes de l’avenir, découvrant à cette assise une fonc¬ tion qui nous est peut-être inconnue, n’auront aucune raison de rejeter cette dénomination, ainsi qu’ils devraient le faire pour tout autre caractérisant une fonct on démontrée fausse.

Le péricycle, avons-nous dit, n’est pas encore ad¬ mis partons les anatomistes. Les botanistes allemands, entre autres, rejettent l’autonomie de cette couche et rattachent au liber les productions quelle engendre. Il est possible, probable même, qu’à l’origine le liber et le péricycle dérivent d’initiales communes. Mais l’un et l’autre se différencient immédiatement et évoluent différemment, si bien que, dans des coupes pratiquées vers le sommet, nous avons vu, entre les premiers éléments libériens et la zone amylifère, une assise de cellules, d’abord unique, puis se cloison¬ nant pour donner un parenchyme, dans le sein du¬ quel les faisceaux fibreux s’organisent. L’étude du dé¬ veloppement du pédoncule fforal, dans lequel le péricy¬ cle se cloisonne plus tardivement, permettra de s’as¬ surer mieux de l’autonomie de cette assise.

Zone libéra -ligneuse, Les faisceaux appar¬ tiennent à la catégorie qu’on nomme bicollatéraux, parce qu’ils possèdent deux libers, l’un en dedans du bois, l’autre au dehors. Nous ne pensons pas qu’on doive les considérer comme ayant la valeur de ceux des Cucurbitacées.

LES AP0CYNÉE3.

209

Tandis que, dans ces dernières, les plages libérien¬ nes sont exactement situées aux extrémités des bandes ligneuses, on voit souvent, dans les iVpocynées, ainsi que dans les Asclépiadées, les Solanées et les Loganiacées, le liber interne situé fort loin des mas¬ ses xyleuses. On pourrait donc dire que nous nous trouvons en présence de faisceaux collatéraux nor¬ maux, et que la moelle est parcourue à sa périphérie par des faisceaux libériens anormaux. Quoiqu’il en soit, l’origine de ces deux libers se trouve dans le collet et a été signalée par M. Gérard (1). En pas¬ sant dans la tige, le liber radical se divise en deux portions, dont l’une va s’appliquer au dos des fais¬ ceaux ligneux, tandis que l’autre s’infléchit dans la moelle.

3“ Moelle, La moelle existe toujours dans les tiges que nous étudierons; sa forme et sa structure histologique sont très variables.

Racine. La racine présente presque partout le type normal; on y voit :

.1° V assise piUfère ;

2“ L'assise subéreuse ;

S'" Le parenchyme cortical;

Le liber et le bois;

5“ La moelle^ qui généralement n’existe pas ou est complètement envahie par la sclérose.

(1) R. Gérard, Recherches sur le passage de la racine à la tige. Ann. des Sc. nat. série, XI, 1881.

210

LES APOCYNÉES.

Feuille. Pétiole. Celui-ci se compose :

P D’un épiderme qui souvent porte des poils;

2“ D’un exoderme. En se détachant de l’axe, l’ap¬ pendice entraîne avec lui les tissus de ce dernier. Sou¬ vent l’exoderme pétiolaire est tout aussi net que le caulinaire; il en possède le faciès, le développement, les propriétés. Assise différenciée dans la tige, T exo¬ derme l’est au même titre dans le pétiole. Ce mot d’exoderme nous force à rejeter le nom d' hypoderme collenchymateux, souvent donné à la couche épaissie qu’on trouve sous l’épiderme; nous l’appellerons simplement collenchyme pétiolaire ;

3“ D’un parenchyme fondamental ;

4“ D’un endoderme et d'un péricycle, qui se pré¬ sentent, dans l’appendice, avec les caractères qu’ils possèdent dans la tige. Toutefois, les faisceaux fibreux y manquent généralement et y sont remplacés par du collenchyme. Ces deux assises n’existent qu’à la partie dorsale des massifs lihéro-ligneux. Ceux-ci affectent diverses dispositions : groupés en un crois¬ sant unique, ou bien en trois ou en plusieurs masses.

Limbe. Le limbe possède deux épidermes, un parenchyme en palissade et un parenchyme lacuneux.

Rhizome. Plusieurs plantes de cette famille possèdent à la fois des tiges aériennes et des tiges souterraines. En botanique pure, on appelle ces der¬ nières des rhizomes, quelle que soit leur forme et leur position. Il n’en est plus de même en matière

LES APOCYNÉES. 211

médicale on reconnaît deux sortes de tiges sou¬ terraines : les rhizomes vrais et les souches.

Les premières, qui sont généralement horizontales, ne possèdent des racines qu’à leur face ventrale ou inférieure. Les secondes, le plus souvent verticales ou obliques ascendantes, sont entièrement garnies de racines. Il est donc entendu que dans la seconde par¬ tie de notre travail, si nous employons le mot souche, c’est dans le sens ci-dessus et que ce nom n’impli¬ quera en aucun cas l’idée de pivot radiculaire.

Laticifères. Dans tous les tissus parenchyma¬ teux de cette famille, on voit serpenter des tubes indé¬ finiment rameux, remplis d’un liquide laiteux généra¬ lement très blanc, parfois simplement opalescent.

Trecul reconnut le premier (1) que ces tubes appar¬ tiennent à la catégorie des laticifères qu’Hartig avait qualifiés d' inarticulés. Ce sont de simples cellules so¬ litaires, déjà fort développées dans l’embryon, ainsi que nous le verrons, et qui, sans se cloisonner ni s’anastomoser, s’allongent par la seule extension de leur membrane, s’insinuent entre les cellules et prennent une longueur considérable.

M. Georges David a fait plus récemment de ces laticifères une étude fort complète (2).

Enfin, M. Mercatili (1) les a suivis dans le pétiole

et dans les feuilles. Il est probable que ces vaisseaux

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(1) A. TfiEcuL, Comptes rendus, 1865, t. LXI.

(2) G. David, Ueber die MilcJizellen der 'Euphorb. Apocy. AscL il/of., Breslau, 1872.

212

LES APOCYNÉES.

ne sont pas constitués par une simple cellule, mais bien par une réunion de plusieurs protoplasmas sous une même enveloppe. En un mot ce sont des sym- plastes.

Tout récemment. M. Blondel (2) a annoncé la dé¬ couverte, dans certaines Apocynées, de laticifères ar¬ ticulés qui coexisteraient avec les précédents. Nous faisons toutes nos réserves sur l’existence de ces productions, que nous n’avons pas pu parvenir à ren¬ contrer.

Le rôle des laticifères est encore à élucider : les uns, avec M. Faivre, y voient un agent actif delà vie du végétal ; les autres, avec M. Van Tieghem, consi¬ dèrent le latex comme une simple sécrétion.

Leblois, dans son travail sur les organes sécré¬ teurs, adopte entièrement cette dernière manière de voir.

(1) Mergatili, I vasi laticiferi et il sistema assimilatore. Annuar. de R. Instit. botan. di Roma, 1887, fasc. I.

(2) R. Blondel, Étude botanique de la graine et de l’écorce de la Gonessie. (Les Nouv. Remèdes, 1887.)

Chapitre II

Les Apocynées en général (1).

Les Apocynées sont des plantes du groupe des gamopétales superovariées isostémones, groupe qui a pour type et premier terme la famille des Solanées. Elles comprennent des arbres élevés, des arbrisseaux à tige souvent volubile et des herbes vivaces. Assez rares dans nos pays, ces plantes forment, sous les climats tropicaux, un nombre considérable d’espèces.

Feuilles. Les organes végétatifs offrent dans cette famille des caractères très constants. Les feuilles sont toujours simples et entières, souvent opposées

(1) Stadelmeyer, Flora, 1841. R. Brown, Mm. Wern. Soc. d’Edimhurg, vol. I. Endlicher, Gen., 577. Bindley, Veget. Kingd., 599. A. DE Gandolle, Sur la famille des Apocynées. Ann. des sc. nat., 9, p. 459. Wydler, Flora, 1851, 1860, und in Berner Mitheil. 1860, 1872. Payer, Organogénie, 564. Bâillon, Sur l’organisa¬ tion des fleurs du genre Apocynum. Adansonia,lll,%. Ludwig, Zur Biologie der Apocyneen. Bot. Centralblatt, YIII, 183. J. Muller, in Martius. Flora Brasil., fasc. 26. Miers, On the Apocy. of the South America 8, London, 1870. De Gandolle, Prodr., VIII, 317. Benth. Hook, Gen., II, 681. Walp., Rep., VI, 464. S. Kurz, Gontributions to wards a knowledge of the Burmese üora. Journ. asiat. soc. of Bengal, vol. XLVI, pars II, 1877.

3

214

LES APOCïNÉES.

OU verticillées (Fmca, Nerium, etc.); elles sont parfois alternes {Thevetm, Cerbera, Amsonia, etc.). Dans le Neriurrif on les voit même varier sur le même pied et d’opposées devenir verticillées par trois. Les feuilles sont toujours penninerviées. Le pétiole présente gé¬ néralement des appendices, sur la nature desquels on a vivement discuté, certains botanistes voyant dans ces productions des stipules. Ces appendices de la base du pétiole se présentent sous six formes :

L Glandes axillaires fasciculées en nombre quel¬ conque {Thevetia, Amsonia, etc.) ;

Dilatation de la base du pétiole {Couma, Crapi- dospermum) ;

Glandes axillaires accompagnées d’autres glan¬ des situées à l’origine du pétiole, entre les deux feuilles opposées {Hancornia, Vahea) ;

Glande de chaque côté de l’origine de la feuille {Odontadenia) ;

Ecaille axillaire [Tahernaemontana rostrata) ;

Appendice lancéolé, foliacé, de chaque côté de l’origine du pétiole {Vallesia, Anisolohus).

Ajoutons que quelques Echiies et PLumiera portent, en outre, des appendices glanduleux accumulés à la base de la nervure centrale du limbe du côté supé¬ rieur.

Calice. Le calice est formé de cinq pièces libres, disposées en préâoraison quinconciale. Les sépales n’étant que des feuilles modifiées, on ne doit pas .s’étonner de retrouver à leur intérieur les appendices glanduleux que nous avons signalés chez ces dernières.

LES APOCYNÉES.

215

Le plus souvent, en effet, on trouve : soit plusieurs glandes en dedans de chaque sépale {Nerium, Theve- tia, Tabernaemontana) ; soit une glande de chaque côté des deux lobes antérieurs du calice {Anisolobus^ Wri- ghtia, etc.); soit une écaille mince et dentelée en dedans et en face de chacun des lobes [Lynsonia, Prestonia, Thenardia, etc.), soit enfin deux écailles en dedans de chacun des deux lobes. De nombreuses espèces manquent absolument de ces appendices.

Corolle. La corolle est pentamère gamopétale. Elle offre une préfloraison contournée : tantôt à droite (Allamanda, Couma, Vinca, Cerbera, Amso- nia, etc.); tantôt à gauche (Alstonia, Stro'phanthuSy Nerium, A'pocynum, EchiteSy etc.). Dans le genre Mascarenhasia^ les lobes de la corolle sont pliés lon¬ gitudinalement sur les bords du côté interne de la fleur et les dos sont contournés de droite à gauche. Souvent la corolle, généralement bypocratérimorphe, présente des appendices ligulaires, qui se détachent du tube, dans la partie supérieure, et se divisent en languettes. Le Nerium Oleander présente un bon exemple de ce phénomène.

Étamines. Les étamines sont toujours au nom¬ bre de cinq, sauf dans le genre Leuconotis, les ver- ticilles sont tous quaternaires. Ces étamines, alternes avec les pétales, ont leur filets concrescents, dans la majeure partie, avec le tube corollin. Dans le genre Thenardia, les filets sont concrescents entre eux. Le point ils se séparent de la corolle est généralement

LES APOCYNÉES.

216

indiqué par des renflements et des poils. Dans la tribu des Echitidées, et c’est un caractère qui les rapproche des Asclépiadées, les anthères sont adhérentes aux stigmates. Dans les Nerium et les Nevmndrdi, les anthères se prolongent en une queue plumeuse.

Nectaires. Entre l’androcée et le pistil, le pé- dicelle se renfle souvent en un disque nectarifère, soit annulaire {Asjpidosjperma), soit divisé en cinq lobes alternant avec les étamines {Ajpocynum, Forsteronis), soit en deux grands nectaires alternes avec les car¬ pelles (Fznca, Dipladeiiia) ; soit enfin en un grand nombre de petits tubercules {Nerium). Ces nectaires existent dans la moitié environ des genres [de la fa¬ mille.

Pistil. Les pistils, insérés sur un réceptacle ordi¬ nairement convexe, sont toujours au nombre de deux, l’un antérieur, l’autre postérieur relativement à Taxe de l’inflorescence. L’ovaire se présente sous trois for¬ mes, qui ont servi à la détermination des genres : D Les carpelles sont indépendants dans leur portion ovarienne et ne se soudent que par leurs styles {Echites, Mandevüleay Lassegua^ Nerium^ Strophan- thuSj Apocynum, etc.); 2” les carpelles s’unissent inférieurement en un ovaire biloculaire, chacun d’eux étant complètement clos {Carissa, Leuconotis^ etc.) ; les carpelles sont ouverts et concrescents en un ovaire uniloculaire, à placentation pariétale {Han- cornia, Willughheia). Chaque placenta porte de nom¬ breux ovules campylotropes oupresqu’anatropes. Ces

LES APOCYNÉES.

217

ovules se réduisent parfois à deux, comme dans les Cer¬ nera et les LeuconotiSy ou meme à un seul dans les Lepinia et lesN’o^ome7’iu7n. Libres à l’origine, les sty¬ les se soudent en haut et en bas dans le cours du dé¬ veloppement, même lorsque les ovaires sont distincts. Au-dessous des lobes stigmatiques, qui correspondent au dos des carpelles, il se forme souvent un renflement discoïde annulaire ou cupuliforme, contre lequel les anthères sont parfois accolées par un liquide visqueux {Neriuyriy Apocynum, etc.). Dans quelques genres, fort rares, il est vrai, le pistil comprend trois à cinq carpelles, au lieu de deux {Pleiocarpa, Notomerium, Lepinia).

Organogénie de la Fleur. Payer (1) a suivi le développement organogénique des Apocynées en prenant comme type V Apocynum cannahinum,

(( Le calice montre cinq sépales naissant successi- cc vement dans l’ordre quinconcial, 2 sont antérieurs, « ce sont les sépales (1 et 3) ; deux latéraux (4 et 5) ; « un postérieur (2). Tous grandissent rapidement et (( deviennent à peine connés à leur base. Les cinq « pétales naissent tous à la fois; tous distincts à l’o- <( rigine, mais devenant promptement connés. Les « étamines apparaissent toutes en même temps sur c( le réceptacle et restent pendant quelque temps (( complètement indépendantes de la corolle. Mais (( lorsque le pistil est et que la corolle est devenue « gamopétale, les étamines se soudent à la corolle.

(1) Organogénie de la Fleur, p. 564.

218

LES APOCYNÉES.

« Le pistil à l’origine se compose de deux bour- (( relets semi-lunaires qui se touchent bientôt par (( leurs extrémités. On dirait deux fers à cheval placés (( l’un en face de l’autre ; en grandissant, chacun de ces (( bourrelets s’isole d’abord et forme un carpelle distinct « qui a son ovaire, son style et son stigmate. Ce n’est (( que peu de temps avant le complet développement de « la fleur que ces deux carpelles se soudent entre eux (( par leur stigmate seulement.

« C’est à l’intérieur de chacun de ces ovaires, que cc naissent les ovules; ils apparaissent d’abord à mi- « hauteur, puis gagnent peu à peu les extrémités infé- « rieure et supérieure du placenta. Le disque n’ ap¬ te paraît que longtemps après la naissances du pistil. <( Ce sont, à l’origine, cinq mamelons alternes avec « les étamines et distincts. En grandissant, ils de- (( viennent connés et forment une coupe à bords (( crénelés ».

Fruits. La nature et la déhiscence des fruits varient beaucoup dans les Apocynées. On trouve des baies, des drupes, des fruits à moitié charnus et des follicules. Les graines sont généralement, dans ce dernier cas, munies d’aigrettes soyeuses (S^rop/ian^/iws, Wrightia, etc.) ; parfois, elles sont peltées ou ailées {Aspidosperma, etc.). Elles renferment un embryon droit, à cotylédons plans, quelquefois enroulés ghtia), un albumen corné ou charnu, rarement ruminé {Alyxia). Certaines graines sont totalement dépour¬ vues de cette réserve {Willughbeia, Leuconotis, etc.).

Les Apocynées comprennent actuellement cent trois

LES APOCYNÉES. 219

genres et neuf cents espèces, que Bentham et Hooker répartissent en trois tribus :

V Echitidées, Carpelles libres, graines aigret- tées : EchiteSy Nerium, Apocynum, etc.

Plumiérées. Carpelles libres, graines non aigrettées : RauivolfisL, Vinca, etc.

Echitidées. Carpelles concrescents : Carissa, LeuconotiSy Allamanda^ etc.

De Candolle admet dans cette famille sept tribus, et M. Bâillon quatre. Aucun d’eux ne fait rentrer l’aigrette dans la classification.

Outre les espèces actuellement vivantes, on en con¬ naît actuellement quarante-trois fossiles, appartenant toutes aux terrains tertiaires et se décomposant ainsi : un Cerhera, un Plumiera, deux Tabernæmontana^ six Echitonium, trois Nerium, deux Neritinum et vingt-huit Apocynophyllum. Ce dernier genre est complètement éteint; les autres sont encore repré¬ sentés dans la flore actuelle.

Si l’on jette un coup d’œil sur les familles voisines, on voit que les Apocynées ne forment pas un groupe isolé, mais que leurs caractères les relient étroitement à certaines d’entre elles.

Et d’abord aux Asclépiadées. De nombreux carac¬ tères communs les rapprochent ; quelques différences seulement et de nature secondaire les éloignent.

Adanson, Giseke et, après eux, Ant. -Laurent de Jussieu n’avaient pas cru devoir séparer ces deux familles. Pour ce dernier même, la famille des Apo- cynéesj qui les renfermait toutes deux, lui semblait une des plus naturelles du règne végétal.

220

LES APOCYNÉES.

C’est Robert Brown, en 1809, qui sépara le pre¬ mier les Apocynées des Asclépiadées, en se basant, pour cela, sur l’absence ou la présence d’une aigrette à la graine.

Plus tard, Reichembach et Bartling les séparèrent aussi, sans donner toutefois, ainsi que l’avoue De Candolle, aucune raison sérieuse à l’appui de leur manière de voir. Les botanistes qui vinrent après admirent communément cette division.

(( Les Asclépiadées, dit M. Bâillon (Traité de bot, méd., p. 1277) ont tous les caractères des Apocynées, sauf ceux de leur pollen qui est réuni en masse ». D’ailleurs, les Apocynées à follicules, tout aussi bien que les Asclépiadées , possèdent généralement des graines aigrettées.

Ainsi, la raison qui avait porté R. Brown à séparer ces deux familles n’a pas résisté à une analyse atten¬ tive, pas plus, au reste, que celles données par Rei- chembacli et Bartling.

« Les caractères qui permettent de distinguer une (c Asclépiadée d’une Apocynée, dit M. de Candolle, « {Mém, sur les Apocynées^ Ann. des sc.nat. série, « 1844), sont le développement considérable du stig- <c mate, la soudure et l’extension des filets d’étamines (f en gynostegium et les appendices bizarres des anthè- c( res . Toutefois, aucun de ces caractères n’est exclusif. « Il y a des Asclépiadées à étamines libres dès leur (( base, à stigmate peu développé, tandis que certai- (c nés Apocynées ont des appendices filiformes ou « plumeux au sommet des anthères et de gros stig- « mates munis de glandes, sur lesquels les anthères

LES APOCYNÉES.

221

« viennent fortement adhérer. La seule distinction pré- (( cise se trouve donc dans l’organisation du pollen ».

Ainsi, pour M. de Candolle, comme pour M. Bâillon, le pollen est le seul critérium capable de différencier les deux familles. Or, nous ferons remarquer que toute une tribu d’Asclépiadées, les Périplocées, qui com¬ prennent de nombreux genres, ont un pollen libre et forment ainsi une transition insensible aux Apocynées. D’autre part le Vinca Rosea a un pollen agglutiné.

Si nous comparons anatomiquement les deux fa¬ milles, il nous sera tout à fait impossible d’y décou¬ vrir la moindre différence histologique, tandis qu’elles forment, à elles deux, un ilôt bien séparé de toutes les autres. Nous avons étudié comparativement les Apo¬ cynées et les Asclépiadées. Des raisons indépendantes de notre volonté nous ont empêché d’étudier ici la seconde de ces familles, en même temps que la pre¬ mière. Nous pouvons toutefois annoncer, dès à pré¬ sent, que leur constitution anatomique est parfaite¬ ment identique. En somme, nous pensons que la séparation* de ces deux familles est toute artificielle. Nous sommes tenté de revenir à l’ancienne classifi¬ cation d’Adanson et de De Jussieu, persuadé que, plus tard, lorsque, aux caractères morphologiques, on aura adjoint les caractères histologiques, et que l’anatomie aura définitivement conquis la place à laquelle elle a droit, la science conclura définitivement en faveur de l’union des deux familles.

Quoique plus éloignées, les Loganiacées, les Gentia- nées, les OLéacées et les Rubiacées se groupent, par divers caractères, autour des Apocynées,

222

LES APOCYNÉKS.

Les fleurs des Loganiacées sont souvent fort sem¬ blables à celles des Apoc^mées. Cependant, dans les premières, les étamines ne sont pas toujours alternes avec la corolle; les carpelles présentent parfois trois loges; la préfloraison corolline est souvent valvaire; les nectaires et les appendices ligulaires des pétales manquent; enfin, les carpelles sont ouverts et les feuilles vraiment stipulées. D’ailleurs, comme nous le verrons, quand les caractères morphologiques ne suffiront pas à classer une espèce, dans l’une ou dans l’autre famille, l’examen d’une seule coupe indiquera immédiatement sa place.

Les Gentianées sont également fort voisines des Apocynées; leurs carpelles ouverts et leur ovule franchement anatrope les en séparent pourtant.

Les Oléacées ne possèdent que deux étamines et les Rubiacées sont inferovariées.

Au point de vue de leurs usages, les Apocynées sont souvent employées, soit comme remède, soit comme aliment, soit dans l’industrie.

La partie active de ces plantes semble, le plus sou¬ vent, résider dans le latex. Ce latex sert parfois d’ali¬ ment fCarissa eduliSy Carpodinus dulcis, Tabernæ- montana edulis, Couina). D’autres fois, il produit du caoutchouc {Willughheia edulis ^ Will. Martahanica, Will. firma, Lactaria calocarpa, Lact. Moorei, Taber- næmontana edulis, Tab. floribunda, Tab. pauciflora, Tab, coronaria^ Tab. orientalis, Plumiera phagedæ^ nica, Cameraria latifoliay Urceola elastica, Hancornia speciosay V ahea gummifera, Vahea Comoriensis, Vahea madagascariensis y Chavannesia esculentay Couma

LES APOCYNÉES. 223

guianensis y Alstonia scholariSy Landolphia Owarien- sisy Land, florida.

Les bois et écorces de plusieurs espèces servent de matières tannantes. Ce sont ceux des Aspidospermum quehracho, Asp. ehuvneum^ Asp. Peroha, Asp. sessile- flora et de l’A^s^oma constricta.

Les fruits du Carissa Carandas, Hancornia spe^ ciosa^ et de beaucoup d’autres Apocynées, sont com¬ munément mangés. Les Strophanthus, le Tanghinia venenîfera , le Cameraria latifolia , le Tahernæ- montana sphaerocarpa servent à préparer des poi¬ sons de flèche ou d’épreuve. Enfin, comme nous le verrons plus loin, de nombreuses espèces sont entrées aujourd’hui dans la thérapeutique.

Chapitre III

Étude détaillée de quelques espèces.

ÉCHITIDÉES

JVerium Oleander L.

Cette plante est l’une de celles qui ont été le plus étudiées à tous les points de vue ; néanmoins, comme nous tenons à rendre notre travail aussi complet que possible et que, d’autre part, aucune étude monogra¬ phique spéciale de cette Apocynée n’a encore été tentée, nous allons essayer de faire cette étude.

Caractères extérieurs. Le Nerium Oleander est un arbuste fréquemment cultivé dans nos jardins, on le nomme Laurier-rose et parfois Laurelle. Les rameaux portent des feuilles lancéolées, penniner- viées et pétiolées. Ces feuilles sont tantôt verticillées par trois, tantôt opposées. Les fleurs sont roses ou blanches; elles sont hermaphrodites et régulières. Le calice est formé de cinq sépales à peu près libres et disposées dans le bouton en préfloraison quincon^ ciale. La corolle est hypocratérimorphe et présente cinq lobes à préfloraison tordue. Entre le calice et la

LES APOCYNÉES.

225

corolle se trouvent cinq faisceaux inégaux de glandes. La gorge de la corolle porte intérieurement des appendices. Les cinq étamines sont insérées sur la corolle ; elles possèdent un filet court et une anthère sagittée; c’est seulement à la partie supérieure de ces pièces qu’on voit les loges à déhiscence extrorse ; elles sont surmontées d’un long appendice plumeux. Le gynécée est formé de deux ovaires, surmontés chacun de leur style. Les deux styles ne tardent pas à s’unir et forment un stigmate unique dilaté en tronc de cône. Chaque ovaire porte, à sa face ventrale, un placenta chargé d’ovules anatropes. Le fruit est formé de deux follicules contenant des graines à mince albu- mem, et dont le tégument superficiel se couronne d’un épais pinceau de poils soyeux. L’embryon est droit, charnu et à cotylédons plans.

Lorsqu’on brise une branche, il en découle un liquide blanchâtre : le latex.

Caractères anatomiques. De nombreux obser¬ vateurs ont examiné la structure histologique du Nerium. Mohl, en 1842, en étudiait le système ligneux (1), Pfitzer en fit connaitre le tissu hypoder¬ mique (2). J’ai déjà cité les auteurs qui se sont oc¬ cupé de la recherche des laticifères. Sanio (3) et Vesque ont déterminé le mode de formation du

(1) H. Mohl, Ueben den Bau, etc. Lmnea, 1842.

(2) Prïngsheim Jarbuch, VIII, p. 16.

(3) Vergel. Untasüber d. B. d. Eschock. d. Kortes. Prmgshein Jorb, II, 39.

226

LES APOCYNÉES.

liège, Petunikow (1) et plus récemment Niggl (2) ont porté leur attention sur la membrane épider¬ mique et sur la cuticule.

Tige. Une coupe pratiquée près du sommet végétatif montre le système libéro-ligneux disposé en six faisceaux, dans les tiges à feuilles verticillées par trois, et en quatre seulement, dans celles à feuilles opposées.

Plus tard, une assise génératrice libéro-ligneuse intervenant, relie les faisceaux et forme une zone continue, triangulaire dans le premier cas, elliptique dans le second.

Etudions la manière de se comporter de ce tissu, lorsqu’il se rend dans les feuilles et les bourgeons.

A. Les feuilles sont verticillées par trois. A Fais¬ selle naît un bourgeon, qui souvent avorte. Par contre, il arrive parfois que, les trois bourgeons se développant, l’axe avorte au-dessus d’eux; d’où ré¬ sulte une fausse trichotomie. La zone libéro-ligneuse est, nous l’avons dit, triangulaire. Les sommets du triangle isocèle sont placés en face des feuilles qui vont sortir les premières. Chacun de ces sommets se détache en un segment en forme de V, segment qui se dirige vers le pétiole, dont il formera le système conducteur. Les trois parties restantes se sectionnent chacune en trois : une portion médiane, que nous

(1) Petunikow, Recherches sur le Cuticule. Bulletin de la Société lmp. de Moscou.

(2) Niggl, Das Indol als Ragen auf. verholze memhranen. Flora, 1885, 5545.

LES APOCYNÉES.

227

nommerons massif caulinaire et deux latérales, les massifs gemmaires. Les massifs gemmaires, situés de part et d’autre de chaque feuille, marchent l’un vers l’autre dans l’écorce, s’incurvent en dedans, se sou¬ dent par leurs extrémités et forment ainsi le nouveau cylindre central du rameau du bourgeon. Ce cy¬ lindre, d’abord elliptique, puis circulaire, prend sa forme caractéristique triangulaire, assez longtemps avant d’approcher du premier verti cille foliaire.

Quant aux trois massifs caulinaires, qui, eux, vont perpétuer le cylindre central de l’axe principal, ils s’incurvent, se soudent par leurs extrémités, puis re¬ constituent immédiatement un triangle, dont les angles ont leur bissectrice perpendiculaire aux côtés du tri¬ angle précédent. La moelle ne forme donc pas, dans toute sa hauteur, un prisme triangulaire continu, mais bien un solide héliçoïdal à trois arêtes, dont chacune fait un tour complet toutes les six feuilles.

B. Les feuilles sont opposées. Dans ce cas nous avons une zone libéro-ligneuse ellipsoïde, dont les extrémités du grand axe se détachent en forme d’o¬ give et vont à la feuille. Les côtés se comportent comme dans le cas précédent.

r

Etudions maintenant l’histologie de la tige.

Dans un rameau jeune, on rencontre, en allant de l’extérieur vers l’intérieur :

D L’épiderme. Vues de face, ses cellules sont rectan¬ gulaires et allongées longitudinalement. Les stomates n’y sont point en grande abondance. Sur une section, les cellules sont sensiblement carrées et leur membrane externe est toute entière cutinisée; quelques-unes

228

LES APOCYNÉES.

sont prolongées en poils courts, pointus, à paroi épaisse et non cutinisée, à cavité réduite.

Exoderme. On ne voit sous l’épiderme aucune assise bien différenciée.

Trois ou quatre assises de cellules collenchyma^ teuses, à cavité arrondie. Elles renferment fort peu de chlorophylle; par contre, certaines d’entre elles possè¬ dent un suc cellulaire rouge.

Une couche de cellules chlorophylliennes for¬ mée de 16 à 20 assises. Ces cellules ont des parois minces. Elles sont sphériques ou légèrement étendues dans le sens tangentiel. Beaucoup contiennent des mâcles d’oxalate de chaux. De fort bonne heure, ce tissu, ainsi que le précédent, se garnit de petits grains d’amidon, de sorte qu’il devient presque impossible de distinguer l’endoderme ou assise amylifère. Cepen¬ dant, en remontant vers le sommet, on peut parvenir à apercevoir cette assise.

Le tissu péricy clique comprend 7 à 8 épaisseurs de cellules, dans lesquelles sont disséminés des fais¬ ceaux de fibres disposés ici en plusieurs assises. Vus de face, ces éléments se présentent avec un lumen fort étroit, une paroi d’un blanc brillant, épaisse et montrant des stries concentriques. Ces fibres ne sont pas lignifiées, la fuchsine n’altère pas leur couleur; en revanche, le chloroiodure de zinc leur communique une teinte bleue : ce sont donc des éléments cellulo¬ siques. Elles sont allongées, à extrémités appointées et formées d’étranglements et de dilatations succes¬ sives. Dans les massifs, elles sont serrées les unes contre les autres, ce qui leur communique une forme extérieure polygonale.

LES APOCYNÉES.

229

Les cellules de parenclijuiie de ce tissu sont irré¬ gulières, avec des parois minces ; elles contiennent de l’amidon et quelques mâcles.

6*" Le liber externe^ dont le parenchyme possède, non plus des mâcles, mais des cristaux rhomboédri- ques d’oxalate de chaux.

7" Le èozs, â rayons médullaires forts étroits (une ou deux cellules d’épaisseur). Ces cellules sont gorgées d’amidon et lignifient promptement leurs parois.

8“ Le liber interne^ disposé en massifs, dont les pointes obtuses font saillie dans la moelle.

9“ La moelle formée de cellules relativement peti¬ tes, sphéroïdal es et amylifères. Les mâcles s’y mon¬ trent fréquemment. Les laticifères sont répandus dans les parenchymes cortical et péricy clique, ainsi que dans la moelle. Ils sont unicellulaires et fort difficiles à mettre en relief.

A mesure que l’âge avance, on voit se produire de nouveaux phénomènes, sans parler des formations lihéro-ligneuses secondaires. La moelle est triangulaire ou elliptique. Le liber devient circulaire. Le suher, ici, est formé au dépens de l’épiderme ; c'est même le cas classique. Toutefois, nous avons rencontré trois fois le fait suivant : dans une tige à moelle triangulaire, sans ai^'parence de coups ou de frottements, l’assise immédiatement placée sous le collenchyme s’organi¬ sait en suher et exfoliait la partie externe. L’épiderme n’avait subi aucune segmentation.

Racine. L Les poils de la membrane absorbanle sont grêles et fort longs;

230

LES APOCYNÉES.

Vassise subéreuse ne présente rien de caracté¬ ristique et fonctionne comme à l’ordinaire;

U écorce est composée de cellules arrondies, dans lesquelles il est très difficile de différencier l’écorce externe de l’écorce interne. Les plus externes de ces cellules contiennent une matière colorante fluide et jaunâtre, soluble dans l’acide acétique. Cette écorce est parcourue par des laticifères inarticulés. On n’y retrouve pas de mâcles, mais bien des cristaux rhomboédriques ;

A"" V endoderme et le péricycle sont formés de cel¬ lules rectangulaires et alternantes ;

5” La moelle n’existe pas;

6*" Le bois possède, outre les trachées, des vais¬ seaux surtout ponctués.

Feuille. A. Pétiole. Lorsque le système libéro-ligneux de l’appendice se détache du cylindre central, il est d’abord constitué par un seul massif en forme de croissant, à concavité interne. Mais bientôt, avant de sortir de la tige, ce massif émet de chaque côté un petit rameau. Le pétiole, coupé à sa base, présente par ce fait trois groupes fîbro-vascu- laire, un médian puissant et deux petits latéraux. Chacun de ces derniers se divise à son tour en deux branches qui, après avoir cheminé côte â côte, se réunissent, puis se redivisent de nouveau pour entrer dans le limbe (1). A mesure que le croissant foliaire

(1) Une nouvelle division des latéraux peut intervenir et donner ainsi sept massifs vasculaires.

LES APOCYNÉES.

231

s’écar te du système central caulinaire, on voit le^ fibres péricycliques devenir plus rares ; dans le pétiole, elles ont disparu.

L’histologie du pétiole nous montre :

Un épiderme, dont la paroi externe est cutinisée; ses cellules sont petites et à section sensiblement carrée. La partie convexe du pétiole ne présente que des poils rares, surtout assez nombreux dans la partie concave. Ces poils sont unicellulaires, à cavité fort réduite; ils ont tous les caractères de ceux que nous avons décrits pour la tige et sont infléchis vers le limbe;

Une zone de cellules collenchymateuses , plus épaisse sur le côté convexe. Le contour interne de ces éléments est circulaire. A l’état jeune, quelques- uns renferment un suc cellulaire rougeâtre. On y voit également des grains de chlorophylle, mais de faible dimension et en petit nombre ;

Le tissu fondamental, formé de cellules arron¬ dies, chlorophylliennes et dont quelques-unes con¬ tiennent des mâcles. Quelques laticifères circulent dans leurs interstices;

La zone amylifère ou Endoderme, occupant le dos de chaque faisceau;

Le péricycle formant un massif, dont certains éléments , vus en coupe longitudinale , sont plus allongés que les autres ; ce sont les représentants des fibres. Laticifères nombreux. Comme l’endo¬ derme, le péricycle n’occupe que le dos des faisceaux.

B. Limbe, Le limbe a été bien souvent figuré;

232

LES APOCYNÉES.

on en trouvera une bonne coupe dans le traité classi¬ que de M. Van Tieghem {T. de botanique, p. 60). Sous l’épiderme, qui est formé de cellules environ trois fois plus étendues en largeur qu’en hauteur, on trouve deux assises de cellules incolores, à paroi épaisse et à contenu aqueux. On appelle ce tissu Hypoderme aqueux; il est facile de s’apercevoir qu’il n’est que la continuation du collenchyme pétiolaire. D’arrondies, les cellules sont devenues rectangulaires ; mais leur constitution, leur épaississement, les réactions histo- chimiques de leur paroi n’ont pas changé : c’est en somme un collenchyme foliaire. On trouve générale¬ ment une seule assise de ce collenchyme, sur l’épi¬ derme inférieur. Le parenchyme en palissade pré¬ sente deux rangées de cellules, dont quelques-unes s’arrondissent et portent des mâcles. Le parenchyme lacuneux occupe à peu près la moitié de la hauteur totale du limbe. Enfin, l’épiderme inférieur s’infléchit, pour former des cryptes hérissées de poils unicellu- laires et présentant des stomates.

IVerium odorum Soland (1).

Caractères extérieurs. Cette plante, qui res¬ semble à la précédente, comme port et taille, croît dans toute l’Inde septentrionale, au Népaul et sur les collines de Nahn. Un peu moins vigoureux que le N. oîeander, ce végétal possède des feuilles plus étroi¬ tes, des rameaux souvent anguleux, les lobes du calice

(1) Soland. In, h. Kevo ed. I. V. I, p. 297. Roxburgh. Flore indienne y 1832, vol. 2, p. 2. Suns. Bot. magaz.^ t. 2032.

LES APOCYNÉES.

233

droits et des fleurs toujours odorantes. Ces dernières, généralement blanches, peuvent varier de coloration, comme celles de la plante précédente. On en trouve de couleur chair, de roses, de bicolores, à tube jaune et à lobes roses. Cet arbuste, fréquemment cultivé dans les jardins indiens, possède des féuilles étroite¬ ment lancéolées, penninerviées, pétiolées et générale¬ ment disposées en verticilles de trois. Les languettes ligulaires des lobes corollins varient de quatre à sept. Les étamines sont poilues et dépassent le tube de la corolle.

Caractères anatomiques. La disposition des faisceaux dans la tige, leur nombre, la forme de la moelle, se montrent identiques à ce que nous avons vu dans le N. oleayider.

Une coupe transversale nous présente :

U Un épiderme formé de cellules fort petites, à paroi externe très épaisse et bombée. Quelques-unes sont prolongées en poils, unicellulaires, incolores, à paroi épaisse et à cavité étroite ;

Cinq ou six assises de cellules collenchymateu- ses à lumen circulaire ;

3“ Une trentaine d’assises parenchymateuses^ qui terminent Fécorce. Cette couche est composée : (a) de cellules arrondies, à parois minces et de dimensions sensiblement égales : certaines de ces cellules con¬ tiennent des mâcles d’oxalate de chaux ; (b) de latici- fères inarticulés, à contenu grisâtre, difficilement visibles à F état frais et dont la lumière est sensible¬ ment égale à la section des cellules avoisinantes ;

234

LES ÂPOCYNÉES.

4” V endoderme amylifère ;

5^* Le tissu jpévicy clique, qui contient : (a) des cel¬ lules parenchymateuses irrégulières et à parois min¬ ces ; {h) des faisceaux fibreux placés sur deux zones concentriques ; (c) de nombreux laticifères semblables à ceux que nous avons déjà décrits ;

G*" La zone lihéro-ligneuse, qui est triangulaire ou elliptique. Elle comprend : (a) le liber externe, dont le parenchyme contient des cristaux rhomboïdaux d’oxalate de chaux, mais pas de mâcles; ib) le bois ^ surtout formé de fibres ; (c) le liber interne disposé en massifs isolés et faisant saillie dans la moelle;

T La moelle, qui est constituée par des cellules arrondies, à parois minces. Certaines d’entre elles renferment des mâcles. De nombreux laticifères, en tout semblables à ceux de l’écorce, circulent dans ce tissu.

Feuille. Pétiole, V épiderme présente une structure toute différente de celle du N. oleander. Les cellules épidermiques ont leurs parois externes fort épaissies (pl. I, fig. 1); les parois latérales le sont aussi, mais, vers leur point de jonction avec les inter¬ nes, elles se rétrécissent tout à coup en ogive et se ter¬ minent par une pointe. Cet épaississement latéral est parfois assez considérable, pour oblitérer presque complètement la cellule.

Sous l’épiderme, on rencontre neuf à dix assises de cellules collenchymateuses.

Le tissu fondamejital est formé de cellules à parois

LES APOCYNÉES.

235

minces et dont certaines possèdent des mâcles. On y trouve également des laticifères.

Le système conducteur, de même que dans le N, oleander, est disposé en cinq ou sept faisceaux; l’en- doderme amylifère embrasse le dos de chacun d’eux.

Le péricycle est, dans sa plus grande épaisseur, formé de cinq assises ; il est collenchymateux et con¬ tient de nombreux laticifères. Comme Tendoderme, il recouvre la partie dorsale des faisceaux.

Le liber interne se compose de faisceaux isolés, dont quelques-uns, placés surtout vers les extrémités de l’arc fibro-vasculaire principal, ne touchent pas aux faisceaux ligneux, mais sont placés assez loin dans le parenchyme fondamental.

Limbe, De même que dans le N. oleander, le collenchyme sous-épidermique passe insensiblement dans le limbe et s’y étale en un hypoderme aqueux. Les tissus dont se compose le limbe sont :

D V épiderme supérieur. L’épaississement remar¬ quable des parois latérales, que nous avons constaté dans le pétiole, a disparu; celui de la paroi externe a persisté. Toutefois , par une raison physiologique facile à saisir, cet épaississement reparaît sur les bords. L’épiderme supérieur est glabre et sans sto¬ mates. Au-dessous de lui, nous trouvons trois cou¬ ches de collenchyme foliaire (hypoderme aqueux). Au niveau des cryptes pilifères de l’épiderme infé¬ rieur, une de ces couches est supprimée et remplacée par une rangée en plus de parenchyme chlorophyllien en palissade. Les éléments de ce collenchyme sont

236

LES APOCYNÉES.

rectangulaires et possèdent une paroi épaisse. Sous cette couche, on observe d’ordinaire deux rangées de parenchyme en palissade; comme nous l’avons déjà dit, il en existe trois en face des cryptes.

Le tissu lacuneux est fort développé et présente deux formes : irrégulier dans les intervalles des cryp¬ tes, il devient étoilé en face de celles-ci et rappelle alors, par sa régularité, le parenchyme médullaire des Joncs. Certaines de ces cellules possèdent des mâcles volumineuses.

Enfin, selon les endroits, on trouve deux ou trois assises de collenchyme ( hypoderme aqueux) au-dessus de l’épiderme inférieur. Celui-ci a une structure sem¬ blable à celle de l’épiderme supérieur; il s’invagine en cryptes très profondes, portant de nombreux poils et renfermant des stomates. Vers les bords, les épaissis¬ sements latéraux des cellules épidermiques réappa¬ raissent, opposant ainsi une grande résistance à la déchirure de la feuille.

Racine. La racine étant médicinale sera étudiée dans la seconde partie.

Ainsi donc, à la seule inspection du pétiole, nous pourrons distinguer les deux Nerium; les épaississe¬ ments latéraux du N. odorum suffiront pour cela.

Nous avons eu entre les mains deux autres Ne- rium, provenant, comme le précédent d’ailleurs, de l’Herbier du Jardin botanique de la ville; ce sont :

Le N, luteum^ qui n’est qu’une variété du N. odorum J dont il ne diffère que par l’absence d’odeur. Les lobes de la corolle sont jaunes ;

LES APOCYNÉES.

237

2*" Le N. carneum, simple variété du N. oleander.

Apocymiiii veuetnin (1).

Caractères extérieurs. Cette plante possède une aire assez étendue. On la trouve dans toute la région de l’Altaï, dans la Chine septentrionale, le Caucase, l’Asie mineure, la Dalmatie et, finalement, dans la région qui lui a donné son nom : la Vénétie. U Apocynuin venetum est un arbuste assez puissant, portant des feuiles opposées et glabres. Ces feuilles sont elliptiques ou ovales-oblongues, penninerviées ; leur nervure médiane fait saillie à la face inférieure. Les fleurs sont groupées au sommet des rameaux ou sur le côté des branches, en grappes de cymes plus ou moins ramifiées. M. Bâillon, dans l’Adansonia, a fait connaître l’exacte constitution de ces fleurs. Contrai¬ rement à ce qu’on trouve généralement dans les Apo- cynées, le réceptacle floral est légèrement concave, au lieu d’être convexe et, sur ses bords, s’insère un calice à cinq lobes lancéolés, ptibescents, plus courts que le tube corollin. La corolle est gamopétale, cam- panulée, légèrement périgyne, à cinq divisions tor¬ dues. Les étamines sont au nombre de cinq, alternes

(1) Linné. Généra^ n®302. Sm. Prodr., flor. grœc., t. I, p. 166. Koch. Synopsis, p. 484. Bâillon. Adansonia, t. III, 8. Lam, Illust., t. CLXXVI, fig. 1. R. Brown. In Mem. Soc. Werner, t. I, p. 67. D. C. Prodr., t. VIII, p. 439. Bigelow. Med. bot. 11, t. XXXVI. Pereira. Mat. méd. II, 662. Lindl. Fl. mêd., 534. Gapus. Anatomie du tissu conducteur . Ann. des Sc. nat. Série VI, t. VII. Bonnier. Les Nectaires. Ann. des Sc. nat., 1879, série, t. VIII. Regel. Insectenfangenden (Garden flora)^ 1880.

238

LES APOCYNÉES.

avec les divisions de la corolle et complètement inclu¬ ses dans son tube. Les anthères sont sag-ittées, plus longues que les filets, adhérentes au stigmate ; elles sont hiloculaires, introrses, déhiscentes par deux fentes longitudinales et pourvues, à leur base, d’ap¬ pendices stériles : M. Bâillon a montré que ces appen¬ dices sont constitués par la demi-loge extérieure, qui reste charnue, cellulaire et vide de pollen. Entre l’androcée et le pistil, est situé un disque nectarifère, composé de cinq tubercules glanduleux, indépendants, disposés en verticille autour de la base de fovaire et superposés aux pétales. Le gynécée est formé de deux carpelles antéro-postérieurs ; les styles s’unis¬ sent en une colonne unique, terminée par un stig¬ mate ovoïde, en dessous duquel se trouve une cou¬ ronne visqueuse destinée à retenir le pollen. Les ovu¬ les sont en nombre indéfinis et anatropes. Le fruit est composé de deux follicules coriaces et allongés. Les graines portent des poils à la partie ombilicale ; elles possèdent un albumen charnu. L’embryon a une radicule supère et des cotylédons plans et oblongs. La fécondation se fait, comme l’a démontré M. Regel, à l’aide des insectes.

Caractères anatomiques. Si l’on pratique une coupe vers le sommet végétatif, on voit que le système libéro-ligneux est divisé en quatre faisceaux. La marche de ces faisceaux a été suivie par Nægeli; elle est identique à celle que nous décrirons dans le Vinca.

En examinant la section d’un très jeune rameau

239

LES APOCYNÉES.

traité par le violet d’Hanstein, on voit de nombreuses cellules énergiquement colorées en rouge. La coral- line colore également ces cellules et le chloroiodure de zinc leur fait prendre une teinte jaune : ces réactions indiquent que Ton se trouve en présence de cellules gommeuses. Les laticifères sont également fort visi¬ bles, de diamètre assez considérable ; ils possèdent un contenu grisâtre et granuleux. Les cellules gommeu¬ ses sont assez fréquentes dans l’écorce et dans la moelle ; elles sont assez rares dans la partie médiane du parenchyme péri cyclique ; mais, en revanche, elles forment un anneau complet à la surface du liber.

Les tissus successifs, rencontrés dans la coupe transversale, sont les suivants :

L V épiderme, formé de cellules à section presque carrée. Vues de faces, ces cellules sont le plus sou¬ vent pentagonales. Les stomates y sont assez fré¬ quents ;

Uexoderme, qui est fort visible. Tandis que tous les éléments parenchymateux de l’écorce possèdent abondamment de la chlorophylle, cette assise en est totalement dépourvue. Les cellules y affectent une forme presque carrée et leurs dimensions sont plus considérables que celles des éléments sous-jacents; certaines d’entre elles possèdent, en outre, un suc cellulaire rouge, qui donne sa coloration au jeune rameau. On n’y trouve, ni cellules gommeuses, ni la¬ ticifères ;

3” Cinq ou six assises de cellules ellipsoïdales la plupart de même grandeur et renfermant de la chlo¬ rophylle. Çà et des laticifères et des cellules gom-

240 LES APOCYNÉES.

meiises de moins en moins visibles, à mesure que le rameau grossit;

L’endoderme, manifestement amylifère ;

b’’ Le tissu péricyclique avec ses faisceaux fibreux, qui forment des massifs allant de l’endoderme au liber. Des laticifères circulent dans cette zone;

Le liber externe^ dont le parenchyme contient des cellules gommeuses ;

7” La zone génératrice et le bois. Ce dernier est formé de files vasculaires alternant avec des rayons médullaires ;

Les massifs de liber interne;

La moelle formée de cellules arrondies, à parois minces. On trouve, dans cette partie, des cellules gommeuses, ainsi que des laticifères.

Racine. Tandis que dans la tige, les laticifères se présentaient avec une ouverture au plus égale à la section des éléments voisins, leur cavité s’est beau¬ coup élargie dans la racine et se montre avec une lumière énorme, égalant en superficie celles de trois ou quatre éléments voisins. Voici d’ailleurs la cons¬ titution histologique de la racine :

L Le suber comprenant un nombre variable d’as¬ sises ;

2"^ L’écorce, formée de cellules arrondies, amyli- fères et contenant surtout vers l’endoderme de très volumineux laticifères inarticulés. On trouve égale¬ ment quelques cellules gommeuses ;

h'endoderme peu reconnaissable sauf sur de très jeunes radicelles ;

LES APOCYNEES.

241

Le péricycle et le liber ;

Le bois qui va jusqu’au centre et dont les vais¬ seaux sont assez rares.

Feuilles. Pétiole, Le système conducteur est disposé en un seul massif en forme de croissant, massif assez petit et à peine arqué.

U épiderme est formé de cellules carrées ou légè¬ rement rectangulaires, à paroi externe très épaissie; on n’y voit pas de poils.

Sous l’épiderme se rencontre une rangée de cel¬ lules à section rectangulaire, intimement unies entre elles et alternant avec les cellules épidermiques. Leur section est presque carrée et leur dimension plus con¬ sidérable que celle des éléments sous-jacents. C’est Vexoderme pétiolaire, continuation directe de Texo- derme caulinaire.

Le parenchyme fondamentaly comprenant d’a¬ bord quelques assises de collenchyme, puis des cel¬ lules arrondies. Parmi ces dernières, on remarque un certain nombre de cellules gommeuses. Les latici- fères s’ils y existent, y sont fort rares.

U endoderme embrasse seulement le dos du faisceau ; il est fortement amylifère. Il est assez dif¬ ficile, sur des échantillons adultes, à distinguer; mais, sur de jeunes pétioles, lui seul possède de l’amidon.

Le tissu péricyclique, entièrement parenchyma¬ teux, semble être le lieu d’élection des laticifères qui s’y rencontrent très nombreux. Ces laticifères ont l’aspect de ceux de la tige.

Le bois et le liber ne présentent rien de spécial.

Limbe. Vu de face, l’épiderme supérieur se mon-

242

LES AP0CYNÉE3.

tre formé de cellules polygonales, à parois droites. L’épiderme inférieur présente le même faciès et porte, en outre, de nombreux stomates affectant toutes les directions.

Vues en coupe, les cellules de l’épiderme supérieur sont rectangulaires et deux fois plus larges que hautes; celles de l’épiderme inférieur ont une section carrée et une paroi externe bombée.

Le tissu palissadique ne présente qu’une seule assise.

Le parenchyme lacuneux est assez régulier et ses cellules sont groupées en quatre assises. Le limbe est glabre, de même que le pétiole.

Apocynum cannaMniim L. (1).

Caractères extérieurs. Cette plante a surtout été étudiée au point de vue médical ; on en trouvera 'histoire dans notre deuxième partie. L’A. cannabis num est une herbe dressée, vivace, suffrutescente, à feuilles opposées, toujours brièvement mucronées. Les fleurs sont réunies en cymes corymbiformes, terminales; elles sont petites, verdâtres et longue¬ ment pédonculées. Les cinq lobes du calice sont lancéolés et égalent le tube de la corolle. Quant aux autres caractères floraux, ils sont les mêmes que ceux de l’A. venetum. Les deux follicules sont longs et très minces. Cette plante croît dans l’Amérique sep¬ tentrionale, de la baie d’Hudson â la Caroline.

(1) Linn. Gen.y p. 311. Hooker. Fl, hor. amer., t. II, p. 51.

243

LES APOCYNÉES.

Caractères anatomiques. Tige. La course des faisceaux, leur nombre et la structure histologi¬ que de la tige ne diffèrent pas sensiblement de ce que nous ayons rencontré dans la plante précédente.

Racine. La racine étant médicinale sera étudiée dans la seconde partie.

N

Feuille. Pétiole, L’épiderme est glabre, le système tibéro -ligneux est disposé en un seul massif. L’absence de cristaux semble être une des caractéris¬ tiques histologiques du genre Apocynum. Du reste, la structure de cette plante est tout àf fait semblable à celle que nous avons rencontrée chez la plante pré¬ cédente.

Limbe, L'épiderme supérieur possède des cel¬ lules à paroi externe légèrement bombée. L’épi- derme inférieur a ses éléments relevés en papilles, ce qui donne à la feuille un aspect velouté. On ne trouve qu’un seul rang de parenchyme en palissade. La structure est d’ailleurs fort voisine de celle de l’Apo- cynum venetum.

Apocynnin aiidrosæmifoliiim L. (1).

Caractères extérieurs. Cette plante est celle que Boccone avait nommée Apocynum canadense

(1) Linn. Gen., p. 311. Hooker. Fl. bor. amerîc. Pursch. Fl. I, p. 179. Gurtius. Bot. magaz., t. GGLXXX. Lamarck. Illust..^ t. GLXXVI, fig. 1. Bigelow. Bot. med., t. XXXVI, p. 99. Darlington. Flor. cestr., p. 167. Ludwig. F. Ueher die Bestaubungs worrichtungen und die Fliegenfalle des Hundskolils, Apocynum Andro- sæmifolium. E, Ascidiann, Les plantes insectivores, Mem. de la Soc. bot. de Luxembourg, n®* 2 et 3, 1875.

244

LES APOCYNÉES.

foliis androsæmi. Elle est, comme la précédente, ori¬ ginaire de l’Amérique boréale, son aire s’étend de la Caroline à la baie d’Hudson. Cet arbuste atteint jusqu’à deux mètres de hauteur; il croît surtout sur la lisière des bois. Sa tige, d’abord simple, ne tarde pas à se ramifier abondamment. Les branches sont glabres et souvent teintées de rouge du côté le plus exposé à la lumière. Cette plante porte des feuilles opposées, ovales-aigües, glabres à la face supérieure, avec quelques poils rares et assez longs à sa face inférieure. Les fleurs sont groupées en grappes de cymes au sommet des branches, ou à l’extrémité de courts rameaux axillaires. Les lobes calicinaux sont glabres, ovales -aigus et plus courts que le tube de la corolle. Celle-ci est campanuliforme et d’un blanc rosé. Les filets staminaux ont leur partie interne pubescente. Les follicules sont linéaires, lancéolés et pendants.

La fécondation de cette plante par les Insectes a été surtout étudiée par Ludwig et Aschmann. Ces pauvres animaux, après avoir servi à l’accomplisse¬ ment de cette fonction, sont saisis par la plante et martyrisés jusqu’à ce que mort survienne. Au reste, VA. androsæmifolium et sa voisine VA. hypericifo-- Hum sont considérées comme des plantes carnivores.

Ichuocarpus frntesceuis R. Br. (1).

Caractères extérieurs. Cette plante avait d’a¬ bord été nommée par Linné Apocynum frutescens ;

(1) R. Brown. Hort. Kew, 2" éJ., vol. II, p. 69. Roxburgh. Flor, Ind., éd., t. II, p. 12. VVight, Iconogr., t. GDXXX.

LES APOCYNÉES.

245

Uoxburg'li, qui la décrivit depuis, l’appela Echiies frutescens ; enfin, R. Brown lui donna le nom IchnO' carpus frutescens, qui lui est resté. Elle croît dans la péninsule indienne, à Ceylan, à Kamaou, à Sillet, autour d’Ava et aux Philippines. C’est un arbuste à feuilles opposées, aiguës, elliptiques, glabres à la partie supérieure, presque glabres aussi à la face interne. Les fleurs sont blanches et disposées en grappes corymbiformes terminales, munies de brac¬ tées opposées, ovoïdes et petites. Elles présentent un calice à cinq parties pourvues de glandes linéaires. La corolle est hypocratérimorplie et présente un tube glabre ; ses lobes sont lancéolés, acuminés, poilus intérieurement et disposés dans le bouton en préfio- raison contournée à gauche. Les étamines, au nom¬ bre de cinq, sont insérées vers le milieu du tube ; elles sont composées de filets étroits et très courts et d’anthères volumineuses, sagittées. Le gynécée est formé de deux carpelles, dont les styles s’unissent en une colonne unique, terminée par un stigmate ellip¬ soïdal. Le fruit est un follicule double. Les graines sont en nombre indéterminé. On connaît fort peu de chose sur la forme et la constitution de l’embryon et de l’albumen.

Caractères anatomiques. La disposition des faisceaux, ainsi que leur course, est identique à celle que nous avons rencontrée dans VA. venetum.

Tige. L’échantillon soumis à notre étude pro¬ vient de l’herbier de Claret de la Tourette; il a été récolté sur la côte de Coromandel.

17

LES APOCYNÉES.

246

Épiderme, Cette membrane porte des poils courts, aigus, imicellulaires, à paroi épaisse et à cavité fort réduite ;

2” Parenchyme cortical. Cette couche est formée de sept ou huit assises de cellules à paroi mince; ces cellules sont aplaties par la dessication et chacune contient une masse gommeuse brunâtre ;

3” V endoderme est excessivement net. Ses cellules sont plus larges que les précédentes, nullement apla¬ ties par la dessication, rectangulaires et unies par leurs parois radiales.

L’intérieur de ces cellules ne contient aucune trace de la masse brunâtre, que nous avons signalée dans le tissu précédent ; mais, en revanche, on y trouve de l’amidon en assez grande abondance.

Tissu péricxj clique. Il est composé de six ou sept assises de cellules, au sein desquelles sont disséminés, sans ordre, des faisceaux fibreux peu puissants. On y voit également circuler des laticifères. Un grand nombre des cellules de ce tissu sont remplies par la masse brunâtre déjà décrite.

Liber externe. Les rayons médullaires qui tra¬ versent ce tissu sont composés d’une seule file de cellules à contenu brun, cellules qui augmentent de largeur à mesure qu’elles avancent vers l’extérieur.

Bois. Les rayons médullaires y sont étroits et à contenu brun ; sa constitution n’offre rien de spé¬ cial.

Liber interne.

S'" Moelle. Elle est formée de cellules arrondies, à paroi mince et dont beaucoup possèdent la masse gommeuse brunâtre, si commune dans la tige.

LES APOCYNÉES.

247

Feuille. Pétiole. Le système libéro-ligneux est disposé en trois massifs. U épiderme^ formé de cellules petites et à paroi externe épaissie, porte, sur la face concave du pétiole, des poils unicellulaires pointus et à paroi épaisse. Le 'parenchyme fonda¬ mental, extérieurement collencliymateux, présente un grand nombre de ses éléments emplis par le contenu gommeux brunâtre. Les latici fèves s’y rencontrent en assez grande abondance ; leur contenu grisâtre et granuleux les différencie immédiatement.

Limbe, V épiderme supérieur est formé de cellules à sections rectangulaires et environ quatre fois plus larges que hautes.

Vhypoderme composé d’une assise de cellules. Ces éléments sont très allongés dans le sens de la largeur; ils égalent l’épiderme en hauteur. Leur contenu est incolore, c’est un collenchyme foliaire analogue à celui que nous avons rencontré dans les Nerium,

Le parenchyme en palissade ne comprend qu’une rangée d’éléments.

4*^ Le parenchyme lacUneux occupe plus de la moi¬ tié de l’épaisseur de la feuille.

L'épiderme inférieur est composé de cellules rectangulaires, plus petites que celles de l’épiderme supérieur. Leur paroi externe est légèrement bom¬ bée; quelques-unes sont prolongées en poils unicel¬ lulaires.

En somme, l’anatomie justifie pleinement la sépa¬ ration des genres Apocynum et Ichnocarpus, Dans le

248

LES APOCYNÉES.

premier, le système libéro-ligneux pétiolaire est dis¬ posé en un seul faisceau ; dans le second, ce système est dispersé en trois groupes ; de plus la feuille de V Ichnocarpus frutescens possède un hypoderme aqueux, ce qui le rapproche des Neinum. Le genre que nous venons de décrire serait donc intermédiaire entre le genre Nerium et le genre Apocynum. Quant aux types de ce dernier genre que nous avons étudiés, ils peuvent se différencier anatomiquement comme suit :

i glabres sur les deux faces, sans papilles. ... A. venetum. épiderme infér. à cellules relev. en papilles. A.cannaUnum. les deux épidermes à cellules en papilles. A. andr os æmi folium.

mandeTillea i§uaTeolens Lindl (1).

Caractères extérieurs. Cette plante croît en abondance dans la République Argentine. De Can- dolle la nomme Echites suaveolens. C’est une herbe vivace et grimpante, à tige mince, à feuilles oppo¬ sées, atténuées en pointe â l’extrémité, cordées à la base. Les fleurs sont disposées en grappes axillaires et terminales; elles sont blanches et très odorantes. Le calice possède cinq lobes lancéolés et acuminés. La corolle est infundibuliforme. Les étamines, au nombre de cinq, sont insérées dans la base de l’infun- dibulum corollin ; les anthères sont terminées par un appendice membraneux ovale-aigu. Le stigmate, sur lequel s’appliquent les anthères, est en forme de cône tronqué. Le gynécée se compose de deux carpelles distincts possédant un nombre indéfini d’ovules. Les

(1) Lindley. Bot. reg., 1840.

LES APOCYNÉES.

249

styles s’unissent pt)ur former une colonne unique. Le fruit est un double follicule contenant des semen¬ ces ovales-oblongues. L’embryon est droit, à cotylé¬ dons plans, entouré d’un albumen.

Caractères anatomiques. Tige. La dispo¬ sition des faisceaux, ainsi que leur course, sont iden¬ tiques à celles que nous avons rencontrées dans VA. venetum.

L Epiderme. L’épiderme est formé de grandes cellules, allongées de bonne heure radialement. Quel¬ ques-unes sont prolongées en poils unicellulaires aigus .

Exoderme. Cette assise est bien différen¬ ciée : ce sont des cellules rectangulaires, dont les parois externes et internes sont légèrement bombées. Ces éléments sont dépourvus de chlorophylle et pos¬ sèdent une membrane blanche, épaisse et brillante ; ils sont intimément unis radialement.

3” PeLvenchyme cortical. Ce tissu est très peu déve¬ loppé ; il comprend de deux à quatre assises de petites cellules bourrées de chlorophylle et possédant des parois minces et arrondies.

4” Endoderme. Il est formé de cellules plus volu¬ mineuses que les précédentes, allongées tangentielle- ment et contenant de l’amidon.

5” Tissu péricy clique. Cette couche prend, dans le Mandevillea un développement relativement considé¬ rable. Elle est composée d’une dizaine d’assises de cellules parenchyhiateuses, chlorophylliennes, arron¬ dies et à paroi mince, au milieu desquelles sont dissé-

250

LES APOCYNÉES.

minés de volumineux paquets de fibres. Des latici- fères assez nombreux circulent dans ce parenchyme, de même que dans l’écorce.

Lihei' externe,

7"" Le hois offre des rayons médullaires très étroits et amylacés.

Le liber interne. Ce tissu est disposé en nom¬ breux massifs. Les amas libériens sont placés à di¬ verses distances du bord xyleux, de sorte qu’il sem¬ ble y avoir des faisceaux libériens médullaires.

9“ La moelle. Elle est composée de cellules arron¬ dies, à paroi minces et abondamment pourvues de chlorophylle à l’état jeune. Certains de ces éléments renferment un cristal mâclé d’oxalate de chaux. Des aticifères s’insinuent dans ce parenchyme.

Feuille. Pétiole. Le pétiole est fortement convexe sur sa face externe et plan sur sa face in¬ terné. Le système libéro-ligneux est disposé en un seul massif, affectant la forme d’un croissant. Histologi¬ quement, ce pétiole offre la composition suivante :

L Un épiderme formé de petites cellules à section rectangulaire, dont quelques-unes se prolongent en poils; ces productions sont placées presqu’ exclusive¬ ment sur la face plane du pétiole.

V exoderme constitué par de volumineuses cellu¬ les presque carrées, sans chlorophylle.

3” Le collenchyme formant deux ou trois assises ; ses éléments renferment très peu de grains de chlo¬ rophylle.

Le parenchrjme fondamental composé de cellules

LES APOCYNÉES.

251

qui vont en augmentant rapidement de volume, à mesure qu’on s’avance vers l’intérieur. Ces éléments sont arrondis, pourvus de parois fort minces et gor¬ gés de chlorophylle.

5” L'endoderme amylifère, et le tissu péidcy clique, n’occupent que le dos du faisceau libéro-ligneux.

6“ Le massif conducteur comprend deux libers et un bois, dans lequel une file de vaisseaux alterne régu¬ lièrement avec une file de parenchyme.

Limbe. Le limbe est mince et composé : Ld’un épiderme supérieur formé de cellules volumineuses et rectangulaires; 2'' d’une seule assise de parenchyme en palissade constituée par des éléments larges et peu allongés; S*" de trois ou quatre assises de parenchyme lacuneux; d’un épiderme inférieur, à cellules fort sembables à celles de l’épiderme supérieur, quoique plus petites.

Forsiterouia corymiiosia Me y.

Caractères extérieurs. Cette plante a été nom¬ mée par M. Brown, Parsonsia corymhosa. Elle est originaire de l’Amérique centrale ; on la trouve abondamment à Cuba, à Porto-Rico et aux Caraïbes. L’échantillon que nous avons étudié et qui provient de rberbier du Jardin botanique de Lyon, a été rapporté de Porto-Rico par Wydler. C’est une plante à rameaux glabres et à feuilles opposées. Ses feuilles sont ovales, subaiguës, glabres, coriaces, penniner- viées, avec des nervures latérales un peu arquées en dedans : on ne distingue pas les nervures tertiai-

LES APOCYNEES.

res. Le limbe, légèrement miicronc, a huit centimè¬ tres de longueur sur trois centimètres et demi de largeur. Le pétiole n’atteint pas plus de un demi centimètre. Les fleurs sont rouges, petites et dispo¬ sées en cymes corymbiformes. Le calice est à cinq parties, à lobes oblongs et obtus ; il oflfre, à sa partie interne, un petit nombre de glandes. La corolle est infundibuliforme, avec un tube glabre. Les anthères sont exsertes, mais ne dépassent pas la corolle ; elles sont conniventes et s’appliquent sur le stigmate, comme dans les Echites. L’ovaire est double ; il porte un nectaire à cinq glandes alternant avec les lobes calicinaux. Le fruit est formé de deux follicules dis¬ tincts, droits et à déhiscence ventrale. Les semences sont linéaires, oblongues et munies d’une dépression longitudinale et ventrale; elles possèdent un abdomen charnu, un embryon droit et des cotylédons plans.

Caractères anatomiques. On sait fort peu de chose sur l’anatomie de cette' plante. La partie étu¬ diée par nous est un jeune rameau.

Tige. LA l’extérieur, on trouve tout d’abord un suber formé de cinq ou six assises de cellules bru¬ nâtres.

2“ Le parenchyme cortical est remarquable par la disposition particulière qu’y affecte le système cristal¬ lin. Au lieu d’être disséminés sans ordre apparent dans le parenchyme, ainsi qu’on le voit généralement. Les cristaux, sont réunis en une zone annulaire, placée à égale distance du péricycle et du suber.

LES APOCYNÉES.

253

Tonies les autres cellules ne présentent pas trace de cristaux. L’écorce comprend donc : (a) trois ou quatre assises alternantes de cellules à paroi épaisse et col- lencliymateuse, intimement unies entre elles et dé¬ pourvues de cristaux; (b) une zone annulaire de trois ou quatre assises, qu’on peut appeler la zone cristal- lifère : cette zone est formée de cellules minces, à angles arrondis et dont chacune renferme un ou plu¬ sieurs cristaux mâclés d’oxalate de chaux; (c) trois ou quatre assises de cellules à paroi mince, sans méats, quadrilatères, allongées dans le sens tangen- tiel et ne présentant pas traces de cristaux.

Le tissu 'péricy clique^ formé : (a) de cellules pa¬ renchymateuses, quadrilatères, à parois minces et sans méats; {h) de massifs fibreux disposés en une seule zone ; (c) de laticifères inarticulés ;

Le liber externe, formé d’une dizaine d’assises;

5” La zone génératrice ;

G'’ Le bois, formé de fibres et de vaisseaux. Ces der¬ niers sont assez rares. Les rayons médullaires sont étroits et leur paroi est lignifiée ;

Le liber interne ;

La moelle. Ce tissu est formé d’un mélange de plages, de cellules à parois minces et cellulosiques, et de plages d’éléments de même forme, mais lignifiés. Les premières renferment des mâcles; les secondes en sont dépourvues. Sans aucun doute, nous devons nous trouver ici en face d’un état transitoire ; il semble que la sclérose doit envahir tous les éléments médullaires. A mesure que s’épaississent les parois, les cristaux disparaissent; c’est un fait dont il serait

254 LES APOCYNÉES.

fort intéressant de découvrir la cause. Les latici- fères se rencontrent assez abondamment dans les parenchymes.

Feuilles. Pétiole. Le sijstème fibro -vasculaire est disposé en un seul massif. V épiderme porte sur la face concave du pétiole, quelques poils unicellu- laires coniques, courts et incolores. Le tissu fonda- mental possède des mâcles.

Limbe. L’échantillon étant en trop mauvais état, il nous a été impossible d’étudier cette partie de la feuille.

Eehites bicoloi* (1).

Caractères extérieurs. Arbrisseau à feuilles opposées, entières et penninerviées, portant des ap¬ pendices glanduleux interpétiolaires. Les fleurs sont groupées en cymes axillaires. Leur calice est à cinq parties. La corolle est hypocratérimorphe, à cinq di¬ visions et sa gorge ne possède aucun appendice du genre de ceux que nous avons décrit chez les Aérium. Les étamines sont insérées au milieu du tube ; elles ont un filet court et leurs anthères sagittées se réu¬ nissent autour du stigmate, après être devenues con- niventes ; elles s’y soudent à la façon de celles des

(1) Parmi les plantes que nous avons recueillies dans les serres, il en est, telles que celles-ci, que nous n’avons pu vérifier faute de figures et de descriptions suffisantes. Nous les décrivons donc avec le nom porté sur l’étiquette, en dégageant toutefois notre responsabi¬ lité des erreurs qui aurait pu être commises, soit par l’expéditeur, soit par ceux qui les ont reçues et classées.

LES APOCYNÉES.

255

Asclépiadées. Le disque est formé de cinq lobes. Les carpelles sont au nombre de deux et séparés; ils por¬ tent de nombreux ovules sur leur face ventrale. Le fruit se compose de deux follicules cylindriques et divariqués. Les graines sont oblongues, pourvues d’une chevelure et possèdent un embryon à cotylé¬ dons plans.

Cette plante croît dans l’Amérique tropicale.

Caractères anatomiques. La disposition des faisceaux, ainsi que leur course, est identique h celle que nous avons décrite chez le Vinca,

Tige. L Epiderme, Les cellules de l’épiderme ont une paroi externe blanche, épaisse et souvent relevée en une papille en forme de cône surbaissé.

Parenchyme cortical. Il est formé d’une dizaine d’assises de cellules petites, allongées dans le sens tangentiel et qui restent pendant fort longtemps unies entre elles. Plusieurs renferment des mâcles d’oxalate de chaux. Dans les deux dernières assises, les mâcles sont remplacées par des cristaux rhom- boédriques. On y trouve des laticifères.

V endoderme est peu visible.

Le tissu péricyclique est fort peu développé et réduit à une ou deux assises. Les fibres y dispersées isolément ou réunies par petits massifs de deux ou de trois.

b"* Le liber externe possède des sclérules à sa partie externe.

256 LES APOCYNÉES.

G” Le bois est très développé. Les rayons médullai¬ res y sont lignifiés.

Le liber interne.

8" La moelle est formée de trois sortes d’éléments : (a) des cellules parenchymateuses à paroi minces et bourrées d’amidon ; quelques-unes contiennent des mâcles ; (b) des laticifères ; (c) des cellules scléreuses.

Racine. On trouve dans cette partie :

L L'assise pilifère, qui est rapidement exfoliée;

L'assise subéreuse, qui donne un liège assez puis¬ sant ;

S'’ L'écorce externe, comprenant 6-7 assises de cellules à paroi mince, disposées en séries concentri¬ ques et alternes;

4” L'écorce interne, comprenant aussi 6-7 assises radialement placées;

5” L' endoderme, formé de cellules rectangulaires;

Le péricycle ;

T Le bois, qui va jusqu’au centre.

Feuille. Pétiole. Convexe à l’extérieur, le pé¬ tiole affecte une forme plane à l’intérieur; le système libéro-ligneux y est disposé en un seul massif fort pe¬ tit La plupart des cellules de l'épiderme sont relevées en papilles en forme de cône surbaissé. Un grand nombre des éléments de l'exoderme renferment un suc cellulaire rouge. Le parenchyme fondamental est formé de cellules arrondies, de dimensions à peu près égales et pleines de grains de chlorophylle. Beaucoup

LES APOCYNÉES.

257

possèdent des mâcles d’oxalate de chaux. Le système libéro-ligneux n’offre rien de spécial.

Limbe. V épiderme supérieur est formé de cellu¬ les dont la paroi externe se relève, comme dans le pétiole et dans la tige. Le parenchyme en palissade offre une épaisseur atteignant environ le quart de celle de la feuille; il est disposé en deux rangées. Le pa¬ renchyme lacuneux est très développé, lu’ éjjiderme inférieur se compose de cellules à section rectangu¬ laire et à paroi externe plate.

Dipladenia atropurpiirea.

Caractères extérieurs. Cette plante, queLind- ley avait nommée Echites atropurpurea, croît abon¬ damment dans la partie méridionale du Brésil. C’est une liane à croissance rapide; elle possède des feuilles opposées, penninerviées, coriaces et à pointe briève¬ ment mucronée. Ces feuilles sont d’un vert plus pâle à la face inférieure ; elles ont plus d’un décimètre et demi de longueur. Le pétiole, qui est long d’environ trois centimètres, a une teinte rougeâtre. Les fleurs sont portées, au nombre de deux, sur chaque pédon¬ cule axillaire. Les lobes du calice sont lancéolées et acuminées; la corolle est infundibuliforme rouge violacé. Les étamines, au nombre de cinq, ont des anthères sagittées , subsessiles et s’appliquant au milieu du stigmate, sur lequel elles adhèrent. Deux glandes nectarifères alternent avec les carpelles. L’ovaire est double et dépasse les nectaires; le style

258

LES APOCYNÉES.

est unique ; le stigmate est globuleux. Le fruit est un double follicule et sa constitution, ainsi que celle de son contenu, sont identiques à celles qu’offrent les Echites,

Caractères anatomiques. Tige (pl. I, fîg. 3).

Ce Dipladenia n’a encore été, à notre connaissance, l’objet d’aucun travail particulier.

Sous le sommet végétatif on trouve quatre fais¬ ceaux.

L’étude de la course de ces faisceaux nous a montré qu’elle est identique à celle que nous avons décrite dans les Vinca. Disons, dès à présent, que toutes les Apocynées à feuilles opposées, que nous avons pu étudier, ne montraient aucune différence à ce point de vue.

D Epiderme. Vues de face, les cellules épidermi¬ ques sont trapèziformes, les côtés parallèles étant dirigés dans le sens de la longueur. Vues sur une section, elles sont carrées, petites, à paroi externe épaisse et manifestement bombée. Les parois latérale et interne sont également épaissies, mais beaucoup moins.

V exoderme est peu différencié.

Le parenchyme cortical comprend environ 10 à 12 assises et se compose : (a) de cellules parenchy¬ mateuses relativement petites (les plus externes sont polyédriques, les autres sphéroïdales); elles possèdent de la chlorophylle, quelques-unes contiennent des mâcles d’oxalate de chaux ; (5) de cellules scléreuses disséminées dans le tissu précédent : ces dernières

LES APOCYNÉES.

259

sont des prismes droits à angles le plus souvent mous¬ ses et dont la paroi, relativement épaisse, est tra¬ versée par des canalicules nombreux. Ces prismes sont allongés dans le sens de Taxe, de façon à pré¬ senter une hauteur huit à dix fois égale à leur dia¬ mètre. Si Ton examine les parties jeunes de la liane, on n’y rencontre pas trace de ces cellules sclérifiées ; ce n’est que vers le 3 ou entre-nœud, qu’elles commencent à se former aux dépens des éléments du parenchyme. Ces cellules sont surtout nombreu¬ ses dans le voisinage de l’endoderme; (c) des latici- fères, assez peu nombreux dans l’écorce. Ces canaux inarticulés ont une lumière bien plus petite que celle des cellules avoisinantes et contiennent un latex abondant.

V endoderme est peu reconnaissable.

Le tissu péricij clique, comprend 10 ou 12 assises; il est composé de trois éléments :

a) De cellules parenchymateuses, à parois minces, aussi volumineuses que celles de l’écorce, arrondies et gorgées d’amidon. Ces cellules sont tellement diffé¬ rentes du parenchyme libérien qu’il devient impossi¬ ble de les considérer comme appartenant au même tissu. L’étude du sommet de cette plante est parti¬ culièrement favorable pour montrer combien les tis¬ sus libérien et péricyclique sont choses distinctes. Cet examen nous a entièrement convaincu de l’autonomie de ces deux couches.

b) De faisceaux fibreux, disposés en un seul cercle à la partie externe du tissu péricyclique ; quelques sclérules identiques à celles de Técorce sont également répandues dans cette zone.

260

LES APOCYNÉKS.

c) De nombreux laticifères, identiques à ceux de l’écorce.

5” Le liber est assez réduit ; les rayons médullaires et le parenchyme contiennent des mâcles et non des cristaux rhomboèdriques, comme dans les cas précé¬ dents.

Le bois présente des files radiales alternantes de vaisseaux et de rayons médullaires. Ces derniers, fort étroits, ont leur paroi complètement lignifiée et renferment de l’amidon. En s’avançant vers l’exté¬ rieur, les vaisseaux sont complètement remplacés par des fibres. Au printemps prochain, il est probable que les vaisseaux réapparaîtront avec les formations nou¬ velles.

6“ Les faisceaux du liber interne sont disposés en massifs isolés et séparés du bois par deux ou trois assises de parenchyme à paroi mince; celui-ci est formé de cellules arrondies et gorgées d’amidon. Entre ces cellules, circulent des laticifères.

7'* La moelle est formée de cellules régulièrement cylindriques et ponctuées, qui laissent entre elles de volumineux méats. Leur paroi, sans être très épais¬ sie, est bien lignifiée et se colore fortement en rouge par la fuchsine. Malgré cette sclérose, ces élé¬ ments possèdent une grande quantité d’amidon ; quelques-uns, cependant, en sont dépourvus et possè¬ dent, à sa place, un ou plusieurs cristaux mâclés d’oxalate de chaux. Entre ces cellules, circulent quel¬ ques laticifères inarticulés.

Racine. (PI. I, f. 6). P Vassise pilifère tombe rapidement.

LES APOCYNÉES.

26 1

Vassise subéreuse donne le liège.

Le parenchyme cortical est formé d’environ 15 à 17 assises concentriques et composé de trois éléments distincts :

a) Des cellules à parois minces, les plus extérieures (2 ou 3 assises) sont polyédriques et disposées en séries concentriques, alternantes f écorce externej ; les autres sont arrondies et superposées en files radiales. Tous ces éléments sont gorgés d’amidon; quelques-uns cependant possèdent des mâ'cles d’oxalate de chaux.

b) De petits laticifères identiques à ceux de la tige.

c) Des cellules scléreuses, soit isolées, soit en mas¬ sifs, identiques à celles de la tige.

V endoderme est formé de cellules cubiques ; il tranche sur le reste de l’écorce, par son manque d’a¬ midon et sa subérification radiale.

Le péricycle se montre en segmentation, pour former les productions secondaires.

Le liber.

Le bois est formé de fibres et de vaisseaux. Quant au tissu conjonctif, il est entièrement atteint par la sclérose.

Feuille. Le faisceau en croissant , qui se détache du cylindre central, émet immédiatement un rameau de chaque côté. Ces trois branches (les deux latérales sont fort petites), cheminent côte à côte, pénètrent dans le pétiole et le parcourent entièrement.

Pétiole. Examiné sur une coupe transversale, le pétiole présente la structure histologique suivante :

Un épiderme J formé de cellules surbaissées,

18

262

LES APOCYNÉES.

petites, à section rectangulaire, plus larges que hautes et dont quelques-unes sont prolongées en poils pluricellulaires unisériés.

2" Trois à cinq assises de collenchyme contenant peu de chlorophylle.

Le parenchyme fondamental est fort développé. On trouve de l’épiderme au dos du faisceau principal jusqu à 30 rangées de cellules. Celles-ci vont en aug¬ mentant, à mesure qu’on s’avance vers l’intérieur. Leur paroi est mince et leur forme arrondie. Elles contiennent surtout de la chlorophylle, vers l’exté¬ rieur, et de l’amidon, près des faisceaux ; on voit un très grand nombre de ces éléments contenir de volu¬ mineux cristaux mâclés. Les laticifères sont assez rares.

L endoderme est remarquable par la quantité d’a¬ midon qu’il contient; il enveloppe seulement le dos des faisceaux.

5” Le tissu péricycL(^ue est assez développé et entiè¬ rement parenchymateux; comme l’assise précédente, il embrasse la partie dorsale des masses libéro-ligneuses.

Le liber externe, le liber interne et le bois se présentent avec le faciès qu’on leur connaît dans le Nerium. Disons seulement que, tandis que les files radiales de vaisseaux ne comprennent qu’un de ces éléments en épaisseur, les rayons médullaires possè¬ dent souvent 3 ou 4 cellules de perenchyme.

Limbe. L Épiderme supérieur. Vues de face, ses cellules se montrent assez régulièrement polyédri¬ ques, pentagonales ou hexagonales. Vues en section

LES APOCYNÉES. 263

transversale, elles sont rectangulaires ou presque carrées.

Le parenchyme en palissade comprend trois assises. Quelques-unes de ses cellules sont arrondies et renferment des mâcles.

3" Le tissu lacuneux occupe la moitié de la hauteur de la feuille. Il possède des mâcles et l’on voit des laticifères circuler entre ses cellules.

L'épiderme inférieur ^ vu de face, possède, comme le supérieur, des cellules polygonales, mais avec de nombreux stomates, dont les axes affectent toutes les directions. Quelques-uns de ces éléments se prolon¬ gent en poils pluricellulaires uniseriés,

Rynchospemum jasminoïtles» Lindl.

Caractères extérieurs. Arbuste originaire de Chine, à feuilles opposées, entières et penninerviées. Les fleurs sont disposées en cymes axillaires ; elles possèdent un calice profond portant des glandes à sa face interne. La corolle est campanuliforme, à cinq lobes ovés, disposés dans le bouton en préfloraison contournée à gauche. Les étamines sont au nombre de cinq ; elles ont leurs filets adnés par leur partie inférieure avec la corolle. Les anthères sont hastées et adhérentes au stigmate. Entre les étamines et l’o¬ vaire, existe un nectaire cupuliforme, quinquéfide, à lobes obtus. L’ovaire est double et plus long que le nectaire. Les styles s’unissent en une colonne unique, qui se termine par un stigmate oblong. Les follicules sont allongés, comprimés, étroits. Les semences sont

264

LES APOCYNÉES.

exalbuminées. L’embrj^on est droit ; il possède une radicule supère et des cotylédons oblongs. Les fleurs sont blanches et très odorantes.

Caractères anatomiques. La disposition des faisceaux, ainsi que leur course, sont identiques à celles que nous avons décrites dans le Vinca.

Tige. Épiderme, Il se compose de cellules rectangulaires, à paroi externe épaisse ; quelques-unes se prolongent en poils unicellulaires et pointus. De très bonne heure, cet épiderme devient générateur de production subéreuses.

Au-dessous, on trouve deux ou trois assises de cellules collenchymateuses. Ces éléments contiennent de volumineux cristaux rhomboédriques d’oxalate de chaux.

Huit ou neuf assises de cellules k parois min¬ ces, arrondies, chlorophylliennes et sans cristaux. De nombreux laticifères circulent dans ce tissu. Le latex se montre, sous le microscope, avec une coloration jaune verdâtre.

U endoderme est caractérisé par ses nombreuses granulations amylacées.

Le tissu péricy clique est formé de trois éléments : (a) de cellules parenchymateuses, arrondies, a paroi légèrement collenchymateuse et contenant quelques grains de chlorophylle ; (h) des paquets de fibres : ces amas sont disposés en une seule rangée et occupent radialement toute l’épaisseur du tissu péricyclique ; (c) des laticifères.

LES APOCYNÉES. 265

Le liber externe^ la zone génératrice, le bois et le liber interne n’offrent rien de spécial.

7” La moelle est formée de trois sortes d’élé¬ ments : (a) de cellules arrondies à parois minces et laissant entre elles des néants ; (6) delaticifères ; (c) de groupes de sclérules, localisés surtout à la périphérie, au voisinage du liber interne.

Si l’on examine des échantillons de plus en plus âgés, on reconnaît que les cellules collenchymateuses se convertissent peu a peu en cellules scléreuses. A mesure que s’opère cette transformation, on voit les cristaux diminuer peu à peu et finir par disparaître.

Dans l'écorce, certaines cellules peuvent devenir à leur tour scléreuses et l’on rencontre même des points tout le parenchyme cortical, du liège à l’endoderme est entièrement sclérifîé.

Par contre, en face de ces plages complètement sclérifiées, le système fibreux péricyclique perd beau¬ coup de sa puissance et il arrive même qu’il se ré¬ duit à des faisceaux de collenchyme. Les sclérules corticales affectent une forme rectangulaire et possè¬ dent des parois canaliculées.

Racine. On y trouve, en allant de l’extérieur vers l’intérieur :

P L’assise pilifère, qui est rapidement exfoliée ;

L’assise subéreuse, qui donne un liège épais et aplati ;

L’écorce, assez réduite et dans laquelle il est bien difficile de reconnaître l’endoderme ;

4” Le péricycle. Ce dernier s’est cloisonné active-

266

LES APOCYNEES.

ment et a donné, outre les productions secondaires conductrices, un parenchyme formé de cinq ou six assises de cellules à parois minces. Ces éléments ne tardent pas à devenir collenchymateux par plages; puis ces îlots de collenchjme se transformeut en sclé- renchyme. Au premier aspect, on se croirait en pré¬ sence d’une tige avec ses amas de soutien dans le péricycle ; mais, en regardant attentivement, on s’a¬ perçoit aisément qu’on a affaire à des cellules sclé¬ reuses et non à des fibres cellulosiques ;

5'' Le système conducteur n’offre rien de spécial ; le bois va jusqu’au centre.

Feuille. Pétiole, Le système lihéro -ligneux est disposé en trois massifs. U épiderme est formé de cellules, petites et de forme carrée. Presque toutes les cellules du parenchyme fondamental sont collen- chymateuses.

Limbe. Les fibres péricycliques qui avaient dis¬ paru dans le pétiole, réapparaissent puissamment dans le limbe. On les voit même quitter le péricycle des nervures, pour s’insinuer entre les cellules du parenchyme. Les deux épidermes sont formés de cellules petites et carrées. Le parenchyme en palis¬ sade occupe environ le quart de l’épaisseur totale du limbe ; le reste est occupé par le tissu lacuneux.

On peut différencier anatomiquement les individus étudiés de cette tribu, à l’aide du tableau suivant :

LES APOCYNEES.

267

Le pétiole dans sa partie médiane comprend

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268

LES APOCYNÉES.

PLUMIÉRÉES

Yinca major L. Grande Pervenche (1).

Caractères extérieurs. Plante assez commune dans nos pays , à tige sarmenteuse , radicante , atteignant parfois une longueur de huit décimètres. Les rameaux florifères sont plus courts et dressés. Les feuilles sont opposées , ovales - lancéolées et glabres. Elles portent un fin duvet sur leurs bords. Les fleurs sont bleues ; toutefois, par un effet de la culture, on en trouve de roses ou de blanches. Déjà examinée par de Candolle, la fleur zygomorphe des Vinca a été plus récemment l’objet de travaux spé¬ ciaux de Freholdt et de M. Bâillon. Leur réceptacle est légèrement concave et le calice offre cinq sépales libres. La corolle est gamopétale, hypocratérimorpbe et possède cinq lobes tordus asymétriques. Les cinq étamines sont insérées sur le tube de la corolle; elles possèdent un filet géniculé et une anthère basi- fixe, à déhiscence longitudinale et introrse. Le gy¬ nécée est composé de deux carpelles, dont la base est enchâssée dans la concavité du réceptacle ; les styles s’unissent en une colonne unique, qui va se renflant et se termine par un stigmate en forme de cône tron-

(1) Linné. Gm., p. 304. Desfontaines. Flor. alL, p. 206. Lamarck. lll., t. GLXXII. De Candolle. Flore fr., 2787. Gaiid. Fl. helvétique, t. II p. 238. De Candolle. Proc^rome, p. 8.

LES APOCYNÉES.

269

que. Sur la paroi ventrale de chaque ovaire, se trouve un placenta, dont les deux lobes parallèles supportent chacun un petit nombre d’ovules descendants. Le réceptacle porte, en outre, deux glandes aplaties alternes avec les carpelles. Le fruit est formé de deux follicules, dont les graines contiennent un embryon droit et un albumen charnu.

Caractères anatomiques. De nombreux tra¬ vaux anatomiques ont été publiés sur cette plante et sur sa voisine, le V. minor. Nous citerons, parmi les principaux, ceux de Jorgsen, sur la formation du liège dans la racine (1); ceux de Sanio, concernant le suber caulinaire {loc, cit) et ceux d’Harbelandt, sur le système mécanique (2). M. Flahault (3) a étudié la croissance au sommet de la racine de cette plante et, plus récemment, M. Morot (4) a déterminé la nature péricy clique de ses fibres périlibériennes.

Si l’on pratique une section vers le sommet vé¬ gétatif, on voit que le système libéro-ligneux est disposé en quatre groupes. Plus tard, une zonegéné- ratrice interfasciculaire intervenant relie ces massifs et produit un anneau libéro-ligneux continu. La mar-

(1) JoRGSENN. Beitrage zur Naturgeschichte der Wurzel. (Botanik Tidsskrift dedig, von Kiorskiou.

(2) Haberlandt. Entwickelungsgeschichte der mecanischen Gewebes Systems der P flanzen, Leipzig, 1879.

(3) Ch. Flahault. Développement de la racine au sommet. Ann. des Sc. nat. Dot., série, tome VJ, 1876.

(4) L. Morot. Recherches sur le péricycle. Ann. des Sc. nat. Bot., série, tome XX, 1886.

270

LES APOCYNÉES.

chedes faisceaux a été décrite par^Naegeli (1), comme suit :

(( Quatre faisceaux caulinaires verticaux alternent « avec les quatre séries de feuilles. Au-dessus de cha- « que nœud, tous les quatre émettent du côté des cc feuilles autant de branches, qui s’unissent deux par « deux. Les deux faisceaux ainsi formés dans le pro- cc longement de ceux qui viennent de sortir, parcou- « rent ensuite deux entre-nœuds, avant de se rendre « dans les feuilles superposées. La section transver- « sale contient donc huit faisceaux, quatre caulinaires c( et quatre foliaires. Quand on les suit de haut en bas, (( on voit chaque foliaire, parvenu dans sa course des- « cendante au-dessus de la feuille sous-jacente, se (( diviser en deux branches qui descendent à droite et (( à gauche du faisceau de cette feuille, pour s’unir à (c lui, après sa propre bifurcation, c’est-à-dire, après (( un parcours total de quatre entre-nœuds ». (Van Tieghem. Tr. de Bot., p. 738).

Sur une tige jeune, on trouve, en allant de l’exté¬ rieur à l’intérieur, la structure histologique suivante :

V Epiderme. Il ne porte pas de poils ; par contre, les stomates y sont nombreux. Vu de face, cet épi¬ derme se compose de cellules à contours quadrilatères allongés dans le sens de l’axe. Sur une section, ces éléments sont rectangulaires.

2*" Exoderme. Cette assise n’est pas différenciée.

Parenchyme cortical proprement dit. Il est corn-

(1) Naegeli. Das Waehsthum des Stammes und der Wurzel bei den Gefasspflanzen, etc., in Beitrage zur Wissenschaftlichen Botanik, 1858.

LES APOCYNÉES.

271

posé de huit à neuf assises de cellules sphéroïdales, laissant entre elles des méats. Les premières assises de ces cellules sont collenchymateuses et possèdent peu de chlorophylle ; les autres ont des parois minces et de nombreux grains chlorophylliens. Ce tissu con¬ tient aussi des laticifères.

4“ V endoderme. Cette assise tranche nettement sur ses voisines. Se touchant par leurs bords radiaux, ses cellules sont remplies d’amidon, tandis qu’à ce moment de la végétation {jeune tige ceuillie le 12 août), aucune autre cellule de la coupe n’en possède.

Le tissu 'péricyclique est formé de trois élé¬ ments : (a) de cellules parenchymateuses, à parois minces; (b) de laticifères inarticulés, s’unissant entre ces éléments; (c) de faisceaux fibreux composés d’élé¬ ments épais, blancs, allongés et portant des étrangle¬ ments de distance en distance.

Le liber externe formé de tubes libériens, à pa¬ rois brillantes, de parenchyme et de cellules annexes.

La zone génératrice.

S'’ Le bois offrant ^d’ordinaire une rangée radiale de vaisseaux alternant avec une rangée radiale de pa¬ renchyme rayons médullaires.

Le liber interne, formant de petits massifs bien circonscrits et polygonaux.

10® Lamoelle, composée de cellules larges, ovoïdes, à parois très minces et laissant entre elles de grands méats.

Avec le temps, la structure change un peu. Les formations libéro-ligneuses normales apparaissent et le suber s’organise aux dépens des cellules de l’épi-

272

LES APOCYNÉES.

derme; cette modification se produit par le même mécanisme que dans le AT. Oleander, A un certain moment, le parenchyme devient amylacé; l’endo¬ derme est alors difficilement reconnaissable.

Racine. La racine possède une petite moelle. On rencontre, en allant de l’extérieur à l’intérieur, les tissus suivants :

R L’assise püifère. Cette membrane est rapide¬ ment exfoliée ;

L'assise subéreuse. En se cloisonnant, elle donne un liège unifacial ;

Le parenchyme cortical. Cette couche est for¬ mée d’une douzaine d’assises de parenchyme, au sein duquel circulent des laticifères. Les trois pre¬ mières assises {écorce externe) sont unies sans méats et alternent ; les autres {écorce interne) sont placées en files radiales. Elles sont allongées dans le sens tangentiel ; leurs parois sont brillantes et parfois rela¬ tivement épaisses ;

V endoderme est composé de cellules rectan¬ gulaires, à faces transversales bombées et tout à fait dépourvues d’amidon. Outre ses cloisons radiales pri¬ mitives, on voit s’en former de nouvelles, tardives et le plus souvent obliques, qui découpent chacune des premières cellules endodermiques, en quatre ou cinq cellules secondaires ;

Le péricy de ^ formé de cellules ayant à peu près la forme et la dimension des précédentes, mais alter¬ nant avec elles ; de plus, ces cellules sont gorgées d’amidon ;

LES APOCYNÉES. 273

Le liber primaire et secondaire, la zone généra¬ trice et le bois n’ offrent rien de spécial ;

La moelle, formée de cellules sphéroïdales, minces et pleines d’amidon.

Feuille. Pétiole, Le système libérodigneux appendiculaire se détache de la tige en un seul faisceau. Il parcourt ainsi tout le pétiole, sans se di¬ viser et, en arrivant à la base du limbe, il émet succes¬ sivement, mais à un très court intervalle, deux fais¬ ceaux latéraux, qui sont les deux premières nervures de la feuille.

Les laticifères occupent surtout le péricycle.

La structure histologique du pétiole est la sui¬ vante :

P Un épiderme formé de cellules à section à peu près carrée ;

Deux ou trois assises collenchymateuses dispa¬ raissant au-dessus du coussinet ;

Quatre ou cinq assises de parenchyme, à cellules arrondies, chlorophylliennes et laissant entre elles des méats ;

V endoderme amylifère n’occupant que le dos du faisceau ;

Le tissu péricyclique, composé de cinq à six assi¬ ses de petites cellules, qui renferment un grand nom¬ bre de laticifères dont le suc apparaît en jaune bru¬ nâtre après dessication ;

Le liber externe, le bois et le liber interne n’of¬ frent rien de spécial.

274

LES APOCYNÉES.

Limbe. Les nervures y sont distribuées selon le mode penné. Le limbe est composé :

D'un épiderme externe, formé de cellules à section rectangulaires, quatre fois plus larges que hautes et d'un épiderme interne, dont les cellules ont une lar¬ geur sensiblement égale à la hauteur.

Sous l’épiderme supérieur, on trouve deux rangées de parenchyme en palissade.

Enfin, un massif de tissu lacuneux, dans la partie supérieure duquel s’organisent les faisceaux.

On ne trouve, au moins dans les échantillons que nous avons coupés, aucune trace de cristaux.

Vinca minoi* L. (1).

(Petite Pervenche, Provence, Bergère, Petit pucelage.)

Caractères extérieurs. Cette plante croît dans presque toute l'Europe, en Ecosse et au Canada. Elle se distingue de la précédente, par sa tige plus grêle, ses feuilles oblongues et luisantes, et par son calice, dont les divisions sont plus courtes que le tube de la corolle. La fleur est d’un bleu pâle ; elle présente les caractères de celle de la plante précédente. La fécondation s’opère au moyen des Insectes, comme l’a montré Hildebrandt; c’est, d’ailleurs, aussi le cas du Vinca major, étudié à ce point de vue par Müller. M. Bonnier (loc. citf) a fait connaître l’anatomie et la fonction physiologi¬ que des nectaires du 7. minor.

(1) Hook. Flore de V Écosse. Zawadsk. FL Gai. et Bukoro, p. 29. Lam. Illust., t. GLXXII.

LES APOCYNÉES.

275

Caractères anatomiques. La plupart des au¬ teurs, qui ont étudié la constitution de la plante précé¬ dente, se sont occupés en même temps du F. minor; nous ne reviendrons donc point sur cette recherche bibliographique.

Tige. Le sommet de la tige offre la même dis¬ position que dans la plante précédente ; la course des faisceaux y est identique. L’anatomie de la tige est tout à fait celle du Vinca major ; le suber est éga¬ lement épidermique; sur une coupe âgée, tous les parenchymes sont amylifères; on n’y rencontre, ni mâcles, ni rhomboèdres d’oxalate de chaux.

Racine Cette partie permet de différencier les deux Vinca : en effet, tandis que le V. major possède une moelle, le F. minor n’en possède pas. Sauf cette particularité, importante au point de vue de la déter¬ mination anatomique des deux espèces, la structure histologique des deux plantes est la même.

Feuille. Pétiole. L’épiderme porte des poils unicellulaires courts , à cavité étroite. Sous Fépi- derme, on trouve quatre ou cinq assises de collen- chyme ; le reste du parenchyme fondamental et le système conducteur sont absolument identiques aux parties correspondantes du F. major.

Limbe. Vues de face, les cellules épidermiques supérieures offrent un contour irrégulièrement si¬ nueux ; vues en section, elles sont rectangulaires et environ deux fois plus larges que hautes. Au-dessous,

276

LES APOCYNÉES.

se trouvent au moins quatre assises de cellules chlo- rophyliennes en palissade, puis le tissu lacuneux. V épiderme inférieur possède des cellules semblables, comme forme, à celles de l’épiderme supérieur, mais plus petites.

Tinca Rosea L.

(Pervenche de Madagascar).

Caractères extérieurs. Cette plante possède une aire de croissance fort étendue. On la trouve à Madagascar, à Maurice, aux Barbades, au Mexique, aux Caraïbes, à la Guyane, au Brésil, dans l’Inde, à Java et aux Philippines; elle est communément cul¬ tivée en France pour l’ornementation des jardins et des places publiques. C’est une plante vivace, à tige dressée et portant des poils courts. Les feuilles sont opposées, ovoïdes oblongues, arrondies au sommet et terminées par un petit mucron. Le pétiole est glan¬ duleux à la base. Les fleurs sont assez grandes et nor¬ malement roses, cepandant on en voit de blanches. Les lobes calicinaux sont étroits et acuminés. Le tube de la corolle est pubescent, les lobes sont obtus et mucronés. Les étamines, au nombre de cinq, sont fixées à la partie supérieure du tube. Les anthères sont oblongues et sessiles. Le pollen est agglutiné et ses grains sont ellipsoïdes à trois plis. Deux glandes alternent avec les ovaires. Ces derniers portent un nombre indéfini d’ovules. Le style est unique, le stig¬ mate capité. Le fruit est une double follicule à parties

LES APOCYNÉES.

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clivariquées, cylindriques et striées. Les semences possèdent un albumen charnu et un embryon droit à cotylédons plans.

Caractères anatomiques. Le nombre et la course des faisceaux reproduisent la disposition que nous avons décrite dans le F. major.

Tige. Sa structure anatomique se rapproche beaucoup de celle des Vinca précédents. Toutefois l’épiderme porte des poils. Ces poils sont courts, à paroi épaisse et de couleur jaunâtre, à extrémité arrondie. Les cellules de l’écorce sont de bonne heure gorgées d’amidon. Le liège est très tardif. Les cellules parenchymateuses du tissu péricyclique, du liber, des rayons médullaires et de la moelle sont aussi amylifères. Le bois atteint une épaisseur bien plus considérable que dans les Vinca précédents.

Racine. La racine, comme celle du V. minor ne possède pas de moelle.

Feuille. Pétiole. Sa forme est convexe vers l’extérieur, plane vers l’intérieur. Le système libéro- ligneux est disposé en un seul massif, peu arqué. L’épiderme porte des poils assez longs, pluricellulaires, unisériés, à pointe obtuse. Sous l’épiderme, on trouve un collenchyme plus épais du côté de la portion convexe. Le reste de la structure histologique est la meme que celle déjà observée dans le V. major.

19

f

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LES APOCYNÉES.

Limbe. Les deux épidermes portent des poils. Le tissu en palissade est disposé en une seule rangée. Le tissu lacuneux, assez régulier, forme plus de la moitié de l’épaisseur de la feuille.

Yiiica Ificriïacca Waldst et Ket.

Caractères extérieurs. Cette plante croît en Grèce et en Autriche. C’est une herbe couchée, à tige grêle, à feuilles opposées, petites, elliptiques et lan¬ céolées. Elles possèdent un pétiole très court. Les fleurs sont jaunes. Le calice présente des lobes étroits, lancéolés et acuminés ; la corolle est infundi- buliforme, à lobes oblongs, obtusément terminés. Les autres caractères sont les mêmes que dans les Vinca précédents.

Caractères anatomiques. Tige. L’épiderme ne porte pas de poils. La différence anatomique capi¬ tale qui sépare cette espèce des trois précédentes est la présence dans l’écorce et dans la moelle de cellules scléreuses. Les feuilles ne se différencient pas sensi¬ blement de celles du Vinca minor.

Si nous cherchons à établir les caractères anato¬ miques distinctifs des diverses espèces de Vinca étu¬ diés nous dresserons le tableau suivant :

iderme

W CD -r * 1 1

P .O Les poils de

sans sclérules.

unicellulaires

Racine avec moelle.... V. major. Racine sans moelle. .. V. minor.

^ I

avec sclérules

pluricellulaires

V. rosea.

V. herbacea

LES APOCYNÉES.

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XhCTCtia ncriifolia Juss.

Caractères extérieurs. Fort étudiée au point de vue thérapeutique et chimique, ainsi que nous le verrons dans notre seconde partie, cette plante n’a pas été l’objet d’une étude anatomique spéciale. Elle croît abondamment aux Antilles, au Pérou, dans rinde et jusque dans les îles de la Sonde. C’est un arbuste à feuilles opposées , longues , étroites et ressemblant à celles du N, oleander, ou plutôt du iV. odorum. Elles offrent une nervation pennée et un pétiole assez court. Les fleurs sont disposées en cymes terminales pauciflores; elles sont grandes et d’un beau jaune. Le calice est à cinq parties et porte à sa partie interne des glandes analogues à celles du N. olean¬ der; les segments calicinaux se terminent par des pointes aiguës. La corolle est campanuliforme, vires- cente dans le tube, d’un beau jaune dans toutes les autres parties. Les étamines, au nombre de cinq, alternantes avec les segments de la corolle, sont insé¬ rées sur la partie évasée du tube; elles sont incluses, à base glanduleuse et possèdent un filet court et des anthères lancéolées. On n’observe pas de disque hypo- gyne. L’ovaire est biloculaire ; les deux carpelles sont connés à la base. Le style est unique et se termine par un stigmate capité et bilobé. Dans chaque ovaire se trouve deux semences. Le fruit est une drupe dont nous étudierons la constitution dans notre seconde partie. Les graines sont exalbuminées et présentent

280

LES APOCYNÉES.

un embryon dont les cotylédons sont suborbiculaires, comprimés et charnus.

Caractères anatomiques. Tige. Une coupe pratiquée dans le sommet de la tige rencontre cinq faisceaux. L’histologie d’une section caulinaire est la suivante :

V épiderme formé de cellules petites, aplaties et rectangulaires. On n’y observe pas de poils.

2*' L exoderme qui grandit radialement, et de bonne heure donne une zone suberophellodermique. Chose remarquable, presque toutes les cellules du phello- derme présentent un cristal rhomboédrique d’oxalate de chaux.

Sept ou huit assises de parenchyme cortical, que parcourent des laticifères à section plus étroite que les cellules avoisinantes. Les éléments corticaux externes sont petits, polyédriques et collenchymateux ; les internes arrondis chlorophylliens, plus volumineux et à parois minces. Quelques-uns contiennent des cristaux rhomboédriques.

L'endoderme amylifère très visible, étant donné qu’à cet âge les autres cellules corticales ne montrent aucune trace d’amidon.

b'’ Le tissu péricyclique formé de trois éléments : (a) de cellules à paroi mince, polyédriques ou arron¬ dies, à section plus petite que celles des éléments corticaux; {h) de massifs fibreux ordinaires; (c) de laticifères identiques à ceux de l’écorce.

Le liber externe et la zone génératrice.

7” Le bois.

LES APOCYNÉES.

281

La moelle, formée de cellules arrondies, à parois minces et parcourues par des laticifères fort nom¬ breux.

Racine (pl. I, fig. 7). R Une douzaine d'assises de suber brunâtres et aplaties.

Quaire ou cinq assises de cellules parenchyma¬ teuses, arrondies et bourrées d’amidon. Dans ce parenchyme circulent des laticifères.

S"* L' endoderme et le péricycle ne peuvent se dis¬ tinguer dans une plante adulte.

Le bois qui va jusqu’au centre.

Feuille. Pétiole. Le système libéro-ligneux est divisé en trois groupes, un massif médian volumi¬ neux et arqué, et deux massifs latéraux.

R L'épiderme est formé de cellules présentant une section généralement carrée.

2” L' exoderme n’est pas différencié.

Le parenchyme fondamental est formé de cellules minces, arrondies et chlorophylliennes.

L' endoderme amylifère fort visible, et le paren¬ chyme péricyclique formé de deux ou trois assises embrassent le dos des faisceaux.

Le liber externe, le bois et le liber interne n’offrent rien de spécial.

Limbe. Au-dessous de l’épiderme supérieur de la nervure principale, on remarque un massif de cellules collenchymateuses, comprenant dans sa plus grande épaisseur 6 ou 7 assises. L’épiderme inférieur en porte également 2 ou 3 assises.

282

LES APOCïNÉES.

L'épiderme supérieur est formé de cellules rectan¬ gulaires, volumineuses, à paroi supérieure épaisse et plane, et à paroi inférieure mince et bombée. Le pa- renchyme en palissade est fort réduit ; il occupe en¬ viron le 1/4 de la hauteur totale du limbe, et est dis¬ posé en une seule assise. Par contre, le fissu lacuneux est très développé et présente de vastes cavernes : quelques-unes de ses cellules contiennent des mâcles d’oxalate de chaux. L’ épzderme in/’érieur est formé de cellules semblables à celles de l’épiderme supérieur, mais plus petites. C’est sur cette face que sont dis¬ posés les stomates.

Alyxia biixifolia.

Caractères extérieurs. C’est une plante qui croît en Australie ; l’échantillon que nous avons eu entre les mains provient de l’Herbier du Muséum de Paris. Les feuilles sont opposées, ovales, courtement pétiolées, atteignant deux centimètres et demi de lon¬ gueur sur un d’épaisseur; elles sont penninerviées ; la nervure médiane seule fait saillie à l’extérieur. Ces feuilles ovales ressemblent beaucoup à celles du Buxus sempervirens, amsi, d’ailleurs, que l’indique leur nom. D’un vert sombre à la partie supérieure, elles sont plus claires à la face inférieure. Ces feuilles sont coriaces. Les fleurs axillaires sont solitaires ou gé¬

minées. Le calice possède cinq lobes, ovales, aigus et dépourvus de glandes. La corolle hypocratérimorphe présente cinq lobes ovés. Les étamines, au nombre de

LES APOCYNÉES.

283

cinq, ont des filets courts et des anthères lancéolées ; elles sont insérées à la partie supérieure du tube. Les ovaires, au nombre de deux, sont ovoïdes, fusiformes ; les styles sont unis et se terminent par un stigmate oblong et poilu. Le fruit est une baie jaune.

Caractères anatomiques. Tige. L On trouve tout d’abord à la surface quatre à cinq assises de liège,

Une zone génératrice de cellules minces et blan¬ châtres.

3” Une couche annulaire de cellules scléreuses et canaliculées comprenant un nombre variable d’as¬ sises.

Ces trois zones ont leurs cellules placées exactement en files radiales ; en voici la cause : L’assise généra¬ trice est bifaciale, elle donne sur sa face externe du suber et sur sa face interne du parenchyme, lequel se sclérifie presqu’ aussitôt : liège etsclérules tirent donc leur origine de la même rangée tangentielle de cel¬ lules. (PI. I, fig. 2.)

Une vingtaine d'assises de parenchyme sans ami¬ don. Ce sont des cellules arrondies, à paroi mince, et dont quelques-unes contiennent des cristaux mâclés ; de nombreux laticifères circulent dans ce tissu.

5" Le iDarenchijme péricy clique formé (a) de cellules à paroi mince et arrondie, {h) de massifs fibreux dans lesquels les éléments sont lâches, (c) d’amas plus ou moins volumineux de cellules scléreuses à paroi épaisse et canaliculée, {d) de nombreux laticifères.

Le liber externe puissant, dont les éléments ran-

284

LES APOCYNÉES.

gés en files radiales comprennent une vingtaine d’as¬ sises. Les rayons médullaires contiennent en quantité des cristaux d’oxalate de chaux.

Le bois qui présente ici un faciès tout particulier. Il est presque entièrement formé de fibres ; ces élé¬ ments au lieu d’avoir une section rectangulaire comme cela se voit généralement, sont régulièrement arron¬ dis, de sorte qu’ils laissent entre eux des méats losan- giques. Les vaisseaux, à lumière étroite sont peu nombreux et disséminés dans ces fibres. Les rayons médullaires sont nombreux et étroits. (PL I, fig. 2.)

Le liber interne, en massifs irréguliers.

La moelle faisait défaut. Ce phénomène était sans doute à la déssication.

Feuille. Pétiole. Le système libéro-ligneux est disposé en trois massifs, un médian volumineux et arqué et deux petits latéraux. L’épiderme présente la paroi externe de ses cellules énormément épaissie. Le parenchyme conjonctif, assez dense, est formé vers l’extérieur du collencbyme; en s’avançant vers l’intérieur, les cellules deviennent minces. V endo¬ derme est peu visible. Le tissu péricy clique est re¬ marquable par la quantité de laticifères qu’il contient. Le bois est formé de files rayonnantes de vaisseaux, alternant avec des rayons médullaires. Les paren¬ chymes du pétiole possèdent des cristaux mâclés.

Limbe. En face de la nervure médiane, le limbe se creuse d’un canal h la partie supérieure, et fait au contraire saillie à la facebnférieure. L’épiderme pos¬ sède des cellules dont la paroi externe est fort épaisse.

LES APOCYNÉES.

285

Ces cellules sont rectangulaires et plus larges que hautes. Le parenchyme en palissade n’occupe guère que le 1/5 de l’épaisseur totale de la feuille. Il com¬ prend plusieurs assises de cellules serrées et peu allongées. Le tissu lacuneux présente une épaisseur très considérable et comprend, dans sa partie supé¬ rieure, des faisceaux peu volumineux (sauf le médian). Certaines des cellules de ce parenchyme renferment des mâcles. L’épiderme inférieur, dont les cellules sont semblables à celles de l’épiderme supérieur, seul porte des stomates.

AlyiLia ol)stii§i£oIîa R. Br.

Caractères extérieurs. Ce végétal croît dans la partie septentrionale de la> Nouvelle-Hollande. Il possède des feuilles ternées, ovales, coriaces et obtu- sément terminées ; elles présentent un pétiole très court. Le limbe a trois centimètres de long, sur un centimètre et demi de large. La couleur verte est plus foncée à la face supérieure qu’à l’inférieure. Une grosse nervure médiane seule fait saillie hors du tissu foliaire. Les fleurs sont disposées en ombelles pauci- flores. Les lobes calicinaux sont aigus et sans glandes. La corolle est bypocratérimorpbe et se compose d’un tube poilu à l’intérieur, et de lobes disposés dans le bouton en préfloraison contournée à droite. Les au¬ tres caractères sont semblables à ceux de la plante précédente.

286

LES APOCYNÉES.

Caractères anatomiques. La structure est sen¬ siblement la même que celle de VA. huxifolia; le sclérenchyme et le suber ont aussi la même origine^ ce doit être un caractère de genre.

Toutefois, dans cette dernière plante, nous n’avons pu découvrir les sclérules péricycliques ; cela tient peut-être à la différence d’âge des deux échantillons, peut-être aussi VA. huxifolm est-il, en tout temps, dépourvu de ces éléments de soutien. Le fait qui nous semble le plus constant et le plus carctéristi- que pour différencier ces deux plantes est le suivant : dansl’A. b uxifolm^ tons les cristaux sont des mâcles ; dans VA. obtusifolia, tous sont des rhomboèdres.

Les feuilles ne présentent anatomiquement avec celles de la plante précédente que des différences insignifiantes.

Plnmiera liicolor Ruiz et Pav.

Caractères extérieurs. C’est un arbuscule à tige grasse qui croît abondamment au Pérou. Il possède un latex excessivement abondant. Ses feuilles sont alternes, grandes, penninerviées, avec une ner¬ vure médiane très prononcée et des nervures laté¬ rales presque perpendiculaires à la précédente. Le pétiole est long. Les fleurs sont disposées en cymes ombelliformes au sommet des rameaux. Ces fleurs sont larges et belles, d’un jaune intense à la gorge, et d’un blanc lacté dans tout le reste. Leur calice est

LES APOCYNÉES.

287

à cinq parties, à lobes arrondis et disposés dans le bouton en préfloraison quinconciale. La corolle com¬ prend im tube ténu et cinq lobes obovés disposés dans le bouton en préfloraison contournée à droite. Les étamines sont au nombre de cinq, insérées sur la corolle; elles possèdent un filet très court et une anthère oblongue , dilatée à la base et terminée obtusément à sa partie supérieure. Les carpelles sont au nombre de deux, le style est unique et le stigmate est oblong et bifide. Le fruit est un double follicule rouge jaunâtre. Les graines sont oblongues, com¬ primées et pourvues d’une aile membraneuse. L’em¬ bryon, qui n’est pas entouré d’un albumen, possède de larges cotylédons cordés et foliacés.

Caractères anatomiques. Tige. Ce qui frappe au premier abord dans cette tige, c’est l’augmenta¬ tion du tissu parenchymateux aux dépens du tissu de soutien (bois et fibres péricy cliques).

Epiderme. L'épiderme est formé de cellules rec¬ tangulaires qui ne tardent pas à s’allonger radiale- ment pour donner naissance au liège.

Ü exoderme n’est pas différencié.

Le parenchyme cortical est fort épais et com¬ prend environ 60 assises de cellules à parois minces,, arrondies, laissant entre elles des méats. Très abon¬ dante dans les couches les plus externes, la cbloro- plijdle diminue rapidement, et vers le tiers de l’épais¬ seur do l’écorce, on n’en observe à peu près plus. L’amidon, au contraire, suivant une progression inverse, augmente à mesure que diminue la chloro-

288

LES ALOCYNÉES.

phylle ; de très nombreux laticifères, à lumen à peu près égal à la section des cellules avoisinantes, ser¬ pentent dans cette couche.

4"^ V endoderme ne se différencie pas des autres couches ; il faut remonter très haut vers le sommet végétatif pour le voir seul amylifère.

b"" Le tissu péricylique. Il comprend huit à neuf assises et se compose des mêmes éléments que nous avons rencontré jusqu’ici dans toutes les Apocynées. Mais les massifs fibreux se différencient très lente¬ ment, et dans nos plants de serre, c’est seulement vers la base de la plante qu’on les trouve parfaite¬ ment développés.

Le liber externe ne forme pas une zone continue, mais est constitué par des îlots parfaitement séparés.

La zone génératrice comprend quatre ou cinq assises.

8" Le bois est relativement peu développé et, con¬ trairement à la majorité des Apocynées, les vais¬ seaux dominent de beaucoup sur les fibres. Les rayons médullaires et le parenchyme ligneux sont gorgés d’amidon.

Le liber externe est tout à fait identique au liber interne.

10'’ La moelle. Elle est ici fort volumineuse, for¬ mée de cellules minces, arrondies et amylifères. De nombreux laticifères, les mêmes que dans l’écorce, circulent dans cette couche.

Feuille. Pétiole. Le système libérodignoux y est disposé en un seul faisceau fort étendu et fort puis-

LES APOCYNÉES. 289

sant relativement au cylindre central. Nous n’y ren¬ controns ni fibres ni sclérules.

Limbe. Le limbe est fort peu épais. U épiderme supérieur est formé de cellules petites et relevées en papilles courtes, he parenchyme eji palissade ne com¬ prend qu’une rangée de cellules. Il occupe un peu plus du tiers de l’épaisseur totale de la feuille. Le reste est complété par le parenchyme lacuneux et V épiderme inférieur formé de petites cellules rectan¬ gulaires.

Taiighiifita vciiCMÎfea»a "Poir. (1).

Cette plante croît dans toute la région de Mada¬ gascar. C’est un grand arbre qui mesure une dizaine de mètres de hauteur. Il possède un latex abondant, glutineux et verdâtre. Il porte des feuilles alternes, rapprochées à l’extrémité des rameaux, lancéolées, aiguës, acuminées et coriaces. Les fleurs sont dis¬ posées en cymes terminales et forment une sorte de panicule rameuse. Ces fleurs possèdent une corolle â tube vert et à lobes roses.

(l) Dupetit-Tiiouars. Généra nova maclagascariensis in Mélanges de bot. et de voyages, 1871. Poiret. Encyclopédie Di et., supplém. Y., p. 283. Bojer in Ilooker. Boianical Mise., Ill, 290, tab. 110. IIooKER. Bot. mag., t. 2968. Virey. Sur le Tanghin de Madagas¬ car. Journal de Pharmacie et des Sc. occ., VIII, p. 90. De Gan- DOLLE. Prodr., VIII, p. 355. Baker, Facts and observations illustra¬ tives of ihe Tanghin, communiqué par lettre à Gh. Telfair. Gui- BOüRT. Drogues simples, édit., II. Johannes Ghatin. Tanguin de Madagascar. Th. à l’école sup. de Pliarm. de Paris, 1873. Planciion, art. Tanguin in Dictionn. des sc. méd., t. XV, p. 687.

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LES APOCYNÉES.

Le calice est à cinq parties, sans glandes internes, à lobes ovales aigus, à préfloraison imbriquée. La corolle est liypocratérimorphe, à tube deux fois plus long que le calice, à cinq lobes ovales-aigus, fermée à la gorge par des appendices ovales, entiers, glabres et alternant avec les lobes de la corolle. Ces derniers sont dans le bouton disposés en préfloraison contour¬ née à gauche.

Les étamines sont au nombre de cinq, alternes avec les lobes de la corolle, insérées au sommet du tube et portant à la base de leur filet deux tubercules glan¬ duleux.

Les anthères sont ovales, épaisses et surmon¬ tées par une prolongation du connectif; elles sont recouvertes par les appendices foliacés de la corolle. Les ovaires sont au nombre de deux, ovales, compri¬ més, plan-convexes, portant deux ovules dressés, sur¬ montés d’un style de la longueur du tube de la corolle et d’un stigmate capité qui porte une couronne de poils dressés. Le fruit est une drupe ellipsoïde, sur laquelle nous reviendrons dans notre seconde partie. Le noyau est ovalaire ou elliptique et figure une grosse amande. Il offre dans le sens de sa longueur une double suture. L’albumen est charnu, l’embryon renversé, les cotylédons sont plans et la radicule supère.

Le Tanghin ou Tanguin avait été longtemps rap¬ porté au genre Cerhera ; ce fut Dupetit-Tliouars qui le premier ben sépara et créa pour lui le genre Tan- ghinia qui ne renferme actuellement qu’une espèce le Tangliinia venenifera.

LES APOCYNÉES.

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Voici d’ailleurs les divers noms que cette plante a successivement reçus : Cerbera, venenifera Steudel ; Cerbera Tanghin Hook ; Tanghinia veneiiiflua 3o]. et enfin Tajighinia venenifera Poir.

Hooker, dans un mémoire cité plus haut, donne une bonne figure, de la drupe du Tanghin, mais le tra¬ vail le plus complet paru sur la question est assu¬ rément celui de M. J. Chatin {loc. cü.). Le premier, il a examiné l’anatomie de cette plante et en a donné de bonnes figures. Il a étudié à ce point de vue la tige, les feuilles, les fruits, la graine et même les étamines.

Caractères anatomiques. La structure histo¬ logique de la tige est la suivante :

P L épiderme formé de cellules fort petites et cubi¬ ques.

Vexoderme. Il est composé d’éléments allongés tangentiellement, à paroi mince et de dimensions tri¬ ples de celles de l’épiderme. Cette assise renferme peu de chlorophylle; c’est d’elle que dérive le liège.

Le parenchyme cortical. Il comprend une dizaine d’assises de cellules à parois minces, arrondies et chlorophylliennes. Un certain nombre renferment, soit des mâcles, soit des cristaux rhomboédriques d’oxalate de chaux.

Des laticifères circulent dans ce tissu.

V endoderme, que son amidon rend fort visible.

5” Le tissu péricyclique, moyennement développé, formé (a) de cellules parenchymateuses irrégulière¬ ment déformées par les faisceaux fibreux. Ces cellules

292

LES APOCYNÉES.

contiennent de la chlorophylle en plus grande quan¬ tité que les dernières assises du parenchyme cortical. On y trouve aussi des laticifôres. Le contenu de ces vaisseaux, d’abord grisâtre à l’état frais, a pris, par suite de la macération dans l’alcool, une teinte vert clair.

Le liber externe, dont les parenchymes contien¬ nent des cristaux rhomboédriques d’oxalate de chaux.

7*^ Le bois et le liber interne,

8*" La moelle, assez réduite, formée de cellules à parois minces, arrondies et dont certaines contien¬ nent des mâcles.

Par suite de la macération dans l’alcool, les parois des parenchymes ont pris une teinte noirâtre.

Racine. Le système ligneux va jusqu’au centre.

Feuille. Pétiole. Convexe à la face externe, le pétiole est plan sur la face interne. Le système libéro -ligneux s’y montre disposé en un seul massif, petit relativement â l’étendue du parenchyme con¬ jonctif, et fortement arqué. Les cellules épidermiques sont petites et bombées sur leurs deux faces ; aucune d’elles ne se prolonge en poil. IL hypoder^ne n’est pas différencié. Le collenchyme pétiolaire est peu épais. Le parenchyme fondamental, bien développé, est formé de cellules qui vont grandissant â mesure qu’on s’avance vers l’intérieur; ces éléments sont ar¬ rondis et ont des parois minces. De nombreux lati- cifères parcourent ce tissu chrorophyllien. L’endo- derme est amylifère.

LES APOCYNÉES.

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Limbe. Vu de face, repide?'me supérieur se pré¬ sente comme formé de cellules inégalement sinueu¬ ses ; il est sans stomates. U épiderme infeVieu?’ possède des cellules semblables, mais il porte des stomates réniformes entourées d’une rangée de cellules de bor- duré. Il présente, en outre, une particularité remar¬ quable, c’est qu’un grand nombre de ses cellules con¬ tiennent un cristal rhomboédrique d’oxalate de chaux. Le parenchyme en palissade est disposé en une seule assise et comprend environ le quart de la hauteur totale de la feuille. Le reste est occupé par le paren- chyme lacuneux.

Tabcruæmontaua eitrifolia Plum. (1).

Caractères extérieurs. Cette plante se déve¬ loppe surtout aux Antilles. Elle porte des feuilles ova¬ les lancéolées, semblables à celles du citronnier. Les fleurs sont belles et douées d’une odeur pénétrante. Le calice est à cinq parties, disposées dans le bouton en préfloraison quinconciale ; à leur intérieur se trouve des glandes linéaires. La corolle est hypocratérimor- phe; elle est composée d’un tube dilaté à sa partie inférieure, plus étroit dans sa partie médiane. Les lobes sont obtus et disposés en préfloraison con¬ tournée à droite. Les étamines sont insérées sur la partie renflée du tube; elles possèdent des filets très courts, des anthères sagittées et longuement acumi- nées. Elles sont tout à fait incluses dans le tube. Les ovaires sont au nombre de deux. Le style est unique

(1) Lam. lllustr., t. GLXX, f. 1. PomEi. Dictionnaire, t.YII,r. 527.

20

294

LES APOCYNÉES.

et glabre; le stigmate, rapproché des étamines, est terminé par une tête bilobée. Les ovules sont en nombre indéfini. Le fruit est composé de deux folli¬ cules divergents, ovoïdes et acuminés. Les graines possèdent un albumen charnu et un embryon droit, à radicule supère et à cotylédons foliacés.

Caractères anatomiques. Tige. {""V épiderme est formé de cellules rectangulaires qui ne tardent pas à grandir radialement et à donner une zone géné¬ ratrice du liège sur sa face externe et sur sa face in¬ terne un tissu scléreux. D’abord mince, on le voit peu à peu épaissir ses parois, qui, de blanches et collenchymateuses, deviennent scléreuses et canali- culées. Les sclérules sont cylindriques.

2"* Le parenchyme cortical, composé d’une douzaine d’assises de cellules, dont les quatre ou cinq premiè¬ res sont collenchymateuses. Beaucoup de ces élé¬ ments contiennent des mâcles. Des laticifères inarti¬ culés circulent dans ce tissu. La chlorophylle y est assez abondante, sauf dans le collenchyme, les grains sont plus petits et plus rares.

S"" V endoderme, formé de cellules larges, intime¬ ment unies radialement et bourrées d’amidon.

4*" Le tissu péricy tique, formé (a) de cellules à pa¬ rois minces plus ou moins déformées, [b) de massifs fibreux disposés en une seule zone, (c) de laticifères à contenu jaunâtre.

Le liber externe renferme dans ses parenchymes des cristaux rhomboédriques d’oxalate de chaux.

6" La zone génératrice.

LES APOCYNÉES. 295

Le bois, dont les rayons médullaires possèdent de l’amidon.

Le liber interne.

La moelle, formée de trois sortes d’éléments : (a) de cellules de parenchyme à parois minces, arron¬ dies, et dont certaines contiennent des mâcles ; (b) de cellules scléreuses, identiques à celles de Y épiderme. Ces sclérules sont disséminées dans la moelle ; (c) des laticifères, qui, sans leur contenu jaunâtre, se distin¬ gueraient difficilement du parenchyme ambiant. L’amidon ne se montre d’abord que dans l’endo¬ derme, mais peu à peu on le voit apparaître dans les rayons médullaires, la moelle et le tissu péricy clique ; néanmoins l’assise arnylifère tranche encore vivement sur ce dernier par la quantité beaucoup plus consi¬ dérable de grains amylacés qu’elle contient.

Feuille. Pétiole. Le pétiole affecte une forme convexe à la face externe, plane à la face in¬ terne. Le système libéro-ligneux j est disposé en trois groupes : un médian volumineux et sensiblement semi-circulaire; deux latéraux, très petits et arrondis. U épiderme ne porte pas de poils. Au-dessous de lui, quatre ou cinq assises de collenchyme. Le paren¬ chyme conjonctif est formé de cellules arrondies, à parois minces et dont beaucoup contiennent un ou plusieurs cristaux mâclés. Des laticifères se montrent également dans ce tissu. V endoderme, gorgé d’ami¬ don, est fort visible; il occupe, ainsi que le tissu pé- ricyclique, le dos seulement des faisceaux.

Les épidermes ne portent pas de poils ; les cellules

296

LES APOCYNÉES.

sont rectangulaires et semblables ; toutefois celles de l’épiderme supérieur sont plus volumineuses que celles de l’épiderme inférieur. Le pavenchyrae en palissade comprend deux assises de cellules peu allongées; il occupe environ le tiers de la hauteur totale du limbe. Le parenchyme lacuneux formé de cellules rameuses.

Tabernaemontana corouaria R. Br.

Caractères extérieurs. C’est un arbuste qui croît dans les Indes, à Ceylan, à Manille et dans les îles de la Sonde. Ses rameaux sont glabres, ses feuil¬ les opposées, elliptiques-oblongues, obtusément acu- minées. Les fleurs, au nombre de quatre ou de six, sont portées sur des pédoncules géminés. Elles sont blan¬ ches, inodores pendant le jour, d’une odeur suave et pénétrante pendant la nuit. Le calice est à cinq par¬ ties, à lobes ovales et obtus ; il porte, non à sa base mais vers le milieu de sa hauteur, un verticille de glandes. La corolle est hypocratérimorphe, à gorge nue, à lobes obtus disposés dans le bouton en préflo¬ raison contournée à droite. Les étamines sont insérées presqu’à la base du tube ; leurs filets sont très courts et leurs anthères sagittées. Le pistil est composé de deux ovaires et d’un style unique. Le stigmate est bilobé, les follicules sont recouverts d’un léger duvet à i’ extérieur ; ils sont rouges à l’intérieur . Les semences, plongées dans une espèce de pulpe, sont recouvertes d’une membrane alaire. L’embryon , entouré d’un albumen charnu possède des cotylédons foliacés et une radicule supère, cylindrique et droite.

LES APOCYNÉES.

297

Caractères anatomiques. Tige. Epi¬

derme. Il est formé de cellules rectangulaires qui ne tardent pas à grandir radialement et à s’organiser en une zone génératrice de suber et de tissu scléreux.

Le parenchyme cortical comprend neuf à dix assises de parenchyme. Ces éléments sont allongés dans le sens tangentiel, à angles arrondis et laissant par le fait même entre eux d’assez volumineux méats. Très abondante dans les trois ou quatre premières assises, la chlorophylle diminue brusquement; l’ami¬ don suit une progression inverse. On y rencontre également des laticifères.

U endoderme est peu visible.

4" Le péricycle comprend sept à huit assises de cellules semblables aux précédentes, au milieu des¬ quelles sont dispersées les fibres isolés ou réunies en massifs peu considérables et peu serrés. Des latici¬ fères en assez grand nombre se rencontrent également dans ce tissu.

Le liber externe et la zone génératrice»

Le èois, dont tous les parenchymes sont gorgés d’amidon, est fort développé.

Le liber interne.

8" La moeZ/e,assez réduite, formée de cellules arron¬ dies, à parois minces et gorgées d’amidon. On y trouve des laticifères.

Feuille. Pétiole. Convexe à l’extérieur il affecte une forme plane à l’intérieur; le système libéro- ligneux y est disposé en trois massifs: un gros médian et deux petits latéraux.

298

LES APOCYNÉES.

Uépiderme est formé de petites cellules rectangu¬ laires ; aucune d’elles ne se prolonge en poils. Au- dessous on trouve sept ou huit assises de collenchyme qui passent insensiblement au parenchijme. Celui-ci est formé de cellules sphéroïdales et à paroi mince. Le tissu péricyclique composé de trois à quatre assi¬ ses est collenchymateux. Les massifs conducteurs ne présentent rien de spécial. On trouve des laticifères dans tous les parenchymes.

Limbe. Les épidermes sont formés de cellules rectangulaires. Le parenchyme en palissade est dis¬ posé sur deux rangées.

Les épidermes ne portent pas de poils, leurs cellules sont rectangulaires et semblables, toutefois, celles de l’épiderme supérieur sont plus volumineuses que celles de l’inférieur. Le parenchyme en palissade comprend deux assises de cellules peu allongées ; il oc¬ cupe environ un tiers de la hauteur totale du limbe. Le parenchyme lacuneux est formé de cellules rameuses.

Ainsouia latifolia Micb. (1).

Caractères extérieurs. Cette plante a reçu deux noms : de Candolle l’appelle A. tabernæmontana^ Linné Tabernæmontana Amsonia ; on lui a égale¬ ment donné le nom d' Apocynum virginianum. Elle croît surtout dans les forêts de la Caroline. Sa tige est glabre, ses feuilles alternes et lancéolées ; leur

(1) De Candolle. Prodrome. y Pars, oct. p. 385. Walt. te. p.98.

LES APOCYNÉES.

299

nervation est pennée et leur pétiole fort court. Ce végétal porte des fleurs jaunes ; celles-ci ont un calice à cinq divisions dont les lobes acuminés et lancéolés sont glabres. La corolle se compose : L d’un tube étroit et infundibuliforme, poilu depuis le milieu jus¬ qu’au sommet et un peu pubescent sur sa face externe ; 2*^ de cinq lobes linéaires étroits et disposés dans le bouton en préfloraison contournée à droite. Les éta¬ mines, au nombre de cinq, sont insérées au-dessus du milieu du tube, elles possèdent un filet grêle et une anthère ovale-oblongue plus grande que le filet. Les ovaires sont au nombre de deux, les ovules en nom¬ bre indéfini. Le style unique se termine par un stig¬ mate globuleux. Le fruit est formé de follicules gé¬ minés, dressés, polyspermes et à déhiscence ventrale. Les graines unisériées sont noires et cylindriques; elles possèdent un embryon droit, à cotylédons oblongs et à radicule supère, plongé dans un albumen charnu.

Caractères anatomiques. Tige. La tige pré¬ sente de dehors en dedans les tissus suivants :

Un épiderme formé de cellules rectangulaires, à paroi interne épaissie.

T Un exoderme formé de cellules plus grandes que les précédentes, rectangulaires et collenchymateuses.

Le parenchyme cortical composé d’environ une douzaine d’assises de cellules à parois minces, arron¬ dies et entremêlées de laticifères.

V endoderme amylifère.

Le tissu péricyclique peu développé renferme des

LES ArOCYNÉES.

300

amas lâches de fibres. Dans ce tissu, outre les paren¬ chymes et les fibres, on trouve encore des latici- fères.

6” Le liber externe et la zone génératrice.

T Le bois qui contient des rayons médullaires fort étroits.

8*^ Le liber interne.

O*" La moelle formée de cellules arrondies, à parois minces et contenant de l’amidon. On y trouve des laticifères. Nous n’avons dans aucun de ces tissus rencontré de cristaux.

Racine. Le système ligneux se prolonge jus¬ qu’au centre; il n’y a donc pas de moelle. L’écorce, entièrement parenchymateuse est bourrée d’amidon; elle contient des laticifères.

Fevill'e. Pétiole. Système libéro-ligneux dis¬ posé en un seul massif. IL épiderme est formé de cellules rectangulaires et à parois externes fort épaisses. Au-dessous viennent trois ou quatre assi¬ ses de collenchyme. Ce tissu passe insensiblement au parenchyme. L’endoderme est amilifère. Le tissu péricyclique est formé de cellules à parois minces moins volumineuses que celles du parenchyme fon¬ damental. De nombreux laticifères circulent dans ces deux tissus mais surtout dans le péricycle.

Limbe. Les épidermes sont formés de cellules à section rectangulaire, semblables et à dimension sensiblement égale. La paroi externe de ces cellules, contrairement à ce que nous avons souvent vu, est

LES APOCYNÉES.

301

mince. Le parenchyme en palissade est disposé en deux rangées et occupe environ la moitié de l’inté¬ rieur du limbe. Le tissu lacuneux est ici fort dense, fort régulier, composé de trois rangées de cellules presque cubiques et ne laissant entre elles que de petits méats.

Amsonia salicifolia Pursh. (1).

UAmsonia salicifolia croît surtout dans la Caro¬ line, la Géorgie et le Tennesee. C’est un arbuste à feuilles alternes, lancéolées, acuminées et glabres. Les fleurs sont disposées en cymes corymbiformes ; elles sont jaunes et la partie médiane externe de la corolle porte de petits poils. Les autres caractères sont d’ailleurs ceux de la plante précédente.

Caractères anatomiques. Tige. Même struc¬ ture anatomique que la plante précédente.

Racine. Même structure que la plante précé¬ dente.

Feuille. Pas de différence sensible avec la plante précédente.

Opliioxylon sicrpentinum Willd.

Cette plante croît dans la péninsule indienne, a

(1) PuRSCH. Flore de V Amérique du Nord, I, p. 184.

302

LES APOCYNÉES.

Pegu, à Ceylan, à Java et en Birmanie. Elle pos¬ sède des feuilles opposées ou verticillées par trois, grandes et penninerviées. Les fleurs sont en cymes fournies et serrées ; les pédoncules floraux sont gla¬ bres, les bractées petites et subulées. Les fleurs sont blanches, parfois rosées. Leurs calices possèdent cinq lobes linéaires oblongs. La corolle est hypocratéri- morplie. Le tube, cylindrique dans sa partie infé¬ rieure, s’enfle au-dessus de sa partie médiane ; il s’épanouit en cinq lobes ovoïdes obtus et disposés dans le bouton en préfloraison contournée adroite. Les éta¬ mines sont au nombre de cinq environ insérées assez bas dans le tube et incluses dans la partie dilatée. Le filet est court, les anthères volumineuses et oblon- gues. Les ovaires sont connés à la base, le style uni¬ que se termine par une tête ovoïde. Les ovules sont au nombre de deux. Le fruit est une drupe noire à noyau rugueux. La graine possède un albumen charnu et un embryon à cotylédons ovales et à radicule supère.

Caractères anatomiques. Tige. L L’épi¬ derme est formé de cellules assez grandes et à sec¬ tion rectangulaire.

Le parenchyme cortical est composé de quatre ou cinq rangs de collenchyme et de cellules à parois minces, arrondies et chlorophylliennes.

Uendoderme est difficile à distinguer.

Le ttssu péricyclique est formé (a) de cellules à parois minces et régulières, (5) de faisceaux fibreux dis¬ posés sur plusieurs rangs, (c) de laticifères. Ces der-

LES APOCYNÉES. 303

niers se trouvent également, mais en moins grande quantité, dans le parenchyme cortical.

Le liber externe et la zone génératrice,

G'’ Le bois puissamment développé renferme des rayons médullaires étroits, à parois lignifiées et à con¬ tenu amylacé.

Le liber interne.

La moelle est formée (a) de cellules arrondies à parois minces etcontenant de l’amidon, (b) de cellules scléreuses à paroi fort épaisse et canaliculée, (c) de laticifères.

Racine. Cette partie de la plante étant médici¬ nale, nous en renvoyons l’étude à la seconde partie.

PÉTIOLE. Le système libéro -ligneux est disposé en un seul massif. Vu l’état de la plante, nous n’a¬ vons pu en faire l’histologie, pas plus que celle du limbe.

Le tableau suivant résume les différences anatomi¬ ques des diverses espèces étudiées dans cette tribu :

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LES AIOCYNÉES.

305

CARISSÉES

Carrissa caranclas L. (1).

Caractères extérieurs. Cette plante croît abon¬ damment clans la Péninsule indienne, dans l’Indo-Chi- ne, à Java, à Timor. C’est un arbuste à rameaux épineux et à feuilles opposées. Les nœuds sont alternativement inermes et pourvus d’épines. Ces épines sont parfois ramifiées. Les feuilles sont ovoïdes, avec une échan¬ crure terminale. Elles ont sept centimètres de lon¬ gueur sur quatre de largeur. Elles sont penninerviées et les nervures secondaires se jettent les unes dans les autres près du bord. Ces feuilles sont brièvement pétio- lées et coriaces. Les fleurs sont sur des pédoncules ter¬ minaux et de 3 à 5. Elles sont blanches et ressemblent au Jasmin. Le calice est profond, velu et possède cinq dents lancéolées, acuminées et disposées dans le bou¬ ton en préfloraison quinconciale. La corolle est hypocratérimorphe et à préfloraison contournée à gauche. Le tube est velu intérieurement, les lobes sont lancéolés, acuminés. Les étamines sont au nombre de cinq à filet court et à anthères volumineuses et lancéolées. L’ovaire est unique, fusiforme, glabre et biloculaire. Le style est fusiforme, sans poils et se

(1) Roxburg et VYoll. Ind, t. II, p. 521. Lam. Illuslr. t. GXVIII, f. 1. WiGHT. Iconographie, t, GDXXVI.

306

LES APOCYNÉES.

termine par un stigmate bilobé. Les ovules sont peu nombreux. Le fruit est une baie noirâtre et ellipsoïde.

Les graines sont peltées et contiennent un albumen et un embryon droit à radicule inférieure et à cotylé¬ dons plans.

Caractères anatomiques. Le rameau que nous avons eu en notre possession était assez jeune; voici sa structure histologique :

L Un épiderme formé de cellules rectangulaires à parois externes très épaisses.

2“ Un exoderme composé d'éléments également rectangulaires, alternant avec les précédents et con¬ tenant une masse brune soluble dansFeau, et qui sem¬ ble être de la gomme.

3“ Quatre a cinq assisses de cellules à parois minces ^ h contours arrondis et à contenu incolore. Quelques- unes renferment des cristaux rhomboédriquesd’oxalate de chaux. Des laticifères circulent dans ce tissu.

4*’ Deux ou trois assises de cellules à parois plus épaissesy brillantes et contenant à nouveau la masse brune rougeâtre.

5'’ Le tissu péricyclique avec ses fibres disposés en une seule zone. On y voit également de nombreux laticifères.

Le liber exierne et la zone génératrice.

7"" Le bois presqu entièrement fibreux et présentant le faciès déjà décrit dans les Alyxia : ce sont des élé¬ ments arrondis, au milieu desquels se trouvent de rares vaisseaux.

Le liber interne.

LES APOCYNÉES.

307

La moelle îormée de cellules parenchymateuses, arrondies et contenant parfois des mâcles. On y voit également de nombreux laticifères.

Lexoderme s’organise en zone génératrice bifaciale qui donne à l’extérieur du suber, à l’intérieur du parenchyme qui se sclérifie presque immédiatement. De sorte que sous le liège on trouve des éléments scléreux disposés en files radiales continuant celles du suber.

Nature viorphologique des épines, Ces produc¬ tions sont ramifiées et non dichotomes, comme le dit de Candolle. Si l’on suit la marche du système libéro- ligneux caulinaire à mesure qu’il se rapproche d’une feuille, on voit un croissant se détacher du cylindre central pour entrer dans la feuille. Uu peu plus haut, deux massifs libéro -ligneux se détachent à leur tour du cylindre central, s’arquent, s’unissent et entrent dans l’épine. Nous nous trouvons donc en face d’un rameau axillaire et non de stipules ou de ligules. De plus, si nous pratiquons une coupe dans cette épine nous voyons qu’elle reproduit exactement la structure histologique que nous avons décrite dans la tige. En résumé les épines sont des rameaux axillaires des feuilles.

Feuille. Pétiole, Il est concave en dedans, convexe en dehors. Le système libéro-ligneux est dis¬ posé en un seul massif affectant la forme d’un arc surbaissé dont les extrémités sont reployées en dedans.

Lépiderme a des parois externes moins épaisses

308

LES APOCYNÉES.

que dans la tige ; ses cellules sont petites et bombées.

V exoderme se compose également de petites cellu¬ les alternantes avec les précédentes et contenant une masse brune.

Le parenchyme conjonctif est formé de cellules allant en grossissant à mesure qu’on s’avance vers l’intérieur. Certaines d’entre elles possèdent une masse rougeâtre, d’autres des cristaux rhomboédri- ques d’oxalate de chaux. V endoderme est peu visible.

Le tissu péricy clique qui embrasse la face dorsale du massif conducteur est formé de cellules petites, à parois épaisses et brillantes. Il possède cinq ou six assises dans sa plus grande épaisseur. De nombreux laticifères circulent dans cette couche.

Le bois est formé de fibres et de vaisseaux placés en files radiales, les premiers dominant à la partie externe, les autres à la partie interne.

Limbe. Nous n’avons pu l’étudier, l’état de dessica¬ tion de l’échantillon ne nous le permettant pas.

Carissa Ovata R. Br. (1).

Caractères extérieurs. Cette plante est origi¬ naire de l’Australie; elle croît sur la côte orientale intertropicale de cette région.

C’est un arbuste épineux et dressé, h feuilles coriaces, larges, elliptiques, aiguës et mucronées. Les caractères floraux sont sensiblement les memes que dans le C. Carandas,

(1) R. Brown. Prodrome de la flore de Nouv.-IIoU., p. 4G8. Roth. Nov. plant, spec.. p. 128.

809

LES APOCYNÉES.

Caractères anatomiques. La tige présente la structure suivante :

V Un épiderme h paroi externe fort épaissie.

2^ Un parenchyme cortical formé d’une douzaine d’assises cellulaires dont certaines renferment une masse de gomme rougeâtre. D’autres possèdent des mâcles.

Enfin de nombreux laticifères circulent dans cette couche : leur section est aussi large que celle des cellules avoisinantes et leur contenu est grisâtre et granuleux.

Le tissu péricy clique renferme une douzaine d’as¬ sises et se compose : (a) de parenchyme à contenu incolore; (b) de cellules minces à contenu rougeâtre (gommeux) ; (c) de paquets de fibres ; {d) de laticifères.

Le liber externe et la zone génératrice.

Le bois ne présente plus les fibres arrondies si caractéristiques dans le C. Carandas mais des fibres rectangulaires telles qu’on les trouve le plus généra¬ lement. C’est un caractère qui permet à première vue de séparer ces deux espèces.

Le liber interne.

T La moelle montre au milieu d’un parenchyme à éléments arrondis, des plages scléreuses irrégu¬ lières. On y voit également des laticifères.

Feuilles. Pétiole. Le système libéro-ligneux est disposé en un seul arc. L’épiderme est formé de cellules très petites. Le parenchyme fondamental est composé d’éléments arrondis augmentant de volume

310

LES APOCYNÉES.

à mesure qu’on s’avance vers l’intérieur ; il contient de nombreux laticifères inarticulés. Le tissu péricy^ clique est collenchymateux et renferme également des laticifères; tous ces vaisseaux sont très volumi¬ neux et à contenu noirâtre.

Limbe. Beaucoup de cellules renferment une masse gommeuse rougeâtre.

Arduinia liispinoisa L. (1).

Caractères extérieurs. U Arduinia bispinosa de Linné a été nommé par Lamarck Larissa Arduinia^ M. de Candolle adopte ce dernier nom. C’est un végétal originaire du Cap de Bonne-Espérance. Sa tige est presque glabre, ses feuilles sont opposées, d’un vert glauque, ovoïdes-cordées, presque sessiles. Elles ont environ deux centimètres et demi de lon¬ gueur sur un centimètre et demi de largeur; elles sont terminées par une pointe dure, courte et aiguë. Leur nervation est pennée, la nervure médiane forme un sillon à la face supérieure, une crête à la face infé* rieure. Les nervures latérales s’incurvent en dedans d’une façon assez prononcée. Parfois à l’aisselle des feuilles on trouve des épines simples ou ramifiées. Les fleurs, condensées au sommet des rameaux, sont blanches et d’odeur pénétrante. Le calice est à cinq divisions lancéolées et acuminées. La corolle à cinq lobes disposés dans le bouton en préfloraison con-

(1) Lam. Diet., I, p. 555. De Candolle. Prodrome, p. 8, pag. 335.

LES APOCYNÉES.

311

tournée à droite ; c’est cette particularité qui sépare les Arduinia des véritables Carissa dont la corolle est contournée à gauche. Les lobes corollins sont acumi- nés, le tube est pubescent intérieurement, la gorge porte des poils plus longs. Les étamines sont au nombre de cinq, et se composent de filets courts et d’anthères volumineuses et cuspidées. L’ovaire est unique, le style glabre, filiforme et le stigmate bilobé. Les ovules sont peu nombreux. Le fruit est une baie rouge et ellipsoïde, elle contient deux semences pour¬ vues d’albumen et possédant un embryon axile, droit, à radicule infère et à cotylédons ovés.

Caractères anatomiques. Tige. L’épi-

derme est formé de cellules à paroi externe épaissie ; ces éléments sont allongés radialement et quelques- uns sont prolongés en poils courts, incolores, pointus, à paroi épaisse et à aspect rugueux.

Un ^parenchyme cortical formé de trois espèces d’éléments (a) des cellules arrondies, à parois minces et à contenu incolore; (5) des cellules plus volumineuses et contenant une masse gommeuse rougeâtre; (c) des laticifères a contenu grisâtre et granuleux.

Le parenchyme péricyclique formé d’amas fibreux, de parenchyme et de laticifères. Ce tissu re¬ produit celui que nous avons décrit dans le C. Caran- das. Le liber externe, le liber interne, \amoelle et le bois sont également à peu près identiques. Les fibres ligneuses sont arrondies et leur paroi est ponctuée ou mieux canaliculée.

Nature morphologique des épines. L’étude de ces

312

. LES APOCYNÉES.

productions nous montre une structure et une nature absolument identiques à celles des épines du C, Ca- randas. encore, nous avons donc affaire à des rameaux axillaires.

Feuille. Pétiole. Le système libéra -ligneux est disposé en un arc unique. L’épiderme est formé de petites cellules à section rectangulaire et à paroi externe épaissie. Quelques-unes se prolongent en poils semblables à ceux de la tige. Ces poils sont surtout répandus sur la face interne du pétiole. Le parenchyme fondamental comprenant des cellules incolores, des cellules à masse rougeâtre, des cellules à cristaux mâclés et des laticifères. U endoderme est amylifère. Le tissu péricycliqxie collenchymateux renferme un grand nombre de laticifères à contenu grisâtre. Le faisceau est identique à ce que nous avons vu dans le C. Carandas,

Limbe. Les stomates se montrent seulement à la face inférieure. Le tissu palissadique est formé de deux ou trois assises. Le tissu lacuneux possède de nombreuses mâcles et des cellules à contenu gom- neux rougeâtre parsemées au milieu de cellules in¬ colores.

Distinction anatomique des Carissa.

possédant des sclérules . C. ovata.

Epiderme glabre

Moelle / entièrement pa- / ' renchymateuse.

cristaux rhom- boédriques.. . . C. Carandas.

Epiderme poilu.

Cristaux m⬠cles . C. Arduinia (bispinosa).

LES APOCYNÉES.

313

Toxicoplilea spectabilist

Caractères extérieurs. Les T. spectabüis sont des arbres originaires du Cap. Ils possèdent des feiiilies opposées, elliptiques, acuminées et mucronées. Les fleurs sont ramassées en glomérules à l’aisselle des feuilles ; elles sont blanches ou légèrement rosées et dégagent une odeur de jasmin. Leur calice quinque- partit possède des lobes lancéolés. Leur corolle est formée d’un tube cylindrique glabre et à gorge vil¬ leuse surmonté de cinq lobes ovoïdes et aigus. Les étamines au nombre de cinq ont des filets courts et des anthères ovoïdes. L’ovaire est biloculaire, obtus et glabre; le style est filiforme, le stigmate conique, capité et bifide. On ne trouve qu’un ovule dans chaque loge. On ne connaît pas le fruit.

Caractères anatomiques. Tige. Si nous prati¬ quons une coupe sous le sommet végétatif nous aper- cevoQS quatre faisceaux libéro-ligneux. Leur course est la même que celle que nous avons déjà décrite chez les Vinca. Cette plante présente la structure histolo¬ gique suivante : (PI. I, fig. 4.)

P L'épiderme, Vu de face il se compose de cellules rectangulaires, à parois épaisses et brillantes. Les stomates sont entourés de deux rangées de cellules de bordure. Celles du second rang sont dans l’épiderme jeune radialement superposées à celles du rang in¬ terne. Plus tard elles paraissent moins régulières. Sur

314

LES APOCYNÉES.

une coupe transversale, les parois externes et laté¬ rales de l’épiderme sont fortement épaissies en arca¬ des. Cette assise se cloisonne pour donner le suber.

L’exodenne est, à l’état jeune, dépourvu de chlo¬ rophylle et alors fort visible ; peu à peu cette matière |

s’y forme et cette assise n’est plus alors reconnaissa- |

bie. i

V écorce proprement dite est formée d’une dizaine |

d’assises de cellules arrondies, chlorophylliennes, à J

parois minces ; certaines d’entre elles possèdent des |

mâcles. Vus sur une coupe longitudinale, ces élé- |

ments corticaux ont la forme d’un tonnelet. Mais ce qu’il y a de plus remarquable c’est la présence d’élé¬ ments à lumen énorme et à paroi blanche, brillante et un peu épaissie. Par une macération de la plante ^

dans la potasse on parvient à coaguler le contenu et '

à s’apercevoir qu’on a affaire à de très volumineux \

laticifères inarticulés.

L' endoderme n’est pas visible.

5” Le tissu péricyclique égale en épaisseur le pa¬ renchyme cortical. Il est composé de trois éléments (a) de fibres ordinaires, très nombreuses, et formées de groupes à éléments peu serrés ; (6) de cellules de parenchyme, à contours irréguliers ; leur déformation vient de ce qu’elles sont serrées entre les éléments précédents; (c) de laticifères volumineux. Ceux-ci sont surtout nombreux dans cette partie.

Le liber externe.

Le bois ne montre rien de particulier, il est fort dé¬ veloppé.

Le liber interne.

LES APOCYNÉES.

315

La moelle qui se compose de trois éléments :

a) De cellules de parenchyme à parois minces, ar¬ rondies et dont certaines renferment des mâcles.

b) De cellules scléreuses. Ces cellules sont cylin¬ driques ; leur hauteur atteint généralement quatre ou cinq fois leur diamètre ; elles sont dirigées dans le sens de la longueur de la tige. Des canalicules traver¬ sent les parois. Sur une coupe transversale elles se montrent striées longitudinalement. On les voit dis¬ posées en massif. Peut-être, avec l’âge, la sclérose en¬ vahit-elle une partie bien plus considérable de la moelle.

c) De laticifères qui atteignent ici un diamètre tel que plusieurs sont visibles à l’œil nu. Leur contenu est une masse jaunâtre, grumeleuse et pleine de gra¬ nulations très fines.

Racine. C’est assurément la partie la plus inté¬ ressante de la plante : elle présente un voile analo¬ gue à celui qu’on trouve chez les Orchidées épiden- dres. Voici d’ailleurs la structure histologique de cet organe : (PL I, %. 5.)

Le voile développé au dépens de l’assise pilifère. Il comprend cinq à six assises de cellules à parois assez^épaisses et colorées en brun;

2"" L’assise subéreuse formée d’éléments tranchant bien sur le reste de la coupe ; elles sont grandes, à parois minces et régulièrement rectangulaires ;

Le parenchyme cortical formé de deux sortes d’éléments, (a) d’une douzaine d’assises de cellules arrondies, à parois minces ; les assises internes sont

LES APOCYNÉES.

316

rangées en files radiales ; (b) de cellules gommeuses disséminées dans le tissu précédent ;

V endoderme formé de petites cellules rectangu-- laires ;

Le péricycle qui seul contient des laticifères. On ne rencontre jamais ces derniers en face des pointes ligneuses, mais seulement en face des îlots libériens. Cela s’explique, étant donné le rôle essentiellement générateur que joue le péricycle en face des faisceaux ligneux primaires ; au contraire, en face du liber, il peut, sans inconvénient, contenir des éléments étran¬ gers. Ces laticifères sont identiques à ceux de la tige;

G’’ La moelle est sclérifiée.

Feuille. ^Pétiole, (PL I, fig. 8.) Le faisceau qui se détache du cercle libéro-ligneux caulinaire ne tarde pas à se diviser en trois masses, une grosse médiane et deux petites latérales. Ces trois massifs parcourent ainsi tout le pétiole et entrent dans le limbe. Les masses latérales sont presque exclusive¬ ment fibreuses, les vaisseaux y sont très rares.

P V épiderme est épaissi comme celui de la tige, auquel il ressemble d’ailleurs absolument.

Le parenchyme fondamental est formé de cel¬ lules d’abord polyédriques, puis arrondies; quelques- unes renferment des cristaux mâclés. Nous retrou¬ vons ici les volumineux laticifères de la tige et de la racine. Ils sont massés au voisinage du péricycle.

Le tissu péricyclique se compose de cellules bien plus petites que les précédentes, à parois blan¬ ches, brillantes et assez épaisses.

LES APOCYNÉES. 317

Les libers externe et interne ne présentent rien de bien particulier.

Le bois est formé d’éléments disposés en files ra¬ diales, on trouve à partir de la face interne quatre ou cinq vaisseaux, puis des fibres en nombre va¬ riable.

Limbe. Le limbe possède un pstrenchyme palis- sadique sur ses deux faces. Vu de face, V épiderme supérieur présente des cellules à parois polyédriques non sinueuses. On n’y rencontre pas de stomates. Léépiderme inférieur montre le même faciès que le supérieur, mais porte un nombre considérable de sto¬ mates. Ces stomates sont non elliptiques, mais cir¬ culaires. Sur une coupe transversale, les deux épi¬ dermes se présentent sous forme de cellules rectan¬ gulaires, à partie externe très épaisse. Sur les cloi¬ sons perpendiculaires, l’épaississement diminue de l’extérieur vers l’intérieur, pour devenir nul au con¬ tact de la paroi interne.

Le tissu palissadique supérieur comprend deux assises cellulaires, parmi lesquelles circulent quel¬ ques gros laticifères ; certaines de ces cellules con¬ tiennent des mâcles.

Le tissu palissadique inférieur est moins net que le supérieur, il est même difficile à caractériser sur certains points, mais sur d’autres on le distingue parfaitement ; ses cellules sont plus courtes que celles du supérieur.

Le tissu moyen est lacuneux et assez régulier ; il contient les faisceaux des nervures ainsi que d’abon¬ dants laticifères.

318

LES APOCYNÉES.

IVlclodiuu§» mouogymis^ Corey (1).

Caractères extérieurs. *— C’est une liane qui croît dans la Presqu’île indienne. Sa tige est glabre, ses feuilles opposées, oblongues, lancéolées, brièvement pétiolées. Leur nervation est pennée et leur consis¬ tance coriace. Les fleurs sont disposées en cymes ; elles sont blanches et odorantes, on rencontre des bractées ovales, courtement pétiolées et pubescentes. Le calice possède cinq lobes ovales-obtus et dont les bords portent un léger duvet. A leur intérieur, on ne trouve pas de glandes. La corolle est hj^pocratéri- morplie ; elle est formée : P d’un tube poilu à l’inté¬ rieur au-dessus de l’insection des étamines, glabre à l’extérieur ; 2'’ de cinq lobes oblongs et disposés dans le bouton en préfloraison contournée à droite. De la corolle se détachent des appendices ligulaires ciliés.

Les étamines sont au nombre de cinq, insérées dans le tube, au-dessous de sa partie médiane ; les anthères sont sessiles, oblongues et aiguës. L’ovaire est biloculaire, ovoïde et glabre. Le style est filiforme et le stigmate conique. Le fruit est une baie de la grosseur d’une petite orange, comestible et bilocu¬ laire. La graine possède un albumen charnu et un embryon droit, à cotylédons oblongs et subfo¬ liacés.

(1) Corey. //. du Beng., p. 20. Roxüurgh. Fl. ind., éd. 1832, t. II, p. 56. WiGHT, Iconogr., t. GGGXGIV.

LES APOCYNÉES.

319

Caractères anatomiques. Tige. l"* V épi^ derme se compose d’une assise de petites cellules dont les parois externe et latérale sont épaissies. Leur cavité est hémisphérique, le côté plan, étant formé par la paroi interne.

Deux assises de collenchyme; la première pos¬ sède des éléments assez peu volumineux, la seconde, au contraire, est formée de cellules fort larges.

Le parenchyme cortical est composé de quatre ou cinq assises de cellules chlorophylliennes. Ce sont des éléments arrondis, à parois minces et dont quel¬ ques-uns contiennent de volumineux cristaux rhom- boédriques d’oxalate de chaux. On remarque égale¬ ment des laticifères inarticulés.

V endoderme est fortement amylifère.

Le tissu péricyclique se compose de paquets fibreux disséminés dans le parenchyme à contenu amylacé. On rencontre dans cette couche de nom¬ breux laticifères.

fi*’ Le liber externe possède dans son parenchyme quelques cristaux rhomboédriques bien plus petits que les précédents.

Le boisy de bonne heure très développé, pos¬ sède des rayons médullaires fort étroits et gorgés d’amidon.

8” Le liber interne présente, comme l’externe, des cristaux rhomboédriques.

La moelle forme des cellules arrondies et forte¬ ment amylifères ; quelques-unes possèdent de très volumineux rhomboèdres. Les laticifères à lumière

320

LES APOCYNÉES.

aussi large que les cellules voisines se reconnaissent aisément (outre leur contenu) à leur paroi épaissie et brillante.

Le liège s’organise au dépens de l’épiderme.

Feuille. Pétiole. Le système libéro -ligneux est divisé en trois masses, l’une médiane et volumi¬ neuse, les autres marginales et fort petites. L’épi¬ derme est formé de cellules dont les parois externes et latérales sont loin de posséder les épaisissements que nous avons remarqués dans la tige. Un puissant collenchyme part de l’épiderme et passe insensible¬ ment au parenchyme à mesure qu’on se rapproche de la masse libéro-ligneuse médiane. De nombreuses cellules possèdent des rhomboèdres. On y rencontre également des laticifères.

V endoderme est bourré d’amidon. Le tissu péricy- clique, composé dans sa plus grande épaisseur de huit ou neuf assises, est fortement collenchymateux. Il renferme des laticifères. Ces deux derniers tissus n’embrassent que la partie dorsale des faisceaux.

Limbe. Les deux épidermes sont complètement glabres, l’inférieur seul porte des stomates; tous deux ont une section rectangulaire.

Le tissu palissadique est disposé en une seule ran¬ gée, il est assez réduit et occupe à peine le quart de l’épaisseur du limbe.

Le parenchyme lacuneux est ici fort développé et présente de vastes cavernes; ses cellules renferment surtout dans la partie inférieure, des cristaux rhom- boédriques.

Le pétiole comprend

LES AFOCYNÉES. 82l

Le tableau suivant résume les caractères anatomi¬ ques des espèces de cette tribu, que nous avons pu étudier.

^ Un voile à la racine. Toxicophlæaspectabilis Trois faisceaux. ^

( Pas de voile . Melodynus monogynus.

Un faisceau . Carissa.

(Voir les distinctio7is des Carissa sur un tableau prêeêdent).

PARTIE

ÉTUDE DE MATIÈRE MÉDICALE

La plupart des espèces de la famille des Apocynées doivent, sans doute, offrir un grand intérêt, au point de vue thérapeutique ; malheureusement, le plus grand nombre d’entre elles n’a encore été, ni analysé, ni expérimenté. Aussi les propriétés merveilleuses, qu’on leur attribue, ne sont-elles attestées que par le récit des indigènes, et par l’emploi qu’ils en font. C’est depuis quelques années seulement, que la matière mé¬ dicale s’est enrichie d’un certain nombre d’ Apocynées, presque toutes douées de propriétés énergiques : nous allons passer en revue celles qui sont aujourd’hui couramment employées par les médecins, soit en Europe, soit dans les pays d’origine.

Xeriuin oleaucler L.

Dans notre première partie, nous avons longue ment traité des caractères morphologiques et anato

324

LE3 APOCYNÉES.

miques de cette plante ; la présente étude se bornera donc à l’examen de son action physiologique.

Si l’on mâche des fragments de Laurier-rose, on éprouve une sensation d’amertume, qui persiste assez longtemps ; ce qui a, de tous temps, donné à penser que ce végétal contenait un principe médicamenteux important. Dans certains pays, on emploie sa poudre comme mort aux rats et les Indiens se servent de flèches de N’erium, pour faire la chasse aux animaux.

Le Laurier-rose est, en effet, un poison très actif et l’on cite de nombreux cas de mort occasionnés par cette plante. Libantius. (Comment, de Venenis.J Schenkins (de Venenis), Morgagni et Loiseleur-De* longchamps en rapportent divers exemples.

Communément usité encore dans le midi de la France, pour combattre les maladies cutanées, ce végétal était autrefois fort employé par les moines mendiants, contre les maladies parasitaires, si com¬ munes dans ces ordres religieux.

Ce n’est point d’aujourd’hui que les médecins ont cherché à tirer parti des remarquables propriétés du Nerium. Dès 1812, Delens et Merat l’employèrent avec succès contre la gale et Loiseleur-Delongchamps en administra à l’intérieur la solution aqueuse d’ex¬ trait alcoolique contre la syphilis. En 1848, le D"" France l’expérimenta, mais sans grand succès, contre la fièvre des marais.

Ce fut en 1856, que fut tentée, pour la première fois, l’analyse chimique du Nerium, par Latour (1). Ce

(1) Gazette médicale d’Algérie, p. 124.

LÈS APOCYNÉES. 825

chimiste y découvrit une résine jaune, acre et amère, à laquelle, il attribua l’activité de la plante.

Lukomski reprit, en 1863 (1), l’étude chimique du Laurier-rose et en retira deux principes, qu’il dit être de la nature des alcaloïdes, et qu’il nomma Oléandrine et Pseudocur aviné. Selon ces auteurs, rOléandrine serait fort toxique et la Pseudocurarine presque inerte.

(( L’ Oléandrine est, d’après Betelli, une substance « jaune-clair, semi-cristalline, soluble dans l’eau, c( l’alcool, l’étber, le chloroforme, l’huile d’olive. Elle (( fond entre 70'’ et 75'’ et forme, avec l’acide chlorhy- « drique, des sels bien cristallisés (2). »

Trois ans après Lukomski, Pélikan (3) expéri¬ menta physiologiquement le Laurier-rose sous trois formes : extrait aqueux^ extrait hydroalcoolique et résine.

Sous l’influence de la résine, les pulsations du cœur, d’abord accélérées, sont bientôt ralenties, et finalement complètement arretées. L’arrêt du cœur se fait en systole. Avec l’extrait bydroalcoolique, le cœur s’arrête en diastole. Quand à l’extrait aqueux, il agit d’une façon bien moins active que les produits précédents.

De Girard, qui reprit à nouveau l’étude chimique de cette plante, en retira deux corps : V Oléandrine et V Acide oléandrique. Selon lui, ces produits possèdent une action sensiblement identique et sont moins des

(1) Répertoire de chimie appliquée, t. III, p. 77.

(2) Gauvet. Nouveaux éléments de Mat. méd., t. II, p. 611.

(3) PÉLIKAN. Compte rendus, t. LXXII, 1866.

22

326

LEÔ APOCYNÉES.

poisons du cœur que des poisons du système nerveux.

Enfin, le dernier travail chimique sur ce sujet est du à Schmiedeberg (1). Cet auteur a extrait du Lau¬ rier-rose deux corps : la NérUne^ qui serait identique à la Digiialéine et l’O/eandrine, qui aurait les memes effets que la Digitale,

Le Laurier-rose d’Afrique renfermerait, en outre, un glucosicle, la Nériantine analogue à la Digitaline.

Tout récemment, M. Polloux a étudié, dans le labo¬ ratoire de thérapeutique de l’hôpital Cochin(2),le Né- rium oleander au double point de vue physiologique et thérapeutique. Voici quelles sont ses conclusions : « Nous croyons donc que le Laurier-rose a une puis¬ se santé action tonique sur le cœur ; son emploi peut (( être utile dans la cure des maladies organiques du c( cœur non compensées, lorsque le cœur forcé ne (( suffit plus à vaincre la pression veineuse. C’est c( donc aux asystoliques qu’il faut l’administrer. »

Ce long exposé des recherches faites au sujet de la composition et des propriétés du Laurier-rose montre que, si les principes actifs de cette plante sont encore peu connus et mal définis, on ne saurait lui refuser une action énergique sur le cœur. Ce qui est certain, c’est que nous nous trouvons en possession d’un médicament précieux, fort actif, abondant dans nos contrées et par conséquent appelé à rendre de grands services à la médecine, lorsque son mode d’emploi aura été bien établi. On comprend dès lors tout l’in-

(1) Schmiedeberg. Archiv. fur. Phath. und. Pharm., t. XYI, p. 149.

(2) Polloux. Contribution à l’histoire médicale du Laurier-rose, Bulletin de Thérapeutique, t. GXIV, p. 393.

LES APOCYNÉES.

327

térêt qui s’attache à une telle étude et l’importance que présente la recherche des propriétés chimiques et physiologique du N, oleander.

Xerium odoruiu , Indian-Kauecr

Cette plante est fort répandue dans l’Inde, elle sert dans certaines cérémonies réligieuses. Les indi¬ gènes connaissent fort bien ses propriétés toxiques, et de nombreux crimes ou suicides sont dus à son ingestion. Deux cas d’empoisonnement sont cités dans le remarquable travail de M. Greenhish (1) : l’un d’après Broughton {Bombay Med, Phys, Trans, IV, p. 4); l’autre, d’après Gveig {Indian armais of Médi- cal science, v. II, p. 295). Ce dernier auteur attribue la mort, qui est rapidement survenue, à l’action de la drogue sur le système nerveux. Enfin, dans un autre cas, M. Kamicakya Nath Acherjee {Ind, méd. Gaz, vol. I, p. 218, 1866), a vu le tétanos survenir à la suite de l’ingestion d’une infusion concentrée de racine de Nerium odorum.

Simpson avait remarqué ce fait presque constant, d’ailleurs, chez toutes les plantes médicinales, que les Nerium croissant à l’état sauvage jouissaient de pro¬ priétés bien plus actives qneles Nerium cultivés dans les jardins. Il ajoutait que l’action de ce végétal se rapproche beaucoup de celle de la noix vomique. Le

(1) Harry g. Greenhish. Contribution, to the chemistry of Né- rium odorum. Phann, Journal^ april 28, 1881 .

328

LES APOCYNEES.

poison de N. odorum, concluait Simpson, est un déprimant du cœur.

Quoi qu’il en soit, les Indiens emploient depuis longtemps cette plante au traitement de la lèpre et autres affections de la peau. C’est la racine surtout qui est usitée.

Les échantillons de cette substance, que possède le droguier de la Faculté de médecine de Lyon, consis¬ tent en fragments atteignant un centimètre et demi d’épaisseur et trente centimètres de longueur. Leur surface est d’un fauve clair, avec des places plus bru¬ nes; elle est striée longitudinalement. L’intérieur est plus clair, jaune rosé et formé d’une masse compacte, qui semble homogène à l’œil nu. Lorsqu’on la mâche, son goût rappelle d’abord un peu celui delà Réglisse, mais ne tarde pas à devenir d’une amertume atroce.

Si l’on pratique une section transversale de la racine et qu’on l’examine à la loupe ou même à l’œil nu, on la voit composée de cercles concentriques, dont le plus intérieur est blanchâtre et formé d’un tissu plus dense.

Au microscope, cette racine présente la structure histologique suivante :

Sept ou huit assises de suber, à parois minces et légèrement brunâtres;

Deux ou trois assises de cellules rectangulaires, h parois collenchymateuses;

Un tissu cortical épais, formé de cellules à parois minces et contenant des granulations amylacées.

De nombreux laticifères se montrent dispersés sans ordre dans ce tissu. Leur section est plus large que

LES AP0CYNÉE3. 329

celle des cellules environnantes et montre des masses translucides, légèrement jaunâtres, dans lesquelles se voient quelques granules grisâtres en suspension ;

L'endoderme et le pérlcijcle sont peu reconnais¬ sables ;

5" Le liber est assez épais ; il renferme également un grand nombre de laticifères, moins larges que les précédents, mais ayant un contenu identique. Le pa- renchyme libérien possède de l’amidon, avec quelques cristaux d’oxalate de chaux ;

Le bois va jusqu’au centre. Il est composé de larges vaisseaux et de fibres à parois relativement assez minces. Les rayons médullaires sont très étroits et contiennent de l’amidon. «

L’étude chimique du Nerium odorum a été faite, il y a quelques années, par M. Greenhish, qui a extrait de la racine de cette plante, outre une huile jaunâtre, amère et soluble dans l’éther et dans le pétrole, deux principes : la Nériodorine et la Nériodoréine. La Né- riodorine est difficilement soluble dans l’eau, mais facilement dans le chloroforme; la N ériodoréine, au contraire, est facilement soluble dans l’eau et tout à fait insoluble dans le chloroforme.

Nériodoréine, Cette substance, quand elle est pure, se présente sous l’aspect d’une poudre amorphe et jaunâtre. Son goût est excessivement amer et persiste pendant fort longtemps. Elle est insoluble dans l’é¬ ther, le chloroforme et le sulfure de carbone.

L’addition de chloroforme à une solution aqueuse concentrée de Nériodoréine produit la séparation d’un liquide oléagineux, qui flotte à la surface.

330

LES APOCYNÉES.

L’acide sulfurique concéntré produit, dans les solu- lutions deNériodoréinef une coloration rougeâtre pas¬ sant graduellement au jaune brun et enfin au vert. L’acide sulfurique et le sucre produisent, tout d’abord, une coloration rougeâtre qui vire au bleu violet.

Nériodorine. Cette substance forme, après extrac¬ tion de la première, une masse vernissée difficilement pulvérisable. Elle est aisément soluble dans le chlo¬ roforme, difficilement dans l’eau froide, un peu plus dans l’eau bouillante. Le pétrole, la benzine, le sul¬ fure de carbone n’ont aucune action sur cette subs¬ tance ; l’éther en dissout des traces.

L’acide sulfurique concentré dissout la Nériodorine en se colorant en jaune brun, couleur qui passe au violet au contact de la vapeur de brome ou de l’acide nitrique. Le réactif de Frolide y produit une coloration d’un violet rouge foncé, qui passe graduellement à un beau violet bleu, puis finalement à une teinte verd⬠tre.

Ces deux substances sont probablement des gluco- sides. Toutes deux possèdent une puissante action sur le cœur. M. Greenhish n’a pu arriver â constater les symptômes tétaniques décrits par Kamicakya (/oc. cit.). L’action de ces substances les rapproche de la digi¬ taline et de la digitaléine. encore, de nouvelles re¬ cherches chimiques physiologiques seraient fort dé¬ sirables et viendraient â point élucider une question de la plus haute importance, pour la matière médicale de THindoustan, cette plante est fort employée.

LES Ai'OCrNÉES.

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Ilolarrhcna antldyss^cntcrica et Wriglitia tinctoria

Les deux plantes, dont nous abordons l’étude, pos¬ sèdent des propriétés tout à fait différentes, ou plutôt une seule d’entre elles, V Holarrhenaj jouit de vertus curatives. Néanmoins, comme le Wrightia sert fré¬ quemment à falsifier la drogue précédente, nous croyons utile de faire Thistoire simultanée de ces deux produits.

U lîolavrhena est originaire de l’Hindoustan. On rencontre cet arbre sur tout le versant méridional de r Himalaya, au Népaul, à Chittagong, à Sillet, sur le plateau des Nilgherries et jusque dans la presqu’île de Malacca. Cette plante avait été nommée par Roxburgh Echites antidyssenterica et, par Don, Chonemorpha antidyssenterica. Les indigènes, suivant la contrée, l’appellent : Brandis, Karra, Kora, Kuar, Kogar, Kachii, Ankria, etc. On désigne également son écorce, sous le nom de Codaga-Pala, Tellicherry-Bark, Corte di Pala et enfin Conessi-Bark. De ce dernier mot est tiré le nom français de Conessie, sous lequel on désigne souvent cette écorce.

U Holarrhena est un arbuste haut d’environ vingt pieds. Les branches, d’un brun rougeâtre, sont tachetées de petits points blancs. Les feuilles sont opposées, brièvement pétiolées, penninerviées, ellip¬ tiques, acuminées et à base obtuse. Elles sont en¬ tièrement glabres et leur largeur égale environ la moitié de leur hauteur. Les fleurs sont disposées en

332

LES APOCYNÉES.

cymes corymbiformes terminales ; elles sont blanches et possèdent un calice à cinq parties. Chacun des lobes calicinaux est lancéolé et acuminé. La corolle est hypocratérimorphe, à tube court, dilaté de la base au milieu, et à lobes oblongs, disposés dans le bouton en préfloraison contournée à gauche, La gorge ne porte aucun appendice. Les étamines sont insérées dans la partie renflée du tube ; elles pos¬ sèdent un filet grêle et très court, et des anthères lancéolées, beaucoup plus longues que le filet et à déhiscence longitudinale introrse. Le connectif ne se prolonge point en appendice. Il n’existe pas de disque nectarifère. Les ovaires sont au nombre de deux, glabres, ovoïdes et aigus. Les styles s’unis¬ sent en une colonne unique, terminée par un stig¬ mate oblong et entier. Les carpelles portent, sur leur face ventrale, un placenta avec deux rangées d’ovules. Le fruit est un double follicule long, grêle et arqué. Les graines sont oblongues et fusiformes ; elles possèdent un albumen peu développé (non pas nul, comme le prétend de Candolle), un embryon droit, à cotylédons plissés et à radicule cylindrique et supère.

Le Wrightia tinctorial qui est répandu dans les mêmes contrées, a le même port; toutefois, ses fleurs se distinguent immédiatement de celles de l’espèce précédente par les appendices ligulaires de sa corolle. Le Wrightia tinctoria avait été nommé, par Roxburgh, Nerium tinctorium; on l’a également appelé Wrigh¬ tia mollissima. C’est un arbuste à bois blanc, à feuilles opposées, entières, elliptiques, lancéolées, glabres, penninerviées et obtusément acuminées. Les

LES APOCYNÉES.

333

fleurs sont blanches et disposées en cymes terminales. Le calice est à cinq parties, à lobes ciliés, ovoïdes et obtus ; il possède cinq glandes. La corolle offre un tube court subcylindrique et des lobes disposés, dans le bouton, en préfloraison contournée à droite. La gorge donne insertion à des appendices ligulai- res. Les étamines, au nombre de cinq, sont insé¬ rées au-dessus de la partie médiane du tube ; efles ont un filet court, une anthère exserte et sagittée; les anthères adhèrent au milieu du stigmate. Pas de nectaire. Les ovaires sont au nombre de deux ; le style est unique et filiforme; le stigmate est obtus. Le fruit est un double follicule. Les graines sont oblongues et en nombre indéterminé. L’embryon est plongé dans un albumen réduit et violacé ; il possède des cotylédons enroulés et une radicule supère, courte.

Un autre Wrightia sert aussi parfois à falsifier VHolarrhena, c’est le W. antidyssenterica. Cette plante, qui croit à Ceylan, aété rapportée par de Gan- dolle à un genre spécial, le genre Wallida. Par son port, ainsi que par la forme et la couleur de ses fleurs, cet arbuste se rapproche beaucoup de l’Ho- larrhena, mais ses étamines sont exsertes.

Vllolarrhena antidyssenterica est depuis fort long¬ temps employé dans l’Inde, comme spécifique des maladies des entrailles. L’écorce et les graines de cette plante ont été, il y a déjà quelques temps, importées en Europe ; mais on a bientôt renoncé à leur emploi, et elles sont aujourd’hui à peu près complètement abandonnées. L’inefficacité apparente de cette drogue tient exclusivement à ce qu’on lui a souvent substitué

334

LES APOCYNEES.

le Wrightia, qui ne possède aucune propriété théra¬ peutique appréciable. U Holarrhena est un médica¬ ment actif et précieux, qu’il importe de ne pas reje¬ ter de parti pris. Il doit être employé, mais après que l’on s’est assuré de l’authenticité du produit.

Ce n’est point d’aujourd’hui que cette question a préoccupé les savants. Depuis longtemps déjà Hol¬ mes, dans le Pharmaceutical Journal^ avait signalé la fraude et cherché le moyen de la prévenir ; toutefois, cet auteur pensait que les écorces i'Holarrhena et de Wrightia ont une ressemblance telle, qu’il devient très difficile de les distinguer. Aussi M. Planchon, dans une séance de la Société de Pharmacie de Paris, déplorait-il cette confusion, qui prive la médecine d’un auxiliaire précieux. L’honneur d’avoir donné la première étude sérieuse de cette drogue remonte à M. le professeur Cauvet; il consacre un important paragraphe de sa matière médicale (1) à l’étude de V Holarrhena et de l’écorce qui sert à la falsifier (le Wrightia tinctoria) ; il donne de l’écorce de chacune d’elles une coupe fort détaillée. A la seule inspection de ces figures, nous avouons ainsi que le fait d’ailleurs M. Cauvet, comprendre difficilement qu’on puisse se méprendre et, qu’à l’exemple de Holmes, on trouve les échantillons fort semblables. Dans cet article, les graines sont également l’objet d’une étude spéciale.

Enfin , un dernier travail sur ce sujet a tout récemment été publié par M. Blondel (2). Après avoir

(1) Nouveaux éléments de Mat. méd., t. II, p. 612. Art. Godaga- Pala.

(2) Blondel, Etude botanique sur l’écorce et les graines de la Gonessie. (Les nouveaux Remèdes^ 1887 .)

LES APOCYNÉES.

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étudié les origines botaniques des deux plantes, il cherche à les différencier histologiquement. Etendant ses recherches aux écorces et aux graines, il termine en élevant des doutes sur l’authenticité des produits qu’il a eus en sa possession. Ajoutons que ses résul¬ tats s’éloignent sensiblement de ceux qu’avaient obte¬ nus M. Cauvet. Cette raison nous a porté à reprendre l’étude de cette question, sur des échantillons prove¬ nant directement de l’Inde et faisant partie de la col¬ lection Chantre, que possède le droguier de la Fa¬ culté de Lyon. Nous sommes arrivés, ainsi qu’on le verra plus loin, pour le Wrightia du moins, à des conclusions tout autres que celles de M. Blondel ; il est évident que nous n’avons pas opéré sur les mêmes produits.

Semences. Les semences du Wrightia et de VHolarrhena sont toutes deux connues sous le nom i' Ayiderjow : les premières sont comestibles et on les nomme Anderjow sherin (doux) ; les secondes sont médicamenteuses, c’est V Anderjow tidk ou Karva, c’est-à-dire, amer.

Examen MORPHOLOgiQUE et organoleptique. Semence du Wrightia. Ces graines présentent une certaine ressemblance avec des caryopses d’a¬ voine. Leur couleur est d’un blond fauve, leur odeur légèrement aromatique, leur saveur agréable, nulle¬ ment amère et rappelant un peu celle de l’amande. Toutefois, si l’on mâche ces semences pendant quel¬ que temps, on perçoit un léger goût térébinthacé.

336

LES APOOYNÉES.

Elles peuvent atteindre plus de deux centimètres de longueur et de quatre millimètres de largeur. Arron¬ dies sur l’une des faces, elles sont parcourues dans toute leur longueur, sur l’autre face, par un sillon dont le fond se présente comme une ligne blanchâtre. Leurs extrémités sont appointes ; toutefois, celle qui con¬ tient la radicule est plus effilée (PI. II, fîg. 4) .Toute leur surface est finement striée longitudinalement. Cette description démontre seule que M. Blondel a opéré sur une semence différente de la nôtre ; c’est, il est vrai, le W. antidyssenterica qu’il étudie, mais il reconnaît que le W. tinctovm n’en diffère que par les épaisisse- ments de son tégument externe. Nos échantillons sont donc dès lors directement comparables. Selon M. Blondel, la graine du Wrightm ne possède pas de sillon, tandis que nous venons de voir que notre échantillon en présente un bien marqué.

Semence de V Holarrhena , Comparativement à celles que nous venons de décrire, ces semences sont d’un blond plus rougeâtre ; leur odeur est plus forte et leur saveur amère et persistante. Elles n’atteignent pas plus d’un centimètre et demi de longueur. Tan¬ dis que l’une des faces est arrondie, l’autre, au lieu de posséder un simple sillon, est généralement tout entière creusée en gouttière. Au fond de la dépres¬ sion, court longitudinalement une toute petite crête blanchâtre. Dans la majorité des graines, les extré¬ mités sont mousses. Comme forme générale, elles sont plus plates que celles du Wrlghtia. Ces semen¬ ces correspondent exactement à celles dont M. Blon¬ del donne la description.

LES APOCYNÉES.

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Dissection des semences. Semence du Wrigh- tisi. Si 011 laisse les graines macérer quelque temps dans Teau aiguisée de potasse^ on pourra facilement en dissoeîer les diverses parties. On voit tout d’a¬ bord que la graine possède deux tuniques, qu’il de¬ vient facile d’isoler : l’une externe, blond fauve ; l’autre interne, rouge chair; parfois, la teinte de cette dernière tunique est plus claire et va jusqu’à la nuance pelure d’oignon. Cette deuxième enveloppe épouse tous les contours de la membrane externe et, comme celle-ci, elle est striée longitudinalement; cette enveloppe est formée par l’albumen, qui est fort réduit, comme on le voit. L’embryon porte deux volumineux cotylé¬ dons repliés et enroulés (PL II, fig. 1). Nous sommes parvenus, avec de grandes précautions, à étaler ces deux cotylédons, sans les détacher de l’embryon. Chacun de ces appendices primitifs se compose de deux parties : (a) d’un court pétiole; (b) d’un limbe entier, cordiforme et légèrement acuminé au sommet (PL II, fig. 2) . Une nervure médiane volu¬ mineuse le traverse. De cette nervure principale se dé¬ tachent alternativement, à droite et à gauche, des ner¬ vures secondaires suivant le mode penné. De ces nervures secondaires, partent des nervures tertiaires et tous ces ramuscules s’anastomosent en un riche réseau fibro -vasculaire. Ces cotylédons, de meme que l’embryon, présentent la coloration rouge de l’albu¬ men. Ces cotylédons sont condupliqués, c’est-à-dire (PL II, fig. 3), repliés en deux autour de la nervure mé¬ diane, les deux moitiés de la face supérieure se tou-

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LES APOCYNÉES.

chant ; de plus, ils sont enroulés l’un autour de l’autre, ainsi que l’indique la figure 3. Cette constitution mon¬ tre que, certainement, M. Blondel a étudié une espèce difTérente de la nôtre, car il n’eût pas manqué de remarquer un caractère de première importance, fort visible et extrêmement commode, pour la distinction des semences du Wrightia et de V Holarrhena : nous voulons parler de la coloration rouge de l’albumen et de l’embryon des graines du Wrightia. De plus, dans l’espèce étudiée par M. Brondel, les cotylédons sont plissés longitudinalement comme dans V Holarrhena. Nous sommes donc porté à admettre que M. Blondel n’a pas eu entre les mains un véritable Wrightia. Si nous nous rapportons à Bentham et Hooker, on lit h l’article Wrightia : a cotyledones latissimæ convu- lutæ » ; d’autre part, la coloration violette des em¬ bryons du Wrightia avait été constatée déjà par de Candolle, bien avant qu’elle n’eut été signalée par M. Cauvet.

Semence de VHollarrhena. Cette graine possède également deux tuniques : l’une, l’extérieure, d’un jaune brun, l’autre, parfaitement blanche, mince et transparente. Comme dans le cas précédent, cette dernière reproduit les sculptures de la membrane externe : c’est Valbumen. Les cotylédons se distin¬ guent des précédents, par trois particularités : D ils sont blancs ; 2“ ils possèdent un pétiole très court ; 3“ ils ne sont point enroulés, ni condupliqués, mais placés l’un au-dessus de l’autre et plissés en meme temps.

LES APOCYNÉES.

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Histologie des semences. Semences duWrightm (fig*. 5). L’enveloppe externe comprend deux tégu¬ ments. Le tégument externe possède une structure assez singulière : moyennement épaissi sur sa face externe, il présente, sur sa face profonde, un réseau d’épaississement. On peut se rendre compte de cette disposition, en disant que les parois radiales ont épaissi leur ligne de jonction avec les parois internes. Ce tégument se soulève en de nombreuses crêtes dues à la prolifération du parenchyme sous-jacent. Le tégument interne se compose de cellules polygo¬ nales, formant un nombre variable d’assises. Plus épais au-dessous des crêtes, il devient assez mince en face des vallécules. Toutes les cellules de ce tissu ren¬ ferment un magma granuleux, dans le sein duquel on ne voit aucun cristal ; ce tégument se termine par quelques rangées de cellules très aplaties et à parois fort minces.

L’albumen est constitué par un nombre d’assises variant de deux à six. Il est formé de cellules polygo¬ nales, intimément unies entre elles. Leur paroi est épaisse, brillante et comme collenchymateuse. Elles renferment un contenu granuleux et rougeâtre, par¬ semé de quelques gouttelettes d’huile.

Dans l’embryon, nous étudierons d’abord l’axe b^^pocotylé, puis les cotylédons.

V Axe hypocotilé. Si l’on sectionne l’axe hypoco- tylé, on obtient une coupe circulaire. L’épiderme est formé de cellules rectangulaires, un peu plus larges que hautes et dont les parois externes et internes sont lécrèrement bombées.

840 LES APOCYNEES.

L’écorce est formée de deux couches fort nettes : une externe, à cellules polygonales, disposées en assises concentriques et alternantes ; l’autre interne, dont les éléments plus petits et déjà arrondis, sont rangés en files radiales. Des mâcles d’oxalate de chaux se montrent dans toute l’écorce. Des laticifères, déjà parfaitement formés, circulent dans cette couche, en s’insinuant entre les cellules. Toute l’écorce, sec¬ tionnée vers le milieu de l’axe hypocotylé, contient environ seize assises.

Au-dessous de l’écorce, vient une zone annulaire brillante. Examinée à un fort grossissement (pl. II, fig. 6), on voit que cette zone se subdivise en deux ; une portion externe, formée de cellules relativement grandes, à parois épaisses et brillantes et dérivant d'une seule assise : c’est le péricycle hypocotylaire. Cette couche comprend quatre ou cinq épaisseurs do cellules ; sur des graines non mûres on peut la trou¬ ver formée de trois assises ou même de deux.

C’est dans ce massif que semblent localisés le plus grand nombre de laticifères. Ils se présentent, après immersion de la coupe dans la potasse, avec un con¬ tenu gris-noirâtre. La zone interne a un faciès net¬ tement procambial ; elle est formée de cellules toutes petites, à parois minces et brillantes et à contenu gra¬ nuleux. Sur une coupe longitudinale, ses cellules se montrent allongées, mais la fuschine ne permet d’y déceler encore aucune trace de lignification. C’est dans son sein que s’organisera plus tard le système libéro-ligneux, qui reliera la gemmule à la radicule, ou plutôt le bourgeon terminal au pivot.

LES APOCYNÉES.

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Au-dessous de cette zone brillante, se trouve la moelle. Plus petits vers la périphérie, ses éléments vont en augmentant à mesure qu’ils se rapprochent du centre. Ce sont des cellules arrondies et à paroi mince; quelques-unes possèdent des cristaux d’oxa- late de chaux. Des laticifères circulent également dans ce tissu.

Ajoutons que, dans l’embryon entier, on ne trouve pas trace d’amidon.

2'’ Cotylédons. Une coupe pratiquée dans le pé¬ tiole, le montre arrondi à la face inférieure, aplati ou meme légèrement creusé en gouttière à sa face su¬ périeure. La zone fibro-vasculaire, formée d’éléments déjà fort nets, quoique non encore lignifiés, s’y dis¬ pose en un croissant à concavité interne (fig. 7, pl. II). Pour passer de l’axe hypocotylé dans les cotylédons, l’anneau brillant (futur système conducteur) se rétré¬ cit d’abort et prend la forme d’un rectangle, dont le grand axe est dirigé dans le plan de la symétrie des cotylédons. Ce rectangle s’étrangle bientôt en forme de biscuit et, avant la réunion des deux côtés, se brise en deux fers à cheval qui passent chacun dans un pétiole et y forment le croissant conducteur.

Examiné histologiquement, le pétiole montre : P un épiderme semblable à celui de l’axe hypocotylé ; un parenchyme fondamental, comprenant une dizaine d’assises, qui embrassent le croissant conducteur. Ce sont des cellules sphéroïdales, à parois minces et contenant un magma granuleux, parsemé de goutte¬ lettes d’huile; quelques-uns de ces éléments contien¬ nent de volumineux mristaux d’oxalate de chaux. 3‘’Le

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croissant conducteur est composé de deux portions superposées : une interne ou supérieure, formée de cellules petites, pleines d’un protoplasma dense et granuleux et qui doit donner naissance au sys¬ tème libéro-ligneux ; une externe ou supérieure, placée au dos de la précédente et formée de cellules plus grandes, entre lesquelles circulent de nombreux laticifères déjà bien développés : c’est le péricycle cotylédonaire.

Une coupe pratiquée dans le limbe montre que la nervure médiane est constituée à peu près comme l’arc pétiolaire ; le croissant est cependant beaucoup plus largement ouvert. Le limbe présente, en allant de l’extérieur vers l’intérieur (fig. 5, pl. II) : U un épiderme formé de cellules à section à peu près carrée ; vus de face, ces éléments sont polygonaux et à côtés non sinueux ; une rangée de cellules allongées perpendiculairement aux faces et très ser¬ rées les unes contre les autres; cette rangée est l’ébauche du parenchyme en palissade (1) ; un nombre variable de cellules de parenchyme corres¬ pondant au tissu lacuneux. Maximum au voisinage de la nervure médiane, l’épaisseur de cette couche va en diminuant, à mesure qu’on marche vers les bords. Ses cellules sont polyédriques et laissent entre elles de petits méats ; plusieurs contiennent des cristaux. C’est dans les assises supérieures de ce tissu, que circulent les faisceaux procambiaux. Quant aux laticifères, ils sont répandus partout, mais sur-

(1) Sur la figure, la partie supérieure se trouve en bas; c’est donc en remontant que l’on doit suivre la description.

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tout au voisinage des faisceaux. L’épiderme infé¬ rieur est semblable au supérieur, mais il possède des cellules plus petites.

De nombreuses gouttelettes huileuses sont répan¬ dues dans toutes les parties des cotylédons.

Semences de VHolarrhena. Cette graine est bien, ainsi que nous l’avons déjà constaté, la même que celle étudiée par M. Blondel. Cet auteur a donné {loc. cit.) d’excellentes figures de toutes les parties de cette semence ; nous ne reproduisons pas les figures et renvoyons au mémoires de M. Blondel le lecteur qui voudra suivre avec fruit la description suivante :

On rencontre, dans la semence de V HolarrJienaf une couche de cellules prolongées en papilles. Ces papilles sont de deux sortes : les unes incolores et à parois minces ; les autres groupés en petit nombre et offrant une paroi brune et épaisse, garnie de striations spiralées. Au-dessous, se trouve un parenchyme à cellules polyédriques, déformées par la dessication, comprenant environ trois ou quatre assises et dont la plupart renferment un cristal rhomboédrique d’oxa- late de chaux. Appliquées contre cette couche, on rencontre quatre ou cinq assises de cellules tellement aplaties, qu’on ne les distingue qu’à de forts grossis¬ sements et après les avoir fait étaler dans la potasse.

L’albumen a sensiblement le même faciès que dans le Wrightia, mais il est plus puissant et renferme jusqu’à huit épaisseurs de cellules.

Quant à l’embryon, sa structure histologique est sensiblement la même que dans le Wriglitia,

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LES APOCYNÉES.

Ecorces. Examen morphologique et organo¬ leptique.

Ecorce de Wrightm. L’écorce du Wrightia tinctoria se présente en fragments plats ou légè¬ rement cintrés au dehors, atteignant trois centi¬ mètres de longneur sur quatre à cinq millimètres d’épaisseur. La face externe est d’un brun terreux et marquée de petites saillies transversales ayant quatre à cinq millimètres de large. La face interne est con¬ vexe et d’un blond fauve; sa surface est squammeuse.

Ecorce d' Holarrhena, Cette écorce se pré¬ sente en fragments roulés, à face interne concave et non convexe, comme on le voit dans l’écorce précé¬ dente. La grosseur et la longueur des morceaux va¬ rient beaucoup. Leur face externe est d’un blond fauve ; la face interne est beaucoup plus claire ; tandis que les striations de la première sont fort diverses et variables avec le volume de l’échantillon, la seconde est toujours striée longitudinalement. L’épaisseur de ces écorces est fort variable ; les gros fragments sont souvent perforés par des insectes. Si l’on brise un morceau d’écorce, la cassure se montre composée de deux parties : l’une externe, blond rosé et uni¬ forme ; l’autre interne, présentant des striations bru¬ nâtres, radiales et ondulées. Sur les échantillons volumineux, la face externe offre des crevasses trans¬ verses assez profondes : ce sont les sillons de sépa¬ ration des écailles du rhytidome.

LES APOCYNÉES.

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Examen histologique. Ecorce de Wrightia, La figure donnée par M. Cauvet, ne donne qu’une idée assez incomplète de fanatomie de cette écorce, ainsi qu’il l’avoue lui-même. Nous en donnons ici une nouvelle, dessinée à la chambre claire (PL II, fig* 8).

A la partie externe, on trouve sept à huit assises de liège colorées en brun. Au-dessous, on aperçoit la zone génératrice de ce suber formée de cellules brillantes et à parois minces. Cette zone est bifaciale, ou pour employer le mot technique subérophellodermique. Sur sa face externe, elle donne les couches du liège que nous venons de décrire ; sur sa face interne, des files perpendiculaires de parenchyme. A mesure qu’on s’avance vers l’intérieur, ces derniers éléments, d’a¬ bord exactement placés en files, avec les cellules génératrices, s’arrondissent et semblent disposés sans régularité. Nous trouvons ainsi un nombre variable d’assises renfermant trois sortes d’éléments : (a) des cellules à parois minces, à sections sensiblement rec¬ tangulaires et dont quelques-unes possèdent des mâ- cles d’oxalatede chaux; (5) des cellules scléreuses à cavité relativement large et à section souvent rectan¬ gulaire, gardant aussi la forme des éléments paren¬ chymateux dont elles dérivent. Parfois, elles sont plus irrégulières, mais elles sont toujours rangées en séries radiales. Ces cellules scléreuses se disposent presque toujours en massifs tangentiels très-étalés, épais de trois ou quatre éléments et en possédant jusqu’à qua¬ rante de large ; quelques amas sont cependant assez étroits. Les cellules qui bordent ces îlots scléreux

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LES APOCYNÉES.

contiennent presque toutes un cristal rhomboédriquo d’oxalate de chaux. C’est que ce produit est à peu près exclusivement localisé ; (c) des laticifères à con¬ tenu grisâtre.

A une certaine profondeur, se trouve une nouvelle zone subérophellodermique, produisant, sur sa face externe, un liège destiné à déterminer l’exfoliation de la partie que nous venons de décrire, et, sur sa face interne, un nouveau parenchyme entremêlé de bandes scléreuses. Un peu plus profondément, se trouve une troisième zone génératrice, identique comme faciès et comme jeu aux deux précédentes ; sur quelques échan¬ tillons, nous avons vu une quatrième et même une cinquième zone. De nombreux grains d’amidon sont répandus dans tous les parenchymes.

A première vue, ce tissu paraît fort compliqué et cependant il dérive tout entier d’une seule et même assise : nous n’avons ici ni liber, ni bois, ni écorce pri¬ maire, mais bien une simple écaille rbytidomique.

Une assise subérophellodermique s’est d’abord orga¬ nisée, donnant du liège à l’extérieur et du parenchyme à l’intérieur. Au sein de ce parenchyme secondaire, une deuxième assise génératrice ne tarde pas à se former donnant du nouveau suber, sur sa face externe et un parenchyme tertiaire, sur sa face interne. Le jeu continu avec production d’une deuxième et d’une troisième zone de plus en plus profondément situées. Ainsi s’accroît un massif formé de liège et de paren¬ chyme, massif dérivé d’une seule assise initiale.

Sur une coupe longitudinale, on voit les massifs scléreux disposés de deux façons différentes, en îlots

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isolés et de petites dimensions ou en colonnes occu¬ pant une longueur considérable.

Fréquemment, on voit s’organiser, à l’intérieur du parenchyme, une zone subéreuse circulaire, qui forme de petits îlots de liège ; ce dernier ne tarde pas à se détruire en partant du centre et il se produit de petites cavités arrondies, entourées d’une auréole de suber.

Ecorce Holarrhena. Cette écorce présente (fîg. 9, pl. II) un faciès absolument différent de celui de l’é¬ corce de Wrightia, M. Cauvet en a donné une bonne figure et une description exacte. Ici encore, M. Blon¬ del et nous, n’avons pas eu entre les mains des échan¬ tillons de la même espèce ; il est facile de s’en con¬ vaincre, en comparant notre description à la sienne.

A la partie externe, on voit un suber généralement formé d’une dizaine d’assises de cellules aplaties, à parois minces et brunâtres. Au-dessous, vient un parenchyme épais, fortement amylacé et ren¬ fermant des laticifères inarticulés. Ces derniers sont excessivement flexueux, de sorte que la coupe n’en rencontre que de très courts fragments. Pour s’assurer que nous avons affaire à de véritables laticifères inarticulés, il faut pratiquer des sections épaisses et les immerger pendant plusieurs jours dans la potasse concentrée. La coupe est alors rendue transparente et l’on voit les laticifères brunâtres et sans cloisons serpenter à travers les cellules. On ren¬ contre de petits amas de cellules scléreuses épars au milieu de ce parenchyme. Jamais ces cellules ne for¬ ment des bandes tangentielles comme dans le Wrigh¬ tia; c’est un caractère distinctif des plus commodes

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pour la pratique. Ces sclérules offrent une section rec¬ tangulaire ou irrégulière; elles ne sont point accom¬ pagnées des cristaux rhomboédriques, qui se montrent si constamment dans l’écorce précédente. Le liber sous-jacent est fort épais; notre figure n’en repré¬ sente que la partie externe (1). Les tubes criblés, à paroi épaisse et brillante, y forment des files radiales, qui s’avancent en ondulant vers l’écorce. Le paren¬ chyme libérien est formé de cellules à parois minces, au milieu desquelles existent de petits amas scléreux. On y rencontre aussi des fibres.

Les rayons médulaires tranchent par la forme de leurs cellules sur les tissus voisins ; leurs éléments sont rectangulaires et radialement allongés; leur épaisseur est variable et leurs extrémités externes se recourbent généralement.

Etude chimique. Le Wrightia n’ayant pas de propriété thérapeutique, sa constitution chimique n’offre aucun intérêt au point de vue de la matière médicale. Quant à V Holarrhena, son étude chimique est loin d’être parfaite. Toutefois, Haines retira de l’écorce et des semences ^un alcaloïde qu’il nomma Conessine. Stenhouse, qui étudia plus tard ce végé¬ tal, donna à la Conessine le nom impropre de Wrigh- Une '; c’est ce dernier qui lui est resté.

La Wrightine a pour formule C’est

une poudre amorphe, soluble dans l’eau bouillante,

(1) Tout le liber ayant la même structure, nous avons cru inutile de le dessiner en entier.

LES APOCYNÉES. 349

dans l’alcool et surtout dans les acides étendus. Elle donne des selsincristallisables, amers et précipitables de leur dissolution par le tannin.

Qiiebracho.

Sous le nom commun de Quebracho, les habitants de la République Argentine confondent trois espèces d’arbres appartenant cependant à des espèces diffé¬ rentes : le Quehracho flojo à Quirilliriy au Jodina rhombifolia ; le Quebracho Colorado produit par le Loxopterygiuvi Lorentzii et le Quebracho blanco fourni par V Aspidosperma Quebracho. Le seul caractère commun de ces arbres est d’être très astringents et de posséder un bois dur et résistant à la hache. Appartenant seul à la famille des Apocynées, le Quebracho blanc rentre seul dans le cadre de notre étude; c’est donc le seul dont nous exposerons les caractères.

TA Aspidosperma Quebracho appartient à la tribu des Plumiérées. C’est un des arbres les plus répandus dans la République Argentine et en particulier dans les provinces de Salta, Tucuman, Santiago del Estero, Cordoba, Catamarca, San Juan, San Louis, Jujuy et el Chaco. C’est un arbre qui mesure de dix-' huit à trente pieds de haut et dont le port général ressemble à celui du Saule pleureur.

Son tronc peut acquérir jusqu’à un mètre de dia¬ mètre. Ses rameaux sont minces, déliés à leur extré¬ mité et retombent vers la terre. Les feuilles sont

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LES APOCYNÉES.

épaisses, peiininerviées et généralement terminées par une épine. Les fleurs, petites et jaunes, sont her¬ maphrodites et disposées en cymes terminales. Le calice gamosépale est à cinq parties et ne porte pas de glandes à sa partie interne. La corolle est gamo¬ pétale, hypogyne et infundibuliforme, avec un tube ventru à la base, une gorge nue et des lobes étalés en lanières obliques. Les étamines, au nombre de cinq, sont incluses dans le tube corollin ; leurs anthères sont aiguës et lancéolées. L’ovaire est dou¬ ble. Le style filiforme est terminé par un stigmate cia- viforme et umboné. Le fruit est un double follicule, à péricarpe ligneux. Ces fruits sont obovés, comprimés, semi-bivalves et polyspermes. Les graines sont suborbiculaires, imbriquées, comprimées, peltées et bordées d’une aile membraneuse striée. L’écorce de l’arbre, ordinairement d’un jaune blanchâtre, est lisse et continue sur les jeunes rameaux, rude et fissurée, sur les vieux arbres par suite de la formation d’un abondant rhytidome. Le bois est blanc jaunâtre et d’une dureté prodigieuse. Grâce à cette dureté, il reçoit de nombreuses applications industrielles.

La partie de la plante communément employée en médecine est l’écorce de la tige.

La connaissance des propriétés fébrifuges de cette écorce remonte aux premiers missionnaires Jésui¬ tes ; les excellents effets qu’on lui attribuait s’étant confirmés, elle est devenue fort usuelle. C’est un remède populaire contre les fièvres intermittentes, dans les provinces de Salta, Tucuman et Santiago del Esiero. Ses incontestables propriétés ont été re-

LES APOCYNÉES. 351

connues par de nombreux médecins européens et, en particulier, Penzoldt (1).

L’écorce de la tige, telle qu’elle nous arrive en Europe, est formée de fragments atteignant quinze centimètres de long, sept de large et quatre d’épais¬ seur. c( Son aspect général fait, dit le D’’ Burgos (2), penser- aux fragments de quina blanc dont parlent les auteurs de matière médicale. »

Elle se présente en morceaux à peine arqués ou presque plats. La face externe est jaune fauve, ru¬ gueuse et profondément crevassée par des sillons pouvant atteindre jusqu’à un centimètre de profon¬ deur. Ces sillons sont irréguliers ; ils se croisent dans tous les sens et divisent l’écorce en îlots sail¬ lants, à surface terreuse. La face interne présente une teinte chamois, plus claire que la face externe ; elle est striée longitudinalement par des fibres. Sur une cassure transversale, cette écorce se montre compo¬ sée de deux parties bien distinctes et souvent égales : l’une externe, rougeâtre ; l’autre interne, blond cha¬ mois; cette cassure est irrégulière et fibreuse. L’é¬ corce de Quebracho possède une saveur fort amère ; son odeur est caractéristique.

La structure histologique de cette écorce ’a été dé¬ crite et figurée par M. Cauvet {loc. cit., p. 617). Cer¬ tains détails de structure ayant été négligés par le dessinateur, M. Cauvet les a passés sous silence, pour laisser le texte en corrélation avec la figure, mais

(1) Die Wirliungen der Quebracho droguen, Erlangen, 1881.

(2) Estudio ^obre El Quebrancho blanco, Buenos- Ayres, 1879.

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cela à son grand regret et afin de ne pas multiplier les errata. Nous allons donc reprendre cette descrip¬ tion.

A première vue, une coupe transversale montre que l’écorce peut se diviser nettement en deux parties correspondant à la couche rouge et à la couche blonde décrites plus haut. Toute la portion externe est for¬ mée d’un parenchyme dans lequel sont répandus des amas scléreux et des fibres. Les cellules parenchy¬ mateuses sont minces, assez serrées, le plus souvent rectangulaires et relativement petites. Des laticifères sans cloisons s’insinuent parmi ces éléments. De dis¬ tance en distance, on rencontre de nombreux grou¬ pes de cellules scléreuses, de forme irrégulière, à paroi épaisse et canaliculée ; ces groupes sont de di¬ mensions variables; cependant, ils sont en général tellement volumineux, qu’on les distingue très bien à la loupe ou même à l’œil nu; par leur couleur jaune-gris, ils tranchent sur le parenchyme voisin, qui est d’un rouge-brique.

Quelques fibres isolées sont englobées dans ces amas scléreux (fig. 15, pl. II). D’autres fibres, éga¬ lement isolées ou réunies en faisceaux de deux ou trois éléments, sont éparses dans le parenchyme (fig. 16, pl. II). Ces fibres ont une longueur moyenne, possèdent une paroi épaisse, un lumen fort étroit et présentent, sur une coupe transversale, des stries concentriques. Leur particularité la plus remarqua¬ ble est d’être entourées d’une tunique de cellules parenchymateuses, plus petites que les éléments ambiants, et dont chacune possède un petit cristal

LES ArOCYKlŒS.

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rhomboédrique d’oxalate de chaux. On peut isoler ces fibres par macération ; la tunique cristallifère suit la fibre et on la voit, sous le microscope, avec le faciès présenté par la fig. 17 (1). Au milieu de ce paren¬ chyme qu elles ont formé, se montrent un certain nom¬ bre de zones génératrices bifaciales ; les zones occupent des directions irrégulières et se coupent le plus sou¬ vent. La genèse de cette écorce est identique à celle que nous avons signalée dans le Wrightia tinctoria.

La partie rougeâtre est donc constituée par un rhytidome.

Le liber possède, ainsi que dans les divers Aspidos- perma étudiés, de véritables fibres libériennes, analo¬ gues à celles trouvées plus haut. Ici, nous trouvons les mêmes amas scléreux et les mêmes fibres que dans l’écorce, mais le parenchyme est incolore et profondément divisé par des rayons médullaires on¬ dulés. Les cellules du parenchyme libérien sont le plus souvent arrondies, incolores et à parois minces. Les cellules des rayons médullaires sont groupées en lar¬ geur par deux ou par trois ; elles sont un peu allon¬ gées radialement. Les fibres, dans ce tissu, sont plus nombreuses que dans l’écorce; elles sont toujours accompagnées de leur gaine de cellules calcifères.

Freude a, le premier, retiré de l’écorce de Quehra- cho un alcaloïde, qu’il a nommé Aspidospermine ; cct auteur exprimait, en même temps, l’idée qu’il devait en exister d’autres : ces alcaloïdes seraient combinés avec des acides, principalement avec l’acide tannique.

(1) Quelques fibres se terminent non en pointe mais en T, La figure 18 montre une de ces terminaisons.

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Un QuebrachOf récolté par Schickendans près de Pilciao, fat, en effet, trouvé contenant six alcaloï¬ des ; dans d’autres, à la vérité, on ne put en décéler que trois. Ces alcaloïdes sont, d’après Hesse :

U V Aspidospermine (C-H^^N'O^), découverte par Fraude. Ce corps cristallise sous deux formes, en prismes incolores et en aiguilles délicates et fines. Il est lévogyre, soluble dans Talcool absolu, la benzine et le chloroforme ; il ne possède aucune action sur le perchlorure de fer. Le chlorure de platine, additionné d’acide chlorhydrique, produit un précipité bleu dans les solutions d’ Aspidospermine. L’acide chlorhydri¬ que, après addition d’ammoniaque, de soude ou de potasse, donne un précipité blanc, insoluble dans un excès de réactif. L’ Aspidospermine ne contient pas d’eau de cristallisation ;

V A spidosper mâtine (C^^H^^N‘^0' Hesse). Ce corps se présente en masses cristalines radiées, solubles dans l’alcool, l’éther et le chloroforme. Il est lévo¬ gyre et fusible à J 62®. V Aspidospermatine se dissout facilement dans les acides dilués, qu’elle neutralise et avec lesquels elle forme des sels amorphes ;

V Aspidosamine (C-H^^Az^O^ Hesse). Ce corps se présente en masses floconneuses, d’abord incolo¬ res, puis se colorant en jaune à la lumière, faiblement solubles dans l’eau, l’alcool, l’éther, le chloroforme et la benzine. Ses solutions sont colorées en brun rouge par le perchlorure de fer et en bleu par l’a¬ cide sulfurique; l’acide perchlorique bouillant colore la solution en rouge fuchsine. Avec l’acide chlorhy¬ drique, r Aspidosamine forme une solution jaune, .qui,

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par évaporation, laisse une masse brune, soluble dans l’eau froide.

Ilypoquébrachine Hesse). Ce corps se

présente sous forme d’une poudre amorphe jaune, très amère, soluble dans l’alcool, l’éther et le chloro¬ forme ; il forme, avec les acides, des sels jaunes, amorphes et solubles dans l’eau. L’Hypoquébrachine est la base la plus forte de' tous les alcaloïdes du Québracho. Elle neutralise complètement les acides. La solution aqueuse de ses sels donne : avec le per- cblorure de fer, une magnifique coloration rouge cerise ; avec le chlorure d’or, des flocons jaunes ti¬ rant au violet ; avec le chloroplatinate de potasse, un précipité jaune paille.

Québrachine Hesse). Cet alcaloïde

cristallise en aiguilles incolores, devenant d’un jaune clair, sous l’action de la lumière solaire ; il est insoluble dans l’alcool froid, très soluble, au contraire, dans l’alcool chaud et dans le chloroforme. Ses cris¬ taux sont dextrogyres et fusibles à 214*’, avec décom¬ position partielle ; ils sont très amers.

Québrachamine, Cette substance cristallise en écail¬ les allongées et à reflets satinés : elle est facilement soluble dans l’alcool, la benzine, le chloroforme et l’é¬ ther, très peu soluble, au contraire, dans l’eau. L’a¬ cide sulfurique la dissout avec une coloration bleue; l’a¬ cide perchlorique, agissant sur une solution bouillante, donne une coloration d’abord jaune, puis rougeâtre.

La Québrachamine n’existe pas dans toutes les écorces; elle n’a été rencontrée qu’une seule fois dans l’échantillon envoyé par Schickendanz et, vu la petite

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LES APOCYNÉES.

quantité de récliantillon, on n’a pu jusqu’à présent en déterminer la composition.

Québrachol Hesse). C’est un corps neu¬

tre, qui bout à 125®

Penzoldt {loc, cit.) a expérimenté ces divers alca¬ loïdes, sur les animaux à sang chaud et sur les ani¬ maux à sang froid. Sur les Grenouilles, les six alca¬ loïdes ont produit la paralysie des muscles respira¬ toires d’abord, puis des autres muscles, sans que l’appareil sensitif en soit affecté. Sur des Lapins, la Quéhrachine, à la dose de quatre centigrammes, a produit la paralysie de l’appareil moteur.

L Hypoquébrachine^ aux mêmes doses, a produit les mêmes effets, mais à un degré moindre : elle a en outre amené une grande difficulté dans l’acte de la mastication. V Aspidospermine , à la dose de un centi¬ gramme, a produit une forte dyspnée. A la dose de deux et de quatre centigrammes, V Aspidosamine n’a eu aucun effet apparent. Quant au Québrachol, son action n’a pas encore été étudiée.

ThCTctia neriifolia.

Cette plante a été décrite en détail dans notre pre¬ mière partie ; nous ne reviendrons pas sur les carac¬ tères botaniques de son appareil végétatif.

La racine etla semence sont très usitées aux Antilles, comme drastiques et émétiques. Amadeo [Pharmaceu- tical Journal) les signale comme tels, dans son travail sur la matière médicale des Antilles. Une dose un

LES APOCYNÉES.

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peu forte amène rapidement une issue fatale. L’écorcü est communément employée par les nègres pour le traitement de la lèpre.

Comme la graine est la partie de la plante la plus usitée, nous allons Tétudier en détail.

La portion du fruit, qui nous parvient en Europe, se compose de F endocarpe et de la semence. Vu de face, ce noyau affecte une forme de losange ; de profil, il est triangulaire (PI. II, fîg. 11). Il s’entr’ ouvre légèrement en deux valves par sa face supérieure et suivant sa plus grande longueur; il est jaune fauve, très dur et difficile à casser. Si l’on ouvre ce noyau, qui en réalité est double, on s’aperçoit que, normalement, chacune de ses deux parties possède deux graines ; très sou¬ vent, l’une d’elles avorte de chaque côté et le fruit ne contient plus que deux semences. Ces semences sont placées de part et d’autre d’une cloison médiane, per¬ pendiculaire à la face supérieure et divisant en deux chaque loge (PI. II, fig. 11); elles dirigent leur radi¬ cule en dehors.

Chaque graine est recouverte d’une enveloppe gris cendré qui, à l’état sec, est cassante et friable. L’em¬ bryon (fig. 12 et 13, pl. II), est blanc jaunâtre et possède deux cotylédons orbiculaires, longs d’environ un centimètre, d’une largeur presque égale, bombés sur la face externe et appliqués l’un contre l’autre par leur face interne qui est plate. Les deux cotylé¬ dons en place forment ainsi une lentille bi-convexe. Leur surface est finement chagrinée. La radicule mesure environ deux millimètres ; elle est courte et conique.

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358

LES APOCYNÉES.

La dissection de la semence montre que l’embryon est enveloppé par deux tuniques : L’une externe, qui, h l’état sec, n’est pas adhérente, elle est cassante et d’une teinte cacao à l’extérieur, blanchâtre â l’inté¬

rieur. L’examen de cette dernière surface v montre l’existence d’une multitude de petits filaments fort tenus qui y adhèrent. Si l’on détache ces filaments à l’aide d’une aiguille et qu’on les porte sous le micros¬ cope, on reconnaît que ce sont des trachées, restes d’un deuxième tégument, dont le parenchyme a été dissocié.

La deuxième tunique est constituée par un albumen, fort réduit.

Une coupe transversale de la semence, la montre constituée comme suit : (fig. 14, pl, II).

Le premier tégument est formé de cellules â paroi externe légèrement bombée et souvent relevée en pa¬ pilles ; sur la pointe qui contient la radicule, se trou¬ vent de véritables poils unicellulaires, assez longs. Ces cellules, minces sur la face externe, ont toutes leurs autres parois épaissies et canaliculées. Une matière granuleuse d’un rouge brun, les emplit com¬ plètement.

Au-dessous se voit une deuxieme rangée de cellules complètement sclérifîées et alternant assez régulière¬ ment avec celles du rang externe. Simple dans sa plus grande étendue, cette assise se multiplie au-dessous des crêtes et peut se composer de cinq ou six rangées de cellules.

Sous cette deuxième couche, se montrent d’ordi¬ naire deux assises de cellules â paroi mince et à con-

LES APOCYNÉES.

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tour arrondi ; puis, appliqué contre elles, un amas considérable de trachées de diverses grosseurs. C’est tout ce qui reste, sur la graine sèche, du second tégument.

L’albumen forme à l’embryon sa deuxième tunique ; il est fort mince et composé presque partout de deux assises de cellules seulement. Ces éléments offrent une section rectangulaire ; leur paroi est épaisse et bril¬ lante ; ceux de la deuxième rangée sont plus volumi¬ neux que ceux de la première. Cet albumen est rempli de gouttelettes huileuses.

L’axe hypocohjlé se présente avec une section ovoïde, dont le grand axe est perpendiculaire au phxn de symétrie des cotylédons. La zone conductrice y est également ovoïde. Cet axe est composé de :

L Un épiderme à parois externe et interne bom¬ bées ; ces éléments présentent une section sensible¬ ment carrée, mais souvent plus allongée dans le sens radial ;

2“ Huit h neuf rangées de cellules hexagonales, à parois fort minces, intimément unies entre elles et disposées en assises concentriques et alter¬ nantes ;

3" Quinze à seize rangées de cellules un peu arron¬ dies, laissant entre elles de petits méats ; ces cellules sont disposées en files radiales;

4*’ La zone brillante comprend deux parties: la partie pér/cT/ch'que et la partie conductrice.

La portion péricy clique est formée de trois ou qua¬ tre assises cellulaires, disposées en séries radiales, à la manière d’un suber. La première de ces assises alterne

360 LES APOCYNÉES.

très distinctement avec les séries radiales de l’écorce interne.

La partie conductrice ou anneau procambial est formée de petites cellules gorgées de protoplasma et en voie de division très active ;

La moelle, examinée au milieu de l’axe liypoco- tylé, se compose d’une vingtaine de cellules polyé¬ driques, mais qui commencent déjà à s’arrondir. Ces cellules renferment de nombreuses gouttelettes d’huile. Les vaisseaux laticifères, relativement assez rares, sont surtout répandus dans la zone péricyclique.

Une coupe dans les cotylédons y montre les tissus suivants :

U Un épiderme, formé de cellules rectangulaires, petites, un peu plus allongées dans le sens tangen- tiel que dans le sens radial ;

Un mésophylle formé dans sa plus grande épais¬ seur d’environ soixante-dix assises de cellules ; ce nombre va en diminuant à mesure qu’on se rappro¬ che des bords. D’abord petits et serrés vers l’exté¬ rieur, ces éléments vont en grandissant à mesure qu’on s’avance vers l’intérieur. En se rapprochant de l’épiderme interne, elles s’allongent perpendicu¬ lairement à cet épiderme et forment ainsi l’ébauche d’un parenchyme en palissade (fig. 14, pl. II).

Toutes les parties du ThevetianeriifoliciîouTïiissent une magnifique coloration bleue, connue sous le nom de Thevetin blue. Cette matière ne préexiste pas dans la plante ; elle est produite par l’action d’un acide sur un principe particulier, nommé Pseuden- dican.

LES AP0CYNÉE3.

361

Le Pseudendican est probablement un glucoside. L’acide chlorhydrique appliqué sur l’écorce y produit immédiatement une belle coloration bleue. Il arrive parfois, qu’aux Antilles, des enfants avalent, en guise de noix, les graines du Thevetia. Pour s’en assurer, on fait vomir le malade, on reprend les déjections par l’alcool et l’on ajoute à la solution soit un peu d’ab cool amylique, soit un peu d’acide chlorhydrique et immédiatement la coloration bleue aparaît.

De Wrij est le premier qui se soit livré à l’étude chimique du Thevetia. En opérant sur les semences, il en a retiré, par expression, une huile parfaitement limpide et d’une odeur se rapprochant de celle de l’huile d’amandes douces. La densité de cette huile, à 25% est de 0,914. A cette température, elle est parfaitement limpide et transparente ; elle se soli¬ difie à 13h M. Oudemans a trouvé qu’elle était com¬ posée de 63 °/o de trioléine et de 37 7o de tripalmi- tirie.

De Wrij a retiré du résidu de l’extraction de l’huile un beau glucoside cristallisé, qu’il a nommé la Thévé- Une.

De même que la graine, l’écorce contient aussi de la Thévétine, mais il est extrêmement difficile de l’en extraire dans un état de pureté suffisante.

Le D^ Dumoutier, qui a expérimenté la Thévétine, conclut de ses observations qu’elle occasionne des accès tétaniques. Une seule graine a suffit pour tuer un enfant de trois ans.

Warden, a repris plus récemment l’étude du Tlie- vetia; il y a découvert un second principe toxique,

362 LES APOCYNÉES.

d’une activité plus grande encore que la Thévétine de de Wrij.

Ce nouveau principe a été extrait de la liqueur- mère, restant après l’extraction de la Thévétine. On le précipite par l’acide tannique et on décompose ensuite le précipité par la chaux. On obtient ainsi une poudre jaune, amère, amorphe et facilement so¬ luble dans l’eau.

Dix-sept milligr. de ce principe, injectés dans l’es¬ tomac d’un Chat ont produit, en cinq minutes, des mouvements convulsifs et des vomissements vio¬ lents. Ce principe, qui n’a encore été que très im¬ parfaitement étudié, est, on le voit, bien plus actif que la Thévétine. Son existence dans les graines du T. neriifolm, explique pourquoi une seule de ces se¬ mences a siifh pour empoisonner un enfant de dix ans, tandis que dix centigrammes de Thévétine n’a¬ vait produit sur un Chat aucun effet toxique. C’est que, dans le premier cas, la mort était surtout duc au poison de M. Warden.

XhcTctia Tccali ou Iccotli D. C.

Ce ThevQtia a été nommé par Bâillon Cerbera thevetioïdes ; son nom vulgaire est Yoyotte ou Joyotte. Ce végétal est très abondant dans la partie ouest de la grande Cordillère du Mexique; il est remarquable par l’élégance et la beauté de ses Heurs dorées, par son épais feuillage et par la forme peu commune de son fruit. Les Aztèques le nomment Joyottli et l’entourent

LES APOCYNÉES.

863

crime vénération superstitieuse ; ils lui attribuent la propriété de guérir les morsures du Serpent à son¬ nette. Les anciens Mexicains employaient beaucoup la Yoyotte contre les maladies de la peau. Les feuilles, applic]uées en cataplasmes, sont émollientes et réso¬ lutives ; les semences, triturées avec de la graisse, sont appliquées contre les hémorroïdes.

Le TJi. Yccali appartient à la tribu des Carissées. C’est un arbre au port élégant, couvert d’un épais branchage, ayant une écorce gris argenté, tachée par des protuhérences brunâtres disposées en ordre spi¬ ral. Les feuilles sont sessiles, linéaires, acuminées, d’un gris foncé, pubescentes et pourvues de nervures secondaires saillantes. Elles mesurent 14 centimètres de long et 7 millimètres de large. L’inflorescence est une cyme. Le calice est à cinq parties, à lobes lan¬ céolés, acuminés et glabres. La corolle est gamopé¬ tale, hypocratérimorphe, pubescente dans la gorge et dans toute la partie inférieure du tube ; de la gorge partent cinq appendices ligulaires couverts de poils blancs. Les étamines, au nombre de cinq, alternent avec les lobes de la corolle; les anthères sont sessiles, lancéolées et s’ouvrent par deux fentes latérales. Les ovaires sont au nombre de deux, unis à leur base et libres dans le reste de leur étendue. Ils affectent une forme plane sur leur face interne, convexe sur leur face externe ; ils sont uniloculaires etbiovulés. A leur base, se trouve un disque charnu, à cinq divisions alternant avec les lobes du calice. Le stigmate est noir, porte dix côtes basilaires et se ter¬ mine en cône tronqué. Les ovules sont suborbiculai-

364

LES APOCYNÉES.

res. Le fruit est une drupe ovoïde, munie d’une large crête qui s’étend du milieu à la base du fruit et se termine par deux mamelons de chaque côté. L’épi- carpe est lisse et vert ; le mésocarpe est vert blan¬ châtre et parcouru par de nombreux laticifères ; l’en¬ docarpe est ligneux et de couleur jaunâtre. Les grai¬ nes sont au nombre de quatre ; mais, comme dans le fruit précédent, deux d’entre elles avortent fréquem¬ ment. L’embryon possède exactement la même dispo¬ sition que dans la plante précédente. Les fleurs se montrent au mois de juillet.

Les semences de ce Thevetia sont fort amères; elles ont été l’objet d’une étude particulière de M. Alfonso Herrera (1).

Ce savant ayant exprimé les semences, en a retiré 40 7o d’une huile ressemblant à l’huile d’ Amandes. Traitée par l’acide sulfurique concentré, cette huile prend une couleur jaune, qui vire au rose, puis au rouge orangé. Elle paraît être composée d’oléine et de palmitine. En traitant par l’alcool les semences privées d’huile et en laissant évaporer l’alcoolé, Herrera obtint une matière blanche et cristalline, à laquelle il donna le nom de Thévétosine. Ce principe se présente en cristaux incolores, excessivement âcres, insolubles dans l’eau, un peu solubles dans l’éther, très solubles dans l’alcool et non volatils ; c’est un glucoside. Ses solutions ne précipitent point par le nitrate d’argent, ni par le chlorure de platine, d’or ou de fer.

(1) American Journal of Pharmacy , april 1877.

LES APOCYNÉES. 385

La Thévétosine est très vénéneuse : c’est un violent émétique, qui agit fortement sur le système nerveux. A une certaine dose, elle produit la paralysie des muscles de la respiration. A dose plus forte, la para¬ lysie s’étend à tous les autres muscles. Carpio pense que, étant donné ses propriétés et sa nature bien définie, on pourrait employer avantageusement la Thévétosine pour remplacer le curare.

Les Slti*ophaiithiis.

En abordant l’étude des Strophanthus , nous tou¬ chons à une des questions les plus obscures de la matière médicale. Quoique leur introduction dans la thérapeutique soit de date assez récente, peu de dro¬ gues ont été l’objet de recherches plus nombreuses et, il faut l’avouer, moins concluantes. Entre les mains des chimistes, les semences, seules employées jusqu’à ce jour, ont montré des principes différents; entre celles des physiologistes, les actions observées ont été variables. Cela tient à des causes multiples, dont la première est l’ignorance absolue de la véritable origine des semences employées et, par suite, la diversité de ces semences.

C’est d’une espèce, ou plutôt de plusieurs espèces du genre Strophanthus ^ que les nègres africains ex¬ traient l’un de leurs poisons de flèche les plus redou¬ tables. Ils donnent indifféremment le nom d’/née ou éiOnaye à la substance toxique elle-même et à la plante qui la fournit. La graine, est la seule partie du vé-

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LES Al’OGYNÉES.

gétal employée à cet effet. Voici comment les indi¬ gènes préparent le poison :

Ils commencent par enlever soigneusement les aigrettes ; dans cette opération, ils tournent le dos au vent, afin qu elles ne leur entrent pas sous les pau¬ pières et dans les narines. Après quoi, ils placent les semences sur une pierre dure et polie, puis ils les broient avec une autre pierre, jusqu’à ce qu’ils les aient réduites en une masse homogène et pâteuse ; Is humectent alors cette pâte, d’abord avec le suc qu’ils obtiennent par l’expression du pétiole du Taro, ensuite avec celui qu’ils font écouler de la meme façon des feuilles d'Ézogonio,

Enfin, avec une lame de couteau enduite d’huile de palme, ils triturent la masse jusqu’à ce quelle ait acquis une consistance molle. Quelques peuplades, dit M. Fontaine (Thèse de Pharmacie, Montpellier 1887), ajoutent à la pulpe ainsi obtenue, un peu d’eau et l’écorce d’une Tiliacée qui rend le poison plus adhésif. Les peuplades guerrières du Gabon, nommées Pahouins, se servent de cette pâte pour empoisonner leurs flèches de chasse et de guerre.

(( Pour procéder à cette opération, ils placent sur (( leur genou un morceau de feuille de Bananier, (( qu’ils recouvrent d’une légère couche d’huile de (( palme, et sur lequel ils posent un peu de poison. (( Puis plongeant la pointe de la flèche dans le poi- (( son, ils la font tourner rapidement entre leurs (( mains, de façon à l’en imprégner bien uniformé- c( ment. Enfin, quand elle eh est bien enduite, ils lui « font une entaille à deux centiiuètres au-dessus de

LliS APOCYNÉES.

367

c( la pointe, afin que celle-ci, se brisant facilement, (( reste dans la blessure, si on tentait d’en arracher (( la flèche ».

Le gibier, atteint par cette arme empoisonnée, tombe rapidement. Sa chair peut être mangée im¬ punément ; mais il faut auparavant, soit enlever la partie atteinte, soit faire couler dans la blessure de la sève de Baobab.

Outre leurs flèches, les Pabouins empoisonnaient encore les fragments de marmite, dont ils chargeaient leurs carabines en guise de balles. Ils enduisaient ces morceaux avec du poison, et se contentaient de les faire sécher au soleil.

Aujourd’hui que l’usage des fusils a rapidement pénétré dans les peuplades africaines, l’emploi des flèches empoisonnées est presque complètement délaissé.

Les semences de Strophanthus servent en outre, au dire de certains voyageurs, à préparer un breu¬ vage destiné à servir d’épreuve judiciaire. Ce poison, qui porte chez les Pahouins, le nom d’Inée, ainsi que nous l’avons dit, est appelé Komhé dans les au¬ tres parties de l’Afrique.

Ici, une question se pose immédiatement : quelle est l’espèce de Strophanthus, qui sert à la préparation de ce poison?

On avait d’abord pensé, qu’on se servait à cet usage, uniquement du Strophanthus hispidus DC. Cette plante fut signalée pour la première fois aux environs de Sierra-Leone, par Smeathmann. Un peu plus tard, le naturaliste français Heudelot l’ob-

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LES APOCYNÉES.

serva d’abord en Sénégambie, puis sur les bords du Rio-Nunez. Il le décrivit comme un arbuste sarmen- teux et dont les fleurs, blanches à l’extérieur, jaunes à la base interne de la corolle, sont parsemées à ce niveau de points pourpres. Plus tard, il fut retrouvé par Baïkié à Nupe, et par Mann, sur les bords du Nune-River et du Sherlow-River ; enfin, Griffon du Bellay le récolta au Gabon.

De Candolle décrivit, dans son Prodrome^ le Stro- phanthus hispidus sans en voir les semences. Plus tard, Oliver le décrivit de nouveau et le figura dans son Icônes Plantarum. A ce moment, une certaine quantité de Strophanthus était déjà arrivée en Eu¬ rope et, dès 1865, Pélikan et Vulpian étudiaient ses propriétés physiologiques. Quelques années plus tard, M. Buchanan, deZamèa, en introduisit d’assez grandes quantités en Angleterre. Ces Strophanthus avaient été récoltés dans la vallée du Schiri, près du lac Nyassa. Le professeur Fraser, auquel des échan¬ tillons de fruits furent remis, se basant sur la prodigieuse activité de l’Inée, pensa qu’introduites dans la thérapeutique, les semences de Strophanthus pourraient rendre de grands services. Ses recher¬ ches furent couronnées de succès et, dès 1869, il présentait à la Société royale d’Edimbourg le Strophanthus comme un des plus puissants médi¬ caments cardiaques. Sur ces entrefaites, Oliver ayant eu l’occasion d’examiner les St7’op/ian^/ms de Fraser, trouva qu’ils différaient sensiblement du véritable S. hispidus et en fit une espèce nouvelle, qu’il nomma S. Kombé. Voici la description qu’il en donne ;

LES APOCYNÉES.

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c( Arbustes grimpants, avec des branches fortes et « rudes (velues dans leur état jeune) ; feuilles courte- (( ment pétiolées, elliptiques, rudes et poilues sur (( leur face supérieure. Inflorescences en cymes pau- cc ciflores, avec des bractées linéaires, lancéolées et (( caduques. Les lobes du calice, linéaires et acuminés, (( sont plus courts que le tube de la corolle.

(( Habitat : Afrique tropicale du sud, terre du (( Zambèze.

(( Nos spécimens fleuris justifient la séparation c( de cette plante de l’espèce S. hispidus de De Can- (( dolle. Ses lobes calcinaux sont plus étroits et c( plus courts ; ils n’atteignent pas la gorge de la (( corolle ; ils sont plus fermes ; leur chûte est plus « facile. Les follicules sont identiques dans les deux « espèces ; ils ont de neuf à douze pouces de long, (( présentent une couleur brun foncé, des stries lon- (( gitudinales et se terminent par un court appendice portant un « disque subpelté de un tiers de pouce c( de diamètre.

c( Le Strophanthus Kombé, dit M. Buchanam (de (( Zamba) est une plante grimpante, qui se trouve à « une faible altitude. Elle n’existe pas sur les hau- (( teurs. On la trouve toujours dans le voisinage « d’arbres élevés, qui lui servent de points d’appui. c( Elle est repliée sur le sol et ses branches s’appuient « sur les arbres les plus voisins. »

Les jeunes branches ont un peu l’aspect de celles du Lierre. Le fruit se présente par paires et a l’aspect d’immenses cornes suspendues à de faibles rameaux ; il commence à mûrir en juillet et dure jusqu’à la fin

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LES APOCYNÉES.

de septembre. Les indigènes ignorent absolument râge de ces arbustes et le nombre d’années néces¬ saire pour qu’ils portent des fruits.

Ainsi donc, d’après Oliver, dont la compétence dans la flore africaine ne saurait être mise en doute, deux espèces bien distinctes de Strophanthus seraient connues en Europe, comme donnant le poison de flè¬ che appelé Inée ou Kombé : le S. Kombé^ originaire du sud-est et le S. hispidus, originaire de l’est.

En 1872, M. Bâillon donna la description sui¬ vante du /S. hispidus :

(t Les branches que nous en connaissons sont de (( la grosseur du petit doigt, creuses, cylindriques, (( noirâtres. Jeunes, elles sont flexibles et hérissées (( de poils assez longs, d’un jaune pâle ou blanchâtre, (( abondants aussi sur les jeunes feuilles, les axes de « l’inflorescence, les calices, etc. Elles portent des (( feuilles opposées, ou plus rarement verticillées par (( trois, elliptiques, oblongues, presque sessiles, arron- (( dies, obtuses à la base, courtement acuminées au « sommet, entières, penninerves. Le limbe a presque (( 10 ou 12 centimètres de longueur et 5 centimètres (( de largeur; les poils qu’il porte sont surtout abon- (( dants sur les nervures et principalement à la face <( inférieure.

« Les fleurs sont réunies en cymes terminales, (( pauciflores, accompagnées de bractées. Leur calice (( est à cinq lobes aigus, lancéolés, hérissés de poils en (( dehors. Leur corolle est de forme singulière, gamo- (( pétale, avec un tube court, bientôt dilaté en un limbe (( en cloche, dont les lobes sont tordus, après quoi le

LES APOCYNÉES.

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t( sommet de chaque lobe se prolonge en une longue « languette étroite, tubulée, également tordue dans le x bouton, qui atteint jusqu’à 1 décimètre et plus de (( longueur, sa largeur n’étant que de 1 millimètre en- « viron. Toute sa surface est couverte de duvet et sa

I

(( base porte en dedans plusieurs petites languettes (( très courtes, simulant des stipules très petites des c( sépales. La gorge de la corolle est pourvue de cinq te appendices courts, obtus, légèrement charnus, en (( dedans desquels sont les cinq étamines, formées (( chacune d’un filet court et d’une anthère dressée, (( allongée, acuminée, à deux loges déhiscentes par (c une fente intérieure. Ces anthères sont plus ou « moins collées avec le sommet du style. Le gynécée (( comporte deux petits ovaires multiovulés, coniques, c( surbaissés, libres, surmontés chacun d’un style (( grêle, libre. Supérieurement, au-dessous de ces « deux petits lobes stigmatifères, la double colonne (( que forment ces styles se dilate en une saillie cylin- « drique, turbinée, à surface visqueuse, collante. »

En 1887, Elborne publia, dans le Pharmaceutical Journal un travail sur le Strophanthus, en se servant pour cela d’échantillons fournis par la maison Christy de Londres ; Holmes ayant examiné ces échantillons, reconnut qu’ils étaient identiques aux échantillons provenant du lac Nyassa et nommés, par Oliver, S. Kombé.

A la même époque, le professeur Meicbe fit con¬ naître un nouveau StrophantJius africain, qu’il était parvenu à cultiver au jardin botanique de Breslau. Découvert sur les bords du Congo, ce végétal possé-

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LES APOCYNÉES.

dait des fleurs plus larges que ceux du S. hispidus et des lobes corollins plus longs. Ses semences étaient toxiques, mais n’agissaient point exactement de la meme manière que celles du S. hispidus et du S. Koinbé.

Déjà, à cette époque, la fraude était pratiquée sur cette drogue et Holmes signale une semence étran¬ gère, mélangée aux véritables graines ; cette semence appartenait au Kickxia africana.

Depuis, M. Blondel, par des recherches minutieu¬ ses et répétées, a montré que la question était plus complexe encore. Dans un travail étendu, avec plan¬ ches à l’appui, il reconnaît six sortes spéciales de Strophunthus, Ce sont les suivantes (1) :

V Strophanticus hispidus. Les deux carpelles de l’ovaire fournissent chacun un long follicule cylindrique, atténué vers l’extrémité libre, qui pré¬ sente une sorte de demi-cupule frangée, due aux débris du style. La grosseur du follicule est celle du pouce en moyenne ; quant à sa longueur, elle peut varier entre 30 et 50 centimètres et même plus. La couleur en est d’un brun rougeâtre très foncé ; de petites saillies blanches et rugueuses par¬ sèment sa surface, qui est couverte de plis longi¬ tudinaux. La coque de ce follicule est coriace, très résistante et mesure deux millimètres d’épaisseur environ. Elle est constituée par deux couches de coloration différente : l’externe, épaisse, parenchy¬ mateuse, avec laticifères nombreux : l’interne, mince,

(1) R. Blondel. Les Strophantus du commerce. Bulletin de Thérapeutique y 1888.

LES APOCYNÉES.

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scléreuse et élastique. La déhiscence se fait par une fente longitudinale, au niveau de l’accolement des deux faces de la feuille carpellaire. Ces deux faces repliées s’accolent en pénétrant dans l’intérieur du follicule, qu’elles séparent presque en deux moitiés ; mais, arrivées à une petite distance de la paroi pos¬ térieure, elles divergent et s’enroulent en sens in¬ verse l’une de l’autre, en décrivant à peu près un tour de spire. Cette double lame placentaire, dou¬ blée d’une membrane jaune très mince, sert de sup¬ port aux graines, qui y sont fixées par un funicule grêle, dont on peut suivre la trace à la surface des lames, sur une longueur de plusieurs centimètres.

Les graines sont au nombre de plus de deux cents. Leur aspect est des plus remarquables, grâce à l’élé¬ gante aigrette formée de longs poils blancs et soyeux, qui les surmonte. La longueur de cette aigrette est variable d’une graine à l’autre, mais il existe un rap¬ port à peu près constant, entre les portions nues et les portions poilues. Les poils sont disposés, sur le pédicelle qui les porte, en une spirale à tours très rapprochés.

Dans le Strophanthus hispidus, le segment nu est à peu près égal à la partie poilue.

La forme des graines rappelle assez celle d’un fer de lance, dont l’extrémité inférieure est atténuée en pointe mousse et dont l’extrémité supérieure, plus amincie, se prolonge en un acumen qui porte l’ai¬ grette. Leur longueur totale, acumen compris, est de 8 à 10 centimètres, la graine elle-même n’ayant guère plus de l centimètre à 1 centimètre et demi

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LES APOCYNÉES.

de long. Ces graines sont amincies sur les bords, aplaties sur l’un des côtés et présentent sur l’autre, qui est convexe, une creie médiane qui va se perdre sur racumen. Elles ont 3 à 4 millimètres, dans leur plus grande largeur efc environ 2 millimètres d’épais¬ seur.

Leur couleur est brune, avec une légère teinte verdâtre, un peu chatoyante, ce qui tient aux poils très courts et très fins, dont elles sont recouvertes.

La graine est composée de deux téguments sémi¬ naux, d’une enveloppe d’albumen et d’un embryon dicotylédoné.

aj Le 'premier tégument séminal est constitué par une rangée unique de cellules, à parois latérales très épaisses; il donne naissance à des poils légère¬ ment renflés à leur base et constitués, comme ceux de l’aigrette, par une cellule unique, extrêmement allongée.

b J Le second tégument séminal, formé de plu¬ sieurs couches, est très mince et contient des latici- fères.

cj Valhumen forme une sorte de sac autour de l’embryon; sa couleur est blanche, sa consistance un peu coriace et parcheminée et il renferme de grosses gouttes huileuses.

d) Une zone étroite de tissu lâche existe entre l’albumen et l’embryon.

e) Vemhryon se compose de deux cotylédons plans convexes, unis par une radicule conique. Ces cotylé¬ dons renferment des gouttelettes d’huile.

Tels sont, d’après Blondel, les caractères de la

LES APOCYNÉES.

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graine du véritable StropJianthus hispldus. Parmi ceux-ci, on attachera, dit-il, une importance particu¬ lière, pour la diagnose, à la couleur brune, au duvet court et fin, à V exti'émité inférieure pointue, à l’e.v- trémité supérieure longuement atténuée, enfin à la disposition des téguments séminaux et de Yalbumen.

2" Le Strophanthus Kombé, que l’on trouve non seule¬ ment sur la côte orientale et dans le centre de l’Afri¬ que, mais encore à Java, à Ceylan et dans les Indes anglaises, est l’espèce de beaucoup la plus répandue actuellement dans le commerce. Il en est fait un usage presque exclusif en Angleterre. C’est, du reste, avec le Kombé, qu’ont été entreprises les premières recherches de Fraser, en 1869.

Blondel croit toutefois que le nom de Strophanthus Kombé a été donné indistinctement h toutes les graines vertes et velues, comme le sont, en effet, celles du Strophanthus Kombé véritable. De sorte que la question ne serait pas aussi simple quelle le paraît tout d’abord.

D’après le professeur D. Olivier, de Kew, qui le premier établit une distinction entre le Strophanthus hispidus et le Strophanthus Kombé, ce dernier serait caractérisé par la pauvreté de son inflorescence et la disposition des lobes du calice, qui sont linéaires, plus courts, plus étroits que chez Yhispidus et n’at¬ teignent pas, comme chez lui, le fond des échancru¬ res du tube de la corolle.

Les follicules sont glabres, brun foncé et striés longitudinalement. Ils sont très atténués vers l’extré¬ mité libre, qui se termine par un fort appendice dis-

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LES APOCYNÉES.

coïde. La longueur totale de la graine varie entre 8 et 14 centimètres, la graine seule ayant de 12 à 18 millimètres. La hampe est grêle, la portion nue toujours plus longue que la portion poilue. L’extré¬ mité inférieure est arrondie ou même tronquée. La couleur varie du vert pâle au brun verdâtre. L’aspect est plus ou moins chatoyant et les poils, qui recou- crentla graine, sont très courts et très serrés.

Dans une récente communication, Blondel conclut de ses recherches, que les Strophanthus hispidus et Kombé ne sont que des variétés d’une même espèce, reliées entre elles par de nombreux intermédiaires.

3^ Strophanthus du Niger (Strophanthus sarmento- sus ?) Espèce très voisine du Strophanthus hispidus, dont elle reproduit les principaux caractères. Fruits grêles arqués et très longs. Couleur d’un gris sale ou rougeâtre. Les graines ressemblent beaucoup à celles deV hispidus; mais elles sont, en général, plus larges, plus volumineuses et à duvet plus épais : la pointe qui termine l’extrémité inférieure est plus arrondie, et peut même être tronquée ; l’aigrette est moins déve¬ loppée que celle du Strophanthus hispidus.

4” Strophanthus glabre du Gabon. C’est à cette sorte qu’appartenaient les graines dont se sont servis, en 1871, MM. Polaillon et Carville, et, en 1877, MM. Hardy et Gallois.

L’analyse chimique a démontré que cette variété est de beaucoup la plus riche en principes actifs. La graine entière ne dépasse guère 8 â 10 centimètres. La partie nue de la hampe est très courte, relative¬ ment â la partie garnie de poils. Ceux-ci sont longs,

LES APOCYNÉES.

377

fins, et l’aigrette qu’ils forment est largement étalée. La graine seule mesure de 10 à 16 millimètres. Elle est très mince, de couleur jaune ou havane et aèso- lument glabre,

La structure anatomique de cette graine présente des caractères tranchés. Le premier tégument sémi¬ nal se compose de cellules assez volumineuses, mais étroites. Le second tégument est relativement épais. L’albumen est épais, à éléments arrondis. L’embryon est peu volumineux ; ses cellules sont polyédriques, à parois minces ; les laticifères y sont nombreux.

h"* Strophanthus de Sourahaya (Strophanthiis dicho- tomusTJ. Aspect particulier : graine volumineuse, à aigrette courte et touffue. La graine entière ne dépasse pas 6 centimètres. La hampe est foncée et épaisse ; sa portion nue, très réduite, mesure environ 1 centimètre. La graine est noire et absolument glabre; son extrémité inférieure est arrondie ou tronquée; son extrémité supérieure longuement atténuée et se confond avec la hampe.

La structure microscopique de cette graine se rapproche de celle du Strophanthiis glabre du Gabon.

Strophanthus laineux du Zambèze. Cette sorte est ainsi dénommée par Blondel, à cause de sa provenance et de son aspect. La graine, avec l’ai¬ grette, a 12 centimètres, dont 16 millimètres pour la graine seule. L’aigrette est très longue et co¬ nique ; la partie de la hampe dépourvue de poils est extrêmement courte. Une épaisse couche de poils blancs, de plusieurs millimètres de longueur, recouvre la graine et en marque les contours ; privée

378

LES APOCYNÉES.

de ses poils, la graine est brune, fusiforme et striée longitudinalement. Sa saveur est très nauséeuse. Elle contient une stroplianthine identique à celle du Kombéy d’après Catillon, mais bien moins abondante.

7'’Une dernière sorte, qui se trouve depuis peu dans le commerce et qui proviendrait de Madagascar, a été déterminée par Olivier, de Kew : c’est le Stro- phanthus aurantiacus. Les graines ressemblent à celles du Strophanthus hispidus, mais elles sont beaucoup plus grandes.

Ces diverses sortes étant connues, nous devons examiner les échantillons que possède le droguier de la Faculté de médecine de Lyon et tâcher de les rapporter aux six espèces décrites :

1. Un Strophanthus d’origine botanique inconnue et portant ce titre : Beau fruit de Strophanthus^ es¬ pèce a graines soyeuses (Hong-Kong). Examiné en détail, cet échantillon me semble être une forme nou¬ velle et ne se rapporter à aucun des types décrits par Blondel (fig. 19, pl. II).

Le fruit est très court, ramassé sur lui-même et ne possède pas plus de 13 centimètres de longueur. Cette taille le différencie immédiatement des S. Kombéy hispidus et du Niger. Il est constitué par deux car¬ pelles complètement ouverts (1), concaves en dedans, en forme de cœur allongé ou plutôt pyriformes, échancrés-auriculés à la base et terminés au sommet par une pointe obtuse. Sa plus grande largeur, située au tiers de sa hauteur à partir de la base, est de 4 cen-

(\) Nous décrivons l’échantillon tel que nous le possédons et non tel qu’il existe dans la nature.

LES APOCYNÉES,

379

timètres et demi. L’épaisseur de sa paroi est de 5 mil¬ limètres. Les débris des cloisons internes sont min¬ ces, cassants et d’une couleur jaune paille.

La face externe est bombée, surtout vers le tiers inférieur; cette face est d’un brun chocolat, avec des places un peu plus claires et sillonnée par des stries nombreuses, fines, ondulées. La face interne est d’un blond verdâtre, lisse et parcheminée.

La graine paraît complètement glabre, ce qui l’éloi¬ gne du S. laineux du Zambèze ; mais le microscope permet d’y constater la présence de poils obtus et très courts (fîg. 21, pl. II). La graine totale n’a pas plus de 5 centimètres de long; dépourvue de la hampe, elle mesure 1 centimètre et demi ; la hampe a 2 centimètres et demi, dont un demi-centimètre à peu près est dépourvu de poils. La semence est de couleur brun-fauve clair ; elle est atténuée à la base, qui est subaiguë et s’amincit insensiblement à partir du tiers inférieur, pour passer à la hampe. La face ventrale offre une teinte un peu plus claire que la face dorsale. De la hampe, descend, sur la face ventrale et jusqu’au tiers de la hauteur, une crête blanchâtre qui se termine par un rendement losangique. Les poils de l’aigrette, longs d’environ 3 centimètres, font à leur départ un angle aigu avec la hampe, mais bien¬ tôt ils prennent une direction perpendiculaire à cette dernière.

La graine est en forme de fer de lance et bombée sur sa face dorsale; examinée â la loupe, elle se montre revêtue d’un fin duvet, recouvrant une sur¬ face striée . Ces striations ne sont point irrégulières,

380

LES AEOCYNÉES.

mais disposées (surtout à la face dorsale) en ramiü- cations pennées. Ce fait provient de ce que la dessic¬ cation a fait saillir la nervation du tégument.

Vue sur une section transversale, la graine se montre constituée comme suit: (fig. 20, pl. II.)

l’' Le premier tégument est formé par une assise de cellules épaissies latéralement et dont la paroi externe est brune mince et le plus souvent affaissée dans la cavité de la cellule : la section des parois latérales montre ces parois sous la forme d’un rec¬ tangle à angles mousses (fig. 22, pl. II).

Cet épaississement, qui remplit presque complète¬ ment la cavité de la cellule ne va pas s’appuyer aux parois supérieure et inférieure; il est brusquement tronqué à une très courte distance d’elles, ainsi que l’indique la figure 22. De distance en distance, on voit saillir un poil court, large, à extrémité arron¬ die et contenant des parcelles d’une matière rési¬ neuse brunâtre.

Vu de face (pl. II, fig. 21), l’épiderme se mon¬ tre formé de cellules irrégulièrement polygonales, à paroi fort épaisse. Si l’on enlève les deux téguments et qu’on les observe par transparence, on voit que les cellules du premier, orientées indifféremment en¬ tre les nervures, sont au-dessus d’elles fortement allongées dans leur direction.

Chaque paroi se montre traversée, en son milieu, par une ligne qui est la partie supérieure non épais¬ sie des cloisons latérales ;

Le deuxième tégument est constitué par des cel¬ lules primitivement quadrilatères et allongées, mais

LES APOCYNÉES.

381

tellement affaissées, qu’on ne peut y distinguer qu’un massif brunâtre. Si on le laisse s’étaler dans la po¬ tasse, on reconnaît que ce tégument est formé de cellules à parois très minces. Cette couche est tra¬ versée par un riche réseau fibro-vasculaire, formé sur¬ tout de trachées. En étalant le tégument, on peut voir ce réseau par transparence ;

Lalhumen a une épaisseur variable, mais dans sa portion la plus mince, il contient neuf assises de cellules. La première assise possède des éléments plus petits et à parois plus épaisses que dans toutes les autres. Ces cellules sont carrées ou pentagonales. Les autres assises ont des éléments polyédriques, irrégu¬ liers, blanchâtres et comme collenchymateux (ce der¬ nier aspect est également partagé par l’assise super¬ ficielle);

L'embryon. L’embryon (pl, II, fig. 23) est allongé et possède une couleur jaune orangé présentant des marbrures plus claires ;

La longueur totale de cet embryon est de 13 milli¬ mètres, qui se décomposent ainsi : radicule, 4 milli¬ mètres; cotylédons, 9 millimètres.

La radicule égale ainsi presque la moitié de la lon¬ gueur des cotylédons ; elle est grêle, terminée en cône surbaissé et a environ 1 millimètre d’épaisseur. Les cotylédons sont ovales, lancéolés, bombés sur la face externe, plats ou plutôt légèrement excavés sur la face interne ; leur plus grande largeur est de 4 mil¬ limètres. Ils ont un sommet aigu et une base légè¬ rement auriculée. Ces cotylédons sont plus charnus que dans tous les types indiqués par M. Blondel, de

382

LES APOCYNÉES.

sorte qu’on ne distingue pas leur nervation même à la loupe.

aj Coupe dans les cotylédons. Dans leur plus grande épaisseur les cotylédons sont composés de vingt-cinq à trente assises cellulaires. Ils sont cons¬ titués par les éléments ci-après :

D Un épiderme à cellules plus petites que celles du parenchyme à section rectangulaire, à paroi mince et à contenu granuleux et huileux ;

Le mésophylle. Ses cellules sont d’abord polyé¬ driques, mais bientôt elles s’arrondissent et elles vont ainsi presque jusqu’à l’épiderme inférieur. C’est dans la partie médiane de ce tissu, que sont logés les fais¬ ceaux procambiaux. Des coupes successives mon¬ trent que ces derniers se disposent en nervation pen¬ née. Au dos de ces faisceaux surtout, sont situés de nombreux laticifères, qui envoient des ramifications dans les parenchymes. Les deux ou trois assises sus- jacentes à l’épiderme inférieur sont rectangulaires, allongées perpendiculairement à la face cotylédo- naire interne : c’est l’ébauche du parenchyme en pa¬ lissade.

En somme, le Strophanthus ci-dessus constitue une forme parfaitement distincte de toutes celles que M. Blondel a décrites, forme à laquelle nous proposons de donner le nom de : Strophanthus à fruit pyri forme.

II. Notre deuxième échantillon est étiqueté : Stro¬ phanthus venant du Portugal. Une étude minutieuse de celte semence nous a montré quelle devait être rapportée au type S. hispldus de M. Blondel.

III. Strophanthus iP 1 provenant de la maison Christy.

LES APOCYNÉES.

383

C’est le Strophaiithus du Niger de Blondel.

IV. Strophanihus 2 provenant de la maison Christy.

V. Strophanthus n” 3 provenant de la maison Christy.

C’est encore le Strophanthus du Niger. Ces trois fruits de Strophanthus ne se diffèrent que par leur taille successivement décroissante.

VI. Strophanthus d'origine allemande.

C’est le Strophanthus hispidus.

VII. Strophanthus donné par M. Cotton.

C’est le Strophanthus Kombé.

VIII. Strophanthus don du Muséum.

C’est le Strophanthus hispidus.

IX. Strophanthus venant de KevY Muséum. Nous pensons, à la forme du fruit, avoir affaire au S. his¬ pidus, Les graines étant complètement fusées, nous n’avons pu faire une étude attentive de cet échan¬ tillon.

Fraser a fait, le premier, une étude chimique de la graine de Strophanthus ; il employa, pour ses recher¬ ches, le S. Kombé. Le savant anglais retira de ces semences un corps imparfaitement cristallisé, qu’il nomma Strophanthine et qui apourformuleC'‘^H^'*Oi^. La solution de strophanthine donne par l’acide sulfu¬ rique, un précipité blanc verdâtre, et par le tannin, un précipité blanc, cailleboté.

En 1877, MM. Hardy et Gallois, se livrant à des recherches sur les graines de l’Inée, obtinrent des résultats différents de ceux de Fraser. Ils opérèrent sur le S. glabre du Gabon. Leur Strophanthine était bien

384

LES APOCYNÉES.

cristallisée, mais ce n’était pas un alcaloïde, ni un glucoside. Ces auteurs retirèrent aussi des aigrettes un autre corps cristallin, qu’ils nommèrent Inéïne.Ce corps était un alcaloïde, et tandis que la Strophantine était extrêmement toxique, l’Inéine ne possédait au¬ cune action bien marquée.

Plus récemment, M. Catillon a analysé les diverses espèces du commerce. Il a montré que la strophan- thine se trouvait en quantité et sous une forme très vaidable dans les semences, suivant l’origine de ces semences.

Le S. hispidus et le S. du Niger ont fourni de 6 à 12 gr. de Strophanthine amorphe par 1000 d’extrait. Le S. laineux du Zambèze a donné 2 gr. pour 1000 de Strophanthine amorphe ; le S, Kombé 17 gr. pour 1000 de Strophanthine amorphe. Le Sti'ophanthus glabre du Gabon a fourni 50 pour 1000 de Strophanthine cristallisée.

Il résulterait des recherches de M. Barde t, qu’à côté de la Strophanthine existerait un glucoside inso¬ luble dans l’éther et dans l’alcool. Ce glucoside, encore inommé, paraît se rapprocher de rinéïne (1).

Enfin, M. Arnaud, qui a repris tout récemment l’étude de la Strophanthine cristallisée, lui donne pour formule C^^hP^O^*^, ce qui en fait l’homologue supé¬ rieur derOuahaïne dont l’origine est très

analogue. Il a extrait, en effet, ce corps d’une autre

(1) Une discussion se poursuit en ce moment à l’Académie de Mé¬ decine sur la nature de la Stropha7ithine ; l’état fort avancé de l’im¬ pression de notre travail, ne nous permet pas d’en donner un compte rendu.

LES APOCYNÉES.

385

Apocynée, l’Ouabaïs qui est le poison de flèche des Somalis.

Lespremières expérimentations sur le Strophanthus sont dues à Pelikan (1865). A peu près à la même époque Vulpian étudia l’action physiologique de ce végétal et ces deux savants communiquèrent en même temps leurs recherches à l’Académie des Sciences. Pour eux, l’Inée était un poison du cœur.

Quelques années plus tard (1870), Legros et Paul Bert expérimentèrent le Strophanthus sur la Gre¬ nouille et le Chat. Ils montrèrent que, dans la mort déterminée par ce poison, le cœur s’arrêtait en systole. En 1872, Polaillon etCarville reprirent la question et conclurent que l’Inée est un poison du cœur d’une extrême énergie et qui amène la mort en paralysant cet organe. « C’est, disent-ils, une substance toxique, qui a la propriété de détruire la contractilité muscu¬ laire, de passer dans le sang, de s’y conserver et de s’y accumuler.

Plus récemment (1887), Gley et Lapique conclu¬ rent de nombreuses observations, que le Strophanthus est un poison du système nerveux et qu’il agit sur les terminaisons motrices des nerfs.

Une troisième théorie a été proposée par MM. Mai- ret, Combemale et Grognier : pour eux le Strophan¬ thus est un irritant ; il produit une congestion des organes, qni entraîne la mort.

Ainsi donc une grande confusion règne sur l’action physiologique du Si?’op/ia7i^/ms : trois opinions contra¬ dictoires se trouvent en présence. Voyons si son action thérapeutique est mieux connue.

386

LES APOCYNÉES.

Fraser fut le premier qui songea à employer le S trophanthus sur V homme. l\ anuonça que, poison du muscle cardiaque, l’Inée agit à la manière de la Digi¬ tale et conseilla de s’en servir toutes les fois qu’il est nécessaire d’augmenter la pression sanguine.

Pins de Vienne est du môme avis que Fraser.

Cazeaux reconnaît que le principal mérite du Stro~ phantJnis est d’augmenter la diurèse. Dujardin-Beau- metz conclut, d’une suite d’expériences, que l’Inée est un excellent tonique du cœur, et que son action équi¬ vaut à celle de la Digitale, sans en présenter les in¬ convénients, tels que l’intolérance gastrique.

Contrairement à ce qui avait été reconnu par divers expérimentateurs, M. Lépine a vu le cœur arrêté en diastole, sous l’actiondu Strophanthus ; pour lui, le Strophantus à dose forte, élève la pression artérielle,

mais non constamment.

«

M. Bucquoy, tout en reconnaissant les excellentes propriétés du Strophanthus ne partage point l’avis de Fraser, que ce médicament régularise le cœur : les battements restent irréguliers toujours comme aupa¬ ravant.

Drasctie, de Vienne et Boroditch, de Boston, con¬ firment les expériences de Fraser; selon euxl’Inéeest, de tous les succédanés de la Digitale, le plus parfait et le plus efficace.

Bien d’autres savants, Zerner et Lœw, Haas, Hocliaus, Csatary, Paulet, Suckling Fraenkel, Fuer- bringer, etc., ont étudié successivement les propriétés thérapeutiques de l’Inée.

Le dernier travail en date est celui de M. Mayeur

LES APOCYNÉES.

387

(Thèse de Ph. de Lille, 1888). Voici quelles sont les conclusions de M. Majeur :

(( L’aclion du Slroijlianthus sur le cœur est très « incertaine; il ne le régularise pas; il n’augmente « que médiocrement l’amplitude du pouls ; il agit sur (( le cœur, parcequ’il agit sur les reins. L’action du c( Stroplmnthus est essentiellement diurétique; em- « ployé dans le mal de Bright, il augmente l’albumi- (( nurie, en même temps qu’il augmente les urines ; il (( est contre-indiqué dans le traitement des néphréti- (( ques. ))

Ainsi, donc même confusion, mêmes contradictions que dans son action physiologique. Avant de conti¬ nuer à donner aux malades ce redoutable médicament, il est donc de la plus élémentaire prudence d’atten¬ dre de nouvelles recherches, qui viendront, sans nul doute, élucider une question d’une importance capi¬ tale pour la thérapeutique.

L’étendue de la bibliographie ne nous ayant pas permis de l’indiquer après chaque auteur, nous croyons utile, pour ceux qui voudront approfondir la question, de la donner in extenso à la fin du présent article.

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26

LES APOCYNÉES.

390

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Georges Lemoine. Société de Biologie, séance

du 9 juin.

Gley. Société de Biologie, séance du 2 juin.

Blondel et Catillon. Société de Thérapeutique,

séances du 22 février et du 9 mai.

Arnaud. Académie des sciences, séance du 16

juillet.

Georges Lemoine. Société de médecine de Lille,

27 juillet.

Tanghin.

Les propriétés toniques du Tanghinm venenifera, de meme que celles du Strophanthus, sont connues des naturels depuis un très grand nombre d’années. C’est à l’aide du Tanghin que la justice sommaire du gou¬ vernement de Madagascar distinguait l’innocent du coupable ; c’est à l’aide du Tanghin qu’on punissait les criminels. Aussi, une vénération superstitieuse entourait-elle et entoure-t-elle encore ce végétal redoutable, dont la miraculeuse vertu déjoue les sorciers, démasque les assassins et punit les cou¬ pables.

La partie de la plante, qui sert à préparer le poison est la semence ; une bonne figure de celle-ci a été donnée dans le travail de M. J. Chatin {loc. cit.). J’emprunte à ce dernier la description suivante :

(( Le fruit est une drupe h deux loges ; l’une d’elle (( avorte le plus souvent, de sorte que nous rencon- « trons qu’une semence. Dans ce cas, le fruit pré-

LES APOCYNÉES. 391

(( sente une assez grande ressemblance avec celui de « la pêche. Il présente un mince épicarpe, un méso- (( carpe charnu, blanc verdâtre et épais, et un noyau (( ligneux, à surface très rugueuse, enveloppant lui- c( même une coque crustacée qui constitue deux feuil- c( lets : l’un interne, fihro-vasculaire ; l’autre externe, (( cellulo-scléreux, qui semble constituer le véritable (( endocarpe.

« Le noyau, qui offre une double suture dorsale et « ventrale et que sillonnent, en sens divers, des fila- (( ments fibro-vasculairesqui se relèvent çà et à sa « superficie, présente à considérer dans sa structure (( intime :

« a) Du tissu cellulaire lâche, par lequel il se rat- (( tache à la masse charnue du mésocarpe.

(( b) Les aggrégations filameniiformes précédentes, (( dirigées les unes parallèlement, les autres obli- « quement à la surface du noyau.

« C’est au fruit et non à la graine, qu’on doit rap- « porter la coque cartilagineuse interne. Cette coque, « lisse sur une des faces, sillonnée de filaments « vasculaires sur l’autre, est placée entre la graine (( elle-même et la masse rugueuse du noyau, dont « elle se sépare par décollement, à la maturation. c( Cette coque est composée de deux feuillets soudés, « le premier vasculaire, le second scléreux.

(( Les graines présentent la constitution suivante :

c( a) Une membrane épispermique mince, que cons- (.( tituent deux ou trois assises de cellules courtes, (( dont la plus externe, à éléments tubulaires, ne (( contient que de fins granules, tandis que les utri-

392 LES APOCYNÉES.

a cules diversement arrondies de l’assise interne cc contiennent, en outre, des gouttelettes d’huile.

(( h) L’amande, dont la masse est formée de deux (( cotylédons charnus portés sur une courte tigelle « radicoïde ; tigelle et cotylédons étant limités par « une assise de petites cellules épidermiques tubu- « laires et formés, quant à leur masse, par d’assez « grandes cellules polyédriques, contenant, avec de « fins granules, des gouttelettes d’huile parfois assez (( volumineuses. Entre les deux gros cotylédons, est la « plumule ou gemmule, qui occupe presque toute la (( largeur de la face commisurale des cotylédons. Il a existe, sur la ligne occupant le milieu de l’épais- (( seur des cotylédons, de nombreux groupes fibro- « vaculaires. »

Les épreuves judiciaires, dans lesquelles le Tanghin est employé, portent le nom â! Ordalies.

C’est surtout au crime de sorcellerie, que le poison est appliqué. Les Madécasses, comme tous les peuples qui ne possèdent qu’une civilisation peu avancée, croient beaucoup à l’intervention des esprits malins. Si une personne meurt jeune, si elle perd des bestiaux, s’il lui arrive un malheur quelconque, immédiate¬ ment la crédulité populaire cherche, parmi les habi¬ tants, un sorcier jaloux et demande énergiquement son châtiment. Comme le crime est humainement impossible à prouver, on a recours aux moyens sur¬ naturels, laissant ainsi à la divinité le soin de dé¬ couvrir, de punir le coupable et de protéger l’inno¬ cent. C’est une réédition actuelle de nos épreuves judiciaires du moyen âge : les combats en champ

LES APOCYNÉES.

393

clos, répreuve du fou, de Thuile bouillante, du fer rouge, etc., si vantés par l’évêque Hincmar.

Souvent aussi le Tanghin est administré dans des cas de procès civils : Deux habitants ont une contes¬ tation relative à quelques propriétés ou à tout autre intérêt ; immédiatement on les oblige à boire le breu¬ vage toxique et celui qui succombe est mal fondé dans ses droits. Il est vrai de dire, que, dans ce cas, le plus souvent chaque partie est représentée par son chien et que l’animal qui périt fait perdre, par le fait même, le procès de son propriétaire.

Enfin, le Tanghin est fréquemment administré aux personnes accusées de haute trahison.

Au dire du D"" Virey (1), pour préparer le poison, on râpe les semenses de Tanghin, puis on prend des feuilles de Langouse ou grand Cardamome de Mada¬ gascar. On pile ces feuilles, pour en extraire quelques onces de suc, qui est aromatique. C’est dans ce liquide qu’on met la semence râpée du Tanghin. Ordinaire¬ ment l’accusé boit avec assurance cette amère potion. Ce mélange d’une substance aromatique et d’un poi¬ son nauséeux paraît avoir pour but d’en déguiser la saveur, d’en modifier l’action funeste ou peut-être d’en aviver l’activité.

Quoi qu’il en soit, la potion de Tanghin et de suc de Langouse ne tarde pas à agir sur l’accusé ; il devient pâle et tombe quelquefois en syncope ; il tremble de tous ses membres avec anxiété, sent des nausées et bientôt vomit avec effort. S’il parvient â rejeter ainsi

(1) Virey. Sur le Tanghin de Madagascar. Journ. de Ph. et des Sc. accessoires, t. VIII, p. 90. 1822.

394

LES APOCYNÉES.

la plus grande partie du poison, il peut échapper à la mort. Aussi, ses parents ou amis, qui l’assistent dans cette terrible épreuve, lui font-ils boire de l’eau chaude, pour favoriser les vomissements et expul¬ ser le Tanghin. Mais, quoiqu’il en réchappe parfois, il reste pendant quelque temps affaibli et languissant; on le tient alors comme justifié de tout. Si, au con¬ traire, le poison n’est pas rejeté, l’accusé expire au milieu de convulsions et de tourments horribles, qui passent, aux yeux du peuple, pour le juste châtiment de ses crimes.

Dans les divers cantons de l’île de Madagascar, diverses modifications sont apportées à ce cérémo¬ nial.

Parfois, on broie l’amande sur une pierre, on fait infuser ses débris et on administre ce breuvage à l’accusé : s’il meurt, il est coupable.

D’après Grandidier, quia publié de si remarquables études sur Madagascar, on se contenterait, au Ménabé, de frotter la tige d’une plante toxique contre une pierre, sur laquelle le patient doit passer sa langue à plu¬ sieurs reprises.

Voici, d’après Freemann, un autre mode d’admini- tration du Tanghin :

L’accusé commence par boire de l’eau de riz ; puis il avale, sans les mâcher, trois morceaux de peau de poulet de la dimension d’un dollar ; on lui administre alors le Tanghin râpé et mêlé de jus de Bananier. Le Panozondoha, ou juge de l’épreuve, place alors sa main sur la tète de l’accusé, prononce la formule de l’imprécation et appelle les châtiments les plus terribles

LIiS APOCYNÉES.

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sur la tôle du coupable. On lui administre alors encore de l’eau de riz; les matières enfermées dans Testomac sont rejetées et, s’y l’on y retrouve les trois morceaux de peau de poulet, le patient est déclaré innocent ; dans le cas contréiire, rien ne saurait atténuer sa dis¬ grâce.

Outre le Tanghin vrai, les indigènes de l’ouest en reconnaissent un second, qu’on nomme le Tanghin mâle et qui serait, parait-il, plus actif.

Une opinion, très accréditée à Madagascar, con¬ siste â croire que le poison est seulement très actif, lorsque le fruit est cueilli sous l’arbre et déjà un peu pourri.

Quoi qu’il en soit, l’administration du terrible breu¬ vage ne cause pas autant de morts qu’on pourrait bien le croire. Les personnes riches surtout, lorsqu’elles sont condamnées à boire le Tanghin, s’en tirent par¬ faitement, en faisant substituer au vrai fruit, un autre lui ressemblant beaucoup, mais inoffensif.

Ainsi, dans une Ordalie exécutée en 1831, pas un des riches accusés (qui étaient fort nombreux) ne mourut. Par contre, on a toujours le soin, afin de ne point compromettre le pouvoir du Tanghin, d’introduire quelques pauvres gens, parmi les accusés. Ceux-ci, à qui on administre le vrai fruit, ne tardent pas à mou¬ rir dans d’attroces souffrances. D’ailleurs, les assis¬ tants ne laissent généralement pas au poison le temps d’achever son œuvre ; ils se précipitent sur les victi¬ mes, les percent de leurs lances ou leur cassent la tète ; fréquemment, ils les étranglent ou les étouffent, ou meme les enterrent vivants.

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LES APÜCYNÉES.

Ce n’esfc guère que depuis 1865, que le Tanghin a cessé d’être employé officiellement ; mais il cause encore très fréquemment, à Madagascar, des empoi¬ sonnements criminels (1).

La première étude chimique de la semence de Tanghin est due à P. Henry (2) et Olivier.

Ils retirèrent tout d’abord, par expression, une huile blanche, très épaisse, se congelant à S'", soluble dans l’éther, insoluble dans l’alcool. Cette huile se com¬ binait aux alcalis et formait, sur le papier, une tache que la chaleur ne faisait pas diparaître : c’était donc une huile fixe.

Le magma épuisé par l’éther abandonnait à ce dissolvant une substance cristallisant par évaporation du véhicule. Ce corps était neutre et fort vénéneux. Les sels de plomb, d’argent, de mercure formaient, avec ses solutions, des précipités blanchâtres.

Henry et Olivier traitèrent par l’alcool à 40® et à 42® le résidu précédemment épuisé par l’éther, par évaporation ils obtinrent une masse vernissée soluble dans l’eau, insoluble dans l’éther, faiblement amère, rougissant la teinture de tournesol, verdissant par les acides et brunissant par les alcalis. Les solu¬ tions de cette matière étaient précipitées : en bleu verdâtre, par l’acide sulfurique dilué; en jaune virant au vert, par l’acide nitrique; en bleu, par l’acide phosphorique et en vert, par l’acide arsénique.

(1) Orfila. Traité de ToMcoloffie. édition, t. II, p. 444.

(2) Sur le Tanghin de Madagascar. Journ. de Ph. et des Sc. acces¬ soires, t. X, p. 49, 1824.

LES APOCYNÉES. 397

Ils trouvèrent aussi dans l’amande : des traces de gomme, de chaux et d’oxyde de fer.

La substance vernissée brunâtre a reçu d’eux le nom de Tanghuine. Pour ces auteurs, la substance cristalline est surtout le principe toxique de cette se¬ mence.

Plus tard, M. Joannès Chatin {loc. cit.) reprit l’étude de cette question.

Cet auteur nie absolument qu’on puisse obtenir la substance cristalline par évaporation du produit éthéré; on n’obtient jamais, de cette façon, qu’une subs¬ tance grasse et jaunâtre. Traitée par l’alcool chaud, cette substance n’est dissoute qu’en partie. En éva¬ porant ce nouveau soluté, on recueille un corps bru¬ nâtre, qui se comporte à l’air comme un corps gras.

Ce produit est toxique. En le traitant par l’acide acétique étendu, on obtient, par évaporation de la liqueur, une poudre blanche, qui, dissoute par l’al¬ cool, cristallise en prismes clinorhombiques, par évaporation du véhicule.

M. Chatin n’a pu, vu la petite quantité de maté¬ riaux qu’il possédait, déterminer si ces cristaux appar¬ tenaient à un alcaloïde, à un acide ou à un glucoside.

La question chimique, comme on le voit, subsiste encore presque toute entière.

L’action physiologique du Tanghin a surtout été étudiée par Ollivier (d’Angers), par Pelikan et Kolli- ker (1) et par J. Chatin.

(1) Kolliker et Pelikan. Sorne remarks of the phisiological action of the Tanghinia venenifera. Procedings of the Royal Soc. 1858, t. IX p. 244.

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LES APOCYNÉES.

Ollivier fit quelques expériences, dont le seul résul¬ tat fut de faire ranger le Tanghin dans les narcotico- àcres. Pour lui, les propriétés toxiques du Tanghin résidaient surtout dans la matière blanche cristalline, tandis que le narcotisme était du à la tanghuine.

Pelikan et Kolliker, dont les recherches furent faites avec les feuilles du Tanghin, virent que le poi¬ son agissait directement sur le système musculaire.

Pour M. J. Chatin, le Tanghin tue en arrêtant le cœur en systole; il agit principalement sur les mus¬ cles, dont il détruit l’irritabilité ; il respecte les nerfs sensitifs et moteurs.

Le contrepoison du Tanghin est l’opium et la bel¬ ladone.

Les préparations de ce végétal n’ont pas encore été l’objet d’essais thérapeutiques sérieux.

Gelsemiam scmpervirens.

Cette plante habite, dans l’Amérique du Nord, un territoire englobant le Mexique et la partie méridio-

r

nale des Etats-Unis. Les divers botanistes, qui l’ont décrite, l’ont successivement nommée : Anonymus sempervirens Walt. ; Bignonia sempervirens, Ly-^ smnthus sempervirens Mill. ; Gelsemium nitidum Mich. ; Gelsemium lucidum Poir; et, enfin, Gelse¬ mium sempervirens Ait.

De Candolle rangea cette plante dans les Logania- cées, tandis que Chapman la mit dans les Rubiacées ; après avoir été successivement ballotée des Scrofu-

LES APOCYNÉES.

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lariées, aux Bignoniacées et aux Gentiaiiées, l’avis de Decaisne prévalut et elle est aujourd’hui, selon l’opinion de ce botaniste, communément rapportée aux Apocynées. On la désigne dans les pays d’ori¬ gine, sous le nom de : Jasmin jaune (tiré de la cou¬ leur de la corolle). Jasmin sauvage, Jasmin de la Caroline et, enfin. Chèvre- feuille.

Ce Gelsemium est un arbuste grimpant, à feuilles opposées, entières, ovales-lancéolées, et courtement pétiolées. Les fleurs naissent à l’aisselle des feuilles; elles sont larges et possèdent une belle teinte jaune, ainsi qu’une odeur très pénétrante et très suave. Le calice est à cinq divisions. La corolle est formée d’un tube qui s’épanouit en cinq lobes : les quatre anté¬ rieurs égaux, le postérieur plus allongé. Les étami¬ nes, au nombre de cinq, sont formées de filets courts et d’anthères allongées et sagittées. Le style est long et unique ; le stigmate est quadrilobé ; l’ovaire est double. Le fruit est elliptique ; les graines sont au nom¬ bre de cinq à six dans chaque ovaire. Ces graines pos¬ sèdent un embryon droit, plongé dans un albumen charnu. Les fleurs de cette plante se montrent en mai ou en juin.

La tige se subdivise en deux parties : l’une souter¬ raine, le rhizome; l’autre aérienne et axiforme.

La drogue que, dans la matière médicale des Etats- Unis, on appelle racine, est constituée surtout par les rhizomes, auxquels se trouvent mêlées et même fixées de vraies radicelles. Cette drogue se présente dans le commerce sous deux aspects. La première sorte est formée de petits paquets comprimés à la presse hy-

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draulique, difficiles à pulvériser, et qui sont préparés par les Shakers de New-Lebanon. La seconde sorte est en fragments variant de deux à huit pouces de longueur et de 1/3 à 3/4 de pouce de diamètre : ce sont des rhizomes mêlés avec des radicelles.

Ces rhizomes sont généralement ramifiés. A l’exté¬ rieur, ils sont revêtus d’un suber brun, presque de teinte chocolat. Leur surface présente des striations, qui souvent tournent en spirale autour du fragment. A la cassure, ils se montrent formés de trois parties : une externe {épiderme et écorce), qui est brunâtre ; une moyenne blanchâtre ; la troisième, est centrale, manque fréquemment : c’est la moelle. Le long de ce rhizome, de nombreuses cicatrices indiquent la place étaient insérées les radicelles.

Examinés histologiquement, ces rhizomes se mon¬ trent composés des éléments ci-après :

D’un liège formé d’une quinzaine d’assises ra- dialement superposées; ce liège est ici unifacial. Encore incolore, dans sa partie la plus interne, il est brunâtre dans les cinq à six couches externes. Les cellules de ce liège sont environ quatre fois plus lar¬ ges que hautes.

D’une écorce comprenant une douzaine d’assises de parenchyme, parmi lesquelles il est impossible de différencier l’endoderme et qui sont constituées par des cellules élliptiques, un peu allongées tangentiel- lement. Ces cellules laissent entre elles des méats ; elles sont gorgées de petits grains ovoïdes d’amidon. De petits groupes de cellules pierreuses sont dissémi¬ nés dans ce parenchyme. Des laticifères inarticulés,

LES APOCYNÉES.

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à contenu grisâtre et grumeleux, circulent à travers les éléments de ce tissu.

D'iin parenchyme péricyclique formé de quatre sortes d’éléments :

a) A la périphérie, des fibres disposées isolément ou par petits groupes de deux ou trois, mais jamais en massifs serrés comme dans le Nerium.

b) D’un tissu parenchymateux, composé d’une vingtaine d’assises et constitué par des cellules sem¬ blables à celles de l’écorce.

c) De petits groupes de cellules pierreuses dissémi¬ nés dans le tissu précédent.

Dans le parenchyme péricyclique circulent d’assez nombreux laticifères.

D'un liber externe. Entre les faisceaux libériens, se montrent des rayons médullaires offrant une constitution intéressante. Ces rayons sont fort larges et possèdent jusqu’à seize ou vingt épaisseurs de cellules, qui tranchent, par leur forme allongée ra- dialement, sur toutes les autres assises voisines. Ces rayons présentent, en outre, une particularité re¬ marquable. Tandis que les parenchymes libérien et péricyclique qui les limitent ne contiennent aucune concrétion calcaire, chacune des cellules des rayons possède un cristal rhomboédrique d’oxalate de chaux. On a donc, par ce fait, un tissu bien tranché, dont les limites se dictinguent au premier coup d’œil. Le liber est entièrement mou.

D'une zone génératrice formée de six ou sept assises.

6®D’ini bois composé de fibres et de vaisseaux. Les

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LES APOCYNÉES.

rayons médullaires du bois, qui font suite à ceux du liber, sont très larges et possèdent, aussi, en épais¬ seur, jusqu’à quinze ou seize cellules ; mais ici, une nouvelle différenciation est intervenue ; la sclérose a envahi toutes ces cellules primitivement parenchyma¬ teuses. Ces cellules se présentent alors avec une forme rectangulaire, radialement allongée ; leur paroi est épaisse et canaliculée.

D’un liber interne.

D'une moelle parenchymateuse, contenant des laticifères et de l’amidon.

Les fragments de racines présentent à l’extérieur une couleur brun pâle ; on les distingue immédiate¬ ment à la cassure, car ils sont dépourvus de moelle. Leur surface est hérissée de radicelles fines et cas¬ santes. Leur longueur est fort variable et leur épais¬ seur atteint jusqu’à deux centimètres. Ces racines sont rarement ramifiées et souvent tordues, leur surface est crevassée et creusée de sillons longitudinaux.

Les racines de Gelsemium ont un goût fort amer qu’ elles partagent, d’ailleurs, avec le rhizome. Leur odeur est agréable et rappelle un peu celle du thé vert. C’est surtout la teinture de Gelsemium qui pos¬ sède ce parfum.

A la cassure, on distingue aisément deux portions : l’une externe, mince, brun, jaunâtre, très adhérente; l’autre centrale, jaune, circulaire et traversée par de nombreux rayons blanchâtres, inégaux, plus larges vers la périphérie.

M. Cauvet [Elém. de Mat, méd., t. II, p. 626) a donné une bonne figure de la structure histologique

LES APOCYNÉES. 403

de la racine de Gelsemium. Cette structure diffère sensiblement de celle du rhizome. Nous n’y retrou¬ vons ni la moelle, ni les fibres péricycliques si carac¬ téristiques des tiges d’Apocynées.

On rencontre dans une section de la racine :

V Dix à douze assises de subei\ formées de cel¬ lules brunâtres, quatre fois plus larges que hautes.

2” Un 'parenchyme, constitué par des cellules min¬ ces, limitant entre elles de volumineux méats. Ces cellules sont elliptiques et ont leur grand axe dirigé tangentiellement ; elles sont gorgées d’amidon. Entre elles, on voit circuler de nombreux laticifêres inar¬ ticulés.

Le liber, (pai forme, sur la coupe transversale, un corps lenticulaire convexe en dehors et en dedans. Le bois et la zone génératrice sont concaves, pour rece¬ voir la convexité du liber.

Les rayons médullaires sont composés de cellules allongées radialement et rectangulaires. Ces rayons sont très larges, comme dans le rhizome, mais les cristaux qui y existent dans ce dernier ont disparu et sont remplacés par de l’amidon.

4" La zone génératrice,

Le bois, qui va jusqu’au centre. Il est découpé en faisceaux cunéiformes par ses larges rayons mé¬ dullaires ou grands rayons, atteignent le centre de la racine; les autres, ou petits rayons, sont plus courts. Ces rayons sont composés de cellules à section rec¬ tangulaire, allongées radialement et lignifiées. Dans leur intérieur, on trouve de l’amidon.

Holmes (Pharm. Journ., 1876, p. 481) raconte la

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LES APOCYNÉES.

découverte des propriétés thérapeutiques du Gelse- mium.

Un planteur du Missisipi, atteint d’une fièvre bi¬ lieuse, que tous les remèdes employés ne parvenaient pas à guérir, avait chargé un de ses domestiques d’aller chercher dans son jardin une plante qui lui était prescrite en infusion. Par mégarde, le domes¬ tique se trompa, rapporta un autre végétal et en administra l’infusion à son maître. Celui-ci fut aussitôt pris d’un affaiblissement considérable du pouvoir musculaire et tomba dans un état de prostra¬ tion extrême. Après plusieurs heures , durant les¬ quelles ses amis veillaient autour de lui avec beau- coud d’anxiété et peu d’espoir, il recouvra peu à peu la force musculaire ; en même temps, la fièvre dispa¬ rut complètement et à jamais. Aussitôt après son réta¬ blissement, il demanda à son domestique de lui montrer la plante qui lui avait été administrée et il en fit part à ses amis. Un médecin des environs ayant entendu raconter l’histoire s’empara du remède et en fabriqua un médicament, qui eut un grand succès, sous le nom de fébrifuge éclectique.

Dans l’édition de 1852 de la Pharmacopée des Etats-Unis, le Gelsemium ne figure pas encore ; mais, dès 1854, il en est fait mention et, en 1873, il est porté comme un des principaux produits de la matière mé¬ dicale américaine. Aujourd’hui, il jouit aux Etats- Unis d’une immense faveur.

On emploie le Gelsemium contre les fièvres, par¬ ticulièrement contre la malaria. Parfois, on le donne en alternance avec la quinine. Il est aussi très usité

LES APOCYNÉES. 405

contre la dysménorrhée, l’hystérie et le croup spas¬ modique.

La seule préparation officielle aux Etats-Unis est l’extrait fluide. Holmes préfère la teinture alcoolique.

Le Gelsemium sempervirens est un poison redou¬ table, qui a été comparé à la Ciguë ; on ne doit donc l’administrer qu’à doses faibles. C’est à un alcaloïde, la Gelsémine, qu’il doit ses propriétés toxiques.

D’après l’analyse faite par Kallok, en 1855, on trouve dans ce végétal : un alcaloïde, la gelsémine, trois résines âcres, un demi pour cent d’une huile volatile plus légère que l’eau, une huile fixe, de l’acide gallique, de l’amidon, de l’albumine, de la gomme, de l’acide pectique, de la lignose et 37 7o de cendres, consistant en sels de potasse, de chaux, de magnésie, de fer et de silice.

En 1869, la racine de faux Jasmin fut à nouveau examinée par Eberle. Il reconnut que l’écorce phar¬ maceutique seule contenait l’alcaloïde, tandis que le bois n’en présentait pas. Les feuilles et les fleurs lui ont donné de l’alcaloïde, mais en moins grande quan¬ tité que la racine et le rhizome.

En 1870, le D'* Wormley découvrît dans la ra¬ cine un principe acide, qu’il nomma acide gelsé- mique. Ce nouveau principe se présente en cristaux aciculaires, incolores et inodores. C’est un acide fort, faisant passer le tournesol à la teinte pelure d’oignon, neutralisant complètement les bases et formant des sels très peu solubles dans l’eau. Ses solutions sont précipitées : en blanc, par l’acétate de plomb ; en jaune, par le chlorure mercurique ; en

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brun, par le nitrate d’argent ; en noir, par le sulfate de fer et en vert, par le chlorure d’or. Le bichlorure de platine donne un précipité jaune insoluble dans l’acide acétique ; les sels neutres de chaux le précipi¬ tent en blanc.

L’acide gelsémique est très soluble dans l’éther et dans le chloroforme, peu soluble dans l’eau froide, mais plus soluble dans l’eau bouillante.

Cet acide est fluorescent. Cette propriété est extrê¬ mement sensible, même avec des quantités fort mini¬ mes ; elle a été utilisée dans des recherches médico- légales. Les solutions alcalines ne jouissent pas seu¬ les, comme on l’a dit, de la propriété d’être fluores¬ centes. Un morceau de racine, digéré pendant vingt- quatre heures dans un verre d’eau, rend cette der¬ nière fluorescente. Cette fluorescence se distingue de celle de la quinine, en ce qu’elle disparaît immé¬ diatement sous l’action d’un acide.

L’acide gelsémique se sublime sans décomposition, à 212® Farenheit et se condense sur les parois du vase en cristanx transparents.

La Gel sémine (CRi^AzO-) est une substance amor¬ phe, solide, incolore, inodore et très amère. Elle est soluble dans l’éther, le chloroforme, le sulfure de carbone. C’est une base forte, faisant tourner au bleu franc le papier rougi de tournesol. Les sulfates, nitrates, chlorhydrates et acétates de cette base sont très solubles dans beau.

Les alcalis précipitent de ses solutions un dépôt blanc, qui tourne au rouge au bout de quelques heures. Ce précipité est insoluble dans un excès d’alcali. Le

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chlorure mercurique détermine, dans la solution de Gelsémine, un précipité blanc soluble dans un excès d’acide chlorhydrique. L’iodure de potassium, l’iodo- chromate de potasse et le chlorure d’or la précipitent même dans les solutions les plus diluées. L’acide sul¬ furique concentré y produit un précipité rouge, quand on chauffe.

La Gelsémine agit sur les centres moteurs du cer¬ veau et paralyse la respiration ; elle augmente, puis déprime l’excitabilité réflexe de la moelle, amoindrit celle des muscles, ainsi que celle des nerfs moteurs périphériques et affaiblit les contractions du cœur. La Gelsémine agit à peine sur la sensivité. Elle dé¬ termine la mort, par arrêt des mouvements respira, toires.

Tout récemment, M. Thompson a repris la ques¬ tion et étudié de nouveau la racine du faux Jasmin. Il en a retiré deux alcaloïdes à action contraire : l’un tétanisant, l’autre paralysant ; l’un est amorphe, l’au¬ tre cristallin. Ce dernier est insoluble dans l’eau, tandis que le premier s’y dissout parfaitement. M. Thompson a donné à l’alcaloïde cristallin le nom de Gelsémine et lui attribue la formule L’alcaloïde amorphe n'a pas encore été étudié.

Oclsiemium clegaus Benth.

C’est un arbre qui croît en Chine, on lui donne les noms dePen tsao^Kou min, Yeh ko, Tu kên, IIu meng tsao, Twan ch'ang ts’ao, Hwang Veng, Hwo pa kua et Ta cita yeh têng.

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Sa tige est glabre, brunâtre vers le sol, verte dans toutes les autres parties. Les feuilles sont opposées, ovales-lancéolées, très aiguës au sommet, arrondies à la base et assez courtement pétiolées. Ces feuilles possè¬ dent des stipules courtes et fugitives, mais néanmoins facilement observables sur les jeunes branches. Les fleurs sont petites, d’un jaune brillant et disposées en cymes. Les bractées sont linéaires. Le calice est petit, persistant, à lobes aigus au nombre de cinq. La corolle est rotacée, à cinq lobes égaux; la surface intérieure du tube est tachetée de points rouges. Les étamines sont au nombre de cinq, insérées à la base du tube de la corolle, exsertes et alternant avec les lobes corollins ; leurs filets sont courts et égaux et leurs anthères lancéolées. A la base de l’ovaire, on trouve un disque. Les carpelles sont au nombre de deux et contiennent dans leur intérieur un grand nombre d’ovules ascendants. Les styles s’unissent et se terminent par un stigmate bilobé. Le fruit est un follicule membraneux, brun et traversé du haut en bas par deux sillons opposés. Les semences sont brunes et réniformes.

C’est surtout près de Canton et dans les provinces de Chekang, KAvantung, Kwangsi, Sze-chuen et Yunnam qu’on rencontre cette plante. Bentham dit qu’on la trouve également à Sumatra. Les fleurs se montrent en octobre, novembre et décembre; les grai¬ nes atteignent leur maturité en avril ou en mai.

Ce végétal est l’un de ceux que signale le Pe7ifs’ao(l).

(1) Le Pen ts’ao est un ouvrage chinois, sont décrites les princi¬ pales plantes médicinales du pays. Sept cent quarante-deux plantes y sont ügurées et décrites.

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Il forme rime des bases de la matière médicale du Célestc-Empire. MM. Ford et Edward Crow (1), de Hong-Kong*, qui ont pu T étudier sur place, disent que sa racine seule est employée. L’auteur du Pen tsao recommande de ne jamais administrer cette drogue à l’intérieur, mais il la préconise beaucoup pour le traitement des ulcères. On l’emploie fré¬ quemment contre la lèpre. Quoiqu’il en soit, cette plante sert à de fréquents empoisonnements crimi¬ nels. Ford et Crow {loc. cit.) en citent plusieurs exemples. La drogue, telle quelle est vendue pour les usages médicaux, consiste en rhizomes, racines et radicelles. La partie corticale est épaisse et se déta¬ che facilement de l’axe ligneux; elle est de couleur brune et sillonnée, par intervalles, de crevasses trans¬ verses. Le cylindre central est jaune-rosé. La struc¬ ture anatomique est à peu près identique à celle que nous avons longuement étudiée chez le Gelsemium sempervirens. La vraie racine est également parfai¬ tement conforme à celle de la plante précédente. Nous ne pensons donc pas qu’il soit utile de les décrire de nouveau.

L’activité redoutable de cette plante est due à un alcaloïde, isolé pour la première fois, en 1884, par Ford et Crow, dans le laboratoire anglais de Hong-Kong. Son étude n’est pas encore complètement terminée.

Cet alcaloïde n’est pas, ainsi qu’on le voit dans le G. sempervirens, associé à l’acide gelsémique. Il prend une belle coloration violet améthyste au

(1) Note on Ghinese Materia medica. {Pharm. Journal, mai 1887.)

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LES APOCYNÉES.

contact des agents oxydants ; ses solutions chauf¬ fées avec du bioxyde de manganèse et de l’acide sul¬ furique prennent une belle coloration violette, qui passe au pourpre. Cette propriété distingue ce corps de la Gelsémine, dont les solutions, prennent dans ces conditions une teinte verte.

M. Harry a fait tout récemment, à Fbopital civil de Hong-Kong, des expériences physiologiques sur ce Gelsemium. Il résulte de cette étude que l’action do ce végétal s’éloigne notablement de celle du G. sem- pervirens; par contre, elle se rapproche beaucoup de celle du Strychnos nux vomica.

Dans une dernière note, MM. Cro^v et Ford annoncent qu’ils poursuivent activement leurs recher¬ ches sur cette intéressante drogue.

ChaiiTPC Indien dn Canada.

La racine de V Apocynum Cannahinum est fort usitée aux Etats-Unis, et elle est même inscrite dans la Pharmacopée de ce pays. On l’appelle Chanvre In¬ dien ou Indian Hemp.

Cette drogue se présente en fragments générale¬ ment ramifiés, longs de 10 à 11 centimètres et attei¬ gnant jusqu’à 80 millimètres de diamètre. La surface externe de ces fragments est d’un brun fauve et sil¬ lonnée par des crêtes longitudinales qui occupent le tronçon tout entier. A la cassure, on distingue net¬ tement deux parties : l’une externe, très mince et de couleur chamois ; l’autre interne, annulaire, fort

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épaisse, d’un blond clair tirant un peu sur le rose* Au centre, une petite cavité cylindrique qui parcourt tout le fragment, montre la place de la moelle com¬ plètement disparue. En masse, cette substance pos¬ sède une odeur forte et nauséeuse ; sa saveur est âcre et amère.

Sur une section transversale, ces fragments se montrent composé des éléments ci-après :

E Sept ou huit assises de suher, d’un brun rou¬ geâtre.

Un parenchyme à parois minces, fortement amylacé, et au sein duquel circulent des laticifères très volumineux.

Les massifs fibreux péricy cliques, comme dans tous les rhizomes, ont subi une dissociation ; on ne rencontre plus que des fibres isolées. Quoiqu’il en soit, le tissu péricyclique est aussi épais que le parenchyme précédent. Comme lui, ses éléments sont gorgés d’amidon; comme lui, il possède de nombreux laticifères.

4"^ Le liber externe, assez mince et jaunâtre.

Le bois fort développé, possède de larges vais¬ seaux et des fibres à paroi peu épaisse.

Le liber interne montre des îlots jaunâtres.

7^" La moelle a disparu.

Ce qu’on appelle improprement la racine de Chan- vre Indien du Canada, est donc une tige souterraine, un rhizome.

Husemann, le premier, eut l’idée que V Apocynum cannabinum contenait un poison du cœur du même groupe que la digitaline. Plus tard, Schmiede-

412

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berg(l) retira de cette plante deux substances analo¬ gues à l’oléandrine et à la nériine ; il donna à ces substances les noms d' Apocynine et d' Apocynéine.

U Apocynine est une résine amorphe, très soluble dans l’alcool et dans l’éther, insoluble dans l’eau. Une petite quantité de cette substance, introduite dans le système circulatoire d’une Grenouille, arrête le cœur en état de systole.

U Apocynéine est un glucoside que ses propriétés chimiques rapprochent de la nériine et de la digita- léine.

OphioxySou serpentiiium.

Cette plante reçoit dans les pays d’origine les noms de Chota-chand ; de Chandra et de Patalagandi. Elle est connue depuis fort longtemps et les ouvrages sanscrits l’appellent Sarpagandha, Les Hindous se servent de ce végétal comme fébrifuge et comme antidote de la morsure des serpents venimeux. Ce dernier emploi est l’origine de son nom botanique.

U Ophioxylon est également fort usité contre la dysenterie et autres affections du canal intestinal ; on prétend qu’il contracte l’utérus et peut provoquer ainsi l’expulsion du fœtus. Ainslie dit que cette plante est souveraine contre la morsure des Scorpions ; elle est d’ailleurs communément employée à cet effet par les populations indigènes : on administre à la

(1) Arch. fur. expériment. Pathol, und Pharm., vol. XVI, p. 161, 1883.

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personne piquée une infusion de racine d’Opliioxy- lon, en meme temps qu’on fait une application de la poudre sur la plaie. Les Javanais se servent de cette racine comme antlielmintique et lui donnent le nom de Puli-psLïidack. Enfin , Garcia la recommande comme stomachique.

La Pharmacopée indienne prescrit officiellement rOphioxylon, pour faciliter les accouchements labo¬ rieux. Néanmoins, Dymock (1) affirme que, malgré de nombreux essais, il n’a jamais pu constater à cette plante la propriété de contracter l’utérus.

Les échantillons de racines d’Ophioxylon que pos¬ sède le droguier de la Faculté de médecine de Lyon, viennent de Bombay. Ils sont en fragments de diverse taille : les plus longs atteignent un déci¬ mètre et les plus larges un demi centimètre.

Ces racines sont assez fortement ondulées. Leur surface externe est d’un brun terreux, striée en long et porte de nombreuses cicatrices, marques d’insertion des radicelles ; parfois ces dernières y sont encore attachées. Si l’on brise un de ces frag¬ ments, on distingue sur la cassure deux couches con¬ centriques fort nettes : l’une, extérieure, annulaire, mince et fauve; l’autre, centrale, cylindrique, com¬ prenant la majeure partie de la racine, d’un blond rose clair et de structure fort compacte.

Si nous pratiquons une coupe de cette racine, en allant de l’extérieur à l’intérieur nous trouverons les tissus suivants :

(1) Note on Indian Drugs, 1879. Pliarmaceut Journal, page 281.

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Un suber assez épais et qui présente un faciès particulier. Il est constitué par deux sortes de cellules disposées en assises alternantes : les unes ont une dimension radiale très étroite, de sorte que les pa¬ rois tangentielles sont fort rapprochées ; les autres sont rectangulaires et ont leur dimension radiale deux fois plus forte que leur dimension tangentielle. Vu à un faible grossissement, ce tissu paraît ainsi composé de zones annulaires alternantes : les unes, étroites et brunâtres, les autres larges et incolores;

Quatre ou cinq assises de cellules incolores^ pla¬ cées sur les mêmes files radiales que les cellules su¬ béreuses et provenant évidemment du cloisonnement d’une même assise. Leur section est rectangulaire et deux ou trois fois plus large que haute. Elles sont intimément unies entre elles et renferment de l’ami¬ don ;

3” Le parenchyme cortical est formé de cellules, dont les plus externes sont disposées en assises con¬ centriques et alternantes ; les internes, qui forment la majorité de cette couche, sont disposées en files radiales. La plupart de ces cellules sont elliptiques; leurs parois minces et elles renferment de l’amidon ; elles forment de 16 à 20 assises. De nombreux lati- cifères, à contenu brunâtre, circulent dans ce tissu. Il est impossible de distinguer l’endoderme;

4"^ Le liber est assez mince ;

5^* La zone génratrice comprend trois ou quatre assises de cellules minces et incolores ;

6” Le bois va jusqu’au centre. Plus nombreux vers la partie interne, les vaisseaux deviennent de

LES APOCYNÉES.

415

plus en plus rares, à mesure qu’on s’avance vers l’ex¬ térieur. Ce bois est fort compact et profondément divisé en secteurs, par des rayons médullaires scléri- fiés. Ces rayons vont en augmentant d’épaisseur du centre à la périphérie, non que le nombre de leurs éléments augmente, ce qui est le cas du Gelsemium, mais parce que la dimension tangentielle des cellules augmentent considérablement. Aussi, voit-on un rayon médullaire, formé dans toute son étendue d’une seule file de cellules, devenir à un certain niveau plus large que le secteur ligneux, qui comprend quatre ou cinq éléments. Ces éléments des rayons médullaires ont leur paroi externe canaliculée.

Le professeur Betting, d’Utrecht, s’est livré] à l’é¬ tude chimique de ce végétal. Il a retiré de la racine une résine, une huile volatile et odorante et de l’a¬ cide tannique combiné à une matière cristallisable, qu’il nomme Ophioxyline Cette substance

est en cristaux orangés, du système tétragonal ; diffi¬ cilement soluble dans l’eau, elle se dissout mieux dans l’alcool et surtout dans le chloroforme, dans la benzine et dans le sulfure de carbone. L’étude chimi¬ que de ce corps n’est point encore achevée; l’étude de ses propriétés physiologiques n’a pas encore été faite.

Alstouia scbolaris et Ali^toiBîa cousteicta.

Ces deux plantes ont été de la part de M. le pro¬ fesseur Cauvet, l’objet d’une étude fort détaillée (1).

(l) D. Gauyet. Elém. de Mat. môd., t. Il, p. 602.

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LES APOCYNÉES.

Les figures qu’il donne sont d’une remarquable fidé¬ lité. Nos observations personnelles, confirmant en tous points celles du savant professeur de la Faculté de Lyon, nous nous hâtons de dire que cet article ne sera que la reproduction de son travail.

UAlstonisi scholaris, qui a également reçu les noms d'Echites scholaris R. Br. et d' Allamancla verticillata est un arbre qui croît en assez grande abondance, au Népaul, dans l’Irrawaddy, aux Phi¬ lippines, à Malabar, dans les Moluques, à Timor, dans la portion orientale de l’Australie et jusque dans l’Afrique tropicale. Rheede le nomme Pak, les Anglais l’appellent Devil Tree ou Palimam of Bom~ bay et les Hindous Chatiûm.

C’est un arbre qui peut atteindre jusqu’à vingt- cinq mètres de haut. Il possède des feuilles verticil- lées, ovales-oblongues, aiguës à la base, obtuses au sommet, entières, à nervures secondaires se recour¬ bant près de la phériphérie. Les fleurs sont disposées en cymes globuleuses et axillaires, portées par un pédoncule pubescent; elles sont d’un blanc pur. Le"' calice est à cinq divisions et ne porte pas de glandes. La corolle est hypocratérimorphe, pubescente à l’ex¬ térieur ; le tube est cylindrique, fortement pubescent à sa partie supérieure et sans appendice ligulaire à sa gorge ; les lobes sont au nombre de cinq, égaux, blancs, arrondis et disposés, dans le bouton, en pré¬ floraison contournée à droite. Les étamines, insérées sur le tube, ont des filaments très courts et des an¬ thères oblongues-lancéolées, à base cordée et plus longues que les filets.

LES APOCYNÉES. 417

On ne trouve pas de nectaires. L’ovaire est double, les ovules sont en nombre indéfini, le style est unique et le stigmate est ovoïde et bilobé. Le fruit est com¬ posé de deux follicules très allongés. Les graines sont oblongues, comprimées, albuminées, et à radi¬ cule supere. Les cotylédons sont oblongs, plans et plus longs que la radicule.

L’écorce de cette plante est fort usitée dans l’Inde comme tonique et antipériodique. On la nomme Dita-Bark en Anglais, Dita-Rinde en Allemand et Satv^een en Hindou. L’écorce que décrit M. Cauvet s’éloigne fort de celles dont Hambury et Fluckiger donnent la description dans leur histoire des plantes. La Faculté de Lyon possède deux échantillons éti¬ quetés Dita-Bark, échantillons qui diffèrent un peu Tun de l’autre.

r '

(( F a) Ecorces plates ou peu cintrées, longues de (c 8 et 12 centimètres, larges de 6 à 7 centimètres, (c épaisses de 8 ou 10 millimètres, à bords taillés en (( biseau, l’un de dedans en dehors, l’autre de dehors « en dedans.

(( Dans la portion elle est intacte, la face externe (( est constituéeparun suber spongieux, d’ungris for¬ ce rugineux, rempli de verrucosités couleur chamois, (( qui tranchent bien sur le fond gris ou rouge de la (( surface. La portion du biseau, manque le suber, (( a une couleur brun fauve et une surface raboteuse, cc rude, marquée de stries transversales, paraissant (C dues aux empreintes que laissent des traits de scie. (( Un aspect analogue se montre à la face interne, (( dans la partie le biseau a intéressé le parenchyme (( cortical, en respectant le liber.

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LES APOCYNÉES.

c( La face interne est divisée en deux parties pres- « que égales : une exclusivement formée par du liber; (( l’autre constituée par le parenchyme cortical. La (( portion libérienne de cette face est lisse, brun fauve (( et veinée de noir; la portion corticale est raboteuse (( et gris brun.

c( Cette écorce a une cassure courte, non fibreuse, (( sauf dans sa portion libérienne. Elle offre de nom- c( breux nodules lignifiés, de couleur fauve clair, qui (( manquent par places et laissent alors des vides peu (c profonds. Sa teinte générale est fauve. Les rayons (( médulaires y sont d’abord très obliques, puis « redressés et rayonnants.

« b) Deux morceaux longs de 65 millimètres, larges « de 15 millimètres, épais de 1 centimètre et consti- « tués par la totalité de l’écorce. Leur face externe (( est spongieuse, inégale, fauve, grisâtre, avec quel- c( ques petites verrucosités plus claires. La face interne (( est lisse, brun fauve clair, avec quelques veines (( noirâtres.

(( Leur cassure est identique à celle des spécimens (( précédents.

(( Deux fragments d’écorce d’aspect bien diffé- (( rent de celui que présentent les premiers :

c( Fragments à peine cintrés, longs de 10 à 15cen- (( timètres, larges de 4 à 7 centimètres, épais de 6 à (( 9 millimètres, non taillés en biseau et qui ont été c( enlevés par des incisions perpendiculaires, intéres- (( sant toute l’épaisseur de l’écorce. La face externe (( est de couleur gris blanchâtre ou gris noirâtre ff enfumé ; elle offre des fissures plus ou moins nom-

LES APOCYNÉES.

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(c breuses, longitudinales et transversales, qui inter- (( ceptent des carrés irréguliers et présente des sortes « de lunules arrondies ou ovales ou presque linéaires, oc à bords relevés. Ces lunules, qui rappellent assez (c bien' l’aspect des fructifications de certains Hypo- (( xylons, sont disposées en séries longitudinales ou « transversales et obliques. La face interne est « lisse, brune ou fauve clair et veinée de noir ou de (( fauve.

(( Cette écorce a une cassure courte, raboteuse et (( de couleur fauve ou gris brun. Sur une section c( transversale, elle se montre composée de deux (( parties : une extérieure ou corticale externe, soit c( compacte et formée d’un parenchyme semé de (( nodules lignifiées, soit caverneuse par la disparition (( de ces nodules : cette partie est recouverte d’un (C périderme mince ; une inteî'ne, exclusivement libé- « rienne, que traversent des rayons médullaires à « peu près droits.

(( Ces deux parties sont séparés par un tissu lacu- (( neux, grossier, plus ou moins apparent. » (Cauvet.)

Si nous pratiquons une coupe de notre écorce, nous trouvons encore une structure différente de celle qu’indique de Lanessan, dans son Histoire naturelle médicale.

L On trouve tout d’abord un suber brunâtre et formé d’une trentaine d’assises.

Au-dessous se voit 6 à 8 rangées de cellules offrant la meme forme que les précédentes, mais pos¬ sédant des parois minces et non suberifiées. Ces cellules sont rangées sur les mêmes files radiales que

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LES APOCYNÉES.

les éléments du suber. Elles proviennent du cloisonne- net d’une meme assise subéropbellodermique.

S"* Un parenchyme formé d’une quarantaine d’élé¬ ments elliptiques, ayant leur grand axe dans le sens tangentiel. Ce parenchyme contient, outre des laticifères inarticulés, des cellules scléreuses, soit isolées, soit réunies en massifs analogues à ceux que nous avons rencontrés dans V IIolaiThena, Un certain nombre d’éléments parenchymateux contiennent des cristaux rhomboédriques d’oxalate de chaux.

4"" Le liber est traversé par des rayons médul¬ laires, d’abord étroits à la partie inférieure, mais qui s’inliéchissent bientôt brusquement et s’avancent en ondulant vers l’extérieur. Outre les tubes criblés et le parenchyme libérien, nous trouvons : U quelques cellules scléreuses , plus nombreuses à la partie externe du liber ; des fibres isolées, fort volumi¬ neuses, très longues, à lumen fort étroit et présentant sur une coupe des stries concentriques.

Ainsi qu’on le voit, notre description, quoiqu’elle ait été faite sans consulter celle de M. Cauvet, s’en rapproche tout à fait.

C’est Gruppe, de Manille, qui, le premier, entreprit d’analyser chimiquement l’écorce deDi^a. Il en retira une substance amorphe, amère et fébrifuge qu’il nomma Ditaïne,

Jobst et Hesse ont repris l’analyse de cette écorce et y ont trouvé :

U Un alcaloïde, la Ditamine^ dont la formule est CiGpjioAzo-. Cette substance est soluble dans l’éther.

2" Un second alcaloïde, la Ditaïne ou Êchitamin

LES APOCYNÉES.

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dont la formule est Cet alcaloïde est

insoluble dans l’éther et soluble dans l’eau.

3" Un acide de consistance filante.

Deux substances amorphes, donnant, avec l’é¬ ther, une substance dextrogyre : l’une est une résine, V Ê chicdLOutchine ; l’autre est un corps

neutre et se nomme V Échirétine

Trois principes cristallisables et dextrogyres : VÉchicérine VÈchitéine et l’U-

chitine (C^2H7002).

L’écorce de VAlstonia scholaris jouit d’une grande vogue comme amère et tonique ; elle est fort em¬ ployée contre la dyssenterie et les fièvres.

h’Alstonia constricta est un arbre australien, qui peut atteindre 15 mètres de haut et 50 centimètres de diamètre. Son écorce est fréquemment employée aux mêmes usages que celle de la plante précédente.

(( L’écorce à'Alstonia constricta {Queeris landfever (( Bar/i) se présente, soit en fragments roulés ou cin- (( très, pouvant avoir une longueur de 28 centimètres, « soit en éclats diversiformes et de grandeur variable. « Leur face externe est simplement rugueuse et cre- (( vassée, très raboteuse et de couleur, soit grise, soit (( ferrugineuse ; leur face interne est lisse, finement c( striée en long et de couleur fauve grisâtre ou bru- « nâtre;]a cassure est grenue, dans la portion corti- (( cale proprement dite et très fibreuse, dans la portion « libérienne. L’aspect de cette cassure rappelle celui (( de certains Quinquinas jaunes cortiqués. Cette « écorce a une saveur amère persistante. » (Cauvet.) Si nous pratiquons une section transversale de

28

422 LES APOCYNÉES.

cette écorce, nous trouverons, en allant de l’extérieur vers l’intérieur, les tissus suivants :

Un suber assez épais (30 à 40 assises) et traversé par plusieurs zones peridermiques.

Une dizaine d’assises de cellules scléreuses rectangulaires , canaliculées , disposées en files radiales ; ces files continuent exactement celles du suber. Cela vient de ce que une même assise, fonctionnant sur ses deux faces, a donné naissance à l’extérieur à du suber et, à l’intérieur, à du paren¬ chyme presqu’immédiatement transformé en scléren- cbyme. Ces assises de sclérules sont les homologues des assises cristallifères sous-subéreuses, que nous avons rencontrées dans la plante précédente.

Un parenchyme fort épais, comprenant 70 ou 80 assises, et composé de cellules à parois minces, ovales, allongées dans le sens tangentiel. Au sein de ce tissu mou, se voient des amas de cellules scléreuses rappelant assez bien celles du Québracho. Des fibres, soit iso¬ lées, soit en petits massifs, soit enfin enfermées dans les groupes scléreux se montrent ça et là, surtout vers la partie interne de ce parenchyme. D’assez nombreux laticifères inarticulés circulent dans ce tissu.

Le liber, dont les rayons médulaires sont étroits, formés seulement de deux ou trois cellules d’épais¬ seur; ils sont moins flexueux que dans VA. scholaris. Au sein de ce liber, se rencontrent les mêmes éléments que dans le parenchyme précédent. Les fibres y sont plus nombreuses et disposées en groupes tangentiels étendus; les amas de sclérules sont plus rares et

LES APOCYNEES. 423

moins considérables. Le parenchyme libérien renferme des cristaux rhomboédriques d’oxalate de chaux.

Ainsi donc, à première vue, à l’aide de la formation sous-subéreuse, on peut distinguer très aisément les deux Alstonia, Dans VA. scholaris, cette formation est un parenchyme cristallifère ; dans VA. constricta, c’est un sclérenchyme.

A cette distinction capitale, M. Cauvet en ajoute d’autres :

La cassure de VA. constricta est fibreuse, celle de VA. scholaris ne l’est pas.

Le liber de l’A. constricta possède des fibres, celui de VA. scholaris n’en possède pas.

Ces distinctions sont parfaitement justifiées. Quant à celles de l’absence de laticifères, dans le liber de VA. constricta, et à la plus petite dimension de la lumière de ses sclérules, ce ne sont que des différences relatives, peu constantes et variant avec les échantil¬ lons observés.

Palm a retiré de VA. constricta : P Une résine amorphe, amère, soluble dans l’alcool; une essence à odeur camphrée ; S*’ un tannin colorable en vert par les sels de fer.

Hesse a retiré de cette plante un alcaloïde, l’A^s- tonidine, qui possède des propriétés tenant à la fois de celles de la quinine et de celles de la noix vo¬ mique.

Heckel et Schlagdenhauffen ont extrait de VA. constricta deux alcaloïdes : P lA Alstonine, qui se présente en houppes cristallines soyeuses ou en cris¬ taux incolores et brillants : YAlstonicine, qui est

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LES APOCYNÉES.

amorphe. L’acide azotique dissout r^Alstonine, en donnant naissance à un liquide fluorescent ; ce phéno¬ mène n’a pas lieu avec l’Alstonicine.

UAlstonia constricta s’emploie sous forme de poudre, de teinture et d’extrait fluide. La poudre est donnée dans le coryza. On a aussi employé cette plante, dans le traitement des fièvres synoque, typhoïde et puerpérale.

Pliimiera alba.

C’est V Arbre jasmin; son nom espagnol est Tabaïha, Cette plante croît à Porto-Rico, sur les parties sèches et sur les rochers delà côte. Elle possède un tronc et des branches charnues. Ses feuilles sont ovales- oblongues et naissent en groupes à l’extrémité des branches; elles possèdent une grosse nervure médiane et des nervures latérales, presque perpendiculaires à cette dernière. Les fleurs sont portées sur un fort pédoncule ; elles sont blanches et ont une odeur très agréable. Leur calice est court, à cinq divisions et sans glandes. La corolle est gamopétale, à cinq lobes. Les étamines sont incluses dans le tube et portent des anthères oblongues. Les ovaires sont au nombre de deux et distincts. Chaque fleur produit deux follicules divariqués, ellipsoïdes et coriaces. Les semences sont oblongues et entourées d’une aile membraneuse. Les cotylédons sont cordés. Toutes les parties de cette plante contiennent un latex abondant. D’après Ama-

LES ÂPOCYNÉES.

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deo (1), ce latex posséderait les propriétés irritantes de celui des Eupliorbiacées. A petites doses (8 à 10 grains) et donné en émulsion, il provoque desselles abondantes ; les naturels de Porto-Rico l’emploient depuis longtemps contre l’bydropisie. L’écorce de la racine est leur remède favori, contre la gonorrhée et la blennorragie ; on l’a également employée contre la syphilis. Ce qu’il y a de certain, c’est que la décoc¬ tion de la racine possède un pouvoir antiberpétique très remarquable et qu’en lavages elle modifie favo¬ rablement l’état des ulcères syphilitiques. Cette plante se trouve dans toutes les serres, il serait donc assez facile de l’expérimenter.

Plumiera rulira L.

Cette plante, vulgairement appelée Franchipanier rouge ou Fvangipa,nier , est originaire du Mexique et du Venezuela ; on la cultive beaucoup aux Antilles, l’on fait une grande consommation de ses fruits, qui sont délicieux ; on les nomme franchipane ou fran¬ gipane, Ce végétal possède de grandes et belles fleurs rouges, fort usitées comme béchiques ; on en prépare communément un sirop pectoral. Le latex, comme celui de la plante précédente, est irritant et préconisé

l’emploie contre les maladies cutanées et sj^pbilitiques. L’écorce est usitée comme drastique.

(1) Pharmaceut. Journal,, avril 1888, p. 881.

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LES APOCYNÉES.

Plumei*ia drastica Mart.

Cette plante croît abondamment au Brésil. Son latex frais, étendu dans du lait d’amandes, est admi¬ nistré comme purgatif, dans les fièvres intermittentes, contre l’ictère et contre les obstructions intestinales.

Plnmiera phagedcenica Mart.

Ce végétal, de même origine que le précédent, est employé à l’intérieur, comme anthelmintique et, à l’ex¬ térieur, contre le psoriasis et pour déterger les ulcères.

Carissa Carandas L.

Cette plante a reçu divers noms dans les pays d’o¬ rigine : Karundsi, Karaundsi (Hind), Karmka, (Beng), Karivandf Karinda (Bomb), Kalaka (Tarn).

Ce végétal abonde dans l’Inde; en sanscrit, on le nommait Karamarka. Ses fleurs, que nous avons décrites dans notre première partie, sont blanches et ressemblent à celles du Jasmin. Elles possèdent une odeur pénétrante. Le fruit est d’un noir pourpré. La Faculté de médecine de Lyon en possède une certaine quantité, venant du Garden-Daka et portant sur l’éti¬ quette le nom du D** Hooker. Ces baies, comme gros¬ seur et comme forme extérieure, ressemblent à des

LES APOCYNÉES. 427

olives. Les Indiens en font des confitures et les Euro¬ péens des conserves. On emploie cette dernière substance comme astringente, à l’instar de la conserve de roses.

Carisisa Xylopicron (1).

C’est un arbuste à rameaux d’un gris cendré, iner- mes, mais dont les jeunes rameaux sont épineux dans les bifurcations et chargés d’un fin duvet. Les feuilles sont ovales-elliptiques, mucronées, coriaces, glabres, penninerves, à bords revolutés. Les fleurs sont portées, au nombre de deux, sur des pédoncules terminaux. Les pédicelles sont glabres et trois fois aussi longs que le calice. Ce dernier est profondément bifide. La corolle est analogue à celle du Jasmin. Le fruit est une baie longue d’un pouce, ellipsoïde-allon¬ gée et obtusément acuminée. Cette espèce croît sur les montagnes, à Maurice et à Bourbon. On l’appelle vulgairement Bois amer ou Bois d' Absinthe. Ce bois a une amertume comparable à celle du Quassia amara. On en fait des gobelets tournés, dans lesquels on met de l’eau, du vin ou d’autres liquides. Ce bois est tonique, stomachique, digestif et fébrifuge.

Le Carissa madagascariensis possède les mêmes propriétés.

(1) Dupetit-Thouard. Flore des Iles Afr. Aust., 80, t. II.

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LES APOCYNÉES.

Allamanda cathartica.

C’est un arbuste de l’Amérique tropicale, à feuilles opposées ou verticillées et dont le fruit est une capsule a graines ailées. Son suc, qui est un évacuant éner¬ gique, a été employé avec succès contre les coliques de plomb. Suivant Ainslie, l’infusion des feuilles est un excellent cathartique.

Pouppé Desportes indique son suc comme purgeant convenablement à la dose de huit à dix gouttes. A doses plus élevées, c’est un vomitif violent.

Allamanda AuMctii.

Il paraît que cette plante a été importée du Brésil dans rinde, par les Portugais. Elle s’y est très bien acclimatée et y est aujourd’hui fort employée dans la thérapeutique. Ses feuilles constituent, comme celles de la plante précédente, un excellent cathartique. La beauté de ses fleurs la fait rechercher pour l’or¬ nementation des jardins.

Raiiwolfia canaideusis L.

Cette plante, qui croît à Porto-Rico, est nommée par les Anglais Milk-tree et, par les Espagnols, Palo do Leke. Son tronc atteint jusqu’à quinze pieds de hauteur ; il porte des feuilles ovales-lancéolées. Ion-

LES APOCYNÉES.

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gués et étroites. Ses fleurs sont petites et blanches ; le calice est court et sans glande ; la corolle esthypocra- térimorphe. Le tube est cylindrique et dilaté à l’inser¬ tion des étamines, qui y sont incluses. A la base de l’ovaire, se trouve un disque nectarifère. Les carpelles sont distincts ; le style est filiforme et le stigmate charnu. Il y a deux ovules dans chaque carpelle. Le fruit est une double drupe. Les semences sont ovoï¬ des ; elles possèdent un albumen charnu et des co¬ tylédons plans. Toutes les parties de la plante con¬ tiennent un latex fort vénéneux, qui, ingéré, occa¬ sionne une violente inflammation des intestins. L’extrait de l’écorce est fort employé à Porto- Rico, en applications contre les maladies para¬ sitaires. L’infusion de l’écorce, qui est fort amère, est communément employée par les naturels, pour le traitement de la syphilis. Enfin, une décoction de la plante sert fréquemment dans le lavage des ulcères de l’homme ou des animaux.

melodiniis uiouog^ÿ^nns Roxb.

Les fruits de cette plante, dont nous avons décrit les caractères botaniques dans notre première partie, sont des baies rouges. Dans les boutiques d’herbo¬ ristes de Hong-Kong, èon voit presque toujours des branches fructifères de M. monogynus suspendues à des tringles. Les Chinois appellent ces baies, fruits de S/ian CKeng, Elles sont fort employées dans la théra¬ peutique indigène, contre les affections glandulaires,

430 LES APOCYNÉES.

notamment contre celles du cou. L’auteur des Peu t'sao les recommande vivement et en donne même une figure assez réussie.

Ambelaiiia acida.

Ce végétal est originaire de la Guyane et des Antilles ; on l’a aussi nommé WiUughheia acida. C’est un arbuscule lactescent, à rameaux noueux, à feuilles opposées elliptiques, entières , brièvement pétiolées. Les fleurs sont blanches et subsessiles. Le fruit est une baie jaunâtre, ovoïde, biloculaire et gla¬ bre. Ce fruit est employé comme laxatif et dépu¬ ratif. En infusion ou en décocté, on l’administre très fréquemment dans les affections syphilitiques et dans la fièvre jaune. La macération de ces fruits, dans du tafia, sert à laver les vieux ulcères et est préconisée dans le traitement des chancres de toutes sortes ; l’application de ce macéré est des plus douloureux.

Ochrosia Borl>onica.

Cette plante qu’on a aussi nommée Diderota amphi- carpa, Rauwolfia striata^ Ophioxylon Ochrosia^ Cer- bera borbonica et Ochrosia undulata, croît, comme son nom l’indique, dans l’Ile Bourbon, ainsi qu’à Maurice. Ses rameaux sont jaunes ; le bois est également jaune, d’où le nom de Bois jaune de Bourbon, qu’onlui donne communément. C’est un arbuste à feuilles verticillées, dont le fruit est une drupe à mésocarpe coriace.

LES ArOCYNÉES.

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On considère ce végétal comme stimulant et fébri¬ fuge. On en fabriquait autrefois des coupes, Ton tenait l’eau destinée à Tusage des fébricitants.

EchUes cururu Mart.

C’est un arbre, qui croît dans les forêts du Brésil et en particulier dans la province du Rio-Negro. Son écorce est fort employée en infusion, contre Tatonie de l’estomac, les catharres et les fièvres gastriques.

Echites longiflora Desf.

Ce végétal se rencontre fréquemment dans l’Uru- gay, le Paragay, la République argentine et le Brésil. C’est un arbuste à tige laineuse, à feuilles cordées et possédant des fleurs dont le tube est remarquablement long. Sa racine est fusiforme. Les indigènes extraient de cette plante un latex abondant, qu’ils emploient avec succès en compresses et en lavements, contre les hémorroïdes . Mais c’est plus particulièrement la médecine vétérinaire qui tire parti de ce végétal ; on l’emploie couramment, en effet, pour combattre les fièvres putrides des Chevaux et des Mulets.

Echites alexicaca Mart.

Cette plante a été nommée par Hooker Dipladenia alexicaca; De Candolle a adopté ce dernier nom. C’est une liane à racine napiforme, à tige glabre, à feuilles

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LES APOCYNÉES.

opposées et orbiculaires et à fleurs roses. Elle croît abondamment au Brésil et plus particulièrement aux alentours de Bahia. Sa racine est douée de propriétés purgatives des plus énergiques ; elle a été préconisée contre l’ictère et contre les obstructions des organes abdominaux.

Echitesi mierantha Wahl.

C’est VEchysanthera micrantha de De Candolle. Originaire de la côte de Malabar, cet arbuste s’étend dans une partie de l’Hindoustan. Il porte des feuilles opposées, pétiolées et des fleurs roses, peu nombreuses.

Ses feuilles sont employées dans l’aménorrhée et sa racine est usitée, en lotion et en friction, contre les douleurs spasmodiques de la goutte.

Taberuæmontana ntilis Arn.

Cet arbre croît dans la Guyane anglaise. Il porte des feuilles opposées, ovoïdes, coriaces et glabres. Ses fleurs sont blanches et disposées en cymes axil¬ laires, pauciflores. Son latex, gras et crémeux, a l’aspect et la saveur de celui du Galactodendron. Il sert communément comme aliment.

Tatoerndemontana ncrcifolia Wahl.

Le nom espagnol de cette plante est Huevo de Gallo Muneco. Elle croît à Porto-Rico et dans toute

LES APOCYNÉES.

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Amérique centrale, et se localise le long des cotes. C’est un arbre atteignant seize pieds de haut ; il porte des feuilles opposées, longues, lancéolées et penni- nerviées. Toutes les parties sont extrêmement toxi¬ ques. Les nègres l’emploient à l’intérieur, dans le traitement de la syphilis. La décoction de l’écorce est fréquemment appliquée dans le pansement des ulcères.

Cerliera Manghas L.

Cet arbre habite Singapore et quelques îles voisi¬ nes ; il contient un latex extrêmement toxique. Il possède des feuilles opposées, rappelant celles du Nevium. Ses fleurs sont blanches, odorantes et disposées en cymes terminales dichotomes. Leur ca¬ lice est à cinq pièces. La corolle est infudibuliforme ; elle se compose d’un tube et de cinq lobes ovales, terminés par une pointe recourbée. Le fruit res¬ semble à celui du Thevetm; il est formé de deux drupes distinctes, dont l’une avorte généralement. Chaque drupe contient normalement deux graines ; mais, comme nous l’avons montré pour le Thevetia, l’une d’elles avorte fréquemment.

La graine du C. Manghas est douée de propriétés narcotiques extrêmement énergiques, rappelant celles du Datura Stramonium. A Java, l’écorce et les feuilles sont employées en décoction et à faible dose, comme purgatives ; le fruit réduit en pulpe y est appliqué en cataplasme, contre les maladies de la peau.

. Le Cerbera Odollam qui croît aux Indes et aux

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LES APOCYNEES.

Phillipines et le Cerhera Allouai du Brésil sont fort semblables au C. Manghas et doués des mêmes pro¬ priétés.

Camcraria latifolia.

C’est un arbuste originaire de Cuba et de la Jamaïque. Il porte des feuilles opposées, entières, elliptiques, à pétiole dilaté à la base. Les fleurs sont jaunes et disposées en cymes terminales. Le fruit se compose de deux follicules samariformes. C’est une plante fort vénéneuse. Les indigènes de l’Amérique centrale trempent dans son latex l’extré¬ mité de leurs flèches, qui sont alors très dangereuses et servent surtout à la chasse des Singes comestibles.

Oeissospermain Iceve.

C’est un arbre originaire du Brésil et que les in¬ digènes connaissent sous le nom de Pao~pareira.

De Candolle le rapporte au genre Tahernæmontana et le nomme Tahernæmontana lœvis. Cet arbre porte des feuilles entières, lancéolées et aiguës, brièvement pétiolées. Ses fleurs, peu nombreuses, sont portées sur des pédoncules extra-axillaires. Le fruit est un double follicule.

L’écorce de cette plante est fort employée par les médecins du Brésil, depuis que Selva (1830) a fait connaître ses propriétés fébrifuges et antipériodi-

LES APOCYNÉES.

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ques. Cette écorce nous arrive sous forme de lanières fibreuses, minces, jaunes et douées d’une saveur fort amère, due surtout à un alcaloïde.

Cet alcaloïde a été extrait pour la première fois, en 1838, par Santos, qui le nomma Geissospermine.

Les feuilles possédant aussi une saveur très amère, on a pensé qu elles contenaient également de la Geis¬ sospermine ; on y a trouvé, en effet, cet alcaloïde, mais en bien moins grande quantité que dans l’é¬ corce.

La geissospermine n’a pas encore été obtenue à l’état de pureté parfaite ; on l’emploie en solution alcoolique ou aqueuse. C’est une substance toxique, n’exerçant aucune action irritante, quand on l’injecte sous la peau : elle paralyse d’abord les mouvements volontaires, puis les mouvements respiratoires. Les nerfs sensitifs conservent leurs mouvements aussi longtemps que les nerfs moteurs. La Geissospermine doit être considérée comme détruisant les propriétés physiologiques de la matière grise du système ner¬ veux central. A faible dose, c’est un excellent fébri¬ fuge.

Alyxia istcllata.

L’écorce de cette plante a pénétré dans la théra¬ peutique européenne ; on l’emploie assez fréquem¬ ment, en Allemagne, contre la diarrhée chronique et contre les maladies nerveuses.

Par sa coloration, cette écorce se rapproche assez de l’écorce de cannelle; mais elle se présente en

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LES APOCYNÉES.

tuyaux plus petits, sa texture est fibreuse et son odeur rappelle celle delà Fève Tonka. Elle renferme, de l’acide benzoïque suivant Holmes.

II>o;ÿ^a.

C’est une plante que Griffon du Bellay a rapporté à la famille des Apocynées ; elle croît abondamment dans le Gabon. A l’état frais et à haute dose, elle est toxique. A petite dose, elle est aphrodisiaque et stimulante du système nerveux. Les guerriers et les chasseurs en font un fréquent usage, pour se tenir réveillés pendant les affûts de nuit.

CONCLUSIONS

En résumé, la famille des Apocynées très naturelle au point de vue morphologique, ne l’est pas moins au point de vue anatomique. Le petit tableau suivant montre combien il est facile, en lui adjoignant la famille des Asclépiadées, qui, à notre avis est fatale¬ ment destinée à se fondre avec elle, de la différencier de toutes les autres familles.

Renonculacées , etc., etc. Cucurhitocées . Salariées.

articulés... Convolvulacées, etc. inarticulés. Apocynées (et Asclépiadées).

Les Apocynées et les Asclépiadées forment donc un ilôt bien séparé et dont la diagnose anatomique est la suivante : Plantes k deux libers, Vun externe,

Vautre interne, possédant des laticifères inarticulés.

et un péricy de cloisonné de façon à former un tissu, dans le sein duquel s'organisent des faisceaux de fi¬ bres cellulosiques. Avec ces caractères, on pourra aisément, sur un simple fragment de tige, déterminer si cet échantillon appartient à Tune de ces deux fa¬ milles. C’est un résultat taxinomique dont l’impor¬ tance n’échappera à personne.

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i

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Tige. L'épiderme est formé de cellules affec¬ tant généralement une section rectangulaire; parfois, cependant, leur lumière est némispbérique (Melo- dinus monogynus) : ce phénomène est à l’épais¬ sissement des parois radiales. Fort souvent, l’épi¬ derme est glabre, mais parfois il porte des poils. Ces poils sont toujours simples, jamais ramifiés, du moins dans les espèces que nous avons étudiées. Ils peuvent être pluricellulaires unisériés {Vinca rosea), mais le cas est assez rare ; le plus souvent, ils sont unicellu- laires, pointus, à paroi épaisse et à cavité assez réduite ; ils sont assez courts (Nerium^ Mandevillea, Arditi7iia,Ic/mocarpus,i?/i7ync/iospermiim,etc.).Enfin, la paroi externe des cellules épidermiques peut être seulement relevée en papille surbaissée {Echites hicolor).

L’épaississement porte généralement sur la paroi externe seule ; dans ce cas cette dernière peut être entièrement cutinisée (Nerium oleander) ; générale¬ ment elle possède une cuticule et une couche de cel¬ lulose. Parfois, enfin, les parois latérales sont éga¬ lement épaissies {Toxicophlœa^ Melodinus, Dipladenia atropurpurea).

Fort souvent, cette assise s’organise en zone géné¬ ratrice, pour donner le liège (Tabernæmontana^ Am- Sonia, Toxicophlœa, Nerium, Vinca, Rhyncosper- mum). Parfois, la zone estbifaciale et donne du suber sur une surface, du parenchyme secondaire sur l’au¬ tre. Ce parenchyme se transforme souvent immédia¬ tement en sclérenchyme {Tabernæmontana).

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V exoderme est parfois peu différencié ; d’autres fois il tranche nettement sur les assises avoisinantes (The- vetia neriifolmy Tanghinia venenifera, Amsonia, Carissa, Apocynum, Mandevillea, etc.). C’est lui qui parfois donne le liège [Thevetia, Tanghiniaf etc.). Généralement ses cellules sont cubiques, ne renfer¬ ment pas de chlorophylle, ou du moins fort peu, ne contiennent pas de cristaux, et sont colorées parfois par un suc cellulaire rosé.

Le parenchyme cortical subit un certain nombre de modifications. Parfois, il débute par du collen- chyme (Rhyncospermum jasminoïdes, Vinca, The¬ vetia, Nerium, Tabernæmontana, Melodinus, etc.) ; d’autres fois, tous ses éléments sont minces (Mande- villea, Tanghinia, Amsonia, Toxicophlœa). Fort épais dans certains genres (Plumiera), il se réduit parfois beaucoup (Melodinus mongynus, Mamdevilla suaveo- lens). Dans les espèces que nous venons de citer, il n'atteint guère au delà de quatre à cinq assises. Il est toujours parcouru par des laticifères inarticulés, parfois fort larges (Toxicophlœa spectabilis). Il con¬ tient toujours de la chlorophylle, souvent de l’ami¬ don (Nerium, Tanghinia, etc.); les cristaux d’oxalate de chaux y sont fréquents : ce sont tantôt des mâcles (Nerium, Tabernæmontana, Dipladenia, Arduinia, etc.) ; tantôt des rhomboèdres (Thevetia neriifolia, Ca- rissaCarandas, etc.); tantôt enfin, un mélange de l’une et de l’autre formes (Echitesbicolor, Tanghinia, etc.). Parfois le système cristallin, au lieu d’être disséminé dans toute l’écorce, est réuni en une zone annulaire partageant en deux le système cortical (màcles du Forsteronia corymbosa).

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Entièrement parenchymateuse, dans un grand nom¬ bre de cas, l’écorce contient assez souvent des sclé- rules, soit isolées, soit réunies en massifs plus ou moins étendus (Dipladenm atropurpurea, Vinca her- hacea). Quant aux sclérules des Alyxia, elles provien¬ nent d’un cloisonnement bifacial, subéroscléreux, identique à celui que nous avons signalé dans les Tabernæmontana. Les échantillons que nous avons pu examiner ne nous ont pas permis de rechercher l’origine de ces éléments ; mais nous pensons que leur assise génératrice n’est autre que l’épiderme. Enfin, dans un certain nombre de cas {Apocynum, Carissa, Arduinia, etc.) de nombreuses cellules à gomme sont disséminées dans l’écorce.

UEndoderme se distingue généralement assez bien; il est gorgé d’amidon, cependant, dans un cer¬ tain nombre de cas; toutes les assises avoisinantes en possèdent également ; ce tissu devient alors fort diffi¬ cile à localiser (Nerium, Forsteronia , Ophioxyloriy Toxicophlœay EchiteSy etc.).

Le tissu péricyclique présente un faciès des plus constants. Il est toujours composé d’une couche de parenchyme d’épaisseur variable, dans laquelle sont disséminés des faisceaux de fibres cellulosiques. Des laticifères inarticulés circulent dans ce tissu ; c’est même qu’ils sont principalement localisés.

Le parenchyme a parfois une puissance relative¬ ment considérable [MandevilLea suaveolens) ; d’autres fois, il est très réduit et ne comprend que deux ou trois assises, au sein desquelles les fibres sontisolées ou réunies en paquets peu puissants {Echites hicolor).

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Il renferme presque toujours de l’amidon, souvent des cristaux (mâcles ou rhomboèdres). Les massifs fibreux y sont disposés tantôt en une seule rangée {Dipladenicij Rhyncospermumy Apocynum, Forste- ronia, Tahernæmontana), tantôt en deux rangées (Neriam), tantôt ils sont disséminés (A Ophioxy- Ion). Enfin, dans ce parenchyme, se rencontrent par¬ fois des cellules gommeuses {Carissa, Ichnocar- pus, etc.).

Le liber externe et la zone génératrice ne présen¬ tent rien de bien particulier.

Le bois varie de forme et de dimension : tantôt il est peu développé (Pluniiera)^ tantôt il est très puissant (Ophioxylon, Alyxia), tantôt enfin, et c’est le cas le plus général, il est d’épaisseur moyenne. Les rayons médullaires sont généralement fort étroits (sauf dans le rhizome de Gelsemium), lignifiés et amylifères.

Les fibres présentent deux faciès : elles sont rectan¬ gulaires et pressées les unes contre les autres {Nerium Apocynum, Vinca, Thanghinia, etc.) ou bien arron¬ dies et ne se touchant que par une ligne (Alyxia). En général, les fibres sont beaucoup plus nombreuses que les vaisseaux; d’autres fois, cependant (Plumiera), c’est le contraire qui arrive.

Le Liber interne est disposé en massifs isolés, sou¬ vent assez éloignés du bord xyleux.

Jamais les faisceaux ligneux ne restent séparés, en un mot le Bois forme toujours une zone continue, zone généralement circulaire ou elliptique, parfois cependant triangulaire (Nerium).

La Moelle existe toujours, parfois fort développée

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{Plumiera)y d’autres fois assez réduite {Thanghinia), Elle est généralement amylifère et, dans l’interstice de ses cellules, circulent des laticifères. Parfois elle ne possède pas de cristaux {Apocynuryiy Amsonia, IchnocarpuSy etc.), le plus souvent elle renferme des mâcles [Neriumy MandeviLleay Forsteronia. Tan- ghiniay T ah ernæmontana, Carissa CaranclaSy Echi- tes, etc.).

On trouve un grand nombre de plantes de cette famille, dans lesquelles, la moelle est toute entière parenchymateuse; dans d’autres, au contraire, on y trouve des cellules lignifiées.

Parfois, les cellules primitivement parenchyma¬ teuses se lignifient à la longue et gardent leur forme initiale; dans ce cas, tantôt la moelle se lignifie (Dip/a- clenia atropurpurea) , tantôt on rencontre des plages lignifiées et des plages parenchymateuses {Forstero¬ nia corymhosa).

D’autres fois, ce sont des cellules scléreuses à con¬ tours irréguliers, disposées en massifs épars {Taber- næmontana, Ophioxylony EchiteSy Rhyncospermumy Toxicophlœay Carissaovatay etc.). Enfin, dans certains cas on rencontre des cellules gommeuses (Apocynum, Carissa, Ichnocarpus, etc.).

Racine. Dans la généralité des Apoc^mées, la surface externe de la racine âgée est formée par un liège, issu du cloisonnement de l’assise subéreuse, cependant dans le Toxicophlœa spectahiliSy l’assise pilifère se cloisonne et donne un voile, analogue à celui des Orchidées.

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Le suher est brunâtre et généralement peu puis¬ sant; dans le Thevetia neriifolia, il est cependant fort développé et occupe presque la moitié de l’épaisseur de la racine.

Le parenchyme cortical a une épaisseur fort varia¬ ble. Il est généralement amylifère, et parfois (Apocy- num), il possède des cellules gommeuses. De nom¬ breux laticifères circulent entre ses cellules. Dans la plupart des cas, l’écorce de la racine est toute entière formée d’éléments minces ; quelquefois, cependant (DipladeniaJ, elle possède des cellules scléreuses.

endoderme, le liber el le bois ne présentent rien de spécial.

La moelle n’existe généralement pas ou est scléri- fiée ; cependant, on trouve des végétaux qui en pos¬ sèdent une molle {Vinca major).

Feuille. Le système libéro-ligneux, en s’échap¬ pant de la tige, pénètre dans le pétiole et s’y étale de diverses façons : tantôt en cinq ou sept groupes {Ne- rium); tantôt entrois {Rhynchospermum, Dipladenia^ Ichnocarpus, Thevetia, Tabernæmontana, Alyxia, Melodinus, Toxicophlœa, etc.) ; tantôt, enfin, en un seul {Echites, Forsteronia, Mandevillea, Apocynum, Ophioxylon, Vinca, Tanghinia, Plumiera, Carissa, etc.).

L’épiderme du pétiole a généralement sa paroi externe fort épaisse {Amsonia, Apocynum, Vinca, etc.), ou même entièrement cutinisée (Neriurn) ; par¬ fois l’épaississement gagne les parois latérales (Ne- rium odorum, Toxicophlœa, etc.).

Il est souvent entièrement glabre {Tanghinia, Ta-

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bernæmontdLnsij etc,); lorsque cet épiderme porte des poils, c’est le plus souvent vers la partie plane du pé¬ tiole qu’ils sont accumulés ; souvent même cette por¬ tion en est seule pourvue. Ces poils sont tantôt unicellu- laires {Neriurn, IchnocarpuSy Mandevillea, Fznca ma¬ jor, Vinca minor, etc.), tantôt pluricellulaires unisé- riés {Vincsi rosea, Dipladenia). Il arrive quelquefois que les cellules épidermiques sont simplement rele¬ vées en papilles obtuses {Echites bicolor),

U exodevme, que nous avons distingué dans la tige, s’échappe de celle-ci et va dans le pétiole s’étaler sous l’épiderme. De même qu’il existe un exoderme caulinaire, nous retrouvons ici un exoderme pétioLaire. Parfois peu net (.Verium, Tanghinia, Dipladenia^ The- vetia), il est souvent très aisément reconnaissable à ses grandes cellules cubiques, sans chlorophylle et qui présentent, dans le pétiole, le même caractère que dans la tige {Echites ^ Apocynum, Mandevillea, Ca- rissa, etc.). Dans certains cas, l’exoderme contient un suc cellulaire coloré {Echites bicolor).

Le parenchyme fondamental offre un développe¬ ment variable : c’est dans les Plumiera et les Dipla¬ denia qu’il atteint sa puissance maximum. Il débute généralement, surtout quand l’exoderme n’est pas différencié, par un certain nombre d’assises de col- lenchyme.

Presque toutes les cellules de ce tissu contiennent de la chlorophylle.

Parfois sans cristaux, le parenchyme fondamental en possède souvent ; ce sont tantôt des rhomboèdres {Melodinus monogijnus), tantôt des mâcles {Diplade-

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nia, Echites, Arduinia, Toxicophlœa^ Neviurriy Fo7'S' teronidiy etc.). Parfois, on y rencontre des cellules gommeuses {Apocynum, IchnocarpuSy etc.). Lorsque ramidon se développe dans ce tissu, Vendoderme devient fort difficile à distinguer {Dipladenia) ; pour le voir, il faut alors examiner des feuilles très jeunes; mais, le plus souvent, ce tissu tranche bien, par son contenu amylacé, sur les assises voisines [Thevetm, Vincay Tanghinmy etc.).

Le tissu pévicy clique, de même que l’endoderme, ne subsiste qu’à la partie dorsale des groupes vasculai¬ res. Il est composé de cinq à six assises presque tou¬ jours collenchymateuses ; les fibres qui s’y étaient or¬ ganisées dans la tige ont ici complètement disparu. Il contient un nombre considérable de laticifères.

Le système libéro-ligneux ne présente rien de spécial. Dans les Alyxia, nous retrouvons les mêmes fibres ligneuses que nous avons décrites dans la tige. Les massifs de liber interne sont parfois placés fort loin des bords xyleux et quelquefois même disposés sur deux rangs.

Le Limbe est généralement composé de deux épi¬ dermes, d’un parenchyme en palissade et d’un paren¬ chyme lacuneux. Toutefois, dans certains cas, on y trouve un tissu spécial, qu’on désigne sous le nom ' d’Hypoderme (Nerium, Ichnocarpus), Nous avons montré que ce n’était qu’une continuation du col- lenchyme pétiolaire. Dans les Nerium, on en trouve deux couches: une supérieure, une inférieure; dans VIchnocarpus, la couche supérieure seule subsiste.

Dans le tissu péricyclique des pétioles nous avons

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constaté la disparition des fibres cellulosiques, si com¬ munes dans la tige; dans le limbe, nous voyons réap¬ paraître parfois ces fibres avec toute leur puissance {Rhyncospernum), D’autres fois, au-dessus et au-des¬ sous des nervures principales, se voit un cordon col- lenchymateux {Thevetia neriifolia) ; enfin, dans le Toxicophlœa spectabilis, on rencontre deux tissus palissadiques, l’im supérieur, l’autre inférieur.

Les cellules de l’épiderme supérieur sont générale¬ ment plus étendues que celles de l’inférieur ; leur paroi externe, rarement mince (Amsonm), est en général fortement épaissie ; parfois les parois laté¬ rales le sont aussi {Toxicophlœa). Les éléments des deux épidermes sont souvent prolongés en poils, tan¬ tôt unicellulaires {Nerium, Ichnocarpus, etc.), tantôt pluricellulaires unisériées {Vinca rosea, Dipladenia), Quand ces productions existent, c’est généralement l’épiderme inférieur qui les porte {Nerium y Ichnocar- puSy Dipladenia, etc.); cependant, on voit dans cer¬ tains cas l’épiderme supérieur en être pourvu {Vinca rosea). D’autres fois, les cellules épidermiques se relè¬ vent simplement en papilles ; c’est tantôt l’épiderme inférieur {Apocynum cannabinum)^ tantôt les deux à la fois {Apocynum androsœmifolium) qui portent des papilles.

Le parenchyme en palissade présente une épaisseur variable et inversement proportionnelle à celle du tîssu lacuneux. Tantôt il n’y a qu’un seul rang de palissade {Apocynum venetum, Ichnocarpus frutes- cenSy Vinca rosea, Thevetia neriifolia, Mandevillea suaveolens, Melodinus monogynus, etc.) ; tantôt deux

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(Echites bicolor, Apocynum androsœmi folium, Am~ Sonia salicifolia, etc.) ; tantôt trois {Diplaclenia atro~‘ purpurea, etc.), tantôt davantage.

Le tissu lacuneux renferme souvent des mâcles d’oxalate de chaux {Dipladenia, Thevetia, Alyxia, etc.).

En résumé, les caractères variables de cette famille sont tous d’ordre secondaire et paraissent être le résultat de l’adaptation au milieu extérieur; quant aux caractères principaux, ils demeurent d’une remar¬ quable fixité. Le principal caractère de la famille est d’avoir un liber interne. Ce fait la rapproche immé¬ diatement des Solanées, Loganiacées, Convolvulacées, dont les rapprochaient déjà les caractères morpho¬ logiques. Nous avons dit comme quoi le liber interne des Cucurbitacées nous semblait de nature différente de celui des Apocynées ; il ne saurait donc être question d’un rapprochement immédiat entre ces deux familles.

Nous ne résumons point ici les caractères histolo¬ giques des drogues que nous avons étudiées, nous nous contenterons de constater qu’à l’aide du micros¬ cope, nous avons pu aisément distinguer toutes les substances employées en médecine, qu’aucune confu¬ sion n’est possible entre elles et qu’il est, dès lors, facile au pharmacien de reconnaître ces substances et d’en déceler les fraudes. Nous avons vu combien est grande la quantité de matériaux que cette intéressante famille fournit à la thérapeutique. Nous ne nous trou¬ vons pas en présence de produits anodins, ne subsis¬ tant encore que par leur réputation passée et destinés

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fatalement à tomber dans l’oubli, lorsque la thérapeu¬ tique moderne se sera débarrassée de tous les remèdes inutiles qui l’encombrent et qui obstruent sa marche en avant. Toutes les substances extraites des Apocy- nées sont des plus actives; toutes possèdent des alcaloïdes à action rapide et précise. Leur application à la thérapeutique n’est encore qu’à la période d’essai et déjà elle donne les plus belles espérances. Malheu¬ reusement leur action physiologique et leur compo¬ sition chimique ne sont pas encore déterminées d’une manière rigoureuse. Les recherches dans ce sens se multiplient de jour en jour et tout fait prévoir que, dans un avenir assez rapproché, à nos remèdes héroï¬ ques bien connus : la quinine, la morphine, la digita¬ line, la codéine, l’atropine, etc., viendront s’ajouter d’autres alcaloïdes : la gelsémine, la strophantine, la w^rightine, la thévétine, la geissosperrnine, etc., tout aussi sûrs et tout aussi actifs.

Nous aurions voulu insister davantage sur certains faits anatomiques ; le temps et nos fonctions ne nous ont pas permis de donner à ce travail toute l’exten¬ sion que nous aurions désirée, nous espérons revenir plus tard sur ce sujet et le compléter.

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