* À — * « et … CR L'RS de. ' l à C'TRL le . pe s _ POP 1 Se * p2 p \ ARTE cor 481-1836. +7: es LÉ AA SNS c EU ge HTEYON, IMPRIMERIE DE DUMOULIN ET RONET, * Quai Sünt-Antoine, 3547 SARNMABES SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON. EXON, — IMTR. DUMOULIN ET RONET. ANNALES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE L OM. F4 2 a rs 7 . Fleur. . Sépale de grandeur naturelle. i2 3. Sépale grossi. 4. Pétale. 5. Ovaire grossi, avec le style et le pédicelle. 6. Silicule. 7. Cloison porlant ses graines. 8. Graine de grandeur naturelle. 9 et 10. Graine grossie. Fic. E. ALYssUM FLEXICAULE (N). . Fragment de la plante de grandeur naturelle. Fleur. . Sépale de grandeur naturelle. . Sépale grossi. . Pétale. . Etamine. . Ovaire grossi, avec le style et le pédicelle. 8. Silicule. 9. Cloison portant ses graines. 10. Graine de grandeur naturelle. 11 et 12. Graine grossie. NO À vo NO 13. Un faisceau de poils étoilés de la silicule gross. Fc. F. ALyssUM MonNTANUM L. 1. Fleur. 2, Sépale de grandeur naturelle 3. Sépale grossi. 80 . Pétale. . Etamine. . Ovaire grossi, avec le slyle et le pédicelle. . Silicule. . Cloison portant ses graines. . Graine de grandeur naturelle, 10 et 11. Graine grossie. 12. Un faisceau de poils étoilés de la silicule grossi. © D NJ E où à E Alt. montanum. AL flexicaule. ? { k ) ) \ | É v À \ } 1 \ / \ V4 l ) © \ Us 70 + | »@ | } | | | \ \ Y | NS \/ | \ mi { # } kb ÿ | X 1 Û 3 fr l | | S », Li} : ) x (4 219 10 * 3 k t = : _ É à | Re | | , ” u {} = ; | f "| (C3) « fs) Ï 6 r. , AR NT -Y Il | 3 \ | < CM À, Alyssum lapeyrousianum BAL hahmifolium CAL macrocarpum D. Ale spinosum F. AL flexicaule Ê Als montanum 81 GENRE VIOLA. VIioLA VIVARIENSIS(N.), pl. 2. Fleurs portées sur des pédoncules allongés, cour- bés au sommet et munis de deux bractéoles placées immédiatement au-dessous de la courbure , quel- quefois plus bas, lancéolées, aiguës, incisées ou pinnatifides à leur base. Sépales étroitement lancéo- lés-linéaires, très-aigus, prolongés en appendices ovales-oblongs, tronqués, dentelés, ciliés, égaux au tiers de leur longueur. Pétales dépassant les sé- pales ; les supérieurs d’un bleu clair ou blanchätre; deux extérieurs écartés des autres et souvent un peu rejetés en arrière , oblongs, rétrécis vers leur base, entiers et arrondis au sommet, ne sé recouvrant pas l’un l’autre, à bords internes seulemert”conti- gus, ou divergents à partir de la courbure; deux intérieurs disposés sur un plan plus relevé, ellipti- ques-oblongs, marqués d’une légére strie d’un bleu foncé au-dessus de la courbure qui est jaunâtre et barbue. Pétale inférieur obové-cunéiforme, tronqué et mucroné au sommet, de couleur pres- que constamment jaune et plus foncée vers l’om- bilic , marqué au-dessus de 5 stries fines d’un bleu 6 82 foncé, les deux intermédiaires plus longues et bifides. Eperon bleuâtre , linéaire , obtus, droit avec son extrémité un peu courbée en dedans, très-comprimé latéralement, d’un tiers plus court que le pétale inférieur et presque double des appendices du calice. Anthères ovales-elliptiques, à loges parallèles et contiguës presque jusqu’à leur base , terminées par un appendice membraneux , ovale-obtus , cilié, et décurrent par une bordure de cils jusque vers leur milieu. Style courbé presque immédiatement au- dessus de sa base et redressé perpendiculairement , élargi et comprimé vers le haut. Capsule ovale- oblongue, un peu aiguë, faiblement et obtusément trigone, à valves portant environ 16 graines d’un brun clair , oblongues, presque trois fois aussi lon- gues que larges. Cotylédons à limbe ovale-oblong, deux fois et demie plus long que large , un peu ré- tréci vers le pétiole et plus long que ce dernier. Feuilles crénelées, toutes brièvement ciliées-pubes- centes et d’un vert obscur; les primordiales ovales, un peu en cœur à leur base; les inférieures lon- guement pétiolées, à limbe ovale, contracté vers le pétiole; les intermédiaires et les supérieures ovales- lancéolées, un peu obtuses, à limbe légèrement rétréei vers sa base, égal au pétiole , ou plus long dans celle du haut , souvent relevé et ondulé sur les bords. Stipules ciliées-puhescentes, plus courtes que le pétiole dans le bas de la plante, les dépas- 83 sant dans le haut, palmatifides à 7-10 lobes linéaires , entiers , décroissant sur les côtés, celui du milieu plus long et plus large, ordinairement muni de une à trois dents. Tiges anguleuses, un peu ailées, surtout vers le haut, nombreuses, simples, filiformes et couchées à la base, puis redressées élalées, longues de 1 à 2 décimètres. Racine pres- que vivace, bisannuelle, ou trisannuelle au plus. Je lai récoltée dans le vaste plateau subalpin des montagnes du Vivarais (Ardèche) , au-dessus de Burzet et d'Entraigues, auprès des sources de la Loire, où elle croît cà et là dans les prairies et le long des sentiers. Elle n’est point rare dans ces lo- calités , quoique bien moins abondante que le 7. su- detica W. dont on récolte la fleur pour l'usage des pharmacies, et qui est, à Burzet, l’objet d’un commerce considérable. Cette plante est voisine des 7. declinata W.etK., sudelica W,, et rothomagensis Desf., mais elle se distingue de ces trois espèces par des différences bien tranchées, qui ont été soumises à l'épreuve d'une culture de cinq années et de semis réitérés. Le F. declinata W. et Kit. a les fleurs beaucoup plus grandes et les pétales de forme obovale , l’in- férieur plus arrondi, bien moins tronqué au som- met et moins cunéiforme à la base, tous, de couleur violacée; son éperon n’est point aminci sur les côtés, ni courbé en dedans à son extrémité, mais droit, 84 souvent un peu arqué en dehors ; ses feuilles sont plus étroites et plus longues, bien plus atténuées en pétioles, à dents plus écartées ; ses stipules sont découpées en lobes très-allongés, tous rétrécis in- férieurement et très-entiers; ses graines sont moins nombreuses et de forme évidemment moins oblon- gues, deux fois et non presque trois fois aussi lon- gues que larges. Le . sudetica W.; V. lutea Smith, qui croit pêle-mêle avec la plante que je signale, en est tout- à-fait distinct. Ses fleurs sont du double plus gran- des, d’un beau violet, très-rarement jaunes dans les montagnes du centre de la France, et jamais bleues , à pétales supérieurs moins écartés et se re: couvrant par leurs bords internes ; son éperon est plus épais, oblus, nullement aminci sur les côtés ; ses anthères sont plus oblangues , à loges divergen- tes du milieu à la base et à appendices décurrents, par une ligne de cils qui se prolongent jusqu’à leur base; son style est redressé moins perpendiculaire- ment; sa capsule est plus ovale et plus courte, et ses graines une fois et demie et non trois fois aussi longues que larges ; ses feuilles sont d’un vert moins sombre, plus brièvement pétiolées etsesstipules divi- sés en lobes moins nombreux , tous très-entiers ; ses tiges sont plus étroitement ailées, plus faibles , plus nombreuses et radicantes à leur base ; sa racine est très-vivace. 85 Le F. rothomagensis Desf. a de grandes fleurs , des pétales largement obovés, un éperon assez épais, des stipules pinnatifides, des feuilles pour la plupart cordées à leur base, à pétiole très-étroit. Il est très- hispide dans toutes ses parties, et ses poils dépassent en longueur le diamètre des tiges et des pétioles. Sa durée paraît être la même que celle du F. vipa- r'ensts. Le 7. tricolor des auteurs, qui comprend vrai- semblablement plusieurs espèces très-voisines , se reconnaît à sa racine annuelle et à ses stipules pin- uatifides. Dans le 7. tricolor arvensis, la capsule est assez courte et très-obtuse; les cotylédons sont exactement elliptiques à peine deux fois aussi longs que larges, contractés et non rétrécis à leur base, vers le pétiole. Dans une prochaine note, je me propose de re- venir sur les espèces de Viola , du groupe à sigmate urcéolé, qui me semble avoir peu attiré l’attention des Botanistes, jusqu’à présent, et n’est pas, à mon avis, trailé d’une manière satisfaisante dans les auteurs. Explication de la deuxième planche. VIOLA VIVARIENSIS.(N). 1. La plante entière de grandeur naturelle. 2. Fleur, vue de face. 3. 4. 5. 6. “8 8. La même, vue de côlé. Pétale supérieur. Pétale intermédiaire. Pétale inférieur avec son éperon. Le même, vu de côté. Anthère grossie. Ovaire, style et stigmate grossis. . Capsule entourée par les sépales. . Graine de grosseur naturelle. . La même, grossie. . Sépale du calice, à la maturité du fruit. . Stipule. . Feuille du milieu de la tige. [6. Jeune plante pourvue de ses cotylédons, 37 GENRE SAGINA. Sacina PATULA (N.) pl. 5, fig. À, 4 à 7. Pédoncules capillaires , axillaires, uniflores , plus longs que les entre-nœuds, jeunes dressés , puis lé- gèrement penchés, à la fin droits, un peu étalés, parsemés, surtout vers le haut, de très-petits poils glanduleux qui se trouvent également sur le calice. Celui-ci est à quatre, rarement cinq sépales ap- pliqués sur la capsule et atteignant presque le som- met des valves, ovales-oblongs, obtus, un peu convexes et carénés sur le dos , blancs membraneux sur les bords , les deux extérieurs terminés par une petite pointe fléchie en dedans. Pétales. très-petits L glanduliformes, obovés, tronqués, à peine émarginés, dix fois plus courts que les sépales. Etamines quatre, rarement cinq, de moitié plus courtes que les sé- pales, égalant l’ovaire, à filets insérés immédia- tement en dessous, et un peu dilatés à leur base. Anthère arrondie, blanchâtre. Quatre, rarement cinq styles dressés, un peu étalés. Ovaire ovale, aigu. Cap- sule divisée jusqu’à la base en quatre ou rarementcinq valves. Graines brunes, ovales-réniformes, finement chagrinées et munies d’un large sillon sur le dos. Feuilles glabres, linéaires-subulées, aplaniesendessus, 88 un peu convexes en dessous, terminées par une fine arête, très-entières; les caulinaires, opposées et réunies, à leur base, en un godet membraneux, très- rarement munies vers la gaîne de très-petits cils ca- ducs ; les radicales plus allongées, souvent persis- tantes en rosette au bas de la plante. Tige ramifiée dès la base, non radicante, à rameaux très-nom- breux, courbés, ascendants, étalés , un peu flexueux, filiformes, souvent divisés, glabres, et vus à la loupe, parsemés de glandes sessiles. Racine annuelle , rameuse, à fibres principales très-écar- tées. Piante très-grêle, haute de 10 à 45 centimètr. Je l’ai récoltée dans les champs cultivés, à sol argileux, à Quincieux (Rhône), où elle croit en quantité, et le plus souvent péle-méle avec le S. apetala L. Elle est annuelle comme cette derniere espèce et fleurit en mai et juin. Le S. patula est fort voisin du S. apetala L., mais il s’en distingue au premier coup-d’œil à ses rameaux plus étalés et à son calice appliqué sur la capsule ; ses styles sont plus courts, ses pédon- cules poilus glanduleux vers le haut, ses feuilles plus allongées et d'un vert plus sombre, ses graines d’un tiers plus grosses, d’un brun plus clair, et plus finement chagrinées; elle est aussi un peu moins grêle dans toutes ses parties. Le S. apetala L. est d’un vert clair , à rameaux redressés , à sépales sensiblement plus courts que 89 la capsule et tout-à-fait étalés en croix, à la maturité. Ses pétales sont moins largement obovées, et un peu plus petits. Le S. ciliata de Fries, d’après la description don- née par cet auteur dans les Nov. Fl. suec., p. 59 , se distingue du $. apetalu L. par sa capsule penchée à la maturité et ses pédoncules glabres ; ses sépales sont cuspidés, ses feuilles ciliées et ses tiges diffuses. A ces caractères, il est impossible de reconnaître ma plante dont la capsule est parfaitement dressée, les feuilles ordinairement très-glabres et les pédoncules pubescents glanduleux. De plus, il n’est rien dit dans la description de l’auteur suédois du caractère si tranché que présente le calice, dont les sépales sont appliqués sur la capsule dans le S. patulu, et ouverts en croix dans le $. apetala L. Cette dernière espèce a été décrite par Linné, dans son Mant. alt. 2, p. 559, et indiquée en Italie. Or, l’espèce à sépales étalés est incontestablement la plante d'Italie, celle qui est prise pour le vrai S. ape- tala 1. par tous les auteurs. La description de Bertoloni , F1. it.2, p. 243, ne peut laisser aucun doute à cet égard: Æoliola calycis capsuld dehis- cente crucis in modum patentia. La plante que je signale est donc certainement une espèce distincte du vrai S. apetala L. Quoi qu’il en soit du S$. céliata Fries , si, ce qui me paraît très-peu vraisemblable, ma plante était la même que celle que cet auteur à 90 voulu signaler , il n’en serait pas moins juste de ne tenir aucun compte de la description qu’il en donne, car ce n'est pas décrire une plante que d’omettre, en la signalant, précisément le seul caractère qui la distingue nettement de ses congénères les plus voi- sines, et de lui en attribuer un autre comme essen- tiel, qui lui est tout-à-fait étranger: Capsuld nutante! Explication de la troisième planche. F1c. A. SaGiNA PATULA (N.). . La plante entière de grandeur naturelle. . Sépale grossi. . Pétale grossi. . Etamine. . Capsule. . Capsule mûre entourée par les sépales dont l'un a été O7 4 ©) RO > (en enlevé dans sa moitié supérieure. 7. Graine de grosseur naturelle. 8 et 9. Graine grossie. Frc. B. SAGiNa APFTALA L. 4. La plante entière de grandeur naturelle. 2. Sépale grossi. 3. Pétale grossi. 4. Etamine. 5. Capsule. 6. Capsule avant la malurilé, entourée par les sépales. 7. Capsule müre avec les sépales étalés en croix. 8. Graine de grosseur naturelle. 9 et 10. Graine grossie. ul 91 GENRE ORCHIS. Orcis Hawru (N.), pl. 4, fig. À, 1 à 18. Fleurs de grandeur médiocre, d’un rose trés- pile, disposées en épi ovale-oblong, assez lâche. Bractées membraneuses, blanchätres, à nervure dor- sale verte, lancéolées, acuminées , égalant environ la longueur de l’ovaire. Divisions supérieures du périgone soudées inférieurement et conniventes en forme de casque ovale, à pointes libres , flexueuses. Trois divisions externes plus grandes, lancéolées, acu- minées ; les latérales élargies davantage et obliques à leur base, marquées jusqu’au-delà du milieu de trois nervures, vertes en dehors, rougeàtres en dédans; l'intermédiaire droite, de forme plus oblongue, à une seule nervure. Deux divisions internes appliquées contre la face intérretre des autres et presque soudées avec elles, d’un tiers plus courtes, étroites, de forme exactement li- néaire et brièvement acuminées au sommet. Tablier pendant, d’un rose blanchätre, marqué de points purpurins plus gros dans le milieu, plus petits et plus nombreux sur les bords , largement ovale dans son pourtour, à trois lobes légèrement dentelés; les latéraux obovés tronqués , inclinés en avant et GE P4] rapprochés du lobe médian par leurs bords internes; celui-ci en forme de cœur renversé avec un petit ap- pendice dans l’échancrure. Eperon blanchâtre, oblong-linéaire, presque égal et cylindrique, un peu courbé et dépassant à peine le milieu de l’ovaire. An- thére plus courte que la moitié des divisions du pé- rigonue, arrondie, apiculée, d’un brun rougeâtre livide. Masse pollinique d’un vert clair, obovée-pyri- forme, aussi longue que son pédicelle. Bursicule surmonté d’un appendice linguiforme plus long que le pédicelle de la masse pollinique. Staminoïde oblong. Feuilles d’un vert pâle, glaucescentes, oblongues-elliptiques , aiguës et mucronulées, les inférieures dressées-étalées, les supérieures dressées et ordinairement appliquées contre la tige qu’elles embrassent an moment de la floraison. Tige haute de 12 à 45 centimètres envron , munie de 4-6 feuilles, nue dans son liers supérieur, assez fortement striée, dressée, point raide, souvent un peu flexueuse. Tubercules ovoïdes, entiers, courtement pédicellés. Cette espece croît dans les lieux secs de la forêt des Maures, près du Luc (Var), où elle a été découverte par M. Hanri du Luc, qui m’en a envoyé de beaux exemplaires vivants. Je l’ai reçue de Corse, sous le nom d’O. acurninata Desf.; c’est, sans doute, la même plante qui est indiquée sous ce nom, aux en- virons de Nice, par Risso. Elle vient en ltalie , dans ja Calabre, et probablement dans beaucoup d’autres 93 lieux, où elle aura été prise pour l’O. acuminata Desf. Elle fleurit au commencement de mars. L'O. acuminata Desf. FI. atl. 2. p. 318, t. 217, se distingue de l'O. Hanr&, surtout par Ja forme du tablier, dont les lobes latéraux sont linéaires, courts, tronqués et perpendiculaires sur le lobe médian qui est de forme rhomboïdale et non régulièrement obcordé. Les divisions internes du périgone sont de moitié plus courtes que les éxter- pes, plus larges que dans l'O. Hanriï et de forme lan- céolée. L’éperon est plus épaissi vers son extrémité, et comprimé d’après Desfontaines. Les bractées dé- passent ordinairement l’ovaire , et l’anthère est bien moins nettement apiculée. Ses fleurs sont aussi beau- coup plus petites et plus nombreuses, en épi bien plus serré et plus court ; leur couleur est presque blanche. Ses feuilles sont plus larges et plus obtuses, et sa taille paraît plus élevée. M. Mutel , dans sa Flore française, 4. p. 235, dit avoir observé l'O. acuminata Desf. en quantité, à Bone , en Afrique, et insiste sur la forme du tablier qui est si remarquable dans cette espèce. La figure et la description de Desfontaines s’accordent avec ses observations. Mon ami , M. Sagot, botaniste distingué de Paris, a bien voulu , sur ma demande , examiner la plante de l’herbier Desfontaines. D’après les excellentes ob- servations qu'il m'a transmises, et aussi d’après les 91 dessins reproduits dans la fig. B. de la planche 4 ci- jointe, qu’il a pu faire sur des exemplaires étiquet- tés de la main de Desfontaines , il m'est impossible de conserver aucun doute sur la différence réelle qui existe entre la plante du Luc, de Corse et d'Italie, et celle d'Afrique. Cette dernière, d’après Poiret, Enc. suppl. 4. p. 175, serait la même plante que son O. lactea , décrit antérieurement dans Lamark Dict. 4. p. 594. Les descriptions des deux auteurs cadrent, en effet, sur beaucoup de points et s'appliquent pro- bablement à la même espèce ; néanmoins, comme l'identité des deux plantes ne pourrait être que dif- ficilement demontrée, je pense qu'il convient de laisser à la plante de Desfontaines qui est figurée et mieux connue, le nom qu’elle porte, et cela avec d'autant plus de raison qu’elle n’a pas toujours les fleurs blanches, comme l’observe M. Mutel. Explication de la quatrième planche. Frc. À. Orcuais Hanrit (N.). 1. La plante entière de grandeur naturelle. 2. Fleur vue de côté accompagnée du pédicelle et de la bractée. 3. Fleur vue de face. 4, Bractée. 5. Divisions supérieures du périgone 95 6. Division supérieure latérale. 7. Division supérieure intermédiaire. 8. Division interne. 9, Tablier. 40, Corps de l’anthère. 11. Le même vu de côté. 12. Masse pollinique avec son pédicelle. 15. Bursicule avec son appendice. Fic. B. Orcxis AcuMINATA Desr. 1 et 2. Fleur accompagnée du pédicelle el de la bractée. 3. Divisions supérieures du périgone. Fic. C. OrcHiIS VARIEGATA ALL. 1. Fleur, vue de côté, accompagnée du pédicelle et de la braciée. 2. Fleur vue de face. 3. Bractée. 4. Divisions supérieures du périgone. 5. Division supérieure latérale, 6. Division supérieure intermédiaire. 7. Division interne. 8. Tablier. 9. Corps de l’anthère. 10. Le même, vu de côté. 11. Masse pollinique avec son pédicelle. 12. Bursicule avec son appendice. 96 Oss. La présente note était achevée, lorsque j'ai appris que mon ami, M. le docteur Hénon , venait de lire, à la Société d'agriculture de Lyon, un mé- moire sur la même espèce d’Orchis qu'il avait ap- portée d’un voyage tout récent dans le midi de la France. Quoique son mémoire ne me soit pas encore connu , je m’empresse de reconnaitre ici son droit de priorité sur cette espèce, à laquelle il pa- raît , d’ailleurs , avoir imposé, ainsi que je l'ai fait, le nom d’Orclus Hanru. ; Duchène Toiet 10." À. Orchis; hanriü. B. Orchis acuminata. - C Orehis variegata. 97 GENRE TULIPA. Le genre Tulipa est un de ceux dont les botanistes, en France, ont le plus négligé l'étude. On ne trouve dans les descriptions de nos auteurs que des carac- tères insignifiants, ou signalés d’une manière vague, et rien qui fasse bien connaître et distinguer les es- pèces de ce genre, dont plusieurs, spontanées dans nos champs, ne lassent pas l’admiration par leur beauté et l’éclat de leurs couleurs. Les auteurs ita- liens, Reboul notamment, et Bertoloni, dans son Flora italica, ont donné plus de détails sur les Tu- lipes de l'Italie; mais leurs descriptions, quoique assez exactes, me paraissent manquer quelquefois de précision, et la limite des espèces n’y est pas toujours indiquée d’une manière assez nette. Sans parler ici des T.-sylvestris L., celsiana DC., et gallica Lois., dont les caractères sont si peu connus, je citerai le 7. præcox Ten. et le T. oculus-solis SL. Am., deux espèces très-distinctes, qui sont encore généralement confondues par les botanistes français, la première n’étant mentionnée dans aucune de nos Flores. Mais avant de signaler leurs différences les plus caractéristiques, je vais donner la description d’une nouvelle espèce de tulipe que j'ai reçue de Savoie, sous le nom de 7° oculus solis .St. Am. , et qui fait le principal objet de cette note. 7 98 Toripa Diniert (N.), pl. 5, fig. A, 1 à 10. Fleur dressée avant l’anthèse. Périgone campa- nulé , renflé et arrondi inférieurement , très-légère- ment resserré au-dessus du milieu, évasé au sommet; trois divisions extérieures ovales-elliptiques, rétrécies des deux côtés, à partir du milieu, arquées en dehors et acuminées au sommet , courbées en de- dans vers la base ; trois intérieures de même forme, seulement un peu plus courtes, plus arrondies vers le haut, et aussi moins arquées et moins acuminées ; toutes très-glabres, à peine un peu pubescentes à leur pointe. Etamines d’abord plus longues que l'ovaire, à la fin de même longueur ; anthères déflo- rées, oblongues, mucronulées, égales aux filets; ceux-ci oblongs-linéaires, aplanis, très-glabres. Ovaire lisse, trigone , presque égal, un peu rétréci près du sommet, à longueur égale à quatre fois sa largeur. Stigmates arrondis, larges, dépassant le diamètre de l’ovaire, à crête munie de papilles très-courtes, distinctement canaliculée en dessus. Feuilles glaucescentes, glabres, dressées-étalées , lancéolées-oblongues , un peu aiguës, les supérieu- res plus étroites, toutes alternes , sessiles plus ou moins embrassantes à leur base. Tige lisse, dressée , uniflore et dépassant Jes feuilles. Bulbe ovoïde, revêtue d’une tunique mince et brune, 99 garnie à sa surface interne de poils épars, appli- qués, souvent presque nuls. Cette espèce est lrès-commune dans les champs du Clappey, près de Saint-Jean-de-Maurienne, en Savoie, d’où je l'ai recue de M. Didier, avocat fiscal à Annecy et botaniste zélé, auquel je suis redevable de plusieurs autres plantes rares. J'en ai planté des bulbes dans mon jardin, où elle fleurit dès les pre- miers jours de mai, quinze jours après le 7. oculus solés St-Am., et un mois environ après le 7. præcox Ten. La couleur de sa fleur est d’un beau rouge pour- pré fort tendre, vive et luisante à l’intérieur, pale et grisätre en dehors, vers la base du périgone dont chacune des divisions est marquée en dedans d’une grande tache occupant tout son quart inférieur , rhomboïdale en coin, d’un bleu grisätre , entourée seulement vers le haut d’une bordure d’un jaune très-päle , et finement incisée-dentée avec trois dents plus grandes au sommet. Les filets des étamines sont noirâtres avec leurs extrémités subulées blanches, et les anthères d’un brun livide ou violet, avec le pol- len jaune. L’ovaire est verdâtre, ct le stigmate de couleur de chair très-pâle. L’odeur de la fleur est légère et fugace, mais très-suave. Les feuilles sont couvertes d’une poussière glauque et munie d'une bordure cartilagineuse très-étroite, et souvent aussi de petits fils très-fins et caducs ; vues à la loupe, elles 100 paraissent loutes parsemées de points brillants et caitilagineux. Ces caractères se voient également dans d’autres espèces voisines. Je n’ai pas encore pu observer la capsule müre, ni les graines. Oss.— La couleur que je viens de décrire ne pa- rait pas constante dans cette espèce : au moment même où j’achève cette note, je recois de M. Didier un grand nombre d'exemplaires vivants du 7. Di- dieré, desquels il résulte que la couleur se modifie, et passe du rouge vif au jaune pâle, par une suite d’intermédiaires les mieux nuancés. Les taches qui existent à la base interne du périgone se rencon- trent toujours, mais elles deviennent d’autant plus pâles que la nuance de Ja couleur tire davan- tage sur le jaune. D’après l’observation de M. Di- dier, la couleur rouge pure est néanmoins domi- nante dans les lieux où croît cette tulipe, et les in- dividus à fleur jaune, où nuancée de jaune et de rouge, sont beaucoup plus rares, et semblent le ré- sultat d’un semis naturel, analogue aux semis de nos jardiniers qui ont produit dans les espèces de tu- lipes cultivées une foule de variétés de couleurs si tranchées et si belles. Celte espèce, qui se rapproche du T. oculus solis St-Am. et du T. præcox Ten. par la couleur ordi- naire de la fleur et la disposition des taches , en est parfaitement distincte par la forme du périgone et 101 de ses divisions, et aussi par la forme et la grandeur des stigmates. Ses feuilles sont plus courtes, tou- jours dépassées par la tige, et sa bulbe n’est pas lai- veuse. La forme de son périgone la rapproche du T.sylvestris L., mais sa tige est toujours droite et plus robuste. Les divisions du périgone et les filets sont très-glabres, et son feuillage est aussi bien différent. Le 7. scabriscapa Bert. F1. it. se distingue par sa tige beaucoup plus basse, toujours pubescente, et ses divisions internes étranglées près du sommet. Le T. serotina Reboul a les feuilles beaucoup moins larges, le périgone moins courbé en dehors et d’un rouge plus foncé ; les taches sont oblongues et noi- râtres , les anthères jaunes, et les filets verdâtres su- bulés filiformes. | IL me reste à donner les caractères des 7°. oculus solis St-Am. et T. præcox Ten, afin de pouvoir com- parer ces deux espèces entre elles, et avec le 7. Dr- diert. Tucrpa ocurus sozis (St-Am.), pl. 5, fig. B, { à 7. T. oculus solis St-:Am. Rec. soc. d'ag. I, p. 75.— DC. F1. fr. 3 p. 200. — Bert, F1. it. 4, p. 51, etc., T. aculiflora Poir. Dict. 8,134 Fleur dressée avant l’anthèse. Périgone campa- nulé, un peu rétréci à la base et s’élargissant insen- 102 siblement jusqu'au sommet, à divisions presque droites, oblongues-lancéolées, acuminées, gla- bres, et à peine un peu pubéscentes à leur pointe; les trois extérieures à bords souvent un peu réflé- chis, légérement rétrécies vers le bas ; les trois inté- rieures plus étroites et plus courtes, moins acumi- nées, moins rétrécies au sommet et davantage à la base. Etamines dépassant un peu l'ovaire. Anthères déflorées oblongues, mucronulées, plus longues que les filets lancéolés-linéaires, planes et glabres. Ovaire lisse, cinq fois plus long que large, oblong, trigone, un peu rétréci à son sommet. Stigmates pe- üts, arrondis, réniformes, à crête très-courte, ciliée, très-mince , à sillon peu visible, plas étroits que le diamètre de l’ovaire. Feuilles vertes, très-rarement un peu glauques, dressées-étalées, oblongues, al- Jongées, canaliculées et très-peu ondulées sur les bords ; les supérieures étroites et acuminées, toutes alternes , sessiles et plus ou moins embrassantes à la base, Tige lisse, dressée, uniflore, courte et dé- passée constamment par les feuilles. Bulbe ovoïde, à tunique chargée en dessous d’un duvet laineux. Je l’ai récoltée à Toulon, du côté d’Ollioules, où elle est assez commune dans les champs. Je l'ai ob- servée aussi à Draguignan (Var). Elle vient à Mar- seille, à Montpellier, et dans beaucoup d’autres lieux du midi de la France qu'il est, je pense, inutile d'in- diquer ici d'après les auteurs, à cause de la confu- 103 sion qui a pu être faite de cette espèce avec le 7° præcox Ten. Eile commence à fleurir vers le milieu d’avril, soit dans mon jardin, soit à Toulon, d’où provien- nent les exemplaires que je cultive. La couleur est d’un rouge écarlate, très-vive à l’intérieur, pâle et un peu jaunàtre en dehors. Les taches des divisions du périgone sont d’un bleu violacé noirâtre, oblon- gues-allongées, dépassant le tiers de leur longueur, entièrement bordées de jaune dans les extérieures, et dentelées tout autour, presque tronquées et inci- sées au sommet; dans les divisions intérieures, la bordure jaune est très-étroite sur les côtés, et dispa- rait près de la base; les dents du sommet sont aussi plus allongées. Les étamines sont d’un violet noirà- tre, les filets blancs à leur extrémité, et le pollen d’un beau jaune. Le stigmate est purpurin. Son odeur est presque nulle. Turipa Præcox Ten. pl. 5, fig. C, 1 à 7. T. præcox Ten. FI. nap. 1, p. 170. — R. et Sch. Sysi. v. 7, p. 14, p. 378.— Bert. FI. il. 4, p. 79. — T. foxiana Re- boul Sel. sp. t. p. 2, n° 1. Fleur dressée ayant l’anthèse. Périgone large, ren- flé et arroudi inférieurement, droit, point évasé au sommet, à divisions très-concaves; trois extérieures 104 ovales oblongues, un peu acuminées , pubescentes- laineuses à leur pointe, brusquement rétrécies et courbées vers leur quart inférieur ; les trois intérieu- res d’un quart plus courtes et plus étroites, de forme elliptique, faiblement rétrécies des deux côtés, ob- tuses et arrondies, avec ou sans échancrure au som- met. Etamines égales à l'ovaire, ou un peu plus cour- tes. Anthères déflorées oblongues, mucronulées, plus longues que leurs filets lancéolés-linéaires, pla- nes el glabres. Ovaire un peu scabre, quatre fois plus long que large, oblong, trigone, un peu rétréci à son sommet, Stigmates petits, arrondis, rénifor- mes, surmontés d’une crète ciliée, pubescente, mince et peu sillonnée en dessus, plus étroits que le dia- mètre de l’ovaire. Feuilles glaucescentes, très-allon- gées, les inférieures ovales-oblongues , ordinaire- ment déjetées, réfléchies dès leur milieu ; les supé- rieures dressées-étalées, étroitement et longuement acuminées, canaliculées et un peu ondulées. Tige lisse, dressée, uniflore, égalant ou dépassant les feuil- les. Bulbe ovoïde, épaisse, à tunique laineuse en dessous. Je l’ai récoltée dans les champs de la Garde, entre Hyères et Toulon, et à Vienne près Lyon, où elle croit abondamment dans des champs situés aux bords du Rhône, un peu au dessous de la ville. Je l’ai reçue vivante du Luc et de Grasse (Var), où elle n’est point rare. | 105 Elle fleurit dans mon jardin comme à Hyères et à Vienne, au commencement d’avril, quinze jours avant le 7. oculus solis. Sa couleur est d’un beau rouge, mais bien moins vive et moins écarlate que celle du 7. oculus solis, et bien plus foncée que celle du 7. Didieri. Elle ne se conserve pas parla dessiccation, et prend une teinte brune ferrugineuse. Les taches des divi- sions sont larges , dentelées , égales au tiers de leur longueur, d’un violet noirâtre, ovales-oblongues, et entièrement bordées de jaune dans les extérieures, rhomboïdales et bordées de jaune seulement au som- met dans les intérieures. Les anthères sont verdà- tres et le pollen d’un jaune sale. Les filets sont d’un brun grisätre, L’ovaire est, comme dans le 7: ocu- lus solis verdâtre, rougissant sur les angles et les sutures. Le stigmate est rougeûtre. Le duvet laineux de la tunique est plus roux que dans le T. oculus solis Son odeur est douce et presque nulle. La forme seule du périgone distingue parfaite- ment ces trois espèces à l’état frais, et il est impos- sible de les confondre, la fleur du 7. Didieri présen- tant la forme d’une cloche un peu resserrée , puis évasée au sommet , tandis que celle du 7. præcox qui est d’ailleurs plus grande, n’est ni resser- rée, ni évasée, et que celle du 7. oculus solis est rétrécie à la base, et non renflée comme dans 106 les deux autres. À l’état sec, ces caractères sont moins sensibles, mais il reste la forme des divisions du périgone. Dans le 7. Didiert, les extérieures se re- trécissent graduellement des deux côtés à partir du milieu ; dans le 7. prœcox le rétrécissement vers la base est brusque et commence bien au-des- sous du milieu ; dans le 7. oculus solis leur forme est plus étroite, plus allongée, et le rétrécis- sement bien moins marqué. Les stigmates diffèrent peu dans les 7. prœcox et oculus solis mais ils sont beaucoup plus grands dans le 7. Didierr, et leur crête est: munie d’un sillon large et pro- fond. Ce caractère est visible sur le sec. Les feuilles sont très-allongées dans le 7. præcox, et atteignent rarement la fleur. Dans le 7° oculus solis elles la dépassent constamment de beau- coup. La plante est d’ailleurs beaucoup plus basse. Le T. Didieri a des feuilles bien plus courtes que les deux autres et moins acuminées. Sa bulbe, à tunique légèrement poilue en dessous, est aussi très-distincte de celle des deux autres espèces. La longueur de l’ovaire et des étamines varie sui- vant leur développement , qui est graduel, et aussi suivant que les tendances à l’avortement se manifes- tent, ou non, ce qu’il n’est pas toujours aisé de re- connaître lorsque la plante n’est qu’en fleur. J'ai indiqué leur état le plus ordinaire, aussitôt après l’émission du pollen. 107 Je regrette de n’avoir pu tirer aucun caractère des capsules et des graines de ces espèces, dont je suis privé. On s’est souvent servi pour caractériser les tuli- pes de la présence où de l’absence des poils au som- met des divisions du périgone et de la forme plus ou moins acuminée de ces divisions. Je crois qu'une même espèce peut présenter de grandes variations à cet égard ; j'ai des échantillons très-pubescents du T. oculus solis St-Am. et d’autres qui le sont à peine. Mes exemplaires du T. præcox-Ten. de Vienne ont les divisions bien plus obtuses que celles de la plante d’Hyères, qui est d’ailleurs parfaitement iden- lique. Bertoloni, Fl. it. v. 4, p. 79, et Reiclien- bach, F1. exc. add. 703, signalent, d’après Reboul, plusieurs variétés du T. præcox Ten. , qui ne diffè- rent entre elles que par les divisions plus ou moins obtuses ou inégales , et les feuilles plus ou moins glauques. Si elles ne présentent pas d’autres carac- tères, il est évident pour moi que ce ne sont que des variations d’un même type, auquel il est fort inutile de donnér des noms de variétés. Rien, à mon avis, n’est plus propre à faire confondre ou mécon- naître les véritables espèces, et à porter préjudice à la science, que la multiplication des variétés daus les descriptions. Les variations des plantes sont nom- breuses mais les variétés ou dévialions constantes 105 sont extrémement rares dans la nature. Que les es- pèces soient circonscrites dans des limites larges mais certaines, enun mot dans leurs vraies limites, et leurs rapports mutuels | comme leurs déviations passagères, seront toujours plus faciles à saisir. Explication de la cinquième planche. Fig. À. Turpa Dinteri (N.). 4 et 2. La plante entière de grandeur naturelle. 3. Division exlerne du périgone. 4. La même, vue de côlé. 5. Division interne. 6. La même, vue de côté. 7. Etamine avant l’émission du pollen. 8. Etamine après l'émission du pollen. 9. Ovaire et sligmates. 10. Fragment de tunique de la bulbe, vu à sa surface interne. Fig. B. Turipa ocuLus sozis St-Am. . Fleur. . Division externe du périgone. . La même, vue de côté. . Division interne. 29 19 > CS xoswad vdtmg ‘9 ‘emes “enmoo vduuy q ‘HEIPIP vdrmL V es, n — LE e = = ES | = ——————— TT / |: ; 109 5. La même, vue de côté. 6. Etamine après l'émission du pollen. 7. Ovaire el stigmates. Fig. C. Tucipa prRæcox Ten. 1. Fleur. 2. Division externe du périgone. 3. La même, vue de côté. 4. Division interne. 5. La même, vue de côté. 6. Etamine après l'émission du pollen. 7. Ovaire et stigmates. Cxon. — Impr. Dumoulin et Ronet. PE ADOMAU ATIUTE 49. A è ÊTLIEREE (OMR do db onraizxe moiMeil .£ ; ès ob cov' sin nil: ot Jai nonayit à bio ob our otre el 2° ollog uh aniesta Vi tra actiontit 58 ecole fs sua :: 14 ? + PR: { sb ‘ sé RE Se CAPE. FETES RE en AE] CURE | Je . moilog nb noirs afrqé oniar.) bb ob our ,bmmdu et $E este uyUe 49 eMievO | OBSERVATIONS SUR PLUSIEURS PLANTES NOUVELLES 9 RARES OU CRITIQUES DE LA FRANCE. TAR ALEXIS JORDAN. GENRE VIOLA. Linné et la plupart des auteurs après lui, ont attribué au Viola tricolor une faculté de varier pro- digieuse. Ils lui ont rapporté non seulement plu- sieurs J’iola , à racine annuelle et à corolle élé- gamment nuancée de violet, de jaune et de blanc, qui sont d’un effet très-agréable dans les jardins , mais beaucoup d’autres encore, à parure plus modeste et de forme non moins variée, que l’on rencontre fréquemment dans nos champs. Pour cux , toutes ces plantes n'ont été que des modifi- cations d’un type unique dues à l'influence du 8 112 climat, du sol, ou de circonstances particulières. Cette opinion n’était certainement pas le résultat d'expériences directes, car rien ne prouve que ces expériences aient été faites; mais, en présence de formes nombreuses dont la similitude était frap- pante, et dont les limites n'élaient pas aisées à découvrir sur le sec, on a trouvé plus commode d’en opérer la réunion et de n’admettre qu'une espèce unique diversement modifiée. Cette appré- ciation rapprochée des idées généralement reçues sur la valeur et la limite des espèces, acquérait d’ailleurs un haut degré de vraisemblance. II est certain quele champ de l'observalion cst si vaste que nul ne peut se flatter de l’avoir épuisé entiè- rement , et qu'il reste toujours une foule de ques- tions dont la solution n’est possible qu'autant qu'on sait s’aider de l’analogie, en partant des faits déjà observés, ou des opinions les plus accrédi- tées. Ce procédé est éminemment scientifique. L'in- duction devance l'observation, et souvent l'é- claire et la rend féconde ; mais bien loin qu'elle puisse lui suppléer entièrement , elle a toujours besoin de sa sanction; car il est clair qu’elle tire toute sa valeur des faits sur lesquels elle s’ap- puie, qui peuvent être mieux connus, ou con- tredits par d’autres faits. Je ne veux pas exa- miner ici, au sujet du Viola tricolor, si l'opinion qui lui accorde une faculté de varier si grande est 115 le résultat d'une induction légitime, fondée sur des données certaines, sur des faits incontestables, ou si elle n’a d'autre base qn'un préjugé toul-à- fait sans valeur. Cette question d’une haute im- portance m'éloignerait trop de mon sujet, car elle cutraîne l'examen de ce que j'appellerai les idées linnéennes, c'est-à-dire d’une foule de jugements et d'opinions sur la valeur des espèces, et sur la méthode à suivre pour les distinguer et les classer, dont la diffusion est due surtout à l'influence de Linné , et qui prévalent encore dans beauconp d’esprits. Ce que je veux faire voir seulement , c'est que cette opinion n'est pas confirmée par l'examen , c'est que l'expérience lui est contraire. Je parle ici de ma propre expérience dont je vais indiquer les résultats, afin que chacun puisse en juger. Depuis plusieurs années, je cultive et sème ré- gulièrement chaque année un certain nombre de Viola qui seraient toutes à rapporter au Viola tri- color , si l’on doit s’en tenir à la description don- née par les auteurs , qui néanmoins sont faciles à distinguer les unes des autres , quoique très-voi- sines , et dont les caractères restent immuables.Je n’ai jamais obtenu de mes semis de modifications importantes , encore moins de ces transformations merveilleuses dont on parle tant, et dont la réalité me paraît plus que suspecte. Il est vrai de dire que Alu j'ai toujours semé, autant que possible, dans les conditions qu'offrirait la nature abandonnée à elle- même, en supprimant les engrais et toute ehaleur factice , en un mot, toute cause d’excitalion qui tendraità faire sortir de leur état ordinaire quel- ques individus d’un même type. Les essais de cul- iure pratiqués selon la méthode des horticulteurs pourront avoir, un jour, une grande utilité, quand l’état normal des espèces sera mieux connu ; mais je crois qu’au point où en est la science, ils ne peuvent servir qu'à rendre les difficultés inextri- cables, et qu’il importe, pour cela , de les éviter soigneusement. Sans doute, toutes les plantes, comme touslesêtres quelconques, sont suscepti- bles d’être modifiées plus ou moins, suivant le mi- lieu qu’elles habitent ; mais toutes les fois que des plantes voisines par leurs caractères se trouvent placées dans des conditions identiques, et que les différences qui les séparent subsistent, con- sidérées dans leur ensemble, je dis qu’elles doi- vent être regardées comme des espèces distinctes. Toutes les formes immuables et évidemment irré- ductibles sont, pour moi, des espèces. Je ne pense pas qu'on puisse raisonnablement se faire une autre idée de l'espèce, et en dehors de cette règle , je ne vois qu’arbitraire sans limite et qu’ab- sence complète de certitude. Comme je veux, pour le moment , me borner 115 à décrire lesespèces dont la patrie m'est bien con- nue et particulièrement les espèces françaises , je ue dirai rien ici de divers F’iola cultivés dans les jardins, dont plusieurs offrent des caractères très- remarquables ; je parlerai seulement de ceux que j'ai pu observer moi-même dans leur lieu na- tal et soumettre ensuite à l'épreuve de la culture. La question de la nomenclature sera d'une solution facile.Comme Linné et les auteurs qui ont décrit le V'iola tricolor,eiceux mêmes qui ont admis un F’iolu arvensis , ne leur ont attribué que des caractères vagues qui peuvent s'appliquer à des plantes dif- férentes; comme, d’ailleurs, ils n’ont pas eu en vue une forme déterminée et précise , mais ont toujours groupé plusieurs formes ensemble, ii devient inutile, si l’on veut distinguer plusieurs espèces, de rechercher à laquelle appartient, à l'exclusion de toute autre, le nom de Viola tricolor, ou celui de J’iola arvensis ; car il serait puéril , à mon avis, de vouloir faire distinguer aux auteurs ce qu'ils n'ont ni pu , ni voulu distinguer. Il fau- drait , au moins, reconnaître quelle forme a été généralement prise pour type , soit du Fiola tri- color soit du F'iolu arvensis ; ce qui ne peut se faire, plusieurs espèces distinctes ayant également joui de ce privilége. La détermination des espèces ou des variétés dont la limite n'est pas clairement indiquée dans les descriptions, ne serait possible, 116 àlarigucur, que par la comparaison des échan- tillons dans les herbiers; mais quand , par ce moyen qui est souvent impraticable et n'est ja- mais à la portée de tous, on serait arrivé à une conviction personnelle sur des faits en litige, on ne pourrait néanmoins espérer de la faire adopter sans contestation et sans réserve, et considérer la question comme définitivement résolue ; car cha- cun sait que les erreurs , en fait de vérifications sur le sec , sont facile à commettre, et que d’ail- leurs les anciens herbiers n’en contiennent que trop souvent, et par conséquent ne doivent pas être pris pour base de la détermination des espè- ces, et pour règle de la critique. Je pense qu’il convient de s’en tenir toujours et avant tout aux descriptions, quandelles sont claires, et qu’il faut, dans le cas où elles sont obscures, ou incom- plètes, consulter les autorités, et suivre l’usage qui a prévalu , sans jamais s’en écarter. Si, Loutefois, on ne peut rien trouver de positif dans les des- criptions , si les autorités sont en désaccord, si l'usage est incertain, je crois qu’il faut , sans hé- siter, proposer des noms nouveaux. Telle est la règle qui me paraît la meilleure et que je me pro- pose desuivre invariablement. Je ne puis m'empé- cher d'exprimer ici mon éloignement pour les opi- nions de plusieurs Botanistes du nord de l’Europe, qui, sous prétexte de revenir aux vérilables types 117 linnéens,changent les noms de plantesles plus uni- versellement adoptés contre des noms nouveaux, pour faire passer le nom linnéen à des espèces ra- res, ou peu connues , que la critique a récem- ment signalées. On ne peul soutenir, avec quel- qu'apparence de raison, que, si Linné n’a pas fait toutes les distinctions d'espèces admises au- jourd'hui, ce n’est pas par suite d'idées systéma- tiques , ou par la pente naturelle de son esprit, mais uniquement parce qu’il n’a connu que quel- ques formes et qu'il a fermé les yeux sur toutes les autres, même les plus communes. Ces admira- teursoutrés du grand naturaliste suédois , bien éloignés de reconnaître la fâcheuse impulsion don- née par lui à la science, sous un certain rapport , ne peuvent même se soumettre à l'idée qu’on puisse le taxer d'erreur, ou lui imputer un seul faux jugement. Pour moi qui ne suis pas aussi disposé à croire à l’infaillibilité de Linné , je pense que les descriptions de cet auteur , nulles par elles-mêmes dans la plupart des cas , n’ont de la valeur que par suite de l'usage qui les a consacrées, et suis d'avis qu'on doit respecter cet usage, et qu'on ne saurait trop protester contre des ten- dances qui auraient pour effet d’ôter à la nomen- clature botanique toute fixité, J'arrive à la description des espèces que j'ai à faire connaître. ViorA PALLESCENS (N.) , pl. 1, fig. A, 1h18. Pédoncules deux fois plus longs que les feuilles, dressés-étalés, presque lisses , un peu rudes au sommet. Bractéoles placées immédiatement sous la courbure du pédoncule , lancéoléces-oblongues, un peu aiguës, munies de chaquecôté, vers leur base, d'un ou deux petits cils terminés par une glande, très-courts , souvent presque nuls ; et prolongées au dessous en appendice obtus, épaissi et appliqué sur le pédoncule. Sépales oblongs- lancéolés acuminés, rétrécis insensiblement de- puis le milieu jusqu’au sommet, ciliés sur les bords, prolongés en appendices très- inégaux, ovales , tronqués , plus ou moins dentés, dressés en arrière et hon étalés à la maturité du fruit. Pé- tales presque deux fois plus courts que les sépa- les ; les deux supérieurs oblongs, divergents, de couleur blanche uniforme ; les deux intermé- diaires ovales-oblongs , blancs et sans stries ; l'in- férieur cunéiforme et apiculé, d’un jaune pâle vers l'ombilic, blanchâtre et dépouvu de stries visibles au dessus. Eperon blanchätre , linéaire, oblus, courbé en arc en dedans , presque cylin- drique, égal à la moitié du pétale inférieur et dé- passant un peu les appendices du calice. Anthères 119 ovales-elliptiques , à loges un peu écartées et di- vergentes du milieu à la base, à appendice large , un peu plus court qu'elles, et décurrent sur le bord extérieur des loges par une ligne de poils qui finit ordinairement un peu au dessous du milieu. Style brièvement coudé, très-près de sa base , et redressé perpendiculairement. Stigmate plus court que le style, élargi antérieurement, muni d'un orifice assez large et, vers sa base, de cils allongés. Capsule deux fois plus courte que les sépales du calice , aussi large que haute, arrondie , obtusé- ment trigone, à valves très- renflées sur le dos. Graines au nombre de 8-12 dans chaque valve, d’un brun clair, ovales-oblongues, longues de 14/3 mill. sur 23 mill. de large. Cotylédons ovales- oblongs , obtus, contractés en pétiole à la base el persistants. Feuilles d’un vert clair, un peu jau- nâtre , planes , à pubescence courte et éparse , souvent presque glabres , assez brièvement den- tées ; les inférieures ovales-elliptiques, obtuses, plus ou moins crénelées , plus ou moins contrac- tées en pétiole , à leur base; les caulinaires inter- médiaires ovales-oblongues, aiguës , rétrécies à leur base; les supérieures lancéolées , ou plus étroites, très aiguës, à dents courtes, souvent nulles. Stipules pinnatifides et ciliées, très-petites dans la partie inférieure de la plante ; les intermé- diaires et supérieures à lobe terminal lancéolé-li- 120 néaire, muni de dents très-courtes, et à 3-4 lobes latéraux oblongs-linéaires, aigus, droits et écartés. Tige un peu pubescente dans le bas, presque glabre dans le haut, droite, très-simple, à angles peu saillants , haute de { à 4 1/2 déc. Racine an- nuelle, grêle, contournée, peu rameuse, J'ai observé cette espèce dans les champs cul- tivés et aussi dans les lieux incultes des terrains primitifs à Bormes (Var) près Hyères. Elle s’est complètement naturalisée dans mon jardin, où elle se sème d'elle- même et en abondance. Elle fleurit en mai. Par la petitesse de sa fleur , elle se rapproche du Viola occulta Lehm.; mais cette der- nière que j'ai obtenue de semisest une bonne es- pèce très-distincte. Elle est plus basse de taille ; ses pétales sont aussi courts, mais beaucoup plus larges; son éperon est comprimé, à peine courbé, irès-petit ct égalant à peine la moitié des appen- dices du calice qui sont larges et arrondis; ses feuilles sont presque entières et rétrécies en pétiole très-court ; ses stipules très-petites ont le lobe ter- minal à peine égal au pétiole, Viora secerazts (N.), pl. 4, fig. B , 1 à 19. Pédoncules aïlongés, étalés, souvent presque doubles des feuilles, lisses ou à peine un peu ru- des au sommet. Bractéoles placées sur la cour- 121 bure même du pédoncule, ou immédiatement au dessous, pourvues vers leur base, de chaque côté, d’un cil terminé par une glande, et prolongées en appendice ovale, obtus, épais, relevé et un peu écarté du pédoncule. Sépales lancéolés, acuminés, rétrécis insensiblement depuis leur tiers inférieur jusqu’au sommet, un peu ciliés et prolongés en appendices ovales, obtas, plus ou moins dentés et étalés à la maturité du fruit. Pétales un peu plus courts que les sépales ; les deux supérieurs oblongs, un peu écartés l’un de l’autre, blan- chätres avec une tache d’un violet clair au som- met; les deux intermédiaires elliptiques-oblongs, de couleur blanche uniforme, et sans stries ; l'in- férieur étroitement obové-cunéiforme, lronqué au sommet, blanchâtre, jaune vers l'ombilic ct marqué en dessus de cinq stries violacées très- courtes et souvent très peu visibles. Éperon oblong-linéaire, obtus, droit, ou un peu courhé en dedans, comprimé latéralement et dépassant un peu les appendices du calice. Anthères ovales- elliptiques, à loges divergentes du milieu à la base, à appendice ovale, obtus, plus court qu'elles d'un tiers, et décurrent latéralement par une bordure de poils qui atteint leur base. Style assez large- ment coudé près de sa base, redressé presque perpendiculairement , très-épaissi vers le haut. Stigmate plus court que le style, en tête arrondie 192 aussi haute que large. Capsule arrcendie-ellipti- que, obtuse, à côtes très-peu saillantes, à valves portant ordinairement de quinze à vingt graines d’un brun-clair, ovales-oblongues, longues de un millim. et demi sur deux-liers de millim. de large. Cotylédons ovales-elliptiques, très-obtus, contrac- tés à la base en pétiole aussi long que le limbe et un peu élargi vers le haut. Feuilles d’un vert peu foncé, à dents assez ouvertes, très-finement pubes- centes et ciliées, souvent glabriuscules ; les radi- cales ovales, un peu obtuses, à limbe plus ou moins rétréci en pétiole, et ordinairement plus court que ce dernier; les caulinaires inférieures Jancéolées, aiguës, rétrécies longuement aux deux extrémités; les supérieures allongées, étroites et acuminées, un peu pliées en gouttières. Stipules pinnatifides à 5-7 lobes ; les latéraux linéaires très- aigus, droits et ouverts ; le terminal plus large et plus allongé, lancéolé-linéaire, très entier, ou rare- ment muni de quelques dents très-courtes. Tige haule de deux à trois décim., presque glabre, très- brièvement rude-pubescente dans le bas, un peu ailée sur les angles, ordinairement très-ramifiée dans sa partie inférieure , à rameaux dressés, peu étalés, partant, les uns de la base même, les au- tres insérés à diverses hauteurs jusqu’au tiers in- férieur de la tige principaie, et formant avec elle un angle très-aigu. Racine annuelle, à pivot droit, 125 ou contourné plus ou moins, muni de fibres épar- ses, souvent branchu à son extrémité, comme dans les autres espèces voisines. J'ai observé cetle espèce aux environs de Lyon où elle est assez commune dans les champs cul- tivés , à sol argileux, à Charbonnières, à Quincieux, dans la Bresse, elc. J'en ai rapporté des échantillons de la vallée d’Argelez (Hautes-Pyrénées) qui sont conformes à ceux de Lyon. Elle fleurit en mai, et souvent en- core en août et septembre. Vioza AGResTis (N.), pl. 2, fig. À , 4 à 49. Pédoncules étalés, dépassant peu les feuilles , couverts sur les angles de très-pelites aspérités. Bractéoles placées toujours en dessous de la cour- bure du pédoncule , lancéolées , aiguës, à cils de la base assez allongés et glanduleux, à appendice épaissi et un peu relevé. Sépales oblongs-lancéo- lés, brièvement acuminés, rétrécis insensiblement depuis leur tiers supérieur jusqu’au sommet, plus ou moins ciliés et pubescents, à appendices un peu étalés à la maturité du fruit. Pétales un peu dépassés par les sépales, souvent denticulés aux bords ; les deux supérieurs obovés-oblongs se re- couvrant plus ou moins l’un l’autre dans leur 124 partie inférieare, de couleur claire, lilacée, rare- ment un peu bleuâtre, souvent presque blanche ; les deux intermédiaires elliptiques-oblongs, un peu tronqués au sommet, de même couleur que les deux supérieurs, mais plus pâles, à veines quel- quefois visibles, mais dépourvues de stries d’une couleur différente; l’inférieur obové-cunéiforme , tronqué et faiblement émarginé au sommet, de couleur blanche avec l’ombilic d’un beau jaune, marqué en dessus de cinq ou quelquefois de sept stries violettes, ordinairement assez distinctes. Éperon oblong, obtus, comprimé, peu courbé, égal à la moitié du pétale inférieur, et ne dépas- sant pas les appendices du calice, le plus souvent coloré de lilas comme la fleur. Anthères ovales- elliptiques, à loges légèrement écartées vers la base depuis leur tiers inférieur, à appendice plus court qu'elles de la moitié, très-élargi vers sa base, et contracté au-dessus, décurrent par une ligne de poils sur tous les bords extérieurs des loges. Style brièvement coudé très-près de sa base, redressé perpendiculairement. Stigmate arrondi, presque égal au style en hauteur. Capsule ovale-oblongue, obiuse, à côtes peu saillantes, un peu plus rele- vées vers les sutures que sur le dos des valves. Graines nombreuses, au nombre de vingt envi- ron, dans chaque loge, et de soixante en tout dans la capsule. Cotylédons exactement elliptiques, irès- 125 obtus, contractés en pétiole égal au limbe. Feuilles 1 d’un vert assez foncé et un peu cendré, crénelées, vi- siblement pubescentes ; les primordiales et les cau- linaires inférieures ovales, obtuses, contractées en pétiole égal au limbe, ou plus long; les caulinaires intermédiaires ovales-elliptiques, ou oblongues, un peu obtuses, rétrécies en pétiole ; les supérieures plus étroites, lancéolées, plus longuement allé- puces aux deux extrémités, un peu aiguës, très- pliées en gouttière. Stipules pubescentes et ciliées, presque palmatifides dans le bas de la plante, pinnatifides dans le haut, à 5-7 lobes; les lalé- raux droits, linéaires et un peu aigus ; le terminal irès-grand, ovale, obtus, crénelé et tout-à-fait sem- blable aux feuilles dans le bas de la plante, plus étroit que celles-ci dans les stipules intermédiar- res, et souvent presque entier dans les supérieures. Tige ramifiée dès la base, à rameaux très-êtalés, point ascendants, ordinairement flexueux ct con- tournés aux articulations qui sont très-rappro- chées, couverts d’une pubescence courte, à angles saillants, mais non ailés, longs de un à un et demi décim. Racine annuelle, à pivot ramifié et garni de fibres très-fines et très-nombreuses. Cette espèce croit communément dans Îles champs cultivés, à sol d’alluvion, aux alentours de Lyon, aux Brotteaux, à Villeurbanne et dans le lieu même consacré à mes expériences de culture 126 où je l'ai trouvée spontanée. Elle fleurit en mai et presque tout l'été. Vioca nemausENsIS (N.), pl. { , fig. C, 1 à 48. Pédoncules presque lisses, dressés-étalés, deux à trois fois plus longs que les feuilles. Bractéoles placées immédiatement sous la courbure, lancéo- lées, souvent colorées en bleu violacé de même que le sommet du pédoncule; à cils de la base assez larges et dentelés, à appendice très-court appliqué sur le pédoncule. Sépales lancéolés, acu- minés, rétrécis depuis le milieu, ciliés aux bords, à appendices peu étalés à la maturité. Pétales un peu plus longs que les sépales ou de même lon- gueur; les deux supérieurs obovés-oblongs, un peu écartés, de couleur bleuâtre quelquefois blanche ; les deux intermédiaires obovés-ellipti- ques, assez semblables aux deux autres par la forme et la couleur; l’inférieur obové, un peu échancré au sommet, de couleur bleue avec l’om- bilic jaune, et cinq ou rarement sept petites stries d’un bleu plus foncé, souvent peu visibles. Épe- ron assez large, oblong, obtus, peu comprimé, courbé en dedans, dépassant les appendices du calice, égal à la moitié du pétale inférieur, et or-. dinairement coloré,bleuâtre. Anthères ovales-ellip- tiques, à loges un peu divergentes à Ja base, à ap- 127 pendices décurrents par une ligne de poils sur leurs bords externes jusqu’au dessous du milieu. Style brièvement coudé à la base, un peu plus long que le stigmate et médiocrement épaissi vers le haut. Capsule ovale-arrondie, obtuse, à côtes peu saillantes. Graines au nombre de douze à quinze dans chaque valve, d’un brun claié} longues de un millim. et quart sur deux tiers dé millim. de large. Cotylédons ovales-oblongs, obtus, contractés en pétiole. Feuilles assez petites, à crénelures larges et arrondies, toutes plus ou moins hérissées de petits poils ainsi que les pétioles, les stipules et la tige; les primordiales et caulinaires inférieures ovales ou elliptiques, très-obtuses, à limbe con- tracté en pétiole, et souvent un peu en cœur à la base ; les caulinaires intermédiaires elliptiques ou oblongues-spatulées ; les supérieures plus étroites, toutes plus ou moins obtuses. Stipules presque palmatifides, à 7-9 lobes; les latéraux linéaires, obtus, rétrécis à leur base ; le terminal large, spa- tulé ou oblong, denté. Tige de 5-10 centim., sim- ple, quelquefois rameuse, à rameaux étalée, ascen- dants, flexueux, hérissés, surtout dans le bas, de petits poils très-serrés, assez raides et un peu diri- gés en arrière. Racine grêle, annuelle, à pivot simple, ou un peu ramifié. J'ai observé cette espèce sur les collines et dans les champs, aux environs de Nîmes, au pont du 9 1238 Gard, à Jonquière, à Bellegarde, etc. Elle fleurit en avril. Le F. parvula Tin.— Guss. Syn. fl. sic. 1, p. 257. — VW. tricolor var. bellioides D C. Prod. 1, p. 301. se distingue du Ÿ. nemausensis par des caractères bien tranchés. Ses feuilles inférieures de forme presque orbiculaire sont très-entières, et ses sti- pules trifides ; ses sépales sont ovales, obtus ; ses pétales jaunâtres, avec l’onbilic bleu, et l’éperon extrêmement court ; sa capsule égale le calice. Toute la plante est beaucoup plus petite. J'ai vu dans l’herbier de M. Seringe des échantillons, sous le nom de Ÿ’. tricolor var. bellioides D C., qui me paraissent très-différents soit du 7. parvula, soit du W. nemausensis; d’où je conclus que le nom de . parvula Tin. a élé probablement appliqué à des espèces différentes ; mais la description donnée par Gussone dans son excellent Synopsis floræ siculæ, v. À, p. 257, ne me paraît laisser aucun doute sur les caractères du véritable F. parvula Tin. Cette dernière espèce croît en Corse, d’où je l'ai reçue de M. Clément. Viora @rAcILesCENS (N), pl. 2, fig. B, 1 à 18. Pédoncules lisses, très-allongés, deux ou trois fois plus longs que les feuilles, d'abord lout-à- fait droits et parallèles à l'axe de la tige, à la fin un peu étalés. Bractéoles placées sur la courbure, 199 … ou très-peu en dessous , lanctolées, munies de cils assez longs, terminés par une petite glande, et d'un appendice très-court, appliqué sur le pédoncule ; souvent colorées de violet comme ce dernier, Sé- pales lancéolés, assez longuement acuminés, rétré- cis depuis leur tiers inférieur, quelque peu ciliés, à appendices étalés à la maturité du fruit. Pétales dépassant un peu les sépales, ou de même lon- gueur, denticulés sur les bords ; les deux supé- rieurs obovés-oblongs, conligus, ou se recouvrant en partie par leurs bords vers le bas, écartés vers le haut, d'un beau violet avec leur tiers inférieur d'un blanc jaunâtre ; les deux intermédiaires ellip- tiques-oblongs, de couleur jaunâtre, uniforme, avec une strie peu marquée ; l'inférieur obové-cu- néiforme, tronqué, de couleur jaune pâle, plus foncée vers l’ombilic, marqué en dessus de 5 stries violacées assez longues et peu visibles. Eperon oblong, obtus, un peu courbé, peu comprimé, dé- passant les appendices, ct le plus souvent coloré de violet. Anthères ovales-elliptiques, à loges peu divergentes, à appendice décurrent par une ligne poilue jusqu’à leur base et plus court que la moitié de l’anthère. Style brièvement coudé, perpendi- culaire. Stigmate orbiculaire , plus court que le style. Capsule ovale-arrondie, à côtes peu saillantes. Graines ovales-oblongues, longues de 2 mill., sur 4 mill. de large, au nombre de 45 environ dans 130 chaque loge. Cotylédons ovales-elliptiques, con- tractés en pétiole. Feuilles d'un vert peu foncé, pubescentes, ou glabriuscules, finement ciliées, à crénelures profondes ; les inférieures ovales, con- tractées en péliole, ou un peu en cœur à la base; les intermédiaires ovales-oblongues,un peu aiguës ; les supérieures plus étroiteset plus aiguës, plus on moins pliées en gouttière. Stipules pinnatifides à 7-10 lobes ; le terminal denté et très-large, surtout dans les stipules inférieures ; les latéraux linéaires, ou lancéolés-linéaires , aigus, rapprochés, souvent un peu courbés en faux.Tige de 4 à? déc., simple, ou le plus souvent rameuse dès la base, à rameaux couchésinférieurement, puisredressés, assezraides. Racine annuelle, à pivot simple, ou ramifié, muni de fibres éparses peu nombreuses. Cette plante croît aux environs de Lyon dans les terres argileuses et les bois humides. Je l’ai obscr- vée à Tramoy et à St-André-de-Corcy (Aïn). Elle fleurit en avril et mai. D'après l'examen des échantillons de l’herbier de M. Seringe désignés sous le nom de Y’. tricolor var. gracilescens DC., et provenant de la Suisse, j'ai lieu de croire que la plante que je viens dedécrire est la même que celle qui est signalée, souscenom de va- riélé, dans le Prodromus de deCandolle, v.f,p.804, et dans le Flora helvetica de Gaudin, vol. 2, p. 210. C'est pourquoi je l’ai nommée V’. gracilescens. 131 Je vais maintenant résumer succinctemenrL Îles caractères des cinq espèces que je viensde décrire, afin d’en faire la comparaison, et de marquer la limite qui les sépare aussi neltement qu’il me sera y'ossible. Le 7, pallescens se reconnaît, au premier aspect, à ses très-pelites fleurs, son feuillage d'un vert päle , et ses Liges toujours simples et pauciflores. J'en ai observé un très-grand nombre d'exem- plaires , et n’en ai point trouvé de rameux. Ses feuilles sont ordinairement planes et toujours bien plus courtes que celles du 7. segetalis ; les supé- rieures sont peu dentées, souvent presque entières. Ses stipules n’ont jamais plus de trois à cinq lobes droits, étalés, aigus; les inférieures sont très-pe- tites, et n'ont pas le lobe terminal élargi et sem- blable aux feuilles, comme dans plusieurs autres espêces. Ses bractéoles ont leur appendice appli- qué sur le pédoncule, ce qui n’a pas lieu dans le F. segctalis et dans d’autres. Sa fleur est fort petite, toujours blanche, avec le pétale inférieur tronqué, apiculé, et l’éperon courbé, un peu saillant, pres- que cylindrique. Sa capsule est extrêmement re- marquable par sa forme globuleuse et obtusément trigone : elle est deux fois plus courte que les sépales du calice, et ne contient qu'un pelit nombre de graines, de 20 à 25. Ces caractères si tranchés, indépendamment des autres différences 132 que j'ai signalées plus haut, suffisent parfaitement pour reconnaître celte espèce, et ne jamais la confondre avec aucune de ses quatre congénères. Le F’. segetalis se distingue de tous les autres par son port élancé, et ses rameaux nombreux qui partent de la partie inférieure de la tige, à diffé- rentes hauteurs, et forment avec elle un angle très-aigu. Ses feuilles inférieures sont peu obtuses, le plus souvent un peu aiguës, avec un pelit mu- cron terminal; les intermédiaires sont très-allon- gées, longuement rétrécies aux deux extrémités, ainsi que les supérieures qui sont acuminées. Ses stipules sont toujours beaucoup plus courtes que les feuilles, ayant toutes, même les inférieures, leur lobe terminal entier, ou presqueentier, et assez étroit. Ses pétales supérieurs ne se recouvrent pas l'un l’autre, et sont marqués au sommet d’une tache d’un bleu plus ou moins foncé, qui manque rarement : l’éperon est toujours assez comprimé latéralement, et peu saillant. Sa capsule est un peu plus longue qne large, mais plus petite que celle du Y”. agrestis, et contient rarement plus de 45 graines, de forme oblongue, deux fois aussi longues que larges. | Le VF. agrestis est couvert-dans toutes ses parties d'une pubescence courte, mais très-visible, qui lui donne un aspect cendré. Il est ordinairement très- rameux, à rameaux partant tous de la basc, très- 133 étalés, et flexueux aux articulations. Ses feuilles inférieures et intermédiaires sont ovales, ou ellip- tiques, obtuses, à crénelures assez profondes ; les supérieures sont un peu aiguës et plus ou moins pliées en forme de gouttière. Ses stipules infé- rieures sont presque palmatifides, à lobe du milieu très-grand, se confondant presque avec les feuilles par sa forme et ses dentelures : il diminue beau- coup de grandeur dans les stipules intermédiaires et supérieures qui deviennent pinnatifides. Ses sépales sont moins acuminés que dans les autres espèces, et ses bractéoles placées plus bas. Ses pétales sont de couleur lilas clair, devenant plus ou moins blanchätres, dans les fleurs tardives ; les supérieurs se recouvrent toujours plus ou moins. l'un l’autre, et l'inférieur est souvent un peu émar- giné. Sa capsule est elliptique, notablement plus longue que large, à graines très-nombreuses, 60 environ, et de forme plus ovale que celles du . segetalis. Le F.nemausensis est bien plus petit que tous les autres auxquels j'ai à le comparer. Sa taille atteint rarement 1 déc. Il est ordinairement très-hérissé de poils, surtout dans sa partie inférieure. Ses feuil- les toutes très-obtuses , ses stipules à lobes égale- ment obtus, le distinguent parfaitement , soit du FV. agrestis, soit du ”. gracilescens. I s'éloigne trop des Ÿ”. vegetalis et pallescens pour qu'il puisse être 134 confondu avec eux, sous quelque forme qu'ils se présentent. Ses pédoncules sont trois fois plus longs que les feuilles , et non pas seulement un peu plus longs, comme dans le Ÿ”. agrestis. Ses sépales sont aussi plus acuminés que dans cette dernière espè- ce. Ses fleurs sont de couleur bleue et non lilacée; elles dépassent un peu le calice ; le pétale inférieur est assez largement obové, et l’éperon saillant. Sa capsule est ovale-arrondie, avec des graines plus petites et moins nombreuses que dans le Ÿ”. agrestis. Le V. gracilescens se reconnaît à ses rameaux plus ou moins couchés à leur base, puis redressés, assez raides. Ses feuilles sont remarquables par leurs crénelures profondes ; elles sont généralement de forme plus ovale et moins obtuse, dans le bas de la plante, que celles du Y. agrestis. Ses stipu- les sont découpées en lobes plus nombreux que dans les autres espèces, et aussi moins droits, un peu courbés en faux: la forme du lobe terminal diffère peu de celle du Ÿ”. agrestis. Ses sépales sont très-acuminés comme dans le Ÿ. nemausensis, et ses bractéoles placées de même sur la courbure du pédoncule qui est aussi très-allongé, mais dressé, raide , et fort peu étalé à la maturité. Ses pétales sont plus grands que dans les autres espèces, colo- rés de jaune et d'un beau violet, à stries bien plus marquées. Sa capsule est ovale-arrondie , assez courte. Ses graines sont plus grosses que celles des 135 quatre espèces qui précèdent, et environ deux fois aussi longues que larges. Je dois faire observer que dans ces diverses cs- pèces de V'iola dont j'ai décrit l'état normal, les fleurs sont sujettes à varier de grandeur et tendent toutes, plus ou moins, à passer à la couleur blan- che, comme celase voit d'ailleurs dans presque tou- tes les espèces du genre. En les cultivant en pot, et en les laissant privées quelque temps d'humidité, on voit les fleurs pâlir et diminuer sensiblement de grandeur. Quelquefois même, les pétales su- périeurs avorlent, ce qui ne les empêche pas de fructifier. Ces variations sont au reste de peu d'im- portance, et ne peuvent arrêter l'observateur expé- rimenté qui s'en rend facilement compte sur Île terrain. Les graines, dans les Viola que jeviens de décrire, sont, comme on l’a vu, bien loin d'être identiques. Elles présentent, à la vérité, au premier aspect, une grande similitude; mais si l’on observe avec une attention minutieuse leurs formes et leurs di- mensions exactes, en mesurant leur longueur et leur largeur extrême , on arrive à trouver des diffé- rences très-appréciables. Si l’on remarque, en mé- me temps, que dans les autres espèces de la même section considérées comme très-distinctes, telles que les Ÿ”.sudetica W , calcarata L, cenisie AL. etc, les graines présentent la même similitude et des 136 différences tout aussi légères , on est conduit à ad- mettre que ces différences , quelque légères qu'el- les soient, ont une très-grande importance, puis- qu’elles séparent des espèces véritables; et de ce fait, que toutes les espèces connues différent par leurs graines, on peut très-bien conclure qu'il en sera de même de toutes celles qui pourront être signalées; de telle sorte que l'étude des graines qui ne semblent d’abord donner aucun résultat, peut devenir d’un secours très-utile et fournir en quel- que sorte la clef du genre. En effet, s'ilest question d'étudier une nouvelle forme de F’iola, il suffira d’avoir constaté que ses graines diffèrent de celles des espèces voisines, pour être assuré qu’elle mé- rite un sérieux examen ; et dans le cas contraire, on aura acquis presque la certitude qu’elle ne doit pas être élevée au rang d’espèce. | Je crois à propos de donner ici les dimensions exactes des graines du #. vivariensis et des autres espèces voisines dont j'ai parlé dans mon premier fragment d'observations. F. vivariensis (N) de la champ-Raphaël, près Entrai- gues ( Ardèche) ; graine , longueur extrême 2 mill., lar- geur extrême 3/4 mill.. V. rothomagensis Desf. de Rouen; graine, long. extr. 1 3/4 mill., larg. extr. 5/6 mill. F.. declinata W. et Kit. de Corni di Canzo (Suisse ila- licnne ) ;'graine , long. extr. 2 mill., larg. extr. 5/6 mill. 137 Y. sudetica W ? des montagnes du Forez, à Picrre-sur- baute (Loire); graine, long. extr. 1 1/2 mill. , larg. extr. 1 1/5 mill. F. sudetica W ? du mont Lozère (Lozère) ; graine, long. extr. 2 mill., larg. extr. 1 mill. Obs. C’est le 7. sudetica de Pierre-sur-haute dont j'ai donné les caractères, en le comparant au Ÿ”. vivariensis dans ma description de cette dernière espèce. J'en possède des exemplaires vivants que j'ai rapportés en 1843 de la montagne de Pierre-sur-haute, où elle abonde. Le 7. sude- tica du mont Lozère qui est le même que celui du mont Mézin est peut-être une espèce différente ; je l’ai obtenu de semis tout récemment, mais ne l’ai pas encore vu fleu- rir. Les W. lutea d'Angleterre, des Vosges, du Jura et des Alpes, sont probablement autant d’espèces distinctes, qui méritent de fixer l'attention des observateurs, et partlicu- lièrement des observateurs qui cultivent. Les Viola de la section à stigmate urcéolé sont encore si imparfaitement connus, qu'il n’est guère facile de les distribuer par groupes basés sur leurs affinités réelles, et de mettre chaque espèce à sa véritable place. Pour que les espèces puissent être classées convenablement, il importe que leurs ca- ractères soient bien connus, et pourles connaître, il faut les étudier. Mais si l’on commence par ras- sembler arbitrairement autour d’un prétendu type, d'une sorte d’axe idéal, toutes les formes qui paraissent voisines, quoiqu'elles soient peut- 138 être au fond radicalement distinctes ; si l’on admet sans examen et sans preuves ce qui devrait, au contraire, être appuyé sur des expériences direc- tes, sur des preuves concluantes, que toutes ces formes appartiennent à un même type, il en ré- sulte que leur étude ne peut faire aucun progrès, car s’il est reconnu en principe qu’il n’y a pas de limite qui les sépare, il devient parfaitement inu- üle de chercher une limite qui ne peut pas exis- ter. Selon moi, rien n'est plus contraire au pro- grès de la connaissance des espèces, et par con- séquent aux progrès des classifications et de la science en général, qu'une pareille méthode. Sans chercher des exemples dans d’autres genres, comme j'aurai occasion de le faire plus tard, je pense qu’il scrait facile de démontrer , ainsi que je l'ai fait pour le Ÿ. tricolor L., que plusieurs espèces dis- tinctes sont confondues sous le nom de W. sude- tica W., lutea Smith, qui est généralement regardé comme très-variable. Cette opinion que de Candolle exprimait déjà avec doute dars sa Flore francaise, v. 5, p. 619, s'est changée pour moi en certitude, et je tâche- rai de la justifier prochainement aussitôt que j’au- rai pu compléter mes observalions sur quelques espèces. Si l’on tient compte particulièrement de la durée de la racine, du mode de végétation, de la forme 139 des cotylédons et aussi de l'aspect général et de l'habitat, je crois qu'on peut diviser en trois grou- pes assez naturels les espèces dont j'ai eu occasion de parler. Dans le premier groupe se placent les espèces à racine véritablement annuelle, comme celles que je viens de décrire , savoir : les W. pal- lescens , segetalis, agrestis, nemausensis et graciles- cens, ainsi que les Ÿ. parvula Tin, etocculta Lhem, sans parler de beaucoup d’autres qui sont encore à débrouiller. Tousces F’iola ont les cotylédons contractés et non rétrécis en pétiole à leur base ; l'axe principal des Liges est très - prompt à se dé- velopper, et si l'on voit naître quelquefois des bourgeons adventifs près du collet de la racine, ils sont peu nombreux et ne donnent pas à la plante un aspect cespiteux. Les feuilles et les sti- pules supérieures sont en général très-différentes des feuilles et des stipules inférieures. Ces espèces croissent pour la plupart dans les champs des pays de plaines, et en général SR les régions chaudes ou tempérées. Dans le second groupe, je placerai les Viola rothomagensis Desf., fivariensis (N.), et de- clinata VW. et Kit. ‘Ces espèces ne sont, pour ainsi dire, ni annuelles , ni bisannuelles, ni vi- vaces. En effet, elles fleurissent ordinairement dès la première année de leur existence, et si elles vivent plus d’une année, leur racine n’en a pas {49 mois l’aspect d'une racine annuelle et ne ressem- ble en rien à une rhizome qui vit et se développe sous terre chaque année. Elle donne naissance , vers son collet, à un grand nombre de bourgeons dont le développement est peu inégal, ce qui donne à la plante un aspect très cespiteux, sur- toutquandelle croît isolée. Lorsqu'une ou plusieurs tiges meurent et se dessèchent, elles sont im- médiatement remplacées par d’autres, jusqu’à ce que la racine soit épuisée, ce qui arrive ordinai- rement après la seconde année. Les cotylédons sont toujours plus ou moins rétrécis en pétiole , et non brusquement contractés, comme dans les espèces du groupe précédent. Les feuilles et les stipules sont aussi plus semblables, quoique rétré- cies de même, dans le haut dela plante. On trou- ve ces espèces dans les pays montagneux et un peu froids. Quelques-unes sont véritablement sub- alpines. Elles aiment les champs rocailleux, les bords des sentiers plutôt que les prairies où elles seraient étouffées par les plantes plus vivaces. À ce groupe appartient le ”. tricolor var. alpes- tris D. C. qui doit être regardé comme une es- pèce distincte, et que l’on trouve abondamment dans les régions subalpines des Alpes. Sa fleur diffère peu par la forme et la grandeur de celle du V'. rothomagensis , mais elle est presque toujours jaune; les pétales intermédiaires n'ont qu'une 141 seule stric, bleuâtre, très-pctite, et l'inférieure en a cinq. Ses feuilles sont ovales, ou ovales- cblongues, obtuses , peu ou point en cœur à la base, brièvement pétiolées , à pétiole toujours un peu élargi vers le haut. Ses stipules ont les lobes très-nombreux , 8-10 , droits , obtus; le terminal large, denté, et assez semblable aux feuilles. Toute : la plante est couverte d'une pubescence très- courte; elle est très-rameuse et diffuse dès la base, à rameaux ascendants, flexueux. La forme de ses stipules la rapproche des espèces du premier groupe , notamment du VW. gracilescens ; mais ses autres caractères l'en éloignent. Flle marque le passage d'un groupe à l’autre. J'ai recueilli sur le mont Canigou { Pyr. Or.) une espèce voisine de cette dernière; mais cer- tainement différente. Ses feuilles sont d'un vert très-pâle , à crénelures plus larges ; les inférieures sont cordées à la base, les supérieures sont aiguës ainsi que les stipules dont le lobe terminal est bien moins élargi et presque entier. Les fleurs sont grandes, d'un jaune très-pâle et dépassent aussi beaucoup les sépales ; leur éperon est épais, long , conique, obtus et très-droit, tandis que dans la précédente il est plus ou moins courbé, et plutôt égal que conique. Ses sépales sont aussi bien plus acuminés, et sa capsule plus petite et plus arrondie. Je n’ai pas vu de graines bien 112 mûres ni de l’une, ni de l'auire espèce. La pre- mière doit naturellement conserver le nom de V. alpestris, ct je désignerai la seconde sous le nom de F”. flavescens. J'ai reçu de M. Sagot une autre espèce de Viola provenant des Cévennes ei voisine des F”. rotho- magensis et vivariensis , mais très-distincle que je nommerai Ÿ’. Sagoti. Elle s'éloigne, au premicr aspect, du Ÿ”. rothomagensis par sa pubescence très- courte,et par la forme de ses feuilles et deses pétio- les. Dans le F. rothomagensis qui est très-hispide, les feuilles sontovales, ou ovales-oblongues à créne- lures arrondies, presque toujours distinctement en cœur à la base, et pourvues d’un long pétiole étroit ct très-égal, caréné en dessous, nettement cana- liculéen dessus, deux fois plus long que le limbe et au delà, dépassant les stipules. Celles-ci sont hérissées de poils, comme les feuilles, toujours pin- natifides, à 3-5 lobes, et décroissantes vers la partic inférieure de la plante, où elles sont réduites à un seul petit lobe sétacé. Dansle VW. Sagoti, au contrai- re, les feuilles ont leurlimbetoujours plusou moins rétréci en pétiole, et le pétiole par conséquent n’est pas égal, mais toujours insensiblement élargi vers le haut,même dans les feuilles primordiales qui sont rarement un peu en cœur à la base. Les feuilles sont aussi plus atténutes au sommet; elles sont généralement plus petites, à crénelures moins 143 arrondies , et plus brièvement pétiolées. Ces ca- ractères la rapprochent du VW. vivariensis; mais ses stipules toujours pinnatifides à 3-7 lobes; ses pétales beaucoup plus longs que les sépales , lar- ges et obovés, comme dans le Ÿ. rothomagensis , et de couleur peu différente; son éperon assez court , un peu courbé , obtus, peu ou point com- primé , l'en distinguent parfaitement. Le F. viva- riensis a les stipules presque toutes exactement pal- matifides, à 7-10 lobes, les pétales fort étroits, et l’éperon très-comprimé latéralement et plus aminci que dans aucune autre espèce, à ma connaissance. D’après les judicieuses observations que M. Sagot m'a transmises au sujet de sa plante, son mode de végétation est absolument le même que celui des V. vivariensis et rothomagensis , et elle doit prendre place à côté de ces deux espèces. Elle croît dans les montagnes des Cévennes à une hauteur de 900 à 1200 mètres, parmi les mois- sons, et dans les lieux secs et pierreux des terrains granitiques. Les échantillons que M. Sagot m'a remis ont été récoltés par lui sur le versant mé- ridional de l’Aigual, en allant de la Serairez à la baraque à Michel, (Gard), où elle abonde. Je possède encore deux autres Viola > appar- tenant au même groupe, qui pourront aussi être distingués comme espèces, et qui, par cette raison, méritent d’être signalés ici. 10 ia4 Le premier , qui provient des montagnes aux environs d’Ahun (Creuse), d’où je l'ai reçu de M. Pailloux, est assez voisin du 77, Sagoti, mais il me paraît différer par ses feuilles supérieures plus allongées et plus aiguës.’Ses stipules sont également pinnatifides , mais leurs lobes sont aussi plus longs et plus aigus. Ses fleurs sont à peu près de la même couleur , d’un violet bleuä- tre , quelquefois très-pâle. La forme des pétales est peu différente, mais les sépales sont bien plus acuminés. Si cette plante est réellement distincte du Ÿ”. Sagoti et se maintient par la cul- ture, comme j'ai lieu de le croire, je propose de la nommer 7. Paillouxi. Le second Viola, que j'ai récolté dans les Hautes- Pyrénées, en allant de Bagnères-de-Bigorre à Ba- gnères-de-Luchon, entre Gripp et Arreau, près du Col, se rapproche davantage du VW. vivariensis. Ses stipules sont presque palmatifides, dans la partie inférieure de la plante, et à lobes nombreux, droits, acuminés, écartés. Ses feuilles supérieures sont acuminces. Ses fleurs sont entièrement jaunes, assez pâles, à pétales bien plus larges que dans le V.. vivariensis, à éperon plus coart et plus obtus, ne dépassant pas les appendices du calice. Sa graine est longue de 4 3/4 mill. sur 7/8 mill. de large. Sa pubescence est la même. Cette plante est un peu cespiteuse comme lé F7. vivariensis, mais 145 n’est certainement pas vivace et appartient au mème groupe. Je lui donnerai le nom de F7. monticola. Le F. saxutilis Schmidt paraît assez voisin des espèces que je viens de signaler, mais il en est cer- tainement irès-distinct, comme cela résulte de la description donnée par l’auteur de l'espèce dans son Flora bohemica, cent. 3, p. 60. En effet, il a la tige et les feuilles entièrement glabres. Ses feuilles sont obtuses, à crénelures arrondies et à limbe longuement atténué en pétiole ; ses stipules pinna- üfides; ses fleurs jaunes, très-grandes, à pétale inférieur très-élargi et à éperon court el conique. S'il est réellement vivace, comme le dit Schmidt, je crois que c’est bien à tort qu'on l’a rapproché du 7, tricolor. I doit évidemment, malgré ses sti- pules pinnatifides, appartenir au troisième groupe de Viola dont il me reste à parler. Le troisième groupe que je propose, comprend les Z’iola à racine vraiment vivace , émettant des tiges nombreuses couchées et filiformes à la base, puis redressées, à feuilles très-peu dissemblables, les supéricures rarement plus étroites que les in- férieures, à cotylédons rétrécis en pétiole, comme dans le groupe précédent. Ce sont des plantes qui croissent pour la plupart dans les prairies alpines, ou subalpines: telles sont les Ÿ”. sudelica W. et calcarata L., et plusieurs autres encore confon- 146 dues avec elles. Quelques-unes, telles que les 7”. cenisia AN. et nummularifolia AN., habitent les ré- gions les plus élevées des Alpes. Je ne donnerai pas plus de détails sur ce groupe qui me paraît mériter une étude à part , et sur lequel je me propose de revenir. Explication de la premiére planche. FIG. À. VIOLA PALLESCENS ( N.). . La plante entière de grandeur naturelle. . Fleur, vue par devant. . Fleur, vue de côté. 5, 6. Sépales. . Pétale supérieur. ! . Pétale intermédiaire. . Pétale inférieur avec son éperon. 10. Le même, vu de côté. 11. Anthère grossie. 12. Ovaire, style et stigmate, grossis. 13. Capsule entourée par les sépales. 14. La même, isolée. 15. Graine de grandeur naturelle. 16. La même, grossie. 17. Cotylédon. 18. Feuille et stipule. © OÙ "4 Oh C0 RO 147 FIG. B. VIOLA SEGETALIS (N). 1, à 18. Les mêmes organes que dans la fig. A. FIG. C. VIOLA NEMAUSENSIS (N.). 1, à 18. Les mêmes organes que dans la fig. À Explication de la deuxième planche. FIG. À. VIOLA AGRESTIS (N.). 1, à 18. Les mêmes organes que dans la fig. A. de la première planche. 19. Stipule et feuille prises dans le haut de la plante. FIG. B. VIOLA GRACILESCENS (N.). 1, à 18. Les mêmes organes que dans la fig. A. de la première planche. Lyon, — linp. de Vumoulin et Ronet. -SISUOSNEMON PIOIA ) SIJVIO00S VOA 'Y SUoosoud VjOTA Y eZ | se ( | \ _ \ ss: \ NOTE SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE du genre SPHHÆREIA Haller ('). PAR M. E. MULSANT. ( Lue à la Société Linnéenne de Lyon , le 9 novembre 1546.) TT TE 0 0 0 nn SPHAERIA ERUCARUM. Lionosa, fusco aut rufo-tes- tacea ; capitulo elongato, incurvo , lineari-cylindrico , apice attenuato aut subaculto; stipite æquali. Stipes, 3 ad 4 3/4 uncibus alta. Capitulum , 4 3/4 ad 2 3/4 unc. altum. Tota, 4 3/4 ad 7 4/2 unc. alta. Stpes fusco aut rufo-testacea, lignosa, tenax, su- perficie fibrosa, pubescentià primè deficiente vestita, æqualis. Capitulum elongatum, incurvum, lineari- (1) Tribu des Clavæformes Nés; section des Peripherice Fairs. A1 159 cylindricum; apice subacutum aut lineari-subeylin- dricum, apice gradatim attenuatum , undique peri- theciis cinctum , superficie tuberculato-granulatum, fusco-nigrum , intüs Lotum solidum. Perithecia sub- rotundo-ovata, conferta, pro ratione minuta. In Novà Zelandià. In Erucis, inter caput et segmentum prothora- cicum constanter nidulat, solitaria vel geminata. SPHAERIE DES CHENILLES. Ligneuse, d'un testace brun ou roussätre. Capitule allongé , courbe, linéat- rernent cylindrique avec l'extrémité terminée en pointe. Pédicule d'un diamètre égal. Longueur du pédicule 0"0067 à 00165. — du capitule 60040 à 0”0960. — totale 0"0105 à 0"0170. Pédicule d’un testacé brun ou roussâtre; ligneux; tenace; fibreux à sa superficie, garni d’une sorte de duvet qui semble ne pas exister dans le premier âge; d’un diamètre égal. Capitule allongé; courbe; soit linéairement cylindrique, avec l’extrémité ter- minée en pointe plus ou moins chtuse, soit sub- cylindrique ou graduellement aminci vers l’extré- mité; entièrement couvert de réceptacles; à superfi- cie tuberculeusement granuleuse; d’un noir brun; 151 solide en dedans. Réceptacles suborbiculairement ovales; serrés; proportionnellement petits. On la trouve à la Nouvelle Zélande. Elle vit aux dépens d’une espèce de chenille glabre, à seize pattes, offrant à l’état de dessiccation une longueur d'environ 0®,0067 {3 pouces), el une grosseur presque égale à celle du petit doigt. Cette larve paraît commune sur un arbre appelé thora par les naturels; mais on n’a encore aucun renseignement scientifique, ni sur cet arbre, ni sur le lépidoptère provenant de la chenille. Quand ces sortes de larves sont parvenues au terme de leur grosseur , et qu’elles s'enfoncent en terre pour s’y transformer en chrysalides, celles qui sont altaquées de la maladie cryptogamique ne tar- dent pas à être arrêtées dans leur marche verticale- ment descendante et à périr. Bientôt se développent, sur la partie postérieure de la tête, ou entre celle- ci et le segment prothoracique, un ou deux pédicu- les de sphaeries, qui croissent et s’élèvent au-dessus du sol. La substance cryptogamique envahit en peu de temps, selon l’usage, toute la partie interne du corps de l’insecte, au point de ne pas laisser de traces des viscères de l'animal. Si l’enveloppe ex- iérieure de celui-ci ne servait à constater sa forme et à révéler sa nature, il serait difficile de recon- naître cette dernière dans la transformation qui s’est opérée. 152 Cette espèce a été découverte par les PP. Maristes. Le zèle intelligent qu’apportent aux progrès des sciences ces missionnaires répandus dans les iles de l'Océanie, promet aux naturalistes un grand nom- bre de sujets d’études ou d’observations. OBSERVATIONS SUR L'ÉLECTRICITÉ ANIMALE, PAR M. BECKENSTEINER. (Lues À la Société Einnéenne, le 9 novembre 1846.) —— © OO Jusqu’à présent les recherches des physiciens se sont bornées à des expériences sur la Torpille et quelques autres poissons, chez lesquels on a remar- qué des appareils destinés à produire la décharge électrique. Guidé par la convictiou de trouver des effets élec- triques, plus ou moins prononcés chez tous les animaux, et, présumant que l'électricité était un 154 agent qui anime tout ce qui existe sur la terre Ch je me suis occupé depuis 1830 d’une série d’expé- riences sur l'électricité animale. On a prétendu que l'électricité observée sur la Torpille, était produite par un appareil spécial, soit pour se défendre contre ses ennemis, soit pour en- gourdir ou tuer d’autres animaux dont elle se nourrit. Quant à moi, ma pensée a toujours été que tout est identique dans la nature, et ne varie que du plus au moins. Le système nerveux s’observe chez tous les ani- maux, depuis les microscopiques jusqu’à ceux qui occupent l'échelle la plus élevée de l’organisation. Quel est le moteur de la pensée, de la volonté communiquée aux muscles et dont les effets sont si rapides? À cette question, je n’ai pu trouver de solution que par l'électricité. Mais il faut des preu- ves pour changer les hypothèses en faits, et c’est (*) On sait 1° que l’homme peut mourir après plusieurs décharges provoquées outre mesure dans l’action du coît. 2° Que les mammifères languissent et meurent après plu- sieurs décharges électriques. 3° Que la torpille meurt aprés s’être pleinement déchargce. 155 pour trouver ces preuves, que j'ai expérimenté sur différents mammifères. Je vais donner ici les résultats de mes expériences, et les moyens de reproduire les mêmes faits. Expériences faites sur le Chat. On peut obtenir la commotion électrique sur le chat, de la manière et dans les conditions suivantes. Par un froid au-dessous de zéro, un vent du nord , un ciel serein , si le chat a froid, ce qui se voit facilement à l’aspect du poil qui est couché et semble avoir été graissé partiellement, et si l’expé- rimentateur a également froid aux mains, il prendra le chat sur ses genoux, lui posera les doigts de la main gauche sur la poitrine et passera la main droite depuis le cou jusqu’à la queue, le long de l’épine dorsale. Après quelques passes légèrement appuyées, la secousse électrique se produira, elle paraît partir de la poitrine du’ chat, traverser le corps de l’expé- rimentateur, et se terminer à la main placée sur le dos du chat. Quoique le chat éprouve du plaisir aux passes faites le long de l’épine dorsale, il se sauve à toutes 156 jambes après la secousse. Il se prête difficilement à une seconde épreuve, et ce n’est que le lendemain, lorsqu'il aura oublié cette sensation désagréable, qu'il pourra servir à de nouvelles épreuves. J’ai obtenu dans un jour, mais avec beaucoup de peine, trois commotions d’un chat : la dernière était trés-faible. Après chaque décharge, le chat semble fatigué, épuisé, il se couche étendu; au bout de quelques jours, il perd l’appétit, devient triste et semble fuir les lieux qu’il aimait; il se soustrait aux regards des personnes qu'il affection- nait; après avoir refusé la nourriture, il boit encore de l’eau quelquefois, languit de plus en plus, bave et meurt ordinairement dans la quinzaine qui suit la première commotion. J'ai répété ces expériences en diverses années, lorsque la saison était propice, sur des chats domes- tiques m’appartenaut , ainsi que sur ceux de mes voisins, qui croyaient que je caressais seulement leurs chats; au bout de quelque temps, j'ai tou- jours appris que ces animaux avaient péri sans cause apparente. Ne me doutant nullement des appareils produc- teurs d'électricité chez les chats, je présumais que le frottement du poil pouvait en être la cause, mais 157 je n’obtins aucun effet analogue sur des chats et autres mammifères empaillés. Il paraît que les décharges électriques répétées, que l’on obtient sur les animaux, leur enlèvent une trop grande quantité d'électricité à la fois, pour qu'ils puissent la réparer, et ce fluide si nécessaire à la vie venant à leur manquer, ils périssent de lan- gueur, Une seule commotion ne les tue pas, mais les rend malades pendant quelque temps. Expérience faite sur une Vache. Je l’ai faite une seule fois. Une vache était attachée en plein air à un barreau de fer; la terre était gelée. Je lui fis des passes sur le dos avec la main droite, pendant que je tenais ma main gauche sur sa poi- trine; après quelques passes, j’obtins une si forte commotion que je fus renversé par terre. Je nesau- rais dire si ma chute fut due à la force de la secousse ou à la surprise, comme il arriva au premier expe- rimentateur de la bouteille de Leyde, qui s’en exa- géra tellement les effets, qu’il assura que pour au- cun prix il ne recommencerait l'épreuve. La vache paraissait fort irritée, et elle m'aurait, je crois, éven- 158 tré, si je m'étais approché de nouveau; mais je n’é- tais pas tenté de recommencer cette expérience. Je ne sais si la vache en fut malade, car elle fut vendue quelques jours après au boucher. Je n'ai jamais pu obtenir une seule décharge sur le chien. Je l’ai essayé quelquefois sur le lapin, et avec succès, il meurt ordinairement le même jour. Dans nos pays méridionaux, on n’a pas assez sou- vent l’occasion de faire cette expérience ; maïs elle serait facile dans les pays du nord où la tempéra- ture au dessous de zéro se maintient pendant plu- sieurs mois. On pourrait, là, faire des observations sur des nombreux sujets. OBSERVATIONS SUR PLUSIEURS PLANTES NOUVELLES , RARES OÙ CRITIQUES DE LA FRANCE. PAR ALEXIS JORDAN. (Ques à la Société Linnéenne de Lyon, dans les séances du 10 Août et du 9 Novembre 1846.) _ > VS ——— —— GENRE THLASPI. Ayant reconnu que l’on confondait généralement sous le nom de 7laspr alpestre L. plusieurs espèces différentes , j'ai cherché laquelle pouvait être le véritable 7! alpestre L. afin de lui conserver ce nom ; mais mes recherches ont été vaines et n’ont abouti qu’à reconnaitre qu’il est impossible d’en rien savoir. Linné , selon sa méthode ordinaire, ne distingue le 7. alpestre que par des caractères qui ne sont pas du tout des notes spécifiques. 160 Il le compare au 7. perfoliatum LL. qui est caule ramoso, tandis que l’alpestre est caule simplict. Cette différence dans le genre Thlaspi est de très-peu de valeur et ne peut servir à caractériser deux espèces. Les synonymes cités de Bauhin et de Clusius ne sont pas faits pour ürer d’embarras, car je ne crois pas qu’on puisse avec les figures et les descriptions de ces anciens auteurs, déterminer avec certitude une espèce tant soit peu critique. Le premier synonyme cilé est celui de Bauhin Pin. 105, et Linné le donne comme douteux. Le second est encore de Bauhin T. perfoliatum minus Pin. 106 ; mais Linné le rap- porte en même temps avec doute à la variété B. de son 7! montanum de sorte qu’il n’est pas encore bien certain. Il ne reste donc que celui de Clusius, T. pumnilum tertiumn. Mist. 2. p. 31. La figure de Clusius représente quelque chose comme un petit exemplaire du T. perfoliatum 1. venu dans un en- droit sec. On ne voit pas de style sur les silicules, et Clusius dit les loges aplanies, ce qui ne conviendrait à aucune des plantes qui ont été prises pour le T'. alpestre L. Linné, dans aucun autre endroit de ses ouvrages, ne donne plus de détails sur le 7. z/pes- tre. H dit seulement de cette plante dans le Syn. 13°° éd. corolla perexigua alba, et dans le Mant. 2. Cum T. perfoliato jungitur à Gerardo , at separatur ab Hallero. Ainsi donc, tout ce qu’il est possible 161 de savoir sur le 7. alpestre d'après les ouvrages de Linné, c’est que c’est une plante très-voisine du T. perfoliatum L. mais plus simple, plus petite et habitant l'Autriche. Dans les Flores d'Autriche on ve trouve indiqués que les 7. perfoliatumL., præcox Wulf, alpinum Jacq. et montanum L. Les T. præcox et alpinum ne peuvent être considérés ni l’un ni l’autre comme étant l’a/pestre L. à cause de leurs grandes fleurs et de leur style allongé. On ne sait plus dès lors quelle plante d’Autriche doit être prise pour le vrai a/pestre. Les auteurs modernes qui ont décrit le T. alpestre ne sont pas d’accord sur les caractères qu'ils lui attribuent, et il paraît évident que la plupart ont fait leur description en combi- nant les caractères signalés avant eux avec ceux des échantillons qu’ils avaient sous les yeux, et qui étaient souvent des plantes différentes. Ainsi De Candolle, dans son Systema 2, p. 380, attribue au T. alpestre des pétales presque égaux au calice, des silicules rétuses, à peine émarginées et surmontées par un style filiforme et saillant, et une racine vivace. Gaudin, F1. helv. 4, p. 223, dit les pétales doubles du calice, les étamines saillantes, la silicule bordée étroitement, munie au sommet d’une échancrure dépassée par le style et la racine bisan- nuelle. Koch, Syn. éd. 2, p. 73, le décrit ainsi : siliculis triangulari-obcordatis, ala valvarum antice latitudine loculi, stylo sinum emarginaturæ œquante. 162 Il dit les étamines de la longueur des pétales ou un peu plus courtes, et la racine vivace. Reichenbach, F1. exc. p. 658, ledit bisannuel, à feuilles glauques, à style égal au tiers des loges, tandis que d’après Koch la proportion du style et des loges serait bien différente, le style ne dépassant pas l’échancrure, et l’échancrure n’égalant que la huitième partie de la silicule (Syn. éd. 4, p. 68). Lejeune, Comp. F1. belg. p. 306 distingue deux espèces, T. alpestre et T. calaminare. Dans les notes supplémentaires du méme ouvrage, vol. 3, p. 387, il met que les T. alpestre et calaminare sont de légères variétés d’une même espèce et qu’il adopte l'opinion de Koch à cet égard. Cette espèce étant abandonnée par l’auteur et ne paraissant connue de personne, il n’y a pas lieu de s’en occuper ni de chercher ce qu’elle pourrait être, chose que j'ignore tout-à-fait. Le savant auteur de la Flore de Lorraine, M. Godron, décrit positivement le 7° alpestre comme une plante vivace, à tiges subligneuses, à fleurs plus petites que celle du perfoliatum, à authères d’abord jaunes, puis d’un pourpre noir, à silicules triangulaires- obovées, superficiellement émarginées, surmontées par un style saillant. Je pourrais multiplier ces citations, mais celles- ci suffisent pour montrer que nos meilleurs auteurs nes’accordent passurles caractères du 7’. alpestre L. Cela étant, je laisserai à d’autres le soin d’établir 163 clairement la syronymie de cette espèce, s’ils jugent qu'il soit possible de le faire, et je me bornerai à décrire les caractères de celles que je veux signaler el que je crois bien connaitre, les ayant récoltées moi-même dens leur lieu natal, et les ayant repro- duiles de semis dans mon jardin. TuLaspi BRACHYPETALUM (N.), pl. 1, fig. A, 4 à 141. Fleurs disposées en grappe terminale, simple, d'abord courte et très-serrée, devenant très-longue à la maturité. Pédicelles d’abord dressés, un peu étalés, à la fin étalés horizontalement. Calice deux ou trois fois plus court que son pédicelle, égal à la base, à sépales ovales-oblongs, un peu concaves, bordés de blancs, munis de cinq nervures dont trois plus visibles. Pétales blancs, de même longueur que les sépales, ou un peu plus longs dans les premières fleurs, et plus courts ou nuls dans les dernières, oblongs, rétus, rélrécis insensiblement vers le bas, veinés d'une manière très-visible. Etamines peu saillantes ; les deux courtes égalant les pétales ; les quatre grandes les dépassant de la hauteur des an- thères, qui sont elliptiques, blanchâtres ou un peu lilacées. Ovaire ovale-elliptique, très-obtus, tron- 164 qué-émarginé. Style plus court que la moitié de l'ovaire, atteignant au moment de l’anthèse le sommet des courtes étamines. Silicule droite, rare- ment un peu redressée sur le pédicelle, plus longue que ce dernier, ou de même longueur, oblongue- obcordée, rétrécie inférieurement, un peu convexe sur les deux faces et surtout en dessous; à ailes des valves égalant au sommet leur largeur et rétrécies insensiblement vers la base ; à lobes de l’échancrure ovales, obtus, arrondis en dehors, un peu tronqués sur leur bord interne, dressés et souvent rapprochés au sommet, séparés par un sinus large et arrondi à la base plus long que le style et égalant le cinquième environ de la longueur totale de la silicule. Graines au nombre de 4-6 dans chaque loge, ovales-ellipti- ques, lisses et d’un brun roux. Feuilles un peu glaucescentes et épaisses, entières ou légèrement dentées ; les radicales elliptiques, rétrécies en pé- tiole assez large et ordinairement plus court que le limbe ; les caulinaires, sessiles, oblongues, profondé- ment en cœur à la base, embrassant la tige par deux oreillettes obtuses souvent aiguës et allongées dans le bas de la plante. Tige souvent solitaire, dressée, ferme, arrondie, simple ou munie à sa partie supé- rieure de deux ou trois rameaux courts et peu étalés, trés-garnie de feuilles dans les individus ro- bustes, haute de 2 à 3 déc. Racine bisannuelle, blanchâtre, à pivot ramifié un peu au-dessous du 165 collet. Plante glabre, assez robuste, atteignant sou- vent jusqu'à 4 et 5 déc., après le développement de la grappe. Cette espèce est assez commune dans les bois des montagnes du Dauphiné, où elle vient dans les lieux peu herbeux. Je lai observée dans beaucoup de localités aux environs de Grenoble et de Gap, notamment au bois de la Grangette où j’ai recueilli les graines que j'ai cultivées dans mon jardin. J’en ai vu des exemplaires provenant des Pyrénées- Orientales, et d’autres de la Savoie désignés dans l'herbier de M. Seringe sous le nom de 7. alpes- tre L. var. brachypetalum. Je viens d'en recevoir de M. Anderson, sous le”’nom de 7. alpestre, de beaux exemplaires de la Suède qui sont parfaitement iden- tiques avec ceux du Dauphiné. Dans les forêts subalpines, elle fleurit vers la fin de juin, et dans mon jardin vers la fin d’avril ou les premiers jours de mai. Ses fleurs sont très-pelites et très-nom- breuses ; j’en ai compté souvent plus de cent sur la grappe principale. Les sépales sont verdâtres, rare- ment un peu rosés, largement blancs-membraneux sur les bords. Les pétales n’ont le plus souvent que 1 ou 1 1/2 mill. de longueur, et sont fort étroits. Les grandes étamines sont toujours un peu saillan- tes, et les anthères, qui sont rarement un peu lavées de rose, ne deviennent pas violacées ni noirâtres en vieillissant comme dans d’autres espèces voisi- 12 166 nes. Le style varie un peu de longueur depuis 4/3 mall. jusqu'a 2/3 mill.; mais il est toujours ma- nifestement plus court que les lobes de l’échan- crure de la silicule. La longueur de la silicule varie de 6 à 9 mill. et la largeur au sommet de 4 à 5 mill. Les lobes de l’échancrure varient aussi de longueur depuis { jusqu'à 2 mill. La largeur des cloisons sé- minifères qui correspond à l'épaisseur de la silicule est de 2 mill. environ. Les graines sont longues de 4 1/2 mill. sur 1 mill. de large. Les cotylédons sont, comme dans les autres espèces voisines, arrondis elliptiques et pétiolés. Les feuilles radicales pren- nent quelquefois en dessous une teinte un peu rou- geätre ; les caulinaires sont plus souvent un peu dentées. La tige est ordinairement feuillée jus- qu’au dessous de la grappe; son diamètre dé- passe souvent 3 mill. Elle est marquée de stries très- peu visibles, et est très-lisse comme dass la plupart des espèces de ce groupe. Le T. brachypetalum est évidemment la même plante que le 7. alpestre Vill., Dauph. 3, p. 301, mais ce n'est pas le 7. alpestre Gaudin, FI. helv. 4, p. 223, qui a la silicule faiblement échancrée et surmontée par un style qui dépasse l’échancrure : ce n’est pas le 7. alpestre de Smith, ni celui de de Candolle, qui est pourvu d’un long style et d'une racine dure et vivace. Ce n'est pas celui de Koch, dont le style égale l’échancrure de la silicule et 107 dont les étamines sont violettes À mon avis, ce- pendant, il conviendrait mieux que d’autres à la description Linnéenne, 'puisqu il se rapproche beau- coup du 7. perfoliatum par son style très-court et ses pétales très-petits de la longueur du calice. Le T. alpestre signalé par Fries, dans son Mantissa tertia, p. 75, comme uve espèce nouvellement dé- couverte en Suède, est la même plante que le bra- chypetalum, d'après mes exemplaire del’Ostrogothie. Je pense que c’est à tort que le célèbre auteur sué- dois le décrit avec un style saillant, stylo exserto; car, dans mes échantillons de la localité citée, le style atteint à peine la moitié de la longueur des lobes, et n’a guère plus de 1/2 mill. Tucaspi SYLVESTRE (N.), pl. 41, fig. B, 1 à 11. Fleurs disposées en grappe terminale, simple, d’abord courte et assez serrée, devenant très-longue à la maturité. Pédicelles d’abord dressés, assez éta- lés, à la fin horizontaux ou souvent déjetés en ar- rière. Calice deux à trois fois plus court que son pédicelle, égal à la base, à sépales ovales-elliptiques, un peu concaves, bordés de blanc , à nervures très- peu visibles. Pétales blancs, deux fois plus longs que les sépales, obovés-oblongs, rétrécis vers la base en onglet, à veincs peu distinctes. Etamines plus cour- 168 tes que les pétales, ou presque égales dans les fleurs plus tardives; à anthères d'un pourpre violet très- foncé, paraissant jaunes pendant l'émission du pol- len , à la fin noires. Ovaire elliptique, un peu obtus. Style de la longueur de l'ovaire, atteignant au mo- ment de l’anthèse le sommet des courtes étamines. Silicule ordinairement un peu redressée sur le pé- dicelle et de même longueur, oblongue-obcordée, rétrécie inférieurement, naviculaire, très- convexe en dessous ; à bords relevés en dessus; à côles sutu- rales assez fines; à ailes des valves minces, égalant au sommet leur largeur, rétrécies jusqu’au-dessous du milieu, presque nulles vers la base; à lobes de l’échancrure larges, ovales-arrondis, régulièrement écartés l’un de l’autre, séparés par un sinus obtus, égal au style, rarement un peu plus court, égalant à peine 4/5 de la longueur totale de la silicule. Graines au nombre de 4 - 6 dans chaque loge, ovales-elliptiques, lisses et d’un brun roux. Feuilles un peu glaucescentes, prenant souvent une teinte violacée, un peu épaisses, très-entières; les radicales ovales-elliptiques, rétrécies en un pétiole étroit allongé et souvent double du limbe; les caulinaires sessiles, ovales -oblongues, cordées -auriculées, à oreillettes ovales obtuses assez courtes. Une ou plu- sieurs tiges dressées, un peu flexueuses, arrondies, simples ou souvent rameuses, à rameaux allongés, à feuilles un peu écartées, hautes de 1 1/2 déc. en- 169 viron. Racine bisannuelle ou trisannuelle au plus, de couleur grisâtre, à pivot trés-oblique, souvent presque simple, ou muni de fibres assez grêles. Plante glabre, atteignant 3 ou 4 déc. après le déve- loppement de la grappe. Cette espèce croit aux environs de Lyon, sur les collines des terrains granitiques. Je l'ai reçue de l'Allemagne sous le nom de 7. alpestre, et provenant des environs de Dresde. Il est probable qu’elle se trouve dans plusieurs localités du nord et du centre de la France, où elle aura été prise pour le T. al- pestre, car elle parait plutôt une plante de plaines ou de collines qu’une plante de montagnes. Elle fleurit dès les premiers jours d’avril. Ses fleurs sont médiocrement petites et très-nombreuses. Les sé- pales sont ordinairement d’une couleur rose un peu violacée. Les pétales dépassent souvent 3 mill. en longueur. Les anthères sont remarquables par leur couleur d’un violet noirâtre avant et après l’émission du pollen. Le style est long de 1 1/2 à 2 mill. La longueur de la silicule varie de 6 à 7 mill., et la largeur de 4 à 5 mill. Celle des lobes de l’échan- crure est de 1 1/2 à 2 mill. La largeur des cloisons séminifères varie de À 1/2 à 2 mill.au plus. Les grai- nes sont longues de 1 4/3 mill. sur 4 mill. de large. Les feuilles radicales ont pour la plupart le limbe assez brusquement rétréci en pétiole ; les caulinaires sont rarement au nombre de plus de 4 à 5. Les tiges 170 sont ordinairement plus courtes queles grappes À la maturité, et leur diamètre est d'environ 2 milli- \ metres. Tacaspr occiTanicum. (N.), pl. 1 rs, fig. A,1àf{1. Fleurs disposées en grappe terminale, simple, d'a- bord courte et serrée , devenant plus longue à la ma- turité. Pédicelles grêles, flexueux , filiformes, d'abord dressés-étalés, à la fin horizontaux ou un peu déjetés. Calice trois ou quatre fois plus court que son pédi- celle , égal à la base, à sépales elliptiques-oblongs, blancs-membraneux sur les bords , sans nervures visibles. Pétales blancs, très-souvent lavés de rnse, trois fois plus longs que les sépales , obovés, rétré- cis assez brusquement au-dessous du milieu en on- glet très-étroit, faiblement veinés. Etamines égales aux pétales ou un peu plus courtes, à anthères vio- lettes devenant noires après l'émission du pollen qui est d’un jaune verdâtre. Ovaire obovale-elliptique, obtus. Style de la longueur de l’ovaire, n’atteignant pas, au moment de l’anthèse, le sommet des courtes étamines. Silicule un peu ascendante sur le pédi- celle, plus courte que ce dernier, obcordée, rétrécie inférieurement , presque également convexe sur les deux faces; à côtes suturales fines; à ailes des valves minces, planes, dépassant un peu leur largeur au 171 sommet, rétrécies insensiblement jusque vers la base; à lobes de l’échancrure ovales, obus, écartés, sé- parés par un sinus assez ouvert légèrement dépassé par le style et égalant 1/7 de la fongueur totale de la silicule. Graines au nombre de 3 à 4 dans chaque loge, ovales - elliptiques, un peu rétrécies vers la base et d’un brun roux. Feuilles très-slauques, plus ou moins dentées, rarement entières; les radicales oblongues ou elliptiques , atténuées en pétiole sou- vent plus long que le limbe, et munies, surtou vers le bas, de quelques dents très-saillantes; les cau- linaires sessiles, oblongues, ou elliptiques-oblongues un peu rétrécies du bas, cordées-auriculées, à oreil- Jettes allongées et souvent un peu aiguës. Une ou plusieurs tiges dressées, peu flexueuses, arrondies, le plus souvent rameuses, à rameaux allongés , à feuilles un peu écartées, hautes de 1 déc. environ. Racine bisannuelle, de couleur blanchâtre, à pivot ferme, perpendiculaire, rarement oblique, divisé à quelque distance du collet en deux ou trois branches principales écartées. Plante glabre, atteignant 2 déc. au plus, après le développement de la grappe. J'ai récolté cette plante à la montagne de la St- ranne près Ganges ( Hérault}, où elle croît sur un sol calcaire, parmi les rocailles. Je présume qu'elle est répandue sur tous les contreforts des Cévennes, du côté du midi, el qu’elle appartient à celte chaine de montagnes calcaires qui séparent les Cévenne 472 des Corbières. Elle fleurit dès les premiers jours de mai, ou vers la fin d’avril. Ses fleurs sont assez pe- tites et très-nombreuses. Les sépales sont päles ou un peu verdâtres, plus rarement lilacés, très-petits et assez étroits. Les pétales ont près de 4 mill. de long. Les anthères paraissent un peu saïllantes sur les exemplaires secs, comme dans le 7. sylves- tre, maïs sont réellement, comme dans ce der- uier, à peine égales aux pétales. Le style est long de 11/2 à 2 mill. La silicule est longue de 7 mill. et large de 5 mill. environ; les lobes de l’échancrureont de 1à 1 {/2 mill. delong, et sont un peu rétrécis à l'extrémité. Les graines sont un peu rétrécies vers la base , et longues de 1 1/2 mill. sur 1 mill. de large. Les feuilles caulinaires sont au nombre de 5 à 6, rarement un peu aigués, et à dents plus courtes que celles des feuilles radicales. Les grappes fructifères sont assez serrées , et dépassent rarement la tige en longueur. Le diamètre de celle-ci est de 1 à 1 1/2 mill. TuLaspi GAUDINIANUM (N.), pl. { bis, fig. B, 4 à 41. Fleurs disposées en grappe terminale, simple, d'abord courte et serrée, devenant très-longue et un peu lâche à la maturité. Pédicelles jeunes flexueux et filiformes, dressés-étalés, à la fin presque hori- 173 zontaux. Calice deux fois plus court que son pédi- celle, égal à la base, à sépales ovales-elliptiques bordés de blanc. Pétales blancs, souvent lavés de rose, égalant deux fois et demiela longueur des sé. pales, cblongs-obovés, rétrécis insensiblement jus- que vers la base. Etamines égales aux pétales ou les dépassant légèrement ; à anthèreslilacées, à la fin d’un violet foncé. Ovaire obovale-oblong, abtus. Style un peu plus court que l'ovaire, égalant les courtes étamines. Silicule un peu ascendante sur le pédicelle, égale à ce dernier ou plus courte, oblongue-obcor- dée, rétrécie inférieurement , convexe surtout en dessous ; à ailes des valves minces, un peu relevées en dessus, n’égalant pas leur largeur au sommet, rétrécies insensiblement et prolongées jusque vers leur base ; à lobes de l'échancrure courts, ovales- arrondis , écartés, séparés par un sinus plus court que le style, et égalant à peine 1/8 de la longueur totale de la silicule. Graines au nombre de 5 à 6 dans chaque loge, elliptiques, d’un brun roux clair. Feuilles d'un vert foncé , entières, ou un peu den- tées; les radicales obovées ou elliptiques, atténuées en pétiole souvent plus long que le limbe ; les cau- linaires sessiles, oblongues, obtuses, auriculées, à oreillettes courtes obtuses et dirigées un peu en arrière. Une ou plusieurs tiges dressées, flexueuses, arrondies, ordinairement très-simples et dénudées vers le haut , hautes de { déc. environ. Racine bis- 174 annuelle, blanchâtre; à pivot grêle, fibrilleux, contourné , peu ramifié. Plante glabre, atteignant 2 déc. après le développement de la grappe. Cette espèce habite les montagnes du Jura, où elle croît dans les lieux un peu ombragés de la ré- gion subalpine. Je l’ai recueillie en fleurs, en quan- tité, à Dôle, le 2 juin 1842. Dans les jardins, sa floraison est plus précoce d’un mois. Ses fleurs sont assez petites et très-nombreuses. Les sépales sont pàles ou d’un vertjaunätre , rarement lilacés. Les pétales ont environ 3 mill. de long. Les anthères dépassent très-peu les pétales, quoiqu’elles parais- sent assez saillantes sur le sec. Le style ne dépasse pas 4 4/2 mill. La silicule est longue de 6 à 7 mill. et large de 3 à 4. Les lobes de l’échancrure n’attei- gvent pas À mill. Les graines sont longues dei 1/2 will. sur 1 mill. de larges. Les feuilles caulinaires sont écartées el peu nombreuse. Les grappes fructi- fères dépassent très-souvent la tige en longueur. Celle-ci est assez grêle et épaisse de 1 à 4 4/2 mill. Quoique cette planie soit bisannuelle on en trouve quelquefois des exemplaires en fleurs qui portent d’autres tiges desséchées, ce qui provient de ce que la plante fleurit quelquefois dès la première année de son existence, ou que celle-ci se prolonge accidentellement jusqu’à trois années. Je ne l'ai pas vue fleurir dès la première année du semis, et M.Renter m'écrit qu’ellese montre constamment bis- 175 sannuelle au jardin de M. Boissier, près Genève, où elle se reproduit d'elle-même en quantité. La même observation s'applique au 7°. sylvestre (N.) qui est susceptible de vivre quelquefois trois ans, quoique dans mon jardin il périsse toujours la seconde an- née. Le 7. Gaudiniunum est le T. alpestre décrit par Gaudin, F1 helv. 4, p.223 ; c’est aussi, en partie, celui de Koch., Syn. F1. germ., 1° éd., p.68, qui in- dique bien la longueur relative du sinus des lobes de l’échancrure ; mais dans la 2e édition du Syn. , P. 73, cet auteur me paraît avoir eu surtout en vue le T. sylvestre par ces termes de la description : stylo stnum emarginaturæ æquante. A dit sa plante pour- vue d’une souche vivace et cespiteuse, ce qui ne peut convenir qu’à une troisième espèce que je vais décrire. Tacaspr virens (N), pl. 1 bis, fig. C, 1à 11. Fleurs disposées en grappe terminale, simple, d'abord courte et serrée , à la fin oblongue. Pédi- celles assez fermes, dressés-étalés , à la fin presque borizontaux. Calice deux fois plus court que le pé- dicelle, égal à la base; à sépales ovales-arrondis, munis d’une bordure blanche assez large et de ner- vures peu saillantes. Pétales blancs, obovales, rétré- cis en onglet vers la base, quelquefois un peu tronqués et subémarginés au sommet. Etamines presqne égales aux pétales; à anthères ovales-oblon- 176 gues, purpurines en dessus , d’un jaune livide en dessous , noirâtres après l'émission du pollen qui est d'un beau jaune. Ovaire ovale-oblong. Style un peu plus long que l'ovaire et dépassant un peu les longues étamines au moment de l’anthèse. Silicule un peu ascendante sur le pédicelle et de même lon- gueur ou plus courte, oblongue-obcordée, rétrécie inférieurement , assez renflée , plus convexe en des- sous ; à ailes des valves un peu relevées eu dessus, étroites, égalant la moitié de leur largeur au som- met , rétrécies insensiblement vers la base ; à lobes de l’échancrure très-courts, ovales, obtus, écartés, séparés par un sinus assez ouvert longuement dépassé par le style et égalant à peine 1/10 ou seulement 1/12 de la longueur totale de la silicule. Graines au nombre de 4 à 5 dans chaque loge, arrondies- elliptiques et d’un brun roux. Feuilles d’un vert gai, un peu épaisses, très-entières ou quelque peu den- tées ; les radicalesétalées en rosette, elliptiques, rétré- cies en pétiole plus court ou plus long que lelimbe ; les caulinaires ovales-oblongues, espacées, peu nom- breuses, cordées-auriculées à la base, à oreillettes courtes appliquées obtuses. Une ou plus rarement deux tiges dans chaqne rosette de feuilles, dressées, un peu flexueuses , arrondies , très-simples, hautes de 5 à 10 centim. Souche grêle, à rejets courts, peu nombreux , terminés par des rosettes de feuilles formant de petites touffes assez lâches. Racine grêle, 177 un peu blanchätre , fibrilleuse et ramifiée. Plante glabre, atteignant, 1 1/2 ou rarement 2 décim., après le développement de la grappe. J'ai récolté cette espèce sur le Mont - Pilat près Lyon, à la montagae de Pierre-sur- Haute (Loire), aux alentours du Mont-Mézin (Ardèche) , sur le Mont-Lozère près Villefort (Lozère). Je lai reçue des montagnes de l'Auvergne. Elle croît dans les prairies sèches des régions subalpines, quelque- fois parmi les forêts, et paraît appartenir aux mon- tagnes granitiqnes de la France. Sa floraison est très-précoce. Dans mon jardin elle fleurit avant toutes les autres espèces voisines et aussitôt après les dernières gelées. Ses fleurs sont assez petites , mais un peu plus grandes que celles des quatre espèces que je viens de décrire. Les sépales sont verdâtres et assez larges. Les pétales ont 4 mill. de long. Les anthères ne dépassent un peu les péta- les qu'après l'émission du pollen et dans les fleurs tardives où les pétales sont plus petits, comme dans toutes les autres espèces. Le style est long de 2 mill. environ. La silicule est longue de 5 à 6 mill., et large de 3 à 4 mill. environ. Les lobes de l’échancrure ont rarement plus de 1/2 mill. de long, et sou- vent moins. Les graines sont longues de 1 1/4 mill. sur 1 de large, et d’un beau brun roux ne üirant pas sur le jaune. Les feuilles caulinaires sont au nombre de 4 à 5, plus ou moins obtuses. Les 175 grappes fructifères ne sont pas très-longues et dépas- sent rarement la tige en longueur. Celle-ci est épaisse de 1 à 2 mill., très-peu striée. Cette plante paraît être celle que de Candolle a eu principalement en vue, en décrivant le T. alpestre dans son Systema, 2, p. 380, lorsqu'il dit : Séliculd reltus@ vix emarginatd, stylo filiformi exserto , radice perenni durd; mais il est probable, d’après les loca- lités qu’il indique, qu'il la confondait avec les pré- cédentes. Je vais maintenant appeler l’attention sur les caractères les plus saillants de ces diverses espèces et les comparer les unes avec les autres, et avec les espèces voisines du même genre. Le 7. brachypetalum se distingue très-bien de toutes les autres espèces confondues sous le nom de T. alpestre L. par la forme et la petitesse de ses pé- tales ; par les lobes de la silicule allongés, souvent rapprochés au sommet et toujours plus longs que le style ; par sa tige plus robuste, plus élevée et très-feuillée. Il se place à côté du T. perfoliatum L. à cause de ses très-pelites fleurs et de son style court, mais il en est très-distinct. Dans le 7. perfolia- turn, les fleurs sont un peu plus grandes, quoique aussi trés-petites. Les pétales sont doubles du calice dans les premières fleurs , obovales-oblongs , rétré- cis en onglet étroit, nullement rétus, et à veines non saillantes. Les anthères sont ovales-arrondies , 179 plus courtes que les pétales. L’ovaire n’est pas tron- qué au sommet , et est quatre fois plus long que le style. Les silicules sont en cœur renversé , moins allongées, plus larges, à ailes plus relevées en des- sus , à lobes de l’échancrure plus arrondis et moins rapprochés au sommet, à style paraissant presque nul. Les graines sont plus courtes et plus jaunätres. Les feuilles sont bien plus dentées. Les tiges sont plus basses, plus rameuses, bien moins raides et moins épaisses. Les grappes fructifères sont plus cour- tes, et la racine est plutôt annuelle que bisannulle, quoiqu'il commence à se développer dans l'automne. Le T. sylestre est reconnaissable à ses silicules rés-convexes en dessous , ayant les aîies plus rele- vées que dans les autres espèces, et les lobes arron- dis de la même longueur que le style, à la parfaite maturité. Ses feuilles sont généralement très-entiè- res. Ses liges sont souvent rameuses, à rameaux flexueux, à grappes fructifères lâcheset très-allongées. Sa racine est bisannuelle ou trisannuelle au plus. LeT .occitanicum se ra pproche du 7. perfoliutum par son feuillage très-glauque et sa racine blanche , ferme, vraiment pivotante, ayant l’aspect d’une racine annuelle et étant tout au plus bisannuelle ; mais ses fleurs et ses fruits l’en éloignent tout-à- fait. Il se reconnaît à ses fleurs lavées de rose ; ses pédicelles allongés ‘et très-flexueux; ses silicules largement obovées, trés-rétrécies du bas, à ailes 450 larges, à lobes courts ovales bien moins arrondis que dansle T. sylvestre et toujours un peu dépassés par le style. Ses feuilles sont le plus souvent très- dentées. Ses tiges sont rameuses , à rameaux peu flexueux , plus basses que dans le 7. sylvestre, et terminées par une grappe plus courte et plus serrée. Le T. Gaudinianum ressemble tout-à-fait au T. occitanicum par la couleur et l'aspect de ses fleurs ; elles sont seulement un peu plus petites et les pédicelles sont plus courts. La forme de sa sili- cule est bien différente ; elle est plus oblongue, à ailes plus étroites, à échancrure plus petite et style plus saillant ; les loges contiennent un plus grand nombre de graines; celles-ci sont d’un roux un peu jaunâtre. Les feuilles sont entières, rarement dentées , vertes et non glauques. Les tiges sont plus grèles, plus flexueuses , toujours très-simples, et à grappe fructifère plus lâche. La racine est très-dis- lincte, grêle, oblique, fibrilleuse, bisannuelle ou quelquefois trisannuelle. Le T. virens diffère des précédents par ses sili- cules très-étroitement ailées et superficiellement émarginées, à style dépassant longuement l’échan- crure , et par sa souche vivace. Ses fleurs sont plus grandes que dans le 7. Gaudinianum, à pétales plus larges , à étamines moins saïllantes ; je ne les ai pas vues colorées de rose, ni les calices lilacés. Ses pé- 181 dicelles sont plus fermes, ses silicules plus renflées, et ses graines plus brunes et plus arrondies. Ses feuilles sont plus épaisses , d’un vert moins foncé. Ses tiges sont terminées par des grappes plus cour- tes. Le caractère de la souche vivace et du style très-saillant, rapproche le T. virens des T. sylvium Gaud., præcox Walf., et montanum L. Dans le 7°. sylvium , les fleurs sont plus grandes que celles du T. virens, mais plus petites que celles du 7. montanum. Les pétales ont le limbe ar- rondi et entier au sommet. Les étamines sont bien plus courtes, et dépassées par le style; leurs anthères sont blanchâtres ou couleur de chair, à pollen d’un beau jaune. La silicule paraît presque complètement dépourvue d’ailes ; elle est oblongue, étroite, ren- flée , à échancrure du sommet à peine visible, et à style long de 2 mill. à peine. Les graines sont ovales-elliptiques, au nombre de 3 à 4 dans chaque loge. Les feuilles sont glaucescentes , assez char- nues ; les radicales oblongues-spatulées , formant des rosettes épaisses au bas des tiges qui sont assez nombreuses, courtes , flexueuses , feuillées jusqu’au sommet et terminées par des grappes assez courles à la maturité. La souche produit des rejets très- nombreux, mais courts et serrés en touffe. J'ai recu des exemplaires de cette plante provenant du mont Sylvio et de Zermatten en Valais, localités citées par Gaudin. 13 182 Je ne connais pas très - bien le 7. alpinum Jacq auquel Koch, Syn. fl. germ. p. 74, rapporte, en synonyme, le 7. sylvium Gaud., quoique la description qu’il en donne, (caudiculis elongatis sto- loniformibus , a/a valvularum loculo dimidio angus- tiore) ne convienne pas à ce dernier. D’après les exemplaires des Alpes d’Autriche et de la Suisse que j'ai pu examiner , il aurait les fleurs plns grandes que le 7. sylvium Gaud , les pétales rétrécis en onglet bien plus long et plus étroit, et la silicule plus manifestement ailée. Le T. præcox Wulf a les fleurs a peu près de l1 grandeur de celles du 7! virens. Les sépales sont ae orme moins arrondie et de couleur lilacée-pur- purine, Les sépales sont plus oblongs et manifeste- ment plus longs que les étamines, dont les anthères sont blanchätres et deviennent un peu grises après l'émission du pollen, et non pas violacées-noirà- tres. La silicule, dans cette espèce, est triangulaire- obcordée, presque tronquée au sommet, très-ré- trécie à la base; à aïles des valves dépassant leur largeur ; à échancrure du sommet courte et très- ouverte ; à style très-saillant , long de 3 mill. Les feuilles sont très-glauques et assez dentées ; les radi- cales oblongues-elliptiques, atténuées en pétiole ; les caulinaires asseznombreuses, à oreillettes souvent un peu aiguës.Les tiges sont nombre ses, simples, feuillées jusqu’au sommet, assez flexueuses , ter- 185 minées par des grappes médiocrement allongées. La souche vivace émet des jets très-courts, et sa racine est blanchätre. J'ai recu cette plante de la Carinthie, du mont Spaccato près Trieste, et de Fiume. Son feuillage glauque et denté lui donne une certaine ressem- blance avec le 7°. occitanicum; mais ses fleurs l’en éloignent tout-à-fait, ainsi que son long style, sa souche vivace et ses tiges simples. Le 7. montanum L. est distinct de tous les autres Thlaspi dont je viens de parler par ses fleurs beau- coup plus grandes. Les étamines sont dépassées de beaucoup par les pétales ; à anthères d’un lilas blanchätre, à la fin grises. Les silicules sont cour- tes et larges, arrondies à la base, convexes d’un côté, concaves de l’autre ; à lobes de l’échancrure arron- dis, assez courts, dépassés par le style qui est long de 2 mill. environ; à ailes larges relevées en dessus : les loges renferment chacune deux graines. Les feuil- les sont assez entières ; les inférieures obovées ou elliptiques , pétiolées , étalées en rosette, persistan- tes ; les caulinaires oblongues, obtuses, à oreiïllettes courtes et arrondies. La souche est un peu ligneuse; à ramifications allongées, stoloniformes. Cette plante croît sur les rochers et parmi les bois du calcaire jurassique dans plusieurs localités de l’est de la France. J'ai lieu de croire que le 7. r#70ontanum des mon- 184 tagnés du Dauphiné est une espèce différente du vé- ritable m#ontanum L. Villars dit qu’il vient sur les montagnes les plus élevées, parmi les gazons , dans les endroits froids et herbeux , et qu’il n’a que trois ou quatre pouces de haut; ce qui ne convient pas au 7. montanum L. Je possède des échantillons de cette plante, recueillis par M. Clément au sommet de la Moucherolle (Isère), et qui me paraissent effective- ment très-distincts de la plante des collines. Les pé- tales sont plus petits et de forme plus oblongue. Les sépales sont moins ovales et dépassés de beaucoup par les étamines qui sont presque égales aux sépales dans le montanurm 1. Les pédicelles sont plus épais et plus courts. Les feuilles radicales sont bien plus étroi- tes, oblongues-elliptiques, souvent un peu dentées ; les caulinaires sont oblongues, obtuses. Les tiges sont nombreuses , feuillées jusqu’au sommet, hautes de 6 à 8 cent. La souche est écailleuse, à ramifications courtes, un peu läches, mais nullement stolonifor- mes. Je n’ai pas vu cette plante en fruit, et ne puis porter sur elle un jugement bien assuré. Je crois ce- pendant qu'elle ne peut être réunie au 7. monta- num, d’après les caractères que je viens d’indiquer. Ses fleurs paraissent peu différentes de celles du 7! sylvium Gaud. L’ovaire et le style ont aussi beau- coup de ressemblance , mais le feuillage n’est point le même. Le T. sylvium a les feuilles radicales plus courtes, plus obovées, les caulinaires plus ovales. Sa 185 souche est plus épaisse et plus cespiteuse. Il est d’une couleur glauque et paraît appartenir aux Alpes gra- nitiques, tandis que celui-ci croît sur les montagnes calcaires du Dauphiné. Je désignerai provisoirement cette espèce très-douteuse sous le nom de 7°. Vül- larsianum. Un autre 7hlaspi qui croît au mont Viso, et que j'aireçu de M. Huguenin, me paraît mériter d’être exa- miné. Il est très-voisin du 7. sylvium par la forme de la silicule, dont les ailes ne sont pas tout-à-fait nulles, mais très-étroites. Le style est plus allongé. Les feuil- les caulinaires ont des oreillettes bien plus grandes, et les tiges sont véritablement stoloniformes, com- me dans le r20ntanum. Cette planteest probablement la même que le T. alpinum Jacq. En continuant cette revue, j'arrive au 7! brevr- stylum (Hutchinsia D. C.)—H. pigmea Niv. cors., app. 3, qui croît en Corse, et doit être placé, en rai- son de ses caractères, à côté des T. sybvestre, brachy- petalum et perfoliatum. W a les fleurs très-petites, longues de 2 mill. à peine; les pédicelles courts; les sépales ovales-arrondis, d’un vert livide, et assez concaves ; les pétales doubles du calice, oblongs-cu- néiformes; les étamines plus courtes que les pétales, et un peu plus longues que les sépales ; les anthères d'un blanc un peu lilacé, à la fin grisâtres, à pollen d’un jaune très-pâle. La silicule est oblongue-ellip- 156 jque, convexe en dessous, un peu concave en des- sus, un peu rétrécie inférieurement, à base presque arrondie ; à ailes des valves égales, au sommet, à la moitié de leur largeur; à lobes de l’échancrure ova- les, dressés, séparés par un sinus large et arrondi à la base, égalant à peine 1/8 de la longueur totale de la silicule,et toujours plus longs que le style.Les grai- nes sont au nombre de 3 à 4 dans chaque loge, ova- les-oblongues, d’un brun roux clair, longues de 1 3/7 mill., larges de 2/3 mill. Les feuilles sont très-peti- tes, glaucescentes, un peu épaisses, presque entières ; les radicales arrondies-elliptiques ou obovées, assez longuement pétiolées ; les caulinaires inférieures sou- vent semblables aux radicales, et pétiolées de même; lesautressessiles,oblongues ou ovales-oblongues, três- obtuses, cordées-auriculées à la base. Les tiges sont ordinairement simples, rarement solitaires, hautes de 5 à 10 cent., ou seulement de 4 à 2 cent. sur les rochers arides, dressées, flexueuses, feuillées jusqu’au sommet, irès-grèles , à diamètre de 1/2 à À mill. La racine est bisannuelle; à pivot blanchâtre, simple ou ramifié loin du collet. Cette espèce fleurit vers la fin de juin et au com- mencement de juillet, sur le sommet du mont Cos- cione et du mont Cagnone, en Corse, où je l’ai récoltée en quantité. Dans mon jardin, où je l’ai obtenue de graines de mes exemplaires de Corse, elle fleurit dès la fin de mars ou vers les premiers jours 187 d'avril, presque aussitôt que le T. virens. Elle est véritablement bisannuelle. Le T. rivale Moris El. sard. p. 193, t. 9, f. 1,est, selon moi, la même plante. La figure citée représente le T. brevistylum venu dans un lieu fertile, à silicule dont les lobes s’allongent un peu plus, ainsi que je les observe sur mes exemplaires de grande taille, qui ont aussi les feuilles caulinaires plus étroites que les autres. Le T. rivale Presl, Del. prag. — Gussone, Prod. fl. sic. p. 216, est une autre espèce très-voisine, mais différente, d’après des échantillons de Sicile étique- tés par Gussone que j'ai pu examiner, et d’après la description de cet auteur. Dans son Synopsis fl. sic. 2, p.156, il rapproche sa plante du 7: rivale Moris, et modifie la description de son Prodromus par rapport aux fleurs ; mais j’ai lieu de croire que c’est à tort, car, d’après la figure citée du Flora sardoa, la silicule a l’échancrure très-obtuse dans la plante de Sardaigne, comme dans celle de Corse, tandis que dans celle de Sicile l’échancrure est aiguë, ainsi que le dit Gussone, Syn. 2, p. 157 : Silicula acute emar- ginata. Les graines sont évidemment différentes dans cette dernière, de forme plus ovale, d’un roux plus foncé, plus grosses, longues de 1 3/4 mill. sur 1 1/3 mill. de large. Je n’ai pas vu les fleurs, mais, d’après le Prod. fl. sic. p. 216, les pétales ne dépassent pas les étamines et sont à peine plus longs que le calice, et les anthères sont lilacées. 188 J'ai recu deGrèce, sous le nom 7. rivale Moris, un curieux 7/Alaspt récolté par M. de Heldreich, tout- à-fait distinct du 7'.rivale Presl. et du brevistylumD.C. Ilest très-petit, comme ce dernier, mais il est pourvu d’une souche vivace, assez épaisse, émettant des tiges et des rosettes de feuilles stériles entremélées, ce qui le rapproche du T. montanum. Ses fleurs sont pres- que trois fois plus grandes que celles du 7. brevisty- lum. Lés pétales ont près de 6 mill. de long sur 1 1/2 de large à peine, au sommet; ils sont oblongs, ré- trécis en onglet très-étroit et très-allongé, trois fois plus longs que les sépales, dépassant de beaucoup les étamines dont les anthères sont lilacées-purpu- rines. Le style est long de 2 mill. La silicule très- jeune est oblongue-obcordée, assez largement ailée, à lobes de l’échancrure arrondis et très-courts. Je ne l'ai pas vue ayant attéint tout son développement. Les tiges sont simples, plus ou moins nombreuses, feuil- lées, grêles, hautes de 2 à 5 cent. Cette espèce croît dans le voisinage des neiges, sur le mont Taygète, et me paraît voisine des 7°. sylvium Gaud. et præcox Wülf, mais bien distincte. Je la nommerai 7° græ- cum. Le genre Thlaspi, ainsi que je viens de le mon- trer, offre unesérie d’espèces très-voisines qui ne peu- vent être facilement distinguées que si l’on a égard aux caractères essentiels, et surtout à l’ensemble de ces caractères qui ne doit pas changer. En donnant 189 des mesures précises pour les divers organes, j'ai voulu seulement indiquer la relation qui existe entre les espèces considérées àleur état normal, car ilnefau- drait pas attribuer à ces mesures trop d'importance. Dans la nature, il n’y a pas de formes précises et arrêtées, ni de mesures mathématiques. L'unité et la fixité, qui font le fond de la nature de chaque être, sont toujours plus ou moins voilées sous des vicis- situdes apparentes. Ainsi, dans presque tous les Thlaspi, les fleurs varient de grandeur, suivant le degré de développement de la grappe, ce qui change souvent la relation indiquée des pétales avec le ca- lice et les étamines. Les lobes de l’échancrure dans la silicule sont assez sujets aux changements. J’ai re- marqué qu’ils étaient toujours plus allongés sur les exemplaires venus dans un terrain frais ou ombragé. Le style varie souvent de longueur, et d’une ma- nière notable, dans une même espèce, ce qui n’em- pêche pas qu’on ne puisse dire que telle espèce dif- fère de telle autre par un style plus allongé. Les feuil- les sont plus ou moins dentées, à oreillettes plus où moins allongées, souvent aiguës et obtuses sur un même pied; les radicales sunt courtement ou lon- guement pétiolées, de grandeur très-variable. Les tiges sont simples ou rameuses , solitaires ou nom- breuses, dans une même espèce. Plusieurs espèces sont tantôt annuelles et tantôt bisannuelles. Je crois qu'on ne pourrait citer aucun caractère qui soit ab- 190 solumentinvariable, d’où jeconclusqu'’il faut se servir de tous à la fois, et non pas seulement d’un ou deux mis en évideuce, suivant le procédédiagnostiquedont Linné est l'inventeur. Il est probable qu’il existe en- core quelques espèces à débrouiller dans ce genre, à en juger par des exemplaires très-incomplets que je possède des Alpes et des Pyrénées. J'y reviendrai dès que j'aurai pu acquérir sur leur compte des don- nées positives. Je n’ajoute aucun détail sur les 7. arvense L. et alliaceum L., qui sont bien connus et trés-distincts de ceux que j’ai décrits. Le 7! rotundi- Jolium Gaud. présente deux formes : celle des mon- tagnes calcaires et celle des montagnes granitiques, qui l’une et l’autre méritent d’être soumises à la cul- ture. Explication de la première planche. Fig. A. THLASPI BRACHYPETALUM (N.). 1. La plante entière de grandeur naturelle. 2. Fleur de grandeur naturelle. 3. Lmême grossie. 4. La même grossie, dont on a enlevé un pétale. 5. Sépale de grandeur naturelle. 6. Le même grossi, 7. Pétale de grandeur naturelle. 8. Le mème grossi. 494 9. Ovaire avec le style grossi. 10. Capsule de grandeur naturelle. 11. Feuille de la roselle radicale. Fig. B. TaLaspr SYLVESTRE (N.). 1 à 11. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- dants de la fig. A. Explication de la première planche bis. Fig. À. Tuzaspr OCCITANICUM (N }). 1 à 11. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. À de la première planche. Fig. B. Taraspr GauDiNIANUM (N ). 1 à 11. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. A de la première planche. Fig. C. Taraspr virens (N.). 1 à 11. Les mêmes organes qu’aux numéros correspondants de la fig. À de la première planche. Fig. D. Taraspr Præcox Wulf. 1. Fleur de grandeur naturelle. 2. La même grossie. 3. La même grossie, dont on a enlevé un pétale. 4. Sépale de grandeur naturelle. 192 . Le même grossi . Pétale de grandeur naturelle. . Le même grossi. . Ovaire avec le style grossi. . Capsule de grandeur naturelle. ] © x © © Fig. E. THLaspr syLviumM Gaud. 1 à 9. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- dants de la fig. D. Fig. F. THLAaspi MONTANUM L. 1 à 9. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. D. Fig. G. THLASPI PERFOLIATUM L. 4 à 9. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. D. Fig. H. TaLaspr BREVISTYEUM (D. C.), 1 à 9. Les mêmes organes qu'aux auméros correspondants de la fig. D Re o1)S244 1dse[y], ‘q unpaodAqovag 1dsvy} Y 4 8" s\ 0" TI sé. i V à \ À Ÿ Jen En RSR FAN | 1 | NP | da ) = à PL Bis Duhiène al: nae Lol re. H. ThL. brevistvlum. Il (l G. Thl. perfoliatum. 2 A Thlaspi octitanieum B° Thil Gaudinianum © Thl wirens F ) {x de E Thl montanum 21 “ —s k é IR 209 | & NE || K | Y : h G Th perfoliatum. H ThL brevistylum V4 | | | GENRE HELIANTHEMUM. HELTANTHEMUM VELUTINUM (N.), pl. 9, fig. À, { à 14. Fleurs disposées en grappe terminale, simple, pauciflore, d’abord courte et enroulée, puis allon- gée et redressée par l'épanouissement successif des fleurs. Pédicelles dépassant un peu le calice, insen- siblement épaissis vers le sommet, d’abord fermes et dressés, puis contournés et réfléchis à la maturité. Calice blanchätre, couvert de petits poils étoilés, deux fois plus court que la corolle; sépales exté- rieurs très-petits , oblongs-linéaires ; sépales inté- rieurs trois fois plus longs, larges, obliques, ovales, obtus, concaves, marqués de 4 côtes ou nervures réunies au sommet, bords inégaux, blancs-sca- rieux sur le bord interne qui est un peu denté à son extrémité supérieure. Pétales blancs, à onglet jau- nâtre, obovés, très-élargis du haut, un peu moins iongs que larges. Etamines deux fois plus courtes que les pétales. Style un pen coudé vers le milieu, épaissi au sommet, de la longueur des étamines et trois fois plus long que l'ovaire. Capsule ovale- arrondie, velue. Graines brunes, irréguliérement anguleuses, ovales, obtuses, aussi largesque longues. 49h Feuilles pétiolces, oblongues, ou oblongues-linéai- res, un peu obtuses, mucronulées, de grandeur très-variable ; à bords un peu enroulés en dessous à l'état jeune, et à la fin planes; à limbe marqué en dessus, dans son milieu, d’une dépression longitudi- nale, relevé en dessous par une côte un peu saillante ; couvertes sur les deux faces d’un duvet plus ou moins blanchâtre, surtout en dessous, velouté, très- fin, persistant, formé de très-petits poils étoilés entre- croisés; pourvues de deux stipules linéaires égalant une fois et demie la longueur du pétiole. Tiges épaisses, ligneuses, nues et tortueuses à la base, d’un brun rougeûtre; à rameaux florifères herbacés, dressés, non ascendants à la base, peu raides, et blanchätres comme les feuilles. Racine dure, ligneu- se, peu ramifiée, de couleur brune. Plante de 2 à L déc., après le développement des grappes; à feuilles très-douces au toucher. J'ai observé cette plante dans les montagnes du Bugey, à Serrières (Ain), et dans d’autres localités de cette partie de la vallée du Rhône. Elle croît aussi aux environs de Grenoble (Isère). Je l’ai de Nice et du mont Salvadore près Lugano (Suisse-Ita- lienne). Elle vient dans les lieux secs et pierreux et parmi les rochers exposés au midi. Elle fleurit en mai. Les fleurs sont blanches, très-grandes, et leur diamètre dépasse souvent 3 cent. Les sépales attei- gnent 4 cent. en longueur, à la maturité, et sont sou- 195 vent un peu jaunûtres. Les pétales sont rétrécis vers la base, à onglet très-court ou nul, et à bord supé- rieur un peu denté. Les étamines sont longues de 6 mill.; à anthères d’un beau jaune, un peu émarginées aux deux extrémités. Le stigmate est verdâtre, à disque un peu convexe, dépassant | mill. en diamètre. La capsule est longue de 7-8 mill. et large de 6 mill. Les graines sont longues de 1 2/3 mill. el aussi larges. Les cotylédons sont elliptiques- oblongs, pétiolés. Les feuilles sont d’un vert cendré ou blanchätre, environ cinq fois aussi longues que larges et atteignant dans un terrain frais jusqu’à 5 ou 6 cent. de long. Les tiges sont véritablement ligneuses, dépassant souvent la grosseur d’un tuyau de plume, et toujours d’une belle couleur brune. Cette espèce paraît être l’Æ. apenninum de Gau- din, FL. helv. 3, p. 450, d’après les localités citées ; mais cet auteur dit dans sa description : folits revo- lutis, ramis patulis ascendentibus, ce qui ne convient pas à l’Æ. velutinum. Celui-ci n’est certainement pas l’ÆZ. apenninum D. C. F1. fr. 4, p. 824, et encore moins le Céstus apenninus L. Sp. p. 744 qui est pa- tulus et dont les feuilles sont suprà viridia hirta. M est également différent de l’A. pilosum Pers. Syn. 2! p- 79 et ne peut être rapporté à aucune des trois variétés du Céstus pilosus signalées par Linné, Sp. pl. p. 74h. Le C. pilosus AÏ., FI. ped. n° 1672, t. 45, f. 1, 2, comprend évidemment plusieurs plan- 196 tes différentes, d’après la description, les synonymes et les figures citées. Il serait difficile de trouver un genre dont les espèces soient plus embrouillées dans les livres que celles du genre Æelianthemum. Des plantes différentes ont été décrites sous les noms de A. pilosum, apenninum et polifolium , et ’on ne peut guère remonter aux types Linnéens qu’en s’en tenant aux indications de localités, à cause de l’obscurité du texte. De Candolle, dans sa Flore française, décril quatre espèces voisines à fleurs blanches qui sont les suivantes : Æ. pilosum, apenninum, pulverulentum et polifolium. La pre- mière qui est un peu dressée, à feuilles incanes, à ca- lice lisse ou légèrement poilu, et qui habite les ré- tions les plus méridionales de la France, parait bien être l’Æ. pilosum Pers., le C. pilosus var. a. L. Sp. 744. Bentham, dans son Cat. Pyr. p. 87, dit qu’elle est remarquable par ses petits calices, ses feuilles li- néaires, vertes en-dessus et à bordsrévolutés, sesra- meauxraides,etqu’elleesttrès-communeauxenvirons de Narbonne, au pont du Gard, dans la Provence, tandis qu’elle ne vient ei à Montpellier ni en Roussil- lon. Ayant parcouru souvent ces diverses contrées, j'ai pu vérifier par moi-même l'exactitude de ces observations. M. Dunal, dans D. C. Prodr. 1, p. 282 décrit un ÆZ. pilosum dont il me paraît. impossible de se faire une idée nette. Il a les feuilles blanches des deux côtés et comprend deux variétés, l’une à 197 feuilles linéaires, à calice poilu et glauque, et l’autre à feuilles oblongues et à calice brillant presque glabre. Je ne connais rien dans les espèces de ce groupe du midi de la France qui corresponde ni à l’une ni à l’autre de ces deux variétés, 11 décrit en- suite l’Æ. lincare Pers. qui se rapporterait mieux, quant aux feuilles, à l’7Z. pilosum Benth, mais dont il dit qu'il a les rameaux ascendants et les calices plus gros que le pilosum, ce qui rend pour moi les H. pilosum et lineare du Prodromus de de Candolle tout-à-fait incompréhensibles. Je ne trouve aucune différence indiquée dans Persoon pour les Æ. pélo- sum et lineare, si ce n’est que le premier est ascen- dens et le second erectiusculum, que le premier est une plante d’Espagne et le second une plante de France. Bentham réunit l’/. linearePers. au pilosum ; comme il a le premier très-bien signalé et caracté- risé cette espèce et qu'il est impossible de se mé- prendre sur la plante qu’il a eue en vue, c’est elle, à mon avis, qui doit conserver le nom de 77. pilosum. Voici ses principaux caractères. H£ELIANTHEMUM PILOSUM Pers.--Bentham ! Cat. pyr. Grappes fructifères assez raides. Fleurs blan- ches de grandeur médiocre. Sépales à côtes saillan- tes, pubescents ou souvent glabriuscules et viola- cés. Pétales obovés, cunéiformes et un peu jaunä- 14 195 tres à l’onglet. Style dépassant un peu les étamines. Réceptacle très-court. Capsule petite, ovale. Grai- nes brunes plus longues que larges. Feuilles linéai- res, très-étroites, à bords exactement repliés en des- sous, vertes ou grisätres, pubescentes en dessus , tomenteuses-blanchâtres en-dessous.Tiges ligneuses, tortueuses à la base, d’un gris brun; à rameaux effilés, tomenteux blanchätres , dressés, rigidules , rarement un peu ascendants vers la base. Plante de 2 à 5 déc., à feuilles très-étroites et très-révolutées. La seconde espèce que décrit de Candolle, dans sa Flore Française, est l’Æ. pulverulentum D. C. qui me paraît étrele Cistus pilosus var. b. de Linné, Sp. pl. p. 744. Cette espèce n’est pas comme l'A. pilosum particulière à la région méridionale de la France, car elle se trouve en abondance surtout dans le centre et dans l’est. C’estelle que Bentham , Cat. p. 87, décrit sous le nom d’Æ. apenninum D. C., mais je crois qu’il se trompe en lui donnant ce nom, car l’/7. apenninum D. C. parait être une troi- sième espèce distincte du pulverulentum, qui croit dans l’ouest de la France, et ne se trouve ui dans l’est ni dans le midi. L’Æ. pulverulentum D. C. est la plante que décrit Koch, Syn. fl. gerin. éd. 2, p. 87, sous le nom de 7. polifoliurm, d’après les termes de la description et les échantillons que j'ai reçus d’Al- lemagne, qui sont conformes à ceux de Lyon où le pulverulentum est commun ; mais la localité suisse 199 qu'il indique, doit plutôt s'appliquer à mon /. ve- lutinum. C'est elle que décrit M. Boreau dans sa Flore du centre, vol. 2, p. 81, et qui est généralement connue des botanistes français sous ce nom de pul- verulentum. Je vais donner la description de ces deux espèces. HELIANTHEMUM PULVERULENTUM D. C. Grappes pauciflores , peu raides à la maturité. Fleurs blanches assez grandes. Sépales pubescents, d’un vert blanchätre, à côtes vertes ou quelquefois rougeûtres , à bord intérieur denté au sommet. Pé- tales obovés, un peu plus longs que larges, à on- glet court marqué d’une tache d’un beau jaune. Style plus long que les étamines. Capsule ovale- arrondie. Graines d’un brun assez foncé, un peu plus longues que larges. Feuilles des rameaux flori- fères oblongues ou linéaires, ordinairement cinq fois aussi longues que larges , toujours plus ou moins révolutées sur les bords, vertes ou blanchä- tres en dessus, et parsemées de poils étoilés devenant à la fin épars et peu nombreux , canescentes en dessous. Tiges ligneuses, couchées à la base, d’un brun noirâtre ; émettant des rameaux très-nom- breux, herbacés, d’un vert blanchätre , toujours ascendants et un peu étalés, point raides. Plante de 2 à 3 déc. , à feuilles oblongues-linéaires révolutées. 200 HELIANTHEMUM APENNINUM D). C. Grappes pauciflores, peu raides à la maturité. Fleurs blanches, assez grandes. Sépales pubescents, d’un vert blanchâtre, à nervures vertes, à bord intérieur non denté au sommet. Pétales obovés , un peu plus longs que larges, à onglet assez long et jaunâtre. Style dépassant un peu les étamines. Cap- sule ovale-arrondie. Graines d’un brun assez foncé, un peu plus longues que larges. Feuilles des ra- meaux florifères ovales-oblongues, environ trois fois aussi longues que larges , d’ahord un peu révo- lutées , à la fin très-planes , vertes et parsemées en dessus de poils en étoile souvent épars et peu nom- breux, canescentes en dessous. Tiges ligneuses, cou- chées à la base, d’un brun noirâtre; à rameaux nom- breux , herbacés, verdâtres, ascendants, étalés, flexueux et assez grêles. Plante de 2 à 5 déc., à feuilles ovales-oblongues non révolutées. L’/Z. apenninum que je viens de décrire, est celui de Guépin, F1. de M. et L. p. 288 et de Boreau FI. du Cent., vol. 2, p. 80. —Je l'ai cultivé de graines reçues de M. Boreau , et ses caractères ne se sont nullement modifiés par des semis successifs. 11 res- semble beaucoup à l’H. pulverulentum D. C., et je crois qu’il serait difficile de trouver deux espèces distinctes qui soient plus semblables de port et d’as- 201 pect. La pubescence parait la même chez l’une et l’autre, car '/7. pulverulenturn cultivé dans un terrain frais et fertile, prend des feuilles verdâtres et glabrius- cules en dessus; mais trois caractères constants les séparent; ce sont : 1° la forme des pétales dont l’on- glet est évidemment plus allongé dans l'A. apenni- num ; 2° la forme des feuilles qui sont constamment plus courtes relativement à leur largeur dans ce der- nier que dans l’autre; 3° les bords des feuilles qui sont toujours plus ou moins révolutés dans le pul- verulentum el toujours planes dans les feuilles adultes de l’apenninum. L'A. polifolium D. C. F1. fr. 4, p. 823, à feuilles planes ovales-oblongues glabres en dessus, à ca- lice glabriuscule et luisant , m’est inconnu et je ne puis rien en dire. Les quatre Helianthemum qui précèdent sont cer- tainement de bonnes espèces dont les caractères restent invariables par la culture. L’Æ. velutinum est très-distinct de port et d'aspect. Cultivé à côté des A. pulverulentum et apenninum, il se montre plus robuste, à tiges du double plus épaisses, plus dénudées inférieurement et d’une couleur brune-rougeâtre très-remarquable. Ses ra- rameaux florifères sont tous dressés, au lieu qu’ils sont ascendants et plus ou moins étalés dans les deux autres. Ses feuilles sont du double plus gran- des et d'un vert bien plus cendré, couvertes d’un 202 duvet très-fin et trés-serré, ce qui les rend très- douces au toucher et comme veloutées. Ses fleurs sont plus grandes d’un tiers, au moins, à pétales bien plus élargis du haut. Son style ne dépasse pas les étamines et le stigmate est plus large. Sa capsule est manifestement plus grosse, et ses graines aussi plus”grosses et de forme plus largement ovale. L’H. pilosum est également très-distinct de port et d’aspect. Ses rameaux grêles , assez raides; ses petites feuilles très-étroites, à bords très-révolutés; ses fleurs plus petites; ses calices faiblement poilus et ses petites capsules le font reconnaître aisément. Les A. publverulentum et apenninum se distinguent l’un de l’autre par les caractères que j'ai indiqués plus haut. Il est encore d’autres espèces à fleurs blanches du midi de la France que je n’ai pas en- core assez examinées pour en parler ici, Le genre Helianthemum présente en outre troisautresgroupes qui méritent uné attention spéciale et dont l'étude est des plus difficiles. Le premier groupe a pour type l’'H. vulgare Gœrtn. Le second est représenté par l'A. canum Dun. dont M. Boreau vient de débrouiller la synonymie par de savantes recherches. Le troi- sième renferme les espèces voisines de l’H. gluténo- sum D..C. Comme j’ai déjà pu faire quelques obser- valiovs sur plusieurs espèces de ces divers groupes, Je me propose d’y revenir prochainement. 203 E & plication de la deuxièm planche. F1G. A. HELIANTHEMUM VELUTINUM (N.). 1. Fragment de la plante de grandeur naturelle. 2. Fleur. 3. Sépale grossi. 4. Pétale de grandeur naturelle. 5. Ovaire grossi, surmonté par le style. 6. Capsule de grandeur naturelle. 7. Graine de grandeur naturelle. 8. Graine grossie. 9. Feuille d’un rameau florifère. 10. Fragment de feuille grossi pour montrer la disposition des poils. 11. Feuille d’un individu cultivé. Fic. B. HELIANTHEMUM PULVERULENTUM D. C. 1. Fleur de grandeur naturelle. 2. Sépale grossi. 3. Pétale de grandeur naturelle. 4. Ovaire grossi. 5. Capsule de grandeur naturelle. 6. Graine de grandeur naturelle. 7. Graine grossie. 8. Feuille d’un rameau florifère. 9. Fragment de feuille, grossi pour montrer la disposition des poils. 204 Fig. C. HELIANTHEMUM APENNINUM Î). C. 1 à 9. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. B. Fig. D. HELIANTHEMUM PILOSUM Pers. 1 à 9. Les mèmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. B. “NOTE WINUOTUVH ‘(I unuiuuode WnUUENT ‘à AUNJUONIAANA MUTUEL ‘4 INUNONIA MMUAUUELIH ‘V DS 29 DDP DUPONT F—-—— — A — — MERUOESA RENE CV uno tntuoqu °H wonauruadu tnt, 3 _. eut GENRE SAGINA. Dans un précédent article sur le genre Sagina, je me suis borné à donner la description de deux es- pèces très-voisines de ce genre qui croissent aux environs de Lyon , et me suis abstenu de parler de plusieurs autres que j’ai rapportées de mes excur- sions dans le midi de la France et sur les caractères desquelles je n'étais pas encore bien fixé. Ayant vou- lu, depuis, soumettre à un sérieux examen ces for- mes qui m’avaient paru dignes d'attention, j'ai es- sayé de les cultiver, et les semis que j’en ai faits ont eu une parfaite réussite , de sorte que j'ai pu obser- ver vivantes ces petites plantes, et les suivre dans tous leurs développements. Je suis arrivé à constater d’une manière positive, indépendamment des deux espèces dont j'ai parlé en premier lieu , l'existence de trais autres espèces voisines, mais bien distinctes, pourvues de caractères assez tranchés et très-recon- naissables à leur port. L'une de ces trois espèces est le S. maritima Don., déjà signalé en France. Les deux autres me paraissent nouvelles, et n’ont été, que je 206 sache, décrites nulle part. Je vaisen donner la descrip- on, en commencant par celle du S.r»naritima Don. SAGINA MARITIMA Don. PI. 3, fig. A, 1 à 11. Pédoncules capillaires, axillaires, uniflores, pres- que toujours dressés et très-lisses. Sépales écartés de la capsule à la maturité et à peine aussi longs qu’elle, ovales, obtus , non mucronés, concaves, blancs- membraneux sur les bords. Pétales blancs, oblongs, un peu rétrécis à la base, égalant la moitié de l’o- vaire, d’abord dressés, à la fin étalés, très-persis- tants ou le plus souvent nuls sur le même individu. Etamines à filets très-peu dilatés à la base, à loges des anthères oblongues et blanchâtres. Styles ciliés, étalés, un peu recourbés. Ovaire ovale, à pédicelle propre presque nul, paraissant sessile sur le récep- tacle. Capsule ovale-arrondie à la base, longue de 2 1/4 mill, et large à la base de 2 mill. Graines bru- nes, réniformes, très-finement chagrinées et munies sur le dos d’un sillon large et très-profond. Feuilles glabres , linéaires - subulées , aplanies en dessus , convexes en dessous, terminées par un mucron épais aigu, mais non aristées. Tige non radicante, ordinai- rement très - ramifiée dès la base; à ramifications principales dressées, plus ou moins étalées, peu flexueuses, assez raides, très-glabres ou rarement munies de petits poils glanduleux épars, prenant souvent une teinte violacée rougeûtre. Racine grêle, annuelle. Plante de 4 à G cent. J'ai recueilli cette plante abondamment dans les lieux maritimes secs et sablonneux , à Mont-Redon près Marseille. Je l'ai aussi de Toulon. Mes échan- tillons ne me paraissent différer en rien de ceux que j’ai reçus des bords de l'Océan, de diverses lo- calités françaises et de l’Angleterre. SaGiNa DENSsA. (N.), pl. 3, fig. B., À à 40. Pédoncules capillaires, axillaires , uniflores , pres- que toujours dressés eltrès-lisses. Sépales peu écartés de la capsule à la maturité et aussi longsqu’elle, ellip- liques-oblongs,obtus, non mucronés, fortement con- caves, à bordure membraneuse assez large. Pétales nuls. Etamines à filets un peu dilatés vers l’extrême base, à loges de l’anthèreelliptiques et blanchâtres. Styles ciliés, étalés un peu recourbés. Ovaire ovale- oblong, visiblement pédicellé. Capsule ovale-ob- longue, longue de 2 1/4 mill., large de { 172 mill. Graines brunes, réniformes-ovales, finement chagri- nées, munies sur le dos d’un sillon étroit et superfi- ciel. Feuilles glabres, linéaires-subulées, aplanies en dessus, convexes en dessous, aiguës et un peu imucronées, mais non aristées. Tiges non radicantes, naissant de la base en touffes extrémement denses, les plus extérieures inclinées - ascendantes, toutes 208 redressées, assez fermes , très-glabres et très-lisses , ou parsemées de glandes sessiles à peine visibles à la loupe. Racine grêle, annuelle. Plante de 4 À 8 cenil. J'ai récolté cette espèce à Hyères (Var), tout près de la mer, au Ceinturon, dans les sables humides sur lesquels l’eau a séjourné pendant l'hiver. Elle fleurit en mai comme la précédente. Sacrna Degicis. (N.), pl. 3, fig. C, 4 à 10. Pédoncules capillaires , axillaires , uniflores, dres- sés ou un peu inclinés, flexueux, jamais raides, très-allongés, lisses. Sépales un peu écartés de la capsule à la maturité, plus longs qu’elle ou de même longueur, ovales, obtus, sans mucron, très-conca- ves, blancs membraneux sur les bords. Pétales nuls. Etamines à filets non dilatés à la base; à loges des anthères oblongues-elliptiques et blanchätres. Styles ciliés, étalés. Ovaire très - visiblement pédicellé. Capsule ovale-oblongue, longue de 2 1/4 mill., large de 4 3/4 mill. Graines d'un brun clair, réniformes, très-finement chagrinées, à sillon dorsal fort large et peu profond. Feuilles glabres, linéaires-subulées, aplanies en dessus, convexes en dessous, aiguës et un peu mucronées , mais non aristées. Tiges non radicantes, divisées vers la base, peu nom- breuses , très-flexueuses , filiformes, faibles et tom- 209 bavtes, ne pouvant se soutenir, rarement dres- sées , trés-glabres et très-lisses dans toutes leurs par- Lies. Racine grêle, annuelle. Plante de 6 à 10 cent. J'ai récolté cette espèce dans les lieux maritimes, à Collioure ( Pyrénées orientales), et l’ai reçue de Bayonne. J'ai pensé d’abord que ce pouvait être le S. filiformis Pourr. que plusieurs auteurs rappor- tent en synonyme au S. mnaritima Don.; mais il n'est pas possible d’être fixé avec certitude sur cette plante de Pourret qui n’est bien connue de per- sonne. Lapeyrouse, Abr. Suppl., dit que le S. fii- Jormis vient aux Pyrénées péle-mêle avec le S. pro- cumbens L., et qu'on le confond avec ce dernier. Sprengel, Syst. vég. 1, p. 497, le décrit avec une tige dressée, des calices un peu aigus, des pédon- cules en corymbe. Ces caractères ne-conviennent à ma plante en aucune facon. Les trois espèces que je viens de décrire s’éloi- gnent des S. apetala et patula dont j'ai parlé pré- cédemment par le caractère des feuilles dépour- vues d’arête terminale. Elles ont chacune un port trés-distinct qui les fait reconnaître au premier coup d'œil. Le S. mnaritima Don. est dressé, rigidule. Ses feuilles ( les caulinaires surtout) sont généralement un peu plus larges que dans les deux autres ; elles sont très-planes en dessus, et réunies pareillement à la base en un godet membraneux ; le mucron qui 210 les termine est un peu plus épais. Les sépales sé- cartent de la capsule à la maturité, sans cependant s'ouvrir jamais sur un plan horizontal, comme cela se voit ordinairement dans le $. apetula L. Cette différence est d’une grande importance, mais ne peut être bien appréciée que sur des exemplaires frais et en très-bon état. Les deux sépales extérieurs sont ici, comme dans toutes les espèces voisines, un peu plus longs et plus larges que les deux inté- rieurs ; la pointe qui existe à leur sommet dans les S. patula et apetala est ici à peu près nulle. Ce caractère m'a paru constant, et être toujours en rapport avec les feuilles; les espèces à feuilles mu- tiques ayant toutes le calice également mutique. La capsule, avant la déhiscence des loges, dépasse légèrement le calice, moins cependant que dans le S. apetala L.; elle est ovale, élargie et un peu tronquée à la base, en apparence complètement sessile sur le réceptacle ; mais si on l’enlève adroi- tement sans entamer ce dernier, on remarque qu'elle est réellement pourvue d’un pédicelle propre qui s'insère au centre du réceptacle dans une petite ca- vité circulaire, ce qui se voit d’une manière bien plus évidente dans les S. densa et debilis. Les pé- tales manquent le plus souvent, mais ils ne sont pas caducs , et persistent au contraire jusqu’après la chute des graines, comme dans beaucoup d’espèces de Spergula et d’Alsine. Ceux que j'ai observés ont 211 une forme très-régulière et sont blancs; ils pa- raissent s'éloigner beaucoup de ceux des $. ape- tala et patula que l’on prendrait plutôt pour des rudiments de pétales. Les étamines ont les filets plus étroits, et les anthères sont moins rondes que dans ces deux dernières espèces. Les styles sont garnis de cils plus allongés ; leur nombre varie de 4 à 5 ainsi que dans tous les Sagina que j'ai pu observer, mais le nombre 4 est le plus ordinaire. Les graines sont remarquables par leur sillon dorsal large et pro- fond. Le $. stricta Fries est probablement la même plante que le S. maritima Don.; mais cela ne résulte pas clairement de la description donnée par Fries dans ses Nov. FI. suec. ed. alt. p. 58. Il dit de sa plante qu’elle n’est jamais multicaule, qu’elle-est presque toujours simple à la base et paniculée au sommet ; il lui attribue des pédoncules très-raides , strictissi- mnt, des sépales marqués de nervures et égalant la capsule. Aucun de ces caractères ne convient à la plante dont je viens de donner la description, qui me paraît être le véritable $. m»aritima Don. Le S. densa se distingue du S. rmaritièna par ses tiges bien plus nombreuses, réunies en touffes très- denses; ses feuilles un peu plus étroites, moins fermes, plus aiguës; ses sépales plus étroits plus concaves, à bordure membraneuse plus large, et aussi longs que la capsule; son ovaire visible- 212 ment pédicellé ; sa capsule de forme moins ovale, et surtout ses graines dont le sillon dorsal est très- étroit et superficiel. Le S. debilis se reconnait à ses tiges peu nom- breuses, filiformes, retombant sur Lerre, et ses longs pédoncules flexueux. Ses feuilles sont plus aiguës que dans le $. maritima ; ses sépales sont plus fortement concaves et non dépassés par la capsule. Son ovaire est plus nettement pédicellé que dans le $. densa, et sa capsule plus ovale. Ses graines se rapprochent beaucoup de celles du $. maritima ; mais le sillon dorsal est moins profond. Indépendamment des cinq espèces de Sagina dont j'ai signalé les caractères, j’en ai observé deux au- tres appartenant au même groupe et sur lesquelles je ne suis pas encore aussi bien fixé. Je pense néan- moins qu'il convient d’appeler sur elles l’attention. La première dont je n’ai vu que quelques pieds provenant des environs de Lyon, se rapproche beaucoup des $. apetala et patula dont elle me pa- raît différente. Elle est plus raide dans son port. Les feuilles sont plus courtes, d’un vert obscur, sou- vent presque canaliculées en dessus, terminées par une arête assez forte, rarement un peu ciliées vers la gaîne. Les sépales extérieurs sont larges, ovales, munis d’une large bordure membraneuse, terminés par une pointe assez forte dressée très-peu incli- née et non pas recourbée comme dans les $. ape- 919 243 tala et patula ; ils sont écartés de la capsule à la maturilé, mais non étalés en croix. Les pétales sont aussi petits que dans les deux autres , mais de forme différente, cunéiformes à la base, très-élargis au sommet , tronqués et obtusément émarginés. Les étamines ont les filets trés-dilatés inférieurement. La capsule est ovale et ne dépasse pas les sépales. Les graives sont plus grosces que celles du S. patula, et doubles de celles de l'apetala ; leur sillon est large et peu profond. Cette espèce est évidemment aussi bien caractérisée que les autres dont j'ai parlé; et je suis presque sûr d’avance du résultat de la cul- ture. Je me propose néanmoins d’y revenir après que je l’aurai soumise à cette épreuve, et la nom- merai provisoirement S. neglecta. La seconde, dont il me reste à parler, provient des environs d’Hyères et de Toulon, où elle n’est pas rare sur les collines. Elle vient aussi aux îles d’Hyères, où je l’ai trouvée en abondance sur les pelouses sè- ches, parmi les rochers granitiques. Les semis que j'en ai faits ayant été détruits, je n’ai pu l’observer vivante et suis réduit à mes souvenirs et à l’examen des échantillons secs de mon herbier. Cette plante a la plupart des caractères du S. apetala L. : des feuil- les le plus souvent ciliées et aristées; des sépales ma- nifestement plus courts que la capsule, très-briève- ment mucronés et étalés en croix à la maturité; mais elle me paraît différer constamment par ses 15 2{4 tiges très-peu nombreuses, jamais ascendantes à la base, plus ou moins dressées, souvent très-diver- gentes. Son port est un peu moins grêle, quoiqu'elle soit souvent très-petite quand elle a cru sur des ro- chers très-secs, ou qu’elle s’est étiolée dans le gazon parmi des plantes robustes. Ses feuilles sont d’un beau vert clair, mais point pâles ni jaunâtres, géné- ralement assez larges, à arête Lerminale plus forte que dans le $. apetala. Ses sépales sont plus ovales, à bordure membraneuse plus large; ses pétales pa- raissent nuls ; ses étamines sont d’un tiers plus lon- gues ; son ovaire est également sessile sur le récep- tacle ; sa graine est aussi petite, mais moins brune, inoins rugueuse, plus réniforme, à sillon assez pro- fond. Je ne puis croire que celte plante ne soit qu'une modification du $. apetala, si j'en juge d’après son aspect qui est très-différent ; mais je me réserve d’en faire une nouvelle étude, afin de mettre au jour tous ses caractères. Je la désignerai, en attendant, sous le nom de S. mediterranea. Je possède une autre espèce de Sugina qui n’est pas française, et provient desîles Canaries. Je l’ai re- çue, sous le nom de $. apetala L., du savant auteur de la Flore des Canaries, M. Webb. Elle me paraît trés-distincte de toutes nos espèces. Les tiges sont très-nombreuses, à entre-nœuds très-rapprochés. Les feuilles sont presque toutes dressées ; les inférieures 215 serrées en faisceau contre la tige, allongées, filifor- mes, terminées par une arête ferme un peu piquante, très-finement ciliées. Les fleurs sont disposées pres- queen corymbe, les pédoncules inférieurs atteignant souvent les supérieurs qui sont beaucoup plus courts. Ils sont tous plus ou moins inclinés et très- flexueux, filiformes. Les fleurs sont très-petites et ressemblent beancoup à celles du $. apetala, mais les sépales sont très-peu écartés de la capsule. La graine est bien plus étroitement réniforme, à rugo- sités très-saillantes , à sillon dorsal très-profond. D'après l’aspect des tiges, je présume qu’elle pour- rait être vivace, ou peut-être radicante. Je propose de nommer cette curieuse espèce S. Febbiana. Il résulte des observations qui précèdent, que les caractères tirés du nombre des parties de la fleur, de l’absence ou de la présence des pétales, et de la pubescence, ne sont pas très-constants dans les es- pèces du groupe dont je me suis occupé ; d'où je ne conclus pas qu'ils doivent être négligés entièrement, mais seulement qu’il ne faut leur donner qu'une im- portance secondaire ; car chaque espèce se présente sous un état qui lui est plus habituel, et les cas d’ex- ception sont rares. Ainsi, le S. apetala L., est pres- que toujours cilié. Le S. rnaritima, au contraire, est ordinairement dépourvu de cils. Le $. patula à presque toujours le calice et le haut des pédoncules munis de glandes ou de poils glanduleux ; cependant 216 on le trouve glabre quelquefois. Le nombre des par- ties de la fleur est ordinairement de quatre, et ce n’est que très-rarement que l’on rencontre cinq styles ou cinq sépales. Je n’ai vu ordinâirement que quatre sépalesetquatre styles dans les S. zzarittma, densa et debilis; mais dans le S. patula le cas n’est pas très- rare, Ce qui fait qu’on pourrait le prendre au premier aspect pour l’4/sine tenuifolia dont elle a le port, et qu’elle aurait été mieux nommée $. a/sinoides. Quant aux pétales, leur présence est très-rare dans certaines espèces ; mais dans d’autres, telles que les S. apetala et patula, j'ai toujours trouvé un pétale rudimentaire dans toutes les fleurs que j'ai ouvertes. J'aurais pu tirer quelques caractères de l’étude des placentas, de leur forme et de leur grandeur relative qui varie un peu, du nombre des graines, de la lon- gueur du funicule et du hile; mais, comme les dif- férences que présentent ces organes sont très-légères et fort minutieuses, j'ai pensé qu’elles seraient de peu d'utilité pour la détermination des espèces qui d’ailleurs en présentent d’autres bien plus tranchées. Explication de la troisième planche. Fig. À. SAGINA MARITIMA Don. 4. La plante entière de grandeur naturelle. 2. Calice à la maturité des fruits, grossi. 5. Sépale grossi. Duchéne dél.et seul Lyonr à Sagin a debilis. par- + ce Lyles iatre sa et Lres- | (il \ : ‘ x ; | | | 1] \ l y 4 AUS Ve | : | MOURIR : | s SN Ms , | s X | / 4 S ; Si | ? LÉ 2 / g + | Il L | | | À | | L. (4: | À , 3, | | | | ll Sadina debihs Sagina densa A, Sagma marilima à ARE 4. Pétale grossi. 5. Elamine grossie. 6. Ovaire grossi. 7. Capsule grossie. 8. Graine. 9 et 10. Graine grossie. 11. Feuille. Fig. B. SAciNA DENSA (N.). 1. La plante entière de grandeur naturelle. 2, Calice à la. maturité du fruit, grossi. 3. Sépale grossi. 4. Etamine grossie. 5. Ovaire grossi. G. Capsule grossie. 7. Graine. 8 et 9. Graine grossie. 10. Feuille. Fig. C. Sacina pegiris (N.). 1 à 10. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- dants de la fig. B. GENRE DORYCNIUM. DoryentumM DECUMBENS (N.), pl. 4, fig. A, 4 à 12. Fleurs réunies, au nombre de 15 à 20, en petits capitules solitaires, presque hémisphériques, pédon- culés, axillaires et terminaux, tournés presque d’un seul côté, assez espacés tout le long des rameaux et développés successivement. Pédoncules dressés-éta- lés, assez raides, deux ou trois fois plus longs que les feuilles raméales, pourvus au-dessus du milieu d'une feuille ternée avec ou sans stipules. Pédicelles épais- sis au sommet, disposés comme en ombelle au som- met du pédoncule, de longueur presque égale, les intérieurs dressés-étalés, les extérieurs inclinés laté- raleinent, munis à leur base d’une bractée lancéolée très-petite. Calice couvert de poils dressés, appliqués ou un peu lâches ; à tube campanulé, de la longueur du pédicelle; à dents presque égales, lancéolées- linéaires, acuminées, environ de la longueur du tube. Corolle blanche ou un peu lavéede rose, dépas- sant le calice de la moitié de sa longueur; éterdard à limbe étalé obovale-arrondi , légèrement apiculé, comprimé inférieurement, prolongé en onglet large presque égal, contracté et atténué vers la base ; ailes très-petites, deux fois plus courtes et plus étroites que 29 l'étendard, dépassant un peu les dents du calice, de forme chlongue, étroitement unies par tous leurs bords antérieurs, à convexité latérale oblongue peu saillante ; carène bleuâtre, entièrement cachée sous les ailes, oblongue, rétrécie et aiguë au sommet. Ovaire linéaire-oblong, un peu atténué aux deux extrémités. Style de la longueur de l’ovaire et redressé sous un angle très-obtus. Gousse dépassant le calice, glabre, ellipsoïde-oblongue, surmontée par le style, finement carénée par les bords saillants des valves qui sont dures et presque osseuses. Graine ordinaire- ment solitaire, lisse, grisätre ou maculée de vert, de forme elliptique, à ombilic presque orbiculaire, à hile égal au sixième du pourtour de la graine. Cotylédons adultes pétiolulés , de forme ovale-ellip- tique, de consistance épaisse, un peu concaves en dessus , d’un brun violacé en dessous. Feuilles toutes exactement sessiles et formées de trois à quatre fo- lioles dressées-étalées, d’un vert cendré, couvertes de très-petits poils appliqués ou un peu lâches sur les bords ; épaisses , légèrement concaves en dessus, oblongues-linéaires, rétrécies inférieurement, cour- tement pétiolulées et accompagnées de deuxstipules de même forme et de même aspect. Tiges très-nom- breuses , arrondies et d’un vert cendré comme les feuilles , subherbacées, diffuses , allongées, flexueu- ses, ascendantes à la base, puis recourbées et tom- bantes , redressées à leur extrémité, munies de ra- 290 meaux courts peu étalés. Souche un peu ligneuse, très-compacte. Racine formée d’un pivot presque simple, oblique et très-allongé. Plante de 6 déc. en- viron, subherbacée, d’un vert un peu blanchâtre. J'ai récolté cette espèce à Avignon, où elle croît en quantité sur les sables des bords de la Durance. Je l’ai reproduite de graines dans mon jardin. Elle fleurit en juin et juillet. Comme les fleurs se dé- veloppent sur les rameaux à mesure qu'ils s’allon- gent, la floraison est d’assez longue durée. Les capi- tules renferment ordinairement vingt fleurs, mais plusieurs tombent de bonne heure, et il ne reste qu’un petit nombre de fleurs fertiles. Le calice est verdätre ou prend une teinte un peu rougeûtre. La fleur est blanche avec l’étendart un peu maculé de rose en dessus, et souvent d'un rose pâle en dessous, avec 5 raies longitudiuales d’un rose plus foncé dont deux extérieures très-courtes et la médiane prolon- gée jusqu'au sommet du limbe. La gousse est à la maturité d'un brun roux, un peu luisante et plus ou moins lisse, de grandeur assez variable comme dans ses congénères, égalant environ 3 1/2 mill. en longueuret 2 1/2 mill. en largeur. Les graines sont de couleur assez variable, et ont ordinairement 1 2/3 mill. de long sur 1 1/4 de large, L'ombilic de la graine est muni dans son pourtour de quelques poils très-fins que je n’ai pas trouvés dans les grai- nes des espèces voisines. Les cotylédons sont remar- 221 = quables par leur consistance épaisse et leur port dressé. Les poils qui couvrent toute la surface des feuilles des tiges et des pédoncules sont tantôt tous très-appliqués , tantôt entre-mêlés de poils un peu étalés, sur un même individu. Les feuilles sont tou- jours plus ou moins aiguës, larges de 1 à 3 mill. et longues de 40 à 15 mill. Les tiges nesont pas suffru- tescentes dans leur partie inférieure, mais au con- traire souvent plus grêles vers la base que dans le reste de leur longueur où elles atteignent un diamè- tre de 2 à 8 mill., et sont munies de stries très-fines à peine visibles disposées presque en spirale. La souche est très compacte et n’émet aucun rejet que l'on puisse en séparer pour la multiplier sans l’en- tamer d'une manière notable. Le D. decumbens est fort voisin des D. suffrutico- sum Vill. et 2erbaceum Nill. ; mais il est distinct de ces deux espèces au même titre qu’elles le sont l’une de l’autre. Si l’on n’a égard qu’aux descriptions des auteurs, on ne voit pas très-bien quelles sont les différences essentielles qui séparent ces deux der- uières espèces. Ces différences sont même si peu manifestes, que plusieurs auteurs modernes ont cru devoir les réunir. Ainsi, Ledebour , F1. ross. p. 558 , réunit en une seule espèce les D. intermedium Led. , herbaceum Nill., suffruticosum Vill. ; et cette réunion serait certainement fondée s’il n'existait pas d’autres caractères pour distinguer ces plantes que LA [D 222 ceux Lirés des poils étalés ou appliqués, des feuilles plus ou moins larges, des fleurs plus ou moins nombreuses ; car on trouve souvent des poils appli- quéset étalés sur un même pied. Les feuilles varient de largeur, et les fleurs étant assez caduques, il n’est pas toujours facile de s’assurer de leur nombre exact qui est d’ailleurs sujet à varier. Ayant soumis à la culture les D. suffruticosum et herbaceum , j'ai pu me convaincre par leur étude sur le frais que ces deux espèces étaient réellement bien distinctes, et qu’elles présentaient dans la forme et les propor- tions des parties de la fleur des différences très-net- tes, en même temps qu’elles conservaient dans des conditions identiques un port et un aspect tout-à- fait différent. Je vais indiquer leurs principaux ca- ractères dans les descriptions suivantes. DoRrYCNIUM SUFFRUTICOSUM Vill. Pédoncules solitaires, axillaires et terminaux, dressés-étalés, assez raides, trois à six fois plus longs que les feuilles raméales, nus ou munis au- dessous du sommet d’une ou plusieurs folioles. Capitule renfermant 6-12 fleurs. Calice soyeux-blan châtre , à tube campanulé, à dents ovales-lancéo- lées un peu inégales et plus courtes que le tube. Co- rolle blanche, double du calice; ‘tendard à limbe élalé, ovale-arrondi, apiculé, comprimé inférieure- 223 ment et prolongé en onglet large cunéiforme à la base ; ailes plus larges ensemble que l’étendard et moins longues, à convexilé latérale globuleuse en- flée très-saillante, à bords antérieurs unis au som- met et détachés vers la base, laissant à découvert une partie de la carène. qui est d’un bleu noirâtre. Gousse arrondie-elliptique, très-obtuse, ‘deux fois plus longues que le calice, monosperme. Folioles soyeuses - blanchâtres, à poils accombants très-ap- pliqués ou un peu lâches, courtes, épaisses , linéai- res ou oblongues, rétrécies à la base, les inférieures obtuses mucronulées, les supérieures un peu aiguës. Tiges basses, suffrutescentes , très -rameuses , tor- tueuses et couchées à la base ; à rameaux florifères très-nombreux , dressés et serrés en touffe épaisse. Souche presque nulle. Racine dure, ligneuse, un peu rameuse. Plante de 2 à 3 déc., soyeuse - blan- châtre et ligneuse. Il est commun dans les départements méridio- vaux de la France, et se trouve en remontant la vallée du Rhône, jusqu'aux environs de Tournon (irdèche). Il vient dans les lieux secs et pierreux et parmi les rochers surtout calcaires. Il fleurit en mai. DorycNniuM HERBACEUM. Vill. Pédoncules solitaires, axillaires et terminaux, 4 Là , . . . dressés-étalés, peu raides, trois fois plus longs que 29 les feuilles, munis au sommet d’une foliole solitaire ou le plus souvent nus. Capitule renfermant 15 - 20 fleurs. Calice couvert de poils dressés, à tube cam- pauulé, à dents ovales aiguës presque égales et deux fois plus courtes que le tube. Corolle blanche double du calice; étendard à limbe court , peu étalé, ovale, obtus, non comprimé, prolongé en onglet d’égale largeur et cunéiforme à la base ; ailes un peu plus courtes que l’étendard et plus larges en- semble, à convexité latérale saillante de forme ovale- arrondie, à bords antérieurs très-connivenis et ca- chant entièrement la carène qui est bleuâtre. Gousse ovoïde, peu obtuse, deux fois plus longue que le calice, ordinairement monosperme. Folioles vertes, parsemées de poils lâches étalés ou accombants, minces, oblongues, assez larges , rétrécies à la base, obluses ou un peu aiguës et mucronulées au som- net. Tiges nombreuses subherbacées , dressées, dif- fuses et ascendantes à la base, à rameaux peu étalés. Souche un peu ligneuse, assez compacte. Racine allongée, peu ligneuse, Plante de 3 à 4'déc., verte et subherbacée. 1! est rare en France, et je ne lui connais d’au- tre localité que celle des bords du Drac près Gre- noble indiquée par Villars. Je l’ai cultivé de grai- nes provenant de cette localité. Il fleurit en juin. Le nom d’Aerbaceumn donné par Villars à cette plante est très-bien appliqué, si on la compare au 295 1). suffruticosum et n’est pas nomen ineptissimum comme l’a prétendu avec un peu trop de légèreté un auteur allemand. En effet, le D. suffruticosurn est un véritable sous-arbrisseau rameux et ligneux dans sa partie inférieure, tandis que dans l’Aerba- ceurn il n'y a d’un peu ligneux que la souche qui est sous terre, et les tiges peuvent être considérées comme herbacées. Les différences qui séparent ces deux espèces sont nombreuses et très-claires, comme cela résulte des descriptions qui précèdent ; le limbe de l’éten- dard étant obové-arrondi, apiculé, resserré au- dessus de l’onglet dans le suffruticosum, tandis que dans l’Aerbaceum il est beaucoup plus petit, ovale, non comprimé à la base. Les ailes sont renflées bien davantage dans le premier, et leurs bords sont moins étroitement unis par devant. Les pédoncu- les sont plus longs relativement aux feuilles, et les capitules à fleurs moins nombreuses. Les gousses sont généralement plus grosses , plus obtuses, à bords des valves plus saillants. Les graines sont plus rondes. Les feuilles sont plus courtes et plus épaisses. Il est plus bas, plus ligneux, plus blan- châtre, et se distingue au premier aspect. Le D. decumbens est parfaitement distinct des D. suffruticosum, et herbaceum par la forme de la corolle dont l’étendard est très-ample , à limbe obovale-arrondi, brièvement apiculé , tandis que 996 = les ailes sont très-petites à convexité latérale très- peu saillante et à bords antérieurs très-étroitement unis. La carène est plus étroite. Les dents du calice sont plus étroites et plus allongées. La gousse et la graine sont un peu plus petites et de forme plus évidemment ellipsoide. Les feuilles se rapprochent de celles du su/fruticosum par leur couleur cen- drée un peu blanchitre, et leur pubescence géné- ralement très-fine et très-appliquée ; mais les folio- les sont constamment plus longues et plus aiguës que dans ce dernier. Les tiges sont du triple plus allongées et d'un port très-différent ; elles sont her- bacées et nou suffrutescentes à la base , d’un dia- mètre plus fort que les rameaux florifères de ce dernier, naissant en touffe diffuse d’une souche très-compacte, munies de rameaux peu étalés et de pédoncules deux fois et non trois ou six fois plus longs que les feuilles, très-nombreux, développés successivement et portant des capitules de 15 à 20 fleurs au lieu de 6 à 12. La corolle est un peu lavée de rose, surtout en dehors, et non très-blanche. La floraison est plus tardive d’un mois. Il se rap- proche davantage du D. herbaceum par son mode de végétation et la consistance herbacée des tiges ; mais il en diffère, indépendamment de la forme de la corolle qui est si caractéristique, par les pédon- cules plus épais, plus raides, deux fois et non trois fois plus longs que les feuilles, munis presque toujours 997 a de trois folioles au-dessus de leur milieu, tandis que dans l’Lerbaceum ïls sont nus ou ne portent qu'une foliole placée immédiatement au-dessous du sommet; par la forme des folioles qui sont bien plus étroites, plus aiguës, de nature bien plus épaisse, un peu concaves en dessus, et générale- ment plus dressées ; par la pubescence des feuilles et des tiges qui est blanchätre, très-serrée, aussi courte et aussi appliquée que dans le su/jruticosum. Son port est également très-différent, ses tiges étant plus diffuses , tombantes, jamais entièrement re- dressées, plus flexueuses, plus allengées, pius ro- bustes, émettant des capitules de fleurs dans une grande partie de leur longueur. La souche paraît plus compacteet plus multicaule. Le D. intermedium Led. d’après Ledebour lui- même, est exactement la même plante que le D. herbaceum Vill. 11 lui attribue des feuilles obova- les-cunéiformes, couvertes ainsi que les tiges de poils étalés et épars. Le D. latifoliunm Wild. se rapproche beau- coup par la forme de l’étendard et des ailes du D. decumbens ; seulement le limbe de l’étendard est émarginé au sommet et non apiculé , et l'onglet est plus longuement atténué à la base. Ses larges feuil- les , ses tiges toutes velues à poils étalés, et ses fruits oblongs-cylindriques le distinguent de tou- tes les autres espèces. 998 J'ai observé dans le midi dé la France , surtout dans les lieux maritimes, un autre Dorycnium à tiges plus gréles et plus herbacées que celles des précé- dents, qui est sans doute pris par beaucoup de botanistes du midi pour le D. herbaceum Vill; mais il s'éloigne beaucoup du véritable Lerbaceum par ses fleurs plus petites, moins nombreuses, et ses feuilles très-étroites. Il me parait plus voisin du D. decumbens. Je n’ai pas encore pu le soumettre à la culture comme les trois espèces qui précèdent; mais d’après son port, son habitat, et l'examen que j'ai pu faire des parties de la fleur sur de nom- breux échantillons, je ne doute pas qu’il ne fasse une espèce vraiment distincte. En voici la description. Doryenium GRAGILE (N.). Pédoncules solitaires, axillaires et terminaux , dressés-étalés, deux ou quatre fois plus longs que les feuilles, munis, très-près dn sommet ou un peu au-dessous, de 1 à 3 folioles, rarement nus. Capitule renfermant 10 à 15 fleurs très-petites. Ca- lice soyeux-blanchâtre, à tube campanulé, à dents lancéolées-linéaires acuminées presque égales au tube. Corolle blanche plus longue que le calice de la moitié de sa longueur ; étendard à limbe dressé, un peu étalé, ovale-arrondi, apiculé au sommet, non comprimé et prolongé uniformément en on- glet atténué vers la base; ailes plus courtes que 299 l’étendard et aussi larges, à convexité latérale ovale- arrondie saillante, à bords antérieurs connivents et couvrant entièrement la carène qui est bleuâtre. Gousse petite, de forme arrondie-elliptique, mo- nosperme. Folioles vertes, couvertes de poils épars étalés ou accombants, planes, peu épaisses, linéai- res, rétrécies à la base, les supérieures très-aisuës au sommet. Tiges nombreuses, grêles, herbacées , flexueuses, dressées, ascendantes à la base, à ra- meaux très-rapprochés de la tige. Souche dure, noueuse, ramifiée, peu compacte. Plante de 2 à 4 déc., verte et herbacée. J'ai récolté cette espèce dans les lieux lierbeux et un peu marécageux des bords de la mer aux Pes- quiers près Hyères (Var), aux Sablettes près Toulon, et à la plage maritime de Cette (Hérault). Elle fleu- rit en juin. Ses fleurs sont plus petites que celles des autres espèces ; ses feuilles sont étroites, plus ou moins velues ; et ses tiges très-grêles, tout-à- fait herbacées. Elle ne peut être comparéeau D.su/- fruticosum , et a plus d’affinité avec les D. Lerba- ceum et decumbens. Elle diffère du premier par les fleurs plus petites et moins nombreuses; la forme de l’étendard qui est arrondi et apiculé au sommet , et dont l'onglet est bien plus atténué vers la base; les dents du calice plus étroites et plus longues ; les gousses et les graines plus petites ; les feuilles bien plus étroites et plus aiguës ; 16 230 les tiges plus herbacées et plus flexueuses. Elle s'éloigne du second par les fleurs plus petites ; la corolle blanche dont l’étendard n’est point ar- rondi-obové ni comprimé au-dessus de l’onglet , et dont les ailes sont plus grandes plus enflées et aussi larges que le limbe de l'étendard ; par la pu- bescence des feuilles et des tiges qui est lâche et peu fournie. Les tiges sont dressées , moins robus- tes et moins allongées. La souche est un peu radi- cante, et non très-compacte. Ces différences me pa- raissent trés-suffisantes pour légitimer cette espèce et préjuger le résultat de la culture. Explication de la quatrième planche. Fig. A. Dorycnium pEcuMBEns (N.). 1. Fragment de tige en fleur de grandeur naturelle. 2. Fleur vue par devant, grossie. 3. La même vue de côté. 4. Étendard grossi. 5. Aile grossie. 6. Carène grossie. 7. Ovaire avec le style grossi. 8. Gousse entourée du calice, grossie. 9. Graine de grandeur naturelle. 10. Graine grossie. 11. Feuille avec stipules. 12. Jeune plante pourvue de ses cotylédons. Fig. B. Doryenium surrruricosum Vill. 1. Fleur vue par devant, grossie. "opovis WENIU DŸAO( ‘(] UINAIEQUOU WNIUONIO( LNSOOLNATINS UNI OA.1O(] ‘4 *SULQUINIIP UMIUDAIO( ‘V Ash gear ip, prD DUT —_— << — D Dorv cosum suffruti Dorvenium 251 2. La même vue de côté. 3. Étendard grossi. 4. Aile grossie. 5. Carène grossie. 6. Ovaire avec le style grossi. 7. Gousse entourée du calice, grossie. 8. Graine de grandeur naturelle. 9. Graine grossie. 10. Feuille avec stipules. Fig. C. DorycniuM HERBACEUM Vill. 4 à 10. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- dants de la fig. B- Fig. D. Dorycnium GrAGILE (N.). 1 à 10. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- dants de fa fig. B. GENRE PEPLIS. Depuis la publication de l’4mmania Boræti par M. Guépin, j'ai eu l’occasion d'observer aux envi- rons de Lyon une plante très-voisine de cette espèce, qui m'en a paru néanmoins différente au premier aspect. Elle a comme elle toutes les feuilles alternes, ce qui la distingue très-bien soit du Zythrum num- mularifolium Lois., soit du Peplis Portula L. ; mais son calice fructifère est de forme allongée, et sa capsule est plus longue que large, ce qui la rappro- che du ZLythrum nummularifolium Lois. dont elle a aussi les feuilles arrondies au sommet, de sorte qu’elle parait intermédiaire eutre ces deux espèces. D'un autre côté, elle a le style court et le stigmate muni de très-petites papilles comme le Peplis Por- tula L. Voulant bien apprécier les différences qui sé- parent ces diverses plantes , j'ai essayé de les cultiver en les plaçant dans des conditions d'humidité favo- rables à leur développement. Par ce moyen je suis arrivé à me convaincre que la plante de Lyon est une espèce distincte de l{rrmanta Borœi Guép. tout aussi bien que du ZLythrum nummulartfolium Lois. et du Peplis Portula L. J'ai reconnu aussi d'une manière évidente, par Ja comparaison aiten- 233 tive que j'ai faite de tous les organes, que ces quatre espèces ne pouvaient être séparées dans des genres différents, mais qu’elles formaient ensemble un groupe très-naturel, et devaient toutes être consi- dérées comme de véritables Peplis. Si l’on compare entre elles les espèces des genres Lythrum, Peplis et Ammania, on trouve qu’elles ont beaucoup d'affinité et qu'aucune différence d'organisation bien notable ne les sépare. Toutes ont des capsules biloculaires, à déhiscence septicide, s’ouvrant en 4 valves au sommet, ou quelquefois se déchirant par lambeaux, avant la désunion des valves , lorsque les capsules sont plus longues que le calice et les cloisons très-minces. Les deux loges de la capsule sont séparées par un placentaire cen- tral qui adhère aux cloisons, vers la suture , dans toute sa longueur , ce qui est indiqué au dehors par un sillon très-marqué qui se voit à partir de la base de la capsule jusqu’au point où finit le placentaire. Les graines sont disposées longitudinalement, par rangs très-serrés , sur le milieu du placentaire qui est relevé en angle saillant dans les Æmmania. Cet angle est ordinairement assez épais dans les Peplis, ce qui donne au placentaire à l’état jeune une forme presque cylindrique. Dans les Zythrum dont la cap- sule est allongée et très-étroite, la cloison placen- térienne est occupée entièrement par les graines. Ces différences sont peu tranchées, et l’on trouve sur diverses espèces tous les passages de l’une à l’au- tre forme. Dans ces trois genres, les graines sont redressées plus ou moins dans les loges , tandis que leur sommet organique se trouve placé à côté du hile. Elles sont obovales, convexes sur la face ex- terne. Dans les 4rrmania la face interne est très-con- cave. Cette concavité est beaucoup moins marquée dans les Pepls, lesquels présentent au milieu de cette face une très-légère côte qui devient saillante dans les Lythrum, de sorte que la graine de ces derniers est presque convexe sur les deux faces et un peu anguleuse. Le esta des graines est assez coriace , plus ou moins lisse, souvent un peu rude ou his- pidule à l’état jeune, et quand la graine est humec- tée. L’embryon est droit. D’après Endlicher Gen. no G{Al, les cotylédons de l'embryon des Peplis seraient ovales comprimés , ceux des Zythrum orbi- culaires et ceux des 4mmania orbiculaires cordés à la base. Je n’ai pas su trouver des différences aussi nettes et je n’ai vu sur les graines que j'ai pu examiner que des cotylédons plus ou moins orbiculaires, toujours un peu comprimés à la base, et légèrement auriculés. Le style , les étamines , les pétales, n'offrent au- cune différencebien essentielle, soit dans leur forme, soit dans leur position. Le principal caractère qui distingue ces trois genres est tiré de la forme du calice et du nombre des divisions ou dents qui le 235 terminent. Les caractères génériques tirés du nom- bre, lorsqu'ils sont constants (ce qui n’a pas lieu toujours ), sont sans contredit les meilleurs, car ce sont les plus précis et les plus faciles à reconnaitre. Dans les Zythrarieæ en général , la forme du calice est très-constante, et il n’arrive pas souvent que le nombre de ses divisions varie dans une même es- pèce, d’où il faut conclure que c’est un caractère spécifique. Or, un caractère spécifique qui est com- mun à plusieurs espèces, devient naturellement un caractère générique. Je pense donc d’après cela qu’on peut établir les genres des Zythrarieæ d’a- près la forme du calice et le nombre de ses divi- sions, quoique dans certains cas ce nombre puisse varier. Le genre Zythrum aura pour caractère essentiel un calice tubuleux-cylindrique terminé par 12 dents, le genre Peplis un calice également à 12 dents mais de forme campanulée , et le genre 4mmania un calice campanulé à 8 dents. Les espèces rapportées au genre Lythrum dont le calice a moins de 12 dents, ainsi que les ammantia dont le calice en a plus de 8, enfin celles en petit nombre chez lesquelles ce nombre est variable sur un même individu, pourront causer quelque em- barras; mais si l’on a égard à la forme générale du calice ainsi qu’à l’ensemble des caractères de la plante, on appréciera toujours leurs vraies affinités. 236 Je crois d’ailleurs qu'on chercherait vainement entre ces divers genres une démarcation bien tranchée, car elle n’existe pas, et l’on trouve des passages insensi- bles de l’un à l’autre. Tout ce que l’on peut faire c’est de rapprocher les espèces les plus voisines, en prenant pour types des genres celles qui ont servi dans le principe à leur établissement. L'objet de cette note étant la réunion au genre Peplis de trois espèces dont une est nouvelle, je vais, avant de donner la description des quatre espèces françaises qu'il comprendra maintenant, éta- blir ses caractères non pas seulement d’après ce qui le distingue des Lythrum et des Ammania, mais d’après tout ce que les espèces qu’il renferme ont de commun. Pepzis ( L. Gen. n. 446), Calice bibractéolé, à tube campanulé marqué de 12 nervures ; à 12 dents disposées sur deux rangs, alternes, les 6 intérieures plus larges dressées, les 6 extérieures étalées déjetées. Pétales 6, souvent nuls, obovales orbiculaires , insérés au sommet du tube du calice, devant ses divisions externes. Etamines 6 , alternes avec les pétales, insérées à la partie in- férieure du tube du calice et non saillantes en dehors. Style persistant, assez court. Stigmate ca- pité, entier. Capsule membrareuse , ovale-arron- die, biloculaire, polysperme, s’ouvrant au sommet 287 en 4 valves, ou quelqnefois se déchirant par lam- beaux irréguliers avant la déhiscence des valves, marquée en dehors, de chaque côté , vers la suture des loges, d’un sillon longitudinal élargi inférieure- ment. Graines redressées, obovales, aplanies sur la face interne, convexes sur l’autre, disposées longitu- dinalement vers le milieu plus ou moins élargi ou relevé du placentaire qui sépare les deux loges, pa- raissant presque lisses, mais loutes couvertes de pe- tits poils qui sont appliqués sur le testa quand il est sec et étalés quand il est humide. PEpzis PortruLa L. PI. 5. fig. A, À à 43. Fleurs solitaires à l’aisselle de presque toutes les feuilles. Pédicelle très-court, presque nul; muni à sa base de deux petites bractées opposées, membra- neuses, blanchätres, presque lisses, très-éiroites, dressées et plus courtes que le tube du calice. Calice à tube court, évasé, glabre ; à dents internes ova- les-acuminées , glabres, hispidules à la pointe; à dents externes très-élalées, un peu courbées en dehors, glabriuscules, souvent écourtées et pres- que nulles. Pétales ordinairement nuls. Etami- nes alteignant le sommet du tube; à filets insérés vers son quart inférieur, d’un blanc rosé ; à anthè- res rougeàtres , ovales - arrondies. Ovaire ovale- elliptique, hérissé de très-petits poils. Style court, égalant le quart de l'ovaire. Stigmate verdûtre, 238 muni de papilles très-courtes, situé au niveau des anthères. Capsule arrondie, aussi large que longue, dépassant le calice ; à cloisons minces, toruleuses, laissant voir les graines en saillie, et se brisant au moindre choc. Graines de couleur pâle, obovées, paraissant lisses à l’état sec, disposées en rangs nom- breux et très-serrés au milieu du placentaire qui est court et épais. Cotylédons très-étroitement obo- vés-spatulés. Feuilles toutes opposées , obovées- spatulées rétrécies en pétiole à la base. Tige à ra- meaux nombreux flexueux , émergée dressée , sub- mergée couchée et radicante ainsi que la partie inférieure des rameaux. Racine fibreuse. Plante gla- bre assez petite, s’allongeant plus ou moins. Cette espèce est assez commune en France sur le bord des étangs et des marais et dans les lieux inon- dés pendant l'hiver. On la trouve en fleur tout l'été. Je n’ai jamais pu trouver de pétales sur les fleurs des individus que j’ai examinés, il est proba- ble cependant qu’ils existent quelquefois et que leur forme diffère peu de celle des pétales des espèces voisines. Le tube du calice n’a qu'un mill. de hauteur ; il est marqué de 12 nervures qui corres- pondent aux 12 dents qui le terminent, et prend ordinairement une teinte rougeàtre ainsi que la capsule et souvent toute la tige. La longueur de l'ovaire est de 4 mill., et celle du style de 1/4 mil. à peine. La capsule a 1 3/4 mill. en longueur et au- 239 tant en largeur. La graine est longue de 4/7 mill. et large de 3/7 mill. P£pzis Boroer ( Guép.). PI. 5, fig. B, 1 à 13. Fleurs solitaires à l’aisselle de presque toutes les feuilles. Pédicelle court, mais assez visible, muni de deux petites bractées hispidules qui n’atteignent pas la moitié du tube du calice fructifère. Calice à tubeexactement campanulé,assez élargi àl’ouverture, aussi long que large ; à dents courtes, rudes-ciliées , les intérieures ovales subitement acuminées, les extérieures linéaires obtuses. Pétales très-petits , d'un assez beau rouge , devenant roses en vieillis- sant, assez persistants, rarement nuls, de forme ovale-arrondie, un peu rétrécis à la base, à onglet pres- que nul. Etamines égalant letube ; à filets insérés vers son quart inférieur , blanchätres à la base, purpu- rins au sommet ; à anthères ovales-arrondies, d'un jaune verdätre. Ovaire ovale-elliptique, hérissé de longs poils. Style presque égal à la moitié de l'o- vaire. Stigmate verdâtre , muni de papilles allon- gées paraissant un peu rayonnantes. Capsule arron- die presque aussi large que longue, égalant ou dé- passant à peine le tube du calice, à cloisons assez minces, un peu toruleuses, à déhiscence ordinaire- ment septicide. Graines obovées , d’un brun clair, 240 paraissant presque lisses, disposées sur plusieurs rangs rapprochés au milieu du placentaire qui est un peu renflé. Cotylédons oblongs, rétrécis à la base. Feuilles toutes alternes , oblongues ou ovales- oblongues, obtuses, un peu rétrécies au sommet et bien davantage à la base, finement rudes-ciliées sur les bords. Tige dressée , à rameaux nombreux flexueux, ou très-souvent couchée et radicante, très-finement bhispidule. Racine gréle, annuelle. Plante de petite taille, paraissant glabre, mais vue à la loupe, parsemée sur la tige les nervures et les bords des feuilles, ainsi que sur les nervures et les dents du calice, de petits poils assez raides. Cette espèce n’a encore été observée que dans l'ouest de la France. Je l’ai recue de Juigné (Maine- el-Loire) de M. Boreau , et de Maures ( Loire-In- férieure) de M. Lloyd. Elle habite, comme le Peplis portula E, les lieux inondés pendant l’hiver , et fleurit à la même époque. Le tube du calice atteint À 1/2 mill. ou quelquefois 2 mill. en longueur et en largeur ; il est marqué de nervures comme dans le Peplis portula. Les pétales manquent moins souvent dans cette espèce que dans les autres, et sur tous les individus que j'ai obtenus de semis , la plu- part des fleurs étaient pourvues de leurs six pétales qui se conservaient pendant plusieurs jours. Je crois qu'il en est de même dans les espèces voi- sines, et que, si très-souvent on ne leur trouve au- 241 cun pétale, ce n’est pas qu'ils soient très-caducs, comme on le dit, mais c’est qu’ils manquent tout- à-fait. Leur largeur dans cette espèce, de même que leur longueur, est d'environ 4 mill. où 4/5 mill. La longueur de l'ovaire est de 1 mill., et celle du style de 1/2 mill. Le stigmate a presque 1/2 mill. de diamé- tre. La capsule est longue de 2 mill. et presque aussi large. La graine est longue de 4/2 will. sur 2/5 de large. Pepuis Timerovi. (N.\ pl. 5, fig. C, 1 à 16. Fleurs solitaires à l’aisselle de presque toutes les feuilles. Pédicelle très-court , presque nul ; muni de deux bractées sétacées, un peu rudes, dépassant la moitié du tube du calice fructifère. Calice à tube campanulé-cylindrique, évidemment plus long que large ; à dents assez longues , très-peu rudes-ciliées, glabriuscules ; les intérieures ovales , aiguës , d'a- bord dressées au moment de l’anthèse, puis in clinées immédiatement après et refermant incom- plètement l'ouverture du tube , redressées ensuite après la maturation; les extérieures étroitement linéaires, allongées, un peu aiguës, très-étalées. Pétales très-petits, purpurivs, obovales-arrondis, très-souvent nuls. Etamines plus courtes que le tube; à filets blanchätres, insérés vers son cinquième in- férieur ; à anthères ovales-arrondies. Ovaire ovale- oblong, d’un jaune livide, hérissé de petits poils. 242 Style égalant à peine le quart de l'ovaire. Stigmate à disque d’un blanc verdätre, muni de papilles très- courtes peu visibles. Capsule ovale-elliptique, un peu plus longue que large , égalant à peine le tube du calice, s’ouvrant distinctement au sommet en 4 valves. Placentaire assez allongé, peu renflé dans le milieu. Graines obovées-oblongues d’un brun clair, paraissant lisses ou scabriuscules, disposées sur des rangs très-serrés. Cotylédons oblongs, ob- tus, rétrécis à la base. Feuilles toutesalternes , oblon- gues-obovées, arrondies et très-obluses au sommet, rétrécies inférieurement, à pubescence presque nulle. Tige dressée ou couchée , très-rameuse, souvent ra- dicante ainsi que la partie inférieure des rameaux , munie de petits poils épars à peine visibles. Racine grêle, annuelle. Plante de petite taille, plus ou moins allongée comme ses congénères, glabriuscule, à pubescence rare et peu visible. J'ai recueilli cette espèce remarquable sur les bords des étangs de Lavaure près Chassagny (Rhône), d’après l'indication de M. Timeroy, botaniste lyon- nais très-instruit, auquel je suis redevable de beau- coup d’utiles renseignements sur les plantes des en- virons de Lyon, et dont les conseils éclairés et les observations judicieuses m'ont été d’un grand se- cours pour l’étude d’un bon nombre d’espèces cri- tiques. Elle se développe à mesure que les bords des 245 étangs se dessèchent , et on la trouve en fleur de- puis la fin de mai jusqu’au mois de septembre. Son calice fructifère a 3 mill. de long, sur 2 mill. de large; il est marqué de nervures comme celui des deux espèces qui précèdent, mais il est plus rare- ment rougeâtre. Les pétales n’ont guère plus de 1/2 mill. de long. L’ovaire est long de 1 mill. et le style de 1/4 de mill.. Le disque des stigmates n’a que 1/3 mill. de diamètre. La graine est longue de 4/7 mill. et large de 1/3 mill. Les feuilles primor- diales sont très-pelites , ainsi que dans les autres es- pèces ; elles sont disposées par paires si rapprochées qu’on ne saurait voir si elles sont opposées ou al- ternes. Aussitôt que la tige commence à s’allonger un peu, elle émet des feuilles évidemment alter- nes avec des fleurs axillaires et des ramifications qui partent toujours très-près de la base. Peezis NUMMULARIFOLIA ( Lois.) PI. 5, fig. D, 1 à 18. Fleurs solitaires à l’aisselle des feuilles, dans la partie supérieure de la plante. Pédicelle égalant en longueur le tiers du tube du calice ; à bractées n’at- teignant pas le milieu de celui-ci. Calice à tube ré- gulièrement campanulé, plus long que large; à dents intérieures ovales-acuminées, dressées, hispi- dules à la pointe; à dents extérieures linéaires, ai- guës, assez courtes , très-étalées, souvent écourtées ou presque nulles. Pétales d’une belle couleur pur- 94 purine, ovales, un peu plus longs que larges, per- sistants, souvent nuls. Étamines un peu plus courtes que le tube; à filets insérés vers son quart inférieur ; à anthères ovales-arrondies, d’un vert jaunûtre. Ovaire ovale-oblong , hérissé de poils courts. Style égalant la moitié de l’ovaire. Stigmate blanchâtre, à papilles allongées paraissant rayonnantes. Cap- sule elliptique, plus longue que large, dépassant légèrement le tube du calice, à cloisons minces et souvent déchirées avant la déhiscence. Placentaire allongé , peu renflé. Graines de couleur päle, obo- vées-elliptiques , paraissant lisses. Cotylédons ob- longs , obtus, rétrécis à la base. Feuilles toutes op- posées ou un peu alternes dans la partie supérieure de la plante, elliptiques-obovées, arrondies au som- met, rétrécies insensiblement vers la base, presque glabres. Tige dressée , ordinairement peu rameuse, assez rarement couchée et radicante, brièvement hispidule ou souvent lisse. Racine grêle, annuelle. Plante de taille variable comme ses congénères, cependant plus robuste et à feuilles plus larges, presque giabre. Cette plante se trouve dans plusieurs localités du midi de la France, mais n’est pas commune. Je l'ai de Hyères, de Fréjus, du Luc (Var), de Montpellier, et de Corse. Sa station est la même que celle des espèces qui précèdent. Elle commence à fleurir vers la fin de mai. Le calice a bien réellement 12 dents 215 dans les échantillons d’Ajaccio comme dans ceux de France , et non pas seulement 8 comme le décrit Loiseleur, F1. gall. ed. 2, 4, p. 335; maisil arrive, ce qui se voit souvent dans le Peplis Portula et très- rarement dans les P. Boræi et Timeroyt, que quel- ques-ures des dents extérieures avortent ou sont écourtées ; leur place est d’ailleurs très-bien indi- quée par lasaillie que présentent dans ce cas les sinus qui séparent les dents internes , et par les nervures correspondantes du tube fructifère dont le nombre m'a paru constant. La longueur du tube fructifère est de 21/2 mill., et sa largeur de 2 mill. Les pétales sont assez persistants el se conservent très-bien sur les exemplaires secs ; seulement il est rare de trouver des fleurs pourvues de leurs six pétales ; leur longueur dépasse 1 1/2 mill., etleur largeur est un peu moindre; l’onglet est très-court, mais ce- pendant visible. L’ovaire est long de { mill. Lestyle, y compris la hauteur du stigmate, égale environ 1 mill. Le diamètre du stigmate est de 1/2 mill. La capsule est longue de 2 3/4 mill. et large de 1. 5/6 mill. La graine est longue de 5/7 mill. et large de 4/7 mill. Ces quatre espèces présentent une affinité évi- dente et sont très-semblables de port et d'aspect ; cependant les différences qui les séparent sont assez nettes pour qu'on puisse toujours les distinguer fa- cilement. 17 246 Le P. Portula a pour caractères distinctifs un ca- lice à tube court et évasé, dépassé par Ja capsule qui n'étant pas protégée par celte enveloppe se déchire très-promptement ; un pédicelle très-court; des pétales presque toujours nuls ; des anthères rou- geûtres; un ovaire très-brièvement hispidule ; un style très-court; un stigmate muni de trés-petites papilles; une capsule arrondie; des feuilles toutes opposées, spatulées, rétrécies en pétiole à la base. Le P. Boræi a le tube du calice aussi long que large ; le pédicelle très-visible ; les pétales rarement ouls ; les filets des étamines purpurins au sommet ; les anthères jaunâtres, atteignant le sommet du tube; l'ovaire hérissé de longs poils; le style assez long; le stigmate muni de papilles allongées; la cap- sule arrondie, non saillante ; les feuilles toutes al- ternes, point très-obtuses ; la tige florifère dès la base. Toute la plante est finement hispidule. Le P. Timeroyi se distingue très-bien du P. Boræi par son calice fructifère plus allongé , à tube mani- festement plus long que large, et par le curieux ca- ractère des dents qui se referment sur le tube aussi- tôt après l’anthèse , et qui sont (les extérieures sur- tou) bien plus allongées. Le pédicelle est très-court comme dans le P. Portula. Les pétales sont plus petits que dans le P. Borætr et manquent plus sou- vent. Les filets des étamines sont blanchätres au sommet ; les anthères sont jaunâtres et n’atteignent 247 qu'aux trois-quarts du tube. L’ovaire est hérissé de poils assez longs. Le style est très-court comme dans le P. Portula, et le stigmate est petit et muni pareillement de papilles très-courtes. La capsule est ovale - elliptique, non saillante. Les feuilles sont toutes alternes, exactement comme dans le P. Bo- ræt, mais bien plus obtuses et plus arrondies au sommet. La tige est, comme dans ce dernier , très- ramifiée et florifère presque dès la base , mais moins hispidule. Dans le P. nummularifolia , le tube du calice est régulièrement campanulé, un peu plus long que large. Le pédicelle est assez long. Les étamines n'é-. galent pas tout-à-fait le tube. Le style est allongé, peu ferme. Le stigmate est assez large, muni de lon- gues papilles. La capsule est elliptique , très- peu saillante. Les feuilles sont obovées-elliptiques , assez semblables par la forme à celles du P. Timeroyt, mais cependant moins élargies du haut et moins rétrécies du bas, généralement plus grandes , toutes opposées , ou seulement les supérieures un peu al- ternes. Ce caractère le distingue très-bien, au pre- mier coup-d’œil, soit du P. Borœæt, soit du P. Time- royt. Par son pédicelle, son style et son stigmate, il s'éloigne davantage du P. Timeroyi et montre plus d’affinité avec le P. Borœt; mais la forme de sa cap- sule et de ses feuilles l’éloigne beaucoup de ce dernier. Ses graines dépassent un peu en grosseur 248 celles de ces deux espèces, et sont hérissées de poils plus courts. Elles sont pâles comme celles du P. Portula mais moins aiguës vers le point d’atta- che. Dans les P. Timeroyi et Boræiles graines sont également brunes, mais celles de cette dernière es- pèce paraissent un peu moins oblongues, plus obo- vées et plus longuement hispides à l’état jeune. Le P. Portula les a plus pâles, très-obovées et un peu plus aiguës vers le point d’attache. Ces différences sont très-légeres , et si l’on n’y regarde pas de très- près, on pourrait croire les graines de ces diverses espèces identiques, mais il n’en est rien , et il est bon de constater qu’elles diffèrent , lors même qu'on ue peut pas Lirer un grand parti de ces différences pour la détermination des espèces. Le genre Peplis ne renferme jusqu’à présent qu'un pelit nombre d'espèces parmi lesquelles je citerai le P. borysthenica Bess., qui me paraît inter- médiaire entre le P. Portula et le P. Boræi, et bien caractérisé. M. Trautvetter a publié dans le Flora oder bot. Zeitung. vol.25, p. 494, une note sur cette espèce dans laquelle il indique les caractères qui la sé- parent des Æ{mmania auxquels elle a été réunie dans le Prodromus de De Candolle, et propose d’en faire un genre distinct, sous le nom de Hiddendorfia, qui se distinguerait du genre Peplis uniquement par la déhiscence septicide et à 4 valves de la capsule. Mais il n’a pas pris garde que dans le P. Portula 219 la déhiscence septifrage de la capsule est acciden- telle etnon pasnormale, et qu’ainsi elle ne peut ser- vir de caractère pour distinguer deux genres dans les Peplis. Je pense donc que le genre qu’il pro- pose est inutile , et qu’il faut laisser dans les Peplis toutes les espèces dont la déhiscence est plus ou moins évidemment septicide , et qui ont un calice campanulé à 12 divisions. Explication de la cinquième planche. Fig. À. Pepris PortuLA L. . La plante entière de grandeur naturelle. . Fleur grossie. . Coupe de la fleur, pour montrer son intérieur. . Étamine grossie. . Ovaire avec le style grossi. 6. Style et stigmales grossis. 7. Capsule grossie. 8. Cloison placentérienne. 9. Coupe transversale de la capsule. 10. Ovaire grossi. 11. Graine grossie. 12. Cotylédons de l'embryon germant grossis. 13. Feuille de grandeur naturelle. QT dE C5 NO > Fig B. Prpris BOROEI (Guépin). . La plante entière de grandeur naturelle. . Fleur grossie. . Coupe de la fleur, pour montrer son intérieur. . Pétale grossi. Æ © HO 25 5. Élamine grossie. 6. Ovaire avec le siyle grossi. . Style el sligmale grossis. 8. Capsule grossie. 9. Cloison placentérienne. 10. Coupe transversale de la capsule. 11. Ovaire grossi. 12. Graine grossie. 13. Feuille de grandeur naturelle. Fig. C. Pspzis TIMEROYI (N.). 1. La plante entière de grandeur naturelle. 2. Fleur grossie. 3. Coupe de la fleur, pour montrer son intérieur. 4. Pétale grossi. 5. Étamine grossie. 6. Ovaire avec le style grossi. 7. Style et stigmale grossis. 8. Capsule grossie. 9. Cloison placentérienne. 10. Capsule ouverte en quatre valves, au sommet. 11. Coupe transversale de la capsule. 12. Ovaire grossi. 13. Graine grossie. 14. Cotylédons de l'embryon germant grossis. 15. Feuille de grandeur naturelle. 16. Jeune plante pourvue de ses cotylédons. Fig. D. Pepcis NuMMuLARIFOLIA (Lois.). 1 à 15. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- dants de la fig. B. : É É GENRE GALIUM. Le genre Galium mérite bien d’être compté parmi les genres les plus naturels et par conséquent les plus difficiles. Les espèces qu’il renferme sont si voisines qu'on éprouve beaucoup de peine à leur assigner leurs limites, et que plusieurs d’entre elles, surtout celles de la section des G.MollugoL.etsylves- tre Poll., ont fait souvent le désespoir de botanistes très-habiles. Désirant me livrer d’une manière par- ticulière à l’étude de ce joli genre qui n’a encore été, que je sache, l'objet d'aucun travail monogra- phique, surtout en France , j'ai pensé qu’il fallait prendre pour base principale d’une pareille étude l’expérimentation de laculture.Depuis longtemps j'ai cherché à réunir dans mon jardin toutes les formes de Galiurique j'ai pu découvrir dans mes excursions, et jen ai reproduit de semis un grand nombre. Par là j’ai été amené à reconnaitre qu’il n’y avait pas dans ce genre, comme on l’a supposé gratuitement , des espèces variables et polymorphes de leur na- ture, mais une série d’espèces très-voisines et tres- constantes que peut distinguer facilement, au pre- mier coup-d’œil, celui qui les observe vivantes avec un esprit libre de toute opinion préconcue et après avoir fait d’abord une étude attentive et mé- 252 thodique de tous les organes. Plusieurs botanis- tes ont cru qu’il suffisait pour résoudre les difficul- tés que présentent certains genres très-naturels d’adimnettre un petit nombre d’espèces auxquelles serait attribuée la faculté de varier à un suprême degré. Cest là, en effet, un moyen très-commode qui abrége le travail et dispense de tout examen. On admet à priori, comme un point démontré pré- cisément ce qui doit être misen question et ne peut être résolu quepar l'expérience. Dansles questions de faits, il convient de partir d’abord de l’expérience et des faits. Si le point de départ est une hypothèse, les résultats obtenus n’auront jamais qu’une valeur d’hy- pothèse, et ne pourrontsatisfaire le véritable ami de la science, l'observateur sincère qui interroge lanature sans se préoccuper avant tout de l'avantage d’un système et dont les patientes recherches n’ont qu’un but, la vérité sur les êtres, sur les carac- tères qui les distinguent et les liens secrets qui les unissent. J’ai donc pensé qu'il fallait, en commen- çant l’étude des Galium comme celle des Viola ou de tout autre genre analogue, rejeter d’abord ou seu- lement tenir provisoirement pour douteuse, toute opinion qui n’est qu’une simple opinion et ne re- pose pas sur des prenves de fait, de quelque grande autorité qu'elle émane, et prendre l’expérience pour seul guide. Par l'observation des plantes dans leur lieu natal, j'ai reconnu en visitant diverses régions 253 de ‘a France que les mêmes formes pouvaient exis- ter dans des stations ou des climats différents sans éprouver de changements notables , que plusieurs de celles qu’on serait le plus porté à confondre croissaient souvent réunies dans un même lieu et d’autres fois tout-à-fait isolées. Par la culture, j'ai pu me convaincre que des espèces telles que les G. sylvestre, Poll. , tenue Nill., anisophyllum Vi, et plusieurs autres, se reproduisaient conslam- ment de leurs graines sans être modifiées et sans varier autant que beaucoup d’autres plantes qu’on ne regarde pas comme variables. Par l'étude et l'emploi logique des caractères, j'ai été amené à distinguer, sur le sec et sans hésitation, des espèces que je n’ai pas encore soumises à la culture, mais qui diffèrent de celles que j'ai cultivées et que je crois bien connaître par des caractères absolument analogues à ceux qui séparent ces dernières. Telle est la méthode que j’ai cru devoir suivre, qui n'est autre chose que la méthode d’observa- tion à laquelle les sciences physiques ont dû tous leurs progrès appliquée à l’étude des espèces végé- tales. Des erreurs de fait dans lesquelles on ne peut manquer de tomber quelquefois ne prouveraient rien contre elle. Comme je suis encore très-loin d’avoir réuni tousles matériaux nécessaires pour un travail complet sur le genre Galium, et qu'il reste encore beaucoup de points obscurs que je ne suis pas en mesure d’éclaircir, je veux me borner ici à une revue détaillée de nos espèces critiques, afin d'indiquer les caractères les plus saillants de plu- sieurs d’entre elles et de réhabiliter quelques-unes des espèces de notre grand Villars, qui , selon moi, ont été à tort négligées ou confondues malgré ses excellentes descriptions. Je veux aussi faire connai- tre plusieurs espèces qui n’ont pasencore été signa- lées, et entr’autres un curieux petit Galium qui est intermédiaire par ses caractères entre ceux de la section 4spera Moench etceux dela section £Zuapa- rine D. C., et me paraît entièrement nouveau pour la science. Plus tard, je reviendrai sur toutes les es- pèces nouvelles ou litigieuses que je possède vivan- tes pour la plupart, pour compléter leur histoire et en donner la figure. En commencant par les espèces de la section Eugalium D. C., je trouve en premier lieu les G. sy/- vaticum 1. et lævigatum L., deux espèces certaine- ment bien tranchées, si l’on considère seulement les types de l’une et de l’autre, mais auxquelles on rapporte des formes intermédiaires qui paraissant tenir des deux , rendent leurs caractères douteux. Le G. sybvaticum est caractérisé par sa corolle à lo- bes aigus ; ses feuilles elliptiques, obtuses, mucro- nées ; ses pédicelles inclinés avant la floraison, puis dressés-étalésà la maturité. Le G./ævigatumL. Villars- lénifolium Lam. a les lobes de la corolle acuminés, 255 les pédicelles toujours dressés , les feuilles étroites allongées rétrécies et acuminées vers le haut, et les fruits plus petits que dans le sy/vaticum. Mais main- tenant, le G. sylvaticum des plaines, celui que j'ai récolté aux environs de Lyon dans plusieurs locali- lités et que j'ai reçu du nord de la France, a les feuilles assez courtes , rétrécies à la base, très-peu glauques , ordinairement vertes en dessus et glau- ques seulement en dessous ; tandis que le G. sylva- ticurm des montagnes calcaires du Jura et du Bugey a les feuilles plus larges et plus longues, très-glau- ques pruineuses ainsi que la tige qui est plus ferme, plus élevée, et arrondie sans angles, même à la base; ses corolles ont les lobes plus obtus, et ses fruits sont plus gros. Un troisième sy/vaticum que j'ai récolté au pic de Lhiéris,près Bagnères de Bigorre (Hautes-Pyrénées), se distingue encore par ses feuil- les très-allongées, assez régulièrement oblongues, de- venant un peu noirâtres par la dessiccation, et sur- tout par ses pédicelles fructifères divariqués. Un qua- trième qui est, je crois, le G. atrovirens Lap., et qui devient noirâtre comme la plante du pic de Lhiéris, en diffère par ses feuilles bien plus petites et sa pa- nicule à rameaux dressés. Je l’ai récolté dans la val- lée d’Aspe ( Basses-P yrénées ). On a rapporté le G, atrovirens Lap. au G. lævigatum L.--linifolium Lam ; mais, à mon avis, la forme des feuilles exclut ce rapprochément, car elles sont dans la plante des 256 Pyrénées, obtuses, mucronées, comme dans le vrai G. sylvaticum, et quoique assez étroites, toujours moins alténuées au sommet que dans le /œvigatum L..; elles sont aussi fortement serrulées sur les bords, ce qui est du reste un caractère peu important, toutes les espèces offrant le plus ou le moins à cet égard. Ces quatre formes de plantes que je viens d’indi- quersont-elles réellement différentes les unes des au- tres ? N'y a-t-il qu'une seule espèce, ou doit-on en admettre plusieurs ? Ce sont-là des questions que je ne me propose pas de résoudre en ce moment, et sur lesquelles je me contente d'appeler l'attention des observateurs. Je ferai remarquer seulement que nos auteurs n’ont parlé que d’une seule variété du G. sylvaticum, qui a les feuilles et la tige pubescentes, laquelle n’est pour moi qu’une simple variation ; car j'ai rencontré, parmi des individus très-glabres du G. sylvaticurm des bois de la plaine, d’autres in- dividus tout velus sur la tige et sur les feuilles, et d’autres velus seulement sur une partie de la tige et très-glabres sur tout le reste de la plante. Le G. lœvigatum V. présente deux formes très- remarquables qui méritent aussi de fixer l'attention. La premiere, qui est le véritable /ævigatum Vill. Dau- pb. 2, p. 327, — linifolium Lam. Dict.enc., p. 578, a la tige arrondie très-peu anguleuse, les feuilles trés-allongées verticillées par 8-11, et la panicule peu 257 ample et dressée. La seconde, qui estle G. aristatium Gaud. F1. helv. {, p. 422, a la tige véritablement quadrangulaire, à quatre angles assez saillants ; les feuilles courtes, verticillées par 7-8; la panicule très- ample, à rameaux divariqués. La première forme n’est point rare dans les bois élevés des montagnes du Dauphiné et de la Provence, et je l'ai récoltée dans un très-grand nombre de localités de cette ré- gion. 11 me paraît impossible de douter que ce ne soit le véritable /œwigatum Vill., quoique l’illustre auteur du Syn. fl. germ. soutienne l'opinion con- traire et rapporte la plante de Villars au G. sylva- ticum L. | se fonde surtout sur ce que Villars dit de son lœvisatum qu’il a les feuilles tendres, un peu ovales, obtuses; mais Villars s'exprimant ainsi : feuilles tendres, linéaires, un peu ovales, lancéolées, obtuses, a voulu sans doute indiquer les change- ments de forme que présentent les feuilles dans les diverses parties de la plante, puisqu'il ajoute que les feuilles du bas de la tige sont plus petites et plus obtuses que celles du milieu. Si ce qu’il dit des feuilles n’est pas très-clair, toute ambiguité cesse quand il décrit la corolle dont les segments, dit-il, sont terminés par un filet plus grand que celui des fleurs du Caille-lait blanc et moins que ceux du G. obliquum. Il est clair qu’il ne peut être ici question du G. sylvaticum L. qui n’a jamais les lobes de la corolle aristés. Au reste dans les diverses localités 258 cilées par Villars, on ne trouve pas d’autre espèce que le G. lwvisatum L. La description du G. aristatum L. donnée dans le Sp. pl., p. 152, ne convient pas à cette plante, Linné lui attribuant une tige diffuse, et des feuilles quaternées lancéolées. Plus tard , il est vrai, dans le Syst. nat. 2, p. 118, Linné a réuni son G. lœvr- gatum à V'aristalum, mais comme Île lævisatum du Sp. pl., p. 4667, a évidemment la priorité sur l’aris- latum du Syn. nat., ce nom doit être conservé. La seconde forme du G. lœvigatum vient en Suisse, et parait au premier aspect assez distincte de la pre- mière ; mais les exemplaires que je possède des en- virons de Grenoble et du Piémont me semblent intermédiaires entre ceux des Hautes et Basses- Alpes et ceux de la Suisse; et je crois que la question ne pourra être résolue que par la culture de ces plan- tes et leur étude sur le frais. Je passe au G. Mollugo L., et aux espèces du même groupe. On désigne généralement sous le nom de G. Mollugo une plante très-commune dans les prés, les bois et les haies , qui devrait être par conséquent bien connue. Il n’est pourtant pas aisé de se faire une idée trés-nette de cette plante, d’après les des- criptions des auteurs. Dans presque toutes les loca- lités que j'ai parcourues, soit aux environs de Lyon, soit sur d’autres points de la France, j'ai rencontré communément deux plantes qui semblent se rap- 259 porler toutes deux au G. Mollugo de nos auteurs, et qui cependant sont si distinctes, si tranchées, pour des espèces appartenant à un genre très-na- turel, que je ne pense pas qu’on doive les regarder comme très-voisines. Elles ont été à la véritédistin- guées par plusieurs auteurs, mais elles sont encore considérées comme appartenant à un même type par le plus grand nombre, et je ne les ai trouvées bien décrites nulle part. Les auteurs qui les ont distinguées ne me paraissent pas d’accord, et la plante que les uns ont séparée du G Mollugo L. est pour d’autres, au contraire, le véritable Ao/luso, de sorte que j'ignore à laquelle de ces deux espèces ce nom doit appartenir d’une manière certaine. L’une est pour moi le G. elatum Thuil. F1. par., p. 76.— sylvaticum Vill. Hist. pl. Dauph. 2, p. 317, et l'autre le G. erectum Huds. Angl. 68. — album Vill. Hist. pl. Dauph. 2, p. 318. En méditant les descriptions de nos bons auteurs tels que Linné, Lamarck, De Candolle, Gaudin, Koch, etc., et les figures citées , je demeure convaincu que le G. ela. tum Thuil. —- sylvaticum Vill. est la plante qu’ils ont prise principalement pour le G. Mollugo; mais pres- que tous disent qu’il fleurit de mai en août, tandis que jamais le G. elatum Thuil. ne commence à fleurir avant les premiers jours de juillet, ce qui prouve qu’il y a eu confusion des deux espèces. En outre, la plante connue vulgairement en France 260 sous le nom de Caïlle-lait blanc,le G. Mollugo vulgare herbariorum, est évidemment celle dont les fleurs sont d’un blanc pur, qui est si commune dans les prairies, les pâturages et tous les lieux secs, et qui commence à fleurir dès le milieu de mai, le vrai G. erectum Muds. selon moi. D’après cet état de la question , je pense qu’on peut laisser de côté le nom de G. Mollugo. Mais ce qui est plus important que le nom, ce sont les caractères de ces deux espèces que je vais indiquer d’une maniere détaillée. GaALIUM ELATUM. Thuil. Fleurs d’un blanc sale, petites, extrêmement nombreuses, disposées en panicule très-ample; à rameaux allongés, souvent divisés, très-étalés, diva- riqués à angle droit, les inférieurs un peu déjetés. Pédicelles fructifères assez courts et très-divariqués. Corolle à lobes apiculés, étalés. Anthères ovales. Styles libres, rarement un peu adhérents vers la base. Fruit petit, rond et chagriné, Feuilles verticillées par 6 ou 8, de largeur variable, assez courtes, obova- les ou oblongues-ohovales , obtuses, mucronées, à nervure dorsale faible un peu saillante, munies sur les bords de petits aiguillons étalés, d’un beau vert, opaques, minces, transparentes , à veines très-visi- bles. Tigetrès-élevée, faible, se soutenant à peine par- mi les buissons, tout-à-fait tombante et couchée à l'air libre, quadrangulaire, lisse, rarement velue, plus 261 ou moins renflée aux articulations, très-rameuse, à rameaux divariqués. Souche grêle, rameuse, radi- cante, à fibres de couleur rougeñtre. Plante de 10 à 15 décimètres. Elle fleurit en juillet et août, et croit partout dans les haies, parmi les bois. GaziuM ERECTUM Huds. Fleurs d’un blanc de lait , assez grandes, disposées en panicule de forme pyramidale-oblongue, à ra- meaux peu divisés, plus ou moins dressés, les infé- rieurs seulement étalés à angle droit. Pédicelles fruc- tifères dressés-étalés. Corolle à lobes terminés en pointe assez longue, très-étalés, renversés après l'an - thèse. Styles adhérents depuis la base jusqu’au milieu. Stigmates blancs. Anthères oblongues. Fruit d’un brun roux, assez gros, arrondi, peu chagriné. Feuilles verticillées par 8, de largeur variable, assez lon- gues, oblongues ou linéaires , élargies au sommet, un pen aiguës, mucronées, à nervure dorsale forte et trés-saillante dans la partie inférieure, munies sur les bords de petits aiguillons peu nombreux, très-courts , dressés-étalés ; d’un beau vert, plus ou moins luisantes, un peu épaisses , non transparentes. Tige dressée, quadrangulaire, lisse, rarement velue, ordinairement assez renflée et blanchätre au-dessus de chaque articulation, simple ou rameuse , à ra- meaux toujours dressés ou couchés et ascendants seulement dans leur partie inférieure. Souche assez 13 262 grèle, rameuse, radicante, subcespiteuse. Plante de 3 à 6 décimètres. Elle fleurit depuis le milieu de mai jusque vers la fin de juin, et souvent encore une seconde fois en septembre, lorsque les tiges ont été coupées. Les différences qui séparent ces deux espèces sont si tranchées et si nombreuses qu’elles me paraissent faciles à distinguer dans tous les états et à tous les âges, même sur le sec et sur de simples fragments. En effet , le G. elatum à la panicule bien plus am- ple et plus composée, les fleurs de moitié plus pe- tites, souvent jaunâtres, rarement très-blanches, de beaucoup plus nombreuses, à pédicelles fructi- fères toujours très-divariqués et même réfléchis. Ses fruits sont de la moitié ou d’un bon tiers plus petits. Ses feuilles quoique très-variables de grandeur sont néanmoins très-faciles à reconnaitre, étant toujours obtuses, plus courtes relativement à leur largeur, à nervure dorsale de beaucoup plus faible, toujours minces, transparentes, veinuleuses , souvent tout- à-fait pellucideslorsque la plante a cru dans des lieux très-ombragés. Sa tige est plus épaisse et s’élève bien davantage, mais elle est très-faible et ne se dresse jamais, ainsi que j’ai pu m'en assurer en la culti- vant dans un lieu découvert à côté du G. erectum et en la reproduisant de semis en quantité. Le G. erecturmn est remarquable par ses fleurs tou- jours très-blanches, sa panicule à rameaux supé- 263 rieurs dressés-élalés, et ses pédicelles fructifères as- sez longs , dressés et jamais divariqués à angle droit. Les feuilles sont généralement luisantes, toujours plus longues et moins larges relativement que dans l'elatum, jamais transparentes et veinuleuses à l’état frais. Ses tiges s’inclinent souvent vers la base, surtout quand elles repoussent après avoir été cou- pées , mais toutes leurs ramifications se redressent et montent très-droit, ce qui n’a jamais lieu dans l’autre espèce. Enfin l’époque de la floraison est dif- érente ettrès-constante ; j'ai toujours vu, soit dans mon jardin, soit dans les lieux où j'ai observé ces deux espèces croissant à côté l’une de l’autre, que l'erectum élait déjà complètement fructifié et à fruits mûrs lorsque l’elatum commencait seulement à fleurir. Ces deux espèces , comme toutes les plantes très- communes, sont sujettes à varier et à se modifier plus ou moins suivant le lieu qu’elles habitent. Ainsi le G. elatum dans les lieux très-ombragés et particulièrement dans les forêts des montagnes, présente souvent une panicule grêle très-appauvrie, et ses feuilles deviennent tout-à-fait papyracées et très-larges; c’est alors, à ce qu’il me parait , le G. tnsubricum Gaud. F1. helv. 4, p. 424. Le G. erec- um offre une tige assez élevée, très-renflée vers les articulations quand il croit dans les lieux gras et le long des haies, mais dans les lieux secs, sur les 264 murs et les rochers, il est plus petit et plus rigide. Ses feuilles deviennent quelquefois très-étroites et très-luisantes, surtout dans les lieux secs des terrains primitifs. Sous cette forme, c’est le G. rigidum Vill., le G. lucidum de beaucoup d’auteurs , mais non pas celui d’Allioni. Koch, dans son Syn. fl. germ., éd. 2, p. 365, me paraît avoir confondu dans son G. Hollugo les G. elatum et erectum , et décrit en outre comme es- pèce distincte, sous le nom de G. insubricum Gaud., une simple variation du G. elatum , et sous le nom de G. lucidum AÏ., une variation du G. erectum. 1] rapporte en variété à son G. lucidurn. le G. cine- reurr AI]. , espèce très-différente à mon avis, el ne considère le G. corrudæfolium Vill que comme une modification de son lucidum à feuilles très-étroites et enroulées par la dessiccation. Si ce savant auteur avait observé vivante l’espèce de Villars, il n'aurait pas commis une pareille erreur , car il aurait très- bien vu que dans cette espèce qui est sans contre- dit une des mieux caractérisées de tout ce groupe, les feuilles ne sont pas de nature à pouvoir être enroulées , étant très-épaisses et tout-à-fait subulées. Elles ont cela de remarquable que leur nervure dor- sale quoïque très-large et occupant souvent plus de la moitié du limbe n’est point saillante, mais dépri- ice , de sorte que le limbe paraît un peu relevé en dessous sur les bords à l’état frais, et quand la feuille 265 est sèche, il se forme un petit sillon entre le bord du limbe et la nervure, ce qui fait qu’en l’exami- nant dans cet état, on croirait avoir sous les yeux une feuille enroulée par la dessiccation, tandis qu'il n’en est rien. Ce caractère si remarquable de la nervure des feuilles très - large et déprimée peut suffire à lui seul pour distinguer aisément le G. cor- rudæfolium Vill. des variations du G. erectum Huds. à feuilles les plus étroites; mais il est encore d’autres caractères non moins importants qui séparent nelte- ment ces deux espèces. Ces caractères sont, en pre- mier lieu, la forme de la panicule‘qni est oblongue très-étroite et souvent presque unilatérale, les ra- meaux étant pour la plupart dirigés du même côté, surlout à la maturité. Cette formeest caractéristique et ‘très-constante ; elle se conserve d’une manière aussi marquée sur des exemplaires obtenus de semis dans le sol fertile d’un jardin, que sur ceux qui crois- sent parmi des rochers arides et dans les lieux secs et brülants des provinces du midi de la France, où celte plante est commune. En second lieu, la souche du G. corrudæfoliums’ éloigne complètement de celle du G.erectum. Elle est dure, épaisse, très-compacte, et devient avec l’âge tout-à-fait ligneuse; elle pro- duit un grand nombre de tiges dressées, souvent un peu arquées et contournées aux articulations, mais très-raides. En troisième lieu, les fruits sont noirs à la maturité. Les feuilles sont verticillées par 266 6 et non par 8, plus courtes, plus raides, la plu- part dressées et courbées en dessus, de forme exac- tement linéaire, point élargies au sommet , termi- nées par une pointe très-courte, d’un vert sombre, très-luisantes, à éclat très-intense, devenant grisâtres ou noiràtres par la dessication. Les fleurs sont pres- que aussi grandes, mais d’un blanc moins pur, ayant les lobes elliptiques-oblongs, terminés par une pointe un peu épaisse obtusiuscule. Les stigma- tes sont arrondis-réniformes, de couleur verdätre et non blanche. Le G. corrudæfoliun Vill. Prosp. de Fist. d. pl. Daup. p. 20, est considéré généralement comme étant la même plante que le G. tenurfolium AI. FL. ped. n° 25, tandis qu’on le sépare soit comme espèce, soit comme variété, du G. lucidlum AN. J'ai lieu de croire cependant que ces rapprochements ne sont pas exacts, et que le G. tenuifolium AI. est une plante différente du G. corrudæfolium Vill., tandis que le G. lucidum AÏl. est synonyme de ce dernier. Lorsque l’on connaît déjà les vrais carac- tères d’une plante, et que l’on vient à lire la descrip- tion qu’en ont donnée des auteurs exacts et cons- ciencieux, tels que Villars et Allioni, qui n’ont in- diqué que ce qu'ils ont vu par eux-mêmes, on est à peu près certain d'y relrouver , en totalité ou en partie, les notes essentielles qui la distinguent. Ainsi, pour ce qui est du G. lucidum, Allioni, FI. ped. 267 p- , n° 21, lui attribue des feuilles verticillées par 6, très-épaisses, subulées, courbées en-dessus : fo/ia sena, deindè quina aut quaterna, semi-teretia, subu- lata, sursüm incurva, et des fruits noirs ; il ajoute aussi fois obscurè virentibus , et dit de son G. cinereum, pour le distinguer de son lucidum, lucidè viret sed non tlamen intenso atque obscuro virore. IL est clair que ces divers caractères s’appli- quent exactement au G. corrudæfolium tel que je vieus de le décrire, et ne conviennentenaucunefacon au G. erectum dont les feuilles sont verticillées par 8, et jamais semi-terelia subulata, et dont les fruits sont bruns à la maturité. Le G. tenuifolium All. F1. ped. p. 6, n° 23, qui est diffusè ramosum , et dont les feuilles radiatim utique exstant, verè rigida non sunt, mollia, flexilia, nitida sed non splendentia, paraît une plante différente qui appartient probablement au groupe dont le G. sylvestre Poll. est le type, lequel n’est représenté dans l’ouvage d’Allioni que par le G. Bocconi, forme alpine qu’il indique au Mont-Cenis. La figure du G. lucidum, F1. ped. t. 77, f. 2, quoique assez grossière, correspond évidemment au G. corrudæfolium. Elle présente des üges un peu contournées, des feuilles verticillées par 6, les raméales dressées, toutes exactement li- néaires, non élargies au sommet, terminées par une pointe très-courte. Allioni, d’ailleurs, indique sa plante comme étant très-commune partout, dans 268 les lieux secs et les rocailles, aux alentours de Nice, où je n’ai vu en effet que le G. corrudæfolium qui y croit en quantité, comme dans toute la partie chaude et calcaire de la Provence. Le nom de Vil- lars étant le plus ancien doit être conservé. J'ai ob- servé sa plante dans les lieux qu’il indique, sur les collines, le long du Rhône, à Lyon, Crémieu, etc. Elle ne s’avance pas plus au nord, mais devient commune à mesure qu’on descend la vallée du Rhône et qu’on s’approche de la région méditer- ranéenne , où elle est vulgaire partout. J'arrive à une quatrième espèce, voisine des pré- cédentes, mais très-bien caractérisée. Cette espèce que j’ai récoltée sur les collines du département du Var, aux environs de Toulon, d'Hyeères, du Luc, etc., me paraît être le véritable G. cinereum Al. F1. ped. n° 22, t.77,f. 4, et en même temps le G. pal- lilum Pres. — Guss. Syn. f1. sic. 1, p. 124. Elle est remarquable par une belle couleur glauque très- prononcée, qui lui donne une certaine ressemblance avec l’Asperula galioides M. B., dont elle s'éloigne d’ailleurs par des caractères bien tranchés. Ses fleurs sont nombreuses, très-blanches, disposées en pani- cule ovale ou ovale-chiongue, àrameaux presque tous dressés-étalés. Les rameaux partiels se terminent par de petites corymbes de fleurs assez denses. Les lobes de la corolle sont aristés. Les fruits sont gros, d’un gris blanchâtre, rembrunis à la parfaite maturité. Les 269 feuillessont pour la plupart verticillées par 6, oblon- gues-linéaires, rétrécies insensiblement vers la base, terminées par une fine arête, à nervure dorsale peu épaisseetsaillante, munies sur les bords de petits ai- guillons très-aigus dressés à base élargie, qui font pa- raître la feuille comme dentée enscie, d’un vert glau- que, de consistance peu épaisse et tres-glabres. Les tiges sont tétragones, très-lisses, d’un gris blanchâtre, très-blanches et renflées au-dessus des articulations; les stériles nombreuses et diffuses, assez grêles ; les florifères dressées, un peu flexueuses, plus ou moins ascendantes à la base, à rameaux inférieurs étalés à angle droit. La souche tient le milieu entre celle du G. crectum Huds. et celle du G. corrudæfolium Vill. Elle est assez ramifée , un peu radicante, bien plus ligneuse que celle du premier, mais moins forte et moins compacte que celle du second. Toute la plante est très-glabre. Je rapporte cette espèce au G. cine- reumn AIl., parce que la description donnée par Al- lioni me paraît lui convenir, ainsi que la figure citée. Je ne connais d’ailleurs aucune autre plante du midi de la France qui soit pourvue de cette couleur glau- que prononcée sur laquelle cet auteur insiste, puis- qu'il compare sa plante au G. glaucum — Asperula galioides M, B., et dit que ce dernier n’a pas les feuilles étalées comme elle, qu’il les a plus longues, plus obtuses, et nonserrato-aculeata. Y dit en outre du G. cinereum qu'il a les feuilles n fine ampliora et 270 alb& notabili spind prædita. W lui attribue des fruits blanchâtres, albescentia; ce que j’observe également dans mes échantillons ; mais Gussone, dans la des- cripuon du G. pallidum Presl, dit que les fruits de- viennent à la fin noirs. Il reste donc à les observer très-mürs et très-sains, afin de voir s'ils prennent réellement cette couleur, ce qui me paraît proba- ble. Quoi qu’il en soit, la plante que je signale est incontestablement une belle et bonne espèce qui paraît fort peu connue des Botanistes français. Elle s'éloigne du G. erectum par sa couleur glauque, l'aspect de sa panicule, ses feuilles plus aristées, ses tiges diffuses, et sa souche un peu ligneuse. Elle est également très-distincte du G. corrudæfolium, avec lequel elle croît souvent pêle-mêle. Je vais résumer les caractères de ces deux espèces. GALIUM CORRUDÆFOLIUM Vill. Panicule étroite, oblongue-linéaire , à la fin uni- latérale, à rameaux dressés. Corolle blanchätre, à lobes très-étalés, mucronés, Fruit noir, chagriné, assez gros. Feuilles verticillées par 6, courtes, raides, ordinairement dressées , un peu courbées en-dessus, exactement linéaires, épaisses, subulées, à nervure dorsale très-large et déprimée, terminées par une pointe courte, faiblement serrulées sur les bords, d'un vert très-foncé, un peu noirâtres par la dessic- 971 cation, glabres et très-luisantes. Tiges quadrangu- laires, nombreuses, dressées, souvent arquées ou contournées vers la base et aux articulations, très- rigides, lisses ou couvertes inférieurement d’une pu- bescence poudreuse très-fine. Souche ligneuse, très- compacte. Plante de 3 à 5 décim., très-luisante et d’un vert sombre. Il habite les lieux secs , les pâturages des collines, et les rochers des terrains calcaires, dans le midi de la France. Il fleurit en juin. GALIUM CiNEREUM All. Panicule ovale-oblongue, à rameaux dressés-éta- lés, à fleurs disposées en cymes corymbiformes assez serrées. Corolle très-blanche, à lobes très-étalés, mucronés. Fruit grisâtre, à la fin rembruni, presque lisse, assez gros. Feuilles verticillées par 6, étalées, linéaires ou linéaires-oblongues, rétrécies insensi- blement vers la base, peu épaisses, à nervure dorsale étroite et saillante, terminées par une fine arête, garnies sur les bords d’aiguillons dressés très-aigus, d’un vert glauque sur les deux faces, peu luisantes et très-glabres. Tiges quadrangulaires, assez nom- breuses; les stériles courtes, étalées, diffuses ; les flo- rifères dressées, ascendantes à la base, souvent flexueuses, très-glabres, glauques, blanches aux arti- culations. Souche presque ligneuse, subcespiteuse 279 ou à rhizèmes un peu tracants. Plante de 3 à 4 décim., d’un vert glauque, à panicule de forme élé- ganle. 11 habite les lieux secs et rocailleux des terrains calcaires, aux environs de Toulon et du Luc (Var), et desterrains primitifs à Hyères et à Bormes (Var), et en Corse. Je l’ai récolté dans ces diverses loca- lités. Il fleurit en juin. Dans les terrains primitifs, le G. cinereum est gé- néralement plus grêle et ses feuilles sont plus étroites que dans les terrains calcaires. Le G. erectum se modifie d’une manière analogue , car c’est surtout dars les lieux secs des terrains primitifs et sur les rochers des Alpes que l’on en trouve des formes à feuilles luisantes et très-étroites. J'ai cependant ré- colté au Col du Lautaret, sur les schistes de la ré- gion alpine, une forme très-curieuse de ce dernier, à feuilles opaques assez larges et d’un vert jaunâ- tre, à panicule très-étroite, et à fleurs très-grandes. J'ai recu de Grèce, de M. Spruner, sous le nom de G. apiculatum Smib, et de M. Boissier, sous le nom de G. ochroleucurn Kit. var. australis et var. rninor, une plante qui me paraît très-voisine des G. corrudæfolium Vill. et cinereum Al, mais cepen- dant bien distincte, La panicule se rapproche beau- coup par la forme de celle du G. cinereurm All.; elle est plus maigre, à fleurs moins nombreuses, à pédi- celles plus longs et plus ouverts, à lobes plus briève- 273 ment mucronés. Les feuilles sont verticillées par 6, linéaires, subulées, épaisses, à nervure très-large et paraissant déprimée comme dars le G. corrudæfo- lium, mais plus longuement aristées que dans ce dernier, généralement étalées, d’un beau vert clair, un peu glauques, ne devenant pas grisätres par la dessiccation. Le G. apiculatum Sibth. est une plante différente, à feuilles larges. Le G. ochroleucum Kit. esl aussi différent, d’après les échantillons que je pos- sède des Bannates, qui répondent très-bien à la des- cription que Koch donne de cette espèce dans le Syn. fl. germ. éd. 2, p. 366. Ses feuilles sont très- longues, très-étalées, exactement linéaires, point épaisses, très-régulièrement serrulées sur les bords, à dents fines et très-nombreuses. Il est surtout très-re- marquable parles rameaux de la panicule qui sont gar- nis de fleurs et de feuilles presque jusqu’à la base, et par ses corolles à lobes longuement cuspidés, tandis que dans la plante de Grèce, lemucron quitermineles lobes de la corolle est très-court, et les rameaux de la panicule sont dénudés à la base. Je propose de nommer celte dernière espèce G. Sprunert. J'ai recueilli en Corse une espèce de Galium qui me paraît nouvelle et assez rapprochée du G. cenc- reum AIl. Elle est intermédiaire entre cette espèce et le G. corsicum Spreng. — nudiflorum Viv., de même que ce dernier marque le passage au G. ru- brum L. En voici la description : 274 GALIUM VENUSTUM (N.). Panicule grêle, oblongue; rameaux dressés, peu étalés, flexueux. Pédicelles fructifères dressés-étalés, filiformes. Corcile assez petite, d’un rose tendre, à lobes ovales-elliptiques , brièvement mucronés. Styles soudés jusqu’au-dessus du milieu. Fruit grisà- tre, peu chagriné, petit. Feuilles verticillées par 6-8, trés-étalées , linéaires et très-aiguës dans le baut, oblongues-ovales et très-courtes dans le bas, rétré- cies vers leur base, assez minces, à nervure dorsale peu épaisse et saillante à la base, terminées par une fine arête, faiblement serrulées sur les bords, d’un vert clair, assez luisantes et très-glabres. Tiges assez nombreuses, dressées, flexueuses, faibles, quadran- gulaires, à angles saillants, lisses et luisantes. Sou- chegrèle, subcespiteuse, à rhizômes un peu traçants. Piante de 2 à 3 décim., assez grêle, glabre et lui- sante. J'ai recueilli cette espèce en Corse, dans les mon- tagne du Niolo, où elle vient dans les pâturages secs et sur la lisière des bois, et fleurit en juin. Elle s'éloigne des G. cinereurn AN. et erectum Huds. par ses Lliges beaucoup plus faibles, à angles plus sail- lants, ses feuilles inférieures très-courtes et élargies, ses fleurs de couleur rose, à lobes plus courtement aristés, et ses styles moins profondément séparés. La panicule est plus grêle, et les pédicelles fructifères sont 275 plus étalés que dans le G. cinereum. Les feuilles ne sont point glauques, mais vertes et luisantes comme dans l’erectum, et moins épaisses. Les fruits sont plus pelits que dans ces deux espèces. Elle diffère du G. citraceum Boiss. et Heldr. par ses feuilles beau- coup moins larges et plus aiguës. Celui-ci a les fenilles très-minces et très-planes, brièvement mu- cronées, à nervure très-fine, et d’un vert opaque. Sa panicule est oblongue, étroite, à rameaux dres- sés-étalés. Les corolles paraissent jaunâtres, et ont ïes lobes aristés. Les styles sont de moitié plus courts que dans!le venustum et peu divergents. Ce dernier se rapproche par la couleur de ses fleurs, la forme de ses feuilles inférieures, et ses tiges fai- bles, du G. corsicum Spreng.; mais la forme de la panicule qui est régulière et non diffuse, les pédicelles fructifères non divariqués, et les lobes de la corolle terminés par une pointe courte presque nulle, l'en éloignent complètement. Les feuilles sont aussi plus étroites et plus longues, relativement à leur largeur ; leurs bords sont garnis d’aiguillons peu nombreux, aigus, dirigés en avant, tandis que dans le G. corsicum, les aiguillons qui bordent la feuille sont très-petits, très-nombreux et de deux sortes, les uns dirigés en avant, et les autres en arrière. La tige de ce dernier est généralement rude, couverte d’aspérités ou de petits poils diri- gés en bas. Ses fruits sont plus bruns et bien 276 plus finement chagrinés. Je vais en donner la -des- criplion : GALIUM CORSICUM Spreng. Panicule très-grêle, diffuse ; rameaux écartés-di- vergents, subcorymbiformes. Pédicelles fructifères très-divariqués. Corolle très-petite, d’un rouge très- pâle , à lobes elliptiques oblongs, terminés par une longue et fine arête. Fruit de couleur brune, lisse, granulé. Feuilles verticillées par 4-6, elliptiques- oblongues, les inférieures obovées, étalées, très-min- ces, veinuleuses, à nervure dorsale fine et saillante, à arête terminale fine et courte, munies sur les bords de très-petitsaiguillons souvent nuls ou peu visibles ; disposés sur deux rangs, les uns dirigés en avant, et les autres en arrière; d’un vert clair, un peu luisan- tes, tantôt très-glabres, tantôt hispides. Tiges très- faibles, très-nombreuses, inclinées à la base, redres- sées, flexueuses, souvent entrelacées, quadrangu- laires à angles saillants, tantôt lisses, tantôt cou- vertes de petites aspérités dirigées en bas. Souche très-grêle, subcespiteuse, très-peu traçant. Plante de 1 à 2 décim., très-grêle, glabre ou velue, plus ou moins luisante. Cette espèce est assez commune en Corse, où je l'ai rencontrée sur presque tous les points de la ré- gion montagneuse que j'ai visités. Elle fleurit en juillet, ou en juin, sur les collines basses. A elle se 277 rapporte évidemment le G. rudiflorum Viv. app. 2, d’après la description qui ne diffère pas de celle don- néee par Tausch, dans le Flora oder bot. Zeitung, vol 44, p.221. LeG. soletrolii Lois. Nouv. not. parait aussi devoir appartenir à la même espèce, ainsi que le G. mediterraneum D.C. Prodr. 4 p. 596.—campestre Duby Bot. gall. p. 248, et le G. Morisä Spreng. Salis-Marschlins dans son Catalogue des plantes de la Corse, réunit cette espèce au G. rubrum L. sous le nom de G. rubrum mediterraneum, et en distingue quatre formes différentes ou quatre sous-variétés. Tausch exprime la même opinion dans le Flora oder bot. Zeit. vol. 18, p. 345, et pense que le Galium qu’il a décrit sous le nom de G. corsicum doit être rapporté, comme variété, au G. rubrum L. dont il diffère uniquement par ses tiges velues. S’il n’y avait effectivement d’autre différence entre ces deux es- pèces que celle tirée de l’absence ou de la présence des poils, il est clair que leur réunion ne pourrait être l’objet d’un doute; mais si l’on compare des individus glabres du G. corsicum avec des indivi- dus également glabres du G. rubrum, il suffit de la plus légère attention pour apercevoir entre eux des différences notables et tout-à-fait caractéristiques. Ainsi, dans le G. rubrum, les corymbes qui terminent les rameaux de la panicule sont beaucoup plus am- ples, plus composés, à ramifications plus garnies de feuilles; les fleurs sont plus grandes, d’un beau rouge 19 278 et non d'un rouge livide, à lobes plus élargis et moins longuement cuspidés; les anthères sont de forme plus arrondie et conservent leur couleur blan- châtre sur lesec ; les styles sont divergents presque dès la base , et relativement à la grandeur de la fleur, de moitié plus courts que dans l'autre espèce; les feuilles sont beaucoup plus allongées et relativement plus étroites, de forme plus égale, verticillées par 8, plus épaisses, point veinuleuses, à nervure dorsale plus forte; les tiges sont plus élevées, plus robustes, à angles un peu moins saillants. En un mot, ces deux plantes diffèrent dans presque tous les or- ganes, et ont chacune un port qui les distingue et ne permet pas de les confondre au premier as- pect. Le G. rubrum L. paraît ne pas se trouver en France. Celui qui est indiqué à Toulon et à Nice est, selon moi , très-différent de la plante du nord de l'Italie el de Fiume. En voici la description. GaLtum RUuBIDUM (N.). Panicule grêle, flexueuse, ovale ou ovale-oblongue dans son pourtour ; rameaux dressés-étalés, flexueux, racémiformes, les inférieurs allongés, garnis d’un grand nombre de petites grappes courtes à fleurs très-petites et très-nombreuses. Pédicelles fructifères trés-étalés, flexueux, divergents. Corollerougeûtre, à 279 lobes elliptiques, terminés par une pointe sétacée dépassant la moitié de leur longueur. Fruit brun, très-faiblement granulé , très-petit. Feuilles intermé- diaires verticillées par 8, dressées-étalées , fermes, assez minces, linéaires, mucronées, à nervure dor- sale saillante et très-épaisse vers le bas, à face supé- rieure rude, à bords garnis d’aiguillons courts rai- des aigus et la plupart dirigés en bas, d’un vert clair blanchätre, ordinairement glabres et luisantes, quel- quefois velues vers le bas de la plante. Tiges diffuses, couchées et filiformes à la base , redressées , flexueu- ses, souvent brisées et renflées aux articulations, à angles saillants blanchâtres et très-luisants, souvent un peu rudes, très-glabres ou poilues dans le bas comme les feuilles. Souche grêle, compacte, émet- tant quelques stolons radicants. Racine brune, fili- forme. Plante de 2 à 4 déc. , glabre et luisante, très- rarement velue. Je l’ai récolté sur les collines calcaires aux envi- rons de Toulon, et aussi dans les terrains primitifs à Hyères, Bormes, etc. Je l’ai de Nice tout velu dans le bas. Il fleurit en juin. Sa panicule est bien plus grêle, plus composée que dans le G. rubrum et à branches plus racémiformes. Les corolles sont de moitié plus petites, d’un rouge moins vif, à lobes plus finement et plus longement aristés. Dans le ru- brum V'avête n’égale pas le tiers du lobe. Les feuilles daus ce dernier sont un peu plus larges et moins 280 rudes. Ses tiges sont plus fortes et très-radicantes vers la base. Le G. rubrum var. pilosum Duby Bot. gall. p. 248. —- purpureum b. F1. fr. 5, p. 446 qui croit dans la Lozère où il a été signalé par M. Prost, me paraît une autre espèce distincte également et du rubrum et du rubidum. En voici la description. Gazium Prosrit (N.). Panicule ample, dressée, ovale-oblongue; ra- meaux assez raides , allongés, très-étalés dans le bas, très-composés, les secondaires assez longuement dénudés inférieurement, et terminés par des grappes corymbiformes très-diffuses à fleurs très-pelites et très-nombreuses. Pédicelles fructifères très-étalés , flexueux , divergents. Corolle très-petite , rougeûtre; à lobes elliptiques-oblongs, terminés par une pointe sélacée égale environ au tiers de leur longueur. Fruit rembruni, peu granulé, très-petit. Feuilles intermé- diaires verlicillées par 8 - 10, très-étalées ou le plus souvent réfléchies et courbées en dessus , assez min- ces, linéaires - oblongues, mucronées, à nervure dorsale saillante assez fine, à face supérieure sou- vent un peu rude, à bords garnis d’aiguillons aigus assez étalés et la plupart dirigés en haut, d’un vert clair, opaques, plus ou moins pubescentes vu gla- briuscules vers le haut. Tiges inclinées et gréles vers 281 la base , redressées , assez fermes , peu flexueuses, à angles blanchâtres assez fins et peu saillants, pu- bescentes ou glabres comme les feuilles. Souche com- pacte, paraissant peu stolonifère. Plante de 2 à 4 déc., pubescente ou plus rarement glabre. Je ne connais cette plante que d’après les exem- plaires que j'ai reçus de M. Prost, car je ne l’ai pas observée vivante; mais je ne doute pas qu’elle ne mérite d’être élevée au rang d’espèce, en raison des caractères que je viens de signaler. Les différences les plus frappantes qui l’éloignent du G. rubidum sont : {° la forme de la panicule qui est bien plus ample , plus ferme, occupant une plus grande par- tie de la tige, et dont les rameaux se terminent par des corymbes plus diffus. 2 La direction des feuil- les qui sont bien plus étalées et la plupart réfléchies et courbées en dessus d’une manière remarquable, au bas des rameaux de la panicule. 3° Leur nom- bre qui est ordinairement de 9 ou 10 et plus rare- ment de 8 aux verticilles. 4° Leur forme plus élar- gie. 5° Leur nervure dorsale presque aussi saillante, mais évidemment moins épaisse. 6° Les aiguillons moins raides, plus étalés, dirigés en haut. Enfin l'aspect moins luisant , la pubescence bien moins rare. La tige est moins brisée , plus ferme , plus dres- sée, à angles moins saillants, ordinairement lisse ou pubescente, mais non rude, Les fleurs sont d’ail- leurs aussi petites que dans le rubidum, ce qui 282 l'éloigne du rubrum qui a les feuilles octonées, plus dressées , à nervures plus larges et presque toujours très-glabres. Les G. corsicum Spr., rubrum L., rubidum(N), et Prostit (N), commencent la série nombreuse des espèces à fleurs disposées en corymbe paniculé, qui termine la section Eugalium. Ce sont généralement de petites espèces très-voisines par leurs caractères, et dont l’étude est par cette raison fort difficile. Un grand nombre est encore très-peu connu. Plu- sieurs de celles qui ont été anciennement signalées restent encore douteuses, parce que les auteurs n’ont pas eu le soin de faire connaître leurs vrais carac- tères. Je vais en décrire un certain nombre d’une maniere abrégée, en négligeant souvent quelques caractères, tels que ceux tirés des parties de la fleur qui sont peu visibles sur le sec et fort minutieux, et en me bornant à l’examen des feuilles intermé- diaires, qui dans presque toutes les espèces sont plus longues que les supérieures et les inférieures, et toujours plus étroites que ces dernières. Je crois cependant que dans ce genre, comme dans tous les genres très-naturels , il convient de re rien négliger et de tout apprécier avec beaucoup d’exactitude; et que chercher à distinguer les espèces avec un ou deux caractères tranchés , comme le veulent les bo- tanistes de l’école Linnéenne et les amateurs de la science rendue facile avant tout, c’est une entre- 283 prise absolument vaine, puisque toutes les difié- rences qui les séparent prises isolément sont légères, et qu’il n’y a de tranché que leur ensemble. Mais, comme je me propose de revenir sur les nombreu- ses espèces que je vais signaler pour en donner la figure, j'aurai l’occasion d’ajouter de nouveaux dé- tails et de compléter leur histoire. Je me borne pour le moment à indiquer les caractères les plus saillants de celles que je crois le mieux connaitre. GALIUM MYRIANTHUM (N.). Panicule ample, ovale-oblongue; rameaux dres- sés-étalés, très-composés , racémiformes, à pelits corymbes terminaux peu diffus , et à fleurs très- nombreuses. Pédicelles fructifères dressés-étalés, as- sez courts. Corolle petite, jaunâtre ; à lobes ellip- tiques-oblongs, étalés réfléchis, terminés par une pointe sétacée égale à la moitié de leur longueur. Fruit grisâtre , très-visiblement chagriné, de gros- seur moyenne. Feuilles verticillées par 9 - 12, dres- sées-étalées , linéaires ou oblongues-linéaires, mu- cronées; à nervure dorsale saillante ; à bords munis d’aiguillons fins très-aigus, un peu étalés , disposés très-visiblement sur deux rangs et tournés en haut pour la plupart; d’un vert clair un peu jaunâtre ; mollement velues ou glabriuscules vers le haut. Tiges assez fermes, dressées, plus grêles, couchées et as- cendantes à la base, à angles aigus assez saillants, 284 veiues ou glabres comme les feuilles. Souche gréle très-compacte, à stolons radicants nuls. Racine d’un brun roux, assez forte, divisée en plusieurs fibres allongées et garnies d’un chevelu très-fin d’un brun rougeâtre. Plante de 2 à 4 déc., ordinairement très- mollement velue dans sa partie inférieure. Il croit communément dans les parties basses et exposées au midi des montagnes du Bugey (Ain), et vient surtout dans les lieux secs et pierreux. Il est également commun sur les collines calcaires des environs de Crémieux et Morestel ( Isère), et se trouve jusqu’au pied de la Grande - Chartreuse et aux environs de Grenoble. Il fleurit en juin. Il est certainement très-voisin du G@. Prostit, mais il en diffère, indépendamment de la couleur des fleurs, par les rameaux de la panicule bien plus dressés, racémiformes , à divisions plus nombreuses, moins longuement dénudés à la base; par les petits corymbes terminaux beaucoup moins diffus ; les pédicelles moins divergents ; les feuilles dressées et non réfléchies, plus allongées, plus nombreuses aux verticilles. Les pointes de la corolle sont un peu plus allongées, et le fruit est de moitié plus gros , moins rembruni. Il s'éloigne du G. rubidum par ses tiges plus dressées, plus fermes et rarement glabres; ses feuilles nombreuses, à nervure moins épaisse ; ses fruits plus gros; ses fleurs jaunes; ses pédicelles moins divergents; et la forme de sa panicule qui 285 est plus ample, à rameaux moins étalés et moins gréles. La description du G. obliquum dans Villars F1. Dauph. 2, p. 320 lui convient en partie. Ce que dit Villars des tiges qui se divisent en une infinité de petits rameaux fort rapprochés, lui est très-bien appliqué; mais les feuilles sont bien plus nombreuses aux verticilles qu'il ne le dit; et on en compte le plus souvent 10 ou 11. D’après sa description et les localités qu'il indique, j'ai lieu de croire qu'il a compris dans son G. obliquum plusieurs espèces dif- férentes, toutes également pourvues de corolles aris- tées, Il dit sa plante fort commune dans tout le Dau- phiné et très-variable ; mais ces diverses variétés soumises à la culture se montrent constantes , et examinées avec soin, elles présentent des différences nombreuses et importantes dans tous leurs or- ganes. GALIUM LUTEOLUM (N.). Panicule irrégulière, obliquement ovale; ra- meaux étalés ou un peu dressés, plus allongés et plus nombreux d’un côté, à divisions peu nom- breuses, et à corymbes terminaux lâches et diffus. Pédicelles fructifères étalés, divariqués Corolle pe- tite, jaunâtre, à lobes ovales-oblongs très-élalés, terminés par une peinte sétacée dépassant la moi- tié de leur longueur. Fruit grisâtre, finement gra- nulé, petit. Feuilles verticillées par 6-8, très-étalées, 236 rigidules , linéaires ou oblongues-lincaires, mucro- nées, planes, à nervure dorsale très-saillante et assez forte , à bords rudes munis de très-pelits aiguil- lons à peine visibles à la loupe et dirigés en haut, d’un vert clair, un peu luisantes, glabres ou rare- ment un peu hispides vers le bas. Tiges faibles , in- clinées à la base, diffuses, redressées, très-rameuses et paniculées presque dès la base, à angles saillants et luisants, ordinairement lisses et glabres, ou par- fois un peu hispides dans la partie inférieure. Sou- che très-grêle , émettant des stolons radicants. Ra- cine filiforme. Plante grêle, de { à 2 déc., ordi- nairement glabre et un peu luisante. J'ai récolté cette espèce aux environs de Gap, au col de l’Arche (Basses-Alpes), à la montagne dite Bramebuou près St-Genis-le-Désolé (Hautes-Alpes), d’où je l’ai rapportée vivante dans mon jardin. Elle fleurit en juin et juillet. Cultivée à côté du G. r#7- ranthum et reproduite de semis , elle conserve tous ses caractères et se distingue au premier aspect. Elle est beaucoup plus basse, plus glabre, plus lui- sante, moins multiflore, à feuilles moins nombreu- ses et plus étalées , à rameaux plus ouverts et moins composés. Les tiges sont plus diffuses , plus gré- les et radicantes à la base. La souche est bien moins compacte. Les corolles sont d’un jaune plus foncé, à ombilic plus étroit et plus déprimé , à lobes de forme plus ovale, terminés par une pointe en- 287 core plus allongée. Le fruit est plus petit, et les pé- dicelles sont plus longs et plus divergents. GALIUM BRACHYPODUM (N). Panicule très-ample, ovale; rameaux écartés, très-étalés, flexueux, racémiformes, à corymbes terminaux peu nombreux et très-petits. Pédicelles fructifères dressés-étalés, très-courts. Corolle petite, d’un blanc sale ; à lobes oblongs très-étalés , termi- nés par une pointe sélacée plus courte que la moi- tié de leur longueur. Fruit brunâtre , très-finement et régulièrement granulé, très-petit, égalant environ la longueur du pédicelle, Feuilles verticillées par 8, très-étalées ou à la fin réfléchies, assez courtes, oblongues-linéaires, planes, un peu épaisses, à ner- vure non saillante sur le frais et relevée à l’état sec vers la base, à bords presque lisses ou munis d’ai- guillons à peine visibles à la loupe, d’un vert gai, très-finement pubescentes ou glabriuscules. Tiges élancées, dressées-étalées , flexueuses, inclinées et ascendantes à la base, à angles saillants, légèrement pubescentes dans le bas, glabres dans le haut. Sou- che grêle , assez compacte. Racine grisätre. Plante de 3 à 4 déc., légèrement pubescente dans sa par- Ue inférieure. Je l’ai récolté aux environs de Gap , d'Embrun et de Guillestre (Hautes-Alpes), ainsi qu’à Barcelon- 288 nelte (Basses-Alpes\ où il est commun. Il vient dans les lieux secs des bois et des collines, et fleurit en juin et juillet. Sa taille est beaucoup plus élevée que celle du G. luteolum ; ses feuilles sont moins fermes et plus épaisses ; ses fleurs sont disposées en corymbes bien plus petits et à pédicelles beau- coup plus courts et plus dressés ; sa panicule est plus flexueuse et moins oblique. Il diffère complè- tement du G. mnyrianthum par la forme de la pa- nicule, le nombre des feuilles et leur nervure, et les fruits de moitié plus petits, dont les rugosités sont bien plus fines et plus régulières. GALIUM ALPICOLA (N.). Panicule en forme de grappe oblongue ; rameaux étalés, presque à angle droit, flexueux, assez courts, à divisions rapprochées et à fleurs nombreuses dis- posées en petits corymbes très-diffus. Pédicelles fructifères étalés, divergents et très-courts. Corolle petite, d’un blanc sale; à lobes ovales-oblongs, très-étalés , terminés par une pointe sétacée, égale au tiers de leur longueur. Fruit grisätre un peu rembruni, très-finement rugueux, assez petit. Feuil- les verticillées par 8-9, très-étalées ou réfléchies, li- néaires, mucronées, à nervure dorsale un peu sail- Jante ; à bords munis d’aiguillons très-fins étalés, les supérieurs dirigés en haut et les inférieurs en bas ; 289 d’un vert assez clair , finement pubescentes ou gla- briuscules. Tiges longuement et étroitement pani- culées, couchées, filiformes et plus ou moins radi- cantes vers la base, ascendantes , un peu difruses, souvent dressées, brisées et contournées aux articu- lations, à angles fins et un peu saillants, finement pubescentes ou glabres dans le haut. Souche gréle, stolonifère ou subcespiteuse. Racine grisûtre, fili- forme. Plante de 2 à 3 déc., plus ou moins pubes- cenle. J'ai recueilli cette espèce sur le col du Lautaret aux environs de Briançon (Hautes-Alpes), au col de l'Arche (Basses-Alpes). Elle fleurit en juillet et août. La forme de la panicule est caractéristique , les ra- meaux étant courts et la plupart étalés à angle droit, mais point raides. Les fleurs sont bien plus nom- breuses et plus ramassées que dans le brachypodum et les pédicelles un peu plus longs quoique fort courts et bien plus divergents. Le fruit est plus gros. Les feuilles intermédiaires sont généralement verli- cillées par 9, mais ne dépassent pas ce nombre. Les styles sont fort allongés. La pubescence est varia- ble comme dans les autres espèces. Elle ne peut être confondue avec aucune de celles qui pré- cèdent et se rapproche davantage de celle qui suit. 290 GALIUM LOETUM (N.). Panicule en forme de grappe ovale-oblongue; ra- meaux dressés-étalés, décroissants , allongés dans le bas, à divisions assez écartées, terminés par des grappes corymbiformes peu diffuses. Pédicel- les fructifères très-étalés , courts. Corolle assez petite , blanche ; à lobes ovales-oblongs , ter- minés par une pointe sétacée égale au tiers de leur longueur. Fruit rembruni, très-finement gra- nulé , de grosseur moyenne. Feuilles verticillées par 8-9, dressées-étalées, linéaires, aiguës, mucro- nées , assez égales, à nervure dorsale épaisse et très- saillante, à bords rudes munis de petits aiguillons nombreux très-aigus dressés ou les inférieurs tour- nés en bas , d’un vert très-clair , un peu luisantes, très-glabres ou quelquefois hispides sur le bas de la plante. Tiges grêles, élancées, légèrement flexueu- ses, ascendantes , couchées et un peu radicantes à leur base, à angles saillants très-fins et luisants, lisses et glabres, ou quelquefois hispidules à la base. Souche ramifiée, peu compacte. Racine filiforme. Plante de 3 à 4 dée:, élégante, d’un beau vert clair, le plus souvent glabre. J'ai recueilli cette espèce aux environs de Cas- tellanne et de Sisteron (Basses-Alpes). Elle n’est pas rare dans les lieux secs et pierreux de cctte région, et fleurit en juillet. Elle est très-voisine de celle qui précède , mais elle a un aspect tout différent qui la 291 fait reconnaître au premier coup-d’œil. La panicule forme une grappe plus régulièrement décroissante , à rameaux moins divergents et beaucoup moins contournés. Les fleurs sont plus blanches, moins ramassées et moins nombreuses. Les feuilles sont dressées - étalées et non réfléchies, généralement plus longues, plus aiguës et plus égales dans leur forme, à uervure plus forte, plus rarement velues et à pubes- cence moins fine. La tige est plus élancée, moins rigidule , moins brisée aux articulations qui sont plus écartées. Je n’ai encore soumis à la culture ni l’une ni l’autre de ces deux espèces; mais je ne doute pas qu’étant placées dans les mêmes conditions elles ne conservent tous leurs caräctères. J’ai récolté près Goudargue (Gard), en allant de la Chartreuse de Valbonne à Lussan un Galium très- voisin du /œturm, mais qui est peut-être différent. La panicule est bien plus grêle, plus flexueuse. Les fleurs sont un peu jaunâtres, pareillement aristées. Les feuilles sont plus courtes et plus élargies au sommet, plus étalées, plus minces, à nervure sail- lante, mais fine, Les tiges sont aussi allongées, mais très-faibles et plus diffuses. La souche paraît ne pas émettre de stolons radicants. Comme mes exemplai- res ne sont pas très-nombreux, et que je n’ai trouvé cette plante que dans une seule localité, je me borne à la désigner provisoirement sous le nom de G gract- lentum, sans porter sur elle un jugement définitif; 292 car si elle tient à l'espèce qui précède par ses corol- les aristées , elle se rapproche beaucoup de celle qui suit par d’autres caractères. GaziuM coLLINUM (N.). Panicnle diffuse, irrégulière, ovale ou ovale- oblongue dans son pourtour; rameaux dressés- étalés, terminés par des corymbes très-fournis, assez réguliers et à la fin très-diffus. Pédicelles fructifè- res très-courts, étalés. Corolle petite, blanche; à lobes ovales-elliptiques, terminés par une pointe courte. Fruit grisâtre, à la fin rembruni, finement et régulièrement granulé. Feuilles verticillées par 8-10, très-étalées , courtes , linéaires, très-aigués, mucronées, à nervure dorsale peu saillante sur le frais et assez large vers le bas, à bords lisses ou mu- nis d’aiguillons peu visibles à la loupe, d'un vert clair, couvertes d’une pubescence très-fine et très- courte , rarement glabriuscules. Tiges nombreuses plus ou moins diffuses, les intérieures souvent dres- sées, les extérieures couchées, ascendantes à la base, entièrement couvertes d’une pubescence courte qui les fait paraître comme poudreuses. Souche très- compacte, à stolons radicants nuls. Racine grisâtre, filiforme. Plante de 4 à 2 déc., à pubescence très- courte. Cette espèce paraît assez commune sur les colli- nes exposées au midi des départements du Gard , de 293 l’Ardeche et de la Drôme. Je l'ai récoltée aux envi- rons de Valence (Drôme), à Châteaubourg près Tournon (Ardèche), à Alais (Gard). Elle fleurit en juin, Ses fleurs blanches et non aristées l’éloignent des précédentes dont elle se rapproche par la dispo- sition de ses fleurs qui sont très-nombreuses et cour- tement pédicellées. Ses feuilles sont très-étalées ou quelquefois réfléchies. Ses tiges sont générale- ment assez basses, Ienguement paniculées, peu al- Jlongées à leur base, et nullement radicantes. Je ne l'ai pas rencontrée glabre. GALIUM SCABRIDUM (N.). Panicule diffuse, irrégulière, elliptique dans son pourtour ; rameaux dressés ou étalés, courts et sou- vent avortés dans le bas, à fleurs très-nombreuses disposées en corymbes irréguliers dressés à la fin diffus. Pédicelles fructifères très-courts, plus ou moinsétalés. Corolle très-petite, blanche; à lobes ova- les-oblongs, terminés par une pointe courte. Fruit brun, légèrement chagriné, petit. Feuilles verticillées par 8-10, assez étalées, linéaires, très-aiguës et mucro- nées, à nervure dorsale très-épaisse et saillante à l’état frais, à bords très-rudes ainsi que la face supérieure et garnis d'aiguillons nombreux étalés où dirigés en bas, d’un vert très-clair et un peu jaunâtre, gla- bres et luisantes. Tiges grêles, en touffes peu denses, souvent stériles, couchées, filiformes, radicantes et 29 294 très-ramifiées dans leur partie inférieure, puis re- dressées, un peu flexueuses, à angles saillants, lisses ou un peu rudes, glabres et luisantes ainsi que les feuilles. Souche peu compacte, émettant des slo- lons radicants. Racine relativement assez épaisse. Plante de 4 à 2 décim., d’un vert très-clair, rude, glabreet luisante. Cette espèce est peu commune, Je l'ai observée à Vienne (Isère), à Lyon, aux bords du Rhône et sur les collines. Je l’ai aussi récoltée aux environs de Laragne (Hautes-Alpes). Elle fleurit en juin. Elle est remarquable par l'avortement fréquent des rameaux inférieurs de la panicule qui sont rarement très-deve- loppés, et celui des tiges qui arrive quelquefois. Elle se distingue du G. collinum par sa panicule plus étroite, à rameaux inférieurs plus courts; ses feuilles rudes, à nervure bien plus forte, d'un beau vert très-clair, glabres et luisantes; ses tiges filiformes et longuement couchées à la base; sa souche lâche et rameuse, radicante ; sa racine plus forte. Par le ca- ractère de la nervure elle se rapproche du G. pumi- lum Lam.; mais ce dernier est toujours beaucoup plus petit et forme des touffes très-denses. Sa pani- culeest courte, corymbiforme. Ses feuilles sont plus raides et plus petites, verticillées par 6-8, dressées, très-étroites, longuement aristées , à nervure relati- vement beaucoup plus forte. 295 Garcium Timeroyi (N.), pl. 6, fig. 4. À à 5. Panicule diffuse, irrégulière, obliquement ovale ou ovale-oblongue ; rameaux très-composés, dressés- étalés, souvent tous jetés d’un seul côté, à fleurs nom- breuses en corymbes dressés à la fin diffus. Pédi- celles fructifères très-étalés, assez courts. Corolle très-petite, blanchâtre, à lobes ovales-oblongs ter- minés par une pointe courte. Fruit grisätre, rem- bruni, presque lisse, petit. Feuilles verticillées par 9-11, dressées-étalées, courtes et étroites, linéaires, aiguës, mucronées, à nervure dorsale épaisse et non saillante à l’état frais, à bords lisses ou garnis de très-petits aiguillons la plupart dirigés en bas, d’un vert très-clair et un peu jaunâtre, presque toujours glabres et un peu luisantes; Tiges gréles , nom- breuses, diffuses, couchées sur terre et ascendantes à leur partie supérieure, faibles, flexueuses et fili- formes, mais nullement radicantes à la base, à angles saillants, lisses et presque toujours glabres. Souche grêle , très-compacte. Racine filiforme. Plante de 2 à 3 décim., trés-gréle, d'un vert très-clair, et gla- bre. Cette espece croît sur les collines calcaires des en- virons de Lyon où elle n’est pas rare. Je l’ai aussi récoltée aux environs de Nimes. Elle fleurit en juin. Elle a assez d’affinité avec lesG. collinum et scabridum; mais elle est très-distincte de toutes les précédentes. 296 La panicule est souvent allongée et toute jetée d’un côté, surtout dans les Liges extérieures qui sont très- couchées. Les pédicelles sont un peu moins courtsque dansle collinum et les fleurs sont moins blanches. Les lobes dela corolle sont un peu plusrétrécis àleurbase, très-étalés et convexes en-dessus, marqués de trois nervures assez prononcées, dépassant peu la longueur de l'ovaire qui est manifestement obovale, tandis que dans l2 co/linum l'ovaire est bien plus court relati- vement à la corolle et moins rétréci du bas, comme dans la plupart des autres espèces voisines. Les an- thères sont d’un beau jaune, ovales-arrondies, et les styles sont un peu étalés, séparés jusqu’au-dessous du milieu. Les feuilles sont assez étroitement li- néaires et très-aigués; celles des verticilles inférieures sont peu élargies ; elles sont généralement peu éta- lées et très-glabres, ce qui les distingue très-bien du G. collinum qui les a très-étalées, plus larges et pu- bescentes ; leurs bords sont plus rarement lisses. Les tiges sont bien plus grèles, plus couchées et plus flexueuses. Elle est très-voisine du G. scabridum, et ces deux plantes se ressemblent parfaitement quant à l'aspect du feuillage qui est d’un vert très-clair et un peu jaunâtre dans l’une et l'autre. Mais dans le sca- bridum la panicule est plus étroite, les fleurs sont plus blanches, les styles plus courts el séparés pres- que entièrement. Les feuilles sont plus rudes, à ai- guillons plus allongés, plus fortement mucronées ; 297 leur nervure est manifestement plus forte et plus sail- lante ; elles sont aussi plus étalées et un peu moins nombreuses. Les tiges sont plus relevées et radi- cantes à la base. La souche est moins compacte et la racine plus épaisse. J'ai longtemps cru avec M. Timeroy, qui le premier a appelé l’attention des botanistes lyonnais sur cette plante remarquable, qu’elle pouvait être rapportée au G. supinum Lam., et je l'ai même envoyée plusieurs fois sous ce nom ; mais après un examen attentif des descriptions du G. supinum et une nouvelle étude de cette plante, je me suis convaincu qu'elle était réellement bien dif- férente de l'espèce qui a été désignée sous ce nom. Ea effet, Lamark., dans le Dict. enc. 2, p. 579, dit du G. supinum : foliis sub senis lineari-lanceolatis , tandis que dans le G. Timerori, les feuilles sont plus nombreuses presque du double, car on en compte le plus souvent 10 à 14 à chaque verticille, quelque- fois 9, mais rarement moins. Un caractère aussi fa- cile à apercevoir est décisif, et l’on ne peut admet- tre que Lamarck ait voulu décrire la même plante que celle qui croît à Lyon. Il dit de la sienne qu'elle n’a que 4 ou 5 pouces au plus, que les tiges sont éta- lées, et que les feuilles sont raides, carénées en-des- sus et longues de 3 à 4 lignes. Le G. Témneroyt a les feuilles plus longues. Il est couché; mais ses tiges sont ascendantes, allongées et tres-flexueuses. Le synonyme cité : Galium saxatile minimum supinum 298 et pustilum, Tournefort 115 et Jussieu Act. par 4714 t. 15, f. 2. ne lui convient pas mieux, et doit se rapporter à quelque petite espèce telle que le G. PrrenuicumGou., le purnilum Lam. ou quelqueautre. Gariam iIMPLExUM ( N.). Panicule ample, très - diffuse, ovale, oblique ; rameaux élalés, souvent jetés d’un seul côté, très- nombreux , divisés, entre-croisés, à fleurs nom- breuses en corymbes dressés peu diffus. Pédicelles fructifères dressés un peu étalés. Corolle très-petite, blanchâtre, à lobes ovales aigus. Fruit grisâtre, rembruni , presque lisse, de grosseur moyenne. leuilles verticillées par 6-9, très -étalées, assez courtes, linéaires, très-aiguës, mucronées, à ner- vure dorsale saillante à l’état frais, à bords entie- rement lisses munis rarement de quelques aiguillons très-courts , d’un vert clair brunissant un peu par la dessiccation, pubescentes ou glabres. Tiges grêles, diffuses, très-nombreuses, disposées en touffes den- ses inextricables, couchées, filiformes et non radi- cantes à leur partie inférieure , ascendantes , redres- sées , flexueuses , à angles assez saillants, couvertes d'une pubescence fine et courte, ou souvent en- tiéremert glabres. Souche assez épaisse, très-com- pacte. Racine grisätre, dure et relativement assez forte. Plante de 2 déc. , pubescente ou glabre. Cette espèce croît sur les collines calcaires des 299 départements du Gard, de la Drôme et de l’Ardè- che. Je l’ai récoltée aux environs de Nimes, au Mont-Bouquet près Alais (Gard), à Valence (Drôme), elc. Elle setrouve aussi à Lyon, mais elle y est assez rare. Elle a beaucoup d’affinité avec le G. Timeroyi, mais elle s’en distingue facilement. Les corymbes fructifères sont plus dressés, et les pédicelles moins étalés. Les styles sont plus courts et divisés jusqu’à la base. Les fruits sont plus gros. Les feuilles sont bien moins nombreuses aux verticilles , très-étalées, souvent un peu réfléchies ; leur consistance est plus mince et la nervure plus saillante ; leurs bords sont presque toujours lisses, et leur couleur change par la dessiccation , (andis qu’elle se conserve parfaite- ment dans l’autre espèce. Les tiges sont plus relevées et bien plus entrelacées ; elles sont très-fréquemment pubescentes ainsi que les feuilles, tandis que le G. T'imeroyi se présente toujours glabre. La souche est notablement plus épaisse ainsi que la racine. GALIUM INTERTEXTUM (N.). Panicule ample, diffuse, ovale;'rameaux très-di- variqués, entre - croisés, les uns dressés-étalés , les autres étalés à angles droits ou réfléchis, très-com- posés, à fleurs disposées par petits fascicules formant des corymbes dressés très-ouverts. Pédicelles fructi- fères dressés un peu étalés, non divariqués. Corolle 300 très-blanuche,à lobes étalés , elliptiques-oblongs, ter- minés par une pointe très-courte. Fruit blanchätre, à la fin rembruni, peu chagriné , assez gros relative- ment. Feuilles verticillées par 7-9, très-étalées ou ré- fléchies, courtes, linéaires, mucronées, à nervure dorsale assez épaisse et un peu saillante vers la base, à bords munis de tres-petits aiguillons peu étalés , d’un vert très-clair blanchätre, glabres , paraissant couvertes de très-petites papilles blanches et luisan- tes. Tiges très-nombreuses , entre-croisées , panicu- lées presque dès la base, inclinées et filiformes à leur base, dressées-étalées, contournées, assez raides, à articulations rapprochées et souvent brisées, à angles saillants, ordinairement lisses et glabres. Souche compacte , àstolons radicants presque nuls. Racine filiforme, grisätre. Plante de 1 à 2 déc., d’un vert blanchätre. Cette espèce croît aux environs de Serres et de Laragne (Hautes-Alpes), d’où je l’ai rapportée vivante dans mon jardin. Elle fleurit en juillet. Elle est très- reconnaissable à sa panicule très-ample, occupant presque toute la tige, et égalant en largeur la hau- teur de celle-ci; ses rameaux divergents, raides et entre-croisés ; ses pédicelles peu divariqués; ses fleurs très-blanches, à lobes presque mutiques ; ses fruits assez gros et son feuillage blanchätre. Elle ne peut être confondue au premier aspect avec aucune des espèces précédentes. Les anthères sont d’un beau 201 jaune et ovales. Les styles sont d’un vert blanchà- tre et très-courts. La corolle a l’ombilic peu dépri- mé, et les lobes dépassent deux ou trois fois l’ovaire e2s qui est ovale et non rétréci à la base. GALIUM PAPILLOSUM Lap. Panicule très-ample, obliquement ovale; rameaux nombreux dressés-étalés, rigides, terminés par des corymbes àdivisions dressées-étalées et à fleurs assez rapprochées. Pédicelles fructifères dressés, peu éta- lés. Corolle petite très-blanche; à lobes elliptiques oblongs terminés parune pointe presque nulle. Fruit rembruni, finement granulé, assez petit. Feuilles ver- ticillées par 8 -10 , linéaires ou oblongues-linéaires , mucronées , élalées ou réfléchies , à nervure dorsale saillante, à bords rudes munisde petitsaiguillons éta- lés, d’un vert blanchâtre très-clair , glabres , souvent très-rudes sur la face supérieure ou hispidules dans le bas, couvertes , surtout les feuilles anciennes, de petites papilles blanches très-brillantes. Tiges pani- culées presque dès la base, souvent nombreuses et entre-croisées , couchées et filiformes à leur base, dressées-étalées , contournées, assez raides, à arti- culations éloignées, souvent brisées dans le bas, à anoles saillants lisses ou très-rudes, glabres et Jui- santes, ou pubescentes vers la base comme les feuil- les. Souche compacte, rarement un peu radicante. 302 Racine brune, filiforme. Plante de 2 à 3 déc., d’un vert blanchàtre, luisante. Cette espèce est fort commune dans les Pyrénées- Orientales , où elle croît dans les lieux secs et pier- reux des terrains calcaires. Je l’ai récoltée notamment à la Trancade d’Ambouilla près Villefranche, où elle a été indiquée par Lapeyrouse. Elle fleurit en juin. Elle se distingue du G. intertextum en ce qu’elle est plus robuste, plus ailongée et moins ramassée dans toutes ses parties. Les rameaux de la panicule sont fort longs, toujours dressés-étalés et moins composés. Les feuilles dépassent souvent 2 cent. en longueur, tandis que dans l’éntertextum elles atteignent rarement 1 cent.; elles sont aussi plus larges ; leur nervure est plus saillante et leurs bords sont plus rudes ; leur surface est couverte de papilles bien plus visibles et plus blanches. Toute la plante est plus luisante. C’est sans contredit une belle et bonne espèce qui était assez clairement indiquée dans Lapeyrouse, Abr. Pyr. p. 66, pour ne pas mériter l'oubli dans lequel elle est tombée. GALIUM SYLYESTRE Poll. Panicule irrégulière, obliquement ovale-oblon- gue; rameaux dressés-étalés, écartés, peu nombreux, peu composés, terminés par des corymbes dressés, à fleurs rapprochées et assez denses. Pédiceiles 303 fructifères dressés - étalés, assez courts. Corolle blanche , à lobes étalés, ovales, aigus. Frait rem- bruni, légèrement granulé, assez petit. Feuilles verticillées par 7-8, d’abord dressées , puis éta- lées, linéaires, mucronées, assez minces, à ner- vure dorsale fine et saillante, à bords munis de petits aiguillons souvent nuls dont les inférieurs sont dirigés en bas, d’un vert clair, finement pubes- centes, surtout dans le bas , ou glabres. Tiges grèles, allongées, diffuses, couchées et filiformes à la base, ascendantes un peu flexueuses, redressées au som- met , à angles très-fins, souvent un peu renflées aux articulations , finement pubescentes dans le bas ainsi que les feuilles, ou entièrement glabres. Souche grêle, un peu radicante. Racine filiforme, peu ra- meuse, garnie, ainsi que le bas de la souche et les sto- lons, d’un amas de fibres capillaires d’un brun rou- geàtre. Plante de 2 à 3 déc., pubescente ou glabre. Il'est commun à Lyon et dans tout le nord de la France, d'où je l'ai reçu de nombreuses localités ainsi que de l’Allemagne ; mais on ne le trouve pas fréquemment dans les régions méridionales de la France, où il est remplacé par de nombreuses espèces qui seraient depuis longtemps connues et décrites pour la plupart si elles existaient également dans les contrées du nord. Il fleurit en juin, et vient dans les lieux secs, parmi les bois. La corolle est d'un blanc pur, à lobes étalés, mais non déjetés. 304 Les anthères sont assez grosses et d’un beau jaune. Les styles sont assez courts, profondément séparés, d’abord rapprochés puis un peu écartés, à stigmates Jarges et arrondis. L’ovaire est arrondi-obové , et égale presque en longueur les lobes de la corolle, avant leur épanouissement. Les feuilles sont étroites el assez longues, mais plus courtes et plus larges dans le bas, comme dans toutes les espèces. Les liges sont toujours diffuses et ascendantes ; elles sont quelquefois très-nombreuses, mais ne forment pas destouffes inextricables comme dans plusieurs autres espèces. Les caractères indiqués distinguent suffi- samment celte plante de toutes celles que j'ai déjà décrites. Elle ne peut être confondue avec les es- pèces dont la panicule est très-composée et dont les fleurs très-petites et très-nombreuses sont dispo- sées en corymbes diffus, telles que les G. rubrum L. et myrianthum(N.) qu’on peut prendre pour lypes parmi les espèces à corolles aristées, ou telles que les G. collinum (N.) et Timeroyt (N.), parmi celles dont la corolle est mutique. Elle est certainement plus voisine des G. intertextum (N.) et papillosum Lap.; mais ces plantes ont un port et un aspect si différents , que je ne crois pas qu’on puisse les con- foudre avec elle, pour peu qu’on les observe avec attention et sur des exemplaires un peu complets. J'ai reçu de M. Thomas, sous le nom de G. sy/ves- tre Poll. var. glabrum el var. austriacum , prove- 305 nant des environs de Bex (canton de Vaud), plu- sieurs exemplaires d’un Galium qui me parait une espèce distincte du G. sylvestre Poll. et que je nom- merai G. Thomasi. Sa panicule forme une grappe allongée, assez régulièrement décroissante au som- met , ce qui lui donne quelque ressemblance avec le G. concinnum (N.). Les rameaux sont dénudés à la base, racémiformes au sommet , et les petits co- rymbes terminaux sont rapprochés et très-denses. Les pédicelles fructifères sont très-courts el fort peu étalés. La corolle paraît très-blanche, plus petite que celle du sylvestre, à lobes simplement aigus. Les feuilles sont verticillées par 8-10, dressées-étalées , allongées, linéaires, assez étroiles et égales dans leur forme, peu épaisses, à nervure saillante, à bords munis d’aiguillons fins courbés en dessus ou étalés, finement pubescentes ou glabriuscules. Les tiges ont le port du G. syWestre et paraissent également diffuses et ascendantes, mais elles sont plus alion- gées, à angles plus saillants, et de même un peu rudes et finement pubescentes. Je r’ai pas vu la ra- cine. Cette plante qui est caractérisée surtout par la forme de sa panicule, la petitesse et la disposition de ses fleurs, et par ses feuilles étroites et nombreu- ses, sera retrouvée probablement sur quelques points des montagnes du Dauphiné. 306 GALIUM COMMUTATUM (N.). Panicule assez ample, obliquement ovale; ra- meaux dressés-étalés, terminés par des corymbes assez ouverts et à fleurs nombreuses un peu écar- tées. Pédicelles fructifères assez étalés , courts. Co- rolle très-blanche, assez petite, à lobesovales-oblongs très-étalés, un peu déjetés, terminés par une pointe assez prononcée. Fruit à la fin d’un gris noirâtre, un peu chagriné, de grosseur moyenne. Feuilles verti- cillées par 7-8, dressées-étalées, étroites, linéaires, acuminées, mucronées, assez épaisses, à nervure dorsale large non saillante à l’état frais et un peu relevée à l’état sec, à bords presque entièrement lisses, d’un beau vert, ordinairement très-glabres. Tiges nombreuses, diffuses, couchées et filiformes à la base, ascendantes redressées, à nœuds peu ren- flés, à angles assez saillants, un peu luisantes, pres- que toujours entièrement lisses et glabres. Souche grêle, un peu radicante. Racine filiforme. Plante de 1 à 2 déc., d’un vert gai, uu peu luisante. Cette espèce vient à Lyon, dansles pâturages secs et parmi les bois. Elle est probablement très-répan- due et confondue avec le G. sylvestre Poll. Elle fleurit en juin. Ses fleurs sont plus nombreuses que dans le sylvestre, et moins ramassées. La corolle est un peu plus petite, à lobes plus visiblement mucro- 307 nées, àombilic plus déprimé, ce qui lui donne u forme moins rotacée. Les anthères sont d’un jaune plus pâle, et moins arrondies. Les stigmates sont de moitié plus petits. Les feuilles sont d’un plus beau vert, plus étroites et plus courtes, bien plus épais- ses, à nervure nullement saillante sur le frais, et dans cet état paraissant occuper plus de la moilié du limbe. Les tiges sont lisses et luisantes, plus re- dresséeset plus basses que dansle sylestre. Ces deux plantes cultivées l’une à côté de l’autre conservent un aspect très-distinct et présentent des différen- ces notables dans tous leurs organes. Gaziuu LÆvE Thuil. Panicule appauvrie, irrégulière, oblique; rameaux dressés-étalés, flexueux, terminés par des corÿymbes lâches pauciflores. Pédicelles fructifères dressés , un peu étalés , assez longs. Corolle assez grande , très- blanche; à lobes ovales-elliptiques terminés par une pointe très-courte. Fruit à la fin d'un gris noi- râtre un peu chagriné, assez gros. Feuilles verticil- lées par 6-7 , trés-étalées ou réfléchies , linéaires ou oblongues-linéaires, mucronées, assez minces, à nervure dorsale peu épaisse et saillante vers le bas, lisses sur les bords ou munies de quelques cils rares, d’un beau vert, ordinairement très-glabres. Tiges diffuses, couchées et filiformes à la base, ascendan- 308 tes, redressées, souvent brisées, mais peu renflées aux articulations, ordinairement tres-lisses. Souche grêle, stolonifère, peu compacte. Racine d’un brun rougeâtre. Plante de 4 à 2 déc., glabre et un peu luisante. Il croit aux environs de Lyon, surles collines et parmi les bois. Je lai récolté sur divers points de la France centrale et aux Pyrénées. Il fleurit en juin. Les rameaux de la panicule sonttrès-peu com- posés. La corolle est étalée en roue régulièrement , n'étant ni relevée ni déprimée à l’ombilic ; les lobes sont à la fin un peu convexes. Les anthères sont ova- les et d’un jaune päle. Les styles sont dressés et rapprochés. Les feuilles sont rarement au nombre de 8, le plus souvent 6 aux verticilles, et la plupart réfléchies. Thuilier dit les feuilles suboctonees, ce qui va mieux au G. sylvestre et au G. commula- turn. Malgré cela, je ne doute pas que cette plante ne soit bien celle qu’il ait voulu décrire, étant pau- ciflore et à feuilles assez larges, comme il le dit dans sa description. Elle se distingue du G. commutatum et du G. sylvestre en même temps par sa panicule pauciflore, à rameaux plus flexueux, à pédicelles plus allongés, et à fleurs plus grandes. Ses fruits sont aussi plus gros que dans ces deux espèces. Ses feuilles sont un peu moins nombreuses, plus larges, plus souvent réfléchies, moins aiguës au sommet et à pointe plus courte, rétrécies davantage à la base. 309 Les anthères sont d’un jaune plus päle que dans le G. sylvestre et plus grosses que dans le G. commur- tatum. Les stigmates sont plus larges que dans ce dernier et plus rapprochés. Les feuilles sont aussi moins épaisses et bien moins acuminées. Ces trois espèces sont très-voisines et souvent difficiles à distinguer sur le sec, lorsqu'on n’observe que des fragments incomplets ; mais elles sont cer- tainement différentes. Ce qui ajoute à la difficulté qu’on peut éprouver à les distinguer, c’est qu'il existe encore d’autres espèces que l’on confond avec elles dans les herbiers, et que je ne crois pas encore assez bien connaître pour les signaler ici, ne voulant pas mêler le certain à l’incertain. GALIUM ARGENTEUM Vill: Panicule régulièrement ovale ou souvent resser- rée, très-ferme; rameaux dressés-étalés, raides, ter- minés par des corymbes assez ouverts à fleurs un peu lâches. Pédicelles fructifères dressés-étalés, assez longs. Corolle blanche, assez grande, un peu concave ; à lobes très-étalés, ovales-oblongs , acu- minés sans arêle. Fruit rembruni, finement gra- nulé, assez gros. Feuilles verticillées par 6-8, très- étalées , linéaires ou oblongues-linéaires, fermes, mais peu épaisses , à nervure dorsale très-saillante à l’état frais ; à bords rudes, munisd’aiguillons épars, 21 310 les inférieurs tournés en bas , allongés très-fins et très-aigus ouavortés et presque nuls; d’un beau vert clair, souvent un peu rudes sur la face supérieure, presque toujours très-glabres, couvertes de petites papilles luisantes et un peu jaunâtres, Tiges disposées en touffes làches, dressées-étalées presque dès la base, un peu flexueuses, mais raides, jamais diffuses, à an- gles saillants , glabres et luisantes comme les feuil- les, quelquefois un peu rüdes dans le bas. Sou- che petite, rameuse, légèrement radicante. Racine filiforme, grisâtre. Plante de 2 déc., élégante, glabre et luisante. Cette belle espèce vient dans les Hautes-Alpes. Je Jai du col du Lautaret, du Mont-Aurouse et de Rabou pres Gap d’où je l’ai rapportée vivante dans mon jardin. Elle fleurit en juin. Les corolles ne sont pas d’un blanc très-pur; elles paraissent un peu concaves , étant notablement déprimées à l’ombilic ; les lobes se déjètent un peu en dehors vers la pointe. Les anthères sont grosses, d’un très-beau jaune. Les styles sont divergents à partir du milieu et sou- dés en dessous. L’ovaire est arrondi-obové , deux fois plus court que les lobes de la corolle. Les feuilles sont plus ou moins étroites , rigidules; elles parais- sent veinuleuses à l’état frais ; les papilles dont leur surface est couverte sont brillantes, mais moins blanches que dans le G. papillosum. Lap. Les tiges sont assez égales, et ne sont: pas couchées et allon- 311 gées dans leur partie inférieure, comme dans beau- coup d’autres espèces, mais partent assez brusque- ment d’une souche rameuse. Le G. argenteum me paraît assez bien décrit et très-reconnaissable dans Villars, Flore du Dauph. 2, p. 318. Seulement les rameaux de la panicule sont souvent plus écartés qu’il ne le dit, surtout sur les exemplaires cultivés. On rapporte générale- ment la plante de Villars, en synonyme, au G. al- pestre R. et Sch.— sybestre var. alpestre Gaud., mais j'ai lieu de croire que ce rapprochement est très-inexact, et je pense que ceux qui liront avec attention les descriptions données par Villars , de- meureront convaincus, comme moi, que son G. ar- genteum est une tout autre plante que le G. alpes- tre, tandis que son G. anisophyllum est absolument la même chose que cette dernière espèce. Avant d’indiquer ses caractères, je vais d’abord donner la description d’une espèce des Pyrénées qui me parait devoir être placée entre le G. argenteum Vill. et le G. anisophyllum Vill. Gazrum LaPeyROUSIANUM (N.). Panicule étroite et courte, obliquement ovale- oblongue, racémiforme; rameaux courts, peu nom- breux , à fleurs disposées en corymbes très-irrégu- liers et très-denses. Pédicelles fructifères dressés , rapprochés. Corolle blanchâtre , assez grande ; à 312 lobes étalés, ovales oblongs, terminés par une pointe très-courte. Fruits brunâtres, presque lisses, très-fine- ment chagrinés, de grosseur moyenne. Feuilles ver- ticillées par 7-9, dressées-étalées, linéaires ou ellip- tiques-linéaires, mucronées, à nervure dorsale un peu saillante,à bords rudes très-garnis d’aiguillons aigus la plupart dirigés en haut, d’un vert peu foncé, couvertes d’une pubescence fine et molle ou souvent enlièrement glabres. Tiges très-brièvement couchées à la base, dressées, assez fermes, paniculées seule- ment vers le haut, à angles assez fins, très-souvent rudes et pubescentes surtout dans le bas, quelquefois lisses. Souche grêle, ramifiée, brièvement radicante. Racine filiforme, grisâtre. Plante de 1 à 2 décim., pubescente ou glabriuscule. Cette espèce est très-commune dans les Hautes- Pyrénées où je l’ai récoltée dans presque toutes les localités que j'ai visitées, notamment aux environs de Barège , au pic d’Ereslid, au pic de Midi, à Ga- varole, elc. Elle me paraît surtout remarquable par ses fleurs très-serrées et disposées comme en ombelle au sommet des rameaux de la panicule qui sont peu allongés et n’occupent que la partie supérieure de la plante. Les feuilles sont moins étalées que dans l'argenteum et n’ont jamais le même éclat ni lemême vert, lors même qu’elles sont glabres. Les tiges ont les angles moins saillants. Les fleurs et les fruits sont bien plus rapprochés. Toute la plante a un aspect très-différent. 313 Cette plante est sans aucun doute le G. pusillum Lap. Abr. Pyr. p. 63, car il est fort commun dans les localités qu’il indique. Il a bien les tiges simples et droites, les feuilles octonées nervées aristées, comme il le dit. Il est velu ordinairement, avec une variété glabre, ainsi qu'il l’observe. C’est donc bien certainement sa plante, mais non le G. pustllum 1. qui est une toute autre plante; c’est pourquoi j’ai cru devoir le nommer G. Lapeyrousianum. a. Gazium AnisopHyLLUM Vill. PI. 6, fig. B. 1 à 5. Panicule obliquement ovale ; rameaux dressés-éta- lés, les inférieurs allongés,souvent presque de niveau avec les supérieurs, terminés par des corymbes om- belliformes à fleurs assez rapprochées. Pédicelles fructifères dressés, un peu étalés. Corolle d'un blanc pur, assez grande, très-plane; à lobes larges, ovales, terminés par une pointe très-courte. Fruits brunä- tres, presque lisses, assez gros. Feuilles verticillées par 6-8, assez étalées, elliptiques-linéaires, très-rétrécies du bas, brièvement mucronées, à nervure dorsale très-fine et non saillante, à bords lisses ou munis de quelques cils épars dressés ou quelquefois tournés en bas, d’un beau vert, devenant jaunes ou un peu noirâtres en séchant, très-glabres. Tiges couchéeset filiformes à la base, redressées, rigidules, paniculées souvent dès leur partie inférieure, à angles assez sail- 514 lants, très-lisses. Souche grêle, rameuse, un peu ra- dicante. Racine filiforme, Plante de 1 à 4 1/2 décim., très-glabre, devenant jaunâtre ou un peu noire en séchant. Il est fort commun dans les Alpes, aux environs de Grenoble et de Gap. Je l’ai recueilli notamment à la Grande-Chartreuse où il abonde. Il fleurit en juin et juillet. La corolle est ouverte en roue exactement, et très-plane. Les anthères sont d’un jaune très-pâle, presque blanches. Les styles sont courts, à la fin un peu divergents. Les feuilles sont assez épaisses et point veinuleuses à l’état frais, mais paraissent min- ces après la dessiccation; elles sont planes en-des- sus avec un très-léger sillon depuis la base jusqu'aux deux tiers de leur longueur; la nervure dérsale n’est un peu visible que sur le sec et seulement vers la base. Les jeunes feuilles noircissent un peu en sé- chant, tandis que les feuilles plus anciennes restent Jaunâtres. Le nombre des feuilles varie de 6 à 8, mais l’on trouve des individus où iln’y en a pas plus de 6 à chaque verticille. Les G. argenteum VNill., Lapeyrousianum (N.) et anisophyllum Vill. sont sans contredit trois bonnes espèces. J'ai cultivé l'argenteun et l’anisophyllum, et leur aspect, comme leurs caractères, m’a paru bien tranché. Le G. anisophyllum est fort voisin du G. Lapeyrousianum, mais cependant tres-facile à reconnaître à cause de son feuillage qui jaunit ou 315 noircit par la dessiccation. Sa panicule est plus am- ple, relativement à la hauteur de la tige,et les rameaux inférieurs s’allongent bien davantage. Les fleurs sont disposées en ombelles un peu moins denses, et les pédicelles sont plus longs. Les feuilles sont très-dis- uinctes par la nervure dorsale bien plus fine et la pubescence paraissant constamment nulle. Elles sont aussi plus inégales entre elles, moins rétrécies au sommet et davantage à la base, à mucron plus court, un peu moins nombreuses aux verticilles. Les tiges sont également très-droites, mais plus longuement couchées à la base et forment des touffes plus là- ches; elles sont toujours très-lisses. Le G. anisophyllum Nil. me paraît exactement la même plante que le G.'sylvestre var. alpestre Gau- din F1. helv. 1, p. 429. Je crois que le G. sudeticum Tausch, Flora vol. 18, p.347, doit lui être rapporté, d’après les exemplaires que j'ai pu examiner. Le G. Boccont All. F1. ped. 24, doit être aussi, à mon avis, rapporté au G. anisophyllum Vill., car l’auteur lui indique pour localités les Alpes, et dit qu’il abonde au Mont-Cenis, ce qui n’est pas vrai du G. sylvestre Poll., ni du G. lœve Thuil, ni des di- verses espèces rapportées par les auteurs au G&. Boc- coni AIl. Plusieurs auteurs ont rapporté le G. ani- sophyllum Nill. au G. lœve Thuil; mais le G. lœve est couché et diffus, et si l’on s’en tient à la descrip- tion de Villars comme on doit le faire, on ne peut 316 hésiter à distinguer l’anisophyllum du lœve, puisque d’après Villars le premier a les tiges droites, caule erecto, etlesecond qui est le même que son G. r1on- tanum est caule diffuso. Dans la description de son G. montanum il observe qu’il diffère du G. aniso- phyllum par ses tiges couchées par terre ou très- inclinées, et par ses feuilles plus vertes et plus poin- tues ; ce qui est très-yrai du G. /œve. Je crois bien que Villars a pu comprendre dans son G. montanum le G. sylvestre Poll. et d’autres formes, mais la des- cription qu’il donne convient assez bien au G. /œve. J'arrive à la description d’une autre espèce Villar- sienne qui, de toutes peut-être, a eu le plus malheu- reux sort, puisqu'elle a été rapportée par nos au- teurs à une espèce d’une autre section du genre, quoique Villars ait donné sur elle des détails très- circonstanciés. GaLIUM TENUE Vill. PI. 6, fig. c, À à 5. Panicule oblique, ovale-oblongue, racémiforme; rameaux dressés, un peu étalés, à fleurs disposées en petits corymbes très-inégaux et irréguliers. Pédi- celles fructifères dressés, un peu étalés. Corolle blan- che, petite, très-plane ; à lobes elliptiques-oblongs, aigus. Fruit à la fin rembruni, presque lisse , petit. Feuilles verticillées par 6-7, dressées-étalées, linéai- res, mucronées, un peu épaisses, à nervure dorsale 317 assez large et un peu saillante vers la base, à bords très-lisses, d’un vert clair, un peu luisantes et trés- glabres. Tiges gréles, couchées, filiformes et radi- cantes dans leur partie inférieure, redressées, rigi- dules , à angles assez fins, très-lisses et très-slabres. Souche très-grêle, radicante. Racine filiforme , très- menue. Cette espèce croît sur les rochers des Alpes. Je l’ai récoltée à la Grande-Chartreuse, au sommet du grand Son où elle est indiquée par Villars, et au Col du Lautaret. Je l’ai aussi trouvée dans les montagnes du Bugey, au mont Colombier (Ain). Elle fleurit dans mon jardin vers la fin de juin, comme le G. anisophyllum, et en juillet et août sur les montagnes. Les rameaux inférieurs de la panicule n’atteignent pas les supérieurs, et leur développement est souvent très-inégal, plusieurs restant courts et comme avortés. Les anthères sont d’un assez beau jaune. Les styles sont assez allongés et soudés jus- qu’au milieu. Les stigmates sont blanchâtres, très- petits. Le G. tenue Vill. me paraît très-voisin du G. ani- sophyllum Nill. et par conséquent n’avoir avec le G. divaricatum Lam. auquel on l’a réuni d’autres rapports que ceux du genre. Il se rapproche aussi du G. argenteum Vill. et surtout du G. Jussiæi Vil., comme l’observe Villars. Cultivé à côté du G. ani- sophyllum, il se montre constamment plus petit et 318 surtout plus grêle dans toutes ses parties. Sa pani- cule est plus racémiforme,et les rameaux ne se nivel- lent pas autant. Les fleurs sont un peu moins serrées et moins nombreuses, de moitié plus petites environ, à anthères jaunes et non blanchâtres, à styles plus allongés. Les fruits sont plus petits. Les feuilles sont moins étalées, moins inégales entre elles et plus égales dans leur forme, plus aiguës au sommet et terminées par un mucron du double plus allongé ; leur nervure est bien plus épaisse et très-luisante ; leur couleur se conserve en séchant ou jaunit beau- coup moins. Les tiges sont de moitié moins épaisses et tout-à-fait filiformes à la base ; elles sont souvent presque isolées parmi les rochers et dans la mousse; mais dans un terrain plus fertile elles croissent en touffe et sont assez nombreuses. Le G* Jussiæi Vill. Dauph. 2, p. 323, n'est cer- tainement pas la même plante que le G. cæspitosum Ram. Ac. sc. 1826, p. 155. Ce dernier est une char- mante espèce, commune sur les sommités pyré- néennes, au Pic de Midi, et ailleurs aux environs de Barèges et Cauterets, que je n’ai jamais rencontrée dans les Alpes du Dauphiné, ni vue d’aucune loca- lité de cette région. Elle est tout-à-fait naine et semblable à une mousse, ses tiges étant couchées et entre-lacées en touffes très-denses et très-molles; elles se divisent en un grand nombre de petits ra- meaux qui sont couverts de feuilles à verticilles très- 319 rapprochés, et qui émettent à leur partie supérieure quelques pédoncules à une ou trois fleurs souvent presque dépassés par les feuilles. Celles-ci sont très- étroites et très-acuminées , fort petites, assez épais- ses à l’état frais, très-minces et molles à l’état sec, à nervure dorsale très-fine à peine un peu saillante tout-à-fait à la base, d’un beau vert, devenant jaunes etnoirâtres par la dessiccation comme dans l’aniso- phyllum , glabres et luisantes. 11 me semble que ja- mais Villars n'aurait pu dire de cette plante qu’elle a les fleurs en ombelle ni qu’elleressemble au G. tenue, car elle ne lui ressemble pas du tout. J'ai trouvé au col du Lautaret, au Mont-Cenis, le long des tor- rents au Bourg-d'Oisans , à Briançon et dans le Quey- ras, une forme du G. tenue à fleurs un peu plus ra- massées, à feuilles un peu plus nombreuses aux verticilles et paraissant véritablement convexes des deux côtés, même à l’état sec,à cause de leur consistance épaisse et de la nervure qui ne se dé- tache pas du limbe. À mon avis, cette plante n'est que le G. tenue des Alpes granitiques. Je crois aussi que c’est le G. Jussiæi Vill. parce que je n’ai vu des localités citées par Villars aucune autre plante qui puisse répondre mieux à la description et à la figure qu’il a données. Cette figure, selon moi, n'offre aucune ressemblance , quant à la disposition des fleurs, avec le G. cœspitosum Ram. Le G. tenue Vill., surtout la forme qui est le G. 320 Jussiri Vil, marque le passage du G. anisophyllum Vill. au G. pumilum Lam. ; mais il est également trés-distinct de l’un et de l’autre. Le G. pumilum Lam. se présente sous deux for- mes. La première, qui est le G. pusillum L. Sp. 154, habite les montagnes escarpées du midi de la Pro- vence aux environs de Marseille et de Toulon. La seconde qui est le G. Aypnoïdes Vill. Dauph. 2, p. 323, croit dans les Alpes dela Provence et du Dau- phiné. Je lai récoltée an mont Ventoux, au mont Aurouse,elc. La première n’est pas toujours hispide, comme elle est décrite dans Linné; mais ses feuilles sont le plus souvent munies sur leurs bords d’aigui- lons épars, très-aigus, courbés en bas; elles sont verticillées par 7, linéaires - sétacées ou elliptiques- linéaires dans le bas, très-petites, longues de 2 à 5 mill. , à nervure dorsale épaisse et très-saillante, longuement aristées au sommet. Les liges sont cou- chées à la base et redressées , très-nombreuses, for- mant d’amples gazons sur les rochers, terminées par des grappes courtes ombelliformes. Les fleurs sont blanches, fort petites. Les styles sont très-courts. La seconde forme est d’un vert plus jaunûtre. Les tiges sont très-denses et plus rigides. Les feuil- les sont plus rigides, un peu plus longues ; leur servure est encore plus épaisse et occupe une grande partie du limbe; la pointe qui les termine est plus longue ; leur bord est presque toujours lisse ainsi 321 que toute la plante. Les fleurs sont plus grandes et moins nombreuses , et portées sur des pédicelles plus allongés. Les styles sont plus longs, et les fruits paraissent plus gros. La souche paraît plus compacte et n’émet aucun stolon. La racine est un peu moins grêle. Malgré les différences que je viens d’énumérer, ces deux plantes se ressemblent tellement queje doute qu’elles fassent deux espècesdistinctes. C’estune ques- Lion qui ne pourra être résolue que par la culture dans des conditions identiques et l’étude sur le frais. Le G. pyrenaicum Gou. est très-voisin du G. pu- milum Lam., mais bien caractérisé par ses pédon- cules uniflores, plus courts que les feuilles qui dépassent souvent la fleur et dont la nervure est fine très-peu saillante. On pourrait plus facilement le confondre avec le G. cæspitosum Ram. dont j'ai parlé tout-à-l’heure et qui lui ressemble beaucoup. Ce dernier est beaucoup plus grêle, plus couché, et à fleurs plus nombreuses; il noircit en séchant, tandis que le G. pyrenaicum devient d’un jaune très- clair presque argenté. Il me reste, pour terminer cette revue des es- pèces de la section £ugalium , peu de choses à dire des G. helveticum Weiïg., Villarsii Req. et harcy- ricum Weig.; qui sont des espèces fort distinctes et généralement bien connues. Le G. helveticum Weiïg. est remarquable par ses fleurs d’un blanc jaunâtre, peu nombreuses, dispo: 322 sées en petites ombelles qui dépassent à peine les feuilles. Ses fruits sont plus gros que dans les espèces qui précèdent, à la fin rembrunis ,et presque lisses. Ses feuilles sont planes, assez larges, souvent obtuses au sommet, légèrement mucronées ou presque mu- tiques , un peu charnues, à nervure très-fine et peu visible , à bords munis de petits cils épars et étalés. Ses tiges sont très -rameuses ; couchées et rampan- tes, les florifères un peu redressées, vrdinairement lisses et glabres. Quoique les tiges soient souvent radicantes à leur partie inférieure, elles partent toutes d’un même point au collet de Ja racine, et la souche est très-compacte. La racine est assez épaisse et dure. Il est ordinairement très-petit sur les rochers, mais il s’allonge beaucoup parmi les graviers des montagnes et le long des torrents. J'en ai récolté au Col de l'Arche (Basses-Alpes) des exem- plaires dont les tiges ont près de 2 déc. de long et forment des touffes de 4 déc. de diamètre; elles sont un peu rudes comme le bord des feuilles. Les exem- plaires récoltés dans les montagnes granitiques con- servent ordinairement leur couleur verte en séchant; mais ceux des montagnes calcaires jaunissent ou même noircissent un peu, ce qui les fait ressembler à ceux du G. anisophyllum Vill. Ils sont alors pro- bablement le G. baldense Spreng. qui ne me semble différer du G. kelveticum que par la couleur qu'il prend en séchant. 323 Le G. Pillarsi Req. a comme le G. helveticum les fleurs disposées en petites ombelles très-courtes qui dépassent à peine les feuilles, et qui sont formées de deux ou trois pédoncules inégaux terminés cha- cun par une, deux ou trois fleurs. La coroile est blanche, grande, à lobes elliptiaues-chlongs. Les anthères sont d’un jaune päle et oblongues. Les styles sont séparés jusqu’au-delà du milieu et fort courts. Le fruit est lisse ,et du double plus gros que celui de l’hebveticum qui est déjà très-gros. Les feuilles sont verticillés par 6, linéaires, très-épaisses, comme charnues , à nervure peu visible, terminées par une pointe calleuse, lisses et glabres. Les tiges sont très- rameuses , filiformes et longuement rampantes dans leur partie inférieure, redressées au sommet, grêles, flexueuses , très-lisses. La souche est très-rampante et ligneuse. La racine est filiforme, mais assez forte. Toute la plante est glabre et devient noirätre en sé- chant. 1l vient parmi les menus débris des rochers, vers le sommet des grandes montagnes calcaires du Dauphiné et de la Provence, au Mont-Aurouse (Hau- tes-Alpes) , au Glandas près Die (Drôme) , au mont Ventoux ( Vaucluse), etc. Le G. cometerrhizon Lap. me parait la même plante à fleurs plus petites et à feuilles plus courtes. Le G. Larcyricum Weïg. a les fleurs blanches dis- posées en petites grappes composées, terminales, Les fruits sont granulés d’une manière très-visible. Les 32 4 feuilles sont ovales ou spatulées, obtuses, mucro- nées, minces, à nervure fine, à bords munis d’ai- guillons. Les tiges sont très-rameuses, couchées sur terre, ou redressées quandellesdoivent fleurir. Toute la plante est glabre, et noircit en séchant. Cette es- pèce me paraît marquer le passage de la section Eugalium à la section Aparine. En considérant les espèces françaises de la section Eugalium que je viens de décrire sous le rapport de l'ensemble des caractères et du facies, on peutles dis- tribuer en dix groupes disposés de la facon suivante: 1. syloaticum L., lœvigatum L: 2. elatum Thuil., erectum Huds. , corrudæfo- lium Nill., cénereum AÏL., venustum \N.). 3. corsicum Spreng, rubrum L. , rubidum (N). Prostit (N.), myrianthum (N.). luteolum {N.). al- picola (N.), brachypodum (N.). lœtum (N). 4. collinum (N.\, scabridum (N.), Timeroye(N.). implexum (N.). ®. intertextum \N.), papillosum Lap. 6. Thomasi(N.).sylvestre Poll., commutatum. (N); lœve Thuil. 7. argenteum VNill., Lapeyrousianum (N.), ani- sophyllum NVill., tenue Vill. 8. pumilum Lam., pyrenaicum Gou., cœæspito- sur Ram. 9. Lelveticum Weiïg., Villarsit Req. 10. harcynicum Weig. 325 La section Æparine du genre Galium est caracté- risée, selon l’observation de M. Tausch, dans le Flora od. bot. Zeit. vol. 18,.p. 338, par l’évolution des fleurs qui a lieu d’une manière successive à partir du bas de la grappe, les fleurs les plus infé- rieures s’épanouissent les premières; mais ce carac- tère ne me parait pas très-marqué chez le G. pa- lustre L. et quelques autres espèces dont les fleurs se développent à peu près comme chez celles de la section £Eugalium. Les Aparine forment plusieurs groupes très-natu- rels. Le premier qu’on pourrait nommer Aparinoi- des comprend desespèces vivaces dontl’inflorescence est généralement paniculée. 11 n’est représenté dans nos flores que par deux espèces : le G. palustre L. et le G. uliginosum L. Mais il est évident, pour ce- lui qui ne se borne pas à étudier les plantes seule- ment dans les livres, qu’il en renferme un plus grand nombre. Nos auteurs n’ayant pu les distin- guer, ont imaginé, pour tirer d’embarras les Bota- nistes et peut-être aussi pour masquer leur igno- rance, d'attribuer au G. palustre L. une faculté de varier exceptionnelle. Cette supposition gratuite une fois admise comme une vérité, on est porté natu- rellement à négliger ce qui devrait être le sujet des études les plusintéressantes ; car pour l’observateur qui cherche avant tout la fixité, rien n’est fasti- dieux comme l’étude des formes qui n’en présen- 22 326 tent aucune. C’est ainsi qu'en faisant passer une manière de voir, une hypothèse, pour un fait, on anéantit tout progrès dans la science. Le G. palustre L. se présente à Lyon, et proba- blèment partout, sous deux formes qui sont deux espèces distinctes. L'une plus grêle est le véritable G. palustre L.; l’autre plusrobuste, qui est le G. pa- lustre Var. elatius de nos flores, me paraît la même plante que le G. elongatum Presl. — maximum Mo- ris. Ces deux plantes sont très-communes et crois- sent souvent péle-mêle dans les fossés et les maré- cages. Je les ai observées notamment l’une et l’au- tré dans des mares, aux Charpennes près Lyon, où elles croissent ensemble, à découvert, et en im- mense quantité. Le G. palustre était en pleine fleur, tandis que l’autre espèce n’offrait pas une seule fleur épanouie. Quelque temps après, étant retourné au même lieu, j'ai trouvé le G. elongatum en pleine fleur; mais le G. palustre avait comme complète- ment disparu, ses tiges n'offrant pas une fleur ou- verle el étant cachées sous les toufles beaucoup plus élevées du G. elongatum. La conclusion évi- dente de ce fait était que les deux formes étaient deux véritables espèces. Aussi, (comme cela ne pou- vait manquer d’arriver) la culture par semis est venue à l’appui de cette conclusion. Les deux plan- tes se sont montrées invariables dans leurs caractè- res, etm'ont paru différentes dans toutesleursparties. 327 Le G. palustre peut être ainsi caractérisé : Pani- cule grêle, lâche, allongée, un peu flexueuse ; ra- meaux d’abord dressés, puis étalés à angle droit , à Ja fin déjetés, terminés par de petites grappes d’a- bord dressées, corymbiformes, à la fin très-diffuses, divariquées et comme tronquées en dessus. Pédicel- les fructifères étalés À angle droit. Fruit brun, finement chagriné, petit. Corolle blanche , assez petite, planiuscule; à lobes ovales elliptiques, aigus. Feuilles verticillées par 4-5, étalées, courtes, ellipti- ques-oblongues, plus ou moins larges, minces, à vervure très-faible, lisses ou un peu rudes en des- sus et sur les bords, très-glabres, d’un vert clair, devenant noirâtres en séchant. Tiges grêles , très- nombreuses , dressées, flexueuses , couchées et un peu rampantes à la base, lisses ou un peu rudes sur les angles. Souche très-grêle, rameuse et radicante. Plante de 2 à 4 déc. Le G. elongatumn Presl. diffère du précédent par la panicule plus ferme , à rameaux à la fin très-éta- lés , mais non déjetés ; les corymbes à la fin diffus mais non tronqués supérieurement , les branches n'étant pas déjetées. La corolle est du double plus grande. Les fruits sont plus gros du double, plus fortement chagrinés, et d’un brun légèrement pur- purin. Les feuilles sont plus grandes et plus allon- gées dans leur forme, elliptiques-linéaires, verticil- lées par 4-6, à nervure plus saillante, à bords sou- 298 vent très-rudes et munis de deux rangs d’aiguillons tournés les uns en haut et les autres en bas. Les ti- ges sont faibles, mais bien plus épaisses et plus al- longées , alteignant depuis 3 jusqu’à 10 déc.; elles sont bien plus longuement rampantes à la base, et viennent en touffes moins denses. La souche est trés-radicante et moins grêle. Ces deux espèces fleurissent depuis la fin de mai jusqu’en août, selon le lieu où elles croissent. Mais le G.elongatum Presl. est plus tardif d’au moins trois semaines , lorsqu'il est placé dans les mêmes condi- tions. Je l’ai observé non-seulement à Lyon, mais dans beaucoup de localités du midi de la France et en Corse. Le G. maximum Moris, d’après les échan- tillons de Sardaigne que j'ai pu examiner, me pa- raît exactement la même plante. Jai recu de M. Boreau, de beaux exemplaires du G. constrictum Chaub. — debile Desv., qui est, à mon avis, une bonne espèce , et non pas, comme on l’a dit souvent, une simple modification du G. palustre L., car il en est certainement plus éloi- gné que l’elongatum, et ce dernier est une espèce incontestable. Je ne trouve presque rien à ajouter à la descrip- tion de Chaubard, dans la F1. ag. p. 66, pl. 2, qui me paraît excellente. D'après cet auteur, le G. cons- trictum diffère du G. palustre principalement par les tiges plus fermes ; les feuilles linéaires très-étroi- 329 tes, verticillées par 6 ; les fleurs un peu concaves, purpurinesen dessous; les pédicelles plus courts et les fruits agglomérés. J'ai récolté dans les marécages des bords de la mer, à Hyères (Var), aux environs de Perpignan, et à Ajaccio (Corse", un Galium très-distinct du palustre et de l’elongatum, mais fort voisin du constrictum. J'ai lieu de croire cependant qu'il en diffère assez pour être élevé au rar:g d'espèce. Les rameaux dela panicule (surtout les inférieurs) sont moins étalés ; ils se terminent par des grappes corymbiformes à fleurs plusnombreuses et très-blanches. Les anthères sont de forme moins allongée, et les styles sont un peu moins divisés. Les fruits sont bruns , finement et régulièrement granulés, du double plus gros, et tout-à-fait agglomérés. Les feuilles sont de même forme, exactement linéaires, et verticillées par 4-6, mais constamment réfléchies , dn double plus lon- gues et plus larges , plus minces, à veines visibles, à nervure très-faible, à bords munis d’aiguillons rares et très-courts ou presque nuls. La tige est plus épaisse du double, et très-rampante à la base. Je nommerai cette plante G. congestum. Le carac- tère le plus saillant qu’elle me paraît offrir est celui des feuilles intermédiaires qui tombent en arrière et sont déjà complètement réfléchies, lorsqu'elle com- mence à fleurir , tandis que dans la plante des en- virons d’Angers elles sont d’abord dressées, puis éla- 330 lées, et ne sont un peu réfléchies que très-tard. Cette dernière est beaucoup plus grêle, et ses fruits sont très-pelits. Malgré ces différences assez nota- bles, je ne propose cette espèce qu'avec doute et sous toutes réserves , car à la rigueur , il n’est pas absolument impossible qu’elle ne soit autre chose qu'un G. constrictum modifié par le climat du midi ou plutôt par l'influence de l’eau salée. Autant on est peu fondé à soutenir que des plantes qui parais- sent différentes sont cependant les mêmes au fond, lorsqu'elles croissent pêle-mêle ou dans des condi- tions identiques, autant ilest raisonnable de sup- poser qu'elles appartiennent à un même type, lors- qu’offrant beaucoup de similitude elles habitent des milieux très-divers. On voit cependant des Botanis- tes, qui admettent sans aucune hésitation des espè- ces très-légères provenant de régions lointaines , se montrer très-sévères pour des espèces légères qui ont une commune patrie et croissent souvent dans les mêmes lieux. C’est là, à mon sens, une sévérité déplacée et souverainement illogique ; car s’il est possible que des espèces véritables habitant des cli- mats différents présentent une grande affinité dans leurs caractères, il devra en être de même, à plus forte raison, de celles qui habitent un même climat. Aussi, voyons-nous chaque groupe très-naturel de plantes et d’êtres en général exister snr un point particulier du globe où il est représenté par un 334 grand nombre d’espèces très-voisines. Vouloir, dans dans tous les cas analogues, expliquer la diversité des êtres cachée sous une apparente similitude par les circonstances extérieures , les influences lo- cales, l’hybridité, c’est méconnaître cette tendance à l'unité dans la variété, cette loi d’harmonie qui est si manifeste dans toutes les œuvres de la na. ture et limiter la puissance créatrice selon nos conceptions, étroites dans l'intérêt de vains sys- tèmes. Il est probable qu’il existe encore en France d’autres espèces voisines du G. palustre L. Je ne connais pas le G, pratense Scheele, Linnæa, vol. 17, p. 540, qui, d’après la description, paraît très-voi- sin des G. ulisinosum L. et palustre L. Après le groupe que j'ai nommé Aparinoides , viennent les vrais Æparine qui peuvent offrir plu- sieurs subdivisions. Ce sont en général des espèces annuelles, à fleurs paniculées axillaires ou termi- nales. Plusieurs d’entre elles varient à fruits velus et à fruits glabres ; ce qui a été cause qu’une même espèce a pu être placée dans des sections différentes du genre, selon qu’elle se présentait avec le fruit glabre ou avec le fruit velu , tandis que des espèces distinctes étaient confondues parce que leur pubes- cence était la même. Parmi les espèces qui varient ainsi à fruits glabres ou velus, on peut citer les G.parisiense}., divaricatum Lam., setaceumLam.,etc. 332 Les G. parisiense L. et divaricatum Lam. , sont in- contestablement deux bonnes espèces, d’un aspect très-distinct, que l’on rencontre souvent pêle-mêle, et qui, soumises à la culture se maintiennent inva- riables dans leur forme. Mais le premier a très-sou- vent le fruit glabre, et c’est alors le G. anglicum Huds. Le second au contraire a très-rarement le fruit velu, et dans cet état on le rapporte au G. rni- crospermum Desf. qui est, je crois, une espèce diffé- rente. De Candolle a décrit le G. parisiense velu sous le nom de G. litigiosum , et ne le distingue de l'anglicum Huds. que par ce caractère unique du fruit velu ; mais la figure qu’il a donnée de cette plante dans ses Ic. rar. , p. 8. t. 26, ne me paraît pas très-bien convenir au G. parisiense L. D’après les observations que j'ai pu faire, j’ai lieu de croire qu'il existe dans le midi de la France d’autres espè- ces qui sont peu communes ou que l’on confond soit avec le G. parisiense, soit avec le G. divarica- tum. Je vais indiquer les caractères de ces deux plantes. GALIUM PARISIENSE. L. . . Li L4 Panicule étroite, oblongue ; rameaux peu iné- u , , rEX Ur gaux, courts , étalés, un peu dressés; terminés par de petites grappes feuillées, penchées, à trois divi- ° A e 1) ° “ ‘4 sions lrés-inégales un peu fléchies, et à fleurs éga- 333 lement tournées en bas. Pédicelles fructifères dres- sés-étalés plus longs que les fruits. Corolle très-pe- tite, un peu rougeûtre en dehors et sur les bords, verdätre en dedans, planiuscule; à lobes étalés, ova- les elliptiques, aigus, égalant la longueur de l'o- vaire. Styles très-courts, écartés. Fruit brun , très- petit, très-finement granulé,glabre ou couvert de poils blancs très-étalés un peu courbés au sommet et plus courts que son diamètre. Feuilles verticillées par 6 ou rarement 7, d’abord étalées, puis réfléchies, oblongues-linéaires , aiguës , mucronées, à nervure dorsale fine et peu saillante, à bords très-rudes , munis d’aiguillons raides très-aigus et la plupart dressés, d’un vert assez clair ou à la fin un peu jau- nâtres,rarement un peu noirâtres par la dessiccation. Tiges grêles, solitaires ou très-nombreuses, simples ou rameuses, ascendantes à la base, dressées, flexueu- ses, émettant des rameaux florifères dans la plus grande partie de leur longueur, quadrangulaires , rudes, à aiguillons courts et dirigés en bas. Racine grêle, annuelle, rougeätre, simple ou ramifiée à quelque distance du collet. Plantede 1 à 3 déc. Il vient sur les collines sèches et souvent dans les champs cultivés, et fleurit en juillet. On le trouve rarement à fruits velus aux environs de Lyon, où il est commun, mais il se présente assez fréquem- ment sous cette forme dans le midi de la France. Ses fleurs sont extrêmement petites et les lobes de 334 la corolle se terminent par une petite pointe à peine visible à une forte loupe. Les anthères sont ovales, livides et à peine jaunâtres. Les stigmates ont le disque arrondi et plus petit que dans d’autres es- pèces. Toute la plante est fort grêle , même lors- qu’elle croît dans les champs cultivés. Le G. divaricatum Lam. est fort voisin du G. pa- risiense L., mais il s'en distingue par des caractères bien tranchés. D'abord la forme de la panicule est très-différente. Elle est ovale , très-ample ; les ra- meaux sont moins étalés que dans le paristense, mais beaucoup plus allongés et filiformes; les ra- mifications secondaires sont aussi très-allongées et inclinées en bas, mais les pédicelles restent courts, en sorte que les fleurs sont disposées en petits fascicules épars très-écartés. Cette forme de la pani- cule est caractéristique et suffit parfaitement pour ne jamais confondre ces deux plantes. Les lobes de la corolle sont plus étalés et un peu déjetés dans le divaricatum . Les feuilles sont constamment verti- cillées par 7 et non par 6, d’abord dressées, à la fin élalées , au lieu que dans le parisiense elles sont d'a- bord étalées, puis réfléchies ; elles sont dans le pre- mier plus larges dans le bas, plus étroites dans le haut , plus allongées ; la nervure est plus épaisse et les bords sont garnis d’aiguillons plus fins ; leur couleur est peu différente, et elles ont également une tendance à noircir par la dessiccation. Les tiges 335 sont généralement plus fermes, dressées , peu ou point ascendantes à la base, peu nombreuses, le plus souvent solitaires, un peu rudes, presque lisses vers le haut. La racine est peu différente. La taille varie de 1 à 3 déc. Une troisième espèce que j'ai observée dans plu- sieurs localités du midi de la France , et que j'ai reproduite de semis dans mon jardin, me paraît en partie le G. litigiosum D.C., car il ne me paraît pas possible de douter que De Candolle ne l'ait confon- due avec le G. parisiense à fruits velus. En voici la description : GALIUM DECIPIENS {N.). Panicule oblongue ou ovale-oblongue; rameaux dressés-étalés , à fleurs disposées en grappes feuillées souvent allongées et peu inclinées. Pédicelles fruc- tifères dressés-étalés, assez allongés, égalant deux ou trois fois la longueur du fruit. Corolle très- pelite, d’un rouge violacé livide, à lobes à peine étalés en roue, ovales-oblongs, aigus, égalant l’o- vaire. Styles assez courts, peu écartés. Fruit brun, assez petit, très-finement granulé, glabre ou tout couvert de poils blancs très-étalés oncinulés au som- met et plus courts que son diamètre. Feuilles ver- ticillées par 6-8, d’abord étalées, ensuite réfléchies, oblongues ou elliptiques-linéaires, aiguës, mucro- 336 nées, à nervure dorsale un peu saillante, à bords très-rudes munis d’aiguillons la plupart dressés, d’un vert obscur, noircissant toujours un peu par la dessiccation. Tiges ordinairement três-nombreuses, diffuses , ascendantes , allongées, fermes ou un peu flexueuses, longuement paniculées, quadrangulai- res, rudes, à aiguillons courts et inclinés en bas. Racine lortueuse, peu ramifiée. Plante de 3 à 5 déc. J’ai observé cette espèce dans plusieurs localités du midi, aux environs de Tarascon, Montpellier , Cette , etc. Elle fleurit en juillet. Je l’ai rencontrée tantôt à fruits glabres, tantôt à fruits velus. On ne peut nier qu’elle ne soit trés-voisine du G. parisien- se ; mais il est certain qu’elle est différente, car ces deux plantes cultivées l’une à côté de l’autre con- servent tous leurs caractères. Le caractère le plus saillant du G. decipiens est d’avoir les tiges diffuses du double plus allon- gées et plus robustes que celles du parisiense, lorsqu'elles croissent dans un même sol. En ou- tre, les rameaux des tiges sont généralement moins étalés et à divisions moins déjetées. Les pédicelles sont plus longs et les fruits plus gros; les poils qui les recouvrent très-souvent sont plus évidemment oncinulés au sommet. La corolle est plus grande d’un tiers, à lobes plutôt ovales qu’el- liptiques et le plus souvent hispidules à l’extérieur. Les anthères sont pâles et livides. Les styles sont 337 dressés, rapprochés, et le disque du stigmate est du double plus large. Les feuilles sont de forme peu différente, mais plus larges, moins aiguës et plus courtement mucronées, d’un vert moins clair, et noircissent bien davantage par la dessiccation ; elles sont aussi plus nombreuses aux verticilles, ordinairement 7, quelquefois 6 ou 8. Il ne peut être confondu avec le G. divaricatum Lam. qui est en- encore plus grêle que le G. parisiense et plus dressé. Indépendamment de ces trois espèces, j’en ai récolté aux environs d'Antibes ( Var ) une quatrième qui est fort distincte et mérite par conséquent d’être signalée. GALIUM TENELLUM (N,. Panicule très-grêle, pauciflore ; rameaux capil- laires peu nombreux, dressés-étalés , fléchis en de- hors , peu divisés , terminés par 3 à 4 fleurs. Pé- dicelles fructifères étalés, allongés, capillaires. Co- rolle d’un blanc jaunâtre, très-petite ; à lobes ovales, aigus, étalés, égalant à peine l’ovaire. Fruit très- petit, couvert de poils blancs oncinulés plus courts que la moitié de son diamètre. Feuilles verticillées par 6, étalées, puis réfléchies, ovales ou lancéolées- elliptiques, mucronées, très-minces, papyracées , veinuleuses, à nervure dorsale fine et un peu sail- lante vers le bas, à bords munis d’aiguillons allongés 338 très-aigus dressés-étalés , d’un vert clair, noircissant très-légèrement par la dessiccation. Tiges très-grêles et très-faibles , simples où ramifiées dès la base, dif- fuses, ascendantes, très - flexueuses, filiformes, à verticilles de feuilles très-écartés vers le haut , qua- drangulaires, rudes, parsemées ainsi que les pédon- cules et souvent les pédicelles, d’aiguillons assez allongés très-aigus et dirigés en bas. Racine annuelle, trés-gréle. Plante de 1 à 2 déc., glabre et très- menue. 2». - . “ . J'ai recueilli cette espèce sur les collines des terrains primitifs aux environs d'Antibes { Var). Elle fleurit en juin.Elle me paraît très- distincte des trois espèces que je viens de décrire. Elle est plus grêle que le G. divaricatum Lam.; son port est très - différent, ses tiges étant diffuses, très - flexueuses et pauciflores. Les pédicelles sont bien plus allongés que dans ce dernier. Je ne lai trouvée qu’à fruits velus. Les feuilles s’éloignent complètement de celles du divaricatum, étant plus minces, beaucoup plus larges, verticillées par 6 et réfléchies. La tige et les pédoncules sont très-garnis d’aiguillons , tandis que ceux-ci sont plus courts , plus rares et souvent nuls dans le divari- catum. Ws’éloigne aussi complètement par son port, son feuillage et la disposition de ses fleurs du G. parisiense L. 1] est peut-être plus voisin du G. deci- piens ; mais il lui ressemble très-peu, étant bien 339 plusténu dans toutes ses parties. Ses tiges sont beau- coup plus flexueuses, et ses rameaux sout capillaires et pauciflores. Ses fleurs sont blanches et non rou- geàtres. Ses feuilles sont moins nombreuses aux ver- ticilles et plus larges. Je ne m’arrêterai pas sur les autres espèces de la section Aparine. Plusieurs varient à fruits velus et à fruits glabres. Il est bien certain que le G. apa- rine L.se trouve dans ce cas ; mais il n’est pas moins certain pour moi que le G. spurium L. est une bonne espèce constante par la culture, offrant aussi des fruits glabres ou velus. Les espèces de la section Aparine dont l'inflo- rescence est tout-à-fait axillaire servent de passage à la section 4spera Mœnch. Je crois même que cette section doit rentrer dans les Æparine dont elle dif- fère uniquement par l’inflorescence tout-à-fait axil- laire, à moins qu’on ne veuille isoler le seul G.murale D. C. par rapport à la forme de son fruit ; mais j’ai découvert aux îles d'Hyères une espèce à fruit presque rond, qui est d’ailleurs si voisine du G. murale qu'évidemment elle ne peut être placée dans une autre section du genre. En voici la des- cription. Gauium minutuLum (N.), pl. 6, fig. E, 1 à 5. Fleurs axillaires, plus courtes que les feuilles. Pédoncules solitaires ou géminés, dressés-étalés, à 340 la fin étalés horizontalement. Corolle très-petite, d’un blanc sale; à lobes ovales-oblongs, un peu aigus, à peine aussi longs que l'ovaire. Fruit obo- vale-arrondi; tout hérissé d’aiguillons blancs, rai- des , finement tuberculeux à la base, crochus au sommet el de longueur égale à son diamètre. Feuilles verticillées par 4, étalées, ovales- elliptiques, atté- nuées à leur base en un court pétiole, un peu aiguës et finement cuspidées au sommet, minces, veinu- leuses, à nervure dorsale assez fine , munies sur les bords de deux rangs de petits aiguillons écartés et dirigés en haut, et sur la face inférieure de quelques aiguillons épars, d’un vert clair, devenant noirâtres par la dessiccation. Tiges très-grêles, nombreuses, ascendantes à la base, dressées, flexueuses, simples ou bifides , quadrangulaires , parsemées d’aiguillons étalés et dirigés en bas. Racine annuelle, très- grêle. Plante naine de 2 à 4 cent. J'ai récolté cette petite espèce sur les rochers de l'ile de Portquerolle près Hyères (Var), vers la pointe orientale de l’île. Elle vient en quantité aux alentours des blocs granitiques et parmi les grottes, où elle croit souvent très-serrée de manière à former comme de petits gazons. Elle était en pleine fleur le 2 juin 1843. Elle se rapproche du G. rurale D. GC. par la disposition de ses fleurs , son port et l’ensemble de ses caractères ; mais elle s’en distingue parfaitement par ses fruits arrondis-obovés et non elliptiques- 311 oblongs, dressés - étalés et non réfléchis; par ses feuilles plus ovales, plus minces, à veines plus vi- sibles, et noircissant par la dessiccation, tandis qu'elles conservent leur couleur verte dans le G. murale. Le G. verticillatum Danth. diffère par ses fleurs rougeûtres, bien plus nombreuses aux verti- cilles, et très brièvement pédicellées ; ses fruits ovoi- des, élargis et non rétrécis à la base ; ses feuilles verticillées par 4-6, réfléchies , assez étroites, lan- céolées , hispidules ; ses tiges bien moins gréles et beaucoup plus allongées, très-finement rudes-his- pidules. Je n’ai pas de détails à donner, pour le moment, sur les autres sections du genre. La section Cruciata Tournefort est peu nombreuse en espèces , et n'offre d'autre plante critique que le G. vernum Scop. dont les formes ne sont pas faciles à déméler soit dans les herbiers , soit dans les livres. La section Platygalium D. C. renferme trois espèces, et dans ce nombre se trouve le G. ellipticum Wild. qui est devenu une plante française depuis qu'il a été trouvé aux environs d’Hyères. Quelques Botanistes le rapportent en variété au G. rotundifolium L., mais il est regardé par le plus grand nombre comme une bonne espèce, et je crois que c’est avec raison. Le G. verum est de la section Xanthogalium D. C. J'ai récolté une forme intermédiaire entre cette es- pèce et le G. erectum Huds. qui est peut-être le G. 23 342 vero-Mollugo Schied., mais il me parait douteux que celte plante soit un hybride, car elle fructifie très-bien, Je crois qu’elle mérite un sérieux examen. Il résulte de toutes les observations qui précèdent que les caractères tirés de la pubescence sont d’une faible importance dans le genre Galium, puisque la plupart des espèces peuvent offrir l’état glabre et l’état velu, non-seulement dans leur feuillage, mais souvent dans leurs fruits. La nature des poils parait plus constante ainsi que leur forme et leur direction; mais les véritables caractères spécifiques seront tirés avant tout de la forme de la panicule et du port général dela plante qui constitue son facies. La direction des tiges et des rameaux, et la disposition des fleurs sont très- constantes dans chaque espèce. Les feuilles offrent d'excellents caractères dansleurnombre à chaque ver- ticille, leur direction, leur forme, leur consistance plus ou moins épaisse, leur couleur à l’état frais et à l’état sec, et surtout leur nervure dorsale qui doit être étudiée sur le frais. Les corolles sont très-cons- tantes dans leur forme et même dans leur grandeur; examinées à l’état frais, elles peuvent offrir des ca- ractéres, suivant la direction des lobes et suivant que l'ombilic est plus ou moins déprimé ou relevé , ce qui fait qu'elles s’éloignent plus ou moins de la forme rotacée. Les anthères diffèrent par leur couleur , leur grosseur, etquelquefois par leur forme. Les styles 943 sont courts ou allongés, séparés à divers points de leur hauteur, et plus ou moins persistants. Les fruits ont presque tous la même forme ; mais leur couleur et leur grosseur varie, et leur surface est lisse ou couverte d’aspérités. La grosseur du fruit est sujette à varier dans une même espèce, selon que le nom- bre des ovaires qui arrive à maturité est plus ou moins considérable. On en voit souvent qui pren- nent un développement inusité et monstrueux. C’est pourquoi ils demandent beaucoup d'attention pour être bien appréciés; mais il est certain que les fruits qui sont susceptibles de germer ont une grosseur à peu près constante dans une même espèce. La sou- che mérite aussi d’être examinée,et quelques espèces telles que les corrudæfolium Vill. et erectum Huds. se distinguent parfaitement à l’aide de ce seul caractère, en faisant même abstraction de tous les autres. Au reste le genre Galium est un genre très-naturel, et un de ceux dans lesquels la nécessité de se servir de tous les caractères est la plus-évidente, surtout si l’on veut arriver à connaître toutes les espèces qui existent réellement, et si l’on ne regarde pas l’espèce comme une chose de convention qui peut être limi- tée suivant notre manière de voir ou suivant les bornes de nos facultés, comme c’est encore la ten- dance de beaucoup de Botanistes subissant en cela l'ascendant du grand Linné, qui est pour eux ce que fut longtemps Aristote pour les philosophes. 344 Explication de la sixième planche. Fig. À. Garium TimEroy1 (N.). . Tige en fleur de grandeur naturelle. . Corolle grossie. + Ovaire surmonté par les styles. . Fruit grossi. . Feuille grossie. On dE Os k9 > Fig. B. Gazrum aAnisoPHyLUM Vill. 1 à 5. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- dants de la fig. A. Fig. C. GALIUM TENUE Vill. 1. La plante entière de grandeur naturelle. 2 à 5. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. À. Fig. D. GaLzium Pumizum Lam. 1 à 5. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. C. Fig. E. Garrum minuruzum (N.). 4. La plante entière de grandeur naturelle. 2. Fleur grossie. 3. Fruit grossi. L. Aiguillon du fruit grossi. 5. Feuille grossie. Fig. F. Gazrum muraze D. C. 1 à 5. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. E. E Cal murale E, Gal minutulum. D. Gal pumilum © Cal tenue. B. Gal. amisophyllum À Galium timeroyi GENRE FILAGO. On est généralement d’accord que les plantes qui présentent des caractères constants sont des es- pèces distinctes ; en un mot, que la constance des caractères est la marque de l’espèce. C’est donc de cette constance qu’il importe de s’assurer avant tout lorsqu'il s’agit de résoudre une question d’es- pèce; et pour cela l'observation directe est la meil- leure voie. Mais on ne peut se dissimuler que la cer- titude qu’il nous est possible d'acquérir par celle voie seule n’est jamais bien complète, car nos moyens d’expérimentation sont tous plus ou moins impar- faits; et d’ailleurs il ne nous est pas toujours donné d’observer des faits en assez grand nombre et dans des circonstances assez diverses pour être assurés contre toute chance d'erreur. C’est pourquoi il im- porte qu’une observation.ne soit pas isolée, afin qu'elle acquière plus de valeur; et il convient qu’elle se rattache à des observations antérieures, de telle sorte que les données qu’elle fournit viennent servir de complément aux données précédemment ac- quises, soit pour les appuyer, soit pour les contredire. Il est clair que la certitude qu’elle peut offrir sera dans le premier cas accrue de toute la certitude des observations qui précèdent, el dans le second 340 diminuée d'autant, s’il y a une parfaite analogie dans les faits qui ont servi de matière à l'examen. Cette marche est bonne à suivre dans un ordre de faits quelconque; mais elle est surtout indispensable pour l'étude des formes végétales. Ainsi, si l’on veut apprécier à leur juste valeur les caractères d’une plante et s'assurer de sa légitimité comme espèce, il est sans doute très-nécessaire d'examiner ses caractères avec beaucoup d’attention et d’en faire l'étude, autant que possible, sur des in- dividus nombreux, de divers âges, et venus dans des conditions différentes, afin d’être mieux assuré de leur constance; mais cela n’est pas toujours suffi- sant. Il convient d’étudier encore les espèces voi- sines du même genre ou de genres rapprochés, celles surtout dont la constance n’est l’objet d'aucun doute et qui forment par leur réunion ce qu’on appelle des groupes naturels, afin de voir quelles sont les différences qui les séparent, et de pouvoir faire ensuite la comparaison de leurs caractères avec ceux de la plante qu’on cherche à connaitre. Si les caractéres de celle-ci équivalent aux autres pour le nombre et l'importance, s’ils portent sur les mêmes organes, il sera déjà extrêmement probable, d’après le seul résultat de cette comparaison, qu’elle mérite d'être considérée comme une espèce véritable aux mêmes titres que les autres le sont elles-mêmes, et lorsqu’ensuite l'expérience aura donné une conclu- 347 sion semblable, il ne restera plus de doute et la dé- monstration sera complète. Le genre Filago va me fournir un exemple à l’ap- pui de ces considérations. On sait que la description du F. germanica L. donnée par Linné, Sp. pl. p. 1311, s'applique également à plusieurs formes d'un aspect différent, quoique cependant difficiles à distinguer. Ces formes qui sont très-répandues ont depuis longtemps attiré l'attention des Botanistes et provoqué plus d’une discussion. Elles ont été ju- gées diversement par les auteurs tant anciens que modernes. Les uns frappés surtout des différences que présentent les formes extrêmes ont cru à l’exis- tence de deux espèces; les autres voyant les inter- médiaires qui les unissent n’ont admis qu’une espèce unique modifiée de différentes manières. Cette der- nière opivion, qui est adoptée par le plus grand nom- bre, ne füt-elle pas l'expression de la réalité, paraît au moins, au premier abord, la plus vraisemblable et la plus logique. En effet, l'espèce n’existe pour nous que par sa manifestation, et l’existence d’une nouvelle espèce ne nous est révélée que par les ca- ractères qui l’isolent de celles qui nous sont déjà connues. Mais si nous apercevons entre deux espèces supposées, une série d’intermédiaires qui les unissent de telle facon qu’il soit impossible de les rapporter plutôt à l’une qu’à l’autre, il est clair que nous ne pouvons nous faire une idée nette de ces deux es- 548 pèces, et que leurs limites ne nous étant pas con- nues, elles sont pour nous comme si elles n’exis- taient pas. Ce sont donc ces intermédiaires qu'il importe d'examiner, car ils constituent le point réel de la difficulté. Ils peuvent être en effet de nature très- différente. Ou ils sont eux-mêmes le type de l'espèce, élant considérés par rapport aux formes extrêmes ; ou ils représentent des espèces distinctes de celles que l’on compare entre elles. Si l’on considère une plante quelconque dans les modifications bien cons- tatées qu’elle peut offrir, et que l’on compare ses deux états les plus opposés, en faisant abstraction des états intermédiaires, on croira souvent avoir sous les yeux deux espèces distinctes, et l’on ne saisira qu'avec beaucoup de peine les points de contact que la vue des intermédiaires ferait apercevoir immé- diatement. D'un autre côté, si l’on étudieun groupe d'espèces très-naturel, on remarque que chaque espèce semble intermédiaire entre celle qui lasuitet celle qui la précède dans la série naturelle, et que souvent un même groupe offre plusieurs séries qui sont parallèles et se croisent en divers sens, de sorte qu'une même espèce peut être intermédiaire entre plusieurs autres à la fois. Ainsi donc, pour appré- cier ces intermédiaires dont je parle et pénétrer avant dans le problème qui est à résoudre, il con- vient d’en faire une étude sérieuse d’après les règles 349 de l'observation méthodique. En ce qui concerne les Filago, la question est extrêmement simple. Ou sait que dans les nouvelles divisions de ce genre, comme dans les genres les plus voisins tels que Gnaphalium, Artemisia, Achillea, Chrysanthemum. Senecio, etc., les espèces sont établies uniquement d’après des caractères Lirés de la forme, de la dispo- sition, de la grosseur et du nombre des capitules, des écailles de l’involucre, de la forme et du vête- ment des feuilles, de la direction des tiges et de leurs rameaux. Les akènes ne fournissent que des diffé- rences très-peu marquées ; et c’est là tout ; les carac- tères plus importants étant réservésavec raison pour l'établissement des genres ou des sections de genre. Il en est de même dans toute la grande familie des Compositæ. Les genres Carduus, Centaurea, Hiera- cium, et une foule d’autres, nous présentent une sé- rie d'espèces dont la constance est bien démontrée et qui nese distinguent que par de légères différences dans les organes que je viens d'indiquer. En partant de cette base et en examinant avec soin tous les or- ganes qui peuvent donner des caractères spécifiques, j'ai reconnu dans le F. germanica quatre formes aussi bien caractérisées que beaucoup d’espèces re- connues des genres que j’ai cités. Trois de ces formes étant communes aux euvirons de Lyon, j'ai eu l’oc- casion de les observer très-souvent pendant un grand nombre d’années, et de constater qu’elles 350 pouvaient croîlre tantôt en société dans un même lieu, tantôt isolées dans des localités différentes. J’ai pu aussi les soumettre à la culture et les repro- duire de semis dans mon jardin, de manière à ne conserver aucun doute sur leur constance et leur valeur comme espèces, La quatrième forme que je n'ai pas observée aussi souvent, étant aussi bien ca- ractérisée que les trois autres, me paraît mériter tout comme elles d’être considérée comme une véritable espèce. Avant d’en donner la description, je vais dire un mot de la question de nomenclature. La description Linnéenne du F. germanica L. s'applique à plusieurs formes, ainsi que je l’ai dit déjà, et l’on peut ajouter que si Linné avait connu les diverses formes qui sont aujourd’hui en litige, il n'aurait certainement pas voulu les distinguer com- me espèces. Le nom qu’il donne à sa plante et la localité qu’il indique, ér Europé&, ne nous appren- nent rien de plus. Il est donc inutile de rechercher quelle forme précise est l’espèce Linnéenne. Si l’on consulte les auteurs, on voit que les uns ont admis deux espèces , et que les autres n’en ont reconnu qu’une, mais que tous, surtout les auteursallemands, ontdit du F. germanica qu'il était tantôt blanchàä- tre, tantôt jaunâtre, et que les pointes des écailles de l’involucre étaient ou n'étaient pas rougeàtres. Or, j'ai observé deux formes que j’ai aussi reçues de diverses localités de la France et de l'Allemagne, 351 sous le nom de F. germanica L., et dont l’une a le tomentum plus ou moins blanchätre, tandis que dans l’autre il est toujours plus ou moins jaunâtre, et que les écailles de l’involuere sont rouges ausom- met. Je n'ai jamais vu que la même forme füt alter- nativement blanchâtre ou jaunâtre , d’où je con- clus que ces deux formes, qui sont pour moi deux espèces distinctes, ont été confondues partout com- me identiques, et considérées comme de simples modifications d’une espèce unique. D’après cela, je ne vois pas de raison décisive pour conserver à l’une plutôt qu’al’autrelenomdeF.germanica L.,nimême pour conserver ce nom, ces deux plantes étant au moins aussi communes en France qu’en Allemagne. D'ailleurs, de même que l’expression doit être en rapport avec l’idée, il convient en général dans la nomenclature que des termes différents correspon- dent à une manière d’apprécier les faits tout-à fait opposée. Je nommerai donc ces deux espèces d’a- près le caractère constant qui les fait reconnaitre au premier aspect , l'une F. canescens et l’autre 7° lutescens. Les auteurs qui ont distingué une seconde espèce l'ont prise pour le F. pyramidata L. Is ont donné ce nom à une troisième forme qui est fort voisine du F. lutescens , mais qui s’éloigne bien davantage du F. canescens, de sorte qu’en considérant les deux formes extrêmes, abstraction faite de la forme 352 intermédiaire , elles paraissent bien tranchées. Vil- lars, FL. Dauph. 3, p. 194, décrit un F. pyrami: data dont il dit que les feuilles sont en spatule, et les fleurs pyramidales-pentagones. Wildenow, Rei- chenbach, et plusieurs autres, décriventun Grapha- lium pyramidatum à eapitules de forme pyramidale, à feuilles spatulées vertes ou blanchâtres; Gaudin , FI. Helv. 5, p. 253, dit du F. pyramidata, dont il ne fait qu'une variété du F. germanica : foliüis magis lanatis candidis subspatulatis , floribus exquisitius 5 angulari-pyramidatis. Koch dit également de cette plante : {omento foliorum albo, et il ajoute : cuspidi- bus involucré plerumque pallidis. Les auteurs ita- liens rapportent à leur F. pyramidata le F. spatu- lata Presl. qui est selon eux &/bo lanata. I résulte de là évidemment que le F. prramidata des auteurs n'est pas mon Ÿ. lutescens qui a le tomentum jau- nâtre et les pointes des écailles rougeâtres, dont les feuilles sont élargies à leur base lancéolées et jamais spatulées dans le haut de la plante, et dont les capi- tules ne sont pas aussi exquisitè 5 angulari-pyrami- data que dans une troisième forme très - commune partout , qui a dû la première attirer l’attention , en raison de son aspect tranché, Il s’agit maintenant de savoir si cette troisième forme est réellement le F. pyramidata L., comme beaucoup d’auteurs l’ont cru et le croient encore. Selon moi, le F. pyrami- data L. est une plante différente, et cela me paraît 353 résulter clairement.de l’examen du texte Linnéen. Si plusieurs n’ont pas été de cet avis, c’est par suite d’une fausse interprétation de ce texte, ainsi que je vais le montrer. Villars et tous ceux qui ont dé- crit un 7, pyramidata lui ont attribué des capitules de forme pyramidale , et ont interprété dans ce sens l'expression de Linné flortbus pyramidatis ; mais ils n’ont pas pris garde que Linné, en décrivant le F. germanica , dit de cette espèce floribus rotun- datis, et que si par là il fallait entendre qu’elle a les capitules de forme arrondie, cette expression serait complètement fausse, car les capitules ne sont pas arrondis le moins du monde dans tout ce qu’on connaît sous le nom de F. germanica, mais ils for- ment par leur réunion des glomérules arrondis; et c'est ce qu’il faut entendre par ces termes de la des- cription : foribus rotundatis. Par conséquent, lors- que Linné dit du 7. pyramidata : floribus pyramida- tés , cela doit s'entendre également de la disposition et non de la forme des capitules. Or, le F. pyrami- data des auteurs a les glomérules arrondis comme le germanica ; il n’est donc pas la même chose que le F. pyramidata L., qui est d’ailleurs une plante d’Espague très-distincte. Les savants auteurs de la Flore des environs de Paris, MM. Cosson et Germain, dans un beau mé- moire sur le genre Filago, publié dans les Annales des sciences naturelles, ont décrit scus le nom de 354 F. Jussiœi le F. pyramidata Auctorum non L. — spatulata Presl. dont je viens de parler. Mais en même témps ils ont rapporté ces synonymes au ?. germanica , considérant sans doute leur plante comire autre que celle des auteurs. À ce point de vue, ils ont eu parfaitement raison de proposer pour elle un nom nouveau; mais s’il est vrai que leur F. Jussiæi soit la même chose que le F. pyrarmi- data Auct.— spatulata Presi., comme cela me pa- rait évident d’après la description et la figure qu’ils ont données , ainsi que d’après les exemplaires que j'ai recus d’eux, comme c'est aussi l’avis de Gus- sonne, dans son Syn. fl. sic. 2, p. 864, il s'ensuit selon toutes les règles de la nomenclature botani- que, que le nom de F. spatulata Pres. doit être préféré, avec d'autant plus de raison que ce nom est très-bien appliqué, puisqu'il exprime le carac- ière distinctif de cette espèce dont les feuilles sont toutes plus ou moins spatulées, les supérieures même étant rétrécies ou tout au plus égales à la base, tandis que dans le F. lutescens de mème que dans le F. canescens et dans une quatrième espèce dont il me reste à parler, les caulinaires supérieures sont constamment élargies à la base et de forme lancéolée. En outre, les auteurs cités disent dans leur description du FÆ. Jussiæi qu'il a quelquefois le tomentum d’un blare jaunâtre et les folioles de l'involucre rougeâtres au sommet, ce qui me fait 355 présumer fortement qu'ils lui ont rapporté divers exemplaires du #. lutescens, ce qui était d’ailleurs inévitable. Lorsqu'on a sous les yeux trois espèces, et qu’on ne veut en reconpaitre que deux, on est bien forcé de rapporter les individus de l’espèce in- termédiaire, soit à l’une, soit à l’autre des deux es- pèces reconnues , soit à toutes les deux à la fois. On ne peut nier toutefois que ces auteurs n'aient eu l'incontestable mérite d'appeler l'attention des Bo- tanisles français sur une plante généralement con- fondue avec le F. germanica, et dont il était à peine fait une légère mention dans nos flores, et qu'ils n’aient indiqué ces caractères beaucoup mieux que ne l'avaient fait leurs devanciers. Aussi s’il s'agissait d’exhumer, comme on ne le fait que trop souvent, une vieille et obscure description afin de substituer au nom qu’ils ont adopté un nom nou- veau , il y aurait là une véritable injustice; mais la synonymie du 7. spatulata Pres]. n’est pas douteuse; elle est incontestable, puisqu'elle a pour elle l'au- torité des meilleurs auteurs italiens et celle de MM. Cosson et Germain eux-mêmes. Et il est im- possible de douter que ce nom n’eût été conservé pär les auteurs qui ont décrit un F. pyramidata s’ils eussent reconnu que leur plante n’était pas celle de Linné, et que les illustres auteurs de la Flore des environs de Paris n’en eussent fait autant s’ils avaient cru à l'identité de leur F. Jussiæt avec le F. pyrami- 356 data des auteurs. Comme ils n’ont proposé ce nom que par suite d’une erreur de synonymie, le nom le plus ancien doit être conservé; et cette opinion ne pouvant manquer de prévaloir inévitablement, je pense qu’on est forcé de s’y tenir, malgré Loute autre considération. La quatrième forme que je propose comme es- pèce est très-rapprochée du Æ. canescens ; mais son tomentum est bien plus abondant, plus grisätre, souvent un peu verdûtre. Elle vient aux îles d'Hye- res et dans les terrains primitifs de la Provence mé- ridionale. C’est le Graphalium germanicum 7 lanu- gtrosum Duby Bot. gall., p. 269, le F. eriocephala Guss. PI. rar., p. 344. M. Requien lui donne ce dernier nom , qui me paraît très-bien appliqué et devoir être conservé. Je vais décrire ces quatre es- pèces , en commençant par le F. spatulata Presl, et en finissant par le #. eriocephala Guss. qui en est le plus éloigné. FiLAGo sPATULATA Presl. PI. 7, fig. C, 1 à 10. Glomérules sessiles, placés au sommet ou dans la dichotomie des rameaux, formés par la réunion d'environ 12 à 16 capitules très-serrés , globuleux- déprimés ou subhémisphériques, munis à la base de 3 à 4 feuilles bractéales étalées qui les dépassent ordinairement. Capitules de forme conique-pyra- 857 midale, offrant cinq angles aigus séparés par des si- nus profonds , assis sur un tomentum épais qui ne s'élève pas au-dessus de leur base. Involucre à fo- lioles scarieuses, jaunâtres, peu cotonneuses, dispo- sées sur À rangs, étroitement imbriquées , presque égales , très-fortement pliées-concaves et canalicu- lées, un peu vertes et courbées sur le dos , assez lar- ges, oblongues-elliptiques, longuement cuspidées ; à pointe jaunâtre, pâle, allongée et recourbée en de- hors dans les extérieures, dressée et plus courte aans les intérieures. Akènes cylindriques-oblongs, grisâtres, parsemés de petites papilles glanduleu- ses, pourvus d'une aigrette très-caduque ou nulle dans les extérieurs. Feuilles un peu étalées , assez Jlâches, sessiles, oblongues-spatulées, obtuses ou un peu aiguës, plus ou moins rétrécies à la base, presque planes, couvertes d’un tomentum presque soyeux plus ou moins abondant et toujours blan- châtre. Tige ordinairement ramifiée un peu au-des- sus de la base ou quelquefois dès la base même , plusieurs fois bi ou trichotome ; à rameaux flexueux étalés ou divariqués. Plante annuelle de 1 à 3 déc., verte ou blanchätre. Il paraît être commun dans toute l'Europe ; mais il se plait surtout dans les terrains calcaires des contrées méridionales où il abonde. On le trouve en fleur depuis juillet jusqu’en novembre dans les champs cultivés, 24 358 Ficaco LUTESCENS (N.), pl. 7, fig. B, 4 à 40. Glomérulés sessiles, placés au sommet ou dans Ja dichotomie des rameaux , formés par la réunion d'environ 20 à 25 capitules très-serrés, globuleux, munis à la base de 3 à 5 feuilles bractéales dressées peu étalées plus courtes ou de même longueur. Capitules ovales-coniques , à 5 angles séparés par des sinus peu profonds, plongés jusqu’au milieu de leur hauteur dans un tomentum épais jaunâtre. Involucre à folioles scarieuses, jaunâtres, coton- neuses , disposées sur à rangs, imbriquées, un peu lâches, presque égales, fortement pliées-concaves et canaliculées , un peu vertes et courbées sur le dos, étroites, oblongues ou lancéolées, longuement cus- pidées ; à pointe souvent purpurine, dressée, allon- gée, plus courte dans les iniféreures. Akènes cylin- driques-oblongs, grisâtres, parsemés de petites papil- les glanduleuses, pourvusd'’une aigrette très-caduque ou nulle dans les extérieures. Feuilles nombreuses, dressées, assez rapprochées, sessiles , les inférieures oblongues , égales ou un peu rétrécies à la base, les supérieures lancéolées - oblongues, élargies et semi-embrassantes à la base, obtuses, mucronulées, planiuscules ou à bords un peu roulés en dessous, couvertes d’un tomentum plus ou moins abondant et toujours jaunâtre. Tige tantôt simple inférieu- 359 rement, tantôt divisée dès la base, plusieurs fois dichotome ; à rameaux dressés, peu étalés. Plante annuelle, de 4 à 3 déc., un peu jaunâtre. Cette espèce est probablement très-répandue. Je l'ai recue du nord de la France et de l'Allemagne sous le nom de F. germanica. Elle est commune aux environs de Lyon, surtout dans les terrains primi- tifs, et paraît rare sur le sol calcaire; mais dans les champs des terrains d’alluvion on la trouve fré- quemment pêle-mêle avec les 7° spatulata et canes« cens. FizaGo caNEscENs (N.), pl. 7, fig. À, 4 à 10. Glomérules sessiles, placés au sommet ou dans la dichotomie des rameaux, formés par la réunion d’en- viron 30 à 35 capitules très-serrés, régulièrement arrondis, munis de 1 à 3 feuilles bractéales dressées très-courtes. Capitules coniques-cylindriques, plon- gés jusqu’au milieu de leur hauteur dans un tomen- tum épais, blanclätre. Involucre à folioles scarieuses, jaunûtres, peu cotonneuses, disposées sur 5 rangs peu marqués, imbriquées, peu lâches, presque égales, pliées-concaves, à dos verdâtre et presque droit, étroites, oblongues ou lancéolées, longuement cus- pidées ; à pointe pâle et jaunätre, un peu étalée en dehors dans les extérieures, dressée et plus courte dans les intérieures. Akènes cylindriques-oblongs, 360 grisâtres, parsemés de petites papilles glanduleuses, pourvus d’une aigrette très-caduque ou nulle dans les extérieures. Feuilles nombreuses dressées et souvent presqueimbriquées, sessiles, oblongues ou lancéolées dans le haut, très-aiguës, ondulées, à bords roulés en-dessous, couvertes d’un tomentum plus ou moins abondant et toujours blanchätre. Tige simple infé- rieurement, ou ramifiée dès la base, plusieurs fois dichotome, à rameaux dressés peu étalés. Plante an- puelle, de 1 à 3 décim., blanchâtre. Il est commun aux environs de Lyon, et sans doute partout, car je l’ai reçu sous le nom de F. germa- nica aussi souvent que 7. lutescens. On le trouve un peu dans tous les terrrains, mais particulière- ment dans les champs sablonneux. Il est en fleur depuis la fin de juin jusqu’à la fin de l'été. Ficaco rrRIoCEPHALA Guss. PI. 7, fig. D. 1 à 10. Glomérules sessiles, placés au sommet ou dans la dichotomie des rameaux, formés par la réunion d'environ 40 à 60 capitules très-serrés, exactement ronds ou subellipsoïdes, munis à la base de 4 à 3 feuilles bractéales dressées très-courtes. Capitules oblongs-cylindriques, presque entièrement plongés dans un tomentum épais, très-cotonneux, grisätre ou souvent un peu verdâtre. Involucre à folioles scarieuses, jaunâtres, cotonneuses, disposées sur des 361 rangs Lrès-peu distincts, imbriquées, presque égales, concaves, à dos verdâtre et presque droit, étroites, oblongues, longuement cuspidées; à pointe pâle, étalée en dehors dans les extérieures, plus courte et dressée dans les intérieures. Akènes cylindriques- oblongs, grisätres, très-petits, parsemés de petites papilles glanduleuses, pourvus d’une aigrette très- caduque ou nulle. Feuilles nombreuses, dressées et serrées contre la tige, souvent tout-à-fait im- briquées , sessiles, oblongues ou lancéolées, ob- tuses ou un peu aiguës, mucronulées, planiuscules à bords souvent un peu roulés en-dessous, couvertes d’un tomentum très-abondant un peu grisâtre. Tige simple ou quelquefois divisée dès la base, à di- visions brièvement ascendantes, une fois ou rare- ment deux fois dichotomes au sommet; à rameaux courts, dressés, non étalés, un peu arqués. Plante annuelle, de 1 à 2 décim., d’une couleur grise ou uu peu jaunûtre, rarement blanche. J'ai récolté cette espèce aux iles d'Hyères, où elle est commune; et elle se trouve probablement dans d’autres localités des terrains primitifs. Je ne l’ai ja- mais rencontrée dans les régions calcaires du midi de la France. Elle fleurit en juin. Ces quatre espèces que je viens de décrire sont sans doute trés-voisines, puisqu'elles ont été long- temps considérées comme des modifications d’une espèce unique. Néanmoins, je crois pouvoir affir- 362 mer non-seulement qu'elles sont limitées et dis- tinctes, mais encore qu’elles sont très-faciles à dhs- tinguer pour celui qui connaît leurs caractères et les examine avec un peu d'attention. En ce qui concerne les F. spatulata, lutescens et canescens , la cons- tance des caractères est pour moi démontrée par les faits de la manière la plus complète, Je n’ai pas des données aussi positives au sujet du F. eriocephala ; mais le jugement queje crois devoir porter sur cette plante me paraît reposer sur une analogie très-suffi- sante. Le F. spatulata se distingue des trois autres par ses feuilles qui sont toujours plus ou moins spalu- lées, jamais élargies à leur base, plus étalées, plus lâclies et plus larges; ses rameaux bien plus ouverts, ses glomérules plus gros, plus déprimés, moins co- tonneux ét munis de bractées plus longues et plus étalées; ses capitules moins nombreux, de forme plus ovale, à angles plus saillants, à écailles plus larges et plus courbées sur le dos. Le F. lutescens se reconnaît tout de suite à son tomentum jaunâtre et aux pointes des écailles de l’involucre .qui.prennent très-souvent une belle cou- leur purpurine. La forme de ses feuilles le distingue parfaitèment soit du spatulata, soit du canescens. En effet, elles sont toujours lancéolées dans le haut, mais obtuses avec un petit mucron à leur extrémité. Ses rameaux sont peu étalés. Ses glomérules, par 363 leur forme, ainsi que par la forme, le nombre et Ja grosseur des capitules qu’ils renferment, la forme des écailles et la longueur des bractées, tiennent exactement le milieu entre ceux du 7. spatulata et ceux du 7. canescens ; mais ils sont souvent aussi cotonneux que dans ce dernier, et les pointesdes écailles sunt assez droites. Le F. canescens a le tomentum blanchitre , et les pointes des écailles pâles et non rougeûtres. Ses feuilles sont remarquables par leurs bords ondulés et ordinairemeut trés-roulés en dehors ; elles sont oblongues ou lancéolées comme celles du F. lutes- cens, mais toujours aiguës. Ses rameaux sont peu étalés, plusieurs fois dichotomes, à peu près comme dans le F. lutescens. Ses glomérules sont ordinaire- ment très-ronds, très-cotonneux el muuis de brac- tées très-courtes ; les capitules qu’ils renferment sont nombreux, assez étroits, à angles peu marqués, à écailles presque droites sur le dos, et sont très-dis- lincts de ceux du F. spalulata. Le F. ertocephala est remarquable par l’abon- dance du duvet grisätre, cotonneux, qui couvre toutes ses parties et prend souvent une teinte d'un verl jaunâtre au sommet de la plante. Ses feuilles sont très-nombreuses et comme imbriquées; leurs bords sont moins roulés en dehors et moins ondu- lés que dans le F. canescens; leur forme est peu dif- férente de celles des feuilles du lutescens. Ses liges 364 diffèrent par leur port de celles de ces deux espèces, -étant un peu ascendantes à la base | seulement une fois et plus rarement deux fois dichotomes au som- met, à rameaux plus arqués. Ses glomérules sont très-ronds ou subellipsoïdes , et sont formés de ca- pitules plus étroits et plus nombreux que dans tous les autres. J’en ai compté souvent 60 dans un seul glomérule. Les akènes sont d’une petitesse remar- quable, étant de moitié plus petits environ que ceux du F. canescens. Ce caractère est décisif, puisque dans les F, canescens, lutescens et spatulate , qui sont d’ailleurs forts distincts, les akènes ne présen- tent pas dans leur grandeur des différences aussi ap- préciables. Explication de la septième planche. Fig. A. Fizaco canEscEns (N.). 1. La plante entière de grandeur naturelle. 2. Capitule de grandeur naturelle. 3. Le même grossi. 4,5, 6 et 7. Ecailles de l’involucre grossies. 8. Graines de grosseur naturelle. 9. Graine grossie. 10. Porlion de tige où la pubescence est indiquée. Fig. B. Frcaco LuTEscEns (N.). 4 à 10. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- dants de Ja fig. A. Duchène, del seu Zu D. Filago eriocephala. [la ta: . spon- 365 Fig. C. Ficaco spATuLarTA Presl. 1 à 10. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- dants de ja fig. A. Fig. D. Firaco ErtocEPHAtA Guss. 1 à 10. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- dants de la fig A. GENRE CARDUUS. Le Carduus nigrescens Nil. est indiqué dans nos Flores comme une plante assez répandue dans les lieux secs des provinces méridionales de la France; mais si l’on compare des exemplaires recueillis dans diverses localités avec les descriptions de nos au- teurs, on n'arrive pas à se faire une idée très-claire de la plante qu’ils ont voulu désigner , et l’on a quel- que raison de douter qu’il y a eu peut-être confusion de plusieurs espéces distinctes. J’ai pensé qu’il fallait, pour éclaircir l’histoire du C. nigrescens Vill., en faire l'étude d’après Villars, en recherchant quelle est la plante des départements des Hautes et Basses Alpes qui répond le mieux à la description et à la fi- gurequ’ila données, etenexaminant cette plante dans son type, c’est-à-dire dans la forme qu’elle conserve habituellement lorsqu'elle croît isolée de toute autre espèce voisine, et sous laquelle elle se reproduit cons- tamment par la culture. Car, dans le genre Carduus comme dans le genre Cirsium et plusieurs autres, les questions d’espèces sont singulièrement compll- quées par la présence des formes hybrides ou inter- médiaires que l’on trouve fréquemment dans les lieux où plusieurs espèces du même genre croissent en société. Ces intermédiaires causent souvent beau- 367 coup d'embarras,et l'on ne peut arriver à les déter- miner qu’autant que l’on connait déjà très-bien Îles vrais caractères des diverses espèces auxquelles ils se rapportent, et qu’on a nolé soigneusement les cir- constances qui peuvent rendre comple des change- ments qu’elles ont subis. J'ai pu constater par des expériences de culture réitérées que les espèces du genre Carduus exercent les unes sur les autres une influence marquéelorsqu'elles sont très-rapprochées, et que dans ce cas leurs graines donnent presque toujours naissance à des formes qui tendent plus ou moins à les unir. Les formes obtenues dans ces con- ditions peuvent être rangées dans deux catégories. Tantôtcesont de vraishybrides dont touteslesgraines avortent, tantôt, ct c’est le cas le plus ordinaire, ce ne.sont que des hybrides apparents, de faux hybrides pourvus de graines fertiles, offrant sous une forme légèrement paradoxale tous les caractères essentiels de l'espèce à laquelle ils appartiennent, et revenant exactement au type à la seconde génération; ce que j'ai vérifié constamment. La nature produit acciden- tellement des monstres; c’est un fait incontestable ; mais elle ne déroge point à ses lois pour cela. Le désordre n'existe jamais qu’en apparence, et au fond de tous ces changements des formes végétales qui déconcertent souvent l’horticulteur ignorant où l'observateur superficiel, l’immutabilité se montre toujours au Botaniste véritable dont la sagacité peut 368 bien être mise en défaut quelquefois, mais dont la raison ferme sur les principes n’hésite jamais devant l’obscurité des faits. Le Carduus nigrescens décrit et figuré par Villars est une plante à capitules solitaires et dressés sur les pédoncules, comme le C. acanthoides L. auquel il le compare, et dont les écailles extérieures de l’invo- lucre sont réfléchies. J’ai trouvé cette plante très- fréquemment dans les localités qu’il indique, et lorsqu'elle croît seule elle conserve toujours les ca- ractères indiqués. Les écailles de l’involucre sont généralement assez fines et peu piquantes, et les fleurs sont d’une couleur purpurine très-pâle. Mais il arrive souvent qu’elle vient en société avec une seconde espèce très-voisine, quelquefois même avec une troisième , surtout dans les Basses-Alpes et le Var. La première de ces deux espèces ne me paraît pas décrite. Il se peut cependant que ce soit le C. arenarius Lois. F1. gall. 2, p. 216, mais non Desf. F1. atl. 2, p. 222. La seconde est le C. Sanctæ- Balmæ Lois. Nouv. not. 34. — C. arenarius Duby, Bot. gall. non Desf. La première, que je nommerai C. spinigerus, diffère du C. nigrescens par les écailles extérieures de l’involucre raides-piquantes non ré- fléchies, par les fleurs d’un pourpre vif, et son feuil- lage fortement épineux. La seconde est remarquable par ses capitules d’un pourpre vif, souvent aggrégés au nombre de 2 à 4, au sommet des pédoncules. 369 Son feuillage est faiblement épineux. Ces trois es- pèces sont fort distinctes, mais quand elles se trou- vent ensemble ou seulement deux réunies, elles pro- duisent des formes très-embarrassantes. Les C. nigrescens et spinigerus paraissent assez répandus l’un et l’autre non seulement dans les départements des Hautes-Alpes et des Basses-Alpes, mais encore dans la région la’ plus méridionale de la Provenceet du Languedoc. J’ai observé en outre dans cette dernière contrée une autre espèce qui paraît surtout commune dans le département de l’Ardèche depuis Les-Vans et Aubenas jusqu’à Tournon , et est trés-bien caractérisée. Ses capitules sont un peu pen- chés et portés sur des pédoncules allongés , flexueux et dénudés longuement au sommet Ses fleurs sont d’un pourpre vif, et les folioles de l’involucre sont fines et très-peu piquantes, appliquées, toutes cour- bées en dehors, mais seulement vers leur extrémité. Cette plante qui croît ordinairement isolée de toute autre espèce de Carduus sur les collines de l” Ardè- che, a un port plus grêie et des capitules plus pe- tits que ceux du C. rrerescens. Elle se montre telle également dans mon jardin, où je la cultive depuis un grand nombre d’années ainsi que le C. nigres- cens. Je vais en donner la description , et ensuite celles de ses trois congénères que j’ai désignées. Carpuus vivariEensis (N.), PI. 8, fig. À, À à 7. Capitules solitaires, d’abord dressés, penchés en- 370 suite après la floraison; portés sur des pédoncules allongés, flexueux, tomenteux, ailés inférieurement, dénudés au sommet. Involucre ovoide-subslobu- leux , presque glabre; folioles souvent purpurines au sommet, linéaires, un peu convexes et légère- ment carénées, rudes sur les bords, cuspidées, à pointe fine et courte non piquante, étroilement imbriquées et décroissantes inférieurement , celles du bas très-courtes, toutes étalées et courbées en dehors au-dessus du milieu, ou les supérieures courbées près du sommet seulement. Fleurs d’une couleur purpurine foncée. Akènes oblongs un peu comprimés, luisants, jaunätres , très-légèrement ri- dés transversalement tout le long des stries qui sont peu marquées, longs de 4 mill. sur 1 3/4 mill. de large. Disque épigyne pourvu au centre d'un ma- melon jaunâtre, conique, à 5 angles très-obtus. Poils de l’aigrette à cils courts, mais assez visibles. Feuilles fermes, d’un vert foncé, munies sur les deux faces de poils épars arachnoïdes , un peu to- menteuses ou glabriuscules, ondulées et épineuses sur les bords, oblongues, plus ou moins étroites, toutes sinuées-pinnalifides ; segments ovales, très. étalés, plus courts et’plus larges dans les inférieures, munis de trois à cinq dents aiguës bordées de pe- tites épines et terminées par une épine faible plus allongée; les feuilles caulinaires décurrentes ; les radicales assez larges, rétrécies presque en pétiole 371 à la base. Tige dressée, striée, fortement ailée:cré- pue , souvent très-rameuse au sommel ; rameaux allongés, dressés - étalés , terminés par des pédon- cules uniflores. Racine bisannuelle, pivotante, pres- que simple. Plante de 4 à 6 déc. Cette espèce croit sur les collines sèches et dans les montagnes aux environs de Tournon, Aubenas, Burzet, ete. (Ardèche). Je l’ai observée aux environs d’Alais {Gard ). Elle fleurit en juin ou en juillet dans les montagnes. CarDuus NIGREsGENs Vill. PI. 8, fig. B, 1 à 7. Capitules assez gros, solitaires; dressés sur des pédoncules allongés, tomenteux, souvent un peu dénudés au sommet. Involucre subglobuleux , pres- que glabre; folioles allongées, linéaires, planius- cules, carénées, cuspidées, à pointe assez longue, peu raide et non piquante, imbriquées, décrois- santes inférieurement , celles du bas étalées , cour- bées en dehors bien au-dessous du milieu , celles du baut un peu au-dessus, toutes réfléchies mais non réfractées. Fleurs d’une couleur purpurine, très- pâle. Akènes oblongs, un peu comprimés, luisants, grisätres , légèrement ridés transversalement tout le long des stries qui sont au nombre de 15 et assez marquées , longs de 4 1/2 mill. sur 1 3/4 mill. de lare. Disque épigyne pourvu au centre d’un ma- 372 melon conique jaunätre peu anguleux. Poils de l’ai- grette à cils très-courts. Feuilles fermes, d’un vert tres-foncé, parsemées sur les deux faces de poils arachnoïdes, ou glabriuscules , un peu ondulées et épineuses sur les bords, oblongues, sinuées pinna- tifides; segments ovales très-étalés, plus courts et plus larges dans les inférieures, munis de trois à cinq dents aiguës bordées de petites épines et ter- minées par une épine plus longue et plus forte; les feuilles caulinaires décurrentes; les radicales allongées assez étroites, rétrécies presque en pétiole à la base. Tige dressée, striée, ailée souvent très- rameuse au sommet; rameaux allongés, dressés- étalés, terminés par des pédoncules uniflores. Ra- cine bisannuelle, pivotante , presque simple. Plante de 3 à à déc. Il est commun aux environs de Gap, Sisteron, Digve, Castellanne, etc. On le trouve également aux environs de Toulon et de Marseille, et dans le Bas- Languedoc jusqu’à Perpignan. Il fleurit en juin et juillet. Carpuus spiniGerus (N.), PL 8, fig. C, 1 à 7. Capitules assez gros, solitaires ; dressés sur des pédoncules allongés, un peu flexueux, tomenteux et nus au sommet. Involucre sub-globuleux , sou- vent aranéeux ; folioles allongées, linéaires, pla- 373 niuscules, carénées dans toute leur longueur par une nervure forte et saillante, cuspidées, à pointe allongée raide et piquante, les inférieures dressées, les intermédiaires un peu étalées en dehors au des- sus du milieu, les supérieures seulement réfléchies vers leur sommet. Fleurs d’une couleur purpurine très-foncée. Akènes oblongs, un peu comprimés, lui- sants, un peu jaunûtres , légèrement ridées transver- salement tout le long des stries qui sont au nombre de 15 à 16 et un peu marquées, longs de 4 mill. sur 2 mill. de large environ. Disque épigyne pourvu au centre d’un mamelon conique, jaunätre, peu an- guleux. Poils de l’aigrette à cils très-courts. Feuilles fermes, d’un vert noirâtre, garnies sur les deux fa- ces de poils arachnoïdes souvent assez fournis, ou glabriuscules, ondulées et épineuses sur les bords, oblongues , sinuées - pinnatifides ; segments ovales, très-étalés, plus courts et plus larges dans les infé- rieures, pourvus de 3 à 5 dents ovales, aiguës, bordées de petites épines et terminées par une épine assez raide et piquante ; les feuilles caulinaires décurrentes ; les radicales assez étroites, rétrécies presque en pétiole à la base. Tige dressée, striée, ailée, souvent trés-rameuse au sommel; rameaux allongés, peu étalés , terminés par des pédoncules uuiflores. Racine bisannuelle, pivotante et presque simple. Plante de 3 à 5 déc. Je l’ai observé à Sisteron ( Basses-Alpes ) où il est J 95 574 commun, ainsi qu'à Gap. Divers échantillons que je possède des départements du Gard et de l'Hé- rault ie paraissent devoir lui être rapportés. Il fleurit en juin et juillet. Je l'ai apporté vivant de Sisteron , et l'ai reproduit de graines; mais je n’ai pas ‘vu encore fleurir les individus de la seconde généralion. Carpuus SancrÆ-Bazuz Lois. Capitules assez petits, rarement solitaires , ordi- nairement aggrégés au nombre de 2 à 4 au sommet des pédoncules qui sont allongés , flexueux, garnis de feuilles ou ailés jusqu’au sommet. Involucre ovoide, souvent aranéeux; folioles noirätres ou purpurines au sommet, linéaires, planiuscules, carénées dans toute leur longueur par une nervure assez saillante, cuspidées, à pointe fine et courte non piquante, les inférieures dressées-appliquées, les intermédiaires un peu étalées non courbées, les supérieures légèrement courbées en dehors vers leur sommet. Fleurs d’une belle couleur purpurine. Ake- nes oblongs, un peu comprimés, luisants, un peu grisätres, très-finement chagrinés-ridés transversa- lement , à stries à peine visibles, longs de 4 mill. sur 2 mill de large. Disque cpigyne pourvu au cen- tre d’un mamelon ovoïde, conique, à 5 lobes très- visibles. Poils de l’aigrette à cils très-peu visibles. Feuilles assez fermes, d’un vert peu foncé, quelque- 375 fois rembruni, tomenteuses-aranéeuses surtout en dessous, ondulées et épinuleuses sur les bords, ob- longues, sinuées-pinnatifides ; segments ovales, très-étalés-dentés, bordés de petites épines peu pi- quantes ; les feuilles caulinaires décurrentes ; les ra- dicales allongées , assez étroites, aiguës au sommet, presque atlénuées en pétiole à la base. Tige dressée, striée, ailée, tomenteuse, ramifiée au sommet; ra- meaux allongés, dressés, peu étalés, flexueux, mul- tiflores an sommet ou rarement uniflores. Racine bisannuelle , pivotante, presque simple. Plante de L à 6 déc. Cette espèce est commune dans loute la Provence, depuis Sisteron, Digne et Castellanne jusqu’à Toulon et Nice. Je l'ai de la Sainte-Baume près Toulon, où elle est indiquée d'une manière spéciale par Loise- leur. Elle fleurit en juin et conserve ses caractères par la culture. Le C. vivartensis est remarquable par ses capi- tules penchés après la floraison et portés sur des pédoncules allongés et point raides ; par les folioles de l’involucre toutes réfléchies au sommet et très- faiblement épineuses. Ces caractères le distinguent du C. harnulosus Ehr. qui a les pédoncules rai- des, les capitules non penchés et les folioles les plus extérieures dressées-étalées non recourbées. Les feuilles, dans ce dernier, sont aussi plus molles, plus tonienteuses, plus finement ciliées-épineuses ; 270 et leurs segments sont plus obtus, à dents plus nomn- breuses. Les akènes sont rembrunis et non jaunâtres. Le C. nigrescens Vill. a les capitules assez gros , ordinairement dressés et fermes sur le pédoncule, et non pas régulièrement penchés comme dans le vivariensts. Les folioles de l’involucre sont bien plus allongées, et réfléchies complètement à partir de leur milieu ou en dessous ; elles sont un peu plus raides, quoique peu piquantes; leur nervure dorsale est plus saillante et se prolonge davantage inférieure- ment ; elles prennent rarement une couleur pur- purine comme dans l’autre espèce. Les fleurs sont päles et non d’un pourpre vif. Les akènes sont fort distincts, étant plus allongés et relativement moins larges, pourvus de stries bien plus visibles et d’une couleur grise ou blanchâtre, mais non jau- nâtre. Les poils de l’aigrette sont plus brièvement ciliés, et le mamelon épigyne plus obscurément anguleux. Les feuilles sont d’un vert plus sombre, généralement moins hispides; les radicales sont plus étroitement oblongues, et à lobes moins profonds. Toute la plante est généralement plus robuste, mais un peu plus basse ou de même taille. Le C. spinigerus est tout-à-fait intermédiaire, quant à la disposition des folioles de l’involucre, entre le C. nigrescens et le C. Sanctæ-Balmæ, car elles sont bien moins réfléchies que dans le second; elles sont d’ailleurs bien plus raides et plus piquantes 377 que dans ces deux espèces; leur nervure dorsale est aussi bien plus forte. Les fleurs sont d’une couleur violacée-purpurine moins gaie que celle du C. Sanc- tæ-Balmæ. Les pédoncules sont toujours solitaires comme dans le C. nigrescens, mais moins raides, un peu flexueux, à capitules souvent un peu incli- nés. Les akènes par leur forme plus raccourcie et leur couleur jaunâtre, s’éloignent de ceux du C. ni- grescens ; leurs stries sont bien plus marquées que dans ceux du C. Sanctæ-Balmæ qui sont aussi moins jaunûtres. Le feuillage est très-noirâtre, ce qui me fait présumer que Villars l’a confondu avec le 7- grescens ; mais ce qu’il dit des folioles de l’involucre, ainsi que la figure qu’il donne, correspondent par- faitement à ce dernier, et non au spénrgerus. Le C. Sanctæ-Balmeæ est fort distinct des précé- dents par ses capitules plus petits, moins globuleux et plus ou moins agglomérés. Il est aussi plus tomen- teux, et son feuillage est plus finement épineux. Les écailles de l’involucre sont presque toujours viola- cées-purpurines au sommet. J’en ai trouvé, près de Niceet de Grasse, une forme un peu plus'épineuse et dont lesépines des feuilles sont purpurineset jaunâtres à la pointe. C’est peut-être le C. intricatus Rchb. F1. exc. p. 281, qui diffère très-peu d’après la descrip- tion. Le C. litigiosus Balb. — Candolit Morett. paraît aussi une plante bien voisine du C. Sanctæ-Bal- mæ Lois. 376 J'ai obtenu par la culture de ces divers Carduus et de plusieurs autres, diverses formes hybrides ou pseudo-hybrides très-curieuses , notamment un hybride du C. nigrescens et du C. carlinæfolius Lam., plusieurs formes intermédiaires entre le C. cris- pus L. et le C. nigrescens, entre le C. vivariensis et le C. crispus, entrele C. nigrescens et le C. nutans L., entre le C. nigrescens et le Sanctæ-Balme, etc., etc. Je me borne à citer ces formes sans donner leurs ca- ractères, car je pense que c’est déjà bien assez de décrire les espèces véritables, et qu’il est inutile de s'arrêter aux modifications nombreuses qui peuvent résulter de rapprochements accidentels et n’ont d’ailleurs aucune fixité. L'étude de ces dernières peut cependant servir à jeter du jour sur la question des hybrides, et sous ce rapport, eile est intéressante et mérite une étude à part. Explication de la huitième planche. Fig. A. CARDUUS VIVARIENSIS (N.). 1. Fragment de tige en fleur de grandeur naturelle, 2. 3 et 4. Folioles de l'involucre. 5. Akène de grandeur naturelle. 6. Le mème grossi. 7. Feuille radicale. DD DTU PT PUR sndoÿrutds SNNPIL) -SUVDSOUBTU SNNPAE } q SISU9JLILVAIA shnpie ) A4 rduus rides ment folius . Cris= sis et as L., » etc. rs ca- ez de ile de uvent n'ont nières estion ssante a IX Carduus spinigerus € nigrescens B. Carduus A Carduus vivariensis 379 l'ig. B. Carpuus NiGRESCENS (Vill.). 1. Capitule en fleur de grandeur naturelle. 2. Le même défloré. 3, 4 et 5. Folioles de l’involucre. 6. Akène de grandeur naturelle. 7. Le même grossi. Fig. C. CarDUUS sPINIGERUS (N.). 1 à 7. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. B. GENRE OROBANCHE. Ayant soumis à M. Reuter deux espèces d’Oro- banche que j'avais l'intention de publier comme nou- velles, il les a reconnues pour être nouvelles effec- tivement et conformes à des échantillons provenant de localités étrangères à la France, d’après lesquels il les avait déjà décrites dans sa monographie des Orobanche pour le Prodomus de De Candolle. D’a- près cela, j'ai pensé que puisque ces deux espèces avaient reçu l'approbation de ce savant auteur, c'était une raison de plus pour les signaler aux Bo- tanistes français, et qu'il ne serait pas inutile d’en donner la figure avec une description détaillée, en leur conservant le nom qu’il m’a dit leur avoir im- posé dans son travail. Orogancne Laserpirii-Sireris Reuter. PI. 9, fig. À, 4 à 17. Fleurs très-nombreuses, en épi dense et très-al- longé. Bractées ovales-lancéolées, acuminées, dépas- sant un peu la fleur, munies de SG nervures dis- tinctes. Calice à deux sépales contigus ou soudés antérieurement, pourvus de nervures assezsaillantes, divisés jusque vers le milieu en deux lobes acumi- nés-subulés plus courts que le tube de la corolie. Celle-ci de couleur brune rougissante au sommet et 381 jaunissante à la base, couverte de poils courts glan- duleux-jaunâtres, tubuleuse-campanulée, régulière- ment courbée en arc sur le dos, à lèvres denticu- lées; la supérieure large, peu voüûtée, à deux lobes ovales-arrondis presque tronqués; l'inférieure éta- lée, à trois lobes petits, presque égaux, arrondis, un peu tronqués, très-relevés et plissés sur les côtés, séparés par des sinus très-obtus. Etamines insérées un peu au-dessus (à 5 mill.) de la base de la corolle; filets très-hérissés de poils la plupart glanduleux, arqués, à courbure du sommet assez large. Anthères grisätres, d’un brun cendré après la dessiccaiion, à loges ovales apiculées. Style d’un brun rougeûtre parsemé de poils glanduleux. Stigmates à deux lobes écartés, arrondis, non marginés, couverts en-dessus de très-petites papilles un peu saillantes et d’un jaune orangé. Tige simple, droite, élancée, marquée de stries et de côtes larges arrondies, d’un brun un peu rougeâtre, toute couverte de poils courts glanduleux visqueux jaunâtres, très-épaissie à la base, ordinai- rement renflée en un tubercule bulbiforme arrondi très-gros et peu écailleux, articulée en dessus, pour- vue d’écailles charnues très-appliquées imbriquées; les inférieures ovales-acuminées, à base très-élargie ; les supérieuresovales-lancéolées ou lancéolées-linéai- res. Radicelles nulles. Plante de 4 à 6 décim., à épi long de 2 à 3 décim., à tige épaisse de 1 à 2 cent., atteignant souvent à la base 4 cent. en diamètre. 382 J'ai recueilli cette espèce au sommet du Mont- Colombier près Belley (Ain), et à la Grande-Char- treuse près Grenoble (Isère). Elle croît sur les racines du Zaserpitium Siler L., et fleurit en juillet et août. OROBANCHE FULIGINOSA Reuter. P]. 9, fig. B. 4 à 17. Fleurs au nombre de 12 à 15 en épi serré, un peu lâche à la base. Bractées lancéolées, élargies à la base, longuement acuminées, égalant la fleur. Calice à deux sépales distincts, munis de nervures assez saillantes, fendus jusqu’au milieu et au-delà en deux lobes étroits acuminés-subulés et presque aussi longs que le tube de la corolle. Celle-ci d’un violet rembruni ou un peu jaunissant, parsemée de très- petits poils glanduleux, tubuleuse, assez égale, non renflée antérieurement à la base, régulièrement courbée et carénée sur le dos, à lèvres irrégulière- ment dentelées et plissées aux bords; la supérieure assez large, voütée et émarginée, plus longue que l’inférieure; celle-ci à trois lobes inégaux, arrondis, dirigés en avant, l'intermédiaire plus grand et élargi transversalement. Etamines insérées un peu au-des- sous du quart inférieur de la corolle; filets dilatés vers la base, à courbure du sommet étroite, velus sur leur face interne, garnis inférieurement de poils mous et allongés, et vers le haut de poils courts 383 glanduleux.Anthères brunes, apiculées. Style violacé, parsemé de poils glanduleux. Stigmate bilobé; à lobes, rapprochés, arrondis, non marginés, couverts en dessus de très petites papilles saillantes, et d’un violet orangé. Tige simple, d'un brun violacé, parsemée de très-petits poils crépus blanchâtres appliqués, un peu épaissie à la base; pourvue d’écailles brunes, étroites, lancéolées-linéaires, rapprochées dans le bas, là- ches et un peu étalées dans le haut. Radicelles peu nombreuses. Plante de 1 à 2 déc., à épi long de 5 à 10 cent. J'ai récolté cette espèce à la presqu’ile de Gien pres Hyères, et aux iles d’Hyères à Portquerolle. Elle croît sur les racines du Cineraria maritima L., et fleurit en mai et juin. Indépendamment des Or. Laserpiti-Sileris Reut. et /uliginosa Reut., j'ai recueilli plusieurs autres es- pèces remarquables qui n’ont pas encore été signalées en France, telles que : l’Or. lavandulacea Rchb. que J'aide Nice et du Luc (Var); l’Or. cæsia— Phelipæa cæsia Reut. que j'ai trouvée à Marseille, parasite sur les racines de l’Artemisia inculta Desf., et à Bagnols (Pyr.-Or.); l’Or. Muteli Schultz, espèce commune aux environs d’Hyères sur le Zrigonella prostrata D. C., l’Ayseris cretica W., le Crepis bulbosa Cass.; l'Or. pubescens D'Urv.— versicolor Schultz. qui vient à Marseille, et est parasite sur le Crepis bulbosa Cass.; l'Or. crinita Vis. qui croît aux îles d’Hyères et à la 384 presqu'ile de Gien sur le Lotus cytisoïdes L., ainsi qu'en Corse; l'Or. Scabiosæ Koch que j'ai du Lau- taret. Ces diverses espièces ont été déterminées par M. Reuter. Je ne donnerai sur elles aucun dé- tail, n'ayant que très-peu de notes prises sur des exemplaires frais. Explication de la neuvième planche. Fig. À. OroBaANcHE LasEerpiTrt-siLERIS Reut. 1. La plante entière de grandeur naturelle. 2. Fleur isolée. 3. Bractée. 4. Sépales. 5 et 6. Coupe longitudinale de la corolle. 7. Étamine grossie. 8, 9 et 10. Ovaire et style. 11 et 12. Sligmale. 13. Capsule. 14 et 15. Graines. 16 et 17. Ecailles de la tige. Fig. B. OroBANCHE FrULIGINOSA Reut. 1 à 17. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la figure A. “SOUISINN] 2UurqOI( ‘( ‘1qiddose] oyouvquip ‘V 2P PDU DD DUPYNUT É AY \/ Î ; ainsi u Lau- es par un dé- ur des ut. ondanls Laser GENRE PLANTAGO. La synonymie des PZ victorialis Poir. et ar- gentea Lam. me paraît devoir être l'objet de quel- que discussion. Chaix, dans la Flore du Dauphiné de Villars, 1, p. 376, a le premier nommé P. argentea le Plantago angustifolia argentea & rupe Victo- riæ Tournef. Inst. 127. — Plantago n° 4, Gérard El. Prov. p. 333, t. 12. — Garidel 367. Lamark, plusieurs années après Chaix et Villars, a signalé dans ses Illustr. n° 1660 sous le nom de P. argentea une plante des Pyrénées très-différente de la plante de Tournefort, de Chaix et de Villars. Poiret, long- temps apres, dans le Dict. enc. 5, p. 377, a décrit sous le nom de P. victortalis la mêime plante que celle qui portait déjà dans la Flore du Dauphiné de Villars le nom de P. argentea. D'après cela, on ne voit pas pourquoi le nom de Poiret serait préféré à celui de Chaix et de Villars, puisque la priorité est évidemment acquise à ce dernier, et que l'identité des deux plantes ne peut être l'objet d’un doute et n’est en effet contestée par personne. Le nom d’argentea devant rester nécessairement à la plante des Alpes, celui de la plante des Pyrénées doit être changé, et je proposerais de la nommer P. Lamarkt, si M. Boissier dans son Voy. hot. en Espagne ne l'avait déjà désignée sous le nom de P. nivalis. 386 Le P. saxalilis M. Bieb. F1. taur. cauc. 1, p. 109, serait d'après Reich., Fl. exc. p. 395, la même plante que le P. argentea Lam. ; mais Koch, Syn. fi. germ. p. 687, le rapporte au P. montana Lam. Pour moi, je serais d’avis qu’il diffère de ces deux espèces ; et cela me parait résulterassez clairementdes termes de la description. En effet, d’après Marsch. Bieberstein le P. saxatilis serait, à la maturité, de la taille du P. lanceolata L.., et aurait les épis de la même grandeur; ses bractées seraient de forme ovale, poilues au sommet, scarieuses sur les bords et brunes au milieu. Ces caractères ne conviennent ni au P. arsentea Lam., ni au P. montana Lam. Le premier a les épis fructifères petits et presque ronds; ses bractées sont obovales, poilues, soyeuses sur le dos ainsi qu'au sommet, et roussätres. Le second a les bractées ovales-elliptiques , brunes et non blanches sur les bords, vertes et non brunes sur le dos. Le P. argentea Chaix — victorialis Poir. a pour synonyme le P. sericea W. et Kit., PI. rar. hung. 2, p.163, t. 151, d’après l’avis de Koch, Syn. f1. germ. éd. 2, p. 687. Je n'ai pas vu d’exemplaire bien authentique de la plante des auteurs cités; mais leur description me paraît convenir assez bien au P. argentea Chaix, sauf que ce dernier a les an- thères très-blanches et non d’un jaune très-päle, que ses bractées sont ovales et non lancéolées, et 387 que les divisions du calice ne sont pas très-obtuses. Bertoloni, F1. it. 2, p. 163, sépare le P. sericea du P. victortalis Poir. Ainsi, la question de l'identité de ces deux plantes n’est pas encore parfaitement ré- solue. Indépendamment des P. argentea Chaix, riva- lis Boiss., montana Lam. , qui sont assez bien connus, j'ai été dans le cas d'observer une quatrième espèce également très-bien caractérisée, qui habite les Alpes de la Provence et du Dauphiné, et ne pa- raît pas avoir été connue de Villars, ni d’Allioni. Je ne l'ai trouvée décrite nulle part, et je pense qu'elle a pu être confondue avec l’une ou l’autre des espèces dont je viens de parler, et surtout avec le P. argentea Chaïix,— victorialis Poir. Duby, Bot. gall. p. 393, dit du 2. victorialis Poir. : spicd ovato globosà et bracteis obovatis. Le premier caractère est très- bien appliqué, mais il n'en est pas de même du second qui convient mieux à l'espèce que je veux faire connaître, d’où je conclus qu il y a eu proba- blement confusion des deux plantes de la part de cet auteur. La description du ?P. wrctorialis Poir. donnée par de Candolle, F1. fr. 3, p- 410, est con- ue aussi de manière à indiquer la même confusion. L'est donc à propos d'établir clairement les carac- tères de ces deux plantes qui sont d’ailleurs fort distinctes et dont l’affinité est plus apparente que réelle. Voici la description de cette nouvelle espèce. 388 PLANTAGO FUSCESCENS (N.) , pl. 10, fig. A, 4 à 192. Fleurs en épi peu serré, oblong-cylindrique. Bractées très-larges, obovales-arrondies, très-obtu- ses, concaves, brunes-scarieuses sur les bords, ca- rénées et vertes sur le dos, à carène épaisse et pro- longée au sommet en pointe courte et obtuse, munies surtout vers le haut de longs poils soyeux. Calice à divisions ovales, scarieuses-brunâtres, un peu carénée set vertessur le dos inférieurement, poilues au sommet ; les antérieures très-obluses et un peu échancrées au sommet ; les postérieures plus fortement pliées et carénées, peu obtuses. Corolle à tube glabre, oblong, resserré à l’ouverture ; à lobes ovales-lancéolés , acuminés , scarieux-roussätres , munis d’une bordure blanche étroite , un peu plus courts que le tube. Etamines à filets allongés, insé- rées au-dessous du milieu du tube; anthères oblon- gues-elliptiques, d’un jaune blanchâtre, finement mucronées, à lobes de l’échancrure très-aigus. Style velu, assez court. Capsule oblongue, deux fois aussi longue que large, assez grosse. Placenta comprimé, noirâtre; portant de chaque côté une graine oblon- gue, d’un brun noiràlre, rugueuse, convexe sur la face externe avec une côte obscure souvent nulle au milieu, creusée-caniculée irréguliérement sur la face interne. Feuilles toutes radicales, dressées, li- 389 néaires-lancéolées, rétrécies aux deux extrémités, un peu canaliculées près de la base, toutes couver- tes de poils mous blanchâtres, et pourvues à la base d’un faisceau de poils laineux de couleur fauve, trés-entières ou munies de quelques dents courtes linéaires très-écartées, marquées de 5 à 7 nervures, d’un vert foncé à la fin rembrnni. Pédoncule radi- cal, dressé, souvent un peu courbéa la base, dépas- sant les feuilles, arrondi, couvert de poils laineux un peu étalés ou appliqués vers le haut. Souche épaisse, garnie d’écailles brunes, émettant des pé- doncules et des feuilles nombreuses serrées en touffe. Racive brune, épaisse, simple ou divisée en deux branches. Plante de 3 déc., d’un vert sombre, de- venant brune par la dessiccation. J'ai recueilli cette espèceau col del’Arche (Basses- Alpes), et au Mont-Viso (Hautes-Alpes. Elle parait se trouver également dans les Alpes du Piémont, et c'est elle’ probablement qui est désignée dans l’Herbarium pedermontanum de Colla sous le nom de P. wictortalis Poir. Elle croît dans les pâturages alpins et fleurit en juillet et août. Sa taille élevée et sesépis oblongs lui donnent une certaine ressem- blance avec le P. lanceolata L. ; mais la forme de ses bractées ainsi que la couleur sombre de son feuillage et les poils laineux dont il est couvert, in- diquent qu’elle a beaucoup d’affinité avec les P. montana Lam. et névlis Boiss., tandis qu'elle n’a 26 qu'un rapport assez éloigné avec le P. arventea Chaix — victorialis Poir. Dans le P. lanceolatu L. les bractées sont ovales, altenuées-acuminées au sommel, et glabres; les di- visions postérieures du calice sont fortement caré- nées jusqu’an sommet. Dans le P. arsentea Chaix les épis sont arrondis ou ovales-arrondis, et très-denses. Les bractées sont ovales-acuminées, attenuées à la pointe, carénées et vertes sur le dos seulement vers la base, largement brunes-scarieuses dans leur partie supérieure. Les divisions antérieures du calice sont ovales, obtuses sub émarginées et brunes au sommet, un peu conca- ves el carénées; les postérieures sont pliées en deux, vertes et fortement carénées sur le dos. Le tube de la corolle est oblong, resserré à l’orifice, verdätre à la base, blanchätre au sommet; les lobes sont un peu plus courts que le tube, lancéolés-acuminés, blancs-scarieux, ou un peu rembrunis seulement à la base. Les anthères sont très-blanches. La capsule est ovale-oblongue, bien plus petite et moins allon- gée que dans le P. fuscescens. Les graines sont presque lisses et d’un brun peu foncé. Les feuilles sont forlemeut rétrécies à la base, presque atténuées en pétiole, très-acuminées au sommet, couvertes de poils appliqués, soyeuses-blanchâtres. La souche est peu épaisse. La racine est oblique et tronquée. Le P. montana Lam. qui a beaucoup d’affinité SU avec le P. fuscescens en diffère par la forme de ses bractées qui sont ovales ou arrondies-elliptiques, leurs bords supérieurs étant bien plus inclinés que dans celles du fuscescens, et leurs bords inférieurs beaucoup moins. Son épi est court, ovale-arrondi. Le tube de la corolle est moins resserré à l’ouver- ture, et les lobes sont plus courts, de forme plus ovale, et légèrement bullés vers leur courbure à l'ombilic. Les anthères sont moins oblongues, à lobes de l’échancrure moins aigus, et presque de moilié plus courtes. La capsule est plus petite d’un tiers. Les graines sont également plus petites, très peu rugueuses, à côte bien plus prononcée, à sillon de la face intérieure plus large et plus égal; leur couleur est aussi bien moins foncée. Les feuilles sont moins velues, souvent glabriuscules. Lés pé- doncules sont moins exactement arrondis et plus courts. Toute la plante est plus basse et moins ro- buste, et les bractées ainsi que la corolle et le calice sont généralement d’un brun plus noirâtré. Le P. nivalis Boiss. esl'très-reconnaissable à son feuillage couvert d’un duvet argenté Jainéux et très- abondant. Ses épis sont ronds et petits. Ses bractées sont obovales, à bords supérieurs bien plus relevés que dans le fuscescens et déprimés au milieu ; la côte dorsale est épaisse, velue, peu saillanté au sommet. Les divisions antérieures du calice ne sont pas émarginées au sommet. La capsulé ést bien 392 moins allongée et plus petite que dans le fuscescens. Les graines sont aussi plus petites et moins ru- gueuses. La taille de cette plante paraît toujours fort petite. Elle croît dans les lieux un peu humides, près des neiges, plutôt que dans les päturages secs comme le P. fuscescens. Explication de la dixième planche. Fig. À. PLANTAGO FUSCESCENS (N.). 4. La plante entière de grandeur naturelle. 2. Bractée grossie. 3. Fleur grossie. &. Division antérieure du calice. 5. Division postérieure du calice. 6. Etamine. 7 et 8. Fleur, à la maturilé de l'ovaire. 9. Capsule grossie. 10. Graine de grandeur naturelle. 11. Graine grossie vue sur la face exlerne 12. La même vue sur la face interne. Fig. B. PLANTAGO MONTANA 1. Epi en fleur de grandeur naturelle. 2. Epi frucuifié. 3. Braclée grossie. 4, Fleur grossie. 5. Division antérieure du calice. 6. Division postérieure du calice. 7. Etamine. 8 et9, Fleur, à la maturité de l'ovaire. 10. Capsule grossie. Lam. ad not del et si Te HP argentea. lancecola(a. PL nivalis. PL. PI montana. (Ce B. rescens. cehs, Me | ru- ; 2 < ; ours : | ides, F. : secs —- = = 22 ? 3 _. = = — ; \ Fe 5 montana \ Plantago 395 11. Graine de grandeur naturelle. 12. Graine grossie vue sur la face externe. 15. La même vue sur la face interne. Fig. C. PLANTAGO nivaris Boiss. 1 à 15. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- dants de la fig. B. Fis. D. PLANTAGO LANCEOLATA L. 1. Bractée grossie. 2. Fleur grossie. 3. Division antérieure du calice. 4. Division postérieure du calice. 5. Elamine. 6 et 7. Fleur à la maturité de l'ovaire. 8. Capsule grossie. 9. Graine de grandeur naturelle. 10. Graine grossie vue sur la face externe. 11. La même vue sur la faceinterne. Fig. E. PLANTAGO arGENTEA Chaix. . La plante entière de grandeur naturelle. . Bractée grossie. . Fleur grossie. . Division antérieure du calice grossie. . Division postérieure du calice grossie. . Etamine. 7 et 8. Fleur à la maturité de l'ovaire. 2. Capsule grossie. 10, Graine de grandeur naturelle. 11. Graine grossie vue sur la face externe. 12. La même vue sur la face interne. Q Où à © 19 > GENRE EUPHORBIA. EuPuoRBIA PYRENAICA (N.), pl. 41, 1 à 12. Ombelle souvent nulle et représentée par une fleur solitaire à l’extrémité des rameaux, ou à trois rayons uniflores, dressés, dépassant à peine les feuilles de l’involucre qui sont ovales-elliptiques, obtuses, faiblement denticulées sur les bords dans leur moitié supérieure. Involucelle à deux bractées égales, de forme ovale-rhomboidale, arrondies ou un peu tronquées à la base, souvent un peu aiguës et denticulées à la marge. Involucre caliciforme à tube jaunâtre, turbiné, atténué en pédicelle à la base ; à lobes internes purpurins, ovales, dentés au sommet, glabres; à lobes externes ou glandes d’un beau rouge foncé, arrondies-réniformes, très-entières. Etamines 12 à 15, peu inégales, à filets saillants ; loges des anthères d’un jaune päle et parfaitement rondes. Ovaire ovale; à pédicelle saillant hors du tube, souvent rougeûtre et dilaté au sommet en disque caliciforme entier appliqué sur la base de l'ovaire. Style divisé jusqu’au tiers inférieur en trois branches étalées, bifides et recourbées au sommet; à stigmates obovés-spatulés, verdâtres. Capsule glo- buleuse, trigone, arrondie sur les angles, très-glabre, munie de rugosités verruqueuses courtes obtuses éparses et très-inégales. Graine lisse, grisâtre, ellip- tique, longue de 3 mill. sur 2 mill. delarge. Feuilles d'un vert clair un peu jaunâtre, très-glabres, très- 395 obscurément denticulées à la marge dans leur partie supérieure, à veines et veinules en réseau visible à l'état sec, étalées, ovales-elliptiques; les inférieures rétrécies davantage à la base, arrondies tronquées ousubémarginées au sommet; les supérieures plus ou moins obtuses, rarement un peu aiguës. Tiges nom- breuses, hautes de 4 à 8 centim., point raides, de consistance herbacée, souvent très-contournées et flexueuses, striées, un peu anguleuses, très-glabres, Jjaunâtres, munies à leur base de petites écailles jau- nes obtuses éparses. Souche horizontale, à ramif- calions nombreuses, grêles, jaunâtres , articulées ; chaque articulation portant à son sommet les débris des vieilles tiges ou des tiges nouvelles. J'ai découvert cette espèce le 22 juillet 1838, à Athas dans la vallée d’Aspe (Basses-Pyrénées), sur une montagne calcaire très-élevée qui domine ce petit village. Elle croît en abondance sur le versant méridional, à une hauteur d'environ 1,900 mètres, au bas des rampes escarpées qui forment le sommet de la montagne , parmi les menus débris des ro- ches ou sur les rochers même, en société avec le Lychnis pyrenaica Berg. et bon nombre des meil- leures espèces de la Flore pyrénéenne. Je lai obser- vée également sur le versant nord de la montagne, où là seulement j'en ai trouvé quelques pieds pourvus d’une ombelle, tandis que sur l’autre versant tous les individus que j'ai pu voir, sans exception, avaient 396 les tiges terminées par une seule fleur, de sorte que cet état dela plante est beaucoup plus ordinaire que l'autre état qui semble cependant plus normal. M. Beruard de Nantua, botaniste très-zélé, m'a dit avoir rapporté dernièrement la même plante des Pyrénées, et lavoir déjà observée en 1816 près du Pas-d’Azun dans une localité voisine de celle que j'ai indiquée. Ogs. — En parlant de la localité où j'ai recueilli celte espèce intéressante d'Euphorbe, je crois à pro- pos d’y signaler le Zithospermum Gastont Benth. et le Thalictrum macrocarpum Gren., deux espèces cu- rieuses dont on ne connaît encore qu’un petit nom- bre de localités et que j’y ai récoltées en nombreux exemplaires, à la même époque, ainsi qu’un Pedicu- laris fort remarquable qui me paraît une variété à fleurs rouges du Ped. tuberosa L., tout-à-fait ana- logue au Ped. comosa à fleurs rouges des Pyrénées- Orientales ; les Ped. tuberosa XL. et comosa L. étant à fleurs jaunes dans les Alpes. L’Euphorbia pyrenaica a sa place à côté des Eu- phorbia dulcis L., angulata Jacq., ambigua W. et Kit., avec lesquels il est impossible de le confondre, à cause de sa petite taille et de son port qui est tout différent. 1] est parfaitement glabre dans toutes ses parties. Ses tiges ordinairement uniflores sont grêles, plus ou moins flexueuses, écailleuses dans leur par- lie inférieure qui est souvent dénudée et très-allon- té à na- ées- nt à Eu- .et dre, out ses les, ar= lots Buphorbia pyrenaica 397 gée surtout quand elle croit sous les pierres et qu’elle s'étend pour cherckier la lumière. Ses feuilles sont courtes, ovales-elliptiques, généralement ob- tuses, transparentes à l’état sec. Les involucres et les involucelles par leur forme et leur couleur se distin- guent à peine des feuilles. Le périgone a environ 5 mill. de largeur au sommet et une hauteur égale; les glandes sont longues transversalement de 2 mill. sur À 1/4 mill, de large La capsule haute de 4 1/4 mill. sur 5 1/4 de large est semée de verrues diffor- mes, inégales, disposées sur le flanc des coques qui présentent ainsi sur leur dos un intervalle lisse, indé- pendamment de l’intervalle valléculaire qui est lisse également. Explication de la onzième planche. EUPHORBIA PYRENAICA (N.). 4. La plante entière de gran@eur naturelle avec les fleurs en ombelle. MES . La même avec les tiges uniflores.…. : | Bractée du n 1. . Fleur complète grossie. PR Etamine accompagnée de sa bractée. Ovaire accompagné de son pédicelle et surmonté par les styles grossis. 8. Style à deux branches grossi. 9. Capsule de grandeur naturelle. 10. La même grossie. 11. Graine de grandeur naturelle. 12. La même grossie. 2 3. 4. 5. Une portion de l’involucre grossi. 6. É GENRE CAREX. Carex OLBIENSIS (N.), pl. 42, fig. À, 1 à 12. Un seul épi mäle dressé, pédonculé, linéaire, at- ténué à ses deux extrémités, long de 20 à 25 mill., large de 3 à 4 mill. Deux ou très-rarement trois épis femelles dressés, écartés, oblongs-linéaires, ren- fermant de 8 à 10 fleurs, longs de 20 à 30 mill., larges de 5 à 6 mill.; le supérieur à pédoncule très- court et inclus dans la portion brièvement sémi- vaginante de la bractée supérieure d’où sort l’épi mâle qui dépasse le femelle de la moitié de sa lon- gueur ; l’inférieur à pédoncule allongé triquètre, strié, un peu rude, dépassant plus ou moins la gaine de la bractée inférieure. Bractées entièrement foliacées; la supérieure égalant l'éps mäle ou plus courte; l’inférieure atteignant presque à sa base , à gaine longue de 10 à 30 mill. Ecailles des épis mâles obovées-oblongues , cuspidées , largement scarieuses, d’un roux pâle sur les côtés, vertes sur le dos; à trois nervures rapprochées, réunies au sommet, et prolongées en pointe saillante très- rude-ciliée sur les bords ainsi que la nervure mé- diane depuis son milieu. Ecailles des épis femelles assez semblables à celles des épis mâles, d’an roux très-pâle, plus largement obovées, plus lon- guement cuspidées, à pointe égalant le fruit mür 399 ou plus longue dans le bas de l'épi. Ovaire glabre, obové-oblong, atténué à ses deux extrémités, sur- monté par un style trifide. Fruit mür dressé, obové, fortement trigone, atténué à la base en pédicelle, et au sommet en un bec très-court très-peu comprimé dont l’orifice est denticulé et souvent un peu émar- giné, de couleur pâle un peu fauve, marqué de 27 nervures fines d’un fauve roux dont deux latérales verdàtres et un peu plus saillantes se prolongent sur le bec et sont munies vers le haut ae quelques cils Jancéolés acuminés et inclinés en avant, long de 5 1/4 mill., large de 2 1/2. mill. Akène d’un roux pâle, obové, fortement trigone, à côtes relevées sur- tout au sommet, à intervalles des côtes déprimés dans la partie inférieure, surmonté par la base du style persistante el très-courte, plus court que la cavité utriculaire qui est membraneuse et très- mince, et laremplissant exactement en largeur, long de3 1/2mill. sur 2 1/2 mill. de large. Feuilles vertes, dressées, assez fermes, un peu dépassées par les tiges, larges de 5 à 7 mill., planes, canaliculées en-dessus dans leur milieu, carénées en-dessous, très glabres, rudes sur les bords et sur la carène, à nervures nom- breuses et assez saillantes; les inférieures courtes, squammiformes et d’un brun violacé ainsi quele bas des gaînes. Tiges dressées, inclinées au sommet, assez grêles, triquèêtres, striées sur les faces, presque lisses sur les angles, assez garnies de feuilles, hautes de h00 3 à 4 décim. Souche cespiteuse ; à rhizômes épais, noueux, rameux, produisant des bourgeons d’abord un peu élalés puis redressés et rapprochésen faisceau, émeltant des fibres contournées raides grossières non striées et munies de fibrilles peu nombreuses. Je l’ai découvert dans les bois des Maures près Hyères (Var), au lieu dit Plan-du-Pont, et cà et là dans des localités voisines. Il croît dans les lieux secs, mais ombragés; et fleurit en mai. Ce Carex remarquable appartient à la section des Carex depauperata Good., brevicollis D. C., Mr chelë Schk., dont il constitue une des espèces les plus tranchées. Il a aussi quelque affinité avec les Carex pilosa Al., sylvatica Huds. ; mais ses carac- tères sont si distincts que je ne sais pas avec quelle espèce il serait possible de le confondre au premier aspect. Je pense néanmoins qu’il est plus voisin du Carex depauperata Good. que de tout autre. Ce dernier qui se rapproche du Carex olbiensis par son aspect et son mode de végétation, a des feuilles bien plus étroites et plus molles. Ses bractées sont plus allongées. Ses épis mâles sont plus courts et plus lon- guement pédonculés. Ses épis femelles n’ont que 3 à 5 fleurs. Ses fruits sont de forme ovoide, faiblement trigones, rétrécis en pédicelle plus court, et terminés par un bec très-allongé et scarieux au sommet. Ses écailles sont verdâtres, brièvement acuminées et bien plus courtes que lefruit. Les fibres de sa racine LO1 sont aussi beaucoup plus fines et à fibrilles plus nom- breuses. Les caractères du C. olbiensis peuvent se résumer ainsi : un seul épi mäle, deux épis femelles très-là - ches et pauciflores, écartés l’un de l’autre; le supé- rieur lrès-rapproché de l’épi mâle. Bractées allon- gées, foliacées. Ecailles obovées, cuspidées. Fruit glabre, obové, trigone, atténué en pédicelle, ter- miné par un bec court étroit et denticulé à lori- fice. Akene obové, fortement trigone. Feuilles larges, fermes, dressées, d’un brun violet à la base. Tiges triquètres, inclinées au sommet, dépassant un peu les feuilles. Souche cespiteuse. Fibres de la racine grossières non striées. Le C. brevicollis D. C. est très-éloigné du C. o- biensis ; mais comme il est rare et assez peu connu, je crois utile d’en donner la description suivante. Un seul épi mâle longuement pédonculé, deux épis femelles éloignés de l’épi mâle et écartés l’un de l’autre, épais, assez denses, renfermant de 15 à 30 fleurs. Bractées toutes deux longuement vagi- nantes et terminées en pointe bien plus courte que l’épi qu’elle accompagne. Écailles très-rousses , brièvement cuspidées et de la longueur du fruit. Ovaire légèrement pubescent. Fruit de couleur jau- nâtre, arrondi-obové, très-renflé, terminé par un bec court tronqué obliquement et plus ou moins bifide au sommet, Akène brun, arrondi, marqué de 402 trois nervures ou côtes filiformes saillantes et for- mant trois angles, surmonté par la base du style persistante et très-allongée. Feuilles larges de k à 6 mill., assez longues, dépassant à la fin les tiges. Celles-ci dressées, peu fermes , souvent flexueuses, trigones et lisses. Souche cespiteuse ; à rhizomes obliques, très-allongés, couverts des nervures per- sistantes des feuilles détruites, émettant des fibres slriées d’une manière remarquable et très-chargées de fibrilles courtes plus ou moins laineuses. Ce Carex est remarquable par sa précocité et la caducité de ses fruits qui avortent aussi très-souvent, ce qui est cause sans doule qu’on l’a décrit comme ayant des épis formés de 6 à 10 fleurs, tandis que j'ai compté jusqu’à 30 fruits sar un seul épi, lors- que le développement s'était fait dans des condi- tions favorables. 11 croit en société avec le Carex præcox Jacq., gynobasis Vill. montana L.; et ces derniers sont encore en bon état que déjà il a pris un aspect de caducité, et que ses fruits se détachent au moindre choc. Sa tige est trigone, mais non triquètre et à angles aigus, comme elle est décrite par De Candolle. Ses fruits vus à la loupe parais- sent couverts de petits poils épars. D’après ce ca- ractère, d’après la forme du bec du fruit , el surtout celle de l’akène, je pense qu'il serait plus convena- blement placé dans la section des Carex à fruit pu- bescent et à bec très-court tronqué obliquement. 403 Le C. Michelii Schk. avec lequel on a voulu le con- fondre me paraît très-distinct par ses épis pauciflo- res, ses fruits glabres à long bec, et sa taille moins robuste. J'ai récolté le C. brevicollis à Parves près Belley (Ain), localité unique en France où il a été signale par Auger. Il croît sur une colline calcaire boisée, à l'exposition du midi, et fleurit à Ja fin d'avril. C’est sans contredit avec le Carex olbiensis une de nos espèces françaises les plus rares et les mieux carac- térisces. Carex BasiLaRIS (N.), pl. 12, fig. B, 1 à 12. Un seul épi mâle dressé, pédonculé, oblong, ré- tréci à la base, long de 10 à 15 mill., large de # à 5 mill. Deux à quatre épis femelles ovales-oblongs, renfermant de 45 à 20 fleurs, longs de 8 à 10 miil., larges de 4 à 5 mill., quelquefois plus petits; un su- périeur (rarement deux) assez rapproché de l'épi mâle, dressé, à pédoncule long de 4 à 10 mill., dépassant plus ou moins la portion vaginante de sa bractée , assez fin, trigone et cilié-scabre sur les angles; un ou deux, quelquefois trois naissant de la partie inférieure des tiges, très-près de leur base, parfois mâles au sommet et portés sur des pédon- cules grêles, allongés, inclinés à la maturité, tou- jours dépassés par les feuilles, un peu rudes près du 40 sommet. Bractées herbacées , auriculées - membra- neuses vers la base, l’inférieure atteignant l'épi mâle où plus courte. Ecailles des épis males rousses sur les bords, plus pâles au milieu, à nervure dor- sale prolongée au sommet en pointe plus ou moins saillante et quelque peu rude. Ecailles femelles roussâtres, un peu vertes sur le dos, obovées-ob- longues, longuement cuspidées , à nervure dorsale et pointe trés-ciliée-scabre. Ovaire pubescent , ob- long, atténué aux deux extrémités, surmonté par un style trifide. Fruit mûr dressé, arrondi-ellipti- que, à angles presque nuls, atténué à la base en pédicelle, prolongé au sommet en un bec conique dont l’orifice est bidenté et tronqué un peu oblique- ment, couvert de petits poils assez nombreux , d’un vert jaunâtre, à la fin de couleur grise, pourvu de nervures peu visibles dont trois plus saillantes , long de 3 1/4 mill., large de 1 1/2 mill. Akène de couleur très-brune , de forme elliptique , pédicellé à la base, surmonté'par la base du style, offrant trois angles marqués par trois nervures ou côtes filifor- mes saillantes en relief et blanchätres , long de 2 1/2 mill., large de 4 1/2 mill. Feuilles d’un vert clair Jaunâtre, dressées, un peu courbées au sommet, plus courtes qué les tiges, larges de 2 à 4 mill., planes, carénées, très - glabres, rudes sur les bords et sur la carène , à nervures assez marquées. Tiges dressées, peu fermes , assez grèles, trigones, à an- 405 gles aigus, un peu rudes au sommet, et nues dans la plus grande partie de leur longueur , hautes de 4 à 2 déc. Souche cespiteuse, compacte; formée de rbizômes obliques, couverts des nervures persis- tantes des feuilles détruites, émettant des faisceaux de feuilles assez denses et des fibres grossières dé- pourvues de stries. Je l'ai découvert au cap de la Croisette près Can- nes (Var), où il croit dans les fossés et les lieux plutôt humides que secs. 11 fleurit en avril. Ce Carex se rapproche du C. gynobasis Vill. par la disposition de ses épis femelles dont plusieurs partent de la base des tiges absolument de la même manière, mais il s’en éloigne par une série de ca- ractères si tranchés, qu’il n’est pas possible de le considérer comme plus voisin de cette espèce que des autres du même groupe, telles que les C. præcoz Jacq., umbrosa Most., ericetorum Poll., montana L. etc. En effet, le C. gynobasis Vill. a pour caractères: un épi mâle presque sessile ; un à trois épis femelles petits, pauciflores, presque arrondis, rapprochés au sommet des tiges et presque sessiles ; un à trois épis femelles basilaires de même forme que les supérieurs et portés sur des pédoncules capillaires flexueux très-inclinés à la maturité; des écailles ovales-oblon- gues, un peu aiguës, jamais cuspidées, rousses avec la marge blanche et le dos vert, dépassées par les fruits 27 406 mürs. Ceux-ci sont assez gros, oblongs-obovés for- tement trigones, à bec très-court tronqué très- obliquement et faiblement émarginé, parsemés de poils très-courts visibles à la loupe, munis de 20 ner- vures très-nettes, d’un vert blanchätre, longs de 5 mill. sur 2 1/4 mill. de large. L’akène est obové- elliptique, fortement trigone, marqué de fines ner- vures, et d'une couleur päle grisâtre. Ses feuilles sont d’un vert pâle mais point jaunâtre, plus étroites et plus fortement carénées en-dessous. Ses rhizômes sont chargés de même des nervures persistantes des feuilles détruites ; mais les fibres présentent des stries assez visibles. Le C. tenuifolia Poir. H. 2, p. 254 est une es- pèce douteuse indiquée en Barbarie, qui paraît trés- voisine du C. gynobasis Vill. D'après la description qu’en donne Lamark, Enc. v. 3, p. 392, il se dis- tingue par des feuilles très-étroites filiformes et plus longues que les tiges, des épis femelles pauciflores à écailles à peine pointues, dont plusieurs naissent du bas des tiges. Ces caractères qui ne conviennent pas au C. basilaris le rapprochent singulièrement du C. gynobasis dont je possède une forme à feuilles três-étroites et dépassant longuement les tiges, que j'ai récoltée à Pierre-Chatel ( Ain). Le C. depressa Livk. indiqué en Portugal et figuré par Schkubr Car. 2, 45, C. e. c., a tous les épis femelles radicaux , et l’épi mâle solitaire. Ses fruits 107 sont obtus et triquètres. Il paraît voisin du C. gy- nobasis Vill., mais très-distinct de l’espèce nouvelle que je viens de décrire, dont les caractères essen- tiels peuvent être ainsi résumés : Un seul épi mâle terminal. Un ou deux épis fe- melles rapprochés de l’épi mâle, elliptiques-oblongs, renfermant de 45 à 20 fleurs ; deux ou trois autres épis femelles parfois androgynes, à long pédoncule naissant près de la base de la tige. Bractées foliacées, vaginantes. Ecailles femelles obovales, longuement cuspidées et dépassant les fruits. Fruit pubescent, arrondi-elliptique, atténué à la base, terminé par un bec conique bidenté et tronqué un peu obli- quement. Akène brun, obové - elliptique, à trois côtes filiformes. Tiges assez grêles , flexueuses, tri- gones, dépassant les feuilles. Souche cespiteuse, à fibres grossières. : Explication de la douzième planche. Fig. A. Carex oLniensis (N.). 1. La plante entière de grandeur naturelle. 2. Ecaille de l’épi mâle. 3. La même grossie. 4 et 5. Ecaille de l’épi femelle. 6. Ecaille n° 5 grossie. 7. Ovaire surmonté des trois sligmates. S. Fruit ou utricule de grandeur naturelle. 403 9. Le même grossi. 40. Moilié supérieure du fruit grossie. 11. Akène de grandeur naturelle. 12. Le même grossi. Fig. B. Carex BasiLaRis (N.). 1 à 12. Les mêmes organes qu'aux numéros correspon- P dants de la fig. A. OBSERVATIONS SUR PLUSIEURS PLANTES NOUVELLES, RARES OU CRITIQUES DE LA FRANCE. rAR ALExIS JORDAN. (Lues à la Société Einnéenne, le 9 novembre 1846.) GENRE CALAMINTHA. Les Calamintha officinalis Mœnch. et Nepeta (L. sont deux plantes fort répandues, qui sont mention- nées dans un grand nombre de Flores. Si on lit attentivement les descriptions des auteurs qui en ont parlé avec détail, on remarque qu'ils sont loin d’être d'accord sur leurs caractères, d’où il faut conclure , ou que ces plantes varient beaucoup en changeant de climat, ou qu’il y a eu confusion de plusieurs espè- ces différentes. Pour arriver à une solution dela dif- ficulté, il n’y a que deux voies : l'observation directe et la culture par semis. J'ai tenté l’une et l’autre, et elles m'ont conduit à reconnaître qu’il y avait, dans Ja région moyenne du bassin du Rhône seulement, quatre espèces bien caractérisées au lieu de deux qui y sont indiquées. Je vais en donner la description. caLAMINTHA oFricrnacis(Moœnch.).PI.1,fig.A,1à15. Fleurs pédicellées; disposées en fascicules axil- 410 laires, rameux, corymbiformes, pédonculés, un peu dressés et dirigés du même côté dans un sens opposé aux feuilles, occupant toute la partie supé- rieure de la tige. Pédoncules égalant ou dépassant les pétioles, plus courts que les feuilles, pubescents, de forme presque cylindrique, divisés au sommet en trois branches; l’intermédiaire un:flore, les deux latérales très-brièvement trichotomes, portant de 4 à 6 fleurs, celle du milieu solitaire et les autres fi1s- ciculées. Pédicelles inégaux, égalant ou dépassant le calice. Bractées hispides, étroitement oblongues- linéaires, un peu aiguës, légèrement concaves en- dessus, et carénées{en-dessous par une nervure sail- lante, Calice dressé sur le pédicelle, très-rarement un peu fléchi; tube oblong-campanulé, garni in- térieurement, vers l’ouverture, de poils blancs peu nombreux presque inclus; lèvre supérieure divisée jusqu'aux deux-tiers en trois dents ovales, acu- minées, un peu concaves, ciliées, étalées horizon- talement, à pointe fléchieen dehors; lèvre inférieure formée de deux dents lancéolées à la base, étroite- ment acuminées depuis le tiers inférieur jusqu’au sommet, fléchies en dedans et conniventes vers Ja pointe, munies de longs cils étalés. Corolle grande, purpurine, pubescente en dehors; tube allongé double du calice, renflé vers le tiers supérieur, très- rétréci à la base ; lèvre supérieure dressée, ovale, à bords déjetés en dehors, échancrée au sommet par AV deux petits lobes dont les bords internes sont pres- que droits et séparés par un angle très-aigu; lèvre inférieure étalée horizontalement, à irois lobes peu inégaux et contigus, les latéraux ovales-elliptiques, le médian arrondi et légèrement denticulé, dépas- sant peu les latéraux en longueur. Akènes bruns, ovales-arrondis, trigones, marqués d’impressions ponctiformes visibles à la loupe, et sur les côtés de l’'ombilic de trois petites plaques circulaires blan- ches plus ou moins excavées, longs de 4 1/6 mill. sur 1 mill. de large. Feuilles assez grandes, mollement pubescentes , très-finement ponctuées en dessous, d’un vert gai, de forme ovale un peu allongée, dentées en scie ; à limbe tronquétrès-obliquement à la base, el un peu atténué vers le sommet du pétiole qui est pubescent et égal au demi-diamètre transversal du limbe; les inférieures un peu obtuses, à dents plus nombreuses; les supérieures aiguës, à dents très-saillantes. Tiges nombreuses, mollement ve- lues, quadrangulaires, dressées, souvent un peu couchées à la base, ‘lexueuses, simples ou rameuses, à rameaux peu étalés. Racine d’abord simple, char- gée de fibrilles et terminée par plusieurs fibres prin- cipales, s'étendant ensuite horizontalement et dé- veloppée avec l'âge en souche rameuse, émettant près du collet un grand nombre de stolons radicants qui sont disposés tout autour de la souche princi- pale dont ils s’écartent peu, et qui donnent naissance 412 à autant de tiges. Plante froissée exhalant une odeur de mélisse douce et agréable. Cette espèce est très-répandue en France. Elle vient surtout dans les bois montagneux des terrains calcaires, et se plait dans les lieux secs abrités du soleil. Elle fleurit en août et septembre. Ses fleurs sont sujettes à varier beaucoup de grandeur, comme dans les autres espèces voisines. Dans l’état le plus ordinaire, son calice a le tube long de près de 5 mill. avec l'ouverture large de 2 1/2 mill.; la lèvre supé- rieure dépasse un peu 2 mill., et l’inférieure n’at- teint pas 4 mill. ; le tube est marqué de43 nervures saillantes qui se prolongent sur les dents de chaque lèvre, et dont 7 correspondent à la lèvre supérieure, et 6 à la lèvre inférieure; elles sont pour l’ordinaire brièvement hispidules. Le calice est en outre tout parsemé, à l'extérieur, de très-petites glandes jaunes brillantes, et prend toujours, surtout au sommet, une teinte d’un brun violacé. On voit dans les au- tres espèces les mêmes stries et les mêmes glandes; seulement celles-ci varient pour le nombre et la grosseur ; elles se montrent également sur les pédon- cules, la tige, et la surface inférieure des feuilles. La corolle a le tube long de 12 à 13 mill., et large au sommet de 4 mill. en hauteur et en largeur ; la lèvre inférieure est longue de 5 1/2 mill. sur 6 1/2 de large ; le lobe médian est large transversalement de 3 1/2 mill. sur 2 1/2 de longueur; le tube qui est tout h13 couvert extérieurement d’un duvet très-fin, est pourvu intérieurement, dans sa partie inférieure, de plusieurs rangées de poils qui vont, à partir de sa base, dans la direction des filets des étamines, aboutir au sinus des lobes de la lèvre inférieure ; il est marqué en dehors de nervures un peu sail- lantes, depuis la base jusqu’au tiers supérieur, dont l’une plus forte se prolonge en carène sur le dos de la lèvre supérieure, tandis qu’une autre corres- pond à une côte épaisse située sur la lèvre infé- rieure, au sommet du tube qui présente sur ce point, à l’intérieur, un large sillon; le tiers inférieur du tube est d’un blanc jaunâtre, et la lèvre infé- rieure est marquée en dessus, dans son milieu, d'une tache blanche parsemée de points et petites taches d’un pourpre vif; le reste de la corolle est d’une belle couleur purpurine. Les étamines ont les filets blanchätres , soudés au tiers supérieur du tube, et genouillés obliquement au-dessous de la soudure, sur une longueur de 1 mill; les anthères sont roses, à loges de forme elliptique, divergentes à la base, non contiguës au sommet, et séparées par-un COn- nectif large et blanchâtre. Le style est glabre, blan- châtre, purpurin au sommet, égalant la lèvre supé- rieure, terminé par deux branches dont l’inférieure est plus longue, courbée en dehors, mais rarement enroulée. Les ovaires sont ovales-elliptiques, dressés sur un réceptacle de même hauteur. Les cotylédons Al sent ovales-orbiculaires, légèrement rétus au som- met, un peu cordés à la base et pétiolés. Les feuilles sont parsemées en dessous de très-pelites cavités cir- culaires ponctiformes renfermant une glande sessile et jaunätre; elle sont larges dans le milieu de la tige de 2 à 3 cent., et longues de 3 à 4 cent. Les tiges varient dans leur taille depuis 3 jusqu'à 5 ou 6 déc. CALAMINTHA ASCENDENS (N.), PI. 1, fig. B, 1 à 15. Fleurs pédicellées; disposées en fascicules axil- laires, ombelliformes, très-brièvement pédonculés, un peu dressés el dirigés du même côté dans un sens opposé aux feuilles, occupant toute la partie supérieure de la tige. Pédoncules inférieurs de la longueur des pétioles environ; les intermédiaires et supérieurs très-courts ou presque nuls, de forme cylindrique, peu anguleux, légèrement déprimés, divisés au sommet en trois branches à l’état rudi- mentaire; l'intermédiaire uniflore, les latérales mul- tiflores et simulant ensemble une fausse ombelle de 8 à 12 fleurs. Pédicelles inégaux dépassant le calice ou de même longueur; les uns relevés, les autres un peu inclinés en bas. Bractées hispidules, lancéo- lées-linéaires, très-aiguës, planes en-dessus, à ner- vure dorsale épaisse. Calice toujours plus ou moins fléchi sur le pédicelle; tube cylindrique, évidem- ment renflé au-dessus de sa base, à la maturité, et A5 garni intérieurement, vers l’ouverture, de poils blancs presque inclus; lèvre supérieure divisée jusqu'aux deux-tiers en trois dents ovales, acumi- nées, trés-peu concaves, ciliées, ascendantes, à pointe non fléchie er dehors; lèvre inférieure formée de deux dents ovales ou lancéolées à la base, rétrécies en pointe très-étroite, à partir du tiers in- férieur, uu peu courbées en dedans et conniventes au sommet, munies de longs cils étalés. Corolle assez petite, d'un rose lilacé pâle, pubescente en dehors; tube court, dépassant un peu le calice, campanulé, renflé vers le tiers supérieur, rétréci à Ja base; lèvre supérieure dressée, ovale, à bords faiblement déjetés, échancrée au sommet par deux petits lobes séparés par un angle aigu; lèvre inférieure étalée presque horizontalement, à trois lobes inégaux légèrement denticulés, les latéraux plus courts, elliptiques-oblongs, le médian arrondi- obové, tronqué ou légèrement émarginé. Akènes d’un brun foncé, ovales-arrondis, trigones, marqués d’impressions ponctiformes très-visibles, et sur les côtés de l’ombilic de trois petites plaques circulaires grisâtres plus ou moins excavées, longs de 1 mill. sur 3/4 mill. de large. Feuilles de grandeur médiocre, pubescentes, d’un vert assez foncé, ovales, briève- ment dentées ; à limbe tronqué très-obliquement à la base, et souvent un peu atténué vers le sommet du pétiole qui est pubescent et plus long que le demi- 416 diamètre transversal du limbe; les inférieures plus obtuses, de forme ovale-arrondie; les supérieures à dents peu nombreuses, très-courtes, appliquées, souvent nulles. Tiges très-velues, quadrangulaires, ascendantes, obliques, un peu flexueuses, à rameaux nombreux dressés-étalés. Souche assez épaisse, obli- que, s'étendant peu latéralement, et émettant plu- sieurs tiges très-brièvement couchées et radicantes à leur partie inférieure. Plante froissée exhalant une odeur forte et pénétrante, mais point désagréable. J'ai observé cette espèce aux environs de Lyon, où elle est assez commune dans les lieux secs et pierreux, surtout à l'ombre des haies, et souvent en société avec les Cal. officinalis et Nepeta. Klle fleurit à la même époque, en août et septembre, et se ren- contre un peu dans tous les terrains. Son calice est verdâtre et prend quelquefois une légère teinte vio- lacée, principalement sur les dents ; le tube est strié et muni de glandes comme dans le C. officinalis ; il est long de 4 mill. sur 4 3/4 mill. de large, à l’ou- verture; sa lèvre supérieure est longue de 2 mill., et l’inférieure de 3 mill. La corolle est d’un rose très- pâle tirant un peu sur le lilas, et ne dépasse pas 10 ou {2 mill. au plus en longueur ; le tube atteint 7 mill. environ, la lèvre supérieure 3 mill. en hau- teur et autant en largeur, et la lévre inférieure 4 1/2 mill. ; lelohe médian a 3 mill. environ de diamètre ; le tube est muni de poils et de nervures comme 417 dans le C. officinalis, et est jaunâtre dans sa moitié inférieure ; la lèvre inférieure est marquée en dessus d’une large tache blanche qui occupe tout son mi- lieu, et est parsemée de points purpurins. Les étami- nes ont les filets soudés vers le tiers supérieur du tube et prolongés obliquement au-dessous de la soudure, mais non visiblement genouillés ; les loges des an- thères sont plus rapprochées au sommet que dans le C. officinalis, et d’un rose très-päle. Le style est glabre, pâle, un peu plus court que la lèvre supé- rieure, à branche inférieure enroulée en dehors aus- sitôt après la fécondation. Les ovaires sont ovales- elliptiques, dressés sur un réceptacle dont la hauteur dépasse leur longueur de près de moitié. Les coty- lédons sont glabres, arrondis, brièvement pétiolés comme dans l'officinalis. Les petites cavités circu- laires ponctiformes de la surface inférieure des feuil- les sont moins rapprochés que dans le C. officinalis, et leurs glandes sont presque toutes inciuses. La longueur des feuilles est d’environ 2 1/2 cent., et leur largeur de 2 cent. La hauteur des tiges varie de 3 à b déc. CazamiNrHa NEPETA (L.). PI. 2, fig. A, 1 à 15. Fleurs pédicellées ; disposées en fascicules serrés, axillaires, rameux, corymbiformes, pédonculés, dirigés du même côté dans un sens opposé aux feuil- les et assez rapprochés à la maturité, occupant toute h18 la partie supérieure de la tige. Pédoncules dépassant les pétioles, égalant les’feuilles ou plus courts, cou- verts de très-petits poils réfléchis, de forme cylin- drique, faiblement déprimés en dessus, divisés au sommet en trois branches; l'intermédiaire uniflore, les latérales très - brièvement trichotomes, portant de 5 à 7 fleurs dont celle du milieu solitaire, et les autres fasciculées très-serrées à la maturité. Pédicelles inégaux , plus courts que le calice. Bractées hispi- dules, lancéo!ées-linéaires, aiguës, planes en dessus, à nervure dorsale saillante. Calice dressé sur le pédi- celle, rarement un peu fléchi; tube cylindrique, renflé inférieurement, à la maturité, muni en dedans, vers l'ouverture, de poils blancs assez nombreux un peu saillants au dehors; lèvre supérieure divisée pres- que jusqu’à la base en trois dents ovales-lancéolées, acuminées, très-peu concaves, brièvement ciliées, dressées-étalées ou ascendantes; lèvre inférieure for- mée de deux dents ovales à la base, acuminées-subu- lées depuis le tiers inférieur, et garnies de petits cils dressés peu étalés qui dépassent à peine leur diamè- tre transversal. Corolle d’un lilas clair bleuâtre, pu- bescente en dehors; tube assez long presque double du calice, tubuleux-campanulé, élargi insensible- ment de la base au sommet ; lèvre supérieure dres- sée ovale à bords déjetés à la fin un peu en dehors, à échancrure du sommet formée de deux petits lobes arrondis; lèvre inférieure un peu ascendante, à trois 419 lobes inégaux obscurément denticulés ou entiers ; les latéraux plus courts, ovales-elliptiques , le mé- dian arrondi - réniforme , rétréci et contracté infé- rieurement , tronqué ou à peine échancré au som- met. Akènes bruns, ovales - elliptiques, trigones, marqués d’impressions ponctiformes à peine visi- bles , et sur les côtés de l’ombilic de très- petites plaques circulaires grisâtres peu inégales , longs de { mill. sur 3/4 mill. de large. Feuilles assez petites, plus ou moins pubescentes, point molles, parsemées de petits poils courbés appliqués, souvent un peu rugueuses, d’un vert assez clair, ovales- deltoïdes, crénelées ; à limbe tronqué peu obliquement à la base ; à pétiole velu , court, égal au tiers du diame- tre transversal du limbe; les inférieures trés-obtuses, de forme deltoide , à crénelures nombreuses et ob- tuses ; les supérieures ovales, un peu elliptiques à la base, peu vbtuses, quelquefois presque ziguës, peu dentées. Tiges assez nombreuses; les stériles courtes, très-étalées ; les fertiles brièvement couchées à leur base, redressées, fermes, assez hautes, plus ou moins hérissées de petits poils courbés irrégulièrement , à rameaux très-nombreux , assez ouverts, ordinaire- ment arqués et fléchis en dedans à leur extrémité. Racine pivotante, presque simple , assez épaisse , présentant avec l’âge, au collet, une souche formée de la base radicante des tiges. Plante exhalant, quand on la froisse , une odeur forte et un peu fétide. 420 Cette espèce est extrêmement commune aux en- virons de Lyon, où elle vient presque partout, par- ticulièrement dans les lieux secs et le long des che- mins. On la trouve également très-commune en descendant la vallée du Rhône, à partir de Lyon jusque dans la région méditerranéenne ; mais si l’on s'éloigne de Lyon du côté du nord, elle disparait entièrement ou devient très-rare, de sorte que Lyon paraît être sa limite extrême de ce côté; ce qui a lieu également pour le Centaurea paniculata L., le Gyp- sophila Saxifraga L, et beaucoup d’autres espèces que je pourrais citer, qui sont vulgaires autour de Lyon, comme dans le midi de la France, et de- viennent très-rares plus au nord. Elle fleurit, com- me les précédentes, en août et septembre. Elle a le calice verditre, rarement un peu brun sur les ner- vures; le tube est strié comme dans les autres, plus ou moins hispidule, et garni de glandes jaunâtres très-brillantes éparses et peu nombreuses. Sa lon- gueur est de 3 1/2 mill., et sa largeur à l'ouverture de 1 1/2 mill. ; les lobes supérieurs ont de longueur 4 1/2 mill., et les inférieurs 2 mill. La corolle est longue de 12 à 13 mill., à tube de 9 mill. , à lèvre supérieure de 3 mill., et lèvre inférieure de 5 mill.; le lobe médian de celle-ci a 4 mill. de largeur trans- versale sur 3 mill. de longueur. Le tube est pâle et jaunätre dans sa moitié inférieure; il est marqué de nervures et poilu intérieurement, comme dans les h21 C. officinalis et ascendens ; la lèvre inférieure est marquée dans son milieu d’une tache blanche peu développée , et de points purpurins très-peu nom- breux restreints à l’entrée de la gorge. Les étamines sont blanchâtres; à filets soudés, comme dans les les deux autres, vers le tiers supérieur du tube, mais peu obliques et brièvement décurrents au-dessous du point d'insertion ; à anthères dont les loges sont pâles, assez rapprochées vers le haut, mais non con- tiguës. Le style est blanchäâtre, un peu plus long que la lèvre supérieure, à branches courtes, l’inférieure seulement arquée en dehors et non enroulée. Les ovaires sont de forme elliptique, plus courts que le réceptacle. Les cotylédons sont très-petits, arrondis, elliptiques et très-brièvement pétiolés. Les glandes des feuilles sont peu rapprochées , presque incluses. Les feuilles intermédiaires ont 1 1/2 cent. de long sur une largeur égale. La hauteur des tiges varie de 4 à G déc. CazamiNTHA NEFETOIDES (N.), pl. 2, fig. B, 1 à 15. Fleurs pédicellées ; disposées en fascicules très- lâches, axillaires, rameux, cymiformes, pédonculés, un peu dressés et dirigés du même côté dans un sens opposé aux feuilles, occupant toute la partie supé- rieure de la tige. Pédoncules inférieurs plus courts que les feuilles ; les supérieurs les dépassant lougue- 28 22 ment, couverts de très-petits poils étalés, de forme cylindrique, très-peu déprimés, divisés au sommet en trois branches ; l'intermédiaire plas courte uni- flore ; les latérales très-brièvement trichotomes, por- tant de 3 à 6 fleurs, dont celle du milicusolitaire et les autres fasciculées toujours écartées. Pédicelles inégaux, divergents, plus courts que le calice. Brac- tées hispidules, oblongues-linéaires, peu aiguës, pla- nes en dessus, à nervure dorsale épaisse. Calice d’a- bord dressé, ensuite fléchi sur le pédicelle à la ma- turité; tube oblique , tubuleux-urcéolé, renflé vers le milieu à la maturité, rétréci aux deux extrémités, surtout à la base, muni en dedans, à l’ouverture, de poils blancs assez nombreux et un peu saillants en dehors; lèvre supérieure divisée jusqu'aux trois quarts en trois dents ovales-lancéolées, aiguës, peu concayves, ciliées, ascendantes ; lèvre inférieure for- mée de deux dents lancéolées, acuminées, munies de cils dressés qui dépassent deux fois leur diamè- tre transversal. Corolle rose, pubescente en dehors ; tube égalant une fois et demie le calice, assez ren- flé et courbé vers le tiers supérieur ; lèvre supé- rieure dressée, ovale, à lobes de l’échancrure arron- dis, à bords latéraux à la fin un peu déjetés en dehors ; lèvre inférieure presque horizontale, à trois lobes un peu inégaux et finement denticulés ; les latéraux plus courts, ovales elliptiques, le médian arrondi-obové, nettement échancré au sommet, 123 Akènes d’un brun clair, elliptiques, trigones, mar- qués d’impressions ponctiformes à peine visibles, et sur les côtés de l'ombilic de trois petites plaques circulaires grisàtres peu inégales, longs de 4 1/3mill. sur 3/4 mill. de large. Feuilles assez petites, plus ou moins pubescentes, souvent glabriuscules et un peu luisantes, d’un beau vert, ovales, aiguës, den- tées en scie, à limbe très-oblique et souvent atténué vers sa base, à pétiole pubescent égalant à peine la moitié du diamètre transversal du limbe; les in- férieures à dents plus nombreuses ; les supérieures à dents très-aiguës. Tiges nombreuses, peu élevées, assez grêles, souvent couchées à la base, redressées, flexueuses, légèrement arquées, simples ou peu ra- meuses, à rameaux assez ouverts. Souche ramifiée, horizontale, formée de la base radicante et un peu traçante des tiges. Racine peu épaisse, chargée dans son jeune àge d’un amas de fibres menues. Plante froissée exhalant une odeur assez agréable. J'ai observé cette espèce dans les régions chaudes des départements des Hautes-Alpes et des Basses- Alpes. Elle est très-commune dans tous les lieux secs et pierreux desmontagnes, et sur les bords des routes, aux environs de Sisteron, Digne, Castellanne, ainsi qu’à Serres et à Gap. Elle fleurit en août et septem- bre, comme ses congénères. Ses calices sont verdà- tres en dessous, rembrunis, violacés en dessus, par- semés de glandes peu nombreuses, striés, plus ou 424 moins hispidules, souvent glanduleux. Le tube est long de 4 miil., large de 1 1/2; les lobes supérieurs ont À 1/2 mill., et les inférieurs 2 mill. La corolle est longue de 10 à 12 mill., à tube de 7 à9 mili. et lèvre supérieure de 2 à 3 mill. Le lobe médian dela lévre inférieure a 3 mili. de long, et autant de large. Le tube est poilu et strié comme dans les autres, mais courbé davantage à sa partie supérieure. La lèvre in- férieure est blanche dans son milieu, et parsemée de points purpurins assez nombreux vers l’entrée de la gorge et sur le lobe médian ; ces derniers pour la plupart confluents au milieu du lobe. Les filets des elamines sont un peu obliques vers leur base adhé- rente, mais non genouillés. Les loges des anthères sont roses, séparées par un conneclif très-large, et assez écartées au sommet. Le style est rosé, à bran- che inférieure fortement enroulée en dehors. Les ovaires sont elliptiques, plus longs que leur récep. tacle. Les cotylédons sont ovales-elliptiques, plus allongés que dans les trois autres et d’un beau vert clair. Les feuilles intermédiaires sont longues de 2 cent. sur 11/2 cent. de large environ. La hauteur des tiges varie de 2 à 3 déc. ; elles atteignent rarement 4 déc. En donnant les dimensions exactes des parties de la fleur dans les Caamintha qui précèdent, je n’ai pas voulu leur attribuer une trop grande importance, car il est certain que rien n'est plus variable que la 125 grandeur des fleurs dans la plupart des plantes de Ia famille des Labiées. J’ai observé souvent des Cala- méntha qui offraient sur un même pied des fleurs de moitié plus petites que d’autres ; et dans les lieux où plusieurs espèces croissent pêle-mèle, il n’est pas rare de rencontrer des individus dont toutes les fleurs sont très-petiles et pour la plupart avortées, ce qu’on pourrait attribuer à l’hybridité. Je crois néan- moins que, toutes choses égales, si l’on observe di- verses espèces dens leur état normal, au moment de leur entier développement, elles devront offrir dans les parties de la fleur, comme dans leur taille et leur feuillage, des dimensions différentes et constantes. C'est pourquoi j'ai jugé à propos de mesurer avec exactitude les fleurs de ces Calamintha, que j'ai eu soin de prendre sur des individus obtenus de semis et cultivés dans des conditions identiques. Ces quatres espèces sont certainement bien distinc- tes. Les observations que j'ai pu faire à leur sujet ne me permettent pas d’en douter; mais, comme elles sont voisines et sujettes à des modifications et des avortements qui en rendent quelquefois la détermi- pation difficile, il importe d'appeler l'attention sur leurs caractères les plus essentiels et les plus cons- tants. C’est ce que je vais lâcher de faire. Le C. officinalis qui se reconnaît ordinairement, au premier aspect, à ses grandes fleurs purpurines, se distingue sûrement des trois autres espèces par L26 les dents de la lèvre supérieure du calice toujours étalées horizontalement à la maturité, et dont les pointes sont fléchies en dehors. Les longs cils qui bordent les dents de la lèvre inférieure le distinguent des C. Nepeta et nepetoides ; maïs cecaractère lui est commun avec le C. ascendens. Le tube n’est pas renflé comme dans les autres, à la maturité, ou l’est d’une manière peu sensible ; sa forme est évidem- ment moins cylindrique que dans les C. ascendens et Nepeta ;elle est tubuleuse comme dans leC.nepetoïdes, mais moins oblique et moins urcéolée.Les pédoncules sont assez longs et assez divisés, mais toujours plus courts que les feuilles. Les pédicelles sont moins rap- prochés que dans le C. Wepeta et moins divergents que dans le C. nepetoïdes. Les lobes de la lèvre infé- rieure de la corolle se touchent par leurs bords, et sont beaucoup moins inégaux en longueur et en largeur que dans les autres. Les filets des étamines sont genouillés au-dessous du point d’insertion d’une manière très-remarquable. Les akènes sont un peu plus gros que dans le C. ascendens et moins visible- ment ponctués, de forme plus arrondie que dans les G. Nepeta et nepetoides. Les feuilles sont les plus grandes de toutes et les plus mollement velues, de forme ovale un peu allongée, à dents saillantes. Les tiges sont plus flexueuses que celle du C. Wepeta, plus élevées et plus robustes que celle du nepetoïdes, et point obliques comme dans l’ascendens. La sou- 427 che est véritablement un peu traçante, quoiqu’elle ne puisse être assimilée en aucune facon à celle des plantes lout-à-fait rampantes comme sont les Men- tha. Ce caractère lui est commun avec le C. nepetoi- des et le distingue des C. Nepeta et ascendens. Son odeur douceet agréableest également caractéristique. Le C. ascendens est remarquable par ses fleurs dis- posées comme en ombelle sur des pédoncules extré- mement courts. Ses calices toujours fléchis sur le pédicelle ont le tube cylindrique et ventru à la ma- turité, les dents supérieures ascendantes et non déje- tées à la pointe, les dents inférieures assez semblables à celles du C. officinalis, seulement plus ovales à la base et plus étroitement subulées. Sa corolle un peu plus petite que celle du C. Nepeta, n’est pas comme dans ce dernier d’un lilas bleuâtre, mais toujours d’un lilas rosé ; le tube est manifestement plus court que dans les trois autres, et dépasse peu les dents inférieures du calice. Ses akènes sont arrondis, d'une couleur brune foncée, et bien plus visiblement ponc- tués que dans tous les autres. Ses feuilles sont re- mwarquables par leurs dents très-courtes, appliquées et souvent peu visibles ; leur forme est plus arron- die que dans le C. officinalis, moins deltoïde que le C. Nepeta, et elles tiennent le milieu pour la grandeur entre celles de ces deux espèces. Ses tiges sont ascendantes et toujours dressées obliquement, trés-rameuses comme dans le C. Nepeta, mais à ra- 28 meaux moins ouverls. Sa souche s'étend peu hori- zontalement, de même que celle du C. Mepeta, et émet des tiges très-brièvement radicantes. Son odeur, quoique forte, n’a rien de fétide. Le C. Nepeta est reconnaissable à ses fleurs dispo- sées en fascicules très-serrés, surtout à la maturité. Son calice a les dents supérieures ascendantes, géné- ralement peu étalées ; les inférieures sont garnies de cils très-courts presque dressés. Le tube a la même forme que dans le C. ascendens, mais les poils qui en garnissent l'entrée sont plus nombreux et plus sail- lants que dans ce dernier et le C. officinalis. Sa co- rolle est remarquable par son tube élargi insensible- ment de la base au sommet et moins brusquement renflé vers le tiers supérieur que dans les trois au- tres; le lobe médian de la lèvre inférieure est élargi transversalement et plutôt tronqué qu'échancré. Ses akènes sont de forme elliptique plutôt qu'arrondie. Ses feuilles assez petites ne sont pas mollement ve- lues, mais couvertes de petits poilscourbés appliqués, et généralement un peu rugueuses ; elles sont cour- tement ovales, plutôt crénelées que dentées, d’un vert assez clair. Ses tiges sont très-rameuses, dressées ou ascendantes, couvertes de poils plus ou moins cour- bés et assez raides. Sa racineest épaisse, et sasouche peu ou point traçante. Son odeur est désagréable et a quelque rapport avec celle du Mentha Pulegium L. Si le C. ascendens semble tenir le milieu entre le 429 C. officinalis et le C. Nepeta, le C. nepetoïides, sous d’autres rapports, paraît aussi intermédiaire entre ces deux espèces. Par la forme du calice florifère, par son port, son feuillage etsa souche, il se rapproche du C'.officinalis; maisses petites fleurs, son calice fructi- fère ventru et à dents courteent ciliées, la forme de ses akènes surtout, et son kabitat, indiquent qu'il a avecle C. Nepeta desaffinités plus réelles. Sespédoncu- les toujours plus longs que les feuilles supérieures, ses pédicelles très-ouverts, lui donnent un aspect tout-à- fait tranché. Son calice a le tube plus obliqueet plus rétréci à la base que dans les C. Vepeta et ascendens, et renflé plus au milieu ; les dents supérieures sont ascendantes, et les inférieures sont garuiesde cils plus courts que dans les C. officinalis et ascendens, mais plus longs et plus étalés que dans le C. Nepeta. Sa coroile est rose, petite ; le tube est courbé et renflé vers le haut, et d’un Liers ou de moitié plus long que le calice ; le lobe médian de la lèvre inférieure est de forme plus arrondie, plus nettement échancré que dans le C. Nepeta, et marqué aussi de points pur- purins plus nombreux et plus foncés. Ses akènes diffèrent peu de ceux de ce dernier; ils sont seule- ment un peu plus oblongs. Ses feuilles sont petites, ovales et dentées en scie, et non deltoïdes crénelées, rarement un peu molles, d’un vert assez foncé. Sa souche est plus grêle que dans le C. officinalis et aussi traçante. Son odeur est agréable, mais forte, 430 Ces quatre espèces de Calamintha ne sont ni les unes ni les autres des plantes rares, et il est proba- ble qu’elles se trouvent loutes dans la plupart des herbiers un peu considérables. Si l’on éprouve de la peine à les distinguer, cette difficulté tient sans doute à l’affinité de leurs caractères, mais bien plus encore à l'insuffisance et à l'obscurité des descrip- tions. Toutes les fois qu’une description, au lieu de s'appliquer à une seule forme bien déterminée, est conçue, suivant la méthode Linnéenne, de manière à embrasser plusieurs formes douteuses dont la limite n'est pas encore connue, il en résulte nécessaire- ment que des caractères trop généraux sont substi- tués en tout ou en partie aux véritables caractères spécifiques, ce qui infirme d’autant la valeur des espèces voisines en jetant du doutesur les caractères qui les séparent, car un esprit logique se refuse à admettre que ce qui ne vaut rien pour distinguer deux plantes dans un cas donné puisse être bon dans un cas tout-à-fait analogue. Cette méthode conduit au scepticisme. À force de ne vouloir admettre que des espèces tranchées dans des genres où la nature ne nous offre que des espèces unies les unes aux au- tres par les rapports les plus intimes, où finit par ve plus croire aux espèces, et l’on réunit successive- nent Loules les formes qui se présentent, jusqu’à ce qu'on arrive à des formes qu'il répugnerait trop de eltre ensemble. Alors, on laisse de côté la logique h51 pour obéir à cette répugnance qui est, après tout, un crilérium peu scientifique. Le C. officinalis se reconnaît facilement à cause de ses grandes fleurs; mais tant que l’on confond en une seule espèce les C. ascendens, Nepeta et nepetoïides on ne sait plus quel caractère solide lui attribuer. C'est ainsi que Duby, Bot. gall. p. 372, demande sile C. Nepeta diffère réellement du C. officinalis Crantz; et d’autres auteurs ont exprimé le même doute. En effet, dans l'hypothèse de la réunion des trois for- mes, il re faut tenir aucun compte de la grandeur des fleurs, ni de la forme du calice et de ses dents plus ou moins ciliées, ni de la forme et de la dente- lure des feuilles, ni des akènes, ni du portet de l’odeur. Tous ces caractères sont réputés variables, et il ne reste absolument rien pour distinguer le C. officinalis du C. Nepeta. La synonymie du C. officinalis ne me paraît of- frir aucune difficulté et je m'y arrêterai peu. La plante que j'ai décrite sous ce nom est incontestable- ment le Melissa Calamintha de Linné, Sp. pl. p. 827, et de la plupart des auteurs. Smith toutefois, dans le F1. brit. p. 642, lui attribue des calices ventrus et des feuilles à peine dentées : folia subserrata obso- letè serrata, caractère qui convient mieux au C. as- cendens ; maïs il ditles fleurs d’un violet foncé. La synonymie du C. Nepeta est au contraire très- embrouillée, parce que tantôt une forme, tantôt L32 une autre, tantôt toutes ensemble ont été décrites pour cette espèce. Aussi j'aurais pu, presque avec autant de raison, appeler repetoïdes la forme que j'ai nommée Nepeta, et réciproquement. En effet, Linué dit du Melissa Nepeta, dans le Sp. pl. p. 829 : pedunculis folio longioribus, caule decumbente. Smith. Fl brit. p. 642 lui donne des feuilles dentées en scie: serratés. Gaudin, F1. helv. 4. p. 89, Jui attribue des pédicelles divariqués. Tous ces ca- ractères s'appliquent à mon C. Nepetoïdes. D'un au- tre côté, Linné, dans son Syst. nat. ed. 12, dit du M. Nepeta : caule ascendente..…. folia sub cordata… corolla sub cœrulea, etc., et il lui attribue une odeur analogue à celle du Mentha Pulegium. Koch, Syn. fl. germ. ed. 2, p. 644, décrit ainsi les feuilles : sub rotundo-ovatis. Les descriptions des auteurs italiens conviennent trés-bien à mon C. Vepeta. Bentham, Labiat., p. 387, l'indique à Lyon où il est effective- ment très-commun, tandis que je n’y ai jamais ren- contré le C. nepetoides. Le C. Nepeta que jai décrit est le plus répandu daus les régions méridionales de la France et le plus connu sous ce nom des Botanis- tes français; c’est à lui que convient l’odeur un peu fétide attribuée généralement au C. Nepeta. C'est pourquoi j'ai cru devoir lui laisser ce nom, quoique la phrase du Species pl. de Linné telle qu’elle est, convienne mieux au C. nepetoides. Toutes les fois qu'il est question de séparer des plantes générale- L3S ment confondues, le mêine eimbarras se présente pour la synonymie, et l’on est contraint où d’aban- donner les noms anciens ou d'en faire une applica- tion arbitraire. Le C. ascendens est peut-être la plante que décrit Reichenbach. F1. exc. p. 329, sous le nom de C. um- brosa M. B.; mais il dit qu’elle a de grandes fleurs et le calice coloré comme dans l’officinalis , ce qui n'est pas vrai de de l’ascendens dont les fleurs sont toujours fort petites et le calice très-peu coloré. Le C. umbrosa M. B., d'après la description donnée dans le FL. taur. cauc. 2, p. 63, et d’après les échan- üllons de la région caucasique que j'ai pu exami- ner, est d’ailleurs une plante bien différente. Ses fleurs sont fort petites, disposées en cymes axillaires, dépassées de beaucoup par les feuilles. Ses bractées sont sétacées et très-hispides. Son calice a le tube très-oblique, tubuleux-campaniforme, très-hispide, et les deux lèvres peu ouvertes. Ses feuilles sont de forme ovale-allongée, à dents aiguës. Sa souche est évidemment traçante. Le savant auteur de la Fore du Centre, M. Bo- reau, vient dans un mémoire tout récent de signa- ler, sous le nom de C. menthæfolia Host., un Cala- nuntha qni me paraît s'éloigner trés-peu du C. as- cendens, si ce n’est pas la même plante. Il lui attribue des feuilles crénelées, des tiges dressées, et dit les fleurs d’un lilas très-clair, et la lèvre supérieure à” h34 bords planes non déjetés en dehors. Ces caractères ne vont pas très-bien à mon C. ascendens. MN dit en outre les fleurs en cyme, et ne parle pas de la briè- velé des pédoncules qui est si caractéristique, de sorle que je ne me permettrai pas de porter un ju- gement affirmatif sur sa plante. Dans tous les cas, il me paraît évident que le C. ascendens ne peut-être rapproché du C. menthæfolia Host; et parmi les espèces de la création de Host je n'en vois aucune qui s’en éloigue davantage. En effet, cet auteur dans son F1. aust. 2, p. 129 décrit ainsile C. mernthæfolia : pedunculis Joli loongioribus, Jolis ovatis serratis, coroll& calyce duplo longiore. Ces caractères ne peuvent s'appliquer au C. ascen- dens qui est remarquable, entre tous, par ses pédon- cules extrêmement courts et ses feuilles très-brieve- ment dentées. Il dit en outre : pedunculr secundi in breves pedicellos divist, tandisque dans l’ascendens les pédicelles sont, au contraire, plus longs que dans les autres espèces et les pédoncules plus écartés. 1l dit la corolle purpurine, et le lobe médian de la lèvre inférieure entier, ce qui va encore moins à ma plante. Je pense qu'on pourrait plutôt chercher dans le C. obliqua Host. mon ascendens, dans son rotundifolia mon Nepeta, et dans son Vepeta mon nepetoïides ; mais ce ne sont là que de simplesconjec- tures , car il ne me paraît pas possible de trouver rien de clair et de positif dans les descriptions du Flora 435 austriaca. Comine elles ne sont pas accompagnées de figures, et qu'elles ne brillent que par l'absence de critique et l’insignifiance la plus complète, je ne pense pas qu’elles doivent mériter les honneurs d’une discussion sérieuse. Aussi ce n’est pas moi qui cher- cherai à réhabiliter ces espèces et beaucoup d’au- tres du même ouvrage, ni à les tirer de l'oubli dans lequel elles sont si justement tombées; car je ne vois ce que la science pourrait y gagner, puis- qu’elles n’ont été adoptées par personne, et sont rap- portées par les meilleurs auteurs aux espèces déjà connues en, synonymes, purement etsimplement. J'aurais pu allonger beaucoup cette discussion, en citant ici les auteurs antérieurs à Linné qui ont parlé des Calamintha,eten commentant leursécrits ; mais comme je n’apercois pas bien l’utilité de ce genre de revue, jai cru devoir m'en abstenir. En effet, s’il est vrai que plusieurs de ces hommes il- lustres ont fait preuve d’une étonnante sagacité et d’une connaissance approfondie des espèces, il n’est pas moins certain que par suite de l’imperfection de la méthode qu’ils ont suivie, leurs écrits ne peu- vent que bien rarement servir à la solution des difficultés que présente l’étude des espèces très-voi- sines par leurs caractères. Il me reste à dire un mot de la question de genre. Le genre Calamintha a été établi en partie aux dé- pens des Melissa de Linné. Smith et plusieurs au- h36 teursaprès lui, ont réuniaugenre Thymus, les Melissa Calamintha L. et Nepeta L. Cette réunion n’était p?s heureuse, et n'est plus adoptée aujourd'hui; mais quelques auteurs, Bentham notamment, dans ses Labiateæ, conservent encore ces espèces dans le genre Melissa. Pour apprécier cette opinion, ilsuffit d'examiner ce qui distingue les genres Melissa et Calumintha, et d’une maniere générale, sur quoi sont fondées les distinctions génériques dans Ja famille des Labiées. Ces distinctions reposent en grande partie sur des caractères tirés de la forme du calice et de la forme des anthères. Le calice sur- tout y joue un très-grand rôle. Ainsi l’on sait (pour citer un exemple) que les 7hymus diffèrent des Origanum uniquement par la forme du calice qui est évidemment bilabié dans le premier genre. Je crois que c’est avec raison que l’on fait usage du calice d’une manière aussi exclusive, pour distin- guer les genres des Labiées, car si l’on examine avec attention les espèces les plus voisines dans les genres très-naturels de cette famille, on remarque qu’il n'en est peut-être aucune qui ne présente quelque note spécifique tirée de la forme précise de son calice, ce que je me réserve de montrer en traitant des Mentha ; d’où je conclus que le calice a une très-grande importance dans la famille des Labiées . et que tous les genres qui seront établis sur des dif- férences tranchées dans cet organe, devront être ad- 437 mis, Or, c’est ce qui a lieu dans le cas dont il s’agit. Si l’on compare les Melissa aux Calamintha , on trouve que les premiers ont le tube du calice plane, déprimé en dessus, tandis qu’il conserve toujours la forme cylindrique dans les seconds. Cette diffé- rence est très-nette, et suffit parfaitement, avec le caractère des anthères dont les loges sont contiguës au sommet dans les Welissa et séparées par le con- nectif. dans les Calamintha, pour constituer deux excellents genres. Il importe d’ailleurs de ne pas s’éxagérer la va- leur des coupes génériques. Plusieurs Botanistes sem- blent, en étudiant les genres, poursuivre une réalité. Sans doute les rapports qui unissent les espèces sont réels, et il est utile de chercher des caractères communs qui puissent servir à rapprocher les plus voisines et à les séparer des autres ; mais cette limite qu'on assigne aux groupes ainsi construits est purement conventionnelle et n’a aucune valeur objective. Si l’on prend pour point de départ dans la classification, comme types du genre, les premiers groupes que l’on pourra former en étudiant les familles très-naturelles | et qu’on veuille ensuite établir des groupes équivalents dans toutes les familles, de manière à n'avoir, en quelque sorte, qu'une série d’unités d’une valeur égale, on arrivera ainsi à doubler ou tripler le nombre des genres actuels. Si l’on prend, au contraire, le type du 29 4138 genre dans d’autres familles où les espèces présentent des différences très-tranchées, on sera conduit à ré- duire de beaucouple nombredes genres admisaujour- d'hui; ce qui montre que ces distinctions n’ont rien d’absoluen elles-mêmes, et qu’elles peuvent varier sui- vant le point de vue auquel on se place. Si quelques groupes paraissent vérilablement isolés de tous les autres, c’est tout simplement qu’il existe des la- cunes dans le règne végétal actuel; mais on con- çcoit qu'il ne s’en trouve pas dans le plan primitif des êtres, dont il ne nous est donné de connaître que quelques fragments, äl’aide desquels la connais- sance humaine peut s’élever jusqu’à l’ensemble par l'intelligence des deux grandes lois fondamentales d'harmonie et de variété, la loi qui unit les formes et la loi d’après laquelle elles se distinguent les unes des autres. Comme c’est dans les groupes dits natu- rels que l'union des êtres se montre la plus intime, et que l’absence de toute lacune fait briller une har- monie plus parfaite, c’est dans la connaissance de ces détails que doit se révéler la pensée de l’œuvre tout entière, car la nature agit toujours par les voies les plus simples qui sont aussi les plus grandes ; ce qui nous conduit à cette conséquence remarquable, que l’étude de l'espèce dans les genres naturels peut seule donner la clef des classifications, et que la connaissance de ces genres, sous le point de vue descriptif organographique et physiologique, est une 139 des conditions les plus essentielles du progrès de la science dans l'avenir, Si l’on considère maintenant qu'aucune étude peut-être n’a été plus négligée jusqu'à présent, et qu'aucune des méthodes suivies généralement n'ayant mis au jour son importance, la plupart des Botanistes n’ont pas même jugé ces genres dignes de leur attention, on peut apprécier le point où se trouve la science, et se faire une idée du progrés qui reste à faire. Ainsi, citer des genres tels que les genres Rubus, Rosa, Mentha, Quercus, Ulmus, Prunus, Cerasus, Pyrus, Malus, Vitis, Lac- tuca, Cucumis, Cucurbita, et une foule d’autres, c'est faire l’énumération de tout ce qu’il y a de plus inconnu dans l’état actuel de la science. L'école Linnéenne à cru se débarrasser de ces genres en les appelant variables; mais ce n’est là qu'un mot, simple écho des préjugés du vulgaire, qu’une hy- pothèse sans antécédent logique qui peut bien satis- faire quelques esprits pressés d’en finir avec l'étude des faits et peu soucieux de la méthode, mais qui, loin de résoudre la question, l'élude et la laisse subsister tout entière. | Pour en revenir à l'établissement des genres, je pense que la meilleure règle à suivre, c’est l’utilité de la science, et qu’on doit en régler le nombre sur les exigences de la méthode adoptée, et sur le plus ou moins de clarté et de facilité qu’ils présentent pour Fexposilion ou l’investigation des faits. Mais il n’en 440 est plus de même pour l'établissement des espèces.On ve peut ni en augmenter ni en restreindre lenombre ad libitum, comme voudrait le faire certaine école. Les espèces sont ou nesont pas: Les individus qui les composent peuvent être considérés comme l’évolu- tion d'un type unique, immuable dans son essence, multiple dans son unité, dont les modifications sont régies par des lois d’une valeur absolue. L’é- tude de ces lois, l’étude de la vraie nature des êtres et de leurs rapports, tel est l’objet de la science. Pour atteindre à ce but de toute recherche scienti- fique, la connaissance des êtres, l'expérience est sans douteindispensable, maisnesaurait snffire. Etant imparfaite de sa nature comme tous nos moyens d'investigation et limitée par rapport au temps et au lieu, les résultats qu’elle nous donne n'ont qu’une importance relative et sont marqués d’un caractère essentiellement provisoire. Elle ne nous montre d’ailleurs rien qui ne change plus ou moins dans le champ qu’elle embrasse." La raison seule nous découvre l’absolu et nous force d'accepter comme immuables les lois du monde matériel tout aussi bien que celles du monde ' moral. Elle nous fait concevoir une limite nécessaire que les êtres dans leurs modifications nombreuses ne sauraient franchir, et que l’observation est souvent impuis- sante à marquer. Elle nons montre l’immutabilité comme le fondement de la distinction des formes URI végétales. Ces données fournies par la méthode ontologique sur la nature de l’espèce une fois ad' mises, et la science établie sûr ce fondement solide, il ne reste plus qu’à procéder à l’étude des faits particuliers, en’ s’aidant ‘de l'observation directe et de l'induction scientifique. L'observation patiente et altefitive interroge la nature ; les faits présents et immédiats forment son "AB L’induction par- tant des faits observés s'ouvre une ,voie ‘brillante et féconde dans un :champ encore. inexploré. Si l'on combine avec.soin.les résultats de ces deux méthodes, on peut arriver, au moyen du contrôle qu'ils fournissent, à apprécier d’une manière exacte et selon leur importance les faits qui méritent de fixer notre attention. Ainsi, on constate d’une ma- nière positive l’existence d’un certain nombre d’es- pèces déterminées ; on saisit leurs rapports, lesquels servent à les grouper; on peut établir avec rigueur quels sont les faits certains, les questions définiti- vement résolues, et quels sont les points encore donteux ou cbscurs, selon que l'observation est plus ou moins complète, qu’elle est d’accord avec l'induction, ou qu’elle la contredit. De cette ma- nière l'édifice de la science se construit peu à peu, tandis que, sans le secours de la méthode philoso- phique et sans point de départ rationnel, de pa- tientes recherches, de longs et importants travaux, ne produisent souvent aucun résultat. 1. Da Explication de la première planche. Fig. A. CALAMINTHA OFFICINALIS. Mœnch. Fragment de tige fleurie de grandeur naturelle. Groupe de fleurs isolé grossi. 3. Bractée . 4, «). 6. Fleur complète grossie. Calice grossi. Coupe longitudinale du calice, pour montrer la lèvre supérieure. Coupe du calice, pour montrer la lèvre inférieure. . Coupe de la corolle, pour montrer la lèvre inférieure et l’insertion des étamines. . Coupe de la corolle, pour montrer la lèvre supérieure. Etamine grossie. - Réceptacle et ovaires grossis. . Style grossi. Graine de grandeur naturelle. Graine grossie. - Feuille du milieu de la tige. Fig. B. CacAMINTHA AsCENDENS (N.). 1 à 15. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. A. SHUUTOIJO VUJUTUEIE ) Y | SUXPUIISE EUJUIURIC) — EE 2 QUEYNT “sopropo dou LATE RUUUI LOS re “wjodou VIURUVIC) CF EE rs EE 7 h13 Explication de la deuxième planche. Fig. A. CALAMINTHA NEPETA (L.). 1 à 15. Les mêmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. A. de la première planche. Fig. B. CazAMiINTHA NepetoiDEes (N.) 1 à 15. Les mèmes organes qu'aux numéros correspondants de la fig. A. de la première planche. TABLE. Compte-rendu des travaux des années 1845—1646, par M. J.-A. Gérard . , . . . :, il £s 08 Notice sur M. Champagneux, par M. Foie ROSE Note pour servir à l’histoire de l’Akis punctata, par M. Mulsanbis 0,0, . De, - “UM Note pour servir à l’histoire des Dana par NE Mulsanks on er ge es AS Note sur un cas ere hrodeuné ADD TE nb chez le sexe mâle, dans l'espèce ovine, par M.Rey. . . 21 Description de quelques Coléoplères nouveaux ou peu connus (tribu des Carabiques, famille des Truncati- pennes, sect. des Anthiaires), par M. B.P.Perroud. 25 Observations sur plusieurs plantes nouvelles, rares ou criliques de la France, par M. Alexis Jordan. 1°" fragment : genres Alyssum, Viola, Sagina, Or- Che LURpE Re ES RTE et ty 0 2° fragment : genre Viola," 2x à . . QU Note sur une nouvelle espèce du genre TR par M. E. Mulsant. . . . 149 Observations sur l’électricité sie, ar Rtene einer. : HE se DES Observations sur Anaedre aie HobNElEs rares ou critiques, de la France, par M. AL Jordan. — 3° fragment : genres Thlaspi, Helianthemum, Sa- gina, Doryenium, Peplis, Galium, Filago, Car- duus, Orobunche, Plantago, Euphorbia, Carex.. ..159 4° fragment : genre Calamintha. . « . . . . 209 FIN DE LA TABLE. ERRATA. Pag.174 1.28 KRenter, lisez Reuter. — 187—928 anthères lilacées —— anthères blanchà- tres. — 9921—11 2 à 8 mill. — 9 à 3 mill. — 256—26 enc. p. 578 — enc. 2, p. 578 — 268—18 1, p.124 — 1, p.184 — 272—98 à lobes plus brièvement — à lobes des corolles” plus brièvement — 282— 2 à nervures — à nervure — 290— 15 sur le bas — vers le bas — 291 -- 15 Gondargue — Goudargue —— 295 — 1 fig. 4 — fig. À — 305— 7 G.concinnum(N.) — G.lætum(N.). — 133 — 28 Vegelalis — Segelalis. — 135 — 97 Cenesie — Cenisia. Lors vd Éétavis — Hanmeurieu, à Pin Drusienrs AMEN a éritiquesl de ka France; par M:. asie Pr . 4°Hrénimnt : Bonres À | ne 172. ein Tue : DRE | ‘+ MANS PHenEent :"eûre EU. ae +: si : er el we Rte vos mouvoile ose pure D ae es 1e Joan M: Matt "a : PV enmrratans Ya SNS soie. par M pr SEA +57 . das sur: sise: à chautin, wire Siles, eo EN ri | 4 PR des k ravrt, par: MT Al: Jordtaes 1 ‘# 4 Fe u gares . Thai Hétianihemen., 5e 2 + api Golns M ce | tiéer. 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