NRIUEE (HAE AR tte nn AS os HR Hi Hi si UE a ‘ nil H ni HE al ft Wa EAU qu ! ie ni HE HUE RNA k ï de à \1a4à ju VAT pi rte Sats es LR EE ii 2 2 Hs id Us DÉS É A sers SSSR _ = 2 Parts nu T2 ARE : ns RE ec do nn il . ARE NES 2 (RULES 4, (i OR i NUS il LA TNUeU in ; 144) un . HE su do qu ou dr GE qi lo LD QUI H nn je ji h ui Hi oi L Nr f DORA tn l qite 4h NAN DA j4, ‘| d jh ï RE ESS: TSSZ EEE: ets pps 4 HÉRÉTEZS x . -. LÉ : 15 RASE = ES = SNISSS FR | & Dirt Er Ë ES 2 HS © ; : z : FE Z SEtZiZ- £ L LS +. : 2 É r- À — 4 2 s IL 2 ILE RE # = Dassin it Spas ts à £ Pres - = : HSM UNS IEEE TTEET A : = LEE TELLE - r re = LE: = = FRS RE "RS SES DEL ui At 11 HN AE LE &: SE S = PE F0 bu STE PE 2 RER = = PCT LEE ro = LS Hu ii An A UE UE INSERTION à il ao 1 De ES nus AN et Lo (HONTE _ ÉXLIS ET = anses ES SE e2 Rs 4 ‘ DUT w Ha NAME S Le à ES me orme EE qui à 2 dus è FEU 1 du oi (h 4 ii 4 . se Niis ji SUR ei . qe L ie pie _ ci RUE ï À . rSrsse es à ) t (4 { LL es sie T4 $ ns Ace de MU di at WYp js ‘7 (à . Le is î fé vai nu “ ETC) au 1 di Ie ji re Qi ii ee 2 de 22: LES FESSES LEE FILS: = RENE URI nt } dla } de ‘ Nil qu Du Not DEMI HA 4! ap x) HARVARD UNIVERSITY LIBRARY OF THE Museum of Comparative Zoology MU j À ÿ ji | ACADÉMIE DE LA ROCHELLE SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE ANNALES DE 1906 ET 1907 US paun ze MUS. COM, 7001 LIBRARY APR 24 1952 HARYARD URIVERSITY LA ROCHELLE IMPRIMERIE E. MARTIN, RuE DE L'EsCcaLe, 20 1907 ANNALES DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE AD TC a été reconnue établissement d'utilite publiqu par décret du 4 septembre 1852 ACADÉMIE DE LA ROCHELLE SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE ANNALES DE 1906 ET 1907 ie eee te N° 45 W:uS. CORP. ZUBL. ne LIERARY ‘») { ANT FR 2 Æ 13 o À HARVARD UNIVERSITY LA ROCHELLE IMPRIMERIE E. MARTIN, RUE DE L'EscaLe, 20 1907 COMEPE RP DES TRAVAUX DE LA SOCIÈTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE D'APRÈS LE REGISTRE DES PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES —+lie ANNÉE 1906 2 E— BUREAU Président : M. BERNARD. M. Meyer. M. Joussert. Trésorier, M. COUNEAU. Vice-Présidents. | Secrétaire, M. GUILLEMIN. Secrétaire adjoint, M. SOENEN. Conservateur, M. BERNARD. Conservateur adjoint, M. BAsser. Bibliothécaire, M. CARRIÈRE. M. Leplanquais, armateur à La Rochelle, a été élu membre de la Société des sciences naturelles. — VI — Dix séances ont été tenues pendant l’année 1906, assidüment suivies par les membres de la Société. Nous donnons ci-dessous un résumé succinct des tra- vaux et des communications les plus importants exposés au cours de ces séances : Février. — M. Musset présente à la Société des sciences naturelles de très curieux objets provenant des fouilles archéologiques du souterrain de Macque- ville (Charente-Inférieure). Mars. — M. Musset communique deux registres d’un sieur Lamberts, qui habitait La Rochelle au xvirre siècle et a consacré 25 années de sa vie à noter jour par jour tout ce qui se passait d’intéressant dans notre ville. Il a notamment mentionné sur ces registres toutes les observations météorologiques journalières qu'il a pu faire, ainsi que des faits intéressant l’his- toire naturelle. M. Meyer analyse quelques articles très documentés sur le développement des papillons et la vitesse du vol des hirondelles. Avril, — M. Musset, au cours de ses recherches dans les anciens textes, a trouvé la preuve qu'il existait, autrefois, un important commerce de tortues dans notre région. Il communique à ses collègues plusieurs documents sur ce sujet. MM. Carrière et Bernard fournissent également des renseignements sur l'existence des tortues dans notre pays. Mai. — M. Dubourg analyse et commente un inté- ressant travail de M. Jamesson, sur l'assimilation de l’azote de l’air par les plantes. Ce travail détruit com- plètement, par ses données, les théories physiolo- giques sur le rôle de la chlorophylle admises jusqu'ici. M. Musset eniretient la Société des travaux à faire re DES pour l'élaboration de tableaux à apposer dans les communes et destinés à indiquer aux touristes tout ce qu’il y a d’intéressant à voir. L'idée de M. Musset a reçu la haute approbation du Touring-Club de France. M. Musset communique des lettres du botaniste rochelais Bonpland que lui a envoyées le Dr Hamy, puis montre à ses collègues une hache en silex récem- ment découverte dans notre région et remet à Ja Société un petit herbier des mousses d'Europe. Juin. — Communication de M. Soenen sur les haricots toxiques dits « Haricots de Java ». Notre collègue montre de nombreux spécimens de ces dan- gereuses graines et fait constater le dégagement d’acide cyanhydrique, cause des accidents observés. Les pou- voirs publics se sont émus de l'apparition de ces haricots sur les marchés de France et en ont prohibé la vente. Octobre. — M. Turpain fait une intéressante com- munication sur une application des miroirs tournants pour la mesure de très petites vibrations lumineuses. M. Bernard présente un exemplaire du Bacillus Gallicus (Charpentier) ou Plasma Gallicum, orthop- tère de la famille des plantes omis dans la faune vivante de Beltrémieux ; puis il fait une communica- tion sur un insecte hémiptère-hétéroptère qui ravage cette année les choux, radis, navets, etc. M. Bernard croit pouvoir affirmer qu’il s’agit du Pentatome orné (Pentatoma Orvata), qui vit aux dépens des crucifères dont il suce la sève. Novembre. — La Société s’entretient de la publi- cation de la Flore de France, puis M. Musset présente à ses collègues divers objets gallo-romains trouvés par lui à Saint-Pierre-d'Oleron. Décembre. — Notre collègue, M. Dollot, fait hom- NAN mage à la Société de son intéressant volume sur le sous-sol parisien. M. Dubourg fait une communication sur les nou- velles théories de la combustion alimentaire et sur les conséquences que l’on peut en tirer dans la pratique pour la nourriture des animaux. Excursions. — Deux excursions ont été faites pen- dant l’année 1906 par la Société des sciences natu- relles de la Charente-Inférieure. La première avait pour but la visite de la beurrerie et de l’école de laiterie de Surgères, ainsi que des nouvelles usines à caséine. Les excursionnistes étaient nombreux. Ils ont vu à Surgères des choses très intéressantes attestant le développement intense de l’industrie lai- tière dans notre région, dont les récentes applications de Ja caséine vont encore favoriser l’essor. La deuxième excursion eut lieu à Brouage et aux environs de cet ancien port, où de nombreuses curio- sités historiques etarchéologiques retinrent l’attention des visiteurs. ANNÉE 1907 BUREAU Président, M. BERNARD. ( M. MEYEr. UM. JOUSSET. Trésorier, M. COUNEAU. Secrétaire, M. GUILLEMIN. Secrétaire adjoint, M. SOENEN. Conservateur, M. BERNARD. Conservateur adjoint, M. Baseer. Bibliothécaire, M. CARRIÈRE. Vice-Présidents, Membres admis pendant l’année : MM. Faideau, professeur à l’école J.-B. Say, à Paris, et Conor, armateur à La Rochelle. Les séances de la Société ont été régulièrement suivies chaque mois et nous pouvons citer, parmi les travaux et communications les plus intéressants : En /évrier, une étude analysée par M. Bernard sur les lamproies et leur habitat, puis une communication de M. Cailloux sur un cas très curieux d’œuf anormal. Cet œuf de poule, dont l’aspect extérieur ne révélait rien de particulier, renfermait au milieu de l’albumine un autre petit œuf normalement constitué. A la séance de mars, une place toujours fidèlement occupée reste vide : c’est celle qu'’occupait M. Jousset, Vice-Président de la Société, décédé à Rochefort, La disparition de cet estimé collègue est vivement regrettée par tous les membres de notre compagnie. M. le Pré- sident a adressé sur sa tombe un dernier adieu à l’ami disparu. La séance est consacrée aux questions de météoro- logie. Avril. — La mort frappe dans nos rangs. Après M. Jousset, nous perdons M. d'Orbigny, maire de La Rochelle, membre de la Société depuis 1878, dont le nom, en rappelant celui de l’illustre naturaliste roche- lais, jetait un éclat sur notre compagnie. Au cours de la séance d’avril, M. Bernard présente quelques oiseaux et poissons rares naturalisés, qui viennent enrichir nos collections. M. Meyer analyse et commente un intéressant article sur la culture de la pomme de terre en Alsace et en Allemagne. M. Eury signale la découverte récente d’une nouvelle falsification des farines par addition de talc, falsifi- — X — cation qui devait par la suite faire couler beaucoup d'encre et montrer jusqu'où va l'audace des fraudeurs. Mai. — Il est donné connaissance du legs de M..d’Orbigny en faveur du Musée départemental d’his- toire naturelle entretenu par notre Société. 10,000 fr. ont été légués par le généreux donateur, dont les intérêts seront affectés au Musée. Au cours de la séance, on s'occupe de la publication de la Flore de France et de la Commission de météoro- logie. Juin. — M. Meyer communique une étude intéres- sante sur la fabrication et l'emploi d’une rogue arti- ficielle dont la vulgarisation rendrait de grands services aux pêcheurs. M. Couneau donne d’intéressants détails sur la pho- tographie des couleurs et la conférence des frères Lumière, à Paris, à laquelle il assistait. M. Dubourg communique l’intéressant travail publié dans ces annales. Juillet. — M. Eury fait part du travail d’un de nos jeunes concitoyens, M. Lancien, sur le molybdate d'uranium. Ce travail a été communiqué à l’Académie des Sciences le 17 juin 1907. M. Bernard analyse ensuite diverses études impor- tantes. Août et septembre sont des mois de vacances pendant lesquels les séances sont suspendues. Octobre. — La correspondance s’est accumulée depuis la dernière séance et les tables sont surchargées de nombreux volumes, revues, publications diverses, adressés à notre Société. Des félicitations sont votées à notre savant collègue, M. Turpain, pour sa nomination de professeur à la chaire de physique de la Faculté de Poitiers. M. Bernard donne lecture d’un travail extrèmement intéressant et documenté de M. Sauvageau, sur la cause du verdissement des huîtres et la culture de ce mollusque. M. Musset présente un curieux document sur la venie des eaux minérales au xvine siècle; c’est un certificat de provenance de l’eau des Fontaines d’Availles-Limouzine (Vienne). Il remet également quelques coquillages destinés à prendre place dans nos collections. En dehors des travaux qui ont occupé nos séances, nous devons signaler, comme une preuve de l’activité de la Société des sciences naturelles, la conférence faite à l’Oratoire par M. Turpain, sur l'air liquide. Cette conférence, à laquelle assistait un brillant audi- toire, fut une très belle manifestation scientifique. Notre savant collègue captiva l'attention par sa parole et par des expériences très réussies qui montrèrent les étonnantes découvertes de la chimie moderne. 4 Maurice SOENEN Secrétaire adjoint SPLSLSLSLSLSLSISS " DÉNUNAS A RER ET al DE L'ALIMENTATION DES ANIMAUX DOMESTIQUES a 0 ——————— Définitions. — Composition du corps animal. On désigne sous le nom d'aliment toute substance qui, introduite dans l’appareil digestif, est susceptible de fournir les éléments nécessaires à la réparation des tissus, à l’entretien de la chaleur animale et à l’ac- croissement de l'individu tant que son développe- ment est incomplet. On dit qu’un aliment est complet, lorsqu'il contient tous les éléments qui font partie des tissus animaux. L'analyse chimique a démontré que les principes élémentaires qui entrent dans la composition du corps de l’animal sont les mêmes que ceux qui font partie constituante des plantes, des fourrages. Quelques-uns de ces éléments, tels que le chlore, le sodium, ne sont pas indispensables pour le végétal ; tandis que l’animal ne saurait vivre à l’état de santé parfaite si l’un ou l’autre de ces corps faisait défaut. La plante sert donc de trait d'union entre le règne minéral et le règne animal ; elle semble douée de propriétés absorbantes pour des substances qui lui sont indifférentes afin de les emmagasiner au profit du règne animal. Les dents et le tissu osseux contiennent des traces de fluor; on ne saurait dire, dans l’état actuel de nos connaissances, quel est le rôle physiologique de ce corps, non plus que celui de la silice dans les plumes, la laine et les poils. Toute substance végétale, comme toute substance animale, peut être divisée en deux parties : 4° la partie combustible, qui appartient exclusivement à la partie TOURS organique; 20 la partie incombustible ou partie miné- rale, qu'on retrouve dans les cendres. La partie combustible comprend les matières azolées et les matières grasses. Les principes azolés albuminoïdes, protéiques, gélatinoïdes et la substance cornée ont une composition qualitative à peu près semblable. Les albuminoïdes constituent la base de Ja substance musculaire et nerveuse, et de la plus grande partie des éléments solides du sang ou globules. L'albumine où blane d'œuf peut être considérée comme le type des principes albuminoïdes animaux. | Les gélatinoïdes ou collagènes se trouvent dans les tendons, la peau et tous les tissus connectifs, ainsi que dans la partie combustible des os et des cartilages. La kératine ou matière cornée constitue la base de la corne, des poils, de la laine, des plumes. C’est pourquoi ces trois produits sont considérés comme des engrais azotés plus où moins actifs. Tous ces éléments constituants du corps animal contiennent de 45 à 18 °/ d'azote. La graisse ou suif est à base de stéarine, de palmi- line, d'oléine et de margarine ; la graisse de porc, qui se fige entre 26° et 310, est formée de ces quatre élé- ments. Le suif de bœuf fond à 39 ; il contient prinei- palement de la stéarine unie à un peu de margarine et d'oléine. Le suif de mouton se compose de stéarine, d'un peu de margarine, de palmitine et d'oléine ; son odeur et sa saveur spéciales lui sont communiquées par l'acide hircique. Le beurre des femelles des mammi- fères à une composition plus complexe que les graisses déposées dans le tissu connectif ; il est formé de stéarine, de margarine, d'oléine, de butyrine, de ca- proïne, de caprine, de palmitine, de myristine et de butyne. Boussingault, Dumas et Payen en France, Tiedman ANR Y RENE et Gmelin en Allemagne pensaient que les graisses accumulées dans l'organisme des herbivores prove- naient entièrement des corps gras contenus dans les fourrages. Ce fut en 1842 que Liebig, le premier, émit l'opinion que les animaux pouvaient former de la graisse de toutes pièces. Magendie, Boussingault et Persoz en France, Playfair en Angleterre établirent que les corps gras qu’on trouve dans le corps d’un animal peuvent dériver du dédoublement dans l’éco- nomie de la fécule ou des sucres. On ne saurait ce- pendant nier que les matières grasses des aliments, une fois absorbées, passent dans le sang, pour ensuite être déposées dans le tissu adipeux, comme semblent le prouver les expériences de Munk et de Lebedefï. La matière protéique peut, en se dédoublant, donner naissance à la graisse ou à des corps analogues, et on peut entretenir la vie rien que par l’emploi d'aliments albuminoïdes ; dans ce cas, il faut fournir à l’économie un poids de matières albuminoïdes incompatible avec une ration économique. Les os contiennent la plus grande partie des prin- cipes incombustibles ou cendres. Dans un animal arrivé à un état d’engraissement parfait, on trouve 75 à 80 °/, de cendres provenant de la charpente osseuse, composées principalement de phosphate de chaux et de magnésie. Les cendres provenant de la combustion du tissu musculaire contiennent du phosphate de potasse ; celles du sérum du sang, du phosphate de soude. Il est à supposer que dans le sang il se passe une double décomposition entre le sel marin et le phosphate de potasse du chyle, d’où résulte du phosphate de soude, qu’on retrouve dans le plasma sanguin, et du chlorure de sodium qui entre dans la composition des globules. ET a Les sels de potasse abondent dans le suint de la laine, dans la sueur des animaux, principalement dans celle du cheval, ainsi que dans le sérum du sang. Selon le degré d'engraissement, les tissus du bœuî contiennent de 48 à 65 °/, d'eau: chez les jeunes animaux, cette proportion est beaucoup plus élevée, tandis qu'elle s'abaisse à mesure que les animaux se rapprochent de l'état adulte. Le rapport des matières azotées et des cendres va toujours en augmentant de la jeunesse à l'état adulte; mais, quel que soit l’âge, il est toujours relativement moins élevé chez les sujets soumis à l'eugraissement, chez lesquels les matières grasses peuvent s'élever jusqu'à 32 °/, du poids total du corps dans l'espèce bovine, 4S +/, dans l'espèce ovine et 43 °/, chez le porc. Toutes proportions gardées, c'est chez les bovides qu'on trouve la plus forte quantité de matières azotées et minérales : là prépondérance de ces dernières s'ex- plique par le volume relativement considérable du squelette : c’est aussi cette espèce qui fournit la moins grande proportion de matières grasses. Le rapport de la graisse aux constituants azotés et minéraux est toujours plus élevé chez le porc que chez les autres espèces. (Suit le tableau.) H90 | GIGLE | 6SLVL | FISS E££ © °*SRIS Jun] eo loco loser lue | eut “SUIS 9104 €eS 0 | &G6L‘OT | E9GT | 09907 | 961% 21FIEU 9104 PS | YOY OT | 1661 SES UONOI \ : Y8C'0 | COC'£E] | (à SLG © « 19P UOJNOU XNA A ‘Xneqn) : OP) 0 EI CI OSE'T 21SIELU UOINOIN St GG O à [Q ‘JSSEJ04 : ‘OM Oran: SOS‘ "**SRIS neous y “anbri -oqdsoud 2pRY : «0:d 50 SUIS-TLIOP [NO ‘910ZV : ‘ZV EOy"X 190 | 66 SI TC ‘77° SRI NvoA SNOILYAHAISAO "OSN "ob Où comme dans le cas des expériences de M. Grandeau sur l'emploi du sucre dans l'alimentation ; faut-il en conclure que la protéine à une puissance nutritive vingt-deux fois plus grande que celle des matières hydro-carbonées, tandis que d’après les données ac- tuelles, dans la dernière période de l’engraissement, : 1 : cette même relation est de. Mais on ne peut com- parer et additionner entre elles que des unités de même nature ; ici On compare et on additionne des unités plastiques avec des unités énergitiques. Et puisque quand même il faut avoir recours aux mer- curiales, il est plus simple d’en déduire immédiate- ment l’unilé de poids, soit le kilogramme, soit l'hec- togramme. Les données du problème étant fausses, le résultat ne saurait être exact. Il serait plus juste de réduire tous les principes immédiats en glycose, c'est-à-dire en substance énergitique, et de se reporter au cours de glucose ; on aurait ainsi une des valeurs zootechniques de la ration. Le hou VI Valeur dynamique des aliments. On appelle unité de chaleur ou calorie la quantité de chaleur nécessaire pour élever de un degré la tem- pérature d’un kilogramme «d’eau. Le kilogrammètre est le travail nécessaire pour élever un kilogramme à un mètre de hauteur en une seconde. On entend par travail mécanique d’un moteur le produit de l'effort qu’il exerce par le chemin par- couru par cet eftort. D’après M. Joule, l'équivalent mécanique de la ch1- leur est la quantité de travail qu’une unité de chaleur ou calorie peut produire. À la suite de nombreuses expériences, on a fixé l’équivalent mécanique de la chaleur à 425 kilogrammètres; c’est à-dire que la quantité de chaleur nécessaire pour élever de un degré un kilogramme d’eau peut développer une force mo- trice capable de soulever un poids de 425 kilogrammes à un mètre de hauteur en une seconde. La chaleur se transforme en travail ou en puissance vive ; la chaleur est une forme du travail. On donne le nom de travail mécanique au produit d’une force exprimée en kilograinmes par le chemin parcouru exprimé en mètres. Le chemin parcouru doit être compté suivant la direction de la force. Depuis les travaux de Lavoisier, on a comparé la machine animale à une machine à vapeur industrielle. Dans les deux cas, il y a consommation de combus- tible, c’est-à-dire combustion, oxydation et, comme résultat final, transformation de la chaleur produite en force ; cette conception de la machine animale fut introduite par Fick dans la physiologie. La comparai- son n’est pas rigoureusement exacte. Le muscle qui se contracte brûle son combustible, s’use et se régénère à chaque instant, tandis que la machine à vapeur ne renouvelle pas sa charpente et n’est pas en même temps chaudière et moteur. D'un autre côté il ne semble pas que la chaleur dégagée par l'organisme animal soit la conséquence d’une combustion dans l’acception du mot. « Toute manifestation vitale dans l'être vivant est nécessairement liée à une destruction organique. » Or la contraction du muscle est un phénomène vitalet non l'expression d’une force physique. Nous dirons même que la chaleur dégagée pendant la contraction n'est pas cause de cette contraction, mais en est la conséquence. Les principes immédiats d’un aliment ne sont pas brûlés en nature, avant ils subissent des transforma- tions qui les rendent assimilables. Les principes albu- minoïdes sont tantôt brûlés jusqu’à urée avec produc- tion d'acide carbonique, tantôt ils sont hydratés et oxydés incomplètement avec production de corps gras et acide lactique ; enfin dans la formation des matières azotées animales, il y a dédoublement par hydratation avec fixation d'une partie et production de corps gras d’urée et d’acide carbonique. Les substances fécu- lentes sont transformées en glycose par hydratation ; les substances grasses subissent deux espèces de modi- fications : l’une physique, l’émulsion, l’autre chimique, la saponification ou dédoublement par hydratation en acides gras et glycérine. « En général, lorsqu'un prin- cipe organique se dédouble en deux autres substances (ou un plus grand nombre), la chaleur dégagée ou absorbée est égale à la différence entre la chaleur de formation des produits et celle du principe initial. » 180 grammes de glucose se dédoublant en alcool et acide carbonique par fermentation dégagent 71 calo- 060 en ries. On voit combien est importante la somme de cha- leur qui se produit seulement pendant la digestion. Cette quantité de chaleur, plus celle qui se produit au moment de la fixation de l’oxygène sur les globules du sang, est inconnue, elle ne nous est d’aucune nécessité pour le calcul de la force développée. Elle est utilisée eu toutou en partie pour le fonctionnement des or- ganes internes, ou absorbée au moment où l’acide car- bonique se dégage sous un volume gazeux à peu près égal à celui de l'oxygène absorbé. Du reste il se pro- duit des compensations sur les divers points de l’orga- nisme ; les produits de l'oxydation intérieure autres que l’acide carbonique perdent leur calorique par voie de condensation, puisqu'ils sont naturellement liquides ou dissouts. D’après les travaux de Stohman, Rubner, Berthelot, 1 gramme de principes immédiats d’un äliment, en brûlant au contact de l'oxygène, fournirait les quan- tités suivantes de chaleur. Matière albuminoïde sèche. ...... 5 calories 754. Grasse de DOC PEER Cri d ARS 9 calories 423. AMITON Eten TR EE . AICAlORICS MO GUCOSE SERRES RS SRE AE 0 dICAOMESIUNPE DR eR E re e ece SONT EU .. 2 calories 523. Cellulo see en en ... 4 calories 146. Les matières albuminoïdes ne subissent qu’une oxydation incomplète ; il reste toujours une certaine quantité d’urée (0 gramme355, pour 1 gramme d’albu- minoïdes), qui passe dans les urines. En vertu du théorème des oxydations incomplètes : « L’oxydation incomplète d’un principe immédiat par l’oxygène libre dégage une quantité de chaleur égale à la différence entre la chaleur de combustion du principe et celle des produits actuels de sa transformation », la chaleur RTE (7 tea produite par les albuminoïdes brü'ant à l'air libre doit être diminuée de celle que produirait l’urée dans les mêmes conditions, c’est-à-dire de 0,355 x 2,923, et il reste pour le pouvoir calorifique de l’albumine #4 calo- ries 860. Rubner a démontré expérimentalement que ce chiffre était encore trop élevé et l'a fixé à 4 calo- ries 0473 seulement. Si on représente par 100 la capacité calorifique de la graisse, on a pour l'équivalent isodynamique des prin- cipes immédiats : CAISSE RTS ANR Ie 100. ANTON RM 7 ED DS SuUCrele CANNES TE 200. ADUTDINe RS PEN AE 230) GUCOSE UMR RENE 255. Mais les principes alimentaires ne sont pas brülés dans l'organisme à leur état naturel ; nous avons vu qu'ils étaient hydratés et oxydés, et ce sont les pro- duits de ces transformations qui sont absorbés et con- sommés. D'autre part, la valeur calorifique totale d’un aliment ne saurait être considéréecomme représentant sa valeur cinétique, il faut tenir compte des exigences de l'organisme pour l’accomplissement des fonctions physiologiques; rien que le travail du cœur chez le che - val équivaut à 146,880 kilogrammètres par jour et représente 330 calories qui demeurent acquises au bénéfice de la chaleur animale. Pour aussi séduisante que soit la théorie purement physique ou mécanique de la production de l'énergie, elle ne parait pas pouvoir nous donner la mesure exacte du travail dont un moteur animé est capable. Les partisans de l’oxydation directe dans l'organisme à l'aide d’agents, de ferments spéciaux, avaient déjà mis en doute l’absolutisme de la théorie mécanique ; ils avaient imaginé qu’une substance essentielle du muscle, l’inogène, pouvait se dédoubler par oxydation en acide carbonique, acide sarcolactique et myosine avec dégagement de chaleur et production de travail mécanique. Traube considérait la myosine comme étant l’agent de l’activité musculaire. Les travaux récents de M. Chauveau ont ruiné la théorie mécanique, qui a fait place à une théorie phy- siologique, basée sur l'expérimentation scientifique dont l’application en zootechnie aura les conséquences pratiques les plus heureuses. Le fait est aujourd’hui acquis : l’énergitique muscu- laire ne résulte pas de la combustion directe des prin- cipes immédiats de l’aliment, mais bien de la trans- formation de ces principes en glycose ; c’est-à-dire que la valeur trophique d’un aliment est en raison directe de son rendement en glycose. Rendement en glycose des principes immédiats : 100 grammes de graisse four- nissent par oxydation ......... 161 gr. de glycose. 100 grammes d’amidon ce nissent par hydratation..... …. 1 110/er de slycose: 100 grammes de sucre de canne fournissent par hydrata- Lion encre mes Ol0D OT Cle RAIMEUSES 100 grammes d’ bimibe tour. nissent par hydratation el oxy- FAR (da SR on de .. SDsor. AelPINCUSE: 100 grammes de glucose four- nissent par oxydation.......... 100 gr. de glycose. Lethéorèmedesoxydationsdirectes et indirectes n’est d'aucune importance pour nous, car la chaleur dégagée au moment de la fixation de l'oxygène sur les globules 0 — du sang se trouve dans l’évaluation totale de la cha- leur animale, puisque cette première fixation a lieu . dans l’intérieur du corps. La quantité totale de cha- leur dégagée demeure donc la même que si l'oxygène libre agissait directement. D’après l’équivalent mécanique de la chaleur, on peut écrire == 425 T = travail C = chaleur dépensée ou éteinte dans une transformation thermo-dyna- mique. VII Ration d'entretien. La ration d'entretien, c’est la ration nécessaire pour entretenir un animal au repos sans qu’il augmente ni ne diminue de poids. Telle est la définition classique ; mais on ne dit pas dans quel état se trouve l'animal. 11 peut être en très bon ou très mauvais état ou dans un état intermédiaire. Pour être complète, cette déli- nition devrait être modifiée de la manière suivante : la ration d'entretien est celle qui convient à un animal pour l’entretenir au repos à l’état actuel sans qu'il augmente ni ne diminue de poids. De sorte que, pour un même animal, la ration d'entretien est essen- tiellement variable et ne peut servir de point de départ au calcul d’une ration de production. A proprement parler, la ration d'entretien n'existe pas, du moins telle qu’on l’a considérée jusqu'à ce jour. Il y à une ration nécessaire, indispensable pour assurer les échanges respiratoires en vue de l’accomplissement des actes physiologiques compatibles avec l'existence, le sujet restant au repos et les combustions étant réduites au minimum ; toute autre ration est une ratior d'équilibre de nutrition. TRE Les deux éléments qui pèsent sur l'intensité des combustions respiratoires sont la surface et le poids du corps ; la surface sert de mesure au rayonnement calorifique, il semble donc qu’elle doive aussi servir de mesure aux combustions chargées de compenser les effets de ce rayonnement. De sorte que d’une manière générale, et toutes choses étant égales d'’ail- leurs, la valeur absolue des combustions est propor- tionnelle à la surface du corps; cette surface doit donc régler l’intensité de l'alimentation. La formule qui permet de calculer la surface du corps, proposée par Meeh, est représentée par Si KVF, K étant une constante égale à 11,2. Si réellement les combustions sont en raison directe des surfaces, les animaux à sang chaud doivent produire, pendant l’unité de temps et pour l’unité de surface, la même quantité d'acide carbonique. Or il n’en est pas ainsi ; entre chaque espèce il y a un écart considérable. Le bœuf émet, d’après Henriot et Richet, 3 gr. 70 d'acide carbonique par mètre carré et par heure, Île mouton 2 gr. 25, l’homme 2 gr., etc. La physiologie nous enseigne que l'intensité des combustions respiratoires se règle exclusivement sur les besoins de l'organisme ; cette intensité des com- bustions exprime la totalité des dépenses chimiques consacrées à l'entretien de l’animal et par conséquent nécessaires pour assurer la fixation de son poids et la température centrale. L'oxygène consommé par un animal recevant une ration d'entretien est précisément égal à celui qui serait nécessaire à la combustion des produits immé- diats désassimilés dans le même temps par cetanimal, ce qui explique et excuse l'erreur commise dans l’ap- préciation de la valeur trophique des aliments d'après leur valeur calorifique. On peut encore et mieux expri- mer cette loi de la manière suivante : L’oxygène con- sommé parunanimalrecevantune ration d'entretien est égal à celui qui serait nécessaire à la transformation en glycose des principes immédiats assimilés et à la com- bustion de ce glycose. La quantité d'oxygène consommé par unité de poids et de temps représente le coefficient respiratoire. Si on multiplie ce coefficient par le pouvoir calorifique de l'oxygène, 4,715, on aura le coefficient thermique, c’est-à-dire la quantité de chaleur correspondante aux unités de poids et de temps. Le coefficient respiratoire et le coefficient thermique, selon l'expression de Laulanié, sont les constantes de la vie normale chez l'animal au repos et en équilibre de nutrition. Coefficient respiratoire Coefficient Oxygène consommé en 02 chez les espèces domestiques. thermique par 24hr#etparkil. Cheval, 0 Iitre 233 X 4,115 = 1,112575 5 litres 592 Cheval, 0 Hitre 244 X 4,715 = 1,1651 5 litres 856 Cheval, 0 litre 243 X 4,715 = 1,16232 5 litres 832 Cheval, 0 litre 250 X 4,715 = 1,193 6 litres Bæuf, 0 litre 224 X 4,775 = 1,0696 5 litres 276 Bœuf, 0 litre 220 XK 4,715 = 1,005 5 litres 28 Veau, pore, O lit. 300 à 0 lit, 359 = 1,4325 4 1,6712571.2481.3 Mouton, Olitre 231 %< 4,715 = 1,3A715 6 litres 54%. Les documents ci-dessus ont été emprantés aux éléments de physiologie de Laulanié ; il n'est pas ones de trouver quelques écarts surtout pour le cheval, à cause des différences de taille, de race et de tempéraments plus ou moins irritables ; le coefficient 0,233 est une moyenne des recherches de Zuntz et Lehmann. La moyenne des quatre coefficients 0,2425 peut être acceptée pour les b2s9ins de la pratique courante ; lorsqu'on voudra établir une ration écono - 5) Res mique, il faudra tenir compte de certaines influences, surtout de l’état des téguments ; les animaux à poils ras ont un coefficient respiratoire plus élevé que ceux qui sont recouverts d’une épaisse fourrure. La tonte a une grande influence sur l'intensité des combustions ; mais ses effets sont variables avec la saison, l’âge des animaux et le soin avec lequel l’opé- ration a été faite. Chez le cheval il y a généralement une exagération des combustions de 60 et 70 c/o, et chez les chevaux fins irritables les dépenses chimiques de l'organisme peuvent être de 100 pour 100 plus élevées qu’à l’état normal. L’oxygène consommé par un animal ne saurait avoir d’autre destination possible que là combustion et la transformation des principes immédiats; cet oxygène peut servir à mesurer la somme des calories développées dans l'organisme pendant la période de transformation et de combustion. Il existe un rapport constant entre la quantité des principes organiques dépensés dans la combustion et l'oxygène employé dans cette combustion. La con- sommation de un litre d'oxygène implique la com- bustion de 0 gr. 937 d’albumine, 0 gr. 488 de graisse ou 1 gr. 20 d’amidon. L’oxygène dépensé dans les combustions organiques produit sensiblement la même quantité de chaleur, quel que soit le régime des ani- maux. Le coefficient thermique moyen de 1 litre d’oxy- gène est de 4 calories 775, d’après Laulanié, il pour- rait s'élever à 4 calories 980 chez les herbivores. Si done nous connaissons, en partant du coefficient res- piratoire, la quantité d'oxygène consommée par un animal, nous pourrons en déduire la quantité des principes immédiats nécessaires dans la ration d’équi- libre de nutrition appelée à tort ration d’entretien. HORTO TE Se D’après l’école allemande, qui à fait autorité jus- qu'à ce jour, on attribue aux albuminoïdes et à l’amidon une chaleur de combustion égale à 4 calo- ries 1 ; les graisses ayant une chaleur de combustion 2,4 fois plus grande, on les multiplie par le facteur 2,4, afin de les évaluer en amidon et albumine, de sorte que la chaleur de combustion d’une ration peut être représentée par la formule suivante : [MA + MNA + (mg x 2,4] x 4 cal. 1. Ce mode d'appréciation de la valeur d’une ration nous parait plus ingénieux que rigoureux; 10 grammes de graisse en brülant produisent 94 calories 23. Si nous multiplions par 2,4 pour les évaluer en amidon, nous aurons l'équivalent supposé de 24 grammes d’amidon qui, en brülant, produiraient 98 calories 784, soit une différence en plus de 4 calories 554, presque la valeur calorifique de 1 litre d'oxygène, ce qui peut entrainer la consommation de 0 gr. 937 d’albumi- noïdes ; si ladite transformation porte sur une ration contenant 100 grammes de corps gras, on est exposé à dépenser, rien que pour la calorification, 7 gr. 496 d’albuminoïdes. La puissance thermogène d’un aliment ne donne pas sa valeur trophique ou nutritive. Depuis la publica- tion des travaux de M. Chauveau, nous savons que la valeur trophique d’une ration est en raison directe de son rendement en glycose, qu’il s'agisse d'une ration de travail ou d’une ration dite d'entretien. Cette vérité, déduite des recherches physiologiques, ressort très clairement des rations dites d'entretien établies expé- rimentalement et sera encore mieux mise en évidence lorsque nous étudierons les rations de production. en cs | Nous prendrons pour exemples les rations d'en- tretien établies, en 188%, par MM. Grandeau et Leclerc dans leurs recherches sur l'alimentation au foin, dans lesquelles les principes immédiats de 8 kilogrammes de foin furent suffisants pour maintenir les animaux en équilibre de nutrition, du moins en apparence. « Nous disons en apparence, car la constance du poids vif d’un animal est trompeuse ; il se produit toujours des modifications profondes dans les tissus et dans les proportions relatives des éléments qui les consti- tuent. » Avant d'aborder l’analyse de ces rations, il est nécessaire d'exposer certains principes de chimie biologique. Nous avons dit, page 62, que l’amidon et le sucre étaient transformés en glycose par hydratation: nous devons ajouter la cellulose et les amides ; la graisse subit la même transiormation par oxydation et les principes albuminoïdes par hydratation et oxydation. Examinons le processus chimique de transformation des amides, en prenant l’asparagine pour type. (1) C'HSAZ:0? — 660 / 21/2 CH) — 405 asparagine | elycogène +21/2H0 — &5 | + SCH'AZ°0 — 300 705 uree. 705 (2) 21/2 CH05 — 405 + 212H°0 —= 45 è 21/2C°H205 — 450 450 Mare Ces deux formules peuvent se résumer en une seule, en passant au glycose d'emblée : (3) 5 C‘H°AZ?0' — 660 ; 21/2 C°H®?0° — 450 LE = ml L'ÉCH'AZ*O0 — 300 750 | 550 Les amides se conduisent donc comme les hydrates de carbone en produisant du glycose par simple hydratation, sans production de CO?. De la formule (3) on tire que 100 grammes d’amides donnent par hydra- tation 68 grammes de glycose ; on tire de plus que 1 gramme d’amides donne 0 gr. 454 d’urée, dont la chaleur de combustion est 1 cal. 1466, qu’il faut retrancher de la chaleur de combustion des amides, et il reste comme calorique disponible 3,396 — 1,1466 — 2 calories 248, chiffre qu'il faut retenir et qui complète le tableau de la page 60. D’après la formule adoptée par M. Chauveau et proposée par M. Armand Gautier, en s’hydratant, les albuminoïdes donnent lieu à la réaction ci-dessous : 9 COAZH' 0 urée + C*H°°0° — 806 (4) CH 2AZ#0®?S — 1612\ palmitine + 14 H20 = 1969) UC EP = HE \ acide lactique 1864| + 9 co: — 39% +S — 32 | 1864 On tire de cette équation que 1 gramme d’albumine forme O0 gr. 50 de graisse; on a transformé cette graisse en glycose en multipliant par 161, d’où on à oies déduit que 100 grammes de protéine devaient donner en chiffres ronds 80 grammes de glycose Nous esti- mons qu’il y a là une erreur en moins qu'il est bon de rectifier. Avant de se transformer en glycose, la ma- tière grasse passe à l’état de glycogène : | 81/2 CH VON ME (5) C‘’H°0 — 606 \ glycogène 1494 1494 EE | \\ nd Il n’y a pas production d’acide carbonique. Le gly- cogène en s’hydratant passe à l’état de glycose : DH0 no } | GHrAGE } Nous voyons donc, d’après ia formule (5), qu’un sramme de graisse a besoin, pour s’oxyder et passer à l’état de glycogène, de 0 gr. 854 d'oxygène. On pourrait bien déduire aussi qu'un gramme d’albumine, pour passer à l'état de glycose, nécessite 0 gr. 486 d’oxygène, mais on commettrait une légère erreur en moins sans importance, c'est vrai. D’après ce que nous venons d'exposer, la formule (4) peut s’écrire : 9 COAZ-HE SRE | 81/2 C'H®0° = 1530 (5) CH'2AZ#O2S — 1612 glycose +A6HO = 2%88) + HO = 9 + 16 O — 184) +9 CO? 00 zona: 00 + | pe NRA eue Qu'est-ce que l’acide lactique, sinon 1/2 de glycose ? Nous aurions une tendance à admettre que dans cette réaction, surtout lorsqu'il ne s’agit que d’une ration d'entretien bien balancée, cet acide lactique ne se produit pas. C’est là une supposition toute gratuite, et nous continuerons à respecter les données de nos maîtres jusqu’à ce que des études plus approfondies des chimistes biologistes nous aient mieux appris à connaitre la molécule albuminoïde dont les secrets semblent si difficiles à pénétrer. La formule (5) donne le véritable rendement en glycose, qui est alors de 94 °/, au lieu de 80 ; tandis qu'il serait de 100,49 0, si on considérait l’acide lactique comme 1/2 de glycose, nous ne placons ici ce chiffre que pour mémoire. Le chiffre 94 semble se justifier dans les rations de production de viande qui nous indiquent bien que le pouvoir trophique de la protéine oscille pour les adultes entre 91,106, 94,171 et 88,703, selon l'origine de cette protéine, c’est-à-dire selon qu’elle provient des tourteaux, de la fibrine végétale ou du gluten. De même le rendement des matières grasses est de 170 au lieu de 161. Ce dernier chiffre avait été obtenu d’après la formule suivante que nous prenons dans la pre- mière édition du Traité de physiologie de Laulanié, page 498 : CHINO O kilog. 890 | ee re o glycose SISUe + 18CO2 0 kilog. 396 M A HO | kilos, 126 FRS PE 1 kilog. 962 RE | Nous pensons avec Doyon et Morat (Traité de phy- siologie) que le passage de la matière grasse à l’état de Ro) glycose se fait sans dégagement de C0?, avec produc- tion de chaleur d’après la réaction suivante : J 91/2 CH°0° —= 1539 CAMES = 890 elycogène + 490 z= 184 US A OPERA 1674 1674 En passant au glycose d'emblée : C°H'10f — 890 f + 2 H°0 _ #1 + 49 Ô — 184 | 91/2 CH05 — 1740 mo — | Ce qui donnerait un rendement de 192 °/,, chifire qui nous parait un peu élevé. Puisque la palmitine résulte du dédoublement de la matière albuminoïde, pourquoi ne pas accepter ce composé comme étalon de la production du glycose par les matières grasses ? En résumé nous dirons que le rendement en glycose des matières grasses devrait être considéré comme étant de 170 °/, au lieu de 161 et celui des matières pro- téiques de 97 0/, au lieu de 80. Enfin on tire de la for- mule (5) qu'il faut 0 gr. 490 d'oxygène pour oxyder un orainme d’albumine. Nous avons actuellement tous les éléments néces- saires pour analyser ou mieux pour disséquer les rations d'entretien expérimentalement et scientifique- ment établies par MM. Grandeau et Leclerc; loin de nous l’idée d’en vouloir faire une critique ; les obser- vations qui nous ont conduit à écrire ce travail manquant de rigueur scieutifique, puisque, par la situation dans laquelle nous sommes placé, par notre Me VAE manque d'expérience, nous n’hésitons pas à le dire, il ne nous à pas été possible d’avoir recours aux véri- fications nécessaires, nous empruntons à nos maîtres les résultats qu’ils ont publiés, parce que nous y trou- vons ce caractère d'authenticité et de rigueur scien- tifique qui sont indispensables pour la recherche de la vérité ; ils voudront bien nous excuser si, par une interprétation différente qui peut avoir des consé- quences pratiques, nous arrivons aux mêmes çCon- clusions. Les indéterminés qu’on trouve dans les analyses du directeur de la station agronomique de Paris ne sont pas faciles à apprécier ; nous les considérons comme des homologues des sucres, tels que l’inuline, la tré- haloze, la mélitoze, etc., et nous les considérerons comme ayant un rendement en glycose égal à celui du sucre de canne dont la chaleur de combustion directe est de 3,964 d’après M. Berthelot. Tous les chevaux en expérience reçurent comme ration d'entretien 8 kilogrammes de foin comprimé, de provenances diverses, comme semble le démontrer l’analyse. Rappelons que le coeficient respiratoire en 0° est, pour le cheval : O lit. 233, soit 5 lit. 592 par 24 heures et par kilogr. (Zuntz et Lehmann). 0 lit. 243, soit 5 lit. 832 par 24 heures et par kilogr. (Laulanié). O lit. 244, soit 5 lit. 856 par 24 heures et par kilogr. 0 lit. 250, soit 6 litres par 24 heures et par kilogr. (Zuntz). Le pouvoir thermique moyen de l'O étant de 4 calories 8 (Laulanié), pour abréger, nous désigne- — 74 rons les chevaux en expérience par des numéros de série, la consommation d'O prévue pour chacun d’eux serait de : 1° Cheval n° 1. — Janvier 188%, du poids moyen de 394 kilogr. 9 ; numéro matricule, 30845. Consommation de 0* : 1° 2208 lit. 2808, soit 10599 calories 747. 29 2303 lit. 0568, soit 11054 calories 6726. 30 2312 lit. 5344, soit 11100 calories 16512. 40 2369 lit. 4, soit 11373 calories 12. 20 Le même en août 18S4 ; poids moyen 365 kilogr. Consommation en 0? : 10 2041 lit. 080, soit 9797 calories 1840. 90 2198 lit. 680, soit 10217 calories 6640. 9° 2137 lit. 440, soit 10259 calories 7120. 4° 2190 lit., soit 10512 calories. 3° Le même en septembre 1884; poids moyen 366 k.5. Consommation en O* : 1° 2049 lit. 4680. 20 2137 lit. 428. 30 2146 lit. 224. 40 2199 litres. &o Cheval n° 2. — Mai 1884, du poids moyen de 40% kilogr.; numéro matricule 29466. Consommation en 0? : 10 2259 lit. 1683, soit 10844 calories 0064. 20 2356 lit. 128, soit 11309 calories 4144. 30 2365 lit. 824, soit 11355 calories 9592. 40 2424 lit., soit 11035 calories 2. Pre 90 Le même en juin 1884, du poids moyen de 407 k. 1. Consommation ep O*: 10 2276 lit. 5032, soit 10927 calories 21536. 20 2374 lit. 2072, soit 11396 calories 19456. 3° 2383 lit. 9776, soit 11443 calories 09248. 4° 2442 lit. 6, soit 11724 calories 48. Où © 1 60 Le même en juillet 188%, du poids moyen de 410 kilogr. 6. Consommation en 0° : 10 2296 lit. 0752, soit 11021 calories 160. 29 2394 lit. 6192, soit 11494 calories 172. 30 2404 lit. 4136, soit 11541 calories 18528. 40 2463 lit. 6, soit 11825 calories 28. io Cheval n° 3. — Mars 1884, du poids moyen de 419 kilogr.; numéro matricule 26925. Consommation en O? : 19 2343 lit. 048, soit 11246 calories 6304. 20 2443 lit. 608, soit 11729 calories 3184. 30 2453 lit. 664, soit 11777 calories 5172. 40 2514 lit., soit 12067 calories 2. 8° Le même en juin 188%, du poids moyen de 984 kilogr. 3. Consommation en 0? : 10 2149 lit. 0056, soit 10315 calories 2268. 20 2241 lit. 2376, soit 10757 calories 1404. 90 2250 lit. 4608, soit 10802 calories 21184. 4° 2305 lit. 8, soit 11067 calories 84. une 90 Le même en juillet 1884, du poids moyen de 387 kilogr. 7. Consommation en 0? : 1 © 2169 lit. 0184, soit 10411 calories 288. 2261 lit. 0564, soit 10853 calories 0707. 30 2270 lit. 3712, soit 10897 calories 7817. 40 2396 lit. 2, soit 11165 calories 76. LO) © 10° Le même en août 1884, du poids moyen de 388 kilogr. &. Consommation en 0: : 10 2171 lit. 9328, soit 10425 calories 277. 20 2265 lit. 1488, soit 10872 calories 714. 39 2274 lit. 4104, soit 10917 calories 457. 4° 2330 lit. 04, soit 11185 calories 92. Les tableaux suivants indiquent la quantité de prin- cipes immédiats digérés par chaque animal, la valeur calorifique de ces principes, leur équivalent en glycose: 1° d’après les chiffres classiques; 2° d’après nos chiffres rectifiés, et enfin la somme totale brute des principes immédiats ingérés que nous donnons à titre de ren- seignements. PRINCIPES IMMÉDIATS DIGÉRÉS Grammes. No! BICOSe ........ DE AMMICO NN, . 392.6 Cellulose saccha- miHable- 496 5 Cellulose brute.. 608.5 MASSE... 2.0... DD Indéterminés .. S66.3 Protéine ... 269.7 LTMCIES ENS 11.6 N° 2 HInCOse.. DA EMDIAON 1... .- 266.6 Cellulose saccha- rifiable D A0) Cellulose brute. . 604.3 Cheese eee ruse ee Indéterminés ... 863.9 PROÉITOREANNE 243.5 Émides.:..,..1. 38.8 No 4. IBlucose 276.6 ANDITON 455 .1 I(ellulose saccha- BiHabIe. 319.9 ICellulose brute.. 465.6 HRalsse.. 21... OP Indéterminés ... 620 Protéine M 214 Amides.... T2 No 3. MIUCOSe.. 250.6 Enidon ... .... 345.1 À REPORTER... VALEUR calorifique des principes immédiats digérés Calories. 815.3132 1451.3016 2043 .5940| 230% 5860 208.2483 9434.0132 1310.7420 26.0768 RENDENENT en glycose Grammes. 946.15 669: DO) 909. 215 = {he 11823 .9351 791 9240 10973256 2346.9132 2187.2988 3009. 2 095 .800 384 30|2927.989 RENDENENT en glycose rec- üfié. Grammes. 237.1 397.86 946.15 669.35 91.91 909.615 253.018 7.88 3019.0%3 907.095 22889 26.384 2962 .079 10272072) 12766 216.0 1873.1916| 509.61 900.61 1543.2014| 413.49 413.49 1916.4096! 512.16 | 512.16 2457.68 6ol Gol 1033.06 1712 201.16 161.856 49.028 49.02$ 10012.60S812574 O8S |2604.048 925-2152 1420.4316 290. 919. 2345 .6168 630. 0.6 61 21 PRINCIPES INNÉDIATS INGERES. 1041 .4 1447.2 164 2131.8 494.7 Or OBSERVATIONS Calories du glycose : 10 1110.3593. 20 11257.037: 5 Calories du glycose : 10 9267.395. 20 9578.00792. CEE EEE LIRE PEER Calories du glycose : 10 9467 395. 2 9578.00792. CRI Calories du glycose : 10 11297745. 2 11415 76. ne ns en e NIMVA LEUR RENDEMENT É PRINOIBEEMMEUTATS LUCE qe DONS LS ES Al principes en ; S.2 DISÈRES. immédiats) en sise EE OBSERVATIONS — detre Ne iié VAE Grammes. Calories. Grammes. | Grammes. = = REPORT. 2345.6468| 630.21 | 630.21 Cellulose saccha- RiNable EEE 64:4.7| 2653.5852| 709.17 | 709.17 |1457.7 Cellulose brute.. 655.0] 2695.9$S | 720 50 | 720.50 11519.5 Graisse re 17 16091 ETES 28.90 | 166.5 Indéterminés 143.5| 2947.234 | 780.615 | 780.675 |2076 IBEoléiNe re 212.4| 1032.264 | 169.22 | 199.656 | 471.6 AMITeS PEER JS 010) 22201001 2022"0100)2699 11910.65S6/3060.061 |3092.027 No 5 GIuCoSe re 226.4| 835.8688| 226.4 226.4 226.4 Calories du glycose : AMNITONE Ter 948.9] 1433.6028| 383.13 399.13 914.3 10 11331.1172 Cellulose saccha- 20 11403 3191. HINAbIe Pere" 631.4] 2598.8224| 694.54 | 694.524 14441) i ; Cellulose brute.. 616.4| 2537 1024| 678.04 | 678.04 |1517.6 (GHaisse ec 174116113331 27: 531 46.8027| 164.1 Hndéterminés ... 819.9, 3250.0836| 860.895 | 860.895 12280. RITES EE 00e 206.8] 1005.0480| 165.44 | 194.392 | 447.9 ANIAeS Eee 19/9103 5807 IS MS TS 122 NGC NE 11865 .0677|3069.100 |3097.3237 GIUCOSE Re 945.1! 904.9092) 245.1 245.1 2%5.1|Calories du glycose : AMITONe Eee 9348.7| 1435.2492| 383.517 353 97 948.7 41o 10357 817392 Cellulose saccha- 9 » 10208 409202 an Oo cocc 319.6 1562 4326 417.56 | 417 56 |l1225.6| 2? 10598:%29892 Cellulose brute. Does 21317.4388| 571.33 Giles MÉE09 CLASSE PRE ERE 12.41 116.8452| 19.964 21.08 179 3 Indéterminés ... 936. k 3681.8896| 983.22 983 22 12457.4 Protéine rent 214 1040.04 AT 201.16 48.7 Aunides ere 19.9 ANS) 532 182592 87.2 10923.5408/2805.476 |12836.552 Nov 7. GLUCOSE EEE 218.4| 1027.8528| 278.4 218.4 278.4 Calories du glycose ! AIMITOn: 0e 428.6! 1762.4712| 471.46 471.46 521.7 4e 10634.34819 Cellulose saccha- OÙ 10717 381 27. Hihablereesr2er 5324182100 12361P5S5281 585.31 |1208.2 es ; Cellulose brute.. 603.5! 248%.0060! 663.85 663.85. |1500.6 À REPORTER...| 7464.4536 1999.02 |1999.02 PRINCIPES IMMÉDIATS DIGÉRES. Grammes. PR REPORTS MRAISSE.. -e.. - e 8.9 Indéterminés ... 707.4 Protéine........ 154.9 ATMNCES TERME 0.5 N°8. Glucose :::..... 226 4 AMIdONs -:.-... 346.4 Cellulose saccha- riflablc..:.:.. 581 Cellulose brute.. 575.6 MRAISSE Lee de 923 iIndéterminés... 712 4 Proline... ... 175 Amides...... Doi flucose ........ PS) à | AMIAON 0. 343.2 ICellulose saccha- rifiable..... 416.9 lCellulose brute.. 586.2 a 19.5 lIndéterminés... 911 IProtéine........ 169.9 Amides ..:.... 0.5 No 10. Glucose ........ 214.5 JAmidon ........ 264.3 ICellulose saccha- Hriiable- 0750295 ICellulose brute.. 661.7 [Graisse......... 20.7 Indéterminés ... 859.1 Protéine... ....- 182.5 Amides 17.6 VALEUR calorifique des principes immédiats digérés. Calories. 716%.4530 83.860647 2804.1336 752.8140 112% 839. 8688 1427.0172 2391 .396 2369.1696 87.633) 2823.9536 850.50 11.4648 10797.0039 904.9092 1412 6112 RENDEMENT | RENDEMENT en en gIVCOSC rCC- FNÈNE “Hé Grammes. Grammes. 1999-02 | 1999.02 14.329 15 ADMIN ADMIN 1252092 145.606 0.34 0.3% 25.0 | 2200 OS S81R 07 659.1 | 659.1 633.16 | 633.16 14.973| 13.81 748.02 | 748.02 148 164.5 3.468] 3.468 2814.49 1| 2831.828 249.1 9931.92 791.9340 1087.8583 2438.73 2123-9912 195.0561 3389 .616% 886.95 39.5048 11553.26173 21% 214.5 290.73 29013 651.175 651.75 187 87 187.87 39-320 STE) 897 855] 897 855 146 171 55 11.968 11.968 3034.000! 3061.613 1715.9604| 458.59 458.59 2412.7992|. 644.82 644.82 183.7485 91-395 39.15 3611.2040| 956.53 956.204: 825.1640| 135.92 149.706 1.1240 0.340 0.3% 11068.0205| 2810.215| 2825.430 11106.3899| 2880.279| 2902 866 PRINCIPES IMMÉDIATS 19 SD = IS 0x 5 1 INGÉRÉS. Qc — -1| 4° 10375.3137. D I © 1 © .5| Calories du glycose : 2] 4° 11201.528. 2° 11302.736796. IDD OBSERVATIONS Lors Calories du glycose : MO 0S91 4002 20 10455.108976. Calories du glycose : 2° 10431.5875. . SE "1 867 ‘15 LOG'YL &S0" OL SG" L9 VAS YVES GSO' TS 866 CL YYG TS SYY'CS S€6 701 “Sami *S9)I] U9 NOILVOXXO G 70) | CE CS ISC'ES GL'CS 06° CL 98 "901 ete OI 98 701 JLO' SOI GIE GTI EG EI "SALUÉ “our9J01d HaGAXO UA0d 70) : OU9SAÂXO,[ OP 91JI[ NP SPIO4 SLLO'LT £c9'91 ceyG L 9009 L 9686 "01 609 YF « STG YT « YELS"ST “SOUCIS "OSSIPAS YATAXO U10 70 EL SCEC ECS LLTG ILO SLIG ILG ETC ISG'ESTG SS9°TIGEC 966 CTOC GYL'GSCE LEY" EGCG VIS GLEG SU AUTRE 2SO9Â]S queu -Jadtu0s u9 zO 9P TV LOL ILG SECE ECO O91C SC L'COTG LOT" LOEE 6CG YLITC JEEI9'OLET 9L09'£661 GYL' CET LCL LOTZ COS GYEC Sani] :0 9P INT ON QC YIS ESC OLL° LOTG EYC CII 96G GOT LYV°TOTG &O09 O16G SS19"€YGT CEA 90EG OL G60CG JFG YLCC Soul] HUTTIBEN 2SO9Â[S (| Jon aq An0d AUPSSIIQU Z() SIUOIOIP VER AT €0€7 "960€ OI9"LGO€ LIL SYIG CSL cG0c JSYC GSCE 969€ OCGI sue ESTC GLE YSIG YEG YYCC *SauJI] *0S0)Â1S o[ 191040 Juod ATIPSSOIQU 7) YO" OCEG & JCEC S'GOCG — y | 10) 9°£97c J°CYYE VEYC GGIG OGIG 7° CAT “soul no) JU9191JJ909 9] saide p nA9 14 ;:Q XNB491/9 € e nb YOLY YLec GILE OLEG 8097" OGEG 799" EGTC oe "YOYG JLLG'ESEG ee CIE Vec 9YIG OV" LEIG YYCCCIEC “Sauf ‘9c8"G JUOTA1JO09 9] soude p nA9Id 70 SSY 1" G9ce 790" 19cG JLEC 1YEC 809" 67YG 619 766 CLOG YLEG SGL JC SGy LEIG OS9"SGIG S960" EO0CG ‘Sal CORRE ES GES I G JU9191JJ009 91 1de,p nA91d 70 SC6G ILIE YS1O GITE 9600" GY1E S70 CYEC EGLO'96CE CEOG'OLCE EST GE 097" 670c OS0 F0 S0SG' S0CG "Sani ‘à6S ‘ITS JU91)17j009 91 SIA p nAJId z0 7°88€ L'LSE G°yse 617 9°O1? LOY YOY G° 99€ C9 6° 76€ “15011 XNE TU Sp SAlOd juoqioddez os ou soiounu Of s97 | \ OÙ) 19 6! = S I S\É si (] ) 1© l { Be Cie CD y \ Où c)& 2 C2 : rS I Ot LEE RP = (==| = Es: 5 [==] C2 === (= = = ‘Sierpowutut sodiourid sop es0o [6 us quowopuou el sazde,n S81reSss9ou soqrquenb ser 32 ‘o99dsa,1 op squor917r000 Sat Soide p sonAo1d ,:0,p ssgrquenb sap renyrd2091 neolIqe.L A) D'abord nous disons que la chaleur totale de com- bustion d’un aliment ou d’une ration, calculée d’après la chaleur de combustion des principes immédiats de cet aliment ou de cette ration, n’a aucun rapport avec leur valeur trophique. Or, on peut tenir pour certain que le glycose représente la forme dernière sous laquelle les hydrates de carbone sont utilisés par les tissus vivants. Mais les hydrates de carbone, pendant leur transformation, ne dégagent qu’une somme de chaleur égale à la différence entre la chaleur de for- mation de ces principes par les éléments et celle des composés résultants diminuée de la chaleur de for- mation de l’eau. La chaleur de formation de l’amidon étant de 225 caiories 9, pour 1 gramme elle est de 1 calorie 39%. La chaleur de formation de l’eau étant de 69 calories, pour { gramme elle est de 3 calories 833. Un gramme d'amidon nécessite, pour s’hydrater et passer à l’état de glycose, 0 gr. 111 d’eau. La chaleur de formation du giucose est de 300 calories 4, pour 1 gramme de 1 calorie 668, et pour 293 gr. 260, expé- rience 2, elle est de 488 calories 157. Retranchons la chaleur de formation de l’amidon, qui est pour 266 gr. 6 de 371 calories 640%, il reste 116 calories 652. Les 266 gr.6 d'amidon ont nécessité, pour passer à l’état deglycose, 29gr. 5926 d’eau dont la chaleur de formation est de 113 calories 428 ; la chaleur réellement déve- loppée par l’amidon n’est done plus que de 3 calories 08) et non de 1097 calories 3256. On démontrerait de la même manière, d’après les lois de la thermochimie, que les autres principes immédiats ne dégagent dans l'organisme qu'une somme de chaleur très éloignée de celle de leur chaleur de combustion, chaleur morte, excrémentitielle, n'ayant aucun emploi, pas plus au point de vue de l’accomplissement des actes physio- logiques qu'au point de vue cynétique. La HE NO EE dégagée par la graisse n'est égale qu’à la différence qui existe entre sa chaleur de combustion et la chaleur de combustion de la somme de glycose auquel elle donne naissance. Les chevaux qui servirent aux expériences de M. Grandeau en 1884, et dont nous venons de décom- poser les rations, reçurent indistinctement, quel que fût leur poids et leur taille, 8 kilogrammes de foin, à titre de ration d'entretien. On peut se rendre compte que la somme de principes immédiats digérés par un même cheval n’a pas été constante; le foin lui- même n'avait pas une composition toujours identique, c’est pourquoi nous avons mis en regard des principes digérés la composition totale de la ration, telle que nous la trouvons dans les Annales de la science agro- nomique, 1886, t. II, 2% fascicule, édition 1887. Les auteurs de ces expériences considèrent cependant que les animaux se sont maintenus en état d'équilibre de nutrition, ou mieux d'entretien, pour nous servir de leur expression, et que « les variations de poids accusées par les courbes correspondent aux différences constatées dans les quantités d'eau bue ». S'il en est ainsi, un simple coup d'œil jeté sur le tableau réca- pitulatif suffirait pour se convaincre que le coefficient en 0? ne correspond pas aux besoins de l'organisme ; mais il n’y a là qu’une illusion. Nous allons voir en effet que la dépense de chacun de ces animaux est bien en raison de son coefficient respiratoire, de plus que l’état d'entretien vérifié à la bascule est plus apparent que réel pour quelques-uns. Loin de nous l'idée de critiquer ces expériences, que nous avons choisies pour notre démonstration à cause de leur authenticité et de leur rigueur scientifique ; nous les interprétons en nous plaçant à un autre point de vue que celui sous lequel leurs auteurs s'étaient placés. Les trois premiers numéros se rapportent au cheval portant le matricule 308%5, dont le poids moyen dans la première expérience, janvier 1884, fut de 39% kilog.9. La consommation totale d’oxygène, d’après le rende- ment de la ration en glycose, correspond au coefficient 6, à 20 litres en moins si on ne considère que le rendement calculé d’après les chiffres classiques généralement admis et 10 litres en plus si on accepte notre rectifi- cation. Siontient compte des erreurs probables et pos- sibles de l’analyse, de l’incertitude de la nature exacte des indéterminés et aussi des actes physiologiques que nous ne pouvons pas saisir, On reconnaîtra que l'erreur, si erreur il y à, se trouve dans des limites acceptables. En août le même cheval ne pesait plus que 365 kilo- grammes, la quantité d’'O consommé déduit de la teneur en glycose est sensiblement égale à celle prévue par le coefficient 6. L'expérience suivante nous four- nira l’explication de l'apparence de consommation plus élevée que celle prévue. Dans cette dernière expérience, septembre 1884, le poids moyen du cheval fut de 366 kilog. 5. La consommation d'oxygène calculée d’après le rendement de la ration en glycose dépasse de 83 lit. 805 le chiffre maximum indiqué par le coefficient 6. Si des 3,060 gr. 061 de glycose total, que la ration est susceptible de fournir, nous retran- chons les 169 gr. 220 provenant de la protéine, il nous reste 2,890 gr. 841 de glycose correspondant à une dépense d'oxygène de 2,156 lit. 567, quantité comprise entre les coefficients 5,856 et 6. En un mot toute la substance énergitique est utilisée pour la calorifica- tion ; il ne reste plus pour être mis en réserve que l’élément plastique. Nous verrons dans l’engraisse- ment que la matière azotée végétale ou fibrine végé- tale, pour se transformer en matière animale, donne le quart de son poids de graisse, soit pour le cas qui SNS nous occupe 53 gr. 1. Nous verrons de plus, en admettant que les processus de nutrition soient iden- tiques dans les espèces chevaline et bovine, qu’une augmentation de poids vivant de 1 kilogr. nécessite pour les adultes 91 gr. 106 de matière protéique végé- tale, et qu'il faut en même temps 662 grammes de graisse. Nous n’avons que 53 gr. 1 de matière grasse provenant du dédoublement des albuminoïdes ; dans ces conditions, il ne saurait y avoir fixation de matière azotée, car on ne saurait concevoir la fixation de la matière plastique sans celle de la matière énergitique, qui est son satellite indispensable. En admettant qu’il y ait eu fixation, elle est si faible, 35 grammes à peine, qu'on n’a pu l'enregistrer à la bascule. De sorte que cette matière protéique digérée, élaborée par les travaux de la digestion, travaux qui ne sont pas sous la dépendance de la volonté, ne trouvant pas d’emplui, est comburée à l’état de glycose. Avec une ration un peu moins riche, on aurait encore obtenu la constance du poids ; la preuve, c’est qu'en janvier l'équilibre parfait de nutrition s’est maintenu sur le même cheval, avec 3,009 de glycose, tandis que, pour le cas qui nous occupe, le cheval pesant 28 k. 1 de moins, il aurait suffi de 2,927 gr. 987 de glycose. Nous pouvons donc dire que le supplément de dépense au-dessus de celui prévu par le coefficient O n’était pas nécessaire pour l'entretien, elle est plutôt la con- séquence d’une sorte de réaction de l’organisme pour se débarrasser des inutilités libérées par la digestion. Cette remarque nous semble avoir une grande impor- tance pour l’engraissement. Il ne faut pas oublier que l’animal, trouvant dans les hydrates de carbone tous les éléments qui lui étaient nécessaires, n’avait pas digéré de graisse. Pourquoi cette anomalie que nous rencontrons chez un autre sujet ? ANRQUe Le numéro 29466, n° 4% de la série, du poids de 40% kïlogr., rendit, en mai 188%, 9,1 de graisse de plus qu’il n’en recevait dans la ration. Il y a là une ano- malie qu'on s'explique difficilement, ainsi que le main- tien de la constance du poids avec 2,574 grammes de glycose, alors qu’il en à fallu davantage dans les trois expériences successives qui précèdent pour un cheval d’un poids moins élevé. C’est d'autant plus surprenant que le même animal (n°5) en juin 1884 consomma une quantité d’O comprise entre les quantités prévues par les coefficients 5,856 et 6, son poids moyen étant de 40% kil.et la consommation de glycose de 3.069 gr. 100 au minimum. Le même n° 6 pesa en moyenne 410 k. 6 (juillet). L’O prévu était compris eatre 2,296 litres 0752 et 2,463 lit. 6. D’après le rendement en glycose des principes digérés, iln’aurait consommé que 2,1851it.281 au maximum. Ea apparence il a conservé son poids pendant tout le mois de l'expérience, en réalité il a perdu. Il n’a trouvé dans la ration que 2,805 gr. 496 de glycose et au maximum 2,816 gr. 552, ce qui fait une différence de 280 gr. 77{7 sur la ration du mois pré- cédent et qui représente l'équivalent de 103 gr. 88 de graisse ou 157 gr. 42 de poids vivant qu'il aurait perdu par jour, ou 4,722 gr. 60 pendant le mois. Le 30 juin, après avoir bu 88% grammes d’eau, il pesait 404 kilog.8 ; le {er juillet il ingéra à 7 heures du matin 15,230 gr. d’eau, etil pesa 410 k. 2, soit une augmentation de 5 kilog. 4 De sorte que le poids moyen de 410 k. 6 peut être ramené à 40% kilog. 2, qui se rapproche da- vantage du poids réel. La perte du mois ayant été d’après nous de 4,722 gr. 60, nous aurions dû calculer les prévisions d’O sur 395 kilog. 385, soit 2,253 litres ou 70 litres en plus que le maximum calculé d’après la transformation en glycose des principes digérés. Le numéro 26925 a servi à quatre expériences sur la LUN — ration d’entretien. En mars 1884 {n° 7) la consomma- tion totale d’O fut de 2,223 lit. 971, tandis que le mini- mum prévu était de 2,313 1. 048 ; il y a donc un déficit dans la consommation de 119 lit. 077. Nous disons que, comme dans le cas précédent, la ration était insuffisante et que l'entretien n’a été qu'apparent. Quelle que soit la doctrine à laquelle on se rallie, pour aussi fervent adepte qu'on soit, on sera bien obligé de reconnailre qu'il est inadmissible qu’un cheval de 410 kilog. ou de 419 kilog. ne consomme que 10,923 cal. 5408 et 11,106 calories, ou bien 2,805 gr. 476 de glycose et 2,88). tandis qu’un cheval de 407 kilogr., à la fois en équilibre de poids et d'oxygène,a consommé 11,865 ca- lories ou 3,069 gr. 100 de glycose, de même qu’un cheval de 394 kil. 9, n° 1, a consommé 11,825 calories 9301 ou 3,009 gr. de glycose 296. Y a-t-1l eu erreur dans les pesées, y a-t-il eu quelque confusion dans les analyses, toutes choses qui peuvent parfaitement se produire ; ou bien cet animal Jouissait-il d’une idio- syncrasie particulière qui lui permettait de se nourrir de peu ? Cette dernière supposition nous semble d’au- tant moins admissible qu’en juin, juillet et août, c’est à-dire dans les trois derniers mois de lexpé- rience, l'O consommé se trouve compris : {0° entre les coefficients 5,592 et 5 832 ; 2 qu’en août le minimum total à 8 litres près équivaut aux prévisions établies avec le coeflicient 6. La totalité rectifiée n'implique : qu’un excédent de 28 litres qui se justifie comme pour le troisième cas. L'analyse calorimélrique des rations expérimentale- ment établies nous conduit aux mêmes conclusions que l’expérimentalion physiologique, à savoir : que Île pouvoir nutrilif des principes immédiats, considérés chez un animal en parfait équilibre de poids et de nutrition, est proportionnel à leur rendement en gly- Er LES cose. On ne saurait done confondre plus longtemps le pouvoir thermique d’un aliment avec sa puissance trophique. La température des animaux à sang chaud est constante sous tous les climats et sous toutes les latitudes. La chaleur produite par un animal est sen- siblement égale à la chaleur calculée à partir de l'oxygène, dont le pouvoir thermique moyeu est de 4 calories 8. Nous disons sensiblement, car les change- ments chimiques, oxydations, hydratations, déshydra- tations, dédoublements, peuvent dégager ou absorber de la chaleur, et la chaleur calculée à partir de l’oxygène est toujours un peu supérieure à celle pro- duite par la combustion des principes immédiats. Quoi qu'il en soit, connaissant le poids de l'animal et le coefficient respiratoire, on peut loujours en déduire le coefficient journalier et partant la proportion de principes immédiats qui doivent entrer dans la ration. On peut prendre indifféremment l’un ou l'autre des coelficients selon l’état d’embonpoint dans lequel on veut entretenir l’animal, ou même le coefficient moyen, 5,820. La ration d'entretien se trouve ainsi mieux désignée sous le nom de ration d'équilibre de nutri- tion, qu’on pourrait aussi qualifier de ration de dépense individuelle, en opposition avec le supplément néces- saire pour une augmentalion de poids ou pour une production de travail, etc , supplément qui devient la véritable ration de production. On sait que l’excrétion azotée dépend plutôt de la quantité de matières protéiques contenues dans la ration que de l’état de lanimal, travail ou repos; ce qui a fait dire à Lambling que « l’organisme tend à adapler toujours la désassimilation azotée à la gran- deur de l'azote alimentaire ». On a admis jusqu'ici que l'intensité de destruction incoercible et permanente 200 de l’albumine pouvait être évaluée à partir des chiffres qui mesurent sa destruction sur l'animal à jeun, et on a arrêté les besoins d'albumine pour vingt-quatre heures et par kilogramme de poids vif : chez le cheval de 4 gr. 30 à 1 gr. 43 ; chez le bœuf de 0,30, 0,50 à 0,70 ; chez la vache laitière à 0,75 et chez le mouton de O0 gr. 50 à 1 gr. 30. Ces chiffres nous paraissent trop élevés. Pendant la période d'inanilion, l'animal puise l'énergie qu’il dépense daus ses réserves hydro-carbonées accumulées à l’état d'inclusion et destinées à fournir au proto- plasma l'énergie nécessaire pour l’accomplissement de ses fonctions. Or, on ne saurait concevoir le proto- plasma vivant sans les réserves énergiliques qui lui sont propres ; privé d'elles, il devient inerte, il meurt et est détruit par les combustions. De sorte que pen- dant l’inanilion la dépense azotée n’est plus normale. En comprenant les amides parmi les corps azotés, comme on en a l’habitude, et cela avec raison, puisqu'ils sont susceptibles de passer à l’état d'acide aspartique, on voit que les animaux en expérience dont nous avons donné les rations ne consommaient que : n° 7, Dior 3156 n09 01612360 mas 0 ren /rSSEMneMIU 0,5151 ; n°5, 0,5555 ; n° 6, 0,5691 ; n° 3,0,6714 now 01079: n°4, 07123; n°2 07784 par unité lon vivant. La quantité de matière azotée à faire entrer dans une ration pour un auimal à l'état de santé qu'on veut tenir en état d'équilibre de nutrilion dépend de son élat d'embonpoint à l’état actuel, et pour chaque état la dépense est à peu près constante pour toutes les espèces et oscille entre 0 gr. 5 et O0 gr. 7. Pour calculer une ration d'équilibre de nutrition, il faut d'abord calculer la quantité d'oxygène nécessaire, d’après le coefficient respiratoire journalier, et retran- cher de ce produit 100, si le foin est riche en matière azotée, ou 80 pour un foin de composition moyenne, nombre qui représente la quantité moyenne d'oxygène nécessaire pour oxyder les corps gras et la protéine; on multiplie ensuite cette différence par le coefficient thermique moyen de l'oxygène pour avoir le nombre de calories correspondantes. On réduit les principes immédiats du foin en glycose, qu’on multiplie par 3,092, valeur calorifique de ce glycose, et on a tous les éléments nécessaires pour résoudre l'équation. Soit à établir la ration d'équilibre de nutrition d’un animal du poids de 380 kilogr. La dépense en oxygène serait de 2,280 litres, correspondant à 10,94% calories. D’après les tables de composition chimique des ali- ments, te foin à employer, apprécié d'après ses qua- lités apparentes, aurait la composition suivante en matières digestibles : MA = 5,5. m. g. 1. MNA — 40,8. Nous posons l’équation suivante : DUT D COUT T'AGI EE 710,8 >< 107,5 —"r419;87 de glycose. LATE QD, 002 = SLA Tr: à ER Tn : 10,944 Or,.181;127 "doit égaler. 10942, d'ou. x — _ SAS ce qui donne 5 kilogr. 944 ou 6 kilogr. en chiffres ronds. L'animal recevrait donc 330 gr. de matière azotée, 60 gr. de matière grasse digestible et 2,418 gr. de matières hydro-carbonées digestibles. Les 330 gr. de matière azotée impliquent une consommation de 0 gr. 8684 par kilogramme. L'expérience nous a dé- montré que cette consommation peut descendre au moins à 0,7734 grammes; celte ration contiendrait donc 36 gr. 15 de matière azotée de plus qu'il serait néces- saire, et comme la ration d'équilibre de nutrition doit être établie économiquement, nous pouvons supprimer 198 gr. 825 de foin et les remplacer par 3 kilogr. de nopeee paille qui, mélangés au foin, augmenteront le volume de la ration et faciliteront le fonctionnement de l’ap- pareil digestif. Les zootechniciens ne se sont pas encore mis d’ac- MA MNA la ration d'entretien. Les uns prétendent qu’elle doit être de 1/6, d’autres de 1/8 et même de 1/9. Il est difficile en eflet de donner une valeur précise à la relation nutritive de la ration d'entretien ; l'équilibre apparent de poids peut être obtenu avec des relalions différentes. Dans les expériences de M. Grandeau que nous avons relatées, le rapport a été, en confondant les amides et les malières protéiques et en ramenant la graisse à l’état d’amidon : cord sur la valeur exacte de l'expression quant à A EE El l l 1 490810 41 76 0 MID A0 MC ONE Les relations Set 9, qui sont très larges, se rapportent à une ration qui a entretenu le cheval en état d’équi- libre de poids et probablement aussi en état d’équi- libre physiologique, puisque l'oxygène consommé en partant du glycose correspond au coefficient respi- ratoire. Ces divergences d'opinion ne sont pas pour surprendre ; on a donné à la relation nutritive une signification qu'elle n’a pas ; elle n’a qu’un rapport très éloigné avec la composition de la ration, tandis au contraire qu’elle est en corrélation étroite avec l’état d'équilibre d’azote au moment considéré. Une ration d'une relation de 1/9 produira les mêmes effets qu’une autre ayant une relation de 1/6 ou 1/5, si, dans les deux cas, la somme du rendement en glycose des principes immédiats est la même, en un mot si la somme de chaleur libérée est égale et correspond dans les deux cas à la même dépense en oxygène. Si, au contraire, on donne à un animal une ration supé- rieure à ses besoins en calories, l’excès de cette ration ne sera pas employé à produire un excédent de cha- leur si la quantité de protéine et de matières hydro- carbonées en excès et digérées se trouvent dans le CEE mu ie 807,98 8 quantité de matière protéique et de matière hydro- carbonée pour permettre une augmentation d'une unilé de poids vivant. C’est là le rapport indispen- sable pour un état d'équilibre de nutrition correspon- dant à une relation nutritive de la ration de 1/10. Mais, à mesure que l’animal augmentera de poids, l'organisme s’enrichira en azote, et il faudra que la rapport de , chiffres correspondant à la ration soit de plus en plus riche pour entretenir le nouvel équilibre et favoriser de nouveaux gains ; et la matière grasse provenant du dédoublement de la matière albuminoïde augmentera dans Iles mêmes proportions, de sorte que le rapport des matières albu- minoïdes et des matières hydro-carbonées devra de- venir plus étroit. Dans l’engraissement comme dans l'entretien, la relation nutritive est sous la dépendance de l’état physiologique actuel, et est en raison de l’état d'équilibre d’azote. On peut donc dire que ce n’est que par réciprocité que la relation de la ration acquiert son importance. Dans le cas où les matières plastiques et les matières énergitiques ne sont pas dans un rapport défini, les principes immédiats digérés, élaborés par la digestion, fonction indépendante de la volonté, qui se traduit par une série de réactions chimiques et calorifiques, sont brûlés à l’état de glycose. Lorsqu'on dit qu’il n’y à pas de consommation de luxe, on entend par là que l'organisme ne gaspille pas les éléments qu’il reçoit ; lorsque la calorification est assurée, à ce moment, si ces éléments se trouvent en présence en proportion définie, il y a fixalion et non combustion ; la fixation a toujours lieu dans les pro- portions physiologiques ; mais, lorsque le rapport est détruit, que ce soit la matière plastique qui soit en excès ou la matière hydro-carbonée, comme résultat du travail de la digestion, cet excédent se trouve rejeté par l'organisme par voie de combustion, combustion supplémentaire qu’on pourrait qualifier de combustion de réaction. Du reste, ces écarts ne sont jamais très sensibles ; ils peuvent tout au plus provoquer la con- sommation de 85 à 90 litres d'oxygène en plus. Lors- qu'ils dépassent celte proportion, et si la situation se prolonge, on tombe alors dans la pathologie. VIII Alimentation des jeunes. La ration d'entretien ou d'équilibre de nutrition ne saurait s’appliquer qu'aux animaux adultes dont le développement est terminé: pratiquement et surtout économiquement, cette ration ne devrait généralement pas exister ; on doit toujours avoir pour but la création d'un nouveau capital. Il y à exception, cependant, pour les animaux exclusivement de travail pendant la morte saison, qui doivent rester en stabulation, encore faut-il tenir compte de l’état de gestation. La caractéristique spéciale de la nutrition d’un jeune animal est de former de la substance musculaire avec rapidité.; on doit donc le soumettre à une alimen- tation à la fois riche en principes azotés et en priu- cipes salins, surtout en phosphates ; la ration sera d'autant meilleure que le rapport entre l’acide phos- phorique et la magnésie se rapprochera le plus de 1 0,043 l'acide phosphorique étant au numérateur. L’aliment type du jeune animal, c’est le lait vivant ; d’abord sous forme de colostrum, après la première semaine, il se concentre, devient comestible et la sé- crétion lactée s'accroît considérablement. sbpour les bovidés et pour les ovidés et les suidés, Composition du colostrum. Moyenne de plusieurs analyses. 2 3 =: x = = © ESPÈCES | EAU = £ % | SUCRE | CENDRES = £ £ Æ LES = | 2% RES Vache") RN259 17.6 3.0 2.6 175 Brebis....| 66.4 15.6 975 de) 172 Composition du lait. : = À = E = à ESPÈCES | EAU EE a 2 2 À SELS E © E œ Es << IN << = RE = % = ®n = © = | RER —— — ) Vaches 4 4.6 3.8 0.6 Chevre AN S5 rl 4.29 4.18 4.46 0.76 Brebis....| 80.8 6.5 6.9 4.9 0.9 Jument...| 90.78 4.99 12/1 5.67 0.35 Anesse ...| 89.64 | 2.22 1.64 5.99 0.51 PO GARE Le colostrum a une teneur très élevée en principes albuminoïdes ; ces principes diminuent à mesure que le sucre de lait augmente. La très grande valeur ali- mentaire du lait lui vient de la proportion des prin- cipes gras et albuminoïdes qu’il renferme sous un état facilement assimilable ; la chaleur produite par une unité de lait de vache est de 178, celle de la farine de lin étant 100 ; le lait contient aussi une forte proportion d'acide phosphorique, de chaux et de potasse. Le rapport des principes azotés aux principes non azotés est plus élevé que dans aucun autre aliment. Lorsqu'on devra recourir à l'allaitement artificiel, laliment choisi devra être d’une digestion facile et riche en principes gras ct azotés ; tandis que trop souvent on emploie des aliments féculents. Le tourteau de lin est de tous les substituants celui qui se rapproche le plus de la composition du lait. Un jeune animal tire le plus grand profit de la ration qu’il consomme, lorsqu'elle est bien composée. Ainsi un jeune veau assimile 69 °/, des principes albu- minoïdes contenus dans le lait, 98 °/, de la chaux et 74 0/, de l’acide phosphorique. Pendant les premières semaines de son existence, un jeune veau qui con- somme » kilogrammes de lait contenant 580 grammes de matière sèche augmente de 1 kilogramme par jour. Dans le même temps et toutes proportions gardées, un veau profite dix fois plus vite qu’un bœuf à l’engrais. Ceci s'explique par la grande quantité de nourriture consommée proportionnellement au poids du corps de l'animal, par la plus grande quantité d'eau contenue dans les produits formés et par la faible proportion relative de graisse formée ; pour obtenir le même résultat sur un bœuf soumis à l’engraissement, il faut proportionnellement quatre fois autant de nourriture. Au fur et à mesure que le jeune animal se développe, None que les fonctions deviennent plus actives, il lui faut une alimentation plus abondante et susceptible de produire plus de chaleur et de glycose pour satisfaire aux besoins du travail physiologique et à l'exercice plus actif auquel il se livre : la proportion des ma- tières azotées doit donc diminuer et celle des prin- cipes hydro-carbonés susceptibles de produire du glycose doivent augmenter. Dans les conditions ordi- naires celte modification s'opère normalement, le lait devient plus riche en matières grasses. Plus un animal est jeune, plus la proportion de principes alimentaires qui lui sont nécessaires est élevée relativement à son poids. À mesure que l’animal augmente de poids, il absorbe une plus grande quantité absolue de principes alimentaires ; mais le rapport du poids du corps et de la nourriture est moins élevé. A la naissance, un veau de nos grandes races bovines, s’il est de bonne origine, doit avoir 0 m. 785 de tour de sangle, et si la nourriture qu'il recoit est convenable, il doit s’accroitre de 0 m. 02707 par semaine jusqu'à l’âge de deux mois ; à cet âge il aura au moins 1 m. 002 de tour de sangle ; à six mois { m. 5 à { im. 624 et à un an Î m.95. Ces données peuvent servir de point de repère pour se rendre compte si l’alimen- tation est suffisante. C’est dans le jeune âge qu’il faut nourrir fort; mais il ne faut pas confondre l'alimentation intensive avec la suralimentation qui confine toujours à la surcharge des organes digestifs et occasionne des accidents graves qui ont pour conséquence de donner des résultats opposés à ceux qu’on se propose d'obtenir, lorsqu'ils n’occasionnent pas la mort de l’animal. ALIMENTATION ARTIFICIELLE DES JEUNES VEAUX. — C'est dans le jeune äge, dès la naissance, qu’on doit com- NO GE mencer à soumettre l'appareil digestif à une gymnas- tique fonctiounelle, qui lui permettra plus tard d’uti- liser dans la plus large mesure les principes immédiats contenus dans la ration. Pour les races dites de travail comme pour les races de boucherie, il arrive trop souvent que le lait de la mère est insuffisant pour assurer un développement rapide, précoce du jeune sujet. Les races laitières sont dans de meilleures con- ditions ; mais tout le lait ne saurait être consommé par les veaux, sans fausser les résultats de l’entreprise. Il est évident, personne ne le contestera, que rien ne saurait remplacer le Jait vivant de la mère. Chaque fois que nos intérêts n'auront pas à en souffrir et que nous aurons en vue la production de sujets d'élite, nous devrons avoir recours à l’allaitement naturel ; si une vache ne suffit pas,on en donnera deux; le sevrage se fera le plus tard possible tout en habituant les jeunes élèves à consommer des aliments concentrés. Les fèves trempées pendant vingt-quatre heures et égrugées constituent un aliment supplémentaire de premier ordre. Les jeunes animaux s’habituent fa- cilement à les prendre seuls, il suffit de les placer dans l’auge ; dans les premiers jours on en met de temps en temps quelques-unes dans la bouche du veau, il les mastique d’abord assez maladroitement, puis il en devient très friand. Nous avons vu un veau âgé de trois mois pesant 165 kilogr. qui n’avait reçu que le lait de la mère, en moyenne environ 5 litres par jour, et des fèves. Les résultats ainsi obtenus dans certaines étables du Lot-et-Garonne ne sont pas pour nous surprendre, car les légumineuses contiennent tous les sels du sang, tels que phosphate de potasse, de soude, de magnésie, ce qui en fait des aliments précieux pour des animaux en voie de croissance. Les vesces, les pois, peuvent aussi être employés avanta- O7 geusement. On se trouve tout aussi bien, au lieu de faire téter le veau, de l’élever au seau ou au biberon. Cela permet d’additionner le lait de certaines substances alimentaires pour compléter la ration. Lorsque les animaux ont de douze à quinze jours, on peut ne leur laisser prendre que le tiers du lait qui leur était destiné ; on le mélange alors à deux ou trois parties de farine de fèves bien tamisée délayée dans deux ou trois litres d’eau tiède ; on divise le tout en deux ou trois parties égales, qui serviront à trois repas ; le repas du soir doit être un peu plus copieux que celui du matin et de midi. Chaque fois le mélange sera porté à une température de 30 à 35°. Les doses à faire consommer ne sauraient être fixes, elles doivent varier avec la force et l’âge du sujet. On doit éviter de trop dilater l'estomac afin d’assurer une bonne digestion et mettre l’animal à l’abri des affec- tions intestinales, qui sont la conséquence d’une ali- mentation artificielle mal composée ou trop volumi- neuse. À six semaines les jeunes veaux ainsi nourris sont bons à être livrés à la boucherie. Si on veut con- server le jeune animal. pour l'élevage, on augmentera graduellement la dose de farine de fèves et par suite la quantité d’eau. On se trouvera bien d’ajouter 25 à 30 grammes de mélasse ou de sucre de glucose par litre de lait. La carotte cuite, bien délayée dans du lait, constitue un aliment de première qualité pour les veaux de boucherie auxquels elle donne une viande ferme et savoureuse. Dans les cas que nous venons d’examiner, nous avons utilisé le lait entier, en proportions variables. Nous devons maintenant envisager l'allaitement artiti- ciel proprement dit, qui, d’une manière générale, ne saurait s'appliquer pour la production des veaux de boucherie de premier choix. 7 ose Il ne faut pas perdre de vue que le but poursuivi est d'obtenir un développement rapide, sans temps d'ar- rêt, le plus économiquement possible, en se mettant à l'abri des accidents. Le moyen naturel de nourrir les veaux consiste, avons-nous dit, à leur laisser prendre le lait à la mamelle ; mais ce moyen ne saurait être pra- tiqué d’une manière absolue dans les fermes où l’ex- ploitation du lait est le but principal ; c’est pourquoi, d’une manière générale, on pratique le sevrage de très bonne heure, à cinq semaines ou deux mois, sans se préoccuper de pourvoir aux besoins du jeune animal, le laissant ainsi à la merci de l'influence des milieux. L'alimentation artificielle a un très grand avantage sur l'alimentation à la mamelle, on peut augmenter ou di- minuer à volonté la quantité de lait à mesure que le veau vieillit, et le lait écrémé peut être employé avec addition d’autres aliments comme substituants de la matière grasse. Nous considérons que les veaux peu- vent être élevés dans d'aussi bonnes conditions et avec des aliments d’un prix moins élevé que le beurre après qu'ils sont arrivés à l’âge de trois ou quatre semaines. Les veaux nés en hiver doivent être tenus à l’étable. Les veaux peuvent être appris à boire aussitôt après la naissance, sans leur permettre de téter, même une seule fois ; maisil faudra toujours leur faire consom- mer le premier lait (colostrum), jusqu'à ce qu’il soit comestible, puis on les nourrira au lait frais pendant quelques jours. A l’âge de deux semaines on ajoutera un peu de lait écrémé au lait pur, qu'on supprimera graduellement pour ne plus donnerque du lait écrémé. Aussitôt que le veau commencera à ruminer, on lui présentera un peu de farine d'avoine ou de farine de lin qu’on pourra tremper dans le seau aussitôt que le lait sera absorbé ; après deux ou trois jours, lorsqu'il aura pris son repas liquide, le jeune animal commen- cera à regarder et à attendre avec impatience son sup- plément de ration.Cette méthode si simple est recom- mandable plutôt que celle qui consiste à faire bouillir les farines pour les mélanger au lait ; on évite plus facilement la surcharge de l’appareil digestif, l’animal ne prenant que ce qui luiconvient. Le lait sera toujours donné à la température de 34 à 35° ; de préférence on fera chauffer au bain-marie. Pour ne pas altérer la digestibilité du lait, on ne dépassera jamais la tempé- rature de 38. Le colostrum étant coagulé par la chaleur devra être consommé immédiatement en sortant de la mamelle. Tout en nourrissant bien, il faudra éviter de pousser à l’engraissement les sujets qu’on voudra gar- der comme élèves, il faudra se contenter d'une aug- mentation de poids vivant de 5 à 600 grammes par jour à partir de l’âge de deux mois et demi. Si ce gain est régulier et permanent, on pourra être sûr que la ration contient les sels minéraux nécessaires au développe- ment du squelette. Autant que possible on réservera pour les élèves le foin de trèfle qu'on mélangera avec des racines. Nous soutenons que l’élevage des veaux est rémuné- rateur et, dans toutes les fermes où les travaux le per- mettent, on devrait élever chaque année le nombre d'animaux nécessaires pour remplacer ceux qui sont destinés à la vente. Par ce moyen, on connaîtrait au moins les origines, la sélection serait plus facile et plus sévère, et bientôt il y aurait des familles en renom, recherchées par ceux dont la situation ne leur permet pas de suffire à leur propre élevage. Dans toute ex- pioitation où cette industrie sera possible, on sera largement dédommagé des peines et soins qu’on aura pris, à la condition de n’avoir que de bonnes vaches, bien racées, réunissant au plus haut degré les carac- tères des aptitudes auxquelles les animaux sont des- — 100 — tinés. C’est surtout pour la production laitière que la sélection devra être bien conduite ; non seulement elle devra porter sur la vache, mais aussi sur le tau- reau, qui devra toujours avoir de qui tenir par ses ancêtres. Les éleveurs de cette catégorie devraient toujours connaître les aptitudes à la fois beurrières et laitières de leurs vaches et éliminer sans aucune res- triction tous les sujets issus de familles même dou- teuses. Nous commettrons peut-être une hérésie z00- technique en disant que les caractères laitiers doivent primer les caractères de race. Avant tout, il faut être industriel et par conséquent employer tous les moyens licites pour obtenir la somme la plus élevée des pro- duits que nous devons manufacturer. Du reste, le temps balancerait bientôt les écarts du début, et les caractères de race ne tarderaient pas à se fondre avec ceux des aptitudes. Une bonne vache, bien nourrie, peut donner une quantité de lait suffisante pour élever trois et quelquefois quatre veaux dans la même année, à la condition de recourir à des aliments concentrés supplémentaires appropriés aux besoins des jeunes sujets. Il est évident, et nous le répétons afin de ne pas être taxé d’exagération, que durant les trois pre- mières semaines les veaux font beaucoup mieux avec le lait de leur mère ; si on le leur laisse prendre plus longtemps, le résultat n’en sera que meilleur ; mais, comme nous avons en vue d'indiquer ici le moyen d'élever un certain nombre de veaux avec un nombre limité de vaches, l'addition d'aliments supplémen- taires doit commencer de bonne heure. Toutes les fois que cela sera possible, le jeune veau consommera le lait propre de sa mère pendant la première semaine ; il s'en trouvera mieux que de prendre le lait d’une autre vache. L'élevage des veaux demande beaucoup de soins et d'attention, c’est une entreprise qui ne doit = A10Ù — jamais être tentée par le fermier qui n’en a pas le goût ou qui ne peut y consacrer le temps nécessaire. Il faut une attention soutenue, une grande régularité dans la distripution des repas ; il n’y a rien de pire, pour les jeunes animaux de toute espèce du reste, que de prendre leurs repas à des heures différentes ; ils souf- frent de la faim, ne profitent pas en raison de ce qu’ils consomment, le plus souvent mème ils ne donnent que des mécomptes ; c’est dans ces conditions que souvent on a condamné l'allaitement artificiel, oubliant que ce n’était pas l’opération en elle-même qui était mauvaise, mais bien que c'était la manière dont elle était con- duite qui était blâmable. Aussitôt après la naissance, lorsqu'ils auront été bien séchés, les veaux devront être placés dans des box bien propres, bien sains, munis d’une bonne litière de paille. Si dans la suite il se produisait des cas de diarrhée, les malades seraient isolés et la place occupée par eux désinfectée avec une solution con- centrée de sulfate de cuivre ; il sera même utile de räcler la surface du sol, s'il n'est pas bétonné, afin d’assurer une désinfection complète. Le veau doit avoir son premier repas environ une heure après qu’il est né. On doit éviter de lui laisser prendre trop de lait, pour ne pas surcharger l’es- tomac. Un litre suffit pour un animal moyen; le lait fraichement tiré sera servi à la température du corps de la vache. Par la suite, le nourrisseur devra avoir beaucoup de jugement, d’autres diraient de pratique, pour apprécier la quantité de lait qu’il doit laisser prendre au veau. Il est impossible de fixer des doses pour suflire aux besoins journaliers de chaque animal, car ce qui ne serait que de l'abondance pour un, pour- rait bien être de l’excédent pour un autre, ou insufii- sant pour un troisième ; c’est en cela que git une des — 102 — grandes difficultés de l’élevage des veaux à la main. Lorsqu'on donne trop de lait à un repas, le veau ne prend pas la même quantité à l’autre ; cette alimen- tation irrégulière est de nature à entraver son déve- loppement. Quelquelois l'animal boira goulument pendant deux ou trois jours, puis il sera rassasié sans être malade, refusera de boire, ou boira très peu pen- dant un jour ou deux ; il dépérira et ce sera du temps perdu qu’on ne rattrapera qu’à la longue. Si au con- traire la ration n’est pas suffisante, l'animal ne pro- fitera pas. Pendant les premières trois semaines, on doit donner trois repas par jour. A cet âge on peut supprimer le lait à midi et le remplacer par une petite quantité de tourteau de lin moulu très fin. Les résultats les plus satisfaisants sont obtenus en donnant du lait frais jusqu’à l’âge de trois semaines ; à cet âge le veau a pris de la force, et il est capable de supporter le lait écrémé mélangé d’abord avec une égale quantité de lait entier qu’on remplacera graduellement par des aliments cuits. Lorsque ces substitutions sont accep- tées par le jeune élève, si la vache est bonne laitière, on peut avoir du lait de reste pour commencer l’éle- vage d’un deuxième veau qu'on conduira comme pré- cédemment. En suivant les indications que nous avons données, on peut se rendre compte qu’on peut élever trois ou quatre veaux dans la même année avec la même vache. Un mélange par parties égales de 450 gr. de farine de lin et de farine d'avoine bouilli dans 4 à 5 litres d’eau environ donnera une sorte de bouillie de premier choix qu’on pourra ajouter au lait écrémé. Il est de bonne pratique de faire tremper préalable- ment les farines dans l’eau froide pendant trois ou quatre heures avant de les faire bouillir. Les veaux commencent à manger à trois semaines ; la nourriture qu’on leur présentera devra donc être — 103 — des plus savoureuses, le tourteau de lin convient pour commencer. Pour habituer le jeune animal à manger, on le saisit doucement et on lui met un peu de tourteau dans la bouche ; on répète cette opération plusieurs fois pendant trois ou quatre jours jusqu’à ce qu’il prenne seul le tourteau dans l’auge, qui doit être placée à sa portée ; on augmente graduellement la ration jusqu'à 500 grammes par jour. S’il y a des restes, on doit les enlever et toujours tenir l’auge bien propre. En même temps on met un peu de foin dans le râtelier, qu’on renouvelle à chaque repas, s’il n’est pas tout consommé, pour distribuer ces restes aux animaux adultes. A l'âge de six semaines on commencera à donner des racines : carottes, rutabagas, navets de Suède, ces deux dernières sont précieuses pour les animaux en vole de croissance, parce que, si le terrain sur lequel elles ont été cultivées a reçu des phosphates, surtout sous forme de noir animal, ou de phosphates d'os, elles en auront utilisé la plus grande partie pen- dant leur végétation. C’est encore le meilleur moyen d’administrer l’acide phosphorique. Les racines doivent toujours être dans un état de division suffisant pour éviter les accidents. Ce n’est que vers l’âge de quatre à cinq mois qu’on devrait sevrer complètement, et, au lieu de réduire la quantité de nourriture liquide, il est préférable d’en abaisser la qualité en ajoutant un peu d’eau, cela servira de boisson alimentaire. A l’âge de six mois seulement, on supprimera totalement le’ lait et les bouillies pour mettre l’animal au régime ordinaire des tourteaux, farines, foin et racines. Si on est en hiver et que la saison soit mauvaise, on les mettra dehors pendant quelques heures seulement ; ce ne sera que lorsque les beaux jours seront arrivés qu’on devra utiliser le paturage permanent, même pendant la nuit. — 104 — Le plus généralement, lorsque les animaux sont au pré, ils ne sont l’objet d'aucun soin particulier. C’est là une erreur contre laquelle il est bon de réagir, pour que l'opération soit économique et réellement rému- nératrice, on doit continuer à assurer leur dévelappe- ment régulier en leur distribuant chaque jour plus ou moins d'aliments concentrés selon l’état du pâturage, car ils sont à un stade de leur existence duquel dépend leur avenir. Voici encore une manière très pratique et très avan- tageuse de conduire l’allaitement artificiel des jeunes veaux. Le premier jour, c’est-à-dire après la naissance, on fera faire quatre repas au jeune animal, si c’est possible, en ne lui laissant prendre chaque fois qu’en- viron un demi-litre du lait de la mère, soit qu’on fasse Léter, soit qu'on fasse prendre à la bouteille ou au biberon. On évitera de donner le lait froid, mais on se rappellera qu'il ne faut pas faire chauffer le colos- trum. La ration sera augmentée graduellement et devra être portée à deux litres par repas vers le qua- trième ou le cinquième jour ; à partir de ce moment on ne fera plus faire que trois repas par vingt-quatre heures. Pendant la deuxième semaine on continuera le même régime et, à l’âge de quinze jours, le lait de la mère sera mêlé par moilié avec du lait écrémé dans lequel on aura ajouté un quart de litre par litre de soupe de graine de lin. Lorsque le veau aura environ quatre semaines, on placera devant lui une poignée de bon regain ou une ou deux carottes cuites, coupées ; ces aliments ne seront pas consommés d’abord, mais l'animal pourra ainsi s'habituer à manger. A chaque repas, ces fourrages seront renouvelés et l’auge bien nettoyée. A partir de la cinquième semaine, la ration con- tiendra deux litres et demi de petit lait, toujours addi- tionné de la même quantité de soupe de lin. Après les repas du matin et du soir, on présentera du regain de bonne qualité. Ce régime sera continué jusqu’à la fin de la huitième semaine en augmentant graduelle- ment la quantité de regain. À la neuvième semaine on pourra supprimer la soupe de lin; après le repas de midi on donnera une poignée de tourteau de lin, environ 100 grammes, moulu ou broyé bien menu, mélangé avec des racines cuites. Si on est au prin- temps, les racines pourront être remplacées par des fourrages verts hachés, de préférence des graminées, car, à cet âge, nous avons souvent vu le trèfle et la luzerne occasionner des ballonnements et par suite un temps d’arrêt dans le développement de l’animal. Ce ne sera que vers la douzième semaine qu'on suppri- mera le lait au repas du milieu du jour, pour le rem- placer par 200 grammes de tourteau de lin et des racines cuites, coupées : les rutabagas, les carottes, sont indiqués à cause de leur teneur en acide phos- phorique, substance qui, comme chacun le sait, est indispensable au développement du squelette. A défaut de racines, on continuerait le fourrage vert. Vers la douzième ou treizième semaine le lait peut être com- plètement supprimé. Cependant, si le petit lait abonde dans l’exploitation, on ne saurait en faire un meilleur emploi, à moins qu'on le réserve pour les porcs. La préparation de la soupe de lin demande certaines précautions. On fera tremper pendant quelques heures 700 grammes de graine de lin dans 16 litres d’eau, puis on fera bouillir pendant environ une heure et demie. On délaiera 150 grammes de farine de froment dans une quantité d’eau tiède suffisante pour éviter qu'il ne se produise des grumeaux et on versera sur la graine de lin un quart d'heure avant de retirer du feu. Cette farine a pour but de neutraliser les propriétés — 106 — laxatives de la graine de lin. La soupe ainsi préparée sera placée dans un endroit frais, où elle pourra se conserver pendant une semaine si on a soin de n’y puiser qu'avec des ustensiles très propres et de la tenir à l’abri de l’air. Si, au lieu d'employer des graines de lin entières, on les employait moulues, on pourrait faire directement le mélange avec la farine de froment ; il suffirait alors de porter à ébullition pendant quel- ques minutes. Au lieu de mélanger les farines au lait écrémé, dès que l'animal à environ huit jours, on lui présente sur la main un peu de tourteau moulu ; il s’habitue peu à peu à en prendre une certaine quantité ; après peu de temps on pourra placer la farine au fond du seau, le veau la léchera avec avidité lorsqu'il aura pris le lait écrémé. Il semble qu'il y ait quelque avantage à agir ainsi ; d'abord on évite la main-d'œuvre que nécessite le mélange de la farine au lait, il y a économie de com- bustible et les veaux sont moins sujets à contracter la diarrhée, enfin l’animal ne prend que la quantité d'aliments solides qui lui convient. HUILE DE FOIE DE MORUE. — Îl résulte des expériences faites sur la ferme de Sir Robert Jardine par le Dr Gillespe que l'huile de foie de morue est le substi- tuant du beurrele plus pratique et le plus économique. Ces expériences, commencées en 1898, furent conti- nuées les années suivantes au collège d'agriculture de Yorkshire, sous la direction du professeur Campbell. Le 16 mai 1899, ou acheta quinze jeunes veaux. Du 16 mai au 9 juin, ils reçurent tous du lait frais, d’abord quatre fois par jour, puis trois fois seulement, la quan- tité totale étant portée graduellement de quatre litres et demi à six litres. Le 17 juin, les veaux furent pesés et divisés en trois lots. Le premier lot continua — 107 — à recevoir six litres de lait par tête et par jour en trois fois. Le deuxième lot eut une partie du lait frais rem- placé par du lait écrémé auquel on ajouta 16 grammes d'huile de foie de morue ; le lot trois eut aussi une partie du lait frais remplacé par du lait écrémé auquel on ajouta un mélange de farines, composé de deux parties de farine de graine de lin, une partie de farine d'avoine, une partie de farine de riz et une partie de farine de fèves des marais, le tout bien tamisé. L’addi- tion au lot trois fut faite à cause de la fréquence avec laquelle les farines sont employées lorsqu'on nourrit les veaux avec du petit lait. A partir du 19 juin ces animaux ne firent plus que deux repas par jour, tout en consommant la même quantité de lait qu'avant. Le 15 juillet, l'huile de foie de morue ayant été portée à 60 grammes, on commença à leur donner un peu de tourteau de lin et de son, environ trois kilogr. par jour entre tous. Ce mélange fut augmenté graduellement jusqu’à la fin de l'expérience et porté enfin à 22 kil. 500 de tourteau de lin et 14 kilogr. de son, avec du foin de prairie naturelle. En prenant le prix du lait con- sommé par le lot 1 à 0 fr. 80 les 4 litres 50, la valeur du lait consommé fut de 1 fr. 25 par tête et par jour ; le prix de l’huile de foie de morue était de 6 fr. 25 les 4 litres 50, le lait écrémé fut estimé à Ofr. 10 les 4 litres 50. Le lot 2 revint donc à 0 fr. 40 par tête et par jour ; tandis que le lot 3 qui prenait la farine revint à O fr. 10 par tête et par jour, plus le lait écrémé, c’est-à-dire un peu plus de 0 fr. 40 par tête et par jour. Tous les animaux eurent à leur disposition du foin de prairie naturelle à volonté. Les pesées furent faites aux dates ci-dessous : DATES. LOT 1. LOT 2. LOT 3. Ain er 329 k.265 275 k.909 283 k.013 — 108 — DATES. LOT 1. LOTA2; LOT 3. 15 let 311k. 370k.546 313k.082 FAO er 506 669 463 069 415 446 9 septembre 624 531 581 891 536 998 16 novembre 1.003 009 860 060 953 402 13 décembre. 1.03% 989 950 631 JAN 10janvier. 041050220080 ROME IDIÉVrIer MAS OST 2232 TRES TUMars. LU 350 OST SION 12 0 ES 22080 RENAN EEE 1422-7090 A A2 00258 MARTIN CM THE lo 0e ve 1.524 817 1.510 644 |: 1:481- 009 L'huile de foie de morue était simplement mélangée avec le laitet les veaux la prenaient sans difficulté ; on ne dépassa pas la dose de deux onces par jour, une plus grande quantité semble relàcher les intestins ; mais il ne faut pas confondre cet accident avec la diarrhée pathologique. La farine fut donnée sous forme de brouet mélangée au lait écrémé. Le sevrage complet eut lieu au commencement de septembre. L'augmentation journalière moyenne par tête durant les douze semaines du 17 juin au 9 septembre fut, pour les veaux au lait frais, de 680 gr. 312 ; pour ceux à l'huile de foie de morue de 623 gr. 620, et pour ceux à la farine de 538 gr. 582. Il résulte de la comparaison de ces chiffres que, quoique les veaux au lait frais eussent profité davantage, la dépense fut environ trois fois plus élevée que pour ceux à l'huile de foie de morue et hors de toute proportion avec l'augmentation de poids. Lorsque les veaux eurent environ deux mois et demi, il y eut peu de diflérence entre le lait entier et l'huile de foie de morue, et ces derniers étaient de beaucoup supérieurs à ceux nourris avec de la farine. Après le sevrage, les veaux à l’huile de foie de morue se ressentirent plus du changement de régime. Au — 109 — commencement de l'hiver on acheta dix autres veaux, trois furent élevés avec du lait écrémé et de l'huile de foie de morue. Lorsqu'on cessa le lait, l'huile fut con- tinuée mélangée au son ; cette manière de procéder parut donner &e meilleurs résultats qu’en supprimant l'huile en même temps que le lait. Un point qui est en faveur de l’huile de foie de morue, c’est le peu de main-d'œuvre nécessaire, comparée à celle que né- cessite l'emploi de la farine. Au printemps de l’année suivante, on fit une nouvelle expérience : quatre veaux furent nourris avec du lait frais et huit avec du lait écrémé et de l’huile de foie de morue. Au sevrage, quatre de ces derniers veaux continuèrent à recevoir de l'huile de foie de morue pendant quelque temps, mélangée à du son et du tourteau. Le résultat de cette expérience montra que l'huile de foie de morue pou- vait être recommandée avec confiance comme substi- tuant du beurre pour l'élevage du veau; le prix de revient fut de un tiers au-dessous de celui du lait frais et montra en même temps la supériorité des veaux à l’huile de foie de morue sur ceux nourris avec de la farine et du lait écrémé. En 1899, des expériences nouvelles furent entre- prises au collège d'agriculture du Yorshire, à Garforth, dans le but de rechercher si l'huile de foie de morue ne pourrait pas être employée avantageusement comme substituant de la matière grasse du lait dans l'élevage des veaux. On fit deux lots, un alimenté avec du lait frais et l’autre avec du lait écrémé additionné d'huile de foie de morue. Les animaux nourris avec du lait entier donnèrent, il est vrai, un meilleur résultat, mais le surcroît de dépense fut hors de proportion avec la différence de poids. En 1900, les expériences furent continuées. Certaines personnes ayant objecté que la qualité de — 110 — la viande pouvait être altérée, on chercha à vérifier le bien fondé de cette supposition. En 1899, trois lots de veaux furent nourris respectivement avec du lait entier, du lait écrémé et de l'huile de foie de morue, et du lait écrémé et de la farine. Après le sevrage, tous les veaux furent traités de la même manière. Au début de l'expérience, chaque lot était composé de cinq veaux, quatre mâles et une femelle ; mais les génisses furent supprimées avant le deuxième essai. Malheu- reusement un des mâles du lot 1 au lait entier mourut, de sorte qu'il n’en resta plus que trois pour être com- parés aux autres lots ; dans ce lot les trois animaux gagnèrent 401 kilogr. 843, le lot 2 gagna 399 k. 143 et le lot 3, 379 kilogr. 264, soit une augmentation moyenne de 393 kilogr. 4. Le lot à l'huile de foie de morue, qui pesait au début 419 kilogr. 076, pesait à la fin de l’expérience 989 kilogr. 625. En comparant le gain par tête, les veaux au lait entier gagnèrent 455 gr. 613, ceux à l'huile 455 gr. 840 et ceux à la farine 455 gr. 444. On voit ainsi la supériorité de l'huile de foie de morue. Quant au rapport du poids vif au poids mort, ce furent encore les veaux à l'huile de foie de morue qui tinrent la tête, car leur rendement fut de 58,56 °/o contre 57,90 pour le lot au lait entier et 57,08 pour le lot à la farine. (The Leeds cooperative stock » acheta tous les animaux, et le rapport fait remarquer que les bêtes au lait entier étaient les plus mauvaises ; les bêtes nourries avec de la farine avaient un meilleur dedans, mais comme ensemble elles ne valaient pas celles nourries avec l'huile de foie de morue ; celles-ci avaient les rognons plus couverts et donnèrent la meil- leure viande. Ainsi, dans les premiers stades de l’exis- tence, l’huile de foie de morue n’a eu aucune influence fâcheuse surla qualité de la viande, ni sur le rendement. — 111 — Une autre expérience fut faite l'année suivante pour savoir si on pouvait employer l'huile de foie de morue avec avantage, après le sevrage, aux veaux qui y étaient déjà accoutumés. On choisit donc douze veaux âgés d'environ huit jours, on leur donna deux fois par jour 3 litres 50 de lait frais par tête. A l’âge de six se- maines, cette ration augmentée graduellement était de 4 litres 688. À ce moment il; furent divisés en deux lots: un de quatre veaux qui continuèrent à ne recevoir que du lait, et l’autre de huit qui fut mis graduelle- ment à la ration du lait écrémé et de l’huiïle de foie de morue ; le 12 mai, c’est-à-dire une semaine après, la substitution était complète. La quantité de lait con- sommée par chaque veau était de 5 litres 860 et de 60 grammes d'huile de foie de morue; le {9 juin, la ration de lait fut portée à 8 litres 032 et elle fut con- tinuée jusqu’au 12 septembre. On procéda alors au sevrage graduel, qui fut complet une semaine après. Le 2 juin, on avait commencé à donner 990 grammes environ d’un mélange de tourteau de lin et de son pour tout le lot, jusqu’au 22 septembre, on augmenta graduellement la ration du mélange jusqu’à 2 kilogr. par tête et par Jour. Tel fut le traitement auquel les deux lots furent soumis, en faisant observer que les animaux furent toujours tenus en stabulation perma- nente. Le résultat final fut conforme à celui de l’année précédente. Le poids moyen du lot au lait entier était, au 15 septembre, de 159 kilogr. 19%, et celui de l’autre de 128 kilogr. 808, soit une différence de 30 kilogr. 386. En 1899, la différence était moins prononcée. Les veaux au lait entier ont donc mieux profité puisqu'ils ont pesé plus que les autres ; mais la différence du prix dé revient n’est pas en rapport. En admettant que Île lait entier valut 0 fr. 89 les 4 litres 5% et le lait écrémi 0 fr. 20, le prix de revient par tête et par jour, au 2 moment où la ration est au maximum, fut de 1 fr. 25 pour le lot 1 et de O fr. 40 pour le lot 2, l'huile reve- nant environ à 0 fr. 05 l’once. La différence entre le poids moyen des veaux n’est donc pas en rapport avec la différence du prix de revient. On doit aussi faire remarquer que le lot 2 ne recevait que deux onces d'huile de foie de morue, tandis que le lot 1 recevait quatre fois plus de matières grasses avec les 6 lit. 84 de lait. La seconde partie des recherches eut pour but d'établir si on pouvait continuer l'huile avec avantage et à la même dose aux veaux qui y étaient déjà accou- tumés. Le lot 2 fut donc divisé à son tour en deux autres lots de quatre veaux chacun de poids aussi égal que possible. A l’un d’eux on continua l'huile de foie de morue à raison de deux onces par tête, qu'on mé- langea avec le tourteau et le son, le reste de la ration restant la même pour tous. Lorsque commença cette nouvelle expérience, le lot qui continuait à recevoir l'huile de foie de morue pesait 517 kilogr. 247 gr., et les veaux qui avaient été nourris avec du lait pesaient 636 kilogr. 778 gr. Le 30 mars, les premiers pesaient 1,365 kilogr. 625 gr. et avaient dépassé les seconds. Le gain moyen pour chacun des trois lots avait été de 907 gr. 088 pour les veaux au lait, de 1 kilogr. 019 pour ceux qui continuaient à recevoir de l'huile, et de 935 gr. 434 pour les autres. De sorte que les veaux au lait entier étaient ceux qui avaient le moins produit pendant cette période de l'expérience. On voit donc que le lot qui était devenu le numéro 2 avait dépassé le lot { ; même en ayant continué l'huile, la quantité de matière grasse consommée durant les 295 jours ne fut que de 590 onces contre 735 de matière grasse con- sommée par les veaux au lait entier. Si on compare avec le lot 3 auquel on avait supprimé l'huile au sevrage, la supériorité du lot 2 est manifeste. Il ressort 113 — de cela qu'on peut continuer l'huile de foie de morue avec avantage après le sevrage ; cependant, cette règle mérite une plus ample consécration. Cette expérience confirme encore celle des années précédentes. L'huile de foie de morue peut être employée avec confiance ; c'est un substituant de la crème auquel les jeunes veaux s’habituent facilement, son emploi: nécessite peu de peine et de travail. Il n’y a peut-être rien de bien nouveau dans le rapport des expériences sur l'élevage des veaux à Garforth publié par le Yorkshire council for agricul- tural education conjoinctly with the university of Leeds. Néanmoins c’est un document des plus intéressants qui ait été publié depuis quelques années. Ces expé- riences, qui prirent fin en 1903, ont duré cinq ans. Le rapport complet avec le rapport des bouchers sur les animaux tués est un document très suggestif avec des faits et des chiffres clairement présentés et intel- ligibles pour tous. Le but de ces expériences était de déterminer la valeur de l'huile de foie de morue, comparée avec les anciens systèmes d'élevage connus. Il est intéressant de reprendre les résultats des années précédentes. Il est incontestable que la première année le lait frais donna les meilleurs résultats apparents, quoique, eu égard au prix de revient, l'huile de foie de morue puisse être recommandée avec confiance pour remplacer la crème ou les farines. Il est assez curieux aussi de voir que les veaux au lait entier se soient trouvés moins bons que les autres ; ils n’étaient nulle- ment comparables à ceux nourris avec de l'huile de foie de morue, ni même à ceux nourris avec de la farine. En 1900, les veaux alimentés avec du lait écrémé et deux onces d'huile de foie de morue con- trastèrent avec ceux nourris au lait entier. Pour faire une comparaison scientifique, nous dirons qu'un veau 8 1 = qui consommait 6 litres 80 de lait entier recevait quatre fois autant de matière grasse qu’un veau nourri au lait écrémé (6 litres 80) et 2 onces d'huile. Les expé- riences de 1900 furent encore très concluantes en faveur de l'huile de foie de morue, quant au prix de revient. Cette année-là, quatre veaux recurent de l'huile de foie de morue après le sevrage mélangée au tourteau et au son ; ces expériences montrèrent le bien fondé de cette pratique, le rapport des bouchers fut des plus favorables. En 1901, on eut en vue de rechercher quelle serait la valeur de l’huile de foie de morue continuée après le sevrage, les animaux devant être mis au pâturage. On continua donc à donner de l'huile aux veaux qui y étaient déjà aceoutumés. D'une manière générale, les avantages prévus d’après les expériences précédentes ne furent pas confirmés ; ces derniers ne se développèrent pas dans des proportions suffisantes pour justifier la continuation de l'huile dans ces conditions. Les expériences de 1902 furent entreprises afin de fixer les doses d’huile de foie de morue à faire entrer dans la ration et aussi pour savoir si l'huile brune donnerait les mêmes résultats que la blonde, avec la première la dépense n'étant que de 0 fr. 35 par jour au lieu de 0 fr. 40. Les veaux qui reçurent l'huile de seconde qualité se comportèrent mieux que ceux qui reçurent de l'huile de première qualité. La conclusion qu'on tira de cette expérience fut que l'huile de foie de morue est le meilleur substituant des farines et de la crème. Mais il n’y eut aucun sérieux avantage à con- tinuer l'huile après le sevrage. Les expériences des années précédentes se trouvèrent donc confirmées et l'emploi de l'huile de seconde qualité permit de réaliser une économie appréciable tout en obtenant les mêmes résultats. On essaya aussi d'augmenter la dose HS d'huile et de la porter à quatre onces, les résultats montrèrent qu'on devait s’en tenir aux premiers essais. En 1903, on eut pour but de rechercher si une quar- tité plus élevée d'huile de foie de morue donnerait de meilleurs résultats et s'ils confirmeraient ceux des années précédentes. On se proposait en même temps d'établir une comparaison avec la farine d'avoine. Les veaux ne furent mis au pâturage qu’à l’âge de 12 mois ; mais pendant l’alimentation lactée ils furent mis dans une prairie pendant le jour. Ils furent divisés en quatre lots, chacun reçut respectivement six litres de lait frais, 6 litres de lait écrémé ei deux onces d'huile de seconde qualité, 4 lit. 50 de lait écrémé et deux onces de farine d'avoine réduite en bouillie. La farine d'avoine était portée à ébullition pendant une demi- heure au moment du repas et distribuée en mélange avec le lait écrémé. On donna deux onces d'huile de foie de morue pendant deux mois ; à partir de ce moment on augmenta la dose. La farine d’avoine ne put être supportée que jusqu'à 907 gr. 080 par jour. Lorsque les expériences commencèrent, chaque veau recevait 120 grammes d’un mélange à parties égales de tourteau, de graine de lin et de son qu'on augmenta graduellement jusqu’à 680 grammes pour chacun, le foin était donné à volonté ; en juin on ajouta 250 gr. de betteraves qu’on porta graduellement à 750gr.; vers la fin juin les betteraves furent remplacées par du trèfle vert et on diminua la ration de foin ; vers le milieu du mois de juillet le trèfle fut remplacé par des vesces mé- langées à du foin haché. Les veaux au lait frais furent les plus lourds, mais le prix de revient du poids vif par animal fut de 58 fr. 10, tandis que ceux qui avaient reçu de l'huile de foie de morue de seconde qualité ne revenaient qu'à 23 fr. 70. Les veaux du lot recevant de — 116 — la farine d'avoine, ayant été mal conduits dès le début de l'expérience, se dégoüterent ; ils se développèrent mieux lorsqu'on les init à la DIE, + au commence- ment de l'été. Les résultats de ces cinq années d'expériences peuvent se résumer comme suit : 49 L'huile de foie de morue, comme substituant de la crème, peut être employée économiquement et sans crainte dans l'élevage des veaux ; 20 Les veaux élevés au lait écrémé et à l'huile de foie de morue ne se développent pas autant, pendant la période de lactation, que ceux élevés au lait entier, mais la différence n’est pas en raison de la dépense ; 3° Comme on court quelques risques dans l'emploi de l'huile brune, qui coûte moins cher, et comme l'huile blonde ne revient pas à un prix bien plus élevé, il est plus prudent d'employer celle-ci ; &o La continuation de l'huile de foie de morue après le sevrage n’est pas justifiée ; 5° Les veaux peuvent être élevés économiquement avec un mélange de farine d'avoine et de lait écrémé ; 6° Il résulte des expériences de 1903 que les veaux conduits aux prés pendant la période de lactation se développent mieux que ceux tenus en stabulation per- manente ; 1° La diarrhée blanche qui s’est montrée à Graforth semble être due à une alimentation mal comprise ou à quelque altération soudaine dans la composition du lait. Elle peut être évitée en partie en alimentant les veaux à des intervalles fréquents et réguliers. Si la maladie apparaît, le traitement doit être prompt. L’isolement est à recommander, car il n’est pas encore prouvé que la maladie n’est pas infectieuse. — iii = Note de l’auteur. — La diarrhée blanche est toujours contagieuse ; le meilleur remède après l’âge de quinze jours, c’est le lait écrémé caillé. On est en droit d’être surpris de la facilité avec laquelle les jeunes veaux digèrent certains aliments concentrés. Dans certaines contrées, lorsque le veau est arrivé à l’âge de trois semaines, la mère n’a plus une quantité de lait suffisante pour nourrir conve- nablement son fruit ; nous avons vu employer, et nous l'avons fait nous-même, du froment ou de la semence de jarousse à la dose de un demi-litre par jour, soit environ 3795 grammes, sans avoir subi aucune prépa- ration. Les grains sont mis dans une bouteille de un litre qu’on remplit d’eau, on verse lentement dans la bouche de l’animal en prenant toutes les précautions pour éviter l’engouement ; aussitôt après on fait téter. Jamais nous n'avons vu la diarrhée survenir avec cette alimentation supplémentaire et la viande con- servait toute la blancheur de celle des animaux de lait. Nous reprochons à ce procédé primitif de n'être pas toujours pratique à cause des accidents qui peuvent se produire. La farine de coco que nous avons essayée provoque des diarrhées réfractaires à tout traitement. Il est certaines races qui sont si peu laitières qu'il est de toute nécessité, si on veut les améliorer, d’avoir recours à une alimentation spéciale et intensive dès le jeune âge ; il faut donc aider la mère par l'emploi de rations supplémentaires capables de remplacer le lait qui fait défaut. On continuera à faire téter le veau, ou mieux à lui faire consommer le lait au seau ou au biberon, après lui avoir donné son supplément de nourriture, qu’on commencera à lui faire prendre vers l’âge de quinze jours. On commencera par des doses faibles, 50 grammes par repas, qu’on augmentera gra- duellement. SE L’excipient le plus convenable est le thé de foin fait avec un kilogramme de bon foin sur lequel on verse environ 20 litres d’eau bouillante. Rappelons la composition moyenne du lait de vache : Eau, 87 2/0; corps gras, 4,6 °/,; sucre, 3,8 0/0 ; sels, 0,6 °/, dont 0,2 d’acide phosphorique. Les éléments qui entrent dans la composition du lait, ou leur équivalent, doivent de toute nécessité se trouver dans les buvées. Le lait de vache a une densité moyenne de 1,029 à 1,034 Pour obtenir les mêmes résultats qu'avec un litre de lait il faut : 899,50 d’eau, un litre en chiffres ronds, cetle eau sera du thé de foin ; 47 gr. 564 de corps gras, 41 gr. 36 de prin- cipes azotés, 39 gr. 392 de sucre et 2 gr. 068 d'acide phosphorique. On éprouve de réelles difficultés pour faire une substitution rationnelle des principes élé- mentaires du lait, car les équivalents nutritifs sont loin de remplir le but proposé, d'autant que l’équi- valent en matière azotée ne concorde pas avec l’équi- valent en matière hydro-carbonée. Par le tâtonnement on peut toujours déterminer la quantité de substances alimentaires nécessaires. Cette manière de procéder entraine une perte de temps pendant lequel l’animal ne profite pas ; si on force les doses, on provoque la diarrhée. Une seule denrée ne peut jamais suffire pour préparer ce que nous nous permettrons d'appeler im- proprement un lait artificiel. Les équivalents isoglycosiques nous semblent mieux répondre aux besoins de la pratique que les équiva- lents nutritifs. Dans le cas présent, nous n’avons pas à nous préoccuper des transformations ultimes que subit la matière azotée de l’aliment; nous savons qu’elle est indispensable à l'accroissement du sujet, à — 119 — la formation des muscles, c'est-à-dire de la viande, et qu'aucune autre partie composante du fourrage ne saurait remplir cette fonction. Il n’en est pas de même du sucre et des matières grasses du lait qu’on pourrait remplacer par des féculents. La matière grasse contenue dans le lait correspond à 76 gr. 58 de glycose, la matière sucrée à 41 gr. 38, soit un total de 117 gr. 94 qui sont brülés pour l’en- tretien de la chaleur animale ou accumulés sous forme de graisse. Pour composer les buvées qui doivent remplacer le lait il est de toute nécessité de n'avoir recours qu'à des aliments concentrés ayant un coefficient de diges- tibilité très élevé ; les tourteaux, les farines blutées réunissent les conditions requises. Pour les raisons déjà indiquées, nous donnons la préférence aux farines des légumineuses ; à l’âge de quinze jours, âge auquel on peut commencer l'allaitement supplémentaire, un mélange de farine de lin et de farine de fèves donne les meilleurs résultats. La farine de lin doit être aussi fraîchement moulue que possible, conservée dans un récipient en terre verni à l'intérieur placé dans un endroit frais à l’abri de l'humidité. Composition de la farine de lin et de la farine de fèves avec l'équivalent en glycose de la matière grasse et des glycosides : Farine de lin : 21,7 MA ; 37 m.g = 59,51 glycose. 17,5 MNA — 18,81 glycose — 78,32 glycose total. Farine de fèves : 29,05 MA ; 2 m.g. = 3,22 glycose. 55,85 MNA — 60,038 glycose = 63,25 glycose total. Si nous représentons par æ la farine delinet par y la farine de fèves, il faudra que la somme des éléments nous donne d’une part 41,36 de matière azotée (MA) contenue dans ua litre de lait et d’autre part 117,94 de — 120 — glycose qui est l’équivalent des matières grasses et du sucre contenus aussi dans un litre de lait ; nous pou- vons donc écrire les deux équations suivantes : 21,7 x + 29,05 y = 41,36. 78,32 x + 62,25 y — 117,94. D'où on tire pour æ 89 gr. 5 et pour y 79,5, soit un total de 165. Cette ration contiendra exactement 41 gr. 25 de ma- tière azotée et 118 gr. 06 de glycose. La farine de fève contrebalance les effets relàchants de la farine de lin. On fera tremper au préalable dans de l’eau froide et on portera ensuite à ébullition pen- dant dix minutes pour réduire à un litre, on fera prendre à la température de 30 à 35°, pas davantage. On pourra commencer par un litre par repas, c’est-à- dire par 165 grammes de farine en augmentant la dose graduellement. Le mélange indiqué contiendra en moyenne 1 gr. 225 d'acide phosphorique, sans compter celui qui pourra se trouver dans le thé de foin si le foin qui a servi à le préparer est de bonne qualité. A mesure que l'accoutumance s’établira, on pourra rem- placer la ration ci-dessus par 52 gr. 50 de tourteau d’arachides et 150 gr. 54 de farine de riz, calculés comme ci-dessus ; Ce mélange donnera 41 gr. 349 de matière azotée et 117 gr. 92 de glycose, plus 6 grammes d’acide phosphorique. Les bons effets qu’on obtient de la farine de riz même employée seule sont dus autant à sa richesse en acide phosphorique qu’à sa teneur en principes immédiats. Un mélange de 700 gr. de carottes cuites et de 68 gr. 9 de tourteau d’ara- chides constitue un excellent aliment pour les veaux qu’on destine à la boucherie. La carotte a un coeffi- cient de digestibilité très élevé ; récoltée à point c’est de toutes les racines celle qui contient le moins de — 121 principes ligneux, elle jouit de propriétés hygiéniques exceptionnelles ; bien cuite, bien réduite en pulpe, elle n’augmente pas sensiblement le volume de la ration et est très bien supportée par l'estomac des jeunes animaux. Le tourteau d’arachides devra être porté à ébullition avant de faire le mélange, qui sera servi à la température de 30 à 35°. En règle, il sera toujours bon de recourir à l'emploi de denrées riches à la fois en matières grasses et en matières protéiques. Dans le tableau ci-contre, nous donnons la nomen- clature et la composition des substances qu’on peut le plus généralement employer pour l'alimentation arti- ficielle des jeunes veaux : SUBSTANCES MA 47.564 | 76.58 41 36 |117.94 2.068 D .9) 5.66 9.4: 30.425 | 39.5325| 1.40 Tourteau de lin ....| 28. È ; Sle 33.8625| 49.9625| 2.37 Farine de pois 22: : 6x D 2. 06.049 | 61.375 Farine de fèves .... .05 2 De 55.83 | 60.0387 .2587 Farine de sarrazin.. Fe : Ie Dis 5.8975 .6175 2.025 Farine de mais..... Ds Du : î 78175 Farine de riz décortiqué. ..…. e ! .) .9875 Farine d'avoine .... .65 : Doll .)5 .71 Tourteau de Sésame pari de lin dégraissée ...| 27. 2, 8135) 2.30 MA représente la matière azotée, que nous consi- dérons comme étant exclusivement destinée à former la viande ; MG matières grasses, MNA sucre et g!yco- sides ; EI équivalents isoglycosiques. Ce tableau a été établi en prenant les quantités digestibles probables ; les farines, moins celle de lin, doivent être parfaite- ment blutées. La farine de lin est généralement considérée par les Anglais comme ayant une valeur nutritive égale à celle du lait ; elle manque de principes azotés et il est pré- férable d'employer 136 grammes de celte farine et 27 grammes de tourteau d’arachides. Pour remplacer les 47 gr. 564 de matières grasses contenues dans un litre de lait, il faudrait 73 gr. 50 de fécule ; nous estimons que, si ce substituant a donné de bons résultats chez certains éleveurs, il n’est pas à recommander d’une manière générale, pour les raisons exposées à l’article digestion ; à moins, après l'avoir hydratée, d’y ajouter de la poudre de malt ou du fer- ment butyrique et faire digérer pendant quelques heures à une température inférieure à 700. Le lait, selon qu’il provient de la traite du matin ou du soir, d’une vache nourrie avec des fourrages secs ou des fourrages verts, etc., présente des différences plus sensibles dans sa composition que les différents mélanges qu'on peut faire d'après la méthode de calculs que nous avons indiquée ; l'emploi de la farine de lin et des tourteaux permettra de sevrer de bonne heure, sans temps d'arrêt dans le développement, en se conformant aux indications déjà données pour la. conduite du régime, le sevrage devra se faire gra- duellement, et les sübstitutions ne devront jamais se faire brusquement sans transition. Dans le courant de janvier 1899, un éleveur anglais, M. Morgon, conseillait, dans une conférence qu’il fit à tbe Balfron sur l’alimentation des veaux, un mélange de deux parties de farine de pois, une parlie de farine d'avoine et une partie de farine de lin. Les Anglais, que nous pouvons prendre pour modèles pour toutes les questions d'alimentation, prétendent que la farine de lin doit être la base de l’alimentation artificielle des veaux, à cause de sa richesse en principes gras ; les équivalents isoglycosiques donnent l’explication de ce fait qui repose sur une longue expérience d’éleveurs de profession. Si nous n'avons pas dévoilé la compo- sition des lactins, nous pensons avoir indiqué à chacun le moyen d’en préparer plus économiquement sans fenugrec ou autre substance aromatique, dont le rôle essentiel est de masquer la nature des denrées em- ployées. Les buvées doivent toujours être données à la température du corps de l’animal. Il est bon aussi, surtout au début, de multiplier les repas, d'en faire faire quatre par jour jusqu à ce que l’accoutumance soit établie. On évite ainsi les surcharges intestinales. CHEVAL. — Il arrive souvent qu’une poulinière est mauvaise laitière, d’autres fois la mère meurt pendant la mise-bas. Le lait de vache est le meilleur aliment qu’on puisse donner pour remplacer le lait de la mère. Le premier contient moins de sucre, on peut en ajouter, mais il faut éviter de le délayer avec de l’eau. Lorsqu'on sera dans la nécessité de recourir à l’allaite- ment artificiel, pour les jeunes poulains, on fera faire de quatre à cinq repas par jour avec chaque fois vingt-cinq centilitres de lait de vache sucré, Jamais davantage. On augmentera la dose graduellement, à mesure que l'animal prendra de l’âge ; si le lait pur paraissait incommoder le jeune sujet, on ajouterait une cuillerée d’eau de chaux seconde par demi litre de lait ; si la constipation survenait, on donnerait de une — 124 — à quatre cuillerées d'huile de ricin selon l’âge et le poids. On devra surveiller que la diarrhée ne persiste pas après la purgation et, si besoin était, on aurait recours au sous-nitrate de bismuth. A l’âge de quatre semaines, on ajoutera un peu de farine de lin au lait de vache, environ 100 à 150 grammes par jour, qu’on donnera en deux fois. L'animal sera habitué à manger de bonne heure, on lui servira un mélange par parties égales de son et d’avoine mouiue ou finement con- cassée. À l’âge de quatre mois on pourra remplacer le lait entier par le lait écrémé, et on commencera à faire consommer un peu d'herbe fraiche. L'alimentation artificielle des poulains est une opération très délicate, qui demande à être conduite avec beaucoup de tact. Les farines des légumineuses, les fèves, les lentillons principalement doivent être mélangés par moitié dans la ration d'avoine aussitôt que le poulain sera en âge de manger, afin de favoriser le développement du système musculaire. Ces grains devront avoir subi le trempage pour faciliter la mastication. Le plus souvent, l'alimentation des jeunes chevaux est réglée d'après les conditions économiques qui pré- sident à l'exploitation de la ferme ; quoiqu'il soit important d’abaisser le prix de revient d’un jeune cheval, il ne faut pas pousser l’économie jusqu’à la parcimonie si on ne veut pas que l'opération se tra- duise par une perte déguisée par un bénéfice apparent. Lorsqu'il y a un temps d'arrêt dans le développement d’un jeune animal, il a moins de valeur au moment de la vente que lorsqu'il a été nourri d'une façon subs- tantielle pendant son jeune âge. On ne saurait donc trop recommander de faire consommer de l'avoine pendant la première année ; la quantité à faire con- sommer sera toujours en raison inverse de la qualité du foin. En résumé, le poulain demande une bonne alimen- tation pendant le premier hiver, et après le sevrage. Lorsqu'il est encore avec la mère, on doit l’habituer à prendre un peu de foin et de l’avoine concassée’; on le préparera ainsi graduellement à consommer sa ration lorsqu'il sera sevré et, si, dans la première année, le jeune cheval a recu de bonnes fondations, plus tard il sera bien développé et la nourriture n’aura pas besoin d’être aussi abondante le deuxième et le troisième hiver lorsqu'il rentrera du pâturage. Si le yearling a été négligé, si la nourriture lui a manqué, soit en qua - lité, soit en quantité, la faute sera irréparable, on ne rattrapera jamais le temps perdu. Le supplément de dépense occasionné par l'achat d'aliments concentrés est largement compensé par la plus-value acquise à l’âge de quatre ans. Il est plus avantageux de sou- mettre un poulain à un bon régime que d’en élever deux en les nourrissant médiocrement. L’avoine est certainement le meilleur des aliments pour les jeunes chevaux, quelle qu’en soit la race; pour les chevaux de selle aucun autre grain ne saurait la remplacer ; on peut peut-être nourrir les chevaux de gros trait plus économiquement. Il est impossible de poser des règles invariables pour nourrir les jeunes chevaux ; leur mode d’alimentation dépend de la nature des fourrages récoltés sur la ferme. Le maïs ne convient pas aux élèves à cause de sa faible teneur en albuminoïdes et du manque de matières minérales. Cependant, pour les grosses races on peut le donner additionné de farine de légumineuses ou de malt d’orge dans la proportion de une partie de maïs pour 3 1/2 des autres substances. On peut aussi donner du son ; mais, afin d'assurer une bonne mastication, on le mélangera aux grains ou à de la paille hachée. Le tour- teau de lin, donné en quantité modérée, est aussi un bon aliment, malgré sa valeur marchande son emploi est économique, surtout si on considère les bons effets qu'il a sur la santé des jeunes animaux. Pendant l'hiver, pendant la période de stabulation, on ne né- gligera pas de faire consommer des carottes ou des betteraves sucrières. Trop souvent on considère que la valeur d’un cheval dépend exclusivement de son origine, perdant ainsi de vue que la manière dont il a été nourri pendant sa jeunesse exerce la plus grande influence sur sa valeur future. AGNEAUX. — Il est facile de comprendre que l’avenir des agneaux dépend de la manière dont ils auront été traités; on doit envisager cette question sans se préoc- cuper de la destination des animaux. L'état des agneaux dépend beaucoup de l’état des mères. C’est donc à tort qu'on se contente le plus souvent de ne donner aux brebis nourrices que ce qu'elles trouvent au pâturage ; à moins que celui-ci ne soit de bonne qualité et que les herbes soient abondantes, on doit toujours donner une ration de racines écrasées ou coupées mélangées avec du tourteau d’arachides, du son, de la farine d'orge, afin de contrebalancer les effets laxatifs des racines ; les betteraves favorisent la sécrétion lactée. On se plaint quelquefois que le trou- peau n’est pas d’un bon revenu ; cela tient à ce qu’on ne le traite pas avec assez de libéralité. Lorsque les brebis nourrices ne peuvent pas sortir, un peu de foin ne suffit pas pour les entretenir en bon état de lactation. Il ne faudrait pas tomber d’un excès dans un autre ; une nourriture substantielle composée de denrées de bonne qualité, voilà tout le secret d’une bonne réussite. Le sevrage des agneaux doit se faire graduellement ; on doit commencer de bonne heure à les habituer à manger et ne pàs oublier que la variété dans l'alimen- tation est une des conditions de la réussite. Immé- diatement après le sevrage on donnera un peu de grain, de l'orge, de préférence à l’avoine. Les limites du cadre que nous nous sommes tracé ne comportant pas l'étude des pâturages, nous dirons cependant que, dans une ferme où le troupeau aura quelque impor- tance, une sole de ray grass à proximité de la bergerie facilitera le sevrage et contribuera à entretenir les jeunes animaux en bon élat, ce qui permettra de les livrer de bonne heure à la boucherie, et on favorisera aussi le développement des animaux qu’on voudra conserver dans le troupeau. Porcs. — Lorsque l:s jeunes porcs commencent à manger, on doit leur faire prendre peu de nourriture à la fois, mais il faut qu'elle soit de bonne qualité. Les aliments ne seront ni trop secs ni trop humides; le lait écrémé remplacera toujours l’eau avec avantage ; un mélange par parties égales de son et de recoupes, additionné par moitié de farine d'avoine décortiquée, formera une bonne ration. La farine d'orge, riche en principes minéraux, remplacera utilement la farine d’avoine. Dans le premier âge, les porcs doivent faire quatre repas par jour. Après le sevrage, qui à lieu à l’âge de quatre à cinq semaines, on devra faire gra- duellement la séparation d’avec la mère. A l’âge de trois mois on ne fera plus faire que trois repas par jour, mais les animaux seront conduits à la prairie ; à ce moment, si le prix du marché le permet, la farine d'orge pourra être remplacée par la farine de froment. La farine de maïs n’est pas à conseiller pour les jeunes pores, à moins de la donner en petite quantité et mélangée avec d’autres aliments farineux ; en hiver, le son ou les recoupes seront additionnés de substances — 128 — riches en hydrates de carbone, telles que les pommes de terre. Malgré qu'on ne soit pas d'accord sur le degré de digestibilité des composés phosphatés, nous n'hésitons pas, fort en cela de nos observations pra- tiques, pour conseiller (pour les porcs) d’ajouter des phosphates calcaires à la ration. Dans certaines con- trées d'Amérique où le maïs est la base des rations, on a dû ajouter des cendres de charbon aux provendes, pour se mettre à l'abri des affections rachitiques qui affectent trop souvent l'espèce. IX Rations de production. Travail. À l'exception des chevaux adultes qui demeurenten stabulation pendant la morte saison, la ration d'équilibre de nutrition n’existe que théoriquement ; dans toutes les circonstances, les animaux sont des machines à trans- formation qui doivent créer chaque jour un nouveau capital. Les bovins qui travaillent ne doivent pas seulement être alimentés en vue de la force à déve- lopper ; si l’exploitation est bien conduite, ils doivent en même temps augmenter de poids, afin qu'ils soient plus tôt prêts pour la boucherie, etc. Il n’en est pas moins nécessaire cependant de con- naître la ration d'équilibre de nutrition ou de con- sommation d’un animal, car c’est elle qui est le point de départ du calcul des rations économiques de pro- duction. Pendant le travail, comme pendant le repos, l’excrétion azotée est constante. Le rôle vrai des prin- cipes albuminoïdes consiste à reconstituer la matière vivante, qui est dans un état de désintégration per- — 129 — manente. La faible élévation de l’excrétion azotée qui se produit parfois pendant le travail n’est due qu’à une suractivité de la fonction de l'organe ; en partant du coefficient maximum que nous avons indiqué,on se trouve généralement dans de bonnes conditions, à quelques exceptions près, inhérentes à l’état indi- viduel du sujet. Pour un cheval de selle, le travail effectué est égal à l'effort d’impulsion multiplié par le chemin parcouru exprimé en mètres : TER T = travail, e effort, R espace parcouru. Pour les animaux de trait, l’eflort d’impulsion se confond avec le coefficient de tirage ou le poids néces- saire pour traîner la charge. Nous admettons avec Sanson que pour se déplacer un animal déploie un effort de 0,05 de son poids à l’ailure du pas et de 0,10 à l'allure du trot ou du galop. Un cheval de 550 kilogrammes, allant au pas, déploie un effort de 550 X 0,50 = 27 kilogr. 500, et au trot ce même animal déploiera un effort de 55 kilogr. Si on à la longueur du chemin parcouru ou à par- courir, il sera facile de calculer le travail effectué ou à effectuer. Si notre cheval doit faire un trajet de 30 kilo - mètres, son travail de locomotion sera de : 27,500 >< 30,000 = 825,000 kilogrammètres dans le premier cas et de : 55 X 30,000 = 1,659,000 kilogrammètres dans le second. De la formule _ — 425 (page 63) nous pouvons tirer ? — 130 — le nombre de calories nécessaires pour effectuer le travail : 825000 : ee — 25 OM C'est-à-dire que, pour effectuer ce parcours sans rien emprunter aux réserves emmagasinées dans son organisme, l'animal devra trouver, en plus de sa ration d'équilibre de nutrition ou de dépense individuelle, l'équivalent de 1941 calories ; soit, d’après la docirine allemande, 473,445 unités nutritives ou 94 gr. 689 de matière azotée et 378,756 de matières hydro-carbonées 825000 ss — 1941 calories 127. en admettant une relation nutritive de = D’après la théorie isoglycosique, la consommation d'azote restant la même pendant le travail, cette ration 49% ,127 3,692 de glycose qui pourraient être fournis par 501 grammes de sucre par cxemple, puisque l’alimentation sucrée est aujourd’hui entrée dans la pratique. Telle est la dépense que ferait ce cheval, pour se déplacer à vide. Si l'animal porte un fardeau, le poids de la charge s’ajoutant à celui de l’animal et l'effort nécessaire étant toujours proportionnel au poids total à soulever, l'effort sera alors de (550 + P) < 0,05 à l'allure du pas. L’effort nécessaire pour déplacer un véhicule varie avec le mode de construction de ce véhicule, mais surtout avec l’état des routes. Le général Morin a démontré expérimentalement que « la résistance opposée au roulement des voitures de tout genre par les différents sols est proportionnelle à la pression et inversement proportionnelle au rayon des roues ». L’effort de tirage nécessaire au poids total d’un véhicule chargé se trouve indiqué dans le tableau suivant : devrait contenir l'équivalent de = 526 grammes — 131 — RAPPORT NATURE DU CHEMIN DE ROULEMENT de l'effort au poids HeRANATALUPel RME EN E REMErE TeTAe 0.200 1/5 MeREANMAeRMELELAUNIL: EM en AN RME 0.040 1/25 Chaussée en sable et cailloux récemment DIACÉS ER RP A aan SU AE 0.125 1/8 Chaussée parfaitement entretenue........ 0.033 1/30 AU DAS rire 0.030 1/33 Chaussée pavée : l AUS LAN ErUIEE EEE 0.070 1,14 Ainsi sur un Chemin parfaitemententretenu il faudra, pour tirer un fardeau de 1,500 kilogr., un eflort de 50 kilogr., tandis que sur un terrain naturel il faudrait un effort de 300 kilogr.; sur une chaussée pavée, le travail étant fait au pas, il suffirait d’un eflort de 45 kilogr. Nous extrayons du Manuel de l'ingénieur le tableau suivant donnant le travail moyen des attelages : TC UE, 5 0.553 3.16 D A0ON 23 NOMBRE | TRAVAIL PROPORTIONNEL [CHARGE] TRAGE par DE CHEVAUX | À inter | Cunvan. de l’attelage. PAR CHEVAL. | PAR ATTELAGE kilog. kilog. il 1 1 1.700 57 2 0.998 1.996 3.993 56 3 0.910 2.13 4.641 52 n 0.815 3.54 6.018 50 1e La résistance au roulement sur bonne chaussée empierrée est de 30 kilogr. par tonne et de 20 kilogr. sur bonne chaussée pavée. Ces chiffres s'appliquent à une chaussée horizontale ; il faut ajouter ou retrancher 1 kilogr. par millimètre de pente ou de rampe. La force nécessaire pour déplacer à 20 kilomètres un véhicule pesant 1,700 kilogr. chargé avec un coefi- cient de tirage de 0,030 (au pas, chaussée pavée) sera de 1,700 X 0,030 x 20,000 — 1,020,000 kilogrammètres. Si, au lieu de prendre le coefficient de tirage, nous prenons l'effort nécessaire (tableau 2), nous aurons 57 X 20,000 = 114,000 kilogrammètres. Connaissant le nombre de kilogrammètres, on en déduit les calories et le glycose comme nous l’avons déjà indiqué. La traction exigée par nos différents instruments agricoles ne peut être exactement connue que par les essais au dynamomètre. Nous admettrons pour les besoins de la pratique que, d’une manière générale, l’araire exige une traction de 33 à 36 kilogrammes par décimètre carré de terre remuée ; les charrues à sup- port 34 à 42 ; les brabants doubles 36 à 55 ; les bisocs 28 à 32 ; pour les labours de défrichement il faut un effort de 63 kilogrammes ; pour les labours profonde 56 kilogrammes et pour les fouilleuses 72 kilogrammes. Selon la nature du sol, chaque dent de herse exige par kilogramme de pression une traction variant de 1 kilog. 300 à 2 kilog. 400. Le tirage des faucheuses varie entre 75 et 135 kilo- grammètres, selon la longueur de coupe et par mètre carré ; celui des moissonueuses entre 73 et 113 pour des machines pesant 440 à 718 kilogrammes et prenant 1n50 à 1256 de longueur de coupe. La longueur de coupe des moissonneuses lieuses étant de 1250 environ, la traction par mètre de longueur de coupe est de 130 à 150 kilogrammes. — 133 — Les animaux travaillant au manège pendant 8 heures par jour développent une force moyenne de : Un cheval : 40 kilogrammètres 5 par seconde à la vitesse de 090 ; Un bœuf : 36 kilogrammètres 5 par seconde à la vitesse de 0m90 ; Un mulet : 27 kilogrammètres 5 par seconde à la vitesse de 0m90 ; Un âne : 11 kilogrammètres 5 par seconde à la vi- tesse de 0"80. Comme pour les machines industrielles, les rende- ments de la machine animale sont proportionnels à l'énergie dépensée. On peut fixer en moyenne à 22 ou 25 0/, le rendement obtenu avec nos animaux domes- tiques ; cependant, il peut tomber à 15 et 16 °/, sous l'influence d’un attelage défectueux et même des apti- tudes du sujet. Wolf a évalué à 50 °/, le rendement du cheval, sans tenir compte de la ceilulose brute digérée à laquelle il n’attribue aucune valeur. Pour fixer les idées, prenons le cheval 30845 qui, en juillet 188%, eut un poids moyen de 365 kilogr. 9, c’est-a-dire un poids égal à celui qu'il conserva en août lorsqu'il fut mis à la ration d’entretien. La ration de travail, en ne tenant compte que des principes digérés, équivalait à 6339,925 de glycose et à 24884,336 calories. Si nous retranchons de la ration de travail la ration d'entretien n° 2 de notre série, il reste dispo- nibles 13465 calories 690 et 3411,936 de glycose qui équivalent à 12596 calories 8677. Ce cheval devait effectuer un travail de 1,111,596 kilogrammètres ; mais on s’aperçut qu'il diminuait sensiblement de poids, soit que la ration fût insuffisante, soit que le travail de mandé ne fût pas en rapport avec ses aptitudes ; — 134 — alors on diminua le parcours; le 12 juillet il commença à consommer entièrement sa ration; du 26 au 31 juillet il effectua, tout en conservant son poids, un travail de 947,190 kilogrammètres qui nécessitait par conséquent la dépense de 2228 calories 68. A celte somme il nous faut ajouter la dépense d'impulsion qui, d’après ce que nous avons dit, le cheval travaillant au trot, est de 1,581,675 kilogrammètres 93 ou 3721 calories 825. La dépense totale pour effectuer le travail de- mandé fut donc de 5950 calories 505. Le rendement aurait donc été de 44 °/, par rapport à la valeur calo- rifique de la ration et de 49 0/, par rapport à la teneur en glycose. Nous estimons que, dans cette circonstance, le cheval à produit un maximum de travail; tandis que, si On avait persisté en juin à le soumettre à l'épreuve, le rendement serait tombé à zéro. Non seulement il faut tenir compte de la valeur de la ration, mais aussi de la force de résistance du moteur animé. Le bœuf a une allure plus lente et une force de traction moins grande que le cheval, mais il a sur ce dernier l’avantage de produire un effort plus con- stant et plus longtemps soutenu. Il ne donne pas d’à-coups ; il convient donc aux travaux des champs qui doivent se faire sans secousses. Calcul d'une ration de force. — Soit à faire un labour de 020 de profondeur sur 030 de large avec une charrue à support qui, dans le terrain donné, demande un effort de traction de 35 kilogr. par décimètre carré de terre remuée, les sillons ayant 100 mètres de longueur ; l’attelage étant composé d’une paire de vaches. En admettant que l'effort de traction se répartisse dans les proportions du tableau 2, c’est-à-dire que chaque animal exerce un effort représentant les 0,998 noie du travail nécessaire, soit 34 kilogr. 93, le travail pour chaque sillon sera de : 0,20 X 0,30 X 34,93 = 20,958 kilogrammètres, plus le transport de l’animal que nous supposerons peser 620 kil. et qui dès lors représente 3,100 kilogram- mètres, ce qui fait un total de 24,058 kilogrammètres. Si on fait 20 sillons dans la journée, le travail total sera de 481,160 kilogrammètres, auxquels il faut encore ajouter l'impulsion nécessaire pour tourner 40 fois ; le temps pour tourner étant de 30 secondes à une allure de 0%70 par seconde, cela fait : 620 X 0,05 x 30 x 0,70 x 40 — 26,040 kilogrammètres. Le travail total effectué par chaque animal est donc de 511,200 kilogrammètres correspondant à : 511,200 295 Ce qui représente une consommation en glycose de 1203 3,692 sucre et 9 d’amides, 100 grammes nous donneront 93,97 de glycose ; il faudra donc ajouter à la ration de repos ou d'équilibre de nutrition 610 grammes de cette mélasse, qui, au prix de 7 francs les 100 kilogrammes, vaudront 0 fr. 427. Nous n’avons là que la part attri- buée au travail réel, et comme le rendement n’est guère que de 25 °/,, nous devrons ajouter à la ration 1,177 gr. 4 de glycose que nous trouverons dans 2,167 grammes de foin ayant une composition de MA 3,4, m. g. 0,7 et MNA 36,9. Sinous nous reportons au coefficient oxygéné des bêtes bovines, nous voyons que la ration d'équilibre de nutri- tion équivaut à 5,28 x 620 X 4,8 = 15713,28 calories 15743,98 3,692 — 1202,82 calories, en chiffres ronds 1,203. — 325,8. Si nous avons des mélasses à 35 °/, de — 10 kilogr. du foin ci-dessus. De sorte que — 136 — la ration totale devra être composée de 12 kilogr. 767 de foin plus 610 gr. de mélasse. Mais cette mélasse nous permettra de faire consommer des denrées de qualité inférieure qui seraient demeurées sans emploi, ce qui permettra de diminuer la ration du foin pro- portionnellement à la richesse de ces dernières, et qui diminuera le prix de la ration. Pour faciliter les calculs, nous avons pris des chiffres ronds sans nous préoccuper de ce qui se passe dans la pratique, au point de vue du travail journalier à effectuer. Pour que notre ration fût complète, nous aurions dû tenir compte du trajet parcouru de la ferme au chantier et réciproquement. En résumé, la ration de force se déduit de la somme de travail exprimée en kilogrammètres ; on ne doit tenir compte que de la quantité de principes diges- tibles de chaque fourrage. Les résultats ne sauraient être mathématiquement exacts, car le degré de diges- tibilité des fourrages varie d’après les conditions que nous avons déjà fait connaître ; de plus il faut tenir compte des aptitudes individuelles du sujet. Si, au lieu d'employer du foin dans la ration de travail, on em- ployait d’autres fourrages en mélange, il faudrait faire en sorte que la quantité de matière azotée entre dans la ration pour une quantité au moins égale à celle contenue dans un foin de bonne qualité. Considéralions générales. — Si on veut que l'élevage soit rémunérateur, il faut que l'alimentation soit saine et substantielle depuis le premier âge ; si le lait de la mère n’est pas assez riche ou s'il est insuflisant, on doit donner des aliments concentrés selon les règles déjà posées. Ce ne sera qu'avec une alimentation co- pieuse, mais non trop volumineuse, qu’on obtiendra la — 137 — précocité. On dit qu’un fort rationnement est onéreux, cela n’est vrai que pour les animaux qui ont souffert au début de leur existence. Souvent aussi il y a du gaspillage ; on place devant les animaux une telle quantité de fourrage qu’ils ne peuvent pas le con- sommer, les restes sont conservés pour le repas sui- vant ; dans ce cas, il y a sûrement perte, car un animal ne peut savourer un fourrage sur lequel il a bavé, qui a été sali et qui souvent a fermenté. Le meilleur système pour bien nourrir, c’est de donner souvent, en petite quantité, et de ne jamais dépasser ce que les animaux peuvent consommer. S'il y a des restes, on doit les enlever avant de servir un nouveau repas. Malgré tous les efforts qu’on fait pour diminuer la quantité de foin dans la ration des chevaux, nous pensons qu’il est nécessaire comme aliment de lest pour les chevaux de toutes races, quel que soit le service auquel on le destine. Nous avons déjà fait observer que la qualité du foin était très variable ; il s’ensuit que sa valeur alimentaire n’est pas constante, on ne tient pas un compte suffisant de cette considé- ration ; lorsqu'on fixe le quantum de foin par ration journalière, on n’a aucune donnée sur la quantité réelle de principes alimentaires qu’on fait consommer. On comprendra facilement que 5 kilogr. de foin titrant 7 °/, d’albuminoïdes, 1 1/2 °/ de corps gras et 38 °/ d’hydrates de carbone ne contiennent pas autant de principes alimentaires que 5 kilogr. de foin titrant 42 °/o de MA, 2 1/2 de matières grasses et 40 de ma- tières hydro-carbonées. De plus, un foin de bonne qualité contient une plus forte proportion de principes azotés (amides) non albuminoïdes qui agissent comme les hydrates de carbone, c’est probable, mais qui par conséquent cèdent leur potentiel à l'organisme ; enfin, — 138 — ce dernier aura toujours un coefficient de digestibilité plus élevé qu’un foin de qualité inférieure. Pour les chevaux légers, qui sont appelés à faire un travail aux allures rapides et qui doivent être tenus en bon état, le foin des prairies hautes vaut mieux que celui des prairies basses ou humides, toutes choses égales d’ail- leurs. On doit aussi surveiller avec plus d’attention la quantité de foin consommée par les chevaux légers que celle consommée par les chevaux de gros trait faisant un travail au pas. Les foins moisis, altérés ne seront jamais distribués aux chevaux appelés à faire un travail de vitesse, parce qu’ils sont de nature à affecter plus rapidement le rhytme des organes respi- ratoires que chez les chevaux lourds ; encore pour ces. derniers devra-t-on faire subir une certaine prépa- ration au foin qui ne serait pas de bonne qualité. Toute valeur nutritive mise de côté, 1l faut que la ralion ait un certain volume, afin d'assurer le bon fonctionnement des organes digestifs ; ce volume peut être obtenu soit avec le foin seul, soit avec un mélange de foin et de paille ; on n’obtiendra jamais le même résultat avec l’avoine ou tout autre grain. La qualité du foin de trèfle et des autres légumi- neuses est généralement moins variable que celle du foin naturel, au moins lorsqu'il à été bien récolté, quoique cependant il se produise des écarts dans le coefficient de digestibilité. La raison de cette quasi- constance vient de ce que la composition botanique en est plus simple. Les foins des prairies artificielles sont composés de deux ou trois espèces au plus, tandis que le foin ordinaire en contient un plus grand nombre, ce qui donne de la variété à la saveur et lui fait avoir la préférence ; mais cette complexité aflecte le pourcentage des principes immédiats. Le foin de trèfle ne convient pas aux chevaux légers, — 139 — surtout s’il entre en quantité un peu élevée dans la ration, il peut provoquer la pousse ; le foin luzerné au contraire, contenant quelques légumineuses, telles que le trèfle rampant, est de beaucoup préférable. Le sainfoin bien récolté à point est un des premiers four- rages pour les chevaux ; ses qualités et sa valeur alimentaire dépendent de la manière dont il a été préparé. Le fanage doit être conduit avec modératior., afin d’éviler la perte des feuilles qui constituent la partie la plus alimentaire. La luzerne convient aussi aux chevaux ; contrairement à ce qu’on pense géné- ralement, elle est meilleure lorsqu'elle a été préma- turée, elle est alors plus digestible. La paille ne possède qu’une faible valeur alimentaire et convient mieux pour les ruminants ; la meilleure, la plus fourragère, c’est la paille d'avoine. La paille des légumineuses, pois, vesces, etc., est la plus riche en matières alimen- taires et a un degré de digestibilité plus élevé que celle des céréales. D’une manière générale, la paille ne convient qu'aux animaux qui ne travaillent pas, à moins que ce ne soit un supplément à faire passer au ratelier pour les occuper ; elle est inutile pour ceux qui ont des efforts à faire, car elle ne sert qu’à aug- menter le volume de la ration : hachée et mélangée avec les grains, elle assure une meilleure mastication. Les fourrages verts, tels que seigle, vesces, trèfle incarnat, trèfle rouge, luzerne, sainfoin, sont des four- rages de premier ordre au printemps et pendant l'été. Ils ne doivent cependant jamais constituer la base de la ration des chevaux légers qui font un travail de vitesse, à moins qu'ils servent à établir un régime hygiénique de courte durée pour les animaux fatigués ou atteints de maladies du pied. La nourriture verte exerce une action laxative, elle rafraichit le sang. La transition du sec au vert ne doit jamais être brusque ; — 140 — il faut, par des mélanges avec du foin et de la paille, arriver graduellement au régime exclusif du vert. On continuera une demi-ration d'avoine, surtout pour les jeunes chevaux. La luzerne et le sainfoin sont le meil- leur de tous les fourrages surtout lorsqu'ils sont un peu prématurés, car une plante en voie de développe- ment contient une plus grande proportion d’albumi- noïdes, moins de cellulose, et est plus digestible que lorsqu'elle est près de sa maturité. Les jeunes et les vieux chevaux peuvent consommer avantageusement des betteraves ; il faut cependant ne leur en donner qu'à partir de la Noël, afin d'éviter les troubles digestifs qui surviennent souvent lorsque ces racines sont consommées immédiatement après la récolte, à moins de ne les donner qu’en petite quan- tité. Les carottes doivent avoir la préférence chaque fois qu’on peut s’en procurer économiquement; leur action bienfaisante sur les fonctions de la peau et sur tout le système muqueux en fait un aliment hygié- nique de premier ordre. Enfin, à défaut d’autres racines, les pommes de terre rendent aussi des ser- vices, surtout pour les élèves auxquels il faudra éviter de donner des topinambours, tandis que les adultes les supportent sans inconvénients à doses modérées. Le tourteau de lin employé en petile quantité favo- rise le développement des muscles en même temps qu’il met les chevaux en état d’embonpoint, il donne aussi du brillant au poil, entretient la liberté des intestins ; on doit surtout l’employer pour achever la préparation des chevaux de concours. La ration d’abord faible sera augmentée graduellement et pourra être portée, selon l’âge et la taille, jusqu'à 1 kilogr. par jour. On évitera d'en donner aux chevaux qui travaillent aux allures vives. La farine de lin est aussi très goûtée des chevaux, on peut en donner une — 11 — poignée mélangée au grain, surtout lorsqu'on fait consommer des foins allérés ; lorsqu'on en distribue deux ou trois poignées par jour, la robe devient bril- lante, surtout si on fait un bon pansage. La farine de lin, riche en huile, rancit vite ; aussi doit-on la sur- veiller et la conserver dans un endroit très sec. Pour les chevaux fatigués les matches de lin sont préfé- rables aux matches de son. L'orge maltée, peu employée, convient aux gros chevaux de trait, elle constitue un aliment concentré d’une valeur égale à celle de l’avoine ; mais la com- position en est très variable. L’orge germée peut aussi être utilisée pour les chevaux lourds à la dose de 3 kilogr. par jour, mélangée soit à l’avoine, au maïs ou à la paille hachée ; elle peut remplacer l’avoine poids pour poids, quoique sa teneur en albuminoïdes soit un peu plus élevée ; mélangée avec le maïs, elle sert à composer des ralions économiques. L’orge n’est pas très employée sur le continent, on peut cependant la donner trempée pour éviter les troubles digestifs et la fourbure. Il est de tradition que le cheval arabe est le produit de l’orge et qu'aucun autre grain ne saurait la remplacer. Il est probable et même certain que l'alimentation du cheval algérien avec l'orge a beau- coup contribué à faire les délices des chasseurs en favorisant la multiplication des perdrix qui viennent par compagauies sur les routes picorer les crottins où ils trouvent une abondante nourriture. Mais dire que l'orge à fait le cheval barbe ce qu'il est, c’est com- mettre sciemment une erreur, c’est ne pas vouloir observer et, nous basant sur l’expérience, nous n’hé- sitons pas pour dire que l'orge est un mauvais aliment lorsqu'elle est employée exclusivement comme aliment de force. On trouvera cette affirmation un peu hardie; l’observation, meilleure conseillère que toutes les tra- — 142 — ditionus et tous les préjugés, ne tardera pas à nous donner raison. Le jour n’est pas éloigné où tous nos chevaux de l’armée d'Afrique seront mis à l’avoine comme leurs frères d’armes de la métropole. Voici l'impression qu'a emportée de son séjour en Algérie notre confrère et ami, M. Champetier, vétérinaire prin- cipal, ancien directeur du 10e ressort : « Depuis la conquête jusqu'à ces derniers temps, l'orge a constitué la base de la ration de production des animaux d'Algérie parce que la colonie ne pro- duisait pas d'avoine. Depuis quelques années la cul- ture de l’avoine a pris une extension considérable, notamment dans la province d'Oran. Les deux autres provinces et la Tunisie ont suivi cet exemple et, non seulement l'Algérie et la Tunisie récoltent assez d’avoine pour les besoins locaux, mais elles en ex- portent en France environ un million de quintaux métriques. » Les colons producteurs d'avoine, encore que cette denrée soit d’un prix notablement plus élevé que celui de l'orge, et que l’avoine du nord de l'Afrique soit inférieure comme qualité aux avoines françaises, quoique généralement de bonne qualité, lui ont donné la préférence sur l'orge pour l'alimentation de leurs animaux de travail : chevaux et mulets. Dans la pro- vince de Constantine, les colons se livrant à l’en- graissement du bélail ont plutôt recours à elle qu’à l’orge pour la concentration de la ration. Ils ont re- marqué, en effet, qu'a poids égal l’avoine nourrit mieux et fournit plus de viande et de graisse que l’orge ; que l'orge ne se prête pas à la suralimentation ou expose les animaux, si la ration est trop élevée, à des accidents digestifs ou congestifs et que, lorsqu'il s’agit du travail, il est difficile d'atteindre avec l'orge un po taux nutritif équivalent du travail demandé. Enfin, cette observation a son importance : ils ont constaté qu'on nourrissait mieux et à moins de frais les ani- maux de service avec l’avoine, cette denrée, par suite de sa facilité d’assimilation, paraissant plus nutritive que l’orge dans la proportion d’un quart. Ces re- marques ont été constantes dans les réponses à l'en- quête que nous avons entreprise à ce sujet. » Les inconvénients de l'alimentation avec l'orge sont surtout évidents lorsqu'il s’agit des chevaux, le mulet et l’âne ayant une puissance digestive plus élevée. Les chevaux français employés dans le service de l’artillerie en Algérie et en Tunisie n'ont pas résisté au climat, nourris avec l’orge ; ils perdaient leur énergie, maigrissaient et périssaient de congestions intestinales ou d’indigestion. En 1901, pour eux on renonça à l'orge. Depuis l’usage de lPavoine, leur état d'entretien est aussi bon qu’en France et ils font preuve d'énergie au travail. » Pour les chevaux barbes, on a conservé l'orge, c'est une tradition plutôt qu'une pratique basée sur des faits expérimentaux et des données scientifiques, elle résulte du préjugé que, le barbe étant le produit de l’orge, ce grain constitue sa nourriture légitime. L’avoine serait, dit-on, trop échauffante pour lui. L'expérience des colons et celle qui résulte du mode d'alimentation des chevaux de l'artillerie démontrent le contraire ; mais il est difficile d’aller contre des idées admises et dogmatiques, qu’on ne veut toujours pas se donner la peine de discuter. Cependant combien, au point de vue de l’observation fruste, les faits sont évidents ! C’est surtout au commencement du prin- temps et dans le courant de l’été que se manifestent les inconvénients de l'orge. Tantôt ce sont des chevaux alanguis qui boudent sur la ration, tantôt des diarrhées rie attribuées à l'effet rafraichissant de l'orge et qui ne sont que des symptômes d’entérile, des grains entiers rejetés avec les crottins, des déchets nutritifs s’élevant parfois au tiers du poids de la ration, fermentant dans les litières ou dans l'intestin et donnant une odeur repoussante aux excreta et aux fumiers. » Au point de vue physiologique, les défauts de l’ali- mentation à l'orge s’accusent par la dépression des forces, l’indolence des chevaux et une débilité géné- rale qui les rend aptes à contracter toutes les infec- tions, notamment celle qui est la conséquence des pas- teurella. » Donc, considérée comme ration exclusive degrain, pour le cheval, l'orge est un aliment de médiocre qualité qu'on ne doit ranger que bien loin après l’avoine et n'utiliser qu’à défaut de celle-ci. Les expé- riences de Brown sont du reste concluantes à cet égard ; les composants alimentaires de l'orge sont difficile- ment attaqués par les sucs digestifs, parce qu'ils manquent de cytase propre, c’est-à-dire de la diastase préparant leur dissolution dans les voies digestives, tandis que l’avoine en est abondamment pourvue. » Nous nous dispenserons de tout commentaire, ne voulant pas diminuer l'autorité qui s'attache à l'ap- préciation d’un des vétérinaires les plus appréciés à juste titre par ses observations et ses travaux. A cause du vil prix auquel était tombé le blé, on avait conseillé de le faire consommer aux animaux. Cet aliment n’est pas très recommandable, on ne doit le donner qu'en très petite quantité et seulement aux animaux faisant un travail au pas ; il est dangereux pour les solipèdes, sa digestibilité réelle n’est pas celle indiquée par les tables d’un usage courant ; il provoque souvent des coliques d’indigestion compli- use quées d’inflammation de l'intestin, de vertige abdo- minal et aussi de fourbure. Cru, entier ou concassé, il est généralement mal mastiqué ; il empâte la bouche et l'estomac. Les animaux qui doivent faire un travail aux allures rapides perdent de leur énergie, ce que nous attribuons à une digestion laborieuse, pénible. Lorsqu'on ramollit le grain par le trempage ou l’ébouil- lantage, la sueur devient plus abondante et se produit facilement. Donné en farine, il est mieux digéré, surtout lorsqu'on le fait consommer en mélange avec des fourrages hachés. C’est généralement pour les vaches laitières que la farine de froment peut être avantageusement employée. Non seulement la quan- tité de lait est augmentée, mais aussi la qualité, selon les aptitudes individuelles du sujet. Pour les animaux de travail, pour les solipèdes en particulier, nous mettons en doute les avantages qu’on a dit y avoir à substituer le blé à l’avoine ; même pour les animaux travaillant aux allures lentes, le doute est encore permis. Supposons un animal auquel on donne 5 kilo- grammes d'avoine pour fournir à son travail jour- nalier ; cette ration contiendra : Paissance Puissance glycogène thermogène Matières azotées..... 400 920 1944 Matières grasses..... 201,5 924,415 1898,73 Matièéreshydro-carbo- Tec ec 012900 2337,50 8746,50 Cellulose digestible.. 110 129,80 456,06 3111,715 13045,29 Pour remplacer 5 kilogrammes d’avoine, comme unités nutritives il faudrait 3 kilogr. 755 de blé, qui donneraient en décomposant comme pour l’avoine : 10 — 146 — Puissance Puissance glycogène thermogène Matières azotées..... 449,335 399,48 2183,768 Matières grasses..... 38,301 61,764 360,91 Matières hydro-carbo- DÉS nec 0. 935814012593, 052000970010 Cellulose digestible.. 56,329 66,463 233 3081 12483,718 Il y a donc en faveur de l’avoine une différence en plus, d’une part de 306 gr. 056 de glycose, correspon- dant à 110 calories 959, et d'autre part 561 calories 512. Pour remplacer 5 kilogr. d'avoine, il faudrait 3 k. 923 de froment, afin d’avoir une ration équivalente comme puissance dynamique. Les unités nutritives ne peuvent donc pas servir pour calculer les substitutions, et nous estimons avec raison que cette quantité de blé serait dangereuse pour la santé des solipèdes. Au point de vue de l'hygiène, une telle ration ne saurait convenir qu'aux ruminants de travail et encore. Ce n’est donc qu’en faibles proportions que le froment pourrait être utilisé dans la ration de travail, et il n’y aurait réellement économie qu’en faisant consommer du grain qui, par sa qualité inférieure, ne pourrait pas être mis sur le marché. Nous verrons ce qu'il vaut pour l’engraissement. La manière de distribuer les rations aux chevaux dépend de la catégorie à laquelle ils appartiennent et du travail qu'ils ont à faire. Les chevaux faisant un travail de vitesse seront traités autrement que ceux qui font un travail au pas. On peut poser en principe que plus le travail à effectuer est dur, plus la ration doit être concentrée. La raison pour laquelle nous ne devons pas donner de rations trop volumineuses aux chevaux légers vient de ce que l'intestin prendrait — 147 — trop de développement et gènerait le fonctionnement des organes respiratoires ; pour eux, la ration de paille et de foin doit être réduite au strict nécessaire pour constituer le lest, pour tenir les intestins dans de bonnes conditions physiologiques et assurer l’accom- plissement entier de leurs fonctions. Pour les gros chevaux, on peut distribuer une plus grande quantité d'aliments grossiers, leur estomac ayant plus de vo- lume ; on peut très bien nourrir les chevaux employés aux travaux de la ferme avec des fourrages verts, sans crainte de gèner l'appareil respiratoire, ce n’est pas possible pour les chevaux travaillant aux allures vives. Pour les chevaux de selle, les fourrages seront de très bonne qualité, la ration d’avoine sera réglée d’après l’appétit de l’animal et oscillera entre 4 à 5 kilogr. par jour, à moins qu'on ne remplace une partie du grain par une quantité équivalente en puis- sance glycosique de mélasse ou de principes sucrés. Lorsque la chose sera possible, on devra mélanger la ration de grain avec du foin, ou mieux de la paille hachée, afin d'assurer une meilleure mastication. Les fèves conviennent aux chevaux et en général à tous les animaux en voie de croissance et à ceux qui font un travail lent. Il est préférable de distribuer la ration en quatre fois aux animaüx de trait, le grain étant géné- ralement donné en trois fois. Dans tous les cas, le pre- mier repas du matin sera distribué le plus tôt possible et celui du soir le plus tard possible, afin qu’il y ait moins d'intervalle entre ces deux repas. Quoique la régularité des heures de repas soit à observer, il ne sera pas toujours judicieux de s'y con- former strictement ; il faudra tenir compte des con- sidérations suivantes : Un cheval qui devra faire un travail à une allure — 148 — vive ne devra pas manger juste au moment de sortir de l'écurie ; le laps de temps qui devra s’écouler sera en raison du volume de la ration consommée, il sera aussi plus long pour un cheval qui devra galoper et plus court s’il doit aller au pas. Lors même que ce soit l’heure du repas, on ne devra pas distribuer la ration à un animal rentrant fatigué, en sueur ; avant de le faire manger, il faudra le laisser refroidir. La plus grande partie de la ration journalière de foin sera réservée pour la nuit ; le reste sera distribué après chaque ration d'avoine, surtout si l'animal doit rester à l’écurie; il trouvera ainsi de quoi s'occuper ; souvent cette précaution empèchera l'animal de tiquer, de ronger la mangeoire. D'une manière générale, les chevaux sont très dé- licats, surtout les chevaux de sang ; la mangeoire devra donc être tenue dans un grand état de propreté ; ou ne distribuera que ce que le cheval pourra manger, afin d'éviter les indigestions plus ou moins graves ; pour les petits mangeurs, on multipliera les repas, car les chevaux n'aiment pas à manger une nourriture sur laquelle ils ont boudé, ils la refusent le plus souvent lorsqu'elle a été plus ou moins salie. Si un cheval ne mange pas, il est préférable d’attendre qu’il ait faim que de lui laisser la ration dans la mangeoire. Un cheval devra toujours boire à sa soif, ce n’est que dans les cas de maladie qu’il est quelquelois né- cessaire de mesurer l’eau. On devra faire boire avant de manger et non après, car, si le cheval prend une grande quantité d’eau après le repas, le contenu de l'estomac est en partie entrainé dans les intestins avant d’avoir été suffisamment digéré. Si le cheval a bu à satiété avant le repas, il n’y a pas d’inconvénient. à le laisser approcher du seau après ; alors il ne prendra que quelques gorgées d’eau. En hiver on sur- — 149 — veillera la température des boissons, afin d'éviter les coliques qu'occasionne quelquefois l’ingestion d’eau trop froide. [lest aussi de bonne pratique de laisser l’eau à la disposition des animaux, alors ils la prennent par gorgées, en mangeant ; mais il faut avoir le soin de la renouveler deux fois par jour. Le son constitue-t-il un bon aliment pour les animaux de travail? — Le son n’est pas un aliment économique pour les chevaux, il est laxatif ; il est vrai qu’il con- tient moins d’eau, plus de matières albuminoïdes, un peu moins de matières hydro-carbonées et plus de matières minérales que les grains ; mais il est moins digestible et par conséquent cède moins de substances à l'organisme. Armitage, auteur anglais qui a fait des travaux appréciés sur l'alimentation, lui attribue la valeur de la paille, malgré sa composition chimique ; c’est un peu exagéré. Le cheval nourri avec du son est mou et sue facilement ; les matières siliceuses que contient ce résidu de minoterie expliquent son peu de digestibilité ; il suffit d’en donner environ 500 grammes par Jour, et il est préférable de le distribuer sous forme de matches. Donné avec modération, il peut être utile aux animaux en voie de croissance à cause des sels minéraux qu’il contient. Les matches sont des mélanges précieux pour les animaux qui restent à l’écurie ou qui sont soumis exclusivement au régime sec ; les animaux les prennent avec plaisir ; s’ils les relusent au début, on peut les exciter à manger en mettant une poignée d’avoine par-dessus. On les donne une fois par semaine aux animaux de travail, généralement le samedi soir, on supprime alors l’avoine ; elles contribuent à mettre à l'abri de la maladie du lundi, sorte de paralysie qui affecte les animaux fortement nourris après une hi journée de repos (hémoglobinurie); dans quelques cas, on en donne plus souvent selon l’état des crottins. Pour préparer les matches, on verse sur le son une quantité suffisante d'eau bouillante pour le mouiller complètement, on recouvre et on laisse macérer un moment ; on ajoute ensuite la quantité d’eau froide né- cessaire pour donner la consistance voulue ; onsertchaud ou froid. Les matches chaudes conviennent mieux aux animaux fatigués qui rentrent d'un fort travail. La farine de graine de lin est préférable au son ; comme elle est d’un prix plus élevé, on ne l’emploie que rare- ment. Lorsque la graine de lin entre dans la compo- sition des matches de son, on la fait bouillir pendant deux ou trois heures, puis on ajoute un poids égal de son qu'en ébouillante et on laisse macérer. Nous avons déjà indiqué que la farine de lin pouvait être mélangée à l’'avoine et que ce mélange convenait pour la préparation des chevaux de concours. La farine de lin convient aussi aux jeunes chevaux rentrant du pâturage, afin d'établir une transition entre le régime du vert et le régime see qui suivra. On a quelquefois conseillé de faire tremper les grains afin de les rendre plus facilement attaquables par la salive et les sucs digestils ; cette pratique ne doit pas être suivie pour les chevaux qui font un travail pénible, ils suent alors trop facilement et le ventre prend trop de développement. Cependant le blé, l'orge, le maïs trempés pendant douze heures sont d’une plus facile digestion et ne provoquent plus les accidents qui résultent de la consommation à l’état naturel. Quelques administrations du Havre font même bouillir le maïs qu’elles font consommer aux chevaux affectés au camionnage du port. Mélasse. — Depuis la publication des travaux de — 151 — M. Chauveau sur l’énergitique musculaire, il y a un véritable engouement pour l’emploi du sucre et de ses dérivés dans la composition des rations de travail. Une saine logique voudrait qu’on donnât la préférence aux corps gras, puisque 100 de graisse donnent 161 de glycose, tandis que 100 de sucre n’en donnent que 105. Les graisses, exerçant une action inhibitoire sur les sécrétions gastriques, ne peuvent pas être utilisées au-delà d’une certaine proportion que l’observation a fixée, par rapport aux matières albuminoïdes, à a au maximum. [1 y a plus de vingt ans que nous avons nous-même employé la mélasse pour l'alimentation de notre cheval de service. La mélasse était employée depuis longtemps dans certaines fermes du Nord et du Pas-de Calais pour alimenter les chevaux de travail, et Mannechez dit : « L'action de la mélasse sur le cou- page est tellement reconnue qu'il suffit d'augmenter la quantité du sirop quand les chevaux ont des travaux pénibles à exécuter, pour les empêcher de maigrir. » L'observation, l’empirisme, si on veut, avait déjà re- connu les avantages de l’emploi de la mélasse dans l'alimentation des animaux de travail et même d’en- graissement. Ce n’est donc aujourd’hui qu’une reprise, qui repose sur des données scientifiques. Le sucre de canne n’est pas directement assimilable, malgré sa grande solubilité ; arrivé dans l'intestin grêle, il est interverti, transformé en glucose et lévulose ; c’est sous cette forme qu’il passe dans le torrent circulatoire etest utilisé par les animaux. Il à l’avantage de ne demander aucun travail mécanique, et les déperditions d’énergie que nécessite la mastication n’existent pas pour lui. La composition de la mélasse n’est pas constante, sa teneur en sucre varie entre 45 et 47,5 °/, ; les matières azotées qu'elle contient s’y trouvent surtout à l’état d’amides et par conséquent ne sont pas aptes à recon- stituer la substance musculaire ; malgré sa richesse en principes minéraux, potasse 50 0/, soude 10 °o, chaux 5°/,, elle manque d’acide phosphorique, 0,30 à 0,15 0/0. En 1898, à une réunion de l’Association pour l’avan- cement des sciences (Australie), M. Walton fit con- naître les résultats d’une expérience faite avec la mélasse pour l'alimentation des chevaux de travail. La Colonial refining company avait environ une centaine de chevaux qui étaient nourris avec de l’avoine et du maïs et étaient souvent malades. Comme une grande quantité de mélasse restait sans emploi, on pensa qu'on pourrait l’utiliser avantageusement pour la nourriture des chevaux. Tout d’abord les animaux ne firent pas grand cas des aliments sucrés; peu à peu ils s’y habituèrent et en devinrent très friands. Les doses furent d’abord faibles par crainte d'effets purgatifs; bientôt on arriva à 30 livres par jour, pour redescendre plus tard à 15 livres ; malgré ces fortes doses, il n’y eut aucun accident; au lieu de produire un effet laxatif, la mélasse causa la constipation, on fut obligé d'ajouter du son. Après quelques tâtonnements, on adopta la ration suivante : 7 kilogr. de mélasse, 1 kilogr. 500 de son, 2 kilogr. de maïs et de la canne à sucre hachée à volonté. Ce régime fut suivi pendant près de deux années par environ 400 chevaux. Les animaux qui avaient perdu du poids au début de l'expérience rega- gnèrent bientôt et au-delà leur poids primitif, firent plus de travail, les maladies disparurent et, comme résultat financier, on réalisa une économie de 295 fr. par tête et par an. À la deuxième plantation de Fiji, les résultats ne furent pas aussi heureux ; la mélasse ayant fermenté provoqua quelques cas de purgation. — 153 — M. Walton n’en tire pas moins les conclusions sui- vantes : Pour les chevaux de travail, le sucre de canne ou la mélasse,étantentièrement digéré et transformé en travail, remplace avantageusement l’amidon des four- rages ; 15 livres de mélasse (6 kilogr. 795) peuvent être consommés journellement par un cheval pesant 4,270 livres (575 kilogr. 310) sans altérer la santé ; cette quantité de mélasse ne produit pas un engraisse- ment excessif et n’a aucune action sur le rythme de la respiration ; la forte proportion de sels que contient la mélasse ne produit aucun effet nocif; là relation nutri- PUR : tive = suffit pour un fort travail continu lorsque la ration contient une quantité suffisante de matières digestibles. Depuis lors, les mêmes résultats heureux ont été obtenus en France, à la ferme d’Arcy-en-Brie, et en Allemagne chez M. Guthuau, à Ruboeschnæ. En un mot, il y a avantage à introduire la mélasse dans lali- mentation de nos animaux domestiques. Déjà Beugnot (Maison rustique du XIXe siècle, édition 1844, page 381, tome II) l’avait recommandée ainsi que Payen, même ouvrage, tome III. Nous pensons cependant que, dans certaines circonstances, elle devra être employée avec circonspection. On peut la donner largement aux ani- maux adultes, surtout en hiver, mélangée avec des fourrages de qualité inférieure, des pommes de terre malades, etc.; elle rend savoureuses des denrées qui seraient restées sans emploi. On doit la donner avec discrétion aux élèves. On a attribué à la mélasse cer- taines affections du système osseux ; nous ne pensons pas qu’elle en soit une des causes occasionnelles, l’in- suffisance d'acide phosphorique dans la ration devrait plutôt être mise en cause. Nous nous sommes quel- que fois trouvé en présence de jeunes chevaux atteints de — 154 — boiteries à siège inconnu, dont la ration insuffisante en principes minéraux était à dominante de luzerne ; ces boiteries déjà anciennes disparaissaient par l’addi- tion à l’avoine ou au son de 20 à 25 grammes de phos- phate d'os. Le moyen le plus simple, le plus économique pour faire consommer la mélasse, c’est de la délayer dans de l’eau chaude et d'en arroser les fourrages secs ; on peut aussi, comme le faisait M. Crespel, tasser les fourrages secs, hachés, dans une cuve et verser dessus une quantité suffisante d'eau mélassée pour que toute la nourriture soit bien imprégnée de cette eau ; on laisse le mélange macérer pendant 5 à 6 heures,S heures au plus, et on laisse égouter. La ration ainsi préparée doit être consommée dans la journée, avant qu’elle ait fermenté. On peut aussi, la mélasse étant diluée dans de l’eau chaude, faire absorber celte eau par les farines, ou bien encore stralifier les fourrages grossiers, arroser chaque couche avec de l’eau mélassique, brasser le tout et laisser macérer pendant quelques heures en évitant la fermentation. Enfin, on trouve dans le com- merce des fourrages mélassiques tout préparés. Préparation des aliments pour les chevaux. — Nous dirons peu de chose sur ce point. Nous avons signalé les avantages qu'il y à à mélanger au grain de la paille et du foin haché ; la paille hachée peut facilement se mélanger à la mélasse, elle acquiert ainsi des pro- priétés fourragères qu’elle n’a pas à l’état naturel. On n’est pas d’accord pour savoir s’il y a réellement avantage à faire consommer l’avoine entière ou con- cassée. Sur cette question comme sur toutes autres, il ne faut pas avoir d'opinion absolue. Pour les chevaux légers qui vont le plus souvent aux allures vives, l’avoine entière leur convient mieux ; les animaux qui — 195 — consomment de l’avoine concassée suent facilement et ne se tiennent pas en aussi bon état qu'avec l’avoine entière. Pour les chevaux d’attelage, il n’y a pas non plus nécessité de concasser l’avoine. On pense géné- ralement que le concassage assure une mastication et une insalivation plus complètes. Les chevaux sont gloutons ou ont de mauvaises dents ; c’est là la raison pour laquelle on trouve des grains entiers dans les excréments. Dans le premier cas, la division accentue le défaut. Il faut surtout se guider sur l’état de la dentition. Lorsque les dents sont irrégulières, que les animaux font des bouchons, le concassage donne de bons résultats. Le maïs est plus dur que l’avoine, il est bon de le concasser grossièrement ; mais il n’est pas nécessaire de le diviser finement, on irait à l’en- contre du but qu’on se propose ; on peut encore Île ramollir par le trempage à l’eau froide ou chaude ; nous avons signalé les inconvénients de cette pratique. L'orge est très dure, d’une mastication difficile et doit être divisée. Les jeunes animaux qui commencent à manger et qui mastiquent maladroitement doivent toujours rece- voir leur ration d’avoine concassée. Au lieu de traiter tous les élèves de la même manière, le panseur devra surveiller les animaux et leur donner le grain entier aussitôt qu'ils seront capables de bien le mastiquer. Occasionnellement, pour les animaux de ferme, on ébouillante le grain qu’on veut mélanger avec des fourrages secs hachèés de qualité inférieure. Malheu- reusement cette pratique est dispendieuse et n’est pas à la portée de toutes les exploitations ; du reste, elle n’oftre pas de grands avantages, surtout pour les ani- maux qui doivent fournir un travail pénible. Il est bon de faire tremper pendant quelques heures le grain destiné aux vieux chevaux. Lorsqu'on n’a — 156 — pas de fourrages verts pendant l'hiver, alors que les chevaux ne travaillent pas et que sous l'influence d’un régime sec exclusif les crottins sont durs, qu’il y a constipation, on peut donner des fourrages trempés qui relàchent les intestins et font disparaître l he ment dont les animaux paraissent atteints. Les carottes seront toujours données entières, bien lavées : les betteraves et les rulabagas seron! coupés en tranches assez fortes pour que les animaux ne puissent pas s’étrangler et soient obligés de les mas- tiquer. Remarque. — En parlant des rations de force, nous n’avons fait aucune réserve au sujet des élèves qu'on fait travailler. L’effort à demander à ces animaux doit être réglé d’après l’âge et le dévelopement des sujets, et la ration devra loujours être majorée d’une certaine proportion de principes albuminoïdes pour servir an développement des masses musculaires ; les principes hydro-carbonés devront aussi se trouver dans un excès proportionné à l'excédent des matières azotées, afin que la ration de consommation indivi- duelle, dite ration d’entrelien, qui augmente chaque jour puisse suffire aux besoins du jeune animal. X Engraissement. On doit distinguer deux sortes d’engraissement : l’engraissement azoté et l’engraissement adipeux, c’est-à-dire la formation de la viande et la formation de la graisse; le résultat final se traduit par une augmentation de poids. On ne saurait séparer ces deux sortes d’engraissement, la viande et la graisse se forment simultanément, mais dans des proportions fort inégales. L’engraissement repose sur cette loi physiologique : L'intensité des dépenses chimiques effec- tuées par les tissus vivants se règle sur les besoins de l'organisme. L’excrétion azolée est constante et permanente, elle est réglée par l'apport des substances alimen- taires. À l’état à’entretien, tout l'azote alimentaire se retrouve dans les excreta, de sorte que pour une ration qui aura une valeur calorifique donnée, quelles que soient les variations qu’on fasse subir à la com- position de la ration, à la condition qu’elle ait toujours la même teneur en calories, ou plutôt en glycose, l’azote ingéré sera rejeté. Le coefficient de digestibilité restant le même si on augmente la proportion des principes hydro-carbonés de manière à ce qu’ils puissent fournir à l'organisme une quantité de chaleur suffisante, les principes albuminoïdes seront épargnés et auront une tendance à s’'emmagasiner soit sous forme de viande, soit sous forme de graisse. Pour que l’entreprise zootechnique soit économique, il faut, autant que possible, que chacun des principes immé- diats ne soit pas détourné de sa destination naturelle, c'est-à-dire que la chaleur nécessaire à l’animal ne soit pas produite par les albuminoïdes. C’est une condition difficile à réaliser et même qu’on ne peut peut être jamais remplir complètement. L’engraissement doit toujours être poussé avec rapidité ; il est préférable, par exemple, de porter un bœuf au poids de 800 kilogr. dans la période d’une année que de mettre dix-huit mois pour atteindre ce résultat ; dans ce dernier cas, la ration dite d’entretien des six derniers mois serait consommée en pure perte. L'économie à réaliser ne résulte pas seulement des aptitudes individuelles du sujet et de la composition — 158 — de la ration ; elle est aussi sous la dépendance des conditions extérieures. Un animal au repos, dans une stalle, augmentera plus facilement de poids qu'un animal faisant de l'exercice. Pour une même ration, l'augmentation de poids sera moindre en hiver qu’au printemps et en automne, une plus grande quantité d'aliments devant être consommée pour la produetion de la chaleur normale lorsque l’animal vit dans une atmosphère froide. Cependant, si la température s'élève trop, il y a aussi perte de nourriture, la chaleur étant employée pour l’évaporation de la sueur. La tempé- rature la plus favorable est d'environ 12 à 15 degrés. Le repos absolu, l'absence d’excitations, une lumière peu intense, sont des conditions essentielles requises pour un engraissement rapide. Les trois espèces qui intéressent plus particulière- ment le fermier sont : l'espèce bovine, l’espèce ovine et l'espèce porcine. Chacune d'elles a une aptitude spéciale moyenne à l’engraissement. Lawes et Gilbert ont observé que pendant toute une période d’engraisse- ment un bœuf pouvait produire en moyenne 50 kilogr. de poids vif par la consommation de 125 kilogr. de tourteau, 300 kilogr. de foin et 1,750 kilogr. de ruta- bagas. Pour obtenir le même résultat chez le mouton, il faudrait d’après les mêmes auteurs 150 kilogr. de tourteaux, 150 kilogr. de foin de trèfle et 200 kilogr. de rutabagas; le porc pourle mêmerendement nécessiterait 250 kilogr. de farine d’orge. Nous devons faire remar- quer que ces observations ont été faites sur des races anglaises plus précoces et ayant une puissance diges- tive plus élevée que les races françaises. Le porc est capable de consommer et d’assimiler une proportion plus élevée de matières alimentaires que le bœuf et le mouton; cela tient surtout au plus haut degré de concentration et au coefficient de digestibilité — 159 — des aliments qu’on emploie généralement pour l’en- graissement des animaux de celte espèce, en même temps qu’à leur plus grande faculté d'assimilation. Le porc augmente proportionnellement en poids beaucoup plus que le bœuf et le mouton, et cette augmentation est beaucoup plus rapide. Les résultats qu’on obtient eu égard à la quantité d'aliments consommés sont aussi plus élevés ; cela s'explique parce que le porc dépense moins pour son entretien, et il résulte une plus forte proportion de disponibilités pour la production de la viande et de la graisse. Sur 109 de matières orga- niques digérées, le bœuf gras en a employé 77 pour son entretien, le mouton 74 et le porc 57. Sa facilité d’assimilation, le taux élevé de son accroissement font du porc la machine la plus économique à produire de la viande qui soit à la disposition du fermier. Les résultats qu’on obtient dans l’engraissement du mou- ton tiennent le milieu entre ceux obtenus avec le porc et le bœuf. Du reste, les résultats sont variables ; dans toutes les races et dans toutes les espèces, on trouve des animaux qui utilisent d’une manière plus parfaite les éléments de leur ration ; c’est-à-dire que tous n’ont pas les mêmes aptitudes à l’engraissement. Toutes choses étant égales d’ailleurs, pour un même individu et pour uu même régime, l’augmentation de poids pendant un laps de temps déterminé sera au maximum lorsque au début de l’entreprise l’animal sera déjà en chair ; le rapport entre la somme de principes ali- mentaires assimilés et l’augmentation de poids vif n’est pas constant, car, à mesure que l’animal soumis à l'engraissement augmente de poids, la quantité de nourriture improductive augmente aussi ; c’est-à-dire que la dépense individuelle devient de jour en jour plus élevée. De même, lorsqu'un animal est dans un état de graisse très avancé, la consommation d'aliments — 160 — de production diminue en même temps que l’augmen- tation de poids, et il arrive un moment où l’état du sujet est stationnaire. Cette progression décroissante dans la mise en réserve par l’animal est due à ce que, dans les derniers stades de l’engraissement, l’eau est fixée en moins grande quantité. Ces changements dans le taux de la consommation et de l’accroissement sont surtout apparents chez le porc à cause de la rapidité avec laquelle l’engraissement se produit. Pour que l’engraissement se produise rapidement et écono- miquement, il faut que les rations soient bien balan- cées. Wolf recommande pour le mouton une ration plus azotée que pour le porc et le bœuf. Le rapport des substances azotées aux matières non azotées serait, d’après cet auteur, pour l’engraissement du mouton, de 4 MT 1 4 Se “ n . a » A LS —— [en 2e pour finir à 35 3 pour le porc de = et = selon l’âge et le poids. Pour le bœuf, la relation nutritive devrait être de se au commencement de l’opération, pour ar- Le 6 les amides sont considérées comme des albuminoïdes ; elles ont donc une relation trop étroite et l’erreur se fait surtout sentir sur les rations du mouton et du bœuf. Les résultats pratiques montrent du reste qu’on peut obtenir un bon taux d’accroissement avec des quantités plus faibles d’albuminoïdes que celles re- commandées par Wolf, surtout si on emploie des grains. Un essai de trois années à Woburn prouve que, pour le mouton, une ration journalière de 9 kilogr. 71 de rutabagas, 113 gr. 398 de foin, 340 gr. 19 de grain, b 6 D 4l soit une relation nutritive de = : 24 x : river à = et retomber à —. Dans toutes ces ralions, par rapport aux prin- : 2 1 AU cipes azotés, et > par rapport aux albuminoïdes seuls, donne des résultats égaux à ceux obtenus lorsqu'on — 161 — remplace le grain par les tourteaux. Ii n’est cependant pas toujours prudent de ne considérer la ration qu’au point de vue de l’engraissement, il faut aussi tenir compte de la valeur du fumier. A ce dernier point de vue, l’engraissement avec les tourteaux ou avec les graines des légumineuses est plus avantageux que l'emploi des céréales. = Les jeunes animaux nécessitent une plus forte pro- portion de matières azotées que les adultes, parce qu’ils se développent en même temps qu’ils engraissent. Dans la laine, il faut considérer le suint, la graisse et le brin. Le suint est une combinaison de potasse avec un acide organique peu connu; il est soluble dans l’eau et facilement enlevé par les lavages. Dans certaines races, les mérinos par exemple, le poids du suint peut représenter la moitié du poids de la toison brute ; généralement il équivaut à 15 °/ du poids de la toison. Dans une toison lavée, la graisse varie de 3 à 8 °/, et quelquefois moins, les laines fines sont les plus grasses. Le brin contient environ 16 ©) d'azote. La composition de la laine n’est généralement pas sous la dépendance de l’alimentation ; un mouton qui ne sera pas nourri suffisamment perdra du poids sans que la composition de la toison soit modifiée, sans qu’elle soit altérée quant à la qualité. Mais le rendement peut se trouver affecté. Les agneaux qui ont une bonne ration, non seulement se développent plus rapidement, mais aussi leur toison est plus forte. Si on élevait les ovins rien que pour la production de la laine, la proportion des albuminoïdes ne devrait donc pas descendre trop bas, afin que l'animal eût dans sa nourriture les éléments nécessaires pour le développement d’une toison bien tassée en rapport avec ses aptitudes. Les phénomènes de la nutrition se traduisent par AE une série d’oxydations, d'hydratations, de déshydrata- tions ou de dédoublements qui, tous, dégagent ou absorbent de la chaleur. Si nous connaissions tous les états intermédiaires par lesquels passent les différents éléments, nous pourrions, à la faveur des lois de la thermochimie, calculer exactement la somme de prin- cipes immédiats nécessaire pour obtenir un résultat prévu ; malheureusement les états intermédiaires ne nous sont pas connus ; cependant le principe de l’état initial et de l'état final, ainsi conçu : Si un système de corps simples ou composés, pris dans des conditions déterminées, éprouve des changements physiques ou chimiques, capables de l’amener à un nouvel état, sans donner lieu à aucun effet mécanique extérieur au système, la quantité de chaleur dégagée ou absorbée par les effets de ces changements dépend uniquement de l’état initial et de l’état final du système : elle est la même, quelles que soient la nature et la suite des états inter- médiaires, ce principe nous permet, dis-je, de ré- soudre momentanément certains problèmes avec une approximation suffisante. Nous avons déjà succincte- ment exposé les faits nouvellement acquis à la science touchant la digestion des principes albuminoïdes ; nous savons donc aujourd’hui qu'avant d’être assimilés, les corps albuminoïdes sont dédoublés pour passer à l’état de corps cristallisables qui sont de suite synthé- tisés pour former les albuminoïdes spécifiques de chaque espèce, on pourrait même dire de chaque individu. Cette théorie du dédoublement n’est pas tout à fait nouvelle ; il y a longtemps que ces transfor- mations avaient été au moins pressenties. En 1874, M. A. Gautier écrivait dans son traité de chimie appliquée à la physiologie {t. I, page 257) : « Arrivées dans l'estomac des herbivores, les matières albumi- noïdes végétales subissent, sous linfluence du suc — 163 — gastrique, un changement profond. Elles paraissent s’y dédoubler d’abord en corps plus simnles, plus faciles à dialyser. » Plus loin, pages 259 et 260 : « Les dérivés azotés des matières protéiques sont les uns des produits de dédoublement directs de ces subs- tances, les autres des produits de leur oxydation suc- cessive de plus en plus complète..... Il est difficile de dire quels sont, parmi ces principes azotés, ceux que l’on peut considérer comme dérivés des matières albuminoïdes par simple dédoublement avec hydra- tation. Il en est toutelois un certain nombre, tels que le glycocolle, la leucine, la tyrosine, qui peuvent en dériver sans que l’oxygène intervienne. » Toutes ces substances, plus riches que les matières albuminoïdes en matières combustibles, peuvent se produire direc- tement. Nos connaissances actuelles ne vont pas jusqu’à connaitre tous les corps qui dérivent du dédoublement des albuminoïdes ; mais, en ne tenant compte que des corps bien définis dont la composition et les chaleurs de formation et de combustion ont été étudiées, nous pouvons traduire ce phénomène du dédoublement par les équations ci-dessous : 10 CH'*AZO? leucine 1310 C'H''AZO* tyrosine 181 C'HTAZO? alanine 89 2 CH°AZO* glycocolle 150 CH'AZ* guanidine 58 2 CHPAZ OS = 3224 | GimrAZO* acideaspartique 133 +391/2#0 = AT Gps palmitine 806 3935 [9 COH'AZ? urée 540 3 CO? 132 2s 64 29 1/20 472 — 164 — e Si nous poussons le dédoublement jusqu’à formation de glutamine, l'équation devient : 9 CfH#AZO? leucine 1179 C°’H"AZO*Ÿ tyrosine 181 C’H'AZO? alanine 89 2 CH°AZO? glycocolle 150 CH'AZ* guanidine JS * 2 CH'?A7Z#O*S — 3224 | C'H'AZO* acide aspartique 133 + 37 1/2 H°0 — 675 / C'H°AZO* glutamine 147 pee CHE OS palmitine 806 3899 9 COHAZ* urée 540 & CO? 176 25 64 93 1/2 O 376 3899 Si dans la première équation on supprimait l’acide aspartique, on aurait alors trois équivalents de glyco- colle, et il ne faudrait plus que 38 1/2 H?0. Il y a un fait digne de remarque, c’est que, si on considère l’équation de la combustion complète de l’albumine, ou celle de simple hydratation avec pro- duction de palmitine et de lactose, ou l’une ou l’autre des formules de dédoublement, la quantité d’urée for- mée est toujours un multiple de 9. Il semble que dans la constitution de la molécule protéique il y a un groupe d'éléments excrémentiels qui est à peu près constant. On trouve aussi dans les produits de dé- doublement de l’albumine, de l’arginine, de la lysine, de la cadavérine même ; mais peut-on affirmer que ces composés ne proviennent pas d’une transformation de l’un ou de l’autre ou de plusieurs des composés amidés déjà connus, comme l’alanine elle-même dérive de la sarcocine (C*H7AZO?) ? On savait aussi que le dédou- blement de la molécule albuminoïde s’accompagnait ot toujours de la production d’une certaine quantité de COrps gras. On tire des équations ci-contre que { gramme d’al- bumine donne O0 gr. 25 de matière grasse, et qu'il faut de0 gr. 2093 à 0 gr. 2205 d’eau pour l’hydratation, ce qui nous indique qu’une bonne ration d’engraisse- ment doit contenir environ 80°/,. de matière sèche, exception faite pour l’engraissement au pâturage. On peut objecter qu’une certaine quantité d'oxygène est mise en liberté et que ce gaz n’est pas rejeté en nature par les animaux. Cet oxygène ne demeure pas sans emploi, il est nécessaire pour produire les dérivés des amides qui résultent du dédoublement direct de la molécule albuminoïde. Chaleur de combustion Chaleur de formation de À gramme de : Chair musculaire ... 5036 1137 calories. Éaséine MAT de 5038 927,5 Fibrine végétale.” 0137 970 CHENE CAS EEE _ 0902 999 D’après Lawes et Gilbert, les divers principes acquis par un animal soumis à un bon régime d'engraisse- ment et amené à la fin de l'opération à un bon état de maturité et de graisse sont les suivants : Veau, 6,5 de chair musculaire ou 65°/, ; graisse, 12301070 Bœuf, 7,69 de chair musculaire ou 77 °/, ; graisse, 66,2 0), ; Mouton, 7,13 de chair musculaire ou 71 2/, ; graisse, 710,4°/o ; Porc, 7,76 de chair musculaire ou 78 °/0; graisse, 63,1 9/0. 2466 Dans les veaux et les bœuîfs, les deux tiers environ de la matière azotée totale du corps se trouvent dans les quartiers et 12 0/, dans les os de ces quartiers ; les quartiers du mouton ne contiennent que de 52 à 53 ‘/o de la substance azotée totale de l’animal et les os 10 °/,; pour le pore les trois quarts de l'azote total se trouvent dans les quartiers et 4 à 5 °/, dans les os. Malgré que la chaleur de formation de la chondrine (1,226 calo- ries) et de l’oséine (954) diffèrent de celle de la chair musculaire, pour simplifier la question, nous admet- trons que toute la matière azotée fixée par kilogramme d'augmentation peut être considérée comme si elle ne servait qu’à produire des muscles, ce qui du reste ne change rien au résultat pratique. L’âge de six mois à un an est une période critique, qui ne correspond ni au jeune âge, ni à l’âge adulte ; aussi, nous basant sur l’observation, nous admettons que l’accroissement à ce moment correspond à 70 grammes dechair musculaire et 700 grammes de graisse, pour une augmentation de 1 kilogramme de poids vivant. Tous les albuminoïdes n’ont pas exactementla même composition qualitative; nous avons pris pour formule- type celle de Lieberkun, à laquelle se sont rattachés MM. Chauveau et Armand Gautier. D’après la deuxième équation, qui est celle qui envisage le dédoublement le plus complet, { gramme d’albumine en se dédoublant donne naissance à 0 gr. 0549 de CO*?, dont la chaleur de formation pour 1 gramme avec le carbone amorphe, l'acide dissous dans l’eau, est de 5 calories6, soit pour la quantité ci-dessus 0 calorie 30744. La quantité d’urée produite est de 0 gr. 1674, dont la chaleur de formation est de 0 gr. 2153, et celle de O0 gr. 25 de graisse provenant du dédoublement de l’albumine de 0 calorie 153575. Le théorème des hydratations estainsi conçu : Lorsque — 167 — l'eau se fixe sur un principe immédiat, la chaleur dégagée ou absorbée est égale à la différence entre la chaleur de formation de ce principe par les éléments et celle des com- posés résultant, diminucée de la chaleur de formation de l’eau. En vertu du théorème réciproque, les amides résultant du dédoublement étant synthétisés de suite pour former des principes azotés animaux, nous n’avons pas à tenir compte de la chaleur de formation de l’eau. De sorte que nous tombons dans le cas du théorème des dédoublements qui dit : En général, lorsqu'un prin- cipe organique se dédouble en deux autres substances (ou un plus grand nombre), la chaleur dégagée ou absorbée est égale à la différence entre la chaleur de formation des pro- duits et celle du principe initial. La chaleur dégagée ou absorbée pendant le dédou- blement des albuminoïdes sera égale à la chaleur de formation du principe albuminoïde considéré (fibrine végétale, caséine, gluten), diminuée de la chaleur de formation de l’acide carbonique, de l’urée et de la matière grasse, soit un total de O0 calorie 676315. L'énergie libérée pendant la transmutation des ma- tières protéiques est donc relativement faible. Faute de renseignements thermo-chimiquessuffisants relativement à la chaleur de formation des principes immédiats des substances fourragères, nous nous con- tenterons de diviser les fourrages en trois catégories, division provisoire, qui pourra s'élargir à mesure que des études nouvelles nous éclaireront mieux sur cette question encore insuffisamment explorée. Tous les foins, pailles, fourrages fibreux appartien- nent à la catégorie de ceux dont la chaleur de forma- tion correspond à celle de la fibrine végétale. Les graines des légumineuses, les tourteaux dont le coefi- cient de digestibilité est très élevé seront classés au — 168 — rang de caséine ; enfin les grains, sons et farines, au rang du gluten. Cette division, tout en n'étant pas rigoureuse, à au moins, au point de vue pratique, la même valeur que celle des coefficients de digestibilité qu’on trouve dans les tables relatives à la composition des aliments. Cependant, il se présente une difficulté au sujet des fourrages verts et des racines. Les pre- miers lorsqu'ils sont dans le premier stade de dévelop- pement se rapprochent de la caséine ; au moment de la floraison, ils tiennent le milieu entre le gluten et la fibrine végétale. Quant aux racines, nous n’avons aucune donnée, même probable, nous avons une ten- dance à les classer avec la caséine. Si nous retranchons de la chaleur de formation de la fibrine végétale, de la caséine et du gluten, les 0 calo- rie 6763, acquises à la formation de l’urée, etc., il nous reste pour chacun de ces principes immédiats les sommes de calories : 969.3237, 926,8237, 998,3237. Autant de fois chacun de ces nombres sera contenu dans 1137, autant il faudra de grammes de protéine du fourrage correspondant pour former un gramme de viande, de sorte que nous arrivons à établir le tableau suivant de rationnement : Tableau donnant les quantités de protéine nécessaire pour chaque nature de fourrage, pour une augmentation de 1 kilogr. de poids vivant selon les âges : Jusqu'à 6 mois. De 6 mois De 1 an et au- ALT dessus. Fibrine végétale... 76,908 82,824 91,106 Caséinette# tr sn 19,495 85,610 94,171 Gluten Ferre po 74,035 79,730 88,703 — 169 — Moyennes proportionnelles : Jusqu'à De 6 mois De 1 an Equivalence 6 à et par rapport mois. 1 an. au-dessus. à la dt végétale. Fibrine végétale, 25,6678 27,644 30,2956 Caseime tre cr 26,531 28,571 31,3148 1,0336 GIUIENP ELEC CET 24,7089 26,609 29,4962 0,9736 76,9077 82,824 91,1066 Afin de faciliter l'établissement des rations par les mélanges des fourrages, nous avons donné une table de moyennes proportionnelles en prenant le foin pour type ; cette table permettra de calculer facilement les proportions de foin, de grains ou de tourteaux à faire entrer dans la ration pour une augmentation d'une unité de poids vivant. Le tableau suivant les âges présente une particu- larité remarquable : c’est que la quantité de matière protéique nécessaire dans chaque catégorie de four- rages pour un accroissement de 1 kilogramme de poids vivant se rapproche sensiblement du nombre 80, qui est le coefficient isoglycosique des albuminoïdes fixé par M. Chauveau, et dans l’âge adulte ce coefficient se rapproche davantage de celui que nous avons adopté nous-même, 94. Il semble donc qu’on puisse dire avec raison que la puissance trophique d’un aliment peut et doit se mesurer à son rendement en glycose. Les différences qui existent dans chaque catégorie sont facilement explicables. Le gluten contient 55,11 °/0 de carbone et 15,93 °/, d'azote ; la fibrine végétale n’a que 53,71 de carbone pour 17,43 d’azote, tandis que la caséine ne contient que 50,10 de carbone et 15,37 d’azote ; la légumine se rapproche assez de la caséine, elle a moins d’azote et un peu plus de carbone. [l n’y — 170 — a donc pas lieu d’être surpris qu'il faille moins de matière azotée du foin que de caséine pour obtenir une augmentation de 1 kilogramme de poids vivant. Les expériences de Munk, de Lebedeff et d'Hoffman ont suffisamment démontré que les matières grasses des aliments étaient absorbées en nature ; il ne fau- drait cependant pas s’exagérer le rôle de ces principes immédiats dans l’engraissement, car à l'état normal, lorsque les hydrates de carbone se trouvent dans la ration en quantité suffisante, ils sont absorbés de pré- férence. Ce serait même une erreur d'ajouter des corps gras aux fourrages. Passé une certaine propor- tion qui est > par rapport aux matières albuminoïdes, les corps gras exercent une action inhibitoire sur les fonctions de l'estomac ; lorsqu'ils sont à l’état d’inclu- sion avec les matières albuminoïdes dans la cellule végétale, ils sont plus facilement émulsionnés, et c’est surtout pendant la mastication que se produit ce chan- gement physique ; lorsqu'ils arrivent dans les organes digestifs, ils sont ainsi tout préparés pour les trans- formations ultérieures. Les aptitudes des animaux à l’engraissement varient selon les races, selon les individus dans la raceet selon l’âge ; avec une même ration, aussi bien balancée qu’elle soit, on peut donc obtenir des résultats difié- rents. Un jeune animal dont le développement est incomplet a une force d'assimilation beaucoup plus élevée qu’un animal arrivé au terme de sa carrière, entre les deux extrêmes, il y a un terme moyen. En même temps que les facultés assimilatrices dimi- nuent, les fonctions digestives deviennent aussi moins actives. La formation de la graisse aux dépens du sucre est une réaction anaérobie neutre au point de vue ther- — 171 — mique, qu’on peut représenter par la formule suivante (Morat et Doyon, Traité de physiologie) : CH SO? — Ok. 370 13 C‘H°20° graisse glycose, 1 kilogramme. } + 93 CO? — 101k 490 \ + 26 H°0 — O0 k. 200 Nous possédons actuellement tous les éléments né- cessaires pour calculer une ration d’engraissement. - Soit à rationner un animal du poids de 500 kilogr. âgé de 3 ans 1/2 avec du foin seulement, contenant d'après les tables de composition des fourrages : MA = 6°/, m. g. 1 0/0, MNA 42,5 °/, de digestibles. D’après ce qui précède, il nous faut 91 gr. 106 de matière azotée pour la formation de 77 grammes de matière azotée animale correspondant à 1 kilogramme d'augmentation de poids vivant ; dèslors nous devrons prendre : 91,106 X 100 6 MA = 91,106 ; m. g. 15,1843 et MNA 645,332 = 693,731 de glycose. = 1,518 gr. 43 de foin qui contiendront : En même temps, l’animal accumulera 662 grammes de matières grasses ; nous en avions déjà 45 gr. 1843 contenus dans le foin, 22 gr. 776 provenant du dé- doublement de la matière protéique et 256 gr. 680 résultant de la transformation du glycose produit par les matières hydro-carbonées, ce qui fait en tout 294 gr. 6403. Il nous en manque donc 367 gr. 3597, qui devront être fournis par la ration dite d’entretien, mieux désignée sous le nom de ration de dépense individuelle. L'animal pesant 500 kilogrammes con- sommera 2,640 litres d'oxygène. Une partie de cet — 172 — oxygène sera, il est vrai, employée pour les transfor- mations des principes immédiats dans l’organisme ; nous n’en tiendrons aucun compte et la ration sera légèrement plus forte qu’il ne conviendrait en réalité ; il est préférable qu’il en soit ainsi. Notre ration de dépense individuelle contiendra des matières azotées en même temps que des principes hydro-carbonés, nous pouvons obtenir une augmentation de poids supérieure à celle prévue. Comme il faut 0 lit. 746 d’O pour brûler 1 gramme de glycose, le supplément de foin devra contenir une somme de principes immédiats capable de produire 3,539 gr. 873 de glycose, plus une quantité pouvant produire les 367 gr. 359 de matière grasse qui manquent dans la ration de production, diminuée de celle résultant du dédoublement des principes azotés en glycose, dont le rendement d’après la formule de M. Chauveau sera ici de 50 °/. Pour produire les 367 gr. 359 de matière grasse, il faudra 992 gr. 86 de glycose. Nous aurons donc l’équation suivante, d’après la composition du foin : 6x 6x x 80 + 1x x 161 + 42,hx >< 107,5 — 3539,873 + 992,86 — =: LE ré te de la matière grasse ; rédui l ol — représente de la matière grasse ; réduisons-le en gly- cose en multipliant par 161, et l'expression devient 9,66 x 2 56,9275 x = 4532,7335 ou x — 7,962 gr. 290. La ration totale sera donc de 9,480 gr. 720 de foin et contiendra : 068 gr. 8432 de MA, 94,807 de m.g. et 4029,306 de MNA équivalant à 4,313 gr. 372 de glycose. Sur les 968 gr. 8432 de MA, 91,106 seront utilisés pour la formation de matières azotées animales, il en reste donc 477 gr. 7372 qui, en se transformant en glycose, produiront 238 gr. 8696 de matière grasse, laquelle, ajoutée à celle contenue dans la ration et celle pro- — 4,83 x ; l'équation précédente devient alors : ire venant des matières albuminoïdes fixées, donnera un total de 256 gr. 4526 ; il en manque encore 405 gr. 5474 qui devront provenir de 1,096 gr. 0756 de glycose résultant des matières hydro-carbonées ; ces matières hydro-carbonées et les matières azotées représentent l'équivalent de 4,695 gr. 56176 de glycose, il reste donc pour la calorification 3,599 gr. 48576, au lieu de 3,038 gr. 874, soit un excédent de 60 gr. 612 de glycose ou 56 gr. # de matière hydro-carbonée, erreur en plus qui est bien négligeable. L’analyse de cette ration nous montre aussi que l'emploi du foin seul, qui paraît économique, est en réalité onéreux, et d'autant plus onéreux que le foin est de meilleure qualité parce qu’une quantité rela- tivement considérable de matière azotée est employée à la calorification, 477,7372, alors seulement que 91,106 sont fixés. Il y a tout avantage à faire des mélanges, comme nous allons le démontrer. Soit à rationner un animal de même poids et de même âge en vue de l’engraissement avec du foin, du tourteau d’arachides et de la farine de maïs : MA m.g. MNA HO En ii 6 1 42,5 Tourteau d’arachides.. A0,4 6,5 23,5 Maïs (farine)......... 8 4 68,6 En nous reportant au tableau des moyennes pro- portionnelles, nous écrivons les égalités suivantes : (Suit le tableau.) Foin : 30,2956 X 100 6 Tourteau d’arachides : OISE O0 — M1, 118 IS 14S NS US MNS 215 40,4 Maïs (farine) : 29,962 X 100 8 = 504,926 30,2956 5,049 214,593 — 368,70 29,4962 14,748 : 252,928 91,1066 24,835 485,736 — 522,166 de glycose. Cette partie de la ration totale, qui est la vraie ration de production, contient toute la matière azotée nécessaire pour la production de la substance azotée animale correspondant à une augmentation de { kilog. de poids vivant, elle contient en outre 24 gr. 835 de matière grasse, plus 22 gr. 776 provenant du dédou- blement des matières azotées, et enfin des hydrates de carbone équivalant à 193 gr. 201 de matières grasses, soit un total de 240 gr. 812; il en manque donc 421 gr. 188, correspondant à 1,138 gr. 345 de glycose. Comme précédemment, cet animal consommera 2,640 lit. d’O, qui brüleront 3,538 gr. 874 de glycose. Il faut douc que la ration de consommation individuelle, qui, tant au point de vue physiologique qu’au point de vue économique, doit être constituée par des fourrages ayant un certain volume, contienne l'équivalent de 3,938 gr. de glycose plus 1,138 gr. 345 diminués de celui correspondant à la quautité résultant de l’hydra- tation des matières azotées du supplément de foin ; dès lors, sans passer par les équations intermédiaires, nous pouvons écrire : 06,927 x = 3538,874 + 1138,345, d’où x — 8,216 gr. 89. — 17 + La ration totale se composera donc de 8,721 gr. 816 de foin, c’est-à-dire 776 gr. 472 seulement de moins qu'avec la ration au foin seul. Cette faible différence était à prévoir puisque, dans ce dernier cas, le foin doit surtout subvenir aux besoins de la calorification ; mais nous faisons une économie de 46 gr. de matière azolée. MA m.g. MNA 8216,89 de foin —493,0132 82,1619 3492,17825 ou 3153,9916 de glycose. Au total, il y a donc dans la ration 584% gr. 12 de matière azotée dont 493,013 sont comburés, 569 gr. 4869 de matières grasses, soit qu’elles se trouvent directement dans les aliments ou qu’elles soient Île résultat des transformations des matières hydro-car- bonées ; il manque donc encore 92 gr. 514 de matières grasses qui seront fournies par 250 gr. 038 de glycose provenant du supplément de foin, et il reste pour la calorification 3 503 gr. 9536 de glycose, c’est-à-dire une différence en moins de 34 gr. 9204 de glycose ou 34 gr. 480 de matières hydro-carbonées.Ce déficit n’est du reste qu'apparent, puisque nous n’avons pas tenu compte de la quantité d'O qui doit être employée à oxyder les principes immédiats. On voit done qu'avec les mélanges les principes immédiats sont mieux uti- lisés et que la somme de matières azotées consommées pour la calorification est moins élevée qu'avec le foin seul. Pour que l'opération soit avantageuse, le rationne- ment de l’engraissement ne doit réellement commencer que lorsque les animaux sont déjà en état. Cet état peut et doit s’obtenir avec des aliments de qualité relativement inférieure et de valeur marchande peu — 176 — élevée. Avec la même somme de principes alimentaires on n'obtiendra pas toujours la même augmentation de poids. On peut s'arrêter aux moyennes suivantes : Pour un jeune animal, de { k. 222 à 1 k. 410; pour un bœuf de 5 à 8 ans, de 6{1 à 733 grammes ; pour un vieux bœuf, 366 grammes. Par conséquent, la ration doit toujours ètre calculée d’après le maximum pro- bable. (Suit le tableau.) S GET GICG' ST Y'GT OYT SY9G'9T YT GYT C'G6T STE LG T'6c OTG LYS YO TG G'LTG Y9c YCYy 9€ OS'0€ OSG 96CI EE SG 06G G'G6S 6667 G°8£ OGE Cry 17 ce G° 198 | D | 66E 9£99°%G € 97 0cY YY%69 6? CY Gey “29SLIS 0997 CYLL'69 06€ 067 S9LG LG 6? G°LOG PREND | gcc | rester | o:1o || oo | cecc 9 og | osc | ‘21879594! G'e6c YCGG' IS 6° 69 0€9 ITYS YL 69 G°cG9 QUIIQI P[9P 291072 AIQUEN = VAN €99 90° TG LL O0L YVES CS OL GGL NAN "AIPSSI9QU "ox! ‘9H "ATIPSSOIQU "apXI] ‘29x} “bu VIN YN “ô ‘uw YN YA “ô ‘uw no ed unes — —— = SANSSAG-NAV IA NV F 4Q NV EF V SION 9 ac 91039690 ouw1910 u ‘SAÜP Sa] UOJaS UOUDA D) D 280q ap Aus nop mb 1d op auuvnb 0j 9000 ‘8 ‘wù 0p 79 FJy ap saoxy somquonb S S069'L 9TSE' CT er YCLO' EG G'6T CEJL'OE 96 YGY 86 G € SYYr 97 GE JGES ES EU Y9cG 19 tar LIG'69 G SG S06 9L G9 “OATESSOIQU *09XI VAN VIN ——__ ET, SION 9 v.nùsnrf 2] JUDUUOP NVI]QUI 12 — 118 — Soit à rationner le même animal avec du foin, du tourteau d'arachides dont nous connaissons la teneur en matières digestibles et des balles d'avoine, qui con- tiennent MA = 1,7 ; m. g. 1; MNA 32,6 de digestibles, pour une augmentation de poids de 1,400 grammes par jour, en faisant entrer le foin pour une plus large part dans la ration de production. Cette ration devra contenir les matières azotées correspondant à une aug- mentation de 1 kilogramme, plus celles correspondant à 400 grammes. C'est-à-dire : 91,106 + 36,4424 — 127 gr. 5484. En nous reportant au tableau des moyennes propor- tionnelles nous avons 30,2956, pour la part de la fibrine végétale ; majorons ce chifire de 20 grammes pour le foin, et demandons aux balles d'avoine 6,8 de matières azotées. Ces deux fourrages appartiennent à la même catégorie ; il nous reste à procurer 70 gr. 4528 de MA, qui devront être fournis par le tourteau d’arachides, aliment classé dans la catégorie de la caséine ; en con- sultant le tableau des moyennes proportionnelles, nous voyons qu'il faut 31 gr. 3148 pour 30 gr. 2956 de fibrine végétale ; le rapport entre ces deux nombres est de 1,0336 ; en multipliant 70,4528, nous aurons la somme de matière azotée que nous devons emprunter au tourteau d’arachides, pour obtenir le même résul- tat qu'avec 70 gr. 4528 de fibrine végétale. Dès lors, nous aurons : 72 gr. 82. — 179 — La ration se composera de : Foin : MA. Fibrine m.g. MNA végétale. US = 838,26 50,2056 8,3826 356,26 Balles d’avoine : 0 x 6. see — 00 6,8 k 130,40 2 Tourteau d’arachides : 100 X< 72,82 DL — 180,247 72,82 10,4528 11,716 42,358 127,5484 24,0986 529,018 La teneur totale de la ration de production en fibrine végétale est de 127,548%, au lieu de 129,9156 de MA, parce que nos prévisionssont basées sur la fibrine végé- tale, et la quantité de tourteau d’arachides a été cal- culée après avoir ramené la protéine de ce fourrage en fibrine végétale. L'erreur qui résulte de ce mode de calcul est négligeable, car elle ne porte que sur les: matières grasses, en plus ou en moins, résultant du dédoublement des albuminoïdes, erreur qui est dans ce cas de 0,58. Cette ration de production contient donc l’équivalent de 127,548 4 de fibrine végétale néces- saire pour la formation des matières azotées animales, correspondant à 1,400 grammes d'augmentation de poids vivant, qui donneront: 31 gr.8871 de m.g.; nous trouvons, en même temps, 24 gr. 0986 de malière grasse et 210 gr. 4167 provenant de l’hydratation des matières hydro-carbonées, c’est-à-dire un total de : 266 gr. 4024 de m. g. D’après le tableau d’accroisse- ment, il en faut : 662 + 26% — 926 gr. IL faudra donc — 180 — que les balles d'avoine et le foin qui entreront dans la ration de dépense individuelle contiennent l’équiva- lent de 3,538 gr. 876 de glycose nécessaire pour la con- sommation des 2,640 litres d’O, plus la quantité de matières grasses et de matières hydro-carbonées capa- bles de fournir la matière grasse qui fait défaut, ou 926 — 266,4024 — 659,5976, diminuée de la somme de matières grasses résultant de la transformation des matières azotées qui dans les fourrages accompagnent toujours les matières hydro-carbonées. Il y a plusieurs manières de résoudre le problème ; nous prendrons la plussimple, parce qu’elle est plus conforme aux besoins de la pratique. Les balles d’avoinesont dans la ferme,en quantité relativement faible, la réserve peut être vite épuisée, nous pouvons, d'ores et déjà, dire que nous voulons en faire consommer 4 kilogrammes par jour, en plus de celles qui entrent dans la ration de produc- tion ; elles fourniront donc : 68 de MA, 40 de m. g. et 1304 de MNA, qui rendront 1.401 gr. 8 de glycose. Les 68 gr. de MA, en passant à l’état de glycose par hydra- tation, donneront 34 de m. g., qu’il faut ajouter aux 40 grammes contenus dans les 4 kilogrammes de balles, soit 74 grammes, de sorte que la ration ainsi transformée contient actuellement : 266,4024 + 74 — 340 gr. 4024 de m.g. et le déficit n’est plus que de 585 gr. 5976. Mais, d'autre part, il y aura 1401,8 de glycose, provenant de MNA des balles, plus 54,40 provenant des matières azotées, soit 1,456 gr. 20. Il ne manque donc plus dans la ration totale que 585 gr. 5970 de matières grasses qui dérive- ront de 1,582 gr. 715 de glycose. IL faut donc que le supplément de foin fournisse : 3538,876 de glycose, plus 1582,715, moins 1456,20, soit 3665 gr. 391 de gly- — 181 — cose. Nous pouvons donc écrire, comme nous l'avons fait déjà, sans passer par les équations intermédiaires : 96,927 x — 3665,391, d’où x == 6438,76. La ration devient donc : MA. Fibrine nm g. MNA. végétale. HOT dre TT OP— 436,6212 72,71 3092,7335 Balles d'avoine. 4400 = 74,8 4 1434,4 Tourteau d’ara- chIdeSs 180,247 — 12,82 70,4528 11,716 42,358 ? 981,8740 128.486 4569,4915 Sur les 581 gr. 874 de fibrine végétale, 127,876 par- ticiperont à la formation de la matière azotée animale en donnant 31 gr. 8871 de matière grasse, il en res- tera done 454 gr. 3254 qui, à leur tour, donneront 227 gr. 1627 de m. g. et 363,46032 de glycose. La ration contient déjà 128 gr. 874 de m. g., le total est donc de 393 gr. 5998. Il n’en manque plus que 532 gr. 4642 qui dériveront de 1,439 gr. 09 de glycose ; or, les hydrates de carbone équivalent à 4912.2033 de glycose auxquels il faut ajouter les 363 gr. 46032 provenant des matières protéiques non fixées, ce qui fait un total de 5,215 gr. 6696 ; il en reste donc 3,836 gr. 5736 pour la calorification, soit un excédent de 297 gr. 6976. Si on se rappelle que nous n’avons pas tenu compte de l’oxy- gène qui sera utilisé par les principes immédiats, pour leur transformation en glycose, cet excédent n’est pas pour nous surprendre, puisque déjà les 454 gr. 3254 de MA disponibles nécessitent pour passer à l’état de gly- cogène 454,3254 % 0 gr. 486 — 280 gr. 7941 d'oxygène. La relation nutritive, les matières grasses réduites en 1 amidon, est de Se 3: nn A mesure que l’animal augmentera de poids, l’orga- nisme aura une tendance à se mettre en équilibre d'azote. Cur, « l’élément anatomique est en relation d'échange continuel avec le milieu qui le baigne ; il lui emprunte et lui restitue, sans que ce double mouve- ment s'arrête un seul instant, la substance alimentaire qui est apportée incessamment dans le petit édifice cellulaire, s’y incorpore et s’y accumule pendant un temps. Il peut arriver que le courant afférent soit plus riche que le courant efférent ; les choses se passent ainsi pendant la période d’accroissement ou de jeu- nesse. Puis vient une période d'état pendant laquelle l'équilibre est maintenu entre l'apport et la dé- pense (1) ». Si on n'intervient pas pour détruire cet équilibre, alors aura lieu l'équilibre de nutrition qui correspond à ce qu'on pourrait appeler l'équilibre isotonique d’azote.Il faudra donc modifier la ration, de manière à maintenir la concentration actuelle des milieux et favoriser un nouvel accroissement. Cette modification devra porter surtout sur la teneur en matières azotées, car,pour une augmentation de { kilo- gramme de poids vivant, la consommation individuelle n’entraine que la dépense de 7 gr. 1819 de glycose. La matière hydro-carbonée à ajouter ne doit en réalité être calculée que sur la différence de ce qui manque dans la ration de production pour obtenir l’augmentalion de poids prévue et possible. Ainsi, danslaration actuelle de production, nous n’avons que l'équivalent de 266 gr. 4024 de matière grasse, il faudrait donc ajouter les principes immédiats nécessaires pour produire les 659 gr. 5976 de matière grasse qui manquent pour maintenir le gain journalier à 1,400 grammes en plus de la matière protéique que réclame cette augmenta- (1) Claude Bernard, De la physiologie générale. mn 83 3 tion de poids, si nous nous contentions de doubler la ration de production telle qu’elle a été établie ; en fai- sant cela nous porterions la ration de foin à 8115,98, et celle des balles d'avoine à 4800. Nous ferions donc une opération non seulement contraire aux lois de la phy- siologie, mais encore contraire au bon sens : chaque nourrisseur sait par expérience qu'à mesure que l’ani- mal prend de la graisse, ses facultés digestives s’affai- blissent, l’assimilation est moins active. Dans la pratique actuelle, l’engraissement comprend trois périodes de trente jours chacune ; ce n’est qu’à la fin de chaque période qu’on fait varier la ration. Il est vrai que d'emblée on fait consommer une somme double de principes protéïques, les principes hydro- carbonés entrant dans la ration en proportions conve- nables. Nous avons appris par expérience qu'il était préférable d’opérer par gradations successives au moins pendant les deux premiers mois, qui devraient être divisés en quatre périodes de quinze jours ; la ration est alors mieux utilisée et l’augmentation de poids plus régulière, surtout avec des animaux dont les aptitudes individuelles pour l’engraissement sont très développées, chez lesquels l'équilibre isotonique d’azote s'établit avant la fin de la période de trente jours ; alors c’est l’engraissement adipeux qui prédo- mine, et au point de vue économique, il faut autant que possible que l’engraissement musculaire marche de pair, sans interruption, avec l’engraissement adi- peux, dans les premiers stades de l’opération. Ce n’est que dans la dernière période que l’engraissement adi- peux doit prédominer pour arriver à cet état qu’on appelle l’état de fini. Au bout de la première quinzaine, les facultés di- gestives ne sont pas encore fatiguées, on peut et on doit même conserver les fourrages grossiers pour — 184 — maintenir le volume de la ration, en se tenant dans de justes limites. En doublant la ration de production, nous ajoutons donc l'équivalent de 127 gr. 5484 de protéine végétale, 24 gr. 0986 de m. g. et 568 gr. 694 de glycose ou de principes équivalents. Cette ration de production deviendrait alors : MA. m. £. MNA. | ÉOIN RER 1810,52=U00/ 5912460652 712,52 Balles d'avoine. 800 419 0 8 260,80 Tourteau d’ara- chides "1. 360,494 — 140,9056 23,4320 84,766 255,0968 481972 1058,086 La ration totale se composerait donc alors de 8,315 gr. 28 de foin, 4,800 gr. de balles, et de 360,494 de tourteau d’arachides. Au lieu de diminuer les four- rages ligneux, nous en augmenterions le volume dans des proportions déraisonnables si nous n’apportions aucune modification à cette ration et nous irions à l'encontre des principes que nous avons posés. Sup- primons donc 1,500 gr. de foin et 400 gr. de balles d'avoine. Il nous manquera alors 96 gr. 8 de fibrine végétale, 19 gr. de m.g. et 767 gr. 90 de MNA équi- valant à 933 gr. 5225 de glycose. Si nous remplacons ce qui manque par du tourteau, il nous en faudra : D Fe Slide ore )n 40,4 x + 6,5 x + 23,5 x — 933,5225 =. Comme nous avons des unités de nature différente, réduisons tout en glvcose en multipliant les MA par 80, les m. g. par 161 et les MNA par 107,5, en nous rappe- él : 40,4 x ? . lant qu'ici l'expression —— représente de la graisse ; — 185 — nous aurons, sans passer par les équations intermé- diaires : 100,5695 x = 933 gr. 5225, d’où x = 929 gr. 33. Or, 929 gr. 33 de tourteau d’arachides valent 375,449 de MA, 60,406 de m. g. et 218,393 de MNA ; mais, d’après le tableau des moyennes proportionnelles, 319,449 de MA équivalent à 363 gr. 244 de protéine végétale. La ration totale sera donc composée de : Foin : MA Fibrine m. g. MNA. végétale, 6815,28 — 408,9168 68,15 2896,494 Balles d’a- voine : 4400 — 74,8 44 1434,4 Tourteau d’arachides : 1290,824 — 521,4928 = 504,54 839055 303,64364 988,2568 196,0535 463%,5376% Ce n’est donc qu’à la deuxième quinzaine que notre ration contiendra 1 kilogr. 0052 de matières azotées, correspondant à 988 gr. 2568 de fibrine végétale, c’est-à-dire que nous nous rapprocherons du chifire fixé jusqu'ici par des règles empiriques. Sur ces 988 gr. 2568 de fibrine végétale, 127 gr. 5484 seront utilisés pour maintenir l’équilibre d’azote résultant de la période précédente et 127 gr. 5484 serviront à la formation de la matière azotée animale correspondant à 1,400 grammes d'augmentation de poids vivant. Il restera donc 733 gr. 16 de fibrine végétale disponible, — 186 — La répartition de la matière azotée se fera donc de la. manière suivante : 127,5484 X 2 = 255 gr. 0958, qui produiront le quart de leur poids de graisse, soit 63 gr. 7142, dont la moitié, 31 gr. 8871, contribueront à l'équilibre de nutrition acquis et 31 gr. 8871 contri- bueront à la nouvelle augmentation de poids, qui, elle en réclame 926 gr. La ration contient 196 gr. 0535 de matière grasse, les 733 gr. 16 de matière azotée en donneront 366,58, nous en avons donc un total de 594 gr. 5206 provenant de la ration ou du dédouble- ment des matières protéïques ; il n’en manque donc plus que 331 gr. 479%, qui devront dériver de 895 gr. 89 de glycose. Or, les 4631,53764 de matières hydro-car- bonées nous donnent 4,982 gr. 127 de glycose, auxquels il faut ajouter les 586 gr. 528 provenant du dédouble- ment des 733 gr. 16 de matières albuminoïdes. Il en reste donc 4,662 gr. 765 pour la calorification, qui n’en réclame que 3,687 gr. 5 en tenant compte de l’accroisse- ment acquis pendant la première quinzaine, soit un excédent de 975 gr. 265. Cet excédent est nécessaire, d’abord parce que le facteur moyen 107,5 que nous avons pris comme rendement des matières hydro- carbonées et saccharoïdes réunies est peut-être un peu étevé, ensuite parce qu'il confirme que la ration établie sur les bases indiquées réunit les conditions néces- saires, c’est-à-dire que les principes immédiats, quels qu'ils soient, s’y trouvent en quantité largement sufïi- sante ; la relation nutritive s’est élevée à = . Mais la composition de la nouvelle ration est la conséquence de l’état physiologique acquis pendant la période précé- dente, et non la conséquence de la ration qui, elle, se trouve imposée par l’état de choses actuel. Nous avions donc raison de dire que la relation nutritive était réel- lement l’ex pression d’un état physiologique existant. — 187 — Pour les autres périodes, on n’a pas à se préoccuper des matières hydro-carbonées ; la dépense individuelle n'étant que de 7 gr. 1849 de glycose pour chaque aug- mentation de À kilogramme de poids vivant sera com- pensée et au-delà par les matières grasses et les matières hydro carbonées contenues dans le supplé- ment de ration de production. Pour la troisième période, la ration de tourteau d’arachides sera portée à : 1290,824 + 180,247 — 1,471 gr. 072 et la somme totale des matières azotées sera alors de 1078,02 qui correspond à 1058,7076 de fibrine végétale. Enfin, à la quatrième période, la quantité de tourteau introduite dans la ration sera de : 1,474 gr. 071 180,247, soit1,651 gr. 318, et la somme des matières azotées de la ration totale sera de 1 kil. 150,84. A la fin de la quatrième quinzaine les matières azotées seront portées à { kil. 223,66, pour arriver dans la dernière quinzaine à 1,296 gr. 48. Cette gradation dans la matière azotée s’obtiendra en ajoutant chaque fois 180 gr. 247 de tourteau d’ara- chides à la ration, en admettant qu’on n’emploie pas d’autres aliments concentrés. Pour donner un nouvel exemple de la manière de se servir du tableau des moyennes proportionnelles, admettons qu’on veuille introduire le maïs dans la ration. D’après les tables de composition chimique des aliments la composition de ce grain est : î MA =8 ; m. g. = 4; MNA — 68,6 de malières di- gestibles. Cet aliment appartient à la catégorie du gluten, dont 0 gr. 9736 équivalent à 1 gramme de fibrine végétale ; — 188 — pour remplacer l'équivalent de 70 gr. 4528 de fibrine végétale provenant du tourteau, il suffira que le maïs fournisse 68 gr. 5918 de MA, c’est-à-dire qu'il en fau- dra 856 gr. 16, qui donneront en même temps 34 gr. 2464 de m. q. et 587 gr.315 de MNA équivalant à 631 gr. 3649 de glycose; on ajoutera donc la quantité de maïs ci-dessus indiquée au lieu et place de 180 gr. 247 de tourteau. Nous entendons déjà les critiques nous reprocher de manœuvrer les principes immédiats d’une ration, dans l'organisme, avec la mème précision qu’un comman- dant d’une unité militaire fait manœuvrer ses hommes dans une parade ; à ceux-là, nous répondrons : Les principes physiologiques sont vrais ou faux ; s'ils sont vrais, on doit pouvoir en faire une application pra- tique ; s'ils sont faux, pourquoi continuez-vous à les enseigner et à en remplir les colonnes des périodiques ? Nous avons suivi la marche probable des principes immédiats, d’après les découvertes modernes de la physiologie et de la thermochimie ; les résultats ne sont jamais mathématiquement exacts, et ils ne peu- vent pas l’être, parce que la composition quantitative des principes azotés n’est pas constante, et, par suite, leur chaleur de formation et de combustion est variable ; mais, en partant d’une formule type, on arrive à des résultats pratiques et économiques. Du reste, l'expérience est le meilleur des juges. En tenant compte des aptitudes individuelles des sujets, de leur âge, et des erreurs qu’on peut commettre dans l’appré- ciation des différentes denrées alimentaires, on se con- vaincra bien vite que ce mode de calcul des rations d’engraissement est le seul qui, jusqu’à ce jour, per- mette d'obtenir le prix de revient de l'unité de poids au meilleur marché possible. La ration que nous avons établie à la fin de la pre- LE mière période de quinze jours et qui sert de base à celles qui suivent (page 184; repose sur l’emploi de 929 grammes 33 de tourteau d’arachides, qui doivent combler le déficit provenant de la suppression de 1,500 grammes de foin et 400 grammes de balles d'avoine. Malgrésa simplicité, on peut, surtoutcertaines années, obtenir une ration plus économique. En effet, nous avons vu qu’il nous fallait 96 gr. 8 de fibrine végétale qui équivalent à 96,8 >< 1,00336 — 100,082 de protéine du tourteau. Si nous nous contentions d’abord d'ajouter la quantité de tourteau nécessaire pour donner à la ration la teneur en MA indispensable, il en faudrait Era — 24m or. 7128 au lieu de29%er.99; mais nous n’apporterions que 16 gr. 102 de m. g. au lieu de 19 grammes et 58,216 de MNA au lieu de 767 gr. 90. Il nous manquerait done 3 grammes de matières grasses et 709 grammes 684 de MNA, le tout équivalant à 767 grammes 74 de glycose, que nous pourrions obtenir avec des pommes de terre cuites à la vapeur, par exemple, dont la teneur moyenne en principes digestibles est de 1,7 de MA, 0,09 de m.g. et 93 de MNA, le tout équivalant à 26 gr. 2299 de glycose ; dès lors il en faudrait 2,927 grammes en chiffres ronds, dans lesquels on trouverait 49 gr. 759 de matières azotées qui seraient comburées, tandis qu'avec le tourteau seul nous en sacrifions 407 gr. 74, et la teneur totale de la ration en principes azotés digestibles ne serait plus alors que de 630 gr. 275, et la teneur des matières hydro-carbonées serait de 5,063 gr. 320. Pour aussi économique en apparence que fût cetle nouvelle ration, et quoiqu’elle donnàt le rendement prévu pen- dant quelques jours, l'équilibre isotonique d’azote ne tarderait pas à s'établir, alors l’animal demeurerait stationnaire ou ne produiräit qu'une partie de l’aug- Ho mentation prévue, due simplement à un engraisse- ment adipeux ; aussi est-il préférable, lorsque des cas semblables se présentent, d'augmenter d’un quart la quantité d'aliments concentrés qu’on veut ajouter à la ration primitive. On obtient ainsi la constance dans le gain journalier et on réalise encore une économie. Dans ces derniers temps, on a beaucoup parlé de la pomme de terre pour l’engraissement du bétail; c’est un excellent aliment, nous ne le contestons pas, mais il nous paraît élever beaucoup le prix de revient. Lorsqu'on veut utiliser ce tubercule, on doit fixer à l’avance la quantité à faire entrer dans la ration en se rappelant que, pour les bovins, le rapport de l’eau à la matière sèche doit être comme 4 est à 1. Soit 15 kilog. de pommes de terre à faire entrer dans une ration d’engraissement ; ils contiendront en principes diges- tibles 255 gr. de MA, 13,50 de m. g. et 3450 de MNA. Comme toutes les racines, les pommes de terre doivent être classées, au point de vue azoté, dans la catégorie des caséines ; donc les 255 gr. de MA ne représentent que De — 216 gr. 69 de fibrine végétale ; nous n’au- rons donc plus besoin, considérant la ration précé- dente, que de prendre l'équivalent de 257,85 de fibrine végétale, soit 266 gr. 516 dans 659 gr. 69 de tourteau. De sorte que 15 kilogr. de pommes de terre remplacent seulement au point de vue de la matière azotée, qui est le seul principe producteur de viande, 631 gr. 134 de tourteau. Or, en cotant les pommes de terre à 3 francs les 100 kilogr., leur ration reviendra à 45 cen- times ; tandis que les 631 gr. 134 de tourteau d’ara- chides, à 22 francs les 100 kilogr., ne reviendraient qu’à O fr. 1388. Ce n’est donc que dans les années d’abondance, où le marché est encombré, que ce tu- bercule trouverait un emploi utile pour l’engraisse- — 191 — ment des bovidés. Il est préférable de faire un arbi- trage. Pourquoi faire entrer le tourteau d’arachides dans une ration de début ? Les denrées à faire entrer dans une ration économique sont sous la dépendance des mercuriales ; pendant l’année 1906, beaucoup d'’éle- veurs se sont abstenus d’acheter des tourteaux, à cause des cours élevés ; les prix étaient encore avantageux, car pour remplacer 174 gr. 287 d’arachides au prix de 22 francs les 100 kilogrammes, qui revenaient à 0 fr. 04008, il aurait fallu 674 gr. 083 de son valant 0 fr. 10448, soit une différence de près de 6 centimes par ration. Le foin entrant dans une ration de production doit autant que possible être haché, humecté, si v’est néces- saire, et mélangé avec les balles, les racines et les farines, quelles qu’elles soient. Seul, le foin de la ration de dépense individuelle doit être distribué entier. Nous pensons que ce qui précède suffira pour bien faire comprendre les bases sur lesquelles repose le calcul nécessaire pour établir une ration d’engraisse- ment, et l’usage qu’on peut faire des trois tableaux ; celui des moyennes proportionnelles rendra de grands services en permettant de ramener tous les fourrages au foin, quant à leur valeur azotée. Ce tableau nous per- met de comprendre combien sont erronées les diverses tables d'équivalence, qui ont encore été publiées dans ces derniers temps. Il est un facteur dont on ne tient jamais compte lorsqu'on établit une ration et qui est souvent cause de déboires, surtout lorsqu'on fait consommer des racines crues : c'est la chaleur spécifique des fourrages. La loi de Dulong et Petit est ainsi conçue : « Le pro- duit de la chaleur spécifique sous pression constante par la masse atomique est un nombre constant voisin — 192 — de 6,4. » D’après cette loi, la valeur atomique moyenne de la matière albuminoïde étant de 1612, celle de l’amidon et de la cellulose de 162, nous pouvons con- sidérer que la chaleur spécifique de la protéine est de 0,00397, celle de l’amidon et de la cellulose de 0,0395, celle des corps gras en prenant la formule de l'oléos- téaro-palmitine de 0,00794. Par extension, nous pouvons faire application de la loi de Wæstyn : «La capacité calorifique d'un corps composé à l’état solide est égale à la somme des capacités calorifiques de ses éléments considérés dans le même état physique. » Pour obtenir la chaleur spécifique d’un fourrage, il faut prendre sa composition totale, au lieu de sa teneur en principes digestibles. La chaleur spécifique du foin qui entre dans notre ration est de : MA 10 °/. X 0,00397 = 0,0397 HE PAS 00/0192 0;01588 Celluloseetamidon 48°/ XX 0,0395 — 1,89600 Eau 15, X 1 = 15 16,95158 pour 1 gramme = 0,169515 De sorte que, pour élever la température de ce foin de un degré, il faudra 0,169515 calories. Un gramme de graisse dont la chaleur de combustion est de 9,423 calories donne 161 de glycose qui en brûlant produisent 5,944 calories ; la chaleur dégagée pendant la transformation est donc de 3,479 calories. C’est là la source de chaleur la plus abondante qu’on trouve dans une ration, Car nous avons vu que les autres principes dégageaient peu d'énergie pour passer à l’état de gly- cose. Les causes de déperdition provenant de la capa- cité calorifique des fourrages sont relativement consi- dérables, et c'est la raison pour laquelle on a tout avantage à distribuer les rations, tout au moins les — 193 — rations de production, à une température voisine de celle du corps de l'animal, ainsi que les boissons. La cuisson peut modifier la capacité calorifique des racines en même temps que diminue leur teneur en eau. On sait que le porc a plutôt une tendance à prendre de la graisse qu’à produire du maigre ; cela semble résulter du mode d'alimentation auquel nous soumet- tons l’animal, autant que des aptitudes individuelles. Selon les saisons on peut avoir intérêt à produire plus de viande que de lard. Des expériences faites en Amérique, à la station expé- rimentale du Visconsin, par le professeur W.-A. Henry; à la station agricole du Missouri, par le professeur Sanborn,et dans d’autres établissements de recherches, démontrent la possibilité d'obtenir à volonté le résul- tat cherché. . En 1889, la Société centrale d'agriculture de la Seine-Inférieure décida qu’il y avait lieu de renou- veler les essais faits en Amérique et confia la direc- tion de ces expériences à M. Fortier, qui s'exprime ‘{Unsi : « Quelle conclusion pouvons-nous tirer de cette expérience ? Pour ma part, je n’hésiterais point à déclarer que le résultat confirme d’une façon évi- dente, indiscutable, ceux qu’a indiqués le professeur Henry, c’est-à-dire qu'on peut développer une très forte proportion de chair musculaire, de maigre autre- ment dit, chez les animaux de boucherie en leur dis- tribuant des aliments très riches en protéine ; si, au contraire, on voulait, les ayant suffisamment déve- loppés, ne leur faire produire que de la graisse, on y arriverait sûrement et promptement en les soumettant à une alimentation dans laquelle HS éle- — 194 — ments hydro-carbonés ; ainsi se trouverait résolu le problème que nous avions posé, et le moyen de pro- duire à volonté et dans la proportion voulue du gras ou du maigre. » Les résultats de 1889 furent confirmés dans une nouvelle expérience, en 1890. Les animaux recevaient par jour: sang desséché 0 kil. 2389, recoupes 1 kil. 877, lait écrémé 4 litres 05. En même temps et concurrem- ment, M. Caux, économe de l'asile de Saint-Yon, où se faisaient les expériences, étudiait les effets de la nour- riture sèche ou de la nourriture mouillée sur l’engrais- sement du porc, répétant à son tour les essais déjà faits en Amérique et tirait cette conclusion : « En com- parant l’aspect et la valeur des deux sortes de viande (premier et deuxième lots), nous avons observé et reconnu, avec M. Fortier, que les porcs nourris au sec ont donné une chair plus dure, plus serrée, plus dense et d'une belle teinte rosée, qui peut être réputée comme étant de qualité exceptionnelle. Il nous paraît dons démontré, et c’est pour nous un fait acquis, que la nourriture sèche avec boisson séparée donne les résultats suivants : elle développe assez rapidement chez les pores un embonpoint remarquable ; elle pro- voque et active la formation des muscles, et produit, en même temps, une faible épaisseur de graisse, saine et de belle apparence ; elle améliore la qualité de la viande, rend la chair compacte, ferme, et lui donne, à égalité de volume, un poids supérieur à celui de la chair de tout autre animal soumis à un régime difié- rent.» Enfin, nous pouvons ajouter que le régime sec présente les avantages suivants : engraissement très actif, progression en poids rapide et importante, ren- dement en viande nette porté au maximum par rap- port au poids vivant ; enfin, opération simple et — 195 — pratique, sans augmentation de travail, de soins et de dépense. De ce qui précède à conclure que les grains et farines crus donnent de meilleurs résultats que cuits il n’y a qu’un pas, c’est, en effet, ce que l’expérience a dé- montré ; le professeur Shelton, du collège agricole du Kansas, dit que la différence en faveur du grain cru est de 1/5 de la nourriture nécessaire pour obtenir une augmentation de poids de 1 kilogramme. M. Coburn, du collège d'agriculture de l’Iova, a aussi obtenu de meilleurs résultats avec le maïs cru qu'avec le maïs cuit. A la station expérimentale de New-York, on a trouvé que le maïs cru cédait à la digestion 72°}, de sa matière azotée, tandis que le maïs cuit n’en cédait que 63 0/0. De tous les animaux de la ferme, le porc est celui qui, pour un poids donné de matière sèche, produit la plus forte proportion de poids vif. Malgré que cet ani- mal s’accommode de tout et accepte facilement des ali- ments de médiocre qualité, il est nécessaire de faire un choix et des mélanges judicieux, si on veut obtenir des produits de bonne qualité. Le lait écrémé qui con- vient aux porcs à tous les âges, parce qu'il favorise le développement des muscles et des os, doit, chaque fois que cela est possible, servir d’excipient aux farines. Donné frais, l'observation nous a conduit à considérer que 3 kilogrammes environ équivalent à 500 grammes d’un mélange en parties égales de farine de pois, d'orge et de froment. On peut dire qu'on produit le meilleur lard avec 4 litres 1/2 de lait écrémé, 1,500 grammes de pommes de terre cuites et farine d'orge à volonté. Le maïs mélangé au lait écrémé vaut mieux que mélangé avec tout autre aliment. Le maïs, les fèves, seuls ou employés ensemble, produisent le lard le plus mou. Les betteraves peuvent remplacer les pommes de — 196 — terre ; il résulte d’expériences faites à la station expérimentale de Copenhague que 4 à 5 kilos de grosses racines riches en eau équivalent à 500 grammes de grain, tandis qu'il suffit de 2 kilos à 2 kilos 500 de betteraves à sucre pour obtenir le même résultat. Le directeur de la station de Copenhague estime que 40 0/, de la ration journalière peut être avantageu- sement constitué avec la betterave à sucre et que la graisse produite est aussi ferme que celle obtenue avec les graines et les farines, Les stations d'Ottawa, d’Utha et d’Ohio étaient arrivées aux mêmes conclu- sions. Les porcs qui consomment du lait écrémé paraissent avoir une santé plus vigoureuse que ceux nourris exclusivement avec du grain. Les châtaignes cuites, débarrassées de leur écorce brune, contribuent à amé- liorer la qualité de la viande et à rafflermir le lard, ainsi que les glands débarrassés de leur cupule ; leur consommation n’est réellement avantageuse qu’au début de l’engraissement, plus tard on peut en con- tinuer la distribution comme supplément de ration. Quoiqu'il faille nourrir abondamment, il ne faut pas aller jusqu'à la surcharge de l’estomac ni même jus- qu’à la satiété. Des porcs, qui tout en consommant beaucoup, mais qui n’éprouvent pas la moindre fatigue après le repas, dont les digestions ne sont pas pénibles, produisent jusqu’à 12 °/, de plus que ceux qui sont repus et éprouvent des sensations de lourdeur de l’estomac, caractérisées par une dypsnée plus ou moins forte, un état congestif passager. On sera surpris de ne pas trouver dans cet ouvrage, non seulement les fourrages qui conviennent le mieux pour l'engraissement, mais aussi les mélanges à faire. Ceux qui lisent les traités sur l’alimentation aime- — 197 — raient trouver des modèles de rations dont ils pour- raient faire application. Répondre à ce désir serait mettre en œuvre un empirisme dangereux au point de vue économique. Un excellent mélange pour un engraisseur peut ne pas avoir les mêmes avantages pour un autre. Il peut ne pas être difficile de formuler une ration, et même d’en formuler une autre équi- valente ayant la même valeur physiologique ; mais, si partout on ne peut pas l'obtenir à un prix qui rendra son emploi avantageux pour le nourrisseur, celte ration perdra sa valeur pratique. Le mieux est de prendre en considération le prix des différentes denrées sur le marché le plus rapproché et de déter- miner les espèces de grains de tourteaux ou mélanges à employer conjointement avec le foin et les racines pour diriger l’opération avec le moins de frais possible. En faisant le choix d’un fourrage, il ne faut cepen- dant pas penser que le mieux consiste à acheter le meilleur marché. Par exemple, si on ofîire deux tour- teaux, un tourteau de lin et un de ces tourteaux complexes qu’on rencontre malheureusement trop souvent, ayant la même composition chimique, c’est souvent une erreur de prendre celui qui est au plus bas prix. Si les tourteaux offerts étaient de même espèce, mais de marque différente, ayant la même composition et se trouvant dans de bonnes conditions de conservation, alors il y aurait une raison pour choisir le moins cher. Mais de ce que l’analyse d’un tourteau composé est identique à celle d’un tourteau de lin, et en conclure que tous les deux ont la même valeur alimentaire, c’est commettre une erreur grave, préjudiciable. Qu'on fasse une expérience pratique, qu’on nourrisse un bœuf avee un certain poids de tour- teau de lin et un autre, ayant les mêmes aptitudes individuelles, avec une égale quantité de tourteau — 198 — composé de même teneur en principes immédiats, on verra que, dans la plupart des cas, l’animal nourri avec le tourteau de lin sera le premier prêt pour la boucherie et donnera la viande de meilleure qualité, parce que les constituants de celui-ci ont une plus grande valeur alimentaire que les mélanges du tourteau composé; naturellement, il peut y avoir des exceptions. Il ne faudrait cependant pas supposer que les analyses ne sont pas utiles et même néces- saires ; mais ce qu'il faut retenir, c’est que pour deux fourrages ayant la même composition l'analyse chi- mique n’est pas un guide certain d'appréciation. Les comparaisons ne peuvent être faites qu'entre aliments de même nature et de même origine. On ne peut que poser des principes généraux sur l’alimen- tation ;, on ne peut poser aucune règle ferme, rigou- reuse, et pratiquement aucune ne peut être strictement suivie. Il est vrai néanmoins que l’homme qui est doué d’un bon jugement, basé sur des principes scienti- fiques qu’il a su acquérir, et qui s’eflorce de mettre ses connaissances en pratique, sera plus sûr du succès que celui qui marche en aveugle. Par dessus toutes choses, la régularité des heures de repas est indispensable, il ne faut pas que les ani- maux s'impatientent. Tous les restes doivent être enlevés. La capacité de consommation de chaque ani- mal doit être parfaitement connue du panseur. Les différentes préparations à faire subir aux aliments doivent avoir pour but de rendre les prin- cipes immédiats plus solubles; mais, dans tous les cas, il faut éviter que la déglutition se fasse trop goulument, les mélanges devront donc toujours être faits de manière à assurer une parfaite mastication et, partant, une bonne insalivation. Le matin, avant le premier repas, on peut admettre que l’estomac est — 199 — vide et que l’appétit est plus vif, aussi peut-on distri- buer de la paille hachée arrosée avec de la mélasse diluée, de la soupe de lin, à laquelle on ajoute la ration de farine, après avoir laissé macérer le tout pendant la nuit. On distribue ensuite les racines, puis le foin qui, bien mastiqué, entraînera avec lui un nouvel apport de salive dans l'estomac. C’est pendant ce premier repas qu'on fera le pausage, les portes seront ensuite fermées et les animaux seront laissés sans être dérangés jusqu’au prochain repas. Nous dirons un mot sur quelques aliments concen- trés qui conviennent pour l’engraissement. La graine de lin n’est pas assez appréciée en France, c’est cepen- dant ce qu’on pourrait appeler l'ancre de salut du nourrisseur, C’est un aliment indispensable que les éleveurset les nourrisseurs devraient mieux connaître. Pour la faire consommer, 1l est nécessaire qu’elle soit bouillie ou moulue, car, à l’état naturel, un grand nombre de grains traversent le tube digestif sans avoir été digérés. À cause de ses propriétés laxatives, on doit l’employer avec modération et mélangée avec des fourrages secs. Pour la faire moudre, il est bon d'y ajouter de la paille hachée ou des balles, afin d'éviter l’engorgement des meules ; ces substances, en absor- bant une partie de l'huile, acquièrent ainsi une plus grande valeur alimentaire. [1 ne faut pas abuser de la graine bouillie, car elle provoque surtout sur les ani- maux jeunes un développement exagéré de l’abdo- men. Avant de faire bouillir la graine de lin, il est sage de la laisser tremper quelques heures dans l’eau froide ; pendant l’ébullition il faut la surveiller, afin d'empêcher qu’elle se prenne au fond du récipient ; le meilleur moyen d'éviter cetinconvénient, c’est de jeter la graine dans l’eau bouillante, de la laisser sur le feu pendant vingt-cinq minutes en ayant soin de remuer — 200 — de temps en temps. La farine de lin employée concur- remment avec la farine de fèves, de pois, d'orge, le tourteau de coton, constitue un mélange très sain et très nutritif ; elle est surtout très utile dans la dernière période de l’engraissement des bovidés ; mais elle doit être exclu: pour l’engraissement du porc, ainsi que tous les tourteaux, exception faite pour le tourteau d’arachide et de coco; ce dernier convient parfaitement. Le tourteau de lin, le plus populaire de tous, est plus économique que la graine et la farine ; il est beaucoup moins laxatif, convient aux animaux de tout âge, étant également apte à forcer la croissance des jeunes qu’à pousser à la formation de la viarde et de la graisse. Etant très riche en matières albuminoïdes, il peut être mélangé avec d’autres fourrages moins azotés, tel que le maïs ; il s'allie très bien avec le tourteau de coton dont il corrige les propriétés astringentes. Il y a deux sortes de tourleau de coton : le tourteau décortiqué, originaire d’Amérique,et le tourteau de coton non décortiqué, qui nous vient d'Egypte ; le pre- mier est sans Conteste bien supérieur au second, il est composé exclusivement de l’amande de la graine de coton, est très riche en principes albuminoïdes ; mais aucune des deux variétés ne convient pour les très jeunes animaux parce qu’elles ne sont pas d’une assez facile digestion, tandis que pour les adultes le tourteau d'Amérique est presque l’équivalent du tourteau de lin pour l’engraissement, quoique cependant nous consi- dérons que ce dernier conserve encore une supériorité marquée. Le tourteau de coton non décortiqué est généralement très grossier, la grande quantité de coques qu’il con- tient est dangereuse pour le bétail qui le consomme si on n’en surveille pas l'emploi ; en s’accumulant dans l'estomac, elles peuvent occasionner des inflammations — 201 — graves ; il contient 50 /, de moins de matières azotées que celui provenant de graines décortiquées et plus du double de matières hydro-carbonées. Ces tourteaux doivent toujours être servis dans un très grand état de division, à cause de leur dureté, et même autant que possible il faudrait, ainsi divisés, les laisser exposés à l’air pendant deux ou trois jours avant de les faire consommer ; ils s’imprégneraient d'humidité, se ra- molliraient et seraient d’une plus facile digestion, à moins qu’on ne préférat les faire tremper. Tout tour- teau de coton est un excellent préventif contre la diarrhée, c’est une nourriture astringente qui convient pour être mélangée avec des aliments laxatifs. Cepen- dant on ne devra jamais les faire consommer par les jeunes veaux, même lorsqu'ils auront la diarrhée, car ils pourraient causer des inflammations suraiguës gé- néralement suivies de mort. Malgré que, par sa composition, le tourteau de colza puisse êlre considéré comme un aliment d’une grande valeur, il n’est guère prudent de l’employer, il contient une huile particulière fort dangereuse qu'il est difficile d'extraire complètement. Du reste beaucoup d'animaux ne l’acceptent qu'avec difficulté à cause de sa saveur amère. Il doit être consommé presque immédiatement après la fabrication, car il n’est pas d’une longue con- servation. Il convient mieux aux animaux adultes qu'aux jeunes, auxquels on doit le donner avec modé- ration et de préférence mélangé avec d’autres aliments. Quoiqu'il ne soit jamais très savoureux, on peut l’amé- liorer en l’ébouillantant, ce qui rend son emploi moins dangereux. Le meilleur moyen d’encourager les ani- maux à le manger, c’est de le mélanger avec de la paille hachée en augmentant graduellement la dose jusqu’à ce qu’on soit arrivé à la quantité voulue. Le tourteau d’arachides est de tous celui auquel nous donnons la préférence après le tourteau de lin ; sa grande digestibilité, sa saveur agréable, sa richesse en acide phosphorique en font un aliment de premier ordre. Le tourteau de coco ou cophra, riche en matières grasses qui rancissent rapidement et lui donnent une saveur âcre,est d’une valeur sur le marché qui ne cor- respond pas avec sa teneur en principes albuminoïdes. Le tourteau de noix aujourd’hui presque disparu est d’une conservation difficile, les tourteaux de maïs et de soleil qu’on trouve encore dans le commerce doivent être appréciés d’après leur teneur en matières azotées, il faut les acheter avec garantie d'analyse. L'emploi des grains, des céréales peut quelquefois être rendu avantageux par les bas prix du marché ; les grains avariés, les queues, ne sauraient trouver un meilleur emploi. Le froment que nous avons rejeté comme aliment de travail est à sa place pour la pro- duction de la viande. 88 gr. 703 de gluten sontnécessaires pour la production de la matière azotée animale corres- pondant à un kilogramme d'augmentation de poids vi- vant;sinous admettons qu’en moyenne le fromentcon- tient 11,3 °/, de matières protéiques digestibles, 1,6 de matières grasses et 64,9 de matières hydro-carbonées, il en faudra en chiffres ronds 785 gr., pour une aug- mentation de poids de 1 kilogramme,qui donneront en même temps 410 gr. 949 de matière grasse, ou l’équiva- lent ; il n'en manquera donc plus que 251 gr. 051 qui devront être fournis par la ration de dépense indivi- duelle, calculée comme nous l’avons indiqué ; la ration de froment ne reviendrait done qu'à 0 fr. 24 ou 0 fr. 25. Ce grain d’une mastication diflicile @oit être écrasé ou moulu et mélangé avec les racines et les fourrages hachés. La cuisson n'offre aucun avantage. Les fèves, les pois riches en protéine et donnant de = 003 la viande de première qualité s’allient parfaitement avec le maïs plus riche en matières hydro-carbonées. Comme condiment, le sel de cuisine sera dosé avec modération, car pris en trop grande quantité il con- trarie l’assimilation des matières azotées et augmente l’excrétion de l'urée ; 25 à 30 grammes par jour sont suffisants pour les grands animaux, et À à 2 grammes pour le mouton. Lorsque les animaux soumis à l’engraissement ont l’appareil digestif fatigué, on se trouve bien de leur faire prendre 16 grammes de poudre de gentiane avec Î gramme de poudre de noix vomique ; ce mélange constitue le meilleur excitant de l’appétit. Nous ne voyons pas la nécessité de passer en revue les autres substances alimentaires dont l'emploi est surtout réglé par les mercuriales. Dans la première partie nous avons résumé tout ce qui concerne les différentes catégories. XI Production du lait. La production du lait prend chaque jour une plus grande importance. L’insuffisance des données que nous possédons pour régler une ration économique se fait de plus en plus sentir. Nous n’avons pas la préten- tion de dire le dernier mot sur ce sujet, mais nous avons la ferme conviction que le terrain sur lequel nous nous sommes placé est de nature à appeler l'attention des physiologistes. Le lait est une humeur excrémentitielle sécrétée par la mamelle, le mécanisme de cette sécrétion est encore inconnu ; quelle que soit la théorie à laquelle on s’ar- rèête, le résultat final est toujours le même, production — 204 — de trois substances essentielles : la matière grasse, la matière azotée ou caséine et le sucre. Ce sont là les seuls éléments que nous ayons à considérer. Il est pro- bable, disent certains auteurs, et pour nous il est cer- tain que les matériaux qui composent la matière grasse sont produits de toutes pièces et non extraits du sang, quoiqu’on puisse rencontrer dans cette humeur quelques-uns d’entre eux. L'origine des principes du lait a élé et est encore souvent discutée ; les expé- riences de Sübottin, de Kimmerick, de Playfair,etc., ne suffisent pas pour démontrer que la matière grasse provient exclusivement du dédoublement, du méta- bolisme de la matière azotée, soit que cetie matière azotée soit empruntée à l’organisme, soit qu’elle pro- vienne directement des aliments. Tout le sucre du lait non plus ne vient pas des hydrates de carbone. La caséine présente la composition élémentaire et les propriétés générales des albuminoïdes ; elle ne peut provenir que des matières protéiques des fourrages. Pour quelques-uns le lait contiendrait aussi des quan- tités peu importantes d’albuminoïdes autres que la caséine, pour d’autres la caséine serait sans mélange et serait un individu chimique parfaitement défini. La lacto-protéïne ou caséine n’est pas une espèce chi- mique définie, et n’est pas non plus caractéristique du lait ; c’est plutôt une sorte de caséine soluble, comme du reste l’a démontré Duclaux. La composition centésimale du lait est extrêmement variable ; les analyses de Boussingault et Lebel, de Lyon et Playfair, de Filhol et Joly, de Poggiale, de Chevalier et Henry de Gorup-Besannez, etc., donnent toutes des résultats différents. Chez un même animal, à des intervalles assez rapprochés, on obtient du lait pré- sentant des écarts brusques et même assez importants. Il arrive même que sans cause apparente il y a subite- — 205 — ment un abaissement dans les proportions de matières grasses, qui peut se maintenir pendant quelque temps et faire croire à une addition d’eau. Aussi nous disons que pour bien apprécier un lait, pour être sûr du juge- ment à porter, il faut que l'échantillon soit prélevé au moment de la traite, c’est-à-dire sur la vache elle- même. Les fraudes sont fréquentes, beaucoup trop ; mais combien de laitiers ont élé poursuivis et con- damnés indûment! Notre législation est incomplète sur ce point parce qu'elle ne précise pas, qu’elle ne donne pas l’étalon d’un lait marchand. Il est des laits qui, sans adultération aucune, ne conviennent pas pour la consommation et, à défaut de conventions légales, toute poursuite devient injuste dans ce cas, lorsqu'il n’a pas été établi de comparaison entre le lait suspect et celui pris directement à la vache. La proportion de caséine peut varier de 3 à 5,75 9), celle du beurre de 2,75 à 5,10 0/,, celle du sucre de 3 à 6°/,. Ces variations sont autant dues aux aptitudes individuelles du sujet qu'aux conditions extérieures, lorsque les animaux sont à l’état de santé parfaite. Fleischman, qui a analysé deux cents échantillons de lait de vaches de races différentes, donne la composi- tion moyenne suivante : eau 87,85 °/,, graisse 3,60, caséine et albumine 3,60 2/0, sucre de lait 4,6 °/o. Au- tant d'animaux, autant de laits différents ; une même vache jerseyaise, du 9 avril 1897 au 26 du même mois donna du lait dont la teneur en matière grasse oscilla entre 5,79 /, et 5, toutes conditions restant les mêmes, le sucre de lait varia de 5,55 et 5,22, la caséine alla de 3,41 à 3,61. Du 19 avril 1897 au 5 juillet, le plus grand écart fut pour le sucre de lait de 5,01 le 3 juillet, pour 5,55 le 21 avril ; la matière grasse Lomba à 4,82 le 29 juin et de 6,24 Le fe mai retomba le lendemain à 4,61. Le minimum de caséine, 3,47 °/,, fut obtenu le 21 avril — 206— et le maximum, 4,31,le 30 juin alors que le 28 le ren- dement n’était que de 4,01 °/. Les variations sont donc fréquentes et soumises à des causes jusqu'ici inconnues. La vache jaitière est une machine à transformation et comme toute machine industrielle, les produits qu’elle fabrique sont en raison du perfectionnement de cette machine, toutes choses étant égales d’ailleurs. De là, la nécessité de faire une sélection dans le troupeau laitier pour ne conserver que des sujets à hauts rende- ments, ne présentant que le minimum de variations dans leurs manifestations industrielles. On a très souvent attribué une importance capitale à la nature de l’alimentation, confondant ainsi les ali- ments proprement dits avec la ratiou consommée. Il est évident que, si à une bonne machine, à une machine irréprochable on ne donne que des matières premières de qualité inférieure ou une quantité insuffisante de ces matières, seraient-elles de qualité extra, on n'aura jamais les rendements maximum dont cetle machine est capable. La machine ne crée rien : par l’équilibre parfait de ses différents organes elle est à même de tirer le meilleur parti possible des matériaux qu’elle doit transformer ; mais elle n’exerce aucune action directe sur ces matériaux. Il en est de même des vaches laitières qui tiennent leur puissance économique de leur valeur spécifique individuelle et si dans la pra- tique, comme dans certaines expériences, il semble qu'on soit arrivé à mettre en relief la supériorité de tel aliment sur tel ou tel autre, cela tient à ce que la ration avec laquelle on établissait la comparaison était insuf- fisante quant à sa teneur en principes immédiats, ou qu’elle était mal équilibrée. Mais lorsqu'on conserve à la ration sa même valeur alimentaire, c'est-à-dire son même rendement en glycose, tout en maintenant les matières azotées à un niveau correspondant au maxi- — 207 — mum de Caséine qui peut être obtenu, aucun change- ment ne survient dans les proportions des principes constituants du lait, pour une même période de la lac- tation. Nous avons reconnu que les matières grasses des aliments étaient directement assimilables ; mais elles n’ont aucune influence sur la proportion de matière grasse contenue dans le lait. Une ration bien balancée, d’après les principes déjà posés, ne contenant pas de malière grasse, donnera les mêmes résultats qu’une autre qui en contiendra. En un mot, tous les principes immédiats des fourrages contribuent à la production de la matière grasse du lait et à celle des hydrates de carbone ; aucun ne jouit de facultés spéciales, spécifi- ques. Nous aurons à nous occuper plus tard de la qua- lité des produits. De ce qui précède on peut se rendre compte des dif- ficultés qu’on à à surmonter pour faire un bon rationnement pour la production du lait. Il serait in- dispensable de connaître exactement la capacité lai- tière et beurrière de chaque sujet, et chacun d’eux devrait recevoir la ration qui lui convient. Ce serait là un moyen peu pratique dans un troupeau. Il suffit de connaître le rendement moyen de tout le troupeau pour régler une ration convenable, ce qu’on perd d’un côté on le gagne de l’autre. Nous avons vu que pour l’engraissement les produits du dédoublement des albuminoïdes se reconstituent immédiatement pour former les principes azotés du corps de l'animal ; il ne saurait y avoir d’exceplion à cette règle, la caséine est le résultat de la synthèse des produits cristallisables résultant du métabolisme de la substance protéique. (Voir pages 163 et 164.) — 208 — 9 CHAZO?2 — 1179} CHEN ZO0: 181 CHA ZO?2 89! 2 CHSTAZ'O"! caséine — 1582 3 C’H°AZO: 150\ 24 1/2 H°0 LE CH'AZ* 58]6 CO: 264 C‘H'A7Z0’ 133 | C’H° 26 : 5 ER C‘H°AZO de 2313 23 1/20 376 2313 | Nous pouvons donc écrire : LHC AZ OM SNS 311/2COAZ*H* 1890 5 C'2H20%2A7Z#S — 8060| 2 CH:°:0° 1696, + 53 1/2 H:20 963 | CH '°:0° STARS + 96, O 162 C'?H%0" 720 g3g| 1 1/2 CO* 1836 5 SO'H: 490 | 9439 Nous savons, d’après un théorème de therimo- chimie, que, lorsqu'un principe se dédouble en deux autres substances ou un plus grand nombre, la cha- leur dégagée ou absorbée est égale à la différence entre la chaleur de formation des produits et celle du prin- cipe initial. La chaleur totale de formation des produits résultant du dédoublement de la matière albuminoïde est de 10633,9995 calories ; la chaleur de formation de cinq molécules de fibrine végétale n’est que de 7818,2 ca- lories. Nous n'avons pas ici, comme pour la formation de la viande, à tenir compte de la chaleur de formation des principes immédiats des fourrages ; la chaleur de Cie) formation des différents principes protéiques est telle- ment voisine de celle de la caséine qu'elle est négli- geable dans la pratique. La chaleur de formation des matières grasses, quelles qu’elles soient, est pour ainsi dire constante, on peut donc tirer de l'équation ci-contre que Î gramme d’albumine donne 0 gr. 32 de matière grasse du lait et 0,0893 de sucre. Pour que le dédoublement de la matière protéique puisse se faire dans de bonnes conditions, il est néces- saire que la ration contienne un minimum de 0 gr. 1194 d’eau par gramme de matière protéique de cette ration, Les laits riches en lacto-protéine, c’est-à-dire en caséine soluble, proviennent d’une alimentation trop aqueuse. Cela n’a d'importance que pour la fabrication des fromages ; car un excès d’eau semble être sans influence sur le rendement total de la matière grasse, eu égard aux aptitudes individuelles du sujet. Il ne faut pas trop compter sur l’eau des boissons, et lorsqu'on fera consommer des grains ou des farines, il sera d’une bonne pratique de les saturer d’eau par un trempage préalable. L’équation fait ressortir un fait qui, jusqu'ici, semble être resté inaperçu, ou du moins auquel on n’avait pas prêté une attention suffisante. Lorsqu'on veut établir une ration pour la production du lait, on se reporte actuellement aux normes des Allemands ; on ne voit que les produits à obtenir, sans se préoccuper du travail nécessaire pour manufacturer ces produits. La mamelle est une sorte d'usine annexe qui fonctionne par intermittence et qui, pendant la période de travail, consomme une somme d'énergie considérable. Du reste, il n’est pas douteux que le travail des glandes com- porte la production locale d’un excès de chaleur lié à un excès corrélatif des combustions. Si donc on ne tient compte que des principes immédiats qui doivent — 210 — être contenus dans le lait par rapport à ceux contenus dans les fourrages consommés, on commet une erreur en moins préjudiciable à l’entreprise et à la santé, ou tout au moins à l’avenir des animaux. On peut bien obtenir un rendement en matières grasses relativement élevé eu égard aux aliments consommés, mais c’est au détriment de l’état général de l'animal. C’est ainsi qu'on dit, lorsqu'une laitière est fatiguée par la lac- tation, qu’elle s’en va toute en lait. C’est là une expression vulgaire qui signifie réellement que, les matières énergitiques consommées étant insuffisantes, l'animal emprunte à ses propres réserves l’énergie qu’il ne trouve pas dans les aliments venant de l’extérieur. Ce serait done à tort aussi qu’on ferait reposer le rationnement d’une vache laitière exclusivement sur le coefficient oxygéné normal. Nous avons cherché longtemps, et nous avons éprouvé les plus grandes difficultés pour évaluer la somme d'énergie con- sommée par la mamelle en activité. Au point de vue pratique, ilétait indispensable d'établir une relation avec un des éléments du lait facile à mesurer ; nous avons donc pris la matière grasse pour terme de comparaison, et encore cette relation ne saurait être stable. On peut être trompé par les aptitudes individuelles, car le rapport des matières grasses provenant des matières protéiques à celui de celles provenant des matières hydro-carbonées n’est pas constant ; il est des sujets qui travaillent une plus grande. somme de matières ternaires que d’autres, tout en extrayant, si on peut s'exprimer ainsi, toute la matière grasse que peut donner la protéine. On peut cependant évaluer de 14 calories 769% à 18 calories 8714 la somme d’énergie dépensée pour la production de un gramme de ma- tière grasse, ce qui se traduit par une consommation de plus de 3 litres 076 à 3 litres 93 d’O ; le coefficient — 211 — moyen, 3,79, répond à la majorité des cas, et c’est celui auquel nous nous sommes arrêté. Pour l'intelligence de l'analyse que nous allons faire de quelques rations, il est nécessaire de rappeler que le coeflicient moyen d’oxygène est, pour les bovins, de 5 litres 28 ; que O0 lit. 746 d’oxygène sont nécessaires pour brüler un gramme de glycose, et que 1 kilo- gramme de glycose ne donne que 30/, de matière grasse. Si les bases que nous posons sont exactes, elles doivent être applicables à toutes les rations bien com- prises, et qui ont été établies en vue d’une expérience où les analyses ont été régulièrement faites. Nous prendrons nos exemples dans les rations qui ont servi à MM. Jenter et Fuller, de la station de Geneva (E. U.), pour essayer de déterminer l’origine des matières grasses du lait. Tous les rendements sont donnés en grammes, seuls les poids des animaux sont indiqués en livres de 453 gr. 6. 1° Vache jerseyaise, résultat des analyses du 19 au 26 avril 1897 : Recelles. Protéine totale : 5397,84. Hydrates de carbone : 34577,928. Matières grasses : 1397,088. Poids initial : 393 kil. 7248. Poids final : 389 kilogr. 188. Consommation d'oxygène : 14552,069. tendement total de la ration en glycose : 39420,5835. Production et dépenses. m. g. 3046,3 dont 1727,3 de la protéine 1319,0 des hydrates decarbone = 3564,85 glycose, Sucre 3251,453 dont 482,027 de la protéine et 2769,426 des hydrates de carbone= 2796,426 glycose. A reporter...., 6361,276 glycose, _ = RODONRERREREE 6361,276 glycose. Consommation normale .............. 19506,79 glycose. Energie.consommée...:..... PRES 15313,17 glycose. Total Eee 41181,236 Il y à donc dans la ration un déficit de 1,760 gr. 4165 de glycose, équivalant à 651 gr. 3541 de m. g. qui ont dû être pris dans l'organisme et qui représentent, d’après le rendement en glycose, 1,096 gr. 981 d’éner- gitique qui auraient suffi. Ce qui explique la dimi- nution de poids. 2° La même vache, du 3 mai au 11 mai 1897 : Consommation. Protéine : 5152,896. MNA : 40061,952. m. g. : 181,44. Poids initial : 393 kilogr. 271. Poids final : 394kilogr. 632. Consommation en O0 : 16611,768. Rendement en glycose : 43358,7161. Dépenses et production. Consommation individuelle .......... 22265,314 glycose. m.g. 2076,7 dont 1648,927 de la protéine et 1027,773 des hydrates de car- DOTE SOLE SEE 2711,164 glycose. Sucre 459,153 de la protéine et 2401,094 du glycose 2401,094 2860,247 Enercie consommées Term eee 13440,35 TOtAILEE- 2 Men Re 40884,582 — 213 — La ration contient donc 2,474 gr. 341 de glycose de plus qu’il n’en serait nécessaire pour la production du lait. Si les bases que nous posons sont exactes. il faut que notre théorie de la formation de la viande trouve ici son application. Pendant cette période, l'animal a augmenté de 1 kilogr. 361 ; d’après le tableau d’ac- croissement à l’engraissement, il y aurait eu fixation de 10% gr. 797 de matière azotée animale, qui ont nécessité 123 gr. 995 de protéine végétale, il ne reste donc plus pour la production du lait que 5028,901 de matières azotées, qui donneront 1609,248 de m. g. du lait et 1067,452 proviendront des hydrates de car- bone ou de 2,885 gr. de glycose. La protéine ne donnera plus que 449,080! de sucre, la différence, 2%11,166, sera due à un poids égal de glycose. Mais l’augmen- tation de poids a eu pour conséquence la fixation de 900,982 de graisse, dont 16,199 viennent de la protéine fixée et 884,783 de 2391 de glycose. La consommation totale de glycose est donc de 43392,890. IL n’y a plus qu'une différence de 34 gr. 17%. 3° Du 30 janvier au 7 février 190{, une: vache shorthon servit aux mêmes recherches, et nous don- nons cet exemple pour faire comprendre que la durée des observations est quelquefois trop courte pour tirer une conclusion. Recettes. MA : 8161,3. MNA : 53398,2. Mo EE SU Poids : 544 kilogr. 31. O consommé : 20117,6976. Rendement en glycose : 57690,548 Loe Dépenses et production. Glycose. Dépense NOVIQAUelIe PRESSE PRE EPP 26967,4 m.g. 4003,4 dont 2611,616 de la protéine et 41891781 mde MNATOUTEN EE NRRREETEE 9761,97 sucre de lait 5815,3585 dont 728,805 : de la protéine 5086,5535 de MNA ou de...... 5086,5539 Energie consommée..... FD CHR ET Ce 20124,32 29939,8435 Il y a donc entre la consommation totale et le rende- ment des substances non azotées de la ration une différence de 1710,505 de glycose, équivalant à 632 gr. environ de matière grasse qui aurait été fixée. On ne peut guère tabler sur d'aussi faibles augmentations de poids qui ne sont pas toujours sensibles à la bascule. Mais si nous prenons le même animal pendant toute la période du 30 janvier au 16 février, comprenant 17 jours, pendant laquelle il a reçu la même ration, nous avons alors : Recettes. MAM#0828 81 MNA : 1295842. m. 9. : 437,869. Poids initial : 544,3. O consommé : 48,857 litres 2658. Rendement en glycose : 140007,974. — 215 — Production et dépenses. Glycose. Consommation individuelle... .............. 65492,30 m.g. du lait 9388 dont 6343,4 de MA COOL Ode MIN ANOU. 0e 8228,6/ sucre de lait 13389,755 dont 17170,220 de MA COMAO10 590 de MNAMour "1e 11619,535 Energie pour la production du lait........... 47191,68 132532,155 _ Il y a donc 7475,819 de glycose en faveur de la ration qui sont susceptibles de produire 2756 gr. 053 de ma- tière grasse correspondant à une augmentation de poids de 4 kilogr. 178. Cette vache avait augmenté de 1 kilogr. 564% et par conséquent avait fixé 1,035 gr. 368 de matière grasse. Il reste donc 1,730 gr. 685 de ma- tière grasse dont nous ne trouvons pas l'emploi, soit 100 grammes par jour ou 270 grammes de glycose. Cette erreur se trouve bien dans les limites acceptables. 4° Vache jerseyaise, du 30 janvier au 27 février 1901 : Recettes. MA : 22580. MNA : 169247,96. m. g. : 8131,48. Poids initial : 397 kilogr. 70. Consommation d’O : 58796,024. Rendement en glycose : 195032,239. = A6 = Production et dépenses. Glycose. Consommationtindividuele Rene 78949,21 m. g. du lait 13811 dont 1225,6 de MA et 6585,4 de MNA ou....... Fe 17798,37 sucre de lait 15246,926 dont 2016,394 de MA et 413230,532 de MNAou, "+. 13230,532 Energie pour la production du lait........... 69425,26 179403,372 Il y a donc en faveur de la ration une différence de 1562S,867 de glycose, correspondant à 5,782 gr. 680 de matière grasse. Pendant cette période, cette vache augmenta de 18 livres anglaises ou de 8 kil. 1648 ; elle dut donc fixer 5,405 gr. 976 de matière grasse. Il nous reste donc 377 gr. 5S3 de matière grasse de la ration ou l'équivalent en glycose, dont nous n’avons pas l'emploi. Mais l'augmentation de poids correspond à la fixation de 62S,5796 de matière azotée animale qui nécessitent 743,902 de matière azotée végétale, il n’en reste donc plus que 21836,098 pour la production du lait qui donneront 6987,55 de matière grasse au lieu de 7225,6 et 6823,45 dériveront de 18441,76 de glycose. 1949,963 de sucre seront produits par la matière pro- téique de la ration, et 13296,963 par un poids égal de glycose. La dépense totale sera donc de 180113,193, et l'excédent de {18 gr. 771 de matière grasse fixée ou supposée telle. Ce chiffre n'est-il pas dans les limites des erreurs probables et possibles de l'analyse ? Ne peut-il pas aussi être la conséquence des différences d’aplitudes individuelles ? — 217 — Nous admettons que l'augmentation de poids de l’animal est toujours suivi de Ja fixation d’une certaine proportion de matière azotée animale, car l’engraisse- ment adipeux proprement dil n’a lieu que dans les derniers stades de l'opération. Mais admettons que nous n’ayons eu dans tous ces cas que fixation de matière grasse ; dans aucun la matière grasse de la ration n'aurait suffi pour justifier l'augmentation de poids et la consommation en glycose aurait été plus élevée encore, car 1 kilogramme ne donne que 370 de m.g. La répartition de l’utilisation de la matière hydro-carbonée ne serait pas modifiée quand même. Dire que pour 1,000 kilogrammes de poids vivant il faut pour une laitière en activité une somme de prin- cipes azotés et ternaires déterminée à l'avance, c’est nier les aptitudes individuelles et admettre l’unifor- mité dans la composition du liquide sécrété par la mamelle. Jordan et Jenter ont conclu de leurs expé- riences de 1897, expériences confirmées en 1901 avec la collaboration de Fuller, que le lait sécrété tandis que les principes gras étaient extraits de la ration eut la même composition que celui sécrété alors que les animaux recevaient ue ration normale. Il y eut pen- dant quelques jours, disent-ils, une diminution dans la proportion des matières solides du lait, mais, au bout de très peu de temps, le lait devint aussi riche qu'avant. Ils considèrent la protéine des aliments comme ayant seulement des propriétés stimulantes pour les fonctions de la mamelle. Pour nous, les matières grasses du lait dérivent à la fois des matières azotées et des matières hydro-car- bonées. Les premières n’entraîinent aucune modifi- cation dans la composition générale du lait, il y a intérêt pour le nourrisseur à se rendre compte des avantages qu'il peut avoir à donner des rations plus oise ou moins riches en matière azotée, c’est-à-dire à con- naître si le supplément relativement faible de matière grasse contenue dans le lait compensera la plus- value des aliments consommés. Il est incontestable que l’état physiologique, comme l’état de santé du sujet, a une influence sur la qualité et sur la quantité des produits. Une laitière dans le marasme ne sera pas comparable à une autre de même race ayant les mêmes qualités individuelles qui se trouvera en meilleur état ; la condition la meilleure dans laquelle on puisse se placer, c’est d'obtenir un équilibre de nutrition azotée, correspondant à 1 de matière pro- téique pour 6 ou 6,5 de matières hydro-carbonées. C’est dans cette entreprise de la production du lait qu’il faut s’efforcer d’obtenir un équilibre stable de nutrition, sans augmentation ni diminution de poids, surtout pendant la période de grande lactation, à mesure que les rendements diminuent. On pourra, si on le désire, obtenir un équilibre azoté plus élevé afin de préparer l’animal à la vente ; mais, nous le répé- tons, pendant toute la période de la lactation abon- dante, il faut s’eflorcer d’obtenir la constance du poids. Il est difficile, pour ne pas dire impossible, de for- muler une règle pour calculer une ration laitière, les proportions de matières grasses provenant des ma- tières azotées n'étant pas constantes el variant même avec chaque sujet, selon les rations. Le mieux est de vérifier la ration qu’on croit justifiée par l'expérience, en la décomposant comme nous l’avons fait ; après avoir bien dosé la matière grasse du lait, dosage qui devrait être une moyenne de quatre à Cinq jours, on établira approximativement la teneur en sucre en admettant qu’il en existe 5°/, en poids, ou bien en établissant un rapport d’après les moyennes de Fleis- — 219 — 3,6 à chman, ;+ °/o, le numérateur représentant la ma- tière grasse et le dénominateur le sucre. S’il est permis d’avoir une analyse complète de laboratoire, on aura de plus sérieuses garanties et le rationnement ne sera que meilleur. Avec le public, la plupart des chimistes agricoles admettent que le pourcentage de la matière grasse peut être altéré en changeant la ration. Quelques-unes des expériences les plus récentes, notamment celles faites en Connecticut, à la station expérimentale de Stows, de 1892 à 1905, semblent confirmer cette opinion qu’en augmentant la quantité de protéine dans la ration on augmente la quantité de matières grasses du lait. De semblables observations ont été faites dans d’autres stations américaines, et le D' Crowther, de Leeds, a tiré les mêmes conclusions. Mais aucun de ces expérimen- tateurs n’a tenu compte de l’énergie nécessaire pour la production du lait, et les vaches n'avaient pas été préalablement étalonées pour connaître leur capacité beurrière. Une analyse des expériences les plus im- portantes qui ont été faites dans les dix dernières années conduit à cette conclusion : que si les animaux sont bien logés, bien surveillés et ont une ration qui les tient en bonne condition, le passage d’une ration à une autre également convenable n’aura qu’un effet peu marqué ou cet effet ne sera pas permanent. Si au contraire les animaux ont une ration insuflisante, que la somme d'énergie nécessaire ne soit pas assurée, que l’aération soit insuffisante ou même que la nour- riture soit trop aqueuse, il est certain qu’on modifiera la teneur en matière grasse en modifiant la ration et même en modifiant les conditions d'habitation. On est peu fixé sur l’action de certains aliments sur la composition de la matière grasse. Le grain de maïs — 220 — paraît donner un beurre dur peu malléable ; mais, lorsque ce grain est mélangé avec des tourteaux, la quantité d’oléine contenue dans le beurre semble s'élever ; la betterave donnerait un beurre plus mou que les turneps et les rulabagts ; ces deux dernières racines communiquent une saveur spéciale au beurre que la pasteurisation de la crème peut empêcher de se produire. Les vaches au pâturage donnent un beurre plus riche en oléine que lorsqu'elles sont nourries à l’étable. Ce sont là des points encore obscurs qui demandent à mieux être étudiés. De quelques fourrages pour la production du lait. — Existe-t-il des fourrages ou des aliments capables d'augmenter la production du lait ? — Non. Car il ne faut pas confondre les substances alimentaires avec certaines semences chaudes, ou certaines plantes aro- matiques qui jouissent en effet de la propriété d’exciter la sécrétion lactée, dont l’usage ne saurait être pro- longé sans inconvénient pour la santé des animaux. C’est la ration, toutes choses étant égales d’ailleurs, qui est le pivot de l’entreprise. Il est des fourrages qui, par leur composition et leurs propriétés organolep- tiques, rendent la ration plus profitable et font que les résultats économiques sont meilleurs. L'analyse que nous avons faite de quelques rations permet d'observer que le coefficient oxygéné se trouve presque doublé par la dépense d'énergie nécessaire pour la production des principes du lait. On peut s'expliquer ainsi l’importance qu’il y a à observer les règles d'hygiène dictées par l'observation journalière, et dans l'espèce on pourrait presque considérer lair ambiant comme un complément nécessaire et indis- pensable de la ration. Les étables doivent donc être oi largement aérées et tenues à une température con- venable par une ventilation bien conduite et au besoin par des arrosages copieux en été. C’est là une des conditions essentielles pour que la ration produise tout son effet. Si une ration établie d’après les règles posées, quelle que soit la nature des fourrages qui la composent, n’a aucune influence sur la composition du lait, il n’en est pas de même quant à la qualité. Il est des aliments dont la saveur fait presque immé- diatement sentir ses effets, cela parce que la mamelle est une glande excrémentilielle qui, lorsqu'elle fonc- tionne, rejette au dehors les produits inutiles pour l’organisme, soit qu'ils proviennent de l’extérieur, soit qu'ils aient pris naissance pendant l’accomplissement de diverses fonctions. C’est du reste sur cette pro- priété que repose la production des laits médicamen- teux, question qui n’est pas de notre domaine. Une alimentation qui conviendra pour la production du lait de consommation peut être insuffisante pour la production du beurre ; dans le premier cas c’est la quantité de liquide qu’on recherche avec un minimum de richesse compatible avec les règlements qui gèrent la matière, dans le second la richesse doit ou devrait être portée au maximum. Les matières grasses qui composent le beurre dii- férent les unes des autres par leur point de fusion ; la proportion de chacune peut être influencée par la pature de l'alimentation. De là une plus ou moins grande facilité de baratage et la différence qui existe entre la qualité du beurre de même provenance aux différentes saisons. L’apparence et la saveur du lait sont aussi influencées par certains fourrages trop aqueux. Personne ne se soucie d’acheter un lait pâle bleuâtre ayant une saveur amère ou rappelant celle des choux. Le foin est trop souvent considéré par le nourrisseur ou le fermier comme une entité et par conséquent comme ayant toujours la même composition et les mêmes propriétés organoleptiques. [I y a foin et foin, comme il y a lait et lait ; deux foins de couleur mar- chande exempts de moisissures peuvent diflérer sen- siblement si on les considère comme devant entrer dans la ration d’une vache laitière. Il est vrai cependant que l'influence de ce fourrage sur la qualité du lait est bien moins marquée que celle qu’exercent certaines plantes de la famille des crucifères. Les espèces qui composent le foin ne jouissent pas toutes des mêmes propriétés : les unes sent astrin- gentes, d’autres sont laxatives, d’autres sont dures et insipides, il en est enfin qui sont molles ou appétis- santes. La qualité du foin doit être appréciée autant par les caractères des plantes qui le composent que par le traitement qu'il a subi au moment de sa pré- paration. S'il a été bien traité, le foin où domine la fléole des prés, le vulpin des prés, le ray-grass, la flowe odorante, le fromental, assaisonné de quelques pissenlits et mélangé de plantes légumineuses, peut être considéré comme étant des meilleurs pour la pro- duction du lait. Celui qui, au contraire, contient beau- coup de crételle, de dactyle, d'avoine tubéreuse est généralement peu nutritil comme tous les foins com- posés d'espèces à maturité tardive, ce qui indique qu’ils ont été coupés alors que les meilleures espèces avaient passé fleur. La température à laquelle le foin a été porté dans la meule pendant la fermentation donne quelquefois du foin aigre ; un changement soudain d’un lot d’un bon foin à lait à une meule fermentée peut causer des troubles intestinaux, l’effet se fait sentir le lendemain par un abaissement dans le rendement. Généralement le volume de la ration est obtenu avec du foin seul, quelquefois aussi avec un mélange de foin et de paille entière ou hachée ; ce mélange est de rigueur dans les proportions de 2 de foin pour 1 de paille lorsqu'on fait consommer du foin de légumi- neuses, les raisons en ont été déjà données. L'attention doit aussi se porter sur la paille, qui doit être exempte de moisissures et d'odeur. Nous ne savons trop pour- quoi, dans certains milieux, il existe un préjugé contre - la paille d'avoine ; c’est certainement une des meil- leures, sinon la meilleure, elle est très fourragère, propriété qu’elle doit à ce que habituellement elle est coupée avant la complète maturilé de la plante. Les uns lui attribuent les cas d’avortement, d’autres lui reprochent sans raison de faire perdre le lait. Est-ce bien la paille qui est responsable ou son état de con- servation ? Dans les années de disette on a tout intérêt à trouver des substituants du foin. C’est là chose fort difficiie, un bon foin ne se remplace jamais. Il est cependant possible de faire entrer la paille dans la ration, en se rappelant toutefois que O’Kellner a démontré qu'elle ne fournissait rien à l’organisme et que c'était à peine si elle se suffisait à elle-même pour les travaux que com- porte sa digestion. Elle n’est plus alors qu’un aliment de lest, et, afin de la randre plus utile, il faut avoir le soin de la hacher et de la faire macérer avec un peu d’eau alcaline ou acidulée avec un filet d'acide chlo- rhydrique pour la rendre plus digestible. On peut aussi la mélanger avec des farineux ; un bon mélange consiste pour 5 kilogr. de paille à verser dessus 10 à 12 grammes de graine de lin bien bouillie, 2 litres de farine d'avoine ou 1 litre de farine de fèves, 500 gr. de tourteau de lin ; on sale, on brasse bien le tout eton laisse macérer le soir pour le matin, le matin pour le Op soir. Les balles sont aussi nourrissantes que le foin, c'est à tort que souvent on les brüie ou qu’on les laisse perdre. On peut aussi arroser la paille avec de l’eau mélassée ; mais aujourd’hui on trouve dans le commerce, sous des noms différents, des substances fourragères bien préparées qui ont peut-être le tort d’être encore d’un prix un peu élevé. Nous n’accordons aucune propriété spéciale au sucre, mais par sa digestion facile, par la rapidité relative avec laquelle il passe à l’état de glycose par simple hydratation, il devient immédiate- ment une source de production de matière grasse et d'énergie nécessaire pour son élaboration qu’on à pu croire un moment qu'il agissait par lui-même, alors qu’en réalité son action n’est due qu’à la forme assi- milable sous laquelle il se présente. Le Dr O’Kellner a démontré, à la station de Mockern, que la pulpe de paille, préparée par les fabricants de papier, était presque aussi digestible que la mélasse ; il y a là une ressource nouvelle qui, additionnée d'’ali- ments concentrés, pourra être utilisée dans les années de disette pour assurer le volume de la ration. L’amidon ayant le coefficient 100, la mélasse a 97 et la pulpe de paille 96. Parmi les aliments aqueux, les navets et les choux sont discrédités à cause de la saveur particulière qu’ils communiquent au lait. Leur effet n’est cependant pas constant, il est des moments où ils sont consommés sans qu'on puisse retrouver le moindre indice à la dégustation du lait ; il semble qu’une cause encore indéterminée exerce une certaine influence. Un moyen simple et facile d'éviter que le lait prenne un goût de chou ou de rave, c'est de faire consommer ces four- rages immédiatement après la traite. La pasteurisation de la crème suffit pour rendre le beurre indemne. Les — 225 — choux fourragers seraient avantageusement remplacés par le chou de Milan à grosses côtes, qui résiste très bien au froid et qui, si on a la précaution d’enlever les feuilles extérieures, n’a aucune action sur la qualité du lait. Les betteraves sont, avec les carottes, les meilleures racines pour la production du lait ; toutes les qualités alimentaires des premières n'apparaissent que lorsque la consommation est à peu près terminée, Il faudrait, pour en tirer tout le profit, pouvoir les conserver jusque vers le {1° avril, alors elles sont arrivées à l’état de maturité complète, sont débarrassées de leurs ni- trates et sont plus riches que jamais en albuminoïdes, tandis qu’une partie de l’amidon s’est transformée en sucre. Les carottes, principalement les variétés blanches, sont supérieures à toutes les racines pour la production du beurre : elles produisent une crème d’un baratage facile; d’après certains beurriers étran- gers, le rendement obtenu en beurre serait de 10 0/, supérieur à celui qu’on peut obtenir avec toute autre racine. Parmi les fourrages verts, nous recommandons les pois fourragers, beaucoup trop négligés et qui cepen- dant offrent de grandes ressources et donnent de la qualité au lait et au beurre ; on peut même les trans- former en foin. Les drèches peuvent étre comprises parmi les ali- ments aqueux et conviennent surtout pour la pro- duction du lait destiné à la consommation. On jleur reproche de produire un lait pauvre ayant une ten- dance à passer au bleu. C’est là une question de doses, et elles devraient toujours être mélangées avec des aliments concentrés tels que tourteaux d’arachides, de sésame ou farine de fèves ou de pois; la dose ne doit jamais dépasser 10 à 15 kilogrammes PEAR 2] — 226 — selon la taille de la vache, et leur consommation ne doit être commencée qu’un mois après le vêlage. ALIMENTS CONCENTRÉS. — Parmi les aliments con- centrés qui conviennent pour la production du lait, nous rappellerons les pois, les fèves, réduits en farine, la farine de maïs ; tous ces aliments contribuent à donner de la fermeté au beurre et doivent être servis saturés d’eau, soit qu'on les fasse macérer avec des racines coupées ou mieux écrasées, soit qu'on les laisse tremper pendant une heure ou deux. Les tour- teaux d’arachides et de sésame sont ceux auxquels on doit donner la préférence, surtout si on vise à la qua-. lité des produits ; le tourteau de coco ou cophra, qui absorbe une quantité d’eau égale à son propre poids, donne un beurre mou ; on retrouve dans le lait, après quelques jours de consommation, une saveur parti- culière qui n’est pas désagréable, mais qui cependant pe convient pas à tous. Le tourteau de coton décortiqué a été beaucoup vanté ; mais, s’il convient comme aliment concentré pour le lait à livrer à la consommation, nous pensons qu’il est bon de s'abstenir pour la production du beurre ; dans le premier cas, il contrebalancera utile- ment les effets des aliments trop laxatifs, son emploi doit même être surveillé afin d'éviter la constipation ; il convient mieux avec le régime vert qu'avec le sec. Le beurre des vaches nourries avec du tourteau de coton donne la réaction de l’huile de coton, il suffit d’une faible quantité pour faire paraître cette réaction ; elle augmente si l’usage du tourteau est prolongé, mais ne dépasse pas une certaine limite et ne croit pas avec la quantité de tourteau ingéré. Les substances réagis- santes passent dans le lait en moins de vingt-quatre heures et se retrouvent pendant plusieurs jours après — 221 — la cessation de l’emploi du tourteau. La réaction varie en intensité suivant les prédispositions de chaque ani- mal. Le beurre provenant des vaches nourries avec le tourteau de coton a une réaction qui se rapporte à celle de la margarine et il est quelquefois impossible de le différencier de celui additionné d'huile de coton. Les tourteaux de lin qui ne sont pas suffisamment épuisés, comme tous les aliments huileux du reste, donnent un beurre mou. Cela est facile à comprendre. Les matières grasses sont des agents inhibiteurs de la digestion, et principalement de l’estomac ; les matières protéiques et les matières hydro-carbonées sont les premières à être digérées, en dernier lieu viennent les matières grasses. Comme il n’y a pas de consommation de luxe, l’animal n’assimile des matières grasses que la somme qui lui est nécessaire pour combler le déficit résultant de l'assimilation des deux premiers prin- cipes immédiats,"et l'excédent de matières grasses, sa- ponifiées, divisées à l'infini sont rejetées au dehors par les émonctoires naturels, une partie avec les excré- ments solides, une partie par l’excrétion mammaire. Ce sont donc les tourteaux les plus épuisés qui doivent avoir la préférence. L’inconvénient ne semble pas aussi grand avec les semences qu'avec les déchets de la fabri- cation ; dans ces derniers, la matière grasse s’y trouve pour ainsi dire à l’état natif, ou tout au moins à l’état d'extraction, tandis que dans les semences elle est alliée avec la matière protéique, qui favorise l’émulsion et la transformation en glycose. C’est la raison pour laquelle la graine de lin donnée modérément n’a pas les inconvénients du tourteau. Nous avons dit un mot sur certains fourrages qui méritaient une mention spéciale, cela ne veut pas dire que nous excluons de l’alimentation des vaches laitières le maïs fourrage par exemple, le son dont les — 228 — qualités alimentaires nous paraissent aujourd’hui con- testables depuis la vulgarisation des cylindres métal- liques. L'observation des praticiens leur a montré quels sont les fourrages de culture courante qui sont les plus avantageux pour le milieu dans lequel ils exploi- tent ; ils devront se rappeler que tout aliment à odeur désagréable, à saveur amère ou piquante peut réper- cuter ses défauts sur les produits du lait. Ilen est de même des eaux de boisson qui doivent être pures, limpides et données à satiété aux animaux laitiers, tout en évitant de trop fortes ingestions à la fois, qui entraineraient des troubles digestifs. L'AIR LIQUIDE ae eee ee ÉSQUISSE DE L'HISTOIRE DE LA LIQUÉFACTION DES GAL BI DE SES APPLICATIONS PRPSLSLSLSPLSS Il y a près d’un siècle, en 1813, un jeune apprenti relieur, Faraday (1), entrait comme aide préparateur au laboratoire de Davy (2). Le grand savant anglais était à l’apogée de sa gloire scientifique. Faraday avait assisté à quelques-unes des conférences de Davy que tout Londres venait alors écouter. Curieux de savoir et séduit par ce maître qui possédait à un rare degré l’art d'enseigner, le jeune ouvrier demanda au savant de le mettre en état de quitter l’industrie pour se consacrer à la science. Ce fut un service de plus que Davy rendit à la science en accueillant favorablement la requête de son jeune auditeur. Au printemps de 1823, en effet, Faraday, après s'être essayé d’ailleurs à plusieurs recherches intéressantes, liquéfiait Le chlore en chauffant de l’hydrate de chlore dans un tube scellé. A la température de 38° environ l’hydrate entra en fusion, le tube contenait alors deux liquides dont l’un d'aspect huileux n’était autre que du chlore liquide. . (1) Farapay, illustre physicien et chimiste anglais, né à Newington-Butts, près de Londres, en 1791, mort à Hamptoncourt, en 1$67. (2) Davy (sir Humphry), chimiste anglais, né à Penzance (Cornouailles), en 1778, mort à Genève (Suisse), en 1829. 16 — 230 — Un häbitué du laboratoire de Davy, le Dr Paris, ayant aperçu le liquide huileux pendant l’essai de Faraday, railla le jeune chimiste du peu de soin qu’il prenait à nettoyer ses appareils. Quand Faraday voulut ouvrir le tube en limant l’extrémité, une explosion se produisit, la matière huiieuse disparut. Le Dr Paris reçut, le len- demain matin, ce petit mot de Faraday : « Cher Mon- sieur, cette huile que vous avez vue hier était décidé- ment du chlore liquide. » Le gaz s'était en effet liquéfié en enceinte close sous sa propre pression. Ce n’était pas la première fois qu’on liquéfiait un gaz. Van Marum (1), vers 1790,en voulant vérifier la loi de Mariotte sur l’ammoniac, liquéfiait ce gaz par le seul effet de la pression. En 1799, Guyton de Morveau (2) obtenait le même gaz ammoniac à l’état liquide par un refroidissement énergique. Par abaissement de tempé- rature égalenient, Monge (3) et Clouet (4) liquéfiaient vers la même époque l’anhydride sulfureux. Cependant, malgré le succès de ces diverses expé- riences, ce n’est qu'avec Faraday que la liquéfaction des gaz est poursuivie pour la première fois avec méthode et d’une manière systématique. Lorsqu'un froid brusque se produit, la vapeur d’eau de l’atmosphère se condense, c’est la cause et l’expli- cation du brouillard. C’est ainsi également qu’une carafe d’eau fraiche se recouvre de buée au sein d’un appartement chaud. L'air de l'appartement contient de (1) Van Maruw, physicien et chimiste, à Harlem (1799). (2) GUuYTON DE MORVEAU, chimiste français, né à Dijon en 1737, mort à Paris en 1816. (3) MoGr, géomètre et physicien français, né à Beaune en 1746, mort à Paris en 1818. (4) CLouer, chinnste français, né à Singly, près Mézières, en 1751, mort en 1801. moe la vapeur d’eau qui se dépose sur les parois plus froides de la carafe. Par contre, sous l’ardeur des rayons solaires la sur- face des mers, des lacs, des cours d’eau est le siège d’une constante évaporation. C’est de là que provient l’humidité de l'air, c’est ainsi que s’alimentent les nuages. Un verre d’eau exposé au soleil durant les chaleurs de l'été a bientôt été mis à sec. En quelques jours, par suite d’une évaporation lente et continue, l’eau s’est vaporisée. En est-il de même de tous les corps’? Nous savons que les vapeurs éloignées des conditions de saturation se comportent comme des gaz. De là l’idée de considé- rer tous les gaz comme des vapeurs de liquides incon- nus qui dans les conditions habituelles de température et de pression se trouvent très éloignées de la satura- tion. Gaz et vapeurs seraient alors deux expressions synonymes : tout gaz devant pouvoir se réduire en un liquide dont il est la vapeur. C’est ainsi que Lavoisier {1) dès la fin du xvur siècle pensait que, si la terre était transportée en des régions de l’espace extrêmement froides, l'air et les gaz les plus subtils se liquéfieraient et pourraient même présenter l'état solide ; par contre, les substances les plus réfrac- taires de notre globe se transformeraient en de subtiles vapeurs, si notre terre se trouvait portée à une tempé- rature excessivement élevée (2). La confirmation que ces prévisions ont reçue de Îla part de l’expérience montre la grande perspicacité de l’illustre chimiste. Toutefois ce n’est qu'au prix d’ef- forts considérables, longtemps stériles, et qu'en dé- ployant la plus grande ingéniosité que les physiciens (4) LAVoISIER, illustre chimiste français, né et mort à Paris (1743-1794) (2) Lavoisier, Œuvres, t. II, p. 267. — 232 — sont parvenus à liquéfier tous les gaz et à vérifier ainsi la justesse des idées de Lavoisier. x L'histoire de la liquéfaction des gaz constitue l’une des plus belles pages des annales de la physique expé- rimentale. | Je vais essayer d’esquisser devant vous, ce soir, dans ses traits principaux les progrès successifs de cette étude des gaz qui vient de nous conduire à une récente et des plus importantes conquêtes : l'air liquide. Nous avons laissé Faraday liquéfiant en 18233 Île chlore par simple pression en tube scellé. C’est par l'application de ce procédé que l’anhydride sulfureux, l’acide sulfhvdrique, l’anhydride carbonique, l’oxyde de chlore, l’oxyde azoteux, le cyanogène, l’ammoniac, l’acide chlorhydrique furent successivement liquéfiés à la même époque par l'élève de Davy. Le tube scellé était courbé en forme de V renversé ; l’une des bran- ches contenait le corps susceptible de dégager le gaz à étudier. Par un échauffement modéré le gaz se dégage et, s'accumulant alors dans la seconde branche du tube, il s’y liquéfie par pression. Dans ce procédé, en définitive, c’est l'accroissement de pression qui produit la liquéfaction, la température de la branche froide du tube ayant été la plupart du temps celle du laboratoire, quelquefois celle de la glace fondante. Désireux d’accroitre encore la liste des gaz liquéfiés, Faraday reprit en 1845 de nouvelles expériences, au cours desquelles il fit subir aux gaz étudiés non seule- ment une pression considérable, mais en même temps un refroidissement énergique. La pression fut portée à 50 atmosphères et exceptionnellement à 118 atmos- — 233 — phères ; on abaïssait la température à — 80° C par un mélange d’anhydride carbonique solide et d’éther, mé- lange préconisé par Thilorier et qui, soumis à une rapide évaporation dans le vide, fournissait la tempé- rature la plus basse qu’on connut alors. Grâce à ces moyens énergiques, Faraday put liqué- fier la plupart des gaz connus à son époque. Seuls, l'hydrogène, l’oxygène, l'azote, le bioxyde d’azote, l’oxyde de carbone et le formène résistèrent à ses efforts et conservèrent l'état gazeux à quelque traite- ment qu’on les soumit. Les contemporains de Faraday et les divers physi- ciens qui, exploitant le champ d'étude qu’il avait ouvert, se livrèrent à la liquéfaction des gaz obtinrent en plus grande quantité les nouveaux liquides trouvés par Faraday, mais ils ne purent accroitre d’un seul terme la liste des gaz liquéfiés par le savant anglais. C’est ainsi que Thilorier (1835) construisit un appa- reil, véritable tube de Faraday, qui permit d'obtenir en grande quantité l’anhydride carbonique liquide. Natterer (1844) obtint des masses notables de pro- toxyde d’azote liquide. Bussy. (1824), puis Drion et Loir, en produisant un froid intense par la rapide évapora- tion d’anhydridesulfureux liquide, obtinrent en grande quantité le chlore liquide, le cyanogène liquide et l’am- moniac liquéfié. Mais, malgré les efforts de Natterer, qui soumit les gaz à des pressions de plus de 3,000 atmosphères, de Berthelot (1), qui, fort ingénieusement, en 1850, enfer- mait le az à liquéfier dans le tube d'un thermomètre à parois très résistantes et, faisant ensuite dilater le mercure par élévation de température, soumettait ainsi, sans danger, le gaz enfermé à d'énormes pres- RL Ne RE (1) BerrHeLor, chimiste français, né et mort à Paris (1827-1907). 2 — sions ; malgré les refroidissements énergiques obtenus par Drion et Loir, qui généralisérent leur mode de pro- duction des froids intenses par évaporation de gaz liqué- fiés de plus en plus difficiles à obtenir, aucun des six gaz (H, O, Az, AzO, CO et CH*) ayant résisté aux efforts de Faraday n’avait pu encore étre liquéfié en 1877. L'insuccès de ces nombreux efforts fit donner pen- dant assez longtemps le nom de gaz permanents aux six corps qu'on était impuissant à réduire en liquide quel que soit le traitement qu'on leur faisait subir. Qu'ils soient soumis, suivant la méthode méme indiquée par Faraday, à un énorme accroissement de pression, à un abaissement considérable de température, ou enfin à une compression et à un refroidissement énergiques combinés, ils n’en demeuraient pas moins gazeux. Devant l’impuissance réitérée de ces trois moyens de liquéfaction : compression, refroidissement, compres- sion et refroidissement combinés, on pouvait se deman- der si la permanence gazeuse n'était pas la manière d étre de certains corps et si les vues de Lavoisier, que jus- qu’alors l’expérience avait semblé confirmer, n'étaient pas inexactes. En 1870, le physicien anglais Andrews (1) entreprit des recherches systématiques dans le but d’étudier la permanence gazeuse. Il se proposa non pas de liquéfier les gaz réputés alors permanents, mais d'indiquer !a voie à suivre pour réaliser leur liquéfaction, si elle (1) ANDREWS, physicien anglais, né à Belfort en 1813, mort en 1886. — 235 — était possible. Persuadé que la permanence gazeuse des six gaz jusqu'alors réfractaires à tout essai de liquéfaction n'était pas une propriété particulière à ces corps, il chercha à rendre permanent l’un des gaz aisément liquéfiables à son époque, afin de pouvoir étudier les conditions de cette permanence. Sa remarquable recherche porta sur le gaz carbo- nique et ses expériences montrèrent qu’un gaz liqué- fiable peut étre rendu permanent. L’'anhydride carbonique à une température supérieure à 31 est un gaz permanent. A quelque pression qu'on le sou- mette alors, on ne peut espérer le liquéfier tant quesa tem- pérature reste supérieure à 319. Généralisant cette observation, Andrews put énoncer la conclusion suivante : IL existe pour tous les gaz une température, la tempéra- ture critique, au-dessus d2 laquelle le gaz ne peut étre observé à l’état liquide quelle que soit sa pression. Cette conclusion indique la voie à suivre pour arri- ver à la liquéfaction des six gaz permanents. Quelque basses qu'aient été en effet les températures auxquelles on 4, jusqu'à Andrews, soumis ces gaz, ces tempéra- tures restaient encore supérieures aux températures critiques de ces gaz permanents et c’est pourquoi les effloris tentés pour les liquéfier par pression à ces basses températures restérent vains. [l faut donc trouver le moyen d’abaisser encore plus la tempé- rature. On ne devait solutionnerle problème qu’autant qu’on saurait abaisser la température de ces gaz au-dessous de leur température critique respective. D’après les efforts infructueux de Drion et Loir, ces températures critiques doivent étre excessivement basses, puisqu'on ne paraissait pas pouvoir les atteindre méme en fai- — 236 — sant évaporer rapidement dans le vide celui qui parmi les gaz alors liquéfiés bout à la plus basse tempé- rature. Il restait donc après les travaux d’Andrews un pas à faire, une difficulté à vaincre. Il fallait découvrir le moyen de produire des températures plus basses encore que toutes celles réalisées jusqu'alors. C'est à M. Cailletet (1) que revient l'honneur d’avoir indiqué ce moyen et, par sa mise en œuvre, d’avoir le premier liquéfié l’un après l’autre les six gaz perma- nents, puis l'air, qui n'est qu'un mélange de deux d’entre eux, l'oxygène et l’azote. — Ce moyen, extrè- mement simple, qui n’est autre que la détente, est devenu aujourd’hui de pratique courante et les physi- ciens doivent à M. Cailletet de pouvoir produire des températures assez basses non seulement pour liqué- fier les gaz réputés permanents, mais même pour soli- difier la plupart des nouveaux fluides obtenus. Le principe sur lequel repose le froid produit par la détente n’est autre qu’un cas particulier de la trans- formation de l’énergie de la forme calorifique à la forme mécanique. Comprimez brusquement un gaz, il s’échauffe ; l’an- cienne et classique expérience du briquet à air prouve ce fait, qui d’ailleurs nous est journellement démontré par la manœuvre de nos pompes de bicyclettes. Par contre, détendez brusquement un gaz comprimé : il se refroidit. Le travail produit par la détente brus- que du gaz trouve sa source dans la disparition d’une certaine quantité de chaleur qui, empruntée au gaz lui-même, en æbaisse la température. Et cet abaisse- ment de température est très notable ; la théorie et le (1) CAILLETET, physicien et industriel français, né à Châtillon-sur-Seine en 1832. un calcul indiquent en effet qu’un gaz pris à 0° et com- primé à 300 atmosphères, détendu brusquement à 10 atmosphères, atteint la température de — 1720. Pour mettre en œuvre la détente, M. Cailletet main- tient le gaz à liquéfier, préalablement comprimé à 300 atmosphères, à la température la plus basse que l'on puisse produire au moyen d’un bain dans lequel plonge le tube qui contient le gaz. Si alors on produit brusque- ment la détente du gaz, une partie du gaz revient à la pression ordinaire en empruntant pour cette transfor- mation à la partie restante de gaz assez de chaleur pour que cette partie restante se trouve refroidie à une tem- pérature inférieure à sa température critique. L’abais- sement considérable de température produit par la détente brusque suffit ainsi à amener à l’état liquide une partie du gaz comprimé. C'est ainsi qu’en 1877 M. Cailletet produisit la liqué- faction des six gaz permanents et de l’air atmosphé- rique sous forme de brouillards très apparents se pro- duisant dans le tube de son appareil au moment dela détente. A la vérité, l’air, l'hydrogène et l’azote ne se montrè- rent que sous l’aspect de buées extrêmement fugaces, mais cependant parfaitement perceptibles. Les par- celles liquides obtenues ne tardaient pas en effet à se réchauffer rapidement au contact des parois du tube et suffisamment pour se trouver bien vite à une tem- pérature supérieure à la température critique, laquelle pour ces divers corps est extrêmement basse, ainsi que l'indique le tableau suivant : Températures critiques de quelques gaz. Anhydride carbonique ..... 31° AGEUPIÈNE.. 2... en te. 37° OxXYSÈNENS AURAS RE — 116" (au-dessous de 0e) Oxyde de carbone F0 — 140? » AP ee RP NE — 142° » AZOLE LAC RACE — 145 » HYATOSÈNE EL CPC PE — 241° » Quelques années après les expériences de M. Caille- tet, Wroblewski, M. Olzewski, M. Pictet, en mettant à profit la détente, parvinrent à obtenir non plus seu- lement sous forme de brouillards fugaces, mais à l’état de liquides permanents, les corps gazeux qui avaient été si longtemps réfractaires à tout essai de liqué- faction. Les dispositifs employés, dits appareils à cycles mul- tiples, mettaient en pratique la méthode déjà indiquée par Drion et Loir et consistant à descendre l'échelle des températures par étapes successives. Le chlorure de méthyle évaporé dans le vide fournissait une tem- pérature assez basse (— 55° environ) pour liquéfier par refroidissement l’éthylène. Un bain d'éthylène liquide que l’on faisait évaporer dans le vide fournissait une température de — 136°. L’oxygène, dont la température critique est de — 1160, se liquéfiait sous la pression de 22 atmosphères. Pour l'azote, pour l'air et pour l’oxyde de carbone on dut employer la détente. Toutefois on n’obtenait ainsi que quelques gouttes de ces liquides aux propriétés si curieuses. En 1896, M. Linde, professeur à l’école polytechnique de Munich, réalisa un dispositif qui lui permit de liquéfier l’air en grande quantité. Dans la machine de Linde, l'air comprimé à 200 atmosphères se détend dans un récipient où vient le puiser une pompe qui le comprime à nouveau. Dans ces conditions de détente dite sans travail extérieur, l’abaissement de température produit est effectivement one très faible. L'expérience montre en effet qu’on ne peut obtenir que 0°25 de refroidissement pour chaque atmos- phère de chute de pression. C’est donc 40° à 450 de refroidissement total qu'on peut ainsi obtenir par détente. Or il s'agit d’abaisser la température au des- sous de — 1400, température critique de l’air. M. Linde parvient à atteindre ce degré de refroidis- sement en accumulant progressivement les chutes de température produites par la détente de quantités d’air successives. On peut caractériser d’un mot le dispo- sitif de M. Linde : Grâce à la disposition spéciale du détendeur, l’air qui vient de se détendre refroidit constam- ment l'air qui va se détendre. La température s’abaisse donc progressivement dans le détendeur et atteint bientôt une valeur inférieure à la température cri- tique. La liquéfaction de l’air se produit dès lors et se continue régulièrement. | Le rendement de l'appareil de M. Linde est de 0,5 litre à 0,6 litre d’air liquide par cheval et par heure. Un progrès important a été réalisé encore dans la production industrielle de l’air liquide par M. G. Claude, qui emploie la détente avec travail extérieur récupérable et qui a pu ainsi obtenir un rendement s’élevant à 0,9 litre par cheval et par heure. C’est de l’air liquide ainsi préparé par le procédé de M. G. Claude à l’usine de Boulogne-sur-Seine, dont j'ai pu rapporter quelques litres, qui vont me permettre de répéter devant vous de fort curieuses expériences et de pénétrer dans le domaine des très basses tempé- ratures. Mais, d’abord, je tiens à remercier ici le distingué président de cette Assemblée, M. Bernard, de m'avoir donné l’occasion de revenir ce soir au milieu de vous. L'Académie de La Rochelle possède des fastes glo- rieux et bien enviables. Fondée en 1732, sous Louis XV, — 210 — elle compte, parmi ses membres, Réaumur, Valin, La Faille, Seignette, Fleuriau, Alcide d'Orbigny ; Vol- taire lui-même ne dédaigna pas d’en être membre cor- respondant. Je ne saurais oublier que la section des sciences de cette Académie a bien voulu, il ya déjà plus de dix ans, faire un accueil bienveillant à mes pre- miers travaux. Je suis heureux, comme Rochelais et comme physicien, d’avoir pu placerainsi mes premières œuvres sous un patronage aussi flatteur. Qu'il me soit permis ce soir d’en remercier publiquement ici l’ai- mable président de la section des sciences, M. Bernard, dont le grand savoir n'a d’égal que la charmante modestie. Comment peut-on transporter et conserver de l'air liquide °? A la température critique de l'air, — 1400, il faut encore, pour obtenir la liquéfaction, développer une pression de 40 atmosphères, c’est la pression critique de l'air. Si on amène l'air à — 1500, 30 atmosphères suffisent à le liquéfier. Plus on abaisse la température, moindre est la pression à réaliser et c’est ainsi que, si la température descend à — 1909, une pression de une atmosphère suffit à la liquéfaction. On peut alors conserver en vase ouvert l'air liquide qui supporte la seule pression atmosphérique ; au sein du liquide ainsi conservé réside une température de — 1900 (190 au-dessous de zéro). Comment peut-on maintenir, ne fut-ce que quelques heures, une aussi basse température et préserver ce liquide des multiples causes de réchauffement qui l’en- vironnent ? M. Dewar y parvint en constituant des vases en verre à double enveloppe. On fait le vide de — 241 — Hittorf, le vide le plus parfait que nous sachions réa- liser, entre les deux enveloppes ; on supprime ainsi tout réchauflement par convection, puisque aucune matière gazeuse même raréfiée ne peut être animée de courant gazeux réchauffant entre les deux enceintes. En argentant par surcroît la surface du verre à l’inté- rieur, on se prémunit contre le réchauffement par rayonnement. En fait, de tels récipients sont pres- que imperméables à la chaieur et c’est ainsi que l’on a pu conserver, à l’intérieur de tels ballons, de l'air liquide à — 190° pendant plusieurs semaines. On pour- rait de même y conserver très longtemps de l’eau bouillante sans y noter un sensible refroidissement. On ne peut songer à transporter l'air liquide en vase clos, aussi a-t-on aménagé des ballons de Dewar pro- tégés pour en permettre le transport sans accident. En vase clos, en effet, les rentrées inévitables de cha- leur ne pourront plus être compensées par l’évapora- tion d’une certaine quantité correspondante d’air liquide, ce qui permet au liquide restant de se mainte- nir à la température de — 190° jusqu’à complète éva- poration. Dans un vase clos, l’air évaporé demeurerait augmentant la pression à l’intérieur du vase, et, la cha- leur s’accumulant ainsi peu à peu, la température se relèvera graduellement et rapidement. Elle atteindrait bientôt — 140° ; dès que cette température critique de l'air est dépassée, aucune goutte liquide ne peut plus demeurer dans le vase, quelque résistant qu'il soit et quelque pression qu'il puisse supporter. Une expérience simple montre ce fait. Elle consiste à verser un peu d'air liquide dans une éprouvette d'acier. Dès que l’ébullition tumultueuse s’apaise, bou- chons l’éprouvette : au bout de peu de temps l’accrois- sement de pression à l’intérieur du tube, dùü à la — 919 — vaporisation totale de l’air liquide, projette le bouchon avec bruit. La température d'’ébullition de l'air liquide à la pression atmosphérique est de — 194 ; cette tempéra- ture varie d’ailleurs avec le temps et se relève par le fait que l’air liquide s’appauvrit progressivement en azote qui est plus volatil que l'oxygène, elle atteint donc peu à peu — 182; on n’a plus alors que de l’oxy- gène pur liquide. Cette séparation de l'oxygène de l’air à l’état liquide et pur par simple évaporation d’air liquide ne consti- tue pas un des moindres avantages de la préparation industrielle de l’air liquide. Mais arrêtons-nous un instant à la considération de ces très basses températures de — 180° à — 1900 au- dessous de zéro. Leur réalisation permet un grand nombre d'expériences très curieuses qui nous ouvri- ront des horizons insoupçonnés concernant les pro- priétés si variées de la matière. La densité de l’air liquide change à mesure que le liquide s'enrichit en oxygène et passe ainsi de 0,93 a 142 Si l’on verse dans un verre rempli d’eau un peu d’air liquide, le mélange s'effectue d'autant plus aisément que les densités äes deux liquides sont très voisines. Une ébullition violente se produit, accompagnée de fumées épaisses et veloutées du plus bel effet. On pourrait s'attendre à ce que l’eau soit totalement con- gelée ; il n’en est rien; c’est qu’en effet la quantité de froid qu'emmagasine l'air liquide est assez faible. Un kilogramme, c’est-à-dire un litre environ, d’air liquide ne demande pour s’évaporer que 65 calories alors — 243 — qu'un kilogramme de glace à 0° en nécessite 80 pour fondre. Ce qui est remarquable en effet dans ce curieux liquide, ce n’est point tant la quantité de froid qu'il permet de produire que la qualité de ce froid, c’est-à- dire la température extrèmement basse qu'il permet de réaliser. Versez un peu d'air liquide dans un verre à parois épaisses, au bout d’un instant, sous l’influeuce du froid iutense qu’il supporte, le verre se brise tout comme si vous y aviez versé de l’eau bouillante ou mieux du plomb fondu. Un effet de caléfaction empêche l'air liquide de mouiller dès les premiers instants la paroi du verre, si bien que l'effet se fait attendre un peu, mais, la température s’abaissant, il arrive un moment où le contact a lieu et alors le verre casse. L'effet d'aussi basses températures sur les différents corps est de leur faire acquérir des propriétés que nous ne sommes pas habitués à constater. Un tube de caoutchouc trempé dans l'air liquide s'y dureit au point de se briser ensuite comme du verre sous Île choc d’un marteau. Des fruits, des graines de raisins, des cerises, un œuf y deviennent presque instantanément durs comme la pierre et rebondissent comme des billes d'ivoire ou de marbre. Le liège se brise comme du verre dès qu’il est imbibé d’air liquide. Les fleurs naturelles, dès qu’elles ont été plongées dans l'air liquide, semblent s'être muées en fleurs de porcelaine et s’efiritent au moindre choc. Les métaux acquièrent à ces températures de nou- velles propriétés toutes différentes de celles qu'ils nous présentent ordinairement. C’est ainsi que le mercure liquide à la température ordinaire se solidifie et acquiert une telle dureté que l’on peut à l’aide d'un — 244 — cylindre de mercure congelé dans un tube à essai enfoncer un clou comme avec un marteau. Le plomb, refroidi à — 1900, acquiert l'élasticité de l'acier. Une spirale faite d’un fil de plomb est bien incapable, à la température ordinaire, de soulever sans se détordre un poids de quelques grammes (15 à 20 grammes ne peuvent être soulevés par une spirale de plomb faite d’un fil de 0,5 millimèire de diamètre). Dès que la spirale est portée par immersion à la tempéra- ture de l'air liquide, elle soutient le poids qui la ter- mine et oscille comme le ferait un ressort d’acier. Un fil de cuivre de 0,3 millimètre de diamètre n'offre pas dans les conditions ordinaires une résistance à la traction suffisante pour lui permettre d'enlever un poids de 5 kilogrammes. Comme il est aisé de le consta- ter, il casse. Qu'on l'amène à — 190° en dirigeant sur lui un jet d'air liquide, il devient alors capable de soulever les 5 kilogs, mais bientôt il se réchauffe et perdant alors sa résistance occasionnelle il se rompt. A cette température les métaux deviennent en géné- ral assez fragiles. Du fer blanc mince plongé dans l'air liquide devient assez friable pour être brisé par le marteau presque comme du verre. L'alcool, l’éther se congèlent dans l’air liquide. L’air liquide se montre encore attirable à l’aimant et il doit cette particularité à l’oxygène, qui est un corps nettement magnétique. C'est encore à l’oxygène qu'il contient que l'air liquide doit d'entretenir en combustion une allumette allumée, un fragment de charbon présentant quelques points en ignition. Cette combustion est d'autant plus vive que l’air liquide évaporé depuis quelque temps est plus riche en oxygène. Avec le magnésium la com- bustion donne lieu à une lumière ‘extraordinairement éblouissante. 25 En général, à des températures aussi basses les réac- tions chimiques, même les plus intenses, cessent de se produire. C'est ainsi qu’au sein d’un tube à essai entouré d’air liquide la soude et l'acide sulfurique n’agissent plus l’un sur l’autre. Par contre, le fluor et l'hydrogène continuent à réagir violemment l’un sur l’autre même à — 1900. Avant de quitter l'air liquide nous dirons quelques mots à propos des plus basses températures qu'il a été donné au physicien de réaliser. Au commencement du siècle dernier, Gay-Lussac a démontré qu’un gaz sous pression constante diminue 1 A c du -— de son volume à 0° pour chaque degré dont on abaisse sa température. De là découle que, s'ils sui- vaient la loi de Gay-Lussac, les gaz devraient avoir leur volume réduit à zéro à la température de 273° au- dessous de zéro. Cette lempérature que d’autres considérations d’ordre théorique indiquent comme valeur limite des basses températures a reçu le nom de zdro absolu et constitue le début de l'échelle absolue des températures dont les divers repères se trouvent dès lors exprimés par des nombres toujours positifs. Ainsi nous venons de voir que l’air liquide se maintient, sous la pression atmos- phérique, à — 190», soit à 83° degrés absolus. On peut aller plus bas et c’est ainsi que, si l’on fait évaporer rapidement de l'air liquide dans un tube à essai par la simple aspiration des vapeurs au moyen d’une trompe à eau, on parvient ainsi à congeler l'air. En même temps l’air qui se trouve au contact immé- diat du tube à essai à l'extérieur, porté à une tempé- rature notablement plus basse que sa température critique, se liquéfie spontanément. C’est ce qu’indique une goutte liquide qui se forme à l’extrémité du tube oies et qui n’est autre qu’une goutte d’air liquide que l’on obtient ainsi par seul refroidissement. Wroblewski et M. Olzewski en utilisant le froid pro- duit par l'oxygène liquide (— 184°) purent obtenir l’azote liquide en quantité assez notable. L'hydrogène enfin, comprimé à 100 atmosphères dans un bain d'azote liquide (— 210°) et brusquement détendu, se résoud en gouttelettes qui, d’ailleurs, disparaissent presque instantanément. En 1898, M. Dewar, en comprimant de l'hydrogène à 180 atmosphères et en le refroidissant au moyen d’air liquide bouillant dans le vide, obtint par détente de l'hydrogène liquide, mais il ne put conserver le liquide obtenu. Au cours d'expériences continuées de 1899 à 1902 MM. Travers et Jacquerod sont arrivés, toujours en employant la détente, après avoir comprimé de l'hydrogène à 150 atmosphères et l'avoir refroidi par un bain d'air liquide à — 2009, à obtenir Fhydrogene sous la forme d’un liquide stable. | En faisant bouillir dans le vide l'hydrogène liquide, MM. Travers et Jacquerod sont arrivés, au laboratoire de M. Dewar, à solidifier ce corps en un solide vitreux qui fond à — 2600 (13 absolus). L'hydrogène liquide peut être versé sans danger sur la main. Le liquide forme de larges globules reposant sur une couche de vapeur ; la sensation est curieuse parce que la substance parait n’avoir aucun poids. En solidifiant de l’air liquide dans un bain d’hydro- gène liquide on a pu séparer de l’air les gaz rares de l'atmosphère (argon, néon, krypton, xénon, hélium). L'hélium paraît encore plus difficile à liquéfier que l'hydrogène. MM. Dewar et Travers n’ont pu le liqué- fier en le refroidissant à — 260° (13° absolus) par éva- poration d'hydrogène solide sous pression réduite. M. Olzewski a récemment détendu de lhélium — 247 — (extrait de la thorianite) et comprimé à 280 atmos- phères. Trois cents centimètres cubes de ce gaz étaient maintenus à la température de solidification de l’hy- drogène. La détente fut produite de 280 atmosphères à 40 atmosphères dans une première expérience, de 280 atmosphères à une atmosphère au cours d’un second essai. Aucune apparence de liquéfaction n’apparut. D’après M. Olzewski la température a dù cependant être ainsi abaissée à — 26504 dans la première expé- rience, à — 271°3 (107 absolus) dans la seconde. La température critique de l’hélium serait donc inférieure peut-être à — 27103. A mesure que la production et le maniement des gaz liquéfiés devenaient plus pratiques, leurs applica- tions dans les arts et l’industrie se faisaient plus nom- breuses. Par un retour naturel des choses, c’est l’industrie qui fournit aujourd’hui aux laboratoires l’anhydride carbonique, l’ammoniac, le chlore, liquides enfermés dans les obus de fer forgé. L’anhydride sulfureux liquide nous est livré dans des siphons de verre épais analogues aux siphons d’eau de Seltz. Rendu ainsi transportable et d’un usage commode, il sert comme désinfectant et aussi comme décolorant (fabrication du sucre, blanchiment des matières animales : soies, laines, plumes. ., et végétales : coton, paille, osier...). Le liquide carbonique sert principalement pour la conservation et le soutirage de la bière, pour la coulée sous pression des lingots d'acier, pour la mise en marche de pompes à incendie, pour la champanisation du vin, enfin pour la fabrication des boissons gazeuses (sparklets). On en prépare actuellement en France plus — 248 — de 12 millions de kilogrammes. En Allemagne, en 1903, quarante usines en préparaient plus de 15 mil- lions de kilogrammes. Le chlore liquide est aussi employé dans l’industrie, en particulier dans celle du papier, dans l'extraction de l’or, dans l’industrie des matières colorantes, dans celle de plusieurs produits organiques ; il sert encore pour les analyses métallurgiques. Enfin l’ammoniac liquide et l’anhydride sulfureux liquide constituent les agents qui, dans toutes les machines frigorifiques, déterminent J'abaissement de température par l'effet même de leur évaporation. Très nombreuses sont les applications des machines frigorifiques, nous énumérerons rapidement les prin- cipales : Fabrication de la nitroglycérine. Démoulage du chocolat. Forage de puits et de tunnels dans les terrains aqui- îères. | Extraction des sels de solutions concentrées. Concentration par congélation des liqueurs alcoo- liqués. Décantage des vins (Champagne, Saumur), par con- gélation du dépôt. Fabrication de la glace : entretien d’entrepôts frigo- rifiques permettant la conservation des viandes et des fruits, leur transport par bateaux ou wagons frigori- fiques. Conduite et macération des fermentations (saccharo- myces cerevisae des brasseries, mucors des fromage- ries, fermentation du vin en Algérie). Croissance en serre froide de certaines plantes qui font d’autant plus prime sur le marché qu’elles sont obtenues plus tardivement, tel Le lilas blanc, etc., etc. — 249 — Nombreuses également sont les applications indus- trielles de l’air liquide. Remarquons tout d’abord, à propos de ces applications, qu'il n'y a intérêt à em- ployer l’air liquide pour le froid qu’autant qu’on désire réaliser de très basses températures. S'il s'agit sim- plement d'amener un corps à une température voisine de celle que la glace ou les mélanges réfrigérant; usuels permettent d'obtenir, il est superflu de s'adres- ser à l'air liquide. L'effet réfrigérant de un kilo- gramme d'air liquide n'est pas en effet supérieur, nous l’avons signalé, à celui produit par la fusion de 1,5 kilogramme de glace. Toutelois, s’il est indispen- sable de réaliser un froid exempt d'humidité ou encore s’il est utile d'obtenir l'aération pendant le refroidisse- ment, l’usage de l’air liquide pourra être avantageux. L’air liquide a encore été appliqué comme moteur, à l’automobilisme en particulier. Son emploi dans ce cas est fort peu économique ; pour pouvoir rivaliser comme moteur avec ie pétrole il faudrait que le prix de l’air liquide soit le 1/10° de celui du pétrole, c’est- à-dire revienne à près de 0 fr. 05 le litre. Or la Société des gaz comprimés qui exploite les procédés Claude et fabrique de l’air liquide à l’usine de Boulogne-sur- Seine ne le vend pas moins de 5 francs le litre. Nous sommes encore loin de compte. Dans certains cas particuliers cependant (cas de locaux confinés, mines, sous-marins, percement de tunnels, etc...) son emploi comme moteur peut être préconisé avec avantage, l'air détendu augmentant l’aération de ces locaux. C’est ainsi qu’on l’a employé au percement du Simplon. On a cherché également à l’employer dans la fabri- cation de cartouches aussi efficaces que celles de dyna- mite et n’ofirant pas les mêmes dangers. Les mélanges de carbure d'hydrogène et d’air liquide sont explosifs 2 Cp) On forme des cartouches constituées de marne imbi- bée de carbure et saturée d’air liquide ; une capsule de fulminate sert d’amorce. L'avantage de ces cartouches réside en ce que le transport n’en est pas dangereux ; les gaz dégagés par l'explosion ne sont ni vénéneux, ni irrespirables, les ratés eux-mêmes ne sont pas dan- gereux, les cartouches perdant au bout de quinze minutes tout pouvoir explosif par suite de l’évapora- tion de l'air liquide. Des cartouches de ce genre ont été récemment utilisées au cours des travaux de per- cement du Simplon. On a enfin employé l’air liquide et son froid excessif en thérapeutique (lupus, authrax, abcès du pied). Mais la plus précieuse application de la production industrielle e£ à bon marché de l'air liquide paraît être la possibilité d'extraction rapide et commode de l’oxy- gène de l’air. Récemment M. G. Claude a combiné des procédés de liquéfaction d’air et de distillation de ce liquide qui lui permettent de séparer et d’obtenir liquides et purs l’oxygène et l'azote de l'atmosphère. Si ces procédés conduisent vraiment à l’obtention de l’air liquide et de l'oxygène liquide à bon marché, ils sont effectivement de nature à révolutionner l’in- dustrie. L'air liquide à peu de frais, c’est, en effet, comme nous l'avons vu, l'oxygène lui-même extrait de l'air à bon compte; et l'oxygène à vil prix, c’est l’en- tretien et la suractivation de tous les fours industriels dans des conditions de bien meilleure hygiène et de bien meilleur rendement; c’est l’industrie du fer, de l’acier, toute la métallurgie rénovée ; c’est encore nombre d'industries chimiques perfectionnées (acide sulfurique, chlore, eau oxygénée...), c’est la suppres- sion des fumées par combustion complète des foyers, l'emploi possible des combustibles médiocres ; c’est encore la fusion assurée et facile des corps les plus oies réfractaires, quartz aurifère, sable, toute une verrerie nouvelle. En même temps qu’une révolution de l’in- dustrie c’est le travail industriel rendu plus commode, l’usine, cette cause d’éliolement de la race, rendue plus hygiénique et sans danger. * Cet essor prodigieux pris par l’industrie des gaz liquéfiés et les espoirs qu'elle fait naître aujourd'hui montrent bien que le développement normal de la science pure et son plus beau fleuron d’ailleurs, c’est la science appliquée. Une fois de plus le savant en interrogeant la nature à servi l'humanité. Mais la science pure elle-même voit son domaine s’agrandir, ses hypothèses se préciser. Au siècle dernier une exa-: géralion de la théorie cosmogonique de Laplace faisait penser à quelques esprits, d’ailleurs expérimentale- ment mal informés, qu'avec un refroidissement pro- gressif des astres se produisait une désagrégation de leurs molécules. Nous venons de voir que bien au contraire les liens entre les particules de la matière se font à ces très basses températures plus serrés et plus résistants. Et, bien que ce pôle du froid, suivant l'expression de M. Houllevigue, le zéro absolu de tem- pérature, apparaisse à chaque effort fait pour s’en rapprocher plus lointain et plus inaccessible, le savant gagne ici encore à le poursuivre de mieux comprendre la nature. Ainsi, le fait que les microbes peuvent résister aux plus grands froids qu'il nous a été donné de réaliser — (des graines placées dans l'hydrogène solide ont gardé leur pouvoir germinatif, des bactéries ne sont pas tuées par leur immersion dans l'hydrogène liquide) — rend admissible la transmission de la vie par diffusion de spores ou de germes vivants d’une planète à l’autre. — 252 — C’est ainsi que l'esprit humain dans sa marche sûre bien que lente vers toujours plus de vérité substitue peu à peu la connaissance féconde à la croyance sté- rile. En même temps qu’il prend une notion plus exacte du monde, des facteurs d'actions qui le trans- forment par de coatinuelles et éternelles mutations, il fait des conquêtes qui délivrent de plus en plus l’homme du pénible labeur de la brute et, chargeant de jour en jour la nature des inéluctables besognes de la vie industrielle et sociale, permet enfin au travailleur de relever le front vers l’azur des cieux qui ne se dépeuple lentement de chimères que pour mieux res- plendir de vérité comme aux ombres d’une nuit étailée succède l’éblouissante clarté du jour. ALBERT TURPAIN, Professeur à la Faculté des Sciences de l'Université de Poitiers. LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÊTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE 1906-1907. Bureau. Président, M. BERNARD (0 %, O. &). ! 1 M. L.-E. Meyer (I £ÿ). Vice-Présidents.) as | M. Jousser. ne M. GUILLEMIN (»X4 D). Secrétaires..... CHK 4) | M. SOENEN. Conservateur : M. G. BERNARD (0 %#). Conservateur-adjoint : M. CH. BASSET. Bibliothécaire-archiviste : M. CARRIÈRE (A &ÿ). Trésorier, M. E. CouNEAU ($ A &à). M. Bernard est chargé du Muséum Fleuriau (Sciences naturelles et paléontologie du département, et du musée d’ostéologie). Membres titulaires. MM. Bagur, Eug., banquier. BASSET, négociant. Bernarb (0 %,0 $), pharmacien principal de {re classe en retraite. BEerRTEAUD (%), directeur des cont. direct. (retraité). BogriEe, docteur-médecin. one MM. BourTiroN (£#), docteur-médecin, conseiller général, à Saint-Xandre. BrarD (%, à I ), docteur-médecin. BrossaRD, pharmacien. CAILLOUX, pharmacien de 1re classe. CARRIÈRE (I. £ÿ), pharmacien honoraire. DE ComMixES DE MarsSiLLy, à Paris. CoxpaMy, P., fils, docteur-médecin. Coxor, armateur. CORBINEAU fils, architecte. COUNEAU (%, £ÿ), creffier honoraire du tribunal civil. DELMAS, Julien, propriétaire. DoiLorT (A &ÿ), correspondant du Muséum, à Paris. DusourG (O0 #), professeur départemental d’agriculture. EurY ($%), pharmacien. FAIDEAU, professeur à l’école J.-B. Say, Paris. FANTON, directeur du grand séminaire. FAUSTIN (2% »H4), armateur. FLEURY (&ÿ), pharmacien honoraire, conseiller général, à Marans. FourNIER, prof., direct. du laboratoire municipal. GATAU, ancien courtier de marine. GuicLauD (%, I £ÿ), professeur à la faculté de Bordeaux, Saintes. GUILLEMIN (+4, #4, £ÿ), pharmacien. GuiLLEMOT, secrétaire général à la Préfecture. HiLLAIRAUD, docteur-médecin. Jousser fils, étudiant. LÉRIDON, armateur. MARTIN (£ÿ), imprimeur. MarTIN, docteur-médecin. Meyer, Eugène (I #ÿ), courtier maritime. Mopezskt (%), ing. en chef des ponts et chaussées. Moreau (C #), général du Génie en retraite. Musser (I £ÿ), bibliothécaire de la Ville. | 9 © CS: | MM. PÉRIER fils (&ÿ), courtier. PÉRIER père (£), courtier. PINEAU, docteur-médecin. Rouvier (O %, &), prop., sénateur, conseiller général, Surpères. 0 Rouy (%}, botaniste, Asnières (Paris). SENNÉ (%), architecte. SOENEN, pharmacien de 1re classe. TurpPaIN (I £ÿ), prof. à la faculté des sc. de Poitiers. ViELJEUX, armateur. VIviER, Alfred (I &ÿ, O »%), juge honoraire. — 256 — Membres Agrégés. BERNARD, inst. au Bois (ile de Ré). BOUCHERIE, Michel, Chez-Merlet, de Bresdon, canton de Matha. Bourow, Rochefort. Buror (%, 1 &ÿ), Dr à Rochefort. CoMBEs, Dr, sénateur, Président du Cons. gén., à Pons. COUILLIAUX, juge de paix, St-Genis. DELABARRE, Saujon. DE SAINT- MATHURIN, St-Jean d’ Miele ESPAILLAC, Saint- Denis-d’Oleron. com. MaxËs, Ad. (%), cap. retr. Saujon. MuRE (%), Surgères. PARENTEAU. RomIEux (O %), capitaine de frégate, Rochefort. SIMON, receveur de l’enregistrement, Ro- chefort. TESSERON, zannes. ViGER, instituteur, à Dompierre-s/-mer. VIVIER, Alphonse, avocat, à Cognac. instituteur en retraite, Cra- Membres Correspondants. ALLENET (%), officier de marine, Roche- fort. ALLENET (%), lieutenant-colonel en re- traite, Poitiers. BARINE, Arvède (madame Ch. Paris, 24, avenue Wagram. BAUDOUIN, ne Cognac. BÉDART (ke, &ÿ, »4), doct., prof., à Lille. Baupry, docteur, prof. à la Faculté de médecine, Lille. BERGERET, pasteur à Vitré, Deux-Sèvres. BERNARD, Aug., Poitiers. BERTHAUD, prof. de physique, Mäcon. Bo1zor (I &ÿ), prov. du Lycée, Mâcon. BONJEAN, Félix, Lyon. BoRDAGE, directeur du Maséum de l'Ile de la Réunion. BOULANGIER, ing. des ponts et chaussées. BouLLAND, H., docteur, Limoges. BOUQUET DE LA GRYE (CG &}), ing. hyd. en chef de re classe enretraite, membre de l’Institut, 8, rue de Belloy, Paris: BoveT, Alfred, Monthéliard. Vincens), CAMPEAU, J.-R.-E., président de l’Insti- tut français-canadien, Ottawa. CAMUS, pharmacien, Paris. Casrax (%), officier d'artillerie. CHABERT (0 #), médecin principal de ire classe en retraite, à Chambéry (Savoie). CHAMPENOIS, inspecteur des forêts. CHARLET, Luze (Basses-Pyrénées). CHARTRON, recev. de l’enr., Luçon. CHAUVET, notaire, Ruffec. CLARET, docteur, Vannes. COSTE, Paris. COURÇONNAIS (I £ÿ ), démie, Limoges. CRAHAY DE FRANCHIMONT (X), ingénieur en chef des ponts et chaussées, 43, rue Saint-Pétersbourg, Paris (18e). DANGEARD, prof. Faculté, Poitiers. Dassy, préparateur de physiologie à la Faculté de médecine, Paris. DE CEssac ($ÿ), Guéret. DE GREssoT (0 %), général d'artillerie. inspecteur d’aca- : DANGIBEAUD, Edouard (O #), s-directeur honoraire de la marine, Paris. :DELAVAUD (O0 $,1€ÿ, C2, 4), Insp.hon. service de santé, &5, rue de la Boëtie, Paris. DELAVOIE, sous-ingénieur DELHOMEL, 40, _ Des MEsxanps, Saintes. DocTEUR, AÀ., négociant, Bordeaux. ÉDROUET, Troyes. DROUINEAU, G. (A £B), inspect. général des serv. admin. au minist. de l'Int., 405, rue N.-D.-des-Champs, Paris. Duaxy-SoLer, docteur, directeur l’asile départemental, Niort. DuFFoRT, pharmacien, Angoulême. Dupré (%, [. &ÿ), inspecteur d’acadé- mie, Paris. Ecx, André, pharm. Nogent-sur-Marne. Fée, FE. ($, #), méd. prince. de {re cl. 11e corps. Fixes, docteur, Perpignan. FOURNIER, AÀ., cons. histoire nat. GABORIT, pharmacien, Nantes. GALLES, conseiller de préfecture hono- raire. GAMIN, instit., , Rochefort. rue de Verneuil, Paris. docteur, 19,rueSt-Vivien, de , Niort. à Piedblanc, près Niort. GARIEL (CG #%), inspect. gén. des ponts et chaussées, m. de l’Académie de médecine, prof. à la Faculté de méde- cine, 39, rue Jouffrov, Paris. GAUDRY, Albert ( Ck, Té). m. de l’Instit., Paris. GauTiER, L., docteur, Melle. GIARD ($%), memb. de l’Instit., prof. à la Sorbonne, 14, rue Stanislas, Paris. GizLor, docteur, Autun. GIRAUDEAU, docteur, Pau. Goop, Paul, docteur, La Mothe-St-Héray. Gyoux, docteur, Bordeaux. HuGuEs, Edm. (O0 %, I &ÿ), sous-Préfet aux Andelys. Hy (abbé), Angers. Jouan (0 %, [ &), cap. de vaisseau, en retraite, Cherbourg. JOURDAIN (&), docteur ès-sciences, Paris. JOUssET, docteur, Lille. JoUSSET DE BELLESME (%, I &ÿ), 41, rue de Valois, Paris. LABEYRIE (&), insp. primaire, Tulle. LALANDE, Ph., Brives. LATASTE, à à Cadillac- s/-Garenne (Gironde). LAVENTURE (A.), instituteur à Chérac. LEENHARDT, (docteur René), 7, rue Marceau, Montpellier. LEGOUIS, prof. de zool., éc. norm. Paris. LETELLIER, prof. Alençon. LiÉNARD, Verdun. LorioL (de) P., géol. chalet des Bois, par Crassier, Suisse. LOURDE, ancien pasteur, Castres. Ly-CHa0-PÉE (A £ÿ, %), mandarin et lettré chinois, attaché à la mission scientifique, Paris. MALINVAUD, 8, rue Linné, Paris. MarrAND, empl. des pontsetchaus., Niort. MAxTovanI, Paul, naturaliste, Rome. MaxTovaxI, G., naturaliste, Rome. Marçais, 19, rue Ninau, Toulouse. MAuUFRAS, E., Beaulieu, par Bourg-s/- Giron le (Gironde). Mazure (%,1#>),insp.d’acad.en retraite. MI£A DE CABARIEU, H. (0 %, I £ÿ), ancien préfet, Cabarieu (Tarn-et- Garonne). MOULLADE, (#%) Alb., pharmacien princ. de {re classe en retraite, Marseille. MOULLADE, pharmacien au Puy. NICOLLON. Opin, direct, du labor. de zool. marie, 10, quai Franqueville, Sables-d'Olonne. Parier, Hippone. Perrier, Edm. (CG %, I &ÿ), memb. de l’Instit., dir, du muséum, 57, rue Cu- vier, Paris. PERSONNAT, Victor, receveur des cont. indir,, Château-Thierry. PrÈTRE, professeur à Oran. PioLer, cap. au long cours, canal à Ismaïlia (Egypte). PorrTaL (baron de), Louis, à Montauban. RAMONET, ag, ad. de la marine, Ruelle. RicHEMoND (Adolphe de), pasteur, à Vançais (Deux-Sèvres). pilote du — 258 — RocHEBRuxE (A. de) doct., aide-nat. au muséum, Paris. Rousseau, Ph., instituteur, La Verrière de Bruffierie (Vendée). RouxEL (1 &ÿ), prof. de physique. SABATIER, Armand, (>X, [ £ÿ), doyen de la Faculté des sciences, Mentpellier. STÉPHANI. SURINGAR, W.-E.-R. (O0 >), prof. Uni- versité, Leyde. TASLÉ (%), ancien notaire, Vannes. TiiLET, Paul, professeur d'histoire natu- relle, Villeneuve-sur-Saône. TRIGANT de BEAUMONT, (Madame), bota- niste. +0 VENDRIËS, attaché au ministère de l’Ins- truction publique, Paris. ViauD-GRAND-Marais, docteur, Nantes. VAN DEN CRUYSSEN, P.{&ÿ), 16, rue de La Mothe-du-Pin, Niort. VINCENS (O #%), sous-directeur hono- raire du miustère de l’intérieur, 24, avenue Wagram, Paris. VINGENT, pharmacien, Angoulême. WŒ&LFFLE,agent-voyer d'arrondissement, Civray. Zavopxy, Dr, D. Brenntegasce, 24, à Prague, Bohème. » ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES. ss... 0 Blais ......... ébnocde DO TOIOI OM TONI tn clshedele ereNerhe ele Carcassonne ........ Châlons-sur-Marne. Hhambéry........... Gherbourg.......... Max... Draguig LATE O0 Grenoble............ Guéret. id... Langres... Lille... É Levallois- Perret... FRANCE. Ministère de l’instr. publique, comité des travaux scientifiques. (Envoi de 5 volumes d’Annales.) Musée Guimet (1 exemplaire d’Annales). Académie des sc., agric., arts et b-lettres, Bouches-du-Rhône. Société scientifique et littéraire. Société linnéenne du nord de la France. Société d’études scientifiques. Société d'agriculture, sciences et arts. Société industrielle et agricole du Maine-et-Loire. Société d’horticulture du Maine-et-Loire. Société d'histoire naturelle. Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne. Société des sciences et arts. Société d'histoire, d'archéologie et de littérature. Société d’émulation. Société scientifique, archévlogique et littéraire. Académie d’'Hippone. Académie des belles-lettres, sciences et arts. Société linnéenne, Société des sciences physiques et naturelles. . Société d'anthropologie du Sud-Ouest. Société archéologique. Société des scieaces naturelles et d'archéologie de l'Ain. Société des naturalistes de l'Ain. Société acadéraique. Société scientifique, histor. et archéo. de la Corrèze. Société d’études scientifiques de l’Aude. Société d'agriculture, sciences et arts de la Marne. Académie des sciences, lettres et arts de Savoie. Société des sciences naturelles. Société de Borda. Société d’études scientifiques et archéologiques. Académie delphinale. Société des sciences naturelles et archéol. de la Creuse. Société nationale hâvraise d’études diverses. Société des sciences et arts, agricoles et horticoles. Société historique et archéologique. Société des sciences naturelles de la Haute-Marne. Société d'agriculture, sciences et arts. Société agricole et scientifique de la Haute-Loire. Association des naturalistes de Levallois-Perret (Seine). Société géologique du Nord. — 260 -—- Limoges.......... ... Société Gay-Lussac. 1 KG CA RNA Société de botanique. VON ce Société d'agriculture et d'histoire naturelle. 16 PPS NE ren Société littéraire, historique et archéologique. Le Mans -"cre Société historique et archéologique. Marseille............ Société scientifique Flammarion. Montauban ......... Académie des sciences, belles-lettres et arts. 2 (0 EP ten rene ... Société archéologique. Montbéliard ........ Société d’émulation. Montpellier......... Académie des sciences. Moulins:-.....".. Revue scientifique du Bourbonnais ; M. Ollivier, directeur. Nantes ere ces Société académique. E Fe EN PR ne Société des sciences naturelles. NICE: NE SAS NRe Société des lettres et sciences. Nimes ir. ..... Académie du Gard. I PR EE .... Société d’études des sciences naturellés. Niort...... D A Le Société de statistique. A Re .. Société de botanique. DONNE ae Bibliothèque scientifique de l'Ouest. Paris ere MEURE Association française pour l’av. des sc., 28, rue Serpente. id re RER ETES Ecole polytechnique. 1 (6 BARS SERRE RENE Société géologique de France, 28, rue Serpente. ENG RAIN ne En Société zoologique de France, 28, rue Serpente. so RE A ne . Société botanique de France , 84, rue Grenelle-Saint-Germain. At nn Bibliothèque de l’Université, à la Sorbonne. 1. DÉC ARE Minist. de l’instr. publ., commis. du répert. de bibliogr. scient. Pau CPE CEBrRerREe Société des sciences et lettres. Perpignan ....... .. Société agricole, scientifique et littéraire. PrIVAS ECS UMER RAA Société d’ agriculture, sciences et arts. Reims. FR RRTr Académie. Le SNS Eee HAN Société d’études des sciences naturelles. Rennes ...... ....... Bibliothèque de l’Université. Rochechouart . . Société des amis des sciences. Rocheïort ...... ..... Société de géographie. Rouen tr ee Société des amis des sciences. Saintes......... .... Commission des arts et monuments historiques. DENS ie er ue .... Société archéologique. St-Etienne...... .. Société d'agriculture, sciences et arts, HOulOn rer Académie du Var. Toulouse... ..... .... Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres. 10.2"... 2. Societe dinstoirematunelle A Re TRS Société archéologique du Midi de la France. 0 RO ro ... Bibliothèque de l’Université, 2, rue de l’Université. ide NE ... Société Franco-Hispano- -Port tugaise. LA ee SO Société des sciences physiques et naturelles. A teen Société de botanique, rue Ninau. ErOYeS ...... Société académique d’agriculture et sciences de l'Aube. Vannes”... .... Société polymathique du Morbihan. Verdun mr Société philomatique. Versailles...... ..... Société des sciences naturelles et médicales. KO Lido Ar Re ..... Société des sciences morales, lettres et arts. Mesoule rs ne .... Société d'agriculture, sciences et arts. Vitry-le-François... Société des sciences et arts. ALSACE-LORRAINE. Colmar "1.0.7 . Société d'histoire naturelle. Metz EE .. Société d'histoire naturelle de la Moselle. Strasbourg.......... Société d’horticulture de la Basse-Alsace. I K6 LS REA ... Société des sciences, agriculture et arts de la Basse-Alsace, ALLEMAGNE. Bréme:....:..... ... Société des sciences naturelles. Brunswick.......... Société d'histoire naturelle. Giessen ........ ..... Société d'histoire naturelle et médicale. Kœænisberg.......... Société physico-économique. Halle-sur-Saale..... Académie impériale des naturalistes. Bandshut..:....... Société botanique de la Bavière. ANGLETERRE. Londres.. ...... .... British museum (natural history), Cromwell road. Manchester....... . Société littéraire et philosophique. AUTRICHE. Mienne.............. Musée d'histoire naturelle, 1, Burgriny. Prague........ ...... Société entomologique de Bohême. BELGIQUE. Bruxelles tr" Société royale malacologique. 1 C5 PRE AS ......... Société royale de botanique. CANADA. Montréal............ Société d'histoire naturelle. 1K6 RE Ne Société historique de Montréal. Ottawa ........ ..... Institut Canadien-français. Québec... 527 Université Laval. Toronto........ ..... Canadian institute. 1e EURE EN SP rer Nova scotian institute of sciences. hope ETATS-UNIS. Brooklyn............ Bibliothèque du Muséum de l’Institute de Brooklyn. Cincinnati.......... Office of the Lloyd Museum and Library, 224, West Court street. Davenport...... ... Académie des sciences naturelles. Manille (Philippines). . Académie des sciences. New-Haven......... Académie des sciences et arts de Connecticut. New-Vork "re 00 Société historique. Philadelphie ....... . Société philosophique américaine. Rochaster........... Académie dès sciences. Topeka.......... .... Société historique du Kansas. LAC CPS ARE Académie des sciences. St-Louis, M O.. .... Missouri botanical Garden. Washington Sa Société géologique ; Smithsonian institution. id. D'vCNE) Société des régents de l’institution Smithsonienne. id. D: :G::::-: Bureau d’ethnologie. LUXEMBOURG. Luxembourg........ Société de botanique. (6 PR ES RU PTIT Société des naturalistes luxembourgeois. MEXIQUE. Tacubaya...... ..... Observatoire astronomique. NORWÈGE. Christiania ..... .... Université royale. RUSSIE. Helsingfors ......... Société zoologique et botanique de Finlande. LE WU dore Société des naturalistes. Moscou... 0. Société impériale des naturalistes. SUÉDE. Gotehorg "0 Société royale des sciences et belles-lettres. Upsal. 1"... .... Institut géologique de l’Université d'Upsal. SUISSE. Berne..." Bibliothèque de la société bernoise des sciences naturelles. Ad Um ren Société des sciences naturelles. (5 Re re Société des naturalistes. Chambézy .......... Herbier Boissier (M. Beauverd, conservateur). Eribourg.::........:. Société friburgeoise des sciences naturelles. GENÈVE Société de physique et d'histoire naturelle. Lausanne ........... Société des sciences naturelles. Neuchâtel........... Société des sciences naturelles. URUGUAY. Montevideo......... Musée national de Montevideo. TABLE DES MATIÈRES Compte rendu de la Société des Sciences natu- pellesS Mpar-MPPSOENENS.. 1. Rem Remo De l'alimentation des animaux domestiques, par M. William DuBourG : Définitions. Composition du corps de l’animal... Principes immédiats des aliments......... die DeTASdISeS tions tee Se ERP Eee AE, Valeur alimentaire des fourrages............. De la digestibilité des aliments................. Valeur relative, valeur marchande des substances AIMENIEAIRES ARR ER nie en ee Valeur dynamique des aliments ................ A ONARENELE ENS CPRREMENERE NN CEE ERP Alimentation des jeunes ........"....1..1... Se ARONTOORNOIQNO EEE Ceres coopbe bone UNION IMORUE EEE EEE RE Cr Ce Equivalents isoglycosiques de certains aliments CONCENRIRES ER ee nee RM ER ONE AIS RE RAHONnSIdeMDrOdUCHOR EP PER E CE cer c-ee RO RS DR CAE CT PER VO ADOINERONOCICL MOMENT EEE CCE CLOS S CRE RER ARE Re re TN EN Rae ÉDOTAISSeMENt Er Re AM ele ns te Bonmnatnonidenatandenree CNE Eee Tableau d’accroissement. — Applications ........ ÉGOdUCHONIAUIACE PAPER PTE PR LCR Oman D RUNCUDESAUNAT RECRÉER CEE Energie nécessaire à leur formation ............. De quelques fourrages pour la production du lait. L'air liquide, par M. Albert TURPAIN............ Liste des membres et des Sociétés correspon- JANTES MERE RARE Ce EEE Gus sea Pages, V 121 128 125 141-145 150 156 161-165 168 Ant in à GP ETS ns pus F 19 UCI EE HEIN RL er | ‘ | st Le OI POLAIRE h % Aa À : Û COCO TI Î De { ROCHER ï CON TT + nul d'i 4h EC Ne si : PE A AM y 1" ” NA 4 \ Serseiti ete on Ant à ie net: + Eat) tr aa Potet= 12 rot rire A1 1 Ÿ fn ine 4 er TER + HApe Con ree 2e 4 … , ARR | x EST ere FEES 30 0 VON Var KO pr ne Deere or Lil n CA Q 2 ns L ist .. 2 - : . RL) ‘, UN CARTE OO OECr Î er en HIHGNE Ro CE i ANNE M NET ELE NS À ' SSL ESS ok E HS Ces He C5 ARRET site ne ie PE PS 5 ALT et et . CORCIEE és hphes Mules s . M: Combi an A MAO + mis . 0 DDIPUS EE Fu 4 1 \{ "A : 1! DANS SNL ITU E Reine “ 4 ‘} L "1 Ve (HONOR GS … RUN CE vér eee vs Ce rev PL Frans + L gs ME 4 ne qu “ *: IS At + A} (ui MERE tn i ue : 1 G 4e pistes Ne tul a ARS, CHE Ge ee tir RTS Xe RE L Ÿ LEE)