v i llllllllllllllll Il 1111 II II H 3 2044 06 3 î 4 154 F / Urnolti Arboretum îLtliraru ' THE GIFT OF FRANCIS SKINNER OF DEDHAM IN MEMORY OF FRANCIS SKINNER (H. C. 1862) Keceived ( f - ( / U \ X 1Û1S kfOM - î— - S-'Â'i'nee 4$7Û (nouvelle série) TOME VINGT-CINQUIÈME LYON H. GEORG, LIBR À IRE-ÉDITEUR 65, RUE DE LYON f MÊME MAISON A GENÈVE ET A BALE PARIS J. -B. BAILLIÈRE ET FILS, ÉDITEURS 19, RUE HAUTEFEU1LLE Octob re 1878. ANNALES DE I.V SOCIÉTÉ LTNNÉENNE DE LA SOCIÉTÉ uwt; i:\.\i: ©H - r - imee (nouvelle série) TOME VINGT-CINQUIÈME LYON H. GEO RG, LIBRAIRE-ÉDITEUR 6S, RUE DE LYON MÊME MAISON A GENÈVE ET A BALE I PARIS J. -B. BAILLIÈRE ET FILS, ÉDITEURS 19, RUE HAUTKFEUILLE A U fi 0 L L> A li U l> R L ï U K ARVARL? u K i v r r s n Octobre 18 T S, TABLEAU 1) K S MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON AT 31 DÉCEMBRE 1878 BUREAU MM. Oustry, Préfet du Rhône, président d’honneur. Mulsant, président. Débat, secrétaire général . Juttet, secrétaire-archiviste . Beckensteiner, trésorier. Conservateurs MM. Saint-Lager, pour la botanique. Falsan, pour la minéralogie. . . . pour la zoologie. ... bibliothécaire. Membres honoraires MM. Desjardins, ancien architecte en chef de la ville. Milne Edwards, G. membre de l’Institut. VI TABLEAU UES MEMBRES MM. Blanchard, membre de l’Institut. Watteville (le baron de), directeur des sciences et des lettres au ministère de l'instruction publique. Servaux, sous-directeur des sciences et des let- très au ministère de l'instruction publique. Membres titulaires MM. 1833 Mulsant (Étienne), correspondant de l’Institut, bibliothécaire de la ville. 1839 Gérard (le Dr), rue Constantine, 2. 1845 Jordan (Alexis), rue de l’Arbre-Sec, 40. 1 846 Dugas (Ozippe), rue de Lyon, 90. Beckensteiner (Christophe), rue Bàt-d’Argent, 14. Millière (Pierre), à Cannes. 1849 Le Jolis (Auguste), président de la Société des sciences natu¬ relles de Cherbourg. DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE VU 1850 MM. S. Exc. M. Renard, ^ , secrétaire de la Société des naturalistes de Moscou. 1851 Gensoul (André-Paul), rue de Vaubecour, 42. 18 55 Guinon (Nicolas), ifè, chimiste, rue Bugeaud, 6. Mangini (Lucien), ^.ingénieur civil, sénateur, rue Saint-Joseph,?. 1856 Pallias (Honoré), rue Centrale, 25. Arlès-Dofoür (Gustave), négociant, place Tholozan, 19. Gabillot (Joseph), quai des Célestins, 5. 8857 Fournereau (l’abbé), professeur à l'institution des Chartreux. 1858 Rey (Claudius), officier d’académie, place Saint-Jean, 4 1850 Willermoz (Ferdinand), rue Bourbon, 38. Andrieux (Louis), député, préfet de police, à Paris. 1860 Pariset (Ernest), membre delà Chambre de commerce, quai Saint-Clair, 14. Biétrix (Camille), rue Lanterne, 21. VIII TABLEAU DES MEMBRES MM. Berne (Philippe), négociant à Saint-Chamond (Loire). Chaurand (le baron Armand) rue Sala, §3. Débat (Louis), place Perrache. 7. Maison (Louis), rue de Tournon, 17, à Paris. Ravinet (le Dr Jules), rue Constantine, 5. Charvériat (Antoine-Marie), notaire, rue d’Algérie, 27. Bonvouloir (le vicomte Henri de), rue de l’Université, 15, à Paris. Mangini (Félix), ingénieur civil, place Bellecour, 6. «861 Roure (Adrien), directeur de la Nationale , à Vienne (Isère). Du Marais, ancien conseiller de préfecture, à Lyon. Baudrier, président de chambre à la Cour d’appel, rue du Plat, 8. Bresson (Louis), architecte, place de la Bourse, 2. Allard (Clément), rue des Capucins, 6. Frachon (l’abbé), à Annonay. (Ardèche). Franc (Théophile), rue Neuve, 7. Bellaguet, ancien chef de division au ministère de l’instruction publique, à Paris. Lagrevol (de), conseiller à la Cour de cassation, à Paris. «869 Boffard (Joannès), notaire, place de la Bourse, 2. Juttet (le Dr), place Saint-Jean, 10. Brun (Claude), avocat, quai de l’Archevêché, 18. Guimet (Émile), place de la Miséricorde, 1. Vachat (du), juge à Belley (Ain). Delocre (O.), ingénieur en chef du département, rue de la Reine, 47. DE LA SOCIÉTÉ LLNN É ENN E I 1863 MM, Roman (Ernest), place des Pénitents-de-la-Croix, 1. Michel d’Armancourt (Victorin), maire d’Irigny, rue de Bour bon, 16. Brunet-Lecomte, ►£, négociant, rue des Colonies, 2 Guinon (Francisque), quai de l’Hôpital, 11. Dugas (Henri), rue Sala, 2. 1864 Hiaz (Auguste de), banquier, quai de Retz, 10. Arthaud (le Dr) à Bron. Kleinmann (Édouard), au Crédit Lyonnais. Lévy (Gustave), négociant, quai Saint-Antoine, 29. Xeavesel (Joseph de), rue du Plat, 10. Boucod, à Saint-Vallier (Drôme). fl 8 6.» Desgrand (Louis), négociant, rue Lafond, 24. Perraüd (Louis), quai Tilsitt, 25. 1866 Pain (Antoine), place Gerson, 3. Falsan (Albert), à Saint-Cyr au Mont-d’Or. Marnas, chimiste, quai Castellane, 1. Chabrières, négociant, place Louis -Seize, 12. Pichot (Emmanuel), négociant, place de la Fromagerie, 9. Beckensteiner (Charles), rue Bât d’Argent, 1. Sonthonax (Léon), rue de 1’Hôtel-de-ville, 33. Bovagnet, négociant, à la Mulatière. Gillet (Joseph), chimiste, quai de Serin, 9. Genevet Antoine), rue Kléber, 9. TABLE VU DES MEMBRES A ■ §«7 MM. Fournet, rentier, àEmeringes. Renier, cours Vitton, 1. Sandrier (Louis), place Saint-Clair, 7. Roux (André), rue du Griffon, 13. Ribollet (Joseph), rue de l’Hôtel-de-Ville, 36. 1868 Vidal, ancien président du Tribunal de commerce, quai Saint- Vincent, 43. Saint-- Lager (le Dr Jean), président de la Société de botanique, cours de Brosses, 8. Fougerat, négociant, rue Saint-Pierre, 14. Laval (Henri), juge de paix à Monsol, Rambaud (Joseph), rue du Plat, 24. 18 69 Seguin (Louis), négociant à Annonay. Gourdiat (Jude), négociant à Tarare. Ebrard (Sylvain), à Unieux (Loire). Vidal (Maurice), quai Saint-Vincent, 43. Billoud (Gabriel), rue du Peyrat. Bertholey (Martial), à Mornand. Heyden (le baron de), à Francfort-sur-Mein. Kunckel (Jules), rue Gay-Lussac, 28, Paris. 1870 Jacquier (François), négociant, rue Puits-Gaillot, 31. Durand (Victor), cours Vitton, 63. DE LA SOCIÉTÉ LINNÉ EN NE VI *»»* MM. Verchère (Ernest-Antoine), Grande Rue de Cuire>86. Coquet (Adolphe), architecte-ingénieur, quai Joinville, 21. Wettengel (P.), quai de l’Hôpital, 6. Fitler (Alexandre-Charles-Paul), quai Castellane, 5. Desgrange (Alphonse), rue Puits-Gaillot. 19. Giraud (Léon), négociant, rue du Griffon, 12. Cognard (le Dr), rue Mercière, 7. Simian, rue Désirée, 2. Bouvard (Émile), avenue de Saxe, 175. Dügueyt (Charles), rue du Plat, 12. Ducrest (François), chef d’escadron en retraite, rue de l’ Arbre- Sec, 7. Méhu, pharmacien, à Villefranche (Rhône). Reynaud (Lucie»), négociant, rue de Lyon, 19. Roche (Edmond), quai Saint-Clair, 1. 1S93 Glaivoz, rentier, rue de l’Atinonciade, 3. Drevon (Henri), négociant, cours d’Herbouville, 67. Muguet (Jules), notaire, rue Puits-Gaillot, 1. Galland (Charles), négociant à Vienne (Isère). Guichon, ancien pharmacien, rue de l’Hôtel-de-Ville, 29. I§?4 Des Gozis, avocat à Montluçon (Allier). Sonnery-Chaverondier, membre du conseil général de la Loire, à Tarare. XII TABLEAU DES MEMBRES DE LA SOCIETE LINNÉENKE tSÎÎ MM. Ponghon, négociant, quai Saint-Vincent, 42, démissionnaire. Oschanine (Basile), candidat à l’Université de Moscou. Mo in lires dccédcs • De la Saussaye, C. (Jean-François de Paule), membre de l’Institut, mort à Blois en son château de Troussay, le 25 fé¬ vrier 1878, dans sa 76e année. Perroud (Benoit-Philibert) (*F Albert le Valeureux), vice-prési¬ dent de la Société linnéenne, mort le 20 février 1878, dans sa 81e année. Desgrand (Paul), mort au château de Montcelar, commune de Tassin, le 25 août 1878, âgé de 79 ans. Eïmard (Paul), né à Lyon, mort à Oullins le 27 mai 1878, dans sa 76' année. * Patricot (Joseph-Ignace-Alexis), avoué, mort à Lyon, le 18 août 1S7&, dans sa 58e année. ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION DE CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS PAR P. MILLIÈRE Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 8 mai 1878. - - Attaeus Peruyi. Guéri n-Mesx. Mémoire lu à l'Académie des sciences, le 28 mai 1855. — F. -A. Bigot Bulletin de la Société 1. Riggenbach, sa résidence d'été. 8 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS et possèdent le point cellulaire gris très imparfaitement marqué. En dessous, les ailes sont très luisantes, les supérieures grises et les inférieures blanches. Elles sont l’une et l’autre traversées par une coudée large et continue aux premières ailes, tandis qu’elle est à peine marquée au bord supérieur des secondes. Le point ordi¬ naire est bien indiqué aux quatre ailes. Les antennes sont rous- sàtres et garnies de fascicules de cils très courts. Le thorax, squa¬ meux, est, ainsi que le collier et l’abdomen, d’un gris luisant plus ou moins blanchâtre. La 9 ressemble au par les lignes et les taches, mais elle est plus foncée que lui, surtout aux ailes inférieures. Ces ailes sont sans lignes en dessus, tandis qu’en dessous il existe une coudée brune très apparente. L’abdomen est plus développé; il est moins fourni de poils concolores que chez le a*. La Car. Jurassica que je décris avec douze exemplaires bien conservés sous les yeux, me paraît invariable quant à la coupe d’ailes (point essentiel), mais elle présente comme toutes les espèces du genre, des variétés tranchées. J’aperçois un a* presque entière¬ ment blanc, dont le bord des ailes seul est teinté de gris, tandis que je vois à côté, une femelle de couleur obscure rappelant la Var. Infusca, Const. Il est regrettable de ne pouvoir rien dire de la chenille qui doit vivre de plantes herbacées. Cependant M. Riggenbach est sur ses traces, et cet entomologiste distingué nous fait espérer de nous la faire bientôt connaître. Tltestor Calltmaclius, Ev. Bulletin 'Je Moscou, 1848. III. p. 208. — Noi’dm. — Stgr. CHENILLE Sa forme est plate en dessous, convexe en dessus, avec les seize pattes bien visibles quoique très courtes. La tête est petite et brune : Thestor Callimachus 9 le premier segment est recouvert d’une plaque écailleuse étroite, également brune, et accompagnée de chaque côté d’un fin liséré Diane. La couleur de la chenille est d’un testacé ocreux et, sur la région dorsale, il existe une vasculaire fine, brune et continue du quatrième au neuvième anneau. Ces mêmes segments présentent, accompagnant la ligne du dos, un double chevron d’un rougeâtre obscur. Le dessus de chaque anneau est recouvert de nombreux poils très courts et serrés. Les flancs et le ventre sont concolores ainsi que les pattes. Au- dessus de la ligne latérale sont placés les stigmates noirs très petits et qu’on ne voit bien qu’à l’aide d’une loupe. Jusqu’à ce jour je n’ai rien appris de ce que doit être la plante dont se nourrit la chenille, qui peut bien, ainsi que celle du T. Bal- lus, vivre sur une Légumineuse. C'est d’après des chenilles bien préparées, qui m’ont été fournies parle Dr Staudinger, que j'ai décrit et figuré celle du Callimachus . La belle tache d’un fauve rougeâtre qui orne chaque aile de la 9 , se retrouve chez le . Par ce caractère important, le Thestor Callimachus se distingue des T. Negelii, Hb. et Ballus, Fab., dont les mâles ont les quatre ailes uniformément obscures en dessus. Le T. Callimachus appartient à la Russie méridionale, à la Perse et à l’Arménie. Mon cabinet : plusieurs exempl. et $ . Ce n’est qu’au dernier moment qu'il m’est donné connaissance, par le Dr Staudinger, de Dresde, que la chenille du Thestor Calli machus vit « dans les gousses de Y Astragalus Phijsodes, L. » C’est donc sur un fruit de cette plante que je figure cette chenille : elle doit avoir les mœurs de la Lycaena Baetica dont les larves vivent dans les siliques du Colutea arborescens. Cette chenille de Callimachus n’a pas les habitudes de celle du Iheslor Ballus , que Duponchel, dans son Iconographie des Chenilles, 1, p. 223, pl. 33, fait vivre sur le Lotus hispidus aux dépens de ses petites fleurs. 10 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS Trichosoma Klugiieulni, Mill. (Species nova.) A l’époque où M. Lucas composa sa Revue du genre Tricho¬ soma \ il signala huit espèces de ces lépidoptères. Depuis lors ce nombre a dû être réduit à sept, car le Tr. Pudens, Lucas, a été considéré comme devant appartenir au genre Spilosoma, Steph. Le Dr Staudinger, dans son nouveau catalogue des lépidoptères européens compte, dix Ocnogyna, Led. ( Trichosoma Rb.). Il est vrai de dire que deux Pachylischia du Dr Rambur : Baetica et Pierretti, ont été réunis aux Trichosoma. Je ne parlerai que pour mémoire d’une nouvelle espèce de Tri - chosome que doit bientôt publier notre collègue R1. Ch. Oberthur8. Un nouveau Trichosoma des environs d’Alger sera aujourd’hui présenté aux lépidoptéristes. Il portera à douze espèces, en com¬ prenant celle de M. Ch. Oberthur, le nombre de ce beau genre en grande partie africain. Le Tr. Huguenini est une espèce des plus tranchées par la disposition de ses couleurs aux secondes ailes ; sous ce rapport il ne ressemble à aucun des Trichosoma ou Spilosoma qui ont été décrits jusqu’à ce jour. C’est un des plus petits du genre; voici sa description i Envergure, 26 millim. Les ailes supérieures sont assez larges à l’extrémité, arrondies à l’apex et seraient, y compris la frange, uniformément d’un brun marron foncé et mat, si la tache cellulaire noirâtre, médiocrement grande, ne se montrait à peine indiquée. Les ailes inférieures ont leur fond d’un noir intense, mais ce qui les caractérise, sont les diverses taches d’un jaune plus ou moins vif qu’on y remarque. La principale occupe le centre de l’aile; elle se montre sous forme de bande large d’un jaune ocreux vif 1 Annales de la Société Enlomologigue de France , séance du 27 avril 1853. I Prent'er supplément i m i Faune d'Algérie. Lettre du 10 mai 1878, 11 Trichosoma H uguenini partant de la base de l’aile et s’arrêtant aux trois cinquièmes de son étendue. Cette bande ou ligne est coupée carrément à l’extré¬ mité, et pi’ésente vers son milieu le point cellulaire grand et noir. Une deuxième ligne, presque aussi allongée, mais moins large que la précédente et d’un ton moins vif, existe entre la première bande et le bord interne. Le point anal forme une liture ocracée termi¬ nale, laquelle semble faire une suite, largement interrompue, à la seconde ligne. La frange est d’un jaune un peu obscur. Les an¬ tennes, assez fortement pectinées, sont noires avec la hampe blan¬ châtre. La tête, le thorax et l’abdomen sont robustes et couverts de longs poils d’un gris jaunâtre, implantés sur un fond noir. En dessous, les ailes supérieures seraient la répétition du dessus, si le bord interne n’était marqué d’une large bande d’un jaune ocreux, avec la costale lavée de la même couleur. Les inférieures présentent exactement la répétition des supérieures ; pourtant les couleurs sont moins vives, et le point cellulaire existe bien indiqué en noir. La 9 n’est malheureusement pas connue. Ce lépidoptère a été depuis peu rapporté d’Afrique par M. le Dr Huguenin, professeur à l’Université de Zurich. Ce savant l’a rencontré le 2 avril 1878, aux Aqueducs d’Alger, posé sur une feuille d’Asphodèle. Bien vainement M. Huguenin a cherché d’au¬ tres exemplaires de ce charmant insecte. C’est en souvenir des nombreux services rendus à la science entomologique que je dédie ce Trichosoma à M. le D1' Huguenin, qui étudie plusieurs ordres d’insectes. Le Tr. Huguenini devra trouver place après YOcnogyna Loewii, Zell. et, dans le catalogue Staudinger et Wocke, porter le n° 772 bis. Obs. Il m’est communiqué à la dernière heure, 11 juin 1878, que deux nouveaux exemplaires d du Trichosoma Huguenini ont été capturés par M. l’abbé David, dans le même lieu à peu près et dans le même temps qu’a été rencontré l’insecte que je viens de décrire. 12 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS « M. l’abbé David, me mande M. René Überthur, a capturé ces deux Trichosonia l’hiver dernier aux environs d’Alger. » Les deux sujets en question sont identiques au mien, seulement l’un d’eux présente cette légère différence : l’aile supérieure est marquée de deux petites taches jaunes, placées au-dessous de la nervure costale. AnnaJaf 0- La mort éclaircit chaque jour nos rangs autrefois si nombreux. Elle vient de nous enlever encore un de nos membres les plus anciens et les plus dévoués. Hoffet (Jean-Georges) était né à Strasbourg, au sein d’une famille pro¬ testante. Il fit avec succès ses études dans sa ville natale et se sentit une vocation particulière pour l’enseignement. Il débuta dans la carrière, à peine âgé de dix-sept ans, en donnant pendant six années des leçons dans un pensionnat de demoiselles, fonctions rarement confiées à un jeune homme de cet âge, et qui sont un témoignage irrécusable de sa moralité et de la confiance qu’il savait inspirer. Peu de temps après, tout en faisant ses études théologiques au sémi¬ naire protestant de Strasbourg, il fut chargé de professer la huitième au gymnase de l’école secondaire publique, et de servir, en cas de besoin, de suppléant aux autres professeurs de toutes les classes. En 18*25, il quitta sa ville natale, partit pour Paris, et y fut chargé, à son arrivée, des fonctions d’aumônier protestant, au lycée de Louis-le- Grand. Après deux années de séjour dans la capitale, il vint se fixer à Lyon qu’il ne devait plus quitter. Il y fonda une maison d’institution, et y eut 70 NOTICE SUR JEAN- GEORGES HOFFET bientôt des succès si marqués dans l'éducation des jeunes gens, qu’en J 833, il fut nommé officier d'académie, titre qui, durant l’espace de trente ans, n’a été accordé à aucun autre chef d’institution libre. La prospérité de sa maison, due à son mérite personnel et à la bonne direction qu’il avait su lui donner, le fit bientôt nommer vice-président du comité d’instruction primaire de la Croix-Rousse. 11 s’y fit remarquer par son activité et son zèle. Pendant dix-huit ans, on le vit assister à toutes les séances, à toutes les inspections des écoles mutuelles et chargé de tous les procès-verbaux et de tous les rapports sur les inspections. En 1836, il fut admis au sein delà Société linnéenne et se montra tou¬ jours l’un des plus assidus à nos séances, pendant lesquelles il fit assez souvent des lectures et des rapports intéressants. Il travaillait par tous les moyens en son pouvoir à l’instruction et à la moralité des enfants, et grâce à son zèle et à ses démarches, il parvint à faire tripler le nombre des écoles et à leur procurer un certain nombre de bons livres. En 1837, il fit adopter par M. le maire de la Croix-Rousse la fondation d’une bibliothèque, pour laquelle le conseil municipal du lieu voulut bien accorder une allocation annuelle de trois cents francs, allocation qui a été continuée jusqu’à l’époque où ce faubourg a été annexé à la ville de Lyon. Il fut nommé, par M. Rivet, préfet de Lyon, directeur de la Caisse d’épargne de la Croix-Rousse, pour l’établissement de laquelle il avait fait toutes les démarches nécessaires. Vers 1843, il avait été appelé au conseil municipal, et il y siégea jus¬ qu’en 1848. A cette époque de révolution, il rendit à la société des ser¬ vices signalés, en empêchant la désorganisation des écoles de l’endroit, et la nomination d’instituteurs qui auraient exercé une influence fâcheuse sur l’esprit des jeunes élèves ; il obtint alors un succès plus difficile à con¬ quérir : il parvint à faire revenir le conseil municipal sur la décision prise, de supprimer toutes les écoles confiées aux Frères de la doctrine chré¬ tienne. Grâce à ses efforts, les neuf Freres, employés dans cette Société, furent conservés, et avec le traitement qu’ils avaient auparavant. Dans un faubourg, si agité à cette époque, la confiance qu’il savait in¬ spirer le fit souvent appeler auprès des autorités qui se succédaient, pour aider ces administrateurs de ses conseils ou pour les seconder dans les fonctions qu’ils avaient à remplir. NOTICE SUR JEAN -GEORGES HOFFET 71 Dans ces moments difficiles, il céda aux sollicitations pressantes de M. Tourangin, préfet du Rhône, en acceptant la vice-présidence et le rôle d’ordonnateur du Bureau de bienfaisance. Il s’agissait de remplacer le comité des subsistances, dont le zèle trop ardent pour les malheureux, avait absorbé, en trois mois, vingt-cinq mille francs sur les trente-trois mille alloués, pour l’année, par le conseil municipal. Grâce à sa sage administration, tous les indigents furent secourus, et il parvint, à la fin de l’année, à réduire de 1,200 francs par mois les dé¬ penses qui s’étaient élevées à 2,000 francs par semaine. 11 voulut bien continuer, pendant cinq ans, des fonctions qu’il avait si bien remplies. En 1850, le conseil académique le chargea d’inspecter les écoles pro¬ testantes du département du Rhône, et pendant six ans, il s'acquitta de cette mission de confiance à la satisfaction de tous. Le conseil académique, qui l’avait su apprécier à sa juste valeur, lui confia pendant sept ans, le soin d’inspecter les écoles du troisième arron¬ dissement de Lyon. Les peines qu’il se donnait ne se bornaient pas à lui laisser la satisfac¬ tion d’avoir fait le bien; elles produisaient d’excellents résultats : les écoles confiées à sa surveillance, passaient pour les mieux tenues de la ville. Hoffet ne se bornait pas à moraliser la jeunesse par ses leçons ; il a com¬ posé des ouvrages élémentaires auxquels il a dû des témoignages d’ap¬ probation très-flatteurs et fort honorables. Ses livres furent recommandés par le ministre, et M. Duruy n’avait pas attendu ce succès pour récompenser l’auteur d’un titre honorifique fait pour le flatter. Hoffet, en 1830, avait conçu le projet d’une Société lyonnaise d’éduca¬ tion, pour la formation de laquelle il s’était donné beaucoup de peines. Il eut la satisfaction de la voir naître et prospérer. Il avait également fondé une Société de moralisation et de secours pour les ouvriers alsa¬ ciens, suisses et allemands qui venaient à Lyon. Son but, très-honorable était de les détourner des occasions de séduction et de les prémunir contre les mauvais conseils auxquels ils étaient exposés. Tous étaient reçus, sans dictinction de culte. Les membres de cette as¬ sociation, dont il a été dix ans le président, trouvaient dans une auberge fondée exprès, une nourriture saine et économique ; ils avaient tous les jours des leçons et trouvaient à leur disposition une bibliothèque de quatre cents volumes, qu'il était parvenu à réunir ; ils recevaient, en outre, en cas de maladie, les soins dont ils avaient besoin. NOTICE SUR JEAN- GEORGES HOFFET 72 Hoffet, dont le cœur était compatissant, souffrait des traitements in¬ justes ou cruels infligés aux animaux ; il avait fait partie de la Société chargée de protéger ces créatures, et pendant longtemps il avait été le vice-président de la compagnie organisée à Lyon dans ce but. Les habitants du canton de Yaud l’avaient également appelé à la prési¬ dence de toutes les sociétés de ce pays ayant le même but. Il avait accepté cet honneur, moins pour satisfaire son amour-propre, que pour avoir l’occasion de témoigner sa reconnaissance au peuple suisse, pour les soins si généreux et si empressés donnés par ce peuple ami à nos malheureux soldats internés, après nos désastres de 1870. Hoffet, depuis quelque temps, avait mis un terme à sa vie active. La culture des lettres, qui avait fait le charme de ses jours, servait encore à contribuer au bonheur de sa vie. Il allait, les étés, dans la campagne de l’un de ses enfants, dans les environs de Coppet, à peu de distance des bords du lac de Genève, res¬ pirer l’air des champs et chercher à occuper ses loisirs en travaux litté¬ raires. Mais les infirmités, le plus souvent compagnes de l’âge, ne tardèrent pas à lui faire sentir son approche. Un petit bouton, né au- dessous de l’œil, et dont l’apparition ne semblait d’abord inspirer aucune inquiétude, prit au bout de peu de temps un caractère grave, et un déve¬ loppement fâcheux, que la science ne put arrêter. Entouré de sa famille, et visité par de nombreux amis, il souffrait avec une patience admirable les douleurs et les incommodités causées par son état. La pensée d’avoir, toute sa vie, songé à faire le bien, lui faisant en¬ visager l’avenir avec un grand espoir en la bonté de Dieu. Il avait mérité la reconnaissance de ses concitoyens par les peines qu’il s’était données pour être utile à la jeunesse ; et sans doute beaucoup de personnes ont obtenu à moins de frais, la croix qui eût été si noblement placée sur sa poitrine. Il ne devait cependant pas disparaître de ce monde sansavoirla conso¬ lation d’apprendre qu’il n’avait pas passé inutile sur la terre. Le 9 juillet 1876, l’Académie des sciences morales et politiques, lui accordait con¬ jointement avecM. Eugène Rendu, le prix fondépar M. Halphen, destiné à couronner, soit l’auteur de l’ouvrage qui aura le plus contribué au progrès de l’instruction première, soit la personne, qui, d’une manière pratique, (1) V Officiel, journal (1876), p. S071 NOTICE SUR JEAN GEORGES HOFFET 73 par ses efforts ou son enseignement personnel, aura le plus contribué à la propagation de l’instruction primaire. La nouvelle de cette couronne, si bien méritée, et qu’il laissait à ses enfants comme un titre glorieux, apporta quelque baume aux peines qu’il endurait et adoucit un peu ses souffrances, pendant les quelques mois qu'il lui restait à passer dans la vie. Je lui rendais une dernière visite le 27 avril 1877, pour lui dire la part que nous prenions tous à sa triste position ; mais au moment où je péné¬ trais dans sa demeure, il venait d’exhaler son dernier soupir ! Il avait soixante-quinze ans. Ses amis, ses connaissances, et surtout ses anciens et nombreux élèves, se sont fait un devoir de l’accompagner à sa dernière demeure. Ils attes¬ taient, par leur douleur, combien il avait mérité d’être aimé. \ : ■ MALMAZET Jean -André NE A S: ÉTIE NNE. LE 3 JUIN 1808 MORT A LYON. LE 12 JUILLET 1875 /mp fusent fRènes ivoh NOTICE scn JEAN-ANDRÉ MALMAZET PAR E. IY1ULSANT Luc à la Société linnécnne de Lyon le 1 I février 1878. J’ai toujours considéré comme un devoir imposé au président ou au secrétaire d’une société savante, de perpétuer la mémoire de ceux que perd la Compagnie, en retraçant, quand il le peut, l’histoire de leur vie et des services qu’ils ont rendus ; mais combien cette obligation ne de¬ vient-elle pas plus impérieuse et plus douce quand il s’agit d’un membre jouissant de l’affection de tous, et digne de nos vives sympathies ! Peu d’autres, sous ce rapport, méritent de vivre dans nos souvenirs auiant que le linnéen objet de cette notice. Jean-André Malmazet était né à Saint-Étienne, le 3 juin 1808, d’André Malmazet et de Jeanne-Françoise Praire. Son père, originaire de Rozières, près Joyeuse (Ardèche) (1), était venu de bonne heure se fixer à Lyon, où nous l’avons vu, à partir de 1836, adjoint assez longtemps au maire de Lyon, et décoré de la croix de la Légion d’honneur le 30 mars 1842. Il avait épousé Mu* Praire, de Terre-Noire (2), dont le père, maire de (1) Il était né le 3 juillet 1781. 11 était fils d’un autre André Malmazet, négociant à Bor¬ deaux, et de dame Marie l.ébre. (2) M. Praire de Terre-Pioire, avait épousé, âgée de seize ans, M,,c Marie-Anne RoyeÀA i e yvcfec-Lux.es De.- CiXsU ce-tijÿ Morl à Mgtu- de-Marsan le 10 Février 1878 iiiiD- hei . J. Renaud à Lyon NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS PAR E. MULSANT Luc à la Société linnéenne de Lyon, le il mars 1 878. ■ - --OOo - La plus belle de nos gloires entomologiques vient de s’éteindre : Édouard Perris n’est plus ! Cette triste nouvelle ne sera pas seulement un deuil pour la science ; elle affligera tous ceux qui ont eu des rapports avec cet aimable savant. Lié avec lui, depuis 1838, d’une affection dont il n’avait cessé de res¬ serrer les liens, je ne saurais le laisser disparaître sans lui donner une dernière preuve de mon attachement, sans essayer d’esquisser sa belle et glorieuse vie. Édouard Perris était né à Pau, le 14 juin 1808. Après ses études faites au collège d’Aire, dirigé par des prêtres, et d’oii sont sortis plusieurs hommes plus ou moins célèbres1, il fut, jeune encore, nommé directeur du collège de Saint-Palais. Déjà il s'était épris des charmes de l’histoire naturelle ; il était poussé dans ses recherches par la passion qui le portait vers cette étude at¬ trayante; mais il n’avait point encore de guide, et marchait en tâtonnant sur cette route où il devait plus tard s’illustrer. Bientôt il fut attaché, en qualité de secrétaire, à la sous-préfecture de Dax ; il s’v fit remarquer par son intelligence et son aptitude pour les tra¬ vaux administratifs. Le préfet des Landes, appréciant les services qu’il pouvait rendre dans 1 M.H. Victor Lefranc, anoien ministre de l’instruction publique; Pascal Duprat, député de Paris, etc. NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS 8 B un poste plus rapproché de sa personne, lui fit donner une place dans ses bureaux, où il ne tarda pas à devenir chef de division. Mais en remplis¬ sant les devoirs de son emploi avec une intelligence et un zèle qui jus¬ tifiaient l’avancement qu’il avait obtenu, il n’en était pas moins passionné pour l’histoire naturelle. « Mon bonheur, m’écrivait-il en 1839, serait de m’occuper de ces études attrayantes et de n’avoir rien autre à faire. L’at¬ mosphère d’un muséum dans lequel j’aurais des attributions, me ferait vivre dix ans de plus. L’élude des mœurs des insectes constitue mes oc¬ cupations les plus sérieuses ; l’annexe de mon cabinet de chef de division ressemble à une pharmacie, par le nombre de bocaux dans lesquels j’élève des larves. J'aime l’industrie de ces insectes, leurs ruses, leurs combats, les soins qu'ils prennent de leur postérité ; et, lorsque dans la campagne, l’espoir me vient de constater un fait, quatre heures de soleil, en rase lande, ne me font aucune impression. Je me livre avec une ardeur toujours croissante à la recherche des insectes, et, à votre intention, me disait-il je me suis prosterné devant un nombre infini de bouses de vaches et de crottes de toute espèce. » Peu de temps après son arrivée à Mont-de-Marsan, il rechercha la con¬ naissance de Léon Dufour, médecin et naturaliste, domicilié à Saint- Sever, ville distante de 16 kilomètres du chef-lieu des Landes; il lui demanda quelques déterminations et quelques insectes ; leurs cœurs se furent bientôt entendus. Cette première entrevue fit naître entre eux des sentiments d’affection qui ont fait le charme de leur vie. Perris devint bientôt l’ami et quelquefois le collaborateur de celui qu’il se plaisait à nommer son maître. Dufour, déjà célèbre dans la science, aimait à l’encourager et même à accoler à son nom celui de Perris, dans la production de travaux aux¬ quels celui-ci n’avait peut-être pris aucune part. Le mémoire sur les in¬ sectes hyménoptères qui nichent dans les tiges sèches de la ronce1 signé de leurs deux noms amis, appartient peut-être tout entier aux recherches du maître. Aidé et encouragé par celui- ci, il s’occupa bientôt avec succès de la science qui les captivait, et devint habile dans l’étude des plantes, des co¬ quilles et des insectes de tous les ordres, à l’exception des lépidoptères. Perris ne se bornait pas à connaître les productions de la nature, il rê¬ vait d’enrichir son pays d’une industrie séricicole ; et pour favoriser son 1 Annales de la Société entomologiquc de France, t. III, 1840, p. 1-33, in-8. NOTICE SUR EDOUARD PERRIS 87 projet et le mettre en état de le réaliser, l’administration départementale l’envoya, en mai 1840, dans les bergeries de Senart, étudier les meilleurs procédés pour l’éducation des vers à soie. Les jours passés dans la capitale lui fournirent l’occasion de faire la connaissance d’une partie des membres de la Société entomologique de France, à laquelle il appartenait depuis 1838, et qui avait déjà accueilli ses premiers essais. A son retour, il fallut se mettre au courant d’une foule d’affaires admi¬ nistratives qui s’étaient accumulées durant son absence, entrer en con¬ naissance avec un préfet nouveau, préparer le rapport au conseil gé¬ néral, s’occuper de l’éducation naissante des vers à soie, de la plantation des mûriers chargés de leur fournir des aliments, et des soins à donner à la magnanerie qu’il venait d'établir ; mais toutes ces occupations diver¬ ses ne pouvaient le détourner des études auxquelles il attachait tant de prix. Pour allonger les jours et tâcher de pouvoir suffire à ses nombreuses occupations, il se levait de bonne heure et prolongeait assez tard les veillées. Dufour aimait à partager avec lui ses plaisirs et ses joies. Ayant re¬ marqué dans les allées d’un jardin des trous évidemment creusés par des hyménoptères fouisseurs, il eut la curiosité de voir ce que révélaient les nids dont ces ouvertures accusaient l’existence. Armé d’une bêche, il soulève et retourne le terrain, et. dans ces nids, il trouva, ô surprise ! des monceaux de buprestes servant de pâture à une larve d’hyménoptère. 11 continua ses recherches : le jardin était une véritable mine de buprestes ! ['Agrilus bifasciatus, Y Agrilus pruni, s'y trouvaient abondamment. Le filon exploité, était dans la portion argileuse et quercicole du dépar¬ tement ; Dufour pensa qu’en se transportant dans la portion sablonneuse et pinicole, habitée aussi par l’hyménoptère fouisseur qui lui avait pré¬ paré de si belles captures, il trouverait aussi des espèces de buprestes différents : il suivit celte idée, en communiquant à Perris sa découverte, et il l'invita à se livrer à des recherches ; leurs investigations se portèrent sur les allées bien battues des jardins, et ils y trouvèrent une masse de buprestes, et à ceux du chêne étaient joints ceux qui vivent dans le pin *. Voilà donc un hyménoptère chargé d’être notre pourvoyeur de buprestes'; 1 Anciiocheira, 8-guttata. — Ancilochcira flavo-maculala. — Eurytliyrea inicans. — Plo- Iimus 9-maculalus, Phaenops larda. — Cbrysobolhrys clirysostigma. — Agrilus binolalus. Agrilus pruni. — Agrilus bifasciatus. — Lainpra rutiians. 88 NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS il pourrait en faire la monographie : ce Cerceris est un excellent déni¬ cheur. Ses diverses occupations n’empêchèrent pas à Perris de publier soit dans les Annales de la Société entomologique, soit dans celles des sciences naturelles, une foule de mémoires pleins d’intérêt et d’observations cu¬ rieuses. Au mois de juillet 1 841 , il se proposait d’aller revoir les richesses bo¬ taniques et entomologiques des Pyrénées, et il m’invitait à être de la partie. Si jamais j’ai gémi des chaînes qui m’empêchaient de prendre part à une si agréable excursion, c’est bien dans cette circonstance. A ses occupations de chef de division à la préfecture, de secrétaire de la Société d’agriculture, de directeur de la pépinière départementale, vinrent s’ajouter la surveillance de l’éducation des vers à soie et de la filature des cocons qu’il avait organisée; ces charges lui firent produire deux rapports remarquables sur l’industrie séricicole. 11 eut aussi à donner des soins à une petite propriété qu’il venait d’ac¬ quérir, et dans laquelle il faisait faire des plantations de mûriers ; aussi se plaignait-il de ne savoir de quel côté se tourner. « Vous me demandez, ra’écrivait-il, comment il se fait qu’avec des tiraillements en sens contraires, je trouve le moyen de faire de la science, c’est-à-dire des excursions, des études, des classements et des mémoires ; mais ce qu’il y a de certain, c’est que je suis toujours fou d’histoire na¬ turelle, et que mon cabinet en offre la preuve indubitable. » Perris venait de dépasser son septième lustre, et la science avait jus¬ qu’alors si complètement passionné son esprit, qu’elle avait suffi à satis¬ faire toutes ses aspirations. En 1845, une vie nouvelle allait s’ouvrir pour lui. « Je viens, m’écrivait-il, d’ajouter à ma collection une espèce d’un genre très intéressant. Je trouve que la variété que j’ai choisie n’est pas des plus communes, et après avoir été un monomane de célibat, mon cœur et mes intérêts ont trouvé leur compte à mon entrée dans la grande confrérie ; il me semble, puisqu’à trente-six ans il fallait faire une fin, que je ne pouvais la faire meilleure. Il trouvait en effet, dans M110 Clara deLagarrigue, toutes les qualités dé¬ sirables pour son bonheur. La félicité de ce monde ne peut être sans mélange : Perris dut l’éprouver. En quelques années, il vit successivement la magnanerie qu’il avait fait NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS 89 construire, dévorée par un incendie, et l’industrie séricicole dont il voulait doter son pays, périr après quelques espérances flatteuses, sous l’influence d’un climat défavorable. Au milieu de ces désastres auxquels il était très sensible, il lui survint quelques motifs de consolation. Son Traité de la culture du mûrier, de l’enseignement des magnaneries et de l'éducation des vers à soie, traité complet sur ces diverses matières, qui lui avait coûté quatre ou cinq hivers, fut couronné du prix Duplantier, d’une médaille d’or de la valeur de deux cents francs, et en 1847, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur. Les douceurs de la lune de miel ne lui faisaient pas déserter le dra¬ peau de la science ; il s’y rattachait avec plus d’ardeur que jamais. « J'ai déjà éprouvé, m’écrivait-il, qu’elle offre une puissante consolation pour les chagrins domestiques; je constate aussi qu’elle s’allie admirablement bien avec le bonheur, et qu’elle lui donne des charmes inconnus à tan d’autres. Les excursions sont plus agréables et plus fructueuses quand on est deux ; les travaux du cabinet sont moins fatigants, lorsqu’on peut en être distrait par la présence d’une femme qu’on aime, par les sourires et les premières gentillesses d’une petite fille de quatorze mois, qui déjà veut tout bousculer et qui raffole d’insectes et d’oiseaux. Je suis plus que jamais enfoncé dans la science, et les Annales de la Société ento- mologiquev ous l’apprendront, si mes œuvres sont jugées dignes de voir le jour. » Les événements de 1848 ne tardèrent pas à survenir; ils n’eurent au¬ cune influence sur son dévouement à l’entomologie. « La république des lettres et le socialisme des plantes, me disait-il, sont les seuls auxquels je m’attache, et plus je m’aperçois que les hommes ne valent pas grand’- chose, plus je me raccroche aux plantes et aux bêtes, aux bêtes surtout, si dociles à leur instinct, si fidèles à leur destinée. « Les gouvernements changent, mes occupations se multiplient; mes goûts ne se modifient pas; je ne me suis jamais tant occupé de science que cette année et je me trouve parfaitement bien d’échapper aux agita¬ tions dont les événements politiques semblent avoir fait une nécessité à la plupart des hommes. » J’admirais comme mes pensées se rencontraient avec les sentiments de Perris. A cette époque de révolution, j’oubliais de même tout ce qui se passait autour de nous, pour élaborer la Monographie des Coccinellides, qui m’a occupé pendant trois ans. Dans ces années d’interrègne, Perris travaillait à ses insectes du pin 90 NOTICE SUK KDOUAKü PERRIS maritime ; il se délassait dans ses correspondances. « J’aurais bien mau¬ vaise grâce, m’écrivait-il, à paraître oublier, en pleine république, les sentiments de fraternité qui unissent les naturalistes en général, et que je professe pour vous en particulier. Je n’ai jamais autant apprécié les charmes, les douceurs de la science et le bonheur de l’isolement, et c’est avec une véritable avidité que je savoure tous ces avantages. Le souvenir de mes correspondants vient souvent me trouver au milieu de mes tra¬ vaux, et pour vous prouver que je ne vous oublie pas, je vous adresse la relation d’un voyage que j’ai entrepris l’an dernier à travers nos grandes Landes.» Nos amis de Lyon, \IM. Jordan, Foudras, lley et d’autres de diverses localités recevaient aussi de ses nouvelles. Son mémoire sur les Cionus, dans lequel il avait suivi la nature avec cet esprit d’observation qui lui était particulier, lui avait valu des félici¬ tations venues de tous côtés, et lui faisaient oublier les agitations qui trou¬ blaient la société dans un monde auquel il ne prenait point de part. Il pro¬ fitait de la solitude dans laquelle il s’était réfugié pour poursuivre son travail remarquable sur les insectes du pin maritime. « En attendant, je vous expédie, comme pendant de mon mémoire sur les Cionus . une notice sur les Phytonomus et Phytobius. J’y joins sur les métamorphoses des Agrilus, un petit travail qui n’a quelque importance qu’au point de vue du litige à vider entre MM. Dufour et Gourreau. » Quelque temps après, il m’écrivait : « Je vous suis bien reconnaissant des témoignages d’affection et d’intérêt que vous m'avez donnés à l’occa¬ sion de ma lettre sur les grandes Landes ; il me suffisait qu’elle vous fût adressée, qu’elle fût envers vous un témoignage de mon estime et de mon affection, pour que j’en désirasse l’impression. » Erichson, dans les Archives d'histoire naturelle commencées par Wieg- mann, avait cherché dans des larves d’insectes les éléments d’une classi¬ fication de ces petits animaux. Perris poursuivait les mêmes idées, disant qu’il convenait de tenir compte des particularités que présentent les larves. « J’attache même, ajoutait-il, une certaine importance à ce dernier point.» A propos de cet ouvrage, il me demandait si mon opinion s’accordait avec la sienne sur la question : que les insectes, guidés par un instinct admirable, n’attaquaient guère que les arbres malades; mais quand on les laisse se multiplier, ils se jettent parfois sur les arbres voisins qui sont sains. Mon opinion se trouvant identique à la sienne, je lui citais le fait suivant : J’avais planté à ma campagne, depuis dix ans, une avenue de tilleuls. NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS 91 Un jour, je remarquai l’un de ceux-ci dont les feuilles jaunies annonçaient un état maladif. En regardant son pied, à une certaine distance, j’aperçus son écorce criblée de petits corps noirâtres que je prenais pour des plombs ; en m’approchant de plus près, je reconnus l’extrémité du corps des Bostrichus dispar $ , bouchant l’ouverture des trous dans lesquels ces insectes s’étaient développés; je n’hésitai pas à prendre le parti néces¬ saire : je fis arracher et brûler l’arbre ; les autres tilleuls, que j’aurais peut-être craint de voir atteints par ce redoutable ennemi, furent sauvés. L’arbre malade contenait près d’un millier de ce coléoptère corticole. Les travaux de Perris étaient déjà connus de tous les entomologistes, et cependant telle était sa modestie, qu’il s’étonnait que nos sociétés Lin- néenne et d’Agriculture de Lyon et la société de l’Oberland, présidée par M. Apetz, l'eussent admis au nombre de leurs membres correspondants. En 1850, Perris acquérait de nouveaux droits à notre admiration, en publiant son travail sur le Siège de l'odorat chez les articulés. Les opi¬ nions sur ce sujet étaient très diversifiées. Cet habile observateur avait pris la nature sur le fait ; il avait vu le Cynips auratus cherchant à pondre ses œufs dans les galles où se cachent les larves du Diplolepis pallidus, Olivier ; il avait vu la femelle de ce cynips baisser son oviducte et le plonger dans la substance molle de la galle, à l’endroit même où ses antennes vibratiles s’étaient arrêtées, et il s’était fait ce raisonnement : il y a ici une larve de celles que je cherche ; elle est à une telle profondeur; je vais essayer de l’atteindre. Après avoir vu l’usage que les cynips faisaient de leurs antennes, il en concluait que l’organe de l’odorat réside, du moins chez eux, dans les antennes. Avec quel charme il nous raconte les manœuvres de la Rhyssa mani- festatoria ( khneumon manifestator , Linné) cherchant à déposer ses œufs dans la larve d’un Clytus, caché dans du bois de chêne 1 ! Qui de nous n’a pas vu dans les bois de sapins, ou, à Lyon, dans nos entrepôts de bois, sur les troncs de ces arbres arrivés du Bugey, l 'Ichneu- mon persuasorius se livrer aux mêmes soins, pour atteindre, sous les cou¬ ches ligneuses qui les cachent, les larves du Sirex gigas ? Perris s'est livré à diverses expériences pour faire passer sa conviction dans l’esprit des autres, et celles-là doivent avoir convaincu les plus in¬ crédules, que les antennes et souvent les palpes, par leur dernier article, sont sensibles aux odeurs. 1 Les Oiseaux et les Insectes, p. 57. SOC LINN. — T. XXV. 7 92 NOTICE SUR jÉDOUARD PERK1S L. Dufour, dans un mémoire sur l’Organe de L'odorat et de l’ouïe chez les insectes *, a étayé la manière de voir de Perris par des faits anatomi¬ ques et des considérations physiologiques. 11 y a tant de charmes dans la correspondance de ce savant que je pré¬ fère souvent, pour le faire mieux connaître, citer des passages de ses lettres, dans lesquelles il exprime avec tant de sensibilité son dévouement à la science et son affection pour ses amis. En 1852, M. Léon Dufour, notre ami commun, passant par Lyon pour aller à Marseille, me fit l’honneur de venir me voir. Au dîner qu’il voulut bien accepter avec son beau-frère le général d’Abadie d’Avdren, le sou¬ venir de Perris, de ses travaux et de son amabilité firent les frais d’une partie de la conversation. « MM. Aubé et Laboulbène, m’écrivait-il en 1853, m’ont fait l’amitié de venir ici, passer quelques jours, partagés entre Dufour et moi; je les ai entraînés dans les grandes Landes, et comme cette troisième excursion offre de l’intérêt, je vous demande déjà la permission de vous en envoyer la relation. « Durant les deux semaines, malheureusement trop courtes, passées avec ces messieurs, ma gaîté ordinaire était dans un état permanent d’explosion. « J’étais cette année en veine de bonne fortune. Un mois après la visite d’Aubé, j’ai reçu celle de MM. Fairmaire et Signoret, qui m’ont procuré de bien heureux instants. . « Il était écrit que je me livrerais, cette année, à toutes sortes d’excès scientifiques. Ma femme était allée aux eaux des Pyrénées, à Cauterets; la fantaisie m’a pris d’aller la rejoindre, et je me suis donné une douzaine de jours d'ébattements à travers les sapinières, et les pacages alpins que je n’avais pas revus depuis dix ans. « Depuis ma dernière lettre, m’écrivait- il, j’ai fait avec mon ami, M. L. Dufour, un voyage scientifique dans le centre de l’Espagne, au mois de juin 1854 ; nous avons exploré pour la botanique et l’entomologie les environs de Madrid, d’Aranjuez, de l’Escurial, de la Granja, et une partie des montagnes de la Guadarrama. L’Espagne est le paradis des natura¬ listes ; j’y ai trouvé des jouissances qui m’étaient inconnues, grâce, il faut le dire, au bon accueil que nous avons reçu de MM. Graells, Perez et Villanova. « Cette année (1855), au mois de juillet, j’ai fait avec M. Dufour une 1 Annales des sciences naturelles (zoologie), t. IV. 18o0, p. 179-184, in-8. >OTICE SUR ÉDOUARD PERRXS 93 nouvelle exploration à la Teste et dans les dunes. Le succès n’a pas été remarquable ; mais pourtant nous ne sommes pas revenus les mains vides. » Ces divers voyages n’empêchaient pas l’apparition de différents mé¬ moires insérés dans les Annales de la Société entomologique de France, dans les Mémoires de la Société des sciences de Liège, et dans ceux de l’Académie de Lyon. Le 5 mai 1857, il me conviait à me rendre au congrès scientifique qui devait se tenir à Montpellier le 8 juin, pour avoir l’occasion de faire ma connaissance. MM. Arias, Perroud et Levrat purent seuls lui porter mes témoignages d’affection. 11 était obligé, de son côté, de reprendre le che¬ min de Mont-de-Marsan. « Je vais m’éloigner de Montpellier, m’écrivait-il, avec un véritable chagrin et le cœur d’autant plus oppressé que je ne sais plus quand je pourrai aller passer quelques moments avec vous. Espérons pourtant qu’un jour viendra où je pourrai me trouver avec vous à Paris, ou faire le voyage de Lyon. « Je vous ai dit qu’en 1855, lorsque j’étais à Paris, M. Signoret fit sur moi le premier essai de sa photographie. Je vous envoie une de ces épreuves ; elle est très imparfaite et de plus elle me vieillit un peu ; mais enfin la ressemblance y est, et je crois que M. Perroud m’y reconnaîtra.» Le 20 septembre 1857, il partit pour sa campagne avec toute sa famille et y passa deux mois et demi, s’y livrant à tous les charmes de l’agri— vili-arbori-flori-maçoni-amici-culture ; il trouva à son retour, l'opuscule sur les longipèdes qui lui était dédié. « L'amitié dont vous m’honorez, m’écrivait-il, et dont je crois être digne, m’élève à mes propres yeux et m’ennoblit aux yeux des autres; or, comme je sais que noblesse oblige, je consacrerai tous mes efforts à empêcher qu’on ne vous donne un dé¬ menti. » Terris venait d’avoir, en 1858, sa retraite comme chef de division, et il recevait le titre de conseiller de préfecture, dont le traitement se cumu¬ lait avec sa pension, et lui assurait plus d’indépendance et plus de loisirs, dont il espérait tirer tout le parti possible au profit de la science. « De¬ puis cinq mois, ajoutait-il, je suis maltraité par l’oïdium, qui, en rédui¬ sant mes revenus, m’a forcé à de grands sacrifices pour modifier l’éco¬ nomie de ma propriété et pour aider mes colons ; mais si l’année prochaine les vendanges donnent quelque chose, je ne laisserai pas passer l’année sans vous aller serrer la main. » Eu 1860, j’eus pour la seconde fois la visite de M. Dufour. A son re- 94 NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS tour, il fit part à Perris de ses chasses alpestres et surtout du plaisir que nous avions eu à nous entretenir de lui. Je comptais être dédommagé l’année suivante par sa visite ; « mais l’homme propose, dit-on, et Dieu dispose ; c’est bien quelquefois le diable; mais le proverbe met tout sur le compte du bon Dieu. Quoi qu’il en soit, ce proverbe s’est vérifié pour moi cette année, à mon très grand dé¬ plaisir. Nommé comme à l’ordinaire membre du jury du concours ré¬ gional de Toulouse, je m’étais promis de profiter de l’occasion pour faire une pointe sur Lyon et échanger avec vous une affectueuse accolade. Je me voyais sur le point d’exécuter ce projet qui me souriait, lorsque le gouvernement a jugé à propos de donner de l’avancement à notre préfet, et de nous en envoyer un autre. Il nous est arrivé au courant d’avril, c’est-à-dire peu de jours avant d’entreprendre la tournée du conseil de révision, et comme je connais le département, et que j’y ai de nombreuses relations, il a désiré que je l’accompagne; impossible dès lors d’aller vous voir. J’ai reçu ensuite, coup sur coup, la visite de M. Gougelet, de M. Thibesart, de MM. Aubé et Grenier et d’un Prussien, M. Fuchs, puis, plus tard, de M. de Bruck, et il m’est impossible de m’absenter dans les mois suivants. » En 18G2, il comptait aller au concours régional de Montauban, pour lequel il était nommé membre du jury, et venir ensuite à Lyon ; « mais voilà, disait-il, qu’on a devancé l’époque de la tournée de la révision, et me voilà encore accroché. » Je venais de lui envoyer mes Souvenirs d'un voyage en Allemagne . « Cette lecture, m 'écrivait-il, m’a causé à la fois plaisir et chagrin. Certes je n’ai pas un cœur accessible à la jalousie; mais en vous voyant explorer ces villes de la Germanie, admirer ses musées et ses bibliothèques, serrer la main, recevoir l’hospitalité, jouir de la société et de l’entretien de tant de savants pour lesquels j’ai, sans les connaître, de vives sympathies, j’ai envié votre bonheur et celui de M. Ferroud, et j'ai amèrement déploré ei regretté que mes devoirs, ma position de fortune, et par-dessus tout mon éloignement de vous, m’aient privé du bonheur d’être en tiers de votre délicieuse excursion. « Pendant que vous exécutiez votre heureux voyage, j’étais, au milieu de mes champs et de mes vignes, venu me dédommager de mes assujet¬ tissements de la ville et savourer en famille, dans un pays oü je compte suffisamment d’amis, et au centre d’un paysage splendide, cette vie de campagne pour laquelle j'ai tant de goût; les visites faites et reçues, l’agri- NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS 95 culture et les vendanges, les chasses de toutes sortes se partagent mon temps, et tous ces plaisirs sont doublés par la liberté et le sans- façon dont je jouis. » Cette existence heureuse dont il s’enivrait dans sa propriété, fut bientôt troublée. « Un incendie affreux, m’écrivait-il en 1863, a dévoré, au mois de juillet dernier, la plus grande partie de mes bâtiments ruraux, par bonheur assurés ; et après les chagrins qui ont été bien vifs sont venus les tracas. J’ai passé ma vie avec les maçons, les charpentiers, les menui¬ siers. J’ai dû renoncer au plaisir de passer avec les miens, à la cam¬ pagne, le temps des vendanges, et il m’a fallu accepter l'hospitalité d’un ami qui demeure à 3 kilomètres de mon chantier. Ces malheurs domestiques rendaient plus vifs en moi le désir de con¬ naître cet excellent ami, de lui dire combien j’avais souffert de ses peines. Enfin, en 1865, dans un voyage à Paris, fait principalement avec l’es¬ poir de l’y rencontrer, j’eus le plaisir de le voir chez M. Grenier, chez lequel il était logé, je ne saurais dire tout le plaisir que j’éprouvai en lui serrant la main. Je le trouvai à peu près tel que je me l’étais figuré, avec cette figure intelligente et cet air de bonté qui faisait le fond de son ca¬ ractère. Dans ces jours de réunions à la Sorbonne, pendant lesquels mon temps était pris un peu de tous côtés, je ne pus le voir aussi souvent que je l’aurais désiré, mais assez pour juger combien il méritait l’affection que je lui avais vouée, et pour sentir que ce sentiment s’était encore déve¬ loppé dans mon cœur ; mais les jours étaient comptés : il fallut nous faire nos adieux le mardi 25 avril. Je me suis si longuement étendu sur la vie de Perris que je ne men¬ tionnerai plus que deux de ses principaux travaux. Celui qui a rapport aux oiseaux et aux insectes1 est sans doute le plus à la portée des gens du monde, et celui dans lequel il déploie toutes les connaissances du naturaliste. Il combat l’opinion généralement admise que les oiseaux sont d’une très grande utilité à l’agriculture en faisant la chasse aux insectes nuisi¬ bles. Sans doute ils ont dans la nature un rôle utile à remplir ; mais on s’est exagéré les services qu’ils nous rendent, en voulant leur accorder une protection particulière. Perris, en examinant chaque tribu d’insectes, montre combien peu d’oiseaux sont réellement protecteurs de nos ré¬ coltes. 1 Les oiseaux et les insectes, Mont-de-Marsan. — Brochure in-8, de 65 pages. 96 NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS On se plaint, à la campagne, de la diminution des petits oiseaux, sans en rechercher les causes. Celles-ci sont : 1° la multiplication des maisons de campagne, et, par suite, celle des chats, ennemis acharnés des oiseaux 1 ; 2° la destruction des bois dans les lieux où l’on élève ces maisons ; 3° la destruction des nids et des œufs des oiseaux par les enfants. On n’a pas d’ailleurs assez étudié les lois établies par la Providence pour veiller aux intérêts de l’homme. Les petits oiseaux qui animent nos bois et nos champs, durant la belle saison, nous quittent aux approches de l’hiver, pour aller, sous un ciel plus doux, chercher une nourriture devenue difficile à trouver; mais au mo¬ ment où la nature se réveille chez nous, où éclosent une foule de larves d’insectes, ils reviennent pour nous délivrer d’une partie de ceux de ces petits animaux qui pourraient nous nuire. Beaucoup de ces êtres em- dlumés sont chargés de décimer ces populations capables de nous causer des dommages. La plupart des becs-fins sont insectivores; les chenilles et beaucoup d'hexapodes n’ont pas avec eux une existence bien assurée. Mais quand l’été arrive, que la plupart des larves ont passé à l’état de nymphe, et que les insectes sont devenus plus rares, la majeure partie de ces oiseaux deviennent granivores. Le moineau se jette sur nos moissons ; les chardonnerets épluchent les graines de chardons, et visitent nos chene- vières ; les fauvettes recherchent les baies de sureau ou autres analogues. Les mésanges, race peu sociable, nous rendent quelques services avant de nous quitter; celle à tête noire se cramponne sur les bourses construites par la chrysorrhée, ou par la pyliocampe du pin, lacère avec son bec les enveloppes de soie sous lesquelles se cachent les petites che¬ nilles qui sommeillaient sous cette tente, et en fait un carnage affreux ; quelquefois elle fend le crâne des petits oiseaux faibles ou maladifs pour se nourrir de leur cervelle2. Les grimpereaux, les sitelles, les pics, qui nous sont si utiles, en cher- 1 J’ai plusieurs fois fait luer, à la campagne, des chats surpris en flagrant délit de manger des petits oiseaux. L’un d’eux venait de se régaler d’une nichée de merles assez gros pour être prêts à s’envoler. Peu de petits oiseaux peuvent résister à leurs griffes. Un de mes amis avait un jour dans son jardin un nid de pies-grièches : le chat épiait le moment où les parents s’absentaient ; il vit un jour l’occasion favorable et il se mita grimper sur l'arbre; heureusement pour les pau¬ vres petits, la mère aperçut le maraudeur; elle vole sur le cou de cet ennemi, et le mord si cruellement qu'elle le force à redescendre et à renoncer aux objets de ses convoitises. 2 J'avais autrefois une centaine de chardonnerets, pinsons ou autres petits oiseaux dans un appartement que des pieds de sapins, fixés debout, avaient transformé en une espèce NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS 97 chant les insectes dans les fissures des troncs ou sous les écorces, ont une chair si maigre qu’ils sont épargnés par les chasseurs. Aucun oiseau ne s’attaque aux bostriches ou aux scolytes cachés dans lés écorces, et qui sont souvent le fléau de nos arbres. Mais la Providence emploie contre eux d’autres insectes qui leur font une guerre acharnée, ou uie charge les éléments de les décimer. La bonté de Dieu se sert, contre les larves de hannetons ou autres in¬ sectes d’une vie souterraine, principalement des musaraignes et des tau¬ pes, et l’on ne saurait dire combien celles-ci sont utiles. En novembre 1840, la Saône inonda pendant trois semaines les prés qui la bordent. Les vers blancs, avertis déjà par l’approche des froids, avaient eu le temps de s’enfoncer profondément dans le sol, et ils furent préservés. Les taupes, au contraire, furent presque toutes noyées. L’année suivante, les prés qui donnaient vingt chars de foin, furent réduits à en fournir trois ou quatre. Quand les insectes se multiplient à l’excès, la Providence appelle au secours de nos récoltes l’intempérie des saisons, la sécheresse, les gelées ou les insectes parasites. Souvent elle sait tirer un bien de l’excès du mal. 11 y a quelques années, les chenilles de la chrvsorrhée se montrèrent si nombreuses dans les champs et les bois d’une partie de la Bourgogne, qu’elles eurent dévoré toutes les feuilles avant d’avoir le développement nécessaire pour parvenir à l’état de nymphe. L’année suivante, le pays se trouva, par là, délivré de ce fléau. En 1840, dans les environs de Lyon, les mêmes chenilles étaient si mul¬ tipliées qu’on prévoyait le dépouillement prochain de tous nos arbres ; il survint une pluie froide, après des chaleurs assez fortes, et le lendemain, c’était plaisir ou pitié de voir toutes ces chenilles atteintes de dyssenterie et pendre mourantes sur le tronc des arbres. Il y a cinq on six ans, dans les montagnes du Beaujolais, les fausses chenilles du Lophyrus pini, ordinairement rares, se montrèrent en nom¬ bre considérable sur nos pins (Pinus sylvestris). L’année suivante, elles furent tellement multipliées que presque chaque feuille de ces arbres portait une de ces rongeuses ; elles disparurent ensuite complètement. Leur disparition provenait-elle d’une nourriture incomplète ou de l’abon¬ dance de ces hyménoptères myrmidoniens, dont M. Forster possède plus de bois. Pendant un petit voyage que je fls, les domestiques oublièrent de donner à manger à ces oiseaux, parmi lesquels se trouvaient deux ou trois mésanges ; celles-ci ouvrirent le crâne de plusieurs chardonnerets pour se ftourrir de leur cervelle. 98 NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS de deux mille espèces, et qui, malgré leur petitesse, serv entsouvent à res¬ treindre les populations des insectes qui nous nuisent; je n’étais pas sur les lieux; je ne puis décider la question. La Providence n’est pas seulement protectrice de nos intérêts, en sus¬ citant des ennemis aux insectes qui nous nuisent ; elle pousse sa bonté pour l’homme, en accordant à certains oiseaux destinés à nous servir de nourriture, la faculté d’avoir plusieurs pontes, et une fécondité qui nous invite à leur faire la chasse, telles sont les cailles et les alouettes. Les premières, en partant pour l’Afrique, s’arrêtent sur les côtes de la Sicile en quantités si nombreuses que certains habitants se créent, en leur faisant la chasse, un revenu de plus de dix mille francs. Quant aux alouettes, dont on prend chaque année des milliers ou des millions, elles seraient pour nous un fléau si on les laissait trop se mul¬ tiplier ; elles se jetteraient en grand nombre sur nos terres nouvellement ensemencées et enlèveraient des grains non recouverts, mais qui, sans ces oiseaux, germeraient sans peine. Aussi, dans certaines parties du Midi, des conseils généraux ont-ils demandé qu’il fût permis de faire la chasse aux alouettes, même pendant l’été. M. le Dr Turrel, de Toulon, dans le Bulletin de la Société d'acclimata¬ tion, publia une critique du mémoire de M. Perris sur les oiseaux et les insectes. Notre ami, dans les Annales de la Société d’agriculture des Landes, y répondit d’une manière fort courtoise, mais dans laquelle il ne laissait à son controversiste rien à répliquer. « Ma réponse, m’écrivait-il n’est pas difficile, mais je veux qu’elle soit assez sérieuse pour corro¬ borer ma thèse et lui donner plus de crédit. On a, disait-il, beaucoup écrit en faveur des oiseaux ; mais on n’a guère fait que des romans, de la fantaisie, de l’imagination, parce que de tous ceux qui en ont ainsi parlé, bien peu connaissent les oiseaux, et pas un ne connaît les in¬ sectes. » Les sciences et les arts ont besoin de la paix pour se développer, et les jours de deuil pendant lesquels notre patrie était envahie par l’étranger n’étaient guère propres aux travaux scientifiques. « Dans l’état où se trouve notre pays, m’écrivait-il, on ne peut espérer le bonheur relatif que dans l’accomplissement du devoir, ou dans l’étude de la science, ce qui est l’apanage du plus petit nombre. a Mes relations ont beaucoup souffert des événements ; plusieurs de mes correspondants sont tellement affairés ou ahuris, qu’on ne peut presque rien en tirer. NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS 99 « Je suis devenu assez indifférent, parce que le temps devient de plus en plus précieux ; mais il est des épanchements d’amitié et de ces com¬ munications scientifiques que l’on tient toujours à conserver, et dans l’état où sont les esprits, cela n’est pas aussi facile qu’autrefois. «Aussi la moindre manifestation de sympathie me cause un vif plaisir ; ainsi j’ai reçu, ces jours derniers, une carte de ce bon M. Peroud, à laquelle je me suis hâté de répondre, et vous ne sauriez croire combien j’ai été sensible à cette preuve de souvenir. » Malgré les embarras de la situation, Perris n’en continuait pas moins ses travaux. 11 publiait ses Promenades entomologiques, dans lesquelles il décrivait une foule d’insectes nouveaux trouvés par lui, ou reçus de divers amis, surtout de M. Revelière. «J’ai toujours, m’écrivait-il, mon grand travail sur les larves; il a marché lentement parce que je tenais à ce qu’il fût sérieusement fait ; mais pourtant il touche à sa fin quant au texte, et le croquis de toutes les planches est fait. Malheureusement, il faut que les figures soient mises au net, et cela m’effraye un peu avec ma vue de presbyte. » En 1874-, la société Entomologique de France, pour lui donner le plus grand témoignage de l’admiration que faisaient naître ses beaux travaux, l’inscrivait au nombre de ses membres honoraires, aux applaudissements de tous les naturalistes. « Ce qui me rend plus sensible, m’écrivait-il, la distinction dont je viens d’être l’objet, c’est l’adhésion qu’elle rencontre de la part de ceux que j’affectionne et que j’estime; et depuis la mort du vieux maître et ami que je pleurerai toujours, vous êtes, croyez-le bien, à la tête de ceux-là. N’ètes-vous pas mon plus ancien correspondant ? n’êtes-vous pas celui de qui j’ai reçu le plus d’encouragements, encouragements d’affection et de générosité de toutes sortes, et par-dessus tout le bon exemple. » En 1875 sa santé, jusqu’alors assez solide, commença à lui inspirer des craintes. « Le travail dont je vous ai parlé, m’écrivait-il, a été ar¬ rêté par diverses circonstances, en tête desquelles il faut mettre une be¬ sogne administrative considérable, la brièveté des jours et deux ab¬ sences. « Voici maintenant le tour d’une double indisposition, dont l’intensité me fait craindre la durée. Plus tard, un exécrable lombago, après m’a¬ voir cloué au lit, m’avait réduit à un douloureux état de siège. Le témoi¬ gnage de votre bon souvenir ne me permet pas de différer de vous en 100 NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS remercier, et, faisant violence à mes lombes endoloris, je vais profiter de l’occasion pour réaliser mon projet. « Je suis à même de livrer à l’imprimeur mon travail sur les larves des coléoptères. Vous serait-il possible d’en provoquer, par votre société Linnéenne, la publication en bloc, ou du moins en deux ou trois fractions ? le crois, sans vanité, que ce travail pourra faire honneur à vos Annales, car j’en fais plus de cas que de mes insectes du pin, l’expérience acquise m’ayant permis de mieux faire. » L’impression de ce travail, malgré mes soins, n’avançait pas selon mes désirs, et le graveur, tombé malade pendant plusieurs mois, retardait la publication des planches. Le temps pressait ; l’état de Perris s’était sen¬ siblement aggravé. « Mon existence, m’écrivait-il en décembre 1877, n’a pas été précisément compromise, mais j’ai été aux prises avec de cruelles douleurs, compliquées d’une inappétence absolue, qui me laissent une faiblesse telle que j’ai bien de la peine à vous écrire. » En janvier 1878, le texte de ses larves de coléoptères était tout im¬ primé; il corrigeait les épreuves des dernières planches, et il allait enfin voir la fin du travail qui couronnait si dignement sa vie. Dans cet ouvrage, chef-d’œuvre de patience et d'observation, et rempli d’aperçus fins et ingénieux, il a non-seulement décrit les larves avec une exactitude rigou¬ reuse, mais il a dressé des tableaux synoptiques destinés à permettre de reconnaître, entre elles, celles des insectes d’une même famille. Son livre sera bientôt recherché par tous les naturalistes, et sera sous peu l’ornement de toutes les bibliothèques entomologiques ; il perpé¬ tuera, dans l’avenir, le nom de Perris, et le fera aimer de tous ceux qui ne l’ont pas connu. Ce pauvre ami entrevoyait peut-être déjà la gloire qui lui était promise. Mais la maladie faisait de rapides progrès. Perris avait toujours admiré et adoré Dieu dans ses œuvres, et ses écrits, en montrant les soins de la Providence, avaient été une sorte d’hymne à la divinité. Avant de franchir la dernière étape de ce chemin périlleux qui s’appelle la vie, il a invoqué les secours de la religion; il s’est confié à ses esnérances. 11 est mort en chrétien, dans la plénitude de ses facultés. Le 2 janvier 1878, il fit sans doute un effort sur lui-mcme pour tracer les mots suivants : « La maladie me force à emprunter la main de l’ami Gobert pour vous annoncer le renvoi des planches avec leur explication. A vous , tout de cœur. » Je ne saurais dire avec quelle douloureuse émotion je reçus ce dernier .NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS 101 adieu. Mon affliction devint plus vive en lisant les lignes suivantes ajou¬ tées à son insu, par M. le Dr Gobert : « Perris a une tumeur abdominale d’une nature squirreuse, qui, à peu près sans douleur, empoisonne le sang. » Le docteur eut la bonté de me tenir au courant de l’état de mon ami. La mort, selon les prévisions du médecin, arrivait à grands pas. Il s’étei¬ gnit, entouré des siens et de quelques amis éplorés, le dimanche 10 fé¬ vrier 1878 *. Je perdais en lui mon plus ancien correspondant, et un ami dévoué, dont je pleurerai toujours la perte. Il avait donné ses loupes à M. Abeille de Perrin, comme souvenir, et il laissait à M. le Dr Gobert sa collection1 2. Il n’eut pas la douleur de voir mourir, un jour après lui, l’une de ses filles, jeune veuve de trente-deux ans laissant après elle un orphelin. Le lundi 11 février, eurent lieu les funérailles de Perris, au milieu d’un grand concours, de l’élite de la population et des frères de la Doctrine chrétienne, avec leurs grands élèves. M. Hippolyte Dive, au nom de la société d’Agriculture des Landes, prononça sur sa tombe un discours dans lequel il faisait ressortir admi¬ rablement les services rendus par Perris à la science, à l’administration et au pays 3. Mais ce savant n’est pas mort tout entier; son souvenir vivra longtemps dans le cœur de ses amis 4, pour lesquels il était si bienveillant et si af fectueux. Son merveilleux talent d’observation, ses découvertes, son esprit de justice, son amour de la vérité et l’exactitude de ses descriptions, assu¬ rent à ses admirables écrits une durée qui résistera aux injures du temps : ils feront toujours le charme des entomologistes. 1 II n'a pas eu la satisfaction de savoir que la Société Entomologique de France lui avait accordé, pour ses Larves de Coléoptères, le prix Dollfus, de la valeur de 300 fr. 2 Cette collection a été récemment acquise de la famille, par M. Valéry, Mayet pour le compte de la Société d'Agriculturc de Montpellier. (V. Bulletin de la Société Entomologique de France, n" 12. p. 122, et Petites Nouvelles, 2' vol., n° 201 (1878), p. 23. 3 Journal des Landes, 13 février 1878. 4 Je ne puis nommer ici tous ceux qu’il avait, il Paris et ailleurs, dans la crainte d’en oublier quelques-uns. 102 NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS Perris était membre de la Société entomotogique de France, depuis 1838. Il appartenait, comme correspondant, aux Sociétés suivantes : 1840. Séricicole de France ; 1846. Linnéenne de Lyon; 1848. D’Agriculture de Lyon; 1851. De l’Oberland, à Altenburg; 1851. Des Sciences de Lille; 1852. Des Sciences de Liège ; 1856. Centrale de Paris ; 25 février 1874. Membre honoraire de la Société entomologique de France ; 1877. Membre de l’Institut des provinces. 11 avait été nommé : En 1858, conseiller de préfecture ; Le 14 novembre 1866, membre du bureau d'administration du lycée de Montauban ; Le 7 décembre 1866, membre du conseil de perfectionnement du même lycée ; Le 1er août 1866, officier d’académie. Il avait obtenu : Le 24 janvier 1862, une médaille d'argent, grand module, décernée par la société Linnéenne de Bordeaux ; Le 23 avril 1863, une médaille d'argent pour ses travaux sur les in¬ sectes nuisibles du pin maritime ; Le 22 février 1865, la grande médaille d’or pour ses travaux sur les insectes nuisibles à l’agriculture ; 1 847. La croix de la Légion d’honneur. CATALOGUE DES PUBLICATIONS D’ÉD. PERRIS i. Quelques mots sur la larve et le nid du Buprestis manca. Actes de la Soc. Linn. de Bordeaux, t. X (1836), p. 303-307, in-8. 2. Mémoire sur la Lonchoea parvicornis (Meigen), et delà Teremya lati- cornis (Macquart). Ann. Soc. Entom. de France, t. VIII (1838), p. 29-37, in-8. 3. Notice sur une nouvelle espèce de Syphondla (Macquart). Ann. Soc. Entom. de France, l. VIII (1838J, p. 39-46, in-8. 4. Notice sur quelques Diptères nouveaux. Ann. Soc. Entom. de France, t. VIII (1838), p. 47-57, in-8. 5. Observations sur les insectes qui habitent les galles de YUlex nanus et du Papaver dubium. Ann. Soc. Entom. de France, t. IX (1839), p. 89-98, in-8, pi. VI, Dg. 1 à 22. 6. Observations sur les insectes qui vivent dans les galles de l 'Ortie dioïque. Ann. Soc. Entom. de France, t. IX (1840), p. 401-406, in-8, pi. XI, fig. 1 à 9. 7. Notes pour servir à l’histoire des Crabronites. Ann. Soc. Entom. de France, t IX (1840), p. 407-412, in-8, pi. XI. Seconde partie, fig. 1 à 5. 8. Notes pour servir à l’histoire des Psychodes, diptères delà famille des Tipulaires. Ann. des Sc. natur., 2* série (1840), t. XIII, p. 346-348, in-8. 9. Observations sur quelques larves xylophages ( llelops , Melandria, Pla- typus, Strangalia, Ctenophora). Ann. des Sc. natur., 2* série, (1840), t. XIV, p. 81-96, In-8, pi. IH. flg I à 37. 104 NOTICE SUR EDOUARD PERRIS 10. Notes sur les métamorphoses des Tachyporus cellaris et des Tachinus humeralis, pour servir à l’histoire des Brachélytres. Ann. Soc. Enlom. de France , 2* série (184G), t. IV, p. 331-337, in-8, pl. IX, n° 3, fig. 1 à 9. 11. Note pour servir à l'histoire du Megatoma serra (Latr.), dermestes serra (Fabric.). — Antrhenus Viennensis (Herbst). Ann. Soc. Entom. de France , 2* série (1846), t. V, p. 339-342, in-8, pl. IX n” 4, fig. f. g, h, i. 12. Note pour servir à l’histoire des Lygistopterus sanguineus (Dej.), ( Lycus sanguineus) (Fabr.). — Dictyopterus sanguineus (Latreil). Ann. Soc. Entom. de France. 2* série (1846), t. IV, p. 343-346, in-8, pl. IX. n” S, fig. a, d, e. 13. Notes pour servir à l'histoire des Trichopterix. Ann. Soc. Entom. de France, 2* série (1846), t. IV, p. 343-346. 14. Notes pour servir à l’histoire de YAnaspis maculata (Foucr.), et du Tillus unifasciatus (Fabric.). Ann. Soc. Entom. de France, 2' série (1847), t. V, p. 29-35, in-8, pl. I, n* 12. Dig. 1-11. 15. Notes sur les métamorphoses de la Trichoura annulata (Meigen) et de la Scathopse punctata (Meigen), pour servir à l’histoire des Ti- pulaires. Ann. Soc. Entom. de France, 2* série (1847), t. V, p. 37-39, in-8, pl. XI, n” 3 et 4, fig. 1-17. 16. Notes complémentaires pour l’histoire du Melasis flabellicornis (Fabric.). Ann. Soc. Entom. de France, 2' série (1847), I. V, p. 541-546, in-8, pl. IX n° 2, fig. 1-5. 17. Observations sur la larve du Clytus arielis, de la Saperda punctata et de la Grammoptera ruficornis , pour servir à l’histoire des Longi- cornes. Ann .Soc. Entom. de France, 3" série (1847), t. V, p. 347-554, in-8, pl. IX n” 2, flg. 1-13. 18. Notes pour servir à l’histoire des Ceratopogon. Ann. Soc. Entom. de France, 21 série (1847)j t. V, p. 555-569, pl. IX, n*, flg. 1-19. NOTICE SUR ÉDOUARD PERR1S 105 19. Lettre sur une excursion dans les grandes Landes. Mém. de l'Acad. de Lyon (1847), t. II, p. 401-418, in-8. 20. Histoire des métamorphoses de la Donacia sagittariœ. Ann. Soc. Entom. de France , 2e série (1848), t. VI, p. 43-48, in-8, pl. II, n° 2 fig. 1-12. 21. Notes pour servir à l’histoire du Lixus angustatus. Ann. Soc. Entom., 2* série (1848), t. VI, p. 147-158, in-8, pl. VII, n’ 1, flg. a-(l. 22. Notes pour servir à l’histoire des métamorphoses de diverses espèce.-. de Diptères. Ann. Soc. Entom. de France, 2' série (1849), t. VII, p. 51-65, et 331-351, ln-8, pl. IX, n” 5, fig. 1-8; pl. IX, n’ 4, fig. 1-6 ; pl. IX, fig. 1-6. 23. Notice sur les habitudes et les métamorphoses de l 'Eumenes infundi- buliformis (Ouv.) (E. Ouvieri, Saint- Fargeaü). Ann. Soc. Entom. de France, 2’ série (1849), p. 185-194, in-8, pl. VII, n“ 2, flg. 1-7. 24. Mémoire sur le siège de l’odorat chez les articulés. Ann. Scien. nat., 3* série (1850), t. XIV, p. 159-178. 25. Notes sur les mœurs du Coniatus chrysochlora (Lucas) (curculionites) ; avec une note de M. Lucas. Ann. Soc. Entom. de France, V série (1850), p. 25-29, in-8. 26. Notes pour servir à l'histoire des Cionus. Ann. Soc. Linn. de Lyon (1850), t. II, p. 291-302. 27. Mœurs et métamorphoses de YApate capucina (Fabr.); de YApate sexdentata (Olivier); de YApate sinuata (Fabr.) et de YApate Dufourii (Latreille). Ann. Soc. Entom. de France, 2° série (1850), p. 555-871, in-8, pl. XVI,' n* 5, flg. 1-14. 28. Histoire des métamorphoses de quelques Diptères. Mém. de la Soc. de Lille (1850), p. 118-133, in-8, pl. I, flg. 1-24. 29. Notes pour servir à l’histoire des Phytonomus et des Phytobius. Mém. de t Acad . de Lyon (1857), p. 93-106, in-8. 106 NOTICE SUR ÉDOUARD PERRIS 30. Notes sur les métamorphoses de divers Agrilus, pour servir à l’histoire des Buprestides. Mém. de l'Acad. de Lyon (1851), 1. 1, p. 107-121, in-8, fig. 1-7. 31. Quelques mots sur les métamorphoses des Coléoptères mycétophages, le Triphyllus punctatus, DiphyUus lunatus, 1 ’Agathidium seminu- lum et YEucinetes meridionalis. Ann. Soc. Entom. de France (1851), p. 39-53, in-8, pi. II, n°2 & 5; n° 2, Hg. 9 n° 3, fig. 10-16 ; n° 4, fig. 17-25 ; n° 5, fig. 26-36. 32. Histoire des insectes du Pin maritime. Ann. Soc. Entom. de France, 2* série (1852), p. 491-522; 3* série (1853), p. 555; 644 ; (1854), p. 85-160;- p. 593-646; (1856), p. 173-257; — p. 423-486; (1857)- p. 341-395; (1861), p. 173-243. Diptères, t. X (1870), p. 135-232 et p. 321-366, pl. I, II, III, IV et V. 33. Seconde excursion dans les grandes Landes. Ann. Soc. Linn. de Lyon (1852), p. 145-216, in-8. 34. Note additionnelle sur les habitudes et métamorphoses de YEumenes infundibuliformis (Olivier). Ann. Soc. Entom. de France (1852), p. 557-559, in-8. 35. Histoire des métamorphoses du Clambus enshamensis (Westwood); du Cryptophagus dentatus (Herbest) ; du Lvtridius minutus (Linné); du Corticaria pubescens (Illiger) ; de YOrthoperus piceus (Steph.) ; du Malachius æneus (Fabric.), et de la Sapromyza qua- dripunctata (Fabr.). Ann. Soc. Entom. de France (1852), p. 571-50, pl. XIV, n” 1, fig. 1-10; n* 2, fig. 11-13; n° 3, fig. 16-20; n” 4, fig. 21-23; n"5, fig. 24-32, pl. XV; n’ 1, fig. 1-8, ? n* 2, fig. 9-12. 36. Histoire des métamorphoses des Blapsproducta et fatidica. Ann. Soc. Entom. de France (1852), p. 603-612, pl. XV, n* 3, fig. 13-21. 37. Réunion en une seule espèce des Chasmatopterus hirsulus et villosu- lus (Illiger). Ann. Soc. Entom. (1855), p. 273-284, in-8. 38. Description de sept coléoptères nouveaux, pris dans le département des Landes. Ann. Soc. Entom. de France (1855), Bull., p. 77-80, in-8. >01 ICE sut EDOUARD l'EIUllS 107 39. Histoire des métamorphoses de divers insectes. Mém. de la Soc. de Liège (1856), p. 233-280, in-8. 40. Des métamorphoses de la Cochylis Hilarana (Her-Schakf). Ann. Soc. Enlom. de fronce, 3" série (1866), t. IV', p. 33, 88, in-8, pi. I, fig. 5. 41. Nouvelle excursion dans les grandes Landes. Ann. Soc. Linn. de Lyon (1837), t. IV, p. 83, ISO, in-8. 4 ’2. Notes pour servir à l'histoire des mœurs des Apion. Ami. Soc. Entom. de France (1863 , 4* série, I. II, p. 451-459, in-8. 43. Description de quelques espèces nouvelles de coléoptères. Ann. Soc. Enlom. de France , 4' série, t. II, p. 273-303, in-8. 44. Notes diverses. Ann. Soc. Enlom. de France, V série, t. IV. p. 304-310, in-8. 45. Description de nouvelles espèces de coléoptères. Rectifications cl notes. Ann. Soc. Entom. de France (1865), 4’ série, t. V, p. 303-312, in-8. 40. Description de quelques insectes nouveaux. Ann. Soc. Enlonx.de Fran'e (18(6), 4' série, t. VI, p 181-196, in 8 47. Notes entomologiques. Ann. Soc. Entom. de Fran-c (1869), p. 433-468, in-8. 48. Promenades entomologiques. Ann. Soc. Entom. de France, 5° série (1873), t. III, p. 61-96, in-8. 40. Résultats de quelques promenades entomologiques. Ann. Soc. Entom. de France (1873), 3* série, t. III, p. 249-252. 50. Les oiseaux et les insectes. Mém. de la Soc. des Sc. de Liège, 2* série, t. III (1873;, p. 073-730, in 8. 51. A M. le Dr Turrel, réponse à la criiiquc du Mémoire rcla r aux oi¬ seaux et aux insectes. Ann. Soc. d'Agric. des Landes (30 juin 1875), in-8. 52. Larves de coléoptères. Ann. de la Soc. Linxi. de Lyon, t. XXII (1876-77), in-8. SOC. LINN. — T. XXV. 8 108 NOTICE SUH ÉDOUARD PERRIS 53. Nouvelles promenades entomologiques. Ann. Soc. Entom. de France ( 1876) 5* t. VI, p. 177-244. 54. Rapport sur la proposition d’établir des primes pour la destruction de la Courtilière. An», de la Soc. d' Agriculture des Landes (1839). 3’ liira., p. 6-13, in-8. 55. Observations présentées sur le Mémoire de M. Martin, relatif à la carie du froment. Ann. de la Soc. d' Agriculture des Landes (1839), 3* triai , p. 15-19. 56. Rapport sur une proposition tendant à l’établissement de primes pour semis et plantations de chênes. Ann. de la Soc. d’ Agriculture des Landes (1839), 3' trira., p. 11-13. 57. Situation de l’industrie séricicole dans le département des Landes. Ann. de la Soc. d' Agriculture des Landes (1840), p. 109-117. 58. Notes sur l’arachide et la pomme de terre de Rohan. Ann. de la Soc. d' Agriculture des Landes (1840), p. 9-14, in-8. 59. Rapport sur les primes à décerner en 1842 pour l’éducation des vers à soie. Ann. de la Soc. d’ Agriculture des Landes (1841), p. 102-104, in-8. 60. Rapport sur les moyens proposés par le bureau de la Société pour en¬ courager et propager la filature de la soie. Ann. de la Soc. d' Agriculture des Landes (1841), p. 104-105, in-8. 61. Situation en 1848 de l’industrie séricicole dans le département des Landes. Annales de la Soc. d'Agric. des Landes (1841), p. 111-162, ln-8. 62. Les fourmis et les pucerons. Meme Recueil (1842), p. 63-67, in-8 . 63. Rapport sur une proposition ayant pour objet la distribution gratuite d’une certaine quantité de mûriers. Rèmc Recueil (1842). p. 13.-130, in-8. NOTICE SUE EDOUARD I’ERRIS 109 04. Rapport sur une proposition tendant à faire allouer des subventions pour l’éducation des vers à soie. Même Recueil (1842), p. 127, in-8. 65. Rapport sur une proposition pour la filature de la soie. Mime Recueil (1842), p. 138-140 iu-S. CG. Rapport sur une proposition tendant à accorder une subvention pour le cardage de la filoselle. Même Recueil (1842), p. lil, in-8. 67. Situation en 18i-2 de l’industrie séricicole dans le département des Landes. Meme Recueil (1842), p. 147-182, :u-8. 68. Situation en 1843 de l’industrie séricicole dans le département des Landes. Meme Recueil (1843), p. 119-163, in-S. 69. Rapport sur la filature de la soie. Môme Recueil (1843), p. 163-1C8, in-8. 70. Réponse aux observations de M. Brisson relatives à la culture du mûrier et à l’éducation des vers à soie. Même Rcueil (1844), p. 91-34, in-8. 7 1 . Compte rendu de la vente des charrues. Même Recueil (1844), p. 115-116, in-8. 72. Situation de 1 industrie séricicole dans le département des Landes. Même Recueil (1844), p. 144-167, in-8. 73. Rapport au nom d’une commission chargée de visiter les travaux exécutés par M. Yidallon pour l’assainissement et l’arrosement d’une prairie. Même Recueil (1846), p. 33-40, iu-S. 74. Traité de la culture du mûrier, de l’établissement des magnaneries et de l’éducation des vers à soie. UoiU-dj-Alarscin, 1846, in-8 de 470 p. 110 (NOTICE Sl'R ÉDOUARD PERRIS 75. Notice nécrologique sur le marquis de Lyons. Même Recueil (1869), p. 71-77, in-8. 76. Rapport sur le concours agricole tenu à Mont-de-Marsan le 24 juil¬ let 1860. Même Recueil (1868), p. 32-51, in-8. 77. Note sur le Chouroc, maladie qui attaque le seigle dans la Grande - Lande. Même Recueil (1862), p. 18-21, iu-8. 78. Note sur la conservation du froment dans des futailles. Même Recueil (1862), p. 29-31, in-8. 79. Résumé de diverses expériences faites en 1861, pour apprécier le mérite de divers remèdes proposés contre l’oïdium. Même Recueil (1862), p. 32-52, in-8. 80. Coup d’œil sur le concours agricole de Saint- Scver. Même Recueil (1863), p. 16-22, in-8. 81. Encore un mot sur l’oidium et sur les moyens de le combattre. Même Recueil (1864), p. 154-179, in-8. 82. Quelques mots sur la chenille qui dévore les feuilles du Pin. Même Recueil (1864), p. 177-186, in-8. 83. Sur les insectes nuisibles aux récoltes en 1865 et 1866. Ann. de la Soc. d' Agriculture des Landes (1867), n' 65, p. 461 473, in 8. NOTICE SUR ÉDOUARD VERREAUX P Alt M. MU LS AN T Lue à la Société linéenne de Lyon, le 13 Février 1878 — 'C'Oo- Verreaux (Jean-Baptiste-Édouard) était né à Paris le septembre 1810, de Pierre-Jacques Verreaux, marchand d’objets d’histoire naturelle, et de Joséphine Delalande, sœur du célèbre Delalande, voyageur au service du gouvernement. Issu de parents passionnés pour l’histoire naturelle, le jeune Édouard se sentit de bonne heure attiré par les charmes de cette aimable science. Plus avide d’instruction qu’on ne l’est ordinairement à son âge, il fit de bonnes études, et, à dix-sept ans, il était nommé préparateur du muséum de Douai. Il commençait ainsi la carrière qu’il allait embrasser. En 1819, il s’embarquait pour le cap de Bonne-Espérance, où son frère Jules réclamait sa présence, pour lui aider à former un établissement scien¬ tifique, destiné à alimenter leur maison de Paris. 11 fit, avec ce dernier, de nombreuses excursions dans les environs de la ville et deux grands voyages dans l’intérieur de ce pays, sur lequel, depuis Le Vaillant et leur oncle Delalande, aucun Européen n’avait imprimé la trace de ses pas. NOTICE SUR ÉDOUARD YERREAUX 112' Mais que de dangers n’eurent-ils pas à courir dans ces contrées inhos - pitalières ! Ils se trouvaient presque constamment en face de peuplades traîtresses, barbares, superstitieuses, cupides, au milieu desquelles ils étaient toujours entre la vie et la mort. Leur salut dépendait uniquement de la bienveillance équivoque et mobile de ces diverses peuplades, bien¬ veillance qu’il fallait conquérir et conserver à force de verroteries, d’ob¬ jets de quincaillerie et de bouteilles d’une eau-de-vie, violente à tuer les plus déterminés buveurs de casse -poitrine parisiens. Grâce à leur courage et à leur habileté, les frères Verreaux eurent en peu de temps réuni une grande quantité d'objets, dans les trois règnes de la nature ; ils firent à leur maison de Paris de fréquents envois, et le Muséum de la capitale put s’enrichir des fruits de leurs décou¬ vertes. A la fin de deux grandes excursions, Édouard revint en France avec une magnifique collection, renfermant de nombreux exemplaires d’animaux, inconnus ou peu connus encore des naturalistes. Toutes ces richesses fu¬ rent exposées en 1831, dans les galeries de M. le baron Benjamin Deles- sert, cet ami généreux et éclairé des sciences naturelles. La vue de ces objets produisit une grande impression dans le monde savant. Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire s’en émurent ; ils encouragèrent Édouard à retourner dans un pays qui lui avait permis de trouver tant de trésors. Édouard repartit en 1832 ‘pour le cap de Bonne-Espérance, avec son frère Alexis, qui ne devait plus quitter l’Afrique méridionale. Grâce à leur zèle et à leur activité, les frères Verreaux eurent bientôt formé, au Cap, un musée renfermant en mammifères, oiseaux, reptiles, insectes, etc., pres¬ que tous les animaux particuliers à ce pays. Ce musée, jusqu’au départ de Jules, en 1838, fut un sujet d'admiration pour les habitants de la ville, et ne manquait pas d'être visité par les voyageurs allant aux Indes, ou en revenant. Édouard, au retour d’une excursion poussée assez loin dans l'intérieur, trouva l’occasion d'aller visiter des contrées plus éloignées, de trouver d’autres espèces d’animaux, de voir d’autres races humaine. Le capitaine Geoffroy s’apprêtait â partir pour les grandes îles de l’Asie, il proposa à notre naturaliste de prendre une place sur son navire ; l’offre fut acceptée avec joie. Il visita Sumatra, Batavia, Sourabaya, quelques points des Phi¬ lippines, de la Chine et de la Cochinchine et revint au Cap par l'île Mau- 1 Le juillcl et il ar.tiva c:: septembre NOTICE SUR ÉDOUARD VERREAUX 113 rice. Combien il était intéressant dans le récit qu’il me faisait parfois de ses courses et de ses exploits ! Pourquoi ma mémoire ne peut-elle me rappeler les diverses particula¬ rités si émouvantes de ses voyages? Quel livre curieux on écrirait ! Je gémis encore en songeant à cet étranger tient il me redisait les infortunes ; ce malheureux était venu s’implanter sur l’un de ces parages et avait eu ses trois enfants dévorés par des caïmans. Je frémis surtout en songeant à ce courageux Édouard, osant s’aventurer seul dans une forêt, à la re¬ cherche d’un tigre royal qui s’était montré la veille dans les environs. De retour au Cap, il trouva son frère Jules dans une vive inquiétude sur Alexis, dont on n’avait aucune nouvelle depuis longtemps. La guerre des Cafres avec la colonie anglaise ajoutait à ces inquiétudes de justes su¬ jets de crainte. Les Cafres incendiaient les bâtiments, massacraient les habitants ; ils s’étaient répandus dans les vastes forêts bordant les côtes, et menaçaient d’envahir les petites villes éloignées de la métropole. Le colonel Smith avait été envoyé contre eux à la tête de trois régiments et de deux mille boërs ou colons hollandais ; ces mesures n’avaient pas suffi pour arrêter leurs dévastations. Ces sauvages n’acceptaient pas des combats réguliers ; favorisés par les accidents de terrains et par les forêts, ils s’étaient divisés en bandes plus ou moins nombreuses, harcelaient les troupes et saisissaient toutes les occasions d'attaquer les petits détache¬ ments. Il fallut faire venir des renforts de Sainte-Hélène, en demander à l’Angleterre et aux Indes, et cette guerre de guérillas, qui dura dix-huit mois, se serait plus longuement prolongée sans la valeur des troupes, l’ha¬ bileté du chef et surtout sans le secours des boërs, qui, habitués â traquer les bêtes fauves, se servaient, contre les Cafres. de procédés particuliers. Après deux mois d'attente, Édouard se décida à aller à la recherche de son frère Alexis. Il allait entreprendre, par terre, ce voyage périlleux, quand un de ses amis l’engagea à profiter d’un navire qu’il envoyait à Mossel-Bay, sur la côte occidentale de l’Afrique. Arrivé dans cette localité, après quelques jours de traversée, il trouva une hospitalité cordiale, chez M. Aker, ami du capitaine du navire. Il pro¬ fita de son séjour dans cette localité pour battre tous les environs, dans le but d’enrichir ses collections. Dans l'une de ces chasses, en poursuivant des Damans, il sauta impru¬ demment d’une roche à l’autre sur le bord de la montagne, et posa le pied sur une pierre mal assise ; elle glissa, lui fit perdre l’équilibre et le NOTICE SCR ÉDOUARD VERREAUX 1 14 fit tomber de douze pieds sur un arbre providentiellement implanté hori¬ zontalement dans le roc. La pierre ne tarda pas à le suivre ; elle devait l’écraser ; elle se borna à le frôler légèrement et alla se briser à six cents pieds au-dessous, sur des récifs contre lesquels venaient battre les flots de la mer. Par une circonstance merveilleuse, Édouard, dans sa chute, avait en¬ fourché le tronc de l’arbre, tandis que. par un sentiment instinctif de con¬ servation, il avait embrassé convulsivement, avec son bras gauche l’une des grosses branches. Il fut si étourdi de cet évènement inattendu qu’il resta quelques instants anéanti. Il avait reçu plusieurs contusions et quel¬ ques déchirures au visage, et ce fut seulement après s’être remis de sa première émotion, qu’il vit, fortement étreint par la main droite, son fusil, encore armé de deux coups. Après s’être remis peu à peu, il songea à se tirer d’un aussi mauvais pas. Il fallait, pour atteindre le bord de la mon¬ tagne, gravir, au-dessus d’un abîme, douze pieds de rochers presque per¬ pendiculaires. A la vue de cette situation critique, il faillit perdre cou¬ rage. Cependant, rassemblant toute son énergie, il déchargea son fusil, le lança, au risque de le briser ou de le perdre, sur le sommet du rocher; il fit faire le même saut à ses souliers, et, profitant des aspérités de la ro¬ che, il se mit à grimper à la manière des singes, atteignit heureusement le point vers lequel il tendait, et se mit à genoux pour remercier Dieu de sa conservation. Pendant son séjour à Mossel-Bay, Édouard reçut, du Cap, des nouvelles de son frère Alexis. Ce dernier chassait dans une localité où les bruits de guerre n’avaient pas encore pénétré. Édouard se dirigea vers ce lieu, et au bout de quelque temps il eut le plaisir de revoir son frère. Il serait trop long d’énumérer les principaux animaux 1 qui tombèrent sous leurs coups, de redire leurs exploits et les dangers qu’ils coururent dans ces chasses périlleuses. Ainsi, un jour, on poursuivait un léopard : l’animal, sur le point d’être atteint, se retourna vers ses agresseurs et sauta au poitrail du cheval monté par Édouard. Heureusement il fut abattu au même moment par un chasseur. Une autre fois, on pourchassait un lion 1 Les zèbres, les bufles, les éléphants, les condamas, les antilopes bleus, lus autruches, les demoiselles de Numidie, etc., etc. Édouard avait découvert une espèce de Macroscclide qu'a ensuite décrite M. Smith. Il s'était emparé d'un jeune éléphant, pris entre les bras de sa mère, qu'une balle avait couchée par terre ; d'un jeune singe qu’il avait pu garder vivant, en le faisant allaiter par une Hotten- tote, etc. NOTICE SUR ÉDOUARD VERREAUX 115 qui ravageait le pays. Ce redoutable carnassier allait s’élancer sur un Hot¬ tentot qui l’avait manqué, quand une balle, tirée par Édouard, le fit rouler à terre. Après quelques mois de cette vie aventureuse et pénible, les deux frères Verreaux expédièrent leurs conquêtes nombreuses à leur frère Jules, et se mirent en route pour le rejoindre. En 1833, il revint en France, et dès l'année suivante il prit la direction de la maison fondée par son père en 1800, et il ne tarda pas à en faire un établissement sans rival dans le monde entier. Son commerce était en pleine prospérité ; il engagea son frère Jules à quitter l’Afrique, et à ramener en France toutes leurs richesses en objets d’histoire naturelle. En 1838, Jules confia tous ces trésors au vaisseau le Lucullus faisant voile pour la France. Devant les accompagner, il négligea de les faire assurer. Heureusement pour lui, il fut retenu par un ami, avec lequel il prit place sur un autre navire. Le Lucullus fit naurage sur les côtes de la Rochelle. Les frères Verreaux perdaient ainsi pour près d’un million de marchandises et surtout tous leurs échantillons uniques, tous leurs manuscrits, fruits de tant d’années d’observations et plus de douze cents dessins, devant, avec leurs écrits, servir à une publication destinée à faire connaître les services rendus par eux à la science, et à leur donner de la gloire. Édouard, frappé comme d’un coup de foudre par ce revers inattendu, eut le courage de lutter contre le sort ; il épousa bientôt une compagne digne de lui et réunissant tout ce qui peut plaire et charmer, il continua son commerce avec une nouvelle ardeur, et grâce à son intelligence et à son activité, il devint le soutien et la gloire de sa famille, et put servir, à ses frères, de père et de protecteur. On ne pouvait guère mettre le pied dans ses vastes et beaux magasins de la place Royale, sans y rencontrer quelques-unes des célébrités scien¬ tifiques des diverses parties de l’Europe ou de l’Amérique. Les magasins d’Édouard Verreaux étaient bien faits pour servir de rendez-vous à tous les amis ou amateurs de l’histoire naturelle. Ils ren¬ fermaient les plus beaux échantillons possibles d’oiseaux de toutes les par¬ ties du monde, auxquels l'art de la taxidermie, poussé à une extrême perfec¬ tion, semblait réellement donner l’existence. A ces oiseaux s’associaient pit¬ toresquement des Mammifères de cent espèces; dessquelettes; des coquilles de toutes sortes, classées avec ordre dans des vitrines, et que le savant Édouard, conchyliologiste très habile, pouvait nommer à première vue ; 116 NOTICE SUR ÉDOUARD VERREAUX (les caisses regorgeant de peaux et de dépouilles rares, n’attendant que la main de l’artiste pour reprendre l’aspect de la vie. Plus loin, des ri¬ deaux soigneusement fermés protégeaient contre l’action perfide de la lumière la collection d’Oiseaux-Mouches, sinon la plus riche, du moins la plus précieuse pour l’étude, parla réunion des deux sexes à tous les âges de la vie, de leurs squelettes, de leurs nids et souvent de leurs œufs. Cette collection était l’objet des prédilections d’Édouard Verreaux, qui consa¬ crait ses recherches, ses soins et des sommes assez considérables à la rendre le plus complète possible. Édouard Verreaux couvait des yeux ces objets précieux avec un amour tout particulier. Il fallait posséder son estime à un haut degré pour avoir la permission de prendre entre les doigts un de ces bijoux, auxquels une chute maladroite pouvait causer la rupture d’un bec ou tout autre dom¬ mage. Quand je lui manifestai le désir de publier une histoire des Oiseaux- Mouches. commencée déjà avec les matériaux du cabinet de feuBourcier, l’un de nos plus célèbres trochilistes, il s’empressa de mettre à ma dispo¬ sition, avec une générosité dont je lui garderai toujours une profonde re¬ connaissance, tous ses trésors en Colibris, et c’est à ses bontés et aux fa¬ cilités et complaisances sans nombre de sa gracieuse veuve que j’ai dû principalement de pouvoir publier cette histoire, à laquelle je me suis fait un devoir d’associer le nom d’Édouard. Hélas ! il n’a pas eu la satiifaction de voir le commencement de ce tra¬ vail qui lui était dû. Sa santé, altérée par ses longs pénibles voyages, commença vers la fin d’août 1867 à donner quelques inquiétudes à sa fa¬ mille dont il faisait le bonheur. Quand je le quittai, vers la fin de sep¬ tembre, il était triste, souffrant, et semblait pressentir sa fin. La maladie empira progressivement, et malgré la science de son docteur et les soins les plus affectueux et les plus dévoués de sa chère épouse et de ceux qui l'entouraient, il fut enlevé à tous ceux qui l’aimaient, le 14 mars 1868- La maladie n’avait rien pu lui faire perdre de la bonté et de la douceur qui était un des privilèges de son admirable nature ; au milieu des plus vives souffrances, il ne témoignait jamais un moment d’impatience et sa physionomie ne perdait jamais rien de cette douceur affectueuse qui lui avait fait tant d'amis. Il est difficile de dire combien il a été pleuré de tous les employés, et des nombreux voyageurs qu’il entretenait dans le monde pour alimenter son important commerce. NOTICE SUE EDOUARD TERREAUX 117 Malgré la longueur de cette notice bien incomplète, je ne puis m’empê¬ cher, pour faire plus facilement connaître la bonté de son cœur, sa géné¬ rosité envers sa famille et envers tout le monde, de rapporter le trait sui vant raconté par M. Henri Berthoud, cet illustre écrivain, qui a laissé sur Édouard Verreaux une admirable et touchante notice, à laquelle nous avons fait plus d'un emprunt. « Parmi les clients les plus assidus d’Édouard Verreaux se trouvait un obscur employé d’un ministère ; ardent et savant conchyliologiste, mais par malheur sans autre fortune que ses très modestes appoiniements. Il s’imposait toute espèce de privations pour augmenter sa collection ; vivait mal logé et célibataire, il se nourrissait pauvrement et il se refusait presque un habit, achetait à crédit les coquilles rares ou uniques qu’une tentation trop forte ne lui permettait pas de laisser exposées à passer entre d’autres mains, et les payait par acomptes. « Or, un soir où l'employé collectionneur venait compléter le payement d’un Oscabrion de grande taille, et le seul qui fût arrivé jusqu’alors en Europe, et que Verreaux lui avait livré pour le prix qu’il l’avait payé lui- même une caisse de l’Australie arrive du roulage, et comme elle contenait des coquilles, Édouard voulut donner à l'amateur la joie d’ouvrir cette caisse et d’en déguster les prémices. Celui-ci prit gaiement un marteau et un ciseau, détacha les clous, enleva le couvercle ; mais dès qu’il eut aperçu le contenu de la boite, il devint blanc comme un linge, et dut s’asseoir précipitamment pour ne pas tomber. « Édouard Verreaux jeta à son tour un regard sur la caisse. Elle con¬ tenait, entre autres coquillages, une centaine d’Oscabrions, tous aussi grands et aussi beaux que celui que jusque-lû on croyait unique. « Verreaux sourit de ce sourire doux et fin qui le caractérisait, prit un marteau, et sans proférer un mot, brisa tous les Oscabrions à l’exception de deux qu’il mit à part. « Mon cher Monsieur, dit-il à l’amateur, qui le « regardait avec stupéfaction, permettez-moi de vous offrir un de ces Os- « cabrions. Je conserverai l’autre pour ma propre collection; mais je vous « promets que tant que vous et moi nous vivrons, il ne sortira pas de « mes mains. » L’ESTÉREL PAR M . PAUL EYMARD Lu à la Société Linnéenne de Lyon, le 13 mai 1878. — *<>« — La facilité avec laquelle on voyage aujourd’hui fait que tout le monde est devenu plus ou moins touriste. La Suisse, les Pyrénées, les bords du Rhin et autres lieux sont, toutes les années, envahis par une multitude de voyageurs dont l’unique but est de voir et d’admirer les sites pittoresques dont la renommée a proclamé les merveilles. Souvent, cependant, on va bien loin chercher des beautés naturelles dont on a l’équivalent tout près de soi. Ces réflexions m’étaient suggérées à l’occasion d’une excursion que je fis dans les montagnes de l'Estérel lors de mon séjour à Cannes pendant cet hiver. Grand amateur de courses et de promenades, je parcourais tous les jours les environs de cette côte fortunée de la Méditerranée, où l'hiver est remplacé par un éternel printemps. Guidé dans mes excursions, soit par les habitants du pays, soit par les quelques auteurs qui donnent des renseignements sur les lieux les plus remarquables*, j’arrivais à visiter (1) De ce nombre est le livre de JI. Victor relit intitule : Vingt-cinq Promenades dans tes environs de Cannes. 120 l’estérel à peu près tous les sites un peu importants du pays ; mais que de vues splendides, que d’excursions ravissantes et que de sites curieux restent encore inconnus, soit aux nombreux étrangers, souvent valétudinaires, qui ne peuvent faire de longues courses qu’en voiture, soit aux habitants du pays, insouciants des beautés qu’ils n’apprécient pas, blasés qu’ils sont par l’habitude d’être en face d’une nature si riche et si pittoresque, mais toujours la même ! Un de mes amis, qui habite Cannes depuis plusieurs années et qui a parcouru ses environs dans tous les sens, publia dans un journal, il y a quelques années, la relation d’une excursion qu’il avait faite au cœur de l’Estérel. La description pittoresque qu’il- faisait de ces vallées sauvages m’avait donné grande envie de m’assurer par moi-même si ces merveilles n’étaient pas surfaites et si la réalité répondait à ses récits. Je le priai donc de vouloir bien me faire visiter cette vallée infernale dont il se disait le révélateur; il y consentit de bonne grâce et nous primes jour pour accomplir cette excursion. Munis de provisions indispensables pour un repas agreste, nous partîmes de Cannes, le 3 janvier, par le convoi du chemin de fer de 7 h. 19 du matin, et arrivâmes à Trayas (première station) à 7 h. 42. A quelques centaines de mètres de cette station, nous nous engageâmes dans la montagne de l'Estérel; mais, après une course de près de deux heures, des plus fatigantes, à travers les rochers, les ronces et des maquis presque impénétrables, nous fûmes obligés de renoncer à notre excursion, par suite d’indisposition et de douleurs dont mon compagnon et moi fûmes saisis, conséquence certaine de l’humidité dont les fourrés étaient imprégnés; nous dûmes donc rentrer à Cannes et remettre à plus tard notre projet d’excursion, lorsque la saison plus avancée nous le permettrait sans imprudence. Aussi ne conseillerai-je jamais d’entreprendre une course de cette nature avant que les jours, plus longs, n’oifrent un sol moins mouillé et une rosée en partie dissipée par les rayons du soleil. Effectivement, au 14 mars de cette année 1877, après avoir recruté un troisième compagnon, peintre distingué de nos amis, nous nous mimes en route dans les mômes conditions d’approvisionnement qu’au mois de janvier; mais nous suivîmes une voie plus facile et par un soleil plus chaud qui nous favorisa de sa bienfaisante influence, sans cependan tnous accabler de sa chaleur. l’estérel 12! Ce n’est pas sans fatigue que l’on arrive au fond de ces abîmes ; il faut avoir bon pied et bon oeil, et surtout de bons souliers ferrés bien solides. A une centaine de mètres plus loin que la première fois, nous entrions dans un sentier à peu près praticable. Cette gorge, couverte d’arbres verts et de grandes bruyères hautes de 2 à 3 mètres, en pleines fleurs dans ce moment, est une des plus ravissantes choses que l’on puisse voir. Beau¬ coup d’autres fleurs viennent mêler leurs vives couleurs aux panaches blancs dont sont surchargés ces groupes d’élégantes bruyères, que nous serions heureux de voir fleurir dans nos serres ; mais cet arbrisseau, si abondant dans ces gorges arides, se refuse à la culture; il est comme tous les êtres sauvages, qui meurent de langueur du moment où ils ne sont plus en liberté et qui préfèrent au sybaritisme de la civilisation des jardins toutes les intempéries auxquelles ils sont exposés dans leurs agrestes rési¬ dences. Nous cheminons toujours en grimpant pendant deux heures environ ; les sentiers à peine tracés et souvent coupés par des éboulis ne laissent pas que de rendre la marche très-pénible. Dans ces passages, les pieds s’accommodent assez mal de ces énormes pralines dont les angles enta¬ ment les chaussures les plus solides. Enfin, nous arrivons à un col, d’ou nous jouissons d’une merveilleuse vue. D'un côté, des groupes de montagnes enchevêtrées les unes dans les au¬ tres, et, par une échappée, Fréjus, qui se présente avec ses antiques débris, entouré de fertiles jardins et de quelques villas éparses; en se retournant du côté d’où nous venons, une vallée profonde, verte et plantureuse, qui, après plusieurs contours, se termine par la mer sans fin qui se confond avec le ciel . Arrivés à ce point culminant, nous commencions à redescendre lorsqu’un vacarme inattendu arrêta notre marche et nous procura un certain saisis¬ sement : c’était une bande de sangliers (fort occupés à se régaler de bul¬ bes d'asphodèles très-abondantes dans ces parages) qui, effrayés par notre présence inattendue, nous avaient aussi singulièrement épouvantés nous-mêmes par leur fuite précipitée, se jetant à corps perdu dans cet abîme végétal dont ils font craquer les branches et rouler les pierres jusqu’au fond. Après quelques minutes de ce tapage, nous ne les enten¬ dîmes plus ; tout rentra dans le silence, et notre attention fut absorbée par j/kSTKIIRJ, 1 22 les sauts et gambades d’un animal moins féroce : c’était un écureuil, moins bruyant que scs concitoyens, qui croquait des pommes de pin et des noisettes sur une roche surplombant le torrent écuraeux du fond. Nous continuâmes notre chemin, toujours de plus en plus raboteux : à notre droite, l’abîme où s’étaient précipités les sangliers, et au fond duquel gambadait l’écureuil, avec le torrent se brisant sur des roches de por¬ phyre entassées par le chaos; à notre gauche, une forêt qu’une pente ra¬ pide rendait inabordable, et qui semblait se perdre dans les nues ; des blocs énormes de rochers formaient des obstacles que contournait le sen¬ tier à peu près tracé que nous suivions. Arrivés à un certain endroit, une roche formant lunette barre le chemin. Nous grimpons alors dans le bois sur les indications de notre ami, et nous nous trouvons devant une grotte assez profonde, défendue pour ainsi dire par un mur à hauteur d’appui ; une seule ouverture permet de pénétrer dans ce réduit. Un lit fait de branches de pin et de la paille formant matelas, telle était la rési¬ dence du fameux brigand Gaspard de Bres, qui désola l’Estérel pendant plus de dix ans, parles exploits de rapine qu’il opérait sur les routes qui avoisinent ce groupe de montagnes, réputé alors comme le plus dange¬ reux passage de la Provence. Aujourd'hui, ces solitudes ne sont parcou¬ rues que par les agents forestiers chargés d’y tracer des sentiers dans toutes les directions, de manière à ce que la traversée de ces contrées devienne possible. Nous descendons retrouver le sentier que nous suivions avant cette visite ; la vallée où nous cheminons se resserre de plus en plus ; d’énor¬ mes obélisques de porphyre surgissent du fond du ravin, chargées de vé¬ gétations et de plantes grimpantes ; elles font opposition à celles qui sur¬ gissent nues des flancs de la montagne de l'autre côté et s’élancent dans l’espace comme des géants de granit qui veulent tenter d’escalader le ciel. Infimes créatures que nous paraissons au milieu de ces gigantesques bouleversements ! A mesure que nous avançons, nous nous trouvons au milieu de cirques successifs formés par les montagnes et les amas de porphyre rouge qui nous entourent. Tous offrent d’étranges formes : nous y reconnaissons le lion de saint Marc, dont la patte levée se repose sur l'Évangile; une pointe de rocher forme même la langue. A côté figure un vieux grognard de l’estérel 123 l’empire avec son bonnet à poil, orné d’un plumet qui n’est autre qu'un sapin. Un taureau furieux, un crocodile, avec ses dents et une langue d’ardoise, un immense monstre dont une caverne forme la gueule et cent autres masses de granit et de porphyre qui changent de forme à mesure que nous nous avançons dans l’abime. A tous les tournants de sentiers, nouveaux cirques, nouvelles visions de fantômes de pierre. Je ne trouve qu’une expression un peu triviale qui puisse rendre ma pensée pour donner une idée de ce chaos : c’est une multitude d’aiguilles de porphyre qui ont giclé 1 du sein de la terre en ébullition et ont produit cette immense salade. Au milieu de ce dédale, une aiguille de plus de 50 mètres de haut, tout à fait verticale, surgit comme un obélisque et ne semble inaccessible à aucun végétal. Cependant elle est surmontée par un immense pin se dressant comme un mât de perroquet. L’orientation de ces rochers est venue encore ajouter à l’effet pittores¬ que de leur couleur. Naturellement rouges de feu comme le porphyre dont ils sont composés, ils ontpris des teintes qui varient selon leur position. Ceux qui regardent le midi ont conservé cette couleur ignée native qui a quelque chose de féroce. Ceux orientés au nord et même à l’ouest sont verts et couverts de mousse ; d’autres léopardés de taches noires sur un fond jaune tranchant avec leurs voisins éclaboussés de blanc, comme s’ils avaient été badigeonnés à la chaux par des peintres géants ; d’autres, enfin, étendus au fond du torrent, sont chamarrés de toutes les couleurs possibles, depuis le blanc jusqu’au noir et depuis le rouge sombre du fer chaud jusqu’au vert tendre des lichens. Au fond de cette vallée, nous nous voyons entourés d’écroulements gi¬ gantesques qui semblent nous menacer de leur chute, suspendue dirait- on momentanément pour nous laisser le temps de traverser ces solitudes en les admirant; des arbres se tordent sous l’étreinte de ces blocs grani¬ tiques qui les écrasent et semblent vouloir les soulever sur leurs branches impuissantes. C’est l’image d’un effondrement général où une végétation luxuriante le dispute aux rochers amoncelés dans les profondeurs de l’abîme; de tous côtés, c’est le spectacle d’un chaos indescriptible. Il sem¬ ble qu’après nous tout doive s’écrouler et que la fuite soit le seul salut. i Vieux mot français, banni bien à tort de notre langue, car il n’a pas son équivalent. 9 SOC. LINN. — T. XXV. 124 l'estérel Mais je vois que la plume est impuissante à donner une idée juste de ces infernales beautés, et que, quelle que soit l’encre dont on se serve, il est impossible de rendre l’impression ressentie en face de ces sublimes et admirables horreurs dont nos yeux restent éblouis. Malgré nous, à tous les pas, nos exclamations mutuelles se succèdent et notre admiration toujours croissante n’a plus d’expressions possibles. Enfin, arrivés au plus profond de ces solitudes, nous nous établissons sur un mobilier de rocher qui nous constitue une salle à manger plus gran¬ diose et plus pittoresque qu’aucune. Pour notre appétit, stimulé par toutes ces beautés, et aussi, il faut bien le dire, par trois heures et demie de pé¬ nible marche dans des sentiers qui sont loin d’être des routes royales, le panis pour le moment avait pour nous plus d'attrait que \epinus dont nos yeux commençaient à être rassasiés. Aussi quels coups de dents ! Nos provisions, arrosées de l'eau glacée du torrent, furent dévorées et absorbées en un clin d’œil. Une fois lestés, notre admiration grandissait plus à son aise, et nos forces, retrempées par notre excellent déjeuner, nous étaient tout à fait revenues. Bien des sur¬ prises nous étaient encore réservées, et une course horriblement longue devait couronner la fin de notre excursion. Nous levons le camp et laissons sur place les débris da notre festin. Qui en profitera? Je ne vois que messieurs les sangliers auxquels tout est bon et peut-être aussi notre ami T’écureuil, qui fera parfaitement son affaire des fruits que nous lui avons laissés pour dessert. A quelque distance de notre salle à manger, nous nous trouvons en face d’une fondrière au fond de la¬ quelle se met en fureur le torrent, tourmenté qu’il est par les blocs de porphyre détachés des hauteurs qui nous environnent. Tout sentier devient impossible, et les gardes forestiers n’ont rien trouvé de mieux à faire, pour sortir de cette impasse, que de jeter un pin en travers de l'abîme ; si au moins ils y avaient mis une main courante ! Sans être acrobate on eût pu y passer; mais, sans balancier, se risquer sur cet arbre n’était pas chose prudente ; néanmoins, nous nous risquons, et, |une fois arrivés de l'autre côté, nous allions nous applaudir d'avoir franchi le plus diffi¬ cile obstacle que nous eussions rencontré ; mais, hélas, notre première escalade ne devait être qu'un exercice préparatoire ; car quatre autres pas¬ sages successifs se présentaient devant nous, et le dernier, que nous l’estérel 125 apercevions très loin, était le sublime du genre. Notre ami. qui connaissait ces passages, nous réservait une véritable surprise pour le cinquième et dernier tour de force sur lequel nous allions être appelés à faire nos preuves d’adresse et d’aplomb. Nous en passons trois qui se trouvaient dans les conditions d’équilibre du premier ; mais, arrivés en face de ce terrible cinquième, nous nous demandons si jamais chair humaine s’est risquée à être embrochée sur ce perchoir de perroquet. Enfin, il n’y avait pas à reculer : le perchoir à escalader ou revenir sur nos pas et repasser nos quatre ponts suspendus sur l’abime. Le danger est, dit-on, la gour¬ mandise des âmes fortes, mais, franchement, nos âmes n’en étaient guère tentées, et nous eussions préféré des rafraîchissements ou un bon tapis moelleux à cet affreux sapin arrondi et hérissé de branches mal cou¬ pées sur lesquelles on avait grande chance de tomber, mais, il est vrai, aussi de s’accrocher pour ne pas aller rouler au fond du précipice. Enfin, prenant, comme on dit, notre courage à deux mains, nous escaladons le perchoir sans encombre et rentrons dans un sentier tracé, mais non exempt de ces pralines ennemies de nos chaussures. Aussi fallait-il souvent nous arrêter; mais alors nous nous reprenions à admirer ces roches mêlées d’arbres tordus comme des désespérés qui avaient l’air de lutter contre ces blocs de porphyre qui les écrasaient malgré eux. Quelles beautés sauvages et grandioses! Non, je ne crois pas qu’au monde il existe un spécimen de chaos plus saisissant etplus admirable. J'ai déjà vu beaucoup de ces vallées pittoresques, depuis les vallées des Alpes jusqu’à celles moins grandioses des Pyrénées, depuis celles de la Chiffa en Afrique jus¬ qu’à celles d’Écosse et de la chaussée des Géants en Irlande ; mais, à part cette dernière, qui est une beauté d’un ordre particulier, rien ne m’a paru aussi étrange et aussi grandiosement pittoresque. Et dire que ce coin mira¬ culeux de notre pays n’est connu que de quelques agents forestiers ! qui ne voient dans les convulsions de la nature qu’une chose : la difficulté des sentiers à établir, sans s’apercevoir qu’ils exploitent d’admirables horreurs qui feraient accourir tous les touristes du monde si elles étaient connues. Car, même à Cannes, les habitants, si habiles à exploiter les étrangers, ne se doutent pas des merveilles ignorées qui existent à quelques lieues de leur ville. Il n’est du reste pas probable qu’avec l’envie de voir du nou¬ veau qui dévore le monde, les touristes ne finissent pas par découvrir et 126 l’estérel plus tard préconiser l’intérêt d’une semblable excursion. Certainement il se passera encore probablement de longues années avant qu’un restau¬ rateur aventureux aille y faire tourner ses broches pour apaiser la faim féroce de ses visiteurs; mais qui sait ? Trois hôtels confortables se dispu¬ tent bien les voyageurs sur les crêtes du Righi, jadis désertes et habitées seulement par des chamois. Mais, enfin, il fallait revenir à Agay, où le chemin de fer s’arrêtait à 2 heures. Or, il était midi lorsque nous nous remîmes en route ; nous traversâmes un pays fort intéressant à plusieurs points de vue. Comme bo¬ tanique, nous eûmes la chance d’y rencontrer des espèces assez rares, qui ne se trouvent guère que dans les montagnes de la Corse. Les géolo¬ gues trouveraient, dans ce parcours, de quoi faire une ample moisson de roches et même de minerai; nous y reconnûmes des couches très-tran¬ chées de grès houiller ; depuis, j’ai appris qu’effectivement quelques recherches avaient été faites, et je ne doute pas qu’elles ne finissent par aboutir. Plus près de Fréjus, on exploite des carrières de porphyre bleu qui jusqu’à ce jour ont fourni et fournissent encore les cubes des pavés de Cannes; mais elles ont été jadis exploitées pour de plus hautes destinées; car il existe encore des colonnes ébauchées par les Romains dans la masse du rocher, qui n’en sont pas détachées, et que l’on a eu le bon esprit de respecter comme un antique souvenir du grand peuple. Aujourd’hui l’intelligent architecte de l’église de Fourvière a pensé met¬ tre à contribution ces superbes matériaux, et les six colonnes de porphyre gris bleu qui décorent l’abside de cet édifice ont été fournies par les car¬ rières de l’Estérel. Nous n’avions que 2 heures pour atteindre Agay, à la même distance de notre salle à manger que Trayas. Il fallait donc, en 2 heures, par¬ courir la même longueur de chemin que nous avions mis 3 heures et demie à faire le matin. A la vérité, au lieu de monter, nous allions constamment descendre en suivant le lit du torrent qui se jette à la mer, à côté la station d’Agav. Nous arrivons juste pour prendre le train de 2 h. 50. Plus tard, nous étions obligés d’attendre jusqu’à 7 heures du soir dans une station où il n’y a absolument que l’habitation du chef de gare, sans aboutissants, si ce n’est quelques sentiers s’enfonçant dans la montagne. Le chemin que nous parcourûmes dans cette partie de notre excursion l’estérel 127 est très-accidenté et très-pittoresque, mais se rapprochant de tout ce que l’on voit dans les pays de montagnes et bien loin des sites étranges que recèle le cœur de l’Eslérel. Le lendemain, après une excellente nuit pleine de rêves de ravins, de rochers, de perchoirs de perroquet et d’aiguilles de porphyre, nous nous demandions, le peintre et moi, si ce n’était pas un mirage de notre imagi¬ nation et si nous avions réellement bien vu et parcouru ces admirables horreurs, nous promettant bien de faire plus tard d’autres découvertes dans ces déserts inexplorés qui doivent encore recéler bien des mysté¬ rieuses et sauvages vallées. Je ne saurais donc trop recommander aux savants de visiter l’Estérel qui, en dehors de l’intérêt de ses sites si pittoresques, offre aussi, au point de vue géologique, un aliment des plus précieux à la science. Les roches de granit stratifiées ou non, les gneiss et quelques gise¬ ments d’ardoise constituent les bases principales de ces montagnes, dont la plus grande altitude ne dépasse pas 5 à 600 mètres ; les porphyres rou¬ ges, bleus et gris quartzifères y abondent. Des carrières de porphyre bleus exploitées par les Romains, les exploitants de l’époque, en attestent l’importance. Les serpentines, les basaltes annoncent un pays de soulè¬ vement pendant la période ignée du globe. Riche également en minéraux, l’on y rencontre du sulfate de baryte, du cuivre carbonaté, du fer oolithique, et sans doute bien d’autres minerais. Quant à la végétation, elle y est presque partout luxuriante ; malgré les incendies fréquents et même récents qui ont détruit plusieurs fois les fo¬ rêts, la nature y reprend toujours ses droits, et cette belle végétation, un moment anéantie, renaît de ses cendres plus vigoureuse qu’avant ; car, au fond des plus épais maquis, on retrouve d’énormes troncs d’arbres carbonisés. Les essences principales dont se composent les forêts sont : le pin maritime avec ses troncs élevés et son beau feuillage composé de longues aiguilles, quelques pins parasols ; le pin d’Alep y est plus rare, ainsi que le sapin et quelques hêtres ; mais le chêne-liége l’yeuse, le chêne vert et quelques caroubiers y poussent vigoureusement. Les téré- binthes, les azeroliers, les genêts épineux et autres, les cystes et les gran¬ des bruyères y forment des fourrés souvent impénétrables. La flore y est abondante et variée et offre au botaniste une ample moisson. 128 l'estérel Nous pensons être agréable aux botanistes en leur donnant la liste des principales plantes que l’on rencontre dans les montagnes de l’Estérel, et que nous devons à l’obligeance de M. le docteur Saint-Lager, qui y a fait plus d’une excursion botanique. Les essences qui dominent dans les bois sont : Quercus suber, Pinus pinea et Pinus pinaster. Dans les clairières et les coteaux incultes croissent en groupes serrés les Pistacia lentiscus, Arbustus unedo, Calycotome spinosa, Daphné cni- dium, à leurs pieds la cohorte des Cistus Monspeliensis, Cistus albidus, Cistus salvifolius, Erica arborea et les Lavandula stæchas qui forment le fond de la végétation des parties arides de la montagne. Le long du littoral on remarque Adonis autumnalis, Raminculus parvi - florus, Ranunculus chærophyllos, Glaucium luteum, Barbarea precox , Ornithopus ebracteatus, Lupinus hirsutus, Seseli tortuosum, Cephalaria leucantha, Viburnum tinus, Bastia lntifolia,Orobanche concolor, Aristolochia pistolochia, Jlercurialis ambigua, Smilax aspera. Dans les endroits humides l’on trouve YAndrosænum officinale, Lythrum Greeff eri, Lithrum thymifolium, Anagallis tenella, Carex extensa,Asphode- lus microcarpus. Dans les parties où le sol se désagrège en un sable fin apparaissent diverses espèces psammophales telles que : Mcenchia octandra, Paronychia cymosa, Asterolinum stellatum et quelques gracieuses graminées telles que: Aiza ténor ii,Aiza provinciale, Aiza cupaniana, Cynosurus polybrac- teatus, Lepturus incurvatus et Lepturus cylindricus. Dans les golfes d’Agay et de la Napoule les sables et graviers maritimes se recouvrent de Silene Gallica, Silene Nicensis, Spcrgularia media, Ma- thiola sinuata, Convolvulussoldanella, Bupleurumtenuissimum, Crucianella maritima, Cruciana bellisannua, Stachys mantima, Imperata cylindrica, Aster tripolium, Jonchus maritimus. Les rochers du littoral forment la magnifique végétation des Senecio cineraria, récemment introduite comme plante décorative dans nos squares, Lavatera albia, Lavatera trimestris. En s’enfonçant dans l’épaisseur des bois de pins et à travers les bruyères gigantesques qui forment des maquis difficiles à pénétrer, le botaniste est récompensé de ses peines par la découverte do quelques espèces intéres- l’estérel 129 santés telles que : Euphorbia spinosa, Euphorbia biumbellata, Cystus triflo - rus, Cystus ladaniferus, Crocus versicolor, Polygala Nicæensis, Hypchcum australe, Malva Tournefortiana et surtout les rarissimes Echium Creti- cum et Alium Siculum. Au printemps on a le plaisir de cueillir dans ces mêmes stations quel¬ ques belles orchidées et en particulier l 'Orchis detisiflora, Orchis provin- cialis, Serapias cor digéra, Serapias neglecta et Cephalanthera pollens, et beaucoup d'autres intéressantes espèces qu'il serait trop long de nom¬ mer et pour lesquelles il est convenable de laisser la surprise au botaniste herborisateur assez heureux pour les découvrir. Telles sont en résumé les richesses que renferme l’Estérel, trop heureux si ce que venons d'en décrire et d’y indiquer détermine quelques explo¬ rateurs, qui sans doute y découvriront encore des merveilles inconnues. HISTOIRE NATURELLE DES PUNAISES DE FRANCE par iE. MULSANT ET C. REY Présentée à la Société linéenne de Lyon, le il février 1878 --0-O-© - SIXIÈME TRIBU LES LTGÉIDES Caractères. Antennes insérées au-dessous d’une ligne dirigée du mi¬ lieu des yeux au bout de l’épistome; de quatre articles : le dernier au moins aussi épais que le 3e ou subfusiforme. Tête triangulaire, sans rebord, sans étranglement au devant des yeux. Pronotum ordinairement marqué d’une ligne transversale. Écusson triangulaire ou subtriangu¬ laire; non prolongé jusqu’à la moitié du corps. Hémiélytres composées d’une endocorie CclavusJ, d’une corie (réunion des mésocorie et exocorie) et d’une membrane : celle-ci ordinairement chargée au plus de cinq nervures longitudinales (excepté chez les Pyrrhocoris) : la membrane parfois nulle ou rudimentaire. Bec ordinairement de quatre articles, non arqué à la base, appliqué, dans le repos, sur le dessous de la tête et du corps. Ventre de six arceaux visibles, non compris l’arceau anal. Stig¬ mates situés tous sur la gouttière submarginale (convexium). Tarses de trois articles. Corps plus ou moins allongé ou ovalaire ; de consistance coriace. Nous subdivisons les premières Lygêides en deux familles : A. Ocelles nuis. Membrane à nervures nombreuses. . . . Pyrrhocoriens. AA. Ocelles existants. Membrane à S nervures au plus. . . . Lygéens. SOC LINN — T. XXV. 10 132 LTGÉIDES PREMIÈRE FAMILLE LES PYRRHOCORIE.NS Caractères. Ocelles nuis. Antennes à 1er article dépassant la partie antérieure de la tète de la moitié de sa longueur. Pronotum souvent sans fossette au côté interne de l'angle huméral. Endocories ( clavus ) dis¬ tinctes. Cories chargées de nervures non ou à peine prolongées jusqu’à eur extrémité. Membrane parfois nulle, ou, quand elle existe, pourvue de deux ou trois aréoles basales, suivies de nombreuses nervures longi¬ tudinales ou s’anastomosant. Orifices odorifiques nuis ou indistincts. Arceaux du ventre en partie dirigés d’une manière sinueuse, vers le bord marginal. Segment anal non en angle dirigé en devant chez la Ç . Cette famille est réduite au genre suivant : Genre Pyrrhocoris. Pyrrhocore, Fallen. FA.LLEN, Dissert. acad. (1814), p. 9 (1). Caractères. Ocelles nuis. Antennes à peu près aussi longues que la moitié du corps ; de quatre articles : le 1er, en massue allongée, à peu près aussi long que la tête, dépassant le bord antérieur de celle-ci, de la moitié au moins de sa longueur : les 2e et 3e filiformes : le 2e le plus long de tous : le 4e subfusiforme, plus long que le 3e. Tête triangulaire, plust large à sa base, y compris les yeux, que longue sur sa ligne médiane Yeux semi-globuleux, contigus au bord antérieur du pronotum. Celui-ci trapézoïde, élargi d’avant en arrière, plus large à la base que long sur son milieu ; souvent sans fossette au côté interne de l'angle huméral ; presque en ligne droite postérieurement ; sans traces ou presque sans traces de l’angle postérieur plus ou moins marqué chez les Pentato- 1 ) Speatnen novitm Hemiptera Oitponrnli melhodum^exhibcus. Resp. [ntagnut Rhod 18141, petit in-4. 133 ptrrhocorie>s. — Pyrrhocoris miens. Écusson obtriangulaire. Eémiéhjtres voilant à peu près la tranche de l’abdomen. Endocorie à peine élargie d’avant en arrière. J lembrane parfois nulle ou rudimentaire ; pourvue, quand elle est développée, de deux ou trois cellules basilaires et de nervures longi udinales ou s’anas¬ tomosant. Dessous de la tête non sillonné jusqu’à sa base. Bec de quatre articles : le 1*T atteignant ou à peine le bord antérieur de l’antépectus. Médie t postpectus chargés d’une faible carène médiane. Bord postérieur des postpectus en ligne transverse droite. Cuisses antérieures renflées, souvent munies en dessous de petites épines. Premier article des tarses postérieurs au moins aussi long que les deux suivants réunis. Corps ovale-oblong ou suballongé. Tableau des espèces : A. Cuisses antérieures munies en dessous de petites épines. Jambes inermes. (S.-g. Pyrrhocoris). a. Ccries rouges, marquées d’un ou de 2 points noirs, b. Cories rouges, marquées d’un point diseal et d’une petite tache près des épaules, noirs : la mésocorie arrondie à son angle pos- téro-interne. Ventre noir, bordé de rouge . aptercs. bb. Cories rouges, en ligne oblique régulière, depuis l’angle postéro- interne jusqu'à l’angle postéro-externe; marquées d'un gros point discal noir. Ventre rouge, marqué de taches transverses noires, près le bord marginal . aegyptius. AA. Cuisses antérieures renflées, inermes. Jambes antérieures denti- culées en dessous. (S.-g. .Xariobis). aa. Cories noires, avec le bord externe blanc. Prosternum noir, extérieurement bordé de blanc . margeutu 1. Pvrrlioeoris apterns, Poda. Tète et antennes noir es . Pronotum rouge dans tout son pourtour, mar¬ qué vers les trois cinquièmes de sa longueur, d’un sillon transverse ; chargé, au devant de celui-ci, d'une bande transverse et tumescente, noire ; marqué, après le sillon, dune bande transverse , noire, parfois réduite à deux taches plus ou moins faibles. Ecusson et endocories noires. Cories rouges, marquées d’une petite tache près de l’épaule, dune tache discale subarrondie, et dun bord postérieur, noirs. Membrane (31 lygèides noire, souvent nulle. Ventre noir. Côtés et bord postérieur du dernier segment rouges. Pieds noirs. o* Arceau anal convexe, transverse, entier. 9 Arceau anal en demi-cercle, fendu dans son milieu. Cimex apterus. Poda, Ins. Mus. Gr. p. 58, 18. — Scopol. Ent. Carn. p. 117. 370. — Linn. Syst. Nat. 1. II, p. 727, 78. — Id. édit. Muller, t. V, p. 497, 78. — Id. édit. Gmel, Syst. Nat. 1, IV, p. 2 1 72, 78. — De Geer, Meni. t. IIl< p. 276, 20. — Fab. Syst. Entom. p. 721, 213. — Jd. Spec. Ins. t. II, p. 366, 169. — Id. Mant. Insect. t. II, p. 301, 222. — Fuessly, Schwaiz. Ins. p. 76, 50t. — Sultz, Geschich, p. 97, pl. 10, fig. 14. — Goeze, Entom. Beitr. t. II. p. 213, 78. — Fourcr. Ent. Par. p. 198, 11. — De Villers, Entom. t. I, p. 314, 112. — Brabm, Ins. Kal. p. 10,38. — Rossi, Faun. Etr. t. II, p. 1322 — Id. édit. Helwig. p. 382, 1322. — Tigny, Hist. Nat. t. IV, p. 279, fig. 5. La punaise rouge des jardins , Geoffr. Hist. abr. t. I, p. 440, 1. La punaise sociable , Stoll, Cigales et Punaises, pl. 15, fig. 103. Lygaeus apterus, Fabk. Ent. Syst t. IV, p. 165, 162. — Id. Syst. Rhyng, p.227, 116. — Wolfp, Icon. Cimic. p. 108, 102, pl. XI, fig. 102. — Hausm in Illig. Mag. t. I, p. 229. — Walck, Faun. Par. t. II, p. 344, 3. — Latr. Hist. Nat. t. XII, p. 215, 10.— Id. Gen. t. III, p. 122. — Id. Regn. animal. (1817), t. III. p. 290. — Id. (1829). — Id. édit. Masson, t. XIII, p. 38. — Lamarck, Anim. s. vert. t. III. — Lepelletier et Serville, Faun. franç. pl. 5, fig. 3. Pgrrhocoris apterus, Fallen, Dissert. acad. Nov. Hemipt disp. Meth. resp. Rhod. (1814), p. 9, 8. — Burmf.ist. Handb. t. II, p. 286, 12. — L. Dufour, Mem. de l'Institut, savants étrangers, t. IV, p. 170, — Amyot et Serville, Hémipt. p.269. — Flor, Rhyng. Livl. t. I, p. 212, 1. — Jouglas et Scott. Brit. Hemipt. p. 164, 1. — Staol, Acad, de Stockholm. Lyg, Eur. — Herr. Sch. Nom. Ent. t. I, p. 43.— Assmann, Hemipt. (1854), p. 58, 1. — Dohrn, Catal. (1859), p. 36. — Baeren- spr., Catal. (1860), p. 8. — Bellevoye, Gatal. (1866), p. 16. — Puton, Catal. (1869). — Id. (1875), p 27. — Lethierry, Catal. (1869), p 27. — Walker, Hem. Brit. Mus, part. V, p. 167. 1. — Puton, Lyg. 81, 2. Pgrrhocoris calmariensis, Fallen, Suppl. Cim. Suec. p. 6. — Id. Hemipt. Suec. p. 45. — Thoms, Skand. Ins, p. 113, 1. Platynotus apterus, Schilling, Beit. (1829), p. 57, 1. — Hahn, Wanz. t. III (1831), p. 19, pl. 3, fig. 11. — Amyot et Serville, Hémipt. (1843), p. 269, 1. — Kolenat. Melet. Ent. t. II (1847), p. 59,32. Astemma apterum. Spin. Essai, p. 178, 1. Astemma aptera, Blanch. Hist. des Ins. p. 129. pl. 5, fig. 1. Astemma apterus, Lepellet. et Serv. Encyc. Meth. — Brullé, Hist. N?t. t. IX (1836), p. 383. Meganotus apterus, Laporte, Essai d’une classifie. (Mag. de Zool. de Guérin, p. 38. Pgrrhocoris, Amyot, Rbynch. 166, 177. Long. 0*,0100 à 0m,01 10(4 1/2 à 5 i.) ; - larg. 0m,0045 (2 1.). pyrrhocoriens. — Pyvrhocoris 135 Oblongue, graduellement élargie jusqu’à la moitié de la longueur du corps. Tete noire; assez finement ponctuée. Antennes prolongées jusqu’à la moitié du corps ; noires ; garnies de poils fins; à 4e article garni souvent d’un duvet blanchâtre ; plus long que le 3e. Pronotum bordé de rouge en devant, sur les côtés et à son bord postérieur ; marqué vers les trois cinquièmes de sa longueur, d’un sillon transverse ; chargé au devant de ce sillon, d’une bande transverse lisse, tumescente, noire, n’atteignant pas les bords latéraux; marqué après le sillon, d’une bande ransverse, noire, fortement ponctuée, parfois réduite à deux taches plus ou moins faibles. Écusson en triangle subéquilatéral, à côtés droits; presque lisse, ou faiblement ponctué. Endocories noires. Cories rouges, marquées d’une petite tache noire près de l’épaule, d’un gros point ou tache arrondie, sur le disque, noirs, avec le bord postérieur liséré de noir. Membrane noire, souvent nulle ou rudimentaire, et ne couvrant pas alors la partie postérieure de l’abdomen. Dessus de L'abdomen noir, avec la tranche rouge. Bec noir ; à 4e article plus court que le 3e ; prolongé jusqu'aux pieds intermédiaires. Extrémité de l’épistome ou base du labre et pièces prébasilaires, rouges. Poitrine noire : bords antérieur, latéral et postérieur de l’antépectus, bords antérieur et postérieur des médi et postpectus, rouges. Repli de l'exocorie rouge. Ventre noir, avec les côtés et le bord postérieur du dernier arceau, rouges. Hanches rouges. Pieds noirs : cuisses antérieures munies en dessous de petites épines, plus prononcées chez le a*. Jambes antérieures inermes. Celte espèce est commune partout. On la trouve surtout au pied ou près du pied des arbres, et souvent en grand nombre. Elle offre quelques variations : b. La bande postérieure du pronotum est parfois réduite à deux taches plus ou moins faibles ou presque nulles. c. La membrane est souvent nulle ou rudimentaire. d. Les cuisses antérieures ou parfois médiaires, et partie au moins des jambes quelquefois d’un rouge pâle ou sale. Suivant L. Dufour, le canal digestif est un peu plus large que celui des Pentatomes et des Corées. Il y a dans le Pyrrhocore, deux vésicules biliaires sphéroïdales, insé¬ rées, l’une à droite, l’autre à gauche de l’extrémité supérieure du ven¬ tricule chylifique, justement entre les utricules vestigiaires de celui-ci et un léger bourrelet circulaire, indice d’une valvule que je nommerai 136 LYGÉIDES iléo-caecale. Il n’y a pour chacun de ces réservoirs sphéroldaux qu’un seul vaisseau biliaire, quoique celui-ci ait deux insertions bien dis¬ tinctes et séparées. Les replis de ce vaisseau sont agglomérés à la partie postérieure de la cavité abdominale, et tellement entrelacés d’impercep¬ tibles trachées qu’il faut une patience éprouvée pour les dérouler sans les rompre. Ce vaisseau a un aspect variqueux, une texture fragile, et il renferme une humeur d’une teinte verdâtre. Hausmann, dans le Magazin d'Illiger(l'), a donné sur cette espèce des détails reproduits en France par M. Brullé, dans son Hist. nat. des Insect. (2). Le Lygée aptère , dans la saison chaude, vit sur les arbres, les buis¬ sons, les haies, les murailles, mais le plus souvent sur la tige du tilleul. Pendant l’hiver, il se retire sous la mousse des arbres et sous les feuil¬ les qui demeurent entassées au pied des arbres ou des buissons. Souvent, dans les jours doux de décembre ou de janvier, certains individus abandonnent pour quelque temps leur retraite d’hiver. C’est ainsi que dès les 7, 8 et 9 janvier de l’année 1801, j’en ai rencontré plusieurs sur les boulevards de Gottingue. J’en rapportai quelques-uns chez moi, mais il me fut impossible de les conserver vivants plus d’un jour, tandis qu’en été ils pouvaient passer plusieurs jours sans nourriture. C’est au commencement ou au milieu de mars que ces insectes se réveillent de leur engourdissement. Pendant les premières semaines, ils se tiennent encore la plupart du temps sous les feuilles, et ne parais¬ sent qu’avec les rayons du soleil. Mais plus les jours s’adoucissent, plus on les rencontre fréquemment hors de leurs retraites. Depuis la fin de mars jusque vers le mois d’octobre, on les trouve, pendant les jours de chaleur, dès le grand matin et jusqu’au coucher du soleil, dans tous les endroits déjà mentionnés. Ils s’y réunissent en grand nombre et se tiennent serrés les uns contre les autres, et souvent les uns sur les autres, la tête dirigée vers un point central. Vient-on à les toucher, ils se séparent promptement, courant çà et là, mais se réunissent bientôt comme auparavant. Ils se tiennent sur les tilleuls, à la partie inférieure du tronc, jusqu’à quatre pieds environ au-dessus de la racine, et sont constamment placés du côté du soleil. J’ai cru remarquer en outre que les jeunes individus se tiennent immédiatement au-dessus de la racine et sur les rameaux qui fl) Magazin fur Insehtenkundc, t. I (1802), p. 234-241. (2) Hémiptères, p. 374-381-8. pyrrhocoriens, — Pyrrhocoris 137 en partent, tandis que les vieux se placent plus haut. On les voit princi¬ palement sur les arbres dont l’écorce a des fissures. Vers le soir et pen¬ dant les jours un peu froids, ils se cachent dans les fentes et les gerçures de l’écorce, et sous les feuilles qui garnissent les pieds des arbres et des buissons. Ces insectes se nourrissent généralement des sucs qu’ils puisent dans les feuilles tombées, dans l’écorce des arbres ou dans le corps des insectes morts. Je n’ai jamais remarqué qu’ils se soient emparés d’insectes vivants pour se nourrir de leur substance. Ayant pris un jour un certain nombre de ces punaises et les ayant laissé jeûner plusieurs jours, je renfermai avec elles, dans un vase, d’autres petits insectes vivants, mais elles ne les attaquèrent pas, bien qu’elles l’emportassent sur eux tant par la force que par le nombre. Au contraire, leur ayant donné des mouches et autres insectes morts, elles se jetèrent dessus et même sur les cadavres de leur propre espèce, introduisirent dans le corps le premier article de leur bec, et en sucèrent avidement la substance. La femelle dépose dans les lieux humides environ vingt œufs disposés en petits tas. Ces œufs sont d’un blanc couleur de perle, lisses et très brillants ; ils acquièrent peu à peu une couleur plus bleuâtre, et grossissent de plus en plus, jusqu’à l’éclosion des jeunes punaises, qui a lieu au bout de six ou huit semaines. Celles-ci sont d’abord molles et blanchâtres, et ne pren¬ nent leur consistance et leur couleur qu’à l’air libre. Elles sont longues d’une ligne et ont à peu près la forme de l’insecte parfait, si ce n’est que les hemiélytres sont encore très courtes, noires et réunies à l’écusson. Ce dernier est noir, comme dans l’insecte parfait, mais il offre au milieu une ligne longitudinale rouge. La tète est toute noire, ainsi que le cor¬ selet, qui est bordé de rouge en avant et en arrière. L’abdomen est entiè¬ rement rouge ; les 3e à 5e segments offrent en dessous une tache noire arrondie. L'anus et les pattes sont noirs: celles-ci présentent des taches rouges sur toutes leurs articulations. Lorsque les jeunes punaises ont atteint deux lignes et demie de lon¬ gueur, elles changent de peau pour la première fois. La peau se fend longitudinalement sur la tête et le corselet; la punaise sort par cette ouverture et se présente sous une enveloppe nouvelle, en se dépouillant peu à peu de l’ancienne. Son corps est d’abord mou et blanchâtre comme la première fois, mais au bout de quelques heures, il acquiert LYGÉIDES 138 toute sa fermeté et sa coloration. Les hémiélytres sont plus longues et plus pointues qu’auparavant, et chacun des segments de l’abdomen offre en dessous trois taches noires. Dans cet état, la punaise croît jusqu’à ce qu’elle ait atteint sa grosseur. Elle se dépouille alors pour la seconde fois. L’écusson perd sa ligne longitudinale rouge; les hémiély¬ tres s’allongent. Quand la punaise a acquis, dans ce second état, la longueur de quatre lignes et demie à cinq lignes, elle se dépouille encore, mais pour la dernière fois ; les pattes perdent leur tache rouge des articulations, et les segments de l’abdomen, leur couleur rouge, à l’exception du bord latéral. Parmi les propriétés de cette punaise, il est à remarquer que l’odeur désagréable que répandent la plupart de ses congénères est à peine prononcée chez elle. La profusion de cette punaise dans la nature laisse à présumer qu’elle est appelée à y jouer un assez grand rôle. Elle sert de nourriture à un assez grand nombre d’oiseaux ; elle aide à la destruction des feuilles et des insectes morts, qui tomberaient, sans elle, en pourriture. Les dommages qu’elle nous cause sont peu appréciables. 9> Pyrrhoeoris aegyptins, Linné. Tête et antennes noires : tubercule antennifère rouge à l’extrémité. Pronotum rouge dans tout son pourtour ; marqué, vers la moitié de sa longueur, d’un sillon transverse ; chargé, au devant de ce sillon, d'une bande transver se noire, tumescente; marqué après ce sillon de deux taches noires, parfois liées à la bande, presque unies ou presque nulles. Écusson noir. Endocorie noire. Cories rouges, marquées d’un point discal noir. Membrane noire. Ventre rouge, avec une tache noire, sur chaque arceau, près du bord marginal. Pieds noirs. o" Arceau anal convexe, presque en ovale transverse. ? Arceau anal arqué à son bord antérieur, fendu longitudinalement dans son milieu. Cimex aegyptius, Linné, Mus. Lad. Ulr. p. 178, 12. — Id. Syst. Nat. I. II, p. 727, 79. — Fab. Syst. Eut. p. 720, 114. — Id. Spec. Ins. t. Il, p. 364, 137. ptrrhocoriens. — Pyrrhocoris 139 — Id. Mant. Ins. t. II, p. 300, 205. — GoEZB.Ent. Beitr. t. II, p. 214,79. — Gmel. Syst. Nat. t. I, IV, p. 2173, 79. Cimex italicus, Rossi, Faun. Etr. t. I, p, 241, 1323, pl. 7, fig. 1. — Id. édit. Helwig. t. II, p. 383, 1323. Lygaeus aegyptius, Fab. Enl. Syst. t. IV, p. 155, 69. — Id. Syst. Rhyng. p. 222, 87 Platynotus italicus, Panz. Faun. Ins. Germ. p. 118, 14. — Kolenati, Melet. t. II, p. 70, 33. Platynotus aegyptius, Hahn. Wanz t. II (1834), p. 10, pl. XXXVII, fig. 121. — H. Sch. Nom. Ent. t. I, p. 43. Astemma aegyptium, Spin. Essai, p. 178, 2. Pyrrhocoris aegyptius , Ramb. Faun. And. t. II, p. 157. — Amyot et Serville, p. 270, 2. — Fieber, Hemipt. p. 163, 4. — May, Reise, p. 134. — Puton, Catal. p. 28, 3. — Walker, Hemipt. Brit. Mus. part. V, pl. 168, 3. — Puton, Lyg. 82, 3. Pyrrhocoris italicus, Baerensp. Catal. p. 8, p. 168, 3. Scantius aegyptius , Staol. Acad, de Stockhlom (1872), p. 118, 62. — Id. tiré à part, p. 62. Platymecus, Amyot, Rhynch. p. 169, 178. Long. 0m0090 (4 1.); — larg. 0"0040 (1 3/4 1.). Oblongue, à peine élargie vers la moitié de la longueur du corps. Tête, noire, finement ponctuée. Antennes à peine prolongées jusqu’à la moitié du corps ; noires, presque glabres : le 4® article garni d’un duvet blan¬ châtre sur ses quatre cinquièmes antérieurs, plus grand que le 3®. Tu¬ bercule antennifère rouge à son extrémité. Pronotum rouge en devant, sur les côtés et à son bord postérieur ; marqué vers la moitié de sa lon¬ gueur, d’un sillon transverse; chargé en devant de ce sillon, d’une bande transverse noire, tumescente, presque lisse ; marqué après ce sillon, de deux taches noires, séparées entre elles par un espace rouge ou rougeâtre, tantôt attenantes à la bande précitée, tantôt distinctes de celle-ci, quelquefois presque réunies, d’autres fois très réduites ou pres¬ que nulles. Écusson noir, en triangle subéquilatéral, à côtés droits ; fine¬ ment ponctué. Endocorie noire. Cories rouges, marquées d’un point discal noir. Dessus de l’abdomen et tranches rouges. Bord postérieur de l’épistome, pièces prébasilaires et base de la gaine du bec, rouges. Bec noir, sur les trois derniers articles ; prolongé jusqu’aux pieds intermé¬ diaires ; à 4® article presque aussi long que le 5®. Poitrine noire : anté- pectus avec tous ses bords, médi et postpectus rouges. Ventre rouge, marqué sur chaque arceau d’une tache noire, près des bords latéraux : LTGÉIDES 140 bords postérieurs du 5® arceau, noirs. Hanches rouges. Pieds noirs : cuisses intermédiaires et surtout antérieures renflées, munies, surtout chez le mâle, de petites épines, en dessous : jambes souvent en partie rougeâtres, inermes. Cette espèce n’est pas rare dans la France méridionale. Var. a. Les taches noires situées après le sillon du pronotumsont liées à la bande antérieure, et parfois très distinctes ; d’autres fois presque unies ou parfois réduites à de faibles proportions ou presque nulles. 3. Pyrrhocoris marginatus, Kolenati. Tête et antennes noires. Pronotum plus faiblement ponctué au devant de la ligne transversale, plus fortement après celle-ci ; noir, muni d'un re¬ bord latéral d’un blanc roussâtre. Écusson noir, densement ponctué. Endo- cories noires. Cories noires, ponctuées, avec le rebord externe d’un blanc roussâtre. Membrane ordinairement rudimentaire. Bec roussâtre. Poitrine noire, ponctuée. Bord externe de l'antèpectus, blanc. Bord externe de l’exocorie, d’un blanc roussâtre. Cuisses antérieures renflées, inermes, noirâtres. Jambes d’un brun roussâtre : les antérieures un peu arquées, crénelées en dessous. Platygaster marginatus (Eversmann), Kolen. Melet. Eut. t. U, p. 86, 56, pl. 10, fig. 22. Pyrrhocoris marginatus, Fieber, Hemipt. p. 162. — Staol, Mem. de l’Acad. de Stockh. 1870, p. 116. Pyrrhocoris marginatus, Puton, Catal. p. 27, 1; — Lyg. 81, 1, Long. 0m,0060 (2 3/4 1.) ; — larg. 0m,0030 (1 1/2 1.). Oblongue. Tête en triangle presque plus large que long ; noire ; den¬ sement ponctuée. Antennes noires ; à peu près aussi longues que la moitié du corps : le 3e article garni de poils rigides, peu épais. Pronotum sensi¬ blement élargi d’avant en arrière ; plus large à la base que long sur son milieu ; offrant après le cou une partie antérieure densement ponctuée, en arc dirigé en arrière jusqu’au sixième de sa longueur; chargé ensuite d’une bande transverse, tumescente, peu ponctuée, puis marqué d’une raie transverse, et densement ponctué sur la partie postérieure ; noir ou • d’un noir brun, avec les bords latéraux blancs ou blanchâtres ; légèrement LYCÉENS Ul sinué entre les angles huméraux et le milieu du bord postérieur ; posté¬ rieurement muni d’un très faible rebord blanchâtre. Écusson obtriangu- laire, subéquilatéral ; noir, fortement et densement ponctué. Cories noires, ponctuées ou ruguleusement ponctuées, avec l’exocorie munie d’un re¬ bord externe blanc, plus étroit dans sa moitié postérieure. Membrane rudimentaire, noire. Bec d’un roux brûlé, prolongé au moins jusqu’aux pieds intermédiaires. Repli de l’exocorie blanc. Poitrine noire, ponctuée, avec le rebord externe, et surtout le rebord intérieur, blancs. Hanches, trochanters et base des cuisses, tibias, ou du moins leur côté externe, base et extrémité du premier article des tarses postérieurs et quelques parties des autres tarses , d’un roux pâle ou d’un blanc roussâtre. Cuisses anté¬ rieures renflées, épineuses en dessous : les intermédiaires moins, et le5 postérieures peu ou point renflées. Nous avons trouvé cette espèce dans le Midi de la France, oh elle est peu commune. Obs. Elle se distingue facilement des espèces précédentes par sa cou¬ leur. DEUXIÈME FAMILLE LES LYGÉENS • Caractères. Ocelles existants ; plus rapprochés des yeux que du ver- tex. Antennes à 1er article ne dépassant pas de la moitié de sa longueur le bord antérieur de la tête. Protto£«mtrapézoïde ; plus large à sa base que sous sa ligne médiane ; marqué d’un sillon transverse interrompu dans son milieu ; noté d’une fossette au côté interne de l'angle huméral. Endocories distinctes. Cories chargées de nervures atteignant ordinairement le bord postérieur. Membranes chargées au plus de 5 nervures, dont les 2 internes sont unies en devant par une membrane transverse. Arceaux du ventre dirigés en ligne transverse droite vers le bord marginal. Stigmates situés tous sur le ventre. Ces in«ectes neuvent. être partagés en 3 branches. 142 LYGF.IDES a. Corles non sinuées à leur bord postérieur, b. Premier article du bec dépassant le bord antérieur de l’anté- pectus ou du moins arrivant jusqu’à lui. Cinquième arceau ventral dirigé en ligne transverse vers le bord marginal. . bb. Premier article du bec n’atteignant pas le bord antérieur, de l’antépectus. Cinquième arceau ventral dirigé en ligne oblique vers le bord marginal . aa. Bord postérieur des cories sinué. Premier article du bec n’attei¬ gnant pas le bord antérieur de l’antépeetus. Bord postérieur du 5° arceau ventral dirigé en ligne oblique vers le bord marginal. Lygéaires. Arocataires. Orsillaires. PREMIÈRE BRANCHE LES LYGÉAIRES Caractères. Ocelles existants. Bec non prolongé jusqu’au 3e arceau ventral; à 1er article dépassant le bord antérieur de l’antépectus, ou prolongé au moins jusqu’à lui. Pronotum trapézoïde. Cories en ligne oblique, non sinueuse à son bord postérieur. Membrane chargée de 4 ou 5 nervures. Bord postérieur des 5 premiers arceaux du ventre dirigés en ligne transverse droite vers le bord marginal (o* 9 )• Gouttière (Conveiiim)juxta marignale peu marquée et peu profonde ; logeant tous les stigmates. Ajoutez pour les espèces de notre pays : Tâte en triangle ordinairement plus large que long. Épistome plus avancé que les joues. Antennes atteignant à peine parfois le bord postérieur du pronotum; souvent plus longues ; à 1er article épaissi, le plus court : les 2° et 3* filiformes : le 2° le plus long : le 4* plus épais que le 3«. Yeux saillants, sur les côtés de la tête, non pedonculés et annelés à la base. Ocelles plus rapprochés des yeux que du vertex. Pronotum au moins en partie imponctué ou finement pointillé; ordinai¬ rement marqué d’une fossette au côté interne des angles huméraux ; en ligne transversale droite ou un peu arquée en arrière; à angles postérieurs nuis ou à peine indiqués. lygée.ns. — Lygaeus 143 Écusson obtriangulaire ; chargé d’une carène médiane et d’un relief en forme de T. Corics en ligne oblique et non sinueuse à son bord postérieur ; quel¬ quefois raccourcies. Membrane parfois nulle. Ventre de 6 arceaux apparents, dont de 1er très court, et d’un segment anal. Pieds assez allongés, surtout les postérieurs. Tarses de 3 articles : le 1er des postérieurs aussi long que les 2 suivants réunis. Corps plat en dessus. Ces insectes se répartissent dans les genres suivants : a. Pronotum marqué d'une fossette transverse, entre les angles huméraux et la base de l'écusson ; à bord postérieur en ligne trans verse droite ou un peu arquée en arrière. Bord posté¬ rieur du postpectus en ligne transverse droite ou à peu près. Bec non prolongé jusqu’au premier arceau ventral. . Lygicus. aa. Pronotum sans fossette ou marqué d’une fossette lon¬ gitudinale au côté interne des angles huméraux; à bord postérieur en ligne transverse à peu près droite. Bord pos¬ térieur du postpectus en ligne oblique. Bec ordinairement prolongé jusqu’au 1er arceau ventral . Graphostethus. aaa. Pronotum marqué d'une fossette longitudinale au côté in¬ terne des angles huméraux. Bord postérieur du postpectus en ligue tranverse arquée en arrière. Bec non prolongé jus¬ qu’au 1er arceau ventral . Lygaeosoma. Genre Lygaeus, .Lycée ; Fabricius. Fabriciüs, Ent. Syst. 1. 1, p. 133. Caractères. Bec non prolongé jusqu’au i,r arceau ventral; à 1er article dépassant le bord antérieur de l’antépectus. Tête en triangle plus large que long. Antennes de 4 articles : le 1er épaissi, le plus court : le 2° le plus long : le 4e ordinairement plus épais que le 3e. Pronotum trapé- zoïde, creusé d’une fossette transverse entre les angles huméraux et la base de l’écusson. Écusson obtriangulaire, chargé d’une carène ou d’un relief en forme de T. Coriesen ligne oblique, non sinueuses, à leur bord 144 LYGÉIDES postérieur. Membranes chargées de 4 ou 5 nervures, dont les 2 internes sont unies en devant par une nervure transverse. Hémiélytres voilant la tranche du dessus de l’abdomen. Bord postérieur du postpectus en ligne transverse droite ou à peu près. Bord postérieur des arceaux du ventre dirigé en ligne traDsverse droite vers le bord marginal. Gouttière juxta- marginale peu marquée, portant tous les stigmates. Pieds assez allongés, surtout les postérieurs. Tarses à 1er article des postérieurs aussi long que les 2 suivants réunis. Le pronotum est, au moins eu partie, imponctué ; en partie rouge, ainsi que les cories, du moins chez nos espèces françaises; Tableau des espèces : A. Ventre rouge, marqué de points et de bandes trans¬ verses noires, sur le tiers mêdiaire des 3e et 5e arceaux. b. Tête noire. 4e article du bec aussi long que la 3e. Mem¬ brane sans tache blanche . (S. -g., Melanospilus, Staol). bb. Tète en partie rouge. 4e article du bec plus court que le 3e. c. Poitrine noire sur le flanc de chacun de ses arceaux. Membrane noire, marquée sur son disque d’un gros point blanc . (S.-g., Graptolomus, Staol). cc. Poitrine noire, munie d’une grosse tache rouge sur le disque du flanc de chaque arceau. d. Membrane noire ou nébuleuse, marquée d’un gros point blanc sur son disque. Cories non bordées de noir à leur base postérieure . dd. Membrane noirâtre et nébuleuse, non marquée d’un gros point blanc sur son disque. e. Cories bordées de noir à leur côté interne et postérieur. Bords latéraux rouges du pronotum ordinairement coupés par une bande transverse noire . ee. Cories bordées de noir dans leur pourtour. Côtés rouges du pourtour non coupés par une bande transverse noire . Saxatilis. AA. Ventre rouge sur les 4e et 3e arceaux, et souvent sur le 3e, avec un point marginal, noir. Membrane noire ou noirâtre, marquée sur son disque d’un gros point blanc. (S.-g., Melanocoryphus, Staol). f. Poitrine noire, avec les côtés de l’antépectus rouges. Pronotum rouge sur les bords antérieurs et latéraux . Apuanus. Familxaris. Equestris. Militaris. Saundersi. ltgèens. — Lygaeus 145 ff. Poitrine noire, avec la partie antérieure rouge. Pronotumroüge sur les deux cinquièmes anté¬ rieurs et sur la ligne médiane de sa moitié pos¬ térieure, marqué de chaque côté de cette ligne d’une tache carrée noire . Punctato-gutt atus. I. Lygaeus familiaris, Fabricius. Tête et antennes noires. Pronotum à rebords antérieur et latéraux, au moins en grande partie, et une ligne médiane, rouges, noir sur le reste Écusson noir. Endocories noires, avec la base rouge. Cories rouges, avec une grosse tache noire, transverse, située vers la moitié de leur longueur : cette tache arrondie extérieurement et n'atteignant pas le bord interne. Poitrine mélangée de noir et de rouge. Ventre marqué sur les côtés des 2e à 5e arceaux, de 2 taches, et souvent d’une bande médiaire transverse, noires. Pieds noirs. 0* Anneau anal presque arrondi, convexe. $ Anneau anal triangulaire. Cimex familiaris, Fabr., Spec. Ins., t. II, p. 363, 145. — Id., Mant., t. II p. 238, 190. — Gmel, Syst. nat., p. 2170,279. — Rossi, Faun. Etr., t. II p. 238, 1318. — Id., éd. Helwig., t. II, p. 379, 1318. — De Villers, Ent., t. I, p, 520. 131. — Schrank. Faun. boic., t. II, p. 79, 1120. — Petagn., Inst. Ent. t. II, 537, 40. Lygaeus familiaris, Fabr., Ent. syst., t. IV, p. 149, 148. — Id., Syst. Rhyng., p. 219, 64. — Panz, Fauu.-germ., 79,20. — LATR.Hist. nat., t. XII, p. 213,4. — Faun. franc. (Lygée familière), pl. V, fig. 4. — Brullé, Hist. d. Ins., t. IX (Hémiptères), p. 385. — Kolen, Melet. ent., t. II, p. 74. 34. — A. Costa, Cimic., R. n. 1er cart., p. 42, 4 (60). — Flor, Rhynh. Livl., t. I, p. 221, 1. — Fieber, Hémipt., p. 165, 4. Lygaeus venustus (Boeber), Herrich-Schaef, Nomencl., p. 58. — Baerensp., Catal., p. 8. — Bellevoie, Catal., p. 17. — Puton, Catal., p. 19. — Lyg.9, 1. Melanospilus venustus, Staol, Hémip. Fabr., p. 75. — Mém. de Stock. (1872), P- 40. — Id., tiré à part, p. 40. Obs. Cette espèce avait été indiquée, sans être décrite, sous le nom de venustus, dans le catalogue de Boeber. publié dans le Versuch einer Beschreibung der Russich Kaiserlichen Residentzstadt Saint-Petersburg, und der SIerkwürdigkeiten der Gegend. Saint-Petersburg . 1791, in-8. Ce catalogue, simplement nominatif, occupe les pages 545 à 550. 146 LÏUE1DES Long., 0m,0100 (4 1/2 1.) ; — larg., 0m,0033 (1 1/2 1.). Tète, et antennes noires. Pronotum noir, avec le rebord antérieur, le rebord latéral, jusqu’aux deux tiers ou jusqu’aux angles huméraux, et une ligne médiane mi-saillante, un peu élargie d’avant en arrière, rouges et lisses : chacune des parties noires, séparée par la ligne médiane rouge, ponctuée, et marquée en devant d’une cicatrice, en forme d’arc convexe, dirigé en arrière. Écusson noir, chargé d’une carène sur sa moitié postérieure ; à rebords latéraux relevés en rebord subconvexe sur leur moitié antérieure. Endocories noires, avec la base rouge. Cories rouges, marquées vers la moitié de leur longueur, d’une grosse tache noire, subarrondie, n’atteignant pas le bord interne de la mésocorie. Membrane noire, lisérée de blanchâtre, et marquée d’une petite tache triangulaire blanche, à l’angle antéro-interne. Dessus de l'abdomen rouge, maculé de noirâtre, sur sa ligne médiane, et marqué de 2 taches noires sur les côtés de presque tous les arceaux. Dessous du corps à ante- pectus rouge, avec le disque de ses flancs et une bande transversale après le bord antérieur, noirs. Médi et postpectus noirs, avec le côté interne rouge. Repli de l’exocorie rouge, jusqu’au 1er arceau ventral. Ventre rouge sur le l8r et parfois le 2e arceau : les 2e à 4e marqués d’une bande transverse sur la partie médiane, et, de chaque côté, de 2 taches noires : l’interne de celles-ci subarrondie : l’externe marginale : le 5e arceau sans bande transverse médiane noire : le 6e arceau noir, avec les côtés rouges. Pieds noirs, parfois en partie d’un noir rougeâtre. Cuisses antérieures non renflées, inermes, ainsi que les jambes de devant. Celte espèce habite une partie de la France, dans les bois humides et les marais ; elle se trouve sur 1 ’Asclepias vincetoxicum. Elle se distingue de toutes les autres par ses cuisses antérieures non renflées, inermes en dessous; et des autres, ou véritables Lygées, par sa tête noire. 2. Lygaous equestris, Linné. Tête noire, marquée d'une grosse tache médiane rouge, rétrécie d'avant en arrière. Antennes noires. Pronotum noir, avec une bande transversale rouge et 2 gros points d’un noir velouté, au devant de celle-ci. Écusson noir. Endocorie rouge sur sa moitié antérieure, noirâtre postérieurement. lycéens. — Lygaeus 147 Méso et exocoiis rouges, marquées d'une bonde transversale noire vers là moitié de leur longueur. Membrane lisérée de blanchâtre et marquée d'un gros point et d’une tache à son angle antéro-interne, blancs. Poitrine noire. Ventre rouge, marqué de points noirs. Pieds noirs. Arceau anal presque arrondi, convexe, entier. 9 Arceau anal en triangle aigu en devant. Cimex equestris, Linn., Faun. Suec., p. 253, 946. — Id., Syst. nat., p. 726,77. — Muller, Syst. nat., t. V, p. 496, 77. — Gmel, Syst. nat. p. 2172,77. — De GEER.Méra., t. III, p. 181,19. — Fabr., Syst. ent., p. 718, 104. — Id., Spec- ins., t. II, p. 142. — Id., Mant., t. II, p. 298, 185. — Goeze, Ent. Beit., t. II, p. 212,79. — Schrank, Énura., p. 280, 510. — Id., Faun. boic., t. II, p. 79, 119. — Rossi, Faun. etr. , t. II, p. 239, 1319. — Id., éd. Helwig., t. II, p. 381, 1319. — De Villers, Ent., t. I, p. 513, 1 H. — Brahm, Ins. Kal., t. I, p. 138, 465. — Petagn., Inst, entora., t. II, p. 530, 37. Cimex speciosus, Poda, Mus. graec., p. 59. 21. — Scopol., Ent. carn., p. 127, 369. — De Villers, Entom., t. I, p. 527, 167. — La punaise rouge , à bandes noires et taches blanches, Geoffroy, Hist. abr., t. I, p. 442, 14. Lygaeus equestris, Fadr., Ent. syst., t. IV, p. 147, 43. — Id., Syst. Rhyng., p. 217, 57. — Tigny, Hist. nat., t. IV, p. 378. — Wolff, Wanz, p. 24. pi. 3, fig. 24. — Schellenb., Cim., p. 7, 1, pl. 2, fig. 1, a. — Walck, Faun., t. II, p. 345. — Latr., Hist. nat., t. XII, p. 212, 1 . — Id., Gen., t. III, p. 122. — Id., Règ. an., (1807), t. III, 390. — Id., (1829). — Id., éd. Mass., t. XIII, p. 38. — Panz., Faun. ins., p.79, 19.— Lamarck., An. s vert., t. III, p. 496, 1. — Fallen, Hétnip., Suec., p.48, 1. — Brullé, Exped. de Morée, p. 72, 24. — Id., Hist. nat., (Hémipt.), p. 385. — Schilling. Beitr., p. 58, 1, pl. 5, fig. 1. — Bcrmeist. Handb., t. II, p. 298, 2. — Costa, Cim., II, n. lr* cent., II, (58), p. 41. — Herrich-Schaeff Wanz., t. I, p. 21 , pl. 3, fig. 12. — Sahlb, Geor., p. 53, 1 . — Kolenat. Melet. , ent., 1. 1, p. 74, 38. — Flor, Hémip. Livl., p. 222, 2. — Ochanine, Hémipt., de Moscou, p. 13, 1. — Assmann, Catal.,p.40, 5. — Baerensf., Catal., p. 8. — Bel_ levoie, Catal., p. 16. — Puton, Catal., p. 19; — Lyg. 9, 2. — Coreus equestris, Fallen, Mon., cim., p. 61, 10. — Metulla, Amyot, Rhynch., p. 126, 111. Long. 0m,010 à 0m,011 (4 1/2 à 5 1.). Tête rouge, avec le bout de l’épistome et les côtés noirs jusqu’au vertex : la partie rouge rétrécie d’avant en arrière . jusqu’à ce dernier Antennes noires, prolongées au moins jusqu’à la moitié du corps. Pronotum en partie noir, en partie rouge : la partie noire formant une bande arquée, en arrière et ponctuée, derrière le cou, puis une bande transverse, liée à la précédente, un peu tuméfiée, rayée de chaque côté d’une ligne oblique, et suivie d’une grosse tache d; môme couleur de 11 SOC. LINN. — T. XXV 148 LYGÉIDES chaque côté de la ligne médiane; celte partie noire, couvrant le bord postérieur, depuis une fossette humérale jusqu’à l’autre :1a partie rouge formant une bande transversale, de la moitié aux quatre cinquièmes, et des bords latéraux jusqu’au calus huméral. Écusson noir, chargé d’un relief en forme de T .Endocories rouges, sur la moitié antérieure, puis marquées d’un gros point noir et noirâtre, ou d’un rouge nébuleux pos¬ térieurement. Cories rouges, marquées au milieu de leur longueur, d’une bande transversale noire, suborbiculairement renflée sur sa moitié externe. Membrane lisérée de blanc; marquée d’un gros point blanc sur le disque, d’une tache de même couleur vers leur angle antéro-interne, qui souvent reste noir, et souvent d’un petit trait blanc, lié au bord pos¬ térieur de l’exocorie. Dessus de l'abdomen rouge, marqué d'une tache noire, sur le bord de chaque arceau, et ordinairement d’un point noir, sur la ligne médiane des 2e à 5e arceaux. Bec noir, prolongé jusqu’aux pieds intermédiaires. Poitrine noire, avec les côtés de l’antépectus rou¬ ges. Ventre rouge, marqué d’une tache noire sur les côtés des 2e à 5* arceaux et d’une bande transverse noire, parfois interrompue sur la région médiane des mêmes arceaux :6e arceau noir, avec les côtés rouges. Pieds noirs. Cuisses antérieures non ou peu renflées, inermes. Cette espèce est commune dans presque toute la France. 3. Lygaeus militaris, Fabricius. Tête rouge, avec l'épistome et les côtés noirs. Antennes noires. Prono- tum rouge, avec le bord antérieur et deux bandes longitudinales noires, enclosant en devant une tache en ovale transverse, et postérieurement une grosse tache suborbiculaire, rouges. Écusson noir. Endocories rouges, marquées d'un point noir. Cories rouges, marquées d’une bande trans¬ verse irrégulière, noire. Membrane d'un cendré noirâtre, marquée d'un gros point discal et d’une tache basilaire, blancs. Bec noir. Poitrine noire, avec les côtés de l'antépectus et une tache en ovale transverse, sur les flancs de chaque arceau, rouges. Ventre rouge, marqué de chaque côté des arceaux, de 2 taches et d’une bande transverse médiane, noires. Pieds noirs. o* Arceau anal convexe, en demi-cercle, entier. Cuisses antérieures plus renflées, munies en dessous de petites épines. Jambes de devant denticulées en dessous. lygéens. — Lyrjacus 149 2 Arceau anal en angle dirigé en avant. Cuisses antérieures moins renflées, inermes. Jambes antérieures sans dentelures. Variété a. Tête rouge. Épistome noir, Membrane obscure, sans point blanc. Lygaeus asiaticus , Kolenati, Melet. ent., t. Il, p. 72, 3, pl. 8, fig. 12. Lygaeus militaris , Fab., Ent. syst., t. IV, p. 147, 42. — Id . , Syst. Rhynch., p. 217, 55. — Latreille, Hist. nat., t. XII, p. 2l3, 5. — Germ., Faun. Eur., 12; 19. — Burm, Handb., t. II, p. 298, 2. — Brellé, Exped., de Morée, p. 72, 23, Hist. nat., 6e li?., p. 354. — Costa, Cim., 1" cent., p. 41, (57), 1. — Kolen. Melet., t. II, p. 73, 27. — Rambur, Faun. And., p. 155, 1. — Amyot, et Serville, Hémipt., p.247, 1. — Baerensp., Catal., p. 8. — Bellevoie, Catal., p. 16. — Peton, Catal., p. 19; — Lyg. 10, 3. Lygaeus lagenifer, Dufour, Rech., pl. 3, fig. 23. Lagenifer, Amyot, Rhynch., p. 127, 112. Cimex militaris, Fabr., Ent. syst., p. 717, 103. — Id., Sp., ins., t. II, p. 362 141.— Id., .Mant. ins., t. II, p.297, 184. — Guel, Syst. nat., p. 2172, 392. — Rosst, Faun. Etr., t. II, p. 240, 1320. — Id., éd. Helwig., t. II, p. 381, 1320, — Petagn., Inst, ent., t. II, p. 536, 361. Cimex pandurus, Scop., Ent. carn., p. 126, 368. — Ds Villers, Ent., t. I p. 526, 165. Lygaeus civilis, Fabr.. Ent. syst., t. IV, p. 148, 44. — Id.,Syst. Rhyng., 217 59. — Wolff., Wanz., p. 25, 25, pl. 3, fig. 25? Long. 0m,013 à Om, 015 (6 à 7 1 .); — larg. 0m,004 à 0m,005 (1 3/4 à 2 1/21.). Tête rouge, avec l’épistome, les joues et le côté interne des yeux, noirs: la partie rouge couvrant le tiers médiaire du sommet. Pronotum mélangé de rouge et de noir: la partie noire, ponctuée, formant une bande trans¬ verse antérieure, et 2 bandes longitudinales irrégulières, enclosant une petite tache en ovale transverse et postérieurement une grosse tache sub- orbiculaire, rouges : la partie rouge, presque lisse, couvrait les côtés de la région médiane. Ecusson noir, chargé d’un relief en forme de T. Endocories rouges ; marquées sur les deux tiers, d’un gros point noir, souvent d’un rouge plus pâle postérieurement. Cories rouges, parées, vers le milieu de leur longueur, d’une bande transverse irrégulière, liée au bord externe, et ne touchant pas le bord interne de la mésocorie. Membrane d’un cendré roussàtre, marquée d’un gros point discal, et d’une tache, à l’angle antéro-interne, blancs. Dessus de l’abdomen rouge, avec une tache carrée, noire, sur les côtés des 2e à 5e arceaux. Bec noir, 150 LYGÉIDES prolongé jusqu’aux pattes intermédiaires. Poitrine noire, avec les côtés de l’antépectus, et une tache en ovale transversc sur le flanc de ses 3 segments rouges. Ventre rouge, marqué, de chaque côté du 28 arceau, d’un point sur ies stigmates, d’une tache marginale, et d’une bande trans¬ verse sur le milieu du bord extérieur des arceaux, noirs. Pieds noirs. Cette espèce, la plus grande du genre, n’est pas rare dans le Midi de la France. 4. ffjygaeus Saumlcrsi , Mülsant et Rey. Tête en partie rouge. Antennes noires. Pronotum en partie noir, paré de chaque côté d'une bordure rouge , souvent barrée de noir vers Les deux tiers, et d'une ligne médiane rouge, non avancée jusqu’au bord antérieur, en ovale transversc en devant, puis longitudinale, élargie d’avant en ar¬ rière. Endocorics rouges, avec la moitié postérieure et le bord extern.' noirs ; cories rouges, avec le bord interne, le bord postérieur et une bande dans le milieu, triangulairement dilatée de dedans en dehors, noirs. Membrane pâle, d'un blanc roussâtre. Poitrine noire, avec le bord externe de l'antépectus, et 3 taches en ovale transverse, sur les flancs, rouges. Ventre rouge, marqué sur les 3° à 5e arceaux d'une bordure transverse noire, parfois deux fois interrompue, et d’un point marginal, noirs, l ieds noirs. o" Arceau anal presque arrondi, convexe. Entre cuisses garnies de petites épines. Jambes denticulées. 2 Arceau anal en angle aigu dirigé en devant. Cuisses et jambes inermes. Long. 0m, 0112 à 0m.01i7 (5 à 5 1/2 1,); — larg. 0",0036 à 0ra,004 (1 2/3 à 1 7/8 1.). Mülsant, Opuscules entomotogiques, t. XIV, p 223 . Obs. Elle varie : 1° Par la grandeur de la tache rouge de la tète ; 2° Par le bord externe rouge du pronotum, barré ou non barré de r. nr, vers les deux tiers de sa longueur ; 3° Parla partie médiane rouge du pronotum, barrée de noir avant son < xtrémité, ou prolongée sans interruption jusqu’à la base ; 151 lygéens. — Lygaeus 4° Par l’écusson tout noir, ou rouge à son extrémité. Cette jolie espèce a été trouvée près de Malaga (Espagne), par M. Saunders, l’un des entomologistes les plus distingués de l’Angle¬ terre, à qui nous l’avons dédiée. Elle se distingue du L. familiaris par sa tète en partie rouge ; du L. equestri* par sa poitrine noire sur le flanc de chacun de ses arceaux ; du b. militari* , par sa taille plus faible, par son endocorie noire à l’extré¬ mité; par sa mésocorie liseréede noir à ses bords interne et postérieur ; par sa membrane pâle et non marquée d’un point blanc; du L. saxatilis, par ses exocories non bordées de noir. 5. Lygaeus saxatilis. Scopoli. Tête noire, avec une tache médiaire rouge, bilobée en devant. Antennes noires. Pronotum mélangé de noir et de rouge : la portion noire ponc¬ tuée, formant en devant, une bande transverse, et 2 bandes longitudinales noires : la partie rouge, presque lisse, couvrant les côtés, et formant une bande longitudinale médiaire, n'arrivant pas au bord extérieur. Écusson noir. Endocories rouges à la base, puis marquées d'un gros point noir. Cories rouges, bordées de noir dans leur périphérie, marquées sur leur disque d'une tache noire liée à la bordure externe et souvent à celle du bord postérieur de la mésocorie. Membrane noire. Poitrine noire , en partie rouge sur les côtés de l' antépectus et sur le disque des flancs de chaque segment. Ventre rouge, marqué sur chaque arceau, d'une bande transverse noire, deux fois interrompue. Pieds noirs. çf Arceau anal presque arrondi, entier. Cuisses antérieures plus épaissies, munies de petites épines en dessous. Jambes de devant denti- cnlées en dessous. 9 Arceau anal en angle dirigé en devant. Cuisses et jambes anté- li^ures inermes. Cimex saxatilis, Scop., Ent. Carn., p. 128, 371. — Linn., Syst. nat., p. 727, 81. — Muller, Syst. nat., t. V, p. 497, 8t. — Flesslv, in Schw., p 26, 605. — Goeze, Beitr., t. II, p. 214, 81. — Schranic, Enuna., p. 279,538. — Fabr., .Mant. ins., t. II, p. 298, 188. — De Vill. Ent., t. I, p. 515, 1 13. — Rossi, Faun. etr., t. II, p. 238, 1317. — Id. éd. Helwig., t. II, p. 278, 1317. — Wolpp, Icon. cim., p. 26, pl. 3, fig. 26. — Petagn., Inst, ent., t. II, p. 536, 3S. 152 LYGÉIDES Lygaeus saxatilis, FiBR.,Ent. Syst., t. IV, p. 148,46. — Id., Syst. Rhyng.,p. 218 62. — Panz, Faun. ins., 79, 22. — Latr., Hist. nat., t. XII, p. 218, 2. — Schill. Beit. , p. 59, 2. — Brullé, Expéd. Mor., t. III, p. 74, 26. — Ins. Hist. nat. Hémipt., p. 385. — Bcrm., Handb., t. II, p. 298, 4. — Kolen, Melet. ent., t. II, p. 72,2. — Amyot et Serv., Hémipt., p. 128, 113. — Ramb., Faun. andal., hémipt., p. 156, 4. — Costa, Cimic., regn. Nap., 1” cent., t, V (59), p. 41. — Fieber, Hémipt., p. 165, 1. — Assmann, Cat. p. 60, 4. — Baerenspr., Cat., p. 8. — Bellevoie, Catal., p. 17. — Pütox, Catal., p. 19; — Lyg. 10, 4. Graphostethus saxatilis , Staol., Hémipt. Fabr., p. 73. Spilostethus saxatilis, Staol, Mém., de l’Acad. de Stockholm., — Id. tiré à part, p. 41. Lygaeus, Amyot, Rhynch., p. 128, 113. Lygaeus lusitanicus, Herrich-Schaeffer, Wanz., t. IX, p. 197. Long. 0m,01 12 à 0m,01 17 (5 à 5 1/4 1. ) ; — larg. 0,0036 à 0m,004l (1 2/3 à 17/8 1.). Un peu élargie jusqu’à la moitié du corps. Tète noire sur l’épistome est sur les côtés, rouge sur le reste : la partie rouge bilobée en devant, rétrécie jusqu’au vertex. Antennes noires. Pronotum trapézoïde, en partie rouge, en paitie noir : la partie rouge, couvrant les bords latéraux et une bande longitudinale médiaire, non avancée jusqu’au bord antérieur, formant en devant une petite tache orbiculaire ou en losange, puis lon¬ gitudinalement prolongée jusqu’à la base, en s’élargissant un peu d’avant en arrière : la partie noire, couvrant le bord antérieur d’une bande transverse, ponctuée, à peine étendue jusqu’aux angles de devant, de laquelle naissent 2 bandes longitudinales, un peu irrégulières, élargies d’avant en arrière, bordant la partie rouge médiane ; paré vers le tiers de sa longueur, de 2 cicatrices en arc dirigé en arrière. Écusson noir, chargé d’un reliefen forme de T. Endocories rouges; parées d’une tache ovalaire noire, vers la moitié de leur longueur, moins obscures posté¬ rieurement. Cories rouges, parées dans leur périphérie d’une bordure noire ; marquées sur leur disque, d’une tache noire de forme variable, tantôt formée de 2 points noirs liés : l’interne, plus petit, isolé de la bordure interne de la mésocorie : l’externe, beaucoup plus gros et pos¬ térieur, joignant la bordure del’exocorie : cette tache souvent dilatée de telle sorte que la partie améro-interne s’unit à la bordure dujeôlé interne de la mésocorie, et que la parie postéro-externe se lie à la bordure du milieu du bord postérieur de la mésocorie. SIembrane noire, sans tache blanche. Dessus de l’abdomen rouge, marqué de chaque côté des 3° 5 5e 153 lycéens. — Lygaem arceaux, d’une tache marginale noire. Bec noir, prolongé jusqu’aux pieds postérieurs. Buccules ou pièces basilaires peu saillantes, non prolongées jusqu’au bord antérieur de i’antépectus. Poitrine noire ; marquée d’une biche rouge, en ovale transverse, sur le 1': ne de chacun de ses segments, a.ec le bord externe de i’antépectus, rouge. Ventre rouge, marqué sur le bord antérieur de chaque arceau, d’une bande médiane, et de chaque côté d’une tache, noires : 6e arceau noir, avec les côtés rouges. Pieds noirs. Cette espèce est commune dans presque toute la France. On la trouve principalement dans les prés. 6. Lygaens apuanus, Rossi. Tête et antennes noires. Pronotum ronge , marqué sur sa moitié posté¬ rieure de deux taches noires, en équerre ou presque en quart de cercle, à peine séparées sur la ligne médiane. Écusson noir. Endocories brunes. Cories rouges, marquées , sur leur disque, d'un point noir. Membrane noire, lisérée de blanchâtre, marquée d'un point discal, d'une tache à l'angle antéro-inteme, et ordinairement d’une tache près de l’extrémité de l'exocorie, blancs. Poitrine noire : bord latéral de l’antépectus, rouge Ventre noir à la base et à l'extrémité : 3e et 4e arceaux rouges, avec un point marginal noir. Pieds noirs. cf Arceau anal presque orbiculaire. 9 Arceau anal en angle dirigé en avant. La Punaise rouge, à point noir et taches blanches, Geoffroy, Hist. abr., t. I. p. 443, 15. Cimex apuanus, Rossi, Faun. etrusc. Mant., t. II, p. 5, n° 507. Lggaeus punctum, Fabr., Ent. syst., t. IV, p. 157, 75. — Id. Svst. Rhyng , p. 224, 94.— Coquebert, Illnst., t. I, p. 41, pl. 10, fig. 4. — Panz, Faun. germ., 118, 11. — Id., ins.jRatisb., pl. 119, fig. 3. — Wolfp, Wanz. p. 70, 73, pl. 8, fig. 70. — Latr., Hisl. nat., t. XII, p. 214, 6. — Burmeister., Handb., t, II, p. 298, 5. — Brullé, Exped. de Mor.e, p. 72, 27. — Id., Hist. nat., 6e liv., p. 385. — Koi.en, Melet., t. II, p. 75, 40. — Costa, Hem., reg. X. 3fc cent., p. 18, 6, (217). — Rambcr, Faun. andal., Hémiptères, p. 155, 2. — Herr.-Schaëff, Waxze.n, t. IX, p. 198- — Baerexsp., Cat., p. 18. — Bellevoie, Cat. p. 17. Lggaeus apuans, Fieber, Hémipt., p. 65, 2.— PuroN, Cat., p. 20 . — Lyg. 11, 5 frraptolomns apuans, Staol, Hémipt., Fabr., p. 75. 154 LYGÉIDES Stigmophorus, Amyot, Rhynch., p. 130, 118. Melanocoryphus apuans, Staol., Mem. de Stockholm (1872), p, 41. — Id., tiré à part, p. 41. Variété a. Taches noires de la dernière partie du pronotum réunies en espèce de demi-cercle. Mésocories marquées d’une grosse tache noire, à leur angle postéro-interne. Lygaeus ventralis, Kolen, Melet. ent., t. H, p. 78, 39, pl. 9, fig. 13. Cette Lygée, trouvée dans le Caucase, n’est probablement qu’une variété du Lygaeus punctum. Long. 0“008 (3 3/4 1.) ; — Larg. 0m0025 à 0m,0030 (1 à 1 2/41.). Tête et antennes noires : celles-ci à peine prolongées jusqu’à la moitié du corps. Pronotum rouge, avec le bord antérieur et, à partir des deux cinquièmes, deux taches en forme d’arcs se regardant, noirs : le bord antérieur noir, ponctué, à peine étendu jusqu’aux angles de devant, arqué en arrière jusqu’au sixième de sa longueur : cette partie noire suivie d’une bande rouge transversale, tumescente, lisse, sur laquelle se voit, de chaque côté de la ligne médiane, un trait ou ligne oblique : les taches noires en arc, en équerre, ou subtriangulaires, à peine sépa¬ rées par une ligne rouge sur la partie médiane, non étendues sur les côtés et à peine prolongées jusqu’à la base, laissant entre elles, depuis les deux tiers de la longueur et le tiers médiaire de la largeur, un faible intervalle rouge. Ecusson obtriangulaire ; noir, lisse ; chargé d’un relief en forme de T. Endocories brunes. Cories rouges ; marquées d’un point discal noir. Membrane noire; marquée d’une tache blanche à son angle antérieur, d’un point blanc sur son disque, et d’une petite tache de même couleur à l’extrémité de la nervure cubitale. Dessus de L'abdomen rouge, avec la base et ''extrémité noires, et un point marginal noir sur les 3e à 5° arceaux. Bec noir ; prolongé jusqu’aux pieds intermédiaires. Poitrine noire, avec les côtés de l’antépectus et une tache presque carrée à l’angle antéro-interne de ce segment, rouges. Ventre noir à la base et sur le 6° arceau : les 46 et 5e ordinairement rouges, avec un point mar¬ ginal noir. Pieds noirs : cuisses un peu renflées, inermes ainsi que les jambes. Cette espèce n’est pas rare dans le Lyonnais, et surtout dans le Midi de la Fiance. lygéens. — Lygaeus 155 Variété a. Carène de la partie postérieure de l’écusson, parfois rouge. Variété b. Taches noires du prothorax, obtriangulaires ou presque carrées. Variété c. Ventre parfois tout noir. Variété d. Bord antérieur de l’antépectus rouge. 9. Lygaeus punctato-guttatus, Fabricius. Tête et antennes noires. Pronotum rouge sur sa moitié antérieure et sur la ligne médiane de sa moitié postérieure ; marqué sur celle-ci de deux taches presque unies, noires, atteignant le bord externe. Écusson noir. Endocories rouges, marquées d’un gros point noir. Cories rouges, marquées, vers la moitié de leur longueur, d'une grosse tache noire, en ovale transverse, raccourcie à son extrémité. Membrane noire, marquée d’un gros point discal, d’une tache à l’angle antéro-interne, et d’une tache apicale, blancs. Poitrine noire, avec la partie antérieure de l'antépectus, rouge. Ventre noir à la base et à l’extrémité: 2e à 5e arceaux rouges, mar¬ qués d'un point marginal noir. Pieds noirs : hanches rouges. a" Arceau anal presque orbiculaire. 9 Arceau anal en angle dirigé en devant. Cimex punctatato-guttatus , Fabr. Spec. Ins. t. II, p. 363, 16t. — Id. Mant. Ins. t. II, p. 300, 210. — Rossi, Faun. Etr. t. II, p. 245, 1324. — Id. éd. Helwig, t. II, p. 384, 13*21. — Petagn. Inst. Entom. t. II, p. 637,42. Lygaeus punctato-guttatus, Fabr. Ent. Syst. t. IV, p. 138, 77. — Id. Syst. Rhyng. p. 224, 97. — Latr. Hist. nat. t. XII, p. 214, 7. — Panz. Faun. Insect. 118, 8. — Burmeist. Handb. t. II, p. 299, 6. — Kolenat. Melet. Ent. t. II, p. 76, 41. — Herrich-Scbeffer. Wanz. t. IX, p. 199. — Costa, Cim. Reg. N. lre cen¬ turie, p. 42(61), 3. — Baereng, Catal. 8. — Puton, Catal. p. 20; — Lvg. 11,6. Lygaeus Schummeli, Schilling, Beitr. p. 60, 3, pl. 2, fig. 4. Lygaeus guttatus, Rambur, Faun. Andal. (Hémipt.), p. 135,3. Lygaeosoma punctato- guttata, Fieber, Hémipt. p. 167, 1. Graptolomus punctato-guttatus , Staol, Hémipt. Fabr. p. 73. Melanocoryphus punctato-guttatus, Staol, Mém. de l’acad. de Stockholm(l872), p. 41. — Id. tiré à part, p. 41. Stigmorhanis, ÀirrOT, Rhynch. p. 131, 116. LYGEIDES 156 Long. 0m,0035 à 0m,004 (1 1/2 à 1 2/3 1.); — larg. 0“,001 à 0m,0015 (1/2 à 2/3 1.). Tête et antennes noires. Pronotum marqué vers la moitié de sa lon¬ gueur, d’une ligne ou d’un sillon transverse; rouge sur sa moitié anté¬ rieure; marqué, sur sa postérieure, de deux taches noires, presque car¬ rées, atteignant le bord latéral et séparées entre elles par une ligne rouge. Écusson noir, chargé d’un relief en forme de T. Endocories rouges, marquées d’un gros point noir vers les deux tiers ou trois quarts de leur longueur. Cories rouges, voilant à peine la tranche ; marquées avant la moitié de leur longueur, d’une tache noire, transverse, plus raccourcie à son côté interne, subarrondie sur celui-ci, rétrécie extérieurement, et touchant à peine le côté marginal : extrémité de l’exocorie à peine noire. Membrane noire ou d'un noir brun ; marquée d’un gros point blanc sur son disque, d’une tache à son angle antérieur et d’une tache apicale de même couleur. Dessus de l'abdomen rouge, avec la base et le 6e arceau noirs : 2° à 5e arceaux marqués d’un point marginal noir. Bec noir, prolongé jusqu’aux pieds intermédiaires. Poitnne noire, avec la partie antérieure de l’antépectus parée d’une bande transversale rouge ; parfois rouge à son angle postérieur. Repli de l’exocorie rouge. Ventre rouge, avec la base et le 6° arceau noirs : les 3e, 4e et 5e arceaux et partie du 2e, rouges : les 2e à 5e marqués d’un point marginal, noirs. Pieds noirs ; hanches rouges. Cuisses, surtout les antérieures, sensiblement renflées; inermes ainsi que les jambes. Cette espèce n’est pas rare dans le Lyonnais et dans nos provinces méridionale?. On la trouve sous les écorces, depuis octobre à février. Variété a. Les hémiélytres sont quelquefois raccourcies de moitié. Elle se distingue de toutes les précédentes par sa petitesse. Genre Graphostethus , Graphostêthe, Staol. Slaol. Hemipt. Fabr., p. 78. Caractères. Ajoutez à ceux de la branche : Pronotum sans fossette ou marqué d’une fossette longitudinale au côté interne des angles huméraux; bord postérieur de cette partie, en ligne 157 lycéens. — Graphostethus lransverse à peu près droite. Bord postérieur du postpectus en ligne- oblique. Bec ordinairement prolongé jusqu’au premier arceau ventral. 1. Graphostethus pertes tris, Schilling Tête noire. Antennes noires, avec T extrémité du \.eT article elle 2e arti¬ cle d'un rouge testacé. Pronotum noir sur les trois quarts antérieurs, blanchâtre sur le tiers postérieur des côtés, d'un rouge testacé à la base, jusqu'aux calus huméraux, qui sont noirs. Cônes d'un cendré testacé, marquées à l'extrémité d'une tache blanche, précédée d'une tache noire. Membrane brune; notée à l'extrémité d’une tache ronde blanche, et parfois d’une tache de même couleur en devant. Pieds d’un rouge testacé, cuisses avec une tache et l’extrémité des jambes, noires. cf Arceau anal convexe, presque en cercle. Cuisses antérieures ren¬ flées, munies de deux dents en dessous. 9 Arceau anal en angle dirigé en devant. Lygaeus pedestris, Panzf.r, Faun. Ins., p. 92, 1 £. Pachymerus pedestris. Schilling, Beitr. , p. 70, 10, pl. VI, fig. 7. — HahNj Wanz., t. I, p. 62, pl. 10, fig. 38. — Burmeist, Handb. t. II, p. 296, 5. — Assmann, Catal., p. 70, 17. — Baerensp., Cat. p. 10. Graphostethus pedestris, Puton, Cat., p. 20. Raglius, Amïot, Rhynch., p. 141, 133. Long. 0”0067 (3 1.) ; — larg. 0m0017 (3/4 1.). Tête noire. Veux d’un brun rouge. Antennes prolongées environ jusqu’à la moitié du corps; à 1er article dépassant du tiers de sa longueur le bord antérieur de la tête, noir, avec l’extrémité d’un rouge testacé : le 2e d'un rouge testacé : les deux suivants noirs : le 4e fusiforme, aussi long que le 3e. Pronotum trapézoïde, à peine relevé en rebord sur les côtés; noir sur les trois quarts antérieurs de sa longueur ; chargé, en devant, d'une bande lransverse tumdiée ; blanchâtre sur le tiers posté¬ rieur de ses côtés : marqué d’une tache noire sur chaque calus huméral, d'un rouge testacé blanchâtre, sur le cinquième postérieur de sa lon¬ gueur, depuis une fossette humérale jusqu’à l’autre. Endocories d’un rouge testac’ pâ'e ou d’un cendré tes'aoé, sépnré°s des cories par une 158 I. Vf. RIDES ligne blanche, parfois avec une petite tache noire à la base. Cories d’un cendré ou pâle testacé, en partie ponctuées de noir; marquées d’une tache blanche à l’extrémité, et au-devant de celles-ci, d’une tache noire presque triangulaire ou trapéziforme, parfois testacée au côté interne d ; cette dernière. .Membrane brune; marquée d’une grosse tache blanche, arrondie, située à l’extrémité, et parfois d’une tache blanchâtre en de¬ vant; chargée de quatre ou cinq nervures souvent blanchâtres. Hémi - élytres prolongées jusqu’à l’extrémité du corps. Dessous de la tête non canaliculé jusqu’à sa base ; pièces basilaires nulles postérieurement. Bec prolongé jusqu’au premier arceau ventral, noir au moins sur le l®r article, parfois rouge sur les autres. Poitrine noire, avec le bord postérieur des segments d’un rose blanchâtre. Hanches d'un rose pâle. Pieds de médiocre longueur, d’un roux testacé: les cuisses antérieures marquées d'une grosse tache noire : les intermédiaires marquées d’une tache noire plus petite : les postérieures notées d’un anneau noir ; extrémité des jambes, noire. Nous n’avons pas trouvé cette espèce en France, mais peut-être s’v rtncontre-t-elle. Elle se présente souvent sous une forme bracbyptère, c’est-à-dire avec des hémiélytres réduites à des moignons, ne dépassant pas le métathorax ; la membrane et les ailes nulles. A cet état anormal se rapporte l’insecte suivant : Apterola Kunckeli, Muls. et Rey, Opusc. ent., 14e cahier, p. 44. Dessus du corps garni d’une très courte pubescence ; d’un brun noir mat. Antennes d’un brun noir. Pronotum trapézoïde ; d’un brun noir, avec le bord antérieur finement bordé de blanc rose et marqué de trois gros points de même couleur, attenant à ce bord antérieur ; marqué de trois taches de même couleur liées an bord postérieur : une sur chaque angle huméral ; une triangulaire, au milieu de sa largeur. Écusson presque en demi-cercle, un peu tronqué postérieurement; d’un noir brun ; marqué d’une ligne médiane rose. Hemiélylres réduites à des moignons, dépassant à peine l’écusson ; d’un rouge brunâtre. Membrane et ailes nulles. Dessus de l’abdomen h découvert; d’un brun ou brun noir mat; marqué d’une tache rose sur la moitié de sa tranche. Bec prolongé jusqu’au 2° arceau du ventre. Pièces basilaires non prolongées jusqu’à la base de la tête. Poitrine d’un noir brun; partie antérieure, côté et bord postérieur de l’antépectus et une tache au côté interne de ses flancs, bord postérieur et une tache au côté interne des flancs du médipectus, lygée.vs. — Lygaeosoma 159 bords latéraux et postérieurs et orifices odorifiques, d’un rose blanch⬠tre. Ventre d’un brun noir, avec une tache rose marginale, sur chaque arceau. Pieds d’un brun noir : cuisses de devant renflées, inermes. Cet état incomplet a été trouvé près de Malaga, par M. Kunckel. Genre Lygaeosoma, Lygaeososie, Spinola. Spinola, Essai (1840), p. 254. Corps ovalaire. Tête en triangle, plus large postérieurement que longue sur sa ligne médiane ; déclive en devant. Yeux débordant un peu les angles du pronotum. Ocelles situés près du bord postéro-interne des yeux. Antennes de quatre articles : le 1er épais, obconique, le plus court : les 2° et 3e cylindriques, moins épais que les autres ; le 2e le plus large : le 4e fusiforme, plus épais que le 3e et au moins aussi long. Pronotum trapézoïde; chargé d’une faible cirénulesur la ligne médiane ; creusé d’une fossette longitudinale ou oblique au côté interne des angles huméraux. Ecusson obtriangulaire. Endocories de largeur égale. Corics en iigne oblique non sinueuse, à leur bord postérieur. Membrane chargée de nervures. Dessous de la tête sillonné. Bucculcs prolongées jusqu’à la base. Bec à 1er article atteignant le bord antérieur de l’antépectus. Bord postérieur du postpeelus, en ligne oblique. 5e arceau du ventre de la Ç dirigé en ligne presque droite à son bord postérieur, vers le bord mar¬ ginal. Pieds de longueur médiocre : cuisses an’.f Heures renflées, inermes. fl. ILygacosouiaa rctlcuSaîa, Herrich-Schaeffer. Tête et pronotum pubescents, d'un gris brun ou en partie roussdtre. Tête subconvexement déclive en devant. Pronotum trapézoïde ; ponctué : marqué vers la moitié de sa longueur d'une dépression transversale ; chargé d'une légère carène médiane jaunâtre. Ecusson en triangle subéquilatéral, à côtés droits, chargé d'un . relief en forme de T. Cories grises ou d’un gris brun, d nervures blanches, réticulées. Membrane brune postérieurement, lisérée de petites taches blanchâtres et parée d’une ligne marginale in¬ terne et d'une tache semi-lunaire blanches. Dessous du corps gris brun. Cuisses brunâtres , inermes. Jambes et tarses testacés. 1 60 LYGÉIDES Heterogaster reticulatus, Herrich-Schaeffer, Wanzen, t. IV, (1839), p. 77, fig. 40b. Lygaeosoma sardea, Spinol., Essai (1841), p. 2b6. Paclujmerus variabilis, Rambür, Faun. Andal (Hemiptère), p. lb'2, 12. Lygaesoma sardeum, Costa, Cim. R. N. 3e centurie, p. 16 (213), 1. Lygaeosoma reticulata , Fieber., Hemipt., 168, 2. — Staol, Mém. de l’Acad., de Stock., 1872, p. 42. — Id. , tiré à part, p. 42. Lygaeosoma reticulatum, Puton, Cat., p. 44; — Lyg. 11, 1. Enstagonia, Amtot, Rhynch., p. 189, 166. Long. 0m,0032 à 0m,0036 (1 1/2 à 1 2/3 1.); — larg. 0,0012 à 0”,0016 (1/2 à 2/3 1.). Tête triangulaire, déclive à partir des yeux ; grise, pubescente, ponc¬ tuée sur sa moitié postérieure. Yeux bruns, débordant un peu les angles antérieurs du pronotum. Antennes à peine aussi Ion gués que la moitié du corps ; pubescentes ; à 1er article épais, le plus court : les 2e et 3e cylindriques, moins épais, garnis de poils : le 2e le plus long : le 4e sub¬ fusiforme. Pronotum trapézoïde , pubescent ; gris ou d’un gris brun, souvent plus ou moins roussâtre, surtout postérieurement, sur le tiers médiaire de sa largeur : marqué de points enfoncés, bruns, presque nuis près de son bord postérieur; rayé d’une ligne trans verse, près des angles antérieurs , un peu arquée en arrière jusqu’au quart, interrompue dans son milieu; chargé sur sa ligne médiane, d’une carène plus ou moins faible et ordinairement jaunâtre; creusé d’une fossette longitudinale ou oblique au côté interne du calus huméral saillant, en ligne transverse, presque droite à son bord postérieur. Écusson un peu plus large que long ; à côtés droits ; pubescent, gris, ponctué ; chargé d’une carène jaunâtre à son extrémité ; offrant souvent, en devant, une saillie trans¬ verse plus ou moins faible, figurant avec la carène un T. Endocories étroites, d’une largeur égale, grises ou d’un gris cendré; marquées vers l’extrémité d’une tache d’un brun roux. Cories grises ou d’un gris cendré; garnies de nervures ordinairement blanchâtres: la nervure longitudinale la plus voisine du bord interne, bifurquée postérieurement ; offrant entre elle et la nervure suivante une cellule en ovale allongé et postérieure¬ ment deux cellules plus petites; chargées de trois ou quatre cellules près du bord externe : ces nervures et cellules souvent peu distinctes. Mem¬ brane brune, parée postérieurement d’une bordure de taches blanch⬠tres et de deux taches blanches : l’une, linéaire, au côté interne de la LYGÉENS. — Arocataires 161 membrane ; l’autre, en demi-lune, au milieu du bord postérieur de la corie. Dessus de l’abdomen gris brun, marqué de taches rougeâtres. Tranche en partie visible, marquetée de brun et de rougeâtre. Bec brun, à peine prolongé jusqu’aux pieds postérieurs. Dessous du corps gris ou d’un gris brun, pubescent. Orifices rougeâtres. Pieds pubescents. Cuisses inermes, grises ou d’un gris brun : les antérieures renflées. Jambes et tarses testacés ou d’un roux testacé. Cette espèce est commune dans le Midi, au pi^d des plantes basses et dans les tas d’herbes sèches. übs. Quelquefois les nervures sont presque de la couleur du fond des cories et par conséquent peu distinctes. La tache linéaire blanche des cories manque quelquefois. DEUXIÈME BRANCHE LES AROCATAIRES Caractères. Cories non sinueuses à leur bord postérieur, après l’extré¬ mité de leur côté interne. Tête en triangle plus long à la base, y compris les yeux, que long sur sa ligne médiane ; tuméfiée derrière les yeux, séparée par un bourrelet du bord antérieur du pronotum. Pronotum élargi d’avant en arrière, plus large à sa base que long sur sa ligne mé¬ diane; paré en devant d’une bande transversale rouge, tuméfiée ; chargé sur son milieu d’une petite carène. Écusson obtriangulaire ; au moins aussi long qu’il est large à la base ; chargé d'un relief en forme de T. Hémiélytres prolongées au moins jusqu’à l’extrémité du corps. Endocories parallèles. Cories chargées de deux nervures. Membrane chargée de cinq nervures dont les deux internes naissent d’une cellule. Bec non prolongé jusqu’au 1er arceau ventral ; à 1er article atteignant à peine le bord de l’anlépeclus. Gouttière snbmarginale, à peine ou non canaliculée. Cuisses linermes. Cette branche est réduite au genre suivant : 162 LYGEIDES Genre Arocatus, Arocate, Spinola. SpinolA, Essai, p. 2S7. Ajoutez aux caractères précédents : Ocelles presque aussi en arrière que. le bord postérieur des yeux. An¬ tennes un peu plus longuement prolongées que la tête et le pronotum ; à 1er article épais, dépassant peu la partie antérieure de la tête : les 2e et 3e filiformes : le 2° le plus long : le 4e légèrement fusiforme, variablement aussi long ou un peu moins long que le 3e. 1 KT article des tarses au moins aussi long que les deux suivants réunis. Corps plat en dessus; ovale-oblong. Tableau des espèces : a. Pieds noirs. Cories d'un rouge roux, avec le bord externe et la moitié des cories d'un brun noir. Tranche marginale rouge. Rgeseli. aa. Pieds rouges, avec une tache sur les cuisses et le dernier article des tarses, noirs. Cories d’un rouge roux, ornées d'une tache dis¬ cale subtriangulaire noire. Tranche marginale annelée de rouge et de noir . . . melanocephalus . i. Arocaêjaa KacseBn, Scuilling. Tête et antennes noires. Pronotum brièvement noir après le cou, puis paré d'une bande transversale rouge tuméfiée ; noir sur le reste, avec les bords latéraux , et souvent la partie rnédiaire du bord postérieur, rouges. Écusson noir. Endocories rouges, ornées, sur leur disque, d'une tache subtriangulaire d'un brun noir. Membrane d’un brunmétallique. Tranche ordinairement rouge. Bec prolongé jusqu’aux pieds postérieurs. Poitrine noire : quelques parties et orifices sudorifiques, rouges. Pieds noirs. a* 5e et 6e arceaux dirigés en ligne transverse droite vers le bord marginal. Arceau anal presque orbiculaire, non fendu. ? 5e arceau dirigé en ligne obii (Ue^vers le bord marginal, à partir du milieu du 4e arceau. 6® arceau en angle dirigé en avant, fendu dans sonmilieu. lycéens. — Arocatus 163 Lygaeus Roeseli, Schilling, Beitr. p. 60. 4, pl 3, fig. 2. — Panzbr, Faun. Ins. 127, 10. — Assmann, Catal. p. 60, 2. Tetralaccus Roeseli, Fieber, Hemipt. p. 164. Arocatus Roeseli, Baerenspr. Catal. p. 8. — Puton, p. SO ; — Lyg. 12, 2. Long. 0,m,0060 à 0m,0065 (2 3/4 à 3 1.); — larg. 0,0019 (7/8 1.). Corps oblong, à peine pubescent. Tête et antennes noires. Pronotum paré, en devant, d’une bande transversale rouge et tuméfiée ; également rouge sur les côtés; noir et ponctué sur le reste, avec la moitié médiaire de son bord postérieur rouge et lisse ; chargé, depuis la bande rouge antérieure, d’une étroite carène non prolongée jusqu’à la base. Écusson obtriangulaire, noir, ponctué ; chargé d’un relief en forme de T. Endoco- ries d'un rouge roux ; marquées postérieurement d’une tache ovale, brune ou nébuleuse, ponctuée. Cories d’un rouge roux, marquées d’une tache discale subtriangulaire, allongée, ne touchant ni le bord interne ni ou à peine le bord externe des cories, distante de leur extrémité d’un tiers de leur longueur. Membrane d’un brun ou brun noir bronzé. Dessus de l'abdomen rouge. Bec noir; prolongé jusqu'aux pieds postérieurs. Poitrine : côtés de l’antépectus et bord postérieur du postpeclus, rouges, Orifices roses. Ventre rouge ou d’un rouge jaune ; marqué d’une tache noire, ponctiforme sur les stigmates : ces taches parfois prolongées jus¬ qu’au bord marginal. Pieds noirs. Cette espèce vit sur les pins. On la trouve principalement sous les écorces de ces arbres. *. Arocatus melauoccplialus, Fabricics. Tête et antennes noires. Pronotum noir et ponctué derrière le cou, paré ensuite d’une bande transversale rouge et tuméfiée; bords latéraux et moitié médiaire du bord postérieur, rouges ; noir et ponctué sur le reste. Endocories d'un rouge roux, marquées d'une tache postérieure noirâtre. Cories d'un rouge roux, avec le bord externe et le tiers ou presque la moitié postérieure, d’un noir bronzé. Dessus de l'abdomen rouge , marqué d’un point et d'une tache marginale noirs. Bec prolongé jusqu’aux hanches intermédiaires. Poitrine noire, avec le rebord antérieur et une partie des côtés de l’antépectus, le bo spotér ieur du postpectus et les orifices, rou- 12 SOC. LINN. T. XXV 164 LYGÉIDES ges. Ventre d'un rouge jaune. Stigmates et une tache marginale noirs. Pieds rouges : cuisses marquées d'une tache noire. a * 5e el 6° arceaux dirigés en ligne transverse droite vers le bord marginal. Arceau anal suborbiculaire, noir ou nébuleux. 9 5° et 6e arceaux dirigés en ligne oblique vers le bord marginal. Arceau anal en angle dirigé en avant ; rouge. Lygaeus melanocephalus. Fabricius, Suppl. Ent. Syst. p. 540, 75. — Id. Syst Rliyng. p. 224, 95. — Coquebert, Illustr. Icon. decas, t. I. p. 57, pl. IX, fig. 11. Schilling, Beitr. I, p. 61, 5. — Burmeist. Handb. t. II, p. 297, 7. Arocatus melanocephalus. Spinola, Essai, p. 257. — Fieber, Hemipt. p. 167. — Puton, Lyg. 12, 1. Melandiscus, Amyot, Rhynch. p. 133. Long. 0m,00G0 à 0m,0068 (2 8/4 à 3 1.) ; — larg. 0m,0019 (7/8 1.). Oblongue. Tête noire, à peine ou très-finement ponctuée. Antennes noires. Pronotum trapézoïde ; brièvement noir et ponctué après le cou, paré ensuite d’une bande transversale rouge, lisse, tuméfiée ; à bords latéraux de même couleur; également rouge sur la moitié ou sur les deux tiers médiaires de son bord postérieur, et sur une longueur variable au- devant de celui-ci; marqué, après la bande transversale rouge et lisse, d’une bande noire, transverse, laissant les côtés rouges et s’inclinant en arrière, jusqu’à chaque fossette humérale, en enclosant la partie rouge du bord postérieur; noté, ap: ès la bande rouge, de quatre points ou fos¬ settes transversalement disposées, el d'une carène médiane plus ou moins courte ; marqué sur la bande noire, d'une ponctuation assez grossière, affaiblie en approchant du bord postérieur; creusé d’une fossette au côté interne de l'angle huméral. Écusson noir, en triangle, presque aussi long qu’il est large à la base ; à côtés droits ; chargé d’un relief en forme de T; ponctué sur les côtés. Endocories d’un rouge roux à la base, en partie brunes postérieurement. Cories rouges ou d’un rouge roux à la base, avec leur moitié postérieure et le bord externe de l’exocorie bruns ou d’un brun noir et métallique. Membrane d’un bran métallique. Dessus de l’abdomen rouge : tranche marquetée de noir et de rouge. Dessous de la tête noir : lames buccales bordées de rouge. Bec noir; prolongé jusqu’aux pieds intermédiaires. Poitrine noire ou d’un noir gris; ponctuée : bords anté¬ rieurs, latéraux et postérieurs de i’antépectus, bord postérieur des médi et postpectus, rouges. Orifices sudorifiques, rouges. Ventre rouge ou 165 LYCÉENS. — Orsillus d’un rouge jaune, avec les segments noirs : ces taches noires parfois prolongées jusqu’au bord marginal. Pieds rouges : cuisses marquées d’une tache noire, vers leur extrémité : base des jambes et dernier article des tarses, noirs : cuisses antérieures médiocrement renflées, inermes. Cette espèce se trouve sur les pins. Elle est plus commune ou moins rare que la précédente. TROISIÈME BRANCHE LES ORSILLAIRES Caractères. Cories sinueuses à leur bord postérieur, à l’extrémité de leur côté externe. Pronotum élargi d’avant en arrière ; plus large à son bord postérieur que long sur sa ligne médiane ; en ligne presque droite et à peine bordé d’une membrane à son bord postérieur. Bec de longueur variable, selon les genres. Ces insectes se partagent en deux genres : Genres. a. Tête allongée en un cône plus long sur sa ligne médiane que large à sa base. Angle antéro-externe du tubercule antennifère saillant, vif. Ecusson à côtés droits. Bec prolongé au moins jusqu’au 3e arceau ventral. Cuisses antérieures munies de petites épines sur leur partie inféro-antérieure. Corps allongé ou suballongé (d’environ 3 lignes), plat en dessus, peu ponctué . Ohsillus. aa. Tête en triangle plus large que long. Angle antéro-externe du tuber¬ cule antennifère non saillant, émoussé. Écusson, au moins en par¬ tie, arqué sur les côtés. Bec non prolongé jusqu’au 3° arceau ventral. Cuisses antérieures inermes. Corps ovalaire ou peu allongé (ne dépassant guère 2 lignes), ponctué . Nysius. Genre Orsillus, Orsille, Dallas. Dallas Calai. (1852), p. 551, Caractères. Tête en cône, plus longue sur sa ligne médiane que large à sa base. Angle antéro-externe du tubercule antennifère, saillant, aigu. Éyistome séparé des joues par des sutures distinctes. Yeux saillants, sé- 16K LYGÉIDES parés du bord antérieur du pronotum. Pronotum élargi d’avant en arrière, en ligne d’abord arquée, puis droite ; déprimé en dessus ; creusé d’une fossette humérale. Écusson obtriangulaire ; à côtés droits; offrant souvent au milieu de son bord postérieur une fossette, et postérieurement une carène. Cories sinueuses à leur bord postérieur, à l’extrémité de leur côté interne. Membrane à cinq nervures. Buccules ou lames buccales nulles ou presque nulles. Bec prolongé au moins jusqu’au 3e arceau ventral ou même jusqu’à l’extrémité. 2e et 3e arceaux du ventre creusés d’un sillon médiaire. Cuisses antérieures munies de petites épines sur leur partie antéro-inférieure. Corps allongé ou suballongé; plat en dessus; peu ponctué. Tableau des espèces : très grêle, aussi long ou presque aussi long que que le corps. Pro¬ thorax avec un point subantical obscur. Dessous de la tête , poitrine et base du ventre largement et fortement rembrunis dans leur milieu. Les 3e et 4e arceaux du ventre non sillonnés. Le dernier article du bec entièrement obscur. Membrane dé¬ bordant le sommet de l’abdomen . maculatus. § ( — « c « •- « S s- o .03 O S» Û| - S V © 3J s « avec un trait longitudinal noir. Dessous de la tête, poitrine et base du ventre plus ou moins rembrunis dans leur milieu. Les 33 et 4e arceaux du ventre non ou à peine sillonnés. Dernier article du bec entièrement obscur. Membrane débordant le sommet de l'abdomen . depressus . sans trait longitudinal noir. Poitrine seule rembrunie dans son milieu. Les 3e et 4e arceaux du ventre sensiblement sillonnés sur leur ligne médiane. Der¬ nier article du bec obscur seulement vers son extrémité. Membrane n’atteignant pas le sommet de l’abdomen . Reyi. 1. ©rsillus maculatas, Fieber. Ùblong, déprimé, un peu rétréci en avant, roux, avec la moitié posté¬ rieure du pronotum , l’eniocorie, le sommet de l'écusson et les pieds , pâles > un point subantical du pronotum , le dernier article du bec, le dessous de la tête , la poitrine et le milieu de la base du ventre, rembrunis ; les hé mié - LYGÉEiNS. — Orsillus 167 lytres marquées de pâle et de roux brun, et la, marge abdominale annelée de pâle et de roux brun. Tête oblongue, conique, presque mate. Bec de la longueur du corps. Pronotum transverse, assez brillant, assez fortement et modérément ponctué. Écusson fortement, densement et rugueusement ponctué. Hémiélytres subpubescentes, subruguleuses , mates ; membran subréticulée, dépassant l'abdomen. cf Le 7e arceau ventral semi-circulairement échancré à son extré¬ mité. Le 8e court, caché sur les côtés ; à bord postérieur subrectiligue, en forme de corde sous-tendant le fond de l’échancrure du précédent. Le dernier assez convexe, transverse, creusé avant son sommet d’une fossette profonde. ? Les 5e et 6e arceaux du ventre fortement, triangulairement et aigu- ment entaillés jusqu’à la rencontre du 4e, avec leurs côtés obliques subrectilignes ou à peine redressés en dehors. Le 7« subcaréné sur sa ligne médiane, triangulairement et assez profondément échancré à son extrémité. Le dernier à 4 valves distinctes : les deux médianes simulta¬ nément et légèrement convexes dans leur milieu, ovale-oblongues, indi¬ viduellement arrondies à leur sommet, offrant à leur base une pièce en losange transverse ou scutellée, située au fond de l’échancrure du précé¬ dent, auquel elle semble appartenir : les latérales moins grandes, en forme d’onglet. Mecoramphus maculatus, Fieber, Eur. Hem. 173. Orsillus longirostris, Mulsant et Rey, Op. Ent. XIV, 1870, 232, 1. Orsillus maculatus, Puton, Lyg., 13, 1. Long., 0,0070 à 0m,0080 (3 1/5 à 3 2/3 1.); - larg., 0m,0034 (1 1/2 1.). Corps oblong, déprimé, un peu plus étroit antérieurement ; d’un roux peu brillant varié de pâle. Tête en forme de cône oblong, un peu res¬ serrée à sa base derrière les yeux; aussi large, ceux-ci compris, que le prothorax à son quart antérieur ; longitudinalement convexe ; à peine pubescente ; distinctement rugueuse ; d’un roux ferrugineux presque mat. Épistome assez étroit, subparallèle ou parfois un peu élargi vers son extré¬ mité, débordant sensiblement les joues qui sont en pointe aiguë. Bec aussi long que le corps, à dernier article entièrement obscur. Yeux très sail¬ lants, subarrondis, brunâtres. Antennes assez grêles, un peu plus lon¬ gues que la tête et le prothorax réunis : finement et brièvement pubes- 168 LYGÉIDES centes ; rousses avec le Ie*1 article un peu plus pâle; celui-ci assez épais, le 29 grêle, deux fois aussi long que le précédent, sublinéaire ou à peine plus épais vers son extrémité : le 3° grêle, sensiblement moins long que le 2e, sublinéaire ou à peine plus épais vers son sommet : le dernier très finement duveteux, évidemment moins long et un peu plus épais que le 3e, en forme de fuseau allongé et subcylindrique, subacuminé au som¬ met. Prothorax en forme de trapèze transverse ou sensiblement plus large que long ; presque d’un tiers moins large en avant qu’en arrière, où il est de la largeur des élytres ; brusquement rétréci avant son sommet, avec celui-ci largement ou à peine échancré et les angles antérieurs obtus; à côtés obliques, subsinués vers leur milieu, avec les angles postérieurs gibbeux et arrondis ; faiblement bisinué dans le milieu de sa base avec celle-ci un peu obliquement coupée de chaque côté; légère¬ ment convexe en arrière, largement et transversalement impressionné sur toute sa largeur dans son tiers antérieur; non ou à peine pubescent; assez fortement ponctué avec la ponctuation modérément et inégalement seirée, ordinairement plus lâche et moins forte en arrière et le calus des angles postérieurs lisse; d’un roux peu brillant sur son tiers ou sa moitié antérieure, d’un pâle assez brillant sur le reste de sa surface, avec un faible liséré de même couleur à son sommet. Écusson triangulaire, à pointe mousse, relevé en carène obtuse avant celle-ci ; à surface offrant sur son milieu une élévation ou convexité transversale, en forme d’arc à louverture dirigée en avant ; à peine pubescent, fortement, profondément, densement et rugueusement ponctué avec la carène posticale presque lisse; obscur à sa base, plus ou moins pâle à son extrémité. Hémiélyires, membrane comprise, environ 3 fois et demi aussi longues que le protho¬ rax ; subparallèles sur leurs côtés jusque environ leur milieu après lequel elles se rétrécissent un peu pour s’arrondir assez fortement et simultané¬ ment au sommet de la membrane. Cories prolongées jusqu’au bord pos¬ térieur du 5e segment abdominal; déprimées; à peine pubescentes avec la pubescence très courte, pâle et brillante ; densement rugueuses ; d’un roux presque mat, plus ou moins brunâtre et marqueté de taches plus pâles, avec le clavus ouendocorie généralement d'une teinte pâle uniforme. Membrane à nervures assez distinctes ; plus ou moins ridée ou subréti¬ culée ; d’un roux assez brillant et plus ou moins pâle, débordant sensible¬ ment le sommet de l’abdomen. Dessous du corps à peine pubescent, ruguleux, d’un roux peu brillant avec l’extrémité du ventre plus pâle ; le dessous de la tête et la poitrine, moins les articulations et bs côtés, lar- LYGÉENS. Orsilliis 169 gement et fortement rembrunis ou noirs ; la bise du ventre dans son milieu entre les hanches postérieures, de cette dernière couleur, ainsi qu’un trait sur le milieu de l’intersection qui sépare les 3e et 4° arceaux, et parfois des taches nébuleuses près d^ stigmates. Tranche latérale de T bdomen annotée de pâle et de roux brunâtre. Pieds légèrement pubes- cents avec la pubescence brillante; d’un testacé brillant, pâle ou livide, avec les ongles obscurs, et les cuisses parées en dessus avant leur extré¬ mité d’un large anneau oblique, parfois peu apparent, composé de points roux et nébuleux. Patrie. Ile dePorquerolles près d’Hyères (Provence), sur les pins. Obs. Celte espèce ressemble beaucoup à 1 ’Orsillus depressus. Outre le développement remarquable de son bec, elle en diffère par sa tète plus oblongue, par le 2e article des antennes un peu plus allongé, et par le trait noir du prothorax réduit à un point situé sur le tiers antérieur de la ligne médiane. S. @rsillus depressus, Mulsant et Rey. Oblong, déprimé, un peu rétréci en avant, roux, avec le pronotum, le sommet de l'écusson et les pieds, plus pâles ; une ligne longitudinale du pronotum et de l'écusson, et le dernier article du bec, noirs ; le dessous de la tête, la poitrine et le milieu de la base du ventre, rembrunis; les hémi- élytres tachetées d'obscur ; la marge abdominale annelée de brun et de pâle, et les cuisses avec un anneau nébuleux. Tête triangulaire, rugueuse, presque mate. Bec dépassant à peine le 3e arceau du ventre. Pronotum transverse, assez brillant, fortement et modérément ponctué. Écusson assez fortement et rugueusement ponctué, llémiélytres subpub escentes, subru- guleuses, mates; membrane subréticulée, subtranslucide, dépassant l'abdomen. Le 7e arceau ventral fortement et circulairemen'. échancré à son extrémité. Le 8e court, caché sur les côtés ; à bord postérieur subrecti¬ ligne, en forme d^ corde sous-tendant le fond de l’échancrure du précé¬ dent. Le dernier ass^z convexe, iransverse, creusé avant son sommet d’une fossette très profonde. $ Les 5e et 6e arceaux du ventre fortement, triangulairement et aigu¬ illent entaillés jusqu’à la rencontre du 4a, avec leurs côtés obliques, 170 LYGÉIDES presque subrectilignes ou avec ceux du 68 un peu redressés en dehors. Le 7e subcaréné sur sa ligne médiane, triangulairement et assez fortement échancré à son extrémité. Le dernier à 4 valves distinctes : les deux médianes assez convexes, ovale-oblongues, offrant à leur base une pièce en losange, située au fond de l’échancrure du précédent, auquel elle semble appartenir et sur laquelle se prolonge, en s’effaçant, la carène de celui-ci : les latérales un peu moins grandes, en forme d’onglet. Heterogaster depressus. Mulsant et Rey, Opusc. Ent. I, 1832, 112. Orsillus depressus, Mulsant et Rey, Opusc. Ent. XIV, 1870, 233, 2. Orsillus depressus, Puton, Lyg. 14, 2. Long., 0m,0078 (3 1/2 1.) ; - larg., 0m,0034 (1 1/2 1.). Patrie, Les montagnes du Lyonnais et la France méridionale. Sur les pins. Obs. Cette espèce est remarquable par le trait longitudinal noir de son prothorax, lequel trait se retrouve aussi sur la base de l’écusson. Il est difficile de dire à quelle espèce appartient l 'Orsillus depressus de Dallas (Cat. p. 551, I, pl. XV, fig. 2. (1852). La description semble indiquer notre Orsillus planus décrit ci-après, mais le dessin représente tout à fait la forme de notre Orsillus depressus ? 3. Orsillus Reyi, Poton. Suballongé, fortement déprimé, distinctement rétréci en avant, roux avec la moitié postérieure du pronotum , le sommet de l'écusson, la mem¬ brane et les pieds pâles ; le dernier article du bec obscur au bout, le milieu de la poitrine rembruni, les hémiélytres marquetées de roux et de pâle, la marge abdominale annelée de roux et de pâle, et les cuisses mouchetées d'obscur en dessus. Tête oblongue, conique, rugueuse, presque mate. Bec dépassant un peu le 3e arceau du ventre. Pronotum subtrans¬ verse, assez brillant, fortement et assez densement ponctué. Écusson for¬ tement, densement et rugueusement ponctué. Hémiélytres à peine pubes- centes, subruguleuses, mates ; membrane réticulée, translucide, atteignant à peine le sommet de l'abdomen. Les 3e et arceaux du ventre longitudi¬ nalement sillonnés sur leur milieu. lygée>s. — Orsillus 171 o* Le 7e arceau du ventre fortement et circulairement échancré à son extrémité. Le 8e court, caché sur les côtés ; à bord postérieur en forme de corde sous-tendant le fond de l’échancrure du précédent. Le dernier convexe, transverse, creusé avant son sommet d’une fossette très profonde. 9 Les 5e et 6e arceaux du ventre fortement et triangulairement en¬ taillés jusqu’à la rencontre du 4e, avec les côtés obliques, subrectilignes ou à peine redressés en dehors . Le 7e obtusément caréné sur sa ligne médiane, triangulairement et assez fortement échancré à son extrémité. Le dernier à 4 valves distinctes : les deux médianes convexes, ovale- oblongues, individuellement arrondies à leur sommet ; offrant à leur base une pièce en forme de losange, située au fond de l’échancrure du précédent, auquel elle semble appartenir : les latérales moins grandes, en forme d’onglet. Orsillus planus, Mulsant et Rey, Op. Eut. XIV, 1870. 236, 3. Orsillus Rey, Puton, Lyg. 14, 3. Long., 0ra,0078 à 0"\0081 (3 1/2 à 3 2/3 1.); — larg., 0m0030 (1 1/3 1.). Corps suballongé, fortement déprimé, graduellement et sensiblement rétréci en avant dès son milieu ; d’un roux peu brillant, un peu rou¬ geâtre et varié de pâle. Tête en forme de cône oblong, un peu resserrée à sa base derrière les yeux ; un peu moins large, ceux-ci compris, que le prothorax à son quart antérieur ; légèrement et longitudinalement con¬ vexe en dessus; à peine pubescenle; distinctement et densement ru¬ gueuse ; d’un roux rougeâtre presque mat et parfois assez foncé. Épis- tome étroit, subparallèle, débordant sensiblement les joues, qui sont en pointe aiguë. Bec grêle, dépassant un peu le 3e arceau ventral ; à dernier article roux à sa base, plus ou moins obscurci à son extrémité. Yeux très saillants, subarrondis, brunâtres. Antennes assez grêles, un peu plus longues que la tête et le prothorax réunis, finement pubescentes ; rousses avec le dernier article parfois un peu plus foncé ; le 1er sensiblement épaissi : le 2e grêle, plus de 2 fois aussi long que le précédent, sub¬ linéaire ou à peine épaissi vers son extrémité : le 3e grêle, d’un quart environ moins long que le 2e, sublinéaire ou à peine épaissi vers son sommet : le dernier très finement duveteux, un peu plus épais et à peine moins long que le précédent, en fuseau très allongé et subcylindrique, subacuminé au sommet. Prothorax en forme de trapèze légèrement 172 LYSÉIDES transverse ou un peu moins long dans son milieu que large à sa base ; d’un bon tiers moins large en avant qu’en arrière, où il est de la largeur des hémiélytres; brusquement rétréci avant du sommet avec celui-ci évi¬ demment subéchancré et les angles antérieurs obtus; à côtés obliques, subsinués vers leur milieu, avec les angles postérieurs gibbeux et subar¬ rondis ; faiblement bisinué à sa base avec celle -ci un peu obliquement coupée sur les côtés ; déprimé ou même largement et transversalement impressionné sur la majeure partie et sur toute la largeur de sa surface» avec la base un peu relevée; légèrement pubescent antérieurement avec la pubescence courte et micacée ; fortement et assez densement ponctué avec le bord postérieur plus lisse ; d’un roux rougeâtre et presque mat dans sa moitié antérieure, pâle et assez brillant sur le reste de sa surface, Écusson triangulaire, à pointe assez aiguë; un peu relevé à son sommet en carène obtuse; à surface offrant dans son milieu une élévation trans¬ versale en forme de chevron très ouvert et à ouverture dirigée en avant ; légèrement pubescent avec la pubescence micacée ; fortement, densement et rugueusement ponctué avec la carène posticale presque lisse ; d’un roux un peu brillant avec la partie enfoncée de la base plus obscure et l’extré¬ mité plus ou moins pâle. Hémiélytres, membrane comprise, environ 4 fois aussi longues que le prothorax ; subparallèles sur leurs côtés ou à peine rétrécies après leur milieu pour s’arrondir assez largement au sommet de la membrane. Cories prolongées jusque près de l’exlr 'mité du 5° segment abdominal ; tout à fait déprimées; â peine pubescente ; ; den¬ sement subrugueuses; d'un roux plus ou moins rougeâtre, mat et mar¬ queté de taches pâles plus ou moins grandes, avec l’endocorie de cette dernière teinte intérieurement. Membrane pâle, translucide, à nervures bien distinctes, réticulée, n’atteignant pas le sommet de l’abdomen. Des¬ sous du corps brièvement pubescent, ruguleux, d’un roux peu brillant avec la partie postéro-médiane du ventre plus pâle et le milieu de la poitrine rembruni ou noirâtre : celle-ci fortement ponctuée sur les côté avec les points obscurs. Tranche latérale de l'abdomen annelée de roux et de pâle. Les 39 et 4° arceaux du ventre sensiblement sillonnés sur leur ligne médiane pour recevoir l’extrémité du bec. Pieds légèrement pubes- cents avec la pubescence micacée et les angles obscurs. Cuisses obsolète- menl râpeuses et mouchetées en dessus de points nébuleux. Patrie. Aubagne près de Marseille, Hyères, Saint-Raphaël. Sur les pins. Obs. Cette espèce ressemble plus à YOrsillus maculatus qu’au 173 LYGKENS. — Nysiits depressus. Elle est plus allongée, plus étroite, plus déprimée, plus rétré¬ cie antérieurement que ces deux espèces, avec le prothorax moins sensi¬ blement transverse. La tète plus oblongue, le dernier article du bec roux à sa base, son prothorax et son écusson sans trait ni point noirs, le dessous de la tête et la base du ventre non rembrunis dans leur milieu, les 33 et 4e arceaux de celui-ci sensiblement canaliculés ou sillonnés, la membrane raccour¬ cie, tels sont les caractères saillants qui distinguent cette espèce de l 'Orsillus depressus. Genre Nysius, Nysie, Dallas. Dallas, Calai. (1353) . p. 551. Tête plus large à sa base, y compris les yeux, que longue sur si ligne médiane. Angle antéro-externe du tubercule antennifère non saillant. Yeux ordinairement comme enchâssés â la base, dans un anneau ; à peine ou non contigus au bord du pronotum; assez saillants. Pronotum creusé d’une ligne transverse, auguleusement dirigée à ses extrémités vers les angles antérieurs, interrompue dans son milieu par une légère carène, dont la longueur varie; offrant souvent, assez près des côtés, les traces plus ou moins sensibles d’un léger sillon longitudinalement prolongé, au moins depuis sa ligne transversale jusqu’à la fossette humérale creusée au côté interne de l’angle huméral ; en ligne transverse droite ou presque droite à son bord postérieur. Écusson obtriangulaire ; ordinairement, en partie au moins, arqué en dehors sur les côtés; plus large à la base que long sur la ligne médiane; offrant souvent au milieu de son bord antérieur une dépression ou fossette parfois accompagnée, de chaque côté, d’une saillie transverse, figurant avec la carène médiane qui la suit, une sorte de T. Endocorie séparée des curies par une ligne enfoncée. Cories chargées de deux nervures ; sinuées à leur bord postérieur, après l’extrémité de leur côté interne. Membrane chargée de cinq nervures. Hémiélytres couvrant le plus souvent la tranche de dessus de l’abdomen. Buccales ou lames buccales plus ou moins saillantes et plus ou moins prolongées. Bec non prolongé jusqu’au 1er arceau ventral. Pieds de longueur médiocre. Cuiiscs antérieures peu ou point renflées ; inermes. Lrs Nysies sont de petits hémiptères qui 5 tement pointillé. Prothorax transverse, de la largeur des êlytres, sinueu- sement subrétréci en arriére, très lisse. Êlytres transver ses, plus longues que le prothorax, finement et assez densement striées. Abdomen épar sè¬ ment ponctué, éparsement pubescent, longuement sétosellé. Omalium megacephalum, Zetterstedt, Faun. Lapp. I, 56, 17; — Ins. Lapp. 54, 25. Olisthaerus megacephalus , Heer, Faun. Helv. I, 173, 2. — Erichson, Gen. et Spec. Staph. 843, 1. — Jacquelin Duval, Gen. Slaph. pl. 23, fig. 115. — Tuomson, Skand. Col. III, 176, 2. — Fauvel, Faun. Gallo-Rhén. III, 20, note 1. Long., 0ra,0062 (2 3/4 1.) ; — larg., 0»>,0015 (2/3 1.). Patrie. Cette espèce, propre au Nord de l’Europe, se prend en Suisse, aux environs de Berne. Elle pourra un jour se rencontrer dans les Alpes françaises. Obs. Elle a le faciès de quelque Oxytèlien. 3. Olisthaerus suhstriatus. Gyllexhal. Allongé, sublineaire, déprimé, d’un roux ferrugineux luisant, avec la tête et parfois les élytresplus foncées, la bouche, les antennes et les pieds roux. Tête sensiblement moins large que le prothorax , lisse, transversale¬ ment impressionné entre les antennes, à vertex finement pointillé. Pro¬ thorax transverse, de la largeur des élytres, rétréci en avant, sinueuse - ment subrétréci en arrière, lisse, obsoletement fovéolé de chaque côté près des angles postérieurs. Élytres subcarrées, plus longues que le prothorax, substriolées sur leur disque, plus obsoletement vers la base. Abdomen assez fortement et densement ponctué, éparsement pubescent et longuement sétosellé. Omalium substriatum, Gtllf.nhal, Ins. Suec. II, 232, 29. — Sahlberg, Ins. Fenn I, 288, 27. — Zetterstedt, Faun. Lapp. I, 55, 16; — Ins. Lapp. 53, 24. Olisthaerus substriatus, Heer, Faun. Helv. I, 173, 1. — Erichson, Gen. et Spec . Staph. 844, 2. — Tuomson, Skand. Col. III, 176, 1. — Fauvel, Faun. Gallo-Rhén. III, 20, 1. Long., 0 01 ,0058 (2 2/3 1.) ; — larg., 0”,0012 (1/2 1.). 1P6 BRÉVIPENNES Patrie. Cette espèce se prend, en été, sous l’écorce des pins et sapins cariés, dans le Valais et aux environs de Berne, probablement aussi dans plusieurs autres cantons de la Suisse. Obs. Elle diffère de la précédente par sa tète moins large, et surtout par son abdomen plus fortement et plus densement ponctué. Le prothorax est moins court, plus rétréci en avant. Les élytres sont plus longues. La taille est un peu moindre, la couleur du prothorax et de l’abdomen un peu plus claire, etc. Sa forme générale se rapproche beaucoup de celle des Phloeocharis. Genre Phloeocharis, Phléochare ; Mannerheira. ÎIahnbrubim, Brach. KO. — Jacquelin Düval, Gen. Staph. 64, pl. 24, Dg. 117. Étymologie : - article subépaissi : le 2e oblong : le 3e suballongé : les suivants graduellement un peu moins longs : le dernier ovalaire. Prothorax subcarré, un peu i étréci en avant, moins large que les élylres : subéchancrê au sommet, à peine à la base ; rebordé sur celle-ci et sur les côtés. Repli très grand, visible vu de côté, brusquement et fortement dilaté en arrière. Ecusson assez grand, subogival. Élytres grandes, oblongues, dépassant notablement la poitrine, sub- arrondies au sommet, plus obliquement coupées vers leur angle postéro- externe ; à peine arquées sur les côtés ; rebordées en gouttière sur ceux-ci ; ô ppine visiblement rebordées sur la suture. Repli large, forte- trigosuriens. — Trigo munis 213 ment infléchi, obliquement rétréci en onglet vers son extrémité, à rebord inférieur doublé. Epaules assez saillantes. Prosternum fortement développé au devant des hanches antérieures, offrant entre celles-ci une longue pointe acicdée. Mésosternum médiocre, prolongé en une pointe mousse ou subtronquée au bout, jusqu’aux deux tiers environ des hanches intermédiaires. Médiépisternums très grands, soudés au mésosternum. Médiépim'eres médiocres, postérieurement rétré¬ cies en onglet effilé et longitudinal. Métasternum assez grand, subsinué pour l’insertion des hanches postérieures ; presque mousse entre celles-ci; avancé entre les intermédiaires en angle tronqué, jusqu’à la rencontre de la lame mésosternale. Postépisternums en languette étroite, divergeant fortement en arrière du repli des élytres. Postépimères grandes, triangu¬ laires (1). Abdomen court, conique, largement rebordé sur les côtés, 11e se rele¬ vant point en l’air; à 2 premiers segments normaux cachés : les 3 suivants subégaux : le G0 plus ou moins saillant, rétractile : celui de l'armure un peu apparent. Ventre à 1er arceau assez grand, avancé en angle aigu entre les hanches postérieures : les 3 suivants graduellement un peu plus courts : le 5 0 un peu plus grand que le précédent : le 6° plus ou moins saillant, rétractile : le 7e un peu apparent. Hanches antérieures petites, bien plus courtes que les cuisses, légère¬ ment saillantes, coniques, contiguës à leur base. Les intermédiaires pe¬ tites, subovales, peu saillantes, légèrement mais visiblement écartées. Les postérieures assez grandes, rapprochées en dedans ; à lame supé¬ rieure transverse, très étroite en dehors, mais brusquement dilatée en cône intérieurement; à lame inférieure déclive et très étroite. Pieds assez longs, peu robustes. Trochanters antérieurs et intermé¬ diaires petits, en onglet ; les postérieurs à peine plus grands, atteignant à peine le cinquième de la longueur des cuisses. Celles-ci peu compri¬ mées, subélargies après leur milieu. Tibias sublinéaires, subrétrécis vers leur base, légèrement pubescents, mutiques, armés au bout de leur tran¬ che inférieure de 2 petits éperons. Tarses assez allongés, de 5 articles : les 4 premiers graduellement plus courts : le dernier un peu ou à peine moins long que les précédents réunis. Ongles petits, peu grêles, sub¬ arqués. (1) Ce caractère des postépimères qui sont grandes, distingue 'ce genre des Oli*thnr'r >s et Phloeochnri». 214 BRÉVIPENNES Obs. Le Trigonure est assez agile. Il vit dans l’intérieur des sapins cariés. Il simule un Scapliium, ou bien encore un Argutor, ou un petit Calathus. Une seule espèce française répond à ce genre, qui en compte 3 autres étrangères. 1. Trlgonums ftlcllyi, Mulsant. Oblong, sub elliptique, subdéprimê, presque glabre , d'un noir bnllant, avec la bouche, les antennes , les pieds et la marge apicale des segments abdominaux rougeâtres. Tète bien moins large que le prothorax, finement et subéparsement ponctuée. Prothorax subcarré, subrétréci en avant, un peu moins large que les èlytres, largement sillonné sur le dos, largement impressionné de chaque côté à sa base, assez finement ponctué, plus for¬ tement et plus densement en arrière dans les impressions . Elytres oblon- gues, environ 2 fois aussi longues que le prothorax, assez fortement striées -ponctuées. Abdomen conique, lisse. Trigonurus Mellyi, Mulsant, Ann. Soc. Agr. Lyon, 1847, X, 315, pl. VIF, üg. 2. — Fairmaire et Laboulbène, Faun. Ent. Fr. I, G21, 1. — Jàcquelin Duval, Gen. Staph. pl. 23, fig. 113. — Fauvel, Faun. Gallo Rhén. IN, 17, 1. Long., 0m,006 (1 3/4 1.); — larg. 0m.002 (1 1.). Corps oblong, subelliptique ou naviculaire, subdéprimé ou peu con¬ vexe, d’un noir brillant, presque glabre. Tête petite, bien moins large que le prothorax, subconvexe sur le vertex, déprimée et déclive en avant, finement et éparsement ponctuée, un peu plus densement et plus distinctement sur les côtés; d’un noir brillant. Parties de la bouche rougeâtres. Yeux assez grands, subarrondis, noirs, brillants. Antennes presque aussi longues que la moitié du corps, assez grêles, subfiliformes ou à peine épaissies ; finement duveteuses et distinctement pilosellées, à pilosité semi-couchée ; rougeâtres; à 1er article oblong, subépaissi en massue subcylindrique : le 2e oblong, plus grêle, subobeo- nique : le 3e suballongé, bien plus long que le 2e, subobeonique : les Tfu&o>’utuE>'s. — Tvigonurus 215 suivants subobconiques.tous plus longs que larges, graduellement moins longs : le dernier ovalaire, obtusément acuminé. Protliorax subcarré, un peu rétréci en avant, un peu moins large que les élytres ; subéchancré au sommet avec les angles antérieurs obtus et arrondis ; à peine subéchancré à la base, à angles postérieurs droits ou presque subaigus; subdéprimé, inégal; creusé sur le dos d’un large sillon longitudinal, atténué et affaibli en avant, et, de chaque côté, à la base, d’une large impression plus profonde ; marqué en outre antérieu¬ rement de 3 fossettes obsolètes, écartées et disposées en triangle trans¬ verse; assez finement et éparsement ponctué, plus fortement et plus densement en arrière, surtout dans le fond du sillon et des impressions; entièrement d’un noir brillant. Repli lisse, d’un noir luisant. Écusson presque lisse, noir. Élytres oblongues, environ 2 fois aussi longues que le prothorax ; subdéprimées vers sa base, faiblement convexes en arrière ; creusées chacune de 9 stries assez fortes et grossièrement ponctuées, en comptant celle de la gouttière latérale, avec un repli longitudinal, épais et lisse, vers les angles postéro “-externes; entièrement d’un noir brillant. Épaules étroitement arrondies. Abdomen court, conique, d’un noir brillant, avec les 6e et 7e segments entièrement et la marge apicale des précédents étroitement roussâtres. Le 6e subtronqué à son bord postérieur, à peine sinué dans le milieu de celui-ci. Le 7e petit. Dessous du corps grossièrement et assez densement ponctué, d’un noir brillant, avec le sommet du ventre largement roussâtre. Pièce prébasi- luire finement chagrinée, éparsement et obsolètement ponctuée, un peu roussâtre antérieurement. Prosternum longitudinalement striolé-ridé en avant. Mésosternum à ponctuation très grossière. Mîtaslernum convexe, subdéprimé et moins fortement ponctué sur le milieu du disque. Ventre convexe, plus obsolètement ponctué ou presque lisse sur sa région mé¬ diane, à 4 premiers arceaux finement rebordés à leur marge apicale et subimpressionnés sur les côtés : le 5e largement échancré au sommet, le 6« subtronqué. Pieds à peine ponctués, rougeâtres. Tibias finement et brièvement pubescents, surtout sur leur tranche inférieure et vers l’extrémité de la supérieure. Tarses pilosellés, plus densement pubescents en dessous : les postérieurs plus allongés. Pat ri r. Cette espèce se trouve à la Grande-Chartreuse et en Savoie, BRÉVIPE.NNES 2lft en juillet et août, dans l’intérieur des troncs cariés de sapin. Elle est très rare. M. l’abbé Clair, chasseur intrépide et ingénieux, l’a capturée dans les montagnes de Saint-Martin de Lantosque (Alpes-Maritimes), sous les écorces des vieux sapins. Il nous en a donné deux exemplaires provenant de cette dernière localité (1). (1) Une espèce, de Batoum en Asie, a été décrite par M. Reiclie, sous le nom d'astaticus (Ann. Soc. Ent. Fr. 1865, 642). NEUVIÈME E A MIL LE PROTÉINIENS Caractères. Corps court ou assez court, ovale ou suboblong. Tête petite, assez saillante, comme portée sur un col très court. Front sensi¬ blement prolongé au devant de l’insertion des antennes. Vertex sans ocelle. Tempes séparées en dessous par un intervalle médiocre ou assez grand. Palpes maxillaires de 4 articles, les labiaux de 3. Antennes de 1 1 articles ; écartées à leur base ; insérées sous une saillie des bords latéraux du front, en avant du niveau antérieur des yeux, en dehors de la base externe des mandibules; à Ier article normal. Prothorax trans- verse, rebordé ou tranchant sur les côtés. Ebjtres rebordées sur les côtés, recouvrant une partie de l’abdomen, laissant à découvert les 3 à 5 derniers segments, sans compter celui de l'armure. Abdomen rebordé sur les côtés, ne se relevant pas en l’air ; le segment de l’armure peu distinct en dessus. Prosternum peu développé au devant des hanches antérieures. Mésosternum médiocre. Métasternum à peine ou légèrement sinué pour l’insertion des hanches postérieures. Hanches antérieures grandes, sublinéaires, non saillantes, un peu moins longues que les cuisses, transversalement et subobliquement couchées ; les intermédiaires faiblement écartées; les postérieures transverses. Trochanters postérieurs grands, atteignant presque le tiers des cuisses. Tibias mutiques. Tarses de 5 articles. Obs. Cette famille, distincte par le peu de développement du proster- nura, la structure des hanches antérieures et les trochanters postérieurs, ne renferme que 2 coupes génériques, dont voici les caractère- prin¬ cipaux : 218 BRÉVir£iSî\ES I non canaliculé sur sa ligne médiane, entier et non explané sur les côtés, à angles 'postérieurs simples. Mésosternum non cari- § \ nulé. Antennes à massue graduée de 3 articles . Proteinus. ■5 \ canaliculé sur sa ligne médiane, explané et souvent sinueux ou O J •Ô I angulé sur les côtés, à angles postérieurs échancrés ou si- ! nués. Mésosternum carinulé. Antennes à massue peu sensi- j ble, à dernier article seul plus grand . Megarthrus. Genre Proteinus , Protine; Latreille. Latreillk, Préci* Car. gén. Ins. p. 9. — Jacqublin Duval, Gen. 78, pl. 27, fig. 135. Éttmolocie : upô, en avant; teIvio, j’étends. Caractères. Corps court, ovale, assez large, subconvexe, ailé. Tête petite, assez saillante, subtriangulaire, resserrée en arrière, à col très court ou peu distinct. Tempes mamelonnées et séparées en dessous par un intervalle large et plus ou moins étranglé dans son milieu. Épis- tome soudé au front, subarrondi en avant. Labre transverse, subsinué et membraneux à son bord antérieur. Mandibules petites, peu saillantes, arquées, nautiques. Palpes maxillaires assez courts, à 1er article très petit : le 2e grand, épais, obeonique : le 3e court : le dernier, bien plus long, grêle, à peine atténué vers son sommet. Palpes labiaux courts, de 3 articles : le 1er subcylindrique : le 2e court : le dernier plus étroit et plus long que le précédent. Menton grand, transverse, plus étroit et tronqué en avant. Yeux grands, saillants, semiglobuleux, touchant ou touchant presque au prothorax. Antennes courtes, assez robustes , presque droites, à 2 premiers articles plus grands et épaissis : les suivants petits : les 3 derniers formant une massue graduée et sensible : le dernier grand, brièvement ovalaire. Prothorax court transverse, subrétréci en avant, un peu moins large que les élytres; subéchancré au sommet, subsinué à la base ; non ou à peine rebordé sur celle-ci, très finement sur les côtés. Repli grand visible vu de côté, émettant derrière les hanches antérieures un grand lobe allongé, triangulaire, dont il est séparé par une suture. Écusson petit, serai- circulaire ou subogival. Élytres grandes, oblongues, dépassant notablement la poitrine, sub protèiniens. — Proteinus 219 tronquées au sommet, arrondies à leur angle postéro-externe ; à peine arquées sur les côtés ; distinctement rebordées sur ceux-ci, à peine ou obsolètemcnt vers le sommet de la suture. Repli large, fortement infléchi. Epaules peu saillantes. Prosternum peu développé au devant des hanches antérieures, formant entre celles-ci un angle très ouvert, à sommet mueroné. Mésosternum médiocre, émettant en arrière une pointe très aiguë, parfois aciculée, prolongée presque jusqu'au sommet des hanches intermédiaires. Mcdié- pisternums très grands, séparés du mésosternum par une saillie ou diffé¬ rence de plan. Mépiépimères petites, subcunéiformes. Métasternum court, large, à peine sinué pour l'insertion des hanches postérieures ; obtusé- ment angulé entre celles-ci ; arqué ou à peine angulé entre les intermé¬ diaires. Postépisternums en languette étroite. Postépimères petites, cunéiformes. Abdomen court, large, acuminé, largement relevé en tranches sur les côtés, s’incourbant en dessous ; à 2 premiers segments normaux cachés ou accidentellement découverts : les 4 premiers subégaux : le 5e non ou à peine plus grand : le 6e saillant, triangulaire : celui de l’armure peu distinct, rarement saillant. Ventre à 4 premiers arceaux subégaux : le 5e non ou à peine plus grand : le 6e saillant, ogival : le 7e peu saillant. Hanches antérieures grandes, un peu moins longues que les cuisses, non saillantes, sublinéaires, transversalement etsubobliquement couchées, contiguës intérieurement. Les intermédiaires moindres, subovales, peu saillantes, plus ou moins faiblement écartées. Les postérieures grandes, subcontiguës en dedans ; à lame supérieure transverse, dilatée intérieure - ment en cône court, tronqué et subéchancré; à lame inférieure étroite, subverticale ou enfouie. Pieds assez courts, peu robustes. Trochanters antérieurs et intermé¬ diaires petits, en onglet ; les postérieurs grands, allongés, atteignant presque le tiers de la longueur des cuisses. Celles-ci subcomprimées, subélargies dans leur milieu. Tibias grêles, sublinéaires, subrétrécis vers leur base, légèrement pubescents, mutiques, armés au bout de leur tranche inférieure de 2 très petits éperons peu distincts ; les intermé¬ diaires et surtout postérieurs subarqués à leur base. Tarses courts, à 4 premiers articles graduellement plus courts, avec le l>;r néanmoins plus épais et visiblement plus long que le 2e, surtout dans les intermédiaires et postérieurs : ceux-ci plus allongés : le dernier bien plus court que les précédents réunis. Ongles très petits, grêles, arqués. 2:’0 BRE VIPEKNES Obs. Les Protines, peu agiles, fréquentent les champignons et les détritus en décomposition. Ils se remarquent par la longueur de leurs élytres qui leur donne l’aspect de certains Cercus de la famille des N iti dulides. Nous en connaissons 5 espèces, dont suit le tableau : a. Pointe mésosternale canaliculée. Ponctuation des élytres assez prononcée. L;s 2 premiers articles des tarses anté¬ rieurs subdilatés. b. Antennes noires, à 1er article à peine moins foncé. Tibias intermédiaires çf subarqués, brièvement ciliés-sétuleux en dessous. Taille médiocre . «... 1 . brevicollis. bb. Antennes noirâtres, à 1er article testacé. Tibias intermé¬ diaires a* simples. Taille un peu moindre . 2. bracbypterus. aa. Pointe mésosternale relevée en carène mousse. Ponctuation des élytres plus légère, souvent plus serrée, c. Antennes à base obscure ou brunâtre. Prothorax à peine chagriné, brillant. Tibias intermédiaires a* arqués à leur base, crénulés-pileux en dessous. Les 2 premiers articles des tarses antérieurs çf subdilatés. Taille petite . 3. limbatus. cc. Antennes d’un roux testacé, au moins à leur base. Prothorax très finement chagriné, peu brillant. Tibias intermédiaires çf non crénulés en dessous. d. Antennes noirâtres, â 2 premiers articles d’un roux testacé. Tibias intermédiaires çf subarqués , les postérieurs flexucux, ciliés-sétuleux eu dessous. Les 2 premiers articles des tarses antérieurs çf subdilatés. Taille petite. . . . 4. macropterus. dd. Antennes testacées, à massue rembrunie. Tibias intermé¬ diaires et postérieurs çf simples. Les 2 premiers articles des tarses antérieurs çf à peine dilatés. Taille très petite. 5. atomarius. 1. fiBroteia»aas EarevicoEflig. Erichson. Ovale-suboblong , subconvexe, légèrement pubcscent, d'un noir assex brillant, avec le 1er article des antennes brunâtre et les pieds testacés. Fête moins large que le prothorax , très finement chagrinée, oblique¬ ment subimpressionnée de chaque côté. Prothorax très court, subrétréci en avant, un peu moins large que les élytres, subdéprimé vers ses angles postérieurs, très finement chagriné, un peu brillant. Elytres 2 fois aussi longues que le prothorax, finement et densement ponctuées, souvent l oussâtres aux épaules. Abdomen court, acuminé, légèrement pointillé. Pointe mésosternale canaliculée. protéiniens. — Proieinus 221 o" Le 6e arceau ventral étroitement échancré au sommet, le 7 « dis¬ tinct. Tibias intermédiaires subarqués, brièvement ciliés-sôtuleux, dans la dernière moitié, au moins, de leur tranche intérieure. Tarses antérieurs à premiers articles graduellement subdilatés (1). 9 Le 6e arceau ventral en cône mousse, le 7e peu distinct. Tibias intermédiaires simples. Tarses antérieurs simples. Proteinus brevicollis, Erichson, Gen. et Spec. Staph. 903, 2. — Fairmaire et La- boulbène, Faun. Ent. Fr. I, 633, 2. — Kraatz, Ins. Deut. II, 1024, I. — Pandellé, Mat. Cat. Gren. 1867, II, 168. Protinus ovalis , Fauvel, Faun. Gallo-Rhén. III, 30, 2. Long., 0m,0022 (1 1.) ; — larg., 0”,00il (1/2 1.). Corps ovale-suboblong, subconvexe, d’un noir brillant, avec la tête et le prolhorax plus mats ; revêtu d’une très fine pubescence grisâtre et peu serrée. Tête moins large que le prothorax, peu convexe, obliquement subim¬ pressionnée de chaque côté entre les yeux ; très légèrement pubescente ; très finement et densement chagrinée; d’un noir un peu brillant. Palpes couleur de poix, avec les parties inférieures de la bouche plus claires. Yeux grands, subarrondis, noirs. Antennes de la longueur de la tête et du prothorax réunis, assez sensi¬ blement épaissies, très finement duveteuses et distinctement pilosellées; d’un noir de poix avec le Ie'- article à peine moins foncé, rarement roussâ- tre ; celui-ci épaissi en massue oblongue : le 2e à peine moins épais, subovalaire : le 3e plus grêle, suboblong : les suivants petits, submonili- formes, avec le 8e un peu plus large, transverse, et les 3 derniers plus grands, non contigus, et formant m.e massue graduée, sensible et oblon¬ gue : les 9^ et 10e fortement transverses : le dernier grand, très courte- ment ovalaire, presque mousse au bout. Prolhorax très court, plus de 2 fois aussi large que long, subréréci en avant, un peu moins large à sa base que les élytres ; à peine échancré au sommet avec les angles antérieurs arrondis; sensiblement arqué en avant sur les côtés qui sont subrectilignes et subparallèles en arrière, avec les angles postérieurs droits ou subaigus; subbisinué à sa base: peu con¬ vexe , avec l’ouverture des angles postérieurs plus ou moins subdépri- (1) Surtout le* i premiers. 222 BRÉVIPENNES niée ; éparsement pubescent ; très-finement et densernent chagriné ; d’un noir un peu brillant. Repli presque lisse, d’un noir de poix brillant. Écusson presque lisse, d’un noir brillant. Élytres grandes, plus de 2 fois aussi longues que le prothorax, gra¬ duellement subélargies en arrière ; assez convexes, subdéprimées sur la région suturale; très finement et éparsement pubescentes; finement et densernent ponctuées, à ponctuation subécailleuse; d’un noir brillant, avec les épaules souvent plus claires ou roussâtres. Celles-ci subarron¬ dies. Abdomen court, large, acuminé, offrant les 4 derniers et parfois les 5 derniers segments découveits; assez convexe; à peine pubescent ; légè¬ rement pointillé; d'un noir assez brillant. Le 6e srgjnenUriangulaire ou conique. Dessous du corps légèrement pubescent, d’un noir brillant. Pointe mé¬ sosternale sillonnée-canaliculée. Metasternum subconvexe, finement poin¬ tillé, subdéprimé et plus lisse sur son milieu. Ventre assez convexe, obsolètement chagriné, finement et éparsement pointillé surtout sur les côtés; à 7e arceau parfois apparent, d’un roux de poix. Pieds à peine pointillés, légèrement pubescents, testaeés, avec les han¬ ches, surtout les antérieures, plus foncées. Tibias intermédiaires sensi¬ blement, les postérieurs plus faiblement arqués à leur base. Patrie. Cette espèce se trouve, toute l’année, dans presque toute la France, parmi les détritus, dans les champignons, sous les cadavres, etc. Elle est peu commune aux environs de Lyon. Obs. Elle est la plus grande, la plus noire et la plus brillante du genre. Le 1er article des antennes est le plus souvent rembruni. La ponctuation des élytres est un peu moins légère, à peine moins serrée, etc. Chez les immatures, la base du prothorax et les élytres sont d'un roux de poix plus ou moins obscur. La larve du Pr. brevicollis a été décrite par MM. Chapuis et Candèze (Mém. Soc. Liège, 1853, VIII, 402). Quelques auteurs rapportent à cette espèce les ovalis et subsulcatus de Stephens (111. Brit. V, 335 et 336). pROTÊiNiEiNS. — Proteinus 223 Z. Proteinus brachypterus . Fabricius. Ovale, légèrement convexe , très-finement pubescent , d'un noir assez brillant, avec le 1er article des antennes et les pieds testacés. Tête bien moins large que le prolhorax, finement chagrinée, peu brillante , oblique¬ ment subimpressionnée de chaque côté. Prothorax très court, subrétréci en avant, moins large que les ély très, à peine subdéprimé vers ses angles postérieurs, très finement chagriné, peu brillant. Ely très plus de 2 fois aussi longues que le prothorax, finement et densement ponctuées. Abdo¬ men court, acuminé, très-finement pointillé. Pointe mésosternale cana- liculée. o* Le 6e arceau ventral étroitement subéchancré au sommet, le 7 e dis¬ tinct. Tibias intermédiaires simples ou à peine flexueux. Tarses anté¬ rieurs à 2 premiers articles subdilatés. Ç Le 6e arceau ventral conique, entier, le7‘ caché. Tarses antérieurs simples. Dermestes brachypterus , Fabricius, Ent. Syst. I, I, 23a, 46 ; — Syst. El. I. 320, 45. — Paykull, Faun. Suec. I, 288, 1 4. Cateretes brachypterus. Herbst, Col. V, 13, 2, pl. 45, fig. 2. — Gyllenhal, Ins. Suec. I. 251, 6. Omalium brachypterum, Gyllenhal, Ins. Suec. II, 207, 9. Omalium ovatum, Gravenhorst, Mon. 215, 22. — Olivier, Enc. Mélh. Ins. VIII, 479, 22. Proteinus brachypterus, Latreille, Hist. Nat. Crust. et Ins. X, 46. 1. — Man- nerheim, Bracb. 57, 1. — Boisduval et Lacordaire, Faun. Par. I, 491, 1. — Runde, Brach. Hal. 24, 1. — Erichson, Col. March. I, 462, 1 ; — Gen. et Spec. Staph. 903, 1. — Heer, Faun. Helv. 1, 170, 1. — Redtenbachek, Faun. Austr. ed.2, 257. — Fairmaire et Laboulbène, Faun. Ent. Fr. 1,653, 1. — Kraatz, Ins. Deut. II, 1024,2. — Jacquelin Duval, Gen. Staph. pl. 27, fig. 135. — Thomson, Skand. Col. III, 217, 1. — Pandellé, Mat. Cat. Grenier, 1867, II, 169. Protinus brachypterus, Fauvel, Faun. Gallo-Rhén. III, 31, 3. Long. 0,0017 (3.4 1.);— larg. 0,0008 (1/3 fort). Corps ova'e, légèrement convexe , d’un noir assez brillant avec la tête et le prothorax plus mats; revêtu d’une très -fine pubescence grisâtre et peu serrée. soc LISN T. XXV 16 224 BKEV1PENNES Tête bien moins large que le prothorax, peu convexe, obliquement subimpressionnée de chaque côté entre les yeux, légèrement pubescente, finement et densement chagrinée; d’un noir peu brillant ou presque mat. Palpes couleur de poix avec les parties inférieures de la bouche testa- cées. Yeux grands, subarrondis noirs. Antennes de la longueur de la tête et du prothorax réunis, sensible¬ ment épaissies, très-finement duveteuses et assez fortement pilosellées, noirâtres, à 1er article testacé ou d’un roux testacé ; celui-ci épaissi en massue suboblongue : le 2e presque aussi épais, suboblong, subovalaire : le 3° plus grêle, à peine oblong, obeonique : les suivants petits, submoni- liformes, graduellement à peine plus courts, avec le 8e un peu plus large, visiblement transverse, et les 3 derniers plus grands, non contigus et for¬ mant une massue graduée, sensible et oblongue : les 9e et 10e fortement transverses : le dernier grand, courtement ovalaire, presque mousse au sommet. Prothorax très court, au moins 2 fois aussi large que long, subrétréci en avant, évidemment moins large que les élytres; subéchancrê au som¬ met, avec les angles antérieurs obtus et subarrondis ; subarqué en avant sur les côtés, qui sont subrectilignes et subparallèles en arrière, avec les angles postérieurs presque droits; subbisinué à sa base; légèrement et transversalement convexe, à ouverture des angles postérieurs peu ou à peine subdéprimée; éparsement pubescent; très finement et densement chagriné; d’un noir presque mat ou peu brillant. Repli presque lisse, d’un noir brillant. Écusson à peine chagriné, d’un noir assez brillant. Élytres grandes, plus de 2 fois aussi longues que le prothorax, gra¬ duellement et subarcuément subélargies en arrière ; légèrement con¬ vexes; légèrement pubescentes ; finement et densement ponctuées, à ponctuation subécailleuse; d’un noir brillant. Épaules subarrondies. Abdomen court, large, acuminé, offrant les 3 ou 4 derniers segments découverts ; subconvexe ; à peine pubescent, très finement et assez den¬ sement pointillé, d’un noir assez brillant. Le 6e segment triangulaire. Dessous du corps légèrement pubescent, d’un noir brillant. Pointe mé¬ sosternale canaliculée. Métasternum peu convexe, finement pointillé, plus lisse sur son milieu. Ventre légèrement convexe, à peine chagriné, fine¬ ment et éparsement pointillé sur les côtés; à 7e arceau parfois apparent, d’un roux de poix. protéi.viens. — Proleinus 225 Pieds à peine pointillés, à peine pubescents, testacés ou d’un roux tes- tacé avec les hanches à peine plus foncées. Tibias intermédiaires et pos¬ térieurs à peines arqués à leur base. Patrie. Cette espèce est commune, presque toute l’année, dans la plus grande partie de la France. Ses habitudes sont très variées. On la ren¬ contre jusque sur les fleurs. Obs. Elle est distincte du brevicoliis par sa taille un peu moindre; par ses antennes un peu plus courtes et à massue un peu plus prononcée, à 1er article évidemment d’une couleur plus claire, d’un testacé ou d’un roux testacé tranchant avec le reste ; par ses élytres un peu plus arquées sur les côtés. La forme générale est un peu plus ramassée, etc. Chez les immatures , le prothorax est marginé de roux à sa base, sur¬ tout aux angles postérieurs ; les élytres sont brunâtres et les antennes d’un brun roussâtre à 2e article plus obscur. On attribue au brachypterus les nigricornis et nitidus de Stephens (111. Brit. V, 336 et 337), ainsi que VOmaliim laevicolle de Ileer (Faun. Helv. I, 180). 3. Proteinus limbutus, Maeklin. Ovale , assez convexe , à peine pubescent, d’un noir brillant , avec le 1er article des antennes brunâtre et les pieds testacés. Tête bien moins large que le prothorax, à peine chagrinée ou presque lisse, obliquement impressionnée de chaque côté. Prothorax court, subrétréci en avant, évi¬ demment moins large que les élytres, à peine déprimé vers ses angles postérieurs, à peine chagriné ou presque lisse. Élytres plus de 2 fois aussi longues que le prothorax, légèrement et densement ponctuées. Ab¬ domen court, acuminé , obsolètement pointillé. Pointe mésosternale sub¬ carénée. o* Le 6e arceau ventral subéchancré au sommet, le 7e un peu distinct. Tibias intermédiaires arqués à leur base, finement crénulés-pileux en dessous dans leur dernière moitié au moins. Tarses antérieurs à 2 pre¬ miers articles subdilatés. •226 BRÉVIPENNES Ç Le 6° arceau ventral en cône subtronqué au sommet, le 7e à peine distinct. Tibias intermédiaires simples. Tarses antérieurs simples. Proteinus limbatus, Maeklin, Bull. Moscou, 1832, II, 323. Proteinus crenulatus, Pandellé, Mat. Cat. Grenier, 1867, II, 169. Proteinus Maeklini, Fauvel, l’Abeille, 1868. V, 494. Protinus limbatus, Fauvel, Faun. Gallo-Rhén. III, 30, 1. Long. 0,0015 (2/3 1.);— larg. 0,0008 (1/3 fort). Corps ovale, assez convexe, d’un noir brillant; revêtu d’une très fine pubescence d’un gris obscur, peu serrée et peu apparente. Tète bien moins large que le prothorax, subconvexe, obliquement im- pressionnée-sillonnée de chaque côté vers les yeux ; à peine pubescente dans sa partie antérieure ; à peine chagrinée ou presque lisse; d’un noir brillant. Parties de la bouche brunâtres. Yeux grands, subarrondis, noirs. Antennes de la longueur de la tête et du prothorax réunis, sensiblement épaissies, très finement duveteuses et distinctement pilosellées; noirâtres, à 1er article à peine moins foncé; celui-ci oblong, épaissi en massue: le 2e presque aussi épais, subovalaire : le 3e plus grêle, à peine oblong: les suivants petits , submoniliformes, avec le 8e un peu plus large, trans¬ verse, et les 3 derniers encore plus grands, non contigus, et formant une massue graduée sensible etoblongue : les 9e et 10e fortement transverses : le dernier brièvement ovalaire, obtusément acurainé. Prothorax court (1), d’un bon tiers plus large que long, subrétréci en avant, évidemment moins large que les élytres; subéchancré au sommet avec les angles antérieurs un peu marqués; régulièrement subarqué sur les côtés; subbisinué à sa base, à angles postérieurs droits ou presque droits; assez convexe; éparsement et à peine pubescent; à peine chagriné et pres¬ que lisse, avec l’ouverture des angles postérieurs plus distinctement cha¬ grinée, à peine ou étroitement déprimée; d’un noir brillant. Repli presque lisse, d’un noir luisant. Écusson obsolètement chagriné, d’un noir brillant. Ély très grandes , plus de 2 fois aussi longues que le prothorax, gra- (i)M. Fauvel dit (p. 30): corselet allongé. Cette qualification ne doit pas s’entendre d’une manier» absolue, mais relative au corselet des autres espèces. protéi.niens. — Proleinus Tl 7 duellement subélargies en arrière; subconvexes; très finement et épar- sement pubescentes; finement, légèrement et densement ponctuées, avec la ponctuation paraissant subécailleuse, vue de côté; d’un noir brillant. Épaules subarrondies. Abdomen court, large, acuminé, n’offrant que les 4 derniers segments découverts; subconvexe; à peine pubescent ; obsolètement pointillé; d’un noir assez brillant. Le 6« segment triangulaire ou en cône large. Dessous du corps à peine pubescent. d’un noir brillant. Pointe mésos¬ ternale subcarénée. Métasternum subconvexe, éparsement et obsolète¬ ment pointillé. Ventre assez convexe, obsolètement chagriné, à peine pointillé sur les côtés; à 7e arceau parfois apparent, d’un roux de poix. Pieds presque lisses ou à peine pointillés, à peine pubescents, testacés ou d’un roux testacé, avec la base des cuisses parfois un peu rembrunie ainsi que les trochanters. Patrie. Cette espèce , peu commune , se trouve dans les champignons et parmi les détritus végétaux, du printemps à l’automne, dans la Nor¬ mandie, la Champagne, le Bourbonnais, la Guienne, le Languedoc, la Provence, les Pyrénées, etc. Obs. Elle est remarquable par son prothorax presque lisse et brillant, par les tibias intermédiaires finement crénulés en dessous. Elle dif¬ fère, en outre, des deux précédentes, par sa pointe mésosternale sub¬ carénée, et par la ponctuation de ses élylres plus légère et à peine plus serrée. Sa taille est celle d’un petit brachypterus, dont elle se dis¬ tingue, du reste, par la couleur obscure du 1er article des antennes, etc. Les angles postérieurs du prothorax sont parfois d’un roux de poix ainsi que l’extrême marge basilaire. 41. Proteinus niacropterus, Gyllenhal Courtement ovale, assez convexe, très finement pubescent, d’un noir assez brillant, avec les élytres d’un noir de poix, les 2 premiers articles des antennes et les pieds testacés. Tète bien moins large que le protho¬ rax, très finement chagrinée , peu brillante, obliquement impressionnée de chaque côté. Prothorax très court , subrêtréci en avant, un peu moins BRÉVIPENHES 228 large que les élytres, à peine ou non subdéprimé vers ses angles posté¬ rieurs, très finement chagriné, peu brillant. Elytres 2 fois et demie aussi longues que le prothorax, très finement et densement ponctuées. Abdo¬ men court, acuminè, très finement pointillé. Pointe mésosternale subca¬ rénée. o* Le 6° arceau ventral étroitement échancré au sommet, le 7e distinct. Tibias intermédiaires subarqués ; les postérieurs subarqués à leur base, flexueux, finement ciliés en dessous vers leur extrémité. Tarses antérieurs à 2 premiers articles subdilatés. 2 Le 6e arceau ventral conique, entier; le 7° caché. Tibias simples. Tarses antérieurs simples. Omalium macropterum, Gyllenhal, Ids. Suec. II, 209, 10. Proteinus macropterus , Erichson, Col. March. I, 643,2 ; — Gen. et Spec.Staph. 903, 3. — Heer, Faun. Helv. I, 171, 2. — Redtenbacher, Faun. Austr. èd. 2, 257. — Fairmaire et Laboülbène, Faun. Ent. Fr. I, 654, 3. — Kraatz, Ins. Deut. II, 1025, 3. — Thomson, Skand. Col. III, 217, 2.— Pandellé, Mat. Cat. Grenier, II, 1867, 169. Protinus macropterus , Fauvel, Faun. Gallo-Rhén. III, 31, 4. Long. 0,0015 (2/3 1.); -larg. 0,0007 (1/3 1.). Corps courtement ovale, assez convexe, d’un noir de poix assez bril¬ lant, avec la tête et le prothorax plus mats ; revêtu d’une très fine pubes¬ cence grisâtre et peu serrée. Tête bien moins large que le prothorax, peu convexe, obliquement im¬ pressionnée de chaque côté entre les yeux; à peine pubescente; très finement chagrinée ; d’un noir peu brillant ou presque mat. Palpes couleur de poix, avec les parties inférieures de la bouche rousses. Yeux grands, subarrondis, noirs. Antennes de la longueur de la tête et du prothorax réunis, sensiblement épaissies, très finement duveteuses et assez fortement pilosellées ; d’un noir de poix, à lcf article testacé et le 2e roux; le 1er épaissi en massue suboblongue : le 2e presque aussi épais, suboblong, subovalaire : le3eplus grêle, subglobuleux ou à peine oblong : les suivants petits, submonili- formes, graduellement plus courts et un peu plus épais, avec les 3 der- protéiüiens. — Proteinus 229 niers plus grands, non contigus et formant une massue graduée, sensible et oblongue : le dernier grand, très brièvement ovalaire, presque mousse au bout. Prothorax très court, au moins 2 fois aussi large que long, subrétréci en avant, un peu moins large que les élytres ; subéchancré au sommet avec les angles antérieurs arror. ’is; subarquésur les côtés ; subbisinué à la base, avec les angles postérieurs droits ou subaigus ; assez convexe, à ouverture des angles postérieurs non ou à peine déprimée; légèrement pubescent ; très finement chagriné ; d’un noir peu brillant et souvent presque mat. Piepli à peine chagriné, d’un brun de poix brillant. Écusson presque lisse, d’un noir de poix assez brillant. Élytres grandes, environ 2 fois et demie aussi longues que le protho¬ rax; graduellement et subarcuément élargies en arrière; légèrement convexes; finement et éparsement pubescentes; finement et ^ensement ponctuées, à ponctuation subécailleuse; d’un noir brillant. Epaules sub¬ arrondies. Abdomen court ou très court, acuminé; offrant généralement les 4 der¬ niers, rarement les 5 derniers segments, découverts; assez convexe; à peine pubescent , très finement pointillé, d’un noir assez brillant. Le 6e segment triangulaire. Dessous du corps à peine pubescent, d’un noir brillant, à sommet du ventre roussâtre. Pointe mésosternale subcarénée. Métastemum peu con¬ vexe, légèrement pointillé. Ventre subconvexe, obsolèlement chagriné, légèrement pointillé sur les côtés. Pieds obsoiètement pointillés, légèrement pubescents, testacés, à han¬ ches à peine plus foncées. Tibias intermédiaires subarqués (a* ) ou à peine arqués ( $ ) à leur base. Patrie. Cette espèce se prend, en été, dans les champignons et es détritus, principalement dans les forêts et les montagnes, dans la Picar¬ die, la Normandie, l’Alsace, la Lorraine, la Bourgogne , les montagnes Lyonnaises, le mont Pilât, les Alpes, les Pyrénées, etc. Obs. Elle diffère du brachypterus par sa taille généralement moindre, et par sa forme un peu plus convexe. Le 1er article des antennes est testacé et le 2e roux ou d’un roux testacé. Les angles antérieurs du prothorax sont plus arrondis et les postérieurs un peu plus aigus, avec ses côtés plus brièvement subrectilignes en arrière, de sorte qu’il paraît se rétrécir 230 BRÉVIPENNES en avant plus près de la base. Les élytres sont plus légèrement et à peine plus densement ponctuées, la pointe mésosternale est subcarénée, etc. La couleur des premiers articles des antennes et la structure des tibias intermédiaires et postérieurs la distinguent suffisamment du limbatus. Son prothorax est moins lisse et moins brillant, les élytres paraissent plus longues, etc. Les angles postérieurs du prothorax, les épaules et parfois les élytres entières sont d’un roux de poix plus ou moins obscur. Nous avons vu dans la collection Mayet un exemplaire plus grand, et dont les 6 premiers articles des antennes sont d’un roux testacé. Cette variété intéressante provient des environs de Montpellier et pourrait donner lieu à une espèce à part (Pr. fallax, nobis). 5. Proteinus atoniarius, Erichson. Courtement ovale, peu convexe, très finement pubescent, d’un noir de poix assez brillant, avec la marge du prothorax et les élytres moins fon¬ cées, le sommet de l’abdomen roussâtre, les pieds, la bouche et les an¬ tennes testacés, la massue de celles-ci rembrunie. Tête moins large que le prothorax, très finement chagrinée, peu brillante, obsolètement bifo- véolée entre les yeux, obsolètement biimpressionnée en avant. Prothorax très court, subrétréci en avant, un peu moins large que les élytres, à peine ou non subdéprimé vers les angles postérieurs, très finement cha¬ griné, peu brillant. Élytres 3 fois aussi longues que le pro thorax, très finement et densement pointillées. Abdomen très court, acuminé, obsolè¬ tement pointillé. Pointe mésosternale obsolètement carénée. a" Le 6e arceau ventral étroitement subéchancré au sommet Tarses antérieurs à 2 premiers articles à peine dilatés. o* Le 6e arceau ventral triangulaire ou conique, entier. Tarses anté¬ rieurs simples. Proteinus atomarius, Erichson, Gen. et Spec. Staph. 904, 4-. — Redtenbacher, Faun. Austr. ed. 2, 237. — Faibmaire et Laboulbène, Faun. Ent. Fr. I, 634, 4. — Kraatz, Ins. Deut. II, 1023, 4. — Thomson, Skand. Col. III, 218, 3. — Pan- dellé, Mat. Cat. Grenier, 1867, II, 169. pROTÉiNiENs. — Proteinus '231 Protinus clavicornis, Fauvel, Faun. Gallo-Rhén. 31, S. Protinus atomarius , Fauvel, Faun. Gallo-Rhén. Suppl. 3. Long. 0,001 (1/2 1.); — larg. 0,0005 (1/4 1.). Corps courtement ovale, peu convexe, d’un noir ou brun de poix assez brillant, avec la tête et le prolhorax plus mats ; revêtu d’une très fine pubescence grisâtre, plus distincte sur les élytres. Tête moins large que le prothorax , peu convexe, obsolèteraent bifo- véolée entre les yeux, mais un peu en arrière ; obsolètement impression- née-fovéolée de chaque côté vers la saillie antennifère; à peine pubes- ccnte; très finement chagrinée; d’un noir peu brillant ou presque mat. Parties de la bouche d’un roux testacé. Yeux grands, subarrondis, noirs. Antennes de la longueur de la tête et du prothorax réunis, sensible¬ ment épaissies; très finement duveteuses et assez fortement pilosellées; testacées, à massue plus ou moins rembrunie dès le 8e article; le 1er épaissi en massue suboblongue: le 2e presque aussi épais, suboblong, subovalaire : le 3e plus grêle, à peine oblong, obconique : les suivants petits, submoniliformes, graduellement plus courts et un peu plus épais, avec les 3 derniers plus grands , peu contigus et formant une massue graduée, sensible et oblongue : le dernier grand, très brièvement ova¬ laire, presque mousse au bout. Prothorax très court, au moins 2 fois aussi large que long, subrétréci en avant presque dès sa base, un peu moins large que les élytres ; sub- échancré au sommet avec les angles antérieurs arrondis ; subarqué sur les côtés; subbisinué à la base; à angles postérieurs subaigus; légère¬ ment convexe, avec l’ouverture des angles postérieurs non ou à peine subdéprimée; éparsement pubescent; très finement chagriné ; d’un noir de poix peu brillant ou presque mat, avec les marges latérales et posté¬ rieure souvent moins foncées. Repli presque lisse , d’un roux testacé brillant. Écusson presque lisse, d’un noir brillant. Élytres très grandes , environ 3 fois aussi longues que le prothorax, graduellement et subarcuément subélargies en arrière; légèrement con¬ vexes; distinctement pubescentes; très finement et densement pointil— lées, à ponctuation à peine écailleuse; d’un brun de poix assez brillant. Épaules subarrondies. 232 BRF.VIPENNES Abdomen très court, acuminé, offrant généralement 3 ou 4 segments découverts, très rarement 5; subconvexe; à peine pubescent; obsolète- ment pointillé; d’un noir de poix assez brillant, à sommet roussâtre. Le 6° segment triangulaire ou conique. Dessous du corps à peine pubescent, d’un noir de poix brillant, avec l’extrémité du ventre plus ou moins largement rousse ou subtestacée. Pointe mésosternale relevée en carène mousse. M étasternum légèrement convexe, obsolètement pointillé. Ventre moins noir, subconvexe, à peine pointillé sur les côtés. Pieds à peine pointillés, à peine pubescescents, d’un testacé assez clair ainsi que les hanches. Tibias intermédiaires presque droits, les pos¬ térieurs parfois à peine arqués à leur base. Patrie. Cette espèce se rencontre, en été, dans les bolets décomposés et sous les feuilles mortes, dans les forêts, dans une grande partie de la France, même dans la région méditerranéenne. Elle est médiocrement commune. Obs. Elle est bien distincte de toutes les précédentes par sa petite taille, par sa forme un peu moins convexe et par sa couleur moins noire. Les antennes sont testacées, avec l’extrémité seule plus obscure ; les pieds sont d’un testacé plus pâle; les élytres sont plus longues et à ponctuation plus fine et un peu plus serrée ; le sommet de l’abdomen est toujours roussâtre en dessus, etc. La taille et la couleur varient beaucoup. Quelquefois tout le corps est d’un brun rougeâtre, avec la tête, le disque du prothorax et le dos de l’abdomen rembrunis (1). Genre Megartlirus, Mégarthre, Stephens. Stephens, III, Brit. V, 330. — Jacquelin Du Val. Gen, Staph. 79, pi. 28, fig. 136. Étymologie : piya;, grand; âpOpov, article. Caractères. Corpsassez court, assez large, suboblong, subdêprimé, ailé. Tête petite, assez saillante, subtriangulaire, fortement resserrée â sa base, portée sur un col très court. Tempes submamelonnées et séparées (I) Le Pr. Olivieri de Saulcy (Bull. Ae. Uippônc. 1866, xi, SI) espèce d’Afrique, parait être un peu plus oblong. 11 est d’un roux de poix, avec la tcle et l’abdomen rembrunis, les antennes et les pieds testacés.— Long. 0,001. protéiniess. — Proteimis 233 en dessous par un intervalle large, évasé en avant, étranglé après son milieu. Épistome soudé au front, arrondi et parfois rebordé antérieure¬ ment. Labre court, transverse, plus ou moins caché, muni en avant d’une membrane ciliée. Mandibules petites, peu saillantes, aiguës, arquées, mu- tiques intérieurement. Palpes maxillaires médiocres, à 1er article très petit : le 2e assez épais, obconique : le 3° court, moins épais : le dernier aussi long que le 2e, un peu plus étroit à sa base que le précédent, mais graduellement atténué vers le sommet. Palpes labiaux courts, de 3 ar- articles : le 2e un peu plus court que le 1er : le dernier plus long que le précédent, mais plus étroit. Menton grand, transverse, plus étroit en avant, tronqué au sommet. Yeux assez grands, assez saillants, semi-globuleux, situés vers la base de la tête. Antennes assez courtes, assez grêles, presque droites, à 2 premiers articles notablement plus grands et plus épais : les suivants étroits, gra¬ duellement plus courts et à peine moins étroits : le dernier grand, épaissi, brièvement ovalaire. Prothorax transverse, assez rétréci en avant , aussi large ou presque aussi large que les élytres; tronqué ou échancré au sommet; subtrisinué à la base; non rebordé sur celle-ci ; plus ou moins explané sur les côtés; souvent sinueux ou anguleux sur ceux-ci, avec les angles postérieurs échancrés ou sinués; creusé sur le dos d’un canal longitudinal nette - ment, accusé. R.epli grand , visible vu de côté, subdilaté en arrière, où il émet un lobe cunéiforme allongé, dont il est séparé par une suture. Écusson médiocre, subogival. Élytres assez grandes , non ou légèrement oblongues , dépassant mé¬ diocrement la poitrine, tronquées au sommet, largement arrondies à leur angle postéro-externe; presque droites sur les côtés, rebordées en gout¬ tière sur ceux-ci ; non ou à peine rebordées sur la suture. Repli large, fortement infléchi. Épaules très peu ou non saillantes. Prosternum peu développé au devant des hanches antérieures , for¬ mant entre celles-ci un angle très ouvert à sommet mucroné. Mésoster¬ num médiocre, carinulé sur sa ligne médiane, rétréci en arrière en angle très aigu, subacéré, prolongé jusqu’aux deux tiers ou trois quarts des hanches intermédiaires. Mèdiépisternums très grands, séparés du mésos¬ ternum par une suture oblique, subarquée. Médiépimères médiocres, en losange irrégulier. Métasternum assez court, large, subsinué pour l'inscr- 234 BRÉV1PENNES tion des hanches postérieures; à peine angulé entre celles-ci; avancé, entre les intermédiaires en angle prononcé, à sommet parfois émoussé. Postépisternums en languette étroite. Postépimères cachées ou très petites, cunéiformes. Abdomen plus ou moins court, large, subacuminé à son sommet; re¬ levé en tranche sur les côtés ; s'incurvant un peu en dessous ; à 1er ou 2 premiers segments normaux cachés : les 4 premiers subégaux, le 5e un peu ou à peine plus grand : le 6» très saillant, conique : celui de l’armure indistinct. Ventre ;'i 5 premiers arceaux subégaux ou graduellement à peine plus courts (?) : le 6e assez saillant : le 7e saillant, bivalve : le 1er plus ou moins caréné à sa base (1), paraissant un peu moins court sur les côtés. Hanches antérieures grandes, un peu moins longues que les cuisses, non saillantes , sublinéaires, transversalement et subobliquement cou¬ chées, contiguës intérieurement. Les intermédiaires moindres, subovales, peu saillantes, faiblement écartées. Les postérieures grandes, subconti¬ guës en dedans; à Lame supérieure transverse, dilatée intérieurement en cône court et tronqué; à lame inférieure étroite, subverticale ou en¬ fouie. Pieds assez courts, assez robustes. Trochanters antérieurs et intermé¬ diaires petits, subcunéiformes; les intermédiaires grands, allongés, at¬ teignant presque le tiers de la longueur des cuisses. Celles-ci subcompri¬ mées, subépaissies. Tibias sublinéaires, à peine rétrécis à leur base, très finement pubescents, mutiques, armés au bout de leur tranche inférieure de 2 très petits éperons peu distincts ; les intermédiaires et postérieurs subarqués à leur base. Tarses courts, à 4 premiers articles graduellement plus courts : le dernier moins long que les autres réunis : les postérieurs plus allongés. Ongles petits, grêles, arqués. Obs. Les Mégarthres ont la démarche lente. Ils vivent sous les écorces et parmi les champignons et les détritus. Ce genre se rapproche beaucoup des Proteinus par la conformation des hanches, des trochanters, des tarses et des diverses pièces sternales. 11 en diffère par son prothorax canaliculé sur le dos, explané et souvent angulé sur les côtés, à angles postérieurs sinués ou échancrés ; par son mésosternum carinulé; par la massue des antennes moins grande et ré- (t) Chez les Proteifuiz, cette carène esl enfouie, courte, obsolète ou réduite ù un tubercule, ou même nulle. protéiîuens. — Megarthrus 235 duite au dernier article. Les différences sexuelles sont tout autres, etc. Il ne compte qu’un petit nombre d’espèces, dont suivent les carac¬ tères : a. Corps noir ou en majeure partie, b. Antennes entièrement noires, à 1er article parfois brunâtre. Front non ou à peine rebordé en gouttière en avant, c. Côtés du prothorax noirs ou à peine brunâtres, simplement arrondis en avant de l’échancrure des angles postérieurs. Cuisses rembrunies. Ecusson subexcavé. d. Angles postérieurs du prolhorax nettement échancrés en angle subobtus. Élytres à peine élargies en arrière, à ponctuation assez fine. Corps snboblong, presque mat. 1. depressus. dd. Angles postérieurs du prothorax obtusément et oblique¬ ment échancrés. Élytres assez fortement élargies en ar¬ rière, à ponctuation assez forte. Corps court, brillant. 2. stercorarius. cc. Côtés du prothorax sinueux ou angulés en avant de l'échancrure des angles postérieurs. e. Côtés du prothorax simplement sinueux, largement roux. Ponctuation assez fine. Cuisses subrembrunies. . . 3. affinis. ee. Côtés du prothorax biangulés, à peine roux. Ponctuation assez forte. Cuisses non rembrunies . 4. sinüatocolus. bb. Antennes à 1er article d’un roux clair. Front distinctement rebordé en gouttière en avant. Côtés du prothorax largement roux. Écusson subcanaliculé . b. denticollis. bbb. Antennes à 2 ou 3 premiers articles roux. Front à peine rebordé en gouttière en avant. Côtés du prothorax roux seulement aux angles postérieurs. Écusson subcanaliculé. C. nitidulus. aa. Corps d’un roux ferrugineux, à tête noire . 7. hemipterus. fl. IVIegarthrus depressus. Paykull. Snboblong, snbdéprimé, très finement pubescent, d'un noir presque mat, avec les pieds d’un roux ferrugineux et les cuisses un peu rembrunies. Tête moins large que le prothorax, finement ruguleuse, obliquement sil- lonnée-impressionnêe de chaque côté, à peine rebordée en avant. Protho ■ rax court, rétréci antérieurement, presque aussi large que les élytres, simplement arqué sur les côtés, assez finement et subruguleusement ponc- 236 BREVIPEMNES tué, finement et profondément canaliculé sur le dos, à angles postérieurs nettement échancrés en angle subobtus. Élytres 2 fois aussi longues que le prothorax, à peine élargies en arrière , assez finement et ruguleuse- ment ponctuées. Abdomen court, très finement pointillé. a” Le 5e arceau ventral très largement échancré, avec une petite membrane subpeüucide de chaque côté du fond de l’échancrure. Le 6e assez profondément et subangulairement sinué au sommet , subrugueu- sement ponctué sur les côtés. Le 7° (1) subrugueusement ponctué laté¬ ralement. Cuisses, surtout les postérieures subépaissies, voûtées en des¬ sus. Tibias intermédiaires, et postérieurs subarqués ; les postérieurs, en outre, subéchancrés vers le milieu de leur tranche inférieure et puis fine¬ ment crénelés -cristulés, avec la crénulation noire. Tarses antérieurs à 1er article évidemment épaissi. $ Le 5e arceau ventral très largement échancré, sans membrane. Le 6e subarrondi au sommet, obsolètement chagriné. Le 7e presque lisse. Cuisses normales. Tibias intermédiaires et postérieurs à peine arqués à leur base; les postérieurs simples. Tarses antérieurs simples. Staphijlinus depressus, Paykull, Mon. Staph. 70, 49. — Olivier, Ent. III, n° 42, 36, 51, pl. III, fig. 26. Omalium depressum, Gyllenhal, Ins. Suec. II. 210, 11. — • Manneriieim, Brach. 53, 16. Phtoeobium depressum, Boisduval et Lacordaire, Faun. Ent. Par. 1, 494, 4. Omalium macropterum, Gravenhorst, Mon. 215, 21. — Olivier, Enc. Méth. VIII. 479, 21. Megarthrus depressus, Erichson, Col. March. I, 644, 1 ; — Gen. et Spec. Staph. 905, 1. — Heer, Faun. Ilelv. I, 171, 1. — Redtenbacher, Faun. Austr. ed.2, 258,4. — Fairmaire et Laboulbène, Faun. Ent. Fr. I, 654, 1. — Kraatz, Ins. Dcut. II, 1027. 1. — Thomson, Skand. Col. III, 218, 1. — Saulcy, Ann. Soc. Ent. Fr. Rev. pl. 2, fig. 7. — Fauvel, Faun. Gallo-Rhén. III, 26, 1. Long. 0,0022 (1 1.);— larg. 0,0010 (1/2 1.). Corps suboblong, subdéprimé, d’un noir presque mat; revêtu d’une très fine pubescence grise et peu serrée. (I) Le 7e est pour noua celui de l'armure, car nous ne comptons pas les 2 basilaires. U est, dans ce genre plus développé cher le çf, par le fait de l'écbancrure du 6*. puoTÉiMKJNS. — Megarthrus 237 Tête moins large que le prothorax, peu convexe; sillonnée-impression- née de chaque côté entre les yeux , avec les sillons obliques et se rap¬ prochant en arrière ; à peine pubescente ; finement ruguleuse , plus dis¬ tinctement en dehors des sillons et sur le rebord antérieur qui est sub¬ épaissi mais obsolète; d’un noir presque mat. Palpes d’un brun de poix, parfois un peu roussâtre. Yeux assez grands, subarrondis, noirs. Antennes de la longueur de la tête et du prothorax réunis, à peine plus épaisses vers leur extrémité; très finement duveteuses et légèrement pilo- sellées;d’unnoiroubrundepoix;àlcr article épaissi en massue oblongue : le 2° à peine moins épais, à peine oblong, subovalaire : les suivants gra¬ duellement un peu plus courts et à peine plus épais : le 3e étroit, oblong, obconique : le 4° à peine plus court, obconique : le 5e subglobuleux : les 6e et 7e subcarrés : les pénultièmes subtransverses : le dernier grand, épais, brièvement ovalaire, presque mousse. Prothorax court, 2 fois aussi large que long, médiocrement rétréci en avant, presque aussi large que les élytres; largement tronqué au som¬ met, avec les angles antérieurs obtus; simplement arqué sur les côtés; subtrisinué à sa base, à angles postérieurs nettement échancrés en angle subobtus ou presque droit; légèrement convexe, avec la marge latérale subexplanée surtout en arrière; finement et profondément canaliculé sur sa ligne médiane ; très finement pubescent ; assez finement, dense- ment etsubruguleusement ponctué; d’un noir presque mat. Repli presque lisse, d’un noir brillant. Écusson subruguleux, subexcavé, obscur. Élytres subcarrées ou à peine oblongues , 2 fois aussi longues que le prothorax, graduellement et faiblement élargies en arrière : subdépri- raées ou peu convexes ; très finement pubescentes ; assez finement, den- sement et ruguleusement ponctuées ; d’un noir de poix peu brillant. Épaules à peine arrondies. Abdomen court ou assez court, offrant généralement 4 segments dé¬ couverts, très rarement 5; subconvexe; légèrement pubescent ; très fine¬ ment et densement pointillé; d’un noir peu brillant. Le 6° segment co¬ nique, très finement granulé , parfois couleur de poix, au moins à son sommet. Dessous du corps légèrement pubescent , d’un noir de poix assez bril¬ lant avec le sommet du ventre roux. Métasternum peu convexe , subru- guleusement pointillé sur les côtés, plus lisse sur son disque. Carène 238 BRÉVIPENNES mésosternale très fine. Ventre assez convexe, densement et très finement pointillé, plus rugueusement sur les côtés. Pieds légèrement pointillés , légèrement pubescents, d’un roux ferru¬ gineux avec les hanches et souvent les cuisses un peu rembrunies , l’ex¬ trémité de celles-ci et les trochanters restant plus clairs. Patrie. Cette espèce, assez rare, se prend, toute l’année, dans les forêts et les montagnes de presque toute la France, dans les bouses, les bolets, les plaies des arbres, etc. Obs. Chez les immatures, la base des antennes et les élytres sont d’un brun parfois rougeâtre. L’échancrure des angles postérieurs du prothorax est plus ou moins accusée. Obs. Peut-être doit-on rapporter au depressus les emarginatus et pu- sillus de Stephens (111. Brit. V, 332 et 333). 2. llegarthrus stercorarins. Pandellé. Ovale, subdêprimé, légèrement pubescent, d'un noir brillant, avec les pieds d’un roux testacé , les hanches et les cuisses rembrunies. Tête moins large que le prothorax, subruguleuse, obliquement sillonnée-impression- née de chaque côté, à peine rebordée en avant. Prothorax très court, rétréci antérieurement, de la largeur des élytres, simplement arqué sur les côtés, assez finement et subruguleusement ponctué, finement et profondément canaliculè sur le dos, à angles postérieurs obsolètement èchancrés en arc ou angle très obtus. Élytres à peine 2 fois aussi lon¬ gues que le prothorax, assez fortement élargies en arrière, assez forte¬ ment et ruguleusement ponctuées. Abdomen court, très finement pointillé, cf Le 5e arceau ventral très largement et à peine échancré. Le 6e lé¬ gèrement et subangulairement sinué dans le milieu de son bord apical, avec le sinus rempli par une membrane. Cuisses, surtout les postérieures, subépaissies, un peu voûtées en dessus. Tibias intermédiaires et posté¬ rieurs subarqués à leur base : ceux-ci. vus d’un certain côté, subatténués vers leur extrémité et finement ciliés dans la dernière moitié de leur PROTÉiMEPis. — Megarthrus 239 tranche inférieure surtout. Tarses antêreurs à 1er article à peine épaissi. 9 Le 5e arceau ventral à peine échancré. Le 6e subarrondi ou sub¬ tronqué à son bord apical. Cuisses normales. Tibias intermédiaires et postérieurs simples. Tarses antérieurs simples. Megarthrus stercorarius, Pandellé, in litteris. Long., 0m,0022 (1 1.) ; — larg., 0m,0014 (2/3 1.). Corps ovale, large, subdéprimé, d’un noir brillant ; revêtu d’une très fine pubescence grisâtre, courte et très peu serrée. Tête moins large que le prothorax, peu convexe ; sillonnée-impres- sionnée de chaque côté entre les yeux, avec les sillons obliques et se rapprochant en arrière ; à peine pubescente ; subruguleuse, plus dis¬ tinctement en dehors des sillons et sur le rebord antérieur, qui est très obsolète ; d’un noir assez brillant. Palpes d’un noir ou brun de poix. Yeux assez grands, subarrondis, obscurs. Antennes de la longueur delà tète et du prothorax réunis, à peine plus épaisses vers leur extrémité; très finement duveteuses et légèrement pilosellées ; noires, à 1er article brunâire ; celui-ci épaissi en massue suboblongue : le 2i! à peine moins épais, à peine oblong, subovalaire : les suivants graduellement à peine plus épais : les 3° et 4° étroits, oblongs, obconiques, subégaux : le 5e subglobuleux ou courtement ovalaire : les 6e et 7e subcarrés, les pénultièmes subtransverses : le der¬ nier grand, plus épais, brièvement ovalaire, presque mousse. Prothorax très court, plus de 2 fois aussi large que long, médiocrement rétréci en avant, au moins de la largeur des élytres à leur base ; large¬ ment tronqué ou à peine échancré au sommet, avec les angles antérieurs obtus; simplement arqué sur les côtés, ou parfois à peine angulé vers le milieu de ceux-ci; subtrisinué à sa base, à angles postérieurs oblique¬ ment et obsolètement échancrés en angle très oblus ou en arc ; peu con¬ vexe, avec la marge latérale plus ou moins fortement explanée ; finement et profondément canaliculé sur sa ligne médiane ; légèrement pubescent ; assez finement, densement et subruguleusement ponctué ; d'un noir bril¬ lant, avec les côtés parfois un peu moins foncés. Repli presque lisse, d’un noir luisant. soc. LIN*. — T. xxv 17 240 ' RRÉVIPENîiES Écusson légèrement pointillé , parfois subexcavé , d’un noir assez brillant. Élytres subcarrées, à peine 2 fois aussi longues que le prothorax, graduellement et assez fortement élargies en arrière ; faiblement con¬ vexes, souvent subdéprimées sur la région suturale ; brièvement et épar- sement pubescentes : assez fortement, assez densement et ruguleusement ponctuées ; d’un noir brillant. Épaules à peine arrondies. Abdomen court, offrant généralement 4 segments découverts; assez convexe ; à peine pubescent; très finement et assez densement pointillé; d’un noir brillant. Le 6e segment conique, moins finement pointillé. Dessous du corps éparsement pubescent, d’un noir brillant, avec le sommet du ventre d’un roux de poix. Métasternum subconvexe, obsolète ment pointillé sur les côtés, presque lisse sur son disque. Carène mésos¬ ternale assez forte. Ventre assez convexe, finement et éparsement poin¬ tillé , plus distinctement et subruguleusement sur les côtés. Pieds légèrement pointillés, légèrement pubescents, d’un roux testacé. avec les hanches et les cuisses rembrunies, le sommet de celles-ci et les trochanters restant plus clairs. Patrie. Cette espèce, peu commune, se prend rarement, en été, dans les bouses, les champignons et parmi les détritus végétaux, dans les Hautes-Pyrénées, où elle a été découverte par M. Pandellé. Obs. Elle diffère suffisamment de la précédente par sa forme plus courte et plus large et par sa teinte plus brillante. Le prothorax, un peu moins convexe, est un peu plus court et plus large ; à angles postérieurr plus obliquement et surtout plus obtusément ôchancrés ; à côtés moin-' noirs, plus largement explanés, parfois moins régulièrement arqués. Les élytres, un peu moins longues, sont plus élargies en arrière, avec leu ponctuation un peu plus forte et un peu moins serrée. La carène mésos - ternale est moins fine. Les signes - - l*lanclie II 1. Tibia intermédiaire du Proteinus brevicollis et b peu près aussi du ma- cropterus <3*. 2. Tibia intermédiaire du Proteinus atomarius 3" . 3. Labre du genre Megarthrns. 4. Palpe maxillaire du genre Magarthrus. li. Palpe labial du id. id. 0. Pointe mésostcrnalc du id. id. 7. Sommet du ventre du Megarthrns depressus 3*. 5. » » du Megarthrns stercorarius <3*. t). Tibia postérieur du Megarthrns depressus <3". 10. » » du Magarllvus stercorarius çf. 11. Sommet du vcn're du Magarthrus a f fini s çf. 12. Tibia postérieur du id. id. et à peu pics aussi du nvi- dulus o”. 13. Tibia postérieur du Megarthrns sinualocollis o". 14. » » du Magarthrus denticollis a*. 13. » » du Megartlxrus hemipterus çf. 10. Sommet du ventre du Megarthrns sinualocollis et à peu près aussi du den¬ ticollis çf. 17. Sommet du ventre du Megarthrns hemipterus <3*. 15. Labre du genre Phlocobium. 10. Palpe maxillaire du genre Phloeobiurn. 20. Palpe labial du id. id. 21 . Chaperon du id. id. 22 Prosternum du id. id. 23. Mésosternum du id. id. 24. Mandibule du genre Phloeobiurn. 20. Sommet du ventre du Pldoeobinm clypeatum 20. » » (îu id. id. Ç . 27. Tibia postérieur (et même intermédiaire) du Phloeo'dum clypeatum et*. 2S. Tibia postérieur du Phlocobium clypeatum 9. BR EV I PE N N ES Proteiruens, Phléobiens ie-1 jc. NOTICE SUR BENOIT-PHILIBERT PERROUD PAR E. M U LS A N T Présentée à la Société linécnne de Lyon, le 13 mai 1878 L’Académie de Lyon et plusieurs autres sociétés savantes de notre ville viennent de faire une perte cruelle en la personne de M. Perroud, que nous entourions tous de nos sympathies. Cette mort ne sera pas seulement un deuil pour notre Compagnie, elle aura au loin de douloureux échos. Porté par l’affection qui m'attachait à lui, à vous parler de cet ami de tous, ce n’est pas sans une vive émotion que j'essaye en ce moment de vous esquisser à grands traits la vie de ce collègue tant regretté. Perroud (Benoit- Philibert) était né à Lyon, le 12 février 1796, de pa¬ rents occupés au négoce. Après de bonnes études faites au lycée de notre ville, il en sortit pourvu d'un certificat très flatteur, délivré par M. Béraud, proviseur de cet établissement, et bientôt après il fut muni d’un diplôme de bachelier ès lettres. Ses parents l’envoyèrent à Dijon, pour y faire ses études de droit. Doué d’une manière remarquable de l’amour du travail, il en revint après avoir brillamment conquis tous ses grades, et entra en qualité de clerc dans l’étude deMc Funhé. avoué. soc. L1NN. T. XXV. 19 272 NOTICE SUR BENOIT-PHILIBERT PERROUD Grâce à son assiduité au travail, à son exactitude, à son instruction, à la rectitude de son jugement, il ne tarda pas à être Taine de cet office. Son amonr pour ses devoirs fut, pendant quelques années, le seul objet de ses aspirations ; mais les éminentes qualités qu’il avait remarquées dans M"e Buyet le portèrent à rechercher l’alliance de [cette aimable personne, et le 24 février 1829 il contractait avec elle une union qui a été le bonheur de sa vie. Devenu avoué en titre en 1826(1), Perroudne tarda pas il élever sa char¬ ge au premier rang. Il était connu et aimé de tous les clients de l’étude, et grâce aux soins avec lesquels il servit leurs intérêts, grâce à son esprit droit et judicieux, son office prenait chaque année un nouvel accroisse¬ ment. On citait son esprit conciliant, quand on lui proposait d’entamer un nouveau procès. Mais en 1840, au moment où ses affaires étaient le plus prospères, l’excès du travail auquel il s’était livré exigea, dans l'intérêt de sa santé, qu'il les abandonnât. 11 fallut, malgré lui, céder à l’avis de son médecin et aux conseils de sa famille et de ses amis. Perroud, dans ses jeunes années passées au collège, s’était amusé à collecter des insectes. Ces goûts pour l’histoire naturelle avaient eu, chez lui, des racines plus vivaces que chez la plupart de ses camarades ; il les avait conservés étant clerc, et, sans dérober un instant à ses devoirs, il leur consacrait une partie de ses dimanches et les quelques instants qu’il pouvait leur donner sans nuire aux intérêts de son patron. Quelques années après, l’état de sa santé le força à vendre sa charge. Rendu à la liberté, il se livra sans réserve à cette distraction favorite. 11 fit des promenades destinées à soulager son cerveau fatigué par une application trop longtemps soutenue, et dans lesquelles la chasse aux insectes lui procurait des délassements et des plaisirs. Il chercha dès ce moment à augmenter les richesses de son cabinet, à accroître sa collection. Il se créa dans ce but des relations dans diver¬ ses parties de l'Europe : M. Guex, originaire de Genève, condisciple de notre ami Malnr.zet, et qui était allô se fixer à New-York, devint pour lui un excellent correspondant; son frère Charles, négociant à Bor¬ deaux, se mit en relation avec divers armateurs ou capitaines au long (1) Il reçut du ministre son titre ofrieiel d'avoué près le tribunal de première instance de Lyon, le 3 mars 1836. NOTICE SUR BENOIT-PHILIBERT l'ERROUD 273 coü's, ei lui procura par eux un nombre considérable d’insectes exoti¬ ques. Dans ses voyages en Belgique et ailleurs, il trouva l’occasion d lui acquérir, à des conditions favorables, diverses collections d’insectes, et bientôt son cabinet devint au nombre de ceux qu’on citait en Europe, En 1851 , l’Exposition de Londres lui fit profiter de cette occasion pour voir l’Angleterre, que j’avais déjà visitée quelques années aupara- uant, et où j’avais trouvé, avec mon ami Schaum. de Berlin, chez M. Melly, une hospitalité dont je conserverai toujours un gracieux souvenir, M. Millière, notre savant lépidoptériste, voulut être de la partie, et contribua aux agréments du voyage. Le 13 août, nous primes le bateau à vapeur jusqu’à Châlon où s’arrê¬ tait le chemin de fer, et le lendemain nous étions à Paris. Après quelques heures passées avec MM. Reicgs, Chevrolat, Mniszech et quelques autres entomologistes, nous prenions la route de Londres. Arrivés dans la capitale de l’Angleterre, nos premières visites furent consacrées au Muséum britannique et surtout à la collection de Linné, confiée à la surveillance de M. Kippist, chargé de la montrer aux visi¬ teurs sérieux. Pendant notre séjour dans cette ville, nous passâmes de longs moments à examiner les souvenirs précieux du Pline du Nord, à prendre des notes sur les insectes ayant appartenu à cet illustre natura¬ liste. Notre curiosité satisfaite, nous cherchâmes à faire connaissance de divers naturalistes déjà en correspondance avec nous (1); nous consa¬ crâmes un certain nombre de séances à voir les merveilles de l’Exposi¬ tion, à visiter Westminster, le nouveau Parlement et la cathédrale de Saint-Paul. Dans nos courses, nous eûmes l’agréable surprise de rencontrer trois Lyonnais, MM. les abbés Girodon, Bourgin et un autre, et de passer quelques heures avec eux. Perroud mit à profit ses jours passés de l’au¬ tre côté de la Manche, pour flairer dans les magasins de M. Stevens et des autres marchands naturalistes, les insectes rares ou précieux qui pouvaient s’y trouver, et il en rapporta une foule de coléoptères dont plu¬ sieurs formaient depuis longtemps l’objet de ses désirs. A notre retour, la mer voulut uous donner un échantillon de sa puis¬ sance dans ses moments de fureur : elle s’élevait menaçante; les vagues déferlaient sur le pont, et chacun vit avec joie notre bateau entrer à neuf heures du soir dans le port de Boulogne. (1) MM. Westwood, Speuce, Stephens, Curtis, Smith, Giay, Adans, Wliitc. 274 NOTICE SUR BENOIT -PHILIBERT PERROU1) Le mois qui suivit notre rentrée à Taris fut entièrement consacré à des visites de naturalistes, de marchands, et aux moyens d’accroître sa collection. En 1852, il voulut, avec son épouse et sa nièce, visiter une partie des Basses-Alpes, de la Provence du Languedoc. En parcourant la plage de Saint- Raphaël, près Fréjus, il rencontra trois espèces de hannetons ou genres voisins de nos provinces méridionales, et il donna sur leurs mœurs et sur leurs habitudes des détails curieux, que la Société cntoraologique de France s’empressa de publier. De Provence, il voulut aller visiter Montpellier, les environs et quel¬ ques parties du littoral. Dans ce voyage, il vit à Montpellier M. Perris, dont il conserva des souvenirs affectueux, qu’il entretint de temps à autre, jusqu’à la mort de cet aimable savant. Notre excursion dans les Iles-Britanniques nous avait inspiré le désir de visiter l'Allemagne, et de faire connaissance personnelle de divers entomologistes de ce pays avec lesquels nous étions en relations. Au mois d’août 1861, nous nous mîmes en route pour Paris, et après quelques jours passés à visiter quelques amis qui n’avaient pas mis à profit le moment des vacances pour respirer l’air des champs ou des montagnes, nous eûmes l'heureuse chance de passer quelques heures avec Lacordaire, de passage dans la capitale. Perroud fit des visites au Muséum, où il fut accueilli avec bienveillance par M. Milne-Edwards et par M. Blanchard. 11 donna une partie de son temps à MM. Mniszech, Thomson et Sallé, avec lesquels il était particu¬ lièrement en relations ; puis nous prîmes le chemin du Nord. Notre ami aimait à se rappeler notre réception affectueuse à Liège, par M. Candèze ; la beauté des hyménoptères lilliputiens examinés dans les cartons de M. Forster, à Aix-la-Chapelle ; les bords pittoresques du Rhin, et les magnificences de la cathédrale de Cologne, commencée dans le xue siècle, et dont le nôtre ne verra peut-être pas le complet achèvement. Le lendemain, nous étions à Munster, ville cnsanglan'ée par b s anabaptistes au milieu du xvi° siècle. L'espoir d’y trouver M. Suffrannous avait conduits dans cette partie de la Westpha'ie Son absence nous força à continuer notre route. Nous traversâmes les plaines sablonneuses de Magdebourg et les rues de Berlin, pour nus rendre à Stettin, où M. Dohrn nous attendait. Souvent, depuis cette époque, sont revenus à notre esprit les jours .NOTICE SU II UE.NOlT - PHILIBERT PERROL'H *275 enchantés passés dans la famille de M. le président de la Société ento- mologique de Stettin; et notre mémoire est restée longtemps émerveillée des richesses admises dans sa collection, et notre oreille croyait entendre encore les diverses chansons dans toutes les langues dont elle avait été charmée. Avant de quitter la cité poméranienne, nous étions trop près de la Baltique pour nous refuser le plaisir de la voir. L’Oder, d’un cours insensible, va se jeter dans son sein ; et le bateau à vapeur Victoria nous conduisit en quelques heures à Swinmünde, situé près de la mer. De là nous adressâmes nos saluts à nos amis de Stockholm et de diverses parties de la Suède, dont cette mer baigne les rives. Il nous tardait de revoir Berlin, que nous n’avions fait que traverser, d’examiner les curiosités de son Muséum, les richesses de sa Bibliothèque et de faire connaissance avec ses naturalistes. M. le Dr Gerstecker, directeur du cabinet d’histoire naturelle, était absent; M. le Dr Schaum, qui avait été pour moi un guide, si complaisant à Londres et à Liverpool, parcourait la Suisse avec sa jeune épouse; M. le docteur Kraatz voulut bien nous faire les honneurs de la ville : il nous conduisit au Muséum, où MM. Stein et Hopffer mirent à notre dispo¬ sition toutes les richesses de leur établissement. A la sortie des salles de zoologie, un dîner délicieux nous attendait chez le président de la Société entomologique de Berlin ; nos amis de Lyon y firent souvent le sujet de la conversation. Notre cicérone voulut nous faire parcourir quelques-uns des quartiers de la ville et nous fit parcourir ces jardins qui, le soir surtout, servent de rendez-vous à la population : établissements singuliers dans lesquels on peut, suivant ses goûts, assister à une représentation théâtrale en satisfaisant les désirs de l’estomac, se livrer à des jeux divers et se promener sous des ombrages. Nous avions le lendemain rendez-vous pour visiter la collection de M. Kraatz. Perroud, dans cet examen, déploya des connaissances qui charmèrent le savant Prussien. La Société entomologique de la ville avait ce jour-là une réunion; M. Kraatz voulut bien nous y introduire et nous donner, par là, l’occasion de faire connaissance avec la plupatt des naturalistes de ce pavs(l). Au sortir de cette séance, notre ami M. Sallé vint se montrer à nos il) MM. le Dr Hœrnsprung, Galix. Fischer, Fuchs, ilabelmann. IlelîVi- h, Keitel, \V. Klcc- cr^r. Stein. TieTenba^h. Vaj^ensoheiber, Wansehafle, 276 NOTICE SUR BENOIT-PHILIBERT PERROUD yeux comme un heureux aérolithe ; il était arrivé depuis un instant : je ne sais comment il nous avait si promptement flairés. Avec lui, nous avons été visiter le lendemain les environs de Berlin et surtout Potsdam et Sans-Souci, pleins encore du souvenir de Voltaire et du grand Frédéric , parcourir les gracieuses allées de ces jardins enchantés et descendre dans les caveaux où reposent les cendres du roi philosophe. Napoléon, qui était descendu dans ce lieu funéraire, a dû y méditer sur le néant des grandeurs humaines. Les jardins de Potsdam sont tenus avec un soin très intelligent. Une année que le printemps avait fait son apparition plus tôt que de coutume, Frédéric commanda à son jardinier de sortir les orangers des serres. « Mais, dit celui-ci, les saints de glace ne sont pas passés (1). — Tu sais, lui dit le roi, que je n’ai pas croyance au pouvoir de tes saints. » Le jardinier obéit sans répliquer, et quelques jours après les saints de glace figurèrent dans le calendrier, et les orangers furent gelés. Nous avions encore bien des choses à voir à Berlin ; mais les jours de notre voyage étaient comptés : Dresde nous attendait. Dans cette capitale, l’aimable et savant Reichenbach, directeur du jardin botanique et du Muséum d’histoire naturelle, fit passer sous nos yeux les objets les plus remarquables de ces établissements, et pour nous laisser un souvenir ineffaçable de notre passage, nous ménagea la faveur d’une audience du roi. Nous savions à l’avance les éminentes qualités de ce monarque, l’un des plus grands légistes de l’Allemagne. Il nous reçut avec une bienveil¬ lante bonté et nous entretint eu français avec une pureté de langage digne d’un membre de l’Académie. Perroud amena adroitement la conversation sur sa science favorite. Le roi parut charmé de son savoir et nous tint pendant trois quarts d’heure sous le charme de sa parole. Deux ans plus vird, le roi, se rappelant sans doute cette visite qui lui avait laissé une agréable impression du jugement et du savoir de notre ami, lui envoya la croix d’Albert le Valeureux (2). (1) Saint Marner, saint Gervais et un autre, inscrits sur les almanachs, dont l'indication correspond à la foute des glaces, dans le Nord; circonstance qui amène toujours un abais¬ sement de température jusque dans nos pays, et occasionne souvent des gelées. (2) La bonté delà famille royale de Dresde est proverbiale; en voici un trait qui mérite d'être connu ; Dans la guerre désastreuse de 1870, plusieurs de nos soldats se trouvaient à l’hôpital de Dresde; la fille du roi venait les visiter quotidiennement. Un jour, elle vit un de ces mal- NOTICE SUR BENOIT-PIIILIBERT PERROUD 277 M. Reichenbach nous ménageait un autre plaisir, celui d’assister à une réunion de la Société Isis, où se trouvaient réunis les principaux naturalistes du pays (1). Après la séance, un souper exquis nous attendait chez M. le Directeur du Muséum, souper dont son aimable fille, familiarisée avec presque toutes les langues de l’Europe, nous fit les honneurs avec une grâce enchanteresse. Nous étions trop près de Bautzen, pour ne pas faire visite à M. de Kiesenwetter. L’agrément et les jouissances que nous avons trouvés dans cette aimable famille nous auraient laissé des regrets, si nous avions négligé l’occasion de la voir. Avant de partir de Dresde, notre bonne fortune nous a fait passer une soirée avec M. de Motchulsky, fixé depuis peu de jours dans cette ville. Il nous a charmés par le récit de ses voyages dans toute l’Europe, en Amérique, au Caucase, chez les Kirghis, sur les bords du fleuve Amour et jusque sur les frontières de la Chine. Le lendemain, nous arrivions â Leipzig où le plaisir nous attendait près de M. Félix, cet aimable naturaliste que nous avions vu venir, plu¬ sieurs années de suite, passer une partie de son temps à Lyon. Leipzig a vu mourir M. Kunze, et possède encore M. Sæchse, avec lequel nous avons passé agréablement quelques heures. Nous ne pouvions aller à Munich sans nous arrêter à Nuremberg, ville pittoresque, conservant encore toute sa physionomie du moyen âge. C'est la patrie des frères Sturm. qui continuent à entretenir le beau cabinet d’histoire naturelle fondé par leur père, l’un des plus habiles dessinateurs d’insectes de l'Europe. heureux pleurant à chaudes larmes. « Quel est, lui dit la princesse, le sujet de vos pleurs ? — Madame, lui répondit le malade, je songe à ma pauvre mère que je ne reverrai peut-être jamais, et cette pensée m’arrache des larmes. — Où est donc voire mère ? reprit la princesse. — Oh 1 bien loin d’ici, à Lyon, dans tel endroit. » Trois ou quatre jours après, la mère reçut une invitation à venir voir son fils, avec une somme plus que suffisante pour les frais du voyage. La pauvre mère se trouvait dans un état de santé qui ne lui permettait pas de répondre à cette gracieuse invitation , mais le père accompagné de sa fille se mit en route pour Dresde. Ils furent reçus au château, traités admirablement pendant dix-huit jours, c'est-à-dire jus¬ qu’au moment où le malade fut reconnu pouvoir supporter les fatigues de voyage, et quand le moment fut arrivé, la bonne princesse donna au blessé un médecin et une sœur de charité, pour l'accompagner jusqu’à Lyon, et subvint largement à toutes les dépenses du voyage. (1) MM. Dreschler, [Schaufuss, Voigtlandar, Nawrad, Eeibisch, Forwerck, Reichenbach fils, professeur à l’Université de Leipzig, et Herrich-Schæffer, de passage à Dresde.' '278 NOTICE SUIl 15 EN OIT - PH 1 1, 1 II EUT PEUROVI) En arrivant dans la capitale de la Bavière, d’autres jouissances nous attendaient. M. le baron de Harold et M. Gemminger nous ont fait passer des moments rendus bien courts par l’agrément qu’ils nous ont procuré. Puis, tandis que Perroud, cédant à ses goûts artistiques, visitait avec admiration les tableaux rassemblés par le roi Louis dans cette moderne Athènes, je donnais mon temps à la Bibliothèque, l’une des plus belles et des plus riches de l'Europe. Un vif désir nous pressait d’aller jusqu’à Vienne, où nous aurions trouvé d’autres amis et d’autres sujets de notre admiration; Perroud n’avait pas, depuis plusieurs jours, des nouvelles de sa famille : sa tendresse se créait des motifs d’alarmes, qui heureusement n’étaient pas fondés ; ses inquiétudes nous firent prendre la résolution de partir le surlendemain après avoir visité la Bavaria, statue colossale de plus de quarante pieds de hauteur, dressée devant un petit panthéon offrant les bustes des grands hommes de la Bavière. Notre excursion dans les provinces allemandes touchait à son terme. Après quelques heures passées en chemin de fer, nous nous trouvions aux limites occidentales du royaume. Nous traversâmes en bateau à vapeur le beau lac de Constance, et nous allions coucher à Zurich. M. le professeur Ileer était absent ; il ne nous restait pas de motifs de rester plus longtemps dans cette cité. Après une courte visite à Berne, à Friboug et aux orgues éoliennes de la cathédrale de celte ville, nous arrivâmes le lendemain à Vevey, où nous fûmes heureux de trouver M. Dor (1). Cet oculiste renommé, qui a parcouru toute l’Europe pour s’instruire auprès des hommes les plus célèbres de tous les secrets de son art, était venu se fixer momentanément dans son pays natal. Nous trouvâmes près de lui et dans sa famille l’accueil le plus gracieux. Nous ne pouvions passer à Morges sans visiter M. Yersin, l'un de nos savants orthoptéristes , et sans nous arrêter à Saint-Prex pour voir l’excellent M. Forel, qui malheureusement était malade en ce moment. Nous voici à Genève, dernière étape de notre voyage. Celte ville avait vu naître l’excer . ,t M. André Melly, chez lequel j’avais passé, en 1847, à Liverpool, des jours si pleins d’agrément. M. Melly, devenu, par son génie commercial, peut-être le plus riche négociant de Liverpool, où il avait été se fixer, voulut en 1850 faire un voyage d’agrément en Égypte. 11 remonta le Nil jusqu’à Cartoum (1) Xi. D ,.r est aujourd’hui fixé à Lyon, où sa répu ation l’avait précédé. NOTICE SUR BENOIT PHILIBERT PERROUD •279 avec sa femme et ses enfants, pour revenir au Caire par les déserts ; dès le second jour de son retour, il fut frappé d’une insolation, sous le ciel dévorant de la Nubie, et il y mourut dans une tente dressée au pied d’un palmier (1). Avant de quitter la vie, il se souvint probablement de la ville qui l’avait vu naître, et son fils n’a été sans doute que l’exécuteur de ses volontés, en donnant il Genève la splendide collection de coléoptères qu’il avait formée. La plupart des naturalistes de cette cité étaient absents lors de notre passage ; nous primes donc avec joie le chemin de la France. Ainsi se termina ce voyage, pendant lequel aucun ennui n’était venu troubler nos plaisirs. Jamais Perroud n’avait autant fait briller son amabilité, son caractère bienveillant en enjoué. Jamais il n'avait montré un coup d’œil d'entomo¬ logiste plus sûr; jamais il n’avait autant étalé ses connaissances de naturaliste. 11 s’était fait des amis de toutes les personnes avec lesquelles nous avions été en rapport. Notre voyage, qu’il avait su pour moi rendre si agréable, lui avait laissé des souvenirs attachants sur lesquels il aimait à revenir; mais les richesses zoologiques qu’il avait eues sous les yenx, en lui montrant l’étendue et la variété des œuvres de la création, avaient paralysé son désir de continuer ses publications, commencées quelques années aupa rvant. Doué de tout ce qui peut procurer le bonheur sur la terre, heureux dans son union, dans ses enfants, dans l’affection de ses amis, il bornait ses plaisirs à l’étude des ouvrages entomologiques qui paraissaient, à intercaler dans ses cadres les insectes nouveaux qui lui arrivaient soit du Texas par M. Reverchon, soit du Dehamet par les prêtres des Missions africaines, soit de la Californie par les PP. Maristes, soit enfin de divers autres côtés. Il s’était chargé de revoir les découvertes du P. Montrouzier, pour rendre plus reconnaissables les espèces publiées par ce savant, dont les descriptions laissent quelquefois quelque chose à désirer; il aimait à déterminer les insectes exotiques du Muséum de Lyon et de divers amateurs, et à former des projets entomologiques qui s’envolaient en fumée. (1) M. Georges Melly fils a publié une intéressante relation de ce voyage, sons le titre de Kharloum and the Bine and Win te Xites. London. 1^51. 2 vol. in-'s . 280 NOTICE SUR BENOIT— PHILIBERT PER1IOUI) Dans l’hiver de 1863 à 1864, il alla avec sa femme et son fils aîné visiter l’Algérie. 11 parcourut le Sahara, la plaine de Mitidja, jusqu’à Blidah et les gorges de la Chiffa. Il en rapporta bon nombre de coléoptères, et regretta d’avoir quitté le sol africain au moment où les éclosions commençaient à se montrer plus nombreuses. Ce voyage est le dernier qu’il entreprit. A partir de cette époque, nos Sociétés savantes, auxquelles il était auparavant si assidu, ne le virent presque plus à leurs séances ; il donna sa démission de trésorier de l’Académie, charge dont il avait été honoré depuis assez longtemps, et qu’il gérait avec tant d’ordre et tant de profit pour la caisse de ce corps savant. Il se plaignait depuis trois ans d’un catarrhe pulmonaire qui le forçait à la ville à garder la chambre, et à vivre quelquefois à la campagne. Cette indisposition, bientôt compliquée d’un emphysème, le fatiguait surtout aux approches de la mauvaise saison, mais toutefois ne laissait laucun sujet d'inquiétude, et ne lui avait rien fait perdre de son amabilité Dans les derniers mois de 1877, il se trouvait dans un état satisfaisant ; il méditait de faire un envoi d’insectes en Amérique, et le soir même de la dernière journée de sa vie, il lisait paisiblement son journal, quand, dans la nuit du dimanche 10 février 1878, une syncope du cœur l’enleva tout d’un coup à sa famille éplorée, sans que son épouse, couchée dans la même chambre que lui, eût le temps de s’en apercevoir. Nous fûmes tous consternés d’une fin si inattendue ! Le mardi, à ses funérailles, M. Faivre, président de l’Académie, pro¬ nonça, devant les amis nombreux qui avaient accompagné sa dépouille mortelle, des paroles touchantes, dans lesquelles il retraçait les regrets qu’il laissait après lui, et surtout les services qu’il avait rendus à la Compagnie, comme trésorier, et qu’on ne saurait oublier. Puisse cette courte notice, que je n’ai pu tracer sans sentir mes yeux souvent humides de larmes, dire à ceux qui ne l'ont pas connu, combien il mérite de regrets ! Perroud a publié : MÉLANGES ENTOMOLOGIQUES. Première partie, in-8 (1846), contenant : Coléoptères nouveaux ou peu connus, tribu des Carabiques, famille des Truncatiopennes, section NOTICE SUR BENOIT-PHILIBERT PERROUU 281 des Anthiaires. (Espèces remarquables nouvelles, toutes de Natal, faisant partie de la collection Perroud.) Deuxième partie (1853). Descriptions de Coléoptères nouveaux ou peu connus (G. Anlhiaires , — Buprestides, — Curculionites). Description très soignée d’espèces toutes exotiques provenant de sa collection et comprenant plusieurs genres nouveaux. Troisième partie (1855), contenant la description de la larve de YEnocentrus balteatus. — Description d’une monstruosité du Rhizo- trogus œstivus. — Espèces nouvelles ou peu connues de Longicornes, toutes exotiques et de sa collection. — Notice sur la viviparité ou l’oviparité de l 'Oreina speciosa Panzer et superba Olivier. — Nouveau genre de Longicornes et description de deux espèces nou¬ velles en faisant partie. (Espèces exotiques.) Il publia dans les Annales de la Société entomologique de France, 2e série, t. X (1852), p. lxx-lxxii, des observations très curieuses sur 1° La Captodera massiliensis, insecte trouvé à Marseille parmi des arachides rapportées du Sénégal ; 2° L'Anomala devota, YAnoxia scutellaris, Y Amphimallus scutellaris et le Rhizo/rogus cicatricosus. Perroud avait été président de la Société Linnéenne de Lyon ; il en était devenu le vice-président perpétuel. Il était membre de l’Académie de Lyon, et il en avait été l'intelligent trésorier, depuis la mort de M. d’Aigueperse, jusqu’à l’époque où l'état de sa santé l’obligea à donner sa démission. Il appartenait à la Société d’ Agriculture de Lyon, à la Société Entomo¬ logique de France, depuis 1851, à la Société Entomologique de Stettin, à la Société des Naturalistes d’Àltenbourg, etc., etc. NOTICE J. -B. GUIMET PAR E. MULSANT Présentée à l'Académie de Lyon, le 19 mars I87î. Il est des hommes dont les découvertes ou les travaux ont eu un tel re¬ tentissement et ont entouré le nom de leur auteur d’une si brillante auréole, que les soins d’un biographe ne sauraient rien ajouter à leur gloire (1). J’aurais donc hésité à prendre la plume pour écrire celte notice, si des sentiments d’atTection et de reconnaissance ne m’avaient porté à consa¬ crer quelques pages à l’homme de génie qui m’honorait de son amitié, et qui laisse parmi nous des regrets si vifs et si mérités. D’ailleurs, en reproduisant les principaux traits de cette vie illustrée par la science, embellie par les fruits du travail, entourée d’une estime et d’une considération générales, et sans cesse animée par le désir de faire le bien, n’est-ce pas un moyen de mieux faire apprécier le savant aimable que notre ville se félicitait de compter au nombre de ses habitants? (I) Un poète a dit : ... 11 suffit qu'on le nomme : Tout l’éloge d’un grand homme Rst enfermé dans son nom Demoüstikr 28 i NOTICE SUR J. -11. GUI MET Guimet (Jean-Baptiste) naquit à Voiron (Isère), le 2 thermidor an III (20 juillet 1795). Sa famille, depuis plusieurs siècles, tenait un rang honorable dans le pays. Son père, Jean Guimet, était un ingénieur de grand mérite. On lui doit les premiers plans du port de la Joliette, à Marseille, et un projet pour amener dans cette ville les eaux de la Durance. 11 avait épousé d’abord la fille de M.LeBrun (1), ingénieur du Comtat d’Avignon ; il s’uni en secondes noces à Mlie Anne Mallet, de Voiron. Jean-Baptiste Guimet. issu de ce second mariage, eut le malheur de perdre sa mère en bas âge (2) ; mais il retrouva les affections et les soins les plus touchants auprès de deux de ses tantes paternelles, dont l’une était religieuse dans le couvent de la Visitation de Voiron. A dix ans il fut envoyé à Paris et placé dans la pension Hix (3). Ses bonnes tantes, en se séparant de lui, avaient mis une certaine recherche dans sa toilette. Elles l’avaient paré d’un bel habit bleu, et ses cheveux bien pommadés étaient réunis derrière la tête en une queue élégamment enrubannée, dont la mode s'était conservée dans les provinces. A son arrivée dans la pension il fallut faire le sacrifice de cet ornement pour être mis à la Titus, et voir ses beaux cheveux tomber sous les ci¬ seaux du perruquier. Dès qu’il parut au milieu de ses nouveaux con¬ disciples, la beauté éclatante de son habit le fit surnommer aussitôt l'oiseau bleu. Il ne se doutait pas alors que cette couleur serait un jour la source de sa fortune et la base de sa renommée. Un an après, il entrait au lycée Napoléon, où il fit toutes ses classes. Son esprit ne tarda pas à y manifester ses tendances : il avait des dis¬ positions médiocres pour le grec et le latin; il excellait dans les sciences. A dix-sept ans, il se présenta au concours de l’école Polytechnique, et à son grand étonnement, fut jugé digne de l’admission (4). Comme il avait voulu seulement faire l’essai de ses forces, il donna sa démission, pour se préparer par de plus longues études, à entrer dans un rang meil¬ leur. Il concourut l’année suivante, et se vit admis de nouveau (5) ; il s’y (1) Le portrait de cet ingénieur est conservé au château Borelli, à Marseille. (2) Le 3 pluviôse an VII (22 janvier 1799). (3) Rue de Martignon, n° 3, division des Champs-Elysées, (4) Par décision du jury du 29 septembre 1812. (5) Par décision du jury du 27 septembre 1813. Pendant son séjour à l'École, il avait pour correspondant M. Labadie (beau-père de M. le général Bidault, commandant actuel (1871) de de l’école Polytechnique), avec lequel il conserva toute sa vie d’affectueuses relations. NOTICE SUR J. -B. GUI MET 285 trouva le condisciple d’un certain nombre de jeunes gens qui sont devenus depuis des hommes distingués ou célèbres (1). L’aménité de son caractère lui créa bientôt des liens d’amitié, dont quelques-uns se sont resserrés d’une manière plus étroite. Durant le cours de ses études, les armées des puissances coalisées contre Napoléon avaient envahi la France. Le génie de l’empereur avait en vain fait des prodiges dans les plaines de la Champagne, il n’a¬ vait pu empêcher les ennemis d’arriver sous les murs de Paris le 29 mars 1814. Guimet fut un des plus empressés à faire partie des élèves de l’École qui se dévouèrent à la défense de la capitale. Ces soldats improvi¬ sés se chargèrent, avec quelques vétérans, d’une batterie placée en avant de la barrière du Trône. Laissés presque sans appui par le maré¬ chal Marmont, ils se couvrirent de gloire par leur courage. Mais leur ardeur les ayant portés à s’avancer un peu trop sur l'avenue de Vincennes, afin de pouvoir tirer sur les cavaliers de Pahlen, ils furent tournés par quelques escadrons de uhlans, qui, passant par Saint-Mandé, vinrent prendre la batterie à revers et réussirent à s’en emparer. Plusieurs élèves furent tués en la défendant. Les survivants se virent heureuse¬ ment secourus par un poste de la garde nationale et par un détachement (I) MM. Allard (Jean-Baptiste), général du génie ; Avril (Sophie-Emile-Philippe), inspecteur général des ponts et chaussées Babinet (Jacques), membre de l’Institut ; Batbedat, général d’artillerie. Born (Jean-Pierre), général d'artillerie ; Caron (Honoré), général d'artillerie; Cauchy (Augustin), membre de l’Institut ; Chasles (Michel), membre de l’Institut; Comte (Auguste), membre de l’Institut; Duhamel (Jean-Marie-Constant), membre de l'Institut ; Enfantin (Barthélemy-Prosper) ; Guichard (Dominique), inspecteur général des ponts et chaussées ; Giguet (P.), l’un des meilleurs traducteurs d’Homère ; La Coste du Vivier (Hubert-Léonidas), général d’artillerie; Lamé (Gabriel), membre de l’Institut ; Marey Monge (Guillaume-Stauislas), général de division ; Mengin (F. -Jli-Marie-Gabriel), général de division du génie; Meyssonnier(Alphonse), ancien directeur d'artillerie; Morin (Arthur-Jules), membre de l’Institut; Parcharpe (Narcisse), général de division ; Piobert (Guillaume), général, membre de l'Institut; Pirain, général d’artillerie ; Savary, membre de l’Institut. 2*6 .NOTICE SUK J. -B. GUIMET de dragons (1). Ces derniers s’élancèrent le sabre au poing sur les uhlans etparvinrent à reprendre les pièces. La batterie fut ramenée sur les hauteurs de Charonne, et là, nos valeureux jeunes gens continuèrent à faire un feu meurtrier. Leurs canons dirigés dans le sens de la lon¬ gueur de la route tirent des trouées énormes dans les rangs ennemis. Paris avait capitulé qu’ils se battaient encore. On les avait oubliés ! Ils reçurent l’ordre de se retirer sur Fontainebleau. Arrivés dans cette ville, harrassés de fatigues, ils se présentèrent à l’Intendance. Comme ils n’é¬ taient pas inscrits sur les cadres de l’armée, ils n’eurent ni vivres ni lo¬ gement. Ils furent obligés de solliciter du pain de la charité des bou¬ langers et de passer la nuit sous des hangars ou sous des charettes, pour se garantir de la pluie. Pendant quelques jours ils errèrent de ville en ville, cherchant à se di¬ riger vers l’armée de la Loire. Ils furent faits prisonniers à Blois. Guimct, qui connaissait la cité, parvint à s’échapper en se jetant dans des rues étroites, dans lesquelles des cavaliers n'auraient osé s'engager, et il re¬ joignit les troupes françaises situées de l’autre côté du fleuve. 11 avait emporté avec lui deux sacs contenant quelques effets et surtout ses cahiers de l’École. Il passa la nuit avec son petit bagage sur une meule de foin. Le froid étant devenu plus vif, il quitta un instant son lieu de repos, pour aller se réchauffer au feu du bivouac. A son retour, ses sacs lui avaient été enlevés; il perdait ainsi le recueil de toutes ses études scientifiques et il est facile de comprendre le chagrin qu’il en ressentit. Quant à ses camarades faits prisonniers à Blois, ils durent à l’heu¬ reuse influence de l'illustre Alexandre de Humboldt de se voir relâchés, et, après bien du temps perdu, tous ces jeunes gens rentrèrent à l'École et reprirent leurs travaux. Le 7 octobre 1815, Guimet fut déclaré admis dans les services publics sous le n° 63. N’ayant pas été classé dans les ponts et chaussées, comme il le désirait, il continua à rester avec les élèves. L’école Polytechnique fut licenciée en 1 8 1 G, par ordonnance du 13 avril. Il quitta l’établissement le 19 du même mois. Durant cette sus¬ pension, abandonné à lui-même, dans ce Paris qui offre tant de genres de séduction, au lieu de se livrer aux plaisirs, si pleins d’attraits à cei âge, il travailla à se fortifier dans ses éludes; et, ce qui montra le sé- ll) Commandés par le général Ordener (Victoires et conquêtes, t. XXIX. p. 202), sui\ant un autre article du même ouvrage (t. XXXII. p. 200). ce serait le général Sokolnicki. qui les aurait secourus. NOTICE SUR J. -B. GUIMET 287 rieux de son esprit, il consacra une partie de ses journées à donner des leçons de mathématiques, pour n’être pas à charge à sa famille. L’année suivante, autorisé à se présenter au concours (1), pour l’ad¬ mission dans les services publics, il obtint le n® 6, sur soixante-do-uze concurrents (2). Les poudres et salpêtres (3) offraient alors l’une des carrières les plus avantageuses et les plus ambitionnées. 11 fut admis en qualité d’élève le 10 décembre 1817 (4). 11 fut d’abord employé à l’arsenal de Paris, puis envoyé à la poudrière du Bouchet, près Arpajon (Seine-et-Oise). Là il fut chargé de lever les plans de l'établissement et d’y organiser le service, sous la direction de M. Grand-Besançon. De là il passa à la poudrière du Ripault (5), près Tours. En 1821 il fut envoyé, en qualité de commissaire-adjoint surnumé¬ raire, à Esquerdes, près de Saint-Omer. Le commissaire et l’inspecteur de l’établissement voyageaient alors de l’autre côté du détroit, aux frais de l'État, pour tâcher de découvrir le secret de la fabrication de la poudre rousse des Anglais. Guinn t, sans en parler à personne, se livra à cette recherche et atteignit bientôt le but désiré. Renvoya ses produits à M. le comte de Ruly, directeur général. Celui-ci lui adressa des félicitations et de grands compliments, et le fit venir dans ses bureaux, pour l’occu¬ per à faire... des additions ! Sa découverte fut ainsi étouffée : L'adminis¬ tration seule en recueillit les fruits : Sic vos non vobis... Le rôle de calculateur obscur n’était ni l’avancement auquel il croyait avoir droit ni le genre d’occupation en harmonie avec son esprit in¬ ventif. Il demanda à rentrer dans le service actif. Le 9 août 1823, il fut (1) Conformément à l’article 56 de l’ordonnance du 4 septembre 1816. (2) 11 avait préalablement été déclaré admissible le 28 octobre 1817. (3) Un décret du 1" mai 1815 portait que les membres de l’administration des poudres et salpêtres seraient pris exclusivement parmi les jeunes gens sortis de l’école Polytechnique. 11 y avait, auprès delà régie, deux places à' élèves données au concours. (4) L’ordonnance du roi, du 9 août 1818, concernant l’administration des poudres et salpê¬ tres, eu réglait la hiérarchie de la manière suivant» : 1 Directeur général, 3 Commissaires de première classe, 15 Commissaires de deuxième classe, 5 Commissaires de troisième classe, 2 Commissaires- Adjoints, 2 Élèves. (3) Le mardi 9 août 1825, le bâtiment de cette poudrière servant au grenage fit explosion, douze ouvriers y trouvèrent la mort. SOC. I.1NN. T. XXV. 20 288 notice sur j. -b. guimët nommé commissaire surnuméraire adjoint, à Paris, et le 18 mai 1823, commissaire adjoint titulaire, à Toulouse. Il songea alors à s’unir à une compagne capable d’embellir et de charmer son existence, et le 20 mai 1825, il épousait, à Paris, M,,c Zélie Bidault (1), fille d’un peintre du Midi, fixé depuis quelque temps à Lyon. Cette union ne devait jpas être seulétrtênt pour Guiibet une source de bonheur, mais avoir l’influence la plus heureuse sur son avertir. La Société d’encouragement pour l’industrie nationale proposa, le 22 novembre 182G, un prix de G, 000 fr., pour la fabrication d'un outre¬ mer artificiel, réunissant toutes les qualités de celui qu’on retire du Lapis Lazuli. M1118 Zélie, héritière des goûts artistiques de son père (2), dont elle av lit voulu être l’élève, possédait elle-mëmb à un haut degré le talent de peindre. Elle poussa son époux, doni les connaissances en chimie lui étaient bien connues, à diriger ses recherches vers la découverte sollicitée. Guimet se mit à l’œuvre, et dès l'année suivante il était arrivé à des résultats heureux ; mais, assuré d'apporter des perfectionnements à ses produits, il ne les présenta pas en 1827. Aucun concurrent n’avait rempli les conditions du programme : le prix fût remis au concours pour l’année suivante. Dans cet intervalle, ii multiplia les éSsàis, et a fri va ettlîn à reproduire l’outremer avec tous les éléments qui lé cdmposent (3). Il commença dès lors à répandre ses produits daiis le commerce (A). Plusieurs artistes en firent l’essai, êt trdüvêrent Vditircmclr-Guimet aussi beau que celui qu’ils retiraient d’Italie. (1) Bidault (Jean-Pierre-Xavier), né à Carpentras en 1745, mort à Lyon en 1813. On a de lui, entre antres ouvrages recherchés des amateurs, une très belle vue à l’eau- forte, de l’ancien château de Pierre-Sclze, gravure d’un effet très pittoresque et d’unegrande exactitude. Il avait été le maître de son frère Jean-Joseph-Xavier Bidault, né à Carpentras, le 10 avril 175S, nommé, en 1S23, membre de l’Académie des beaux-arts en remplacement de M. Pru- d'hon; décoré, en même temps que Ingres, lors de la visite faite au musée, par Louis XVIII, le 14 janvier 1845, mort le20 décembre 1846, non à Enghien, comme onl’a é rit, maisà Mont¬ morency, dans la maison du petit Montlouis, habitée en 1759, par J. -J. Rousseau. Depuis 1800, cet artiste avait présenté des tableaux à toutes les expositions. (2) Elle avait produit déjà quelques bons tableaux; elle exposa une Ju'&'tJi, au salon de 1827. (3) Moniteur du 7 décembre 1828, page 1758. (4) IJ en avait établi un dépôt à Paris, rue du Cimetière Saint-Nicolas, n'7. Le prix do l’outremer avait varié jusqu’alors entre 2,000 et 5,0tb fr. la livre; Ouimet livrait le sien à 25 fr. l'once, soit 400 fr. la livre. NOTICE SUR J. -B. GU1MET 289 M. Ingres, chargé de représenter l’apothéose d’Homère sur le plafond de l’une des salles du Musée Charles X, l’employa pour peindre la dra¬ perie de l’une des principales figures, et dans aucun autre tableau on ne vit un bleu si éclatant. Assuré dès lors du succès, il se présenta au concours de 1828, et dan la séance générale (du 3 mais de ladite année) présidée par M. le comte de Chaptal, sur le rapport de M. Mérimée, le prix lui fut adjugé (1) Ce merveilleux secret était, suivant un savant célèbre, la découverte la plus étonnante faite jusqu’alors dans ce siècle par la chimie (2). Vers l’époque de son mariage, il avait inventé des moyens plus éco¬ nomiques de fabriquer le blanc de céruse, et pendant son séjour à Paris, il avait organisé, dans ce but, une usine près Saint-Denis. 11 s’é¬ tait associé un de ses amis, et avait confié l’administration de l’établisse¬ ment de à un conseil de surveillance. Les tiraillements qui se ma¬ nifestèrent dans ce conseil nuisirent au succès de l’entreprise, et lui firent abandonner cette industrie qu’il ne pouvait diriger et surveiller par lui-même. Pendant son séjour à Toulouse il avait apporté de nombreuses amé¬ liorations au service dont il était chargé. L’administration reconnais¬ sante le nomma, le 30 décembre 1830, commissaire à Lyon (3). Vers la fin de l’année suivante, la ville eut des jours do larmes et de deuil. L’émeute gronda dans les rues, et du 20 au 22 novembre la guerre civile y déploya ses fureurs et ensanglanta la cité. Les insurgés, maîtres de plusieurs canons, voulaient s’emparer de la poudrière. La position du commissaire devenait délicate et difficile. M. Peloux, inspecteur, était d'avis de se rendre,, pour éviter les malheurs d’une défense peut-être inu¬ tile. Guimct, mieux inspiré, sut se montrer à la hauteur de la situation. Il lui répugnait de laisser aux mains de la révolte les moyens de destruc¬ tion confiés à scs soins. Il sut retarder la capitulation, et profiter de quelques moments favorables pour faire jeter dans la Saône les poudres contenues dans les magasins. Grâce à son énergie, les gat’des nationaux chargés de défendre la poudrière tardèrent de se rendre jus¬ qu’à trois heures du matin du mercredi 23 : tous les autres postes avaient (1) Bulletin de la Société pour l'encouragement de l'industrie nationale, t. LxXYil (1828, p. 344-349. — Moniteur du 7 décembre 18ïd- ^2) Il avait trouvé par les mêmes procédés le moyen de produire des roses et des vert;. 11 avait également obtenu une couleur jaune, à base d’antimoine. (3) Ce commissariat comprenait dans sa circonscription les départements suivants : Rhône. Ain, Isère, Saône-et-Loire, Puy-de-OSme, Allier et Nièvre, \OMCE SE!' J. -11. OUIMET 290 mis bas les armes à minuit ; le général Roguet avait quitté la ville à deux heures. M. Teloux lit offrir à Guimet, de la part de M. le Préfet, la croix d'honneur pour sa belle conduite. 11 répondit qu'il rougirait de porter un1 ruban obtenu pour un dévouement déployé durant une guerre civile. Cette décoration qu’il refusait si noblement, ne devait pas larder à lu arriver pour des motifs plus flatteurs. En 1834, son outremer figura à l’Exposition de l’industrie française, et conquit tous les suffrages. Il lui valut l’une des médailles d’or et le titre de chevalier de la Légion-d’hon- neur (1). Pendant les premières années de son commissariat à Lyon, il avait employé les loisirs laissés par ses fonctions à chercher les moyens d’apporter de l’économie dans la fabrication de ses produits, et il avait été assez heureux pour réussir. La simplification de ses procédés lui permit d'abaisser le prix de son outremer, et de le rendre accessible à diverses industries qui n’auraient pas pu l’utiliser auparavant. L’éclatante beauté de cette couleur la fit entrer dans le domaine de la mode ; la modicité de son prix en multiplia l’emploi; les demandes devinrent de jour en jour plus nombreuses. Il commença dès lors à soupçonner que sa découverte pourrait devenir une source de fortune. Dans cette pensée, il songea à quitter l’administra¬ tion. Il me parlait un jour de son intention : « J’ai fait, me disait-il modes tentent, une petite découverte, et je veux voir si elle m’offrira plus d’avan- r\ges que le service dans les poudres et salpêtres. — Il faut, lui répon- ii'tis-je, que cette découverte promette d’être bien lucrative, pour vous faire renoncer à une position aussi belle et aussi honorable que la vôtre. » En me séparant de lui, je me demandais s’il n’était pas victime d’une illusion; mais je lui connaissais l’esprit trop clairvoyant et trop positif pour craindre de le voir s’aventurer dans une voie hasardeuse. Le 22 décembre 1832, il avait été nommé commissaire à Toulouse. 11 avait le désir de refuser ce poste; cependant il se décida à partir; mais il donna sa démission le 5 juillet 1834. Il revint à Lyon fonder son établissement de Fleurieux, et bientôt il vit l’industrie créée par son génie prospérer au delà de ses espérances. Durant les premières années de son séjour définitif dans notre ville, ’i' Le 14 juillet 133->. — Voyez Moniteur 15 juillet 1834. page 1551. .NOTICE sua J. -II. OUIMET ‘291 tout entier à sa famille, à ses affaires et à ses amis, le public eut peu à s’occuper de lui. De temps à autre seulement, les comptes rendus de notre Société d’agriculture, à laquelle il appartenait depuis 1835 et dont il suivait les séances avec assez d’assiduité, se rendaient l’écho de sa parole, toujours écoulée avec beaucoup d’intérêt. Mais pendant qu'il se cachait dans ses habitudes modestes, son outremer, dont le succès grandissait chaque jour, portait son nom dans toutes les parties de l’Europe et même dans le nouveau monde. L’Exposition de 1839 couronna de nouveau sa découverte par un rappel de la médaille d'or de 1834. La fortune l’avait déjà élevé à une position à laquelle n’auraient osé aspirer ses sages désirs. Sa renommée et les circonstances l’appelèrent bientôt, et presque malgré lui, à devenir un homme public. Lors du renouvellement triennal (1) du conseil municipal de Lyon, il fut spontanément porié candidat par la section du Jardin des Plantes, et il fut élu (2), au premier tour de scrutin, à une grande majorité. La question des eaux, pour le service de la ville, pendante depuis 1770, soulevée et délaissée à diverses reprises, était la plus grande préoccupation du moment. Divers projets se trouvaient en présence ; mais la question principale, sur laquelle les esprits étaient divisés, était de savoir si l’on emploierait les eaux des sources de la rive gauche de *a Saône, analysées par M. Alph Dupasquier (3), ou si l’on utiliserait celles du Rhône. M. Terme, maire de la cité et un certain nombre d’autres conseillers, étaient partisans des premières : Guimet, et la plupart des autres hommes de science s’efforçaient de démontrer les avantages qu’on aurait à se servir de celles du fleuve. Les lumières connues de Guimet le firent appeler à la présidence de la Société d’agriculture pour les années 1844 et 1845 (4). On pensait que, sous sa direction, ce corps savant renfermant tant d’hommes distingués, serait saisi de l’importante question des eaux. Ces espérances ne tardè¬ rent pas à se réaliser. (1) P réécrit par l'ordonnance du 23 avril 18.43. (2) I.c 7 juillet 1843, M. Ceriziat-Carrichon fut également élu dans la même section. (3) Des eaux de source et des eaux de rivière , comparés sous le double rapport hygié¬ nique et industriel , par le D’ Alph. Dupasquier, Lyon, 1840, In-S". Ce travail fut l’objet d’un rapport fait A la Société de médecine, et valut A son auteur une médaille d’or. ’ (1) I.a Société nomme son président pour deux ans. 292 NOTICE SUR J. -B. GU1MET Une commission spéciale (i) chargée de s’occuper de ce sujet fut nommée, et les membres de cetie compagnie eurent bientôt à entendre le rapport de M. Pigeon (2), et diverses notes ou observations relaiives à la même question (3). Le rapport dont il vient d’être parlé donna lieu it des discussions qui occupèrent plusieurs séances. M. Terme, maire de la ville et membre de la Société, y vint prendre part. Le rapporteur concluait à l’emploi simultané des eaux de sources et de celles du Rhône. Guimet, convaincu que les eaux du fleuve suffiraient non seulement à tous les services et à tous les besoins, mais rempliraient mieux que les autres les condit ons désirables, céda momentanément le fauteuil à M. Pravaz, dans la séance du 30 août 1844, pour lire des Considérations sur les moyens de procurer à Lyon des eaux pures, fraîches et limpides, et en quantité illimitée , par l’ infiltration des eaux du Rhône dans le sol lyonnais (4). Ce mémoire remarquable, appuyé sur des preuves incontestables, fut communiqué aux membres du conseil municipal, et produisit sur l'esprit de la plupart de ceux-ci une impression profonde. La cause des eaux de sources, en faveur desquelles M. Terme avait présenté un très long rapport (2), sembla perdue dès ce moment. La question des eaux sommeillait depuis quelques années (3) au sein (1) Composée de MM. Janson, président ; Bineau, Dupasquicr, Fournet, Jourdan, Miche], Parisel, Pravas, Quinson, Tabareau, Thiaffaitet Pigeon, rapporteur. (2) Études sur la question de l'établissement d'un service hydraulique destiné à pour¬ voir aux besoins de la ville et d ’S faubourgs. (Annales de la Société, t. VII, p. 264-275). (3) 1° Noie sur la température des eaux du Rhûne et sur leur rafraîchissement souter¬ rain , par M. Fournet (Annales, t. VII. p. 264-275). 2° Observations sur la température de diverses eaux, par M. Guinon (Annales, ^t. VII, p 2S0-283). 3° Observations sur les fournitures des eaux publiques et privées à Lyon et ses fau¬ bourgs, par M. Parisel (Annales, t. VII. p. 290-294). (4) Annales de la Société d'agriculture de Lyon, t. VII. (1844) p. 295-310. (5) Des eaux potables à distribuer pour l'usage des particuliers et pour le service public. — Lyon, 1843. in-4° de 305 pagéfct (6) Le 21 juin 1838, le Conseil municipal avait pris une délibération par la quelle les eaux du Rliôoe étaient adoptées ppurTalimentalion de la ville. Postérieurement, il fut- fait à la ville l’offre de la dérivation des sources de la rive gauche de la Saône. ^ M. Terme, maire, -^aàril le Conseil de cette nouvelle proposition, qui fut renvoyée à l’exa¬ men d'une nouvelle commission. En septembre 1838 celle commission fit son rapport, et le 11 décembre suivant, une nou¬ velle délibération maintenait celle du 11 juin 1838. Le 14 dêûijjnbre 1818, cette délibération fut adressées M. le Préfet. Le 19 mars 1840, ce magistrat renvoya A M. le Maire cette délibération, pour être soum'se A un nouvel examen . NOTICE SUR 4. -B. GUIMET 293 du Conseil municipal ; cependant, le 15 mars 1844, M. Terme avait ramené la discussion sur ce sujet (1). M. Menoux, défenseur naturel des intérêts des propriétaires riverains de la Saône, dans un discours dont la lecture, partagée en deux séances (2), ne dura pqs moins de quatre heures, examina la question sous toutes les faces, et chercha à démontrer qu’il ne pouvait pas exister de doutes sqr la possibilité de doter notre ville d’excellentes eaux potables, en utilisant celles du Rhône. M. Mermet proposa le renvoi de cette question à une nouvelle connnissioq. M. le Maipe s’opposa à ce rejivoi, qui deyait entraîner un ajourne¬ ment. Avaqt tqut, dit-il, il impprte de se prononcer sur la question d'utilité publique. Rien n’est plus grave, reprit Guimet , que la question d’utilité publique. Mais avant 4P la Résoudre il est nécessaire d’étudier, d'une manière sévèpc et approfondie les divers projets qui ont surgi. L’heure avancée fit renvoyer la discussion au 28 novembre. Dans cette dernière séance M. Terme, dans un long discours, com¬ battit par de nouveaux pioyeps les eapx du Rhône, en soutenant que celles de lloyes leur étaient préférables (3). Je pe voudrais pas, dit Guimet, que le Conseil restât sous l’impres¬ sion du discours de. M. lp Maire. Je crois pouvoir combattre ses. idées avec succès, et dans pe but, je depnande la parole. M. le Préfet ne trouvant pas que le Conseil eût suffisamment motivé les causes qui avaient fait repousser le système des eaux, de sources. I.e 8 avril 1840, M. le Maire saisit de nouveau le Conseil de la question, et l’examen en fut renvoyé à une commission nouvelle qui ne fit pas sontravail. (Voyez les journaux de Lyon. — Courrier), 23 et novembre 1844). (1) Il fit auparavant connaître au Conseil les propositions nouvelles qui lui avaient été faites 1° M. Beynaud s’engageait à fournir les eaux du Rhône. 2° Une Compagnie récemment constituée et dont M. Dumont était l’ingénieur, faisait la même offre. 3° MM. Rozet et Vergnais offraient aussi de fournir les mêmes eaux ; au nom d une Compa¬ gnie anonyme. 4° M. I.evrat présentait un projet trop incomplet pour en occuper le Conseil. 5" M. Taylor, de Marseille, désirait ofTrir un système complet pour une bonne distribution d’eaux potables. 6° M. Peyret-Lallier annonçait qu’il soumettrait prochainement un projet pour l’alimenta¬ tion de !a ville, au moyen des eaux de la Mouche. (Voyez la note B. Censeur, 23 novembre 1844. — Courrier de Lyon, 24 novembre 1844) (2) Covrrrier de Lyon, 24 et 30 novembre 1844. (3) Courrier de Lyon, 30 novembre 1844. — Censeur, 2 et 3 décembre 1844. ÏM NOTICE SUR J. -B. GUIMET Il n’eut pas besoin de la prendre. La question des eaux, sur la demande de M. Mermet, fut renvoyée (1) à une nouvelle commis¬ sion (2). Celle-ci, en raison des absences de M. Terme, siégeant à la Chambre, des députés, tarda assez longtemps à faire connaître son avis. Enfin, le 4 mai 1846, M. Prunelle, chargé du rapport, dans un discours, dont la lecture dura trois heures, conclut à l’adoption absolue des eaux du Rhône (3). Le Conseil se rangea à cet avis. La cause pour laquelle Guimet avait plaidé avec tant de chaleur, était gagnée sans retour. Désintéressé dans cette question, puisqu’il n’utilisait pas les eaux de Royes dans son usine, c’était, il faut le dire, à l’honneur de sa mémoire, c’était principalement par un sentiment de justice et d’humanité qu’il avait mis son zèle et ses talents au service des habitants de ces localités. 11 voyait les établissements auxquels ces eaux donnaient l'activité et la vie forcés de s’arrêter, le chômage succéder au travail, et la population ouvrière privée de ses moyens d’existence. Cette pensée lui brisait l’âme. Aussi au mois d’août de la même année, à l’époque des élections des députés, les propriétaires riverains de la Saône, reconnaissants des efforts faits par Guimet pour sauvegarder leurs intérêts, le choisirent-ils pour leur candidat. Cet hommage spontané dut sans doute le flatter ; mais cette tentative n’eut pas de résultat. Cet insuccès ne fut pas un échec pour lui ; il n’avait pas fait la moindre démarche en faveur de sa candidature'. Toutefois ces sentiments de reconnaissance ne se sont pas éteints dans le cœur des habitants de ces lieux; il y a peu d’années encore, Guimet demandait un léger service à un ouvrier: « Comment pourrions- nous vous refuser quelque chose, lui répondait ce dernier ; vous nous avez tous sauvés de la misère ; sans vous les eaux nous étaient enle¬ vées, et avec elles le travail et le pain. » Le 3 juin 1847, M. Terme présenta un projet de distribution des eaux. Une commission (4) fut nommée pour l'examiner, et le 22 juillet (1) A une majorité de 25 voix contre 13. (2) Composé de MM. Devienne, de Vauxonne. Reyre, Mermet, de Lacroix-Laval, PasquW. Prunelle, Couderc et Guimet. {Courrier de Lyon , 7 décembre 1844). (3) Censeur, G, 7, 8, 9, 10, 11, 12 mai 1S iG. — Courrier de Lyon f 7, 8, 9 et 10 mai 1846. (4) Elle se composait de MM. de Lacroix- Laval, de Vauxonne, Guimet, Dolbeau. Gautier, Barillon, Serizial (Henri), Menoux. NOTICE SUR J.- B. CUIMKT 295 suivant, Guimet, chargé du rapport, lut au Conseil un lumineux travail, dont les propositions furent adoptées. La même année, il fut nommé membre de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, et le 9 janvier 1849, en séance publique, il lut son disours de réception (1), dans lequel il passait en revue les prodiges les plus étonnants opérés de nos jours par l’industrie, en aisant entrevoir 1 s résultats possibles à espérer encore. La Révolution de 1848 arriva quelques mois après, et avec elle la suppression du travail et les souffrances des pauvres, inséparables des époques de trouble. Guimet, dont la bienfaisance était inépuisable, oujours préoccupé des classes laborieuses, porta dix mille francs à l’hôtel de ville, pour aider à secourir les misères. Cette même année il fit construire sa maison, pour contribuer à donner de l’ouvrage et par conséquent du pain aux ouvriers. Il ne fit pas partie de l’administration de 1848, mais il avait montré trop de talents, de droiture et de dévouement pour ne pas reprendre bientôt la place qu’il avait si dignement occupée. En 1852, il fut nommé membre de la Commission municipale (2), et fit également partie du Conseil (3) qui succéda à celle-ci. 11 apporta, pendant plusieurs années, à ces assemblées le concours de ses lumières, et fut le premier à réclamer l’impression des comptes des recettes et des dépenses de la ville, pour permettre à tout le monde de contrôler les actes de l’admi¬ nistration. Le 25 mars 1851, il fut nommé membre de la commission adminis¬ trative de la Marlinière, et plus tard il en fut le vice-président jusqu’à sa mort. En 1852, il fut appelé à présider l’Académie des sciences de notre ville, conjointement avec M. Grégori, conseiller en la Cour, et chacun de nous se rappelle avec quelle bienveillante dignité et avec quelle intelli¬ gence il occupa le fauteuil (4). (1) Considérations sur l’application des sciences à l'industrie. (2) La Commission municipale fut nommée en vertu de l’article 2 du décret du 21 mars 1852. (3) Le Conseil municipal, qui remplaça la Commission, fut composé de 36 membres, aux ter¬ mes de l’article 84 de Ja loi du 5 mai 1S55. (4) L’Académie nomme tous les deux ans deux présidents, l'un pour la section des scien¬ ces, l’autre pour celle des lettres. Le premier occupe le fauteuil pendant la première année ; le second durant la seconde Ils se suppléent en cas d’absence. M. Grégori étant mort avant son année de présidence, l’Académie nomma, à sa place, l’ho¬ norable M. Menoux, pour protester en faveur de son intelligence, contre la loi qui mettait à la retraite les conseillers en la Cour ayant atteint leur soixante-dixième année. 296 NOTICE Slft J. IJ. GUIMET 11 avait encore eq, dans les années précédentes, à se glorifier de nouveaux triomphes. A l'Exposition de 1849, il avait obtenu la grande médaille d’or (1); en 1851, à celle de Londres, la grande médaille (councilmcdat) (2); à l'Exposition universelle de 1855 on lui décerna la grande médaille d'honneur et le titre d’officier de la Légion-d' Hon¬ neur (8). Il n'avait plus rien à envie}1 2 3 4 5 6 des honneurs ou des avantages faits pour nous attacher à l’existence. Mais le bonheur d’ici-bas ne peut jamais être sans mélange. En 1846, il avait été frappé par un de ces événements douloureux qui laissent dans le cœur d’un père une blessure inguérissa¬ ble. Il avait vu s’éteindre, au printemps de sa vie, sa fille aînée (4), dont la beauté et les perfections avaient contribué û lui rendre la perte plus poignante. En 1867, une mort rapide et imprévue lui enleva sa seconde fdle, Mme la baronne de Fontraagne (5), parée de grâce et de vertus, et mère d’une nombreuse famille. Il commença dès lors à se retirer du monde ; quitta la vie active de la Société d’agriculture pour passer dans les rangs des émérites, et donna sa démission de conseiller municipal. 11 se montra moins assidu aux séances de l’Académie; il avait eu cependant le plaisir de voir sqn fils admis, â l’unanimité, au sein de ce corps savant (6). Les évènements survenus en franco, à partir du mois d’août 1870, l'affectèrent profondément. Animé d'pp vif amour de la patrie, il ne put voir, sans une profonde douleur, notre pays en proie â tous les maux de l’invasion étrangère. Ami de l’ordre et de la paix seuls capables d’établir la confiance dans le commerce, de donner du travail et de répandre l’aisance dans les classes laborieuses, il s’affligeait des éléments de désordre qui jettent l'inquiétude dans le monde des affaires et arrêtent les transactions. 11 éprouvait aussi une vive peine en voyant les mesures prises pour (1) Moniteur du 13 novembre 1849, p. 3637. (2) Moniteur du 15 octobre 1851, p. 2661. (3) Moniteur du 16 novembre 1855, p. 1270. (4) Berthilde Guimet, le 5 mai 1846 à dix-sept ans et demi. (5) M“* Dorothée-Louise Guimet, épouse de M. le baron Durand de Fontmagne, morte à Fontmagne, le 15 décembre 1867, dans sa 35"' année. L’année suivante, le 12 décembre 1S68, un nouveau deuil vint encore déchirer son âme ; il vit mourir, après trois mois seulement de mariage, M“* Lucie Saulavilie, épouse de son fils, K mile. (6) Le 4 juin 1867. — Le 21 décembre 1867, M. Émile Guimet publia son discours de récep¬ tion dans la séance publique. NOTICE SUR 4. -B. GUIMET 297 bannir la religion de tous les actes de la vie. Sans elle, disait-il, ouels moyens donnera-t on à l'homme de supporter avec patience les peines de l’existence et quelles espérances lui laissera-t-on pour l’avenir? Quand il sentit notre ville exposée à être occupée par l’ennemi, il se retira à Montpellier, dont la douce température était nécessaire ù sa santé affaiblie. Le ciel du Midi apporta du soulagement à des embarras asthmatiques dont il était fatigué. Il retrouva dans cette cité des compatriotes avec lesquels il aimait à passer une partie de son temps et à parler de sa chère ville de Lyon. Puis, quand Paris, epsanglanté par des luttes fratricides, eut recouvré le calme, il s ■ hâta de revenir voir sa demeure. Il avait repris ses habi¬ tudes. Il était encore soiti, comme de coutume, le vendredi 7 avril 1871, quand, la nuit suivante, le domestique laissé par précaution dans sa chambre crut le voir indisposé. Son fils, averti aussitôt, accourut en toute hâte . Hélas! le meilleur des hommes avait cessé d’exister (1) ! Guimet était d’une taille moyenne. Son front élevé révélait son esprit observateur. Ses yeux, dont l’emploi des lunettes ne pouvait cacher l’expression, laissaient deviner toute la beauté de son âme. Ses traits offraient un mélange de bonté, de douceur et de finesse; ils brillaient surtout par un air de candeur et de modestie qui donnait à sa gracieuse figure je rc sais quoi de bienveillant et de sympathique. On ne pouvait causer avec lui sans être émerveillé delà rectitude de son jugement, et sans admirer son savoir. En voyant la droiture de son cœur, la noblesse de ses sentiments, on se sentait porté à rechercher son estime, et plus désireux encore d’être compté au nombre de ses amis. Peu d'hommes ont vu leurs travaux couronnés par d’aussi magnifi¬ ques succès ; mais jamais la fortune si souvent aveugle, ne déversa ses faveurs entre des mains plus dignes. Ses premiers bénéfices furent employés à faire du bien. (1) I.es funérailles eurent lieu le lundi 10 avril 1S*P Les coins du poêle étaient tenps par un représentant des principaux corps auxquels il avait appartenu, c’est-à-dire de l’Adminis¬ tration des hospices civils, de l’Académie, de la Société d’agriculture et de la Commis¬ sion de la Martinière. 11 est inutile de dire combien le concours fut considérable; mais ce qu’il y eut de plus touchant, ce fut le spectacle des pauvres nombreux dont sa main généreuse allégeait la misère, venant lui donner, par leurs larmes, le témoignage de leur douleur et de leurs regrets. Un ami s’était proposé de lui adresser, au nom de tous, des paroles d'adieu, avant le dépôt du corps dans le tombeau ; mais une forte pluie survenue au moment de l’entrée au cimetière, força tout le monde à se séparer. 298 NOTICE SUR J - R. GUIMET Un do ses anciens condisciples, dans une position embarrassée, dési rait s’occuper d’agriculture d’une manière expérimentale; Ouimet mit à son service toutes ses économies, acheta un domaine assez important dans lequel cet amateur de la science agricole put se livrer à ses goûts, et vivre d’une manière honorable. L’acquéreur du fonds savait à l'a¬ vance ne pouvoir retirer aucun intérêt de la somme consacrée à celte des - lination, mais satisfait d’avoir fait un heureux, il laissa son ami arriver à la fin de sa vie, sans jamais rien lui demander. Né avec un cœur d’élite et d’une générosité sans égale, il mettait son bonheur à faire celui des autres. Les bénéfices qui se multipliaient sous ses doigts, comme par enchan¬ tement, lui servirent bientôt à donner la vie à diverses entreprises indus¬ trielles qui avaient besoin d’un appui, pour permettre à une idée h ureuse de se développer. Ainsi, ses capitaux ont contribué au succès de la So¬ ciété de navigation mixte, issue de l’ancienne Société de navigation à éther, et ont permis la formation de la Compagnie Henri Merle, qui ex¬ ploite sur une grande échelle les produits de la mer. Dans le concours qu’il offrait si facilement à ceux dont l’esprit intelli¬ gent ou inventif l’avait frappé, jamais il n’eut pour mobile l’espoir d'un gain propre à accroître son avoir. Dans son généreux abandon, smi uni¬ que but était de contribuer à une conquête nouvelle pour la science, ou de trouver l’occasion d’une bonne action. Sa bonté fut souvent trompée et ses espérances déçues ; mais rien ne pouvait le guérir de sa confiance trop généreuse. 11 n’aurait pas voulu qu'une idée ingénieuse avortât sans porter des fruits, faute des moyens nécessaires pour la faire germer. Aussi, combien d'innovations lui ont dû leur succès, sans que le public ait connu la cause qui leur avait permis de naître ! Si une entreprise ne réussissait pas, si une mauvaise direction en fai¬ sait échouer d’autres, capables de donner d'heureux résultats, il plai¬ gnait ceux auxquels il avait voulu être utile, plutôt que de donner un re¬ gret à l’argent jeté au vent. Sa générosité allait même plus loin; elle intervenait pour empêcher une déconfiture publique. Un de ses protégés auquel il avait avancé des sommes assez rondes, vint lui mettre â nu sa fâcheuse position et lui avouer qu'il lui faudrait encore 20,000 francs pour satisfaire ses créanciers — et Guimet lui donna les 20,000 francs, pour sauver son honneur commercial. Je m’arrête â ce dernier trait. Si j’entrais dans de plus longs détails, je NOTICE SUR J B. GCIMET 299 craindrais de voir l’ombre de notre aini me reprocher de soulever le voile dont il aimait à couvrir avec tant de soin ses actes de bienfaisance et ses abondantes aumônes; mais Dieu, qui se plaît à couronner toutes les vertus, et surtout la charité, la plus excellente de toutes, a sans doute déjà accordé à une si noble vie la récompense qu’elle mérite. NOTES On a essayé d’enlever à Guimet la priorité de la découverte qu'il avait faite; les notes suivantes publiées par ses soins ne laissent aucun doute sur cette priorité. (A) On a le testament de Jehan Guimet, chapelain, vicaire de la Buisse, près Voiron (Isère), en date du 1er août 1530, fait par-devant Dominique. Sibuet. notaire Nous croyons utile d'en citer quelques passages, pour servir à lliistoire des coutumes et habitudes de l’époque. Il élit sa sépulture darfs l’église de la Buisse, devant le bénitier de l'église ; il appelle trente prêtres célébrant messe, auxquels seront donnés trois sous monnoye par le procureur des âmes de la Buisse (1); psautier par quatre prêtres, avec les antiphones, trois sous à chacun; deux florins de luminaire : trentain (c'est-à-dire trente messes) avec pain, vin et chandelle, et commémoration du chantai, et à chacun trois sous ; dîner à la confrérie des âmes, un liard monnoye à chacun. Jehan Guimet fait un grand nombre de legs à ses parents et amis, et entre autres : Au seigneur évêque de Grenoble, et au curé de la Buisse, à chacun six sols tour¬ nois, de lelle sorte qu'jls ne puissent rien autre demander. A la maison de l’hôpital de la ville de VoiroD, son lit neuf. A l’église de la Buisse, pour y construire un autel des morts, six écus avec le soleil. Aux âmes du purgatoire de Sermorens et de Coublevie divers dons ou créances. A N., deux bœufs valant 22 florins. Institue pour ses exécuteurs testamentaires messire Claude Michelon et noble Claude Vallon. Veut que les revenus de ses biens, dont il n’a pas disposé, soient employés à perpétuité, en partie à faire dire des messes et en partie en aumônes. (B) Voici la note des autres travaux publiés sur la question des eaux nécessaires à la ville de Lyon : 1° Mémoire sur le medleur moyen île fournir à la ville de Lyon les eaux néces¬ saires pour l’usage de ses habitants, par M. Thiaffait. Lyon, 1834, in-S. 2° Rapport fait au Conseil municipal, le 10 novembre 1835 et le 21 avril 1836, par M. le Dr Chinard. 3° Mémoire sur un projet de dérivation de l’Ain, pour donner des eaux à la ville de Lyon, par M. Barilion. Lyon, 1839, in-8. (1) Le directeur des fonds destinés à faire dire des messes pour les âmes des trépassés. .NOTES 301 4° Examen officiel des eaux potables, proposées pour uue distribution générale dan las ville de Lyon, par une commission instituée par M. le préfet du Rhône, et composée de MM. Poliniére, Taareau, Jourdan, Fournet, Bineau, Buisson et Imbert, secrétaire-rapporteur Lyon , 1840. 5° Observations sur la dérivation des eaux de source de la rive droite de la Saôn», pour le service de la ville de Lyon, par M. Darmès. Lyon, 1840. 6° De l’oblitération des canaux parcourus par l’eau ; examen des moyens proposés pour conduire à Lyon les eaux de fontaines, par M. Magne. Lyon, 1840, in-8. 7° Nouvelles études sur la dérivation des eaux de source de la rive droite de la Saône, et sur les réservoirs et tunnels de la montagne de Fourrière, par M. Darmés. Lyon, 1841, in-8. 8° Mémoire sur la fourniture des eaux nécessaires à la ville de Lyon, par la dé¬ rivation des sources du Mont-d'Or, combinées avec l’action du moteur hydraulique- Lyon, 1841, in-8. 9° Enquête administrative ouverte sur le projet de dérivation et de distribution d’eaux de source à Lyon, en exécution de l’ordonnance royale du 18 février 1834. Lyon, 1842. 10” Eaux publiques et privées: nouveau système de fourniture à la ville de Lyon, par Parisel. Lyon, 1842. 11° Rapport fait à la Société d’agriculture de Lyon, par M. Mondot de la Gorce. 12 Projet d’une distribution générale dans la ville de Lyon des eaux de la source de la Mouche, par M. Ant. Peyret-Lallier. Lyon, 1843. 13° Note sur un projet ayant pour but d’approvisionner Lyon et ses faubourgs, à l aide des eaux du Rhône naturellement clarifiées. Lyon, 1 S i 3 , in-8. 14° Projet de fournitures d’eaux jaillissantes, à la ville de Lyon, par MM. P. Rozet et Vergnais. Lyon , 1843, in-8. 15” Rapport sur le projet de dérivation et de distribution d’eaux de sources àLvon, par la Commission d’enquête, instituée par arrêté de M. le Préfet du Rhône, com¬ posée de MM. Permesel, Jacqueraet-Cazot, Corcelette, Janson, Achard-James, Boltex, Troehu, V. Frèrejean, J. Durieu, E. Martin, L. Bonnardet, rapporteur. Lyon, 1S43. 10° Rapport sur une fourniture d’eau potable à la ville de Lyon, présenté au Conseil municipal de cette ville, au nom d’une commission élue dans la séance du 23 novembre 1843, et composée de MM. Reyre, Prunelle, Mermet, Couderc, de Lacroix-Laval, Guimet, Devienne, de Vauxonne et Pasquier, rapporteur. Lyon. 1814, in-8. NOTES HISTORIQUES SUR LA PAH NI. LOIR Professeur de chimie à la Faculté des Sciences de Lyon cl à l'École industrielle de La Marliniérr. ün enseigne dans les livres de chimie que l’outremer artificiel a été découvert, en France, par J. -B. Guimet, de Lyon, et en Allemagne, par C. Gmelin, de Tubingue. Ce renseignement (1) n’est pas exact, car il semble indiquer une simultanéité qui n’eut pas lieu. J. -B. Guimet fit sa découverte en 182G et Gmelin ne fit la sienne qu’en 1828. Guimet ne réclama jamais au sujet de cette rédaction défectueuse ; vous verrez, par ce que je vais avoir l'honneur de vous exposer, que les publicistes allemands avaient profité du silence de Guimet, d’abord pour proclamer une coïncidence, et peu à peu pour contester complètement à Guimet son invention, et enfin par déclarer qu’il s’était simplement approprié les travaux de Gmelin. Déjà en 1855, lors de l’exposition universelle de Paris, le rapport du (1 } Bien que ce renseignement soit reproduit par un assez grand nombre d’auteurs, ceia ne prouve pas son exactitnde ; il a été donné par un premier auteur; les autres ont copié ce qui avait été imprimé. Nous pouvons voir dans ce travail un fait qui prouve qu’il en est souvent ainsi. SOC. LINN. T. XXV. 21 304 DÉCOUVERTE DE l’oUTREMER ARTIFICIEL jury., rédigé pourtant avec beaucoup de soins et une grande impartialité par M. Stas, laisse entrevoir que des influences germaniques ont circon¬ venu l'honorable rapporteur. « ... 11 faut bien le dire, les procédés employés en France ont été empruntés aux fabriques allemandes. » Or, Messieurs, le procédé de J. -B. Guimet consistait à produire l’outremer en une seule cuite, tandis que les premières fabriques établies en Allemagne ne pouvaient obtenir ce précieux colorant qu'en opérant deux cuites successives, produisant d’abord le vert qu’on faisait ensuite passer au bleu. Ce système demandait une double main-d’œuvre, ce n’est que depuis quelques années que les Allemands sont parvenus à n’opérer qu’une cuite, comme J. -B. Guimet le faisait depuis 1826. M. Stas a donc été mal renseigné. 11 commit une autre erreur au sujet de la résistance aux acides de l’outremer naturel. « On sait, dit-il, par le travail de Vauquelin, que l’outremer artificiel retiré par Tassaert des fours à soude de la fabrique de Saint-Gobain résistait à l’action du vinaigre distillé, absolument comme le fait la lazulite, propriété qui n’est offerte par aucun des outremers exposés. » Il peut se faire que du lapis lazuli mal broyé et encore entouré d’une gangue siliceuse résiste à l’action de l’acide acétique. Mais les récentes expériences faites à l’usine deFleurieux ont démontré que tous les outre¬ mers naturels broyés avec autant de soin que le sont les outremers artificiels, ne résistent pas aux acides faibles, et qu’au contraire certains outremers artificiels préparés spécialement pour les papeteries, résistent indéfiniment à l’alun et au sulfate acide d’alumine. Enfin M. Stras conclut ainsi : « ... Le Jury croit devoir, par un vote solennel, reconnaître le service éminent que la Société d’encouragement a rendu dans cette circonstance à l’industrie et aux beaux-arts de tous les pays. Il pense aussi que le même vote doit comprendre les noms de MM. Christian Gmelin, à Tubingue, et Guimet, à Lyon : M. Christian Gmelin, pour avoir découvert en Allemagne et fait connaître, dès 1828, un procédé de fabrication de l’outremer artificiel ; M. Guimet, pour avoir découvert, en France, à la même époque, et avoir fabriqué en grand l’outremer artificiel pur bleu. » On voit, dans ce rapport, que la tradition commence à se modifier et DÉCOUVERTE DE L’OUTREMER ARTIFICIEL 305 que Gmeliu est cité avant Guimet; de la. sorte, la priorité semble attribuée au chimiste allemand. J. -B. Guimet ne réclama pas ; mais, en 1850, ayant à donner des ren¬ seignements à MSI. Zuber et Cie sur l’historique des fabriques d’outremer, il rectifiait et prenait date. « Lyon, le 2b janvier 1 856. « Messieurs Zuber et Cie, à Rixheim, « Je vais essayer de répondre, autant qu’il dépend de moi, aux ques¬ tions que vous me faites par votre honorée du 17 courant. « C’est en 1827 que j’ai commencé à livrer de l’outremer artificiel aux artistes, mais mon établissement actuel formé à Fleurieux-sur-Saône, près Lyon, n’a été fondé qu'en 1831. « La première fabrique qui ait produit de l’outremer après la mienne est la manufacture royale de porcelaine de Meissen, près Dresde. Elle donnait déjà, en 1831, de très beaux produits; mais, à ma grande surprise, sa production n’a jamais pris un développement important. « L’établissement de M. Leverkus, à Wclmerskirchen, date de 1839; « Celui de Nuremberg, 184-0 ou 1841 ; « Celui de Courtial, 1843; « Celui de Dauptain, à Londres, 1845; « Celui de Zuber, à Rixheim, 1847. » Mais les Allemands ne perdirent pas courage, et, en 1865, M. Lich- tenberger publiait à Weimar un grand ouvrage sur la fabrication de l’outremer. Nous allons en donner quelques extraits en suivant le texte allemand presque mot à mot afin de conserver à ce travail sa saveur germanique : « Principalement et exclusivement ce sont des Allemands et des Français qui se sont occupés de la chose, et sans amoindrir les mérites de ceux-ci, il nous faut quand môme assurer à nos compatriotes la gloire de s’être mis à l’ouvrage d’une manière plus scientifiquement profonde et plus vaste et avoir recherché et employé des moyens plus variés. Pour ce qui est de l’époque à laquelle remonte le premier travail individuel, ce fut celui de Margraf, à Berlin, en 1758, qui publie le résultat de scs re¬ cherches sur l’outremer naturel dans l 'Histoire de l'Academie de Berlin (1758, p. 10.) « Ce fut Gmelin qui fil la découverte do la méthode de préparation 30fi DÉCOUVERTE DE L’OUTREMER ARTIFICIEL artificielle, à Tubingue, vers l'an’ 1827, et en vérité par voie purement théorique, en mélangeant et calcinant les parties composantes à l’état pur calculé d’après l’analyse (p. 11.) « . . . « Les travaux français sur la fabrication de l’outremer opposés aux allemands ont été moins profitables. Dumas mentionne cependant qu’en France la préparation de la couleur y avait réussi au commencement du xvii® siècle, pourtant il en doutait lui-même. La première recherche scientifique parut en 1806 par Clément Désormes (1); elle contenait en même temps une analyse de l’outremer naturel ; cependant il ne s’y ajoutait aucun essai d’imitation. Celle-ci ne fut mentionnée que lorsque Tassaert et Kuhlmann firent à plusieurs reprises la remarque que dans les fourneaux pour la préparation de la soude brute, il pouvait se former de l’outremer; la preuve que ce corps était le produit désiré fut indiquée par Vauquelin d’après l’analyse. « Puisque la possibilité d’une imitation était indiquée explicitement, la Société d'encouragement institua, en 1824, un prix de 6,000 fr. pour l’inventeur d’une méthode de préparation conforme au but. Ce fut Guimet, de Toulouse, qui, en 1828, gagna le prix proposé; son nom obtint une grande célébrité et sa fabrication fut la source d’une grande richesse ; seulement des relations des hommes de son temps, par exemple, de W Buchner, il résulte que la connaissance des travaux de Gmelin qui communiqua ses résultats lors de sa présence à Paris, furent la cause de la réputation de Guimet ; cependant sa méthode, quoique ses produits fussent très recherchés et employés de beaucoup de manières, était si coûteuse qu’on ne peut pas lui attribuer la valeur qu’elle obtint alors par la nouveauté et parce qu’elle devait être inventée en France. Buchner indique aussi que les couleurs mêmes de Guimet laissaient beaucoup à désirer et qu'une comparaison avec les premiers produits obtenus en Allemagne avec la soude, ne pouvait pas s’établir. Les relations ne sont pas certaines sur la continuation du système Guimet, parce que la Société (1) M. Désonnes et M. Clément ont publié en collaboration, divers travaux (Annotes de chimie, t. XVII, sur l'analyse du lapis lazuli, sur l'alun). Ces mémoires sont signés Désormes rt Clement. l'ius lard, quand M. Cl mc:nt était professeur au Conservatoire des Arts et Métiers, il travaillait seul, et il publia, en son nom, de nombreux mémoires qu'il signa ù'abord Clément, puis Clément-Désormes, ayant obtenu l'autorisation d’associer son nom à celui de son beau-père Les auteurs de physique et de chimie attribuent ces derniers mémoi- i.ioires à la collaboration, en écrivant MM. Clément et Désormes comme auteurs de ces L avaux. DECOUVERTE DE L OUTREMER ARTIFICIEL 307 d’encouragement de ce temps ne s’était pas assurée l’exacie description du système ; il fallut de nouveau instituer un prix dans le même sens en 1837 ; cependant il se peut que quelque notion de ce système se soit maintenue en France et répandue plus tard, car un fabricant belge soutenait il y a peu d’années que son système répondait à celui de Guimet (p. 17 et 18.) » Ainsi voilà qui est entendu. D’après Lichlenberger, Guimet n’a fait que profiter des travaux de Gmelin ; les produits de Guimet étaient bien inférieurs à ceux que les Allemands fabriquèrent ensuite ; et enfin le système Guimet a été abandonné, oublié, perdu à ce point qu’on fut obligé, en 1837, d’instituer un nouveau prix pour la découverte de l’outremer. Toutes ces assertions ont dû beaucoup étonner l’inventeur français qui, à cette époque, avait une usine des plus florissantes où il créait des pro¬ duits irréprochables et bien supérieurs à toutes les imitations. Mais l’auteur n’en a pas fini avec les révélations inexactes et malveil¬ lantes. Deux citations nouvelles empruntées à Lichtenberger et à Dippel montreront à nouveau comment on a modifié la vérité. « En général, comme on le sait bien, la fabrication en France est assez faible, et il n’y a que peu d’endroits qui fournissent quelques produits, et môme on connaît à peine leurs noms en Allemagne, même le dictionnaire technologique de Laboulaye, paru en 1857, ne contient au mot outremer qu'une description déjà décrite de Pruckner (avec une solution de sulfure de natrium); par contre aucune indication sur les méthodes française''. « La dernière relation et la plus complète sur la fabrication française se trouve dans le Bulletin de la Société d’encouragement, 1849, juillet, p. 925, et dans celui de 1849, septembre, p. 386, dans lesquels Bussy entretient la Société d’une fabrique d’outremer fondée par Zuber et C'° à Rixheim, Haut-Rhin (Alsace). « Celui ci remarque qu’il n’existait en France jusqu’à présent que deux fabriques d’outremer : celles de Guimet et de Courtial (sans indi¬ cation de lieux) et celle de Zuber et Cie, avec 30 ouvriers et 6 chevaux, avec un produit annuel de 600 quintaux, et qui avait pour but de pour¬ voir aux nécessités de leur fabrique de papiers peints . Dippel indique dans son ouvrage (et mentionne dans les indications 308 découverte de l'outremer artificiel littéraires au commencement et à la fin) que Guimet possédait une fabrique à Toulouse pour exercer son invention et de plus, mentionne Laboulaye, qu’il était associé avec Courlial à Grenelle. Avec sa mort et celle de Vauquelin, son seul collaborateur, le procédé doit être perdu en général; cependant les choses principales ont dit être maintenues, sans cela il ne resterait plus en France qu'une fabrique de cette nature. Com¬ ment cela s’enchaîne ne peut pas être indiqué exactement et on n’en peut donner aucun renseignement. » (p. 112 et 113.) On le voit, non seulement Guimet n’a rien inventé, mais on lui donne les collaborateurs les plus invraisemblables, comme Courtial qui était son concurrent à Paris, ou Vauquelin qui était mort et n’avait du reste jamais fait le moindre travail avec l’inventeur de l’ouiremer. On dit même qu’à cette époque Guimet avait cessé d’exister ainsi que son usine ; or c’était justement une des phases les plus florissantes de l’entreprise du savant français, qui n’est mort qu’en 1871 et n’a cessé de diriger et de faire progresser son usine de Fleurieux. Mais tous les publicistes allemands ne sont pas d’aussi mauvaise foi, et les vrais savants sont plus justes dans leurs appréciations; ainsi M. Ch. Furstenau, dans son mémoire sur la fabrication de l’outremer publié à Cobourg, en 1864, s’exprime ainsi: « ... Basée sur ces observations et le travail de Clément Désormes, la Société d’encouragement de Paris fonda un prix pour la production artificielle de l’outremer, qui fut gagné par M. Guimet, de Lyon, dont la fabrique est encore aujourd’hui la plus importante de France. « Peu de temps après, Gmelin fit publier son procédé pour produire l’outremer... » Il est vrai que le même auteur suppose que Guimet procédait, comme les Allemands, par deux opérations successives. La question en était là lorsqu’un journal scientifique allemand, le Chemiker Zeitung, publié à Cœlhen, donna, sous la signature du Dr E. Buchner, fils d'un des premiers fabricants d’outremer en Allemagne, un article dans lequel on aftirme de nouveau en termes peu ceurtois la priorité de la découverte de Gmelin sur celle de Guimet. Le n° est du 12 avril 1878. « . « Gmelin, à Tubingue, fut le premier qui s’occupa de la production de l’outremer par la voie artificielle, et ses efforts furent couronnés de succès; il réussit, en 1827, à produire l’outremer, quoique cependant DECOUVERTE DE I/OUTREMER ARTIFICIEL 309 d’une manière bien coûteuse et en quantités et de qualités bien faibles. « Les Français attribuent le droit de priorité de l’invention de la production artificielle de l’outremer à M. Guimet, de Toulouse, et la Société d’encouragement lui décerna, en 1828, le prix de 6,000 fr. qu’elle avait institué en 1824. Comme c’est un fait établi que Gmelin, en 1828, donna, pendant sa présence à Paris, communication de sa découverte aux chimistes de Paris, et que c’est seulement en 1828 qu’on accorda le prix à M. Guimet, il n’y a pas de doute que celui-ci ne se soit approprié la découverte de Gmelin. On peut attribuer sans réserve à Gmelin la découverte de l’outremer artificiel, et à Guimet le droit de priorité de la production par la fabrication. Guimet, en peu de temps, produisit de grandes quantités et acquit bientôt un nom et une fortune colossale. Celui-ci fut pendant longtemps le seul qui produisît l’outremer fabriqué, ce qui doit paraître le plus étonnant, puisque la découverte proprement dite venait d’un savant allemand célèbre. « On vit ici une fois de plus avec combien peu de zèle et de confiance en elle-même, l'industrie des Allemands avançait autrefois et comment leurs propres inventions furent pillées parles autres nations. Aujourd’hui encore on pourrait trouver des exemples semblables, et surtout dans le domaine thimique. » M. Emile Guimet, qui dirige actuellement à Fleurieux l’usine fondée par son père, ayant eu connaissance de cet article, répondit, le l01' juin, au Dr G. Krause, directeur du Chemiker Zeitung, mais cette lettre de rectification ne fut pas publiée dans ce journal. Nous la donnons ici : « Dans un article de M. Buchner, publié dans le 15e numéro de votre journal (12 avril 1878), il se trouve une assertion qui ne repose que sur une inexactitude. « D’après l’auteur, ce serait à la suite de communications faites en 1827 aux chimistes de Paris par Gmelin. que J. -B. Guimet s e serait approprié sa découverte de l’outremer artificiel, et M. Biichner ajoute qu’il est impossible d’en douter. — Or, en juillet 1826, J. -B. Guimet avait déjà découvert l’outremer artificiel, et ses essais de fabrication avaient été poussés si loin que, pour les continuer, il était obligé, le 28 octobre 1826, de se faire envoyer 600 kilos de sels de soude, par Bérard Bar¬ thélemy, de Marseille. « L’argument tiré du séjour de Gmelin à Paris ne peut donc plus être 310 DÉCOUVERTE DE LOUTREHBR ARTIFICIEL invoqué comme une preuve de la priorité qu’on veut lui attribuer dans celte découverte. « Ce qui a pu causer cette confusion, c’est que J. -B. Guimet n’a publié sa découverte qu’en 1828 ; il avait passé plus de deux ans à per¬ fectionner ses procédés, ne voulant divulguer son secret que lorsqu’il pourrait présenter des produits fabriqués industriellement et non de simples observations de laboratoire. « Dans l’espoir que vous voudrez bien insérer cette rectification, « Agréez, Monsieur, mes salutations les plus distinguées. Signé : E. Guimet. » Cette lettre resta sans réponse. M. Émile Guimet, qui conserve religieusement tous les cahiers d’expé¬ riences de J. -B. Guimet, a fait autographier les pages 24 et 25 du cahier de 1826. La première expérience qui a donné de l’outremer se trouve en tête de la page 24 sous la rubrique expériences des mois de juillet et août; l’année n’est pas indiquée; mais la page 25 donne des expériences du 18 octobre 1826. C’est dans le courant de [juillet 1826 que l’outremer artificiel a été découvert par J. -B. Guimet. Nous donnons l’autographie de ces deux pages en y ajoutant la repro¬ duction du bas de la page 39, où se trouve un brouillon de lettre demandant à M. Bérard, à Marseille, 600 kilos de sels de soude, 500 kilos de sulfate et 100 kilos de carbonate. Ce projet de lettre n’est pas daté, mais avant on trouve des expériences du 28 octobre et, après des expériences du 20 du même mois. C’est donc au mois d’octobre 1826 que J. B. Guimet est entré dans la période de fabrication industrielle de l'outremer. (Voir le fac-similé du cahier d’expériences et de la lettre à M. Bérard.) Pour compléter les renseignements nécessaires sur cette intéressante question, nous donnons à titre de documents : 1° L’annonce faite, le 4 février 1828, à l’Académie des sciences, par Gay-Lussac, de la découverte industrielle de J. -B. Guimet ; 2° Une lettre de Gmelin qui réclame en termes des plus teutoniques la priorité de cette découverte, accusant Gay-Lussac d’avoir abusé de sa confiance ; 3® La réponse de Gay-Lussac ; 4° Une lettre adressée par J. -B. Guimet à Gay-Lussac ; DECOUVERTE DE LOUTREMER ARTIFICIEL 311 5° Le rapport fait à la Société d'encouragement par Mérimée sur le prix de 6,000 fr. donné à J. -B. Guimet pour la découverte de l’outremer artificiel. Académie des Sciences. — Séance du 4 février 1828. M. Gay-Lussac annonce que M. Guimet, commissaire adjoint des poudres et salpêtres, est parvenu à faire l’outremer de toutes pièces, en réunissant les principes que MM. Clément et Désormes avaient trouvés par l’analyse dans le lapis naturel. Ce nouveau produit est plus riche en couleurs et plus éclatant que le le lapis naturel. Extrait d’une note de M. Gmelin, de Tubingue , du 22 mars 1828, sur la préparation de l'outremer artificiel (Hesperus, n° 76). « Plusieurs circonstances m’avaient convaincu depuis longtemps que le principe colorant de l’outremer est le soufre. La formation de cette couleur, remarquée par M. Tassaert {Annales de chimie, 89, p. 88) dans un fourneau qui servait à la fabrication de la soude et dont le sol était en grès, prouva évidemment la possibilité de la faire artificiellement. Cette couleur possédait en effet tous les caractères du véritable outremer, par¬ ticulièrement celle d’être détruite par les acides puissants avec un déga gement d’hydrogène sulfuré. Je désirais, avant tout, d'apprendre par l’analyse comparative et exacte de différentes sortes d’outremer, quel'e proportion de ses éléments serait la plus favorable à la production d’une belle nuance. A cette fin je me suis procuré, il y a dix-huit mois, du lapis lazuli de Saint-Pétersbourg et de l’outremer de Paris (à la Palette de Rubens, Saint Martin, rue de Seine, n° 6) par l’intermédiaire de M. le capitaine de Baer et de M. le professeur Hofalker, et j’ai soumis le der¬ nier à une analyse rigoureuse. « Cependant le célèbre peintre, M. Seybold, à Stuttgard, m'ayant assuré que l’outremer que j’avais acheté à Paris n’était pas de la meilleure qua¬ lité, je me suis adressé ù M. le professeur Carpi, à Rome, pour m’en procurer de toutes sortes et des quantités suffisantes pour l’analyse de cette couleur. « En passant, au printemps 1827, quelques semainesà Paris, je commis l'indiscrétion de faire part à quelques chimistes et notamment à M. Gay- 312 DÉCOUVERTE DE L OUTREMER ARTIFICIEL Lussac de la convictien où j'étais de la possibilité de faire l’outremer arti¬ ficiellement, et d'être occupé de ce problème ; c'est donc peut-être ma faute qu’un autre m’ait prévenu dans cette découverte ; car chacun a incontestablement le droit de faire des recherches sur des objets dont d'autres s’occupent. a Je ne rapporte aussi ces circonstances que pour détourner de moi le soupçon de n’avoir commencé mes expériences qu’après avoir appris le résultat heureux d’un autre travail. Bien des personnes, et il. Gay-Lussac lui même, me témoigneront sans doute avec plaisir que je lui en ai parlé, et qu’il ne m'a pas dit alors que quelqu'un était occupé, à Paris, à des recherches semblables. « Après avoir appris, par le Schwabischer Mercur, du 28 février, que M. Gay-Lussac avait annoncé à l’Académie de Paris, le 4 de ce mois, la découverte de la fabrication de l’outremer faite par M. Guimet, mais que ce dernier veut encore quelque temps tenir secret son procédé, j’ai été engagé d’autant plus à publier toutes les circonstances nécessaires pour le bon succès de la fabrication de cette couleur si importante pour la pein¬ ture. qu’on pourrait facilement être induit en erreur par l’opinion que l'analyse de l’outremer faite par MM. Clément et Désormes a été prise pour base. » Ici M. Gmelin décrit son procédé et termine ainsi : En cas que toutes les parties de l’outremer ne soient pas colorées égale¬ ment, on peut séparer les parties les plus belles . après les avoir réduites en poudre très fine par le lavage avec de l’eau. Observations de M. Gay-Lussac « C’est M. Liebig qui m’a adressé, toute traduite, la note qu’on vient de lire. Quoique M. Gmelin y emploie le mot indiscrétion, je n’ai pas besoin de chercher à me justifier. Je déclare même, suivant son désir, qu’il m’a dit, l’année dernière, pendant son séjour à Taris, qu’il croyait à la possi- lilité de faire de l’outremer ; et si je ne lui ai pas dit à cette occasion que quelqu’un s’en occupait à Paris, c’est par une bonne raison, c’est que je n’en savais rien. Je n’ai connu les recherches de M. Guimet, qui ont été faites à Toulouse, à 200 lieues de Paris, que par la communication d’un échantillon d’outremer qu’il m’a faite, euviron six semaines avant l’annonce à l’Institut de sa belle découverte. Quant à la priorité de l’idée qu’il étai possible de faire de l’outremer, je ne crois pas que personne puisse sé- DECOUVERTE DE LOUTREMER ARTIFICIEL 313 rieusement se l’approprier, surtout depuis le fait observé par M. Tassaert; mais si enfin une discussion s’élevait à cet égard; la priorité serait certai¬ nement acquise à la Société d’encouragement de Paris, qui a proposé, il y a quatre ans, un prix de 0,000 fr. pour la fabrication de l’outremer. Certes, celte proposition est une preuve bien matérielle de la conviction où était cette illustre Société que l’outremer pouvait être fabriqué de toutes pièces. Je ne m’étendrai pas davantage sur cet objet ; mais comme la découverte de la fabrication de l’outremer est trop importante pour ne pas intéresser nos lecteurs, je me permettrai de faire connaître quelques passages d’une lettre que je viens de recevoir de SI. Guimet auquel j’avais donné communication de la note de Gmelin. » Lettre de M. J .-B. Guimet « L’indiscrétion dont M. Gmelin se plaint, ne lui a certainement fait aucun tort, puisqu’au printemps de 1827, j'étais à Toulouse et qu’il y avait déjà près d’un an que j’étais parvenu à former de l'outremer de toutes pièces (1). Il m’a fallu ensuite de très longues recherches pour rendre mon procédé économique et applicable aux arts ; néanmoins, dès le mois de juillet 1827, mon bleu était déjà employé par plusieurs pein¬ tres distingués, notamment par M. Ingres, qui s’en est servi, pour la peinture d’un des plus beaux plafonds du musée Charles X. Je puis même ajouter que M. Ingres, qui est un excellent juge en cette matière, m’a répété plusieurs fois que mon outremer ne laissait rien à désirer, et qu’il le préférait à tous ceux du commerce. « M. Gmelin, en assurant que le soufre est le principe colorant de l’outremer, ajoute que l'analyse de MM. Clément et Désormes peut induire en erreur ; cependant ces messieurs ont trouvé du soufre dans toutes les compositions d’outremer et ils en évaluent la quantité à 3 sur 92. « La publication du procédé de M. Gmelin tournera certainement à l’avantage de la science ; mais je doute qu’on puisse obtenir par ce moyen de l'outremer à un prix raisonnable ; c’est ce que la suite prouvera. De mon côté, j’ai la satisfaction de perfectionner tous les jours mon procédé, et j’obtiens avec moins de frais des qualités d’outremer de plus (1) La Société d’encouragement avait publié son programme pour la fabrication de l'ou¬ tremer factice depuis quatre ans. 314 DECOUVERTE DE L OÜTREMEH \RTIFICIEL en plus belles. En outre, je suis en mesure de fournir à tous les besoins des arts; ayant fait construire des appareils convenables, et étant secondé par mon jeune beau-frère, qui a été votre élève à l’École polytechnique (1). » Rapport sur le prix proposé pour la fabrication (l'un outremer artificiel, par M. Mérimée « Messieurs, en 1824, vous proposâtes un prix de 6,000 fr. pour la fabrication d’un outremer artificiel réunissant toutes les qualités de celui qu’on retire du lapis lazuli. Ce problème, auquel vous attachiez une haute importance, est complètement résolu, et quatre années ont suffi pour procurer aux arts cet heureux résultat. « La plupart des découvertes sont faites lorsqu’on s’v attend le moins; celle-ci ne doit rien au hasard; provoquée par vous, elle était attendue comme le produit naturel de nos connaissances. « Si votre confiance eût été moins fondée, elle eût pu être ébranlée par les essais qui vous furent adressés les années précédentes. Aucun des concurrents r.e paraissait avoir compris votre programme. Cette année, M. Guimet, ancien élève de l’École polytechnique et maintenant commis¬ saire des poudres, est le seul qui se soit présenté. Son goût naturel pour les aris et son union avec une femme qui possède à un haut degré le talent de la peinture, ont probablement fixé son attention sur votre programme, et ses connaissances en chimie ont fait trouver la route qui l’a conduit au but de ses recherches. « Dès l’année dernière, il avait obtenu desrésultatsauxquels vous auriez sans doute applaudi ; mais il jugea que sa tâche n’était pas remplie tant qu’il pourrait espérer de nouveaux perfectionnements. « A cette époque, plusieurs artistes firent l’essai de son outremer et le trouvèrent égal à celui qu’ils tiraient d’Italie. On peut en voir un essai très en grand dans le plafond représentant l’apothéose d'Homère, peint par M. Ingres, dans une des salles du musée Charles X. La draperie d’une des principales figures est peinte avec l’outremer artificiel, et dans aucun autre tableau on ne voit de bleu plus éclatant. « De son côté, votre comité des arts chimiques n’a pas négligé les (1) M. Guimet avait établi un dépôt de son outremer chez MM. Tardy et Blanohet, rue du Cimetière-Saint-Nicolas, n° 7, à Paris. DÉCOUVERTE DE l'oUTREMERl ARTIFICIEL 3 1 5 expériences par lesquelles il pouvait constater l’identité de qualités de la nouvelle couleur avec celle extraite de la lazulite. 11 a vérifié que cette couleur n’est point décomposée par une chaleur rouge, qu’elle n’est point altérée par les alcalis caustiques, et qu’elle est entièrement détruite par les acides concentrés et convertie en gelée : c’est à ces caractères qu’on reconnaît la pureté de l’outremer. « La plupart des artistes n'ayant aucune idée de la puissance créatrice do la chimie, quelques-uns refuseront peut-être leur confiance au nouvel outremer; mais alors ils seront fort embarrassés pour le distinguer de celui du lapis ; car l’analyse chimique n’y fait découvrir aucune diffé¬ rence. (( Au demeurant, cette défiance, qui ne sera jamais partagée par le p!u> grand nombre, s’affaiblira de jour en jour. « 11 est des époques où certaines découvertes sont en quelque sorte mûres, et par cette raison ont lieu à la fois dans plusieurs endroits : c lie circonstance s’est reproduite à l’égard de l’outremer artificiel. Dans 1; même temps que M. Guimet en faisait la découverte, un professeur de chimie de Tubingue, M. Gmelin trouvait un procédé pour faire cette belle couleur. « L’annonce du succès obtenu par le chimiste français, ayant été faite à l'Institut, au mois de février dernier, parvint bientôt en Allemagne. M. Gmelin, désappointé par un événement qui lui enlevait une priorité d'invention sur laquelle il comptait, crut pouvoir la ressaisir en publiant son procédé et en insinuant que la découverte dont la France se glori¬ fiait pouvait avoir été amenée par l’indiscrétion qu’il avait commise en annonçant à Paris, l’année précédente, qu’il était convaincu de la possi¬ bilité de faire de l’outremer de toutes pièces. « 11 est étonnant que M. Gmelin se soit persuadé qu’aucun de nos chimistes ne pouvait avoir eu la même conviction. 11 déclare cependant que la sienne était principalement fondée sur la formation d’une belle couleur bleue obtenue dans l'àtre d'un four où l’on fabriquait de la soude. M. Vauquelin, qui en fit l’analyse, jugea qu’elle ne différait en rien de l’outremer. Le mémoire que notre savant chimiste publia est terminé par cette phrase remarquable : « On doit espérer de pouvoir imiter la nature dans la production de cette précieuse couleur. » 11 n’est pas moins étonnant que M. Gmelin n’ait pas eu connaissance de votre programme, publié il y a quatre ans ; les journaux scientifiques d’Alle¬ magne ont dû en faire mention. 3)6 DÉCOUVERTE DE L'OUTREMER ARTIFICIEL « Quoi qu'il en soit, nous ne contestons pas à M. Graelin sa découverte ; nous désirons même qu’il perfectionne son procédé au point d’en retirer d’aussi beaux produits que ceux de notre compatriote. Nous nous flattons que de son côté il désavouera les insinuations peu obligeantes auxquelles il s’est laissé aller (1). « Deux conditions étaient imposées par votre programme : « Pour la première (celle-là est l’essentielle), vous avez exigé que l’ou¬ tremer artificiel fût, en tous points, semblable à celui du commerce. Dans l’opinion du comité, cette condition est pleinement remplie. « La seconde porte que la couleur doit être préparée par un procédé assez économique pour qu’on puisse la livrer au commerce au prix de 300 fr. le kilog. « Votre comité, Messieurs, n’a pas cru que cette condition dût être prise à la lettre; il a admis les motifs allégués par M. Guimet pour se justifier d’avoir porté le prix de sa couleur au double de celui que vous aviez fixé. Il est constant que son outremer a plus que le double de l’intensité de celui qui est le plus généralement employé dans le com¬ merce, et qu’il en faut la moitié moins pour obtenir avec le blanc les mêmes teintes; ainsi la condition est suffisamment remplie. Il est impossible que la pratique n’apporte pas dans la préparation de cette couleur des perfectionnements qui permettront d’en baisser le prix et par ce moyen et par l’effet de la concurrence (car le procédé de M. Guimet sera trouvé), votre but d’économie sera prochainement atteint. « Il restait encore à vérifier si l’outremer présenté au concours et répandu déjà en grande quantité dans le commerce, est fabriqué de toutes pièces. Aucun des membres de votre comité n’a eu là-dessus le moindre doute; mais dans la circonstance dont il s’agit, lorsqu’il était chargé de constater les droits à votre récompense, il a pensé qu’il ne devait pas se contenter d’une épreuve morale. « En conséquence, il a demandé à M. Guimet de confier (mais sous le sceau du secret) son procédé à quelqu’un de son choix qui eût votre confiance et la sienne et pût vous attester qu’il est persuadé que les bleus présentés et ceux que, depuis plusieurs mois M. Guimet a versés dans le commerce, sont préparés artificiellement. « M. Guimet y a consenti : M. Vauquelin a reçu confidentiellement (1) Nous apprenons qu’il les a désavouées (Note de Mérimée). DÉCOUVERTE DE LOUTREMER ARTIFICIEL 3 1 T communication du procédé, et il vous atteste qu’il est intimement con¬ vaincu que cet outremer est fait de toutes pièces. « Cette découverte, Messieurs, fera époque dans l’iiistoire de la pein¬ ture ; elle est une de celles dont les arts chimiques peuvent se glorifier à plus juste titre. Telle est l’opinion de votre comité ; il estime que le prix est bien mérité. « En conséquence, j’ai l’honneur de vous proposer, en son nom, de décerner ce prix à M. Guimet. Adopté en séance générale le 3 décembre 1828. Signé : « Mérimée, rapporteur. » TOUR COPIE CONFORME : L'agent général de la Société. Signé : Castognal. De tous ces documents authentiques découlent les conclusions sui¬ vantes : 1° En 1824, la Société reconnaît la possibilité de faire l’outremer de toutes pièces et elle propose un prix de 6,000 fr. pour la découverte de l’outremer artificiel ; 2" En 1826, J. -B. Guimet obtient au mois de juillet l’outremer arti¬ ficiel ; 3° La même année, au mois d’octobre, J. -B. Guimet produit indus¬ triellement l’outremer qu’il livrait aux artistes dès cette époque ; 4° En 1827, Gmelin reconnaît la possibilité de faire l’outremer de toutes pièces — ce qui avait déjà été reconnu trois ans avant par la Société d’encouragement ; 5° En 1828, Gmelin obtient de l’outremer artificiel, — ce qui avait été obtenu deux ans avant par J. -B. Guimet. 0° Cet outremer de Gmelin était un produit de laboratoire mélangé de matières grises et obtenu au moyen de nombreuses opérations coû¬ teuses et délicates ; 7° Au mois de décembre 1828, la Société d’encouragement décerne à J. -B. Guimet le prix proposé ; 8° En 1831, J. -B. Guimet établit son usine à Flcurieux-sur-Saône. Vous savez tous, Messieurs, que cette usine, qui a été toujours en 318 DÉCOUVERTE DE L’OUTREMER ARTIFICIEL s’augmentant, n’a jamais cessé de livrer des outremers au commerce depuis celte époque (1). Je termine cet exposé consciencieux et sincère qui établit les droits incontestables de J. -B. Guimet et qui réduit à néant les allégations injurieuses pour la mémoire de ce savant, qui ont été émises, en le résumant ainsi : J. -B. Guimet a, le premier, obtenu en 1826, et préparé industriellement, dès 1827, l’outremer artificiel. Gmelin, de Tubingue, savant connu par de beaux et nombreux travaux, n’a obtenu qu’en 1828 l'outremer artificiel. Messieurs, en demandant une enquête sérieuse, vous connaissiez la vérité depuis longtemps, mais, pour la proclamer, vous vouliez montrer les pièces du procès, aussi vous ordonnerez 1 impression de ce travail dans vos Annales, afin de rendre justice à l’un des nôtres. Soyez con¬ vaincus, Messieurs, que le monde savant applaudira à cette détermina¬ tion et, de plus, qu’il sera très reconnaissant envers l’Académie de Lyon pour avoir pris cette initiative qui, il faut l’espérer, aura des imitateurs. (1) Il serait bon que les Français, de leur côté, soient un peu plus soucieux de l'honneur de leurs hommes célèbres et plus au courant de leurs propres gloires. Ainsi, tout dernièrement, un journal artistique de Paris publiait un long travail sur 1 ou¬ tremer. L’auteur de l’article se demandait, avec étonnement, comment il se faisait que cette précieuse couleur, si rare et si chère autrefois, était tout d’un coup devenue si commune et d’un prix si bas. Après avoir étudié la question sous toutes ses faces, il finissait par découvrir une lettre écrite par Mérimée à M. Giraud, marchand de couleurs. Un prétendu chimiste avait décou¬ vert, en Russie, des montagnes de lapis-lazuli, et demandait à M. Giraud de lui avancer quelques milliers de francs sur ces montagnes d’outremer. Mérimée, consulté, écrivait à M. Giraud que, dans son opinion, le chimiste en question était un charlatan; et l'auteur enthousiasmé conclut ainsi: « Laissons de côté la question commerciale. Un point surtout nous intéresse dans la lettre du secrétaire de l’École des beaux-arts. Elle nous apprend, en elfet, comment l’outremer, si rare au xvn” et au xvm' siècle et qu’on était obligé de demander et de faire venir par voie diplomatique, est devenu de nos jours d’un usage aussi commun, grâce aux mines de lapis, lazuli découvertes en liussie.» Convenons que l'auteur aurait grand besoin d’ouvrir un livre de chimie à l’article Outre¬ mer, afin de ne. pas rejoindre involontairement aux Allemands qui contestent à J.-B. Guimet sa précieuse découverte. DESCRIPTION D’UNE ESPÈCE NOUVELLE D’HÉMIPTÈRE-HOMOPTÈRE DE LA TRIBU DES DELPHACIDES I» A B E. MULSANT ET REY Présentée à la Sociélé Linnëenne de Lyon, le M octobre 1877. - - - Araeeiius Lethlerryi. Mclsant el Rey. Elongatus, laleribus postice compressus, pallide flavus. oculis brnnnco- maculosis,clavæ elytrorumque nervis fusco-granulatls. Vertice biimpresso unicarinato. Fronte fortiter inflexa, i-carinata. Prothorace brevissimo, medio distinctius, ulrinque obsoletius oblique , carinalo. Scutellc magno 3-carinato. Femoribus tibiisque longitudimliter fusco-lineatis. cr* Nous est inconnu. 9 Ventre entaillé presque jusqu’à sa base. Long., (K0023 (1 1.) ; — larg., 0m;0012 (1/2 I.). Corps allongé, comprimé postérieurement sur les côtés, d’un blond pâle. Tête entièrement blonde. Vertex horizontal, transverse, creusé de 2 larges impressions séparées par une tine carène longitudinale. Front for¬ tement infléchi en dessous; presque en forme de losange largement sub- échancré supérieurement et inférieurement ; plan mais parcouru par 4 Aie s 22 320 ESPÈCE NOUVELLE D HËMIPTERE IlOMOPTÈRE carènes longitudinales : les intermédiaires subparallèles, les externes bri¬ sées et formant un angle au bord antéro-interne des yeux. Joues oblon- gues, graduellement rétrécies inférieurement, rebordées en dehors, parfois notées d’un petit point obscur vers l’angle antéro-interne des yeux. Epi- stome subconvexe, 3-caréné, à carènes externes plus aflaiblies. Labre relevé en dos d’âne ou carène obsolète. Bec assez épais, prolongé jusqu’aux hanches intermédiaires, linéé de brun, noir au bout. Yeux grands, transverses, fortement entaillés pour l’insertion des an¬ tennes, brunâtres avec les bords et quelques veines obsolètes, pâles. Antennes courtes, comprimées, très-élargies, brièvement sétigères sur¬ tout sur leurs tranches; blondes; à 1er article grand, obtriangulaire, et sillonné en arrière avec les sillons à fond un peu rembruni : le 2e très- grand, irrégulièrement ovale, scabreux vers le bout et sur sa tranche postérieure: le 3e presque imperceptible, portant une longue soie déjetée en dehors et souvent caduque. Prothorax très-court, blond, mat, déprimé, arqué en avant, échancré en arrière, brusquement et sinueusemenl coudé et rétréci sur les côtés ; offrant sur le dos 3 carènes, la médiane longitudinale, les autres obliques, à peine arquées en dedans, moins prononcées ; obsolètement fovéolé de chaque côté de la carène médiane ; subimpressionné entre les latérales et les yeux ; plus fortement impressionné sur les côtés au devant du sinus. Ecusson grand, d’un blond pâle et mat; subsinueusement rétréci en arrière en angle émoussé au sommet; subimpressionné sur les côtés ; plan et 3-caréné sur le dos, avec la carène médiane longitudinale et les externes à peine obliques, subdivergentes postérieurement. Cories prolongées jusqu’aux deux tiers des élytres, d’un blond pâle et peu brillant ; parcourues chacune par 2 nervures obliques, réunies après le milieu en 1 seule : toutes ces nervures brièvement sétuleuses et obso¬ lètement ponctuées de brun. Élytres allongées, comprimées sur les côtés, surtout en arrière ; très pâles ou d’un blanc de lait translucide, à nervures blondes garnies de petits points subgranulés, obscurs et brièvement pilifères, à poils semi- couchés. Dessous du corps blond, avec le ventre plus pâle, celui-ci offrant sur les côtés des points pileux obscurs peu serrés, et parfois une fossette à fond nébuleux. Pieds allongés, assez grêles, finement ciliés sur les arêtes; pâles, avec au moins 4 lignes longitudinales obscures sur les cuisses, et 2 sur les DK LV TRIBU DES DELP1UCJDES 321 tibias : les ongles de tous les tarses, le bout des éperons des tibias posté¬ rieurs et des épines des tarses postérieurs, noirs ou noirâtres. Patrie. Nous avons capturé cette espèce, en janvier, dans les environs de Fréjus, pami les touffes serrées de carex ou de graminées. Elle fait des sauts d’un mètre environ. Elle est, par là, très difficile à saisir. Nous nous faisons un plaisir de la dédier à M. Lucien Lethierry, de Saint-Maurice-lès-Lille (Nord), un des naturalistes français qui connais¬ sent le mieux les Hémiptères. Obs. A l’occasion de la présente description, nous allons essayer de faire ressortir les différences des 3 espèces connues du genre Araeopus, pinola. dans le tableau suivant : a. Front 3-caréné. Élytres ù nervures non granulées, ni ponctuées de brun. b. Corps large Élytres feuvcs, concolores . cracsicornis. bb. Corps allongé. Élytres paies, à grande tache posticale rembrunie, pulciieuxs. a. Front 4-carén è.Etytres à nervures granulées-ponctuées de brun, d'un blanc de lait dans les intervalles. Corps allongé. , . . Letuierryi. ' DESCRIPTION D* r NE ESPÈCE NOUVELLE D’ H É M I P T ÈRE- H É T È R O P T È R E r a t\ E MULSANT ET C. REY rrfsr nl« - iBontefoiius iisirificus. Mulsant et Rev. Breviler ovalis, nitidus, parce pubescens, supra subdepressus. furtitei parum dense punctatus, albidus, cum fasciis transversis tribus nigris, sinuatis, plus minusve interruptis : prima in pronoto antico, secunda simul in scutelli hemelytrorumquc basi, tertia horum pone mediam par - lem. Ocellis epistomateque infuscatis. Rostro, anteimis pedibusque nigro albidoque variegatis. Pectore ventreque nigris, hoc laleribus albido-macu- lato. o*. Nous est inconnu. 9 . Le 7e arceau ventral sinué sur les côtés de son bord apical, profon¬ dément fendu dans son milieu. Le Ge obliquement coupé sur les côtés de son bord postérieur, assez profondément incisé dans son milieu. Les précédents angulairement et graduellement moins profondément échan- crés. Long., 0,n,0055 (1 1/7 1.) ; — larg., (KOOIG (3/4 1.). Corps courtement ovalaire, brillant, subdéprimé, fortement et peu de n- sement ponctué, blanchâtre, avec de grandes taches ou bandes transver - sales noires ; revêtu d’une fine pubescence pâle, peu serrée. 22 324 DESCRIPTION D’UNE ESPECE NOUVELLE Télc transverse, moins large que la moitié de la base du prothorax, d’un banc livide et brillant, avec les ocelles et l’épistome noirs ou rem¬ brunis. Vertex étroit, presque lisse. Front vertical, rétréci supérieur ment, presque plan ; assez fortement et modérément ponctué, à points souvent obscurs, dont parfois 2 un peu plus forts entre les yeux, et 2 au-dessus de l’épistome. Ocelles très saillants. Joves plus lisses, pâles, avec une bande longitudinale noire plus ponctuée au-devant des yeux. Rostre noir, avec les articulations pâles, celle du dernier article plus largement. Yeux très grands, noirs. Antennes grêles, un peu plus longues que la tête et le prothorax, légè¬ rement ciliées, noirâtres, avec le sommet des 1er et 2e articles blanc, la base de celui-ci et l’extrémité du dernier souvent livides; le pénultième très grêle : le dernier un peu moins, en fuseau allongé. Prothorax très court, un peu moins large que les élvtres, largement échancré au sommet, avec les angles antérieurs subintléchis, obtus et arrondis; nettement bisinuéà la base, à lobe médian subangulé, les laté¬ raux assez largement tronqués cl les angles postérieurs obtus ; plus ou moins fortement arqué sur les côtés; longitudinalement subconvexe sur le dos et puis légèrement dé live de chaque côté ; déprimé ou subim- pressionné vers ses marges latérales qui sont un peu relevées en gouttière ; finement et épârsement pubescent; fortement et peu densement ponctué, avec la ponctuation, vue de côté, formant, surtout en arrière, comme des rides ou ondulations transversales ; d’un blanc livide et brillant, avec une bande transversale noire ou noirâtre, occupant la moitié antérieure, laissant pâles les gouttières latérales, plus ou moins fortement trisinnée en arrière, plus ou moins nébuleuse ou interrompue de chaque côté du milieu du dos, avec le sinus médian bien plus étroit, à lobes latéraux prolongés parfois jusqu’à la base de manière à enclore comme une tache blanche triangulaire, bien tranchée, située au-devant du milieu de l’écusson. Écusson grand, prolongé en pointe très aiguë jusqu’au milieu des hémiélylres et membranes réunies; pius ou moins enfoncé ou impres¬ sionné sur le milieu de sa base; surmonté de chaque côté, sur celle-ci, d’une arête oblique saillante; subconvexe sur le reste de sa longueur; finement et épârsement pubescent ; fortement et assez densement ponc¬ tué, plus épârsement vers son extrémité, avec la ponctuation transversa¬ lement ruguleuse dans les deux tiers antérieurs; d’un noir brillant, à pointe largement blanche. Hémiélylres environ 4 fois aussi longues que le prothorax jusqu'au D HKM1PTKE IIÉTëROPT ÈRE 3*25 sommet de l’appendice ; plus ou moins arquées sur les côtés, largement rebordées en gouttière sur ceux-ci jusques après leur milieu; subdépri- mé( s, avec l’endocorie un peu déclive; finement et éparsement pubes- centes; fortement et peu densement ponctuées, avec le fond des points souvent obseur ; d'un blanc brillant, avec une bande basilaire noire ou noirâtre assez large, plus ou moins sinueuse en arrière, à peine pronon¬ cée sur l’exocorie ; parées après leur milieu, au-devant de l’appendice, d’une autre bande transversale noire, plus ou moins sinueuse, n’embras¬ sant pas l’endocorie, souvent interrompue en're la mésocorie et l’exoco- rie, parfois nulle sur celle-ci et alors formant une grande tache irrégu¬ lière sur la mésocorie. Appendice déclive, à pointe parfois rembrunie. Membrane légèrement enfumée, finement réticulée, à cellule basilaire bien accusée, avec sa nervure noire. Dessous du corps d’un noir brillant, avec les côtés du ventre maculés de blanc, etl’antépectus pâle, le repli prothoracique fortement excavé, à fond de l'excavation noir et subrugueux. Repli des hémiélytres blanch⬠tre, obsolètement ponctué. Métasternum légèrement chagriné sur les cô¬ tés. Ventre presque lisse, légèrement pubescent latéralement. Pieds à peine pubescents, d'un blanc sale ain-i que les hanches, avec les cuisses parées d’une grande tache noire, non étendue jusqu’au genou, le milieu des tibias plus ou moins rembruni. Ceux ci finement ciliés. Patrie. Nous avons capturé celte admirable espèce, fin juillet et août, en ballant les mères branches des vieux poiriers à grand vent, à Saint- Genis-Laval, près Lyon. Obs. Elle est un peu moindre et plus déprimée que Vinlrusus, plus bril¬ lant-1, moins obscure, à taches pâles plus grandes, plus blanches et plus tranchées, à ponctuation un peu plus forte et surtout moins serrée, etc. Les bandes transversales noires varient un peu. Elles sont plus ou moins interrompues ou réduites à des taches. Sa larve présumée, comme celle de Vintrusus, a le devant du front relevé en forme de chaperon semi-circulaire. E le est plus nettement variée de noir et de fauve pâle. . . . . . * ' TABLE DES MATIÈRES Iconographie et description de Chenilles et Lépidoptères inédits, par P. Millière . I Liste des oiseaux récoltés au Guatémaia en 1877, par Adolphe Boucaud . 15 Notice sur Amédée Monlerrad, par E. Mulsant . 59 Notice sur Jean-Georges Hoffet, par E. Mulsant . 69 Notice sur Jean-André Maluiazet, par E. Mulsant . 75 Notice sur Édouard Perris, par E. Mulsant . 85 Notice sur Édouard Verreaux, par E. Mulsant . 111 L'Estérel, par Paul Eymard . 119 Histoire naturelle des Punaises de France. — Sixième tribu. — Les Lxjgéides, par E. Mulsant et C. Rey . 131 Tribu des Brévipennes. — Septième famille. — Phléochariens, par E. Mulsant et C. Rey . 191 Notice sur Benoit-Philibert Perroud, par E. Mulsant . 27' Notice J. -B. Guimet, par E. Mulsant . 285 Notice historique sur la découverte de l’oulre-mer artiticiel, par M. Loir . 303 Description d’une espèce nouvelle d'Hémiptère homoptère, de la tribu des Delphacides, par E. Mulsant et C. Rey . . . 319 Description d’une espèce nouvelle d’Hémiptère hétéroptère, par E. Mulsant et C. Rey . . . 323 LYON. — 1 M 1' IM TR AT A I X K, RUKdKNTIL. 4 J t 3 N . * — IMPRIMERIE P I T R A T À I N É , R U E GENTIL, 1.