-i ‘ A.A '^ÉtA> âü^lLES DE LA SOCIÉTÉ LIH^ÉEKIVË IDlIü I,‘2‘(DM - ■ nliatB - - (nouvelle série) < TOME QUARANTIÈME. LYON H, GEORG, LIBRAIRE-ÉDITEUR 36, PASSAGE DE l’hOTEL-DIEU MÊME MAISON A GENÈVE ET A BALE PARIS J.-B. BAILLIÈRE ET FILS, ÉDITEURS (9, BOB HADTiriDILLI 1893 ANNALES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉEINNE DE LTOIV AYIS AUX SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES La Société d’Études scientifiques étant fusionnée avec la Société linnéenne de Lyon on est prié, afin d’éviter les doubles emplois, d’envoyer à l’avenir toutes les commu¬ nications, livres, qunales, bulletins, mémoires, lettres, destinés à la Société d’Études scientifiques à l’adresse du Président de la Société linnéenne, place Sathonay, à Lyon, AYIS AUX SOCIÉTAIRES Les membres de la Société linnéenne sont priés de faire parvenir au Trésorier de la Société, 19, rue de la République, le montant de leur cotisation. Passé le 30 juin, ce montant sera recouvré par la voie de la poste et les frais seront ajoutés au mandat. Les Sociétaires non résidant à Lyon qui désirent qu’on leur envoie le volume des Annales voudront bien en donner a.vis au Secrétaire et joindre à leur cotisation la somme de 1 franc. SOCIETE Di: ;.A f lüiÊi ii',roïj c (nouvelle série) TOME QUARANTIÈME LYON II. (ÎUOUG, LIBRAIUU-EDI ri:L’[\ 36, PASSAGE DE L ’ HO T E L - D I F. U MÊME MAISON A GENEVE ET A BALE PAULS J. -U. BAILLIÈRE ET FILS, EDITEURS 19, HUR HAL'TEFKOII LK 1S93 TABLEAU DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON BUREAU POUR L’ANNÉE 1893 MM. Saint-Lager, président. Couvreur, vice-président. Redon, secrétaire général. Chantre, secrétaire. Roux (Nizius), trésorier. LISTE DES MEMBRES EN 1893 MM. 1889. Bataillon, chargé du cours de zoologie à la Faculté des sciences de Dijon (Côte-d’Or). 1866. Beckensteiner (Charles), rue de l'Hôtel-de -Ville, 9. 1881. Belon (R. P.), rue du Plat, 18. 1860. Berne (Philippe), Saint- Julien-en-Jarret (Loire). 1869. Bertholey (Martial), notaire à Mornant (Rhône). VI TABLEAU DES MEMBRES MM. 1875. Blanc (Léon, le D'), rue de la Charité, 33. 1889. Blanc (Louis), répétiteur d’anatomie et de zoologie à l’Ecole vétérinaire. 1891. Boucher, répétiteur d’histoire naturelle à l’école vétéri¬ naire. 1892. Brolemann (Henri), à Milan (Italie). 1888. Brdet, conducteur des travaux de la P.-L.-M., à Autun (Saône-et-Loire). 1863. Brunet-Lecomte, négociant, rue des Colonies, 2. 1884. Bruyas (Aug.), quai des Célestins, 5. 1891. Buat (Marcel Du), chef dessinateur à la C‘' P.-L.-M., 10, cours du Midi. 1881. Carret (l’abbé), aumônier des Dames du Sacré-Cœur aux Chartreux. 1881. Carrier (Edouard), docteur en médecine, rue Saint-Domi¬ nique. 1866. Chabrières, trésorerie générale du Rhône. 1882. Chanrion (l’abbé), à l’Institution des Chartreux. 1885. Chantre, rue de Trion, 36. 1887. Chobaut (Alfred, le D"), rue Dorée, 4, à Avignon. 1892. Chifflot, préparateur de botanique à la Faculté des sciences. 1879. Courbet (Jules), rue Sainte-Hélène, 14. 1871. Coutagne (Georges), ingénieur des poudres et salpêtres, quai des Brotteaux, 29. 1889. Couvreur, chef des travaux de physiologie à la Faculté des sciences. 1892. David (Eugène), rue Chabaud-Charny, 60, à Dijon. 1862. Delocre, inspecteur des ponts et chaussées, rue Lavoisier, 1, à Paris. 889. Depéret, professeur de géologie à la Faculté des sciences. DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE VII MxM. 1891. Dériard-Richarme (Auguste), quai de Retz, 1.5. 1891. Dériard-Riciiarme (Pierre), quai de Retz, 15. 1872. Desgeorges (Alphonse), négociant, rue Puits-Gaillot, 19. 1865. Desgrand (Louis), négociant, rue Lafont, 24. 1882. Drivon (Jules), médecin des Hôpitaux de Ljon, quai de la Guillotière, 30. 1891. Ddbois, professeur de physiologie à la Faculté des sciences. 1888. Dupuis, entrepreneur, route de Vienne, 94. 1870. Durand (Victor), rue Lafont, 6. 1884. Faure, professeur à l’Ecole vétérinaire, cours Morand, 26. 1881. Favarcq, propriétaire, ruedu Vernay, 48, à Saint-Étienne (Loire). 1891. Ferier (Charles), place Tholozan, 22. 1882. Flory, avoué, rue Gasparin, 8. 1857. Fournereau (l’abbé), professeur à l’institution des Char¬ treux. 1856. Gabillot (Joseph), quai des Célestins, 5. 1889. Garcin (le D'^), à Morestel (Isère). 1890. Garin (Jules), quai Saint-Antoine, 37. 1891. Garon, route de Strasbourg, 51. 1881. Geandey (Ferdinand), négociant, rue de Sèze, il. 1851. Gensoul (André-Paul), rue Vaubecour, 42. 1866. Gillet (Joseph), quai de Serin, 9. 1890. Givois, pharmacien à Vichy (Allier). 1881 . Grouvelle (Antoine), directeur de la manufacture des tabacs à Reuilly, rue de Charenton, 319, Paris 1862. Guimet (Emile), place de la Miséricorde, i 1890. Hagenmuller (D''), rue de l’Arsenal, 5, à Bone (Algérie). 1869. Heyden (le baron de), à Bockenheim, près de Francfort- sur-Mein, Schlosstrasse, 54 (Allemagne). TABLEAU DES MEMBRES nii MM. 1887. Jacquard (R. P.), institution des Dominicains, à Oullins. 1883. Jacqdemet (le D''), médecin à Crémieu (Isère). 1882. Jacquet, imprimeur, rue Ferrandière, 18. 1891. Jardon, préparateur de physiologie k la Faculté des sciences. 1845. Jordan (Alexis), rue de l’Arbre-Sec, 40. 1884. Lacroix (Eugène le D''), Grande rue des Charpennes, 45. 1868. Laval (Henri), avocat à Villefranche (Rhône). 1892. Lesbre, professeur d’anatomie à l’École vétérinaire. 1881. Locard (Arnould), ingénieur, quai de la Charité, 38. 1881. M.abille (J.), préparateur au laboratoire de zoologie, au Muséum, rue Laromiguière, 7 bis, Paris. 1873. Magnin (Antoine D'), professeur à la Faculté des sciences de Besançon. 1860. M.angini (Félix), ingénieur civil, avenue de l’Archevêché, 2. 1855. Mangini (Lucien), ingénieur civil, Sainte-Foy-l’Argen- tière (Rhône). 1881. Marmorat (Gabriel), négociant, rue Lafont, 18. 1866. Marnas, teinturier, quai des Brotteaux, 12. 1887. Mauduit, docteur à Crest (Drôme). 1883. Mehier (Camille), rue Sainte-Catherine, à Saint-Etienne (Loire). 1887. Mermier, rue Bugeaud, 138. 1891. Michaud, quai de la Pêcherie, 13. 1881. Moitier, surveillant au Lycée Saint- Rambert, près de Lyon. 1876. Monvenoux (Frédéric), pharmacien, rue Grenette, 35. 1891. Neyreneuf (Vincent), professeur à la Faculté de Caen (Calvados). SB LA SOCI^Té LINNéEKNE IX MM. 1856. Pallias (Honoré), rue Centrale, 31 1892. Parcelly (le D'"), rue de la Bombarde, 8. 1879. Perroüd (Charles), avocat, place Bellecour, 16. 1866. PiGHOT (Emmanuel), négociant, quai des Brotteaux, 17. 1893. Rebour, rue Célu, 8 1886. Redon (Gaston), rue des Prêtres, 22. 1881. Redon-Neyreneuf (Louis), rue des Prêtres, 22. 1880. Regalia (Ettore), secrétaire de la Société d’anthropologie de Florence (Italie). 1881. Renaud (Jean- Baptiste), cours d’Herbouville, 21. 1873. Rérolle (Louis), directeur du Muséum de Grenoble (Isère). 1892. Rey, imprimeur, rue Gentil, 4. 1858. Rey (Glaudius), officier d’Académie, place Saint-Jean, 4. 1864. Riaz (Auguste de), banquier, quai de Retz, 10. 1882. Riche (Attale), chef des travaux de géologie à la Faculté des sciences, rue de Penthièvre, 11. 1889. Riel (Ph., le D''), boulevard de la Croix-Rousse. 1888. Roland, rue de la Gare, 55, à Oullins (Rhône). 1863. Roman (Ernest), place des Pénitents-de-la-Croix, 1. 1892. Roman (Frédéric), place des Pénitents-de-la Croix, 1. 1881. Rodast (Georges), rue du Plat, 32. 1870. Roux (Gabriel), directeur du Bureau d’hygiène rue Duhamel, 17. 1873. Roux (Nizius), rue de la République, 19. 1882. Roy, horticulteur, chemin de Montagny, au Moulin-à-Vent, près de Lyon. 1868. Saint-Lager (le D''), cours Gambetta, 8, 1886. Saubinet (Etienne), lieutenant-colonel au l" régiment du génie à Versailles. X TABLEAU DES MEMBRES MM. 1866. SoNTHONAX (Léon), rue Neuve, 9. 1893. Stavesco (Pierre), vétérinaire en chef de l’armée Roumaine eu résidence à l'Ecole A'étérinaire. 1882. Terras (Marins), à Alimed-Za'id, près Tunis. 1881. Tommasi (D'' Donato), avenue de Wagram, 50, Paris. 1862. Vaghat (du), juge au tribunal de Belley (Ain). 1885. Vachon, place de la Charité, 3. 1872. Verchère (Ernest-Antoine), cours Gambetta, 3. 1881. Xambeu, capitaine en retraite à Ria, par Prades (Pyrénées - Orientales). DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE XI Iflcnibres correspondants. 1863. Blanchard, membre de l’Institut, à Paris. 1866. Falsan (Albert), à Collonges-sur-Saône (Rhône). 1849. Lejolis, directeur de la Société des sciences naturelles de Cherbourg. 1875. Merget, professeur à la Faculté de médecine de Bordeaux. MOEURS ET — Suite — PAR LE CAPITAINE XAMBEU riONiiita flavn^çnttafa, Jllio. Larve : Longueur 30 millimètres, largeur 4 à 6 millimètres. Corps allongé, finement chagriné, à pubescence rousse très courte, clairsemée, d'un beau jaune d’ocre, avec ligne longitudi¬ nale médiane ; déprimé à la région thoracique qui est large, sub- convexe à la région abdominale dont l’extrémité est atténuée. Tête en partie rétractile, un peu moins large que le premier segment thoracique, chagrinée, d’un beau jaune, à bords latéraux larges et arrondis, à pubescence très dense, courte et serrée, avec de fortes rides longitudinales très rapprochées ; lisière frontale cornée, ferrugineuse, ponctuée ; épistorae lisse, corné, court, transverse, noir, trait translucide au centre, plus large à la hase qu’au bord antérieur, à côtes déclives ; labre flavescent, subellip¬ tique, à bords très arrondis, à pubescence courte et clairsemée, plus large que le bord antérieur de l’épistome ; mandibules cornées, fortes, noires, se touchant sans se croiser, bideatées à l’extrémité, l’intervalle des deux dents marqué par une rainurelle, avec une autre dent au tiers antérieur de la tranche interne, visible lorsque la mandibule est ouverte ; mâchoires coudées, à lobe très court, pointu, à extrémité ciliée de longs poils roux; palpes saillants, rougeâtres, ciliés, de deux articles, le premier annelé de testacé k Soc. Li.N!«., T. XL. 1 2 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES D^INSECTES l’extrémité, gros, cylindrique, deuxième plus court, moniliforme ; menton charnu, triangulaire, testacé et pubescent de roux ; lèvre charnue, pubescente, bilobée ; palpes courts, rougeâtres, émer¬ geant de la base de chaque lobe ; premier article gros, ferru¬ gineux, deuxième testacé, pointu ; pas de traces de languette ; antennes sises en arrière des mandibules et au bord postérieur de la lisière frontale, courtes, testacées, ferrugineuses, avec poils courts, de quatre articles, le premier tronconique, les deux sui¬ vants égaux et coniques, le dernier testacé, tronqué et évasé, avec long poil au bout, article supplémentaire très court, pointu ; ocelles invisibles. Segments thoraciques jaunâtres, subdéprimés, avec pubes¬ cence roux doré, courte et serrée ; premier grand, en saillie trian¬ gulaire sur le milieu de la tête, jaunâtre, avec plaque écailleuse, blanchâtre, s’élargissant en s’arrondissant d’avant en arrière, disque écailleux, en forme de plaque ovale, fortement chagrinée, avec ligne médiane profonde, deux fortes impressions obliques de chaque côté du disque, le bord antérieur porte au milieu une masse charnue, subtriangulaire, susceptible d’expansion lors du mouve¬ ment de la larve ; deuxième segment court, un peu moins large que le premier, avec deux boursouflures, une de chaque côté de la ligne médiane, le bord antérieur de l’anneau forme repli au-dessus des boursouflures, troisième plus long, moins large, avec fort ren¬ flement à l’emplacement du disque, fortement chagriné. Segments abdoyninaux\\%?,es, jaunâtres, luisants, avec pubes¬ cence dorée, clairsemée sur les bords latéraux ; premier segment étranglé et, quoique moins large, participe, quant à la forme, du troisième segment thoracique, avec léger tubercule latéral ; les sept suivants plus larges et plus longs que le précédent, convexes, parallèles, égaux entre eux ou à peu près, avec ligne médiane et bourrelet latéral fortement accentué ; neuvième plus convexe avec bourrelet latéral moins prononcé ; mamelon anal court, arrondi, avec fente longitudinale. Dessous forme et couleur du dessus ; le premier segment thora - cique avec plaque blanchâtre ridée, sillonnée par un trait médian 3 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES qui se termine en avant par une tache triangulaire jaune foncé ; deuxième et troisième avec mamelon fortement chagriné, divisé en deux par la ligne médiane ; premier segment abdominal avec forte boursouflure ridée ; les huit segments suivants, quoique un peu plus convexes, participent de la forme du dessus. Pattes nulles : la larve se tient repliée dans sa galerie dans laquelle elle progresse, aidée en cela par ses boursouflures et mame¬ lons et par son fort bourrelet latéral qui sépare la région dorsale de la région ventrale. Stigmates en forme de demi-croissant, à péritrème semi- corné, jaunâtre, frangés d'une demi-aréole de poils courts et dorés ; la première paire, un peu plus grande et sise un peu plus bas, est placée sur le bourrelet de séparation des premier et deuxième segments thoraciques ; les autres au-dessus du bourrelet latéral et au quart antérieur des huit premiers segments abdominaux. Aux environs de Ria (Pyrénées-Orientales), on trouve cette larve toute l’année, à divers degrés de développement, dans les tiges du prunellier (Prunus Spinosa, Lin.) ; l’oeuf pondu au tiers antérieur de la tige, alors en jouissance de vie, la larve ronge en descendant la partie centrale ligneuse de l’arbuste nourricier, lequel, malgré sa dureté, ne peut résister aux atteintes du ravageur ; quand arrive l’époque de son complet développement, elle se trouve alors à hauteur du collet de la racine, là elle fait une évolution, remonte un peu la tige, se creuse une loge oblongue en évidant le bois jusque près de l’écorce ; aussitôt après commence un travail d’élaboration qui devra la conduire à un changement de forme ; c’est repliée en forme de siphon que la larve demeure et chemine dans sa galerie qu’elle comble de ses propres déjections au fur et à mesure qu’elle avance. A l’instar de la larve du Capnodis tenebrionis, Lin., dont elle partage les appétits, elle est nuisible par la destruction qu’elle fait des bordures de prunelliers et des pruniers cultivés dont elle déter¬ mine aussi la mort. Chaque pied de prunier ou de prunellier attaqué est un pied perdu ; elle serait aussi nuisible au cerisier dont elle rongerait le tronc et les grosses branches. 4 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d'iNSECTES Nymphe. Longueur 13 raillimètres, largeur 5 à 6 millimètres. Corps d’un beau jaune, glabre, lisse et brillant, en ovale allongé, déprimé aux deux régions dorsale et ventrale, antérieu¬ rement arrondi, postérieurement déprimé : image de l’adulte, la nymphe n’offre d’autres particularités que les suivantes : Masque thoracique longitudinalement parcouru par une faible ligne médiane, deuxième segment relevé au milieu en une petite carène légèrement en saillie et dentée au bout ; segments abdomi¬ naux relevés par deux plaques à bords excavés, séparées par la ligne médiane ; segment anal terminé par un petit mamelon trans¬ versal ; l’extrémité des antennes repose sur les cuisses de la pre¬ mière paire de pattes ; l’extrémité des tarses postérieurs ne dépasse pas le bord inférieur du fourreau des élytres, l’anus est caché au point d’impact d’un double mamelon. C’est fin août que commence la nymphose ; l’adulte reste de longs jours à se former, beaucoup hibernent dans leurs loges, supportant sous leur faible abri les plus grands froids ; au prin¬ temps, l’insecte parfait rompt la légère couche corticale qui le re - tient enfermé en y pratiquant un trou de la dimension exacte de son corps, dimension ainsi calculée : aux premiers coups de ses puissantes mandibules, alors que l’ouverture est encore insuffi¬ sante, l’adulte cherche à faire de suite passer sa tête, il ne le peut, le trou est trop petit ; de nouveaux coups de mandibules élargissent encore l’ouverture, une partie de la tête passe, ce n’est pas encore suffisant, il faut agrandir encore, enfin la tête passe, et c'est ainsi , par petits efforts, qu’une partie de la tête, puis la tête en entier, le cor¬ selet en plusieurs reprises et les élytres en plusieurs fois arrivent à passer par ce trou cent fois laissé, cent fois repris, et ce qui est particulier à cette espèce est la règle commune qui sert d’égide à toutes les espèces phytophages, laquelle règle conduit à pouvoir distinguer, d’après la forme du trou pratiqué, le groupe, la famille auxquels appartiennent les insectes qui en sont sortis. Adulte. La description de l’adulte a été faite par de Marseul, dans sa Monographie des Buprestides , 1865, p. 262. A l’état parfait, on trouve l’insecte un peu partout, en particulier MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 5 le long des tiges du prunellier, sur les feuilles de certains arbustes, sur lesquelles il aime bien se poser en plein midi pour y jouir des rayons bienfaisants de l’astre solaire : on le prend du mois de mars au mois de septembre, ce qui pourrait donner à croire que l’epèce a plus d’une génération par an. Gemmiuger, dans Steltin enl. Zeit., 1849, p. 63, a donné quel¬ ques détails sur la larve, sans la décrire, ce qui n’ajoute ni ne diminue en rien notre travail sur la vie évolutive de l’espèce. Acmaodera adspersula, Illig. Larve: longueur 14 millimètres, largeur 4 millimètres. Corps d’un blanc de lait pur, brillant, avec fine pubescence courte et blanchâtre ; large à la région thoracique qui est un peu déprimée, convexe à la région abdominale, avec bourrelet latéral. Tête petite, rétractile, blanc clair, avec pubescence courte et très dense, élargie d’avant en arrière, à angles antérieurs arrondis, tour des pièces buccales ferrugineux ; épistome soudé, transverse, très étroit, testacé clair, à angles latéraux obliques ; labre même cou¬ leur, un peu plus long, mais moins large, transversal, à angles obtus; mandibules courtes, ne dépassant guère le labre, se touchant sans se croiser, noires, à base ferrugineuse, à extrémité bidentée, jes deux dents extérieurement séparées par une rainurelle, trans¬ versalement carénées au milieu de la tranche externe, creuses à leur face interne ; mâchoires sans lobe bien apparent ; palpes de deux articles coniques testacé clair, le premier deux fois plus long et plus gros que le deuxième qui se termine en pointe obtuse et par un long cil ; menton large, triangulaire au milieu, testacé clair et cilié; palpes très courts, testacés,bi-articulés, cilau bout du deuxième article ; languette large cordiforme, ciliée de blanchâtre ; antennes courtes, rétractiles de deux articles ; premier conique, deuxième cylindrique, terminé par un long poil blanchâtre et par deux ves¬ tiges d’articles rudimentaires ; ocelles, pas la moindre trace. Segments thoraciques blancs, larges, avec légère pubescence, 6 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’IiNSECTES de la couleur du fond et ligne longitudinale médiane peu apparente; le premier long et large, un tiers plus large que la tête, un peu plus élargi en arrière qu’en avant, à bords latéraux arrondis, finement chagriné sur sa surface, avec ligne longitudinale médiane à fond jau¬ nâtre etplaqueoblongue occupant l’emplacement du disque, fortement striée ; deuxième segment aussi large que le précédent, très court et convexe ; troisième un peu moins large et un peu plus long à bords latéraux renflés, tous deux finement chagrinés, leur disque couvert par un mamelon ridé exsertile, de forme circulaire. Segments abdominaux subconvexes, d’un blanc terne, à l’ex^ ception du premier qui, quoique plus court, moins large, mais plus convexe, participe, quant à la forme et à la couleur, des deux pré¬ cédents, son mamelon médian est plus accentué ; les huit segments suivants égaux et parallèles avec bourrelet latéral très prononcé, moins sur le neuvième qui est convexe et se termine par une fente longitudinale à commissures jaunâtres ; une incision oblique s’ap¬ puie sur le milieu du bourrelet latéral des deuxième à neuvième arceaux . Dessous, couleur, forme et cils, mamelons et ligne longitudinale médiane identiques au-dessus ; le bord antérieur médian du pre¬ mier segment thoracique porte un léger bourrelet semi-circu¬ laire. Pattes nulles, remplacées par les mamelons et par les bourre¬ lets qui en tiennent lieu ; chez cette larve, le mouvement de pro¬ gression se fait d’avant en arrière. Stigmates petits, elliptiques, roux, à péritrême jaunâtre, tous placés sur le même plan de position ; la première paire occupe le milieu du bord latéral du deuxième segment thoracique ; la deuxième paire est identiquement placée au bord latéral du pre¬ mier segment abdominal, les sept suivantes au tiers antérieur des deuxième à huitième segments abdominaux et un peu au- dessus du bourrelet latéral. C’est dans des pieux de micoucoulier (Celtis australis, Linné), servant de tuteur aux vignes, qu’aux environs de Ria on trouve cette larve ; son existence dure dix mois, de septembre à fin juin. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 7 jeune, elle pénètre dans l’aubier, en cheminant dans des galeries irrégulières qu’elle comble de ses déjections, au fur et à mesure qu’elle avance; quand est arrivé le moment de sa transformation, ce qui a lieu aux premiers jours de juillet, un besoin impérieux l’oblige à changer de direction, elle quitte le milieu de la tige pour se rapprocher de la surface, en pratiquant un passage propor¬ tionné au volume du futur adulte, ronge l’aubier jusqu’à ne lui laisser qu’une faible épaisseur, et cela en vue de faciliter pour plus tard la mise en liberté de l’adulte, puis elle revient sur ses pas, se façonne au milieu de la tige une loge où s’accomplira sa nym¬ phose. Je ne connais pas la nymphe. Adulte, de Marseul, dans sa Monographie des Buprestides, 1865, p. 305, en donne la description. C’est un insecte qui se tient toujours caché ; rarement on le prend en juillet et en août, sur des fleurs de Souchus, et encore un par-ci, un par-là ; pour se le procurer en nombre, il faut en élever la larve, en transportant chez soi les tuteurs que l’on sup¬ pose habités. 11 m’a été quelquefois donné de remarquer que l’adulte ne réussit pas toujours à ronger cette faible couche de bois qui le sépare du dehors, et qu’il périt dans le lieu même où se sont écoulés ses pre¬ miers jours ; des pontes entières meurent de cette façon. Sphenoptera cemiuata, Illiger Larve : longueur 17 millimètres, largeur 1/2 à 2 millimètres. Corps allongé, étroit, linéaire, convexe, charnu, jaune pâle, à pubescence légère et courte. Tête petite, charnue, rétractile, jaunâtre, chagrinée, à pubes¬ cence légère, rousse, clairsemée ; épistome transverse, à bords latéraux arrondis, ferrugineux à la base, noir à l’extrémité, tra¬ versé dans son milieu par un large trait ferrugineux ; labre plus long et deux fois plus large que l’épistome, saillant, lestacé, forte- 8 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES ment pubescent de roux, plus étroit à la base qu’au bord anté¬ rieur; mandibules fortes, triangulaires, noires, cornées; mâchoires petites, cylindriques, roussàlres, avec longs cils au bout ; palpes maxillaires de deux articles, le premier cylindrique, rouge, ferru¬ gineux, long, légèrement pubescent, annelé de teslacé à l’extré¬ mité ; deuxième petit, testacé, avec cils roux. Une masse charnue, pâteuse, sillonnée au milieu par une impression, constitue la lèvre inférieure, qui n’oflre, comme trace de palpes, qu’une petite saillie tuberculiforme ; antennes testacées très finement soyeuses de trois articles apparents : le premier charnu, peu visible, rétractile ; le deuxième, court; le troisième un peu grêle, avec longs cils au bout ; ocelles nuis. Segments thoraciques. — Fortement mamelonnés, le premier double de la tête en longueur et en largeur, avec trait ferrugineux au milieu de l’arceau, trait qui se divise à l’extrémité en deux petites branches, et soies très courtes, rousses, sur son pourtour, en par¬ ticulier aux bords latéraux ; deuxième et troisième, pas plus longs à eux deux réunis et bien moins larges que le premier, avec incision médiane ; tous trois avec un fort bourrelet latéral. Segments abdominaux étroits et parallèles, pareils, comme forme et comme dimension, aux deux précédents ; les deux pre¬ miers fortement mamelonnés, les sept autres parcourus par de fortes incisions transversales et obliques, relevant les intervalles en forme de bourrelet ; le neuvième est formé d’un double seg¬ ment ; à son extrémité qui est arrondie, se voit la fente longitudi¬ nale anale dont les commissures sont ombrées d’une petite tache rou¬ geâtre. Dessous. La tête est de la couleur du dessus ; les pièces buc¬ cales sont charnues et d’un testacé clair, le premier anneau forte¬ ment dilaté et traversé en son milieu par une forte incision longi¬ tudinale médiane à fond ferrugineux, se terminant en arrière par deux petites branches formant un Y renversé ; les onze anneaux suivants sont mamelonnés et incisés comme en dessus ; un bourre¬ let latéral très accentué à chaque segment, marque le point de divi¬ sion de la région dorsale avec la région ventrale. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iISSECTES 9 Pattes. Nulles, mamelons et bourrelets en font l’office ; en effet, avec leur aide, la larve chemine facilement le long de la galerie qu’elle s’est creusée dans l’intérieur du canal de la plante nourri¬ cière. Stigmates elliptiques, noirs àpéritrème roux, la première paire au tiers antérieur du deuxième anneau, sur un plan inférieur aux huit autres paires, qui sont aussi placées au tiers antérieur, mais au-dessus du bourrelet latéral des huit premiers arceaux abdominaux. A 1 kilomètre à l’est de Montélimar (Drôme), près la rive gau¬ che de Roubion, dans le bois du Lion, se prend, mais rarement le Sphenoptera geminata ; sa larve vit de la substance médullaire d'un Dianthus, un petit œillet sauvage; l’œuf pondu en juin au tiers de la tige alors en fleur, la jeune larve descend en rongeant sur son parcours la substance nourricière, et lorsqu'arrive le com¬ mencement de l’automne, parvenue alors au collet de la racine, arrive aussi pour elle le moment de sa transformation ; elle se re¬ tourne dans la loge qu’elle s’est aménagée, détache quelques fibres de la tige, les façonne en forme de tampon dont elle tapisse les pa¬ rois extrêmes du futur berceau ; puis la larve se contracte, sa couleur subit une légère variation, un travail intérieur, prélude de la nymphose, s’accomplit; quinze jours après, cesse cet état tran¬ sitoire, à la suite duquel apparaît l’adulte encore emmailloté. lymphe. La nymphe u’ofifre rien de particulier, elle est de cou¬ leur plus blanche que la larve ; elle représente déjà l’adulte à l’état plastique. Adulte. Si la saison automnale n’est pas rigoureuse, quelques nymphes donnent à ce moment le jour à l’adulte, mais celui-ci n’en continue pas moins à rester clos dans sa loge jusqu’aux rayons vivifiants du soleil printanier ; c’est en avril et en mai que la grande partie des nymphes se débarrassent de leurs langes. Aux environs de Montélimar, comme à ceux de Ria, c’est au retour de la belle saison que l’adulte rompt les parois de sa cel¬ lule. Libre alors, il n’a qu’un but, le but final auquel tendent tou¬ tes les créatures du monde des insectes ; assurer la reproduction de 10 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES l’espèce. Celle-ci ne butine ni sur les plantes, ni sur les fleurs, son domaine aérien semble plus réservé et plus particulièrement confiné au-dessous des feuilles, le long des tiges, rarement le dessous des fleurs, quelquefois le dessous des pierres ; au vol, quand on connaît le lieu de son habitat, on court la chance de le prendre, et encore ce vol est -il de bien courte durée. La description de l’adulte a été faite par de Marseul dans sa Monographie des Buprestides d'Burope (année 1865, p. 369), et se retrouve aussi dans les divers travaux des anciens auteurs. Une seule larve du genre Sphenoptera a été décrite, encore succinctement par Perris dans son remarquable travail sur les lar¬ ves de Coléoptères (année 1877, p. 140), c’est la Gemellata, Mannh. Cornrbus Amethystiiius, Oliv. Larve : longueur 7 à 9 millimètres, largeur 2 millimètres. Corps charnu, blanc mat, subcylindrique, fortement chagriné avec légère pubescence ; renflé à la région thoracique, atténué à l’extrémité postérieure. Tête petite, en partie enchâssée dans le premier segment thora¬ cique, jaunâtre sale à sa partie postérieure, rougeâtre sur le front, avec fine ligne médiane se bifurquant en forme de V au vertex ; au point de jonction des trois lignes sont quatre petits traits carac¬ téristiques enferme de virgule ; épistome subconvexe, transverse, noir ferrugineux avec trait médian flave; labre petit, semi- discoïdal, brun ferrugineux, fortement cilié au bord antérieur avec léger trait médian ; mandibules triangulaires, noires, cornées, bidentées à l'extrémité avec forte échancrure au milieu intérieur ; mâchoires à lobe subarrondi légèrement frangé ; palpes maxillaires de deux articles flaves, ciliés, très courts, moniliformes ; menton for¬ mant corps avec les palpes labiaux qui sont petits, biarticulés, noirs et avec la languette qui est large, noirâtre, pubescente au bout et en forme de palette arrondie ; antennes très courtes, subferru- MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d'iRSECTES 1 l gineuses, moniliformes de trois articles apparents, peut-être de quatre, le dernier terminé par une longue soie rousse ; ocelles, en arrière de la base antennaire sont deux petits points cornés noirs, sont-ce des ocelles ? Segments thoraciques blanc sale, fortement chagrinés, avec de très petites soies clairsemées ; premier segment convexe, fortement renflé, une fois plus large que la tête, avec ligne médiane très accentuée, plus large en arrière qu’en avant, à bords teintés de brun ; deuxième et troisième segments, moins larges et moins longs à eux deux réunis que le premier. Segments abdominaux. Les huit premiers sont blanc mat, Iransverses avec fine pubescence ; à peu près égaux comme forme et comme dimension, avec ligne médiane peu accentuée ; neuvième segment plus large, plus pubescent, subdéprimé, avec rebord latéral antérieur arrondi et très développé, terminé par un appen - dice bifide intérieurement dentelé, à pointe obtuse, le milieu légè¬ rement concave. Dessous de la tête brun ferrugineux avec trait noir en forme d’accent près du bord latéral ; premier segment thoracique grand, blanc sale, fortement boursouflé, légèrement concave et forte inci¬ sion à son milieu, les segments suivants blanc sale, légèrement chagrinés, avec fortes boursouflures ; anus à fente longitudinale, une forte impression latérale provoque un bourrelet de séparation des deux régions dorsale et ventrale. Pattes nulles, granules et bourrelets en tiennent lieu. Stigmates semi-elliptiques, flaves à péritrème roux, la première paire, la plus grosse est placée au tiers antérieur du deuxième seg¬ ment thoracique et au-dessous du bourrelet latéral ; les autres un peu au-dessus du bourrelet et au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Issue d'œufs pondus aux premiers beaux jours du printemps, la jeune larve, très lente dans ses mouvements, chemine en rongeant la partie médullaire de la plante nourricière, le Carlma vulgaris, Linné ; l’œuf est déposé au tiers supérieur de la tige, le chemine¬ ment se fait en descendant et en raison des besoins ; quelquefois J *2 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES après avoir vidé l’intérieur de la tige, la larve pénètre jusqu’au cœur delà racine, d’autres fois elle s’arrête lorsqu’elle arrive au collet delà plante ; le plus souvent c’est un peu avant d'arriver au collet que prend fin son existence larvaire ; dans le cours de ce travail de che¬ minement elle comble son passage de ses propres déjections. Parvenue au terme de son accroissement, ce qui a lieu vers la fin de l’été, la larve se façonne une loge oblongue à parois lisses, puis elle se retourne, prépare en l’évasant la place par laquelle l’adulte s’ouvrira une issue ; mise ainsi à l’abri de tout accident, elle se dispose à subir la phase transitoire qui doit l’amener à prendre une forme nouvelle. Le plus souvent chaque tige ne nourrit qu’une larve, il arrive cependant le cas, mais rare, qu’une même tige en contient deux, sans toutefois qu’elles se rencontrent dans leur travail de chemi¬ nement. Nymphe. Longueur 6 millimètres, largeur 2 millimètres. Corps d’un blanc mat, glabre, lisse, subcylindrique, atténué aux deux extrémités, un peu moins à l’extrémité antérieure qui est arrondie et rendue proéminente parles yeux qui sont très saillants, l’extrémité anale est translucide et inerme : image de l’adulte, moins les ailes qui sont à l’état rudimentaire ; le corselet de la nymphe n’a pas cette forme qui caractérise si bien le genre. La phase nymphale dure un mois environ ; on trouve des insec¬ tes, adultes dans leurs loges, dés le mois de septembre ; en octobre, toutes les nymphes ou à peu près toutes ont revêtu les couleurs de l’insecte à l’état parfait, mais ce ne sera qu’aux premiers beaux jours de printemps que l’adulte rompra les parois de la loge qui le retenait enfermé depuis si longtemps déjà : quelques larves passent l’hiver pour ne se transformer qu’au printemps suivant. Adulte, Aux environs de Ria, l’adulte n’est pas rare en avril et en mai sur la plante nourricière ; c’est sur les feuilles ou le long de la tige qu’il se tient, au moindre danger il se dissimule sous la feuille ou derrière la tige ; forcé dans sa retraite, il se laisse tomber à terre : son existence entière se passe sur sa plante de prédilection. Il vole mal, ce n’est qu’en plein jour, à l’ardeur du soleil, que les MOEÜIIS ET METAMORPHOSES D INSECTES 13 deux sexes se recherchent ; l’accoupleraent terminé, le mâle meurt la femelle pond une A'ingtaine d’œufs qu’elle dépose habituellement un par tige et meurt à son tour, après avoir ainsi assuré la repro¬ duction de l'espèce. Dans son travail d’entomologie, 1790, p. 115, Olivier a donné la description de l’insecte parfait ; de Marseul dans son tome II de V Abeille, 1865, p. 246, l’a décrit un peu plus longuement. On connaissait la larve du Corœbiis amethystinus , comme habi¬ tant le Cirsium echinalum; M. Durieu de Maisonneuve avait indiqué dans les Annales de la Soc. ent. de Fr. 1847, Bull., p. 9, que les métamorphoses de cette espèce s’accomplissaient dans la tige de cette plante : le travail descriptif restait encore à faire, cette lacune se trouve aujourd’hui comblée ainsi que les particularités afférentes à la vie évolutive de l’espèce. ÉLATÉRIDES Iflelanotus ^Iger, Fab. Larve, longueur 27 millimètres, largeur 3 millimètres. Corps allongé, linéaire, luisant, corné, convexe en dessus, sub¬ déprimé en dessous ; rougeâtre, plus foncé à région antérieure et au bord des segments ; fortement ponctué, avec la ligne longitudi¬ nale médiane et longs poils épars sur la surface. Té/e petite, rougeâtre foncé, subdéprimée, presque carrée, abords postérieurs un peu arrondis et plus larges que les bords antérieurs ; fortement ponctuée, avec longs poils bruns clairsemés ; deux lignes à fond pâle partent en un même point de l’occiput, s’élargissant en s’arrondissant, puis rentrant au vertex, qui est un peu excavé, pour se couder et aller se perdre en arrière du milieu de la base antennaire, entre les deux extrémités de la branche sont quatre 14 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES faibles impressions longitudinales courtes; lisière frontale noire, Iridentée, la dent médiane saillante, pointue ; épistome et labre indis¬ tincts ; mandibules longues, arquées, cornées, noires, lisses, très fortes, creuses à la base externe où elles reçoivent les antennes, avec dent saillante au tiers inférieur de la tranche interne ; mâchoires allongées, cylindriques, faisant corps avec le menton, parsemées de quelques longs poils ; lobe court tri-articulé, premier et deuxième articles égaux rougeâtres, annelés de testacé au bout, troisième court testacé, avec faisceau de longues soies rousses à la pointe; à ce lobe s’articule une tige dont la tranche interne est ciliée d’une forte brosse de poils roux courts et raides; palpes ferrugineux de quatre articles émergeant d’une masse charnue testacée, premier et deuxième coniques, troisième court, raoniliforme, quatrième petit à pointe obtuse, les trois premiers à bout annelé de testacé ; menton ferru¬ gineux, long, à extrémité testacée; lèvre rougeâtre, cordiforme à bord extrême testacé, avec deux longs cils à la base des palpes qui sont rougeâtres, bi-articulés, premier article gros, obconique, deuxième petit à bout pointu; lan guette formée d’un petit corps testacé subtriangulaire surmonté de deux longs poils très ténus ; antennes émergeant de la base extérieure des mandibules, de quatre articles; premier testacé, court, rétractile, deuxième, gros, ferrugineux, à bout extérieur renflé, surmonté à ce point d’un poil, à extrémité annelée de testacé ainsi que le troisième qui est court et ferrugineux; le quatrième, de même couleur, est grêle, ténu, surmonté d’un poil roux ; au-dessous est un article supplémentaire testacé court et triangulaire; ocelles: en arrière du milieu de la base antennaire est une petite tache blanchâtre avec un point noir au milieu. Segments thoraciques rougeâtres, fortement ponctués, avec poils roux épars et ligne longitudinale médiane plus claire que le fond ; premier segment un peu plus large que la tête, plus long que large, les deux bords extrêmes marginés d’une série de rides formant bande de couleur jaunâtre, intérieurement circonscrites par un trait transversal à fond noirâtre; sur le disque est une tache en forme d’ Y ; les extrémités des embranchements croisés par des lignes indécises à fond obscur : en dehors de ces lignes sont quatre petites MOEURS ET MÉTVJfORPHOSES u’iNSECTES 15 fossettes, disposées deux par deux, du fond desquelles jaillit un long poil ; en dehors de la ligne des dernières fossettes est un fort trait latéral; deuxième et troisième segments égaux, plus courts que le premier, le bord postérieur de l’anneau seul marginé d’une série déridés, lesquelles sont remplacées au bord antérieur par une forte ponctuation ; les faces latérales n’ont que deux fossettes en dehors desquelles se continue le trait latéral. Segments abdommaux (oriements convexes, parallèles, de cou¬ leur un peu plus claire que les précédents, avec ligne longitudinale pâle, fortement ponctués, avec longs poils épars sur la surface : les huit premiers semblables aux deux derniers thoraciques, un peu plus longs; points, rides, ligne médiane, trait latéral et poils sem¬ blables, le bord supérieur de chaque arceau est transversalement parcouru par une ligne à fond obscur peu sensible au point de jonction avec la ligne médiane, mais dont l’extrémité se coude à hauteur de chaque stigmate et se termine à hauteur du milieu laté¬ ral de l’anneau ; neuvième segment à extrémité pointue, fortement ponctuée, et longuement ciliée sur les bords latéraux, quatre ti’aits longitudinaux à fond obscur, les deux médians un peu sinueux et moins longs prennent naissance à la base d'un trait transversal de même couleur longeant le bord antérieur de l’anneau ; extrémité anale, cornée, pointue, noire presque droite. Dessous de la tête rougeâtre ; le point d’intersection des mâchoires et du menton fortement canaliculé et à base avec quatre petites taches triangulaires cornées, les deux extrêmes les plus petites ; les segments abdominaux de couleur jaunâtre, le premier à bord anté¬ rieur jaunâtre avec marge ridée, porte une plaque ponctuée semi- discoïdale, enclose entre les deux rebords qui sont très saillants ; ces mêmes rebords enclosant les pattes aux deux segments suivants avec échancrure au deuxième segment pour recevoir la première paire de stigmates ; segments abdominaux lisses, luisants, jaunâtres, cornés, avec marge de fines rides au bord postérieur de chaque arceau et quelques rares poils épars au segment anal qui est con¬ vexe ; un double trait en demi-ellipse, dont l’intérieur ridé enclôt l’anus, lequel se prolonge en forme de pseudopode exsertile ; la 16 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES partie interne testacée avec aréole de cils, les commissures de l'anus à direction longitudinale sont surmontées de deux petits mamelons à fond blanchâtre et à pourtour faiblement ridé ; le reste de l’arceau fortement ponctué est cilié comme en dessus. Pattes courtes, latérales, rougeâtres, fortement spinosulées; les hanches massives avec courtes spinules aux parties frottantes, exté¬ rieurement excavées, les bords de l’excavation avec arêtes de forts cils courts, rougeâtres ; les trochanters courts et étroits ; les cuisses à bout antérieur renflé, sont déprimées intérieurement avec cils spinosules et longues soies; les jambes un peu moins larges portent une arête intérieure de cils et de poils et sont terminées par un onglet rougeâtre, acéré, à base intérieure ciliée. Stigmates elliptiques brunâtres, à péritrème jaunâtre, la première paire placée dans l’échancrure du bord antérieur du deuxième segment thoracique, les autres au bord antérieur des huit premiers segments abdominaux, et au-dessus du trait de séparation dorsale et ventrale. Aux environs de Ria (Pyrénées-Orientales), au Canigou comme à Coubezet, c'est dans les bois de pin, dans la vermoulure des gros troncs, au préalable habités par les larves d’Ergates, de Leptura et de Criocéphales, qu’on trouve notre larve durant une grande partie de l’année, elle vit plus ou moins profondément en¬ foncée ; tout porte à croire, ainsi que je m’en suis assuré, par des élevages en chambre, qu’elle attaque, pour s’en repaître, les larves lignivores précitées, lesquelles ont la triste mission de faire dis¬ paraître les vieux troncs en en désagrégeant l’intérieur parcelle par parcelle, et, qu’à l’occasion elle vit aussi, soit des déjections de ces larves, soit de diverses autres larves d’insectes qui dans les mêmes troncs viennent y chercher leur pâture. Dans le courant de juillet, parvenue à son entier développement, elle se façonne dans le bois où elle a vécu une longue loge obloii- gue dont la paroi supérieure correspond à l’un de ses derniers pas - sages, de telle sorte que l’adulte trouve toute prête une sortie amé¬ nagée ; quelques jours après, un changement profond s’opère, et la larve prend la forme suivante ; MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSBCTËS 17 Nymphe. Longueur 16 millimètres, largeur 5 millimètres. Corps mou, blanchâtre, allongé, un peu atténué aux deux extré¬ mités, lisse, glabre, très faiblement ridé ; taches oculaires brun obscur, au-dessus de chaque tache est une apophyse ciliée à base charnue, à pointe rougeâtre, droite, mais deux fois infléchie avant la pointe; masque thoracique à angles postérieurs très saillants, la pointe surmontée d’une apophyse semblable aux deux précéden¬ tes ; ligne médiane bien marquée ; du bord postérieur médian deux autres apophyses un peu plus courtes que les précédentes à direc¬ tion presque droite ; plaque écussonnée bien détachée du milieu du deuxième arceau dans l’intervalle correspondantaux deuxapophyses médianes, les six premiers segments abdominaux se terminent à leur bord inférieur latéral en un petit onglet à base large, à bout arqué en dedans, onglet peu sensible aux septième et huitième arceaux ; le segment anal porte à son extrémité deux appendices charnus sem¬ blables aux thoraciques, à extrémité rembrunie et à direction laté¬ rale; les segments abdominaux sont transversalement parcourus par de fines rides ; antennes à direction oblique, leurs extrémités reposant sur les cuisses de la première paire de pattes, à articles noduleux, chaque article transversalement garni de petits tuber¬ cules, au nombre de quatre, rudimentaires aux deux premiers. La nymphe repose dans sa loge, sur la région dorsale appuyée sur les épines charnues du masque thoracique et du segment anal, lesquelles la tiennent à distance de la couche ligneuse infé¬ rieure. La phase nymphale dure une quinzaine de jours ; huit à dix jours sont encore nécessaires à l’adulte pour que les tégu¬ ments extérieurs qui du blanc passent au rougeâtre, puis au noir, acquièrent la consistance voulue pour lui permettre de se frayer un passage à travers les couches décomposées de l’arbre dans lequel comme larve il a vécu, comme nymphe il a sommeillé, et que, comme adulte, il va quitter pour se lancer dans l’espace, ce qu’il fera à bon escient, ses désirs le portant plus particulièrement à stationner le long des troncs d’arbres ou sous leurs écorces. Adulte. C’est vers le milieu du mois d’août qu’il se montre : on Soc. Linn. t. XL. 2 18 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES peut le prendre sous pierre ou contre les pins, rarement sur les feuilles, jamais sur les fleurs. Sa description a été faite par Candèze, 1860, iir, p. 505, dans sa Monographie des Elatérides. Agrlotes sordidus, Illig. Larve : longueur 15 millimètres, largeur 1 5. Corps allongé, linéaire, cylindrique, coriace, jaunâtre avec lon¬ gue pubescence roussâtre, plus foncé à la région antérieure qui est un peu arrondie, atténué à l’extrémité postérieure. Tête déprimée, petite, quadrangulaire, fortement ponctuée, rou¬ geâtre, avec quelques rares longs poils roux symétriquement dis¬ posés sur les flancs, à angles arrondis, légèrement excavée sur le disque ; ligne médiane pâle partant de l’occiput, se bifurquant aus¬ sitôt en s’arrondissant pour se rapprocher et se couder ensuite à angle droit, l’extrémité des deux branches allant se perdre en arrière de la base des mandibules, deux impressions longitudinales entre l’extrémité des deux branches ; lisière frontale sinueuse, avec légère dent médiane de chaque côté de laquelle est un long poil roux; épistome et labre indistincts; mandibules fortes, longues, arquées, à base large et ferrugineuse, à extrémité noire et acérée, avec faible dent au tiers inférieur de la tranche interne, excavées à la base extérieure où se logent les antennes : mâchoires allongées rougeâtres, faisant corps avec le menton ; lobe court cilié de roux, à bout arqué en dedans et acéré ; palpes intérieurs rougeâtres tri- articulés, premier article droit, gros, deuxième un peu arqué en dedans, à bout cilié, troisième très court, testacé,à extrémité droite et ciliée ; palpes extérieurs obliques rougeâtres de quatre articles, les trois premiers annelés de testacé à l’extrémité, le basilaire court, conique, le deuxième deux fois plus long, le troisième court, le terminal court aussi à bout obtus ; tous les quatre ciliés de roux ; menton saillant, petit, cordiforme, à bord antérieur marginé de tes¬ tacé ; de chaque côté émerge un palpe bi-articulé, le basilaire gros MOEUnS ET MÉTAMOKPIIOSES d’i^SECTES 19 presque droit, le terminal arqué en dedans ; quelques longs poils surmontent ces parties ; languette nulle ; antennes obliques, émer¬ geant de la base supérieure des mandibules de quatre articles rou¬ geâtres, ciliés, premier gros, court, tronconique, testacé; deuxième plus long, moins large, à bout annelé de testacé et renflé extérieu¬ rement; troisième court, annelé aussi de testacé avec soie au bout extérieur; quatrième très petit terminé par une longue soie; ocelles, un point ocellaire, noir, petit, en arrière de la base antennaire. Segments thoraciques, delà couleur du fond, pas plus larges que la tête, avec très longs poils épais sur les flancs, finement ponctués et irrégulièrement ridés, avec ligne longitudinale médiane ; premier segment long, h bords antérieur et postérieur avec lé¬ gère marge de fines stries longitudinales et quatre points latéraux disposés deux par deux au tiers latéral et surmontés à la base d’un long poil roux; deuxième et troisième pas plus longs que le pre¬ mier à eux deux réunis, le bord postérieur seul marginé de stries et avec deux points latéraux au lieu de quatre. Segments abdominaux, forme, ponctuation, points latéraux et pubescence des deux segments précédents ; les huit premiers un peu plus longs et un peu plus larges, à bord postérieur marginé et un peu plus foncé que le reste de l’anneau ; neuvième segment long, en demi-ogive, fortement convexe, terminé en une pointe courte et rembrunie, avec longs poils bruns épars sur les flancs, avec quatre rides longitudinales et stries irrégulières : au bord antérieur de l’anneau, près du bord latéral, est une excavation ovale assez profonde, à pourtour noir, ombré de ferrugineux. Dessous de la tête rougeâtre, des segments thoraciques jaune pâle ; l’emplacement des pattes est circonscrit par un léger rebord droit, qui se continue en forme de bourrelet à angles saillants jus¬ qu’au neuvième segment abdominal; le dessus du bourrelet est longé sur toute la région par un léger trait bien accentué jusqu’au neuvième ; les segments abdominaux sont très légèrement ciliés et marginés de fines rides à leur bord postérieur; le segment anal participe du rebord latéral, lequel se continue en demi-cercle jus¬ qu’au milieu de l’arceau au bord duquel l’anus â fente longitu- 20 MOIÎUUS ET METAMORPHOSES d’i>SECT£S dinale fait saillie porté sur un petit pseudopode exsertile qui sert d’appui à la larved virant sa marche. latérales fortement épineuses, jaune translucide ; hanches courtes, fortes, extérieurement excavées ; trochanters courts ; cuisses longues, extérieurement renflées à leur milieu ; jambes aussi longues, terminées par un long onglet ferrugineux à pointe noire, acérée et un peu arquée. Stigmates bruns elliptiques, à double strie cornée ; la première paire au bord antérieur du deuxième segment thoracique, cachée parle rebord latéral ; les autres touchant presque le bord antérieur des huit premiers segments abdominaux et au-dessus du bourrelet de séparation des deux régions dorsale et ventrale. Celte larve, que l’on trouve dans le chevelu des racines des plantes ornant les pelouses des hauts plateaux des environs de Ria, à une profondeur de deux à trois centimètres, est agile et de consistance très dure. C’est du che-e’.u des racines dans le milieu desquelles elle se fraye des passages qu’elle se nourrit, elle choisit de préférence les racines que les pierres recouvrent. Son existence larvaire commencée en septembre se continue jusqu’en juillet suivant, époque à laquelle elle a acquis toute sa croissance, elle songe alors à assurer l’existence de la nymphe ; à cet effet, dans le milieu même où elle a vécu, elle se construit une large loge dont elle durcit les parois en exerçant avec son corps des pressions contre le milieu environnant, puis elle se prépare à subir sa transformation et quelques jours après elle donne le jour à une forme nouvelle. Cette larve a beaucoup de points de ressemblance avec celle du Melanotus niger, décrite page 13. Plusieurs larves à'Agriotes sordidus peuvent se trouver cote à côte, dans un rayon même très restreint, sans qu’elles songent à se nuire. Nymphe. Longueur 10 millimètres, largeur 3 millimètres. Corps allongé, sublinéaire, mou, blanchâtre, tronqué en avant, atténué en arrière, légèrement chagriné ; masque buccal infléchi ; masque thoracique convexe, avec quatre filets bruns, un à chaque MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iINSECTES 21 angle du segment, l’angle postérieur denté; les segments abdomi¬ naux avec légère ligne longitudinale médiane, diminuant de lar¬ geur de la base à l’extrémité, laquelle est terminée par deux petites pointes cornées, à bout rougeâtre ; l’extrémité latérale des six pre¬ miers segments est dentée et en saillie sur le segment suivant : le dessous n’offre aucun caractère particulier; les antennes à articles bien détachés et en forme de grains de chapelet reposent sur l’extré¬ mité des cuisses des deux premières paires de pattes; un léger mamelon bifide termine en dessous le segment anal. La nymphe est agile, elle se retourne sur elle-même au contact du moindre corps étranger, son abdomen est doué d'une grande mobilité. L’état nympbal dure de fin juillet à mi-août ; l’adulte, de couleur blanchâtre à son réveil, prend une teinte de plus en plus rougeâtre; lorsque le corps est en entier de cette deriiière couleur, la tête brunit, le corselet ensuite, puis c’est au tour des élytres ; alors la couleur normale s’accentue de plus en plus ; à ce moment, l’adulte se fraye un passage à travers la couche terreuse qui le séparait du dehors, et, vienne un rayon de soleil, sa robe prendra sa couleur définitive qu’elle devra désormais conserver ; ces variations successives durent un laps de temps qui peut aller de douze à quinze jours, suivant l’état de la température. Adulte. Sa description se trouve dans la Monographie des Elatérides, par Candèze, 1863, IV, p. 391. CÉBRIONIDES Cebrio Fabricii, Leacu. La conformation de la larve du Cehrio Fahricii est identique à celle de la larve du Cehrio Gigas, Fab., dont la description a été faite par Cliapuis et Candèze en 1853, p. 448, pl. 5, fig. 4, descrip- 22 MOEÜRS ET MÉTAMORPHOSES d'iNSECTES tion reproduite par Mulsant dans ses Fossipêdes, 1865, p. 3, pl. 1, fig. 1-5 : je me bornerai à en signaler les traits différentiels. La longueur de la larve du C. Fabricii est de 45 à 50 milli¬ mètres, sa largeur est de 4 à 5 millimètres ; le corps est d'un beau jaune doré, lisse et brillant, à l’exception de la tête et du dernier arceau abdominal qui sont noirs; la pubescence, un peu clair¬ semée, est d’un jaune doré ; la tête est en forme d’ovale, avec de fortes cicatrices ferrugineuses à l’arrière, noire à l’avant ; elle porte trois carènes à rebord noir ; le bord antérieur est tridenté, la dent médiane est la plus courte; viennent ensuite les deux lobes cornés et pubescents comme dans C. Gigas ; les mandibules sont moins larges et plates, très recourbées en dedans et en forme de faucille ; les articles des palpes maxillaires sont ferrugineux et annelés de testacé à l’extrémité, de longs cils bruns partent de la base de chaque article; les palpes labiaux, dont la base est testacée et la direction divergente, sont garnis de longs poils dorés ; le premier article des antennes est légèrement évasé au bout ; la ré¬ gion occipitale est pointillée ; du milieu de chaque point un long poil fait saillie et la région médiane se termine par une tache flave en demi- ovale; les segments thoraciques sont cornés, d’un jaune doré, lisses et luisants, cylindriques, de la largeur de la tête, tra¬ versés par une ligne longitudinale médiane peu marquée, le pre¬ mier est, comme dans C. Gigas, deux fois plus long que les deux suivants réunis et légèrement marbré de taches pâles, le deuxième porte de légères mouchetures, le troisième est fortement ridé transversalement ; les segments abdominaux ont le premier arceau fortement ridé, le deuxième un peu moins, les six suivants sont sans rides, ces huit arceaux abdominaux sont parcourus par une ligne longitudinale médiane bien marquée, leur bord inférieur se relève de manière à former un léger bourrelet, le neuvième porte une tache noire en ovale allongé et quelques points enfoncés sur¬ montés d’un long poil brun, son extrémité est obtuse ; le dessous de la tête est flave et en partie couvert par une membrane jaunâtre rétractile, fortement ridée, se dégageant du premier segment et susceptible de s’épanouir en une double boursouflure sujette à MOEUKS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 23 prendre un grand développement ; le dessous du premier segment thoracique est garni d’une plaque rectangulaire chagrinée et ridée transversalement ; le dessous des autres segments est sans plaques ni rides ; le neuvième est jaune, corné, avec de larges poils émer¬ geant chacun d’une très petite fossette ; l’anus en forme de rosette est entouré d’une auréole de cils roux, sa fente longitudinale et petite s’appuie sur la courbe formée par une tache pâle en demi- ovale dont les deux tiges s’appuient au bord postérieur du huitième anneau ; une ligne longitudinale latérale et flave marque le point de division de la région dorsale à la région ventrale ; les pattes sont comme chez son congénère le C. les stigmates ferrugineux, à péritrème plus foncé, sont placés : la première paire sur le pro¬ longement de la ligne latérale et sur le bord antérieur du deuxième segment thoracique ; les huit autres sur le rebord antérieur des huit premiers segments abdominaux et au-dessus de cette ligne. Cette larve est nuisible à la vigne, aux oliviers, aux céréales, au jardinage : elle ronge les racines et les tubercules des divers végé¬ taux : elle a ravagé, une année, les champs de pommes de terre des environs de Perpignan; M. de Gonzalvo, à Estagel, la trouve fréquemment dans son vignoble ; je l’ai prise dans des terrains complantés en chène-liège, à Argelès ; on la trouve au reste toute l’année un peu partout à Perpignan et dans les communes environ¬ nantes ; elle n'existe pas au sud de cette localité. TÉLÉPHORIDES Dasyteei obscurus, Gyll. Larve : Longueur, 7 millimètres; largeur, 1 1/2 à 2 millimètres. Corps subconvexe, rougeâtre, tête et dernier segment abdominal noirâtres; pubescent, atténué aux deux extrémités. Tête déprimée à sa partie antérieure, subcornée, noirâtre, lisse, 21 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES o’iNSECTES couverte de longs poils clairsemés, les deux lobes séparés par un trait qui, partant de la base antennaire, vient se rejoindre avec son similaire au milieu du front, pour se continuer ensuite en une seule ligne jusqu’au premier segment thoracique; épistome trapé¬ zoïdal, brunâtre; labre proéminent, transparent, pubescent; man ¬ dibules à base forte, épaisse, ferrugineuses, à extrémité noire, falciformes, bidentées; mâchoires épaisses, avec palpes maxillaires de trois articles, petits courts, cylindriques, testacés, le dernier à extrémité obtuse; languette grosse, charnue, avec palpes labiaux de deux articles à base testacée, à extrémité noirâtre, le dernier article acuminé; antennes de quatre articles, premier blanchâtre, gros, obconique, deuxième court, grisâtre ainsi que les suivants, troisième comme le deuxième, mais aussi long que les deux premiers, portant un petit article extérieur et un autre intérieur trois fois plus long, surijionté d’un cil long et délié; ocelles indiqués par un point noir et corné autour duquel rayonnent six petites aspérités blanches, trois sur la face antérieure, trois sur le côté opposé. Segments thoraciques jaunâtres, marbrés de taches rouges, premier segment un peu plus large à la base qu’au bord antérieur, dans lequel la tête s’enchâsse en partie, hérissé de longs poils plus nombreux sur les côtés, lesquels se terminent, en arrière, en pointe obtuse; deux points noirs bornent une ligne longitudinale médiane qui parcourt le segment sur les trois quarts postérieurs ; deuxième et troisième segments de la même couleur et avec la même pubescence que le premier, un peu plus larges, bordés d’un bourrelet latéral. Segments abdominaux, les huit premiers jaunâtres, marbrés de taches rouges, ridés, avec bourrelet latéral, moins accentué au huitième, fortement ciliés sur les côtés; neuvième noir, moitié moins large que les précédents, terminé par deux pointes obtuses à base rougeâtre, à extrémité noire recourbée en dedans et surmon¬ tée d'un cil; du tiers du rebord latéral émergent deux petites aspérités noires avec long poil au bout. Dessous du corps jaunâtre, un peu marbré de rouge, légèrement pointillé et pubescent, le milieu du dernier segment renflé en un léger bourrelet, au centre duquel est l’anus à fente transversale. MOEUKS ET MÉTAMOnPHOSES d’iKSECTES 25 Pattes longues, teslacées; hanches grosses, cylindriques, cuisses légèrement arquées, le dessus du point de jonction avec la jambe est marqué d’une tache rougeâtre: jambes droites, pubescentes, terminées par un ongle court, corné, rougeâtre, à extrémité noire et pointue. Stigmates peu apparents, à péritrème ombré de noir; on en aperçoit la place lorsqu’on plonge la larve dans l’alcool, leur emplacement parait alors comme un point perlé. On trouve cette larve en novembre, au Canigou, à 200Ü mètres d’altitude, sous les pierres peu enfoncées; elle paraît vivre, mais je ne l’assurerai pas, de résidus végétaux ou animaux agglomérés sous les pierres, formés en particulier de feuilles mortes d’airelle et de genêt, et de nombreux cadavres d’OrIhoptères: elle vit en petites sociétés composées de deux à six individus. Aux approches de sa transformation, elle se creuse sous la pierre, entre les débris de végétaux, au milieu desquels elle a vécu, une loge oblongue, dont les parois sont tapissées d’une matière blanchâtre peu consis¬ tante; la transformai ion en nymphe a lieu fin juin. Nymphe : Longueur, 5 millimètres; largeur 2 millimètres. Corps ovale- oblong, l’extrémité postérieure un peu atténuée, d’un rose vif marbré de taches plus pâles; dessous de couleur blanc pâle, fortement pubescent, en particulier au pourtour des segments thoraciques; une ligne longitudinale médiane parcourt les segments abdominaux, dont les bords latéraux sont légèrement relevés en forme de tubercule; le dernier anneau abdominal est d’un blanc livide, il se termine par deux petits filets flaves et pubescents; les antennes se coudent pour passer au-dessus des genoux des deux premières paires de pattes. La nymphe est sensible au moindre attouchement, tournant plu¬ sieurs fois sur elle-même lorsqu’on vient à la déranger de sa loge; elle donne l’adulte dans les premiers jours de juillet. Adulte. Mulsautdans sa Monographie des Floricoles, p. 352, Annales de la Société Linnéenne de Lyon, année 1867, en donne une très longue description. T/insecto parfait est très commun sur le Canigou en été et en 26 MOEUllS ET MÉTaMOIIPIIOSES d’iNSECTES automne, à partir de 2000 mètres d’altitude; ce sont les fleurs de Sonchus qui forment son domaine aérien. CLÉRIDES Clerus ru fi lies, Brahm. Larce\ longueur, 12 millimètres; largeur, 2 millimètres. Corps charnu, rougeâtre, à pubescence brunâtre, subdéprimé, un peu atténué aux deux extrémités. Tôle noire, cornée, lisse, un peu plus longue que large, à angles antérieurs arrondis, les postérieurs légèrement en saillie, longitu¬ dinalement striée, avec quelques points enfoncés, et longs poils roux ; épistome rougeâtre transverse; labre rougeâtre, à milieu écliancré, à bord frangé de courts cils; mandibules fortes cornées noires; mâchoires à lobe bien détaché très court et cilié; palpes maxillaires obliques de trois articles, les deux premiers annelés de testacé à l’extrémité, courts, avec long poil chacun, le troisième plus long que les deux précédents réunis, cylindrique; menton carré, lisse et luisant; palpes labiaux rougeâtres, de deux articles, le terminal très allongé, cylindrique; antennes rougeâtres, courtes, de quatre articles, avec longs cils épars le long de la tige, les deux premiers courts, le troisième arrondi, avec article supplémentaire très petit et deux longs cils roux, quatrième grêle à bout tronqué ; ocelles saillants ovalaires, sis en arrière de la base antennaire, au nombre de cinq, trois en première ligne et à direction oblique, deux en arrière formant un angle avec la première rangée. Segments thoraciques rougeâtres, parsemés de longs cils, en particulier sur les bords latéraux; le premier corné, de la largeur de la tête, transversalement ridé, avec plaque rougeâtre et bords latéraux lestacés membraneux, deuxième et troisième transverses, un peu plus larges que le précédent, avec plaque écailleuse rougeâ- MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’i>SECTES 27 tre et bords antérieurs et postérieurs testacés, les angles postérieurs arrondis; ligne longitudinale médiane peu marquée et trait longi¬ tudinal de chaque côté entre la ligne médiane et le rebord latéral. Segments abdominaux égaux, subconvexes, un peu atténués vers l’extrémité et longue pubescence rousse; les huit premiers transverses rougeâtres avec incision relevée par un léger bourrelet entre la ligne médiane et le bord latéral; bord antérieur membra¬ neux et testacé foncé; neuvième segment entièrement rougeâtre, corné, granuleux, à pubescence longue et dense, avec bourrelet transversal et légère excavation médiane suivant le bourrelet; deux fortes épines noires cornées, à bout rougeâtre et arqué terminent ce segment dont l’extrémité est arrondie. Dessous de la tête corné, rougeâtre foncé avec deux traits médians obliques se joignant presque à l’extrémité ; des segments thoraciques renflé, rougeâtre clair, à pubescence longue et forte, le premier segment corné, les deux suivants membraneux; des segments abdominaux rougeâtre, foncé et bord postérieur gris lair au milieu, avec courte pubescence et impressions diverses relevant les intervalles en forme de bourrelet; anus saillant verru- queux a fente transverse; un double bourrelet latéral simple à la région thoracique et au segment anal parcourt les flancs tout en délimitant les deux régions dorsale et ventrale. Pattes et Stigmates comme dans la larve du Clerus Formica- rius. C'est sous les écorces de pin habitées par les larves du Melano- phila cyanea auxquelles elle fait une guerre acharnée, qu’au Poi¬ rier, non loin de Lyon, j’ai trouvé cette larve : vive et alerte, elle mène une existence très active ; sans cesse à la recherche de sa proie favorite, elle passe d’une galerie â l’autre, entre même dans les loges où reposent les paisibles nymphes de Melanophila qu’elle dé¬ vore aussi : fin juin, parvenue au terme de son évolution, elle prend position dans la loge même dont le dernier habitant a servi à as¬ souvir ses appétits, s’enveloppe d’une mince couche blanchâtre dans l'intérieur de laquelle s’opère sa nymphose. Nymphe. Rougeâtre en entier, image du futur adulte dont il a ‘i8 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES o'iNSECTES la forme plastique ; les éljtres elles ailes seules sont rudimentai¬ res, le segment anal est prolongé en deux courtes excroissances. Adulte. C’est fin juillet que l’adulte sort de son réduit pour con¬ tinuer l’œuvre de destruction des espèces qui nous sont nuisibles, œuvre à laquelle comme laive il avait déjà participé. La description de l'insecte à l’état parfait se trouve dans Mul- sant, Annales de la Société Linnéenne, 1863, p. 301. C’est un insecte à classer dans la catégorie de nos utiles auxi¬ liaires. TÉNÉBRIONIDES .48itla Juriiici, SoLlER. Larve : La description de la larve a été faite par Perris, dans son immortel travail sur les larves de Coléoptères, année 1877, page 257 ; nous ferons aujourd’hui connaître la nymphe ainsi que quelques traits de mœurs se rapportant aux premiers états de l’espèce. La larve issue d’œufs pondus à l’arrière-saison hiberne en terre, rongeant toutes les racines, même les tubercules qui se trouvent à sa portée ; l’aire de cheminement n’ést pas très étendue pour elle, parce que la mère, par cet instinct naturel qui guide si bien tous les êtres, a eu le soin de déposer sa ponte aux alentours des arbres ou des plantes nourricières ; aussi dans le milieu dans lequel elle est appelée à se mouvoir, que ce soient des racines de vignes, d’oli¬ viers, de figuiers, des tubercules de pommes de terre ou d’autres plantes légumineuses, elle attaque indifféremment aussi bien les unes que les autres, les racines sont rongées transversalement et quelquefois circulairement, les pommes de terre sont trouées jus¬ qu’à un et deux centimètres de profondeur. Cette année, j’avais en pépinière, dans une vigne, deux cents boutures de Jacquez, qui en •29 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES D’I^SECTES juillet n’avaient pas encore poussé de jets ; désireux d’en connaître la cause, je creusai la terre au pied de chaque bouture ; en peu de temps je mis à jour des larves d’Asida ; j’allai plus loin, je déterrai complètement les tiges ; auprès de chacune, deux ou trois larves exécutaient leur œuvre de destruction ; après avoir mis les hou - tures enfoncées en terre dans l’impossibilité d’émettre des racines, elles en avaient rongé la périphérie ainsi qu’une partie de l’aubier, preuves non équivoques de l’effet de leurs mandibules. La cause de la mortalité de mes sujets était alors toute trouvée ; il me restait encore à pousser plus loin mes investigations, et c’est ainsi qu’après avoir suivi le ravageur dans son état larvaire, il me fut facile d’ob¬ server plus tard la nymphe. Fin juillet, parvenue au terme de son développement, la larve se façonne en terre, à la profondeur à laquelle s’est passée son exis¬ tence, une coque lisse à l’intérieur ; ce travail accompli, elle se prépare à sa nouvelle transformation, ce qui a lieu quelques jours après. Nymphe^ longueur, 12 à 14 millimètres ; largeur, G ù7 milli¬ mètres. Corps d’un blanc sale, légèrement pubescent de roux, ovale à la région antérieure, atténuée à la région opposée, un peu recour¬ bée en arc. Tête fortement infléchie contre le dessous des segments thoraci¬ ques, avec de longs cils roux sur son pourtour ; les côtés en partie masqués par les angles antérieurs du premier segment thoracique, lequel est fortement convexe en dessus, et dont les angles posté¬ rieurs se terminent en saillie très aiguë ; deuxième et troisième segments thoraciques petits et transverses, en partie voilés au point d’insertion des ailes ; segments abdominaux subcylindriques avec rebord latéral très saillant et en forme de lame un peu évasée au milieu ; les deux pointes extérieures, teintées de ferrugineux, se redressent en forme d’épine ; le premier segment ne porte que l’é pine inférieure, le sixième ne porte que l’antérieure, de longs cils roux émergent du rebord latéral de ces arceaux ; les septième et huitième sont cylindriques avec rebord très peu accentué et sans 30 MOEUUS ET METAMORPHOSES D KNSF.CTES arêtes ; le neuvième se termine par un double appendice bifide, en forme de mamelon fortement ridé en travers ; entre les deux séries de mamelons est une légère dépression ; les mamelons supérieurs qui terminent la région dorsale sont de couleur ferrugineuse et portent à leur extrémité une pointe très acérée, cornée et rou¬ geâtre ; de longs poils émergent du pourtour des mamelons. Aucune autre particularité à signaler. La nymphe dans sa coque s’appuye sur les épines qui bordent ses flancs : elle est sensible à tout attouchement ; au moindre contact, elle imprime des mouvements très vifs à ses segments ab¬ dominaux. Quinze jours lui suffisent pour accomplir sa deuxième évolution ; l’adulte reste très longtemps à prendre la couleur grise qui le ca¬ ractérise, il conserve très longtemps une teinte rougeâtre ; il ne sort de terre que lorsque les pluies d’automne ont rendu le sol friable, et si ces pluies tardent à tomber, une partie est appelée à succomber dans le berceau même où comme nymphe s’étaient écou¬ lés ses premiers jours. Adulte. Aux environs de Ria, l’adulte n’est pas rare en hiver et au printemps ; il se tient sous les pierres, sous les écorces. Sa description a été faite par Solier dans les Annales de la Sociélé entomologique de France, année 1836, page 206. Des observations auxquelles nous nous sommes li^ré, il résulte que la larve de l’A. Jurinei est nuisible à l’agriculture par les dé¬ gâts qu’elle cause aux racines de nos arbres fruitiers, de la vigne, aux plantations en pépinière et aux légumineuses. llelops pjrcnneus, Muls. Larve : Longueur 11 millimètres, largeur 2 1/2 à 3 millimè¬ tres. allongé, coriace, lisse et luisant, jaunâtre, avec le trait de division des segments plus accentué, en particulier à l’extrémitédes segments abdominaux et quelques poils épars sur la surface. MOKCnS l’.T MÉTAMORPHOSES d'iNSECTES 31 Tête longue, presque ovale, testacé pâle, légèrement pubescente, presque aussi large que le premier segment thoracique, profondé¬ ment impressionnée de lignes longitudinales bien marquées, la mé¬ diane se bifurquant à moitié du front pour aller se perdre un peu plus loin ; épistome large testacé pâle, un peu rembruni à son bord antérieur avec quelques poils épars sur la surface ; labre en demi ovale, subferrugineux, pubescent de gris ; mandibules à base ferrugineuse, à extrémité noire, fortes, cornées, arquées avec forte dent noire à la tranche interne ; mâchoires à lobe trian¬ gulaire testacé rougeâtre avec forte pubescence intérieure ; palpes maxillaires de trois articles subferrugineux, premier court tron- conique, deuxième un peu plus long cvlindrique; troisième à extré¬ mité obtuse, tous trois de longueur à peu près égale, un long cil brun part de la base du troisième article ; menton charnu, ferru¬ gineux, subcylindrique ; palpes labiaux de deux articles ferrugi¬ neux pubescents, le dernier à extrémité obtuse ; languette petite lancéolée, terminée par deux très longs cils ; antennes de trois articles émergeant d’un tubercule testacé tronconique qui pourrait être pris comme article basilaire ; premier article court, testacé, cylindrique, deuxième rougeâtre, un peu plus long, même forme, troisième petit rétractile, rougeâtre, terminé par une longue soie ; ocelles, deux points cornés noirs, l’un à la suite de l’autre, un peu en arrière et à côté de l’insertion antennaire. Segments thoraciques subcylindriques, égaux, testacé pâle, avec fines rides transverses, les bords antérieur et postérieur du premier segment cerclés de jaunâtre, les bords postérieurs des deuxième et troisième segments de couleur jaune, un peu plus pâle*, les deux premiers arceaux traA'ersés par une faible ligne longitu¬ dinale médiane pâle. Segments abdominaux : les six premiers ne diffèrent en rien des deux derniers anneaux thoraciques ; le septième un peu plus long, porte sur son disque quelques mouchetures à cercle corné et ferrugineux, il esf postérieurement bordé de couleur jaune tran¬ chante ; le huitième un peu plus long et un peu moins large a son bord postérieur étranglé en forme de goulot, la couleur jaune du 32 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iINSECTES boi’il est très accentuée, le disque est moucheté; le neuvième est court terminé par deux crochets ferrugineux en forme de grappin et dont la larve se sertpour se fixer; un petit tubercule corné pointe sur le flanc latéral de chacun de ces grappins et à leur base exté¬ rieure. Dessous de couleur un peu plus pâle que le dessus, sans mou¬ chetures ni demi-cercles jaunes ; seul, le premier anneau thoraci¬ que porte deux petites plaques triangulaires jaunâtres au-dessus du point d’insertion de la première paire de pattes ; au dernier anneau l’anus à fente transversale courbe; est surmonté de quel¬ ques légers cils ; une ligne longitudinale latérale fortement accen¬ tuée marque le point de division des régions dorsale et ventrale, et le bord transversal inférieur de chaque segment fait saillie, excepté sur les deux derniers : tous ces segments sont légèrement pubes- cents. Pattes longues, testacées, rembrunies à leur extrémité avec pu¬ bescence éparse, de cinq pièces ; hanches grosses, cylindriques ; trochanters courts ; cuisses arquées ; jambes longues un peu déliées à l’extrémité avec longs cils ferrugineux ; tarses terminés par un crochet ferrugineux onguiculé. Stigmates flaves à ombilic roussâtre sis à leur place normale, un peu au-dessus de la ligne de division des deux régions, la pre¬ mière paire un peu plus rapprochée de cette ligne que les autres : ils sont difficiles à apercevoir par leur ressemblance avec la couleur du fond. Aux environs de Ria, l’accouplement des deux sexes a lieu dans le courant de l’automne et pendant une partie de l’hiver, la ponte se fait aussitôt après ; l’œuf est déposé sur des tiges ou sur des ra¬ cines mortes depuis quelque temps, plus particulièrement sur les racines d’une grande euphorbe, V Euphorhia characias et du prunellier. Prunus spinosa ; la jeune larve aussitôt éclose, pénè¬ tre dans la partie la moins dure du bois ou de la racine, y chemine dans des galeries irrégulières qu’elle comble de ses propres déjec¬ tions ; lente dans ses mouvements pendant son jeune âge, sa plus grande activité se produit avant les fortes chaleurs; arrivée alors 33 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES au terme de sa vie larvaire, elle se construit une longue loge oblon- gue, évidée à l’extrémité jusqu’à'toucher l’écorce, et se prépare aussitôt à changer de forme. Nymphe. Longueur 7 millimètres, largeur 3 millimètres. Corps convexe en dessus, un peu courbe à sa partie postérieure, légèrement bombé au premier segment thoracique qui est d’un blanc flave et dont les bords latéraux légèrement relevés sont garnis de fort cils spinosules de couleur ferrugineuse et formant une aréole le long du bord de l’anneau ; les deux segments qui suivent et le premier abdominal sont mutiques, les six segments suivants por¬ tent à leur bord latéral une double épine bifide, à base testacée, à extrémité noire, avec long poil à la base de chaque épine; le hui¬ tième segment est mutique, mais pubescent : le neuvième se termine par deux longues tiges charnues à direction divergente dont la base est testacée et l’extrémité ferrugineuse : au-dessous delà base des tiges sont deux petits prolongements charnus de couleur testacé pâle ; la tête n’offre rien de particulier, l’emplacement des yeux est marqué par d’innombrables facettes brunes ; les antennes reposent sur les genoux des deux premières paires de pattes, leur extrémité rentre ensuite sous la région thoracique. La nymphe est douée de mouvements vifs et saccadés. C’est à partir de mi-août que commençentles éclosions de l’adulte ; la nymphe nue dans sa loge, après s’êtré débarrassée du voile qui la couvrait, donne la vie à un être faible, de couleur pâle, couleur qui en très peu de temps prend une teinte rougeâtre, teinte qui tourne de plus en plus au noir, au fur et à mesure que les téguments durcissent ; l’adulte ronge ensuite la légère cloison qui le séparait du monde extérieur, puis lentement il gagne l’extrémité de la tige de la plante nourricière qu’il ne quittera pas de longtemps encore. Adulte. Dans nos environs, l’insecte à l’état parfait est loin d’être rare, sa recherche, il est vrai, est minutieuse, mais il est un moyen de se le procurer facilement, ce moyen consiste à battre au para¬ pluie les touffes delà grande euphorbe dont une partie des tiges est morte de l’année précédente et où il a accompli son cycle biologi¬ que, on est sûr ainsi d’en faire une bonne provision : il est possible Soc. Lin:»., t. xi.. 3 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES o’i.NSECTES U d’arriver encore à un meilleur résultat en airachant la plante en entier et en la secouant fortement sur le parapluie renversé ; cette plante dont les racines traçantes ont peu d’adhérence dans le sol, cède au moindre effort. L’apparition de l’adulte, commencée en août, se continue pen¬ dant l’automne et une partie de l’hiver ; durant les froids, il trouve un abri dans le creux des tiges, sous les plantes, sous les débris végétaux et aussi contre les pierres. Mulsant en a donné la description dans ses Latigênes, 1854, p, 374. ANOBIIDES Xylopertlia |iasttilata, Fab, L’insecte que nous allons faire connaître à ses divers états est un coléoptère de la famille des Térédiles, du groupe des Sinoxylides : il appartient à cette légion de ravageurs connus sous le nom de Bostrichus. Larve : longueur 3 à 3 1/2 millimètres, largeur 3 millimètres. Corps courbé en arc, blanc, charnu, avec pubescence rousse clairsemée, un peu plus dense sur le bourrelet latéral ; convexe en dessus, déprimé en dessous, fortement renflé à la région thora¬ cique. Tête petite, blanchâtre, avec longs poils roux épars sur la sur¬ face, finement chagrinée, à bords latéraux arrondis ; épistome bru¬ nâtre, trapézoïdal, translucide au milieu ; labre court, eu demi- ovale, frangé de poils roux, dorés, courts, très denses, brunâtre à ses bords latéraux, translucide au centre ; mandibules fortes, lisses, cornées, noires, à base ferrugineuse, à bout arrondi, faiblement bidenté, se joignant sans se croiser, cachées par le bord cilié du labre qui les déborde ; mâchoires testacé clair, subtriangulaires, à MOEURS ET METAMORPHOSES o’iNSECTES 35 bord exlerue coudé, à base forte, à lobe épais cylindrique forte¬ ment frangé de cils roux ; palpes rougeâtres, de trois articles, courts, le premier testacé cylindrique, deuxième rougeâtre, même forme, mais un peu moins gros, annelé de testacé à l’extré¬ mité, troisième petit, rougeâtre, à bout obtus dirigé vers l’inté- aieur ; menton cordiforme, charnu, blanchâtre ; palpes petits de deux articles, premier moniliforme, testacé, annelé de roux à l’ex¬ trémité, deuxième roux, à bout obtus ; languette petite, triangu¬ laire, pointue, bordée de courts cils roux ; antennes émergeant en arrière du milieu de la base des mandibules, d’un espace blanch⬠tre circonscrit par le bord de deux taches triangulaires ferrugi¬ neuses ; rétractiles, rougeâtres, cylindriques, de trois articles, premier cupuliforme, allongé, testacé, deuxième plus court, moins large, cylindrique, rougeâtre, troisième très petit, rougeâtre, ténu ; s’il y a article supplémentaire, il est imperceptible ; ocelles, pas de traces. Segments thoraciques mous, blanchâtres, avec quelques poils épars sur le disque, ciliés au bourrelet latéral ; premier segment grand, large, fortement convexe, s’élargissant en s’arrondissant d’avant en arrière, transversalement ridé, avec ligne longitudinale se terminant au bord postérieur par une petite excavation ; enclo¬ sant à son bord latéral un mamelon triangulaire, le côté supérieur du triangle marqué d’un trait rougeâtre et d’un point de même couleur h l’extrémité de la ligne ; près du milieu de la ligne infé¬ rieure est le premier ostiole ; deuxième et troisième segments égaux, courts, étroits, transverses, formés de deux bourrelets, le bourre¬ let supérieur n’atteignant pas le bord latéral. Segments abdominauu' gris pâle, avec poils épars sur le dis¬ que, plus denses sur les côtés ; les six premiers de la largeur des deux précédents, étroits, transverses, formant bourrelet, précédés et suivis d’un demi-bourrelet ; septième un peu plus long, lisse avec le demi-bourrelet antérieur seulement ; huitième et neuvième un peu plus longs encore, mais moins larges, lisses, pubescents de poils clairsemés, sans bourrelets ; extrémité anale tronquée, trilobée avec pubescence plus serrée : la région dorsale est longitudinale- 36 MOl^URS ET MÉTAMORPHOSES d’iKSECTES ment parcourue par une large bande roussâtre qui tranche sur le fond, dont la couleur est due par transparence à la matière absor¬ bée, couleur qui disparaît après la mort. Dessous : segments thoraciques fortement renflés et oblique¬ ment incisés, l'espace entre deux incisions forme boursoufflure ; segments abdominaux déprimés et traversés par de petites rides longitudinales et obliques ; l’anus à fente longitudinale est placé sur un mamelon tronqué, à bords renflés ; un double bourrelet latéral, à bord extérieur central fortement cilié, sert de partage aux deux régions inférieure et supérieure, le bourrelet terminal est saillant, en forme de losange, fortement boursouflé à chaque arceau. Pattes testacées, longues, droites, fortement ciliées de poils roux doré, douées de forts mouvements ; hanches courtes, à base large ; trochanters courts ; cuisses longues droites cylindriques ; jambes courtes, arquées en dedans, un peu renflées à la base, terminées par un petit crochet, acéré, corné, entourées d’une bordure de longs cils roussàtres ; le crochet de la première paire de pattes est long, rougeâtre, l’extrémité se relève en se recourbant en forme de croc ; aux deuxième et troisième paires de pattes, ce crochet de couleur pâle est plus petit et droit : la progression de la larve se fait au moyen des pattes, et en particulier du double bourrelet latéral. Stigmates, la première paire grosse, rousse, elliptique, à péri- trème brunâtre est sise au bas de la masse charnue triangulaire qui termine le côté du premier segment thoracique ; les huit autres plus petites sont placées au fond du renflement sur lequel s’appuie la base du bourrelet latéral des huit premiers segments abdomi¬ naux. Provenant d’œufs pondus en nombre sur la même tige, la jeune larve chemine côte à côte et à proximité d’une foule de camarades tous plus occupés les uns que les autres à leur œuvre de destruc¬ tion ; leurs galeries sont cylindriques, chacun suit la sienne, sans que celle-ci se confonde jamais avec la voisine ; le travail de che¬ minement se fait en remontant et en suivant une direction longitu¬ dinale, si quelquefois elle est un peu sinueuse, c’est qu'il y a eu MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 37 obstacle, elle revient à la direction primitive dès que la cause a cessé. Les détritus provenant de la digestion de la matière ligneuse absorbée sont refoulés et fortement tassés, l’appétit augmentant avec l’âge, les galeries s’élargissent insensiblement, de sorte qu’à la fin de son travail on peut facilement suivre et se rendre ainsi compte du trajet de la larve dans le bois. Commencée en automne, l’œuvre de destruction se continue sans interruption tout l’hiver pour ne s’arrêter qu’au printemps ; parve - nue à ce moment au terme de son accroissement, ce qui a lieu fin mars et dans le courant d’avril, la larve quitte la direction longi¬ tudinale pour se diriger vers les couches superficielles du bois, et cela dans le but de ménager pour plus tard la facile sortie de l’adulte ; travaillant dans du bois mort, elle n’a pas besoin de ron¬ ger circulairement la branche pour arrêter la sève ; à l’endroit où elle se trouve, sans aucun autre soin que de tasser fortement les détritus qu’elle a laissés derrière elle, elle se prépare à subir un changement profond. Transformation. A cet effet, son corps perd peu à peu de sa forme courbe, il s’étend, s’allonge, se ride, puis se raidit, se redresse, prend une teinte jaunâtre ; le bourrelet latéral si appa¬ rent jusqu’alors, disparaît, il n’en reste que le bouquet de poils cen¬ tral ; les bourrelets secondaires de la région dorsale s’effacent, les pattes s’appliquent contre les segments thoraciques, le corps est devenu cylindrique, les contractions commencent : à la suite de mouvements alternatifs répétés à de courts intervalles, la peau cède, elle se fend au premier anneau au point de division que limite la ligne longitudinale, vient ensuite le tour de la tête, puis succes¬ sivement des segments abdominaux ; au fur et à mesure que la peau se déchire, elle glisse à chacune des contractions ; à la fin de ce pénible labeur, lorsque le masque nymphal est complètement dépouillé de la peau larvaire, cette peau se trouve acculée au fond de la loge ; chiffonnée et en forme de tampon, elle sert encore à ce moment de protection à la jeune nymphe contre les chocs qui pour¬ raient être imprimés aux branches de la plante nourricière. Aux environs de Ria (Pyrénées-Orientales) où nos observations 38 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d'iNSECTES ont été faites, la larve du X. piistulala vit dans les branches petites et moyennes de trois espèces de chêne : Quercus robiir, Q. ilex, Q. coccifera. Comme toutes les larves xylophages, celle ci ne dédaigne pas le bois un peu carbonisé par le feu. Nymphe : longueur 3 1/2 millimètres, largeur 1 1/2 millimètres. Corps mou, blanchâtre, yeux seuls roussâtres ; convexe en des¬ sus, subdéprimé en dessous ; masque buccal proéminent et inflé¬ chi ; bord frontal excavé avec quatre petits tubercules ; région dorsale transversalement longée aux arceaux abdominaux par de petites aspérités ; extrémité anale bilobée ; stigmates apparents ; pas la moindre trace de pubescence ; aucune autre particularité ne lui reste que le cachet caractéristique de ce que sera l’adulte à l’état parfait. Sous l’impression de la crainte ou de la défense, la nymphe peut faire mouvoir librement ses segments abdominaux, la phase nym- phale dure une quinzaine de jours, durée qui peut se prolonger, s’il survient des temps froids ou humides, ce qui a assez souvent lieu à l’époque correspondante aux éclosions ; pendant que dure ce repos latent, les organes intérieurs subissent une révolution de nature à identifier le corps avec les nouvelles fonctions, et comme résultat final de celte série de modifications successives, disparaît en der¬ nier lieu, la faible membrane qui enveloppait le corps de la nymphe ; aussitôt les antennes, les ailes, les pattes se détachent successivement du corps; le masque disparaît pour faire place à l’insecte parfait. Adulte. Passant de la teinte blanche au rougeâtre, le corps de l’adulte ne prend sa couleur définitive qu’après un certain laps de temps qui peut avoir une durée d’une quinzaine de jours, alors ses téguments ont durci, ses mandibules sont assez fortes pour entamer la mince couche de bois qui le sépare du dehors ; il se met à l’œu¬ vre, en peu de temps il pratique un trou circulaire correspondant à la dimension de son corps, mais il ne profitera pas encore de sa liberté pour s’élancer dans l’espace, il tient trop à son berceau où il y est bien à l’abri, il s’y plaît ; ce ne sera que lorsqu’une force. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES D INSECTES 39 à laquelle il ne saura résister, le poussera à sortir, qu’il se risque¬ ra dans le cour.'.nt d’une nuit calme à se mettre en quête d’unecom- pagne : la même nuit, le même temps, protégeant les mêmes om¬ bres, les mêmes influences produisant les mêmes effets sur chacun des deux sexes, ses désirs ne tarderont pas à se réaliser, tous ses semblables y concourront chacun pour sa part, chacun pour son rôle ; dès lors de nouvelles générations seront en germe, de nou¬ velles déprédations s’en suivront, sans qu’il ne puisse y avoir dans ce roulement, que quelques perturbations dues aux agents atmo¬ sphériques, les seules ayant un cffetpositifsurle rôle funeste dévolu à nos dévastateurs. MÉLANDRIIDES Oroliesin Abeillet, Guillebeau. Larve : Longueurs millimètres, largeur 1 millimètre 1/4. Cor/jv mou, charnu, jaunâtre, linéaire, rugueux, convexe à la région dorsale, subdéprimé à la région ventrale. Tête rougeâtre, arrondie, ligne médiane plus pâle partant de l’occiput, se bifurquant auvertex pour aller se perdre au-dessous de la base antennaire ; parsemée de longs poils roux, légèrement carénée au milieu avec quelques aspérités à la région frontale ; épistome court flavescent, rectangulaire ; labre jaunâtre, pubes- centà son bord extérieur, translucide, aussi long et un peu moins large que l’épistome ; mandibules à large base, cornées, ferrugi¬ neuses, à pointe noire et acérée, bidentées à leur tranche interne ; mâchoires saillantes d’une seule pièce portant deux apophyses tes- tacées à leur base, lobe long spatuliforme, cilié à son bord interne, rougeâtre, bien détaché des palpes maxillaires dont il atteint l’ex¬ trémité du deuxième article ; ces palpes triarticulés, les trois arti¬ cles égaux testacés, moniliformes, le troisième un peu grêle ; men- 40 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES ton rougeâtre peu apparent ; palpes labiaux petits très rapprochés, un petit trait noir sépare les deux palpes ; languette charnue rou¬ geâtre ; antennes de quatre articles, triangulaires, teslacées, les trois premiers articles légèrement annelés de brun à l’extrémité, le quatrième pointu se terminant par un petit cil brun, à sa base et au-dessous est un article supplémentaire ; ocelles formés de cinq petits points noirs cornés disposés en deux rangées : la pre¬ mière, de trois, touchant la base antennaire ; la deuxième, de deux, espacés en oblique et éloignés de la première rangée. Segments thoraciques convexes, lisses et jaunâtres, de forme égale, un peu plus larges que la tête, à très fine pubescence rousse et couchée, irrégulièrement parsemés de petits traits subcutanés rougeâtres ; la ligne de séparation des deuxième et troisième ar¬ ceaux porte à son bord latéral une petite papille. Segments abdominaux., convexes, lisses et jaunâtres, dimi nuant de largeur, mais insensiblement jusqu’au huitième anneau ; les sept premiers avec un bourrelet transversal médian se termi nantàson bord latéral en une apophyse ciliée qui est beaucoup plus marquée et bien plus loin placée au huitième segment, lequel est un peu moins long et un peu moins large que les précédents et dont le bord postérieur porte quatre petites aspérités de la cou¬ leur du fond ; neuvième à extrémité courte et tronquée, sans apophyse. Dessous : tête jaunâtre avec les pièces buccales testacées ; seg¬ ments thoraciques subdéprimés, un peu plus pâles que la couleur du fond ; segments abdominaux subconvexes, avec un léger bour¬ relet transversal médian moins accentué qu’à la région dorsale, mais fortement relevé au bord latéral ; anus transverse, entouré d’une aréole de six petits mamelons. Le point de division des deux régions dorsale et ventrale est dé¬ terminé par une li^ne peu enfoncée passant entre les deux rangées de bourrelets latéraux. Pattes longues, jaunâtres, de cinq pièces à large base ; han¬ ches grosses, cylindriques, trochanters courts, à circuit ferrugi¬ neux, cuisses et jambes un peu plus longues et grêles, cette der- MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 41 nière terminée par un crochet en forme d’onglet, ferrugineux et très acéré. Stigmates roux à péritrème brun, placés, la première paire en¬ tre les deux premiers anneaux thoraciques et un peu plus bas que les suivantes que l’on voit au-dessus du bourrelet latéral des huit premiers arceaux abdominaux. C’est aux premiers jours de mai, à Josserand, à l’est de Montéli- mar (Drôme), que j’ai pris cette larve dans l’intérieur d’un Poly- porus (amadouvier) dont elle dévorait la partie charnue, à travers laquelle elle chemine dans des galeries irrégulières. Parvenue au terme de son développement, elle se façonne au fond même de sa galerie, une loge oblongue où devra s’accomplir sa deuxième évo¬ lution. Nyynphe. Longueur, 6 millimètres ; largeur, 3 millimètres. Corps jaunâtre, oblong ovale, subconvexe, atténué aux deux extrémités, en particulier à l’extrémité postérieure, parsemé de for¬ tes aspérités surmontées la plupart d’un long poil. Dessus, lisière frontale bordée d’aspérités terminées par un long poil blanc et effilé, lesquelles aspérités se retrouvent au premier arceau thoracique qu’elles recouvrent en entier ; le deuxième ar¬ ceau peu développé est lisse et cordiforme ; le troisième, de même forme, est traversé par une ligne médiane fortement enfoncée ; les aspérités reparaissent aux six premiers segments abdominaux en suivant une direction transversale ; une rangée latérale de gros cils longe les flancs jusqu’au dernier arceau qui en est dépourvu, mais qui se termine par deux aspérités brunes, longues et relevées en forme de crochet. Dessous, n’ofifre rien de particulier ; tête infléchie, antennes longeant les cuisses, ailes longues, pointues, à stries apparentes ; segment anal terminé par deux mamelons bi-articulés, précédés de deux mamelons plus petits, eu sorte que l’extrémité anale delà nymphe repose sur les deux crochets supérieurs de l’arceau et sur les deux mamelons inférieurs. En même temps que la larve et dans le même milieu, je trou¬ vais la nymphe. 42 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES Adulte. Guillebeau, u® 40 de VEcharvge, du 15 avril 1888, p. 14. Longueur 5""", 5. Corps allongé, châtain clair ; tète finement ponctuée ; corselet convexe à ponctuation fine ne formant pas de séries ; élytres cinq fois presque aussi longues que le corselet, sub¬ parallèles sur leurs deux premiers tiers, à suture relevée, sauf au devant de l’écusson, très finement ponctuées. Z)(?550M5 ferrugineux clair ; les points du prosternum très fins, égaux et serrés ; ceux de la poitrine plus forts, ronds ; ceux de l’abdomen extrêmement fins et serrés, plus forts sur le premier segment ; pattes ferrugineuses. A côté des larves et des nymphes et dans le même milieu, se trouvaient des adultes, ce qui donnerait à penser que l’évolution nymphale est de courte durée. » On trouve l’adulte sur les végétations fongueuses qui ont servi de berceau à la larve et à la nymphe, dans les plis, à la base et sous le chapeau de ces végétations. Comme ses congénères, VOrchesia Abeillei se fait remarquer par des mouvements brusques, vifs, giratoires, exécutés par sauts. L’espèce dont nous venons de faire connaître le cycle biologique avait été décrite, par M. Guillebeau, sur des exemplaires pris à Marseille. MORDELLIDES Morilelliiïteua |iaiiiila, Gvix. Nymphe : Longueur 6 millimètres, largeur 2 millimètres. Corps blanc mat, long, effilé, atténué à sa partie postérieure ; la tête n’offre rien de particulier, les yeux sont très proéminents, noirs, l’extrémité des mandibules ferrugineuse ; le dessus de la tête est pubescent ; les antennes suivent les rebords du premier 43 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES segment thoracique et remonteut ensuite pour se placer sur les élytres, le premier segment thoracique est fortement convexe; les six premiers segments abdominaux portent une double rangée de poils rigides, les suivants se terminent en forme d’un long tube à extrémité pâle, tronquée, pubescente, et par un double crochet recourbé à base noire et à pointe ferrugineuse. J’ai trouvé cette nymphe fin mai occupant la loge dans laquelle avait vécu la larve de V Agapanthia cardui, Linné, dans le cœur même de la plante nourricière \e Psoralea bitummosa, Lin. ; elle est d’une agilité remarquable ; par l’effort qu'elle imprime à ses segments abdominaux aidés en cela par les cils rigides dont ils sont pourvus, elle remonte ou descend le long du canal de cheminement avec une vitesse peu commune ; vingt jours après, j’obtenais l’adulte. Perris, dans ses Larves de Coléoptères, 1877, p. 331, a décrit la larve ; par la description de la nymphe se trouve ainsi comblée une grande partie du cycle biologique de l’adulte. CURCULIONIDES Tracliyphlœns IScaber, Linné. Larve : Longueur 4 millimètres, largeur 1”'",5. Corps légèrement arqué, blanc, charnu, avec pubescence rousse éparse sur la surface, convexe en dessus, un peu déprimé en des¬ sous. Tête semi-globuleuse, jaunâtre pâle, lisse et luisante, finement ridée, petite, rétractile, couverte de longs poils roux épars ; faible ligne médiane se bifurquant un peu au-dessus du vertex pour aboutir au-dessus de la base antennaire ; lisière frontale droite un peu excavée en arrière des antennes ; tache occipitale triangulaire rougeâtre, visible seulement lorsque la tête se dégage du premier 44 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES segment thoracique; épistome large, rougeâtre, transverse, avec tache translucide médiane ; labre petit à bords arrondis et ciliés ; mandibules saillantes, triangulaires, jaunâtres, à bords rougeâtres, à pointe cornée, noire et bidentée, la dent intérieure la plus courte ; mâchoires à lobe très court frangé ; palpes de deux arti- pes, ciliés de longs poils roux ; premier court, conique ; deuxième court, petit, à bout obtus ; menton cliarnu, saillant ; palpes rou¬ geâtres, droits, bi- articulés, h pièce basilaire subcylindrique, article terminal ténu, un trait ferrugineux sépare les deux articles; languette de couleur testacée, petite, faisant corps avec la masse charnue; antennes droites, très courtes, testacé brillant, de deux articles peu distincts ; ocelles, pas de traces. Segments thoraciques charnus, blanchâtres, avec longs poils ; s’élargissant d’avant en arrière, avec ligne longitudinale médiane ; le premier un peu plus large que la tête, à bord antérieur jaunâtre, lisse et corné, à angles antérieurs arrondis, avec court bourrelet médian ; deuxième et troisième égaux, plus larges, formés d’un premier bourrelet transverse, évasé à la région médiane, l’empla¬ cement évasé occupé par un demi- bourrelet médian. Segynents abdommaux : ligne, couleur et pubescence des pré¬ cédents, diminuant de largeur de la base à l’extrémité ; formés, les six premiers, de deux bourrelets semblables, à cause des deux derniers segments thoraciques ; septième et huitième lisses, sans bourrelets, mais avec deux rides droites transverses ; neuvième avec une forte ride transversale médiane, plus étroit, à bord infé¬ rieur arrondi, quadri-mamelonné ; les poils de ces trois derniers arceaux sont plus longs et plus nombreux que sur les précédents. Dessous blanchâtre, déprimé, avec poils courts épars, chaque segment formé d’un double bourrelet ; un entier transversal, rétréci à la région médiane, l’espace rétréci occupé par un demi-bourrelet; les trois derniers arceaux avec bourrelet entier, garni au milieu d’une rangée transverse de courtes spinules ; anus transversal à rebord intérieur surmonté de quatre cils courts à bout arqué : un double bourrelet latéral divisé dans son milieu par un fort pli, longe les flancs. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iXSECTES 45 Pattes nulles, les bourrelets eu tiennent lieu. Stigmates très petits, peu apparents, de la couleur du fond ; la première paire imperceptible ; l’emplacement des suivantes est marqué par une tache ronde, jaunâtre, très apparente au- dessus du bourrelet latéral des huit premiers segments abdominaux. C’est en juin et en juillet qu’aux environs de Ria, dans le chevelu des racines dont les plantes ornent les pelouses des hauts plateaux, et, à une profondeur de 2 à 3 centimètres qu’on trouve cette larve, mêlée à une quantité d’autres larves vivant comme elle de racines, telles que celles de Homaloplia riiricola, Ves- perus Xatarti, Rhizotrogus rufescens, pini, et d’autres encore dont nous suivons les phases évolutives. Notre larve parvenue en juillet à son entier développement, se construit dans le milieu nourricier où elle a accompli sa première morphose, une loge dont elle lisse les parois et dans laquelle se passera son existence nymphale. Nymphe : Longueur, 3 millimètres; largeur, 2 millimètres. Corps mou, blanchâtre, ovalaire, à extrémité postérieure un peu arquée en dedans; masque frontal saillant convexe; de chaque côté de la ligne médiane sont trois rangées de deux cils roux à bout arqué en dedans ; masque thoracique tuberculeux ; du milieu de chaque tubercule fait saillie un poil droit; des poils semblables émergent de la surface des segments abdominaux; l’extrémité anale est relevée par deux longues spinules droites; les antennes àscape relevé se coudent; l’extrémité du funicule reposant sur les cuisses de la première paire de pattes; deux longs cils bruns, l’intérieur le plus long, émergent du point d’articulation de la cuisse et de la jambe des trois paires de pattes. La phase nymphalea une durée d’une vingtaine de jours environ, au bout desquels l’adulte rompt la paroi de la loge, se fait un pas¬ sage au dehors, en traversant la faible couche terreuse qui le rete¬ nait captif, puis il se blottit soit sous le gazon, soit contre une pierre, attendant le complet affermissement de ses téguments. Adulte'. L’adulte dont la description se trouve dans Linné, Seid- litz, Stierling, mène une vie errante, vagabonde et surtout obscure ; 46 MOia'KS ET METAMOnPIlOSES U INSECTES c’est en particulier sous les touffes d’herbes et sous les pierres qu’on le trouve durant tout l’automne, l’hiver et une partie du printemps ; sa robe s’harmonisant, par effet de mimétisme, avec la couleur des végétaux et des pierres, lui procure une immunité relative ; son activité ne se produisant que durant les heures sombres, il s’ensuit qu’il est rare de le rencontrer au dehors. Larinus Ursiis, Fab. Larve: Longueur, 9 à 10 millimètres; largeur 5 millimètres. Corps subcylindrique, épais, charnu, d’un brun terne, rugueux, pubescent, fortement mamelonné, légèrement atténué à son extré¬ mité postérieure. T’e/e jaunâtre, arrondie, lisse, avec de longs poils roux épars sur la surface, traversée par une ligne médiane pâle qui se bifurque au milieu du disque pour aller se perdre à la base antennaire, une autre ligne pâle plus large borde la médiane, les côtés de la tête sont longés par une autre ligne qui en suit le pourtour : toutes ces lignes, qui sont des points de division très caractéristiques lorsque la larve se dépouille au moment de sa transformation, ont leur raison d’être ainsi que nous le relatons plus loin; région frontale légèrement excavée, chagrinée ; épistome court, ferrugineux, rectangulaire, avec légère carène médiane; labre en demi-ovale, ferrugineux, pubescent, incliné, légèrement verruqueux; mandibules massives, fortes, cornées, à base ferrugineuse, à extrémité noire, subtriangulaires, le dessus empreint de trois fossettes obliques; bidentées à l’extrémité chez les jeunes larves; mâchoires à lobe arrondi, brun, à pièce basilaire grosse, subcylindrique, légèrement courbe à la base, l’extrémité de la mâchoire affleurant la base du deuxième article des palpes maxillaires qui sont bruns, biarticulés, les deux articles de même longueur, le premier plus volumineux, à base et à extrémité testa - cées; menton grand, testacé, cordiforme; sur le retrait médian s’appuie la base des palpes labiaux qui sont bruns et biarticulés, le deuxième article grêle, à pointe obtuse; entre les deux palpes MOEURS ET MÉTAMOnPIIOSES D’l^SECTES 47 est une incision très accentuée ; languette courte, pubescente, trans¬ verse, ne dépassant pas le premier article des palpes labiaux; antennes courtes, émergeant du fond d’une fossette sise en arrière du milieu de la base des mandibules, de deux articles testacés avec soies à l’extrémité; en arrière est un point corné noir que l’on pourrait prendre pour un ocelle et que l’on n’aperçoit que chez les larves bien développées. Segments thoraciques convexes, mamelonnés, d’un blanc sale, à longue pubescence brune sur le sommet des mamelons, chaque segment à l’exception du premier formé d’un double bourrelet transversal, le bourrelet supérieur moins large et en ovale un peu allongé, le seul bourrelet dont se compose le premier segment est une fois plus large que la tête, il est recouvert d’une plaque écail¬ leuse brun-jaunâtre, fortement ciliée, à extrémité triangulairement excavée ; les deuxième et troisième segments thoraciques, de la même longueur que le précédent, sont formés d’un double bourre¬ let et n’ont pas de plaque. Segments abdominaux fortement convexes, le premier de la même largeur que les précédents, les suivants diminuant insensi¬ blement de volume; les huit premiers sont formés d’un double bourrelet, le premier bourrelet est d’autant plus petit et d’autant plus pubescent que les segments se rapprochent de l’extrémité, les cinq derniers un peu plus bruns que les trois autres; neuvième court, d’un seul bourrelet tronqué; à l’extrémité est l’anus, à fente longitudinale, placé au bas d’un tubercule quadri-mamelonné. Dessous. Tête mi-rougeâtre, mi-brune ; segments thora¬ ciques blanc mat, portant chacun cinq mamelons surmontés de cils roux au bord médian, chaque mamelon ainsi formé; un premier médian triangulaire, un double mi-sphérique latéral, la partie supérieure du double mamelon dépassant de beaucoup le niveau supérieur du médian; segments abdominaux subdéprimés, d’un blanc sale, fortement pointillés, sans bourrelets ni ma¬ melons. La région latérale est formée d’une double rangée de mamelons, la première rangée comprenant un mamelon corres¬ pondant à chacun des douze segments du corps, la deuxième 48 MOEURS ET MÉTAMORriIOSES d’iISSECTEZ rangée n’en comprend que huit correspondant aux huit premiers segments abdominaux; les segments thoraciques et le neuvième en sont dépourvus; cette double rangée limite le point de séparation des régions dorsale et ventrale Pattes manquent ; la double rangée de mamelons thoraciques en tient lieu ; au reste cette larve se trouve en situation de ne pas en avoir besoin, étant donné le milieu dans lequel se passe son existence; tout au plus lui est-il nécessaire de se mouvoir dans le sens latéral lorsque la nourriture lui fait défaut sur un point, c’est ce qui explique le grand développement des segments thoraciques. Stigmates d’un blanc mat à péritrème roux et corné, le premier, du même volume des autres, est placé sur le repli de séparation des deux premiers segments thoraciques et dans l’intervalle qui sépare la deuxième rangée de mamelons latéraux, les huit autres très près du bord antérieur des Imit premiers segments abdominaux , et sur la ligne même de délimitation de la première rangée de mamelons latéraux. C’est sur le Carlina vulgay'is. Lin., qu’on trouve la larve; c’est des Calathides de cette plante qu’elle vit, elle se façonne dans le réceptacle des capitules, une loge dans laquelle elle se tient recour¬ bée en forme d’ellipse, en prenant appui contre les deux parois de sa loge, le dernier anneau et les mamelons thoraciques appuyés contre une paroi, la région dorsale contre l’autre paroi; dans cette position elle peut exécuter des mouvements ascendants et descen¬ dants. C’est en mai que commence son existence larvaire, elle ronge les capitules de la plante nourricière, en se ménageant dans le milieu même de sa table une loge grande, ovale, dans laquelle se passera sa deuxième évolution ; dès qu'arrive fin août, sans pré¬ paration aucune, elle lisse les parois de sa loge et se dispose à changer de forme; à cet effet, elle cesse de prendre appui contre les parois et se met en devoir de subir ce changement qui n’est pas sans danger pour quelques-unes. Transformation. Lorsque la larve a terminé la période transi¬ toire qui doit lui donner sa forme plastique, elle se contracte for¬ tement ; les lignes de divisions du disque de la tête se distendent, MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 49 de nouveaux mouvements les font éclater, elles se fendent en trois parties, la pi’emière reste triangulaire et correspond à la région frontale, les deux autres aux régions latérales, en même temps la plaque écailleuse du premier arceau se subdivise, de nouvelles contractions font glisser les parties détachées, alors le masque tombe, le nouveau Protée apparaît avec un corps translucide, mais très net de forme. A la suite de contractions renouvelées, les par¬ ties cornées glissent encore, entraînant avec elles une légère pelli¬ cule que, par des mouvements contractiles ascendants et descen¬ dants, la larve accule au fond de sa loge ; de la pellicule sèche et chiffonnée, il n’en reste presque rien lorsque le masque est com¬ plètement tombé, seules les parties écailleuses sont logées au fond du berceau. Nymphe. Longueur 8 à 10 millimètres, largeur 6 millimètres. Corps blanc mat, subcylindrique, fortement verruqueux, très peu atténué aux deux extrémités. Le dessus est blanc sale, jaunâtre, garni de grosses spinules courtes et pointues ; thorax convexe, cordiforme, jaunâtre, fortement hérissé d’épines noires courtes, avec petites soies rousses interposées entre ces épines, une ligne médiane pâle traverse ce segment, prothorax et mésothorax transverses, subdéprimés, comme le thorax fortement spinosulés ; les sept premiers segments abdominaux transversalement ciliés dans leur milieu, les cin¬ quième, sixième et septième avec trait brun transverse, précédant la rangée de spinules, trait précédé lui-même d’une rangée de cils ; huitième et neuvième convexes, irrégulièrement parsemés de spinules de consistance plus forte que les précédents. Le dessous est d’un blanc mat, tête infléchie, le rostre couvert de quelques poils spinosulés longe la région médiane et se prolonge jusqu’à la base de la troisième paire de pattes ; les antennes en dessous dépassent le rostre, s’allongent jusqu’au bord extrême des ailes dont les stries sont apparentes ; le dernier anneau se termine par deux fortes spinules à pointe très aiguë, ferrugineuses à la base, noires à l’extrémité et dont la direction est divergente : entre ces deux spinules, apparaît la place de l’anus dont la fente est indi - Soc. LinN., T. XL. 4 50 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES quée par un Irait surmonté de quatre petits mamelons comme dans la larve. Les téguments de la nymphe sont coriaces, durs, consistants, son abdomen est très mobile, les deux appendicescaudaux, fixés au plan de position de la loge, la maintiennent adhérente contre les parois et la mettent ainsi à l’abri des ballottements imprimés par les fortes pluies et par les vents à la plante qui fut le berceau de la larve. La durée de la phase nymphale, d’un mois environ, peut se pro¬ longer si la température devient froide ou humide. Aclulie. Dans les environs de Uia (Pyrénées-Orientales), l’in- sccte parfait commence son apparition dès la fin de septembre ; ce sont alors les sujets qui se sont les premiers transformés, ceux-là hibernent soit au pied de la plante nourricière, soit dans leur loge même ; la grande partie ne se montre qu’au printemps. Cet insecte, lent dans ses mouvements, quitte rarement sa plante de prédilection sur laquelle il s’accouple ; le rapprochement des deux sexes se renouvelle plusieurs fois et toujours avec la lenteur qui caractérise si bien l’adulte en tout ce qui touche son existence entière. Au moment de la ponte, la femelle perfore le bas du calice de la fleur choisie, pond dans ce trou un premier œuf, passe à une autre fleur, pond de la même manière un autre œuf, sa ponte se conti¬ nuant ainsi jusqu’à complet épuisement de l’ovaire. Capiomont, dans sa Monographie du genre Larinus (Ann. Soc. Ent. Fr., 1874, p. 70), a donné la description del’adulte. Apioii tnbiferuiii (Gtllknhal). Larve : longueur 2 1/2 millimètres ; largeur 1 1/2 millimètre. Corps blanc mat, charnu, légèrement recourbé, parc.monieuse- ment revêtu de poils très courts. Tête hémisphérique, brune, lisse et luisante, avec quelques cils bruns, parcourue par une tache de couleur pâle en demi-ogive par¬ tant de la base de chaque mandibule et venant en ligne légèrement MOEURS ET MÉTAMORPHOSES u’iJSSECTES 51 ondulée aboutir au vertex ; une autre ligne longitudinale médiane traverse la tête, la première partie de cette ligne est de couleur pâle jusqu’à sa jonction avec la ligne en demi- ogive, à partir de ce point et jusqu’à la base de l’épistome, elle forme un trait brun très accentué ; épistome transverse, ferrugineux ; labre pâle en demi- ovale ; mandibules fortes, cornées, ferrugineuses, tridentées à leur sommet ; mâchoires à un seul lobe, avec palpes maxillaires parais¬ sant bi-articulés ; menton trapézoïdal ceint de ferrugineux ; lan¬ guette et palpes labiaux rentrés et presque imperceptibles même à un fort grossissement; antennes brunes de deux articles courts ; ocelles : un point corné noir sis un peu en arrière de la base des mandibules. Segments thoraciques d’un blanc mat, très légèrement ciliés, fortement mamelonnés, ridés et plissés, le premier de la longueur de la tête, mais beaucoup plus large, les deuxième et troisième plus larges encore. Segments jaunâtres en leur milieu, plus pâles aux autres parties, légèrement ciliés, diminuant graduellement de volume de la base à l’extrémité, plus fortement mamelonnés que les précédents, les mamelons latéraux creux dans leur milieu en forme de fossette; le dernier segment se termine par un gros empâtement destiné à retenir les dépouilles de la larve, durant le cours de la nymphose. Dessous blanc mat, avec une série de mamelons transverses plus fortement accusés à la région thoracique ; un petit cil brun émerge du centre de chaque mamelon ; malgré le nombre de bour¬ souflures et d’empâtements, chaque segment est bien accusé et ne se confond pas avec son voisin. Pattes nulles ; les mamelons aident par un mouvement de dila¬ tation à la progression de la larve qui, au reste a très peu à se déplacer, son existence entière se passant dans la corolle de la plante nourricière. Stigmates gris clair, très peu apparents. La larve de VApion tuhiferum apparaît dès les premiers jours de juin ; elle vit au détriment des parties florales du Citus salviæfo- 52 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES lüis, Linné, petit arbuste très commun sur les terrains bien en soleillés des garrigues des environs de Ria ; l’œuf pondu au centre de la fleur, la jeune larve ronge d'abord la base des étamines, puis à la veille de sa deuxième morphose, elle dévore le pistil dans lequel elle se ménage un emplacement légèrement creux où s’ac¬ complira sa phase nymphale; ensuite, elle réunit l’extrémité des étamines qu’elle n’a pas détruite, se façonne au milieu une loge oblongue dont elle lisse les parois, et, ainsi à couvert, se prépare à subir la transition qui est le prélude de la nymphose. En faisant l'ablation des étamines et du pistil, la larve provoque ravortement des fruits, et c’est ainsi que s’explique la perte du grand nombre de fleurs restées stériles dans ces belles touffes de Ciste qui ornent nos coteaux. La transition de l’état de larve à celui de nymphe ne dure que deux ou trois jours au bout desquels apparaît la nymphe, et c’est de mi à fln juin qu’a lieu cette transformation. Nymphe. Longueur 2 millimètres, largeur un demi-millimètre. Corps d’un blanc pâle, légèrement jaunâtre à la région médiane, presque cylindrique, légèrement cilié à son pourtour extérieur, atténué à l’extrémité postérieure laquelle est un peu infléchie ainsi que la tète, de sorte que le corps est un peu courbe ; le dernier seg¬ ment abdominal se termine par deux petits filets bruns à pointe dirigée vers l’extérieur ; le rostre, parcouru dans son milieu par une ligne longitudinale bien prononcée, atteint l’extrémité des ély très chez les femelles, est un peu moins long chez les mâles ; les stries des élytres sont très apparentes, les ailes débordent un peu lesély- tres ; les genoux font saillie sur les flancs latéraux et portent â leur repli un petit cil brun ; le reste du corps n’offre rien de particulier. La phase nymphale dure une quinzaine de jours, puis l’adulte se dégage de sa loge en se faisant un passage à travers le réseau très peu résistant des étamines. Adulte. Aux environs de Ria, on prend en abondance l’adulte pendant tout l’automne, l’hiver et le printemps sur la plante nour¬ ricière ainsi que sur le genêt épineux, en battant ces arbustes au parapluie. ETUDE LA POLYDACTYLIE CHEZ Les Mammifères PAR M. Louis BLANC CBBF DES TRAVAUX ANATOMIQUES A UÉCOLE VETERINAIRE DE LYON Présenté-à la Société LioDéenne de Lyon. Parmi les questions qui ressortissent à la Tératologie, la Poly-r (laclylie est Tune de celles qui ont fourni matière au plus grand numbro de travaux. Malgré la quantité considérable de documents qui ont été accumulés sur ce sujet, il est loin d’être complètement élucidé, et il règne une assez grande confusion dans le groupement des différentes formes que peut affecter, cette anomalie. • - . Nous avons essayé de coordonner les faits acquis par les diffé - rents observateurs, les diverses hypothèses qui ont été émises sur l’origine de la Polydactylie, et les données fournies par Tanatomie comparée et l’emhryologie. De cet ensemble de matériaux, et nous aidant de nos propres observations, nous avons réussi, croyons- nous, à tirer une classification en rapport avec les faits observés et les théories les plus probables. /r- On verra d’ailleurs, par la suite, que l’interprétation des cas de Polydactylie et leur classement ne sont pas toujours faciles. Cer¬ tains auteurs ont cru résoudre le problème par des affirmations catégoriques, mais non motivées ; il vaut mieux signaler les diffi¬ cultés, afin d’attirer l’attention des observateurs, et provoquer peut- Soc. Linn. t. XL. 5 54 LA POLYDACTYLIË être ainsi de nouvelles constatations qui permettront d’éclaircir les points encore mal connus. DÉFINITION ET CLASSIFICATION La Polydactylie est caractérisée 'par la présence d'un nombre de doigts supérieur à celui qui existe normalement dans l'espèce envisagée. Cette définition nécessite une explication immédiate : que faut- il considérer comme un doigt? Un rajon digité complet comprend trois régions : un os carpien ou tarsien (1), le métacarpien ou métatarsien, les phalanges. Mais certains doigts sont normalement privés d’une partie de ces pièces. Ainsi un doigt peut être réduit par son extrémité libre: le pouce desAtèles et desPhascolomes n’a qu’une petite phalange nodulaire; — le cinquième doigt des Lamantins n’a que deux phalanges ; — les os phalangiens de l’index font complètement défaut chez les Rhinolophes ; — enfin, chez le cheval il n’y a qu’un doigt complet, le médian, tandis que les deuxième et quatrième doigts sont réduits à un métacarpien ou métatarsien rudimentaire, sans os phalangien . Rarement, comme chez le chevreuil ou chez Moschus moschi- ferus, le doigt se réduit par l’extrémité proximale; le métacarpien des doigts 11 et V n’existe que dans sa moitié inférieure ; chez cer¬ tains cervidés, il n’y a plus que les phalanges des doigts laté raux ; chez les bovidés, l’os phalangien de ces rayons existe seul. Il est ü’usage, en Zoologie, de ne qualifier du nom de doigt que les rayons digités pourvus de phalanges. Lorsque ces os font défaut, le rayon est considéré comme rudimentaire, et indiqué à part. Ainsi (1) La première rangée du carpe et du tarse, par le nombre et la disposition des os, semble indépendante des rayons digités. La tératologie vient à l'appui de celte idée, car les anomalies polydactyles retentissent parfois sur la première rangée, et jamais sur la seconde. CHEZ LES MAMMIFÈRES 55 les équidés ont un doigt accompagné de métacarpiens rudimentaires ; les bovidés ont deux doigts et le rudiment d’un troisième rayon. 11 ne faut donc faire rentrer dans la Polydactylie que les cas où un doigt supplémentaire se montre avec des phalanges, et ce doigt seul entre en ligne de compte. Ainsi, chez les chevaux, laPolydac- lylie consiste généralement en un développement complet du second doigt; mais en même temps le trapèze elle métacarpien du pouce réapparaissent: le sujet est cependant qualifié de didactyle, quoiqu’il présente en réalité les traces squelettiques de quatre doigts. Il y a évidemment là une distinction un peu artificielle, mais qui mérite d’ètre maintenue, car il arrive souvent que l’examen de sujets vivants ne permet pas de reconnaître la présence de rudi¬ ments représentant les doigts ; il faut donc se contenter de compter et d’étudier les doigts visibles à l’extérieur, et reconnaissables à leurs })halangeset à leurs ongles. Cette règle permet d’avoir des obser¬ vations comparables, car un grand nombre de cas de Polydactylie sont décrits uniquement d’après l’apparence extérieure, et on conçoit qu’il soit alors très souvent impossible d’être renseigné sur la présence ou l’absence d’os rudimentaires. Ceux-ci doivent d’ail¬ leurs être signalés chaque fois qu’il est permis de les voir. Cette définition de la Polydactylie étant donnée, il faut indiquer dès maintenant que ce n’est pas une anomalie une, toujours sem¬ blable à elle-même ; bien au contraire, elle présente un assez grand nombre de cas très differents par leur origine et leur disposition, et leur variété est encore augmentée par ce fait que la Polydac¬ tylie se rencontre dans plusieurs espèces ayant les extrémités con¬ formées de façons diverses. Cette particularité a été reconnue il y a longtemps, et nombre d’auteurs ont cherché à établir un groupement systématique pour ces anomalies. Nous indiquerons d’abord ceux qui ont pris pour base de leur classification l’apparence extérieure. Is. G. Saint-Hilaire recon¬ naissait trois catégories : le prolongement de la série par un ou plusieurs doigts surnuméraires placés à la suite des doigts nor- 56 LA POLYDACTYLTE maux ou intercalés entre eux, — la duplication du pouce, — et enfin la bifurcation plus ou moins profonde de la main. Cette classification a été suivie en France, avec quelques variantes, par la plupart des médecins, et en 1885 Tapié distin¬ guait encore les doigts placés en série ou intercalés, — les doigts hors rang (sur le bord cubital), et le pouce supplémentaire. Grüber (1871) et Taruffi (1885), qui adopte sa classsification, se basent uniquement sur le nombre des doigts en excès, méthode qui présente de nombreux inconvénients, et qui a surtout le grand défaut de ne pas être générale, car la formation d’un doigt sup¬ plémentaire chez l’homme ne correspond nullement à la présence de cinq doigts chez le porc, ou de deux chez le cheval. Les classifications les plus intéressantes sont celles qui s’ap¬ puient sur l’origine possible de l’anomalie. Darwin a, le premier, particulièrement attiré l’attention sur les rapports qui existent entre l’apparition des doigts surnuméraires et l’hérédité atavique. En 1867, Uelplanque distinguait la Polydaclylie atavique par retour au type pentadactyle, — et la Polydaclylie par addition de doigts surnuméraires à la série normale. Ahlfeld (1880) ne reconnaît, pour l’homme, que le dédouble¬ ment de l’extrémité et le dédoublement des doigts. En 1890, nous indiquions brièvement la différence qui existe, chez les animaux, entre les doigts ataviques, les doigts dédoublés et la Polydaclylie par dédoublement de toute l’extrémité. Enfin, il y a quelque temps, M. Lavocat publiait la classifica tion suivante : Typodaclylie, ou réalisation du type pentadactyle par l’organisme en voie de progrès ; — Schistodactylie, ou divi¬ sion longitudinale des doigts; — Diplodactylie, ou duplication complète du doigt; — Hétérodactylie , par adjonction d’une seconde région digitée. La classification qui nous paraît le mieux répondre aux diverses dispositions anatomiques et à leur interprétation tératogénique, est la suivante : 1“ La Polydaclylie atavique, par réapparition de doigts ancestraux ; CHEZ LES MAMMIFÈUES 57 2“ La Pohjdactylie tératologique, par division de doigts nor¬ maux ou ataviques; 3® La Polydactylie hétéro génique, par formation de doigts qui ne résultent ni de l’atavisme, ni de la schistodactylie. Enfin le nombre des doigts peut augmenter par duplication de l’extrémité; c’est là un cas spécial, \AScliistomélie, qui se rattache à une autre série de malformations, et se distingue nettement de la Polydactylie. POLYDACTYLIE ATAVIQUE Ce groupe renferme les cas où se montrent à nouveau des doigts qui existaient chez les ancêtres géologiques des formes actuelles. Avant d’aller plus loin, il faut essayer de déterminer combien avaient de doigts les formes anciennes, d’où proviennent les ani¬ maux de notre époque. Pendant longtemps on a admis que l’arché¬ type de la main et du pied renfermait cinq doigts, que le type ancestral è\.dMpentadaclyle. Mais cette théorie est aujourd’hui abandonnée par les zoologistes ; les recherches récentes d’anatomie comparée, et sur¬ tout d’organogénie, ont montré que les animaux actuels, ayant cinq doigts développés, ou moins, dérivent de formes ayant eu au moins sept rayons digilés. Ainsi, sans parler des Sauriens fossiles ayant à la main de six à huit doigts (Ichthyosaurus, fig. 1), on trouve actuellement chez Emys europæa deux nodules osseux placés de part et d’autre de la région carpienne, et qui sont considérés comme des vestiges de doigts. Chez Lacerta agilis il existe un rudiment semblable en dehors du cinquième doigt de la main, et Ranodon sibériens pos- sèle deux os tarsiens en dehors du cinquième doigt. Mais s’il est permis de discuter la valeur de ces faits et de varier sur leur interprétation, il est impossible de nier la portée des ob¬ servations de Schenck et de Parker. Ce dernier a constaté que les embryons d’oiseau avaient six doigts distincts, dans le bourgeon 58 LA POLYDACTYLIE de l’aile, et Sclienck a trouvé, sur des embryons humains, jusqu’à neuf traînées cellulaires bien nettes, indiquant, dans la palette qui deviendra la main, des rayons digités dont cinq seulement achèvent leur évolution. Ces faits d’embryogénie, rapprochés de l’état actuel de certains vertébrés, ont entraîné la conviction des zoologistes, et il est admis que la forme primitive de la main et du pied des mammifères nest pas pentadactyle, mais heptadactyle (Wiedersheirn). L’un des rayons disparus était situé sur le bord cubital ou péronéal de l’extrémité; on lui a donnéle nom de post-mmimus, et on peut le numéroter VI, tandis que l’pn indiquera par le chiffre 0 le præpollex ou \e præhallux^qm se trouvait en dedans du pouce et du gros orteil (1). A cette façon d’envisager le type de la main on pourra reprocher d’être plus hypo¬ thétique que la théorie de la Pentadactylie. Mais, outre que cette dernière rencontre des exceptions, même dans les espèces F]o. \. — Extrémité antérieure ù'Ichthyosaurus communis provenant de Lyme Régis (Dorselshire), pièce communiquée par M. le , n i, . j • , professeur Depéret. actuelles, elleest en désaccord avec cer¬ tains faits constatés dans le développement II, humérus; Cir, cubitus; II, ra- dius; eu, os cubital du carpe; des membres. Enfin, et c’est pour nous cLc,, oscarpiendeiasecond; 1» raisoii la plus forte, 1 hcptadactylie rangée; mu m, «’3. »”4. >”3, primitive pcut seule nous permettre d’inter- mètacarpiens des cinq doigts principaux, 1, 11,111, IV, V; O, prêter un grand nombre de cas de Poly- pr*pollex; VI,posl-minimus; l’homme. NouS aCCeptOIlS remarque que la plupart de ces donC CettC llj'potllèse, parCC qUC c’eSt elle doigts sont bifides. . , , • ^ i qui concorde le mieux avec les faits, quand on les observe avec quelque soin. Avec la théorie de la Penta- (1) A cause de la confusion qui existe dans beaucoup d’ouvrages sur ce sujet, nous rappellerons que l’on compte les doigts à pat tir du pouce ou du gros orteil, numéroté I, c’est-à-dire de dedans au dehors lorsque l’extrémité est eu pronalion. CHEZ LES MAMMIFÈRES 59 dactylie, au contraire, on se heurte à chaque instant à des diffi¬ cultés insurmontables. Sachant qu’il a existé sept doigts aux extrémités, et que, actuel¬ lement l’embryon possède un nombre de doigts supérieur à celui qui persiste chez le sujet totalement développé, lors même qu’il est pentadactyle, on peut présumer sans autre examen que, dans cer¬ tains cas, les doigts surnuméraires proviennent du développement des rudiments qui existent chez l’embryon. L’étude des cas térato¬ logiques a depuis longtemps confirmé cette manière de voir ; il n’y a guère de contestation que pour le præpollex et le post-minimus, que certains auteurs, comme Albrecht, ne considèrent pas comme atavi¬ ques, mais croient résulter du dédoublement du i®'' et du 5® doigts. Mais avant de passer à la description des différents cas de Poly- dactylie atavique, il est nécessaire d’expliquer comment nous entendons l’atavisme. Il nous semble que, dans les cas de réappa ¬ rition d’un organe ou d’une disposition organique ayant existé chez les ancêtres, il est exagéré de dire que c’est l’influence ancestrale qui est la cause directe du phénomène. Le sujet anormal a reçu de ses aïeux le même patrimoine que ses congénères régulièrement organisés; et cet héritage consiste en des rudiments d’organes, qui apparaissent à des stades plus ou moins reculés du développement embryonnaire, et qui parcourent ensuite un cycle évolutif variable. Certains évoluent, s’accroissent, et parviennent à l’état parfait chez l’adulte ; d’autres, au contraire, s’arrêtent à un certain moment, restent rudimentaires; d’autres enfin subissent très vite .un arrêt d’évolution et d’accroissement, et disparaissent, sont résorbés, ou englobés par les organes environnants. Ces phénomènes sont communs à tous les animaux du même groupe. Mais certains sujets, au lieu de laisser s’anéantir ces débris du patrimoine ancestral, les mettent en œuvre, les accroissent, les reconstituent et leur rendent leur valeur première. Ceci revient à dire que tout organe qui semble réapparaître chez un individu existe, à un moment donné, en réalité, à l’état de rudiment complet, chez tous les sujets de la même espèce, et devient apparent unique¬ ment par suite d’un accroissement anormal. 60 LA POLtDACTYLlE Ainsi lorsque chez le cheval le doigt interne (II) se développe avec ses trois phalanges, nous pensons que l’embryon possède à un certain stade un doigt II complet, dont la région phalangienne est plus tard arrêtée dans son accroissement, et résorbée. Il est tellement rare de pouvoir se procurer des embryons d'équidé, que nous ne pouvons apporter aucune preuve à l'appui de notre hypothèse, mais nous pouvons dire que chez des embryons de vache, ayant 2 à 3 centimètres de longueur, nous avons parfaitement constaté la présence de métacarpiens et de métatarsiens latéraux (II et V), complets et descendant jusqu’au niveau des ergots, où leur tissu cartilagineux se continuait par un amas de petites cellules serrées, •formant une masse analogue au blastème que l'on voit à l’extrémité des bourgeons des membres en voie d’accroissement. D’autre part, 'Retterer a vu sur des embryons un peu plus âgés, trois phalanges se former à l’extrémité de chacun de ces métacarpiens latéraux. Si l’on considère qu’il s’agissait là d’embryons relativement avancés, j)uisque les squelettes des membres étaient déjà cartila¬ gineux, on peut croire que chez des sujets très jeunes le nombre ‘des doigts est plus considérable encore. Nous avons déjà dit que Schenck et Parker ont vu sur l’embryon humain et sur celui de la poule des états très démonstratifs. Si nous laissions le squelette des membres pour examiner le reste de l’organisme, il nous serait aisé de montrer qu’un grand nombre de malformations ataviques sont simplement la persistance ou l’exagération d’un état embryonnaire. Et d’ailleurs, pourquoi repousserait-on sans preuve l’opinion de l’existence de rudiments d’organes phylogénétiquement aussi peu anciens que les doigts, et bien d’autres aussi, alors que l’on trouve encore chez l’embryon des appareils, des dispositions organi¬ ques, tels que la notocorde, les fentes branchiales, etc., qui nous reportent à des époques extrêmement reculées de l'évolution. Nous n’admettons donc pas que l’atavisme crée quelque chose : il donne en héritage des rudiments, que l’organisme laisse ordinai¬ rement péricliter, mais que parfois il met en œuvre. Sous quelle inüuence ces organismes rompent-ils ainsi avec la CHEZ .LES MAMMIFÈRES 61 r » f tradition ontogénique? Il serait téméraire d’être affirmatif sur ce point, mais 'on comprend sans peine que des causes très faibles, une circulation plus active, une vitalité plus grande de certains ^groupes cellulaires, suffise à amener des changements semblables, qui ne sont en réalité que de simples hypertrophies, des excès d’ac- . croissement déterminant des excès d’évolution. Dans tous les cas, les causes qui interviennent sont actuelles; elles sont identiques à celles qui agissent dans la formation et l’or¬ ganisation des appareils normaux. Et cela est démontré par l’examen de ces anomalies : les cas de Polydactylie sont en particulier des ■plus probants, . - ■ Ainsi, examinons-nous un pied de cheval polydactyle. On a <;oulume de dire que cette anomalie reconstitue le pied de l’Hippa- rion, ou de certaines formes intermédiaires entre cet animal et les Équidés; un savant de haute valeur, von Siebold, a même intitulé V Hipparion dans les foires une étude sur un cheval didactyle des quatre membres, que l’on a montré en Europe il y a une quinzaine d’années. Ces locutions sont empreintes d’une telle exagération qu’on pourrait les dire erronées. Le pied d’un cheval didactyle ne ressemble aux doigts II et III de l’Hipparion que d’une façon grossière ; chaque os, pris en parti¬ culier, a une forme moderne, même dans le doigt supplémentaire, -et on ne peut trouver aucun caractère ancestral dans ce rayon réapparu. Nous avons reçu, il y a peu de temps, un pied antérieur de cheval didactyle, qui montrait avec la plus grande netteté toutes ces différences : le caractère le plus saisissant était la forme symé¬ trique des phalanges supplémentaires, en tout semblables, sauf le volume, aux os phalangiens du doigt principal. Il était incontes¬ table que le doigt supplémentaire II, tout aussi bien que le doigt III, avait une forme actuelle, et ne présentait aucune particularité ancestrale. Ces caractères ne sont pas toujours aussi marqués, car la symétrie du doigt latéral dépend beaucoup de son degré d’écar¬ tement du grand doigt ; mais dans aucun cas on ne voit la disposi¬ tion Hipparienne ou celle d’un animal plus ancien encore. 62 LA POLYDACTYLIE Les chevaux polydact^^les n’ont donc qu’une chose ancestrale, c’est la présence chez l’embryon d’un rudiment des doigts latéraux; quant à leur développement, il s’effectue sous l’influence de causes actuelles qui impriment à ces doigts leurs caractères modernes, si différents de l’état ancien. On peut faire les mêmes remarques pour la Polydactylie du porc, des ruminants, et de tous les animaux où elle a été con¬ statée. Une autre preuve que ce développement, cet accroissement d’or¬ ganes rudimentaires est déterminé par des causes actuelles, locales, c’est l’influence qu’à l’apparition d’un doigt atavique sur d’autres rudiments, .\insi le præpollex, le post-mimus, sont des rayons dis¬ parus depuis un temps inappréciable, et leur puissance atavique doit être infiniment faible, si on la compare à celle du pouce ou du V* doigt ; si l’influence atavique directe, telle qu’on la comprend ordi¬ nairement, était réelle, les cas de formation du præpollex devraient être très rares. Au contraire, sur quarante observations de Polydac¬ tylie par formation du pouce chez le porc, nous avons relevé huit cas où il y avait très probablement le præpollex; pour deux cas qui nous sont personnels, nous pouvons être affirmatifs. Pourquoi cette fréquence du præpollex qui devrait être d’une excessive rareté ? Nous pensons qu’elle eit due simplement à ce que le rudiment du doigt O, étant très voisin du rudiment du doigt 1, est souvent influencé par les causes qui déterminent le développement de ce dernier. De même nous voyons chez le cheval le développement du doigt II s’accompagner de l’apparition du métacarpien I, et non du déve¬ loppement du quatrième doigt, qui existait cependant à une époque bien plus récente. Chez un mouton, le doigt II se développe, et avec lui le pouce, mais non le doigt V. Ces faits nous semblent prouver combien les causes actuelles agissent dans la formation des organes ancestraux, et démontrer que l’on doit réduire le rôle de l’atavisme à la formation de rudi¬ ments, qui se résorbent ou se développent suivant le cas. C. Gegenbaur ne partage point cette opinion ; il voit dans l’ata- CHEZ LES MAMMIFÈRES 63 visme deux ordres de phénomènes. Dans l’un, l’organe, acquis par hérédité, se résorbe ou se développe suivant le cas (atavisme paléo¬ génétique) : tel est l’os central du carpe. Dans l’autre (atavisme néogénétique), l’organe ancestral n’existe pas, même à l’état de rudiment, son atrophie totale est déjà réalisée, et il réapparaît en se constituant de toutes pièces; tel serait le cas des phalanges du doigt interne du cheval. Gegenbaur reconnaît donc que, dans cer¬ tains cas tout au moins, l’apparition d’organes ancestraux résulte de l'accroissement de parties déjà existantes, mais pour l’illustre anatomiste, ce développement est dû à l’atavisme et non à des causes actuelles. Nous indiquerons encore l’opinion de M. Lavocat pour lequel « le retour au type n’est pas une régression vers une forme ances¬ trale, mais, au contraire, un progrès effectué par un organe impar¬ faitement développé, qui reprend son évolution et s’élève ainsi vers le type général, pentadactyle. » Cette théorie se rapproche quelque peu de la nôtre en ce que M. Lavocat voit, dant l'apparition d’un doigt typique, le développement d’un organe rudimentaire, mais nous ne comprenons pas en quoi la présence d’un organe inutile, et même gênant, comme le sont le plus souvent les doigts ataviques, constitue un progrès pour l’organisme. En outre, quand une dis¬ position embryonnaire persiste, il est difficile de voir là autre chose que le retour à un type ancestral. En effet, si nous opposons aux faits la théorie de M. Lavocat, si nous l’appliquons par exemple au cas des ruminants, chez lesquels les doigts 11 et V apparaissent chez l’embryon, puis se résorbent, il faudrait en conclure que cette disposition embryonnaire, transitoire, est un acheminement vers le type idéal de l’organisme : l’embryon de mouton cherche à former quatre doigts, mais ne peut aboutir. Mais alors, les autres états pas¬ sagers de l’embryon sont aussi des tendances vers le type, et nous arrivons à cette conclusion singulière que l’organisme humain, par exemple, tend à acquérir le bec de -lièvre double, des fentes bran¬ chiales, un appendice caudal, etc. La définition que nous avons donnée de la Polydactjdie atavique et la théorie qui a été exposée ensuite supposent donc nécessaire- 64 LA POLYDACTYLIE ment la réalité de la théorie de l’évolution. Pour notre compte personnel nous la considérons comme démontrée. On verra plus loin qu’une autre forme de la polydactylie, la dactyloschise, est considérée par certains auteurs comme ayant une origine ancestrale ; nous la classons à part, à cause de ses caractères anatomiques spéciaux, et aussi parce qu’elle nous reporte à des formes tellement anciennes, qu’il nous semble pré¬ maturé d’être affirmatif sur la nature atavique de cette anomalie. Nous limitons donc la polydactylie atavique à la réapparition des doigts de l’extrémité heptadactyle. Ces préliminaires établis à propos de l’atavisme et de son mode d’action, nous allons indiquer les principaux types de polydac¬ tylie atavique que l’on peut rencontrer chez les mammifères. Mammifères monodactyles. — Chez les équidés la main est constituée par (1) : Os carpiens . 1. IL III. (IV. V.) Métacarpien . (2. III. 4) Rayon phalangien ... III. Le cas de réversion le plus fréquent est le développement du deuxième doigt (fig. 2). Le métacarpien II est alors complet ; il égale en longueur l’os principal, et atteint parfois la moitié de son dia¬ mètre; il porte trois phalanges, dont l’unguéale est coiffée d'un sabot. Ces pièces offrent tous les intermédiaires entre la disposition asymétrique qui existe dans le doigt des ruminants, et la forme caballine; ceci tient au degré de développement du doigt II, et au plus ou moins d’écartement des deux rayons : plus ils sont diver • gents, plus les phalanges du doigt supplémentaire sont symé triques. Quelle que soit sa forme, ce rayon est toujours un peu plu*- court que le doigt principal. Les vaisseaux, les nerfs, les tendons (I) Les chiffres indiquent les os rudimentaires, et les chiffres entre parenthèse.'- signifient que les os sont soudés. ‘ CHEZ LES MAMMIFÈBES 65 proviennent par bifurcation régulière des organes destinés au doigt III. En outre, la bride fibreuse qui va ordinairement du sabot à la moitié interne de l’ergot reprend sa disposition première de ligament interdigité, et s’étend au nouveau doigt. La présence de ce doigt supplémentaire est presque toujours accompagnée de la réapparition d’un rudiment du pouce, sous forme d’un, métacarpien incomplet sur lequel s’insère le tendon de l’exté¬ rieur oblique du métacarpe, ou court exten¬ seur du pouce. En outre, le trapèze se déve¬ loppe, et devient quelquefois plus volumineux que le trapézoïde, dont il prend la forme. On a vu également le cubitus prendre un développe¬ ment plus considérable (Arloing). Dans un cas observé par un de nos élèves, M. Rabieaux, les lombricaux, normalement très minces, avaient le volume du petit doigt. Le pied peut présenter une anomalie sem¬ blable. Quelquefois, en même temps que le doigt interne, le quatrième doigt réapparaît, mais les cas de Iridactjlie du cheval sont très rares. D'après les documents réunis jusqu’ici, la Poljdactylie du cheval présente certaines particularités: 1® C’est toujours le doigt II qui se développe; quelquefois il est accompagné du doigt IV; 2° la Polydactylie apparaît tou¬ jours aux membres antérieurs, et parfois en même temps aux membres postérieurs; 3® le cheval est le seul des équidés qui ait présenté cette anomalie; son hybride, le mulet, l’a montrée deux fois. (Gornevin.) Nous ne pouvons terminer ce paragraphe sans signaler l’opinion de Boas, qui trouve, dans la grande majorité des cas de polydac- tylie du cheval, un doublement de l’extrémité. N’ayant pu nous procurer le travail original de Boas, où se trouvent les figures. Fio. 2. — Main de cheval didactjle (Musée de l’Ecole vélérinaire de Lyon). 1, trapèze réapparu ; 2,tra- pèzoïde ; 3, grand os ; 4, 5, os crochu. I, métacarpien du pouce réapparu. II, doigt interne complète' ment développé. III, grand doigt normal. IV, métacarpien rudimen¬ taire externe normal. 66 LA POLVDACTYLIE nous ne pouvons faire une critique détaillée de cette hypothèse ; mais nous avons entre les mains une pièce, autrefois décrite par M. Arloing, et que Boas considère comme étant une main double, et nous pouvons affirmer très nettement que cette interprétation est erronée et que c’est bien un cas de polydactylie atavique. Mammifères didactyles. — Les ruminants domestiques orit la main composée ainsi qu’il suit: Os carpiens . (IL III.) (IV. V.) Métacarpieris .... (111. IV.) 5 Rayons phalangiens . . III. IV. Il manque donc cinq doigts chez ces animaux ; deux sont déjà représentés par les petits onglons de l’ergot (2® et 5®), les trois autres font totalement défaut; mais on a observé, soit chez le bœuf, soit chez le mouton et la chèvre, toutes les formes de Poly¬ dactylie atavique compatible avec l’organisation de la main. Développement du doigt II. — Une main de veau appartenant au musée de l’Ecole de Lyon porte un doigt interne complètement développé, soudé par son métacarpien au doigt III, et terminé par des phalanges et un sabot bien conformé dont le côté convexe est tourné en dehors (fig3). M. Lavocat en cite un autre cas. Un pied d’agneau a présenté la même anomalie ; il y avait en outre réapparition du métacarpien du pouce (Chauveau et Arloing). Développement des doigts I et II. — Une main de veau (Musée de l’Ecole vétérinaire de Lyon) présente un deuxième doigt dont le squelette est constitué par un métacarpien large d’un centimètre ; les phalanges manquent, ou sont trop petites pour être perçues à travers la peau. En arrière et en dedans, se voit le pouce, formé par un fort métacarpien et trois phalanges dont la dernière est coiffée d’un onglon en forme de calotte (fig. 4). Développement des doigts II et V. — Le Traité d' anatomie des animaux domestiques, àeyihl. Chauveau et Arloing, renferme la CHEZ LES MAMMIFÎîRES 67 figure d'une main d’agneau où les quatre métacarpiens et les quatre doigts II, III, IV et V, sontégalement développés (fig.5). M. Lavocat en cite deux autras cas, dont l’un porte sur les quatre membres d’un veau hydrocéphale. Développement des doigts I, II et V. — Et. Geofifroy Saint- Hilaire a étudié une main d’agneau qui présentait cinq régions digitées complètes, dont les deux internes partaient d'un seul méta- POLYDACTYLIE ATAVIQUE CHEZ LES RUMINANTS .Pièces appartenant au Musée de l’École vétérinaire de Lyon.) Fio. 3. — Réapparition du doigt II chez un veau. Fio. 4. — Réapparition des doigts II et I chez un veau. Fkj, 5. — Réapparition des doigts II et V chez le mouton (Chauveau et Arloing), Fio. 6. — Réapparition de tous les doigts chez le mouton. (III et IV, les doigts normaux; V, onglon de l’ergot externe, représentant le petit doigt;) II, le second doigt complètement formé; I, le pouce, composé d’un métacarpien et d'un onglon; 0 et VI, le præpolles et le post-minimus, représentés par deux onglons. L'n outre, les doigts II et III sont dédoublés. carpien. Au pied se trouvaient quatre doigts, dont les deux internes également portés par un seul métacarpien. Apparition des doigts 0 et VI. — Un heureux hasard nous a permis de disséquer une main de mouton (fig. 6) qui présentait, outre l’ergot externe (IV) et les deux grands doigts (III et II), un méta¬ carpien interne peu volumineux, mais complet et portant trois phalanges (doigt II). En dedans de celui-ci se trouvait un autre métacarpien styloïde, aussi long que le précédent, et continué par 68 LA POLTDACTYLIE - un ligament qui supportait un sabot cylindrique situé en arrière et au-dessous du boulet (doigt 1). Enfin, en arrière et au-dessous du carpe se trouvaient deux saillies cutanées bien détachées, portant chacune un petit onglon cylindrique, où aboutissait une digitation du tendon perforé ; ces deux formations sont sûrement les traces de deux doigts, le præpollex (O) et le post-minimus (VI). Il résulte de ces diverses observations que chez les ruminants la réapparition des doigts ataviques est plus fréquente du côté interne qu’en dehors de la main ; lorsque les doigts V et VI réapparaissent ceux du côté interne (O, I et U) existent aussi. On voit aussi que l’anomalie est bien plus fréquente aux membres antérieurs qu’aux pieds. Mammifères TÉTRADACTYLES. — Le porc est celui de nos ani¬ maux domestiques qui présente quatre doigts aux mains et aux pieds. Comme la Polydactylie est dans cette espèce comme chez les précédentes beaucoup plus fréquente au membre antérieur, nous indiquerons seulement la formule de la main : Os carpien . 1. IL III. (IV^. V) Métacarpien .... 2. III. IV. 5 Région phalangienne . 2. III. IV^. 5 La composition de la main chez le porc indique que la forme de Polydactylie atavique la plus fréquente doit être la réapparition du pouce. Ce n’est cependant pas l’avis de M. Lavocat, qui nie la réa¬ lité de cette anomalie et rapporte tous les cas de Pentadactylie du porc à un dédoublement du doigt IL Comme on le verra plus loin, nous ne rejetons pas, il s’en faut, -la théorie de la division des doigts ; nous l’avons déjà discutée et soutenue. Mais dans ce cas particulier, nous repoussons l’interprétation de M. Lavocat comme insuffisamment démontrée. En effet, cet auteur se base sur ce que, dans un cas, il a vu le doigt surnuméraire en connexion exclusive avec le trapézoïde, et qu’il n’y avait point de trapèze. Cette raison n’est pas probante. Tout d’abord c’est une observation unique et qui est en contradiction avec beaucoup d’autres: le Musée CHEZ LES MAMMIFÈRES 69 de l’école de Lyon renferme une dizaine de pièces, ayant toutes un doigt interne supplémentaire et porté par un trapèze. En outre, M. Lavocat s’appuie sur ce qu’il y avait trois pha¬ langes sur ce premier doigt. Il existe aussi des cas où il n’y en a que deux, et d’ailleurs la présence de trois phalanges au pouce ou au præpollex n’est pas inconnue. M. Lavocat cite lui-même l'ob¬ servation de Dubois qui, en 1826, a décrit un enfant présentant cette anomalie, et il ajoute que c’est un retour au type primordial. Il a également décrit, en 1858, un chien dont le premier orteil avait trois phalanges. M. Lavocat est donc en contradiction avec lui-même. .^joutons que Gegenbaur a déjà soutenu la même thèse, en s’ap¬ puyant, d’une part sur la présence de trois phalanges au doigt sup¬ plémentaire, et, d’autre part, sur ce que rien, dans la conformité du reste de la main, ne rappelait la disposition des anciens Suidés. Il insiste particulièrement sur la disposition de l'extrémité supé¬ rieure du métacarpien III, qui lance en dedans et en dehors un prolongement articulé avec le 2® et le 4® carpien : celte conformation est propre aux Suidés récents, et n’existe pas chez les animaux de l’époque miocène, qui cependant avaient déjà quatre doigts seu¬ lement. Cette absence de caractères ancestraux dans la main n’est pas pour nous une preuve du non-atavisme du doigt 1. Nous avons pré¬ cisément, il y a quelques pages, insisté sur la forme actuelle de ces doigts ancestraux, et on ne peut se montrer, à l’égard du porc à cinq doigts, plus exigeant que pour le cheval didactyle,dont la main ne présente pas davantage des caractères anciens. Développement du pouce. — Cette anomalie est très fréquente chez le porc, et nous avons pu l’étudier complètement sur les pièces que renferment les collections de notre service. Lorsque le doigt 1 reparaît, il présente tous les intermédiaires entre un petit doigt à deux phalanges, égal à la moitié ou aux deux tiers du second (ûg. 7), et un grand rayon à trois phalanges, aussi long et aussi volumineux que les doigts principaux (6g. 8). Le volume du trapézoïde est pro¬ portionné au développement et au degré d’indépendance du pouce. Soc. LiNN. T. XL. 6 70 LA POLYDACTYLIE Le développement du premier doigt peut se faire sans que le doigt Il soit modifié; le pouce est alors rejeté plus ou moins en arrière de la main, et sa pointe vient se placer entre les deux doigts latéraux. Souvent aussi l’apparition du pouce coïncide avec un hyper-accrois¬ sement du doigt II ; les deux rayons se développent parallèlement, restent accolés, et forment une paire disposée comme les deux grands doigts (fig. 8). Il arrive alors quelquefois, surtout au membre Fig. 7 Fig. 8 Fig. 9 Fig. 10 POLYDACTYLIE ATAVIQUE CHEZ LE PORC (Pièces appartenant au Musée de l’Ecole vétérinaire de Lyon.) Fio. 7. — Apparition du pouce (I) avec deux phalanges et le trapèze 1. Fio. 8. — Apparition d’un pouce (I) avec trois phalanges et le trapèze 1. Fia 9. — Apparition du premier orteil, et d'un petit præhallux 0 Le doigt II est double. Fio. 10. — Apparition du pouce I, et du præpollex 0. Le métacarpien du pouce porte en dehors la tête d'un second métacarpien. postérieur, que ces deux doigts ont une direction différente de celle des deux doigts principaux, dont ils sont séparés par une échancrure qui fait paraître l’extrémité bifurquée (fig. 9). La réapparition du doigt I est assez rare aux membres posté¬ rieurs. Développement du doigt O. — Ce cas n’est pas très fréquent, nous n’en avons relevé que huit exemples sur une quarantaine d'observations de Polydactylie chez le porc. Personnellement nous en avons observé deux cas. Une extrémité postérieure présente, en dedans du premier doigt réapparu, un petit rayon formé d’un métatarsien et de deux pha¬ langes, et fixé au niveau de l’articulation métatarso-phalangienne CHEZ LES MAMMIFÈRES 7 1 du premier doigt. Le troisième cunéiforme, volumineux, est soudé au second (fig. 9). Sur une main, portant déjà un pouce un peu plus fort que les doigts latéraux, se trouve un doigt interne articulé sur le trapèze, et très distinct du doigt I par sa direction et sa forme (fig. 10). Boas a interprété un cas semblable comme un doublement de la main, ce qui est évidemment une erreur; cardon a là le pouce et le præpollex, ou un pouce dédoublé. Il arrive parfois que le præpollex est très semblable au pouce, comme dans l’exemple figuré par Otto, et il devient alors difficile de distinguer ce cas d’un dédoublement du premier doigt. Si le præpollex n’est pas absolument rare, il semble que le post- minimus ne se développe jamais ; nous n’avons pu en trouver aucune observation. Le chien est tétradactyle au membre postérieur, dont le doigt I n’est représenté que par un très petit métatarsien. Ce doigt réappa¬ raît fréquemment, et il présente des formes très variées. Le plus souvent c’est un petit doigt formé de deux phalanges et de l’extrémité inférieure du métatarsien, réuni par un ligament au rudiment normal de cet os. Nous avons cependant vu un chien chez lequel le premier orteil était aussi volumineux que les trois doigts suivants, à côté desquels il était placé. Des observations analogues ont été faites par plusieurs auteurs, entre autres, par Joly et Lavocat Poiydactyiie ata- fl8571 vique chez le chien. Apparition Le chien montre aussi assez souvent une duplica- du premier orteil tion du premier orteil, que nous rattacherons au L et du præhai- développement du præhallux, sans affirmer toutefois que ce ne puisse être une simple division du doigt (fig. 11). Fio. 11. Mammifères pentadactyles. — Dans ce groupe nous n’aurons à nous occuper que de l’homme, car nous ne connaissons pas d’exemple de polydactylie du membre antérieur chez le chien, et 72 LA POLYDACTYLIE d’autre part nous n’avons pas de de détails suffisants sur la poly- dactjdie du chat. L’homme étant pourvu de cinq doigts aux quatre extrémités, la Polydactylie atavique ne peut se manifester que par la réapparition du præpollex ou præhallux, et dupost- minimus. Cette anomalie est assez fréquente, et elle tient une grande place dans les monogra¬ phies publiées par Paul Broca (1850), Fort (1869) et Grüber (1871). Réapparition des doigts O et VIL — La présence simul¬ tanée du præpollex et du post-minirnusest rare (fig. 12). On n’en connaît guère que trois exem¬ ples, et dans aucun d’eux les quatre membres n’étaient atteints ; dans le cas le plus complet, dû à Heynold (1878), la main droite avait six doigts seulement. Cette augmentation du nombre des rayons phalangiens n’est pas accompagnée d’une aug¬ mentation correspondante dans le métacarpe ou métatarse, qui présente au plus six os ; il peut même n’exister que les cinq rayons nor¬ maux dont l’interne et l’externe portent deux doigts. Réapparition du doigt O. — La présence du præpollex est très fréquente ; on a pu en réunir soixante-quatre observations, et il y en a certainement bon nombre qui ont passé inaperçues (Taruffi) . Ces cas se répartissent de la façon suivante : Præpollex . 52 Præhallux . 3 Præpollex et præhallux. . . 7 Le doigt supplémentaire est fréquemment incomplet, malformé, composé de deux phalanges reliées au doigt I par un ligament ; quelquefois même il est formé simplement par un noyau cartilagi¬ neux; d’autres fois il est articulé sur la tète élargie du premier métacarpien ou métatarsien (fig. 14). Enfin il peut posséder en propre un os métacarpien ou métatarsien, libre ou soudé avec l’extrémité Fio. 12. — Réapparition du post-minimus VI, et pouce double, qui est peut-être formé du pouce et du præhallux (Grüber). CQEZ LES MAMMIFÈRES 73 supérieure du premier rayon; dans ce cas le trapèze, ou le troi¬ sième cunéiforme, est plus volumineux que d’ordinaire. Les vaisseaux et nerfs du premier doigt envoient au doigt 0 des branches qui s’y distribuent de la même façon que dans un rayon normal. Quant aux muscles, leur disposition varie. En thèse générale, les tendons des muscles qui passent à proximité du præpollex, c’est-à-dire, sur la face dorsale ou ventrale du pouce, fournissent des digitations au doigt surnuméraire, tandis que les muscles compris entre le pouce et l’index restent normaux. PoLYDACTYLiE ATAVIQUE CHEZ l'homme (Seerig). Fig. 13. — Développement d'un præpollex (O) incomplet. Fig. 14 et 15. — Développement du post-minimus (VI) chez l'homme. Fig. 16. — Développement du post-minimus au pied. Mais il y a beaucoup de variations, et le præpollex peut pré¬ senter les quatre mouvements, extension, flexion, adduction et abduction. Il est très rare que le doigt 0 continue régulièrement la série; généralement la main ou le pied ont conservé complètement leur forme normale, et le doigt supplémentaire fait une saillie qui attire de suite l’attention. Staderini a signalé, en 1889, une anomalie qui est en relation avec la réapparition du præpollex ; c’est la présence en dedans du trapèze d’un petit os qui recevait le tendon du long abducteur du pouce, et qui semble représenter le doigt 0. Réapparition du doigt VL — Le post-minimus est encore plus. 7i LA POLYDACTYLIE fréquent que le précédent. D'après la statistique de Taruffi, on l’a trouvé, A la main ....... 75 fois. Au pied . 20 — Au pied et à la main. . . 31 — Ce doigt comporte les mêmes considérations générales que le præpoilex. 11 faut remarquer seulement que dans le plus grand nombre des cas, il continue régulièrement la série digitée, et ne fait qu’élargir l’extrémité sans la rendre difforme (fig. 16). La polydactjlie atavique chez l’homme se montre donc de pré¬ férence au côté externe des extrémités, et bien plus souvent aux mains qu’aux pieds ; rarement ceux-ci sont polydactyles sans que la main le soit (fig. 15). Résumé général. — Après avoir ainsi passé en revue les diffé¬ rentes formes que présente la polydactylie atavique, nous pouvons en tirer quelques principes généraux. Tout d’abord, on voit que la polydactylie présente, dans une espèce donnée, des dispositions d’autant plus variées et éloignées de l’état normal, que l’extrémité est plus simple. Il faut remarquer aussi que le membre thoracique, dans toutes les espèces que nous avons examinées, présente des doigts ancestraux bien plus souvent que le membre pelvien. Ceci amène à conclure que la main s’est simplifiée plus tardivement que le pied, ce qui est d’accord avec les faits généraux de l’anatomie comparée et delà paléontologie. Un fait intéressant est que chez l’homme le doigt externe se mon¬ tre bien plus souvent que le doigt interne, et que les animaux pré¬ sentent le phénomène inverse. Ce qui se passe chez l’homme montre que le post-minimus a persisté plus longtemps que le doigt 0 chez les ancêtres des animaux actuels. Il semble exister une contradic¬ tion entre cette hypothèse et la réapparition assez fréquente du præpoilex et du præhallux chez les animaux quadrupèdes, alors que le doigt VI ne se montre à peu près jamais. On peut expliquer cette différence en remarquant que les animaux que nous avons décrits CHEZ LES MAMMIFÈRES 75 n’ont point de premier doigt; on peut croire que ce rayon, en se développant, réagit sur le rudiment embryonnaire du præpollex et l’incite à se développer aussi. De même, la comparaison du degré de fréquence des différents doigts ataviques chez les animaux, montre que chez les artiodac¬ tyles l’ordre de disparition des doigts a dû être le suivant : 0, VI, I, V, II et chez les périssodactyles 0, VI, I, V, IV, II. La présence du métacarpe I chez les chevaux polydactyles, alors qu’on n’a jamais observé le doigt V, s’explique comme le præpollex du porc; la présence d’un rudiment du cinquième métacarpien chez le Palæotheriura, l’Anchitherium et l’Hipparion, est une preuve indubitable que la disparition de ce doigt est postérieure à celle du pouce. Enfin il faut signaler que les doigts ataviques peuvent être l’objet des mêmes malformations que les doigts normaux. La polydactylie Fio. 17. — Præpollex dans une main ectrodaclyle (Olto). 0, Præpollex porté par un trapèze supplémentaire 1'; I, pouce à une seule phalange; II, index avorté; III et IV, médius et annulaire confondus en partie; V, petit doigt. atavique peut coïncider avec la schistodactylie (fig. 12), la syndac- lylie (fig. 12) et l’eclrodactylie (fig. 16). POLYDACTYLIE TÉRATOLOGIQUE Dans cette forme de la polydactylie, l’augmentation du nombre des rayons digités résulte de la division suivant la longueur d’un 76. LA POLYDACTYLIE OU de plusieurs des doigts actuels ou ataviques. Ce genre d’anomalie est connu dès 1828. Gurlt a signalé la division du doigt chez un cheval, et, sous le nom de Schistomelus fissungulus, il fait de cette anomalie un groupe de son troisième ordre, Fissio corporis abnonnis. Is. Geoffroy Saint Hilaire reconnaît également la division du pouce (1832). Joly a également admis la division des doigts; ilamème rapporté à un dédoublement des deux doigts normaux un cas de duplication de la main chez le veau. Mais c’est Delplanque qui, à notre connaissance tout au moins, a le premier (1869) indiqué la généralité de ce phénomène de divi¬ sion. « Chacune des six pièces osseuses qui entrent dans la com¬ position d’un doigt peut devenir le siège d’une bifurcation de ce genre, et les faits que j’aurai bientôt à signaler montreront qu’un doigt supplémentaire peut indifféremment avoir pour base, soit une des trois phalanges, soit le métacarpe, soit les os du mésocarpe ou du procarpe. » Il étend sa conception encore plus loin, et indique la possibilité de la division de l’extrémité entière, mais sans signaler d’autre exemple que des cas de Mélomélie. Delplanque était arrivé à cette interprétation en considérant la structure des membres nageoires des poissons, et de certains rep¬ tiles, où il avait trouvé une très grande analogie avec la dispo¬ sition des doigts supplémentaires. En 1882, M. Lavocat adoptait cette hypothèse et écrivait : « Il ne paraît pas irrationnel de regarder la duplication des doigts, chez les mammifères, et, en particulier, celle du grand doigt du cheval, comme un retour vers le type primitif, que présentent les vertébrés inférieurs. » Enfin, Albrecht, en 1885, a exposé au Congrès des Chirurgiens allemands sa théorie àeVéphypodactylie, qui est la reproduction des idées émises par Delplanque. La division, qui a lieu suivant un plan antéro-postérieur, peut atteindre la phalange unguéale seule, le ou les deux os suivants, le métacarpien ou métatarsien, et même l’os correspondant du carpe ou du tarse. CHEZ LES MAMMIFERES 77- Ce dédoublement a pour résultat de constituer deux rayons digiiés, égaux ou non, séparés ou complètement adhérents, ayant un volume total équivalent ou supérieur à celui du doigt divisé. Les ongles, tendons, vaisseaux et nerfs participent à cette divi¬ sion, excepté lorsque l'un des deux doigts est très petit; cependant même dans ce cas, si sa phalange unguéale est à peu près au même niveau que celle de l’autre doigt, l’ongle porte une trace de la duplicité du squelette. Ces généralités pourraient presque nous dispenser de rien ajouter à ce paragraphe. Nous allons cependant donner quelques exemples à l’appui. Division d'une phalange. — Ce cas a été signalé quelquefois chez l’homme, principalement au pouce qui est alors élargi et porte un ongle manifestement double (fig. 18). Dicision de deux phalanges. — Beaucoup plus fréquent que le précédent, ce cas a été observé assez souvent au pouce chez Fig. 18. Fig. 19. Division du pouce (Otto et Guyot-Daubés). l’homme , les deux doigts sont alors adhérents mais séparés par un sillon de la peau et portent deux ongles ; ils sont placés générale¬ ment côte à côte, mais on les a vus aussi opposés par leur face pal¬ maire (fig. 19). Nous avons observé cette anomalie chez le porc ; les doigts étaient inégaux et exactement accolés (fig. 26). Division des trois phalanges. — La division peut être com¬ plète ou incomplète pour le premier os phalangien. Ce dernier cas a été observé sur un muleton par MM. Joly et Lavocat, et sur le 78 LA POLYDACTYLIE cheval par MM. Chauveau et Arloing (fig. 24). Dans ces deux sujets, le premières phalangien, bifide, porte une double série de phalanges, dont l’ensemble correspond à peu près au doigt normal. Chez le mouton, nous avons observé la division des doigts 11 et III. Dans ce cas, le doigt normal était doublé en dedans par un doigt styloïde, mais complet, dont la troisième phalange laissait une empreinte spéciale dans l’onglon (fig. 6). Le porc nous a présenté la même anomalie, dans des conditions presque identiques, sur le doigt II au pied et àla main (fig. 9). Dans l’un des cas, le doigt accessoire était presque aussi volumineux que le doigt principal, et il avait un onglon particulier. On a vu chez l’homme, à plusieurs reprises, des cas de dupli¬ cation des doigts II, III et IV, dans lesquels le double rayon pha- Dkdoublement des doigts chez l'homme. Fig. 20. — Division de l'index (Kühnt). Fig. 21. — Division du præhallui (0 et 0'), et présence du post-minimus (Kühnt). Fig. 22. — Division des quatre premiers orteils (Bernstein). Fio. 23 — Division des orteils I, III et V, ainsi que du cuboïde et du troisième cunéiforme (Morand). langien était supporté par un seul os métacarpien ou métatarsien. Les doigts doubles étaient divisés ou réunis. Ainsi Yanderbuck â décrit une famille espagnole, comprenant plus de quarante indivi¬ dus, chez lesquels les trois phalanges de presque tous les doigts étaient doubles ; les quatre doigts externes étaient palmés et CHEZ LES MAMMIFÈRES 79 portaient un ongle échancré au milieu ; en outre le pouce élai fréquemment bifide ou bifurqué. Cette anomalie s’étend aux doigts ancestraux ; nous l’avons vue sur le doigt II du mouton, et sur le pouce du porc (fig. 26). Division des phalanges et du métacarpe ou métatarse. — La division du doigt impair du cheval a été observée par Delplan- que et Gurlt. Le métacarpien, bifide comme le canon des ruminants portait une double série de phalanges assez bien conformées (fig. 25); chez le porc nous avons trouvé entre le pouce et le præpollex un noyau osseux représentant l’extrémité inférieure du premier méta - carpien avec son noyau épiphysaire (fig. 10), et dans un autre cas le doigt portait deux séries de phalanges. L’homme a présenté d’assez nombreux exemples de duplication de l’index (fig. 20), du médius et de l’annulaire. On a vu aussi le dédou- DlVISlON DES DOIGTS CHEZ LE CHEVAL ET LE PORC. Fio. 24. — Division des trois phalanges chez le cheval (Chauveau et Arloing). Fig. 25. — Division des phalanges et d'une partie du métacarpien, chez le cheval (Gurlt). Fig. 26. — Division partielle du pouce chez le porc. Fig. 27. — Division complète du second doigt, avec réapparition du pouce, chez le porc (Musée de l’Ecole vétérinaire de Lyon). blement du præpollex, du præhallux (fig. 21) et du post-minimus. Nous ne parlons pas ici du dédoublement du pouce et du cinquième doigt, qu’il est généralement difficile de distinguer de la Polydac- 80 LA POLYDACTYLIE tjlie atavique. Il existe cependant des cas où l’on a rencontré huit, neuf et dix doigts, et dans lesquels les rayons supplémentaires se trouvaient, les uns sur les deux côtés de la main ou du pied, et les autres intercalés entre les doigts normaux. La présence d’un doigt sûrement dédoublé permet dépenser que ce processus tératologique a été général et que les autres doigts en excès proviennent par divi¬ sion des doigts normaux. Ainsi, dans le pied dit de Morand (fig. 23), nous voyons comme M. Lavocat, une duplication de I, III et V doigt, et non la réapparition des doigts O et VI avec division du médius. Dans les cas de Saviard et de Trompeo, où il existait dix doigts aux quatre extrémités, il y avait certainement dédoublement de tous les doigts. Division des os du carpe et du tarse. — Dans certains cas de division complète des doigts, la malformation s’étend même à la seconde rangée du carpe ou du tarse. Ainsi, dans le pied de Morand, le cuboïde et le troisième cunéiforme étaient doubles (fig. 23). La division totale ou partielle des doigts, indépendante de l’ata¬ visme, est donc un fait bien établi, mais dont la genèse est encore très obscure. On ne voit guère, pour expliquer ces formations, que les hypothèses du bourgeonnement ou de la division, et encore ces deux termes sont-ils homologues, car nous ne comprenons pas la division après coup, la scission traumatique causée par exemple par des brides de l’amnios. La division ne peut avoir lieu, croyons-nous, qu'au moment précis où se constitue le blastème du doigt ou d’un os phalangien. A un moment quelconque de l’allongement du bourgeon digité, celui-ci présente deux points d’accroissement. Il se forme ainsi deux traînées cellulaires qui s’accroissent, évoluent côte à côte, et donnent deux doigts. En outre, au cours de leur évolution, elles peuvent être le siège de modifications secondaires : coalescence, accroissement inégal, etc. Albrecht pense qu’il est possible de rattacher à l’atavisme les cas de duplication des doigts. Remarquant que chez les Sélaciens, la Raie en particulier, les rayons ptérygiens qui correspondent aux doigts sont doubles dans toute leur longueur et forment un épi- CHEZ LES MAMMIFÈRES 81 dactyle et un hypodactyle superposés, Albrecht admet que le doigt chez les autres animaux résulte de la soudure, de la fusion de ces deux rayons. Ce serait un éphypodactyle, et les cas de division des doigts un simple retour à l’état ancien. Cette théorie, toute hypothétique qu’elle paraisse , concorde cependant avec les faits observés. Aussi on n’a jamais vu de tripli¬ cation réelle d’un doigt ; les cas cités se réduisent tous à la réappa¬ rition du præpollex et à son dédoublement, ce que l’on appelle à tort un triple pouce. D’autre part, il est très remarquable de voir sur une même extrémité deux, trois doigts, et plus, se dédoubler exactement de la même façon, et ce phénomène se produire sur plusieurs membres à la fois. 11 est également digne de remarque que cette anomalie est très fréquente dans certaines espèces. Ces faits indiquent que ce phénomène se produit sous une influence constante, semblable à elle -même; et il semble difficile qu’une cause purement accidentelle ait des effets aussi réguliers. En outre, l’observation de Schenck, qui a vu jusqu’à neuf rayons dans la main d’un embryon, c’est à- dire quatre de plus que dans le type actuel, et deux de plus que dans la forme ancestrale hepta- dactyle, cette observation permet de penser que peut-être les doigts, ou certains d’entre eux sont primitivement doubles, et deviennent plus tard simples par fusion. Quelle que soit l’importance qu’on attache à ces faits, ils sem¬ blent néanmoins encore trop peu nombreux pour entraîner la certitude, et des recherches délicates d’embryogénie pourront seules apporter quelque éclaircissement sur ce point. POLYDACTYLIE HËTÉROGÉN IQU E (1) Nous placerons dans la Polydactylie hétérogénique certaines formes qui ne peuvent être rattachées ni à l’un ni à l’autre des deux (1) M. Lavocat, on Ta déjà vu, a créé pour sa classification de la Polydactylie, un terme analogue, Hêlérodactylie. Si nous employons un mot aussi voisin de celui-ci, c’est que les anomalies auxquelles M. Lavocat donne ce nom ne sont pas des cas de Polydactylie, et encore moins d’ajonction à la main normale d'une autre extrémité étrangère au sujet; ce groupe doit donc être rejeté, et son nom devient ainsi sans objet. 82 LA POLYDACTYLIE sections précédentes. On rencontre parfois, en effet, un doigt, formé de deux ou trois phalanges, et intercalé entre deux rayons normaux avec lesquels il n’entretient aucune connexion osseuse, ligamenteuse, ou tendineuse ; il n’y a que de simples rapports de contact. L’examen le plus attentif de ces formations ne permet pas de les rattacher à la scliistodactylie, et encore moins à l’atavisme. C’est pour cela que nous les plaçons à part, en attendant que des faits nouveaux permettent de les classer définitivement. Gomme exemple nous citerons le doigt intercalaire que nous avons trouvé entre les doigts III et IV d’un pied de veau dédoublé (fig. 29, k) Is. Geoffroy Saint- Hilaire parle d’une chèvre polydactyle qui semblait présenter un cas semblable. REMARQUES D’après ce qui vient d’être exposé, on voit qu’une seule des sections que nous avons établies est certainement, sûrement mons¬ trueuse, sans relation avec les formes actuelles ou anciennes, c’est la Polydactylie hétérogénique. Des présomptions assez sérieuses existent en faveur de l’origine atavique de ce que nous avons appelé la Polydactylie tératologique, ou Dactyloschise des Aile - mands. Si de nouvelles recherches donnent encore quelques faits à l’appui de cette hypothèse on arrivera à une classification un peu différente de celle que nous avons suivie, mais qui représente plus exactement les faits. Ce serait la suivante. i®' Groupe. — Polydactylie d’origine atavique a) Retour à la forme pentadactyle, ou type mammifère, car, depuis l’apparition des animaux de cette classe, à l’époque basique, il y a réduction de leurs extrémités à cinq doigts au plus. b) Retour à la forme heptadaclyle , ou type reptilien, disposi¬ tion très ancienne, qui avait disparu à l’époque du Lias, sauf chez certains sauriens, les Ichthyosaures, remarquables en outre par CHEZ LES MAMMIFERES 83 certains caractères d’infériorité, tels que leurs vertèbres biconcaves, qui les rapprochaient des poissons ; on trouve encore des traces de la forme heptadactyle chez quelques reptiles actuels. c) Retour à la duplicité des séries phalangiennes , ou type sélacien, disposition qui existe encore chez ces animaux, et qui a persité jusqu’au Lias chez les Ichtyosaures. Cette réversion, qui reconstitue chez les mammifères une dispo¬ sition excessivement ancienne, peut se présenter sur n’importe quel doigt existant actuellement, ou réapparu. C’est une compli¬ cation de la forme normale ou de la Polydactylie atavique propre¬ ment dite. 2® Groupe. — Polydactylie hétérogéniqde. Elle seule, serait véritablement monstrueuse, car elle ne répond à aucune disposition actuelle ou ancestrale. Cette classification suit la phylogénie des mammifères : elle nous semble devoir être adoptée un jour, et, si nous ne faisons que l’in¬ diquer, c’est parce que la théorie d’Âlbrecht ne nous paraît pas appuyée encore sur un nombre de faits suffisants. Nous avons donné dans les pages qui précèdent un exposé com ■ plet de la Polydactylie proprement dite ; nous n’avons plus qu’à ajouter que le nombre de doigts peut augmenter par un autre pro¬ cessus, le dédoublement de toute V extrémité. Cette anomalie, que nous avons étudiée dans un autre travail sous le nom de Schis- tomélie, appartient à un groupe bien distinct de la Polydactylie, celui des divisions partielles ou totales des membres. Nous nous contenterions de rappeler simplement ces faits et de renvoyer le lecteur à nos précédents mémoires, si un article de M. Lavocat (Exposé méthodique de la Polydactylie. Revue vétérinaire, Toulouse, 1893), et surtout la réponse qu’il a donnée à 84 LA POLYDACTYLIE une note de notre part, ne nous obligeait à ajouter quelques détails sur ce sujet. Le dédoublement total de la main est connu chez l’homme depuis très longtemps. Jules Obséquent (1553), Ruefif (1587), Aldrovande 1642), et plus récemment Wirtensohn (1825), Murray (1863), Dwight (1892), Giraldès (1868), G, Fumagalli (1871), ont cité des Dédoublement de l'extrémité chez le 'Eau. Fio. 28. — Main double; il existe deux métacarpiens A et A', .doubles comme à l'ordinaire, et portant chacun deux doigts. Fio. 29. — Pied double; le tarse, double, se continue par deux canons A et h', portant chacun deux doigts ; entre les doigts N' et M' du pied externe, se trouve un doigt hétérogénique K. exemples de cette anomalie ; Bull (1875) et Brudi (1878) ont observé un état identique du pied. Mais chez les animaux on a méconnu cette malformation pendant très longtemps. Barko'w (1826) est le premier qui figure (Animalia duplicia, tab. XV, fig. 4) un pied double de CHEZ LES MAMMlFâllES 85 veau ; quoiqu’il voie là une monstruosité double, il ne reconnaît nullement la duplicité du pied. Il dit en effet simplement : In parle extrema posteriore qnaque ungulæ quatuor, externæ binæ majores, internæ totidem minores ungulaque succenturiala una apparent. Gurlt a bien établi un genre Schistomelus fssimanus (Lehr- huch der Pathol. Ann., t. II, p. 146; 1832), mais sa diagnose se rapporte à des cas d’Ectrodactylie avec bifurcation de l’extrémité, comme celui représenté figure 17. Is. Geoffroy Saint-Hilaire (1834) parle aussi de bifurcation du pied, et y rapporte des anomalies observées chez le veau et qui sont certainement des cas de dédoublement du pied; mais il com¬ prend dans ce même groupe des cas de polydactylie du porc iden¬ tiques à celui de la figure 9, ce qui démontre que l’illustre térato- tologiste, de même que Gurlt, n’avait en vue qu’une question d’apparence extérieure. Otto (Monstrorum sexcent. descriptio anat., p. 274, 1841) décrit un mouton dont un pied postérieur était semiduplex ; il s’agit simplement de quatre onglons, sans phalanges, avec un méta¬ tarsien normal. Delplanque (Etudes tératologiques, 1869, fig. I) représente un exemple très net de dédoublement du pied chez le veau, mais il y voit la réapparition des doigts latéraux, quoiqu’il ait prévu la pos¬ sibilité du dédoublement de la main. Joly, en 1854, avait décrit un cas semblable, et l’interprétait par une division des deux doigts normaux. En 1877, Gurlt cite, sous la rubrique Megalomelus, sept cas de Polydactylie chez le veau, mais ne parle point de duplicité de l'extrémité. En 1882, Taruffi (Storia délia Teratologia, t. III) consacre un chapitre entier à la division delà main chez l’homme, et ajoute qu’elle est iaconnne chez les autres mammifères. Par contre, il réunit dans la Polydactylie ordinaire tous les cas de duplicité de l’extrémité qui ont été décrits ou figurés pour les ruminants. Enfin, en 1885, Boas explique, on l’a déjà vu, certains cas de Soc. Linn. t. XL. 7 8H LA PÜLYDACTYYIE CHEZ LES MAMMIFERES polydactylie du cheval et du porc par le doublement de toute l’extré¬ mité. On a vu aussi que cette interprétation ne s’appliquait pas aux anomalies envisagées par l’auteur. Il résulte de cet exposé que, si quelque auteur a décrit la duplicité de la main chez les animaux, son travail est resté ignoré, il a échappé même à Taruffi, lequel, malgré ses immenses recherches bibliographiques, n’en a pas connaissance. Nous pou¬ vons donc dire que le dédoublement de la main chez les animaux n’a pas été reconnu avant nous. C’est en 1892 seulement que, dans deux travaux successifs, nous avons donné l’interprétation vraie de ce genre de polydac- lylie et que nous avons établi que le dédoublement de la main et du pied existait chez les ruminants domestiques (âg. 28 et 29). Dans un travail très récent, M. Lavocat a adopté, sans nous citer, l’interprétation anatomique que nous avons donnée de cette malformation, et, à une réclamation de notre part, il a opposé un démenti, en cherchant à établir une confusion entre la démonstra¬ tion anatomique de la duplicité de la main, et l’interprétation orga- nogénique de l’anomalie. En outre, M. Lavocat a avancé, mais sans citer personne, que la duplicité de la main était connue de longue date des tératologistes. Quelles que soient les explications que donne cet auteur, il ne peut contester ceci : il a fait un groupe spécial pour les cas de doublement de l’extrémité chez les animaux ; pour établir ce groupe, il lui a fallu préalablement savoir que cette anomalie existait. Or, M. Lavocat n’a jamais rien publié sur ce sujet, il n’a pas indiqué comment il en a eu connaissance, et nous avons montré que tous ceux dont nous avons pu réunir les travaux ont méconnu la nature réelle de celle malformation. Notre réclamation était donc justifiée. OUVRAGES GITES Aulfeld, 1880. Die Missbildungen des Menschen. léna. Albrecht, 18S6. Sur la valeur morphologique de l’hyperdactylie (Deutsche Gesells. f. Chirurgie). Aldrovande, 1642. Monstrorum historia. Arloing, 1867, Contribution à l’étude du pied du cheval (An. Sc. Nat). Blanc, 1891. Sur les monstres niélomèles(^A«. Soc. Linnéenne Lyon). — 1892. Sur un cas remarquable de division de la région tarso- méta tarsienne (idem). Barkow, 1828. Animalia duplicia per analomen indegata. Boas, 1885. Bemerk. über die Polydactjlie des Pferdes ( Morph.Jahr.). P. Broca, 1830, Etude sur les doigts et orteils surnuméraires, Brudi, 1878. Berliner Klinische Wochenschrift. Bull, 1875. The Boston med. and surg. Journal. Chauveau et Arloing. Anatomie comparée des animaux domestiques. CoBBOLD, 1880. Polydactylisme in lhe Cat. (The Veterinarian.) CoRNEviN, 1881. Nouveaux cas de didactylie chez le cheval (J . Med. Vét. Lyon). Delplanque, 1869, Etudes tératologiques. Douai. Dwigt, 1892. Fusion of hands (M. of the Boston Soc. of nat. sc.). Fort, 1869. Des difformités congénitales et acquises des doigts. (Thèse Paris). Fuaiagalli, 1871. Schmidt' s J ahrh . Gegenbaur, 1880. Kritische Bemerk. über Polydaktylie als Atavismus (Morph. Jahrb.). Is. Geoffroy Saint-Hilaire, 1832. Traité des anomalies. Giraldès, 1868. L, sur les maladies des enfants. 88 OUVRAGES CITES Grüber, 1871. M. sur la Polydactylie (M. Ac. Sc. Petersbourg). Gürlt, 1830. Lehrbuch der Pathologischen Anatomie. — 1877. Ueber tbieriscbe Missgeburten. JâGER, 1828. Mangel des Unterkiefers bei einem neugeborenen Lamme (Meck. Arch.). Joly, 1854. Et. sur quelques monstruosités observées chez les animaux domestiques. Joly et Lavocat, 1853. Étude anatomique sur une mule fissipède. Lavocat, 1882. Le pied du cbeval. Développement des doigts latéraux et division du 3° doigt (Rev. Vét., Toulouse). Lavocat, 1873. Sur le pied d'bomme à huit doigts, dit pied de Morand (C. R. Ac. Sc. Rev.). Lavocat, 1893. Exposé méthodique delà Polydactylie. (Rev. Vét. Tou¬ louse). Murray, 1863. Med. Chir. Trans. of Boston. Obsequent, 1553. Le livre des prodiges. Otto, 1841. Monstrorum sexcentorum descriptio anatomica. PoLAiLLON, 1885. Rapport sur la polydaetylie. Retterer, 1885. Développement des extrémités ('J. de l'Anatomie), Rueff. ScHENCK, 1874. Lebrbucb der vergleicbendcn Embryologie der Wir- beltbiere. Tapie, 1885. Sur la polydaetylie (tbèse). Taruffi, 1882. Storia délia Teratologia. Wiedersheim, 1890. M. d’anatomie comparée des vertébrés. ■ESSAI DE CLASSIFICATION DES RACES GALLINES PAR M. H. BOUCHER CHRP DES TRAVAUX DE ZOOTECHNIE A L*BCOLE VÉTÉRINAIRE DE LYON Préseuté à la Société Lionèenne de Lyon. I L’importance économique de l’espèce galline grandit de plus en plus, par suite des déboucliés nombreux qui sont ouverts à ses représentants et à leurs produits. Sans aucun doute, ce mouvement progressif s’accentuera encore dans l’avenir, car c’est le propre des nations laborieuses d’accroître leur bien-êire matériel et leur luxe, en proportion de leur activité physique et intellectuelle. Les stalisliques commerciales établissent d’ailleurs que, pour la volaille et les œufs, V offre demeure impuissante à satisfaire aux exigences de la demande. En présence de ce courant de consommation, les gallinoculteurs de profession et les simples éleveurs eux-mêmes transforment sans cesse les races, en créent de nouvelles, soit pour obtenir des oiseaux de luxe valant plusieurs centaines de francs le couple, soit pour augmenter le poids des sujets de la basse-cour, soit enfin pour recueillir une quantité plus considérable d’œufs : à cet effet, ils ont recours au croisement et au métissage qu’ils complètent ensuite par une sélection rigoureuse. Leurs succès dans cette branche de l’animaliculture sont vrai¬ ment prodigieux ; cela tient sans conteste à plusieurs facteurs, au nombre desquels doivent figurer la prolificité et la malléabilité Soc. LiNN. T. XL. 8 90 ESSAI DE CLASSIFICATION (le l’espèce, puis la pratique de plus en plus fréquente de l’incubation artificielle. Bien que les formes obtenues ne se perpétuent pas invariable¬ ment toutes dans leur intégrité, et qu’un certain nombre d’entre elles se modifient à chaque génération, on est parvenu à en fixer quelques-unes qui, du fait même de leur immutabilité dans l’espèce, constituent des Races véritables. Il est à présumer que beaucoup de variétés, celles qui sont actuellement connues et d’autres encore inédites, perdront peu à peu leurs caractères contingents et viendront, avec une conforma¬ tion définitivement établie, grossir l’effectif de l’ethnologie galline. Le besoin d’une classification de tous les types de gallidés domes¬ tiques s’impose donc, à la fois pour éviter les confusions et pour marquer la place des groupes qui sont voués à une disparition prochaine. C’est pour remplir ce desideratum que je me suis mis à l’œuvre. II Comment établir la classification ? Sur quelles bases s’appuyer ? Jusqu’ici, les auteurs, désespérant de grouper naturellement toutes les formes, les ont réparties d’après l’aire géographique qu’elles occupent ou leurs aptitudes économiques dominantes. Ils ont reconnu ainsi des races gallines françaises, européennes et exotiques; des races àe produit et d' agrément, etc... Quelques - uns se sont basés sur les variations du plumage, mais ils ont été très .'ncomplets. On peut donc dire qu’il n’existe pas à l’heure actuelle de classification naturelle des races gallines. J’ai tenté, sans atteindre le but, de mettre en pratique les méthodes générales préconisées par Nathusius, Settegast, Sanson et Baron, et j’attribue mon échec à l’imperfection de leurs systèmes, qui, s’ils deviennent de quelque utilité pour l’ethnologie des mammifères, sont inapplicables au cas des oiseaux, en raison de la faiblesse de nos connaissances paléo- zootechniques et de DES RACES GALM>ES 91 la variabilité de leur morphologie squelettique. — Au reste, peu nous importe que la poule descende du Gallus Bankiva ou du G allus Sonner atii ; d’une souche asiatique ou européenne; d’un type dolichocéphale ou brachycéphale; d’une forme à profil (?) plan, concave ou convexe ; l’essentiel pour le zootechnicien est de savoir distinguer, sur le vivant, les races les unes des autres, et de pouvoir les rassembler d’après leurs affinités morpho¬ logiques et physiologiques, sans l’intervention de procédés crânio- scopiques ou crâniométriques dont la mise à exécution ne va pas sans de multiples causes d’erreur. J’ai préféré m’inspirer des réflexions que ce sujet délicat a suggérées à mon maître, le professeur Cornevin, lorsqu’il écrivit son remarquable Traité de zooteehnie générale, et faire fonds du principe de la subordination des caractères, suivi par tous les naturalistes classificateurs. Voici, entre autres choses, ce qui est dit dans ce livre à l’article race (1) « Puisqu’une retouche du type, quelle qu’elle soit, devenue héréditaire, constitue une race, et que l’étendue et l’importance de cette retouche sont fort variables, il en résulte nécessairement qu’il est des races plus largement carac¬ térisées que d’autres. Entre les races du lévrier et du dogue, il y a assurément plus de différence qu’entre celles de l’épagneul et du Saint-Germain, entre celles du cheval arabe et du gros belge, davantage qu’entre le boulonnais et l’ardennais. Les écarts sont si marqués qu’on comprend et qu’on excuserait, au besoin, les morphologistes purs d’en avoir fait des espèces. Mais si au lieu de s’adresser aux extrêmes, on rassemble toutes les races d’une même espèce zoologique, on s’aperçoit vite qu’il y a une série de formes intermédiaires qui les relient les unes aux autres .» J’ai essayé de subordonner les variations morphologiques en attribuant la priorité à celles qui revêtent au plus haut degré le caractère d’exclusivisme : à force de tâtonnements, je suis arrivé à dresser le tableau suivant qui est le catalogue des principaux gallidés domestiques actuMlement exploités à des titres divers. (l) Ch. Cornevin, Traité de Zootechnie générale, page 4 ESPÈCE GALLUS GALLINACEUS CQ 'W (=) ►— I ÜJ O Ph 1=3 Fl O O ai ce W h:) H O <î Q C H Z H eu pa U) O cd O » Bi a .â CO -O) s _fl . c“ ” s 2 &1 d 6 60 60 fl fl fl fl O O Q Q ai U a B. s £ CK S « « '(U O en 'CJ -S 4> eu '<1> •i ;Ê U U ■H r* «S S S ^ 6>, O Ci cb eb -8 "O U dd b*-, en -fl .^-s JS C5 O 0- O O 0) <35 > s -O 2 a, CG O ^ ® O 0) -^3 Dj ^ Il I I I I I CO H J a a •fl < •fl Q H ê CÜ H fl Bi m Bi H S 1 «Ü 1 l-H H J CL P O Du O £5 O ^ .ic G j3 i- ja CO s <05 c: «15 t- CO i- >?:?iÇj^:>. ç>. ÇîiCïiÇ?iÇ>, ÇîsÇïii&iÇÿiÇJi cbCD';5;b^:rc5;5;b;^;i5C!5;!>;5;^;i5;i5;ï5;r5C!5;i5Ci5c:îCi5:i5^;^:i^;be50^^':^ JH ào 3 A <1> 5 S ^ *9 9) S >>« CD g 'o S 1 â| t_i ® -2 “ CL ^ O fi ce ^ -a J3 -3 — < -O P ^ CQ .M A ^ PQ ►J CJ O O ^ c/3 S 3 O 3 •J O CD O g" g O 5 O <03 a O 3 3 O O ffl O *5 5 O O ^ s O a O 4^ ûî P^ A ^ ■S "3 3 25 c ® Ë a >■» fi • -3 3 1 bÛ CL S “ .2 U •3 -O "O "3 O 0) (U O U — O — -3 M :/3 a. U Cd «DM ta0"3 = Ci a • 3 S £ 9 _ “> m ^ “ m g -fe S -2 2; C ?,K CQ 23 d'«3£dd^d'«^dd23 •3 3-3 0'3'3CG'3 Cf^-StS-S 3 J3 cr O •fi .2 O E ^ O I I M I I I M II I ! I I ! Il I I I 1 M I I I II a> 4> .2 CL 93 ce 3 3 <ï i c ^ -S K S ■*3 S « C3C5ü6o!iît;i:ci « c ^ .« 2 O c ^ s ÿ -S « bo U c ^ C3 'O 03 P O «*_, C • -'•' -a 'c ^ c O 5 O Æ »_ O (J ^ J (ZJ Z U U Q C« a> oj 05 © * "O T3 "D 'T3 S © -S O vr O O _05 n œ CQ 'JS (=) HH C±> Oh O Oh t3 Z a O O a> CO a. S 15 -3 ES 99 k) Race G. g. i.ineatcs minor. i® Sous- race argentée. — ) Plumage comme les précé- 2“ Sous-race dorée. — ^ dentes. l) Race G. g. sangdineds. 1® Sous -race noire — Plumage totalement noir. 2® — — blanche. — Id. Id. blanc. 3® — — COUCOU. — Id. Id. gris rayé de noir. 4® Sous -race pile. — Plumage noir et or. 5® — — argentée. — Id. blanc et noir à reflets irisés. 6® Sous-race dorée. — Plumage rouge vif et noir à reflets. wjRace G. g. Mai.ayensis. 1® SoMs- race noire. — 2® — — blanche. — 3® — — pile. — 4® — — dorée. — Plumage identique aux sous- races correspondantes de la race précédente. n) Race G. g. phasianiformis. 1® Sous-race blanche. — Plumage blanc marqué de rouge. 2® Sous-race dorée ou phénix. — Plumage gris et blanc marqué de taches rouges. o) Race G. g. pulcher. 1® Sous-race noire. — Plumage totalement noir. 2® — — bleue. — Id. Id. ardoisé. 3® — — blanche. — Id. Id. blanc. p) Race G. g. Cochinchinensis. 1® Sous-race fauve. — ' Le plumage a une nuance 2® — — rousse. — ( correspondant au quali- 3® — — noire. — ( ficatif de chaque sous- 4® — — blanche. — ] race. 100 ESSAI DE CLASSIFICATION DES RACES GALLINES q) K ace G. o. giganteds. 1“ Sous-race herminée. — Plumes noires et blanches. 2" — — foncée. — Id. Id. grises et blan¬ ches. Ces sous-races ne sont que des variations chromatiques de la race ; mais à côté d’elles ily a des variétés plus ou moins bien définies. Quelques-unes de celles-ci pourront acquérir la fixité et former des types ethniques indépendants ; la nécessité de leur assigner une place dans la classification s’imposera alors. On aura peut-être la possibilité de les intercaler dans les colonnes du tableau que j’ai dressé, si non, il faudra transformer celui-ci selon les besoins de la cause. C’est dire que je ne me fais pas d’illusion sur la valeur de ma méthode; toutefois je la considère comme utile à tous ceux qui se livrent à l’étude de la gallinoculture, parce qu’elle a l’avan¬ tage de leur faire saisir quelques affinités qui leur échappent fata¬ lement quand ils suivent les autres systèmes. MOEURS ET — Suite — PAR LE CAPITAINE XAMBEU SCOLYTIDES l'Eilæotrlbus olcæ, Fab. Dans le raidi de la France, il n’est pas rare de voir, de raars à fin mai, les raraaux de l’olivier se flétrir, les feuilles jaunir, puis le rameau se dessécher entièrement et mourir ; la cause de ce mal, qui en certaines années prend des proportions inquiétantes, est due à un petit Coléoptère de la tribu des Scoyltiens, le Phlæotribus oleæ, Fab. dont nous allons décrire le cycle biologique. Œuf. Après l’accouplement des deux sexes, la femelle préoc¬ cupée de la régénération de l’espèce, cherche un milieu convenable pour y déposer sa ponte ; elle creuse d’abord un premier trou en entamant l’écorce de l’olivier au-dessous du pétiole de la feuille, y dépose un premier œuf, passe à un autre rameau, dépose à un point similaire un autre œuf, ce travail se continuant delà même manière jusqu’à l’achèvement de la ponte. L’œuf petit est d’abord de couleur claire et transparente; plus approche l’époque de l’éclosion, plus la teinte devient sombre ; quel¬ ques jours après la ponte, l’œuf éclôt donnant naissance à la larve. Larve \ Longueur 3""", 5, largeur 1 millimètre. Corps courbé en forme d’arc, mou, charnu, blanc, se rétrécis¬ sant graduellement de la tête à l’extrémité, glabre. Tête arrondie, rétrécie à son bord antérieur, lisse et luisante. Soc. Linn. t. il. 10 102 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES D IINSECTES sans trace de poils, bord antérieur ferrugineux, creusé d’un léger sillon médian, bord postérieur moitié moins large que le premier segment thoracique. Epistome trapézoïdal ferrugineux, les deux traits correspondant au sillon médian plus fortement colorés ; labre noirâtre ; mandibules à base ferrugineuse à extrémité noirâtre, très peu arquées, se croisant à peine, cornées ; mâchoires très rap¬ prochées de la lèvre inférieure, portant deux palpes paraissant cylindriques composés chacun de deux articles distincts, roux, fer¬ rugineux ; lèvre inférieure triangulaire, creusée de deux fossettes portant deux palpes labiaux ferrugineux paraissant formés de deux articles ; antennes peu saillantes, par suite peu visibles, de trois articles ferrugineux, le basilaire gros, le médian un peu moins, le terminal peu apparent, à bout pointu ; ocelles, pas de traces. Segments thoraciques, mous, charnus, glabres, sillonnés de plis nombreux qui rendent la ligne d’intersection des segments difficile à délimiter, le premier anneau est aussi long et aussi large que les deux suivants réunis. Segments abdominaux plus étroits que les segments thoraciques recouverts comme eux de téguments mous, égaux, tout en se rétré¬ cissant un peu vers l’extrémité, le dernier terminé par un trait. Pattes, leur place est occupée par des bourrelets très accentués, charnus, dont la larve se sert pendant son trajet dans sa galerie. Stigmates peu apparents, à peine marqués par une teinte légè¬ rement rougeâtre qui indique leur emplacement. La larve creuse des galeries circulaires peu profondes en détrui¬ sant l’aubier ; c’est du tronc vers l’extrémité des rameaux qu’elle chemine en contournant la branche ; tant qu’elle est jeune ses dégâts sont peu sensibles, un œil exercé a de la peine à les apercevoir, plus tard le mal devient plus apparent; en avril et en mai on peut s’en rendre un compte exact en suivant les traces de la larve dans les rameaux ; dès qu’approche le moment de la nymphose, elle se creuse dans le bois une cellule où elle accomplira sa deuxième évolution. L’instinct qui conduit la larve à creuser ses galeries autour delà branche est le même que celui qu’emploient les larves lignivores attaquant les arbres en pleine vigueur ; il faut empêcher la sève MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 103 d’affluer dans la loge qui doit servir de berceau à la nymphe; il n’y a qu’un moyen, faire l’ablation des téguments conducteurs tout en respectant l’écorce, c’est a ce prix que gît sa sécurité, c’est ce qui constitue pour les oléiculteurs la cause du mal dont l’efifet se tra¬ duit par la perte des récoltes d’abord, puis par celle des arbres ; c’est le moyen qu’emploie la larve. Boyer deFonscolombe, dans les Annales de la Société entomo- logique de France, 1840 ; Gompanyo, dans les Annales de la Société agricole des Pyrénées-Orientales , 1828; Peragallo, dans son travail sur lesinsectes nuisibles à V olivier, se sont occu¬ pés des dégâts causés parla larve, sans la décrire ; nous comblons aujourd’hui cette lacune. A la description de la larve, nous ajou¬ terons celle de la nymphe. Nymphe. Longueur 2 millimètres et demi à 3 millimètres, lar¬ geur 1"'"',5. Corps mou, charnu, blanc en entier sauf les yeux qui apparais ¬ sent comme de petits points noirs; toutes les parties du corps qui doivent constituer l’insecte à l’élat parfait y sont parfaitement représentées et bien dessinées ; ailes et élytres ne sont encore qu’à l’état rudimentaire, points et stries des élytres apparaissent déjà, deux pointes divergentes à extrémité brunâtre terminent le dernier segment; tête, pattes, antennes et élytres rassemblées sous le corps l’extrémité du bord latéral des derniers segments porte un léger bourrelet qui existe aussi au-dessus et sur la ligne médiane de chaque segment abdominal. Environ quinze jours après la nymphose, l’insecte se débarrasse de ses langes, sort de sa cellule par un petit trou rond très appa¬ rent sur la tige et prend son essor. Adulte. Goureau dans son travail sur les Insectes nuisibles aux arbres fruitiers, 1862, en donne la description ; la Revue d'entomologie, 1883, la porte aussi ; on la trouve encore dans Peragallo, travail précité. Nous ajouterons que le Phlæotribus oleæ attaque non seule¬ ment les oliviers affaiblis, mais aussi les arbres en pleine vigueur; c’est donc un insecte très nuisible, difficile à détruire en raison de 104 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES u’iNSECTES sa petite taille, en raison aussi des soins minutieux à donner aux arbres atteints. Nous connaissons un petit hyménoptère, qui à l’état de ver se nourrit des tissus adipeux de la larve du Phlæotribus, dont il occasionne ainsi la mort ; précieux auxiliaire dont nous suivons les différentes phases de l’existence Hypoborus Gcas, Erichson. Larve : longueur 1 1/2 à 2 millimètres, largeur 1 millimètre. Corps subcylindrique, charnu, à fond blanc mat, à pubescence légère, rousse ; courbé en arc. Tête globuleuse, parcourue par une forte ligne médiane qui la divise en deux lobes, avec trois taches latérales pâles subcutanées, parallèles de chaque côté à la ligne médiane ; épistome transverse, roux, avec trait médian flave ; labre court rougeâtre, à bords arron¬ dis avec trait médian flave ; tour de la bouche ferrugineux ; man¬ dibules triangulaires, cornées, ferrugineuses à extrémité noirâtre, taillées en biseau, bidentées à l’extrémité; mâchoires à lobe et à palpes charnus, ne sont pas suffisamment apparents pour pouvoir être l’objet d’un examen détaillé, menton renflé, charnu ; palpes labiaux et languette presque imperceptibles, confondus qu’ils sont avec la masse charnue autour de laquelle sont groupés toutes les pièces buccales; antennes courtes rougeâtres, bi-articulées, l’article basilaire globuleux, le terminal très petit ; ocelles, pas de traces. Segments thoraciques doubles des segments abdominaux, tous trois égaux, avec bourrelets très prononcés. Segments abdominaux égaux, mais diminuant graduellement vers l'extrémité; les six premiers avec replis et bourrelets, les septième et huitième un peu moins gros, neuvième beaucoup plus petit, arrondi, terminé en pointe obtuse, avec bourrelet latéral très accentué aux six premiers segments, une ligne longitudinale mé¬ diane transparente parcourt la région dorsale. Pattes nulles : les bourrelets en tiennent lieu. Stigmates peu apparents, à péritrème roux. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iISSECTES 105 Après le rapprochement des deux sexes, le couple creuse un trou dans la tige du figuier et y pénètre, l’insecte choisit de préfé¬ rence les pieds afi’aiblis et languissants, sans toutefois dédaigner à l’occasion les tiges bien saines ; mâle et femelle, mus par un même mobile, travaillent ensuite à ouvrir en sens contraire, mi-partie dans le liber, mi partie dans l’aubier, une galerie circulaire dont les deux extrémités arrivent à se toucher presque dans une tige de grosseur moyenne ; la circulation de la sève se trouve dès lors in¬ terrompue par l’ablation du liber, et la larve pourra ainsi travailler sans avoir à craindre un afflux de liquide végétal. Lorsque le cou loir est suffisamment élargi, la femelledépose un œuf tantôt à droite, tantôt à gauche de la galerie circulaire ; ces œufs sont très rappro¬ chés, mais cependant assez espacés pour que les larves, dans leur tra¬ vail de cheminement, ne puissent se rencontrer. Après une durée de quinze jours environ, chaque œuf éclôt, donne naissance à une jeune larve qui attaque aussitôt l’aubier en rongeant perpendiculairement à la galerie circulaire, aussi bien celles dont le travail se fait dans la direction de la tige, que celles dont la direction va vers le sol ; les tranchées creusées par ces larves, quoique sinueuses, sont pa¬ rallèles, un rien les sépare, aussi l’écorce de certaines tiges arrive à être désagrégée au point qu’il suffit d’un léger contact pour que toute la partie subéreuse tombe. Tant que dure l’état verraiforme, la larve mine, pour s’en nou- rir,les parties délicates de l’écorce et du bois ; aux approches delà nymphose, elle se creuse une cellule en élargissant l’extrémité de son trou déminé, plus particulièrement dans l’aubier, puis elle se prépare à sa nouvelle transformation. Le développement des larves est si rapide que les générations semblent se succéder presque sans interruption durant la belle sai¬ son ; les adultes de la dernière venue passent l’hiver dans la cellule qui leur a servi de berceau alors qu’ils étaient encore au maillot. JSymjihe : Longueur 1 à 2 millimètres, largeur 1 millimètre à peine. Corps de couleur blanc de lait, quelques poils épars sur la sur¬ face ; tête déclive ; antennes à direction oblique, élytres rayées, striées, triangulaires, très développées, atteignant presque le dernier 106 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iKSECTES segment abdominal lequel se termine en pointe bifide ; l’examen de cette nymphe au microscope ofTrirait peut-être quelque autre par¬ ticularité ; quoi qu’il en soit, les détails que nous en donnons suffi¬ sent pour la caractériser. Après un travail d’élaboration intérieure dont la durée dépend de l’état de la température, la nymphe so débarasse de ses langes et donne naissance à un petit insecte brun roux, à téguments mous, lesquels prennent insensiblement de la consistance, puis l’adulte se fait jour en trouant la partie subéreuse de l’écorce qui corres¬ pond à la cellule de la nymphe. Adulte. U Hypoborus ficus est nocturne, ce qui le prouve c’est que l’on trouve souvent lematin, criblées de trous desortie, des tiges ou des branches de figuiers qui la veille, n’ofTraient pas la moindre race d’invasion. On trouve sa description dans Goureau, Insectes nuisibles aux arbres fruitiers, 1862, p. 25; dans la Revue d'entomologie, an¬ née 1803, p. 107 et 109. Gomme le sont tous ses congénères Y H. ficus doit être classé dans la catégorie des insectes nuisibles, parle mal qu’il fait à l’un de nos plus précieux arbres fruitiers du Midi : ses larves et ses nymphes deviennent la proie du Nemosoma elongatwn, trogosi- tide, qui les recherche activement dans leurs galeries ; d’où il suit que le Nemosoma est un auxiliaire très utile. LONGICORNES Callidiuui slabratam, Gharp. (Castniieuiii, Reot.) Larve : Longueur, 7 millimètres ; largeur, 1 à 2 millimètres. Corps charnu, blanc mat, pubescent, atténuée aux deux extré¬ mités ; large aux premiers segments thoraciques. Tête petite, en partie enchâssée dans le premier segment thora¬ cique, pubescente de gris, à augles antérieurs arrondis ; épistome MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iISSECTES 107 ferrugineux, transverse, peu apparent, excavé à son milieu ; labre en demi-ovale, gris pâle, fortement pubescent à ses bords anté¬ rieurs ; mandibules saillantes, noires, cornées, triangulaires, uni- dentées, à base et à bord antérieur ferrugineux et large ; mâchoi¬ res cylindriques, lobe épais, un peu oblique, gris et cilié ; palpes maxillaires petits, de trois articles ; premier fortement renflé ; deuxième même forme, plus petit ; troisième plus petit encore, presque noir, à extrémité obtuse, pourvu de quelques cils ; menton presque carré, saillaut ; palpes labiaux gris ferrugineux de deux articles, premier court cylindrique, deuxième une fois plus long, à extrémité flnement déliée ; languette peu apparente ; antennes gris clair à base testacée, insérées un peu en arrière de la base des mandibules, de quatre articles rétractiles, les trois premiers un peu renflés, le quatrième formé de deux tiges, l’une qui est la con¬ tinuation de la tigeantennaire est très ténue, la deuxième en forme de style, dévie de direction pour se porter en dehors, quelques légers poils parsemés à l’extrémité des deux tiges ; ocelles, pas de traces. Segments thoraciques d’un blanc mat, légèrement pubescents, fortement convexes en dessus, chagrinés sur toute leur surface ; premier grand, deux fois plus large que la tête, avec deux plaques jaunâtres cornées à son rebord antérieur, lequel est fortement cilié et verruqueux, les rebords latéraux simples eu forme de bourre¬ lets ; deuxième et troisième segments de même couleur et même pubescence que le premier, pas plus longs que lui à euxdeux réu¬ nis, les bords latéraux se segmentent en deux parties pour former un fort bourrelet qui se continue sur la partie antérieure du segment. Segments abdominaux gris et pubescents, les quatre premiers de forme et de dimensions sensiblement égales aux deux derniers segments thoraciques quoique moins longs, avec bourrelets laté¬ raux ; les trois suivants bien plus longs, mais moins larges et pres¬ que cylindriques, avec un fort renflement en forme de bourrelet légèrement excavé au milieu des anneaux ; une ligne longitudinale médiane parcourt le dessus de ces sept anneaux; huitième beau¬ coup plus large et moins long, sans bourrelet; neuvième trèscourt 108 MOEUnS ET MÉTAMOUPHOSES d’iNSECTES sans bourrelet, terminé par un appendice caudal obconique au- dessous duquel est l’anus dont la fente à direction longitudinale est en partie couverte par un rebord de forme triangulaire. Dessous très renflé au milieu de chaque segment, plus fortement pubescent qu’en dessus ; pièces buccales teintées de ferrugineux à leur point de division ; premier segment thoracique fortement ci¬ lié, couvert de petits points verruqueux, les deux segments sui¬ vants divisés par une double ride forment ainsi un double bourre¬ let ; les sept premiers segments abdominaux légèrement excavés de chaque côté de la ligne médiane relèvent en forme de bourrelet le milieu de chaque segment ; les deux derniers sont fortement renflés. Pattes nulles, bourrelets et granulations en tiennent lieu. Stigmates roux à ombilic plus clair ; leur place est normale, la première paire un peu plus grande que les huit suivantes. La jeune larve pourvoit à son existence en rongeant le liber et plus particulièrement l’aubier de la plante nourricière, le Junipe- rus communis, Linné, genevrier commun ; elle est très lente dans ses mouvements. Son passage est accusé dans l’arbuste par des galeries sinueuses, à directions irrégulières, plus prononcées dans le liber, galeries qu’elle comble de ses déjections au fur et à mesure qu’elle avance : issue d’œufs pondus pendant la belle saison, elle progresse lente¬ ment jusqu’au commencement de l’été, alors approche pour elle la fin de son existence larvaire. A ce moment elle entre dans le cœur même du bois, s’y construit une longue loge oblongue, à direction un peu oblique, puis elle se retourne de manière que l’adulte puisse utiliser à sa sortie le couloir dont la larve s'est servie pour creuser son berceau ; l’état de transition de la larve à la phase nymphale dure une huitaine de jours au bout desquels apparaît un maillot offrant déjà en perspective l’image de l’adulte. Nymphe. Longueur 7 millimètres ; largeur 3 millimètres. Corps blanc de lait, en ovale allongé, entièrement glabre, inerme ; à leur base les antennes se courbent un peu en arrière pour passer sur les deux premières paires de pattes, puis se recourbent -MOEDRS ET METAMORPHOSES d’iNSECTES 1Ü9 intérieurement en remontant vers la région thoracique ; les yeux apparaissent au-dessous de la base antennaire en forme de réseau ombré de brun; l'extrémité abdominale se termine en pointe obtuse; le teste du corpj n’offre rien de particulier. Le terme de la phase nymphale achevé, ce qui a lieu vers la fin de l’été, l’adulte se dégage de ses langes, son corps mou et blanc prend en peu de temps de la consistance, ses téguments sont suffi¬ samment solides, mais il ne sortira pas encore de son réduit, ce ne sera qu’aux premiers beaux jours du printemps qu’il fera éclater la légère cloison, l’écorce de l’arbuste, qui le sépare du monde ex¬ térieur ; vienne alors une belle journée, il pre:;dra son essor, n'ayant plus dès ce moment en vue que la reproduction de l’espèce. Il avait été question dans ces derniers temps de savoir au point de vue tératologique, si les cas anormaux de déformation ou autres avaient lieu, ou pendant l’état de nymphe, ou bien au moment de l’éclosion de l’adulte : à titre de renseignement, je ferai connaître que la nymphe du Callidium glabration qui a servi de portrait à ma description a l’autenne droite normalement disposée, c’est- à-dire un peu arquée en dehors à sa naissance, reposant ensuite sur le milieu des cuisses des deux premières paires de pattes, puis se recourbant en dedans ; tandis que l’antenne gauche est beaucoup plus arquée au départ, se porte au delà des cuisses des deux pre¬ mières paires de pattes, repose sur l’élytre gauche, puis forme un coude à angle droit pour se terminer en forme de crochet arqué en dedans et dont l’extré.-nilé atteint à peine le bord de l’élytre, quand au contraire à l’état normal elle remonte en dessus. Il y a donc difformité chez ce sujet, en ce sens que les articles correspondant à la partie coudée sont plus longs qu’à l’état normal, de plus l’an¬ tenne dévie de sa position naturelle. Adulte. C’est un insecte nocturne qui de jour se dissimule sous les écorces ou se tient immobile contre l’arbuste nourricier. On le dit rare, il ne l’est pas : tout ce que l’on peut avouer, c’est que la couleur de son corps s’identifie si bien avec la plante sur laquelle s’est accompli son cycle biologique et qu’il ne quitte pas durant le jour, qu’il est difficile à trouver : ou peut parer à cet inconvénient 110 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES en emportant chez soi des branches de genévriers attaquées parles larves, que l’on place dans des conditions se rapprochant le plus possible du milieu naturel; vienne l’éclosion et l’on sera amplement dédommagé de sa peine. Mulsant dans sa deuxième édition des Longicornes de France, 1862-1863, p. 87, a donné la description de l'adulte que l’on trouve aussi dans la Revue d' entomologie, 1884, p. 205. d.vütus arvicola, Oliv. Larve : longueur 20 millimètres, largeur 7 millimètres à la régiont horacique. Corps à quatre pans, charnu jaunâtre, couvert de courtes soies dorées ; large à la région antérieure, tronqué à la région opposée, à mamelons en saillie sur chaque face. Tête droite, petite, blanc sale, charnue, à région postérieure ponctuée et faiblement ciliée ; en arrière et au milieu de l’occiput est une tache triangulaire rougeâtre; lisière frontale cornée, noir⬠tre, faiblement échancrée au milieu et aux angles ; épistome court, roussâtre à angles latéraux arrondis avec quelques petites soies ; labre presque discoïdal, roussâtre, verruqueux, frangé do soies dis¬ posées en faisceaux, débordant les mandibules ; mandibules cour¬ tes, noires, lisses, à bout arrondi avec impression médiane exté¬ rieure bifurquée à l’extrémité, creuses intérieurement ; mâchoires charnues, testacé pâle, à lobe court intérieurement frangé de peti¬ tes soies, atteignant à peine le deuxième article des palpes maxil¬ laires qui ont quatre articles, le premier gros, charnu, renflé, tes¬ tacé paraissant faire corps avec la pièce basilaire ; deuxième et troisième courts, rougeâtres, annelés de testacé à l’extrémité, qua¬ trième court étroit à bout obtus, les trois premiers avec quelques légères soies extérieures ; menton charnu, garni de soies rousses, abord large, à pièce basilaire carialiculée ; palpes labiaux droits, de trois articles égaux diminuant de largeur de la base à l’extré¬ mité, le premier faisant corps avec la pièce basilaire, rougeâtre. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’lASECTES lll annelé de testacé au bout, ainsi que le deuxième ; troisième rou¬ geâtre à bout obtus ; languette courte, testacée pâle avec poils de même couleur ; antennes obliques, eu saillie aux angles delalisière frontale, de quatre articles, le premier à large base testacée, fer¬ rugineuse à l’extrémité, deuxième très court, moins large, rouge⬠tre, ainsi que le troisième qui est deux fois plus long, un peu renflé au bout intérieur; quatrième petit, délié avec un tout petit article supplémentaire détaché ; au-dessous de chaque antenne et du côté extérieur est une courte apophyse blanchâtre à bout obtus, émer¬ geant d’une petitefossette ; ocelles pas de traces: accidentellement j’ai trouvé un petit point rougeâtre en arrière de la base antennaire droite d’une larve adulte. Segments thoraciques larges, pubescents de roux, déprimés, le premier une fois et demie plus large que la tête s’élargissant d’avant en arrière, à angles effacés, avec plaque écailleuse jaunâtre, cou¬ verte de longs poils, roux doré, séparée en son milieu par un trait longitudinal médian de couleurpâle, à surface rugueuse, blanc mat, formant trois triangles accolés, le médian à plus grand angle, la base de ces triangles parcourue par de courtes impressions longi¬ tudinales, une centrale à bout bifurqué ; deuxième et troisième seg¬ ments charnus, blanchâtres, courts, étroits, moins larges à eux deux réunis que le premier, sillonnés de rides longitudinales et obliques ; un petit mamelon médian sépare le deuxième segment du premier. Segments abdominaux jaunâtres, à surface parsemée de poils épars ; les trois premiers déprimés, semblables aux deux derniers segments thoraciques, un peu plus longs, mais moins larges, les quatre suivants égaux avec une forte ampoule ambulatoire dépri¬ mée, plus longs, mais moins larges que les précédents; septième un peu plus large à bout tronqué ; huitième court, lisse, convexe non mamelonné, aussi large que le septième, à extrémité aussi tronquée ; neuvième court étroit, moitié moins large que le huitième égale¬ ment tronqué; du bout de la troncature de ce dernier segment jail¬ lit un pseudo-mamelon fortement convexe, couvert de longs poils. Pans latéraux : les deux faces latérales égales, ciliées comme 112 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iKSECTES en dessus, nettement accentuées, de couleur analogue au segment dont ils font partie, les mamelons correspondants fortement renflés et plus saillants aux segments centraux. Dessous de la tête, corné, blanchâtre, à lisière ferrugineuse, et (leux traits latéraux enclosant l’espace correspondant au men¬ ton ; les segments thoraciques et abdominaux ridés et mamelonnés comme en dessus ; le premier segment thoracique est uni, il n’a ni plaques jaunâtres, ni espaces triangulaires, ni mamelon secon¬ daire; au faux segment terminal est l’anus à fente longitudinale bi- furquée au bout, présentant ainsi trois mamelons ridés et ciliés. Pattes : sous les deux derniers segments thoraciques et sous le premier segment abdominal, sont à l’emplacement correspondant aux pattes des apophyses blanches, charnues, coniques de quatre articles, le premier gros, les deux suivants un peu moins, mais égaux en longueur, le quatrième court, pointu, à extrémité déliée. Stigmates jaunâtres à péritrême plus clair, sis sur les pans la¬ téraux, la première paire grande, au milieu du deuxième segment thoracique, un peu au-dessous du milieu du pan, les huit autres d’autant moins accentuées qu’elles se rapprochent de l’extrémité, au milieu du pan, et au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Les larves à leur jeune âge sont d’un beau jaune d’ocre avec teintes secondaires plus accusées. Aux environs de Ria, cette larve vit aux dépens de plusieurs arbres fruitiers, du sorbier en particulier, Sorbus doniesticus, Lin., dont elle attaque la base des grosses branches d’abord, puis le tronc : lorsqu’elle arrive à l’époque de sa nymphose, ce qui alieu au commencement de juillet, elle s’ouvre un passage à travers l’aubier dont elle affleure les couches superficielles, puis elle se retire à reculons dans une loge qu’elle s’est ménagée, généralement au centre de la branche ou du tronc ; là s’accomplira la période transitoire qui doit l’amener à la forme nymphale. Plusieurs larves travaillant de pair dans le même tronc, sansque leurs galeries se confondent, il s’ensuit que l’arbre fruitier sur lequel une ponte a été déposée est un arbre perdu sans espoir : un MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 113 seul moyen radical s’offre, c’est de le recéper, mais alors c’est une perte de récolte de plusieurs années, pendant lesquelles il faut attendre que les rejets issus du collet soient assez forts et vigou¬ reux pour produire des fruits et encore faudrait-il que l’arbre fût franc de pied. L’espèce nous est donc nuisible à l’état larvaire. Cartallam ebulinum, Linné Larve : longueur 16 millimètres, largeur 2 à 5 millimètres. Corps linéaire, cylindrique, atténué en avant, tronqué à l’ex- rémité, en entier d’un blanc mat, à pubescence rousse et dorée. Tête rousse, ovale, fortement convexe, à pubescence dorée, tra¬ versé dans le milieu par un léger trait peu enfoncé, du tiers infé¬ rieur du trait partent deux lignes à couleur plus pâle que le fond, venant en forme d’accent circonflexe renversé, se terminer en arrière de la base des mandibules ; une petite saillie triangulaire noire paraissant cornée, déborde la partie supérieure au-dessus des mandibules ; épistome rectangulaire, orné de deux petites pointes cornées noires faisant saillie de chaque côté et à hauteur de la nais¬ sance du labre, lequel est cordiforme avec rebord frangé de nom¬ breux poils roux doré ; mandibules triangulaires cornées, ferrugi¬ neuses à bord noirâtre, bidentées à leur milieu, la dent supérieure venant par une légère courbe en forme de croissant se réunir à la pointe supérieure de la mandibule qui est aussi bidentée ; mâchoires épaisses, à lobe charnu frangé de longs cils roux ; palpes maxil¬ laires à base renflée et cylindrique, de trois articles, de forme iden¬ tique, mais diminuant de volume depuis le basilaire qui est trou- conique jusqu’au dernier qui se termine en pointe mousse ; la base est pubescente, la tige porte quelques poils à ses faces latérales, un plus long poil émerge du bord antérieur des deuxième ettroisième articles ; menton carré, renflé, languette saillante frangée de longs cils roux ; palpes labiaux de deux articles, naissant d’un renflement boursouflé, premier mi sphérique, deuxième plus petit moniliforme ; le tour des pièces buccales est ceint en dessous d’un trait brun noir 114 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES D’iîiSECTES fortementaccusé formant jugulaire; antennes très peu apparentes, à base cylindrique, rétractiles, de quatre articles, bruns, surmontés d’un long cil ; ocelles ; un point ocellaire noir en arrière du milieu de la base antennaire. Segments thoraciques convexes en dessus, le premier constitué par une large plaque ovale, deuxième fortement ridé, moitié moins large que le précédent, troisième de même largeur que le deuxième surmonté à son milieu d’une double rangée de granulations trans¬ verses allant d’un bord latéral à l’autre, mais interrompues dans leur milieu par un léger espace vide, chaque granulation surmoii - téed’un petit cil; le dessous des segments thoraciques est fortement boursouflé en forme d’ampoules dont la partie la plus proéminente correspond au milieu du deuxième segment, lequel se termine par une forte brosse de poils roux dorés ; les deux anneaux qui le cir¬ conscrivent portent aussi des faisceaux de poils, mais bien moins accentués. Segments abdominaux . Les sept premiers cylindriques, égaux en forme et en dimension, séparés l’un de l’autre par un étrangle¬ ment formant un demi-ovale entre les bords qui l’entourent, chacun d’eux surmonté d’une double rangée de granulations terminées par un long cil, interrompues à leur milieu par un vide creux en forme de gouttière qui pénètre dans l’étranglement mi-ovale ; le dessous et le rebord latéral de ces sept segments est bour¬ souflé et couvert de poils très épais, réunis en forme de brosse à la partie la plus élevée de la boursouflure ; huitième segment sans granulations ni ampoules, mais avec quelques faisceaux de poils peu fournis ; neuvième segment tronqué, couronné à l’extré¬ mité de sa troncature et en particulier au-dessous, d’une série de faisceaux de petits poils roux formant rosette, ceux du rebord supé¬ rieur plus longs et plus déliés, ceux de la partie inférieure repo¬ sant sur une masse granuleuse, le milieu de la troncature fait légè¬ rement saillie et est divisé par deux lignes en croix du milieu de l’espace desquelles émergent quatre légers tubercules au centre des¬ quels est l’anus. Pattes : elles sont remplacées par les granulations du dessus MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 115 des anneaux, par les boursouflures et par les faisceaux de poils du dessous ; granulations, boursouflures et poils constituent de puis¬ sants leviers dont la larve se sert pour cheminer le long du tube qui lui sert de demeure ; pendant la progression qui est rapide, que la larve remonte ou descende sa galerie, les poils sont maintenus à l’état le plus rigide. Stigmates roux à péritrème corné et de couleur plus claire, la première paire au milieu du deuxième anneau thoracique et un peu au-dessus du rebord latéral, les autres sur le rebord latéral des huit premiers segments abdominaux. Gomme forme, cette larve a de la ressemblance avec celles d’Aga - panthia, et de plus présente bien des rapports avec celles qui sont connues dans ce genre. C’est dans la tige du Raphanus raphanislrum, Linné (Radis, ravenelle) que se passe son évolution complète ; c’est fin juin ou au commencement de juillet que la femelle dépose ses oeufs, un à cha¬ que tige et au tiers supérieur de la plante nourricière ; la larve descend en rongeant la partie médullaire jusqu’à ce qu’elle arrive au collet de la racine ; à ce moment la tige est sèche, elle ne don¬ nerait plus au vermisseau la fraîcheur qui lui serait nécessaire pour passer la saison hivernale, de plus, ce frêle berceau serait exposé à tous les ballottements produits par les divers frimas ; tout près de la racine, la larve se trouvera à l’abri et dans un milieu plus con¬ venable ; c’est là qu’après avoir agrandi la loge où s’opérera la nymphose, elle passera les mauvais jours ; il nous est arrivé de trouver des larves dans le creux même de la racine, nous croyons que c’est là une exception. Parvenue au collet de la racine, notre larve est arrivée à son complet développement, elle se retourne alors, façonne le berceau de la future nymphe, et vienne mars, à ses rayons vivifiants aura lieu la nymphose. Nymphe : longueur 9 millimètres, largeur 2 à 5 millimètres. Oblongue, obovale, glabre, d’un blanc mat ; masque frontal tron¬ qué, région inférieure atténuée ; image de l’adulte ; les antennes, après s’être dégagées de la première paire de pattes se redressent 116 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES o’iNSECTES vers la tête dont elles couvrent le dessus par leur extrémité dispo¬ sée en forme de corne de bélier ; granulations et boursouflures de la larve apparaissent sur la nymphe ; les faisceaux de poils qui ter¬ minaient la troncature du dernier anneau abdominal sont représen¬ tés sur la nymphe par de petites aspérités à base ferrugineuse, à pointe noire, suivies de petites toufîes de poils bruns rougeâtres, implantées au bout de l’extrémité anale. C’est de mars à mai que s’accomplit la deuxième phase, l’exis¬ tence nymphale a donc une durée de deux mois environ, au bout desquels apparaît l’insecte à l’état parfait. Adulte. Aux environs de Ria, c’est dans les anthères de la fleur de la plante nourricière, le Rh. raphanistrum que se plaît l’in¬ secte pendant le jour ; c’est sur les fleurs même qu’a lieu l’accou¬ plement ; la nuit on le trouve le long de la tige ou à l’aisselle des feuilles. Mulsant, dans sa deuxième édition des Longicornes de France, 1863, page 208, en a donné une bonne description; la Revue d' En¬ tomologie, 1884, page 191, en donne une aussi bonne, quoique bien plus réduite. Belodcra Geiicl, Arag. (Foudrasi, Muls ) Larve: Longueur, 13 millimètres; largeur, 3 millimètres. Corps blanc mat, charnu, avec fine pubescence grise, subcylin¬ drique, verruqueux, mamelonné, la plus grande largeur au pre¬ mier segment thoracique. Tête petite, subtranslucide, rétractile, transverse ou en carrét long, légèrement pubescente, ombrée de ferrugineux à hauteur et à la base des mandibules ; une fois plus petite que le premier seg¬ ment thoracique ; épistome transverse, fort, pubescent, noir avec avec une tache flavescente au centre ; labre semi-elliptique, forte¬ ment pubescent à son pourtour, avec flave, une tache noirâtre à la base; mandibules cornées, triangulaires, ferrugineuses à extré- MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 117 mité noire, uuideiilées, relevées au milieu de la base extérieui-e par une double fossette ; creuses intérieurement lorsqu’elles sont vues de profil; mâchoires à petit lobe arrondi, fortement cilié ; palpes maxillaires moniliformes, subferrugineux, se dégageant d’un gros tubercule conique, de trois articles, premier petit, fortement ren¬ flé, deuxième plus petit, un peu translucide, troisième court, ter¬ miné en pointe obtuse ; de longs cils émergeant du point d’articula¬ tion de chacun d’eux ; menton carré, testacè pâle, rembruni de ferrugineux à son pourtour ; palpes labiaux de deux articles, identi¬ ques quant à la forme et quant à la couleur aux deux derniers articles des palpes maxillaires ; languette saillante, triangulaire, ciliée en forme de brosse ; antennes sises en arrière du milieu de la base des mandibules, de quatre articles rétractiles, et que je n’ai pu voir développés pour les décrire : le premier article est testacé et court, le deuxième est plus court encore, les deux suivants invisi¬ bles ; ocelles formés d’un point interne, noir, en arrière des anten¬ nes, placé entre deux taches roses internes. Segments thoraciques : le premier est trois fois plus long que la tête, grand, bien développé, à angles antérieurs aiTondis, pres¬ que carré, blanc pâle, avec une grande tache jaunâtre de consis¬ tance cornée et fortement pointillée, et une légère ligne longitudi¬ nale médiane pdus pâle que la couleur du fond ; en arrière de la grande tache sont deux fossettes, qui relèvent le bord postérieur en forme de bosse, avec légères rides transversales ; deux autres petites plaques cornées, jaunâtres, en forme de virgule, sont placées sur les côtés de la grande tache et près du rebord bosselé ; deuxième segment étroit, fortement pubescent, relevé en forme de mamelon, fortement granuleux ; troisième un peu plus large que le deuxième, auquel il ressemble, moins l’étranglement. Segments abdominaux d’un blanc mat, avec longue pubes¬ cence, tous fortement relevés en forme de mamelon à leur région dorsale, avec granulations disposées par rangées ; les cinquième, sixième et septième plus larges, plus relevés, avec une double ran¬ gée de granulations, le huitième lisse, sans granulations ni mame¬ lons, neuvième court, lisse aussi, obconique, avec une forte Scc. Li.VN., T. XL 11 118 MOEURS ET MÉT\MORPHOSES d’iNSECTES pubescence dorée et longue ; à l’extrémité de cet anneau est un empâtement formé par trois tubercules relevés, au centre desquels est l’anus à fente longitudinale ; un peu en avant de la partie anale et sur la région latérale du dernier anneau, il y a de chaque côté un groupe de spinules cornées, ferrugineuses au nombre de dix à douze, disposées en forme de dents de peigne. Cette sorte d’arma¬ ture pourrait bien aider la larve qui travaille dans sa galerie la tête en dessus, à se maintenir le long de sa loge, ou à progresser. Dessous de la couleur du fond, un peu moins pubescent que le dessus, les différentes parties delà tête et de la bouche sont teintes de ferrugineux ; le dessous du premier segment thoracique est ridé transversalement et ne porte pas de mamelon, les deuxième et troi¬ sième ont une double série de rugosités ; les premier et deuxième segments abdominaux ont aussi une double rangée de points ver- ruqueux, les cinq suivants sont fortement mamelonnés et couron¬ nés au centre de leur mamelon par une auréole de points granu¬ leux, saillants ; huitième et neuvième sans rugosités ni mamelons, mais fortement pubescents. nulles, remplacées par les mamelons et par les aspérités. Stigmates noirs, à péritrème corné et roux, placés, le premier, comme toujours le plus gros, sur le deuxième segment et près du rebord latéral antérieur, les huit autres sur les huit premiers segments abdominaux, à la même place et au même plan de position. Nous savons que la larve du Corœbus bifasciatus, avant sa transformation en nymphe, ronge circulairement la branche du Quercus robur ou du Qiiercus ilex, dans laquelle elle a accom¬ pli sa phase larvaire, à l’effet d’intercepter la sève, afin aussi de donner les moyens à sa nymphe d’accomplir son cycle sans avoir à appréhender un reflux du liquide végétal. Ces branches, aussitôt privées du courant nourricier, meurent, etlorsqu’arrive l’époque d’apparition du Belodera Genei, elles sont complètement privées de vie; ce sont les jeunes tiges formant bou¬ quet à la cime des arbres que le Belodera choisit pour y déposer sa ponte; il est des brindilles dont lesjet.s plus vigoureux offrent MOEURS ET métamorphoses d’insectes 119 un aliment plus friable, parce qu’intérieuremenl la moelle y avait pris une grande expansion; ce sont ces brindilles qui de préférence sont choisies pour recevoir les œufs ; aussi trouve-t -on dans cha¬ cune de ces tiges deux et trois larves, tandis quj dans les tiges où la vigueur a été moindre, on n’en trouve jamais qu’une seule. La ponte a lieu fin septembre, elle se prolonge jusqu’à fin octobre la larve ronge en remontant la partie médullaire de la branche, passe l’hiver et le printemps en cheminant dans la tige, et, quand arrive juillet, parvenue alors au terme de son existence, elle évide la galerie, s’y construit une longue loge oblongue, et se prépare aussitôt au travail transitoire qui doit l’amener à sa deuxième évo¬ lution. Ce travail peu actif dure une dizaine de jours durant les quels la larve, après s’ètre contractée, a modifié légèrement la cou¬ leur de ses téguments extérieurs, qui sont devenus plus pâles et plus rugueux ; insensiblement la peau se fend sur le dos : puis la larve s’en dégage par des mouvements alternatifs d’avant en arrière parvient ainsi à chiffonner la vieille peau et la pousse jusqu’au fond de la loge ; alors apparaît l’insecte sous sa deuxième forme. Ny7nphe. Longueur 9 millimètres; largeur 3 millimètres. Corps cylindrique, blanc mat, fortement pubescent, tronqué à sa région antérieure, légèrement atténué à l’extrémité opposée. Tête avec de longs cils gris, excavée au front , les antennes pas¬ sent en droite ligne par dessus les genoux des deux premières paires de pattes, contournent les élytres en se redressant ensuite vers la tête pour venir se terminer à hauteur de la base de la deuxième paire de pattes; le premier segment thoracique est long et convexe, avec un léger rebord transverse formant bourrelet à sa partie postérieure ; le deuxième segment, moins convexe, est moins long; le troisième, cordiforme, est traversé par une ligne longitudinale médiane légè¬ rement creuse ; les segments abdominaux bien dessinés sont forte - ment ciliés à leur rebord postérieur, l'extrémité du neuvième est ceinte d’une auréole de cils courts de couleur ferrugineuse; le reste du corps n’offre rien de particulier. La phase nymphale dure un mois environ. De fin juillet à mi- août, c’est-à-dire pendant une quinzaine de jours, l’adulte reste 120 HOEÜRS RT MÉTAMORPHOSES o’fNSECTES dans sa loge pour y raffermir ses téguments, puis il ronge la faible cloison qui le sépare de l’air extérieur, et s’envole, afin de pourvoir à la reproduction de son espèce. Adulte. Comme le Corœbus bifasciatus, dont il est le com¬ mensal, on trouve rarement l’adulte aux environs de Ria, où il est commun cependant : son existence paraît être de longue durée, puisqu’elle se prolonge de mi-août à fin octobre ; la raison pour laquelle on ne le trouve pas, c’est qu’ici il est difficile, pour ne pas dire impossible, de battre au parapluie les bouquets de branches mortes, de chêne où il se tient de préférence. On le trouve, mais pas souvent, dans les interstices des écorces de chêne, sous le rebord des pierres et quelquefois sous le chapeau des amadouviers secs ; le seul moyen de se le procurer en nombre, c’est d’apporter chez soi, au printemps, des branches de chêne rongées parla larve du Corœ¬ bus bifasciatus et mortes de l’année précédente. Mulsant, dans sa deuxième édition des Longicornes de France, 1862-1863, p. 326, donne une bonne description de l’insecte parfait description que l’on trouve aussi dans la Revue d'entomologie, année 1884, p. 221. .Tlcsosa ciirciiliouidcs Linné. Larve'. Longueur 23-25 millimètres, largeur 5 millimètres. Corps long, charnu, lisse et brillant, à tégunients résistants, blanc sale, cilié de roux avec fortes granulations ; convexe à la région dorsale, un peu moins à la région ventrale, avec fort bour¬ relet latéral. Tête saillante, lisse, cornée en partie rétractile, en carré long, à bords parallèles, moitié moins large que le premier segment thora- lique, subdéprimée, légèrement infléchie, d’un ferrugineux clair ; lisière plus foncée, traversée par deux lignes obliques pariant du dessous de la base antennaire pour venir se rejoindre au vertex ou vient affluer une ligne médiane de couleur plus accentuée ; l’occiput formé par une masse charnue triangulaire renferme deux dépres- 121 MOECUS ET .MÉTAMORPHOSES d'iNSECTES sions obliques formant triangle; le bord delà lisière frontale est marqué de huit à dix fortes impressions courtes, surmontées d’un poil émergeant delà base; épistome transverse à côtés obliques, à an¬ gles arrondis, testacé foncé, sans traces de pubescence; labre translu¬ cide, semi-elliptique, frangé de longs poils, roux doré, entremêlés do fortes spinules plus foncées; mandibules triangulaires, fortes cornées chagrinées, taillées en biseau à leur bord interne, ce qui les fait paraître bidentées à leur tiers intérieur, avec forte carène au tiers de la tranche externe, l’angle biseauté se joignant à hauteur du lahre, quelques longs poils à la base extérieure; mâchoires droites, a lobe court triangulaire, fortement cilié de roux sur toute sa surface; palpes à cils courts et roux de trois articles égaux, diminuant gra¬ duellement de largeur, troisième à pointe obtuse; premier et deuxième annelés de testacé à l’extrémité; menton court transver¬ sal, testacé clair; lèvre en forme de masse charnue, cordiforme, fo rement ciliée de roux; palpes bi-articulés rougeâtres, premier article gros cylindrique, deuxième court à pointe obtuse arquée en dedans ; languette courte, cachée; antennes sises dans une échan - crure placée en arrière du milieu de la base des mandibules, très courtes, entièrement rétractiles, testacées, de quatre articles, avec article supplémentaire, animées durant la vie de mouvements vifs et saccadés exsertiles et rétractiles ; ocelles à leur place habituelle, ce sont de petites fossettes du fond desquelles partent de longs poils roux . Segments thoraciques decouleur moins pâle queles abdominaux ; plus larges que la tête, fortement pileux ; premier segment subcorné deux fois plus long que les deux suivants réunis, s’élargissant en s’arrondissant des deux bords, ce qui fait paraître l’arceau ovale transverse, bord antérieur triangulaireraent marqué de jaunâtre, finement chagriné, un peu moins que le bord postérieur ; deux inci¬ sions latérales obliques, relèvent les côtés en forme de bourrelet, qui se rejoignent en longeantle bord postérieur de l’arceau ; deuxième et troisième segments étroits transverses, fortement ciliés de longs poils roux, le troisième avec aréole formée d’une rangée de granu¬ lations transverses disposées en ovale très allongé, les deux lignes se touchant presque, et bourrelet latéral bien accentué. 122 MOEURS ET MÉXmOnPHOSES d'i.nsectes Segments abdominaux un peu moins larges que les précédents, convexes, blanc terne, avec longs poils roux épars sur leur surface et aréoles granulées d’autant plus ouvertes et d’autant moins larges que les anneaux se rapprochent de l’extrémité postérieure; le pour¬ tour de chaque aréole constitué par deux et trois rangées de gra¬ nulations séparées dans leur espace médian par un trait transversal, le bord latéral des granules se relève en forme de boursouflure ; huitième segment lisse sans aréole, convexe, un peu moins large, avec bourrelet latéral ; neuvième semblable un peu moins large encore, à extrémité relevée en deux petits bourrelets frangés de longs cils roux, à pointe convergeant vers le centre de la fente anale qui est transverse et bi- mamelonnée. Dessous, les parties buccales sont lisses, brillantes, d’un rouge ferrugineux, avec poils épars sur leur surface, la plaque qui pré¬ cède le menton est en forme de carré long et fortement carénée à son milieu; elle porte deux pointes cornées noires dont la larve se sert comme appui; le premier segment thoracique fortement cilié de roux porte deux taches latérales orangées, sans forme bien délimitée; les deuxième et troisième segments avec aréole formée d’une seule rangée de granules; les sept premiers segments abdo¬ minaux avec aréoles formées d’une à deux rangées de granulations les deux derniers de forme et de couleur du dessus; tous avec bourrelet latéral servant de ligne de partage des deux régions dorsale et ventrale. Pattes nulles, bourrelets et granulations en tiennent lieu et lui donnent des points d’appui si solides que cette petite larve arrive à échapper des doigts qui la tiennent. Stigmates elliptiques, roux foncé à péritrème plus clair, a exca¬ vation profonde; la première paire un peu plus grande et placée un peu plus bas, dans la ligne de séparation des deux premiers seg¬ ments thoraciques, les autres au-dessus du bourrelet latéral et au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Cette larve vit dans les branches moyennes et dans les jeunes troncs du cerisier, du noyer, du tilleul, del’accacia dont elle ronge le liber et une partie de l’aubier, dans lesquels elle chemine, en MOEinS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 123 traçant des galeries plates et irrégulières, qu’elle comble de ses déjec - tions au fur et à mesure qu’elle progresse ; la larve passe l’automne et l’hiver dans sa galerie, prenant peu de nourriture, au printemps elle devient très active, ses appétits augmentent, aussi augmente - t-elle de volume en peu de temps, et, lorsqu’elle est parvenue au terme de son accroissement, elle se construit dans l’aubier, mais sans trop s’enfoncer, une loge oblongue-ovale, dont la paroi supé¬ rieure estévidée jusqu’à toucher l’écorce, de manière que l’adulte n’ait plus tard qu’une légère couche corticale à percer pour rompre la cloison qui le retiendra captif; la larve prend ensuite appui contre le bois, se contracte, devient blanchâtre, et c’est alors que se produit le travail d’élaboration prélude de la nymphose, puis la peau trop étroite cède au vertex, suit les grandes lignes de divi- sion, en particulier la région médiane, et à la suite de contractions répétées arrive plissée, disposée en forme de coussinet, au fond de la loge. Nijmphe : Longueur 13 millimètres; largeur 3 millimètres. convexe, tronqué en avant, atténué à la région postérieure qui est légèrement arquée; roussâtre en dessus, blanchâtre en dessous, cilié et spinosulé sur toute sa surface. Masque frontal large et long, presque carré, orné de quelques cils symétriquement disposés de chaque côté de la ligne médiane ; deux en long, trois obliques en dehors, deux obliques en dedans; bords intérieu rs du labre frangé de cils très ténus ; bord extérieur des deux premiers articles des antennes avec de courts cils spinosules. Masque thoracique couvert de courtes spinules ferrugineuses à extrémité noire; le deuxième segment s’avance sur le suivant en pointe, granuleuse, couverte de spinules; troisième segment large, faiblement spinosulé. Les spinules des segments abdominaux transversalement dispo¬ sées, en rangées, sont d’autant plus nombreuses et d’autant plus longues, qu’elles se rapprochent de l’extrémité postérieure, laquelle se termine en une masse charnue, tronquée, à pourtour spinosulé ; un long cil roux à bout arqué en dedans, émerge de la base de chaque spinule de la troncature. MOEUnS ET MÉT\MO!!I>IIOSES n'nSECTES Le dessous n’offre rien de particulier ; les antennes recourbées reposent sur les cuisses des deux premières paires de pattes, se cintrent ensuite en s’infléchissant jusqu’au masque buccal où le bout se retourne en dedans. La phase nympiiale a une durée de quinze a vingt jours ; dès que les téguments de l’adulte sont assez résistants, à l’aide de ses robustes mandibules, il fait l’ablation de la mince couche d’écorce qui le retenait captif ; son travail est calculé, il ne doit enlever de cette écorce que la partie nécessaire pour permettre au corps de sortir. C'est si bien calculé, qu’à la dimension de l’ouverture, tou¬ jours de forme ovale, il est facile de se rendre compte si l’adulte qui doit sortir ou en est sorti est mâle ou femelle ; on sait que le corps de la femelle est d’un bon tiers plus gros que celui du mâle ; l'adulte ne quitte pas de suite son réduit, il attendra qu’un rayon de soleil ait amorti les effets de la fraîcheur, pour se montrer avec ses belles couleurs veloutées ; après la sortie de l’adulte, il reste au fond de sa loge la peau chiffonnée de la larve et la dépouille rata¬ tinée de la nymphe à laquelle continuent d'adhérer les spinules. Adulte. Mulsaut, dans sa deuxième édition des Longicornes de France, année 1863, p. 332, en a fait connaître la description. Toujours fixé contre l’arbre nourricier, sur lequel il s’étale pen¬ dant les heures chaudes, il se réfugie de nuit sous les écorces ou sous les pierres : son domaine semblerait confiné sur le végétal sur lequel il a pris naissance, si un besoin impérieux ne se faisait sentir en lui ; il est destiné à remplir un rôle providentiel, veiller à la repro¬ duction de l’espèce, c'est désormais sa seule tâche; un mobile impé¬ rieux le pousse, le guide, se chercher à tout prix une compagne, et assurer à la suite d’un rapprochement la souche d’une nouvelle postérité; ses ailes lui servent, mais mal, son vol est lourd, inégal, de peu de durée, il se heurte contre mille obstacles dans sa course vagabonde ; il finit toujours par trouver l’objet de ses désirs, mais en cela il est plus aidé par les circonstances qui s’offrent à lui que par les difficultés qu’il peut vaincre : la nature a pourvu à tout, la même branche, le même tronc nourrissant plusieurs larves, plu¬ sieurs adultes se trouveront à un moment réunis, de cet heureux MOEUUS ET MÉTAMOUPIIOSES d'i.NSECTES 125 hasard de circonstances, la difficulté aura disparu pour quelques - uns, pour presque tous, mais elle existera pour ceux que le mal¬ heureux sort n’accompagnera pas. Le Mesosa curculionides doit être rangé dans la catégorie des insectes nuisibles, à l’état de larve. Olierea rry tlia’oceptiala . Fad. Larve ; longueur lü à 18 millimètres, largeur 2à3 millimè¬ tres. Corps charnu, allongé, linéaire, jaunâtre, avec très courte pu¬ bescence rousse et longs poils épars, convexe, à région antérieure large, un peu atténué à l’extrémi'é opposée. Tête petite, charnue, jaunâtre, à lisière frontale écailleuse et rougeâtre avec longs poils éjiars et ligne longitudinale médiane, de la base de celte ligne partent deux traits flaves allant se perdre en arrière des antennes ; épistorae large, transverse, tlavescent, à bords antérieurs arrondis, finement ponctué ; labre cordiforme, forte¬ ment cilié de longs poils roussâtres ; mandibules fortes h base fer¬ rugineuse, à extrémité noire, taillées en biseau, à tranche exté¬ rieure arrondie ; mâchoires testacées, ciliées, à lobe conique long, atteignant l’extrémité des palpes, intérieurement frangé de longs cils roux ; palpes maxillaires rougeâtres, courts, de trois articles moniliformes avec quelques longs poils roux le long de la tige ; menton charnu proéminent cilié ; palpes labiaux de deux articles courts, forme des palpes maxillaires ; languette large, flavescente fortement cilié ; antennes courtes, rétractiles, de quatre articles tislacés, le premier large tronconique, les suivants un peu moins, le terminal avec long cil au bout et petit article supplémentaire à la ba c intérieure ; ocelles, pas de traces. Segments thoraciques convexes, jaunâtres, légèrement pubes- ceuts, le premier déclive, plus long et plus large que la tête, à bord antérieur rougeâtre et effacé, puis augmentant sensiblement de vo¬ lume jusqu’au bord postérieur où il est renflé et couvert de petites l‘2H MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES spinules brunes entremêlées de longs poils, un trait oblique noir part de chaque angle antérieur, à ce trait est un pli parallèle incolore ; deuxième étroit, transverse, avec bourrelet triangulaire médian ; troisième un peu plus large surmonté d’un bourrelet ovalaire avec double rangée transversale de granulations et trait longitudinal médian, pas plus longs à eux deux réunis que le premier segment. Segments abdominaux charnus, jaunâtres, légèrement ciliés, fortement boursouflés, diminuant graduellement de largeur ; les sept premiers égaux, surmontés d’une forte boursouflure, transver¬ salement parcourue par une double rangée de granulations et par un trait crucial ; huitième convexe, transversalement strié, avec rudiment d’ampoule ; neuvième étroit, postérieurement relevé par un léger bourrelet transversal ; extrémité anale arrondie avec de longs cils roux. jaunâtre, un peu plus longuement cilié que le dessus, le premier segment thoracique avec large plaque charnue, les segments suivants avec boursouflures, mamelons et granulations identiques à celles du dessus ; l’anus, à fente longitudinale avec commissures latérales allongées; un étroit bourrelet latéral avec faisceau central de poils longe les flancs. Pattes, pas de traces; mamelons, bourrelets et granulations sont les points d’appui dont la larve se sert durant son court trajet dans le canal de la plante nourricière. Stigmates elliptiques, bruns, à péritrème corné et rougeâtre, la première paire grande sur la ligne de séparation des deux premiers segments thoraciques et sur le prolongement des suivants qui sont placés au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux et sur le bourrelet latéral de séparation des région dorsale et ventrale. Notre larve issue d’un œuf pondu au tiers inférieur de la tige pénètre dans l’intérieur du canal médullaire de la plante nourri¬ cière Y Euphorbia cyparissias et YE. characias ; elle chemine dans ce milieu qui lui sert de pâture, progressant au fur et à me - sure de ses appétits ; arrivée en automne, au collet de la racine, elle y pénètre, s’y installe de manière à pouvoir franchir sans acci¬ dents la longue période hibernale ; aux approches du printemps .MOr.UI\S ET MÉTAMORPHOSES o'iNSECTES l?? elle reprend son activité, recommence son existence qu’elle pro¬ longe jusqu’en mai ; parvenue alors au terme de son complet déve¬ loppement, elle ne prend plus de nourriture, se retourne dans sa galerie qu’elle élargit, de manière a lui donner la forme d’une lon¬ gue loge oblongue ; quelques jours après, elle subit sa transforma¬ tion nymphale. Nymphe', longueur 12 millimètres, largeur 8 millimètres. Corps d’un beau jaunâtre, légèrement pubescent, subcylindrique, à région antérieure tronquée, l’extrémité postérieure un peu atté¬ nuée et légèrement arquée en dedans. Tête fortement infléchie ; masque frontal large, proéminent, postérieurement excavé ; premier segment thoracique à bords anté¬ rieur et postérieur relevés par un léger bourrelet ; deuxième court avec fort sillon médian qui se prolonge sur le troisième par un fort trait canaliculé ; segments abdominaux à double rangée de gra¬ nules, le centre de chaque granulation relevé par une courte spi- nule noire à base rougeâtre, les deux premiers anneaux en sont dépourvus ; le dessous est glabre et lisse ; l’extrémité anale est quadri mamelonnée ; les antennes reposent sur les genoux des deux premières paires de pattes, se coudent ensuite en dedans pour remonter vers la tête, le bout atteint la base des mandibules chez les mâles, un peu moins chez les femelles. La phase nymphale dure un mois, un peu plus, un peu moins, au bout duquel l’adulte se fait jour en perçant la paroi supérieure de la loge. Adulte. Aux environs de Ria, comme à ceux du camp de la Vallonné, l’adulte se moutre dès le mois de juin; il vole bien, mais ce n’est que lorsque l’astre solaire déverse ses chauds rajmns qu’il s’agite, qu’il passe d’une tige d’Euphorbe à l’autre, et cela jusqu’à ce qu’il se soit associé avec un de ses semblables avec lequel, à la suite d’un rapprochement, il assurera la couche d’une nouvelle génération. De jour, ce n’est jamais sur les fleurs qu’il se tient, c’est toujours le long de la lige de la plante nourricière à laquelle il se cramponne comme si elle était son domaine propre. VIS MOEURS ET métamorphose^' d’iNSECTES De nuit, c’est au bas de la plante ou appliqué le long de la tige ou encore sous les feuilles qu’il passe les heures sombres. Comme chez la plupart de ses congénères, la vie du mâle ne va pas au delà de l’accouplement, ni celle de la femelle au delà de la ponte: son apparition dure deux mois, de fin juin à septembre, ce qui semblerait prouver que les éclosions de la nymphe sont succes¬ sives et non simultanées, comme c’est le cas pour beaucoup de Longicornes. Mulsant dans sa deuxième édition des Longicornes de France, année 1863, page 393, en a donné une longue et bonne description. Plijtœeîa Panzer. Larve: Longueur, 20 à 22 millimètres; largeur, 7 à 8 milli¬ mètres. Corps d’un beau jaune d’ocre, allongé, convexe, pubescent do roux, un peu atténué à l’extrémité postérieure, légèrement renflé à la région antérieure. Tête étroite, rétractile, plane en dessus, subconvexe en dessous, moitié moins large que le premier segment thoracique, jaunâtre, luisante, lisière frontale sinuée et ferrugineuse; trait longitudinal médian se bifurquant au vertex pour aller aboutir à la base anten - naire; quelques longs poils émergeant de légères fossettes; deux petites apophyses au-dessus de la bifurcation ; épis tome glabre, transverse, à angles arrondis, moitié moins large que la tète; labre pâleflavescent, semi-elliptique, à bords frangés de longs cils roux, à base ferrugineuse; mandibules fortes, triangulaires à base ferru¬ gineuse, à extrémité noire et coupée en biseau avec deux petites dents au milieu de la tranche interne; mâchoires petites, translu¬ cides, à lobe fortement cilié; palpes maxillaires coniques de trois articles, le premier gros, le deuxième un peu moins, le dernier terminé en pointe, tous trois rougeâtres et translucides; menton charnu, transversal; palpes labiaux de deux articles courts et rougeâtres, le premier deux fois plus long et deux fois plus gros MOErr.S ET MÉTAMORPHOSES o'iNSECTES 1*29 que le suivant qui se termiiie eu pointe ; languette large et ciliée; antennes courtes, testacées, à tige conique, ne laissant voir que trois articles, le quatrième caché, l’article supplémentaire petit et saillant. Segments thoraciques jaunes, charnus, convexes, légèrement pubescents; le premier deux fois plus large que la tête et aussi large que les deux suivants réunis, corné, granuleux, à angles antérieurs effacés, à bord antérieur jaune ferrugineux ; les deux segments suivants égaux, avec ampoules dorsales et ventrales proéminentes, les côtés légèrement ciliés. Segments abdominaux égaux diminuant graduellement vers l’extrémité; les sept premiers bi-raamelonnés en dessus comme en dessous et sur les côtés, chaque mamelon séparé par un léger sillon ; le huitième ne porte que les replis latéraux; le neuvième est mar¬ qué en dessous de trois sillons divergents, au centre desquels est l’anus. Pattes nulles, trois petits bourrelets en tiennent la place. Stigmates bruns à péritrème plus clair insérés de chaque côté des segments; la première paire dans la ligne de séparation des deux premiers anneaux thoraciques, les huit suivantes au milieu du rebord latéral des huit premiers segments abdominaux. On trouve cette larve sur le Laserpitium latifolium, Linné, à partir du mois de septembre. Après l’accouplement, la femelle pond un œuf, quelquefois, mais rarement deux, à mi- tige; la larve ronge en descendant la partie médullaire dont elle se nourrit, arrivée au collet de la racine ce quia lieu en automne, elle fait l’ablation de la partie ligneuse de la tige, en rompt ainsi la consistance; il suffît ensuite du moindre coup de vent pour que cette tige casse et disparaisse, moyen ingé¬ nieux pour dépister la trace de la larve qui à ce moment s’est logée dans la partie souterraine de la plante, c’est-à-dire dans la racine où elle trouvera un abri pour passer la saison hivernale. Ce travail d’ablation fait, la larve se façonne une loge dont elle tapisse les parois en employant des fibres qu’elle détache du bois, se retourne, la tête dirigée vers le haut de la plante; l’hiver est alors arrivé, 130 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES o’iSSECTES elle n’a plus qu’à attendre les beaux jours du printemps pour reprendre sa vie quelque temps interrompue, puis se transformer en nymphe. Nymphe ; Longueur, 16 millimètres; largeur, 5à 6 millimètres. Corps d’un beau jaune d’ocre : tête déclive, toutes les parties qui doivent constituer l’ii.secte à l’état parfait y sont plaquées en relief; les antennes longent les deux premières paires de pattes se recourbent ensuite en deJan? pour prendre la direction de la tête, masque thoracique bombé, tuberculeux sur les côtes, deuxième et troisième segments transversalement striés; segments abdominaux légèrement granuleux, à leur bord postérieur, chaque granule surmonté d’une petite épine, s’élargissant jusqu’au sixième pour diminuer jusqu’au dernier lequel se termine par un léger rebord surmonté de cils bruns; dessous sans épines ni granules; l’anus est logé entre trois petits tubercules dont le dernier transversal est dirigé en sens inverse des autres. Après un travail d’élaboration intérieure qui dure un mois environ, la nymphe se dégage de ses lange.^ l'adulte éclôt; d’abord incapable du moindre effort, ses téguments durcissent, la porte de sa prison s’ouvre ensuite sous ses efforts, et vienne un rayon de soleil, il s’envole n’ayant dès ce moment pour toute préoc¬ cupation que la régénération de l’espèce. Adulte. Aux environs de Ria, on le trouve de fin juin à mi-août, la nuit cramponné le long delà tige, le jour dans les inflorescences de la plante nourricière, son vol est court et de peu de durée ; comme tous ses congénères, il doit être classé dans la catégorie des insectes nuisibles. Mulsant dans sa deuxième édition des Longi- cornes de France, 1863, page 407, en a donné une longue descrip¬ tion que l’on trouve aussi dans la Revue d' Entomologie, 1884, p. 233. MOEUKS ET MF.T\M0RPH0SE8 d'iXSECTES 131 Calamolilus j^racilis, Creltzer. Œuf: Longueur, 1 millimètre environ. Allongé, couleur blanc mat, le milieu un peu jaunâtre ; il est pondu à hauteur du premier nœud de la tige du chaume ou du hlé, et, une quinzaine de jours après, donne naissance aune larve, laquelle arrivée au terme de son développement offre les particula¬ rités suivantes : Larve. Longueur, 11 à 12 millimètres; largeur, 1 à 2 milli¬ mètres. Corps allongé, linéaire, légèrement pubescent de roux, forte¬ ment convexe en dessus, atténué à sa partie antérieure, légère¬ ment tronqué à l’extrémité opposée ; en entier d’un beau jaunâtre, à l’exception des pièces buccales qui sont ferrugineuses. Tête jaunâtre, petite, oblongue, convexe, finement ponctuée, bien détachée du tronc, couverte de longs poils roux, légèrement concave à son rebord antérieur, parcourue dans son milieu par une impression longitudinale de couleur noirâtre, ne se reliant pas à la base du premier segment thoracique ; épistome gris pâle, petit, transverse, pubescent, légèrement excavé à sa partie médiane ; labre proé ninent, semi-elliptique, gris, à bords arrondis, forte¬ ment pubescent, plus particulièrement à son bord antérieur ; man¬ dibules fortes, triangulaires, cornées, échancrées à leur milieu, tridenlées vues de profil, à base ferrugineuse, à extrémité noire, un peu relevées à leur milieu antérieur en une petite carène qui vient aboutir à la première dent; mâchoires coniques, formées d’un petit lobe cilié à pointe obtuse ; palpes maxillaires à base vo¬ lumineuse, conique et testacée, de trois articles courts et coniques diminuant graduellement de volume jusqu’à l’extrémité qui est terminée en pointe ; quelques poils épars le long de la tige ; men¬ ton petit, carré, languette très peu saillante ; palpes labiaux petits et coniques, de deux articles d’un brun clair, avec poils très dissé¬ minés, le dernier article se terminant en pointe ; antennes d’un 132 MOEÜUS RT MÉTA WORPIIOSES d’iNSECTES testacé pâle, à peines visibles, représentées par une petite tige paraissant triarticulée, ne laissant voir ni le quatrième article, ni l’article supplémentaire, sises un peu en arrière du milieu des mandibules ; ocelles, en arrière de la base antennaire, est un petit point corné noir, ferrugineux. Segments thoraciques grands, dépassant la tête en largeur, de couleur jaune pâle, finement chagrinés, légèrement pubescents ; premier en forme d’écusson, enveloppant une partie du deuxième lequel est transverse ainsi quele suivant ; ces deux derniers moitié moins larges que le premier et parcourus par de fortes ridestrar.s- verses, formant entre elles un bourrelet, dont la crête est surmon¬ tée jiar de petites granulations ; un rebord latéral formant léger bourrelet, borde ces trois arceaux. Segments ahdoniinaux d’un beau jaune, fortement convexes, de forme et de dimensions à peu près égales, tous légèrement pu¬ bescents et finement chagrinés, les sept premiers avec bourrelet et granules en dessus, les granulations plus accentuées au sixième et septième ; les huitième et neuvième en sont privés ; le dernier, fortement tronqué et légèrement excavé, est orné sur sa péi iphérie de longs cils bruns ; la fente anale transverse se l’elève en deux pe¬ tits appendices, un h chaque extrémité ; un long bourrelet longe le bord latéral des segments abdominaux. Dessous : la couleur de la tête en dessous est un peu plus pâle que-Ie fond ; en arrière de la base des mâchoires sont deux traits formant cicatrice ; les segments thoraciques, fortement relevés en forme de bourrelet, dont la partie proéminente se trouve au centre des trois anneaux, sont couverts de longs cils bruns, droits, raides, les plus longs au milieu de chaque anneau ; les segments abdomi¬ naux un peu moins convexes qu’eu dessus, avec quelques poils épars et légères rides, la pubescence du neuvième arceau beaucoup plus dense et la couleur des poils plus rousse. Pattes nulles, bourrelets et granulations en tenant lieu. Stigmates roux, h péritrème plus clair, à leur place habituelle, et comme toujours, la première paire plus accentuée que les huit autres. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES o’iNSECTES 133 Une particularité commune à certaines larves caractérise la larve du C. gracilis; elle consiste en ce que le point ocellaire noir ferrugineux est d’autant plus éloigné de la base des mandibules que la larve est plus jeune ; chez les sujets nouvellement éclos elle est à peine visible, elle apparaît la première fois très en arrière du bord latéral de la tête se rapprochant insensiblement jusqu’à tou¬ cher presque la base des mandibules lorsque la larve est à la veille de la nymphose. A part quelques points de détail qui ne détruisent en rien le fond de la comparaison, la larve du Calamobius offre beaucoup de res¬ semblance, quant à ce qui est de la structure et des différentes par¬ ties du corps, avec celle du Cartalluin ebulinum, laquelle a beau¬ coup d’affinité avec celles du genre Agapanthia. A peine éclose, la larve du Calamobius pénètre dans l’intérieur des tiges du chaume ou du blé, et en ronge la partie intérieure en descendant le canal ; chaque noeud est successivement percé et bouché et lorsqu’arrive le terme de son entier développement, elle se trouve alors bien près du collet de la racine ; là elle se fait un petit tampon de fibres formant coussinet, sur lequel reposera la larve d’abord, la nymphe ensuite ; à ce moment qui correspond à la saison automnale, elle se retourne la tète en liant, intercepte par de petites fibres le dessous du dernier nœud qu’elle a creusé, en ayant soin d’évider à cet endroit la partie intérieure de la tige qui, au moindre vent, faiblit et se casse ; la larve a trouvé ainsi le moyen de rester entre deux coussinets, bien à l’abri, et au milieu d’une certaine fraîcheur sans laquelle son existence serait menacée. Abritée de cette manière du froid, du danger de la faux et des dents des bestiaux, elle passe l’hiver et une partie du printemps dans cette demeure, et quand arrivent les chaleurs vivifiantes de mai, elle se contracte, et aussitôt commence en elle le travail intérieur qui est le prélude de la deuxième morphose. Nymphe. Longueur 10 à 11 millimètres, largeur 1 1/2 milli - mètre. Corps en entier jaunâtre, cylindrique, légèrement atténué à l’ex¬ trémité postérieure ; yeux roux, réticulés ; tête légèrement échan- Soc. Linn., T. XL. 12 134 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES cr(‘e à remj.iac:Mn3iit, d.i fro-l ; palLes aues i-asseiiiblé 'S conire le corps ; les antennes longent d’abord les arceaux tlioraciques, s’infléchissent ensuite en une courbe intérieure le long des cinq pre¬ miers anneaux abdominaux, se recourbent sur elles mêmes pour remonter vers la tète, affleurent la base antennaire, et viennent s’arrêter en forme de crochet en arrière du premier segment tho¬ racique ; le dessus des segments abdominaux est parcouru par un sillon longitudinal peu marqué ; du deuxième au septième segment, chaque anneau porte un double tubercule, d’autant plus accentué qu’il se rapproche de l’extrémité, avec fortes spinules, à fond fer¬ rugineux ; les huitième et neuvième sont ciliés, l’extrémité du neu¬ vième se termine par de légers empâtements ; un léger bourrelet longe le bord latéral de ces anneaux, et le bord postérieur de cha¬ que segment abdominal fait saillie sur le segment suivant. La nymphe se meut facilement dans sa loge ; elle peut même se déplacer en s’aidant des tubercules et des spinules implantés à sa partie dorsale. La ressemblance qu’affectent les larves des genres Carlallum, Calamobius et Agapantliia, peut s’appliquer au même titre à la forme des nymphes de ces trois genres. La phase nymphale dure de quinze jours h trois semaines, selon la température, et peut même se prolonger davantage ; à la fin de cette période, la nymphe se debarrasse de ses langes et l’adulte apparaît sous sa forme nouvelle ; il est mou d’abord, peu à peu ses téguments prennent de la consistance, et lorsqu’ils sont suffisam¬ ment résistants, l’insecte devenu parfait cherche à se faire jour à travers sa prison ; à cet effet, il remonte jusqu’à la hauteur du premier opercule, il ronge le point de la tige déjà entamée et sort par un trou ovale qu’il pratique ainsi à l’aide de ses mandibules. Adulte. L’insecte parfait paraît dès les premiers jours de juin, son vol est rapide ; en plein soleil, il passe facilement d’une tige à l’autre ; au repos, il tient ses antennes étendues dans la direction de son corps, particularité commune à toutes les espèces composant les genres Agapanthia, Calamobius eiCartallum ; c’est toujours appliqué le long des tiges de blé ou de chaume qu’on le trouve de MOEURS Et METAMORPHOSES d’iNSECTES !35 j our comme de nuit ; lorsqu’on connaît son habitat, le meilleur moyen de se le procurer en quantité, c’est de faucher avec un filet le matin, avant le lever du soleil, la plante où a vécu sa larve. C'est un insecte nuisible aux céréales à l’état larvaire. Comme complément aux détails biologiques qui précèdent, le remarquable rapport de M. Guérin-Méneville, publié en 1847, p. 258, dans la agricole, donne des détails circonstanciés sur les ravages exercés par la larve du Calamobius, ainsi que les moyens d’en atténuer les effets. Mulsant, dans sa deuxième édition Longicornes de France , 1862-1863, p. 368, donne la description de l’adulte, description qi e l’on trouve aussi dans la Revue d’entomologie 1884, p.227. Vespcrus XatartI, Muls. MM. Lichtenstein et Valéry Mayét dans leur note sur la nymphe du V. Xatarti s’expriment ainsi (Ann. Soc. ent. fr., 1875, p, 93) ; « Nous en donnons le dessin qui n’a rien de particulièrement dis¬ tinct des nymphes de Longicornes, pl. 4 n“ 2, 1. » Nous jugeons utile, au point de vue de la science, de compléter cette note par la description exacte des deux sexes comparés de la nymphe , de plus nous saisirons cette occasion pour faire connaî¬ tre certaines particularités relatives à la description de la larve ainsi qu’à sa vie évolutive : nos observations ont été faites sur le terrain nourricier, elles ne sont pas le résultat d’élevages en chambre. Larve. Toutes les descriptions écrites sur le Vesperus Xatarti, et elles sont nombreuses, paraissent avoir été faites sur des su¬ jets conservés dans l’alcool, ce qui le prouve, c’est que pas une ne mentionne la plaque écailleuse transverse et blanchâtre qui re¬ couvre le premier segment thoracique, couleur qui tend à disparaî¬ tre après la mort ; de même il n’est pas fait mention de l’extré¬ mité anale laquelle se termine en forme d’apophyse conique très saillante durant la vie et susceptible de rentrer lorsque la larve plon¬ gée dans l’alcool se contracte. 136 MOKURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES Les coques d’hiver et les coques d’été dont il a été question et dans lesquelles la larve effectuerait ses mues, sont du domaine des élevages en chambre ; dans les terrains vierges ainsi que dans les terrains cultivés, la larve vit sans interruption et accomplit son cycle larvaire dans le courant de l’année même de la ponte et non durant deux et trois ans comme on l’a prétendu, se nourrissant de toutes les racines qui se trouvent à sa portée ; c’est de 15 à 20 centimètres au plus de profondeur qu’elle chemine en terre inculte, la nymphose a lieu à l’extrémité du dernier passage; à ce point, la larve se contente de tasser les parois de sa galerie de manière à les rendre lisses et forme ainsi une loge oblongue, spa¬ cieuse, puis sans autres préparatifs, elle opère sa transformation ; dans les terrains de culture où le travail des racines se fait moins superficiellement, les manœuvres sont les mêmes, mais elles ont lieu un peu plus profondément. Quant aux époques d’apparition de l’adulte, il en est du Vesperus comme de bien d’autres espèces ; ne voit-on pas en effet des han¬ netons apparaître avant l’hiver et dans le cœur même de l’hiver, alors que toute la génération sommeille encore ; quelques éclosions précoces ne sont pas de nature à changer les époques normales d’apparition : pour le V. Xatarti, il n’y en a qu’une de janvier à fin février, comme il n’y a qu’une ponte. Nymphe. Longueur 18 millimètres, largeur 8 millimètres. Corps long, en ovale allongé, mou blanchâtre, glabre à la ré¬ gion thoracique, spinosulé àla région abdominale ; arrondi en avant, tronqué en arrière. Masque frontal triangulaire ; masque thoracique à pourtour relevé en forme de bourrelet, à disque convexe et transversale¬ ment strié ; les sept premiers segments abdominaux sont en dessus fortement spinosulés de roux, les spinules sont d’autant moins denses que les arceaux se rapprochent de l’extrémité anale, la¬ quelle se termine par deux petits crochets cornées bruns a pointe arquée sur le centre ; la région dorsale est parcourue par une ligne longitudinale médiane de couleur foncée. Pattes saillantes, obliques, débordant le corps, les genoux en MOEURS ET MÉTAMORPHOSES o’iNSECTES 137 saillie ; antennes reposant sur le milieu des cuisses des deux pre¬ mières paires de pattes, longeant ensuite le bord supérieur des élytres à l’extrémité desquelles s’arrêtent celles des femelles, celles des mâles jointives se continuent, leur extrémité s’arrêtant au tiers inférieur de l’aile opposée. Depuis la rédaction de ma note, V. Mayet dans ses Insectes de la vigne, 1890, a donné à la page 312 de son travail, quelques traits de la nymphe, toujours femelle, qui n’inârment en rien ceux qui précèdent. liCptara Stragiilatn, Germâr Larve : longueur 17 millimètres, largeur 5 millimètres. Corps mou, blanchâtre, légèrement cilié de poils roux de lon¬ gueur inégale, plus longs aux deux extrémités ; convexe en dessus, un peu moins en dessous. Tête au tiers enchâssée dans le premier segment thoracique, grande, coriace, lisse, roussâtre, à bord antérieur ferrugineux, s’élargissant d’avant en arrière, couverte de longs cils roux émer¬ geant d’une légère fossette ; trait longitudinal médian flave à fond noirâtre en arrière ; à droite et à gauche de ce trait partent du ver- tex deux lignes obliques à fond mat allant se perdre au -dessous de la base antennaire ; épistome étroit, transverse, glabre, translu¬ cide à angles antérieurs arrondis ; labre semi-elliptique, rougeâtre, fortement cilié, en j)articulier au bord antérieur; mandibules fortes cornées, noires, lisses, triangulaires, les pointes se touchant au repos, avec forte dent médiane à la tranche interne ; deux longs poils au tiers inféro -extérieur qui est légèrement ridé ; mâchoires libres, rougeâtres, à lobe fort et cilié, frangé à la tranche interne; palpes de trois articles, les deux premiers égaux cylindroïdes, anne- lés de tes lacé à l’extrémité, troisième plus court, à bout obtus ; menton renflé, rectangulaire, charnu, blanchâtre, longitudinale¬ ment ridé ; palpes de deux articles, le premier moniliforme, le deuxième petit, à pointe obtuse ; languette saillante, charnue, for- t.mieut ciliée ; antennes sises en arrière du milieu de la base des 138 MOEl'nS ET .'MÉTAMORPHOSES l)'l>SECTES mandibules, courles, rélracliles, rougeâtres, de quatre articles, basilaire gros cylindrique, suivants courts, terminal flave, à peine saillant avec un tout petit article supplémentaire, testacé, en des¬ sous, peu apparent; ocelles : un peu en arrière et au-dessous de l’an¬ tenne, est un petit tubercule corné, ovalaire, blanchâtre, saillant. Segments thoraciques blanchâtres, un peu plus larges que la tête ; le premier grand, presque autant que les deux suivants réu¬ nis, à bord antérieur corné et jaunâtre, fortement granuleux sur le disque, à bords latéraux arrondis avec longs cils denses ; deuxième et troisième segments étroits, un peu plus larges que le premier, relevés en forme de mamelon, deux grands transverses jointifs au milieu, deux médians, le supérieur long, ovalaire, étroit, transverse, l’inférieur court triangulaire; tous légèrement striés en long. Segments abdominaux blanchâtres, avec longs poils sur les côtés et ligne longitudinale pâle ; les six premiers égaux avec un grand mamelon ellipsoïdal central, fortement granuleux et verru- queux, enclosant en son milieu un mamelon secondaire transverse; sur les cinquième et sixième segments le mamelon est d’autant plus saillant que les larA’es sont plus jeunes; septième et huitième égaux, convexes, lisses ; neuvième convexe aussi, plus étroit, arrondi à son bord postérieur que termine un petit anneau supplémentaire à longs cils. Dessous de la tête jaunâtre, fortement cilié, à bord antérieur ferrugineux, parcouru par trois traits longitudinaux parallèles, un médian à fond pâle, deux latéraux à fond noir; premier segment tho¬ racique fortement mamelonné, deux gros mamelons transverses, secondaires médians ; les deux segments thoraciques suivants et les six premiers segments abdominaux portent un fort mamelon déprimé, rétractile, à grosses granulations, latéralement limité par un léger bourrelet, mamelon d’autant plus accentué qu’il se rapproche de l’extrémité ; les trois derniers segments convexes, lisses, à courts cils ; au segment anal supplémentaire est un petit mamelon à fente en Y renversé, à fond noirâtre, entouré de dix poils à bout arqué. MOEtUS ET MÉTAMORPHOSES D liNSECTES 139 Un long bourrelet latéral, saillant, en forme de tubercule aux angles antérieurs du deuxième segment thoracique et des six pre¬ miers segments abdominaux, partage les deux régions dorsale et ventrale. courtes, latérales, delà couleur du fond, de cinq pièces longuement ciliées à l’extrémité des quatre premiers articles ; han¬ ches larges paraissant faire partie de la masse charnue du corps ; trochanters courts ; cuisses larges un peu plus longues ; jambes cylindriques de la même longueur que la cuisse, mais moins larges, terminées par un court onglet ferrugineux à pointe arquée en dedans. Stigmates ovalaires, à fond rembruni, à péritrèrne jaunâtre, ridé, la première paire plus grande, sise au-dessous du bourrelet de séparation des deux premiers segments thoraciques ; les sui¬ vantes au tiers antérieur et au-dessus du bourrelet latéral des huit premiers segments abdominaux, la dernière paire un peu plus en arrière, presque au milieu de l’arceau. La larve commune dans les forêts de pins, au nord et à l’ouest des environs de Ria, passe son existence dans la partie du tronc qui est en terre, c’est-à-dire dans la souche, dans un milieu tou¬ jours frais et légèrement humide, de manière à avoir ainsi des ali¬ ments rendus plus tendres par la couche fraîche qui les environne ; lorsqu’arrive le moment de la ponte, ce qui a lieu de mi-juillet aux premiers jours d’août, la femelle recherche de préférence les jeunes pins récemment morts, en particulier s’il y en a, ceux dont le feu a un peu carbonisé l’écorce ; à défaut de jeunes pins, elle pond sur des arbres un peu plus volumineux et même sur le tronc d’arbres abattus. La ponte a lieu rez terre ; dès son éclosion, la jeune larve s’enfonce dans la partie ligneuse de l’arbre nourricier, se frayant un passage d’autant plus grand que ses appétits en augmentant ont donné plus de volume à son corps : quoiqu’habitant des contrées froides à l’altitude de 6 à 800 mètres, elle conserve une partie de son activité durant les frimas, elle chemine jusqu’à l’arrivée de la belle saison, alors sa croissance est accomplie, sa galerie dirigée vers l’extérieur; à partir de ce moment, elle se tient dans une posi¬ tion courbe, en forme de demi-arc. 140 MOEUKS ET MÉTAMORPHOSES o’iKSECTES Quand arrive la fin juin, arrive aussi pour elle, l’heure de subir l’épreuve qui attend toutes les larves et à laquelle toutes ne résis¬ tent pas, elle creuse le bois en remontant la souche, de manière à atteindre le niveau du sol, la direction de sa galerie suivant une ligne qui devra la conduire presque jusqu’à toucher l’écorce ; là, lorsqu’il ne lui reste plus qu’une légère couche ligneuse à percer, elle s’arrête, descend h reculons une partie de sa loge et se prépare alors à franchir la crise à la suite de laquelle elle revêtira la forme suivante. Nymphe : longueur 12 à 13 millimètres, largeur 5 milli¬ mètres. Corps mou, jaunâtre, couvert de poils et d’aspérités, subdéprimé en dessus. Tête déclive avec trois fortes spinules brunes à la base anten- naire, deux autres moindres en dessus. Segments thoraciques de spinules sur leur surface, les abdominaux portent en dessus une rangée transversale de spinules rousses, pointues et droites au bord postérieur de l’arceau ; le seg¬ ment anal se termine à l’extrémité par un petit bourrelet implanté de spinules à pointe arquée en dedans, les deux médianes longues à bout divergent, à base charnue et tuberculeuse ; le dessous des segments abdominaux légèrement ridé, porte quelques petites spi¬ nules; un mamelon charnu, formé de deux petites masses superpo¬ sées, la première large, la deuxième un peu moins à bout elfacé, termine le dernier segment, au milieu est la fente anale ; le rebord latéral des deux derniers segments abdominaux, en forme de bour¬ relet, porte quelques cils spinosulés ; les antennes sont arquées, le milieu de l’arc prenant appui sur les genoux des deux premières paires de pattes, lesquelles porient quelques petits cils, l’extrémité reposant en se recourbant sur les éljtres dont les stries sont appa¬ rentes. La phase nymphale dure une quinzaine de jours environ ; qua¬ tre ou cinq jours après, les téguments de l’adulte, assez consistants, vont lui permettre d’affronter l’élément extérieur, il n’aura plus qu’à rompre la faible cloison qui le retenait dans sa loge ; dès lors MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’IiNSECTES l41 il sera libre ; vienne un rayon de soleil, il se lancera dans l’espace pour un lemps bien court, mais qui sera bien employé. Larve et nymphe sont poursuivis dans leur réduit par un ver de diptère, le Dasypogon diadema, Fab. Dans le cours de son existence, la larve de Leplura stragulala avance dans le bois, en comblant de ses déjections le passage de sa galerie, mais le ver du diptère se fraye un chemin à travers ces substances, qui quoique serrées et résistantes, ne le sont pas suffisamment pour empêcher l’ennemi d’envahir la place : je ne m’expliquai pas, dans le cours de mes premières observations, les causes pour lesquelles succom¬ baient quantité de larves et de nymphes ; chaque fois cependant que je mettais en pièces des troncs de pin, je trouvais, dans les passages comblés, le gros ver du Dasypogon diadema : le secret me fut dévoilé, après avoir surpris, une première fois, ce ver dont la tête plongeait dans le corps d’une larve à moitié dévorée, ainsi que le jour où un ver semblable avait déjà absorbé en partie la région thoracique d’une nymphe. Adulte. Mulsant dans sa deuxième édition des Longicornes de France, 1863 (p. 646), en donne une bonne description, reproduite aussi dans la Revue d' entomologie, (p. 180). C’est sur les fleurs de Scabieuse, Potentille et grandes ombellifères qu’on le trouve abondamment, quelquefois aussi sur le feuillage des pins ; c’est de mi-juillet aux premiers jours d’août qu’il fait sa courte appa¬ rition dans les forêts de pin des environs de iiia ; il est moins commun au massif du Canigou que dans les forêts des contreforts de la chaîne pyrénéenne, il vole avec facilité quoiqu’il soit très aisé à prendre lorsque, occupé à se gorger du nectaire des fleurs, sa tête plonge dans leur calice. On peut dire de cette espèce, qu'elle présente une diversité de couleurs telle, que les amateurs de variétés auraient de la peine, à les décrire en une page ; ainsi au noir le plus profond succèdent des exemplaires noirs avec une paire de pattes rougeâtres, puis deux, puis trois, les pattes elles- mêmes peuvent être partie noires, partie rougeâtres, sans que toutes les paires soient à la fois de ces deux couleurs, cependant la même paire a toujours ses deux pattes 1 V2 MOEUKS ET .MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES de couleur identique, il est des exemplaires avec les pattes et une partie des antennes rougeâtre, puis toutes les antennes ; cette même couleur passe ensuite aux segments abdominaux, et se trouve suc¬ cessivement dans tous les tons précités. Passant à la couleur des élytres, les variétés précédentes s’y retrouvent avec des variations de couleur commençant au jaun⬠tre à peine coloré, jusqu’à l’envahissement presque au complet par cette couleur, mais en accusant une diversité irrégulière de tons impossibles à la plume à décrire; l’élytre entièrement jaunâtre n’existe pas, un trait noir huméral ou médian ou suturai reste toujours. Généralement le ton à élytre rougeâtre se rencontre plutôt chez les femelles que chez les mâles. Dans l’acte de la copulation toutes les couleurs se diversifient en s’amalgamant. Vadonla unipnuctata, Fâb. Larve : Longueur 18 millimètres; largeur 4 millimètres. Corjis charnu, allongé, convexe, large à la région thoracique, un peu moins à la région abdominale; d’un beau jaune d’ocre avec pubescence courte et serrée, rousse et soyeuse, et ligne longitudi nale médiane peu marquée. Tête petite, rétractile, en partie engagée dans le premier segment thoracique, le bord antérieur corné et ferrugineux, la masse posté- - rieure blanche, charnue, pubescente, chaque poil émergeant d’un petit point enfoncé; lisière frontale rouge ferrugineuse; épistome blanc flavescent, court, petit, transverse, un cinquième delà lar¬ geur de la tête, libre et susceptible de rentrer sous la lisière frontale ; labre cordiforme frangé de poils roux dorés, à son rebord antérieur; mandibules cornées, noires, à base ferrugineuse, fortes, à extré¬ mité large et arrondie, échancrées intérieurement à hauteur du labre à tranche interne creuse, la moitié antérieure de la tranche externe légèrement carénée, la deuxième moitié légèrement striée ; M )£L'ns ET MÉTVMüKPHOSES d'i.NSECTES H3 mâchoires coudées, fortes, à lobe court, épais, translucide, à fond noirâtre intérieurement échancré, frangé au bord interne de longs cils roux et de deux spinules au bord supérieur ; palpes cylin¬ driques courts, testacé flave, obliques vers l’intérieur, de trois articles diminuant graduellement de grosseur, à base large orbicu- laire avec deux cils dorés au bout, l’extérieur le plus long ; premier article même forme que la base, mais moins large avec cil doré; deuxième plus court et cil; troisième gi'èle, ténu à bout obtus; menton transverse, flavescent; lèvre inférieure courte, frangée de cils roux ; palpes bi-articulés, à base renflée, ciliés de roux, premier article court, testacé; deuxième long conique, à bout obtus attei¬ gnant presque l’extrémité des palpes maxillaires; languette petite, triangulaire frangée de cils courts et roux ; antennes sises un peu en arrière du milieu de la base des mandibules de quatre articles rétractiles, premier long, cylindrique, testacé ; deuxième court, rous- sàtre ; troisième brun, cylindrique, translucide, un peu plus long et un peu moins large ; quatrième petit, brun luisant, à bout obtus; un très petit article supplémentaire perce k la base intérieure du dernier article ; ocelles, pas de vestiges. Segments thoraeiques jaunâtre pâle avec pubescence longue roussâtre ; premier segment long et grand, deux fois et demi aussi large que la tête, plus large au bord postérieur qu’au bord antérieur qui est étroit et arrondi avec plaque subcoriace blanchâtre formant tri)is pointes angulaires, chagrinée et pubescente occupant les deux tiers de l’arceau, les autres parties de l’arceau jaunâtres ; deuxième segment jaunâtre pâle, court, transverse, un peu moins long et un peu moins large que le premier segment avec tubercule latéral sail¬ lant; troisième même forme, même couleur que le précédent mais un peu moins large et sans bourrelet. Segments abdominaux d’un beau jaune d’ocre, avec pubescence dorée, serrée et courte ; premier et deuxième courts et transverses avec mamelon effacé, premier incisé au milieu, tous deux k disque déprimé, légèrement relevés vers les bords latéraux ; les cinq sui¬ vants plus longs et d’autant plus convexes et plus mamelonnés qu’ils se rapprochent de l’extrémité : chaque mamelon avancé jusqu’au bord 144 MOEURS ET MÉTAMORPirOSES d'iASECTES postérieur de l’arceau porte trois stries, la médiane longue et droite, les deux latérales plus courtes, parcourues par uii trait transversal; lorsque la larve veut se mouvoir, le mouvement de progression commence à so produire par le septième arceau qui porte un tuber¬ cule latéral saillant comme au deuxième segment thoracique, ce mouvement se reproduit successivement à chaque anneau suivant ; huitième segment moins large et moins long, finement ridé, cylin ■ drique, sans mamelons, mais avec un bourrelet latéral accentué: neuvième plus court, moins large, convexe, avec fines rides trans¬ verses, terminé par un faux segment en forme de demi-ovale. Dessous : les segments thoraciques et le premier segment abdo minai de couleur plus pâle qu’en dessus, un peu déprimés et avec courte pubescence très dense; segments abdominaux même forme et même pubescence qu’en dessus, la pubescence plus dense; le seg¬ ment anal se termine par deux fentes en forme de T renversé, la branche supérieure très allongée et à bords un peu arqués 'J', les commissures de couleur plus foncée. Entre les deux bords extrêmes des deux bourrelets dorsaux et ventraux, la région latérale présente une série de petits mamelons triangulaires émergeant du point de jonction des segments. Pattes nulles, bourrelets, tubercules et mamelons agissant puis¬ samment contre le plan de position en tiennent lieu et secondent la larve dans son mouvement de reptation qui est au reste presque nul : en effet, dans le cours de son existence larvaire qui dure de neuf à dix mois ; elle fait un cheminement de 30 à 40 centimètres au plus. Stigmates cornés, petits transversalement ellipsoïdaux, à péri - trème brun roussâtre ; la première paire la plus grande, plus bas placée est sise au bord antérieur du deuxième segment thoracique; les suivantes sur le milieu de la région latérale et au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Cette larve qui vit, aux environs de Ria, dans l'intérieur des branches du prunellier (Prunus spinosa, Linné) provient d’œufs pondus de fin juillet à mi-août, sur le tiers antérieur de la tige de la plante nourricière ; la jeune larve, d’abord de couleur blanc terne MOEUnS ET MÉTAMORPHOSES n’l!«SECTES 145 s’enfonce aussitôt dans la partie ligneuse qu'elle ronge en descendant et en comblant au fur et à mesure son passage, de ses propres déjections; elle chemine côte à côte avec la larve de Ptosima flato- giittata, llliger, dont nous avons fait connaître le cycle biologique, et qui vit dans le même milieu ; toutes deux se ressemblant même si bien en couleur qu’un profane les confondrait. Parvenue au terme de son accroissement ce qui a lieu aux pre - miers jours de juin, elle est alors arrivée au collet de la racine et presque en contact avec deux autres larves de nuance encore appropriée à la sienne ; l’une, celle du Capnodis tenehricosa, Linn. dont j’ai dévoilé les phases évolutives, l’autre d’un Corœbus dont je cherche à approfondir les mystères. Voilà donc notre larve de Vadonia ayant atteint son complet développement, un changement qu’elle pressent va la forcera chan¬ ger de position, sa tête au lieu de continuer à plonger vers la racine devra faire face vers l’extérieur, il faudra qu’elle se retourne, mais la galerie dans laquelle elle cheminait serait trop étroite pour lui permettre d’effectuer cette évolution, elle l’élargit, la façonne en forme de longue loge oblongue en ayant soin de la conduire jusqu’à toucher presque l’écorce: elle pourvoit ainsi à un triple but, per¬ mettre d’abord au corps de se contourner, procurer ensuite un loge¬ ment à la future nymphe en rapport avec son développement, donner enfin les moyens, en temps voulu , à l’adulte de s’échapper de sa loge sans trop d’efforts. C’est tin mai que s’accomplissent ces prémices de la nymphose, puis la larve se rassemble, un temps d’arrêt survient à la suite duquel, par des contractions alternatives et répétées, elle se dépouille de sa peau qu’elle accule chiffonnée au fond de sa loge, un nouveau protée apparaît : cette larve rampante s’est transformée en une momie qui, sans aliment, sans le secours d'aucun agent extérieur, sans autre condition qu’un repos mérité, donnera le jour à un gracieux habitant des fleurs. Nymphe : Longueur, 13 à 14 millimètres; largeur, 5 milli¬ mètres. Corps jaunâtre, un peu atténué aux deux extrémités, convexe à 146 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES D’|>SF.CTES la région dorsale, un peu moins à la région ventrale, verruqueux, cilié et spinosulé. Masque thoracique convexe au premier segment qui est long» cylindrique et frangé de courts cils roux à ses bords antérieur et latéraux; deuxième segment étroit transverse, triangulaire; troi¬ sième segment plus long, plus large, cordiforme, avec léger trait médian. Segments abdominaux convexes, avec ligne longitudinale médiane, avec séparations très marquées et étranglées au point d’intersection des arceaux et courtes spinules noires à pointe droite, disposées en rangées transverses et d’autant plus nombreuses qu’elles se rapprochent de l’extrémité; le segment anal porte quatre rangées de spinules transverses, les deux premières simples, une de chaque côté de la ligne médiane, la troisième double, la qua¬ trième triple à pointe arquée en dedans; une forte apophy se spino- sulée fait suite à ce dernier segment. Tête infléchie à l’instar de celles du genre Oberea, masque fron - tal légèrement cilié de roux; pattes et ailes rassemblées; antennes reposant sur les cuisses des deux premières paires de pattes; segments abdominaux convexes comme en dessus sans spinules, mais avec de légers cils; anus rebordé par un fort mamelon circu¬ laire, avec petits tubercules au centre. La nymphe, très agile, monte et descend le long de sa loge s’aidant de son abdomen très mobile pourvu de fortes spinules; quand arrive la fin de juin, arrive aussi pour elle le terme de son évolu¬ tion nymphale, elle donne le jour à un être mou d’abord, blanch⬠tre qui peu à peu se colore; entre temps ses téguments se raffer¬ missent, lorsqu’ils sont suffisamment consistants, l’adulte est formé ; un léger effort avec ses mandibules, et, dès lors, la cloison qui le sépare du monde extérieur est béante, dès lors aussi la porte de sa prison est ouverte, que vienne un léger rayon de soleil, il grimpera le long de la tige, puis aux heures les plus chaudes, il s’envolera dans l’espace. Adulte. Mulsant dans sa deuxième édition Longicornes de France, 1863, p. 561, en a donné la description; frileux par habi- MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d'iNSECTES 147 lude, ce n’est que loin dans la lualinee, alors que l’astre solaire commence à déverser des rayons de feu qu’on le voit quitter le dessous des feuilles, le bas des tiges où il a passé la nuit pour venir butiner sur les fleurs de scabieuses, rosacées, carduacées, dont il dévore les anthères; mais l’atmosphère n’est pas encore suffisamment chaude pour lui permettre de prendre son essor, son activité a besoin d’un stimulant plus puissant, plus énergique encore, ce n’est qu’au milieu du jour, alors que la chaleur est arrivée à son paroxysme d’intensité, qu’aux environs de Ria, sur les collines dévorées par l’ardeur du soleil, alors que presque toute végétation est suspendue, qu’on peut voir notre petite bête prendre son vol, vol lourd, incertain, de peu de durée, puis se diriger en toute liberté d’action dans l’espace, il est alors dans son élément; les sexes à ce moment se recherchent ; mâles et femelles animés d’un désir commun se sont rapprochés, c’est pour vingt-quatre heures envi¬ ron que dure leur copulation à la suite de laquelle le mâle meurt, la femelle ne lui survit que jusqu’après le dépôt de la ponte, c’est-à -dire après avoir assuré la souche d’une nouvelle géné¬ ration. Outre la coulenr qui leur est commune, les larves de Vadonia xirtipunctata, de Plosima flavoguttata et de Capnodis tenebrio- nis ont une particularité qui leur est plus commune encore, c’est la destruction des haies de prunellier qui servent de limite aux propriétés, des pruniers sauvages et cultivés ; pendant que la plus grande, celle de Capnodis, exécute ses ravages dans les racines en rongeant le liber et l’aubier des parties souterraines, les deux autres perforent les couches ligneuses internes de l’arbuste, achè¬ vent de ruiner le végétal qui, malgré sa vigueur peu commune, est obligé de céder sous les étreintes répétées de ces trois rava¬ geurs. Ce sont donc trois espèces à classer, à l’état de larves, parmi les insectes nuisibles, et encore parmi ces trois, celle dont nous venons de faire connaître les phases biologiques est celle qui fait le moins de mal, en ce sens qu’elle n’attaque que les arbustes déjà atteints parles deux premières; mais elle n’en complète pas moins l’œuvre de destruction déjà commencée par les deux autres. 148 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES Avec le type se prend très souvent, dans les mêmes conditions, une variété entièrement noire. Haiiiiiialicliei'us Plicatiis, Oliv. Larve : longueur, 40 millimètres, largeur 14 millimètres. Corps long, subconvexe, brun châtain, corné en dessus, cha¬ griné et fortement pubescent. Tête petite, noire, cornée, fortement écailleuse, rétractile, légè¬ rement pubescente de roux ; épistome court, transverse, fortement chagriné, légèrement pubescent, de couleur plus pâle que le fond ; labre en forme de demi- ovale, rougeâtre, pubescent; mandibules noires, fortes, cornées, à bord convexe, creuses vues de profil ; m⬠choires formées d’un lobe triangulaire, caréné au milieu, noires, fortement pubescentes de roux à l’extrémité ; palpes maxillaires uni-articulées, émergeant d’une pièce cardinale fortement ponctuée et formant un gros bourrelet à longs cils intérieurs ; menton rou¬ geâtre, renflé, subcordifurme, à ponctuation bien marquée et légè- ment pubescent ; palpes labiaux rougeâtres de deux articles, pre¬ mier, gros, lisse, renflé, deuxième, petit, noir, à extrémité obtuse ; antennes de trois articles rétractiles, émergeant d’un tubercule tronconique, corné, rougeâtre : pas de traces d’ocelles. Segments thoraciques de forme plate, châtain clair, fortement chagrinés, pubescents de roux sur leur pourtour ; premier segment long et trois fois plus large que la tête, fortement ponctué à sa ré¬ gion antérieure, chagriné postérieurement, marqué au premier tiers d’un bourrelet laissant la région médiane plate et ombrée d’une tache cordiforme plus pâle que le fond ; sur le bord latéral est une profonde incision longitudinale se bifurquant à l’extrémité avec un léger trait oblique ; deuxième segment très étroit, en forme de bourrelet transversal, incisé à ses deux tiers antérieurs d’un léger trait; troisième, même forme, même incision, un peu plus large. Segments abdominaux subconvexes, de couleur châtain un peu clair, pubescents sur les côtés ; les sept premiers avec mamelons MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 149 fortement accentués et cornés sur la région dorsale; ces mamelons, sorte d’empâtements, sont en forme de rectangles à bords rentrés et dans l’intérieur desquels est un double trait parallèle transversal coupé au milieu par une incision longitudinale ; ces traits et les incisions sont d’autant plus marqués qu’ils se rapprochent du sep¬ tième segment chez lequel les mamelons sont fortement accusés et les incisions plus profondes ; huitième anneau subcylindrique, sans traits ni empâtements, pubescent et de couleur plus claire ; neu¬ vième formé d’un arceau plus petit duquel se dégage un pseudo¬ anneau plus petit encore, au centre duquel est l’anus dont la fente est longitudinale et forme un Y, avec deux lignes obliques qu^ viennent s’y bifurquer à l’extrémité : tous les anneaux abdominaux diminuent de largeur de la base à l’extrémité Dessous. Le dessous de la tête est noir, à l’exception des piè¬ ces buccales qui sont ferrugineuses, le dessous des segments est à surface plane, lisse, de couleur châtain, la région latérale seule est pubescente ; les anneaux abdominaux portent des boursouflures incisées à leur milieu par une ligne profondément enfoncée, trans¬ verse et légèrement flexueuse au centre, ligne aboutissant à un trait oblique auquel vient se greffer une autre ligne très courte ; le des¬ sous des huitième et neuvième segments n’a ni bourrelets ni inci¬ sions, mais leur rebord latéral est très accentué et en forme de la¬ melle et le bord postérieur de chaque anneau forme un léger rebord ; la région latérale au-dessous du plan de position des stig¬ mates est traversée dans chaque anneau par une profonde incision oblique. Pattes courtes, rougeâtres, de trois pièces, terminées par un on¬ glet à extrémité noire, la première paire placée sur un léger rebord transversal faisant corps avec le premier anneau thoracique. Stigmates de forme elliptique, gros, à ombilic corné et rouge⬠tre ; neuf paires, la première comme toujours la plus grande, pla¬ cée au bord antérieur latéral du deuxième segment thoracique et beaucoup plus bas que les huit autres paires dont la position est normale. Un point m’a frappé dans la conformation de cette larve ; ce sont Soc. LiNN. T. XL. 13 150 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES les palpes maxillaires composés d’une seule pièce et en forme de moignon. Je tiens cette larve de la générosité de l’un de mes bons corres¬ pondants, M. Henri Desbordes, qui l’avait reçue de la Plata avec l’adulte. Xylotreclius IVaiidciis, Mann Larve : longueur, 18 millimètres; largeur, 6 millimètres. Corps, couleur brun châtain, allongé, subparallèle, ayant son plus grand développement au premier segment thoracique, légère¬ ment atténué vers l’extrémité, pubescent de roux. Tête petite, en ovale un peu allongé, fortement ponctuée, légère¬ ment pubescente, ferrugineuse à la base, noire à son bord antérieur, rétractile, épistome testacé, court, pubescent, pas plus large que le labre, lequel est noir, saillant, cordiforme, râpeux et couvert de longs cils, mandibules grandes et larges, fortes et cornées, noires et lisses, mâchoires en forme de triangle à sommet encaissé, à lobe arrondi, pubescentes à l'intérieur, palpes maxillaires cornés, de trois articles, le premier gros et court, tronconique et noir, deuxième, même forme, un peu moins large, troisième, ferrugi¬ neux, petit, cylindrique, à extrémité obtuse, la base de ces palpes est garnie d’une pubescence rousse longue, menton subcordiforme, charnu, châtain clair, palpes labiaux petits, de deux articles cylin¬ driques, premier noir, avec légère pubescence; deuxième rouge⬠tre; quelques légers cils à la pièce cardinale qui sert de base aux palpes ; languette triangulaire très courte, noire, à bords pubes - cents ; pas de traces d’ocelles, antennes de trois articles rétractiles, s’emboîtant dans un tube tronconique noir ; premier article court et gros, noir ; deuxième deux fois plus long, châtain, cylindrique, troisième court et grêle, terminé par une soie rousse. Segments thoraciques ; le premier est large, très arrondi à sa partie antérieure, corné et ferrugineux, avec de fortes aspérités du MOEURS ET MÉTAMORPHOSES D’INSECTES 151 bas desquelles partent des soies rousses, trois fois plus large que la tète, espace médian plan, fortement chagriné, avec double trait formant un demi- ovale et légère ligne longitudinale médiane; deuxième et troisième segments gris pâle, pubescents, un cin¬ quième moins large que le premier segment, avec fortes rides aux deux tiers antérieurs. Segments ahdominaux gris pâle, pubescents, à peu près égaux comme forme et comme dimension, mais diminuant un peu de vo¬ lume de la base à l’extrémité, les sept premiers avec une plaque à la région médiane dont les rebords forment des lamelles à pourtour cilié ; huitième un peu moins large avec une double carène ; neu¬ vième plus court avec carène moins proéminente, terminé par trois protubérances conoïdes au centre desquelles est une fente longitu¬ dinale constituant l’anus. Un double bourrelet de forme triangulaire parcourt la région latérale des segments thoraciques et des six premiers segments abdominaux ; les trois derniers n’ont qu’un simple bourrelet lon¬ gitudinal. Dessous: la tète est ponctuée, ferrugineuse et pubescente en dessous ; le premier segment thoracique porte une plaque rousse très ponctuée et fortement pubescente, avec léger rebord en forme de membrane aux deux bords transversaux de l’anneau ; les deux segments qui suivent et les sept premiers segments abdominaux sont roussâtres, pubescents et portent une plaque à la région médiane en forme de carré long, avec une forte incision latérale, relevant le rebord qui est ainsi mamelonné; les rebords du septième sont plus accusés ; le neuvième n’a ni carènes ni plaques, il est fortement verruqueux et pubescent. Pattes : pas le moindre vestige. Sigmates gris pâle, elliptiques et à péritrème un peu plus foncé, sis : le premier sur la région latérale du deuxième segment thora¬ cique et sur un léger bourrelet, dans un plan de position plus bas que les huit paires suivantes, lesquelles, placées au-dessus de la région latérale, occupent un bourrelet situé sur la partie antérieure des huit premiers segments abdominaux. 152 MOEUKS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES Je tiens celte larve de l’un de mes amis, M. Villard, de Lyon, à qui elle avait été envoyée de Californie avec l’adulte. CHRYSOMÉLIDES Doiiacia deiitipcs, Fab. Larve : longueur 10 millimètres, largeur 3'"“, 5. Corps vmrmiforme, blanc mat, à téguments résistants, hérissé de petites spinules roussâtres et parsemé de mouchetures brunes ; composé de onze segments un peu courbes en dessus. Têle petite subcornée, jaunâtre, rétractile ; dans la marche, elle est entièrement couverte par le premier segment thoracique ; trait médian flave se bifurquant au vertex pour aboutir entre la base antennaire et les points ocellaires; du bord antérieur partent quatre traits ferrugineux, les deux extrêmes obliques ; épistome court roussâtre ; labre petit, même couleur ; mandibules triangulaires, arquées, courtes, ferrugineuses àextrémité noire et bifide ; mâchoires charnues à lobe très étroit, en forme de petite tige droite ; palpes maxillaires de deux articles, le premier gros conique, le deuxième petit à bout acuminé, lèvre inférieure peu distincte avec trait de séparation ferrugineux : palpes labiaux à peine marqués par une légère proéminence rugueuse ; antennes blanchâtres annelées de ferrugineux à l’extrémité, coniques, de quatre articles, le premier gros et court, les trois suivants diminuant graduellement de gros¬ seur pour finir en une pointe terminée par une soie au quatrième article ; ocelles formés de cinq points, dont un détaché des quatre autres, qui sont disposés en forme de losange. Segments thoraciques blanchâtres, fortement convexes, le pre¬ mier s’élargissant en s’allongeant d’avant en arrière, à surface ruguonse et à cils très courts, mêlés à de très petites spinules avec deux empâtements jaunâtres ; les deux suivants charnus ; chaque MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 153 segment divisé en deux par un sillon transversal et garni de fines rugosités rougeâtres. Segments ahdominauXy au nombre de huit, de forme et de dimensions semblables aux deux précédents, avec empâtements et sillons identiques, s’arrondissant en augmentant vers l’extrémité, laquelle forme une légère courbe ; le dernier segment porte à son extrémité deux crochets ferrugineux cornés, à pointe très accen¬ tuée, recourbée en dedans et en forme de grapin ; au-dessus de la base de chacun de ces crochets est une petite plaque cornée trian¬ gulaire. Dessous fortement rugueux et convexe, sans sillons transver¬ saux, mais cilié de poils très courts ; le dernier segment courbe se termine par deux petits mamelons entre lesquels est l’anus à tube saillant et à bout tronqué. Pattes subferrugineuses, émergeant d’un gros tubercule blan¬ châtre, composées de trois pièces : première grosse, cylindrique, charnue, plus longue que les deux suivantes réunies ; deuxième et troisième courtes et coniques, garnies de villosités, la dernière terminée par un crochet noir bifide, à pointes recourbées en dedans. Stigmates rougeâtres, petits, à ombilic plus foncé, de huit paires ; la première sur le deuxième segment thoracique au tiers latéral antérieur ; les sept suivantes aux sept premiers segments abdominaux et au tiers antérieur latéral de chaque segment ; une neuvième peu distincte, à fond testacé, parait à la base supérieure de chaque crochet. Quoique pourvue de pattes, cette larve marche par reptation en avançant les derniers anneaux d’abord, puis successivement les autres jusqu’au premier, lequel arrive à la fin du mouvement à couvrir la tête ; l’adhérence de la larve sur l’objet qu’elle occupe est telle que, mise sur un verre plat et renversé, elle tient au plan de position et y chemine. Provenant d’œufs pondus à l’arrière -saison, elle hiberne en se fixant sous les racines de la plante nourricière, le Sparganium simplex, Huds. C’est dans un des étangs du Ganigou, à l’altitude 154 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES de 2000 mètres, qu’il m’a été donné de l’observer ; elle se nourrit des feuilles du Sparganiura, plante sur laquelle se passe son cycle biologique en entier. Arrivée au terme de son évolution larvaire, ce qui a lieu en juillet, elle se construit alors une coque grise, papyracée, ovoïde, qu’elle encastre contre la tige de la feuille ou de la fleur, et souvent contre les racines charnues de la plante nourricière, puis elle se prépare à changer de forme ; c’est dans l’eau que s’est passée son existence larvaire, c’est dans ce même élément qu’aura aussi lieu sa phase nymphale. Nymphe : longueur 8 millimètres, largeur 5 millimètres. Corps blanc mat, ovale, convexe en dessus, un peu creux en dessous; légèrement ridé, sans traces de poils ni d’épines ; les deux derniers segments abdominaux cornés en dessus et de couleur brune ; l’extrémité du segment anal bifide et cilié ; les antennes passent derrière les genoux des deux premières paires de pattes, puis se redressent vers la tête ; une ligne longitudinale médiane plus accusée au deuxième segment thoracique traverse la région dorsale ; sur les élytres apparaissent les stries. La nymphose dure de trois semaines à un mois environ ; puis l’adulte rompt le dessus de la coque dans laquelle il était enfermé, se dégage de son réduit, grimpe le long de la feuille ou de la tige jusqu’à ce qu’il arrive à fleur d’eau ; alors il se fixe sur le végétal, rafiiermit son corps en contact avec l’air extérieur ; qu’un chaud rayon de soleil se fasse sentir, il prendra aussitôt son essor, sans toutefois quitter l’étang, pour se poser soit sur l’eau, soit sur les plantes qui reposent à sa surface. De mi à fin août, époque à laquelle les eaux très basses permet¬ tent à l’extrémité de la plante d’apparaître hors de l’eau, on ne voit rien encore qui puisse trahir la présence de cette insecte dans un lieu si élevé, mais dès les premiers jours de septembre, quelques adultes font leur apparition et les éclosions se succèdent dès lors dans le cours de septembre et durant une partie d’octobre, c’est- à-dire jusqu’au moment où une première couche de glace se forme sur l’étang. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 155 Adulte. L’insecte à l’état adulte n’est pas rare à l’un des plus grands étangs dit Stagnai du revers oriental du Canigou. Sa des¬ cription se trouve dans Lacordaire (Monographie des Phytopha¬ ges, p. 130), et dans Weise Insec. Deutsch., 1882, VI, p. 22). Lema Hoffniannse^gl, Lac. Œuf ; Longueur, 1/2 millimètre; largeur, 1/4 millimètre. Cylindrique, arrondi aux deux bouts, d’un brun terne, il est pondu par groupes de deux ou de trois sur le milieu de la feuille de la plante nourricière, une graminée, plante sur laquelle ils res¬ tent adhérents et que l’insecte ne quittera qu’à la fin de son évolu¬ tion ; la ponte a lieu dès les premiers jours de mai, une dizaine de jours après se fait l’éclosion. Larve : Longueur, 5 millimètres; largeur, 3 millimètres. Corps court, charnu, fortement convexe en dessus, mamelonné en dessous, atténué à ses deux extrémités; d’un gris verdâtre devenant jaunâtre à l’époque de la nymphose, couleur cachée par la masse d’excréments noirâtres dont se couvre la larve. petite, écailleuse, noire, subglobuleuse, parsemée de quel¬ ques cils bruns, concave au milieu et ridée, avec sillon longitudinal médian à fond gris verdâtre se bifurquant un peu avant le milieu, les deux branches allant se perdre à la base des ocelles ; épistome étroit transverse, gris rougeâtre; labre bien développé plus large que l’épistome gris rougeâtre un peu clair, légèrement échancré au milieu, marqué de deux points enfoncés au-dessus de l’échancrure; mandibules fortes à base ferrugineuse, bidentées, terminées en une pointe acérée et noire; mâchoires petites formées d’un lobe pointu; palpes maxillaires d’un noir brun, de quatre articles, premier gros cylindre, les deux suivants plus courts moniliformes, qua¬ trième rougeâtre très petit et pointu; menton brun triangulaire; palpes labiaux petits, formés d’une seule pièce terminée en pointe mousse; languette peu apparente composée d’un corps charnu suborbiculaire ; antennes noires, courtes, insérées un peu en arrière 15Ô MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES de la base des mandibules, paraissant formées de trois articles terminées par un long cil brun; ocelles noirs, cornés, convexes, au nombre de quatre, placés aux angles d’un carré formé en arrière des antennes. Seg^nents thoraciques mous, charnus, d’un jaune livide; pre¬ mier anneau une fois plus large que la tête, transverse, fortement ridé et chagriné, avec deux plaques brunes, oblongues, venant se rejoindre au milieu du segment dont le rebord latéral porte deux mamelons surmontés de cils bruns partant d’un fond noir; en arrière du centre de division des plaques est un double bourrelet arqué, dont l’antérieur est de moitié moins long et de moitié moins large que le suivant; deuxième et troisième anneaux de même couleur que le premier, plus larges, sans plaques avec un seul mamelon latéral surmonté de cils et un double bourrelet; ces trois anneaux peuvent rentrer sous la cuirasse qui protège les anneaux abdominaux. Segments abdominaux cachés à l’état vivant sous la couche d’excréments de couleur noire, que la larve accumule au-dessus de son corps et qui forment une sorte de cuirasse revêtue d’une matière visqueuse, laquelle adhère aux doigts qui la touchent; dégagés de ces matières, les anneaux abdominaux présentent les caractères suivants : Tous les segments sont fortement renflés et arqués; ils sont formés d’une double boursouflure et d’empâtements mamelonnés dont le volume diminue de la base à l’extrémité; un trait longitu¬ dinal médian parcourt la région dorsale; la région latérale est formée par une ceinture de bourrelets, chaque bourrelet portant deux cils bruns émergeant d’un fond noir ; le dernier segment très petit et légèrement relevé; l’anus est fendu transversalement; de très petits cils bruns surmontent la crête supérieure de chaque boursouflure. Dessous offrant la couleur du dessus ; entre chaque paire de pattes sont deux petits tubercules mi- sphériques bruns; les segments abdominaux sont formés d’une double série de bourrelets divisés par un sillon creux qui forme thalweg au milieu des anneaux; chaque MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 157 série est traversée par quatre rides transversales, ce qui fait paraî¬ tre chaque bourrelet divisé lui -même en plusieurs bourrelets secondaires, tous surmontés de petits cils roussàtres, tous ces bour¬ relets font l’office de pseudopodes ; la larve s’en sert pendant la marche, elle s’en sert encore pour se fixer contre la feuille ou contre les corps sur lesquels s’accomplit sa marche. Pattes composées de quatre parties distinctes, pubescentes; la premièreest formée par un gros tubercule avec trait noir impriméau milieu et en-dessus, trait qui se continue pour ceindre la deuxième pièce laquelle est mince à sa base et finit intérieurement en forme d’aminci; troisième noire, cylindrique, à dessous membraneux, terminé par un léger onglet ferrugineux à pointe recourbée en- dedans. Stigmates noirs à ombilic roussâtre ; le premier dont le péritrème est le plus développé, est placé sur le bourrelet sis entre les deux premières paires de pattes, les huit autres sur le bas du bourrelet latéral des huit premiers arceaux abdominaux. Cette larve n’a rien des mœurs repoussantes qui caractérisent si bien celles du genre Crioceris ; ses déjections enduites d’une sorte de vernis brillant, restent fermes sur son corps. C’est en avril et en mai qu’on la trouve aux environs de Ria; son existence entière se passe sur les feuilles de la plante nourricière, une graminée, dont elle ronge le parenchyme; c’est au pied de la plante qu’elle passe généralement la nuit, elle entre en grande activité le jour, en par¬ ticulier aux approches des premiers rayons solaires; aux heures chaudes de la journée, elle se garantit de leur efi’et en s’abritant sous la feuille de la graminée dont elle continue à entamer le parenchyme. Arrivée à la veille de la nymphose, ce qui a lieu dans le cou¬ rant de mai, sa dépouille singulière se détache, on voit la peau de la larve changer de couleur, de grise devenir jaune ; le lieu où devra s’écouler sa deuxième morphose est généralement l’extré¬ mité de la tige ou de la feuille dont la larve s’est nourrie ; ce lieu choisi, elle s’y fixe et y construit une coque blanche, en forme de bateau renversé dans laquelle s’accomplira sa phase nymphale; 158 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES o’iNSECTES aussitôt a lieu le travail de transition qui est le prélude de la nym¬ phose ; huit jours après la peau de la larve se fend à la région dorsale ; par des efforts répétés, cette peau dont le dessus de la tête est demeuré intact, est refoulée en forme de chiffon, vers l’extrémité abdominale et vient servir de coussin contre les ballot¬ tements que les vents impriment au frêle esquif qui sert de demeure à cette bestiole, au moment le plus délicat de son existence. Nymphe. Longueur 4"’"’, 5, largeur 3 millimètres. Corps ovale, brillant, lisse, d’un beau jaune d’ocre ; image de l’adulte, les ailes sont à l’état rudimentaire, le pigment oculaire est ceint de trois ocelles grands et noirs derrière lesquels sont quatre autres ocelles rougeâtres plus petits ; la surface des yeux est réticulée; les antennes passent derrière les deux premières paires de pattes, leur extrémité vient ensuite s’appuyer sur les élytres dont les stries apparaissent déjà; deux petites épines à extrémité ferrugineuse, terminent le dernier segment abdominal en dessous; derrière les yeux sont deux petits tubercules lisses et ronds ; un sillon longitudinal médian parcourt le premier anneau thoracique, le deuxième anneau peu accusé porte un petit tuber¬ cule à sa région médiane, le troisième est fortement sillonné au même point ; ce sillon se continue mais en diminuant sur les seg¬ ments abdominaux, le long de la région dorsale et jusqu’au dernier anneau, dont l’extrémité est tronquée; un léger bourrelet parcourt la région latérale de ces mêmes anneaux ; les stigmates ne sont pas apparents. La phase afférente à la deuxième morphose dure jusqu’à mi- juin environ, c’est-à-dire quinze jours à trois semaines, au bout desquels l’adulte se dégage de sa coque par une ouverture ronde qu’il pratique à l’extrémité antérieure, puis il prend son essor. Adulte. C’est un insecte erratique que l’on trouve sur les coteaux bien ensoleillés des environs de Ria; son vol est aussi puissant que rapide, aussi faut -il le prendre dès qu’on l’aperçoit ; il se montre dès les premiers beaux jours du printemps, le matin sous les pierres ou au milieu des touffes de plantes et alors il est facile à prendre ; dans le jour par le soleil, il est introuvable; il est toujours dissé- MOEUBS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 159 miné et rare, ne paraissant jamais deux années de suite dans la même localité. Lacordaire (Mém. Soc. sc. Liège, 1845, III, p. 396) a donné la description de l’insecte parfait. La larve de la Lema Hoffmannseggi a pour parasite un petit hyménoptère dont nous allons faire connaître le cycle biologique. Hyiiiëiioptère parasite de Leiiia La larve de la Lema Hoffmannseggi, Lac., dont nous venons de faire connaître le cycle biolagique, a comme parasite, un hy¬ ménoptère, de la tribu des chalcidites, qui pond quatre et cinq œufs sur le corps de la larve de la Lema, alors que celle-ci est en pleine activité de vie ; lever du parasite n’empêche pas la larve d’accomplir sa morphose ; ce n’est que lorsque la larve de la vic¬ time a construit sa coque, que le ver parasite entre en plein déve¬ loppement ; il n’avait fait jusqu’alors que vivre aux dépens des tis¬ sus adipeux de sa victime, dès que celle-ci s’est entourée de son réseau, elle fait irruption dans la coque pour se nourrir alors du corps entier de la larve. Yer, longueur largeur 1/2 millimètre. Corps cylindrique, atténué aux deux extrémités lesquelles se recourbent légèrement vers le centre ; glabre, lisse, d’un blanc mat, à fond noirâtre marqué de petites plaques carrées, noires sur la région dorsale. Tête jaunâtre hémisphérique, divisée dans son milieu par un léger sillon, bouche transversale indiquée par une fente à même direction ; deux petits appendices blanchâtres à l’emplacement des antennes. Corps de douze segments dont le plus grand est au centre ; les segments diminuent ensuite de volume vers les deux extrémités ; le dessous porte quelques plis transverses qui aident aux mouve¬ ments très lents du ver, l’extrémité abdominale est en pointe obtuse. La marche de ce petit vermisseau consiste à faire mouvoir ses 160 MOEURS ET MÉTAMORPUOSES d’iNSECTES (leux exlrérnités auxquelles il imprime des mouvements de rota¬ tion d’avant en arrière ; le corps du ver participe de la matière visqueuse dont était enduite la victime, ce qui fait que les vers d’une même coque sont agglomérés ensemble, tenus qu’ils sont par la matière visqueuse dont le corps est couvert. La durée de la phase vermiforme est difficile à préciser ; pour bien s’en rendre compte, il serait nécessaire de connaître le moment exact auquel la femelle de notre chalcidite dépose ses œufs, sur le corps de la larve de la Lema ; à défaut de ce renseignement, il ne nous en reste pas moins acquis que de huit à quinze jours après la confection de la coque, le ver se dégage du cocon, en perçant une petite ouverture ronde, et se laisse couler à terre où il subit sa nymphose. Pupe : Longueur 1 millimètre 5 ; largeur 1/2 millimètre. Corps jaune pâle en entier, yeux saillants, rougeâtres ; tête en ovale plus large que le premier segment thoracique qui est forte¬ ment convexe en dessus ; segments abdominaux fortement convexes dans leur milieu, séparés des segments thoraciques par un léger étranglement ; extrémité abdominale légèrement échancrée ; le dessus n’ofîre rien de particulier, si ce n’est que les anneaux abdo¬ minaux sont recouverts d’un bord latéral en forme de bourrelet qui les entoure dans leur pourtour ; pattes, antennes et ailes ras¬ semblées sous les arceaux thoraciques. La pupe reste dans un état latent durant dix à douze jours, au bout desquels apparaît l’adulte. Insecte parfait. Nous avons vainement cherché à déterminer ce petit parasite, cet atome, qui détruit plus de la moitié des larves de de Lema hoffmannsegcji .d’état actuel de la science ne permet pas de se prononcer à son égard, les travaux originaux sur les hymé¬ noptères faisant défaut ; ce qu’il importait pour le moment le plus, c’était de connaître ses phases évolutives, quitte à lui donner plus tard un nom, et à lui assigner une place dans la classification en rapport aussi bien avec sa conformation, qu’avec ses affinités. L’adulte est long de ; large de 0"’"’,5. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d'iNSECTES IGl Corps allongé, parallèle, vert bleuâtre, légèrement pubescent, ailes irisées et blanchâtres. Tête infléchie, ridée, striée, vert plus clair qu’au corselet; yeux proéminents noirs, fortement réticulés ; antennes longues filiformes de sept articles brun foncé, légèrement ciliées, les six premiers moniliformes, le terminal bien détaché, piriforme ; corselet forte¬ ment convexe, vert plus clair que l’abdomen, les trois divisions des segments thoraciques bien tranchées, la première par une ligne ovale, la deuxième par un trait transversal ; pédoncule court, petit, cuivreux ; abdomen subdéprimé vert bleuâtre, subelliptique ; ailes irisées blanchâtres à bord terminal arrondi, la nervure supé¬ rieure des premières ailes aux deux tiers forte et noire, celle des ailes inférieures un peu moins, la surface alaire agréablement se¬ mée de petits cils spinosules noirs très courts ; pattes longues noi¬ res; cuisses et jambes annelées de testacé à l’extrémité; tarses testacé clair à article terminal brun et bifide. Le vol de l’adulte est de courte durée et se fait par soubresauts. Cliryfsoclius pretiosus, Fabricius. Œuf. Pondu aussitôt après le rapprochement des deux sexes, au-dessous de l’aisselle des feuilles qui sont les plus voisines du collet de la racine de la plante nourricière, Tœuf est verdâtre, lisse, en ovale allongé, mesure en longueur un peu plus d’un mil¬ limètre et un peu moins d’un millimètre en largeur ; il éclôt quel¬ ques jours après, donnant le jour à un vermisseau qui dénote en naissant la forme que devenu plus grand il conservera : en effet, la couleur, la conformation, la pubescence caractérisent déjà cet être si chétif. Aussitôt éclose, la jeune larve s’enfonce en terre suivant la direction des racines du dompte-venin, plus elle grandit, plus elle pénètre dans le sol, et lorsqu’approche la saison froide, alors qu’il y aurait pour elle et danger et impossibilité à se mouvoir dans un milieu durci par les gelées, elle se construit une loge où elle pas- 162 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES sera les mauvais jours; c’est à ce moment, qu’après des mues successives, elle est parvenue à son entier développement. Larve. Longueur 10 à 11 millimètres; largeur 5 millimètres. Corps légèrement courbé en arc, d’un blanc sale, jaunâtre à la région antérieure, transversalement ridé, avec longue pubescence rousse; convexe en dessus, subdéprimé en dessous, subatténué aux deux extrémités. Tête cornée, jaunâtre, luisante, ovalaire, longs poils roux épars sur la surface et quelques petites rides creuses; ligne longitudi¬ nale médiane entière partant du vertex, au milieu de laquelle conflue une double impression oblique dont les extrémités se per¬ dent un peu au-dessous de la base antennaire; épistome large transverse, translucide à angles antérieurs arrondis, glabre avec une légère impression relevant la périphérie du bord en forme de léger bourrelet; labre en demi -ovale pubescent de roux à son bord antérieur qui est noirâtre, à base ferrugineuse; mandibules courtes, se touchant sans se croiser, fortes et cornées, subtrian¬ gulaires, convexes en dessus, ferrugineuses, à extrémité noire, englobant à la base une tâclie triangulaire testacée, légèrement échancrées à l’extrémité, creuses intérieurement; palpes maxil¬ laires à lobe cylindrique, à bout ferrugineux, translucides, avec une rangée de spinules intérieures placées en forme de dents de peigne, l’extrémité du lobe ne dépassant pas le deuxième article des palpes maxillaires qui sont de quatre articles égaux, testacé pâle, avec anneau médian ferrugineux; les deux premiers courts, moniliformes, avec long poil à la base du premier, troisième court cylindrique, quatrième grêle, en entier ferrugineux clair, obtus à la pointe qui est arquée en dedans; menton convexe, charnu avec spinosules éparses sur la masse laquelle ceint d’un trait ferrugi¬ neux, en forme de fer à cheval, les palpes labiaux lesquels sont très courts, ténus, uni-articulés, cylindriques bruns à extrémité obtuse, et que dépasse un corps charnu, pubescent, excavé au milieu tenant la place habituelle de la languette ; la direction des palpes labiaux est, contrairement à ce qui a lieu habituellement, perpendiculaire au plan de position; antennes de quatre articles MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES lfi3 rétractiles, la base du premier article est en partie entourée en- dessus par le crochet d’un trait ferrugineux en forme de point d'interrogation, cet article est gros testacé tronconique, pouvant recevoir les suivants à l’instar d’un tube de lunette, deuxième et troisième courts, cylindriques, ferrugineux, quatrième très petit, à deux branches obtuses dont l’extrémité est terminée par une courte soie ; pas de traces d’ocelles. Segments thoraciques convexes, premier segment jaunâtre, subcorné, pubescent de roux, bien plus large que la tête, sans autres rides ni boursouflures qu’un léger bourrelet latéral; les deux segments suivants, blanc sale, pubescents, avec deux fortes rides semi-elliptiques, une antérieure très accentuée, l’autre pos¬ térieure; entre elles est une troisième ride médiane grande et transverse, de leurs intervalles s’élèvent, par arceau, trois fortes boursouflures. Segments abdominaux de la couleur des deux segments pré¬ cédents, chaque anneau est convexe, blanc mat sale, avec une forte ride médiane transverse, partageant chaque anneau en deux bourrelets transversaux dont le dessus est fortement spinosulé, le premier segment participe de la forme du dernier segment thora¬ cique, les deuxième à septième sont de forme et de dimensions égales, le huitième un peu plus petit, à plus longue pubescence avec un léger trait ferrugineux à l’extrémité, neuvième plus court, moins volumineux avec un léger trait ferrugineux à son extrémité qui se termine par un empâtement tri-mamelonné, avec point noir à la base des deux mamelons extrêmes. Dessous delà tète jaune clair avec légère pubescence rousse; des segments thoraciques, pâle, couleur moins accentuée aux seg¬ ments abdominaux qui sont subdéprimés, le milieu de chaque arceau légèrement relevé en bourrelet fortement cilié de roux; l’extrémité du neuvième est triangulairement écliancrée, à fond corné et jaunâtre, englobant les deux mamelons extrêmes entre lesquels est la fente anale. Une double rangée latérale de bourrelets, avec cils et spinosules au centre en forme d’aréoles, marque le point de division des deux 164 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES régions dorsale et ventrale. Chez les jeunes larves bien repues, ces deux régions sont de couleur terne. blanchâtres, transparentes, ciliées, de longueur moyenne; hanche courte à base bien développée, trochanter plus court, cuisse et jambe longues, cette dernière terminée par un onglet ferrugineux très acéré, à base fortement ciliée. Stigmates ovalaires, à péritrème plus clair que le fond qui est brun; le premier, le plus grand, sur le bourrelet latéral qui sépare les deux premiers segments, et un peu plus bas placé que les huit autres qui sont au-dessus du bourrelet supérieur latéral et au tiers antérieur des huit premiers arceaux abdominaux. Cette larve rappelle par son faciès les larves de Lamellicornes, du groupe des Phyllophages, et a beaucoup de rapports avec celle du Bromius vitis, décrite en 1890, par M. Valéry Mayet, dans son ouvrage sur Les Insectes de la vigne : condamnée comme cette dernière aune existence souterraine, il lui fallait une structure et des moyens en rapport avec son genre de vie intime, aussi est-ce sur le flanc qu’elle prend position dans le passage intérieur où elle chemine, les tubercules qui terminent son dernier anneau lui ser¬ vant de point d’appui pour se mouvoir et pour avancer dans sa sombre galerie. C’est des racines du dompte-venin, Vincetoxicimi officinale, Mœnch, qu’elle tire sa subsistance; éclose en août, son existence dans le sol se prolonge jusqu’au milieu de juin suivant, époque à laquelle a lieu la nymphose. Ce n’est pas à la base du chevelu de la racine du dompte-venin qu’elle paraît se plaire, on croirait au contraire qu’elle évite de se rapprocher d’un milieu trop subs¬ tantiel qui l’exposerait à bien des mécomptes, c’est plus profondé¬ ment, à 20 centimètres du sol et au-dessous qu’elle suit la direc¬ tion des substances qui lui servent de nourriture; quoique cela, elle n’est pas toujours à l’abri des poursuites des taupes. La larve que je viens de décrire a mis pendant quatre années ma patience à rude épreuve. La première année, j’avais remarqué sur les contreforts du Canigou, non loin de Ria, entre les vallées de lauvinya et de MOEURS ET METAMORPHOSES d’iNSECTES 165 Fülols, une petite croupe dont les touffes verdoyantes de Vince- toxicum officinale d’azur, tellement était considérable le nombre des Chrysochiis pretiosus adultes qui ornaient la plante ; désireux de connaître le cycle biologique de cette jolie petite bête, je passai une saison entière à scruter du regard les pieds du dompte-venin qui embellissaient le coteau de son feuillage, et ils étaient nombreux ces pieds ; pas une larve en vue. J’avais pensé qu’à l’instar de ses congénères les Chrysoméliens, la larve du Chrysochus devait vivre à découvert sur les feuilles de la plante où je l’avais vu adulte si abondant, où je l’avais vu par centaines de couples copulés, sur lesquelles j’avais constaté sa ponte : espérance vaine. La saison suivante, rendu perspicace par mon peu de succès, j’exa¬ minai les feuilles et plus particulièrement l’intérieur des tiges tant mortes qu’en vie, je fis une guerre d’extermination à l’intéressante plante, mais mon insuccès fut aussi complet qu’à la première cam¬ pagne, quoique la quantité d’adultes eût augmenté; pas encore de larves sur les feuilles, encore moins dans l’intérieur des tiges ; à côté beaucoup d’insectes accouplés, et toujours des pontes consta¬ tées au pied de la plante : je m’étais donc trompé, ce n’était pas du dompte-venin que vivait la larve, mais alors où la trouver à défaut d’autres plantes sur les mêmes lieux ; je me consolai de mon mieux tout en me promettant de ne pas abandonner quand même la partie ; puisque ce n’est ni des feuilles, ni des tiges que vit l’objet de mes recherches, c’est sur la racine, me disais-je, que sera son habitat. A la troisième année, muni d’un petit piochon, je fais une nou¬ velle hécatombe de plantes, je découvre jusqu’au collet de la racine la majeure partie des pieds de Vincetoxicum qui garnissaient la croupe, je passe des journées à meurtrir un végétal que j’accusais d’ingratitude parce qu’il ne me livrait pas le secret recherché ; mal¬ gré tout, le résultat ne fut pas meilleur; ma troisième année de recherches me coûta plus de labeur que les deux précédentes réu¬ nies, et cela, pour arriver à un insuccès complet. Persuadé enfin que la larve tant désirée ne vivait ni des feuilles ni dans les tiges. ni au collet de la racine, j’attendis patiemment la fin Soc. LiN.'C. T. XL. 1 i 16() MOEURS ET METAMORPHOSES d'iNSECTES (le la quatrième saison, c’est-à-dire le moment propice pour la venue de son complet développement. Armé d’une forte pioche, je me dirige vers le lieu, théâtre de mes efforts; puisque le coteau, me disais-je en cheminant, ne nourrit qu’une plante que hante un nombre considérable d’individus d’une seule et même espèce, dont la ponte est déposée, de visu, au pied même du végétal, puisque la larve ne réside en aucune partie extérieure ni intérieure de la tige, ni même au pied, c’est donc la terre qu’il convient de fouiller, c’est dans le sol que gît ma créature ; ma réflexion était bonne, mais j’ose avouer qu’il me fallut bien du temps pour arriver à mes dernières Ans. Aux premiers coups de mou outil, les pieds déracinés Aboient en l’air, rien dans le sol sauf quelques vulgaires larves de Lamelli¬ cornes ou de Malacodermes ; je modérai mon ardeur et au lieu de répandre de ci de là les griffes des racines enlevées, je me deman¬ dai s’il ne valait pas mieux les examiner de près : rien encore. Un heureux et profond coup de pioche met à jour une première larve dont l’aspect ne me laisse pas de doute, j’étais possesseur de l'objet si envié, j’examine attentiA^ement le sol, je creuse un peu plus bas je déterre une nouvelle larve, j’étais donc sur les traces et c’est alors qu’il me fut donné de constater que mes recherches antérieures avaient porté trop superficiellement; c’est le sol qu’il fallait sonder, qu’il fallait remuer, c’est-à-dire commencer la première année par où j’avais terminé la quatrième; mais aussi comment penser que la larve d’un insecte classé dans la famille des Chrysomélides pouvait exister souterrainement, alors que les larves de ses congénères vivent à découvert des feuilles des plantes nourricières: j’aurais bien pu m’inspirer de la manière de vivre du Bromius vilis, mais il en avait été tant dit et tant écrit d’invraisemblable, jusque dans ces derniers temps, sur cet insecte ! Parvenue au terme de son complet développement, la larve, à l’endroit où elle se trouve à ce moment, c’est-à-dire à 25 cen¬ timètres de profondeur, se façonne dans le sol une loge ova - laire dans laquelle s’accomplira son cycle nymphal : c’est dans la position horizontale que semble se tenir la nymphe, ce que je n’ai MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES 167 pa bien constater, étant donné la difficulté de faire cette observation, je puis cependant affirmer que j’en ai vu une la tête tournée vers la profondeur du sol. Nymphe. Longueur 10 à 11 millimètres ; largeur 6 millimètres. Corps mou, charnu, blanc clair, large à la région antérieure, un peu atténué à la région opposée, couvert de cils irrégulièrement longs. Masque frontal convexe, bordé au-dessus des yeux d’une rangée diagonale de trois cils bruns à bout arqué en dedans émergeant d’un léger tubercule rembruni : masque thoracique triangulaire à bord antérieur tronqué et excavé, bordé d’une rangée de cils bruns, d’autres cils sont épars sur le disque, en particulier un petit groupe de quatre au centre et près du bord postérieur de l’anneau ; deuxième segment étroit cordiforme, troisième large et transverse tous deux ciliés. Segments abdominaux ']di\xxià.ivei avec léger trait médian brun, diminuant de largeur de la base à l’extrémité, avec bande trans¬ verse de longs cils bruns entremêlés à de plus courts ; segment anal à cils plus longs de couleur plus foncée et plus nombreux, terminé par deux petits filets bruns à pointe noire à direction longitudinale : un léger bourrelet latéral cilié sur lequel sont les stigmates flaves à péritrème de même couleur, sert de séparation aux régions dor¬ sale et ventrale. Dessous glabre, n’offrant rien de particulier, ailes et pattes ras¬ semblées comme à l’ordinaire, les antennes reposant sur les ge¬ noux des deux premières paires de pattes ; anus mamelonné à excavation transversale, latéralement bordé par de longs cils à base membraneuse et saillante. La phase nymphale dure un mois environ, un peu plus un peu moins selon l’état de la température; dès que les téguments de l’adulte sont suffisamment durs pour lui permettre de se frayer un passage à travers la couche terreuse qui le sépare de l’extérieur, il chemine à travers le sjI, il fait son apparition, restant inféodé à la plante qui l’a vu naître et qu’il ne quittera pour aller à un autre que si les besoins du rapprochement l’y obligent. J 68 MOEURS RT MÉTAMORPHOSES d’fNSECTES Adulte. Aux environs de Ria, c'est vers la rai-juillet qu’on voit apparaître l'insecte parfait dans toute sa splendeur ; il est coramun sur les coteaux d’une altitude de 600 à 800 mètres ; de nuit, il se tient le long des tiges, sous les fleurs ou sous les feuilles de la plante nourricière, le jour il aime à plonger sa tête dans les fleurs du Vin- cetoxicum dont il ronge les feuilles; il passe d’une tige à l’autre jusqu’à l’époque de l’accouplement qui a lieu de fin juillet à fin août, puis mâle et femelle disparaissent, cette dernière, après avoir assuré le sort de sa progéniture. C’est un insecte en entier d’un beau bleu uniforme, dont on trouve la description dans tous les auteurs. Tlmarclia interstif ialls, Fâirmâire. Œuf. Longueur B'"™, 5, largeur Forme ovo'ide, entièrement lisse, un peu plus pointu à l’un des bouts ; d’un jaune pâle au moment de la ponte, il prend ensuite une teinte plus jaune pour devenir rougeâtre à la veille de l’éclosion. Pondu en automne, il éclôt quinze jours environ après, et la jeune larve aussitôt sortie de terre se met en quête de la plante nourricière. L’accouplement des deux sexes a lieu de la fin de l’été aux pre- rriiers jours de l’automne ; la copulation terminée, la femelle se dis¬ pose aussitôt à faire sa ponte, elle recherche de préférence les en¬ droits où le sol est friable ; ce lieu choisi, elle creuse une légère cavité au moyen de ses premières pattes, les autres pattes retenant la terre, puis elle se retourne, pond un premier œuf qu’elle recou¬ vre aussitôt, fait choix d’une nouvelle place, y dépose un autre œuf, ce travail se continuant ainsi jusqu’à l’achèvement complétée la ponte : les œufs sont enduits d’une matière visqueuse qui les fait adhérer au sol environnant, ce qui les dissimule si bien que leur recherche est difficile, pour ne pas dire impossible, chaque ponte ne dépasse pas le nombre de six œufs, nombre restreint et qui peut néanmoins s’expliquer, étant donné le gros volume de l’œuf de l’espèce. MOEURS ET MÉT^MORE/IOSES d'i.NSECTF.S 169 Larve : longueur 12 à 14 millimètres, largeur 6 millimètres. Corps épais, charnu, fortement convexe, atténué à la région aniérieure, recourbé à sa partie postérieure : tête et premier seg¬ ment thoracique d’un bleu A^erdâtre luisant, bronzé aux autres seg ments à l’exception des deux derniers qui sont rougeâtres, ainsique le dessous et une partie des pattes. Tête cornée, subhémisphérique, d’un bleu verdâtre brillant, lisse et convexe, arrondie sur les côtés, bifovéolée au front, fortement impressionnée de chaque côté d’une ligne longitudinale médiane qui part de l’occiput pour aboutir à l’épistome ; au vertex cette ligne se bifurque, les deux branches allant se perdre à la base antennaire : épistome noir, transverse fortement ridé;labre serai - elliptique, noir, impressionné sur les côtés avec échancrure au mi¬ lieu ; mandibules noires, fortes, cornées, quadridentées, les deux dents médianes les plus longues ; mâchoires à lobe triangulaire, à extrémité noirâtre, frangé de soies très denses ; palpes maxillaires de quatre articles bruns, testacés à l’extrémité ; premier obeonique court et large ; deuxième même forme moitié plus court et moitié moins large ; troisième aussi long que les deux précédents réunis mais moins large que le deuxième ; quatrième court terminé en pointe obtuse ; quelques cils sont épars le long de la tige antennaire ; menton rond, charnu ; palpes labiaux de deux articles ; premier brun annelé de testacé à l’extrémité, subcylindrique; deuxième noir à extrémité pointue ; languette peu distincte ; antennes insérées au milieu du rebord latéral de la tête, de trois articles ; le premier émergeant d’un petit tubercule corné est court, noir, mi-ovale ; deuxième cylindrique, noir aussi, trois fois plus long que le pre¬ mier avec un léger prolongement intérieur surmonté d’un petit cil; troisième représenté par une petite pointe noire surmontée d’un cil ; ocelles noirs cornés, au nombre de six, quatre en demi-cercle autour de la base antennaire, deux au-dessous de la base. Segments thoraciques. Le premier d’un bleu verdâtre brillant, lisse, fortement convexe, plus large que la tête, avec ligne longitu¬ dinale médiane peu marquée, le bord latéral se termine à sa partie antérieure en une pointe obtuse d’où part un bourrelet gaufré qui 170 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d'iNSECTES longe les deux segments suivants ainsi que le premier segment abdominal dans les replis duquel elle s’enfonce ; deuxième segment de couleur bronzé, plus convexe que le premier, plus large aussi, avec de légères stries sur son disque, marqué à partir du deuxième tiers de sa longueur d’une forte impression qui fait paraître le seg¬ ment double; troisième segment même forme que le deuxième dont il participe quant à la couleur, mais est un peu plus large, il est aussi divisé dans son milieu par une forte ride. Segments abdominaux. Les cinq premiers identiques de forme, sont d’un bleu verdâtre luisant, diminuant de volume vers l’extré¬ mité, formés de deux bourrelets transverses ; le sixième beaucoup plus court est légèrement rougeâtre, les parties supérieures des deux bourrelets sont seules verdâtres ; septième et huitième bien plus réduits encore ont perdu leur premier bourrelet et sont rou¬ geâtres à l’exception de leur extrémité qui est légèrement verd⬠tre ; le neuvième constitué par une masse charnue, rougeâtre, rétractile, bifide, avec fente transversale, dont la larve se sert pen¬ dant sa marche qui est aussi lente que celle de l’adulte. Dessous concave, entièrement rougeâtre, les segments abdomi¬ naux sont séparés entre eux par des sortes de rides divisées en trois parties, la médiane à doubles rides, les deux latérales arides simples ; entre chaque ride est une petite masse charnue. Pattes courtes, rougeâtres en dessous, noires en dessus, avec de gros cils noirs parsemés sur toute leur longueur ; hanches grosses, épaisses subcjlindriqucs ; trochanters courts ; cuisses très longues et verruqueuses ; jambes longues à intérieur rougeâtre, en forme de lance, fortement ciliées; tarses courts, extrémités noires cor¬ nées et acérées en façon de crochet dont la pointe est recourbée en dedans. Stigmates noirs, cornés, à pourtour rond, au nombre de huit paires ; la première cachée par le repli du deuxième anneau se trouve dans lajointure formée par les deux premiers segments thora¬ ciques ; les sept autres sur les sept premiers anneaux abdominaux près du rebord latéral du segment précédent ; le huitième et dernier est le plus petit. MOF.l’nS ET >lÉTAMOnPIIOSES d’o’sectes 171 La jeune larve se fixe sur la plante qui devra lui servir de nour¬ riture, d’habitude sur le Caille-lait, Galinm verum, Linné, y passe les premiers mois de son existence; c’est la nuit et en parti¬ culier le matin qu’elle prend ses repas dont les feuilles et les jeu¬ nes pousses de la plante nourricière font tous les frais ; le jour elle se dissimule sous la plante échappant ainsi aux nombreux ennemis qui la guettent ; elle s’abrite des froids de l’iiiver en se plaçant au pied du végétal, sous les tiges et sous les feuilles mortes, c’est là qu’elle trouve un abri contre les frimas ; qu’en février vien¬ nent quelques belles journées, elle quitte aussitôt son refuge pour reprendre la vie quelque temps interrompue par la saison rigoureuse. C’est rarement qu’on la trouve se déplaçant; en avril ou en mai, alors qu’arrivée aux approches de sa deuxième évolution, elle est en quête de la place où elle devra s’ensevelir, on risque de la ren¬ contrer ; le lieu choisi, et c’est toujours sur un sol meuble, elle entre en terre en s’aidant de sa tête et de ses pattes et en laissant derrière elle des traces de son enfouissement ; ainsi la place où elle s’est enfer¬ mée est indiquée par un léger exhaussement du terrain ; Arrivée à 2 centimètres de profondeur, elle se creuse une loge oblongue dont elle lisse les parois intérieures et aussitôt commence un travail d’élaboration, à la suite duquel s’accomplit la nymphose. La larve dégorge lorsqu’on la prend une salive âcre et brune. Nymphe. Longueur, 10 millimètres ; largeur, 7 millimètres. Corps bombé rougeâtre avec teinte plus foncée sur les segments abdominaux ; masque céphalique infléchi, fortement impressionné sur le front avec rides semi -circulaires et proéminence bien accen¬ tuée en dessus ; le premier segment thoracique avec ligne longitu - dinale médiane peu marquée, aussi grand que les deux suivants réunis lesquels sont aussi transverses, tous trois lisses et brillanl.s avec impression et macules noirâtres sur un fond rougeâtre ; les six premiers segments abdominaux à double bourrelet et ligne lon¬ gitudinale médiane ; le septième plus petit s’avance en pointe sur le huitième qui est semi-circulaire ; le neuvième est flave et s ; termine en façon de double fer de lance par une extrémité bifide, noire, de nature cornée et ruguleuse ; quelques légères 172 MOEUKS ET MÉTAMOnPHOSES l/l>SECTE,S macules noires percent sui‘ le fomi ruugeâlre des segments abdo¬ minaux. Dessous : La couleur rougeâtre est plus accentuée; le bout des antennes vient se loger sur la deuxième paire de pattes, les éljtres par-dessus ; les jambes font saillie, l’extrémité des cuisses dépas¬ sant de beaucoup les bords latéraux des anneaux ; les pattes rassemblées ; sous le dernier anneau est une fente transversale noirâtre. Stigmates noirs à péritrème flave. L’extrémité des derniers segments est mobile, la nymphe peut les faire mouvoir latéralement. C’est dans cette situation d’expectative apparente enveloppée dans ses langes, que se produit dans la nymphe ce changement si pro- ' fond qui doit l’amener de l’état de momie à l’âge adulte; le temps nécessaire est d’environ deux mois à la suite desquels l’insecte paraîtra au jour à l’état parfait, après avoir rompu les cloisons de la cellule dans laquelle, comme larve, il s’était enfermé. Adulte. Aux environs de Ria, et en particulier sur les contre- forts voisins du massif du Canigou, ou prend la T. interstitialis en toute saison, maison la trouve plus fréquemment, pendant l’été et au commencement de l’automne, soit à terre, soit sur les plantes ou sous les pierres. Comme toutes les espèces du genre, elle est peu active, sa marche est très lente ; elle rend par la bouche lorsqu’elle est inquiétée, une humeur âcre et rouge qui persiste longtemps. L’insecte à l’état parfait a été décrit par Fairmaire dans les Annales de la Soc. ent. de France, année 1861, p. 594. En 1873, dans sa révision du genre Tbnarcha, le même auteur fait ressortir les caractères qui différencient la T. interstitialis de la T. monticola dont les formes générales et la couleur sont les rnemes. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES u”l>SECTES 173 Cassida liexnsligina, Suffbiân. Larve ; Longueur 5 à 6 millimètres, largeur 3 millimètres. Corps mou, ovalaire, verdâtre pâle, chagriné, déprimé en des¬ sus comme en dessous, arrondi aux deux extrémités, à bordé laté¬ raux épineux et barbelés. Tête petite, rousse, orbiculaire, rétractile, susceptible de s’en¬ châsser en entier sous le premier segment tlioracique, à mouche¬ tures ternes, éparses, avec ligiie longitudinale médiane entière, transversalement ridée ; épistome roux, étroit, transverse ; labre semi-elliptique translucide, plus large que l’épistome, à bord anté¬ rieur arrondi, cachant en partie les mandibules ; mandibules con¬ vexes roux doré, brillant, à bord antérieur large arrondi, noir, quadridenté, les deux dents supérieures les plus longues, avec rainurelle extérieure médiane; mâchoires libres cylindriques; lobe court charnu à pointe brune ; palpes maxillaires testacés courts, bruns, biarticulés ; languette très peu apparente; antennes rousses, courtes coniques, de trois articles; le premier court et gros, le deuxième un peu plus long, moins large, le troisième très court à extrémité déliée ; ocelles noirs, cornés, saillants au nombre de cinq ; quatre diagonalement disposés en arrière delà base antennaire, un cinquième en arrière des deux premiers et dans l’intervalle qui les sépare ; le premier paraît formé d’un double point jointif. Segments thoraciques verdâtres, légèrement chagrinés, le pre¬ mier long et large, en forme de demi-cercle, à bords antérieurs arrondis, à bords postérieurs allongés en pointe mousse arqué au centre, bordé latéralement de trois épines charnues jetant cinq ramifications de chaque côté, les deux premières épines jointives ; deuxième segment moins long, mais un peu plus large, à bords pos¬ térieurs presque droits avec trois épines semblables au premier, la première touchant le bord postérieur du premier anneau ; troisième segment identique au deuxième, avec deux épines latérales seule¬ ment. 174 MOEUT^S RT MÉTAMORPHOSES d'iNSECTES Segments abdominaux au nombre de huit, étroits et transver¬ ses, légèrement chagrinés, diminuant de largeur de la base à l’ex¬ trémité, verdâtres, avec ligne longitudinale médiane pâle laissant voir par transparence la couleur des aliments, semblables aux deux précédents, mais avec une seule épine latérale charnue et barbelée, épines à base verdâtre à extrémité rougeâtre ; le segment anal se termine par deux longs appendices rougeâtres en forme de fourche à extrémité très déliée, fourche destinée à retenir les excréments de couleur noire que la larve accumule sur elle durant son exis¬ tence, à seul effet de se trouA’cr ainsi protégée du mauvais temps, des ardeurs du soleil et de la piqûre de ses ennemis naturels ; anus tubuleux conique. Lors de l’émission des matières excrémentitielles, l’anus se re¬ dresse, les feces qui se dégagent se casent au-dessous de celles qui sont déjà placées et augmentent ainsi la masse. charnu, peu chagriné, de la couleur du fond; pattes ciliées, cylindriques, charnues ; hanches fortes et courtes à bout tronqué; cuisses plus longues diminuant de grosseur de la base à l’extrémité ; jambes courtes arquées en dedans, coniques, termi¬ nées par un onglet brun acéré. Stigmates saillants, visibles en dessus, flaves, à péritrème blan¬ châtre; au nombre de huit paires, la première au bord antérieur du deuxième segment thoracique et près de la base de la prem'ère épine de ce segment ; les autres un peu plus en dedans, sur les sept premiers segments abdominaux. Issue d’œufs pondus en mars, la jeune larve d’abord de couleur jaunâtre, ronge par petites plaques irrégulières, le parenchyme de la feuille de la plante nourricière, le Carlina vulgaris, Linné. C’est de jour comme de nuit que s’exerce son appétit, briguant à découvert les Amriations atmosphériques les plus brusques, les rayons solaires les plus chauds, n’ayant pour se garantir que l’amas excrémentitiel accumulé au-dessus d’elle, ne quittant sa place que pour choisir uii autre point du limbe de la feuille approprié à ses goûts ; elle pro¬ gresse lentement; lorsqu’elle est inquiétée elle marche par petites saccades ; pendant son existence larvaire qui dure deux mois en- MOEURS ET MÉTAMORPHOSES I)’l>SECTES 175 viron, elle se déplace rarement, si une circonstance l’y oblige, elle passe au plus d’une feuille à l’autre, quelquefois elle quitte le des¬ sus pour aller s’installer au-dessous du limbe ; le pied de la plante nourricière sert de refuge à une grosse fourmi noire qui s’y installe et y construit sa demeure ; la vie de la larve de notre casside se trouve ainsi compromise, souvent enlevée, elle est transportée au nid de la fourmi qui en fait sa proie. La couleur jaunâtre de la larve devient de plus en plus verdâtre avec l’âge; fin mai, parvenue k son entier développement, à l’en¬ droit delà feuille où elle se trouve, soit en dessus, soit en dessous, elle se prépare k subir sa nymphose : k cet effet, après avoir fixé contre la feuille ses derniers segments abdominaux au moyen de quelques fils soyeux, la larve se contracte, sa peau se fend, chif¬ fonnée elle est repoussée et acculée contre l’extrémité postérieure dont elle cache les trois derniers anneaux. Aux environs de Hia, localité où les observations qui précèdent ont été faites, la transformation de la larve a lieu fin mai. Nymphe. Longueur G millimètres, largeur 3 k 4 millimètres. Corps verdâtre, brunâtre ou brun selon l’âge, subconvexe en dessus, déprimé en dessous, rugueux et chagriné, entouré d’une aréole de cils et d’épines et longitudinalement parcouru par une légère carène médiane. Segments thoraciques, le premier k bords larges blanchâtres, transparents, frangés de nombreux cils, avec carène longitudinale médiane ; deuxième segment étroit, moins large, k bords postérieurs avancés débordant le troisième segment qu’ils englobent; ces deux derniers anneaux n’ont ni cils ni épines k leurs bords latéraux, le troisième est marqué de deux points noirs, un de chaque côté de la carène médiane. Segments abdominaux è\.To‘i\s, décroissant de largeur delà base k l’extrémité qui est arrondie ; les cinq premiers k bords latéraux terminés par une épine blanchâtre charnue portant cinq ramifications tomme dans la larve, et un point noir de chaque côté de la carène; les trois segments suivants ne portent pas d’épines latérales ; ils sont recouverts par la peau chiffonnée de la larve qui les enveloppe 176 MOEl'RS F,T MÉTAMORPHOSES d’iNSECTF.S complètement ; le sixième conserve la trace des points noirs ; le segment anal est arrondi ; il se termine par deux longs filets can- daux bruns à extrémité noire semblables à la fourche caudale de la larve, quoique plus grêles. Stigmates saillants, globuleux à fond blanchâtre : entre la rangée des six premières paires de stigmates et les points signalés est une rangée très peu marquée de petits points noirs ; de plus entre la rangée des stigmates et les épines des six premiers anneaux est un petit point noir très peu apparent. Tête complètement voilée par les rebords du premier segment thoracique ; antennes obliquement allongées ; pattes rassemblées, extrémité anale charnue terminée par un fort rebord transversal. La nymphe couchée sur le limbe de la feuille se trouve retenue en place et par la peau qui adhère à son extrémité et par la fourche caudale. La phase nymphale a une durée de quinze à vingt jours au bout desquels apparaît l’adulte. L’insecte à l’état parfait n’est pas rare sur le Carlina vulgaris, plante à laquelle il est inféodé et qu’il ne quitte que rarement ; il hiverne soit sous les feuilles de Carlina, soit sous les pierres ; les premières chaleurs du printemps ont pour effet de lui rendre la vigueur que les frimas avaient sensiblement atténuée ; il n’a dès lors qu’un but, assurer par un rapprochement, l’espoir d’une nouvelle génération. EROTYLIDES Trifilax iuclanocc|iliala Lat. Larve : longueur 6 à 7 millimètres, largeur 2 millimètres. Corps subcoriace, oblong, brun foncé, bords postérieurs et laté¬ raux des segments testacé flave ; couvert d’aspérités et de poils courts MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d'i.NSECTES 177 roux et nombreux, avec ligne longitudinale médiane pâle; convexe en dessus, subdéprimé en dessous. Tête petite, convexe, rousse, à bords arrondis, avec longs poils roux et nombreuses peiites aspérités; ligne longitudinale courte, pâle, incisée, se bifurquant peu après sa naissance pour enclore une petite protubérance ovalaire brun foncé placée sur le disque, for¬ tement chagrinée, se terminant par une légère carène: épistome court, transverse, ponctué; labre en demi-ovale, verruqueux, frangé de poils roux et courts; mandibules subtriangulaires, fortes courtes, testacées à la base, noires à l’extrémité qui est bidentée et pointue, la dent inférieure raboteuse; creuses vues de profil; un point verruqueux, noir à la base limitant les deux côtés de l’épi- stome ; mâchoires à pièce basilaire large, coudée ; à lobe court, pointu, conique, frangé à la tranche interne de légers cils ; palpes bruns, courts coniques, de trois articles diminuant graduellement de grosseur jusqu’à l’extrémité qui est obtuse, les deux premiers articles annelés de testacé à l’extrémité ; menton rectangulaire, corné ; palpes de deux articles, le premier conique, le deuxième même forme, à pointe obtuse, arqué vers l’intérieur; languette courte à bout tronqué et frangé de soies légères et rousses; toutes ces pièces buccales sont de couleur rousse, antennes roussâ- tres, courtes, de quatre articles, insérées un peu en arrière du milieu de la base des mandibules, 1" article gros, tronconique, 2"“® même forme, un peu moins long et moins large, 3"’® cylindrique, 4“’® court, grêle, avec très petit article supplémentaire en dessous ; ocelles, quatre points cornés, verruqueux, roussâtres, disposés en carré, en arrière de la base antennaire. Segments thoraciques bruns, convexes, avec bords inférieurs et latéraux roussâtres, couverts de poils roux et courts, tous for¬ tement verruqueux ; le l®"" un tiers plus large que la tête, aussi long que les deux suivants réunis, à bords latéraux arrondis, couvert d’aspérités sur sa surface, avec deux incisions médianes très accentuées en forme de croissant, une de chaque côté de la ligne médiane ; le bord antérieur corné et bordé d’une large bande jau¬ nâtre, le bord postérieur légèrement teinté de roux; les 2”“® et S"®® 178 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES un peu plus larges que le précédent, mêmes aspérités, mais sans impressions, avec le bord inférieur brunâtre, les dernières aspérités du troisième arceau sont disposées en ligne transversale. Segments abdominaux même longueur que les derniers thora ciques, un peu élargis vers le centre, diminuant ensuite graduelle¬ ment vers l’extrémité ; brun rougeâtre, convexes avec bords infé¬ rieurs et latéraux roussâtres ; poils courts et nombreux ; sur les huit premiers segments, les aspérités très accentuées en forme d’épine à extrémité noire sont disposées en deux rangées transversales, aspérités d’autant plus accentuées qu’elles se rapprochent des der¬ niers anneaux; neuvième segment rougeâtre, échancré au milieu, étroit avec une première rangée de très fortes aspérités, le bord latéral se termine de chaque côté par un fort crochet relevé à pointe arquée en dedans, ayant chacun à sa base intérieure et extérieure, une petite apophyse conique surmontée d’un poil. Dessous, subdéprimé avec de très petites aspérités, jaunâtre pâle et pubescence rousse très courte ; les segments thoraciques larges; les segments abdominaux étroits, les huit premiers latéralement bordés d’un premier bourrelet triangulaire, ponctué au milieu, ce même bourrelet divisé en deux par une incision commune aux 2® à 8® segments ; un autre bourrelet latéral contigu, auquel participent plus ou moins tous les segments de la région latérale, longe les flancs et sert de partage aux deux régions dorsale et ventrale ; l’a'nus à fente longitudinale, à fond noir et corné est entouré d’une excrois¬ sance rougeâtre, ronde, rugueuse, enclosant deux petits tubercules à bout corné, faisant office de pseudopode. Pattes fortes, courtes, rougeâtres, hérissées de longs poils roux et clairsemés : hanches cylindriques, à base large ; trochanters courts à base étroite ; cuisses un peu plus cylindriques ; jambes plus courtes terminées par un petit onglet corné et noir. Stigmates roux à péritrème rougeâtre, la première paire, placée un peu plus bas, marque sur le milieu' du bourrelet latéral qui sépare les deux premiers segments thoraciques; des huit suivantes, les sept premières occupent le tiers antérieur des sept premiers seg¬ ments abdominaux, au dessus du premier bourrelet latéral ; la MOEURS ET METAMORPHOSES d'i.NSECTES 179 huitième au milieu du huitième segment et aussi au-dessus du bourrelet. J’ai pris cette larve en juillet dans une excroissance fongueuse, à la digue des Brotteaux, au nord est de Lyon ; dans la même pro - duction se trouvaient quantité de nymphes et de larves k divers âges. Nymphe. Longueur 6 millimètres, largeur 2 à 2 1/2 milli ¬ mètres. Corps oblong, mou, blanchâtre, subcylindrique, verruqueux, couvert de longs poils clairsemés et de nombreuses aspérités char¬ nues dont deux bordent le masque buccal, deux autres la région frontale, chacune fortement granuleuse est couverte de poils courts et roux avec un long poil à la base, deux autres encore au milieu de chaque arceau, une de chaque côté de la ligne médiane ; segment anal terminé par deux petits crochets a bout rembruni et arqués vers l’intérieur ; les bords latéraux sont parcourus par une rangée de petits tubercules et de longs poils formant frange ; pièces buccales, ailes et pattes n’offrent rien de particulier ; le dessous du segment anal se termine par deux appendices charnus à base large et cylin¬ drique, à extrémité obtuse entourés de longs poils roux. Dans la même fongosité qui contenait les nymphes se trouvaient aussi des adultes ; un déplacement subit m’empêchait de poursuivre plus loin mes investigations. Comparées aux larves et aux nymphes du Triplax russica, Lin. décrites par l’illustre Dufour, dans les Ann. delà Soc. ent. de Fr. 1842, p. 192. les larves et les nymphes du C. melanocephala que je viens de faire connaître, offrent des différences notables et appréciables dont il y aura lieu de tenir compte lorsque la vie évo¬ lutive de toutes les espèces du genre seront connues, différences qui exigeraient un développement trop étendu et que ne comporte ni le sujet, encore moins l’état actuel de la science biologique qui devra se contenter longtemps encore de simplement enregistrer les nouveaux travaux éclos. Adulte. Latreille en a donné une bonne description ; on le trouve pendant toute la belle saison et une partie de l’automne toujours 180 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d'iNSECTES SOUS les agarics, les champignons, les bolets, rarement sous les vieilles écorces ; c’est pendant les heures sombres de la nuit qu’il entre en pleine activité, mais on peut déjà le voir remuer dès que le jour baisse, surtout s’il fait chaud ou si le temps est à l’orage: c’est par groupes de vingt à trente qu’il se tient sous les productions fongueuses. LÉPIDOPTÈRES Erastria scitiila, Rambur L’insecte dont nous allons décrire la vie évolutive est un Lé - pidoptère nocturne du groupe des Noctuelles (Erastrides), dont les première et deuxième phases se passent sous le couvert d’une coque que la chenille traîne après elle durant son existence, et qui lui sert plus tard, lorsqu’est venu le moment de sa deuxième trans¬ formation, à mettre à couvert la chrysalide. Coque : longueur 7 millimètres, largeur 4™™, 5. Formée des débris des dépouilles du Lecanium oleæ, juxtapo¬ sées les unes contre les autres et maintenue par une légère mem¬ brane grise paraissant en partie formée d’un réseau soyeux de fils entrelacés, la coque a la forme d’un bateau renversé ; l’inté¬ rieur en est lisse. Pareille aux sauvages qui ornent leur corps des peaux des oiseaux qu’ils viennent d’abattre, la chenille dont nous allons donner la description prend, pour orner sa carapace, les coques vides des coccus dont elle s’est repue. Chenille. Longueur, 6 millimètres ; largeur, 4 millimètres. Corps charnu, épais, cylindrique, rougeâtre, atténué à sa par¬ tie antérieure, fortement renflé à l’extrémité opposée, avec poils bruns clairsemés. Tête lisse, écailleuse, en partie enchâssée dans le premier seg¬ ment thoracique, noire luisante, avec quelques longs poils épars MOEURS ET métamorphoses d’iNSECTES 181 sur la surface, légèrement excavée au milieu de sa région postérieure où elle reçoit une pièce membraneuse pâle formant corps avec le premier anneau thoracique: épistome transverse, testacé pâle ; labre gris pâle, pubescent, en demi- ovale ; mandibules cornées^ ferrugineuses, à extrémité noire, quadridentées, creuses vues de profil ; mâchoires peu apparentes formées d’un lobe cilié intérieu¬ rement ; palpes maxillaires de trois articles testacés, annelés de brun à l’extrémité, les deux premiers gros, coniques, le troisième grêle à extrémité obtuse ; menton gris pâle, trapézoïdal, pubescent, fortement charnu et comme boursouflé, ceint dans ses lignes d’un trait brun ; languette triangulaire, encadréede deux petits pal¬ pes dont la direction est intérieure : entre les palpes labiaux et les palpes maxillaires sont deux petits filets noirs à extrémité très déliée ; antennes de deux articles émergeant d’un tubercule à base testacée ; premier article conique, gris clair à extrémité noire, deuxième cylindrique, noir, à extrémité brune ; ocelles bruns, cor¬ nés, au nombre de quatre, disposés en demi-cercle en arrière des antennes. Segments thoraciques charnus et rougeâtres, lisses et luisants, un peu pubescents de gris; premier segment enchâssant une par¬ tie de la région postérieure de la tète qu’il dépasse en largeur, un peu plus rougeâtre que les deux segments suivants, portant en son milieu deux plaques écailleuses noires séparées par un trait rou¬ geâtre ; les deuxième et troisième segments, un peu plus gros que le premier, sont incisés transversalement ; une incision en demi- cercle, au milieu de chaque anneau, et des rides latérales, formant dans leurs intervalles de légères boursouflures. Segments abdominaux. Les cinq premiers participent de la forme et de la couleur des deux derniers segments thoraciques, tout en augmentant de volume : les quatre suivants diminuent au contraire de volume, se terminent circulairement en forme de cou¬ ronne dont le sommet affleure la région dorsale ; le dernier anneau testacé pâle porte une double couronne de crochets bruns au cen¬ tre desquels est l’anus : le rôle de ces crochets est de maintenir la chenille dans sa coque. Soc. LiNN., T. XL. 15 18*2 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d’iNSECTES Dessous déprimé jusqu'au huitième segment, avec de fortes incisions et de fortes rides formant boursouflure dans l’intervalle, à partir du neuvième les anneaux se relèvent pour se terminer en diminuant au douzième et dernier à la couronne de crochets signa¬ lée ; les deux derniers sont pubescents, le pénultième porte deux impressions en forme de fossettes. Pattes thoraciques grises et membraneuses en dessous, noires et écailleuses en dessus, naissant d’une pièce cardinale mamelon¬ née ; de trois articles, les deux premiers coniques avec quelques petits poils gris clair, le troisième brun clair terminé par un ongle acéré. Pattes membraneuses au nombre de deux paires placées aux huitième et neuvième segments, formées de deux pièces, la pre¬ mière en forme de tubercule avec quelques cils bruns sur les côtés, la deuxième en forme d’éventail, surmontée d’une couronne de crochets très rapprochés. Stigmates ovales, gris, à péritrème roux. C’est en juin, sur les oliviers des environs de Ria (Pyrénées- Orientales), alors que le Lecanium. oleæ a acquis son plus grand développement, que se montre la chenille du Thalpocares scitula; jusqu’à cette époque, coccus et chenille à peu près semblables en taille, en forme et en couleur, se confondaient sur les feuilles et sur les brindilles des oliviers ; dès le mois de juillet la coque de la chenille est le double de celle du Lecanium, et quoiqu’elles soient encore toutes deux ressemblantes, un peu d’attention permet de les distinguer l’une de l’autre; à partir de la fin dejuillet,il ne sauraity avoir de méprise, la carapace de la chenille dépasse de six à huit fois de volume celle du coccus. Au reste, un trait différentiel les distingue toutes deux à tout âge, la première se meut, progresse, le deuxième reste toujours immobile. La marche de la chenille est vive ; durant son trajet, elle tend des fils qui lui servent à se maintenir suspendue lorsqu’elle tombe de l’arbre. C’est par une des extrémités qu’elle entame les téguments de sa victime immobile et incapable de se défendre; de ses mandibules, MOEURS ET MÉTAMORPHOSES û’iiASECTES 183 elle attaque la couche dermique, la perfore et plonge dans le corps qui lui sert de nourriture ; dès qu’une coque est vidée, elle se met à la recherche d’une autre, la vide encore, cette activité se conti¬ nuant tant que le rameau nourricier renferme des moyens d’exis¬ tence ; puis elle gagne un autre rameau, le débarrasse à son tour de ses parasites, passant ainsi d’un rameau à un autre tant que dure sa vie larvaire, de telle sorte qu'il suffit de quelques chenil¬ les pour dépouiller de la vermine qui la tue une grande branche d’olivier. Fin juillet, arrivée au terme de sa première évolution, la che¬ nille quitte le rameau, descend le long des branches, et si, dans son parcours sur le tronc, elle trouve un dessous d’écorce, un in¬ terstice, un creux susceptible delà mettre à l’abri de l’eau et du soleil, elle s’arrête à cet endroit : la place choisie est débarrassée de ses parties saillantes et raboteuses, elle est tapissée d’une cou che de fils de soie qui fixent en même temps les parois intérieures de la coque contre le plan de position ; ainsi abritée, elle se prépare à subir sa transformation en chrysalide ; si le tronc de l’olivier ne lui offre pas un gîte assuré, elle descend au pied de l'arbre, et là, au ras du sol, contre une pierre, sous une motte de terre, elle s’ins¬ talle en utilisant et en employant les mêmes moyens. L’état transitoire par lequel la chenille passe pour arriver à sa morphose dure quatre à cinq jours, au bout desquels apparaît la chrysalide. Chrysalide. Longueur 6 millimètres, largeur 3“"’,5 à 4 milli¬ mètres. Corps cylindrique, brun rougeâtre, plus pâle au fourreau des ailes et aux derniers segments, atténué à l’extrémité postérieure, laquelle se termine par une demi-couronne de six soies rougeâtres, à bout en forme de patte; contre la base de la demi-couronne est une rangée de fortes spinules noirâtres ; une autre rangée de quatre autres spinules de même couleur dont les deux médianes sont plus courtes fait suite : d’autres spinules noires, courtes, éparses ornent, la région dorsale des trois de.'-niers arceaux ; l’anus, dont la fente est longitidinale, est sis entre deux petits bourrelets de couleur un 18'^ MOI-UKS KT Ml T \>IORPllOSES n’l>S£CTF.S peu plus accentuée que celle du fond ; les antennes glissent entre les bords des ailes supérieures et la deuxième paire de pattes ; les stigmates sont roux à péritrème brun ; le reste du corps n’offre aucune autre particularité digne de remarque. La demi- couronne de crochets vers laquelle sont refoulées les peaux chiffonnées de la chenille, sert à la chrysalide à se fixer contre la coque. C’est dans le courant du mois d’août qu’a lieu l’éclosion de la chrysalide ; presque aussitôt après suit l’accouplement. Adulte. Trouvé pour la première fois dans les Pyrénées-Orien¬ tales, où il n’est pas rare, en particulier dans les olivettes des environs de Ria ; il a été décrit et figuré par Rambur {Ann. Soc. ent. Fr., 1834), puis par Duponchelf'^wppL, vol. 3, pl. 47, f. 4) et en dernier lieu par Berce de France, 1870, p. 151). Les premiers états ont été décrits et figurés par Millière (Soc. franc. d'Ent., 1884, p. 1, pl. 1, s. f. 1-4,) mais un peu succinc¬ tement. Etant donnée la conformation particulière de la chenille, nous avons cru devoir nous étendre un peu plus longuement: de plus, décrire la chrysalide, ajouter, enfin, aux observations connues, quel¬ ques traits de mœurs complémentaires. D’après Millière, la chenille vivrait aux dépens des Coccides, qui sont particuliers aux figuiers, aux pêchers, aux lauriers-roses. Cet auteur a été induit en erreur lorsqu’il dit (loc. cit.) : « Cette chenille exerce ses ravages parmi les Cossus, Hyménoptères, etc. » C’est un hémiptère homoptère, du groupe des Coccides, le Lecanium oleæ, Bernard, qui forme exclusivement la base de la nourriture de la chenille de VE. Scitula, hémiptère qui vit aussi bien sur l’olivier que sur l’oranger, sur le figuier ou sur le laurier- rose. Aux environs de Ria, localité où il nous a été donné de faire nos observations, cette chenille rend des services inappréciables en débarrassant les rameaux des oliviers des innombrables Lecanium qui infestent l’arbre, l’affaiblissent au point d’en épuiser la sève, et le rendent par suite improductif. En débarrassant l’arbre des générations de parasites sans cesse MOEURS ET MÉTAMORPHOSES d'üNSECTES 185 renaissantes, un double effet se produit, laMorfée (fumagine), autre maladie qui n’envahit les oliviers que s’ils sont déjà atteints par le Lecanium et qui achève de les ruiner, disparaît à son tour. Nous avons donc dans la chenille de YErastria scitula un auxi¬ liaire des plus précieux. TABLE DES MATIÈRES F»ge» Introduction. (1891 ' ) . . 135 COLÉOPTÈRES. — Cicindélides. Cicindela connata (1891) . . 137 — sylvicola .... 142 — flexuosa .... 143 Carabides. Carabus rutilans . 146 — melancholicus. . . 149 Nebria Lafresnayei . . . . 151 Feronia amaroïdes .... 154 Bembidium bipunctatum . , 156 Dytiscides Âgabus bipustulatus. . . . 159 — chalconotus . . . 163 Hydroporus griseostriatus. . 166 Staphylinides. Sipalia laticornis . 169 Ocypus œtiops . 171 Baptolinus afânis . 173 Xantbolinus punctulatus . . 175 — glabratus .... 179 Platystetbus cornutus . . . 181 — spinosus .... 185 PSELAPH'DKS. (1892) CbeoDium bituberculatum . . 135 (1) Les années indiquées entre néenne. j Pag» ■ Paussidks. (1892) i Paussus pAvieri . 137 , SiLPHIDES. Silpha sinuata . . . 139 — carinata. . . 142 Necrophorus fossor . . • . 147 — humator . . 150 Catopsimorphus pilosus. 151 Trogositides. Trogosita mauritanica . . 153 Lamellicornes. Teuchestes fossor . . 157 Apbodius alpinus. . . 158 — depressus . . . . 162 Ammœcius elevatus. s • 165 Trox scaber .... 168 Rhizotrogus cicatricosus . 173 Oxythyrea stictica . . 178 Bupestrides. Capnodis tenebrionis . . . 183 Pœcilonata festiva . . 188 Antbaxia bypomelœna . 190 Ptosima flavoguttata. (1893) . 1 Acmaodera adspersula . 5 Spbenoptera geminata . 7 Corœbus amethystinus . 10 sont celles des Annales de la Société Lin* 188 TABLE Elatérides. (1893) Melanotus uiger . . . . Agriotes sordidus .... Cebrionides Cebrio Fabricii . Telephorides. Dasytes obscurus .... Clerides. Clerus rufipes . Tenebrionides. .\sida Jurinei . Helops pyrenaeus .... ÂNOBIIDES. Xylopertha pustulata . . . Mélandbiides. .4rchesia Abeillei .... Mordellides. Mordellistena puroila . . . CURCULIONIDES. Trachyphlœus scaber . . . Larinus ursus . Apion tubiferum . SCOLTTIDES. Phælotribus oleæ .... Hypoborus ficus . MATIÈRES Longicornes. Callidium glabratum. . . 106 Clytus arvicola . . . . 110 Gartallum ebuliuum . . . 113 Belodera Genei . . . . 116 Mesosa curculionides . 120 Oberea erythrocephala . . 125 Phytœcia affinis . . . . 128 Calamobius gracilis . . . 131 Vesperus Xalarti . . . 135 Leptura strangulata . . . 137 Vadonia unipunctata . 142 Hammaticherus plicatus . 148 Xylotrechus nauticus . . 150 Chrysomélides. Donacia dentipes . . . . 152 Lema Hoffmaunseggi . . 155 Parasite de Lema. . 159 Chrysochus pretiosus . 161 Timarcha interstitialis . . 168 Cassida hexastignia . . . 173 Erotylides. Triplax melanocephala . . 176 LEPIDOPTERES. — Noctuelles. Erastria scitula . . . . 180 DES 13 18 21 23 26 28 30 34 39 42 43 46 50 101 104 ETUDE SUR LES MONSTRES DOUBLES DÉRADELPHES PAR M. Louis BLANC CHEF DES travaux ANATOMIQUES A l’ÉCOLE VETERINAIRE DE LYON Présenté à la Société Linnéenne de Tyon Is. Geoffroy Saint~Hi)aire, dans sa classification des monstres (1), place le genre Déradelphe dans la famille des Monocéphaliens (monstres doubles autositaires, tribu II, famille II, 1" genre), et il le caratérise de la façon suivante : Troncs séparés au-dessous de Tombilic, réunis au-dessus ; trois ou quatre membres thoraciques ; une seule tète, sans aucune partie surnuméraire visible à l’extérieur. Ajoutons pour bien spécifier la valeur de ce type quTs. Geoffroy Saint-Hilaire le considère avec raison comme un état un peu plus condensé que celui des Synotes. Cette monstruosité a été observée chez l’homme et tous les ani¬ maux domestiques, et même chez le lézard gris. Le fondateur de la Tératologie a donné pour les Déradelphes une description anatomique succincte, et qui, malgré les notes qui la complètent, est insuffisante pour fixer nettement les caractères de ces monstres, surtout en ce qui concerne le système nerveux et Tap- pareil vasculaire. Il a été publié de nombreuses observations des Déradelphes ; mais la plupart sont très incomplètes ; d’autres, meilleures, se (i) Traité des Anomalies, 1834. Soc. Linn., T. XL. 16 190 LES MONSTRES DOUBLES DÉRADELPIIES trouvent dans des recueils étrangers ou très anciens, qu’il est très difficile de se procurer ; enfin dans aucune le système ner¬ veux central n’a été étudié d’une façon complète. En' outre, plusieurs auteurs modernes ont confondu avec les Déradelphes un autre type presque identique en apparence, et non classé par Is. Geofifroy Saint-Hilaire, mais qui appartient en réalité à une tout autre famille. C'est pour cela qu’il nous a semblé utile de résumer les con¬ naissances acquises sur cette famille. Nous donnerons en premier lieu la description d’un chat déradelphe que nous avons pu étudier d’une façon très complète. Cette observation nous servira de type pour ce'genre de monstruosité. Puis, nous indiquerons les variantes qui ont été signalées par les divers auteurs ; enfin nous compléte¬ rons cette étude par quelques considérations sur le développement des Déradelphes, leur vitalité, leur fréquence et leur place dans la classification. Observation. — Chat femelle à terme, mort à la naissance. Ce sujet présente une![tête unique, parfaitement simple à l’examen extérieur. La présence de cette tête unique permet de distinguer dans l’animal dressé verticalement, une face antérieure, une face postérieure, et 'deux faces latérales. Sur la face antérieure, au-dessous de la tête, se voient un cou épais, puis un thorax où l’on perçoit, à travers la peau, un ster¬ num et deux séries de côtes ; ces deux appareils costaux sont sup¬ portés par deux colonnes vertébrales placées sur les faces latérales. Du côté postérieur on observe la même disposition. Il y a donc une vaste cage thoracique formée par quatre séries de côtes supportées par deux rachis et deux sternums. En outre, à la base du cou, on voit quatre membres thoraciques normaux, placés par paire en avant et en arrière du corps. Au-dessous des deux poitrines confondues, les abdomens sont soudés jusqu’à l’ombilic, où s’insère un cordon volumineux formé de quatre artères et de quatre veines. A partir de ce point les abdomens sont séparés ; les deux corps tES MONSTRES DOUBLES DERADEIPIIES l9l divergent et se terminent chacun par un train postérieur normal, pourvu de l’anus et de l’appareil génital externe. Les deux sujets composant ce monstre sont égaux, et on peut dire de suite que chacun d’eux se compose d’une demi- tète, de la moitié du cou et du double thorax, et d’un train postérieur complet. Fig. I. — Chat Déradelphe vu par la face antérieure. X, y, direction du plan d'union ; o, cordon ombilical. Le plan, suivant lequel s’effectue leur union antéro-postérieure, passe par le milieu de la tête, des deux sternums, et de l’ombilic commun. Squelette. — Le squelette correspond très exactement à la con¬ formation extérieure. La tête est régulièrement conformée et ne présente aucune trace de duplicité ; mais le trou occipital est très large, et bordé par deux condyles allongés, irréguliers, qui s’arti¬ culent chacun avec un atlas. Les deux colonnes vertébrales, d’abord adjacentes, s’écartent rapidement en se tordant sur elles-mêmes, de telle sorte qu’à 192 LRS MONSTRES DOUHEES DERADELPHES l’entrée de la poitrine elles sont placées latéralement, et se font face par les corps A'ertébraux. A partir de ce point, elles continuent à s’écarter régulièrement, puis se terminent chacune par le coccyx sans présenter rien d’anormal. Dans la région thoracique, chaque rachis porte comme à l’ordi¬ naire treize paires de côtes. Mais chaque série de côtes, au lieu de s’unir par l’intermédiaire du sternum aux côtes opposées du même sujet, s’oppose à la série fixée sur le second rachis. Ainsi les côtes droites du rachis droit se réunissent aux côtes gauches du sujet gauche pour former la paroi thoracique antérieure. De même pour le côté postérieur. L’union entre les côtes se fait par l’in¬ termédiaire de deux sternums, qui appartiennent par moitié au deux thorax : pour le sternum antérieur la moitié droite provient du sujet droit, et la seconde moitié vient de l’autre sujet. Les membres antérieurs sont réguliers ; les deux pattes placées sur la face antérieure sont le membre thoracique droit du sujet droit et le membre gauche du second individu. Les bassins et les membres postérieurs sont normaux. Appareil digestif. — La bouche, le pharynx, l’œsophage sont simples, mais ce dernier organe est confondu jusqu’à l’origine des bronches avec la trachée dont il forme la paroi postérieure. Après avoir traversé le diaphragme et le foie, il se continue par un es¬ tomac irrégulier et vertical, qui est formé d’une poche médiane sans cardia, répondant aux culs-de-sac droits, et de deux diverticules latéraux, qui sont les culs-de-sac gauches, et supportent chacun une rate. Cet appareil ressemble très exactement à celui figuré par Vrolick pour un fœtus humain synote (1). A la partie médiane de l’estomac fait suite un intestin grêle unique dont nous n’avons pu voir les rapports avec les reins et les artères mésentériques. Près de sa terminaison, au point où se trouve le pédicule de la vésicule ombilicale, l’intestin se divise en deux branches qui vont chacune dans un cæcum, et se pro- (1) Vrolick, To.bulx ad illusirandinn embrrjogenesin, 1854, pl. 97, lig. 6 LES MOMSTRES DOUBLES DERVDELPHES 193 longent par un gros intestin. Les deux côlons se terminent nor¬ malement dans chacun des trains postérieurs. La position des cæcums dans le flanc droit de chaque sujet indique qu’il n’y avait pas d’inversion splanchnique. Nous avons dit qu’il y avait deux rates ; le foie était énorme, à Fig. II. — Appareil digestif vu par la face antérieure. T, Trachée confondue avec l'œsophage. Œ, Œsophage. s, s'. Diverticules latéraux de l’estomac (sacs gauches de deux estomacs fusionnés), r, r', Rates. D, Duodénum. I, Iléon. y, Point de division de l'intestin grêle. C,C', Les deux cæcums. O, O', Rectums. cinq lobes, mais pourvu d’une seule vésicule biliaire ; il n’y avait qu’un pancréas. Appareil respiratoire. — Au larynx normal fait suite une trachée dont la cavité est confondue avec celle de l’œsophage ; le tube aérien se bifurque au niveau du cœur et porte deux poumons ; celui logé dans le thorax droit a trois lobes, et l’autre n’en a que deux, c'est-à-direque le poumon est plus simple qu’à l’état normal, où il y a quatre lobes gauches et trois lobes droits. Ces poumons, avec le cœur, remplissent le thorax qui est très peu étendu, par suite de la conformation particulière du dia¬ phragme : celui-ci, double, présentant un vaste centre phrénique et deux paires de piliers, a une forme très conique, et remonte 19] LliS MO>STRES D0UI3LES DEK ADELPIIES jusqu’au contact du cœur, de telle sorte que l’abdomen empiète sur la cavité thoracique. Appareil circulatoire. — C’est ce système qui offre la dispo¬ tion la plus normale. Le cœur, normal à part le grand volume de l’oreillette droite, est placé de façon que le ventricule droit soit du côté du sujet droit, le ventricule gauche du côté opposé, l’origine de grosses artères en avant, et la pointe du côté du diaphragme. > Fig. III. — Cœur. A, Face antérieure (les oreillettes sont enlevées); B, Face postérieure. — o. Ven¬ tricule droit; 6, Ventricule gauche; c, A'eine cave inférieure; d, Veine cave supé¬ rieure; e, f. Aorte du sujet droit; i. Artère pulmonaire s'échappant de l'aorte du sujet gauche ; h. Anastomose des crosses aortiques ; 1,2, 3, 4, Artères sous- clavières ; 5 ,6, Carotides. Fig. VII. — Appareil vasculaire. 1, Tronc pulmonaire; 2, Tronc aortique; 3, 3', Crosses aortiques; 4, Anastomose des crosses; 5, 5', Carotides; 6, Artère du poumon ; 7, 7', A. sous-clavières antérieures; 8, 8', sous-claviéres postérieures ; 9,9', Aorte dorsale; 10, 11, 10', 11', Artères iliaques; 12, 12', 13, i3'. Artères ombilicales; 14, 14', Veines caves abdominales ; 15, 15', Veines ombilicales; 16, 16', Veine porte; 17, Veine cave inférieure. Des ventricules naissent une aorte et un tronc pulmonaire qui se croisent à la façon ordinaire. L’aorte se dirige de gauche à droite, et forme sa crosse pour LES MONSTRES DOl'BLES DÉRADELPHES 195 rejoindre le rachis du sujet droit, qu’elle suit en se distribuant d’une façon normale. Le tronc pulmonaire, égal au précédent, se dirige à gauche, forme une crosse symétrique de la précédente et se continue par l’aorte dorsale du sujet gauche. Les deux crosses sont réunies à leur origine par une anastomose transverse assez volumineuse. De cet appareil naissent les artères de la tête, du cou et des membres thoraciques. Les deux carotides sortent côte à côte de l’anastomose des crosses, et chacune de celles-ci donne successivement les deux sous-cla¬ vières destinées à la paire de membres thoraciques située de son côté. En outre, le tronc qui émerge du ventricule droit émet, à sa face postérieure et presque à son origine, une petite artère qui se bifurque et se rend dans les deux poumons. Les deux aortes fournissent chacune un tronc cœliaque, pour le double estomac, la rate et le foie ; il y a une grande mésentérique venue du sujet droit, et deux petites mésentériques. La veine cave supérieure est normale, mais sa distribution est modifiée par la présence de quatre veines sous-clavières. Il y a deux veines caves inférieures, qui se fusionnent entre le foie et le dia¬ phragme, reçoivent les vaisseaux sus- hépatiques, et aboutissent au cœur par un tronc unique. Il existe en outre une veine porte par¬ tiellement double, et deux veines ombilicales qui se réunissent sur le foie. Système nerveux. — Il y a deux moelles épinières normales qui pénètrent isolément dans le crâne ; à ce moment elles se font face par leur bord inféro-latéral, droit ou gauche suivant le sujet : leurs plans médians sont donc inclinés l’un sur l’autre presque à angle droit. Les bulbes sont distincts en arrière, mais convergent assez rapi¬ dement et deviennent adjacents au niveau des Ponts de Varole. A partir de ce point la coalescence et la fusion des deux isthmes s’accentuent rapidement ; les sillons médians des deux mésocéphales LES MOMSTUES ÜOUULES DÊRADELI’HES 196 sont très voisins au niveau du bord antérieur de ces organes, et on ne voit qu’une paire de péioncules cérébraux; cependant dans leur interstice antérieur se trouvent deux glandes pitui¬ taires, mais n’y a qu’une paire de nerfs optiques. Fig.V. Encéphale (face inférieure). — Fig. IV. Encéphale (face supérieure). f, f'i moelles épinières; d, d’, lobes latéraux du cervelet ; e vermis ; i', i, Ponts de Varole soudés ; g', lobe latéral gauche du cervelet; p', glande pituitaire gauche ; b, c, hémisphères; a, lobes frontaux; I, lobules olfactifs; II, chiasma des nerfs optiques; 3, oculo-moteur commun droit; III, tronc résultant de la fusion des deux n. oculo-moteurs communs adjacents; 5, n. trijumeau droit; V, tronc résultant de la fusion de deux trijumeaux adjacents. Vu par- dessus, l’encéphale présente un large cervelet dont le lobe moyen est très manifeste, et où les lobes latéraux semblent simples. Au delà, il y ades tubercules quadrijumeaux et des couches opti ques simples. Le caveau est simple et régulier. Les paires crâniennes I, II et IV sontsimples. Les paires III et V sont doubles, mais les deux nerfs situés dans le plan d’union sont fusionnés en une petite branche qu’il a été impossible de suivre. De même pour les 6' et 7* paires. Les paires suivantes sont doubles, mais pour les glosso-pharyngiens et hypoglosses, les nerfs extérieurs sont seuls bien développés. L’encéphale, coloré en masse, inclus à lacelloïdine et coupé en série, a montré les particularités suivantes. Les moelles, égales, ont chacune leurs deux moitiés semblables dans la région du cou. LES MONSTRES DOURLES DERSDELPHES 197 Dans le bulbe, la décussation du cordon latéral, puis du cordon supérieur, a lieu seulement pour la moitié interne de chaque moelle. 11 n’y a donc pour un bulbe qu’une pyramide, celle qui est située du côté extérieur. La pyramide placée du côté intérieur est rem¬ placée par une saillie longitudinale très développée, présentant la structure plissée de la lame olivaire ; on ne trouve rien d’ana¬ logue du côté opposé. Plus en avant, cette masse plissée est remplacée par un amas gris compact, très volumineux, qui est représenté du côté extérieur par un noyau de beaucoup plus petit. Dans cette région, le bulbe est bien plus développé dans sa moitié i.iterne que du côté extérieur. Cette dissymétrie s’accentue encore plus après la soudure des deux organes, puis les parliesadjacentes di¬ minuent peu à peu ; elles semblent disparaître au niveau des pédon¬ cules cérébraux, quand on examinel’isthme à l’œil nu,mais en réalité, elle se terminent en pointe entre les 2 glandes pituitaires. Celles-ci sont en rapport chacune avec un diverticule du 3' ventricule, qui, sur la coupe, à la forme d’un Y renversé. Le cerveau est régulier. Remarques. — L’étude de ce sujet prête à diverses considérations. Les deux embryons qui ont donné naissance à ce monstre, en s’accolant et en se fusionnant en partie, étaient placés à plat l’un près de l’autre, eu convergeant du côté de la tète. Ils étaient unis bord à bord jusqu’au niveau des vaisseaux omphalo-mésentériques; en avant il y avait non seulement soudure, mais fusion, et au niveau des vésicules cérébrales, la résorption des moitiés au contact était presque complète. De cette façon il y avait une tête, un intestin antérieur et un cœur, ces organes présentant à peine quelques traces de duplicité. Cette disposition est indiquée par l’unité de la tête et de ses divers organes, de la trachée, et de l’œsophage et du cœur. De ce fait qu’il n’y avait chez l’embryon qu’une tête et un seul intestin antérieur, il résulte qu’il n’existait que les deux séries nor¬ males de fentes pharyngiennes. Ceci nous permettra d’interpréter la disposition du système artériel. 198 LES MOiNSTRES DOLBIES DERADELPHES 11 y a eu au début, comme chez les embryons normaux, 5 paires d’arcs aortiques se réunissant de chaque côté en un seul tronc. Mais celui-ci, se continuant par l’aorte de chaque embryon, ne s’est pas réuni à celui du côté opposé. La figure VI, A, schématise la disposition des vaisseaux artériels de ce double embryon. La disparition des 3 premiers arcs s’est effectuée comme d’or¬ dinaire, mais pour les deux autres paires, le procédé de transforma¬ tion a été modifié. C’est évidemment le 5® arc gauche qui a donné Fig. VI. — Formation des aortes. a. Disposition observée chez le sujet; b, Disposition normale; A, Schéma des arcs aortiques chez le sujet; B, Schéma des arcs aortiques normaux. — e, tronc aor¬ tique ; f, tronc pulmonaire ; t, art. du poumon , h, crosse aortique, ou anasto¬ mose des crosses; k, canal artériel ou crosse droite ; f, aorte dorsale, ou aorte dorsale gauche ; e e, tronc aortique et aorte dorsale droite ; 1, 2, 3, 4, a. sous- clavières; 5, 6, carotides; IV, V, quatrième et cinquième paires d’arcs aortiques. l’artère pulmonaire et la crosse du sujet gauche, le 4® arc dispa ¬ raissant totalement. A droite, le 4® arc a fourni l’anastomose d’où partent les carotides, et le 5® est devenu la crosse aortique droite. 11 y a donc eu pour l’artère pulmonaire, située à gauche, inver¬ sion d’abord, et continuation avec l’aorte dorsale, ce qui a été vu déjà sur des sujets simples. LES MO.NSTIIES DOUBLES DEBADELPIIES 199 Pour la crosse aortique, placée à droite, il y a eu inversion, arrêt d’accroissement de la crosse aortique proprement dite (4® arc) et suppléance de celle-ci par l’arc suivant. Ceci a été également vu chez des sujets simples. Si maintenant on examine l’évolution du tube digestif, on voit que les intestins primitifs, confondus d'emblée en avant, se sont également formés en arrière jusqu’au niveau des vaisseaux ompha- lomésentériques, c’est-à-dire du pédicule ombilical. Au point de vue des fonctions possibles du système nerveux, on se trouve en présence de certains faits qu’il est possible d’interpréter clairement. L’examen microscopique du bulbe montre qu’il n’y avait pas décussation pour les faisceaux extérieur, c’est-à-dire que le lobe droit du cerveau innervait le côté droit du sujet droit, le lobe gauche innervait la moitié gauche du sujet gauche. Comme il y avait décus¬ sation pour la moitié interne de chaque moelle, il s’ensuit que le côté gauche du sujet droit recevait l’excitation nerveuse de l’hémi¬ sphère droit; de même pour le second corps. Par suite chaque hémisphère commandait h tout corps situé du même côté. Chaque moitié du cerveau, outre ses fonctions naturelles, faisait donc la suppléance d’un hémisphère absent. Celte suppléance est possible. Nous avons décrit un veau qui a vécu d’une vie entière - ment normale pendant onze jours, alors qu’il manquait totalement d’un hémisphère (1). Quant aux fonctions spéciales au bulbe, l’examen histologique ne nous a pas permis de les éclaircir. La présence, dans la moitié interne de chaque bulbe, d’un énorme noyau olivaire, continué en avant par un noyau gris compact, l’hypertrophie de cette région du bulbe, sont des particularités qu’il est impossible d’interpréter. Variétés de strüctdre. — Les Déradelphes ont présenté dans leur structure un certain nombre de variantes que nous allons indiquer brièvement. (1) Boissy et L. Blanc, Sur une monstruosité remarquable du cervau. (/. de Méd. Vét , Lyon, 1893.) LES MO.NSTRES DOUBLES DEIIADELTHES 2oü Squelette. — La disposition de l’occipital est assez variable. Quelquefois elle est presque parfaitement simple ; d’autres fois il y a deux trous occipitaux séparés par quelques osselets informes, traces de la face rudimentaire des Synotes. Les colonnes vertébrales n’offrent rien de remarquable, si ce n’est parfois un rapprochement, un. commencement de soudure des deux ou trois premières vertèbres (1). Tantôt les rachis sont exactement opposés l’un à l’autre, tantôt ils sont un peu rapprochés du côté de la face postérieure; dans ce cas les côtes postérieures sont plus courtes, et le sternum peut même manquer. Les membres thoraciques peuvent être réduits à trois, soit par fusion des mem¬ bres de la face postérieure (2), soit par disparition de l’un d'eux (3), soit même par fusion des membres de la face antérieure (4). Appareil digestif. — On a signalé des traces de duplicité dans l’appareil bucco-nasal, mais nous verrons plus loin que les sujets qui présentent cette particularité ne sont pas des Déradelphes. La langue, le pharynx, sont presque toujours continués par un seul œsophage; on cite cependant un cas où il en existait deux (5). L’œsophage est indépendant ou confondu avec la trachée; on connaît même quelques cas où il y avait deux œsophages et deux trachées confondues en un seul canal, terminé par quatre orifices (6). A l’œsophage fait suite l’estomac, le plus souvent complètement simple, et quelquefois en partie double ; on a même trouvé deux estomacs distincts (7). L’intestin grêle est unique sur presque toute sa longueur; il y a deux cæcums et deux gros intestins. (1) Otto, JSRnst. sexcent. desc. anat. 1847, obs. 332. (2) D’Alton, p. 52. — Goujon, 1865, Soc. Biologie. (3) D’Alton. De Monstris quihus exlremitates superflux suspensx sunt. 1853, p. 30. ("4) Thomson Lowne. Catal. of the Mas. of Surgeons of England, 1872 n» 90. (5) Dœveren, 1765, Sj;ec. observ acad. ad monstr. histor. inspeclantiurn. (6) Gui-lt, 1832, Pathologische Anat. der Haussàugelhiere. — Mayer, Drei merkw. Doppelmissgeburten Z. f. Physiol., t. III. (7) Barlholin, 1674, Monst. agninum duplex. {Acta med. et philos. Haffniensia). LES MONSTRES DOURLES DÉRADELPFÎES 201 Le foie, volumineux, offre toujours des traces de duplicité; la rate est généralement unique et le pancréas l’est toujours. Appareil respiratoire. — Quelquefois parfaitement simple, il peut être presque double. Ma ver et Gurlt ont vu deux larynx, deux trachées et quatre poumons. Otto a trouvé deux petits poumons postérieurs pourvus de leur trachée qui allait aboutir dans l’oesophage confondu avec la trachée principale (1) ; dans un cas, la trachée des poumons ru'limen- taires était résorbée (2). Appareil circulatoire . — Le cœur simple situé sous le sternum antérieur est quelquefois accompagné d'un second viscère cardia¬ que, placé en arrière, et composé d’un seul ventricule et d’une oreillette unique; ce cœur postérieur reçoit une des veines caves inférieures et lance une artère pulmonaire (3). La disposition des grosses artères ressemble à celle que nous avons décrite dans les cas où la description en est donnée (4). Pour les veines, on a cité deux veines caves inférieures (4), une ou deux veines ombilicales. Appareil nerveux. — Le cerveau est toujours simple, et il y a deux bulbes et deux moelles, mais la partie intermédiaire offre tous les degrés de fusion. Il peut y avoir deux cervelets, deux méso- céphales, et même doubles pédoncules cérébraux, plus ou moins atrophiés sur la ligne médiane'; ou bien tous ces organes peuvent paraître simples, à l’examen macroscopique tout au moins. Dans quelques cas, il y avait exencéphalie. Les nerfs de la tête sont simples jusqu’à la huitième paire ; à peine trouve-t-on parfois trace d’un troisième trijumeau, impair. (1) Otto, loc. cit., obs. Z22. (2) Id, obs 308, (3) Otto, obs. 323 — Gurlt, 1877, U. thierische Missgeburten. (4) Joly, 1854, Et. sur quelques monstruosités. 202 lES MONSTRES DOUBLES DÉRADELPHES Les quatre dernières paires sont doubles, mais les pneumogastriques et spinaux sont seuls complètement développés. Le système sym¬ pathique est double. La terminaison des pneumogastriques sur le coeur et l’estomac n’est pas décrite. Fréquence. — Assez rares chez l’homme, où l’on n’en connaît qu’une quinzaine de cas, les Déradelphes sont très souvent rencontrés chez les mammifères domestiques : Taruffi (1) en a réuni soixante-huit exemples, dont deux chez la taupe ; mais ce nombreest trop élevé, car l’auteur italien confond les Déradelphes vrais avec les Thoradelphes, et un autre type appartenant à une famille diffé¬ rente. Il y est néanmoins remarquable que près de la moitié des cas ont été observés chez le chat. On a également constaté cette monstruosité chez la poule, le canard, l’oie et le pigeon. Vitalité. — Malgré la fréquence relative de cette monstruosité on ne connaît pas d’exemple bien autenthique où un Déradelphe ait survécu à la naissance. On ne connaît que deux anciennes obser¬ vations dues à Villaniet à Allegretti, d’après lesquelles deux Déra¬ delphes humains auraient vécu le premier quinze jours (1348), et le second quatorze mois (1473). La non-viabilité de ces monstres peut s’expliquer par la dispo¬ sition de gros vaisseaux qui s’oppose à une circulation régulière. Souvent aussi le cœur est raalformé. On a attribué aussi la mort rapide de ces sujets aux troubles que doit apporter dans l’innervation des organes, et surtout du cœur, la présence d’un isthme partiellement double. On conçoit mal, en effet, comment peut fonctionner le cœur sous l’action de quatre pneumogastriques, émanés de deux bulbes, sans parler de nerfs qui viennent des deux moelles épinières. Ceci nous semble cependant être un peu spécieux, car on connaît par de nombreux exemples la souplesse fonctionnelle du système nerveux. Le sujet que nous avons étudié nous a fourni un exemple remarquable d’adaptation (1) Storia délia Teratologia, l. II, p 322. i LES MONSTRES DOUBLES DERADELPHES 203 de la structure du bulbe à la fonction que devait remplir le système nerveux. 11 est possible que, si nous avions pu étudier l’encéphale dans de meilleures conditions, nous aurions constaté des modifica¬ tions analogues dans la disposition des noyaux gris du bulbe. Synonymie. — Octopus biauritus (Gurlt) (1). — Diischionien (Serres) (2). — Syncephalus monoprosopus (Foerster) (3). — Syn- cephalus thoracopagus monoprosopus (Taruffi) (4). Classification. — Nous avons indiqué plus haut la place occupée par les Déradelphes de la classification d’Is. Geoffroy Saint- Hilaire. L’illustre anatomiste a établi une série, parfaitement régu¬ lière, iJaniceps. Iniope. Synote. iDéradelphe. Thoradelphe. lléadelphe, à laquelle on doit seulement ajouter un nouveau type, Hiéradelphe, dans lequel tout le haut du corps est simple ; les rachis sont fusionnés jusqu’au niveau du sacrum, et à l’extérieur la duplicité ne se révèle que par un double appareil génital (5). Quant aux Synadelphes, qu’Is. Geoffroy Saint-Hilaire classe dans les Monocéphaliens, ils nous semblent faire partie d’une série différente. Les sept formes que nous venons de nommer résultent de la soudure, de la fusion et de la simplification progressive de deux sujets convergents du côté de la tête. Le premier type est complè¬ tement double, et la dernier presque parfaitement simple. Plusieurs auteurs confondent avec les Déradelphes des cas où il (1) Path. Ânat. der Haussaugethiere (1832, U. ihier. Missgeburten, 1877). (2) Principes d' Embryogénie et de Tératogénie, 1859. (3) Die'Missbildungen, 1861. (4) Storiajîella\Teratologia, 1882. (5) Cas de Katarina Kaufmann. — Suppiger, Correspondent blatt f, Schweizer. Aerzte, 1876. 204 LT.S MONSTRES DOÜRLES DÉRADELPHES y a dans la face des signes évidents de duplicité, tels que la langue double, le nez double avec 3 ou 4 orifices, la bouche cloisonnée avec 2 langues, la langue et la lèvre inférieure double, la mâchoire inférieure double, toutes particularités qui ont été observées maintes fois (1). Nous ferons remarquer que le nom de Déradelphe a été donné par Is‘ Geoffroy Saint- Hilaire à une monstruosité qu’il considère comme ne différant que par un état plus avancé de simplification des Sycéphalienset des Synotes en particulier. Par conséquent, la tête desDéradelphesestcomposée de deux demi-têtes, appartenantchacune à l’un des sujets, et si les deux autres moitiés reparaissaient, c’est à la face postérieure du crâne que l’on devrait en retrouver les traces, et non du côté antérieur. Aussi, quelle que soit la ressemblance qui existe entre les Déra- delphes typiques, et les formes analogues qui ont la bouche ou l’appareil nasal double, nous séparons complètement ces dernières, que nous considérons comme le degré extrême de simplification des Hémipages, type qui fait partie d’un groupe tout différent. (1) Serres, Principes d' Embryogénie 1859. pl. X. — Olto, Monst. sexcent. desc. anat. 1841, obs. 306, 310, 318, 327. — D'Alton, De monstris quibus extrerni- tates superfluæ suspensæ sunt, 1853, p. 42, n» 9 — Taruffi, Storia delta Tera- tologia, t. II, p. 317, 1882. SUR L’INNERVATION RÉFLEXE CHEZ LA MANTE RELIGIEUSE PAR Raphaël DUBOIS Présenté à la Société Linnéenne de Lyon. Dugèsa vu que le tronçon postérieur du corps de la mante reli¬ gieuse séparé du prothorax et de la tête, pouvait encore se tenir sur ses quatre pattes, résister aux impulsions, se relever et reprendre son équilibre si on le renversait. La trépidation des ailes et des élytres indiquait comme un sentiment de colère lorsqu’on excitait le tronçon. Le prothorax isolé, avec son seul ganglion, peut vivre au moins une heure : « Il agitera ses longs bras et saura fort bien les tourner du côté des doigts de l’expérimentateur. » Dugès a conclu que ce seul ganglion thoracique sent les doigts qui pres¬ sent le segment auquel il appartient, reconnaît le point par lequel il est serré, veut s’en débarrasser et y dirige les membres qu’il anime. J’ai pu constater l’exactitude des faits observés par Dugès et relever d’autres particularités qu’il n’a pas signalées. Dans les deux sexes, quand on écarte les élytres, ou que l’on touche la partie supérieure du thorax l’abdomen se relève une ou plusieurs fois de suite et les ailes se dressent verticalement. L’abdomen en frottant la face interne des ailes qui est plissée en éventail et réticulée fait entendre un bruit très particulier qui rappelle celui d’un soufflet de cheminée. Si l'animal est dressé, au moment où on le décapite, il reste debout, mais ne fait pas ordinairement de mouvement de marche en avant, il marche sur place et les mou- SOC. LiNN. T. XL. 17 206 sui\ i’ininrrvation rtfreve veuieiits lies paltes sont très réguliers. Parfois il tourne en rond, très lentement et toujours avec la même allure, tâtant alors le ter¬ rain avec ses pattes antérieures comme ferait un aveugle avec deux bâtons. Si l’on touche une de ses paltes, il la retire ; si on touche l’abdomen en dessous, il le relève. L’excitation est-elle portée en dessus, l'abdomen s’abaisse. Lorsque l’animal marche sans sa tête, on le voit quelquefois s’arrêter spontanément ; s’il tombe, ce qui lui arrive, il se relève seul. 11 se produit aussi des oscillations, des soubresauts comme quand un animal lutte contre le sommeil : On dirait qu’il sent fléchir ses membres et qu’il se remet en équilibre par un effet de la volonté. Sur une mante décapitée dont les deux pattes antérieures étaient relevées, j’ai enlevé, d’un coup de ciseaux, le prothorax avec les membres, le reste du corps a reculé à l’aide de ses quatre autres pattes en tournant en sens inverse du mouvement qu’il opérait avant la section du prothorax, puis, au bout d’un instant, le tron¬ çon postérieur reprit sa marche en avant. Lorsqu’on frappe de petits coups sur l’extrémité postérieure de l’abdomen de ce tronçon, il se met à fuir très vite. Ayant saisi une mante par la pointe des élytres, elle cherchait à m’échapper en implantant ses crochets dans le tapis de la table, à ce moment je détachai la tête, la bête décapitée continua l’effort qu’elle fais ait pour fuir en avant. Ayant lâché brusquement les ailes, la mante déca¬ pitée fit quelques pas en avant, puis s’arrêta. Mais chaque fois que je voulus tirer l’animal en arrière par la pointe des élytres, il lança ses deux pattes à crochets en avant, s’accrochant au tapis et fai¬ sant pour fuir un effort aussi grand et aussi bien coordonné qu’a¬ vant la section de la tête. Mais la remarque la plus curieuse que je pus faire est certaine¬ ment la suivante ; Une mante décapitée était suspendue à un rouleau d’étoffe par ses pattes, le dos étanttournè vers la table. Elle se maintenait dans cette position avec les quatre pattes postérieures. On pouvait détacher la patte antérieure gauche et la patte postérieure droite. CHEZ LA MANTE RELIGIEUSE 207 OU inversement la gauche postérieure et la droite antérieure sans provoquer aucune réaction, aucun réflexe, en agissant avec pré¬ caution ; mais dès que l’on cherchait à détacher une des deux autres, ce qui aurait changé l’attitude du corps, qui serait resté suspendu par une patte ou aurait pu tomber en se détachant du rouleau d’étoffe, aussitôt une des deux pattes inoccupées se fixait au rou¬ leau d’étoff'e et l’on pouvait alors détacher facilement le membre en question, l’équilibre étant assuré. Ces réflexes associés sont intéressants à connaître, tant ils se rapprochent des mouvements d’ensemble qui s’exécutent par la volonté, à la suite d’une délibération intellectuelle. X ' »*" t— •» r iW ^ ^ '£ . - * JVIHIMlI . 2Ï^*.« « -''lif 7,»-, -k.TT( ♦ ^ w- ■‘’r - ^ '*"^ ‘TïT .*^ ’ -iS ■ :■ 'V t**-*^.v \ ■it r'^ iiV^iJ- i?â •* Tlîi, A ■* ■*' ^ 'y . • iT' ' ; ■ >. . ' -4’-' m . ■!>',■ Ti •%-• • . •■ . -..A?» î . ‘ m >» 1/^ . . _,V ^t.ÿi * ■='? •.'Æ*-''5 ,-Jt=-v?/'^^J _±lJ*Z. ** ACTION SUR L’ORGANISME DE QUELQUES DÉVELOPPâTEURS ET EN PARTICULIER DU DIAMIDOPHÉNOL PAR E. COUVREUR et A. LUMIÈRE Présenté à la Société Linnéenne de Lyon. Les développateurs photographiques ayant une puissance réduc¬ trice considérable, il nous est venu à l’idée de voir quelle action ces corps pourraient exercer sur les organismes vivants, où ils se trouvent justement dans un milieu alcalin, qui accroît encore leurs propriétés. Nous nous sommes adressés, tout d’abord, à un corps qui jouit pour ainsi dire au maximum des propriétés révélatrices, nous vou¬ lons parler du diamidophénol. Ce corps a été employé à l’état de chlorhydrate : la solution, étant acide, était neutralisée par l’ammoniaque. Nos premières expériences ont été faites sur des cobayes. Expérience 1. — Un cobaye, du poids de 500 grammes environ, reçoit en injection hypodermique 2 centimètres cubes d’une solution au 1/10 de chlorhydrate de diamidophénol neutralisé. L’animal, au bout de quelques minutes, présente des troubles respiratoires très marqués (dyspnée), en même temps que des mouvements de trému¬ lation, caractérisés surtout dans les membres postérieurs. Au bout de 20 minutes il est mort. Soc. LiN.N. T. XL. 18 210 ACTIO^ SUR l’organisme Autopsie. — Sang très noir, caillots dans le cœur, rien de par¬ ticulier dans le poumon ni dans le rein, l’urine essayée avec les réactifs les plus sensibles ne renferme que des traces du sel. Notre opinion fut que l’animal avait succombé asphyxié, et pour nous le mécanisme était très simple, le diamidophénol plus avide d’oxygène que l’hémoglobine, avait empêché les phénomènes de l’hématose de s’accomplir. Restait à voir un point important: le sang noir, était-il incapable de s’oxygéner à nouveau, ou au contraire pouvait-il redevenir artériel. Nous fûmes bientôt fixés sur la question, en voyant peu à peu le sang de l’animal autopsié, redevenir rutilant et présenter bientôt nettement au spectroscope les deux bandes de l’oxyhémo- globine. Ainsi, dans le cas où le diamidophénol aurait empêché l’hématose, cette expérience montrait que, du moins, il n’enlevait pas au sang la propriété de s’oxygéner à nouveau. Mais nous fûmes bientôt amenés à rejeter notre première inter¬ prétation, et à conclure que, directement du moins, le diamidophénol n’empêche pas l’hématose, car en mélangeant à du sang une solu¬ tion de diamidophénol, on n’arrive jamais à provoquer l’apparition de la bande de Stokes, comme par exemple, avec du sulfhydrate d’ammoniaque. Seulement, fait curieux et que nous signalons seule¬ ment en passant, en ajoutant au sang de fortes proportions de sel, on voit disparaître les bandes de l’oxyhémoglobine, et le spectre devient continu. Quelle était donc la cause des phénomènes d’asphyxie constatés chez le cobaye. Des expériences faites sur un certain nombre de ces animaux n’amenèrent aucun résultat nouveau. On constata simple - ment, fait qui trouvera son explication dans nos recherches ulté¬ rieures, une grande paresse musculaire. Nous eûmes alors l’idée de nous adresser à des organismes moins élevés, et nous choisîmes la grenouille. Expérience II. — On injecte à une grenouille 1 centimètre cube d’une solution au 1/100 du sel précité, 211 DE QUELQUES «ÉVELOPPATEC RS Au bout de quelques minutes, on voit disparaitre les mouvements spontanés : d’abord les mouvements respiratoires, puis ceux des membres ; enfin les réflexes eux-mêmes disparaissent. Un courant induit énergique appliqué soit sur un nerf, soit directement sur un muscle, ne provoque que de légères contractions. On ouvre l’animal, le cœur bat encore, mais lentement, il ne se remplit plus, (\\x incomplètement, de sang, qui est noir. La circu¬ lation périphérique (examinée au microscope dans les capillaires de la patte) est arrêtée. On constate que le sang noir du cœur reprend rapidement sa coloration rouge et donne les deux bandes de l’oxy hémoglobine. Des expériences nouvelles faites sur d’autres grenouilles démon¬ trent que le mécanisme de la mort est dû à un arrêt de la circu¬ lation. On constate toujours, quelque temps après l’administration du poison, que la circulation ne se fait plus dans les capillaires de la patte, ni dans ceux de la langue, ni dans ceux du poumon : on peut détacher le cœur battant encore, mais à vide, sans qu’il s’en écoule du sang. Ces phénomènes nous permettent de comprendre l’asphyxie de nos cobayes : elle était due à un arrêt de la circulation dans les capillaires pulmonaires, et non, comme nous l’avions pensé tout d’abord, à une action chimique réductrice. On peut s’assurer en arrêtant la circulation chez une grenouille, en empoisonnant l’autre au diamidophénol, que la mort survient au bout du même temps chez les deux animaux, et qu’ils présentent simultanément et au même point les mêmes phénomènes de diminution de l’excitabilité nerveuse et musculaire. Quelle est maintenant la cause de cet arrêt de la circulation qui provoque la mort. Nous avons pu nous assurer que le diamidophénol n'était pas un poison musculaire (le cœur détaché continue à battre dans une solution de ce poison), ni non plus un poison nerveux. La cause de l’arrêt circulatoire n’est pas centrale, mais périphérique, il résulte d’une coagulation du sang dans les capillaires. L’existence de cette coagulation est prouvée par bien des faits. 212 ACTION SUR l’ORGANISME 1® Le cœur se contractant à vide, le sang n’arrivant plus dans ses cavités; 2® les capillaires remplis de globules immobilisés, dans une patte de grenouille qui a subi l’action du poison, tandis que dans une autre patte préservée par une ligature, les capillaires se sont vidés sous la contraction des artérioles, le sang se réfugiant dans les gros troncs veineux ; 3® la possibilité découper la patte empoi¬ sonnée sans qu’elle saigne, celle qui a été préservée donnant au contraire naissance à un écoulement de sang. Nous avions déjà remarqué chez le cobaye un fait qui aurait dû nous mettre sur la voie. Voulant récolter chez un de ces animaux du sang pour l’examen spectroscopique, nous lui avions coupé une oreille, à notre grande surprise, la plaie ne saigna pas. Dans ces capillaires périphériques le sang était déjà coagulé. Notre conclusion est donc que c’est par suite de la coagulation du sang que se produisent l’asphyxie, les trémulations convulsives, puis la paresse musculaire, qui caractérisent l’empoisonnement par le diamidophénol. Dans l’empoisonnement par le phénol, il paraîtrait, que le sang est également noir, mais non coagulé, puis qu’à l’air il rougit et se coagule. Pendant l’empoisonnement se produisent des secousses éclamptiques, puis une diminution de l’excitabilité des nerfs et des muscles (1). A part l’absence de coagulation (qui cependant se rencontre parfois, obs. III de Ferrand), ce sont là les mêmes phénomènes que ceux que nous venons de signaler. Nous avons entrepris quelques expériences sur l’action de l’acide pyrogallique, qui est également un phénol. Les cobayes et les grenouilles soumis à l’action de ce poison sont tous morts rapide¬ ment, présentant des secousses tétaniformes provoquées par un léger choc, ils avaient le sang noir reprenant rapidement sa teinte au contact de l’air, et avaient au moment de la mort les muscles et les nerfstr ès excitables. Dans l’urine des cobayes, on retrouvait l’acide pyrogallique non oxydé. (1) Ferrand, l'Empoisonnement par les phéncds Arniales d' Hygiène publique et de Médecine légale, 1876. 213 DE QUELQUES DÉVELÜPPATEUKS Avec l’hydroquinone on a des résultats analogues, l’animal meurt au milieu de secousses tétaniques, le sang n’est pas coagulé, mais il est très noir. Ces expériences sur l’acide pyrogallique et l’hydroquinone ont besoin d’être comjJétées: elles montrent néanmoins concurrement avec celles plus détaillées que nous avons faites sur le diamido- phénol, que ce n’est pas comme réducteurs que ces corps sont des poisons : une question des plus importantes, et que nous nous proposons de rechercher, c’est de savoir comment des corps aussi facilement oxydables traversent l’organisme sans subir de modifi¬ cations. (Laboratoires de Physiologie générale et comparée de Lyon, et de V Usine Lumière à Monplaisir.) TABLE DES MATIÈRES Mœurfi et Métamorphoses d’insectes, par le Capitaine Xambeu . . 1 Elude sur la Polydactylie, par L. Bi anc. ........ 53 Essai sur les races Gallines, par H. Boucher . 89 Mœurs et Métamorphoses d’insectes (Suite), par le Capitaine Xambeu . 101 Etude sur les Monstres doubles déradelphes, par L. Blanc . . 189 Sur l’Innervation réflexe chez la Mante religieuse, par Raphaël Dubois . 205 Action sur l’organisme de quelques développateurs et en particulier du diamidophénol, par E. Couvreur et A. Lumière .... 209 Lyon. — lmp. PrrmT Amé, A. Roy Successeur, 4, rue Gentil. — 5875 É I LISTE DES PLBLICATIOES DE LA SOCIÉTÉ LIASÉEAAE ANNALES ET COMPTES RENDUS de 1836 à 1860-52, contenant : Observations botaniques, par Seringe, Alexis Jordan. — Notes entomologi- ques, par Donzel, Ga cogne, Godart, Perris, Mulsant et Rey. ANNALES (nouvelle série) tomes I à XL, de 1852 à 1893, contenant : Diagnoses d'espèces nouvelles, par Alex. Jordan; Catalogue des plantes du cours du Rhône, par Fourreau; Flore des Muscinées par Débat. — Icono¬ graphie et description de chenilles et lépidoptères, par Mili.ièrk. — Notices sur les Altisides, par Poudras. — Coléoptères, par Levrat, Che.vrolat, Perroud, Godart, Perris, Sichel, Mayet, Donnadieu, Mui.sant et Rey; Abeille de Perrin, R. P. Belon, Xambeü, Jacquet. — Notices ornitho¬ logiques par Boucart, Mulsant et Verreaux. — Géologie du départem. du Rhône, par Mène. — Malacologie, par Locard. I I I CHAQUE VOLUME EST VENDU AU PRIX DE 15 FR. j SE VENDENT SÉPARÉMENT I Tétranyques, par Donnadieu. — Chrysides, par Abeille dePerrin. — Larves f de coléoptères, par Perris. — Brévipennes, par Mulsant et Rey. — Lathri- diens, par le R. P. Bblon. Lyon. — lmp Pitrat aîné, A. METo successeur, i, rue Gentil. — 5875. 1 .f k Jlv4 f i*' : 1 i *\ VÎ- / } t S .1 :î|v ' \- y V' -y 1 f ■ V / A s,