060 Srnolb Arboretum Htbrarg THE GIFT OF FRANCIS SKINNER OF DEDHAM IN MEMORY OF FRANCIS SKINNER (H. C. 1862) Received / Û IDIL IL TOM (nouvelle série) TOME QUARANTE-SIXIÈME LYON H. GEORG, LIBRAIRE-EDITEUR 36, PASSAGE DE l’H0TEL-DIEU MÊME MAISON A GENÈVE ET A BALE PARIS J. -B. BAILLIÈRE ET FILS, ÉDITEURS 19, RUE HAUTBFBU1LLB 1900 ANNALES DE LA OCIÉTÉ LINNÉENNE DE LTOI\ AVIS AUX SOCIÉTAIRES Les membres de la Société linnéenne sont priés de faire parvenir au Trésorier de la Société, 19, rue de la République, le montant de leur cotisation. Passé le 30 juin, ce montant sera recouvré par la voie de la poste et les frais seront ajoutés au mandat. Les Sociétaires non résidant à Lyon qui désirent qu’on leur envoie le volume des Annales voudront bien en donner avis au Secrétaire et joindre à leur cotisation la somme de 1 franc. ©Hü MOB (nouvelle série) TOME QUARANTE- SIXIÈME LYON H. GEORG, LIBRAIRE-EDITEUR 36, PASSAGE DE l’HOTEL-DIEU MÊME MAISON A GENÈVE ET A BALE PARIS J. -B. BAILLIÈRE ET FILS, ÉDITEURS <19, BUE HAUTBFBUILLB <900 TABLEAU DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON BUREAU POUR L’ANNÉE 1899 MM. Blanc (Louis), président. E. Moitier, vice-président. Roux (Claudius), secrétaire général. Rebours, secrétaire. Roux (Nisius), trésorier. Dr Saint-Lager, archiviste-conservateur . LISTE DES MEMBRES EN 1899 MM. 1895. Arcelin (Fabien), licencié ès sciences naturelles, rue du Plat, 16. 1895. Beauverie (Jean), licencié ès sciences naturelles, prépara¬ teur de botanique à la Faculté des sciences. VI TABLEAU DES MEMBRES MM. 1866. Beckensteiner (Charles), rue de l’Hôtel-de-Ville, 9. 1881. Belon (R. P.), quai Tilsitt, 8. 1896. Berthelon, licencié ès sciences naturelles, étudiant en médecine. 1875. Blanc (Léon, le Dr), rue de la Charité, 33. 1889. Blanc (Louis), professeur d’anatomie pathologique et d’his¬ tologie à l’Ecole vétérinaire, quai Pierre-Scize, 67. 1891. Boucher, chargé de cours à l’École vétérinaire, quai Saint - Vincent, 24. 1892. Broelmann (Henri), rue Marignan, 22, Paris. 1888. Bruet, sous-chef de section de la Cie P.-L.-M., à Autun (Saône-et-Loire). 1884. Bruyas (Aug.), quai des Célestins, 5. 1881. Carret (l’abbé), aumônier des Dames du Sacré-Cœur aux Chartreux. 1881. Carrier (Édouard), docteur en médecine, rue Saint-Domi¬ nique. 1899. Caziot (le commandant), d’artillerie à Bastia (Corse). 1898. Ghanay (Pierre), négociant, rue Pizay, 5. 1882. Chanrion (l’abbé), à l’Institution des Chartreux. 1887. Chobaut (Alfred, le Dr), rue Dorée, 4, à Avignon. 1895. Conte (Albert), licencié ès sciences naturelles, préparateur de zoologie à la Faculté des sciences, rue Boileau, 335. 1879. Courbet (Jules), rue Sainte- Hélène, 14. 1871. Coutagne (Georges), ingénieur des poudres et salpêtres, quai des Brotteaux, 29. 1889. Couvreur, docteur ès sciences, chargé d’un cours complé¬ mentaire à la Faculté des sciences, cours Gambetta, 38. 1862. Delocre, inspecteur des ponts et chaussées, rue Lavoisier, 1, Paris. DE LA SOCIÉTÉ LINNEENNE VII MM. 1889. Depéret (le Dr Ch.), correspondant de l’Institut, professeur de géologie et doyen de la Faculté des sciences, rue Thomassin, 39. 1891. Dèriard-Richarme (Auguste), ingénieur à Rive-de-Gier (Loire). 1897. Doncieux, licencié ès sciences naturelles, rue Victor- Hugo, 61. 1898. Douxami, docteur ès sciences, professeur au Lycée de Lyon. 1882. Drivon (Jules), médecin des Hôpitaux de Lyon, quai de la Guillotière, 30. 1891. Dubois (le Dr Raphaël), professeur de physiologie générale et comparée à la Faculté des sciences, rue du Juge-de- Paix, 27. 1899. Falcoz, pharmacien, rue de l’Eperon, à Vienne (Isère). 1894. Faucheron, licencié ès sciences naturelles, préparateur de botanique à la Faculté des sciences, rue Roileau, 335. 1884. Faure, professeur à l’Ecole vétérinaire, rue d’Algérie, 11. 1881. Favarcq, propriétaire, rue du Vernay, 48, à Saint-Étienne (Loire). 1896. Fay (Pierre), licencié ès sciences naturelles, externe des hôpitaux, rue Saint-Joseph, 46. 1882. Flory, avoué, rue Gasparin, 8. 1857. Fournereau (l’abbé), professeur à l’institution des Char¬ treux. 1881. Geandey (Ferdinand), négociant, rue de Sèze, 11. 1851. Gensoul (André-Paul), rue Vaubecour, 42. 1866. Gillet (Joseph), quai de Serin, 9. 1895. Girard, étudiant en médecine, rue de Marseille, 1. 1890. Givois, pharmacien à Vichy (Allier). 1894. Grange (Pierre), licencié ès sciences naturelles, interne des hôpitaux de Lyon, avenue de Noailles, 42. VIII TABLEAU DES MEMBRES MM. 1881 . Grouvelle (Antoine), directeur de la manufacture des tabacs du Gros- Caillou, quai d’Orsay, 63, Paris. 1897. Guillermond, étudiant à la Faculté des sciences place Raspail, 1. 1862. Guimet (Emile), place de la Miséricorde, 1 1869. Heyden (le baron de), à Bockenheim, près de Francfort- sur-Mein, Schlosstrasse, 54 (Allemagne). 1895. Hütinel, professeur au Lycée Saint- Rambert, 19, quai Jayr. 1887. Jacquart (R. P.), institution des Dominicains, à Oullins. 1882. Jacquet, imprimeur, rue Ferrandière, 18. 1884. Lacroix (Eugène, le Dr), Grande rue des Charpennes, 45. 1897. Lapierre, instituteur à Serin, Lyon. 1868. Laval (Henri), avocat à Villefranche (Rhône). 1892. Lesbre, professeur d’anatomie à l’Ecole vétérinaire. 1881. Locard (Arnould), ingénieur, quai de la Charité, 38. 1881. Mabille (J.), préparateur au laboratoire de zoologie, au Muséum, rue Laromiguière, 7 bis, Paris. 1873. Magnin (Antoine, le Dr), professeur à la Faculté des sciences de Besançon. 1860. Mangini (Félix), ingénieur civil, avenue de l’Archevêché, 2. 1855. Mangini (Lucien), ingénieur civil, Sainte-Foy-l’Ai’gen- tière (Rhône). 1881. Marmorat (Gabriel), négociant, boulevard du Nord, 45. 1887. Maudüit (le Dr), à Crest (Drôme). 1897. Maurette (Laurent), attaché au laboratoire de géologie de la Faculté des sciences. 1887. Mermier (Elie), ingénieur au tunnel du Simplon à Brigue Valais (Suisse). DE LA SOCIÉTÉ LIJNNÉENNE IX MM. 1891. Michaüd, quai de la Pêcherie, 13. 1881. Moitier, directeur du Lycée Saint- Rambert., près Lyon. 1892. Parcelly (le Dr), professeur à l’Institution des Chartreux. 1879. Perroud (Charles), avocat, place Bellecour, 16. 1893. Rebours, rue Célu, 7. 1873. Rérolle (Louis), directeur du Muséum de Grenoble (Isère). 1892. Rey (Alexandre), imprimeur, rue Gentil, 4. 1864. Riaz (Auguste de), banquier, quai de Retz, 10. 1882. Riche (Attale), docteur ès sciences, chargé d’un cours complémentaire à la Faculté des sciences, rue Saint- Alexandre, 9. 1889. Riel (Ph., le Dr), boulevard de la Croix-Rousse, 122. 1863. Roman (Ernest), quai Saint-Clair, 1. 1892. Roman (Frédéric), docteur ès sciences naturelles, prépara¬ teur de géologie à la Faculté des sciences, quai Saint- Clair, 2. 1870. Roux (Gabriel, le Dr), professeur agrégé à la Faculté de médecine, directeur du Bureau d’hygiène, rue Duha¬ mel, 17. 1894. Roux (Claudius), licencié ès sciences naturelles, étudiant en médecine, montée Saint-Barthélemy, 32-34. 1873. Roux (Nisius), rue de la République, 19. 1882. Roy, horticulteur, chemin de Montagny, au Moulin-à-Vent, près de Lyon 1868. Saint-Lager (le Dr), cours Gambetta, 8. 1866. Sonthonnax (Léon), rue Neuve, 9. 1898. Texier (Henry), avenue des Ponts, 7. X TABLEAU DES MEMBRES MM. 1885. Vachon, place de la Charité, 3. 1898. Vaffier (le Dr), à Chânes par Crèches (Saône-et-Loire). 1899. Vanay, agrégé de l’Université, Chef des travaux de géo¬ logie à la Faculté des sciences. 1898. Vermorel, ingénieur-agronome, à Villefranche (Rhône). 1881. Xambeu, capitaine en retraite à Ria, par Prades (Pyrénées- Orientales). DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE XI Membres correspondants. 1863. Blanchard, membre de l’Institut, à Paris. 1866. Falsan (Albert), à Collonges-sur-Saône (Rhône).- 1849. Lejolis, directeur de la Société des sciences naturelles de Cherbourg. MOEURS MÉTAMORPHOSES DES INSECTES PAR LE CAPITAINE XAMBEU DIXIEME MEMOIRE Présenté à la Société Linnéenne de Lyon. ^<>« — L’étude qu’il nous a été donné de faire sur la vie évolutive des espèces comprises dans les genres Clytres et Cryptocéphales, dont les larves se mettent à l’abri durant leur existence sous le couvert d’un fourreau qu’elles traînent avec elles, à l’instar des chenilles de Lépidoptères et larves de Névroptères, nous a suggéré la pensée de réunir en un seul faisceau, non seulement tout ce qui a paru sur les mœurs et les métamorphoses des espèces comprises dans ce groupe à habitations particulières, mais encore l’ensemble des faits que nous avons pu observer nous-même. Nous exposerons d’abord les caractères généraux qui se rap portent aux diverses phases de leur existence, puis nous passerons à la description des espèces. Au point de vue descriptif des insectes parfaits, nous renver¬ rons aux travaux de M. Ed. Lefèvre pour les Clytres et de M. de Marseul pour les Cryptocéphales: ces deux monographies ont marqué le point de départ de notre travail. Ria, 10 décembre 1897. Soc. Linn., T. XL vi, 1899. 1 COLÉOPTÈRES LARVES A FOURREAU PORTATIF CLYTRES ET CRYPTOCÉPHALES PREMIÈRE PARTIE Caractères généraux. Les premiers états des Clytres et des Cryptocéphales ne présen¬ tent au point de vue larvaire aucune différence appréciable ; toutes leurs larves se ressemblent; elles ont un corps plus ou moins allongé, plus ou moins cylindrique, arqué à la région postérieure, s’élargissant peu graduellement à partir du point où il se recourbe sur lui-même ; leurs pattes bien développées, quelquefois inégales ; variant peu d’espèce à espèce; toutes vivent à l’abri, dans des fourreaux protecteurs formés de leurs déjections, converties par la dessiccation en une matière plus ou moins noirâtre ; fourreaux variant plus dans leurs formes que les larves elles-mêmes, bizarres quelquefois dans les espèces exotiques et offrant au point de vue spécifique des caractères importants : aussi, un très grand intérêt s’attache-t-il à la connaissance des métamorphoses de ce groupe de Coléoptères phytophages dont les auteurs ont parlé jusqu’ici d’une manière assez incomplète. LARVES Corps composé de douze segments, tête non comprise, trois thoraciques, neuf abdominaux, plus ou moins charnu, arqué, blan¬ châtre ou jaunâtre, finement pointillé ou granuleux, éparsement couvert de courtes soies, convexe en dessus, déprimé en dessous, MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 3 arrondi et corné à la région antérieure, la postérieure membra¬ neuse, un peu plus développée et repliée en dedans. Tête grande, cornée, orbiculaire, déprimée, plus ou moins noi¬ râtre, ponctuée, réticulée ou chagrinée, garnie de cils plus serrés sur les côtés; lisière frontale échancrée, carénée, dentée en regard des mandibules; ligne médiane obsolète, bifurquée au vertex en deux traits courbes formant un liséré qui aboutit à la base anten naire pour se continuer jusqu’à l’épistome qui est très court pres¬ que indistinct, ainsi que le labre dont la base est excavée et le bord cilié; mandibules étroites, arquées, se touchant sans se croiser, à base incisée, à extrémité tridentée, la dent médiane plus accentuée, avec rainurelle de séparation de chaque côté et dent obtuse au tiers ou près du tiers antérieur de la tranche interne ; mâchoires bien développées, à tige continue; lobe court, petit, abord plus ou moins arrondi et cilié, ne dépassant pas le deuxième article des palpes maxillaires qui sont coniques, à base uniciliée, de quatre courts articles arqués en dedans et décroissant de longueur vers l’extré¬ mité qui est obtuse, le premier presque aussi long que les trois suivants réunis; menton allongé, triangulaire, encastré entre les deux montants des mâchoires ; lèvre inférieure courte, plus ou moins cordiforme, surmontée de deux courts palpes labiaux droits, biarticulés, à base uniciliée; languette constituée par un court empâtement charnu, cilié, plus ou moins arrondi; antennes, courtes membraneuses, coniques, émergeant d’une fossette en arrière du milieu de la base des mandibules, en dessous de la carène latérale, premier article court, globuleux, deuxième plus long, troisième très réduit, à bout unicilié et faiblement denté; ocelles au nombre de six points cornés, saillants, disposés, quatre en carré, en arrière de la base antennaire, deux au-dessous des joues: cet appareil de vision donne à la larve les moyens de se diriger à travers les mille et un obstacles disséminés sur son trajet. Segments thoraciques , charnus, jaunâtres ou blanchâtres, avec longs poils épars, s’élargissant mais peu d’avant en arrière, le pre¬ mier un peu plus ou un peu moins étroit que la tête dont il en¬ châsse le rebord postérieur, à flancs dilatés, couvert d’une large plaque cornée, finement ridée, lisse et luisante, en forme de crois¬ sant, longée par un trait obsolète à fond pâle, sur laquelle s'effectue le frottement de va-et-vient du fourreau, à rebord antérieur et 4 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES [INSECTES postérieur membraneux, convexe et arrondi chez les Clytres, un peu moins convexe et à bords relevés chez les Cryptocéphales, presque aussi long que les deux suivants, lesquels sont courts, égaux, transverses, avec une incision transversale divisant l'arceau en deux bourrelets, un premier médian, petit, un deuxième entier, grand; dans certains genres, ce dernier bourrelet est excavé et relevé de chaque côté par deux plaques, jaunâtres chez les Clytres, noi¬ râtres chez les Cryptocéphales. Segments abdominaux charnus, jaunâtres ou blanchâtres, transverses et convexes, éparsement ciliés, plus ou moins chargés de fines aspérités, les cinq premiers droits, transversalement in¬ cisés, augmentant graduellement de largeur, le premier formé de trois bourrelets, les quatre suivants de quatre dont le postérieur étroit est relevé de plus en plus jusqu’au cinquième arceau où il forme une large bande géminée garnie de courts cils et sur laquelle repose le corps de la larve dans le fourreau ; les quatre segments suivants sont recoui’bés en dedans, fortement renflés, formés de deux ou trois bourrelets moins accentués que les précédents, excepté au neuvième qui n’est pas incisé et sur lequel un bourrelet semi-circulaire proéminent contourne l’arceau, l’extrémité de ce segment dont le bord postérieur cilié est tronqué affleure le bout des pattes. Dessous déprimé, imperceptiblememt pointillé, toujours plus pâle et moins cilié qu’en dessus, chaque arceau ventral diagonale- ment incisé, par suite paraissant formé de trois bourrelets, un grand médian, deux petits latéraux; segment anal bi- ou quadrilobé, à fente transverse ; une double rangée de mamelons latéraux longe les flancs, leur ligne de séparation délimitant la zone d’action des deux régions dorsale et ventrale. Pattes allongées , ciliées, plus ou moins rapprochées; hanches grêles, longues, obliques en dedans, trochanters courts, coudés, intérieurement ciliés, cuisses assez longues, comprimées, obliques en dehors, à dessous épineux, jambes droites, comprimées aussi, avec cils extérieurs et spinules intérieures, tarses en forme de long onglet, un peu arqué, aciculé, à base ciliée; la base des hanches et quelquefois des trochanters est chez certaines larves marquée de points ou de taches noires; de plus, certaines larves de Clytres ont les pattes antérieures un peu plus développées. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 5 Stigmates très petits, orbiculaires, sombres, à péritrème plus clair, la première paire au bord antérieur du deuxième segment thoracique, sur le prolongement delà rangée inférieure des mamelons latéraux, les suivantes au-dessus de la rangée supérieure, au tiers antérieur des huits premiers segments abdominaux et un peu en dehors d’une ligne sous-cutanée flave avec laquelle ils communi¬ quent par un petit dérivé. Construites sur le plan des larves de Chrysomélides, elles ont par leur attitude une fausse ressemblance avec celles de certains La¬ mellicornes qui, comme elles, tiennent leur corps arqué. Les pièces buccales des larves de Cryptocéphales ainsi que leurs antennes sont semblables à celles des Clytres, quoique celles des Cryptocéphales aient les antennes un peu plus courtes, un peu plus rapprochées, les mandibules plus courtes, plus robustes, les mâchoires un peu plus avancées, plus fortes, la languette plus ciliée, les pattes un peu plus courtes mais plus fortes. Au sortir de l’oeuf, la jeune larve est blanchâtre ou jaunâtre, la tête, les plaques et les pattes brunâtres. Dans nos descriptions, il sera plus particulièrement insisté sur la couleur du corps, de ses parties annexes et sur la vestiture ciliée de la larve ; les autres particularités offrant un caractère différen¬ tiel peu appréciable seront ramenées aux caractères généraux qui viennent d’être décrits comme s’y rapportant essentiellement. Mœurs, habitudes, parasitisme, transformation. Œufs. Déposés un par un, avec intervalles variant en raison du temps nécessaire et pour les pondre, et pour en façonner l’enve¬ loppe primaire, ils sont allongés, cylindriques, jaune orangé ou jaune clair, brillants, avec nuance plus accentuée à la veille de l’éclosion, et abandonnés sur la feuille, sur les fleurs d’où ils rou¬ lent par terre, ou bien posés sur le sol; rarement l’œuf est livré à lui-même sanscouverture protectrice, toujours il est recouvert d’une couche de déjections évacuées par la mère qui lui donne une forme particulière suivant l'espèce, chacune s’inspirant d’un modèle pri mitivement adopté et instinctivement conservé d’une manière inva- 6 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES riable dans ses plus petits détails par les descendants; — comme pour tous les autres œufs de Coléoptères, la nature se charge du soin de les faire éclore; dès sa naissance, la jeune larve dont les téguments sont mous, n’aurait pas, aux débuts dans la vie, les moyens de se protéger contre les influences atmosphériques : le créateur qui veille à son œuvre avec un soin tout particulier, a chargé la mère de donner au jeune et frêle rejeton la couverture qui lui était nécessaire pour le mettre à l’abri et façonner le four¬ reau primaire que le nouveau né était incapable de se construire : la couche d’excréments évacués ne serait pas suffisante avec les réserves ordinaires pour garnir au complet le nombre d’œufs pro¬ venant de chaque ponte, une trentaine en moyenne, si la mère ne prenait pas un surcroît de nourriture durant l’accouplement, ce qui lui permet de faire ainsi face à une nécessité voulue, en ce qui concerne les espèces des deux groupes dont nous nous occupons; pour la confection de l’enveloppe primaire, la femelle après avoir pris position sur une feuille ou sur une tige, allonge ses pattes postérieures, pond un premier œuf qu’elle retient entre les tarses de cette paire de pattes placées dans une direction parallèle au corps, évacue aussitôt après des déjections fraîches dont l’œuf s’en¬ toure par un mouvement qui lui est donné par les tarses posté¬ rieurs, lesquels contribuent à le façonner suivant la forme parti¬ culière à l’espèce; la confection de cette enveloppe dure, y compris le moment et les préludes de l'émission de l’œuf, un peu plus ou un peu moins de temps, de cinq à quinze et même vingt minutes, et la mère ne se laisse pas facilement détourner de ses occupations pendant le temps que s’exécute ce travail à la suite duquel l’œuf tombe sur la feuille ou sur le sol ou est projeté en arrière ; dans la plupart des cas, les enveloppes protectrices sont tronquées aux deux bouts; chaque ponte ne va pas, avons-nous dit, au delà d’une trentaine d’œufs, beaucoup moins dans certaines espèces, et cela se conçoit aisément par le seul fait de la réserve à accumuler pour confectionner la couche protectrice qui doit les soustraire à toutes sortes de dangers ; l’éclosion de l’œuf a lieu une quinzaine de jours après ; aussitôt née, la jeune larve perfore le côté du fourreau pri - maire qui correspond à sa tête, se met de suite en quête de nour¬ riture, et c’est ainsi que cette couche de déjections qui entoure l’œuf se trouve transformée en fourreau: — tout œuf pondu et non MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 7 recouvert est susceptible d’éclore, mais la larve incapable de se façonner un abri meurt après une vaine lutte pour l’existence; ainsi, inséparables de leur coque, sans elle la vie n’est pas pos¬ sible, même arrivées à leur complet développement, si elles vien¬ nent à en être privées pour une cause quelconque, elles peuvent rentrer dans leur fourreau après en être sorties, mais il ne leur est pas possible de s’en passer sans courir à une mort certaine. Les œufs et les enveloppes des Cryptocéphales et des Stylosomes sont abandonnés après avoir été pondus et façonnés isolément, ceux de Pachybrachys sont fixés aux tiges ou aux feuilles par un pédoncule ou léger fil de soie; les Clytres et les Labidostomis déposent sans ordre leurs œufs, lesquels adhèrent légèrement entre eux ainsi qu’aux branches et aux épines des plantes par une sub¬ stance visqueuse ; les Coptocéphales fixent les leurs sur les plantes par un long pédoncule sétiforme. Lorsque tous les détails dont les pontes sont entourées seront connus, on pourra tabler sur une division naturelle à faire sui - vant chaque mode ; on pourrait même l’esquisser dès maintenant si on voulait faire abstraction de certains groupements : nous con¬ sidérons encore la chose comme prématurée. Fourreau. — Le fourreau se compose d’abord de l’enveloppe primaire façonnée par la mère, laquelle enveloppe successivement s’agrandit à chaque mue sans que la larve la quitte ou en forme une nouvelle ; ce fourreau subit des modifications de forme ou de sculpture différentes, quelquefois avec cils ou poils diversement implantés suivant le genre ou l’espèce; la larve modifie donc au fur et à mesure du développement qu’elle prend l’abri qui la recouvre, mais l’enveloppe primaire continue à adhérer au fourreau au fur et à mesure que celui-ci augmente de volume, elle reste plaquée en demi-cercle sur la face inférieure ; plus tard à la suite des dévelop¬ pements successifs elle est divisée en deux par des lignes accessoi¬ res et les petites lamelles disparaissent; — peu de temps avant sa transformation, la larve augmente beaucoup son fourreau du côté inférieur; — à chaque agrandissement correspond une activité dévorante qui se traduit par une consommation exagérée de nour¬ riture; à la veille de sa transmutation, elle bouche l’orifice du fourreau au moyen d’un opercule uni ayant quelque rapport avec celui de certains Mollusques terrestres, des Cyclostomes, et au 8 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES milieu duquel a été ménagée une toute petite ouverture ombiliquée: le fourreau a pour principale particularité de s’opposer à la dessic¬ cation delà larve et de la nymphe et d’offrir ainsi un abri protecteur durant l’exécution des deux premières phases de l’existence. Le fourreau proprement dit est donc confectionné par la larve au moyen de ses propres déjections, quelquefois associées à des sub¬ stances étrangères, et agrandi au moyen de ces mêmes matériaux ; la larve les prend avec sa bouche, les malaxe en les rendant plus friables et les dépose en leur donnant une forme suivant l’espèce ; lorsqu’on mutile son fourreau, la larve ronge les couches de la partie endommagée, répare la fracture ainsi que les bords de la coupure en y appliquant à l’aide de ses mâchoires le produit de ses propres déjections ; dès qu’une assise est terminée, elle rentre dans son abri, fait quelques pas, puis recommence le travail jusqu’à ce qu’il soit terminé. Les fourreaux sont des sacs plus ou moins rapprochés du cylindre, de consistance solide, de couleur brune ou noirâtre ou terreuse, déprimés sur leur côté inférieur, bombés sur la région supérieure, tronqués en avant, renflés en arrière, ce qui permet à la larve de s'y tenir fixée le corps arqué et par ce moyen, en remplissant le vide de s’y maintenir non seulement par adhérence, mais encore d’avoir toujours à portée de sa bouche les déjections dont elle a besoin, matériaux nécessaires à la confection progressive de sa coque ; sa tête y est disposée de manière à fermer exactement l’entrée du fourreau, la larve ne peut faire sortir qu’une partie antérieure du corps, l’entrée étant trop étroite pour laisser passer la partie recourbée, elle peut donc sans souci aucun traîner avec elle sa demeure portative sans s’exposer à la perdre en route; c’est ce qui explique la résistance que l’on éprouve lorsqu'on veut les extraire de leur abri. Les fourreaux des Cryptocéphales sont durs, épais, de consis¬ tance forte, les parois intérieures unies, les extérieures plus ou moins raboteuses, plus ou moins garnies de côtes, d’élévations en forme de carène, quelques-uns ornés de cils ou de longs poils ; quelle est l’origine de ces cils ou poils? c’est ce qu'il n’est pas aisé d’expliquer, à moins d’admettre qu’ils ne soient un mucilage d’une composition particulière lequel déposé sur la coque par la larve s’effile en durcissant et en prenant la forme d’un cil. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 9 Les fourreaux des Clytres sont minces et peu résistants, variant dans leur forme; ils offrent dans leur structure intérieure des par¬ ticularités assez caractéristiques ; ceux des Labidostomis sont recouverts extérieurement de prolongements piliformes qui leur donnent un aspect velu ; ceux des Lachnaea ont leur surface glabre simplement rugueuse et striée ; chez les Titubœa et Coptocephala ils sont relevés par des côtes saillantes au côté dorsal dont elles occupent toute la surface; ces côtes sont disposées sur deux rangs pour se réunir de manière à former des chevrons irréguliers entre eux. Tous ces fourreaux, abstraction faite de leurs larves, peuvent être appelés à fournir des caractères spécifiques aussi importants que ceux empruntés aux adultes, et ces mêmes fourreaux qui les ont protégées comme larves leur servent d’abri comme nymphes ; quelques variations existent dans la confection de l’opercule et dans la manière de rompre le fourreau lors de la sortie de l’adulte. Selon Rosenhauer, les larves quittent leurs fourreaux., au fur et à mesure qu’elle grossissent, pour s’en construire de nouveaux, rien sur les euveloppes n’indiquerait qu’ils aient été façonnés en les augmentant insensiblement. Nous ne ferons qu’une simple objection à la manière de voir de l’auteur allemand : si le fourreau était renouvelé à chaque mue, en dehors de la somme de travail qui serait infligée, il nous semble qu’il perdrait les vestiges, de l’enveloppe primaire que Ton trouve cependant plus ou moins prononcés à chaque fourreau com¬ plet, ainsi que le constate au reste souvent Rosenhauer lui- même dans son mémoire sur les Clytres et les Cryptocéphales (Erlangen, 1852), mémoire auquel nous avons eu recours plus d’une fois. Les larves des Cassides et une partie de celles des Criocérides sont protégées par une couche d’excréments disposés en forme de couverture qu’elles portent sur elles, mais qu’elles ne traînent pas : aucune affinité de forme ni de fourreau ne les lie aux Clytres ni aux Cryptocéphales; elles seront comprises dans un travail ultérieur qui pourra faire suite au présent mémoire. Régime , Réfugiées sous les tiges, dans les haies, sous les plantes ou sous les arbustes, nos larves vivent des feuilles des végétaux sous lesquelles elles ont été placées et qui sont celles dont l’adulte se nourrissait; chaque espèce vit de sa plante: il en est de polyphages, 10 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES en particulier parmi les Clytres et parmi celles-ci : les unes vivent exclusivement dans les fourmilières, d’autres sous les pierres dans le voisinage des myrmiques, mais non dans l’intérieur du nid comme celles des Labidostomis ; il en est qui se tiennent, et les espèces exotiques sont de ce nombre, à la surface du sol ou sur les végé - taux; pour les Cryptocéphales, la règle est que chaque espèce a sa plante de prédilection, attaquant soit le parenchyme, soit les feuilles par leurs bords, leurs nervures, leur pédoncule ; en général, la larve forte, vigoureuse, grande, est indifférente sur les parties à entamer ; les espèces faibles, petites, font pièce des points les moins résistants des feuilles, ces feuilles mêmes leur servent d’abri tant que la saison n’est pas rigoureuse ; en hiver, elles s’enfoncent dans le sol mais à une faible profondeur, même celles qui s’étaient déjà réfugiées sous les pierres et ont soin d’operculer l’entrée de leur fourreau. Si durant l’automne et le printemps à ses premières embellies, elles savent se contenter de feuilles sèches, il n’en est pas de même après; ce sont alors les feuilles fraîches, même les tiges qu’elles rongent avec un appétit insatiable, elles prennent les feuilles à l’aide de leurs pattes comme le font les cheniilee et les rongent. Le travail de digestion accompli, les déjections qui en sont la résultante sont reprises par les pattes qui, le moment venu, les portent à la bouche, puis elles sont dispersées sur l’enveloppe pro¬ tectrice et façonnées suivant l’origine delà larve. Ainsi donc, les larves de Cryptocéphales vivent dans les haies, les fourrés, les massifs des plantes, sous les feuilles du pied des plantes ; c’est dans ces ramilles, tiges d’herbes et abris divers qu’elles se transforment ; leur nourriture quoique essentiellement végétale peut être modifiée suivant les circonstances ; quant à celles des Clytres que l’on trouve sous les pierres, dans le voisinage ou à l’intérieur des fourmilières, on ne connaît pas exactement leur genre de vie; d’après Rosenhauer, d’après les observations faites aussi par nous-même, elle se composerait d’insectes, de débris et de restes animalisés apportés par les myrmiques dans leurs nids ou à l’entrée de leurs galeries, mais comme le Créateur n’a pas admis de règles fixes dans l’ensemble de son œuvre, il a fait une exception à l’égard de la larve de Cl. longimana qui vit du Trifolium montanum ; celles des Coptocéphales paraissent aussi vivre MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 1 1 exclusivement de substances végétales ; à défaut de ces substances, nos larves savent se contenter de débris vivants ou animalisés ; c’est aussi le cas de beaucoup de larves phytophages qui n’ont aucune répugnance à absorber des restes azotés ; elles peuvent donc mo¬ difier leur régime, vers, larves, pupes, nymphes, chrysalides sont proies faciles qu’elles attaquent à l’occasion : une nymphe d ’Acalles punctatostriatus mise dans un tube avec des jeunes larves de Crvptocéphale fut dévorée en notre présence. Progression. — Durant leur marche qui se fait par soubre¬ sauts, aussi bien pour celles vivant à découvert que pour celles qui sont à couvert sous les pierres ou sous les amas de détritus, les larves se fixent par leurs pattes, soulèvent un peu l’extrémité pos¬ térieure de leurs fourreaux et le traînent après elles; inquiétées dans leurs travaux ou dans leur parcours, elles ramènent leurs fourreaux sur leurs têtes puis restent immobiles ne laissant voir d’elles que leurs deux premières paires de pattes ; en cas de danger ou de chute, elles enfoncent leur corps jusqu’au milieu de leur abri protecteur et restent un certain temps ainsi dissimulées. Ainsi au moindre bruit, à la moindre crainte, les Clytres et les Cryptocéphales rentrent dans l’intérieur de leur fourreau la tête ainsi que la partie antérieure de leur corps comme le font au reste les Phryganes, névroptères qui à l’état larvaire s’entourent d’un abri protecteur; l’étui des uns comme des autres semble alors in¬ habité ; entre les chenilles des Psyché, Lépidoptères à fourreau portatif et les Clytres et les Cryptocéphales, il existe cette diffé¬ rence, en pareil cas, c’est que ces chenilles se cramponnent à l’aide de leurs mandibules contre l’objet sur lequel elles se trouvent, atti¬ rent sur elles leur fourreau de manière à couvrir entièrement leur corps et restent fixées dans cette position jusqu’à ce. que soit passé tout danger. A. Mues: elles sont successives, correspondent à des périodes de plus grand développement au bout desquelles la larve est tenue de changer de peau; à combien de mues sont-elles soumises ? c’est ce qu’il n’est guère possible de savoir, en raison de la difficulté qui se présente et que l’on ne saura que lorsque des observations bien suivies l’auront démontré, ce qui sera possible étant donné la facilité d’élever ces larves, en prenant pour base adjuvante aussi les longs préludes qui marquent le commencement et la fin de cha- 12 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES que changement de peau durant lesquels la larve s’abstient de toute nourriture et ferme une partie de son fourreau qu’elle a pris le soin d’agrandir au préalable. Transformation . — Dès les premiers symptômes transmuta- tifs, la larve bouche l’entrée de son réduit au moyen d’un oper¬ cule particulier, variable selon l’espèce, dont la matière première est tirée de ses propres déjections, puis elle fait volte-face dans son fourreau de manière que sa tête vienne heurter contre le bout opposé toujours plus renflé que l’autre; au bout operculé, la larve y a ménagé un petit trou en forme d’ombilic nécessaire au pas¬ sage de l’air; il faut beaucoup d’attention pour apercevoir ce sou¬ pirail. Les larves de Cryptocéphales se fixent sur une feuille, ou sur une branche, ou sur un brin d’herbe qui leur sert à clore l’orifice de leur fourreau, à les tenir aussi hors des atteintes de l’humidité, fermant ainsi l’opercule avec moins de frais et donnant à l’adulte les moyens de sortir de son réduit avec plus de facilité ; pour aug¬ menter l’adhérence, elles vont le plus souvent jusqu’à percer la feuille et former du côté opposé une sorte de rivet qui les en rend inséparables : le gros bout qui doit livrer passage à l’adulte est relevé, donnant de cette manière à la larve qui s’est retournée, une position plus commode pour accomplir ses métamorphoses; puis, en fin d’élément, couper la partie du fourreau qu’elle doit soulever pour sortir. Les larves des Clytres se tranforment dans les couloirs des Myrmiques, dans les galeries supérieures de la fourmilière, ou dans leur voisinage, dans ce milieu où règne une tiède chaleur. Le fourreau operculé, la larve se retourne, avons -nous dit, dans son réduit, la tête vers le fond du sac; ce mouvement de conver¬ sion était nécessaire pour permettre à l’adulte de se faire un pas¬ sage par la partie postérieure qui est large, et aussitôt commen¬ cent les premiers symptômes transfiguratifs ; le corps perd insensiblement de sa forme courbe, change plus ou moins de teinte, quelques dilatations et le tronc devenu presque droit, la peau crève en suivant la ligne médiane; quelques autres dilatations sui¬ vies de contractions font tomber le masque, une figure nouvelle apparaît dépouillée de la peau larvaire qui a été acculée en forme de chiffon à l’extrémité du réduit. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES OES INSECTES 13 Parasitisme. — Les larves de nos Clytres et de nos Crypto- céphales out de nombreux ennemis dont elles ont beaucoup k souf¬ frir; ils appartiennent à l’ordre des Hyménoptères, famille des Ichneumonniens ; les fourreaux dans lesquels se développent ces parasites sont toujours operculés par la larve qui l’habitait. Quand donc, à quel moment a-t-il été pondu l’œuf du ver de l’hyménoptère? Quelques jours avant la transmutation, aux pre¬ miers moments des symptômes transfiguratifs, avant que la larve n’ait fermé l’entrée de son fourreau; comme tous les vers para¬ sites, c’est par succion que ceux-ci se rendent maîtres du corps qui doit leur donner la vie ; ils le vident en aspirant les principes nutritifs qui étaient destinés à un autre emploi, et c’est ainsi, semblerait -il, que dans un esprit pondératif procéderait la nature. Nous ferons connaître k la partie descriptive de notre mémoire, pour chacune de nos espèces, les ennemis qui leur sont inféodés et nous donnerons un type des caractères généraux des vers et des pupes de cette section de parasites. VERS PARASITES des larves de tUl PTOi'ÉPHALE Caractères généraux Corps arqué, charnu, plus ou moins blanchâtre, k fond sous- cutané granuleux, très éparsement cilié, convexe en dessus, dé¬ primé en dessous, peu atténué vers les deux extrémités qui sont arrondies. Tête petite, arrondie, finement ridée, lisière frontale plus ou moins ferrugineuse, droite ; mandibules très courtes, arquées, k extrémité ferrugineuse et dentée ; menton large, renflé, avec lèvre surmontée de deux courts palpes membraneux, droits, bi-articu- lés ; antennes sises en arrière des mandibules, figurées par une petite éminence brunâtre ; pas de traces d’ocelles. Segments thoraciques convexes, éparsement ciliés, transversa¬ lement et finement ridés, s’élargissant d’avant en arrière, le pre- 14 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES mier un peu plus large que la tête, garni ainsi que les deux suivants, à leur bord postérieur, d’un léger bourrelet formant crête. Segments abdominaux arqués, fortement convexes, s’atténuant vers l’extrémité, finement ridés, transversalement incisés à leur bord postérieur, l’incision relevant l’arceau en un léger bourrelet, segment anal petit, arrondi. Dessous, glabre, déprimé, lisse et luisant, transversalement ridé, segment anal très réduit, à fente transverse, flancs relevés en léger bourrelet qui sert de trait d’union aux deux régions dor¬ sale et ventrale. Pattes sans traces ni vestige, organes inutiles à ces vers para - sites qui n’ont pas à bouger de place. Stigmates très petits, orbiculaires, blanchâtres, à péritrème roux doré, visibles au tiers antérieur des deuxième et troisième segments thoraciques et des huit premiers segments abdominaux, au-dessus du bourrelet latéral. Le corps de ces Hyménoptères parasites à l’état vermi forme se compose delà tête et de douze segments, dont trois thoraciques et neuf abdominaux. A quel moment, avons-nous dit, la larve a-t-elle reçu en dépôt l’œuf du ver qu’elle est destinée à nourrir aux dépens de sa vie? Il faut qu’elle soit bien près de sa transformation, et ce qui l’in¬ dique exactement, c’est le fourreau, qui est au dernier degré de ses développements; ce qui le prouve encore, c’est l’opercule façonné par la larve et appliqué contre un appui ; assurément ce ne peut être le ver de l’hyménoptère dont l’existence est toute intérieure, qui a pu aider aux derniers travaux de confection de la coque, ni à fixer cette dernière contre un objet ; à sa dernière expansion, la larve reçoit donc en dépôt l’œuf duquel éclora le ver assassin, achève ses derniers préparatifs et bouche l’ouverture du fourreau, peine perdue hélas pour elle, son existence reste incomplète, le reste de l’œuvre sera celle du ver qui trouvera sans inquiétude pour son avenir, la table et le couvert servis dans cette habitation d’un genre tout particulier. Le temps d’absorber par succion sa victime, douze à quinze jours et le ver, après s’étre enveloppé d’un léger réseau soyeux, prendra la forme suivante : MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 15 Pupe. — Corps un peu arqué, charnu, plus ou moins jau¬ nâtre, glabre, convexe en dessus, déprimé en dessous, à région antérieure arrondie, la postérieure atténuée et plus ou moins ter¬ minée en pointe. Tête déprimée, régions thoracique et abdominale fortement con¬ vexes, parcourues par un trait médian pâle, segment anal pro¬ longé en pointe plus ou moins déprimée ; une légère carène laté¬ rale longe les flancs; antennes coudées, pattes et ailes rassemblées sous la région thoracique. Une dizaine de jours encore sont nécessaires pour l’exécution de la phase pupiforme, puis l’adulte, après avoir perforé son four¬ reau, s’échappe pour aller à la recherche de l’un de ses semblables avec lequel il puisse s’accoupler, et, dans ce but, perpétuer l’immuable espèce. L’adulte sort, laissant dans la coque sa dépouille pupale presque intacte; il est très agile. NYMPHES Caractères généraux Corps allongé, charnu, plus ou moins blanchâtre ou jaunâtre, oblong ou ovalaire, un peu arqué, couvert de courts poils à base bulbeuse, convexe en dessus, un peu moins en dessous, à région antérieure arrondie, la postérieure plus ou moins tronquée. Tête dégagée, assez grande, déclive, arrondie, convexe, ridée ou réticulée, disque déprimé, surface oculaire plus ou moins proémi¬ nente. Segments thoraciques, le premier grand, en carré transverse, convexe, à angles arrondis, le bord postérieur relevé en léger bourrelet, surface ponctuée, le pourtour garni de courtes soies à base bulbeuse; le deuxième court, transverse, triangulairement avancé sur le troisième qui est plus large, quadrangulaire, à milieu canaliculé, à côtés dilatés. Segments abdominaux transversalement incisés, les sept premiers courts, transverses, diminuant mais peu sensiblement 16 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES vers l’extrémité, avec ligne médiane prononcée, leurs flancs exci¬ sés, relevés en double bourrelet garni d’une apophyse géminée et biciliée, le huitième réduit, le segment anal court, plus ou moins tronqué et relevé en léger bourrelet dont les côtés sont chargés de deux tubercules biciliés. Dessous subdéprimé, chagriné ou pointillé, mamelon anal trans¬ versalement ridé et trilobé, antennes obliques, yeux saillants, ailes et élytres courts dirigés vers la région abdominale. La nymphe n’est douée d’aucun mouvement, elle se tient la tête appuyée contre le bout postérieur du fourreau : de quelle utilité lui serait au reste toute défense, murée comme elle l’est dans un réduit qui la met à l’abri de tout ennemi ainsique de toute influence atmosphérique; la nature l’a rendue inerte et incapable de toute action défensive. Cet état de la phase nympliale demande, pour être complet, un travail d’élaboration intérieure d’une durée de quinze jours, au bout desquels la peau qui recouvre le corps de la nymphe se distend à la principale ligne de division, le trait médian, et s’entr’ouvre en se rabattant simultanément en dessous et par côtés; l’adulte d'abord mou, blanchâtre ou jaunâtre, se colore insensiblement en même temps que ses téguments s’affermissent en se développant jusqu’au moment où ils prennent la teinte particulière a l'espèce; alors seu¬ lement a lieu la sortie de l'adulte à l’état parfait, lequel, par un effort de sa tête, rompt la calotte du fourreau qui se détaché au point le moins dur de la coque pour lui livrer passage; ce point de rupture est irrégulier et prouve ainsi qu’il n’avait pas, au préa¬ lable, été préparé par la larve : la couche de matériaux qui forme la partie postérieure du fourreau étant bien moins épaisse que le bout opposé, l’adulte une fois formé n’éprouve aucune difficulté lorsque le moment est venu pour lui de sortir de son réduit, de forcer la mince cloison qui l’enserre, de faire éclater son fourreau qui se détache sous forme de calotte plus ou moins circulaire ou plus ou moins déchiquetée pour lui livrer passage. La coloration des diverses parties du corps commence le premier jour par les antennes, les pattes, la tête et la région sous-thora- cique : ce sont les premières pièces qui prennent la teinte particu lière à l’espèce; vient ensuite le dessous du corps, puis les élytres; le lendemain, les nuances diverses qui prennent part à la couleur MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 17 de la vestiture s’accentuent si bien qu’au troisième jour toutes ces teintes, quoique sans éclat encore, ont leur siège établi; au qua trième jour, couleurs et téguments sont fixés. Les caractères généraux qui précèdent, établis sur un nombre restreint de nymphes, seront susceptibles d’être modifiés au fur et à mesure que cette phase de l’existence portera sur un plus grand nombre de sujets connus. ADULTES Les Clytres et plus particulièrement les Cryptocéphales, vulgai¬ rement appelés Gribouris, sont de gracieux insectes aux couleurs vives et variées répandus dans les régions montagneuses, ainsi que dans le midi de notre pays, qui se plaisent à stationner sur les fleurs, sur les feuilles de nos arbustes, sur les plantes diverses ; c’est de jour, aux moments où l’astre solaire déverse ses chauds rayons, autour de leurs plantes favorites, qu’on les voit soit voltiger, soit ronger les tendres végétations des plantes ou des arbustes ; fatigués de leurs courses diurnes, ils passent la nuit au repos, fixés par leurs pattes le long des tiges des graminées ou sous le feuillage des arbres qu’ils fréquentent et autour desquels ils prennent leurs ébats de jour ; c’est pendant les mois de mai à septembre que suc¬ cessivement ils font leur apparition, quelques-uns plus tôt, mais rares en sont les espèces ; leur vol bien soutenu est de courte durée ; surpris, ils se laissent tomber sur le sol après avoir contracté pattes et antennes, mais quand ils le peuvent ils évitent le danger en s’en¬ volant ; l’accouplement a lieu de jour ; il peut se répéter plusieurs fois, il dure assez longtemps, et c’est durant l’acte de la copulation que la femelle, sans s’en préoccuper autrement, ronge les feuilles les plus tendres des plantes ; plus tard, en déposant sa ponte, elle saura l’entourer de certaines mesures de précaution qui en garantiront l’éclosion, et c’est ainsi que la génération des espèces dont nous nous occupons, s’accomplit dans le courant d’une année. Les Clytres sont moins agiles que les Cryptocéphales ; leur vol est aussi moins soutenu; c’est sur les arbres bien plus que sur les végétaux herbacés qu’ils se tiennent ; les chênes ont le don de les Soc. Lixk., t. xlyi, 1899. 2 18 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES attirer plus particulièrement; quoique cela, ils ont les plus grands rapports avec les Çryptocéphales ; au point de vue anatomique ainsi qu’à celui des métamorphoses, il n’existe point de différences entre ces deux groupes. Air de diffusion. — Le littoral méditerranéen, les contrées mon¬ tagneuses, Alpes, Pyrénées, sont le séjour privilégié d’un grand nombre d’espèces particulières à ces régions ; la Russie comme la Sibérie ont aussi leurs représentants spéciaux ; cette prédilection des espèces à n’occuper que des zones déterminées tient sans doute d’un côté aux habitants (fourmis) qui pourvoient à leur nourriture, de l’autre aux affinités botaniques qui les lient au sol. (On trouve la nomenclature des plantes fréquentées par les Çryptocéphales dans la Monographie de Marseul, p. 18-20.) Nous ne nous occupons dans notre travail que des groupes de notre pays, incidemment des contrées limitrophes, ne réservant pour les espèces exotiques qu’un aperçu général ; nous ne men¬ tionnerons pas toutes les zones d’habitation occupées par les espèces dont les mœurs seront décrites, leur habitat se trouve ssffîsamment bien indiqué dans les deux monographies précitées de MM. Ed. Lefèvre et A. de Marseul. Anomalies. — Nous ne connaisons que très peu de sujets sur lesquels ont été signalés des caractères anormaux ; cela tient essen¬ tiellement à la protection dont sont enveloppées dans leur étui les larves ainsi que les nymphes des Clytres et des Çryptocéphales ; dans la plupart des cas généraux de l’ordre des Coléoptères, les cas anormaux signalés sur l’adulte ont pour cause des accidents survenus aux larves, se répercutant sur la nymphe pour se repro¬ duire sur l’insecte à l’état parfait ; ici ce n’est pas le cas, la larve vit seule, a les moyens de se mettre facilement à l’abri de tout danger; elle n’est sujette qu’à de très rares accidents, comme celui de sortir de son fourreau, ce qui est l’équivalent de sa mort, à moins que, par des efforts inouïs, elle ne puisse parvenir à y rentrer. Un cas anormal a été récemment signalé sur un Coptocephala 4-rnacidata adulte, dont le prothorax déformé était irrégulièrement plissé ; déformation due selon toutes probabilités à la nymphe dont le fourreau avait subi une légère pression. Classification. — La division en Clytres et en Çryptocéphales MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 19 des Tubifères de Chevroiat est très naturelle, et il faudrait qu’il en fût ainsi pour toutes les autres familles ; elle est basée sur des caractères empruntés aux larves. La robe si nuancée des Clytres dans ses couleurs, leur forme cylindrique, leur donne un cachet particulier ; les Cryptocéphales, quoiqu’ils en soient bien voisins par leurs premiers états, ont le corps plus court, plus arrondi, variant aussi dans leurs couleurs ; un trait ne permettrait pas de confondre entre eux ces deux groupes ; la conformation de leurs antennes; de plus, beaucoup de mâles de Clytres ont leur tête très développée, leurs pattes antérieures allon¬ gées et toutes leurs femelles ont leur dernier segment abdominal incisé en forme de fossette ; particularités auxquelles ne participent pas les Cryptocéphales. Dans la traduction du travail en allemand du docteur Rosenhauer sur les espèces mentionnées par cet auteur, nous avons cherché à nous rapprocher le plus possible des termes techniques usités en France. Rupertsberger , dans son Catalogue sur la littérature biologique des Coléoptères d'Europe , 1880, p. 248-251 et dans son^Supplé- ment, 1894, p. 257-259, a fait connaître le nom des auteurs avec le titre des publications dans lesquelles ont été mentionnées les mœurs ainsi que les métamorphoses des espèces appartenant aux deux groupes qui font l’objet de notre mémoire ; nous avons ajouté aces documents les faits particuliers qui se sont produits depuis la divul¬ gation des travaux précités. Notre travail comprend la biologie partielle ou totale de 51 espè¬ ces de Clytres ou de Cryptocéphales : c’est peu, sans doute, et c’est d’autant moins qu’aucun coin du voile qui enveloppe les principales particularités afférentes à la construction de la coque et de son système pileux n’a été soulevé, malgré de patientes et longues observations. DEUXIÈME PARTIE Description des espèces. Il serait encore prématuré de fixer les principes d’une classifi¬ cation des larves des Clytres et des Cryptocéphales : un groupe¬ ment superficiel seul, basé surles premiers états connus et exposés dans le tableau suivant, permettra de subdivisionner d’après leurs plus grandes analogies, les genres de ces deux familles. A. — CLYTRIDES Larves jaunâtres; «rufs éparpillés ou groupés; fourreaux terreux, pileux ou non. iCr Groupe. — Œufs groupés, enveloppe suspendue, fourreaux rugueux, et pileux . genre Clytra. 2e Groupe. — Œufs groupés, fourreaux pileux genre Labidostomis. 5e Groupe. — Œufs éparpillés, enveloppe quadrillée, fourreaux granuleux, côtelés . genre Gynandrophthalma. 4e Groupe. — Œufs suspendus, fourreaux granuleux, che¬ vronnés . genre Coptocephala. 5e Groupe. — Fourreaux sans côtes, rugueux, genre Lachnaea. B. — GR Y PTOCÉPH A LI DES Larves blanchâtres, œufs éparpillés, fourreaux granulés ou verruquciix 6e Groupe. — Œufs éparpillés, enveloppe cannelée et côtelée, fourreaux granuleux ou verruqueux. . genre Cryptocephalus. 7e Groupe. — Œufs éparpillés, enveloppe granuleuse genre Stylosomus. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 21 8e Groupe. — Œufs pédonculés, enveloppe relevée par des côtes quelquefois interrompues . genre Pachybrachys. A. — GLYTRIDES ier Groupe. — Larve testacé jaunâtre, ciliée de roussatre; ŒUFS GROUPÉS, FOURREAUX RUGUEUX ET PILEUX Geore OLYTRA, Laicharting. Clytra octosignata, Fab. (Lefèvre, Monogr., 1871, p. 82.) Fourreau : Longueur, 10 à 12 millimètres; diamètre, 4 à 5 millimètres, oblong, pileux et rugueux, brun foncé en dessus et sur les côtés, dessous avec bande longitudinale noire; ouverture coupée en biseau, la partie supérieure couvrant l’inférieure, ser¬ vant ainsi de protection à la tête, les côtés sillonnés par une série transversale de petites saillies ou arêtes très serrées se rejoignant au milieu de la région dorsale, suivant une ligne longitudinale médiane, saillies minces, régulièrement disposées et diminuant de largeur vers l’extrémité postérieure laquelle est arrondie tout en se terminant par une saillie tuberculi forme assez prononcée, inté¬ rieur du fourreau lisse, noir foncé. Larve : Lucas, Ann. Soc. ent. Fr., 1851, p. 29, pi. 2. Longueur, 8 millimètres; largeur, 2 mm. 6. Corps allongé, cylindrique, postérieurement arqué, tête et premier segment thoracique noirs, cornés, les autres parties du corps charnues et testacées. Tête cornée, presque circulaire, noir roussatre, fortement cha¬ grinée, déprimée, avec poils roussâtres clairsemés en avant et sur les côtés, légèrement convexe à la région antérieure où elle pré¬ sente une large saillie à milieu excavé figurant le labre, frangée de poils courts et denses: mandibules courtes, triangulaires, ro¬ bustes, noires, à extrémité arrondie et dentée, la dent supérieure accentuée; mâchoires longues, brun roussatre, lobe tronqué, palpes petits, l’article basilaire court, le terminal rétractile; lèvre 22 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES inférieure longue, brun roussâtre, palpes courts, réduits; antennes peu développées, le premier article le plus grand, à la base du deuxième est un long article supplémentaire conique. Segments thoraciques , le premier corné, noir, lisse, finement bordé de testacé, à sillon médian peu profond, avec longs poils roussâtres clairsemés sur le bord antérieur et sur les flancs, deuxième et troisième d’un noir testacé, fortement plissés. Segments abdominaux mous, charnus, testacés, fortement plissés et bosselés, segment anal terminé par un prolongement en forme de bourrelet. Pattes robustes, brun roussâtre, comprimées, avec poils rous- sàtres, raides, épars, terminées par un onglet recourbé, noir bril¬ lant. On trouve la larve avec son fourreau en avril, aussi en mai, aux environs de Médéah et de Boghar (Algérie), dans les nids de la Myrmica testaceopilosella, abritée sous la pierre qui recouvre les colonies; c’est dans l’intérieur de ces fourmilières qu’elle vit; c’est dans ce milieu qu’elle trouve son élément nourricier; c’est là qne se passe son existence larvaire; avant de se transformer, elle ferme l’ouverture de son fourreau par un opercule légèrement convexe, façonné avec ses propres déjections mêlées à de petits grains de sable ou de terre reliés entre eux par une sécrétion ag • glutinative; désormais à l’abri de tout danger, elle subit sa trans¬ formation après s’être, au préalable, retournée dans son réduit. Nymphe : N’offre aucune particularité digne de remarque; c'est l’image plastique de l’adulte. Adulte : Lâ phase nymphale achevée, l’adulte rompt la faible cloison qui le sépare du dehors en la faisant éclater. Clytra 4-punctnta, Linné. (Lefèvre, Mon. 1874, p. 94.) Fourreau primaire, Rosenhauer, Biologie , 1852, n°l, p. 22. Longueur : lmrn5. Formé de cinq lignes irrégulières de minces lamelles brun rou¬ geâtre, recourbées en arrière, ayant la forme d’un cône de sapin, façonné avec les déjections de la mère. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 23 Fourreau : Longueur, 11 à 12 millimètres. Allongé, gris noirâtre, de couleur terreuse, d’une épaisseur égale, portant les vestiges du fourreau primaire devenu noirâtre, coupé en deux par une carène latérale qui le fait paraître sur deux protubérances, le dessus est garni de cinq côtes élevées formant chevron qui viennent se perdre en ligne dentée au bord antérieur du fourreau, l’extrémité postérieure renflée en forme de sac ; en sus de ces cinq côtes sont de plus petites carènes disposées par paires sur les côtés, plus nombreuses sur toute la surface ; l’oper¬ cule destiné à fermer l’ouverture lors de la transformation nym- phale est dur, ferme, résistant, un peu concave vers l’extérieur. Larve: Longueur 7 millimètres. Corps jaunâtre pâle, couvert de petits poils jaunâtres en parti¬ culier à la région dorsale. Tête, brun clair, un peu cintrée, fortement ridée, à disque dé¬ primé, relevée par trois légères carènes, mandibules brun de poix. Segments thoraciques, le premier couvert d’une plaque cornée semi-lunaire, rouge clair brillant, finement ponctuée. Pattes, à base jaunâtre pâle, à extrémité plus foncée avec onglet brun clair corné. Cette larve vit dans les nids de la Formica rufa ; sa phase nym- pliale a lieu en juin, la ponte de la mère en juillet ; elle se compose d’un certain nombre d’œufs cylindriques, d’un brun jaunâtre, lisses et luisants, imperceptiblement sillonnés, à pôles arrondis, à coquille délicate, longs de 0mm6 et du diamètre de 0mm3. Clytra læviuscula, Ratz (Lefèvre, Mon., 1871, p. 95.) Fourreau primaire, Rosenhauer, Biologie, 1853, n° 2, p. 43. Semblable comme forme et comme dimensions au fourreau pri¬ maire de Cly. 4-punctata, les lamelles sont plus minces, plus irrégulièrement disposées en six lignes; la ponte a lieu en juin, l’éclosion vingt à vingt-cinq jours après; la petite larve d’abord jaunâtre, est identique à celle de la Glyt. 4-punctata précitée. 24 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES Aux renseignements qui précèdent donnés par Rosenhauer, nous ajouterons les suivants : Fourreau : Longueur, 11 à 12 millimètres; diamètre, 4 milli¬ mètres. Subcylindrique, brun terreux, râpeux, glabre, garni en dessus de dix côtes élevées en forme de carène déchiquetée, disposées irrégulièrement en forme de chevron; dessous granuleux, l’extré¬ mité postérieure faiblement bimamelonnée, ouverture obliquement tronquée, parois intérieures noirâtres, lisses, opercule noirâtre déprimée. Ces fourreaux ne sont pas rares dans les fourmilières des envi¬ rons de Lentilly, près de Lyon ; on les trouve au nombre de dix à douze dans chaque nid ; l’éclosion de l’adulte se fait à partir des premiers jours de mai ; n’est pas rare aux environs de Ria. Clytra atrapliaxidis, Pallas. (Lefèvre, Mon., 1871 , n» 7, p. 100.) Biologie, Xambeu, 7e Mémoire, p, 128. L’accouplement des deux sexes a lieu en juillet, la ponte quelques jours après; les œufs recouverts d’une enveloppe noire, raboteuse, sont au nombre d’une vingtaine environ. Œuf : Longueur, 0mm6 ; diamètre, 0mm2. Ovoïde, jaune blanchâtre, pâle aux deux bouts, lisse et luisant, imperceptiblement pointillé, à pôles arrondis, à coquille peu consis¬ tante. Fourreau : Longueur, 14 millimètres; diamètre, 5 millimètres. Argilacé, subcylindrique, subdéprimé à la région supérieure qui est relevée en faibles arêtes formant chevrons au nombre d’une vingtaine environ, convexe en dessous avec légère carène médiane un peu renflé à la région postérieure qui est bimamelonnée; ouver¬ ture obliquement coupée, à bords déchiquetés, parois intérieures lisses, de couleur brune. Larve : Longueur, 9 millimètres; largeur, 3 millimètres. Corps fortement arqué, jaunâtre pâle, densément pointillé, cou¬ vert de courts cils roux, convexe eu dessus, déprimé en dessous, à MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 25 région antérieure arrondie, la postérieure large relevée en forme de bourrelet. Tête grande, écailleuse, grossièrement ponctuée, déprimée ; épistome et labre confondus en une masse homogène biincisée, relevée en trois légères protubérances éparsement couvertes à leur bord de cils claviformes ; mandibules courtes avec rainurelle de séparation entre les deux dents; mâchoires à pièces rétractiles; menton marginé de blanchâtre. Segments thoraciques larges, courts, transverses, le premier couvert d’une grande plaque rougeâtre, lisse et luisante, finement pointillée, deuxième et troisième à flancs tuméfiés et incisés. Segments abdominaux biincisés, finement pointillés, leur bord postérieur relevé en bourrelet très accentué au cinquième, les suivants arqués, le neuvième large, à côtés incisés, à milieu bisillonné, le fond des incisions taché de noirâtre; les flancs diago- nalement incisés en dessous. Pattes allongées, à base flave, à extrémité rougeâtre, hanches bimarginées à leur base d’une petite plaque rougeâtre, trochanters marqués de trois points noirâtres, tarses allongés, rougeâtres, acérés. Stigmates très réduits, orbiculaires, roux doré, à péritrème flave. Cette larve vit dans l’intérieur des galeries du Mymecocystus cursor, Fons, près des couloirs où sont déposés les résidus délais¬ sés par les fourmis; c’est là dans cet intérieur, à l’abri de tout accident, qu’elle se transforme; elle se fait remarquer par ses poils claviformes de la lisière frontale, par le rebord du segment terminal taché de noirâtre, par les taches rougeâtres de ses pattes. Adulte : Est très commun dans les Pyrénées -Orientales en juin et juillet, se trouve toujours aux alentours des lieux occupés par les colonies de la fourmi nourricière; il vole avec facilité, l'accou plement a lieu sur les plantes. Clytra longipes, Fab. (Lefèvre, Mon., 1871, p. 114.) Fourreau primaire . Rosenhauer, Stet. ent. Zeit., 1882, n° 45, p. 146. 26 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES Longueur, 6 mm. 7; diamètre, 1 mm. 1. Forme presque cylindrique, raboteux, gris clair, plus foncé sur la région dorsale, terminé en dessous par un appendice turbiné. Fourreau : Longueur, 15 à 16 millimètres; diamètre, 6 à 7 millimètres. Rappelle par sa disposition la forme d’une cruche dont le col supérieur plus étroit serait courbé vers un des côtés, ce qui pro¬ duit un côté faiblementconcave et un côté convexe; extrémité posté¬ rieure arrondie, massive, épaisse; l’antérieure ronde, couleur d’un gris jaunâtre, avec carènes plus foncées, jointives, opercule déprimé avec bourrelet en pourtour; sa composition est formée de deux couches dont l’une extérieure compacte, l’autre intérieure lisse, fine; le matériel employé est, en partie, del’argile fin, l’opercule est gris foncé à pourtour garni de fines lignes concentriques; à l’extrémité postérieure, qui est tronquée, sont, vers le dessous, deux tubercules assez prononcés, très écartés, l'estes de l’enveloppe primaire de l’œuf. Larve : Longueur, 11 mm. 2; largeur, 6 millimètres. Corps arqué, glabre, jaunâtre transparent. Tête arrondie, déprimée, noir mat, avec carène semi-circu¬ laire en arrière du bord antérieur, sommet et côtés granuleux, front transversalement sillonné; pièces buccales noir brillant. Segments thoraciques , le premier avec grande plaque brune, ponctuée, brillante, marginée de clair au bord antérieur et lisse; deuxième et troisième avec bourrelets transverses cornés bruns brillants. Segments abdominaux avec bourrelets transverses moins prononcés ; aux deux premiers, les bourrelets ont leurs côtés bru¬ nâtres, brillants; aux suivants, ces côtés sont transparents et jaunes. Pattes longues, robustes, brunâtres, avec onglet brunâtre bien développé. En Transylvanie (Autriche), le fourreau avec sa larve ont été trouvés en nombre rassemblés sous des pierres. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 27 Clytra G-iuaculata, Fab. (Lefèvre, Mon., (871, n» 3, p. 73.) Après l’accouplement qui a lieu vers la mi-juillet, la femelle fait le dépôt de sa ponte; elle se compose d’une vingtaine d’œufs environ. Œuf: Longueur, 0mm4; diamètre, 0m,n2. Allongé, subcylindrique, d’un beau jaunâtre, lisse, peu luisant, très imperceptiblement sillonné, à pôles arrondis, à coquille peu résistante. L’éclosion se fait dix à douze jours après, c’est-à-dire vers la fin dejuillet : comme toujours, chacun de ces œufs est revêtu d’une couche de déjections qui lui donne la forme suivante. Enveloppe primaire : Longueur, 0mm5; diamètre, 0ram3. Ovalaire, brun noirâtre, recouverte d’une couche de lamelles irrégulièrement disposées en forme de losanges variés qui la font ressemblera un résidu ridé et chiffonné, tronquée aux deux pôles, l’inférieur maintenu par un fil très court dont l’extrémité adhère à une feuille, à une tige ou à un épi sur lequel la mère a déposé la ponte; les œufs sont groupés mais par petit nombre de trois à quatre. La jeune larve une fois éclose de l’œuf fait éclater le bout anté¬ rieur de l’enveloppe, puis exerce une traction sur le fil d’attache jusqu’à ce qu’il se rompe ; elle est très agile : si, par accident, elle vient à sortir de son fourreau, elle rôde inquiète en essayant de le retrouver et d’y rentrer, ce qui ne lui est pas bien commode ; elle est jaunâtre à tête et à plaque thoracique brun terne. 2e Groupe. — Larve jaunâtre ciliée de roux, œufs groupés, FOURREAUX PILEUX Genre LABIDOSTOMIS, Chevrolat. Les fourreaux des espèces comprises dans le groupe des Labi- dostomis se distinguent par la couche de poils plus ou moins longs, 28 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES à directions différentes qui les recouvrent et qui les réunissent en un faisceau particulier : les œufs reliés entre eux par un léger fil sont retenus sur le végétal contre lequel ils ont été pondus. lialiidostomis taxicornis, Fab. (Lefèvre, Mon., 1871, n° 1, p. 21.) Œuf, Mon., loc. cit., p. 189. Longueur, 1 millimètre ; diamètre, 0mm25. Cylindrique, brun, un peu rougeâtre, lisse, à pôles arrondis, fermé à la partie antérieure par une membrane mince, sorte d’opercule. Dans le midi de la France, l’adulte vole en essaims nombreux sur la vigne dont il ronge les feuilles encore tendres ; ses dom¬ mages ne sont jamais bien considérables, mais il est bon, dès qu’on s’aperçoit de leur présence, de s’en débarrasser en les écra¬ sant. Lahidostomis luclda, Germar. (Lefèvre, Mon., 1871, n® 31, p. 54.) C'est de jour qu'a lieu par superposition l’accouplement des deux sexes ; il dure toute la journée si rien ne vient en interrompre le cours; la femelle une fois fécondée, gagne le bout d'une feuille d'Eryngium ou de ronce, d’une tige florale de scabieuse, de gra¬ minée, pond aux deux tiers de la hauteur et tout autour de la feuille ou de la tige un groupe compact d’une cinquantaine d’œufs qu’elle fixe à l’aide d’un léger brin de soie et qu’elle recouvre au moyen de ses excréments d’une enveloppe cylindrique rougeâtre, parcheminée, annelée par intervalles de brun, ce qui lui donne un faux air de barillet, le bout non fixé est tronqué et bouché au moyen d’un opercule moins dur que l’enveloppe et forme saillie sur la troncature ce qui le met 'ainsi à l’abri de tout danger : cette enveloppe parcheminée, consistante, constitue le fourreau pri¬ maire de la larve ; que l’on détache la ponte en bloc et l’on dirait que chaque œuf a été tressé par son fil avec celui de son voisin MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 29 auquel il se lie de manière à faire un cordonnet retenant par ce moyen tous les œufs de la ponte. Œuf: Longueur, 0mm6 ; diamètre, 0n'm3. Court, subcylindrique, d’un beau jaune d’ocre, lisse et luisant, très imperceptiblement ridé, arrondi aux deux pôles qui se pro¬ longent en une très courte saillie brunâtre, à coquille résistante ; l’éclosion a lieu dix à douze jours après le dépôt de la ponte; au fur et à mesure de l’éclosion, la jeune larve détache l’enveloppe protectrice de la tige porte-ponte. Fourreau , à son plus grand développement. Longueur, 10 à 11 millimètres; diamètre, 4 à 5 millimètres. Oblong, arrondi, noir terreux, à surface raboteuse et cou¬ verte de courts cils noirs dirigés en avant, renflé vers l’extrémité postérieure dont le dessous est arrondi au bout, lequel, porte deux courts mamelons noirs, vestiges du fourreau primaire, peu atté¬ nué vers l’extrémité antérieure dont le dessus est chevronné de quatre à cinq côtes diagonales aboutissant à deux lignes longitudi¬ nales à fond noir, l’espace entre elle est verruqueux; quelques stries au-dessous de la région antérieure ; ouverture obliquement tronquée, peu en rebord en avant ; opercule circulairement strié, de couleur terreuse. C’est au 15 mai, au bas d’un mur contre lequel poussait un Son- chus que je trouvai des fourreaux avec leurs larves , larves, four¬ reaux et plante furent soigneusement déposés dans mon labora¬ toire; vers le 15 juin, la larve prit appui contre le dessous d’une feuille de la plante et, le 30 juin, l’adulte rompait la région infé¬ rieure du fourreau par une coupure en forme de calotte à bords irréguliers et apparaissait au dehors ; d’où il résulte que la phase nymphale eut une durée de douze à quatorze jours. Entre les Labisdotomis et les Coptocephala le fil d’attache de l’enveloppe primaire est plus ou moins long. Cette espèce à l’état adulte, ronge les feuilles de la vigne et est assez commune dans le Midi. 30 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES LNSECTES Labidostomis longimaua, Linné. (Lefèvre, Mon. 1872, p. 58.) Fourreau , Rosenhauer, Biologie , 1852, n°10, p. 27. Longueur, 6 à 7 millimètres; diamètre, 3 millimètres. De forme ovoïde, de consistance terreuse, massive, à surface entièrement couverte d’une couche de poils laineux, très allongés, rouge jaunâtre, voûté en dessus, peu rétréci en avant, formant ainsi une coque subcylindrique ; à son extrémité postérieure est une marque noire, polie, grosse et très apparente, restant des débris de l’enveloppe primaire. Œuf : Suivant Gêné, l’œuf est cylindrique, peu allongé, jau ¬ nâtre, à coquille lisse et peu résistante, fixé par la mère aux plan¬ tes et liés entre eux par une couche muqueuse ; chaque ponte se compose d’une vingtaine d’œufs. C’est sous les pierres, au voisinage d'une fourmilière que fut trouvé le fourreau de cette espèce, Labidostomis distinguenda. Rosenh. (Lefèvre, Mon., 1871, p. 30.) Fourreau, Rosenhauer, Biologie, 1852, n° 8, p. 26. Longueur, 14 millimètres ; diamètre, 5 à 6 millimètres. Consistance peu épaisse, fragile, brun noir en dessus, à surface en entier couverte de quelques courts poils bruns, côtés de la face inférieure larges, plus foncés ; rétréci à la région antérieure, un peu bombé en dessus et à côtés chargés de nombreuses côtes diri¬ gées l’une vers l’autre, plus accentuées en avant; ouverture obli¬ quement coupée; opercule un peu renflé, le bord supérieur sail¬ lant; à l’extrémité postérieure tronquée se trouve à la place de l’enveloppe primaire une tache noire brillante. Larve. Corps jaunâtre pâle ; tête rouge brunâtre, peu convexe, à milieu peu ridé, à bords confusément plissés ; la plaque semi- lunaire du premier segment thoracique brunâtre, à bords plus clairs ; tête et premier segment thoracique éparsement garnis de MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 31 petits poils jaunâtres ; pattes à base claire, à extrémité brune et cornée. Fourreau avec sa larve ont été trouvés un 15 mai à Rovereda sous une pierre recouvrant une petite fourmi brun rougeâtre ; on la rencontre aussi en Autriche ainsi qu’en Russie. Laliidostomis liuineralls, Panzer. (Lefèvre, Mon., 1871, p. 53) Fourreau, Rosenhauer, Biologie , 1852, n° 9, p. 26. Longueur, 11 millimètres; diamètre, 5 millimètres. Solide, épais, jaune d’argile, couvert de longs poils roussâtres épars, en partie placés l’un au-dessus de l’autre, très rétréci en avant; opercule blanchâtre bombé ; la tache brillante et noire de l’extrémité n’est pas apparente, toutes les autres parties en parti¬ culier les carènes latérales comme chez la G. distinguenda. Ce fourreau a été trouvé à Breslau sous une pierre et contre un rocher en Bavière. Eiabidostomis lusitauica, Germar. (Lefèvre, Mon., 1871, p. 24.) Fourreau, Xambeu, 7e Mémoire, 1896, p. 6. Longueur, 6 millimètres ; diamètre 3 millimètres. Noir terreux, cylindrique, courtement cilié de roux, à extrémité postérieure un peu renflée, à orifice obliquement tronqué, à surface rugueuse, inégale, longitudinalement parcourue en dessous par un trait raboteux. C’est dans ce fourreau, graduellement modifié que la larve accomplira sa phase larvaire sans qu’il lui soit donné d’en sortir ; c’est sous ce même couvert qu’aura lieu la phase nymphale. Larve: Longueur, 7 millimètres; largeur, 2 à 3 millimètres. Corps arqué, à fond jaunâtre et gris terne, à bourrelets blan¬ châtres, à pubescence dense sur la tête, un peu moins à la région thoracique, clairsemée à la région abdominale. Tête déprimée, noire, ponctuée, chagrinée, ligne médiane obsolète o2 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES bifurquée au vertex pour aboutir en demi-cercle, à bord caréné à la base antennaire, carène continuée jusqu'à la lisière frontale; épistome court, luisant, formant corps avec la lisière; labre très court, excavé, à pourtour garni de trois faisceaux de cils dorés ; mandibules à base ferrugineuse à extrémité noire, lobe maxillaire court, denté, frangé de roux; languette peu apparente; antennes rougeâtres à bout annelé de testacé ; ocelles constituées par six points cornés, rougeâtres, saillants, quatre en carré, deux au-dessous dont un à pointe noire. Segments thoraciques éparsement ciliés de roux, le premier plus étroit que la tête dont il enchâsse le rebord postérieur, avec large plaque brunâtre et sillon médian semi-circulaire, deuxième et troisième formés de deux bourrelets, un premier court, étroit, écailleux, relevés de chaque côté par deux plaques écailleuses brunes, biciliées et susceptibles de se tuméfier. Segments abdominaux formés, le premier de trois, les quatre suivants de quatre bourrelets dont le postérieur étroit transverse se relève jusqu’au cinquième arceau où il forme une double large bande blanchâtre, garnie de courts cils sur laquelle repose le corps de la larve dans le fourreau, les quatre segments suivants forte¬ ment renflés sont recourbés en dedans, formés de deux et de trois bourrelets. Dessous de la tète rougeâtre, des segments charnu, blanchâtre, anus transverse, chaque zoonite flanqué d’un bourrelet sous-laté- ral. Pattes flaves à extrémité rougeâtre, hanches longues, à base bi- ponctuée de rougeâtre, trochanters courts; cuisses longues, com¬ primées ainsi que les jambes qui sont plus courtes et qui se termi¬ nent par un long crochet rougeâtre. Stigmates flaves à péritrème roux à la première paire qui fait saillie au bord antérieur du deuxième segment thoracique, les sui¬ vantes très petites à péritrème et à fond blanchâtre sises sur la ligne de séparation des deux régions dorsale et ventrale. Issue d’œufs pondus à la fin de l’été, cette larve vit de brindilles ou de débris de bois et de feuilles qui se trouvent sur son passage; dès qu’arrivent les frimas, elle se met à l’abri du froid et de l’hu¬ midité soit en s’enterrant à une faible profondeur, soit en fixant son fourreau sous le rebord d’une pierre ou contre une tige végétale. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 33 Nymphe : Longueur, 5 millimètres ; largeur, 2 millimètres. Corps oblong, un peu arqué, jaunâtre, couvert de courts poils roux à base bulbeuse, convexe en dessus, un peu moins en dessous à région antérieure arrondie, la postérieure tronquée. Tête déclive, arrondie, réticulée, disque déprimé, premier seg¬ ment thoracique grand, en carré transverse, à angles arrondis, à bord postérieur relevé en léger bourrelet, à surface finement ponc¬ tuée, à disque convexe, à pourtour garni de courtes soies à base bulbeuse, deuxième court, transverse, prolongé sur le troisième, à milieu canaliculé ; segments abdominaux courts, transverses, les flancs des sept premiers incisés, relevés en un double bourrelet garni d’une apophyse géminée, biciliée ; huitième réduit ; segment anal court, tronqué, relevé en léger bourrelet dont les côtés garnis de deux tubercules biciliés ; dessous subdéprimé; mamelon anal ridé et trilobé. Nymphe inactive,, dont la phase dure une quinzaine de jours. Adulte : Très commun en juin ainsi qu’en juillet; de jour il se tient de préférence sur les fleurs de Dorynium suffruticosum dont il ronge les étamines ; de nuit, il s’abrite sous les feuilles ou le long de la tige de la plante nourricière. Nous donnons maintenant sur cette espèce la description qui en a été faite par Rosenhauer parce quelle diffère de la nôtre en parti¬ culier au point de vue du fourreau. Fourreau , Rosenhauer, Biologie, 1852, n° 7, p. 25. Longueur, 7 à 8 millimètres ; diamètre, 4mm5. Brun jaunâtre mat, pubescent, bombé en-dessus, côté inférieur peu convexe en dessous ; ouverture obliquement coupée ; opercule fortement bombé, à milieu relevé en un appendice conique; côtés garnis de nombreuses lamelles ridées augmentant en avant, dirigées vers la région dorsale ; en entier couvert de quelques poils épars longs, brunâtres ; à son extrémité tronquée se trouve à la place de l’enveloppe primaire une tache simple ou divisée, luisante, noire. Larve: Corps jaunâtre pâle; tête noire, épaisse, voûtée, fine¬ ment et confusément ridée ; plaque en demi-lune du premier seg¬ ment thoracique plus claire, plus brillante, à bords transparents, cet anneau couvert sur ses bords de poils jaune brunâtre; pattes à base claire, à extrémité brune et cornée. Fourreau et larve ont été trouvés à Malaga (Espagne). Soc. Linn., t. xlvi, 1899. 3 34 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 3* Groupe — Larve jaunâtre pale cilié de jaunâtre, œufs éparpillés, FOURREAUX GRANULEUX, CÔTELÉS Genre GYNANDROPHTHALMA, Lacordaire. Gynandroplitlialma nigritaris, Lac. (Lefèvre, Mon., 1871, n° 21, p. 155.) Fourreau , Xambeu, Biologie, 7 e Mémoire, p. 64. Longueur, 6 millimètres ; diamètre, 3 millimètres. Ovoïde, brun terreux, un peu courbe et tronqué au bout anté¬ rieur, la région supérieure granuleuse, creusée de deux dépres¬ sions qui en relèvent la surface en trois côtes arrondies, une mé¬ diane, deux latérales, ces deux dernières transversalement striées ; couvert inférieur renflé et arrondi en particulier près du bout postérieur dont l’extrémité est subéchancrée et ridée ; orifice de sortie arrondi, déclive ; parois intérieures peu lisses, subruguleuses. Larve : Longueur, 6 millimètres ; largeur, 2 à 3 millimè¬ tres. Corps charnu, blanc de paille, courtement cilié, finement gra¬ nuleux, à convexité très prononcée. Tête orbiculaire, brun rougeâtre, râpeuse, couverte de fins poils roussâtres ; lisière frontale carénée ; épistome et labre confondus en une petite saillie bidentée; mandibules étroites, à base rouge⬠tre, à extrémité noire, bidentée, les deux dents obtuses, avec légère rainurelle extérieure ; mâchoires à pièce basilaire droite, lobe très court, pectiné, palpes arqués en dedans ; lèvre inférieure cordi- forme, palpes petits, droits; languette courte, semi-ovalaire ; an¬ tennes à articles rougeâtres, à articulations testacées, l’article basi¬ laire court, membraneux sous la carène latérale, le terminal petit, tronqué, unicilié et faiblement denté. Segments thoraciques le premier à large bord antérieur flave, à disque couvert d’une plaque brune en forme de croissant, tra¬ versée par une ligne médiane flave, les deuxième et troisième dia- gonalement incisés, relevant chaque arceau en cinq bourrelets couverts d’une plaque jaunâtre brillante, ciliée, finement ridée. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES 1)ES INSECTES 35 Segments abdominaux blanchâtres, éparsement ciliés, les sept premiers incisés, chaque arceau relevé en étroits bourrelets trans¬ verses couverts de fines aspérités, huitième et neuvième aux inci¬ sions plus nombreuses mais moins marquées, deux longs poils roux au milieu postérieur de ces deux derniers anneaux. Dessous les premier et deuxième segments chargés de deux pla¬ ques lisses ovalaires, les suivants subréticulés, segment anal avec fente transverse ; un léger bourrelet aux segments abdominaux et deux plaques aux segments thoraciques longent les flancs. Pattes longues, écartées à base flave, à extrémité rougeâtre, dirigées en avant; hanches à base tachée de deux traits parallèles, rougeâtres, semi-circulaires, le point d’articulation du trochanter avec la hanche lavé de rougeâtre ; onglet long. Stigmates très petits, saillants, circulaires, blanchâtres, à pé- ritrème sombre. C’est sur des terrains secs, exposés en plein midi, que vit cette larve, c’est sous la protection deson fourreau qu’elle franchit toute la période estivale ; fin octobre, à l’approche des frimas elle cherche à se trouver un abri contre la rigueur des froids, le rebord d’une pierre du côté du midi, la tige d’un arbuste ; l’endroit choisi, elle fixe son fourreau, en bouche l’orifice, puis se retourne dans sa coque et passe ainsi la saison hivernale: au printemps a lieu sa transformation. Nymphe : Longueur, 4 à 5 millimètres ; largeur, 2 à 3 milli¬ mètres. Corps charnu, ovalaire, blanchâtre, un peu arqué, couvert de petits tubercules ciliés. Tête transversalement ovalaire, déclive, très finement ridée ; le premier segment couvert de petites saillies surmontées d’un court poil, le deuxième triangulairement avancé sur le suivant dont le milieu est canaliculé et les côtés dilatés ; segments abdominaux à milieu incisé ; les côtés des sept premiers légèrement dilatés, aux anneaux suivants cette dilatation se change en un léger bourrelet qui se continue en contournant le segment anal dont chaque côté est garni de deux apophyses surmontées d’un court cil brun ; de plus, chaque segment abdominal est transversalement incisé, les intervalles garnis de légères dilatations ciliées. Dans sa loge, la nymphe se tient le corps renversé, la tète diri- 36 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES gée vers le sol ; fin avril la phase nymphale achevée, l'adulte pro¬ voque la rupture du fourreau en le faisant éclater sur une section circulaire à pourtour irrégulier. Adulte : Dans les environs de Ria, c’est en mai, aussi en juin, qu’il fait son apparition ; c’est aux heures chaudes qu’il prend son essor, se lance dans l’espace, s’arrêtant tantôt sur la corolle des fleurs, tantôt sur la tige des plantes, son existence assez longue au reste, se prolonge jusqu’au moment où les deux sexes se rencon¬ trent et assurent par un rapprochement la souche d’une nouvelle génération ; la copulation est longue, elle peut durer une et deux journées. La larve a pour parasite le ver d’un hyménoptère dont nous sui¬ vons les phases biologiques ; à la fin de son évolution, ce ver nous a donné un Eupelmus nouveau que M. A. Giard, de la Faculté des sciences nous a dédié : la description paraîtra dans les Annales de la Société entomologique de France. — Le genre Eupelmus fait partie de la famille des Chalcidiens. Gyiiandrophthalma Salicina, Scopoli. (Lefèvre, Mon., 1871, p. 157) Fourreau, Rosenhauer, Stettin. ent. Zeit., 1882, n° 44, p. 145. Longueur, 6 à 7 millimètres; diamètre, 4à5 millimètres. Court, jaune gris, bordé vers la région dorsale d’une rayure et de deux bordures latérales avec faible carène en dessous figurant avec l’incision transverse un dessin rhomboïdal ; vers l’extrémité postérieure sont des petites saillies sombres entre lesquelles s’échap¬ pent les bordures latérales et ventrales ; ouverture en biais, arron¬ die avec rebord. Larve: Longueur, 6 à 8 millimètres. Corps jaune brillant, comme transparent; tête grande, con¬ vexe, arrondie, rugueuse, couverte de courts poils jaunâtres ou brun rougeâtre ; premier segment thoracique en forme de crois¬ sant, à surface très brillante, brun noirâtre à côtés éparsement ciliés. Cette larve très lente dans ses mouvements se trouve fin août MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 37 sur les montagnes du Jura, dans les prairies, sous les feuilles du Plantago major , elle passe à l’abri la saison des frimas ; c’est en mai qu’a lieu la transformation. Adulte : se fait jour au dehors en rongeant l’extrémité posté¬ rieure du fourreau. €2ynandro|tlitlmlma concolor, Fab. (Lefèvre, Mon., 1871, p. 139.) Biologie, Xambeu, 7e Mémoire, 1898, p. 20. Œuf : La copulation est assez longue, elle peut se répéter pour durer deux ou trois jours ; une fois fécondée, la femelle pond une cinquantaine d’œufs qu’elle éparpille au pied des plantes ; cet œuf a une longueur de 0rr,m7 et un diamètre de 0mm3; il est jaunâtre pâle, cylindrique, lisse et luisant, arrondi aux deux pôles. Enveloppe primaire, verdâtre pâle, formée d’un réseau hexa¬ gonal quadrillé, les lignes des figures relevées en légères côtes brunes : après l’éclosion de l’œuf, cette enveloppe se modifie, s’agrandit et présente à la fin de l’existence larvaire la forme suivante. Fourreau : Longueur, 5 à 6 millimètres ; diamètre, 2 millimè¬ tres. Brun terne, raboteux, cylindrique, recouvert de petites paillettes qui le rendent brillant, tronqué à la région antérieure, arrondi à l’extrémité opposée, à parois intérieures noires et lisses : les four¬ reaux que l’on prend au revers oriental du Canigou (Pyrénées Orientales) sont recouverts d’imperceptibles lames de mica qui les rendent très brillants, ce qui semblerait prouver, au moins pour cette espèce, que la larve ajouterait à ses déjections des parcelles étrangères pour le développement de sa coque. Larve : Longueur, 7 millimètres ; largeur, 2 millimètres. Corps droit en avant, recourbé en dedans, renflé à l’extré¬ mité postérieure, jaunâtre pâle, finement pointillé, éparsement cilié. Tête grande, rougeâtre, réticulée, ligne médiane pâle, bifurquée, disque déprimé, strié en arrière de la lisière frontale où se con¬ fondent le labre et l’épistome dont le milieu est excavé et les bords 38 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES relevés en légère carène qui borde la base des antennes et s’ar¬ rête à hauteur des ocelles; mandibules déprimées; mâchoires à tige allongée, droite, rougeâtre, lobe court, petit, ne dépassant pas le deuxième article des palpes; lèvre inférieure étroite, arrondie ; languette petite, triangulaire; antennes de trois courts articles rougeâtres ; ocelles au nombre de six petits tubercules rougeâtres à sommet rembruni. Segments thoraciques , pointillés, transverses et convexes, le premier couvert d’une plaque jaunâtre, finement ridée, deuxième et troisième égaux, avec incisioD transverse divisant l’arceau en deux bourrelets. Segments abdominaux coupés par des incisions relevant cha¬ que arceau en plusieurs bourrelets transverses dont le postérieur est le plus saillant ; segment aDal entier à bords arrondis et ciliés. Dessous déprimé, pointillé, faiblement cilié, les segments non incisés, le dernier quadrilobé ; à l'intersection des lobes est l’anus à fente transverse, les flancs parcourus par une rangée de mame¬ lons. Pattes allongées, rougeâtres, hanches à base biponctuée de noir, cuisses et jambes comprimées, prolongées par un onglet rou¬ geâtre clair, à pointe aciculée et arquée. Stigmates très petits, arrondis, les huit abdominaux un peu en dehors d’une ligne sous cutanée flave En automne comme au printemps, à 2400 mètres d’altitude, près des étangs du revers oriental du Canigou dans les nids du Tetra- morium cæspitum, Linné, on trouve cette larve dans les résidus accumulés sous les pierres par cemyrmique, vivant des restes ani- malisés que ces détritus renferment; aux derniers jours de mai, ou plus tôt selon l’altitude, parvenue à son complet développement, elle gagne le dessous du rebord de la pierre qui sert d’issue aux four¬ mis, s’enterre dans ce milieu chaud, abrité, formé d’un amoncelle¬ ment de débris végétaux dont les myrmiques savent protéger leur orifice de sortie, bouche l’ouverture de son fourreau, se retourne dans ce réduit, puis subit sa transfiguration nymphale. Nymphe : Longueur, 4 millimètres ; largeur, lmm2. Corps oblong, jaunâtre pâle, charnu, courtement cilié de roux, subconvexe aux deux faces, arrondi à la région antérieure, la pos¬ térieure peu atténuée et un peu arquée. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 39 Tête déclive, front excavé, deux excroissances ciliées sur le vertex; premier segment large à bords relevés, à surface couverte de très courtes spinules rousses, deuxième étroit, à milieu canali- culé, troisième subrectangulaire; segments abdominaux courts, transverses, les sept premiers avec courte apophyse latérale. La nymphe, avons-nous déjà dit, n’est douée d’aucun mouve¬ ment; cloîtrée dans une coque assez résistante pour la mettre à l’abri de tout danger, de tout accident, elle n’avait nul besoin de se défendre, et c’est ainsi que tout mouvement lui a été refusé. La phase nymphale dure une quinzaine de jours environ, puis, par une forte poussée de son front, l’adulte force l’enveloppe de son réduit qui cède et lui livre passage au point le moins dur du four - reau, le point de rupture est en effet inégalement festonné et rien ne fait supposer que cette partie de la coque qui s’est entr’ouverte ait été évidée à l’avance. Adulte : paraît de mai à septembre suivant l’altitude, se pose sur différents végétaux, plus particulièrement sur les feuilles et les fleurs de Polygonum sur lesquelles il s’accouple; est très com¬ mun dans les lieux frais et ombragés du Canigou, depuis 1000 jusqu’à 2400 mètres de hauteur, partout où croissent les Polygo¬ num et tant que dure la floraisou de cette plante ; il aperçoit faci¬ lement le danger et y pare soit par le vol, soit en se dissimulant derrière un obstacle; en plaine, n’est pas rare sur les fleurs de ronce ; en coteau, sur le chêne vert. 4e Groupe. — Larves jaunâtres, a pubescence blanchâtre, ŒUFS SUSPENDUS, FOURREAUX GRANULEUX, CHEVRONNÉS Genre COPTOCEPHALA, Chevrolat. C'optoceplinla Gebleri, Dejean. (Lefèvre, Mon., 1871, p. 181.) Fourreau , Rosenhauer, Stett. eut. Zeit., 1882, n° 46, p. 147. Longueur, 13mm5 ; diamètre, 4mm5. Allongé, ovale, obliquement tronqué, large à la région posté¬ rieure, convexe en dessus, déprimé en dessous, gris noirâtre, à 40 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES surface raboteuse ; de l’extrémité postérieure courent en partant d’un même point jusque sur le milieu de la région dorsale où in¬ sensiblement elles disparaissent, trois côtes divergentes élevées ; des deux côtés de ce même point d’origine sont deux élévations déprimées entre lesquelles deux chevrons prennent naissance, ils s’éloignent d’abord l’un de l’autre, puis se rapprochent sur le de¬ vant, forment sur les côtés un ovale allongé qui est partagé en deux moitiés par une bifurcation déplus en plus distincte en avant ; ou¬ verture du fourreau presque arrondie, obliquement coupée, avec bourrelet en rebord ; opercule garni de quelques aspérités. Larve : Longueur, 6mm7 ; largeur, 3mm3. Corps arqué, jaune blanchâtre, région dorsale un peu dépri ¬ mée, la ventrale cannelée. Tête voûtée, arrondie, brun rougeâtre brillant ; lèvre supérieure deux fois bordée ; mandibules brun foncé à extrémité bidentée ; lèvre inférieure quadrangulaire, brunâtre, palpes labiaux à base large et cornée ; antennes triarticulées ; ocelles au nombre de quatre placées derrière les antennes. Segments ridés, un peu étranglés, le premier thoracique cou¬ vert d’une grande plaque cornée brun jaunâtre, arqués à partir du neuvième arceau. Pattes longues, jaunâtres, à extrémité plus foncée avec onglet allongé et droit, base des cuisses marquée d'un point foncé. C’est en Russie, à Sarepta, que cette larve a été trouvée en nombre. Ctoptocepliala scopoliiia, Linné. (Lefèvre, Mon., 1871, n° 4, p. 173.) Fin juin a lieu l’accouplement des deux sexes, le mâle sur la femelle, une fois celle-ci fécondée, elle procède au dépôt de sa ponte; ses œufs épars et disséminés sont recouverts d'une enve¬ loppe primaire façonnée par la mère au moyen de ses propres dé¬ jections et suspendus par un fil très ténu au végétal sur lequel ils ont été pondus : ce léger brin de soie, d’une longueur de 10 milli¬ mètres, les maintient suspendus en l’air et vacillants au plus léger des déplacements atmosphériques. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 41 Œuf : Longueur, 0mm6 ; diamètre 0mm3. Petit, allongé, subcylindrique, d’un beau jaune d’ocre, lisse et luisant, longitudinalement et imperceptiblement sillonné, à pôles arrondis, à coquille peu résistante. Enveloppe primaire : longueur, 3 millimètres ; diamètre, 2 millimètres. Cunéiforme, couleur verdâtre terreux, circulairement marquetée de petites fossettes carrées, le fil prenant attache au bout pointu, l’extrémité opposée tronquée. La ponte a lieu au commencement de juillet, l’éclosion huit jours après. Fourreau : longueur, 7 millimètres ; diamètre, 4 millimètres. En ovale allongé, noir, terreux, glabre, granuleux ; la partie supérieure est garnie de deux arêtes latérales formant chevron et une légère arrête médiane entre les deux branches du chevron qui se réunissent près du bout postérieur lequel est bimamelonné ; ré¬ gion inférieure subconvexe, raboteuse et striée en arrière des arêtes; opercule déprimé; parois intérieures lisses, noirâtres. Vers la fin de juin, avant sa transformation, la larve fixe son fourreau contre une tige de graminée, se retourne ensuite dans son abri puis change de forme ; une dizaine de jours après, l’adulte par une forte poussée rompt, fait éclater l’extrémité du fourreau et se trouve ainsi libre de toute entrave. Larve : A son jeune âge, elle est jaunâtre, à tête et plaque du premier segment thoracique écailleuses, brunes et cornées : elle est douée de mouvements vifs, avance par soubresauts et por¬ tant son fourreau complètement relevé, quelquefois un reste de fil d’attache y demeure adhérent. Adulte , est commun durant toute la belle saison; il s'englue souvent contre les tiges visqueuses de Fhlox dont il ne peut se dégager et où il trouve la mort. CJoptocepliala floral!*. Ouv. (Lefèvre, Mon., 1871, p. 176.) Fourreau, Rosenhauer, Biologie, 1852, n° 5, p. 24. Allongé, quadrangulaire, à côté supérieur formé en bordure 42 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES épaisse dentelée et sur le milieu deux gros bourrelets en saillie ; côtés assez droits, dessous déprimé, côté supérieur en forme de lamelle; ouverture du fourreau oblique; opercule cintré ; au des¬ sus est encore entre les deux bords une légère carène relevée en arrière. Larve : Corps jaunâtre clair, garni de quelques légers poils blanchâtres. Tête arrondie, cintrée, finement ponctuée, couleur brun de poix, avec quelques gros points en mélange ; plaque en forme de demi- lune du premier segment thoracique marginée de clair aux bords. Pattes jaunâtres, à extrémité plus foncée ; onglet noir, corné. Cette larve a été prise à Grenade (Espagne). Coptoceplinla l-maciilaln. Linné. (Lefèvre, Mon., 1871, p. 179.) Enveloppe primaire, Rosenhauer, Biologie, 1852, n* 6, p. 25. Longueur 0mm7 à 8. Offre une ressemblance assez frappante avec un cône de pin dépouillé de ses écailles ou avec un épi de maïs débarrassé de ses grains; elle se compose de sept à neuf lamelles excrémentitielles saillantes, jaune verdâtre, munies à leur extrémité postérieure d’un filament mince très ténu qui sert à la mère à le fixer sur les végétaux. Fourreau : Longueur, 6 à 7 millimètres ; largeur, 3mm5. Forme cylindrique, brunâtre; sur la région dorsale sont trois côtes longitudinales un peu dentelées, la médiane la plus accentuée; ouverture oblique; opercule parallèle au bord antérieur. Larve : A la plus grande ressemblance avec celle du Copt. floralis, Oliv. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 43 5e Groupe. — Larves blanc jaunâtre a pubescence blanchâtre, FOURREAUX SANS CÔTES, RUGUEUX. Genre LACHNÆA, Ghevrolat. Lacbnaea pubescciis, Linné. (Lefèvre, Mon., 1871, p. 115.) Fourreau, Dufour, Ann. gèn., VI, p. 307. Très grand, régulièrement formé, sans côtes ni saillies, à surface un peu rugueuse, ridé et rayé en dedans, à surface un peu oblique mais non prolongée, terminée par deux petits tubercules. On le trouve en grand nombre sous les pierres en Catalogne. Aux renseignements qui précèdent nous pouvons ajouter les observations suivantes, qui nous sont personnelles et que nous avons déjà fait connaître à la lrc partie de notre 7e Mémoire ; elles se rapportent à la ponte de cette espèce : Un 20 mai, à 10 heures du matin, j’aperçois une femelle cram¬ ponnée sur le limbe d’une feuille de figuier, le corps relevé et campé sur les deux premières paires de pattes, la troisième paire rassemblée au-dessous de l’extrémité anale, les antennes allongées sur les côtés du corps, indices certains d’une préparation à la ponte; aux premiers efforts de l’oviducte, l’une des dernières pattes aide, par un mouvement alternatif d’avant en arrière, à l’extraction de l’ovule, puis c’est au tour de l’autre patte, ensuite des deux à la fois, on dirait que l’insecte lisse un objet; entre temps la femelle se redresse sur ses quatre premières pattes pendant que les antennes se dirigent d’autant plus droites en avant que l’œuf est plus prêt à sortir; le mouvement des pattes postérieures se continue jusqu’au moment où l’œuf va tomber; à ce moment, l’insecte avance un peu vers les bords de la feuille, l’œuf est pondu sur la feuille même, mais la moindre secousse le fait choir sur le sol; tout ce temps, en apparence court, dure quatre minutes; c’est au nombre de seize que les œufs furent pondus sans que ma présence eût en rien gêné la femelle durant sa ponte et toujours très régulièrement, avec un intervalle de quatre minutes d’un œuf à l’autre. 44 MOEURS ET METAMORPHOSES DES I!N SECTES Œuf : Longueur, 0ram8 ; diamètre, 0mm4. Ovalaire, d’un jaune d’ocre, arrondi aux deux pôles, avec faibles rides longitudinales. Lacliuaea tristlgina, Hoffm. (Lefevre, Mon., 1871, p. 109.) Rosenhauer, Biologie, 1852, n° 4, p. 24. Fourreau : Longueur, 11 millimètres; diamètre, 4mm5. Très résistant, jaune rougeâtre, de substance homogène, poli et brillant, convexe en dessus, déprimé en dessous, postérieure¬ ment terminé par deux tubercules latéraux arrondis marquant les vestiges de l’enveloppe primaire en eux facilement reconnais¬ sable. Larve : Blanc jaunâtre; tête un peu cintrée, finement ridée, brun noirâtre; la partie semi-lunaire du premier segment thora¬ cique brun noirâtre aussi, avec marge jaunâtre ; pattes jaunâtre pâle, onglet simple, brun corné. Cette larve fut trouvée en mai à Malaga (Espagne), sous des pierres. Suivant Rosenhauer, d’un fourreau de cette espèce est sortie une Mutille, voisine de Sabulosa, Klug, qui avait percé la coque en y pratiquant un grand trou rond. Adulte : Valéry Mayet, dans le Progrès agricole et viticole de Montpellier ) 1896, n°33, p. 180, signale l’espèce comme nui¬ sible à la vigne ; il donne le dessein du fourreau, de la larve et de l’insecte à l’état parfait. Aux renseignements qui précèdent, nous ajouterons les suivants qui nous sont particuliers. Larve : Longueur, 8 millimètres; largeur, 3 millimètres. Corps fortement arqué, blanc jaunâtre, finement pointillé, cou¬ vert de très courts cils roux. Tête déprimée, granuleuse, à disque convexe, à eôtés ciliés ; épistome et labre indistincts, ce dernier éparsement cilié, mandi¬ bules échancrées, obtusément tridentées, base maxillaire et menton rougeâtres rebordés de testacé ; lobe maxillaire arrondi frangé de MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 45 courts cils roux; plaque du premier segment thoracique rougeâtre, étroite, mais très développée, bourrelets des quatrième et cinquième segments abdominaux très accusés, segment anal largement tron¬ qué; pattes rougeâtres avec onglet très prononcé, la première paire très allongée dans la plupart des sujets ; stigmates jaune roussâtre, à péritrème brunâtre. Sur les coteaux bien insolés des environs de Ria, on trouve cette larve en automne ainsi qu’au printemps dans les couloirs supérieurs où sont amoncelés les détritus des colonies de Myrmecocystus cursor, Fons. L’adulte peu répandu paraît en mai et juin. Iiaclmaca vicina, Dejean (Lefevre Mon., 1871, p. 118.) Fourreau. Rosenhauer, Biologie , 1852, n° 3 p. 23. Longueur, 14 millimètres; diamètre, 2 à 3 millimètres. Composé d’une masse de gros grains, argilacé, la partie posté¬ rieure n’est pas très élargie, l’ouverture est obliquement tron¬ quée, l’opercule est convexe, la région dorsale du fourreau est transversalement ridée. Larve : Longueur, 10 millimètres. Corps blanc jaunâtre, couvert de courts poils blanchâtres épars. Tête arrondie, brun rougeâtre, ridée, confusément ponctuée de gros points ; plaque thoracique semi-lunaire, brun rougeâtre, marginée de couleur plus claire ; pattes brun rougeâtre, cornées en-dessous ; onglet simple. Cette larve avec son fourreau ont été pris à Malaga (Espagne) sous des pierres. Nymphe. (M. Girard, Entomologie, 1873, p. 771.) Couleur d’abord d’un jaune clair, puis brun, avec les segments abdominaux épineux en dessus, le septième postérieurement relevé afin de fournir un point d’appui à l’adulte quittant la peau nym- phale. 46 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES B. CRYPTOCEPHALIDES 6e Groupe. — Larves blanchâtres, ciliées de jaunâtre, œufs éparpillés, FOURREAUX GRANULEUX OU VERRUQUEUX Genre CRYPTOCEPHALÜS, Geoffroy. Crypfocepbalus flavipes, Fab. (de Marseul, Mon., 1874, n° 122, p. 168.) Œuf, Rupertsberger, Revue d'ent., 1882, p. 170. La femelle enveloppe son œuf de petites masses de déjections dis¬ posées en cinq files très obliques de longueur et d’épaisseur à peu près égales, sans aucune saillie particulière. Oyptocepbnlus c-punctatus, Linné. (de Marseul, Mon., 1874, n® 39, p. 71.) i Fourreau , Rosenhauer, Stett. ent.Zeit., 1882, n° 17, p. 148. Longueur, 9 millimètres; diamètre, 2 à 4 millimètres. Lagéniforme, un peu raboteux, grisâtre, carène dorsale dentelée ; de chaque côté est aussi une ligne peu élevée, plus claire, jaunâtre, arquée, allant d’avant en arrière, s’écartant un peu de l’extrémité postérieure sur la surface inférieure et se réunissant avec sa cor¬ respondante latérale , opercule brillant, à bord élevé et renflé. Larve : Longueur, llmm3; largeur, 2mm3. Corps blanchâtre, arqué. Tête à rebord arrondi, élevé, brun mat, à surface couverte de petits poils épineux, front déprimé ; mandibules robustes, à extré¬ mité tridentèe ; antennes en rebord de trois courts articles. Segments thoraciques, le premier couvert d’une grande plaque brillante garnie de petits poils fins avec ligne médiane obsolète plus claire; aux deuxième et troisième segments est une tache arquée , brillante, grisâtre. MOEURS ET METAMORPHOSES DES INSECTES 47 Segments abdominaux transversalement et finement sillonnés. Pattes noires, avec long onglet droit; couvert de poils épineux grêles et tache arquée grisâtre à la base. On trouve la larve avec sa coque sous les feuilles; elle se trans¬ forme en nymphe en juin, l’adulte fait son apparition en juillet. Cryptocéplialus I2>pnnctatus) Fab. (de ùfarseul, Mon., 1874. n® 92, p. 140.) Fourreau , Rosenhauer, Biologie 1852, n° 13, p. 28. Longueur, 5mm2 ; largeur, 4 millimètres. Couleur noir de poix garni de cinq côtes élevées, un peu tordues et qui laissent apercevoir quelques lamelles d’excréments un peu saillants ; quelques semaines après ils sont plus coniques et à côtes plus accentuées ; au fur et à mesure que la larve se développe, le fourreau s’allonge en s’élar¬ gissant; il devient épais et solide; il est alors long de 8 millimètres et a un diamètre de 4 à 5 millimètres, noir mat, traversé par inter¬ valles de lignes et de demi-anneaux brunâtres, avec côtes dorsales élevées, plus accentuées vers l’extrémité postérieure où elles forment des côtes distinctes, au-dessous de cette région sont deux faibles tubercules tronqués, vestiges des enveloppes précédentes; opercule avec trou caché, ombiliqué. Larve : Longueur, 5 à 6 millimètres. Corps blanchâtre, charnu, garni à sa partie antérieure de quel - ques poils jaunâtres. Tête brune, déprimée, fortement ponctuée, avec rebord antérieur plus clair ; plaque du premier segment thoracique semi-lunaire, bru¬ nâtre à bords transparents; pattes, brun jaunâtre, tarses cornés plus foncés. La femelle pond de six à sept œufs sur les feuilles du Corylus avellana ; chaque œuf reste environ six heures au passage, déposé dans la fossette ovifère, puis la mère le couvre de ses déjections qui y restent adhérentes et qui ont pour destination de former l’enveloppe primaire. Suivant Rosenhauer, la larve a pour parasite Y Eupelmus annu- latus Nées, les Pezomachus vagans Grav., et pedestris Grav. La larve est phytophage : en mai elle opercule son fourreau, 48 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES puis se retourne, se transforme en nymphe en rejetant sa peau larvaire contre l’opercule, l’adulte sort par le fond opposé au couvercle dont il enlève un morceau circulaire. Cryiitocephalus aurcolus, Suxfrian. (De Marseul, Mon., 1874, n" 84, p. 125.) Enveloppe primaire, Rosenhauer, Biologie , 1852, n° 14, p. 29. Longueur 0mm7 à 8, diamètre 0mni6. Formée de cinq à sept lignes de lamelles noires semblables à des feuilles écartées l’une de l’autre, de couleur verdâtre, grands et larges eu égard à la taille de l’adulte. Fourreau : Longueur, 9 à 10 millimètres; diamètre, 5 à 6 milli¬ mètres. Forme robuste, noir mat, garni en dessus de quatre à six côtes granuleuses dont quatre entières, les autres plus ou moins inter¬ rompues ; en dessous de l’extrémité postérieure sont deux tuber¬ cules tronqués, bien saillants sur lesquels on voit les vestiges de l’enveloppe primaire. Larve : dans son jeune âge, elle est d’un jaunâtre pâle blan¬ châtre; tête et plaque du premier segment thoracique sont brunes avec bords plus clairs; la tète de la larve adulte est déprimée, fortement ridée et le rebord paraît plus distinctement dentelé. L’apparition de l’adulte a lieu de mai à août. L’accouplement se fait de jour sur les fleurs et la ponte se com¬ pose de 25 œufs qui éclosent une quinzaine de jours après. Œuf: Longueur 0mm8, diamètre 0mm4. Long, ovalaire, blanchâtre, lisse et luisant, sans traces appa¬ rentes de stries ni de rides, à pôles arrondis, à coquille très déli¬ cate. t'ry|>toce|ibalui vittatus, Fab. (De Marseul, Mon., 1874, n° 156, p. 206.) Fourreau, Rosenhauer, Biologie, 1852, n° 16, p, 50. Longueur, 2Bim8; diamètre 5mm5. MOEURS ET METAMORPHOSES DES INSECTES 49 Noir mat, voûté en dessus, déprimé en dessous, chargé de quatre à cinq côtes longitudinales élevées, dentelées et de stries trans¬ verses apparentes ; comme toujours à l’extrémité sont deux tuber¬ cules, restes de l’enveloppe primaire. Larve : Longueur 2mm8. Corps jaune blanchâtre; tête brune, déprimée, finement ponc¬ tuée, bords anguleux plus clairs; plaque prothoracique brune, bords plus clairs. On trouve le fourreau de cette espèce en été sous le feuillage des haies et des chênes. La figure 16 de la planche qui suit la biologie de Rosenhauer représente le fourreau en dessous et montre la façon dont il est ouvert par la larve dans le sens de la longueur pour son agran¬ dissement. Oyptocepli alun pi ni, Linné. (De Marseul, Mon., 1874, ir’ 93, p. 156.) Œuf allongé, cylindrique, lisse, d’un jaune d'ocre clair. Fourreau primaire. Rosenhauer, Biologie, 1852, n° 17, p. 30. Longueur, 0mm8 ; formé de cinq ou six lignes de lamelles, façonné avec les déjections placées sans ordre les unes sur les autres, de couleur brunâtre foncé; la confection du fourreau primaire a lieu en septembre, en même temps que la larve grandit, le fourreau se déve¬ loppe insensiblement en faisant surgir sur sa surface des côtes lon¬ gitudinales assez régulières. Larve : Corps jaunâtre terne; tète brun foncé à dessus déprimé, front mat, rebord peu saillant, les autres parties de la tête ainsi que la plaque brun foncé du premier segment thoracique lui¬ santes et brillantes; pattes brun jaunâtre à extrémité plus foncée. Adulte : Perris, Ins. pin mar ., 1856, p. 341. L’adulte commence à apparaître aux premiers jours d’octobre, c’est à la fin de ce mois et aux premiers jours de novembre qu’il est le plus commun; on le trouve jusque fin décembre, il se tient sur les pins de six à quinze ans qui confinent à la lisière des bois Soc. Linm., t. xlvi, 1899. 4 50 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES ou à la lisière des petites clairières, il est plus abondant aux en¬ droits des bois où les arbres sont le plus espacés, aérés et éclai¬ rés ; par le soleil, on les aperçoit sur les feuilles d’où ils se laissent tomber dès qu’on les approche; on les voit souvent accou¬ plés. L’adulte vit des feuilles du pin, il pratique le long du canal inté¬ rieur un ou deux sillons linéaires, rapprochés, parallèles, parcou¬ rant toute la longueur de la feuille en pénétrant dans le parenchyme jusqu’à une faible profondeur. Cryptocoplialus coryli, Linné (De Marseul., Mon., 1874, n0 27, p. 58.) Fourreau, Rosenhauer, Biologie, 1852, n° 12, p. 28. Ue consistance très solide, épais, formé d’une masse de petits grains brun foncé, bombé en dessous, ouverture arrondie, opercule déprimé, garni en son milieu d’une saillie conique, laisse avancer assez loin le bord du fourreau; à l’extrémité se trouvent dirigés en dessous deux tubercules tronqués, restes de l’enveloppe primaire. Larve: Tête déprimée, ridée, bordée, rouge brunâtre ainsi que la plaque prothoracique; pattes de couleur semblable. Cryptocepltalus blpunctatiis, Linné. (De Marseul, Mon., 1874, n° 147, p. 196.) Fourreau, Rosenhauer, Biologie, 1852, n°ll,p. 28. Longueur, 9 millimètres; diamètre, 2à3 millimètres. Couleur brun foncé, formé d’une masse à gros grains inégale, traversé par intervalles par des lignes plus claires, un peu bombé sur la région supérieure; ouverture du fourreau oblique; opercule déprimé. Larve jaune blanchâtre, tète déprimée, brun clair, finement et confusément ridée, à bord extérieur avec forte bordure un peu entaillée; plaque du premier segment thoracique brun clair, semi- lunaire, bords plus clairs mais finement ridés. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 51 Suivant Rosenhauer, la larve a pour parasite le Blacus falca- tus , Nées. L'apparition de l’adulte a lieu en juin, juillet et août sur diverses essences. Aux renseignements qui précèdent nous ajouterons les suivants qui nous sont particuliers. L’accouplement des deux sexes a lieu en juillet sur les fleurs : une fois fécondée, la femelle pond une vingtaine d’œufs qu’elle recouvre en leur donnant la forme suivante : Œuf: Longueur 0mml, diamètre 0mm06. Allongé, ovalaire, blanc jaunâtre, lisse et luisant très finement pointillé, à pôles arrondis, à coquille peu résistante : quinze jours suffisent à cet œuf pour éclore. Enveloppe primaire : Longueur lm,n8, diamètre 1 milli¬ mètre. Brunâtre, formé de lamelles épineuses écartées, disposées les unes à la suite des autres et formant ainsi des lignes d’arètes dirigées en divers sens, à pôle supérieur tronqué, l’inférieur subarrondi. Une ponte trouvée par nous en juillet sur des feuilles de fraisier a été conduite jusqu’à fin février suivant dans de bonnes condi¬ tions ; pondus le 8 juillet, l’éclosion des œufs eut lieu le 27 ; jus¬ qu’au 20 août, les larves ne touchèrent pas aux feuilles qui leur étaient données, le fourreau primaire ne subit aucune modification ; dès les premiers jours de septembre elles se nourrissaient des feuilles en les perçant de petits trous et successivement durant l’automne le fourreau se modifiait vers la base de l’ouverture : nous ignorons la cause qui provoqua l’arrêt du développement de cette ponte. Ciryptuceplittliig niiuutiiw, Far. (de Marseul, Mon., 1874, n° 170, p. 224.) Fourreau primaire, Rosenhauer, Biologie, 1852, n° 19, p. 31. Longueur, 0mn,7 à 8. Formé de huit à neuf lignes de lamelles un peu saillantes et irrégulièrement placées, de couleur gris jaunâtre ; c’est au milieu 52 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES de l’été qu’a lieu la ponte; dès la fin de juillet la larve est adulte. Fourreau : longueur, 3 à 4 millimètres; diamètre, lmm5. Noir mat, très rétréci sur la région antérieure, couvert de demi- anneaux et de lignes éparses, raboteux, mais sans côtes ni éléva¬ tions; au côté inférieur extrême sont deux tubercules tronqués, vestiges de l’enveloppe primaire. Larve : Corps blanc jaunâtre ; tête brune, déprimée en dessus, finement ponctuée, à rebord peu saillant et de couleur plus claire ; plaque prothoracique brune, cornée h bords plus clairs ; pattes brun clair à dessous corné et plus foncé. Suivant Rosenhauer, la larve a pour parasite un petit Pezoma- chus voisin du P. anceps, et, d’après T. A. Marshall, le Pambo- lus Rosenhauri, Ratz., serait aussi un ennemi de cette même larve ; ce dernier auteur mentionne, dans sa Monographie des Braconides, 1891, p. 219, que Ruihe dit avoir trouvé YAraphis tricolor, Rut. a* et ? , dans une localité peuplée de diverses espèces de Cryptocéphales, d’où il paraîtrait probable que les Pam- bolus en général sont inféodés comme parasites aux espèces de ce groupe de Coléoptères. Cryptoceplialus IHorcei, Linné. (de Marseul, Mon., 1874, n° 119, p. 164.) Fourreau , Rosenhauer, Biologie, 1852, n° 15, p. 30. Longueur, 5 à 6 millimètres ; diamètre, 2 à 3 millimètres. Subcylindrique, lagéniforme, gris noir mat, un peu rétréci en avant, fortement bombé en arrière, sans saillies, sauf deux tuber¬ cules tronqués au côté inférieur du bout; opercule voûté. Larve blanchâtre, garnie de quelques poils jaunâtres à la région antérieure ; tête déprimée, brune, confusément et finement ridée ; plaque thoracique brun clair à bords plus clairs; pattes pâles à extrémité cornée et foncée. Cette larve se nourrit des feuilles de l’Euphorbe. On trouve l’adulte en mai et juin sur l’Euphorbe ainsi que sur le genêt à balai. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 53 Cryptoceplialus rugtcollis, Olivier. (de Marseul, Mon., 1874, n° 6, p. 31.) L'accouplement a lieu fin mai sur les fleurs ou sur les feuilles des chicoracées ; la copulation est longue : elle dure toute la jour¬ née, puis la femelle dépose sa ponte. Œuf : Longueur, 0mrn7 ; diamètre 0mm3. Ovoïde, jaunâtre, sans rides ni réticulations, à pôles arrondis; pondus au nombre de trente environ, ils éclosent quelques jours après. Enveloppe primaire , longueur, 1 millimètre; diamètre, 0mm03. Cylindrique, jaunâtre, luisante, imprégnée de cannelures pro¬ fondes en quart de spire et en forme de pas de vis, arrondie au pôle antérieur, le postérieur tronqué. Cette enveloppe primaire se transforme successivement au fur et à mesure de l’accroissement de la larve ; achevée, elle présente la forme suivante. Fourreau , longueur, 4 millimètres ; diamètre, 2 millimètres. Consistance robuste, allongé, subcylindrique, noirâtre, verru- queux, à côtés subdéprimés, sans côtes ni saillies, un peu renflé à son tiers postérieur, le bout inférieur arrondi et bituberculeux, obliquement tronqué à l’ouverture, laquelle se prolonge en dessus en lame triangulaire, le bout inférieur recouvert de longues soies rougeâtres éparses. La larve vit à l’abri dans ce fourreau, passe l’hiver légèrement enterrée; en mars, elle reprend de son activité, pour atteindre quel¬ que temps après son entier développement. Larve : Longueur, 5 millimètres ; largeur lmm4. Corps arqué, blanc terne, avec courtes soies rousses, éparses, convexe en dessus, arrondi aux deux extrémités. Tête noire, finement ponctuée, avec longs cils serrés, ligne médiane bifurquée, lisière frontale échancrée, mandibules rouge⬠tres, à extrémité noire, dentée ; mâchoires à tige continue, lobe court, cilié, languette constituée par un court empâtement cilié; antennes courtes, annelées detestacé; ocelles, quatre points cornés disposés en demi-cercle. 54 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES Segments thoraciques , le premier recouvert d’une plaque noire, lisse, finement ridée, semi-lunaire, à bord postérieur relevé, mar que d’un gros point de chaque côté de la ligne médiane. Segments a&rfommaw£cbitransversalement incisés, éparsement dilatés, courtement ciliés ; segment anal unitransversalement incisé. Pattes allongées, noirâtres, terminées par un court onglet. Stigmates très petits, orbiculaires, flaves, à péritrème blan¬ châtre. Cette larve qui porte comme traits spécifiques deux gros points sur la plaque prothoracique, vit en nombre dans les plaines des environs de Ria, comme aussi sur les coteaux de moyenne éléva¬ tion, des feuilles de divers laiterons. Adulte : C’est un insecte très répandu qui vole facilement pen¬ dant les heures les plus chaudes de la journée; son apparition commence vers la mi-mai pour se continuer jusqu'à la fin juin ; il passe la nuit à l’abri dans les fleurons de la plante nourricière, la pluie le retient également sur la fleur. Cryptoceplialus fulguritus Raffray. (De Marseul. Mon., 1874. n° 23, p. 49.) Fourreau, Xambeu, 6e Mém., 1894, p. 146. Longueur, 6 à 8 millimètres; diamètre, 4 millimètres. Couleur terreuse, transversalement granuleux, bombé en dessus, déprimé en dessous, avec sillon médian obsolète et deux tubercules à l’extrémité postérieure, garni de cinq côtes séparées par de légères stries ; ouverture ovale, obliquement tronquée, extrémité posté¬ rieure arrondie, parois intérieures lisses, enduites d’une matière jaunâtre terne. Larve : Longueur, 8 millimètres, largeur, 2mm5. Corps jaunâtre, garni de courtes soies blanches éparses. Tête arrondie, déprimée noire, finement chagrinée, ligne médiane courte, bifurquée en deux branches courbes formant liséré ; épis- tome presque indistinct ainsi que le labre dont la base est excavée et le bord cilié ; mandibules étroites à tranche externe bicarénée, à extrémité obtusément bidentée ; lobe maxillaire petit, articles des MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 55 palpes maxillaires courts, noduleux ; premier article antennaire grand, globuleux, deuxième cylindrique, petit, troisième plus petit encore ; ocelles figurés par six tubercules, dont quatre disposés en carré en arrière de la base antennaire, deux au-dessous des joues. Segments thoraciques jaunâtres, éparsement ciliés, le premier avec plaque noire, à rebord antérieur et postérieur membraneux, les deux suivants courts, transverses avec incision antérieure divi¬ sant l’arceau en deux bourrelets. Segments abdominaux, les cinq premiers coupés par trois inci¬ sions transverses relevant l’arceau en cinq bourrelets d’autant plus accentués qu’ils se rapprochent du cinquième sur lequel ils sont proéminents et forment coude avec les quatre suivants qui sont arqués en dedans et sur lesquels les incisions sont de moins en moins marquées jusqu’au dernier qui est petit, arrondi et à bords ciliés. Dessous déprimé, chaque arceau ventral diagonalement incisé, fente anale transverse. Pattes allongées, hanches à base marquée de deux points noirs placés l’un derrière l’autre, trochanters ponctués de noir ; tarses en forme de long onglet aciculé arqué en dedans. Stigmates très petits, orbiculaires, sombres, à péritrème plus clair. C’est en juillet sur le Tamarix, à Teboursouk (Tunisie), qu’a été trouvée la larve avec son fourreau. Cryptocepalilus flavibarbls, Fab. (De Marseul Mon., 1874, n° 158, p. 181.) Fourreau, L. Dufour, Ann. Soc. ent. Fr., 1852, p. 443. Longueur, 6 à 7 millimètres. Ovoïde, oblong, un peu arqué en dedans, noirâtre, de consistance assez solide, avec de légères aspérités mais nullement symétriques, à gros bout, arrondi et convexe, à petit bout obliquement tronqué, à parois intérieures lisses et unies. Léon Dufour prenait ce fourreau dans les Landes, dans les pelouses sablonneuses ; l’adulte sort par le gros bout dont une calotte arrondie se détache régulièrement. 56 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES Cryptocephalus impérial!*, Fab. (De Marseul, Mon , 1874, n° 14, p. 40.) Fourreau, L. Dufour. Ann. Soc. eut. Fr., 1852, p. 413. Longueur, 11 à 12 millimètres. Ovoïde, oblong, noirâtre, à envelopppe robuste, moins arqué que celui du Cryp. flavibarbis, à gros bout arrondi et convexe, à petit bout tronqué horizontalement et non obliquement entouré d’un bour¬ relet continu, séparé du disque central par une gouttière circulaire. C’est au printemps que Léon Dufour l’avait trouvé à Saint-Sever (Landes). Selon de Marseul , Mon., p. 18, le fourreau du C. fulcratus, Germ. serait semblable au précédent quoique plus petit et plus arqué; sa longueur serait de 6 millimètres. Cryptoeeplialus gracllii, Fab. (De Marseul, Mon., 1874, n° 183, p. 237.) Œuf, Rosenhauer, Biologie , 1852, n° 18, p.31. Longueur, 0mm8. Pondu en assez grand nombre au milieu de l’été, il est recou¬ vert de neuf lignes de lamelles minces assez régulièrement inflé¬ chies, se recouvrant bien les unes sur les autres et de couleur grisâtre. C’est toujours en mai et juin que sur le peuplier nous avons trouvé l’adulte. Cryptoceplialus blmaculatus, Fab. (De Marseul, Mon., 1874, n° 17, p. 43.) Œuf : Longueur, 1 millimètre; diamètre, 0mm3. En ovale allongé, d’un très beau jaune d’ocre, lisse et très luisant, avec traces obsolètes de lignes longitudinales, à pôles arrondis, à coquille résistante. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 57 Pondu fin juillet au nombre d’une vingtaine environ, il est recouvert d’une enveloppe primaire plus ou moins brune, cunéi¬ forme, façonnée au moyen de lamelles excrémentitielles relevées en arête lui donnant le faux aspect d’un cône de pin; l’éclosion a lieu une quinzaine de jours après le dépôt de la ponte. On prend l’adulte en juin et juillet sur le genêt épineux ainsi que sur la lavande. Cryptoeeplialus lioreyi, Solier. (De Marseul, Mon., 1874, nü 88, p. 59.) Nous avons obtenu de cette espèce prise en juin au mont Pilât, par notre ami M. Villard, de Lyon, l'œuf ainsi que l’enveloppe pri¬ maire que nous décrivons. Œuf : Longueur, lmœ2 ; diamètre, 0mm4. Ovalaire, d’un beau jaunâtre, lisse et luisant, finement réticulé, arrondi aux deux pôles, à coquille peu résistante. Enveloppe primaire : Longueur lmm4, diarnètreOmm8. Courte, ramassée, noire, relevée par sept lamelles disposées en forme de côtes interrompues vers le bout inférieur qui est arrondi, l’antérieur tronqué. L’accouplement a lieu vers la mi-juin sur l’arbuste nourricier et la ponte aussitôt après. Fourreau. — Tapes donne le dessin du fourreau sans le décrire (Ann. Soc. Ent. Fr., 1869, pl. I, fig. 2. Adulte : Se prend en juin au Mont Pilât sur le noisetier, le sor¬ bier, etc... Cryptoeeplialus globlcollls, Suffrian. (De Marseul, Mon., 1874, n° 86, p. 129.) En juin, sur les fleurs de Sonchus, a lieu l’accouplement, à la suite duquel la femelle dépose sa ponte, laquelle se compose d’une vingtaine d’œufs recouverts d’une couche de déjections lui donnant la forme suivante: 58 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES Enveloppe primaire : Longueur, lmm3; diamètre, 1 milli¬ mètre. Courte, ramassée, brunâtre, formée de sept lamelles diagonales, déchiquetées en forme d’épines larges et comprimées, bout antérieur tronqué, le postérieur subarrondi. De cette espèce, qui à l’état adulte est commune dans les environs de Ria, nous n’avons pu observer, malgré nos actives recherches, que la phase ovaire. f'ryptoccplinlug vittula, Suffrian. (De Marseul, Mon., 1874, n° 161, p., 216.) Cette petite espèce déploie une grande ardeur à l’accomplisse¬ ment de l’acte de l’accouplement qui se fait par superposition, le mâle sur la femelle, et qui dure la journée entière ; il s’accomplit sur la plante nourricière, la menthe sauvage ou l’euphorbe : aus¬ sitôt la disjonction des deux sexes, la femelle se met en devoir de procéder à sa ponte, laquelle a lieu aux premiers jours de juillet ; elle se compose d’une trentaine d’œufs qu’elle disperse aussitôt que chacun d’eux a été recouvert d’une couche protectrice. Œuf : Longueur, 0mm15; diamètre, 0mm05. Ovalaire, jaunâtre, très imperceptiblement pointillé, à pôles arrondis, à coquille si délicate qu’à peine exposée à l’air elle se ride, elle se flétrit : en le couvrant de ses propres déjections, la femelle lui donne la forme suivante : Enveloppe primaire : Longueur, 0““3; diamètre, 0mœl. Allongée, oblongue, noirâtre, formée de côtes relevées et dispo - sées en façon de demi-spirales, tronquée à la région antérieure, arrondie à l’extrémité opposée. L’éclosion de cet œuf est rapide; elle a lieu dans les huit pre¬ miers jours ; quant au fourreau, il est si petit et se confond si bien avec le sol qu’il est d’une recherche presque impossible. L'adulte est très commun dans les environs de Ria sur les fleurs delà menthe et de Y Euphorbia characias. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 59 Cryptocephalus violaceus, Fab. (De Marseul, Mon., 1874, n“ 79, p. 120.) L’accouplement de cette espèce montagnarde se fait en juillet sur les fleurs des divers laiterons ; il dure toute la journée ; dès le lendemain, la femelle fécondée procède au dépôt de sa ponte, chaque œuf recouvert comme d’habitude d’une couche de déjec¬ tions. Œuf: Longueur, 0n'm6; diamètre, 0mm3. Cylindrique, jaunâtre, lisse et luisant, longitudinalement et très imperceptiblement sillonné, à pôles arrondis, à coquille assez con¬ sistante; quelques jours avant l'éclosion, la couleur jaunâtre s’ac¬ centue de plus en plus vers le bout antérieur. Pondus au nombre de 25 à 30, ils éclosent douze à quinze jours après. Enveloppe primaire : Longueur, lmm2; diamètre, 1 milli¬ mètre. Courte, noire, brunâtre, formée de huit à neuf lamelles dentelées, déchiquetées, disposées dans le sens longitudinal, à extrémité anté¬ rieure tronquée, la postérieure subarrondie, peu allongée. Fourreau : G. Tapes, Ann. Soc. ent. Fr., 1868, pi. I, fig.7, donne le dessin de ce fourreau sans le décrire. Cette espèce n’est pas rare aux environs de Ria, en juin et juillet, à l’altitude de 800 à 1000 mètres, dans les découverts des bois de pins, toujours sur les fleurs de laiteron. Oyptoccplialiis Hypocliœridis, Linné. (de Marseul, Mon., 1874, n® 85, p. 127.) C’est au commencement de juillet qu’a lieu le rapprochement des deux sexes, c’est sur les fleurs d’^l rmeria plantaginis que, de jour, se consomme l’accouplement, par les moyens ordinaires; c’est au nombre d’une vingtaine que les œufs sont pondus, tou¬ jours recouverts d’une couche excrémentitielleaffectant une forme particulière. 60 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES Œufs jaunâtres, luisants, dontl’éclosion a lieu de vingt àvingt- cinq jours après. Enveloppe primaire : longueur, lmm3 ; diamètre, 1 millimè¬ tre. Courte, brunâtre clair, ovalaire, formée de lamelles spiniformes disposées par rangées diagonales, celles de l’extrémité postérieure plus pointues, ouverture tronquée, bout postérieur subarrondi, peu prolongé. L’adulte, dont l’apparition a lieu en juin et juillet, n’est pas rare dans les clairières des bois de pin des environs de Ri a, à l’altitude de 800 à 1000 mètres. Cryptoccptialus sericeus, Linné. (de Marseul, Mon., 1874, n° 83. p. 124.) C’est vers la mi-juillet que se fait l’accouplement sur les fleurs de divers Sonchus ; une fois fécondée, la femelle dépose ses œnfs qu’elle recouvre de ses déjections auxquelles elle donne la forme ci-dessous décrite. Œuf : Longueur, 0mm5 ; diamètre, 0mm2. Ovoïde, jaunâtre, lisse et luisant, très imperceptiblement sil¬ lonné, à pôles arrondis, à coquille consistante. Pondus au nombre de vingt à vingt-cinq, ces œufs éclosent dix à douze jours après. Enveloppe primaire : Longueur, 0n,m8 ; diamètre, 0mm9. Courte, rétrécie, de couleur noirâtre, formée de huit à neuf lamelles disposées en arête déchiquetée munie chacune de cinq den¬ telures épineuses, tronquée au pôle antérieur, subarrondie à l’ex¬ trémité opposée. L’adulte, aux environs de Ria, fait son apparition aux premiers jours de juillet, il n’est pas bien commun; on le trouve sur les fleurs de laiteron à l’altitude de 800 à 1000 mètres. CryptoceplittliiB crassus, Oliv. (de Marseul, Mon., 1874. n° 151, p. 201.) Fourreau / Longueur, 6 millimètres; diamètre, 3 millimètres. Allongé, subcylindrique, noir, granuleux, relevé en dessus par MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 61 sept carènes, la médiane entière, les latérales réduites, à l’extré¬ mité de la médiane sont quatre autres courtes carènes irréguliè¬ res, deux de chaque côté ; dessous supdéprimé, raboteux, extré¬ mité renflée, bituberculeuse ; ouverture tronquée, opercule dé¬ primé, à pourtour granuleux, à centre légèrement relevé, de couleur brunâtre, à point central perforé, parois intérieures lisses. Larve : Longueur, 6 millimètres ; largeur, lmm5. Corps blanc terne, très éparsement cilié. Tête noire, chagrinée, fortement déprimée, à pourtour cilié et relevé en légère carène déchiquetée; mandibules rougeâtres, pla¬ que du premier segment thoracique recouvrant tout l’arceau, fine¬ ment pointillée et traversée par une légère ligne médiane pâle; pattes noirâtres terminées par un court onglet rougeâtre. La larve fixe son fourreau contre les tiges ou les fleurs de plan¬ tes basses, de graminées, puis elle se transforme, ce qui a lieu en juin ou au commencement de juillet ; quelques jours après l’adulte apparaît, il n’est pas rare dans les coteaux des Pyrénées Orientales, il se plaît à stationner sur divers végétaux. €'ry|>toeepltaliis Rossil, Suffrian. (de Marseul, Mon., 1874, n* 155, p. 205.) Cette espèce montagnarde s’accouple un peu plus tard que ses congénères, c’est de la fin juillet à la mi-août qu’a lieu le rapproche¬ ment suivant les conditions habituelles sur les fleurs de divers lai- terons; sa ponte se compose de 20 à 25 œufs jaunâtres, lesquels recouverts de matière protectrice affectent la forme suivante ; Enveloppe primaire : longueur, 0m,“8 ; diamètre 0mm6. Courte, en ovale tronqué, noirâtre, recouverte de huit à neuf lamelles à arêtes coupées en séries denticulées, à bord antérieur déprimé, le postérieur peu allongé, subarrondi. A beaucoup de points de ressemblance avec l’enveloppe primaire de Cryptocephalus Iioyi. L’adulte apparaît en juillet ainsi qu’en août sur nos montagnes pyrénéennes, autour des bordures de bois de pin, et c’est toujours sur les fleurs de Sonchus à courte tige qu’on le trouve dès que le 62 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES UNSECTES soleil est un peu élevé : il disparaît dès que l’astre solaire atténue ses chauds rayons, il gagne alors le dessous des feuilles ou des fleurs ou stationne le long de la tige florale. CJryptoccplialus Rovi, Suffrian. (de Marseul, Mon., 1874, n“ 154, p. 2oA.) Fourreau ; Longueur, 5 millimètres; diamètre, 3 millimètres. Ovalaire, brunâtre, raboteux, glabre, garni en dessus de trois carènes longitudinales, les deux latérales formant chevron, dessous rugueux et convexe, bout inférieur tuberculeux, opercule noirâtre, déprimé, couvert par la carène médiane qui déborde en saillie ; parois intérieures lisses, noirâtres. A Lloubouls, aux environs de Ria, fixés contre la tige ou l’épi des graminées, on trouve ces fourreaux vers la mi-juin, le grosbout par lequel sortira l’adulte face en haut, ce qui prouve que la larve en appliquant son fourreau avait la tête dirigée vers le sol, puis qu’elle s’est retournée dans son réduit ; la phase nymphale dure de quinze à vingt jours. Enveloppe primaire : longueur, 0œm9; diamètre, 0mm4. Courte, ramassée, brunâtre, formée de lamelles déchiquetées très minces, diagonalement dirigées vers le bout postérieur où elles se terminent en pointe, bout antérieur tronqué. Sur nos coteaux de moyenne élévation, l'adulte n’est pas rare en juin et en juillet, sur le genêt épineux. Cryptoccphalus <*-iiiaciilatus, Olivier. (De Marseul, Mon., 1874, n° 10, p. 36.) L’accouplemeut a lieu par superposition du mâle sur la femelle vers la mi-juin, sur le chêne-vert; il dure une partie de la journée; aussitôt fécondée, la mère gagne l’extrémité d’une jeune pousse de l’arbuste, et tout en broutant les feuilles tendres procède au dépôt de sa ponte. Œuf : Longueur, 0mm6; diamètre, 0mm2. Cylindrique, jaunâtre, à bouts ternes, lisse et luisant, très im- MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 63 perceptiblement pointillé, à pôles arrondis, à coquille peu résis¬ tante. Enveloppe primaire : Longueur, imin5; diamètre. 1 milli¬ mètre. Courte, brunâtre, en forme de lamelles déchiquetées spiniformes et très régulièrement disposées, à bout antérieur tronqué : remar¬ quable par sa forme courte et ramassée. Adulte: Son apparition a lieu en juin et en juillet sur le chêne vert; n’est pas rare sur les coteaux des environs de Ria. 7e Groupe. — Œufs éparpillés, enveloppe granuleuse Genre STYLOSOMUS, Suffrian. StyloMonius ilicicola, Suffrian. (De Marseul, Mon., 1874, p. 29(J.) L’apparition de l’adulte a lieu dès le courant de juin, un peu plus tôt, un peu plus tard, selon l’état de la température ; peu de temps après a lieu l’accouplement sur l’arbre nourricier, le chêne vert, le mâle sur la femelle, sans que celle -ci paraisse le moins du monde gênée par la charge qu’elle porte ; il est vrai de dire que les mâles sont toujours beaucoup plus petits que leurs compagnes; la copulation dure une et deux journées, et aussitôt après la disjonc¬ tion des deux sexes, la mère, douée d’un appétit insatiable, ronge sans cesse les feuilles tendres du chêne, puis a lieu le dépôt de la ponte qui dure deux et trois jours et qui comporte une vingtaine d’œufs, lesquels sont semés un peu partout sans que la femelle cesse de ronger les feuilles. Œuf : Longueur, 1 millimètre; diamètre, 0mm8. Allongé, subcylindrique, flave terne, lisse et très brillant, à pôles arrondis, à coquille peu résistante : le milieu intérieur de l’œuf paraît formé d’une masse homogène blanchâtre, les deux extrémités sont de couleur claire. Chacun de ces œufs, au fur et à mesure qu’il sort de l’oviducte, est enveloppé d’une couche de déjections déposées par la mère, qui lui donne la forme suivante : 64 MOEURS ET METAMORPHOSES DES INSECTES Fourreau primaire : Longueur, lmm2; diamètre, 1 milli¬ mètre. Couleur à fond verdâtre, de forme ovoïde, à pôle antérieur tronqué, le postérieur arrondi, couvert sur toute sa surface de points granuleux brunâtres circulairement disposés autour de l’en¬ veloppe; quinze à vingt jours après le dépôt delà ponte a lieu l’éclosion de l’œuf; quelques-uns abandonnés sans enveloppe pro¬ tectrice écloront, mais la jeune larve qui en naîtra sera vouée à une mort certaine. 8e Groupe. — Œufs pédoncules, enveloppe relevée par des côtes QUELQUEFOIS INTERROMPUES Genre PACHYBRACHYS, Suffrian. Paclijbrachys liieroglypliieus, Laich. (De Marseul, Mon., 1874, n° 7, p. 263.) Enveloppe primaire, Rosenhauer, Biologie . 1852, n°20, p. 32. Longueur, lmm8. Luisante, noirâtre, avec côtes longitudinales peu élevées, quel¬ quefois interrompues, à extrémité antérieure conique, ce bout conique appelé à disparaître à l’éclosion de la larve. C’est en été qu’a lieu le dépôt de la ponte ; l’œuf est jaunâtre, à coquille résistante. Larve : Corps blanchâtre; tête déprimée, brun clair, légère¬ ment rebordée, très finement ponctuée, mate en avant, le bord pos¬ térieur ainsi que la plaque du premier segment thoracique brun clair luisant; pattes jaunâtres, cornées, à dessous plus foncé. D’après Tappes, les œufs de Pachybrachys sont fixés aux fouilles par une sorte de pédoncule. Nous terminerous notre Monographie des larves de Clytres et de Cryptocéphales par un aperçu général sur les très intéressantes mœurs des espèces exotiques connues. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 65 La forme de leurs fourreaux varie, comme chez les espèces européennes, suivant l’espèce: il en est qui ont une certaine res¬ semblance avec un tube court, cylindrique et recourbé avec rétré¬ cissement à sa partie postérieure qui se termine par un renflement, l’extrémité opposée ouverte et oblique ; d’autres ont leurs four¬ reaux à l’inverse de ceux des Clytres et des Cryptocépbales, très larges du côté de l’ouverture, ouverture disproportionnée avec la tête de la larve qui ne peut la boucher, et rétrécis vers leur pointe, leur bout inférieur; aussi est-on en droit de se demander comment les larves peuvent se maintenir dans ces réduits dans le cours de leur marche; certains de ces fourreaux sont glabres, d’autres recouverts d’une couche de poils lanugineux; il en est dont l’aspect est en parfaite concordance avec des bourgeons secs, d’autres sont rétrécis vers le bout, qui se recourbe, se terminant chez les uns en pointe obtuse, chez les autres par une troncature; ceux-ci recou¬ verts d’une couche épaisse de poils grossiers tomenteux, ceux-là avec poils épars peu abondants; enfin il en est qui ont la forme d’un cône très régulier légèrement arqué, terminé par un mamelon cylindrique obtus, muni à sa base d’une sorte de collerette irrégu¬ lière, couverts d’une couche de poils déliés très légers, d’un beau blanc jaunâtre. Selon Lacordaire (Mon. Phyt., Il, p. 875), ce système pileux vu au microscope, ces poils, présentent des ramifications terminées en pointe dont la structure est absolument identique à celle des poils des mammifères, composés d’une substance corticale transparente entourant un canal médullaire dans lequel sont irrégulièrement agglomérées des granulations composées de cellules plus ou moins grandes formant noyau : quelle est la formation de ces poils? On ne peut leur comparer dans le règne animal que ceux dont sont recouverts certaines coquilles marines connues sous le nom de drap marin; comme chez les fourreaux des Clytres et des Cryp- tocéphales, ils adhèrent à une substance privée de vie, mais ils ont été sécrétés par le manteau de ces mollusques bien avant la substance calcaire qui constitue la coquille, matière animale qui en se desséchant prend un aspect piliforme, sans se convertir en poils véritables, tandis que la peau des larves des Clytres et des Cryptocépbales ne sécrète rien, qu’elle n’est pas en contact immé¬ diat et permanent avec le fourreau, qu’enfin ce fourreau est con - Soc. Linn.. t. xlvi. 1899. 5 66 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES stitué à l’aide des déjections de la larve façonnées d’une manière particulière, et ces poils ne peuvent être formés de ces déjections divisées et allongées; ils n’en ont pas la couleur. Quoi qu'il en soit, la question de la formation de ces poils n’a pas fait un seul pas depuis qu’ils ont été signalés ; c’est cependant un phénomène histologique assez important pour être étudié de près et qu’une observation suivie de la formation des fourreaux pourra seule élucider, toute conjoncture à cet égard étant peu pro¬ bable. Dans le groupe des Clytrides, section des Mégalostomides, M. E. Dugès, de Guanajuata, a fait connaître les métamorphoses de la Minturnia dimidiata, Lac., dont nous donnerons plus loin un extrait ; dans celui des Chlamydées, Burmeister a décrit la larve et le fourreau de P oropleur a monstrosa , Oliv., et E. Dugès adonné la description du cycle de VExema dispar , Lac. CLYTRIDES minturnia diniidiata, Lac. (Lacordaire, Mon. Pliyt., II, p. 520.) Fourreau : E. Dugès, Ann. soc. ent. Belg., septembre 1876. Longueur, 11 millimètres; diamètre, 4 à 6 millimètres. Ovoïde, brun terreux, région postérieure développée, arrondie, l’antérieure étroite et tronquée, à parois intérieures lisses, les parois extérieures paraissant formées de deux parties divisées par moitiés longitudinales, la région supérieure étroite, rugueuse, puis s’élargissant jusqu’au bout, l’inférieure plus large formée de lignes horizontales lisses, liées les unes aux autres, le bord inférieur de chacune d’elles dépasse un peu le supérieur de la ligne qui la suit, formant ainsi bourrelet. E. Dugès, en développant la formation de ces lignes, démontre les moyens qu’emploie selon lui la larve pour agrandir son fourreau. Nous renvoyons au travail de l’auteur. Larve : Corps arqué, ridé, renflé et tronqué vers l’extrémité postérieure, à intersections segmentaires peu distinctes. Tête cornée, circulaire, déprimée, lisse et ciliée, disque convexe, MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 67 ligne médiane profonde, bifurquée, divisant la région en deux lobes ; labre petit, échancré; mandibules fortes; lobe maxillaire bien développé, à bout arrondi, éparsement cilié, puis échancré, palpes quadriarticulès ; menton rectangulaire, lèvre inférieure bilobée, prolongée par une courte languette arrondie et par deux courts palpes biarticulés; antennes biarticulées , ocelles au nombre de cinq, deux en première ligne en arrière de la base antennaire, trois au-dessous. Segments thoraciques cornés, le premier le plus développé, les suivants transversalement incisés; les segments abdominaux avec rides transverses; segment anal déprimé, à bord relevé en forme de bourrelet. Pattes avec hanches, trochanters, cuisses et jambes bien appa¬ rentes, ces dernières prolongées en forme de crochet. Stigmates peu perceptibles excepté au cinquième et sixième seg¬ ments abdominaux où ils sont apparents. Comme pour les autres larves de Clytrides, celle-ci durant sa marche dégage hors du fourreau sa tête ainsi que son premier segment thoracique, progresse en traînant sa demeure avec elle dans laquelle sont à l’abri ses téguments membraneux ; prête à se transformer, elle bouche l’ouverture du fourreau an moyen d’un opercule extérieurement rugueux et convexe, puis se retourne dans son réduit, la tête dirigée vers le fond et dans une position paraissant peu naturelle mais s’expliquant par le développement qu’acquiert la région thoracique du futur adulte, lequel dévelop¬ pement ne lui permettrait pas de sortir par le bout operculé. Nymphe : Longueur 7 à 9 millimètres; largeur 2 à 3 milli¬ mètres. Corps mou, blanchâtre, yeux noirâtres. Image de l’adulte, les côtés des troisième et sixième arceaux abdominaux sont relevés par un petit tubercule prolongé par une ou deux petites éminences à base blanchâtre à bout foncé; sur les côtés du segment anal est un autre tubercule surmonté de deux petits points accentués, â la base de chacun de ces tubercules appa¬ raît un stigmate à fond blanchâtre. Adulte : L’insecte arrivé à l’état parfait, fait éclater le fourreau lors de sa sortie, il se plaît à stationner sur les branches du Schinus mollis; il se dissimule derrière ces mêmes branches afin d’éviter 68 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES d’être pris et mord la main lorsqu’on s’en empare; il est commun à Guanajuato (Mexique). LAMPROSOMIDES Leurs fourreaux ressemblent au premier aspect à des bourgeons morts, construits dans le genre de ceux des Chlamys ; la larve en fixe l’ouverture contre une branche à la veille de sa transformation et se retourne ensuite pour sortir par l’extrémité opposée quand l’adulte est formé : les larves sont souvent ichneumonées. CHLAMYDES Ce groupe est composé de belles et remarquables espèces, plus brillantes les unes que les autres, vivant isolément ou en groupes peu nombreux sur les feuilles; leur démarche est lente, ils volent rarement, ils se tiennent presque toujours immobiles et quand on veut s’en emparer ils simulent la mort en se laissant tomber sur le sol. Exemn dispar Lac. (Lacordaire, Mon. Phyt., t. II, p. 850.) Fourreau. — E. Dugès, Ann. Soc. ent. Belg., 4 septembre 1880. En forme de bonnet phrygien, diagonalement strié; pour pro¬ céder à ses agrandissements successifs, la larve le fixe d’abord par l’ouverture sur une petite branche, puis de ses mandibules le fend longitudinalement au gros bout, elle sépare les bords de la fente entr’ouverte de l’espace jugée nécessaire, puis bouche l’intervalle avec ses déjections en façonnant alternativement le dépôt sur cha¬ que bord ; le travail une fois achevé, laisse l’empreinte d’une ligne courbe à chaque côté et d’une ligne longitudinale médiane; quand le fourreau est agrandi, la larve le détache. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 69 Larve: Longueur, 5 millimètres. Corps mou, blanchâtre, arqué; a beaucoup de ressemblance avec celui de Minturnia dimidiata. Tête cornée, un peu déprimée^ épistome trapézoïdal, bien déve¬ loppé, labre légèrement échancré; mandibules fortes, à extrémité dentée, puis échancrée, avec forte molaire suivie d’une dent aiguë ; mâchoires à tige forte prolongée par deux lobes, l’interne petit, entier, l’externe grand, armé de trois à quatre poils spiniformes ; palpes arqués, quadriarticulés; menton trapézoïdal, allongé, lèvre inférieure bilobée, prolongée par une petite languette échancrée et par deux petits palpes bi-articulés ; antennes courtes, tri-articulées, à articles dégagés; ocelles au nombre de quatre figurant un losange, les deux postérieurs grands. > Segments thoraciques, le premier arceau grand, les deuxième et troisième convexes. Segments abdominaux , les sept premiers plus ou moins plis¬ sés sur la région dorsale, les huitième et neuvième plus larges. Pattes bien développées, terminées par un crochet très aigu. Cette larve vit dans un fourreau portatif, façonné à l’aide de ses déjections, des produits d’une plante de la famille des composées couverte d’une sorte d’enduit visqueux; aux premiers symptômes transmutatifs, elle fixe le fourreau contre une branche, le bouche en l’operculant, se retourne dans son réduit et se transforme. Nymphe : Ressemble beaucoup à celle de Minturnia dimi¬ diata , sauf que les deuxième à sixième segments abdominaux portent sur leurs côtés un petit tubercule cilié et le septième un tubercule pareil plus développé paraissant bi-articulé. Adulte : Arrivé à l’état parfait, l’insecte ronge circulairement le fond du fourreau, en détache ainsi une sorte de calotte qui lui permet de sortir de son réduit ; il vole avec une grande agilité. La larve est souvent ichneumonée. Paraplcura moiistrosa, Ovivier. Fourreau : Burmeister, Wiegm. Arch., 1835, II, p. 245, pl.Y Formé des déjections de la larve disposées en couches concen¬ triques qui lui donnent la forme d’un cœur à pointe rétrécie, obtuse 70 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES et recourbée en avant, graduellement élargi en arrière, très con¬ vexe sur la région dorsale, élargi et déprimé à sa base qui se prolonge de chaque côté en une sorte d’aileron triangulaire, four¬ reau à aspect singulier; la partie élargie est parcourue par un large sillon qui échancre son bord dorsal, et chaque aileron est percé d’une large ouverture destinée à livrer passage aux excréments de la larve ; sa tête correspond en effet à la pointe de la coque et sa partie postérieure à la partie élargie de cette dernière. Larve. — Corps, a les plus grands rapports avec le groupe des Clytrides, les segments sont mal limités, difficiles à reconnaître; à partir du huitième environ, ils s’épaississent et se recourbent en s’arquant en dedans. Tête cornée, déclive, labre échancré ; mandibules courtes, tri— quêtres, cornées, sans dentelures, mâchoires cornées, à extrémité dentelée; palpes maxillaires de quatre articles ; lèvre inférieure carrée, subcornée, palpes labiaux de trois articles ; antennes courtes, de trois petits articles ; ocelles au nombre de six. Segments thoraciques , le premier corné, les deuxième et troi¬ sième avec plaques ventrales et latérales. Segments abdominaux charnus, blanchâtre mat, couverts de quelques petits poils, le dernier muni d’un court prolongement anal. Pattes bien développées. On trouve cette larve aux environs de Rio-de-Janeiro en décem¬ bre et janvier, au pied des arbres, sur la terre ou sur de petites branches se nourrissant de mousses et de lichens , prête à se trans¬ former, elle bouche les ouvertures des ailerons, fixe sa coque au point de jonction de deux petits rameaux. Adulte, arrivé à l’état de perfectose, l’adulte détache par une incision parfaitement circulaire, le tiers antérieur du fourreau, pratiquant ainsi une large ouverture qui lui livre un passage facile; il fait son apparition en février et mars. TABLE DES MATIÈRES Introduction . Première partie. — Caractè¬ res généraux. Larves . Œufs . Fourreaux . Régime . Progression . Mues . Transformation . Parasitisme . Nymphes . Adultes . Aire de diffusion . Anomalies . Classification . Deuxième partie. — CLY- TRIDES. Ie* Groupe. — Clytra. Octosignata . 4 punctata . Lœviuscula . Atraphaxidis . Longipes . 6 maculata . 2e Groupe. — Labidostomis. Taxicornis . Lucida . ... pages Longimana . 30 Distinguenda . . . 30 Humeralis . . . . 31 Lusitanica . 31 3^ Groupe. — Gynandroph- thalma. Nigritarsis . 34 Salicina . 36 Concolor . 37 4e Groupe — Coptocephala. Gebleri ... * . 39 Scopolina . 40 Floralis . 41 4 maculata . 42 5° Groupe. — Lachnaea. Pubescens . . 43 Tristigma . 44 Yicina. . 45 CRYPTOCEPHALIDES. 6’ Groupe. — Cryptocephalus. Flavipes . 46 6 punctatus . 46 12 punctatus . 47 Aureolus. . . . . . , 48 Vittatus .... .... 48 Pini . 49 Coryli . 50 Bipunctatus . 51 pages 1 2 5 7 9 11 11 12 13 15 17 18 18 18 21 22 23 24 25 27 28 28 72 TABLE Minutus . . . Moroœi ..... ... Rugicollis . . . Fulguritus . Flavibarbis . . Imperialis . Fulcratus . .. . Gracilis , . . . ... Bimaculatus . Loreyi . Globicollis . Vittula . . Violaceus . Hypochœridis . Sericeus. . . . . Crassus . Rossii . Koyi . MATIÈRES 6 maculatus . 62 7' Groupe. — Stylosomus. Ilicicola . . 63 8° Groupe. — Pachybrachys. Hieroglyphicus . 64 EXOTIQUES. Généralités , . ... 65 GLYTRIDES. Minturnia dimidiata . 66 LAMPROSOMIDES. GHLAMYDES. Exema dispar . 68 Poropleura monstrosa. ... 69 DES 51 52 53 54 55 56 56 56 56 57 57 58 59 59 60 60 61 62 EXAMEN DE QUELQUES LIQUIDES KYSTIQUES PAR E. COUVREUR Présenté à la Société Linnéenne de Lyon. 3- - Ayant trouvé, en faisant l’autopsie d'un lapin, un kyste hyda¬ tique énorme développé dans l’épaisseur d’un muscle de l’avant- bras, et renfermant au moins une dizaine de centimètres cubes de liquide, l’idée nous est venue d’analyser ce liquide, aucune recherche, à notre connaissance, n’ayant encore été faite sur ce sujet. Le kyste était dû à la présence du cænurus serialis. Le liquide, porté à l’ébullition, a gardé sa transparence parfaite, il ne renfermait donc pas trace d’albumine ni de globuline. Par contre, il donnait les trois réactions xanthoprotéique, de Millon et du Biuret ; il renfermait donc une substance albuminoïde. Il donnait les trois réactions dites protéosiques, c’est-à-dire qu’il précipitait à froid par l’acide nitrique, par le ferrocyanure de potassium acétique et le chlorure de sodium acétique ; il ren¬ fermait donc unepeptone ou une protéose. La précipitation par l’acide picrique et la liqueur de Brücke chlorhydrique indique qu’il ne s’agit pas d’une peptone. La précipitation partielle par le chlorure de sodium à saturation nous montre qu’il s’agit d’une protoprotéose. Ajoutons que le liquide en question renfermait des traces de sucre. On peut alors se demander si le liquide du kyste n’est pas destiné à la nutrition des cysticerques qui y sont plongés et dû à leur action digestive. Nous avons eu la bonne fortune de pouvoir nous procurer un foie de porc plein de kystes acéphalocystes du tænia echinococcus Soc. Linh., t. xlvi, 1899. 6 74 EXAMEN DE QUELQUES LIQUIDES KYSTIQUES L’analyse a donné les résultats suivants : 1* Précipitation par la chaleur; 2° Précipitation par l’acide acétique. D’ou présence d’une globuline. Le liquide filtré après la précipitation par la chaleur donne encore les réactions caractéristiques des albuminoïdes; il donne peu nettement les réactions protéosiques; il précipite par l’acide picrique, la liqueur de Brücke chlorhydrique et le chlorure de sodium saturé acétique : il renferme donc une deutéroprotéose. 11 renferme enfin du sucre comme on peut s’en assurer par la liqueur de Fehling. A part la présence de la globuline, nous trouvons dans ce kyste des matières assimilables, comme dans le premier; ce dernier fait, puisqu’il s’agit d’acéphalocystes, détruit l’hypothèse que le liquide est fabriqué par le cysticerque pour son usage nutritif. D’ailleurs, nous avons pu examiner le liquide d’un kyste du poumon qui n’était pas d’origine parasitaire. Le liquide renfermait aussi des substances assimilables (sucre, traces de protéose), il renfermait en outre de l’urée. Ayant du liquide en quantité suffi¬ sante, nous avons pu doser le sucre et l’urée. En voici les propor¬ tions : Sucre . 0,040 par litre. Urée . 0,637 — Il nous semble donc bien établi que, si l’on trouve des produits assimilables dans le liquide des kystes dus à des cysticerques devant évoluer, il n’en faut pas conclure à une action préparante de ces cysticerques sur d’autres substances non assimilables. Quelques kystes non parasitaires, comme les kystes de l’ovaire par exemple, renferment, il est vrai, presque exclusivement de l’albumine comme substance protéique, mais ce fait ne saurait infirmer les précédents. Dans un kyste de cette espèce, que nous avons eu l’occasion d’examiner, on trouvait outre une énorme quantité d’albumine, du sucre et de l’urée, et de nombreux cristaux de cholestérine. ( Laboratoire de physiologie générale et comparée de Lyon.) \ SUR UN CAS DE MONSTRUOSITÉ Observé chez BOX BOOPS, GU Bp. PAR ALBERT CONTE PRÉPARATEUR DE ZOOLOGIE DE L’UNIVERSITE DE LYON Présenté à la Société Linnéenne de Lyon. -c» •O Les cas de monstruosités ne sont point très rares chez les pois¬ sons, mais c’est surtout chez les espèces les plus domestiques qu’ils ont été observés. Chez les Cyprinoïdes, par exemple, nous trou¬ vons les carpes reines, bossues, à miroir, à tête de dauphin, les poissons télescopes. Une des monstruosités les plus intéressantes est celle signalée sur un Salmo salar venernensis , pris par M. Dahlgren en 1880 (Smitt : Scandinavian fishes). Chez cet individu, la mandibule est très avancée, relevée du bout comme chez un bécard. La mâchoire est très courte par suite de l’atrophie des prémaxillaires. L’échantillon de Box hoops que nous étudions provient de la rade de Toulon. Il offre des déformations de même ordre auxquelles s’en ajoutent d’autres tout à fait nouvelles. Les dimensions rela¬ tives du corps sont celles d’un individu normal. L’œil seul est d’un diamètre sensiblement moindre : Longueur totale .... 180 millimètres. Hauteur du tronc .... 34 Diamètre de l’œil .... 10 — Espace préorbitaire . 9 Espace interorbitaire . . . 12 — Longueur de la tête . 35 — Hauteur de la tête 28 — long, 73 1. trans. — ^ + 1 = 19. UN CAS DE MONSTRUOSITÉ ? 0 La ligne inférieure du corps est presque rectiligne depuis l’anus jusqu’aux copules au lieu d’être arrondie. La coloration est très différente de celle d’un individu normal. Il n’y a aucune des lignes longitudinales dorées que l’on observe ordinairement, seule la ligne latérale a sa même coloration plus sombre. Sur les flancs s’étend chez l’individu frais une large bande argentée allant de l’aisselle de la pectorale jusqu’à la caudale. Cette bande rappelle la ligne argentée des Athérines, mais est moins nettement délimitée et plus large. La déformation la plus importante réside dans la tête. A la m⬠choire supérieure les intermaxillaires sont presque complètement atrophiés. Ils sont dépourvus de leurs branches descendantes : il ne reste qu’une partie du corps central qui forme une légère proémi¬ nence en avant du frontal. Cette proéminence détermine entre elle et les jugaux de chaque côté une fente, celle de gauche étant plus large que celle de droite. Elle porte sur son bord une rangée de quelques incisives crénelées à peine saillantes. Un des faits les plus curieux que montre l’examen comparé des figures 1 et 2 c’est l’atro¬ phie presque complète du maxillaire droit. Sur la figure 2 le maxil¬ laire gauche est nettement visible extérieurement par suite de l’a¬ trophie complète de la branche descendante de l’intermaxillaire. OBSERVÉ CHEZ BOX BOOPS 77 Sur la figure 1, cette même atrophie existant, le maxillaire n’est plus visible : par l’ouverture buccale, on constate que de ce côté il n’existe plus. C'est d’ailleurs cette disparition qui entraîne à gauche l’existence d’une fente plus large entre la proéminence des inter¬ maxillaires et le jugal, comme cela est bien visible sur la figure 3. La mandibule a sa forme habituelle. Elle porte une rangée de dents à bords tranchants, fortement crénelés, mais à pointes médianes bien moins saillantes que chez les formes normales. Cette man¬ dibule dépasse de beaucoup là mâchoire supérieure et par suite du retrait consi¬ dérable de cette dernière se trouve repor¬ tée bien plus haut, donnant ainsi à la bouche une grande proclivité. Aussi l’en¬ semble des copules a-t-il une disposition spéciale : au lieu de continuer la ligne inférieure du corps, il forme brusque¬ ment un angle avec cette dernière. Sur toute leur longueur, ces copules sont bien plus proéminentes, ce qui entraîne le report en Fig. 3. 78 UN CAS DE MONSTRUOSITÉ OBSERVÉ CHEZ BOX BOOPS avant des hyoïdes et, par suite, la saillie des rayons branchio- stèges qui sont parfaitement visibles extérieurement et non recou¬ verts par les pièces operculaires, comme c’est le cas chez les formes normales. L’individu étudié est une femelle : les deux ovaires ont leur développement normal. La cavité buccale contient, à son intérieur, le cymmothoé parasite ordinaire des bogues. A. CONTE. Laboratoire biologique de l'Université de Lyon, TAMARIS-SUR-MER. SUR L’ISARIA ARBUSGULA (H ARIOT) D’UNE NYMPHE DE CIGALE DU MEXIQUE PAR JEAN BEAUVERIE et CLÉMENT VANEY Préparateur de botanique Chef de travaux de zoologie DE L’UNIVERSITÉ DE LTON Présenté à la Société Linnéenne de Lyon. - ►<><- Dernièrement notre amiM. Moitier, Directeur du Lycée de Saint- Rambert, nous faisait parvenir de très beaux échantillons de larves d’insectes attaquées par un champignon et provenant de Puebla (Mexique). Grâce à son obligeance nous avons pu en faire une étude assez complète. Ces insectes présentent les caractères de la nymphe de cigale, si bien décrite par Réaumur et H. Fabre. La tête porte latéralement deux yeux énormes très saillants et est pourvue sous sa face inférieure d’un très long rostre. La paire de pattes antérieures est très reconnaissable par ses cuisses énormes, aplaties, armées de grandes pointes et contre les¬ quelles viennent se replier les jambes à bord antérieur tranchant et épineux. Cette disposition permet aux nymphes de cigales de se mouvoir dans le sol. Le tarse comme l’a montré M. Kunckel, n’est pas fonctionne] à cet état et est engagé dans une gouttière pratiquée sur la face interne de la jambe. Nos matériaux ne nous ont point permis de déterminer quelle était l’espèce de cigale que nous avions. Le champignon sort de la nymphe sous la forme arborescente en des endroits variés, mais la suture frontale semble être la partie la Soc. Linn.* t. xlvi, 1899 7 80 sur l’isaria arbuscula plus favorable pour cette sortie. Nous avons un exemplaire où il naît une seule branche sur la ligne médiane, chez un autre, deux branches s’élèvent de part et d’autre de la tête et en avant des yeux, constituant ainsi deux grande cornes; dans un troisième exemplaire, trois branches sortent du corps : l’une de la suture frontale, une deuxième derrière un des yeux, une troisième en arrière du corselet. Dans tous ces cas , le champignon s’échappe du corps de la nym¬ phe par des points où la couche de chitine offre une moindre résis¬ tance; mais il n’en est pas toujours ainsi et dans la figure III, l'ar- buscule sort du vertex où la couche de chitine est assez épaisse et nous avons aussi un exemplaire où il traverse le rostre. Par quel mécanisme le champignon arrive-t-il à traverser celte couche de chitine? Nous ne pouvons nous prononcer sur ce point n’ayant pu suivre l’infection. L’examen des très beaux échantillons que nous avons eus entre les mains nous a montré que nous avions affaire à un Tsaricu nous avons pu l’étudier attentivement. Ces productions n’ont été que très rarement examinées et sur des échantillons de collection ayant plus ou moins subi les injures du temps. Le mycologue doit saisir toutes les occasions de décrire avec détail et précision, de soumettre à l’expérimentation et de figurer, les formes de champignons hyphomycètes qu’il peut rencontrer, Nos prédécesseurs moins bien outillés que nous et surtout moins prévenus sur leur polj'morphisme, et sur la multiplicité de formes spécifiques souvent très voisines, n’ont fréquemment donné de ces formes inférieures de champignons, que des diagnoses courtes et imprécises, sans mensurations ni figures qui, au lieu de guider le mycologue cherchant à se reconnaître dans la multitude des formes qui s’offrent à sa curiosité et à son esprit d’investigation, ne font bien souvent que le plonger dans la perplexité. Hâtons-nous pourtant de dire que tel n’est pas absolument le cas de la curieuse espèce que nous étudions ici, car en compulsant les descriptions faites de productions analogues, nous avons trouvé une diagnose fort précise de M. Hariot 1 du Muséum, concernant 1 Bulletin delà Soc. Mycologique de France . t. VIII, 1892, p. 67. D'UNE NYMPHE DE CIGALE DU MEXIQUE 81 l’ Isaria arbuscula sp. nov. dont l’identification avec notre cham¬ pignon ne nous semble pas faire de doute. L’auteur s’en tient à cette diagnose sans indiquer sur quelle larve d’insecte vit cet Isaria et sans figurer cette espèce. Les Isaria constituent, comme on le sait, un groupe non autonome, où l’on fait entrer provisoirement des formes conidiennes de champignons, plus élevés, généralement des Ascomycètes, dont on n’a pu encore rencontrer la forme ascos- porée. Tulasne 1, qui le premier s’est rendu compte de ce remarquable polymorphisme des champignons, a pu rapporter un certain nom¬ bre d’Isaria à son genre Torrubia plus sou¬ vent appelé Cordyceps (Fries), genre de l’or¬ dre des Sphériacées, famille des Hypocréacées (Winter). L 'Isaria arbuscida est remarquable par ses grandes dimensions qui peuvent dépasser 6 centimètres et par son port arborescent. On voit sortir du corps de la nymphe une, deux ou plusieurs tiges d’abord lisses et sim¬ ples puis se ramifiant quelquefois en deux ou trois branches principales ; celles-ci produi¬ sent tout à fait à leur sommet des branches secondaires, plusieurs fois dichotomes dont l’ensemble constitue les masses denses termi¬ nales que l’on remarque sur la figure 1. Si l’on dissèque ces arbuscules et qu’on les observe au microscope, on voit que le pied est constitué par des filaments mycéliens cloison¬ nés, parallèles, souvent cohérents, sur une longueur plus ou moins étendue, par soudure lor! ■ de l Isaria arbus- ° 1 cula (grand, natur.). des membranes. Autour de cette colonne cen¬ trale se trouve une mince enveloppe, une cortication spéciale, due à ce que les filaments mycéliens extérieurs émettent fréquem¬ ment des ramifications perpendiculaires à leur longueur, qui 1 I,.-R. et C. Tulasue, Selecta fungorum Carpologia, t. III, 1865, Paris. Fig. 1. 82 sur l’isaria arbuscula s’entre-croisent avec les filaments verticaux et constituent ainsi un tissu plus dense que l’on peut isoler comme une écorce. Tout le pied et les branches principales sont stériles; ce sont les petites Fig. 2. — Portion d’un rameau sporifère de Ylsaria arbuscula. (Grossissement 500.) branches ramifiées du bouquet terminal qui portent les fructi¬ fications. La partie centrale de ces ramifications constitue un faux tissu analogue à celui du pied, mais les filaments externes, au lieu de 83 d’une NYMPHE DE CIGALE DU MEXIQUE s’entremêler en une partie corticale, s’épanouissent à l’air, donnant à l’ensemble un aspect velouté; ils sont nettement échinulés et soudés encore quelquefois par leur membrane, comme cela est indiqué dans la figure 2. C’est vers leur base que se trouve la région sporifère. Ils produisent une cellule qui portera, soit direc¬ tement, soit par l’intermédiaire d’une ou plusieurs cellules bour¬ geonnant sur elle, des basides renflées à la base et terminées par une pointe en stérigmate (baside avec le stérigmate 8-10 y x 3 y) sur lequel s’attache une spore unique plus ou moins cylindrique (9ftX3//.), L’extrémité des petites branches est terminée par des filaments lisses et encore stériles. Les Isaria appartiennent, si nous en revenons aux termes de la classification ancienne, aux Stilbeæ de la famille des Hyphomy- cètes. Les Stilbeæ sont constitués par des champignons dont les hyphes sont fasciculés et soudés en tiges denses, lesquelles por¬ tent les conidies généralement vers leur sommet. Il y a là, avec les Mucédinéesetles Dématiées (formes conidiennes à hyphes sépa¬ rés), une différence qui est surtout physiologique, produisant des formes très bien fixées il est vrai, et capables de se transmettre facilement. 11 existe des formes accidentellement agrégées (formes corémiales) de Mucédinées qui établissent une transition très nette entre elles et les Stilbeæ. Citons le cas bien connu du Pénicillium (jlaucumay\\ , dans des conditions déterminées, s’érige en clavules ou petits faisceaux donnant lieu à des formes que l’on avait cru appar¬ tenir à un genre distinct, le genre Coremium ou encore le Pénicil¬ lium Duclauxi , Delacroix, capable de donner facilement une luxuriante végétation de Coremium pouvant atteindre 2 centimè¬ tres. On a pu d’ailleurs dissocier pour ainsi dire les Isaria : de Bary, en faisant germer les ascopores de Cordyceps militaris Linn. dans l’eau où une solution nutritive obtenait un mycélium richement ramifié avec pieds conidifères isolés. On sait que. nor¬ malement, ces pieds conidifères s’agrègent pour constituer les faisceaux décrits d’abord comme étant Y Isaria farinosa. Nous n'avons pu, malheureusement, procéder à des constatations ana¬ logues avec Y Isaria arbuscula les spores ayant perdu leur faculté germinative. Pour la même raison, nous n’avons pu procéder à des essais d’infection de ce champignon sur d’autres insectes, expé¬ rience qu’il eût été intéressant d’entreprendre. 84 sur l’isaria arbdscula Seul Fougeroux1, parmi les auteurs qui se sont occupés des champignons vivant sur les nymphes de cigale, a cherché les rela¬ tions morphologiques du champignon avec l’animal; pour lui, le champignon reste superficiel et sa base se moule exactement sur le corselet, celle-ci peut se séparer du corps de l’insecte et présente alors sur sa face d’insertion les cannelures du corselet. N’ayant pu réussir a séparer de cette façon les arborescences et nous basant sur ce que nous sa¬ vons des autres Isa- ria, nous avons été amenés à penser à la pénétration de ce champignon à l’in¬ térieur du corps ; la méthode des coupes sériées nous a per¬ mis de résoudre cette question et d’étudier la structure du cham¬ pignon à l'intérieur de la nymphe. La figure 3 repré¬ sente une coupe lon¬ gitudinale faite au Fig. 3. — Dessin d’une coupe mince, montrant la manière dont s’effectue la sortie du champignon. point d’insertion d’une arborescence arrêtée de bonne heure dans sa croissance. Elle nous montre très nettement que la couche de chi¬ tine a été perforée par le champignon, et que celui-ci offre, par rapport à l’animal, une partie externe et une partie interne. La partie externe qui est l’arborescence, présente, en coupe, comme l’indique la figure 3, une partie centrale formée d’un stroma dont la densité augmente vers la périphérie où il devient très serré et cutinisé, apparaissant en brun dans la coupe, par suite de la cuti- nisation ; cette dernière se produit sur une épaisseur variable et ne se montre que dans la partie externe non recouverte par la chitine. 1 Fougeroux, Histoire de l'Académie royale des Sciences, 1769, p, 470, t. V, fig. 1-9. 85 d’une NYMPHE DE CIGALE DU MEXIQUE L’on suit très bien dans la figure l’inflexion des hyphes cen¬ traux de l’axe del’arbuscule et leur pénétration dans le corps delà nymphe. Ils viennent former ainsi sous la couche de chitine un stroma serré qui laisse voir les filaments mycéliens courir parallèlement sous cette membrane. Plus profondément se trouve un mycélium occupant tout le corps de la nymphe, Il ne reste de l’organisa¬ tion interne que les parties dures, chitinisées, les trachées sont encore nettes avec leurs cordons spiralés et leur cavité est comblée par un stroma plus lâche que celui qui a envahi le reste du corps. La pénétration du champignon dans les trachées a dû être retardée par l’enveloppe chitineuse de ces trachées. En aucun point de l’intérieur de la nymphe nous n’avons trouvé de parties cutinisées du champignon. 11 semble que la couche de chi¬ tine de l’animal serve de couche protectrice à l’Isaria, qui a rempli exactement tout le corps delà nymphe, de telle sorte que celle-ci extérieurement ne paraît pas modifiée dans sa forme. Le cas de végétation de champignons sur des insectes dans des conditions aussi singulières n’est point isolé et des faits analogues constatés dans les régions tropicales ont depuis longtemps causé la surprise des indigènes et exercé la sagacité des naturalistes, donnant naissance aux hypothèses les plus extravagantes. C’est ainsi que des faits analogues ont donné lieu aux légendes des mouches végétantes des caraïbes (étudiées par Watson et Hill1) et aux plantes-vers des Chinois étudiées par Réaumur2). Needham3, qui défendait si fort la génération spontanée vers le milieu du xvme siècle, était naturellement qualifié pour voir dans ces faits la preuve frappante de la transformation d’un animal en un végétal et réciproquement. Fougeroux de Bondaroy4 résume les recherches antérieures concernant les « insectes sur lesquels se trouvent des plantes » et 1 Transactions philosophiques, vol. LUI, p. 271. - Mêm. de V Académie, année 1726, p. 302. 3 Nouvelles recherches sur les découvertes microscopiques et la génération des corps organisés. Traduit de l'italien de l’abbé Spallanzani, professeur de philosophie à Mo- déne. Avec des notes. Par M. Needham, à Londres, 1769. 4 Loc. cit. 86 SUR L ISARIA ARBUSCULA apprécie plus sainemsnt les choses. Il étudie lui-même sur des échantillons de collection quelques-unes de ces productions, une entre autres sur la chrysalide d’une espèce de cigale ou tettigo- mètre. Le corps de l’insecte produit une, deux ou trois tiges situées généralement à la partie supérieure de l’animal; ces pédicules se ramifient en bouquet à leur extrémité. Celui-ci est formé par des branches généralement simples et en massues. Cette espèce qu’il figure, se rapproche de celle que nous décrivons, Fougeroux la fait entrer dans le genre Clavaria de Vaillant et la rapproche du Lichen agaricus de Micheli. On sait qu’il y a tout au plus une affinité de forme entre les Clavaires, champignons hj^ménomy- cètes et les Isaria. L’erreur de Fougeroux tient à ce qu’il n’a pas fait entrer l’étude des caractères microscopiques dans sa détermina¬ tion. Fougeroux décrit encore, sur la même nymphe de cigale des Caraïbes, un autre champignon à tige dressée et lisse terminée en massue qui est certainement la forme Cordyceps de sa soi- disant Clavaire. Mais les rapports des formes Isaria et Cordyceps étaient insoupçonnés à cette époque. Plus tard, en 1838, Miquel1 décrit un Isaria de grande taille vivant sur des Cicadés du Brésil. Tulasne2 ayant découvert, pour un certain nombre d’espèces, que les formes Isaria et Torrubia [Cordyceps (Fries)] sont des états d’un même champignon, appelle l’espèce de Miquel, Torrubia Miquelii. Cette espèce est peut-être celle dont nous nous occupons ici, mais la diagnose absolument insuffisante de l’auteur ne nous permet pes de l’affirmer Sauf quelques espèces de nos régions, la plupart des Cordyceps habitent les régions tropicales et sont pour cela même générale¬ ment mal connus. 1 Miquel, Ann. Sc. Nat., 1838, p. 378. * Tulasne, Carp., III, p. 11. VÉGÉTATION DÉFECTUEUSE ET CHLOROSE DES PLANTES SILICIGOLES EN SOLS CALCAIRES PAR J. -A. CL. ROUX LICENCIÉ ES SCIENCES SECRETAIRE GENERAL DE LA SOCIETE LINNÉENNE MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ D’ANTHROPOLOGIE DE LYON Présenté à la Société Linnécnne de Lyon. La chlorose des plantes n’a encore été l’objet d’aucune étude scientifique complète. Seuls, quelques rares traités de pathologie végétale présentent une analyse sommaire des causes présumées et des caractères extérieurs de ce complexus morbide. Quant aux nombreux articles sur la chlorose insérés dans les journaux d'agri¬ culture et de viticulture, ils sont presque tous uniquement consa¬ crés aux traitements et aux remèdes. Le carbonate de chaux ou calcaire a été justement accusé d’ètre l’agent provocateur principal de la chlorose des vignes; mais on n’a pas étudié à ce même point de vue la flore spontanée ou sau¬ vage, car si les botanistes ont depuis longtemps distingué des plantes calcicoles et silicicoles, bien peu, que je sache, ont songé à confirmer leurs observations par des expériences de culture en sols de compo¬ sition variée. J ai donc entrepris, depuis plusieurs mois, sous la direction de M. le professeur Dr Ant. Magnin, de Besançon, des expériences dans le but d’étudier et de démontrer les effets nuisibles du calcaire sur les plantes dites silicicoles ou calcifuges. Soc. Linn., t. xlvi, 1899. 8 88 VEGETATION DEFECTUEISE ET CHLOROSE I. DISPOSITIF DES EXPÉRIENCES Je ne puis entrer ici dans le détail de mes expériences; je ne fais qu'en indiquer brièvement les grandes lignes et les conclusions générales, me réservant de les développer et de les discuter com¬ plète ment dans un travail plus étendu qui paraîtra ultérieure¬ ment. Sols de cultures. — Pour obtenir des sols de composition bien déterminée, j'ai recueilli d’une part en terrain vierge et inculte, au lieu de la Croix-de-l’Orme, près Pomeys (Rhône), une terre gneissique presque totalement dépourvue de calcaire, puisque les dosages au calcimètre ont tous donné zéro, et l’analyse chimique1 a seulement révélé des traces infinitésimales de carbonate cal¬ cique. D’autre part, la pulvérisation du calcaire mollassique de Saint. PauT-tn is-Châteaux (Drôme), m’a fourni une terre dosant 960/0 h 96,50 0/0 de calcaire. En outre, j’ai recueilli dans la région granitique de Charbon¬ nières et La Tour-de-Salvagny (Rhône), une très bonne terre de bruyère dosant 0 au calcimètre. Toutes ces terres ont été soigneusement tamisées : la terre de bruyère à 2 millimètres, la terre gneissique à lmm l/4 et la terre calcaire à 1 millimètre. Enfin, j’ai également recueilli, à titre comparatif, une terre argilo-calcaire (15,50 0/0 au calcimètre), dans une carrière de calcaire à entroques sur le flanc ouest du mont Cindre, près Saint- Cyr-au-Mont-d’Or (Rhône). Cette dernière terre a été laissée telle quelle, sans aucun mélange avec les autres. Quant aux terres de bruyère, gneissique et calcaire, j’ai i Le3 analyses chimiques complètes de lous mes sols ont été exécutées par M. Collet, docteur ès-sciencÊs, et seront publiées intégralement dans letiavailen préparation. DES PLANTES S1LICIC0LES EN SOLS CALCAIRES 89 composé, en les mélangeant en proportions convenables, des sols aussi homogènes que possible, dosant de 0 à 32 0/0 de calcaire ; j’ai établi trois autres mélanges dosant 50, 75 et 96 0/0 et, enfin, j’ai réservé deux lots à 0 0/0 devant servir de témoins, l’un formé uniquement de terre gneissique, l’autre de terre gneissique additionnée de 10 0/0 de terre de bruyère. Récipients. — Les sols dosant de 0 à 32 0/0 ont été disposés, sans tassement, dans de grandes caisses en bois préalablement bien nettoyées. Quant aux mélanges dosant 50, 75 et 96 0/0, je les ai placés simplement dans des pots en terre cuite. Espèces expérimentées. — Dans les différents sols ainsi constitués, j’ai semé, du 25 mars au 15 avril, les espèces sui¬ vantes : Teesdalia nudicaulis, Hypericum humifusum, Hyp. pul- chrum , Orobus tuberosus, Trifolium arvense, Lupinus poly- phyllus , Ornithopus perpusillus, Ornith sativus, Scleranthus perennis, Jasione montana , Jas. perennis , Galeopsis ochro- leuca , Digitalis purpurea. J’ai repiqué, en outre, les espèces suivantes recueillies par moi du 1er au 10 mai, à la Tour-de-Salvagny et à Vaugnéray : Tees¬ dalia nudicaulis , Orobus tuberosus, Galeopsis ochroleuca , Roripa pyrenaica, Scleranthus perennis, Ornithopus perpu¬ sillus, Jasione montana , Anarrhinum b ellidi folium. A titre accessoire, j’ai semé aussi dans chaque sol deux ou trois grains de blé, maïs et haricot, et transplanté des Sempervivum tectorum. Entretien des cultures. — Toutes mes cultures ont été et sont encore arrosées uniquement avec de l’eau distillée et sont placées à l’air libre, dans des conditions égales de chaleur, lumière, expo- siion , etc. J’ai noté soigneusement, pour chaque espèce semée ou trans¬ plantée, les phases successives de végétation dans les divers sols. 8* 90 VÉGÉTATION DÉFECTUEUSE ET CHLOROSE ll< VÉGÉTATION DES PLANTES SILICICOLES EN SOLS CALCAIRES Plantes semées. a ) Germination. — 1° Les graines des plantes silicicoles, même des calcifuges les plus exclusives, ont toutes très bien germé dans tous les sols, calcaires ou non ; c’est à peine si j’ai pu constater un léger retard dans les sols les plus calcaires. Le Galeopsis ochroleuca seul a fait exception ; il n’a germé nulle part, probablement par suite du mauvais état des graines. 2° A l’appârition des plantules, les cotylédons ont persisté pen¬ dant plusieurs mois sans se résorber, danslessols très calcaires. C’est d’abord dans les sols siliceux ou à peine calcaires que les premières feuilles se sont développées. Dès l’origine donc, et malgré une germination à peu près simultanée, il y a un retard sensible de végétation dans les sols calcaires. b) Végétation post-germinative. — 1* Dès que les plantules sont parties, c’est-à-dire sont entrées en accroissement végétatif rapide, le développement se fait à peu près normalement dans les sols siliceux ; je dis à peu près, car l’eau distillée est loin de valoir l’eau ordinaire pour l’arrosage des plantes. 2° En sols calcaires, le développement des plantes calcifuges est extrêmement lent et défectueux ; la plupart des plantules de mes cultures ont péri; celles qui ont persisté n’ont donné que des indi¬ vidus grêles, chétifs, à feuilles atrophiées, et, fait très impor¬ tant à noter, presque tous nettement chlorosés. Voici quelques exemples : Les Ornithopus, Lupinus, Scier anthus , Trifolium, Jasione, ont atteint dans les sols siliceux normaux à 0 ou 2 0/0, une taille trois à quatre fois plus forte que dans les sols calcaires. Les plantes indifférentes, blé, maïs, haricot, ont végété à peu près partout également. Quand à la chlorose, elle s’est manifestée d’abord par une teinte générale plus claire, d’un vert moins foncé, moins franc, dans les sols calcaires ; cette décoloration générale s’est accusée sur la plupart des feuilles dont le limbe a commencé à jaunir d’abord DES PLANTES SILICICOLES EN SOLS CALCAIRES 91 autour des nervures, puis totalement ; les feuilles très chlorosées se flétrissent peu à peu et tombent successivement. La chlorose est surtout manifeste sur Orobus tuberosus, Lupi- nus, les Ornithopus , Jasione , Hypericum , Scleranthus. Elle est moins prononcée, quoique très nette, pour les autres espèces telles que Digitalis purpurea, Teesdalia nudicaulis , Trifolium arvense. Les Lupinus, Orobus, Ornithopus , périssent tous dans les sols contenant plus de 15 à 20 0/0 de calcaire. 3° Non seulement la chlorose est manifeste et le développement ralenti pour les calcifuges en sols calcaires, mais la formation des organes reproducteurs paraît singulièrement défectueuse. En sols calcaires, les fleurs des plantes silicicoles apparaissent en général bien plus tardivement qu’en sols siliceux ; ces mêmes fleurs, en sols calcaires, sont peu nombreuses, petites et comme atrophiées. C’est ainsi que j’ai obtenu depuis la mi-juin, en sols siliceux, des fleurs nombreuses et bien formées sur les Ornithopus , Jasione , Trifolium arvense, etc., tandis que ces mêmes plantes ne sont pas encore fleuries actuellement dans les sols dépassant 6 à 9 0/0 de calcaire. Plantes transplantées. Parmi les calcifuges que j’ai transplantées en sols calcaires, quelques-unes n’ont pu végéter et n’ont pas tardé à périr; d’autres ont persisté, mais sans accroissement sensible ; d’autres enfin ont bien résisté et se sont adaptées à leur nouveau substratum. Voici des exemples : Dans mes sols témoins à 0 0/0 de calcaire, toutes les espèces transplantées ont repris et végètent parfaitement. Teesdalia nudicaulis , transplanté déjà fructifié, a péri partout au-dessus de 6 0/0. Des graines tombées ont germé ensuite, mais disparaissent successivement. Scleranthus perennis, Jasione montana, Anarrhinum belli- difolium, ont péri au bout de quelques jours, après avoir jauni , dans les sols contenant plus de 12 pour 100 de calcaire. Orobus tuberosus végète mal et se chlorose plus ou moins à 92 VÉGÉTATION DÉFECTUEUSE ET CHLOROSE partir de 6 ou 9 pour 100 ; au-dessus de 32 pour 100, à 50, 75 et 96 pour 100, il a péri complètement. Nulle part les fleurs ne se sont formées jusqu’à ce jour. Ornithopus perpusillus a végété en se chlorosant plus ou moins, et il persiste encore dans quelques sols calcaires, mais sans manifester le moindre accroissement. Deux individus transplantés en pleine floraison dans les caisses à20 et 32 pour 100 n’ont pas fructifié. Roripa pyrenaica a été transplanté en fleurs. Dans les sols calcaires, les tiges et les petites feuilles caulinaires ont complète¬ ment jauni et se sont desséchées en quelques jours; les fleurs n’ont pas donné de graines ; mais au bout de quelques semaines, j’ai vu apparaître partout les feuilles radicales, qui persistent encore et sont bien vertes, sauf un petit nombre qui se chlorosent et périssent. D’autre part, ces feuilles radicales, apparues après transplantation, sont bien plus grandes et plus vertes en sols sili¬ ceux qu’en sols calcaires. Galeopsis ochroleuca a été transplanté avant floraison. Cette espèce a bien repris partout; au début pourtant, quelques feuilles se sont chlorosées et quelques pieds même ont péri dans les sols calcaires ; mais presque tous les individus ont résisté et, actuelle¬ ment ils sont très beaux, bien verts et en pleine floraison depuis 0 jusqu’à 20 pour 100. A 25, 32, 75 pour 100, ils sont plus ché¬ tifs et ne possèdent que peu de fleurs. Néanmoins, c’est cette espèce qui montre la plus grande résistance au calcaire. Sempervivum teciorum prend une teinte vert clair à partir de 20 ou 25 pour 100; à 50, 75 et 95 pour 100, les feuilles périphé¬ riques sont complètement jaunies. En définitive, il résulte de ces expériences de transplantation, que les plantes silicicoles résistent mieux au calcaire par transplan¬ tation que par semis ; ces mêmes plantes paraissent résister mieux lorsqu’on les transplante à l’état adulte qu’à l’état jeune, mais néanmoins elles végètent moins bien qu’en sols normaux, puisque leur accroissement diminue ou s’arrête même. Conclusions. En réunissant les résultats fournis par les semis et les trans¬ plantations, on peut affirmer, sauf exceptions toujours possibles, DES PLANTES SILICICOLES EN SOLS CALCAIRES 93 que les plantes révélées calcifuges par l’observation, sont confir¬ mées telles par l’expérience. Si ces plantes calcifuges ne s’obser¬ vent pas dans les sols calcaires, ce n’est point parce que leurs graines n’ont pu germer, mais parce que leur nutrition se fait mal, leur développement est lent et défectueux, la floraison retardée et leurs organes verts sont généralement atteints de chlorose plus ou moins accusée. Dans ces conditions, cela se comprend, les plantes silicicoles qui s’aventurent en sols calcaires ne tardent pas à être étouffées et expulsées par les calcicoles et les indifférentes, quand elles ne périssent pas par chlorose ou insuffisance constitutionnelle. Quelles sont les causes intimes de la répugnance des plantes silicicoles pour le calcaire? Nous ne les connaissons pas encore, bien que la chimie des matières vivantes ou chimie biologique , qu’il ne faut pas confondre avec la chimie organique, s’efforce (vainement jusqu’à ce jour) de pénétrer les secrets de la vie. Certains botanistes, parmi lesquels M. le Dr Saint-Lager, croient pouvoir distinguer parmi les plantes silicicoles, d’une parties calci¬ fuges vraies pour lesquelles le calcaire est nocif, d’autre part des silicicoles kaliphiles qui, sans redouter peut-être le calcaire, vivent en sols siliceux parce que là seulement elles trouvent la quantité de potasse qu’elles exigent. Je partage entièrement cette manière de voir qui demanderait, je l’avoue, à être appuyée par des expé¬ riences. On s’expliquerait ainsi comment certaines silicicoles, comme Roripa pyrenaica, Galeopsis ochroleuca , etc., peuvent vivre accidentellement en sols calcaires. III. CARACTÈRES DE LA CHLOROSE DES PLANTES L’un des caractères de la chlorose végétale, on le sait depuis longtemps, consiste dans la disparition plus ou moins complète de la chlorophylle. Comment s’effectue cette disparition de la chlorophylle? C’est ce qu’il nous est impossible de préciser, et voici pourquoi: d’abord, nous ne connaissons pas encore la composition exacte des diverses chlorophylles, puisque les nombreux chimistes qui se sont occupés de cette question sont tous arrivés à des résultats différents. D’autre 94 VÉGÉTATION DÉFECTUEUSE ET CHLOROSE part, nous ne pouvons suivre les sels minéraux, et le calcaire en particulier, depuis leur absorption à la surface des radicelles jus¬ qu’à leurs transformations successives dans les diverses parties de la plante. Enfin, comme je l’ai déjà dit plus haut, la chimie est encore impuissante à dissocier les réactions complexes qui se passent dans le laboratoire vivant et mystérieux de la cellule végétale. Nous en sommes donc réduits à des constatations que nous poussons aussi loin que possible, sans pouvoir fournir, pour le moment, ni analyse, ni synthèse complète. Si nous examinons l’extérieur des organes chlorosés, des feuilles spécialement, nous constatons les caractères suivants : 1° la chlo¬ rose atteint les plantes vasculaires les plus variées, angiospermes, gymnospermes, fougères; 2° la chlorose envahit tantôt la plante entière, tantôt quelques-unes de ses feuilles seulement; 3° sur chaque feuille malade, la teinte, d’abord vert tendre, puis jaune, puis crémeuse, caractéristique delà chlorose, se manifeste presque toujours, en premier lieu, le long des nervures, ce qui prouve que la chlorose est due à une altération de la sève; quelquefois aussi la teinte chlorotique apparaît sur une partie du limbe éloignée des nervures principales, et, dans ce cas, il me semble que la cause de la chlorose ne réside plus dans les liquides du système vasculaire; 4° les feuilles et les pétioles, en devenant jaunes, ne perdent pas leur turgescence et leur vie, mais semblent devenir seulement un peu moins résistants; 5° la plante chlorosée peut continuer à vivre sans que la mort soit la terminaison nécessaire de la chlorose. Si maintenant nous étudions au microscope les organes chloro - tiques, voici ce que nous constatons: 1° Les grains de chlorophylle au début de l’altération perdent la régularité de leurs contours et deviennent plus ou moins diffus et comme gélifiés ; 2° Les grains de chlorophylle sont déjà altérés dans un grand nombre de cellules avant que la coloration jaune se manifeste à l’extérieur; 3° A mesure que la chlorose s’accentue, les grains de chloro¬ phylle deviennent tous amorphes, puis disparaissent peu à peu; 4° La chlorophylle s’altère indistinctement dans toute l’épaisseur du mésophylle, sans débuter toujours et nécessairement parle tissu en palissade. DES PLANTES SIL1CIC0LES EN SOLS CALCAIRES 95 5° L’amidon et la plupart desleucites disparaissent complètement. 6° A un état de chlorose très avancé, les cellules paraissent pri¬ vées de corps figurés, leurs membranes deviennent minces, flasques et transparentes. Outre ces caractères, l’étude microscopique des tissus chlorosés m’a révélé constamment la présence, dans un grand nombre de cellules privées ou non de chlorophylle, de très nombreux microorganismes très mobiles, se rapportant à plusieurs formes différentes : microcoques, organismes ovoïdes et bactéries. Ces microorganismes tournoient autour des leucites qu’ils semblent désagréger et qu’ils font mouvoir au moyen de leurs cils vibratiles. Les microcultures que j’ai entreprises sur les indications de MM. lesDrS A. Magma et Gabriel Roux ne tarderont pas, je l’es¬ père, à fixer l’identité de ces microorganismes. Toutes les plantes chlorosées contiennent ces microorganismes. Outre les plantes de mes cultures, je les ai trouvés dans des feuilles chlorosées d’un grand nombre d’espèces, telles que : Hedera hélix , Thuya , Cephalotaxus , Ahies Douglasii, Robinia pseudo-acacia , Ailanthus glandulosa, Ampélopsis hederacea, Convolvulus, Vitis (notamment Gamay-Riparia et Gamay- Vialla), Daucus carota, Acer , Pirus, Cydonia, Malus, Quercus, Tropeolum majus, etc., etc. Toutefois, je m’empresse d’ajouter que ces microorganismes existent aussi dans les feuilles d’un très grand nombre de plantes ne paraissant pas chlorosées ; mais bien que ces feuilles ne parais¬ sent pas chlorosées à l’extérieur, le microscope permet de con¬ stater que les cellules envahies par les microorganismes ont géné¬ ralement leur contenu cellulaire plus ou moins altéré, et leur chlorophylle en particulier. IV. ACTION DU CALCAIRE ET DES MICROORGANISIYIES 1° Le calcaire est absorbé à l’état de bicarbonate soluble par toutes les plantes: calcicoles, calcifuges ou indifférentes. En se répandant dans tout l’organisme végétal, il intervient chi¬ miquement et directement ; par ses combinaisons avec les acides 96 VÉGÉTATION DÉFECTUEUSE ET CHLOROSE organiques des plantes, tels que les acides oxalique, tartrique, malique, citrique, etc., il forme des oxalate, tartrate, malate, citrate de calcium, en dégageant de l’acide carbonique. Le calcaire, non seulement par sa seule présence, mais aussi par ses combinaisons avec les acides, tend à alcaliniser les sucs cellulaires, à entraver la vie normale du végétal, et conséquem¬ ment sa nutrition. A cet égard, l’action du calcaire, complexe et variable, s'exerce surtout en rapidité, intensité et durée sur les plantes dites calci- fuges. L’action du calcaire, bien qu’imparfaitement connue, est donc réelle, chimique et directe, et c’est bien le carbonate de chaux qui, parles troublesqu’il apporte dans la vie des plantes calcifuges, est la cause primordiale de la chlorose constitutionnelle, caractéris¬ tique des plantes silicicoles végétant en sols calcaires. 2° Puisque la présence anormale du calcaire dans les plantes silicicoles rend leurs sucs alcalins et affaiblit leurs organes, les germes microbiens, trouvant dès lors un terrain spécialement favo¬ rable, peuvent, d’indifférents (?) qu’ils étaient normalement, deve¬ nir nocifs ou pathogènes, à la façon de certaines bactéries du tube digestif de l’homme ; à travers les membranes malades, ils passent de cellule en cellule et envahissent peu à peu le limbe et même les pétioles. Dans ces conditions, ces microorganismes, par leurs sécrétions ou leurs produits solubles, sont probablement toxiques pour le végétal, et cette intoxication peut se propager sans doute à distance par circulation ou diffusion. Il n’est pas impossible non plus que certains de ces microorganismes soient le point de départ de phénomènes de fermentation et de décomposition dans les tissus envahis. Peut-être aussi fixent- ils alors à leur profit et au détri¬ ment de la plante, certains principes tels que le carbone, l’azote, l’oxygène, etc. Nous ne pouvons encore, à cet égard, que risquer des hypothèses, mais je suis persuadé que ces microorganismes jouent dans les feuilles, chlorosées ou non, un rôle important et complexe que les recherches futures mettront sans doute en lumière. Quoi qu’il en soit, puisque ces microorganismes existent dans toutes les plantes chlorosées en sols calcaires; puisque d’autre part ils existent aussi dans des plantes ne paraissant pas chlorosées extérieurement, nous pouvons conclure : DES PLANTES SIL1CIC0LES EN SOLS CALCAIRES 97 «. Qu’ils s’établissent toujours dans les plantes calcifuges chlo- rosées en sols calcaires; j0. Qu’ils s’établissent aussi fréquemment dans des plantes plus ou moins saines sur lesquelles ils peuvent occasionner, à la faveur de circonstances encore mal connues, des chloroses partielles (feuilles jaunies disséminées sur beaucoup de végétaux, etc.), que l’on peut appeler chloroses infectieuses. Enfin, pour être complet, j’ajouterai que les chloroses constitu¬ tionnelles ou infectieuses sont sujettes à des exceptions, à des varia¬ tions multiples, dues à des causes accessoires intrinsèques (héré¬ dité, tempérament, vulnérabilité, réceptivité et immunité mor¬ bides, etc.), ou extrinsèques (agents extérieurs physiques, chimi¬ ques ou mécaniques). Ces causes aggravantes ou atténuantes extrinsèques sont bien mieux connues que les intrinsèques, et ont même été indiquées par de nombreux observateurs et praticiens comme causes prin¬ cipales. CONCLUSIONS GÉNÉRALES En résumé, les faits nouveaux acquis et démontrés jusqu’à ce jour par mes recherches et mes expériences sont au nombre de quatre : 1° La germination des graines des plantes silicicoles s'effectue indifféremment dans tous les sols, calcaire s ou sili¬ ceux, toutes autres conditions réalisées d'ailleurs; 2° En sols calcaires, le développement végétatif de la plupart des plantes silicicoles est très ralenti et défectueux, et beaucoup d’entre elles sont atteintes de chlorose constitution¬ nelle plus ou moins manifeste ; 3° La reproduction des silicicoles en sols calcaires est sérieu ¬ sement compromise, car la floraison et la fructification sont très retardées et défectueuses ; 4° Beaucoup de végétaux , peut-être la presque totalité , silicicoles ou non, donnent asile, dans leurs tissus verts, à cl' 98 VÉGÉTATION DÉTëCTUEUSE ET CHLOROSE nombreux microorganismes : microcoques , bactéries , corps ovoïdes , très mobiles et extrêmement petits. Ces microorganismes, dont la présence générale est révélée par moi pour la première fois, exercent probablement dans les organes des plantes des effets multiples et importants qui seront dévoilés par les recherches ultérieures des biologistes et des chimistes. Toutefois, ces microorganismes deviennent probablement nocifs, dans certains cas, pour les plantes déjà affaiblies sous d'autres influences, et peuvent occasionner ainsi des chloroses infectieuses localisées. (Travail communique à la Société Linnéenne de Lyon aux séances des 10 et 24 juillet 1899.) NOTES DE PHYSIOLOGIE Présenté à la Société l.innéenne de Lyon. Nouvelles expériences sur le rythme respiratoire de la marmotte en état de torpeur hivernale. Par Raphaël Dubois. Dans une note de Critique expérimentale sur les mouve¬ ments respiratoires chez les hivernants 1 , mon savant collègue, M. leprofesseur Patrizi, avait avancé que j’avais méconnu, avec Valentin et tous les autres expérimentateurs, l’existence d’une respiration à type périodique, caractéristique de la torpeur hivernale chez la marmotte, et, contrairement à ce que j’avais écrit1 2, que la respiration thoracique l’emportait, pendant la tor¬ peur, sur la respiration diaphragmatique. En m’appuyant sur mes observations antérieures et après avoir examiné attentivement le texte et les graphiques contenus dans la note de M. Patrizi, j’ai répondu qu’il m’éiait impossible d’accepter ses critiques, et j’ai indiqué quelles étaient, selon moi, les raisons qui avaient causé l’erreur de mon honorable contradicteur3. M. Patrizi ayant persisté dans son opinion4, j’ai fait de nou¬ velles explorations, avec le concours de M. le professeur Couvreur et de mon préparateur, M. Genet, dans le courant du mois d’avril dernier, uniquement pour savoir si, d’aventure., le rythme respi¬ ratoire de la marmotte ne se modifierait pas à la fin de l’hiverna- tion, époqueà laquelle M. Patrizi avait obtenu ses graphiques. 1 Bolletino dtelV Accademia di Scienze Mediche e Naturali di Ferrara, 27 aprile, 1897. 2 Etude sur le mécanisme de la thermogénèse et du sommeil chez les Mammi¬ fères : Annales de l' Université de Lyon, 1896, Masson éditeur, Paris. 3 Doll. dell' Acc. di Ferrara, LXXII, fasc. II. 4 Comunicazione letta ail' Accademia di Scienze Mediche e Naturali in Ferrara , il 6 aprile, 1898. Soc. Linn., t. xlvi, 1899. 9 100 NOUVELLES EXPERIENCES SUR LE RYTHME RESPIRATOIRE Nous avons pris de nombreux graphiques sur des Marmottes en profonde torpeur, puisqu’elles ne respiraient que toutes les trois minutes, en moyenne : elles étaient placées dans les sous-sols du laboratoire et dans des conditions expérimentales absolument irré¬ prochables. Ces graphiques établissent d’une manière incontestable que : 1° La respiration diaphragmatique seule peut être enre¬ gistrée dans l’état de profonde torpeur et dans le repos absolu de l'hivernant ; 2° La respiration de la marmotte en profonde torpeur n’est ni périodique, ni rémittente , ni régulièrement intermittente , même à la fin de la pèrode hivernale (fig. 1). Certainement la respiration n’est pas toujours régulière pendant la torpeur. Ainsi, le temps de repos qui suit un mouvement respi¬ ratoire peut être plus long que celui qui l’a précédé ; alors, souvent une véritable compensation s’établit et, à la suite de ce temps depause prolongé, on voit, en effet, se produire au lieu d’un seul mouvement respiratoire, un groupe de deux ou même de trois mouvements se suivant à une courte distance. Le même phénomène s’observe à la suite d’un mouvement respiratoire avorté, incomplet (fig. 2). Souvent on remarque également que, dans les groupes de deux ou de trois respirations, l’amplitude des inspirations est moins grande que s’il n’y a qu’un seul mouvement (fig. 3). De loin en loin, l’animal fait de profonds soupirs amenant un renouvellement de l’air plus complet ; le temps de pause qui les suit est alors, en général, très prolongé. Nos graphiques montrent, en outre, que le mouvement d’inspi¬ ration est précédé d’une petite expiration, ce qui tient à ce que l’expiration suivant immédiatement l’inspiration n’est pas com¬ plète. Ces faits nouveaux sont en parfaite concordance avec ceux que j’ai publiés dans mon étude sur le mécanisme de la thermogénèseet du sommeil1 : je les considère comme définitivement acquis à la science, et j’ai la conviction qu’il en sera de même pour mon très honoré collègue, M. Patrizi, s’il veut bien prendre la peine de répé¬ ter ses explorations graphiques. 1 Loc. cit. Fie, 102 RECHERCHES SUR LE FONCTIONNEMENT MUSCULAIRE Recherches sur le fonctionnement musculaire com¬ paré chez la marmotte chaude et chez la marmotte froide. Par Raphaël Dubois. Valentin a publié en 18621 quelques recherches sur l’excitation électrique des muscles et des nerfs et sur les courants musculaires et nerveux, mais il déclare qu’elles n’ont rien montré de plus que ce que l’on obtient avec les grenouilles et n’apprennent rien sur l’hi- vernation. Malgré cela, il revient sur ce sujet en 1881 2 et donne quelques nouveaux résultats de recherches sur les muscles et les nerfs. En raison de leur température basse, dit-il, les muscles, pendant le sommeil, se contractent plus lentement que ceux de l’animal éveillé, mais moins vite que ceux de la grenouille à la température de 10 à 20 degrés. Il remarque également que pour se tétaniser, les muscles de marmotte en torpeur exigentdes interrup¬ tions moins rapides que ceux des greuouilles. Enfin, il étudie l’action de l’élévation artificielle de la chaleur sur les nerfs et les muscles. La rigidité des muscles de marmotte en torpeur, séparés du corps, se produit à une température d’environ 50 degrés. La sensibilité des nerfs de la cuisse est détruite à une température sen¬ siblement plus élevée : au bout de deux minutes de séjour dans l’eau à 58 degrés, la sensibilité du nerf sciatique existait encore, ce qui établit une différence entre les animaux à sang chaud hivernants et les animaux à sang froid qui s’engourdissent à une température de 32 à 36 degrés. On voit que Valentin s’est surtout appliqué à chercher les diffé¬ rences ou les rapports pouvant exister entre les mammifères hiver¬ nants et les animaux à sang froid dans le but de jeter quelque lumière sur le mécanisme de l’hivernation. Les recherches expérimentales que j’ai poursuivies pendant plu¬ sieurs années sur les marmottes au point de vue de la thermogé- 1 Valentin, in Molesckott; mém. X : Muskelreisbarkeit, Muskeln und Ner- ven Strom. 2 Loc. cit. mém. XXV : Einige Versuche an Nerven und Muskeln et mém. XXVI, Warmeverhàltnisse, CHEZ LA MARMOTTE CHAUDE ET CHEZ LA MARMOTTE FROIDE 103 nèse m’avaient conduit à admettre depuis longtemps que la chaleur produite par les organismes, en particulier dans le système mus¬ culaire, ne devait pas être considérée comme un déchet du travail, simplement destiné à être éliminé à la manière des excreta, mais bien au contraire comme une condition de perfectionnement utile et même nécessaire au fonctionnement physiologique1. Beaucoup défaits connus, en dehors de ceux que j’ai signalés, plaidaient en faveur de cette opinion qui, d’ailleurs, a été adoptée par plusieurs auteurs. Toutefois, les recherches qui consistent à expérimenter compa¬ rativement sur le muscle d’un animal à sang froid et sur celui d’un animal à sang chaud, ou bien encore sur les muscles de ces sujets artificiellement réchauffés ou refroidis, ne me paraissent pas de nature à renseigner exactement sur le véritable rôle de la chaleur dans le fonctionnement musculaire. J’ai pensé qu’il en serait autrement en comparant, chez un même animal, le fonctionnement d’un muscle normalement etphysiologi- quement refroidi, avec celui de ce même muscle normalement et physiologiquement réchauffé. La marmotte se prête admirablement a ce genre de recherche, surtout si l’on a soin d’éliminer les différences qui pourraient tenir à l’insuffisance de l’oxygène ou des matériaux nutritifs dans le sang de la marmotte froide, de l’excès d’acide carbonique, etc. Sous ce rapport, on se trouvera dans des conditions expérimen¬ tales convenables, en étudiantle fonctionnement musculaire compa¬ rativement à la moitié et à la fin du réchauffement de réveil, comme nous l’avons fait. La première série d’exploration sur la marmotte froide a été faite alors que sa température rectale s’élevait de 16 à 18 degrés ; elle était, à ce moment, voisine de celle du laboratoire. La seconde série a été obtenue à la fin du réchauffement, la tempéra¬ ture rectale étant de 32 a 34 degrés. 11 y avait donc entre les deux moments une différence de température d’un nombre double de degrés, soit de 16 degrés environ. Dans ces expériences, il est nécessaire d’obtenir une immobilité 1 Etude sur le mécanisme de la thermogénèse et du sommeil chez les mammi¬ fères (Annales de V Université de Lyon, 1896). 104 RECHERCHES SUR LE FONCTIONNEMENT MUSCULAIRE absolue de l’animal, au moins de ia partie postérieure du corps. On y parvient facilement en fixant le sujet sur le ventre sur l’appa¬ reil à contention et en pratiquant une section de la moelle dorsale au-dessus de la région médullaire intéressant la calorification’. L’appareil enregistreur se composait d’un fil attaché par une de ses extrémités au tendon sectionné du muscle jumeau-soléaire, se réfléchissant sur une poulie et supportant par son autre extrémité Un plateau pour recevoir des poids : un stylet disposé comme dans l’ergographe inscrivait les tracés musculaires. Le nerf sciatique, mis à nu, était excité par un courant fara¬ dique de fermeture et d’ouverture, ou de fermeture seulement, suivant les cas. Nous avons d’abord cherché à évaluer approximativement la quantité relative de chaleur développée par une excitation déterminée, le plateau du myographe supportant un poids de 240 grammes. A cet effet, une aiguille thermo-électrique avait été placée dans le muscle du côté excité et l’autre dans le même muscle du côté opposé. Elles étaient reliées à un galvanomètre très sensible de Thompson. La contraction du muscle de la marmotte froide a pro¬ duit une faible déviation de l’aiguille de 25 à 30 petites divisions, tandis que, après le réchauffement, la déviation a été très brusque et a dépassé la graduation de l'instrument. Cette constatation ne permet pas de fournir un rapport numérique même approximatif, mais seulement de dire que la quantité de cha - leur qui se développe dans les conditions ci-dessus est beaucoup plus forte chez la marmotte chaude que chez la marmotte froide. Le temps perdu ou période latente de contraction, a été trouvé de 0”06 après une première excitation de fermeture et de 0”05 après une seconde chez la marmotte froide, tandis que deux épreuves successives sur la marmotte réchauffée ont donné une valeur de 0’’04. Ces chiffres sont un peu élevés par rapport à celui de la grenouille (0” 01), mais ils viennent à l’appui de l’opinion de Valen¬ tin citée plus haut. Je ne pense pas qu’ils résultent de l’inertie de mon myographe improvisé. En tout cas, on peut affirmer que la 1 V. loc. cit., chap. XII : Recherches expérimentales sur le rôle de la moellç dans la calorification , la veille et le sommeil. CHEZ LA MARMOTTE CHAUDE ET CHEZ LA MARMOTTE FROIDE 105 période latente est d’un tiers environ plus courte chez la marmotte chaude que chez le même animal froi 1. La durée de la période d’activité croissante a été de 0”24 chez la marmotte froide et de 0”12 chez la marmotte chaude; celle de la période d’activité décroissante de 1”08 chez la première et de 0”36 chez la seconde. Le tétanos a été produit avec dix excitations par seconde seule¬ ment chez le sujet réchauffé, il en avait fallu vingt-huit avant le réchauffement. Le travail musculaire a été étudié, en provoquant une contrac¬ tion avec une même excitation de fermeture à des intervalles égaux suffisants pour ne pas provoquer trop de fatigue, et en char¬ geant le plateau de poids successivement croissants. Le tab’eau suivant donne les chiffres obtenus: Marmotte froide. POIDS SOULEVES HAUTEUR M1LLIGRAMMETRES 1° 240 gr. 9 mm 2160 2» 340 12 4080 3° 440 16 7020 4° 540 14 7560' 5° 640 manqué 6° 740 11 8140 7° 840 manqué 8» 940 8 7520 9» 1040 7 7280 10° 1140 5 5700 Marmotte réchauffée. 1° 240 17 4080 2“ 340 manqué 3° 440 21 9240 4° 540 manqué 5° 640 23 14.720 6» 740 28 20.720 7° O 00 27 22.680 8° 1040 23 23.926 9“ 1140 20 22.800 Les courbes de fatigue montrent que le muscle de la marmotte chaude se fatigue beaucoup plus vite que celui de la marmotte 106 RECHERCHES DE CALORIMETRIE ANIMALE froide; c’est ce qu’on observe sur le muscle cardiaque complètement détaché et abandonné à lui-même. On peut résumer de la façon suivante les résultats des recher¬ ches ci-dessus : 1° Le temps perdu de la contraction musculaire est d’un tiers plus court chez la marmotte chaude que chez la marmotte froide ; 2° La durée de la période d'activité croissante est, ainsi que la période d’activité décroissante, moitié plus courte que chez la mar¬ motte chaude ; 3° La tétanisation s’obtient avec un nombre d’excitations trois fois moindre pour la marmotte chaude; 4° La puissance de travail est très élevée chez la marmotte chaude qui peut non seulement soulever des poids plus lourds, mais encore les élever à une plus grande hauteur. L’optimum des poids sou¬ levés est dix fois plus fort chez la bête chaude; 5° Le muscle de la bête froide dégage moins de chaleur pour une même excitation et un même poids soulevé; 6d La fatigue musculaire se produit beaucoup plus vite dans le muscle de la marmotte chaude que dans celui de la marmotte froide. Ces expériences montrent nettement que la chaleur constitue une condition physique du milieu intérieur favorable au développement de la puissance du travail musculaire. Recherches de calorimétrie animale et Examen critique des travaux de M. U. Dutto sur l’hivernation de la Marmotte. Par Raphaël Dubois. M. U. Dutto a publié dans les Archives italiennes de biologie, en 1897 et 1 898 1 , des recherches expérimentales et des vues 1 Quelques recherches calorimétriques chez une marmotte (Arch. ital. de biol , XXVI, p. 210, 1897); et Recherches de calorimétrie animale (ibid., XXX, fasc. I, 1898). ET EXAMEN CRITIQUE DES TRAVAUX DE M. U. DUTTO 107 théoriques qui nécessitent, à mon avis, quelques observations cri¬ tiques. Les premières recherches calorimétriques de M. Dutto ont porté sur une seule marmotte dans la fin du mois de mai. Il m’a semblé que l’époque était bien mal choisie, surtout en Italie, pour bien étudier l’hivernation de la marmotte, mais ce qui m’a surpris le plus, c’est que cet animal, qui était, d’après M. Dutto, en « sommeil tranquille», avait une température de 35°2 dans le pli de l’aine avec dix respirations par minute: la température extérieure étant de 15 degrés. L’expression de «sommeil tranquille» a été employée par Valen¬ tin pour désigner l’état le plus voisin de la torpeur profonde. Gom¬ ment, alors, expliquer celte température de 35 degrés dans le pli inguinal, et certainement plus élevée dans le rectum ? La température propre de l’animal était donc de 20°2, supérieure à celle du milieu ambiant, et pourtant il ne présentait que dix respirations par minute! Ces constatations sont en contradiction avec ce que l’on sait de la torpeur hivernale. Les résultats calorimétriques obtenus par M. Dutto ne sont pas moins surprenants. Sa marmotte, dont le poids était voisin de 1 kilogramme (1034 gr.), rayonnait 8,08 calories à l’heure, et, en moyenne, les jours suivants 7,95 calories, soit un peu plus du double du chiffre marqué qui m’a été fourni par les nombreuses mesures calorimétriques dont j'ai consigné les résultats dans mon Etude sur le mécanisme de la thermogènèse et du sommeil chez les Mammifères 1 . Mais ce qui m’a causé incontestablement le plus grand étonnement, c’est que M. Dutto ait pu écrire qu’un lapin de poids égal à celui de sa marmotte, avec un poil de la même couleur, émettait une moindre quant ité de chaleur, bien que la température de cet animal fut de 4 à 5 degrés supérieure à celle de la mar¬ motte. Ce lapin émettait 5 cal. 77 à l'heure. J’aurai l’occasion de revenir plus loin sur ces résultats qui sont en opposition absolue avec ceux que j’ai publiés, mais dont M. Dutto paraît ignorer l’existence, bien qu’ils datent de 1896 ; il dit en effet : « Personne, à l’exception de Walter, n’a traité la question la plus intéressante, je veux dire l’étude de la thermogènèse au moyen du 1 Annales de l' Université de Lyon , 1896. 108 RECHERCHES DE CALORIMETRIE ANIMALE calorimètre. » Ces expériences de Walter, soit dit en passant, n’of¬ frent rien d’intéressant, car il s’est contenté de placer un Lapin et un Suslick, après les avoir tués, dans un calorimètre à glace et il a cru reconnaître que le Suslick avait une chaleur spécifique plus élevée et un pouvoir émissif plus grand que le Lapin. Je me bornerai, pour le moment, à faire remarquer à M. Dutto que les graphiques calorimétriques qu’il donne pages 212 et 213 ne montrent pas du tout ce qu’il prétend leur faire dire, car les cour¬ bes calorimétriques du lapin et de la marmotte ont sensiblement la même hauteur. Malgré l’insuffisance évidente de ses recherches, M. Dutto n’hésite pas à donner une explication de l’hivernation : « On ignore, dit-il, quelles sont les causes déterminantes de ce phénomène, et jusqu'à présent, on n’a rien pu opposer aux anciennes hypothèses de Buffon, de Spallanzani, de Hunter, de Mangili et de Saissy.» M. Dutto s’empresse de combler cette regrettable lacune: «Etant donné le grand pouvoir émissif de la marmotte, quand la tempéra¬ ture externe s’abaisse, l’émission de la chaleur de l’animal hiver¬ nant croît tellement que, chez celui-ci, la production de la chaleur ne peut plus maintenir la température normale de l’animal, laquelle s’abaisse rapidement jusqu’à devenir égale à celle du milieu. » Certes, il y a, comme je l’ai montré, un optimum de rayonne¬ ment à 10 degrés pour la marmotte, mais la perte de chaleur ne croît pas tellement , à cette température, que l’animal qui s’endort soit comparable, par exemple, à un lapin refroidi par un courant d’eau froide. M. Dutto paraît ignorer qu’à cette même température les marmottes se réchauffent de temps à autre spontanément, et qu’un froid voisin de zéro degré les fait sortir de leur torpeur. L’épuisement énergétique par le froid, que M. Dutto confond avec le sommeil hivernal, peut aussi s’obtenir avec la marmotte, mais elle se comporte alors d’une manière toute différente, et succombe rapidement à la soustraction forcée du calorique, comme cela arrive pour tout animal inanié. C’est à tort aussi que M. Dutto dit que la température de la marmotte, sous l’influence du prétendu accroissement de rayonne¬ ment qu*il imagine « s’abaisse rapidement jusqu’à devenir égale à celle du milieu», il eût été plus exact de dire qu’elle se rap¬ proche beaucoup de celle du milieu. ET EXAMEN CRITIQUE DES TRAVAUX DE M. U. DUTTO 109 Pour M. Dutto, la marmotte se refroidit suivant la loi de Newton, c’est-à-dire comme un corps brut, ce qui est absolument „ contraire à ce que nous a fourni l’analyse de la courbe calorimé¬ trique de la marmotte qui s’endort : d’ailleurs, toute la physiologie de la marmotte proteste contre une semblable assimilation et je n’insiste pas davantage sur ce point, ainsi que sur d’autres faits inexacts de peu d’importance. Mais, dans le premier mémoire, M. Dutto semble ignorer l’exis¬ tence du réveil de la marmotte par une température voisine de 0 degré ou inférieure à 0 degré, et c’est sans doute pour cela qu’il admet que la marmotte est dépourvue de système thermo-régu¬ lateur. Elle en possède, au contraire, un merveilleux, qui lui permet de se tenir toujours à quelques dixièmes de degré au- dessus du milieu ambiant, pendant la torpeur, et de s’élever de 35 degrés parfois, quand la température extérieure s’approche de 0 degré. J’ajouterai que si M. Dutto a vu le calorimètre de d’Arsonval tracer une ligne droite se confondant avec celle de l’appareil fonc¬ tionnant à vide, alors qu’un des cylindres renfermait sa marmotte en torpeur, cela ne prouve pas que cette dernière ne rayonnait pas de chaleur, mais simplement que le rayonnement du calorimètre égalait celui de l’animal endormi. S’il avait pris à ce moment la température rectale du sujet, il l’eût trouvée certainement supé¬ rieure à celle du milieu ambiant. Dans les cas où la température de la marmotte s’est trouvée égale ou inférieure à celle du milieu, c’est que cette dernière s’était élevée plus vite que celle de l’animal. Dans son second mémoire, M. Dutto parle de faits bien connus relatifs à l’influence du bruit, de la pression barométrique, des manœuvres de pesage et de prises de température. Il ajoute que récemment j’ai décrit des périodes de réveil qui ont lieu d’ordi¬ naire toutes les trois ou quatre semaines, mais sa marmotte, à lui, se réveillait tous les sept jours, et, comme les chiffres que j’ai don¬ nés se rapprochent de ceux de Valentin, M. Dutto suppose que Valentin a laissé échapper des réveils ! J’ai vainement cherché, dans les nombreux graphiques calorimé¬ triques que j’ai obtenus à l’aide du calorimètre de d’Arsonval, les différences de forme, dont parle M. Dutto, entre les courbes four¬ nies par un homœotherme quelconque et la marmotte éveillée, et 110 RECHERCHES DE CALORIMÉTRIE ANIMALE je ne vois nullement l'utilité des néologismes proposés : « ligne anathermique, ligne catathermique, ligne isothermique. » Si M. Dutto avait observé, comme nous, un grand nombre de marmottes, il n’aurait pas écrit que la marmotte n’atteint jamais, pendant l’hivernation, l’état de veille parfaite, mais seulement un état intermédiaire entre la léthargie profonde et la veille par¬ faite. Dans les périodes de réveil, les marmottes sont extrêmement vives et ne peuvent être maniées qu’avec la plus grande circon¬ spection. La marmotte de M. Dutto a séjourné pendant plusieurs semaines dans le calorimètre. Il admet qu’elle n’a pas été en état de veille pendant ce temps et que sa température n’a pas dépassé 20 à 25 degrés. En tout cas, pendant la période de veille, la marmotte ne serait pas un homœotherme parfait, parce qu’il a observé des dents sur la courbe calorimétrique. J’ai vu des accidents sembla¬ bles produits par des défécations ou des mictions, et c’est sans doute pour cela que M. Dutto ne considère pas la marmotte éveil¬ lée comme un homœotherme parfait : enfin, l’auteur nous apprend que, pendant le long séjour du sujet en expérience, il y avait dans le calorimètre des fèces, des carottes et du foin vraisemblable¬ ment mélangés à de l’urine. Sont-ce là des conditions expérimen¬ tales bien favorables? Et n’est -il pas également regrettable que M. Dutto ait pu obtenir de bonnes courbes calorimétriques seule¬ ment lorsque soufflait le siroco ? La partie la plus importante du travail de M. Dutto est certaine¬ ment celle où il étudie les précautions à prendre pour se servir utilement du calorimètre compensateur et enregistreur à cylindres de d’Arsonval. lien a oublié pourtant quelques-uns, et c’est vraisem¬ blablement à l’oubli de l une d’elles qu’il faut attribuer les grandes divergences existant entre les résultats numériques de M. Dutto et les miens. J’ai remarqué, entre autres choses, qu’il suffisait que l’un des cylindres conjugués fût placé en face d’une fenêtre ou près d'un mur pour qu’on ne puisse pas obtenir une ligne parfaitement droite quand l’instrument fonctionne à vide. Aussi, pour cette raison, ai-je opéré dans les sous-sols du laboratoire, où la tempéra¬ ture est sensiblement constante. L’appareil était placé sur une table, au milieu d’une salle plongée dans l’obscurité. ET EXAMEN CRITIQUE DES TRAVAUX DE M. U. DUTTO lit Je reconnais que la méthode de graduation du calorimètre de d’Arsonval, par un fil de platine rougi électriquement, préconisée par M. Dutto, est préférable à celle obtenue par l’eau chaude que nous avions employée lors de nos premières expériences. Aussi, ai-je entrepris de nouvelles recherches cette année avec la méthode du fil rougi. J’ai tenu, en outre, pour me placer dans les mêmes conditions que M. Dutto, à opérer à la fin de l’hivernation. Après m’être assuré que le stylet du calorimètre écrivant à vide donnait une ligne droite parfaite et qu’aucun orifice accidentel n’existait dans les cylindres, j’ai opéré la graduation avec deux fils traversés par un courant d’un ampère : le premier offrait une résistance de 10 ohms 29 et dégageait par conséquent 8 g. cal. 82 à l’heure ; le deuxième avait une résistance de 4 ohms 79 et déga¬ geait 4 g. cal. 12. Il est résulté de cette graduation que pour une longueur de levier de 26 centimètres , un soulèvement de la pointe de la plume de 2mm5 correspondrait à 1 g. cal. heure. Ces premiers résultats ne coïncident pas avec ceux de M. Dutto qui admet que 1 centimètre de déplacement de la pointe du levier inscripteur, avec les grands gazomètres, correspond à 3 g. cal. 85 à l’heure. D’ailleurs, il y a dans l’exposé de M. Dutto une regret¬ table lacune, car il n’indique pas la longueur du stylet employé. En outre, on est frappé de ce fait en examinant de près ses graphi¬ ques, page 212 (Arch. ital. de biol., t. XXVII, 1897), que la courbe de la marmotte mesure une hauteur moyenne de 10 milli¬ mètres, bien que M. Dutto indique que l’animal a rayonné 8 cal. 08 par heure (poids : 1034; temp. du pli inguinal, 35°2); or, page 213, un lapin de 1070 a fourni une courbe dont la hauteur est sensiblement égale, et pourtant, pour une différence de poids de 30 grammes seulement, M. Dutto trouve que le lapin a rayonné en moyenne, par heure, 5 cal. 77. Il y a certainement ici une erreur. D’ailleurs, à plusieurs reprises, ayant placé un lapih dans un des cylindres et une marmotte de même poids dans l'autre, j’ai toujours trouvé que le lapin rayonnait davantage que la marmotte: ces résultats ont été maintes fois contrôlés par mes aides, et je suis au dernier point surpris que M. Dutto soit arrivé à une con¬ statation précisément opposée. 11 '2 RECHERCHES DE CALORIMETRIE ANIMALE Dans mes premières expériences, ainsi que je l’ai déjà dit, je m’étais servi, pour graduer le calorimètre de d’Arsonval, de bal¬ lons enduits de noir de fumée et remplis d’eau chaude qu'on lais¬ sait refroidir de 54 à 39 degrés et de 44 à 32 degrés, mais il n’est pas douteux que ce procédé soit passible de critiques, et, en tout cas, moins exact que celui du fil de platine dont le rayonne¬ ment peut être rendu constant. Aussi, ai-je obtenu avec ce nouveau procédé des résultats numériques un peu différents. Dans mes premières expériences, j’avais trouvé qu’un kilo¬ gramme de marmotte rayonne 3 cal. à l’heure ; avec le fil de pla¬ tine, nous avons trouvé 3 cal 400. Le lapin rayonnait par kilo-heure 3 cal. 400; avec le fil de pla¬ tine nous avons 3 cal. 600 ; mais nous sommes bien loin des chiffres de M. Dutto qui a trouvé que sa marmotte, dont le poids était de 1034, avec une température inguinale de 35°2, rayonnait 7 cal. 95 à l’heure, tandis qu’un lapin de 1070, avec une température ingui¬ nale de 39°3, ne rayonnait à l’heure que 5 cal. 77. Les chiffres moyens que je donne plus haut sont le résultat de plusieurs mesures qui ont fourni des chiffres très voisins, soit en mettant successivement la marmotte et le lapin, ou le lapin et la marmotte, dans l’un ou l'autre des cylindres (après s’être assuré chaque fois que le calorimètre marchant à vide donnait une ligne droite), soit en mettant le lapin à droite et la marmotte à gauche, ou inversement et en évaluant la différence de rayonnement. Les chiffres ainsi obtenus sont plus élevés que ceux que j’ai don¬ nés dans le chapitre vin de mes Etudes sur le mécanisme de la thermogenèse et du sommeil (loc. cit.), mais ils nous rap¬ prochent singulièrement de ceux que j'avais obtenus parla calori- métrie indirecte (ihid.)- En effet, en évaluant le nombre de calories rayonnées pendant toute l’hivernation par le calcul que j’ai indiqué (loc. cit.), on trouve, avec la méthode directe, le chiffre 979 cal. 200. Les deux méthodes de calorimétrie indirecte que j'avais em¬ ployées m’avaient donné, l’une le chiffre 1001 cal. 22, et l’autre 895 cal. 805, dont la moyenne, 948 cal. 562, se rapproche beau¬ coup du chiffre 979 cal. 200 fourni par la calorimétrie directe au moyen du calorimètre de d’Arsonval réglé par le fil de platine rougi. SUR LA BIOÉLECTUOGEISÈSE CHEZ LES VEGETAUX 113 La moyenne des chiffres fournis par la calorimétrie indirecte et par la calorimétrie directe sera, donc : 948 cal. 592 + 979 cal. 200 2 = 963 cal. 881. Un kilogramme de marmotte rayonnera donc pendant toute l’hiver- nation 963 cal. 881, et, en supposant que dans la veille estivale, qui n’est d’ailleurs pas continue à cause des sommeils, le rayonne¬ ment soit le même que pendant la veille hivernale, la marmotte rayonnerait en dehors de la période hivernale : 3 cal. 400 x 24 h. x 180 j.= 14688 calories, et dans toute l’année environ 15642 calories. Mais, en réalité, le rayonnement de la marmotte est plus élevé en été : nous l’avons trouvé par kilo-heure de 3 c. 500, ce qui donne le chiffre 16184 calories. Remarque . — Je profite de cette note pour rectifier une erreur typographique qui s’est glissée dans mon Etude sur le mécanisme de la thermogenèse et du sommeil chez les mammifères , pages 112, 114, 238 : au lieu d 'un quart du poids de l’animal, il faut lire un cinquième . Sur la bioélectrogenèse chez les végétaux. Par Raphaël Dubois. Je ne connais actuellement aucun travail d’ensemble sur la bio¬ électrogenèse végétale : il n’existe dans la science, à ma connais¬ sance, que quelques travaux isolés et souvent contradictoires. Cependant les végétaux sont le siège d’une foule de phéno¬ mènes physiques tels que ceux d’osmose, de capillarité, d’évapo¬ ration, de tensions de surface, etc., susceptibles de produire des actions électromotrices. En outre, on y constate des réactions chi¬ miques nombreuses. Dans l’intérieur d’un même plastide, des parties composantes juxtaposées, comme le noyau et le protoplasme, peuvent offrir des réactions differentes, à tel point que l’on a pu comparer le plastide à un élément de pile. Les granulations biopro- téoniques elles- mêmes ne paraissent devoir leur pouvoir électif Soc. Linn., t. xlvi, 1899 10 114 SUR LA BIOÉLECTROGENÈSE CHEZ LES VEGETAUX caractéristique pour certaines matières colorantes qu’à ce que les unes sont acides et les autres basiques. Enfin, en plus des réac¬ tions d’ordre purement physico-chimique, les végétaux ne nous offrent-ils pas des conditions de structure, décomposition qui leur sont propres, et ne voit-on pas se manifester chez eux des phéno¬ mènes qui justement servent à les distinguer du protèon vulgaire ou matière brute et à caractériser la matière vivante ou bioprotéon ? En dehors des lois qui lui sont particulièrement applicables, le « bioprotéon » n’en obéit pas moins à cellesqui commandent à tout ce qui est« protéon » ; aussi, nous pouvons admettre déjà que chez les végétaux les phénomènes que nous allons observer pourront avoir des origines fort diverses : mécaniques, physiques, chimiques et physiologiques ou vitales. Si l’état actuel de la science ne permet malheureusement pas de distinguer dans tous les cas les origines des effets électromoteurs que nous allons constater chez les végétaux, ces effets considérés en eux-mêmes n’en ont pas moins un intérêt très grand, d’autant plus grand que, comme cela s’est produit pour la biophotogénèse, les liens entre le règne animal et le règne végétal s’en trouvent resserrés. Un premier phénomène constant est celui que nous pouvons constater facilement en promenant des électrodes impolarisables reliées à un bon galvanomètre à la surface de végétaux intacts, c’est-à-dire n’ayant subi aucune lésion, à savoir que les parties supérieures du végétal ont toujours un potentiel plus élevé que les parties situées plus bas. La différence de potentiel s’accentue, en général, d’autant plus que les deux électrodes sont plus éloignées, par exemple quand l’une est située près du sommet et l’autre vers l’extrémité de la racine. Le potentiel est surtout élevé dans les bourgeons et les jeunes pousses. Dans une même partie d’un végétal portant cependant des organes fort divers, j’ai pu vérifier la constance de cette loi. Une électrode étant appliquée à la base de l’inflorescence femelle d’un Arum italicum et l’autre portée successivement sur l’in¬ florescence femelle et sur le sommet du spadice, nous avons vu que le potentiel du spadice était plus élevé que celui de l’inflores¬ cence mâle et le potentiel de celle-ci plus grand que celui de l’inflo¬ rescence femelle (fig. 1). SUR LA BIOÉLECTROGENÈSE CIIEZ LES VEGETAUX 115 Sur des carottes, des salsifis munis de leurs feuilles et de leurs radicelles, au moins en grande partie, en tout cas ne portant pas de blessures graves, on constate facilement que le collet, par exemple, a un potentiel supérieur à celui de l’extrémité du cône radiculaire (fig. 2). Ces faits ont été attribués aux phénomènes de capillarité. On sait, en effet, que lorsqu’un liquide monte dans un tube capillaire, le courant a la même direction que le mouvement de l’eau. Mais, dans le végétal, les liquides montent et descendent, il y a une sève ascendante et une sève descendante. Il est vrai que le courant ascendant est toujours plus fort, en raison de l’évaporation qui se fait du côté des feuilles. C’est, en effet, dans le sens de la montée des liquides que se montre le courant inté¬ rieur, celui que l’on observe à l’extérieur ne devant être considéré que comme la moitié d’un circuit fermé dans lequel se trouve in¬ tercalé le galvanomètre ; comme cela a lieu dans une pile, extérieurement le courant va du pôle cuivre, qui est positif, au pôle zinc, qui est négatif, mais c’est l’inverse dans le milieu intérieur de la pile. L’objection la plus grave que l’on puisse faire, c’est que dans une racine de carotte ou de salsifis extraite de la terre depuis longtemps et dont les feuilles sont déjà flé¬ tries, ou bien dans un fragment de végétal, comme l’inflorescence d’Arum, les choses restent dans le même état que si l’absorp¬ tion et la circulation continuaient réguliè¬ rement. En faveur de la capillarité, on a encore invoqué ce fait que les nervures des feuilles ont un potentiel plus élevé que le parenchyme qui les entoure. J’ai fait quelques expériences dans l’espoir d’éclairer un peu ce 116 SUR LA. BIOELECTRO GENESE CHEZ LES VEGETAUX côté de la question et de savoir s’il s’agit, dans le cas qui nous occupe, soit de phénomènes physiques, soit de phénomènes nutritifs, végétatifs, trophiques ou mieux physiologiques. Des carottes et des salsifis sur lesquels on avait constaté l’exis¬ tence du courant normal ont été gelés et d’autres anesthésiés par les vapeurs de chloroforme. L’action de l’agent anesthésique et du froid a produit le même effet : il y a eu disparition des différences de potentiel et suppres¬ sion du courant qui en résulte à l’état normal. Cette constatation apporte une nouvelle preuve de la théorie que j’ai donnée du mode d’action intime des anesthésiques généraux, qui agissent exacte¬ ment comme le froid, lequel est aussi un anesthésique parce qu’il déshydrate le bioprotéon. Le lendemain, les racines gelées avaient retrouvé le courant normal avec leur apparence ordinaire. Il n’en était pas de même de celles qui avaient subi l’action du chloroforme. Il est vrai que beaucoup de végétaux meurent après l’action des vapeurs anesthé¬ siques parce qu’ils ne peuvent se débarrasser, comme d’autres, la Sensitive par exemple, de l’agent anesthésique, tandis qu’ils retrouvent facilement le milieu thermique nécessaire à leur fonc¬ tionnement normal. 11 ne faut pas croire cependant que les pertur¬ bations accompagnant la déshydratation du bioprotéon sous l’in¬ fluence du froid soient sans danger. Dans le cas de nos racines, il ne nous a pas semblé que la vitalité avait été détruite. Mais ces expériences ne peuvent fournir que de vagues présomptions, car le seul fait de la déshydratation du bio¬ protéon entraîne avec lui des perturbations d’ordre physique et chimique, d’abord par le déplacement de l’eau et ensuite parce que celui-ci est souvent acccompagné du transport de substances actives. Les oranges gelées, par exemple, prennent une saveur amère : dans les semences de moutarde noire, dans les amandes amères non desséchées, on constate l'apparition d’essence de mou¬ tarde ou d’essence d’amandes amères parce que l’eau, en se déplaçant, a entraîné de certains plastides, où elles étaient déposées, la sinigrine ou l’amygdaline pour les mettre en rapport avec le contenu des plastides où se localisent les ferments, comme je l’ai montré depuis fort longtemps par mes expériences sur l 'action des liquides neutres sur la substance organisée. Cette locali- SUR LA BIOELECTROGENESE CHEZ LES VEGETAUX 117 complet, Pourtant sur des ca- il existe un sation des glucosides et des diastases dans des plastides différents a été depuis mes travaux mise en évidence d’une autre manière. Il peut donc, concurremment, s’être produit des modifications physiques, chimiques et phy¬ siologiques capables d’avoir rendu isoélectriques les objets en expérience, c’est-à-dire d’avoir produit une égale dis¬ tribution du potentiel sur toute la surface. Ce qui prouve, en tout cas, que l’inégale distribution du potentiel constaté sur la ca¬ rotte normale peut tenir à autre chose qu’à sa vitalité, à sa nutrition intime, c’ est qu’elle s’observe, après refroidissement rottes portées à l’autoclave à 100 degrés moyen de distin¬ guer une sembla¬ ble racine de celle qui est vivante : je l’indiquerai dans un instant. Voyons si nous ne pourrons pas tirer quelques ren¬ seignements d’au¬ tres expériences ou observations. Nous avons fait germer sur des éponges ou du co¬ ton mouillé des se¬ mences de lupin velu : ces graines poussaient avec leurs seules réserves. Dans une première exploration (fig. 3), nous avons constaté d’a- •+■ ■+■ +- + Fio. A. 1 18 SUR LA BIOÉLECTROGENÈSE CHEZ LES VEGETAUX bord qu’il existait un courant allant des cotylédons vers la pointe de la radicule. Ce fait rentrant dans la loi générale ne présentait aucun intérêt et, si nous n’avions pas poussé plus loin l’examen, il est certain que nous aurions laissé échapper une constatation des plus importantes. Dans la carotte que nous avons prise pour exemple, comme dans d’autres végétaux analogues, le potentiel du collet est plus élevé que celui de l’extrémité de la racine. Dans notre jeune plantule de lupin, c’est le contraire, seulement le collet a un potentiel moins élevé que la partie supérieure des cotylédons, mais le potentiel de la radicule est plus grand que celui du collet, de sorte que nous constatons l’existence de deux courants de sens inverse, marchant tous deux, à l’extérieur, des extrémités vers le collet. Nous nous trouvions en présence d’un fait inattendu, d’une exception, au moins apparente, à la loi générale. Quelle différence existe-t-il donc entre notre plantule et une plante adulte ? Dans la plante adulte, il est évident que si les sucs nutritifs pénè¬ trent par les racines, montent vers les parties supérieures et peuvent par ce seul fait engendrer des effets électro- capillaires capables d’expliquer l’augmentation du potentiel de la pointe de la racine au sommet, il y a lieu de considérer aussi que c’est dans les parties supérieures, dans les plus élevés surtout de l’axe végétatif, dans les bourgeons, les feuilles et les fleurs que se font les opérations delà nutrition les plus actives, les plus importantes. Pour la plu¬ part, ce sont des réactions synthétiques, comme celles qui se rap¬ portent à la fonction chlorophyllienne, mais ces dernières parais¬ sent avoir peu d’importance dans le cas qui nous occupe, caries champignons et d’autres végétaux achlorophylliens, comme les Orobanches, présentent la même distribution que celle que l’on observe chez les végétaux à chlorophylle. Dès lors, il est facile de reconnaître que la constatation faite sur l’embryon de lupin ne constitue pas une anomalie. C’est au niveau de l’extrémité de la radicule que se font, à ce moment, les travaux de croissance les plus actifs, d’une part, et, d’autre part, c’est dans les cotylédons que se préparent et s’élaborent les produits nutritifs. Cette distribution du potentiel, suivant l’activité nutritive, appa- SUR LA. BIOÉLECTROGENÈSE CHEZ LES VEGETAUX 119 paraît plus nettement encore quand on explore la même plantule de lupin arrivée à un développement plus avancé (fig. 4). La tigelle et la gemmule se sont développées : mais c’est encore au niveau de l’insertion des cotylédons que le potentiel se montre le plus élevé et, ici, il y a aussi une exception apparente à la règle généralequi régit les adultes : ce n’est pas le sommet qui a le potentiel le plus élevé parce que ce n’est pas lui qui est le siège de la plus grande activité trophique transformatrice. Si l’on n’est pas autorisé par ces constatation à déclarer que les phénomènes physiques, et particulièrement ceux qui se rattachent -h Fia. 5. B à la capillarité, n’interviennent pas dans la distribution du poten¬ tiel chez les végétaux, on ne peut nier que les transformations nécessitées par la nutrition et l’accroissement y tiennent une grande part. J’ai dit, à propos de nos investigations sur les carottes et les ra¬ cines analogues, qu’il était important de ménager les radicelles et de ne faire, d’une manière géné¬ rale, aucune lésion grave à la surface des végétaux en observation. Voici une expérience qui prouve le bien fondé de cette recommandation : Si, après avoir constaté l’existence de la distribution normale du potentiel chez une carotte, on pratique une section perpendiculaire à son grand axe, par exemple, au point B, on voit au bout d’un temps très court que la distribution du potentiel est bouleversée : le point qui avait le 120 SUR LA HIOÉLECTROGENÈSE CHEZ LES VÉGÉTAUX potentiel le plus élevé a maintenant le plus faible, c’est celui où a été pratiquée la lésion (fig. 6) et le courant a été renversé. Mais, chose remarquable, on peut faire reparaître la distribution normale du potentiel en pratiquant une autre section vers l’extré¬ mité A, alors même que la section S' serait plus petite que S (fig. 7). Nous pouvons dire, en d’autres termes, qu’une première lésion a renversé le courant primitif normal, mais qu’une seconde lésion, dans le point opposé, a rétabli le courant normal ; celui-ci avait été d’abord compensé par un courant de sens contraire né de la première lésion, à son tour ce dernier étant compensé par un courant de sens opposé, produit par une seconde lésion, le courant normal réapparaît. Ce courant normal semble bien dû à l'activité physiologique trophique. Je propose de l’appeler courant trophique par rapport aux deux autres que je nomme courants traumatiques. La production de ces courants traumatiques est très générale ; on pourra l’obtenir avec des fruits, des fleurs, des feuilles des tuber¬ cules, tiges, etc. : toujours le courant se dirige de la partie saine vers la partie lésée. La lésion entraîne donc toujours une baisse de potentiel. Est ce à dire que le courant traumatique soit indépendant de la nutrition, de l’état trophique, si je puis m’exprimer ainsi? On peut, en effet, supposer que la surface de section considérée est le siège d’une évaporation plus active, susceptible de troubler l’état ordi¬ naire. J’ai dit tout à l’heure que la carotte cuite ne s’était pas comportée comme celles qui avaient été gelées ou anesthésiées : qu’après son complet refroidissement, elle présentait la même distribution de po¬ tentiel qu’une racine vivante. Pourtant elle en diffère, car si nous pratiquons la même section que dans la précédente expérience, il n’y a plus renversement du courant et cependant la surface de section est humide. La cuisson n’a pas détruit la distribution normale du potentiel, mais a supprimé la possibilité du courant traumatique. C’est probablement à des courants traumatiques qu’il faut attri¬ buer les résultats obtenus par d’autres observateurs qui ont noté que le bois était négatif par rapport à l’aubier et celui-ci également négatif, ainsi que le cambium, par rapport à l’écorce saine. SUR LA BIOELECTRO GENÈSE CHEZ LES VEGETAUX 121 Toute lésion traumatique entraîne nécessairement des troubles trophiques, des perturbations de la nutrition : Ton peut comparer le point lésé au zinc de la pile, qui est attaqué et le point sain au pôle positif, qui ne Test pas : le courant va du cuivre, ou du point sain, au zinc ou à la partie lésée. L’excitation physiologique est assimilable à une lésion sous beaucoup de rapports. S’il en est vraiment ainsi avec des végétaux excitables, nous pourrons constater que le point excité se comporte comme le point lésé dans la précédente expérience. Il existe des végétaux doués de sensibilité ou plutôt d’irritabi¬ lité motrice, comme vous le savez. La Dion èe(Dionæa muscipula) est une plante de cette nature :1a face supérieure est garnie de poils tactiles et lorsque ceux-ci sont excités, les deux lobes de la feuille se rapprochent par leur face supérieure. Si Ton cherche la distribution du potentiel sur cette feuille, on voit que la partie supérieure a le signe H- et la face inférieure le signe — , le courant est donc ascendant dans l’intérieur de la feuille horizontale et descendant extérieurement, quand elle est au repos. Au moment de l’excitation de la face supérieure, le courant change de sens et la face supérieure excitée prend le signe — . Lesobservalions faites autrefois surla sensitive (Mimosa pudica) laissent beaucoup à désirer, de l’aveu même de leurs auteurs. Ce vé¬ gétal présente des difficultés matérielles que j’ai pu éviter en expé¬ rimentant sur la Mimosa Spegazini, sensitive ligneuse robuste, qui se prête bien mieux que la Mimosa pudica aux explorations L On constate sur ce végétal, à l’état de repos, la distribution nor¬ male, c’est-à-dire que les parties les plus élevées ont toujours un potentiel plus élevé que celles qui sont inférieures. On plante deux épingles dans les points E et E' et Ton s’assure, au bout d’un temps assez long pour éliminer toute supposition de trouble par polarisation ou électrolyse, que le courant normal allant des parties supérieures vers les inférieures existe bien. Si Ton excite 1 C'est grâce à l’obligeance de mon savant collègue, M. le professeur Gérard, directeur du parc de la Tête-d’or, que j'ai pu expérimenter pendant deux années consécutives sur cette belle Sensitive : je lui adresse ici tous mes remercîments, ainsi qu'a son zélé chef des travaux, M. Chiffiot. 122 SUR LA BIOKLKCTROGENESE CHEZ LES VEGETAUX alors la feuille A, cette feuille entranten mouvement, l’on voit presque immédiatement survenir une baisse du potentiel en E' et par consé¬ quent une augmentation d’intensité du courant normal allant de E à E' et le pétiole de B s’abaisse. Si l’on excite E', lorsque la feuille A a repris sa position de repos, on constate que ce n’est qu’au bout d’un temps assez long que se produit la déviation du galvanomètre, mais elle est de même sens que précédemment. Pendant l’intervalle qui s’écoule entre le moment de l’excita¬ tion et celui de la déviation, si l’on exa¬ mine la plante, on voit les feuilles situées au-dessous de la feuille excitée s’abais¬ ser successivement, puis, quelque temps après l’apparition de la déviation, la feuille située au-dessus de l’électrode inférieure s’abaisse à son tour. De chaque côté de cette électrode, au- dessus et au-dessous, il existe donc une zone excitable au niveau de laquelle chaque excitation est suivie d’une exagération de la négativité, ou mieux d’une baisse de po¬ tentiel. Les expériences suivantes montrent plus nettement encore l’influence de l’excitation, sur la distribution du potentiel. 9 h. 30 du matin. — Le galvanomètre marque 26,5. L’ai¬ guille supérieure enfoncée dans la tige est en communication avec la borne droite du galvanomètre. On touche la feuille 2 : quelques folioles seulement se ferment, rien au galvanomètre. On brûle l’extrémité de la feuille 2 avec une allumette, toutes les folioles se ferment (pas d’abaissement du pétiole primaire). Quelques moments après : lre déviation du galvanomètre, 26, 5 — 25 ; puis 2e déviation de sens inverse de 25 — 28. Quelque temps après ces deux déviations, la feuille 4 ferme les folioles de ses deux branches. Le galvanomètre qui était revenu sensiblement à 26,5, après le mouvement de la feuille 4, pré¬ sente une légère oscillation double, la première vers 27, la seconde SUR LA. BIOÊLECTROGENÈSE CHEZ LES VEGETAUX 123 vers 26, enfin, peu de temps après, la feuille 1 ferme les folioles de ses deux branches. Le galvanomètre revenu au repos ne pré¬ sente plus d’oscillation, aucune feuille ne bouge plus, 1 excitation ne paraît pas être descendue de la feuille 1 . Voici dans l’ordre chronologique la succession des faits ob¬ servés : 1° Mouvement de la feuille 2 (fermeture des folioles) ; 2° Déviation de 26,5 — 25; 3° Déviation de 25 — 28 ; 4° Fermeture des folioles de la feuille 4 (galvan. revient à 26,5) ; 5° Déviation vers 27 ; 6° Déviation vers 28 ; 7° Fermeture des folioles de la feuille 1. Repos de la plante et du gal¬ vanomètre, qui revient à 26,5. Pendant que les feuilles re¬ prennent lentement leur épa¬ nouissement, rien au galvano¬ mètre, probablement à cause de la lenteur du phénomène. 1 h. 1/2. — Le galvanomètre marque 26,5. Fio. 9. Même position des aiguilles. On excite la feuille 3, quelques folioles se ferment, rien. On brûle la feuille 3 qui ferme toutes ses folioles (pas d’abais¬ sement du pétiole primaire). Au bout de quelques moments : première déviation du galvano¬ mètre de 26,5 à 27, puis deuxième déviation de 27 à 26, de sens inverse. Quelque temps après ces deux déviations, la feuille 1 ferme ses folioles. Le galvanomètre revenu au repos ne présente plus d’oscillations, aucune feuille ne bouge plus. Ordre chronologique des faits observés : 1° Mouvement de la feuille 3; 124 SUR LA BIOÉLECTROGEiNÈSE CHEZ LES VEGETAUX 2° Déviation de 26,5 — 27 ; 3° Déviation de 27 — 26 ; 4° Mouvement de la feuille 1. Repos de la plante et du galvanomètre qui revient à 26,5. On a constaté avec une pile qu’une diminution de potentiel à la borne de droite s’accompagnait d’une déviation de n vers o. La conclusion de ces phénomènes est que la transmission de l’excitation vers d’autres feuilles est accompagnée d’une onde néga¬ tive qui fait baisser le potentiel successivement dans les deux aiguilles, la plus haute ou la plus basse étant d’abord rencontrée par cette onde suivant le sens delà transmission. Ainsi, quand après avoir excité la feuille 2, on a vu tomber la feuille 4 ( transmission descendante), on a constaté dans l’intervalle une baisse de potentiel, d’abord à l’aiguille la plus haute, ensuite à la plus basse. Lorsque, après la feuille 4, la feuille 1 est tombée (transmission ascendante), on a vu baisser le potentiel, d’abord à l’aiguille la plus basse, puis à l’aiguille la plus haute. Quand, après avoir excité la feuille 3, on a vu bouger la feuille 1 (transmission ascendante), on a constaté dans l’intervalle une baisse de potentiel, d’abord à l’aiguille la plus basse, puis à l’aiguille la plus haute. Indépendamment de ces faits, on peut constater aussi: 1° Que, quand on excite une feuille, la transmission se fait plus facilement vers les feuilles inférieures que vers les supérieures; 2° Qu’il y a généralement une feuille sautée. Variations de potentiel à différentes heures de la journée. Position du galvanomètre. 1° 9 h. 1/2 26 5 Lendemain matin 9 h. 30 26 2° 11 h. 30 26 5 11 h. 30 26 3° 1 h. 30 26 3 2 h. 30 26 4° 3 h. 30 26 2 3 h. 30 26 5® 4 h. 30 26 4 h. 30 26 5 h. 30 26 Lendemain matin 9 h. 30 26 5 Entre 4 h. 30 et 5 h. 30, les feuilles 1, 2, 3, 4, 5 se sont fermées lentement. SUR LA SOIE DE LA CüENILLE PROCESSIONNAIRE 125 Il semble donc que la fermeture normale et lente des feuilles ne soit pas plus accompagnée de variation de potentiel que leur ouver¬ ture lente. Ces faits montrent bien nettement que l'excitation produit un effet de même sens que le traumatisme , c'est-à-dire une baisse de potentiel au point excité. Si l' excitation se trans¬ met successivement de proche en proche , elle est accompagnée d'une onde négative , qui peut modifier en cheminant, soit l'intensité, soit le sens du courant normal. Chez les animaux, on retrouve les trois sortes de courants dont nous avons constaté l’existence chez les végétaux, et que nous avons nommés courants trophiques, courants traumatiques, courants d' excitation, et c’est là un point fort intéressant pour la connaissance des lois de la physiologie générale. Sur la soie de la Chenille processionnaire du Pin maritime et sur la manière de la faire filer au fur et à mesure de sa production. Par Raphaël Dubois. Le nom de « processionnaire » donné aux chenilles du Cneto- campa processionnæa, vient, comme l’on sait, de ce que celles-ci cheminent à la suite les unes des autres en formant de longs cha¬ pelets ininterrompus. Ceux qui ont décrit l’allure singulière de ces animaux sociaux ne paraissent pas s’être aperçus de la façon dont la première chenille, marchant en tête de la procession, guide les autres : c’est au moyen d’un fil extrêmement ténu qu’elle file au fur et à mesure qu’elle progresse et qui s’attache au sol ou aux objets sur lesquels elle passe. Chaque chenille en fait autant, si bien que la Société laisse derrière elle un faisceau de fils. C’est de cette façon qu’elles tissent les nids où elles se retirent en famille avant de devenir papillons; seulement, les fils de soie sont alors enchevêtrés et forment un lacis absolument inextricable. On peut 126 SUR IA SOIE DE LA CHENILLE PROCESSIONNAIRE cependant forcer les chenilles processionnaires à livrer directement leur soie sous forme d’échevaux, sans avoir à se procurer aucun appareil pour le dévidage. Quand on place un nid de processionnaires dans un grand cristallisoir de verre à bords arrondis, on les voit, au bout d’un certain temps, sortir de leur nid, très vraisemblablement à cause de la dessiccation progressive de la branche de pin et des feuilles formant la charpente du nid. Si elles descendent dans le fond du cristallisoir, elles le tapissent des fils de soie dont j’ai parlé, mais en mettant l’extrémité de la branche de pin en communication avec le bord du cristallisoir, ou bien en jetant un petit pont de bois entre celui-ci et le trou de sortie du nid, on voit la procession se diriger vers le rebord du cristallisoir. Bientôt, toutes les chenilles sont passées du nid sur le bord du vase. A ce moment, on écarte le bout coupé de la branche de pin supportant le nid ou bien le petit pont. Les chenilles n’osent descendre le long des parois à pic du cristallisoir et se mettent à cheminer en tournant constamment dans le même sens. Comme chacune laisse après elle un petit fil adhérent légèrement au verre, il en résulte qu’après un certain nombre de tours, le bord du cristallisoir est recouvert d’une couche de fils qui, déta¬ chée avec précaution, donne un petit écheveau de soie. Celle-ci ne jouit pas d’un grand éclat, elle est d’un blanc gri¬ sâtre. J’en ai remis quelques échantillons à M. Levrat, directeur du beau musée du laboratoire d’études de la Condition des soies de Lyon, mais à titre de curiosité seulement, car je ne pense pas que cette soie puisse être utilisée, au moins dans l’état où elle se trouve après sa production. En effet, ayant essayé de la décreuser avec de l’eau de savon chaude, j'ai vu qu’elle s’y dissolvait; par le refroidissement, sa solution se prend en gelée. La soie est pré¬ cipitée de sa solution alcaline par les acides, sous forme de gru¬ meaux élastiques. Je me propose d’en déterminer plus tard les caractères chimi¬ ques et de chercher à quel groupe de substances protéiques cette matière appartient. Ce qu’il y a peut-être de plus intéressant à noter pour le moment, c’est la façon dont on force la chenille à filer directement sa soie en écheveau. Je me propose de rechercher ultérieurement si on ne SUR LA SOLIDIFICATION DU FIL DE SOIE 127 pourrait pas obtenir aussi un filage direct des différentes espèces productrices de soies industrielles, ce qui simplifierait singulière¬ ment les manipulations. Sur la solidification du fil de soie à la sortie de la glande séricigène du « Bombyx mori ». Par M. Raphaël Dubois. J’ai publié dans le volume des Travaux du Laboratoire d’ Etudes de la soie, 1889-90 , les résultats de recherches que j’avais entreprises à cette époque, pour connaître de quelle façon le fil de soie du Bombyx mori se solidifie à la sortie de la glande séricigène. Ces recherches m’ont conduit à admettre que les hypo ¬ thèses par lesquelles on avait jusqu’à présent cherché à expliquer ce curieux phénomène ne résistent pas à l’épreuve de l’expéri¬ mentation. Elles montrent, en outre, qu’entre le phénomène de la solidification du fil de soie et celui de la coagulation du sang ex¬ trait des vaisseaux, il existe la plus grande analogie. Cette der¬ nière se produit par le conflit de deux substances, l’une appelée fibrinogène et l’autre fibrino-plaslique. Dans la glande à soie, nous avons nommé les deux substances, d’où résulte la coagula¬ tion, fibroïnogène et fibroïno-plas tique par comparaison. Mais, de plus, nos expériences mettent hors de doute l’inter¬ vention nécessaire de l’oxygène : la coagulation ne se produit qu’autant qu’il y a eu fixation préalable de ce corps. A l’époque où j’avais entrepris ces recherches, il n’était pas question des diastases oxydantes, la laccase n’était pas connue. L’existence de ferments solubles analogues, d 'oxydases, comme on les a nommés, chez les animaux me fit supposer que la sub¬ stance fibroïnogène pouvait être un corps de cette nature. Dans cette hypothèse, la fixation nécessaire de l’oxygène et sa présence en plus grande abondance dans le grès s’expliquait facilement. Grâce à l’extrême obligeance de M.Tètenoire, directeur de la Condition des soies, qui a bien voulu mettre à ma disposition un 128 SUR LA SOLIDIFIC ATON DU FIL DE SOIE certain nombre de vers-à soie sur le point de filer, j’ai pu faire quelques recherches complémentaires qui ont d’abord été communi - quées à la Société linnéenne, dans le courant de l’année dernière. Des glandes de vers à -soie commençant à filer ont été extraites, lavées dans l’eau de façon h enlever le sang, puis divisées en minces fragments. Ces derniers ont été reçus dans deux vases contenant l’un une solution à 10 pour 100 de chlorure de sodium, l’autre une solution à 10 pour 100 de carbonate de potasse. Ces macérations ont été placées pendant douze heures dans une glacière. Le lendemain, elles donnaient, comme je l’ai montré antérieure¬ ment, un caillot par l’agitation au contact de l’air, mais on n’a pu déceler la présence d’aucune trace d’oxydase par la teinture de gaïac spécialement préparée, ni par la solution de gaïacol, ni par le pyro- gallol. Les mêmes résultats négatifs ont été obtenus avec le contenu frais des réservoirs. Je dois ajouter que des essais faits par moi l’année dernière sur des glandes à soie d’araignée m’avaient donné aussi des résultats négatifs. Loin de renfermer une oxydase, la substance des réservoirs contient un principe réducteur, et la présence de celui-ci suffit pour expliquer la fixation de l’oxygène libre. Les glandes réduisent fortement l’acide osmique, le nitrate d’ar¬ gent, et la solution de leur contenu obtenue comme je l’ai dit plus haut, décolore rapidement la solution de permanganate de potasse. La fuschine, le bleu de méthylène, le vert malachite, le bleu d’alizarinesont aussi décolorés, mais plus difficilement. La solution dans l’eau salée se montre plutôt légèrement alca¬ line à la réaction de la phtaléine. Elle donne les réactions générales des albuminoïdes, mais, en plus, elle se coagule par la chaleur, par l’acide acétique, précipite par les solutions saturées de chlorure de sodium, de sulfate de magnésie, ainsi que par l’acide carbonique. On peut affirmer qu’elle renferme, en abondance, une globuline. Il est à noter, en outre, que les solutions de fluorure de sodium et d’oxalate d’ammoniaque, qui s’opposent à la coagulation du plasma sanguin, n’agissent pas de même vis-à-vis des substances fibroïno- LA SCINTILLATION DES ETOILES 129 plastique et fibroïnogène : elles la favorisent au contraire, mais cela n’empêche pas d’admettre qu’il existe entre la formation de la fibrine et la solidification du fil de soie à la sortie de la glande séricigène une grande analogie, ainsi que l’établissent mes premières expériences. La scintillation des étoiles est un phénomène entoptique. Par Raphaël Dübois, On n’a pu jusqu’à présent donner aucune explication satisfai¬ sante du phénomène connu sous le nom de « scintillation des étoiles ». Francœur se borne à déclarer que notre œil est affecté particu¬ lièrement parla vivacité et l’éclat des étoiles, au milieu de la nuit. Les étoiles scintillent surtout vers l’horizon, mais les planètes aussi parfois dans cette même direction : L. F. Kænitz a vu Jupiter scintiller dans ces conditions. D’après Hooke, ce phénomène est dû à ce que les couches d’air de l’atmosphère, inégalement échauffées, produisent une réfraction inégale, tandis que Yitellio l’attribue au mouvement de l’air : si les planètes ne scintillent pas, c’est que leur diamètre apparent est plus grand. Pour Arago, il s’agit d’un phénomène d’interférence. Dans la scintillation, il y a lieu de distinguer : 1* l’intermittence de la sensation lumineuse, qui produit un peu sur notre œil l’effet d’un phare à éclipse; 2° les changements de sensation chroma¬ tiques se succédant après chaque intermittence. Le premier effet s’observe quand on fixe dans l’obscurité un point très petit et brillant. Je l'ai noté plusieurs fois en regardant de près de petites colonies naissantes de photobactéries. Dans la théorie de la vision que j’ai donnée en m’appuyant prin¬ cipalement sur mes recherches expérimentales sur la vision der- motoptique, j’ai admis que la sensation visuelle était le résultat d’une contraction des cônes et des bâtonnets exerçant une excitation mécanique sur les fibres du nerf optique ou mieux sur leur termi- Soc. Linn., t. xlvi, 1899 11 130 DÉSHYDRATATION EXPÉRIMENTALE naison dans la rétine1. Quand l’excitation lumineuse est assez intense, il en résulte un véritable tétanos, comme cela se produit dans tout élément contractile par l’électricité ou l’influx nerveux. Mais si l'excitation est faible, les contractions sont dissociées et il ne résulte plus de l’excitation continue qu’une série de secousses contractiles produisant précisément les intermittences sensorielles observées dans la scintillation. J’ai démontré, d’autre part, que la sensation de couleur était due à la rapidité de la contraction rétinienne, tandis que l’intensité était le résultat de l’amplitude de celle-ci. Quand l’amplitude, c’est-à-dire l’intensité lumineuse sera très faible, on pourra obtenir avec une même source des variations de la vitesse de contraction par suite de la fatigue et de phénomènes d’addition latente, c’est-à-dire des perceptions chromatiques diffé¬ rentes : c’est ainsi qu'en regardant avec fixité le spectre d’une source lumineuse très faible, on voit s’éteindre certaines couleurs alors que d’autres persistent. Ces faits ne s’observent qu’avec des foyers vus sous un angle très petit, de façon à ce qu’une très petite étendue de la rétine soit seule impressionnée: autrement, il en résulte une fusion de toutes les sensations élémentaires et une perception générale de luminosité sans scintillation. Je me propose d’ailleurs de faire quelques expériences sur la question du changement de coloration ; j’aurai l’honneur de les communiquer ultérieurement à la Société. Déshydratation expérimentale par refroidissement brusque d’un organisme à sang chaud Par Raphaël Dubois. Un chien de 3 kg. 400 a été mis pendant trois jours à la diète d’aliments et d’eau : au bout de ce temps, on lui a fait ingérer 400 grammes d’eau glacée à -t- 4 degrés. Dix minutes après l’in— 1 Voir Leçons de physiologie générale et comparée , leçons VII ; chez Carré et Naud. Paris. 1898. INFLUENCE DE L’ABLATION DU CERVEAU MOYEN 1 31 gestion, des vomissements sont survenus et la presque totalité de l’eau ingérée a été rejetée. La température rectale est tombée de 39 degrés à 34 degrés. On observe bientôt de la contracture des muscles des pattes et du tronc : la langue est cyanosée. Plus tard, survient une diarrhée sanguinolente, avec tremblement fibrillaire des muscles, puis les nausées reparaissent avec des vomissements liquides aqueux. Deux heures après, l’animal refuse tout aliment et toute boisson, la sensibilité est conservée, mais affaiblie, il y a delà somnolence, l’animal se tient le museau entre les pattes de devant. Le lendemain, il est rétabli. La quantité de liquide évacuée a été bien plus considérable que celle qui avait été absorbée et il s’est produit chez ce chien, comme cela a été observé chez l’homme plusieurs fois, un véritable « cho¬ léra a frigore ». Il y a eu déshydratation du sang, et vraisembla¬ blement des tissus, sous l’influence d’un refroidissement intense brusque, ce qui vient à l’appui des idées que nous avons toujours soutenues de l’influence du froid sur la tension de dissociation de l’eau et des tissus. De l’influence de l’ablation du cerveau moyen sur la résistance à lasphyxie dans l’air confiné et sur les échanges respiratoires. Par Raphaël Dubois. Ayant eu l’occasion de produire des lésions du cerveau moyen chez des pigeons que je tuais ensuite en les étouffant, je fus frappé de la résistance qu’ils opposaient à l’asphyxie par rapport à des animaux de même âge et de même espèce qui n’avaient subi préa¬ lablement aucune opération. Expérience I. — On découvre la trachée sur deux pigeons de même poids et de même âge, on passe en dessous une ficelle et on pratique sur l’un d’eux l’ablation du cerveau moyen — au bout de quelques instants on lie fortement la trachée chez ces deux ani¬ maux. Le pigeon sans lésion est mort au bout d'une minute et celui à lésion du cerveau moyen au bout d’une minute et demie. 132 INFLUENCE DE L’ABLATION DU CERVEAU MOYEN Dans ces conditions, la mort est rapide et la survie n’est pas con¬ sidérable; il en est autrement quand on asphyxie les animaux dans l’air confiné. Expérience II. — On place séparément dans des cloches renfer¬ mant 3 litres et demi d’air, deux pigeons dont l’un a eu le cerveau moyen détruit. Le pigeon normal meurt au bout d’une heure avec une température de 36 degrés dans le cloaque. L’opéré meurt, mais seulement au bout de 3 h. 20 avec une température de 22°4. Expérience III. — On a recherché la résistance à l’asphyxie en vase clos comparativement chez trois pigeons : l’un sain, le second privé des hémisphères cérébraux seulement et le troi - sième des hémisphères et du cerveau moyen. Le premier pigeon avait une température de 42 degrés et faisait 50 respirations par minute; il est mort une heure quinze minutes après son introduction sous la cloche avec une température de 35° 6 et 18 respirations par minute. L’analyse des gaz de la cloche a donné pour 100 parties ; Co2 . . . . 8 94 Az .... 79 » O .... 12 06 Le deuxième pigeon avait une température de 39 degrés et 52 respirations par minute ; la durée de la vie sous cloche a été de cinquante minutes. L’analyse des gaz a fourni les chiffres suivants : Co2 . . . . 8 » Az , . . 79 » O , . 13 » Le troisième, privé d’hémisphères et de cerveau moyen, avait une température centrale initiale de 41° 6 ; il a vécu sous la cloche deux heures cinq minutes; la respiration était tombée de 60 à 20 par minute. L’analyse des gaz a donné : Co2 .... 10 11 Az .... 79 » O .... 10 89 SUR LA RÉSISTANCE A L’ASPHYXIE DANS l’AIR CONFINÉ 133 Il résulte de cette expérience que les pigeons privés seulement des hémisphères surtout et que les animaux normaux résistent moins facilement à l’asphyxie que ceux qui ont le cerveau moyen détruit. Ces derniers épuisent aussi plus complètement le milieu, comme feraient des animaux à sang froid. Expérience IV. — Cette expérience a porté sur trois jeunes chats noirs de la même portée, âgés d’un jour. 1° Un sujet normal ayant une température rectale de 35°2 a résisté dans un bocal de 550 centimètres cubes d’air pendant trois heures dix minutes. La température rectale était tombée à 20 degrés (celle du milieu extérieur étant de 17 degrés). L’analyse des gaz de la cloche a donné pour 100 : Co2 .... 13 4 Az . . T . 79 2 O .... 7 4 Le foie contenait 0 gr. 110 de glycogène pour 100 grammes de foie. Le deuxième sujet a eu les hémisphères enlevés; sa température, quelque temps après l’ablation, était de 37°2. Il a résisté pendant deux heures à l’asphyxie et est mort avec une température de 20°1. L’analyse des gaz de la cloche a donné ; Co 2 . . . . 6 1 Az2 . . . . 79 2 O .... 14 7 On a trouvé 0 gr. 180 de glycogène pour 100 grammes de foie. Le troisième animal a subi, outre l’ablation des hémisphères, celle des couches optiques et des corps striés. Au moment de l’intro¬ duction dans le bocal, il avait une température rectale de 36°4. Il a résisté à l’asphyxie pendant quatre heures quinze minutes et est mort avec une température de 19 degrés. L’analyse des gaz a donné : Co2 . . . . 3 7 Az .... 79 2 O .... 16 1 Le foie contenait 0 gr. 092 de glycogène pour 100. 134 INFLUENCE DE L’ABLATION DU CERVEAU MOYEN Dans cette expérience, c’est encore l’animal à hémisphères enlevés qui a vécu le moins longtemps et celui à cerveau moyen détruit qui a le mieux résisté à l’asphyxie. Seulement, ce dernier a épuisé moins que les autres l’air du bocal, contrairement a ce qu’on avait observé pour le pigeon dans les mêmes conditions : il est fort probable que la durée de la vie a été abrégée dans ces trois cas par l’abaissement de la température de ces jeunes animaux, mais toutes choses égales, d’ailleurs, c’est celui qui était privé de cerveau moyen, au moins en partie, qui a résisté le plus longtemps à l’asphyxie. Les dosages de glycogène (en sucre) indiquent une proportion plus faiblepour le troisième sujet, ce qui ne peut être attribué qu’à une condition initiale de l’état des réserves avant l’asphyxie, en raison de la faible proportion d’acide carbonique produit. En résumé, nous pouvons admettre que chez les oiseaux et chez les mammifères, il existe dans le cervau moyen des parties dont la destruction augmente la résistance des animaux àV as¬ phyxie dans l'air confiné. Il est très probable que ces parties correspondent à celles où nous avons localisé les centres du sommeil, de la calorification et du mécanisme respiratoire, dans notre Etude sur le mécanisme de la thermogenèse et du sommeil chez les mammifères L Sur un cas particulier de l’aspect moral de la lutte pour l’existence. Par M. Raphaël Dubois. Dans son livre sur le « Darwinisme », A. R. Wallace 1 2 dit à propos de l’aspect moral de la lutte pour l’existence, auquel il con¬ sacre un chapitre : « Dans tous les cas, chez les personnes échap¬ pant à la mort après avoir été saisies par un lion ou un tigre, on a 1 Annales de l'Université de Lyon, 1896. 2 Traduction française de H. de Varigny, Paris 1896, p. 52. SUR UN CAS PARTICULIER DE L’ASPECT MORAL 135 constaté qu'elles n’avaient éprouvé que peu ou point de souffrances, soit physiquement, soit moralement. J’ai eu l’occasion d’interroger au mois de septembre 1892, à l’Hô- tel-Dieu de Lyon, un jeune garçon, Henri Perron, alors âgé de quinze ans et qui avait été en partie dévoré par un fauve, mais cette fois il s’agissait d’un ours de Syrie. Perron jouait avec plusieurs de ses camarades auprès de la cage de cet animal, bien connu au parc de laTète-d’Or de Lyon sous le nom de Michat, quand celui-ci pas¬ sant sa patte à travers les barreaux, saisit le jeune imprudent et l’at¬ tira à lui : après avoir brisé la jambe au-dessus de la cheville, il se mit à la dévorer. Si les dimensions du corps ne l’eussent retenu en-dehors de la grille, Perron était mangé tout vivant. Perron, que j’ai vu deux ou trois jours après son accident à l’Hô- tel-Dieu, m’a affirmé qu’il n’avait nullement souffert : « L’ours aurait pu me dévorer tout entier, m’a-t-il dit, cela ne m’aurait rien fait. » Telles sont les propres paroles qu’il a prononcées sans aucune forfanterie ; à aucun moment de la conversation, qui fut assez lon¬ gue, je n’ai pu observer la moindre variation dans le récit de son accident. Il n’avait pas, disait-il, perdu connaissance, comme on l’a prétendu. Il est probable que l’homme placé dans ces conditions se trouve dans un état psychique analogue à celui de l’oisèau fasciné par le serpent. Il est à noter que ce fauve recevait une nourriture exclusivement végétale depuis très longtemps, ce qui ne paraît pas avoir diminué, comme on voit, ses instincts de carnivore. RÉCAPITULATION DES L A T H R I D 1 1 DE L’AMÉRIQUE MÉRIDIONALE PA R LE R. P. BELON O- P. Présenté à la Société Linnèenne de Lyon. -*<>< - La monographie des Lathridiidæ , publiée par Motschulsky en 1866 et 1867 dans le Bulletin de Moscou, énumère seulement cinq espèces appartenant à la faune de l’Amérique méridionale : un Enicmus (brasiliensis), deux Melanophthalma (pilosella, de Colombie, et complanata, du Brésil), enfin deux Holoparamecus (brasiliensis et liunzei). Durant les trente années qui se sont écoulées depuis lors, quelques explorations entomologiques en diverses régions de ce vaste continent ont amené la découverte d’environ vingt-cinq formes nouvelles, ou ont permis d’y constater la présence d’une douzaine d’espèces cosmopolites ou importées. Ces résultats n’ont été publiés que partiellement, soit par mon excel¬ lent collègue et ami, M. Edm. Reitter de Paskau, soit par moi- même, ou par le R. P. Wasmann, S. J., d’Exaëten.^ Depuis longtemps [Cf. Rev. fr. d'Ent., Caen, 1885, p. 239 1, je songeais à compléter ce travail, au moins en ce qui concerne les Lathridiens du Chili; mais il me semblait convenable de renvoyer à plus tard une entreprise que la pénurie des matériaux et l’in¬ suffisance des renseignements sur la distribution géographique des insectes rendaient manifestement trop hasardeuse. Aujourd’hui, il est vrai, je ne suis pas beaucoup mieux pourvu et documenté. Cependant, les enquêtes que j’ai dû faire pour la rédaction du cata¬ logue systématique annexé à mon Essai de classification géné¬ rale , et les communications qui m’ont été adressées avec une Soc. Linn., t. xlvi, 1899. 12 138 RÉCAPITULATION DES LATHRIDIIDÆ obligeance et une générosité dont je suis extrêmement reconnaissant, si elles ne m’ont pas mis en mesure de donner à la réalisation de mon projet toute la perfection désirable, m’ont démontré par l’ex¬ périence l’utilité qu’il y avait à publier dès maintenant, malgré des lacunes inévitables, les éléments nécessaires aune étude d’en¬ semble. Les diagnoses des espèces, indigènes de l’Amérique du Sud, ou acclimatées dans cette région du globe, forment déjà un contingent de quelque importance. Elles sont à l’heure présente disséminées parmi les recueils entomologiques d’Allemagne, d’An¬ gleterre, de Belgique, de France et de Russie ; il sera plus aisé de les consulter et de les comparer entre elles, lorsqu'elles se trouve¬ ront réunies en un seul mémoire. J’y ajouterai, le cas échéant, les données fournies par l’observation sur leurs caractères distinctifs, leur variabilité, leur aire de dispersion géographique, et autres détails de ce genre. Enfin, certaines formes, sinon inédites, du moins encore presque inconnues, seront décrites ou signalées avec leurs affinités, afin de provoquer des recherches ultérieures et de jalonner la route des collectionneurs désireux de déterminer exac¬ tement leurs insectes de ce groupe. On trouvera dans mon Essai de classification générale l’énu¬ mération raisonnée des caractères sur lesquels est basée la répar¬ tition delà famille en tribus, et le tableau méthodique complet des genres qui doivent être rangés dans chacune de celles-ci. J’y ren¬ voie pour une étude plus approfondie du système. Il suffit au but de ce mémoire de signaler, en tête des genres représentés dans la faune sud-américaine, les traits essentiels qui permettent de les discerner entre eux et d’y rattacher leurs espèces respectives. Ainsi restreint, le champ des recherches sera plus aisé à parcourir promptement et sûrement. Dans l’état actuel de nos connaissances, une récapitulation des Lathridiidæ du continent sud-américain ne comprend en fait que les découvertes territorialement assez restreintes de quelques en¬ tomologistes, voyageurs ou résidents, en Colombie, au Venezuela, sur les côtes du Brésil, dans la République Argentine, au Chili et en Bolivie. Il est vraisemblable que la Guyane, l’Equateur, le Pérou, la Patagonie, la Terre de Feu, l’Uruguay, le Paraguajr, l’intérieur du Brésil et le bassin de l'Amazone possèdent avec cer¬ taines espèces cosmopolites ou importées, un bon nombre de formes 139 DR lTmÉRIQUE MÉRIDIONALE qui leur sont propres. Mais les explorateurs de ces contrées ont peut-être dédaigné d’y récolter des insectes qu’une taille minus¬ cule et des couleurs insignifiantes ne recommandaient guère à leur attention. En tout cas, aucune publication que je sache n’a été faite de leurs trouvailles dans cette famille, et je suis réduit à sup¬ poser qu’elles sont enfouies dans des collections où personne ne se préoccupe de dresser leur état civil. IBE Tribu. Merophysiini Colovocera, Mots. [Bull. Mosc., 1838, II, p. 177]. Entre tous les genres de la famille représentés dans la faune qui nous occupe, celui-ci se distingue aisément par ses antennes insé¬ rées sous la marge latérale de la tête et composées de huit articles seulement dont le dernier sécuriforme constitue la massue. Son faciès ovalaire et convexe, son pronotum rétréci delà base au som¬ met, l’absence de strie suturale aux élytres le différencient très bien des quatre genres Blumenus, Iloloparamecus, Hyplalhri - nus et Anommalus, qui appartiennent à la même tribu, mais qui, d’ailleurs, comptent de 9 à 11 articles aux antennes, et présentent une surface plus ou moins allongée-elliptique et toujours assez déprimée. Deux espèces myrmécophiles ont été rencontrées dans l’Améri¬ que méridionale sur le versant de l’Atlantique. L’une (Maderœ) a les jreux granulés et colorés de noir (d’où le nom à' oculata que je lui avais primitivement donné) ; les angles postérieurs du prono¬ tum sont bien distincts ; l’écusson est triangulaire et très apparent. L’autre (ecitonis) a les yeux ocelliformes sans facettes ni pigmen- tum noir ; les angles postérieurs du pronotum sont nettement arrondis; elle n’offre pas trace d’écusson. 140 RECAPITULATION DES LATHIUDIIDÆ C. Maderæ, Woll. Rotundato-elliptica, convexa , ferruginea, glaberrima , politissimaet fere impunctata , prothorace postice lato, antennis pedibusque vix pallidioribus. — Long. lin. 7/8. [Zws. Mader (1854), p. 180, pl. X, f. 1.]. Synonyme: oculata Bel. Ann. Mus. Civ. Genova, sér. 2, vol. X (1891), p. 878. A la diagnose de Wollaston, il importe d’ajouter la mention expresse de trois caractères qui aideront à reconnaître l’espèce : 1° le troisième article des antennes est relativement moins allongé que dans ses congénères, il égale ou dépasse à peine les deux articles suivants pris ensemble ; 2° les yeux n’offrent pas l’aspect ocelliforme, mais sont composés d’un petit nombre de facettes pig¬ mentées (cinq ou six au maximum) ; 3° enfin, il existe ici comme chez la C. ecitonis une ligne postcoxale arquée tant au métaster- num qu’au premier arceau ventral, celle du métasternum ne s’écarte pas beaucoup de la cavité cotyloïde, celle du premier seg¬ ment de l’abdomen s’incourbe fortement en U et atteint presque le bord basilaire. J’ai expliqué ailleurs [Rev. fr. d'Ent., 1897, p. 116], par suite de quelles circonstances j’ai été conduit à rechercher et à constater l’identité de ma C. oculata avec la C. Maderæ , décrite en 1854 sur un échantillon unique rencontré à Madère (probablement près de Funchal), dans le nid d’une fourmi d’espèce non reconnue. Celte question synonymique étant désormais tranchée, il ne me reste plus qu’à fournir les renseignements sur l’habitat. Trouvée en nombre à Para (Brésil), par M. le DrE. A Goeldi, la C. Maderæ habite les nids de la Prenolepis longicornis , Latr. Le fait m’a été fort aimablement communiqué par le R. P. Wasmann, qui a bien voulu m’envoyer sous le nom à.' oculata quelques échan¬ tillons authentiques de cette provenance et en enrichir ma collec¬ tion. La présence de la même espèce à Trinidad (Antilles anglaises), dans les mêmes conditions biologiques, a été mentionnée par le savant auteur du Catalogue critique des Arthroptodes myrmè- cophiles (1894, p. 133). J’avais décrit mon oculata d’après une dizaine d’individus découverts àMandalay (Birmanie), par M. Féa, dans une fourmilière de l’espèce nommée tout à l’heure. Son aire de dispersion est donc fort étendue dans la zone tropicale et peut-être 141 de l’amérique méridionale un peu au delà vers le nord. Il est vraisemblable que des recher¬ ches ultérieures amèneront sa découverte dans les régions sud- américaines de la même latitude, si son existence est inféodée à l’habitat des Prenolepis. Quant à la présence de C. Macleræ à Madère, où elle n’a pas été retrouvée, paraît il, malgré les lon¬ gues et soigneuses explorations entreprises et poursuivies par in¬ tervalles dans la faune insulaire de l’Atlantique, on peut admettre qu’elle n’était pas purement accidentelle, eu égard au cosmopolitisme avéré de Prenolepis longicornis, dont elle hante les nids. C. ecitonis, Wasm. — Ferruginea , breviter ovata, convexa, ihorace elytrisque glàbris nitidisque, thoracis lateribus solum apicem versus anguslatis , angulis posticis rotundatis ; capite thoraceque subtiliter denseque, elytris fortius et minus dense punctatis. Long., 1 mill. [ Deutsche ent. Zeit., 1890, p. 302.] Deux exemplaires ont été découverts par le R. P. Nicolas Bada- riotti, missionnaire salésien, à Nichtheroy, près Rio-de-Janeiro, dans les nids d’une fourmi vagabonde et polyphage, 1 ’Eciton præ- dator, Sm. (omnivorum Koll.). Ils ont servi de types à la des¬ cription et font actuellement partie de la collection du R. P. Was- mann, qui a eu l’obligeance de me les communiquer. Bien distincts de tous leurs congénères par la conformation du corselet qui est fortement arrondi aux angles postérieurs, ils sont en outre extrêmement remarquables par la présence de lignes post- coxales tant sur le premier arceau du ventre que sur le métaster- num. Ce caractère, non mentionné dans la description originale, leur est commun avec l’espèce précédente, mais les sépare sans conteste de nos C . formicaria et punctata , pourvues de lignes similaires autour des cavités cotyloïdes du métasternum seulement. Il importe également de faire observer que C. ecitonis manque d’écusson, tandis que cette même pièce est fort apparente chez toutes les autres espèces et se présente sous la forme très nette d’un triangle, au lieu d’être — comme dans les Merophysia — réduite à une plaque transversale. Malgré la valeur qu’on a coutume d’at¬ tribuer à l’aberrance d’un pareil caractère, la nécessité d’établir, pour ce motif, une nouvelle coupe générique ne semble pas démon - trée. En attendant la découverte de documents plus convaincants, 142 RÉCAPITULATION DES LATHRIDIIDÆ j’estime préférable de laisser provisoirement l’insecte parmi les Colovocera. lïlunienus, Bel. \Rev. fr. d'Ent., Caen, 1887, p. 219.] La forme oblongue et subdéprimée du corps, les antennes com¬ posées de dix articles, l’écusson transverse, la présence d’une fine strie juxtasuturale aux élytres, séparent au premier coup d’œil ce genre du précédent. J’en ai donné (loc. cit.) une diagnose très com¬ plète, et il ne me reste ici qu’à faire ressortir les caractères propres à le différencier de ses voisins de la faune sud-américaine. S’il présente assez l’aspect des Holoparamecus et Hyplathrinus, il ne peut être confondu avec eux, ni avec aucun des autres genres qui comptent deux ou trois articles à la massue antennaire. Les antennes de Blumenus sont en effet terminées par une massue d’un seul article, qui est brusquement dilaté dès la base et tronqué au sommet. Quant aux Anommatus qui possèdent aussi une massue uni-articulée de structure presque analogue, ils sont totalement privés d’yeux et d’écusson, tandis que ces organes existent manifestement chez notre Blumenus . B. villiger, Bel. — Oblongo-ovalis, subconvexus, nitidulus, rufo-testaceus, pilis albidis valde longis erectis sparsim kir - tus. Pronolum transversum , subcordatum, haud punctalum, antice leviter rotundato - dilatation, angulis posticis fere rec- tis. ante basin depressum ibique lineis duabus transversis sulco longitudinali utrinque conjunctis signatum. Coleopiera oblongo-ovalia, sparsim vix punctata, stria suturali impressa. — Long., cire. 1 mill. [fieu. fr. d’Ent., Caen, 1887, p. 220.] La longue villosité dont les élytres sont éparsement hérissées caractérise l’espèce et la fait immédiatement discerner parmi les autres Merophysiini qui sont glabres ou n’offrent tout au plus que des vestiges d’une très courte pubescence. Les articles 3-9 des an¬ tennes sont transverses et subégaux. La sculpture prébasilaire du corselet se compose principalement de deux lignes transversales (l’antérieure située à peu près au quart de la longueur protlio- 143 DE L’AMÉRIQUE MÉRIDIONALE racique, plus fortement marquée que la postérieure qui est tout à fait marginale), réunies de chaque côté par un sillon longitudi¬ nal partant de la base même, s’écartant graduellement quoique fai¬ blement du bord latéral, et dépassant environ de la moitié de sa longueur la première ligne transversale, puis, oblitéré vers la moitié du disque; l’espace trapézoïde, compris entre ces lignes principales, est abaissé par rapport à la convexité de la partie an¬ térieure du corselet, mais se relève faiblement vers l’arrière. Au- devant de l’écusson, et faisant face à la strie juxtasuturale des èljtres, on aperçoit deux lignes longitudinales assez faiblement gravées, distantes, presque parallèles, de sorte que la surface tra¬ pézoïde se trouve en réalité comprendre deux tétragones transver¬ ses, séparés par une petite plaque plus longue que large; à partir du sillon antérieur qu’elles dépassent, ces deux lignes médianes, à peine distinctes avec une loupe ordinaire, convergent entre elles et se prolongent en une seule presque jusqu’au sommet du pro- notum. L’unique exemplaire que je connaisse fait partie de ma collec¬ tion ; il a été recueilli à Blumenau (Brésil), mais j’ignore les con¬ ditions précises de sa capture. 11 est vraisemblable que ses mœurs et son habitat sont analogues à ceux des Holoparamecus. Ilolopai'amecus, Curt. [Ent. Mag., I, 1833, p. 186.] Avec le genre actuel commence une organisation nouvelle de l’extrémité des antennes : au lieu d’être réduite à un seul article, sécuriforme comme dans les Colovocera et les Blumenus , ou arrondi et solide comme dans les Anommatus , la massue se com¬ pose de deux articles bien distincts, dont les proportions respec¬ tives varient selon les espèces. A part même le thorax rétréci en arrière, la forme générale du corps oblongue-elliptique et plus ou moins déprimée suffit au premier coup d’œil pour séparer les Holoparamecus des Colovocera brièvement ovales et convexes. Ces dernières, d’ailleurs, ne comptent que huit articles aux antennes (cf et ? ), tandis qu’il en existe ici de neuf à onze, tantôt en nom¬ bre inégal suivant les sexes (9 chez les cd, 10 chez les ? du pre- 144 RÉCAPITULATION DES LATHRIDIIDÆ mier sous-genre), tantôt, au contraire, uniformément de onze articles et ° du sous-genre Calyptobium). Une strie juxta- suturale très fine (parfois obsolète, soit vers le sommet, soit dans sa moitié antérieure) se montre aussi sur les élytres : ce carac¬ tère qui manque aux Colovocera est commun aux trois genres : Blumenus, Holoparamecus et Hyplathrinus . La striole arquée, qui sépare le front de l’épistome tant chez les Blumenus que chez les Holoparamecus et les Anommatus, ne se trouve point chez les Hyplathrinus, qui se distinguent encore par la massue anten- naire tri- articulée, par le pronotum sans sculpture à la base, par les étuis qui ne recouvrent pas le pygidium, etc. Enfin des yeux et un écusson distincts ainsi qu’un thorax cordiforme séparent nette¬ ment les Holoparamecus du genre Anommatus. I. — Antennes du cf composées de neuf articles: celles de la ? en ont dix : Sous-genre Holoparamecus, insp. H. brasiliensis. Mots. — Statura et color H. depressi (— sin- gularis Beck.), sed major , tliorace breviore; elongato-ovatus, nilidus , rufotestaceus, oculis fuscis; thorace postice suban- gustato, basi biimpresso ; elytris thorace latiùribus, attenua- tis , lateribus vix arcuatis. — cf . Antennarum articulo3° valde elongato , 2° longiore. — Long. -+- 2/3 lin. ; lat. 1/4 lin. [Bull. Mosc., 1867, I, p. 99.] L’insecte rapporté du Brésil, sans désignation plus précise de localité, ne m’est pas connu en nature et je ne puis que reproduire textuellement la diagnose de Motschulsky. Comme l’auteur ne semble pas avoir remarqué et, en tout cas, ne mentionne point la différence de grosseur des yeux chez les diverses espèces de ce groupe, l’incertitude subsiste sur la question de savoir si le brasi¬ liensis possède, ainsi que le singularis avec lequel la diagnose le compare, des yeux petits n’occupant guère plus du tiers de l’es¬ pace latéral compris entre l’insertion antennaire et les angles antérieurs du corselet, ou s’il faut au contraire lui attribuer un caractère identique à celui des Ragusae et Kunzei , dont les orga¬ nes visuels remplissent presque tout le côté de la tète depuis les 145 DE L’AMÉRIQUE MÉRIDIONALE antennes. La comparaison indiquée avec le depressus (qui est en réalité un synonyme de singularis) constate l’affinité de ces deux formes et autorise à conjecturer qu’elles ne se distinguent point par les proportions du diamètre oculaire. Dans ce cas, j’avoue qu’il y aurait lieu de révoquer en doute leur séparation spécifique. Si l’on confronte une à une les expressions employées par Mots- chulsky dans les diagnoses respectives de son brasiliensis et du singularis Beck., on ne peut s’empêcher de remarquer qu’elles n’indiquent pas des différences bien accentuées : ainsi, le premier est dit elongato-ovatus... elytris attenuatis, lateribus vix ar- cualis, tandis que le second est elongato-subovatus.. . elytris valde attenuatis , humeris dislinctis ; sauf un écart assez léger de taille (-f- 2/3 ligne chez le brasiliensis ; -+- 1/2 ligne chez le singularis), tous les autres caractères sont identiques. Je ne parle pas de la longueur relative des articles 2 et 3 des antennes, parce que le texte de Motschulsky se rapporte à un F de brasiliensis et à une 2 de singularis, et par conséquent, la divergence frap¬ pante qu’il signale n'est pas comparative mais dépend naturelle¬ ment de la diversité du sexe. On sait d’ailleurs que le singularis est cosmopolite. A ma con¬ naissance, il a été rencontré en Europe dans un grand nombre de pays, du nord-ouest au sud-est; en Asie, depuis la Syrie jusqu’au Caucase et dans l’Inde ; en Afrique, sur le littoral et à l’intérieur de l’Egypte, de la Tunisie et de l’Algérie, ainsi qu’aux îles Cana¬ ries. Des exemplaires bien authentiques ont été capturés sur les deux versants du continent nord-américain (en Californie et à New- York). Sa présence dans l’Amérique méridionale, qu’il y soit indi¬ gène ou naturalisé, n’aurait donc rien de surprenant. De tout ce qui précède, il résulte que l’insecte décrit sous le nom de brasiliensis pourrait bien être une variété major ou un simple synonyme du singularis ; et alors il serait facile, en se servant du tableau donné dans ma Monographie des Lathridiens de France [1881, I, p. 53], de le discerner des deux autres espèces du même sous-genre, Ragusae et Kunzei , qui habitent comme lui le Brésil. H. Ragusae, Reitt. — Testaceus, thorace leviter transverso , subcordato, postice vix sinuatim angustato, elytris thorace 1 46 RÉCAPITULATION DES LATIIRIDIIDÆ valde latioribus, convexis, amplis , breviter ovatis, stria sutu- rali subobsoleta. — Long. 1-1,1 mill. [ Stett . ent. Zeit., 1875, p. 309.] Bien que rigoureusement suffisante pour reconnaître l’insecte et le séparer de son plus proche voisin (qui est le singularis), la diagnose originale est un peu trop succincte et demande à être com¬ plétée par de nouveaux détails. Le descripteur insiste avec raison sur la forme courte, ovale et convexe, qui donne au Ragusae une ressemblance assez marquée avec certains Scgclmaenus de cou¬ leur pâle, et sur la longueur relative des antennes, dont les articles du funicule sont plus longs que larges, tandis qu’ils sont seule¬ ment aussi longs ou presque aussi longs que larges chez ses congénères du même groupe. Il fait remarquer aussi la con¬ formation et le dessin du pronotum, qui se rapproche davan¬ tage de celui du singidaris que de celui du Kunzei ; en effet, le corselet est transverse, subcordiforme avec les côtés arron¬ dis en avant et plus larges au tiers antérieur (un peu plus dilatés chez le cf que chez la ? ), puis légèrement rétrécis vers le milieu en une très faible sinuosité, et se redressant en arrière pour tomber carrément sur la base ; au-devant de celle-ci, il est orné de deux lignes transversales peu enfoncées, l’antérieure arquée assez fortement vers la base, la postérieure faiblement arquée en sens contraire, réunies entre elles de chaque côté par un sillon assez large qui remonte à peu près jusqu'au milieu de la longueur du prothorax (plus long par conséquent que le sillon du Kunzei ); le dessin antébasilaire paraît souvent représenter deux plaques triangulaires unies au milieu par leurs pointes, mais cette figure n’est pas toujours aussi nettement délimitée. Il faut ajouter que l’espèce est fort remarquable par les signes sexuels secon¬ daires du cf , tels que la fossette en ovale transverse du cinquième arceau ventral, et la carinule longitudinale rembrunie qui orne la moitié postérieure du métasternum. J’ai signalé en outre [Ann. Soc. ent. Belg., XXIX, 1885, p. 2.] un caractère inobservé ou passé sous silence par les auteurs : lorsqu’on examine les étuis à un fort grossissement, on découvre, non pas sur le tégument exté¬ rieur qui est comme d’ordinaire obsolètement et éparsement poin ¬ tillé, mais par transparence pour ainsi dire, plusiers séries longi¬ tudinales de points-fossettes qui s’oblitèrent vers le sommet. de l’amérique méridionale 1 47 J’ai vu plusieurs exemplaires provenant du Chili. L’espèce, vrai¬ semblablement cosmopolite comme quelques autres de ses congé¬ nères, peut bien se rencontrer en d’autres régions de l’Amérique méridionale. Découverte d’abord en Sicile, elle a été retrouvée en Corse sous les vieux foins, en Sardaigne et sur le littoral italien, à Gênes et à Naples, sous les feuilles desséchées. On l’a indiquée aussi de France méridionale et même de Belgique, où sa présence n’était peut-être qu’accidentelle. Elle habite le Japon. M. Lewis en a rapporté des échantillons et ? capturés par lui à Yoko¬ hama. H. Kunzei, Aube. — Testaceus, thorace posiice lineis 2 trans- versis foveola laterali utrinque conjunctis , sulcoque longitu- dinali antice posticeque abbi'evialo, impresso , — Long. 1-1,2 mill. [Ann. Soc. ent. Fr., 1843, p. 24"), n° 3; pl. X, n° 1, fig. 4 ] Relativement déprimé et un peu plus allongé que le précédent, cet insecte est reconnaissable à première inspection, grâce à la fos¬ sette sulciforme très nettement gravée sur le disque du pronotum.Ce caractère lui est propre ; parmi ses congénères du monde entier, je n’en connais aucun qui soit marqué de cette façon h — Avec des yeux arrondis, assez grossièrement granulés, peu proéminents mais occupant (comme ceux du Ragusæ) presque tout le côté de la tète depuis l’insertion des antennes jusqu’au thorax, il se distin¬ gue encore de cette espèce par la brièveté relative des articles du funicule antennaire et par le dessin antébasilaire du corselet. On y voit deux lignes transversales enfoncées, dont l’antérieure est légèrement courbée vers la base et la postérieure presque droite, réunies entre elles de chaque côté par un sillon assez large qui remonte à peu près jusqu’au tiers de la longueur du prothorax; une carinule longitudinale extrêmement fine, parfois obsolète, partage au milieu l’espace intralinéaire, qui paraît ainsi divisé en deux plaques presque carrées. 1 Un Holoparamecus de Chypre que M. Baudi a décrit sous le nom de Truquii [Berl. ent. Zeit., 1861, p. 162J, ne diffère pas spécifiquement du Kunzei, auquel il ressemble parfaitement, hormis la ponctuation qui serait plus évidente quoique très fine : « evidentius punctulatus », suivant l’expression même de l’auteur. 148 RÉCAPITULATION DES LATHRIDIIDÆ Découverte d’abord dans des champignons desséchés provenant du Brésil, l’espèce n’est peut- être pas originaire de l’Amérique du Sud. Toujours est-il qu’elle est cosmopolite : on l’a rencontrée sur les points les plus éloignés du globe, à la Nouvelle-Calédonie, comme au Sénégal, à Chypre, aux Indes, dans la Cochinchine et au Japon, à l’île Bourbon, à Madagascar, à Madère, à Saint-Domin¬ gue et à la Martinique. Indigène ou naturalisée dans plusieurs régions de l’Europe méridionale, en France par exemple sur le littoral méditerranéen, en Corse, en Piémont, en Croatie, elle paraît avoir été importée par les navires de commerce, avec du riz et des produits exotiques, à Bordeaux, à Rouen et jusque dans les ports septentrionaux de Rotterdam et de Copenhague. Son régime est assez varié, semble-t-il, et on assure qu’elle s’accommode pour vivre de substances fort diverses. Si on la capture d’ordi¬ naire dans la carie des arbres, sous des fumiers et parmi des détri¬ tus de denrées coloniales, on a observé sa larve creusant de nom¬ breuses galeries dans des tablettes de chocolat et les faisant tomber en poussière. On peut donc s'attendre a retrouver l’insecte, non seulement au Brésil, mais sur les deux versants du continent sud- américain. 8. — Antennes composées «le onze articles dans les «leux sexes : sous-geore Calyptobium Aube. H. dispar, Bel. — Elongatus, subconvexus, nitidus , rufofer- rugineus (capite thoraceque interdmn infuscatis). Antenna- rum duo priores arliculi longiores et paulo incrassati ; 3-9 tenues, brèves, parum inaequales ; 10 et 1 1 abrupte clavati, penultimus apicali evidenter longior. Oculi magni, ab anten- nis ad pronotum extensi. Prothorax latitudine vix longior , cordatus, basi transversim bisulcatus : spatio inter sulcos elevato, plerumque integro, aut medio interdum depresso sed carinula longiludinali nunquam diviso. Elytra oblongo- ovala, stria suturali tenuiter impressa. Metasterni sulcus aut stria longitudinalis media in simplex; in 9 sulcus dis- tinctior, ad latera marginatus elevatione obtuse cariniformi et pone coxas médias confluente. Ultinii segmenti ventralis DE L'AMÉRIQUE MÉRIDIONALE 149 dimidium apicale in Ç foveatwn aut depressum. — Long. 1-1,5 mill. [Rev.fr. d'ent., Caen, 1885, p. 241. J Les caractères sexuels secondaires de la 9 sont fort remar¬ quables et différencient l’espèce de toutes les autres du sous-genre Calyptobium. Quant au one medium inciso-constrictis ; membrana albida caduca ; in disco bicostatum et areolatum , costis dorsalibus sat distinclis, fere geminatis, antice leviler constriclis et arcuatim convergen- tibus. Elytra ovalia, prothorace latiora, pone humeros paulo dilatata, ante medium transver sim vix depressa, apice con- junctim fere rotundata, foriiter punctato-striata, ante declivi- tatem apicalem (stria juxtasulurali evidentius sulciformi) lon- gitudinaliter depressa; interstiliis angustis, subæqualibus, allernis haud vel vix convexioribus ; testacea, tribus fasciis nigris plus minusve undulatis aul confraciis ornata : P ab humerisusque ad tertiam partem circiter, 2a fere post me¬ dium , 3a ante apicem, margine laterali etiam nigra, inter se conjunctis . Long, max., vix 2 mill. \Ann. Soc.ent. XXXIX, 1895, p. 481.] Ici, de même que dans le Grouvellei, les intervalles alternes des élytres ne sont pas costiformes et ne font pas saillie plus sensible¬ ment que les autres. Ce caractèrS plastique suffit à ranger ces deux espèces de Coninomus bigarrés dans une autre section que les précédentes. La coloration est sujette à des variations par excès ou par défaut, qui modifient dans une certaine mesure le dessin normal. Depuis que j’ai décrit le trifasciatus, j’en ai eu sous les yeux plusieurs échantillons, où j’ai constaté, par exemple, soit la coalescence de plusieurs taches, soit la disparition de la fascie noire subapicale, parfois aussi le défaut partiel ou total de rembrunisse- 163 DE L’AMERIQUE MÉRIDIONALE ment des fémurs et un abaissement assez notable de la taille, qui descend jusqu’à 1,6 ou même jusqu’à 1,3 millimètre. Quand les élytres sont normalement colorées, elles présentent trois fascies noires irrégulièrement ondulées ou brisées. Réunies entre elles sur les côtés par une bande pareillement noire qui recouvre les deux intervalles marginaux depuis le dessous del’épaulejusquevers le cinquième apical, où le testacé reparaît pour occuper presque toute la voussure, elles ne se rattachent pas les unes aux autres par la suture qui demeure testacée, au moins par plaques sinon sur la majeure partie de son parcours. La première fascie noire occupe à peu près le tiers basilaire, hormis le calus huméral nettement testacé et une tache allongée de même couleur, mais à limites moins tranchées sur les^ et 4e interstries à partir de la suture. La deuxième fascie noire s’étend sur le disque un peu après le milieu, et, avant de rejoindre la bande noire marginale, elle enclôt sur le huitième intervalle une tache testacée oblongue. La troisième fascie noire est située à la hauteur de la voussure, sur laquelle elle pré¬ sente un aspect presque rhomboï lai. Entre la fascie basilaire et la fascie postmédiane, la couleur testacée foncière forme une bande transversale irrégulière mais bien délimitée, sans manifester de tendance à se fondre par degrés avec ses voisines. Il en est de même après la fascie noire médiane et après la fascie noire préapicale ; de plus, ces deux fascies sont interrompues à la suture, le premier intervalle n’étant nullement rembruni. — J’indiquerai ci-après les différences de structure et de coloration que j’ai relevées entre le trifasciatus et le Grouvellei, son plus proche voisin. Découvert en Bolivie, dans la province de Cochabamba, le tri- fasciatus habite également le Chili ; les exemplaires que M. An¬ toine Grouvelle m’a communiqués de cette dernière provenance sont généralement de taille inférieure à celle des individus boli¬ viens. L. Grouvellei, Bel. — Elongatus, niiidulus , glaber, testaceus , ely tris nigro -varie gatis. Caput oblongum, rugulosum , medio sulcatum , lemporibus diametro oculari paulo minus elongatis, convergenlibus ; clava antennarum triarticidata, haud vel vix infuscata. Pronotum capite paulo latius, latitudine haud lon- gius, rugoso-punctalum, lateribus anlice rotundato-dilatatis , poslice fortiter inciso-constrictis, membrana albida caduca; 164 RÉCAPITULATION DES LATIIU1DIIDÆ in disco bicostatum (costis simplicibus , sat distinctis, subpa- rallelis), inter costas atque ad latera medio et postice paulo depressum. Elytra elongata ovalia , protliorace latiora , pone humeros dilatata, ante medium transversim pomum depressa, apice conjunclim fere rotundata, fortiter punctato-slriata , punclis apice obsolescentibus, ante declivilatem apicalem (stria juxtasuturali evidenlius sulciformi) longitudinaliter depressa ; inlerstitiis angustis , convexiusculis , subæqualibus, attends nonnisi ad basim vix elevatioribus ; nigro-plagiata , basi fere tota, apice loto, maculaque elongata tertium inter- vallum utrinque versus medium occupante, testaceis. — Long., 2,2 mill. [Ann. Soc. ent. Belg., XXXIX, 1895, p. 483.] Rangé avec le précédent dans la seconde section des Conino- mus bigarrés, parce qu’il a de même les intervalles des élytres subégaux,. sans que les alternes soient plus convexes et relevés en côtes, le Grouvellei me parait — autant du moins qu’il est permis d’en juger d’après les deux exemplaires typiques — spécifiquement distinct par les détails de son organisation plus encore que par la distribution de ses couleurs. La taille est en effet plus avantageuse: elle dépasse assez sensiblement 2 millimètres, tandis que le trifasciatus atteint rarement ce chiffre maximum, et le plus sou¬ vent oscille entre 1,3 et 1,6 mill. Le prolongement de la tête en arrière des yeux est un peu moindre. Le corselet se montre pro¬ portionnellement plus élargi au sommet, et ses côtes discales sim¬ ples atteignent manifestement la base même où elles séparent trois dépressions fort distinctes, tandis que le pronotum plus allongé et à peine dilaté antérieurement du trifasciatus est aréolé vers le milieu du disque en dehors des carinules dorsales qui sont gémi¬ nées et disparaissent un peu avant la base sans couper en trois la dépression transversale. Les élytres du Grouvellei sont aussi en ovale plus allongé, à ponctuation très marquée, mais s’affaiblissant sur la déclivité apicale. Il se pourrait néanmoins — et la tribu des Lathridiini nous en fournirait au besoin quelques exemples — que ces caractères différentiels fussent soumis h des interversions ou à des effacements progressifs qui obligeraient à considérer les deux formes comme se rattachant à une seule espèce. — Relative- 165 DE L’AMÉRIQUE MÉRIDIONALE ment à la coloration, le Groucellei a les pattes entières et le cor¬ selet uniformément testacés ; seule, la membrane blanchâtre qui borde le thorax prend en se racornissant une teinte qui forme une sorte de liséré marginal sombre ; le trifasciatus au contraire a le corselet rembruni, sauf la base et le sommet, et il en est de même le plus souvent des fémurs qui, par exception, comme je l’ai indi¬ qué plus haut, gardent la teinte testacée du reste des pattes. Quant au dessin élytral du Grouvellei, il s’étend en largeur depuis le rebord latéral un peu après la base jusqu’à la suture, et en lon¬ gueur jusqu'aux deux tiers seulement du disque, mais jusque vis- à-vis la déclivité apicale sur les deux intervalles de la marge externe. La suture est nettement rembrunie de la base à la vous¬ sure. Trois espaces d’inégale extension demeurent testacés et tran¬ chent sur le fond noir : d’abord, le calus huméral et la base même de l’étui, sauf le cinquième intervalle et la suture ; puis, une tache plus allongée, qui occupe au moins le troisième interstrie, et à la hauteur de laquelle on en distingue une autre marginale moins nette sur les septième et huitième intervalles; enfin, toute la partie postérieure, c’est à-dire au moins le dernier tiers de l’élytre. Je ne connais cet insecte que de Bolivie, où il a été capturé par M. Germain dans la province de Cochabamba. L. dimidiatus, Bel. — Rufo-ferrugineus , elylris fuscis, vel totus testaceus ; nitidus, glaber. Capul oblongum, temporibus elongatis . clava antennarum subinfuscaia, 3-articulata, arli- cido idtinio oblique truncato. Pronotum latitudine sua fere longues [ quandoque evidenter longius et angustius\, laleribus antice rotundatim dilatalis, ad tertiam partent anteriorem quant ad basin paulo lalius, rugosum, in disco bicostatum , costissal distinctis [interdum tamen obsoletis], fere parallelis, antice subarcuatim convergentibus, pone medium inciso-cons- triclum ; membrana albida caduca , lateraliter liaud ciliata. Elytra breviler ovata, pone humeros subdilatata , apice con- junctim rotundata, forliter et profunde punctato-striata ; inlersliliis alternis cura sutura et margine laterali valde carmato-elevatis ( quandoque ad basin duntaxat costiformi- bus\, cæleris angustis, crenatis ; pone basin et ante declivi- 166 RÉCAPITULATION DES LATI1RJDI1DÆ tatem posticam [plerumque] haud transversim impressa. — Long. 1-1,4 mill. [Rev. fr. d'Ent., Caen, 1885, p. 247.] Synonyme : L. fortuitus, Bel. [ toc . cil., p. 247]. Après le petit groupe de Corinomus à élytres bariolés, vien¬ nent se ranger trois espèces sud-américaines (dimidialus, hume- ralis et longiceps), dont les étuis, glabres comme chez les pré¬ cédentes, n’offrent pas un dessin régulier, mais sont d’une teinte à peu près uniforme, noire, brune ou testacée. La première de ces trois espèces, de taille inférieure, puisqu’elle n’atteint pas 1 millimètre et demi, se distingue très bien des deux autres par la forme brièvement ovale de ses élytres dont la longueur égale à peine plus de la moitié du corps. En outre, lorsqu’elle possède ainsi que mes types sa coloration normale, on la reconnaît de suite à la double teinte qui lui donne l’aspect particulier de plusieurs Lalhridiidæ, tels que Cartodere ruficollis , Corti caria serrata et Melanophthalma fuscipennis, à tête et corselet d’un roux fer¬ rugineux clair tandis que les étuis sont rembrunis et presque noirs. Mais il arrive assez fréquemment que le corps tout entier demeure testacé, ou que la suture seule des élytres devienne foncée, ainsi que j’ai pu le constater d’après de nombreux échantillons qui m’ont été communiqués depuis la description primitive par M. René Obertliür et, plus récemment, par M. Ant. Grouvelle. J’avais séparé, sous le nom de L. fortuitus, un individu de très petite taille (à peine 1 mill.), qui me paraissait présenter sur¬ tout au corselet et aux élytres un ensemble de divergences plasti¬ ques assez importantes pour mériter un rang parmi les espèces valables. L’examen d’une série quelque peu nombreuse de dimi¬ dialus provenant des mêmes localités m’a amené à reconnaître un tel entre-croisement des caractères différentiels qu’il m’a fallu con¬ clure à la réunion du fortuitus [Cf. Ann. Soc. ent. Belg., 1895, p. 90]. Tantôt, en effet, des insectes dont le thorax est absolument semblable à celui du dimidiatus type ont les intervalles alternes des étuis à peine costiformes à la base, avec la dépression anté- apicale plus accentuée. Tantôt, au contraire, avec la même éléva¬ tion des carènes élytrales, ils présentent un corselet plus étroit et proportionnellement allongé comme celui que j’ai décrit sous le 167 UE l’amérique méridionale nom d efortuitus. Tantôt enfin, des individus de taille exiguë ont les côtes des étuis nettement relevées en carènes, ainsi que le tho¬ rax plus large du vrai dimidiatus . Naguère encore, j’ai eu sous les yeux un échantillon minuscule et à côtes élytrales moins nettes, où la sculpture habituelle du pronotum s’efface presque antérieu¬ rement; les deux côtes dorsales y sont à peine indiquées, ou plutôt remplacées par plusieurs plis longitudinaux à peine sensibles. Aussi ai-je introduit, entre crochets, le signalement de ces modifi¬ cations dans la diagnose ci -dessus. De ces insectes, les uns ont été recueillis à Valdivia, les autres dans diverses localités du Chili sans désignation plus précise; quelques-uns viennent de Bolivie, province de Cochabamba. L. humeralis, Bel. — Piceo-ferrugineus, ore antennis pedi- busque dilutioribus (femoribus inter dura infuscatis), elytro- rum humeris, costa suturali ac marginali apice rufescenti- bns ; nitidus, glaber. Caput oblongum , temporibus elongatis ; clava antennarum iri-articulata, plerumque infuscata , arti¬ cule» ultimo oblique truncato. Pronotum lalitudine sua vix longius, versus quartam partem anteriorem aliquantulum latius quam ad basin (angulis anticis rolundatim dilatatis ); rugosum,in disco bicoslatum (costis distinclis , primo subparal- lelis, antice arcuatimco»xvergentibus)\lateraliter pone medium inciso -constrictum, ibique transversim impressum ; mem brana albida caduca , haud ciliata. Elytra oblongo-ovalia , pone liumeros vix latiora, fere parallela, versus apicem subacumi- nala, angulo suturali singillatim rolundato, fortiter punctalo- slriata, interslitiis anguslis, alternis cum sutura et margine Iciterali carinato-elevatis , costæ dorsalis apice convexiore ; pone basin vix , idtra medium in disco a»ite declivitatem for¬ tins \ transversim impressa. — Long., 1,8 mill. [Rev. fr. d’Ent., Caen, 1885, p. 246.] De taille un peu plus avantageuse que la précédente, cette espèce offre un aspect assez différent, par suite de l’allongement de ses élytres, dont les côtés, à peine dilatés après les épaules, sont presque parallèlesjusqu’au delà du milieu. La côte dorsale des étuis se montre plus forte en arrière, où elle semble se terminer brus¬ quement, lorsqu’on regarde l’insecte de profil. Sauf une tache 168 RÉCAPITULATION DES LATHRIDUDÆ humérale rougeâtre, ainsi que le sommet plus ou moins vaguement rufescent des côtes suturale et marginale, la teinte est plus sombre (couleur de poix) comme celle de la tête et du corselet. Les exemplaires que j’ai vus sont en petit nombre. Tous pro¬ viennent du Chili; l’étiquette porte : Yaldivia. L. longiceps, Bel. — Fusco-ferrugineus, oculis ni gris ; niti- dus, glaber. Caput elongatum , temporibus maximis , fere parallelis ; clava antennarum subinfuscata, tri~articulala, articulo uliimo oblique truncaio. Pronotum angustum, lati- tudine sua vix longius, anlice arcualim paulisper dilatatum ; rugosum , in disco bicostatum (costis angustis, minus distinc- tis, subparallelis, spatio inlermedio vix depresso) ; pone medium inciso-constriclum, ibique transversim impressum ; membrana albida caduca, lateraliter haud ciliata. Elytra oblongo-ovalia, thorace duplo latiora, pone humer os aliquan- tulum dilatata ; apice conjunctim fere rotundata; in dorso pone basin distincte transversim impressa\ sat fortiter punc- tato-striala, intersliis angustis, altérais cum sutura et mar- gine laterali costiformibus (septimi ac tertii apicibus con- vergentibus, quinti costam ante declivitatem abbreviatam includentibus). — Long. 1,8 mill. [Ann. Soc. ènt. Fr., 1889, p. 221 ] Comme Yhumeralis, le longiceps se distingue à première vue du dimidiatus par la forme ovale oblongue de ses élytres, à marge latérale subparallèle jusqu’après le milieu; mais sa colora¬ tion est d’un fauve ferrugineux uniforme, et la côte dorsale des élytres ne présente point les particularités signalées à propos de Yhumeralis, L’allongement considérable de la tête, avec des tempes non rétrécies postérieurement mais presque parallèles, fait paraître les antennes plus courtes ; en fait, celles-ci atteignent à peine la moitié du prothorax, qui est remarquable aussi par son étroitesse proportionnelle. Cette espèce, très distincte de ses congénères et particulièrement des deux précédentes, a été découverte en février au Venezuela, Colonie Tovar. DE l’aMÉRIQUE MERIDIONALE 169 t. Coleoptera pilis rigidis scriatim liirta. L. setulosus, Bel. — Rufo-testaceus, antennis pedibusque dilutioribus , oculis nigris ; nitidus. Caput oblongum , tempo- ribus elongatis ; clava antennarum infuscata, tri articulât a, articulo ultimo oblique truncato. Pronotum latitudine sua longius, ad basin quam ad apicem latins, rugosum , in disco bicostatum (costis parum elevatis , subparallelis) , pone medium valde inciso-constrictum ac transversim impressum, angulis anticis rotundatis ; membrana albida caduca et selis longiusculis hirtis lateraliter instructum. Elytra oblongo- ovalia , pone humeros dilatata, apice conjunctim rotundata, fortiter punctato -striata, pilis rigidis minutis saltem ad latera atque ad apicem obsita ; interstitiis anguslis , altérais ■dix carinato-elevatis ; pone basin transversim impressa. — Long., 2,2 mill. [Ann. Soc. ent. Belg., 1882, Comptes rendus, p. CI.] La seconde section des Coninomus à massue antennaire triar- ticulée se compose actuellement de deux espèces sud-américaines, dont les étuis présentent des séries régulières de petits poils héris¬ sés, reproduisant ainsi dans ce sous-genre la particularité carac¬ téristique d’un groupe de Lathridius proprement dits de l’Ancien Monde. En 1882, j’ai fait connaître la première sous le nom de setidosus. Il suffisait alors d’appeler l’attention sur sa vestiture qui la séparait de toutes ses congénères. Lorsque, plus tard, je publiai une seconde forme à élytres pareillement sétuleux, j’ap¬ pelai celle-ci heteronotus, pour signifier que sa principale diffé¬ rence consistait dans la diversité de sculpture. En effet, tandis que les intervalles alternes de setulosus sont à peine relevés en côtes, ils forment chez heteronotus des élévations bien distinctes, avec l’extrémité de la carène dorsale très proéminente et presque tuberculeuse. L’échantillon unique, type de la description du setulosus, a été recueilli par Camille Van Volxem à Petropolis (Brésil); il fait partie de la collection du Musée royal de Bruxelles. Je rapporte à cette espèce un individu d’apparence identique et conforme à ma description, capturé dans la province de Cochabamba Soc. Linn., t. xlvi, 1899. 14 170 RÉCAPITULATION DES LATIIRIDIIDÆ (Bolivie)1. Cette nouvelle découverte montre que l’insecte habite les deux versants de l'Amérique méridionale, et qu’on peut espérer de le rencontrer dans la vaste région comprise entre l'équateur et le tropique du Capricorne. L. heteronotus, Bel. — Piceo-ferrugineus, ore, antennis pedibusque dilulioribus , nitidulus. Caput oblongum, tempo- ribus elongatis ; clava antennarum tri-articulata, articulo ultimo oblique truncato. Pronotion latitudine sua haud vel vix longius, ad basin paulisper latius quant versus angulos anticos rotundatini subdilatatos , rugoso-punctatum, inæqua- liter foveatum , in disco bicostatum (costis dislinclis, primo subparallelis ,antice paulo arcualis) ; lateraliter pone medium inciso - constriclum, ibique transver sim impressum ; membrana albida caduca (an ciliata ?) Elytra oblongo- ovalia, pone hume- ros vix latiora, fere parallela, versus apicem subacuminata , angulo sidurali singillatim rotundato ; sat fortiter punctato- slriata, pilis rigidis brevibus ad latera et in costis seriatim ciliata , interstitiis angustis, inæqualibus, partim subsinuosis , alternis cura sutura et margine lalerali carinato-elevalis , costæ dorsalis apice evidenlius prominulo ac fere tuberculalo: pone basin in disco , atque ultra medium ante declivilatem profundius , impressa. — Long., 2 mill. [Ann. Soc. eut. Belg. 1891 Comptes rendus, p. CXXX1V.] Les traits assez importants ou de valeur seulement secondaire, qui ne permettent pas de confondre cette espèce chilienne avec ses congénères, sont énumérés dans la description ci-dessus. Son aspect général la rapproche beaucoup de mon L. humeralis du même pays; mais sa taille est un peu plus avantageuse, sa colora¬ tion uniforme, et surtout les petites soies hérissées qu’on aperçoit de profil sur les intervalles des étuis obligent à l’en séparer et à l’attribuer à un autre groupe. Elle se distingue aisément de 1 Sur ma demande, M. le professeur Aug. Lameere, secrétaire général de la Société entomologique Belge, a bien voulu se charger de confronter mon insecte bolivien avec le type. Sauf une différence insignifiante de teinte, et une certaine variabilité dans la configuration du corselet (variabilité due vraisemblablement au dessèchement plus ou moins rapide et inégal de la membrane qui borde les flancs thoraciques et en modifie les lignes), les deux échantillons se ressemblent essentiellement et doivent appartenir à la même espèce. 171 DE L'AMÉRIQUE MÉRIDIONALE L. setulosus par la sculpture des élytres, dont les intervalles alternes sont très nettement carénés; l’extrémité de la côte dor¬ sale est notablement plus convexe et forme une sorte de tuber - cule émoussé ; la voussure apicale est précédée d’une assez forte dépression largement fovéiforme. Je ne connais encore que les deux échantillons qui m’ont servi de type. Leurs étiquettes respectives mentionnent seulement qu’ils proviennent du Chili, sans indiquer la localité d’une façon plus précise. Enicmus, Thoms. [SAand. Col., V, p. 233. J Ce genre et le suivant (Cartodere) appartiennent encore à la tribu des Lathridiini, mais ils n’offrent plus les carinules longi¬ tudinales du corselet qui servent à distinguer au premier coup d’œil les trois genres précédents. Les Enicmus , tels que je les conçois, ont des limites moins restreintes que celles assignées par l’auteur de la faune Scandinave: ils renferment, en effet, non seu¬ lement les formes à prosternum nettement caréné entre les hanches antérieures, mais aussi le groupe que Thomson a séparé sous le nom de Conithassa et qui e^t caractérisé par une lame prosternale simplement abaissée sans se relever en carène intercoxale. Il y a là, — je n’en disconviens pas, — une ligne de démarcation assez tranchée, qui permet de reconnaître deux sous-genres représentés chacun par une espèce dans l’Amérique Méridionale. Si l’on consi¬ dère néanmoins l’uniformité des autres détails essentiels de la structure, il vaut mieux — semble-t-il — comprendre sous une seule formule générique tous ces insectes dont l’aspect est bien celui d’un même type. Les caractères principaux qui sont propres à discerner les Enicmus des Cartodere constituent un ensemble qu’un œil exercé n’a pas de peine à saisir. Sans insister sur la configuration relati¬ vement assez robuste et plus convexe, ni sur le système de sculp¬ ture thoracique qui comporte de légères exceptions ou quelquesmodi- fications d’ordre secondaire, on rencontre ici des yeux assez gros et saillants qui occupent plus de la moitié latérale de la tète à partir 172 RECAPITULATION DES LATJIIUDIIDÆ de l’insertion des antennes, et un écusson très distinct en forme de lame transverse. Chez les Cartodere au contraire, les yeux sont exigus et peu proéminents, n’cccupant jamais plus du tiers latéral de la tête et, par conséquent, plus distants de l’insertion antennaire; l’écusson est seulement ponctiforme, à peine percep¬ tible. E. minutus, Linn. — [£*/$£. nat. II, p. 675, n°12. Tenebrio]. — Ovatus, glaber, subopacus , nigropiceus aut niger antennis pedibusque rufotestaceis, aut totus ferrugineotestaceus . An- tennæ capite cum thorace breviores , primo clause articulo elongato obconico , basi liaud latiore. Oculi a pronoto parum distantes ; temporibus brevibus. Thorax subcordalo-quadratus, angulis anticis plus minusve rotundato-ampliatis aut oblique truncatis ; coleopteris angustior ; in medio disci foveolis 2 lon- gitudinalibus in sulcum fere confluentibus ; ante basin trans- versim impressus. Elytra sat fortiter et profunde punctato- slriala, intervallis anguslis , alternis nonnunquam costi- formibus. Prosternum ante coxas anticas deplanatum. Metasternum ac primum ventris segmentum punclata (illo fortius minus dense, hoc vero subUUter ac densius ; foveola- rum postcoxalium marginibus plicatulis. long,. 1,2-2, 4 mil!. Cette espèce du sous-genre Conithassa parait répandue sur toute la surface du globe. Elle doit à ses conditions biologiques et surtout à la diversité des climats qu’elle habile une très ample variabilité de structure, qui a donné lieu aux méprises des descrip¬ teurs et à l’accroissement delà synonymie. (Voir mon Catalogue, loc. cil ., p. 178.) L’étude des matériaux accumulés presque à l’in¬ fini dans les collections et les observations soigneusement consi¬ gnées par de nombreux entomologistes dans leurs notes de chasse ont démontré l’unité essentielle d’un type aujourd hui bien connu et délimité comme je l’ai fait en rédigeant la diagnose ci-dessus pour suppléer à l’insuffisance manifeste de la description ori¬ ginale. Les quelques échantillons sud-américains, qui ont passé sous mes yeux, ont été capturés au Chili. Il serait fort surprenant qu un insecte cosmopolite et partout vulgaire ne se rencontrât pas dans les autres contrées méridionales du Nouveau Monde. 173 DE L'AMÉRIQUE MERIDIONALE E. brasiliensis, Mannerh. — Oblongus , nigro-piceus , glaber , ore, antennis pedibusque ferrugineis ; thorace brevi trans¬ verso, creberrime punctulato, lateribus vie v rolundalis, posiiee transversim profonde impresso, medio canaliculato, elytris slriato-punctatis , interstitiis lævibus. — Long., 1, 5 mill. [Germ. Zeits. V. p. 91 n. 29.] Pour compléter la diagnose de Mannerheim, il faut ajouter plusieurs détails essentiels que je résume ainsi : « Antennarum clavahaud abrupta, articulo nono elongato obconico , ad basin gracili. Oculi pronoto fere contigai, temporibus brevioribus. Coleoptera pone basin transversim impressa . Prosternum cariniforme . Metasternum ac primum ventris segmentum punctata , hoc linea longitudinali pone coxas ornalo. » Par l’ensemble de ses caractères, l’espèce est extrêmement voisine du rugosus Herbst, d’Europe, dont on serait tenté de la considérer comme une race locale. Cependant, outre qu’elle s’en distingue au premier aspect par sa coloration d’une teinte moins foncée, la configuration du pronotum est assez différente et la rapprocherait davantage du transversus ou du dubius, avec lesquels toutefois elle n’a pas d’étroites affinités. Elle appartient aux Enicmûs pro¬ prement dits. Sa patrie paraît être uniquement le Brésil, où on la rencontre dans des champignons du genre Reticularia. Cartoderc, Thoms. [ Shand . Col. V, p. 219.] L’absence de côtes sur le disque du corselet est un caractère négatif, mais aussi sûr que prompt, pour discerner sans hésitation les formes qui appartiennent aux deux derniers genres sud-amé¬ ricains de la seconde tribu. Il ne me reste donc plus qu’à indiquer les traits les plus saillants, par lesquels les Cartodere se distin¬ guent des Enicmus. A l’aspect de ces insectes plutôt déprimés que convexes, de configuration plus grêle et assez svelte, un connaisseur expéri¬ menté n’a pas de peine à les séparer de leurs voisins d’apparence 174 RÉCAPITULATION DES LATBRID1IDÆ massive et moins déliée. Cependant il se rencontre, dans l’ensemble du faciès comme dans les détails de la structure, plus d’une analogie et d’un rapprochement qui serait de nature à rendre leur attribution indécise. Il importe de se rappeler que le genre Carto- dere s’écarte essentiellement des Enicmus par l’exiguïté de son écusson à peine distinct et tout au plus ponctiforme (au lieu d’êlre transversal et fort apparent), par la petitesse proportionnelle de ses yeux qui n’occupent jamais plus du tiers latéral de la tête (au lieu d’être saillants et assez gros pour remplir plus de la moitié du bord céphalique), par l’insertion antennaire qui a lieu à une dis¬ tance notable au-devant des yeux, par la forme de la lame proster¬ nale très étroite et parfois interrompue au milieu, qui ne s’élève jamais en carène entre les hanches antérieures (au contraire de ce qui existe chez les Enicmus proprement dits), etc. Aucune des Cartodere de l’Amérique méridionale n’offre sur le disque du cor¬ selet les fossettes longitudinales et subcanaliculées qui ornent le thorax des Enicmus de la même région. C. crenicollis, Bel. — Elongata, angusta, convexiuscida , tenuiter erecte sat longe albidopilosa, rufotestacea . Caput elongalum, subredangulum , rugoso-punctatum ; occiput ali- quantulum excavatum , temporibus elongatis ; oculi minuti, prominuli, a pronoto distantes ; antennarum clava triarticu- lata , parum dilalata, articulis nono et decimo subæqualifais elongatis, undecimo ovali singulis præcedentibus longiore. Thorax brevis, subcordatus, capite vix longior, coleopteris plus quam duplo angustior, lateribus sat fortiter reflexis , distincte crenatis et ciliatis; disco rugose punctato; ante basin haud constrictus , utrinque versus marginem longitudinaliter subcanaliculatus ; impressione transversali obsoleta; angulis posticis fere redis, acutis. Elytra oblongo- elliptica, fortiter 8-striatopunctata; sutura, margine et interstiis alternis costi- formibus ; humeris obtuse rolundatis, supra depressis. Meta- sternum inmedio breve, mes os lerno parum longius, laie qua- dratim emarginalum per laminam intercoxalem primi segmenli ventralis. — Long., 1,5-1, 7 mill. [Rev. fr. d'Ent. Caen, 1885, p. 250] Plusieurs des formes sud-américaines — les quatre premières de 175 de l'amérique méridionale mon énumération — appartiennent à un groupe très remarquable par la présence de côtes sur les intervalles alternes des élytres. Ce caractère les sépare manifestement des deux autres (ruficollis et lævithorax) , chez lesquelles tous les interstries dorsaux sont également convexiuscules sans élévation caréniforme. L’allonge' ment notable des tempes après les yeux, qui se trouvent ainsi écartés du bord antérieur du pronotum, est pareillement un signe distinctif des quatre premières espèces, les deux autres ayant des tempes courtes et des yeux rapprochés du corselet. La crenicollis est aisée à reconnaître parmi ses congénères de la première sec¬ tion : tandis que Watsoni et bicarinata ont seulement deux côtes sur chaque étui, crenicollis et Grouvellei en comptent trois, qui sont formées par les. intervalles 3e, 5e et 7e, avec cette différence toutefois que la côte du troisième interstrie, entière chez creni¬ collis , est raccourcie dans toute sa moitié postérieure chez Grou¬ vellei. On ne saurait d'ailleurs confondre l’espèce actuelle avec sa voisine immédiate, comme on le constatera à la lecture comparative de leurs descriptions. Il suffit de rappeler que la tète est ici à peine plus longue que large, que le troisième article des antennes est plus allongé que chacun de ceux du funicule, que le corselet a sa marge latérale assez fortement réfléchie, crénelée et ciliée, enfin que les élytres sont hérissés de poils blanchâtres très fins et assez longs. Cette forme élégante a été découverte à Yaldivia (Chili). Il est vraisemblable que son aire de dispersion est, comme celle de ses congénères, beaucoup plus étendue, et que les naturalistes amis des microcoléoptères constateront sa présence sur plus d’un point du continent américain. C. Grouvellei, Bel. — Elongala, convexiuscula, nilida, glabra, fere caslanea aut rufo- brunnea, antennis pedibusque dilulioribus. Caput elongatum , fere duplo longius quam latins, ante oculos minutos promimdos a pronolo distantes subreclangulum, rugosopunctatum, thorace vix anguslius ; occiput brevi sulco longiludinali notatum ; temporibus distinc- tis retrorsum convergentibus . Antennarum arliculi omnes elongati (3e cæteris singulis breviore); clavæ triarliculatx parumdilatatæ articulus penultimus præcedenti vix æqualis, ultimo brevior. Thorax ovatus, longiludine capiti subæqualis, coleopteris plus quam duplo angustior , rugoso-punctatus , 176 RÉCAPITULATION DES LATHRID1IDÆ foveola oblonga ante basin in medio signatus, lateribus sub- crenatis haud marginatis nec reflexis ; angulis poslicis fere obtusis. Coleoptera oblongo-elliptica , 8-seriatim pnnctata sat fortiter, sutura et intervallis alternis tribus furliler cari¬ nata -elevatis (costis tam suturæ quam intervalli quinti aut septimi integris, costa vero tertii intercalli abbreviata neque ultra medium elytri producta) ; humeris rotundatis . — Long., 1,7 mill. f Rev. fr. d'Ent., Caen, 1898, p. 137.] Le raccourcissement de la côte formée par le 3e intervalle des élytres distingue nettement la C. Grouvellei de la précédente. De couleur un peu plus foncée que ses congénères de la première sec¬ tion, elle est complètement glabre à la sur face des étuis. Sa tète est presque deux fois plus longue que large, et son corselet est orné d’une fovéole médiane oblongue au-devant de la base. Par tous ces caractères, elle est facile à reconnaître. L’exemplaire unique, généreusement cédé parM. Antoine Grou- velle à ma collection, provient du Chili. 0. Watsoni, Woll. — Elongato- filiformis , pa/lidus, sub- opacus ; capile prothoraceque angustissimis, rufotestaceis , dense punctatorugosis , illo elongalo-quadrato, antice recto1 sat prominulo, oculis minutis prominentibus, hoc obtriangu- lari-cordato ; coleopteris parallclo-ellipticis, dense et grosse striato-punctatis , interstitiis 2° et submarginali allé elevatis , costas duas intégras utrinque ef ficienlibus ; antennis pedibus- que gracilibus, testaceis. — Long., lin. 3/4. [ Trans . ent. Soc. Lond.., 1871, p. 253.] Sbicostata Reitt. [Verhandl. k. k. zool. bot. Ges. Wien, 1877, p. 183.] Godarti Bel. [Ann. Soc. Linn. Lyon , 1881, p. 147.] Ici et dans l’espèce suivante, deux côtes seulement ornent cha¬ que élytre. Wollaston les indique comme formées par l’élévation du deuxième interstrie et de l’interstrie submarginal. Selon la manière de compter que j’ai adoptée de préférence en donnant le nom de premier intervalle à celui qui existe entre la suture et la première 177 DE L’AMÉRIQUE MÉRIDIONALE ligne de points, il s’agit des 3e et 7e intervalles. Le cinquième inter¬ strie ne présente pas trace de carène. Quant au 3e interstrie, il n’est pas raccourci vers le milieu de l’étui, comme celui de Grouvellei, mais il demeure costiforme dans toute sa longueur, de même que celui de crenicollis L’existence de cet insecte au Chili, signalée par Wollaston d’après un échantillon du British Muséum, est confirmée par la découverte de quatre exemplaires de même provenance que j’ai vus dans la collection de M. Antoine Grouvelle. L’espèce habite aussi le Venezuela ; j’en possède deux individus étiquetés : Caracas. Il faut s’attendre à la rencontrer dans toute l’Amérique méridionale. Elle est très commune au Mexique. Son aire de dispersion s’étend jusqu’en Afrique (cap de Bonne-Espérance et Algérie) et dans les îles de l’Atlantique (Madère et Canaries). Elle a même été capturée en Europe (Portugal) ; c’est donc une forme cosmopolite. U. bicarinata, Bel. — Elongata , angusta, depressiuscula, testacea, glcibra (an semper ? ). Caput elongatum, paulo lon- gius quant latius, rugoso-punctalum, pone oculos minutos parum prominulos a pronoto sat distantes retrorsum angus- tatum, abocidis ad antennarum inserlionem paulo angusta- tum, dein antice dilatatum; occipid haud excavatum. Anten¬ narum articuli 3,4 et 5 subæquales, parum longiores quam latiores , cæleris funiculi articulis fere globosis ; clavæ sat dilatalæ duo priores articuli evidenter transversi , ultimus articulus ovatus istis simul sumptis longitudine æqualis. Thorax ovatus , capite parum longior et latior, antice coleop- teris distincte angustior , rugoso-punctatus , versus latera et in medio disci longitudinaliter vix depressus. Coleoptera oblongo-elliptica, pone humeros rotundatos haud dilatata ; 8-seriatim punctata sat fortiter, intervallis 3° et 7° coslifor- mibus, illo fortius, hoc et sutura minus distincte elevatis. — Long. 1 mill. cire. \Rev. fr. d'Ent., Caen, 1898, p. 137.] Extrêmement voisine de la C. Watsoni , cette espèce à étuis bicarénés s’en distingue néanmoins fort bien par sa taille plus faible (dépassant à peine 1 millimètre), par sa tête seulement un peu plus longue que large, par la proportion différente des articles 178 RECAPITULATION DES LATHRI D1IDÆ du funicule et de la massue antennaire, par l’aspect un peu plus étroit de ses élytres. Jusqu’à présent, elle n’a été rencontrée que sur le territoire du Chili. C. ruficollis, Marsh. [Ent. Brit.,1, 111]. — Elongata , conve- xiuscula, subnitida, glabra, rufoferruginea ; prothorace plus minusve cordato, coleopleris angustiore, lateribus obsolète refexis, ante basin constricto , postice transversim impresso\ rlytris subovatis, fuscis aut nigro-fuscis (inlerdum testaceis, aut tantum fusco limbatis), profunde minus regidariter pwictalo-strialis. intersliliis angustissimis, subrugidosis . — Long. 1,2 rnill . [Lteitt. Stett. ent. Zeit., 1875, p. 336.] Très reconnaissable de prime abord parmi toutes ses congénères lorsqu’elle possède sa coloration normale, la ruficollis est fort souvent d’un testacé uniforme qui ne la différencie plus. Mais les carai tères plastiques suppléent avantageusement à ce défaut de la teinte particulière à l’insecte. L’absence de côtes sur les élytres, dont les interstries sont également convexiuscules, la fera immé¬ diatement discerner des quatre espèces précédentes, et ranger dans un même groupe avec la C. lævilhorax, dont elle s’écarte surtout par l’étroitesse relative et la sculpture de son corselet. On a signalé l’existence de cette forme cosmopolite dans l’Amé¬ rique méridionale, mais j’ignore sur quel territoire et dans quelles conditions elle a été capturée. Indigène ou importée, elle habite certainement plusieurs états de l’Amérique du nord. Commune dans toute l’Europe depuis l’Angleterre, le Danemark et la Suède jusqu’au midi et aux régions méditerranéennes, elle se rencontre aussi, à ma connaissance, en Circassie, dans le nord de l’Afrique (Tunisie, Algérie et Maroc), à Madère et aux Canaries. C. lævithorax, Bel. — Ovata , convexa, rufotestacea, glabra. Capul subquadratum, pronoto angustim, fere læve ; oculi sat grossi, prominuli , temporibus nullis. Antennarum clava tri- articulata, parum dilatata , articulis 90 et 10 0 subquadralis aut transversis, 11 0 ovali, singulis præcedentibus evidenter longiore. Prothorax forliter transversus , vix cordalus, coleo- pteris æquilatus , apice pone oculos emarginato, lateribus 179 DE L’AMÉRIQUE MÉRIDIONALE arcuatim di/alatis, subcrenatis , latius rn arginato- exp lancitis ac reflexis ; ante basin fortiter transversim impressus,angulis poslicis fere redis. E/ytra ovata, grosse 7 -striatopundata, interstitiis valde angustis, snbæqualibus, undulatis, costa humer ali parum distinda; humeris rolundatis. Metaslernum inmedio breve, ibique mesosterno vix longius. Primum ven- tris segmentant inter coxas posticas depressum. — Long, vix 1 mill. [Ann. Soc. ent. Belg., XXXIX, 1895, p, 98.] Le corselet presque lisse, de même largeur que les étuis, à côtés dilatés en arc largement explanés et réfléchis, sépare manifeste¬ ment cette espèce courte et convexe de la précédente, avec laquelle elle possède en commun des élytres sans élévations costiformes, grossièrement ponctuées, avec des interstices crénelés et pour ainsi dire onduleux. Un seul échantillon de cette forme remarquable se trouve dans la collection de M. René Oberthür et m’a été obligeamment, com¬ muniqué. Il provient du Chili, dont la faune semble être particu¬ lièrement riche en types intéressants. IIP Tribu. Gorticariini. Cortlcuria, Marsh. f Entom. Brit., 1802,1, p. 196.] Les trois genres de cette tribu, représentés dans la faune de l’Amérique méridionale, se distinguent des précédents par un faciès assez dissemblable et par un ensemble de détails qui ont, il est vrai, peu de valeur pris séparément et qui souffrent même plus d’une exception, mais aptes à impressionner l’œil de l’entomologiste de telle sorte qu’il ne coure pas le risque de les confondre avec les membres de la première et de la deuxième tribu. Je mentionnerai ici comme caractères plastiques principaux : la contiguïté des 180 RECAPITULATION DES LATHRIDI1DÆ hanches antérieures et la structure du front séparé normalement de l’épistome par une strie souvent bien marquée, sans cesser d'être situé sur le même plan. Il peut être utile, pour la rapidité de la détermination, de recourir à d’autres indices qu’on relève aisément à l’inspection de la page supérieure du corps. Ainsi, par exemple, les yeux des Corticariini sont assez gros et composés d’un certain nombre de facettes; les antennes comptent dix ou onze articles, dont les deux ou trois derniers forment une massue parfois très lâche; le corselet et les étuis, toujours dépourvus de côtes, sont presque constamment revêtus d’une pubescence de vrais poils, hérissée ou couchée, brève ou allongée, double ou simple, d’ordi¬ naire sérialement disposée sur les élytres ; l’écusson est bien visible et le plus souvent transverse. La forme générale des Corticaria, et particulièrement celle des élytres, est beaucoup plus allongée que dans les Melanophthalma et les Migneauxia, dont le corps est évidemment ramassé. A cette différence légère et d’appréciation trop délicate, il convient de substituer le contrôle de caractères précis : le nombre des articles antennaires, identique chez les Corticaria et les Melanoph¬ thalma , se trouve réduit à dix chez les Migneauxia ; d’autre part, l’abdomen des femelles est composé de cinq arceaux seulement dans le genre Corticaria, tandis que le genre Melanophthalma possède six segments ventraux dans les deux sexes. A ma connaissance, deux espèces cosmopolites ont seules été rencontrées sur le continent sud-américain : l’une appartient au groupe des Corticaria proprement dites, remarquable de prime abord par son système particulier de pubescence, généralement assez longue et plus ou moins redressée en séries sur les élytres ; l’autre se range parmi les formes que j’ai proposé de séparer sous le nom d 'Adasia (Essai de classification, loc. cit., p. 147), à raison de leur pubescence élytrale plus ou moins rare, mais tou¬ jours courte et couchée. C. fui va, Com. [Col. Novoc., p. 39]. — Elongata, parum convexa, ferruginea aut rufotestacea, seriatim sat longe minus erecte fulto pilosa. Antennarum arliculi 1 et 8 haud elongati, fere roiundato quadrati; clava slatim a basi latior. Caput thorace angustius, sparsim parum profunde puncta- 181 DE l’amÉRIQUE MÉRIDIONALE (uni. Pronotum cordatum, longitudine haud vel parum latius, lateribus ante medium rolundatis, crenatis, sat crebre medio- criter punclatum, foveola rolundata vel subtransversa sat profunda instructum. Elytra Ihorace laliora , 8-seriatim punctata, interstitiis plerumque haud minus fortiter, inter - dura tamen subobsolele, punctatis, leviter subrugulosis ; pilis mediocriter longis fere decumbentibus , altérais parum Ion - gioribus seriatim ornata. Metasternum sparsim subobsolele punctatum. Quintum ventris seg mentum in «- Ce n’est pas la première fois qu’on publie un travail sur les coquilles marines de la Corse. Deux auteurs, déjà bien anciens, il est vrai, nous ont précédé dans cette voie. En 1826, après un séjour de plus d’une année dans différentes parties de l’ile, B. C. Payraudeau fit paraître un catalogue descriptif et méthodique des Annélides et des Mollusques qu’il avait recueillis dans son voyage (1). Cet ouvrage, fort remarquable pour l’époque, fit connaître un grand nombre d’espèces dont beaucoup étaient nouvelles, et que l’auteur fit dessiner dans les huit planches qui accom¬ pagnent son mémoire. Malgré les difficultés sans nombre que présentait alors un tel genre d'étude, Payraudeau avait su néanmoins récolter d’abondants matériaux. & Pour m’en procurer un plus grand nombre, dit-il, et surtout certaines espèces qui ne se rencontrent qu’à de grandes profondeurs, j’ai fait draguer dans presque tous les golfes et sur plusieurs autres points du littoral. J’ai saisi pareillement l’occasion favorable qui s’offrait d’clle-même par la présence des corailleurs italiens qui viennent chaque année faire la pêche sur les côtes méridionales de Pile, à quelques lieues des golfes de Valinco, de Figari, de Ventilègne, de Santa-Manza, (t) B. -G. Payraudeau, Catalogue descriptif et méthodique des Annélides et des Mollusques de l'Ile de Corse, avec huit planches représentant quatre-vingt-huit espèces, dont soixante-huit nouvelles, Paris, 1826, 1 vol. in-8, 218 p. et 8 pl. Soc. Linn., t. xlvi , 1899. 16 194 INTRODUCTION de Porto-Vecchio, aux environs de Favone, de Sanla-Giulia et dans le détroit de Bonifacio. Désirant être plus à portée de recueillir les objets qui se trouvaient attachés à leurs filets, et qu'ils retiraient du fond de la mer en même temps que le corail, je louais une barque, et j’allais à leur bord ; je passais la journée avec eux. Le soir, je revenais à terre, et le lendemain je retournais les rejoindre; ce que je fis durant plusieurs jours et à plusieurs reprises. Je faisais aussi prévenir les pêcheurs de poissons de m’apporter des échantillons de tous les corps marins que détachaient et retiraient leurs filets. Je suis parvenu, à l’aide de ces moyens, à récolter dans diverses branches de la zoologie des objets extrêmement précieux et d’une grande rareté. (1) » Pour classer comme pour déterminer ses échantillons, Payraudeau fit surtout usage du grand ouvrage que le chevalier de Lamarck venait de faire paraître sur les animaux sans vertèbres (2). Il arrive ainsi à un total de 356 espèces, savoir : 20 Annélides, comprenant les Dentalium; 9 Cirrhipèdes; 1 Héléropode;8 Céphalopodes; 136 Gastropodes marins; 41 Mollusques terrestres ou fluviatiles; 10 Gastropodes mous; 1 Ptéropode; et 131 Conchyfères ou Lamellibranches. Dans ce nombre, plusieurs espèces sont incontestablement à éliminer, comme ne faisant pas partie de la faune locale, ou comme s’y trouvant d’une façon tout à fait accidentelle, tels que les Cassis vibex, Pyrulu melongena, Ranella ranina , etc. A part ces quelques erreurs faciles à rectifier, le travail de Payraudeau a rendu Ds plus grands services à la science ; et si aujourd’hui les données que nous possédons sont beaucoup plus complètes, son œuvre n’en est pas moins encore consultée avec fruit par tous les naturalistes qui s’occupent de la malacologie méditer¬ ranéenne. A son retour sur le continent, un exemplaire de toutes les espèces nou¬ velles ou anciennement connues fut déposé par ses soins dans les collec¬ tions « du Jardin du roi ». Nous avons eu plusieurs fois l’occasion de revoir quelques-uns de ces précieux types dans les galeries du Muséum de Paris. Espiit Requien, après un premier voyage fait en Corse en qualité de botaniste, au printemps de 1822, revint en 1847 se fixer pendant plus d’un an à Ajaccio, et s’adonna en même temps à l’élude des plantes et à la (1) Payraudeau, Loc. cit., p._6. (2) Lamarck (de), Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, Paris, 1815. 1822, 7 vol. in-8. INTRODUCTION 195 recherche des coquilles. 11 sut faire, comme il nous l’apprend, de nom¬ breux prosélytes, et parvint en peu de temps à réunir des matériaux considérables. En 1848, de retour à Avignon, il pubda un catalogue de coquilles qui parut, mais sans non d’auteur (1). Ses explorations, quoique faites d’une façon mains suivie et moins scientifique que celles de Pavraudeau. n’en ont pas moins été très fructueuses. Ce sont surtout les environs d’Ajaccio qu’il explora. Adoptant le même mode de groupement des êtres que Payraudeau, il signale, outre 47 espèces de Radiaires, un total de 684 espèces, ' savoir : 29 Annélides; 10 Cirrhipèdes ; 2 Hétéropodes ; 8 Céphalopodes ; 285 Gastropodes marins ; 98 Mollusques terrestres ou fluviatiles; 15 Gastropodes mous; 7 Ptéropodes; et 230 Gonchifères ou Lamellibranches. On voit, en rapprochant ces deux relevés, les progrès accomplis à vingt-cinq années d'intervalle. Dans son cata¬ logue, Requien ne s’est pas borné à une simple nomenclature,’ il décrit, parfois un peu trop sommairement peut-être, les espèces nouvelles, mais il signale encore un très grand nombre de variétés fort intéressantes. C’est surtout Philippi, dont le deuxième volume venait alors de paraître (2), qu’il suit dans ses déterminations. Après sa mort, sa collection fut léguée au musée d'Avignon. Malheureu¬ sement, faute de soins intelligents, elle est aujourd’hui totalement perdue pour la science, et ne saurait être désormais reconstituée. Tels sont les deux grands mémoires qui ont précédé celui que nous nous proposons de faire paraître à notre tour. Ayant ôté appelés dans des conditions bien différents à pacser cinq années en Corse, l’un de nous de 1867 à 1872, l’autre de 1895 à 1899, il nous a été donné de pouvoir à notre tour réunir d’importants documents inalaeologiques sur ce beau pays. Ce sont ces matériaux, joints encore à quelques autres qui nous ont été procurés par de bienveillants amis, que nous nous proposons de mettre à contribution pour compléter et rectifier l'œuvre de nos devanciers. M. l’abbé Boulu, savant botaniste lyonnais, après un séjour de plusieurs années à Ajaccio, a bien voulu nous céder une partie des coquilles qu’il avait ricoltées jadis, durant ses excursions aux environs de cette ville. (1) Catalogue des coquilles de l'ie de Corse, Avignon, 1848, i vol. in-8, lit p. (2) R. -A. Philippi, Enumeratio Molluscorum Sicilix, cum viventium, lum in tellure tertiaria fossilium qux in itinere sua observavit, Berolini, 1836, 1 vol. in-12, 12 pl. — Volumen secundum cont. addenda et emendata, Hallis, 1844, in-8, avec 16 pl. 196 INTRODUCTION M. le Dr Jausseaume nous a également communiqué d’importants sujets d’étude qu’il possédait dans sa riche collection. Citons encore le Dr Tiberi qui, à deux reprises, fit une excursion scientifique en Corse, et rapporta d’intéressants spécimens de conchyliologie ; ses belles collections sont aujourd’hui entre les mains de notre ami M. le marquis de Monterosato- Dans plusieurs de ses écrits, il a eu l’occasion de faire mention des découvertes de Tiberi (1). Enfin M. H. Rolle, à la suite d’un voyage en Corse, a donné en 1887 (2) quelques indications intéressantes sur la faune des environs de Bonifacio. On sait quelle influence le paysage pétrographique d’un pays donné peut exercer sur le développement des Mollusques. En Corse, ce paysage, par suite de la diversité des formations géologiques, qui ont contribué à sa formation, rst extrêmement varié. De là cette richesse incontestable de la faune qui le fréquente. Nous n’avons pas la prétention de faire ici un exposé, même sommaire, de la situation géographique et géologique de la Corse ; rappelons cependant certains faits essentiels qu’il importe de ne point perdre de vue. Sur la côte orientale, aux bords rocheux et profondément escarpés du cap Corse, succède, sur une vaste étendue, depuis la vallée du Bivinco jus¬ qu’à l’embouchure de la Solenzara, une longue plage d’atterrissement au milieu de laquelle s’étale une succession d’étangs saumâtres; ils corres. pondent à d’anciens golfes, que la mer a bouchés peu à peu à l’aide de dunes peu élevées, et communiquent encore avec elle par d’étroits goulets; trois d’entre eux ont une superficie de plusieurs hectares; mais si les fonds des étangs d’IJrbino et de Diana s’étalent entre 12 et 14 mètres de profondeur, celui de Biguglia ne semble pas dépa ser 1 m. 50 en moyenne. Plus au sud, au voisinage de Bonifacio, le rivage déjà plus mouvementé est constitué par de vériiables criques étroites, encadrées de hautes falaises abruptes (3). Sur la côte occidentale le relief se modifie (1) Marquis de Monterosato, 1878. Enumerazione e sinonimia delle concliiglie mediterrane, in Giornale di scienze naturali ed economiclie di Palermo, XIII, p. 61 à 115 (tir. à part, 1 br. gr. in-4°). — 1884. Nomenclatura genericae specifica di alcune concliiglie mediterrane, 1 vol. in-8, Palermo. (2) H. Rolle, 1887. Auf. Corsica. Eine naturwissenschaftliche Reise nebst specieller Besclireibung des Mollusken fanges an den Küsten bei Bonifacio in Monat Mai-Juni 1886. In Jahrbücher der deutschen malakozoologischer Gesellschaft, XIV, p. 51-83. (3) Roule, 1895. Sur une Exploration zoologique de la Corse, in Comptes ren¬ dus Ac. sciences, t. CXXI, p. 829 — 1897. Sur la Faune des étangs de la côte orientale de la Corse, Loc. cit. t. CXXIII, p. 1036. INTRODUCTION 197 encore, les bords sont plus profondément découpés; nous y rencontrons de vrais golfes, comme ceux de Ventilègne, de Valinco, d’Ajaccio, de Sagone, de Porto, de Calvi, de Saint-Florent; des anses ou criques d’un accès souvent difficile succèdent aux petites plages ou calanques où viennent atterrir les débris de toutes sortes arrachés par les flots aux bords et aux fonds voisins. Si ces plages sont logées à l’embouchure de quelque cours d’eau descendant de la montagne, le sol sera constitué par un mélange de cailloux, de graviers et de sables charriés par la rivière, repris par la mer, triturés et décomposés à la longue. Suivant leurs affinités particulières pour tel ou tel milieu, les Mollusques arénicoles viendront se loger dans ces sables, tandis que d’autres espèces plus particulièrement saxatiles se fixeront aux parois des rochers avoisinants. Mais vienne une série de gros temps, et li plage se couvrira bientôt de fucus et de varech apportés par la vague, entraînant avec eux d’autres coquilles venant de plus grandes profondeurs et vivant dans ces vastes prairies sous-marines. La nature même de la grève est très variable ; les trois groupes ter¬ tiaires de Casabianda à l’est, de Santa-Manza au sud, et de Saint-Florent au nord- ouest apportent un élément calcaire qui fait défaut dans les plages découpées à travers le grand massif granitique et porphyrique qui occupe la majeure partie de l’ïle. De même, aux eaux saumâtres des étangs de la côte orientale succèdent des eaux normales à peine modi¬ fiées par les modiques apports de quelques cours d’eau de peu d’im¬ portance relative. A l’ouest, le plongement général est toujours beau¬ coup plus rapide qu’à l’est; à 15 kilomètres environ de la pointe du cap Rossa, passe la courbe de niveau à 1000 mètres, bientôt suivie de celle à 2000 mètres. Les mêmes combes passent, à l'est, à une beaucoup plus grande distance du sol émergé. Mais autant ces milieux de surface, ceux du moins qui ne dépassent pas de beaucoup la zone corallienne, sont riches au point de vue mdacologique, autant ces régions abyssales aux fonds vaseux, sont pauvres. Comme l’ont démontré les dragages exécutés en 1881 par la Commis¬ sion scientifique, à bord du « Travailleur », le fond du bassin méditer¬ ranéen est rempli d’une vase jaunâtre très fine, d’une nature très uniforme et qui est peu favorable au développement de la vie (1). >< Aussitôt que (1) A. Milne-Edwards, 1892. Les Explorations sous-marines du « Travailleur » dans l'Océan Atlantique et dans la Méditerranée, en 1880 et 1881, in Bull. Soc. géographie, 1er trimestre 1882 (tir. à part, 1 br. in-8 avec cartes, p. 33). 198 INTRODUCTION nous gagnons les grandes profondeurs, dit M. le professeur Marion, entre Villefranche et la Corse, l’appauvrissement s’accenlue de nouveau avec rapidité. Un dragage opéré dans la nuit du 1 1 au 12 juillet 1881, par 2068 mètres, ne procura aucun animal. Cependant, le lendemain, l’engin jeté plus profondément encore, à 2660 mètres, ramena un petit Brissingia, des Nassa semistriata, des Nucula sulcata, des Xylophaga dnrsnlis et divers Foraminileres. La vase était encore absolument azoïque au large d’Ajaccio, par 2454 mètres, tandis qu’en se rapprochant de la côte de Corse, on atteignait ses fonds coralligènes par 540 mètres, fonds d’une extrême richesse en Brachiopodes. (1) » Considérée dans son ensemble, la faune malacologique corse présente un faciès particulier qu’il est bon de signaler. Cette faune, comme nous venons de le voir, par suite même de la variabilité de l’allure des milieux, est elle même très variée. Non seulement toutes les familles, mais presque tous les genres y sont abondamment représentés. Mais à part quelques grandes espèces ramenées du large par les pêcheurs, il semble qu’en général la taille de nos échantillons est relativement petite, plus petite qu’en Algérie, qu’en Italie et même dans le midi de la France. Souvent, à côté d’une forme normale, nous aurons occasion de signaler une variété minor plus abondante que le type. Mais, en revanche, la couleur de nos coquilles, lorsqu’elles sont fraîchement pêchées, est chaude et vive; aux environs de Bastia, la plupart de nos espèces ont une tendance h être d’un ton plus roux, plus ferrugineux que dans le sud de l’île ou sur la côte occidentale. Elles sont souvent encroûtées, surtout sur la côte orien¬ tale et au fond de certains golfes; enfin, elles revêtent fréquemment une teinte d’un gris verdâtre qu’elles conservent encore après quelles ont perdu Fur épiderme. Lorsque le milieu leur est plus particulièrement pi'opice, elles se développent en colonies très populeuses. La récolte des Mollusques n’est pas toujours chose aussi facile qu’on serait tenté de le croire après ce que nous venons de dire de la richesse de la faune. Dans quelques criques ou calanques, on peut faire dans les sables de la plage ou sous les varechs, après les gros temps, d'amples récoltes. Sur les rochers que baigne la mer, à de très faibles profondeurs, on peut également ramasser quelques espèces exclusivement littorales. Mais pour le plus grand nombre,' il faut avoir recours aux engins de (1) A. -F. Marion, 18S3. Considérations sur les faunes profondes de la Médi¬ terranée, in Ann. Mus. Hist. nat., Marseille, Zoologie, t. I. Mém. 2, p. 4*. INTRODUCTION 199 pèche. Longtemps les corailleurs que chaque année l’Italie envoyait un peu au large des côtes lors de la belle saison, étaient de précieux et utiles auxiliaires; Payraudeau, comme nous l’avons vu, s’en est beau¬ coup servi. Mais aujourd’hui, ces mêmes bancs de coraux mal exploités sont en partie épuisés, et nos Napolitains s’en vont chercher fortune ailleurs. Les pêcheurs corses ou italiens, avec leurs grands filets, rap¬ portent également nombre de co quilles ; mais si l’on veut se procurer les petites espèces des zones herbacée et corallienne, mieux vaut encore draguer soi-mème. C’est ce que l’un de nous a pu faire utilement ces dernières années dans plusieurs stations. Le matériel de dragage dont il a été fait usage était des plus simples et à la portée de tous. Avec une modeste birque de pêcheur, portant à l’ar¬ rière un treuil à main, on peut utilement promener la drague jusque sur des fonds s'étendant à une profondeur d’une centaine de mètres. C’est ainsi qu’ont été explorés les fonds au large de Bastia, depuis Biguglia jusqu’à Pietranera, les golfes d'1 Saint-Florent et de Calvi. C’est au milieu des débris de toutes sortes que nous avons pu trier la plus grande partie de nos petites espèces, dont un bon nombre sont nouvelles. Nous avons été conduits à constater l’existence : 1° D’une zone littorale de peu de profondeur, 5 à 6 mètres au plus, et d’une faible étendue ; 2° d'une zone herbacée s'éten¬ dant depuis 6 jusqu’à 35 mètres environ, suivant le ^ stations ; 3° d'une zone corallienne comprise depuis cette seconde zone jusqu’à 75 ou 80 mètres de profondeur; 4° enfin, au delà, d'une zone de vase fine et argileuse. Il est à noter que, par suite de i’extrême variabilité de l'allure du sol, ces limites sont notablement moins fixes que sur le continent, sur les côtes de Provence, par exemple. Pour classer nos espèces, nous avons suivi le plan tracé dans la Conchyliologie française (1), plan qui s’adaptait parfaitement au cadre où nous avons dû limiter nos recherches. Voulant éviter toutes redites inu¬ tiles, nous avons cru devoir simplifier autant que possible les longues questions synonymiques, aujourd'hui bien connues pour la plupart. Nous nous sommes donc bornés à d mner comme références synonymiques et iconographiques, outre la Conchyliologie française, celle qui s’appli¬ quait la première en date, soit au nom del’espèce, soit au nom du genre. (1) A. Locard, 1892. Les Coquilles marines des côtes de France , 1 vol. gr. in-8, avec figures. — 1899. Les coquilles marines au large des côles de France, Faune pélagique e' faune abyssale, 1 vol. gr. in-8°. 200 INTRODUCTION Mais en même temps, nous avons eu soin d’indiquer autant que possible, les concordances synonymes relatives aux deux ouvrages de Payraudeau et de Requien. Dans ce travail, après avoir indiqué les stations plus particulièrement propres à chaque espèce, ainsi que le degré de rareté ou de fréquence qu’elles pouvaient présenter (1), nous avons fait suivre chacune d’elles de quelques observations qui nous sont paru dignes d’être signalées. Glissant sur les formes communes, nous avons insisté de préférence sur les espèces peu connues ou encore litigieuses, nous attachant à signaler toutes les variétés que nous avons pu relever. Dans le nombre, nous avons eu plusieurs espèces nouvelles ou inédites à décrire. Notre savant ami M. le marquis de Monterosato, dont on connaît l’extrême compé¬ tence pour tout ce qui regarde la faune malacologique méditerranéenne, a bien voulu contrôler celles de nos déterminations qui nous paraissaient douteuses. Qu’il nous suit permis de lui adiesser ici l’expression de nos plus vifs remerciements. Nous ne voudrions pas terminer ces quelques lignes sans émettre un vœu qui peut intéresser à divers points de vue bien des personnes. Etant données les conditions véritablement exceptionnelles que présen¬ tent non seulement les étangs de la côte orientale, mais encore nombre de stations plus saines et tout aussi facilement accessibles, il nous a tou¬ jours semblé qu’elles pouvaient être très heureusemeut utilisées pour l’élevage et le parquage des Mollusques comestibles. Peu de pays pré¬ sentent, en effet, des conditions plus favorables pour de pareilles éduca¬ tions; il suffit, pour s’en convaincre, de voir le développement qu’acquiè¬ rent les Huîtres, les Cardiums, les Tapes, qui vivent à l'état sauvage dans ces milieux. Or, on sait maintenant quel brillant essor a pris en Europe, depuis quelques années ce g-nre de culture, et quelles sources de béné¬ fices il procure à ceux qui s’y consacrent. Espérons que ce simple vœu ne restera pas stérile, et qu’une industrie nouvelle viendra bientôt accroître la prospérité de ces riantes et fertiles contrées dont nous avons toujours gardé de si bons souvenirs. (1) CG, très commun; C, commun; AC, assez commun ; PC, peu commun; R, rare; RR, très rare. PTEROPODA THECOSTOMATA TESTACEA CAVOLINIIDÆ Genre CAVOLINIA, Gioeni. Gavolinia tridentata, Forskal. Anomia tridentata, Forsk., 1775. Anim. Hauniæ , p. 124. — Cav. tridentata, P. Fisch., 1882. Mon. Conch., p. 434. — Loc., 1899. Conch. franç., p. 21. Hyalxa tridentata (Lamck.), Payr., 1826. Gat. moll. Corse , p. 84. — tridentata (Lamck.), Req., 1848. Moll. Corse, p. 36. Habitat. — RR. Espèce pélagique, rejetée à la côte après les gros temps : Ajaccio (Payr., Req.); plage de Toga près Bastia. Observations. — Coquille globuleuse avec la face inférieure armée de deux pointes latérales et la face supérieure ornée de 5 côtes conver¬ geant vers une pointe méJiane; sa coloration est d’un blanc hyalin vitré ; ce n’est qu’un certain temps après la mort de l’animal qu’elle devient blanche ou jaunâtre, coloration que lui reconnaît Payraudeau. Gavolinia trispinosa, Lesueur. Hyalxa trispinosa, Les., in Blainv., 1822. Dict. sc. nat., XXII, p. 82. — Hyalxa mucronata, Quov etGaym., 1827. In Ann. sc. nat., X, p.231,pl. 8 B. C. trispinosa, Loc., 1886. Prodr., p. 22. — 1899. Conch. franç., p. 22. Habitat. — RR. Espèce pél igique rejetée sur la plage avec des Méduses : Toga, près Bastia. Observations. — Coquille plus petite, sublrigone déprimée, avec les pointes bien plus saillantes. Cette espèce, comme la précédente, paraît encore plus rare sur les côtes de Corse que sur celles de Provence. Gavolinia inflexa, Lesueur. Hyalxa inflexa. Les., 1812. In Bull. soc. Pliilom., III, p. 285, pl. 5, fi g. 4. H. vayinella, Cantr., 1845. Malac. Méditer., p. 28, pl. 1. fig. 6. — C, inflexa, Loc., 1886. Prodr., p. 22. — 1899. Conch. franç., p. 22. Hyalxa vaginella (Cantr.), Req., p. 99. 202 PTEROPODA Habitat. — RR. Rpjeté après les gros temps sur les côtes : Ajaccio (Req.) ; Bastia, Observations. — Petite espèce d’un galbe allongé et dont la face supé¬ rieure porte 3 côtes convergentes seulement. Ainsi que l’a démontré le Dr Boas (1). Il convient de faire rentrer le Hyalcei vayinella de Can- traineen synonymie du II. inflexa institue antérieurement par Lesueur. Genre CLEODORA, Péron et Lesueur. Gleodora cuspidata, Bosc. Hyalxa cuspidata, Bosc., 1812. Iiist. nat. Coq., Il, p. 240, pl. 17, fig. 5-7. — C. cuspidata, Quoy, Gaym., 1833. Voy. Astrolabe, II, p. 384, pl. 27, fig. 15. — Loc., 1809. Conch. franç., p. 23. Cleodora cuspidata, Req., p. 36. Habitat. — RR. Ajaccio (Req.). Observations. — C’est uniquement sur l’indication de Requien que nous signalons cette forme si délicate et si fragile ; elle est, du reste, rare dans la Méditerranée. Gleodora pyramidata, Linné. Clio pyramidata, Lin., 1767. Syst. nat., édit. XII, p. 1094. — Hyalxa lanceo- lata, Les., 1813. In Bull. soc. Pliil., III, p. 284, pl. 5, fig. 3. — CL pyrami¬ data, Soûl., 1852. Voy. Bonite, II, p. 6, fig. 17-23. — Loc., 1899. Conch. franç., p. 23. Cleodora lanceolata, Req., p. 36. Habitat. — R. Ajaccio (Req.); rejeté sur la plage après les gros temps, Toga, Herbalonga, Saint-Florent. Observations. — Espèce des plus cosmopolites et des plus variables dans son allure. M. le DrBoas qui en a donné de nombreuses figurations (•2). établit trois variétés bien définies, anguterosato. Philine intricata, de Monterosato, 1884. Nom. conch. Médit., p. 147. Habitat. — RR. Bastia, entre 40 et 60 mètres de profondeur. Observations. — M. le marquis de Monterosato a signalé cette curieuse forme en ces termes: « ha la columella sinuosa e canalicolata». Nous allons en donner la description d’après un échantillon déterminé par ses soins : Description. — Coquille de petite taille d'un galbe subovoïde déprimé, atténué dans le haut, subtroncatulé dans le bas. Dernier tour très petit, peu haut et comme comprimé à son origine, ensuite extrêmement développé dans le bas. Ombilic sensible. Ouverture subrectangulaire, beaucoup plus élargie en bas qu’en haut; bord externe faiblement arqué dans le haut, ensuite à profil presque rectiligne; bord columellaire net¬ tement canaliculé sur toute son étendue, sinuédans son milieu et légère¬ ment réfléchi sur le sinus. Test mince, pellucide, hyalin, orné de stries (1) Philippi, 1836. Enum. Moll. Sicil., I, p. 124, pl. VII, fig. 17. (2) Philippi, 1844. Loc. cit., p. 95. SCAl’HANDRID.K 207 décurrentes obliques assez forles, rapprochées, consliluées par des anneaux très allongés en forme de chaînettes. — Hauteur et diamètre maximum, 3 millimètres. Nous rapprocherons cette espèce du Philine calenala; mais elle s’en distingue : par sa taille un peu plus forte; par son ouverture encore plus ample, plus élargie et plus troncatulée dans le bas; par l’allure toute par¬ ticulière de son bord columellaire sinué, plissé et réfléchi; par ses stries plus forles, etc. C’est le prolongement de ce sinus qui donne naissance à un ombilic très apparent. P. Fischer a institué en 1884 (1) un genre Raincourtia pour une forme fossile du pliocène de Goubervifle dans la Manche, chez lequel la colu- melle est « sinueuse, concave, canaliculée, excavée et ombiliquée à sa partie extérieure ». Chuz le Philine intricata la columelle a une allure similaire, mais le sinus est moins large et moins profond. P. Fischer nous dit avoir examiné dix exemplaires présentant ce même caractère; il ne s’applique donc pas à une anomalie comme on serait volontiers porté à le croire. Le Philine intricata, n’est pas non plus un individu isolé. Mais reste à savoir si l’allure de la columelle constitue un genre nouveau, comme l'a admis P. Fischer, ou si l’on ne doit pas se contenter de classer ces différentes espèces dans un groupe à part du genre Philine comme nous le proposons. La similitude d’allure du test, le galbe mince du reste de la coquille nous présentent trop de rapports avec le Philine catenala pour que nous nous décidions à ranger ces deux espèces dans deux genres différents. SCAPHANDRIDÆ Genre SCAPHANDER, de Montfort. Scaphander lignarius, Linné. Bulla lignaria, Lin., 1767. Syst. nat., édit. Xll, p. 1184. — Sc. lignarius, de Montf., 1810. Coneh. syst., II, p. 334. — Sc. giganteus, Risso, 1826. Hist. nat. Eur. mérid., IV, p. 51, fig. 12. — Loc., 1892. Co'nch. franç., p. 21. — lignaria (Lin.), Payr., p. 05 (pars). — lignaria (Lin.), Req , p. 41 (pars). Habitat. — AC. Sur toutes les côtes, commun à Ajaccio (Paye.); Ajaccio, Bastia (Req.),- Bonifacio (Rolle); presque partout. (1) P. Fischer, 1884. In Journ. conch,, XXXII, p. 20, pl. 2, lig. 3. 208 GASTROl’ODA Observations. — Sous le nom de Scaphander lignarius, la plupart des auteurs ont confondu au moins deux formes absolument distinctes comme galbe, abstraction faite de toutes variations dans la taille. L’une de ces formes a un galbe ovoïde-piriforme, avec le dernier tour très peu haut et bien convexe à sa naissance; la seconde est, au contraire bien plus subcylindroïde dans son ensemble, et son dernier tour est toujours bien plus allongé et bien plus droit à son origine. Nous trouvons de très bonnes figurations de la première de ces formes dans Forbes et Hanlev, Jeffreys, H. et A. Adams, Sowerby (1) etc., tandis que la seconde est bien représentée par Risso. Or, Linné donne comme référence iconogra¬ phique de son Butta lignaria une assez médiocre figuration de Lister qui a, nous devons le reconnaître, plus d’analogie avec la forme figurée par Risso, qu’avec celle des auteurs anglais. Il s’ensuit donc que le véritable Scaphander lignarius est une forme ovoïde-subcylindroïde, et que dès lors il convient de donner un autre nom à la forme ovoïde-piriforme. Quant à la coquille décrite par Risso sous le nom de Scaphander gigan- leus elle ne diffère du Sc. lignarius « que par sa grandeur plus forte, sa couleur plus foncée, sans aucunes stries, etc. ». Si donc la forme figurée par Risso sous le nom de Scaphander giganteus représente le véritable Sc. lignarius de Linné, la forme décrite n’est qu’une simple variété de l’une ou de l’autre espèce. Quant à la forme anglaise très bien distinguée par M. le marquis de Monterosato sous le nom de var. Britannica (2), nous estimons qu’il y a lieu de l’élever au rang d’espèce. Nous connaissons ces deux espèces en Corse; nous les avons reçues toutes les deux d’Ajaccio. Le Scaphander lignarius est généralement de taille plus forte que le Sc. Britannicus -, sa hauteur varie de 55 à 60 millimètres. Outre le type, nous avons également reçu la forme minuscula déjà observée par Tiberi et signalée par M. le marquis de Monterosato. Cette variété, de taille beaucoup plus petite, ne mesure que 15 millimètres de hauteur, son galbe est très allongé, son ouverture relativement étroite; sa coloration est généralement d’un jaune pâle et, parfois, le sommet est d'un brun ferrugineux. (1) Scaphander lignarius , Forbes et Hanley, 1853 .Brit. Moll., pl. 114, F, fig. 3. — H. et A. Adams, 1858. Gen. rec. vnoll., II, p. 19, pl. 57, fig. 4. — Sowerby, 1859. III. index, pl. 20, fig. 4. — Jeffreys, 1867. Brit. Conch., IV, p. 443, pl. 45, fig. 5. (2) De Monterosato, 1884. Mon. gen. sp. conch. Médit., p. 114. BULLIDÆ 209 Scaphander Britannicus, de Monterosato. Scaphander lignarius, pars auct. Lngliæ. — Sc. lignarius, var. Britan¬ nica, de Monterosato, 1884. Nom. conch. Médit., p. 114. — Sc. lignarius, Loc., 1892. Conch franç ., p. 21, fig. 7 (non Linné). Bulla lignaria, Payr., p. 95 (pars). — lignaria, Req , p. 41 (pars). Habitat. — Bastia, Ajaccio; ramené par les filets des pêcheurs. Observations. — Dans la Conchyliologie française il existe une descrip¬ tion et une figuration suffisantes de cette espèce sous le no n de Scaphan- der lignarius. D’autre part, comme nous l’avons exposé plus haut, cette forme a été très exactement figurée par nombre d’auteurs. Nous n’avons donc pas à insister sur ses caractères. Les échantillons que nous avons observés en Corse sont très nettement caractérisés. BULLIDÆ Genre BULLA, Linné. A. — Groupe du B. navicula. Coquille globuleuse, test mince, subpellucide, presque lisse. Bulla navicula, Da Costa. Bulla navicula , da Costa, 1778. Brit. conch., p. 28, pl. 1, fig. 10. — B. naoi- cula, Loc , 1892. Conch. f ranç ., p. 22, fig. 8. — hydatis (Lin.), Payr., p, 93. — cornea (Lamck.), Payr., p. 96 (pars). — cornea (Lamck.), Req., p. 42. Habitat. — Peu commun; les golfes d’Ajaccio, de Valinco, de Saint- Florent (Payr.). Observations. — Sous le nom de Bulla hydatis PayrauJeau parle d’une coquille dont le diamètre est d’environ un pouce. Sa Bulla cornea n’en diffère « qu’en ce qu’elle est encore plus globuleuse et ses stries transverses sont plus saillantes ». Il est donc fort probable que celle dernière forme n’est en réalité que la var. giibosa du type du Bulla hydatis de Lamarck et de Pavraudeau. Bulla hydatis, Linné. Bulla hydatis, Lin , 1767. Syst. nat., édit. XII, p 76. — Loc., 1892. Conclu franç., p. 22. — cornea (Lamck.), Payr., p. 96 (pars). — hydatis (Lin.), Req., p. 42. Habitat. — C. Ajaccio (Payr., Req.): Bomfacio (Roi. j ; Bastia entre 40 et 60 mètres, plages de Scudo et de Chiavari, Ajaccio, l’He-Rousse, Algajola, le cap Corse à Barcaggio. Soc. Linn., t. xlvi. 17 210 GASTROPODA Observations. — Cette forme est toujours de taille plus petite, d’un galbe plus court et plus globuleux que la précédente ; comme l’a fait observer M. le marquis de Monterosato (1), elle varie beaucoup, non seulement comme taille, mais encore comme galbe et comme coloration. On peut trouver plusieurs variétés bien distinctes dans la même station. B. — Groupe du B. utriculata. Coquille de petite taille, subglobuleuse; lest strié. Bulla utriculata, Brocchi. Bulla utriculvs, Brocchi, 1814. Conch. foss. subap ., p. 633, pl. 1, fig. 6. — Bulla utriculata , Loc., 1884. Prodr., p. 77. — 1892. Conch. franç., p. 33, fig. 9. Habitat. — A R. Bastia par 50 mètres de profondeur. Observations. — Payraudeau et Requien ne paraissent pas avoir connu cette espèce. En Corse, elle est de taille assez petite, ne dépasse pas G à 7 millimètres de hauteur, et constitue une var. minor. On peut également signaler une var. ventricosa, de petite taille mais d’un galbe un peu moins ovoïde que le type. Bulla diaphana, Aradas et Maggiore. Bulla diaphana, Arad.et Magg., 1840. Cat. Sicil., p. 40. — Loc., 1892. Conch. franç., p. 23. — semi-striata , Req., p. 42. Habitat. — R. Ajaccio (Req.); Bastia, entre 40 et 60 mètres de pro¬ fondeur, plage de Chiavari, le cap Corse ü Bareaggio. Observations. — La courte diagnose donnée par Requien pour son Bulla senti- striata, nous parait se rapporter très exactement au B. dia- phana, décrit antérieurement par Aradas et Benoit. M. le marquis de Monterosato range celte espèce dans le genre Weinkauffia d’A. Adams, et lui donne comme synonyme les Bulla turgida de Forbes et Scaphander gibbulus de Jeffreys (2). Cette espèce, toujours de petite taille, est d’un galbe assrz variable ; nous signalerons des var. elongata et ventricosa qui se définissent d’elles-mêmes. Bulla Jeffreysi, Weinkauff. Bulla (Cylichna) Jeffreysi, Weink., 1866. Jn Journ. conch., XIV, p. 238. — Cylichna Jeffreysi, Weink., 1868. Conch. mittelm., II, p. 199. — Roxa- niella Jeffreysi, Mtr., 1884. Nom. conch. Médit., p. 145. — ovulata (,Broc.), Req., p. 4 2 (non Brocclii in Philippi). 1,1) De Monterosato, 1884. Nom. yen. spec. conch. Médit., p. 146. (2) Weinkauffia diaphana, de Monterosato, 1884. Loc. cit., p. 145. BULLIDÆ 211 Habitat. — RR. Ajaccio (Req.). Observations. — Sous le nom de Bulla ovulata, la plupart des auteurs ont signalé dans la Méditerranée et dans l’Adriatique, une petite forme assez bien figurée par Jeffreys (1) et qui est certainement distincte de la coquille désignée sous ce même nom par Broechi (2). Weinkauff a pro¬ posé de donner au type de Jeffreys le nom de son observateur, et M. le marquis de Monterosato, en se basant sur l’allure de so.i test et de sa columelle, a proposé pour elle le nom générique de Weinkauffia. C’est toujours une forme rare; nous ne l’avons pas observée en Corse; c’est uniquement sur les indications de Requien que nous la signalons ici. C. — Groupe du B. striata. Coquille cylindrique, test épais et opaque. Bulla striata, Bruguiere. Bulla striata, Brug., 1789. Dict.,p. 372. — Loc., 1892. Conch. franç., p.24, fig. 10. — striata (Brug.), Payr. , p. 96. — striata (Brug.), Req., p. 41. Habitat. — A R. Figari, Ventilegne, les îles Lavezi et Cavallo, Algajola (Payr.); Bonifacio (Req., Roi.); Bastia, à 50 mètres de profondeur, Ajaccio. Saint-Florent. Observations. — Coquille extrêmement variable de taille, de galbe et de coloration. Nous avons reçu de Palerme des échantillons qui mesu¬ rent plus de 30 millimètres de hauteur, alors qu’on en trouve de tout aussi adultes sur d’autres points de la Méditerranée qui atteignent à peine 15 millimètres de hauteur. Tel est le cas d'un de nos échantillons d’Ajaccio, dont le galbe est, en outre, particulièrement globuleux. Nous indiquerons donc des var. major , minor, elongata, ventricosa, intermedia, conica, etc., qui se définissent d’elies-mèmes. En Corse, le Bulla striata se rencontre un peu partout, mais toujours en colonies peu populeuses. Genre ACERAS, Muller. Aceras elegans, Locard. Aceras elegans, Loc., 1894. Prodr., p. i 9 et 535. — 1892. Concli. /'rang., p. 24. Habitat. — RR. Golfe de Saint-Florent, zone herbacée. (1) Bulla ovulata, Jeffreys, 1860. Moll. Piein., p. 49, fig. 18. (2) Bulla ovulata, Brocchi, 1814. Conch. foss. Subapen-, p. 277, pl. 1, llg. 8. 212 GASTKOi'ODA Observations. — Galbe cylindroïde un peu allongé, profil latéral lar¬ gement arqué; ouverture allongée surtout dans le bas; coloration corné clair (1). CYLICHNIDÆ Genre CYLICHNA, Lovén. A. — Groupe du C. cylindr acea. Coquille assez grande, galbe cylindrique, sommet ombiliqué. Cylichna cylindracea, Pennant. liulla cylindracea , Peut)., 1777. Brit. sool., IV, p. 117, pl. 70, fig. 85. — Cylichna cylindracea, Lov., 1846. Ind. Moll. Sound., p. 142. — Loc., 1892. Conch. Franç., p. 25, lig. 12. Habitat. — PC. Bastia, entre 40 et 60 mètres de profondeur. Observations. — Celte forme paraît avoir échappé à Payraudeau et à Requien ; elle ne nous a été décelée que par les dragages. B. — Groupe du C. umb ilicata. Coquille petite; galbe subovoïde, sommet ombiliqué. Cylichna umbilicata, Montagu. liulla umbilicata, Mtg., 1807. Test. Brit., p. 222. pl. 7, lig 4. — Cylichna umbilicata, Cantr., 1840. Malac. Médit., p. 79. — Loc., 1892. Conch. franç , p. 26, fig. 13. — truncatula , Req., p. 42. Habitat. — AR. Ajaccio (Req); Bastia, par 60 mètres de profondeur, l’île Rousse, Chiavari, Algajola. Observations. — Forme bien typique, atteignant facilement 3 milli- mètri s de hauteur totale. C’est une coquille assez rare dans la Méditer¬ ranée et surtout très localisée; dans l’Océan elle descend jusqu’à près de 1200 mètres de profondeur. Cylichna crebrisculpta, de Monterosato. Cylichnina crebrisculpta, Mtr., 188S. Nom. conch. Médit., p. 143. Habitat. — R. Bastia, à 50 mètres. (1) Payraudeau cite (p. 95)1 'Acera carnosa, de Lamarck, mais le genre Acera de cet auteur ou Doridium de Meckel, ne possède en réalité qu’une coquille rudi¬ mentaire et sort ainsi du cadre que nous nous sommes tracés. CYLICHNID/E 213 Observations. — M. le marquis de Monterosalo ayant observé que le véritable Cylichna strigella de Lovén (1) et des auteurs anglais, avait un galbe et une ornementation voisine, mais cependant suffisamment dis¬ tinct de la forme méditerranéenne désignée sous ce même nom, a cru devoir spécifier cette dernière sous le nom de Cyliclinina crebrisculpta . Onia différencie du Cylichna strigella: à sa taille plus petite; à son galbe plus étroitement allongé, un peu moins conoïJe;d son ouverture moins ample dans le bas; à son mode d’ornementation qui semble constitué par ses stries verticale et spirale qui donnent au test un faciès particulier. On la distingue, en outre, du Cylichna umbilicata : à sa taille plus forte; à son galbe plus ovalaire, plus atténué dans le haut; à son sommet plus profondément ombiliqué. Nous connaissons cette forme en Pié¬ mont, en Sicile et à Saint-Raphaël dans la département du Var. Genre TORNATINA, A. Adams. Tornatina mammillata, Philippi. Bulla mammillata, Philippi, 1826. En. Moll. Sicil., I, p. 132, pl. 7, fig. 20. Cylichna mammillata , Loc., 1892. Conch. franc., p. 28. — mammillata (Phil.), Req., p. 42. Habitat. — B. Àj iccio (Req ) ; plages de Scudo et de Ghiavari. Observations. — De toutes nos Cyliclmidæ, c’est certainement le Tor¬ natina mammiliata qui présente le plus de régularité et de constance dans son allure; sa taille seule nous paraît susceptible de quelques variations de peu d’importance. Tornatina truncatula, Bruguiere. Huila truncatula, Brug., 1792. In Encyclop. méthod., p. 377. — Cylichna truncatula, Loc., 1892. Conch. franc-, p. 28. — truncata, Req., p. 42. Habitat. — R. Ajaccio (Req.). Observations. — C'est le Bulla ou Cylichna d’Ad uns et de nombre d’antres, unis qu’il ne faut pas confondre avec le Bulla truncata de Gmelin, dénomination spécifique qui s’applique à une tout autre espèce. C’est uniquement sur les indications de Requier. que nous sign lions cette espèce en Corse; elle n’est point rare sur la plupart des continents voi¬ sins. (1) Cylichna strigella, Lovén, 1846. Ind. moll. Scnnd., p. 142. — Loc., 1892. Conch. front;., p. 26. 2 1 4 GASTFiOPODA Tornatina semisulcata, Philippi. Bulla semisulcata , Philippi, 1830. Enam. Moll. Sicil., I, p. 123, pl. 7, flg. 19. — Gylichna semisulcata , Loc., 1892. Conch. franc., p. 29. Habitat. — R. Bastia, entre 40 et 50 mètres de profondeur. Observations. — Cette espèce, voisine de la précédente, est souvent confondue avec elle, s’en distingue : par son galbe plus étroitement allongé, plus droit, plus cylindroïde; par ses costulations longitudinales moins arquées; par la présence d’une bande ornementale décurrente dans le bas du dernier tour, etc.; maisRequien ne doit pas l’avoir connue, car pour ces petites espèces il se réfère à la lre édition de Philippi, qui avait très bien distingué ces différentes formes. Tornatina minutissima, H. Martin. Utriculus minutissimus, Mart., in Mtr., 1878. In Journ. conch., p. 159. Cylichna minutissima, Loc., 1892. Conch. franc., p. 29. Habitat. — RR. Plage de Scudo. île Rousse, Ajaccio. Observations. — Cette espèce dont la taille dépasse à peine 1 milli¬ mètre de hauteur totale, a un galbe court et ventru; sa spire est plane, et son dernier tour un peu plus haut à son extrémité supérieure qu’à sa naissance, a un profil latéral légèrement concave ; difficile à observer à cause de sa petite taille, nous ne l’avons rencontrée dans ces différentes stations qu’à l’état d'individus isolés. VOLVULIDÆ Genre VOLVULA, A. Adams. Volvula acuminata, Bruguiere. Bulla acuminata, Brug., 1792. In Encycl. meth., I, p. 376. — Volvula acu¬ minata, Adams in Sow., 1850. Thés, conch., II, p. 3°>6. pl. 125, fig. 152. — Loc , 1892. Concli. franç., p. 30, fig. 16. Bulla acuminata (Brug ), Req., p. 4?. Habitat. — R. Ajaccio (Req.); plage de Scudo, Bastia, entre 40 et 90 mètres de profondeur. Observations. — Petite forme des zones herbacée et corallienne, dif¬ ficile à récolter à cause de sa petite taille. Outre le type, nous indique¬ rons une var. minor de même galbe, mais dont la hauteur ne dépasse pas 2 millimètres. RINGICULIDÆ 215 AGTÆONIDÆ Genre ACTÆON, de Montfort. Actæon tornatilis, Linné. Voluta tornatilis , Lin., 1767. Syst. nat., édit. XII, p. 1187. — Actæon torna¬ tilis, Aider, 1830. Moll. North., p. 29. — Loc., 1892 Gonch. franc., p 3l,fig. 17. Tornatella fasciata (Lamck.), Payr., p. 122. — tornatilis (Lamck.), Req., p. 62. Habitat. — AU. Figari, Santi-Manza, environs de Bonifaeio (Payr.) ; Ajaccio (Req.) ; Bastia, par 60 mitres; Saint-Florent par 70 mètres de profondeur. Observations. — Les échantillons que nous avons observés sont de taille assez peiite et répondent à la var. minor du marquis de Montero- sato. Nous signalerons également la var. bifasciata du même auteur ( non Risso (1) correspondant au type), qui est toujours aussi de petite taille. RINGICULIDÆ Genre RINGICULA, Deshayes. Ringicula leptocheila, Brugnone. Ringicula leptocheila, Brugn., 1873. Miscel. malac., p. 11, pl. 1, fig. 17. — Loc., 1892. Conch. franç, p. 32. Habitat. — La Corse, sans indication de localité (Tiberi, in cotl. Mtr.). Observations. — M. le marquis de Montero;ato (2) a institué pour cette espèce le genre Ringiculina ; son galbe est court et ventru, la spire peu haute, le test est orné de stries décurrentes et longitudinales qui forment par leur rencontre un fin treillissage. (1) Speo bifasciatus , Risso, 1826. Hist. nat. Europe me'rid., IV, p. 236, pl. 8, (ig. 107. (2) De Monterosato, 1884. Loc. cit., p. 41. 216 GASTROPODA PROSOBRANCHIATA SIPHONOSTOMATA OYULIDÆ Genre PEDICULARIA, Swainson. Pedicularia Sicula, Swainson. Pedicularia Sicula, Swains., 1840. Malac ., p. 240. — Loc., 1896. Concli. franç., p. 34. fig. 20. Habitat. — RR. La Corse (teste Monterosato). Observations. — Nous n’avons pas retrouvé cette espèce bien connue, signalée en Corse, mais sans indication de localité, par M. le marquis de Monterosato (1). Genre OVULA, Bruguière. A. — Groupe de PO. A driatica. Coquille d’un galbe piriforme. Ovula Adriatrica, Sowerby. Ovulum Adriaticum, Sow., 1828. In Zool. journ., IV, p. 150. — Ovula Adriatica, Philippi, 1836. Ènum. Moll. Sicil., I, p. 233, pi. 12, fig. 12. — Loc., 1892. Conch. franç., p. 35, fig. 21. Ovula Adriatica (Sow.), Req., p. 84. Habitat. — R. Bonifaccio, dans les coraux (Req.). Observations.— Requien cite pour cette espèce deux variét's, oblonga et elongnla. Or. il prend pour type la figuration de Philippi (2). qui repré¬ sente une forme déjà très allongée, au moins par rapport à nos échantil¬ lons du midi de la France, ce qui tendrait à faire supposer que la forme corse est particulièrement étroite et haute. Cette observation mériterait donc confirmation. (1) De Monterosato. 1878. Enum. e sinonim., p. 49. (2) Ovula Adriatica , Philippi, 1836. Enum. Moll. Sicil.. I, p. 233, pl. 12, fig. 12 et 13. OVULIDÆ 217 Ovula carnea, Pojret. Bulla carnea, Poiret, 1789. Voy. Barbarie , II, p. 21. — Ovula carnea, Lamck., 1822. Anirn. sans vert., VII, p. 370. — Loc., 1892. Conch. franc., p. 35. — carnea (Lin.), Payr., p. 168. — carnea (Lin.), Req., p. 85. Habitat. — R. La partie méridionale de l’i'e, rapporté par les filets des corailleurs (Payr.); Bonifacio, dans les madrépores (Req.); Bastia. Observations. — Coquille assez variable, dans sa taille, son galbe et sa coloration. D’après nos échantillons français et corse, la taille de cette coquille est de 10 à 18 millimètres pour la hauteur; d’autre part, outre des var. major et minor, nous observons des var. curta, elongata et ven- tricosa, chez lesquelles le dernier tour, dans son profil, soit à la naissance, soit dans la région antérieure, est plus ou moins arqué ou allongé. Enfin, si nous admettons pour le type la coloration carnéolée (var. rosea de Requien), nous aurons encore des var. rubra, pallida et atba. Pourtant il ne faut pas oublier que lorsque la coquille est bien fraîche sa colora¬ tion est toujours vive, et qu’elle s’atténue très rapidement après la mort de l'animal. Nous signalerons à Bastia des var. major, ventricosa et nlba, outre le type. B. — Groupe de l’O. spelta. Coquille d’un galbe ovoïde-fusiforme. Ovula spelta, Linné. Bulla spelta, Lin., 1767. Syst. nat., p. 1182. — Ovula spelta, Lamck , 1822. Anim. sans vert., VII, p. 370. — Loc., 1892 Conch. franç., p. 35, fi g. 22. Ovula spelta (Lin.), Payr., p. 169. — spelta (Lin.), Req., p. 84. Habitat. — RR. A la hauteur dé Santa-Guilia (Payr,) ; Bonifacio, dans les coraux (Req., collect. Jousseaume); Pietranera, par 60 mètres de pro¬ fondeur. Obsirvations. — Chez cette espèce la taille varie de 15 à 22 milli¬ mètres de hauteur, et le galbe, dans son ensemble, est plus ou moins ventru. Nous signalerons donc des var. major, minor, elongata et ventri- cosa ; M. de Monterosato a déjà indiqué une var. roseo-carnea, nous la retrouvons à Bonifacio dans la collection de M. le Dr Jousseaume ; nous avons reçu de Marseille une var. rosco-violacea, chez laquelle le rose tourne nettement au violacé. 218 GASTROPODA Ovula obsoleta, Locard. Ovula triticea, Payraudeau, 1826. Moll. Corse , p. 169, pl. 8, fig. 30 à 32 (non Lamck.). — Simnia obtusa, Loc., 1884. Prodr ., p. 91 (non Sowerby). — Ovula obsoleta, Loc., 1892. Conch. franc.., p. 36. Habitat. — La partie méridionale de l’ile, rapporté par les filets des pêcheurs (Pavr.); Bonifacio (Req.) ; Ajaccio (collect. Jouss.). Observations. — Sous le nom d 'Ovula triticea, Lamck.. Payraudeau, a figuré une petite coquille bien typique, bien caractérisée, que la plupart des auteurs ont cru devoir rapporter à YOvula carnea. Dans son texte, Payraudeau se borne à dire, comme de Lamarck, que son espèce « avoi¬ sine la précédente », c’est-à-dire l'O. carnea. Pourtant, il est bien cer¬ tain que sa figure 30, qui représente la coquille en grandeur naturelle, a beaucoup plus d’analogie avec Y Ovula spelta, dont elle est pour ainsi dire un diminutif. Mais qu’est-ce au juste que YOvula triticea de Lamarck (1)? L’auteur lui-mème, après uae courte diagnose peu faite pour nous éclairer, ne nous donne qu’une référence iconographique dou¬ teuse. Mais s’il faut en croire Deshayes, Kiencr et Chenu (2), YOvula triticea , type de Lamarck, serait en effet une forme voisine de l’O. carnea • Il importe donc de distinguer deux Ovula triticea. Le premier, le plus ancien, le seul qui doit subsister, est une espèce africaine, figurée par Kiener et Chenu ; le second, bien distinct du premier et qui doit néces¬ sairement passer en synonymie, a été désigné par l’un de nous sous le nom d 'Ovula obsoleta, et est très suffisamment bien figuré par Payraudeau. C’est une forme régulière, de taille un peu variable, passant de 10 à 15 millimètres de hauteur, et dont la coloration du péristome se détache toujours en blanc, comme l’a fait observer Payraudeau, sur un fond rom, ro e violacé ou blanc grisâtre. Nous avons observé des var. minor, major, rosea, violacea , albida, sur les côtes du midi de la France et aux Baléares. Ovula Nicæensis, Risso. Simnia Nicæensis. Risso, 1826. Hist. nat. Europe mèrid., IV, p. 235, fig. 150. — Ooula Nicæensis, Weink., 1868. In Journ. conch., XVI, p. 246. — Loc., 1892. Conch. franc., p. 36. Habitat. — La Corse, sans indication de localité (Tiberi, in Mtr.). (1) Ovula triticea, de Lamarck, 1822. Anim. sans vert., VII, p. 328. (2) Deshayes, in de Lamarck, 1844. Anim. sans vert., 2r édit., X, p. 470. — CYPRÆIDÆ 219 Observations. — Un seul échantillon, de taille moitié moindre que le type figuré par Risso, et de coloration blanchâtre. Ovula purpurea, Risso. Simnia purpurea, Risso, 1826. Hist. nat. Europe mêrid., IV, p. 235. — Ovula purpurea, Req., 1818. Coq. Co)-se,p.84.— Loc., 1892. Conch. franc., p. 36. Habitat. — R. Bonifacio, dans les rochers corralligènes (Req.); Ajaccio (coll. Jousseaume). Observations. — Nous ne connaissons cette espèce que par les descrip¬ tions qui en ont été données par Risso et Requien. Elle diffère de l’espèce précédente : par sa taille plus petite; par son galbe plus renflé dans son ensemble; par son canal moins long et plus dilaté; par son test striolé seulement aux extrémités ; par sa coloration pourpre, etc. CYPRÆIDÆ Genre TRIVIA, Gray. Trivia Europæa, Montagu. Cyprxa Europæa, Mtg., 1808 Test. Brit, Suppl., p. 88. — Trivia Europæa. Weink., 1868. Conch. mittelm.. II, p. 7. — Loc., 1892. Conch. franc. ,p. 37, fig. 23. — coccinella (Lamck.), Payr., p. 170 (pars). — Europæa (Mtg.), Req., p. 86. Habitat. — C. Toutes les plages (Payr.) ; Bonifacio, Ajaccio (Req.); Porto -Vecchio (coll. Jousseaune) ; principalement sur la côte occiden¬ tale, Saint-Florent. Ajaccio, Pietranera, etc. ; dragué jusqu’à 60 mètres de profondeur. Observations. — Coquille de taille très variable, avec les cordons con¬ tinus, par conséquent sans sillon dorsal, comme l’a très bien fait observer Payraudeau. Mais il est extrêmement probable que ce même auteur a confondu avec le Cypræa coccinella , comme le faisaient les anciens auteurs, le Trivia pullicina. Nous signalerons des var. major, minor, ventricosa, carnea.albida, tripunctata, etc. Cette dernière variété signalée par Requien. Kiener. 1895. Spec. conch., p. 15, pl. 6, fig. 3. — Chenu, 1859. Man. conch., I, p. 272, fig. 1174. 220 GASTROPODA Trivia Jousseaumei, Locard. Trivia Jousseaumei , Loc.. 1884. Prodr., p. 98 et 535. — 1892.Con^/i. franç., p. 37. Cypræa pediculus, Payr., p. 171 (non Lamck.). Habitat. — H. Ajaccio; vit dans tontes les zones. Observations. — On distinguera toujours facilement celte forme de la précédente : à son galbe un peu plus allongé; à ses cordons décnrrents assez forts, discontinus, s'arrêtant suivant une ligne longitudinale sur le dos; etc. La présence des trois taches brunes sur le dos dont parle Pay- raudeau n’e