GL&as F/ 5 2/ ANNALES DE U SOCIÉTÉ LINNÉ EN NÉ 2DUÎ ILYQïï - , a|«3|o « - (NOITVF.M.E série) TOM K SOIXANTE UNIÈME LYON II. <;eor<;, LIBRAIRE- EDITE UH :Ï6, passage de l’hotel-dieu M f M E MAISON A GENÈVE ET A BALE 1915 OP.T 8 ANNALES DE LA S 0 C I É I É L I N N F. K N N E UE l-YOV Lyon. — Imprimerie A. Uey. 4, ruo Gentil. — G^SOÔ soi: i oc ci.vucvw; ID ua ILTÛK (nouvelle série) TOME SOIXANTE UNIÈME LYON Il . (’. U O K (I , LIBRAIRE-EDITEUR 36, PASSAGE DE L- H O T E L -D I E U MÊME MAISON A GENEVE ET A BALE 1915 A K Kl' l U A U U l» U L 1 U K 1 A B L E A U DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉ EX NE DE L V O N BUREAU POUR L’ANNÉE 1914 M. Chaput, président. Mlle Marie Renard, vice-présidente. MM. \ icod, secrétaire général. Dr Pétouraud, secrétaire adjoint. Duval, trésorier. Roux (Nisius), trésorier adjoint. Bonnet, archiviste-conservateur. LISTE DES MEMBRES EN 1014 ntmbrea actifs MM. 1911. Albessard (MUe Aria), place Raspail, 1. 1912. Alexandre, quai de Caluire, 47, à Caluire. igo5. Allemand, docteur ès science», professeur au lycée, rue de l’Ailier, 65, Moulins (Allier). 1895. Arcelin (le Dr Fabien), rue du Plat, 4- 1906. Baillard, employé, quai Pierre-Scizc, 92. ign. Bailly (le Dr), cours Vitton, io4. 1912. Battetta, avenue des Tapis, 4. Soc. LlMN., T. LXI, 191 't VI TABLEAU DES MEMIîUES MM. 1895. Beauverie (Jean), docteur ès sciences naturelles, maître de conférences de botanique à la Faculté des sciences de Nancy (Meurthe-et-Moselle). *866. Beckenstejner (Charles), rue de l’Hôtel-de-Ville, 9. 1910. Béraud, constructeur d’appareils de précision, rue Sé- bastien-Gryphc, 9. 1912. Bidoluet, cours Gambetta, 29. 1912. Bonnamour (le Dr Stéphane), médecin des hôpitaux, ave¬ nue de Saxe, 137. 1901. Bonnet, docteur es sciences, préparateur de zoologie à la Faculté des sciences, quai de la Guillotière, 1. 1907. Bellion (M"e), docteur ès sciences, assistante au Labora¬ toire de physiologie de la Faculté des sciences, quai d’IIerbouville, 48. 1892. Broelmann (Henri), à Pau (Basses-Pyrénées). 1888. Bruet, chef de section de la Cie P.-L.-M., Saint-Marcellin (Isère). 1884. Bruyas (Aug.), quai des Célestins, 5. 1901. Buy (le Dr Paul), grande rue de la Croix-Rousse, 99. 1910. Caillon, rue de la Part-Dieu, 11. 1904. Carra, géologue à Ville-sur-Jarnioux (Rhône). 1899. Caztot, commandant d’artillerie en retraite, quai Luncl, n° 24, à Nice. 1898. Ciianay (Pierre), négociant, rue Pizay, 5. 1906. Cuaput, agrégé des sciences naturelles, professeur d’his¬ toire naturelle au Lycée Ampère. 1900. Charnay, répétiteur général au Lycée Ampère, rue Du¬ quesne, 22. 1901. Ciiifflot, docteur ès sciences naturelles, licencié ès sciences physiques, chargé d’un cours complémen¬ taire et chef des travaux de botanique à la Faculté des sciences, place Jean-Macé, 2. 1887. Ciiobaut (le Dr Alfred), rue Dorée, 4, à Avignon. DR LA SOCIÉTÉ LIXNÉENNR vu MM. 1907. Clément (Hugues), assistant de physiologie à la Faculté des Sciences, ancien externe des hôpitaux, quai Gai l- leton, 37. igo5. Clerc (Joannès), fabricant, rue Puits-Gaillot, 27. 1906. Collet, docteur es sciences, professeur de minéralogie à la Faculté libre des sciences, rue Sergent-Blandan, 48. 190G. Côte, négociant, rue Président-Carnot, 11. 1S71. Coutagne (Georges), ingénieur des poudres cl salpêtres, quai des Brotteaux, 29. 1SS9. Couvreur, docteur ès sciences, chargé d'un cours com¬ plémentaire à la Faculté des sciences, Sainte-Foy-lès- Lyon. 1901. Darboux, professeur de zoologie à la Faculté des sciences de Marseille, boulevard Perricr, 53. 1914. Dar.met (Louis), étudiant en pharmacie, rue de rFpcron, Vienne (Isère). 1912. David (Eugène), cours Morand, 11. 1914. Pelers, rue de Coudé, 12. 1889. Depéret (le Dr Ch.), membre de l’Institut, professeur de géologie et doyen de la Faculté des sciences, route de Sain-Bel, 23, Tassin-la Demi-Lune (Rhône) 1913. Donat (André), chemin de Fontanières, 11, à la Mula- tière (Rhône). 1897. Doncieux, docteur ès sciences naturelles, préparateur de géologie à la Faculté des sciences, rue Jarente, 3. 1882. Driyon (Jules), médecin des hôpitaux de Lyon, avenue de Saxe, 284. 1891. Dubois (le Dr Raphaël), professeur de physiologie géné¬ rale et comparée à la Faculté des sciences, l’hiver a Tamaris-sur-Mer (Var). 1912. Durillon (Jules), orthopédiste, rue de la Charité, 8. 1911. Duval, professeur au Lycée de Saint-Rambert, rue Vau- becour, i3. VI U EMILE. U DES MEMBRES MM. 1 9 1 1 . Eynard (l’abbé), professeur à l’Institution Robin, à Vienne (Isère). i <) 1 1 . Falcoz, pharmacien de ire classe, rue de l’Eperon, à Vienne (Isère). iS84. Faure, directeur de l’Ecole Vétérinaire, rue d’Algérie, n. 1912. Faure (M.), rue Centrale, 24. iSSy. Fournereau (l’abbé), professeur à l’Institution des Char¬ treux. 19x1. Gaillard, docteur ès sciences, conservateur du Muséum d’histoire naturelle, Palais des Arts. 1906. Carnot, avocat, quai de la Pêcherie, 11. iS5i. Gensoul (André-Paul), rue Vaubecour, 4a. 1903. Gérard (R.), professeur à la Faculté des sciences, rue Crillon, 70. 1907. Gérard fDr Marc), à Bressieux, près Saint-Etienne-de- Saint-Geoii's (Isère). 1900. Germain (Louis), préparateur de malacologie au Mu¬ séum, rue Buffon, 55, Paris. 1907. Gicnoux, agrégé des sciences naturelles, préparateur de géologie de la Faculté des sciences, Grenoble. 1909. Gindre, pharmacien de ire classe, grande rue Saint-Clair, n0 76, Lyon-Saint-Clair. 1866. Gillet (Joseph), quai de Serin, 9. 1912. Girod (Louis), rue Saint-Pierrc-de-Vaise, 35. 1890. Givois, pharmacien à Vichy (Allier). 1894. Grance (le Dr Pierre), rue Terme, 18. 1910. Grilat, cours des Chartreux, 21. 1912. Guiart (le Dr Jules), professeur de parasitologie à la Faculté de médecine, quai Gailleton, 36. 1897. Guillerriond, docteur ès sciences, rue de la République, n° 19- 1862. Guimet (Emile), place de la Miséricorde, 1. jSqS. LIutinel, professeur au Lycée Saint-Rambert, quai Jaÿr, n° 19. [>F. LA SOCIÉTÉ U.WÉENNF. !\ MM. 1909. Jacquet, orfèvre, place de la Bourse, 3. 1912. Jacquet (Claude), chimiste, avenue Beauséjour, 5, Vienne (Isère). 1907. Jarricot (le Dr J.), chef de laboratoire à la Faculté de médecine, cours Gambetta, 9. 1907. Lacomme (le Dr), licencié ès sciences, inspecteur départe¬ mental d’hvgiène, villa Jojo, avenue d’Edimbourg, 36, à Amiens (Somme). 1909. L^ Croix-Laval (Maurice de), quai Gailleton, 22. 1 SS '1 . Lacroix (le Dr Eugène), grande rue des Charpenncs, 45. 1914. Lacroix (Joseph), place du Donjon, Niort (Deux-Sèvres). 190g. Lambert, président du Tribunal civil, Troyes (Aube), rue Saint-Martin, 67. r 9 1 1 . Lardet, docteur en pharmacie, rue Pierre-Corneille, 3g. 1 9 1 1 . Laurent, agrégé d’histoire naturelle, professeur au Ly¬ cée Ampère. 1 9 1 3 . Lavirotte, notaire, cours Morand, 4- 1907. Leyrat (Daniel), directeur du laboratoire d’études de la Soie, à la Condition des Soies, aux Verchères, Calibre (Bhône). 1 9 1 1 . Licier, grande rue de la Guillotière, no. 1 9 1 3 . Liquier (Samuel), rue Bissardon, 18, Caluire (Bhône). 1906. Locard (le Dr Edmond), rue Victor-Hugo, 48. 1873. Magnin (le Dr Antoine), professeur à lu Faculté des scien¬ ces de Besançon. igi3. Marchand (II.), préparateur au laboratoire de biologie, Ta mari s-s u r-M cr (Var) . 1 9 1 r . Marmorat (Théophile), boulevard du Nord, 66. 1 9 r 4 - Martin (Abbé J. -B.), docteur es sciences, curé de Bey- nost (Ain). 1901. Massonnat, docteur ès sciences, préparateur de zoologie à la Faculté des sciences. 1897. Maurette (Laurent), attaché au laboratoire de géologie de la Faculté des sciences. X TA BU; AU DES MEMBRES MM. 1910. Mayet (le Dr Lucien), rue Emile-Zola, i5. 1910. Mazeran (Pierre), étudiant en sciences naturelles, rue Sully, 137. 1887. Mermier (Elie), ingénieur aux Chemins de fer fédéraux, boulevard de Grancy, à Lausanne (Suisse). 1891. Michaud, quai de la Pêcherie, i3. 1881. Moitier, ancien directeur du Lycée Saint-Rambert, près Lyon. 1912. Mortamet (Gabriel), architecte, quai des Brotteaux, 29. 1907. Mourier des Gayets, place Bellecour, 18. 1910. Nayrac, professeur au Collège de Dreux (Eure-et-Loir). 1910. Nicon (Paul), peintre verrier, rue Saint-Georges, 122. 1907. Pelosse (Jean), agrégé de l’Université, préparateur de zoologie à la Faculté des sciences, rue de la Bourse, '|3. 1912. Perret (Horace), Saint-Gcnis-Laval (Rhône). 1879. Perroud (Charles), axrocat, place Bellecour, iG. 1911. Pétouraud (le Dr), place des Terreaux, 9. 1912. Pic (Maurice), entomologiste, directeur de l’Echange, à Digoin (Saône-et-Loire). 1893. Rebours, rue Godefroy, 20. 1911. Renard (M“® Marie), professeur au Lycée de jeunes tilles, rue Boileau, 90. 1873. Rérolle (Louis), directeur du Muséum de Grenoble (Isère). 1892. Rey (Alexandre), imprimeur-éditeur, rue Gentil, 4- i8G4- Riaz (Auguste de), quai de Serin, 68. 1882. Riciie (Attale), docteur es sciences, chargé d’un cours complémentaire à la Faculté des sciences, avenue de Noailles, 56. 1907. Riel (le Dr), boulevard de la Croix-Rousse, 122. 1912. Robin, sous-intendant militaire en retraite, rue Victo- rien-Sardou, 21. DK LA SOCIÉTÉ LINNÉ KNNK xi MM. 1909. Rochaix (le Dr), chargé de cours, chef de travaux à la Faculté de médecine, chef de service à l’Institut Pas¬ teur. 1 g 1 t . Rocier, docteur en droit, Grande-Rue, 89, Caluire (Rhône). 1892. Roman (Frédéric), docteur ès sciences naturelles, prépa¬ rateur de géologie à la Faculté des sciences, quai Saint-Clair, 2. 189/1- houx (Claudius), docteur ès sciences naturelles, profes¬ seur à la Faculté libre des sciences, rue Tramassac, 2. 1873. Roux (Nisius), chemin de la Sœur-Vially, 5, Lyon-Saint- Clair. 1911. Russo (le Dr), médecin aide-major de irc classe, hôpital de Rizerie (Tunisie). 1912. Saxcey (le Dr), rue d'Algérie, 21. igio. Sayn, à Montvendre, par Chabeuil (Drôme). 1910. Sérullaz (Georges), docteur en droit, avocat à la Cour d’appel, place Bellecour, 8 ; l’été au château d’Yvours, par Irigny (Rhône). 1913. Vindry (Xavier), rue Servient, 37. 1890. Vaffier (le Dr), à Chânes (Saône-et-Loire). 1899. Vaney, docteur ès sciences, agrégé des sciences naturel¬ les, maître de conférences de zoologie à la Faculté des sciences, rue Cuvier, 69. 1906. Varenne (Georges), fabricant, rue Lafont, 2. 1912. Yenot (MUe Marie), professeur au Lycée de jeunes filles, rue Rabelais, 10. 1898. Yermorel, ingénieur-agronome, à Yillefranche (Rhône). 1902. Yillard, ingénieur-agronome, Sainte-Foy-lès-Lyon. 19x1. Yolle, pharmacien de ire classe, à Vernaison (Rhône). 1 SS r . Xambeu, capitaine en retraite à Ria, par Prades (Pyré¬ nées-Orientales). ■ », A PROPOS DES ZONES DE CROISSANCE DE CERTAINES ALGUES PAU Hugues CLÉMENT Assistant de Physiologie à la Faculté des Sciences de Lyon. - *<>«-- - Plus l'étude des phénomènes vitaux progresse, plus elle se simplifie, s’ordonne en un certain nombre de principes direc¬ teurs, communs à de vastes catégories d’êtres. Quelle clarté n'ont pas — par exemple — jeté les notions Fig. i. — Culture de pénicillium. de sporophytes et de gamétophytes universellement admises aujourd’hui... Les plantes dites inférieures, si commodes sou¬ vent par leur évolution rapide, la facilité de leur reproduction, la simplicité de leur sulructure, doivent permettre de préciser bien des questions depuis longtemps pendantes chez les pha¬ nérogames. Plus on avance dans la connaissance des végétaux, plus il se dégage une similitude dans les procédés de la nature, plus les méthodes tendent à devenir philosophiques. Soc. Linn., t. lxi, 1914 1 A U U 0 U L U it / n u /■ u i 2 A PROPOS DES ZONES DE CROISSANCE DE CERTAINES ALGUES Les conditions de milieu ont pu produire des variations entre l’accomplissement d’une même fonction chez différents types d’un règne, mais ce ne sont souvent que des modifications de détail, le fondement du phénomène apparaissant partout sem¬ blable à lui-même. Partant de ces idées, il nous a paru bon de vous présenter cette culture de penicellium. Obtenue sur gélose au sel, nous pouvons très distinctement y reconnaître tout un système de stries concentriques et radiales. Fig. a. — Udolea dapres Oltmanus, Iena igo4- Ce sont là des zones d’accroissement. Née d’un noyau central, la culture est allée s’irradiant progressivement. Au début, ce furent de petits points juxtaposés donnant l'impression de plusieurs spores germant côte à côte et s’étendant comme les rayons d’une roue. Puis, à cet accroissement, est venu s’en joindre un autre en largeur, plus intense que le premier, très rapide même, puisque, par une série de digitations successives, les rameaux du début, malgré les angles de plus en plus ouverts, se confondirent bientôt. La surface externe présente actuellement, d’une manière très distincte, un assez grand nombre d’îlots d’accroissement. Cha- A PROPOS DES ZONES DE CROISSANCE DE CERTAINES ALGUES 3 cun d’eux correspond à une des digitations signalées. Il semble qu’il existe là une véritable dichotomie, seule capable de per¬ mettre une augmentation aussi importante de la surface végé¬ tative. Ces îlots représentent, en réduction, le champignon total. M. Chifllot, à qui nous montrions ces faits, eut l’amabilité d’attirer notre attention sur les ressemblances d’une semblable culture avec certaines algues brunes. Dans la Méditerranée, on trouve, en effet, fréquemment de Fig. 3. — Champignon. petites algues semi-circulaires, dont la contexture peut, elle aussi, se caractériser par une imbrication de stries radiales et concentriques. L’accroissement de ces dernières plantes semble provenir également d’une série de petites zones successivement déve¬ loppées et soudées. La périphérie de certains échantillons appa¬ raît sinon comme une véritable dentelle, du moins comme une succession de parties minces et épaisses, opaques et transpa¬ rentes, légèrement arrondies. La comparaison de l’algue (x) et de la culture en préciseront (i) Udolea. A PROPOS DES ZONES DE CROISSANCE DE CERTAINES ALGUES mieux que nous ne saurions le faire, les points communs. Pour les raisons indiquées au début, il nous a paru bon d’apporter notre contribution, si modeste soit-elle, à la botanique générale. Pour terminer, disons enfin qu’une quantité de champignons inférieurs peuvent présenter un aspect plus ou moins voisin de Fig. 4. — Algue. celui qui nous occupe. Cette modification semble naître lorsque le dessèchement du substratum atteint un degré avancé. Cette déshydratation, toutefois, doit s’opérer lentement. Nous l’avons remarquée en été, par exemple, sur des flacons plats insuffi¬ samment bouchés, et permettant donc l’évaporation de l’eau. N 0 T ES N E V R 0 P T E R 0 L 0 G I Q L' E S OU ELQUES NÊVROPTÈ K ES recueillis dans les départements DE L’AIN, LA HAUTE-SAVOIE, LE RIIoNE L’ISÈRE, L’ARDÈCIIE LE VA R El LES HAUTES-PYRÉNÉES r ar J. LACROIX Noie préseutéc à la Société Linnéennc de Lyon, à la Séance du ia janvier 1914. La faune des Névroptères de France est si peu connue que la moindre contribution est intéressante. Celle-ci est minime, en effet, mais nous la croyons nécessaire parce qu elle donne quelques renseignements sur certains points de notre sol et mentionne quelques espèces n'évroptères de France (Feuille des Jeunes M raluralistcs. i8c année 1887-1888 ) DE L’AIN, LA HAUTE -SAVOIE, LE RHONE, ETC. Perlides. Perla marginata, Panz. — - Cauterets (Hautes-Pyrénées), i.4oo m. d’altitude, 9 juillet 1913. * Périodes intricata, Pict. — Lac d’Estom (Hautes-Pyrénées), 1.800 m. d’altitude, 12 juillet 1913. Chloroperla grammatica, Scop. — Saint-Georges-les-Bains (Ardèche), n mai 1913. Isopteryx torrentium, Pict. — Saint-Georges-les-Bains, 11 mai 1913. * Isopteryx neglecta, Bost. — M. le Dr Biel nous avait déjà envoyé un exemplaire de cette espèce capturé à Lyon, le 26 avril 1913. Isopteryx apicalis, Newra. — Nous avions également reçu du \r Biel cette espèce capturée à Lyon le 17 juin 1912. Chrysopides. Chrysopa vulgaris cingulata, Nav. — Charbonnières (Bhône), i5 noA’embrc 19 t 3. Chrysopa 7 punctata, Wesm. — Lyon, 26 juin 1913. Chrysopa perla, L. — Cauterets (Hautes-Pyrénées), i3 juil¬ let 1913. Hémérobides. Ilemerobius humili, L. — Semons (Bhône), 6 avril 1913, et vallon de la Cadette (Ain), 3 mai 1912. Hcnierobius marginatus, Steph. — Lyon (Bhône), 20 mai 1 9 1 3 . Micromus variegatus, Fabr. — Saint-Georges-les-Bains (Ar¬ dèche), 11 mai 1913, et la Pape, marais (Ain), 23 mai 1913. Conioptérygides. Coniopteryx tineiformis, Curt., — Saint-Georges-les-Bains (Ardèche), 11 mai 1913. Semidalis curtisiana, End. — Lyon, ier juin 1913. Psocidès. Graphopsocus cruciatus, L. — Pusignan (Isère), 17 novem¬ bre 1912. 8 QUELQUES NKYROPTÈRES Ectopsocus limbatus, Nav. — Tassin (Rhône), 3i octobre iqi3. Cæcilius fuscopterus, Lalr. — La Tour-de-Salvagny (Rhône), ii août 1913. Cæcilius flavidus, Cuit. — Tassin (Rhône), 3i octobre 1 g 1 3 . Sialides. Sialis lutaria, L. — Lac de Gaube (Hautes-Pyrénées), 1.700 m. d’aUitude, 10 juillet 1913. Panorpides, Panorpa communis, L. — Chamonix (Haute-Savoie), i3 juil¬ let 1913 ; Colombier-du-Bugey (Ain), i.5oo m. d’allitude, 29 juin 1 9 1 3 ; la Pape, marais (Ain), 23 niai 1913. Yar. vulgaris, Imhoff. — Chamonix (Haute-Savoie), i3 juil¬ let 1913. Yar. Couloni, Lacr. — Echantillon très typique. Bois de Marcy (Rhône), 9 mai 1913. Panorpa germanica, L. — Lyon, bois de Marcy et Charbon¬ nières (Rhône), en mai et octobre 1913 ; plateau de Cuermoz (Ain), i.3oo m. d’altitude, 29 juin 1913. Panorpa tneridionalis, Ranib. — Caulcrels (Hautes-Pyré¬ nées), 16 juillet 1913. * Panorpa annexa, Sélys. — Lyon, les Massues et chemin des Deux-Amants (Rhône), les 18 et 19 mai, 8 juin et 16 septembre 1913 ; Charbonnières (Rhône), 29 août 1913. TRICHOPTÈRES Limnophilides. Anabolia nervosa, Leach. — cf, bords de l’Yzeron et barrage du Moulin de Gôt (Rhône), 27 septembre 1912. Stenophylax stellatus, Curt. — cf $, lac d’Illéou (Hautes- Pyrénées), 1.986 m. d’altitude, 24 juillet 1913 ; lac de Gaube (Hautes-Pyrénées), 1.750 m. d’altitude, i4 juillet 1913. Stenophylax permistus, M’ L’. — ( = concentricus , Zett.) cf, Coteau au-dessus de Mérey (Ardèche), ier mai igi3. 1)F. L’AIN, LA HALTE-SAVOIR, LF RHONF, F.TC. 9 * Micropterna testacea, Gmel. — cf, Brindas (Rhône), 21 oc¬ tobre 1912. * Chætopteryx villosa, Steph. — cf, la Tour-de-Salvagnv (Rhône), 24 novembre 1912. Séricostomatides. Sericostoma personatum, Spence. — cf, Cauterets (Hautes- Pyrénées), 7 juillet 1913. Silo nigricornis, Pict. — cf $, Saint-Georges-les-Bains (Ar¬ dèche), 11 mai 1913. Leptocérides. Leptocerus Braueri, Ld. Pict. — cf, Fontaines-sur-Saônc (Rhône), i4 juin 1912. Leptocerus riparius , Alb. — cf, Lyon (Rhône), 17 juin 191» . * Œcetis ocbrocea, Gurt. — $, Lyon, 2.3 juin 1913. Philopotamides. Pliilopotamus monlanus, Poney. — cf 9, Cauterets (Hautes- Pyrénées), i.4oo m. d’altitude, 9 et n juillet 191.3 ; lac de Gaube (Hautes-Pyrénées), 1.750 m. d’altitude, i5 juillet 191.3. Hydropsychides. IJydropsychc pcllucidula, Curt. — cf, Cauterets (Hautes- Pyrénées), i.4oo m. d’altitude, 9 juillet 1913. Niort, décembre 1913. NOTE SLR QUELQUES ESPÈCES ANCIENNES DU GENRE CLYPE ASTER PAR J. LAMBERT - > - - - Le? Echinides de ee genre ont été longtemps considérés comme appartenant au Miocène; c'est, en effet, seulement vers la fin des temps oligocènes que les Clypéastres ont pris leur subit développement et que leurs espèces se sont brusquement diversifiées et multipliées. On a cependant assez souvent cité quelques Clypéastres dans le Nummulitique, mais la plupart appartenaient en réalité à l'Oligocène. Très rares, les formes positivement éocéniques ne sont connues que depuis quelques années et assez incomplètement. 11 m'a paru intéressant d'ap¬ peler sur elles et sur les débuts du groupe cryptogène que compose les Clypéastres, l'attention de la Société Linnéenne. La première espèce éoeène fut établie par Agassiz en 1840 sous le nom de Lagana profunda, d'origine précise inconnue, mais attribuée au calcaire alpin de la Suisse. Versée l’année suivante par son auteur dans le genre Clypeaster (1), non figu¬ rée, vaguement décrite par Desor, elle n’est longtemps connue que par -«on moule, P. 2 5; puis le Catalogue raisonné en fait, évidemment à tort, un Eehinocyamus et Desor, non sans hési¬ tation, un Sismondia; enfin, en 186”), Ooster en donne la pre¬ mière figure (2). C’est une espèce de petite taille, mesurant 56 millimètres de longueur, sur '16 de largeur et iô de hauteur, polygonale, à bords épais, un peu laganoïdes, face inférieure concave, (1 Monographie des Sculelles. p. iai. i8'ii. (2) Pétrifications remarquables des Alpes suisses. « les Echinodermes ». p. 62. pl. XI. fig. 3. i865. Soc. Lins., t. ni, 1 9 ! 4. 3 12 NOTE SIR QUELQUES ESPÈCES ANCIENNES à sillons peu profonds, sans infundibulum distinct; les pétales assez longs sont droits et ouverts. De Loriol n’a même pas mentionné ce Clypéastre dans son Echinologie Helvétique, et Cotteau a suivi dans la Paléontologie Française, cette commode abstention. L’espèce était si bien oubliée que d’Archiac, en i85o, avait proposé le même nom pour une espèce différente du Miocène de l’Inde (Gaj série) qu’il croyait d’ailleurs beaucoup plus ancienne. Pour éviter toute confusion de l’espèce du Nummulitique des Alpes avec celle du Sind décrite et figurée par Haime comme Echinanthus prof un dus, je désigne cette dernière sous le nom d eClypeaster Haimei. Lorsque Laube, en 1868, établit son Clypeaster Breunigi des couches oligocéniques de Montechio maggiore; il ne pense même pas à le comparer au C. profundus Agassiz. C. Breu¬ nigi en diffère d’ailleurs par sa forme plus déprimée, à bords contournés et ses pétales plus étroits, effilés, nettement fermés. Mais les confusions entre les deux espèces commencent avec Dames, qui prétend réunir au C. Breunigi le C. scutiformis Ouenstedt (non Lamarck) du Priabonien des Colli Berici, que je crois identique au C. profundus. Le C. Breunigi décrit et figuré en 1908 par M. Fabiani, provenant du Priabonien de S. Yito, près Brendola, est très différent du type de Laube; ses pétales sont larges et très ouverts; il ne se distingue pas selon moi du C. profundus. Il n’en est pas de même du C. Breunigi Oppenheim, encore attribué au Priabonien de Pos- sagno (1), mais qui est bien conforme au type de Laube. Il existe enfin un troisième ou quatrième (2) C. Breunigi, c’est celui d’Egypte, décrit et figuré par de Loriol. Complète¬ ment différent du type de Laube, il semble se distinguer du C. profundus par sa forme plus pentagonale, plus élargie en avant, ses bords moins épais, ses pétales autrement dispo¬ sés, l’impair le plus long. Je désigne ce Clypéastre sous le nom de C. Fourtaui. Nous avons vu que les espèces de l’Inde décrites par Haime comme Nummulitiques, appartiennent en réalité au Miocène. (1) Le Priabonien de M. Oppenheim est très étendu ; c’est un complexe, qui comprend, à mon avis, une partie du Tongrien. (2) Le troisième est celui du Tongrien, mon Cl. Fabianii (voir plus loin, p. 16). DI GENRE CLYPEASTER 13 Cotteau, en 1873, a signalé dans son Eocène de Biarritz, son C. biarritzsensis ; mais l’espèce se trouve seulement dans l'Oligocène inférieur, Tongrien. Pomel, en i885, a décrit son C. atavus comme appartenant à l’Eocène d’Algérie, mais il est aujourd’hui reconnu que les couches nummulitiques du Kef-Iroud sont déjà oligocéniques (1). Oppenheim nous a fait connaître le second Clypéastre pa¬ raissant réellement appartenir à l’Eocène, son C. prisais. C’est une forme très déprimée, ovalaire, soulevée sous les pétales, élargie et subtronquée en arrière; bords amincis; pétales longs, droits, très ouverts; son aspect général semble le repprocher de Præscutella. Il provient du Priabonien de Romano, près Bas- sano (2). Enfin, M. Boussac a le premier signalé un Clypéastre plus franchement éocène dans l’étage auversien de la côte des Basques, à Biarritz, sous le nom de Biarritzella marbellensis (3). Malheureusement, l’espèce et le sous-genre furent établis sur un débris dont on ne connaissait bien exactement ni la face inférieure, ni les pétales, ni les cloisons internes. M. Boussac a cependant pu reconnaître que son espèce subpentagonale, liés déprimée, avait scs bords amincis (4) sa face orale plane peut-être un peu déprimée près du péristome, avec sillons peu développés n’atteignant pas le bord (5), enfin des pétales à fleur de test, droits, largement ouverts. Toutes ces formes ne seraient, d’après M. Cragin que des dérivés de son Scutellaster cretaceus attribué à des couches plus anciennes que l’Eocènc, de Colorado Springs et signalé comme une forme synthétique d’où seraient dérivés à la fois Scutella et Clypeasler (6). Malheureusement, si de pareilles (1) Voir Dalloni : Comptes rendus Acad, des Sc., t. CLVI, p. 1711, juin, if)i3. (2) Oppenheim : Die Priabonaschichten und ihre fauna, p. 92, Taf. V, fig. i4, 1901. (3) Etudes stratig. et paléont. sur le A’ummulitique de Biarritz, p. 3o, pl. VII. fig. 1. 5, 1911. (4) L’examen de la planche ferait croire le contraire, niais le texte est formel cl tous les débris recueillis depuis sont conformes au texte. (5) Ces caractères sont en partie ajoutés d’après l’examen des débris recueillis par M. Castex. (6) A new cretaceous Genrs of Clypeartridæ (American Geologist., vol. XV, p. 90, 1895). Soc. Linn., t. lxi, 1914 3* 14 .NOTE SIR QUELQUES ESPÈCES ANCIENNES hypothèses témoignent de l’imagination d’un auteur, elles ne valent pas, au point de vue scientifique, une bonne description, ou la moindre ligure. Or, M. Cragin, dans sa description, ne donne aucun caractère qui permette de se faire une idée même approximative du Sciitelluster crelaceus, lequel reste une espèce purement nominale, dont il est même impossible de préciser la famille et de dire si c’est plutôt un Clypeastcridse qu’un Sculcllidte (i). Dans ces conditions, il n’v a pas lieu de faire élal, quant à présent, du Scutellaster crelaceus. Enfin, M. Boussac, dans un travail récent sur le Nununu- litique alpin (2) a rapporté au C. prisais Oppenheim un Cly- peaster du Priabonien des Scaffarels, qui serait, à mon avis différent. Quoiqu’il en soit de la prétendue espèce américaine, nous étions en présence d’au moins deux formes éocéniques bien distinctes, Biarritzella d’une pari, et de l’autre le Clypeaster profundus, pour lequel j’avais proposé l’année dernière (3) le terme subgénérique Palæanthus, en prenant pour type le Cl. Brunigi Fabiani (non Laube), c’est-à-dire précisément cette forme du Cl. profundus. Depuis lors, les découvertes de M. Castex dans les falaises de Biarritz et celles de M. le Dr A. Guebhard dans l’Eocène supérieur des Alpes-Maritimes m’ont fourni de très précieux matériaux qui me permettent de reprendre l’étude si intéres¬ sante des Clypéastres de l’Eocène. En ce qui concerne le genre Biarritzella, grâce à de nou¬ veaux débris, j’ai pu en reconnaître les caractères internes et, en même temps, compléter légèrement sa diagnose. Les cloi¬ sons du Biarritzella marbellensis sont, limitées à la marge et forment des séries radiales, en éventail, partant du bord, comme centre et s’épaississant vers leur extrémité interne. A ces cloisons, d’un dessin très élégant, succède une rangée de piliers en bordure du canal intestinal. Au delà de la marge et (1) Ses pétales, qui seraient fermés, le rapprocheraient d’ailleurs plutôt des Scutellidæ. (2) Etudes paléontologiques sur le Nummulitique alpin, in-4°, 437 pages et atlas de 22 planches doubles, 1912. (3) Description des Echinides des terrains néogènes du bassin du Rhône, p. 89, 1912. 1)1 GEiSRK GLYPEASTER 15 du canal intestinal, il existe bien d’autres expansions du test rappelant les piliers centraux des vrais Clypeaster; niais ces expansions ne paraissent pas s’abaisser jusqu’à la face orale; clics 11e constituent pas encore de véritables piliers et le test, non soutenu dans sa partie centrale, y est généralement effon¬ dré, tandis que les débris des marges plus solides se sont beaucoup mieuv conservés. Celte disposition des cloisons internes de Biarritzella est tics intéressante à constater et établit entre ce petit genre et les vrais Clypeaster une différence pl us grande que 11e l’ima¬ ginait M. Boussac. O11 sait, en effet, que chez l’espèce vivante A- Fig. 1. — Cloison du Biarrilsellu marhellensis. A. Bord latéral. B. B. Canal intestinal bordé de piliers. Cl. rosaceus des Antilles, le bord est épaissi par quelques cloi¬ sons concentriques serrées, tandis que de larges piliers rami- liés s’élèvent en deçà de l’espace circulaire libre réservé aux replis de l’intestin. La disposition reste la meme, chez Cl. subdepressus, à cloisons marginales concentriques plus nom¬ breuses et piliers centraux plus ramifiés. Chez Rhaphido- clypus, le bord libre loge l’intestin, tandis que le centre s’hérisse de cloisons irrégulières radiales formées de lignes de piliers. L’existence de cloisons encore radiales et le peu de dévelop¬ pement du système des piliers chez Biarritzella sont des carac¬ tères archaïques indiscutables, puisque les plus anciens Eehi- nides cloisonnés, les Discoides crétacés, les Eoscutidæ (1) de l’Locène présentent seulement des cloisons radiales, en nombre lixe et limité. Quant au Clypeaster profundus, dont j'ai ci-dessus donné la diagnose, nous avons vu qu’il y avait lieu de lui rapporter au (1) Je donne ce nom à la première famille des Clypeastroid a comprenant les genres Echinocyamus, Fibularia, Sismondia, etc., notamment le genre Eoscutum créé pour les anciens Sctilellina du type de PorpileUn Doncieuxi Lambert. 16 NOTE SIR QUELQUES ESPÈCES ANCIENNES moins l’un des C. Breunigi de M. Fabiani, celui du Priabo- nicn de S. Vito di Brendola (fig. 20). Quant au second, celui de Lonigo (fig. 19), plus pentagonal, à bords plus renflés, plus élargi en arrière et pétales moins ouverts (1), c’est une forme évidemment différente, attribuée non sans hésitation au Pria- bonien, mais qui remonte plus haut, car je possède un excel¬ lent individu de cette espèce provenant du Tongrien de San Gonini. Pour éviter de regrettables confusions, je la nom¬ merai Cl. Fabianii. J’aurais été assez embarrassé pour Fixer exactement les carac¬ tères de mes Paleanthus, si M. À. Guebhard ne venait de re¬ cueillir à Saint-Vallier de Thiey, dans le Nummulitique supé¬ rieur de Caslela, au niveau des grès de l’Auversien un magni¬ fique Clypéastre qui rentre très exactement dans cette section et que je nomme Paleanthus Boussaci. Cet individu mesure 100 millimètres de longueur sur 75 de largeur et 20 de hau¬ teur; il est subpenlagonal, à bords sinueux, rostré en avant, légèrement tronqué en arrière; sa face supérieure déprimée, un peu soulevée vers la région centrale, a ses marges épaisses, laganoïdes, arrondies vers leurs bords ; sa face inférieure concave, sans infundibulum, a ses sillons assez apparents ; pétales longs, presque droits, très largement ouverts, surtout les antérieurs pairs qui s’évasent progressivement en appro- (1) Paléontologie dei Colli Berici. p. 80, tnv. î, fig. 20, 1908. DU GENRE CLYPEASTER 17 chant du bord. A l’intérieur, bords épaissis encroûtés sur une épaisseur variable par un petit nombre de cloisons, piliers internes rares. Autant que l’on en peut juger sur une cassure et d’après un commencement d’usure latérale du test, les cloi¬ sons, ou partie d’entre elles, ne seraient pas sans analogie avec celles de Biarritzella. Fig. 3. — C, Boussaci. Coupe transversale de grandeur naturelle. Ainsi Paleanthus se distingue de Biarritzella par sa forme moins déprimée, ses bords arrondis, épais, laganoïdes, sa face inférieure concave. Quant au Clypeaster priscus Oppenheim, dont je viens ci- dessus de rappeler les caractères, avec sa forme très déprimée et ses bords amincis, on ne saurait le rapprocher de Palean¬ thus; mais ce n’est pas davantage un Biarritzella. Ce n’est pas non plus un Laganidea Pomel, puisque le type de ce dernier, le Cl. atavus Pomel du Tongrien d’Algérie, ovalaire, beaucoup plus épais, avec nombreux piliers internes, est très différent et il y a lieu de faire de cette forme le type d’une section parti¬ culière Guebhardanthus. Quant au Cl. prisciis Boussac du Barbonien des Scaffarels, c’est une forme évidemment différente du type italien plus déprimé, plus large, arrondi en avant, subtronqué en arrière, soulevé seulement dans la région périapicale, tandis que le Clypeaster des Scaffarels est subpentagonal, arrondi en arrière, plus régulièrement déclive en dessus. Mais l’espèce des Scaffarels a été retrouvée par M. Guébhard dans l’Eocène supérieur, Bartonien de Saint-Vallier de Thiey. Ce Clypeaster des Scaffarels beaucoup plus déprimé et moins épais que les Paleanthus profundus et P. Boussaci a sa face orale concave et ses bords peu épais, non laganoïdes; ses cloi¬ sons et ses piliers le rapprochent plutôt des Laganoidea et je nommerai cette espèce Laganoidea Sayni. NOTE SI R QUELQUES ESPÈCES ANCIENNES 18 Dans des couches plus marneuses, que je crois plus élevées, et qui doivent être attribuées au Priabonien, M. Guébhard a encore recueilli à Saint-Vallier-de-Thiey un fragment d’un autre Clypeaster, malheureusement très déformé, mais qui ne mesurait pas moins de 80 millimètres de largeur et était remarquable par ses pétales à la fois très courts (18 milli¬ mètres) et très ouverts, moins toutefois que ceux du Paleanthus Boussaci; ses marges très étendues et très déprimées le rappro¬ chent de Guebhardanthus, sans que l’on puisse cependant affirmer, avant de nouvelles découvertes, s’il appartient réel¬ lement plutôt à celle section qu’à celle des Biarritzella. Nous voici en résumé aujourd’hui en présence de quatre formes bien différentes de Clvpéastres éocènes, reliées cepen¬ dant par des caractères communs de l’absence d’infundibulum et par leurs pétales largement ouverts. Biarritzella et Paleanthus remontent à l’Auvcrsien; Laga- nidea apparaît dès le Bartonien; Guebhardanthus est du Pria¬ bonien. Paleanthus ne saurait dériver de Biarritzella, de même Age que lui. Peut-être Laganidea dérivc-t-il de Paleanthus ? Quant à Guebhardanthus, il est encore trop peu connu pour que l’on puisse en apprécier complètement les caractères. Mais, avant de jeter un coup d’œil sur ces questions d’affi¬ nités et peut-être de filiation des formes, il me semble indis¬ pensable de passer rapidement en revue les Clypéastres pré- miocéniques, du Tongrien et du Stampien. En France, il n’en existe que deux : l’un et l’autre du Ton¬ grien de Biarritz, Clypeaster biarritzensis Cotteau, subpcnta- gonal, déprimé, à face orale concave qui commence à se creu¬ ser en infundibulum, près du péristome; bords assez épais, non laganoïdes ; pétales droits, ouverts, sans que les zones porifères continuent à s’écarter jusqu’à leur extrémité. On peut le considérer comme un bon type de Laganidea. C. Bouil- lei Cotteau en diffère par ses marges plus étendues, son test soulevé au centre en chapeau chinois, et surtout ses pétales moins ouverts, tendant sensiblement à se fermer. C’est une forme qui se rattache sans doute à Guebhardanthus, mais déjà plus évoluée, à caractères plus modernes. Les Clypéastres de l’Oligocène sont surtout nombreux en Italie, où Airaghi n’a pas décrit moins de huit espèces al t ri- DU GENRE GLYPE V ST Kl» 10 buées par lui au Tongrien. L’espèce la plus anciennement con¬ nue est le CA. Breunigi Laube dont j’ai rappelé ci-dessus la diagnose, subpentagonal, à bords laganoïdes contournés, face orale concave et pétales peu développés, fermés. Cette forme constitue un type très particulier pour lequel je propose la section Laubeanthus ; le type paraît être du Stampien de Mon- teehio maggiore (i). Quant au C,. Breunigi de Lonigo, douteux dans le Priabonien, qui remonte dans le Tongrien de San Gonini et dont je viens de faire mon CA. Fabianii (a), il pa¬ raît devoir être rattaché plutôt aux Paleanthus qu’aux Lagani- dca en raison de ses bords laganoïdes. Le CA. Michelini Laube du Tongrien de Cassinelle est une assez grande espèce, déprimée, à bords épais, non laganoïdes, face orale subconcave, dont le péristome commence à s’en¬ foncer et dont les larges pétales commencent à se fermer. C’est ainsi une forme extrême et relativement très moderne de Laga~ nidea (3). Le Cl. placenta Michelotti du Tongrien de Dego, figuré par Michelin (4), mais confondu par lui avec des formes miocéni- ques de Sehio, est une espèce subpentagonale assez épaisse, qui, en raison de ses pétales et de sa face inférieure, présente un intérêt particulier. En effet, les pétales encore ouverts ten¬ dent cependant à se fermer et la face orale, se creusant au voisinage du péristome, dessine un commencement d’infun- dibulum. Cette espèce semble donc former passage des T.aga- nidea aux Paratinanthus (5). Le Cl. Paronai Airaghi du Tongrien de Carcare (6), est une forme voisine du C. biarritzensis , mais plus épaisse, subco¬ nique, à bords arrondis, sublaganoïdes, face ovale concave, pétales plus ouverts; il me paraît appartenir encore à la section Paleanthus. (1) Laube ; Ein beitrag zur Kenntnis (1er Echinodermen der Vicentinis- rlien Tertiargebietes, p. 19, Tab. II, fig. 8, i865. (а) Fabiani, Paléontologie dei Colli Berici, p. 80, tav. I, fig. 19, 1908. (3) Laube, op. cil., p. 19, Tab. III. fig. 1, i865. (4) Michelin : Monographie des Cdypéaslres, p. ia3, pi. XVII. fig. a, 1861. (5) Ce terme est destiné à remplacer celui de Paralina Pomel, 1887 (non Mile, 1874). (б) Airaghi : Echinidi del bacino délia Bormida, p. i4, tav. VI. fig. a, i^99- 20 NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES ANCIENNES Le C.l. pentagonalis Michelotti esl un débris informe prove¬ nant du Tongrien de Dego; complètement encroûté, il res¬ semble plutôt à un Spongiaire qu’à un Echinide et la préten¬ tion d’Airaghi de ressusciter ce débris indéterminable est plu¬ tôt malheureuse. Airaghi substitue d’ailleurs au prétendu type de Dego un individu de Cassinelle dont il donne une figure (i). Le Cl. pentagonalis ainsi interprété est une forme pentagonale, voisine du Cl. Paronai, mais à pétales moins ouverts, bords non laganoïdes. C’est encore une espèce de Laganidca. La prétention d’Airaghi de revenir deux ans plus tard sur l’interprétation par lui donnée de l’espèce de Michelotti est complètement inadmissible. Cet auteur, en effet, a émis en i,)oi la prétention de rejeter son C.l. pentagonalis dans la syno¬ nymie du C.l. biarritzensis en identifiant ce dernier au pré¬ tendu Cl. pentagenalis Michelotti. Les deux formes étant d’ail¬ leurs différentes, il a imaginé de substituer à son néotype de Cassinelle deux individus, l’un du Tongrien de Tagliolo (fig. i), l’autre du Tongrien de Dego (fig. a) certainement différents du néotype de 1899 (a). En même temps, et contrairement aux indications de sa synonymie, la forme pentagonale, qui con¬ stituait son Cl. pentagonalis de 1899, devient son Cl. Beau¬ mont i (non Sismonda). Ce prétendu C.. Beaumonti du Ton¬ grien de Carcare (3) est absolument autre chose que le type de Sismonda, attribué au Tertiaire moyen de la colline de Turin, parfaitement décrit et figuré par son auteur (/i), mais qui appartient en réalité au Miocène (Langhien) du comté de Nice (Alpes-Maritimes). Il n’y a rien à retenir de toutes ces confusions, sinon que le Cl. Beaumonti Airaghi (non Sismonda) est identique au Cl. pentagonalis Airaghi 1899 et que le CI. pentagonalis Aira¬ ghi, 1901 (non 1899) est un simple synonyme du Cl. biar- ritzensis. Quant au CI. Taramellii Airaghi, du Tongrien de Cairo Mon- (1) Airaghi : op. cil., p. i3, tav. Vit, fig. 1, 1899. (2) Airaghi : Echinidi terziari del Piemonte e délia Liguria, p. 3i, tav. Il, fig. 1, 2, 1901. (3) Airaghi : op cil., p. 3a, pl. II, fig. 3. (4) Sismonda : Monografia degli Echinidi fossile del Piemonle, p. 4?-, tab. III, fig. 4, 5, i84i. l>l GENRE CLYPEASTER 21 tenotte (i) et au CI. laganoides Airighi (non Agassiz) du Ton- grien de Carcare (r>) ce ne sont, de toute évidence, que des individus divers du Cl. biarritzensis. Le véritable Cl. laga¬ noides Agassiz, créé pour l'ancien C. ambigenus Sismonda (non Lamarck) du Miocène de la colline de Turin pour la première fois interprété et figuré par Michelin, est une espèce de l’Helvétien. Le Cl. Isseli Airaghi, du Tongrien de Sassello (3) est une forme ovale, épaisse, avec sommet assez élevé, bords large¬ ment arrondis, face orale plane d’après son auteur et pétales ouverts, mais tendant déjà à se fermer. Je serais porté à y voir déjà la souche des Paratinanthus. La Hongrie a fourni à Pavay une forme très curieuse de Clypéastre oligocène; c’est son Cl. Corvini ('j) elliptique, sub¬ conique en dessus, concave en dessous, avec bourrelets péristo- maux saillants: bords arrondis, laganoides; périprocte mar¬ ginal; pétales larges, très ouverts. Cette forme très spéciale, en raison de ses bourrelets péristomaux, paraît dériver de Paleanlluis. Pomel a créé pour elle son genre Pavaya (5). En Espagne, Cotteau a rapporté avec doute à l’Eocèqe, deux Clypéastres de Callosa (Alicante) qui sont Oligocènes et peut- être même du Miocène. Le premier, C. Solanoi, subpentagonal, assez renflé avec bords épais, sublaganoïdes, à sa face infé¬ rieure concave et des pétales bien développés, tendant un peu à se fermer (5). Ce serait encore un Paleanlluis. Le second, C. Vilaplanæ Cotteau (-), voisin du précédent, a ses bords éga¬ lement épais, mais non laganoides; ses pétales se resserrent encore davantage vers leur extrémité. C’est une forme de passage entre Paleanlluis et Paratinanthus. En Algérie, deux espèces ont été signalées dans l’Eocène, (1) Airaghi : Echinidi del Bacino délia Bormiida, p. i5. tav. VI. fig. 3. 1S99. (2) Airaghi : Echinidi ler:iari del Piemonle. etc., p. 33, tav. II. fig. 4. 1901. (3) Op. cil., p. 33, tav. II. fig. 6. 1901. (4) Pavav : Les Echinides fossiles de Budapest, p. 98, tab. II. fiff. 1. -, 187L (5) Pomel : Généra des Echinides , p. 68. iS83. (6) Cotteau : Echinides £0 cènes de la province d'Alicante, p. 87, pl. XIII, fig. 1, 5, 1891. (7) Cotteau : op. cit., p. 88, pl. XIII. fig. 6. 9. 09 NOTE SI R Ql’ELQl ES ESPÈCES ANCIENNES mais appartiennent seulement au Nummulitique oligocène. L’une est le C. atavus Pomel du Kef-lroud ci-dessus décrit et type des Laganidea Pomel. L’autre est le C. scutellaformis de Tingemar (i) pentagonal, légèrement convexe en dessus, bords assez épais et face inférieure plane avec léger infundibulum cl large péristome; pétales droits, ouverts et marges assez éten¬ dues. Cette forme apparaît comme la couche des Paratinan- thus. Il existe en Tunisie plusieurs Clypéastres du Nummulitique oligocène que Gauthier n’a pas connu ; ils proviennent des environs de Takrouna et appartiennent aux C. atavus Pomel, C. biarritzensis Cotteau, C. Bouillei Cotteau, et C. Paronai Airaghi. M. Gregory vient de retrouver C. biarritzensis dans la Cyrénaïque (2). Nous avons déjà parlé du C. Breunigi de Loriol (non Laube) des couches brunes du Mokattam (3) et de Siuah (Aradj) que Fourtau rapporte à l’Eocène supérieur Priabonien, précisément en raison de cette fallacieuse détermination (4). Ce Clypéastre pentagonal, élargi en avant, déprimé, bien que soulevé vers l'apex, à bords amincis, sillons de la face orale prolongés jus¬ qu’au bord, pétales peu larges, longs, droits, ouverts diffère profondément du type de Laube et aussi des formes plus an¬ ciennes assimilées, C. profundus Agassiz et C. Fabianii Lam¬ bert; ce qui m’a conduit à le distinguer sous le nom de C. Four- taui. Sa forme générale, ses sillons, ses pétales me portent à le considérer comme plus récent que l’Eocène et à le placer parmi les espèces de l'Oligocène, Les plus anciens Clypéastres du Nummulitique de l'Inde sont représentés par une espèce éocène et cinq oligocènes. L’espèce éocènc de la série de Kachh est le C. apertus Dunean et Sla- den, assez grand, ovale, très déprimé, avec pétales bien ou- (1) Pomel : Paléont. de l’Algérie, Echinodennes, p. 173, pl. B, XV, fig. 1, 1887. M. Dalloni incline à considérer comme Eocène ce gisement que Pomel attribuait primitivement à l’Helvétien. (2) Gregory : Tlie foss. Echinoidea 0/ Cy réunira , O. ./. G. 8., vol. G7, 1911, p. GG2, pl. 47» fig- i- (3) De Loriol : Eocaene Echinioideen nus Egypten und der libyschen Wüste, p. 12, pl. I, tig. 18, 19, 1881. (4) Fourtau : Cntnl. inverti, fous, de l'Egypte, Echinides éocènes, p. 21, !9ï3. DI' f.F.N'PiF. CLVPFASTEP. 93 verts (i). C’est une forme à rapprocher du C. priscus Oppen- heim et qui rentre dans la même section Gaebhardanthus. Les Clypéastres oligocènes de la série de Kachh sont C. Car- feri Duncan et Sladen, pentagonal, avec bords légèrement laga- noïdes ; pétales tendant déjà à sc fermer (5). On peut y voir une dernière forme des Paleanthus. C. Sowcrhyi Duncan et Sladen, à pétales plus courts (3) et C. faloriensis Duncan et Sladen, à pétales plus longs (4) tendant chez l’un et l'autre à se fermer, ont leurs bords non renflés et rentreraient dam la section Laganidea. Dans la série oligocène de Xari, deux espèces, C. simplex Duncan et Sladen, pentagonal, déprimé, à bords assez épais et pétales longs presque fermés, qui rentre dans la section Laubeanthus (5), C. monficnlifera Duncan et Sladen, petite espèce ovale, soulevée vers l'apex en chapeau chinois, marges médiocres, pétales larges, tendant un peu à se fermer (6). C’c«t une forme à rapprocher du C. Bouillei Cotteau. En Amérique, on a signalé dans l'Oligocène des Etats-Unis C. lurgidus Conrad (Mortonia), non décrit, ni figuré, resté à l’état de nomen nudum. C. Rogersi Morton (Scutella) mé¬ diocrement figuré (7), voisin en somme du C. biarrifzetisis , mais plus polygonal, à pétales un peu plus longs, avec légère tendance à se fermer. C. Douvillei Stefanini 1911 ( non Peron et Gauthier, i8qi) dont il a fallu changer le nom en celui de C. Stefaninii Cottreau, très voisin du C. Rogersi, mais à face supérieure subconique plus déclive (8). Les espèces de Clypéastres de l’Eocène et de l'Oligocène peu¬ vent donc se rapporter aux sections suivantes : (1) Duncan and Sladen : The fossil Echinioidea of Kachh and Knttywnr, p. 11, pi. VI. fig. 6, 7, i883. (2) Duncan and Sladen : op. cit.. p. 4(1, pl. XII, Fig. i*>. (3) Duncan and Sladen : op. cit., p. 4g. pl. XII, fig. 11. C4) Duncan and Sladen : op. cil., p. 5o, pl. XII, fig. i5. (5) Ducan and Sladen : The fossil Echinoidea from the Khirthnr sériés in Western Sind , p. 267, pl. XI, fig. 1. 2, i884. (6) Duncan and Sladen : op. cit., p. 258. pl. XI. fig. 3. 4- (7) Moiton : Sviiopsis org. rem. of the Cretaceous group.. p. 7-. pl. XIII. fig. 3, iS34. (8) Stefanini : « Sugli Ecliinidi Terziari dell America del Nord, n (Bull. S. G. Uni., vol. 3o. 1911. p. 682. tav. XXII. fig. 1.) 24 NOTE SIR QUELQUES ESPÈCES ANCIENNES I. Biarritzellv Boussac, 1911, subpentagonal, très déprimé, à bords amincis; face orale plane avec sillons peu développés; pétales à fleur de test, droits et largement ouverts. Des cloisons marginales radiales en éventail et une rangée irrégulière de piliers contigus. Type unique : B. marbellensis Boussac de l’Auversien de Biarritz. II. Palæanthus Lambert, 1912, ovalaire ou subpentagonal, déprimé, convexe en dessus, face orale concave, avec bords épais laganoïdes ; pétales à Heur de test, droits, largement ou¬ verts; bords intérieurement encroûtés et piliers centraux peu- nombreux. Type : P. profandus Agassiz (Logana) du Priabonien. Autres espèces : P. Boussaci Lambert, de l’Auversien. P. Fabianii Lambert, du Tongrien. P. Paronai Airaghi, du Tongrien. P. Solanoi Cotteau, du Stampien? P. Carteri Duncan et Staden, de l’Oligocène. III. Pavaya Pomel, i883. Elliptique, subconique en dessus, concave en dessous, avec bourrelets péristomaux saillants; bords arrondis, laganoïdes; périprocte marginal; pétales très ouverts; intérieur inconnu. Type unique : P. Con'ini Pavay, de l’Oligocène. IV. Laganidea Pomel, 1888. Ovalaire ou subpcntagonal,- dé¬ primé, subconvexe en dessus, faiblement concave en dessous chez les plus anciens représentants, plus plats chez le type et les formes de l’Oligocène; bords arrondis, assez épais ; pétales ouverts. Type L. atava Pomel, du Tongrien. Autres espèces : L. Sayni Lambert, du Bartonien. L. biarritzensis Cotteau, du Tongrien. L. pentagonalis Micbelotti, du Tongrien. Les pétales tendent un peu à se fermer chez : L. Michelini Laube, du Tongrien. L. Fourtaui Lambert, de l’Oligocène. Il U GENRE CLYPEASTER 25 L. Rogersi Morton (Scutella) de l’Oligocène. L. Stefaninii Cottreau, de l'Oligocène. L. Sowerbyi Duncan et Staden, de l'Oligocène. L. faloriensis Duncan et Staden, de l'Oligocène. V. Que bhardanth us Lambert, iqi'i. Ovalaire très déprimé, émarginé, à pétales ouverts. Cloisons internes peu développées. Type G. priscus Oppenheim, du Priabonien. Autre espèces : G. apertus Duncan et Staden. du Priabonien? La partie apicale se relève en chapeau chinois chez : G. Bouillei Cotteau, du Tongrien. G. monliculifera Duncan et Staden, de l'Oligocène, dont les pétales sont moins ouverts. VI. Laubeanthus Lambert, 1 9 1 4 - Subpentagonal, déprimé, à face supérieure peu convexe et face orale concave, bords arron¬ dis; pétales fermés. Type L. Breunigi Laube, du Tongrien. Autre espèce : L. simplex Duncan et Staden. de l'Oligocène. ML Par atlnanthus Lambert et Thiery, igii. Subpentago¬ nal , avec face supérieure assez haute, convexe, marges plus ou moins étendues, face orale plane et infundibulum péristo- mien; bords médiocrement épais; pétales entr’ouverts. Type P. eonfusus Pomel, du Langhien d’Algérie. La plu¬ part des espèces sont comme le type du Miocène, mais les premiers représentants de cette section moins renflés en dessus, avec bords proportionnellement plus épais, ont leurs pétales plus ouverts : P. placenta Michelotti, du Tongrien. P. Isseli Airaghi, du Tongrien. P. scutellæformis Pomel, du Tongrien. P. I ilaplanæ Cotteau. de l'Oligocène. Les premiers Clypéastres de l’Auversien atteignent déjà une grande taille et nous montrent un système de cloisons inter¬ nes trop compliquées pour permettre de les considérer comme les premiers représentants de ce groupe d'Echinides. Ils sont, d autre part, trop profondément différents des Sismondia pour que I on puisse penser à les rattacher soit à ce genre, soit à un genre de la sous-famille des Kosculidæ . 2(3 NOTE SIR QUELQUES ESPÈCES ANCIENNES La découverte de ces antiques formes de Glypéastres de l’Àu- versien n’a donc fait que reculer la difliculté soulevée par cette question des origines, sans fournir aucun argument pour la solutionner. Elle semble, au contraire, la compliquer en mon¬ trant ce type cryptogène déjà nettement constitue à une époque aussi ancienne. M. C-ragin a bien proposé de faire descendre les Glypéastres de ses Scutellaster prétendus crétacés; mais on ne peut se faire une idée même approximative de ce dernier genre non réellement décrit, ni liguré et qui nous est présenté comme un type synthétique intermédiaire entre les Clypéastres et les Scutelles, c’est-à-dire doué de caractères contradictoires. Les pétales fermés de Scutellaster 11e permettent d’ailleurs pas d’en faire un ancêtre des Clypeasteridæ et nous devons avouer que l’origine des Glypéastres nous reste complètement in¬ connue. Ce que nous savons, c'est que, dès l’Auversien, nous nous trouvons en présence de deux types, d’aspect général analogue, mais déjà bien distincts par la forme de leurs bords et de leur face orale. Chez l’un, le test est émarginé, aminci vers la péri¬ phérie, la face orale se déprime à peine; chez l’autre, le bord se renlle et présente ce que l’on peut appeler le caractère laga- noïde; la face orale est très nettement concave. Tous deux sont remarquables par leurs pétales très ouverts, à zones porifères nettement divergentes, par l’absence d’infundibulum péristo- inien, et par leurs caractères internes : le peu de développement du système des piliers et la présence de cloisons marginales encore radiales chez Biarritzella, plus confuses chez Paleanthus. Ce sont là des caractères archaïques indiscutables, puisque les plus anciens Echinides cloisonnés, les Discoicles crétacés, les Fibularia, ou les Scutellina de la base du Lutétien présentent seulement des cloisons radiales en nombre fixe et limité. Chez les premiers Clypéastres, ces cloisons se divisent et se multi¬ plient; elles se compliquent de piliers, mais leur inflexion nous fait comprendre comment se sont ensuite constituées les cloi¬ sons du système concentrique de tant de Clypéastres mio¬ cène. On retrouve ici les traces d’un même procédé qui a permis de passer des cloisons radiales des Eoscutidæ à celles des Præ- scutella du Lutétien supérieur, puis à celles concentriques et si ramifiées des Scutelles oligocènes. La divergence des zones LU GE>K£ CLYPEASTER 27 porifères dans les pétales, caractéristique des Clypéaslres de l'Eocène, se modifie rapidement et les premières formes à péta¬ les fermés apparaissent avec les Laubeanthus de la fin du Ton¬ grien. Enfin la constitution de linfundibulum, qui caractérise la plupart des Clypéaslres du Miocène, apparaît graduellement chez les premiers Paratinanthus de l'Oligocène. Linfundibu- lum est donc un caractère secondairement acquis et d'impor¬ tance surtout spécifique. De ces Clypéaslres de l'Auversieu, Biarritzella et Paleanthus, dérivent évidemment ceux du 'Bartonien et du Priabonieu, et Guebhardanthus se rattache à Biarritzella comme Laganidea se rattache à Paleanthus. Avec l'Oligocène, le groupe des Clypéastres prend un certain développement. Si Biarritzella ne paraît pas avoir atteint le Priabonieu, Paleanthus se continue et son dérivé Laganidea se multiplie, mais en se modifiant assez rapidement; les pétales tendent à se fermer chez quelque; espèces dès le Tongrien et ils se ferment complètement chez Laubeanthus qui se détache ainsi de la branche Laganidea. Guebhardanthus, plus éphé¬ mère, ne parait pas atteindre l'Oligocène, où il semble rem¬ placé par un sous-groupe à caractères plus modernes, celui du Clypeaster Bouillei. Dès le Tongrien se détache des Laga¬ nidea une forme chez laquelle la face orale s'aplanit de plu; en plus, l infundibulum se creuse, la face supérieure se ren¬ fle; ce sont les premiers Paratinanthus , groupe dont le déve¬ loppement sera surtout miocénique. De ces Paratinanthus oligocène; dérivent biusquemeut les formes pre^jue innombrables des Pliophyma, Oxyclypeina, Tholeopelta et même des Platyclypeina. Mai; Bunaclis semble avoir une autre origine et se relier plu; directement à Palean¬ thus. C'est cette branche des Bunaciis qui aurait donné nais¬ sance dès l Helvétien aux rameaux encore existants des Plesian- thus et des Clypeaster. A la fin du Miocène, celle magnifique floiaUon des Cly- -tres s'arrête assez brusquement ; à peine subsiste-t-il quel¬ ques formes des anciens Coronanth ils, Raphidoclypus, Ple- sianthus et Clypeaster et les deux derniers Pliophyma se sont éteints dans la Méditerranée pliocène. Une seule forme nou- 28 NOTE SUR QUELQUES ESPÈCES ANCIENNES vcllc apparaît, Stolonoclypus, dérivé probable des anciens Coro- nanthus. Les Clypéastres sont aujourd’hui en pleine régression, sans forme nouvelle apparue et représentés seulement par cinq sec¬ tions sur vingt : Coronanthus, Stolonoclypus, Raphidoclypus, Plesiantlius, Clypeaster, avec io espèces sur i5o : Coronanthus Ravenelli, Stolonoclypus latissimus, Plesianthus subdepressus (i), Clypeaster rosaceus, de la faune atlantique, Stolonoclypus humilis, type du genre, Stolonoclypus Audouini, Stolonoclypus rotundus, Plesianthus testudinarius, Plesianthus japonicus, Raphidoclypus reticulatus, de la faune indo-pacifique. (i) Il conviendra sans doute de créer pour ce type une section particu lière, car Cl. subdepressus n’est pas un vrai Plesianthus. TABIÆAl! DE LA DURÉE ET DES RAPPORTS DES DIVERSES SECTIONS DU GENRE CLYPEASTER LES PROCEDES ACTUELS DE LA MYTILICULTURE EN FRANCE PAR H. -F A MARCHAND Préparateur de Physiologie à l'UnÏTersité de Lyon. Mémoire présenté à la Société Linnéenne de Lyon dans la Séancs du 12 Janvier 1914. Les moules sont cultivées sur de nombreux points du lillo- ral français, récoltées simplement sur d'autres. Comme intro¬ duction à une série de mémoires que nous nous proposons de publier sur la mytiliculture, il nous a paru intéressant d’étu¬ dier les procédés tant de récolte que de culture de la moule actuellement mités en France. I. — Les bancs de moules naturels. Les bancs de moules naturels, ainsi que les gisements de moindre importance, que l'on rencontre un peu partout sur les côtes françaises, sont exploités d une façon fort simple. Les pêcheurs, ou plutôt les ramasseurs de moules. oo à a5o mètres, formant une série de V dont les sommets étaient tournés vers la mer, et dont les branches s’écartaient, de manière à former entre elles un angle d’envi¬ ron 45 degrés... Bientôt, une abondante récolte vint couronner ses efforts, et comme on remarqua bien vite que les moules ainsi obtenues étaient plus grosses, plus grasses, et de bien meilleur goût que les autres, chacun se mit à l’œuvre pour construire de tous côtés des « bouchots » (de « bout », clôture, et « choat », bois, en irlandais)... » Un « bouchot » ne diffère guère à l’heure actuelle de ce qu’imagina Walton. C’est tout simplement une ligne de pieux verticaux enfoncés dans la mer à des distances un peu varia¬ bles (nous verrons pourquoi tout à l’heure) et dépassant le sol de i m. 5o à 2 mètres les uns des autres. Les pieux employés sonl le plus souvent en pin ou en chêne, LES PROCÉDÉS ACTUELS DE LA MYTILICULTURE EN FRANCE 35 et atteignent 35 à 5o centimètres de diamètre. Les lignes de pieux sont perpendiculaires au rivage et disposées parallèle¬ ment les unes aux autres, à une vingtaine de mètres d’écarte¬ ment (pour ne pas gêner la navigation (?) dit le règlement) et ont une longueur de ioo à 4oo mètres. Enfin, les pieux sont disposés seulement sur la partie qui découvre et recouvre pen¬ dant les marées, c’est-à-dire dans l’espace compris entre la ligne au-dessous de laquelle la mer ne descend jamais et la ligne où elle acquiert à toute marée une hauteur suffisante pour couvrir les pieux (i m. 5o au moins). Ceci posé, il est facile de comprendre que, plus les pieux sont situés vers le large, plus tard ils découvrent quand la mer baisse, et plus vite ils sont recouverts quand la mer remonte. Les pieux situés à l’extrémité des lignes, du côté du large, sont ceux qui restent le plus longtemps immergés ; ils découvrent seulement aux marées de vives eaux (tous les quinze jours) et on leur a donné le nom de pieux ou de bouchots « d’aval » (ou encore d’en bas). Viennent ensuite, en se rapprochant du rivage, les bou¬ chots « bâtards », puis les bouchots « milouins » et enfin les bouchots « d’amont » qui sont les bouchots situés le plus près du rivage et qui découvrent à toutes les marées (deux fois par jour par conséquent). Naturellement, le travail du bouehoteur n’est possible qu’à marée basse, de jour ou de nuit. Il se rend à ses bouchots, non pas à pied, ce qui serait impossible, mais au moyen d’un petit bateau plat (acon ou pousse-avant) dont la forme n’a guère varié depuis Wallon, et dont on peut trouver facilement des gravures (i). Le bouehoteur, agenouillé sur une jambe dans son acon, laisse pendre en dehors l’autre jambe (munie d’une botte solide) et, tenant avec les deux mains les bords parallèles de façon, plonge rythmiquement sa jambe libre dans le sol vaseux sur lequel il prend ainsi un point d’appui. « Se penchant alors en avant, et contractant les bras, il progresse sur le fond mou. Puis il retire sa gauche de la vase, la projette de nouveau en avant, et fait ainsi un nouveau pas. (i) Voir notamment : Roché, la. Culture des mers, fig. 78, p. 280, Paris, Alcan, édit., 1898. — A. Locard, les Huîtres et les Mollusques comestibles, fig. 74, p. 166. .% LES PROCÉDÉS ACTUELS DE LA MYTILICULTURE EN FRANCE Ces manœuvres s’exécutent avec une rapidité très grande, et les aconiers circulent sur la vasière, avec une rapidité dont on se fait difficilement une idée (i). » C’est grâce à l’acon que le bouehoteur, au moment de l'ins¬ tallation de ses bouchots, a pu enfoncer les pieux qui le cons¬ tituent ; c’est également grâce à cette embarcation qu’il pourra y installer les clayonnages de fascines qui les complètent. En effet, si les pieux (ou bouchots d’amont) (a) que nous verrons destinés à recueillir la semence de la moule, plus rapprochés que les autres (o m. 3o d’écartement) sont absolument isolés les uns des autres, il n’en va pas de même des pieux bâtards, milouins, et des pieux d’amont. Ces pieux, dont l’écartement est de o m. 80 à 1 mètre, sont, en effet, reliés les uns aux autres au moyen de branchages (de chêne en général) solidement fixés sur les pieux, et dont l’ensemble constitue une espèce de haie solide pouvant résister au mauvais temps. C’est là ce qu’on appelle le « clayonnage ». Un clayonnage établi avec intelli¬ gence ne descend pas jusqu’au sol de la moulière. Il faut laisser entre les derniers branchages et lui un espace de o m. 5o environ pour éviter les agglomérations de vase qui n’ont que trop tendance à se produire et à diminuer la hauteur des eaux. Quelques mvtiliculteurs cependant entourent les pieux à nais¬ sain de branchages pour augmenter leur superficie. Mais n’v a jamais là de véritable clayonnage. Disons enfin qu’il existe un deuxième mode de disposition générale des bouchots, aussi répandu tout au moins que le précédent. Il consiste à disposer : i° du côté du large (en aval), une série de pieux plus ou moins éloignés, espacés de o m. 3o à o m. 4o, et sans clayonnage : ceux-ci sont destinés à recevoir le naissain ; a0 plus amont, une série de pieux disposés en forme de V et munis de clayonnage ceux-là, correspondant aux pieux bâtards, milouins et d’amont de tout à l’heure. Les deux branches du V forment en général un angle de 45 degrés, et l’on dispose les V aussi perpendiculairement que possible à l’effort de la marée et des courants, de façon à lutter contre eux. Comme nous l’avons vu, c’est à Patrice Walton que re- (1) Roché, la Culture des mers, p. 281. (2) On donne malheureusement le nom de « bouchot » au pieu isolé comme à un ensemble de pieux, indistinctement. LES PROCÉDÉS ACTUELS DF. LA MYTILICULTUE EN FRANCE 37 monte l’idée de la disposition en V. Walton faisait descendre jusqu’au ras du sol ses clayonnages, et ainsi il pouvait cap¬ turer le poisson, qui, avec la marée descendante, pénétrait entre les deux branches des V, et, une fois arrivé vers la pointe, sc voyait arrêté. C’était pour lui une source de bénéfices sup¬ plémentaires. L’installation des bouchots décrite, voyons maintenant com¬ ment on s’en sert. On sait que les moules, à un moment donné de l'année qui est, pour la partie de l'Océan Atlantique baignant les côtes de France, la fin de février ou le commencement de mars) émettent des larves en quantité prodigieuse. Ces larves sem¬ blent se fixer sur tous les substratums qu'elles rencontrent à leur portée, grâce à un organe filamenteux particulier : le bys- sus. Elles se fixent notamment très bien sur les pieux des bou¬ chots et deviennent visibles à l’œil nu dans le courant du mois d'avril, où clics atteignent à peu près la grosseur d'une graine de lin. L’ensemble constitue dès ce moment ce qu’on a appelé le « naissain » (i). Mais le naissain envahit-il la sur¬ face toute entière des bouchots? Non. Les larves ne résistent pas, en effet, aux émersions trop rapprochées, et elles n’arrivent guère à se développer que sur les pieux les plus aval qui ne découvrent que tous les quinze jours environ. Ces pieux n’étant pas pourvus de clayonnage intentionnellement, il sera facile, quelques mois plus tard, en juillet, lorsque le naissain devenu « renouvelain » aura atteint la taille d'un haricot, de le déta¬ cher pour le transplanter, comme nous le verrons, ailleurs. Cette opération se fait, non pas à la main (on irait trop lente¬ ment) mais à l'aide d’une espèce de long crochet en fer, dit « pèchoir ». Armés de ce pèchoir, les bouchot eurs raclent les pieux d’aval et font tomber dans des paniers le renouvelain qui vient par plaques, les différents individus étant tous plus ou moins solidaires les uns des autres, en effet, grâce à l’en¬ chevêtrement des byssus... Mais, souvent, la quantité de nais¬ sain recueillie par ce procédé n'est pas suffisante. Les boucho- teurs sont alors obligés de recueillir celui qui se dépose naluiel- lement aux endroits propices de la côte. 11 en vient beaucoup (i) Certains auteurs écrivent encore « naissin ». 38 LES PROCÉDÉS ACTUELS DE LA MYTILICULTURE EN FRANCE des îles de Ré et d’Oléron notamment... Disons enfin qn’il y a souvent deux récoltes de naissain possibles dans le courant d’une même année : l’une (la plus abondante) de juillet à sep tembre, l’autre de février à fin avril. Les pieux d’aval se recou¬ vrent dans ce cas de deux couches de naissain, ou « pelisses » superposées. Revenons maintenant au renouvelain, et voyons ce qu’il va devenir. On ne peut pas le laisser indéfiniment sur les pieux d’aval. Les individus qui le composent se gêneraient les uns les autres au fur et à mesure de la croissance, n’atteindraient pas un développement suffisant ; beaucoup périraient ; leur goût resterait peu agréable ; enfin du naissain se fixerait sur eux au bout de quelques mois et les déprécierait au point de vue marchand. C’est pour ces diverses raisons que le renou¬ velain est transporté des bouchots d’aval sur les bouchots bâtards, où les bouchoteurs procèdent à ce qu’on appelle la « bâtisse ». Voici d’ailleurs comment Locard (i) décrit les différentes opérations qui se succèdent à partir de ce moment : « Les bouchots bâtards, plus rapprochés de la terre que les bouchots d’aval, se découvrent lors des marées de vives eaux ordinaires, et sont tous palissadés avec un clayonnage dont les branches horizontales s’entrecroisent. Là, chaque paquet de renouvelain est enfermé dans un pet it sac très grossier et déjà à moitié pourri, fait de débris de voilure, de filets hors d’usage, etc. On ferme le haut à l’aide d’une brindille et l’on attache ces sacs les uns à côté des autres tout le long des bran¬ chages. Les moules s’accroissent là-dedans. Bientôt, le sac qui les contient devient trop étroit, et la paroi aux trois quarts pourrie se rompra pour donner un libre essort au développe¬ ment des coquilles. Alors les moules se fixeront petit à petit, d’elles-mêmes, aux clayonnages. Au bout d’un certain temps, il ne reste plus trace du sac, et le renouvelain s’est transformé en un paquet de moules dont tous les individus arrivent à se presser les uns contre les autres. « Dans ces conditions, leur développement ne pourrait plus s’effectuer convenablement si l’on n’avait pas soin d’éclaircir (i) Lnc. cit. LES PROCÉDÉS ACTUELS DF LA MYTILICULTURE EN FRANCE !J.0 les rangs el de repiquer les sujets. On repique sur les bouehols ruilouins, qui, eux, restent à découvert pendant toutes les marées. Les moules sont alors relativement grosses. La cueil¬ lette pour le repiquage se fait soit à la main, soit aux ciseaux. Les bouchoteurs déposent les moules en question à la main, une à une, dans les interstices des clayonnages des bouchots milouins. La moule ainsi placée sécrète bientôt un nouveau byssus (l’ancien ayant été plus ou moins abîmé au cours de la cueillette) et elle se fixe solidement. Elle séjournera là jus¬ qu’à ce qu’elle ait atteint une taille marchande, taille qui est atteinte au bout de seize à dix-sept mois. « Mais avant d’être livrée au commerce, la moule doit subir un troisième et dernier déplacement qui l’amène sur les bou¬ chots d’amont. Là, suivant les alternatives de la marée, elle est exposée à l’air plusieurs fois par jour et peut être cueillie facilement. « Grâce à cet ingénieuse disposition, on voit que la repro¬ duction, l’élevage, la récolte et la vente des moules se font simultanément. Cependant, suivant les saisons, la moule est plus ou moins bonne et se vend plus ou moins facilement. Fin février à mai, sous l'influence de la période d’incubation, les moules sont laiteuses. A ce moment, et surtout immédiate¬ ment après la ponte, elles sont maigres, dures, coriaces ; c’est de juillet à janvier qu’elles sont particulièrement appréciées. « Dans un même élevage, on distingue d’ailleurs des moules de qualités différentes. Celles qui sont continuellement main¬ tenues dans le haut des clayonnages sont plus fines, plus déli¬ cates que celles qui sont au-dessous. Les moules du bas, voi¬ sines de la vase, sont de moins bonne qualité. Dans tous les cas, toutes les moules élevées, quelles qu’elles soient, sont meil¬ leures que les moules sauvages. » IV. — La Méditerranée. Le système des cordes. Mer sans marée, la Méditerranée ne pourrait pas se prêter à un système de culture de la moule sur bouchots. Les pieux seraient constamment recouverts, en effet, et la récolte du mol¬ lusque impossible. 11 a donc fallu trouver pour la Méditerranée 40 LES PROCÉDÉS ACTUELS DE LA MYTILICULTURE EN FRANCE un système de culture dans lequel, la mer étant immobile, les collecteurs soient, eux, mobiles au contraire. Après quel¬ ques tâtonnements (les premières tentatives de culture de la moule dans la Méditerranée, pour la France tout au moins, datent des alentours de i855), on s’en tient actuellement au système dit « des cordes », système qui, d’ailleurs, n’a pas dit son dernier mot et qui, tous les jours, se perfectionne. Le principe en est d’ailleurs fort simple : le naissain recueilli sur des cordes adéquates convenablement immergées, est retiré de l’eau avec ces cordes, puis repiqué successivement sur plu¬ sieurs autres cordes immergées de façon différente, où il achè¬ vera son développement. Les côtes françaises de la Méditerranée ne présentent guère d’établissements de mytiliculture que dans la petite rade de Tou¬ lon, où il existe une vingtaine de parcs. Ces parcs sont tous bâtis, à quelques variantes près, sur le même modèle. Nous prendrons comme type celui qu'exploitent à Brégaillon M. Co- reil, député du Var, associé à M. Pourcel, directeur du Muséum d Histoire naturelle de Toulon. Ce parc, dont la longueur est d’environ i5o mètres pour une largeur de 5o à 55 mètres, se compose schématiquement, comme tous les autres parcs : i° d’une enceinte extérieure constituée par des piquets verticalement enfoncés dans le sol, dépassant le niveau de la mer de 5o centimètres environ, et reliés au sommet par des traverses horizontales ; 2° par une série de longs quadrilatères parallèles entre eux et parallèles en même temps à l’un des côtés de l’enceinte. Ces quadrila¬ tères sont également constitués par des piquets verticaux reliés au-dessus de la mer par des traverses horizontales. Chez MM. Coreil-Pourcel, ils atteignent une cinquantaine de mètres de longueur environ, sur 3 mètres de large, mais sont coupés en trois tronçons inégaux par des chénaux destinés à livrer passage aux embarcations. Espacés de i5 mètres environ les uns des autres, ils garnissent tout l’intérieur de l’enceinte. A toutes les traverses horizontales (aussi bien celles de l’en¬ ceinte que celles des quadrilatères intérieurs) sont attachées les cordes à moules) ; 3° par deux cabanes en planches établies sur pilotis en deux endroits du parc, et à l’intérieur desquelles se font toutes les manipulations nécessaires. LES PROCÉDÉS ACTUELS DE LA MYTILICULTURE EN FRANCE Naturellement, ce dispositif est susceptible de variations et si les grandes lignes restent partout les mêmes, il varie de fait, peu ou beaucoup, avec chaque parqueur. C’est ainsi que la nature des piquets verticaux et des tra¬ verses qui constituent en somme le squelette, la charpente des parcs, est susceptible de variations. MM. Coreil-Pourcel emploient des piquets en teck et des traverses qui sont des demi-madriers en bois du Nord. C’est la matière le plus sou¬ vent employée ; mais quelques parqueurs (M. de Jouette en particulier) emploient de préférence le fer, aussi bien pour les piquets verticaux que pour les traverses horizontales (i). D’autres enfin (tels M. Limon et nous-mêmes) adoptant une solution mixte, se servent de piquets verticaux en fer sup¬ portant des traverses horizontales en bois. Quel est le meilleur de ces trois systèmes ? Le système mixte est le plus écono¬ mique, car si les piquets verticaux ont avantage à être métal¬ liques et sont presque inusables dans ces conditions, les tra¬ verses horizontales qui n’entrent pas (ou rarement) en con¬ tact avec l’eau de mer peuvent très bien se faire en bois, qui est beaucoup moins cher que le fer. Les défenseurs des piquets en bois, qui sont en général les petits parqueurs n’ayant pas de capitaux suffisants pour acheter du fer, nous ont dit à plusieurs reprises : « Les piquets en fer sont excellents évi¬ demment, mais ils ne s’v dépose pas de naissain, tandis que. sur nos piquets en bois, il se dépose tout au contraire abon¬ damment et a payé le prix du piquet en quelques années, avant même qu’il ait eu le temps de pourrir... » Oui, mais il ne faut pas oublier qu’une fois pourri, le piquet doit être remplacé. D’où perte de temps, perte d’argent. La matière des cordes à moules est également susceptible de variations. Presque toujours les cordes employées sont des cor¬ des de coco de \ centimètres de diamètre environ, et de longueur variant avec la profondeur du fond, mais ce coco est employé sans coaltar par certains parqueurs (c’est la règle lorsque l’on veut recueillir du naissain), coaltaré par d’autres. D’autre part, le mode d’attache des cordes aux traverses horizontales varie (i) M. de Jouette est en train de construire un parc sur ce modèle-là. encore inachevé. LES PROCÉDÉS ACTUELS DE LA MYTILICULTURE EN FRANCE 42 presque avec chaque parqueur. La suspension par un crochet de fer situé à l’extrémité supérieure des cordes, et passant dans un anneau fixé aux traverses horizontales, a été longtemps en honneur ; on a dû y renoncer, car à la moindre tempête, la moitié des cordes ainsi suspendues étaient décrochées par la force des vagues et emportées au large. Le plus simple, le plus économique et le plus sûr est encore d’attacher la corde à mou¬ les aux traverses horizontales, soit directement en l’entortillant par le haut, soit par l’intermédiaire d’une coxde coaltarêc un peu plus fine. Il est facile de comprendre enfin (mais ce sont là des détails de moindre importance) que le mode de groupement même des piquets peut varier, et varie effectivement dans chaque parc : avec la direction des courants, l’exposition aux vents, etc., etc. C/est ainsi qu’une excellente chose, pratiquée d’ailleurs par MM. Coreil et Pourcel, consiste à doubler la ligne d’enceinte du parc et à jeter des traverses horizontales d’une rangée de piquets à l’autre. Il y a bien d’autres modifications de détail sur lesquelles nous ne pouvons pas nous appesantir. Ceci posé, voyons comment on se sert de tout cela, et d’abord comment l’on recueille le naissain. Le naissain se dépose naturellement, comme nous le savons, sur les substratums divers qu’il trouve à sa portée. En l’oc¬ currence, il devra donc se fixer, dans les parcs à moules médi¬ terranéens, sur les piquets soutenant la charpente qui sup¬ porte les cordes. De fait, les parqueurs méditerranéens recueil¬ lent du naissain sur leurs piquets aux deux époques de l’année où il s’en produit (mai et septembre). Mais la quantité qui se dépose là est tout à fait insuffisante. La plus grande partie est recueillie sur des cordes spéciales, dites cordes à naissain, qui diffèrent des cordes à moules adultes en ce qu’au lieu d’être verticales, elles sont disposées horizontalement ou para-hori- zontalement entre les piquets. On sait, en effet, que le naissain (dans la Méditerranée, tout au moins) ne se fixe guère au- dessous d’une certaine profondeur. Les cordes en question n’ont rien de particulier quant à leur nature, Ce sont des cordes de coco, comme les autres, mais leur mode de dispo¬ sition varie avec les différents parqueurs, et il y a lieu d’in- LES PROCÉDÉS ACTUELS DE LA MYTILICULTURE EN FRANCE 43 sister un peu. Les unes, en effet, sont disposées horizontale¬ ment dans toute l'acception du mot, à 3o ou 5o centimètres au-dessous du niveau moyen des eaux. Longues quelquefois d’une centaine de mètres, et disposées sur des piquets spéciale¬ ment destinés à cet usage, elles sont fragmentées ensuite, lorsque le naissain a atteint un développement suffisant, en segments de la longueur voulue destinés à devenir des cordes \erticalcs ; d’autres fois, on leur donne immédiatement la lon¬ gueur définitive (i à 3 mètres). Certains parqueurs préfèrent cependant enrouler des cordes en spirales larges et lâches, et les disposer verticalement par un mode de suspension appro¬ prié, en veillant à ce qu’elles ne descendent pas au-dessous de i mètre. Ces cordes, déroulées ensuite et développées, four¬ niront la matière de deux cordes verticales. Enfin, M. de .fouette préconise un système particulier. Il consiste à enrou¬ ler de la corde de coco en spirale toujours, mais en une spirale dont tous les tours se touchent, sur des perches flottantes. Réunis en grand nombre, ces flotteurs constituent de véritables radeaux, et quand le naissain est jugé avoir atteint un déve¬ loppement suffisant, il ne reste plus qu’à dérouler les cordes, et à les établir verticalement. Ce dernier système n’est pas si pratique qu’il en a l’air, et cela pour plusieurs raisons : la première, c’est qu’une moitié seulement des spires plonge dans l’eau (la partie supérieure du radeau n'étant, comme on le conçoit, pas immergée) ; la deuxième que les coups de mer emportent les trois quarts du temps ces radeaux à naissain ; la troisième que ces espèces de collecteurs coûtent forcément plus cher que de simples cordes et ne sont pas plus pratiques. M. de Jouette est le seul à se servir d’ailleurs de ce procédé. Comme nous l’avons dit, le naissain se dépose à deux épo¬ ques différentes de l’année : une première fois vers avril ou mai, une deuxième fois en septembre. La première émission est faible d’ailleurs ; la bonne récolte est celle de septembre, bien que depuis quelques années, disent les parqueurs, son importance ait diminué de beaucoup. 11 semblerait, toujours d’après leurs dires, que les moules auraient tendance à émettre leur naissain, non plus à deux périodes déterminées, mais au contraire toute l’année, et en quantité relativement faible cha¬ que fois. Il faut d’ailleurs ajouter, sous peine d’être incom- 44 LES PROCÉDÉS ACTUELS DE LA MYTILICULTURE EN FRANCE plet, que le plus grand nombre des parqueurs (et les petits surtout) ne récoltent jamais par le système indiqué autant de naissain qu’ils en auraient besoin. Ils sont obligés de s’adres¬ ser le plus souvent, pour pouvoir compléter l’approvisionne¬ ment nécessaire, à ce qu’on appelle à Toulon les « ravageurs ». Ce sont des pécheurs besogneux, souvent repris de justice, qui s’en vont partout (aux endroits où cela est permis un peu, aux endroits où cela est défendu surtout) récolter du naissain en temps utile. Le prix courant de ce naissain est de io centi¬ mes le kilogramme. C'est un prix assez avantageux, et nombre de parqueurs, s’ils étaient sûrs de pouvoir acheter en temps utile aux ravageurs autant de naissain qu’ils le voudraient, ne prendraient pas la peine de le récolter eux-mêmes. Ils ont calculé, en effet, que les cordes prêtes à recevoir le naissain leur reviennent à i fr. 25 le mètre. Or, sur i mètre de corde il vient environ 6 kilogrammes de naissain et la corde pourrit au bout de deux récoltes. Total : 12 kilogrammes de naissain pour 1 fr. 25 de corde. Or, 12 kilogrammes de naissain achetés aux ravageurs reviennent à 1 fr. 20, soit 5 centimes de dif¬ férence. Une certaine quantité de naissain est également ache¬ tée à Martigues par les mytiliculteurs de Toulon. Quoi qu’il en soit, voici la récolte du naissain opérée. Sup- posons-le déposé sur les cordes. Que va faire maintenant le parqueur ? Quelque chose de comparable à ce que nous avons vu le mytiliculteur de l’Océan faire sur la succession de ses bouchots. Au fur et à mesure du développement de la moule, le parqueur dégarnira en partie les cordes surchargées et trans¬ portera sur d’autres cordes l’excédent ainsi enlevé. Il répétera cette opération le nombre de fois nécessaire pour que le mol¬ lusque ait atteint une taille marchande, taille obtenue au bout de quinze à dix-huit mois de culture environ. Mais comment dégarnit-on les cordes surchargées P Comment peuple-t-011 les cordes vierges ? C’est là une opération délicate, l’opération essentielle en somme parmi celles que pratique le parqueur, et il est facile de prévoir que les procédés employés sont mul¬ tiples. Le plus simple de tous consiste à placer en contiguïté une corde vierge et une corde surchargée. D’eux-mêmes, au bout de quelques jours, un certain nombre de mollusques émigrent LES PROCÉDÉS ACTUELS DE LA MYTILICULTURE EN FRANCE 45 sur la corde vierge, s’y fixent par leur byssus, et il n’y a plus qu’à séparer les deux cordes. Mais ceci ne réussit guère que lorsqu’il s’agit du naissain, ou de très jeunes moules. Plus vieilles, les moules deviennent sédentaires et ne passent plus spontanément d’une corde à l’autre. 11 faut alors avoir recours à une opération plus complexe qui se fait en deux temps : i° détachement des moules en excès sur les cordes surchar¬ gées ; 2° repiquage de ces moules sur les cordes vierges. Le détachement des moules se fait à la main fort simplement, mais le repiquage réclame un peu plus de soins, car les moules adultes une fois détachées ne se fixent qu’avec lenteur sur le nouveau substratum qui leur est offert ; d’où la nécessité de les maintenir pressées pendant quelques heures contre les cor¬ des vierges. Ceci est réalisé par des procédés différents. L’un d’entre eux consiste à maintenir pressés les mollusques contre la corde au moyen de vieux filets de pèche ou de filets de coco spéciaux, de débris de voilure ou de mauvaises toiles qui fini¬ ront par tomber en pourriture. Un autre procédé est celui des gouttières mobiles, gouttières de bois ou gouttières en gril¬ lage métallique galvanisé, de la longueur voulue, qui, rap¬ prochées deux par deux, constituent un cylindre pressant les moules contre une corde centrale. Il suffit d’introduire le mol¬ lusque dans cet appareil, de laisser les choses en état pendant vingt-quatre à quarante-huit heures. Au bout de ce temps-là, on peut impunément enlever les gouttières et s’en servir poui répéter la même opération sur d’autres cordes ; le mollusque adhère par son byssus et ne se détache plus. Une trentaine de gouttières suffisent pour un parc à moules de dimension moyenne. Elles sont d’un prix relativement élevé (3 à 5 francs), mais s’usent par contre assez lentement. Somme toute, ce deuxième procédé, plus économique que le précédent, tend à s'implanter de plus en plus partout. Nous n’avons plus grand’chose à ajouter pour en avoir fini avec l’étude des procédés mytilicoles en usage sur les côtes fran¬ çaises de la Méditerranée. 11 nous reste simplement à signaler que, de temps à autre, les mytiliculteurs prennent la précau¬ tion de soulever hors de l’eau pendant une demi-journée envi¬ ron leurs cordes à tour de rôle. Cette opération a un double but : permettre le nettoyage des boues qui, souvent souillent 46 LES PROCÉDÉS ACTl ELS DE LA WYTIL1CI LU RE EN FRANCE les mollusques, tuer un grand nopibre de parasites pélagiques gênants qui ne résistent pas à une émersion de quelques heures. La durée de résistance d’une corde à moules à l’action de l'eau de mer est d’environ trois ans, ce qui revient à dire qu’une corde sert à deux récoltes environ. Les parqueurs se contentent, en général, au moment de la vente, de détacher île leurs cordes la charge intégrale. Ils l’expédient par paniers ou par sacs. M. de Jouetle, qui s’est fait la réputation d’avoir les plus beaux produits, opère avant de livrer ses moules à la consommation, de la façon suivante : prenant une corde, il jette soigneusement les moules mortes, enlève les moules res¬ tées au-dessous de la taille marchande (qu’il repiquera sur d’autres cordes jusqu’à développement suffisant), puis jette dans des paniers, les belles moules. Au bout d’un jour ou deux, elles se sont soudées par leurs bvssus et prises en un certain nombre de paquets, de pelotes. Insérant alors chacune de ces masses, qu’il fait aussi régulières que possible, entre trois fils de coco noués de distance en distance, il arrive à cons¬ tituer ainsi un espèce de chapelet, dont les grains sont des amas de moules, et qu’il remet à l’eau pendant un certain temps. Au bout de quelques jours, il obtient de fort belles cordes, mais il ne les vend guère plus cher que les autres parqueurs. En dehors de la rade de Toulon, il existe encore des établis¬ sements mytilicoles à cordes dans l’étang de Thau et dans l’étang de Berre. Les procédés de culture usités là sont exacte¬ ment les mêmes que dans la rade de Toulon, avec cette petite différence qu’au lieu d’utiliser de grosses cordes pleines, les mytiliculteurs préfèrent construire à l’aide de trois cordes fines de coco des chapelets analogues à ceux dont nous venons il parler. Lorsqu’à la suite de la croissance, les moules sont devenues trop serrées, on défait les chapelets primitifs pour en refaire d’autres, etc. MŒURS ET MÉTAMORPHOSES UES INSECTES Par LE CAPITAINE XAMBEU 18e Mémoire : ELATÉRIDES TABLE DES MATIÈRES 1er Fascicule. Tome LIX, 1912. PREMIERE PARTIE Larves. Régime . 1 Caractères généraux ... 3 Nymphes. Caractères généraux ... 5 DEUXIEME PARTIE Larves. Classification .... 7 Description . 7 Genre Chalcolepidics. 1. ervllirogoma . 8 Genre Agrypnus. 1 . mon travelii . 9 2. fuscipes . 1U Genre Alaüs. 1 . nobilis . Il 2. oculatus . 12 3. speciosus . 13 4- myops . I i Genre Lvcon. Larve murinus . 14 Nymphe . 16 Genre Adelocera. 1. atomaria . 17 2. fascinta . 18 3. varia . 19 Nymphe . 20 Soc. Linn.. t. lxi, 1914 Genre Atiious. 1. rufus . 21 2. Rhombeus . Nymphe . 3. niger . •/J Nymphe . 24 4- haemorroidalis. Larve . 24 5. vittatus . 23 6. puncticollis . 26 7. longicolis . 26 S. nudulatus . 27 9. subfuscus. Larve . 28 Nymphe . 29 10. difïormis . 29 1 1 . mandihularis .... 31 Genre Diacanthcs. 1. melancholicus .... 22 2. amplicollis. Ponte . 3 3 Larve . 34 Nymphe . 38 3. latus. Larve . 39 Nvmphe . 40 4- æneus. Larve . 40 .» MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES '<8 Nymphe . . . 41 Nymphe . 45 5. tenellatus. a. pcctinicornis. . . 46 Larve .... . . 424 , 3. cupreus. Nymphe . . 43 Ponle .... . . 46 6. cinctus. Larve .... . . 47 Larve .... . . •) Nymphe . . . 49 Genre Gorymbites. 4. hœmatodes. i. œucicollis. Ponte .... . . 50 Larve .... . . 4i 2" Fascicule. Tome LX, tqi3. Larve . 1 Nymphe . •> 5. Caslaneus. Larve . O 6. tessellatus. Larve . 3 Nymphe . 4 7. a f finis. Larve . 5 Nymphe . 8. holosoriceus. 6 Larve . 6 Nymphe . 7 Genre Cam pvi.es. i. rultens. Larve . 8 Nymphe . 9 2. lincaris. Larve . 9 Nymphe . II Genre Limonius. i. nigripes. Larve . 11 Nymphe . 12 2. cylindrieus. Larve . !3 3. minulus. 1 ,arve . 14 4. Bructeri. Larve . Nymphe . 16 Genre Ludius. i. ferrugineus. Larve . 16 Genre Drasterius. i. bimaculatus. Larve . 17 1 Genre Met vnotus. 1. nigcr. Larve . Nymphe 2. tenebrosus. Larve . 3. sulcicollis. Larve . 4- castanipes. Larve . 5. rufipes. Larve . Nymphe Genre Agriotes. 1. atcrrimus. Larve . Nymphe 2. lincatus. Larve . Nymphe 3. ustulatus. Larve . 4. sputator. Laive . 5. obscurus. Larve . Nymphe 6. sordidus. Larve . Nymphe 7 . pallidulus. Larve . Nymphe Genre Doi.opius. i. marginatus. Larve . Nymphe . 18 •20 20 22 23 24 24 25 26 27 27 28 28 28 29 31 31 32 32 33 TABLE DES MATIÈRES Genre Elater. 1. cinnabarinus. Larve . Nymphe . 2. sanguineus. Larve . 3. prœustus. Larve . 4. aurileguhis. Larve . G. pomonæ. Larve . 7 . sanguinolentus. Larve . Nymphe . 8. ferrugatus. Larve . 9. clongatus. Larve . 10. balteatus. Larve . 11. crocatus. Larve . 12. stibdepressus. Larve . 13. erylhrogonus. 'i9 123 123 125 125 125 128 128 128 130 131 131 132 132 Larve .... . 133 i4- ruficeps . 134 i5. nigrmus. Larve . 134 iC. cetiops. Larve . 135 Genre Megapenthes. 1. tibialis. Larve . 137 2. lugens. Larve . 139 Genre Cardiopiiorus. 1. ruficollis. Larve . 139 2. bigullatus. Larve . 139 3. rufipes. Larve . 140 4. asellus. Larve . 1 42 j Genre Cryptopiiypnus. i. riparius. Larve . 143 Nymphe . 145 LES PROPRIÉTÉS VÉNÉNEUSES DU V E H A T R U M A L B U M PAR LE Dr BONNAMOUR Médecin des Hôpitaux, Chef du Laboratoire de Thérapeutique à la Faculté de Médecine de Lyon. Un médecin-major, M. le Dr Biau, nous ayant communiqué une observation d’empoisonnement par le Vcratrum album, avec l'aide d’un de nos élèves, M. le Dr Cousinié (i), nous avons recherché dans la littérature les observations semblables en même temps que nous avons entrepris au Laboratoire de Thérapeutique de la Faculté de Médecine de Lyon, quelques expériences sur la vératrine, que l’on considère comme l’alca¬ loïde de cette plante. Ce sont ces recherches, dont je voudrais vous entretenir aujourd’hui, car elles me semblent intéres¬ santes, non seulement pour le médecin, mais aussi pour le physiologiste et le botaniste. Le Veratrum album T.., ou Vérâtre blanc, est encore désigné sous les noms de Varaire, et, très improprement, d’Hellébore blanc, car il ne ressemble à l’Hellébore ni dans sa forme, ni dans les caractères de ses fleurs ; il ne s’en rapprocherait que par les propriétés que lui avaient attribuées les anciens méde¬ cins. C’est une plante de la famille des Colchieacées, (pii croît dans tous les pâturages des montagnes, les Vosges, le Jura, le Plateau Central, les Cévennes, les Pyrénées et les Alpes, ainsi qu'en Espagne et en Suisse. La tige est herbacée, atteint o m. 60 à o m. So de hauteur. Les feuilles sont alternes, fort grandes, ovales, lancéolées, glabres, munies de nervures nombreuses et parallèles, rétré- (i) Dr Cousinié, Contribution à l'étude du Veratrum album et de la Véra¬ trine. Etude toxicologique et physiologique (thèse de Lyon, 1912-1913). Soc. Linn., t. lu, 1914. 6 52 LES PROPRIÉTÉS VÉNÉNEUSES DU VERATRUM ALRUM cics à leur base en une gaine allongée qui embrasse la lige. Les fleurs apparaissent de fin juillet à fin août suivant les loca¬ lités. Elles sont disposées en une ample panicule terminale, accompagnée de bractées membraneuses, lancéolées, d’autres plus petites, un peu concaves, à la base de chaque pédicelle. La corolle est d’un blanc verdâtre, à six découpures profondes, ovales, médiocrement étalées ; les étamines, au nombre de six. sont un peu plus longues que la corolle. Les ovaires distincts, au nombre de trois, avortent dans plusieurs fleurs ; ils sont terminés par des slyles très courts. Le fruit consiste en trois capsules allongées, droites, un peu aeuminées, légèrement comprimées, s’ouvrant à leur base en deux valves, contenant un grand nombre de semences presque imbriquées, membra¬ neuses, attachées par un court pédicelle le long de la suture inférieure. Les racines sont épaisses, un peu charnues, com¬ posées d’un grand nombre de fibres blanches, réunies en tou ffes La racine, <à l’état frais, exhale une odeur nauséeuse. Sa saveur est très amère, très acide ; elle agit tout particulière¬ ment sur les lèvres, et lorsqu’on la mâche, elle excite la sali¬ vation et détermine dans la bouche une impression brûlante. Toxicité pour t.fs animaux. — T. es propriétés vénéneuses du Veratrum album sont connues depuis longtemps par les vété¬ rinaires. Cette plante est cependant rarement mangée en vert par les animaux, car, si elle n’a pas d’odeur, elle a une saveur âcre qui la fait repousser. Aussi, quand on parcourt les pâtu¬ rages des régions montagneuses où elle est abondante, on trouve la plupart des pieds d’TTellébore blanc intacts, tandis que, tout autour, l’herbe est tondue. On a signalé toutefois des empoisonnements d’agneaux qui, accompagnant leurs mères au pâturage, ont mangé cette plante et sont morts. Mais, d’après les observations de Marret, médecin-vétérinaire à Allanebe, dans le Cantal, rapportées par Rodet et Boullet, c’est surtout lorsqu’il est mêlé au foin que le Veratrum album est dangereux ; car, par la dessication, il ne perd point ses propriétés vénéneuses et communique ses alcaloïdes aux herbes qui sont en contact avec lui, par suite des fermentations qui LES PROPRIÉTÉS VÉNÉNEUSES OU VERATRUM ALBUM 53 se produisent dans le foin, pendant la première quinzaine de mise en tas. Les chevaux qui ont mangé de ce fourrage présentent de la salivation, de l’agitation, des tremblements musculaires dans les muscles de l’encolure, du larynx et du pharynx. La respiration est accélérée, irrégulière ; le pouls se ralentit, les muqueuses palissent, la température rectale s’abaisse. 11 y a surtout de l’incoordination des mouvements, avec chute sur le sol, agitation des membres. Malgi’é la gravité de ces symp¬ tômes, la mort est exceptionnelle ; ce n’est que lorsque la quan¬ tité ingérée de toxique a été considérable que surviennent des efforts impuissants de vomissements, des tremblements géné¬ raux, une sudation très abondante, et la mort par arrêt de la respiration et du cœur. Chez les ruminants, l’intoxication se traduit par des vomis¬ sements abondants, des éructations, du ballonnement abdomi¬ nal, et une diarrhée profuse. On a signalé aussi des empoisonnements d’oiseaux de basse- cour auxquels on avait jeté des graines de foin où se trou¬ vaient mêlées des semences de Yeràtre. Le pigeon et le canard vomissent abondamment et ne succombent qu’exceptionnelle- ment. Les poules, qui ne peuvent vomir, périssent après avoir présenté de la tristesse, de la difficulté à se déplacer et de la diarrhée. Enfin, Mathiole rapporte que la plupart des animaux meu¬ rent des plus légères blessures causées par des instruments imprégnés du suc de Veratrum. Les anciens Espagnols avaient, paraît-il, recours à cette plante pour empoisonner les flèches qu’ils destinaient à la chasse des bêtes sauvages. Toxicité pour l’homme. — Chez l’homme, les effets toxiques du Veratrum album sont moins connues, et peu nombreuses sont les observations publiées jusqu’à ce jour. Quelques auteurs avaient cependant signalé les effets délétères de cette racine, lierguès en ressentit les effets sur lui-même : après avoir sim¬ plement goûté une infusion aqueuse, il éprouva une impres¬ sion brûlante à l’estomac, et une oppression de poitrine, suivie un peu plus tard de douleurs lancinantes au bas-ventre. Ettmul- lcr dit que la racine d’Hellébore appliquée sur l’abdomen occa- 5'» LES PROPRIÉTÉS VÉNÉNEUSES DU VERATRUM ALRUM sionnc un vomissement violent. Schrœder a observé le même phénomène dans un cas où cette racine fut employée comme suppositoire. Halmont rapporte qu’un prince royal périt au bout de trois heures pour aAroir pris i gr. 3o de ce poison. Vient (Histoire des Plantes vénéneuses de la Suisse, 1776) déclare qu’administrée à celte même dose, la racine du Vérâtre blanc a occasionné des spasmes, de la suffocation, la perte de la voix et le froid de tout le corps. Orlila (Traité de toxicologie, Paris, i83:>.) assure, d’après les dires de certains auteurs, que la poudre d’Hellébore blanc prise comme sternutatoire, a causé des fausses couches, des pertes qu’il n’a pas été possible d’ar¬ rêter, des saignements de nez, des suffocations et des morts subites. Nous n’avons trouvé dans la littérature médicale que huit observations d’empoisonnement par le Veratrum album. Sur ccs huit cas, six sont purement accidentels, les deux autres sont criminels. Les empoisonnements accidentels peuvent être dus à des erreurs de pharmacien, comme le cas rapporté en 1877 par Chevallier (Annales d’Hygiène) : un ouvrier mégissier se sen¬ tant indisposé, va chez un pharmacien acheter de la poudre de Rhubarbe ; rentré chez lui, il mélange la poudre avec de l’eau, absorbe la préparation ; il est saisi aussitôt de douleurs violentes, de vomissements abondants, puis de commisions affreuses et expire une heure et demie après dans des cruelles souffrances. Le pharmacien, interrogé, reconnut avoir vendu de l’IIellébore blanc au lieu de Rhubarbe. D’autres fois, ces empoisonnements sont dus à des erreurs des individus eux-mêmes ; tel est le cas rapporté par Giles dans llie Lancet (1857) de cet homme qui avala par mégarde une demi-once d’Hellébore blanc, en voulant prendre de la crème de tartre. Le cas de Malvel (1800) a une origine plus curieuse : un homme étant affecté d’une éruption d’urticaire, qu’il prenait pour de la gale, se frottait avec une décoction de racine de Varairc blanc. Sa mère s’était procuré deux racines de cette plante qu’elle avait fait cuire dans sa marmite. La décoction une fois obtenue, elle l’avait vidée dans un autre vase, mais elle avait oublié de nettoyer sa marmite. Une soupe préparée LES PROPRIÉTÉS* VÉNÉNEUSES Dl VERATRUM ALBUM 55 dans ce dernier récipient avait acquis des propriétés toxiques qui avaient empoisonné six personnes. Les fruits du Veratrum album sont toxiques et leur simple manipulation peut provoquer des accidents, comme le montre l’observation de Reinhard (München medicinische Wochen¬ schrift, 1909). La sœur même de cet auteur, étant dans le Jura, en août 1909, avait ramassé une tige de Varaire blanc. Rentrée chez elle, elle s’amuse à ouvrir les fruits encore verts polir en retirer les semences non mûres, et pour les mettre en las. Bientôt, l’extrémité des doigts de la main droite com¬ mença à lui brûler fortement. 11 apparut ensuite de grosses vésicules remplies d'un liquide jaunâtre qui ressemblaient à des vésicules de brûlures et qui étaient très douloureuses. De plus, quelques jours après, il se produisit un malaise géné¬ ral, avec perte de l'appétit et fièvre modérée, et apparurent, à la pointe de la langue, sur le voile du palais et sur les gen¬ cives, de nombreuses bulles semblables aux précédentes, rem¬ plies de sérosité et très douloureuses. 11 est probable que la jeune fille, qui affirma n’avoir pas mangé de semences de Veratrum, avait simplement porté ses doigts à la bouche et avait ainsi déterminé, en même temps qu’une forte inflam¬ mation de la muqueuse, un empoisonnement général. Mais les cas sur lesquels nous avons surtout attiré l’atten- lion sont ceux que nous ont communiqués des médecins- majors et qui ont trait à des soldats qui, au cours de manœu¬ vres dans des régions montagneuses, avaient mis à macérer des racines de Varaire blanc, au lieu de racines de Gentiane dont ils savaient les propriétés désaltérantes. Cette confusion des deux plantes est, en effet, facile, surtout au début de la végétation, avant la floraison. Elles occupent les mêmes ré¬ gions, les tiges herbeuses ont à peu près les mêmes dimensions et le même aspect ; les feuilles de la Gentiane, longues, ovales, pétiolées à leur base, diffèrent peu de celles du Veratrum. Enfin, la racine de Gentiane, dure, cylindrique, brun foncé, sillonnée par des rides annulaires, ressemble au premier abord à celle du Varaire, et peut parfaitement induire en erreur quel¬ qu'un de non prévenu. Il est même surprenant que les cas d’empoisonnement ne soient pas plus fréquents parmi les 56 LES PROPRIÉTÉS VÉNÉNEUSES DU VERATRUM ALRUM troupes en manoeuvres. Peut-être l’attention n’a-t-elle pas été suffisamment attirée sur la possibilité de tels accidents? Symptômes généraux de l’empoisonnement. — Si nous résu¬ mons la symptomatologie qui paraît se dégager de l’ensemble des observations, nous voyons que, peu de temps après l’ab¬ sorption du toxique, se produit une salivation très abondante, accompagnée d’une sensation de brûlure particulièrement accusée dans l’arrière-gorge. Des symptômes gastriques ne tardent pas à s’ajouter à ces premiers phénomènes. C’est tantôt simplement de la douleur au creux épigastrique, c’est, le plus souvent, des nausées qui se reproduisent un certain nombre de fois et qui se terminent le plus ordinairement par des vomis¬ sements d’abord alimentaires, puis bilieux. En même temps, l’état général s’altère. Le sujet éprouve un sentiment d’extrême faiblesse ; son visage est pâle, parfois cyanosé. La respiration est anxieuse, pénible. Le pouls est ralenti, les extrémités froides. Les urines deviennent beaucoup moins abondantes. Plus rarement, le malade est agité de mouvements convulsifs. Dans certains cas, en rapport très vraisemblablement avec la gravité de l’intoxication, on observe de fortes coliques, suivies de diar¬ rhées sanguinolentes. Les phénomènes céphaliques sont plus exceptionnels : on a signalé néanmoins des étourdissements et une amblyopie passagère. La terminaison, dans les empoisonnements accidentels, est le plus souvent heureuse ; la guérison survient du deuxième au sixième jour. Dans un seul cas, la mort fut presque fou¬ droyante, elle frappa le malade après une heure d’horribles souffrances ; la dose d’Hellébore blanc absorbé avait été mas¬ sive ; on l’aurait évaluée à 5 ou 6 grammes. Contre tous ces symptômes, il n’y a pas de traitement spé¬ cial, pas d’antidote particulier ; c’est le traitement de tous les empoisonnements en général à leur opposer. On favorisera tout d’abord l’élimination du poison en respectant les vomis¬ sements et la diarrhée ; on pourra faire un lavage d’estomac. On administrera de l’ammoniaque ou des carbonates alcalins qui neutralisent le contenu de l’estomac et préviennent la for- les propriétés vénéneuses du veratrum album 57 mation de lactate ou de chlorhydrate de vératrine, solubles et très toxiques. Enfin, on soutiendra le cœur par des injections de caféine et d’éther, et on combattra l’asphyxie par des inha¬ lations d’oxygène. L’ alcaloïde du Veratrum album, la Vératrine. — En 1819, Pelletier et Caventou soumirent l’Hellébore blanc à l’analyse et obtinrent, par l’éther, une matière grasse formée d’élaïne, de stéarine et d’un acide volatil. Par l’alcool, ils purent retirer une matière extractive formée de gallatè acide de vératrine et de vératrine. Ap rès eux, de nombreux auteurs isolèrent du Veratrum album plusieurs autres alcaloïdes : la jervinc, la vératralbine, etc. Mais tous s’accordent à reconnaître à la partie active de celte plante des propriétés très voisines de celle de la Vératrine. Cet alcaloïde fut retiré, en effet, en 1888, par Mcissner des semences de Cévadille (Schænoeaulon of finale, SabadiUa officinalis) , plante très voisine du Veratrum album. En i855, Merck obtint un produit parfaitement défini et cristallisé. T. a vératrine se présente sous la forme d’une masse blanche cristallisant difficilement en prismes incolores par l’évapora¬ tion spontanée de sa solution alcoolique ou éthérée. Elle se dis¬ sout dans trois parties d’alcool, dans deux de chloroforme ; elle est insoluble dans l’eau. Les acides la transforment en sels solubles, cristallisant difficilement. Ces solutions sont préci¬ pitées par la potasse, la soude, l’ammoniaque et les carbonates alcalins. Son principal réactif est l’acide sulfurique : la vératrine prend avec lui une coloration jaune, qui, après cinq minutes, passe à l’orange, puis au rouge sanguin, et, au bout d’une demi-heure, au rouge carmin le plus vif. Cette réaction est assez sensible pour permettre de reconnaître très aisément jus¬ qu’à o,ooo3/i de vératrine. Cet alcaloïde est très toxique, puisque, d’après les expé¬ riences de Dupuy, la dose minima pour provoquer la mort d’un chien a été de o gr. oo3 environ par kilogramme d’ani¬ mal. Pour Carvalho et Weiss, la dose mortelle pour un lapin est o gr. 001 5 à o gr. 00a par kilogramme. Nous-mêmes avons obtenu la mort en quatre minutes d’un lapin de 3 kg. 170 58 LES PROPRIÉTÉS VÉNÉNEUSES DU VERATRUM ALBUM par injection intraveineuse de o gr. 0025 de vératrine dans i demi-centimètre cube d’eau, par conséquent avec moins de i milligramme par kilogramme. Les symptômes de l’intoxication expérimentale des animaux par la vératrine sont les suivants : salivation très abondante, formée parfois d’une écume blanchâtre, puis surviennent des nausées suivies de vomissements plus ou moins pénibles, des douleurs se traduisant par des gémissements, de l’agitation, de mouvements convulsifs des membres, une grande faiblesse, du ralentissement du pouls, de la difficulté de la respiration, du refroidissement, et, de façon inconstante, de la diarrhée. On voit que tous ces symptômes sont à peu près les mêmes que ceux que nous avons notés chez l’homme. T. 'action de la vératrine s’exerce par simple inhalation sur la muqueuse pituitaire en provoquant un effet sternutatoire prolongé, et également sur la peau où elle détermine de la chaleur et des picotements. L’action locale de l’Hellébore blanc c'st du reste identique. A la i s son action physiologique s’exerce surtout sur les glandes salivaires, et sur le système musculaire. La courbe mvogra- phique d’un muscle de grenouille vératrinisée montre une ascension plus grande et plus brusque, suivie d’une descente exagérée au point de vue de sa longueur et de sa durée,’ qui peut être égale à plusieurs secondes et dépasser même nnc minute. Pour ma part, j’ai étudié spécialement l’action de la véra¬ trine sur le cœur et la pression sanguine, et j’ai montré qu’elle exerçait sur le cœur une action tonique : elle le ralentit et le renforce, en même temps qu’elle élève la pression. L’action sur le muscle cardiaque serait directe au même titre que l’ac¬ tion de ce poison sur le lissu musculaire en général. Cette constatation est importante au point de vue médical, car la vératrine pourrait entrer dans la thérapeutique comme suc¬ cédané de la Digitale. CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DE LA FAUNE DES MICBOCAVERNES FAUNE DES TERRIERS ET DES NIDS PAR L. FALCOZ Docteur de l'Université. AVANT-PROPOS Au mois d’avril 1910 paraissait, dans le Bulletin de la Société Entomologique de France, la description d’une nouvelle espèce de Coléoptère, le Quedius talparum Deville, vivant nor¬ malement dans le terrier de la Taupe. La lecture de cette description et des commentaires qui l’accompagnaient ayant particulièrement attiré mon attention, je résolus de rechercher cet insecte dans les taupinières de la région viennoise et, aus¬ sitôt l’automne venu, époque la plus favorable pour ces sortes de recherches, je commençai mes fouilles qui furent d’ailleurs fort productives et me procurèrent non seulement l’espèce dési¬ rée, mais encore un bon nombre d’autres non moins inté¬ ressantes. Surpris par la richesse de la faune peuplant ce milieu, je iis part du résultat de ces premières investigations à M. Vaney, professeur-adjoint à la Faculté des Sciences de Lyon, qui voulut bien s’intéresser à mes recherches et m’engagea vive¬ ment à les poursuivre, tout en les étendant aux terriers d’au¬ tres Mammifères ainsi qu’aux cavités habitées par certains Oiseaux. Je me suis livré, depuis lors, à l’examen de nombreux nids de Taupes provenant, le plus grand nombre, des environs de Soc. Iihn., t. lxi, 1914. 1 60 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Vienne en Dauphiné et, quelques-uns, des départements de l’Ain et des Vosges. J’ai exploré également, aux alentours de Vienne, un certain nombre de terriers de Lapin et de Blaireau. La litière d’un gîte de Marmotte situé dans les Hautes-Alpes m’a fourni plusieurs insectes intéressants parmi lesquels se trouvaient deux formes encore inconnues et décrites récem¬ ment. J’ai reçu du Nord de l’Afrique quelques Arthropodes recueillis dans les galeries souterraines de la Gerboise. Enfin, j’ai inventorié la faune commensale et parasite qui peuplait des nichoirs artificiels placés par moi sur des arbres aux envi¬ rons de Vienne. Désirant avoir un aperçu d’ensemble sur la population de ces divers habitats, je m’appliquai à recueillir indistinctement, sans préférences pour aucun groupe, tous les Arthropodes que j’y rencontrais. J’ai pu rassembler ainsi des matériaux assez importants et leur étude m’a permis de constater que, parmi les multiples formes trouvées habituellement dans ce milieu, un certain nombre présentent un intérêt particulier, soit à cause des adaptations spéciales dont elles sont pourvues, soit en raison de leurs affinités avec d’autres formes peuplant des milieux analogues. Au cours de ces dernières années, des chercheurs assez nom¬ breux ont également fouillé les gîtes souterrains de divers Mam¬ mifères et Reptiles, ainsi que les excavations habitées par cer¬ tains Oiseaux. La plupart des travaux relatifs à ce sujet ont été publiés à l’étranger, ils concernent d’ailleurs à peu près exclusivement l’ordre des Coléoptères, et il n’existe encore aucune étude d’ensemble sur cette question. M’inspirant de ces différentes considérations, j’ai pensé qu’il serait intéressant de grouper mes observations et celles des différents auteurs dans le but de dresser un inventaire des espèces composant cette faune spéciale, à laquelle j'ai donné le nom de faune pholéophile (cpwhoç, terrier). Cet inventaire, bien qu’encore forcément incomplet, permettra d’en saisir la physionomie d’ensemble et d’en établir les affinités. Toutefois, le milieu des terriers et des nids d’Oiseaux établis dans des cavités faisant, en réalité, partie de l’habitat micro¬ cavernicole, lequel n’est lui-même qu’une dépendance du domaine soutei’rain, il m’a semblé utile, avant d’aborder l’étude DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 61 détaillée de la faune pholéophile qui doit faire l’objet principal de ce Mémoire, de jeter un coup d’œil d’ensemble sur les microcavernes considérées comme milieu biologique. Il me sera ensuite plus facile d’établir des comparaisons entre les formes pholéophiles et les autres formes microcavernicoles. J’ai donc adopté le plan suivant pour la rédaction de ce travail. Après un exposé historique, j’énoncerai quelques généralités sur les microcavernes. J’établirai tout d’abord leur classement, puis j’analyserai les conditions bionomiques spéciales qu’elles présentent. J’étudierai ensuite leur population, les relations entre les microcavernicoles et leurs hôtes. Je donnerai un aperçu de la composition de cette faune en général, et je four¬ nirai quelques renseignements succincts sur les microcaverni¬ coles autres que les pholéophiles. Dans les chapitres suivants, consacrés à l’étude particulière de la faune des terriers et des nids, j’étudierai successivement les faunes mammalicole et avicole. Je fournirai quelques détails sur les différents hôtes et leur demeure. J’indiquerai les recherches que j’ai pratiquées, les méthodes que j’ai suivies et les résultats obtenus. Je donnerai ensuite une énumération critique et raisonnée des Arthropodes recueillis jusqu’à ce jour dans les terriers et les nids en signalant les adaptations mor¬ phologiques ou physiologiques chez les différentes espèces qui en sont pourvues. Je terminerai par un aperçu général sur la faune pholéophile et ses affinités avec la faune cavernicole. Je tiens à adresser ici mes sentiments de gratitude à M. le professeur Koehler, de la Faculté des Sciences de Lyon, pour l’extrême bienveillance avec laquelle il m’a accueilli dans son laboratoire. Je témoigne également ma plus profonde reconnaissance à M. V aney, professeur-adjoint à la même Faculté, qui a été le premier instigateur de ce travail et auprès duquel j’ai constam¬ ment trouvé le guide le plus érudit et le plus bienveillant. Je veux aussi remercier M. Massonat, préparateur à la Faculté des Sciences de Lyon, pour l’amical intérêt avec lequel il a suivi mes travaux ainsi que pour les encouragements et les conseils qu’il n’a cessé de me prodiguer. Merci également à 62 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE M. Pelosse, agrégé de l’Université, qui m’a fourni, avec son obligeance habituelle, d’intéressants matériaux d’étude. M. J. Sainte-Claire Deville, mon excellent collègue de la Société Entomologique de France, a bien voulu vérifier quel¬ ques-unes de mes déterminations et me fournir de précieuses indications bibliographiques. Je suis heureux de lui témoigner ici ma bien sincère reconnaissance. Je ne saurais oublier tous ceux qui ont eu l’amabilité de collaborer à mon travail : MM. Bezzi, Bickhardt, Brôlemann, Bruyant, H. du Buysson, Eug. Simon, à l’obligeance desquels je dois une partie de mes déterminations ; MM. de Buffévent, Joy, Langenhan, Linke, Méquignon, Normand, Roubal, qui m’ont aimablement communiqué des matériaux d’étude et fourni d’utiles renseignements ; mon confrère et bon ami Cl. Maurice, pharmacien à Boche-la-Molière, qui m’a maintes fois aidé au cours de mes recherches. Je tiens enfin à exprimer mes plus vifs remerciements à M. Ronjat, le distingué philologue viennois qui a bien voulu me traduire les textes lusses et tchèques qui m’étaient né¬ cessaires. CHAPITRE PREMIER HISTORIQUE Les premières étapes dans l’étude de la faune des terriers et des nids ont été marquées par des observations et des des¬ criptions isolées. En i83o, Robineau-Desvoidv décrivait dans son Essai sur les Myodaires deux espèces de Leria : L. cunicu- lorum R. D. et L. subterranea R. D. trouvées, aux environs de Paris, la première dans les terriers de Lapin, la seconde dans les galeries de la Taupe. Un peu plus tard, Signoret découvrait dans les nids d'Hirondelle de rivage (Cotyle riparia) un Staphy- linide qui fut décrit en 1802 par Fairmaire sous le nom de Microglossa nidicola. En 1857, de Waga signalait le Leptinus testaceus comme ectoparasite des Musaraignes, opinion d’ailleurs réfutée depuis lors par divers auteurs qui considèrent ce curieux Silphide comme un commensal plutôt qu’un parasite des petits Mammi¬ fères fouisseurs. Charles Brisout de Barneville, en explorant les terriers de Lapin des environs de Paris, y découvrit, en i858, un Aleo- ehara nouveau, A. cuniculorum, décrit la même année par Kraatz. En 1872, Loew publia la description d’une espèce de Leria, L. peetinata, qui vit en Amérique du Nord, dans le nid du « Rat des prairies ». Valéry Mayet fît paraître en 1880, dans la Revue Linnéenne, une notice intitulée Ce que renferme un terrier de Gerboise, mais l’auteur, qui fut cependant un excellent observateur, ne semble pas avoir fouillé bien attentivement le nid de ce Ron¬ geur, car il ne signale aucun habitant spécifique, mais seule¬ ment quelques gros Coléoptères (Calosoma, Scarites, Blaps, Ci CONTRIBUTION A L’ÉTUDE etc.), venus là pour y trouver un abri et habituellement étran¬ gers à cet habitat. Un naturaliste américain, Hubbard, publia, en 1 8g4 et 1896, le compte rendu très détaillé et fort intéressant de ses recherches dans le terrier d’une Tortue de la Floride (Gopherus Polyphe- mus). Vers la même époque, J. Breit explorait en Autriche le nid du Spermophile (Spennophilus citillus) où il découvrait deux espèces de Staphvlinides encore inconnues : Aleocharn Breiti et Philontus spermophili décrits l’un et l’autre en 1897 par Ganglbauer. Heindenreich, qui avait fouillé, en Allemagne, le terrier du Hamster, publie, en 1902, une liste de ses captures. L’année suivante, Roubal donne l’énumération des Arthropodes qu’il eut l’occasion de recueillir aux environs de Chudnice (Bohême) dans un nid de Mulot. En 1897, Silantiev découvre en Russie, dans le terrier de la Marmotte des steppes (Arctomys Bobac) une forme intéres¬ sante d’Aphodius décrite par Reitter (1900) sous le nom d’Apho- dius rotnndangulus. Quelques années après, Norman H. Joy (1906) donne le compte rendu de ses investigations dans les nids de Mammi¬ fères et d’Oiseaux du comté de Berkshire (Angleterre). 11 classe les espèces observées en hôtes exclusifs, hôtes fréquents et hôtes accidentels. Dès ce moment, l’impulsion est donnée et de nombreux natu¬ ralistes entreprennent des recherches dans les terriers et pu¬ blient les résultats de leurs observations. En Angleterre, A. -S. Gorham (1907), E.-C. Bcdwel (1907), G. -C. Champion (1907), J. -J. Walker (1907), W.-E. Sharp (1908), T. -H. Beare (1901) et d’autres suivent les traces de Norman H. Joy et explorent dans leur pays les terriers et les nids dont ils font connaître, principalement en ce qui concerne les Coléoptères, la faune commensale. En Allemagne, Heidenreich (1902), II. Bickliardt (1907-1913), O. Langenhan (1907), Max Linke (1906-1913), K. Gerhard (1909), R. Heinemann (1910), W. Haars (1911), A. Dorn (1912), H. Kolbe (1905), publient successivement l’intéressantes notices dans lesquels sont exposés les x'ésultats de leurs recherches soit dans les terriers de divers Mammifères fouisseurs tels que le DE LA FAINE DES MICROCAVERNES 65 Spermophile, le Hamster et la Taupe, soit dans les nids d’Oi- seaux nichant dans les cavités. En Autriche, Th. Krasa (1906), J. Roubal (1903-1913), J. Breit (cf. Ganglbauer, 1897-1898), L. Frankenberger (1910), prati¬ quent des investigations analogues dans leur région. En Hollande, E verts (1912), Heselhaus (19 13-191 4) et Oude- mans ( 1 9 1 3) ont publié récemment, ces deux derniers notam¬ ment, de très importants mémoires sur la faune entomologique du nid de la Taupe. En France, Sainte-Claire Deville décrivit en 1910 le Coléop¬ tère talpicole dont j’ai parlé plus haut et qu’il nomma Quedius talparum. En 1912, ce même auteur fit connaître dans une substantielle notice l’état des recherches opérées chez nous jusqu’alors dans les terriers de Taupe, et il publia dernière¬ ment (1913), la description d’un Staphylinide nouveau, Oxy- poda Falcozi, découvert par moi dans un terrier de Marmotte. Enfin, j’ai publié moi-même (1912-1913) plusieurs notices dans lesquelles j’ai fait connaître quelques-uns des résultats de mes recherches et signalé les affinités morphologiques et systé¬ matiques qui unissent la faune des terriers avec celle des caver¬ nes. J’ai récemment fait paraître une note sur la recherche des Arthropodes dans les terriers et j’ai publié également la des¬ cription d’un Diptère nouveau, I.ycoria Vaneyi, commensal de la Marmotte. 66 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE CHAPITRE II GÉNÉRALITÉS SLR LES MICROCAVERNES DÉFINITION Le domaine souterrain, considéré comme milieu vital, pos¬ sède une étendue bien plus considérable qu’on est porté géné¬ ralement à le croire. En outre des cavernes naturelles et des cavités artificielles construites par l’homme, ou peut y com¬ prendre également les réduits obscurs construits ou creusés par des animaux et que d’autres êtres ont choisi comme domi¬ cile. C’est à cette catégorie d’habitats souterrains que Raco- vitza (1907), dans son remarquable Essai sur les problèmes biospéoloqiques, a donné le nom de Microcavernes. J’adopte volontiers ce néologisme (1) dont l’emploi me paraît offrir un double avantage : i° comprendre sous une même dénomination tout un ensemble d’habitats souvent dissemblables en appa¬ rence, mais possédant, par rapport aux êtres qui les peuplent, des caractères communs : présence d’un hôte, obscurité, humi¬ dité, etc. ; 20 opposer le domaine microcavernicole au domaine cavernicole proprement dit, ce qui permet de faire ressortir plus facilement les analogies ou les divergences pouvant exister entre ces deux milieux biologiques. CLASSIFICATION Je diviserai les Microcavernes en plusieurs catégories établies d’après la nature des hôtes. Ce sont les suivantes : (1) Les grammairiens pourront, sans doute, reprocher à ce terme d’être un barbarisme et, peut-être, l’expression de Microspélée eût-elle été plus conforme aux règles de la formation des mots. Je pense, néanmoins, que le terme de Microcaverne, introduit dans la science par Racovitza, peut être conservé sans inconvénient. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 67 i° Les terriers proprement dits, constitués par des excava¬ tions plus ou moins profondes creusées dans le sol par les Vertébrés fouisseurs : Mammifères ou Reptiles. Parmi les pre¬ miers, je citerai le Blaireau, le Lapin, la Taupe, le Hamster, etc., et comme Reptile, je ne signalerai que le Gopherus Poly- phemus, Tortue terrestre de la Floride. 2° Les nids de certains Oiseaux établis tantôt dans les bran¬ ches creuses ou les troncs carriés des vieux arbres (Pics, Mésan¬ ges, Etourneaux, etc.), tantôt dans les trous de muraille ou les anfractuosités de rochers (Rouges-Queues, Corbeaux, Bisets, etc.), tantôt dans le sol des falaises sablonneuses (Hirondelle de rivage). 3° Les constructions endogées ou endoxyles des Termites et des Hyménoptères sociaux : Fourmis, Abeilles, Guêpes, Bour¬ dons, etc. 4° Les galeries creusées dans le bois ou le sol par certains insectes ou leurs larves : Xylophages divers, larves de Cicin- dèles, Scarabéides fouisseurs, Blaps, Courtilières, etc. Remarque. — Les cavernes sont parfois fréquentées, princi¬ palement dans leurs parties peu profondes, par des Mammifères (Singes, Carnassiers ou Rongeurs) qui viennent y chercher une retraite ou un abri pour dévorer leur proie. En outre, les vesti ¬ bules de certaines grottes donnent asile à des colonies de Chauves-Souris qui dorment là le jour, accrochées aux aspé¬ rités de la voûte et dont les déjections forment sur le sol une couche plus ou moins épaisse de guano. Or, les espaces habités dans les grottes par ces divers animaux peuvent être assimilés aux Microcavernes dont ils réalisent les conditions bionomiques d’existence. On les trouve, en effet, peuplés par toute une série de formes en général peu évoluées dans le sens des adaptations à la vie obscuricole et dont l’ensemble constitue la faune tro- glophile des biospéologues dénommée encore la faune du guano. La composition de cette faune présente d’ailleurs la plus grande analogie et parfois même une identité complète avec la faune pholéophile, ainsi que je le montrerai plus loin. G8 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE CONDITIONS D'EXISTENCE PRÉSENTÉES PAR LES MICROCAVERNES Le domaine mierocavernicole, par son obscurité, sa tempé¬ rature à faibles oscillations, son humidité relativement cons¬ tante, se rapproche du domaine cavernicole proprement dit et l’on conçoit qu'il ait pu, comme celui-ci, attirer, par des avan¬ tages semblables, les espèces à tendances lucifuges. Toutefois, il importe de noter que les facteurs physiques n’ont dû inter¬ venir que secondairement dans le peuplement des Microca¬ vernes, tandis que les facteurs biologiques corrélatifs à la pré¬ sence de l'hôte (i) ont certainement joué le rôle prépondérant. 11 est facile, en effet, de constater que des Microcavernes aban¬ données depuis un certain temps, bien qu’elles présentent tou¬ jours les mêmes conditions physiques, ne renferment plus aucune des espèces commensales qu’on y rencontrait en abon¬ dance lorsqu’elles étaient habitées. Ce qui prouve que la pré¬ sence de l’hôte est le facteur le plus important, les facteurs physiques n’étant que secondaires. Examinons tout d’abord ces facteurs physiques : obscurité, température, humidité. L obscurité des Microcavernes peut être relative ou abso¬ lue. Certains terriers peu profonds et souvent à large ouver¬ ture, tels que ceux de Blaireau, Renard, Marmotte, etc., ainsi que les constructions endoxyles des Hyménoptères sociaux reçoivent une lumière plus ou moins atténuée, tandis qu’il règne, vraisemblablement, une obscurité complète dans les gale¬ ries des Taupes, les constructions endogées des Hyménoptères sociaux et, d’une façon générale, dans toutes les Microcavernes profondément situées dans le sol et ne communiquant avec l’extérieur que par d’étroits et sinueux couloirs. On trouve, en résumé, dans la série des différentes Microcavernes, tous les degrés, depuis l’obscurité absolue, jusqu’à la lumière à peine atténuée du jour. (i) Afin d’éviter toute confusion, j’emploierai le mot hôte pour désigner l’animal propriétaire de la microcaverne, réservant pour les êtres qui par¬ tagent sa demeure les différentes appellations de commensal, xénophile, métèque, inquilin ou synœcète, qui seront définies plus loin. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 09 La température des Microcavernes, par suite de leur revête¬ ment isolant plus ou moins important, ne subit que faiblement les variations du milieu extérieur. En outre, l’atmosphère des terriers, des nids établis dans les cavités, des fourmilières ou autres colonies d'insectes sociaux possède, en raison de la pré¬ sence de l’hôte ou des membres de la colonie, une température plus élevée que la moyenne annuelle du lieu. On sait, par exemple, que l’intérieur d'une ruche, même par les hivers les plus rigoureux, ne descend guère au-dessous de io degrés cen¬ tigrades. L’humidité règne d’une façon constante dans les Microca¬ vernes établies dans le sol par suite de la plus ou moins grande quantité d’eau qui infiltre les parois. Les terriers de la Taupe et de certains Rongeurs terricoles, très souvent situés dans les prairies et non loin des cours d’eau, sont ordinairement très humides. Les galeries souterraines des Lapins, Blaireaux, etc., le sont, en général, beaucoup moins, car elles se trouvent, le plus souvent, creusées dans un sol sablonneux et léger. C’est du moins ce que j’ai pu observer dans les environs de Vienne en Dauphiné. 11 existe toujours à l’intérieur des Microcavernes établies dans les troncs et les branches creuses, un certain degré hygrométri- queentretenu par les eaux de pluie emmagasinées, par la poussée de la sève et par la décomposition des divers détritus organiques qui y sont accumulés. Quant aux galeries des Xylophages creu¬ sées dans les arbres vivants, elles sont maintenues humides principalement par l’afflux de la sève. L’humidité est assurément un facteur important dans la bio¬ logie des Microcavernicoles qui sont généralement des orga¬ nismes hvgrophiles, résistant mal, pendant le stade larvaire, à l’évaporation des liquides organiques et pour lesquels un milieu humide est une condition avantageuse d’existence. J’ai observé que, d’une façon générale, la densité de la population des Microcavernes est fonction d’un certain degré optimum d’humidité. On peut voir, d’après ce rapide examen, que, dans les diffé¬ rentes Microcavernes, les conditions physiques (obscurité, tem¬ pérature, humidité) paraissent plus ou moins identiques. La 70 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE diversité de faune que nous y constaterons doit donc tenir à un autre facteur en relation plus ou moins directe avec l’hôte, ce facteur est constitué par les ressources alimentaires. En effet, l’hôte de la Microcaverne fournit, soit par ses déjections, soit par les déchets de son alimentation, soit enfin par les matériaux même de sa demeure, une nourriture abondante aux divers commensaux qui vivent dans sa société. Ces ressources alimentaires ont attiré, tout d’abord, les for¬ mes saprophages et coprophages, lesquelles ont été bientôt sui¬ vies par les espèces prédatrices venues là pour vivre aux dépens des premières. POPULATION DES MICROCAVERNES Cette population, lorsque l’hôte est présent, est quelquefois très abondante et très variée comme espèces. J’aurai dans la suite à indiquer en détail la composition de la faune particu¬ lière à chacune des catégories de Microcavernes, mais je tiens auparavant à établir la classification de ces êtres microcaver¬ nicoles et à rechercher quelles sont les relations qui existent entre eux et leurs hôtes. CLASSIFICATION DES MICROCAVERNICOLES En 1912, j’ai établi pour les animaux vivant normalement ou occasionnellement dans les terriers une classification basée sur les caractères éthologiques. Cette classification n’a d’ail¬ leurs rien d’absolu, mais elle permet, cependant, d’indiquer les différentes étapes dans l’adaptation des formes recueillies dans cet habitat. Elle comprend les trois catégories suivantes : i° Les Pholéobies, qui vivent et se développent exclusivement dans les terriers ; 2° Les Pholéophiles, qu’on observe fréquemment dans ce milieu, mais qui peuvent aussi se rencontrer ailleurs ; 3° Les Pholéoxènes, dont la présence dans les terriers est purement accidentelle. Toutefois, sauf dans le cas où l’on voudra exprimer compa¬ rativement une idée de degré dans la spécialisation, le terme DE LA FAUNE DES MICKOCAVEKNES 71 de Pholéophile me paraît devoir être le seul à employer dans la pratique pour désigner, d'une façon générale, les représen¬ tants de la faune des terriers. Je propose même, dans un but de simplification, et afin d’éviter la création de nouveaux termes, d’étendre cette appellation à l’ensemble des Micro¬ cavernicoles vivant en compagnie des Vertébrés : Mammifères, Oiseaux ou Reptiles. D’autre part, on pourra grouper, sous le nom d ’Entomo- philes, tous les Microcavernicoles vivant normalement avec les Insectes sociaux ou solitaires. Les Myrmécophiles et les Termi- tophiles ne seraient que des Entomopliiles adaptés aux four milières et aux termitières. RAPPORTS DES MICROCAVERNICOLES AVEC LEURS HOTES Certains Microcavernicoles sont nettement des parasites de l’hôte, alors que d’autres n’en sont que des commen¬ saux. Mais, entre ces deux catégories bien nettes, il y a toute une série de termes de transition permettant de passer du commensalisme au parasitisme. J’examinerai successive¬ ment les formes parasites, les formes commensales et les formes intermédiaires. Microcavernicoles parasites. — Les animaux appartenant à cette catégorie vivent sur le corps de leur hôte et se nour¬ rissent directement à ses dépens. Certains, cependant, n’ont des mœurs parasitaires que pendant un seul des stades de leur existence. Tantôt le parasitisme s’exerce durant la période lar¬ vaire, c’est ce que nous montrent les larves liématophages de Diptères des genres Chæromyia et Phormia, les premières récemment découvertes en Afrique par Roubaud (i 9 1 1) dans les terriers d’Oryctérope et de Phacochère, les secondes obser¬ vées autrefois par Dufour (18 45) et, tout dernièrement, par IL du Ruysson (1) dans les nids maçonnés d'Hirondelle. D’autre fois, au contraire, et tel est le cas des Puces, c’est l’adulte seul qui se nourrit du sang de son hôte, tandis que la (1) It. du Buysson, in litteris. 72 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE larve vit en commensale au sein des détritus organiques accu¬ mulés dans la Microcaverne. Les larves de Volucelles étudiées par Kunkel d’Herculais (1875) vivent en parasites dans les nids d’Hyménoptères sociaux, tandis que l’adulte passe son existence dans le domaine aérien et ne fréquente les nids que pour leur confier sa ponte. On pourrait encore citer de nombreux exemples analogues. Microcavernicoles commensaux. — Le commensal est un animal vivant sous la dépendance d’un autre animal dont il partage la demeure et auprès duquel il trouve la nourriture qui lui est nécessaire. Mais la limite précise où débute le commen¬ salisme n’est pas toujours facile à déterminer. On rencontre, en effet, dans la Nature, tous les termes de transition depuis le commensal accidentel qui, trouvant avantageuse la fréquenta¬ tion d’un hôte, est devenu peu à peu un commensal fréquent, jusqu’au commensal exclusif qui s’est graduellement spécialisé en passant successivement par toutes les étapes conduisant à la symbiose. Ces différents cas, en réalité assez mal définis et s’enchevêtrant souvent les uns dans les autres, ont été classés par les auteurs dans des catégories nombreuses ayant reçu des appellations diverses et dont voici les principales. i° La Symbiose. — C’est le cas général où le commensal et son hôte trouvent dans leur rapprochement des avantages réciproques. La symbiose existe chez de nombreuses espèces myrmécophiles et termitophiles et prend alors le nom de Myrmécoxénie (1) ou de Termitoxénie. 2“ Le Commensalisme proprement dit. — Ici, l’animal hébergé partage le logis de son hôte, logis où il trouve des conditions d’existence favorables : de la nourriture, de l’hu¬ midité, de la chaleur, un abri et, indirectement, une certaine protection. C’est à celte catégorie de commensaux qu’appar- (1) Les auteurs qui ont étudié spécialement les relations des fourmis avec les êtres qui partagent leur demeure ont donné des noms aux différentes modalités suivant lesquelles s’exercent ces rapports. La myrmécocleplie est le cas où le myrméeophile vole à la fourmi ses aliments ou sa progéniture. La synechtrie est celui où le myrmécopliile dévore les habitants du nid. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 73 tiennent la grande majorité des Microcavernicoles et, en parti- culier, les pholéophiles. Ce sont les Synœkètes ou Symphiles de Wasmann, les Métèques de Heselhaus, les Xénophiles (i), Inquilins, Commensaux, Paracommensaux des auteurs. 3° La Phorésie. — La phorésie est constituée par un ensemble de phénomènes biologiques établissant la transition entre le commensalisme et le parasitisme. Lesne a donné ce nom aux cas de transport d'un animal par son hôte. Tantôt le transport est permanent et peut être alors symbiotique, tantôt il n’est que temporaire. a) Phorésie permanente : Certains Coléoptères du genre Tho- rictus se fixent au scape de l’antenne des Fourmis et se font de la sorte transporter par elles, ainsi que l’a tout d’abord constaté Forel (1890) ; mais les observations postérieures de Was¬ mann (1898) et d’Eschericli (1898) ont montré que le Thorictus Foreli vivait non seulement en commensal phorétique des Four¬ mis, mais qu’on pouvait aussi le considérer comme un ectopa¬ rasite, car il perce les téguments de son hôte et suce son sang. Cet insecte présente d’ailleurs, par la disposition spéciale de ses organes buccaux disposés pour la succion, des caractères évidents d’adaptation au parasitisme. Un autre Coléoptère, le Platypsyllus castoris vit dans la fourrure du Castor aux dépens d'un Sarcoptide parasite, Schizocarpus Mingaudi, et se rend ainsi utile à son hôte en limitant la pullulation du Schizocarpus (Chobaud, 1899). On peut encore citer le cas du curieux Hemi- merus talpoides, Orthoptère aveugle qui vit en commensal épizoïque sur le Cricetomys gambianus Warh., grand Rongeur de l’Afrique tropicale (Bouvier, 1906). b) Phorésie temporaire : C’est le cas dans lequel l’animal transporté se sert du porteur uniquement comme d’un véhi¬ cule ; arrivés à destination, les deux animaux n’ont plus de rapport entre eux. (1) Racovitza (1907) a employé ce terme dans un sens restrictif en l’appli¬ quant seulement aux animaux termitophiles et myrmécophiles. Moi-même (1912-1913), je l’ai étendu d'une façon plus générale à tous les commen¬ saux des Insectes sociaux. Enfin, tout récemment, de Peverimhoff (igi3) a donné au mot xénophile un sens encore plus large, en l'employant pour désigner les commensaux des terriers et des nids. C’est cette dernière accep¬ tion qui a été adoptée dans ce travail. 74 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE Les triongulins des Méloïdes attendent sur les lleurs le con¬ tact des Hyménoptères mellifères pour se fixer à leurs tarses et se faire ainsi véhiculer jusqu’au nid où ils trouveront les aliments (larve et miel) nécessaixes à leur développement. D’autres Coléoptères du genre Antherophagus se font trans¬ porter de la même façon dans les nids de Bourdons où leurs larves subissent leur évolution. Beaucoup d’Acariens détriticoles appaitenant aux genres Gama- sus, Holostopis, Histiostoma, etc., voyagent à l’état de nymphe, attachés au corps de divers animaux fréquentant les substances organiques en décomposition. On trouve très souvent des Coléoptères coprophages, certains Hyménoptères à mœurs sou¬ terraines, de petits Mammifères tels que Mulots, Campagnols, Taupes, dont le corps est plus ou moins envahi par ces animal¬ cules qui ne sont, dans ce cas, nullement des parasites, comme on serait tenté de les prendre tout d’abord, mais de simples commensaux épizoïques temporaires. Le Leptinus testaceus, ce singulier Silphide aveugle dont la biologie est encore obscure, a été quelquefois trouvé sur le corps des petits Mammifères fouisseuis. D’autre part, on l’a recueilli en nombre dans les nids de Vespides et de Bombus (Gorham, 1869-1870), ainsi que dans les nids de Taupe (Mas- caraux, in litteris). Ces observations permettent de supposer que cet insecte accomplit ses transformations dans ceitaines Microcavernes et qu’il s’y fait transporter par les propriétaires de celles-ci. On peut encoi’e citer le Limosina sacra, Diptère du groupe des Borborinae, dont les mœurs ont été étudiées par Lesne (1896), et qui se fait véhiculer par les Scarabées rouleurs de boules vers les matières stercoraires où doit se déve¬ lopper sa progéniture. COMPOSITION DE LA FAUNE MICROCAVERNICOLE La faune des Microcavernes ne comprend jusqu’ici que des Arthropodes appartenant à des gxoupes assez différents qui sont les suivants : MICROCAVERNES 75 Thysanoures. Orthoptères. Coléoptères. Hyménoptères. Lépidoptères. Diptères. Aphaniptères. Aranéides. Acariens. Crustacés. APERÇU SUR LA FAUNE ENTOMOPHILE Avant d'aborder l’étude détaillée de la faune pholéophile, je terminerai ce premier chapitre par un aperçu sur la compo¬ sition de la faune entomophile destiné à montrer les affinités systématiques qui unissent entre elles les différentes formes microcavernicoles. La faune entomophile est formée, ainsi que je l’ai dit plus haut, par l’ensemble des animaux vivant dans les habitations des Insectes sociaux ou solitaires. Faune entomophile des Insectes sociaux. — Parmi ces ento- mophiles, il est une catégorie qui a, de tout temps, attiré plus particulièrement l’attention des observateurs, c’est celle des êtres vivant dans la compagnie des Fourmis et des Termites, aussi la myrmécophilie et la termitophilie sont-elles parmi les branches les mieux connues et les plus étudiées de l’étho¬ logie des Insectes. Grâce aux récents travaux de Forel, Emery, Janet, Wasmann, Wheeler, Bugnon, etc., nous connaissons aujourd’hui d’une façon détaillée, non seulement la composi¬ tion de cette population spéciale, mais encore les différentes modalités suivant lesquelles s’exercent les rapports entre Four¬ mis et Termites d’une part, et leurs entomophiles d’autre part,' ainsi que les diverses adaptations que présentent ces derniers. On trouvera chez ces différents auteurs tous les ren¬ seignements relatifs à ce sujet et je ne m’y étendrai pas davan- Soc. Lwn., t. lu, 1914. 8 UE LA FAUNE DES 1 Insectes . ) \ Myriapodes- Arachnides . . . . ) 76 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE tage ici. Je me contenterai de signaler, dans le cours du cha¬ pitre IV, les nombreuses formes qui possèdent en même temps des habitudes pholéophiles et myrmécophiles. La faune des nids de Bourdons, Guêpes, Frelons, Abeilles et autres Hyménoptères sociaux autres que les Formicides, est composée de toute une série d’animaux vivant dans ce milieu les uns en parasites, les autres en simples commensaux. Les premiers sont extrêmement nombreux et l’on conçoit, en effet, que les ressources alimentaires abondantes (miel, œufs et larves) accumulées dans ces nids aient pu tenter la légion innombrable des êtres vivant aux dépens d’autres êtres. En voici quelques exemples. Les Coléoptères de la famille des Rhippiphorides parasitent, sous leurs premiers étals, certains Hyménoptères dont ils dé¬ vorent la progéniture et la provision de miel. De très nombreux Hyménoptères à larves entomobies : les Chrysides, Psithyres, Mutilles, une foule d lehneumonides, Chalcidides, Ptéroma¬ lides, etc., vivent en parasites dans les habitations des Hymé¬ noptères nidifiants. Un grand nombre de Diptères fréquentent ces nids dans le même but. Les larves de Volucelles sont les ennemies des Guêpes et des Bourdons qu’elles dévorent sous leurs premiers états. Un Tachinaire, Brachycoma dévia Fall., plusieurs espèces de Conops, de Myopa parasitent les nids de Bombus. Un Antho- myide, Acanthiptera inanis Fall., divers représentants du genre Eustalomyia, se développent à l’intérieur des nids de Vespa. D’autres Anthomyides, certaines espèces de Myopa, de Bom- bylius, d’ Anthrax se nourrissent aux dépens des Anthophores. Argyromœba subnotata et Anthrax sinuata ont été trouvés dans les nids de Chalicodome. Un Diptère pupipare (?) aveugle et extrêmement dégradé, Braula cæca, vit sur les Abeilles en commensal épizoïque (Massonat, 1909). D’autres parasites, accomplissant leur développement dans le corps même de certains Hyménoptères, sont les Stylopides. Ces singuliers êtres qui présentent un dimorphisme sexuel remai quable (cf ailés, 9 larviformes) et dont on voit la tête et le ihorax émerger entre les deux segments abdominaux de leur hôte, se rencontrent spécialement chez les Andrena, Halic- ius, Vespa, etc. DE LA FAIM DES MICKOCAYERNES A cette horde de parasites vient se joindre la troupe moins nombreuse des commensaux. Ceux-ci fréquentent les nids d’Hyménoptères dans un but évidemment moins hostile ; cer¬ tains même méritent l’épithète de mutualistes en raison des ser¬ vices qu’ils rendent à leur hôte en débarrassant sa demeure des immondices et des moisissures qui l’envahiraient sans leur intervention. La plupart de ces commensaux appartiennent aux Coléop¬ tères et aux Diptères. Parmi les premiers, je citerai tout d’abord le Velleius dilatatus, Staphylinide de grande taille dont le déve¬ loppement s’accomplit uniquement dans les colonies de Vespa crabro établies dans les troncs creux des vieux arbres. Je n’ai, malheureusement, pas rencontré cette rare espèce dans les deux nids de Frelons que j’ai eu l’occasion de fouiller aux environs de Vienne. Mes recherches, il est vrai, ont eu lieu à la fin de l’automne, à une époque trop tardive pour la chasse de cet insecte ; néanmoins, dans les détritus accumulés en des¬ sous des nids, j'ai pu recueillir les espèces suivantes : Coléoptères. Phyllodrepa nigra Grav. Xylodromus concinnus Marsh. Aleochara sanguinea L. Quedius microps Grav. — ochripennis Men. Cryptophagus scanicus L. Enicmus minutus L. Nemadus colonoides Kr. Dendrophilus punctatus Herbst. Diptères. Un certain nombre de larves m’ont donné, à l’éclo¬ sion, plusieurs espèces encore indéterminées de Muscides, de Lvcoriides et de Cvpselides. J’ai recueilli également dans les nids de Vespa germanica que j ai déterrés au cours de l’automne 1912, dans la commune de Saint-Cyr-sur-Rhône, quelques Coléoptères dont voici l'énu¬ mération : 78 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Athelu nigricornis Thoms. — ravilla Er. Oxypoda vittata Mark. Quedius ochripennis Mén. - — mesomelinus Marsh. Catops tristis Panz. Cryptophagus pubescens Sturrn. Medon castaneus Grav. et Cryptophagus Schmidti Strm. ont été signalés en Allemagne, également dans les nids de Vespa. Britten (i 9 1 1) a publié récemment la liste suivante des espèces qu’il a recueillies dans ces mêmes conditions en Angle¬ terre. Oxypoda spectabilis Mark. Quedius puncticollis Th. Atheta ravilla Er. — occulta Er. Proteinus ovalis Steph. Choleva tristis Pz. — chrysomeloides Pz. Cryptophagus pubescens Sturm. Quelques Coléoptères élisent domicile, en qualité de com¬ mensaux, dans les nids de Bombus où ils accomplissent leur développement. Ce sont les diverses espèces d ’Antherophagus, certains Cryptophagus, le pubescens notamment, des Epuræa et quelques autres encore. Quedius talparum Dev., Heterops praevia Er. et Hister marginatus Er. ont été signalés en Alle¬ magne dans les nids de Bourdons, mais ces espèces, qui sont essentiellement pholéophiles et spécialement inféodées à la Taupe, se trouvaient là certainement en visiteurs accidentels par suite d’une communication souterraine entre le nid où elles ont été trouvées et le terrier voisin d’une Taupe. Le Leptinus testaceus Müll., fréquente souvent les nids de Bourdons où il se fait transporter par les petits Mammifères. Un autre Silphide aveugle et aptère, le Scotocryptus Meliponæ Girard, a été trouvé au Brésil par Drory dans les nids d’une Mélipone. De nombreux Acariens détriticoles des genres Gamasus et voisins, fréquentent les nids d’Hyménoptères et il n’est pas DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 79 rare de trouver ceux-ci recouverts de ces pseudo-parasites qui se font véhiculer par leur hôte d’un lieu à un autre. Enfin, les nids d’IIyménoptères donnent aussi asile à d’autres commensaux, Dermestes lardarius L.f Trichodes alvearius F., Ptinus divers, larves de Muscides, etc., qui ne fréquentent les nids qu’à l’époque où ceux-ci commencent à se détériorer par suite de la diminution de leur population. Faune entomophiie des Insectes solitaires. — Les galeries creusées dans le bois par les Xylophages, ainsi que les cavités du sol habitées par certains Insectes possèdent leur faune propre dont les représentants, simples commensaux, prédateurs ou parasites, vivent dans ce milieu soit des déjections de leur hôte, soit aux dépens de cet hôte lui-même. Il est à noter toutefois que les êtres appartenant à cette catégorie ne sont pas seulement coprophages ou carnassiers, certains, tels que les Epuræa læ- viuscula Gvll. et augustata Er., qui fréquentent les galeries de Trypodendron lineatum ; l 'Epuræa rujomarginata Sleph., qui recherche les galeries de Dryocetes autographus s’y nourris¬ sent, ainsi qu’il ressort des observations d’Hubbard (i), des exsudations du bois et des productions cryptogamiques ou « ambroisies » qui ne tardent pas à envahir les galeries. C’est vraisemblablement cet aliment spécial que viennent rechercher dans certaines Microcavernes (terriers de Taupe, nids de Bom- bus) les Epuræa qu’on y rencontre fréquemment sous leurs différents états. Les troncs infestés par les Cossus sont souvent visités par divers Staphvlinides, entre autres par le Philonthus fuscus Grav. Les Histérides fréquentent volontiers les cavités habitées par d’autres Insectes ou leurs larves. C’est ainsi que certains Sapri- nus se rencontrent dans les galeries des larves de Cicindèles. Saprinus Quedenfeldti Schm. a été découvert dans une petite excavation en compagnie de Blaps lethifera Marsh. Le Teretrius parasita Mars, vit dans les galeries du Sinoxylum sexdentatum 01., dont il est parasite. Le Platysoma oblongum F. fréquente (i) The Ambrosia beetles of thc U. S. A. in U. S. Départ, of Agriculture, Div. of Entomology. Bull, n" New Serie«. 80 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE les galeries de divers Scolytides, aux dépens de ceux-ci. On pourrait multiplier des exemples analogues parmi les repré¬ sentants de cette famille. Les Lemophlæus, certains Rhizophagus, Malachiides, Dasv- tides, etc., se développent dans les galeries des Xylophages. Parmi ces Insectes, un certain nombre présentent des modifica¬ tions morphologiques en rapport avec leur genre d’existence, modifications se traduisant le plus souvent par l’aplatissement et l’allongement du corps, adaptation favorable à des animaux vivant habituellement dans des fentes ou des galeries étroites. DF. LA FA INF. DF.S MICROCAVF.RNFS 81 CHAPITRE III ETUDE PARTICULIÈRE DE LA FAUNE PHOLEOPHILE I. FAUNE DES TERRIERS DE MAMMIFÈRES Les principaux Mammifères fouisseurs dont les terriers ont été explorés au point de vue pholéobiologique sont, d’après les données actuelles, les suivants : MAMMIFÈRES INSECTIVORES Taupe commune. Talpa europæa L. Musaraigne. Sorex vulgaris L. RONGEURS Lapin de garenne. Lepus euniculus L. Campagnol des champs. Arvicola agresti * L. Souris domestique. Mus musculus L. Marmotte des Alpes. Arctomys marmotta L. Marmotte de Sibérie. Arctomys bobac Gmcl. Hamster commun. Cricetus frumentarius l’all. Spermophile souslik. Spcrmophilus citilius L. Gerboise d’Egypte. Haltomys ægyptiacus J)esm. CARNIVORES Rlaireau commun. Meles taxus Schr. 11 existe bien encore un certain nombre de Mammifères à moeurs souterraines ou obscuricoles tels que le Renard, le Putois, la Belette, l’Ecureuil en Europe, le Rat de Gambie, le Phacochère, l’Oryctérope en Afrique, le Rat des Prairies, en Amérique, dont différents observateurs ont fouillé la 82 CONTRIBI'TION A L'ÉTUDi; demeure. Mais on ne possède sur la population de celle-ci que des renseignements fragmentaires dont les uns ont été signalés dans la première partie de ce travail et dont les autres le seront plus loin, lorsque s’en présentera l’occasion. Je vais passer successivement en revue les divers Mammi¬ fères dont j’ai donné plus haut la liste, en fournissant pour chacun d’eux les différentes indications concernant le terrier, les procédés de recherche et la population pholéophile. Taupe commune. (Talpa europæa L.) Cet Insectivore est très répandu dans la plus grande partie de l’Europe, jusqu’en Asie. Il manque toutefois dans les îles du Nord de l’Ecosse et en Islande. Son terrier, s’il est des plus communs partout, n’est cependant pas toujours facile à décou¬ vrir. Une certaine pratique, ainsi que la connaissance préalable des habitudes de l’animal sont indispensables pour cela. La Taupe n’est pas très exigeante dans le choix de son lieu de résidence, mais elle préfère cependant un sol meuble, pas trop caillouteux afin de s’y mouvoir aisément. Il est également indispensable que la terre soit peuplée de vers et d’insectes dont elle puisse faire sa nourriture. Les alluvions des prairies bor¬ dant les cours d’eau remplissent parfaitement ces conditions ; aussi est-ce là que les Taupes se trouvent en plus grand nombre et qu’il est le plus aisé de déceler leur terrier. Celui-ci est constitué par une cavité arrondie de 3o centi¬ mètres environ de diamètre creusée à une profondeur moyenne de 20 à 25 centimètres en dessous de la surface du sol et d’où partent des galeries dont le nombre et la disposition sont à peu près constantes. Cette cavité a reçu, suivant les auteurs (r), (i) Cf. A. Cadet de Vaux, De la Taupe, de ses mœurs, de ses habitudes et des moyens de la détruire, Paris, i8o4. — M. Dralet, l'Art du taupier, ou Méthode infaillible de prendre les taupes, Paris, 182/1. — Flourcns, Observa¬ tions pour servir à l’Histoire naturelle de la Taupe (Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle, Paris, 1828, t. XVII, p. 293). — Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire naturelle des Mammifères, Paris, 1829. — C. Vogt, Leçons sur les animaux utiles ou nuisibles, Paris, 1867. — A. -F. Brehm, les Mammifères, trad. franc, par Gerbe, Paris, 1891. — A. Mansion, la Taupe commune UE LA FAI NE DES MICROCAVERNES 83 le nom de nid, forteresse, donjon, loge de repos, chambre ou trou de retraite. Je pense qu’il est préférable de la nommer simplement le gîte, car c’est là que l’animal se repose, dort et séjourne constamment en dehors du temps consacré à la chasse. Voici, d’après Lionel E. Adams (i), la manière dont procède la Taupe pour la construction de son gîte. Il est extrême¬ ment peu probable qu’elle en choisisse délibérément l’emplace¬ ment, car elle est pratiquement aveugle. Elle commence par élargir une portion de galerie en rejetant à la surface, au moyen de petites secousses de sa tète, la terre qu’elle a détachée H H Fig. i. — Premier stade de la forteresse vue en coupe, (d'après Lionel E. Adams.) RR. Passage de ta taupe au-dessous de la surface. — HH. Chapeau de terre rejette. avec ses puissantes griffes (fig. x). L’observateur immobile peut voir une masse de terre en forme de saucisse sortir de dessous le sol en quatre ou cinq saccades ; puis, après une ou deux minutes d’intervalle, quand la Taupe a recueilli une nouvelle quantité de terre détachée, une nouvelle saucisse apparaît ; et ainsi de suite, jusqu’à ce que le travail soit terminé. Puis vient, à la pai'tie inférieure de la cavité, l’excavation d’une galerie s’enfonçant verticalement sur un trajet d’environ io centi¬ mètres et se recourbant ensuite vers le haut pour venir aboutir au couloir horizontal de sortie (fig. 2). On n’est pas absolument fixé sur la destination de cette galerie, qui est d’ailleui'S cons¬ tante dans tous les gîtes. Certains auteurs, Lionel E. Adans no¬ tamment, la considèrent comme une sorte de porte de fuite et ( Revue scientifique, n° du 4 janvier 1902). — Lionel-E. Adams, The Moles and Molehills (\atur., n° 2106, Londres, 1910). (1) Lionel-E. Adams, loc. cit. 84 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE lui donnent le nom de passage d’évasion (Bolt-run) . Je suppose qu’on pourrait y voir, en même temps, un puits de drainage pour les eaux d’infdtration ainsi qu’une cheminée d’aération permettant la ventilation du nid et destinée à empêcher ses matériaux de moisir. Finalement, pour rendre l’habitation sûre et à l’abri de l’eau, la taupe entasse au-dessus une masse de terre parfois considé¬ rable à travers laquelle s’élèvent obliquement des galeries dont les unes se terminent en cul-de-sac, tandis que d’autres se réunissent entre elles, formant ainsi un labyrinthe dont la dis- H Fig. 2. — Deuxième stade de la forteresse vue en coupe, (d’après Lionel E. Adams.) N. Cavité du nid. — B. Passage d'évasion. — H. Chapeau de terre rejeté. position n’est ni aussi constante, ni aussi symétrique que l’ont décrite et figurée les anciens auteurs. On peut considérer comme des tunnels d’aération ces galeries obliques dont la plupart viennent se terminer assez près de la surface du sol. Enfin, un ou plusieurs couloirs horizontaux font communiquer le gîte avec le terrain de chasse de la Taupe (fig. 3 et 4 ; voir aussi la planche hors texte). La cavité du gîte est remplie à peu près complètement par une botte d’herbe, de feuilles ou de mousse qui sert de couche à la Taupe et de nid pour les petits à l’époque de la parturition, époque qui s’étend, dans notre région, de février jusqu’en avril. La Taupe établit quelquefois son gîte en plein cbamp ; il est, dans ce cas, décelé au dehors par un amas se distinguant des simples taupinières provenant du forage des galeries de chasse par son volume bien plus considérable, pouvant attein- DF. LA FAUNE DES MICROCAVERNES dre parfois une charge de brouette. Le fait n’est cependant pas constant, car j’ai maintes fois observé des gîtes surmontés d'un amas terreux se distinguant à peine comme volume et comme Fig. 3. — Vue en coupe de la forteresse terminée, (d'après Lionel E. Adams.) TT. Tunnels formés en empilant de la terre du dehors pour rendre le nid imperméable à l'eau. — X. Xid. — H. Chapeau de terre. aspect des simples taupinières. Le gîte en plein champ est géné¬ ralement construit dans une partie surélevée, surtout s’il est à proximité d’un cours d’eau contre les crues duquel il se trouve Fig. 4. — La forteresse terminée rue par-dessus avec les tunnels TT à découvert, (d'après Lionel E. Adams.) ainsi protégé. Le plus souvent, la Taupe creuse son terrier à l’abri d’une haie ou bien entre les racines épigées d’un arbre. Il n’est pas rare de découvrir des nids au pied des vieux saules têtards ou des vieux arbres qui bordent les ruisseaux ou les rivières. 86 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Il faut distinguer le gîte du mâle de celui de la femelle, chaque sexe ayant son domicile distinct. Le premier est plus profond, plus vaste, il contient un nid plus volumineux et il est à remarquer qu’il est à peu près constamment placé sous un abri : arbre, haie, mur, etc., tandis que, par une anomalie singulière, le second, bien que destiné à l’établissement de la famille, se trouve moins bien protégé, car il est le plus souvent établi dans un lieu découvert et à une plus faible profondeur. Lorsqu’on se trouve en présence d’une taupinière que, par suite des indices que je viens de signaler, on suppose recouvrir un gîte, la meilleure manière de s’en assurer est le sondage ave une canne ferrée. Si l’instrument, après avoir traversé la couche supérieure, cède brusquement et s’enfonce sans résis¬ tance jusqu’à la moitié de sa longueur, on peut creuser avec une pioche ou une bêche, en ayant soin d’enlever la terre tranche par tranche, et on arrive bientôt à la cavité renfermant le nid. On extrait celui-ci soigneusement et on l’introduit aussi¬ tôt dans un sac pour le tamiser à domicile. Cette opération, faite sur place, outre qu’elle nécessiterait le transport d’un matériel encombrant, ne pourrait être pratiquée avec les pré¬ cautions nécessaires et ferait, au surplus, perdre un temps précieux, les recherches sur le terrain étant parfois longues et laborieuses. Il ne faut pas négliger de visiter attentivement les parois du gîte et l’entrée des galeries, particulièrement de la galerie de drainage, car c’est là surtout qu’on a des chances de cap¬ turer certaines espèces intéressantes ou rares, telles que VHister marginatus Er. et les Quedius du groupe de Yochripennis Mén. (talparum Dev., nigrocænüeus Rey, longicornis Kr.). Le tamisage du nid se fait au moyen d’un tamis à mailles de 5 à 6 millimètres ; il faut soigneusement en démêler les matériaux qui sont toujours plus ou moins étroitement, enche¬ vêtrés et n’en tamiser qu’une faible quantité à la fois, c’est le plus sûr procédé pour ne rien laisser échapper. Il est d’ailleurs bon, après le tamisage, de placer dans des terrines les nids dont on vient de prélever les imago afin d’éle¬ ver les larves qu’ils renferment encore. Ces terrines, recou¬ vertes d’une toile serrée, mais permettant néanmoins l’aération, sont placées, ainsi que je l’ai pratiqué, de préférence dans une DE LA FAINE DES MICKOCAYEHNES 87 cave. L’éducation de ces larves, pour la plupart carnassières, n’est pas toujours chose facile, car l’allélophagie fait, en peu de temps, des vides considérables. Malgré cela, on obtient des éclosions en nombre suffisant pour dédommager des soins de l’élevage, surtout si l’on a pu réaliser les deux conditions indis¬ pensables à la réussite : humidité constante et nourriture abon¬ dante, laquelle consiste, pour les espèces carnassières, en larves de puces et en Acariens qui pullulent dans ce milieu. La densité de la population du nid est en rapport inverse avec la température extérieure. 11 en résulte que la saison froide est la plus favorable pour la recherche des Arthropodes dans le terrier de la Taupe (i). Les meilleures récoltes se font de décembre jusqu’à mars. Plus tôt ou plus tard, on ne trouve guère que les parasites de l’hôte : Puces et Acariens. Les com¬ mensaux, répandus en été dans les galeries, se réfugient, durant la saison froide, dans le nid où ils trouvent un abri tiède et une nourriture abondante, soit en proies vivantes, soit en déchets organiques ; aussi est-ce là un asile fréquenté, non seulement par les Pholéophiles, mais encore par une foule de Pholéoxènes représentés par de nombreux Arthropodes appartenant à diffé¬ rent groupes et qui viennent prendre là leurs quartiers d’hiver. Quelle voie ces différents animaux utilisent-ils pour pénétrer jusqu’au nid ? D’après Norman H. Joy, ils se frayeraient un chemin à travers la terre plus ou moins meuble qui recouvre le gîte. Langenham pense, au contraire, qu’ils suivent les diffé¬ rents couloirs horizontaux qui conduisent à celui-ci. Selon moi, il n’existe pas qu’un mode unique de pénétration et ces deux opinions sont admissibles l’une et l’autre, suivant les cas. En effet, certains Arthropodes fouisseurs, à membres courts et robustes, tels que les Histérides, les Staphylinides de la tribu des Oxyteliniens, etc., doivent pouvoir facilement aller et venir à travers l’épaisseur du revêtement terreux, tandis que d’autres (Aléochariens, Sténiens, etc.), nullement organisés pour fouir, ne peuvent, évidemment, gagner le nid qu’au moyen des fissu¬ res du sol et des galeries, dans lesquelles, d’ailleurs, beaucoup d’entre eux séjournent normalement. Il arrive fréquemment que certains terriers sont contigus (i) Cette règle s’applique à tous les terriers de Mammifères ; les recherches n’y sont vraiment productives que pendant l’hiver. 88 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE avec des fourmilières appartenant soit aux Lasius flavus et brunneus, soit au Tetramorium cæspitum. Dans ce cas, des animaux myrmécophiles peuvent pénétrer dans le logis voisin et devenir ainsi des Pholéophiles occasionnels. C’est ainsi, par exemple, que le Batrisodes oculatus, commensal habituel du Lasius brunneus, se rencontre parfois dans le nid de la Taupe où il est très vraisemblablement attiré par les nombreux Aca¬ riens qui vivent dans ce milieu. On sait, en effet, par les obser¬ vations de Wasmann (i8g4), que ce Coléoptère se nourrit habituellement des Acariens qu’il trouve dans les fourmilières de son hôte normal. Les recherches que j’ai effectuées, de 1910 à 1913, aux alen¬ tours de Vienne en Dauphiné, dans les vallées de Leveau et de Septème 111’ont procuré environ i5o nids de Taupe trouvés dans des prairies à sol argilo-sablonneux bordant des rivières. Ces nids étaient formés tantôt par des herbes sèches, tantôt par des feuilles mortes, tantôt par les deux sortes de matériaux assemblés, mais, dans ce cas, les différentes substances n’étaient jamais mélangés et les feuilles occupaient constamment le centre. M. J. Pelosse a bien voulu me céder un lot d’Arthropodes qu’il a recueillis pendant l’hiver 1911-1912 dans des nids pro¬ venant de Thoissey (Ain). Ces nids, trouvés pour la plupart au pied de vieux arbres, non loin d’un cours d’eau, étaient constitués uniquement par des feuilles. J’ai reçu, en outre, des environs d’Aydoilles (Vosges) une vingtaine de nids composés exclusivement par de la mousse et qui avaient été déterrés dans des pâturages en lisière d’une forêt. Je vais donner ci-dessous, sous forme de tableau, la liste des Arthropodes que j’ai recueillis ou observés dans ces nids. Les lettres placées entre parenthèses, après le nom de l’espèce, indiquent que cette espèce est : (a) pholéobie, (b) pholéophile, (c) pholéoxène. La première colonne renferme les noms des localités : 1 = Isère, A = Ain, V = Vosges; la seconde porte les indications du degré de fréquence que j’ai pu observer : C.C. = très commun, C = commun, R = rare, R.R. = très rare; la troisième contient les signes indiquant si l’espèce a été obte¬ nue ( + ) ou non ( — ) d’éclosion dans mes élevages. DE LA FAUNE DES MICKOCAYERNES 89 ESPÈCES Localités Degré de fréquence Eclosion INSECTES T h j » a n o u r e s . i. Lepidocyrtus pusillus L. (c) . . . I. A. V. C. 2. Japyx solifugus Haliday (b ?). . . I. R. — Coléoptères. CARABIDÆ 3. Bembidium lampros v. properans Steph. (c) . » R. 4. Tachys bistrialus Dufs. (c) . . . . » » — 5. T rechus h-striatus Schr. (c). . . . )> )) — 6. Badister bipustulatus F. (c). . . . )) )) — 7. Ophonus maculicornis Duft. (c) . . » » — 8. Amara familiaris Duft. (c) . . . . » ») — 9. Stomis purnicatus Panz. (c). . . . » » — 10. Agonum dorsale Pont, (c) . . . . )) )) — 11. Dernetrias atricapillus L. (c) . . . » » — STAPHYLIMDÆ 12. Protinus ovalis Steph. (c) . . . . » R. i3. Omalium cæsum Grav. (c) . . . . » R. — i4- Xylodromus af finis Gerli. (a) . . » R. + i5. Oxytelus sculpturatus Grav. (c) . . I. A. C. C. — 16. — Saulcyi Pand. (b) . I. R. — 17. — tetracarinatus Block. (c) . I. A. V. C.C — 18. Stenus brunnipes Steph. (c) . . . I. R. — 19. — picipes Steph. (c) . I. R. — 20. Astenus angustatus Payk. (c) . . . I. A. R. — 21. Medon ripicola Kr. (b) . I. A. V. C. — 22. — bicolor 01. (b) . I. A. V. C. C. + 23. — melanocephalus F. (b) . . . A. C. — 24. — fusculus Mannh. (b). . . . I. A. C. 4- 25. Lathrobium multipunetaturn Grav. (c) . I. R. 26. Xantholinus linearis 01. (b) . 1. C. + 27. Philonthus varius Gyll. (c). . . . I. R. — 28. — spermophili (a) . . . . . I. R. R. — 90 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE ESPÈCES Localités Degré de fréquence Eclosion 29. Quedius ochripennis Mén. (b) . . . I. A. V. C. + 3o. — ochripennis v. nigrocœruleus Rey (b) . I. A. V. c.c. + 3i. — talparum Dev. = othiniensis Johans. (a) . I. R. R. — 32. Heterops prævia subsp. nigra Kr. (a). I. A. V. C. C. + 33. Tachyporus nitidulus F. (c) . I..A. C. — 34. Tachinus rufipennis Gyll. (b) . . . V. R. — 35. Leptusa difformis Rey (c) . . . . I. R. R. — 36. Falagria obscura Grav. (c) . . . . I. V. R. — 37. Atheta triangulum Kr. (a) . . . . I. A. C. 38. — augustula Gyll. (c) . . . I. C. — 39. — angusticollis Thoms. (b) . . I. V. R. + 4o. — paradoxa Rey (a) . I. A. V. C. C. + 4i. Amischa arata Rey (c) . I. R. — 42. Astilbus canaliculatus F. (c) . . . I. R. — 43. Oxypoda ferruginea Er. (c). . . I. R. — 44- — longipes Rey (a) . I. A. V. C. C. + 45. Aleochara sparsa Heer (b) . . . . I. R. — 46. — spadicea Er. (a) . I. A.V. C. C. + PSELAPHIDÆ 47. Bythinus macropalpus Aubé. (c) . I. A. C. — SCYDMÆNIDÆ 48. Batrisodes oculalus Aubé. (b) . I. R. — SILPHIDÆ 49. Leptinus testaceus Müll. (b) . . I. R. R. -- 5o. Choleva cisteloides Frôl. (b) . . . I. A. R. — 5i. — Sturmi Rris. (b) . I. R. — 52. Catops nigrita Er. (b) . I. R. + 53. Ptomaphagus sericatus Chaud, (b). I. V. R. — TRICHOPTERYGIDÆ 54. Trichopteryx grandicollis Maerk. (c). 1. R. — HISTERIDÆ 55. Hister marginatus Er. (a) . . . . V. A. C. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 91 ESPÈCES Localités Degré de fréquence Eclosion 56. Onthophilus sulcalus Forst. (a) . . I. A. V. C. C. — MTIDULIDÆ 57. Epuræa melina Er. (b) . I. c. + 58. Rhizophagus perforatus (c). . . . I. A. R. — CUCUJID.fi 5g. Silvanus bidentatus F. (c) . . . . I. R. — CRYPTOPHAGID.fi (i) 60. Cryptopliagus distinguendus Strm. I. R. - (b) . 61. — punctipennis Bris, (b) . . . I. R. R. — 62. Atoinaria Unearis Steph. (c) . I. c. — 63. — atricapilla Steph. (c). . . I. C. — LATHRIDIID.fi 64. Corticaria truncatella Mannh. (c). I. R. _ CURCULIOMD.fi 65. Sciaphilus asperaius Bonsd. (c) . I. R. R. — 66. Barypithes araneiformis Schr. (c). I. R. R. — (i) J’ai signalé (1912) la présence d'Henoticus serratus Gyll. dans le nid de la Taupe. Je rectifie ici une double confusion qui s’était produite au sujet de l'identité et de l’habitat de cet Insecte. J’avais capturé celui-ci en tamisant des nids de Taupe conservés depuis quelque temps en terrines dans ma cave, et j'avais cru qu'il provenait de ces nids, soit qu'il y fût né en capivité, soit qu'il m’eût échappé au premier tamisage. Or, ce Coléoptère, qui vit en réa¬ lité dans ma cave, ainsi que je l’ai constaté par des captures ultérieures, avait dû grimper le long des parois de la terrine et se mêler aux nids après l’enlè¬ vement de la toile qui recouvrait ceux-ci, ce qui m'avait fait croire à un habitat qui n’est pas le véritable. Ayant communiqué à mon obligeant collègue, M. Sainte-Claire Deville, qui avait déterminé le premier individu, ceux que j’avais retrouvés, depuis, dans la même cave, il a pu s'assurer qu'il s’agissait, non d'Henoticus serra¬ tus, mais d'une espèce encore peu connue, H. germanicus Reitt. Ce dernier, décrit en 1902 sur un seul individu de Coblenz, a été retrouvé en 1912 à Londres, dans l’intérieur d'un magasin (cj. Newbery, in Ent. Mont. Mag., 1912. p. 2S6). La capture de cet insecte à Vienne (Isère) porte donc à trois les localités connues de cetle espèce. Soc. Linn., t. lxi. 1914. 9 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE 92 ESPÈCES Localités Degré de fréquence 67. Sitona lineatus L. (c). 68. A pion trifolii L. (c) . 69. — pisi L. (c) . . I. R. R. I. R. R. I. R. R. Eclosion SCARABÆIDÆ 70. Aphodius dislinctus Müll. (c) . . . 71. Oxyomus silvestris Scop. (c) . Hyménoptères. FORMICIDÆ 72. Formica rufibarbis F. (c) . 73. Lasius flavus F. (c) . 74. — brunneus Latr. (c) . 75. Ponera contracta Latr. (c) . 76. Myrmecina Latreillei Curt. (c). 77. Tetramorium cœspitum L. (c). 78. Solenopsis fugax Latr. (c) . Diptères. LYCORIIDÆ 79. Lycoria (Sciara) nilidicoltis Meig.(b) 80. — — nervosa Meig. (b) . . CYPSELIDÆ 81. Limosina rétracta Rond, (b) . 82. — nitens Steph. (b). PHORIDÆ 83. Phora caliginosa Meig. (b) . 84- Aphiochæta rufipes Meig. (b) . . . I. R. R I. R. I. R. I. R. I. R. I. R. R I. R. R I. C. I. R. I. C. C I. C. I. R. I. C. I. assez commun I. ld. HELEOMYZIDÆ 85. Œcolhea fenextralis Fall. (a) . I. R. 86. Aplianiptères. PULICIDÆ Hystrichopsilla, talpæ Curl site) .... (a, para- I. A. V. C. C. + + + + + + + DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 93 ESPÈCES Localités Degré de fréquence Eclosion 87. Ctenophtalmus assimilis Tasch. (a. parasite) . . I. A. V. C. c. + MYRIAPODES CHILOPODÆ 88. Lithobius forficatus L. (c) . I. c. c. — 89. — calcaratus L. Koch, (c) . . . 1. R. 90. — crassipes C. Koch (c) . . I. C. C. 91. — Dubosqui Brôl. (c) . . . . C. -- 92. — sp. P . I. 93. Cryptops hortensis Leach. (c) . . . I. R. — 94. Geophilus longicornis Leach. (c) . I. R. — 95. Clinopodes linearis C. Koch, (c) . 1. R. R. — 96. Schendyla nemorensis C. Koch. (c). I. R. — DIPLOPODÆ 97. Brachydesrnus superus Latz. (c). . I. C. — 98. Polydesmus complanatus L. (c) . I. C. C. — 99- — subinteger Latz. (c). . . . I. C. C. — 100. — p coriaceus Por. (c). . I. C. — 101. Microbrachyulus littoralis Yerh. (c). I. C. — ARACHNIDES PSEUDOSCORPIONID.E 102. Chelifer phaleratus E. Simon (c). A. C. C. — io3. Chtonius Rayi L. Koch, (c) . . . A. C. — ARANEIDÆ io4- Amaurobius Erberi Kayserling (c). I. R. — io5. Harpactes Hombergi Scop. (c) . A. I. R. — 106. Pedanostetlius lividus Black, (c). A. R. — 107. Porrhoma pygmæum Black, (c). . I. R. — 108. Micromela sp. ? . I. R. — 109. Lephtyphantes alutacius E. Simon ' (b ?) . I. C. — no. Linyphia sp. ?. . . . I. R. — ,i 1 1 . Pachygnatha Degeeri Sund. (c) . I. R. — 112. Oxyptila trux Black, (c) . . . .j I. R. — 94 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE ESPÈCES Localités Degré de fréquence Eclosion n3. Clubiona pallidula Clerck. (c) . I.A. R. _ ii4. Micaria pulicaria Sund. (c) . I. R. — 11 5. Hahnia nava Black, (c) . I. R. — 11 6. Phrurolithus nigrinus E. Simon (c). I. R. — ACARINÆ 11 7. Hemogamasus hirsutus Berlese. (a, parasite) . I. A. V. C. C. 11 8. Gamasus magnus Kr. (a) . I. A. V. C C. — CRUSTACÉS Isopotles. 119. Oniscus murarius Cuv. (c) . I A. C. 120. Platyarthrus Hoffmannseggi Brdt (c) . I. R. R. — Le tableau précédent peut donner une idée assez exacte de la composition normale du terrier de la Taupe, car il com¬ prend, sauf quelques exceptions, la majeure partie des espèces qu’on rencontre, en tous pays, dans cet habitat. L’examen de ce tableau permet de faire les constatations suivantes : i° En tenant compte seulement du nombre des espèces ren¬ contrées, le groupe des Insectes est le mieux représenté, vien¬ nent ensuite les Arachnides, puis les Myriapodes, cl, enfin, les Crustacés. Espèces. Insectes . Arachnides Myriapodes Crustacés . I 20 87 *7 i4 Parmi les Insectes, les Ordres sont répartis ainsi : DE LA FAUNE DES MICROCAYERNES 95 Espèces. Coléoptères . 69 Diptères . 7 Hyménoptères . 7 Aphaniptères . 2 Thysanoures . 2 87 Parmi les Arachnides : Araneidae . . . Acarinæ. Pseudoseorpionidæ Espèces. i3 2 2 Parmi les Myriapodes : Espèces. Chilopodæ . 9 Diplopodæ . 9 Parmi les Crustacés : Isopodes . 2 20 Si l’on envisage maintenant l'éthologie des espèces ren¬ contrées, on voit qu’elles se répartissent de la manière sui¬ vante : Nombre d'espèces. Pourcentgae. Pholéobies . i5 12% Pholéophiles . 28 23 % Pholéoxènes . 77 65 % 120 Il est à noter que, parmi les Pholéobies, trois sont des para¬ sites (Histrichops^'lla talpæ, C.tenophtalmus assimilas et Herno- 96 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE gamasus hirsutus), les autres sont des commensaux et se dis¬ tribuent ainsi : Nombre d'espèces. INSECTES. . ARACHNIDES Coléoptères . Diptères. . . Staphylinidæ ... 8 Histeridæ . 2 Heleomyzîdæ . . . 1 Acarinæ . 1 La famille des Staphylinidæ nous apparaît comme la plus caractéristique des Pholéobies. Les Pholéophiles se répartissent comme ci-après : Nombre d'espèces. . 1 f Staphylinidæ ... 11 V Scydmænidæ ... 1 < Silphidæ . 5 ! Nitidulidæ . 1 ( Cryptophagidæ. . . 2 C Lycoriidæ . 4 ) Phoridæ . 2 , . Araneidæ . 1 Thysanoures INSECTES. Coléoptères Diptères ARACHNIDES La famille des Staphylinidæ est donc encore la plus carac¬ téristique des Pholéophiles. Quant aux Pholéoxènes, on pourra remarquer que tous les Carabidæ, Trichopterygidæ, Curculionidæ, parmi les Coléop¬ tères, tous les Hyménoptères, les Myriapodes, et la plupart des Arachnides appartiennent à cette catégorie. Musaraigne commune. (Sorex vulgaris L.) La Musaraigne commune habite l’Europe centrale et méri¬ dionale. On la rencontre dans toute la France. Elle vit soit dans les bois où elle se cache dans les troncs d’arbre, les creux de rocher, sous les feuilles, soit dans les champs, et, dans ce cas, ne se creusant pas elle-même de terrier, elle loge d’or¬ dinaire dans les trous abandonnés de Campagnol ou de Taupe. C’est en fouillant le terrier de ces animaux qu’on peut ren¬ contrer par hasard un nid de Musaraigne. Un de ceux-ci, que DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 07 j'ai trouvé, en mai 1912, contenait seulement, outre les Puli- cides et Acariens, constants dans tous les nids de petits Mam¬ mifères, quelques Coléoptères dont un seul à mœurs pholéo- philes : Heterops prævia Er., en compagnie de sa larve. Le Leptinus testaceus a été recueilli par Waga (1807) et Olivier (1909) dans les nids de Musaraignes. Joy (1906) y a rencontré, en Angleterre, un microscopique Trichoptérygien : Ptenidium evanescens Marsh. Lapin de garenne. (Lepus cunicalus L.) Le Lapin de garenne habite toute l’Europe centrale et méri¬ dionale. Dans certaines régions où il n’est pas chassé et où il rencontre des conditions favorables d’existence, il se multiplie rapidement jusqu’à devenir parfois un véritable fléau. On le rencontre surtout dans les pays montagneux, les ravins, les taillis, sur les collines sablonneuses, dans lesquelles il peut se creuser facilement un gîte et se dissimuler. L’intérieur du terrier de Lapin est formé d'un labyrinthe de galeries pénétrant si profondément dans le sol (1) qu’on ne peut songer à en explorer l’intérieur, à moins d’un travail de fouille très long et très difficultueux. La méthode la plus pra¬ tique pour se procurer les Arthropodes qui y vivent consiste dans l’emploi de pièges. Ceux que j’ai employés étaient formés par des boîtes en fer blanc renfermant des morceaux de peau de Lapin ou de fromage (les peaux de Lapin donnent les meil¬ leurs résultats). Ces boîtes sont placées le plus profondément possible dans le terrier, le couvercle percé de trous étant seul sur le plan du sol. Les Lapins de garenne sont très rares dans les environs immé¬ diats de Vienne en Dauphiné, non que les conditions naturelles ne leurs soient favorables, mais ils sont pourchassés et (i) Le terrier spécial, ou rabouillère, creusé par la femelle pour y mettre bas, est bien moins profond ; sa profondeur ne dépasse pas 1 mètre. -Il ren¬ ferme ordinairement peu de pholéophiles. ainsi que j’ai pu m’en assurer en plusieurs circonstances. Outre les parasites (Acariens et Puces), les rabouil- lères que j’ai examinées ne contenaient que des Staphylinides du genre Oxytelus (O. tetracarinatus) et du genre Atheta (A. sodalis). 98 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE détruits par les braconniers au moyen des Furets. J’ai pu effec¬ tuer néanmoins quelques recherches dans une propriété parti¬ culière de la commune d’Eslrablin (Isère) où ces Rongeurs sont encore assez nombreux. Les pièges placés pendant les premiers mois de 1913 m’ont procuré les espèces suivantes : Coléoptères. STAPHYL1NIDÆ . P®Sré de fréquence. Oxypoda vittala Mark, (b) . RR — lividipennis Steph. (? b) . AC Aleochara cuniculorum Kr. (a) . R Alheta triangulum Kr. (a) . R — amicula Steph. (c) . R — divisa Mark, (b) . C — Pertyi Heer. (b) . C — crassicornis F. (c) . R — sericans M. et Rev. (c) . R Philonthus cephalotes Grav. (b) . R Quedius ochripennis Mcn. (b) . R — fulgidus F. (b) . R — cinctus Pavk. (c). . R Coprophilus striatulus F. (b) . R Oxytelus sculpturatus Grav. (b) . C — tetracarinatus Rlock. (b) . C Protinus ovalis Steph. (b) . C — brachypterus F. (b) . C Phyllodrepa pygmæa Payk. (b) . R Omalium rivulare Payk. (c) . C — cæsum Grav. (i) . R — pusillum Grav. (c) . R — validant Kr. (a) . R STAPHYLINIDÆ Catops depressus Murray (b) . CC — alpinns Gy 11. (b) . CC — Watsoni Sp. (b) . C — quadraticollis Aube (b) . C — tristis Panz. (b) . C DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 99 Diptères. Je n’ai recueilli dans les terriers de Lapin aucun Diptère pholéophile, mais seulement quelques espèces de Muscides : Sarcophaga carniaria L. — hæmorrhoa Meig. Lucilia Cæsar L. Calliphora vomitaria L. venues du dehors effectuer leurs pontes dans mes pièges. M. de Buffévent a pratiqué, durant plusieurs hivers, aux environs de Soissons, des recherches entomologiques dans les terriers de Lapin. Il a capturé quelques espèces de Coléoptères qui ne figurent pas dans ma liste, ce sont les suivantes : STAPHYLINID.E Oxypoda spectabilis Mark. (a). Quedius longicornis Kr. (a). Choiera oblonga Latr. (b). — spadieea Sturm. (b). — cisteloides Frôll. (b). — agilis 111. (b). Nargus velox Sp. (b). — anisotomoides Sp. (b). Catops picipes F. (b). — nigricans Sp. (b). — fuliginosus Er. (b). — Kirby Sp. (b). — neglectiis Kr. (b). — tristis Panz. (b). — chrysomeloides Panz. (b). Ptomaphagus variicornis Rosh. (b). — sericeus Panz. (b). — sericatns Chaud, (b"). CRYPTOPHAGID.E Cryptophagus umbratus Er. (b). HISTERID.E Onthophilus sulcatus Forst. (a). 100 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Roubal a publié, en 1907, la liste des Coléoptères qu’il a recueillis aux environs de Roudnice, dans les mêmes con¬ ditions : Oxytelus tetracarinatus Block. (b). Atheta paradoxa Rey. (a). — castanoptera Mannh. (b). En résumé, la faune xénophile du Lapin de garenne est composée jusqu’ici à peu près uniquement de Coléoptères appartenant principalement aux Staphylinides et aux Silphides. Les Cryptophagides et les Histérides sont très pauvrement représentés. Campagnol des champs. (Arvicola agrestis L.) Le genre Arvicola a des représentants dans la plus grande partie du globe. L’espèce la plus commune en Europe centrale est l’d. agrestis L. Il est extrêmement commun, certaines années, dans les champs cultivés et sa pullulation est souvent telle qu’il devient un véritable fléau pour l’agriculture. Ce Rongeur se creuse une demeure souterraine peu profonde qui communique avec l’extérieur au moyen de plusieurs couloirs. Pour déterrer le nid, il suffit de creuser avec une pioche, après avoir eu soin d’introduire dans la galerie une baguette flexible, afin de ne pas s’écarter de la bonne direction. Si on a l’occasion de suivre, en automne, un laboureur dans un champ infesté par les Campagnols, on peut ainsi se pro¬ curer facilement les nids déterrés par la charrue. Le terrier du Campagnol n’est pas habité en hiver, l’animal l’abandonnant pour se retirer près des habitations, dans les caves, celliers, écuries, etc. ; aussi la faunule xénophile qu’on y rencontre est-elle assez pauvre. Dans les nids que j’ai trouvés en automne 1912, aux envi¬ rons de Vienne, j’ai recueilli les espèces suivantes : DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 101 Coléoptères. STAPH'ÏLINIDÆ Atheta triangulum Kr. (a). Heterops prævia Er. (a). Medon fusculus Mann. (b). Oxytelus sculpturatus Grav. (c). UISTEBID.E Onthophilus sulcatus Forst. CRYPTOPHAGIDÆ Cryptophagus deniatus Herbst. tphan iptè res. Ctenophtalmus assimilis Tasch. Typhlopsylla musculi Dug. Souris domestique. (Mus musculus L.) Je n’ai jamais eu l’occasion de visiter moi-même le nid de la Souris et je ne puis fournir d’indications sur les espèces qui y séjournent dans ma région. Roubal a publié la liste des Coléoptères rencontrés dans un nid de Mus musculus situé dans un champ, sous une pierre, aux environs de Chudnice (Bohême). Cette liste est la suivante : Coléoptères . STAPHVLINÏDÆ Aleochara lanuginosa Grav. (c). — succicola Thom. (c). Catops chrysomeloides Panz. (b). Sciodrepa Watsoni Spence. (b). Colon brunneum Latr. (c). 102 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE Marmotte des Alpes. (Arctomys marmotta L.) La Marmotte des Alpes est répandue dans toute l’Europe. Elle habite exclusivement les hautes cimes des Alpes, des Pyré¬ nées et des Carpathes. Elle préfère généralement les versants méridionaux où elle creuse ses terriers. Le terrier d’été est toujours situé à une très haute altitude, entre 2.000 et 3.ooo m. et il se trouve, le plus souvent, profondément situé sous des éboulis où il constitue un abri peu profond, il est vrai, mais très sûr pour l’animal. Quant au terrier d’hiver, il est habile- tuellement creusé à une altitude inférieure à 2.000 mètres, dans des talus gazonnés. Il est plus profond et plus vaste que celui d’été. C’est de l’un de ces terriers d’hiver, situé aux envi¬ rons de Briançon, que provenait la litière de Marmotte que j’ai eu l’occasion d’examiner. J’y ai trouvé un certain nombre d’espèces dont deux nouvelles pour la science (1). En voici l’énumération : Coléoptère*. STAPHYMNIDÆ Oxypoda Falcozi Deville (a). Arpedium macrocephalum Epp. (c). SILPHIDÆ Catops morio F. (b), obtenu d’éclosion. Diptères. LYCORIIDÆ Lycoria Vaneyi Falcoz (a), obtenu d’éclosion. Linke a signalé le Catops nigricans dans un terrier de Mar¬ motte situé dans les monts Tatra, en Autriche. (1) Oxypoda Falcozi et Lycoria Vaneyi. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 103 Marmotte de Sibérie. (Arctomys bobac Gm.) La Marmotte bobac, qui est une race géographique de la précédente, est cantonnée dans l’Europe méridionale, en Gali- cie, en Pologne, en Bukhowine. dans toute la Russie et dans la Sibérie méridionale. Elle habite les grandes plaines décou¬ vertes, les collines peu élevées et se creuse dans les expo¬ sitions méridionales, des couloirs de 4 à 6 mètres de pro¬ fondeur, pourvus de divers compartiments. Ces couloirs ont été fouillés par un entomologiste russe, Silantiev, qui y a découvert, en 1898, un Aphodius spécial : A. rotundangulus Reitt. Hamster commun. (Cricetus frumentarius Pall.) Le Hamster commun habite l’Europe centrale et orientale, depuis le Rhin jusqu’à l’Obi. 11 manque dans le Sud-Ouest de l’Allemagne ainsi qu’en Russie orientale et occidentale. Il est très commun en Saxe, en Thuringe, en Prusse, dans le Bran¬ debourg, la Silésie, l’Autriche, la Bohème. Il choisit généralement un sol sec, mais suffisamment com¬ pact pour établir son terrier. Celui-ci est composé d'une cavité principale située à une profondeur de 1 à 2 mètres, commu¬ niquant avec la surface par un couloir d’entrée vertical et un couloir de sortie oblique. Ce réduit principal ou chambre de repos communique par des galeries profondes et horizontales avec les chambres de provisions que l’animal remplit de blé à la fin de l’automne. C’est dans la chambre de repos, à moitié remplie de paille fine, de graines, de chaume et de détritus végétaux que se trouvent les Arthropodes vivant dans la société du Hamster. La faune cricéticole est seulement connue en ce qui concerne les Coléoptères. Il en est de même pour la population du ter¬ rier de Spermophile, mais il 11’est pas douteux qu’il existe dans les demeures de ces Rongeurs des formes intéressantes appar- 104 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE tenant à d’autres ordres, aux Diptères, par exemple. Il serait donc à souhaiter que des recherches dans ce sens soient entre¬ prises par les naturalistes d’Outre-Rhin (i). Voici l’énumération des espèces de Coléoptères signalées par les auteurs dans le terrier du Hamster. STAPHYEIN1DÆ 1. Omalium rivulare Paykull. (b). 2. — septentrionis Thoms. (b). 3. Xylodromus af finis Gerh. (a). 4. Coprophilus pennifer Motsch. (b). 5. Troglophlœus foveolatus Sahlb. (c). 6. Haploderus cælatus Grav. (b). 7 . Oxytelus sculpturatus Grav. (b). 8. — Saulcyi Pand. (b). 9. — tetracarinatus Block. (b). 10. Medon melanocephalus F. (b). 11. Lathrobium longulum Grav. (b). 12. — pallidum Nordm. (b). 13. Leptacinus linearis Grav. (c). 14. Xantholinus punctulatus Pavk. (b). 15. — linearis 01. (b). 16. Ocypus similis F. (c). 17. — ophlalmicus Scop. (c). 18. Philonthus chalceus Steph. (b). 19. — corruscus Grav. (b). 20. — concinnus Grav. (b). 21. — immundus Gy 11. (b). 22. — fuscipennis Mannh, (b). 23. — varius Gvll. (b). 24. — cephalotes Grav. (b). 25. — sordidus Grav. (b). 26. — spermophili Gglb. (a). 27. — Scribæ Fauv. (a). 28. — splendidulus Grav. (c). 29. Quedius mesomelinus Marsh, (b). 30. — nigrocœruleus Rey (b). (1) Pendant l’impression de ce mémoire, j’ai eu le plaisir de constater que mes souhaits ont reçu un commencement de réalisation dans la découverte récente faite en Hollande par Heselhaus, d’une Phoridée nouvelle : Metopina Heselliausi Schinitz (nji4), vivant dans le terrier du Hamster. DE LA FAINE^DES MICROCAVERNES 105 3i . fjuedius ochripennis Mén. (1 3a. — othiniensis Johan. (a) 33. — vexans Epp. (a). 34. — microps Grav. (? a). 35. — boops Grav. (c). 36. Heterops nigra Kr. (a). 37. Tachyporus obtusus L. (c). 38. Tachinus flavipes F. (c). 39. — collaris Grav. (c). 4o. Falagria sulcata Payk. (c). 4i. — nigra Grav. (c). 42. Atheta truncata Epp. (c). 43. — ravilla Er. (c). 44. — divisa Mark. (b). 45. — nigritula Grav. (c). 46. — euryptera Steph. (b). 47. — Pertyi Heer (b) 48. — castanoptera (b). 49- — paradoxa Rey (a). 5o. — sordida Marsh, (b). 5i. — fungi Grav. (b). 52. — clientula Er. (c). 53. Oxypoda opaca Grav. (b). 54. — longipes (a). 55. — umbrata Gy 11. (c). 56. — togata Er. (b). 57. — annularis Mannh. (b). 58. Aleochara curtula Goeze (b). 5g. — morion Grav. (c). 60. — lævigata Gy 11. (c). 61. — Breiti Gglb. (P a). 62. — cuniculorum Kr. (a). 63. — bilineata Gvll. (c). SILPHIDÆ 04. Choleva oblonga Latr. (h). 65. — Sturmi Bris. (b). 66. — cisteloides Frôh. (b). 67. Catops Watsoni Spence. (b). 68. — f uscus Panz. (b). 69. — fuliginosus Er. (b). 70. — nigrita Er. (b). 106 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE 71. Catops morio F. (b). 72. — chrysomeloides Panz. (b). 73. — tristis Panz. (b). 74. Ptomaphagus sericatus Chaudoir (b). HISTERIDÆ 75. Hister stercorarius Hol'fm. (b). 76. — unicolor L. (c). 77. — purpurascens Hbst. (c). 78. — carbonarius Hoffm. (b). 79. — corvinus (c). 80. Gnathoncus rotundatus (b). 81. Saprirws æneus F. (c). 82. — semistrialus Scriba (c). 83. Onthophilus sulcatus F. (a). CRYPTOPHAGIDÆ 84. Cryptophagus pubescens (a). 85. — punctipennis Bris (b). 86. — Schmidti St. (a). SCARABÆIDÆ 87. Atomaria linearis Steph. (c). 88. Aphodius rhododactylus Marsh, (b). 89. — inquinatus F. (b). 90. — scrofa F. (b). 91. — U-maculatus L. (b). 92. Onthophagus ovaius L. (b). g3. — camelus F. (b). Il ressort de cette énumération que les y3 espèces qui y ligurent sont réparties en 5 Familles, suivant les proportions ci-après : Nombre Pour d'espèces. cent. Stophyliiiidœ. ...... 63 67 Silphidæ . 11 12,5 Hisleridæ . 9 9,5 Cryptophagidæ . 4 4,5 Scarabæidæ . 6 6,5 Nous remarquons, d’autre part, que les Pholéobies sont au DE LA FAINE DES MICROCAVERNES 107 nombre de i4, les Pholéophiles de 54 et les Pholéoxènes de 25. Les deux premiers groupes se répartissent ainsi dans les différentes familles : Pholéobies. Pholéophiles. Staphylinidæ . ii 33 Silphidæ . o it Histeridæ . i 3 Cryptophagidîp . i i Scarabæidæ . o 6 Spermophile souslik. (Spermophilus citillus L.) Le Spermophile, appelé Souslik en Russie, Sisel en Bohème, et Ziezel en Allemagne, habite l’Europe orientale et une partie de l'Asie occidentale. On le rencontre dans la Bohème, la Sty- rie, la Hongrie, la Moravie, la Carinthie, la Carniole, la Silésie, la Galicie, la Russie méridionale et centrale, la Sibérie et les provinces russes au nord de la mer Noire. Il évite les régions boisées et marécageuses ; de même que pour le Hamster, ses lieux de prédilection sont les grandes plaines cultivées à sols argileux ou sablonneux, mais suffisam¬ ment compacts. Il creuse un terrier dont le gîte central mesure environ 3o centimètres de diamètre et communique avec la surface par un couloir assez étroit et tortueux. Ce couloir ne sert qu'un an : à l'approche de l'hiver, il est obturé et une autre galerie est ouverte au printemps, après le sommeil hibernal. D'après le nombre des couloirs, on peut déterminer l'âge du terrier. Celui-ci renferme diverses chambres latérales où l’animal enserre ses provisions d’hiver. C’est principale¬ ment dans le gîte central que se trouvent, parmi la litière d^ l'hôte, les diverse commensaux et parasites de celui-ci. Ainsi que pour le Hamster, les investigations des naturalistes ont uniquement porté sur les Coléoptères. En voici d'ailleurs la liste. STAPHYLINIDÆ 1. Coprophilus pennifer Motsch. (b). 2. Oxytelus Saulcyi Pand. (b). S< c. Linn., t. lu, 1914. I • lus CONTRIBUTION A I, ’ETLDE 3. Oxytelus Bernhaueri Gglb. (? a). 4. — tetracarinatus Block. (b). 5. Bledius procerulus Er. (c). 6. Philonthus corruscus Grav. (b). 7. — spermophili Gglb. (a). 8. — Scribæ Fauv. (a). 9. Heterops nigra Kr. (a). 10. Atheta paradoxa Rey (a). 11. — fungi Grav. (b). 12. — arialis Grav. (b). 13. Oxypoda vittata Mark (b). 14. — Spæthi Bernh. (? b). 15. — togata Er. (b). 16. Aleochara Breiti Gglb. (P a). HISTERIDÆ 17. Gnathoncus rotundalus Kugel (b). SCARABÆIDÆ 18. Aphodius rhododaclylus Marsh, (b). 19. — U-maculalus L. (b). 20. — biguttatus Germ. (b). 21. Onthophagus ovatus L. (b). 22. — semicornis Panz. (b). 23. — vitulus F. (b). Ces 23 espèces sont distribuées en 3 familles. Nombre Pour d'espèces. cenl. Staphylinidæ. 7 Histeridæ . 0,2 Scarabæidæ . . . . ... 6 2,8 Nous y trouvons 6 Pholéobies appartenant, sans exception, à la famille des Staphylinidæ. Les Pholéophiles se répartissent ainsi : Staphylinidæ . 9 Histeridæ . 1 Scarabæidæ . 6 DE LA FAINE DES MICROCAVERNES 109 Gerboise d’Egypte. (Haltomys ægyptiacus Desm.) I.a Gerboise d’Egypte habite le Nord de l’Afrique, l’Arabie et la Syrie. C'est un hôte des steppes et des déserts de sable. Elle se creuse des couloirs plus ou moins profonds où elle habite constamment, sauf pendant la nuit, lorsqu’elle cherche sa nourriture. Ces terriers, comme ceux de tous les animaux fouisseurs, donnent asile à une faunule spéciale encore peu connue et qu’il serait certainement intéressant d’étudier. Le Dr Normand, du Kef (Tunisie), a, sur mes indications, fait quelques recherches dans les galeries souterraines de la Gerboise, et voici les remarques communiquées par mon obli¬ geant collègue sur ce sujet : « Les terriers de Gerboise comprennent toute une série de galeries qui s’engagent obliquement dans la profondeur du sol et atteignent parfois un mètre ou plus, elles se coupent et se îecounent sans que j'aie pu découvrir encore leur topographie exacte. Je n’ai pu également découvrir le nid où doit se tenir la Gerboise que, d’ailleurs, je n'ai jamais mise à découvert. Peut-être existe-t-il en hiver, mais à quelle profondeur ? « Voici comment je procède : à partir de l’entrée d’une des galeries, je suis cette galerie à la pioche et mets dans un sac tous les débris que je rencontre. A l’entrée, il y a souvent de l'herbe qui contient de nombreux Staphvlinides non encore nommés d’ailleurs ; plus profondément, on trouve des débris d'insectes, de graines, etc., dont la présence est d’ailleurs signa¬ lée par de nombreux Cloportes et autres Crustacés dont cer¬ tains doivent être assurément spéciaux. Ces débris sont égale¬ ment habités par des Coléoptères, principalement des Blaps, Scaurus , etc. (i). Enfin, un peu plus profondément, on trouve encore des débris de graines, mais aussi des poils, des brins de paille, etc. C’est dans ces débris que l’on trouve de nombreux h'ulex et les Saprinus dont je vous ai envoyé un speeimen, et qui serait le Saprinus Schatzmayeri J. Mul. ( =Quedenfeldti (i) Cette observation du Dr Normand confirme celle que Naléry Maycl (i885) a faite en Algérie, dans les terriers du même animal. 110 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Schm.). J’y ai pris aussi un Onthophilus inconnu et qui pour¬ rait bien être nouveau. « Remarque intéressante : la terre que l'on bouleverse doit être imprégnée d’une odeur animale car, s’il fait un peu chaud, elle attire en nombre les Insectes qui arrivent, en volant, s’v poser (Staphylinides, Histérides, etc.). Enfin, pour terminer, un renseignement concernant le criblage à domicile ; non seu¬ lement je mets la terre dans l'appareil dont je vous ai envoyé la description, mais encore je la traite par l’eau suivant le mode dont j’ai parlé dans l’Echange, cela me permet de prendre non seulement tout ce qui a pu m’échapper par les moyens habituels, mais aussi les hypogés qui existent dans la terre et peut-être même dans les débris, chose dont je suis certain pour les fourmilières, mais pas encore pour les terriers de Gerboise. » Le Dr Normand a recueilli, outre les Coléoptères cités plus haut, deux Diptères dont l’un est une Lycoria sp. ? et l’autre une espèce de Limosina voisine de crassimana Hal., suivant le Dr Villeneuve. M. de Peverimhoff a recueilli en Algérie le Saprinus rutilus Er. dans les nids de Gerboise (teste Bickhardt). J’ai reçu moi-même de Teniet-el-llaad, dans le sud algérien, de la litière recueillie dans un terrier vraisemblablement aban¬ donné, car elle ne renfermait aucune espèce pholéophile, mais seulement quelqus individus d’un petit Coléoptère lucifuge aveugle Aglenus brunneus Gyll., qui n’a jamais été rencontré en Europe dans les terriers. 11 vit d’ordinaire dans les recoins des lieux obscurs où il se nourrit d’animalcules et de détritus végétaux ou animaux. En résumé, les espèces recueillies jusqu’ici dans les galeries souterraines de la Gerboise sont les suivantes : Coléoptères . STAPHYLIN1DÆ Espèces non encore déterminées. HISTERIDÆ Hypocacculu s Quedenfeldti Schm. — rutilus Er. DE LA FAINE DES MICROCAVERNES 111 COLYDIDÆ Aglenus brunneus Gy 11 . Diptères . LYCORI1DÆ Lycoria sp. ? CYPSELIDÆ Limosina sp. prope crassimana liai. Blaireau commun. (Meles taxus Schreber.) Le Blaireau commun est répandu dans toute l’Europe, sauf la Sardaigne et la Scandinavie, dans l’Asie depuis la Syrie, la Perse, la Géorgie, jusqu’au Japon, et en Sibérie jusqu’à la Léna. Cet animal n’est pas rare dans certaines régions boisées. Il habite des terriers qu’il se creuse sur les flancs méridionaux des ravins solitaires (i). Ces terriers ont plusieurs ouvertures qui aboutissent par des couloirs plus ou moins sinueux et profonds à une vaste chambre centrale dans laquelle le Blaireau accu¬ mule une couche de mousse et de feuilles qui lui sert de litière. Il est extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, de fouiller ces terriers à cause de leur profondeur souvent consi¬ dérable. La méthode des pièges, indiquée pour les galeries de Lapin, peut s’employer, dans ce cas, très avantageusement. Un procédé qui m’a souvent très bien réussi consiste à racler le sol du couloir au moyen d’une raclette en bois a très long man¬ che et à ramener à l’extérieur les feuilles sèches et les détritus qui y sont accumulés. Lorsque le gîte n’est pas situé à une très grande profondeur, le tamisage de ces matérieux procure une récolte assez abondante. Dans les bois de la commune de Septème (Isère), les Blaireaux vivent assez nombreux. Leurs terriers, creusés dans un sol sablonneux, sont, en général, très profonds. En usant des deux méthodes que je viens d’indiquer, j’y ai recueilli, au cours de l’hiver 1912-1913, les Arthropodes suivants : (1) Voir la ptanehe hors texte. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE 112 Coléoptères. STAPHYLINID.E Degré de fréquence. I. Læmostenus terricola Herbst. (b) . . . R 2. Ptroteinus ovalis Steph. (b) . . . . . C 3. Omalium rivulare Payk. (b). . . . . AC 4. — validant Kr. (a) . . . R 5. Xantholinus linearis 01. (b) . . . . . R 6. Othius punctulatus Goeze (c) . . . R 7* Quedius mesomelinus Marsh, (b) . . . R 8. — fulgidus F. (b) . . . R 9- Heterops nigra Kr. (a) . . . AC 10. Atheta nigricornis Thoms. (a) . . . . C 1 1 . — divisa Mark, (b) . . . C 12. — subcavicola Rris. (b) . . . . . RR i3. — triangulum Kr. (b) . . . . . C i4. — Pertyi Heer (b) . . . R i5. Ocalea picata Stepli. (c) ... . . . R 16. — badia Er. (c) . . . R *7- Oxypoda alternans Grav. (b). . . . R 18. Aleochara cuniculorum Kr. (a). . . . CC SILPHIDÆ 19. Catops depressus Murr. (b) . R 20. — alpinus Gvll. (b) . C 21. — fuliginosus Er. (b) . R 22. — nigrita Er. (b) . R 23. — trislis Panz. (b) . C 24. Ptomaphagus sericatus Chaud, (b) . . R 25. Onthophilus sulcatus F. (a) . AC Diptères . LYCORIIDÆ 26. Lycoria sp. ? (b). . . . R HELEOMYZIDÆ 27. CE cothea fenestralis Fall. (1) (a) . . . CC J’ai trouAré un cocon soyeux avant très probablement abrité une nymphe de Sciophila. (1) Un individu d'Oecothea fenestraüs avait le corps entièrement recouvert d’un Acaricn, Histiostoma mnscarum L., à l’état de nymphe hypopiale, FALCOZ, Faune des terriers et des nids. Coupe d’un terrier de Taupe. Entrée d’un terrier de Blaireau. DF. LA FAUNE DES MICROCAVERNES 113 Arachnides. ACARIN'Æ Gamasus crassipes Kr . R L’examen de cette liste permet de faire les remarques sui- ^ antes, en ce qui concerne les Coléoptères. Leur répartition en famille se fait ainsi : Nombre d’espèces Pour cenl. Staphylinidæ . 18 73 Silphidæ . fi 3,75 Histeridæ . 1 0,3 5 Au point de vue de leur éthologie, ils peuvent se classer de la façon suivante : I'holéobies . 5 Pholéophiles . 17 Pholéoxènes . 3 qui se distribuent comme ci-après, dans les différentes familles : Staphylinidæ . . Silphidæ. . Histiridæ. . Pholéobies. Pholéophiles. Pholéoxènes. 4 1 1 3 0 fi 0 1 O 0 H. FAUNE DES TERRIERS DE REPTILES Le Gopherus Polyphemus, tortue terrestre de la Floride, est, à ma connaissance, le seul Reptile dont le terrier ait été l’objet de recherches pholéobiologiques. Ces recherches ont été pra¬ tiquées par Hubbard qui a publié le résultat de ses observa¬ tions en 1894 et en 1896. D’après cet auteur, le Gopherus Polyphemus habite cons¬ tamment le même terrier qu’il creuse dans le sol des collines sablonneuses. Le couloir s’enfonce sous un angle de 35 degrés Ili CONTrtlBlTJON A L’ÉTl’DE sur une longueur de plusieurs mètres, et aboutit, à environ i m. 5o de profondeur, dans une cavité spacieuse où séjourne d’ordinaire l’animal. Celui-ci dépose ses excréments, qui sont volumineux, dans une excavation spécialement aménagée à cet effet, au fond du terrier. C’est là principalement que vivent les espèces pholéophiles parmi lesquels certaines présentent des adaptations évidentes à la vie souterraine. Hubbard a donné l’énumération suivante des Arthropodes qu’il a recueillis dans ce milieu : Orthoptères. Ceuthophilus latibuli Scud. Coléoptères. Homalola sp. indét. Philonthus Gopheri Hubb. Acrostilicus hospes Hubb. Trichopteryx sp. indét. Chelioxenus xerobaiis Hubb. Saprinus ferrugineus Mars. Copris Gopheri Hubb. Onthophagus Polyphemi Hubb. Aphodius troglodytes Hubb. Lépidoptères. Epizeuxis (Helia) sp. Oiptèree. Limosina sp. Hylemyia sp. Arachnides. Chelanops affinis Banks. Phalangodes sp. Ornithodorus americanus Marx. Amblyomma tuberculatum Marx. DK LA FAl'Nfi DLS MICROCAVERNES 115 III. FAUNE DES NIDS D’OISEAUX ÉTABLIS DANS DES CAVITÉS Les nids d’Oiseaux construits en plein air, sur les branches des arbres, ne renferment qu’exceptionnellement des espèces xénophiles ; par contre, ceux qui reposent directement sur le sol ou qui sont installés dans des cavités telles que branches creuses ou troncs caverneux, creux de rocher, trous de muraille, excavations creusées dans la terre, donnent asile à une faune spéciale composée d’êtres divers dont les uns fréquentent indif¬ féremment toutes sortes de Microcavernes et les autres, plus exclusifs, logent spécialement dans ces nids où s’accomplissent les différents stades de leur développement. Le nombre est assez restreint des Oiseaux nichant dans les trous. Je ne citerai d’ailleurs que ceux qui appartiennent à la faune de l’Europe occidentale. Certains ont coutume de faire leurs nids dans des cavités creusées par eux au sein des troncs d’arbres. C’est le cas des diverses espèces de Pics : Pic noir (Picus martius), Pic épêche et Pic épeichette (Picus major et minor). D’autres nichent dans les trous naturels que recèlent les membres des arbres cariés. Ce sont différentes espèces de Mésanges : Mésange char¬ bonnière (Parus major), Mésange bleue ( Parus cæruleus), Mésange huppée (Parus cristatus), Mésange nonnette (Parus palustris) et Mésange petite charbonnière (Parus ater ) ; le Torcol (Torqulus Yunx) ; le Choucas (Monedula turrium) ; l’Etourneau (Sturnus vulgaris) ; la Sittelle torchepot ( Sitta cæsia) ; le Grimpei’eau (Certhia familiaris) ; le Gobe-Mouche noir (Muscicapa nigra) et la Huppe (Upupa epops) . Les Chouettes et autres Rapaces nocturnes gîtent souvent le jour dans les troncs caverneux au bas desquels s’accumulent leurs excréments, ainsi que leurs pelotes de réjection. Le Rouge-Queue ou Rossignol de murailles (Sylvia phæni- cura), le Moineau (Passer domesticus) , le Pigeon colombin (Columba ænas), plusieurs espèces de Corbeaux et d’Oiseaux divers établissent leur nid soit dans les trous de muraille, soit dans les anfractuosités des rochers. i 16 CONTRIIU 1 ION A L'ÉTUDE L’Hirondelle de rivage (Cotyle riparia) creuse elle-même dans les falaises sablonneuses ou les rives escarpées bordant les cours d’eau, un véritable teriier consistant en un couloir profond d’environ i mètre, aboutissant à une cavité relative¬ ment spacieuse dans laquelle est établi le nid. Enfin, les poulaillers, pigeonniers et autres lieux plus ou moins obscurs fréquentés par divers Oiseaux constituent des milieux biologiques très analogues aux cavités habitées dans la nature par les Oiseaux nichant dans les trous. Ainsi que pour tous les Microcavernicoles, la présence des Pholéopbiles avicoles dans les nids est intimément liée à celle des hôtes ; aussi, dès que ceux-ci ont abandonné leur demeure, c’est-à-dire après l’exode des jeunes, on ne trouve plus ni parasites, ni commensaux. Ils sont alors remplacés par des espèces détriticoles (Ptinides, Crvptophagides, Lathridiens, etc.) qui achèvent de ronger et de dévorer les matériaux dessé¬ chés du nid. Les recherches dans les nids caverneux sont, en général, malaisées, car, outre qu’ils sont le plus souvent inaccessibles, ils se trouvent généralement placés dans le fond d’excavations dont l’ouverture est trop étroite pour y passer la main. Agran¬ dir cette ouverture serait cruellement exposer la nichée aux incursions des carnassiers : Chats, Belettes, Fouines, Loirs, etc.; aussi doit-on compter surtout sur le hasard pour rencontrer un nid offrant des conditions favorables à un examen. Mais il est un moyen de tourner la difficulté qui consiste à employer les nichoirs artificiels, assez facilement adoptés par les Oiseaux cavicoles. Ces nichoirs sont constitués soit par de petites caisses en forme de boîte aux lettres, percées d’un trou de vol dans le haut de la face antérieure, soit par des tronçons de branches évidés à l’intérieur, fermés par un cou¬ vercle et percés également d’un trou de vol. Ce dernier modèle a été créé en Allemagne par le baron de Berlepsch à la suite de longues et minutieuses observations sur les trous creusés par les Pics dans les troncs d’arbre, et qui sont, d’après cet obser¬ vateur, très recherchés par les Oiseaux et préférés de beaucoup par la plupart aux autres cavités naturelles. Le nichoir Ber- iepsch est, en somme, la reproduction exacte par la main- d’œuvre humaine des nichoirs naturels du Pic. On trouve les DR LA FAINE DES MICROCAVERNES 117 nichoirs Berlepsch dans le commerce où ils existent sous diffé¬ rents modèles : A, B, C, D, suivant la taille des Oiseaux aux¬ quels ils sont destinés. Voici la liste des espèces qui ont été jusqu’ici observées dans les nichoirs. Dans le modèle A, trou de vol de 3o à 32 millimètres : Mésange charbonnière, Mésange bleue, Mésange nonnette, Mésange huppée, Sittelle, Grimpereau, Torcol, Gobe-Mouche noir, Bossignol de muraille, Pic épeichette. Dans le nichoir B, trou de vol de 46 millimètres : Etour¬ neau, Pic épeiche, Torcol, Sittelle, Gobe-Mouche noir, Bouge- Queue, toutes espèces de Mésanges. Dans le nichoir C, trou de vol de 6o millimètres : Pic vert, Pic cendré, Huppe. Dans le nichoir D, trou de vol de 85 millimètres : Pigeon colomhin, Bollier, Huppe, Crécerelle, Choucas, Hibou, Chouette, Pic noir. 11 existe encore deux modèles spéciaux de nichoirs Berlepsch : E, horizontal, à trou de vol latéral et demi-circulaire, pour Martinets, et F, à ouverture béante, pour Rouge-Queue, Gobe- Mouche gris, Bergeronnette grise et Rouge-Gorge. En ce qui concerne le placement des nichoirs artificiels et pour en obtenir le maximum de résultats, il faut observer les précautions suivantes : Garnir le fond des nichoirs avec un lit de terreau d’arbre ou d’un mélange de sciure de bois et de sable, afin de remplacer la couche de détritus sur laquelle sont pondus les œufs dans les cavités naturelles. Les nichoirs s’accrochent aux troncs ou aux branches maîtresses des arbres à une hauteur de 2 à 4 mètres pour le modèle A, de 4 à 5 mètres pour le modèle B, de 2 à io mètres pour le modèle C, celui-ci doit être placé principalement dans le voisinage des prairies et pâturages ou des plaines marécageuses. Le nichoir D se place très haut sur les arbres, dans les forêts et les parcs. Le nichoir E, horizontal, se remplit à demi avec des plumes, des matériaux divers, de vieux nids de Moineau et se suspend à des tours ou à de hauts bâtiments. Quant au modèle F, nichoir demi-ouvert, il se place contre les arbres isolés, les vérandas, les murs, etc. D’une façon générale, les nichoirs doivent être suspendus verticalement, ou mieux pencher légèrement en avant. Ils ne IIS CONTMM’TION A L’ÉTUDE doivent jamais être inclinés en arrière, du côté opposé au trou de vol. Celui-ci doit être orienté vers l’Est ou le Sud-Est, afin de mettre l’intérieur à l’abri du Nord et des vents pluvieux du Sud et du Sud-Ouest. J’ai placé depuis deux ans, aux environs de Vienne en Dauphiné un certain nombre de nichoirs, trente environ, les uns en forme de boîte, les autres appartenant aux différents modèles Berlepsch, A, B et F. Dès la première année, j’ai eu la satisfaction de les voir en majeure partie occupés par des Mésanges, des Torcols et des Rouges-Queues ; aussi ai-je pu les visiter à loisir pendant la présence des jeunes et recueillir les pholéophiles qui s’y trouvaient. Les diverses espèces rencon¬ trées m’ont paru cohabiter indifféremment avec les différents hôtes que je viens de citer. En voici la liste : Col éoplèr ta . STAPHYLINIDÆ Philonihus fuscus Grav. Quedius mesomelinus Marsh. Atheta nigricornis Thoms. — - celata Er. — fungi Grav. Microglossa pulla Gvll. Aleochara sparsa Heer. — villosa Mannh. SILPHIDÆ Nemadus colonoides Kr. Dendrophilus punctatus Herbst. Gnathoncus rotundalus Kugel. — nidicola Joy. J’ai rencontré, dans mes nichoirs, toute une population de Diptères à l’état de larves dont j’ai commencé l’élevage ; mais les résultats obtenus sont encore trop incomplets pour être publiés. Je me propose d’ailleurs de continuer des recherches dans cette direction, car la diptérofaune des nids d’Oiseaux est encore très peu connue et son étude fournira, sans doute, des résultats intéressants. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 119 Les nids visités quelque temps après le départ des jeunes m’ont fourni quelques espèces détriticoles parmi lesquelles se trouvaient : Coléoptères. Cryptophagus scariicus L. — saginatus Strm. — denlatus Hbst. Atomaria mesomelœna Hbst. — atricapilla Steph. Dermestes murinus L. — bicolor F. Anthrenus pimpinellæ L. Ptinus fur L. H. du Buysson (1897) a signalé dans ses pigeonniers la pré¬ sence de VArgas reflexus Thoms., gros Acarien dont la piqûre est nuisible aux pigeons et qui s’attaque aussi à l’homme. Cet auteur a fait à ce sujet d’intéressantes observations con¬ signées dans son mémoire. Il a recueilli également dans les mêmes pigeonniers, à Brout-Vernet (Allier), les Insectes suivants : Hémiptères. Cimex lectularius L. Coléoptères. Dermestes bicolor F. Trox nidicola Bonn. Gnathoncus roiundatus Küg. Teretrius picipes F. Saprinus nitidulus Payk. Hister merdarius Hoff. 120 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE CHAPITRE IV ÉNUMÉRATION UES ESPÈCES DONT I.A PRESENCE A ETE SIGNALEE DANS LES TERRIERS ET LES NIDS INSECTES THYSANOURES Genre JAPYX Haliday. 1. Japyx solifugus Haliday. ETHOLOGIE. Hôte. Taupe. — France : Vienne ! (i). Cette espèce est peu commune, elle vit d’ordinaire sous les pierres ou les détritus végétaux humides (a). C’est dans ces conditions que Bruyant et Eusebio l’ont capturée à plusieurs reprises en Auvergne (Bull. Soc. Ent. France, 1900, p. 3q8) et que Lesne l’a rencontrée aux environs d’Argenteuil ainsi qu’en Algérie (Bull. Soc. Ent. France, i8g3, p. cclxxviii). Sa présence dans les nids de la Taupe est assez intéressante et 11’est peut-être pas absolument fortuite, car je l’y ai re¬ cueillie cinq fois au cours de mes recherches. Toutefois, il est peu probable que ce Thysanoure ait des habitudes xénophiles, tout au plus peut-011 le considérer comme un pholéopliile occa¬ sionnel. ORTHOPTÈRES La seule espèce de cette famille qui ait été signalée dans un terrier est le Ceuthophilus latibuli Scudder, découvert en nom- (1) Le signe ! placé après un nom de localité indique que l’espèce a été recueillie par moi -même. (2) Egalement dans les cavernes. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 121 bre par Ilubbard dans les galeries conduisant au gîte du Go- pherus Polyphemus, Tortue terrestre de la Floride. Suivant cet observateur, ces insectes rampent contre les parois des galeries en agitant leurs longues antennes, à la manière des Orthoptères cavernicoles. COLÉOPTÈRES CARABIDÆ Genre LAEMOSTENUS Bonnelli. 1. Laemostenus terricola Herbst. L. terricola Herbst, Archiv., 1783, i4o, t. XXIX, f. i4. ETHOLOGIE. Hôtes. Lapin. — France : Soissons (de Buffé- vent) ; Loches (Méquignon). Blaireau. — France : Vienne !; Loches (Méquignon). Espèce obscuricole qui vit en plaine, dans le voisinage de l’homme (caves, celliers, fournils, etc.). En montagne, on la rencontre loin de toute habitation, sous les pierres enfoncées. Signalé par Jeannel dans les catacombes de Bicêtre (Biospeo- kgica, V, p. 280). La larve a été décrite par Ghapuis (Mém. Soc. Liège, i853, 37(1-378, t. I, f. 3), elle se nourrit, à l’ordirnaire, de larves de Blaps et de Tenebrio. C’est un pholéophile occasionnel. CHOROLOGIE. — Toute l’Europe. Péninsule Ibérique. Aussi en Amérique où l’espèce a dû être introduite par les navires. 2. Læmostenus terricola, v. cyanescens Fairmaire. L. terricola v. cyanescens Fairmaire, Ann. Soc. Ent. Fr., 1861, p. 557. ETHOLOGIE. Hôte. Lapin. — France : Vaucluse (Fagniez). Cette forme est essentiellement cavernicole ; elle se trouve à l’entrée des grottes, sous le guano de Chauve-Souris et sous les pierres. 122 CONTRIBUTION A L’F.TUOE CHOROLOGIE. — Midi de la France, dans la zone comprise enlre le Rhône et l’Océan. STAPHYLI N I DÆ Genre PROTEINUS Latreille. Les Proteinus fréquentent les végétaux en décomposition et spécialement les Champignons. Xambeu (Mœurs et Métam., 2e Mém., 1892, p. 7-9) a observé que les larves se nourrissent de Podurelles. 1. Proteinus ovalis Stephens. P. ovalis Stephens, III. Brit., v. 335. ETHOLOGIE. Hôtes. Lapin. — France : Soissons (de Ruffé- vent) ; Vendôme (Méquignon). Blaireau. — France : Vienne !; Vendôme (Méquignon). 2. Proteinus atomarius Erichson. P. atomarius Erichson, Généra et Species Staph., 904. ETHOLOGIE. Hôtes. Lapin et Blaireau. — France : Ven¬ dôme (Méquignon). Genre PHYLLODREPA Thomson. 1. Phyllodrepa floral is Paykull. P. floralis Paykull, Mon. Staph., 67. ETLIOLOGIE. Hôtes. Gadidés et Pigeons. — France : Vienne! dans le guano d’un poulailler. — Allemagne : Helmstedt, dans un pigeonnier (Gerhard). Cœthen, même habitat (Heiden- reich). La larve a des habitudes coprophiles, elle vit dans toutes sortes de fumiers, mais l’adulte fréquente très souvent les fleurs. La larve d’une espèce voisine appartenant au même genre, P. vilis Erichs., décrite par Perris (Insectes du Pin maritime, I, p. 5/|), a été trouvée par cet auteur dans les galeries de DK LA FAUNE DES MICROCAVERNES 123 Tomicus stenographus (i). Des tendances à la xénophilic sont donc communes à plusieurs espèces de ce genre. CHOROLOG1E. — Europe, Algérie, Caucase, Amérique du Nord. 2. Phyllodrepa floral is, v. nigra Gravenhorst. P. floralis v. nigra Gravenliorst, Monogr., 212. ETHOLOGIE. Hôtes. Pic et Mésange. — Allemagne : Helm- sledt, en mars et avril (Gerhard). Je l’ai trouvé en décembre aux environs de Vienne, au-des¬ sous d’un nid de Vespa crabru situé dans un tronc creux de cerisier. CHOROLOG1E. — Comme le type, mais ordinairement moins commun que celui-ci. 3. Phyllodrepa puberula Bernhauer. P. puberula Bernhauer, Münch. koleop. Zeitschr., 1913, p. 191. ETHOLOGIE. Hôtes. Gallidés. — France : Haute-Marne, Gudmont, dans le guano d’un vieux poulailler (Sainte-Claire Deville). Choucas. — Bohême : Chudnicé (Roubal). CHORÜLOGIE. — Autriche, Rohême, Bosnie, Bavière, France. 4. Phyllodrepa ioptera Stephens. P. ioptera Stephens, Illustr. Brit., V, 349. ETHOI OGIE. Hôte. Choucas. — Bohême : Chudnicé (Rou¬ bal). CHOROLOGIE. — Europe centrale, France, Italie, surtout les régions froides et montagneuses. 5. Phyllodrepa pygmæa Gyllenhal. P. pygmæca Gyllenhal, Ins. Suec., 11, 223. ETHOLOGIE. IIotes. Ecureuil. — Corse : Vizzanova (Mairi- dron). Etourneau et Oiseaux divers. — Angleterre : Berkshire (Joy). (i) D’après Ganglbauer (Kafer von Mitieleuropa, II, p. 738), la larve décrite par Perris serait plutôt celle d’un Aléocharien. Soc. Limn., T. lxi, 1914. 11 124 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE Col insecte est essentiellement sylvicole, on le trouve fré¬ quemment sur les vieilles souches envahies par les végétations cryptogamiques. CHOROLOGIE. — Europe septentrionale et moyenne, Corse. Genre OMALIUM Gravenhovsl. 1. Omalium rivulare Paykull. O. rivulare Paykull, Mon. Staph., 65. ETHOLOGIE. Hôtes. Lapin. — France : Soissons (de Buffé- vent) ; Loches (Méquignon). Hamster. — Allemagne : Helmstedt (Gerhard) ; Leipzig (Linke). Blaireau. — France : Vienne !, Loches (Méquignon). Cet insecte est très commun dans les amas de substances végétales en décomposition. Il est aussi souvent floricole. La larve a été décrite par de Peyei’imhoff (Bull. Soc. Eut. France, 1898, p. 1 64) - Elle est carnassière, mais relativement peu agile, ainsi d’ailleurs que l’adulte. Elle se retire pour la nympose dans une loge grossière qu’elle construit dans le sol et y demeure un peu plus de quinze jours. La nymphe, très blanche, n’est remarquable que par ses longues soies. CHOROLOGIE. — Europe, bassin de la Méditerranée, Cali¬ fornie. 2. Omalium septentrionis Thomson. O. septentrionis Thomson, Oefv. Vet. Acad. Fôrh., i856, p. 223. ETHOLOGIE. Hôte. Hamster. — Allemagne : Helmstedt (Gerhard) ; Saxe (Linke). Cette espèce est considérée comme très rare. CHOROLOGIE.- — Allemagne, Scandinavie, Grande-Bretagne. 3. Omalium Allardi Fairmaire. O. Allardi Fairmaire, Ann. Soc. Ent. Fr., i85g, p. 44- Type : Environs cIc Paris, dans le fumier d’une ferme. ETHOLOGIE. Hôtes. Callidés. — France : Vienne !, dans un poulailler. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 125 Pigeons. Cité par divers auteurs dans les pigeonniers (Fauvel, Rey, etc.). Angleterre : Hébrides, nid de Biset (Jov). Cette espece est peu commune. Elle a des mœurs nettement xénophiles et recherche le guano au sein duquel la larve accom¬ plit son développement et où elle trouve une nourriture abon¬ dante en larves de Diptères et autres animalcules. CHOROLOGIE. — Europe occidentale, Scandinavie, bassin de la Méditerranée. 4. Omalium cæsum Gravenhorst. O. caesum Gravenhorst, Mon., 1806, 209. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. - — Allemagne : Brunswick (Haars). Hollande : Sittard (Heselhaus). Lapin. — France : Soissons (de Buffévent). Pigeon. — Autriche : Roudnice (Roubal). Cette espèce a les mêmes mœurs que V Omalium rivulare et se rencontre fréquemment avec lui. CHOROLOGIE. — Europe et bassin méditerranéen. 5. Omalium excavatum Stephens. O. excavatum Stephens, Illustr. Bril., V, 355. Type : Allemagne septentrionale, dans une grotte, sous des tas d’osse¬ ments. ETHOLOGIE. Hôtes. Lapin. — Puy-de-Dôme : Orcine, dans une grotte fréquentée par des lapins, en décembre (Teilhard, teste du Buysson). Cette espèce a des tendances lucifuges. Elle recherche les lieux obscurs. Jeannel (Biospeologica, X, 1909, p. 487) l’a trouvée dans la grotte d’Istaürdy (Basses-Pyrénées) sous les feuilles mortes de l’aven. CHOROLOGIE. — Toute l’Europe. 6. Omalium validum Kraatz. O. validum Kraatz, Naturg. Ins. Deutschl., II, 977. MORPHOLOGIE. Description. — Long. 4-5 millimètres. Corps oblong, subparallèle, presque glabre, roux ferrugi¬ neux, avec la tète, l’écusson et les tergites enfumés. Tète subtriangulaire, moins large que le prothorax, bisillon- 126 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE née en avant et en arrière, éparsement ponctuée au milieu, plus densément sur les côtés. Yeux réduits, leur diamètre longitudinal ne dépassant pas la longueur des tempes. Prothorax transverse, arqué sur les côtés, subrétréci en avant, un peu moins large que les élytres, finement et éparse¬ ment ponctué, assez profondément bifovéolé sur le dos, assez largement impressionné sur les côtés. Elytres suboblongs, une fois et demie aussi longs que le prothorax, fortement et assez densément ponctués. Abdomen très finement chagriné. Tarses postérieurs au moins aussi longs que la moitié des tibias, à dernier article évidemment plus long que les précé¬ dents réunis, ceux-ci courts. Fig. 5. Omalium validum Kr. Tête vue de profil (demi-schématique). X f>7- Fig. 6. Omalium rivulare Payk. Tête vue de profil (demi-schématique). X ^7. Caractères adaptatifs. — Cette espèce présente des parti¬ cularités que je rapporte à des caractères d’adaptation. C’est ainsi que le diamètre longitudinal de l’œil (fig. 5) ne dépasse pas la longueur des tempes, il est plus réduit que chez les espèces lucicoles voisines, chez Omalium rivulare, par exem¬ ple, où le diamètre oculaire est nettement supérieur à la lon¬ gueur des tempes (fig. 6). De plus, 011 observe que l’onychium des tarses postérieurs (fig. 7) est un peu plus allongé que chez les autres espèces du genre (fig. 8). Enfin, YOmalium validum montre une tendance à la dépig¬ mentation, alors que ses congénères sont colorés en noir ou en brun (x). (1) L'Omalium nigriceps Kiesw., à mœurs muscicoles, possède la même coloration rousse que l’O. validum. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 127 Ces diverses modifications se rencontrent on isolées ou réu¬ nies chez un certain nombre de pholéophiles et paraissent en relation avec leur mode de vie, ainsi que je le développerai plus loin. Fig. 7. Omalium validum Kr. Patte postérieure. X 42. Fig. 8. Omalium rivulare Payk. Patte postérieure, x 42. ETHOLOGIE. IIotes. Lapin. — France : Vienne !, Soissons (de Buffévent) ; Caen (Fauvel) ; Loches (Méquignon) ; Puy-de- Dôme, Orcines, grotte à Lapins (Teilhard, teste du Buysson). Blaireau. — France : Vienne !, Vendôme (Méquignon). Cette espèce paraît exclusivement pholéophile, elle n’a été rencontrée qu’exceptionnellement dans le domaine épigé. Elle vient facilement aux appâts placés à l’entrée des terriers, mais jamais en nombre. Il est probable qu’elle vit dans la profon¬ deur de la tanière, car je ne l’ai jamais prise en raclant les feuilles sèches et les détritus accumulés plus ou moins profon¬ dément dans le couloir et où j’ai trouvé cependant maintes fois d’autres espèces pholéophiles (Aleochara cuniculorum , Œcothea fenestralis) . CHOBOLOGIE. — Europe moyenne. En France, en outre des localités mentionnées ci-dessus, YOmalium validum a été trouvé également dans la Seine-et-Oisc (Brisout), l'Oise (Sé- di Ilot) , la Seine-Inférieure (Fauvel), l’Eure (Degors) et le Rhône (Re y). 128 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Genre XYLODROMUS Heer. 1. Xylodromus affinis Gerhardt. X. affinis Gerhardt, Zeit. Ent., 1877, 32. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Vienne !, Vendôme (Méquignon). — Allemagne ; Brunswick (Haars) ; Leipzig (Dont, Linke). — Hollande : Sittard (Heselliaus). Souris. — Allemagne : Leipzig (Linke). Hamster. — Allemagne : Gotha (Langenhan). Cet insecte est un véritable pholéophile dont l’hôte normal parait être la Taupe. Il se rencontre aussi, mais exceptionnelle¬ ment, dans les terriers des Rongeurs. Il a été trouvé en Alle¬ magne en compagnie d’une Fourmi : Lasius fuliginosus. C’est un animal essentiellement obscuricole, il est extrême¬ ment rare dans le domaine superficiel et, même dans le nid de la Taupe qui est cependant son habitat d’élection, il est loin d’être commun. Au cours de mes recherches, je n’en ai trouvé que six individus, dont un obtenu d’éclosion le 25 mai 1912. C1IOROLOGIE. — France, Suisse, Allemagne, Autriche, Russie, Caucase. 2. Xylodromus concinnus Marsh. X. concinnus Marsham, Ent. Brit., I, 5io. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — Allemagne : Brunswick (Haars). Pigeon. — Autriche : Roudnice (Roubal). Cette espèce fréquente principalement les lieux habités où on la trouve parmi les détritus des caves, celliers, écuries, colombiers et poulaillers. Je l’ai trouvée à Vienne, en-dessous d’un nid de Vespa crabro. On peut la ranger parmi les pholéophiles. CHOROLOGIE. — Toute l’Europe. 3. Xylodromus testaceus Erichs. X. testaceus Erichson. Gen. Spec. Staph., 885. ETHOLOGIE. IIote. Pigeon. — Autriche : Roudnice (Rou¬ bal). DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 129 Cet habitat est accidentel pour cette espèce qui est plutôt muscicole ou corticicole. GHOROLOGIE. — Europe septentrionale et moyenne. Genre ARPEDIUM Erichson. 1. Arpedium macrocephalum Eppelsheim. A. macrocephalum Eppelsheim, Stettin. Ent. Zeit., 1873, 86. ETHOLOGIE. Hôte. Marmotte. — France : Hautes-Alpes, environs de Briançon ! (2.600 m. d’altitude). Cette espèce est spéciale aux hautes altitudes. Elle est très rare. Quant à sa présence dans un terrier de Marmotte, elle est vraisemblablement accidentelle. CHOROLOGIE. — Alpes de Carinthie, Carniole, Herzégovine, Hautes-Alpes. Genre COPROPHILUS Latreille. 1. Coprophilus striatulus Fahricius. C. striatulus Fabricius, Ent. Syst., I, 2, 5a5. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Soissons (de Buffé- vent). — Allemagne : Brunswick (Haars). Lapin. — France : Soissons (de Buffévent). Espèce coprophile qui vit surtout près des fumiers, princi¬ palement dans les terrains sablonneux. Sa présence dans les terriers n’a rien qui puisse étonner, mais ses tendances xéno- philes sont néanmoins assez faibles. Peut se ranger parmi les pholéophiles. CHOROLOGIE. — Europe septentrionale et moyenne, Ca¬ nada. 2. Coprophilus pennifer Motsch. C. pennifer Motschulsky, Bull. Soc. Nat. Mosc., 1867, 5o3. ETHOLOGIE. Hôtes. Hamster. — Allemagne : Coethen (Heidenreich) ; Helmstedt (Gerhard). Spermophile. — Autriche : Vienne (Breit). Cette espèce peut être considérée comme pholéophile. 130 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE CHOROLOGIE. — Nassau, Hongrie, Autriche, Astrakan. Turkestan, Géorgie, Arménie, Mésopotamie. Genre TROGOPHLOEUS Mannerheim. 1. 2. Trogophlœus foveolatus Shalb. et elongatulus Er. Ces deux espèces ont été signalées par Biekhardt dans le nid du Hamster et par TTcselhaus dans celui de la Taupe, mais ce sont là des habitats purement aeeidentels, les Trogophlœus étant des Insectes essentiellement ripicoles, n’avant aucune ten¬ dance à la xénophilie. Genre HAPLODERUS Stephens. Haploderus cælatus Grav. H. caelatus Gravenhorst, Micr., io3. Signalé en Autriche par Roubal et en Allemagne par Linke, dans le terrier du Hamster. Ces habitats sont accidentels, ainsi que pour les espèces précédentes. Genre OXYTELUS Gravenhorst. 1. Oxytelus sculpturatus Grav. O. sculpturatus Gravenhorst, Monogr., 187. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Vienne !, Landes (Mascaraux). — Angleterre : Surrey (Champion). — Hollande : Sittard (Heselhaus). — Allemagne : Brunswick (Haars). Lapin. — France : Vienne !, Saône-et-Loire (Pic). Hamster. — Allemagne : Helmstedt (Gerhard). — Autriche : Roudnice (Roubal). \ Vit d’ordinaire dans les bouses, les fumiers et les végétaux en décomposition. Il fréquente très souvent les terriers, car il trouve là ses conditions habituelles d’existence. Il se rencon¬ tre parfois en très grand nombre dans les nids de. Taupe, parti¬ culièrement dans ceux qui sont situés en sol sablonneux, ainsi que je l’ai observé aux environs de Vienne. Ce n’est d’ailleurs DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 131 pas dans ce milieu qu’il accomplit son développement. Je ne l’v ai rencontré sous ses premiers états que d’une façon excep¬ tionnelle et jamais qu’en individus isolés. I.a larve a été décrite par Curtis (i) et par Mulsant et Rev (rt). CIIOROLOGIE. — Europe, bassin de la Méditerranée, Asie occidentale, Cap de Ronne-Espérance. 2. Oxytelus Saulcyi Pandellé. O. Saulcyi Pandellé, Mat. Cal. Gren., 1867, 172. Type : Tarbes, dans les fientes de porc. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Vienne !, Soissons (de Ruffévent) ; Epinal (Sainte-Claire Deville). — Allemagne : Brunswick (Haars) ; Leipzig (Linke). — Angleterre : Here- fordshire (Tomlin) ; Bradfiels (Joy) ; Oxford fWalkel). — Hol¬ lande : Si t tard (Heselhaus). Lapin. — France : Soissons (de Ruffévent) ; Caen (Fauvel). Spermophile. — Autriche : Vienne (Breit). Hamster. — Allemagne : Leipzig (Linke). Cet insecte, coprophile comme tous ses congénères, est tou¬ jours assez rare dans le domaine épigé, et, dans les terriers, il est loin d’être commun ; on l’y rencontre toujours mêlé à l’un de ses proches alliés, le vulgaire Oxytelus tetraca- rinatus Block. Sa présence fréquente en compagnie des petits Mammifères fouisseurs indique chez cette espèce des tendances assez marquées à la xénophilie. CIIOROLOGIE. — France, Angleterre, Hollande, Allemagne, Autriche, Italie. Observation. — C’est la première fois que YOxytelus Saulcyi est signalé dans la région lyonnaise. 3. Oxytelus Bernhaueri Gglb. O. Bernhaueri Ganglbauer, Verh. zool. bot. Gesellsch. Wien , 1898, p. 4oo-4oi ETHOLOGIE. Hôtes. Spermophile. — Autriche : Vienne (Rreit). (1) Curtis, Farm. Insects. London, iSfio, p. i3ç). fig. n° s5. 3-4. (2) Mulsant et Rey, Coléoptères de France, « Oxytétiens », 1879. p. 74. 132 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Taupe. — Autriche : Bisamberge (Luze, teste Ganglbauer). Observation. — Cette espèce est très voisine d’O. Saulcyi Pand., dont elle diffère surtout par les caractères sexuels du mâle, la taille moindre et les yeux plus gros, leur diamètre longitudinal atteignant presque la longueur des tempes. CHOROLOGIE. — Autriche-Hongrie. 4. Oxytelus tetracarinatus Block. O. tetracarinatus Block, Verz. Ins. Plauensch. Gr., 116, f. 5. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Vienne !, Soissons (de Buffévent). — Allemagne : Brunswick (Haars). — Hol- latide : Sittard (Helselhaus). Lapin. — Vienne ! Loir. — Vienne I, quelques individus trouvés dans un nid de Loir contenant cinq petits, et situé dans une petite excava¬ tions du sol, parmi le gazon, dans mon jardin. Hamster. — Allemagne : Leipzig (Linke). — Autriche : Roudnice (Roubal). Spermophile. — Autriche : Kralup (Roubal). Mésange. — Vienne !, dans mes nichoirs. Mêmes mœurs que l’O. sculpturatus, avec lequel on le trouve presque toujours. CHOROLOGIE. — Région paléarctique, Japon, Amérique septentrionale. Genre PLATYSTETHUS Mannerheim. 1. Platystethus nitens Shalb. P. nitens Shalberg, 1ns. Fenn., I, 4 1 3. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — Allemagne : Brunswick (Haars). Hamster. — Allemagne : Erfurth (Bickardt). Pholéophile occasionnel. CHOROLOGIE. — Europe centrale et septentrionale, Nord de l’Afrique, Perse méridionale. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 133 Genre BLEDIUS Mannerheim. 1. Bledius procerulus Erichs. B. procerulus Erichson, Gen. Spec. Staph., 768. Cette espèce a été trouvée aux environs de Vienne (Autriche) par Breit, dans un terrier de Spermophile ; sa présence dans ce milieu est certainement fortuite. Genre ACROSTILICUS Hubbard. 1. Acrostilicus hospes Hubb. Découvert par Hubbard dans le terrier d’une Tortue de la Floride (Gopherus Polyphemus) . Cet Insecte présente, suivant l’auteur, la décoloration caractéristique des animaux hypogés. Genre MEDON Stephens. Les espèces du genre Medon vivent d’ordinaire sous les pierres, les feuilles mortes, les mousses, les détritus des maré¬ cages. Un certain nombre ont des tendances lucifuges et pénè¬ trent parfois dans le sol, dans les cavernes ou les microcavernes. Medon dilutus Er. fréquente volontiers les grottes en Espa¬ gne ainsi qu’en Algérie où il a été trouvé dans la grotte de Rhar-Adhid, près de Constantine, par Jeannel et Racovitza, et dans celle d’Aïn-Fezza, près de Tlemcen, par Bedel. Medon rufiventrisr Nordm. a été recueilli par Jeannel et Ra¬ covitza dans la grotte Ifri-Ivenan (département d’Alger). Les espèces dont les habitudes pholéophiles ont été consta¬ tées sont les suivantes : 1. Medon castaneus Grav. M. castaneus Gravenhorst, Micr., 60. MORPHOLOGIE. Description. — Longueur, 6 millimètres. Coloration brun châtain, avec les élytres ferrugineux et les pattes testacé rougeâtre. 134 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Forme parallèle, subconvexe. Pubescence fine, serrée aux élytres et surtout à l’abdomen. Ponctuation fine et dense, principalement sur les segments abdominaux. Tête brillante, rectangulaire, allongée, parallèle, un espace lisse longitudinal, subcaréné, atteignant le milieu. Yeux médiocrement saillants, occupant environ le quart de la longueur des côtés de la tête. Antennes longues et grêles, à pénultième article plus long que large. Prothorax subtrapézoïdal, assez rétréci vers la base, à carène longitudinale obsolète. Pattes postérieures à tarses très grêles, aussi longs que les tibias correspondants. Elytres d’un quart plus longs que le prothorax. Caractères d’adaptation. — On peut observer chez cette espèce certains caractères qui sont évidemment d’origine adap¬ tative. On voit, en premier lieu, une élongation et une gra¬ cilité très caractéristique des tarses postérieurs. Les figures 9 et t o montrent comparativement le tarse postérieur de Medon castaneus, espèce pholéophile, et celui de M. brunneus Er., espèce lucicole. Le M. castaneus possède également des antennes dont les articles présentent une tendance prononcée à l’allongement (fig. ti). .T’ai figuré, pour la comparaison, l’antenne d’une espèce voisine vivant ordinairement à la surface, M. brunneus Er. (fig. 12). La dépigmentation et la réduction oculaire sont assez peu prononcées. Ces deux caractères existent à un degré plus mar¬ qué chez d’autres espèces du même genre, à vie endogée (M. pallidus Fauvel et M. seminiqer Fairm.). FTÏTOLOGTF. TTote. Taupe. — France : Fpinal (Sainte-Claire Deville). — Angleterre : Berkshire (Joy) ; Oxford (Walker). — MJemagne : Brunswick (Haars) ; Leipzig (Dorn.). Cet Tnsecte a des habitudes souterraines qui sont la cause de sa rareté. Il accomplit parfois ses transformations dans le nid de la Taupe. Joy l’a obtenu d’éclosion de nymphes re¬ cueillies dans ces nids. On le trouve aussi quelquefois dans les fourmilières, mais DE LA FAINE DES MICROCAYERNES Fig. 9. Medon castaneus Grav. Patte postérieure. X 27. Fig. io. Medon hrunneus Ei. Patte postérieure. X 37. Fig. ii. Medon caslaneus Grav. Antenne. X 27. Fig 12. Medon hrunneus Er. Antenne. X 40. CON'TIUBl T ION A L’ÉTLDE 136 il semble avoir une prédilection pour les terriers de Taupe, lesquels sont d’ailleurs établis, le plus souvent, dans les ter¬ rains sablonneux et humides affectionnés par les Medon. CHOROLOGIE. — Scanie, Angleterre (sud), France (sauf la région méditerranéenne), Allemagne, Suisse, Autriche, Russie. 2. Medon piceus Kraatz. M. piceus Kraatz, Ann. Soc. Ent. Fr., i858. ETHOLOGIE. Hôtes. Lapin et Blaireau. — France : Ven¬ dôme (Méquignon). Cet Insecte est ordinairement sylvicole, il vit dans la mousse au pied des arbres, dans les fagots. 11 est toujours assez rare. CHOROLOGIE. — France, Angleterre, Allemagne, Pénin¬ sule Ibérique, Sicile. 3. Medon fusculus Mannh. M. fuseuhis Mannhereim, Brachel, 4o. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Soissons (de Buffé- vent) ; Vienne ! Lapin. — France (teste Deville). Malgré ses tendances prononcées à la vie endogée, cette espèce ne présente pas, sauf, peut-être, sa couleur testacée, de carac tères particuliers d’adaptation. Elle a été rencontrée dans les grottes. CHOROLOGIE. — Angleterre (Sud), Europe tempérée, zone méd iterranéenne . 4. Medon ripicola Kr. M. ripicola Kraatz, Sletl. Ent. Zeit., iS54, 127. ETHOLOGIE. Hôte. Taupe. — France : Vienne !, Thoissey ! C’est un Insecte essentiellement hygrophile et ripicole. Il est souvent très abondant dans les terriers situés à proximité des cours d’eau. CHOROLOGIE. — Scanie, Angleterre, Europe moyenne et méridionale, Açores, Madère, Barbarie, Orient. DE LA FAUNE DES .MICROCAVERNES 137 5. Medon bicolor Oliv. M. bicolor Olivier, Entom., III, 44, 7. ETHOLOGIE. Hôte. Taupe. — France : Vienne ! Vosges !, Soissons (de Buff évent). Même observation que pour l’espèce précédente. La larve a été décrite succinctement par Key (Larves de Coléoptères, 1887, p. 25). 6. Medon melanocephalus Fabr. M. melanocephalus Fabricius, Ent. Sysl., I, 2, 538. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Vienne !, Vendôme (.Méquignon) ; Gudmont (Sainte-Claire Deville). — Allemagne : Brunswick (Haars) ; Leipzig (Linke). — Autriche : Roudnice (Roubalj. — Hollande : Sittard (Heselhaus). Hamster et Campagnol. — Allemagne (Linke). Il recherche également les fourmilières. C’est ainsi que je l'ai capturé à Vienne, dans les colonies de Formica pratensis, Sainte-Claire Deville l’a rencontré à Gudmont (Haute-Marne) dans celles de Tetramorium cæspitum. En Allemagne, Linke l’a signalé des environs de Leipzig dans les nids de Formica rufa, de Tetramorium cæspitum et d’une espèce indéterminée de Myrmica. Il fréquente parfois également les grottes. CHOROLOGIE. — Suède, Iles Britanniques, Europe centrale, Italie, Russie, Perse septentrionale. Genre LATHROB1UM Granvenhorst. Les Lathrobium sont, en général, des Insectes hygrophiles qui vivent dans les substances végétales plus ou moins décom¬ posées. Certaines espèces du genre (L. Lethierryi Reiche, cæcum Friv., cavicola Müll., etc.) habitent les grottes de l’Europe méridionale et de l’Afrique du Nord. Les deux; dernières appar¬ tiennent au sous-genre Glypiomerus dont les représentants sont caractérisés par la régression des organes visuels. 138 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE 1. Lathrobium multipunctum Grav. M. multipunctum Gravenhorst, Micr., 52. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Vienne !, Vendôme (Méquignon) ; Epinal (Sainte-Claire Deville). Lapin. — Allemagne : Leipzig (Linke). Vit dans les lieux humides, sous les pierres, la mousse, les détritus végétaux. C’est un pholéophile occasionnel. La larve a été décrite par Rey (loc. cil., p. 23). CHOROLOGIE. — Scandinavie méridionale, Europe tem¬ pérée et méridionale, Madère. 2. Lathrobium longulum Grav. L. multipunctum Gravenhorst, Micr., 52. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — Angleterre : Herefordshire (Tomlin). — Allemagne : Brunswick (Haars). — Autriche : Prague (Krasa) ; Roudnice (Roubal). — Hollande : Sittard (Heselhaus). Hamster. — Allemagne : Coethen (Heidenreich) ; Helmstedt (Gerhard). Lapin. — France : Vienne !, Soissons (de Buff évent). Cette espèce peut être considérée comme un pholéophile, en raison de sa fréquente présence dans les terriers. CHOROLOGIE. — Europe septentrionale et centrale, Cau¬ case, Sibérie. 3. Lathrobium pallidum Nordm. L. pallidum Nordmann, Symb., ili2. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Soissons (de Buffé- vent). Hamster. — Allemagne : Coethen (Heidenreich) ; Helmstedt (Gerhard) ; Leipzig (Linke). Espèce essentiellement hygrophile qui fréquente surtout le bord des eaux. Je l’ai recueillie plusieurs fois dans les détritus d’inondation du Rhône. CHOROLOGIE. — Suède, Grande-Bretagne, presque toute la France (jusqu’au cours inférieur du Rhône), Allemagne, Au¬ triche, Haute Italie. DE LA FAINE DES MICROCAVERNES 1.59 4. Lathrobium fulvipenne Grav. L. Julvipenne Gravenhorst, Monogr., io4. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Vendôme (Méqui- gnon) ; Epinal (Sainte-Claire Deville). — Hollande : Sittard (Heselhaus). Lapin. — Allemagne : Leipzig (Linke). CHOROLOGIE. — Europe septentrionale et moyenne. Genre LEPTACINL S Erichson. 1. Leptacinus batychrus, v. linearis Grav. L. batychrus v. linearis Gravenhorst, Micr., 43. ETHOLOGIE. IIotes. Hamster. — Allemagne : Gotha (Lan- genhan). Cette espèce à des tendances à la xénophilie, car elle se trouve parfois dans les colonies de Lasius fuliginosus et dans les nids de Bombus. Une espèce voisine, L. formicetorum Mark, a des habitudes myrmécophiles et vit normalement avec diverses Formica : rufa, pratensis et exsecta. Genre XANTHOLINUS Serville. Les Xantholinus habitent sous les pierres, les mousses, les feuilles, les détritus. Quelques espèces recherchent les Micro- cavernes où elles trouvent des proies abondantes pour leur nourriture. Les espèces suivantes vivent en synèchtres dans les fourmilières : X. atratas Heer avec Formica rufa, pratensis et Lasius fuliginosus ; X. glaber Nordm. avec Lasius fuligino¬ sus. Wasmann a également trouvé le X. glaber dans un nid de Bombus. 1. Xantholinus punctulatus Payk. X. punctulatus Paykull, Mon. Staph., 3o. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Soissons (de Buf- Soc. Linn., t. lu, 1 91 4-. 12 ÜO C0NTKIKUT10N A L'ÉTUDE févent). — Hollande : Sittard (Heselhaus). — Allemagne : Brunswick (Haars). — Autriche : Roudnice (Roubal). Hamster. — Allemagne : Leipzig (Linke). — Autriche : Roudnice (Roubal). La larve a été décrite par Bouché (Naturg. Ins., i834, p. 181) et par Xambeu (le Coléoptériste, 1891, p. 121) ; elle vit dans les fumiers où elle se nourrit d’autres petites larves copro- phages. Xambeu l’a rencontrée surtout en été dans les Pyrénées- Orientales et, d’après cet auteur, la nympose a lieu d’août à septembre ; la durée nymphale est très courte, huit jours au plus. La durée larvaire étant courte aussi, il pourrait y avoir deux ou trois générations par an. L’adulte vit dans toutes sortes de détritus végétaux, dans les crottins, les bouses, etc. On le trouve parfois dans les nids de Formica rufa et Lasius fuliginosus. CHOROLOGIE. — L’aire d’extension de celte espèce est très vaste et comprend toute l’Europe, l’Afrique et l’Asie méditer¬ ranéenne, le Caucase, la Perse, la Sibérie et l’Amérique du Nord. 2. Xantholinus augustatus Stepli. X. augustatus Stephens, lit. Brit., V, 203. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — Hollande : Sittard (Hesel- liaus). — Allemagne : Brunswick (Haars). Choucas. — Autriche : Roudnice (Roubal). Mêmes mœurs que l’espèce précédente. CHOROLOGIE. — Europe et Sibérie occidentale. 3. Xantholinus glaber Nord. X. glaber Nordmann, Symb., n4. ETHOLOGIE. Hôtes. Etourneau. — Angleterre : Kent (Chitty, teste Joy). Se rencontre aussi, comme je l’ai dit plus haut, dans les four¬ milières et les nids de Bourdons. CHOROLOGIE. — Europe septentrionale et centrale. DE LA FAUNE UES MICROCAVERNES lii 4. Xantholinus tricolor Fabi\ X. tricolor Fabricius, A tant. Ins., I, 221. ETHOLOGIE. IIotes. Taupe. — France : Epinal (Sainte- Claire Deville), obtenu d’élevage de nids conservés à domicile CHOROLOG1E. — Toute l’Europe. 5. Xantholinus distans Muls et Rey. X. distans Mulsant et Rey, Op. Ent., II, i853, 71. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — Allemagne : Leipzig (Dorn.), obtenu d’élevage de nids placés dans des terrines. Cette espèce et la précédente, bien qu’accomplissant en entier leurs transformations dans les nids, ne peuvent être considérées comme strictement pholéophiles, car les larves vivent le plus souvent en dehors des terriers, et, si les deux observateurs cités ont obtenu les imagos dans leurs élevages, c’est, sans doute, à cause de la robustesse et de la voracité de ces larves, qui ont pu se défendre contre les autres larves prédatrices, et, au besoin, se nourrir à leurs dépens. CIIOROLOGIE. — Europe moyenne. 6. Xantholinus linearis 01. X. linearis Olivier, Entom., III, l\i. ETHOLOGIE. IIotes. Taupe. — France : Soissons (de Buffé- vent). — Hollande : Sittard (Heselhaus). — Allemagne : Bruns¬ wick (Haars). — Autriche : Roudnice (Roubal). Hamster. — Autriche : Roudnice (Roubal). Blaireau. — France : Vienne I Pivert. — Allemagne : Helmstedt (Gerhardt). Cette espèce a des tendances marquées à la xénophilie. CHOROLOGIE. — Répandu dans toute la région paléarctique. Genre PHILONTHUS Stephens. Les espèces de ce genre vivent habituellement dans les ma¬ tières végétales ou animales en décomposition, où elles se nourrissent d’autres Insectes, principalement de larves de Dip- 142 CONTRIBUTION A L’ÉTl DU lères. Certains Philonthus fréquentent les colonies d’Hyménop- tères sociaux, ce sont : Ph. vernalis Grav., nigritulus Grav., quisquiliarius Kr., immundus Gyll., umbratilis Grav., etc. 1. Philonthus chalceus Steph. Ph. chalceus Stephens, III. Brit., V, 227. ETHOLOGIE. Hôtes. Lapin. — France : Soissons (de Buffé- vent) . Hamster. — Allemagne : Gotha (Langenhan) ; Leipzig (Linke). — Autriche : Roudnice (Roubal). — Hollande : Val- kenburg (Heselhaus). Se trouve d’ordinaire sous les végétaux décomposés, les petits cadavres et autour des plaies sanieuses des arbres. C’est un pholéophile occasionnel. CHOROLOGIE. — Répandu dans toute l’Europe, le Nord de l’Inde et la Sibérie. 2. Philonthus carbonarius Gyll. Ph. carbonarius Gyllenhal, Ins. Suec., II, 3ig. Cette espèce a été recueillie par de Buffévent, à Soissons, dans le terrier du Lapin. La larve a été décrite par Rey (Brevipennes, 1876, p. 384). 3. Philonthus corruscus Grav. P. corruscus Gravenhorst, Micr., 33. ETHOLOGIE. Hôtes. Lapin. — Bohême : Vrana (Jelinek, teste Krasa). Hamster. — Allemagne : Leipzig (Linke) ; Cœthen (Heiden- reich). — Autriche : Roudnice (Roubal). — Hollande : Val- kenburg (Heselhaus). Spermophile. — Autriche : Vrancho (Roubal) ; Vrana (Jeli¬ nek) . Le P. corruscus est une race à élytres entièrement rouges de P. ebeninus Grav. Ce dernier n’a jamais été signalé dans les terriers. CHOROLOGIE. — Europe. Région méditerranéenne. DR LA FAUNE DES MICROCAVERNES 143 4. Philonthus concinnus Grav. P. concinnus Gravenhorst, Micr., 21. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — Autriche : Roudnice, Dos- kau (Roubal). Hamster. — Allemagne : Gotha (Langenhan). Cette espèce est généralement confondue dans les collections avec le P. ebeninus Grav. Elle est très commune dans tous les amas de substances végétales ou animales en décomposition. CHOROLOGÏE. — Toute la région paléarctique. 5. Philonthus immundus Gyll. P. immundus Gyllenhall, 1ns. Suec., II, 337. ETHOLOGIE. Hôtes. Hamster. — Allemagne : Leipzig (Linke) ; Gotha (Langenhan). Se rencontre parfois avec Lasius fuliginosus et L. alienus. La larve a été décrite par Rey (Brevipennes, 1876, p. k§g). 6. Philonthus fuscipennis Mannh. P. fuscipennis Mannerheim, Brach., 28. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — Autriche : Roudnice (Rou¬ bal). Hamster. — Allemagne : Gotha (Langenhan) ; Leipzig (Linke) ; Helmstedt (Gerhard). — Autriche : Roudnice fRou- bal) . CIIOROLOGIE. — Région paléarctique, Amérique du Nord. 7. Philonthus varius Gyll. P. varius Gyllenhall, Ins. Suec., II. 32 1. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — Autriche : Roudnice (Rou¬ bal). Hamster. — Allemagne : Leipzig (Linke). — Autriche : Roudnice (Roubal). La larve a été décrite par Rey (Brevip., 1876, p. /102). 8. Philonthus longicornis Steph. P. longicornis Stephens, III. Brit., V, 237. Ileselhaus a recueilli cette espèce à Sittard (Hollande) dans le nid de la Taupe. CONTRIBUTION A L’ÉTUDE l'ii Le P. longicornis est un Insecte cosmopolite répandu dans le monde entier. 9. Philonthus cephalotes Grav. P. cephalotes Gravenhorst, Micr., 22. ETHOLOGIE. Hôtes. Lapin. — France : Vienne !, Soissons (de Buffévent). Hamster. — Allemagne : Erfurt (Bickhardt); Leipzig (Linke). Pigeon. — Allemagne : Cœthen (Heidenreieh). Oie sauvage. — Irlande : sur les côtes de l’Océan (Joy). Becueilli à Avignon dans la carrière des Angles, parmi le guano de Chauve-Souris. C’est un Insecte lucifuge qui recherche les lieux obscurs ; il a, de plus, des tendances marquées à la xénopliilie, ainsi que l’indiquent les diverses captures citées ci-dessus. Il est toujours assez rare. CHOROLOGIE. — Europe, région méditerranéenne, Nord de l’Amérique. 10. Philonthus sordidus Grav. P. sordidus Gravenhorst, Micr., p. 176. MORPHOLOGIE. — La figure i3 représente l’organe copu- lateur cf que l’on pourra comparer avec celui de l’espèce sui¬ vante. Les pièces chitineuses seules (ædeagus de Sharp) sont figurées (1). (1) On sait, par les travaux de Verhoeff, Blaisdell, Packard, Berlese, de Peyerhimoff, Jeannel, Weber, Sharp, etc., que les caractères tirés de la conformation de l’organe copulateur C? chez les Coléoptères (il en est ainsi, d’ailleurs, chez d’autres ordres d’insectes) sont souvent d’un grand secours pour délimiter les espèces affines ou pour établir la filiation de certains groupes taxonomiques. J’ai figuré l’acdeagus de quelques Coléoptères pboléophiles et j’ai choisi les espèces chez lesquelles la structure de cet organe pourrait utilement servir de critérium dans la détermination. La méthode que j’ai employée pour mes préparations de pièces chitineuses est la suivante : Les individus frais ont été disséqués directement ; quant aux exemplaires desséchés, ils ont été mis à ramollir pendant quelques minutes dans de l’eau à 35 degrés. J’ai effectué mes dissections sous l’eau glycérinée à la loupe binoculaire DR LA FAUNE DES MICROCAVERNES 145 ETHOLOGIE. IIotes. Hamster. — Allemagne : Ilelmstedt (Gerhard). Pigeon. — Allemagne : Cœthen (Heidenreich). Cet Insecte est assez commun, il fréquente surtout les écuries, les fumiers, les mousses, les feuilles sèches, etc. Fig. i3. Ædeagus de Philonthus sordidus Grav., vu de côté. X44- Fig. 14. Paramères de l'ædeagus de Plii- lonthus sordidus Grav., vus par la face concave. L’extré¬ mité distale est en bas. X 60. CHOROLOGIE. — Toute la région paléarctique, Amérique du Nord et Chili. 11. Philonthus spermophili Gglb. P. spermophili Ganglbauer, Verhandl. zool. bot. Wien., 1897, p. 568. Type : Découvert aux environs de Vienne (Autriche), par Breit, dans le terrier du Spermophile. MORPHOLOGIE. — Le P. spermophili peut être considéré comme une race biologique du P. sordidus dont il est, taxo- nomiquement, très voisin. J’ai donné (1912) un tableau des caractères permettant de séparer ces deux espèces. de Zeiss. L’organe isolé était ensuite plongé dans une solution de potasse à 2 pour 100. Après vingt-quatre heures de macération, la pièce était lavée à l’eau distillée, puis mise en contact pendant plusieurs heures avec de l’eau glycérinée à 5o pour 100. Enfin, le montage a été fait dans de la glycérine gélatinée de Kaiser. Cette technique très simple m’a été obligeamment indiquée par mon collègue de la Société Entomologique de France, M. le Dr Jeannel, que je suis heureux de remercier ici. 14G CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Je iîgure ici (fig. i5) l’ædeagus de P. spermophili. Il ressem¬ ble beaucoup à celui de P. sordidus, principalement en ce qui concerne le contour général du lobe médian L. La différence réside surtout dans la forme des paramères P (fig. i4 et i6> Ceux-ci, indépendants dans la majorité des Staphylinides, sont, ici, soudés (le fait semble constant dans la tribu des Staphy- linini) et leur conjonction forme une pièce mobile en figure de gouttière accolée par sa face concave contre le lobe médian et attachée à celui-ci par la portion proximale au moyen de mus¬ cles servant de charnière. Fig. i5. Ædeagus de Philonthus xpermophili Gglb. vu de côte. X 44- Fig. 16. Paramères de l'ædeagus de Phi¬ lonthus spermophili Gglb. vus par la face concave. L’extré¬ mité distale est en bas. X 60. Le Philonthus spermophili ne présente aucun caractère d’adap¬ tation à la vie souterraine, malgré sa présence constante dans le milieu des terriers. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Vienne ! — Hol¬ lande : Siltard (Ileselhaus). — Allemagne : Brunswick (Haars). Lapin. — France : Calvados ( teste Deville). — Allemagne : Cœthen (Heidenreich). — Autriche : Predbori (Frankenberger). Campagnol. — Allemagne : Coetbcn (Heidenreich) ; Leipzig (Linke). Hamster. — Allemagne : Coethen (Heidenreich); Gotha (Lan- genhan) ; Erfurt (Bickhardt) ; Helmstedt (Gerhard) ; Leipzig (Linke). — Autriche : Roudnice (Roubal). — Hollande : Val- kenburg (Hcselhaus). Spermophile. — Autriche : Prague (Krasa') ; Wien (Breit) ; Vrancho (Roubal). DF. LA FAUNE DES MU'.KOCAVERN'ES 147 Cette espèce peut être considérée comme strictement pholéo- phile, car elle ne parait pas avoir été rencontrée jusqu’ici en dehors des terriers. CHOROLOGIE. — Europe continentale. 12. Philonthus Scribæ Fauv. P. Scribæ Fauvel. .\otic. entom., 1867. V. 112. ETHOLOGIE. Hôtes. Lapin. — Allemagne : Cœthen ; Erfurt 1 Bickhardt) ; Helmstedt Gerhard) ; Leip¬ zig (Linke). — Autriche : Roudniee (RoubalL — Hollande : Valkenburg (Heselhaus). Spermophile. — Autriche : Vjpnne Breit ; Vrancho (Roubal). Cette espèce est essentiellement pholéophile, sa rencontre en dehors des terriers est tout à fait exceptionnelle. CHOROLOGIE. — Silésie, Autriche-Hongrie, Russie méri¬ dionale. 13. Philonthus fuscus Grav. P. fuscus Gravenhorst, \ficr., 29. ETHOLOGIE. Hôtes. Pic. — France : Vaucluse Tannez . — Allemagne : Helmstedt Gerhard . — Autriche : Roudniee Rou- bal). Mésange. — Allemagne : Helmstedt (Gerhard . — Angle¬ terre : Berkshire (Joy). Etourneau. — France : Allier 'du Buysson . — Allemagne : Helmstedt 'Gerhard . — Angleterre : Berkshire (Joy . Pigeon. — Allemagne : Helmstedt Gerhard . Choucas. — Autriche : Roudniee Roubal . Torcol. — France : Vienne î Recueilli dans des nichoirs artificiel* par Heselhaus à Val¬ kenburg. en Hollande. Cette espèce a des tendances xénophiles très accusées ; elle se trouve quelquefois dans les troncs infestés de Cossus. Linke l’a signalée aux environ* dp Leipzig dans un nid de Frelon*. 148 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Il est à remarquer que le P. fnscus n’a jamais été rencontré dans les terriers, il semble habiter exclusivement les Microca¬ vernes endoxyles. Il est très rare en dehors de cet habitat. CHOROLOGIE. — Europe septentrionale et centrale. 14. Philonthus nigritulus Grav. P. nigritulus Gravenhorst, Micr., 4i. ETHOLOGIE. Hôte. Taupe. — France : Soissons (de Buffé- vent). — Allemagne : Brunswick (Haars). — Autriche : Roud- nice (Roubal). Cette espèce se trouve aussi parfois avec Myrmica lævinodis et dans les nids de Bombus ; c’est une des plus communes du genre Philonthus. CHOROLOGIE. — Toute l’Europe, Amérique du Nord, Chili, Australie. 15. Philonthus splendidulus Gravenhorst. Cette espèce a été signalée par Roubal, en Bohême, dans le terrier du Hamster. 16. Philonthus Copheri Hubbard. P. Gopheri Hubbard, Insect Life, VI, 3oa. MORPHOLOGIE. Description. — Longueur, 5-6 millimè¬ tres. Corps allongé, parallèle. Couleur testacée-rougeâtre avec une bande brune sur la tête, en arrière des yeux. Pubescence dorée. Tête aussi large que le prothorax, plus longue que large, fai¬ blement ponctuée derrière les yeux. Antennes grêles, aussi longues que la tête et le prothorax réunis, tous les articles plus longs que larges. Prothorax faiblement plus long que large, non rétréci en avant, côtés droits, faiblement sinués, séries dorsales de quatre points, le postérieur distant des autres. Elytres plus longs que larges pris ensemble, faiblement et éparsement ponctuées, à pubescence rare. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 149 Abdomen finement et densément ponctué, la ponctuation des sternites plus forte et plus éparse. Tarses postérieurs longs et grêles, avec les ongles très minces et allongés. Caractères d’adaptation. — Le Philonthus Gopheri pré¬ sente à un degré très marqué certains des caractères particuliers aux formes pholéophiles. On observe, en effet, chez cette espèce, une dépigmentation prononcée des téguments ainsi qu’une élongation des antennes et des tarses postérieurs, carac¬ tères tout à fait exceptionnels chez les Philonthus, et évidem¬ ment d’origine adaptative. Les yeux sont normaux. Cet organe semble d’ailleurs, dans le genre Philonthus, posséder une fixité particulière et opposer une certaine inertie à l'influence des facteurs œcologiques, à l’encontre de ce qu’on observe dans le genre voisin, Quedius, où les organes visuels montrent, ainsi qu’on le verra plus loin, une plasticité tout à fait remarquable. ETHOLOGIE. IIote. Copherus polyphemus, Tortue terrestre de la Floride (Hubbard). Genre QUEDIUS Stephens (1). Les espèces du genre Quedius ont des mœurs analogues aux Philonthus, tout en étant cependant moins fimicoles. Elles vivent surtout dans les mousses, les feuilles mortes, les cham¬ pignons, les détritus, etc. Beaucoup de Quedius, principale¬ ment les représentants des sous-genres Ediquus et Microsaurus caractérisés par la dimension réduite de leurs yeux, sont nette¬ ment lucifuges et montrent de réelles tendances à la xéno phil ie. C’est ainsi que Q. microps Grav. et brevis Er. vivent en myrmécophiles synèehtres dans les colonies de Formica rufa et de Lasius flavus, la larve de Q. abietum Kiesw. dans celles de Termes lucifugus. (i) Entre le genre Philonthus et le genre Quedius, je citerai, pour être complet, trois espèces, dont deux : Ocypus similis F. et O. ophtalmicus Scop., ont été recueillies à Gotha par Langenhan, dans le terrier du Hamster, et une, Creophilus maxillosus L., trouvée par Heidenrich à Coethen, dans un nichoir à Pigeons. Ce sont là, évidemment, pour ces Staphylinides, des habitats tout à fait occasionnels. CONTRIBUTION A L’ÉTl'DE 150 Un certain nombre sont pholéophiles, et parmi ceux-ci, les uns sont exclusivement mammalicoles, tels que Q. talparum Deville, vexans Epp., longicornis Kr., d’autres, comme Q. bre- vicornis Thom., infuscatus Kr. et ventralis Ahr., habitent élec¬ tivement les troncs creux servant de demeure à divers oiseaux. Certains, enfin, sont plus éclectiques et se rencontrent indiffé¬ remment dans toutes sortes de microcavernes, et parfois aussi dans les grottes, c’est le cas des Q. ochripennis Mén. et meso- melinus Marsh. hes variations dans la dimension des yeux sont considérables chez les Quedius. Les mensurations que j’ai effectuées sur un certain nombre d’espèces montrent que la régression des orga¬ nes visuels semble bien en rapport avec le degré d’adaptation à la vie obscuricole. Mes mensurations ont été faites toutes les fois qu’il m’a été possible, sur vingt individus cf et 9 de chaque espèce, en déterminant le rapport du diamètre oculaire à celui de la lon¬ gueur de la tempe. Ces rapports sont les suivants : Diamètre oculaire. Longueur temporale. Quedius longicornis Kr . 0,62 — inicrops Grav . 0,75 — brevis Er . 0,80 — nigrocæruleus Rey . o,S5 talparum Deville . 0,90 — ochripennis Mén . 1 mesomelinus Marsh . 1 — car lus Er . 1 — scitus Grav . 1 — crassus Fairm . 1,16 — fulgidus Fabr . 1.27 — venlralis Arag . i,3o — xanthopus Er . i,3o — laleralis Grav . i,5o cinclus Payk . i,5o — cruentus 01 . i,55 — picipes Man . 1 ,80 — ochropterus Er . 2 — dubius Heer . 2,20 I)K LA FAINE DES AfICROCAVEKNES 151 Diamètre oculaire. Longueur temporale. Quedius unicolor kiesw . 2,3o — molochinus Grav . 2,4o — umbrinus Er . 2,60 — nigriceps Kr . 3 — limbatus Heer . 3 — fumatus Steph . 3 — maurorufus Grav . 3 — scintillons Grav . 3,3o — tristis Grav . 4, 20 — pyrenæ us Bris . 4,3o — fuliginosus Grav . 4,5o — alpestris Heer . 6,5o — auricomns Kiesw . 7 — boops Grav . 7 — semiteneus Steph . 10 La réduction des yeux est le seul caractère morphologique d'adaptation que l'on observe chez les Quedius pholéophiles. 1. Quedius microps Grav. Q. microps Gravenhorst, Stett. Ent. Zeit., 1847, ai3. ETHOLOGIE. — N’a été signalé dans les terriers que par Roubal, à Roudnice (Bohême) en compagnie du Hamster. Il vit d’ordinaire dans les arbres creux habités soit par les Four¬ mis (Lasius fuliginosus), soit par les Chouettes, Chauves- Souris ou autres animaux. C’est une espèce extrêmement rare. CHOROLOGIE. — Europe centrale et méridionale. 2. Quedius longicornis Kr. Q. longicornis Kraatz, IVaturg. Ins. Deutsch., II. 4ô4. MORPHOLOGIE. — Caractères d’adaptation. — Cette espèce est, parmi tous les Quedius paléarctiques, celle qui pré¬ sente la réduction la plus accusée des organes visuels. Les mensurations que j'ai pu effectuer sur 6 individus (4 cf, 2 9) m'ont donné le rapport : 152 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE diamètre oculaire - - 0,62. longueur temporale Malgré son nom de longicornis, ses antennes sont de lon¬ gueur normale et ne présentent pas de caractère sensible d’élon¬ gation ni de gracilité. ETHOLOGIE. IIotes. Taupe. — France : Soissons (de Buffé- vent). — Hollande : Sittard (Heselhaus). — Angleterre : Guild¬ ford (Champion) ; C.owley (Chitty) ; Herefordshire (Tomlin) ; Surrey (Bedwell) ; Edimburgh (Beare) ; Berkshire (Joy) ; Oxford (Walker). — Allemagne : Leipzig (Linke) ; Brunswick (Haars). — Danemark (Rosenberg, teste Beare). — Autriche (Rambousek). Lapin. — France : Caen (Eauvel) ; Soissons (de Buffévent). Hamster. — Hollande : Valkenburg (Heselhaus). Le Q. longicornis est très rare dans le domaine épigé où il a été rencontré accidentellement sous les pierres et sous les végétaux en décomposition. Les terriers de Mammifères cons¬ tituent évidemment sa véritable résidence, car c’est là seule¬ ment qu’on le trouve d’une façon constante. C’est donc un véritable pholéophile. Les indications précédentes montrent que la Taupe semble être son hôte préféré. CHOROLOGIE. — Répandu dans une grande partie de l’Eu¬ rope. Il manque très probablement dans la France centrale et méridionale. Je ne l’ai jamais rencontré au cours de mes recherches. Les nombreuses citations d’Angleterre, tout en montrant l’intensivité des recherches pholéobiologiques dans ce pays, semblent indiquer que cette espèce est plutôt septen¬ trionale. Je ne crois pas que le O. longicornis ait été signalé, tout au moins dans les terriers, en-dessous du /19e degré de lati¬ tude Nord. 3. Quedius brevicornis Thoms. Q. brevicornis Thomson, Skand. Col., II, 175. ETHOLOGIE. Hôtes. Etourneaux - Allemagne : Helmstedt, nichoirs artificiels (Gerhard). — Angleterre : Berkshire, ni- choirs artificiels (Joy). DE M FAUNE DES MICKOCAYERNES 153 Pic. — Allemagne : Helmstedt (Gerhard). Mésange. — Angleterre : Berkshire (Joy). Faisan. — Autriche : Stromovka (Lokay) ; Lihlice (Ram- bousek) ; Cibulka (Zeman). Le Q. brevicornis est extrêmement rare en France, il a été signalé en Saxe par Reichert (teste Linke) dans un nid de Frelon. Au sujet du comportement de cette espèce comparé à celui de Quedius talparum, Norman H. Joy (1906 a) a fait une intéressante observation dont il donne une explication très ingénieuse, mais peut-être un peu entachée d’anthropomor¬ phisme, tendance d’ailleurs assez commune chez les natura¬ listes d’Outre-Manche. 11 a remarqué que, lorsque ces Insectes sont surpris brusquement par un mouvement ou une agitation insolite se produisant à leur proximité, l’un, le Quedius bre¬ vicornis, demeure immobile pendant un temps assez long avant de se cacher, tandis que l’autre, le Quedius talparum, s’enfuit rapidement à la première alarme. L’auteur de cette remarque croit voir dans ces comportements différents une manifestation de l’instinct de conservation : l’immobilité ayant pour but, chez l’espèce ornithophile, de 11e pas éveiller l'atten¬ tion des Oiseaux à régime insectivore et à vue perçante auprès desquels elle vit d’ordinaire, tandis que la seconde, qui passe son existence dans la société de la Taupe, également insecti¬ vore, mais aveugle et cherchant sa nourriture surtout avec l’odorat, aurait intérêt à fuir avant d’être à portée de cet ani¬ mal. CHOROLOGIE. — Europe septentrionale et centrale. 4. Quedius talparum Dev. Synouymie: Q. talparum Deville, Bull. Soc. Eut. Fr., 1910, i58. — Q. puncticollis Thomson, Oef. .4c., 1867. — Q. othiniensis Johansen, Eut. \fedd., 1907, 170. Q. Heidenreichi Bernh. d’Heinemann et auteurs allemands. — Q. vexans Epp. de Joy et auteurs anglais. MORPHOLOGIE. — La figure 17 représente l’ædeagus de Q talparum. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Vienne!, Epinal (Sainte-Claire Deville) ; Vendôme (Méquignon) ; Soissons (de CONTRIBUTION A L'ÉTUDE Buffévent). — Angleterre : Berkshire, Devon- shire et nombreuses autres localités signalées par différents auteurs (in Entom. Mont. Ma¬ gazine, passim, 1904-1912 (1). — Allemagne : Brunswick (Haars) ; Leipzig (Dorn). — Dane¬ mark (Bosenberg). — Hollande : Sittard (He- selhaus) . Hamster. — Allemagne : Saxe (Reichert, teste Linke). Cet Insecte semble à peu près exclusi¬ vement inféodé à la Taupe, dans les ter¬ riers de laquelle il accomplit en entier son développement. J’ai reçu du Dr Joy, de Bradfîeld (Angle¬ terre) un certain nombre d’imago de Q. tal- parum parmi lesquels se trouvaient une larve recueillie en même temps et appartenant vraisemblablement à la même espèce. Cette larve présente les caractères des larves connues de Quedius, mais elle s’en distingue, toute¬ fois, par l’absence totale d’ocel¬ les (frg. 18). Cette cécité est-elle constante chez les larves du Que- dius talparum ? Ce point par¬ ticulièrement intéressant pourra être facilement résolu par l’exa¬ men d’autres individus lorsque de nouvelles captures en seront faites. CHOROLOGIE. — Europe oc¬ cidentale et septentrionale. En Allemagne et en Angle¬ terre, il est commun dans le ter¬ rier de la Taupe. En France, il est toujours rare et semble presque entièrement remplacé par les Q. ochripennis et nigrocæruleus. Tète de la larve présumée de Quedius talparum Dev. X 154 Ædeagus de Que¬ dius talparum Dev. vu de côté. X 48. (1) Les citations de Q. vexnns mentionnées dans cette revue se rapportent au Q. talparum. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 155 5. Quedius vexans Epp. Q. vexans Eppelsheim, Deutsch. Ent. Zeit., 1881, 297. ETHOLOGIE. Hôtes. Hamster. — Allemagne : Cœthen (Heidenreich) ; Golha (Langenham). — Autriche : Roudnice (Roubal). Il est toujours extrêmement rare. Dunlop l’a signalé dans un terrier de Blaireau à Cheshirc (Angleterre), mais le fait est invraisemblable, car le Q. vexans est propre à l’Europe centrale et il s’agit très probablement d’une espèce voisine, peut-être le fulgidus ou Yochripennis. Le Hamster semble être jusqu’à présent l’hôte exclusif du Q. vexans. CIIOROLOGIE. — Prusse orientale, Silésie, Bohême. 6. Quedius ochripennis Mén. Q. ochripennis Méneville, Cat. rais., i45. MORPHOLOGIE. — La figure 19 représente l’ædeagus de Q. ochripennis. ETHOLOGIE. Hôtes. Taupe. — France : Vienne ! Vendôme (Méquignon) ; Soissons (de Buffévent) ; Epinal (Sainte-Claire Deville). — Hollande : Sittard (Heselhaus). — Allemagne : Brunswick (Haars). Campagnol. — Allemagne : Leipzig (Linke). Hamster. — Allemagne : Coethen (Heiden¬ reich); Gotha (Langenhan); Erfurt (Bickardt); llelmstedt (Gerhard) ; Leipzig (Linke). — Au¬ triche : Roudnice (Roubal). Cet Insecte accomplit son développement dans les terriers, il peut donc être classé parmi les véritables pholéophiles. Il est très commun dans les nids de Taupe des environs de Vienne. La larve, i3) (2) Signalé par Simon, des grottes de l’Hérault et de l’Ariège. (3) Cette espèce et la précédente ont des habitudes lucifuges très mnr quées, elles pénètrent très fréquemment dans les grottes (Simon, 1907 1910, 1911, 1913). DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 221 ACARINIDÆ Parasitus lunaris Berl. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). — talparum Oudms. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Pergamasus crassipes L. (1). Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). — Terrier de BLAIREAU. — Vienne ! Eugamasus loricatus Wankel. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). — magnus Kramer (2). Nid de TAUPE. — Vienne! Sittard . (He¬ selhaus). — Remberti Oudm. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Macrocheles decoloratus C.-L. Koch. Nid de TAUPE. — Sittard (He¬ selhaus). Euryparasitus terribilis Michael (3). Nid de TAUPE. — Sittard (He¬ selhaus). Hæmogamasus hlrsutus Berlese (4). Nid de TAUPE. — Vienne ! Sittaxd (Heselhaus). — Michaeli Oudms. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). — horridus Mich. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Hypoaspis stabularis C.-L. Koch. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). — hypudæi Oudms. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). — Heselhausi Oudms. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Androlælaps pilifer Oudms. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Lælaps hilaris C.-L. Koch. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Liponyssus arcuatus C.-L. Koch. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus) — - gigas C.-L. Koch. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Trachyuropoda Rackei Oudms. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Cilliba minor Berlese. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Pediculoides pilosus Oudms. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Disparipes talpæ Oudms. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Ereynetes sittardiensis Oudms. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Cheletia fl abell itéra Michael. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Microtrombidium sylvaticum C.-L. Koch. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). (1) La variété longicornis Berl. de cette espèce habite certaines grottes de France (Tragardh, 1912). (2) Tragardh (1912) a décrit, sous le nom de cavernicoln, une variété recueillie dans une grotte des Pyrénées. (3) Le type de cette espèce a été découvert par Michael dans un nid de Taupe. L’E. terribilis a été rencontré dans une grotte de Corse (Tragardh, 1912.) (4) L'Hiemogamasus hirsutus a été signalé par Tragardh (1912) dans une grotte de la province de Ilesca (Espagne). 228 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE Belaustium rhopalicum C.-L. Koch. Nid de TAUPE. — Sittard (He selhaus) . — quisquiliarium Herm. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Achorolophus trimaculatus Herm. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). — opilionis Müll. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Xenillus pectinatus Michael. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Liebstadia similis Mich. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Eremæus lichenum Schr. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Murcia seminulum Müll. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). — humeralis Herm. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Oribatella quadricornuta Mich. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhausj. Galumna alata Herm. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Natospis coleoptratus L. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Pelops occultus C.-L. Koch. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Tyroglyphus putrescientiæ Schr. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). — ovatus Troupeau. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). — mycolichus Oudms. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Aleurobius farris Oudms. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). Labidophorus platygaster Mich. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). — talpæ Kramer. Nid de TAUPE. — Sittard (Heselhaus). CRUSTACÉS ISOPODES On trouve fréquemment dans les terriers divers Crustacés du genre Oniscus, pensionnaires habituels des lieux humides et obscurs. J’ai recueilli dans un terrier de Taupe, à Septème (Isère), plusieurs individus de Platyarthrus Hoffmanseggi Brdt. Cet Isopode, qui est normalement myrmécophile, est un visiteur accidentel des terriers. Heselhaus l’a rencontré en Hollande, dans ces mêmes conditions (i). (i) Cet observateur a signalé dans les nids de Taupe des environs de Valkenburg (Hollande), les Isopodes suivants : Philoscia muscorum, Arma- dillidium vulgare, Porcellio scaber, P. Rathkei, Ligidium hyprwram (Heselhaus, 1914). DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 229 230 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 231 CONTRIBUTION A L ÉTUDE 232 DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 233 CHAPITRE V CONSIDÉRATIONS GENERALES SUR LA FAUNE PHOLÉOPHILE Les données actuellement acquises sur la faune pholéophile nous conduisent à envisager celle-ci comme une association d’espèces composée de parasites et de commensaux. Les pre¬ miers appartiennent exclusivement aux Puces et aux Acariens ; quant aux seconds, ils sont recrutés en majeure partie parmi les Coléoptères et les Diptères. En effet, c’est principalement dans ces deux ordres d’insectes que se rencontrent les formes véritablement caractéristiques des terriers et des nids. Parmi les Coléoptères, les familles fournissant le contingent le plus important à la phalange des pholéophiles sont les Sta- phylinides, les Histérides et les Silphides. La présence de ces Insectes à régime carnassier et saprophage est naturelle dans cet habitat, car ils y trouvent, au point de vue alimen¬ taire, des conditions d’existence tout particulièrement avan¬ tageuses. Le milieu humide et constant des terriers favorisant le déve¬ loppement de certains Champignons inférieurs, il faudra s’at¬ tendre à y rencontrer des formes mycophages. En effet, plu¬ sieurs espèces de Cryptophagides et de Nitidulides fréquentent habituellement la demeure des Mammifères fouisseurs. Enfin, certains détriticoles, Trichoptérygides, Dermestides, etc., trou¬ vent dans les terriers et les nids des conditions adéquates à leurs exigences alimentaires. L’ordre des Diptères a des représentants principalement parmi les Lycoriides, les Cypsélides et les Héléomyzides, les uns vivant de l’humus accumulé sous la couche de l’hôte, les autres se nourrissant de ses excréments ou des déchets de son alimentation. 234 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE La spécificité vis-à-vis d’un hôte déterminé ne s’observe que très rarement chez les pholéophiles commensaux. Les données actuelles permettent néanmoins de constater une spécialisation plus ou moins stricte chez certaines formes telles que : Medon cnstaneus, Quedius talparum, Oxypoda longipes, Aleochara spadicea, Hister marginatus inféodés à la Taupe, Philonthus Gopheri à la Tortue, Oxypoda Falcozi à la Marmotte, Quedius vexans au Hamster, etc. J’ai fourni, au cours de ce travail, de très nombreux exem- les montrant les affinités systématiques qui unissent la popu¬ lation des terriers et des nids avec celle des fourmilières et parfois aussi des termitières. Je ne reviendrai pas davantage sur ce sujet. Si l’on compare, maintenant, au point de vue de leur com¬ position, les faunes pholéophile et troglophile, on peut cons¬ tater qu'il existe entre elles une étroite parenté. C’est ainsi, par exemple, que les espèces suivantes se rencontrent, à la fois, dans les grottes et dans les terriers. Coléoptères. Medon fusculus Mannh. — melanocephalus F. Quedius mesomelinus Marsh. — ochripennis Mén. Atheta subcavicola Bris. — nigricornis Thoms. Leptinus testaceus Müll. Catops (diverses espèces). Cryptophagus scutellatus Newm., etc. Diptères. Lycoria pallipes F. — annulata Meig. Limosina silvalica Meig. Œcothea fenestralis Fa 1 1 . Myriapodes. Polydesmus complanatus ,L. — subinteger Latz. DE LA FAI NE UES MICP.'X'.AVERNEs 235 Arachnides. Pedanostclhus lividus Black. Lephtyphanies alutacius E. Simon. — pallidus O. Cbr. Euryparasilus terribilis Mich. Htmogamasus hirsulus Berl. En outre, dans les genres qui possèdent des espèces com¬ munes aux deux habitats, on trouve également des formes plu? étroitement spécialisées et qui vivent exclusivement, les unes dans les terriers ou les nids, les autres dans les parties plus ou moins profondes des cavernes. En voici quelques exemples • FORMES PHOLÉUPHILES Coléoptères. Atlieta triangulum Kr. (i). — paradoxa Rey. Quedius talparum Dev. Lathrobium longulum Gr. — pallidum Nord. Diptère». Lycoria Yaneyi Falcoz. Phora caliginosa Meig. Arachnides. Porrhoma pygmæum Black. FORMES TROGLOPHILES Coléoptères. Atheta spelæa Er. — seminina Peyer. Quedius spelæus Horn. Lathrobium cæcum Friv. — cavicola Müll. Diptères Lycoria Absaloni Bezzi. Phora apiina Schin. Arachnides. Porrhoma Proserpinæ E. Sim. Si. à un second point de vue. on envisage le? adaptations observées chez un certain nombre de pholéophiles. il est facile de constater qu'elles se rapprochent évidemment de celles que présentent les formes cavernicoles. 11 est logique qu'il en soit ainsi, car, ainsi que je l'ai démontré plus haut, les conditions de milieu sont sensiblement le? mêmes dans les deux cas. Mais, naturellement, dans la faune pholéophile, ces modifications ne sont pas toujours très accentuées, elles présentent, d'ail¬ leurs, des variations assez grandes. (i) Il est bien entendu qu'il ne faut voir, entre le? espèces placées en regard l’une de l'autre, aucune affinité spécifique, mai? une simple parenté générique. Soc. Lis>\, t. lxi. 19; 4. 18 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE ^36 Dans l’énumération précédente, j’ai indiqué, pour chacune des espèces, quels étaient les caractères adaptatifs, je ne donnerai ici qu’un résumé de ces différentes adaptations en rappelant, pour chacune d’elles, les principales formes qui les présentent. Ces modifications sont au nombre de trois : modi¬ fications des organes, locomoteurs, modifications des organes sensoriels, dépigmentation. Je vais les passer successivement en revue. A. MODIFICATIONS DES ORGANES LOCOMOTEURS i° Allongement et gracilité des pattes postérieures. — Ce caractère, qui est l’un des plus constants chez les pholéophiles, commence seulement à apparaître chez certaines formes telles que VOmalium validum, dont le dernier article des tarses pos¬ térieurs seul est légèrement allongé. La modification est plus accentuée chez les Aleochara spadicea, A. cuniculorum, Œco- thea fenestralis, par exemple, où l’élongation porte sur l’ensem¬ ble des tarses postérieurs. Enfin, ce caractère atteint son maxi¬ mum de développement chez quelques espèces telles que les Oxypoda Falcozi et longipes, où les pattes postérieures, tout entières, sont remarquablement grêles et allongées. a0 Régression des ailes. — Cette modification semble une des moins caractéristiques des pholéophiles, car la plupart des formes qui la présentent sont précisément parmi celles dont les tendances au commensalisme sont les plus contestables. L’aptérisme complet s’observe cependant chez certains Lathro- bium, chez le Leptinus iestaceus, et chez Peyerimhoffia sub- terronea. It. MODIFICATIONS DES ORGANES SENSORIELS i° Allongement et gracilité des antennes. — On trouve ce caractère à un degré plus ou moins accusé chez quelques pho¬ léophiles tels que Medon castaneus, Philonthus Gopheri, Œco- thea fenestralis, par exemple. DE LA FAUNE DES MICROCAVERNES 237 2° Régression des yeux. — Relativement fréquente chez les plioléophiles, cette adaptation affecte un certain nombre d’es¬ pèces. Elle peut aller, d’ailleurs, jusqu’à l’anophtalmie complète dans le cas du Leptinus tcstaceus. Parmi les formes plus ou moins microphtalmes, je citerai entre autres : Omalium vali- dum, Medon castaneus, divers Quedius, Œcothea fenestralis. Pans les modifications des organes locomoteurs et sensoriels, il paraît exister une sorte de balancement organique : à la ré¬ gression de certains organes (ailes, yeux), correspond un allon¬ gement d’autres organes (pattes, antennes). C. DÉPIGMENTATION DES TÉGUMENTS C’est un caractère ordinairement peu prononcé chez les pho- léopliiles. Il existe toutefois à des degrés divers chez certaines formes, telles que les suivantes : Leptinus tcstciceus, Philonthus Goplieri, Ecothea fenestralis, Omalium validum, plusieurs es¬ pèces de Medon, etc. Les différentes modifications que je viens d’énumérer peu¬ vent être considérées comme étant en relation avec les condi¬ tions bionomiques spéciales que présente le milieu microcaver¬ nicole. Il est également une autre modification paraissant résul¬ ter adaptativement de la constance du milieu biologique, c’est l’atténuation de la périodicité dans l’accomplissement des fonc¬ tions reproductives, de telle sorte que la reproduction a lieu sans discontinuité marquée. Chez certaines espèces, telle que YŒcnthea fenestralis, les générations se succèdent, sans pé¬ riode d’arrêt, pendant la majeure partie de l’année, ainsi que me l’ont montré mes observations rapportées plus haut. Tl résulte de ce qui précède que, aussi bien au point de vue des adaptations que de la composition, la faune pholéo- phile présente d’évidentes analogies avec la faune des cavernes. La première nous achemine donc vers la seconde, elle paraît être l’étape initiale de différenciation à la vie souterraine et . Beare (T. -II.) and Evans (W.), Colcoptera in mole’s nest in Edin- burgh district (Entomol. month. Magazine, p. 88). 1 0 1 1 . Beare (T. -II.), Quedius vexans Epp. of the British list. 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E. subdepressa Gray, malgré l’indication donnée par l’au¬ teur, ne peut être représenté par les figures A, B, tab. XIX de Klein, identiques à la figure B, tab. X de l’édition française qui en est une simple copie, laquelle est déjà donnée par Gray comme le type de son E. humilis. Il y a là une erreur manifeste à laquelle il est superflu de s’arrêter. Les seules figures qui [missent s’apliquer au E. subdepressa, dans la synonymie don¬ née, sont donc les figures 1 1 et 12 de la planche XV de Seba (1), lesquelles correspondent à notre forme sus-énoncée n° 2. E. ambitjena Lamarck a pour type les seules figures i3 cl i4 de la planche XV de Seba, qui représentent notre forme n° 3. Ainsi dès 1S25, chacune des formes principales que nous avons indiquées a\ aient reçu des auteurs un nom distinct sous lequel nous pourrons désormais les désigner : Noire forme n° 1, des Antilles, est le Clypeaster rosaceus Linné (Lamarck). Notre forme n° 2, aussi de l’Atlantique, est le Clypeaster subdepressus Gray. Notre forme n° 3, des mers d’Asie, est le Clypeaster ambi - (je.nus Lamarck (Scutella). Notre forme n° 4, aussi des mers d’Asie, est le Clypeaster humilis Klein (Gray). Notre forme n° 5, encore des mers d’Asie, est le Clypeaster reticulatus Linné (Lcske) dont le C. scutiformis Lamarck est un simple synonyme. Nous allons désormais assister tantôt à de nouvelles confu¬ sions de la part de certains auteurs, tantôt à des découvertes et descriptions d’espèces nouvelles. Mais nous pouvons, dès maintenant, constater comment le travail persévérant des au¬ teurs posl-linéens était parvenu, en soixante-sept années d’étu¬ des, à interpréter et à compléter l’œuvre de Linné en distin- (1) Le texte de Gray porte fig. i5 and 12, mais cette mention d’une figure i5 est évidemment le résultat d’une erreur typographique, car cette figure i5 représente un Eacliorotula, et la face supérieure de l’individu fig. 12 est représenté par la figure 11. 282 NOTE SUR LA SYNONYMIE guant cinq espèces bien caractérisées de Clypéastres vivants. De Blainville, en i83o, comprend comme ses devanciers les trois espèces de Clypéastres citées par lui. Clypeaster rosaceus, dont il donne une nouvelle figure dans sa planche XVIII, est toujours limité à la forme des Antilles. C. ambiçjenus Lamarck est compris par lui comme par Gray. Son C. scutiformis Lamarck correspond exactement au C. reticulatus Linné, inter¬ prété par Leske. Les difficultés synonymiques que nous venons d’examiner ont tellement embarrassé Desmoulins en 1887, qu’il a pris le singulier parti de s’attribuer la paternité de toutes les espèces vivantes de Clypéastres, sauf une. Mais, en même temps, il a conservé les noms anciens, comme s’il avait voulu porter à son comble la confusion dont ces Echinides avaient été l’ob¬ jet et il faut reconnaître qu’il y est assez bien parvenu. Le C. rosaceus Desmoulins n’est autre que le C. rosaceus La- marck, mais Desmoulins le cite, on ne sait pourquoi, à la fois dans les Antilles et dans les Indes orientales. Le C. incurvatas Desmoulins, qui a pour type les figures 5, <> de la planche x 4 5 de V Encyclopédie, tombe évidemment dans la synonymie de l’espèce à laquelle Gray venait d’appliquer le nom de C. ambigenus Lamarck. Le C. Bangi Desmoulins, créé pour l’individu figuré à la planche 1 de Desmoulins et auquel sont assimilées les figures ii, 12, tab. XV de Seba, semble un simple synonyme du C. subilepressus Gray, dont Desmoulins ne connaissait pas l’ouvrage. Malheureusement, le savant bordelais confond avec ce l\pe le? figures A, B, tab. XIX de Klein, A, tab. 110 de Gual- lieri, et B. tab. X de l’édition française de Klein, qui, toutes, appartiennent au C. hurnilis tel qu’il xrenait d’être limité par Gray. Au lieu de suivre la correcte interprétation du G. ambigenus donnée par Gray, Desmoulins attribue l’espèce à de Blainville et continue à lui rapporter les figures douteuses C, D de la planche XIX de Klein. Le C. reticulatus Desmoulins correspond assez exactement au C. reticulatus Linné, limité par Leske. Mais Desmoulins lui rapporte une prétendue variété subangularis pour des figures dont la plupart sont identiques au type, ou en repré- DES ESPÈCES VIVANTES DE CLYPÉASTRE 283 sentent le jeune, comme les figures 8, 9, pl. 45 de Leske, et leur copie figures 5, 6, pl. 1 44 de Y Encyclopédie. Deux figures seulement sont différentes, celle * et la figure 35 de la plan¬ che XV de Seba, mais elles n’appartiennent même pas à un Clvpéastre. Le C. Rumphi Desmoulins, d’ailleurs reconnu par son au¬ teur comme très douteux, est créé pour la figure C, pl. XIV de Rumph, qui représente selon toute probabilité le C. ambi¬ genus Lamarck, en sorte que le C. Rumphi tombe dans sa synonymie. \gassiz et Desor, dans le Catalogue raisonné, reviennent, en 1847, aux vieilles confusions de Linné et de Leske. Leur C. rosaceus, bien qu’attribué à Lamarck, comprend, avec le type des Antilles, une forme à face orale plate et une autre à face orale subconcave de l’Océan Indien, c’est-à-dire à la fois les C. rosaceus, C. humilis et C. ambigenus. Ils admettent un C. Rangi Desmoulins qui est le C. subde- pressus Gray. Leur C. scutiformis Lamarck est un simple syno¬ nyme du C. reticulatus. Ils substituent au C. ambigenus Lamarck (Scutella) , adopté par Gray et de Rlainville, un Clypeaster placunarius Lamarck (Scutella), qui, établi sans diagnose suffisante ni figure, ne peut qu’être rejeté dans la synonymie du C. ambigenus anté¬ rieurement interprété et limité. Gray, en i855, après avoir admis correctement le genre Clypeaster de Lamarck f Catal . of the recent Echinida, p. 3) et versé dans sa synonymie le genre Echinanthus, aussi bien celui de Leske que le sien, énumère, sans en donner aucun motif, toutes les espèces de Clypeaster sous le nom générique d’Echinanthus (op. cit., p. 4 et suiv.). Il est impossible de trouver une plus naïve inconséquence, résultat sans doute d une vieille et vicieuse habitude de désignation des espèces. Quoiqu'il en soit, ces espèces, fort nombreuses, sont les sui¬ vantes : E. rosaceus pour notre espèce n° t des Antilles, à laquelle il rapporte une série synonymique exacte, mais aussi les figu¬ res 1, 4, pl. 1 45 de YEncylopédie, qui appartiennent au Cly- peaster humilis, et les figures 5, 6 de la même planche qui sont celles du C. ambigenus. 284 NOTE SUR LA SYNONYMIE E. scutiformis, simple synonyme du C. reticulatus. E. Australasiæ Gray, espèce prétendue nouvelle, représentée à la figure 2 de la planche I et qui paraît ne pouvoir que diffi¬ cilement être distinguée du C. ambigenus. E. testudinarius Gray, de Bornéo, représenté figure x de la planche I et qui ne paraît pas sérieusement différer du C. humilis. E. oblongus Gray (fig. 3, pl. I) des Philippines, simple syno¬ nyme du C. reticulatus. E. productus Gi'ay (fig. 4, pl. I), d’origine inconnue, plus allongé que ses congénèi’es, peut être un jeune du C. humilis. E. Coleæ Gray (fig. 3, pl. Il), de Maurice, encore un simple synonyme du C. reticulatus. E. su.bdepressus Gray, est en partie confondu avec le Cly- pcasler humilis représenté par les figures A, B, tab. XIX, de Klein, et 110, fig. A de Gualtieri. Les seuls synonymes qui appartiennent à l’espèce sont ceux de E. subdepressa Gray, iS25, et Clypeaster Rangi Desmoulins, iS37.Ges confusions ont fait attribuer par Gray l’espèce aux côtes Est de l’Afrique, tan¬ dis qu’elle appartient aux côtes Ouest de l’Afrique, c’est-à-dire à l’Atlantique. E. explanatus Gray (fig. 1, pl. II), de Maurice, paraît corres¬ pondre fort exactement au Clypeaster humilis. E. placunarius (non Agassiz et Desor, 1847), est une sorte d’exutoire où Gray rejette les formes les plus diverses, un vrai G. rosaceus des Antilles (fig. 11, 12, pl. XIII de Seba), le C. hu¬ milis de l’Océan Indien (fig. C, D, tab. XIX, de Klein), et le Scutella ambigena Lamarck avec le S. placunaria Lamarck. Il est attribué à la mer Rouge. En xS6r, Michelin, dans sa Monographie des Clypéastrcs, limite formellement, d’accord avec la tradition, le Clypeasler rosaceus , à la forme des Antilles qu’il figure à sa planche XIII. Son C. ambigenus (fig. 1, pl. XY), diffère absolument de celui de Lamarck. C’est une forme des Antilles, assez renflée, à face orale plane, avec infundibulum bien caractérisé, et il faut retrancher de sa synonymie tout ce que Michelin en a dit (p. ti3). Il ne peut d’ailleurs conserver le nom de C. ambi- qenus Lamarck ( Scutella ) qui appartient à la forme épaisse, à face orale concave, des mers d’Asie. C’est un Paratinanthus, DES ESPÈCES VIVANTES DE CLYPÉASTRE 285 que je propose de nommer Clypeaster Joubini, heureux de le dédier à M. le professeur Joubin, dont tous les naturalistes connaissent la science et la bienveillance. Le C. scutiformis Michelin (p. ii5, fig. i, pl. XVIII) est un simple synonyme du C. reticulatus. Enfin, le C. placunarius de Michelin (p. 1 35 , fig. 2, pl. XXXV) n’est autre que le C. humilis Klein, tel que Gray l’a circonscrit et limité dès 1826. Michelin attribuait à tort son espèce à Agassiz qui, dans le Catuloçjuc raisonne, avait établi un C. placunarius différent, simple synonyme du C. ambi- (jenus. La même année, dans une note sur quelques espèces d’Echi- nides de la Nouvelle-Calédonie, Michelin créait son C. Saisscti, lequel 11'est que la grande taille du C. humilis. Nous arrivons maintenant aux remarquables mémoires d’Alexandre Agassiz, dont les travaux synonymiques n’ont pas été surpassés. Un des premiers, il divise le genre Clypeaster et, dès i8C3, maintient ou propose les : Clypeaster rosacæus Linné, de la Floride ; Stolonoclypus prostratus Ravenel, des mêmes régions, syno¬ nyme du C. subdepressus ; Stolonoclypus rotundus AL Agassiz d’Acapulco, non figuré ; Stolonoclypus Ravenelii AL Agassiz, des Antilles ; Stolonoclypus placunarius Agassiz, de la Mer Rouge, syno¬ nyme du C. humilis ; Rhaphidoclypus scutiformis Lamarck, de la Mer Rouge, synonyme du C. reticulatus ; Rhaphidoclypus microtubcrculatus Al. Agassiz, des îles Kingsmills, non figuré. Verrill, en 1868, crée son Clypeaster speciosus, de la basse Californie (La Paz), figuré incomplètement en 1871 et réuni alors au C. tesludinarius Gray, qui est notre C. humilis. Lnfin en 1872-187/1, dans Révision of the Echini, les caractères des espèces vivantes de Clypeastres sont précisés et leurs limi¬ tes plus exactement établies. Le genre toutefois est assez mal¬ heureusement divisé en deux (1) : Echinanthus pour le type (1) Al. Agassiz avait, en proposant cette division, évidemment confondu le Système des animaux sans vertèbres de 1801 avec l'Histoire naturelle des animaux sans vertèbres de 1816. 286 NOTE SUR LA SYNONYMIE même du genre Clypeaster, et Clypeaster pour des formes réu¬ nies à ce genre postérieurement à 1801. Les deux Echinanthus du Révision of the Echini sont les E. rosaceus et E. testudinarius. Le premier (p. 3n, fig. des pi. XIe, XId) est limité à la forme des Antilles. C’est à tort toutefois qu’Al. Agassiz rejette dans la synonymie de cette espèce le C. incurvatus Desmoulins, qui appartient à la sui¬ vante. L 'Echinanthus testudinarius est attribué à Gray et Al. Agas¬ siz lui réunit les E. Australasiæ Gray, et Clypeaster speciosus Verrill. Mais les deux premières formes, tout au moins, doi¬ vent reprendre le nom de Clypeaster humilis Klein et Clypeas¬ ter ambigenus Lamarck, parfaitement limité par Gray dès 1825. Le Clypeaster humilis à face orale plane, sans infundibulum, attribué à Leske (p. 5 10, fig. 1, 8, pi. XIa) a été à tort con¬ fondu avec le C. ambigenus, à face orale concave. Mais l’auteur réunit avec raison au C. humilis les C. Rumphi Desor, C. expla- naius Gray, C. Saisseti Michelin ; il y réunit aussi le C. pro- ductus Gray, qui semble devoir constituer plutôt une espèce particulière. Le C. rotundus Al. Agassiz décrit (p. 5ii), mais non figuré, est maintenu comme espèce distincte. Le C. scutiformis (p. 5ï2, fig. 1, 4, pi. Xïllf) est à tort, attribué à Gmelin, dont 1 ’Echinus scutiformis est un Echino- lampasidæ et non un Clypeaster. L’espèce doit donc, de toute évidence, reprendre le nom de reticulatus. Le G. subdepressus Gray (p. 3o6, fig. t, 2, pi. XIe) a pour synonymes les C. Rangi Desmoulins et G. prostatus Ravenel. Le G. Ravenelli a été rétabli par AL Agassiz dans ses Blake Echini (p. 43, pi. XYb et XVe, fig. 1, 2). Cette grande espèce du Yucatan se distingue du G. subdepressus par sa face orale tout à fait plane et sa forme pentagonale. Le G. latissimus AL Agassiz du même ouvrage (p. 4i, pi. XVb, XVe, fig. 3, 4), et des Antilles, est encore plus voisin du G. subdepressus, mais en diffère par sa face orale plus plane et garnie de plus gros tubercules, lesquels se retrouvent en dessus, entre les pétales. Cette espèce, signalée par Hupé en iS56, sous le nom de Laganum latissimum (non Agassiz) n’a aucun rapport avec le Scutella latissima Lamarck, versé en 1872 DES ESPÈCES VIVANTES DE CLYPÉASTRE 287 par Al. Agassiz, dans la synonymie du C. humilis, mais qui n’a jamais été admis comme espèce dans le genre Clypeaster. Ainsi, au moment où Lovén allait tenter de bouleverser la nomenclature, on était en présence des espèces vivantes qui suivent : Clypeaster rosaceus Linné, 1758 (Gmelin et Lamarck emend.) des Antilles, fig. A, tabl. XVII, et B, tabl. XVIII de Klein. C. reticulatus Linné, 1758 (Leske emend.) des mers d’Asie, fig. B, tabl. 110 de Gualtieri ,et fig. 7, pl. VIII, de St. Muller. C. hamilis Klein, 1734-78 (Gray et Al. Aganiz emend.) de l’Océan Indien, fig. A, B, tabl. XIX, de Klein. C. ambigenus Lamark (Scutella), 1816, des mers d’Asie, fig. i3, i4. tabl. XV, de Seba. C. subdepressus Gray, i8a5, de l’Atlantique, fig. 11, 12. tabl. XV, de Seba. C. productus Gray, i855, de la mer des Indes, fig. 4, pl. I, de Gray. C. rolundus Al. Agassiz. du Pacifique (Acapulco), non figuré. C. speciosus Verrill, de la Basse-Californie, non figuré, mais à face orale plane et infundibulée. C. Ravenelli Al. Agassiz, 1874, du Yucatan, fig. 1, 2, des pl. XVb et XVc des Blake Echini. C. latissimus Al. Agassiz, 1874, des Antilles, fig. 3, 4 des pl. XVb, \\c du même ouvrage. A ccs espèces, il faut ajouter l’espèce des Antilles figurée par Michelin, pl. XV (fig. 1), sous le nom de C. ambigenus (non I.amarck) et pour laquelle je propose le nom de C. Jou - bini. En 1887, Lovén est venu bouleverser l’édifice si laborieuse¬ ment édifié par cent vingt-neuf années d’étude et les ingé¬ nieuses interprétations de tous les savants qui s’étaient occupés de la question. Le novateur pose en principe que le type du C. rosaceus est l’espèce à face orale plate des mers d’Asie, l’ancien C. humilis de Gray et d’Alexandre Agassiz. Quant à l’espèce des Antilles, universellement considérée, depuis au moins quatre-vingt-six ans et même depuis Linné, comme le C. rosaceus, il en veut faire le C. reticulatus. Il procède, pour établir la légitimité de cette double proposition essentielle¬ ment par affirmation, ce qui devait avoir sur ses contempo¬ rains une influence décisive en raison de l’autorité qui s’atta¬ chait justement à sa science et à son nom. L’illustre savant s’est cependant trompé ici sur l’application ■288 NOTE Sl'R LA SYNONYMIE d’un principe parfois légitime, mais auquel il a attaché une importance absolue qu’il n’a pas toujours et qu’en l’espèce il n’avait pas. Il est bien vrai que, pour correctement interpréter une espèce, il faut généralement rechercher les caractères du type que l’au¬ teur avait en vue lors de la création de cette espèce. Mais c’est là une règle générale qui souffre des exceptions. Ainsi, lors¬ qu’un auteur a créé une espèce en quelque sorte synthéti¬ que, en se fondant, pour l’établir, sur les caractères fournis par une série d’individus, il serait illusoire de chercher un type qui n'existe pas et il devient arbitraire de prendre comme tel plutôt un de ces individus qu’un autre. Si cependant, l’on voulait préciser plus étroitement les limites et les caractères de celte espèce, il pourrait y avoir lieu de faire un choix entre ces individus. Mais alors, le principe de priorité reprend son empire et lorsqu’un auteur a exercé ce choix, il n’est plus per¬ mis à un autre de le modifier. 11 en est surtout ainsi lorsqu’un auteur, connue Linné, com¬ prenant tiès largement une espèce, y a réuni des formes diver¬ ses, sans indication de type. Si de nouvelles études permettent de reconnaître que ces formes diverses constituent en réalité des espèces distinctes, aucun principe n’oblige celui qui sec¬ tionne l’espèce primitive à prendre pour type de celle-ci une forme plutôt qu’une autre. 11 peut circonscrire comme il lui convient l’espèce à laquelle il laisse le nom originaire (i). Les Clvpéastres de Linné comprenaient l’un et l’autre des formes diverses et de diverses provenances; les auteurs qui l’ont suivi n’ont pas fait autre chose que mettre un terme à ces confusions, limiter l’espèce primitive à une forme déterminée, en séparer des formes différentes à titre de variétés ou d’espè¬ ces. Mais ces séparations une fois accomplies sont devenues définitives ; la loi de priorité ne permettait plus à un nouvel (i) A la condition, bien entendu, que l’auteur primitif n’ait pas indiqué une forme type de son espèce, car, dans ce cas, les formes diverses n’étaient pas réellement confondues : il y avait simplement des variétés plus ou moins heureusement réunies du type. Inutile d’ajouter que le droit d’interprétation ne saurait aller jusqu'à supprimer l'espèce primitive pour lui en substituer une autre, comme, par exemple, à substituer le Fibiilarin pusilla à VEchi- nocyamus craniolaris. DES ESPÈCES VIVANTES DE CLYPÉASTRE ~8!J auteur de les opérer autrement. C’est ce que Lovén n’a pas voulu comprendre ; il a voulu interpréter les espèces de Linné autrement que ne l’avaient fait Leske, Gmelin et Lamarck ; il n’avait plus ce droit ; il est venu un siècle trop tard criti¬ quer des interprétations qui devaient et doivent demeurer défi¬ nitives. L’illustre savant a évidemment pensé que ses interprétations des Clypéastres de Linné étaient plus exactes que celles de ses devanciers. Nous en sommes tous là et des considérations diverses peuvent nous conduire à estimer nos idées préférables à celles des auteurs qui nous ont précédé. Là n’est pas la ques¬ tion. En présence des règles formelles de la Nomenclature, nous devons nous incliner. Une préoccupation exagérée de la recherche du type spé¬ cifique a entraîné l’erreur de Lovén. 11 n’a pas voulu admettre que Linné avait pu créer une espèce sans avoir en vue un type étroitement défini que tout le monde avant lui aurait méconnu. Ce type, il a cru pouvoir le dégager en se fondant sur deux ordres d’arguments. Le premier, sans grande valeur, est tiré des mentions de localités données par Linné qui cite son Echinus rosaceus dans l’Océan asiatique et son E. reticulaius dans l’Océan américain. Lovén en conclut que la forme type du premier est de la Mer des Indes, et celle du second do F Atlantique. C’est là une sim¬ ple hypothèse. En effet, nous avons vu que YEchinus rosaceus, en dehors d’un Mollusque, d’un Lagane, etc., comprenait cinq formes de Clypéastres, trois de l'Océan Indien et deux de l’At¬ lantique. Linné, en conséquence, aurait dû indiquer ces deux Océans comme localités de ses espèces, de la première comme de son Echinus reticulaius. N’en indiquant qu’un pour cha¬ cune, il a donc été incomplet, c’est tout ce que l’on peut logi¬ quement déduire de cette constatation. En conclure qu’une omission de cette nature constitue une détermination du type spécifique, c’est faire un raisonnement dont la fragilité ne per¬ met pas d’échal'fauder une thèse en contradiction avec les interprétations successives de tous les savants pendant plus d’un siècle. Linné a bien dit de sa première espèce, vulgo rosaceus. Or, si 1 on recherche quel était le Clypéastre alors désigné comme 290 NOTE Sl'R LÀ SYNONYMIE rosacé, Sloane (i) et Davilla (2) l’attribuent aux côtes d’Amé¬ rique. Pour Van Phelsum, l’expression synonyme hollandaise, Egel roozen, s’applique aussi à une espèce des Antilles, mais il l’étend à d’autres de la mer des Indes, en réalité à tous les Clypéastres. On ne saurait donc tirer de cette indication aucun argument décisif en faveur de l’opinion de Lovén. Un argument plus spécieux est tiré de l’examen des tests de Clypéastres, conservés au musée d’Upsal et étudiés par Linné lui-même. L’un d’eux a été figuré par Lovén (pi. VI, fig. 2). C’est incontestablement la forme connue depuis Gray et AL Agassiz, sous le nom de C. humilis, de l’Océan Indien. Lovén le donne comme le prototype de l 'Echinas rosaceus. Cette affir¬ mation a pu sembler préremptoire et de nature à légitimer les changements proposés. Aussi beaucoup de naturalistes s’y sont-ils rallié sans aucune discussion. Je n’hésite pas à affirmer qu’ils ont eu tort. 11 ne s’agit pas, en effet, de savoir si Lovén, en donnant cette figure, a cru, de bonne foi, être en présence de ce qu’il nomma le prototype de Linné, mais de savoir s’il y avait pour Linné un prototype de son espèce. Or, nous avons vu qu’il n’y en avait pas, l’espèce ayant été créée pour contenir des formes diverses sans aucune préférence pour l’une d’elles. Lovén est donc venu sans droit prétendre, cent trente ans après Linné, avoir retrouvé un prototype qui n’a jamais existé. Pour considérer comme soutenable la proposition de Lovén, il faudrait d’ailleurs que le musée d’Upsal n’ait contenu qu’un seul Clypéastre, celui figuré par Lovén, ou que ce Clypéastre ait été inscrit par Linné lui-même comme Echinus rosaceus. Or, il n’en est rien. Le musée d’Upsal contient des Clypéastres divers qui remontent à Linné et ceux d’entre eux qui portent un nom ne sont accompagnés que d’étiquettes imprimées ; or, ces étiquettes n’ont pas été placées par Linné. Elles ont été mises assez longtemps après lui par O. Swartz. Dans ces con¬ ditions, quiconque examine la question, suivant les règles de la critique historique, doit reconnaître le peu de valeur de (1) Sloane dit de l’espèce des Antilles : quinque radiis, foliorum rosæ instar, donatus. (2) Catalogue, I, p. 421, 1767. DES ESPÈCES VIVANTES DE CLYPÉASTRF, 291 l’argument donné, si bien que la thèse de Lovén apparaît sim¬ plement, en ce qui concerne 1 ’Echinus rosaceus, comme une plausible hypothèse. Il en est de même pour 1 ’Echinus reticulatus au sujet du¬ quel Lovén lui-même déclare que le musée d’Upsal conserve un individu des Antilles, placé dans la même cuvette que le précédent, et au-dessus de lui, mais sans étiquette imprimée. Lovén veut en faire le type de cet Echinus reticulatus. C’est, de sa part, une proposition purement arbitraire. Les constatations faites ici par Lovén sont trop graves pour que je ne cite pas le texte mêmedeson Mémoire : «In the collec¬ tion a specimen is preserved of the very common West Indian specics generally known by the name of rosaceus. It is placed in the same box with the foregoing (i) and over it, but there is no printed label. » La vérité est que la confusion des formes distinctes révélée par l’œuvre de Linné, qui éclate dans les références données par lui, qui existait certainement dans son esprit, se retrouve également dans les collections classées, sinon par lui, du moins par ses disciples. En résumé, l’argument présenté par Lovén n’a pas la portée que cet auteur a voulu lui donner. Il est évidemment insuf¬ fisant pour permettre de proposer, plus d’un siècle après Linné, une interprétation nouvelle de ses espèces, déjà faite autre¬ ment pas Leske, Gmelin, Lamarck, Gray et Alexandre Agas- siz. Malgré l’autorité qui s’attache à la science de l’illustre suédois, la règle de priorité s’oppose à l’adoption de change¬ ments insuffisamment justifiés, contraires à une interpréta¬ tion séculaire et qui viendrait inutilement bouleverser la No¬ menclature des Clypéastres. Il ne faut pas hésiter à l’affirmer, l’individu présenté comme tel par Lovén n’est pas le prototype de YEchinus rosaceus de Linné. Depuis 1887, les Clypéastres vivants n’ont été l’objet que d’un petit nombre de publications. Plusieurs, malheureuse¬ ment, n’ont pas été figurés et restent sans valeur, puisqu’on ne peut, dans ces conditions, s’en faire une idée suffisamment précise pour en discuter les caractères. Au nombre de ces der- (1) Ce précédent, c’est le type figuré par Lovén de son prétendu C. rosaceus de l’océan Indien, c’est-à-dire notre C. humilis. Soc. Linn., t. lxi, 19U 22 292 NOTE SIR LA SYNONYMIE niers, nous avions déjà les Clypeaster rostratus Al. Agassiz et C. speciosus Verrill. Ce dernier toutefois est facilement caracté¬ risé par sa face orale plane et infundibulée, la saillie et l’allon¬ gement de son pétale impair. Je me propose d’en donner pro¬ chainement une figure. Le Clypeaster Audouini Fourtau, 1904 (pl . I, fig. 1, 2), de la Mer Rouge, déjà rencontré dans le Pliocène d’Egypte, est une espèce déprimée, nettement pentagonale, voisine du C. humilis, mais en différant par ses bords plus épais, irré¬ gulièrement laganoïdes. Le C. rarispinus de Meijere, 1904 (pl. VI, fig. 55, 56 et pl. XVIII, fig. 354, 355) est une petite espèce déprimée, pen¬ tagonale, à bords plus sinueux que le C. humilis, dont elle paraît fort voisine, mais avec lequel elle n’a pas été comparée. Les espèces suivantes doivent être considérées comme nomi¬ nales : Clypeaster clypeus Dôderlein. — excelsior Dôderlein. • — japonicus Dôderlein (1). — leptostracon Al. Agassiz et Clark. — lylopetalus Al. Agassiz et Clark. — rotundus Al. Agassiz. — virescens Dôderlein. 11 me reste à donner un tableau des principaux synonymes, sans le compliquer d’ailleurs par des mentions d’espèces nomi¬ nales ou manuscrites, ni par celles des changements de genres, renseignements que l’on trouvera dans les synonymies du Révision 0/ the Echini (p. 99, 100, 101, 106 et 107). Clypeaster ambigenus Michelin (non Lamarck) = C. Joubini Lambert. — Auslralasiæ Gray (2) = C. ambigenus Lamarck (Scutella). — Coleæ Gray = C. reticulatus Linné (Leske emend.). — explanatus Gray = C. humilis Klein (Gray emend.). — incurvatus Desmonlins = C. ambigenus Lamarck. — oblongus Gray = C. reticulatus Linné. — placunarius Agassiz = C. ambigenus Lamarck. — placunarius Michelin = C. humilis Klein. (1) Nous possédons un exemplaire de cette espèce; elle ne nous paraît pas suffisamment différer du C. ambigenus Lamarck. (2) Gray ayant commencé, dans son Catalogue 0/ the Récent Echinida, par placer tous ses Echinanthus sous la mention générique Clypeaster, je laisse ce dernier nom à ses espèces. DES ESPÈCES VIVANTES DE CLYPÉASTRE 293 Clypeaster prostatus Ravencl = C. subdepressus Gray. — Rangi Desmoulins = C. subdepressus Gray. — reticulatus Lovén ( non Linné, Lamarck emend.) = C. rosaceus Linné (Lamarck emend.). — rosaceus Lovén (non Linné, Lamarck emend.) = C. reticulatus Linné (Leske emend.). — Rumphi Desmoulins = C. ambigenus Lamarck. — Saisseti Michelin = C. humilis Klein. — scutiformis Lamarck = C. reticulatus Linné. — testudinarius Gray = C. humilis Klein. — testudinarius AL Agassiz = C. ambigenus Lamarck. — tumidulus Muller = C. ambigenus Lamarck. Ilhaphidoclypus microtuberculatus AL Agassiz = G. reticulatus Linné. Scutella placunaria Lamarck = C. humilis Klein ? ? (i). Un mot en terminant sur la synonymie du genre Clypeaster, admis par la majorité des auteurs et les plus illustres, Lamarck, de Blainville, Louis Agassiz, Desor, Wright, Quenstedt, Lovén. Cotteau, Gauthier, de Loriol, de Meijere, etc., mais auquel cer¬ tains auteurs, comme Haime, ont voulu substituer le terme Echinanthus. D’autres ont admis les deux : tels AL Agassiz. Grégory et Gray. Ce dernier les a même admis simultanément, sans faire de choix entre eux ! Je me suis déjà expliqué à ce sujet et je ne puis que reprendre les conclusions de mon mémoire de 191a : Dcscrip. Echin. tert. ncog. bass. du Rhône, fasc. Il, p. 86. Je ne parlerai d’ailleurs pas ici des simples sections proposées par Pomcl et par moi, mais seulement des ternies génériques ou subgé- nériques principaux. Des Clypéastres ont été figurés par de très anciens auteurs, Aldrovande, Scilla, Mercati, Rumph et Sloane, sous dos noms divers, malheureusement choisis sans suivre les règles de la nomenclature binaire. Breynius, qui, le premier, a tenté une classification réellement méthodique des Echinides, n’a pas créé de genre pour les Clypéastres qu’il ne paraît pas avoir directement observés. Il se borne à les réunir incidemment à scs Echinanthus, essentiellement établis pour des formes atélostomes, seules figurées à la planche IV de son Schediasma de Echinis. Le premier est un Clvpéastre d’Amboine, figuré par Rumph, tab. XIV, fig. C, évidemment à tort identifié à l 'Echinanthus issyaviensis et qui est probablement le Clypeas- (i) Synonymie douteuse, car il n’est pas certain que le Scutella placunaria corresponde réellement à un Clvpéastre. 294 NOTE SUR LA SYNONYMIE 1er ambigenus. Brevnius rattache ensuite à son genre Echinan¬ thus les figures de la planche IX, i, 2 de la planche X, et 3 de la planche XI de Scilla et les figures de Sloane qui se rapportent au Clypeaster rosaceus. Cette erreur de Breynius qui raportait «à un type édenté des formes pourvues de mâchoires a été évitée par Klein qui, le premier, sépare génériquement les Clypéastres des autres Echi- nides, mais les désigne malheureusement par le terme bino- minal de Scutum angulare (I\rat. disp. Ecliinod., p. 28 ; 1734)- Sa première espèce, humile, avait d’ailleurs plusieurs types, les uns des Antilles, les autres de l’Océan Indien. Leskc n’a malheureusement pas maintenu la distinction nécessaire entre les formes gnathostomes et les Echinanthus atélostomes. Il les réunit tous dans le même genre et place même au premier rang l’espèce vivante humilis, où sont confondues deux for¬ mes, le Clypeaster rosaceus des Antilles, et le C. humilis de l’Océan Indien (Additamenta ad Kleinii disp. Echinod, p. iS5. 1768). Enfin, Lamarck, en 1801, crée le genre Clypeaster pour une seule espèce, son C. rosaceus des Antilles, car la seconde espèce tombait dans la synonymie du genre péétabli Melliia. Ainsi s’est trouvée constituée une séparation définitive entre Cly¬ peaster gnathostome et Echinanthus atélostome, séparation sur laquelle ne pouvaient plus avoir aucune influence les con¬ fusions postérieures, soit de Lamarck lui-même, soit d’autres auteurs. Et quand Gray, en 1825, comme Haime en i853, ont prétendu limiter le genre Echinanthus aux espèces gnathos- 1 ornes et rejeter Clypeaster dans sa synonymie, leur proposi¬ tion venait un quart de siècle ou un demi-siècle trop tard pour pouvoir être admise. Cuvier, dans son Règtie animal, assimile aux Clypéastres un genre Echinanthus attribué par erreur à Klein ; mais il y confond comme Leske des formes à la fois gnathostomes et atélostomes. Toutefois, dans l’édition illustrée de cet ouvrage, il rétablit à l’explication de la planche XVI, le genre Clypeas- ter, dont le type reste le C. rosaceus des Antilles. L’erreur de Gray et de Haime a été reprise en i855 par John- Edward Gray avec une légèreté déconcertante, puisque cet au¬ teur commence à la page 3 de son Catalogue par maintenir DES ESPÈCES VIVANTES DE CLYPÉASTRE 295 le genre Clypeaster, en donne la diagnose et rejette Echinan¬ thus dans sa synonymie ; puis à la même page, sans aucun motif allégué, il substitue, purement et simplement, le nom d’Echinanthus à celui de Clypeaster. On ne saurait se contre¬ dire d’une façon plus formelle. I.a plupart des auteurs était cependant restée fidèle aux règles de la nomenclature et a continué à désigner nos Clvpéastres sous le nom de Clypeaster. Citons notamment Louis Agassiz, d’Orbignv, Wright, Abich et Desor. L’erreur de Gray et de Haime a cependant été également commise par d’Orbigny. De même que Gray, en voulant réin¬ tégrer le genre Echinanthus de Brevnius et de Leske, avait eu le tort, en i8a5, de ne pas tenir compte du genre Clypeaster Lamark 1801, qui avait, depuis vingt-quatre ans, limité le genre Echinanthus aux formes atétostomes, d’Orbigny a eu le tort, en i S54 , de vouloir limiter le genre Echinanthus, qui comprenait, pour Brevnius et Leske, deux formes atélostomes à celle de ces formes que Gray en avait sé¬ parée depuis vingt-neuf ans. Gray, en iS?.5, avait incontesta- tablement le droit de séparer l’une de ces deux formes de l’au¬ tre. Tl n’a pas fait autre chose en créant son genre Echino- lampas, lequel comprenait à l’origine deux sections, la pre¬ mière pour une espèce nominale qui tombe dans la synony¬ mie de VEchinoaus lampas de la Bêche (i), transcrit sous le nom d ’Echinoneus lampus, la seconde pour 1 ’Echinolampas oviformis, l’ancien Echinanthus ovatus Leske, vivant de la Mer des Indes, représenté par les figures C, D. tab. XX, de Klein. Or, la première de ces deux sections a été séparée de la seconde par la création, eniSSq, du genre Pygurus Agassiz, ou YEchi- nolatnpas lampas s’est trouvé versé, en 18/17, s°us 1° nom de P. trilobus, qui en était le synonyme. Depuis cette époque, le genre Echinolampas s’est donc trom-é étroitement limité au type de YE. oviformis. La proposition de d’Orbigny de limi¬ ter en iS54 le genre Echinanthus à la forme de YE. ovatus venait donc vingt-neuf ans trop tard, puisque, depuis 1820, tout au moins depuis 18/17, Par création et la limitation du (1) Tous ces noms, Echinoaus de la Bêche, 1 S 1 9 , Echinanaus attribué à Keenig par Grav, 1826, paraissent des transcriptions vicieuses du terme Echinoneus Van Phelsum, 1774. NOTE SUR LA SYNONYMIE 296 genre Echinolampas, le genre Echinanthus était lui-même limité à la forme avec périprocté postérieur dont le type est YE. issyaviensis. Ainsi, l’ancien genre Echinanthus, qui comprenait trois formes, une atélostome à périprocté inframarginal, une até- lostome à périprocté postérieur et une gnathostliome, a été limité à la forme atélostome à périprocté postérieur par la création en 1S01 du genre Clypeaster pour la forme gnatbos- lome et, en 182.5, du genre Echinolampas pour la forme até- lostomc à périprocté inframarginal. 11 n’était donc plus permis, en 1 854, de le comprendre comme l’a proposé d’Orbigny. Tout cela a d’ailleurs été expliqué par Desor en 1857, lors¬ qu'il a régulièrement réintégré dans la Méthode le genre Echi¬ nanthus, correctement limité aux espèces du type du E. issya¬ viensis cité sous le nom de Cuvieri (1). Depuis lors, la plupart des auteurs ont admis les genres Cdypeaster et Echinanthus en suivant les justes propositions de Desor. Seuls, MM. Alexandre Agassiz et Grégorv, qui l’a suivi, ont imaginé de maintenir à la fois les deux genres pour les appliquer l’un et l’autre à des gnathostomes. Pour Al. Agas¬ siz, le type du genre Cdypeaster est l’espèce humilis de l’Océan Indien, que Lamarek n’y plaçait pas en 1801 et le type de ses Echinanthus est l’espèce rosaceus des Antilles, précisément le seul Clypéastre placé par Lamarek dans son genre Clypeaster. \ ce point de vue déjà et en raison des confusions commises, la proposition d’Al. Agassiz est inacceptable. Elle l’est encore au point de vue de l’application de la règle de priorité. En 1872, alors que depuis soixante et onze, quarante-sept et quinze années, les genres Clypeaster et Echinanthus avaient été cor¬ rectement et autrement limités, il n’était plus possible, il n’était plus permis de les interpréter autrement que ne l'avaient fait Lamarek et Desor. On ne comprend pas comment AL Agas¬ siz, cpii, en i863, prenait à juste titre pour type du genre Clypeaster l’espèce rosaceus des Antilles, a pu être conduit (1) Desor a malheureusement compliqué cette question déjà complexe en y mêlant celle tout à fait différente du genre Pygorhynchus Agassiz i83r), dont le type et les seules espèces indiquées lors de sa création appartiennent à une forme Imite différente à péri-tome oblique fossile du Xéocoinion, DES ESPÈCES VIVANTES DE CLYPÉASTRE 207 à formuler en 1872 une proposition aussi contraire à toutes les règles de la nomenclature. Sans doute, il n’était pas défendu à l’auteur de Révision de diviser le genre Clypeastev confor¬ mément aux propositions formulées par Muller en 1 854 , mais I ien ne l’autorisait à refaire d ’Echinanthus, limité à des formes atélostomes depuis 1801, un Echinidc gnathostome. Au contraire, la proposition faite par Al. Agassiz, en i863, de créer des genres ou sous-genres nouveaux, comme Stolono- clypus et Raphidoclypus était parfaitement acceptable. Ce dernier a été proposé essentiellement pour le Clypeaster reticu- latus. Quant au premier, il est beaucoup moins nettement caractérisé, comprenant à la fois le C. placunarius de la Mer Rouge (1), qui est probablement celui de Michelin, c’est-à-dire le C. humilis et le C. prostratus de la Floride, simple syno¬ nymie du C. subdepressus. Les deux espèces apartenant d’ail¬ leurs à la même section, j’ai considéré le C. humilis comme le lype des Stolonoclypus. En i883, Pomel veut faire, contrairement à toutes les règles, des Stolonoclypus, inconnus de Lamarck en tSot, les vrais Clypeaster , tandis qu'il propose pour le type des Clypeaster de Lamarck son sous-genre Echinorodum attribué à Van phel- sum et à Lcske, sans s’apercevoir qu’il confondait une expres¬ sion vernaculaire avec un terme générique, que ni Lcske, ni Van Phelsum n’ont établi (2). Il n’v a donc aucun compte à tenir de la proposition de Pomel. Duncan en 18S9, n'a pas été plus heureux que Pomel et a commis des erreurs analogues. Tool en admettant le genre Clypeaster, il transpose le type unique de ce genre dans un genre nouveau, Diplothecanthus, complèlement inadmissible. II propose ensuite un genre Plesianthus, dont le type serait le C. testudinarius Gray, c’est-à-dire le C. humilis, déjà placé (1) Al. Agassiz cite C. placunarius Lamk., qui n’existe pas, car rien ne prouve que le Scutella placunaria Lamarck de l’océan Austral corresponde réellement à lin Clypéastre. Le C. placunarius Agassiz correspond essentiel¬ lement au C. ambiçjenus, qui n’a pas encore été positivement cité dans la mer Rouge, où l’espèce commune est le C. placunarius Michelin, c’est-à-dire le C. humilis Klein (Gray emend.). (a) Une erreur analogue avait été commise par Louis Agassiz, qui allri- buait à Van Phelsum un prétendu genre Echinodorum aussi inexistant que Echinorodum (Prodrome d'une. Monographie des Uadiaires, i836, p. 187), 298 NOTE SI lî LA SYNONYMIE dans son genre Clypeaster. Il est vrai que, si l’on s’en rapporte à la diagnose, Plcsianthus serait destiné à comprendre essen¬ tiellement la forme désignée par Lamarck sous le nom de Scutella ambigena. Mais alors Plcsianthus se confond avec Diplothecantlius et rentre également dans la section des vrais Clypeaster. Il aurait tout au plus la valeur d’une sous-section de ces derniers. Tableau de la Synonymie du Genre Clypéastre. (Cucurbites, sive Crytopetra) Mercati, Metall. vatic., 1717, p. 233. Echinanthus (pars, non typus) Breynius, Schediasmo de Echinis, 1732, p. 5g. (Scutum angulare) Klein, Natur. disp. Ecliinod., 1734, p. 28. Echinus (pars) Linné, Systema Naturæ, 1767, p. 1102. Echinanthus (pars) Leske, Additamenla, 1768, p. i85. Clypeaster Lamarck, Système des animaux sans vertèbres, 1801, p. 34g. Echinanthus Gray, An att. to divide the Echin., 1825, p. 428. Clypeaster Agassiz et Desor, Catal. rais., iS47, P- 71- Echinanthus Haime, Descript. anim. numm. Inde, iS53, p. 207. Clypeaster, Echinanthus Gray, Catalogue Recent Echin., i855, p. 3 et 4- Clypeaster Wright, Foss. Echin. Malta, i855, p. 10. — Abich, Geol. stell. Russ. Arménien, i85j, p. 53. — AL Agassiz, List Echinod., i863, p. 25 (type, C. rosaceus). Slolonoclypus Al. Agassiz, op. cit., i8G3 (types, C. humilis et C. subdepres - sus) (1). Rhaphidoclypus Al. Agassiz, op. cit., iS63 (type, C. reticulatus) (1). Clypeaster Al. Agassiz, Révision of Echin., 1872, p. gg (type, C. humilis). Echinanthus Al. Agassiz, op. cil., 1872, p. 106 (type, C. rosaceus). Clypeaster Quenstedt, Die Echiniden, 1873, p. 482. — Pomel, Généra, i883, p. 68. Echinorodum Pomel, op. cit., i883. Clypeaster Dôderlein, Seeigel von Japan, i885, p. 28. — Duncan, Révision of the Généra, 188g, p. i5i (type C. humilis). Diplothecanthus Duncan, op. cit., 188g, p. i55 (type C. rosaceus). Plesianthus Duncan, op. cit., 188g, p. i54 (type C. ambigenus). Clypeaster Cotteau, Pal. franç. Echin. éoc., II, i8gi, p. 226. Clypeaster Gregory, Maltese foss. Echin., i8gi, n. 482. Echinanthus Grégory, op. cit., i8gi, p. 600. Clypeaster de Loriol, Echin. tert. Portugal, i8g6, p. 16. — de Meijère, Echin. Siboga exped., igo4, p. i3i. — Lambert, Echin. terr. néog. bass. Rhône, igi2, p. 86. — Lambert, Espèces anciennes du G. Clypeaster, igi4- (1) La mention de ces sous-genres dans ce tableau ne nous empêche pas de les conserver comme sous-genres ou sections du genre Clypeaster. Voir, pour cette question de la subdivision du genre Clypeaster, notre Note sur les espèces anciennes de Clypéastres et nos Echinides des terr. néog. du bassin du Rhône. DES ESPACES VIVANTES DE CLYPÉASTRE 299 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE Les ouvrages cités dans cette note et qui, souvent, n’ont pu être indiqués que sommairement, sont les suivants : Amen, Ueber das Steinsalz und seine geologische stellung im Russischen Arménien, i85q. Agassiz Alexander, List of the Echinoderms (Bull, oj the Muséum oj Compar. Zool. at. Harvard Coll., vol. I, n° 2, i863). — Révision of the Echini (Illust. Calai, of the Mus. of Comp. Zool., n° 7, 1872-74). — Report on the Rlake Echini (Mem. of the Muséum of Comp. Zool., vol. X, n° 1, iS83). Agassiz Alexander and Clark, Preliminary report on the Echini coll... by... steamer Albatross (Bull, of the Muséum Comp. Zool., vol. L, n° 8, 1907)- Agassiz (Louis), Prodrome d’une Monographie des Radiaires (Mém. S. Hist. nat. de Neuchâtel, t. I, i836). — Descrip. Ecliinod. foss. Suisse, fasc. I, i83g. Agassiz (Louis) et Desor, Catalogue raisonné des familles, genres et espèces de la classe des Echinodermes, 1847. Aldrovande, Muséum metallicum, i648. Bêche (de la), Trans. geol. Society, II, p. 42, 1819. Blainville (de), Dictionnaire des Sciences naturelles, t. IX, 1817, et t. LX, i83o. Bonanno, Recrealio mentis et oculi in Observ. Animal, testaceorum, i684 (ouvrage cité à tort par Linné). Breynius, Dissertatio physica de Palylhalamiis et Schediasma de Echinis methodice disponendis, 1732. Cotteau, Paléontologie française. Echinides éocéens, II, 1891. Cuvier, le Règne animal, distribué d'après son organisation, t. III, ire édi¬ tion, 1817; édition illustrée : Echinodermes, i838. Davilla, Catalogue systématique et raisonné des curiosités de la nature et de l'art, t. I, 1767. Desmoulins, Etude sur les Echinides, i835-i837. Desor, Synopsis des Echinides fossiles, fasc. IV, 1857. Dôderlein, Seeigel von Japan und den Liu-Kieu Inseln, i885. Duncan, A Révision of the Généra and great groups of the Echinoidea, 18S9. Encyclopédie méthodique, Histoire naturelle des Vers échinodermes, 1791. Eourtau, Contribution à l’étude des Echinides vivant dans le golfe de Suez (Bull. Inst. Egypt., série 4, vol. IV, 1904). Gauthier, Echinides fossiles de l'Algérie, fasc. 10, 1891. Gmelin, Caroli Linnei Systema Naturæ, t. VI, 1789. Gray, An attempt to divide the Echinida, or Sea Eggs, into natural families (Ann. of Philosophy, vol. X, 1825). — Catalogue of the recent Echinida on Sea Eggs in the coll. of the Brit. Mus., i855. NOTE SI K LA SYNONYMIE 300 Gregory, The Maltese fossil Echinoidea (Trans. roy. Soc. Edinburgh, vol. XXXVI, 1891). Gualtieri, Index testarum conchylionun, 1742. Haime (in d’Archiac), Description des animaux fossiles du groupe nurnmu- litique de l’Inde, i853. Houthuyn, Natuurlyke historié of nitvoerig Beschryving der Dieren, Planlen en mineralien, volgens hel Zamenstel van Linneus, 1761. IIupé (in Castelnau), Voyage dans l’Amérique du Sud, iS56. Klein, Naturalis dispositio Ecliinodermatum, îqSIi. — (Edition française), Ordre naturel des Oursins, 1754. — (Edition de Leske), Nat. disp. Echinod., 1778. Knorr, Délices physiques choisies, 1766. Lamarck, Système des animaux sans vertèbres, 1801. — Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, t. III, 1816. Lambert, Description des Echinides des terrains ncogènes du bassin du Rhône, fasc. 2, 1912. — Note sur quelques espèces anciennes du genre Clypeaster (Ann. Soc. Linn. Lyon, t. LXI, 1914). Leske, Jacobi-Theodori Klein, naturalis, dispositio Echinodermatum (autre édition) : Additamenta ad J. -T. Klein, naturalem disp. Echinod., 1778. Linné, Systema naturæ (édition X), 1758; (éditions XII et XIII), t. II, 1767. Loriol (de), Description de la faune tertiaire du Portugal. Echinodermes, 1896. Lovèn, On the species of Echinoidea described bt Linneus, 1887. Meijere (de), Die Echinoidea der Siboga-expedition, 1904. Mercati, Melallotheca vaticana, 1717. Micuelin, Monographie des Clypéastres, 1861. — Notice sur quelques espèces d’Echinides de la Nouvelle-Calédonie (Revue et Mag. de Zool., 1861). Muller (J.), Veber den Bau der Echinodermen, i854. Muller (Statius), Der Rilters Cari von Linné Natursyslem, t. VI, 1775. Orbigny (d’), Note rectificative sur divers genres d’Echinides (Revue et Mag. Zool., 2e série, t. VI, i854)- Petiver, Aquatilium animaliutn Amboinæ icônes et nomina, îgiS. Phklsum (Van), Brief aan Cornélius Nozemann over de Gewelvslekken of Zeéegelen, 1774. Pomel, Classification méthodique et générale des Echinides, i883. Quenstedt, Die Echiniden, 1872-1873. Ravenel, Echini of South Carolina, i848. Rumphius, D’Amboinsche Rarileil-Kamer , 1705. Scilla, La vana speculazione disengannata del senso, 1670. Seba, Locupletissimi rerum naturalium Tliesauri, t. III, 1708. Sloane, The natural liistory of Jamaica, t. II, 1715. Verrill, Notes on the radiata in the Muséum of Yale College, p. 588, pi. X, fîg. 7, 1871. Wright, On fossil Echinoderm from the Island of Milita, i855. CONTRIBUTION A L’ÉTUDE D ES CL A D O C È R E S DE QUELQUES LACS DE LA REGION PLISSÉE DU JURA FRANÇAIS PAU L. E Y N A R D ET C. VANEY Le Jura français possède de nombreux lacs dont l’énuméra¬ tion et la description se trouvent dans le livre fondamental de A. Delebecque sur les Lacs français (iSgS). Leur végétation a fait l’objet d’un très bel ouvrage d'ensemble du D‘ A. Ma- gnin (1890), mais au point de vue de leur faune, nos données sont encore bien incomplètes. Delebecque, au cours de scs explorations, a fait quelques pèches pélagiques qui ont été déterminées par J. Richard et J. de Guernc (i8y3). Ces derniers auteurs ont pratiqué eux-mê¬ mes quelques récoltes. Les grands limnologues suisses, Forci, Irnhof et Zschokkc, ont étendu leurs investigations sur quelques-uns de nos lacs voisins de la frontière, mais leurs recherches comprennent presque exclusivement des formes pélagiques. Nous devons signaler aussi les études intéressantes faites sur quelques-uns des lacs de la région jurassienne par Thiébaud et Favre, Pilai d, Le Roux et Eynard. Cependant, il reste encore bien des recher¬ ches à effectuer dans ce domaine limnologique français. C’est pour combler en partie cette lacune qu’en 1899, l’un de nous a fait pendant l’été, dans quelques lacs du Jura, toute une série de dragages et de pêches au filet fin. Nous ne nous occuperons ici que des Cladocères recueillis au cours de ces explorations. Soc. Linn., t lxi, 1914 29 302 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES CLADOCÈRES * * * Les lacs visités appartiennent tous à la région plissée du Jura, où ils occupent des altitudes très différentes. Ils s’éche¬ lonnent en effet entre 1.102 mètres d’altitude (lac de la Combe du Lac, encore appelé lac Boulu), et !\^k m. 5o (lac de Nantua). Le premier est le plus élevé du Jura français. Nous avons exploré les lacs des Mortes et de Bellefontaine, situés à 1.088 mètres, et qui se rattachent au bassin de l’Ain et, par suite, du Bhône ; puis le lac des Rousses, à 1.070 mètres, et en relation avec le bassin du Bhin. Entre ces lacs très élevés et les lacs de Svlans et de Nantua, situés à 584 m. 10 et 474 in. 70, nous avens exploré le lac de l’Abbaye qui est à 879 mètres. Nous avons ainsi recueilli des documents sur sept lacs, dont quatre sont situés à plus de 1.000 mètres, un à 879, et deux autres à 474 et 584 mètres d’altitude. Sauf le lac des Rousses, qui apartient au bassin du Bliin, tous appartiennent au bassin du Rhône ; le lac de Svlans se déverse dans ce fleuve par la Valserine, les autres sont en relation directe avec l’Ain. Au point de vue de leur formation (1), les lacs de la Combe du Lac, des Rousses et de l’Abbaye, ainsi que celui de Sylans sont des lacs de synclinaux. Le dernier de ces lacs présente un barrage dû à un ancien éboulement. Le lac de Nantua est un lac de cluse avec barrage glaciaire. Quant aux lacs de Bellefontaine et des Mortes, ils sont établis dans une vallée glaciaire. Nous réunissons dans le tableau suivant les données géogra¬ phiques fournies par Delebecque sur les lacs que nous allons étudier (1) Nous devons ces renseignements géologiques à la grande obligeance de M. A. Riche, chargé de cours à la Faculté des Sciences de Lyon ; qu’il reçoive ici l’expression de nos meilleurs remerciements. 1)K QUELQUES LACS DE LA RÉGION PLISSÉE DU JURA FRANÇAIS 303 NOMS DES LACS Bassin Altitude Ecoulement <2 0 ’ô c n C C S a Cu O Carte d'Etat major, Rousses .... Orbe 1 . 075” Traversé par l'Or¬ be . .8- 89 ''80 Jura. Thon on N. -AV. et S'-Claude N.-E. Combe-du-Lac Ain R. G. I . i52'" Ecoulement sou¬ terrain vers Flu- men, Tarpin, el la Bienne. 9” 3h,5o Jura . Sl-Claude N.-E. Bellefontaine . . Ain R. G. 1 .088"' Ecoulement dans le lacdes Mortes 6" i6'“'o6 .1 ura . Lons-le- Saulnier S -E. Mortes . . . . Ain R. G. 1 .088"1 Ecoulement sou¬ terrain vers la Bienne. . . . 7” io1"1 Jura. J.ons-le- Saulnier S.-E. et Pontarlier S.-W. Abbaye . . . . R. G. s79"‘ Ecoulement sou¬ terrain vers la Bienne . . . '9m5<* 92h»4â Jura . S'-Clau de N.-E. Nantua . . . . Ain R. G. 474"'5o Bras du lac et Oi- gnin . . . . 42-90 i4ih* Ain. Nanlua N.-AV. Sylans . . . . Rhône R. D. 584"'io i° Ecoulement sous-lacustre vers le lac de Nantua . . . 20 Combet , Se- mine et Yalse- rine vers le Rhône . . . . 2.2.™ 2.0 49'"'7° Ain. Nantua S.-E. Examinons maintenant le résultat de nos récoltes. I. Bassin du Rhône. I. Le lac de la Combe nu Lac, désigné par Delebecque lac Boulu, ne porte pas de nom sur la carte d’état-major Saint- Claude Nord-Est. 11 est situé à i kilomètre à l’est de Lamoura, dans le département du Jura. Il se déverse dans l’Ain, rive gauche, et est à i.i52 mètres d’altitude ; sa superficie est d’en¬ viron 3 ha 5o, et sa profondeur de 9 mètres. Le 11 sep- Soc. Linn., t. lxi, 1914 23* 304 CONTRIBUTION V L'ÉTUDE DES CLADOCÈRES tembre, jour do la récolle, l’eau avait une température de i8°5 C. Nous y trouvons : Diaphanosoma brachyurum (Liévin) cf et 9 ; Sida crystallina (O. -F. Müller) ; qui forment la masse principale du plancton pélagique. Les autres espèces sont : Simocephalus vetalus (O. -F. M.) ; Acroperus harpæ Baird, 2 exemplaires ; Alona quadrangularis (O. -F. M.) et sa var. af finis (Leydig.) ; Alona costata G. -O. Sars ; Chydorus sphæricus O. -F. M. Diaphanosoma est en période sexuelle, car il est représenté par autant de cf que de 9, les uns et les autres de petite taille. C'est probablement sous l’influence de l’altitude que le cycle est plus avancé là qu’au lac de Svlans, où la récolte ne contient aucun cf, mais seulement des 9 de grande taille. 2. Le lac de Bellefontaine, dans le département du Jura, carte d’état-major Lons-le-Saunier Sud-Est, appartient égale¬ ment au bassin de l’Ain rive gauche. Son altitude est de 1.088 mètres, sa superficie de 16 ha 06, sa profondeur de 6 mètres. Son émissaire s’écoule dans le lac des Mortes. Température de l’eau le i3 septembre : 19 degrés C. Trois espèces pélagiques sont en abondance, ce sont : Sida crystallina ; Bosmina longiroslris, forma cornula Jurine ; Ceriodaphnia laticauda P.-E. M. I.es quatre espèces suivantes y sont rares et disséminées : Alona af finis ; Alona coslata ; Peracantha truncata (O. -F. M.) ; Chydorus sphæricus, 1 seul exemplaire. 3. Le lac des Mortes, département du Jura, carte d’état- DE QUELQUES LACS DE LA RÉGION PLISSÉE DU JURA FRANÇAIS 305 major Lons-le-Saunier Sud-Est, et Pontarlier Sud-Ouest, est à la même altitude que le précédent, et se trouve en communi¬ cation avec lui. Sa superficie n’est que de 10 hectares, et sa profondeur atteint 7 mètres. La végétation aquatique y est plus prospère qu'à Bellefontaine et le poisson plus abondant. Les pêches faites à la tombée du jour et tard dans la nuit sont très riches en individus et en espèces : Sida crystallina ; Simocephalus vetnlus ; Bosmina longicornis-cornuta ; Ceriodaphnia quadrangula (O. -F. M.) ; Ceriodaphnia pulchella G. -O. Sars ; Ceriodaphnia laticauda ; Scapholeberis mucronata (O. -F. M.) ; forment la faune pélagique et, sauf Scapholeberis, ne sont pas représentés dans les pêches littorales et les dragages, où se trouvent abondamment les formes suivantes : Alona af finis ; Alonella nana (Baird) ; Pcracantha truncata ; Pleuroxus lævis G. -O. S. ; Chydorus sphæricus. La comparaison de la liste des Cladocères récoltés dans le lac de Bellefontaine et dans celui des Mortes, qui communi¬ quent entre eux et sont placés à peu de distance l’un de l'autre, montre bien l'importance des pèches nocturnes. 4. Le lac de 1’ Abbaye, du département du Jura, carte d’état- major Saint-Claude Nord-Est, du bassin de l’Ain rive gauche, est à 879 mètres d’altitude ; sa superficie est de 92 ha 45 ; sa profondeur atteint 19 m. ôo. 11 fut exploré le 3 septembre et fournit les 18 espèces suivantes : Daphnia longispina O. -F. M. ; Ceriodaphnia pulchella ; Ceriodaphnia laticauda ; CONTRIBUTION A L'ETUDE DES CLADOCÈRES 306 Ceriodaphnia quadrangula, et sa variété hamata G. -O. S. ; Bosmina longirostris clos deux formes typica et cornuta. Ces espèces sont pélagiques et en grande abondance. Sur le littoral, on rencontre non seulement toutes ces formes mais encore : Simocephalus vetulus ; Eurycercus lamellatus (O. -F. M.) ; Camptocercus rectirostris (Schœdler) ; Les dragages ont fourni les espèces spéciales suivantes : Alerta quadrangularis et sa var. affinis ; Alona costata ; Alonopsis elongata G. -O. S. ; Peracantha truncata. 5. Le lac de Sylans, dans le département de l’Ain, carte d'état-major Nantua Sud-Est, est à 584 m. io d'altitude, sa superficie est de 49 ha 70, sa profondeur, qui peut varier d’ailleurs selon la hauteur des eaux, est de 22 m. 20. Ce lac a deux écoulements : le premier vers le Rhône, rive droite ; le second vers le lac de Nantua, par un émissaire sous-lacustre. Le 17 septembre, des pêches de longue durée furent faites dans les diverses parties du lac. Elles 11’ont fourni que les quatre espèces pélagiques suivantes : Diaphanosoma brachyurum ; Ceriadaphnia laticauda ; Bosmina longirostris-typica ; Daphnia longispina, auxquelles nous devons ajouter une seule espèce limieole : Alona costata. Les dragages littoraux n’ont fourni aucun Cladocère. La plupart des jeunes daphnies ont 1 . 2 ou 3 dents, peu saillantes, mais très aiguës, à la face dorsale de la carapace de la tète. Aucune femelle ovigère ne présente de semblables dents. Nous avons constaté ces mêmes caractères chez les exemplaires provenant des lacs de l'Abbaye et de Nantua, DE QUELQUES LACS DE LA RÉGION PLISSÉE DU JURA FRANÇAIS 307 6. Le lac de Nantua, dans le département du Jura, carie d’état-major Nantua Nord-Ouest, fait partie du bassin de l’Ain rive gauche. C’est le lac le moins élevé que nous ayons visité, son altitude étant seulement à '17/1 m. 5o, mais c’est le plus pro¬ fond, '19 m. 90, et le plus étendu, puisque sa superficie atteint ijr hectares. Les récoltes y furent faites le. 10 septembre, de 5 heures à xo heures du soir. L’eau était à la température de 18 degrés C. Deux espèces seulement se trouvèrent dans le filet, mais elles y étaient représentées par un nombre immense d’indi¬ vidus. Ce sont : Sida crystallina, Et Daphnia liyalina Leydig, auxquelles s’ajoutèi'ent deux espèces littorales prises en petit nombre sur les bords : AcToperus harpæ, Et Peracaniha truncata. II est évident qu’on n’a là qu’une liste fort incomplète des Cladocères de ce beau lac. II. Bassin de l Orbe iRhin). 7. Le lac des Rousses, traversé par l’Orbe, est encore situé dans le département du Jura, carte d’état-major Thonon Nord- Ouest, et Saint-Claude Noid-Est. Il a 89 lia 80 de super- fïcie, 18 mètres de profondeur, et se trouve à l’altitude de 1.075 mètres. Les récoltes faites le 7 septembre par un temps très louid et orageux ont donné xo espèces. La température de l’eau oscillait de i7°5 à 18 degrés C. Sida crystallina ; Daphnia longispina ; Bosmina longirostris, exclusivement de la forme cor- nuta ; Ceriodaphnia quadrangula et sa variété hamata ; Acroperus harpæ ; Alona guadrangularis et sa variété affinis ; 308 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES CLA DOCÊRES Camptocercus rectirostris ; Alonopsis elongata ; Pleuroxus uncinatus Baird ; Chy doras sphæricus ; Monospilus dispar C.-O. Sars ; Carapaces d’Alonella excisa cl de Rhyncholalona ros- trata Koch. Comparaison avec les résultats antérieurs. Nos recherches fournissent quelques données intéressantes sur les lacs du Jura français qui viennent s’ajouter à celles de Richard et de Guerne, et qui nous permettent maintenant d'avoir quelques documents à mettre en parallèle avec ceux des limnologues suisses. Ces derniers ont fait une étude assez complète du plankton des lacs du Jura vaudois. Imliof, Zschokke et Pi lard ont surtout visité les lacs de Joux et de Brenet, qui communiquent l’un avec l’autre et qui appartien¬ nent tous deux au bassin du Rhin. Le lac de Joux, situé à une altitude de 1.008 mètres, a une superficie de 9 kmq. 3 et une profondeur maximum de 2Ô à 3i mètres. Imhof (1883-1891), qui l’a visité le 7 octobre i8S3, y avait recueilli parmi les animaux pélagiques Leptodora hya- lina Lilljb. et Bythotrephes longimanus Leyd. Zschokke (189/1) trouva dans les pèches qu’il fit le i3 mai iSg.'i, à 9 heures du matin, les cinq espèces de Cladocères suivantes : Daplinia caudata ; Sida crystallina O. -F. M. ; Bosmina longirostris O. -F. M. ; Bosmina longicornis Schôdl. ; Chydorus latus Sars. Pitard signala d’abord, en 189(1, Daplinia cucullata et Lep¬ todora hyalina. Puis, en 1897, le 12 et le i3 j ni lot , il fit des pèches de jour et de nuit alors que l’eau avait une température de 18 degrés C. ; il trouva, dans une pêche de nuit, de grandes quantités de Daplinia hyalina Lilljb. ; dans scs pêches de jour faites à différents niveaux, il signala : DE QUELQUES LACS DE LA RÉGION PLISSÉE DU JURA FRANÇAIS 30D Bosmina longirostris O. -F. M. ; Leptodora hyalina Lilljb ; Bythotrephes longimanus Leyd. ; Daphnia hyalina Leyd. D’avril à décembre iqo'i et d’avril à juill('l igo5, Tbiébaud et Favre (1906) ont fait toute une série de pêcbes dans les mares du Haut-Jura neuxhâtelois, situées à des altitudes variant de 1.220 à 1.200 mètres. La plus grande de ces mares avait 20 mètres de longueur et i5 mètres de largeur et o m. 5o de profondeur. Ces mares présentent chacune une individualité frappante au point de vue de la composition de leur faune. Files ont fourni les neuf espèces de Cladocères suivantes : Daphnia longispina ; Daphnia obtusa ; Simocephalus vetalus ; Ceriodaphnia kurtzii ; Ceriodaphnia reticulata ; Alona guttata ; Alona rostrata ; Pleuroxus truncatus ; Chydorus sphæricus. Encore D. longispina n’a été trouvée, d’ailleurs en petite quantité, que dans la grande mare. F. -A. Forel et Tmhof n’ont fait aucune exploration dans les lacs de la région plissée du Jura français ; ils se sont bornés, pour la France, à la faune pélagique des lacs du Bour¬ get et d’Annecy (i883-iS84), faune qui a été d’ailleurs com¬ plétée par les recherches de Le Roux et Evnard (ïqo8 et T912). Nous nous contenterons ici de comparer nos résultats avec ceux de Richard et de de Guerne. J. Richard et de Guerne (1898) mentionnent les dix espèces suivantes dans les lacs du Jura : 1. Sida crystallina O. -F. Müller ; 2. Daphnclla Brandtiana Fischer ; 3. Daphnia longispina Leydig ; Daphnia hyalina Leydig ; ri. Daphnia Jardinei Baird, var. apicata Kurz. ; 310 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CLADOCÈRES (i. Ceriodaphnia pulchclla Sars ; 7. Bosmina longirostris O. -F. Millier ; 7. Alona af finis Leydig ; 9. Chydorus sphæricus O. -F. Millier ; 10. Bythotreplies longirnanus Leydig Dans sa révision des Cladocères (II, 1896), Richard semble avoir réduit ce nombre à neuf, par la suppression de Daphnia longispina pour laquelle, dans son index géographique, il n'indique aucune localité du Jura. De plus, il faut également supprimer de celle liste Daphnia Jardinai, qui 11'a élé trouvée par lui qu’en Auvergne, et qu’il a confondue au lac de Mal¬ pas avec une Daphnia çjaleata. Pour avoir ces neuf espèces, Richard et de Guerne ont exa¬ miné les récolles de vingt et un lacs, parmi lesquels ils ont cité (1893) ceux de Genin, Nantua et Sylans dans l’Ain, de Chalain, des Brcnets, de Remoray dans le Doubs, de Saint- Point, de Domer (?), de Glairvaux, de Narlay dans le Jura. Ces récolles ont été faites à des dates assez diverses, comprises entre le 2Ô février et le a3 octobre, de 1890 à 1893. Nous-mêmes, nous avons visité sept lacs, du 3 au 17 septem¬ bre 1899, et nos récoltes contenaient vingt-sept espèces et va- \ iélés, littorales ou pélagiques, de surface ou de profondeur. Nous en donnons la liste dans le tableau ci-joint. DE QUELQUES LACS DE LA RÉGION PLISSÉE 1)1 JURA FRANÇAIS 311 Liste des espèces trouvées dans les lacs du Jura du 3 au 17 septembre 1889. 3 0 f 3 à 7 rz "Z3 - - 0 ■5 f Ja ZZ î) - S — 1 a* < •_ 5/5 J* O « -J 9 0 & 5 1 5 x *< “7 j ci 0» •n T* Jx , 73 ^ . - c* C * £ ,ô •r. O & ^ lïï J " i. Diaphanosoma brachyurum d" 2 X 2. Sida crystallina .... X X X x X X 3. Daphnia longispina . x X X 4. — hyalina .... .... X X 5. Scapholeberis mucronala x C>. Simocephalus velulus. . X X x 7. Çeriodaphnia j>ulchella. X x 8. — quadrangula. X X X y. — quadrangula- hamata . X X 10. Çeriodaphnia laticauda . X X X x .... 1 1. Bosmina lonqiroslris-lypica X x 12. — — -cornula. X X X X i3. Euruccrcus lamcllatus . x 14. Comptocercus recti rosir is . X X i5. Acroperus harpæ. X X X X 16. Alonopsis elongala . X X 17. Alona quadrangularis . X X X 18. — quadrangularis-af/i- nis . X X X X X iy. Alona costala . X X X X 20. Rhyncholalona rostrata. x 21. Alonella excisa . X 22. — nana . x 23. Peracanlha truncata . X X X X 24. Pleuroxus lævis . X 25. — uncinalus . x 26. Chudorus sphæricus. X X X x 27. Monospilus dispar X Remarques sur certaines espèces. Certaines de ces espèces de Cladocères donnent lieu à des remarques intéressantes. La variété hamata de Çeriodaphnia quadrangula, n’a pas 312 CONTRIBlTtON A L’ËTUDE DES CLADOCÈRES encore été signalée en France. Les nombreux exemplaires provenant de l’Abbaye ont généralement deux œufs. Ils ont l’épine latérale des fornices dirigée plus en arrière et plus effilée que ne l’a représentée Kcilhack (1909). Les rares indi¬ vidus recueillis aux Rousses ne présentaient aucun œuf dans leur cavité incubatrice. Monospilus dis'par a été eité pour la première- fois, dans la littérature française, en 1907, par Keilhack, qui trouva celte espèce en abondance dans les lacs du plateau de Laffrey (Isère), à 900 mètres d’altitude. L’un de nous l’a rencontrée depuis lors (191a) au lac du Bourget, à :>.3i mètres d’altitude et dans le lac artificiel du Parc de la Tête-d’Or, à Lyon. Toutes ces localités font partie de la région subalpine. Elle n’est repré¬ sentée dans nos pêches du Jura que par deux exemplaires récoltés au lac des Rousses, à 1.075 mètres ; c’est la localité la plus élevée où on l’ait constatée, tant en France qu’en Suisse. Diaphanosoma, var. leuchtcnbcrgianum, n’a pas été retrou¬ vée en France depuis Richard (1893) qui l’a signalée au lac de Nantua. Nous ne l’y avons pas recueillie dans nos nom¬ breuses pèches effectuées le i5 septembre. 11 est probable que celle forme doit correspondre à une des Avariât ions surgissant au cours des générations parlhénogénétiques de D. brachyu- rum. Cette espèce, que- nous n’avons pas trouvée non plus dans le lac de Nantua, formait, avec Sida crystallina, la masse principale du plankton des lacs de Sylans et de la Combe du Lac. Alonopsis elongata, qui est une forme vaseuse assez com¬ mune, n’est représenté que par un seid exemplaire provenant du lac de l’Abbaye, et, par une huitaine d’échantillons recueil¬ lis au lac des Rousses. Dans ce dernier lac, les jeunes femelles ont, entre les stries longitudinales de la coquille, une rangée de tubercules saillants ; c’est une simple modification, mais nous ne la connaissions pas encore dans cette espèce. Chydnrns sphæricus , le plus répandu et le plus commun des Cladoeères des grandes et des petites eaux, est rare par¬ tout dans nos pêches. 11 est même absent dans celles faites à 1 Abbaye, à Sylans et à Nantua. Cela est fort étonnant, et nous ne pouvons en donner aucune explication. DE QUELQUES LACS DE LA RÉGION PLISSÉE Dl JURA FRANÇAIS o!3 Les Bosmina sont intéressantes à étudier au point de vue des relations existant entre leurs variations et les conditions de milieu. Après les travaux de Wesenberg (1910), Bosmina cornuta doit être considérée comme une variation saisonnière de la B. longirostris. Celte dernière espèce présente dans son cycle deux formes : la forme typica et la forme corn nia. Typica se distingue de cornuta par ses muerons plus longs, son corps plus haut et plus cintré et surtout par ses antennes sensorielles plus longues et presque droites : c’est la forme d’hiver et de printemps. En été, ces mêmes Bosmina donnent naissance à la forme cornuta, correspondant à des individus plus petits, à corps moins haut et à antennes sensorielles fortement recour- L a Fir,. 1. — Bosmina longirostris, typica (a) et cornuta (b du lac de l'Abbaye. bées en demi-cercle : c’est la deuxième phase de la cvclo- morphose. Il est assez intéressant d’avoir trouvé ces deux formes en même temps, dans le lac de l’Abbaye, car ici ces variations n’apparaissent plus en relation-avec les changements île sai¬ son ; elles représentent l’cspèce-type et une variation extrême (lig. 1). Dans le lac de l’Abbaye et dans celui des Mortes et de Bellefonlaine, cette variation n'a pas atteint la même amplitude «pic dans les petits étangs de la plaine, car les individus que nous rapportons à cornuta n’ont pas les antennes sensorielles aussi recourbées que dans les formes cornuta caractéristiques. Il se peut que la variation à la fin de septembre n’ait pas encore atteint toute son amplitude ou bien que celle-ci soit plus restreinte par le fait que dans les lacs profonds et étendus les conditions de vie sont plus constantes. Nous avons rapporté toutes les Daphnia, que nous avons récoltées, aux deux espèces pélagiques D. hyalina et D. Ion - CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES CLADOCÈRES 314 (jispina. T. a première est très abondante dans le lac de Nanlua, tandis que, dans le lac de Sylans, on trouve surtout la seconde qui existe aussi dans les deux lacs de l’Abbaye et des Rousses ; mais dans ces derniers elle est assez rare et ne nous a donné, en majeure partie, que des exemplaires jeunes ou stériles. Quoique nous avions observé d’assez grandes variations entre les individus récoltés, nous n’avons pas cru devoir don¬ ner aux Daplmia d’autre dénomination que celle de l’espèce proprement dite, parce qu’il nous a été impossible de rapporter avec certitude leurs diverses formes à l’une quelconque des nombreuses variétés établies par Burckhardt, Stingelin et Kcilhack. Nous pensons que ce ne sont pas de xéritablcs variétés fixées, mais de simples particularités individuelles paraissant en relation avec le mode de vie, l’àge des individus ou leur ordre généalogique dans les générations parthénogéné- tiques d’où elles sont issues. Nos dessins montrent l’allure moyenne de ces modifications. D. hyalina nous apparaît dans le lac de Nanlua sous quatre types principaux, entre lesquels nous trouvons tous les termes de transition désirables (fig. 2 n-d). Au type a peut tout aussi bien convenir le nom de rectifrons Stingelin que celui de Ricliardi Burckhardt, selon les exemplaires considérés. Les uns ont, en effet, la ligne du front plus concave, et d’autres l’ont beaucoup moins que celle que nous représentons. Ces derniers nous amènent ainsi insensiblement au type b qui est nettement une forma typica Leydig. Les dessins c cl d complètent bien la série des modifications de cette ligne de front. Nous Lavons vue précédemment, de concave, devenir droite ; maintenant, elle devient convexe. Le maximum de celte convexité, marquée par une cassure angu¬ leuse entre l’œil et la pointe du rostre, est atteint dans la figure d. D’après Stingelin (1908), ces deux formes appartien¬ draient au groupe microcephala, et à l’une des formes primi- tiva, microcephala ou foreli. Il ne nous a pas été possible, même en appliquant le système des mensurations de Burck- hardt, de les homologuer d’une façon plus précise. D’ailleurs, à la suite de nombreuses pêches périodiques faites dans le lac du Bourget (Savoie), l’un de nous a observé que ces xariétés doivent être considérées comme des modifications non liéré- DK QUELQUES LACS DE LA RÉGION PLISSÉE DU JURA FRANÇAIS 315 ditaires et non saisonnières, car elles apparaissent en toute saison. De temps en temps, dans les pêches, quelques exem plaires des formes du groupe microcephala ou rectifrons sur¬ viennent isolément au milieu d’innombrables individus de la forme typica, qui est bien leur unique souche. Ce ne sont donc pas plus des variations saisonnières ou locales que des variétés, mais simplement des modifications passagères qui n’affectent qu’un petit nombre d’individus. 316 CONTRIBUTION A 1/ ÉTUDE DES CLADOCÊRES Dos faits de même ordre ont été observés par l’un de nous sur D. longispina : des élevages issus d'une femelle unique isolée lui ont fourni toute une série de variations instables qui se rattachent aux formes caudaia, cavifrons, littoralis et rosea. Ces variations qui, dans la nature, surgissent brusque¬ ment, avec leur amplitude maximum, n’apparaissent la plu¬ part du temps qu’atténuées dans les élevages ; elles ont été l’objet d’une étude très longue, qui nous permet d’affirmer qu’elles ne sont pas non plus héréditaires, car elles donnent naissance à des formes identiques à la forme souche. L’exposé détaillé de ces recherches fera l’objet d’un travail ultérieur. Les nombreuses variations présentées par les D. longispina dans les lacs du Jura, ont fait naître les mêmes difficultés pour leur détermination que celles dont nous venons de parler à propos de D. hyalina. Les D. longispina se rencontrent dans trois de nos lacs, mais elles n’ont pas le même aspect dans le lac de Sylans d’une part, et dans ceux de l’Abbaye et des Rousses d’autre part. Ces dernières en particulier (lig. 3 a) s’écartent telle¬ ment des longispina des étangs et même de celles de Sylans, que nous avons eu de la peine à les reconnaître et à croire que nous avions affaire dans ces deux lacs à la même espèce. Des caractères, en rapport avec le mode de vie pélagique, chan¬ gent, en effet, considérablement leur allure, et avant que nous nous soyons rendu compte de leur véritable valeur, nous avions cru, selon la préférence donnée à tel ou tel caractère, être en présence soit de longispina, soit d une forme non cas¬ quée du groupe galeata, soit d’exemplaires dégénérés de culcul- lata. Richard a, en effet, observé des D. galeata qui n’avaient pas la tète terminée en pointe et on connaît des cucull<}t( i dont la ligne du front présente une légère concavité au-dessous de l’oeil, tout comme nos Daphnies ; mais après les élevages que l’un de nous a faits, nous avons pu nous rendre compte que toutes ces formes appartenaient bien à D. longispina ; seu¬ lement, celles qui ont été recueillies dans les lacs de l’Abbaye et des Rousses descendent d’une population plus âgée que celles observées dans le lac de Sylans : elles font probablement par¬ tie d’une des dernières phases de la cyclomorphose de l’espèce. D’après les observations de l’un de nous, le premier effet de DE QUELQUES LACS DE LA RÉGION DLISSÉK DU JURA FRANÇAIS 317 la sénilité serait marqué par des modifications telles que les individus, même pélagiques, qui en sont affectés, tendent «à prendre l’aspect de formes soit littorales, soit d’étangs peu profonds. Les formes des lacs de l’Abbaye et des Rousses sont remar¬ quables à ce point de vue : elles sont caractérisées par la peti¬ tesse de leur taille, leur rostre arrondi dont l’extrémité est dépassée par les bâtonnets sensoriels de la première antenne, un pigment oculaire assez étendu et largement entouré par des lentilles cristallines saillantes ; le tout formant un ensem¬ ble lourd qui rappelle un peu l’aspect des D. plus grossières des étangs ou des mares. Il se pourrait que ce soit par sé¬ nescence que s’établisse cet aspect assez analogue au D. pule x, type ancestral littoral. Le D. longispina du lac de Sylans, au contraire (fig. 3 b), montre des caractères pélagiques que l’âge n’a pas encore atténués. La forme générale est grêle et élancée, la ligne du front suffisamment échancrée se termine par un rostre pointu qu’atteignent à peine les bâtonnets de la première antenne, l’œil semble minuscule par suite de la faible extension du pigment et du grand développement des lentilles, la tache oculaire est nette chez tous les exemplaires, l’éperon caudal est long et grêle, un peu recourbé dorsalement, et les femelles ont quatre à six œufs, indice d’une vitalité non encore sur 318 CONTRIBUTION A L’ ÉTUDE DES CLADOCÈRES le déclin. Parmi les Daphnies représentées par la figure 3 b, nous avons trouvé deux exemplaires de la forme cavifrons Sais, assez détériorés d’ailleurs, et dont nous ne donnons que la silhouette de tête (lig. 3 c). La cassure du rostre est loin d’être aussi brusque que chez les cavifrons des étangs, mais comme nous en connaissons de semblables qui ne sont que des formes de passage entre longispina-typica et cavifrons, il n’est pas téméraire de supposer que longispina peut subir dans les grands lacs les mêmes modifications que dans les étangs de moyenne profondeur. Quoique cette étude de quelques lacs du Jura français ne soit que fragmentaire, elle présente cependant un certain intérêt au point de vue de la variation des formes duc à la vie pélagique qui ne peut être étudiée que dans la nature. Quant aux autres variations en relation avec la nutrition, la saison et 1 âge, elles peuvent être suivies, au moins pour cer¬ taines espèces, dans des milieux plus restreints. Il est du plus grand intérêt de faire marcher parallèlement ces études expé¬ rimentales avec les études faunistiques. C’est ce que l’un de nous a entrepris dans ces dernières années. BIBLIOGRAPHIE 1898. 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Wesenberg (C.), Grundzüge der biologie und Géographie des Siiss- wasserplanktons, nebst Bemerkungen iiber Hauplprobleme zukünftiger limnologischer Forschungen (Intern. Rev. d. Ges. Hydrobiol. u. Ilydrogr., 3, biol., suppl. 1). 1894. Zsciiokke, Die Tierwelt der Jurasecn (Revue Suisse de Zoologie, vol. II, p. 349-376). NOTE SL'li QUELQUES PHOPltlÉTÉS DE LA C A 1 , C É D 0 1 N E DU M É N A R I ) (Loire) PA R A COLLET Docteur es Sciences. Nous avons décrit en 191 •>, dans les Annales de la Société Lin¬ né enne de Lyon, t. L1X, p. 103-109, le gîte de calcédoine du Ménard et rappelé les travaux des minéralogistes (de Bournon, Alléon-Dulac, Passinges, Lapierre, Gruner), qui l’avaient pré¬ cédemment étudié. Nous ferons connaître dans la présente note, quelques propriétés, notamment la densité et la perte au feu, des minéraux siliceux recueillis dans ce gisement. Nous avons déterminé la densité de ces substances, réduites en petits fragments, par la méthode du Ilacoil, à la température de iû degrés environ à i5°3) ; les chiffres indiqués sont rapportés à l'eau [irise à \ degrés. La perle au feu a été déterminée en chauffant progressive¬ ment les prises d'essais au rouge, dans un creuset de platine fermé, à l aide d’un brûleur Méker, modèle n° 3, jusqu’à poids constant. Les nombres obtenus indiquent, en centièmes, la pro¬ portion de matières volatiles renfermées dans les minéraux. La plus abondante de ces matières volatiles est l'eau qui peut être retenue sous la forme d’eau de carrière ou exister à l’état d’opale; on sait que ce minéral n’est plus considéré aujourd’hui comme un composé défini, un hydrate de silice, mais bien comme une sorte de solution solide, les particules très fines de silice anhydre retenant de l'eau mécaniquement interposée. Les échantillons utilisés ont été extraits du gisement en 1912, et conservés depuis cette époque, au contact de l'air, dans un endroit sec. :*4 Soc. Linn., t. lxi, 191 \ NOTE Sim Ql'ELQUES PROPRIÉTÉS I. — Calcédoine blanc bleuâtre ou bleue de diverses nuances, représentant le type le plus commun au Ménard. Les échan¬ tillons I à \ 1 1 sont translucides et possèdent un éclat vitreux, une cassure conchoïdale ; les n°8 VIII et IX sont subtranslucides, leur cassure est esquilleuse. L’aspect du n° IX rappelle déjà celui du quartz calc.édonicux, qui forme de nombreux lilonnets dans les porphyres et les tufs mierogranulitiques et orthophyriques de celte partie du Roannais. Echantillons. . I II III IV V VI VU VIII IX Perte au feu. . I ,20 '.'7 i,i3 » 0,90 ! ,04 0,90 0,48 Densité . . . 2,f>9S » 2,5g5 a.597 2,590 2,595 2-579 2,594 2,0 1 Les produits calcinés ont perdu leur coloration bleue et leur éclat ; ils soid opaques, blanc mat, fissurés et friables. La couleur bleue de ce type de calcédoine ne parait pas sen¬ siblement modifiée par une immersion prolongée pendant un mois dans l’acide sulfurique concentré ou par l’ébullition avec les acides sulfurique, azotique, chlorhydrique et l’eau régale. /»’. — Calcédoine incolore, grisâtre, gris légèrement verd⬠tre ; ce type ne se présente pas ordinairement en grandes mas¬ ses. Les échantillons X à XIV sont translucides, leur éclat est vitreux, leur translucide, ; cassure inégale. Le n° à cassure esquilleuse. XV est blanc jaunâtre , sub Echantillons. . ... X XI XII XIII XIV XV Perte au feu . . . 1,04 1,08 1,1 3 1,23 1,25 i,i5 Densité 2,584 » 2,592 2,558 Les produits calcinés sont blancs, opaques, sans éclat ; leur aspect est identique à celui îles échantillons du groupe t après calcination. C. — Types opaques ou à peine subtranslucides, à cassure inégale ; ils sont nettement rayés par les types .1 et B. Leurs caractères organoleptiques, leur faible densité et la perte au feu beaucoup plus considérable que celle des types précédents indiquent (pic ces minéraux doivent être rapportés à l’opale. Echantillons . . XVI XVII XVIII XIX XX XXI XXII XXIII Perte au feu. • 4,93 2,72 7>°7 5,34 7,80 4.79 5, >9 5.39 Deneité . . . 2,i58 2,327 2,1 5g 2,198 2,008 2,282 2, '79 2, ;o5 Caractères des ée hanlillons : XVI, blanc, éclat cireux ; il pré sente après calcination un faible éclat nacré; XVII et XVIII, DE LA CALCÉDOINE 1)1.' MÉNARD (LOIRE) 323 couleur blanche, éclat vitreux ; blanc mat après calcination ; \l\, blanc jaunâtre, éclat résineux ; après calcination, masse blanche sans éclat avec des parties jaunâtres, d’éclat nacré ; \\, léger à la main, blanc jaunâtre avec des zones étroites plus foncées qui lui donnent un aspect rubané ; le rubanemenl dis¬ paraît par la calcination et la masse devient faiblement rou¬ geâtre ; XXI, type celluleux, nombreuses zones de colorations diverses ; après calcination, masse blanche avec quelques zones rouges ; XXII, minéral jaunâtre, faible éclat vitreux avec des lits très minces de coloration plus foncée et un éclat résineux ; après calcination, masse jaune rougeâtre ; XXIII, minéral rouge brun, éclat vitreux très faible ; après calcination rouge brun foncé, sans éclat. bes types blancs, opaques, renferment souvent à l’intérieur des noyaux de calcédoine translucide, incolore ou gris verdâtre, bes n°* XXIV, XXV et XXVI proviennent d’un même bloc ; le premier échantillon est formé par les fragments translucides triés à la pince, le deuxième a été prélevé dans la zone de contact et le troisième comprend les parties blanches, opaques, extérieures, bes n°* XXVII et XXX 111 ont été empruntés à un autre bloc ; le premier comprend les fragments calcédonieux et le second les fragments blancs, opaques. Echantillons .... XXIV XXV XXVI XXVII XXVIII Perle au feu .... i,36 3,'o 7,47 i,35 3,09 Après la calcination, les parties calcédonieuses et les parties opalisées présentent le même aspect ; ce sont des masses blan¬ ches, sans éclat, plus friables que les minéraux primitifs. I) E F E N S E DE LÀ MEMBRANE CELLULAIRE CONTRE CERTAINS POISONS PAH Hugues CLÉMENT Assistant de Physiologie générale et comparée. Beaucoup tic biologistes (et des meilleurs) acceptent difficile¬ ment les manifestations observées en histologie. Cette science, en effet, utilise des produits aussi nombreux que meurtriers pour le protoplasme, et bien souvent un simple changement de méthode suffit à modifier du tout au tout les résultats observés. Lorsque l’on veut vraiment étudier une cellule normale, exempte de transformations inhérentes à la mort, on a grand soin de l’examiner dans l’eau, le sérum, suivant les cas, mais sans colorants susceptibles de favoriser les variations de son contenu. On ne connaît que peu de matières aptes à teindre les tissus sans les léser, autant du moins qu’il paraisse. T.e neutral roth, le trypan roth, sont les plus usités. Aussi avons-nous été vivement étonnés de voir pousser spon¬ tanément des champignons inférieurs dans des colorants répu¬ tés toxiques. Cela nous a incité à entreprendre les quelques expériences que voici. i° Nous vous présentons tout d’abord une série de tubes ren¬ fermant des solutions saturées de benzonzurine, brun de Bis- mare, bleu de méthylène, vert brillant, vert de méthyle, bleu lactique, rouge Congo, deltapurpurine, glychémalin, éosine Soc. Linn., t. lxi, 1914 25 DÉFENSE DE LA MEMBRANE CELLULAIRE 326 aqueuse ou alcoolique, safranine, \ iolet de gentiane, fuchsine, hématéine, cristal violet, jaune poirier, naphlol. Dans chacun vous pouvez voir des colonies. La plupart nées spontanément, les autres aisément ensemencées à l’aide des pre¬ mières. ■>° Voici des supports solides (liège, coton, étoffes, etc.) lon¬ guement imprégnés des solutions en question, porteurs eux aussi de pénicillium, d'aspergilus, etc. Notre première pensée fut d’utiliser semblables propriétés pour obtenir des colorations intéressantes peut-être microsco¬ piquement. Or, chose curieuse, ces champignons lavés convenablement n’offrirent plus, lors du montage, qu’une teinte infiniment faible deux ou trois fois, nulle dans les autres cas. Que s’était- il passé P Les parties profondes des milieux ne sembleraient-elles pas faussement imprégnées ? Les organes végétatifs iraient-ils donc directement en ces points ? Le mieux nous parut alors, pour nous en assurer, de délaisser tout substratum solide ou demi-fluide pour utiliser uniquement, comme champs d’expériences, ces flacons, privés d’éléments réputés nutritifs. Plus de gélatine, plus de gélose, plus rien hor¬ mis de l’eau distillée colorée à saturation. Or, ces précautions ne changèrent pas les résultats. Qu’il s’agisse de milieux nutritifs solides, semi-fluides, liquides, qu’il s'agisse simplement d’eau distillée, rien n’est changé. Dans tous les cas, la flore microscopique devient riche et reste réfractaire le plus souvent à une imprégnation quelconque, même avec les produits les plus puissants (urane colloïdal, fluo¬ rescéine! . Comme vous pouvez en juger, il arrive parfois qu’aucun lavage n'est nécessaire pour montrer la pseudo-adhérence des colorants sur la membrane, témoins ces cultures franchement blanches et vertes sur ce carmin si vif. Le litre des solutions semble n’exercer aucune influence sur les phénomènes. Disons cependant qu’un milieu très pâle a, toute proportion gardée, une action au moins aussi intense qu’un milieu très foncé. Comment expliquer ces faits ? La membrane doit-elle être considérée comme un filtre ? CONTRE CERTAINS POISONS 32? Dans ce cas, clic resterait fortement colorée, tandis qu’au contraire le protoplasme ne le serait point. Cela n’est pas, nous le savons. Alors, que conclure ? L'explication la plus acceptable semble être (pie le mycélium du champignon, séparant les molécules, chemine entre elles. Comparons, pour plus de clarté, le colorant dissout à des grains de plomb plus ou moins lins suivant son degré de satu¬ ration, metlons-les dans un llacon plein d’eau, et, dès lors, chacun comprendra comment un être peut s’inlillrcr profondé¬ ment sans attaquer aucunement les molléculcs d’aniline ou autre ingrédient. De toutes ces expériences, il convient de retenir : a) One les végétaux inférieurs poussent, soit spontanément, soit par ensemencement dans les colorants les plus toxiques, peu ou fortement saturés ; b) La coloration de ces végétaux, si intense semble-t-elle, dis¬ paraît au premier lavage ; c ) Seule, la dissociation moléculaire peut expliquer les phé¬ nomènes. L’AVEMR DE LA MYTILICULTURE El\ TUNISIE PAR H. -F. -A. MARCHAND Préparateur de Physiologie à l'Université de Lyon. En nous fournissant les moyens de séjourner pendant quel¬ ques temps et de voyager en Tunisie après le VIe Congrès natio¬ nal des pêches maritimes, l’attribution de la donation Falcouz, pour 1914, par le Conseil de l’Université de Lyon, nous a per¬ mis de faire connaissance avec la plus grande partie de la côte tunisienne, depuis le cap Blanc jusqu’à un peu plus au sud de Gabès, et de l’étudier à différents points de vue. 11 nous a paru intéressant de faire connaître, comme suite aux différents mé¬ moires déjà publiés par nous sur la mytiliculture (1), non pas l'état actuel (toute thalassiculture étant inconnue encore en Tunisie), mais l’avenir que nous croyons réservé à ce genre d’industrie dans un pays de protectorat français situé à peu de distance de la métropole, habité d’ailleurs par de nombreux lyonnais. Les moules existent en Tunisie, et, par conséquent peuvent y vivre. Aux dires de M. le professeur Bounliiol, de la Faculté des Sciences d’Alger, qui connaît admirablement la côte (2), on les rencontrerait un peu partout, mais en petites quantités. Nous en avons vu, pour notre part, dans le lac de Bizerte, et le professeur Raphaël Dubois, de l’Université de Lyon, a signalé (1) H. -F. -A. Marchand : La mytiliculture en France (C. B. de l'Assoc. fr. pour l'Avancement des Sciences, Nîmes, 1912). — Un mot sur la glycogénèse (Annales de la Soc. d’Hist. nat. de Toulon, 3 juillet, ioi3). — Les moules bretonnes (journal La Bretagne, Nantes, 8, i5, 22 et 29 janvier iyi4). — l.es procédés actuels de la mytiliculture en France (An. de la Soc. Lin. de Lyon, 12 janvier 1914). — Le commerce de la moule en France (C. B. du VIe Congrès national des Pêches maritimes, Tunis, juin 1914)- — L’en¬ graissement des moules dans la Méditerranée (ld.). (2) Communication orale. Soc. Linn., t. lxi, 1914 26 330 L’ AVENIR DE LA MV TILICL'L TIRE EN TUNISIE depuis longtemps déjà les très intéressantes moules perlières des îles Kerkennah. Ces moules appartiennent à l’espèce gallo- provincialis. On rencontre aussi, çà et là, la moule rouge : Mo- cliola barbata. Mais les gisements naturels de la côte de Tunisie sont tout à fait insignifiants et leurs produits fort médiocres ; nulle part on ne se donne la peine de les ramasser sérieuse¬ ment, et les moules tunisiennes n’apparaissent sur aucun mar¬ ché. Les quelques moules consommées en Tunisie par les Eu¬ ropéens arrivent en hiver de Cette et de Martigues. Comme nous le disions en débutant, rien n’est fait et il y a donc tout à faire encore au point de vue mytiliculture en Tunisie. Tout comme dans la Méditerranée française, deux seuls modes de culture nous paraissent possibles le long de la côte tuni¬ sienne : la culture à plat, à même le sol ; la culture sur cordes. Faute de marées, il ne faut guère songer aux bouchots en bois, même dans les parages de Gabès où les marées atteignent cepen¬ dant 2 mètres. C’est qu’en effet, l’embouchure des oueds, seuls endroits abrités de la région susceptibles de se prêter à la chose, ont une largeur et une profondeur insuffisantes, servent en général de ports, et sont encombrés par les embarcations. Ceci posé, quels sont les points de la côte tunisienne où puisse, avec chances de succès, se tenter la mytiliculture ? Qu’il s’agisse de moulières artificielles à plat ou de bouchots à cordes, la réunion de quatre conditions primordiales, d’ordres différents, est indispensable à la réussite. Il faut : x° que l’en¬ droit choisi soit à l’abri des coups de vent ; 2° que la nature des fonds soit propice ; 3° que la salure des eaux ne soit ni trop faible ni trop élevée ; /i° que le mytilieulteur ail à sa portée des débouchés faciles. Il n’est pas besoin d’insister sur les méfaits des vents et de la tempête dans les exploitations moulières. Agissant sur les moulières à plat, les vagues, lorsqu’elles ne les détachent pas, roulent les moules, les recouvrent de matéi’iaux variables avec la nature des fonds, arrêtent leur développement et font se développer le byssus et la coquille au détriment de la pulpe. Agissant sur les bouchots à cordes, elles démolissent cordes et piquets. Les paqueurs de moules de la rade de Toulon (rade cependant bien abritée) estiment qu’un cinquième environ de leur récolte est annuellement emportée par les coups de mer. L’AVENIR DE LA MYTILICULTURE EN' TUNISIE 331 La nature du fond est loin d’être indifférente et, dans le cas d’une inoulière à plat surtout. C’est ainsi que les fonds durs (ro¬ cheux, sablo-rocheux, niatteux) où les moules peuvent se fixer facilement sont bons ; les fonds sableux, sablo-vaseux, le sont déjà bien moins ; les fonds vaseux et surtout les fonds herbeux sont bien souvent franchement mauvais, ceci notamment dans les endroits de peu de profondeur où les eaux ont tendance à s’échauffer l’été. Moins importante est la nature du fond dès qu’il s’agit d’un bouchot. Il ne faut {tas oublier cependant que les piquets ne s’enfoncent pas dans le roc, ne tiennent pas dans la vase, et que souvent, l’été, les algues en putréfaction des fonds herbeux dégagent des gaz nocifs. Fort importante éga¬ lement est ia question « salure ». Nos recherches (en cours actuellement encore) nous ont montré qu’au-dessous de \- grammes environ de sel par litre d’eau de mer, et au-dessus de 3o grammes, l’engraissement et le développement des mou¬ les étaient pénibles. L’optimum semble être de a5 à a8 grammes de sel par litre. 11 est de toute évidence enfin que, sans débouché possible (el facile) il n'y a pas non plus d’exploitation mytilicole possible. La question des débouchés actuels ou futurs, qui est primordiale, devra donc retenir notre attention. Quant à la question de la température, elle ne nous parait pas devoir inter¬ venir. Les eaux ne sont nulle part trop chaudes en Tunisie dans les fonds suffisants, pour retarder, que nous sachions, ou arrê¬ ter le développement de la moule. Nous ne croyons donc pouvoir mieux faire que d’étudier par grandes légions, les cotes tunisiennes, au quadruple point de vue qui nous intéresse, el de tirer au fur et à mesure les conclu¬ sions que celte étude comportera. De la frontière algérienne au cap Blanc, la cote tunisienne est fort mal abritée. Faisant face au nord tout à fait, elle a fré¬ quemment à supporter pendant l'hiver de forts coups de vents du nord-ouest ou du nord-est, et, bien que rocheuse, cette partie du littoral reste relativement peu découpée ; les criques et les anses sont assez rares, abritées seulement d’ailleurs des vents d’est et d'ouest, mais, par contre, complètement ouvertes aux vents du nord. Le seul point réunissant quelques conditions d abri favorables (?) est la crique de Sidi-el-Mécherek, entre le cap Ncgro et le cap Serrât ; le port de Tabarka qui, à première Soc. Linx., t. lxi, 1914 26' 332 L'AVENIR DE LA MYTILICULTURE EN TUNISIE vue, semblerait bien abrité, esl parcouru par de forts courants et n’échappe pas aux vents du nord. Rocheux surtout, de la frontière algérienne à Tabarka, et s’abaissant assez brusquement dès qu’on s’éloigne de la côte, les fonds sont beaucoup plus sableux et s’abaissent beaucoup plus lentement à l’est de ce port. Un dosage de salure effectué sur un échantillon d’eau de mer prélevé a\ee beaucoup d’obligeance par M. Serra dans le port de Tabarka, nous a donné 27 gr. 000 de sel, chiffre favo¬ rable. Reste la question des débouchés. Ils sont absolument nuis à l’heure actuelle, aucune ligne de chemin de fer ne parcourant cette région de la Tunisie et les navires des grandes Compagnies de navigation n’y faisant nulle part escale. Eloignées sont les grandes villes (Tunis et Bône) susceptibles de devenir des cen¬ tres de consommation de la moule. Bref, il n’y a rien à tenter au point de vue mylilicole, sur celle partie de la côte, à l'heure actuelle, et pour longtemps sans doute encore. Il esl d’ailleurs fort probable que des mytiliculteurs installés par là (même en supposant la création d’une voie ferrée et les communications devenues faciles) se verraient enlever le marché de Bône par les moules algériennes, le marché de Tunis par les moules du lac de Rizerie. A quelques kilomètres au sud du cap Blanc s’ouvre, en effet, dans la Méditerranée, l’un des accidents les plus intéressants de la côte tunisienne : le lac de Rizerie, qui, presque complète¬ ment fermé, ne communiquant avec la mer que par un étroit chenal, constituerait un emplacement idéal pour la mytilicul¬ ture, en tous points comparables à la fameuse rade de Toulon, (M de superficie beaucoup plus grande. Toutes les conditions de réussite nous paraissent réunies là. En effet : i° lac fermé, pro¬ tégé du reste au nord par la chaîne du djebel Zergoum, du djebel Messlem, du djebel Demna, au sud par celle du dje¬ bel Kechabta, à l’est et à l’ouest par des collines moins impor¬ tantes, le lac de Bizerte se trouve à l’abri des coups de vent violents et des tempêtes ; 20 c’est insensiblement que les fonds s’abaissent du pourtour du lac vers les grands fonds, de 10 à 1 f» mètres, qui en occupent le centre, et ceci en particulier dans la partie est du lac, vers Mcnnzel-Djemil. 11 serait extrêmement facile d’établir sur tout le pourtour du lac, soit sur une super- L'AVENIR DE LA MYTILICULTURE EN TUNISIE o33 ficie considérable, ou des moulières à plat, ou des bouchots à cordes. Bien que franchement vaseux par places, les fonds sont plutôt sablo-vaseux, sablo-herbeux, et conviennent en tous cas aux inouïes puisqu’il en existe dans le lac et que les indi¬ gènes en ramassent quelques-unes du côté de Mennzel. La pré¬ sence de clovisses, de mauvaises huîtres, de Pinna et de quel¬ ques autres coquillages, non encore déterminés, qui accom¬ pagnent ordinairement les moules sur les côtes françaises, indi¬ quent suffisamment d’ailleurs que les conditions biologiques nécessaires au développement de la moule se trouvent réunies là ; 3° divers dosages de salure effectués sur des échantillons prélevés par nous en différents endroits du lac, nous ont donné comme moyenne 28 gr. 8, ce qui n’est [tas exagéré ([tort de Bizerte, 27 gr. 25o ; embouchure de l’oued Tindja, 28 gr. : Sidi-Abdallah, 28 gr. 7D0 ; Sidi-Ahmed, 3i gr. 2Ôo) ; 4° enfin, le lac de Bizerte est à deux pas d’une très grande ville : Tunis, à laquelle il est relié par une voie ferrée et des services de bateaux. Le lac de Bizerte est également à portée de centres moins importants, mais déjà non négligeables, et appelés à se développer dans un avenir prochain : Bizerte, Ferryville, Porto- Farina, Mateur, où les moules arriveraient à peu de frais en quelques heures. Ce sont autant de débouchés faciles assurés, et pour nous (nous n’hésitons [tas à le dire) tout l’avenir mytili- cole de la Tunisie est concentré dans le lac de Bizerte. 11 y aurait moyen de produire là à bon marché (car la main-d’œuvre n’est pas chère), quitte à s’en tenir aux moulières à plat dont l’instal¬ lation n’exige qu’un tout petit capital, d’excellentes moules qui concurrenceraient, et détrôneraient bientôt, sur le marché de Tunis, les moules françaises que l’on y voit déjà, et les moules italiennes de Tarente ou de la Spezzia que l’on y verra bientôt. Mieux même, il nous semble que l’on y peut entrevoir le jour (car la superficie exploitable du lac est grande) où les moules de Bizerte rayonneraient dans toute la Tunisie, s’exporteraient même (qui sait P) vu leur bon marché, en Algérie, en Espagne, en France, en Italie. Hâtons-nous de dire qu’il faudrait pour cela encourager les tentatives de mytiliculture, et ne pas adop¬ ter en Tunisie le système de tracasseries sans fin dont est coutu¬ mière en France (et dans la rade de Toulon en particulier) l’Ad¬ ministration de la marine. Le lac de Bizerte est un port de L’A VENIR DE LA MYTILICULTURE EN TUNISIE 334 guerre comme la rade de Toulon. G’cst entendu, mais il y a place à la fois pour les navires et pour les exploitations myli- licoles, surtout s’il s’agit de moulières à plat qui n’ont jamais gène personne. Ne pourrait-on autoriser l’installation de sem¬ blables moulières et celle de quelques bouchots à cordes desti¬ nés à fournir des moules de luxe aux gourmets de Tunis ? Nous soumettons la chose à la Marine et au Gouvernement tunisien. Mais la région de Bizerte n’est pas seulement importante par son lac. Deux autres accidents géographiques intéressants y existent encore ; ce sont, d’une part, le lac Iskeul (ou Garaet \chkel), d’autre part le lac de Porto-Farina. Tac d’eaux sau¬ mâtres situé à l’ouest du lac de Bizerte, auquel il est relié d’ailleurs par un déversoir de quelques kilomètres seulement (oued Tindja), et de superficie à peu près égale, le premier renferme quelques clovisses et peut-être également des moules, sans que nous avions pu vérifier cependant le fait. Ta salure y est d’environ i5 grammes de sel par lilre (échantillon prélevé à la naissance de l’oued Tindja), ce qui correspond à peu près à la salure de l’étang de Berre qui est très comparable à ce lac. Tes fonds y sont vaseux, sablo-vaseux, vaseux-herbeux ; la pro¬ fondeur maximum est de 3 mètres en été. 6 mètres en hiver. Peut-être pourrait-on tenter là la mytiliculture, mais, d’une part, la grande dimension du lac est dans le sens est-ouest, à l’inverse de ce qui se passe pour le lac de Bizerte, et les vents d’ouest s’y font fortement sentir ; d’autre part, les nombreux oueds qui s’y jettent troublent constamment ses eaux, surtout au moment des grandes crues de l’hiver. Quant au lac de Porto- Farine, que nous n’avons pu, à notre grand regret, voir de nos yeux, il est bien moins étendu, et comparable par la situation qu’il occupe tout au bord de la mer à l’étang de Thau ou à celui de Narbonne. Séparé comme ces derniers de la mer par une languette de terres ne présentant qu’une étroite solution de continuité, abrité, de peu de profondeur, il est intéressant par ce double fait qu’il posséderait des sources d’eau douce sous- marines, et que les eaux de la Medjerda (dont l’embouchure est très proche) iraient s’y promener de temps en temps. T. a cul- 1 me des moules en cet endroit (au moins à plat) nous paraît à première vue très possible, et le débouché de ces moules pour¬ rait être Tunis comme pour celles du lac Iskeul et du lac de L’AVENIR DE LA MYTILICULTURE EN TUNISIE 335 Bizerle. Nous regrettons de ne pouvoir apporter le chiffre de la salure de ce lac, mais notre demande de renseignements et de prélèvements d’échantillons d’eau auprès de M. l’Officier du port sont actuellement encore sans réponse. Nous parlerons bien moins longuement du reste de la cote tunisienne qui, disons-le d’un mot, nous paraît partout ailleurs, pour des raisons diverses, peu favorables à l’établissement d’ex¬ ploitations m\ tilicoles. Le golfe de Tunis, avec le cap Bon, tout comme la côte nord de la Tunisie, ne possède pas d’abris suffisants. D’autre part, les fonds s’\ abaissent trop vile dès que l’on s’éloigne des rochers de la côte. La nature des fonds (sables ou rochers) est cependant favorable ainsi que le degré de salure : 27 gr. 5oo à Carthage, vers l’îlot du Suffète (1). — Le lac de Tunis, abri idéal, est un cloaque souillé par tous les égouts de la ville. — Le golfe d’Hammamet n’a pas d’abris, des fonds sableux ou sablo-herbeux s’abaissant trop vite, et une salure de 28 grammes par litre à Nabeul. — La région de Monaslir et Soussc est moins abritée encore, avec des fonds s’abaissant également trop vite et une côte plate. Au sud de Monaslir cependant, et vers l’île Kuriat, jusqu’au ras Dimas, s’étalent, sur une vaste étendue, de hauts-fonds de 1 à 2 mètres, sablo-herbeux. Mais on est là à la merci de tous les vents, et ce serait, je crois, folie que de chercher à y installer des exploitations mylilicoles. Un dosage de salure nous a donné à Monastir 2(3 gr. 760 ; un autre, à Sousse, 28 gr. 5oo (2). Les mordes de France, aux dires de M. Marini, capitaine du port de Sousse, périraient en deux ou trois jours dans les eaux du port. — Du ras Dimas au ras Kapudia, en passant par la presqu’île de Mahedia, nous retrouvons toujours une côte plate, sans abris, avec des fonds sableux, sablo-herbeux, graveleux, s’abaissant trop vite. — Pas d’abris non plus, du ras Kapudia à Sfax. Une large bande de hauts-fonds de t à \ mètres s’étend là, tout le long de la (1) Nous remercions noire ami, le L)r G. Chaurond, île Tunis, qui, pour nos prélèvements d’eau de mer, a mis plusieurs fois son automobile à notre disposition. (a) Nous remercions MM. Warocquier, capitaine du port de Monastir. et Marini, capitaine du port de Sousse, qui se sont mis aimablement à notre disposition. 336 L'AVENIR DE LA MYTILICULTURE EN TUNISIE côte, et se retrouve un peu plus au sud, toul le tour des îles Kerkennah. Il n’y a de grands fonds (4 à r>.~ mètres) que dans une passe étroite, entre les deux îles. Mais, comme nous l’avons dit déjà, ees hauts-fonds ne sont pas abrités et il ne nous semble pas que l’on puisse faire là de la mytiliculture dans de bonnes conditions. Seule l’ile Kerkennah, au nord, pré¬ senterait des abris, sur sa côte ouest ; il y a là un certain nombre d’anses et de criques, mais les fonds sablo-herbeux n’y atteignent guère pins de i mètre. Ajoutons que le capi¬ taine Gapriata, commandant du port de Sfax, a vu échouer toutes ses tentatives d’acclimatation de moules françaises, bien que l’on ramasse pourtant des clovisses aux environs immé¬ diats de Sfax. Enfin, un dosage de salure effectué au laboratoire maritime de l’Université de Lyon, à Sfax, nous a donné 3o gr. a5o. Il nous reste à parler du golfe de Gabès et de l’Archipel de Djerba. 11 n’v a certainement pas grand chose à attendre du nord du golfe de Gabès Là encore il n’v a absolument aucun abri et une côte désespérément plate. Les fonds, sableux, sablo- herbeux, sablo-vaseux, s’abaissent, trop rapidement, ou bien l’on a affaire à de hauts-fonds à la merci de tous les vents (de Maharès à la baie des Sur-Kenis, par exemple). Les eaux sont, de plus, très vives à cet endroit de la côte. Bien plus intéressante, au contraire, est la partie sud du golfe, depuis l’oued Melah jusqu'à Gabès et même un peu plus au sud. Toute une série de petits oueds (dont le plus important débouche à Gabès après avoir fertilisé l’oasis) se jettent, en effet, là, dans la mer, adou¬ cissent ses eaux où vivent en grande quantité des clovisses (plage de Gabès, à l’embouchure de l’oued, 38 gr. 5oo), et si la côte continue à être plate encore, sans protection contre les vents et la tempête, les embouchures des oueds constituent autant d’abris où la mytiliculture nous paraît tout à fait pos¬ sible. Des moulières à plat (à défaut de bouchots) réussiraient là, et la cueillette du mollusque se trouverait singulièrement facilitée par la présence en cet endroit de marées de r> mètres. Le gros écueil actuel est l’absence de débouchés. Gabès est une toute petite ville, en effet ; Sfax, qui ne compte guère que 80.000 habitants, est à plus de 100 kilomètres, et le chemin de fer projeté reliant Gabès à Sfax et au reste de la Tunisie n’est L’AVENIR DE LA MYTILICULTURE EN TUNISIE 33? pas encore ouvert, Les Compagnies de navigation enlin, qui font le cabotage le long de la cote ont des services peu rapides et des prix de transport élevés, bref, les moules de Gabès arrivant à Tunis (seul débouché à considérer), y coûteraient actuellement plus cher que les moules de Cette ou de Martigues. Quant à l’archipel de Djerba, il est entouré (au nord et à l'est surtout) d’un plateau continu de hauts fonds. Ces fonds, sablo-herbeux, très poissonneux, mais sans eaux douces et peu abrités, nous paraissent peu propices à des tentatives de myti¬ liculture et sont, du reste, en dehors de tous moyens de com¬ munication pratiques. En résumé, la mytiliculture ne nous paraît actuellement, et pour longtemps sans doute encore, possible en Tunisie, que dans la région du lac de Bizerte ; mais ce lac, convenablement exploité, suffirait à lui seul à alimenter en moules toute la Tunisie. Dans l'intérêt strict de ce pays et des mytiliculteurs qui désireraient s’y installer, il serait h souhaiter que le Gou¬ vernement tunisien : i° favorise l’établissement d’exploitations mytilicoles dans le lac de Bizerte ; 20 frappe à leur entrée en Tunisie les moules italiennes et françaises d’un droit prohibitif. L’avenir mytilicolc de la Tunisie est dans les moulières à plat, faciles à installer partout. Les moules de bouchots, trop chères, ne seraient appréciées que par la clientèle riche et délaissées par la plus grosse partie des consommateurs. TABLE GENERALE DES MATIERES A propos des zones de croissance de certaines algues, par M. Hugues Clément ( i figures) . i Notes névroptérologiques : Quelques Névroptères recueillis dans les départements de l'Ain, la Haute-Savoie, le Rhône, l'Isère, l'Ar¬ dèche, le Var et les Hautes-Pyrénées, par M. J. Lacroix ... 5 Notes sur quelques espèces anciennes du genre Clypeaster, par M. J. Lambert . 11 Les procédés actuels de la mytiliculture en France, par M. H. -F. -A. Marchand . 3i Mœurs et métamorphoses des insectes : Dix-huitième mémoire : Elalérides, table des matières, parle capitaine Xambeu .... 47 Les propriétés vénéneuses du Veralrum album, par le Dr Bonnamour. 5i Contribution à la faune des microcavernes : Faune des terriers et des nids, par M. L. Falcoz (38 fgures et I planche) . 5p l)e la place occupée par la biophotogénèse dans la série des phéno¬ mènes lumineux, par le Dr Raphaël Dubois . 247 Examen critique de la question de la biophotogénèse, par le Dr Raphaël Duuois . . . 267 Description d’un canard pelvadelphe, suivie de quelques considéra¬ tions sur les monstres du type lambdoïde, par le Dr Amédëe Bonnet (3 figures ) . 267 Note sur la synonymie des espèces vivantes de Clypéastres, par M. J. Lambert . 275 table générale des ratières 340 Contribution à l'étude des Cladocères de juelques lacs de U région plissee du J uni français. par MM L. Eysarp et C. Nancy 3 figures . toi Note sur quelques propriétés de Calcédoine du Ménard Loire . par M. A. Collet . 3si Défense de la membrane cellulaire contre certains poisons, par M. Huques Clemext . 3a> nir de la mvtilicalture en Tunisie, par M. H.-F.-A. Marchant». 329 a. ïrr v tb SmizL - s ■v.v . • v»* «V* J " - r • : ÿ:iT .. f • *:$l J* ' »is et v $ $*• . . • . • . - : :j >«i u - «■ ' : 5 ■ ' > ' ' ■** t > ~M. (, . w - * 'V -> J . >•- *• A ; fr 1 ■ • JC- •> •«» J"' - ' v 4 CJt (fÿt;' y r*' Z Pm ' - • ' ' v • *v /r>jîilAi^fV »V a « ••• <.» î-, , - , -« ‘S '■> > v :i : ’«*[•. -Ali. à ■fW'l . ..’i ,<»>’•« jj> .• / -•' ■ , «>.'>». *. '■ ' . - ? - •<• . + *•: a. «cT /t ■ ‘ • «ç* . ,r,\ a •*'( ^ ^ r-'A ** . ' v v • t :’. *-\ *• s* ’.î A- ■ Vi ' >-. y it*. **.*à'i • *' ï> ■ “rî> - l wjptr. • •« J* ’-■'* f’*.t . ‘1 £».' r t tV >f. * . "'T* V .. »i -- ttf ?,'ï ' V V •*• :J :ï', f.- .. .,«• • - • v , v i • • v-^~. • • :■ • f.. ' u- •»£&,. ■$*, tf.t» » 1.-; y.s •*' ■ I ■ ’ , . i .. .. , ' , , : -»•’»* •; v,‘ » » > ■?, „.y > ' ~v ' i ' ' ■' ' •’ •" , . /■ • ,-l ■ >*ftt ‘ ;>v' ‘ C ^ • **a V ' 'T 5 i i . < 75^ * - *v . *% ^ , ‘ ♦ \ « • >’» :* »: * . • » ' ‘ - 4* > - " l' f ! .• î,.. % ' • ' ! 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