DE LA SOCIÉTÉ LIWIÎCVYS • / _ OX LTOH (nouvelle série) TOM K SOIXANTE DEUXIÈME LYON H. f.EORG, LIBRAIRE-EDITEUR 36, PASSAGE DE l’ HOTEL-DIEU MÊME MAISON A GENÈVE ET A BALE 1916 N _ ANNALES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE MTO* Lyon. — Imprimerie A. Ret. i, rue Gentil. — 69905 ARRHES DE U SOCIÉTÉ L I \ \ E É Y V E iDHü a,T©a - j - (nouvelle série) TOME SOIXANTE DEUXIÈME LYON H. GEORG, LIBRAIRE-EDITEUR 36, passage de l'hotel-dieu MÊME MAISON A GENEVE ET A BALE 1916 TABLEAU DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉEWE DK LYON BUREAU POUR L’ANNÉE 1915 M. Cuaput, président. M"e Marie Renard, vice-présidente. MM. N icod, secrétaire général. Dr Pétouraud, secrétaire adjoint. Duval, trésorier. Roux (Nisius), trésorier adjoint. Bonnet, archiviste-conservateur. LISTE DES MEMBRES EN 1015 Ylrmbref* actifs. MM. 1911. Albessard (M“* Aria), place Raspail, 1. 1913. Alexandre, quai de Caluire, à Caluire. 1895. Arcelin (le Dr Fabien), rue du Plat, 4- 1906. Baillard, employé, quai Pierre-Scize, 92. 1911. Bailly (le Dr), cours Vitton, io4. 1912. Bvttetta, avenue des Tapis, 4- Suc. Lias , t. lxii , 1915 VI TABLEAU DES MEMBRES MM. 1895. Beauverie (Jean), docteur ès sciences naturelles, maître de conférences de botanique à la Faculté des sciences de Nancy (Meurthe-et-Moselle). f866. Beckensteiner (Charles), rue de l’Hôtel-de-Ville, 9. 1910. Béraud, constructeur d’appareils de précision, rue Sé- bastien-Gryphe, 9. 1912. Bonnamour (le Dr Stéphane), médecin des hôpitaux, ave¬ nue de Saxe, 137. 1901. Bonnet (le Dr Amédée), docteur ès sciences, préparateur de zoologie à la Facullé des sciences, quai de la Guil- lolière, 1. 1907. Bellion (Mlle), docteur ès sciences, assistante au Labora¬ toire de physiologie de la Facullé des sciences, cours d’Herbouville, 48. 1892. Broelmann (Henri), à Pau (Basses-Pyrénées). 1888. Bruet, chef de section de la Cie P.-L.-M., Saint-Marcellin (Isère). 1884. Bruyas (Aug.), quai des Célestins, 5. 1901. Buy (le Dr Paul), grande rue de la Croix-Rousse, 99. 1910. Caillon, rue Ney, 7. 1899. Caziot, commandant d’artillerie en retraite, quai Lunel, n° 24, à Nice. 1898. Chanay (Pierre), négociant, rue Pizay, 5. 1906. Chaput, agrégé des sciences naturelles, professeur d’his¬ toire naturelle au Lycée Ampère. 1900. Charnay, répétiteur général au Lycée Ampère, rue Du¬ quesne, 22. 1901. Chifflot, docteur ès sciences naturelles, licencié ès sciences physiques, chargé d’un cours complémen¬ taire et chef des travaux de botanique à la Faculté des sciences, place Jean-Macé, 2. 1887. Chobaut (le Dr Alfred), rue Dorée, 4, à Avignon. DE LA SOCIÉTÉ I. INNÉE. VA F. vu MM. 1907. Clément (Hugues), assistant de physiologie à la Faculté des Sciences, ancien externe des hôpitaux, quai Gail- leton, 37. igo5. Clerc (Joannès), fabricant, rue Puits-Gaillot, 27. 1906. Collet, docteur es sciences, professeur de minéralogie à la Faculté libre des sciences, rue Sergent-Blandan, 48. 1906. Côte, négociant, rue Président-Carnot, 11. 1871. Coutagne (Georges), ingénieur des poudres et salpêtres, quai des Brotteaux, 29. 1889. Couvreur, docteur ès sciences, chargé d’un cours com¬ plémentaire à la Faculté des sciences, Sainte-Foy-lès- Lyon. 1901. Darboux, professeur de zoologie à la Faculté des sciences de Marseille, boulevard Perrier, 53. 1914. Darmet (Louis), étudiant en pharmacie, rue de l’Eperon, Vienne (Isère). 1914. Delers, rue de Condé, 12. 188g. Depéret (le Dr Ch.), membre de l’Institut, professeur de géologie et doyen de la Faculté des sciences, route de Sain-Bel, 23, Tassin-la Demi-Lune (Rhône) 1912. Donat (André), chemin de Fontanières, n, à la Mula- tière (Rhône). 1897. Doncieux, docteur ès sciences naturelles, préparateur de géologie à la Faculté des sciences, rue Jarente, 3. 1882. Drivon (Jules), médecin des hôpitaux de Lyon, avenue de Saxe, 284. t 891. Dubois (le Dr Raphaël), professeur de physiologie géné¬ rale et comparée à la Faculté des sciences, l’hiver à Tamaris-sur-Mer (Var). 1912. Durillon (Jules), orthopédiste, rue de la Charité, 8. 1911. Duval, professeur au Lycée de Saint-Rambert, rue Vau- becour, i3. vni TABLEAU DÉS MEMBRES MM. >91 r. Eynard (l’abbé), professeur à l'Institution Robin, à Vienne (Isère). 1911. Falcoz, pharmacien de i'° classe, rue de l’Epei'on, à Vienne (Isère). 1912. Faube (M.), rue Centrale, 24. 1857. Fournereau (l’abbé), professeur à l’Institution des Char¬ treux. 1911. Gaillard, docteur ès sciences, conservateur du Muséum d’histoire naturelle, boulevard des Belges. 1906. Carnot, avocat, quai de la Pêcherie, xi. 1 85 1 . Gensoul (André-Paul), rue Vaubecour, 190.5. Gérard (R.), professeur à la Faculté des sciences, rue Crillon, 70. 1907. Gérard (Dr Marc), à Biessieux, près Saint-Etienne-de- Saint-Geoirs (Isère). 1905. Germain (Fouis), préparateur de malacologie au Mu¬ séum, rue Buffon, 55, Paris. 1907. Gignoux, agrégé des sciences naturelles, préparateur de géologie de la Faculté des sciences, Grenoble. 1909. Gindre, pharmacien de ire classe, grande rue Saint-Clair, n° 76, Lyon-Saint-Clair. 1866. Gillet (Josephi, quai de Serin, 9. 1912. Girod (Louis), rue Saint-Pierre-de-Vaise, 35. 1890. Givois, pharmacien à Vichy (Allier). 1894. Grange (le Dr Pierre), rue Terme, 18. T912. Guiart (le Dr Jules), pi'ofesseur de parasitologie à la Faculté de médecine, boulevard Croix-Rousse, 58. 1897. Guillermond, docteur ès sciences, rue de la République, n° 19. 1862. Gxjimet (Emile), place de la Miséricorde, t. 1895. Hutinkl, Vitteaux (Côte-d’Or). DE LA SOCIÉTÉ LfiVNÉEMNE ii MM. 1909. Jacquet, orfèvre, place de la Bourse, 3. 1912. Jacquet (Claude), chimiste, avenue Beauséjour, ô, Vienne (Isère). 1907. Jarricot (le Dr J.), chef de laboratoire à la Faculté de médecine, cours Gambetta, 9. 1907. Lacomme (le Dr), licencié ès sciences, inspecteur départe¬ mental d’hygiène, villa Jojo, avenue d’Edimbourg, 36, à Amiens (Somme). 1909. La Croix-Laval (Maurice de), quai Gailleton, 22. 1 88 '1 . Lacroix (le Dr Eugène), grande rue des Charpennes, 45. 1914. L\croix (Joseph), place du Donjon, Niort (Deux-Sèvres). 1909. Lambert, président du Tribunal civil, Troves (Aube), rue Saint-Martin, 57. 1911. Lardet, docteur en pharmacie, rue Pierre-Corneille, 3p. 1 9 1 1 . Laurent, agrégé d’histoire naturelle, professeur au Ly¬ cée Ampère. 1907. Levrat (Daniel), directeur du laboratoire d’études de la Soie, à la Condition des Soies, aux Verchères, Caluire (Bhône). 1911. Licier, grande rue de la Guillotière, 110. igi3. Liot ier (Samuel), rue Bissardon, 18, Caluire (Bhône). 1906. Locard (le Dr Edmond), rue Victor-Hugo, 48. 1873. Magmn (le Dr Antoine), professeur à la Faculté des scien¬ ces de Besançon. 1913. Marchand (H.), préparateur au laboratoire de biologie, Tamaris-su r-Mer (Yar). 1911. M\rmor\t (Théophile!, boulevard de^ Belges, 66. 1914. Martin (Abbé J. -B.), docteur ès sciences, curé de Bey- nost (Ain). 1901. Masso.nnat, docteur ès sciences, préparateur de zoologie à la Faculté des sciences. 1897. Maurette (LaurentJ, attaché au laboratoire de géologie de la Faculté des sciences. X TABLEAU DES MEMBRES MM. 1910. Mayet (le Dr Lucien), 4i, chemin de Saint-lrénée à Sainte-Foy, Sainte-Foy -lès-Lyon (Rhône). 1910. Mazeran (Pierre), étudiant en sciences naturelles, rue Sully, 137. 1887. Mermier (Elie), ingénieur aux Chemins de fer fédéraux, boulevard de Grancy, à Lausanne (Suisse). 1 8g 1 . Michaud, quai de la Pêcherie, i3. 1912. Mortamet (Gabriel), architecte, quai des Brotteaux, 29. 1907. Mourier des Guets, quai Claude-Bernard, i3. 1910. Nicod (Paul), peintre vei'rier, rue Saint-Georges, 122. 1907. Pet.osse (Jean), agrégé de l’Université, préparateur de zoologie à la Faculté des sciences, rue de la Bourse, 43. 1S79. Perroud (Charles), avocat, place Bellecour, 16. 1911. Pétouraud (le Dr), place des Terreaux, 9. 1912. Pic (Maurice), entomologiste, directeur de l’Echange, à Digoin (Saône-et-Loire). i8g3. Bebours, rue Godefroy, 20. 1911. Renard (Mu® Marie), professeur au Lycée de jeunes hiles, rue Boileau, 90. 1873. Rérolle (Louis), directeur du Muséum de Grenoble (Isère) . 1892. Rey (Alexandre), imprimeur-éditeur, rue Gentil, !\. 1864. Riaz (Auguste de), quai de Serin, 68. 1882. Biche (Attale), docteur ès sciences, chargé d’un cours complémentaire à la Faculté des sciences, avenue de Noailles, 56. 1907. Riel (le Dr), boulevard de la Croix-Rousse, 122. 1912. Robin, sous-intendant militaire en l'etraite, rue Viclo- ricn-Sardou, 21. 1909. Rochaix (le Dr), chargé de cours, chef de travaux à la Faculté de médecine, chef de service à l’Institut Pas- leur, Lyon. DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE xi MM. 1892. Roman (Frédéric), docteur ès sciences naturelles, prépa¬ rateur de géologie à la Faculté des sciences, quai Saint-Clair, 2. 189/1. Roux (Claudius), docteur ès sciences naturelles, profes¬ seur à la Faculté libre des sciences, rue Tramassac, 2. 1873. Roux (Nisius), chemin de la Sœur-Vially, 5, Lyon-Saint- Clair. 1 9 1 1 . Russo (le Dr), médecin aide-major de ire classe, hôpital de Rizerte (Tunisie). 1912. Sancey (le Dr), rue d'Algérie, 21. 1910. Sayn, à Montvendre, par Chabeuil (Drôme). 1910. Sérullaz (Georges), docteur en droit, avocat à la Cour d’appel, place Bellecour, 8 ; l’été au château d’Yvours, par Irigny (Rhône). 19 13. Vindry (Xavier), rue Servient, 37. 1890. Vaffier (le Dr), à Chânes (Saône-et-Loire). 1899. Yaney, docteur ès sciences, agrégé des sciences naturel¬ les, maître de conférences de zoologie à la Faculté des sciences, rue Cuvier, 69. 1906. Varenne (Georges), fabricant, rue Lafont, 2. 1912. Yenot (Mu® Marie), professeur au Lycée de jeunes filles, rue Rabelais, 10. 1898. Yermorel, ingénieur-agronome, à Villefranche (Rhône). 1902. Yillard, ingénieur-agronome, Sainte-Foy-lès-Lyon. 1911. Volle, pharmacien de ire classe, à Vernaison (Rhône). 1881. Xambeu, capitaine en retraite à Ria, par Prades (Pyré¬ nées-Orientales). ÉTUDES SUR LE LARYNX ET PLUS PARTICULIEREMENT L’APPAREIL GLOTTIQUE DE LA GRENOUILLE (R. esculenta) Pau F.. COUVREUR Présenté à la Société Linnéenne de Lyon, le 3 Mai rgiâ. Au cours de recherches effectuées, il y a longtemps déjà, sur la respiration et la phonation chez les batraciens, j'ai été amené, particulièrement en ce qui concerne cette dernière, à examiner l’anatomie du larynx et, spécialement, de la glotte chez la R. esculenta. Ces recherches étant de nature physiologique et destinées à élucider le mécanisme du coassement, j’ai seulement indiqué dans la petite note qui les résumait les points anato¬ miques essentiels à la compréhension de ce mécanisme (i). A cette époque, à ma connaissance, n’existait qu’une description des cartilages formant le squelette du larynx dans la petite Ana¬ tomie des Frosches, d’Ecker. Depuis, une étude très détaillée a paru dans un complément de cette anatomie dû à Gaupp (2). J'ai pu m'assurer que, néanmoins, quelques détails que j’avais observés n ont pas été signalés par cet auteur : c’est pourquoi (1) Sur le coassement de la grenouille (Ann. Soc. Linn. de Lyon, 1892). (2) Gaupp. dans Anatomie des Frosches d’Ecker et Wiederslieim. 190/1 . Soc. Linn., t. lxii, 1915 1 9 ÉTUDES SUR LE LARYNX ET PLUS PARTICULIÈREMENT je crois devoir indiquer les résultats de mes dissections déjà anciennes. Particularités du larynx de la grenouille. — Le premier fait saillant que l'on observe en examinant un larynx de gre¬ nouille, c'est que la fente glottique occupe une position dorsale et que cette fente (assez complexe, comme nous le verrons dans un instant) dépend exclusivement de la région aryténoïdicnne du larynx, aussi bien dans sa partie intercartilagineuse que dans sa partie interligamenteusc ; cela probablement comme suite à l’absence de cartilage thyroïde. Squelette du larynx. — Le squelette du larynx est formé, en effet, exclusivement : i° par deux aryténoïdes (avec deux petites apophyses apicales pour chacun, correspondant plus ou moins aux cartilages corniculés ou de Santorini) ; a0 par un cricoïde très compliqué entourant simplement la masse sensiblement ovalaire formée par l’ensemble des deux aryténoïdes. Les cordes vocales, que nous décrirons dans un moment d’une manière plus complète, au lieu d’être tendues du thyroïde (ou au moins, en son absence, du cricoïde) aux aryténoïdes, sont tendues sim¬ plement d’un bout à l’autre de chaque aryténoïde. La différence avec un larynx de mammifère est exprimée d’une manière suf¬ fisante par les deux schémas ci-joints (fig. i et 2). Glotte et cordes vocales. — Quand on regarde par la face dorsale le plancher buccal d’une grenouille dont on a ouvert de force la bouche et rabattu la langue, la glotte est ordinaire¬ ment invisible, on ne la voit apparaître que lors de l’entrée ou île la sortie de l’air dans les mouvements respiratoires. On aper¬ çoit alors une fente de 3 millimètres environ de longueur, ou¬ verte entre les deux cartilages aryténoïdes et que nous pouvons appeler la glotte inlercartilagineuse. En maintenant de force ses bords écartés, on aperçoit plus profondément la vraie glotte ou glotte interligamenteuse ; mais on étudie cette dernière avec plus de fruit en attaquant par la face ventrale et en détruisant le plancher de la cavité laryngo- trachéale. Cette glotte est for¬ mée par deux cordes vocales constituées exclusivement par du tissu conjonctif, ainsi qu’on peut s’en assurer par l’examen his- L’APPAREIL GLOTTIQUE DE LA GRENOUILLE 3 tologique, ce qui les différencie des cordes vocales des vertébrés supérieurs, qui sont des muscles (thvro-aryténoïdiens internes). Le bord supérieur de ces cordes, au moins dans la partie posté¬ rieure, est attaché à la face inféro-latérale de l’aryténoïde cor- Fig. i et 2. — Schéma du mode d'attache des cordes vocales. A. Mammifères. B. Grenouille. f/i, cartilage thyroïde; c. t\, cordes vocales; c, cartilage cricoïde ; a, cartilage aryténoïde : dans B, partie antérieure à droite de la figure. respondant, les deux bouts, antérieur et postérieur, sont atta¬ chés à de petits renflements de l’aryténoïde, que Gaupp appelle les pulv inaria vocalia. La partie antérieure de la corde vocale est complètement libre, la partie postérieure comprend une partie basale fixée tout le long de l’aryténoïde et une partie mai - 4 ÉTUDES SUR LE LARYNX ET PLUS PARTICULIÈREMENT ginale libre. Cette partie marginale, que continue antérieure¬ ment la partie complètement libre et flottante de la corde, est divisée longitudinalement en deux par un sillon, ce qui fait comme deux cordes superposées. On peut se rendre compte de cette disposition dans les deux schémas ci-joints (fig. 3 et 4). Tenseur des cordes. — Au point d’union des parties antérieure Fig. 3 et 4. — Coupes schématiques de la chambre laryngo-trachéale : A, en arrière; B, en avant. a, cartilages aryténoïdes; c, cartilage cricoïde ; c. v., cordes vocales. Ces coupes sont faites suivant les plans a (3 de B (fig. 2). et postérieure des cordes, sont fixés à ces dernières deux petits rubans musculaires (un pour chaque corde), qui vont se ratta¬ cher un peu plus en arrière au bord inférieur et latéral du car¬ tilage aryténoïde correspondant (fig. 5). J’ai appelé ces muscles tenseurs de la corde vocale. La nature musculaire est nettement démontrée par l’examen histologique. Il ne semble pas que Gaupp ait vu ni décrit ces deux petits muscles. Voici, en effet, la description qu’il donne des cordes pour la partie qui nous intéresse : « Toute la partie supérieure de la pars basalis est L'APPAREIL GLOTTIQUE DE LA GRENOUILLE 5 lisse, l’inférieure est partagée en une partie antérieure et une postérieure par un repli de la muqueuse. Ce repli, qui peut être désigné sous le nom de frenulum labii vocalis, se continue jus¬ qu’à la partie inférieure libre de la pars marginalis. Comme cela a été mentionné à propos du dilatator laryngis, rayonne Fig. 5. — Schéma de la fente glottique vue par dessous après destruction du plancher de la chambre laryngo-trachéale (partie antérieure en haut de la figure). a, cartilages aryténoïdes; c, cartilage cricoïde ; c. t’., cordes vocales; m. t., muscle tenseur. de ce muscle un tendon s’attachant à ce frenulum et qui pourra tirer en dehors la partie moyenne de la lèvre de la glotte et ouvrir ainsi la rima glottidis. » Si nous comprenons bien, là où nous décrivons un muscle tenseur des cordes (tension véri¬ fiée d’ailleurs par l’expérimentation physiologique), Gaupp voit un simple tendon qui, commandé par le dilatator laryngis, produit par traction sur le bord des lèvres de la glotte l’ouver¬ ture de la fente glottique. Un autre point que Gaupp n’a pas fi ÉTUDES SUR LE LARYNX ET PLUS PARTICULIÈREMENT vu, si l’on sc rapporte à sa description des lèvres de la glotte, c’est que la partie antérieure des cordes est complètement libre et détachée de la face inférieure de l’aryténoïde, auquel est attachée au contraire la portion basale de la partie postérieure. Voici ce qu’il dit, en effet : « L’appareil propre de la voix consiste en deux cordes vocales (c’est moi, d’ailleurs, qui ai démontré le rôle des cordes dans le coassement), entre lesquelles est la rima glottidis. On peut distinguer dans la corde une partie basale fixée à l’aryténoïde et une partie marginale libre : c’est entre les bords de cette dernière que s’ouvre la fente glottique. » Innervation de l’appareil vocal. — Le muscle tenseur des cordes vocales est innervé par une branche du laryngé, que j’ai montré depuis longtemps être unique chez les vertébrés à partir du groupe des oiseaux (3) ; mais, la tension des cordes peut encore se produire par un autre mécanisme, qui est la contrac¬ tion des muscles pétrohyoïdiens. On peut donc faire entrer dans l’innervation de l’appareil vocal de la grenouille les filets dont l’excitation produit la contraction de ces muscles et qui sont les filets pétrohyoïdiens émanés directement du tronc du pneu¬ mogastrique (4). Conclusions. — i° L’appareil glottique de la grenouille dé¬ pend uniquement du système aryténoïdien : la fente glottique occupe une position dorsale sur le plancher buccal ; 2° Il existe deux glottes : une supérieure intercartilagineuse exclusivement interaryténoïdienne, une inférieure interligamenteuse située entre les cordes vocales purement conjonctives ; celles-ci sont elles-mêmes partiellement dédoublées par un sillon longitu¬ dinal ; 3° La partie postérieure des cordes est lixée à la fois en arrière et en dessous des aryténoïdes, la partie antérieure exclu¬ sivement en avant ; la première a donc seulement un bord libre, la deuxième est, au contraire, entièrement flottante ; 4° Au point d’union de ces deux portions des cordes vocales (3) Sur l’innervation du larynx chez les vertébrés inférieurs (Ann. Soc. Linn. de Lyon, 1898). (4) Contribution à l’étude du pneumogastrique chez les vertébrés inférieurs (C. R. Soc. Biol., 1888). L'APPAREIL GLOTTIQl'E DE LA GRENOUILLE 7 s’insère de chaque côté et au bord externe un petit muscle (ten¬ seur de la corde), s’insérant, d’autre part, au bord inférieur et latéral du cartilage aryténoïde correspondant ; 5° L'innervation de l’appareil vocal est assurée, d'une part, par le nerf laryngé unique, d'autre part par les branches pétrohyoïdiennes du pneumogastrique. (Laboratoire de Physiologie générale et comparée de Lyon.) NOUVEAU VISCOS1MÈTRE HUGUES CLEMENT Préparateur de Physiologie générale et comparée. I.o grand inconvénient des viscosimètres actuels est la facilité avec laquelle ils s’encrassent et s'obturent. Celui que nous avons l’honneur de vous présenter se com¬ pose d’un tube capillaire d droit ou recourbé, portant un trait i, d'un manomètre métallique à maxima m, d'une soufflerie e, reliée, d une part, au tube capillaire, de l'autre, au manomètre. Pour expérimenter, il suffit d’aspirer le liquide à essayer jusqu'au trait i, puis d'écraser brusquement la poire de caout¬ chouc e' entre deux doigts. L’aiguille 6, alors mise en mouve¬ ment, entraînera l'index a d’autant plus haut que la pression aura été plus grande et le liquide plus visqueux. Bien entendu, pour être comparables, les essais se feront Soc. Linn., t. lxu, 1913 •> ]0 NOUVEAU VISCOSIMÈTRE coup sur coup, do façon à utiliser des circonstances atmosphé¬ riques aussi analogues que possible. 11 faut, pour chasser le liquide du tube capillaire, appuyer sur la soufflerie, non pas lentement, mais brusquement. C’est là un point capital. Av ec notre dispositif, les analyses sont rapides et, les liqueurs essayées ne séjournant pas dans le tube, ce dernier ne peut se boucher. Depuis celle communication, nous avons légèrement modifié l’appareil : un système à glissière permet de laisser tomber d’une hauteur constante un poids sur la soufflerie. NÉPENTHÈS ET DIGESTION ? PAIS Hugues CLÉMENT Préparateur de Physiologie générale et comparée. Si les plantes carnivores suscitèrent de nombreuses contro¬ verses, les conclusions émises peuvent toutes, du moins, se ramener à trois. Tandis que les uns aflirment l'existence d une véritable di¬ gestion, d'autres, à la suite du professeur Raphaël Dubois, met¬ tent les faits observés sur le compte d'une action microbienne. Certains, enfin, concilient les deux doctrines en déclarant : « II y a bien digestion, mais utilisant le secours des microbes. » Désireux de juger les faits par nous-mêmes, nous avons expé¬ rimenté à deux reprises sur les Népenthès d'une serre lyonnaise. Nos efforts tendirent avant tout à éliminer les causes de con¬ tamination. Chaque fois, nous stérilisâmes des petits cubes d'albumine, de 2 à 3 millimètres de côté, placés dans des récipients conte¬ nant quelques gouttes d’eau distillée pour éviter le dessèche¬ ment et permettre l’action normale des sucs. Les bouchons de coton furent soigneusement cardés, de ma¬ nière à permettre une introduction facile du liquide par simple perforation. f" série d'essais. 16 pipettes sont chauffées à l’autoclave ouvert après avoir été soudées d’un côté, et armées à l'autre bout d’une poire de compte-goutte maintenue écrasée par une pince. Après stérilisation par l'alcool éther et la flamme de l'exté¬ rieur des plantes, nous enfonçons les pipettes préparées dans huit urnes encore closes. 12 NÉPENTHÈS ET DIGESTION? Les autres pipettes servent à prélever le suc d'urnes ouvertes. Nos tubes à blanc d'œuf furent flambés du côté obturé par le coton , les pipettes, elles aussi passées à la flamme, furent introduites au travers de la ouate. Premiers Essais Trois jours après, le liquide des urnes ouvertes digérait déjà les cubes de blanc d'œuf. Longtemps plus tard, le suc des Xépenthès non éclos restait encore sans la plus légère action digestive. 2e série d'essais. Afin de pouvoir pousser plus loin l’étude des phénomènes observés, nous avons à nos compte-gouttes substitué de grosses XÉPENTHÈS ET DIGESTION ? 13 pipettes sans poires aspiratrices contenant 25o centimètres cubes et portées à plus de 3oo degrés. De tels récipients, par suite du vide intérieur, aspirèrent rapi¬ dement le contenu des urnes. Les précautions d’asepsie précédemment décrites furent à nouveau observées et, pour éviter toute contamination possible, 2e SÉRIE d’Essais chaque tube à essai surmonté de sa pipette fut roulé dans de la ouate purifiée. Comme la première fois, le suc des urnes ouvertes produisit une digestion rapide des cubes d’albumine. Celui des urnes fermées fut sans action aucune. Nous pouvons donc conclure que le liquide des Népenthès a besoin d’être contaminé pour détruire les matières albu¬ minées. li NÉPENTHÈS ET DIGESTION? Keste à savoir s'il y a superposition d'un phénomène micro¬ bien à un phénomène digestif. En chauffant à 70 degrés, nous avons tué des diastases, s’il en existait. Et alors, comme précédemment, le suc exposé à Pair translucida très vite les blancs d’oeufs après avoir émoussé les arêtes de leurs fragments. Il n'est pas douteux que des microbes spéciaux entrent en action, car, de l’eau précédemment polluée ne produit pas de résultats semblables. Nous dirons donc : i° Les urnes encore fermées contiennent un suc sans aucun pouvoir digestif ; 20 Les urnes ouvertes ont un liquide attaquant très vite l’al¬ bumine ; 3° Il ne s'agit pas d’une action diastasique combinée à une action microbienne, mais uniquement de phénomènes sep¬ tiques ; ■ p 4° Les microbes agissant sont des espèces spéciales, et non des types quelconques générateurs de la putréfaction. NOUVEAU RÉGULATEUR D’ÉTUVES PAR Hugues CLEMENT Préparateur de Physiologie générale et comparée. Tandis que les modèles de thermo-régulateurs pour étuves chauffées au gaz sont excessivement nombreux, il n'existe que fort peu d appareils électriques. Les premiers sont toujours basés sur la dilatation de corps par la chaleur (qu'il s'agisse de dispositifs à liquides, à mem¬ branes, à lames métalliques, le mécanisme est semblable). La dilatation positive ou négative du système rétrécit ou augmente l'orifice d'arrivée des gaz. s. Les seconds reposent sur l'ouverture et la fermeture alter¬ natives du courant. Le bain de paraffine de Regaud est connu dans tous les labotaroires. Notre modèle, excessivement simple, présente comme prin¬ cipaux avantages de pouvoir facilement s’adapter aux étuves existantes (Maury, par exemple) (i), de ne réclamer aucun ré¬ glage par tâtonnement, de ne pas s’encrasser, d'avertir, si on le désire, de tout arrêt de courant. Il se compose essentiellement d'un thermomètre métallique A (i) Il suffira d'enlever le tube à mercure et de relier un pôle du thermo¬ mètre aux supports de ce tube, l'autre pôle à la bague du pointeau. IG NOUVEAU RÉGULATEUR D'ÉTUVES portant deux aiguilles mobiles à volonté (l, 3) et une ai¬ guille (2) qui marque la température, — ces aiguilles doivent être en platine de préférence (2) — - ; d’un système bascula- teur X, mû par les électro-aimants E E. Soit une étuve à porter et maintenir à 26 degrés. Nous pla¬ cerons l’aiguille 1 sur 26. Toutes les fois que la température sera réalisée, l’aiguille thermométrique 2 actionnera par son contact avec l’aiguille 1 le système X, et le courant sera inter¬ rompu. Sitôt le degré désiré perdu, le système X replongera dans le mercure Hg, rétablissant le passage du courant, et ainsi de suite. D’autre part, un mécanisme analogue actionnera une son¬ nerie lorsqu’un accident se produira dans la canalisation, par simple contact de 2 et 3. Bien entendu, ce contact doit agir sur des piles, de façon à être indépendant du circuit chauffant. Ceci est très utile pour les couveuses artificielles, où les jeu¬ nes resteront préservés des dangers du froid. (2) Le platine est de beaucoup préférable aux autres métaux, lorsqu’il s’agit de forts courants capables de fondre par une seule étincelle des aiguilles de laiton, cuivre ou fer. ÉTUDE DES FERMENTS DANS LES GRAINES EN GERMINATION PAR E. COUVREUR Présenté à la Société Linnéenne, le 7 Juin igi5. Dans une note récente consacrée aux tubercules en germi¬ nation, dans l’espèce les tubercules de pommes de terre, nous avons établi les conclusions suivantes : à savoir que le ferment transformateur de l’amidon en sucre n’existe avant la germi¬ nation qu'à l'état de proferment, qu’il se rencontre au contraire dans les pousses et dans les tubercules d'un certain âge à l'état actif (1). Nous avons institué des recherches du même ordre sur les graines, dans le cas particulier graines de haricot, et voici les constatations que nous avons pu faire : i° On prend des haricots secs, on les broie avec de l'eau, on cherche aussitôt après le broyage la présence du sucre et du ferment sacchariliant dans l’eau : le résultat est négatif pour les deux substances ; il en est de même après avoir laissé les haricots tremper pendant deux heures. 20 On laisse les haricots vingt-quatre ou quarante-huit heures dans l'eau avant de les broyer (dans les premières expériences, ayant été gêné par des contaminations microbiennes, on se sert ultérieurement d’eau contenant du fluorure de sodium à 1 %, ce qui, sans gêner les actions diastasiques, met à l'abri de toute action des microbes). On essaie le liquide aussitôt après le broyage au point de vue sucre, on ne trouve rien ; le surlen¬ demain, le même essai est nettement positif. (1) E. Coinreur. Sur la germination des pommes de terre (C. R. Soc. Biol., 1913). Soc. Lixn.,t. lxii, 1915 3 18 ÉTUDE DES FERMENTS DANS LES GRAINES EN GERMINATION 3° On laisse les haricots dans l’eau lluorurée quatre-vingt- seize heures, soit quatre jours : morphologiquement, la graine n’a subi aucun changement ; le liquide, aussitôt après broyage, ne renferme pas de sucre, il en renferme le lendemain. 4° Les haricots sont laissés de cinq à dix jours dans l’eau : dans les haricots de cinq jours, la radicule se montre, dans ceux de dix jours le verdissement des cotylédons est net ; dans tous ces cas, le liquide où les graines ont été broyées donne immédiatement la réaction du sucre. On peut avec ce liquide, comme on le pouvait d’ailleurs avec celui des haricots de qua¬ rante-huit heures le surlendemain et avec celui des haricots de quatre-vingt-seize heures le lendemain, provoquer la transfor¬ mation de l’amidon cuit en sucre. La conclusion de ces constatations, c’est que seul un pro¬ ferment existe dans la graine avant la germination et que le ferment est, au contraire, actif pendant cette dernière. Cette conclusion est analogue à celle que nous avons pu tirer de nos recherches sur les pommes de terre. Nous avons fait enfin quelques recherches dans le même sens chez le marron d’Inde (Esculus hippocastanum) . Les cotylé¬ dons avant la germination ne renferment pas de sucre ; quand la graine germe, la gemmule en renferme en abondance, comme c’était le cas pour les jeunes pousses de pommes de terre, et on en trouve bientôt dans les cotylédons comme on en trouvait dans la masse totale du tubercule. Nous avons toujours un proferment se transformant en ferment et dont l’action se manifeste tout d’abord dans les régions où l’activité germi¬ native est réalisée au maximum : pousses de la pomme de terre, plantule du marron d’Inde. (Laboratoire de Physiologie générale et comparée de Lyon.) SUR LES “ CORPS VERTS ” DU VORTËX VIRID1S CONTRIBUTION' A L’ÉTUDE DE LA CHLOROPHYLLE ANIMALE PAR E COUVREUR Présente à la Société Linnéenne, le 5 Juillet igi5. La question de l’origine de la chlorophylle que l’on rencontre chez un certain nombre d’animaux appartenant à des groupes zoologiques divers, partage depuis longtemps les auteurs qui s’en sont occupé en deux camps. Le premier voit dans toute chlorophylle animale une chlorophylle d’emprunt due à des algues parasites ou symbiotiques, voire alimentaires, le deuxième admet que cette chlorophylle est l’apanage personnel de l’animal qui la renferme. Ajoutons que, dans quelques cas, on a été obligé de reconnaître que la matière verte renfermée dans un organisme animal n’est pas de la chlorophylle : un exemple frappant est celui de la Bonellie, dont la matière colo¬ rante étudiée par Sorby (i) et le professeur R. Dubois (2) a été nommée par ce dernier lluorochlorobonelline. M. J. Villard, dans une these récente (3), donne, avec d’inté¬ ressantes recherches originales, une bibliographie très complète (1) Sorby, On the colouring matter of Bonellia Viridis (Quart. Journ. Mic. Sc., vol. XV, 1875). (2) R. Dubois, Présence de certaines substances fluorescentes, etc. (A. F. A. S.. Lyon, 1906). (3) J. Villard, Etude de physiologie comparée sur le pigment chlorophyl¬ lien (thèse de doctorat ès sciences. Lyon, 1907). 20 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DE LA CHLOROPHYLLE ANIMALE de la question. Le résultat de ses études c’est que, dans le cas du Paramecium bursaria et du Stentor polytnorphus parmi les infusoires, de YHydra viridis parmi les cœlentérés, il s’agit d’algues du groupe des Zoochlorelles et jouant en fin de compte un rôle alimentaire. Il se montre beaucoup plus réservé dans ses conclusions con¬ cernant le groupe des Turbellariés, qu’il n’a pas d’ailleurs étu¬ dié personnellement. D’un examen judicieux des recherches de Haberlandt, Gamble et Keeble, ainsi que de Graff et de Ged- des et portant sur des Rhabdocœles (Convoluta roscoffensis, Mesostomum viridatum, Vortex viridis), il arrive à douter qu’il s’agisse là de Zoochlorelles, les corps verts « se rapprochant de plus en plus de l’aspect de gouttes oléiformes ». Ayant eu la chance de rencontrer, dans l’eau d’un fossé des environs de Sainte-Foy-lès-Lyon, d’assez nombreux exemplaires de Vortex viridis, j’ai pensé qu'il serait intéressant d’apporter une contribution à l’étude de ces rhabdocœles, dont j’ai exa¬ miné les corps verts au point de vue histologique, physiolo¬ gique et spectroscopique en les comparant à diverses algues unicellulaires des genres Protococcus, Chlorella, Euglena (quel¬ quefois on regarde les Euglènes comme des infusoires flagel¬ lâtes chlorophylliens). I. Examen histologique. — a) Sur l’animal frais et écrasé. Quand on écrase entre la lame et la lamelle un Vortex (taille 2 à 3 millim.), on voit s’échapper, ou rester au contraire rete¬ nus dans la trame de ses tissus, de très nombreux corpuscules verts de tailles très diverses, variant de 4 à 16 millièmes de millimètre. Il est impossible de déceler la moindre trace de membrane non plus que de noyau (l’absence de membrane est déjà admise chez les Convoluta : voir Bouvier, la Chlorophylle animale, in Bull. Soc. philom., Paris, 1892-1893 ; un noyau aurait été vu — Geddes Haberlandt — chez ces derniers). L’aspect du corpuscule, sauf une ou deux ponctuations, est absolument homogène et l’on n’y peut reconnaître les granu¬ lations qui caractérisent généralement le protoplasme de tout être unicellulaire ; en tout cas, il n’y a pas de pyrénoïde. La coloration uniforme, la masse chromatique ne remplissant cependant pas toujours l’ensemble du corpuscule, est bleu ver- CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA CHLOROPHYLLE ANIMALE 21 dàtre. Du fait que la coloration verte n'envahit pas tout le cor- puscule, on avait cru pouvoir conclure — Brandt (4) — à la nature cellulaire du corpuscule. Avec la notion que l'on a ac¬ tuellement du mode de formation de la chlorophylle dans le ehloroleueite, la constatation de Brandt perd toute valeur dé¬ monstrative. b) Avec réactifs. Si l'on se sert de matières colorantes tnous avons employé en particulier l hématoxylinc et le bleu dl nna), le corpuscule prend une teinte uniforme ; si l'on décolore par l'alcool, le corpuscule ne paraît pas plus granuleux qu'à l’état normal. Toutes autres sont les constatations que l’on peut faire sur des algues unicellulaires, dont les colorants accusent beau¬ coup plus nettement la membrane et le noyau, et la décolora¬ tion, les granulations protoplasmiques. Ajoutons que, malgré tous nos soins, nous n'avons jamais vu les corps verts se di¬ viser, ce qui est la règle au contraire chez les Protococcus et les Chlorella. Max Schultze, cité par Brandt, dit avoir vu la divi¬ sion chez les Vortex ; il a été sans doute induit en erreur par ce fait que la masse verte est parfois bi- ou tripartite dans le corpuscule, comme nous l’avons maintes fois vérifié nous- mème. Ces corpuscules, en détinitive, ressemblent beaucoup plus à des leucites qu'à des corps cellulaires ; c'est ce qu’avait déjà cru pouvoir conclure le professeur Dubois de recherches déjà anciennes entreprises par lui sur le Convoluta roscoffensis. Ajoutons que, pour beaucoup d’auteurs, les leucites se mul¬ tiplient par division ; la constatation des divisions ne prouverait donc rien quant à la nature cellulaire des corpuscules. II. Examen physiologique. — aj Obscurité. Les corps chloro¬ phylliens se décolorant d'habitude à l'obscurité ou quand on # N les place dans la lumière verte, nous avons installé sous une cloche noircie, sous un verre vert, et aussi, ce dernier n'étant pas absolument monochromatique, sous une solution de vert naphtol, quelques exemplaires de Vortex. Ces derniers, au bout de quinze jours et même de trois semaines et un mois, n'étaient aucunement décolorés. Certains auteurs auraient constaté la décoloration à l’obscurité des corpuscules verts du Vortex (V) Brandt, Ueber die morphologisehe und physiologische Bedeutung des C-hlorophylls bei Thieren (Arch. fûr M. und Phys., 1SS2). 22 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DE LA CHLOROPHYLLE ANIMALE (Graff au bout do sept jours : Monog. Turbcll ; R. Dubois, communication orale). La question est donc à reprendre. 11 ne faudrait pas d’ailleurs se hâter de conclure de la non-décolora- lion, que la substance verte des corpuscules n’est pas de la chlo¬ rophylle, car on sait que la chlorophylle peut se développer à l’obscurité chez des fougères, dans les cotylédons de certaines graines (courge, érable) et aussi dans les spores d ’Eqnise- tum (5). De plus, nous avons placé dans les mêmes conditions des Profococcus, des Chlorella et des Euglena, et ces petites algues, sûrement chlorophylliennes, étaient également encore vertes au bout de trois semaines d’obscurité. b) Dégagement d'oxygène. Geddes (6), dans ses études sur les Convoluta avait cru pouvoir conclure que ces petits vers dégageaient à la lumière de l’oxygène. Barthélemy (7), soumet¬ tant les expériences à un criticisme plus rigoureux, ne put s’expliquer l’azote des gaz dégagés par ces Turbellariés. Moi- même je n’ai pu constater aucun dégagement gazeux avec les Vortex, alors que la chose est très nette avec des Protococcus et avec des Euglènes. On peut objecter néanmoins que, les corps verts étant inclus dans la masse du Vortex, l’oxygène est utilisé par ce dernier au fur et à mesure de sa production. Je ferai remarquer que pourtant, chez les Euglènes, où le chro- matophore est au sein de la masse protoplasmique et très dis- 1 i net d’elle, on a cependant un dégagement gazeux ; de même dans les cellules des végétaux supérieurs, où les grains de chlo¬ rophylle sont isolés dans le protoplasma cellulaire. c) Formation d’amidon. Quand on traite des algues par l’eau d'iode, en particulier certaines algues unicellulaires comme les Closterium, 011 voit nettement, autour des pyrénoïdes du chro- matophore, les grains d’amidon, décelés par la coloration bleue caractéristique ; or, on ne voit pas trace d’amidon dans les corpuscules verts des Vortex. Geddes en décrit dans le Convo¬ luta (C. R. le. Sc., 1898), et Haberlandt (8) aussi, formant. (5) E. Couvreur, Sur la chlorophylle des spores d 'Equisetum (Ann. Soc. Linn., Lyon, ipo3). (G) Geddes, Sur la chlorophylle animale (Arch. Zool. Exp., t. VIII, 1S79- 1880). (7) Barthélemy, Sur la physiologie d’une planaire verte (C. R. Ac., i884). (8) Haberlandt, in 'on Graff, Orcj. Turbell.-Acœlci, 1891. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA CHLOROPHYLLE ANIMALE 23 dit ce dernier, une zone de granules autour du pyrénoïde. Je n’ai jamais pu en voir chez les Vortex. 11 ne faudrait pourtant pas se hâter de conclure qu’ils ne sont pas chlorophylliens, car avec l’eau d’iode, ou le réactif iodo-ioduré, on n’a non plus aucune coloration bleue avec les Protococcus, les Chlorella ni les Euglènes ; mais on a une coloration jaune foncé qui carac¬ térise un corps ternaire dit paramylon, qui est en effet la forme que revêtent les réserves hydrocarbonées dans ces algues. Quand on traite les corps verts des Vortex par les réactifs ci- dessus, le corpuscule jaunit légèrement mais ne prend pas la teinte foncée des cas précédents ; de plus, le jaunissement est homogène, tandis qu’il décèle des granulations chez les Pro- tococcus et les Euglènes. 11 ne semble donc pas qu’il se fasse dans les corpuscules verts des Vortex la moindre synthèse d’hy- drocarbonés, au moins sous les deux formes où on les ren¬ contre chez les algues : amidon et paramylon. III. Examen spectroscopique. — Ne disposant pour cet exa¬ men que d’un nombre restreint d’individus, j’ai dû me con¬ tenter de faire les essais au microspectroscope : je n’ai pu apercevoir la bande de Brewster. Je dois ajouter que je n’ai pu d’ailleurs la voir non plus par ce procédé, avec une préparation de zoochlorelles. Le fait n’est donc pas probant pour conclure à la nature non chlorophyllienne du pigment vert. Quand je pourrai me procurer un nombre suffisant de Vortex, je repren¬ drai cet examen macroscopiquement. Néanmoins, des constatations faites, on peut tirer, je crois, d’ores et déjà ces conclusions : Conclusions. — i° Les corps verts des Vortex sont-ils des algues unicellulaires P L’absence de noyau, de membrane, de structure granuleuse et les différences énormes de tailles entre les individus, permettent de répondre par la négative. Ajou¬ tons que, dans le groupe voisin des Convoluta, on ne peut les inoculer, fait constaté par Haberlandt. :>° Ces corps sont-ils des chloroleucites P L’absence à la lu¬ mière de dégagement d’oxygène et de formation do principes hydrocarbonés semble contredire également cette deuxième hy¬ pothèse. Ajoutons que, lorsque des œufs sont formés, ces œufs 24 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DE LA CHLOROPHYLLE ANIMALE ne l’enferment jamais de corpuscules verts. « Ces œufs, dit Graff, développent des Vortex incolores » ; il en conclut à la nature parasitaire ou symbiotique des corpuscules. Mais, qui ne sait que les végétaux verts ont leurs premiers stades de déve¬ loppement achlorophylliens. Les corpuscules verts des Vortex sont très probablement des formations protoplasmiques analogues aux leucites, avec la structure vacuolidairc reconnue à ces derniers par le professeur IL Dubois. Mais, si ce sont des ehromoleueites, ce ne sont vraisemblablement pas des chloroleucites. Le fait que l'on voit des Vortex se diriger du côté de la lumière n’est nullement probant. Graff a vu, en effet, que des planaires incolores sont héliotropiques comme les vertes. Ayant reçu récemment de Roscoff des Convoluta, je publierai sous peu le résultat de mes études sur ces Turbellariés comparés aux Vortex et aux Euglènes. (Laboratoire de Physiologie générale et comparée de Lyon.) MOEURS MÉTAMORPHOSES DES INSECTES PAR LE CAPITAINE XAMBEU 1 6' MEMOIRE 4e Fascicule Présenté à la Société Linnéenne de Lyon. i. COLÉOPTÈRES Uiaolirouius germainis Ericiis. (Linné, Syst. natar .. II. p. 672.) Larve : Longueur 11 millimètres ; largeur 2 millimètres. Corps allongé, charnu, jaunâtre terne, lisse et luisant, cou¬ vert de courts cils roux épars, les latéraux plus allongés, con¬ vexe en dessus, subdéprimé en dessous, large et arrondi à la région antérieure, la postérieure atténuée et biiide. Tête bosselée, large, à front déprimé, avec cils épars, ligne médiane bifurquée, se confondant avec la couleur du fond, lisière frontale faiblement dentée, droite, confondue avec l’épi- stome et le labre ; mandibules courtes, fortes, arquées, dépri¬ mées, avec carène extérieure et dent interne noire ; mâchoires à tige allongée, à lobe petit, oblong, palpes intérieurs biarti- culés, l’article basilaire obconique, les extérieurs de trois arti¬ cles, le premier court, le deuxième plus allongé, obconique, le terminal acuminé ; menton court, lisse, convexe, lèvre infé¬ rieure bilobée avec palpes biarticulés, l’article basilaire long, obconique, divergent, le terminal coudé vers l’intérieur ; an¬ tennes de quatre articles rougeâtres, à base noirâtre, le premier long, le deuxième un peu moins à bout renflé tricilié, le troi- Soc. Linn., t. lxii, i 9 1 4 2G MŒURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES sième à boni échancré pour recevoir un court article supplé¬ mentaire, le quatrième petit, tricilié ; ocelles, un point noir confus de quatre granules en arrière de la base antennaire. Segments thoraciques courts, larges, transverses, le premier bien développé, à bord antérieur marginé, strié, orné de deux grosses taches médianes noires, les deuxième et troisième plus courts, lisses, luisants, à flancs ciliés. Segments abdominaux courts, transverses, convexes, luisants, à flancs ciliés, atténués vers l’extrémité qui se prolonge par deux longs styles ciliés, convergents. Dessous diversement incisé, les flancs relevés en léger bour¬ relet ; pseudopode court, conique, à fente en long. Pattes noirâtres, courtes, fortes, ciliées et spinulées, hanches larges, trochanters courts, cuisses larges, comprimées, à bord dentelé, tarses rougeâtres avec onglet bifide. Stigmates petits, orbiculaires, flaves, à péritrème roussâtre, la première paire sur le bourrelet de séparation latéral des deux premiers segments thoraciques, les suivantes au-dessus du bour relet latéral et au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. Cette larve se fait remarquer, comme la plupart des larves ripicoles fouisseuses de la famille des Carabiques, par sa grosse tète déprimée, par ses fortes mandibules, par les deux taches noires de son premier segment thoracique, par ses pattes cour¬ tes et fortement armées. N'est pas rare dans les environs de Ria ; on la trouve dans les lieux frais et humides, où elle fait la chasse aux petits vers et aux tendres mollusques qui hantent ces lieux et y abondent. Adulte : On le trouve dans les mêmes conditions que la larve, mais épars et toujours isolé, aux premières belles journées du printemps. I*lii lotit litis fuscus Grav. (Fauvcl, Faune gallo-rlién., 1874. XVI, p. 45o.) Larve : Longueur 5 à 6 millimètres ; largeur 1 millimètre. Corps allongé, linéaire, grêle, finement pointillé, avec courts cils roux, convexe en dessus, un peu moins en dessous, à région MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 27 antérieure étroite, arrondie, la postérieure subatténuée et pro longée par deux styles. Tête grande, quadrangulaire, cornée, rougeâtre, lisse et lui¬ sante, avec cils latéraux épars, disque biincisé, épistome et labre confondus avec la lisière frontale qui est courtement bidentée ; mandibules longues, arquées, falciformes ; mâchoires comme dans les larves du genre ; antennes courtes, ciliées, testacées, aux deux premiers articles obconiques, avec court article sup¬ plémentaire ; ocelles, deux petits points noirâtres. Segments thoraciques jaunâtres, convexes, avec cils latéraux épars, couverts d'une plaque jaunâtre, lisse et luisante, le pre¬ mier grand, séparé de la tète par une petite collerette, deuxième et troisième courts, égaux, transverses. Segments abdominaux jaunâtre terne, subconvexes, avec courts poils sur les côtés, peu atténués vers l’extrémité, les huit premiers à peu près égaux, le neuvième petit, prolongé par deux longs styles ciliés et biarticulés. Dessous de la tète rougeâtre, des segments abdominaux jau¬ nâtre terne, diversement incisés ; pseudopode long, tubuleux, brunâtre. Pattes allongées, jaunâtres et ciliées, hanches épaisses, tro¬ chanters courts, cuisses et jambes comprimées, tarses en court onglet noirâtre. Stigmates très petits, orbiculaires, flaves. à péritrème roux doré ; la première paire sur la membrane de séparation latérale des deux premiers segments thoraciques, les suivantes au-dessus du bourrelet latéral et près du bord antérieur des huit premiers segments abdominaux. Cette larve se fait remarquer par sa gracilité, par sa double incision crânienne, par la forme de ses articles antennaires : nous la tenons de la générosité de notre estimable collègue M. H. du Buysson. qui l'a prise en mai à Brout-Yernet (Allier'*, dans un nid d étourneau, construit dans l’intérieur d’un frêne creux, à la hauteur de 7 mètres : sa transformation a lieu au milieu des débris qui ont servi à la confection du nid de l’oi¬ seau. Cette larve prend place à la tète des larves de Philonthus à lisière frontale bidentée. Adulte, au printemps comme en automne, dans les bolets, Soc. Linx., t. nu, 1915 4* 28 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES [INSECTES dans le terreau des vieux arbres décomposés, dans les nids, dans les forêts, on le trouve, mais pas communément. D’après M. H. du Buysson, la larve du Philonthus fuscus aurait pour parasite le ver de Mydea Querceti, Bouché. La biologie de cette espèce aurait été publiée par Joy (Ent. Monthly magazin, 1906), qui a élevé la larve ; puis par un auteur allemand, qui a publié quelques notes dans Entomol. Bliitter, 1908-1910. Catops lougulus Kellm. Larve : Longueur 3mm5 ; largeur omm8. Corps allongé, linéaire, charnu, blanc jaunâtre, courtement cilié, convexe en dessus, déprimé en dessous, à région anté¬ rieure large, arrondie, la postérieure atténuée et prolongée par deux longs filets. Tête large, arrondie, ciliée, disque relevé, ligne médiane bi- furquée ; épistome et labre courts, lisière frontale arrondie ; les autres parties de la tête et du corps comme dans les larves du genre. Cette larve, que nous tenons obligeamment de M. Henri du Buysson, a été trouvée en mai, aux environs de Clermont-Fer¬ rand, à Orcives, sous des peaux de lapin déposées comme appât, par M. Gabriel Teilhard de Chardin. Adulte : Fréquente, en mai et en juin, les lieux où se sont accomplis ses premiers états ; n’est pas très commun. CAS PARTICULIER D'APPARITION DES INSECTES Silplia triitia Ili.ig. * Un 6 juilet, à 5 heures du soir, dans un jardin, une larve de Silphe, à corps noir, à tête brunâtre, en quête d’un abri pour opérer sa transformation, rencontre sur son trajet un passage rendu légèrement frais par une petite source ; elle avance jus¬ qu’à l’élément humide, plonge sa bouche dans l’eau qu’elle aspire durant un petit quart d’heure, puis recule un peu et, MOEURS ET METAMORPHOSES DES INSECTES 29 par un demi-tour adroitement exécuté, met son extrémité posté¬ rieure en contact avec le bord du filet de l’eau : saturée ainsi et par la bouche et par le tube anal ou pseudopode, elle quitte la place, lieu de ses délices, pour reprendre sa course. Ce fait d’une larve cheminant à découvert, en plein jour, est un cas assez fréquent parmi les larves terrestres, et en parti¬ culier carnassières, et en voici la raison : tout ver, toute larve arrivés à l’apogée de leur puissance, sont incités, par un besoin irrésistible, à se chercher un lieu sur, à l’abri, où ils puissent sans danger accomplir les phases successives qui sont les pré¬ ludes de leur transformation ; ce point atteint, larve ou ver s’enterrent peu profondément dans le sol, s’v ménagent une loge oblongue dont elles lissent les parois, puis prennent posi¬ tion, cessent tout mouvement et, dès lors, ont lieu des vifs mouvements de contraction suivis de dilatation, à la suite des¬ quels le masque larvaire tombe, donnant ainsi passage à un être ne ressemblant en rien, ni comme couleur ni comme forme, au protée dont il est issu. Et voilà comment, les mères, dans la série entomologique des insectes à métamorphoses complètes, au moment où il le fallait le moins, sont poussées, par une force naturelle, à ac¬ complir un besoin qui les expose à des accidents et met leur vie en danger, en se faisant voir en plein jour à la vue de leurs ennemis ; tel était le cas particulier de la larve de Silphe, dont nous nous occupons. La nature n’a rien fait en vain ; comment se fait-il cependant que, dans des cas pareils, elle abandonne à leur peu enviable sort les femelles dont le rôle est d’assurer la rénovation de l’espèce ; ce serait, ce nous semble, le moment ou jamais de leur venir en aide, de les protéger. Nous avons fait connaître la vie évolutive de la larve de cette espèce dans notre onzième mémoire, 1891, II, p. 44- Les détails particuliers exposés à l’égard de la Silpha tristis sont les mêmes et se reproduisent de la même manière à l’égard de la Silpha carinata, que l’on trouve sur les pâturages de la maison forestière de Belage et du Col de Tourn, des environs de Ria. 30 MŒURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES lloinaloplia ruricola Fab. Dans notre deuxième mémoire (189/1, PP- 3i à 35), nous avons décrit la larve ainsi que la nymphe de cetle espèce, en même temps que des traits de mœurs particuliers ; par la pré¬ sente note, nous complétons ces renseignements concernant l’adulte. C’est entre 8 et 9 heures du matin, au moment où le soleil darde ses chauds rayons, que l’adulte est le plus agile, la cha¬ leur a pour effet de provoquer, d’exciter l’ardeur des deux sexes ; l’adulte, jusqu’alors dissimulé dans le gazon, prend son essor de son vol bas, aussi incertain que mal assuré, il vole à la recherche de l’un de ses semblables avec lequel il puisse s’accoupler ; la copulation, qui a lieu selon les règles ordinaires, dure de cinq à dix minutes ; la femelle, immobile, accroupie contre le sol au pied des végétaux, aide à l’intromission du pénis, par des poussées latérales répétées, le mâle introduit ses organes génitaux dans le vagin de la femelle ; ainsi a lieu la copulation, puis le couple se dissimule sous le gazon et se dis¬ joint ensuite. Une espèce de Diptère du genre Asilus, VA. pilipes, Meig., épie le vol de l’adulte, il cherche à s’en emparer, mais presque toujours sans succès ; lorsqu’il réussit, le Diptère a de la peine à enlever sa victime, qui lui échappe souvent pour tomber sux- le sol : cette prise de corps est sensible à l’insecte, qui fait le mort en cessant pendant quelque temps tout mouvement, puis timidement, après avoir fait quelques pas, il reprend son vol ; lorsqu’il est menacé d’être saisi par la main de l’homme, il évite le danger en s’envolant ou en se laissant tomber sur le sol. Xestobium lesielatun». (Fabricius, Ent. sijst., I, p. 26G.) Larve : Longueur 8 millimètres ; largeur 3 millimètres. Corps arqué, mou, charnu, blanchâtre, pointillé, ridé, cou¬ vert de courts cils roux et de courtes spinules rousses, convexe en dessus, un peu moins en dessous, arrondi vers les deux ex¬ trémités, la postérieure faiblement mamelonnée. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 3i Tête petite, jaunâtre, arrondie, diversement incisée, éparse- ment ciliée ; épistome rougeâtre, à milieu incisé, labre court, courtement frangé, mandibules fortes, rougeâtres, arquées à milieu incisé, à base rougeâtre, à pointe noire et bidentt e ; mâchoires courtes, fortes, rougeâtres, lobe pectiné, palpes de trois articles coniques, menton charnu, lèvre bilobée, courtr. palpes biarticulés et rudiment de languette ; antennes rétrac tiles, très courtes, coniques de trois articles rétractiles ; ocelles sans traces ni vestiges. Segments thoraciques blanchâtres, fortement convexes, cou¬ verts de courts cils roux et d’une rangée de courtes spinules rousses, le premier transversalement incisé, par suite formé de deux bourrelets, les deuxième et troisième avec incision trans¬ verse relevant l’arceau en trois bourrelets, leurs flancs membra¬ neux, ciliés. Segments abdominaux arqués, blanchâtres, les sept premiers avec rangée transverse de courtes spinules rousses, bitransver- salement incisés, par suite formés de trois bourrelets, les flancs membraneux, ciliés, huitième avec une seule incision et rangée de spinules, neuvième grand, densément cilié de roux. Dessous déprimé, non incisé, non cilié, segment anal faible¬ ment mamelonné, fente anale bivalve, à commissures brun⬠tres ; un double bourrelet latéral longe les flancs. Pattes courtes, roussâtres, ciliées, hanches et trochanters très courts, cuisses et jambes subcomprimées, onglet tarsal bru¬ nâtre, aciculé. Stigmates petits, orbiculaires, flaves, à péritrème doré, la première paire sur le mamelon de séparation des deux pre¬ miers segments thoraciques, les suivantes au-dessus du bour¬ relet latéral et au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux. C’est dans les vieux troncs d’arbre, complètement vermoulus, que travaille cette larve, vivant de la matière lignivore qu’elle ronge en galeries courbes, dont l’extrémité plus développée sert à la larve à opérer sa transformation en nymphe, ce qui a lieu en avril et en mai : c’est en nombre qu’on la trouve en hiver dans ces vieux bois sans emploi. Nymphe : Longueur 637 millimètres ; largeur 2 millimè¬ tres. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES UES INSECTES 32 Corps allongé, peu arqué, mou, charnu, finement ridé, très courtement cilié, convexe en dessus, un peu moins en dessous, arrondi à la région antérieure, la postérieure un peu moins atténuée et arrondie aussi. TêAe petite, arrondie, affaissée, front convexe ; premier seg¬ ment thoracique large, clypéiforme, deuxième court, trans¬ verse, troisième plus grand, lisse, luisant, à milieu incisé ; seg¬ ments abdominaux courts, transverses, les flancs des sept pre¬ miers relevés en une légère apohyse arrondie, courtement ci¬ liée ; segment anal à bords déprimés ; antennes noduleuses ar¬ quées, leur bout reposant près des genoux des deux premières paires de pattes, genoux en légère saillie, segment anal qua- drilobé. Cette nymphe repose dans sa loge sur la région dorsale, elle peut imprimer à ses segments abdominaux de légers mouve¬ ments lui permettant de se défendre dans son réduit. La phase nymphale dure une quinzaine de jours, puis l’adulte formé attend de longs jours encore avant de quitter son réduit, où il se plaît à stationner. Adulte : N’est pas rare au printemps ainsi qu’en été, partout où sont de vieux bois vermoulus emmagasinés dans des lieux frais et sombres : vole et s’accouple de nuit. Xylo|>ertlia Clievrlerl A illa. (' Coléoptères , Supplément i , p. 4g.) Laine : Longueur 4-5 millimètres ; largeur i millimètres. Corps complètement arqué, mou, charnu, blanchâtre, cou¬ vert de très courtes soies rousses, convexe en dessus, déprimé en dessous, à région antérieure renflée, la postérieure arrondie et trilobée. Tête petite, arrondie, en partie enchâssée dans le premier segment thoracique, pointillée, striée, avec rangée transversc médiane d’assez longs cils roux doré, disque convexe, ligne médiane bifurquée, obsolète, lisière peu échancrée, subdentée de chaque côté de la base des mandibules, avec tache jaunâtre cornée en dessous de chaque dent ; épistome semi-circulaire, lisse, flavescent ; labre semi-elliptique frangé de courts cils MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 33 dorés ; mandibules courtes, robustes, à base rougeâtre, trian- gulairement excisée, à extrémité noire et largement arrondie avec faible rainurelle extérieure ; mâchoires rougeâtres, ciliées, à tige rougeâtre et renflée, lobe petit, continu, arrondi, couvert de ti'ès courtes soies roux doré ; palpes maxillaires droits, rou¬ geâtres, les deux premiers articles moniliformes, le troisième petit, conique ; menton grand, (lave, carré ; lèvre inférieure roussâtre, bilobée ; palpes droits, petits, Inarticulés, l’article basilaire renflé, moitié moins long que le terminal, qui est conique et rougeâtre ; languette large, arrondie, frangée de courtes soies roux doré ; antennes coniques, assez longues, émergeant entre les deux plaques sous-mandibulaires, le pre¬ mier article flave, troneonique, le deuxième rougeâtre, à milieu renflé, à base ciliée, troisième très petit, accolé à un poil sétifère qui le fait paraître bifide ; ocelles sans traces. Segments thoraciques charnus, blanchâtres, larges, courte- ment ciliés sur le disque, le premier grand, fortement convexe, lisse, très faiblement strié, à flancs triangulairement incisés, le côté antérieur de l’angle marqué d’un trait rougeâtre, à flancs boursouflés et plus longuement ciliés, à bord antérieur éclian- cré, une fois plus large que la tète et aussi long que les deux suivants réunis, qui sont moins larges, transverses et coupés par deux incisions qui provoquent la formation de trois bour¬ relets à flancs tuméfiés. Segments abdominaux entièrement arqués, convexes, blan¬ châtres, avec ligne médiane à fond jaunâtre, à milieu très cour- tement cilié de roux, les côtés avec cils plus longs, diminuant sensiblement vers l’extrémité, les six premiers transversalement incisés, formés de trois bourrelets, le médian entier, les autres secondaires, septième et huitième lisses, avec faible incision médiane, neuvième entier à extrémité largement arrondie, tri¬ lobée, avec plus longs cils. Dessous du premier segment thoracique tuméfié, les deuxième et troisième diagonalement incisés, les huit premiers segments abdominaux diagonalement incisés, par suite formés d’un petit bourrelet médian et de deux latéraux, neuvième petit, arrondi, à fente longitudinalement oblique : un double bourrelet latéral, proéminent et cilié, longe les flancs. Pattes grêles, membraneuses, allongées, très longuement ci- 34 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES liées de roux, cuisses et jambes longues, comprimées, hanches courtes, trochanters géniculés ; tarses en forme de courte épine droite, rougeâtre, très acérée à la première paire de pattes seu¬ lement, aux deux autres paires est un verticille de cils. Stigmates transversalement ovalaires, flaves, à péritrème corné et roussâtre, la première paire au bord postérieur du pre¬ mier segment thoracique, au-dessus du bourrelet latéral, les suivantes plus petites, de couleur moins accentuée, au tiers antérieur des huit premiers segments abdominaux et dans l’ex¬ cavation du double bourrelet latéral. Les plaques sous-mandibulaires et sous-maxillaires, le trait rougeâtre de l’incision triangulaire du premier segment, l’ab¬ sence de tarses aux deuxième et troisième paires de pattes, la fente anale longitudinalement oblique constituent une série de caractères particuliers à cette espèce, dont l’existence se passe dans les tiges et dans les branches du laurier, qu’elle ronge en longues galeries longitudinales peu sinueuses ; nombre de lar¬ ves vivent côte à côte sans que leurs passages arrivent jamais à se confondre, l'instinct oblige chacune d’elles à reprendre une direction opposée au travail de cheminement de la voisine, et le travail d’une ponte entière se trouvant presque toujours à la meme hauteur dans l’intérieur de la branche, on voit quel¬ quefois des légères déviations de direction produites par une larve se répercuter chez les voisines de ce même côté ; dans son réduit, la larve y travaille le corps droit, mais au repos comme lors des changements de peau, c’est la position arquée que la larve affectionne ; les déjections dans les galeries sont tassées avec un soin particulier et assez dures pour empêcher l’entrée d’un ennemi venant du dehors ; issue en automne, la jeune larve progresse de longs mois, sans jamais cesser de ronger, si ce n’est dans l’entre-temps des mues ; en mai, au fond de sa galerie dont l’extrémité est parabolique et dirigée vers l’extérieur, elle se transforme en nymphe dans une loge oblongue, dont elle lisse les parois extérieures. Nymphe : Longueur 4 à 5 millimètres ; largeur imm2. Corps allongé, jaunâtre pâle, lisse et luisant, très légèrement arqué, convexe en dessus, déprimé en dessous, à région anté¬ rieure arrondie, la postérieure subatténuée. Tête déclive, détachée, lisse, front renflé, premier segment MŒURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 35 thoracique fortement convexe, quadrangulaire, les angles anté¬ rieurs aigus, les postérieurs arrondis, bord antérieur granu¬ leux, deuxième segment court, transverse, avec fossettes laté¬ rales, troisième un peu plus grand, à milieu incisé, fossette de chaque côté de l’incision ; segments abdominaux, les six pre¬ miers courts, transverses, s’élargissant mais peu sensiblement jusqu’au septième pour s'atténuer ensuite vers l’extrémité, tous très légèrement ridés avec ligne médiane pâle et flancs très courtement ciliés, neuvième petit à bout arrondi ; dessous dé¬ primé, segment anal renflé, genoux peu saillants ; antennes noduleuses, obliques, leur bout venant s’appuyer sur les genoux de la première paire de pattes. Cette nymphe peut imprimer à ses segments abdominaux de légers mouvements défensifs, elle repose dans sa loge sur la région dorsale, la dépouille larvaire acculée à l’extrémité du réduit. Adulte : Ne quitte que rarement sa galerie ; quand arrive le moment de la ponte, la femelle choisit une tige, un rameau, une branche, pénètre entre le liber et l’aubier, creuse circulai- rement une galerie, de chaque côté de laquelle sont déposés les œufs, puis elle revient au trou d’entrée, qu’elle bouche au moyen de son corps, afin de garantir ainsi l’existence de la génération dont elle vient de déposer le germe, et meurt en¬ suite, son corps continuant à boucher le trou d’entrée, et c’est ainsi que les arbres qu’elle a perforés perdent le peu de sève qui circulait encore dans leurs canaux et achève leur ruine ; plusieurs femelles travaillant de pair sur le même pied, la même branche, le végétal se trouve ainsi irrémédiablement perdu. Mptns liololeueus Fald. Extension géographique Dans notre quatrième mémoire sur les Ptinides (Ann. Soc. Ent. Fr., 1894, p. 3o), nous avons donné quelques détails sur l'extension géographique du Mptus hololeucus dans le vieux monde ; nous complétons aujourd’hui ces renseignements, ex¬ traits d’une lettre que nous adressait l’éminent M. A. Giard, MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 36 professeur à la Sorbonne, que la mort a ravi à l’affection de ses parents et de ses amis. Cet insecte, après avoir été signalé à Calais par Reiche, y a été retrouvé par Bonnard (Catalogue cle Norguet, i863) ; il a été ensuite rencontré à Fives-lez-Lille (Lethiéry, in litteris) ; à Boulogne-sur-Mer, dans les tapis d’un hôtel, sans doute im¬ porté d’Angleterre (Stéphane Bazin) ; à Amiens, dans une mai¬ son du centre de la ville (Michel Dubois) ; à Péronne, dans la caserne (J. Villeneuve, Bull. Soc. Linn., 1892, p. 18). On en connaît aussi des exemplaires provenant de captures faites à Valenciennes et à Amin (Nord). Cette espèce s’avance lentement mais sûrement dans l’inté¬ rieur de notre pays ; il n’v aurait rien d’étonnant qu’avant peu elle ne fût signalée à Paris ou dans les environs ; quelle sera sa limite sud P C’est ce qu’il est difficile de prévoir pour le moment et ce qu’il sera intéressant de noter, l’insecte ayant une origine nettement septentrionale. Les lignes qui précèdent avaient été inscrites et envoyées à l’imprimeur ; nous les complétons par les renseignements sui¬ vants, que nous tenons de l’obligeance de M. Nicod, l’aimable secrétaire général de notre Société Linnéenne, auquel nous adressons nos meilleurs remerciements : Le Niptus hololeucus a été pris à Lyon, au nombre de douze exemplaires, par notre secrétaire général, dans une cave de la rue Centrale, en juin, puis en octobre ; onze dans les résidus d’un vase de fleurs, le douzième en plein jour, dans un atelier. Ainsi continue à s’étendre l’aire géographique de cette espèce. 2. LEPIDOPTERES Arctia luliricipeda S. V. God. (Berce, Papillons de France, II, p. 121.) Aux premiers jours de juillet, dans nos champs, dans nos jardins, on trouve cette espèce ; le mâle, au vol bas, se met en quête d’une compagne avec laquelle il puisse s’accoupler. MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 37 L’acte de la génération a lieu de nuit, les préludes en sont courts, quelques battements d’ailes accompagnés d’un mouve¬ ment vibratoire des antennes, et le mâle monte sur le dos de sa femelle ; une fois les organes génitaux e.n contact intime, le mâle, sans se désunir, quitte la position de superposition pour se mettre bout à bout par juxtaposition avec sa femelle, et le couple gagne alors un abri, le dessous d'une pierre, le bas d’une touffe, et se continue ainsi l’acte de la copulation, qui dure la nuit et la journée du lendemain ; le mâle, épuisé, se détache, son rôle est achevé ; à la femelle, dès lors, à assurer l’œuvre de la rénovation de l’espèce en déposant sa ponte en lieu sûr, sous feuille, sous tige, sous pierre, laissant au créateur le soin de faire éclore sa nitée. Œuf : Longueur omm5 ; diamètre omm4. Orbiculaire, verdâtre, luisant, finement pointillé, à pôles ar¬ rondis, à coquille assez résistante. Pondus au nombre de deux cents environ, par petits groupes éparpillés, ils éclosent une huitaine de jours après, donnant naissance à une jeune chenille, allongée, brune, velue, à tète jaunâtre, dont la préoccupation première sera de faire dispa¬ raître à son profit la coquille de l’œuf qui fut son berceau ; vive et alerte, elle se met à la recherche des plantes basses, qui constituent le fond de sa nourriture et, comme elle est poly¬ phage, toute plante lui est bonne ; c’est du parenchyme des feuilles que, jeune, elle s’alimente ; l’été, l’automne se passent à fortifier son corps, l’hiver elle le passe dans l’inactivité ; au réveil du printemps, elle redouble d’activité, de sorte qu’en peu de temps elle atteint son complet développement ; alors, sous un tas de feuilles, sous une pierre, elle se file une coque légère, où elle se transforme ; une quinzaine de jours après, c’est-à-dire en juin, éclôt le papillon, que l’on ne trouve pas en nombre dans nos contrées roussillonnaises. Demlroplillus punctatiis Herbst. (De Marseul, Monog. Histérides, i858, p. 3o.) Larve : Longueur 4 millimètres ; largeur omm8. Corps allongé, parallèle, charnu, lisse et luisant, rougeâtre, 38 MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES couvert de courts cils roussâtres, convexe en dessus, subdé¬ primé en dessous, à région antérieure arrondie, la postérieure brunâtre et prolongée par deux grêles fdets. Tête petite, arrondie, lisse et luisante, éparsement ciliée ; épistome et labre confondus avec la lisière frontale, ligne mé¬ diane flave, bifurquée ; mandibules courtes, arquées, avec courte dent intérieure ; mâchoires courtes avec lobe et palpes réduits, lèvre inférieure et palpes Inarticulés ; antennes courtes, latérales, ciliées, de quatre articles, le troisième avec long article supplémentaire ; ocelles, un groupe de deux petits points noirs sis en arrière de la base antennaire. Segments thoraciques charnus, jaunâtres, avec cils épars et légère crête médiane transverse, s’allongeant en s’élargissant vers l’extrémité. Segments abdominaux jaunâtres, convexes, lisses, couverts de soies éparses, les huit premiers à milieu transversalement relevé en forme d’arête, diminuant de largeur vers l’extrémité, le neuvième couvert d’une plaque rougeâtre, terminé par deux courts filets biarticulés. Dessous subdéprimé avec longs poils épars, les flancs relevés en forme de léger bourrelet. Pattes courtes, rougeâtres, ciliées et spinulées, hanches cour¬ tes, massives, trochanters coudés, cuisses rougeâtres, jambes courtes, tarses en forme de court onglet brunâtre. Stigmates roussâtres à péritrème doré, la première paire sur le bourrelet de séparation des deux premiers segments thora¬ ciques, les suivantes sur le bourrelet de séparation des huit pre¬ miers segments abdominaux, près du bord antérieur latéral. Cette larve ne diffère que peu de celles du genre Hister, sa lisière frontale est arrondie au lieu d’être dentelée, elle porte deux petits ocelles en arrière de la base des mandibules : elle a été trouvée en grand nombre, en avril et en mai, dans le tronc d’un arbre creux habité par de jeunes chouettes. C’est à la générosité de notre savant collègue, M. Henri de Buysson, que nous la devons : elle vit de pair avec les larves de Mieroglossa gentilis Mark, Gnathoncus rotundatus, etc., dans les arbres du Vernet (Allier). MŒURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 39 Fiflonia plumlstarla Villiers. (Berce, Papillons de France, t. V, 1873, pl. liii, fig. 6.) Sur nos garrigues, sur nos coteaux de moyenne élévation où poussent en broussailles divers arbustes, dans toutes les contrées pyrénéennes, dès les premières belles journées de janvier, com¬ mence à apparaître la Fidonia plumistaria, joli petit Lépido¬ ptère, aux antennes plumeuses chez le mâle, filiformes chez la femelle. De jour, dès les premiers chauds rayons du soleil, le mâle prend son essor, il vole à la recherche d'une femelle avec la¬ quelle il puisse s’accoupler, à seul effet de régénérer sa propre espèce : de son vol bas et saccadé, il exploite les touffes des plantes basses jusqu’au moment où son sens olfactif lui fait découvrir la présence d’une compagne ; dès lors, son vol est plus précipité, ses ailes à mouvements plus prononcés ; la fe¬ melle, cramponnée le long d’une tige, attend dans cette posi¬ tion que le mâle vienne la féconder ; elle imprime à ses seg¬ ments abdominaux de vifs mouvements rotatoires ; aux pre¬ miers attouchements du mâle commence la copulation, les or¬ ganes génitaux entrent en contact, et cela jusqu’au moment où le pénis s’introduit dans le vagin qui le sollicite ; dans cette position de superposition, le couple se cramponne le long d’une tige et le coït se continue toute la journée, jusqu’à ce que le mâle ait épuisé ses réserves séminales ; alors seulement a lieu la disjonction des deux sexes ; le mâle épuisé, mourant, va non loin de là terminer les quelques moments qui lui restent à vivre, à moins qu’il ne soit au préalable happé par un oiseau ou par un batracien ; sa vie est achevée. La femelle, dès lors fécondée, se met en quête d’une première touffe de Dorycnium suffruticosum, sur laquelle commencera le dépôt de sa ponte, puis passe à une deuxième et, si c’est nécessaire, à une troisième touffe, jusqu’à complète évacuation de l’ovaire. Œuf : Longueur 2 millimètres ; largeur imm2. Ovoïde, verdâtre, granuleux, longitudinalement strié, à pôles arrondis, à coquille résistante, le pôle antérieur un peu plus MOEURS ET MÉTAMORPHOSES DES INSECTES 4 large que le postérieur, qui est un peu déprimé par son contact avec la lige qui le supporte. Pondus épars, au nombre d’une vingtaine environ, ils adhè¬ rent contre la lige de la plante nourricière, le Dorycnium suf- fruticosum, à l’aide d’une matière gommeuse, donnant la vie, une quinzaine de jours après, à une jeune chenille courte, cy¬ lindrique, jaune brunâtre, à tête bimarginée de noir. Vivant à découvert sur les tiges du Dorycnium suffruticosum, dont les feuilles lui servent de nourriture, cette chenille pro¬ gresse jusqu'au moment où, après plusieurs mues consécutives, parvenue alors à sa plus grande expansion, elle se façonne, à l’aide des brins de mousse et de débris végétaux reliés entre eux, une coque molle où clic se transforme en chrysalide ; une quinzaine de jours après a lieu l’éclosion. Le papillon vole avec vigueur, le matin, aux premiers chauds rayons du soleil et jusqu’à midi ; pour s’en emparer, il est pru¬ dent, lorsqu’il s’est levé, de le laisser poser sur une touffe, puis de poser prudemment le Filet sur lui. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE QUATRIÈME FASCICULE DU XVIe MÉMOIRE Coléoptère* 1. Diachromus germanus Erichs. Larve . 2.") 2. Philonthus fuscus Grav. Larve . 2G 3. Catops lonyulus Kellm. Larve . 28 Silpha tristis Illig. Apparition . 28 5. Homaloplia ruricola Fab. Apparition . 3o G. Xeslobium tesselatum Fab. Larve . 3o Nymphe . 3?. 7. Xyloperlha Chevrieri Villa. Larve . 3a Nymphe . 34 8. Xiptus hololeucus Fald. Extension géographique . 35 Lépidoptère* 10. Arctia luhricipeda S, V. God. Ponte . 3G 11. Dendrophilus punctatus Ilerbst. Larve . 3y 12. Fidonia plumislaria Villar. Ponte . 3•£•3 es _ rt — £ i g S.i.S — 2 4> - 3 1 ■° §. Passent en alcalinisant la solution al¬ coolique acide du rouge au vert en pas¬ sant par le acides en excès ug is sent acides en excès décolorent seules couleurs nettes suivant la< réaction rouge et vert violet et le bleu. la couleur /«! persiste ^ après broyage à I l’alcool \a., P la couleur disparait après broyage à l'alcool Fleurs blanches ou jaunes à solution alcoolique décolorée par un acide et jaunissant fortement par un alchli. série Fleurs toujours jaunes, ne changeant pas de couleur suivant 15 la réaction, a pigment soluble dans la benzine. EXEMPLES Rose trémière. Pivoine, etc. Hémérocalle. Saponaire, etc. Roses saumon. Quelques dahlias Géranium rouge. Pavot rouge, etc. Dahlias blancset jaunes. Œillets blancs, etc. Pissenlit. Soleil, etc. Ces faits nous permettent de comprendre, dans le cas des Heurs de la série A, comment peuvent se produire, sans qu ou soit obligé de supposer plusieurs pigments différents : i° une coloration non uniforme de la Heur à un moment donné , ■>° un changement de couleur suivant l’âge. Pfeffer (2) avait déjà fait remarquer que, dans la cellule vivante, la réaction du suc cellulaire peut être mise en évidence par les pigments dis¬ sous dans le liquide des vacuoles : le rouge de la rose indique une réaction acide, le bleu de la campanule une réaction neutre ou faiblement alcaline. « 11 peut se produire spontanément, dit-il, des changements de coloration ; ainsi, les fleurs des Pul¬ monaires, d’abord rouges, bleuissent ensuite. » Nous avons fait la même remarque pour beaucoup d’autres fleurs. 11 est enfin un fait, à notre avis, très intéressant : c est celui constaté chez l’Hortensia. On sait que la fleur de cette plante, d abord verte, puis rose, reverdit ensuite quand elle est, comme l’on dit, passée. Dans le premier stade et dans le troisième, la spectro- seopie permet de reconnaître très facilement la présence de la 1 :!) Pfeffer, Untersuchutigeti a. d. Bot. Inst. (Tübingen, 1886, vol. 11). SIR LES PIGMENTS FLORAUX 69 chlorophylle, dont il n’existe pas de trace au stade deux. Cela tendrait à faire supposer une relation entre la chlorophylle et le pigment rose. Cette relation de la chlorophylle et des pig¬ ments non verts serait peut-être assez générale, beaucoup de fruits, cerises, fraises, prunes, abricots, etc., étant verts et chlorophylliens avant de prendre leur teinte caractéristique. (Laboratoire de Physiologie générale et comparée de Lyon.) CONTRIBUTION A I.’ÉTUIIË DE LA C H LO K O P H Y l.LE AN I M A LF. (2e Note) PAR E. COUVREUR Présenté à la Société Linnéenne, le n octobre 1910. Dans une note récente, je faisais la comparaison des corps verts contenus dans les tissus d'un ver turbellarié, le Vortex viridis, avec un certain nombre d’algues unicellulaires, et aussi ÏEuglena viridis, petit organisme qui, pour les uns est une algue, pour les autres un infusoire tlagellate ; j'en concluais que ces corps verts ne sont certainement pas des algues (1). Grâce à un envoi abondant que j'ai reçu récemment de Ros- coff, j'ai pu étendre la comparaison aux corps verts d'un autre turbellarié, le Convoluta roscoffensis, et faire une étude détail¬ lée de ceux-ci, qui ont d'ailleurs été déjà l objet des recherches de Schultze, de Brandt, de Haberlandt, de Gamble et Keeble et de Geddes, pour ne citer que les auteurs qui s'en sont spé¬ cialement occupé (2). Au cours de cette comparaison, j’ai pu (1) Couvreur, Sur les corps verts du Yorlex viridis (Ann. Soc. Linn. de Lyon, 1915). (2) a)Schultze. Beilrage der Naturgescliichte der Turbellarien (Greifswald. j85i). b) Geddes, Chlorophylle animale et physiologie des planaires vertes (Arch. Zoo/, exp., 1879-80). c) Brandt, Ueber die morph. und physiol. Bedeutung des Chlorophylls hei Thieren (Arch. fiir an. und phys., 1882). d) Haberlandt, Ueber den Bau und die Bedeutung der cliloFophyllzellen von Convoluta (in Graff Turb. Ac.. 1891). e) Gamble et Keeble, Sur le Convoluta roscoffensis (Proceedings of B. Soc. London, 1906). Soc. Linn., t. lxii, 1915 7 CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DK I.A CHLOROPHYLLE ANIMALE faire quelques remarques intéressantes. J’examinerai particu lièrement dans cette note les trois types, Convoluta, Vortex, Euglena, et cela : i° au point de vue histologique ; o.° au point de vue physiologique ; 3° au point de vue chimique et spectro¬ scopique. 1. HISTOLOGIE Il est hors de doute que le ou les corps verts que l’on trouve dans les Euglènes sont des chromatophores : le fait, que je sache, n'a jamais été contesté par personne, quelle que soit l’opinion que l’on se forme sur la nature intime de ces Eu¬ glènes. J'ai dit, dans la note à laquelle je faisais allusion tout à l’heure, pourquoi je pensais que, chez les Vortex, il s’agissait aussi de chromatophores. Je vais dire sur quoi je m’appuie pour penser qu’il en est encore de même chez les Convoluta. D’abord, et ceci est admis déjà, les corps verts des Convoluta ne possèdent pas de membrane ; de plus, malgré la constata¬ tion contraire de Geddes et d’Haberlandt (loc. cil.), il m'a été impossible de déceler la présence d’un noyau, même en em¬ ployant le procédé si précis de l'hémaloxyline ferrique avec coloration progressive et régressive. Par contre, on voit très net¬ tement un volumineux pyrénoïde qui manquait dans les corps verts des Vortex. Bien plus, si les Convoluta sont gardés à la lumière, l’eau d’iode permet de déceler autour de ce pyrénoïde d’abondantes granulations d’amidon : nous revendrons, dans un moment, sur cette particularité. Outre l’absence de mem¬ brane et de noyau, le troisième point qui nous empêche de considérer les corps verts des Convoluta comme des algues unicellulaires, c’est que ces corps ne peuvent vivre en dehors du ver et, de plus, n ont jamais pu être inoculés, comme cela a été fait pour les Zoochlorelles de la Paramécie par Le Dan- tec (3). Haberlandt lui-même (loc. cit.), qui admet que les corps verts des Convoluta sont des algues, est obligé de recon- (3) Le Dantec, Recherches sur la symbiose des algues et des protozoaires (Ann. Inst. Pasteur, 1892). CONTRIBUTION A L'ÉTUDE l)F, LA CHLOROPHYLLE ANIMALE naître que « l’algue est trop modifiée pour qu’il lui soit permis de venir directement du dehors », et que « l’adaptation peut amener les Zoochlorelles à se réduire à l’état de simples corps chlorophylliens ». Il est peut-être intéressant de noter en pas¬ sant qu'il est également impossible, quand on tombe acciden¬ tellement sur des Euglènes blanches, de leur inoculer les corps chlorophylliens d’Euglènes vertes, ainsi que je l’ai noté dès i897- 2. PHYSIOLOGIE liUMiÈRK kt obscurité. — a) Influence sur la coloration . — Pour savoir si les chromatophores des Euglènes, des Vortex et des Convoluta sont des chlorolencites, on peut faire vivre ces petits organismes à l’obscurité. On sait en effet que, générale¬ ment, les chloroleucites s’étiolent dans ces conditions. Or, même après un séjour de trois semaines à l’abri de la lumière, les chromatophores des trois groupes cités ri-dessus ne sont pas décolorés. T. a seule chose que l’on note chez les Convoluta, c’est que la taille du ver subit une réduction considérable ; elle n’est plus, au bout de quinze jours, que le cinquième en¬ viron do la taille normale et l’individu est presque invisible à l’œil nu. 11 va se rapetissant de plus en plus et l’on n’en retrouve plus trace au bout d’un temps suffisamment long. T, 'explication de cette réduction de taille est sans doute dans le fait constaté par Geddos que les Convoluta ne prennent aucune nourriture. Ne pouvant à l’obscurité effectuer aucune synthèse de réserves, ils doivent forcément s’atrophier progressivement. Mais, nous le répétons, les corps verts des petits individus sont absolument normaux. Pour le Vortex, on sait que les opinions des auteurs sont variables : pour Graff. ils mourraient assez rapidement : pour Schulfze. ils supporteraient l’obscurité, mais se décoloreraient : c’est aussi l’opinion du professeur R. Dubois. \u reste, il ne faudrait pas conclure hâtivement, ainsi que je le faisais observer dans ma première note, à la nature non chlorophyllienne du pigment parce qu’il reste vert, car on cite de nombreux exemples de chlorophylle ne se détruisant pas à 7'i CONTRIBUTION A L ÉTUDE DE LA CHLOROPHYLLE ANIMALE l’obscurité : entre autres, justement celle, incontestée, des Lu- glènes. b) Dégagement d’oxygène. — Les Euglènes mises dans un petit tube comme ci-contre (lîg. i) dégagent à la lumière une quantité très appréciable d’oxygène, qui fait complètement dé¬ faut à l’obscurité; il en est de même, mais en quantité beaucoup moindre, chez les Convoluta. Dans le cas des Vortex, on n’a absolument rien, ni à la lumière, ni à l’obscurité. Ces faits parleraient en faveur de la nature chlorophyllienne des corps verts des Convoluta (la chlorophylle des Euglènes est hors de conteste) et, au contraire, contre celle nature chez les Vortex. c) Formation d’amidon. — Les Euglènes, à la lumière, accu¬ mulent en abondance une substance ternaire, isomère de l’ami- O Fig. i. — Dispositif pour étudier le dégagement d’oxygène. don, le paramylon, décelable par l’eau d iode qui la colore en jaune brun. C’est du moins l’opinion générale que le paramy¬ lon est un corps ternaire : Pfeffer (4) met en doute cette nature du paramylon. A l’obscurité, ce paramylon disparaît, il n’existe pas non plus chez les Euglènes décolorées que j’ai étudiées autrefois (5). Chez les Convoluta, nous avons pu constater, (\) Pfeffer, Physiologie végétale. (5) Couvreur, Note sur les Euglènes (Ann. Soc. Linn. de Lyon, 1897). CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA CHLOROPHYLLE ANIMALE 75 conformément aux assertions de Geddes, qui s’appuyait d’ail¬ leurs sur des preuves un peu insuffisantes, et à celles plus pré¬ cises d’Haberlandt, la présence à la lumière de l’amidon, en granules reconnaissables à leur coloration bleue par l'eau iodée, et groupés tout autour du pyrénoïde. A l'obscurité, cet amidon disparait. Dans le cas des Yortex, on ne peut déceler aucune trace, ni d’amidon, ni de paramylon. Voici une figure (fig. 2)