V1M5. 1 î 1531 ANNALES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DB MOV Lyon. — Imprimerie A. Rît, 4, rue Gentil. ANNALES DE U SOCIÉTÉ LINNÉËNNE 1D1IS 3LT©» - a «!C83i° * - (nouvelle série) r LYON H. GEO RG, LIBRAIRE-EDITEUR 36, PASSAGE DE l'bOTEL-DIEU MÊME MAISON A GENÈVE ET A BALE 1919 TABLEAU DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON BUREAU POUR L’ANNÉE 1918 MM. Gaillard, président. Dr Riel, vice-président. P. Nicod, secrétaire général. Dr Pétouraud, secrétaire adjoint. Duval, trésorier. Roux (Nisius), trésorier adjoint. Bonnet, archiviste-conservateur. LISTE DES MEMBRES EN 1918 ^leinhrcs actifs MM. 1918. Agniel (J.), rue du Chariot-d’Or, 26. 1911. Albessard (Mu* Aria), place Raspail, 1. 1912. Alexandre, quai de Caluire, 47, à Caluire. 1895. Arcelin (le Dr Fabien), rue du Plat, 4- 1906. Baillard, employé, quai Pierre-Scize, 92. 1911. Bailly (le Dr), cours Vitton, io4. 1918. Bastien (A.), chirurgien-dentiste, rue Victor-Hugo, 6. Soc. Linn., t. liv, 1918 a VI TABLEAU DES MEMBRES MM. 1912. Battetta, avenue des Tapis, 4- 1895. Beauverie (Jean), docteur ès sciences naturelles, pro¬ fesseur adjoint de botanique à la Faculté des sciences de Nancy (Meurthe-et-Moselle). 1866. Beckensteiner (Charles), rue de l’Hôtel-de-Ville, 9. 1907. Bellion (MUe), docteur ès sciences, cours d’Herbou- ville, 48. 1910. Béraud, constructeur d’appareils de précision, rue Sé- bastien-Gryphe, 9. 1912. Bonnamour (le Dr Stéphane), médecin des hôpitaux, ave¬ nue de Saxe, 137. 1901. Bonnet (le Dr Amédée), docteur ès sciences, préparateur de zoologie à la Faculté des sciences, quai de la Guil- lotière, 1. 1892. Broelmann (Henri), à Pau (Basses-Pyrénées). 1888. Bruet, chef de section de la Cle P.-L.-M., Saint-Marcellin (Isère). 1 884- Bruyas (Aug.), quai des Célestins, 5. 1901. Buy (le Dr Paul), grande rue de la Croix-Rousse, 99. 1910. Caillon, rue Ney, 7. 1S99. Caziot, commandant d’artillerie en retraite, quai Lunel, n° 24, à Nice. 1898. Chanay (Pierre), négociant, rue Pizay, 5. 1906. Ciiaput, agrégé des sciences naturelles, docteur ès sciences, professeur d’histoire naturelle au Lycée de Versailles, Versailles (Seine-et-Oise). 1900. Charnay, répétiteur général au Lycée Ampère, rue. Du¬ quesne, 22. 1918. Cjiatelet (le capitaine), à la Compagnie P. G., 12.3, S. P. i58. 1901. Chifflot, docteur ès sciences naturelles, licencié ès sciences physiques, chargé d’un cours complémen¬ taire et chef des travaux de botanique à la Faculté des sciences, place Jcan-Macé, 2. DE LA SOCIÉTÉ LlNlSÉENNE VII MM. 1887. Chobaut (le Dr Alfred), rue Dorée, 4, à Avignon. 1907. Clément (Hugues), docteur ès sciences, préparateur de physiologie à la Faculté des sciences, quai Gailleton, 37. igo5. Clerc (Joannès), fabricant, rue Puits-Gaillot, 27. 1906. Collet, docteur ès sciences, professeur de minéralogie à la Faculté libre des sciences, rue Sergent-Blandan, 48. 1906. Côte, négociant, rue Président-Carnot, n. 1918. Cottin (Louis), rue Sala, 25. 1871. Coutagne (Georges), ingénieur des poudres et salpêtres, quai des Brotteaux, 29. 1889. Couvreur, docteur ès sciences, chargé d’un cours com¬ plémentaire à la Faculté des sciences, Sainte-Foy-lès- Lyon. 1916. Crozel (G.), chemin des Céleslins, 17, Oullins (Rhône). 1918. Cuzin (Léon), pharmacien, place de l’Hôtel-de-Ville, 8, Auxerre (Yonne). 1918. Damians (J.), chemin des Aqueducs-des-Massucs, 61. 1901. Darboux, professeur de zoologie à la Faculté des sciences de Marseille, boulevard Perrier, 53. 1914. Delers, rue de Condé, 12. 1889. Depéret (le Dr Ch.), membre de l’Institut, professeur de géologie et doyen de la Faculté des sciences. 53, quai de Caluire. 1912. Donat (André), chemin de Fontanières, n, à la Mula- tière (Rhône). 1897. Doncieux, docteur ès sciences naturelles, chargé d’un cours complémentaire de géologie à la Faculté des sciences, rue Jarente, 3. 1882. Drivon (Jules), médecin des hôpitaux de Lyon, avenue de Saxe, 284. 1891. Dubois (le Dr Raphaël), professeur de physiologie géné¬ rale et comparée à la Faculté des sciences, l’hiver à Tamaris-sur-Mer (Var). VIU TABLEAU DES MEMBRES MM. 1912. Durillon (Jules), orthopédiste, rue de la Charité, 4- 1911. Duval, professeur au Lycée de Saint-Rambert, rue Vau- becour, i3. 1 9 1 1 . Eïnard (l’abbé), professeur à l’Institution Robin, à Vienne (Isère). 1911. Falcoz, docteur de l’Université de Lyon, pharmacien de ire classe, rue de l'Eperon, à Vienne (Isère). 1918. Farges (S.), rue Victor-Hugo, 36. 1912. Faure (M.), rue Centrale, 24- 1857. Fournereau (l’abbé), professeur à l’Institution des Char¬ treux. 1918. Frehse, directeur du Laboratoire Municipal, rue Mont- bernard, 9. 1 9 1 1 . Gaillard, docteur ès sciences, conservateur du Muséum d’histoire naturelle, boulevard des Belges. 1918. Galibert (II.), boulevard des Lices, 17, Castres-sur- Agout (Tarn). 1906. Garnot, avocat, quai de la Pêcherie, 11. i85i. Gensoul (André-Paul), rue Vaubecour, 42. 1903. Gérard (R.), professeur à la Faculté des sciences, rue Crillon, 70. 1907. Gérard (Dr Marc), à Bressieux, près Saint-Etienne-de- Saint-Geoirs (Isère). 1905. Germain (Louis), préparateur de malacologie au Mu¬ séum, rue Buffon, 55, Paris. 1907. Gignoux, agrégé des sciences naturelles, docteur ès sciences, préparateur de géologie de la Faculté des sciences, Grenoble. 1909. Gindre, pharmacien de 1" classe, grande rue Saint-Clair, n° 76, Lyon-Saint-Clair. 1866. Gillet (JoseplU, quai de Serin, 9. 1912. Girod (Louis), rue Saint-Pierre-de-Vaise, 35. DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE is MM. i8g4- Grance (le Dr Pierre), rue Terme, 18. 1912. Guiart (le Dr Jules), professeur de parasitologie à la Faculté de médecine, boulevard Croix-Rousse, 58. 1897. Guilliermond, docteur ès sciences, chargé d’un cours complémentaire de botanique, rue de la République, n° 19. 1862. Guimet (Emile), place de la Miséricorde, 1. 1890. Hutinel, Vitteaux (Côte-d’Or). 1918. Iasigi (Albert-W.), quai de l’Hôpital, 6. 1909. Jacquet, orfèvre, place de la Bourse, 3. 1912. Jacquet (Claude), chimiste, avenue Beauséjour, 5, Vienne (Isère). 1907. Jarricot (le Dr J.), chef de laboratoire à la Faculté de médecine, cours Gambetta, 9. 1907. Lacomme (le Dr), licencié ès sciences, inspecteur départe¬ mental d’hygiène, villa Jojo, avenue d’Edimbourg, 36, à Amiens (Somme). 1909. La Croix-Laval (Maurice de), quai Gailleton, 22. i884- Lacroix (le Dr Eugène), grande rue des Charpennes, 45. 1914. Lacroix (Joseph), place du Donjon, Niort (Deux-Sèvres). 1909. Lambert, président honoraire du Tribunal civil, Troyes (Aube), rue Ambroise-Cottet, 57. 1911. Lardet, docteur en pharmacie, rue Pierre-Corneille, 3g. 1 9 1 1 . Laurent, agrégé d’histoire naturelle, professeur au Ly¬ cée Ampère. 1916. Le Marchand (G.), 28, rue Fénelon. 1916. Lemeray (E.-M.), Villa Véga, Antibes (Alpes-Maritimes). 1907. Levrat (Daniel), directeur du laboratoire d’études de la Soie, à la Condition des Soies, aux Verchères, Caluire (Rhône). X TABLEAU DES MEMBRES MM. 1911. Licier, grande rue de la Guillotière, no. 1913. Liquier (Samuel), rue Bissardon, 18, Caluire (Rhône). 1906. Locard (le Dr Edmond), rue Victor-Hugo, 48. 1873. Magnin (le Dr Antoine), professeur à la Faculté des scien¬ ces de Besançon. 1918. Malburet, 420 T. M. B. C. M. 1918. Marchand (H.), docteur ès sciences, médecin de la Marine, rue Victor-Champier, Toulon. 1 9 1 1 . Marmorat (Théophile), boulevard des Belges, 66. 1914. Martin (Abbé J. -B.), docteur ès sciences, curé de Bey- nost (Ain). 1901. Massonnat, docteur ès sciences, chef des travaux de zoologie à la Faculté des sciences, 7, rue de Sèze. 1910. Mayet (le Dr Lucien), docteur ès sciences, chargé d’un cours d’anthropologie à la Faculté des sciences, 4i, chemin de Saint-lrénée à Sainte-Foy, Sainte-Foy-lès- Lyon (Rhône). 1910. Mazeran (Pierre), préparateur à la Faeulté des sciences, rue Sully, 137. 1916. Merle, 29, avenue Président-Faure, Saint-Etienne (Loire). Entomologie : Cieindèles, Carabes, Buprestes, Longicornes et Cétoines du globe ; Lépidoptères pal. et Papilio du globe ; Coquilles fossiles. 1887. Mermier (Elie), ingénieur aux Chemins de fer fédéraux, boulevard de Grancy, à Lausanne (Suisse). 1891. Michaud, quai de la Pêcherie, i3. 1912. Mortamet (Gabriel), architecte, quai des Brotteaux, 29. 1907. Mourier des Gayets, préparateur de botanique à la Faculté des sciences, quai Claude-Bernard, i3. 1910. Nicod (Paul), peintre verrier, rue Saint-Georges, 122. # 1918. Oltramare (le Dr), boulevard de la Croix-Rousse, 161. 1918. Page (Mme), rue des Nouvelles-Maisons, 12, Lyon-Vaise. DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE xi MM. 1916. Paillot, directeur de la Station entomologique, Saint- Genis-Laval (Rhône). 1907. Pelosse (Jean), agrégé de l’Université, chargé d’un cours de sériculture à la Faculté des sciences, rue de la Bourse, 43. 1879. Perroud (Charles), avocat, place Bellecour, 16. 1911. Pétouraud (le Dr), place des Terreaux, 9. 1912. Pic (Maurice), entomologiste, directeur de l’Echange, à Digoin (Saône-et-Loire). 1918. Pierre (Claude), rue du Loing, 7 bis, Paris (xiv"). i8g3. Rebours, rue Godefroy, 20. 1911. Renard (Mlle Marie), professeur au Lycée de jeunes filles, rue Boileau, 90. 1873. Rérolle (Louis), directeur du Muséum de Grenoble (Isère). 1917. Rétif, étudiant ès sciences, rue de Marseille, 83. 1892. Rey (Alexandre), imprimeur-éditeur, rue Gentil, 4- 1864. Riaz (Auguste de), quai de Serin, 68. 1882. Riche (Attale), docteur ès sciences, chargé d’un cours complémentaire à la Faculté des sciences, avenue de Noailles, 26. 1907. Riel (le Dr), boulevard de la Croix-Rousse, 122. 1912. Robin, sous-intendant militaire en retraite, rue Victo- rien-Sardou, 21. 1909. Rochaix (le Dr), chargé de cours, chef de travaux à la Faculté de médecine, chef de service à l’Institut Pas¬ teur, Lyon. 1892. Roman (Frédéric), docteur ès sciences naturelles, chargé d’un cours complémentaire de géologie à la Faculté des sciences, quai Saint-Clair, 2. 1894. Roux (Claudius), docteur ès sciences naturelles, profes¬ seur à la Faculté libre des sciences, rue Tramassac, 2. 1873. Roux (Nisius), chemin de la Sœur-Vially, 5, Lyon-Saint- Clair. XII TABLEAU DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ LINNÉNNE MM. 1 9 1 1 . Russo (le Dr), médecin aide-major de ire classe, hôpital de Bizerte (Tunisie). 1912. Sancey (le Dr), rue d’Algérie, 21. 1910. Sayn, à Montvendre, par Chabeuil (Drôme). 1910. Sérullaz (Georges), docteur en droit, avocat à la Cour d’appel, place Bellecour, 8 ; l’été au château d’Yvours, par Irigny (Rhône). 191G. Thiolière (Marius), 87, avenue Berthelot. 1890. Vaffier (le Dr), à Chânes (Saône-et-Loire). 1899. Vaney, docteur es sciences, agrégé des sciences naturel¬ les, professeur adjoint de zoologie à la Faculté des sciences, rue Cuvier, 69. 1906. Varenne (Georges), fabricant, rue Lafont, 2. 1912. Venot (MUe Marie), professeur au Lycée de jeunes filles, rue Rabelais, 10. 1898. Vermorel, ingénieur-agronome, à Villefranche (Rhône). 1902. Villard, docteur ès sciences, ingénieur-agronome, Sainte-Foy-lès-Lyon . 1918. Villeneuve (le Dr J.), rue des Vignes, Rambouillet (Seine-et-Oise). 1913. Vindry (Xavier), rue Servient, 37. 1911. Volle, pharmacien de 1" classe, à Vernaison (Rhône). 1916. Wercherin (M11* Suzanne), 22, cours d’Herbouville. Ile mitre décédé en 191» -J- M. Guimet ( Emile), place de la Miséricorde, 1. I DU ROLE DE LA CONTRACTILITÉ DANS LE MECANISME FONCTIONNEL DES GLANDES A SÉCRÉTION EXTERNE ET A SÉCRÉTION INTERNE l'A K M. Raphaël DUBOIS Présenté à la Société Linnéenne de Lyon dans la Séance du g Juillet 1917. L’intérêt de l'élude anatomique et physiologique des appa¬ reils photogènes dans la série des êtres vivants, au double point de vue ontologique et phylogénique, ne s’est pas borné à la découverte du mécanisme intime général de la biophotogenèse et des mécanismes fonctionnels secondaires qui assurent son accomplissement . Elit* nous a permis, en outre, de comprendre le mécanisme d’autres fonctions qui, jusqu’à ce jour, avait échappé à ceux qui se figurent que l’on peut arriver en physiologie à des solu¬ tions rapides, générales et exactes en se bornant à étudier une catégorie de phénomènes exclusivement chez l’Homme ou chez quelques Mammifères (Chiens, Lapins, Cobayes) à l’état adulte, sans la compléter par l’étude phylogénique et ontologique de la fonction considérée. C’est une grosse erreur cl l’importance de la physiologie générale et de la physiologie comparée s’af- tirme chaque jour davantage par la lumière souvent inatten¬ due qu'elle jette sur les phénomènes les plus obscurs de la vie. Ainsi que je l'ai montré (i), la production do la lumière par les êtres vivants résulte toujours du conllit de deux substances chimiquement définies, en présence de l’oxygène et de l’eau : la luciférine et la luciférase. Ces corps sont des produits de sécrétion, ('liez les végétaux inférieurs (Photobactéries, Hymé- nomycètes) et chez les Protozoaires, la sécrétion et la réaction (1) La 1 ie et la Lumière, chez Alcan, éd., Paris, 1914, et article Lumière, in Grand Dictionnaire de physiologie de Ch. Kichet (sons presse). S"C. I|NN.. T. L\V. 1918 1 DU ROLE DE LA CONTRACTILITÉ 2 peuvent être endocellulairés. Chez les Métazoaires, il en est autrement. Si le phénomène lumineux peut apparaître encore dans l’intérieur d'un élément cellulaire, c’est que cet élément est une glande unicellulaire dont les produits de sécrétion n’ont pa- été complètement éjectés au dehors ; mais dans l’immense majorité des cas, la sécrétion se fait par les modes ordinaires : fonte totale ou partielle de l'élément glandulaire et mise en liberté des grains de ségrégation (vacuolides ou microleucites, improprement appelés mitochondries) dans. le milieu. Dans le ca^ de « sécrétion externe », il s’agit du milieu extérieur (eau, air) et dans le cas de « sécrétion interne » du milieu intérieur représenté par le liquide de la cavité générale, par exemple chez l’Insecte lumineux : Lampyre, Luciole, Pyrophore. J’ai vainement recherché avec la plus grande persévérance, chez les animaux les plus variés, une relation directe entre le système nerveux et l’élément glandulaire photogène. Jamais, ni moi, ni d’autres, n’ont pu en découvrir la moindre trace. Cependant on ne peut nier que le système nerveux exerce une influence très grande sur l apparition, la persistance ou la ces¬ sation du phénomène lumineux. J’en ai donné de très nom¬ breux exemples, particulièrement dans quelques-uns de mes ouvrages sur la biophotogenèse (i). On trouve bien des filaments nerveux se rendant aux orga¬ nes photogènes, toutefois ce n’est pas dans la partie glandu¬ laire sécrétante qu’ils aboutissent, mais bien dans les éléments contractiles, dans les muscles qui font partie de l’appareil éclai¬ rant. Chez les Insectes, j’ai distingué des muscles intrinsèques et des muscles extrinsèques, suivant que les premiers entrent plus intimement en rapport avec l’organe lumineux que les seconds, qui jouent un rôle moins direct ou plus accessoire dans son fonctionnement. Même chez les Articulés, comme les Myriapodes, (pii ne possèdent que des éléments glandulaires unieellulaires, les muscles adjacents sont disposés de façon à (1) Voir: Leçons de physiologie générale et comparée, chez Masson, éd., Paris, i8ç»8. — Les Elatérides lumineux, thèses de la Faculté des Science» de Paris, 1886; Bull, de la Soc. Zool. de France, 1886, Paris; /.a Vie et la Lumière et Grand Dict. de physiol. (loc. cit.). — Anatomie et physio¬ logie comparées de la Pholade dactyle (Ann. de l'Uniy. de Lyon, t. I, fasc. II, Lyon, (8q4). t)ANS LE MÉCANISME FONCTIONNEL DES GLANDES # exercer sur ces derniers une action mécanique directe avec aussi une influence sur la circulation du sang. Mais c’est surtout chez les Insectes que j'ai pu mettre bien en évidence cette dernière. Chez les Lampyres et chez les Pyrophores, j’ai pu prouver par l’observation anatomique et par l’expérimentation physio¬ logique que les muscles intrinsèques et extrinsèques ont prin¬ cipalement pour effet de régler l’apport du sang dans les glan¬ des photogènes internes. C’est ce sang qui apporte l’oxygène et le liquide aqueux nécessaires à l’action oxydante de la luciférase sur la luciférine. Dans plusieurs cas même j’ai pu mettre en évidence, particulièrement chez les Mollusques, la présence de la luciférase même dans le sang. Celui-ci a en outre pour objet d’enlever des organes photogènes, chez les Insectes, les produits ayant servi à la réaction photogène, et qui peut-être sont utilisés autre part, comme cela arrive dans toutes les sécré¬ tions internes. Des remarques de même ordre peuvent être fai¬ tes à propos des éléments musculaires que l’on rencontre dans les photosphères des Crustacés et surtout des Poissons, dont la nature et le rôle ont été méconnus. Comme chez les Insectes, ils règlent l’apport du sang dans les sinus qui arrosent abon¬ damment les appareils éclairants. Le système nerveux agit donc sur la nutrition de la glande, sur la sécrétion de celle-ci et jusque sur les réactions qui peu¬ vent ultérieurement se produire entre cette dernière et le sang lui-même. Entre ce rôle des muscles photogènes et celui des parties con¬ tractiles des vaisseaux sanguins actionnés par les nerfs vaso¬ moteurs dans les autres glandes, on peut constater une analo¬ gie curieuse. Chez la jeune larve du Pvrophore, on observe dans l’appareil lumineux céphalo-thoracique des mouvements rythmiques qui produisent, pour ainsi dire, des pulsations lumineuses. Certai¬ nement, ces mouvements de dilatation et de resserrement de la glande photogène interne sont en rapport avec la circulation du sang dans l’organe ; mais ce n’est pas tout. Si l’on suit dans la série animale, à partir des échelons les plus bas, celui des Protistes par exemple, le développement du mécanisme organique photogène, on peut constater, comme Soc. I INK., T. l.XV, 1913 i* 4 DU DOLE DE LA CO.NTKALT1L1TE l'avait fait jadis de Quatrefages sur la Nocliluque miliaire, que la contractilité des traclus protoplasmiques internes est dans un rapport étroit avec la production des étincelles lumineu¬ ses, dont l’ensemble produit une lueur homogène, comme il arrive pour les nébuleuses célestes. Ce fait avait tellement frappé ce savant qu'il en était arrivé à conclure que la biophotoge¬ nèse est produite par le même mécanisme que la contraction musculaire, mais que chez les animaux lumineux l’irritabilité au lieu de se manifester uniquement par du mouvement, accompagnait ce dernier de lumière et même pouvait se chan¬ ger en lumière par une transformation énergétique. Celte opi¬ nion était spécieuse mais inexacte, comme celle qui soutient que la chaleur se transforme en mouvement au sein des orga¬ nismes parce que la production de la chaleur accompagne celle de la contraction musculaire. Chez les Métazoaires, où la division du travail physiologi¬ que accompagne la différentiation anatomique, on a bien con¬ staté la présence d’éléments contractiles, dans de nombreux cas, dans les glandes. D’abord, dans les glandes à sécrétion externe, je ne citerai pour mémoire que les suivants : i° Des éléments contractiles attachés au cul-de-sac des glan¬ des à acinis entre la membrane propre ou vitrée et les éléments glandulaires (membrane nyctitante de la Grenouille, glandes sudoripares de l’Homme) ; ils affectent la forme de semelles plus ou moins denticulées, engrenées ; a0 Des fibres lisses entourant, dans les glandes ramifiées, les glomérules ; 3" Les paniers de Bolles dans les glandes racemeuses comme la parotide, les glandes sous-maxilaires, la glande lacrymale, la mamelle, forment des carcasses se moulant sur les acinis. Les éléments contractiles qui entrent dans leur composition constituent des figures stellaires laissant entre leurs prolonge¬ ments anastomosés des espaces fenètrés, d’autres fois ce sont des rubans relativement larges, striés. Les éléments étoilés rappellent certains éléments myoépithéliaux et aussi les cellu¬ les que j’ai décrites dans le sac formateur des perles fines ; 4° Dans les canaux excréteurs faisant suite au canal émis¬ saire de la sous-maxilaire, de la parotide, on trouve encore des DANS LE MÉCANISME FONCTIONNEL DF.S GLANDES 5 cellules cylindriques, - des bâtonnets parallèles (Ram ier) ou s’entrecroisant en spirales. Jousset de Bellesrae a décrit des libres musculaires sur toute la longueur des cæcums glandulaires de l’intestin des Crusta¬ cés Isopodes et Amphipodés. En général, les auteurs accordent à ces éléments pour rôle unique celui de faire cheminer vers l'extérieur les produits de sécrétion ou bien parfois, "comme dans les muscles électeurs des poils de l'aisselle ou de la peau, de boucher, en agissant comme des sphincters, les orifices des glandes sébacées. Ce rôle ne paraît pas attribuable aux éléments myoïdes striés, éléments myoépilhéliaux signalés dans l’intérieur des glandes lymphoïdes, du thymus par exemple (i). On peut se demander alors quelle autre fonction pourraient bien remplir ces éléments contractiles vis-à-vis des glandes auxquelles ils sont si étroitement annexés, non seulement dans le canal excréteur, mais encore à la base même, autour de la partie la plus profonde des acinis qui ne se vide jamais, au moins complètement, et restent pleins dans leurs parties pro¬ fondes. C’est encore aux organismes photogènes qu’il convient de s’adresser pour la solution de ce problème. VHippopodius gleba est un beau Cœlentéré habitant la baie de YilIefranche-sur-Mer et la Rivière de -Nice. Les anneaux du corps de cet animal, en forme de sabots de Cheval d’où lui vient son nom, sont d’une transparence parfaite ; mais si l’on excite mécaniquement les cellules de l’épithélium qui les recouvre, elles prennent aussitôt une apparence laiteuse opalescente, en même temps qu’une magnifique lumière bleue se développe. On peut considérer cet épithélium connue l’homologue des éléments des glandes photogènes différen¬ ciées, bien qu’il ne soit pas invaginé. Ce qu’il importe de retenir, c’est qu’un simple ébranlement mécanique met en jeu la fonction biophotogénique, qui est partout accomplie chez les Métazoaires par un fonctionnement glandulaire. On pourrait multiplier les exemples d’excitation mécanique locale (i) J. Salking, Contribution histologique à la biologie comparée du thy¬ mus (Arch. de Zool. exp. gén., t. LV, fasc. 5, p. Si-022, décembre 1910), et A. -P. Di stin : Sur la biologie du thymus (Arch. de Zool. exp. et gén.. LV, notes et revues n° 5, p. g5, 19 1 5). 6 LU ROLE DE LA CONTRACTILITÉ directe provoquant la sécrétion des substances photogènes, par exemple la Pliolade dactyle. De ces faits et d’autres encore, on peut conclure qu’un ébran¬ lement mécanique peut amener la production de la série des phénomènes qui caractérise le processus de la sécrétion dans les glandes. Or, les muscles intrinsèques ou extrinsèques des organes lumineux sont précisément les agents de cette excitation méca¬ nique ; ils n’ont donc pas seulement pour objet de régler l’ap¬ port du sang dans les appareils photogènes, mais encore de déterminer l’ ébranlement mécanique nécessaire au processus sécrétoire des éléments glandulaires. A ces deux effets peuvent s’en ajouter un troisième : c’est le rôle expulsif des produits résultant de la fonte glandulaire, qu’il s’agisse d’une glande à sécrétion externe (Pholade) ou d’une glande à sécrétion interne. C’est cette triple fonction qui m’avait été révélée d’abord par mes recherches sur le fonctionnement des organes des Insectes et que j’ai retrouvée à un degré plus parfait encore dans les cor¬ dons et les triangles photogènes de la Pholade dactyle. Dans ces derniers, les éléments glandulaires présentent une structure très intéressante que j’ai décrite en détail dans mon ouvrage sur l’anatomie et sur la physiologie de la Pholade dac¬ tyle (i) et figurée dans les planches qu’il renferme. J’ai considéré ces éléments comme des éléments myoneuro- épithéliaux. On peut y reconnaître, en effet : i° un segment épithélial qui représente la partie sécrétante, dont le contenu s’écoule à l’extérieur ; 2° un segment contractile renflé ; 3° un segment neural. La sécrétion photogène peut être provoquée par une action directe, en agissant directement et localement par une excitation mécanique sur les dcuy premiers segments ; ou bien indirectement par les nerfs en rapport avec le segment neural, soit par action centripète directe venue des ganglions palléaux, soit par une action réflexe, soit par simple excitation des nerfs se rendant aux organes photogènes. L'existence du segment contractile a échappé à Fôrster dans (1) Lac. cil., p. 2, DANS LE MÉCANISME FONCTIONNEL OES GLANDES son élude de l’anatomie de la Pholade dactyle (i), ainsi que je l'ai montré dans une note récente communiquée à la Société Linnéenne de Lyon (2). Mais, en revanche, comme je l'ai rappelé dans cette même note, Trojean a démontré chez un autre Mollusque marin, le Phyllirohë bucépliale, l’existence de ces segments contractiles, dont j’ai, le premier, décrit la présence et le rôle dans les glan¬ des de la Pholade dactyle. A côté de ces derniers se fait égale¬ ment sentir l’action d’éléments contractiles extrinsèques qui ne sont pas directement reliés à la partie secrétante et servent principalement à en supprimer le contenu : ils peuvent même agir aussi par excitation mécanique de la manière décrite plus haut. Polimanli a fait des observations de même ordre sur les Pyrosomes. Il est très probable, d'après cet auteur, que la lumière ou l’obscurité subite, en provoquant la contraction des muscles, agit comme excitant sur l’organe sécréteur pho¬ togène ou sur le tissus sanguin qui le baigne. 11 ne s’agit donc pas là d’un phénomène isolé, comme on aurait pu le croire. Plus on généralise, plus on étend les investigations relatives au fonctionnement glandulaire et plus on arrive à se convain¬ cre que le système nerveux 11’intervient dans les sécrétions que parce qu’il provoque la contractilité d’éléments ou de par¬ ties d’éléments susceptibles de mouvements capables d’exciter mécaniquement l'élément glandulaire proprement dit. Il s’agit donc ici d’une loi nouvelle ayant un caractère géné¬ ral et permettant d’expliquer le mécanisme intime de toute sécrétion (3). Plie peut se formuler ainsi : Dans tous les cas, qu’il s’agisse de sécrétion mérocrync ou holocryne de glandes à sécrétions internes ou à sécrétions exter¬ nes, le processus sécrétoire fondamental est provoqué, non par (1) Johannes Fôrsler : Ueber die Leuchlorganc und des nervensystem von Pholas dactylus (Zeits. (ür U iss. Zool., Cl\. fasc. 8, ujii). (2) Raphaël Dubois : Sur l’analomic de la glande photogène du Pliolas dactylus, à propos d'un travail récent de M. Forster (Ann. de la Soc. Linn. de Lyon, LXIII, 1916, p. 9-i3). (3) Art. Lumière, in Grand Dictionnaire de physiologie, par Raphaël Dubois (sous presse). 8 DU ROLE DE LA CONTRACTILITÉ une action directe du système nerveux, mais par l'action d'élé¬ ments ou de segments d’éléments contractiles agissant comme excitants mécaniques de l'élément glandulaire proprement dit. Accessoirement, la contractilité intervient encore pour assurer l’éjection des produits de sécrétion et aussi la nutrition, la res¬ piration, l’hydratation des éléments glandulaires. C’est dans ce dernier cas que rentre non seulement le rôle des muscles intrinsèques' et extrinsèques dont j’ai parlé à pro¬ pos des Insectes et des Mollusques, mais encore et principale¬ ment les éléments qui par leur constriction ou leur relâche¬ ment produisent les effets de vaso-contriclion ou de vaso-dila¬ tation chez les Métazoaires à circulation complètement fermée. Ici encore le système nerveux n’intervient qu’indirectement et n’agit sur l’élément glandulaire que par l'intermédiaire d’un agent contractile capable de produire du mouvement, de la pression et même de l’excitation mécanique directe. A ce propos, il n’est pas inutile de faire remarquer que les nerfs sécréteurs sont tous des nerfs moteurs ou renfermant des libres motrices. Le nerf facial, exclusivement moteur, fournit des libres à la corde du tympan, nerf sécréteur de la glande sous-maxilaire. Ce sont les libres de la racine motrice du trijumeau qui provoquent la sécrétion de la glande lacry¬ male et des glandules de la muqueuse nasale ; les libres de la racine motrice du glosso-pharyngien provoquent la sécrétion paroildienne, celles de la racine motrice du pneumogastrique provoquent la sécrétion gastrique. Enfin, ce sont les racines motrices des nerfs rachidiens qui provoquent la sécrétion sudo- rale. De plus, il est à noter que si l’on soude le bout central de l’hypoglosse avec le bout périphérique du lingual, lorsque les axones du premier ont pénétré le bon périphérique du second, bien qu’ils soient normalement exclusivement mo¬ teurs, car on ne connaît pas d’action sécrétoire de l’hypoglosse, ils provoquent par leur excitation la sécrétion des glandes sous- maxilaires. Enfin, on sait que la source la plus abondante de chaleur animale est dans le fonctionnement des éléments contractiles ; or, on note toujours une augmentation parfois considérable des glandes au moment de leur fonctionnement. Peut-être nous objectera-t-on que le curare augmente l’écou- dans le Mécanisme fonctionnel des glandes 9 lement des larmes, de la salive, de l’urine, mais, avec Tarcha- noff, nous répondrons que ce phénomène peut s’expliquer, non par une action glandulaire, mais par l’immobilité des paupiè¬ res, la paralysie des lèvres, qui laisse la bouche ouverte, et la paralysie du sphincter de la vessie (i). Enfin, dans le règne végétal lui-même, nous trouvons des exemples de l’étroite relation qui existe entre la sécrétion et la contractilité, car c’est seulement au moment où se produit par excitation mécanique l’inflexion des poils des Dionées et des Drosera que sc manifeste la sécrétion de ce liquide vis¬ queux, auquel on a attribué, à tort d’ailleurs, des propriétés digestives (a). Conclusions : i° Qu’il s’agisse de sécrétions mérocrynes ou holocrynes, de glandes à sécrétion externe, unicellulaircs ou composées, de glandes à sécrétions internes, le processus sécrétoire exige pour se manifester dans l'élément glandulaire une excitation mécanique ; a0 Cette excitation mécanique est due à la présence et à l'ac¬ tivité d'éléments contractiles ou de segments contractiles de certains éléments mixtes ; 3° Les mouvements des parties contractiles peuvent en outre exercer une action plus ou moins directe sur l’éjection glandulaire et aussi sur la nutrition de l’élément fonda¬ mental de la glande ; 4° Contrairement à l’opinion classique, le système nerveux n'a aucune action directe sur les sécrétions glandulaires. (i) Grand Dictionnaire, de physiologie, de Cli. Richet, IV, p. Gao, Paris, Alcan, éd. (a) \. Raphaël Dnhois : La légende des plantes carnivores, in Ann. de la Soc. Linn. de Lyon. 1917, 1 RÉSISTANCE A L’EAU DOUCE DE “ MYT1LUS GALLOPROVINCIALIS ” PAB H MARCHAND Docteur ès Sciences naturelles. Nous avons précédemment montré (i) que dans des eaux marines contenant plus de 3o grammes de chlorures par litre (Sfax, Porto-Farina) ou moins de 20 grammes (Saint-Louis- du-Rhône, étang de Berre) la moule comestible de Provence, Mytilus galloprovincialis, était susceptible de vivre, mais se développait et engraissait surtout fort mal. Comme conclusion de nombreuses expériences nous avons cru d’autre part pouvoir fixer à 27-28 grammes pour 1.000 l'optimum de salure pour ce mollusque. Ce chiffre est en particulier réalisé dans la rade de Toulon. Comment se comporte la moule dans les milieux franche¬ ment saumâtres et vis-à-vis de l’eau douce ? En diluant progressivement (de 10 grammes environ par vingt-quatre heures) l’eau de mer d’une cuve renfermant quel¬ ques moules, nous avons pu obtenir des survies de huit jours pour de l’eau ne renfermant plus que 8 grammes de chlorures par litre. C’est la limite extrême qu’il nous a été donné d’ob¬ server. Mis en contact avec de l'eau douce le mollusque meurt beau¬ coup plus vite. Retirons une moule de l’eau de mer. On sait qu’elle se ferme immédiatement et maintient ses valves accolées. Ouvrons maintenant un petit volet dans la coquille au voisinage du (1) H. Marchand, Recherches physiologiques sur la moule comestible de Provence et sur la mytiliculture en Méditerranée. (Thèse de Lyon, 1916.) Soc. Linn., t. lxv, 1918 2 12 RÉSISTANCE A L’EAU DOUCE bord ventral, en ayant soin de ne pas léser le manteau sous- jacent, puis secouons fortement l’animal de manière à évacuer aussi complètement que possible l’eau de mer retenue entre les valves. Jetons-le dans l’eau douce à ce moment : pendant quelques minutes il va llotter, puis l’eau douce pénétrant peu à peu par la blessure, il s’immergera complètement. On peut encore, après la trépanation de la coquille, récliner la partie du manteau mise à nu, évacuer l’eau de mer comme précé¬ demment, puis injecter directement de l’eau douce dans la cavité au moyen d’une seringue de Pravaz. Nous avons ima¬ giné enfin une troisième variante qui a l’avantage de suppri¬ mer toute blessure. Entre les filaments du byssus on introduit l'aiguille line de la seringue de Pravaz ; l'aiguille csl enfoncée Irès obliquement de manière à ne pas aller buter contre le pied ou contre l'hépato-pancréas, mais à glisser entre les deux lames du manteau. On aspire alors l’eau de mer renfermée entre les valves, on injecte de l’eau douce en son lieu et place, et l’on immerge l’animal dans un bassin d'eau douce. Pendant la durée de l’opération la moule n’ouvrira jamais sa coquille ; elle la ferme hermétiquement au contraire par la contraction de ses muscles. L’emploi de ces différentes méthodes donne la certitude que la moule n’a plus d’eau de mer à sa disposition et se trouve bien en contact avec de l’eau douce exclusivement, à l’intérieur comme à l’extérieur. Ceci est un point capital. Les résultats obtenus dans ces conditions ont été les sui¬ vants. Minimum de survie constaté : trois heures (moule tré¬ panée). Maximum : trente et une heures (moule injectée avec l’aiguille. Plus habituellement 10 à i5 pour ioo des moules périssent en quatre heures, 20 à a5 pour 100 en huit heures, /|0 à 5o pour 100 en quatorze heures, 70 à 80 pour 100 en vingt-quatre heures. La détermination des sexes nous a de plus montré que, même pendant la période de maturité des produits sexuels, les moules femelles et les moules mâles possèdent la même capacité de résistance. La taille (et partant l’âge) ne semble pas avoir d’influence non plus ; du renouvelain de 1 centimètre résiste aussi longtemps à l’eau douce que des moules de 7 à 8 centimètres. Trépanation ou injection d’eau douce à la seringue sont des moyens artificiels de laboratoire. Dans la nature le seul cas à DE “ MYT1LUS GALLOPROYINCIALIS ” 13 envisager est un apport brusque d’eau douce (voisinage d’un estuaire) sur un parc de mytiliculture ou sur un banc de moules. Nous avons vu ce qu’il en était pour les eaux sau¬ mâtres. Transportons maintenant, de la mer dans un bassin d’eau douce, un certain nombre de moules et voyons comment elles vont se comporter. Au contact de la main ou de l’instrument qui les a cueillies, les moules ont fermé leurs valves. Pendant la durée de leur séjour en eau douce, jusqu’à la mort, elles ne les rouvriront pas, ou les entrouvriront d’une façon très prudente, en tout cas inappréciable à l’œil. Elles semblent le faire au début, dans le but de reconnaître le nouveau milieu ambiant, puis à la lin. par fatigue vraisemblable de la musculature. C’est là le fait capital que nous a démontré toute une série d'observations. La moule tout d’abord n’évacue aucun excrément dans l’eau douce, alors qu’elle a tôt fait dans l’eau de mer de tapisser le fond du bac où on l’a mise en observation ; elle ne se fixe jamais non plus dans l’eau douce par son byssus. Si l’on dose d’autre part la salure de l’eau retenue entre les valves au bout de temps d’immersion plus ou moins longs dans l’eau douce, on voit que cette salure diminue pendant le premier jour (reconnaissance du milieu ambiant), reste sensiblement sta¬ tionnaire pendant les trois jours qui suivent, diminue de nou¬ veau ensuite (fatigue musculaire). Voici d’ailleurs les chiffres trouvés au cours d’une de nos expériences : Salure initiale Eau de la mer à l’endroit de la cueillette. Eau de mer contenue dans les moules 3o gr. 800 P- 1 .000 cueillies . 3o gr. 800 P- 1 .000 Eau de mer contenue dans les moules cueillies Au bout de vingt-quatre heures. . 36 gr. 800 P- 1.000 Au bout de quarante-huit heures. 26 gr. 600 P- ] .000 Au bout de quatre-vingt-seize heures. . 2.5 gr. 200 P- 1 .000 Au bout de cent vingt heures. gr. 200 P- 1 .000 A la mort (moules entre-bâillées) . 0 gr. 800 P- 1 .000 Ce dernier chiffre (o gr. 800) correspond à la teneur en chlorui'es de l’eau douce employée. 14 RÉSISTANCE A L'EAU DOUCE C'est donc par asphyxie, faute de renouvellement de l’eau entre les valves, que survient la mort chez les moules plongées dans l’eau douce, non par contact direct avec cette eau. Ce contact n’a lieu qu’après la mort de l’animal, au moment où les muscles se relâchent et où la coquille s’entre-bâille. Voici maintenant les chiffres de survie qui sont, comme on le consta¬ tera, beaucoup plus élevés que dans la série d’expériences où le contact avec l’eau douce était artificiellement réalisé. Minimum constaté : trente-six heures. Maximum : cent quatre- vingt-quinze heures. De façon plus habituelle 5 pour ioo en¬ viron des moules périssent en soixante heures, xo à i5 pour ioo en soixante-douze heures, [\o à 5o pour 100 en quatre-vingt- seize heures, 70 à 80 pour 100 en cent huit heures, 90 à g5 pour cent en cent vingt heures. Le sexe et l’âge n’ont pas d’influence sur ces résultats. Du naissain de quelques milli¬ mètres ou du renouvelain, en particulier, résiste de la même façon que des moules adultes à l’immersion en eau douce. Deux faits encore nous paraissent intéressants à signaler. Les mordes que l’on a retirées de la mer puis abandonné à l’air libre (les moules qui sont expédiées par exemple) donnent des chiffres de survie tout à fait superposables à ceux des moules immergées en eau douce. C’est ainsi que dans une de nos expériences nous avons constaté pour les premières 5 pour 100 de morts en soixante-douze heures, 5o pour xoo en quatre-vingt-seize heures, 80 pour 100 en cent vingt heures, g5 pour 100 en cent trente heures. Or les nxoxdes abandonnées ainsi à l’air libre sont sans conteste possible en état d’asphyxie. Certaines moules ne se ferment pas assez complètement ou pas assez vite au moment de la cueillette ; elles perdent tout ou partie de leur eau de mer et flottent lorsqu’on les a projetées dans l’eau douce. Des dosages de salure effectxiés chez ces moules, au bout de temps variables, nous ont montré qu’elles absorbaient au début une certaine quantité d’eau douce ; mais très vite intervient le îéflexe qui les fait hermétiquement se fermer. Elles meurent en surface, beaucoup plus vite que les moules îetirées de la mer pleines d’eau, et vont au fond lorsque la mort est survenue après s’être entr 'ouvertes. Il y a ici com¬ binaison de deux influences nocives : l’asphvxie d’autant plxis rapide que la moule renferme moins d’eau, la présence entre DE “ MYT1LUS GALLOPROY INCIALIS ” iô les valves d’une eau d’autant plus diluée que la quantité d’eau de mer était primitivement plus faible, \oici les chiffres de survie observés. Minimum : cinq heures. Maximum : soixante- dix heures. 5o pour ioo environ des moules meurent en dix- huit-vingt heures, So pour ioo en cinquante-cinquante-cinq heures. En résumé, l'eau douce effectivement amenée au contact des moules détermine leur mort en un laps de temps inférieur à trente et une heure. Plongée dans l’eau douce la moule est le siège d'un réflexe protecteur qui fait fermer ses valves. Si le milieu ne se modifie pas, la mort survient par asphyxie, dans ces conditions entre trente-six et cent quatre-vingt-quinze heures. Dans certains cas particuliers il peut y avoir combi¬ naison de l’asphyxie et de l’influence nocive directe de l’eau douce. .4 u point de vue pratique nous présenterons deux ordres de conclusions : i° Il ne faut pas songer à créer de banc de moules ou de parc de mytiliculture en des endroits susceptibles d’être re¬ couverts plus de trois jours à trois jours et demie par de l’eau douce (étangs déjà saumâtres où des crues peuvent péné¬ trer, voisinage d’un estuaire) ni dans des endroits où la salure est susceptible de tomber et de se maintenir une semaine en¬ tière à moins de 8 grammes par litre. 2° Les cordes à moules employées dans les parcs méditerra¬ néens se recouvrent à la longue de toute une faune et de toute une flore de parasites que nous avons eu l’occasion d’étudier ailleurs (i). L’influence de ces parasites est très nocive parce qu’ils captent à leur profit une partie des aliments et de l’air dissous dans l’eau (diminution de l’aération), parce qu’ils diminuent considérablement la quantité de lumière arrivant aux mollusques, parce qu’ils déterminent des putréfactions nuisibles à la corde elle-même et à la moule, peut-être aussi parce qu’ils peuvent dans certains cas agir mécaniquement sur la corde ou même sectionner les filaments du byssus (chute des moules). Or non-; avons constaté qu’immergés dans l’eau douce, nombre de ces parasites étaient rapidement tués (les (i) Loc. cit. 16 RÉSISTANCE A L EAU DOUCE annelides par exemple en moins de vingt minutes) alors que les moules résistent un minimum de trente-six heures, avons-nous dit, dans les mêmes conditions. Ceci nous conduit à préconiser la destruction de ces parasites par l’eau douce. Nous nous proposons d’apporter des précisions à ce sujet dans une note prochaine, et notamment de montrer que ce procédé est supérieur à celui de l’exposition au soleil (traitement hé- liothérapique) actuellement employé, faute de mieux, par quelques mytiliculteurs. Nous terminerons en disant que le critérium sur lequel nous nous sommes basé pour apprécier la vie ou la mort des moules, en expérience a été le transport de l’eau douce (ou saumâtre) dans l'eau de mer normale. Si la moule y entr ouvre sa coquille, évacue des excréments, se fixe par son byssus, elle est vivante. Attendre pour juger de la mort l’entre-bâillement des moules dans l'eau douce est un mauvais procédé ; l’entr’e-bàillement ne se produit en effet, comme nous avons pu le constater, qu’un temps quelquefois assez long après la mort. Le procédé qui consiste à exciter mécaniquement le bord du manteau ou le pied, et à voir s'ils se rétractent, est d’autre part infidèle. Nos premières séries d’expériences ont été faites sur Mytilus çialloprovincialis du lac de Bizerte (Tunisie). Nous les avons reprises sur Mitilus galloprovincialis de la rade de Toulon. Nos résultats ont été concordants. Us seraient peut-être un peu différents avec Mytilus edulis. LE LOUP DANS LES ALPES MARITIMES ET DANS LE SUD DU DÉPARTEMENT DU VAR Pendant les temps historiques et actuels. PAR LE COMMANDANT CAZIOT Le Loup, Canis Lupus l. ; Lupus vulgaris Brisson ; Canis lycaon Schreber, est de la famille des Canidés. Les animaux de cette famille ont apparu dès le commen¬ cement de l’Oligocène. Leur évolution est caractérisée par le développement de leurs dents carnassières. Ils sont mitoyens entre les deux régimes : carnivores et omnivores. Le genre Canis apparaît au Pliocène marin (^Perpignan). Il est rattaché au sous genre Cynodon Avili, par une foule de genres inter¬ médiaires. Les Canidés, proprement dits, ont, pour origine, Y Amphicyon Larlet, qui est aussi l'ancêtre des Ursidés (i). Cette série a donné naissance, pendant le Pliocène, au Canis etruscus Fors. Maj., qui est assez semblable aux loups de nos contrées et à un véritable chien qu’on a trouvé fossile dans les alluvions, environs du Puy (Boule). Les chiens actuels ne sont donc pas des loups domestiqués, comme on le dit quelquefois. Les loups diffèrent des chiens par leur pelage fauve, leur museau pointu et noir, leur queue pendante et leurs oreilles toujours droites et pointues. Dans un article publié dans le Bulletin Départ, de Géologie (i) Félix Bernard, Eléments de Paléontologie, p. 909-910, 1895. Soc. Linn., t. lxv, 1918 3 i8 LE LOUP DANS LES ALPES-MARITIMES de l'Université de Californie, p. 269-372, M. J.-C. Merriam a fourni dos preuves relatives à cette évolution : 11 dit que le genre Tephrocyon, du Miocène et du Pliocène inférieur de l’Amérique du Nord, contient des Canidés primi¬ tifs du Miocène supérieur et du Pliocène de cette même région. La révision, faite dans cette note, des quatre espèces les mieux connues des Tephrocyon et de quelques fragments de m⬠choires du même genre, rendra service aux naturalistes qui entreprendront de retracer l’histoire des Canidés. M. Merriam incline à penser que le genre Canis peut être issu du 'Tephrocyon. Les paléontologistes européens estiment, en général, que les chiens ont été différenciés de bonne heure de quelques Céphalopodes ou de quelques Cynodoctis à denti¬ tion relativement broyante. On cite des cas d'hybridation entre loups et chiens. Ces croi¬ sements ne sont pas exceptionnels entre ces deux animaux en l’état de liberté ; c’est ce qu’observe M. Paul Paris, en 1879, alors préparateur à la Faculté des Sciences de Dijon. 11 constate que, dans son département, purgé des loups depuis cette époque, il existait une louve en rut privée de son mâle qui avait été tué. Elle fut rencontrée par un chien d’arrêt, à robe tachetée, ayant les yeux vairons qui, chaque fois qu’on l’ame¬ nait au bois, près Serrigny, ne manquait pas d’aller retrouver la louve. De cette union naquirent seulement trois hybrides qui res¬ tèrent dans la région, où ils furent tués, ainsi que leur mère, dans une battue organisée par le lieutenant de louveterie. Deux de ces hybrides sont au musée d’histoire naturelle de Dijon ; le troisième ne fut tué que plus tard en 1881. Il était bien connu dans tous les villages voisins de Serrigny, car il allait dévorer les volailles. Cet animal ne s’attaquait jamais au chien, dit l’auteur, et ceux-ci, en retour, ne le chassèrent jamais. Lors de sa capture il pesait 4i kilogrammes et avait également un œil vairon, le gauche ; l’autre était normal. Les deux louveteaux donnés au musée de Dijon, sont très différents l’un de l’autre ; l'un, dont les formes sont absolu¬ ment celles du loup ordinaire est entièrement isabelle, avec un dos légèrement plus foncé ; l’autre, d’un quart environ ET DANS LE SUD DU DÉPARTEMENT DU VAR 19 plus petit, ressemble beaucoup plus au père : il a le crâne relativement étroit et la queue peu fournie ; son port est plus élancé. Sur un fond de pelage blanchâtre, il présente de nom¬ breuses taches noirâtres et les oreilles sont presque entièrement noires. L’un de ces hybrides avait, de plus, un œil comme le père, l’autre était celui du loup normal. Dans les temps préhistoriques l’homme a toujours trouvé le loup sur son chemin, d’abord comme rival lorsqu’il était chasseur, armé de haches en pierre ou de flèches, puis comme déprédateur, lorsqu’il a commencé à constituer une réserve de gibier vivant ; aussi l’homme et le loup ont-ils été, de tout temps, des ennemis irréconciliables. Dans Ilomère, le loup était considéré comme l’emblème de la férocité, de l’avidité. 11 nous le montre comme se dévorant entre eux. Sa peau était utilisée dans l’habillement des guer¬ riers et le Troyen d’alors se couvrait de la peau d’un loup gris pour espionner le camp des Grecs. Personne ne fera la paix avec les ours et les loups, disait Charlemagne dans ses Capi¬ tulaires. 11 a toujours ravagé notre sol. 11 a disparu presque com¬ plètement des Alpes-Maritimes aux environs de 1868 à 1870. La surface occupée par lui, dans ce département, était com¬ prise entre le Pas de Larché au nord, le mont Pelât au nord- ouest, la Grande Argentière à l’est, Saint-Honnorat à l’ouest, et, au sud par la Mescla. On sait que le loup peut devenir enragé ; c’est alors un animal terrible dont la morsure est encore plus grave que celle du chien atteint de cette maladie. J’ai, dans les Annales de la Société Linnéenne de Lyon de 1918, fait connaître des cas de rage à Saint-Martin de Vésubie en 1788, aussi à Falicon et près d’Aspremont, en ventôse an XIII. En i8oj, les faubourgs de Nice étaient terrorisés par ces animaux venant d’Aspremont, Cabanes et Tourettes. Ils bles¬ saient les hommes en s’attaquant à eux. Ce fut le commencement, je crois, en France des primes offertes pour les détruire : une somme de 60 francs était ac¬ cordée alors à tout citoyen qui apportait la preuve de la destruction d’un animal (une tète). Cette gratification ne fut 20 LE LOUP DANS LES ALPES MARITIMES accordée d’ailleurs que pendant huit jours. Ce délai passé, des gratifications en numéraire étaient seules distribuées. — (Ar¬ chives municipales de Nice. Délibération XIII). De i84o à i85o, les bandes étaient nombreuses, on les trou¬ vait dans les massifs boisés de Breil, les hautes vallées de la Roya et de la Vésubie ; à Saorge, Sospel, Puget-sur-Argens, dans l’Esterel, etc. Les fermiers étaient terrifiés et cherchaient à se débarrasser d'eux par tous les moyens. Les bergers transportaient leurs bêtes mortes dans les endroits fréquentés par ces animaux en pratiquant préalablement des entailles sur leur corps, dans les¬ quelles ils versaient du poison. Ce procédé donna de bons résultats, mais ne réussit pas à les exterminer. Pour savoir si les loups étaient dans le voisinage des bestiaux qu’ils gardaient, les habitants imitaient le hurlement que ces animaux font entendre. Ceux-ci répondaient aussitôt par de semblables cris plaintifs ou furieux. Tous les bergers étaient d’ailleurs armés de fusils, de plus, ils allumaient toujours du feu pour tenir ces animaux à distance. Sur la rive droite du Var, ils n’étaient pas moins nombreux, principalement dans la région de Puget-les-Argens. Ils habi¬ taient alors les fourrés très épais voisins et venaient la nuit dans la plaine égorger les chevaux. On les gardait par petits troupeaux et il était difficile de les préserver de leur dent meurtrière, jusqu’en 1870. Dans l’Esterel et dans les Maures, de 1 854 à 1860, le nombre des loups capturés dans le quartier de Baffart a été de ^ \ (dont 9 louveteaux). Ils ont été tués par M. Bermoud Charles, des Adrets ; Coudeng Louis et Jean, AI. Esteva Honoré et Caïs, de Saint-Raphaël. Ce dernier blessa seulement un animal qui fut tué le lendemain par AI. Dumas Jacques, du quartier de A^ais- sière. On en voyait aussi quelquefois à Molieres, mais leur passage était tout à fait accidentel. En 1860, AI. Pélissier Léon, de Saint-Raphaël, en tua un au quartier de Jausier. En 1861, AT. Bonhomme Barthélemy, en blessa un qui fut trouvé mort le lendemain près de Fréjus, Une nichée fut dé- ET DANS LE SUD DU DÉPARTEMENT DU \AR 21 truite la même année au quartier de Cabannes, commune de Montauroux, par MM. Charrier Joseph et Mouton Mathieu, des Adrets. Depuis cette époque, les loups gris et blancs ont complète¬ ment disparu de la rive droite du \ar. Il n’en a pas été de même sur la rive gauche. En i865, on comptait une douzaine de ces animaux dans les environs du village de Beuil, au sud du mont Mounier, vers i.45o mètres d’altitude. A cette époque, les nichées n’étaient pas rares et on cherchait à s’en débarrasser par tous les moyens possibles. Dès qu’une nichée était connue, on affamait les louveteaux en forçant la mère de s’éloigner puis on s’en em¬ parait et on les tuait. Le dernier rôdeur de ces bandes fut tué en 1866, par MM. Bavlon et Isaac, à 1 kilomètre de Beuil. Sur la montagne pastorale de Pierlas, dont le sommet porte le nom de Perail, on donnait asile à des boeufs sous des han¬ gars à découvert. I n matin, le propriétaire constata, en péné¬ trant dans l’écurie, que ces animaux s’étaient groupés en demi-cercle, serrés les uns contre les autres, prêts à l’attaque et, au milieu d’eux, un grop loup qu’ils avaient éventré avec leurs cornes. Vu les dommages causés aux propriétaires, le préfet de Nice, ordonna des battues dans les forêts, notamment à la forêt de l.arzé, près Boubion, et du poison fut fourni par les maires pour achever leur destruction. D’après des renseignements fournis par Mme A. Pin, née Auquier, son père, ancien chef de division à la préfecture de police sous l’Empire, pendant l’hiver 1870, en allant de Touël- de-Beuil à la Penne, où était sa demeure, vit son mulet se cabrer et se dérober en arrivant près du col qui sépare les deux versants, alors couverts de neige. 11 parvint à maîtriser son animal, mais il aperçut vaguement, en face de lui, une forme de loup. 11 fit flamber quelques papiers, ce qui suffit pour écarter l’animal. Mais en arrivant au col, entre Rochefort et le Mouret, après lequel on descend sur la plaine, au lieu dit Sabatié, le mulet fit de nouveau un écart et M. Auquier dis¬ tingua alors deux yeux brillants dans l’ombre à peu de distance au-devant de lui. 22 LE LOUP DANS LES ALPES MARITIMES A cct endroit, à quelque deux cents mètres à droite et en contre-bas du sentier, s’élevait une petite construction servant d’étable ; M. Auquièr parvint à s’y réfugier et y passa la nuit. Au petit jour, il gagna sa propriété de Boni filer, transi de froid et d’émotion. Un journal républicain de Nice conta la mésaventure d’Au- quicr, et, comme ce dernier était un bonapartiste militant, le journal, pour plaisanter à ses dépens, ajouta que le loup n’a¬ vait, pas voulu de lui parce qu’il était trop maigre. Le même hiver, dans la nuit du 2/1 au 25 décembre, le Dr Faraut, de Levons, a raconté (dans une lettre particulière à M. G. Borea, de qui je tiens ces détails intéressants), qu’il fut appelé auprès d'un malade au Reveston, au hameau d’Utele, et que sa mission accomplie il se dirigea sur Utele pour y faire préparer des médicaments et y coucher ; mais comme le trajet était dangereux, parce que le terrain était couvert de neige, il se fit accompagner par deux guides dont l’un le précédait et l’autre le suivait. Après une rude montée, vers le milieu du chemin qui contourne presque en plaine le versant nord du col de la Madone des Miracles, il fut frappé par un cri lointain, plaintif et prolongé qu’il n’avait jamais entendu et qui avait certains rapports avec l’aboiement du chien. Les guides lui dirent que c’était des loups qui hurlaient dans la forêt de Mannoinas. L’un d’eux ajouta : Ils sont bien loin, mais comme ils ont de bonnes jambes, ils pourraient, s’ils le voulaient, être vite ici ; l’autre fit remarquer que la lumière des lanternes qu’ils portaient suffirait pour les empêcher d’approcher et qu’à la rigueur ils pourraient se défendre avec leurs bâtons. En T906, quatre de ces carnivores, de la variété noire, dits Loups de Russie, firent encore irruption dans les Alpes-Mari¬ times, causant de sérieuses pertes aux habitants de Péone. Us donnèrent même lieu à un curieux procès, car on avait accusé un chien de berger des méfaits commis par les loups et on avait poursuivi le propriétaire dudit chien pour lui faire supporter les pertes subies. Ce n’est que quelques jours après le commencement des débats que l’on connut la vérité. Chassés, poursuivis de Péone, les loups prirent la direction de Castiglione, vers la montagne pastorale d’isola en Italie, tuant ET DANS LE SUD DU DEPARTEMENT DU VAR 23 une quarantaine de moutons à un berger. Ils passèrent ensuite sur les contreforts de la Grande Argentière, en faisant subir de grands dégâts. Depuis celte époque, il n’est plus fait mention du loup dans les Alpes-Maritimes, ni dans les basses régions du Var. LES LOUPS ENRAGÉS » DANS LES ALPES-MARITIMES PAR LE COMMANDANT GAZIOT Les loups ont, de tout temps, infesté le département des Alpes-Maritimes. Leur destruction complète ne date que de 1870. D’une délibération du Conseil municipal en date du n avril i8o4 (21 germinal an XII), il ressort que les faubourgs de Nice. : Bellet, Fabron, Magnan, étaient souvent terrorisés par ces animaux venus d’Aspremont, Cabanes et Tourettes ; bles¬ sant les hommes en s’attaquant à eux (1). Ces loups étaient souvent enragés et il est intéressant d’apprendre comment, à cette époque, voir même aux époques antérieures, on soi¬ gnait cette terrible maladie : la traduction d’une lettre écrite en italien, par le docteur Raiberti, de Saint-Martin-Vésubie, le i5 février 1786, au médecin Milon, de Nice (o), indique bien l’indécision des esprits dans Ges tristes circonstances : « Très cher Monsieur et ami, « En même temps que j'ai l’avantage de professer envers votre très chère seigneurie mes regrets distingués, j’ai l'oc¬ casion de vous faire connaître un fait terrible qui a eu lieu ici, (1) Le maire de Nice, Romcy, à la suite de ces incursions, désigna, pour opérer des battues contre les loups, le chef du 4e bataillon de la garde nationale et il fut décidé que tout citoyen qui apporterait une tête de loup recevrait une prime de Go francs, mais seulement pendant huit jours. Ce délai passé, des gratifications en numéraire devaient être simplement dis¬ tribuées. (Archives municipales de Nice. Délibération XIII.) (a) Cette lellre m'a été communiquée aimablement par M. Boréa Guil¬ laume, ancien avoué à Nice. Soc. Linn., t. lxv, 1918 4 2*3 LES LOUPS ENRAGES DANS LES ALPES-MARITIMES mercredi passé, x3 courant : un loup, dans le voisinage du village, vers midi, a assailli une pauvre femme, l’a tuée et lui a dévoré la face. u Des hommes accoururent' à son secours, mais, à leur ap¬ proche, la bête sauvage, aussitôt abandonna la femme, se jeta sur eux et les mordit au visage. (( Devant ce douloureux spectacle, plusieurs personnes ar¬ mées, se réunirent pour égorger cette bête féroce, mais, dès que quelqu'un s'avançait, il se précipitait sur lui avec la plus grande férocité ; si bien que, dans l’espace d'une heure environ, il a tué ladite femme et mordu, bien plus, déchiré le visage de sept hommes et d’une femme, fille de la défunte victime. Enlin, le dernier de ces malheureux, voyant le loup se jeter contre lui, les pattes déjà dressées pour l’attaquer à la ligure, comme les autres, le saisit entre ses bras, le terrassa et, avec l’aide des autres, réussit à le tuer. Mais, avant, ils se traînèrent à texre, tous deux, pendant quelques instants, jus¬ qu’à ce que le loup ait été vaincu par celui qu’il avait assailli, jeune homme robuste et solide travailleur. « Etant donné un tel carnage, il est immanquable que ce loup était enragé ; donc les malheureux blessés doivent s’ah tendre à un pareil sort. « Pour le moment, comme remède à leurs blessures, selon l’avis de MM. Fossat, Liétard et autres, nous soignons les plaies avec les détersifs ordinaires, unis à l’onguent mercuriel ; nous stimulons, en outre, la sueur survenue avec les diapho¬ niques, et nous leur donnons de légers purgatifs composés de mercure doux et de scammonée. « Comme les plaies, ainsi que je vous l’ai dit, sont pour la plupart à la tcte, et que les déchirures sont profondes, on n’ose pas employer le mercure aux doses qui conviennent et nous faisons plutôt usage des détersifs tels que la térébenthine et la myrrhe unis au miel et aux jaunes d’œuf. Quant au régime, il consiste en soupes, bouillons et tisanes d’orge, de graminées et de bardane ; cela pour soulager les malades, en attendant les événements. En même temps, nous soupirons avec anxiété, après les mesures urgentes que doit prescrire le magistrat de la santé, lequel a été mis au courant par courrier. Nous verrons plus tard ce qu’il adviendra de ces infortunés. LES LOUPS ENRAGÉS DANS LES ALPES-MARITIMES * 27 « Vous comprendrez très bien mon anxiété dans de telles circonstances, car il s’agit de maladies que je n’ai jamais Aiies, et cela joint à la faiblesse de mes capacités et de ma pratique naissante dans notre difficile profession. « Fn tout cas, tout se fait avec le consentement de guides sages, tels que d’abord le médecin Baldoni, les premiers chi¬ rurgiens du pays et mon père, bien qu’il soit alité. « Je prie instamment, votre très chère seigneurie, de vou¬ loir bien m’indiquer la règle que je dois suivre en cette cir¬ constance, car je compte sur la continuation de vos faveurs à mon égard, faveurs dont j’ai fait l’expérience par le passé. « Avec mes respects très distingués pour Madame votre très chère épouse ; avec l’expression de mon estime et de mon affection, je me dis, à nouveau, de votre très chère seigneurie, votre très dévoué et très obligé serviteur et ami. « Signé : Le Médecin Baiberti fils. Saint-Martin (Vésubie), le i5 février T788 (t). » 11 est regrettable qu’on ne connaisse pas la réponse qui a été faite à cette lettre. On comprend les perplexités du mé¬ decin, à cette époque, dans des circonstances semblables. Aux siècles derniers on en était à suivre les remèdes préconisés par Pioseoride, ce fameux médecin grec de ier siècle de notre ère, qui prescrivait, dans le cas présent, des cendres de can¬ cres (?) de rivières bues, pendant trois jours, dans du vin aArec une euillérée de poudre de farine, de gentiane, de l’urine de chien, du foie de chien enragé mangé rôti ; fermentation de toutes espèces de saumures de poissons, de la racine de fenouil liacbée menu et appliquée aArec du miel, etc. ; Ou aux remèdes de Afatbiole [médecin naturaliste de Sienne (1500-1577)] indiqués dans son immense répertoire qui ren¬ ferme, à peu près, la science botanique médicinale de cette époque. 11 prescrivait de l’eau de fiente de personne prise en breuvage de la racine d’angélique bue aArec du nitre. des emplâtres de Potamogeton. des breuvages d’armoise, d’ail, de petite centaurée, ger- inandrée, écorces de figuier, etc. (1) L’adresse: à Monsieur le Médecin Milon, à Nice, est écrite en français. (2) Cancre, écrevisse ? 28 LES LOUPS ENRAGÉS DANS LES ALPES-MARITIMES Les médecins d’une époque moins éloignée ont, pendant longtemps, appliqué sur les blessures faites par les chiens ou loups enragés, la racine de fenouil broyée avec du miel. C’est un vieux remède de Discoride qui n’a pas eu plus de succès que les autres. La Lampourde épineuse ( Xanthium spinosum) plante mo¬ noïque, de la famille des 1 mbrosiacées, que l’on trouve dans les lieux incultes, les décombres ; croissant dans les provinces de la Ligurie, en Autriche, Hongrie, Espagne, Portugal et dans les environs de Nice, a été considérée, pendant quelque temps, aussi comme un remède spécifique contre l’hvdrophobie, d’après le Dr Grzymala, de Podolie. J. -B. Baria en a même fait le sujet d’un article en 1876. L’illusion n’a pas été de longue durée ! Le terrible épisode de Saint-Martin-Vésubie n’est pas le seul qui se soit présenté à cette époque : au mois de germinal an XII, beaucoup d’individus furent mordus dans les campagnes d’Aspremont et de Falicon, près Nice, Ardoin ; le maire de ce dernier village, informa le préfet, que le :»i germinal, un berger nommé Barthélemy Guiglion avait été mordu à la jambe par un loup enragé. Ce berger, originaire de la Briga, fut soigné par le chirurgien Arnaldi ; mais, comme le berger n’avait pas suivi le traitement prescrit, dit le maire, il mourut des suites de sa blessure. 11 existe, à ce sujet, un rapport du¬ dit chirurgien donnant des détails sur le traitement qu’il avait prescrit. Ce rapport date du 19 messidor an X1T. 11 fut transmis au préfet par Chassepot, sous-préfet de Monaco à cette époque. Ce même loup, ou d’autres animaux de cette espèce, firent d’autres victimes dans la campagne d’Aspremont. Ainsi une petite fillè fut mordue le ao germinal au quartier de Colomars ou des Vallières et succomba également. Voici le texte de la lettre qu’adressa à ce sujet, le maire d’Aspremont, au préfet le \r> ventôse an XIT : « Un chirurgien des Tourctles, Julès-César Massiera, fut ap¬ pelé à donner ses soins à la petite fille, mais il était trop tard, et l’enfant, malgré une médication énergique, ne put être sauvée. » Dans le premier cas, celui de personnes mordues dans la LES LUI' PS ENKAGÉS U AM S LES ALPES- MAWTIMKS S9 campagne d’Aspremont, la mort survint dans un délai de qua¬ rante à cinquante jours, faute de s'èlre conformé aux prescrip¬ tions du médecin appelé à temps assura le maire. Dans le second cas, la petite fille -ne semble avoir été soignée, que dix mois après l’accident et le chirurgien constata que tout remède était désormais inefficace. Un sait qu’un certain nombre d’animaux, outre le chien et le loup, peuvent contracter la rage : le chat, le renard, le mouton, le bœuf, le porc, le cheval, etc. La rage de l'homme provient toujours de la morsure d’un de ces animaux enragés. Suivant la région mordue et la virulence du contage (c’est-à- dire de la substance vivante par laquelle se fait la transmission de la maladie), la période d’incubation est de vingt à trente jours chez les enfants. Elle varie d'ordinaire de trois à huit semaines chez l’adulte et peut même durer jusqu’à dix-huit mois. Elle évolue habituellement en trois périodes : dépression, an¬ goisse, puis neurasthénie excessive de tous les sens (sensibilité exagérée). Spasmes du larynx et du pharynx, provoqués par les mouvements de déglutition, aussi les malades évitent-ils d’avaler la salive qui s’écoule, hors de la bouche, puis troubles cérébraux, lièvre intense (deux jours), enfin période paraly¬ tique ou asphyxique. De nos jours, l’agent pathogène de cette infection n'a pas encore été ni isolé ni cultivé, bien que certains observateurs aient pu observer dans le bulbe et les nerfs un microbe spécial *(Roux, Bouchard, Foll.) Le traitement consiste localement en lavages antiseptiques de la morsure, et surtout dans la cautérisation profonde de la plaie au fer rouge. Le traitement général est la vaccination antirabique qui est pratiquée à l’Institut Pasteur depuis i885. Pasteur montra que la moelle d’animaux enragés, délayée dans un bouillon stérilisé était virulente, c’est-à-dire, qu’in¬ jectée dans le tissu sous-cutané ou sous la dure-mère d’animaux sains, elle produisait la rage. Il put modifier cette virulence et l’atténuer de telle sorte, que les animaux inoculés ne deve¬ naient pas enragés, mais étaient réfractaires à la rage, c’est- à-dire vaccinés ; bien plus, il observa que l’effet réfractaire LES LOUPS ENRAGÉS DANS LES ALPES-MARITIMES 30 obtenu par le virus atténué, se développait plus rapidement que n’évoluait la rage elle-même, si bien que l’immunité acquise par la vaccination faite après l’inoculation, apparaît assez tôt pour empêcher la propagation du virus inoculé et permettre à l’organisme de le détruire. Le traitement de la rage était trouvé. Pasteur se servait de moelles de lapins rabiques et obtenait l’atténuation de la virulence par la dessiccation de ces moelles. La méthode de traitement consiste en des injections sous- cutanées de moelles rabiques de plus en plus virulentes. LA COLONIE LYONNAISE D E VARI ABILIAN A ET L’ACCLIMATATION DES HELIX MARITIMES EN MILIEU RUDÉRAL PAR LE O' PH RIEL Mémoire présenté à la Société Linnéenne de Lyon dans la Séance du n février igi 8. Il existe actuellement à Lyon une colonie d 'Hélix du groupe variabilis qui, par le nombre de ses individus, par la variété des espèces ou formes qui y sont représentées et surtout par les considérations que peut suggérer l’examen du milieu spé¬ cial dans lequel elle s’esl développée, mérite d’être connue. Cette colonie et celles d’autres \ i lies où il en existe de plus ou moins semblables, ont déjà été étudiées dans plusieurs tra¬ vaux, mais tous les auteurs qui s’en sont occupés ont insisté à peu près exclusivement sur le caractère méridional de ces colonies, ainsi que le montrent d’ailleurs surabondamment les litres de ces mémoires. L’observation attentive du milieu dans lequel se développe la colonie lyonnaise actuelle démontre qu’à celte influence méridionale, qui est réelle, vient s’en ajouter une autre, vraisemblablement beaucoup plus importante. En effet, la flore qui accompagne cette colonie aux points précis où elle se développe si abondamment, est non pas méridionale, contrairement à ce qui a été dit, mais exclusivement rudérale. Or, d’une part, les Variabiliana étant d’origine maritime, et. d’autre part, les plantes maritimes et les plantes rudérales ap¬ partenant au point de vue de l’édaphisme à la même classe, celle des perhalophiles , il semble logique d’admettre qu'il existe une corrélation entre ces deux ordres de faits. Tel est l’objet de ce travail. Soc. Linn., t. lxv, 1918 5 32 LA COLONIE LYONNAISE DE VARIABILIaNà HISTORIQUE Dans cet historique, il ne sera question que de la colonie de Lyon. Dans un premier travail, Locard (1877, p. 58) cite, d’après les manuscrits de Terrer, Hélix variabilis Drap, et lui donne comme habitat : « Espèce perdue ; se trouvait autrefois dans Lyon, aux Etroits et dans la presqu'île Perrache. » Locard a reconnu postérieurement (1880, p. 75) que les deux échantil¬ lons de^ette espèce ligurant dans la collection Terrer au Mu¬ séum de Lyon sont des Hélix Salentina H. Blanc. Dans un second travail (1878, p. 26) le même auteur répète ces indications et relate en outre qu’avant Terrer, Sionnest, d’après ses manuscrits, avait recueilli la même espèce à Lyon. Locard ajoute qu'à l’époque où il écrivait ce mémoire, celle espèce était « absolument introuvable, même dans nos envi¬ rons », et il attribue celle disparition aux « progrès de la civi¬ lisation et à l’agrandissement de tout un quartier populeux de notre ville », idée qui pouvait paraître logiqùe à cette épo¬ que, mais que l’événement a montrée être tout à fait inexacte, puisqu’actuellement la colonie de la presqu’île Perrache est infiniment plus prospère qu elle ne l’a jamais été, précisément pour une raison inverse. En 1881, Locard, dans ses Variations malacologiques (vol. I, p. 1 53) , répète encore les mêmes indications toujours accom¬ pagnées de la même appréciation inexacte. J’insiste sur ce fait, car il a une grande importance théorique au point de vue qui nous occupe. En 1882, Locard publie de nouveau un important travail sur ce sujet, motivé par la réapparition, vers 18S0 ou 1881, et par le développement très rapide de nouvelles colonies (VH dix de ce groupe, dans divers quartiers de la rive gauche du Rhône. Le grand malacologiste y cite 6 ou 7 espèces et désigne les stations où elles se trouvent. 11 cite no¬ tamment celle située dans le quartier de la Villette, entre le cours Lafayette et le fort de Villeurbanne et celle des talus du chemin de fer au sud de Lyon, à proximité de l’ancien octroi de la Mouche. Il affirme le caractère méridional de la première 33 r*- r - ■ --v ET L'ACCLIMATATION DES HELIX MARITIMES qu’il appuie sur une liste de plantes citées par le Dr Sainl- Lager dans la Société Botanique de Lyon et qui est reproduite dans le mémoire en question. Pour la seconde il reconnaît que les Hélix qui s’y trouvent « ne vivent pas avec une flore méri¬ dionale' aussi caractérisée ». Nous verrons plus loin combien cette réticence était justifiée. Notons encore que les mots « Environs de Lyon », figurant dans le titre de ce travail de i88î>, son exacts en ce qui concerne certains mollusques appartenant à des groupes différents dont il est aussi question dans le même mémoire, mais par contre sont inexacts en ce qui concerne les espèces du groupe varia- 1>ilis qui ont toujours vécu et vivent encore exclusivement dans la ville même, en plein quartier urbain. 11 est encore question incidemment de la colonie lyonnaise en i885, dans la Société malacologique de France fil. p. 75). Locard, en décrivant H. Salentina qui est, comme nous l’avons vu plus haut, VH. variabilis de Terver, dit qu’il décrit cette nouvelle espèce d’après des échantillons trouvés à Lyon. Enfin en iç)o3, dans le travail que Locard fit paraître en collaboration avec notre très distingué collègue M. Germain, 11 espèces, parmi celles citées dans la région parisienne, sont indiquées comme ayant été trouvées à Lyon. Les auteurs ajou¬ tent (p. 15.3) qu’ainsi sur les r \ espèces se trouvant dans la colonie de Lyon, 11 sont communes à Lyon et à Paris. Dans ces deux travaux (t885 et inoSl Locard fait remonter hypothétiquement à 1870-1871 la date probable d’introduction à Lyon des Hélix du groupe variabilis , mais sans apporter aucune preuve à cette assertion qui est en désaccord avec les observations publiées par lui-même antérieurement, en 1882. D’ailleurs les modes d’introduction soigneusement observés depuis, comme nous le verrons plus loin, pour la colonie de Paris surtout et pour celle de Lyon, montrent que cette hypo¬ thèse de l’introduction des V ariabiliana avec des plantes méri¬ dionales sauvages ou cultivées pouvant se reproduire au lieu d’acclimatation de ces Variabiliana est fausse. COLONIE ACTUELLE T. a partie de l’ancienne colonie située dans le quartier de la Villette, entre le cours T.afavette et le fort de Villeurbanne, 31 LA COLONIE LYONNAISE DE VARIABIL1ANA a été entièrement détruite par les travaux de remblaiement du fossé sur les talus duquel elle vivait. Cela est très regrettable, car elle était peut être un peu plus méridionale que les autres, quoique située en un lieu bien semblable. Actuellement la colonie située à la Vitriolerie s’est considéra¬ blement développée depuis les travaux de Locard par des ap¬ ports nouveaux, puisque les espèces ne sont plus les mêmes qu’à celle époque. Elle se compose de trois îlots distincts. Le premier s’étend dans les terrains vagues compris entre le quai de la rive gauche du Rhône el le chemin des Culattes du un peu au delà, au sud du talus assez élevé qui supporte la voie du chemin de fer et qui le garantit des vents du nord. Le second se trouve dans un angle du talus du fort de la Vitriolerie, près de l’origine du chemin du Pré-Gaudrv, protégé lui aussi des vents du nord par un talus quoique peu élevé. 11 existe un troisième îlot assez important, dans un terrain vague situé plus au nord en plein quartier populeux, entre la rue Raulin, la rue Parmentier et la rue Jaboulay (anciennement rue de la Lône). Le quadrilatère où se trouve englobé ce ter¬ rain vague est bâti en hautes maisons au nord du côté de la rue Jaboulay et à l’ouest du côté du quai Claude-Bernard. Le ter¬ rain vague est donc exposé nettement à l’est et surtout au midi, puisque de ce dernier côté, il n’existe de l’autre côté de la rue Parmentier aucun immeuble lui cachant le soleil. Ce dernier îlot se trouve réuni au principal, celui au sud du chemin de fer, par des échantillons isolés que j’ai trouvés à plusieurs reprises sur le boulevard du Sud (actuellement rue Raoul- Servant) et dans la partie de la rue Cavenne actuellement dénommée rue Raulin. Enfin dans la presqu’île Perrache, où avaient été trouvés autrefois quelques échantillons, en premier lieu par Sionnest. puis en iSjo par Terver, et dont il n’avait plus du tout été question postérieurement, s’est formée une nouvelle colonie très importante par le nombre de ses individus et par la pré¬ sence de plusieurs espèces n’avant jamais encore été trouvées à Lyon jusqu’ici. Cette colonie se compose de trois îlots. Le premier se trouve sur les bords de la gare d’eau. En ce point existe le long bâtiment des \teliers du chemin de fer ayant une forme demi-circulaire à convexité tournée à l’est ET L’ACCLIMATATION DES HELIX MARITIMES 3b et un peu au sud. La colonie n’est abondante que sur les talus de la gare d’eau qui se trouvent devant la moitié exposée au midi de cette demi-circonférence. De plus elle s’étend, à l’ouest du cours Charlemagne, sur le mur de soutènement du chemin du Goulet, également exposé au midi, jusqu’au pont suppor¬ tant la voie du chemin de fer de Lyon à Saint-Etienne. Dans toutes les petites rues avoisinantes situées au nord du batiment des Ateliers et moins bien exposées, il n’existe que quelques individus égarés. Le deuxième îlot se tient un peu plus au sud, contre le talus est de la gare de Perrache 2, au point où se fait actuellement le remblaiement du tronçon du cours Charlemagne projeté, situé au sud de la gare d’eau. Ce talus étant très réduit par le remblaiement, cet îlot est de dimension très minime, mais il m'a procuré des espèces qui lui sont spéciales et évidemment vouées à une destruction très prochaine. 11 existe un troisième îlot tout près du confluent, autour du point où se trouvait l’entrée de l’exposition. Cet îlot, ainsi que celui de la gare d’eau, existait d’ailleurs déjà bien avant l’expo¬ sition, depuis 1912 au moins. Dans toutes ces stations les points où sc trouvent les Varia- biliana sont toujours orientés au midi, comme l’ont constaté tous les auteurs, ce qui montre bien la réalité de l’influence du facteur méridional. Mais il est aussi facile de voir que nos hélices vivent exclusivement dans des terrains vagues couverts d’ordures, encombrés de débris de toutes sortes, pleins d’ « équevilles », comme nous disons à Lyon, et constituant un milieu spécial dont nous reparlerons plus loin. Nos espèces n'ont absolument aucune tendance à se déve¬ lopper dans la vraie campagne des environs de Lyon. Les échantillons les plus éloignés que j’ai pu trouver jusqu’ici l’ont été dans le chemin de Montagny, aujourd’hui englobé par le chemin de fer pour le doublement des voies de Lyon à Chasse. Le 9 juillet 1917, j’ai trouvé en outre uri échantillon jeune unique sur la clôture en planches d’un jardin, dans le chemin de Baraban, mais comme toujours en plein quartier populeux. Soc. Linn., t. lxv, 1918 5- LA COLONIE LYONNAISE DE VARIABIL1ANA 36 MODE D’INTRODUCTION Ces espèces sont introduites par le transport des marchan¬ dises et surtout des primeurs venant du Midi. Cela est certaine¬ ment exact pour la colonie lyonnaise comme pour celle de Paris dont je parlerai plus loin. J'ai trouvé un échantillon jeune vivant d’un Hélix de ce groupe sur une feuille de salade du Midi achetée au marché de la Croix-Rousse. 11 se fait d’ailleurs, sans aucun doute, un apport ininter¬ rompu d’échantillons, car les espèces trouvées ont beaucoup changé en peu de temps. ÉTUDE DU MILIEU Un fait certain existe donc, c’esl que des espèces dont le pays natal sc trouve sur les bords ensoleillés de la Méditerranée prospèrent à Lyon en plein centre urbain, au milieu des im¬ mondices. Quel rapport peut-il bien y avoir entre la Côte d’Azur et les terrains vagues de la presqu’île Perrache et de la Vitriolerie ? Ceux-ci ne paraissent avoir aucune chance de devenir jamais des stations hivernales. Ce n'est donc pas le climat qui est en cause. Il faut bien cependant (pie cette pullulation trouve une expli¬ cation, car, ne l’oublions pas, dans cette colonie les Hélix du groupe variabilis existent en très grand nombre presqu'à l’exclusion de toute espèce de mollusques indigènes. Il faut qu’ils trouvent là un milieu qui leur est plus favorable même qu’aux mollusques autochtones. L’explication exclusive de l’origine méridionale de ces espèces ne satisfait nullement à ce desideratum, car les espèces lyonnaises depuis l'origine sont évidemment mieux adaptées au climat de ces localités que les espèces méridionales. De plus les espèces de nos pays doivent nécessairement être introduites dans ces terrains vagues par les détritus alimentaires ou autres qui y sont jetés, puisque !a population lyonnaise consomme non seulement des primeurs du Midi, mais ausi des produits de pays. Or ces espèces indi¬ gènes font presque totalement défaut dans ce milieu spécial à l’exception de quelques Hyalinia lucida Drap.. Hélix aspersa ET L’ACCLIMATATION DES HELIX MARITIMES 37 Müller ; H. carthusiana Millier. Un ne trouve même presque aucun Hélix du groupe heripensis, et presque point d’ Hélix unifasciata Poiret. Hélix netnoralis L. est totalement absent des colonies actuelles. 11 est cité par Locard (1882, p. 20) dans la colonie du cours Lafayette, mais cette dernière présentait un caractère mixte, non exclusivement rudéral, différent de celui V des colonies actuelles. Pour nous éclairer étudions de plus près le milieu qui nous environne. Interrogeons les plantes. Faisons-en une liste, non pas une liste de plantes plus ou moins rares se trouvant va¬ guement dans la même région, mais une liste réelle faite sui place où seront mises en première ligne les espèces communes, représentées par le plus grand nombre d’individus et existant réellement au point précis de la colonie, c’est-à-dire les plantes mêmes sur lesquelles vivent les Hélix ou celles qui sont intei calées entre elles. Ces dominantes constituent de merveilleux instruments de chimie et de météorologie, décelant avec une précision et une logique impeccables, la nature des milieux où elles vivent. Or, quelles sont les plantes qui nous entourent ici ? Remar¬ quons d’abord qu elles sont à peu près les mêmes dans toutes les parties de la colonie actuelle. En voici la liste : Dominantes. Chenopodium album L. . Amarunlus retrojlexus L. Diplntaxis tenui folia D. C. llallola nigra L. Arlemisia vulgaris L. * Arctium luppa L. Cirsium lanceolalum Scop. * Onopordum acanlhium L. Erigeron Canadensis L. Les espèces marquées d’un astérisque sont celles préférées par les l ariabiliana. Autres plantes. Cynodon dactylon Pers. P oa annua L. Hum ex rrispus L. Mercuriulis annua L. r.uphorbia cyparissias L. Eryngium campestre L. Daucus CMrola L. Marrubium vulgare L. Yerbascum lliapsus L. Lin aria vulgaris Mil!. — pulcher L. Glaucium luteum Scop. Lepidiam graminijolium L. Erodium cicularium l’Hérit. LA KOLONIK LYoYS'AJSK DK VAKIABIL1.A.NA âs Scrophularia cenum L. Planlago lanceolala L. Xanthium strumarium L. Artemisia campestris L. Cnrlina vulgaris L. Carduus tenuiflorus Curt. Kentrophyllurn Icinalum L. Taraxacurn dens-leonis Desf. Sonchus oleraceus L. Luctucu scariula L. Cirsiurn arvense Scop. Centaurea paniculata L. calcitrapa L. nutans L. Verbascum thapsus est surtout abondant au confluent. Glaucium luteum n'existe que sur les berges de la gare d’eau de Perrache. . Cette flore a un caractère des plus nets. Elle est, non pas méridionale, mais rudérale, et elle l'est au plus haut degré Or les botanistes qui se sont occupés des questions d’éda- phisme ont remarqué un rapport étroit entre la flore rudérale et la llore. halophile. Je n’entrerai dans aucun détail à ce sujet (pii est en dehors du cadre du présent travail. D’ailleurs nos collègues de la Société Linnéenne de Lyon n’auront qu'à ouvrir aux pages icfi et suivantes le volume L\ 111 de nos Annales et ils y trouveront tous les détails désirables dans le mémoire de notre très actif collègue Claudius Roux sur le Problème de l’Edaphisme, d’après Gola. Ils y trouveront plus particulièrement la comparaison entre deux listes de plantes, l'une de plantes rudérales, l’autre de plantes halophiles, com¬ posées manifestement de plantes analogues, appartenant aux mêmes genres. Dans le cas de la colonie d'Helix du groupe variabilis le fait est encore plus net si c’est possible. 11 ne s'agit plus d’espèces différentes appartenant aux mêmes genres, mais des mêmes espèces qui, maritimes à leur lieu d’origine et brutalement et accidentellement déracinées, prospèrent admirablement en milieu rudéral, loin de la mer, sous un ciel différent, mieux même que les espèces autochtones de leur nouvelle patrie. Aucune des plantes méridionales citées par Loeard d’après Saint-Lager n’existe dans le milieu où vivent actuellement les Variabiliana de la colonie lyonnaise, à l’exception d’une seule : Glaucium luteum. Or cette plante est citée (Cl. Roux, toc. cit., [). 107) comme pouvant être, indifféremment suivant les lieux. maritime ou rudérale. Cette exception unique n’est-elle pas suggestive P Notons aussi qir Artemisia campestris, qui est ET L 'ACCLIMATATION DES HELIX MARITIMES 39 citée aussi comme pouvant être à la fois maritime ou rudérale. ligure aussi sur notre liste. Il ne parait pas possible qu'il n’y ait là qu'une coïncidence. Il semble bien évident qu’il doit y avoir sinon relation d<‘ cause à effet, tout au moins deux ordres de fait évoluant paral¬ lèlement pour une cause identique. Le sol des lieux où vivent ces Hélix est abondamment im¬ prégné par les excréments humains ou animaux et peut renfer¬ mer de ce fait une quantité non négligeable de sels solubles divers. J’ai remarqué que ces Hélix ne vivent pas surtout à une certaine hauteur sur les plantes, même pour leurs plantes préférées, Arctium lappa et Onoporclnrn acanthium, mais plu¬ tôt sur les feuilles mortes et humides touchant le sol. sur les vieux débris de chiffons, de paille, imprégnés des mêmes sucs que le sol lui-même. On pourrait supposer que cette prospérité des Yariabiliana est due à l’abondance des sels calcaires, cette abondance étant bien connue comme favorable au développement des mol¬ lusques testacés. Mais cela n’expliquerait pas la prédominance des Yariabiliana sur les mollusques indigènes. Discnssion des faits observés ou antérieurement publiés. I Tout ce que nous venons de dire montre bien que notre colonie est soumise à une influence autre que l’influence mé¬ ridionale. Voyons ce qui a déjà été dit à ce sujet. Ln iqo3. MM. Locard et Germain ont publié dans les Mé¬ moires de /' 1 cadémie de Lyon une étude sur l'introduction d'espèces méridionales dans la faune inalacologique des emi- rons de Paris. Ce travail magistral, dû à la collaboration du grand malacologiste' lyonnais et d’un de nos plus savants collègues, est rempli d’observations précises et d’aperçus du plus haut intérêt. Les conditions dans lesquelles s’est faite l introduction des Yariabiliana dans la région parisienne y sont lumineusement exposées d’après des preuves certaines. L’influence du facteur méridional y est également démontrée : mais certains faits cités sont nettement en faveur de l’opinion émise dans notre travail. Les auteurs citent d’abord un certain 40 LA COLONIE LYONNAISE DE VARIATilLIANA nombre de plantes vivant dans les mêmes lieux : Rumcx, l’rtica, Artemisia, Carduus, Centaurea calcitrapa, Fœniculum, Ombellifères sèches. La flore paraît donc bien avoir dans la colonie parisienne le même caractère rudéral que dans la colo¬ nie lyonnaise. Dans ce même travail ces auteurs reconnaissent l'impor¬ tance du facteur maritime. A la page 1 i3, après avoir constaté « la préférence extrêmement prononcée des Variabiliana poul¬ ies chardons », ils ajoutent ceci : « Les chardons étant répandus à profusion sur les bords de la mer, il y a là une influence marine faible, mais indéniable. » M ême en 190/1 (Feuille des Jeunes Naturalistes, n" joi, p. io3) notre collègue M. Germain donne plus d’importance au facteur maritime qu’au facteur méridional puisqu’il déclare qu’à Dieppe les Variabiliana sont plus typiques qu’à Paris, quoique le climat y soit plus froid, parce qu’à Dieppe ils sont directement soumis à l’influence maritime. Mais aucun auteur n’émet l'idée que ce facteur maritime peut être remplacé par un. autre facteur différent mais équi¬ valent. Enfin en 1907, M. Germain publie une note sur une Nouvelle station d' Hélices méridionales aux environs d’Angers dans laquelle il cite un certain nombre de plantes accompagnant la colonie : des Rubus, \chillea millefolium T.., Artemisia cam- pestris L., Tanacetum vulgare L. , Echium vulgare L., des Verbascum, quelques Ombellifères et Crucifères, de nombreux Chardons et des Graminées. 11 s’agit là encore d’une flore rudé- rale et il y a lieu d v remarquer la présence d’ Artemisia cam- pestris. Dans ses belles Etudes sur les Mollusques des Mpes-Mari- times, le commandant Caziot dit très justement (p. 160) que « les Variabiliana remontent le cours des fleuves préférant surtout le voisinage des habitations humaines »*. Beaucoup de faits concernant l’acclimatation de ees mol¬ lusques paraissent inexplicables si on ne tient compte que de l’influence méridionale. Ils s’expliquent d’eux-mêmes si on y ajoute l’influence maritime ou rudéralc. Les auteurs laissent à chaque instant percer leur étonnement de voir réussir des acclimatations en lieux moins méridionaux F.T L'ACCLIMATATION DES HELIX MARITIMES il alors qu'elles échouent en des points qui présentent pour eux une apparence plus favorable. Loeard (i qo3, p. 09) dit, à propos d 'Hélix Pisana : « La pré¬ sence de cette espèce à Charenton e-t des plus curieuses, 17/. Pisana s’acclimatant très difficilement dans les localités où l’influence maritime ne se fait pas sentir. Il était sans doute hanté par le souvenir de l’échec de ses tentatives relatées dans son travail de 1882 (p. i3), où il avait mis quatre ou cinq cents individus . « les uns à la Mouche . les autres à Oullins, sur une pente de la vallée de Llzeron, bien exposée au midi ». Mais cette dernière station au moins, n’étant ni maritime, ni rudérale, l'échec était inévitable. L’échec d’acclimatation de ces mêmes espèces dans l'Amérique du Nord relaté par Loeard et Germain (190.3, p. 112) a vraisemblablement la même cause. Notre excellent collègue le commandant Caziot indique f Société Unnéenne de Lyon . 1908, p. i8'i, i85), d’après Mar- gier. la présence au pied des Causses de Pomatias patnlus. vivant au milieu d’une végétation très méridionale dont il donne la liste et ajoute : « On constate avec surprise l’absence complète des Hélix xérophiliennes et en particulier des Varia¬ biliana. » Les plantes citées, quoique méridionales, 11’étant ni maritimes ni rudérales, l’absence des Variabiliana s’ex¬ plique d’elle-même. Il n’est pas jusqu’à l’apport fréquent de ces espèces par les primeurs, dû évidemment à leur abondance sur ces dernières, qui ne confirme leur appétence rudérale même dans les milieux les plus méridionaux. Les autres espèces méridionales ne sont pas apportées avec elles. I.e très grand développement pris par les Variabiliana dans la banlieue maraîchère des environs de Paris < où elles se mul- tiplient en telle abondance qu'elles sont déjà une cause d’ennui pour les cultivateurs et pour les jardiniers qui ne parviennent «lue fort difficilement à -'en défaire», rentre dans le même ordre d’idées et devient encore plus expressif si on observe qu’inver- 'ement la colonie lyonnaise ne se développe pas du tout dans la campagne de* environs de Lyon cependant plus méridionale. Tl paraît même très rationnel de supposer que si nos Variabi¬ liana de Lyon et de Paris ont si bien prospéré c’est parce 42 LA COLONIE LYONNAISE L)E VARIABILIANA qu’elles avaient déjà subi un commencement d’acclimatation, avant déjà passé, lentement et de proche en proche sous le ciel même de la Provence, du milieu maritime proprement dit aux cultures maraîchères du Midi de la France. Cette idée pourrait aussi expliquer pourquoi les acclimatations accidentelles réussissent souvent mieux que les tentatives expérimentales, les premières portant sur des individus apportés par les pri¬ meurs, acclimatés au milieu maraîcher assimilable au milieu rudéral, tandis que les acclimatations volontaires portent le plus souvent sur des individus provenant du milieu maritime lui-même et dans ce dernier cas le changement est le plus sou¬ vent trop brusque. LISTE DES ESPÈCES OU FORMES \u point de vue de la spécification le groupe d 'Hélix vnria- hilis est un des plus difficiles de toute l’histoire naturelle et aussi un des plus intéressants. Les faits semblent se passer comme si une espèce mère était actuellement en train de se diviser en une multitude d’espèces filles formant encore à l’époque où nous les observons une chaîne collatérale presque continue. Lorsque certains chaînons moins bien doués pour la lutte, auront disparu, il existera entre les chaînons restanls des lacunes qui rendront les espèces mieux limitées. Si plu¬ sieurs chaînons continus disparaissent en même temps, les espèces seront séparées par de grands intervalles, vides d’indi¬ vidus et les espèces seront du type dil linnê.en. Si les chaînons disparus sont isolés et régulièrement espacés dans la chaîne collatérale, il se formera un grand nombre d’espèces du type dil jordanien très affines quoiqu’elles puissent devenir un jour très fixes et très bien limitées, tout en étant très xroisines. Nul ne peut dire dans quel sens évolueront les Variahiliana. puisque les facteurs qui président à cette évolution sont à peine soupçonnés, d’autant plus que l’hybridation peut venir jouer un rôle inverse. Afalhourousement nous ne savons rien de l’hybridation des Variahiliana. Nous ne saxons même pas si (die existe réellement. L’espèce n’a pas du tout la même valeur dans les différents groupes d’êtres vivants, à tel point qu’elle comporte une défi- ET L’ACCLIMATATION DES HELIX MARITIMES 43 nilion différente pour les différents groupes. C’est là une dos vérités fondamentales de l’histoire naturelle trop souvent mé¬ connue. L’opinion qui multiplie les espèces et celle qui les réunit sont fausses toutes deux si on les généralise. Elles sont vraies toutes deux si on les applique chacune aux groupes où elles correspondent effectivement aux faits observés. Les es¬ pèces diffèrent entre elles non seulement par la grandeur, mais plus encore par leur degré do fixité, soit parce que les différents groupes n’évoluent pas de la mémo manière, soit parce qu’ils n’arrivent pas en même temps à la même période de leur évo¬ lution. Quand leur évolution est terminée ou momentanément interrompue l’espèce est fixe, qu’elle soit linnéenne ou jorda¬ nienne (il y a bien entendu tous les intermédiaires possibles entre les deux). Quand l’évolution se fait actuellement, comme c’est le cas pour les Variabiliana, l’espèce n’existe pas, ni en théorie ni en pratique. Elle ne constitue qu’un cadre tout à fait arbitraire dont on peut indifféremment rétrécir ou aug¬ menter les dimensions, à la condition qu’il soit bien entendu que l’une et l’autre de ces manières de faire ne répondent en aucune façon à une réalité objective. La multiplication des espèces a l’avantage de serrer les faits de plus près et présente l’avantage souvent incompris, mais cependant réel, de faciliter les déterminations, car, dans ce cas, si les petites espèces sont fictives, les grandes le sont encore bien plus, puisqu’elles s’éloignent davantage de l’individu qui existe seul. Pour la détermination de mes récoltes de la colonie lyon¬ naise, je me suis adressé à notre aimable collègue le comman¬ dant Caziot qui dans un important travail sur les mollusques des Alpes-Maritimes a étudié très consciencieusement les Variabiliana qu’il a pu observer sur plaee, dans leur patrie d’origine. Je suis très heureux de pouvoir lui exprimer toute ma reconnaissance pour l’empressement avec lequel il a pro¬ cédé à l’étude si difficile de ces matériaux. .T’ai admis au rang d’espèces toutes les formes ayant reçu des auteurs une appellation binominale. Cette manière de faire aura tout au moins l’avantage pratique de rendre la présente liste comparable avec celles publiées antérieurement. LA COLONIE LYONNAISE I)E VARIAFILïANA 44 Groupe d’Helix Pisana. Hélix Pisana Millier. Bien que celte espèce appartienne à un groupe n’avant aucun rapoprt taxonomique avec celui il 'Hélix varia- hilis , je le comprends dans ma liste parce que sa distribution géo¬ graphique el ses migrations sont soumises aux mêmes influences. Récoltée vers 1878 par Michaud, sur les talus du chemin de fer au sud de Lyon (Locard, 1882, p. 12). Ce dernier auteur a fait des tenta¬ tives d’acclimatation de cette espèce dans les environs de Lyon ; elles ont complètement échoué, pour les raisons que i’ai exposées plus haut dans le présent mémoire. .T’ai moi-même trouvé, il y a deux ou trois ans, un échantillon jeune et unique de cette espèce sur le mur d’une maison du chemin des \cqueducs des Massues, à Lyon- Point-dd-Jour. Sa présence était évidemment accidentelle et due pro¬ bablement à un apport par des primeurs venant du Midi. Groupe d’Helix Neglecta. ITklix neglecta Draparnaud. Sur les talus du fossé du chemin de ronde, entre le cours Lafayètte et le fort de Villeurbanne, où cette espèce a été extrêmement abondante (10 échantillons par mètre carré ; rf. Locard, 1882, p. 8 et 20) depuis 1880 environ, jusqu’à ce que la localité ait été entièrement détruite par des travaux de remblaiement. Cette espèce est actuellement très rare à Lyon. J’en ai trouvé, en octobre 1917, une variété à la Vitriolerie, près du che¬ min du Pré-Gaudry, et une variété major près du confluent. Hélix \cosmeta Bourguignat. Récolté au mois d’octobre 1882, par M. Roy. à l’octroi de la Mouche (Locard, 1882, p. 7), localité aujour¬ d'hui complètement transformée. Hélix trepiih la Servain. Cette espèce se trouvait mélangée avec II. neglecta et en aussi grande abondance (12 échantillons par mètre carré) dans l’ancienne colonie du cours Lafayette (Locard, 1882, p. 8, 9 et 20). Je l’ai encore récoltée en grand nombre, ainsi qu’H. neglecta, en 1888. IIelix trepidi lina Locard. Un seul échantillon « à ombilic plus petit » à Perrache 2, en octobre 1917. Hélix limara Rourguignat. En octobre 1917, au confluent et à la Vitriolerie. Dans cette dernière station, « avec un ombilic un peu moins grand ». Hélix Auscitanica Gourdon. Au poulinent, octobre 1917. RT L’ACCLIMATATION DES HELIX MARITIMES 45 Groupe d’Helix Cespitum. Hélix CESPiTi M Drapa rnaud. Trouvé en octobre 1882, par M. Roy, à l’octroi de la Mouche (Locard, 1882, p. y). Hélix Palliai Locard 1896, H. Terveri (non Michaud), Locard ante 1896. A peine distinct d’H. Florentii Pollonera i8y3. J’ai trouvé 1111 échantillon de celle espèce, en 1888, à la Vitriolerie, au nord du chemin de fer. Hélix labida Locard. La Vitriolerie, octobre 1917. Hélix, actiella Locard. Perrache (gare d’eau), octobre 1917. u Forme plus conique que le type. » Hélix limbifera Locard. La Vitriolerie, octobre 1917. Hélix senensis Pollonera (H. terraria Locard), la Vitriolerie, au nord du chemin de fer, en 1889. Groupe d Hélix Variabilis. Sous-Groupe d' Hélix Jusiana Hélix calceola Caziot. (H. Calcultnn [non Pfeiffer] Locard). La Vitriolerie, octobre 1917. Hélix xcomptiv Bourifuignat. La Vitriolerie, au nord du chemin de fer, en 1889. Hélix acomptiki.la Locard. Perrache 2, octobre 1917. Hélix Jlsiaya Bourguignat. Ancienne colonie du cours balayette, où j’ai trouvé des échantillons de cette espèce en 1888. Hélix Salentina H. Blanc in Locard 80c. malaeol. de France, IL i885, [). 7.3, 76. C’est celte espèce qui a été trouvée en i84o par Terrer dans la presqu’île Perrache et aux Etroits et désignée par lui sons le nom d’il, l'ariabilis. Citée par Locard près du cours Lafayette et à la Mouche, près de la losne Béchevelin (i885, p. 7.0, 76 et 1903. p. 65, 66.) Hélix slberis Bourguignat. Perrache (gare d’eau), octobre 1917. Hf.lix adf.mata Bourguignat. J’ai trouvé une forme major, en 1889, à la Vitriolerie, au sud du chemin de fer. J’ai retrouvé celte espèce sous sa forme normale, en 1912, sur le boulevard du Sud, (aujourd’hui rue Baoul-Servant) et, en octobre 1917, à la Vitriolerie. Hélix kalonv Berthier. Perrache (gare d’eauL octobre 1917. Hélix limarella Hagenmüller. La Vitriolerie au sud du chemin de fer, en 1912. 46 LA COLONIE LYONNAISE DE VARIARILIANA Hélix Memiraxopsis Locard. La Vitriolerie, octobre i y i — . Cité par Locard ( 1 Ry4 , p. 216) et par Locard et Germain (iyo3, p. 73). IIklix .Nemalsexsis Bourguignat. J’ai trouvé cette espece en 1912, boulevard du Sud, au nord du chemin de fer ; en octobre 1917, à la Vitriolerie (au sud du chemin de fer et près du chemin du Pré-Gau- dry) et enfin, dans la presqu’île de Perrache, à la gare deau, à Per- rache 2 et au confluent. Sous-Groupe d'Helix Grannoneneis H I-: nx Gh \nno\ensis Bourguignat. Perrache (gare d’eau et con¬ fluent), octobre 1917. Hélix Avemonensis Bourguignat. La Vitriolerie, en 1912 ; terrain vague de la rue Baulin, en octobre 1917. Hélix Guiiielom Bourguignat. Cité comme acclimaté à Lvon par Locard (189/1, P- ai7) par Locard et Germain (1903, p. 7,6). IIelix vvibielina de Charpentier. La Vitriolerie (ocl. 1917), où se trouve aussi une forme « à ombilic plus grand ». Hélix fera Lefourneux el Bourguignat. La Vitriolerie, octobre 1917, où se trouvaient aussi des échantillons intermédiaires entre celte espèce et la précédente. Cité comme acclimaté à Lyon par Locard (1894, p. 217) et par Locard et Germain (1903, p. 77). Sous-Groupe d'Helix Variabilis. Hélix variabilis Draparnaud (non ouct. mult.). J’ai trouvé cette espèce, en 1888, à la Vitriolerie, au nord du chemin de fer, el en octobre 1917, à Perrache (gare d’eau). Elle a été comprise d’une manière très fausse par un grand nombre d’auteurs. Seule l’école de Bourguignat et de T.ocard a rétabli ce type en conformité avec les figures originales de Draparnaud. Suivant l’idée qu’on se fait de l'espèce en général, on peut étendre un pen les limites d ’H. variabilis. comme l’a fait notre savant collègue M. Germain dans ses Mollusques de Fronce (iqi3, p. 97). II me semble cependant qu 'Hélix privali- fnrmis et H. lentipes (ou plutôt l’ensemble des deux) sont bien spéci¬ fiquement distincts du type de Draparnaud par leurs tours plus con¬ vexes, leur suture plus profonde et leur ornementation constante. En tout cas, la grande extension que donne à ce terme d 'fl. variabilis certains auteurs (Dupuy et Moquin-Tandon, par exemple) est absolu¬ ment inadmissible, et contraire aux observations faites minutieuse¬ ment sur place, des colonies de Variakiliana. ET L’ACCLIMATATION DES HELIX MARITIMES 47 Hélix lutosinlla Locard iqo3. H. luleata (non Parreys). Locard olim. En octobre i «j 1 7 , à Perrache (gare d’eau) et une forme minor à Perrache a. Hélix astata Bourguignat. J’ai trouvé cette espèce ou forme à la Yitriolerie (au nord du chemin de fer) en 1888 ; en octobre 1917, à la Vitriolerie (au sud du chemin de fer) et à Perrache (gare d’eau et confluent). Nos échantilons « ne sont pas identiques à 1 ’astala de l’Algérie, mais à celui donné comme tel de la Catalogne et de la Provence ». Hélix privatiformis Hagennuiller. J’ai trouvé cette espèce, en 1S88, à la Vitriolerie, au sud du chemin de fer, et une forme minor à Perrache (gare d’eau), en octobre 1917. Hei.ix lkntipes Locard. En octobre 1917, au confluent cl (forme minor) à Perrache (gare d’eau). Sous-Groupe d Hélix Xalonica. Hélix Xalonica Servain. J'ai trouvé celte espèce près du cours Lafayelte, en 1888. Citée comme acclimatée à Lyon par Locard et Germain (igo3, p. 81). Hélix alllviom m Servain. Citée comme acclimatée à Lyon par Locard et Germain (igo3, p. 81) Hélix Cyzicensis Galland. J’ai trouvé cette espèce (type et forme minor), en 1912, à Perrache (gare d’eau), contre le bâtiment des Ateliers du chemin de fer. Je l’ai retrouvée à Perrache 2, en octobre 1917. Locard et Germain (igo3, p. 82), la citent comme acclimatée à Lyon. Hélix slbpapalis Caziot. Perrache (gare d’eau), contre les Ateliers du chemin de fer, 1912. Sous-Groupe d'Helix Mendranoi. Hélix submendranoi Caziot. Un seul échantillon jeune, un peu douteux, en octobre 1917, à Perrache, quai de la gare d’eau, entre les rues Smith cl Delandine. Cette slalion était très riche, en juillet 1917, en échantillons jeunes de Variabilianu qui ont presque tous été écrasés, avant de devenir adultes, sous des madriers et autres objets lourds déposés devant la clôture en planches qui les abritait des vents du nord. Hélix Canovasiana Servain. Cité comme étant acclimaté à Lyon par Locard et Germain (1903, p. 84). 48 LA COLONIE LYONNAISE DE YARIABILIANA Sous-Groupe d'Helix Papalis. Hélix papalis Locard. Celle espèce se trouvait assez abondamment en 1912, à Perrache (gare d’eau) contre le bâtiment des Ateliers du chemin de fer. Elle vivait à ce moment en compagnie de la sui¬ vante, d’Helix subpapalis et d’Helix Cyzicensis. Toutes ont disparu, probablement par suite du manque de nourriture, le point précis où elles se trouvaient étant actuellement presque entièrement dépourvu de toute végétation. Hélix pilula Locard. Avec la précédente. Sous-Groupe d’Helix Palavasensis. IIelix Palavasensis Germain. H. lineata (non Olivi) Locard. .1 ai trouvé ictle espèce, en octobre 19:7, a Perrache (gare d’eau). In¬ diquée par Locard (1882, p. 12), comme ayant été trouvée morte dans le parc du château de l’Aumusse (Ain), près de Mâcon. Cette liste renferme donc 43 espèces ou « formes baptisées », dont i4 seulement avaient été jusqu'ici indiquées comme se trouvant à Lyon. MM. Locard et Germain (1903, p. 123) constatent que 11 de ces i4 espèces ou formes sont communes à Paris et à Lyon. La présente liste porte à 29 le nombre des espèces communes aux deux villes. Au mois de juillet 1917 tous les échantillons étaient jeunes, au mois d’octobre ils étaient tous adultes. Ce qui concorde avec les observations de MM. Locard et Germain pour la colonie parisienne. Par contre les époques de l’année pendant lesquelles on peut récolter des Variabiliana vivantes diffèrent un peu pour la colonie parisienne et la colonie lyonnaise. MM. Locard et Germain (1903, p. 116) citent comme dates extrêmes du 18 mars au 27 novembre, .l'ai récolté à Lyon un individu vivant le i3 décembre 1917, sur le talus de la gare d’eau de Perrache et j'ai fait des récoltes assez abondantes pendant tout le mois de janvier 1913. Notons enfin que notre colonie a supporté sans dommage l’hiver de 1916-1917, à la fois très rigoureux, très long, et très tardif. ET L’ACCLIMATATION DES HELIX MARITIMES 49 CONCLUSIONS i. Il existe actuellement à Lyon une colonie d Hélix du groupe vnriabilis. Les conditions de milieu où elle vit confirme la réalité de l’influence méridionale., à laquelle elle est sou¬ mise et <| ii i est admise par tous les auteurs, mais elles mon¬ trent d'une manière évidente l’importance de l’intervention d’un autre facteur, non encore signalé explicitement jusqu’ici, le facteur rudéral, en rapport avec l’origine maritime de ces Hélix. >. Lu discutant les faits antérieurement publiés pour la colonie lyonnaise et pour celles des autres grandes \illes, il est facile de- voir que tous confirment que la combinaison de ces deux influences est nécessaire pour le développement de ces llelix dans les localités éloignées de la mer. Tous les au¬ teurs admettant l’influence du seul facteur méridional, ont manifesté à plusieurs reprises leur étonnement de voir échouer des tentatives d’acclimatation en milieu manifestement méri¬ dional, alors qu’il se produisait des acclimatations acciden¬ telles avec développement abondant de ces espèces dans des localités à climat bien moins chaud. L’intervention du facteur maritime au lieu d’origine, remplacé par le facteur rudéral au lieu d’acclimatation, permet au contraire d’expliquer tous les faits connus aussi bien en ce qui concerne la distribution géographique de ces espèces que leurs migrations acciden¬ telles ou non. 3. La colonie lyonnaise a subi dans le très court laps de temps depuis lequel elle existe de très nombreuses et très im¬ portantes modifications. Ces modifications seront certainement encore plus importantes dans l’avenir, les causes d’apport d’échantillons devenant de plus en plus nombreuses. Il était donc nécessaire de conserver un souvenir aussi fidèle que possible de son état actuel et il y aura lieu de la suivre avec la plus extrême attention, pour ainsi dire jour par jour, noter la date et h' lieu d’apparition des nouvelles espèces ou formes introduites, les plantes sur lesquelles elles vivent, tous les êtres vivants qui les accompagnent, enfin les conditions mé- 50 LA COLONIE LYONNAISE DE VARIABILIANA téorologiques ou autres favorisant ou entravant leur dévelop¬ pement. 4. Cette colonie, exemple remarquable de modification ra¬ pide de la faune, pourra fournir d'intéressantes observations concernant les migrations des espèces et leur modification suivant les milieux. 5. La colonie lyonnaise actuelle étant une colonie rudérale pure est un excellent objet d’étude et permet mieux de fixer les idées. Il est probable que des observations faites sur d’autres colonies de Variabiliana pourront modifier en partie les con¬ clusions ci-dessus, parce que les questions où l’édaphisme et le milieu interviennent, sont toujours très complexes, les faits observés y étant subordonnés à des inlluences parallèles ou contraires qui, suivant l’importance relative de chacune d’elles, modifie les événements ou même en renverse le sens. Aucun- des cliniciens de l’histoire naturelle ne pourra en être surpris. Nous ignorons (ou tout au moins j’ignore) le méca¬ nisme intime, physique, chimique ou physiologique, des phénomènes ci-dessus étudiés. Nous avons démontré que dans certains cas le milieu rudéral pouvait remplacer, pour les Variabiliana, le milieu maritime. Rien ne prouve que dans d’autres circonstances, sous un autre climat par exemple, le milieu rudéral ne puisse être remplacé à son tour par un autre milieu ou au contraire devenir inefficace. Mais dans la région lyonnaise les faits se passent bien ainsi que nous l’avons dit plus haut. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1877. Locard, Malacologie lyonnaise, i52 p. (Soc. d’ Agriculture, Hist. Nat. et Arts utiles de Lyon). 1878. — Notes sur les migrations malacologiques aux environs de Lyon. 28 p. (Soc. d'Agric.) 1S81. — Etudes sur les Variations malacologiques, etc., 2 vol. 474 cl 56o p., 5 pl. 1882. — Prodrome de Malacologie française. Mollusques terrestres, etc., 462 p. 188'. — Contribution IV. Sur la présence d’un certain nombre d’espèces méridionales dans la faune malacologique des environs de Lyon, 24 p. ('Soc. Linnéenne de Lyon). ET L ACCLIMATATION UES HELIX MARITIMES 51 i885. Locard, Matériaux pour servir à l’Histoire de la Malacologie française. IV. Description de quelques Hélices xérophiliennes nou¬ velles. (Bull, de la Société Malacologique de France, 11. p. 73-76). i8i)4- — Conchyliologie Française. Les Coquilles terrestres de France, 370 p. , 5i5 lig. i8ij5. — Etude sur la Collection conchyliologique de Draparnaud, 190 p. (Soc. d’Agric., etc.). i8y5. — A propos «le l’Helix variabilis (l'Echange, XII, n° 129, p. 98). 1895. — Une nouvelle station d’espèces méridionales dans le Nord de la France (l'Echange, XI. n° 1 3 1 , p. 121-122). 1896. — A propos «le l’Helix Terveri (l'Echange, XII, n° i34, p- 17-18 et n° i35, p. 25-27). igo3. Germain (Louis), Et. sur les Moll, terrestres et iluviatiles vivants des environs d'Angers et du dép. de Maine-et-Loire. 2 parties, 238 et 126 p., 2 pi. (Soc. des Sc. nat. de l'Ouest de la F rance ) . igo3. Locard et Germain. Sur l'Introduction d’espèces méridionales dans la Faune malacologique des env. de Paris (Mémoires de l’Académie de Lyon, 3e série, tome VIII, p. 57-126). mjo4. Caziot. Etude sur les Hélix du groupe Cespitum (Soc. Linn. de Lyon, vol. 5i (2’ série), p. 37-57). 1904. Germain (Louis), Sur quelques Hélices xérophiliennes du groupe Varia- biliana recueillies aux environs de Dieppe (Feuille des Jeunes Naturalistes, n° 4oi, p. io2-io3). •O0?- — Une nouvelle station d’Hélices méridionales aux environs d’An¬ gers (Feuille des Jeunes Naturalistes, n° 445, p. 21). 1908. Caziot, Les migrations des Moll. terr. entre les sous-centres Hispa¬ niques et Alpiques (Soc. Linn. de Lyon, vol. 55 (2® série), p. i55-ig8). 1910. — Etude sur les Moll, terrestres et fluviatiles de la Principauté de Monaco et du dép. des Alpes-Maritimes. 55g p., 10 ni. 1911. Roux (Claudius), Le problème de l’Edaphisme (d’après le docteur Gola). (Soc. Linn. de Lyon, vol. 58 (2® série), p. 65-i46). rgi2. — Sur les nouvelles Contributions du docteur Gola au problème de l’Edaphisme. (Soc. Bot. de Lyon, XXXVII, p. 179-197). igi3. Germain (Louis), Mollusques de la France et des Régions voisines, 374 p., 378 fig. (Encyclopédie du DT Toulouse). ,v ÉTUDE BIOLOGIQUE SUR LA MÉDUSE D’EAU DOUCE LIMNOCODIUM SOWERBYI Ray Lankester* Du Parc de la Tête-d’Or de Lyon. PAR J. PELOSSE Parmi les rares Cœlentérés vivant en eau douce, un groupe est tout spécialement digne d’attirer l’attention par le petit nom¬ bre de stations où l’on rencontre ses représentants, par l’igno¬ rance où l’on est de leur biologie et par la série de problèmes que leur étude suscite : c’est le groupe des Méduses d’eau douce, représentées par les deux seuls genres Limnocodium et Lim- nocnida. La présente note, tout en apportant une faible contribution à la connaissance de la biologie locale d’une de ces Méduses : Limnocodium Sowerbyi, au Parc de la Tète-d’Or de Lyon, don¬ nera un aperçu d’ensemble de l’état actuel de nos connaissances sur ces Méduses d’eau douce. Limnocodium Sowerbyi fut découvert d’abord, à l’état de Méduse, dans un bassin contenant Victoria Regia et autres plan¬ tes d’eau tropicales, au Regent’s Park de Londres, en 1880, et étudié pour la première fois, simultanément, par Ray Lankes- ter et Allman. Cette même Méduse réapparut à peu près cha¬ que année jusqu’en 1888, généralement au printemps, pour disparaître en été. La présence de cet animal fut successivement signalée en des points fort divers, toujours dans des bassins contenant Victoria Regia et autres Nymphéacées : à Sheffield, (1) Lankester (E.-R.), On Limnocodium (Craspedacusles) Sowerbyi, a new Trachomedusa inhabitin# fresh Water (Quat. Journ. of microscop. Science, vol. XX (new séries), 1880, pp. 35i-37i). Soc. Linn., t. i.xv, 1918 6 54 ÉTUDE BIOLOGIQUE SUR LA MÉDUSE D’EAU DOUCE en 1893, venant de Regent’s Part, après apports de plantes ; sur le continent, elle fut remarquée pour la première fois par M. Ghifflot puis déterminée et étudiée par MM. Vaney et Conte en 1901 ; à Münich, au Jardin botanique en igo5, étudiée par Bœcker ; à Washington, chez un fleuriste, en 1907, étudiée par Hargitt. Par ses caractères anatomiques, L. Sowerbyi, de même que les Limnocnida, se classe nettement parmi les Méduses craspé- dotes, c’est-à-dire représentant les formes sexuées de Cœlenté¬ rés, provenant par bourgeonnement d’une forme polype asexuée ; mais ce stade polype fut longtemps totalement inconnu. C’est seulement en i884 qu’il fut observé par Pear- son et Bourne à Regent’s Park et étudié minutieusement, en 1886, par Herbert Fowler. Depuis, sa présence ne semble pas avoir été signalée à nouveau jusqu’en 1912, où j’eus la bonne fortune de le trouver dans le bassin à Victoria Regia du Parc de la Tête-d’Or. Ce bassin, situé dans une serre du jardin botanique du Parc de la Tête-d’Or, est circulaire et a environ 8 mètres de dia¬ mètre. Une plate-bande le borde intérieurement, de 1 m. 4o de large, sous o m. 3o d’eau à peu près, dans la terre de laquelle végètent la plupart des plantes du bassin. Au centre est une sorte de fosse, pouvant atteindre 2 mètres de profondeur, dont le fond est occupé en partie par les tuyaux de chauffage, en partie surtout par un grand massif de maçonnerie rempli de terre, dont la surface peut se trouver à o m. 5o ou o m. 60 sous l’eau. C’est là qu’est habituellement planté un pied de Victoria Regia. Le bassin est chauffé à une température de 28-3o° C ; l’eau y est renouvelée par l’apport continuel d’un robinet spécial et s’évacue par un trop plein. Ce bassin intérieur com¬ munique par un tuyau formant siphon avec une série de qua¬ tre bassins situés à l’extérieur de la serre, dont un seul reçoit l’eau directement, et dont la température par suite, décroit à mesure qu’on s’éloigne du premier bassin. Les plantes cultivées dans cette serre sont : Nymphæa zanzibariensis (Afrique JS'ymphæa cærulea (Egypte). trop.). — rubra (Indes). — stellala (Asie et Afrique — amazonum (Amérique trop.). du Sud). ÉTUDE BIOLOGIQUE SUR LA MÉDUSE D’EAU DOUCE 55 Nymphæa gracilis (Mexique). Victoria regia (Amérique du sud trop.). rudgeana (Guyane). Pontederia (Amérique trop.). Cyperus papyrus (Egypte). Nelumbium divers, etc... Tel est le milieu où apparut, en 1891, L. Soverbyi, qui fut remarquée par M. Chifflot et étudié avec soin par MM. Vaney et Conte. Comme on le voit, il est relativement varié comme con¬ dition de vie, en ce sens qu’on y trouve des profondeurs variant de o m. 3o à 2 mètres, un éclairage assez différent suivant les points, et des végétaux originaires de régions bien distinctes. A remarquer que cette Méduse a toujours été trouvée dans des bassins ayant une température voisine de 28-3o° C. L’apparition de Limnocodium en 1901 fut subite, ou du moins on ne remarqua sa présence que lorsque apparurent des Méduses adultes ou à peu près, de 6-10 millimètres de diamè¬ tre. D’après MM. Vaney et Conte, ces Méduses étaient exclusi¬ vement mâles ; elles apparurent en grand nombre, sans qu’il eût été possible de trouver des individus portant des ovaires, ou des polypes asexués, fixés. Malgré toutes les tentatives d’iso¬ lement faites avec soin dans le bassin même, ces Méduses disparurent sans manifester de descendance apparente. En dehors de Lyon non plus on ne trouva jamais que des mâles. Ces Méduses apparurent deux ans encore, au printemps, puis disparurent et réapparurent vers 1900-1906, pour disparaître encore.. Mais pendant les années où elles n’apparurent pas, il peut se faire soit qu elles aient été en trop petit nombre pour être remarquées, soit qu elles aient toujours conservé une trop petite taille les ayant rendues invisibles à l’œil nu, soit que réel¬ lement aucune ne se soit développée. Comme, en décembre 1912, j’examinais à la loupe binoculaire du plankton vivant que j avais recueilli dans les bassins extérieurs à la serre, je ne fus pas peu surpris d’apercevoir parmi les autres animaux une petite Méduse vivante, de o mm. 5 de diamètre environ. J’en retrouvais quelques autres de la même grosseur dans cette pêche. Ces Méduses étaient loin d’avoir leur taille maximum, et par suite d’être à l’état de maturité sexuelle : elles n’avaient d ailleurs que les huit tentacules primaires au lieu de près de deux cents de l’adulte (fig. 1). Leur petitesse et leur transpa¬ rence les rendaient à peu près invisibles à l’œil nu. La présence Soc. Linn., t. lxv, 1918 6. 56 ÉTUDE BIOLOGIQUE SUR LA MÉDUSE D'EAU DOUCE de ces Méduses, trouvées à chaque pêche effectuée dans la serre, m’incita à rechercher sur les objets flottant dans l’eau, raci¬ nes, etc., et sur la vase les polypes qui devaient leur avoir donné Fig. i. — Limnocodium Sowerbyi Ray Lankester. Jeune méduse. naissance. Pour cela, d’une part, j’examinais à la loupe la vase recueillie à la surface des plates-bandes du bassin et contre les parois, les racines, les tiges immergées, etc., d’autre part, je Fig. 2. — Limnocodium Sowerbyi Ray Lankester. Polype. déposais cette vase, etc., dans des bocaux maintenus à 3o° C. sur une étuve. L’un et l’autre procédé me donnèrent de bons résultats, mais une seule fois chacun, malgré de nombreuses observations. En ÉTUDE BIOLOGIQUE SUR LA MÉDUSE D'EAU DOUCE 57 effet, au cours d’un examen de vase, fin décembre, je découvris sous la loupe le polype à deux branches représenté figure 2. 11 avait été détaché de son support, mais était intagt. Cet animal, que j’ai conservé, présente un étui de débris d’origine peu reconnaissable, de couleur brune, et, dans l’ensemble, il est plus élancé et plus mince que celui représenté par Fowler. Très peu de temps après, lin décembre 1912 ou au début de janvier 1913, j’observais sur la vase d’un récipient où je la conservais, quelques organismes blancs, fixés, comme de minuscules cham¬ pignons, à la surface. L’examen au microscope prouva que c’était aussi des polypes, dont les nématocystes garnissant l’ex- Fig. 3. — Limnocodium Sowerbyi Ray Lankester. Polype bourgeonnant une méduse (M). trémilé orale, dépourvue de tentacules, étaient très visibles. Je conservais ces polypes dans les même conditions où ils avaient apparu, c’est-à-dire sur une étuve, où ils prospérèrent en se multipliant par morcellement ou en bourgeonnant. Plusieurs même bourgeonnèrent des Méduses (fig. 3, la Méduse en M) en tous points semblables à celle pêchées dans la serre. Ces polypes semblaient assez résistants, à en juger par les faits suivants : ils résistèrent au transport du Parc à la Faculté, en se trouvant dans un milieu très refroidi ; certains, ayant été placés dans un godet de 4 cm 1/2 de diamètre sur l’étuve, bourgeonnèrent des Méduses, quoique l’eau se fut réduite de moitié par évapo¬ ration. Malheureusement, un fâcheux accident, survenu en février 1912, interrompit irrémédiablement l’élevage : le cristal- 58 ÉTUDE BIOLOGIQUE SUR LA. MÉDUSE D’EAU DOUCE lisoir où vivaient ces Polypes fut brisé, et de ce fait toute ma culture fut anéantie, malgré tous les soins que je pris pour tâcher de la reconstituer avec les matériaux restants. Je n’ai pu retrouver non plus de Polypes dans leur lieu d’origine. Les Méduses persistèrent dans la serre jusque vers la fin de 0 mai : jamais elles ne furent observées d’une taille supérieure à celle indiquée. J’attribuais cela à ce que les nombreux Macro- podes qui habitaient le bassin auraient pu les dévorer dès qu’elles atteignaient une certaine taille. Cependant, ces Poissons habitaient le bassin avant la première apparition des Méduses, ce qui n’empêcha pas ces dernières durant plusieurs années d’apparaître en grand nombre et d’arriver au maximum de leur taille. Mais il se peut qu’au début la poussée de Méduses ait été très importante et les Macropodes peu nombreux, tandis qu’au moment où je les observais les Macropodes étaient beaucoup plus nombreux et les Méduses peut-être en nombre plus restreint. Des questions que l’on peut se poser à propos de L. Sowerbyi, j’en examinerai trois : Comment se reproduit cette Méduse ? Quel est son pays d’origine ? Comment est-elle transportée dans les serres ? 9 Actuellement on ne connaît de cette Méduse que des indi¬ vidus cf, à l’exclusion des 9. Je n’ai pu déterminer les sexes de ceux que j’ai trouvés. Est-ce que le même individu change de sexe au cours de sa vie, ou bien les 9 sont-elles en nombre extrêmement restreint, ou apparaissent-elles par moments seu¬ lement P Autant de questions que l’on ne peut que poser. La présence de L. Soiuerbyi dans le bassin d’une serre a immédiatement soulevé le problème de l’origine de cette Méduse et de quelle façon elle a été importée. On ne connaît pas de L. Sowerbyi à l’état libre : on ne le connaît que dans les bassins de diverses serres où l’on cultive des plantes tropicales, et long¬ temps ce genre fut connu par cette seule espèce. Mais en 1907, Asajiro Oka signala et étudia un Limnocodium capturé dans le Yang-tsé-kiang, à environ 1.000 milles de son embouchure, et qu’il nomma L. Kawai. Cette Méduse ne fut connue que par quelques individus étudiés, et nullement au point de vue biolo¬ gique. Au Parc de la Têtc-d’Or, l’origine de la Méduse est tout aussi inconnue que partout ailleurs. Peu avant la consta- ÉTUDE BIOLOGIQUE SUR LA MÉDUSE D EAU DOUCE 59 tation des premières Méduses, on avait introduit des graines de Nymphæa cærulea provenant de la haute Egypte, et des rhizomes nus et secs de Nymphæa lotus var., provenant de Saint-Louis (Etats-Unis) : mais il est difficile d’admettre que c’est par ces plantes que Limnocodium a été introduit. Ray Lankester suppose que cette Méduse est originaire de l’ouest de l’Inde ; Hargitt, constatant que la Méduse a apparu à Washing¬ ton peu après l’introduction dans le bassin de plantes enraci¬ nées, parmi lesquelles Victoria Regia, laisse supposer qu’elle pourrait bien être d’origine sud-américaine ; c’est aussi l’opi¬ nion de Günther. Néanmoins, la découverte de L. Kaivai dans le Yang-tsé-kiang range le Limnocodium, jusqu’à preuve du contraire, parmi les genres asiatiques, sans toutefois prouver, bien entendu, qu’on ne trouvera pas peut-être un jour L. So- iverbyi dans le bassin de l’Amazone, par exemple. Dans ce dernier cas, le g. Limnocodium, comme un certain nombre d’autres genres, présenterait ce que l’on a dénommé une aire dissociée. Ce fait n’aurait rien de surprenant du reste, si l’on considère la répartition géographique des Méduses d’eau douce du g. Limnocnida, les seules limicoles en dehors des Limnocodium. Ce genre fut découvert en i883, par Bôhm, dans le lac Tanga- nyika, puis successivement par Toutain, en 1888, dans le haut Niger ; en igo3, par Browne, à Assay, dans la partie basse de ce fleuve : toutes ces méduses sont considérées comme étant Lim¬ nocnida Tanganyicæ. Enfin, Boulanger décrivit, en 1912, Lim¬ nocnida Rhodesise , provenant d’un affluent du moyen Zambèze. Limnocnida est donc représentée dans toute la région tropicale de l’Afrique. Mais on trouve aussi un Limnocnida, décrit et étudié par Gravely, Agharkar et Annandale, en 1912, sous le nom de L. indica, aux Indes, dans certaines rivières descendant des Ghates orientales, dans la présidence de Bombay. Nous avons donc affaire ici à un genre à aire certainement dissociée. Que les anciennes connexions des continents entre eux soient la cause de ces aires dissociées, semblant si paradoxales en regard de la géographie actuelle, la chose ne paraît pas faire de doute. De même, ce serait au cours des périodes géologiques que les ancêtres marins des Méduses d’eau douce ont dû 60 ÉTUDE BIOLOGIQUE SUR LA MÉDUSE D'EAU DOUCE s'adapter au milieu où leurs descendants vivent aujourd’hui, par désalure progressive des lacs d’eau de mer où les mouve¬ ments du sol les auraient confinés. Quant à la forme ayant permis à L. Sowerbyi d’être trans¬ porté d’une contrée à l’autre, elle nous est totalement inconnue. Le Polype, et à plus forte raison la Méduse, sont des êtres trop délicats, au moins dans l’état où nous les connaissons, pour supporter des conditions de vie défavorables, telles que celles résultant d’un voyage de longue durée sur les racines ou les tiges d’une plante aquatique ou dans la vase l'accompagnant. Il faut supposer qu’il existe vraisemblablement une forme de insistance : ce pourrait être, d’après Metschnikoff, cité par Fowler, des éléments génitaux immatures, qui se diviseraient jusqu’à former une sorte de morula, dont une partie des élé¬ ments serait absorbés par les autres, ou leur servirait de protec¬ tion. C’est un cas de sporogonie observé chez les Cunina. 11 pourrait se rencontrer peut-être ici, et il y aurait alors des cT parthénogénétiques. Ces sortes de kystes, permettant le trans¬ port au loin et la résistance à des conditions de vie défavorables, donneraient vraisemblablement naissance à une larve mobile, se transformant en hydroïde et expliquant par sa mobilité la dispersion rapide d’êtres aussi immobiles que les polypes dans tout un bassin. Telle est l’hypothèse émise par Fowler, mais qui n’a pu être vérifiée ni par lui, ni par personne autre, pour Limnocodium. Pour les Limnocnida, on est encore moins avancé au point de vue des connaissances biologiques, puisque, malgré les recherches entreprises en particulier par Agliarkar en 1912- 1913, on n’a pas découvert encore le polype. Tel est l’état actuel de nos connaissances biologiques sur L. Sowerbyi, et les Méduses d’eau douce en général. J’espérais en 1913-1914 pouvoir continuer mes observations, mais je ne rencontrais plus ni Polypes, ni Méduses. Puis, la guerre sur¬ vint, interrompant toutes recherches. Depuis, le chauffage de la serre étant insuffisant, la température s’abaissa beaucoup, assez pour provoquer la mort des Macropodes cl le dépérisse¬ ment de pas mal de plantes, et je n’ai pu retrouver de Méduses. Qu’en sera-t-il advenu P L’avenir le dira sans doute, mais il serait bien regrettable qu’une aussi rare et aussi curieuse ÉTUDE BIOLOGIGUE SUR LA MÉDUSE D’EAU DOUCE 61 espèce ait définitivement disparu du bassin du Parc de la Tête-d’Or. Qu'il me soit permis, en terminant cette note, de remercier très sincèrement M. le professeur Gérard pour l’aimable accueil que j’ai toujours trouvé dans son service au Parc de la Tète- d’Or ; M. le professeur Vaney pour les conseils qu’il m’a don¬ nés et la bienveillante sollicitude dont il n’a cessé de faire preuve à mon égard ; M. Ghif flot pour les nombreux renseigne¬ ments qu’il a bien voulu me fournir. Les dessins de Polypes sont faits d'après des individus mon¬ tés au baume. BIBLIOGRAPHIE Genre LIMNOCODIUM . — Bibliographie déjà faite, pour ce qui est antérieur à 1894, surtout par : Fovvler (G. -11.). — Hydroïd Phase of Limnocodium Sowerbyi. (Quat. Journ. of microscop. Science, vol. XXX, p. 507, 1890). A signaler en particulier, en outre, les mémoires suivants : Gunther (R. -T.). — Some further Contributions to our Knowledge of the minute Anatomy of Limnocodium (Quat. Journ. of microscop. Science, vol. XXXV, p. 539, i8g4). C. Vaney et A. Conte. — Sur le Limnocodium Sowerbyi. — (Zoolog. An- zeiger, Bd. XXIV, p. 533, 1901). Bœcker (E.). — Ueber das Vorkommcn von Limnocodium in Münchener botanischen Garten. — (Biolog. Centralbl., 1906, p. 6o5-Go6). Hargitt (Chas. W.). — Occurence of the fresh-water Médusa Limnocodium in the United States. (Biolog. Bull, of the Marine biological La- boraiory, vol. i4, p. 3o4-3i8, 1907-1908). Oka Asajiro. — Limnocodium im Jangtsekiang ; eine neue Susswasserme- duse aus China. — (Zoolog. Anzeig., Bd. XXXII, p. 669-671, 1908). Genre LIMNOCNIDA. — A signaler, en particulier, les mémoires suivants (qui donnent aussi une bibliographie) : Günther (R. -T.). — Quat. Journ. of microscop. Science, vol. 36, New Sériés, p. 271-273, 1894. Gravier (Ch.). — La Méduse du Tanganyika et du Victoria-Nyanza. Sa dis¬ persion en Afrique. — Résultats scientifiques des voyages en Afri¬ que d’Edouard Foa, Paris, 1908. 62 ÉTUDE B10L0GIGUE SUR LA MÉDUSE D'EAU DOUCE Boulencer (Charles-L.). — Quat. Journ. of microscop. Science, 1912, p. 83-io6 (Limnocnida Tanganyicæ). — 1912, p. 427-438 (Lim. Rhodesiœ). Annandale (N.). — Records of the Indian Muséum (Limnocnida indica, vol. VII, p. 253, 1912. Agharkar (S. -P.). — Records of lhe Indian Muséum (L. indica), vol. IX, part. IV., igi3. CONTRIBUTION AU CATALOGUE DES DIPTÈRES DE FRANCE TIPU LI FORMES (,) NEMATOCERA - POYNEURA Limnobiidæ — Tipulidæ — Cylindrotomidæ I* A B C. PIERRE (Mémoire présenté à la Société Linnéenne de Lyon, en la Séance du 14 octobre 1918.) PREMIÈRE LISTE LIMNOBIIDÆ LIMNOB1INÆ G. Dieranomyia. Steph. D. chorea, Wied. — Avril, mai. — CCC. Partout, voltige en nombre, surtout le soir, se pose sur les arbres et les buissons. /). dumetorum, Meig. — Juin, juillet, août. — Se trouve au¬ tour des vieilles souches de bois en décomposition, où vit la larve. — Foret de Saint-Germain ! — Lyonnais, bois de l’Etoile ! Pyrénées (Pandellé). D. lutea, Meig. — Juillet, août. — Vole en grande quantité, dansant par troupes nombreuses à la tombée de la nuit. • (1) J’ai donné aux insectes de ce groupe le nom de Tipulif ormes, pour ne- pas les nommer Tipulaires, comme Macquart, qui comprenait sous cette dé¬ nomination : Cecidomyides, Chironomides, Mycetophilides , etc. Je ne pou¬ vais pas non plus les appeler Tipulides, mot appliqué à une famille du groupe. Il est d’ailleurs impossible de confondre ces insectes avec d’autres qualifiés de tipulif ormes, tipulaires, etc., adjectif désignant simplement des espèces, exem¬ ple : Empis tipularia qui est un Brachocère, mais dont les caractères (an¬ tennes, nervulation des ailes, etc.) diffèrent totalement des Tipulif ormes pro¬ prement dits Soc Linn., t. lxv, 1918 7 64 CONTRIBUTION AU CATALOGUE UES DIPTÈRES DE FRANCE CCC. dans les environs, de Paris et en Lyonnais ! Pyré¬ nées (Pandellé). L). inudesta, Wied. — Juillet, août. — Avec le précédent, et aussi commun. — Environs de Paris ! Lyonnais ! Pyré¬ nées (Pandellé). 1). Irinotata, Meig. — De juin à novembre. — Se plaît contre les murs humides. En quantité dans les urinoirs. — Environs de Paris ! Lyonnais ! (vDr Riel). Reaune (Lesne), Pyrénées (Pandellé). G. Rhipidia, eig. H. maculatu, Meig. — Juillet, août, septembre. — Se trouve dans les bois et les jardins. — Environs de Paris J Fon¬ tainebleau (Poujade, Lyonnais, bois de Marcy ! (Dr Riel). G Lfmnobia, Meig. L. unnulus, Meig. — Rambouillet (,Dr Villeneuve). L. hifasciata, Schrk. — Mai, juin, juillet, août. — Commun dans les bois humides. La larve vit dans les champi¬ gnons. Le Dr Riel a obtenu des éclosions. — Environs de Paris, bois de Meudon ! Rambouillet (l)r Villeneuve). Lyonnais, bois de l’Etoile ! de Marcy ! Saint-Fons ! Li- monest ! Décines ! (Dr Riel). L. flavipes, F. — Mai, juin. — Bois humides. — Environs de Paris, bois de Meudon ! Clamai t ! Aulnay ! Rambouillet (J)r Villeneuve). Lyonnais, bois de la Lune ! (Dr Riel). L. nujvopunctata, Schum. — Mai, juin. — CCC. Rois humides. — Environs de Paris ! Rambouillet (Dr Villeneuve). Lyonnais ! (Dr Riel, Sérullaz). L. nitida, Verrai. — Avril. — Rois el buissons. — Lyonnais, Limonest ! L. nubeculâsa, Meig. — D'avril à octobre. — CCCC. partout. L. (juadrinotata, Meig. — Mai, juin, juillet, août. — - CC. Bois humides, sur les herbes el les buissons. — Environs de Paris ! Rambouillet (l)r Villeneuve). Lyonnais, bois de l’Etoile, de Marcy ! (Dr Riel). L. Iripunctatu, F. — D’Avril à août. — CCC. dans les bois. TIPULIFORMES 63 L. trivittata, Schum. — Juin. — Endroits marécageux. — En¬ virons de Paris, bois de Meudon ! RHAMPHIDIINÆ G. Rhamphidia. Meig. R. lonyirostris, Meig. — Juin, juillet, août. — Sur les herbes dans les endroits humides. — Environs de Paris, bois de Meudon ! Lyonnais, bords de l’Yzeron ! G. Antocha, Osten-Sacken. .1. opalkuns, Ost. Sack. — Septembre. — Sur les herbes. — Environs de Paris, Bures ! Pyrénées (Pandellé). G. Thaumastoptera, Mik. T. culceuta, Mik. — Grenoble (L)r Villeneuve). ERIOPTERINÆ G. Rhypholophus, kol. R. lineulus, Meig. — Mai. — Environs de Paris, Aulnay ! Sur les herbes. R. nodolosus, Macq. — Septembre. — Sur les buissons. — En¬ virons de Paris, Aulnay ! R. l 'arius, Meig. — Septembre. — Sur les herbes et les buis¬ sons. — Environs de Paris, bois de Meudon. R. \ illeneuvei, Bergr. — Juin. — Lautaret (Dr Villeneuve). G. Molophilus, Curt. M. appendiculutus, Stæg. — Septembre. — Lyonnais, Bois de l’Etoile ! M. ater, Meig. — Mai. — Lyonnais, Bois de Marcy (Dr Riel). M. ochraceus, Meig. — Juin. — Environs de Paris, Bois de Meudon ! M. propinquus, Egg. — Juin, juillet. — Tours (Lacroix). 66 CONTRIBUTION AU CATALOGUE DES DIPTÈRES DE FRANCE G. Acyphona, Osten-Sacken. /! . muculata, Mcig. — Juin, juillet. — Sur les herbes, en¬ droits boisés et humides. Environs de Paris, bois de Meudon ! Aulnay ! Vichy (Dr Villeneuve), Deux-Sèvres (Lacroix). G. Erioptera, Meig. E. flavescens, L. — Juin. — Bois marécageux. — Environs de Paris, Meudon ! E. lutea, Meig. — Rambouillet (Dr Villeneuve). E. trivialis, Meig. — Octobre. — Sous bois humides. — Envi¬ rons de Paris, Trivaux ! G. Trimicra, Osten-Sacken. T. pilipes, F. — Août, septembre. — Contre les murs humides à l’ombre, à 5o ou 60 centimèters du sol. — Lyonnais ! (Dr Riel). Pyrénées (Pandellé). G. Ghionea, Daim. C. araneoïdes, Daim. — En hiver. — Alsace (Lesne). C. lutescens, Lundstr. — Dans une grotte du Puy-de-Dôme (Dr Villeneuve). G. Gnophomyia, Osten-Sacken. G. tripudians, Bergr. — Chaville, Jouy (Dr Villeneuve). G. Gonomyia, Meig. G. cincta, Egg. — Octobre. — Endroits marécageux. — Envi¬ rons de Paris I G. tenella, Mg. — Avec le précédent ! G. lateralis, Macq. — Juillet. — Environs de Grenoble (Dr Vil¬ leneuve). G. Empeda, Osten-Sacken. E. nubila, Schum. — Octobre. — Endroits marécageux. — En¬ virons de Paris. Meudon 1 TIPÜLIFORMES 67 T R IC H OC ER I IV Æ G. Epiphragma, Osten-Sacken. E. ocellaris, L. — Mai, juin, juillet. — Bois humides. — Envi¬ rons de Paris, Meudon ! Clamart ! Aulnav ! Verrières ! Rambouillet, Rouen (Dr Villeneuve). Lyonnais, Char¬ bonnières ! (Dr Riel). Compiègne (Poujade). Pyrénées (Pandellé). G. Ephelia, Schiner. E. marmorata, Meig. — De juin à septembre. — Endroits hu¬ mides et boisés. — Environs de Paris, Trivaux ! Lyon¬ nais, bois de Marcy ! (Dr Riel). Limonest ! C. G. Pœcilostola, Schiner. P. pictipennis, Meig. — Août, septembre. — Sur les herbes près des étangs. — Environs de Paris, Trivaux ! Meudon (Poujade). Lyonnais, bois de l’Etoile ! Albi, Argentât (Dr Villeneuve). P. punctata, Schrk. — Avril. — Sur les herbes, endroits humi¬ des, près des bois. — Environs de Paris, Meudon ! Lyon¬ nais (Foudras). G. Limnophila, Macq. L. discicollis, Meig. — Juin, juillet, août. — Sur les herbes, sous-bois humides. — Environs de Paris, Meudon ! Aul- nay ! Lyonnais, bois de Marcy ! Limonest ! Décines ! Pyrénées (Pandellé). L. dispar, Meig. — Mai, juin. — Endroits boisés et humides. — Environs de Paris, Meudon ! Aulnay ! Bures ! An- tony ! Pyrénées (Pandellé). L. ferrnginea, Meig. — De mai à septembre. — Sur les herbes, surtout près des étangs et des mares. — Environs de Paris, Meudon ! Aulnay ! Rambouillet (Dr Villeneuve). Lyonnais, bois de Marcy ! Limonest ! (Dr Riel). Ambazac (Haute-Vienne) (Dr Villeneuve). CCC. 68 CONTRIBUTION AU CATALOGUE DES DIPTÈRES DE FRANCE L. lineola, Meig. - — Juin, juillet. — Prairies et bois humides. — Environs de Paris, Meudon ! Rambouillet (Dr Ville- neuve). Lyonnais, Limonest ! L. lucorum, Meig. — Juillet, août. — Commun sur les haies et dans les bois marécageux. — Environs de Paris, Meu¬ don ! Lyonnais, Poule 1 bois de Marcy ! L. nemoralis, Meig. — Juin, juillet, août. — Bois marécageux et sur les herbes au bord des étangs. — Environs de Paris, Meudon ! Lyonnais, bois de Marcy ! L. ochracea, Mg. — Juin, juillet, août. — Endroits humides, boisés. — Environs de Paris, Meudon ! Aulnay ! Lyon¬ nais, bois de l'Etoile ! de Marcy ! Limonest ! G. Trichocera, Meig. T. annulata, Meig. — Décembre, janvier. — Au vol, les jours de soleil, le soir. — Environs de Paris, Rambouillet ! (Dr Villeneuve). Lyon (Pandellé). T. hiemalis, Deg. — De novembre à mars. — Vole par les temps doux, se pose aussi contre les murs humides! — Environs de Paris ! Rambouillet (Dr Villeneuve). Tarbes, Lyon (Pandellé). T. reqelationis, L. — De décembre à avril. — Avec le précé¬ dent. - — Environs de Paris ! Rambouillet (Dr Ville- neuve). Lyon (Pandellé). AJVISOM priai: G. Anisomera, Meig. t. nifjra, Latr. — Environs de Grenoble (Dr Villeneuve). Lan¬ des (de Gaulle). I. striata, F. — Mai, juin. — Dans les bois. — Lyonnais, Li¬ monest ! Tourrainc (Lacroix), Allier, Pyrénées (Pan¬ dellé). .1. pyrenaïca, Bergr. — Lautaret (Dr Villeneuve). Tim.lFORMES (39 i» i:niciii\/K G. Amalopis, Hall. t. immaculata, Meig. — Septembre, octobre. — ■ Sur les her¬ bes, endroits marécageux. — Environs de Paris, Tri- vaux ! Lyonnais, Limonest ! Col du Lautaret en juillet (Dr Villeneuve). 1. litioralis, Meig. — Août et septembre. — Sur les buissons, . marécages. — Lyonnais, Limonest ! bois de Man y ! G. Pedicia, I.atr. P. rivosa, L. — Mai. — Lyonnais (Sérullaz, Fondras). Pyrénées (Pandellé). G. Ula, Mal. IJ. macroptera, Macq. — Août et septembre. — Dans les bois. — Environs de Paris, Aulnay ! Pyrénées (Pandellé). G. Dicranota, Zett. 1). bimaculata, Sehum. — Août. - — Près d’un ruisseau. — Lyonnais, Vaux ! TIPULIDÆ i DOLICHOPEZINÆ G. Dolichopeza, Curt. I). albipes, Sroïn. — Juin, juillet, août. — Surtout près des ruisseaux ombragés. — Environs de Paris, Meudon ! Lyonnais, Poule ! bois de Marey ! Rochecardon ! Creusé (Alluaud). Tours (Lacroix). Aude (Pandellé). 70 CONTRIBUTION AU CATALOGUE DES DIPTÈRES DE FRANCE CTENOPHORINÆ G. Dictenidia, Brullé. D. bimaculata, L. — Mai à septembre. — Mégènc (Haute-Sa¬ voie). Saint-Christan (Basses-Pyrénées) (Dr Villeneuve). Pyrénées, Apt, Morlaix (Pandellé). Agen (Laboulbène qui signale les larves dans du bois pourri). Creuse (Alluaud). Le Dr Villeneuve donne cet insecte comme se développant dans le platane. G. Xiphura, Brullé, X. atrata, L. — Mai, juin, juillet. — Environs de Paris, Bondy (Pou jade a élevé la larve trouvée dans le tan du bou¬ leau. Eclosion le n juin 1878.). Pyrénées, Vosges (Pan¬ dellé). Lyonnais (Grilat,). G Gtenophora, Meig. C. elegans, Meig. — Juin, juillet. — Environs de Paris (Pou- jade). Lyonnais (Poudras). C. jestiva, Meig. — Mai, juin, juillet. — Environs de Paris, Bambouillet (Dr Villeneuve). Fontainebleau (Poujade). Lardy (Moreau). Digne (Poujade). Lyonnais (Pandellé, Foudras). C. flaveolata, Fab. — Mai, juin. — Environ de Paris, Fontaine¬ bleau (Poujade). Vitry-sur-Seine, Limoges (Dr Ville- neuve). Lardy (Moreau). Lyonnais, les Massues (Dr Ricl, Foudras). Luz, Barrège, Avignon, Marseille (Pandellé). C. guttata, Meig. — Juin, juillet, août. — Luz, Arragonet, Ga- varnie (Pandellé). C. ornata, Meig. — Juin, juillet. — Environs de Paris, Fontai¬ nebleau (Poujade). Lyonnais (le Dr Riel l’a trouvé sur un platane du quai Rambaud). Nîmes (D1 Villeneuve). Allier, Tarbes (Pandellé). C. pectinicornis, L. — Mai, juin, juillet. — Environs de Paris, Fontainebleau (Poujade). Forêt de Saint-Germain (de Gaulle). Lyonnais, Brignais ! (Foudras). Deux-Sèvres TIPULIFORMES 71 (Lacroix). Nîmes (Dr Villeneuve). Gavarnie (Pandellé). — Au Muséum de Lyon, l’éclosion a été obtenue de larves vivant dans un morceau de platane pourri. TIPULINÆ G. Tipula, L. T. cæsia, Schum. — Mai, juin, juilet. — Dans les endroits marécageux. — Environs de Paris, bois de Meudon ! Tours (Lacroix). Lyonnais, Limonest ! Pyrénées (Pan¬ dellé). T. cava, Riedel. — Juin, juillet. — Bois plutôt secs. — Envi¬ rons de Paris, bois de Verrières ! Lyonnais, Poule ! Li¬ monest ! T. excisa, Schum. — Juillet, août. — Saune (Dr Villeneuve). Glacier du Tour (Iasigi). Pyrénées, Arrens (Pandellé). T. fascipennis, Meig. — Mai, juin, juillet. — Bois, endroits herbeux. — Environs de Paris, Meudon ! Verrières ! Aulnay ! Rambouillet, Fontainebleau (Dr Villeneuve). Lyonnais, Limonest ! Pyrénées (Pandellé). T. flavolineata, Meig. — Mai, juin. — Surtout dans les bois. — Environs de Paris, Clamart ! Meudon ! Bures ! Am- bazac (Dr Villeneuve). Pyrénées (Pandellé). T. fulvipennis, Deg. — Août, septembre, octobre. — Bois hu¬ mides. — Environs de Paris, Aulnay ! Meudon ! Ram¬ bouillet (Dr Villeneuve). Côte-d’Or. Lyonnais, Poule ! Bois de l’Etoile ! (Dr Ricl). Creuse (Alluaud). Pyrénées, Arrens (Pandellé). T. hortensis, Meig. — Mai, juin, juillet. — Dans les bois. — Environs de Paris, Meudon ! Fontainebleau (Poujade). T. hortulana, Meig. — Mai, juin. — Bois humides. — Envi¬ rons de Paris, Meudon ! Aulnay ! Rambouillet (Dr Ville- neuve). T. lateralis, Meig. — De mai à octobre. — Très commune dans les bois et endroits marécageux. — Environs de Paris, Meudon ! Rambouillet (Dr Villeneuve). Lyonnais, Déci- nes ! Limonest ! Pierre-Bénite ! Saint-Fons ! Irigny ! 72 CONTRIBUTION AU CATALOGUE DUS DIPTÈRES DU FRANCE Dois de PEloile ! il)' Riel). Lautaret, Vichy (Dr \ i 11e- neuve). Tours (Lacroix), Creuse (Alluaud). T. livida, Wnlp. — Juin. — Dans les bois. — Environs de Paris, Meudon! Rambouillet, Fontainebleau, Forêt de Saint-Germain (Dr \illeneuve). Lyonnais, Limonest ! Ravin de la Cadette ! T. lonçjicomis, Schum. — Juin, juillet. — Dans les bois hu¬ mides, même marécageux. — Environs de Paris, Meu¬ don! Jouv (Eure-et-Loir) (Dr Villeneuve). T. lima West. = lunata, L, — Mai. — Endroits très maréca¬ geux et boisés. — Environs de Paris, Aulnay ! Meudon ! T. lunata, L. = ochracea, Meig. — d’Avril à août. — Très commune partout, dans les herbes, sur les buissons, etc. T. luteipennis, Meig. — Septembre, octobre. — Sur les herbes aquatiques, dans les marécages. La 9 qui a les ailes ré¬ duites vole peu. — Environs de Paris, Meudon ! Tri- vaux ! Lyon, Pyrénées (Pandellé). T. marmorata, Meig. — Septembre, octobre. — On rencontre cette espèce un peu partout, même dans les rue de Paris. Je l’ai prise contre des murs moussus, dans les bois, voletant sur la mousse au pied des arbres. — Environs de Paris, Meudon ! Rambouillet (Dr Villeneuve). Fontai¬ nebleau (Poujadc). Lyonnais, Pierre-Bénite ! Rochecàr- don ! les Massues (Dr Riel). T. maxima, Poda. — De mai à septembre. — Commune dans les prairies boisées et les bois marécageux. — Environs du Paris, Meudon ! Bures ! Rambouillet, Vernet-les- Bains, Ambazae (Dr Villeneuve). Lyonnais, Décines ! Limonest ! Rois de TEîoile ! Ecully ! Rocbecardon ! (Dr Riel). Tours (Lacroix). Creuse (Alluaud), Pyrénées, Nancy (Pandellé), T. mellea, Sébum. — Juin. — Alpes. Pyrénées (Pandellé). T, montium, Egg. — Août, septembre. — Alpes, Lautaret (Dr Villeneuve), Pyrénées (Pandellé). T. niçjra, L. — Juillet, août. — Prairies humides, et bois. — Environs de Paris, Meudon ! Jouy CC. (Dr Villeneuve). Lyonnais, Rois de Marcy ! Pierre-Bénite ! Limonest ! Décines ! Tours (Lacroix). T. nubecnlosa, Meig. — Juin, juillet, août. — Dans les bois. TIPULIFOR MES 73 — Environs de Paris, Bourray ! Bures ! Rambouillet, Somme (l)r Villeneuve). Fontainebleau (Poujade). Ga- varnie (Pandellé). Val d’Isère (Sérullaz). T. oleracea, L. — De mai à octobre. — Tics commune partout dans les prés, pâturages, etc., même dans les rues des villes, à Puris, sur les boulevards ; à Lyon, dans les quartiers de banlieue. CCCC. T. pabulina, Meig. — D’avril à juillet. — Dans les découverts des bois où cet insecte voltige le long du tronc des arbres. — Environs de Paris, Aulnay ! Bures ! Mention ! Forêt de Saint-Germain ! Tours (Lacroix). Pyrénées (Pandellé). C.G. T. paludosa, Meig. — De juillet à octobre. — Sur les herbes, dans les prairies marécageuses. G. — Environs de Paris, Meudon ! Aulnay ! Rambouillet (Dr Villeneuve). Lyon¬ nais, Limonest ! Saint-Fons ! (Dr Riel). Midi, Hyères (Pandellé). T. peliostigma, Schum. — Juillet, août. — Dans les bois, sur les buissons. — Environs de Paris, Meudon ! Verrières ! Rambouillet, Vichy (Dr Villeneuve). Pyrénées (Pan¬ dellé). T. prninosn, Wied. — De juin à septembre. — Endroits humi¬ des. — Environs de Paris, Meudon ! Trivaux ! Lyonnais, Poule ! Pyrénées (Pandellé). T. recticornis, Schum. — Juin, juillet, août. — Pyrénées (Pan¬ dellé). T. rufina, Meig. — De mai à septembre. — Environs de Paris, Forêt de Fontainebleau (Poujade). Pyrénées (Pandellé). T. scripta, Meig. — Avril, mai, juin. — ■ Surtout dans les bois. — Environs de Paris, Forêt de Saint-Germain ! Aulnay ! Bures ! Meudon ! Verrières ! Rambouillet (Dr Ville- neuve). Fontainebleau (Poujade). T. selene, Meig. — Juillet, août. — Pyrénées (Pandellé). T. selenitica, Meig. — Juillet. — Dans les bois. • — Environs de Paris, Aulnay ! Bures ! Lyonnais, Bois de la Lune (Dr Riel). Limonest ! T. tenuicornis, Schum. — Août. — Pyrénées, Arrens (Pan¬ dellé). T. variieornis, Schum. — Mai, juin. — Se plaît dans les sous- 74 CONTRIBUTION AU CATALOGUE DES DIPTÈRES I)E FRANCE bois marécageux. — Environs de Paris, Trivaux ! Meu- don (Poujade). Rambouillet (Dr Villeneuve). T. variipennis, Meig. — Juin, juillet. — Bois humides. — En¬ virons de Paris, Aulnay ! Bures ! Meudon ! Forêt de Saint-Germain ! Lautaret (Dr Villeneuve). T. vernalis, Meig. — Mai, juin. — Très commune partout, dans les herbes, se plaît dans les orties. T. vittata, Meig. — Avril, mai. — Sous-bois marécageux. — Environs de Paris, Trivaux ! Clamait ! Fontainebleau, Meudon (Poujade). Drôme (Dr Riel). Pyrénées, Arrens (Pandellé). T. nervosa, Meig. — Juillet, août. — Dans les montagnes. Gla¬ cier du Tour, massif du mont Blanc (lasigi). T. helvola, Lw. — Juillet, août. — Sur les buissons, dans les bois. — Lyonnais, Bois de la Lune ! Brignais ! Limo- nest ! (Dr Biel). Saint-Dizier (Haute-Marne) (Dr Ville- neuve). G. Pachyrhina, Macq P. analis, Schum. — Mai à septembre. — Dans les bois. — En¬ virons de Paris, Meudon ! Aulnay ! Lyonnais. Adour (Pandellé). P. cornicina, L. — D’avril à juillet et août. — Sur les haies, dans les bois et même dans les jardins. — Environs de Paris, Meudon ! Verrières ! Rambouillet (Dr Villeneuve). Nogent-sur-Marne (Fleutiaux). Lyonnais, Décines ! la Pape ! Charbonnières ! Brignais ! Limonest ! (Dr Biel). P. crocata, L. — D’avril à septembre. — Très commune par¬ tout. Haies, buissons, bois. P. guestfalica, West. — Juin, juillet, août. — Bois et buissons. — Environs de Paris, Aulnay ! Rambouillet (Dr Ville- neuve). Lyonnais, Brignais ! Vichy. Mascara (Dr Ville- neuve) . P. lineata, Scop. — D’avril à août. — Commune partout, sur les herbes, buissons, dans les bois. P. pratensis, L. — Avril, mai, juin, juillet. — Prairies humi¬ des, bords des ruisseaux. — Environs de Paris, Ram¬ bouillet (Dr Villeneuve). Lyonnais, Saint-Fons ! Allier, Gers, Tarn (Dr Villeneuve). Gavarnie (Pandellé). TIPILIFORMES 75 P. pyrendica, Pierre. — Juillet. — Pyrénées, Cauterets, vallée d’Arrens (Dr Riel, Sériziat). P. lunulicornis , Schum. — Juin, juillet. — Endroits humides et ombragés. — Environs de Paris, Meudon ! Lyonnais, Poule ! Décines ! Saint-Fons ! P. maculata, Meig. — D’avril à juillet. — Très commune par¬ tout, sur les herbes et les buissons. P. quadrifaria, Meig. — De mai à septembre. — A. C. sur les buissons, aux lisières des bois. — Environs de Paris, Bourray ! Meudon ! Rambouillet (Dr Villeneuve). Mai¬ sons-Laffitte (de Gaulle). Lyonnais, Limonest 1 Char¬ bonnières ! Brignais ! (Dr Riel). Creuse (Alluaud). Adour, Landes (Pandellé). P. scurra, Meig. — Juillet, août septembre. — Sous-bois ma¬ récageux. — Environs de Paris, Meudon ! Verrières ! Rambouillet (Dr Villeneuve). Maisons-Laffitte (de Gaulle). Lyonnais, Décines ! Saint-Fons ! où elle est très com¬ mune (Dr Riel). P. fluvipalpis Meig. = crinicauda, Ried. — Juillet, août, sep¬ tembre. — Rambouillet, Royan (Dr Villeneuve;. G. Nephrotoma, Meig. N. dorsalis, Fab. — Juillet, août. — Endroits marécageux et boisés. — Environs de Paris, Meudon ! Rambouillet (Dr Villeneuve). Lyonnais, Pierre-Bénite ! Saint-Fons ! où on le trouve en grande quantité. CYLINDROTOMIDÆ G. Cylindrotoma, Macq. C. distinctissima, Meig. — Mai, juin, juillet. — Endroits hu¬ mides et ombragés. Vole très bas à travers les herbes. — Environs de Paris, Trivaux ! Jouy (Dr Villeneuve). G. Liogma, Osten-Sacken. L. glabrata, Meig. — Juillet, août. — Buissons, bois, près des cours d’eau et des marais. — Lyonnais, Bois de Marcy ! 76 CONTRIBUTION AU CATALOGUE DES DIPTÈRES DE FRANCE la Pape ! Limonest ! commun dans celte région, je rie l’ai {tas capturé dans les environs de Paris. G. Phalacrocera, Schin. P. veplicata, I,. — Environs de Grenoble (liesse). Je termine celte première liste en remerciant mes excellents collègues dont les noms figurent dans ce travail, et qui m’ont fourni des notes ou communiqué leurs captures. NOTE SUR LA CALCITE DE LUOEN-DIOIS (Drôme) PAR A COLLET Docteur ès Sciences. (Mémoire présenté à la Société Linnéenne de Lyon en la séance du 14 octobre 1918.) La Calcite est très commune dans les assises calcaires du jurassique supérieur des environs de Luc-en-Diois (i). Elle s’y rencontre en cristaux isolés ou groupés et en masses de struc¬ tures variées (laminaire, lamellaire, grenue, fibreuse, etc.) ; elle remplit ou tapisse les joints, fissures, cavités de la roche ou constitue à la surface de certains bancs des enduits plus ou moins épais. Bien qu’ils n’offrent pas de faces nouvelles ou rares, les cristaux méritent d’ètre signalés en raison de leur abondance, de la netteté de leurs faces et des dimensions relativement con¬ sidérables de certains individus. Les matériaux étudiés proviennent de trois gisements princi¬ paux : le Claps ; les traînés d’éboulis qui sillonnent le versant nord du Pic de Luc ; une carrière abandonnée, ouverte autre¬ fois dans le flanc droit de la petite vallée du ruisseau de Luc, à l’est du village. (1) Consulter pour la géologie générale de la région : Scipion Gras, Statisti¬ que minéralogique du Département de la Drôme, i835 ; Charles Lory, Description géologique du Dauphiné, 1860-1864 ; Carte géologique de la France, au 80.000e; feuille de Die, publiée en 1899. — V. Paquier, Recher¬ ches géologiques dans le Diois et les Baronnies orientales (Annales de l'Uni¬ versité de Grenoble, t. XIII, 1900) (tirage à part). Ce mémoire renferme une liste des publications relatives à la géologie du Diois. Soc. Linn.,t. lxv, 1918 8 <8 NOTE SUR LA CALC1TE DE LUC-EN-DIOIS (DROME) A. — Le Claps-de-Luc est un chaos de rochers, large de 8 à 900 mètres, situé à 2 kilomètres environ au sud du bourg. L’origine en est bien connue : en i442, les couches tithoniques du versant méridional du Pic de Luc (altitude 1.100 m.), incli¬ nées d’une cinquantaine de degrés, glissèrent sur leur substra¬ tum et constituèrent un formidable éboulis qu’un contrefort résistant divisa en deux parties qui, chacune, vinrent barrer l’étroite cluse de la Drôme. Le rellux des eaux détermina la formation de deux lacs : le Petit-Lac, entre les deux barrages (au débouché du vallon de Salles), et le Grand-Lac, au-dessus du barrage supérieur ; en amont de ce barrage, la vallée, large de 5oo à 1.000 mètres fut inondée sur 5 kilomètres, jusqu’au près des Tours de Bouligons. La superficie totale des lacs était de plus de 3oo hectares ; le dessèchement en fut entrepris en 1788, par les Chartreux de Durbon qui firent creuser un tunnel sous le seuil rocheux de la rive gauche du lit primitif. A la sortie de ce tunnel (altitude au niveau de la route nationale, 635 m.), la Drôme se précipite en cascade dans l’ancien bassin du Petit-Lac (altitude en aval, au pont de la route nationale, 597 m.) ; une nouvelle cascade amène la rivière dans la vallée inférieure. Le Claps est traversé par la route nationale n° 93 et par la voie ferrée de Livron à Vevnes qui franchit la Drôme sur un viaduc métallique haut de 44 mètres. L’éboulis est constitué par des blocs, de dimensions parfois énormes, de calcaires tithoniques, les uns bréchiformes, les autres à grains fins, sublithographiques, de couleur claire. B. — Le versant nord du Pic de Luc est traversé par plu¬ sieurs traînées d’éboulis ; le grand éboulis principalement nous a livré d’intéressants matériaux. On y accède aisément par le sentier établi à la base des escarpements du Pic et qui se dirige vers le point 780 (col reliant le vallon ouvert à l’est de Luc à la vallée du Rif de Miscon). Ce versant est constitué par les calcaires marneux rauraciens, dominés par les pentes raides et les escarpements des calcaires séquaniens et kiméridgiens ; les assises tithoniques n’apparaissent qu’au sommet. G- — L’ancienne carrière précitée est ouverte dans les cal- HOTE SUR LA CALCITE DE LUC-EN-DIOIS (DROMEi 79 caires marneux d’un contrefort méridional de la montagne du Cerne (i) ; elle a été exploitée pendant les travaux de construc¬ tion de la voie ferrée de Livron à Veynes (la section de Die à Veynes a été livrée à l’exploitation en i8g4) - Les cristaux de calcite recueillis dans ces gisements peuvent être rapportés à trois types principaux : i° Types rhomboèdriques, comprenant les variétés suivantes : a) Groupes de rhomboèdres p, blancs, laiteux, opaques ou subtranslucides, de i à 2 centimètres d’arêtes (ancienne car¬ rière) . b ) Rhomboèdre b1 seul ou accompagné de petites facettes e2, peu développées, de sorte que le faciès de la combinaison demeure rhomboédrique : le Claps et ancienne carrière. Les cristaux de grandes dimensions sont lenticulaires (arêtes et faces courbes). Les déblais de l’ancienne carrière renferment quelques blocs dont la surface est couverte de rhomboèdres b1 se touchant tous et formant un l’evêtement continu. Ils sont réduits en général à un seul pointement dont l’épaisseur est très faible, la largeur pouvant atteindre 2, 3 et même 4 centimètres. 20 Type prismatique, représenté par la combinaison b1 ea, avec développement notable des faces e3 ; les cristaux sont tantôt allongés, tantôt raccourcis suivant l’axe vertical ; le type raccourci est le plus fréquent. Les cristaux b1 ca raccourcis tapissent les fentes et les cavités des calcaires dans les trois gisements ; ils sont blancs, translu¬ cides, parfois même limpides. Au Claps, ils constituent fré¬ quemment à la surface des calcaires tithoniques, une sorte de glaçure couvrant plusieurs décimètres carrés. Les plus jolis cristaux appartiennent au type b1 e2 allongé ; ils atteignent parfois 3 à 4 centimètres, suivant l’axe vertical. (1) Le versant méridional de la montagne du Cerne (signal, 1.090 m.) mon¬ tre la succession suivante : calcaires marneux et marno-calcaires rauraciens, calcaires séquaniens, kiméridgiens, tithoniques, supportant les marnes et calcaires marneux du crétacé inférieur (berriasiens, valanginiens et hauteri- viens). A la base du versant sud-ouest de la montagne, on voit apparaître sous les marno-calcaires rauraciens une mince bande de marnes oxfordiennes ; la sur¬ face de l’affleurement va en augmentant au nord-ouest et au nord, vers Luzerant, 80 NOTE SUR LA CALCITE DE LUC-EN-DIOIS (DROME) Ils sont blancs, rarement jaunâtres, opaques ou translucides ; les individus moyens ou de petite taille sont quelquefois hya¬ lins. Les macles par hémitropie normale avec accolement suivant a 1 sont assez communes. Nous avons recueilli de bons cristaux de ce type, simples ou maclés, à proximité de la bordure sud-est du Claps, à une assez grande hauteur au-dessus de la vallée du Lac. Certains cristaux provenant de l’ancienne carrière présen¬ tent l’aspect d’un prisme triangulaire, trois faces ca très déve¬ loppées alternant avec trois autres faces de la même forme très réduites. On rencontre, notamment dans l’ancienne carrière, des grou¬ pements cristallitiques à axes parallèles de petits individus b1 e3 allongés. 3° Types scalénoédriques . L'ancienne carrière a fourni de jolis scalénoèdres d2, atteignant 2 ou 3 centimètres suivant Taxe vertical. Ils sont souvent maclés par hémitropie normale avec a1 pour face d’accolement ; ils portent parfois sur les sommets hexaédriques de petites facettes p. Ils sont habituelle¬ ment incolores, translucides. Les éboulis du versant nord du Pic de Luc renferment des masses de calcite hérissées de nombreux pointements d’un sca- lénoèdre aigu à faces courbes ou creuses, indéterminables. Des scalénoèdres analogues, opaques, jaunâtres, recouvrent des plaques de calcaires de près d’un mètre carré, le long du sentier qui suit la base des escarpements du Pic ; leurs faces sont corrodées et arrondies probablement par suite de l’action dissol¬ vante des eaux de ruissellement. Nous avons trouvé des scalé¬ noèdres semblables, associés à des cristaux b1 e 3 raccourcis, dans les fissures du calcaire traversé par le tunnel de la route de Miscon (versant sud-est du Pic de Luc). En résumé, les calcaires rauraciens, séquaniens, kimérid- giens et tithoniques des environs de Luc, renferment des cri¬ staux de calcite offrant les formes p, b1, e2, d2 ; la combinaison dominante est b1 e2. Le même minéral, en masses laminaires, lamellaires, gre¬ nues, fibreuses, est très abondant dans les trois gisements et plus particulièrement dans les éboulis du versant nord du Pic de Luc. Ces éboulis contiennent de nombreux fragments rhom- NOTE SUR LA CALCITE DE LUC-EN-DIOIS (DROME) 81 boédriques, blancs, opaques, provenant du clivage de masses de plus grandes dimensions. Une curieuse variété lamellaire, rappelant la dolomie mais ne renfermant pas de magnésium, est formée de lamelles ondulées, douées d’un éclat nacré sou¬ vent très vif. Les variétés fibrolamellaires, bacillaires et fibreuses sont assez communes : le clivage, la réaction de Meigen (au nitrate de cobalt), les caractères pyrognostiques et surtout optiques, montrent que ces minéraux fibreux sont constitués par la cal- cite et non par l’aragonite ; nons n’avons pas rencontré cette dernière espèce minérale aux environs de Luc. On observe aussi, dans les mêmes éboulis, des plaquettes minces (épaisseur, o cm. 5 à i cm.), à surface terne, forte¬ ment cannelée, d’apparence fibreuse, mais la cassure est grenue ou saccharoïde. Les cavités des assises calcaires renferment sou¬ vent des variétés concrétionnées ou stalactiformes sans intérêt minéralogique. Ces diverses variétés de calcite contiennent parfois de rares grains de pyrite (cubes plus ou moins déformés). Les veines spathiques paraissent d’ailleurs très communes dans toutes les assises calcaires de la région ; c’est ainsi que près de Baurières, dans le vallon de la Chauranne, on trouve de très grosses masses fibrolamellaires blanches ou jaunâtres de calcite, parmi les éboulis et les déblais extraits du tunnel de Cabre (i) et entassés à proximité de la tête ouest du souterrain. Nous avons recueilli dans le lit du ruisseau de Luc, à 5o mè¬ tres environ en amont du pont du chemin de fer, trois nodules ellipsoïdaux (septarias) avec cristaux de quartz. Ces nodules de calcaire marneux sont fissurés et creux ; ils ne renferment que des cristaux de très petite taille (les plus gros atteignent 4 à 5 millimètres, la plupart ont moins de i millimètre), hyalins, très brillants ; ils portent les faces p, e1/a, e2 ; cette dernière forme est parfois réduite à une très petite troncature, visible seulement à la loupe ; elle peut même disparaître complète¬ ment, les cristaux se composent alors d’une double pyramide hexagonale, souvent très régulière. Le plus grand nombre de (i) Ce souterrain, long de 3.764 mètres, traverse à 885 mètres d’altitude la crête qui sépare le bassin de la Drôme de celui du Buech, à une faible distance au nord du col de Cabre (ait., 1.180 m.). 82 NOTE SUR LA CALCITE DE LUC-EN'-DIOIS (DROME) ces cristaux sont accolés ou enchevêtrés de façon à former de fines dentelles, très minces et très fragiles, que l’on peut isoler en dissolvant le calcaire dans l’acide chlorydrique étendu. On sait que ces géodes à quartz bipyramidé (avec parfois cal- cite, dolomie, célestine), se rencontrent dans les marnes oxfor- diennes et plus spécialement dans la zone à Cardioceras corda- tum. Les gisements drômois de Barsac, du Serre-des-Diamants (entre Die et Romeyer) et celui de Rémusat sont bien connus des minéralogistes. LA PREMIERE EXPOSITION CHAMPIGNONS . DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON (18, 19 et 20 Novembre 1918) PAR LE D r PH. RIEL (Mémoire présenté à la Séance du g Décembre tgi8l Cette première Exposition, qui a été visitée par plus de 25o personnes, a réuni environ i5o espèces de champignons, tous récoltés dans un rayon de 20 kilomètres, autour de Lyon, malgré un temps plutôt défavorable, grâce à l'empressement et au dévouement de nos collègues mycologues. Aussi, devons-nous tout d'abord leur exprimer toute notre reconnaissance, notamment à Mlle Marie Renard, notre distin¬ guée vice-présidente, dont le concours empressé a été si précieux pour la détermination des échantillons apportés, et à M. Nicod, notre si dévoué et si avisé secrétaire général, qui, aidé de Mme et de Mlle Nicod, n'a ménagé ni son temps ni sa peine pour organiser cette Exposition et en assurer la réussite. Nous devons aussi vivement remercier ceux de nos collègues qui, la veille de l’Exposition, avaient parcouru les bois de nos environs, Mlles Albessard, MM. Bidollct, Bouvier, M. et Mme Farges, M. et Mme Frehse, MM. Iasigi, Maury, Sogno, et enfin M. Usuelli qui nous a procuré, en très grand nombre, des spé¬ cimens en parfait état de conservation. L’utilité de ces expositions n’est plus à démontrer. Elles per¬ mettent de se connaître à des personnes qui s’ignoraient la Soc Linn., t. lit, 1918 9 84 LA PREMIÈRE EXPOSITION DE CHAMPIGNONS veille, tout en ayant les mêmes goûts, et en s’intéressant aux mêmes objets d’études, d’où des échanges de vues des plus profitables pour tous et même pour la science. Ainsi plusieurs visiteurs nous ont appris qu’ils mangeaient couramment des espèces que nous avions mises dans le groupe des espèces à propriétés inconnues ou douteuses. Notre excellent collègue, M. Usuelli, nous a déclaré qu’il considérait comme un excellent comestible Russula nigricans, notée comme suspecte dans la plupart des flores. Ce fait a une certaine importance pratique, cette espèce étant souvent de très grande taille et très abondante. L’étude des espèces réputées suspectes ou de propriétés inconnues devra être poursuivie avec méthode et persévérance par notre Société. Pour que ces expériences aient une réelle valeur scientifique et puissent figurer dans nos annales, il sera indispensable, d'abord, que la détermination soit rigoureuse¬ ment contrôlée et vérifiée, accompagnée de la provenance et de la date de la récolte. De plus, il sera nécessaire de noter le poids des champignons absorbés, leur état jeune, adulte ou avancé, le nombre de personnes qui en auront consommé, la manière dont ils auront été préparés, s’ils ont été préalablement blanchis et pendant combien de temps a duré l’ébullition, si l’eau de cuisson a été absorbée ou rejetée et toutes autres obser¬ vations relevées et soigneusement notées par les expérimenta¬ teurs. Cette manière de procéder permettra de recueillir des documents du plus haut intérêt, à la fois scientifique et pra¬ tique. Les Expositions permettent, en outre, de pouvoir examiner simultanément des espèces faciles à confondre et qu’on n’a que bien rarement l’occasion de rencontrer dans la même excursion, telles que, par exemple, Amanitopsis vaginata, comestible, vivant dans les bois, et Volvaria gloiocephala, très vénéneuse, se développant de préférence dans les terrains cultivés. Elles permettent, en outre, d’étudier des espèces rares, grâce au grand nombre d’échantillons récoltés. Ainsi, à l’Exposition de notre Société, figuraient de superbes échantillons apportés par M. Frehse, de Pleurotus serotinus, espèce que je n’avais jusqu’ici récoltée qu’une seule fois, il y a de cela vingt-quatre ans. A l’Exposition, et pour la commodité de l’étude pratique, les DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON 85 champignons étaient divisés en quatre groupes : comestibles, vénéneux, mortels et divers, ces derniers renfermant soit les espèces de propriétés inconnues, soit les espèces inutilisables pour l’alimentation. Mais, dans la liste qui suit, les espèces ont été disposées dans l’ordre de la classification naturelle, autant que le permet l’état actuel de la science. Il est d’autant plus utile de vulgariser cette classification naturelle, en ce qui con¬ cerne les Basidiomycètes surtout, qu’elle est encore très peu connue, ne figurant dans aucun des ouvrages de détermination. Cela tient à ce que l’étude des organes qui ont seuls, dans ce groupe, une valeur taxonomique véritable, c’est-à-dire les basides, les cystides, la constitution de l’hyménium et des tissus du champignon, est beaucoup plus difficile que celle des asques et nécessite souvent l’utilisation des ressources de la technique micrographique la plus moderne et la plus délicate. La classification suivie ici sera donc celle figurant dans les travaux de M. Patouillard (Essai Taxonomique sur les familles et les genres des Ilyménomycètes, 1900), de M. le Professeur René Maire (Recherches Cytologiques et Taxonomiques sur les Basidiomycètes, Soc. Myc. de France, 1902), de MM. Bourdot et Galzin (Hyménomycètes de France, Soc. Myc. de France, 1909, 1912, 1914). La classification de Fries qui figure encore seule dans un trop grand nombre d’ouvrages, doit être définiti¬ vement abandonnée parce qu’elle est sans aucune valeur scientifique, étant tout à fait artificielle et en contradiction abso¬ lue avec les données les plus certaines de l'histologie et de la cytologie. Elle ne peut être utile et ne doit être maintenue que sous forme de tableaux de détermination. En effet les caractères sur lesquels elle i’epose (disposition de l’hyménium en lamelles, tubes, aiguillons ou surface lisse) n’a qu’une valeur taxono¬ mique très faible, comparable jusqu’à un certain point, par exemple, à celle de l’inflorescence chez les Phanérogames. Maintenir dans la même famille le genre Boletus (Famille des Bolétacées, groupe des Hémiangioearpes, ordre des Agaricinées) et le genre Polyporus (Famille des Polyporacées, groupe des Gymnoearpes, ordre des Polyporinées) parce qu’ils ont tous deux des tubes, équivaudrait presque à placer dans la même famille Allium sativum (Famille des Liliacées, Monocotylédones) et Daucus Carota (Famille des Ombellifères, Dicotylédones), sous 86 LA PREMIÈRE EXPOSITION DE CHAMPIGNONS prétexte que ces deux plantes ont des fleurs en ombelles. Main¬ tenir dans le même genre Hydnum repandum (Famille des Hydnacées) et Sarcodon imbrication (Famille des Phylactéria- cées), parce qu’ils ont tous deux l’hyménium disposé en aiguillons, équivaudrait à placer dans le même genre deux plantes de familles différentes et qui n’auraient comme carac¬ tères communs que d’avoir leurs fleurs disposées en épis. Quant à la nomenclature spécifique suivie dans la présente liste, elle est conforme à la véritable loi de priorité, générale à toute l'histoire naturelle, et dont les bases doivent nécessaire¬ ment être identiques dans toutes ses parties, puisque les décou¬ vertes de la cytologie tendent de plus en plus à montrer que tous les êtres vivants forment un ensemble unique et indivi¬ sible. Nous suivons, en cela, Fcxemple de Quélet, de Bresadola, de M. Boudier, nos maîtres vénérés, de M. le Professeur Saccardo, le maître du regretté mycologue lyonnais Therry. D’ailleurs, ces noms spécifiques ne sont autres, la plupart du temps, que ceux figurant dans la Flora Italien Crypto- gama (fasc. 2, Pyrenomycctae , auct. Traverso, 1907 ; fasc. 5, Gasterales, auct. Pétri, 1909 ; fasc. t \ et 10, Hymeniales, auct. Saccardo, 1910 et 1916). Cet ouvrage d’ensemble est le plus récent parmi ceux traitant du sujet qui nous occupe. Rien ne sera plus facile au lecteur que de s’y reporter pour la synonymie des noms spécifiques. LISTE DES ESPÈCES EXPOSÉES ASCOMYCÈTES Diiconiycètei Léotiacées Mitrula cucullata Batsch. Colpoma quercinum Pers Rhytisma acerinum Pers. PnAciniAcÉES Bulgariacées Coryne sarcoides Jacq. Bulgaria inquinans Pers. DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENXE DE LYON 87 Pyrénomycète» XyLARIACEES HyPOCREACÉES Xylaria clavata Scop. .Y ectria cinnabarina Tode. — hypoxylon L. PROTOBASIDIOMYCÈTES ET B 4SIDIOMYCÈTES HETEROBASIDIÉS Auricllariacées Calocéracées Hirneola Auricula L. Calocera flammea Scliacff. BASIDIOMYCÈTES HOMOBASIDIÉS (■ymnocarpes Protohyméniées. V UILLEMINIACÉES Vuilleminia comedens Nees. Cantharell inées. Pémophoracées Peniophora carnea Bull. Stereum reflcxum Bull. — cristulatum Quél. Clavartacées Clavaria cinerea Bull. — rugosa Bull. — fusiformis Sow. Cantharellacées Cralerêllus cornucopioides L. Cantharellus tubæformis Bull. Hydnacées Hydnum repandum L. — rufescens Scliaeff. Pleurodon auriscalpium L. Mycoleptodon dichroum Pers. PllYEACTÉRIACÉES Sarcodon imbricatum L. Phylacteria tristis Batsch. Polyporinées. Cyphellacées Aleurodiscus discifonnis D. C. Corticium leve Pers. — lacteum Fr. PoLYPORACÉES Melanopus caleeolus Bull. Leucoporus brumalis Pers. Leptoporus adustus Willd. Lenziles flaccida Bull. — quercina L. — tricolor Bull. — abietina Bull. Trametes gibbosa Pers. — cinnabarina Jacq. Coriolus versicolor L. — velutinus Fr. — unicolor Bull. Hymenochaete Mougeotii Fr. Xanthochrous hispidus Bull. — pectinatus Klotzsch. Ganoderma pseudobolelus Jacq. — lipsiense Batsch. Fistulinacées Fistulina hepatica Scliaeff. 88 LA PREMIÈRE EXPOSITION DE CHAMPIGNONS Hénilangiocarpei Agaricinées Hygrophoracées Hygrophorus jicoides Bull. — niveus Scop. — miniatus Scop. — lucorum Kalchbr. — vitellum Alb. et Scliw. — agathosmus Fr. Gornphidius viscidus Fr. Russulacées Lactarius deliciosus L. — theiogalus Bull. — quietus Fr. — aurantiacus Fr. — subdulcis Bull. — ru fus Scop. — Listeri Sow. Hussula nigricans Bull. — adusta Vers. — delica Fr. — mustelina Fr. — cyanoxantha Schaeff. — Queletii Fr. — xerampelina Schaeff. — integra L. Agaricacèes Clitocybées. Laccaria laccala Scop. — amethystea Bull. Clitocybe aurantiaca Wulf. — cyathiformis Bull. — fragrans Sow. — ditopus Fr. — geotropa Bull. — inversa Scop. — nebularis Batsch. Armillariella mellea Vahl. Omphalia fibula Bull. — pseudoandrosacea Bull. Mycena galericulata Scop. — pura Pers. — flavoalba Fr. — lactea Pers. Collybia maculata Alb. et Schw. — butyracea Bull. — velutipes Curt. — conigena Pers. Marasmius caryophylleus Schaeff. — caulicinalis Bull. Favolus alveolaris D. C. Panus semipetiolatus Schaeff. Schizophyllum alneurn L. Pleurotus serotinus Sclirad. — pometi Paul. — ostrcatus Jacq. Tricholomces. Tricholoma melaleucum Pers. — nudum Bull. — sordidum Fr. — panaeolum Fr. — saponaceum Fr. — sulphureum Bull. — rutilans Schaeff. — terreum Schaeff. — equestre L. — columbetta Fr. — portentosum Fr. — striatum Schaeff. Cortinarius multiformis Fr. — mucosus Bull. — elatior Pers. — bicolor Cooke. — scutulatus Fr. — hinnuleus Fr. — miltinus Fr. — cinnamomeus L. Entolomées. Nolanea pisciodora Cesati. Clitopilus prunulus Scop. Amanitées. Amanita phalloides Vaillant. — junquillea Quel. — citrina Schaeff. . — muscaria L. — rubens Scop. DE LA SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE LYON 89 Amanitopsis vaginata Bull. Volvaria gloiocephala D. C. Pluteus cervinus Schaeff. Lepiola amiantina Scop. — granulosa Batsch. — rhacodes Vitt. Pholiotées. Pholiota aurea Mattuschka. — squarrosa Mail. — destruens Brond. — mutabilis Schaeff. Crepidotus mollis Schaeff. Agaricées. Agaricus arvensis Schaeff. — sylvaticus Schaeff. Psathyra hydrophila Bull. Hypholoma fasciculare Huds. — latericium Schaeff. Stropharia acuminata Scop. — corcnilla Bull. Paxillacées Paxillus jacobinus Scop. — lateralis Schaeff. — acherunftus Humb. Bolbtacébs Boletus badius Fr. — bovinus L. — variegatus Swartz. — piperatus Bull. — luteus L. — chrysenteron Bull. — bulbosus Schaeff. — erythropus Pers. Angloearpea Lycoperdinées Calostomacées Astraeus stellatas Scop. Lycoperdacèes Lycoperdon gemmatum Batsch. NOTES NÉVROPTÉROLOGIQUES QUELQUES NÉVROPTÈRES recueillis dans les départements DE L’AIN, LE RHONE, L'ISÈRE, L’ARDÈCHE LA DROME, L’ARRIÈGE ET LES HAUTES-PYRÉNNÉES PAR J. LACROIX Mémoire présenté à la Société Linnéenne de Lyon, le i3 janvier 191g (Inséré dans le tome LXV) J’ai publié, en 191/1, dans les Annales de la Société Linnéenne de Lyon (1), une note dans laquelle j’ai indiqué quelques névroptères recueillis, par M. le DT Riel, dans les départements de l’Ain, la Haute-Savoie, le Rhône, l’Isère, V Ardèche, le Var et les Hautes-Pyrénées. Ce même collègue m’a envoyé, en 1917, un certain nombre d’insectes du même groupe à étudier, capturés dans la même région. Je donne, aujourd’hui, la liste des Névroptères que contenait ce dernier envoi. Quelques espèces ou variétés sont très intéres¬ santes, et je ne saurais trop recommander à mon estimé collègue de continuer ces recherches. Non seulement elles permettront de faire connaître la faune névroptérique de la région lyonnaise et circumvoisine, mais elles faciliteront l’étude pour tout le territoire français. Toutes les notes déta¬ chées, en effet, que je publie sur les Névroptères de France (1) J. Lacroix, Notes Névroptérolopiques. I. — Quelques Névroptère recueil¬ lis dans les départements de l’Ain, la Haute-Savoie, le Hhône, l’Isère, l’Ar¬ dèche, le Var et les Hautes-Pyrénées (Annales de la Société Linnéenne de Lyon, t. LXI, p. 5 ù 10, igi4). Soc. Linn., t. lxv, 1918 10 92 QUELQUES NÉVROPTÈRES constituent une sorte de préparation à la faune complète de ce pays. Odonates. Orthretum albistylum, Sélys. — Lyon (Rhône), 17 juillet 1912. Sympetrum sanguineum, Midi. — Charbonnières (Rhône). Sympetrum striolatum, Charp. — Dardilly (Rhône), 25 sep¬ tembre 1916. Sympetrum vulgaium, L. — La Pape (Ain), 18 août 1 9 1 1 . Sympetrum depressiusculum, Sélys. — La Pape (Ain), 26 août !9l6- Ces deux dernières espèces ne se rencontrent pas partout ; il est donc toujours intéressant de les recueillir et de les signaler. Elles sont toutefois, lorsqu’il s’agit de femelles, très difficiles à séparer des espèces voisines : vulgatum peut être confondu avec striolatum et depressiusculum avec sanguineum. J’engage donc très vivement les chercheurs à prendre en nombre les Odonates de ce genre et de vouloir bien me les communiquer. La recherche de vulgatum et depressiusculum dans les diverses régions de la France présente un intérêt réel. Æschna cyanea, Latr. — Lyon-les-Massues ; la Tour-de-Sal- vagny (Rhône), les 8 août 191/1 et 4 octobre 19x7. 11 ne faut pas s’étonner de la capture de cyanea en octobre. Les Æsehnes volent jusqu’à la fin d’octobre et même quelque¬ fois jusque dans les premiers jours de novembre. Comphus vulgatissimus, L. — Bords de la Saône, à Lyon, le ier mai 191/j. Onychogomphus forcipatus, L. — La Pape (Ain), les 10 et 2.4 juillet 19 1 4. Calopteryx splendens, liais. — Lyon, le 4 juin 1 9 1 4 . Lestes virens, Charp. — Charbonnières (Rhône), le 20 oclobic 1916. Je l’ai déjà indiqué de la même localité, mais du mois d’août. Ischnura elegans, Charp. — La Pape (Ain), 8 juin 1917 et 2 août 1916. Enallagma cyatigerum, Charp. - — Lyon, le 28 août 1916. L’AIN, LE RHONE, L'ISÈRE, L’ARDÈCHE, ETC 93 Ephémérides. Hhitrogena auranliaca, Burm. — Saint-Georges-les-Bains (Ardè¬ che) ; Lyon (Rhône). Heptagenia sulphurea Müll. — Lyon. Bætis scatnbus, Eat. — Neyron (Ain). Centroptilum luieolum, Müll. — Lyon. Perlides. Périodes microeephala, Pict. — Lyon. Chloroperla rufescens, Sleph. — ï.a Pape (Ain), le 29 mai 1916. Chloroperla grammatica, Scop. — Lyon (Rhône) ; Cauterets (Hautes-Pyrénées), les i4 niai 1917 et 10 juillet 191.3. Isopteryx torrentium, Pict. — Cauterets, à i.4oo mètres d'alti¬ tude. - • Leuclra fusciventris, Steph. — L’IIospitalet (Ariège), à i.45o mètres d’altitude, le 22 juillet 1910. Leuctrn cylindrica, Degeer. — Lyon (Rhône) ; Neyron (Ain), le 3o octobre 1916. J’ai dû mettre de côté quelques autres Perlides que ma situa¬ tion actuelle ne me permet pas d’étudier suffisamment pour arriver à une détermination certaine. Ascalaphides. Ascalaphus longicornis, L. — Vallon de la Cadette, à la Pape (Ain), le n'i juillet iqi'i. Myrméléonides. Macronemurus appendiculalus, Latr. — Livron All LE COMMANDANT CAZIOT Mémoire présenté à la Société Linnéenne de Lyon, le 3i janvier 1919 (Inséré dans le tome LXV.) Le Pupa similis Brugnière, est une des espèces les plus répan¬ dues dans le département des Alpes-Maritimes, aussi bien à 1 époque actuelle que pendant 1 âge quaternaire proprement dit ; on le trouve depuis les bords de la mer jusqu’à plus de i.3oo mètres d’altitude et partout abondamment. Etant donné sa fécondité et sa dispersion, il présente un certain nombre de modifications dans sa forme et dans sa colo¬ ration, qu’on a désignées sous les noms de variétés : major, minor, elongata, bifasciata, isabellæ, pachvgastra, variegella, etc. En Corse et en Italie, on a mentionné aussi des variétés, M. Margier, qui a spécialement étudié ce groupe et qui m’a signalé les modifications qui font l’objet de ce travail, a constaté qu’en Toscane (Alpes Apuanes) (Pise, Bagni di Lucca, Pistoie, Florence), il existe plusieurs formes remarquables qui, tout en se distinguant entre elles, par la taille notamment, ont des caractères communs qui les relient entre elles et les séparent nettement de celles de E rance : les caractères de l’ouverture, les dentieulations (3 plis palataux au lieu de 1) sont bien distincts. O11 pourrait en faire une espèce que nous proposerions, M. Mar¬ gier et moi, d’appeler etrusca, avec les variétés major, minor, porcellata W obesa Settep. Soc. Linn., t. lxv, 1918 11 iüü MODIFICATIONS APPORTÉES Le Papa cianensis Caziol diffère du Papa similis par sa colo¬ ration, le développement plus lent de ses tours de spire (qui est, je crois, fonction de la nourriture), son dernier tour allongé moins convexe et son ouverture plus allongée sans traces de plis palataux ce qui motivait nettement son élévation à l’état d’espèce. Les différences ci-dessus mentionnées ont été provoquées par la nature siliceuse et ferrugineuse du terrain, du dôme permien sur lequel il vit. On ne le trouve d'ailleurs que sur ce terrain ; trouvé, d’abord par moi, vers iqo5, dans les gorges du Cians, il a été recueilli ensuite, il y a quelques années, par M. Gavoz, le. savant entomologiste de Carcassonne, dans les gorges de Daluis, qui sont aussi dans le terrain permien, dans le voisinage du village de Guillaumes» II a été soumis, alors, à M. Margier, qui a reconnu le Papa cianensis et constaté ([ue sur beaucoup de spécimens, l’évolution des caractères différentiels n’était pas complètement achevée. La coloration est la même chez les spéci¬ mens des deux gorges, ils ont tous, les dents pariétales et colu- mcllaires peu marquées, disposées comme chez le similis et deux petites taches à la place même des palataux qui existent chez cette dernière espèce ; il n’y a donc pas de. doute sur la filiation des deux espèces considérées. M. M; ugier est arrivé à la même conclusion en ce qui con¬ cerne le Papa amicta Parreys, que Loeard a eu le tort de mentionner en Provence dans les Mollusques terrestres de France. Il n’y existe pas. Ce Papa est très abondant à Porto Venere et dans Plie de Palmaria, près de la Spezzia. lin France, il a été mentionné au Chàteau-d’lf et sur la pres¬ qu’île de Sainl-Mandrier. L’îlot du Chàteau-d’lf a été exploré par Charrevre, Coutagne, Margier et par moi minutieusement. L'es¬ pèce en question n'a pas été retrouvée depuis que Bourguignat l a signalée dans son travail : Mollusques du Châteaa-d’If. 11 a certainement fait erreur. Il ne s’v trouve que le Papa similis qui abonde. La presqu’île de Saint-Mandrier est de nature siliceuse et ne saurait nourrir un Torquilla qui est un groupe essentielle¬ ment ealcicole. Parmi les Papa amicta de Santa Margherita, du golfe de Rapalla (Ligure), M. Margier a trouvé quelques spécimens qui ont deux taches plus ou moins marquées, occupant la place des PA K LA NATURE PHYSIQUE DU TERRAIN iOi plis palataux