an ANNALES DE LINSTITUT OCEANOGRAPHIQUE (Fondation ALBERT I", Prince de Monaco) PUBLIEES SOUS LA DIRECTION DE M. ce D° L. JOUBIN PROFESSEUR AU MUSEUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE , ET A L’INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Tome III PARIS MASSON ET C*, EDITEURS 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN 1912 Fascicute 1. — 2. — 3. — 4. — 5. — 6. ds gr À TABLE DES MATIÈRES PERROT (Em.). — Les Algues marines utiles et en particulier les Algues alimentaires d’Extréme-Orient. THOULET (J.). — Analyse d’une poussière éolienne de Monaco et considérations générales relatives à l’influence de la déflation sur la constitution lithologique du sol océanique. M. RALLIER DU BATY. — Quinze mois aux Iles Kergulen. — KŒH- LER (R.). — Echinodermes. -- GRAVIER (Cu.). — Annélides poly- chétes. — BOUVIER (M. F.-L.). — Arthropodes marins. — LAMY (En.). — Mollusques marins. — GERMAIN (Louis). — Mollusques terrestres. GRUVEL (A.. — Mission Gruvel sur la Côte occidentale d'Afrique (1909-1910). Résultats scientifiques et économiques; Introduc- tion; Contribution à l’étude Palinuridæ (systématique et écono- mique). CÉPÈDE (C.). — Note sur la Faune et la Flore des quais et bateaux de Boulogne-sur-Mer. BERTEL (Rup.). — Description d’un spectrographe sous-marin pour les recherches qualitatives de la lumiére a différentes profondeurs de la mer. THOULET (J.). — Mémoires de lithologie marine. La sdb Les Algues marines utiles et en particulier les Algues alimentaires d’Extréme-Orient Par MM. | Ex. PERROT ET G EOGATIN Docieur és-sciences, Professeur à l’École supérieure Docteur ès-sciences, Ingénieur agronome, Préparateur de pharmacie de Paris. à la Sorbonne. Introduction. Les Algues présentent, en Extréme-Orient, une importance économique qui n’a pas échappé aux premiers descripteurs des Algues marines de ce pays. : C'est ainsi que THuNBERG, KAEMPFER, font mention, dans leurs ouvrages, de quelques- uns des usages auxquels on emploie ces végétaux. Plus tard, le chapitre des Algues utiles prend un développement particulier dans les travaux des auteurs qui explorent |’Extréme-Orient, comme par exemple Surincar et GEorG von Martens, qui étudia, en 1866, les Algues de l'expédition prussienne de l’Asie orientale. La question semble alors assez importante pour que des travaux cpéciaux, forcément encore bien peu documentés, soient publiés sur la question par Saint-Yves en 1879 et Mancenor en 1893. Depuis cette époque, grace a des documents qui ont été recueillis par des Américains en mission dans ces régions, comme M. SmirH (au Japon) et M ss Reep (aux îles Sand- wich), ou bien encore publiés par des nationaux de ces pays comme MM. Yenpo et Oxa- MURA, nous sommes à même de nous faire maintenant une idée d'ensemble suffisamment précise sur cette question que nous nous sommes efforcés de considérer sous tous ses aspects afin d’en dresser un tableau complet. Nous avons espéré, en écrivant ce travail, qu'il pourrait servir à montrer le parti que certaines contrées, et notamment nos posses- sions d’Extréme-Orient, pourraient tirer des ressources de la mer. Nous tenons à remercier ici MM. Loew et Ikeno, qui ont bien voulu nous faire parvenir des renseignements et des échantillons, et M. Dauey, de l’École des langues orien- tales, qui a bien voulu nous faire dimporthntes traductions de diverses publications japonaises. T. Ill. — Fasc. 1. I PREMIÈRE PARTIE. GÉNÉRALITÉS SUR LES ALGUES UTILES CHAPITRE PREMIER Les Algues dans l'industrie et l'alimentation des différents peuples. _ Nous considérerons successivement les usages auxquels on emploie les Algues dans l’industrie, en thérapeutique et dans l’alimentation; mais nous laisserons intentionnel- lement de côté, dans cette revue rapide, l’'Extrême- Orient que nous étudierons ensuite pour faire ressortir les caractères spéciaux que présente l’utilisation des Algues dans cette région du globe. ; Disons tout de suite que ce n’est qu’en Europe et en de rares points de l'Afrique et de l'Amérique que les Algues sont quelque peu utilisées. Au point de vue industriel, les Algues semblent avoir été employées dès l'antiquité. D'après Depeavux (1), la pourpre de Tyr aurait été fournie par une Algue que l’on trouve abondamment dans la Méditerrannée, et qui, à cette époque, faisait l’objet d'une récolte et d'un commerce importants. C’est le Rytiphl@a tinctoria Ag. Les fards, dont les belles Romaines se paraient, et qui possédaient l’agréable pro- priété de ne pas altérer la fraîcheur de la peau, étaient préparés avec certaines Algues. rouges, et en particuliér, d’après DraGenporFF, avec le Plocamium coccineum Lyngb, très commun sur toutes nos côtes. Dans un autre ordre d'idées, on utilise le stipe des Laminaires, qui devient très dur lorsqu'on l’a desséché, pour faire des manches de couteaux, des sticks. C’est de la même manière qu’en Bretagne et en Angleterre, le Chorda filum Lam., également séché, sert à faire des cordeaux de pêche. D’autré part, certaines conferves, et en particulier Conferva bombycina Ag., qui séchée présente l'aspect de l’étoupe, ont été employées en Écosse pour faire de l’ouate et du papier. Le carragheen (Chondrus crispus Lyngb.) sert à faire des gelées qui entrent dans la composition de certains parements destinés à humecter les fils de chaîne des étoffes pendant le tissage ; cet enduit donne au textile une souplesse qui permet au tisserand de travailler dans des locaux secs et salubres. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 3 Tscuircu signale qu'on lutilise comme succédané de la gomme arabique dans la teinture et l’apprêt des tissus, la fabrication du papier, des chapeaux de paille et de feutre, dans la clarification de la bière et surtout du miel. L'industrie utilise encore les Algues pour en extraire un certain nombre de substan- ces et principalement la potasse et la soude que l’on retire des Fucacées et des Lami- nariées (goémons), notamment en Bretagne, l'iode, retiré d’un grand nombre d'espèces en divers pays et la mannite, qui cristallise à la surface des Laminaires que l’on laisse sécher à l’air. Enfin, dans tous les pays côtiers du Nord, et surtout en Bretagne, les goémons sont l’objet d’une pêche active, car, répandus dans les champs, ils servent d’engrais. Les Algues calcaires (Lithothamnion) sont également utilisées par les habitants des régions côtières de Bretagne et d'Angleterre, qui les emploient comme amendement. Au point de vuethérapeutique, la vieille pharmacopée reconnaît à certaines Algues di- verses propriétés. Tout d'abord, plusieurs d'entre elles ont été recommandées, depuis des temps très reculés, par les médecins anglais comme souveraines contre les maladies de poitrine. Ce sont principalement les espèces suivantes : Halyseris polypodioides Ag., Ectocarpus confervoites Le Jol., Desmaretia aculeata Lam., Gracilaria confervoides Grev., Griffithsia corallina Ag., Gigartina acicularis Lam., Gigarlina mamillosa J. Ag., Lomentaria articulata Lyngb., le Fucus crispus de Linné, plus connu sous le nom de mousse d'Irlande ou carragheen, et enfin le Chondrus crispus Lyngb. Cette dernière Algue est employée comme émollient de même que la mousse de Cey- lan (Gracilaria lichenoides (L) Harv.). Son emploi est relativement récent et date de 1831 en ce qui concerne la thérapeutique. Venu d'Angleterre, son usage s'est répandu en France avec les travaux de Berat, en 1835, suivi rapidement de publications allemandes de la part de Meyer Vottrsueim, etc. Il était la base de la vieille préparation qui jouit encore d’une certaine réputation, dite cataplasme de Lelièvre. Plus tard, on l’utilisa pour émulsionner l'huile de foie de morue, pour fabriquer des gelées, etc. Les colons anglais qui ont émigré aux Etats-Unis y avaientconservé l'habitude de se servir de ce médicament. Surrx rapporte que, jusqu’en 1835, toute la mousse d'Irlande utilisée aux Etats-Unis y était importée d'Europe, et vendue là-bas au prix très élevé de 1 à 2 dollars la livre anglaise. C'est alors que le docteur J.V.B. Surrx, maire de Boston, s’aperçut que cette Algue croissait en abondance sur la côte du Massachussets où il suffi- sait de la ramasser, et que l'importation européenne cessa. D'après Tscuircu, le carragheen consommé en Europe est récolté dans le Nord et le Nord-Ouest de l'Irlande, et exporté par Sligo à Liverpool. Le comté de Plymouth en fournirait encore plus que l'Irlande, et on en récolterait également sur la côte de Massa- chussetts, entre autres à Cape-Cod-Bay et à Cohasset. Dans ces contrées, la récolte se fait à la main pour les meilleures sortes, ou à l’aide de râteaux de fer. Après avoir été agitée dans des tonneaux avec de l’eau, afin de dissoudre et d'entraîner la phycoérythrine, VAlgue est séchée au soleil. Le produit américain, moins incrusté de polypiers, est le plus estimé. En Bretagne, la récolte du « lichen » fait l’objet d'une exploitation régulière sur tous 4 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE les rivages du pays de Tréguier compris entre Plougrescant et Perros-Guirec, et compre- nant les petits ports de Buguélez, Pellinec, Port-Blanc, Royau, Trestrel et Port-Le- goff. C’est sur les accores des nombreux récifs et îlots, ainsi que dans les petites anses qui découpent si capricieusement les rivages granitiques du massif breton, que les habi- tants de la côte, et surtout les femmes et les enfants, vont recueillir le carragheen. La récolte se fait généralement de mai en août, époque déterminée par les maires. des communes riveraines. Les collecteurs arrivent sur roches au moment où la mer est presque retirée ; entrant dans l’eau jusqu'à mi-jambe et souvent jusqu’à la ceinture, ils arrachent à la main, ou parfois coupent à l’aide de faucilles les touffes de Fucus qui forment en cet endroit le tapis végétal sous-marin. Le produit de la récolte, amoncelé en petits tas sur la grève pour en permettre l’égouttage, est transporté sur la terre ferme au moyen de barques ou de brouettes; on lui fait subir un triage grossier, qui en sépare la plus grande partie des Algues étrangères, des bryozoaires et des coquillages, puis on le lave à l'eau douce et on l’étale sur les falaises ou sur les prairies qui bordent la mer. Les parties pigmentées de l’Algue macèrent et se décolorent ; après dessiccation, le produit, ayant acquis une teinte jaune-verdâtre et une consistance cartilagineuse, est entassé dans. des sacs, puis amené au port le plus voisin, d’où il est expédié en presque totalité à Hambourg. Les quantités récoltées sont assez considérables. Dans le seul syndicat de Port-Blanc, la coupe a produit, en 1904, 20 500 kilogrammes de fucus sec, vendu en moyenne 28 francs les 100 kilogrammes, soit en tout 5740 francs. Avant d'être livré à la consommation, le produit est soumis à un autre blanchiment qui paraît être effectué à l’aide d’acide sulfureux, si l’on s’en rapporte à l’odeur qu’exha- lent certains échantillons de carragheen quand on les froisse. Un dernier lavage, suivi d’un séchage définitif, le rend propre aux usages industriels et pharmaceutiques. D’autres Algues, les Ulya et un certain nombre de Fucacées, sont employées contre le goitre et la scrofule, et notamment le Fucus vesiculosus L. et l’Halydrys siliquosa Lyngb., qui, carbonisés, sont connus depuis le xvui* siècle sous le nom d’ As thiops vege- tabilis. On a également utilisé cette préparation contre l'obésité. L'emploi du Fucus vesiculosus remonte d'ailleurs à une haute antiquité. Il fut em- ployé par les anciens à divers usages : contre la goutte (PLinE), le cancer, les scrofules (Gaugius, Baxter, etc.) ; il fut recommandé par Gatien comme rafraîchissant. En 1769, Russet le préconisait contre le goitre, et l'on sait que Courrois découvrit l’iode en 1811 par traitement approprié des cendres de varechs. Aussi ne faut-il pas s'étonner si, au cours du xix° siècle, il fut employé par divers médecins, non des moindres, comme LaAENNEC, DUCHESNE, Duparc, etc. Il renferme également du brome en quantité notable. Les Algues ont encore été employées comme vermifuge et cela, d'après DEBEAUXx (4), avec succès. La drogue vermifuge la plus célèbre est l’helminthochorton ou mousse de Corse, mélange dans lequel entre surtout un petite Algue rouge, l’A/sidium Helmintho- chorton Kg., souvent accompagnée d’un grand nombre d'autres telles que : Halopithys pinastroides Ktz., Heterosiphonia coccinea Falk., Ceramium rubrum Ag., Laurencia obtusa Lam., Dictyota dichotoma Lam., Polysiphonia urceolata Grev., Rhodomela sub- ae ; : 4 a 3 à di tie Ds, à ae = TO ee a ee ee a ee eT hy GE ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 5 fusca Ag., Gigartina pistillata Stackh., Polysiphonia fruticulosa Spreng., Enteromorpha clathrata J. Ag.. Halurus equisetifolius Ktz., Dasya arbuscula Ag., Dictyota intricata Chantelat, Peyssonelia squamaria Dene. , Dietyota dichotoma Lam., Cystoseira amentacea Bory. L’ Alsidium Helminthochorton paraît être la seule Algue qui dans ce mélange, possède une action vermifuge indéniable et constitue, surtout en Corse, un remède populaire contre les Ascaris. C’est le D' D. SrepHaniPoLt, d’Ajaccio, qui fit le premier, en réalité, con- naître les propriétés de cette plante déjà signalée antérieurement par VacHER en 1756 et bien connue des anciens. La mousse de Corse a été depuis maintes fois étudiée, et récem- ment M. Garcain, docteur en pharmacie à Ajaccio, en reprit l'étude et montra que | Alsidtum Helminthochorton était en réalité la seule Algue vraiment douée d’activité thé- rapeutique du mélange commercial. Baitton, puis Miciox, ont donné la liste des nombreuses espèces que l’on peut y rencon- trer, et c'est sans doute à ce fait qu'est dû l’oubli dans lequel est tombé ce médicament dans la suite. En dehors du mucilage et d’une matière grasse, l’helminthochortone ren- ferme une matière résineuse non glucosidique dont la nature est encore indéterminée et qui est sans doute le principe actif. Citons encore l'Hypnæa musciformis Lam., vermifuge des Grecs et des Turcs, le Rhodymenia palmata J. Ag., employé dans les pays septentrionaux contre les vers intes-. tinaux, et le Corallina officinalis L. Certaines Algues possédent encore d’autres vertus thérapeutiques : tels sont, par exemple, le Plocamium coccineum Lyngb., employé autrefois comme alexipharmarque (antidote), et le Cystoseira Hoppii Ag., qui a été utilisé contre la gravelle et les coliques hépatiques. Enfin, on a parfois employé les Algues comme médication iodée, sous forme de pou- dres, vins, tablettes, tisanes, etc... La propriété qu'ont certaines Algues de se gonfler fortement par l’eau douce a permis de les utiliser pour la dilatation des trajets fistuleux, des plaies, et c’est ainsi que l’on rapporte qu'une plaie que portait au pied Garibaldi fut traitée de cette façon avec un plein succès. Les Algues peuvent encore être utilisées, avons-nous dit, dans l’alimentation de l’homme et des animaux. Beaucoup d’entre elles donnent des gelées, ce qui permet d’en préparer des boissons alimentaires, comparables au salep, et des soupes. Ainsi en est-il des espèces suivantes : Padina Pavonia Lam. et Gigartina mamillosa J. Ag. Plusieurs espèces sont, en outre, comestibles. Ainsi l’Ulva lactuca L. ou laitue de mer, est mangée comme salade en Bretagne, en Angleterre et dans divers pays du Nord. Il en est de même, en Espagne, de certaines Sargasses. On recherche encore beaucoup, en Irlande et en Ecosse, le Rhodymenia palmata J. Ag., en anglais « dulse », en irlan- dais « dillisk ». Cette plante est plus estimée dés elle pousse sur les rochers ou les coquilles, que lorqu’elle croît en parasite sur des laminaires. Elle est alors désignée sous le nom de 6 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE « shell dillisk » et, fraîche, elle sert à assaisonner les pommes de terre. On recherche encore, surtout en Irlande et dans le pays de Galles, l’A/aria esculenta Grev., puis le La- minaria saccharina Lam., avec laquelle, d'après Mancenor, les Irlandais préparent une sorte de potage en faisant bouillir l’Algue dans du lait. Ils la font aussi tremper dans de l’eau douce, puis la font sécher au soleil; alors elle se couvre d’une efflorescence blanche sucrée qui est de la mannite. L’Algue est fréquemment conservée en cet état et nommée « sol ». Le Laurencia pinnatifida Lam. est utilisé en Ecosse, comme condiment plus encore que comme aliment, sous le nom de « pepper-dulse » (dulse poivrée). Les Anglais, les Irlandais et les Gallois consomment encore le Sarcophyllis edulis J. Ag., malgré ses propriétés purgatives, et d’autres espéces, telles que : Himanthalia lorea Lyngb., Enteromorpha compressa Grev., Ceramium diaphanum Roth., Dasya coccinea Ag., et c’est avec certaines de ces plantes que l’on fait, au Pays de Galles, le « laver-bread » ou pain d’Algues. Mais l’Algue la plus estimée au point de vue culinaire est le Porphyra laciniata Ag. Les habitants des îles de l'Ouest du Royaume-Uni la recherchent et, après l'avoir pilée, la cuisent avec un peu d’eau et la mangentavec divers assaisonnements, tantôt du poivre, du vinaigre et du beurre, tantôt avec des poireaux ou des oignons et du sel. En Angle- terre, après l'avoir fait bouillir, on la mange avec de l'huile, du jus de citron et du sel. A Madagascar, au Cap et au Chili, on mange les frondes du Durvill@a uiilis Bory, et aux Etats-Unis du Rhodymenia palmata J. Ag. Les Algues sont, en outre, et principalement en Norvège et en Écosse, utilisées pour nourrir les animaux qui vont, à marée basse, paître les Fucus. En Laponie, les Fucus sont récoltés par les paysans qui les font bouillir et les donnent, après addition de farine, aux porcs et autres animaux domestiques. En somme, si l’on met à part la préparation des alcalis et de l'iode, qui furent jadis pratiquées sur un grand nombre de rivages, et se font encore de ci, de là, l’utilisation des Algues présente un caractère très limité ou accidentel. En thérapeutique, les remèdes préparés avec les Algues sont peu usités, ou, s'ils le sont couramment, c’est dans une région peu étendue. C’est ainsi, par exemple, que la mousse de Corse n’est guère utilisée, d’une façon courante, que dans son pays d’origine. Les mêmes remarques s'appliquent aux usages alimentaires. Il n’y a guère, en effet, que les populations celtiques qui consomment couramment des Algues, et encore cet usage tend-il à disparaître et a-t-il été généralement limité aux familles côtières ou pau- vres, ou encore aux moments de famine. Il en est de même des usages agricoles. En un mot, il n’y a pas, dans les parties du monde que nous venons de considérer, d’Algues utilisées par tout un pays et donnant lieu 4 des préparations spéciales, d’un usage général, et présentant une importance économique. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 7 CHAPITRE II Les Algues dans l'alimentation et l’industrie des peuples d’Extréme-Orient. En Extréme-Orient, et surtout dans certains pays comme le Japon et les iles Sandwich, les Algues et leurs produits prennent la plus grande importance, surtout au point de vue industriel et au point de vue alimentaire. Certains des produits que l’on en tire font l’objet de transactions, d’exportations importantes, leur fabrication occupe Chaque jour un grand nombre de personnes, et l’on peut dire qu'ici les Algues sont des plantes de première nécessité. Industriellement, on retire des Algues des colles végétales, substances dont la plus connue est l’agar-agar. Un petit nombre d'espèces sont employées pour faire ces pro- duits, mais elles font l'objet d’une exploitation intense. Au point de vue alimentaire, on utilise certaines de ces colles pour faire des gelées, des blanc-mangers, et en outre quelques Algues servent à faire, surtout au Japon, des préparations alimentaires spéciales très recherchées. D’autre part, dans tout l’Extrème-Orient, on consomme, à l’état frais, un grand nombre d’espèces : d’après Miss Reep, les Hawaiens, qui paraissent être très raffinés dans leur goût pour les Algues, n’en consomment pas moins de soixante espèces différentes. Enfin, la pharmacopée chinoise utilise beaucoup d’Algues, principalement contre les maladies de poitrine et comme anthelmintiques. La raison de l'importance qu'ont pris les Algues dans la vie des peuples d'Extrême-Orient doit tout d’abord être recherchée dans ce fait que la flore marine de ces contrées est d'une richesse remarquable; mais, en outre, d’autres raisons, tirées soit du climat, soit de la nécessité d’un aliment de complément facilitant la digestion, doivent encore être mises en avant. Dans la région Nord du Pacifique, on trouve en abondance de grandes Laminariacées semblables à celles qui, au Japon, servent à faire le kombu ; mais les habitants s’en servent peu ou pas, parce que pen- dant les longs hivers, au moment où la faim se fait cruellement sentir, ils ne peuvent atteindre ces Algues recouvertes par une épaisse couche de glace, alors qu’au printemps ils ont en abondance des poissons et des oiseaux. Cependant, au Kamschatka, on mange cuite FA laria esculenta Grev., dit v. Martens, et le même auteur rapporte, d’après MERTENS, que, dans l’Alaska, les indigènes récoltent, pour les manger, diverses Laminariacées : Alaria esculenta, Laminaria saccharina et le Fucus vesiculosus L. Au Japon, la mer ne gèle guère que dans le Nord ; aussi les conditions climatériques sont-elles très différentes. De plus, cet empire possède une étendue de côtes considérable, 18.000 milles environ, le long desquelles on trouve une flore extrêmement riche, formée par un mélange d'espèces des régions chaudes et des régions froides du Pacifique. 8 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Dans ce pays, la consommation des Algues n'est pas seulement l’apanage des popula- tions de pêcheurs de la côte qui tirent toutes leurs ressources de la mer. En effet, les Japonais de l’intérieur en consomment activement et les Algues, pré- parées de mille façons, se vendent dans les marchés et dans les rues où elles sont aussi populaires que nos « marrons chauds » et nos « pommes de terre frites ». Il semble bien, ainsi que nous le verrons plus loin, que la consommation active des Algues et des gelées qui en proviennent corresponde au besoin d’un aliment de complé- ment destiné à rendre plus facile le bon fonctionnement de l’appareil digestif. Dans ces dernières années, certaines espèces, qui étaient récoltées à l'embouchure des fleuves par les pêcheurs, ont diminué assez pour que leur récolte soit devenue plus dif- ficile. Cette diminution semble due aux changements qui se produisent dans la salure des eaux aux embouchures des rivières. ; Ces estuaires, en effet, se déplacent d’une façon constante, soit à cause des travaux effectués pour la navigation, soit à cause de l’apport constant de graviers, sables et cail- loux. Dans le cas d’une des Algues les plus estimées au Japon, le Porphyra laciniata (Lightf) Ag., les Japonais ont suppléé à sa disparition en tentant des cultures qui ont pleinement réussi. Dans la région côtière de la Chine, on utilise les Algues presque autant qu'au Japon, mais la production de ces végétaux et surtout des produits qui en dérivent étant insuf- fisante dans le Céleste Empire, celui-ci est tributaire du Japon qui lui envoie chaque an- née une quantité considérable d’Algues diversement préparées. Nous retrouvons des populations phycophages aux îles Philippines, dans les îles de la Sonde, à Ceylan, à Timor et dans diverses iles de l'archipel océanien. Enfin le voyage cir- culaire que nous faisons dans le Pacifique occidental nous amène aux îles Sandwich où, ainsi que nous l’avons dit plus haut, la consommation des Algues est extrêmement importante. Les Hawaïens, plus encore peut-être que les Japonais, prisent les produits de la mer, et, comme le fait remarquer Miss Reep, il est probable que les anciens de ce pays ne concevaient aucun mets qui ne soit accompagné d’une ou de plusieurs espèces d’Algues. D'après Miss REED, on connaît actuellement à Hawaï 115 espèces d’Algues sur lesquelles 60 sont consommées par les naturels. Bien que la flore soit ici moins riche qu'au Japon, le nombre des espèces utiles est donc considérable, et les habitants ont été amenés à ce régime marin par les conditions particulières réglant la végétation dans l’archipel. Miss ReEEp a observé que les constituants essentiels de l'alimentation des Havaïens sont le poi (pâte faite avec la farine obtenue du tubercule d’une aroïdée, le Colocasia escu- lenta ou taro), le poisson, et le /imu (nom donné à toutes les espèces d'Algues). Il arrive parfois que, pendant des semaines, les naturels ne peuvent se procurer autre chose que le limu, qui, lui, peut être recueilli pendant toute l’année, sauf à l'instant des fortes tempêtes. Les patates douces, le taro et les bananes ne peuvent croître et mûrir que dans un bon sol, bien irrigué, où la pluie tombe suffisamment. Un grand nombre des villages de pêcheurs, situés sur la côte, n’ont aucune terre fertile ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 9 dans leurs environs, de sorte que ces gens sont obligés de rechercher leur nourriture, en dehors de ce qu’ils pêchent dans la mer, dans les vallées de la montagne. Jusqu'à la mort de KamEHAMEHA LE GRAND, qui survint en 1819, les femmes ne devaient manger, sous peine de mort, ni bananes, ni noix de coco, ni tortues, ni porcs, ni certains poissons, de sorte que leur régime était encore plus limité que celui des hommes. Il est évident que, pendant les époques de guerre ou de famine, toute leur nour- -riture leur vint de la mer. De plus, avant l’arrivée des missionnaires, il n’y avait d’autres fruits dans l’île, que la noix de coco, la banane et la pomme de montagne ou ohia, qui croît dans les vallées de la montagne, mais là seulement où la pluie tombe abondamment, et pendant les mois de juillet et d'août. C'est à ces circonstances difficiles que Miss Reep attribue l’usage, qui s’est perpétué dans ce pays, de se nourrir des choses de la mer. Ici les Algues prennent la place des légumes verts et des fruits, et les habitants mêmes de la montagne recherchent les Algues marines et y suppléent au besoin par les Algues d’eau douce qui croissent dans leurs ruisseaux. Environ soixante espèces sont ainsi consommées dans l'archipel, mais quarante sont seulement d'un usage général, alors que les autres ne sont utilisées que par cer- taines familles. CHAPITRE II Constitution anatomique et chimique des Algues. Certaines particularités de la cellule des Algues sont bien connues, et notamment ce qui concerne l’histoire de leurs chromatophores et de leurs pigments. Aussi bien n’avons- nous l’intention de ne nous occuper ici que des points de la structure des Algues qui ont un rapport avec leur utilité. STRUCTURE DE LA MEMBRANE. — Nous étudierons tout d’abord la structure de la membrane, car c'est dans son épaisseur que se trouvent localisés les mucilages, qui, ainsi que nous le verrons plus loin, constituent l’un des produits les plus utiles et les plus re- cherchés que l’on peut extraire des Algues. Il y a peu de groupes du règne végétal chez lesquels la constitution de la membrane soit plus variée que chez les Algues, et particulièrement chez les Algues unicellulaires. Laissant de côté les petites Algues unicellulaires, dont le mucilage constitue généra- lement des gaines de formes diverses, qui réunissent les individus les uns aux autres et ne présentent que rarement d'applications alimentaire ou industrielle, nous arréte- rons un instant notre attention sur les Siphonées, qui sont de très grandes Algues vertes unicellulaires. Ces plantes possèdent une membrane formée de trois couches : une extérieure, cuti- T. HI. — Fasc. 1. 2 10 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE culaire, une seconde mucilagineuse et une interne qui constitue la masse fondamentale de la membrane. ‘* Les choses se compliquent beaucoup chez d’autres genres, comme par exemple le genre Cladophora où lamembrane est formée de couches plus nombreuses, plus ou moins vallonnées et offre des stries qui sont disposées en deux systèmes se coupant à angle droit que l’on peut voir lorsqu’on regarde la membrane de face. Chez les Algues pluricellulaires, il est évident que la cuticule n’existe que sur les cel- lules ou les parties de cellules qui se trouventen contact avec le milieu extérieur. De plus, ces cellules communiquent entre elles par de nombreux prolongements protoplasmiques. La membrane des Algues pluricellulaires vertes, brunes ou rouges, ne diffère pas essentiellement de la membrane des cellules des végétaux supérieurs. Nous pouvons prendre comme type la membrane de l’Ectocarpus fulvescens Thuret, bien étudiée par M. Sauvaceau. Cette membrane est de nature celluloso-pectique. Sa surface extérieure, exclusivement pectique, probablement avec condensation spéciale, joue le rôle d’une cuticule remplacée entre les cellules par une lamelle moyenne pectique. Au- dessous se trouve une région exclusivement pectique, et enfin à l’intérieur de chaque cel- lule on rencontre une membrane pecto-cellulosique propre à chaque cellule et qui cons- titue la partie la plus interne de la paroi cellulaire. C’est en employant les méthodes préconisées par M. Manain que l’auteur a effectué cette recherche, et en vérifiant les résultats obtenus par la méthode de dissolution. C'est dans la région pectique de la membrane que se trouvent généralement les muci- lages. Cependant, chez certaines Algues brunes, il se produit au sein du thalle, des poches à mucilage qui ont été étudiées par M. GuiGnaro. Ces canaux se forment, dans le Laminaria Cloustoni Le Jol. (Pl. Il, fig. 3) à par- tir dela région génératrice qui est située entre le pied du stipe, qui est vivace et la lame qui est caduque. Cette région présente de nombreuses cellules, semblables les unes aux autres et en voie de division. Sur une coupe longitudinale, on voit que les canaux mucifères ap- paraissent sous l’aspect d’un méat, qui, de forme lenticulaire, se produit par gélification de la lamelle moyenne de deux cellules. Les cellules qui séparent le méat de l'extérieur se cloisonnent, et la jeune pochesetrouve ainsi refoulée vers l’intérieur (PI. I, fig. 1). Le méat se trouve séparé de cette façon de lasurface de l’Algue par denombreuses cellules, riches en phéoleucites, qui constituent la région corticale de l’Algue. Lorsque la jeune poche a atteint la profondeur voulue, on voit se différencier à sa base, vers l’intérieur de la plante, de petites cellules spéciales présentant un gros noyau dans un protoplasma dense, riche en granulations et de couleur gris jaunâtre. Ces cellules ont une forme ovoïde, et sont allon- gées suivant la direction du plus grand diamètre du méat. Leur nombre augmente avec l’âge et les dimensions de la cavité, et elles présentent tous les caractères des éléments sécré- teurs, alors que les autres cellules bordant la cavité n’ont pas changé d'aspect. Les méats se mettent alors en communication les uns avec les autres et forment un réseau qui pré- sente des caractères particuliers tant au point de vue de ses ramifications et de sa structure qu’à celui de la localisation des cellules sécrétrices dans ses diverses parties. Dans les réseaux tout à fait adultes, que l’on peut isoler par des coupes tangentielles, on retrouve a dois di don mn ed tunis nt on FE de the à Lens 6 TE mee ne Tee ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 11 les cellules sécrétrices qui, faisant saillie à l’intérieur des canaux, forment des amas glan- duleux, cupuliformes, et qui ne tapissent pas toute la paroi (Pl. I, 2 à 10). La forme et la localisation de ces canaux mucifères, très répandus, mais non univer- sellement, dans la famille des Laminariacées, présentent un grand intérêt systématique ; au point de vue qui nous occupe, leur abondance explique la grande quantité de mucilage trouvée chez ces Algues. Le mode de formation de ces glandes n’est d’ailleurs pas toujours identique à celui qui a été observé par M. GuiGnar», et que nous venons de décrire. Plus récemment M. YEenno a décrit chez Ulopteryx pinnatifida (PI. II, 4, 5, 6), des glandes dont la structure est très différente. Ces glandes naïssent à partir d’une cellule sous-épidermique qui grossit beaucoup, ce qui comprime la cellule épidémique située au- dessus d’elle, de sorte que l’on ne voit pas d’émergence vis-à-vis de cet organe en forma- tion. En même temps, le contenu de la grosse cellule change d'aspect, devient hyalin et remplit toute la cavité cellulaire. La cellule glandulaire grossit ainsi de plus en plus, pendant que la celulle épidermique se réduit petit à petit et que finalement elle n'est représentée que par une simple membrane. Enfin, lorsque la glande est tout à fait formée, elle devient très volumineuse et reste collée contre la surface de la fronde. Plusieurs Gitutes épidermiques ont dégénéré, de sorte que, vue de face, la fronde montre ca et 1a des espaces quadrangulaires qui marquent la place des glandes (PI. V, 5, 6, 7, 8). À M. YENpo pense que ces organes servent à sécréter le mucilage. On les retrouve chez Hirome undarioides Yendo et chez Undariopsis (Laminaria) Peterseniana Miy. et Okam, deux autres Laminariacées du Japon. COMPOSITION CHIMIQUE DES MUCILAGES. — La composition chimique de la membrane des Algues estencore mal connue. Ainsi que nous l'avons dit plus haut, au point de vue microchimique, elle rentre dans le groupe des membranes celluloso-pectiques. En ce qui concerne les Algues vertes, Ktess admet que la membrane des Zygnema, Chetophora, Mesocarpus, est constituée par de la cellulose associée à des hémicelluloses. Chez les Siphonées, et en particulier chez les Caulerpa, Correns n’a pas pu obtenir la réaction de la cellulose, mais, par contre, a découvert une substance soluble dans l’acide sulfurique concentré, se précipitant par l’eau sous forme de sphérites. Cette substance qui, d’après No, bleuit par l’iode, ne constitue qu’une partie de la membrane, et il reste un autre constituant insoluble dans l’acide sulfurique. D'autre part, Kart MüLcer a montré que l’on peut extraire, de la membrane cellu- laire du Cladophora glomerata Thur., une hémicellulose. Cette substance, soluble dans l’acide sulfurique à 3 p. 100, contient en grande abondance de la xylane, tandis que la portion insoluble est riche en dextrane. Chez les Phæophycées, on n’a guère étudié que les Fucus et les Laminaria. Van WissELINGH a montré la présence, dans la membrane du Fucus, de cellulose et d’un autre hydrate de carbone, soluble dans l’acide sulfurique à 1 p. 100 et colo- rable en bleu par l’iode, auquel il a donné le nom de fucine. Cette fucine est localisée dans la lamelle moyenne. 12 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE D'autre part, STENHOUSE avait obtenu, dès 1850, en traitant des Fucus par distillation en présence de l’acide sulfurique, un produit qu’il nomma fucosol. Maquenne réussit, plus tard, à montrer que ce fucosol donne une grande quantité de furfurol avec du méthylfur- furol, de sorte que cette membrane contiendrait des pentosanes et des méthylpentosanes. Et, en effet, ToLLens et GiinTHER ont obtenu, en hydrolysant la membrane cellulaire des Fucus, un méthylpentose isomére du rhamnose, réducteur et fortement lévogyre. Ce sucre, nommé fucose, donne par les acides 4 chaud du méthylfurfurol ; son osazone cris- tallise, fond à 15° et est très soluble. D’après MiirHer et Tozcens, le fucose est l’antipode optique du rhodéose, extrait de la convolvuline par E. Vorocex. D’autre part, BreLer et ToLLens ont obtenu de Laminaria du méthylfurfurol et SoLtiep décela la présence de méthylpentosane chez I’ Ascophyllum nodosum (L.) Le Jol., de sorte que la membrane des Algues brunes parait trés riche en méthylpentosanes. En ce qui concerne le mucilage des Laminaria, Bauer en a obtenu par hydrolyse du dextrose. D'autre part, SCHMIEDEBERG en a extrait le laminarin C,,H,,,O,,, et l’acide laminarique C,,H,,0,,, de nature colloïdale et très soluble. Cet acide est probablement le même corps que l’alguine ou acide alguique de Sranror». M. Czapex admet que ces substances jouent, chez les Algues brunes, le même rôle que les composés pectiques chez les végétaux supérieurs. Nos connaissances sur les Floridées ne se rapportent généralement pas à des Algues fraîches, mais bien à des produits pharmaceutiques tels que le carragheen. La membrane de différentes Algues rouges semble ainsi contenir surtout, et en premier lieu, des galactanes, puis des mannanes, des lévulosanes et des dextranes, avec, parfois, des méthylpentosanes. En résumé, nos connaissances actuelles sur la membrane des Algues sont très res- treintes. Il semble qu’elle soit très riche en composés pectiques et en hémicelluloses, ce qui la distinguerait quantitativement, mais non qualitativement, de la membrane des plantes supérieures. La cellulose ne paraît pas y avoir encore été recherchée avec beau- coup de soin, de sorte qu’on ne peut pas conclure à son absence ; mais, par contre, la présence de méthylpentosanes distingue la membrane des Algues de celle des végétaux supérieurs. Ces membranes, très riches en hémicelluloses, livrent facilement celles-ci qui se dissolvent assez aisément dans l’eau bouillante et se prennent en gelée par refroidisse- ment. C'est sur cette propriété qu’est basée la préparation des gelées d’Algues. lope. — Les cendres d’Algues, riches en iode et en brome, ont servi pendant long- temps de matière première pour la préparation de ces corps, de même que pour l’extrac- tion des sels de potassium. L’exploitation des sels de Stassfurt, d’une part, et celle des nitrates du Chili, d’autre part, ont modifié considérablement ces industries et aujourd’hui les sels de potassium ne peuvent être retirés des varechs, avec un rendement valable, que si ces varechs servent en même temps ou surtout comme matière, première d'extraction du brome et de l’iode (CHABRIÉ). Cependant il existe encore en Bretagne des usines où l’on extrait l’iode des varechs; on coupe ces Algues et on récolte aussi celles que la mer amène à la côte, mais qui sont eee tee. di Æ. Le " ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 13 moins riches en iode. Nous répétons que la plus grande partie de l’iode industriel provient des nitrates chiliens et le brome des sels de Stassfurt. Pour obtenir l’iode des varechs, on les incinère, on épuise les cendres par l’eau et on concentre la solution pour laisser déposer le chlorure de sodium et les sels de potassium (chlorure et sulfate); les eaux-mères sont alors traitées par le chlore, qui met en liberté Viode, et cela en ayant soin de ne pas dépasser le moment où le brome se séparerait à son tour. L’iode est en moyenne 8 fois plus abondant que le brome dans ces cendres. Ce dernier métalloïde s'obtient après l’extraction de l’iode, soit par l’action du chlore seul, soit par l’action combinée du sulfate de cuivre et de l’acide sulfureux. Les plantes de choix pour la préparation de l’iode sont les Laminariacées. D’après GépecHens, le Laminaria digitata Lam. contient 3,62 p. 100 d’iodure de potassium, et, d’après GAUTHIER, 100 grammes de substance fraiche de la même plante contiennent o gr. 061 d’iode. D'après Marcuanp (2), la teneur en iode atteint chez le Laminaria saccharina 2,73 p. 100 des cendres, chez le Fucus vesiculosus 0,70 p. 100, chez le Laminaria digitata 5,55 p. 100. Quant au brome, il y est contenu pour 0,60 p. 100 dans cette espéce et 1 p. 100 dans le F. serratus, espèce la plus riche. La teneur en potasse varie suivant les espèces de 6 à 15 p. 100 et celle en soude de 15 à 25 p. 100. Le poids moyen des cendres est de 30 à 40 p. 100. Ce sont là des plantes extrêmement riches; les autres Algues brunes le sont beaucoup moins : c’est ainsi que 100 grammes de substance fraîche de Saccorhiza bulbosa (Huds.) de la Pyl. contiennent seulement o gr. 0077 d’iode. Néanmoins toutes les Algues con- tiennent ce métalloïde que l’on retrouve par exemple chez les genres Chondrus, Gigar-- tina, Bonnemaisonia, Batrachospermum, Ulothrix, Cladophora, etc. A Vheure actuelle, on ne sait pas encore si cet iode est emmagasiné sous forme de sels alcalins ou de combinaisons organiques. SUBSTANCES DIVERSES. — Outre les substances que nous venons d’étudier, et qui sont des plus importantes à notre point de vue, il n’est pas inutile de rappeler que la mem- brane des Algues est parfois fortement incrustée de calcaire, et que certaines substances, telles que des graisses et certains hydrates de carbone, sont contenues dans leur proto- plasma. Ainsi toutes les Fucoïdées renferment, d’après B. Hansreex (2), dans leurs cellules, des corps sphéroïdaux fortement réfringents qu’il considére comme premier produit d’assi- milation chez ces Algues, produit physiologiquement comparable à l’amidon chez les plantes vertes supérieures et auquel il donne le nom de « fucosane ». Ce corps est lévo- gyre et n’est pas directement capable de fermentation ; il ne se dissout pas dans l’eau et son analyse élémentaire lui fait accorder Ja formule empirique (7C*H‘O). E. Crato (4) considère les granulations de fucosane de HANSTEEN comme des forma- tions vésiculeuses, sortes d'organismes autonomes de la cellule, doués d’une activité propre à l’intérieur du protoplasma, de nature phénolique et plus particulièrement phloroglu- cique ; il leur donne le nom de physodes. F. W. T. HunGer (2) se rallie à l'opinion de HAnsTEEN en ce qui concerne l’origine 14 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE des granulations contenues dans le lumen cellulaire chez le Dictyota dichotoma Huds., mais croit à l’existence d’un glucoside, ou même d'un phloroglucoside hydrolysable par la myrosine, tandis que les petits corps adhérents aux phéoplastes seraient composés d’un monosaccharide qui est attaqué par la ptyaline et la trypsine. Enfin l’arsenic a été mis en évidence chez les Algues par M. ARMAND GAUTHIER (2), et plus récemment par MM. LEROIDE et TassiLy. Ces messieurs, en effectuant des dosages par la méthode de G. BerTranp, ont obtenu les résultats suivants : QUANTITÉS TRAITÉES Ps e (en grammes). AS. EN pour ne ce er ee ee MILLIGRAMMES 100 grammes. Chondrus crispus. Fucus vesiculosus. Mousse de Corse... Laminaria digitata. — saccharina. — flexicaulis. 0,070 0,010 0,025 0,050 0,010 0,010 DEUXIÈME PARTIE LES ALGUES UTILES D’EXTREME-ORIENT CHAPITRE IV - Caractéres botaniques des Algues utiles. 2 1. — GÉNÉRALITÉS. ALGUES BLEUES. Au cours de ce chapitre, nous étudierons successivement les différentes familles qui contiennent des Algues utiles et nous donnerons un tableau complet des espéces qui, a notre connaissance, sont utilisées par les peuples d'Extrême-Orient, particulièrement pour leur alimentation. ‘Nous suivrons, pour faire cette énumération, la classification donnée dans des Na- türlichen Planzenfamilien d’ENGLER et PRANTL. Cette classification range les Algues dans l’ordre des Euthallophytes; elles en forment le sous-ordre des Euphycew. Cependant ce sous-ordre ne comprend pas tout l'ancien groupe des Algues : les Algues bleues ou Cyanophycées n'en font pas partie. Celles-ci n’offrent pas, d’ailleurs, un très grand intérêt au point de vue qui nous occupe. Cependant, en Chine, on recherche le Nostoc commune Vauch., qui est pourvu _ d’une gaine mucilagineuse très volumineuse et qui, étant cuit, entre dans l’alimentation de la population. D'après Miss Reep, les Chinois habitant les îles Sandwich font venir cette Algue séchée de leur pays, à l’occasion des jours de fêtes ou de vacances. On l’emploie en petites quantités, car elle se gonfle énormément dans l’eau. C’est, à notre connais- sance, la seule Algue bleue utilisée en Extrême-Orient. 2 2. — CHLOROPHYCEES. Les Chlorophycées constituent, parmi toutes les Algues, la classe la moins uti- lisée. Les espèces utiles le sont principalement pour l'alimentation; plus rarement, cer- taines d’entre elles servent à la médecine, mais c'est là l'exception. Ces Algues he sont 16 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE pas riches en mucilage : aussi sont-elles mangées fraîches ou bien encore conservées par la dessiccation ou par la salaison. C’est la famille des ULvacées qui fournit les plantes les plus recherchées parmi les Chlorophycées. Les Ulva possèdent un thalle lamellaire, formé par deux assises de cellules à parois épaisses. La plus répandue, l’U/va lactuca (L.) Le Jol., se trouve dans toutes les mers. Son thalle gaufré et plissé l’a fait comparer à une salade : aussi est-elle connue sur les côtes de France sous le nom de « laitue de mer ». La forme rigida de cette espèce présente un thalle plus corné. Les espèces utiles d’U/va sont énumérées dans le tableau suivant : Genre Ulva. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGENES. ; USAGES, U. fasciata Delile. Phycoseris fasciata Kg., U. pa-| Hawaien: Limu paha- | Utilisée dans l’alimentation des Ha- pillosa Ardiss. paha ou limu pala- | waiens. haloa (Reed.) (Reed). U . lactuca (L.) Le Jol. Japonais : Aosa | Utilisée dans l'alimentation des Japo- (Smith)ou Ao-nori(1) | nais. (Martens). (Smith, v. Martens). U. lactuca f. rigida | Phycoseris rigida Kg., Ph. aus-| Hawaïen : limu lipa- | Utilisée dans l’alimentation des Ha- (Ag.) Le Jol. tralis Kg., U. latissima Grev.| hapaha (Reed). waiens. ‘ (Reed). U. lactuca f. laciniata | Ph. lobata Kg., U. latissima| Hawaten: Limu lipa- | Utilisée dans l’alimentation des Ha Wulf. palmata Ag. : lahalaha, limu pa-| waiens. kaea (Reed). (Reed). U. penniformis. Utilisée en Sibérie pour la guérison (2) des maladies des jambes et des yeux. (von Martens). Le genre Enteromorpha, comprenant de très nombreuses espèces, se distingue du genre Ulva par son appareil végétatif, généralement filamenteux ou rubané. Le thalle est formé également de deux assises de cellules, mais celles-ci se séparent l’une de l’autre dans la partie moyenne de la fronde, qui se trouve ainsi être tubuleuse. Ces Algues sont employées fraîches ou sèches dans l'alimentation, comme légume ou condiment. De plus, les Hawaiens les utilisent sous forme de pansements pour guérir les coupures ou les contusions. . Voici la liste des espéces utiles de ce genre : (1) Von Martens rapporte certainement à tort ce nom à l’Ulva Lactuca L, il désigne certainement l’Ulva Linga L, que les Japonais confondent sous le nom d’Awo-nori avec plusieurs espèces d’Enteromorpha (Smith) et que l’on range dans ce genre (Enteromorpha Linga (L.) J. Ag.). (2) Nom donné par Von MARTENS sans nom d’auteur. . NOMS BOTANIQUES. E: compressa (L.) Gr. E. flexuosa (Wulf.) J. Ag. E. intestinalis Link. (L.) E. Linga (L.) J..Ag. —— E. plumosa Ktz. E. prolifera (Muell.) J. Ag. ats 4 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Genre Enteromorpha. SYNONYMES. E. complanata Kitz, Ulva En- teromorpha compressa Le Jol. E. Jurgensii Ktz., Scitosyphon Jurgensii Ag. Ulva Enteromorpha intestinalis Le Jol. Phycoseris crispata, P. Linza, P. lanceolata Ktz., Ulva Ente- romorpha lanceolata Le Jol. Ulva Rothiana gracilis Le Jol., E. Hopkirkii Crn., E. para- doxa Ktz. Ulva compressa prolifera Ag., E. compressa prolifera Grev., E. intestinalis prolifera Hauck. NOMS INDIGENES. Japonais : awo-nori (Smith), ao-nori (Mangenot, Loew). Hawaïen : limu eleele ou limu pipilani (Reed). : Japonais : awo-nori + (Smith) ; Hawaïen : limu eleele ou limu pipilani (Reed). Japonais : awo-nori (Smith); Hawaïen : limu eleele ou limu pipilani (Reed), Hawaïen : limu eleele ou limu pipilani (Reed). id. 17 USAGES. Utilisée fraiche ou sèche dans l’alimen- tation des Japonais (Smith, Mange- not). Utilisée dans l'alimentation des Ha- waïens (Reed). Utilisée dans l’alimentation des Japo- nais et des Hawaïens (Smith, Reed). Utilisée dans lalimentation des Japo- nais (Smith) et des Hawaiens (Reed). Utilisée dans l’alimentation des Ha- waïens (Reed). id. Toutes ces Ulvacées croissent le plus souvent dans les eaux peu profondes, tranquilles, ou dans les eaux saumâtres. Il en est de même des CHæTOoPHORACÉES dont un seul genre, le genre Stigeoclonium, petite Algue verte filamenteuse et mucilagineuse, est utilisé par les Hawaiens. Genre Stigeoclonium. NOMS BOTANIQUES. S. amænum Kz. SYNONYMES. » NOMS INDIGÈNES. USAGES. Hawaïen : limu holui-| Mangée par un petit nombre de lio (Reed). Hawaïens (Reed). Les Cladophoracées, qui vivent également dans l’eau saumâtre, sont des Algues fila- menteuses ne présentant guère d'applications alimentaires qu'à Hawai,ainsi que l'indique le tableau suivan NOMS BOTANIQUES. C. nitida Ktz. NOMS BOTANIQUES. C. antennina (Bory) Kiz. te Genre Cladophora. SYNONYMES. » NOMS INDIGÈNES. [lawaïen: limu holui- lio (Reed). Genre Chætomorpha. SYNONYMES. » T. I. — Fasc. 1. NOMS INDIGENES. Hawaien: limu holui- lio (en français : poils de chien), limu hulu ou limu manu (Reed). USAGES. Utilisée dans l’alimentation des Ha- waïens (Reed). USAGES. Utilisée comme nourriture dans quel- ques iles de l’archipel Hawaïen et surtout à Hawaï et à Maui (Reed). 18 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Avec les CopracéEs, nous abordons l’étude des Algues siphonées, c'est-à-dire qui, malgré leur taille souvent très grande, sont formées d’une seule cellule. Cette cellule est très ramifiée et, parfois, les ramifications s’anastomosent entre elles. Chez les Codium, qui seuls nous intéressent, le thalle présente un aspect velouté dû à la présence de nombreuses et fines papilles. Le tableau ci-dessous donne la liste des espèces utilisées : Genre Codium. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. C. adhæœrens Cabrera. | C. difforme Schousb. Japonais : Hai- miru | Utilisée comme nourriture aux îles (Okamura) ; Ha-| Sandwich (Reed). waien : limu aalaula : (Reed). C. Lindenbergii Bin- » Japonais : miru|Au Japon, mangées fraîches, sèches der. (Smith, Okamura),| ou conservées dans le sel (Smith). C. mucronatum J. Ag. » id. id. C. Muelleri Kg. C. latum Suringar. Hawaïen : limu aalau-| Utilisée comme nourriture aux îles la, limu wawaeiole| Sandwich (Reed). ou limu wawaimoa - (Reed). C.tomentosum (Huds.)| Spongodium dichotomum La-| Japonais: fiziki (Mar- | Utilisée comme nourriture au Japon, Stackh. mour, Agardhia dichotoma| tens), miru (Smith),| mangée dans les soupes, ou avec Cabr., C. filiforme Mont. hira miru (David-| de la sauce au soja ou du vinaigre son); Hawaïen:limu| (v. Martens, Smith) et aux îles aalaula (Reed). Sandwich (Reed) à l’état frais ou sec, ou conservée dans le sel. Le thalle de ces Codium est ramifié et formé de digitations plus ou moins nombreuses à l'exception de celui du C. adhærens qui, au contraire, présente une forme très irrégulière. : Ces plantes vivent dans la mer a des profondeurs variables mais souvent assez grandes. On les trouve encore sur la grève, où elles sont rejetées par le flot. Enfin, avec les Valoniacées, chez lesquelles nous rencontrons une seule espèce utile, nous terminons l'étude des Chlorophycées. s Genre Valonia. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGENES. USAGES. V. utricularis (Roth.) | Conferva utricularis Roth., V.| Hawaien: limu lipuu-| Utilisée comme nourriture par les Ag. incrustans Ktz., V. cæspitula puu. Hawaiens. Zanard. Le Valonia utricularis (Roth) Ag. est une petite Algue verte, de quelques céntimètres de long, unicellulaire et très ramifiée. Elle n’est que peu utilisée à Hawaï. RE SPORE ET ee ee . ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 19 / 2.3. — PHÆOPHYCÉES. Les Algues brunes présentent une utilité beaucoup plus grande que les Algues vertes, en raison principalement de leur richesse en mucilage, en iode et en sels minéraux, ce qui permet leur utilisation alimentaire, agricole et industrielle. Les EcrocarPAcéEs, dont les représentants apparaissent sous forme de grosses masses constituées par des filaments très nombreux, très ténus, et très ramifiés, ne présentent guère d'usages alimentaires qu'aux îles Sandwich, et encore est-ce le genre Ectocarpus seul qui est utilisé de façon très restreinte, ainsi que l’indique le tableau suivant: Genre Ectocarpus. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. E. indicus-Sond. os Ectocarpus Amicorum Hart. Hawaien: limu aka-| Mangée aux iles Sandwich (Reed). . akoa ou limu holui- lio (Reed). E. Sp. » | id. id. Les Enca@LiacEgs ne sont guère intéressantes non plus au point de vue qui nous occupe : Genre Scytosiphon. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. S. lomentarius|Chorda lomentaria Lyngb., S. | Japonais : kayamonori | Se trouve dans le Tijntian chinois (Lyngb.) J. Ag. filum lomentarius Ag.,| (Okamura). (Marchand). 3 Chorda filum lomentarius Kitz. Genre Phyllitis. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. P. Fascia Ktz. Laminaria Fascia Ag., P. cœs-| Japonais : haba-nori | Utilisée comme nourriture par les (PA. THI, 4.) pitosa Le Jol., Laminaria caes-| (Smith). paysans des provinces de Awa et ? pitosa J. Ag. de Sagami, au Japon, après séchage au soleil (Smith). Ces Algues sont généralement filamenteuses ou rubanées. Le Scytosiphon lomen- tarius J. Ag. possède un thalle fistuleux, mais il est vraisemblable que cette dernière espèce ne se trouve dans le Tijntian qu’à l’état d’impureté. Les Cuorpariacées, Algues filamenteuses marines, de grosseur moyenne, ne nous offrent que deux espèces utiles : Genre Chordaria. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGENES. USAGES. C. abietina Rupr. ‘ » Japonais : matsumo | Utilisée, au Japon, comme nourriture (Smith, Okamura,| et pour la conservation des cham- Davidson). pignons (Smith, Davidson). 20 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Genre Mesogloia. - NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGENES. USAGES. M. decipiens Suring. » Japonais mozuku | Mangée fraiche ou conservée dans le (Smith). sel au Japon (Smith). M. crassa Suring. » Japonais : futo-mo-|Utilisée de même (Davidson). zuku (Okamura, Da- vidson). Ces deux espèces, formées par des filaments épais et élargis, gélatineux, croissent entre les limites de la marée, de même que les autres Algues brunes que nous venons de passer en revue. Le Chordaria abietina Rupr. est une Algue assez riche en mucilage et qui présente cette particularité d’être employée, au Japon, pour la conservation des champignons comestibles que l'on dispose dans des barils en lits salés alternant avec des lits de Chordaria. Cette Algue se récolte à la limite des hautes mers. Avec les LAMINARIACÉES, nous abordons l'étude d’une famille présentant le plus grand intérêt. : Nous avons vu, dans le chapitre précédent, quelle était l’organisation du thalle des Laminaires. Un grand nombre d’Algues de cette famille possèdent des canaux mucifères semblables à ceux dont nous avons fait l’étude, alors que d’autres n’en possèdent pas. Mais toutes sans exception sont riches en un mucilage qui se gélifie aisément lorsqu'on fait chauffer ces végétaux dans l’eau douce. C’est l'abondance de ce mucilage qui fait récolter ces Algues pour l’alimentation et aussi pour faire, au Japon, des préparations alimentaires connues sous le nom de « kombu ». Ces Algues sont également riches en iode; aussi sont-elles fréquemment recherchées pour la préparation de cette substance. Les Alaria servent surtout à l’alimentation et aussi à préparer le kombu japonais, de même que les Laminaria et les Arthrothamnus. Les Alaria ont une fronde généralement lamelliforme et très allongée, présentant à la base du rachis de petites ailes s’épanouissant au-dessus du pied; trois espèces sont utilisées : Genre Alaria. NOMS BOTANIQUES. A. crassifolia Kjellm. (PL. II, 8). A. esculenta (L.) Grey. A. fistulosa Post. et Rupr. SYNONYMES. » Fucus esculentus L. NOMS INDIGÈNES.-: Japonais kombu (Smith), Chigaiso (Davidson). Kamschatgale : kauam (v. Martens). Japonais kombu (Smith). USAGES, Utilisée dans la préparation du kombu au Japon (Smith) et comme matière alimentaire (Davidson). Utilisée comme aliment au Kams- chatka et dans l'Alaska (vy. Mar- tens). Entre dans la préparation du kombu au Japon (Smith). Les Laminaria sont très nombreuses et très variées de forme dans la partie Nord ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 21 de l’océan Pacifique et elles entrent en grand nombre dans la préparation du kombu. Ces plantes ont généralement un thalle grand, foliacé, et la plus célèbre d'entre elles est le Zaminaria japonica Areschoug, très voisine, par sa forme, de notre Z. saccharina Lamour. Chez d’autres espèces, le thalle est plus ou moins découpé. Les espèces utiles sont énumérées ci-dessous : NOMS BOTANIQUES, . angustata Kjellm. (al . diabolica Miyabe. a . fragilis Miyabe. L. gyrata Kjellm. #4 japonica Areschoug | : (PI. IL, 2). L. longissima Miyabe. L. longipedalis Okam. (PL I, 1). est ochotensis Miyabe. L. religiosa Miyabe. L. saccharina (L.) Lamour. L. yexoensis Miyabe. Genre Laminaria. SYNONYMES. >» Fucus saccharinus L., L. cris- pata Kitz, L. latifolia Ag. - NOMS INDIGENES. Japonais kombu (Smith). Japonais kombu (Smith). Juponais : kombu (Smith). Japonais kombu (Smith). Japonais kombu (Smith) ; kobu (Lew). Japonais kombu (Smith). Japonais kombu (Smith). Japonais kombu ' (Smith). Japonais kombu (Smith). Japonais kombu (Smith), kam-boa (Perrot) ; Chinois : Chay-day (Tartari- nov), Haï-wan (Por- ter-Smith), Chin- chou (Debeaux), Hay- tay (Perrot, Cooke). Japonais kombu (Smith). USAGES. Entre dans la préparation du kombu au Japon (Smith). id. id. id. id. id. id. id. Utilisée comme nourriture au Japon (Smith), en Chine (Hanbury, Cooke) et en Alaska (H. Martens). Entre, au Japon, dans la préparation du kombu (Smith). En outre, les Laminaria sont recherchées et mangées par les Chinois, sous le nom de toi-choy, hay-tai et san-choy, d’aprés Miss Reed. Enfin, deux espèces d’Arthrothamnus entrent encore dans la préparation du kombu 22 ~ NOMS BOTANIQUES. A. bifidus (Gmel) Rupr. (PI. Il, 9). A. kurilensis Rupr. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Genre Arthrothamnus. SYNONYMES. » | Japonais NOMS INDIGENES. Japonais (Smith). (Smith). USAGES. kom bu | Entre dans la préparation du kombu au Japon (Smith). kombu | Entre dans la préparation du kombu au Japon (Smith). Ces Algues, de grande taille comme toutes les Laminariacées que nous venons de passer en revue, ont un thalle foliacé, mais ramifié dès sa base. Toutes ces espèces sont des plantes d’eau profonde, qui ne se découvrent pas ou ne se découvrent qu'aux grandes marées. Il en est de même des Æcklonia qui servent de nourriture aux Japonais, mais sont surtout recherchées pour la fabrication de l’iode : Genre Ecklonia. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. E. bicyclis Kjellm.|Capea elongata Mart.; C. flab2l-| Japonais : arame|Utilisée comme nourriture au Japon (Pl. II, 7). liformis Mart. (Smith, Loew), saga-| (Smith, Loew, v. Martens) et aussi rani ou katsima (v pour préparer l’iode (Smith). Martens). E. latifolia Kjellm. Capea Richardiana J. Ag.; Ec-| Japonais : arame (x. | Mangée par les Japonais et les Chinois klonia Wrightii Harv. Martens); Chinois ;| (v. Martens, Kempfer). i hai-tai ou kai-tai (Kæmpfer). kajime | Utilisée comme nourriture et pour la . préparation de l’iode au Japon (Smith). Japonais : E. cava Kjellm. 4 » (Smith).- (PI. V, 2). Japonais : antoku wa-| Utilisée comme nourriture au Japon kame (Davidson). (Davidson), E. radicosa Okam. Laminaria radicosa Kjellm. Ces Algues, voisines des Laminaria, ont un thalle formé par un gros rachis, lequel est terminé par une lame digitée. Enfin les Ulopteryx sont des Algues des côtes du Japon qui servent a faire des prépa- rations alimentaires spéciales et qui sont vendues a Tokio sous le nom de wakame. Genre Ulopteryx. SYNONYMES. USAGES, NOMS BOTANIQUES. NOMS INDIGÈNES. wakame | Employée comme nourriture au Japon et conservée sèche (v. Martens, Smith). U. pinnatifida (Harv.) | Undaria pinnatifida Harv. Kjellm (Pi. V, 5). Japonais (Smith, Loew), wa- garne (v. Martens). Les Fucacées, bien que très nombreuses dans le Pacifique, ne sont pas utilisées d’une manière aussi active que les LAMINARIACÉES. Il n’y a presque rien à dire des genres Fucus et Tubinaria dont les usages sont notés dans les tableaux suivants : ee ee du ue re Ÿ 4 Toe See ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 23 Genre Fucus. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES, F. evanescens Ag. (PI. | Fucus vesiculosus Post. et Rupr., » Mangé frais ou cuit dans |’Alaska. III, 3). Fucus vesiculosus var. evanes- cens Ktz. Genre Turbinaria. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NCMS INDIGÈNES. USAGES. T. (?) fusiformis Yen-| Forme stérile connue sous le|Japonais : hijiki| Utilisée dans l’alimentation des Japo- do (PI. II’, 2). nom de Cystophyllum fusi-| (Smith, Lew). nais (Smith, Loew). forme Harv. Nous arrivons ainsi au genre Sargassum qui mérite de retenir un peu plus longuement notre attention. Ces Algues sont trop connues pour qu'il soit nécessaire de les décrire longuement. On sait qu’elles sont très ramifiées et présentent l'aspect de branches d'arbres qui seraient garnies de fruits et de feuilles. Les feuilles sont les ramifications du thalle et les fruits des flotteurs. Ce genre présente une grande richesse de formes dans les mers chaudes. | On utilise diverses espèces dans l'alimentation aux îles Sandwich, aux Philippines et au Japon, pour la préparation de l’iode au Japon et enfin en thérapeutique en Chine, et aux îles Sandwich. De plus, dans cet archipel, certaines espèces de Sargassum,nommées limu kala possèdent, dans l'esprit des habitants, des propriétés miraculeuses. Les sorciers, d’après Miss Reed, les utilisent dans les incantations qu'ils font pour chasser les maladies. Lorsqu'un indigène est malade, il récolte le limu kala, et en tresse des guirlandes pour son front et son cou, en mange un peu, puis dit des prières de pénitence et promet de se conduire mieux à l'avenir. Il jette ensuite le limu à la mer et reste longtemps à regarder SSS ARE Tant que cette cérémonie, que les indigènes considèrent comme très efficace, n'est pas accomplie, le patient ne doit ni regarder derrière lui, ni parler ni faire un signe à qui que ce soit. Lorsqu'une jeune femme n'est pas aimée, elle dit un appel magique d’amour que lui enseigne un sorcier, mange un peu de limu kala et en donne à manger à celui dont elle désire l’amour, et qui se met incontinent à l'adorer. | Nous résumerons tout ce qui concerne les Sargasses dans le tableau suivant: 24 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Genre Sargassum. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. S. bacciferum (Turn.) » Chinois : chay-tsao | Utilisée dans la thérapeutique chi- Ag. (Tartarinov), tsaï-tze| noise (Perrot). (Debeaux). S. cymosum Ag. » Hawaïen : limu kala] Utilisée dans l’alimentation et pour (Reed). faire des incantations aux iles Sandwich (Reed). S.echinocarpum]. Ag. » Hawaien : limu kala id. (Reed). hondawara | Utilisée dans l’alimentation des Japo- nais (Smith). S. enerve J. Ag. (Pl.|S. fulvellum Okamura, Spon-|Japonais : IV, 3). gocarpus enervis Ktz. (Smith). Utilisée par les indigènes de l’île d’Ilo- cos, dans les Philippines, pour leur nourriture (Blanco). Fucus natans Turn., S. lepto- » carpum Ktz. S. vulgare Ag. S. vulgare var. folio-|S. polyphyllum Kütz., Fucus|Hawaïen : limu kala} Utilisée dans l'alimentation et pour sissimum J. Ag. foliosissimus Lam. (Reed). faire des incantations aux iles Sandwich (’eed). Sargassum (espèces ; » Japonais : gin-baso | Utilisée au Japon pour préparer l’iode diverses). (Smith). (Smith). Enfin, aux Phæophycées se rattache encore le genre Chnoospora, dont la position sys- tématique est douteuse, et dont une espèce est utilisée aux îles Sandwich : Genre Chnoospora. NOMS BOTANIQUES. C. fastigiata pacifica J. Ag. SYNONYMES. » NOMS INDIGÈNES. Hawaïen : hiwaa ou limu kau- pau. 24. — DYCTIOTALES. USAGES. limu wawa-| Utilisée comme nourriture aux îles Sandwich. . Cette classe se compose d’une seule famille, celle des Dictryorackgs. Elle comprend des Algues de formes très diverses, mais généralement assez charnues. Le tableau suivant montre qu’un A petit nombre d’entre elles sont utilisées dans l'alimenta- tion aux îles Sandwich : Genre Dictyopteris. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. D. pardalis Harv. » Hawaïen : limu lipoa|Utilisée dans l'alimentation aux iles (Reed). Sandwich où elle est très rare (Reed). D. plagiogramma » id. Utilisée dans l’alimentation aux îles Mont. Sandwich (Reed). 2 À LG jdn Cialis) ist SES EE Feb CO LORIENT DOTE TE ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 25 Genre Dictyota. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. D. acutiloba J. Ag. » Hawaïen : limu alani,| Utilisée comme nourriture aux îles var. distorta J. Ag. ou faux lipoa (Reed).| Sandwich, parce qu’elle ressemble aux Dictyopleris comestibles, mais plus rarement parce qu'elle est amère. D. dichotoma (Huds.) | Dichophyllium dichotomum Kg., id. id. Lam. U va dichotoma Huds., Dic- tyota attenuata Kg. Ces Algues se récoltent généralement entre les limites de la marée. 4 5. — RHODOPHYCÉES. -— De toutes les Algues, les Rhodophycées sont celles parmi lesquelles on trouve le plus grand nombre d'espèces utiles. Cela s'explique sans peine si l’on considére que ces plantes présentent un grand nombre de formes, parmi lesquelles beaucoup sont très riches en substances mucilagineuses. Parmi les BanGracées, les Porphyra présentent un intérêt tout particulier. Ces Al- gues ont un thalle foliacé, ressemblant à celui des U/va, mais elles sont colorées en rouge violacé. Elles sont particulièrement recherchées en Chine et au Japon, où l'une d'elles fait même l’objet d’une culture. Elles constituent, paraît-il, un comestible d’une finesse particulière et les Chinois ha- bitant les îles Sandwich en font venir de leur pays, d'après Miss Reed, les jours de fêtes ou de réjouissances. Quatre espèces en sont utilisées pour l’alimentation. Genre Porphyra. NOMS BOTANIQUES, SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. P. laciniata (Lightf.) | Ulva laciniata Ag., P. linearis| Japonais : asakusa | Utilisée comme aliment au Japon Ag. (PI. V,.4). -, Grev., P vulgaris Harv., P.| nori (Smith, Kæmp-| (Smith, v. Martens, Okamura, umbilicalis Ktz., Wildemania| fer), mura sakinori| Lœæw, etc.), et en Chine (Hanbury, laciniata (Lightf.) de Toni. (v. Martens); Chi-| Cooke). Fait, au Japon, l’objet d’une nois : si-sai(v. Mar-! culture. tens), tsz-tsai (Cooke). P. leucosticta Thur. |P. vulgaris Ag., P. microphylla | Hawaïen : limu pualu,| Rare dans l’archipel des îles Sand- 14 Zanard., P. atro-purpurea| iinu lipahee ou limu| wich où elle est consommée comme (Olivi.) de Toni. lipahu (Reed). nourriture (Rced). P. nereocystis Anders. ei Chinois: che choy ou | Recherchée comme nourriture par les kum choy (Reed). Chinois (Reed). F. perforata J. Ag. Wildemania perforata (J. Ag.) id. id. de Toni, P. umbilicata Rupr. Ces diverses espèces vivent généralement entre les limites de la marée. T. UL. — Fase. 1. à 26 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Les NeMaALIACÉESs fournissent plusieurs Algues utiles appartenant aux genres Nemalion et Liagora. Genre Nemalion. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. N. lubricum Duby. N. Bertholonii Menegh., Meso- | Japonais : umi-zomen | Utilisée par les Japonais dans leur gloja Bertholonii Moris et de| (Smith). alimentation (Smith). Not., Alcyonidium Nemalion Bory, Chordaria Nemalion Ag. N.vermiculareSuring. » Japonais : somen-nori id. (Smith). Genre Liagora. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. L. decussata Mont. Nemalion liagoroides Crn. Hawaïen : limü-puaki | Utilisé dans l'alimentation aux îles (Reed). Sandwich (Reed). Ces Algues ont un thalle formé par des filaments nombreux et arrondis, et sont par- ticulièrement riches en mucilagé, ce qui Jes rend précieuses pour les usages alimentaires. Il en est de même des GÉLIDIACÉES, qui sont, par excellence, les plantes productrices de gelées végétales. Ce sont principalement les nombreuses espèces de Gelidium qui sont utilisées dans ce but, et en particulier pour préparer les kanten japonais. Les Gelidium sont de petites Algues dont le thalle, générale- ment ramifié, est formé d'articles courts et souvent pennés. Ces plantes sont cornées, un peu molles,et donnent une quantité considérable de gélose. Les dit: férents auteurs ne sont pas d’ac- cord sur l’espècede Gelidium qui sert à faire le véritable kanten; mais il semble bien que ce soit le G. corneum (Hus.) Lam. et le Fig. 1. — 1. Gelidium polycladum Kütz.; 2. G. Amansii Lamour; CG: ANR Le donnent le mes 3. G. subcostatum Okam. (d’après Holmes). leur kanten, les autres Algues ne donnant qu’un produit inférieur. Il est d’ailleurs probable que toutesles espèces de Gelidium croissant au Japon sont plus ou moins utilisées pour faire le kanten. Enfin le tableau suivant montre que l'utili- sation de ces plantes n’est pas limitée au Japon. POP aN Neen NOMS BOTANIQUES. G. Amansii Lamour. (Fig. 1, 2). G. attenuatum (1). G. corneum (Huds.) Lam. (PI. VIII, 3), G.e ‘egans Ktz. G. filicinum Bory. G. japonicum Okam. ‘(PE VI, 7). G. latifolium Born. G. polycladum Kütz. (Fig. 1, 1). G. pusillum (Stackh.) Le Jol. (PI. VII, 3). ë rigens Mart. (PI. VII, 4). G. subcostatum Okam. (Pl. VI,2et fig. 1, 3). ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 27 Genre Gelidium. SYNONYMES. Ca: pacanthus trichophyllus Kütz., G. cartilagineum (L.) Gaillon, G. rigidum Ktz., G. micropterum Ktz. Fucus corneus Huds., Sphæro- coccus corneus Ag. Suhria filicina (Bory) Grun. Suhria japonica de Toni. G. corneum Pristoides J. Ag., G. Hypnoides Kg., serra Gmel. Fucus G. capillaceum \Gmel) Kitz, polycladum (Hauck), G. pulvinatum Thur. Chylocladia rigens J. Ag. NOMS INDIGENES. Japonais : tokorosen gusa, tokoroten, umi- soomen (vy. Martens), sekiqua, kokuro-buto ou tokoro-tengusa (Kempfer), hige- kusa ? (Holmes), to- sako (Siebold), kinu- kusa (Davidson) ; ‘ hinois: tsjantsjaù ou tschaü-tschaù (v. Martens); Hawaïen : limu loloa (Reed). Hawaïen : limu loloa (Reed). Japonais tengusa (Smith), tokoroten (Senft, Hanbury) ; Chinois : tijntjan (Hanbury), niu-mau (Cooke); Hawaïen : limu loloa (Reed). Japonais : kinugusa (Holmes). Hawaïen : limu loloa ou limu ekahakaha (Reed). Japonais (Holmes). onigusa Hawaïen : limu loloa (Reed), Japonais tengusa (Holmes). Hawaien : limu loloa (Reed). Japonais : shima-ten- gusa (Okamura) ; Hawaien: limu akui- la ou limu kihe (Reed). Japonais : hirakusa (Holmes, Okamura). USAGES. Sert, au Japon et en Chine, à préparer des gelées imitant les nids d’hiron- delles (v. Martens) et est un des constituants du kanten japonais (Holmes, Senft.). Utilisée comme nourriture par les Hawaïens (Reed). Employée comme nourriture aux îles Sandwich (Reed). Constituant principal, souvent uni- que, du kanten japonais (Senft, Smith) dont l’analogue chinois se nomme tijntjan et qui est coñnu en Europe sous les noms d’agar japonais, japanische Gelatine, vegetabilischer Fischleim, japa- nische Hausenblase. Utilisée comme nourriture par les Hawaïens (Reed). Constituant du kanten (Holmes). Utilisée comme nourriture par les Hawaïens (Reed). Constituant du kanten japonais (Hol- mes). Utilisée dans l’alimentation aux îles Sandwich (Reed). Abondante dans le kanten (Holmes) et dans le Tijntjan (Marchand). Utilisée comme aliment aux îles Sandwich (Reed). Séchée au soleil et vendue, au Japon, pour l'alimentation (vy. Martens). Utilisée dans l'alimentation des Ha- waïens. Coastituant du kanten (Holmes). (1) Ce nom, donné par Miss Reed, ne correspond à aucune espèce et il pourrait y avoir là confusion avec Nemalion altenuatum J. Ag. 28 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Enfin, dans cette même famille des GÉLipracées, les genres P/erocladia et Acantho- peltis fournissent encore des espèces utiles. Genre Pterocladia. NOMS BOTANIQUES, SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. P. capillacea (Gnel)| Gelidium capillaceum Kiz., Ge-| Hawaien : limu loloa| Utilisée par les Havaïens dans leur Born. et Thuret. lidium corneum pinnatum| (Reed). alimentation (Reed). Grev. Genre Acanthopeltis. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. : USAGES. A. japonica Okamura | Schottmuellera paradoxa Gru-|Japonais : toriashi| Constituant du kanten (Holmes). (Pl. VI, 3). now. (Holmes). Toutes ces Algues croissent sur les rochers dans les limites de la marée ou même plus profondément. Les GIGARTINACÉES sont, comme les GÉLIDIACÉES, très riches en mucilage, et c'est à cette famille qu’appartiennent la plupart des Algues qui, en Europe, servent à l'alimen- tation ou à la thérapeutique. Le thalle de ces Algues présente des formes variées; il est généralement aplati, de taille moyenne, parfois entier, mais souvent ramifié. Un grand nombre de genres appartenant à cette famille sont utilisés ainsi que l'in- diquent les tableaux suivants : Genre Endocladia. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMS. NOMS INDIGENES. USAGES. E. vernicata J. Ag. » » Dans le Tijntian chinois (Marchand). Genre Chondrus. NOMS BOTANIQUES. | SYNONYMES. NOMS INDIGENES. USAGES. C. crispus (L.) Lyngb. » Japonais : tsuno-mata | Utilisée au Japon comme aliment (Smith). ‘ (Smith). C. ocellatus Holm. » Japonais : hosokeao id. ! mimi (Smith). Genre Gigartina. NOMS BOTANIQUES. : SYNONYMES. NOMS INDIGENES. USAGES. G. horrida Harvey. |} yo » Se rencontre dans l’agar-agar malais. (v. Martens) et dans celui des Indes orientales (Marchand). G. Teedii (Roth.)|Ceramium Teelii Roth., Fucus |Japonais : Cata nori|Sert à préparer des aliments au Japon Lam. (PI. VI, 6}. Teedii Turn., Chondro lo-| (Smith), shikin nori|- (Smith). nium Teedit Ktz. (Okamura). | PR TENTE de tn or té do à dt ee a Oe ii HER «dé RE) sn ets 18 NOMS BOTANIQUES. G. disciplinalis (Bory) J. Ag. G. flabelliformis Harv. (Pl. VI, 4). G. vermicularis ame- ricana J. Ag. NOMS BOTANIQUES. C. dentata J. Ag. NOMS BOTANIQUES. A. concinna J. Ag. (PI. IV, 4)., ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 20 Genre Gymnogongrus. SYNONYMES. » SYNONYMES. SYNONYMES. > NOMS INDIGÈNES. Hawaïen : nom géné- ral : limu manaloli : noms locaux : limu ekahae-kaha, limu koeleele ou koele, limu awiki-wiki ou limu nei (Reed). Japonais : okitsu-nori (Smith). Hawaïen : comme le G. disciplinalis (Reed). Genre Callymenia. NOMS INDIGÈNES. Halymenia carnosa Kütz., non | Japonais : tosaka-nori Halymenia dentata Suhr. (Smith). Genre Ahnfeltia. NOMS INDIGÈNES. Hawaïen : limu akiaki ou limu eleau .(Smith). USAGES. Utilisée comme aliment aux îles Sandwich (Reed). Utilisée dans l’alimentation des Japo- nais (Smith). Utilisée comme aliment aux îles Sandwich (Reed). USAGES. Utilisée comme nourriture au Japon (Smith). USAGES. Utilisée comme aliment dans l'ile de ~ Maui (iles Sandwich) (Reed). Ces Algues croissent entre la limite des basses mers, et même plus profondé- ment. Les RHonopmyzuibactEs, dont le thalle généralement ramifié est riche en mucilage, présentent également des espèces utiles en grand nombre. C’est avec des plantes de cette famille que l'on prépare l'agar-agar, qui, moins pur que le kanten japonais, est cependant employé aux mêmes usages, et beaucoup plus connu en France, alors que lekanten paraît au contraire être plus répandu en Allemagne. Ce sont surtout des Algues appartenant au genre Eucheuma qui sont employées pour la préparation de l’agar. Les tableaux suivants donnent la liste des espèces utiles: NOMS BOTANIQUES. C.armatum Harv. -Genre Cystoclonium. SYNONYMES. » NOMS INDIGENES. » USAGES. Mangée au Japon (v. Martens). 30 NOMS BOTANIQUES. E. gelatinæ Ag. E. spinosum . Ag. (PI. VH, 5}: ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE. Genre Eucheuma. SYNONYMES. > Sphærococcus spinosus Ag. NOMS INDIGÈNES. » USAGES. Agar-agar de Makassar et de Java, Carragheen des Indes orientales (Senft). Agar de Makassar et de Java (Senft, v. Martens) et de Ceylan (Archer et Simmonds), Carrageen des Indes orientales (Senft). Ces Algues croissent dans des eaux profondes, de même que les SPHÆROCOCCACÉES, qui, également ramifiées et riches en gélose, constituent aussi une matière première servant à faire l’agar-agar. Genre Sphærococcus. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES USAGES. S. cartilagineus Ag. » Chinois:shih-kwa-ts’aï | Utilisée en Chine en thérapeutique (Porter, Smith), tsai-| (Perrot). hoa (Debeaux), che- hoa-tsay (Perrot). S. gelatinosus Ag. » » Constituant de l’agar-agar malais et cyngalais (y. Martens, Marchand). S. Serra Ktz. » » id. Genre Sarcodia. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. S. Montagneana| Rhodimenya (H. et H.) J. Ag. Montagneana Ktz. Montagneana|Japonais : Hook et Harv., Rhodophyllis (Smith), tosaka nori (Davidson). Genre Hypnæa. tosaka| Utilisée comme nourriture au Japon . (Smith et Davidson). NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES, j NOMS INDIGÈNES. USAGES, H. musciformis » » Utilisée au Japon. Lamour (PI. VIII, 5). j H. nidifica J. Ag. > Hawaïen : limu huna| Employée comme aliment aux îles à (Reed). Sandwich (Reed). HH. Sp; (PI. IV, 2): » id. id. te is G.divaricata (L.) Grev. | ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 3: NOMS BOTANIQUES. G. armata (Ag.) Grev. Genre Gracilaria. SYNONYMES. Hypnæa armata J. Ag., Sphæ- rococcus armatus Ag., Gigar- tina armata de Not. G. compressa (Ag.)|Plocaria compressa Endl., Gi- Grey. gartina compressa Hook., Spherococcus compressus Ag. G. confervoides (L.)| Fucus confervoides L., Sphero- Grev. G. coronopifoliay. Ag. API IV, 1). G. crassa Harv. coccus confervoides Ag., Sph. divergens Kütz. Hypnæa divaricata Grev, G. lichenoides (L.)| Sphærococcus lichenoides Ag., Harv. Plocaria candida Nees. NOMS INDIGENES. Hawaien: limu huna (Reed). Japonais : shiramo (Davidson). Japonais : Ogo-nori (Smith, Davidson). Hawaien : limu mana- uea (Reed). Chinois : ki-tsai (Cooke). » Chinois : shih-hwu- vsaï (Porter, Smith), che hoa tsee (Perrot); Amboïna: aysana ou aystana ; Java: bu- lung ; Makassar : ~ dongi-dongi (v. Mar- tens). USAGES. Employée comme nourriture aux iles Sandwich (Reed). Mangée au Japon avec du poisson, de la sauce au soja ou des légumes (Davidson). Utilisée dans l’alimentation des Japo- nais (Smith), adultérant du Kanten en raison de la rareté des Gelidium (Davidson). Utilisée dans l’alimentation des Ha- waïens (Reed). Utilisée comme aliment en Chine (Cooke). Se trouve dans l’agar de Timor (v. Martens). Employée dans la pharmacopée chi- noise (Perrot), employé comme agar, et mangé frais (v. Martens, Senft).Ne serait pasemployéecomme agar (Archer et Simmonds). Entre dans la mousse de Ceylan (Senft, Archer et Simmonds, Marchand, v. Martens). Parmi ces Algues, le Gracilaria lichenoides et 1 Hypneea nidifica J. Ag. sont particu- lièrement aptes à donner du mucilage. Chez les RHODYMENIACÉES, nous ne rencontrons qu’un genre utile Champia. NOMS BOTANIQUES. | Ch. compressa Harv. Genre Champia. SYNONYMES, » Hawaien: NOMS INDIGENES. (Reed). USAGES. limu oolu | Utilisée dans l’alimentation aux iles Sandwich (Reed). Puis viennent les DELESSÉRIACÉES, dont un seul genre est utilisé. Ces Algues sont géné- ralement foliacées et croissent assez profondément dans la mer. 32 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Genre Chauvinia. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGENES. ! USAGES. Ch. macrophysa Son- » Malais: lai-tai (v. Mar- | Utilisée comme légume par les Valais der. tens). qui la récoltent dans l’île de Petit- Tawali (v. Martens). Les BONNEMAISONIACÉES ne fournissent également qu'une seule espèce utile, mais celle-ci, qui croît sur les récifs qui environnent les îles Sandwich, est l’Algue préférée des Hawaiens. Genre Asparagopsis. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. i USAGES. A. Sanfordiana Harv. » Japonais : kagi-kenori | Largemént utilisée par les Hawaïens (Pl. VII, 1). (Okamura) ; Ha-| dans leur alimentation (Reed). waïen : limu kohu (Reed). On trouve toute l’année, au marché de Honolulu, l’Asparagopsis Sanfordiana Harv. à l'inverse des autres Algues comestibles de Hawaï qui sont consommées par ceux qui les pêchent et ne se trouvent au marché qu’en certaines saisons ou qu’à l'occasion des jours de fête. Les Japonais n'utilisent pas cette Algue, bien qu’elle croisse sur leurs côtes. Les RHonoMELACÉESs, à l'inverse des Algues des deux familles que nous venons de passer en revue, fournissent un grand nombre d’espèces utiles, et en particulier celles qui appartiennent au genre Laurencia. NOMS BOTANIQUES. L. obtusa (Huds.) Lamour. ye ‘papillosa (Forsk.) Grev. L. perforata Mont. L. pinnatifida (Gm.) Lam. L. pinnatifida § Os- munda J. Ag. L. virgata (Ag.)J. Ag. Genre Laurencia. SYNONYMES. Fucus oblusus Huds., Chondria obtusa Ag. Chondria papillosa Ag., Fucus papillosus Forsk., Gigartina Jutacea Bory. Chondria pinnatifida Ag., Fucus pinnatifidus Gm. Fucus Osmunda Gm. » NOMS INDIGÈNES. Hewaïen : limu lipee- pee ou lipee. Chinois : tan shwui (Cooke) ; Hawaien : limu maneoneo ou limu lipeepee (Reed). Hawaïen : limu lipee- pee ou lipee. Hawaïen:1.maneoneo, .limu olipeepee ou limu lipee. Hewaïen : limu lipee- pee ou lipee: id. USAGES. Utilisée par les Hawaïens dans leur alimentation (Reed), et par les Chi- nois (Hanbury). Entrerait dans la préparation de la gélose (Payen). } id. id. id. Ces Algues, charnues et de grandeur moyenne, sont utilisées pour la gelée qu'elles peuvent donner, mais aussi et surtout, parce que leur goût piquant en fait un condiment recherché. —— ee a RP I NT Qe de ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 33 La même famille fournit d’autres espèces alimentaires, utilisées d’ailleurs assez peu activement, et des espèces vermifuges qui entrent dans la pharmacopée chinoise. Voici d’ailleurs la liste des plantes employées : Genre Chondria. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. Ch. tenuissima (Good | Fucus tenuissimus Good et| Hawaïen : limu oolu | Utilisée dans l’alimentation aux îles et Wood.) J. Ag. Wood., Laurencia tenuissima | (Reed). Sandwich (Reed). Grev. Genre Digenea. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. Te. D:--simplex — (Wulf.) | D. Wulfeni Kg., Conferva sim-| Japonais : makuri|Utilisée comme nourriture au Japon~ J. Ag. (PI. VI, 7). plex (Wulfen). (Smith). (Smith). Genre Alsidium. NOMS BOTANIQUES. 2 SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. A. Helminthochorton | Fucus HelminthochortosLatour. | Chinois: haï-tsao (Per-| Employée dans la pharmacopée chi- (Latour) Kg. rot). noise comme vermifuge (Perrot). Genre Folysiphonia. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. P: fragilis Suring. » | > Se trouve dans le Tijntjan (Marchand). — (Pk VII, 4). P. mollis H. et H. P. tongatensis Harv. Hawaïen : limu pualu | Utilisée par quelques Hawaiens dans ou limu hawane| leur alimentation ; peu populaire (Reed). (Reed). P. tarpinocarpa Su-| P. bipinnata Post. et Rupr., P. » : Se trouve dans le Tijntjan (Marchand). ring. (PI. VI, 5). purpurea P.etR., Pterosipho- : à nia bipinnata Falkenb. Genre Amansia. » NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGENES. USAGES. A. glomerata Ag. (PI.| Amansia fasciculata Kütz., De-| Japonais : kiku-hiwo- Utilisée localement par les Hawaiens VI, 1). lessaria rhodanta Harv., A.| doshi (Okamura) ;| pour leur nourriture (Reed). rhodanta J. Ag. Hawaien : limu lipe- ‘ peiao ou limu pepeiao (Reed). Les Céramiactes, formées de filaments gréles et nombreux, sont susceptibles de donner une faible quantité de gelée; aussi quelques espéces en sont-elles utilisées, notamment comme vermifuge ou comme adultérant du kanten; certaines eearre elles sont cependant recherchées comme nourriture. T. Ill. — Fasc. 1 5 34 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Genre Griffithsia. ; NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. G. Sp. » Hawaïen : limu moo-|Considérée à Hawaï, où elle est rare puna, limu ka-lipoa| comme une friandise (Reed). ou limu aupupu | (Reed). Genre Antithamnion. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. | NOMS INDIGÈNES. USAGES. » A. cristatum Ktz. ; Sporacanthus cristatus Kitz. Constituant du Tijntian (Marchand). Genre Spyridia. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. | A USAGES. Utilisée dans le sud de l’ile de Hawai S. spinella Sond. S. filamentosa forma Spinella; Hawaïen : limu hulu- dans l’alimentation (Reed). Harv. puaa (Reed). - Genre Ceramium. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. r NOMS riptakune. USAGES. C. Boydenii. » [Japonais : igisu (Da-| Mangée cuite au Japon (Davidson). vidson) C. ciliatum . (Ellis) | Echinoceras ciliatum Ktz., Con- » Se trouve dans le Tijntian chinois Ducluz. ferva ciliata Ellis. (Marchand), C. clavulatum Ag. Spyridia clavulata J. Ag., Cen-| Hawaïen : limu holui-| Se trouve dans le Tijntian chinois trocerasclavulatum (Ag.) Ktz.| lio, limu hulu ou! (Marchand) et sert de nourriture limu hulu wawae-| aux indigènes des îles Sandwich iole (Reed). (Reed). C. rubrum (Huds.) Ag. | Conferva rubra Huds. » Se trouve dans le kanten japonais de qualité inférieure (Holmes). Genre Campylæphora. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGENES, USAGES. C. hypneoides J. Ag. » Japonais : ego (Smith, | Utilisée comme nourriture au Japon Davidson), yego} (Smith): constituant du Kanten (Holmes). (Holmes). Toutes ces Algues se trouvent entre les limites de la marée, ou plus profondément. Il en est de même des GLorostPHONACEEs, mais celles-ci comprennent des Algues petites, à articles charnus, qui servent, au Japon, à préparer une colle végétale d'excellente qualité, le fu-nori. Ce sont les Gloiopeltis qui servent à fabriquer ce produit : ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 35 Genre Gloiopeltis. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. G. coliformis Harvey » Japonais : funori|Se trouve dans le funori japonais (PI. VII, 6). ; (Smith). (Holmes, Smith). G. intricata Suringar » Japonais : fukoro-fu- id. (Pl. VIII, 1). nori (Smith). G. tenax (Turner) J. | Fucus tenax Turn. Japonais : funori| Sert à faire le funori japonais (Smith, Ag. (PI. VIII, 2). (Smith). v. Martens, Senft), et se trouve ; dans le Tijntjan (Marchand). Ces Algues croissent à des profondeurs assez grandes. . Enfin, il ne nous reste plus, pour terminer cette revue des diverses familles d’Algues, qu'à dire un mot des GRaTELOUPIACÉES. Quelques-unes de ces plantes, de taille moyenne, à thalle-plus ou moins aplati ou ramifié, sont utilisées dans l’alimentation, ainsi que l'indique le tableau suivant : Genre Halymenia. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NOMS INDIGÈNES. USAGES. Halymenia formosa » Hawaïen : limu lepea-| Utilisée comme aliment aux îles Harv. (PI. VII, 2). hina (Reed). Sandwich, où elle est rare (Reed). Genre Grateloupia. NOMS BOTANIQUES. SYNONYMES. NONS INDIGENES. USAGES. G. affinis ‘(Harv.) Gigartina affinis Harv. Japonais : comen-nori | Utilisée comme aliment au Japon Okam. | (Smith), kome-nori| (Smith), principalement pour assai- if (Davidson). sonner le poisson (Davidson). G. filicina (Wulf.) Ag. | Delesseria filicina Lam., Fucus|Japonais : mu-kade | Utilisée dans l’alimentation au Japon (PI. IV, 5). filicinus Wulf. nori (Smith) ; Ha-| (Smith), aux îles Philippines [îles : waien: limu pakea-| Batanes| (Blanco), et aux îles Sand- leawaa ou limu hulu-| wich (Reed). hulu-waena (Reed). 2 6. — RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. En résumé, l'étude attentive des tableaux que nous avons mis sous les yeux du lecteur montre que presque tous les groupes d’Algues fournissent des espèces utiles et, en ce qui concerne l'alimentation, il est spe que la plupart des Algues pourraient étre consommées. _ Mais, ce qu'il faut retenir de cette étude, c'est que quelques groupes d’Algues présen- tent une utilité particulitrement grande, en raison de leur richesse en iode ou, plus fréquemment, de la faculté qu’elles ont de donner un mucilage qui, préparé a partir de ces végétaux, présente une abondance et des qualités particulières. Ce mucilage est recherché comme nourriture ou sert à faire des colles, des agars, etc. 36 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Ainsi que nous l'avons vu, ces Algues privilégiées n’appartiennent qu’à un petit nombre de familles : les LaMINARIACÉES, les GÉLIDIACÉES, les GIGARTINACÉES, les RHopo- PHYLLIDACÉES, les SPHÆROCOCCACÉES et le GLoIOsIPHONACÉES. On peut dire que ces Algues présentent un intérêt mondial, puisque, non seulement elles font l’objet, dans leur pays d’origine, d’une récolte et d’une industrie abondantes, mais encore parce que les produits qui en dérivent sont exportés dans le monde entier. D’autres familles ont un intérêt plus local; ce sont, par exemple, les RHODOMÉLACÉES et les CÉRAMIACÉES, dont beaucoup de représentants servent à faire des vermifuges, et les BanGiacÉEs, parmi lesquelles les Porphyra sont particulièrement recherchées par les gourmets extrême-orientaux. Remarquons enfin, et ceci aura son application dans les chapitres qui suivront, que les familles qui donbent lieu à un commerce mondial présentent (à part les Gross NACEES) une très grande extension géobotanique et qu’on en retrouve les représentants sur les côtes d'Europe et d'Amérique. \ CHAPITRE V L'industrie des Algues en Extrême-Orient. 2 1°. — MULTIPLICATION ET CULTURE. Le plus souvent, les Algues utiles n’ont donné lieu a aucune tentative spéciale ayant pour but de les multiplier. On les récolte dans leurs stations naturelles. Cependant, il y a a cela des exceptions et, dans les pays comme Hawaï et le Japon, où les Algues sont particulièrement estimées, on a fait des tentatives de multiplication et même, au Japon, une seule Algue, le Porphyra laciniata, fait l’objet d’une culture qui est des plus intéres- santes et méritera de retenir très longuement notre attention. A Hawai, de nombreuses tentatives ont été faites par certains habitants pour transplanter, a proximité de leur habitation, les variétés les plus agréables pour eux d’Algues marines. C’est ainsi que le Limu pakaeleawaa (Grateloupia filicina Ag) a été transplanté de Hawai à Molokai par un vieux chef, qui le planta sur le bord interne de sa réserve à poissons où elle croît maintenant d’une luxuriante façon. La même Algue fut également transplantée avec succès par la reine LiriuoKaALANI et par un chef qui en a doté les indigènes vivant à Oahu dans la baie de Kanehohe. Miss Reep pense d’ailleurs qu’un grand nombre d’Algues ont été introduites de cette façon en des points où elles n’existaient pas encore, apportées par quelque chef qui, en se déplaçant, voulait acclimater près de sa nouvelle demeure son Algue favorite. Mais une autre Algue, le Limu kohu (Asparagopsis Sanfordiana Harv.), laquelle est encore plus estimée, est encore plus régulièrement transplantée à Moloaa sur l’île Kauai. à 4 ‘ ip ’ oi dat ME dti tt À gites ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 37 La baie de Moloaa est abritée des tempêtes par des récifs corailliens sur lesquels croît en abondance le limu kohu, se présentant en cet endroit avec une végétation magnifique. Les habitants, qui tirent un revenu important de ces Algues, qu'ils vont vendre à Honolulu, ont cherché à augmenter ce revenu en multipliant, dans ces eaux abritées des tempêtes, la bonne espèce, et ils ont obtenu ce résultat en arrachant et en détruisant les autres Algues, qui ne nuisent plus ainsi au développement de celle qu’ils préfèrent. Au Japon, on multiplie, également par une méthode très simple, le funori (Gloio- peltis coliformis) dans la préfecture de Aomori. Cette culture, d'après le D' Kisttnovye, cité par M. Surrx, consiste à jeter des rochers dans la mer, de façon à constituer des surfaces sur lesquelles les spores puissent se fixer et se développer. Les rochers de la montagne ont la préférence sur les autres, parce qu’ils ont des surfaces propres et rugueuses. Enfin, nous arrivons à l’Asakusanori (Porphyra laciniata Harv.) qui fait, au Japon, ainsi que-nous l’avons dit au début de ce chapitre, l’objet d’une culture des plus intéres- santes que nous décrirons d’après les travaux de Surrx et de OKkAMURA. D’après M. Surrx, la culture du Porphyra est l’une des branches les plus importantes de l’industrie des Algues, et c’est le seul cas connu dans le monde entier d’une semblable forme de culture. D’ailleurs, ses résultats financiers sont remarquables et il y a peu de branches de l’agriculture, qui, pour une même surface, donnent des résultats aussi satisfaisants. Il est probable que cette pratique est très ancienne, et qu’elle prit naissance dans la baie de Tokyo, qui possède les terrains de culture les plus estimés. Un autre point de culture important, situé dans le voisinage, est Hiroshima, dans la mer intérieure. Le gouvernement japonais publie, chaque année, des statistiques très détaillées con- cernant la surface cultivée et la valeur des produits. C'est ainsi qu’en 1901, il existait 4395 champs de Porphyra occupant une surface de 910 hectares environ et produisant 1200000 francs, ce qui représente une quantité d’Algue sèche de 2 160 tonnes. Cette culture est actuellement en voie d’extension. Voici maintenant de quelle manière elle est effectuée dans la baie de Tokyo (PI. X, 2, 3, 4). En octobre et novembre, le sol est préparé en enfonçant dans le fond vaseux situé, à marée haute, à 1 mètre à 1",60 de profondeur, de nombreux faisceaux de bambou ou de broussailles. Ces faisceaux, qui portent le nom de « sudate », sont préparés sur le rivage et placés verticalement sur le fond par deux hommes constituant l’équipage d’un bateau qui se rend à marée basse au-dessus du champ. Là, les faisceaux sont plantés en lignes régulières de la façon suivante : l’un des hommes fait dans la vase un trou, à l’aide d’une pièce de bois conique sur laquelle il peut presser avec un pied, en même temps qu'il la maintient avec les mains par deux longs manches, et qu'il garde l’autre pied placé sur le rebord du bateau. Dans le trou ainsi préparé, l’autre pêcheur introduit de suite un des faisceaux dont ils ont emporté une provision dans leur bateau. On forme ainsi, dans la mer, des lignes assez serrées de branches sèches, dont le but est d’arrêter et de retenir les spores flottantés de Porphyra qui demeurent fixées ainsi sur les brindilles du faisceau et ne tardent pas à se développer. | 38 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE En janvier suivant, les plantes ont atteint leur développement complet et peuvent être récoltées jusqu’en mars, ce qui est fait fort simplement en coupant les brindilles sur ‘ lesquelles elles ont poussé. Elles meurent au moment de l’équinoxe de printemps et, pendant l'été, les pêcheurs enlèvent les vieux faisceaux de brindilles et s'occupent à en préparer d’autres pour la culture de l’année suivante. Cette façon de cultiver est dite culture au sudate ; mais, parfois, l’asakusanori est cul- tivée d'une façon un peu plus compliquée, et on pratique la transplantation. Cette pratique qui, ainsi que nous le verrons plus loin, donne des résultats préférables à la culture simple que nous venons de décrire, a été imaginée par M. Hirano dans la douzième année de l’ère Meiji (1) (1880). Pendant quatre années, cet expérimentateur a effectué des essais de transplantation des Sudate, qui lui ont donné les meilleurs résultats. Cette culture avec transplantation n’a été mise en pratique, d’une manière générale, que pendant la trente-cinquième année de l’ère Meiji (1903) et donne de très bons résultats, notamment dans le village de Urayasu, dans la préfecture de Chiba, dont nous donnons ici un plan, refait d’après le travail de M. Oxamura (PI. X, 1). La méthode de transplantation consiste en ceci que, les sudate étant installés dans les conditions les plus favorables à la fixation et à la germination des spores de Porphyra, on les déplante lorsque ces Algues ont commencé à germer et on les replante ensuite en d’autres lieux dans des conditions plus favorables à la croissance ultérieure de l’Algue et à la production de sujets de consistance moins dure et-de goût plus fin. Si nous considérons le plan du village de Urayasu, nous trouverons les endroits de germination aux lieux dits: Yumantsubo, Higashi, Takashu et les places de transplan- tation à Kawabiri, Nishitakashu, Higashi-tatsumi, Nishitatsumi, Toribo, Amahiho, Mitsudaira, Zazara, etc... Il nous reste à dire quelles sont les conditions que doivent remplir les places de ger- mination et les places de transplantation, et comment l’opération doit être pratiquée. Pour construire le lieu de germination ou 1aneba, on plante les faisceaux de bambou en lignes parallèles, mais très serrés les uns contre les autres sur la ligne. En quelques jours, les jeunes frondes atteignent, au taneba, une quinzaine de milli- _ mètres de largeur, alors que dans le même temps des germes recueillis au sudate, dans des endroits propres à la maturation, atteignent à peine 1 millimètre. M. Oxamuvra attribue à trois causes la rapidité de la germination des spores au taneba. 1° Tout d’abord, ce taneba étant disposé pour faire face au large, la densité de l’eau qui le baigne est beaucoup plus élevée. A Urayasu, le fond de la mer est en pente très douce, de sorte qu’aux fortes marées de nouvelle lune et de pleine lune, on aperçoit à peine les « reikin », petits fossés qui se creusent dans le sable à marée basse. Donc, pen- dant les courants de marée, le courant est beaucoup plus fort dans ces reikin qu'ailleurs, et ils prennent l'aspect de fossés de drainage. (1) Cette ère est l’ère actuelle qui a commencé seulement avec le règne de S. M. l’empereur régnant Mutsunito, en 1868. ‘ ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 39 Sur le plan ci-contre de Uruyashu, il y a, à Est de Yumantsubo, un très grand reikin nommé Kaigamizo. Ce reikin passe entre les divers « taneba » (désignés en blanc sur le plan), il conduit constamment de l’eau de mer, et, de plus, comme le fond de la mer est plus élevé à l'Est de ce reikin qu’à l'Ouest, il se produit toujours un fort courant d’eau de mer vers Yuman- tsubo lorsque la marée descend. Deux autres reikin, désignés sur le plan par la dénomination de reikin, sont d’une autre nature : ce sont les fossés creusés dans le fond de la mer par le fleuve de Yedo. Ici, il y a, à marée basse, une très fort courant d'eau douce qui se ralentit à marée haute. Il en résulte que la densité de l’eau de mer est toujours plus forte aux taneba avoisinant le Kaigamizo qu'aux sudate (figurés en noir) qui se trouvent t baignés par les reikin de la rivière de Yedo. 2° Les germes flottent plus tôt dans l’eau de densité élevée que dans l'eau de densité faible. Ces germes ou spores sont mûrs à la fin du printemps et se détachent de la plante ; puis ils se conservent et restent probablement, étant plus lourds que l'eau, enfouis au fond de la mer jusqu’à l’automne suivant. _ Ace moment, ils s'élèvent probablement par suite d’une augmentation de leur volume, et il est clair qu’à ce moment l’eau de forte densité favorise l'élévation des germes, tandis que l’eau de densité faible les laissera au fond. Il en résulte qu’aux endroits comme à Yumantsubo, où la densité de l’eau de mer est forte, les spores s’éléveront plus tôt et en plus grand nombre et seront plus vite fixés par les sudate sur lesquels ils se développeront. 3° Enfin, dans les lieux où l’eau douce est abondante, une grande partie des germes sont ensevelis dans la terre du fond. En effet, aux environs des reikin de la rivière de Yedo, une grande quantité de sables et de boues, amenés avec l’eau douce, tendent cons- tamment à recouvrir les spores, et cela d’autant plus aisément que les particules solides s'élèvent plus aisément sous l'influence des courants et de l’agitation produite par le vent. Néanmoins, ceci n’est pas absolu et la direction des vents, la température et les précipi- tations atmosphériques changent parfois les conditions locales que nous venons d’exami- ner, de sorte qu'il est arrivé, d’ailleurs exceptionnellement, que la germination des Algues s’est produite un peu plus tôt en quelques des sudate de maturation que dans les taneba. Tout ceci n’a rien qui doive nous surprendre, si nous voulons bien penser que ces causes diverses influent sur la quantité de l’eau douce et de la vase apportée par les fleuves dans la mer, et sur le trajet et la vitesse du Kuroshivo, et, en dernière analyse, sur la densité de l’eau de mer. La fixation et la germination des spores s effectuent généralement sur le côté des sudate qui regarde le large, et ensuite sur toute la surface; mais, cependant, sans doute à cause des variations dans les conditions de milieu, il arrive parfois que c’est l'inverse qui se produit. De plus, M..Oxamura rapporte que certains pêcheurs disent qu’aux années d’abondance les germes se fixent tout d’abord à la partie inférieure du sudate pour se fixer ensuite au-dessus, tandis qu'aux années de pénurie, c’est l'inverse qui se produit. | 40 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Quoi qu'il en soit, lorsque la germination est effectuée, il y a intérêt à transplanter les jeunes germinations aussitôt que possible. Les sudate chargés de jeunes Algues sont arrachés, portés à terre et emportés ensuite dans les endroits où la croissance des Algues va s'effectuer. M. Oxamura a essayé lui-même cette pratique qui, contrairement à l’idée préconçue qu'il en avait, ne tue pas du tout les jeunes pousses, qu’on les laisse à lair libre ou que l’on les mette à l’abri. Généralement, ce sont les changements brusques de température qui peuvent être funestes aux jeunes Porphyra; aussi, lorsque les pêcheurs laissent à terre les sudate qu’ils viennent de déplanter, les recouvrent-ils de mushiro, sortes de nattes en paille grossière qui protègent les Algues et arrêtent le sable de la plage qui, poussé par le vent, viendrait se fixer sur les jeunes frondes et les altérerait surtout parce que sa tempé- rature est plus élevée. i Dans ces conditions, les jeunes frondes supportent parfaitement un séjour a terre de 4 à 6 jours, et reviennent très vite à la vie lorsqu’on les replante dans les lieux où elles doivent terminer leur croissance. Ces lieux doivent, au contraire, être choisis dans des régions de la mer où il y a beaucoup d’eau douce, parce que la croissance des Algues y est beaucoup plus rapide et, de plus, leur consistance y est moins dure et plus propre à les faire rechercher par le consommateur. La transplantation est bien préférable à la culture simple au sudate, ainsi que l’ont démontré les essais faits par les habitants et par M. Oxamura au village Urayasu. Aussi comprend-on l'importance du choix des terrains de culture, tant pour la cul- ture simple au sudate que pour la culture par transplantation, et on s'explique que les pêcheurs entrent souvent en conflit entre eux au sujet de ces terrains. A Tokyo, le gou- vernement donne cinq qualités de licences permettant cette culture, ces cinq qualités correspondant, naturellement, à la qualité des terrains. La taxe des licences varie de 0,20 à 0.70 yen. La culture au sudate, comme la culture par transplantation, est naturellement in- fluencée par les conditions de milieu, et ce sont les eaux d’une salure moyenne qui parais- sent convenir le mieux. D’après M. Smiru, l’asakusanori était très abondant, il y a un ou deux siècles, à l’em- bouchure de la Sumida gawa, à Asakusa, près de Tokyo; mais la rivière charriant une grande quantité de gravier, son embouchure s’avancait de plus en plus dans la mer, et la plante disparut parce que l’eau devenait de plus en plus douce à Asakusa. C’est alors que la culture fut instituée. La culture de l’Asakusanori, quelle que soit la façon dont elle est effectuée, risque d'être compromise par deux ennemis qui sont l’insecte(r) « Sei» et une Algue dite « dola », qui appartient au genre Synedra. ; La question de l’insecte Seiest des plus importantes, parce que, si on établit les sudate dans le taneba au moment de la fécondation de cet insecte, tous les sudate se trouvent (1) Nous donnons, d’après le travail de M. Oxamura, la figure de la larve de |’ « insecte » Sei. Il s’agit, non pas d’un insecte, comme l’a traduit M. Dauey, mais d’un crustacé (PI. X, 5). Oe Pe ae a Fe | De, ie ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 41 recouverts par les larves de ces insectes, de sorte que les spores de l’asakusanori ne peu- vent ni se fixer, ni germer. On ne sait pas combien de fois ces insectes peuvent se féconder dans l’année, mais on sait qu'ils sont vivipares et non ovipares et que l’une de leurs fécondations a lieu à l'automne, du 5° au 9° mois. Lorsque les insectes se fécondent en même temps que s’attachent les spores de Porphyra, les larves, nommées naporiusu, se produisent rapidement, couvrent tout le sudate et empêchent le développement de l’Algue. Ce fait est d’ailleurs rare, la féconda- tion des insectes sei finissant avec le 9° mois, alors que les spores de Porphyra ne se fixent guère qu'à partir du 10° mois de l’année. Lorsque, au taneba, on a soin de planter les sudate d’une manière assez serrée, on évite la présence des insectes qui ne se fixent guère qu’en surface et préfèrent les endroits où le courant est plus fort et où les matières nutritives et l’oxygène se renouvel- lent plus aisément. C’est ce qui explique que les insectes ne se trouvent pas au milieu du sudate, mais à la surface. Lorsque la transplantation a eu lieu, les insectes ne peuvent plus guère attaquer les Porvhyra. Enfin l’Algue dola, qui appartient au genre Synedra, vient parfois troubler les cul- tures ; elle se développe principalement là où les courants sont peu violents et où l’eau douce abonde. Cette Algue se féconde en hiver et s'attache au thalle des Porphyra. Ce n’est pas une plante parasite, mais elle est parfois tellement abondante qu’elle empêche la croissance des jeunes plants d’Asakusanori. Lorsqu'’elles sont peu abondantes, la présence de ces Algues étrangères est sans incon- vénients ; mais si, plus nombreuses, elles arrivent à faire mourir certaines parties du thalle des Porphyra, celles-ci ne tardent pas à périr et l’ensemble de la récolte est com- promise. Enfin, cette culture a encore d’autres ennemis et, tout d’abord, certains animaux marins qui viennent brouter les jeunes Algues, et les diatomées qui, s’y attachant en foule, en rendent le thalle gluant. En dépit de ces inconvénients, la culture de l’Asakusanori est des plus productives et ne peut, au Japon, que prendre de l'extension. § 2. — RÉCOLTE. La recherche et la récolte des Algues qui ne font pas l’objet d’une culture présente souvent d'assez grandes difficultés; aussi, les Japonais et les Hawaïens ont-ils imaginé divers procédés de pêche permettant de se procurer en abondance les végétaux tant désirés. A Hawai, la plupart des Algues utiles sont recueillies par des femmes ou des enfants indigènes, excepté celles qui croissent dans les eaux profondes et agitées, loin de la côte, _ sur des récifs coralliens, ou sur des rochers très exposés au choc des vagues, là où il est nécessaire de montrer plus de force et plus d’habitude de la natation, et aussi où il faut T. If. — Fasc. 1. 6 42 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE avoir un bateau. En ces endroits se rendent des embarcations montées au moins par deux personnes, mais plus souvent par un groupe plus nombreux d’hommes et de femmes jeunes et robustes. Généralement, les hommes péchent et prennent soin du bateau et des filets, pendant que les femmes récoltent le limu. Dans les cas les plus simples, lorsque les Algues sont facilement accessibles, les femmes et les enfants se rendent à marée basse sur les rochers, munis de seaux en fer blanc, de vieux sacs et de pièces de fer aiguisées ou d’un vieux couteau, et détachent les Algues des pierres ou des coraux. Les Algues sont débarrassées avec soin du sable et des petits cail- loux qui y adhèrent généralement, bien lavées et placées par espèces, dans des récipients différents. : Siles Algues croissent encore plus près du rivage, dans le sable ou dans la vase, ou flottent prés du rivage, les femmes et les enfants les arrachent sans aucun ustensile, les nettoient soigneusement du sable et des petits animaux marins, et en rejettent les Algues non comes- tibles, pour placer les autres dans leurs sacs et leurs seaux. Les Algues les plus aisément récoltées sont les suivantes : diverses espèces d’Entero- morpha, Hypnea nidifica, Gracilaria coronopifolia, Grateloupia filicina, Chætomorpha antennina, Centroceras clavulatum, Stigeoclonium amænum, diverses. Ulva, Chondria tenuissima. ; D’autres Algues sont encore rejetées sur le rivage, et la récolte en est encore plus facile. Ce sont surtout les espèces suivantes : Hypnea nidifica, Gracilaria coronopifolia, Sargassum echinocarpum, S. cymosum, Laurencia papillosa, L. pinnatifida, L. virgata, L. obtusata, Gymnogongrus disciplinalis, G. vermicularis var americana, Asparagopsis Sanfordiana, Codium Muelleri, C. tomentosum, Dictyota acutiloba var distorta, Haliseris plagiogramma. Mais les choses ne sont pas toujours aussi faciles, et il arrive parfois qu'il faut aller chercher les Algues loin du rivage, sur des rochers entourés d’une mer agitée. C'est là qu’on va chercher, dans leur station même, les espèces qui sont rejetées sur le rivage et que vous venons d’énumérer. Pour les aller chercher ainsi, il faut qu’un habile nageur, armé d’un couteau ou d’une paire de ciseaux, vienne sur un des bateaux dont nous par- lions plus haut et de là s'approche des dangereux rochers. Or, les hommes et les femmes de Hawaï sont des nageurs intrépides et autrefois surtout, ils se livraient, au bord de la mer, à des jeux extraordinaires qui ont été décrits bien souvent. D'autres Algues croissent plus près de la limite des basses mers, mais sur des blocs de lave, généralement baignés par une mer furieuse, et il est encore nécessaire qu’elles soient récoltées par d’habiles nageurs. Ce sont surtout divers Gelidium, l’'Ahnfeltia con- cinna, le Gymnogongrus disciplinalis et le Porphyra leucosticta, qui croissent dans cette station, et elles sont d’autant plus difficiles à récolter qu'elles adhèrent fortement aux rochers. Enfin, pour récolter certaines espèces de Laurencia et de Gymnogongrus, que l’on rencontre dans les eaux saumâtres, quelques pêcheurs, près de Honolulu, emploient des boîtes de bois, à fond de verre, dans lesquelles ils regardent la profondeur des eaux au sein lesquelles ils marchent et sont plongés jusqu’à la poitrine. Armés d’un crochet de Pee ds Hg ee ge Le = ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 43 fer, ils récoltent ainsi les Algues et mollusques alimentaires: Cette méthode a été intro- duite 4 Hawai par des pécheurs italiens. Au Japon, les grandes Laminariacées, qui servent à préparer le kombu sont l’objet de procédés de récolte particuliers. Cette récoltese pratique de juillet à octobre, dans la baie de Hokkaido, etelle esteffectuée par de nombreux pêcheurs, la plupart de race aïno (PI. 6, 7, 8). Les pêcheurs se rendent au-dessus des fonds riches en grandes laminaires, ils sont de 1 à 3 dans des bateaux plats et emportent des gaffes de formes diverses qui sont les unes fixées sur de longs manches de bois, les autres chargées d'un poids lourds et envoyées au fond à l’aide d’un cable. Ces gaffes ou crochets étant au fond, on les tourne pour y enrouler les laminaires, et on tire pour les arracher du fond. Les Algues à kanten, et notamment le Gelidium corneum, sont également récoltés, d’après Davinson, à l'aide de gaffes et de dragues spéciales. Enfin, le wakame (Ulopteryx pinnatifida), qui croît à une profondeur de 20 à 40 pieds, dans dés endroits où la mer est agitée, est l’objet d’une pêche particulière. Cette pêche est effectuée à l’aide de longues gaffes à pointes multiples et divergentes, de la même manière que celle du kombu. § 3. — PRÉPARATION, CARACTÈRE ET COMMERCE DES PRODUITS RETIRES DES ALGUES. Nous avons antérieurement dit quel rôle important jouaient ces végétaux dans l’ali- mentation des Japonais et aussi dans diverses industries. On conçoit aisément qu'avec l'étendue immense de leur littoral, les peuples de ces îles aient cherché à tirer parti des richesses si importantes que leur offre la flore maritime des côtes. On estime actuellement à 12000000 de francs environ la valeur du trafic auquel donnent lieu annuellement les utilisations variées des Algues et de leurs produits dérivés, sans compter la valeur d’autres plantes marines employées par les pêcheurs eux-mêmes et qui ne peuvent être englobées dans les statistiques. Le commerce des Algues se développe d’une manière si considérable depuis quelques temps, que l’on est en droit d’en prévoir une diminution notable résultant de la raréfac- tion de la matière première, par suite d'exploitation par trop intensive. La quantité d’Algues utiles est en outre en voie de diminution dans certaines régions du littoral, non seulement à cause de l’augmentation de la consommation, mais encore parce qu’ils’est produit un refroidissement sans doute temporaire des eaux dû vraisembla- blement au déplacement de certains courants chauds. Il ne faudra pas trop compter sur le remplacement spontané car il est très long, et il n'existe encore qu’un petit nombre de plantations d'essai faites surune petite échelle. Une seule espèce, le Porphyra laciniata, est, comme nous l’avons vu, l’objet d’une culture réellement digne de ce nom. Comme le dit justement M. Smirn, délégué du Département du Commerce et des Pêcheries de Washington, la disparition des Algues a affecté la pêche de divers autres produits, tels que les « abalones », mollusques très estimés qui vivent au milieu de ces dernières. 44 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE On sait que les Algues portent au Japon la désinence générale de nori que prennent aussi les produits préparés qui sont si nombreux. Les plus connus de ces derniers sont: le kombu, l’amanori, le funori, le kanten, etc., et enfin l’iode; nous allons les passer successivement en revue, en empruntant la presque totalité de nos renseignements au Rapport Smirx. A. — Kanten. Généralités. — Le mot de kanten, qui veut dire en japonais « temps froid », est un de ces noms que la fantaisie de ce peuple applique aux objets connus en rappelant une particularité de leur origine ou de leur préparation. Le kanten, en effet, se prépare au moment de l’hiver, de décembre à février et, en 1903, il existait plus de 500 établisse- ments de fabrication répartis surtout à Osaka, Kioto, Hyogo, Nagamo, et produisant cha- cun 2000 kilogrammes en moyenne par an. L’une des plus importantes manufactures, située à Osaka, emploie 70 à 80 ouvriers. En général, les contrées montagneuses sont préférées, à cause de la sécheresse de l'atmosphère et la pureté de l’air nécessaires à certaines phases de la préparation. Le kanten est fabriqué au Japon depuis 1760. Jadis, il se présentait sous forme de masses gélatineuses informes ; aujourd’hui, ce sont des barres, et l'idée de cette forme est toute fortuite. Un jour, un fragment de cette gelée ayant été jeté dehors se congela et prit l'apparence d’une baguette allongée qui fut trouvée commode pour la manipulation, et l’on modifia dès lors la préparation pour obtenir cette forme qui est généralement adoptée partout de nos jours. Algues productrices. — Le kanten provient presque exclusivement du Gelidium cor- neum (lengusa, en japonais); pourtant on fabrique, avec d’autres espèces du même genre, des produits de valeur moindre (1). Préparation du kanten (2). — On commence par trier l’Algue des espèces voisines, puis on la nettoie par battage, on la lave pour enlever les dépôts calcaires à l’eau douce, puis à l’eau courante. En cet état, l’Algue vaut de o fr. 3040 fr. 45 la livre anglaise pour les belles qualités, et de o fr. 20 à o fr. 30 pour les qualités inférieures. . Ceci fait, les Algues mouillées sont étendues en couches minces et retournées sur des claies, sur des lits de paille ou sur des poteries qui absorbent l’eau et hatent la dessic- cation. On les blanchit par exposition à la rosée pendant un ou plusieurs jours. Ces opé- rations doivent être faites à la fin de l’été,. mais les pluies diminuent considérablement la valeur et la quantité des produits. En séchant, les Algues s’agglutinent en feuillets grossiers qu’on roule en faisceaux et qu’on emballe et conserve pour les opérations suivantes. On soumet ensuite la masse à l’ébullition dans un baquet de bois ou de fer, à l’aide d’un fourneau construit à cet effet. (1) Voir plus loin, chapitre vir : l’Agar-agar. Le Tengusa serait, d’après Davipson, le Gelidium Amansit. (2) Voir, pour plus de détails, Davipson, loc. cit. PR RP TEE int ten Diet "di aéembiont, éd 1 4 " è. E Se ee TE PRE ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 45 D'une façon générale, on mé- lange 960 à 1 000 galons d’eau à 165 livres d’Algues; mais quelquefois, suivant l'espèce d’Algue en traite- ment et l'état de l’atmosphère, les proportions peuventêtre modifiées. Une quantité d’eau plus petite est nécessaire lorsque le temps est nua- geux ou que la qualité de l’Algue est inférieure. On fait bouillir la masse entière en agitant de temps en temps. Après cinq à six heures d’ébul- lition, on ajoute un gallon et demi de vinaigre, ou deux onces d’acide sulfurique, eton fait bouillir encore pendant trente minutes. Durant cette ébullition, on ajoute d’autres espèces d’Algues, et surtout le Campylæphora hyp- neoides, dans la proportion de 10 à 20 pour 100 pour le kanten en bà- tons et de 30 à 40 pour le kanten en baguettes. Fig. 3. — 4A, Citerne sur laquelle se place le cadre 4B, dans lequel on entasse la masse à filtrer. En avant et à droite, la cuve à dé- Cantation avec les deux bandes superposées. 5, Cuiller (1). (1) Clichés Salle et Cie. |) ita lt a — ‘i a | | | | SR | MINE, s LA — Fig. 2. — 1. Mortier; 2. Pilon; 3. Cuve en bois sur son fourneau oe L’ébullition extrait la matière gélatineuse que l’on sépare par fil- tration à travers un drap épais et refiltre aussitôt dans des chausses de toile. On les soumet ensuite à la presse et on laisse refroidir dans des. bacs deo m. 60 de long, o m. 30 de large et o m. 075 de profondeur. Quand le refroidissement est suffisant, le contenu est découpé en fragments de dimension uniforme pour en faciliter la manipulation. Ce découpage est effectué à l’aide de cadres spéciaux, divisés en carrés de dimension variable avec les fabriques. L'une des faces de ces cadres est tranchante ; il suffit de 46 ANNALES DE L'INSTITUT Fig. 4. — Usine de kanten de Suwa-Gori (2). OCÉANOGRAPHIQUE tirer à soi le cadre pour obtenir des barres régulières. Celles-ci sont, à leur tour, pla- cées dans des boîtes en bois, plus larges qu’elles, et à l’aide d’un piston on force la barre de gelée à passer à travers les trous en donnant par cette sorte de laminage des baguettes caractéristiques définitives. Une autre façon consiste à faire des blocs de 1 pouce 1/4 (0, 03) à 1 pouce 1/2 (0, 037) que l’on obtient également à l'aide de cadres tran- chants. Les baguettes ou barres sont enfin rangées dans des boîtes et exposées sur la montagne au froid. La congélation nécessaire demande deux ou trois jours (1) ; elle est suivie d’un séchage de trois à quatre jours etles vents du Nord-Est sont les plus propices pour cette dernière opération. Fig. 6. — Claie (2). Fig. 7. — 8A, 8B, couteaux ; 8C, Presse (2). On les coupe alors, suivant les besoins, et les emballe pour l'expédition. Les deux formes les plus répandues sont: 1° Le huoso-kanten (kanten mince), qui se présente en bandes minces, étroites, de om. 25 à o m. 35 de longueur sur o m. 003 d'épaisseur, que l'on réunit en faisceaux du (1) Il se produit ici un phénomène identique-à celui qui a été signalé dans la préparation du kori konniaku (voir M. et Mme Gatin, Bull. Sc. pharmacol., 1907, XIV, 448). La congélation à plusieurs reprises amène une cristallisation de l’eau à la surface du produit qui se transforme, en se desséchant, en une substance poreuse et légère, découpée en galettes, qu’il faut au préalable faire gonfler dans l’eau pour la consommer. Ce kori konniaku, obtenu en partant des tubercules d’une Aroïdée, l'Amorphophallus Rivieri Durieu, est une préparation alimentaire japonaise à rapprocher de celles obtenues avec certaines Algues, mais elle renferme de l’amidon. (2) Clichés Salle et Cie. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 27 T/ poids de 185 à 310 grammes (6 à 10 onces), à leur tour empaquetés en balles de 60 kilo- grammes environ (100 kins ou 133 livres anglaises). 2° Le kaku-kanten (kanten carré) qui se vend en balles grossières; 50 blocs pèsent environ 450 grammes (1 livre anglaise). La fabrication du kanten ne peut être faite que par des gens qui en ont une longue a 2% Fig. 8. — Étagères sur laquelle sont disposées les augettes (1). Fig. 9. — Congélation et dessiccation (1). expérience, car elle est très délicate, et, de plus, ne peut être effectuée que lorsque le temps est suffisamment froid, ce qui ne se produit que de novembre à mars. Caractères et usages du kanten. — Le kanten est une matière ino- dore, insipide,d’une couleurblanche, perlée, brillante et presque trans- parente. Il est complètement soluble dans l’eau chaude et se prend en gelée compacte par le refroidisse- ment. Il se gonfle seulement dans l'eau froide. — Utilisé couramment au Japon en grandes quantités pour préparer des gelées, et aussi comme adjuvant de soupes, sauces, etc., il est alors fréquemment coloré artificiellement. On s’en sert aussi pour clarifier le Fig. 10. — Vue de l'usine de Suwa-Gori (1). saké. Dans les pays étrangers, le kanten a les usages les plus divers et sert chaque fois qu'il est besoin de donner la consistance des liquides : gelées, compotes, pâtis- serie, etc. Son usage est reconnu comme bien supérieur à celui de l’isin-glas animal (ichtyocolle). (1) Clichés Salle et Cie, 48 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Dans industrie, il sert à appréter les étoffes, les textiles, pour tendre les fils de soie, clarifier les vins, les bières et autres boissons. Les mouleurs en plâtre en font également usage et son emploi serait assez fréquent dans la fabrication de certains papiers pour en préparer la « charge ». Enfin, en Chine, le kanten sert à fabriquer de faux nids de salanganes qui constituent une sorte de succédané de ce mets estimé! Ajoutons enfin qu'il est probable que les grandes quantités de kanten expédiées en Hollande trou- vent leur usage au cours de la fabri- cation du Schiedam. En bactériologie, le kanten est la base des milieux de culture, et il est connu sous le nom de gélose ou agar- agar. En Europe, l’agar-agar utilisé ainsi provienten grande partie de Cey- lan, et c'est, en somme, le kanten de Ceylan, sur lequel nous reviendrons M plus spécialement. Fig. 11. — 10A, Moule à empaqueter pour obtenir les blocs. 10A’ à 16B, Presse pour lamelles (1). Commerce. — En 1903, l’Algue a séchée fut vendue à Osaka o fr. 30 à o fr. 50 le kilogramme et les autres Gelidium seulement o fr. 20 à o fr. 30. On estime à 565 700 francs la valeur totale des Algues à kanten séchées en 1900. En 1901, la vente des pêcheurs s’est élevée à 625910 francs. La production du kanten préparé en 1900 dépassa 1000 tonnes, valant environ 3 millions de francs (1153003 yens à 2 fr. 58), et les statistiques les plus récentes ac- cusent une production annuelle plus forte, approchant 1 500 tonnes, d’une valeur totale de 3 750000 francs. Pendant les 34 années antérieures à 1903, la vente à l'exportation a dépassé 20 millions de kilogs (37 196 466 kins) évalués à 38 081 966 francs. CUAL 1%) AU BE (1) Clichés Salle et Cie. ee ae es = 4 3 i ee ll ee ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 49 Quantité et valeur du Kanten exporté. QUANTITÉ (KIN) VALEUR (YEN) (1) VALEUR DE 100 KIN | LL ET RER AIRE ATEN ET 221.771 66. 263 29,9 A ede ald D a ns annee ois es 366. 484 134.243 23,7 LL RER ARE ANA PESTE 1.169.825 269.867 23,1 Se eee se see 1.214.286 309.084 25,5 RU disons 1.147.713 270.511 23,6 LL Waid aime bia beck yes due à 1.208.425 495.625 38,2 LE PORTE PE RTE 1.207.275 T4 55,9 1902. TORRES SERIE ON ERS RUE 1.665.501 1.108.544 66,6 Total de 1869 à 1902 (en comptant toutes les del. RAR DS PAR 37.196.466 13.646.911 (1) Le yen = 50 cents ou 2 fr. 58 environ. Le kin équivaut à 600 grammes. _ Le prix de vente moyen a oscillé de 77 fr. 40 les 100 kins (69 kg.), en 1869, à 199 fr. 68 en 1901, et 173 fr. 16 en 1902. Le kanten est plus exporté que consommé : la forme en baguettes s’en va en Chine, aux Indes anglaises, en Australie, en Allemagne, en France et en Angleterre. De petites quantités dnt été expédiées aux Etats-Unis, et, quant au kanten carré, il est surtout demandé par la Hollande. Les prix sont naturellement variables avec la qualité, la forme et le pays. La meilleure qualité de kanten carré atteint 2 fr. 75 à 3 francs le kilog, et la qualité correspondante de kanten en baguettes vaut environ 2 francs. Les qualités communes sont estimées respec- tivement à 2 francs (en carrés) et 1 fr. 25 (en baguettes). D'après Davinson (1), les quantités de kanten, produites et exportées, sont résumées dans le tableau ci-dessous : PRODUCTION À EXPORTATION — x; a en kwans (1). valeur en liv. st. ins. valeur en liv. 1900 SE pr : 115.300 4444 96.432 1901 261 106.846 584. 220710 1902 ole 95.027 .665. 110.854 » 1903 2 914 90.997 391. 81.817 1904 » 101.359 (1) 1 kwan = 8,263 Ib. 1 kin = 1,32277 Ib. Le graphique ci-dessous, extrait de la notice de la maison Salle et Cie, complète les renseignements précédents. . (1) Loc. cit., p. 133. ‘ ES T. Ill. — Fasc. 1. 7 50 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE B. — Funori. C’est une espèce de colle provenant de différentes espèces d’Algues appelées égale- met funori, ce qui veut dire « matière pour rendre rigides les tissus », et appartenant au genre Gloiopeltis (G. coliformis, intricata, rs pas: salsa) sale) sig] gig] etedet parfois d'autres espèces. sida Pye! Foe Bela M SE Bad Che RS ok RS Bad À Bien que sa fabrication soit économi- LA. quement moins importante que celle du | 90 EE : kanten, on Be compte, au Japon, pas Be + PSE moins de 100 établissements répartis dans = 30 préfectures et occupant chacun 10 à 15 oe ouvriers. La ville productrice située le plus au Nord est Hokkaido et au Sud Kagoshima. 140.000 a Cette industrie est surtout florissante dans 4 le Sud et le centre principal est Osaka. 160000 / Le funori se fabrique depuis 1673. Préparation. — La transformation de É l’Algue brute en produit commercial est peers /- | beaucoup plus simple. vA L’Algue est séchée, après triage et net- es act D a toyage, puis rincée dans l’eau douce; après te. 4 : quoi elle est placée en couches minces sur de larges claies ombragées faites avec du Fig. 12. — Courbe des quantités de kanten exportées pen- bambou puis comprimée à la main pour dant ces dix dernières années, avec fluctuation des prix es x : en livres sterling. en faire de petites feuilles ; on retourne la claie et les fait blanchir et sécher. On les arrose de temps en temps pour les empêcher de s’enrouler. Quelquefois méme on fait sécher directement ces feuilles sur le sol du hangar sans Vusage de claies. Lorsque le blanchiment est suffisant, les feuilles de funori sont groupées en faisceaux de dimensions variées. Les feuilles sont minces, flexibles et d’épaisseur uniforme et leurs dimensions habituelles sont de (5/3 pieds) o m. 50 environ, mais des feuilles plus petites sont souvent préparées pour le détail. La forme la plus répandue d’empaquetage est celle en rouleaux de o m. go (3 pieds) de longueur surom. 15 à o m. 18 de diamètre. Usages. — Il est employé ordinairement pour l’apprêt des tissus, et pour l’empesage, - comme l’empois d’amidon; pour le glaçage du papier et pour obtenir sa rigidité ; comme enduit des murs; dans la dévoration de la porcelaine, etc. Les femmes japonaises s’en servent pour la préparation de divers cosmétiques pour cheveux. Commerce, — Le prix varie avec la qualité; la meilleure s’est vendue, en 1903, EN | PTT 10 hf Qué us tés Lui ds do fs aa. es à Te D OR | ae ee eee ee ee ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 51 10 francs les 3 kg. 750 (10 kwans), c’est-à-dire o fr. 50 la livre anglaise de 454 grammes. La valeur moyenne est de o fr. 60 le kilog environ, mais les qualités inférieures se trouvent sur le marché au prix de o fr. 15 ao fr. 30 le kilog. La production moyenne des dernières années est estimée annuellement à 5 ou 6 mil- lions de kilogs, d’une valeur de 6 à 700 000 francs. L’exportation est réduite, atteint d’or- dinaire à peine 7 500 francs et au plus, certaines années, 15 à 16000 francs. Les pays con- sommateurs sont la Corée, la Chine, l'Asie russe, la Russie et aussi quelque peu l’Angle- terre et la France. Production du Funori (Davipson). | | ANNÉES QUANTITÉS EN KWAN 4 VALEUR EN LIVRES STERLING : 1900 257.932 è ‘ 15.406 es (TT 355.481 26.161 age 1902 284.083 26.7 1903 : 181.513 16. C. — Kombu ou Kombou On désigne sous ce nom diverses sortes d’aliments provenant d’Algues du genre La- minaria (L. Japonica, religiosa, etc.) et de genres voisins qui constituent l’une des plus importantes productions des végétaux marins au Japon. La vente en est considérable et ne cesse de s’accroître surtout en Chine. Une faible partie se dirige vers les Indes et San Francisco, mais on peut dire que l’usage en est in- connu au delà de l'Asie orientale. Bien que le prix soit moins élevé que celui du kanten, la valeur économique est plus considérable et la préparation exige un plus grand nombre d'ouvriers. La préparation du kombu date de 1730 et n’a guère subi de modification depuis cette époque. Les principaux centres de production sont: Osaka, Tokyo, Hakodaté. A Osaka seulement, il existait, en 1903, 45 factoreries employant de nombreux ouvriers, femmes et enfants. Le kombu affecte une douzaine de formes commerciales qui montrent l’ingéniosité des Japonais dans l’art de varier leurs aliments, et parmi elles quelques-unes ne sauraient être du goût européen ; cependant d’autres sont tout à fait acceptables. Préparation.— La plus connue d'entre ces formes est le kizami ou ao. L’Algue séchée, telle qu’elle est reçue des pêcheurs d’Hokkaido, est immergée dans des bassins larges et couverts, qui contiennent une solution forte d’une teinture spéciale dans l’eau douce. On chauffe les bacs, et la température d’ébullition est maintenue pendant 15 à 20 minutes en agitant de temps à autre. i L'action de la teinture donne à la masse une couleur uniforme, et on peut envoyer le produit ainsi préparé directement au marché. Cette coloration est faite pour plaire au goût de l'acheteur, comme le verdissement des légumes verts exigés par le consommateur dans certains pays d'Europe. eue Dé fe 1189 toy OU COUT UUR 52 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE On employait autrefois pour la manipulation précédente du carbonate ou du sulfate _de cuivre; mais l’usage des sels de cuivre ayant été interdit par le Gouvernement, on lui a substitué celui des couleurs d’aniline et, en particulier, le vert malachite. L’Algue est convenablement cuite et saturée avec la teinture, qui demeure insoluble. On la retire, on la sèche a l’air libre, en l’étalant sur des lits de paille, ou bien en la suspendant à des supports verticaux et horizontaux, placés à l’air dans les cours et rangés symétriquement pour occuper le moins d’espace possible. Quand le séchage est suffisant, ce que l’on voit lorsque la surface de l’Algue n’est plus mouillée, mais qu’elle reste souple, les frondes sont enroulées en rouleaux ayant à peu près o m. 30 de diamètre, ce qui en facilite la manipulation ultérieure. Ces rouleaux, attachés à l’aide de câbles, sont envoyés aux ateliers où des femmes les déroulent un par un, les rangent ensuite dans des cadres de bois-en faisant une pile de o m. 45 de haut, o m. 12 à o m. 15 de large sur la longueur totale de la fronde. Chaque pile est fortement comprimée et serrée à l’aide de quatre ligatures en corde dans l’intervalle desquelles on fait ensuite une section, ce qui divise chaque pile d’Algues en quatre fragments reliés par une corde, Les morceaux ainsi obtenus sont rangés dans un cadre rectangulaire de 4 à 5 pieds carrés et dont la profondeur correspond à la longueur de ces morceaux. On arrose la masse afin d’en faciliter l’agglutination, et on la soumet à de fortes pressions à l’aide de moyens primitifs : câbles, leviers, etc. L'un des côtés formant lecadre est alors retiré, et la surface du bloc mise à nu. Celui: ci est suspendu et incliné convenablement, puis est raboté par l’ouvrier à l’aide d’une plane à main, ce qui donne de fins copeaux coupés dans le sens longitudinal et perpendi- culairement à la surface plane des Algues. Une manufacture possède 5 à 10 ouvriers coupeurs, ayant leur outillage spécial, et la substitution de la plane à main au couteau est la seule amélioration introduite dans cette préparation, depuis des siècles. Au fur et à mesure que les copeaux sont obtenus, on lesétale sur des claies ou plates- formes, à lair libre, où on les retourne pour obtenir la dessiccation régulière et, quand la surface des copeaux est sèche, mais l’intérieur encore assez humide pour pouvoir les plier, on les met à couvert et ils sont prêts pour l’expédition. Le produit ainsi préparé ressemble assez à ces lichens qui festonnent certains ar- bres des Etats-Unis du Sud, dit M. SmirH. » ; Pour l’usage local, le kobe est emballé dans du papier; pour l’expédition en Chine, on sé sert de boîtes en bois, et, s'il est suffisamment séché, il peut se conserver sans alté- ration pendant une année au moins. C’est cette sorte qui fut étudiée par SenrrT; elle se présentait en filaments de 1 à 2 mil- limètres de largeur et ayant jusqu’à o m. 40 de longueur, de couleur vert grisatre, enchevétrés les uns dans les autres, et comprimés en paquets cylindriques. L’odeur était repoussante et la saveur désagréable, salée et mucilagineuse. Dans l’eau, ces filaments prennent une forme prismatique avec deux faces de couleur vert sombre et les deux autres striées de vert clair avec une ligne plus sombre au centre. _ : pert D EM rs en Ë ne a a À Ë 24 any fie ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 53 Examen microscopique. — La masse entière est formée d’un tissu parenchymateux de cellules petites et presque prismatiques pouvant être réparties en trois couches : l’une, cuticulaire externe, dense, fortement colorée en vert dans la partie la plus externe, et par conséquent riche en corpuscules chlorophylliens; la deuxième, parenchymateuse, a éléments plus larges ; et, au centre, une troisième zone d’éléments allongés dans le sens longitudinal, très serrés, à lumen réduit. Cette Alguese transforme à peine par la cuisson et la décoction est trouble, avec une odeur prononcée de poisson et une saveur salée. Autres préparations du kombu. — Les espèces, dont les frondes sont les plus épaisses et les plus larges (1), sont souvent séchées avec un soin spécial, bien étendues et étalées afin de servir à certains usages auxquels seraient impropres les espèces à frondes étroites et minces. Ces sortes de kombu, dont la préparation est vieille de plus de deux siècles, sont aujourd’hui plus utilisées que jamais. Chaque préparation représente un stade d’une série de manipulations, et chaque fronde est susceptible de les donner toutes. a) La fronde entière est plongée dans du vinaigre jusqu'à ce qu’elle soit bien imprégnée, puis retirée et séchée à lair. Le vinaigre employs doit étre de la meilleure qualité et étendu de trés peu d’eau. Le vinaigre ramollit la fronde, qui se plie alors facilement, joue un rôle conservateur et permet le traitement spécial qui va suivre. b) A l’aide d’un couteau ayant la forme d’un couperet à découper, l’artisan japonais, tenant la fronde tendue avec le pied et la main, racle l’épiderme des deux côtés. Cette couche superficielle, détachée en petits copeaux, forme la qualité la meilleur marché de kombu, car elle renferme une certaine quantité de corps étrangers adhérents à l’Algue. Un deuxième grattage, effectué de la même manière, enlève toute la couche coloriée, laissant seulement la zone centrale blanchâtre de la fronde, et fournit le produit appelé kuro-tororo kombu (kombu noir pulpeux). c) On continue l’opération qui donne alors une masse composée de fines rognures blanches : shiro-tororo kombu (kombu blanc pulpeux). d) Lorsque la couche pigmentaire a été enlevée (après le deuxième grattage), on peut, à l’aide d'un couteau bien tranchant, enlever de fines pellicules de la partie centrale : c’est l’oboro kombu (kombu pelliculaire). e) Quand la lame centrale est assez réduite pour ne plus pouvoir subir le grattage, on la réunit à d’autres lames et, après les avoir pressées ensemble et découpées en lon- gueurs égales, on les travaille à la plane, comme il a été dit pour le kombu vert. On obtient ainsi des filaments blanchâtres appelés shirago kombu (kombu cheveux blancs). f) Les frondes dont la partie verte a été grattée plus ou moins complètement sont souvent coupées en petits morceaux (carrés, losangiques, circulaires, oblongs ou en évantail) qui, séchés sur le feu, prennent une apparence ridée. (1) Rappelons ici qu’en dehors des Laminaria japonica, religiosa, angustata, longissima, ochotensis, yexoensis, fragilis, diabolica, gyrata, récemment décrites par les Professeurs Miyasé et OsHIMA, on utilise également, pour ces préparations connues sous le nom de kombu, les Arthrothamnus bifidus et kurilensis, Alaria fistulosa et quelques autres espèces d’Alaria. 54 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Les longues frondes sont assez fréquemment réunies sous forme de tresses qui se _ vendent telles quelles sur les marchés sous le nom de oiro kombu (kombu séché sur le feu) ou enrobées et glacées avec du sucre teint en rouge : kwaschi kombu. g) Si l’on pulvérise les pièces séchées dont il vient d’être question et qu’on passe au tamis à mailles fines, on obtient une poudre verdâtre, ou grise, ou blanchâtre, suivant que le grattage a été tr ou moins profond; elles constituent la forme appelée : saimatsu kombu (kombu en poudre fine). Ces mêmes poudres se présentent parfois sur les marchés, comprimées en galette et enrobées de sucre. h) Une forme de kombu, connue sous le nom de cha kombu (thé kombu), est préparée en prenant les frondes qui ont été soumises aux deux premiers grattages, et en les rédui- sant en copeaux avec la plane. Ces copeaux, aprèsséchage, sont coupés en morceaux d’un demi-pouce de longueur, comparables alors aux feuilles de thé vert enroulées sur elles- mêmes. | Usages du kombu. — Le kombu entre dans l’alimentation de toutes les familles japonaises, et c’est un des mets principaux de ce pays qui entre dans les préparations les plus variées. Des morceaux de frondes vertes non préparées sont ajoutés ‘et cuits avec des soupes, des légumes, de la viande, du poisson, dans le but de les rendre plus agréables au goût. D'autres fois, ces mêmes frondes, après avoir été grattées extérieurement, sont coupées en carrés de trois quarts de pouce de côté et bouillies dans la sauce au Soja hispida (1), ce qui permet de les conserver pendant un temps très long. On obtient ainsi un excel- lent assaisonnement dont la saveur rappelle celle du caviar ou de la sauce aux anchois, ce qui explique le nom de fsuku-dani (littéralement : bouilli avec la sauce aux anchois) qu'on donne a cette préparation. Le « thé kombu » et le kombu vert ou blanc se prennent comme le thé en infusion; ils donnent une boisson assez agréable au goût et, à Osaka, on mange le résidu pulpeux ou pâteux qui reste. Les frondes sont utilisées en cuisine japonaise comme la poudre de carry. On les vend sur les marchés en flacons, contenant un quart de livre anglaise. Coupé en petits morceaux, le kombu est excellent à manger, soit simplement stot soit après immersion dans l’eau chaude ; il possède un 1 goût de noix ; il en est de même du kombu séché sur le feu et enrobé de sucre. Enfin, sous la forme pelliculaire, il est journellement employé comme assaisonnement. Commerce. — En 1901, la production a été de 76000000 de livres payées aux pêcheurs 464000 dollars. Aucune statistique n’existe, qui permette d’évaluer la valeur du kombu préparé vendu sur les marchés. Voici le prix des diverses sortes de kombu vendu à Osaka, en 1903. (1) On sait également quel rôle considérable joue cette graisse dans l’alimentation des peuples d’Extrême-Orient. Voir, entre autres, à ce sujet, l’article si documenté de M. BLocx, pharmacien major de l’armée coloniale (Bull. Sc. phar- macologiques, 1907, XIV, 536, 593), et Brenier (Bull. écon, Indo-Chine, 1910, n° 83). je dE die SES RES ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 55 * Kombu teint en vert, bonne qualité: 5 yens (1) pour 100 kin, soit environ o fr. 25 le kilogramme ; _ Kombu noir en pulpe, 0,35 à 0,70 yen par kamme (8,28 livres anglaises), soit o fr. 40 le kilogramme en moyenne; Kombu blanc en pulpe, 0,80 à 1,10 yen par kamme (0 fr. 60 à o fr. 80 le kilogramme environ). Kombu cheveux blancs : 0,50 à 0,80 yen par kamme; en poudre fine, 2 yens (1 fr. 25 à 1 fr. 30 le kilogramme); en pellicules, 0,60 à 1,30 yen. _ Le thé kombu est vendu 1 yen 20 la kamme; le kombu séché au feu vaut 1,80 à 2,40; enrobé de sucre, 1,50 à 1,80, en sauce au soja, 1,10, etc., suivant la forme et la qualité. | Une quantité considérable de kombu est exportée en Chine comme le montrent les chiffres ci-dessous : NE es Exportation. POIDS EN LIVRES (454 GR.) VALEUR (DOLLARS) 57.615.465 497-313 60.153.405 415.732 81.212.970 774.164 52.491.166 404.744 Soit de 23 à 36000 tonnes représentant une valeur approximative de deux à trois millions et demi de francs par an. Ces chiffres ne sont pas exagérés et se trouvent confirmés par ceux que donne Davinson, dont nous reproduisons les tableaux : Production. Exportation. Re FANS TER | Pt ANNÉES QUANTITÉ EN KWAN VALEUR EN £ ANNÉES QUANTITÉS EN KIN VALEUR EN £ 1900 30.988.010 73.084 1901 51.526.468 109.202 1902 33.021.851 60.914 1903 43.699.026 83.929 1904 45. 158.836 105.415 D. — Amanort. Ce produit est obtenu du Porphyra laciniata ou vulgaris, en japonais: asakusanori, en anglais : laver. Les Nippons font usage de cette Algue depuis très longtemps, et elle Hu (1) Le yen (= 100 sen) vaut o fr, 58 et le kin où livre japonaise représente environ 600 gr. (100 kin = 133 pounds). 56 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE fut même jadis un mets populaire aux îles Britanniques ; on ne l’emploie que très peu aux _ États-Unis. L’Algue provient surtout de culture. Préparation. — De petites quantités sont consommées à l’état frais, mais la plus grande partie de la récolte n’atteint le consommateur qu'après avoir été séchée au soleil, Les Algues que l’on vient de récolter contiennent du sable, de la boue et d’autres substances étrangères; on commence donc par les laver dans des cuves remplies d’eau douce. On les repêche alors, on les trie, puis on les coupe en petits morceaux à l’aide d'un couteau. On les étend ensuite sur des petites claies faites de bâtons en bambous, et on en fait de petites feuilles dont l’uniformité est obtenue à l’aide de petits cadres que l’on pose sur ces claies. Celles-ci sont d’abord disposées en piles, puis appliquées sur de grands cadres inclinés pour favoriser la dessiccation à l'air libre, qui est d’ailleurs rapide. Les feuilles sont retirées des cadres, puis pressées pour bien les aplatir et liées en paquet pour être portées au marché. Caractères, usages. — Les feuilles d’Amanori ont à peu près 10><14 pouces et sont fines et flexibles comme du papier. Leur couleur est brun pourpre foncé, avec une surface papilleuse. Avant d'être consommé, le Porphyra ainsi préparé est mis au-dessus du feu, ce qui, en le racornissant, lui fait prendre une couleur verte; il est alors brisé entre les doigts et jeté dans les soupes ou sauces afin de leur donner de la saveur. On mange également les feuilles simplement trempées dans la sauce, et, somme toute, les usages culinaires de ce produit sont très nombreux; on le trouve indiqué dans de nombreuses recettes de cuisine japonaise. Récemment on l’a employé en conserves dans des boîtes de fer blanc et bouillie avec de la sauce au soja. Partout au Japon, dans les ménages, dans la rue, aux gares, on trouve une prépa- ration nommée « sushi » qui présente, dans la vie journalière, une importance aussi grande que celle des sandwiches aux Etats-Unis. On étale sur une feuille d’amanori du riz bouilli, puis sur le riz des tranches de viande ou de poisson, on enroule le tout et débite en tranches transversales. Production de l’Amanori. ANNEES QUANTITES EN KWAN VALEUR EN LIV. ST. 1900 154,853 51.394 1901 433.501 77.420 1902 249.525 ‘ 71.158 1903 335.940 89.526 L’exportation va maintenant en croissant et dépasse de nos jours 10000 yens. E. — Autres Algues utilisées au Japon. En dehors des produits ci-dessus mentionnés et d’usage courant, il est encore un (Te RL er di 1.” ae ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 57 grand nombre d’Algues, qui, sans être l’objet d’un trafic considérable, sont utilisées sur place, principalement dans l’alimentation ou comme engrais. Citons les principales : Arame (Ecklonia bicyclis Kjellm). Elle sert de nourriture et d’engrais; sa composition chimique globale a été étudiée par le D° Knicn, du Collège d'agriculture de l’Université de Tokyo. L’arame est consommée par endroits dans les soupes, en salade ou: avec la sauce de soja. Sur les côtes où elle est abondante, on échite cette Algue et la répand sur le sol comme engrais; le stipe, séché, devient trés dur et sert a faire des manches. de couteaux. Antoku-wakame (Ecklonia radicosa Okam.). Cette Algue n’a pas bon goût et n’est utilisée que par les classes pauvres. Bis Kajime (Ecklonia cava Kjellm.). Elleest employée pase lornementation des maisons aux jours de féte. _Shiramo (Gracilaria compressa See ) est mangée avec des légumes et de la sauce au soja. Hijiki (Cystophyllum Jusiforme Harv.). Cette Re est consommée, après dessicca- tion au soleil, puis ébullition à l’eau douce ou cuite avec de la sauce au sôja. : Wakame (Undaria |Ulopteryx] pinnatifida Harv.). C’est une nourriture populaire courante au Japon. Avant d’être utilisée, elle est lavée à l’eau douce, puis mangée comme salade, dans des soupes ou avec de la sauce au soja. YENDo dit que les\paysans du Nord du Japon coupent les sporophylles miirs, et les pressent pour en’ extraire’ un liquide vis- queux, qu’ils mangent mélangé au riz bouilli. Dans certaines régions, le wakame est traité comme l’asakusanori, c’est-à-dire placé gar dessus d’un feu doux de charbon: pour le parcheminer. Dans la province de Shima, on emploie une méthode particulière de préparation : on coupe l’Algue séchée en morceaux de 1 pouce de long qu’on place dans des récipients avec du sucre. Les grosses « racines de wakame » nommées « mehibi » sont fréquemment séchées, découpées en tranches minces et mangées avec la sauce (miso). Suizentji-nori (Phylloderma sacrum). Cette espèce tire son nom du lieu de récolte et de préparation ; elle croît au bord d’étangs d’eau douce, et on la sèche sur place. Elle est destinée à être mangée avec le poisson. Pour cela, l'Algue séchée est trempée dans l’eau douce et, quand elle est bien gonflée, on verse dessus de l’eau bouillante, puis on ajoute de la sauce au soja. Cette préparation était jadis, aux temps féodaux, réguliè- rement offerte au Daimjo local. Awo-nori (Enteromorpha compressa Gr., E. intestinalis Link et E. Linza J. Ag.). Ces Algues, qui croissent dans les eaux saumâtres, sont séchées en feuilles. Pour la consom- mation, on les expose a un feu doux de charbon et on les réduit en poudre. Ce serait un condiment de très bon goût. Aosa (Ulva lactuca Le Jol.). Elle est employée comme garniture des plats de viande et de poisson et mangée en salade. Miru (Codium tomentosum Stackh., C. mucronatum J. Az ., C. Lindenbergii Binder, C. latum Suring). Toutes espèces qui, après séchage, sont conservées dans le sel ou la T. HI. — Fasc, 1. © 8 58 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE cendre. Pour l'usage, on les prépare par ébullition dans l’eau et les additionne aux soupes, ou après lavage on les mélange avec de la sauce au soja et du vinaigre. Haba-nori (Phyllitis Fascia Kütz). Ce produit est préparé comme l’awonori, surtout par les paysans des provinces de Awa et de Sagami. Les jeunes frondes sont séchées au soleil sous forme de feuillets qui, desséchés ensuite au feu ou même pulvérisés, sont mélangés aux sauces à base de soja. Matsuma (Chordaria abietina Rupr.). Abondante au Nord du Japon, où elle est consommée par les paysans qui la conservent dans du sel, on la mange cuite avec de la sauce au soja. Elle sert également pour conserver les champignons qu'on étend en couches alternant avec des couches de cette Algue séchée. | Mozuku (Mesogloia decipiens Suring.). Conservée dans lesel, elle est consommée après lavage du sel et immersion dans le vinaigre avec la sauce au soja. On emploie de même le M. crassa. Hondawara (Sargassum enerve J. Ag.). La plante jeuneest mélangée, comme les précé- dentes, dans la même sauce, et cela depuis un temps immémorial. Elle est également utilisée comme engrais là où elle est abondante. Somen-nori (Nemalion vermiculare Suring.). Spécialement abondante à San Hin, et à Hoka-roku ; on la sèche, on la mélange avec du sel ou de la cendre, pour être mangée avec de la soupe, ou avec du vinaigre ou dans la sauce au soja. Le N. lubricum, appelé Umi- zomen est également utilisé. Tosaka-nori(Callymenia dentata J. Ag.). Après séchage, sert aussi de condiment dans la même sauce au soja. Tsuno-mata, Hosokeno-mimi (Chondrus crispus et C. ocellatus Holm.). Après séchage au soleil, elles sont non seulement utilisées comme gelées, mais encore fournissent un apprêt succédané de l’agar. Ogo-nori (Gracilaria confervoides Grev.), Cata-nori (Gigartina Teedii), Comen-nori (Grateloupia affinis Okam.), Mukade-nori (Grat. filicina), Makuri (Digenea simplex J. Ag.), Ego (Campylæphora hy pneoides J. Ag.), Okitsu-nori (Gymnogongrus flabelliformis Harv.) Tosaka (Sarcodia sp !) sont encore utilisées de différentes manières. Cet exposé, tiré de longues notices de MM. Suirx et Davipson, montre, sans qu’il soit besoin d’y ajouter de commentaires, le rôle très important que jouent les Algues dans l'alimentation des Japonais. F. — Les Algues alimentaires aux îles Hawai. Les Japonais et les Chinois d’Hawai utilisent une grande quantité d’Algues d'espèces diverses qui sont ou bien préparées ou simplement très bien séchées ; mais, en général, ils préfèrent celles qui sont récoltées et préparées dans leur propre pays et qui sont vendues dans les boutiques japonaises ou chinoises. La plupart des Algues importées, dit Miss Reep dans son rapport, viennent du Japon, et ce sont les formes kombu et wakame qui ont la préférence. Le rapport consulaire mc LS A EE Re UE PU I PE DOS UT NS RS PU UE EN PORTO PT EP EE ST OT CE TO M Ie € RL + LA. oe ted) ae MR ie TES ee ee ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 59 japonais, pour 1904, indique comme il suit la quantité d’Algues vendues aux Hawai et aux Etats-Unis. Algues japonaises vendues 4 Hawai et aux Etats-Unis en 1904. POIDS VALEUR (livres anglaises). (dollars). Algues grossiérement séchées vendues aux iles Sandwich..... 112.492,73 1.587,15 Algues préparées vendues aux îles Sandwich................. 40.780,77 876,14 Kanten vendu aux îles Sandwich.........:.................. EE 470,72 = EES ESET SOA Sie CRE SE 61.588,31 15. 152,30 Presque toutes les préparations japonaises se trouvent néanmoins sur le marché. Le kanten coûte à peu près 1 dollar 50 à 1 dollar 75 la livre. L’amanori est vendu en feuilles de 5 4 12 pouces pour 10 cents (1 fr. 50) par douzaine de feuilles. Le kombu et le wakame, qui, nous l’avons dit, sont particulièrement prisés, s’emploient après qu’on les a fait bouillir et servis avec le riz, le poisson et des légumes. Les Chinois importent une grande quantité d’Algues chaque année; mais, comme il n’existe point de rapport consulaire, il est impossible de fixer le montant de ces impor- tations; les chiffres suivants émanent de renseignements fournis à Miss REED par les mar- chands intelligents importateurs de cette denrée. Chaque année, on importe de Chine à Honolulu, 70000 à 80000 livres d’Algues évaluées à peu près à 10 à 12000 dollars. Les prix varient de 10 à 15 cents (1 cent = 0.25 centimes) par livre pour le Che-choy et pour le Kum-choy (Porphyra perforata et P. nereocystis); pour les Toi- choy, Hay-tai, et San-choy (Laminaria sp.!), 9 à 35 cents, et pour le Fat-choy (Nostoc commun flabelliforme), il atteint jusqu’à 1 dollar 50 par livre. Les variétés les plus chéres d’Algues ne se vendent pas en grande quantité, car elles sont consommées seulement par les classes riches ou au moment des fêtes. Le Fat-choy est utilisé en trés petites quantités, a cause de son extréme légéreté et du grand volume qu’il occupe après cuisson ou au contact de l’eau chaude. Il est vrai qu’il en est à peu près de même du kombu, du wakame et du che-choy. Ce dernier arrive de San Francisco et il est destiné à remplacer une Algue chinoise culinaire appelée 7su-choy (probablement Porphyra orbiculata et P. tenera), qui est très estimée des Chinois. Il coûte 75 cents à 1 dollar la livre, quand il est d’origine chinoise, mais alors il se conserve très mal, ou seulement 10 à 15 cents venant de San Francisco; on affirme que la denrée américaine vaut la denrée chinoise. C’est seulement à l’époque des fêtes du nouvel an que le véritable tsu-choy est vendu en quantité appréciable aux Chinois aisés ; d’après un marchand chinois, l’importation se chiffrerait par 25 à 30 tonnes valant 6 à 7000 dollars. Comme les Hawaïens, les Chinois utilisent ces Algues dans des soupes et aussi pour la confection de divers plats et entremets. Vue Production hawaïenne. — Mais en dehors de cette importation, les indigènes des îles 60 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Hawai font un commerce local, digne d’être signalé, avec les Algues de leurs côtes. Le même rapport Reep fait remarquer combien il est difficile d'apprécier exacternent les quantités récoltées et vendues. Toutefois, d’après les estimations de l’inspecteur des marchés, comme des marchands chinois, on évalue à 4800 livres anglaises valant 2 500 dollars, la quantité d’Algues hawaïennes vendues aux naturels du pays. Sur ce total, 2 000 livres appartiennent à l'espèce dénommée /imu (terme générique) kohu (Asparagopsis Sanfordiana) et représentant 1 000 dollars environ ; les deux tiers ou les trois quarts sont constitués par le /imu eleele (Enteromorrha prolifera et autres) et le limu..... oolu (Chondria tenuissima). Les autres sont comparativement rares ou non populaires et se rencontrent peu sur le marché (jours de féte et de vacances), tandis que le kohu y existe toujours. Les espèces reconnues sur le marché régulièrement ou à certaines saisons sont : l’ Asparagopsis Sanfordiana, Enteromorpha divers, Chondria tenuissima, Laurencia divers, Gracilaria coronopifolia, Dictyota acutiloba, Halyseris plagiogramma). Ces Algues se vendent apprétées pour la consommation en assiettes d’une demi- livre anglaise, au prix de 5 à 25 cents ; cependant, quelques espèces se débitent à la poignée (Halyseris plagiogramma, Dictyota acutiloba, etc.), sans autre préparation qu’un simple lavage. Le kohu est toujours trié et d'assez belle qualité pour pouvoir être pressé en balles avant d’être placé avec du sel dans boîtes en fer blanc ou des barils et dirigé sur Honolulu. A son arrivée, l’Algue est divisée en paquets d’une livre environ, valant 25 cents seulément; mais les années, où elle est rare, les paquets sont plus petits. Comme ces paquets sont mouillés par la saumure, les marchands les enveloppent dans des feuilles fraîches de « Ti », qui préservent les vêtements de l’acheteur et con- servent l'humidité. La quantité de « limu » vendu au marché d’Honolulu ne représente pas tout ce qui est consommé dans l’archipel, tant à Hawaï qu’à Oahu, car les pêcheurs ou les familles des indigènes de la côte en récoltent pour leur usage une quantité très élevée. Miss REED a recherché quelles sont les Algues hawaïennes qui fournissent, après coction dans l’eau bouillante, le plus de gelée. Ce sont les espètes désignées sousles noms suivants : huna, manauea, akiaki, kohu, loloa, pakaeleawaa. Les autres espéces essayées ou bien donnent trés peu de gelée (colle) (1), ou possédent un mauvais goût. La gelée de /imu loloa est de couleur sombre et de saveur prononcée. Le limu manauea donne la gélose la plus claire; vient ensuite le limu akiaki, puis le huna et, enfin, le pakaeleawaa qui est la qualité la plus inférieure. Le manauea demande le temps le plus court d’ébullition, puis le huna; la gélose la plus colorée est celle du loloa, et c’est aussi la plus forte au goût. D’une façon générale, ces Algues donnent 75:4 80 p. 100 de colle, c’est-à-dire de produit gélatineux desséché et d'apparence plus ou moins cornée, qui peut servir aux mêmes usages que la colle du Japon. (1) L'auteur préparait cette colle, en faisant bouillir dans de l’eau l’Algue bien lavée, jusqu’à ramollissement ou dissolution, puis passant à travers un filtre à café et une toile forte mise en double et faisant sécher le produit obtenu (gelée) à Vair et au soleil. Le temps d’ébullition variait avec les espéces. Oe be … à CP ee PP CE PPT RE EE EP NAT PTS Lu. FF eee Os ee TP TOO 0 g! SS a ee Nee eee EN Ae ee rey ee, a Pe À 4 CE en 2 wees ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 61 B. ALGUES POUR L'INDUSTRIE CHIMIQUE. Au Japon, la fabrication de l’iode (1) au moyen des Algues est relativement récente, et cependant il paraît que ce pays fournit depuis quelque temps une grande partie de la consommation mondiale et a supplanté l'Écosse, jadis principal fournisseur de ce métal- loide. Il y a dix ans, cette fabrication était très rémunératrice; elle l’est moins aujourd’hui, à cause de la concurrence et de la rareté de la matière première. Les principales localités où l’on prépare l’iode sont : Hokkaido et les préfectures de Chiba, Kanajawa, Yamaguchi, Schizuoka. Nous n'avons trouvé aucune statistique de cette prodution d’iode, mais seulement un article du « Zokohama Shimpo » (1903), disant qu'elle a été suffisante pour en arrêter l'importation, et donner de beaux bénéfices aux industriels. __-M. Supzux1, de Hayama, préfecture de Kamangara, près de Yokohama, ayant monté une usine de fabrication d’iode avec un petit capital, vit son affaire prospérer et elle a pris une telle extension qu'il peut maintenant, non seulement fournir aux commandes japonaises, mais travailler encore pour l'exportation. C’est la plus grosse manufacture d’iode du Japon qui n’est arrêtée dans son essor que par les difficultés de recueillir une assez grande quantité d’Algues. : Les Algues utilisées au Japon pour cette fabrication d’iode appartiennent surtout aux genres Ecklonia, Laminaria et Sargassum ; leur richesse en iode varie avec les par- ties de la plante employées et avec l’époque, comme le prouve l'examen des deux tableaux ci-dessous : TABLEAU I Analyses des Algues dont on extrait l’iode. rer PAL FLE) (1) Renseignements empruntés au Rapport SmirH, loc. cit. = IODE 1ODE ae ea “wer LOCALITES dans Algue ote dans 100 parties FRA nb cé brute. p. 100 d’Algue.| de cendres. . Kajime. Ecklonia cava. Préfecture de Chiba. 0,232 54,818 0,424 | - — Préfecture de Yamaguchi. 0,251 47,223 0,531 Arame. Ecklonia bicyclis. Id. 0,271 50,904 0,531 . Ginbaso. Sargassum sp. Id. 0,054 52,042 0,104 Id Chiba. 0,029 51,941 0,057 Laminaria angustata. Hokkaido. 0,180 18,086 0,990 — longissima. — 0,173 27,290 0,634 = japonica. — 9,106 17,156 0,619 _ ochotensis. -- 0,188 20,308 0,922 62 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE TABLEAU II Analyses de l’Ecklonia cava. — ee MARS AVRIL MAI JUIN JUILLET Jeune stipe. Iode dans 100 parties d’algue...... 0,061 0,067 0,093 » OPT he WIRES he osetia ane aL are 45,42 46,78 44,28 » Iode dans 100 parties de cendre.... 0,134 0,144 1,209 » Jeune thalle foliacé. 3 Iode dans 100 parties d’algue...... 0,063 0,060 0,084 » GENRE Se des Ben ee ce de à et 45,75 43,17 » lode dans 100 parties de cendre... 4 0,130 0,195 » Vieux stipe. Iode dans 100 parties d’algue...... 0,118 0,118 0,147 0,255 D'OR coe Maman derserveeaeeren 46,77 44,64 48,76 49,95 lode dans 100 parties de cendre... 0,252 0,203 0,302 0,507 Vieux thalle. lode dans 100 parties d’algue...... 0,101 0,114 0,076 0,294 CONG Rb eens Coney ta aisle sos Gers 48,42 43,64 45,28 50,16 lode dans 100 parties de cendre... 0,209 0,261 0,167 0,586 Ces Algues sont recueillies surtout en été, séchées au soleil sur la plage, puis brûlées. La cendre est recueillie, puis envoyée aux manufactures, ou bien traitée par les pecheurs eux-mémes. Voici, toujours d’aprés Smith, un apercu de procédé de fabrication. La cendre est lavée à l’eau douce qui enlève les parties solubles. Le liquide obtenu est évaporé dans des vases de fer en une liqueur concentrée qui renferme à côté de l’iode: KCI, NaCl, MgCP, SO*Ca. Ces derniers sels cristallisent dans une évaporation ultérieure, laissant MgCl’, et KI en solution. L’extrait est finalement placé dans une cornue de verre ou de porcelaine et bouillie avec SO*H?® et MnO'K. L’iode distille et se dépose en cristaux. Ce produit n’est pas pur et doit être raffiné. Il existe des raffineries d’iode à Tokyo et Osaka. Les cendres expé- diées par les pécheurs aux usines sont emballées dans des balles de paille semblables a celles dont on se sert pour le riz. Ces cendres sont vendues au poids; aussi les pêcheurs ne débarrassent-ils pas volontiers les Algues du sable et des matières étrangères qui les souillent. La production diode brut en 1901 à Hokkaïdo fut de 5630 kilogrammes valant 79330 francs. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 63 CHAPITRE VI Composition chimique. Le premier travail, fait sur la composition chimique des Algues utiles d’Extréme- Orient, porte sur l’agar-agar ; il est dû à Payen, qui, en octobre 1859, examina un échan- tillon de « mousse de Chine », rapporté en 1856 par un voyageur, M. be MONTRAVEL, qui l'avait remis au général Menu, lequel à son tour pria le savant chimiste d’en faire l'étude. eres ate — On croyait cette substance « extraite d’un lichen attaché aux arbres dans le Sud de la Chine, très abondante aux îles méridionales de l’archipel des Philippines ». Cette matière se présentait sous forme de longues et très minces lanières blanches, réunies par deux ligatures en petites bottes dont l’une mesurait 34 centimètres de lon- gueur, 7 de largeur et .5 centimètres d’épaisseur, du poids de 122 grammes net et de densité = 0,1025. Dépourvue de structure organique, Payen y reconnut la présence « de plusieurs principes immédiats solubles dans l’eau et une faible quantité dans l'alcool ; la plus grande partie, insoluble dans l’eau froide, s’y gonflait beaucoup, prenant alors par degrés les formes de prisme rectangulaires qui paraissaient obtenus à l’aide d’une sorte de moulage. Cette substance pouvait être dissoute par l’acide acétique à 8°, chauflé à + 98°, laissant insolubles 2 à 3 centièmes de son poids de corpuscules azotés. L’acide chlorhydrique étendu de to parties d’eau la dissolvait également à la même tempéra- ture, tandis qu’à froid ces deux acides n’enlevaient guère que les parties solubles dans Peau. « Mais la propriété la plus remarquable de la substance insoluble dans l’eau froide était : 1° de se dissoudre dans l’eau bouillante, laissant indissous les corpuscules azotés et des traces d’autres corps étrangers ; 2° de donner à chaud une solution qui se prenait en gelée incolore et diaphane par le refroidissement, donnant ainsi une consistance géla- tineuse à 500 fois son poids d’eau pure, ou formant, à poids égal, 10 fois plus de gelée que la gélatine animale. « Ce produit gélatiniforme pur constitue un principe immédiat particulier, insoluble dans les solutions alcalines de soude, de potasse, d’ammoniaque, comme dans l’eau, l'alcool, l’éther et les acides étendus. « Un deses caractères distinctifs, tout spécial encore, consiste à se dissoudre lentement dans une très petite quantité des acides sulfurique et chlorhydrique concentrés, de se colorer en brun sous leur influence, puis de former avec l’un et l’autre un composé brun qui par degrés se prend en masse, résiste aux lavages dans l’eau froide et chaude et même dans les solutions alcalines caustiques. « On ne pouvait confondre, dit-il, le nouveau principe immédiat avec aucun autre, 64 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE et je lui ai donné le nom de gélose. Son analyse élémentaire a présenté les résultats suivants : I Il Moyenne. COVOONB 5 oa eae seca eco 42,81 42,73 42,77 VAPOR ONG NS easier 5,71 5,84 5,775 ETS BA LR UT CN VI ne 51,48 51,43 51,445 « Il n'a pas été possible de l’engager dans une combinaison définie d’où l’on pit déduire son poids équivalent ou sa formule rationnelle; on peut seulement remarquer qu’il doit être rangé parmi les principes immédiats, offrant un excès d'oxygène relative- ment aux proportions nécessaires pour former de l’eau avec l'hydrogène qu’ils ren- ferment. » | Comme aucun Lichen ne pouvait donner de substance analogue, M. Payen finit par conclure que cette substance provenait de Gelidium corneum, connue sous le nom d’ « Algue de Java », qui lui fournissait un principe absolument identique. Au cours de ses recherches poursuivies sur la composition des nids de salanganes, le même auteur retrouva la gélose dans un Algue de Maurice, le Plocaria lichenoïdes (L.), Montagne, et une substance un peu différente dans les sécrétions de ces oiseaux qu'il dénomma cubilose. à Les premières recherches qui suivirent en ce qui concerne l’agar-agar, au moins pour les hydrates de carbones, sont dues à ReicHarpr ; elles sont ainsi résumées brièvement par R. W. BAUER : : « ReicHaRDT considère l’hydrate de carbone de l’agar, à qui il attribue la formule C?H”O" comme identique avec sa pararabine obtenue du tissu cellulaire de la carotte et de la betterave après élimination de toutes les substances solubles dans l’eau et l'alcool, puis digestion avec l’acide chlorhydrique, mais sans donner de cette affirmation une preuve suffisante. » Par une plus longue digestion avec l’alcali, on obtient de l’acide arabique et, par l’acide sulfurique dilué, un sucre cristallisée l’arabinose. Bauer, à son tour, a soumis a l’étude 425 grammes d’agar en le saccharifiant par une ébullition de douze heures dans un litre et demi d’eau additionné de 30 grammes d’acide sulfurique, dans un réfrigérant a reflux, puis en neutralisant par le carbonate de calcium, évaporant à consistance sirupeuse et faisant bouillir le. sirop à plusieurs reprises avec de l’alcool absolu. La solution alcoolique sucrée a été purifiée par recristallisations alternatives dans | de l’alcool éthylique et de l'alcool méthylique et les cristaux analysés. La composition élémentaire du produit obtenu a donné la formule C*H¥O® et une solution de 11,9 p. 100 de ce sucre dévie à + 4°5 le plan de polarisation : «,—+ 70°. Bauer fait remarquer que cette déviation concorde sensiblement avec celle du lactose — et il comprend sous cette dénomination le galactose — ; aussi n’hésite-t-il pas à identifier le sucre de l’agar à ce dernier. Ila pu d’ailleurs obtenir une galactine identique à celle que Muntza obtenu des graines de Légumineuses, et en particulier de celles de la luzerne. : i ; = Malgré d’assez nombreux travaux relativement récents sur cette composition chi- mique des Algues, beaucoup de points restent encore. mal connus ; Czapek signale,.en par- Saree ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 65 ticulier, l’incertitude des renseignements que nous possédons sur les matières albumi- noides et les acides aminés qu'elles contiennent. On peut admettre, d’après les recherches actuellement publiées, que la teneur en matières azotées est assez élevée; citons, à ce sujet, les belles recherches de Konic et BerreLs, celles de WaRRINGTON et de FRS etc. WARRINGTON donne comme contenu en substance azotée les chiffres suivants : Enteromorpha compressa, 12,41 p. 100 de plante sèche ; Capea elongata, 8,99; Ulo- plerix pinnatifida, 8,29 ; Laminaria saccharina, 7,79. La question des nucléoprotides n’a pas été étudiée et celle des matières grasses est à peine ébauchée, sauf pour quelques-unes au sujet desquelles Sesrenr donne les chiffres suivants rapportés à la matière sèche : Eau. 4 Matiére grasse. INA TAMESERINYE nee 29,75 p. 100 0,25 p. 100 Valonia ægagrophila ................. . 7,62 — 0,15 — Gracilaria confervoides ............... 20,01 — 0,11 — ENG --Fücus vesiculosus..................... 27,11 — 0,67 — a WOUCKERIOE RUG. ona casa si: 00's et one o « 20,50 — 2,94 — Les recherches de K6nic et BETTELS ont porté sur douze espèces venant directement du Japon, partie par l'intermédiaire du Professeur K. Oxu, de Tokio, partie de M. RoMBERG, de la pharmacie J. ScneneL, à Yokohama; elles constituent donc un document de la plus grande valeur. a B oh SUBSTANCE & a 2 + 8 se a à sol. par $4 Hg ae 1 e| 2} 22| 8 a : |lébullition dans ESPÈCES a [sé |+i 86] .S| 8 [sl | 810 sy He} 8 «| & e | Be] À i I | Gama og CE Ss < 2-83 a = à es O ? j < = Zz ms Be 3 miné- |organi- = rale. | que. | Porphyr LT 0 RSR ET 5,91| 34,80| 21,94| 0,87] 47,87| 3,37] 0,15] 2,52| 7,51| o,88|| 6,64| 59,54 | Porphyr. ra tenera (Asakusa- Teas tie ER diese 4,57| 34,19] 21,15} 0,59] 46,49] 3,79] 0,30} 2,50] 7,57] 0,50|| 6,79] 61,01 | Gelidium raw. (G. rouge). 7,36| 16,06] 7,87] 0,98} 46,34] 2,85] 0,71] 13,21] 12,49] 3,85]! 10,63] 59,42 Gelidium bleached (G. pâle)... 6,82} 17,31] 7,37} 0,73| 50,47|- 3,41] 1,13] 13,39] 5,74] 0,73]| 3,68 59.40] | Gelidium cartilagineum : Grey (Tengusa) ........... 13,00] 17,00] 7,37| 0,80] 40,16] 3,35] o,91| 12,90] 11,88] 0,30]| 9,37] 54,22 SO LGMINaTiIO? 225.0. vi es oes 6,16] 8,19] 5,66] 0,50! 36,04} 6,66] 1,12] 11,27] 30,06] 16,47|| 29,39] 50,85 Laminaria japonica Aresch. | ‘(Kombu)................. 4,20| 7,81} 5,44] 0,93] 37,02] 8,12] 0,84] 12,33] 29,29] 16,71|| 27,30] 54,29 | c: stophyllum ............ .|| 16,82} 8,12] 3,13| 0,50] 16,35| 8,79| 1,33] 25,91} 21,18| 5,31|| 17,10] 33,61 st. fusiforme Harv. (Hijiki). 15,15] 8,06] 4,25] 0,43] 17,43| 10,87| 1,37} 26,16] 20,53] 3,74|| 18,60 | 32,28 | Enteromorpha (compressa?).|| 14,17| 9,06| 5,50] 0,21| 36,28} 7,37] 16,52] 5,30] 12,12] 3,55]! 7,73] 61,77 Ecklonia bicyclis Kjellm. LR PRE yaw en Vics i« 11,56] 13,62] 7,50] 0,28} 35,35] 5,33] 1,06] 14,08] 18,72] 10,41|| 17,47 | 49,16 Undaria pinnatifida (Harv.) Suring (en japonais : Wa- ; TN ET 00! 5,31| 0,65| 15,12] 6,40| 0,25] 0,23| 35,13| 21,82|| 32,32] 29,25) Neen ne es ih Bate. i. 9 66 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Ce tableau montre que si les Porphyra sont riches en matières protéiques, les Lami- naria, Cystophyllum et Enteromorpha le sont au contraire en pentosanes. La proportion des cendres est très élevée, sauf chez Gelidium bleached et Porphyra, à cause de leur haute teneur en chlorure de sodium. SENFT n’a trouvé d’amidon figuré, en petites granulations, que chez le Gelidium bleached. La recherche des hydrates de carbone faite par Kénic et BETTELS a donné les résultats ci-dessous : ESPÈCES ANHYDRIDE DES HEXOSES ANHYDRIDE DES PENTOSES Porphyra..........4..... Galactose. Glucose. Fructose. ||. Pentose. » Piienert rte. EL A ee id. id. id. id. » Gelidium:ram ANSE Lee id. » id. id. » (Ro PleachEd RARE are de d- Galactose. >, id. id. » Gs CATIA INEUM IE poy eb ae cer id. » id. id. » Laminaria japonica ............ +. » Glucose. id. id. ae Autres Laminaria. i... fei. ces es es » id. iy id. lprobablement). Cy sthophytlant NS Sema ean ee » » id. id. Méthylpentose. Co FUSLFORIMN Gai, STONE Cet BY » » id. id. id. Enteromorpha compressa........... » Glucose. id. id. Rhamnose. Ecklonia bicyelis rss » id. » : Undaria pinnatifida............... d- Galactose. id. Fructose. D'où il résulte que les espèces de Porphyra qui servent à la préparation du nori, de même que les Gelidium, base de la préparation de l’agar-agar, renferment les anhydrides des mêmes sucres i-galactose et d-galactose. Quant à la présence d’autres hexoses, comme le mannose et la mannite que TOLLENs aurait trouvé, les auteurs n’ont pu l’affirmer faute de matériel suffisant. Par oxydation avec l'acide nitrique, procédé TozLens, KôniG et BeTTELs ont obtenu : 25,44 à 25,91 p. 100 d’acide mucique (Schleimsäure) dans le n° 1 et 27,06 dans le n° 2. Cette quantité correspond à 33,05-36,57 p. 100 galactose, et l’agar-agar renfermerait donc 33 p. 100 de galactane en chiffres ronds. En somme, les précipités obtenus par hydrolyse de l’agar se composent de cellulose, eten cela ilne diffère point de bon nombre de mucilages végétaux, tels que, d’après Tozrens, le mucilage de Lin, de Psyllium, et de Coings; mais ceux-ci donnent, à côté de la cellulose, du glucose et de la dextrine, tandis que l’agar-agar donne avec de la cellulose du galactose et probablement aussi un anhydride (galactine) qui correspond à la dextrine du glucose. Voici, au sujet de ce produit, ce que dit M. Senrr, qui recut sous le nom de mori une ~ conserve préparée avec les Porphyra laciniata et P. coccinea. L'auteur eut en mains deux échantillons provenant de l’exposition de Vienne de 1873, qui se présentaient sous forme de plaques excessivement minces, semblables à du papier, réunies ensemble en paquets carrés mesurant 10 millimètres de hauteur et 10 centimètres de côté et du poids de 30 grammes. L'un des échantillons est vert sombre, et l’autre (asakusanori), de couleur a a a ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 67 rouge pourpre sale, vient du Porphyra coccinea. Le produit est insoluble dans l’eau et est utilisé au Japon en salade. OsHima et ToLLens ont obtenu par hydrolyse du i-galactose et du d-mannose. Il y existerait en outre d’autres glucoses et sans doute un peu de fucose. D'après les analyses de Kettner, NaGaï et Murai tirent la composition moyenne suivante : Porphyra vulgaris. PRODUIT NATUREL PRODUIT DESSECHE Matière Matière |Mat. extract. Mat. Matière Mat. ext. Eau. azotée. grasse. | non azotée. | fibreuse. Cendres. azotée. non azotée. Azote. 14:19 ae 29,95 1,29 | 39,45 5,52 9,60 34,89 45,92 5,58 Laminaria Japonica (Kombu). Kônic en a publié deux analyses, qui, avec celles de KELLNER, puis de NaGaï et Murai, donnent en moyenne : | DANS LA DROGUE NATURELLE DANS LA SUBSTANCE SÈCHE Ss a= Sea Ripe ea AT es Mat. Mat. |Mat. extract. Mat. Mat. Mat. extract. | Eau. “azotée. grasse. non azotée. | fibreuse. Cendres. azotée. non azotée. Azote. 1 | 23,95 | 6,64 0,87 43,68 4,97 19,89 8,72 57,43 | 1,39 | Analyse du Kanten (O0. KELLNER). p- 100. p. 100 Leb Ee eas Bata SE Ge ne en elec seuls cs + SO 22,80 22,29 de de na cac ur OR Te 11,71 6,85 MS Aer oh ne nes eu 0:0 à oN w PME TOTS » 6,73 RO D COLDONPS 1 ie Seas de vee eee ae dss 62,05 60,32 Re SR an oe devas sb ahvees 3,44 3,81 Asakusanori. D'après les analyses de l’« Imperial Fisheries Bureau of Japan », la composition du Porphyra est la suivante: | 68 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE pe POIDS EAU PROTEINE MATIERES GRASSES CENDRES de 10 feuilles (gr.) Pp. 100. Pp. 100. p. 100. p- 100. SSA PR wet Sass ain’ 41 14575 32, 0,700 9,000 | Ft te CURE 37 16,395 35,625 0,500 9,340 Fukapawe ioe ve Le 32 20,415 36,263 1,210 8,830 Shinagawa: fiers des 30 15,475 34,350 0,650 10,685 Hijiki (Cystophyllum fusiforme). D'après le D' Kincu, du Collège d’Agriculture de l’Université de Tokyo, cette Algue renferme: FN ES AE pean EU 16,40 p. 100 | Hydrates de carbone ............ 41,92 p. 100 Protéines ot ae 8,42 — Fibreux es Nas As ate 17,06 — CenAre TRE LS Se ale 16,20 p. 100 Arame (Ecklonia bicyclis) (analyse d’après le méme auteur): EAU RT eee sng de ok eee eee 13,17 p. 100 | Hydrates de carbone............. 45,09 p. 100 Protéine ep RI Ns Seek ee 8,89 — FOUR ne eR ies UNE 7,40 — CHAPITRE VII Considérations sur l'emploi des Algues. Valeur alimentaire et thérapeutique. Devant l'importance des Algues au point de vue de l’alimentation chez les peuples de l'Extrême-Orient, on conçoit aisément que les Européens ne soient pas restés indifférents et aient cherché, à l’aide de méthodes scientifiques, à se rendre compte de la valeur réelle des produits employés, De plus, comme nombre d’Algues avaient été utilisées en médecine, on ne sera pas étonné non plus des essais thérapeutiques entrepris surtout dans ces dernières années, sur l’agar-agar en particulier. | L'usage des Algues dans l'alimentation comme dans la thérapeutique doit reposer sur la connaissance des transformations qu’elles peuvent subir, quand on les soumet à des digestions par contact avec les ferments digestifs. A notre connaissance, il n'existe sur ce point qu'une seule série de recherches dues à M. T. Saki et qui se divisent en deux _ parties distinctes : 1° expériences in vitro; 2° expériences sur l’homme et les animaux. Nous allons les résumer pour en tirer les conclusions qu’elles comportent. Le j ee ee à —— tt NET ONE PT PS NO EE PE EN ER PO ee ee voté ET EE OP OT CR ee ee ae eee ch ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 69 A. — RECHERCHES DE LABORATOIRE. M. Saiki a utilisé deux préparations d’agar-agar sous forme de gelée à 1 p. 100; pour les autres produits, il les a fait bouillir sous forme très divisée, puis s’est servi du liquide obtenu tenant en suspension les particules végétales gonflées. C'est alors qu'il a fait agir successivement sur une petite partie du produit: a. De la salive humaine filtrée ; b. Du suc pancréatique obtenu d’un chien après injection préalable de sécrétine; c. De l’extraitde pancréas de chien dans de l’alcool à 20 degrés; d. De l’extrait de pancréas de chien et de porc dans de l’eau chloroformée ; e. Dela diastase du malt, et de la takadiastase (Parke et Dawis) ; f. De l’inulase, provenant de l’Aspergillus niger. Les digestions, répétées un certain nombre de fois, ont été effectuées à la température de 40°, en présence du toluène, et les analyses faites une première fois après vingt heures, puis de nouveau après trois jours de contact. On y a caractérisé les sucres réducteurs par la liqueur de Fehling, et de plus en faisant leurs ozazones à l’aide de la phénylhydrazine. Enfin des expériences de contrôle ont toujours eu lieu simultanément et dans les mé- mes conditions avec des extraits désenzymés bouillis. Ces essais furent toujours négatifs. 1° Ptyaline. — Le pouvoir amylolytique a été déterminé avec l’empois d’amidon, et les tubes étaient préparés avec: I NET Ta ais. Sats seine ae duels a sa eue de + 20 grammes ou 20 centimètres cubes. tn nn nd xo Gas on ns Lu Vase fee de 10 céntiméres cubes. RSMMC edt MO RER PT CET REP III gouttes. Les résultats furent négatifs, bien qu’on ait obtenu quelquefois une petite réduction de la liqueur cupro-potassique, mais jamais d’osazone. 2° Amylase pancréatique. — Résultat négatif en partant naturellement de solutions d'enzyme à activité vérifiée: 1 cmc. 5 à 2 centimètres cubes de suc pour 10 centimètres cubes d’hydrate de carbone ou 20 centimètres cubes d’hydrate de carbone mélangé à 10 centimètres cubes d’extrait pancréatique. 3° Extrait intestinal. — Cet extrait renfermait de l’invertine très active; il a été em- ployé a la dose de 10 centimétres cubes par 20 centimétres cubes d’hydrate de carbone préparé comme il a été dit ci-dessus (gelée d’Algue). Le résultat fut également négatif. 4° Amylase végétale. — La diastase du malt, comme la takadiastase, sont sans action sur les Algues ; mais, au contraire, on a pu obtenir avec les hydrates de carbonedu Lichen d'Islande et de la Mousse d’Irlande (Chondrus crispus) une réduction de la liqueur de Fehling et une ozazone. 5° Inulase. — Les résultats sont identiques à ceux de l’expérience précédente. 6° Acides dilués. — Pour effectuer l’hydrolyse, et dans le but de se rapprocher des conditions biologiques de la digestion animale, on a mis en contact, pendant vingt heures, les substances étudiées avec de l’acide chlorhydrique à 0,4 p. 100 à + 40°. On obtient ainsi des traces seulement de composés réducteurs, mais pas d’osazone. 70 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE De l’agar-agar, traité ainsi par HCI dilué et légèrement hydrolysé, a pu être paies: Der faiblement par la salive et la diastase. 7° Digestion bactérienne. — Les Algues, réduites en menus fragments ont servi à la préparation de milieux de culture additionnés de 1 p. 100 de peptone de Witte et ense- mencés avec le Bacterium coli. Au bout de 3 et 7 jours, les essais à la liqueur de Fehling furent négatifs. B. — EXPÉRIENCES SUR LES ANIMAUX. M. Saix1, devant les conclusions qui s’imposaient des expériences précédentes, a entre- pris une série d’essais en faisant ingérer à des chiens et aussi à lui-même, après |’établisse- ment d’un régime alimentaire défini, une certaine quantité d’Algues et en comparant les analyses des fèces. Premier essai. — Un petit chien, alimenté régulièrement avec 300 grammes de viande. recut pendant deux jours un extrait de Chondrus crispus : le premier jour, 350 grammes; le deuxième jour, 290 grammes renfermant seulement 1 p. 100 de substance sèche. Pour indiquer le moment où cette substance passait dans les fèces, on avait mêlé à la gelée de Chondrus un peu de liège pulvérisé. Voici les résultats de l’expérience: ESSAI DE FÈCES POIDS DES FÈCES FÈCES RECUEILLIES par hydrolyse. séchées à l'air. Avant l’ingestion (régime déterminé) o réduction. 3 Pendant lingestion de ’Algue. 5%... 2,7 (12,2 p. 100). II Apres lexpulsion de l’Algue. 111020040203 ; traces. 4,9- Les urines ne contiennent pas de sucre réducteur, et le seul effet du passage de l’Algue dans l'intestin se traduit par une augmentation du poids du résidu éliminé et de la quan- tité d’hydrate de carbone non décomposé. 9 Il est,enoutre, intéressant de noterque M. Courren, dans une expérience non publiée, faite chez le Professeur MENDEL, n’a pu obtenir de formation de glycogène dans le foie de lapin, après ingestion abondante de Chondrus crispus. Cette substance ne saurait donc — être rangée dans le groupe des générateurs de glycogène. Deuxième essai. — Un chien, ayant un régime déterminé, pain, lait, viande, recut 10 grammes d’agar-agar, en se servant cette fois comme indicateur, non plus du liège pul- vérisé, mais du noir de fumée. Le résultat fut entièrement comparable. Troisième essai. — La substance expérimentée fut le Cetraria islandica avec du quartz pulvérisé comme indicateur. Mêmes résultats. Quatrième essai. — Un homme de 53 kilogrammes, soumis à un régime végétarien abondant, et dont les fèces sèches contenaient 7 p. 100 d’hydrates de carbone, calculés en dextrose, fut soumis à l’ingestion de gelée d’agar-agar pendant deux périodes de deux j jours a deux reprises différentes. On obtint les résultats suivants. a a Ce 54 Ee ee ee ee ee a ee ee ye ee So D i dt ill TR he À © a 4 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 7! FÈCES NOURRITURE 1 Poids. Hyd. de carbone en dextrose TT — = Poids frais. Siero borage en grammes. . p.100. sig or normal + 20 rss d’agar-agar en à OS nt st eds 317 51 9,2 18,a MEMOS OPdInuie un cco 5s os ced roue. 120 2 1,9 6,7 Régime ordinaire + 10grammes de gelée d’ Agar. 317 4 754 17,2 Puisque l’agar-agar employé était susceptible de fournir 50 p. 100 de sucre réducteur à Vhydrolyse, on constate que l’utilisation des polysaccharides par l'organisme est fort im- parfaite. En revanche, l'effet sur la masse totale des fèces est toujours très marqué. L’agar retient aisément l'eau dans les résidus de la digestion et prévient la formation des masses dures et sèches qui entraînent la constipation. Cette propriété de l’agar, de même que celle de n'être pas dissous par les sécrétions des organismes des fermentations intestinales, a conduit le Professeur MENDEL à proposer son usage et à enregistrer des résultats satisfaisants contre la constipation. La même constatation a été faite plus tard par Scumipt, mais sans que celui-ci ait établi des expériences raisonnées telles que celles qui précèdent ou vont être résumées ci- dessous. Elles ont porté sur 18 cas, et, en ajoutant au régime comme précédemment, pendant deux jours, une Algue do. les expériences sont relatées dans le tableau ci-après. Également, on s’est assuré, ‘a côté des Algues, de la digestibilité de l’amidon cru, en ingérant des chataignes. 72 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Expériences d’utilisation sur l’homme. : URINE FÈCES SUBSTANCE En nee ANSE or TNT Poids. Azote. Hyd. de carbone AJOUTÉE AU RÉGIME : (en glucose). Volume N'en En OS Se NE Mg AN ES Densité. à og ses c. &. grammes.| humide | séché | séché | fe | séché | Mau air. d alr. ir. gr. gr. gr. pth gr. p- a Agar-agar 19........-:...... 1275 1,027 20,3 313 rs : 66 88 i LS RUG etree eee Ler ey 1450 1,026 24,8 4; » ; 4,4 Régime Hormel CE Rise 1315 1,026 24,3 222 46 3,6 77 0,7 1,6 Mere se 1930 25,7 Wañome 20 Rs eue Régime normal............ | APARUSANOPE Oooo we ere) 6 Châtaignes italiennes crues. 150 STAMIMES serre 68 M. Lafayette B. Menpet seul d’abord et en collaboration avec Mlle Swartz a pro- cédé à son tour à des séries d'expériences sur la digestibilité des produits des Algues, et ses conclusions ne diffèrent, somme toute, en rien de celles de Saiki, qu’elles corrobo- rent pleinement. L'animal d’expérience fut le chien et les conclusions tirées de l'examen des fèces. Quant aux essais de digestions in vitro, ils furent entrepris avec: de la salive humaine; la takadiastase; le suc pancréatique du chien; l’extrait du pancréas du porc; l'extrait intesti- nal du chien ; l'extrait stomacal du porc; les «bactéries typiques» mélangées de bactéries du sol et des feces»; une culture du coli et autres organismes, aréobies habituels du trajet : alimentaire ou anaérobies de la putréfaction. La résistance aux enzymes des hydrates de carbone de ces Algues est considérable, et, en général, l'attaque est toujours faible, quoique, bien entendu, variable avec la nature de l’Algue employée. C’estainsi que la mousse d’Irlande à galactane (Chrondrus crispus) reste complète- ment inaltérée, en présence de microbes, même après plusieurs mois de contact. La pen- tosane soluble de la Dulse (Rody menia palmata) ne subit pas d’hydrolyse, mais une décom- position lente progressive. Par ordre de résistance aux bactéries, ces hémicelluloses se classent ainsi : galactane, pentosane, lévulosane et mannane. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 73 Ces mêmes hydrates de carbone, introduits par injection sous-cutanée ou intra-pé- ritonéale chez le chien, furent promptement excrétés par les reins et sont retrouvés dans les urines sans altération. Avec le Chondrus crispus, administré par la voie stomacale, même sous forme de gelées ou autres préparations agréables au goût, 75 p. 100 sont rejetés. La dulse disparaît en revanche presque complètement dans le tube digestif et, avec les préparations hawaïennes riches en pentosane, 50 p. 100 sont éliminés. Les conclusions sont donc assez difficiles à formuler au sujet de ces hémicelluloses des Algues, disent M. Menpet et Mile Swarrz, et il reste à démontrer, par des expé- riences sur le système respiratoire, si la partie digérée doit être considérée comme une source d’énergie. Ils ajoutent que, dans le sens Mae Vo les Algues peuvent être utiles et jouer surtout un rôle mécanique. _En somme, de l’examen des conditions de ces expériences et des résultats, il se dégage d’une façon indiscutable que les hydrates de carbone qui entrent dans la consti- tution intime de ces Algues sont à peine attaqués par les enzymes digestives ; il faudrait, pour qu'ils puissent être utilisés dans l’économie, qu’ils aient au préalable subi une désa- grégation profonde. Notons toutefois que les enzymes végétales semblent être un peu plus actives dans leur action sur les polysaccharides. Les Algues marines, si elles doivent être considérées comme unadjuvant intéressant à ranger dans l'arsenal thérapeutique, ne peuvent en aucun cas rentrer dans le cadre des denrées alime ‘taires (1), si ce n’est comme un adjuvant utile jouant le rôle de support pour d'autres substances alimentaires de réelle valeur, ou bien comme susceptibles d'intérêt dans le processus d'évacuation des résidus alimentaires. { Les récentes controverses sur l'usage exagéré des purgatifs, dont l’action est, même par quelques médecins, considérée comme nocive (2), ont ramené l'attention du public médical vers certaines substances mucilagineuses capables, par leur présence seule dans le tube digestif, de régulariser la fonction d'évacuation des résidus de l’alimentation. C’est en particulier au Professeur A. ScHmipr que l'on doit d’avoir vu s'épanouir au cours de ces dernières années une véritable floraison de médicaments spécialisés, dans lesquels l’Agar-agar joue le rôle principal. Après lui Meyer, FRIESER et d’autres spécia- listes trançais ou étrangers ont confirmé l'utilité de ces produits dans le traitement de cer- taines constipations, et ils appuient, sans la modifier dans les grandes lignes, l’opinion du Professeur Scumipt. D’après ce dernier, un grand nombre de cas de constipation chronique sont dus a des causes diverses dont les principales sont : 1° La diminution du résidu intestinal due, chez les malades spéciaux, a une digestion et une absorption trop complète des aliments, d’où il résulte que les contractions péristal- tiques de l’intestin, insuffisamment distendu, ne peuvent avoir leur plein effet ; (1) A ce propos, M. Saiki s’éléve avec juste raison contre certaines réclames américaines présentant ce produit des Algues comme une denrée alimentaire de haute valeur. (2) Dt BurLureaux, Un danger social : la purgation, 1 vol. in-8°, T. Ul, — Fase. 1, 10 74 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 2° Déshydratation exagérée du contenu intestinal, d’où sécheresse et dureté des matiè- res, nuisant à leur expulsion ; é 3° Diminution des fermentations normales de l'intestin, les organismes microbiens n'irritant plus suffisamment la muqueuse par leurs sécrétions, et par suite entraînant un affaiblissement très sensible du péristaltisme intestinal. Le traitement de ces affections consistent donc à augmenter le volume des selles, à élever leur teneur en eau. Scumipt pense que l’agar-agar, dans une certaine mesure et par suite de sa non-digestibilité, de son pouvoir absorbant de l’eau, comme aussi par l’aug- mentation de volume qu'il subit, peut rendre au malade les plus grands services, surtout si l’on a soin d’associer à son ingestion celle d’une faible quantité d’un médicament irri- tant ayant pour but de provoquer les mouvements péristaltiques (1). La méthode de traitement, préconisée par Scxminr, fut naturellement très discutée par le public médical. En Allemagne d’abord, et, aux auteurs déjà cités, il faut adjoindre les noms de Moizweine, S. H. Lorisx, J. Kocus, SCHWELLENBERG, Voir, MEYER, FRIESER, MANGELsporF, qui ont à ce sujet publié une série d’articles plus ou moins importants (2). Dans la pratique ils associent à l’agar-agar, considéré comme l’Algue à préférer, une petite quantité de cascara. En France, c’est surtout après l’apparition des articles et du livre du D’ Burru- REAUX (3), contre les médicaments purgatifs, que l’usage de l’agar a pris son essor. Cette vigoureuse diatribe contre l'abus des purgatifs amena de vives discussions auxquelles il ne nous appartient point de prendre part; nous renvoyons le lecteur aux nombreuses séances de la Société de thérapeutique de l’année 1908, pendant lesquelles il fut traité de cette question. Quoi qu’il en soit, l’agar-agar paraît être entré dans la thérapeutique comme un adju- vant des plus intéressants et, suivant la remarque fort juste du D' Barper, « cette méthode est l'application d’un usage très antique des Fucus chez les peuples asiati- ques qui tirent le plus grand bénéfice de l’addition de ces Algues à leur régime ali- mentaire ». Le même auteur conclut, et il semble qu'on se soit rallié à cette manière de voir (4), que l’usage journalier des préparations mucilagineuses par les constipés et surtout par les dyspeptiques hypersthéniques, qui forment les 90 p. 100 des constipés, lui paraît actuelle- ment le meilleur moyen de guérir d'abord et de prévenir ensuite la constipation. » La dose moyenne est de 5 à 15 grammes d’agar réduit en poudre grossière, soit 2 à 3 cuillerées à café, qu’on absorbe au déjeuner du matin dans des confitures, du miel, de la marmelade, ou encore aux repas, mêlé à de la purée de légumes. Sur quelques préparations culinaires faites avec les Algues. — Sans vouloir ici rap- _ (1) Dt Ap. Scamipr, Paris, 1909, Münch. Mediz. Wochenschrift, 1905, n° 41. (2) Mozzweine, Therap. Monatsh., mars 1906, p. 126; H. Loriscu, Medic. Klin., mars 1906 : J. Kocus, Apot. Zeit., 1906, n° 24; SCHWELLENBERG, Deutsche med. Wochensch., nov. 1906; Voir, Münch. med. Wochensch., juillet 1906 ; Meyer, Ther. d. Gegenwart, 1907, n° 5; FRIESER, Prager med. Wochensch., 1907, n° 9; ManGeLsporr, Ther. Monatsh., mars 1908. (3) BurturgAux, Un danger social: La purgation, 1 vol. in-8°, Paris, 1908; et Bull. Soc. thér., 1908, 4° s., XIII P. 210 et suivantes. (4) Barper, Sur les laxatifs, Bull. Soc. thérap., 1908, 4° s., XIII, p. 302. aE aa Le ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 75 porter des recettes de cuisine, ni pénétrer dans le secret dés préparations spécialisées, dites « Gelées instantanées », ou « Crème éclair », ou bien encore indiquer que l’addition d’agar ou de gélose facilite la prise en masse des gelées ou confitures, on nous permettra de retenir seulement une des préparations en honneur dans la cuisine orientale. C’est le blanc-manger qui se prépare en cuisant lentement l’Algue dans du lait, passant ensuite à travers une toile et aromatisant ; on verse ensuite dans un moule, refroidi avec de l’eau froide ou de la glace, et on sert avec de la crème aromatisée au choix. C’est un dessert populaire très bon marché et dont l’usage s’est répandu en Europe depuis une vingtaine d'années surtout. Aux îles Hawaï, comme au Japon ou en Chine, les Algues sont surtout utilisées dans les potages ou dans les sauces. Aux Hawaï, c’est l’Algue manauea qui donne les desserts les plus délicatement parfumés ; viennent ensuite les limu huna, aki-aki, pakaeleawaa. Le kohu est préféré en potage, mais en quantité relativement faible. _ La dose d’Algue nécessaire pour obtenir une gelée consistante est assez variable avec l'espèce considérée, de 60 à 200 grammes pour 1 litre. Au Japon et dans tout l’Extrême-Orient, certaines des Algues qui sont employées dans l’alimentation se mangent, fraîches ou après dessiccation, avec des assaisonnements variés; d'autres servent à faire des gelées, et enfin d’autres encore servent à fabriquer des préparations plus ou moins compliquées que nous étudierons successivement. ALGUES SE MANGEANT FRAICHES OU APRÈS DESSICCATION Au Japon, il en est ainsi de l'Ecklonia bicyclis (arame) qui est un constituant de certaines soupes, mangée en salade, ou encore mélangée avec la sauce au Soja hispida. Le Cystophyllum fusiforme (hijiki) est séché au soleil, et il se consomme ensuite après avoir bouilli dans l’eau douce ou encore après avoir été cuit avec la sauce au Soja. L'Undaria pinnatifida (wakame), vendu à l’état sec et en petits faisceaux, est très usité comme nourriture dans les diverses parties du Japon. Avant d’être consommé, il est lavé avec de l’eau douce et ensuite mangé en salade, ou encore cuit avec de la sauce au Soja, ou mis dans la soupe. D'après Yenpo, les habitants du Nord du Japon coupent les frondes portant les conceptacles et, par pression, en extraient un liquide mucilagineux qu’ils mêlent avec du riz bouilli. Parfois le wakame est traité comme l’on fait, ainsi que nous le verrons plus loin, avec l’asakusanori, c’est-à-dire disposé en feuilles sur le fond d’un récipient, et parcheminé sur un feu de charbon doux. La racine épaisse du wa- kame, nommé mehibi, est souvent séchée, débitée en copaux ou tranches minces, et mangée avec de la sauce (miso). Le Phylloderma sacrum (suizenji-nori) est mangé frais avec du poisson cru (sashimi). Séchée, cette Algue est lavée dans l’eau douce, et, lorsqu’elle s’est gonflée, on jette sur la masse de l’eau bouillante, puis de la sauce au Soja. Les diverses espèces d’En- teromorpha, connués sous le nom d’Awo-nori, sont conservées par séchage en feuilles ou en bottes. Pour les manger ensuite, on les réchauffe sur un feu doux de charbon, puis on 76 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE les réduit en poudre ou on les broie. Le goût en est très bon, et on se sert de ces prépara- tions comme condiment. : L’Ulva lactuca (aosa) sert de garniture aux poissons, à la salade, et à divers autres plats. Sous le nom de miru, on range plusieurs espèces de Codium qui sont séchées au soleil, puis conservées dans le sable ou la cendre. Lorsqu'on veut les préparer pour être consommées, on les fait cuire dans l’eau, et on les met dans les soupes, ou encore, après les avoir lavées, on les mêle avec de la sauce au Soja et du vinaigre. Les jeunes frondes de Phyllitis fascia (haba-nori) sont séchées au soleil, étant réunies en feuilles, puis séchées au feu, réduites en poudre et mangées avec la sauce de Soja. Le Chordaria abietina (matsuma) est mangé en grande quantité par les paysans, qui le conservent dans du sel et le cuisent ensuite avec de la sauce au Soja. On s’en sert encore, d’après YENDO, pour conserver les champignons que l’on place dans des barils fermés, en lits alternant avec des lits de matsuma salé. Le Mesogloia decipiens (mozuku) est généralement conservé dans le sel. Lorsqu'on veut s’en servir, on le lave à l’eau douce, puis on l’immerge dans le vinaigre ou la sauce au Soja. On voit qu’à part quelques exceptions ces préparations ne diffèrent guère les unes des autres, et ce sont des procédés semblables que nous allons retrouver dans d'autres pays. En Chine, le Gloiopeltis tenax J. Ag. est bles et séché au soleil. Lorsqu’on veut l’employer, on le lave pour se débarrasser des impuretés et du sel; puis on le jette dans l’eau chaude, de manière a obtenir unesolution qui se prend en gelée par refroidissement. Cette gelée sert d’aliment ou d’apprét. Aux îles Philippines, d'après Blanco, on mange le Fucus edulis (Sphærococcus gelatinus Ag.). Après l’avoir récolté, onle lave bien, puis on le sèche et on le tait blanchir au soleil, et on en fait ensuite un mets très agréable en le faisant cuire avec du sucre. On en prépare encore des gelées qui servent à l’alimentation et aussi à combaitre les maladies de poitrine. Les diverses sortes d'Agar-agar sont préparées dans les Indes orientales, à jai et à Ceylan, avec diverses Algues rouges que l’on fait sécher au soleil, ce qui les tait blanchir, et on en prépare ensuite des gelées qui deviennent consistantes par refroidissement, C’est ainsi que l’on emploie, dans les Indes neerlandaises : Sphærococcus spinosus Ag. (En- cheuma spinosum J. Ag.), Sphærococcus Serra Kg., Sphærococcus gelatinus Ag. et Gizartina horrida Harv., à Timor l Hypnea divaricata Grev. Le Sphærococcus lichenoïdes Ag., séché et blanchi au soleil, constitue la mousse de Ceylan. On la consomme fraîche à Makassar, avec une sauce au jus de citron et du gin- gembre. A Petit-Tavalli, les indigènes mangent avec le riz le Chauvinia macrophysa Sonder. Enfin nous arrivons de nouveau aux îles Sandwich, où les Algues jouent un rôle très important dans la cuisine indigène et se préparent sous les formes les plus variées. eo ee — ee ee Se Dh SEPT CET SCORE EEE PE TC PONT PRE ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 77 CHAPITRE VIII L'Agar-agar. Gélose, Mousse de Ceylan, Colle végétale, etc. Si le produit commercial désigné sous ce nom d’agar-agar tend aujourd’hui à se ren- contrer sur les marchés, toujours assez semblable à lui-même, il n’en fut pas toujours ainsi. Même encore aujourd’hui, on désigne sous ce nom des produits provenant, non pas seulement de diverses Algues, mais encore de régions très distinctes, C'est pourquoi les ouvrages techniques spéciaux restent à peu près muets à l’égard de cette denrée. La plupart des descriptions se rapportent à une forme commerciale et ne sont point concordantes: Il n'est donc pas inutile d'essayer de mettre un peu d'ordre _ dans les connaissances acquises s: r cette drogue dans ces temps derniers. C'est sous le nom de mousse de Ceylan que l'agar fut le plus anciennement connu et on le rapporta au Gracilaria lichenoïdes, Algue Floridée des côtes de Ceylan, de Burma et des îles Malaises, depuis longtemps employée par les indigènes des côtes de l'océan Indien et par les Chinois. Probablement incluse dans les espèces décrites par Rumputus, elle fut portée à la connaissance des médecins europeens par O’Saughnessy vers 1834-1841, puis étudiée par GuiBourT en 1842. Cette Algue po-séde une saveur légèrement salée, craque -ous la dent, se gonfle fort peu dans l’eau froide et n'y devient ni gluante, ni transparente. Dans le commerce, dit cet auteur,elle est blanche et opaque, décolorée par la dessic- cation au soleil et à l'air et tormée de tiges filamenteuses, cylindriques, ramifiées, larges de 2 millimètres et longues de 3-15 centimètres ou davantage. La plupart des tiges portent de nombreuses branches simples, ou divisées elles-mêmes en ramification: secondaires ou tertiaires terminées par une pointe courte. Lorsqu'on la mouille, elle augmente un peu de volume et devient plus translucide. Elle offre tré juemment ces fruits (cystocarpes) globuleux. Eile est un peu friable et facilement pulvérisée après dessiccation à 100°. Elle est dépourvue de saveur et d’odeur et difière en cela des Algues marines (1). Guimourr signala qu'elle se colorait en bleu par l’iode, ce qui, pour lui, démontraitla présence de matière amylacée. _ Greenisu (2) en a donné, après d’autres auteurs plus anciens, une analyse complète, et c'est dans cette Algue que Payen caractérisa la gélose. On en a préparé divers produits pharmaceutiques et les divers auteurs conseillent de l’employer sous forme de gelée. (1) FLÜCkIGER et Hanbury, Hist. des Drogues simples (Trad. pg Lanessan), II, p. 615. (2) H. G. Greenisu, Arch. d. Pharm., 1882, p. 241. 78 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Nous verrons, plus tard, quelle relation existe entre cette mousse de Ceylan et l’agar- agar japonais; mais auparavant, au sujet de ce dernier, résumons le travailde MarcHann, qui, en 1870, fit un important essai de détermination des Algues productrices de la dro- gue japonaise. Il s'agissait du produit dénommé par les Anglais « japanese isinglass », qui, en Chine et au Japon, était désigné sous le nom de « tjintiow », qui arrivait déjà en Europe pour falsifier les confitures. Il est importé sous deux formes: 1° en baguettes irrégulièrement comprimées, ridées, semi-transparentes, de 11 pouces de long, 1 pouce 1/2 de large, pesant chacune 11 gr. 472 (1); 2° en bandes longues et ridées, mesurant 1/8 de pouce de diamètre, de couleur plus blanche que dans la forme précédente et plus facilement soluble par ébullition dans l’eau. Les deux solutions se prennent en gelée par le refroidissement. Hanbury pensait que cette drogue provenait des Laurencia papillosa Grev., Lami- naria saccharina Lam., Porphyra vulgaris Ag., Gracilaria sp. D'après M. Menter, l'espèce dominante serait le Gelidium corneum, mais l'examen de la gélose montre des fragments d’espèces appartenant aux genres Gelidium Gloiopeltis, Gracilaria, Laurencia, Ceramium. MarCHanp entreprit alors la détermination des espèces d’Algues productrices des deux types de gélose et conclut à la présence des végétaux suivants : 1° Streblonema sp., sur un fragment de Gelidium ; 2° Scytosiphon lomentarius J. Ag ; 3 Sporacanthus cristatus Kütz (Tab. Phyc., V,p. 24, t. LXXXII); 4° Ceramium, C. ciliatum J. Ag. Shas a ei ciliatum Kutz, T. Ph., XII, p. 26, t. LXXXVI); 5° Centroceras clavulatum Ag. (Kitz, T. Ph., XIII, p. 7, t. XVIII); 6° Endocladia vernicata J. Ag., rare ; 7° Gloiopeltis tenax Turn., fréquent ; 8° Gelidium polycladum Kütz, abondant (Kütz, T. Ph., XIX, XXIV, 9) ; 9° Nitophyllum, sp!? 10° Polysiphonia tapinocarpa Satie (Algæ Japonica, 1870, p. 37, pl. XXV, B); 11° Polysiphonia fragilis Suring (loc. cit., p., 37, pl. XXV, A); 12° Polysiphonia parasitica Grev. (?). Cette espéce n’a pas encore été mentionnée au Japon (Kütz, XIII, p. 9, t. XXVI) ; 13° Melobesia ? sur Polysiphonia tapinocarpa; 14° Diatomées, Arachnodiscus ornatus Ehr. (découvert dans les confitures par M. Ménier). A la suite de ces recherches, M. Marcuanp propose de donner le nom de Phycocolle à cette substance, ou Tjintiow ou Lo-thä-ho. L’agar-agar est un produit différent, ajoute l’auteur, et ce nom d’agar est entré dans la matière médicale comme synonyme de mousse de Ceylan. Pereira l’avait cru fourni par Plocaria candida Nees (Gracilaria lichenoïdes Grev.). (1) Marcuanp, Bull. Soc. bot. Fr., 1870. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 79 En réalité (Archer et Simmonds), ce sont deux produits différents. L’agar est fourni par Eucheuma spinosum J. Ag. Les Spherococcus Serra Kütz, S. gelatinosus Ag., Gigartina horrida Harv., sont employés de la même façon aux Indes orientales, de même que |’Hypnea divaricata a Timor (Mertens). Telles sont les observations de M. MARCHAND ; nous emprunterons maintenant aux auteurs les plus récents les détails qui permettent d’être un peu mieux fixés sur la nature du produit dénommé agar-agar. L’agar-agar du Japon, qui de nos jours paraît le plus important, est connu d’après SENFT, en Allemagne, sous les noms d’ichtyocolle végétale « vegetabilischer Fischleim », ou de gélatine du Japon et des Indes orientales. La plante mère de cette drogue est principalement le Gelidium corneum Lamour (Tokoroten en japonais). - L’agar-agar japonais arrive dans le commerce sous forme de petits bâtons minces, de la grosseur d’une plume d’oie, incolores ou très faiblement teintés de jaune, mesurant jusqu’à 50 centimètres de longueur et fortement ratatinés. Plus rarement ils sont aplatis en feuillets. SENFT n’a rien pu savoir sur la préparation de la première sorte; mais la deuxième est préparée en faisant bouillir des Algues avec de l’eau, puis passant au travers d’un tamis, puis après congélation de la galette obtenue en la coupant et la séchant. L’agar ainsi obtenu est une denrée alimentaire importante, non seulement au Japon, mais encore en Chine, sous le nom de « Tejntian » (1), qui est le nom chinois plus ou moins bien orthographié ! Somme toute, l’agar-agar est une matière des plus utilisées au Japon, et il faut comprendre sous ce nom le produit extrait par l’eau chaude de plusieurs Algues des mers asiatiques appartenant à la famille des Floridées. Au point de vue chimique, il se range parmi les substances gommeuses, dont il se distingue parce qu'il ne se gonfle que très peu dans l’eau froide, mais par contre se dissout complètement dans l’eau chaude et se prend à froid en une galette solide. C’est cette dernière propriété que l’on utilise pour la préparation de certains milieux de culture en bactériologie. On le trouve aussi comme succédané de la colle de poisson « vegetabilische Hausen- blase », comme moyen de donner de lagglutination ou de la consistance à d’autres produits. Grâce aux diatomées qui accompagnent les Algues, on a pu diagnostiquer la présence d’agar-agar dans les conserves alimentaires de fruits; nous reviendrons plus tard sur ce point (2). Au point de vue commercial, on distingue trois sortes d’agar-agar : Ceylan, Java (Makassar) et Japon. (1) Voir aussi Em. Pennor et P. Hurner, Matiére médicale sino-annamite. Vigot fréres, édit., Paris, 1907. (2) Voir Marpmann, Ueber Agar-agar und dessen Vervendung und Nachweis., Zeitsch. f. angew. Mikroscopie, Leipzig, 1897, Il ; Senrr, Ueber Agar-agar Diatomeen, Zeitsch. d. allg. æsterr. Apot. Vereins, Wien, 1902, n° 9. 80 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 1° Agar-agar de Ceylan (Mousse de Ceylan). Il provient du thalle du Gracilaria . lichenoïdes Ag. et se présente en fragments arrondis, ténus, de 12 centimètres de longueur au maximum, et de couleur blanchâtre. Les assises cellulaires épidermiques renferment de l’amidon en petites granulations. Bouilli avec 50 parties d’eau, cet agar se prend en refroidissant en une galette de consistance épaisse. 2° Agar-agar de Makassar et de Java (Carragheen des Indes orientales), Thalle des Eucheuma spinosum Ag. et E. gelatinæ Ag.; se présente en fragments arrondis de dimen- sions un peu variables, mesurant d'ordinaire de 3 à 4 centimètres de longueur et 2 à 3 millimètres d'épaisseur, irrégutièrement rameux, avec des excroissances plus ou moins allongées et pendantes (cystocarpes), souvent couverts de cristaux de sel marin. Leur couleur est jaune brun ou rouge pâle. Il se prend en masse par refroidissement après ébullition dans 17 parties d’eau. | 3° Agar-agar du Japon (Colle de poisson végétale, vegetabilicher Fischleim, japa- nische oder ostindische Hausenblase, japanische Gelatine). Provient principalement du Gelidium corneum Lamour, G. cartilagineum Gaillon, et se présente sous deux formes : la première en morceaux ressemblant à des fétus de paille, atteignant jusqu’à 50 centimètres de longueur, incolores ou un peu jaunatres, ressemblant par leur aspect extérieur à des tuyaux de plume; la seconde, en morcéaux quadrangulaires, de 3 à 4 centimètres de largeur sur 20 centimètres de longueur au plus, enchevêtrés en feuillets grossiers de couleur jaune. Les Japonais utilisent cette dernière sorte en la faisant bouillir dans l’eau, laissant refroidir et découpant ensuite la galette obtenue. Elle se prend en masse par refroidissement après ébullition dans 200 à 300 parties d’eau. Aux renseignements donnés par M. SENFT, nous ajouterois ceux qui viennent d’être publiés par une de nos importantes firmes de droguerie, la maison Salle et C’*, à l'occa- sion de l'Exposition de Brüxelles (1). L'auteur anonyme admet, avec Davi:son, que la colle du Japon ou agar du Japon n'est autre chose que le kanten dont nous avons longuement parlé dans le chapitre précédent. La principale espèce productrice est donc le Gelidium corneum var. pinnatum, la variété anthocladum de Marchand n'ayant été retrouvée ni par Hotmes ni par OKAMURA. Ce dernier auteur a décrit les espèces utilisées pour la fabrication de l’agar : G. cartila- gineum, G. repens et G. rigidum. = M. Davinson dit que les Algues sont ramassées de mai en août, époque où elles se présentent dans les meilleures conditions et en plus grande abondance, et que c’est surtout le G. Amansit (Tengusa en japonais) qu’on y récolte pour cet usage. Cette espèce abonde à Hokkaido, et dans les préfectures de Wakayama, Miye, Shoznoka et Chiba. « La plante longue de 10 à 20 centimètres est récoltée à l’aide de crochets et de filets traînants et aussi en plongeant. Les Algues récoltées sur les bords de la mer sont de qualité très inférieure. « Un grand nombre d’autres espèces d’Algues peuvent servir à préparer le kanten et, comme le tengusa est devenu de plus en plus rare dans les dernières années, il arrive (1) Annales de la Drogue et de ses dérivés, Paris, 1910, n° 15, éditée à l'occasion de l'Exposition de Bruxelles, fans à Lo Sc di ot inter. Er ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 81 souvent qu’on lui substitue d’autres espèces, telles que: Ego (Campylæphora hypneoides), Toriashi (Acanthopeltis japonica), Ogo (Gracilaria confervoides), ou qu’on le mélange plus ou moins de ces espéces, selon la qualité de kanten qu’on veut obtenir; mais la meilleure se fait avec le tengusa seul. » * En dehors des espèces d’Algues marines déjà citées, on emploie aussi: l’Onigusa (G. japonicum), qui donne un produit de très belle qualité, de 8 à 10 centimètres de longueur, et qu’on trouve à Shima, Kü et Henga; l’Airakusa (Gelidium subcostatum), répandu sur toute la côte, qui mesure 27 cm.5et dont le produit est inférieur ; et le Kinnkusa (Gelidium elegans). Le Toriashi (Acanthopeltis japonica), jadis peu renommé, aujourd’hui considéré comme de bonne qualité, se récolte surtout à Shikoku. En résumé, les Algues marines entrant dans la préparation du kanten ou agar-agar du Japon seraient : Gelidium Amansii Lam., G. polycladum Kütz., G. elegans Kütz; acces- soirement : G. japonicum Okam., G. inbicastataie Schmitz, Acauihooaiia} japonica Ohta auxquels il faut ajouter les espéces suivantes mélées aux précédentes pour obtenir un produit inférieur : Campylæphora hypneoides, Ceramium rubrum, Gracilaria confer- voides, G. lichenoides. Composition et caractéres chimiques, — L’agar-agar, nous l’avons dit, a été étudié par Payen qui y découvrit la gélose, par Morin, Porumsam, etc..., et Hotmes lui attribue la composition globale suivante : LO rag oka NE ae Pire (ar ir A ES A RUES 21,79 P. 100 Mister OrpAnIque ATOS 15 er aS Lass averses) eue 5,95 — Po 'CAFNONELEAIOSE) soo luis voice ocr ss cad Ooms ses 2 64,59 — CET De RECS un aus mincir up es et Dat ape a 3,54 — MERON trace a od Pie de Re ua en cl ns te te oib.c% 4,13 — Il importe maintenant, sans revenir sur les études déjà exposées, de signaler les observations de Cooper CanTaB et Nutratt (1), qui ont récemment résumé les pro- priétés de cette substance de façon à montrer sa supériorité pour les usages bactério- logiques sur les autres gelées et la gélatine. D'après ce mémoire : 1° La solution de gélose (agar) ne donne pas de précipité avec : sulfate de cuivre, acétate de plomb normal, sulfate de nickel, bichlorure de mercure, chlorure ferrique, sulfate de fer, bichromate de potassium, chloroplatinate de potassium, chlorure d’or, eau chlorée, eau bromée, iode, acide chromique, acide picrique, formol. 2° Les réactifs précipitant la solution de gélose sont : acétate basique de plomb, nitrate mercurique, tanin, acide phosphorique, alcool. L’agar, ne renfermant pas d’azote, ne donne pas les réactions du biuret, de Millon, etc. Une solution d’agar séché à 100° dans la proportion de 1 1/4 p. 100 (2 p. 100 si seu- lement séché a lair) est précipitée si on a ajouté 40 p. 100 d'alcool a go’. En présence d’un alcali, la solution d’agar ne se prend plus en gelée, mais toutefois la solution est plus visqueuse. (1) Pharm. Journ., 1908, 4° s., XXVI, n° 1978, p. 688. T. WI. — Fase: 1, II 82 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE La solution d’iode iodurée et la teinture d’iode teignent en jaune la solution chaude d’agar, qui devient rouge pourpre à froid, surtout entre 27 et 29°. - Cette réaction se produit encore dans une solution à 1/10 000°. En ajoutant de l’eau a une solution d’agar iodée, la coloration rouge pourpre à froid se change en coloration bleue, semblable à celle donnée par l’amidon, et cette coloration disparaît, si l’on chauffe, pour réapparaître en refroidissant. L’agar absorbe une petite quantité d’iode ou de brome, à peu près 1,65 p. 100, au lieu de 6,21, chiffre d'absorption de la gélatine à + 15°. La liqueur de Fehling n’est pas réduite, si la solution est fraîchement préparée. Le nitrate d’argent ne donne pas de précipité; mais, dans la solution maintenue chaude, il se produit un assombrissement de couleur, surtout vers 50°; le nitrate d’argent ammoniacal ne donne rien à + 50°, mais précipite à l’ébullition, et il ne se forme pas de composé comme avec la gélatine. Le métaphospate de sodium donne un précipité gélatineux à l’ébullition, tandis que cette réaction ne se produit pas avec la gélatine. Dans une solution fortement concentrée seulement, le tanin donne un précipité insoluble à froid et soluble à chaud; l'acide chromique est sans effet, ce qui différencie encore l’agar de la gélatine. On peut même séparer un mélange des deux substances dans une méme solution; il suffit d’évaporer a siccité en présence du formol, de reprendre par l’eau chaude : l’agar seul se dissout. L'hydrolyse de l’agar, portant sur les deux formes commerciales, a donné à MM. KôniG et BETTELS (1) les chiffres suivants : EAU. PROTEINE. poping HYD. DE C. | PENTOSANE. | FIBREUX. CENDRES. Forme en paille... 19,05 2,56 0,85: 70,58 3,06 0,44 3,46 p. 100 Forme en galette... 22,33 6,13 0,58 63,96 3,18 0,42 3,40 p. 100 Usages et commerce. — L’agar, outre son usage constant pour la préparation de milieux de culture pour la bactériologie, entre dans la confection de gelées alimentaires; de confitures, de crèmes, dans la préparation de certaines bières, dans l’apprêt du papier et de certaines étoffes, etc... Aussi le trouve-t-on sous forme de tablettes destinées à remplacer la gomme adragante dont le prix est de plus en plus élevé. D’après Gehe et C'*, de Dresde (2), l'exportation du Japon dans ces dernières années fut : en 1903, de 8348 quintaux; en 1904, de 10657; en 1905, de 9966; en 1906, de 8377 quintaux. Untiers de cette production va vers la Chine. L'Allemagne vient ensuite et a importé: en 1903, 919 quintaux (Doppelzentner); en 1904, 857 quintaux ; en 1905, 683 ; en 1906, 1064 quintaux. (1) Loc. cit., p. 466. (2) In Tunmann, Einige Bemerkungen über Agar-agar, Pharm. Centralb, 1909, L, no 12, p. 233. a a ae a ee ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 83 Emploi de la gélose comme falsification des gelées et confitures et autres denrées alimentaires. — C’est à M. Ménir (1), professeur à l’École de médecine et pharmacie de Nantes, que l’on doit l’idée de caractériser cette falsification par l’étude des Diatomées adhérentes aux filaments et que l’on retrouve en quantité assez considérable. Les plus répandues sont: Arachnoidiscus japonicus, Grammatophora marina, divers Cocconeis, etc. La recherche devra se faire après dialyse, sur les substances non solubles filtrées et traitées par l’acide sulfurique mélangé de trois parties d’acide nitrique. On étend le résidu obtenu d'eau et laisse déposer. Le dépôt est ensuite examiné au microscope. Mais, si les fraudeurs ont eu soin de débarrasser la gélose de ces Algues siliceuses par filtration à chaud, il devient nécessaire d'employer le procédé DEsmouLiÈres (2), dont la description nous entraînerait trop loin. DESMOULIÈRES, ayant eu à examiner des confitures ou gelées additionnées d’une matière étrangère, reconnut que celle-ci était de l’agar-agar, bien que ne renfermant pour ainsi dire plus de carapaces de Diatomées. Il attribue ce fait d’abord à ce que la gélose est aujourd’hui préparée avec une plus grande pureté, et surtout à ce que certains commer- çants traitent l’agar par l’eau bouillante et filtrent au papier la solution obtenue en la maintenant presque a l'ébullition à l’aide d’un courant de vapeur d'eau. L’auteur fut donc obligé de recourir à un autre procédé pour caractériser la gélose (3); nous renvoyons au travail l'original dont l'exposé serait trop long à reproduire ici. Enfin, pour terminer ce chapitre consacré à la plus connue des Algues d’Extréme- Orient, surtout depuis l'usage qu’en font les bactériologistes comme milieu de culture des organismes inférieurs, disons que sans doute bon nombre d’Algues fourniraient des substances identiques. M. Cons, chargé de la pathologie végétale à la station expérimentale des planteurs de sucre aux îles Hawaï, utilise couramment les gelées faites avec les Algues hawaïennes comme milieu de culture. Miss REED propose même à ce sujet que la gélose nécessaire aux laboratoires des États-Unis soit fabriquée avec des Algues du pays au lieu d’être importée d'Allemagne. (1) Cu. Ménter, Falsification de la gelée de groseilles (Journ. méd. de l'Ouest, 1879, 2° série, III, p. 75-84, avec 1 planche). Quelques travaux allemands, seuls cités dans la littérature de cette nation, sont parus bien postérieurement, tels ceux de MARPMANN en 1887, SENFT en 1902, TUNMANN en 1909. Nous les passerons sous silence, car ils ne nous ont güère plus appris que l'observation de M. Ménier, qui reste pleine et entière avec la priorité sur tous les autres travaux que nous avons parcourus. (2) In Vittters, Cou et Fayotte, Traité des falsifications, Paris, 1909, 2° édition (vol. Aliments sucrés et stimulants, p- 168), = (3) DESMOULIÈRE, La en et la gélose dans les confitures (Bull. Sc. pharmacol., 1902, V, p. 154). TROISIÈME PARTIE IMPORTANCE DE L'INDUSTRIE DES ALGUES ET POSSIBILITÉ DE SON EXTENSION De l’ensemble de cette minutieuse étude, il se dégage un enseignement qu’il importe de mettre en évidence. Tout d’abord, ainsi que nous l’avons fait remarquer au début de ce mémoire, les Algues se présentent en Extrême-Orient comme des produits de première nécessité, alors qu’en Europe elles ne font l’objet que d’un usage restreint. Il faut rechercher la raison de l'importance économique de ces végétaux dans les multiples applications économiques dont elles sont susceptibles, les unes industrielles comme la fabrication de l’iode et celles des colles végétales, produits utilisés princi- palement au Japon, les autres alimentaires ou médicinales. Parmi ces produits dérivés des Algues, il convient de citer tout particulièrement les colles végétales qui, importées sous le nom chinois de «thao » ou de « haï-thao » sont utilisées, dit-on, pour l’apprêt de certaines étoffes. « Un demi pour cent de haï-thao, dit le D' Mancenor, donne aux tissus forts plus de souplesse et de mollesse que toutes les autres substances employées jusqu'ici. Mais son prix élevé s'oppose à son emploi, au moins pour les toiles de coton. Depuis peu de temps, les nombreux essais entrepris sur le thao oriental par MM. HeiLmann et Reser, de Rouen, ont appelé l’attention des appréteurs sur cette substance, et on a pro- posé, pour la remplacer, des produits tirés de nos Algues de Bretagne et que l’on désigne sous le nom de « thao français, fucus francais, de gélose, d’algueusine » ; mais tous sont inférieurs au thao chinois. » Nous n’avons pu nous procurer, au sujet de cet emploi, — de renseignements plus précis. Mais, en somme, l'importance économique des Algues serait bien faible, si elles ne jouaient pas le rôle véritablement surprenant que l’on a pu constater dans le régime ali- mentaire des peuples d’Extréme-Orient. Cette vogue extraordinaire est assez difficile à expliquer au premier abord. En effet, il vient d’être établi que les gelées retirées des Algues ne présentent qu’une valeur nutritive nulle ou négligeable, et que, par conséquent, il ne saurait être question, comme on a es- sayé de le faire en Amérique, de les offrir au public comme des matières alimentaires ayant la plus haute valeur. L’explication de l’usage constant que les Chinois, les Japonais, et les Hawaïens font ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 85 des Algues, doit être recherchée bien plutôt dans la manière de vivre de ces populations, qui consomment en grande abondance du poisson et du riz, et chez lesquelles les gelées d’Algues forment un aliment complémentaire dont le but est, sans nul doute, de faciliter les fonctions intestinales. La matière mucilagineuse ingérée, en passant dans l'intestin, servirait à constituer un bol fécal d’une consistance plus aqueuse et d’un volume plus grand, ce qui rendrait plus aisés et plus réguliers les mouvements péristaltiques de l’intestin. On peut dire que la preuve de cette manière de voir est faite depuis que l’on a em- ployé, le plus souvent avec succès, dans le traitement de la constipation, des préparations à base de gélose. Ces préparations sont, en effet, de la gélose additionnée ou non d’une petite quantité de Cascara (Régulin), ou de Rhamnus frangula (Thaolaxine), ou encore de préparations diastasiques (Jubol). _L’addition de substances purgatives a pour résultat d’accélérer l’effet thérapeutique attendu, et cela peut être utile dans certains cas de constipation chronique. Mais, le plus généralement, l’ingestion répétée de 2 à 6 grammes par jour d’agar-agar pur, découpé en petits fragments ou pulvérisé et mélangé au potage ou à des purées de légumes, suffit à produire une bonne régularisation des selles. On peut dire, avec Martinet, que, dans ces conditions, les trois quarts des malades peuvent obtenir une guérison complète, pourvu qu'ils suivent leur traitement avec persévérance. Ce traitement par l’agar pur, à l'exclusion de toute substance excitante des parois intestinales, évitera tous les inconvénients qui ont été attribués récemment à l’abus im- modéré des purgatifs. De plus, les produits spéciaux auxquels nous faisions allusion plus haut, et qui ont pour constituant l’agar pulvérisé, atteignent un prix assez élevé, nécessité sans doute par les dé- tails de préparation, car, en effet, une note de la maison Salle et Cie, de Paris, publiée à l’occasion de l'exposition de Bruxelles, rapporte que « pour les usages médicinaux, l’agar se vend le plus souvent en poudre», et que «la pulvérisation de cette drogue est une opéra- tion très longue et très difficultueuse en raison de la résistance et de l'élasticité du produit ; _ aussi cette opération, lorsqu'elle est demandée, augmente-t-elle considérablement le prix de la matière brute ». Nous ne nous expliquons pas pourquoi la forme thérapeutique serait nécessairement la poudre fine ? Si vraiment, comme on est en droit de le penser, l’agar agit, dans l’intes- tin, par ses propriétés physiques, il semble bien qu'il n’y a aucun intérêt réel à l’ingérer à l’état finement pulvérulent. Il est, en somme, bon nombre de personnes, en dehors des cas relevant du médecin, chez qui l'usage fréquent d’agar-agar, introduit dans la ration alimentaire quotidienne, doit être des plus utiles. Il peut remplacer avantageusement, sur certaines tables de régi- me, les légumes verts si recommandés. En un mot, l’agar-agar a sa place marquée, croyons- nous, dans l'hygiène alimentaire courante, et le bas prix de cette denrée la met à la por- tée de tous. 86 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Ainsi renseignés sur les causes de l'importance du commerce et de l’industrie des Algues en Extréme-Orient, demandons-nous maintenant si d’autres pays ne pourraient pas utiliser, de la même façon, les ressources de leurs côtes. Tout d’abord, un essai d'extension de l’industrie des Algues a-t-il déjà été tenté? La réponse est affirmative, et nous empruntons au rapport de M. Smrrx les détails qui suivent sur les efforts faits, aux Etats-Unis, pour développer l’industrie des Algues. Dans ce pays, on fabrique annuellement pour 35 000 dollars (175.000 fr.) de produits provenant des Algues, et cette industrie est presque uniquement restreinte au carragheen Chondrus crispus. Nous avons déjà raconté comment, jusqu’en 1835, les Yankees faisaient venir d’Angle- terre des barils de Chondrus, qui revenait ainsi à 1 dollar la livre. M. Smirn, maire de Boston, montra que cette Algue pouvait être récoltée sur les côtes du Massachussetts, et depuis, on prépare le carragheen dans cet État de même que dans le New-Hampshire. Depuis, cette industrie s’est encore développée et un mouvement d'exportation se dessine vers le Canada. A l'heure actuelle, en outre, on envisage comme d’un bon avenir l’établissement aux États-Unis d’usines préparant, d’après la méthode japonaise, les diverses formes de kanten. De plus, on importe, de San-Francisco à Honolulu, une certaine quantité de Porphyra perforata. Cette Algue est utilisée comme nourriture par les Chinois habitant: les iles Sandwich, sous le nom de che-choy (prononcer tche-tchot). Enfin, certaines Algues, et principalement le Fucus vesiculosus, servent à préparer de l'iode, pendant que d’autres, appartenant à la famille des Laminariacées, peuvent entrer dans la fabrication du papier. En effet, on en obtient une cellulose qui blanchit aisément et qui, soumise à une forte pression, dévieot très dure. On peut en faire un papier très fort et on en fait aisément des objets tournés et polis. Aux îles Sandwich même, Miss REED envisage, de même qu'aux États-Unis, la possi- bilité de l'établissement d’une nie des Algues. se En effet, on trouve à Hawaï un grand nombre des espèces utiles du Japon telles que les suivantes : Gelidium corneum, Grateloupia filicina, Gracilaria confervoides, Porphyra leucosticta, de même qu’un grand nombre d’espéces gélatineuses telles les Gelidiuin. I] - serait très aisé, en utilisant la main-d'œuvre locale, qui est très exercée, de recueillir ces Algues en grande quantité, et, aprèsles avoir lavées et séchées, d’en faire soit une sorte de « farine » à l’aide d’un moulin grossier, soit des préparations de gélatine végétale sem- blables à celles que savent si bien préparer les Japonais. De plus, on pourrait peut-être réaliser la transplantation d'espèces utiles provenant du Japon ou de Ceylan. En présence de cés essais et des résultats déjà obtenus, il y a lieu de se demander si nos colonies d’Indo-Chine ne pourraient pas bénéficier, dans une large mesure, des études entreprises sur la question des Algues utiles dans les divers pays d’Extréme- Orient. | L’établissement d'une semblable industrie trouverait certainement un débouché na- FR D. Ph js ia: ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 87 turel au point de vue alimentaire et thérapeutique, en Indo-Chine même, et il n’est pas inutile d’attirer sur ce point l’attention de nos colons et aussi de nos médecins coloniaux. De plus, les produits qu’une semblable industrie pourrait fournir : iode et gélatine végétale, seraient susceptibles d’être importés en Europe. Enfin, nous ne parlons que pour mémoire, du rôle joué par la « colle du Japon » ou l’agar de Ceylan dans la fabrication de gelées ou de confitures dites de fantaisie, et à ce propos nous ajouterons que l’addition d’agar ne saurait être nuisible et ne peut être con- sidérée comme fraude que si elle n’est pas indiquée d’une façon formelle à l’acheteur. En Belgique même, l’usage de l’agar dans la fabrication des gelées et confitures est autorisé à raison de 1 kilo par 100 kilos de produit fabriqué; toutefois, comme le dit M. Souter, cette tolérance est jusqu’à un certain point une fraude, puisque 1 kilo de cette substance peut transformer en gelée 500 fois son poids d’eau. Les nombreuses applications des Algues en Extréme-Orient nous entrainent a con- clure qu'il y aurait, pour l’Indo-Chine, un véritable intérêt à établir d’abord une flore algo- logique de ses côtes, et, d’après les espèces découvertes et leur répartition, à déterminer ensuite s’il n’y aurait pas lieu d'étudier les conditions du développement de cette industrie. Outre qu'elle fournirait aux indigènes, Annamites et Chinois, un adjuvant reconnu très utile dans leur alimentation normale, elle permettrait à notre colonie d'apporter en Es Europe et particulièrement en France, en jouissant de la détaxe coloniale, des produits __ ayant une importance économique d’une réelle valeur. PL. cS 8 ry = a @ 4 à ALGUES UTILES D'EXTREME ORIENT ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PL. if ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE ALGUES UTILES D'EXTRÈME ORIENT PL. III ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PHOT. NT JES UTILES D'EXTRÈME ORIE ALGI se sh eae) ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PL. IV D.-A. LONGUET, IMP. PHOT. ALGUES UTILES D'EXTRÈME ORIENT Lu 21 té Mb. is I | ee ne a de Du d 5: re EE Gt ue ee à | ES ON rt et ES ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PL. VI D.-A. LONGUET. IMP. PHOT. ALGUES UTILES D'EXTRÈME ORIENT ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE ; PL. VII oe ee PT een a ee ee ee I On are VUE ee ; nat ‘ Ba i ah ey ee di à ALGUES UTILES D'EXTRÈME ORIENT oe ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PL. VII] ALGUES UTILES D'EXTRÈME ORIENT de ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE PL. IX ALGUES UTILES D'EXTRÈME ORIENT D.-A. LONGUET, IMP, PHOT PL. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE D.-A. LONGUET, IMP. PHOT. 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Cuarirre IV. —.Caratéres ‘botaniques des Algues utiles. {FT RAT cave bee TI Se Cebus mean aoe 15 § 1. — Généralités et Algues bleues........ POP er sa DONNE tes ST TN el A ES PL 5 2. Chlorophycées.5,. 528, Ru Ce RRV Re CCD UE RTS AE ei BBs: PHeOPHyeces 5:5 24 ae sue. Vu Cp Sab ew ts Bus ad 8 SES ee ie 0 Sie ed RES AC PEN T NE CR eee EEE 24. Ba 7 Dictyotales 41,80 is Muse Rene dr ete eee Le a Sle ay eu re eae SAIS 24 $ 5. — Rhodophycées..................%, A A sto TERRE PE era PE Et en AL LEE Us 25 § D. Conclusions. ii... EN RE MEET AS ARE NE May honda Ss Cane a nee a EOE Cent. 35 : CHAPITRE V. — L’industrie des Algues en Extrême-Orient.... ...... GeO ys Arg re OWLS Fy BO er Er aie ee saute 36 À $r: — Multiplication et Culture, 50e. sue RE es DR PET AS EEE TA “vee EU 36 G ds HR PRÉCDIRE Le 9:5 ick ule ee ces OU CES ne AR NE TRS EU ENTREE RSS perso ge BAAR YS frre 41 § 3. — Préparation, caractères et commerce des produits utiles retirés des Algues....... ENT Re En. A. — Produits destinés surtout à l’alimentation.,........... se SNS NT te CE CN CNET ocre 44 G, 7 KANten 4 cases cece sawn pe pee ee NN be Va ek GOAN Ma hg OT ees RIRE UE RASE 44 Bem PUN OF fs UE TL RARES CR RO PR EE Se Ne Fe RE IR REC NE a 50 CoS Kombo pigs RATE ER RU le ARR late bio le asa hae CU CE RER 51 Go AMANO Se a ob sae eee dns kate CV An wis Deas Whe siecle kW ya ele D PL PER ete EE KG tip 9 wpa 55 e. — Autres produits de moindre importance................ Peck nls See doa EN bao CO ST SEE ER 56 J. — Les Algues alimentaires aux Îles Hawals 5 ee RE Re PR wie rie 58 4 B. — Produits destinés à l’industrie chimique (Iode)................,...,.,... Honoraires ‘HO Cuapitre VI. — Composition chimique des Algues d’Extrême-Orient.............,..,......,................... 63 ; Cuapitrre VII. — Considérations sur l’emploi des Algues. Valeur alimentaire et thérapeutique. Préparations culi- ; BOS ASP EE Cs ne Sea PE aR stn clos SUD es pen DOME 07 0 bald Sepa Tee heel wey 96:5 + EU DONNEES 68 CHAPITRE VIII. — L’Agar-agar.......... RAGE DS Gaga skate PM earn à ad DER MAUR SE CURE VON MAÉ L | TROISIÈME PARTIE : AVENIR ET EXTENSION POSSIBLE DE L'INDUSTRIE DES ALGUES. a BS er ES 4 4 TABLE ALPHABÉTIQUE Reel A Acanthopellis japonica Okam..... Ltadeonts vet 28, 81 Acide alguique..................... RA OW estas ORs alas 12 Acide laminarique.............. Yo Mwai wb ® NEA 12 CEMIOUE rentabiliser een coeds ees 4 Agar-agar PTE PL RE er ge AR OR TT, 72,77 _ Agar japonais........ Soe ory: See Wier see de nee ce es 44 Ahnfeltia concinna J. re FEN s ep OP ELT EER TE OP 29, 42 Alaria crassifolia Kjellm..........,...:...,:..... 20 _ :— esculenta (L.), Grev......... LA Nbre CR 6, 7, 20 De fistulosad Post. ct Rupr....:......... ,..... 20 Alcyonidium Nemalion Bory...................... 26 POSER AE SR SP wa Cake E ERPe 12 Alsidium Helminthochorton (Lamour), Re: 00: 49500 Nu RME CR RE DER 55 - Amansia fasciculata KOŸZ.…....,..,:.:......ou.e 33 MIMO OTR AR, nor een ose a etee cin ae ey MAME SIE col Se s's' soon cave ke ns oo 0's '0'b à 4 à « 33 Antithamnion cristatum.......................... 34 PAIOKU Wakame........:.::.:..:....... SE ARER 22, 57 LOT ÉCRIT D CNE RTE AV EEE hs 16, 17 Aosa... rss sie fosse Sue eue 6e de 6 OE 16, 57 PME ace lore o ee 3 NE RE PET Pe cin a 22, 57, 65, 68 ere nn Va etre Dose 3 ee 14 Arthrothamnus bifidus (Gmel. ) Rupr ty eee + 22 Bie > Auvilensis RUPE. sisi. cs cide ese kee cee 22 MRC 050 pos remous ose a 25, 37, 65, 72 _ Ascophyllum nodosum (L) Le Jol. .................. 12 _ Asparagopsis ets Harvie. /. .. .« 32, 36, 42, 60 LL LENS CPP PP NE PT État Sapte 23 47, 97 ROE Ss S55 es Sioa PE NET EEE ieee pba fers 31 RME MAIRE Poy ist: OE et: B ESRB SS TSS PER AR EE tenons ‘os. 8, 9 _ BANGIACEES ...,:,:.:..... Asics ris Bad i dbitee t= Bree ae = BONNEMAISONIACEES.........5.. FINI PT ies ce 32 Bulung...... POPPE eee Cee ee eee eee eee eee ee 31 Cc Callymenia dentata J. LT OP Pree OS Tere | Campylæphora rade J. Ag RER NE 34, 58, 81 Capea elongata Mart......::.::35:::.:::::.2.. 22, 65 =» flabelliformis: Marti ie sm sir 22 — Richardiana J. Ag..:::e:s154:5 0. 22 Carpacanthus trichophyllus Kuetz ................ 27 (BF yg UT TRÉSAN RER AEN REAElE CE NS 2 3512 Carragheen des Indes orientales... ............... 71 Catanort SES EEE FAR NT PAT LL EL es 28, 58 CARRE na ea hee ee nee en À CRHDIOSe scien canst ent ca sy eco cone cae acs II Centroceras clavulatum (Ag.) Mtg............... 34, 42 CERAMIACEES rt de ls ct pe PU lo re 33 Ceranium: Doydenile ssc. os. rar ei send s Doro 34 =~) ctliatum (Ellis-Ducluz).::.,..,./::......) 34 — : clavulatum Ag.......... RP OST RUE Te 34 or otaRhatun RO 2 As rer, 6 Sas) MOLUME A OR td es 4, 34, 81 Dane PETER NE esse denis sigs, Ae 28 Chætomorpha antennina (Bory Rtg ss. ne 17, 42 CROTGPROT AE NN Ole den nee Fee Las ole se II CHROME 7 ae re Cie dada das de eo na 17 Champia compressa Harv......................... 31 Chauvinia macrophysa Sonder.................... 32 QE LEA DE OT CRE PAU CT AI SERRE PE ROSES 21 GUM RIOR RS den Seaihaide ade noter à 24 OUT PO EN aim SN drome Vaiey Gewese «8.0 sie 25, 59 SG OMAR AN sys ois go ls NS ices whee Ries elaieie ert 92,8 vine 30 ARMM SR tts eg nee id ue dis bout ee 31 RTE PS PRE RARE AR PTT EPP RU ACTE PIE 21 ÉRROHOME SES eens a van 2 bain alt amie i Lie dec 2 21 Chnoospora fastigiata pacifica A he Sea ae Rae 24 Chondria obtusa Ag............... RSA Ut 32 — papillosa Âg............ Rees eee sosseses 32 St DINNGL PII AM ss soe en 0 ore gle Cais are i 92 — tenuissima (Good. et Wood.) J. Ag... 33, 42, 60 Chondroclonium Teedii Ktz..:................... "28 Chondrus crispus (L.) Lyngb........ 2, 3, 14, 28, 58, 70 orl OCRNGINS HOME TE RE ewes ss 28, 58 Chorde:filum Laurie lies engrais à 2 — filum lomentaria Kütz.................:.... 19 — lomentaria Lyngb...:..,............4..,. 19 CHORDARIACÉES. .........::: TER ie dat ane 19 Chordaria abietina Rupr...........:.........: 19, 58 st Nemalion: Ag: nr ones PES 26 . 04 ee ee ee ee ee ss Chylocladia rigens J. Ag CLADOPHORACEÉES. 1e + sn cto vie sieeve Soh a sowie Cladophora glomerata Thun Cladophora nitida Ktz. CODUKCKES, So pin cscs hob o> Vert NN NU eee Codium adhærens Cabrera........................ — -difformeShousb;.. 45 esecestrreuemelere — | -filiforme'Mont....,5: eA iin aese. che coe ——-* fatum SUTINGAT..: «5: hose Op de Je des dde 18, — Lindenbergii Binder..................... 18, — mucronatum J, Ag...................... 18, = Muller RO ee aa’ vee ee cake eee 18, — tomentosum (Huds.) Stackh........... 18, 42, Colle vépétale LRU LS necessite era ee Golocasia esculenta Schott... 11,127, 28a res Comen MOMs wane ca cate Hee 35, Conferva bombycina Ag ciliata Bilis cou vase ny icp ie detre rubra Huds.......... CANNES Eee Via . —< Simplex Wulfen ii. sii. vases seeds sets ees utricularis Roth Corallina officinalis L........ ENCRES TRE Te Cystoclonium armatum Harv...................... Cystophyllum fusiforme Harv....... 23, 65, 66, Cystoseira amentacea Bory......... TER Cr —" OPP ABS sms re stent lion ete ables D Dasya arbuscula Ag COCCINGA AD ons elie dass coe eae cen alee DELESSERIACÉES . ............., PR Se Re TA NEUE Delesseria filicina Lam: rhodanta Harv eRe where non ss one os os 0 0 » » ee nn nn on ou eee DERTFANE an seems anus durer late ue DÉTENU Dichophyllium dichotouium KBs sis Wie helo ane Dietyopteris pardalis Harv. is... 10m — plagiogramma Mont.................,...... Dictyota acutiloba J. Ag. var. distorta J. Ag. 25, 42, attenuata Kg.......... Bisbee tae. cot TS bea DIGEXOTACERS «duis cstv sie; «sit aa oe Solas Fee char ee Dictyota dichotoma (Huds.) Lam 45 5; intricata Chantelat......... RARE Dore Digenea simplex (Wulf.) J. Ag 33, ATH RS RARES EEE ME DA PE gy nn nn nn en mms tesee sms Dongi-dongt oe sisson cis. venue wees ARR LE SAME PR RACE SE MUR ON ne En ee ase Durvillaa utilis Bory.. ve vee gens AAS E Echinoceras ciliatum Ktz........... opie TT CEE D Ecklonia bicyclis Kjellm 22, 57, 65, 66, cava Kjellm.... , 22, latifolia Kjellm ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE | Ecklonia radicosa Okam .....:........,..... 1440) IT — \ Wrightit: Harv... has: een 22 EXCTOCARPACEES : 4% race nee wie so A pee eee 19 Ectocarpus Amicorum Harv...................... 19 — confervoides Le Jol............. nee owe bare 3 = Sndicus ‘Sond rene reed, ST 19 — Julyescens Thuret::::7,::33% 7-00 40 RO. dbs oss oes Rss bs espe sine Pee aces 34, 58, 81 ENCŒLIAGÉES (5.5.4, 28,08 Saale ree sca oe ee 19 Endocladia vernicata J, AQ. 2. s..0e.sinvesssasss cee 28 Enteromorpha clathrata J, Ag.......,............. 5 —:-complanata Kutz.0s.5. 105505 27encanrer mes 17 — ‘compressa (L.) Gr....:...,.,,.. 6, 17, 57, 65, 66 — flexuosa (Wulf.) J. Ag..... pe GA AA ras 17 am Jurgensti Kit see RO mene 17 — x HopRirk I CNT ANRT RE ene ee 17 — rintestinalis (L:) Linkin ta EU 17, 57 — intestinalis prolifera Hauck................ 17 — “Linxa(L) SAR TE TS sees eae RMS 12508 — ‘paradoxa EtZ. ioe ccs rr ser eee cute os 17 = 1'plumosa RIZ ae Te nee cr nee Cette UE — prolifera (Muell.) J. Ag.................. 17, 60 Eucheuma gelatine Ag... cick seen ata aes 30 —_ sgpinosum AB. vont aatee ste ave eee eae 30 F WAUcchoy s'est os oa cians Seine Che re rere 59 PAZAMG 5 sise RCE PO TETE ee oe 18 FUCAGRES ETS oer tie aces 0 NE de alee DOTE ES LR. | ROGERS SR TRES essieu II Fucosane....... NT AL LEFT hae roots Whe ee eae 13 BHCORE Scie AT cele wee were ae PRE SR Wie hee D VCD à = eee FBUCOSOL Ss ns Spied ses nee cee r when ae ae tee ee 12 FUGUSs 225 ANT Per NET Tr Oe ence an eens ao SEER Fucus conferpoides Li. Re ence a ua ates woot — y-corneus Huds, 37 nee ovine osama 26 = (Crispus LINDE: occ en Te à 135 Pac “3 = Uesculentus Lin. ss rer rent LR IT ae — jeyanescens Ag 5557, ois oh Rae era slog 23 — filicinus Wulf............ ea ed ee east Be << foltosissimus LAS sdk vases ce enr 24 — Helminthochortos Latour....,............. «ee mm NAFANS: TURN; Le alt RTE Meee 24 — obtusus Huds....... RER PT Un til 32 =. Osmunda GRR NAN ee 32 — papillosus Forsk.....:........., Gas ca eerie DAS — pinnatifidus Gm................. caer ge — Teedii Turn.......... Te SP GREE 28 a= “FenaxX TU: ue 25e este ere ae 35 — tenuissimus Good et Wood.. ana ree Ee 33 = SACCHASIRUS Aa. ns au raser ta stuhee 21 = serra Gmel.i.,,:,.:2: RS sie seh RER 26 Fucus vesiculosus Let asic esac cc caseaed 4, 7, 14, 65 — vesiculosus Post. et Rupr................,... 23 — vesiculosus var. evanescens Ktz.............. 23 Fukoro funori............ SSR Pe 57185 Funori (plante)............. ET à he ate eee tebe We — (produit)...... vial tice Pens eee si: 249, DO DUO Ne oiseau ete vate em Sab 12 | DO TRE aia Se PMP «Ghat HE LE 20 |; & - UMMM Cylon ty ak Gag beat recat sae ess cee 12 ne de de Lada rare urgentes 26 Gelidium Amansii Lamour..........,......... 27, 81 Pat DUENUALUM FUEL iii Seas cour de 27 — capillaceum (Gmel.) Kutz, polycladum (Hck). 27 pea @UPLIACORNE Bite. 6 cos ca de ses suce ne 28 — cartilagineum Gaillon............... 27, 65, 66 — corneum (Huds.) Lam................... 27, 64 — corneum pinnatum Grev............. RAP 28 — corneum Pristoides J. Ag................... 27 ir, OME RUE once TUE ee Des abs s 27, 81 Pie UME ODES id Oe do's lisant une Sed ss 27 Pom AAV MOIGER Kg. olin euh ante te 27 =. -Japonicum Okam....,......:..,........ 27, 81 — latifolium Born..................... sakes 37 — micropterum Kütz......................... 27 — polycladum Kitz......... Pea trae aha 27, 81 — pulvinatum Thur......................... Nene —. pusillum (Stackh.) Le Jol................... 27 RON MAR Cs oo face sess scutes ccs ks sas ace 27 Pe OMIM IB sans kb ce ciao causa à cee 27 — rigidum (Wahl) Grev....,.................. 27 — subcostatum Okam . SES Ppa pe ae TEE NA 27, 81 Ginbaso...... mare dore es 24 OE NS PRE PEN OR ER TONER 28 Gigartina acicularis Lam......................... 3 Sete ADR MANN ta ec eee NL res 35 er GEA GE: INOU Ce ne LT, 31 = compresa HO0K:,.-.:...,::.,.......,... 31 MIO PAR En ne sce 3; 5 TO SE none déc a ses 28 el JUlGCER BOY; 2... 2e RULES 32 = pistillata Stackh..,:.....,.:.:..........,. 5 — Teedii (Roth.) ‘Lan DE od LEE ES 28, 58 Gloiolpetis coliformis Harv..…................... 33, 37 meee intricata Sutings., 1.1 ......,30 35 rn ienax (Turner) JL Ag... de oie 35 GLOIOSIPHONACÉES ...,.........,.. ems ON eae de oh SE dde Seats dene beh ae cas eich ee iis 3 Gracilaria armata (ha ) Grey. ES Sidon! or date 31 — compressa (Ag.) Grev.................... Si; 27 — confervoides (L.) Grev........ 30, 31, 58, 65, 81 — coronopifolia J, Ag.................. 31, 42, 60 pare MOORS Hart aitu cid ogy TR 31 — divaricata (L.) Grav....... oser rer 31 4 Monenoider (E-) Mary... 3, 31, 81 ds. Bien Rogar Tel Era ri es 35 Grateloupia affinis (Harv. y ORM ce tue. 305: 98 — filicina (Wulf.) Me AM cease saws 35, 36, 42, 58 Listen Sas eo toe e En eee ss 34 Gripithsia corallina Ag....,.......:,........... 3 Gymnogongrus disciplinalis (Bory) J. Ag....... 29, 42 — flabelliformis Hary......... ie ART ER .« 20, 58 _— vermicularis americana J, Ag......... vee 29, 42 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 95 H ADR HOR hs Li Ven eee sion Van ed à da da go 19,.58 PAR QE ear CA Shes nay eS re PL 18 PERE ER oe A bly oe rene Sk Cee eae rue bare LOIS 21, 59 Pattee sees sieur RE MT ETES 33 PERTE ET NS Vickie Que den Un ne ones To teres 21 Halopithys pinastroides Ktz...................... 4 Halurus equisetifolius Ktz..................,...., 5 Halydris: stliguosa: Eyngb: is heures ane. 4 Halymenta.carnosæ:Kuetz.5. Sos avg oe cae ceases 29 Her MONEE SUNG. EE LS cated Se nee » ONE D Ter 29 — formosa Harv........... Rina Mehr sia, Lee RSS 35 Halyseris plagiogramma Mont.................. 60 Halyseris polypodioides Ag.............,......... 4 ETS PRET RE io PT EU EMPIRE Se ES 22 Himanthalia lorea Eyngb:.. "imite 6 Helminthechorton, Ever mie ds rae cen sess 4 Heterosiphonia coccinea Falk..................... 4 LE PA RE PR eae ne A En 27 OR RL en Eu eo rando see 23, 57, 65, 68 PEWS RSR gore riko ca h as dar ele nn vce ss one secte m9 81 ge ERT eg CGN Bc Sr a ae a SA nee Ee ee ae 18 Hirome undarioides Yendo....................... II FLOM WAER sO sail ccd cipiaitials Piss a's ire s/s eee ee sie à 24, 58 PORTO VE TE a 2 LE MR eme Lire e anne d'au 28, 58 TAY RNA Mot CU TAR elas on geen Sere ticks. Smee: 31 ma? REPAP ECOL: RNA 60's sas Peli re o en le ne aies shy aie 31 ae IMMECELOTINES AM ee piaisie dents ee à des 5, 30 eo. nidifica J:'Ag:........* Se PAR AE LA A _ 30, 42 I PR MES cena ur «cia ssesertiettie sie. 34 OM ys tales nn ties à 9 co Lo LS 4 12, 61 J Sapaninche: Glatine.ahe) ssid ei cae hae ole 27 Japanische: Hausenblase "minimes. 27 PR nan de rente revu en vibes Meee eae abel He 85 K EST STs GRP ier ate ioc UE Pee ek 32 RS AR Pe a Ay erie sR ei a oies cost ile 22 1 RTL Re Or AE ER erase PR OST ET 22, 57 RAD aa den need Le moe Fs ral MADE ots ae Peer sec bs Suenos 27, 28, 44, 59, 67 BRIE corer ae ee het sees aie eue De 22 KAUAM ma ere sinloin sno espece dose wig ig tte 20 Rea yAMo-nOr ds. oo soc 6 cine co cies. dde pres espece 19 BIR DIWOGOSDA: Es mes sement e à 33 RURUSR 2 Dre rdus ice ee eve are aie dinie AREA 27:81 BIRR Sieh Dr ae ee a ne MR ee dE ALES » 31 RON core cots cra retin sins douane tte 1 eat à 21 BORO: DUO Len lens rene. ile: 27 lKombu....,..........se.. 20, 21, 43, 51, 65, 67, 72 Kome-nori.......................... PEL TE 35 BUM CROP. source sonores ste meu ab 25, 59 06 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE ‘ L Lata. ssh clea: RECON Ee TS ET eee 32 Laitue de mer nie ss dae vk a SRE 20 Laminaria angustata Kjellm...................... 21 = SCOSDUHOSA Ss AR. a1 RS Kv ees > wah ee cree 19 LAMINARIACEES, .............:.. eee Pe AU RR pa 20 | Laminaria crispata Kutz...) 0)... cede cee eee 21 = UCIONSIONs Le TOL S505 og RER SERRES 10 = \diaboltea”Miyabe. ia: 0 tabac mere 21 = EPRI GIG Lam... perse en Ce A 14 D HAUSOIQ AR re ates o's opined ER RSC en, 19 — Plexteaulis Leol..:,,., ds: caserne 14 |. Sor YP TOPHISAMAYADE! "Se Ce cot yas 21 eect BYTOLG BICUM Us ne sve ias sae er 21 — japonica Areschoug.............. 21, 65, 66, 67 Tre TERE ONG ABE i. ccs Wear Heeb Urea eet Re 21 — longipedalis Okam............ aa De Le Meee 21 — dongissima Miyabe.....,.....,.....:..2. 21 =- | ochotensts Miyabe vin eis. os. nce ote uns res 21 a PAAICOSA KICUM nes aces es ee pee 22 — religiosa Miyabe................. oie eas 21 — saccharina (L.) Lamour........ 6, 7,44, (215.65 TV CLOLMSIGAIMIVE DE racy eee sans Use stm eo 4b 21 LORRAINE chu clas cae ces wane does ie arp ie cee € Laurencia obtusa (Huds.) Lamour........... 4, 32, 42 —. papillosa (Forsk.) Grev.............. .... 52,142 — spérforaia) Mont... ina sens Diese 32 — ipinnatifida (Gm.) Lam... oi. ses sede seen 6, 32 — pinnatifida B-osmunda J. Ag................ 32 — tenuissima Grev.........,..3.. RE TU 33 A PARA CAG.) PART A eee rar et Le he 32, 42 DaVOr- Den ED Do Rte) re UE . 6 Lérulosane RS ans ean ASE st ate 12 Liagora dectissata. MON: tn tee oe to Une SnwalG Lund ananas vias pis ais ated Rat Pte 18 men AUAAK OAS Serie cic Er Apts ss aire dr RS 19 TN 0 OU MEN PE EE A TR he ee 29, 60 RS A | LÉ PS ON wns wore RUE 27 Se AIAN sie en TS OMR Cea eels CR NETRA 25 = AUD DU oy ssc 58e ure den Sale buh Sieg eee NU 34 abs WIR WIR ers 2.0) oly ow are Sale vig tain LAN EURE Le tb 29 > WEKADAK ADR. 330. Tant PRÉ rane ees 27 et ekahackatea 28022 i tia Peru loos see 29) en TO PM AE EN (aac Mr eae ais 29 ra OPCEIE ans e's v's terre Panier Le Meee are 17, 60 me. MEWANC:. -Linss0n idee rm NN be ee ONE 33 = MOWHNOs. NME curseur etene 17, 19, 34 Soe Waban SAEs Sia PES PER HAE RUE 17, 04 — hulupuaa............... IC BoP Men e tare 34 — hulu wawaeiole............... se 15020 004 — “huluhuluwaeha 10040020 er 35 NS. FT EE Er EU TA, Sa 30, 31, 60 A RARE NE Re ET DE 5 24 A URATIPOZ + 62 «sale Sila tes ce Sah eR ERS SRE 34 2 SAAD 5 icy ols oa 56-05 5 vse RRS RICA AUS eee 24 CINE, Soy as aig Sos aS SN Np aka ers ie ees Re 27 OCS. 5:05. Moat oe ae hans UN sae oe 29 fs RORICEIC. oe a sie cp AD eee AT RS Mey ys raaes 29 a OR NE en ene ne f Limo kobu i... 8/55 535555304: au 32, 36, 60 =— epedhina, $542. tte vistas teas enn ness 35 — “Sipahee.. 005 ses santo ene ee 25 — ‘lipahapaha: i, "css cae oe eaten AAA 16 =: Mpahu 5, Fiat HAE Ar ENS 25 =. Mipee 52 use She MODEL RER Me à Hipeepes. 505 ARS SIN Ur ne sera De 32 = \Aipep6ia0 5 5 casas pe enue tine Pe | NPA er. bee eb TO eae cute sae 24 — lipuupuu...... Serena Ten Sue's de NUS ARS . 18 + HOIOAF cos es TRE ER 27, 28, 60 =r MANAUEA, :, oss esses PRE pue: » 31, 00 — maneoneo....... A Era FRA GARE RARES 32 — MANU... 42e 2220 0er PE 17 = MOOPONA 44 ba Eee capa eee TRES 34 = hanalON Se nr er EE os 40 7 MCL cos IE rar le aoe aera 29 —:\ ONpeepee LISA NE IRS AT OMR eee sise AE TOR OOM ES NET Me sina Deon RS ANR 31, 33, 60 =" pahapaha LR RE Rec el AE 16 — pakaea............. fais (D CT walk RE 16 =" -pakealeawad.. io 025 vas ab papi Care 35, 36, 60 t#— palahaloa. 5er aur, re 16 PH :PÉDÉIAO nv et aire teen SES US 33 = pipilanin: <2.) yo. apse MEN meee ae 17 =" PUR isso 6 <59.2 tee me RR gtr El 25, 33 = piakivs. ees eens Ee es Waa en re vee 26 = WaWaGlOle. cM SN weave NE 18 , — wawahiwaad:.... 0... ce e ve seee Ser ee 24 re “SWAWAIMOR Ss sits abe Fn hs Rae se Ur RE 18 ELURORAMAION TETE NE ITR EE TE EN age sis SEC 3 Lomentaria articulata Lyngb..................,.. se M MARDI. 53 055s ato RE tates ap nn eh RAR 33, 58 Mannane) 4,50 vicina vores voces Dine eh aes te whe 12 Mannite its cays hae ioe sage USER 3 Matstma 14.4 "inertie ons vero 19, 58 Mesocarpus sis ess RUES Re ue Mesogloia Bertholonii Moris et de Not............ 26 = “CYQSSA SUITING. eee anne Danese eee 20 — decipiens Suring................ LIN _ 20, 58 Methylfurfurol 55,50 site ees yet e's 10 $ ice © Methylpentosane ......... Rss ak AVR BE ex 12 MU, UE trees idee ET 18, 57 Mousse de Ceylan............ RE HO rs 2 > ie GOL COfSe aia dice none eae NUE 14 — d’Irlande (Voir Carragheen)............. 2, 3,412 MOZOKa TS a san ce ES ooo na eee 20, 58 Mikade non: 02a. int Etre Dea} 35, 58 MUia-Sakiniorts heroes ti eee sans eee Vois Ce Mushiro:1552:04 5eme teen Rar mia 37 N NADOMUSU Sons's Si iae eae me Pers ren nn 41 NÉMALIACÉES......... PT TS TR PEL os eens ono Nemalion attenuatum J. Ag...................... s U+-27 a ee, ee. os ee É re GE T. WI. — Fasc. 1. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 97 . Nemalion Bertholonii Menegh............,....... 26 Pterosiphonia bipinnata (Post. et Rupr. ) Fikbg..... 33 + AMON Ider COLOUR ss 2.14. ofa F Pontire: de. Pye os oe aie ge RS pen ene 5 2 D ubriqune Doyle cs eis 26, 58 — vermiculare Suring...................... 26, 58 Niu mau........ ED A ed oe PEUR PEER ET PE 27 E 5 Noix de coco .............. DRE DEEE à ER rece es os mari, 85 Nostoc commune Vaucher........................ I PTE Sel Se eae eas RE PERNT AL BORE RS 38 Bhhaoindde MORALE otek koe 12 o Rodeos ieee iis iidaraiy re SNe eso ees caeslhe er LI) we 12 RHODOMEEACERS Win. Ga. os due ten BU e du ea ek 32 Li UT ER NE Se ic RE AC RP IE RCE pte ae» 31, 58, 81 | Rhodomela subfusca Ag.......................... 4 Nine éme ees qe qu ge inet GaP RAODOPHYELIDACHES 2 EU es ees der 29 URINE os ne dd nc Goalie see à du eo 0 29, 58 | Rhodophyllis Montagneana Ktz................... 30 PLUIE RE A PE PE SOON ES he SEs P'RHODTAENIAGÉES NL. 600.6 Mn sn es en ee 31 Fa ere Rhodymenia palmata J. Ag...................... 53/6 Sage P = Montapnenna: Uo Ag osseous a ose ce ANR 30 RFRPR lea NCIORIS Ag 5e So 2 RAR PORT 1 ods hv cesta ses ee 5 MR de rar Sip evscsceatases 6 s nr se bre nss qu'en 50 | Peyssonelia squamaria Dence...................... CE Le POS NGS RES ST MERS PR RUES 22 Phycoseris australis Kg...... MM Rinse eat sites SOU SRB COR cca gies Cred Seu NT Cheese dou 21, 59 eee CN EMDOAIE BIZ Ur oa peyh de cote cesses: 17 | Sarcodia Montagneana J.Ag...................... 30 Re MACRO RODS EU Cure eo 16 |; Sarcophyllt@ edulis: Si Ag... eee 6 nee sos drone à 17 | Sargassum bacciferum (Turn.) J. Ag............... 24 ah pen emo es de 0 à 16 ah CMOS AG coe Pak A ayy os asset n os 24, 42 RE TT AN ES Re PE RAC POI PRE EE LEE 16 wet CCRIROCATDUM TS ARE. EE de 24, 42 Phylloderma PE TT ME Pi lees SO OIE a dé e 57 EU CORRE THAR eons etd salen oahu iia va soak à 24, 58 paviitie cæspitosa Le Jol, 2.3 oy ccs sec ce cee ccese 19 = juirellunes ORAM Gy sos oh oh os ok fede oh at 24 SM MOSCA ER ne dure race EUR 19, 58 — leptocarpum Ktz....... ER CNE ME PR ne 24 DO ET lise are pean RUN ne de Belew due à 13 — polyphyllum Kütz.......................... 24 Plocaria candida Nees....... APE AS reat Rape 31 Swe PR ROLE NaI gS os os cde we awk gts 24 = compressa Endl..;:.......,,.,.,. ue. 31 — vulgare v. foliosissimum J. Ag............. 24 — lichenoides (L.) Mont...................... . 61 | Schottmuellera paradoxa Grunow..............., 28 Plocamium coccium Lyngb..............,...... 25 | Scytosyphon Jurgensii Ag......................., 17 . Polysiphonia fragilis Suring............... omer 33 — filum y lomentarius Ag...................:.. 19 — bipinnata Post. et Rupr.........:........... 33 — lomentarius (Lyngb.) J. Ag.................. 19 feet SP UNICUIOSE SDIERR ms roc ccs a'ses ss eT Oe ao ta cat lees oes er Eee Pane TREN Anos Nr AE 40 Meus OLR ERs RL iets Up ce slise ev oo. a 0's DOP RRQ RS het noter dent deed teres hs cea 27 — purpurea Post. et Rupr..................... Bait EN WRASRES «a, a Tels. aus nese ctr ee ee uen à ‘30 — tapinocarpa Suring........................ a tent cog ccc ode Ne Go aeit gis doses dde Me 31 ARRET COM RP PR TN ore AT SPURNS HOP cain TRS DL ea eo MEE Lak oop ais corse Meee 28 Pomme de MONDE. 4.1... ........ we Oe GS PIN Aten GUGM UT nee ss aie nh AS cece ee 27 Porphyra atropurpurea (Olivi.) de Toni........... BANOS Cais ire isle ook UE eed CP Raa chokes 345157 LE PE OO PP D PLUS OO SR nee ere etn de WEE eee die gene 25 — laciniata (Lightf.) Ag........ 6, 8, 25, 36, SPECIE SO arin pares Ok LC ER VE MR AT ES CROP ER Rone 6 Ment MUCOSHCIQ EUR ser neuve e 25, 42 | Somen-nori......... RSR à PES NÉS ET FE 25, 58 LIT AUTe CERN PEER DENT AN TELE 25 | Sphærecoccus armatus Ag........................ 31 Set icrOpRr UG Zend... acces. 25 Ent CATIHOMAREUS À, ne sure cendre 30 — nereocystis Anders...........:.:........ 25, 59 — compressus Ag....... Rep Urea eo ie Ne de 31 eee OM TN ST Ve o's pu.» wep Su Shoe eens og hee 59 Ss CONPETHOMIAE AGS > ceca paca ssc ny ae donne 31 LA LC GA ET ORNE avis oo 0 ¢ds,c0 00 ene 25, 59 ices CORMOUES ART of ters og vind ees due e RU ae ee 27 De ONT A MICU o5b\ it ie decease see cess 59, 65, 66 seme Gaverizens ROZ: 50 erreur e 31 D NMOIENSIR HAT. 6: ccs tices vy ses ese ee 33 ant), PAIGHMOSUS Ale... vs vhs deteste Spates GO OUR RES oc vines ss «6 tot eo vence 25 =" lichenoides Ag: .. 5er ses eds esse 31 ONCE MODE. octet sp sss ciess osc osess 25 ee ENTE KZ De dsl sti vensensss 30 REE CSCS D es Sea an 25 ai SHINOSUS AR’ SUR Tee ce os cat de eel ys es sois 30 IR TION ssc nd een ss oe 25, 67 | Spongocarpus enervis Ktz........................ 24 Pterocladia capillacea (Gmel.) Born. et Thuret.... 28 | Spongodium dichotomum Lamour............ + SRE I 98 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Sporacanthus cristatus Kütz..... ARR RER 2 34 | Ulva Enteromorpha lanceolata Le Jol............. 17 Opyridia clapulata dS. Ags. ec a trame 34 — fasciata Delille.......... ss RTE ee ane 16 — filamentosa forma spinella Harv............ 34 = IMaciniata AR ert re: tree) eee EE 25 — spinella Sond.......... Aas de ene Rese 34 -— i dactuca (L.) (Le Jol. RS ER 5 iO, 59 Stigeoclonium amænum Ktz................... 17, 42 — lactuca f. laciniata Wulf................... 16 Sudaté (Culture au): :5.:7,.000.0.00: rade OF ble 37 — lactuca f. rigida (Ag.) Le Jol............... 16 Suhria filicina (Bory) Grun....................... 27 — lalissina GTV... Re Re RNA 16, 65 — : Japonica de Toni: 0, 27 — latissima palmata Ag........ Ro erey NEA 16 Shin LO 2 eee ei SL eme nee 57 — .: papillosa Ardiss =... ere en ee 16 D Lie Cd LOS PCR RE RE EET LER Ee Ee LLY Ree icon COR 40 —\ penniformis 02482 PSE RS AT 16 — Rothiana gracilis Le Jol.......:..:2423240 17 T Umi soomen:!.. 1724002 RSR CREER 27 Umi‘zomen.,...:.:..%. RARE TS PEL r 30 an A Li 26, 58 CT PAROLE LE Ur NA RER AOL 3 es DE oe ts 38 | Undaria pinnatifida Harv. ............. 22, 57, 65, 66 TA SRUTU SEE bocce occ NU On ra Nul 32 | Undariopsis Petersiana Mig. et Okam............. II 5 Sites cree ann ete be sens Eu Re eue RU 8 Denia re MT dde renteNote RSS PE RES 19 Vv M'ORRUER oe es sea cea ek near ee terre 27, 65 Whaataxine 5002 orme ARO 4 SOS 85 | Valonia ægagrophila..................... Satie teas 65 MARS cc ent ues oes Sates 33, 34, 35, 27, 28 | Valonia cæspitula Zanard........................ 18 Toï-choy....................... css. css 27:50". VACONIACHES, «av UT RER eek UMR 18 TOLOFOSCN BUSA 1.0.0 0's 0 nes ee» AA SAE EEN ES 27°) Valoniatncrustans Kitz: saa. ose ese a vee ean ss rer 18 TPRGROTER IST ee TER oe oh ets es ary Dito es ares 27 = utricularis (Roth.): Ag... ec MONS 18 Tokoro tengusa ...... tec e este ete terete ee ete eee es 27 | Vdicherig Plus... LAUSANNE 65 TOMASI 1 5 ios eds din slone ne si) Vues 0e - 28, 81 | Vegetabilischer Fischleim....................:..... 27 Wosdkarn css 4 once Fes he ey Fe tise alt 29, 30, 58 MESSER Sars nae eda hase ce soa eg Wes nue eh Se pe kes 27 OSARM OTIS os eens vases. fear es Aa os tier ean AND 58 WwW gE ET ER eR Tae en Ve ODA NUS 30 Weenie: 111... Uri Dee EVER . 22 EU Ur Bo 5 eos eats tr sa oe Ae OS A me eee 94 ft Wakames: =: TL oes AR eae 22:07, 65, 72 TACRATE RCA ALL sour NES En CAN PSE SR RSS 27 | Wildemania laciniata (Lightf.) J. Ag.............. 25 DANSE Se ee er Le marne ter) den 27 a perforata (J. Ag.) de Toni....... FESR We al. A SUCHOV aie tie cad bere eh pd De dure ko Bean Gee 59 SCO MR So Sore oo solo eh ee ain oot en ee 22, 58 Turbinaria fusiformis Yendo.................... 23 x KPIANÉ ay cats vaste dore OR SN RE U : : 7 y: Ulopteryx pinnatifida (Harv.) Kjellm...... 11, 22, 65 ULVACEES...... A SEE AS ana haa 6 5b. 4.e eiolpinjois ats ge {MOE RIES ay yee AEA TS oye 34 Ulva compressa prolifera J. Ag.................. 16 — dichotoma Huds............., 4.44... 25 Zz — Enteromorpha compressa Le Jol............ 17 _— — intestinalis Le Jol............ 17 | Zygnema.............. sers ea sa ae oa et eee nae NO TPE NE all CON k Bc CP er © a sa "3 4 >». Ê fi va SUE eRe eR Sd ee TABLE DES PLANCHES DT. PLANCHE I 1. — Laminaria Cloustoni Le Jol. Coupe longitudinale faite à la partie inférieure du point végétatif. A droite de la figure, il n’y a pas encore de méats. Ils apparaissent d’abord vers la périphérie, pour être refoulés progressivement en dedans de la couche corticale. is méat le plus interne possède déjà, à sa base, deux cellules sécrétrices (d’après GuiGNArRD). 2 et 3. — Laminaria saccharina. (L.) Lamour. Réseau mucifère d’une lame ayant 80 centimètres de longueur et 16 centimètres de largeur, pris à 20 centimètres de la base de la lame. La figure 2 représente le réseau sur la ligne médiane, la figure 3 sur le bord de la lame (d’après GuiGNARD). 4et 5. — Laminaria Cloustoni Le Jol. Réseau mucifére d’un échantillon adulte, dont la lame comprenait cing lobes. Les deux figures ont été prises 4 une distance de 10 centimétres de la base de la lame. La figure 5 représente le réseau dans le lobe médian; la figure 4, le réseau vers le bord de l’un des deux lobes externes (d’après GuIGNARD). 6.— Laminaria Cloustoni Le Jol. Coupe montrant le développement des cellules sécrétrices à la base des méats. .7. — Laminaria Cloustoni Le Jol. Réseau mucifère isolé par deux sections tangentielles pour montrer la formation des anastomoses (d’après GuIGNARD). 8. — Laminaria Clonstoni Le Jol. Coupe transversale montrant * formation des méats dans l’assise sous-jacente aux cellules superficielles (d’après GuicNarb). 9. — Laminaria Cloustoni Le Jol. Figure représentant la moitié inférieure d’une partie du réseau glandulaire, de façon à montrer par leur face supérieure les glandes gl’, gl; p, le parenchyme de la lame (d’après GuiGnarp). 10, — Laminaria Cloustoni Le Jol. Section transversale de la lame. Le canal médian offre deux glandes, à cellules disposées en croissant sur la section; dans les deux canaux latéraux, les croissants ont rapproché leurs bords, de façon à former une cavité tubulaire. Au sommet du tube excréteur du canal médian l’épiderme est légèrement soulevé (d’après GuiGNaR»). PLANCHE II 1. — Laminaria longipedalis Miyabe (d’après SmitH). 2. — Laminaria japonica Ares (d’après Smitu). 3. — Laminaria Cloustoni Le Jol. . A droite. — Plante avec sa jeune fronde déjà découpée et portant encore celle de l’année précédente — point végétatis ou zone génératrice du pied et de la fronde. A gauche. — La même espèce très jeune (1/3 grandeur naturelle, d’après GuiGNaRD). 4. — Ulopteryx pinnatifida (Harv.) Kjellm. Coupe transversale passant par une jeune glande (d’après YENDO). 100 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 5. — Ulopteryx pinnatifida (Harv.) Kjellm. Deux glandes voisines, en coupe transversale (d’après YENDO). 6. — Ulopteryx pinnatifida (Harv.) Kjellm. Forme typique d’une cellule glandulaire, en coupe transversale (d’après Vanpo). 7. — Ecklonia bicyclis Kjellm (d’après SmitH). 8. — Alaria crassifolia Kjellm (d’après Smiru). 9. — Arthrothamnus bifidus (Gmel.) Rupr (d’après Smrtu). PLANCHE III 1. — Alaria pinnatifida Harv., état jeune (d’après SURINGAR). 2. — Turbinaria fusiformis Yendo. : Deux formes de la plante (d’après YENDo). 3. — Fucus evanescens Ag. Deux formes de la plante (d’après YENDo). 4. — Phyllitis Fascia Ktz (d’après Okamura). PLANCHE IV an Lohan: 1. — Gracilaria coronopifolia J. Ag. (d’après REED). 2. — Hypnea. — Limu huna (d’après REED). 3. — Sargassumenerve Ag. eee) Frondes fertiles et fronde stérile (d’aprés YENDO). 4. — Ahnfeldtia concinna J. Ag. (d’aprés REED). 5, — Grateloupia filicina Ag. (d’après REeEp). PLANCHE V 1. — Laminaria Cloustoni Le Jol. Réseau mucifére de la lame adulte, isolé, vu par sa face supérieure ; 6, branches des mailles du réseau; g/, cellules sécrétrices groupées en états glanduleux; t, sections des tubes excréteurs qui se dressent vers l’épiderme (d’après GuIGNARD). 2. — Ecklonia cava Kjellm (d’après Smrra). 3. — Hawaïen cherchant les Algues dans la mer, à l’aide d’une boîte munie d’une glace (d’après REED). 4. — Porphyra laciniata (Lightf) J. Ag. (d’après SMITH). 5. = Ulopteryx pinnatifida (Harv.) Kjellm. États variés de glandes vus sur une même coupe transversale. Au centre, il semble qu’une cellule glandulaire ait fusionné avec une cellule épidermique (d’après YENDO). 6. — Ulopteryx pinnatifida (Harv.) Kjellm. Section transversale d’une fronde montrant une glande adulte avec son contenu (d’après YENDO). SU TL SE CS SN. es | ne Ces mere de ee Se” dd 7 et 8. — Ulopteryx pinnatifida (Harv.) Kjellm. Orifice externe de la glande vu par la surface. En 8, les cellules épidermiques sont en voie de dégénération (d’après ou 9. — Echantillon de wakame, photographié d’après nature et un peu réduit. LP nl PLANCHE VI 1. — Amansia glomerata Ag. (d’après OKAMURA). 2. — Gelidium subcostatum Okam. (d’après OKAMURA). 3. — Acanthopeltis japonica Okam. (d’après OKAMuRA). 4. — Gymnogongrus flabelliformis (Harv.) (d’après SurINGAR). 5. — Polysiphonia tapinocarpa Suring. (d’après SURINGAR). 6. — Gigartina Teedii (Roth.) Lam. (d’après Okamura). 7- — Oigenea simplex (Wulf.) J. Ag. (d’après OKAMURA). ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 101 PLANCHE VIL 1. — Asparagopsis Sanfordiana Harv. (d’après OKAmMuRa). 2. — Halymenia formosa Harv. (d’après OKAmuRA). 3. — Gelidium pusillum (Stackh.) Le Jol. A droite légèrement réduit et à gauche très réduit (d’après Surincar). 4. — Polysiphonia fragilis Suring. Divers rameaux (d’après SURINGAR). 5. — Eucheuma spinosum Ag. (d’après OKAMURA). 6. — Gloiopletis coliformis Harv. (d’après Smiru). 7. — Gelidium japonicum Okam. (d’après HoLMEs). a me PLANCHE VIII 1. — Gloiopeltis intricata Suring. (d’après SURINGAR). 2. — Gloiopeltis tenax (Turn.) J. Ag. (d’après HoLues). 3. — Gelidium corneum (Huds.) Lam. (d’après Smrrn). 4. — Gelidium rigens Mart. (d’après OkAMuRA). 5. — Hypnæa musciformis Lamour. (d’après OKkamuRA). . PLANCHE IX 1. — Une feuille d’amanori, photographiée d’après nature et un peu réduite. 2. — Rouleau de funori (d’après SmrrH). 3. — Kombu (Échantillon photographié d’après nature, un peu réduit). 4. — Kanten en barres (d’après Smiru). 5. — Kanten en baguettes (d’après Situ). PLANCHE X 1. — Plan du village de Hirayashu (d’après un plan donné par OKAMURA). La terre est en grisé. Les lieux de germination sont en noir et les lieux de transplantation en blanc. 2. — A gauche, un sudate ; à droite, la pièce de bois servant à l’enfoncer us la vase (d’après Smitu). À — Préparation du sudate (d’après Surru). — Plantation des sudate (d’après Situ). 5. — «Larve» très grossie de |’ «insecte » Sei (d’après OkamuRA). 6. — Instruments de pêche servant à la récolte du kombu (d’après Smiru). 7. — Récolte du kombu (d’après SmrrH). — Flottille de pêcheurs recueillant le kombu (d'après SMITH). — Séchage des grandes laminaires servant à faire le kombu, sur la plage de Hokkaido (d’après Smitn). Analyse d’une poussière éolienne de Monaco et Considérations générales relatives à l'influence de la déflation = sur la constitution lithologique du sol océanique, Par J. THOULET, Professeur à l’Université de Nancy. L'étude des poussières éoliennes importe à l’océanographie. Répandues en abon- dance au sein de l'atsmosphère au-dessus des continents où elles prennent naissance, elles sont entraînées par les vents au-dessus des océans et, comme elles finissent tôt ou tard par tomber à la surface de la mer, elles descendent à travers la masse des eaux et parviennent sur le fond où on les retrouve. La lithologie sous-marine ne saurait donc se désintéresser de leur étude. II convient, par conséquent, d’observer d'abord les poussières continentales et d’essayer de connaître, à l’aide d'analyses, leurs caractères constitu.ifs et les lois de leur distribution. On appliquera ensuite ces connaissances à l'examen des fonds marins et on cherchera à retrouver i les caractères de ceux-ci les effets et les consé- quences des lois découvertes. Une analyse de poussière exige de 5 à 10 grammesenviron de matière d’essai. Divers appareils ont été imaginés dans le but de récolter directement les poussiéres atmosphé- riques; mais, quels qu'ils soient, ils ont l'inconvénient d’obliger à une installation parfois assez importante et de ne fournir qu’un faible poids de matière d'essai à peine suffisant pour un simple examen qualitatif au microscope et insuffisant s’il s’agit d'une analyse quanti- tative, même approximative. I] m'a semblé plus commode de recueillir directement les sédiments éoliens dans les clochers d’églises où ils s'accumulent et où ils sont, grâce à la hauteur des édifices, débarrassés des matériaux grossiers déposés sur le sol et s’élevant - peu. On les récolte de préférence sur le dessus des poutres qu’on balaie avec un pinceauet en rejetant, bien entendu, les matières évidemment étrangères, fragments de bois, débris organiques et inorganiques divers, carapaces d'insectes, brins d’herbes desséchées, plâtras ou toiles d'araignées. On met dans un flacon, on secoue, et il n’est pas rare alors que les T. I. — Fasc. 2. I 2 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE toiles d'araignées dont il est assez difficile de se débarrasser, se feutrent et forment une boulette aisée à enlever. Après de nombreux essais, le mode d’’analyse que j'ai adopté est le suivant. On commence par passer au tamis 30,afin deséparer une certaine quantité d'éléments étrangers ; on lave à l’eau tiède, on laisse déposer, on supprimeune nouvelle portion de matières étrangères restées en flottaison, on décante, on sèche et on pèse la prise d’essai après avoir eu soin d’en mettre de côté une petite quantité destinée à être observée au microscope au point de vue des éléments calcaires. Il est utile de ne pas employer trop d'eau pour l'opération, car on peut alors prendre une goutte du liquide, l’évaporer sur une lame de verre et examiner les sels cristallisés. On observe fréquemment ainsi des traces de chlorure de sodium provenant d’embruns marins pulvérisés et entraînés par le vent à des distances de la mer quelquefois considérables. Le poids total de matière d'essai varie de 5 à 10 grammes, selon la proportion supposée des minéraux contenus. On dose alors le calcaire par la méthode abrégée (1), au moyen de l’acide chlorhy- drique étendu de deux fois son volume d’eau. On évalue l’acide carbonique dégagé par perte de poids et l’on en déduit le poids du calcaire. Aussitôt l’opération terminée, on verse dans une capsule de porcelaine, on dépose, s’il y alieu, un gros morceau de marbre afin de neutraliser rapidement l'acide en excès et l'empêcher de trop attaquer les matières ferrugineuses ; dès que toute effervescence a cessé et, après qu’on a ajouté de l’eau, on laisse déposer et on décante. Le résidu encore mouillé est lévigé et passé au ballon à robinet, de manière à le diviser entrois portions : A) Le sable, résidu immédiat de lévigation ; B) Les fins-fins, soutirés du ballon; C) L’eau bourbeuse restée dans le ballon. La portion C, versée dans une capsule, est abandonnée au repos; on recueille les matières légères généralement collées contre le bord de la capsule, à la surface de l’eau; on décante, on sèche et on pèse. Une portion, préalablement pesée, est calcinée, et la perte de poids, considérée comme provenant de l’incinération des matières organiques, permet de calculer, dans le résidu total, la quantité de ces matières et celle de l'argile. La même calcination partielle est faite sur les fins-fins B auxquels on a ajouté les fins- fins retirés du sable A par un tamisage au tamis 200. On a ainsi le poids de ces fins-fins et de la matière organique qu'ils contenaient. £ Le sable A, moins les fins-fins extraits, est pesé, et son poids, ajouté à ceux des matières organiques, de l’argile et des fins-fins, sert à obtenir, par un nouveau calcul, le poids:du calcaire. On le passe ensuite à la liqueur d’iodures de densité 2,8 ; les minéraux tombés sont isolés, lavés et pesés. ‘On étend d’eau la liqueur d’iodures suffisamment pour qu'un témoin de ie hyalin tombe bien franchement; on soutire et on obtient les légers. (1) Voy. TaouLgr, Instructions pratiques pour l'établissement d’une ‘carte bathy métrique Roatan Se et sous- marine (Bulletin de l’Institut Océanographique, n° 169, 25 mai 1910, p. 12 et suiv.). 33 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 3 Enfin on ajoute encore une nouvelle quantité d'eau à la liqueur, ce qui fait tomber uné nouvelle quantité de matière organique qui est recueillie. Les fins-fins; les légers et les lourds passés au barreau aimanté donnent les éléments attirables qui sont pesés. | Si on le juge nécessaire, on tamise le sable aux divers tamis 30, 60 et roo. Cetté opé- ration est le plus souvent inutile, parce que les grains gros et moyens sont toujours absents ou en proportion infiniment petite. On ne sépare donc ainsi que le sable fin du sable très fin. pat | Les diverses portions de la prise d’essai étant ainsi isolées et pesées, on les raméne par le calcula 100 pour avoir l’analyse complète. Maisil importe de faire ici deux remarques. Tout d’abord la proportion de matière organique est sans grand intérêt, car elle est émi- nemment variable, comme il est facile de s’en convaincre en exécutant deux fois de suite l'analyse d’un même échantillon de poussière. Quelque soin que l’on prenne, il est impossible d'en débarrasser complètement la prise d'essai brute. Il y aura donc lieu de se livrer à un nouveau calcul de l'analyse totale en supprimant la proportion de la matière organique et en ramenant le reste à 100. Le chiffre trouvé pour le calcaire donne prise à discussion. Il se peut évidemment qu’une certaine partie provienne des fragments de mortier détachés des murailles et mé- langés à la poussière. En outre, il arrive souvent, surtout dans les pays du Midi, que les clochers soient blanchis au lait de chaux et, dans ce cas, de petites écailles de cet enduit risquent d’être mélangées aux véritables poussières. C’est pourquoi on aurait tort de ‘toujours attribuer une rigueur absolue à la proportion dosée du carbonate de chaux. Je supprime donc encore, dans l’analyse totale, le calcaire et je réduis à 100 les proportions des éléments restants. En définitive, l'analyse d'une poussière éolienne se présentera sous la triple forme suivante : RTE ORAN. ns oa bodys tonnes e 0 » 0 fC) ROMER skids Un en Tig Stade de ola'a.o's » » 0 PT op Le PV OS D PR CPP PIE » » » PURE ER Tee one a es es détenue oo e » > » Manéraux. !eLégers hi... 3 URSS eee » » » OS oe) oe at ois le UN ed ve nips ce » » » Penn ois’ de SPE NRL Cog tse «ea one à » » » 100 100 100 L'analyse au microscope s'exécute d'après les procédés ordinaires (1). Il importe cependant d’insister sur l'examen de la matière d’essai non mouillée, mais simplement observée dans l’air, à sec, afin de mieux apprécier si les grains sont lisses ou rugueux, fanguleux ou arrondis. La réserve de matière d'essai mise de côté avant toute attaque à W’acide sera ensuite examinée dans la naphtaline verdie, afin d’être renseigné sur les grains de calcaire qui absorbent la couleur. Enfin, on choisira les plus gros grains sableux et on ‘mesurera Jeur diamètre moyen, ce qui permettra, au moyen du tableau ci- -dessous, d’ estimer la vitesse maximum du vent qui les a transportés. _ (1) J. Taouer, Précis d'analyse des fonds sous-marins actuels et anciens. Chapelot et C'*, 1907, Paris, 4 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE É Ce tableau a été établi expérimentalement de la manière suivante. Un flacon à deux tubulures, dont le fond supprimé a été remplacé par une feuille de parchemin bien tendue, a reçu une certaine quantité de quartz hyalin pulvérisé en grains de dimensions variées. L'une des tubulures livre passage à un tube descendant tout près du fond et en commu- nication avec une pompe soufflante mue à la main et communiquant d’autre part avec un manomètre. La seconde tubulure reçoit un tube vertical de diamètre préalablement me- suré qui, après s'être recourbé deux fois, aboutit à un vaste récipient, gros flacon à deux tubulures dont l’une est bouchée par une double épaisseur de tissu à tamis n° 200 et qui est par conséquent en libre communication avec l'atmosphère. On tourne régulièrement la roue à volant de la pompe soufflante en se réglant sur la cadence d’un métronome et sur l'indication fournie par le niveau du mercure dans le manomètre. Pendant ce temps, un aide frappe sur le parchemin, comme sur un tambour, de petits coups qui font sautiller les grains de quartz, lesquels, arrivés à l'entrée du tube vertical ascendant, sont, pour un vent de vitesse déterminée, enlevés et transportés dans le gros récipient où ils s'arrêtent, se déposent et sont recueillis. On mesure sous le microscope leur dimension moyenne. La vitesse du vent est facile à évaluer en recueillant à travers de l’eau, dans un récipient cubé, le volume d’air qui, pendant un temps connu,.s‘est écoulé par le tube vertical ascendant dont on connaît le diamètre. Les valeurs obtenues ainsi expérimentalement ont été inscrites sur du papier qua- drillé et mises sous la forme d’une courbe qui, dans l’espéce, est une ligne droite; on a, en outre, évalué graphiquement les dimensions de grains correspondant à des vitesses de vent d’un nombre rond de mètres à la seconde et, inversement, la vitesse en mètres par seconde de vents capables d’emporter des grains de quartz ayant la dimension moyenne des grains correspondant aux diverses catégories de sable gros, moyen, fin, très fin et des fins-fins. Ces diverses variables sont inscrites sur le tableau suivant : ‘ VITESSE : VITESSE ‘ ; 4 DIAMETRE , DIAMÈTRE À : du vent VENT EM DÉSIGNATION du vent pers DÉSIGNATION par en échelle d RE tis ARS: par en échelle d ai bse : seconde. de Beaufort. Line en CL seconde. de Beaufort. 2 ea des grues m. mm. m. mm. 0,00 0,00 | 5,60 0,47 0,50 | 0,04 Fins-fins. 6,00 0,4 » 0 0,05 \ 6,30 0,5 1,00 Calme. 0,08 6,95 0,56 » 0,13 (Sable très fin 7 LA l 4 0,57 À s 7 ; : 2,00 = / 0,16 \ » ‘Jolie brise. 0,61 Sable moyen. ts ' » \ 770 2,9 3 0,24 00 0, 3.00 Presque calme. 0,25 8.10 0,66 3,60 2 0,31 9,00 AE st 4,00 SLégère brise. 0,33 Sable fin 9,10 bonne brise. > » 0,34 : 10,00 0,81 | 4,30 0,35 11,00 0,89 4,75 Petite tS 0,39 12,00 Bon ais 0,97 Sable gros. 300 d 0,41 13,00 1,05 5,25 » | » Crand fais. E502: 3t} | | \ | Les vitesses sont ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 5 tableau est capable d'entraîner des grains de sable notablement plus gros que ceux indi- qués. Cette opinion se base sur les observations faites dans la nature du transport éolien de cailloux et, notamment, sur une observation récente faite en Suisse et résumée ci-des- sous. Si on se reporte au tableau, on remarque que, pour le transport de tels cailloux, il faudrait, d'après la courbe, des vitesses de vent infiniment supérieures à celles indiquées. Par conséquent, inversement, les vitesses indiquées au tableau doivent pouvoir transporter des grains de dimensions plus grandes que celles auxquelles elles corres- pondent sur le tableau. M. le D’. Louis Rollier (1) a publié un travail des plus suggestifs à ce point de vue, relatif à une pluie de petits cailloux tombée à Trélex-sur-Nyon, canton de Vaud, en Suisse, le 20 février 1907, vers 5 h. 15 du soir. A cette date, pendant un orage accompagné de grêle, eut lieu, sur toute la côte occidentale du lac Léman, aux environs de Nyon, et en particulier à Trélex, une abondante pluie de pierres ; 57 d’entre elles, étudiées, avaient un poids variant deo gr. 130 à 2 gr. 362, avec un diamètre maximum variant de 6 mm. 1 à 15 mm. 5; elles étaient arrondies ou aplaties, roulées et polies, et leur densité 2, 650 ainsi que leurs autres caractères minéralogiques montraient qu’elles étaient constituées par du quartz laiteux. Considérant la direction S.-S.-W et S.-W du vent alors régnant et sa vitesse maxima de 20 mètres par seconde, l'auteur, par une sérieuse discussion des diverses particularités du phénomène, est amené à admettre que ces cailloux devaient provenir du rivage méditerranéen des Maures et de l’Estérel, sinon de la Meseta ibérique, ou encore plus au Sud, de sorte que leur transport s'était effectué sur une distance d'au moins 350 kilomètres. Il y aurait également à citer la pluie de petites pierres calcaires en fragments aplatis de 25 à 30 millimètres de diamètre venant du calcaire lacustre de Château-Landon (Seine-et-Marne) et transportés à plus de 150 kilomètres de leur lieu d'origine, ainsi que la chute, à Broby, dans le Westmanland, au S.-E. de la Suède, le 4 juillet 1883, de pierres enveloppées dans de gros grêlons ovoïdes, plus ou moins aplatis, « de la taille d'œufs de poule et de pommes de terre ». Ces pierres étaient en fragments anguleux, à arêtes vives, de quartz laiteux, de poids compris entre o gr. 9 et 5 gr. 8 et de la grosseur maximum d’une noisette. Ils arrivaient d'une région granitique de la Suède, située dans la direction de la Dalécarlie, au N. W de la ville d'Enkôping par où avait passé l'orage à une distance de plus de 60 kilomètres (2). Appliquons ce qui vient d'être dit à l'analyse d'une poussière éolienne, recueillie le 7 juillet 1910, par M. Sirvent, sur des poutres en bois, dans le clocher de la cathédrale de Monaco, grace à l’aimable autorisation de Mgr. Mercer, curé de la cathédrale. (1) Dr Louis RoLLiEr, professeur agrégé au Polytechnicon de Zurich, Sur une pluie de petits cailloux de quart; à Trélex-sur-Nyon, canton de Vaud, Suisse), le 20 février 1907, vers 5h. 1/4 du soir (Actes de la Société Helvétique des Sciences naturelles, go* session, à Fribourg, vol. I. Conférences et procès-verbaux des séances, 1907, p. 248). (1) Ne serait-il pas possible d’expliquer ces faits en admettant que, de même qu’une matière inerte solide, quartz, charbon, verre ou autre, immergée dans la solution d’un solide quelconque, détitre celle-ci en fixant à sa surface, par absorption, une certaine quantité du corps dissous, de même un solide, au sein de l’atmosphère, condense autour de lui une enveloppe d’air ou de vapeur d’eau ? Le volume et la densité du caillou entraîné ne seraient pas en réalité son volume apparent et sa densité de minéral, mais bien une densité moindre résultant d’un volume complexe com posé du volume réel du caillou et de sa gaine condensée ? Ce phénomène joue dans la nature, et one err mane en géologie et en océanographie, un rôle beaucoup plus important qu on ne le croit. 6 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE L'analyse a été faite sur 8,427 grammes de matière. Après dosage du calcaire par une attaque à l'acide chlorhydrique étendu et pesée de l'acide carbonique dégagé, le résidu, lévigé par l'eau, a été séparé en trois portions : A, sable ; B, fins-fins; C, résidu vaseux de l'eau trouble. La portion A a été passée à la liqueur d' todos de densité 2, 8 et partagés en lourds et légers ; enfin les lourds ont été passés au barreau aimarté. L'analyse a donné le résultat suivant : I, en tenant compte de la matière organique et du calcaire ; II, en ne tenant pas compte de la matière organique; iil, en ne tenant compte ni de ae mue organique ni du calcaire : ERA I Il ; i Matières organiques.............. ..... II » » CRICAITE Mie Vote land toe sa NS die 43. 49 » Mat. ferrugineuses. tr. rites at LGUrdS ta ta alt DURS et GENS ser \ (0,5) Minéraux Leébers ne ee ce ve cee 44) 27 49 30 96 58 Fins-fins:, 4.1. PEt SN LAS | 17 19 ( ES ie dr] (See apse a re ei Ar RTE 2 2 4 100 ; 100 100 Les huit plus gros grains minéraux étaient du quartz ferrugineux arrondi, rugueux ; leur dimension moyenne était de 0,69 x 0,69 millimètres (long. max. = 0,96; long. min. — 0,46), correspondant à un vent de vitesse maximum de 8 m. 50 par seconde (bonne brise 5 Beaufort). . L'examen microscopique a donné les résultats suivants : Matières diverses. — Toiles d'araignées, petits globules de résine verdâtre A, — Diatomées RR, — débris de végétaux — poussières charbonneuses AA. — _ Matières ferrugineuses aliérables. — Chondres noirs ; magnétite souvent un pcu ocreuse. | Lourds. — Biotite A, — muscovite A, — augite A, — grenat, — amphibole RR, — zircon en gros cristaux R et en petits cristaux, — quartz hyalin ferrugineux, — matières ferrugineuses amorphes (rouille). : F * oh - Légers. — Quartz ferrugineux en gros grains rugueux et en petits grains A — quartz anguleux poli, — silex RR, —orthose R, — anorthite R, — ChloriteRR, — chondres j jatinés et bruns, — fragments de briques, — platras ferrugineux AA. shou Argile, assez ferrugineuse. omni se Re Al . Les environs de Monaco (1) sont des calcaires appartenant au jurassique supérieur, au crétacé supérieur et au tertiaire ; a une distance variant de 40 à 80 kilomètres au Nord, s'étend le massif alpin de riitcechiews et gneiss avec granite a amphibole de Saint-Etienne et de Saint-Martin-de-Lantosque et, entre 50 et 120 kilométres, au S.-W, le massif de même constitution des montagnes des Maures. “RS J'ai publié antérieurement (2) des analyses de poussières éoliennes récoltées dans des clochers à Nancy, Epinal, Gérardmer, Montpellier, Cette et Horta, dans l'île Fayal, aux Açores. La comparaison des résultats obtenus auxquels on peut joindre ceux de l'analyse de la poussière de Monaco, permet de formuler la loi suivante. (1) Carte géologique de la ‘France à l'échelle du millionième, Ministère des Travaux publics. (2) Voy. THourer, Cemptes rendus de l’Académie des sciences, 1* juin 1908, décembre 1908, avril 1910, etc. ANNALES DE L'INSTITUT. OCEANOGRAPHIQUE 7 Les sédiments éoliens, en une localité quelconque, sont composés, en outre des matières organiques ou inorganiques diverses dont il n'y a guère lieu de tenir compte, de glo- bules ou chondres noirs, bruns et jaunes, d'origine cosmique, et de grains minéraux variés dont l'abondance est directement proportionnelle au voisinage plus ou moins rapproché des gisements de ces minéraux, la direction et la force des vents transportants étant prises en considération. | -J'ai, d'autre part (1), eflectué un nombre considérable d'analyses de fonds marins profonds en majorité recueillis dans l’intérieur et au large des archipels des Açores et du cap Vert, dans l’océan Atlantique. Leur examen a donné lieu aux observations suivantes. Les sédiments minéraux marins (sable et fins-fins), abstraction faite du calcaire si souvent d’origine organique, surtout au large, obéissent aux mêmes lois que les poussières terrestres. Comme elles, ils contiennent des chondres noirs, bruns et jaunes, d’origine cosmique. Le diamant a été trouvé dans le golfe de Gascogne et auprès de Nancy. Dans tous, on rencontre des minéraux d'espèces très variées dont l’abondance est directement proportionnelle à la distance, à la localité de provenance. C’est ainsi queles forids des archipels des Açores et du cap Vert, voisins d’évents volcaniques sous-marins, manifestent une prédominance de minéraux volcaniques, scories, obsidiennes et ponces ; que ceux proches de la Nouvelle-Zemble (2), qui est basaltique, sont riches en basalte; ceux ‘de FOcéan Indien, autour de Madagascar (3), abondent en chlorite. Les fonds éloignés des terres Sont remarquablement pauvres en minéraux (5 p. 100 au plus et presque toujours beaucoup moins), et ils s'enrichissent en se rapprochant des continents. Autour de certaines îles isolées comme Fayal, pour des distances à la terre sensiblement égales, l'abondance de la teneur en minéraux dépend de l'orientation et semble être plus grande sous le vent qu’au vent de l’ile. Des recherches méthodiques auraient avantage à être instituées à ce sujet. Les minéraux des poussières terrestres et ceux des fonds marins présentent au microscope un aspect tellement identique qu'ils sont fort difficiles et le plus souvent même impossibles à différencier: On est donc fondé à admettre qu'ils ont même origine et que les uns et les autres sont des produits de déflation. La seule différence serait dans une plus grande uniformité de dimensions dans les grains des fonds et l'abondance de grains aplatis reconnaissables à l’uniformité des teintes de polarisation. Cette circonstance viendrait appuyer l'hypothèse d’une commune provenance éolienne, car des formes aplaties sont, pour un même vent, entraînées plus loin que des formes globuleuses. C’est pour ce motif que des grains de feldspath lamellaires, à cause de leurs clivages, doivent être entraînés et déposés plus loin de leur gisement primitif que des grains de quartz. La _ plupart des grains fins des fonds marins et des poussières terrestres sont lisses et angu- leux, tandis que les gros sont, au contraire, rugueux et arrondis, ce qui s'explique aisément. | (1) Taoucer, Résultats des campagnes scientifiques du Prince de Monaco. Fascicules XIX, 1901; XXII, 1902, et XXIX, 1905. (2) Tuouter, Étude lithologique des fonds recueillis dans les parages de la Nouvelle-Zemble. Duc d'Orléans, Cam- pagne arctique de 1907. ‘ (3) Tuouter, Etude de fonds marins récoltés entre Madagascar et la Réunion. Annales hydrographiques, 1907. 8 : ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Le tableau précédent montre que les fins-fins et le sable très fin qui constituent la presque totalité des éléments minéraux des fonds marins, sont entrainés par des vents ayant des vitesses comprises entre o et 2 mètres par seconde, c’est-à-dire correspondant à un état de l’'atmosphèrequalifié de «calme » ou «presquecalme » parles météorologistes, et notéo et 1 dans l'échelle de Beaufort, tandis qu'une brise dénommée « légère » ou « petite » est plus que suffisante pour des grains fins qui sont déjà une exception dans les fonds. On peut donc affirmer, en jetant en outre un coup d’ceil sur les cartes de Brault, qu'il n’est aucune région de l'Océan, si éloignée qu'elle soit de toute terre, qui ne soit susceptible de recevoir des grains minéraux ayant au moins ces dimensions et destinés à tomber ensuite à peu près verticalement sur le sol. On s'explique, en outre, le fait, constaté par l'observation directe des fonds profonds, de l'extrême dissémination sur la surface entière du lit océanique et de l'extrême variété de nature minéralogique, des minéraux dont la genèse est par conséquent éolienne. Les cendres du Krakatau qui, demeurées en suspension dans les hauteurs de l'atmosphère, ont fait plusieurs fois le tour de la terre, apportent une nouvelle confirmation de cette origine. Il est évident que tout cé qui a été dit des fonds marins actuels s'applique aux fonds marins anciens qui sont les roches sédimentaires géologiques et particulièrement aux calcaires. On sera donc en état de découvrir les détails de leur genèse et de recon- stituer les conditions ambiantes du milieu au moment de leur formation par un examen de leurs éléments minéraux, tels qu’on les obtient après une attaque de la roche par l'acide. On parviendra ainsi à établir, sur des données vigoureuses et indiscutables, une véritable paléogéographie. Densité de Sondages et Véracité des cartes bathymétriques sous-marines oa mane Pas L'FHOULET, Professeur à l’Université de Nancy. Il n’est pas toujours facile d'apprécier le degré de confiance à accorder à la carte bathy- métrique d’une région sous-marine ou, en d’autres termes, d'estimer la ressemblance plus ou moins grande du relief figuré à l’aide de courbes isobathes, d'après des sondages, avec le relief véritable du sol tel qu’on l’observerait d'une façon absolument correcte si le terrain était exondé et accessible à la vue dans tous ses détails. Cette véracité dépend au moins de deux variables : la régularité du modelé même du fond et le nombre des sondages effectués. S'il est évident, en effet, que sur un sol peu accidenté, quelques points suffiront pour indiquer un modelé assez conforme à celui qui existe réellement, un sol très varié, comme il s'en trouve en beaucoup plus de régions de l'Océan qu'on ne le le soupçonnait autrefois, n'offrira pour le même nombre de sondages qu'une image incom- plète et grossière du véritable relief. 11 importe donc de chercher à estimer approxima- tivement le nombre de sondages indispensable pour permettre dans chaque cas d'établir, par courbes isobathes, un relief suffisamment conforme à la vérité. Afin de se former une opinion aussi exacte que possible, il convient de fixer, pour toutes les cartes bathymétriques, une commune mesure qui sera la densité de sondages Ds, c’est-à-dire le nombre de sondages par mille carré ou carré de 1 mille(— 1852 mètres) de côté. Si, par exemple, 308 coups de sonde ont été donnés sur une surface de mer de 153821 milles carrés, la densité de sondages sera : Ds= — 0,002 002 308 153 821 soit en nombres ronds : e Ds = 0,002 ou 1/500 et il y aura, dans ce cas, 1 sondage seulement pour déterminer le relief sur un espace de 500 milles carrés. . | ; T. III. — Fasc. 2. 2 ‘10 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE On est donc amené à chercher tout d’abord le procédé le plus commode pour évaluer en milles carrés, sur une carte marine dressée en projection de Mercator, l'espace couvert par des sondages. On se rappelle que, sur le globe, chaque minute de degré mesurée sur un grand cercle, et par conséquent sur l’équateur ou sur un méridien quelconque, possède une longueur très sensiblement égale à 1 mille marin, tandis que, sur les petits cercles de latitude, la longueur de ce même arc de 1’ décroît à mesure que la latitude augmente depuis en- viron 1 mille à l'équateur même jusqu’à o au pôle. Lacirconférence entière de l'équateur étant égale à 27R, celle d'un petit cercle à la latitude x sera 27r ou 27R cos, puisque r==R tosh; A. Germain, dans son Traité des Projections des cartes géographiques (p. 373, Arthus Bertrand, Paris), a calculé de degré en degré, pour tous les petits cercles de latitude, la longueur en mètres de l’arc de 1°, le rayon terrestre étant supposé égal, à l'équateur, a 6377397 m. 16, et au pôle à 6356078 m. 96, ce qui correspond à un aplatissement égal à 1/299,15. On s’est borné, sur le tableau suivant, à ramener à la longueur de l'arc de 1’ celle de l’arc de 1°, en divisant par 60 les nombres de Germain, et à transformer les mètres ‘ ae ; : I en milles, en multipliant le résultat par le nombre constant 7850 = 0,00054 ou, plus simplement encore, en multipliant les nombres de Germain par le nombre constant: — I 1852 X60 fit 120 — 0,000009. ————__________. LATITUDE peus LATITUDE VALEUR LATITUDE TAREE LATITUDE TALE ne de l’arc de 1’ À. de l'arc de 1’ FR de l'arc de 1° 2. de l'arc de 1' (milles). (milles). (tailles). (milles). 0 1,001 2 0,915 8 0,6715 72 0,3105 I Pe a o a if 0,6585 73 0,2938 2 1,0011 26 0,9009 50 0,6452 74 0,2770 3 1,0004 27 0,8932 51 0,6318 95 0,2601 4 0,9993 28 0,8852 52 0,6180 76 0,2431 5 0,997 29 0,8768 53 0,6041 77 0,2260 6 Goes 30 0,8683 54 0,5901 78 0,1999 7 0,9943 31 0,8594 55 0,5758 79 0,1917 8 0,9921 32 0,8503 56 0,5614 80 0,1745 ‘9 0,9905 33 0,8410 5 0,5468 81 0,1572 10 0,9866 34 0,8314 5 0,5321 82 0,13 II 0,9834 35 0,8215 59 0,5172 83 0,122 12 0,9800 36 0,8113 60 0,5021 8 0,1050 13 0,9763 37 0,8010 61 0,4869 8 0,0876 14 0,9722 38 0,7904 62 0,4715 86 0,0701 15 0,9678 39 057798 63 0,4560 ÿ7 0,0500 16 0,9632 40 0,7685 6 0,4403 0,0350 17 0,9583 4! 0,7571 6 0,4245 89 0,0175 18 0,9530 42 0,7456 66 0,4086 90 0,0000 19 0,9475 43 0,7338 67 0,3925 20 / 0,9417 44 0,7218 68 0,3763 21 0,9356 45 0,7095 69 0,3600 22 0,9292 46 0,6971 70 0,3436 23 0,9226 47 0,684 4 71 0,3271 —— wn ee ee 1 {a . = f re ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Il en trapézes dont deux côtés seront parallèles entre eux et aux droites perpendiculaires entre elles représentant soit les petits cercles de latitude, soit les méridiens, ‘ou bien en triangles dont la base et la hauteur seront respectivement paralities a ces mémes droites. On évaluera ces bases et ces hauteurs en minutes d'arc qu’on transformera en milles marins, en ayant soin, quand elles seront parallèles aux droites de latitude, de multiplier les minutes par le nombre inscrit au tableau en face de la latitude dont il s’agit. On calcu- culera chacune de ces aires partielles et on en fera le total. _Il est impossible de noter d’une manière rigoureuse lirrégularité plus ou moins grande du relief d'un fond marin. Il y a là une question de jugement personnel. Quand, par exemple, on aura trouvé en sondant des profondeurs de positions voisines, très différentes les unes des autres, on sera en droit de soupconner le modelé d’être fortement accidenté et il faudra alors resserrer les sondages tandis qu’on les espacera dans le cascontraire. : Le nombre des sondages à effectuer dépend aussi de l’échelle de la carte. Pour cha- cune des échelles qu’on peut employer pour représenter une même aire maritime, il existe un nombre optimum de sondages qu'il serait inutile de dépasser, car, même si l’on devait diminuer la dimension d’une carte à grande échelle construite par isobathes très resserrées, il faudrait évidemment renoncer à tout inscrire et se décider à des sacrifices. Il y a, en outre, à considérer la situation des sondages. Au voisinage de la terre, la position étant relevée au sextant ou au cercle, sur des repères bien apparents situés sur la côte et dont les segments capables se coupent exactement au même endroit, on sera assuré de la précision. Il n'en sera déjà plus de même quand on opérera par alignements et par distances à un objet de hauteur connue évaluées par l’angle de hauteur ou parallaxe. La sécurité dimi- nuera encore si, au lieu de relèvements au sextant, on a pris des relèvements au compas. Au contraire, la confiance augmente si, quelle que soit la méthode de détermination employée, on obtient la location du sondage par plusieurs mesures directes dépassant le nombre strictement indispensable pour placer le point, et se confirmant ainsi les unes les autres. Il n’est pas possible de fixer une règle précise, en quelque sorte machinalement applicable. Les points desondages horsde la vuedeterre, déterminés astronomiquement, sontmoins précis, car l’approximation des observations même à laminute d'arc, ce qui a bien rarement lieu, ne place le point que quelque part sur un cercle d'environ un mille de diamètre ; souvent encore, à bord, la place où se tient l'opérateur au sextant pendant ses mesures, ainsi que l'endroit d’où l’on sonde, ne restent pas les mêmes. Le reportsur la carte implique la double erreur du rapporteur qui ne donne un angle guère au delà du quart de degré, c'est-à-dire quinze minutes, et de la marque même du point qui, si elle a un demi-milli- mètre de grosseur sur le papier, correspond à 5000 millimètres, soit 5 mètres sur le terrain. Ces considérations sont fréquemment mises en oubli, et c'est à ce propos que l'on pourrait rappeler le précepte connu qu’ « il est inutile de s'inquiéter d’une quatrième décimale, lorsque ni la seconde ni souvent la première ne sont certaines ». Le tact, l'expérience acquise, le bon sens ne doivent j jamais perdre leurs droits. L’exemple suivant aidera, je crois, à donner la notion du degré de véracité d'une Carte bathymétrique résultant de sondages. 12 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Supposons que la France inversée soit enfoncée sous la mer de telle sorte que, ses rivages restant toujours au niveau de l'eau, les portions les plus hautes de son relief con- tinental soient alorsles plus profondément immergées. Il est évident que la profondeur de l'eau recouvrant chaque localité sera exactement égale à l'altitude de cette localité au- dessus du niveau de la mer. Admettons que, la France étant ainsi placée, nous ignorions tout de son modelé que nous cherchions à redécouvrir, sans la moindre idée préconçue, au moyen de sondages en nombre correspondant à des densités rondes par rapport à la.surface de la contrée. Après que ce travail aura été achevé en parfaite bonne foi, comparons le modelé obtenu dans chaque cas, au modelé véritable, à l'hypsométrie connue. Nous obtiendrons ainsi une notion visuelle sur le degré de véracité coorrespondant à une densité de sondages déterminée. La surface de la France continentale, par conséquent sans la Corse, est égale à 527742 kilomètres carrés (Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1911, p. 390 et suiv.), c'est-à-dire à un carré dont le côté égale : V 527 742 = 726,46 kilomètres ou 726 460 mètres, ou en milles : TO We 392,2 milles dont le carré : (392,2)? = 153 820,84 milles carrés, soit, en nombres ronds : 153 821 milles carrés. D'autre part, le même Annuaire (p. 432) fournit l’altitude de 357chefs-lieux de dépar- tement et d'arrondissement. | Considérant alors chaque cote d'altitude comme une cote de profondeur obtenue par sondage, on reconnaît que, pour obtenir des densités de sondages respectivement égales à 0,0001,0,0002, 0,001 et 0,002, par exemple, c’est-à-dire 1 sondage pour 10000, 5000, 1 000 et 500 milles carrés, il faut exécuter des nombres de sondages respectivement égaux à :. 153 821 — 15 et alors Ds = 0,0001 ou 1/10 000, 10000 | 153 821 aia AS Ds =0,0002 ou 1/5000, 5 000 153 821 __ 154 ds Ds=— 0,001 ou 1/1000, 1000 153 821 __ 306 ols Ds = 0,002 ou 1/500. 500 Afin de ne pas être influencé pour le choix des 15, 31, 154 et 308 points de sondages, les noms et les altitudes des 357 chefs-lieux de département et d’arrondissement ont été inscrits chacun sur une fiche, placés dans une boite, bien mélés, et on en a tiré au hasard d’abord 15, puis, dans une seconde opération identique, 31, dans une troisiéme 154, et dans une quatrième 308. Après avoir agrandi par la photographie une carte de la France et l'avoir amenée à l'échelle d'environ 13 200000, on en a pris un premier calque dessi- ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 13 nant les contours sur lequel on a marqué, dans leur position, les 15 points désignés par le sort etensuite, sur trois autres calques; respectivement 31,154 et 308 localités considérées comme autant de sondages. Mais comme le rivage maritime, comparable à une série continue de points de profondeur égale à o permet de tracer avec unegrande véracité les isobathes du côté de l'Ouest et du Nord, tandis que rien de semblable n'existe le long des frontières terrestres, afin de conserver l'équilibre des conditions et de laisser continuer les isobathes jusqu'à ces frontières, on a supposé connues les profondeurs (altitudes) d’un certain nombre de villes étrangères trouvées dans les Physikalische Tabellen (p. 5 et suiv.), dans le Dictionnaire géographique de Vivien de Saint-Martin, ainsi que dans des Guides Joanne. Ces points ont été marqués, eux aussi, sur les quatre calques, dans leur position géographique. _ On a alors tracé, sur chacune des quatre feuilles, les isobathes de 10, 20, 50, 100, 200... mètres en ne se servant que des points désignés par le sort pour cette feuille et en opérant comme pour une région sous-marine incennue. Les aires isobathes ont été teintées en bleu, selon l’usage en océanographie, les plus profondes (celles, en réalité, d’altitudes plus élevées) étant les plus foncées. Pour permettre une comparaison utile, on a placé, dans un coin de chaque feuille, la France avec la dimension qu’elle possède à l'échelle du 1/10 000 ooo à l'équateur sur la Carte genérale des Océans, dite de Wiesbaden, publiée sous les auspices du Prince de Monaco. Il suffira de considérer successivement ces quatre cartesen commençant par celle où Ds = 0, 0001. de les comparer avec le véritable relief hypsométrique bien connu de la France, pour être édifié sur le degré de véracité obtenu dans chacun des cas considérés. Le relief ne commence guère a se conformer à la réalité qu'avec Ds = 0, 001 et est très suffisamment précis avec Ds = 0,002. Dans ce dernier cas, on reconnaît sur la carte les Pyrénées, la coupure du canal du Midi entre l'Océan et la Méditerranée, la vallée du Rhône, les Alpes, le Plateau Central, ceux du Morvan et de Langres, le Plateau normand, les collines de Bretagne, ainsi que les régions basses de la Vendée et dés Landes. Cepen- dant les Vosges ne sont pas visibles. Remarquons qu'il est peu probable qu'il existe des régions subocéaniques de même superficie aussi accidentées, pour la double raison que la France est très accidentée et, en second lieu, parce que l'érosion subaérienne qui avive continuellement le modelé du sol, le rend très déchiqueté, tandis que l’action des eaux et surtout le mode de dépôt des sédiments tendent au contraire à émousser le relief sous-marin. Les cartes isobathes sous-marines ont des densités extrêmement variables. Pour les cartes des côtes de France dressées par les ingénieurs hydrographes de la Marine, la densité, surtout sur les feuilles minutes, en admettant un coup de sonde tous les cent mètres, serait de 18><18 = 324. Sur la feuille B’I de la Carte générale des Océans, par exemple, l’espace de mer borné au Nord par le 47° parallèle, à l'Ouest par la côte orien- tale de l'Amérique du Sud, du cap Blanco au cap Horn, à l'Est par le 55° méridien Gr. passant dans l’Est des Malouines, au Sud par le 55° parallèle, contient 380 sondages pour 188 236 milles carrés, ce qui donne une densité de sondages égale à 380 : 188 236 = 0, 002, c'est-à-dire 1 sondage pour 500 milles carrés. Sur le reste de la feuille, l’espace teinté en -14 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE bleu, à l'Est du 55° méridien Gr., contenant 49 sondages seulement pour une surface de 1 992 600 mille ss la densité est 49: 1 992 600 = 0,00002, soit un sondage pour 50 000 mille carrés. Il serait à désirer que les cartes par isobathes, surtout si elles sont à une échelle un peu grande, portent l'indication de leur densité moyenne de sondages. On peut, déla même façon, donner une notion sur la véracité d’une cartelithologique sous-marine et aussi, dans une certaine mesure, sur la complication lithologique du terrain : représenté, d’après la densité des sondages lithologiques déterminée absolument comme la densité des sondages bathymétriques. On remarquera, en outre, à ne s’en tenir qu’à la lithologie, que la densité dans les vases n’a aucun besoin d'être aussi #evée que dans des vases sableuses, des sables vaseux ou des sables. Sur les trois feuilles terminées de ma carte bathy-lithologique des côtes de golfe du Lion, les densités des sondages lithologiques sont les suivantes : . Feuille 5172 de la Marine ; du cap d’Agde a Palavas : Nombre de MOMOAWER, nc Lan re 40 jos od] evens ey CRE eee eee 100° Superficie étudiée. :........, Pe Pe UN ee Gcide cee ia wi ve rés. | 164 milles carrés. “Densité de-sondages..<,........ soiree te at PR TE ST ETS D . 0,61 ou 6i sondages pour 100 milles carrés. Feuille 1167 de la Marine; de Gruissan au cap d’Agde : Nombre de sondages.......... PRE MR ere pe er PRO RS 82 Superficie étudiée... :.. AT ER TPE NET use PSS 7 RUE FAST AURErS 131 milles carrés. Densité :de;sondages 5, ADN ere tee RE D PA . 0,62 ou 62 sondages pour 100 milles carrés. ’ Feuille 1166 de la Marine; de l'embouchure de la Tét 4 Gruissan : 14 Nombre ‘de sondapes. reseau ee i 86 Superficie étudiée............. eo NUE 3 Meigiatete cla NES oa PR oe ae eae "123 milles carrés. Densité de sondages. :1....,..:....7, ae SOs Clawson wa des Fa ANNE Se 0,70 “ou-7o sondages pour 100 milles carrés. Tay HAE ie ~~ 4492441. — Cones. Imprimerie Créré. ( S9dakd SOIN [78 CT Vp eovjans oun ans sasepuos CT ) 1000‘O aa s SHOVAGNOS Ad WLISNAG ANA OHAV HONVHA VT AG AA OTHL HN AIN ET ALHVO | | | | | l | an oIayuDONVS: 90 ROBE aa SVN ( S9dP9 SOI [78'ECT op 20ejans aun ans seSepuos TE ) 000 "O0 Ad SHOVGNOS Ad ALISN#G HNAN OWAV HONVAHA WT Ad HA OF LAWAHALVA CRAN ae EC ( S9dP9 sal 78 CT Vp 9oeJans oun ans sagepuos ¥T ) 100'O Ad SHO9VANOS 44 HLISNAC ANN DAHAV HONVHA WT AG HA ÔIHLANAHIVE A LHVO ( gg'o = SE "fr op ode 9 UIT worxodord ey suep S9JINP9T soreurfrro S9}4e9 op uoryeyuasoadar By] Ju0S ‘soangry S99 soynoy, ) ( Sgadko SOIN [78 ECT sp VoeJuns oun ans sagepuos gog ) 200‘0 Ad SHOVGNOS Ad “ALISNAG ANA OWAV HONVAA WT Ad GAOL LAWAHLVE ALHVO Quinze mois aux îles Kerguelen Par M. RALLIER DU BATY, Capitaine au long cours. J'ai eu l’honneur de faire partie, au modeste titre de matelot, de la première expé- _ dition antarctique du D* Charcot (1903-1905) ; c'est à cette époque que remonte l’idée première du voyage qu’on va lire. Marin, je l’étais par atavisme et par goût, mais c’est en servant de toutes mes forces et de tout mon cœur le brave et bon D' Charcot que je sentis la chimére nomade des voyageurs s'emparer de moi, corps et Ame. Les chimères fascinent, on ne leur résiste pas : confiant, je m’abandonnai à la mienne sans trop savoir où elle m’emménerait. Entre- prendre quelque chose sur la mer par mes propres moyens : telle était mon ambition. Restait à se fixer un but. Un camarade me donna l’idée de Kerguelen, terre francaise dans l’océan Indien Sud, groupe d’iles inhabité et presque inexploré. Un de mes fréres qui, comme moi, venait d’obtenir son brevet de capitaine au long cours, s’offrit pour m’accompagner. Tous les deux, nous pensions qu’il serait honorable et méme méritoire, pour des marins du commerce, de tenter quelque chose pour sortir de l'oubli cette terre de valeur qui, par une mic ary inconcevable et, avouons-le, bien francaise, était laissée inexploitée. Dès lors, aidés par des amis, nous nous sommes mis a l’œuvre pour organiser une expédition-miniature qui n’aspirait à rien moins qu'au titre d’ « expédition commerciale et scientifique ». Pourquoi pas ? Pour mener la chose à bien, nous étions riches d’enthousiasme, une monnaie qui n’a guère cours quand il s’agit de subvenir aux frais toujours considérables occasionnés par la moindre expédition maritime. Après avoir réalisé la valeur d’une petite propriété que je possédais en Bretagne, nous nous trouvions à la tête d’une quinzaine de milliers de francs. Quinze mille francs, c'est assez pour jouer au député, mais c’est ridiculement peu pour se faire armateur. Mais, nous avions alors vingt-cinq ans, un âge auquel on ne doute de rien, et notre excuse à Vheure actuelle est d’avoir mené notre petite entreprise à bien, en dépit des prophètes de malheur. Cependant, nous risquions fort de courir à un échec, si nous n'avions trouvé un appui effectif. Cet appui moral et matériel, nous le devons au D" Charcot, qui se chargea d'obtenir pour nous des subventions auprès des sociétés savantes, du Ministère de T. Ul. — Fasc. 3. I ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE to la Marine et du Muséum. Lui-méme nous a aidés le plus largement et le plus généreu- sement. Quoi qu'il en soit, dès le mois d’avril 1907, nous nous étions mis dans l’impossibilité de reculer ; nous avions (si je puis m’exprimer ainsi) brûlé nos vaisseaux en achetant pour la somme fabuleuse de 1 500 francs, non pas un vaisseau, mais une barque de pêche boulonnaise, le N° 2 471, mise au rancart par son propriétaire. C'était un petit voilier gréé en ketch ou dundee, mesurant 17 mètres entre perpen- diculaires et jaugeant 45 tonneaux. Ce n’est pas sans fierté que j’entrai dans mes nouvelles fonctions d'armateur. Sans doute, étions-nous les premiers à tenter pareille aventure sur un navire de 1 500 francs. Dès lors, nous n'avons plus eu un instant de repos jusqu’au jour du départ de Bou- logne qui eut lieu le 22 septembre 1907. Le 2 471 était devenu le J.-B. Charcot, un nom qui devait lui porter chance ; dans la cale, il y avait pour deux ans de vivres que la générosité de quelques souscripteurs désintéressés nous avait permis d'acheter. A bord, nous étions six marins et un bon chien qui voulions conduire la barque aux iles Kerguelen. Que l’on n’aille pas croire cependant que nous partions pour traverser l’océan Atlan- tique et l’océan Indien sur une mauvaise barque coulant bas d’eau. La chose eût été indigne de vrais marins. En nous rendant acquéreurs du petit navire, nous nous étions © soigneusement rendu compte du bon état de la coque, et lui avions fait subir toutes les réparations nécessaires. C'est donc sur un bateau, à la vérité bien petit, mais solide et capable de tenir la mer, que nous nous sommes lancés dans cette aventure. Enfin, le 13 octobre 1907, nous quittions définitivement la France, du port de Cherbourg où nous étions venus prendre les instruments mis à notre disposition par le Ministère de la Marine. Un treize ! Et tout d’abord, les événements semblèrent vouloir donner raison à cette sotte superstition. Nous avions été assaillis au sortir de la rade par un fort coup de vent de S.-W. qui nous empêchait de faire route pour sortir de la Manche. C’est alors que nous avons relâché dans le petit port de Brixham, sur la côte anglaise, non par nécessité, mais pour attendre tranquillement le bon vent et surtout pour rem- placer notre provision d’allumettes de la régie par de bonnes allumettes anglaises. Le vent favorable arriva dès le lendemain matin, mais dégénéra bientôt en une violente tempête de N.-E. qui causa plusieurs sinistres sur les côtes de France et d’Angle- terre. Notre campagne faillit bien se terminer là. La rade de Torbay est complètement ouverte dans la direction du N.-E. L’effort des lames ne tarda pas à avoir raison de nos chaînes qui cassérent au plus fort de la tempête. Et c’est sous notre grand’voile à trois ris, sans une ancre parée à mouiller, que nous sommes rentrés dans le petit port au milieu d’un essaim de barques de pêche qui s’y étaient réfugiées. Ce fut un moment plein d'angoisse ; la jetée était noire de curieux qui avec anxiété suivaient notre manœuvre. Le canot de sauvetage fut mis à la mer et vint à notre secours. A la nuit tombante, nous étions enfin en sécurité et pouvions faire le compte de nos ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 3 avaries. Le beaupré, le mât de flèche et la corne de grand’voile étaient cassés, les pavois étaient enfoncés en plusieurs endroits. Notre situation était critique, la caisse du J.-B. Charcot se trouvant à peu près à sec ; mais la générosité du D' Charcot vint encore nous tirer d’embarras et, le 6 novembre, après avoir fait les réparations nécessaires, nous pouvions reprendre la mer. Huit jours seulement nous ont suffi pour gagner Madèreet, vingt-huit jours après, nous faisions notre entrée dans la magnifique rade de Rio-Janeiro.Ces deux traversées feraient honneur au plus fin voilier,et leJ.-B. Charcot n'était qu'une pauvre barque de pêche. C’est qu'après tous nos déboires du début, nous étions enfin partis, le vent et la fortune en poupe. Nousavons quitté Rio-Janeiro le 1° janvier 1908. Six jours après, nous avions essuyé une violente tempête, sorte de cyclone dont le centre passa sur nous. Pendant plus de vingt-quatre heures, il venta avec une violence incroyable. C'était notre premier sérieux mauvais temps, et ce n’est pas sans un grand soulagement que nous avons pu constater, en cette circonstance, que le petit navire était capable « d’étaler une secousse », comme disent les marins. Le 28 janvier, nous arrivions en vue des îles Tristan da Cunha où nous avions résolu de faire une courte escale. Ces îles peu importantes, au nombre de trois, gisent isolées au milieu de l’Atlantique à peu près à mi-distance entre Buenos-Ayres et le Cap de Bonne-Espérance. Elles furent découvertes au xvi‘ siècle par le navigateur portugais dont elles portent le nom. Visitées de temps en temps par des pêcheurs de phoques, elles n’ont été réellement habitées qu’en 1816, pendant la captivité de Napoléon à Sainte-Hélène. Craignant que ces îles ne servissent de base à une tentative de délivrance du grand empereur, le gouvernement anglais y placa une garnison qu’on retira, du reste, à l’époque de sa mort. Mais un certain caporal Glass obtint, avec deux compagnons et leurs familles, la permission de rester s'établir sur l’île principale. C’est de ce noyau qu’est sortie la petite colonie actuelle dont Glass fut le premier gouverneur. En ‘dehors des ressources de l'ile qui sont assez restreintes, les habitants vivent surtout du produit des échanges avec les rares navires qui passent près de leur ile. Quand le temps s’y prête, ils vont parfois à 20 milles au large dans leurs embarcations pour couper la route aux voiliers qui passent en vue. Avec les matelots Agnès et Larose, je me rendis à terre dans une de nos embarcations, tandis que mon frère et nos deux autres hommes restaient à bord pour la manœuvre du bateau. Une douzaine d’habitants nous attendaient sur la plage, et notre canot fut tiré à sec en un clin d'œil. Après avoir distribué quelques petits cadeaux pour rompre la glace, je demandai dans mon meilleur anglais qui était le chef, le successeur actuel du gouverneur Glass. On me répondit qu’il n'y en avait pas, et qu’on vivaitsur le pied de l'égalité la plus parfaite. O Jaurès ! nous l’avions donc trouvée, l’ile heureuse, l’île rêvée du collectivisme en action! « Nous vivons comme des frères, me dit mon interlocuteur ; jamais de dispute. » Comme pris d’un scrupule, il ajouta cependant que les femmes se chamaillaient bien un peu quelquefois, mais que cela n'avait aucune importance. 4 : ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Cependant, j’eus vite fait de remarquer que mon cicerone, un certain André Ripetto, semblait avoir sur ses compagnons une grande influence. Si ses discours n'étaient pas lois, ils avaient du moins un grand poids sur leurs décisions. Très aimablement, il m’invita à venir chez lui prendre le thé. Agnès et Larose s’en allèrent de leur côté. En marchant vers le village, notre escorte s'était accrue de femmes et d’enfants qui me regardaient curieusement. Leur accoutrement était des plus bizarres. Les femmes n'étaient pas laides; quelques-unes avaient de fort beaux yeux. Toutes portaient sur la tête des mouchoirs aux couleurs gaies. Au haut du village, nous arrivons à la maison de Ripetto, sur laquelle flotte un vieux pavillon anglais — car ces braves gens revendiquent avec fierté le titre de sujets bri- tanniques. Les maisons, très basses, sont solidement construites en gros blocs de lave; les toi- tures sont faites d’une herbe longue et dure qui pousse sur l’île en abondance. L’ameu- blement et les boiseries sont composés d’épaves provenant des nombreux navires qui se sont perdus à diverses époques sur ces îles. La liste des naufrages sur cette côte dangereuse et sans abris est presque inépuisable. Un des plus célèbres est celui de la corvette anglaise Julia qui vint, de nuit, se jeter à la côte pendant un terrible coup de vent du Nord. Les trois quarts de l’équipage périt. On cite aussi les naufrages du Pladen Hall, du Mabel Clarke, de \'Italia, dont Ripetto et son ami Landrello étaient deux survivants. Il est bon d’ajouter que plusieurs de ces — sinistres furent des naufrages d’opéra-comique qui eurent lieu sans perte de vie, par un temps magnifique et avec toute la mise en scéne désirable, cela pour le plus grand bien des armateurs et des habitants de l’île, mais assurément pour la ruine des assureurs. Mon cicerone, devenu mon amphitryon, me fait entrer, me fait les frais de son home, me présente sa femme et ses enfants. La maitresse du logis me sert le thé et pose devant moi la seule miche de pain de la colonie qu’on est allé en courant réquisitionner je ne sais où. Pendant que je me restaure, les hommes font cercle autour de moi et tiennent conseil. Naturellement, il s’agit des échanges que l’on va faire, et le marché est bientôt conclu. Pour 4 sacs de sel, un baril de biscuits de mer, 5 kilogrammes de poudre chasse, 10 mètres de toile a voile, du thé, des clous et des hamecons, on doit nous donner 6 moutons, 200 kilogrammes de pommes de terre, 10 Oies, 20 poulets, 2 porcs, du lait, du beurre et des ceufs. En quittant la maison de monhôte, je fais une tournée de visites. La première est pour le clergyman, le Révérend J.-G. Barrow, qui me reçoit de la façon la plus aimable. Il parle un peu le français, moi un peu l’anglais, de sorte que nous nous entendons à mer- veille. Il me raconte qu'ilest arrivé en 1906, avec sa femme, et qu’il a l'intention de rester trois ans pour instruire la petite colonie. L'ile avait été sans pasteur depuis plus de quinze ans; son premier soin avait donc été de baptiser les enfants et de régulariser les unions libres de ces êtres primitifs. Pendant le déjeuner que M. et Mme Barrow m'invitèrent à partager, j’appris les choses les plus intéressantes sur les mœurs et le genre de vie des habitants, actuellement au nombre de 83. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 5 A mon tour, je dus donner des nouvelles d'Europe. Mme Barrow s'étant informé de l’état de santé de Sa Majesté Edouard VII, le Révérend, avec une politesse toute london- nienne, ne manqua pas de me faire la même question au sujet du chef de l’Etat Français. Seulement, comme il avait oublié le nom du Président, il demanda tout simplement : « Comment va Monsieur... de la République? » Je répondis qu’à l’époque de notre départ Monsieur « de la République » était en très bonne santé. Et c’est ainsi qu’à l’île Tristan, un toast fut porté ce jour-là à Sa Majesté et au Président Fallières. Après déjeuner, M. et Mme Barrow me firent faire le tour de leur petit jardin, puis lon m’emmena visiter le petit cimetière de la colonie. Chaque tombe avait un entourage de pierres sèches ; quelques-unes avaient une plaque de marbre portant une inscription. C’étaient les tombes de ceux que le pasteur appelait les patriarches et qui furent les successeurs de Glass dans la charge de gouverneur. Je vis la tombe de ce dernier, mort en 1853, dans un âge avancé; celles de son successeur Peter Green, du capitaine américain Higgin qui s'établit sur l’île en 1849; du matelot Swain, arrivé à Tristan vers 1825. La tradition veut que ce soit ce brave Swain qui, le jour de Trafalgar, recut dans ses bras le glorieux Nelson, blessé mortellement sur le pont du Victory. J'aurais écouté volontiers plus longtemps de si intéressants souvenirs, mais l'heure passait, et je dus dire adieu à mes hôtes pour rentrer à bord du J.-B. Charcot qui lou- voyait depuis le matin à deux milles de terre environ. Pour l’occasion, nous avions hissé à notre corne d’artimon notre plus beau pavillon. Tous les habitants étaient venus me reconduire sur la plage pour aider à l’embar- quement des provisions échangées. Une dizaine d'hommes m’accompagnèrent à bord. Il y eut des échanges supplémentaires pour de vieux souliers, du savon, des chemises de pilou et divers articles. Un réveil-matin de bazar fut échangé pour 5 oies. Des remèdes furent donnés pour l’unique malade de la colonie, ainsi qu’un colis contenant divers objets pour M. et Mme Barrow qui m’avaient recu si aimablement. Le thé fut offert 4 nos visiteurs, un thé en musique, pendant lequel Agnés exécuta sur son accordéon Viens i aig la Tonkinoise et autres mélodies assurément nou- velles pour nos hôtes. L’accordéon excita grandement la convoitise ; on proposait 3 moutons en échange. Mais je fus inflexible dans mon refus, en songeant que ce modeste instrument serait la seule distraction de nos quatre matelots pendant les longues soirées d’hiver à Kerguelen. La nuit approchait, il fallut songer au départ. Nos nouveaux amis sautèrent dans leur embarcation, emportant leur butin, et se séparèrent de nous en nous souhaitant bonne chance et en poussant trois hurrahs. Toutes voiles hautes, nous avons alors repris la route vers notre destination, non sans jeter un dernier regard attendri vers l’Ile Heureuse. Quinze jours après, nous avons doublé le cap de Bonne-Espérance. On: était au 16 février, une date mémorable de notre voyage. Sous notre voile de fortune et la grande voile à deux ris, nous avions pris la fuite devant une violente tempête d'Ouest. Poussé par la tourmente et par une mer démontée, nous faisions de rapides progrès vers le but tant désiré, plus que jamais confiants dans notre étoile et dans les qualités de notre petit navire. 6. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE C'est au moment où la force du vent diminuait que s’est produit l'accident qui faillit mettre fin à notre campagne, en même temps qu’à notre vie. La crête d’une des mon- tagnes mouvantes qui nous poursuivaient s’abattit sur notre arrière, couvrant du même coup tout le petit navire. Ce fut quelque chose d’effarant. Nous avons pu croire un moment que le bateau faisait panache. Il y eut une violente secousse qui fit craquer toute la coque et nous fit perdre à tous l’équilibre. Puis le navire s’affaissa au creux de la lame et se coucha violemment sur babord, débarquant du même coup la trombe d’eau et les débris qu'elle avait arrachés sur son passage. L’>homme de barre blessé, deux embarcations et le compas écrasés, 4 moutons, 2 porcs et notre bon chien Patrick enlevés à la mer : tels furent les premiers malheurs constatés. Il y en avait malheureusement bien d’autres. Les ravages causés par l’eau dans notre petite cabine étaient irréparables, mais c’est la perte de notre bon Patrick que nous avons ressentie le plus vivement. Nous l’aimions avec ses défauts et ses qualités, comme on aime un ami. C’est lui qui veillait au bossoir, appelait aux marsouins et faisait la police parmi les nouveaux passagers de pont pris à Tristan. C'était vraiment une perte, car il tenait vaillamment sa place parmi l'équipage. « Pauvre bon chien, c'était notre ami ! » Telle fut l’oraison funèbre de Patrick, disparu en mer le 16 février 1908. : Du Cap a Kerguelen, nous avons eu une traversée mouvementée, mais sans incidents notables, si ce n’est plusieurs tempétes et un temps nettement défavorable. Enfin, le 4 mars, a la nuit tombante, au commencement d’un coup de vent de Nord, nous avons apercu l’île Croy au Nord de Kerguelen. Ce coup de vent, puis un temps bouché, nous ont fait passer vingt-quatre heures d’angoisse, tout près des dangers d’une côte que nous dissimulait la brume. ke Dans Ja nuit du5 mars, nous avons passé a ranger la dangereuse roche appelée Bligh’s Cap. La, le brouillard et lecalme nous prenaient. Jouets dela houle et de courants inconnus, nous avons été poussés au pied d’une côte rocheuse sur laquelle la mer brisait avec une grande violence. Nous n’en étions plus qu’à quelques encablures, quand elle nous est apparue soudain, sortant de la brume. Le danger était pressant, il fallait prendre vite une décision. Une étroite crique s’ouvrait dans la falaise : y faire entrer le bateau était notre unique chance de salut. Nos voiles, qu'aucun souffle ne gonflait, battaient lamen- tables et inutiles ; la houle nous poussait lentement, mais à coup sûr sur les roches. C’est alors que nous avons tenté avec succès la dernière manœuvre en notre pouvoir. Notre gros canot fut mis à la mer ; j y sautai avec trois hommes, et c’est sous l'effort patient de nos quatre avirons que le J.-B. Charcot gagna à la remorque son premier mouillage. La brume persista pendant vingt-quatre heures, et ce n’est que plus tard, en aper- cevant clairement la grande terre, que nous avons acquis la certitude de notre position. Nous étions à l’île Roland, dans une étroite baie non portée sur la carte. Nous y avons passé trois jours d'angoisse, et c’est là que nous avons fait connaissance avec les fameuses rafales de Kerguelen, qui dépassent en violence toutes les descriptions. Ce n'était certes pas le mouillage rêvé. Une nuit, nos-deux ancres chassèrent subitement pendant une rafale, et Bontemps, qui était de quart sur le pont, vint prévenir que l'arrière n'était plus qu’à quelques mètres des ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 7 roches. Heureusement ces rafales cessent aussi rapidement qu’elles se lèvent. Nous en fûmes quittes pour la peur, mais l'alerte avait été rude, et nous avions perdu tout désir de rester plus longtemps dans ce mauvais trou. C’est pendant cette nuit que mon frère et moi avions préparé un sac contenant les objets les plus indispensables à des naufragés, KERGUELEN, 6 Mars 1908 - 10 Juin 1909. Itinéraire [ ketch “J.B. Charcot» 1907 -1909 ae aaa \ 49° Se à ad \ \ \ le l'Obsérvatoïre a === PRET re! ‘ ey (rep, ? = Frag Galles 75 520 dre ll s € /Royale e Murrey, FEU Th PS, A | USINE à RTE Croisière a jus ee aux = &es ILES KERGUELEN % “= % Echelle = %5.000° parR.Rallier du Baty à $. o 10 20 40 Capitaine [274 long cours a 67° 68° Kilomètres TH. PUBLIÉE PAR LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE PARIS Fig. 1. tels que allumettes, couteaux, fusil, cartouches, fil, aiguilles, etc., etc. Ce sac, que nous appelions le sac du naufrage, resta désormais toujours prêt dans un caisson, pour toute éventualité. Cependant, ces aventures désagréables n'avaient pu avoir raison de notre enthou- siasme, Entre temps, nous avions déterminé la position exacte de notre mauvaise 8 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE baie et fait l'ascension du pic qui domine l’île et que nous avons baptisé Pic Charcot comme un hommage bien dû au parrain de notre petit navire. Le 9 mars, à midi, nous avons quitté sans regret, mais non sans difficultés, ce sinistre endroit, auquel le nom de Baie de la Souriciére me paraît devoir le mieux convenir. Notre second mouillage a été Port-Christmas, une baie rebaptisée par le capitaine Cook, et à laquelle Kerguelen lui-même avait donné le nom de Baie de l'Oiseau. Gagner l'entrée de la baie fut chose relativement facile, mais atteindre en louvoyant le mouillage au fond de cet étroit boyau fut une tâche des plus délicates. Il était presque nuit quand nos ancres tombèrent, et nous avons employé les derniers instants du crépus- cule à admirer le paysage, désolé certes, mais imposant aussi et vraiment romanesque qui nous entourait. Le lendemain, dès l’aube, les premières victimes de la civilisation sont tombées. A peine à terre nous avons pu fusiller à discrétion phoques, lapins et canards qui n’y pensaient guère. Notre passage à Port-Christmas est surtout à signaler pour les remarquables performances culinaires et pour les repas pantagruéliques qui s’y passèrent. Il s'agissait d'essayer les ressources nutritives du pays, sur lesquelles je comptais tant pour écono- miser nos vivres. La question lapins et canards était résolue d’avance, et je déclare ici que ces derniers valent à eux seuls la peine d’un voyage à Kerguelen. Mais la viande de phoque m'inquiétait ; j'étais le seul à y avoir jamais goûté et me souvenais que, parmi l'équipage du Français de la première expédition Charcot, plusieurs de mes camarades n’avaient jamais pu s’habituer à ce mets pourtant délicat, je l’affirme. Ce dégoût irraisonné était sans doute un effet de l'imagination, et je craignais qu’il ne se reproduisît parmi les nôtres. Aussi m'étais-je efforcé de chanter sur tous les tons et à tous propos les louanges du filet de phoque. Le moment critique était arrivé : j'allais être récompensé de mes frais de rhétorique ou passer pour le dernier des imposteurs. * Esnault jouait à bord le rôle de cuisinier, mais cela ne veut nullement dire qu'il fut qualifié pour un emploi chez Ledoyen ou chez Maxim. Ce jour-là, il fut impitoyablement chassé de la petite cuisine, tandis que mon frère et moi préparions dans le plus grand mystère beefsteaks aux oignons, cervelles au beurre noir, et rognons en brochette. Ce fut un triomphe qui se traduisit par les appréciations les plus exagérées : « Depuis trente ans que je navigue, affirma Bontemps, je n'avais jamais rien goûté de si bon! » Agnès renchérit, disant que c'était meilleur que du bœuf. Esnault dit : « C’est bon, sûr; c’est même ben bon. Ya pus d’une « briqueville » à Cherbourg qu’en voudrait ben un morceau pour mettre su son pain ! » Larose ne ditrien, mais ses mâchoires étaient éloquentes. Il n’en perdait pas une bouchée et lançait, à de courts intervalles, des regards inquiets vers les plats déjà presque vides. Bref, tout le monde fut d’avis qu'avec de pareils régals, la vie serait supportable à Kerguelen. La nuit suivante, nous avons été tirés de nos rêves par le bruit du vent dans les cordages. La tempête dura peu, mais il venta d’une façon absolument déconcertante. Le J.-B. Charcot chassa de plusieurs encäblures avec deux ancres et les chaînes filées à bout. — d'El: Co a - éd 1 | 4 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 9 Le résultat fut de nous faire appareiller dès le lendemain en quête d'un meilleur mouillage. Notre choix s'arrêta au hasard sur la baie Loom. Notre séjour dans cette baie a duré un mois, pendant lequel nous avons pu explorer les baies environnantes et faire à pied de nombreuses excursions à l’intérieur. C’est là que nous nous sommes familiarisés avec notre nouveau métier de chasseurs de phoques dont j'avais seul quelque idée. « Tout nouveau, tout beau » : vérité incontestable si l’on en juge par l’ardeur et l'enthousiasme que chacun de nous mit à | Vaccomplissement du travail le plus pénible, le plus sale; le plus rebutant qui se puisse imaginer. Tout le monde a entendu parler de la pêche à la morue en Islande et sur le banc de Terre-Neuve, et journellement des cœurs sensibles s’attendrissent sur le sort des peltas et des graviers: Imaginez quelque chose de beaucoup plus dur et vous aurez une bien faible idée de ce qu’est le métier de chasseur de phoques pratiqué dans des conditions nor- males. Si l’on ajoute à cela que nous n’étions que des sealers improvisés, munis d’outils de fortune, on se rendra parfaitement compte qu'une bonne dose d'enthousiasme nous était nécessaire pour ne pas jeter le manche après la cognée. Pour la chasse, nous choisissions, autant que possible, une belle journée. Nousquittions le bord tous les six de bonne heure dans deux embarcations, emportant nos armes et aussi desprovisions de bouche pour la journée. Nous suivions la côte et nous nous arrêtions au Fig. 2. — Éléphant de mer (Macrorhinus leoninus). premier troupeau de phoques rencontré. L'espèce de phoques que l'on rencontre à Kerguelen est l'éléphant de mer (Macro- rhinus leoninus), ainsi nommé à cause d’une protubérance que portent les mâles sur le museau et qui ressemble vaguement à un tronçon de trompe. La taille des femelles ne dépasse jamais 4 mètres, mais celle des mâles atteint parfois 7 mètres. Ils demeurent à terre pendant les mois d'été et vivent par troupeaux disséminés le long du rivage. Aussitôt débarqués, nous nous rangions tous les six entre le troupeau et l’eau pour rendre toute retraite impossible vers la mer. Alors commençait une tuerie dont je préfère épargner la description à mes lecteurs. Il ne faut pas croire cependant queles grands mâles se laissent immoler comme de simples brebis. Lorsque le premier coup n’est pas mortel, il n’est pas rare de voir ces énormes bêtes charger furieusement leur agresseur qui doit alors fuir honteusement. Nous avions cependant trouvé un système pour arrêter net ces T. II. — Fasc. 3. 3 tos : ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE élans belliqueux; c'était de lancer une poignée de sable dans la gueule menaçante du monstre qui battait alors immédiatement en retraite. Il faut avoir soin de toujours con- server une bonne distance entre soi et la gueule de l'animal, celui-ci lançant sa tête comme un bélier. La puissance des mâchoires est incroyable : nous nous amusions à faire mordre de solides bâtons de chêne qui étaient broyés comme une paille. Nous tuions généralement d’une balle dans la tête ces bêtes relativement dangereuses. Cette scène de massacre était suivie d’une scène de boucherie. Il fallait dépouiller les cadavres de leur épaisse couche de lard et charger ces longues lanières de graisse dans nos embarcations. A la nuit tombante, nous aban- donnions la placeaux milliers d'oiseaux qui planaient au- dessus du champ de carnage, attendant l’heure de la curée. Exténués, couverts d’huile et de sang, il nous fallait encore franchir plusieurs milles à l'aviron, pour rega- gner la baie Loomavec notre butin : de 3 à 4000 kilogs de graisse. Tout allait bien si le beau temps persistait jus- Fig. 3, — Chasse à l’éléphant de mer. qu'au bout; mais, quand nous étions surpris par un changement subit, il fallait se décider à jeter tout à la mer pour alléger nos embarcations surchargées et éviter ainsi une catastrophe. La prudence n’était pas toujours notre vertu, j'allais dire notre défaut. Dans une aventure comme la nôtre, il n’en faut qu’une petite dose et s’en servir judicieusement ; quelque chose doit être iene ala chance, sinon mieux vaut rester chez soi. Pour transformer la graisse en belle Loue blonde, nous avions construit à terre, tout au bord de l’eau, une hutte baptisée pompeusement du nom d’« usine ». Les murs étaient faits de terre et de pierres; le toit se composait de quelques planches recouvertes de peaux de phoques. A l’intérieur étaient disposées les deux lessiveuses que nous avions achetées à Boulogne pour servir à la fonte de la graissé. Le lard était déposé par tas sur les roches près de « l’usine » et recouvert de prélarts et de grosses pierres pour prévenir les déprédations des oiseaux. Sur une table improvisée, cette graisse était coupée en petits cubes pour rendre la fonte plus rapide, puis plongée dans les chaudrons. Une surveillance continuelle était nécessaire. Il fallait régler soigneu- sement le feu afin d'obtenir une huile claire. A la moindre distraction, l'huile brûlait et devenait noire. Des chaudrons, il fallait transvaser, à l’aide d’une énorme cuiller, le liquide ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE II doré dans un énorme baquet pour le refroidir et se déposer. Mon frére présidait a toutes ces opéra- tions délicates. Tout cela semble très simple en vérité; mais, malgré tout, je ne cesserai de dissuader aux gens pourvus d’un métier avouable de se faire chasseur de phoques à Kerguelen. Notre usine était un enfer où l’on souffrait par les cinq sens, le supplice do- minant étant une douleur intolérable aux yeux, provoquée par les vapeurs d’huile. De plus, nous étions d’une saleté repoussante : couverts de loques graisseuses, la figure noire de suie. Impossible de toucher quelque objet sans y laisser ces empreintes digitales si chères à M. Bertillon. Les dernières manipulations de l’odieuxliquide étaient la mise en fûts et finalementl’embarquement et l’arrimage des barils dans la cale. Et, puisqu'il s’agit de barils, voici venu le moment de faire mon entrée en scène. Votre serviteur était le tonne- lier. Fig. 4. — Albatros de Kerguelen. (Diomedea sp.) Mes débuts ne furent pas brillants. Le marchand qui m'avait vendu les barils démontés, avait été assez aimable pour me donner une lecon de remontage d'environ cing minutes. La chose m'avait paru d’une simplicité enfantine, et j'avais remercié mon professeur en lui déclarant que « ça irait tout seul». Mais, je devais changer d'avis. Il s'agissait d’abord de ranger à l'intérieur d'un des cercles les 20 douvelles. Généra- lement, tout s’effrondrait comme un chateau de cartes au moment ou la dernière allait trouver sa place. Ce jeu de patience, répété vingt fois avec le même insuccès, me met- tait dans des colères folles. Tous ceux qui ont essayé de remonter un tonneau après cinq minutes de leçon compatiront et com- prendront mon manque de calme. Enfin, après une journée entière de travail, un baril était prêt à recevoir de Fig. 5. — Éléphant de mer. VPhuile. Il fallait voir avec quelle complaisance je contemplais ce premier baril sorti de mes mains. 12 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE — « A cette vitesse-là, remarqua mon frère, il ne te faudra guère plus de six mois pour remonter les 200 ! » Cette réflexion, d’une arithmétique normale, jointe à la découverte que mon baril coulait, me jeta dans le plus sombre désespoir. Je n’en dormis pas de la nuit suivante, et mes réflexions furent améres. A quoi bon être venu a Kerguelen pour y faire de l’huile, si nous n'avions rien pour la mettre ? Car, enfin, on ne vient pas remonter des barils sur une île déserte pour le plaisir d’orner ou de meubler cette ile. La nuit porte conseil. Le lendemain, je reprenais mon travail avec énergie et méthode. Ma ténacité fut enfin couronnée de succès. Le second baril coulait moins, le troisième filtrait légèrement, le quatrième suintait à peine. Au cinquième, j'étais tonnelier et je chantais en maniant la châsse et l’herminette. Dans la suite, j’arrivai au résultat inespéré de 15 tonneaux remontés en une journée detravail. Au bout de trois semaines de travail assidu, vingt barils d’huile avaient pris place au fond de la cale du J.-B. Charcot. Cette lenteur désespérante était due surtout à la petitesse de nos chaudrons. L’époque de l’émigration des phoques étant proche, nous avons alors cessé la chasse pour tourner nos efforts vers des travaux plus intéressants et plus intel- lectuels. Depuis notre arrivée dans la baie Loom, les observations météorologiques étaient commencées. Une base fut mesurée et le plan de la baie levé. A tour de rôle, mon frère ou moi partions accompagnés d’un matelot pour de longues excursions vers l’intérieur de l’ile ou dans les baies avoisinantes. Pendant ces excursions, nous avons découvert plusieurs gisements de charbon, mais il convient de dire tout de suite que ce charbon n’a aucune valeur commerciale. Il contient jusqu’à 50 p. 100 de silice et brûle mal. Un couple d’oies qui nous restait depuis Tristan da Cunha fut lâché en liberté. Huit jours après, elles étaient devenues sauvages, et se jetaient à l’eau dès que nous cherchions à les approcher. Il est à souhaiter qu’elles se multiplient, comme ont fait les quelques couples de lapins lachés sur Kerguelen en 1874. Les environs de la baie Loom étaient très marécageux ; il fallait prendre de grandes précautions pour éviter les fondrières. Agnès en fut victime, et c’est par hasard qu'il échappa à l’affreuse mort de l’enlisement. Un dimanche, revenant de la chasse à la nuit tombante, il sauta dans une de ces flaques de boue et s’enfonca du premier coup jus- qu’aux aisselles. I] eut la présence d’esprit de mettre son fusil sous ses bras et se mit a appeler au secours. Par bonheur Larose, qui se trouvait également à terre, l’entendit et, s’aidant d’une planche, réussit à tirer son camarade de sa facheuse position. Larose eût- il été hors de portée de voix, Agnès était perdu. Depuis ce jour, l'ordre fut donné de ne plus s'éloigner seul. Pendant notre séjour dans la baie Loom, nous avons eu quelques journées de très beau temps, mais il faut renoncer à décrire la fréquence et surtout la violence des tempêtes que nous y avons essuyées. Un jour, une de nos embarcations, tirée à sec sur une petite plage, fut roulée par le vent sur une longueur d’environ 500 mètres et mise en pièces. . Ce fait se reproduisit d’ailleurs quelques mois plus tard, dans une autre baie au Sud de Kerguelen. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 13 Le 25 avril, nous quittions la baie Loom par un temps neigeux et froid, pour nous rendre au mouillage de Port-Gazelle (réputé la meilleure baie de l’île) où nous comptions passer les mois d'hiver. Le lendemain, en débarquant à terre à ce port, la première décou- verte de mon frère, qui s'était improvisé le géologue de l'expédition, fut celle d’un gisement de charbon, dans une cascade, à quelques mètres du rivage. Ce charbon était de qualité différente de celui que nous avions trouvé dans le nord de l'île. Il brûlait admirablement avec une belle flamme jaune. Cette importante découverte nous remplit de joie, d’autant plus que la provision emportée de France était sur le point d’être épuisée. Un de nos premiers soins fut de visiter le dépôt de vivres et vêtements laissé par l Eure en 1893 dans une grotte. Le mât, surmonté d’un pavillon tricolore en tôle, existait toujours, ainsi que la plaque de cuivre portant gravé : Eure, 1893. La pyramide au-dessus de la grotte s'était écroulée. Personne n’avait touché au dépôt, mais l’eau, en tombant goutte à goutte de la voûte, avait eu raison en quinze ans des barils contenant le biscuit, les couvertures et les vareuses de marins. Le tout ne formait plus qu’une bouillie répandant une forte odeur de moisi. Des milliers de souris avaient envahi la grotte. Les boîtes de conserves, qu'on avait heureu- sement enduites de coaltar, étaient en assez bon état. Quant à la boîte en fer contenant les allumettes, elle se trouvait juste sous un égout et s'était recouverte peu à peu d’une épaisse couche de mousse. Nous avons passé cinq mois dans Port-Gazelle, faisant de ce point des excursions par terre et par mer dans toutes les directions. Avant notre voyage à Kerguelen, l’intérieur de l’île était à peu près inconnu. Je fis la première excursion avec Larose, par terre, dans la direction S.-E. pour tâcher de traverser jusqu’à la baie de l'Observatoire où avaient séjourné l'expédition anglaise du Passage de Vénus en 1874 et l'expédition allemande en 1902. Il n’est pas inutile de dire qu'à Kerguelen, il n'est pas rare de mettre quatre ou cinq heures à franchir un mille. Après dix heures de marche, nous arrivions au sommet d'une montagne sur laquelle nous trouvions un cairn et un flacon contenant un document sans importance qui nous apprenait que le nom de Drygalski avait été donné à cette montagne. Deux heures après, nous arrivions à la station que les Allemands avaient occupée six ans plus tôt. La maison d'habitation et les deux observatoires étaient toujours debout, mais les toitures avaient beaucoup souffert. Tout avait été laissé dans un désordre inexprimable, comme si les habitants avaient fui devant quelque soudaine attaque. Jamais je n’ai vu tant de bouteilles vides ! Sur le fourneau, il y avait encore des casseroles contenant je ne sais quel rata couvert de moisissure. De vieilles chemises et autres vêtements jonchaient le plancher au milieu d’un fatras inextricable de livres et de journaux. Les fenêtres étaient brisées et la toiture percée en plusieurs endroits. Le lendemain, nous rentrames à bord. Il fut décidé de retourner avec les outils voulus pour faire les réparations nécessaires, cette maison pouvant nous être d’une grande uti- lité un jour ou l’autre. Mon frère y passa trois jours avec Agnès et Larose, puis j'y retournai tout seul pour huit jours, pour finir les réparations et mettre tout en ordre. 14 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE En revenant de mes huit jours de solitude, j’eus une aventure très désagréable. Pris par la pluie, le brouillard et la nuit, je perdis ma route et je dus chercher abri dans un trou sous une roche. Il ne fallait pas songer à dormir, trempé jusqu'aux os comme j'étais. Je passai là quatorze heures de nuit, les plus désagréables, je pense, de toute ma vie. Au jour, je retrouvai facilement ma route ; mais la fatigue, le froid etsurtout la faim avaient eu raison de mes forces. Pendant le reste de la route, je fus obligé de me reposer tous les 500 mètres et quand, enfin, j’arrivai à bord vers midi, mes jambes allaient me refuser tout service. Peut-être serait-il bon d'ouvrir ici une parenthèse pour décrire notre genre de vie pendant l’hivernage. Tant que nous avions été à la mer, une discipline, aussi stricte qu’à bord d’un navire de guerre de 600 hommes d’équipage, avait été maintenue. Mon frère faisait un quart avec Bontemps et Esnault, tandis que je faisais l’autre avec Agnès et Larose. Une fois en sécurité à Port-Gazelle, mon frère et moi avions jugé bon de donner le plus de repos possible à nos hommes en considération des fatigues passées et à venir. La routine journalière était la suivante : branle-bas au lever du jour, c’est-à-dire entre sept et huit heures; café, Après le petit déjeuner, le premier travail était d’aller relever le filet dit tramail que l’on mettait tous les soirs. Le reste du temps, jusqu’au déjeuner, était employé au lavage du pont et à la propreté du bateau. A onze heures, déjeuner en commun. A midi, quand le temps le permettait, nous descendions à terre travailler à notre mine de charbon. Bas l’ouvrage à quatre heures. Dîner à six heures. Chacun employait sa soirée comme il l’entendait. Les jours de grande tempête, c’est-à-dire au moins deux jours par semaine, en moyenne, étaient par nécessité des jours de repos, puisqu'il était alors impossible de risquer une embarcation à l’eau. Nous partagions, tous les six, le petit logement de l'arrière qui servait à la fois de dortoir, de réfectoire et de salon. Les repas étaient pris en commun et la cuisine était la la même pour tous. Chacun prenait aussi, gaiement, sa part de travail. Mon frère, en plus de ses fonctions de capitaine, gardien de la discipline et du bon ordre, était le maitre © voilier et le forgeron du bord avec Bontemps pour aide. Comme second, j'étais chargé du matériel du bord et de la direction des travaux. A ces fonctions venaient s’ajouter celles de charpentier, de tonnelier et de cambusier avec Agnès pour aide. Larose, qui n'avait pas d’aptitudes spéciales, s’acquittait consciencieusement de tous les travaux. A Esnault étaient échues les importantes fonctions de cuisinier et de boulanger dont il s’acquitta tout le voyage, à la satisfaction générale. Il avait un talent incontestable pour les fritures de poisson et réussissait à faire de bon pain dans un four grand comme une boîte à lettres. Mais l'ordre et la propreté n’étaient pas ses qualités dominantes. Pour ne pas souiller son appétit, il fallait bien se garder d'observer de près les mystérieuses préparations qu'il opérait dans la pénombre de la petite guérite qu'était la cuisine du J.-B. Charcot. Pour les travaux scientifiques, mon frère et moi, nous étions partagé la besogne. Il s'était improvisé le géologue, et moi le naturaliste de l'expédition. Chacun collaborait, par ailleurs, aux observations météorologiques et astronomiques ainsi qu'aux travaux hydrographiques: Si l’on ajoute à toutes ces occupations nos fructueuses et utiles parties de chasse, on verra que l'emploi de notre temps était bien rempli. ss ds ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 15 Le mois de mai fut une longue tempête, égayée de rares et courtes accalmies. Quand on parle du temps à Kerguelen, il est nécessaire d’avoir recours à un nouveau vocabulaire. Ce que nous appelions beau temps était ce que tout le monde appelle en France un temps de chien. Pour la tempête, nous avions adopté le mot fusillade qui est encore bien faible. Le 31 mai, nous avons eu un beau temps de Kerguelen. J'en profitai immédiatement pour partir avec Agnès pour une excursion dans la baie Hillsborough, emportant pour quinze jours de vivres et notre petit matériel de campement. Mon intention était de gagner tout d'abord le fond de la baie Irlandaise et d'essayer de passer à pied jusqu'à la côte Ouest. A notre premier campement, nous nous apercevions que l'alcool à brûler avait été oublié. Il fut résolu, d’un commun accord, de nous en passer et de continuer. La journée du lendemain fut exceptionnellement belle et, vers trois heures de l'après-midi, après avoir tenu plus de dix heures nos avirons en mains, nous arrivions au fond de la baie Irlandaise de sinistre aspect. - Le lendemain, nous partions à pied, au point du jour, chargés comme des mulets. Après avoir surmonté bien des difficultés, nous étions finalement arrêtés par le front à pic d’un énorme glacier non porté sur la carte. Le temps était devenu pluvieux : ce fut une triste nuit sous notre petite tente montée sur un marécage. Notre retour vers le point où nous avions laissé l’embarcation fut une retraite de Russie, sous la pluie, le verglas et la neige. Il y eut méine le passage de la Bérésina, un gros ruisseau transformé subitement en torrent par la pluie. Il fallut y entrer jusqu'à la ceinture et je vous affirme que, jamais, on ne prit de bain plus froid. Pour se réchauffer, un repas froid, puisque nous avions oublié l'alcool à brûler. Nos lits-sacs parurent confortables ce soir-là. Le lendemain, départ en embarcation, découvert une grande lagune dans la péninsule Roon, franchi Husker Pass, et atteint Vile du Port à la nuit tombante. Là, nous faisions une découverte de la plus haute importance : un ancien campement de pêcheurs de baleines, des huttes en ruine, des barils et enfin, richesse inappréciable et inattendue : quatre énormes marmites en fer dont la plus petite vaut quatre des nôtres. Cette trouvaille va considérablement simplifier l'achèvement de notre cargaison d’huile dont je m'étais avoué intérieurement l'impossibilité avec le matériel insuffisant dont nous disposions. Ces énormes marmites avaient dû être abandonnées là depuis une vingtaine d'années au moins. Le sable accumulé par le vent les recouvrait presque entièrement. Un grand feu de joie fut allumé en signe de réjouissance, et aussi pour nous préparer enfin un bon repas chaud : le combustible ne manquait pas. Une tempête de Nord avec pluie torrentielle qui se leva pendant la nuit réussit à éteindre notre feu, mais non notre joie. Trois jours, nous avons été prisonniers de la tempête à l’Zle du Port, faisant de grands feux et des bombances de phoque et de pingouin rôti pour passer le temps. Un accident grave hata le retour à bord : Agnès n’avait plus de tabac ! La mer était encore mauvaise, mais le sort en était jeté : ’embarcation fut mise à l'eau, et nous partimes sanglés de nos ceintures de sauvetage que nous emportions toujours dans nos excursions. Pendant la traversée, qui fut plutôt mouvementée, nous avons pu, 16 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE une fois de plus, admirer les qualités de ces embarcations plates appelées doris. Agnès, qui avait fait la pêche à Terre-Neuve, nous avait appris toutes les finesses et montré tous les trucs qu'il faut connaître pour tirer le meilleur parti de ces merveilleuses embarcations que l’on prendrait plutôt à première vue pour des noyades. Après six heures d’aviron, nous accostions le J.-B. Charcot, Agnès sautait vivement à bord bourrer une pipe, tandis que j’annongais triomphalement à mon frère la décou- verte des marmites. Nous avions été absents huit jours et la distance parcourue à l’aviron était d'environ go milles. * Il fut décidé d’aller à la fin du mois de juin avec le J.-B. Charcot à l'Ile du Port pour prendre deux de ces énormes marmites qui devaient plus tard nous être si précieuses. Une première, puis une se- conde tentative échouèrent, à cause du mauvais temps et du vent contraire, qui nous prirent en route. La seconde fois, nous étions revenus. mouiller près d’un îlot dans le Bras de la Fonderie, à l’entréede Port-Gazelle.C’est là que nousavons failli perdre notre bon petit navire qui était notre seul lien avec le monde habité. Pendant une violente tempête de neige du S.-W., nos deux ancres chassèrent et l’arrière du bateau vint s’échouer sur les roches. La mer baissait si bien que l’arriére cessa bientôt de talonner et resta échoué, l’avant étant toujours à flot et les chaînes rappelant du large. Si le vent cessait avant la marée haute, nous pouvions nous en tirer ; dans le cas contraire, c'était la perte inévitable du bateau. Toutes les précautions furent prises : un va-et-vient fut installé entre laterre et le bord ; des voiles, les outils, quelques provisions, des vêtements, etc... et le fameux sac du naufrage furent mis à terre. A six heures, le diner fut servi comme à l'ordinaire ; mais nous étions tout tristes en pensant que dans quelques heures le petit navire qui nous avait conduits si loin serait peut-être en miettes. Le pont était tellement incliné qu’il était impossible de tenir debout. A huit heures, le temps s’éclaircit ; une étoile parut : la nôtre, sans doute. Peu après, le vent tombait subitementettournait au N.-W.: c'était le salut. A dix heures, nous flottions, et c’est à lalueur d’une torche que nous nous sommes mis aussitôt en devoir de changer de mouillage. Enfin, le 2 juillet, nous réussissions à gagner l’Ile du Port. Deux des marmites furent immédiatement mises à flot, remorquées le long du bord et hissées sur le pont au moyen de deux solides palans. Fig. 6. — La mer au voisinage de la côte de Kerguelen couverte d’algues flottantes. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 17 Pendant les six jours passés là, il y eut plusieurs tempêtes de neige, mais heureusement le fond de vase collante offrait une excellente tenue pour nos ancres. Le 8 juillet, au soir, nous rentrions a Port-Gazelle à temps pour nous mettre à l’abri d’une épouvantable tempête de S.-E, la première de cette direction depuis notre arrivée à Kerguelen. Il neigea pendant vingt-quatre heures et la neige séjourna dans la suite pendant plus de trois semaines dans les vallées. Juillet et août furent deux mauvais mois pendant lesquels nous avions en moyenne trois tempêtes par semaine. Le 13 août, il y eut, chose extraordinaire, une journée de temps magnifique, suivie, naturellement, d’un bon coup de vent. __ Nous travaillions toujours à notre mine de charbon. L’extraction devenait de plus en plus difficile. Faute d'outils indispensables, il fallait parfois plusieursjournéesdetravail pour en obtenir 100 kilogs. Nous nous en servions pour faire la cuisine et pour nous chauffer. Le climat pendant l'hiver est désagréable, mais pas dur ; la température était toujours voisine du point de congélation, mais ne descendait jamais au-dessous de 8° C. En séptembre, le temps fut moins mauvais. Une de nos principales excursions fut alors dirigée vers un massif montagneux, voisin de Port-Elizabeth. Cette excursion, qui ne fut malheureusement pas favorisée par le beau temps, fut néanmoins fort intéressante. C'est à Port-Elizabeth que nous avons observé pendant des journées entières les mœurs et les habitudes des phoques à l'époque de la mise bas. Les mâles arrivent à la fin d’août. Les femelles ne viennent qu’à la mi-septembre, et mettent bas presque aussitôt. Les mâles veillent jalousement sur leurs harems et se livrent des combats sanglants. Quand les petits ont fini de téter, ils se rassemblent par bandes et apprennent à nager dans les ruis- seaux et dans les flaques d'eau douce avant d’oser se risquer à la mer. Pendant cette excursion de Port-Elizabeth, nous avons été à même de faire d’impor- tarites rectifications à la carte, et d’y faire aussi de nombreuses additions d'ilots et de roches dangereuses. Port-Elizabeth, lui-même, doit être reporté à 2 milles plus au Sud. Le 5 octobre, nous avons quitté Port-Gazelle avec le J.-B. Charcot, pour nous rendre dans le Royal Sound ou Baie Royale. Favorisés, nous pouvions faire le trajet en une journée; mais il ne nous prit pas moins de six jours pendant lesquels nous avons été ballottés par la tempête et aussi retardés par les vents contraires. Le 11, nous jetions l’ancre près de l’île du Tombeau et, le 15,dans la baie de l'Observatoire, près de l’ancienne station allemande. Les préparatifs pour reprendre la chasse aux phoques furent aussitôt commencés. La maison de la station nous servait d’atelier, principalement pour le remontage des barils auquel je travaillais toute la journée avec Agnès. Une nouvelle « usine » fut construite, beaucoup plus perfectionnée que celle de la baie Loom, dans laquelle trônait cette fois, sur un énorme fourneau de briques, une de nos marmites ventrues. Une autre chose est à signaler : c’est que, dans cette dernière quinzaine d'octobre, nous avons eu huit jours consécutifs de très beau temps, sans une ondée, sans un nuage. Nous ne pouvions en croire nos yeux. C'était à se croire subitement transportés dans quelque nouvel Éden, hors du domaine des tempêtes. La température était idéale et, sous la caresse de Phébus, les tertres, naguère couverts de neige, vêtirent en quelques jours T. HI. — Fasc. 3. 18 : ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE leur livrée verte, qui tranche de façon si étrange, sur le fond sombre des basaltes craquelés. ; Le 2 novembre, par une belle journée, je partais de nouveau avec Agnés, mon com- pagnon préféré, dans notre bon doris, pour aller explorer la grande presquile de l’Obser- vatoire et nous rendre compte des endroits où se tenaient les troupeaux de phoques. C’esticile plus grand événementde notreséjour à Kerguelen. Lelendemain 3 novembre, vers midi, alors que nous parcourions à pied la côte entre la pointe Molloy et la presqu'île du Princede Galles, j’apercus soudain, au large, la fumée d’un vapeur. C’était la première fois depuis notre arrivée à Kerguelen. Nous pensions d’abord que c’était un steamer allant en Australie et qui, pour une raison ou pour une autre, avait dévié de sa route. Mais voila qu'il semblait se rapprocher, et notre émotion était intense à la seule pensée de pouvoir communiquer avec d’autres vivants. Il faut dire aussi que nous manquions de tabac et de café depuis plus d’un mois. La privation de tabac était un supplice pour Agnès. Quant à Bontemps, il en était devenu presque idiot. Maintenant, le steamer appro- chait toujours, une chaîne de montagnes nous le cacha, pendant une demi-heure, qui nous parut un siècle. Enfin, il fit son entrée dans la baie Royale, tandis qu’Agnés exécutait une sorte de «pilou de guerre » en criant : « Du tabac! j'aurai du tabac! » Le vapeur dis- parut bientôt au milieu des îles, semblant se diriger vers la baie de l'Observatoire. Le retour à bord fut immédiatement décidé, et nous rentrâmes à notre campement, bavardant avec abondance et excitation sur ce sujet imprévu et nouveau. Les suppositions les plus invraisemblables allaient leur train. Arrivés au campement, une furieuse tempête de Nord commença et nous retint deux jours enfermés dans notre petite tente, causant toujours du fameux steamer. En rentrant enfin dans la baie de l'Observatoire, notre étonnement ne fut pas mince de n’y trouver que le J.-B. Charcot; mais mon frère me tendit un paquet de lettres où je reconnus tout de suite les écritures chères de ceux que nous avions laissés à Paris. Le navire en question était un vapeur norvégien, la Jeanne-d’ Arc, capitaine Ring, envoyé par MM. Storm, Bull and C°, de Christiania, pour fonder un établissement de pêche des baleines. Les Norvégiens étaient repartis pour chercher un emplacement conve- nable pour leur usine. Ils avaient trouvé à Port-Gazelle un document laissé par nous dans un flacon et par lequel ils avaient appris notre présence dans la baie de l’Observa- vatoire. Ils nous avaient aussi appris que, dans la baie Weineck, au Nord de l'ile, setrouvait un autre navire français, le Carmen, capitaine Dasté, venu à Kerguelen pour faire un chargement d’huile de phoques. Toutes ces nouvelles étaient du plus haut intérêt. Après dix mois de solitude, voici tout à coup qu'il y avait foule sur notreîle. , Mais il était temps de nous occuper de notre chargement. Malheureusement, nous nous apercevions vite que les phoques étaient peu nombreux dans la baie Royale. Avec nos nouvelles marmites, la fonte allait rapidement, et c’est maintenant la graisse qui manquait. Après avoir fait trente barils d’huile, il fut décidé d'aller chasser au Nord de l’île, pour voir en même temps notre compatriote, le capitaine Dasté. Mais la malchance nous poursuivait. En sortant de la baie Royale, un violent grain de neige nous surprit : notre grand gui fut cassé, et la voile mise en lambeaux. Il s'en fallut de peu que nous ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 19 n'allassions cette fois-là à la côte. Il fallut regagner la baie de l'Observatoire où mon frère et Bontemps se mirent immédiatement à l’œuvre pour réparer la voile. Pour ne pas rester inactif, je partis de mon côté avec Larose, en doris, pour explorer la partie Sud du Royal Sound. En contournant la pointe Nord de l’île Longue, quel ne fut pas notre étonnement d’apercevoir au Sud de la baie Supply une énorme construction blanche, puis le vapeur Jeanne-d’ Arc dont nous n’avions plus eu de nouvelles. Une heure après, nous étions à bord où nous étions reçus avec la plus grande amabilité par le capi- taine Ring, M. Ellefsen, directeur, et tout l'état-major. Ces deux jours à bord de la Jeanne-d' Arc furent pour moi une fête. Quelle nouveauté de s'asseoir à table au milieu de tant de nouvelles figures. Mes quelques mots d’anglais me suffisaient pour me faire comprendre. Presque tous parlaient couramment cette langue. Après la cuisine par trop rudimentaire d’Esnault, après dix mois d’un régime peu varié, les menus ordinaires des Norvégiens me paraissaient autant de festins. Retrouver le goût d’oignon depuis long- temps oublié : quel délice! Le porridge, les œufs, les sardines, les pommes de terre, autant de-régals. Le soir, il y avait concert du gramophone qui nous chantait en russe la Berceuse de Jocelyn, et c’est la, sur cette île désolée, que j’entendis pour la première fois la fameuse valse de la Veuve Joyeuse. Les Norvégiens me racontaient que c'était le succès du jour et que le roi Haakon était retourné plusieurs fois voir jouer la pièce. Larose mangeait avec le maître d’hôtel et je suis certain qu’il faisait honneur aux menus. Cependant, il ne fallait pas rester s’amollir dans les délices de Capoue. Le projet de pousser notre excursion jusqu'aux baies de la côte Sud de Kerguelen avait germé dans ma tête; mais il fallait pour cela transporter notre embarcation et notre matériel par-dessus Pétroit isthme séparant la baie Royale et la baie Swains. Ces isthmes étroits sont nombreux à Kerguelen ; les pêcheurs d’autrefois les appelaient hanlover (hale par- dessus) à cause de leur habitude de les franchir en transportant leurs embarcations à l'épaule. Je fis part de mes projets au capitaine Ring qui tint à honneur de venir, avec M. Ellefsen et tout l’état-major, aider Larose et moi à tout transporter. Un vent violent nous força à relâcher sur un îlot jusqu’au soir, et ce n’est que vers minuit que nous atteignimes le fond du bras Ouest de la baie Swains. La journée suivante fut employée a une excursion a pied jusqu’a la baie du Volage, et ce n’est que le lendemain de bonne heure que nous nous lancames résolument vers l'Ouest, pour tenter de franchir jusqu’à la baie de la Table. La tâche fut difficile et je considère cette excursion comme notre plus bel exploit à Kerguelen. Vingt fois, je fus sur le point de renoncer : il fallut d’abord franchir des marécages dangereux, puis untorrent. Ce fut ensuite un terrain montant, rocailleux, malaisé (comme dans la fable), qui nous conduisait vers un col encombré par la neige et des amoncellements de blocs de glaces provenant sans doute des avalanches du mont Ross (1865 mètres). La descente sur l’autre versant ne fut pas moins périlleuse, mais nous étions réconfortés par la vue de la mer comme dans la retraite des Dix-Mille, et la certitude d’atteindre le but désiré. Il y avait douze heures que nous marchions quand, enfin, la tente fut montée sur un ter rain marécageux d’où nouspouvions entendre la mer briser sur la côte voisine. Cette marche 20 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE avait suffi à mettre en pièces la paire de souliers que je portais. Une de nos plus curieuses découvertes sur cette côte fut celle d’une grotte ayant servi de refuge à des naufragés. Les ustensiles les plus bizarres s’y trouvaient : un gril fait de cerclesde barriquesenchevêtrées, un récipient fait d’un crâne de phoque, etc... Le retour jusqu’à l'endroit où nous avions laissé le doris s’effectua sans incidents. Le temps était beau et, pour enprofiter, nous décidames de regagner aussitôt le hanlover Swains où nous arrivames exténués au milieu de la nuit. La journée suivante fut passée à bord de la Jeanne-l’Arc, et nos aventures firent les frais de la conversation. Il y eut une tempête de Nord, courte mais bonne, qui enleva en un clin d'œil les wharfs construits par les Norvégiens et fut cause de bien d’autres dégâts. La preuve, c’est qu’en allant chercher notre doris le lendemain, nous le trouvions complètement défoncé. à 100 mètres de l'endroit où nous l’avions laissé. Que l’on essaye, si l’on veut, de s'imaginer un pareil vent; moi, je renonce à le décrire. Un charpentier fit la réparation. A monretour à bord du J.-B. Charcot, je trouvai mon frère inquiet et se préparant à partir à notre recherche, notre absence ayant duré plus qu'il n'avait été prévu. La répa- ration de la grand’ voile était en bonne voie. Quant au gui, irréparablement brisé, sa suppression était obligatoire. Une installation de fortune y pourvut. Le 24 décembre, nous quittions la baie Royale pour aller rejoindre le capitaine Dasté dansla baie Weineck au Nord de l'île. Le lendemain, Noël, nous jetions l’ancre dans Port- Fuller a quelques milles du Carmen. Des visites réciproques furent échangées et pendant quelques jours nos équipages fraternisèrent. Il y eut aussi des échanges de vivres. Le Carmen était un beau brick-goélette de 200 tonneaux, armé par une dame, Mme veuve Faucon, devenue depuis Mme Dasté, dont mon frère et moi avons eu l’honneur et le plaisir de faire la connaissance. Entre temps, une excursion dangereuse et imprudente fut tentée aux îles Swain où Agnès et moi passâmes trois jours pour les visiter, et aussi pour nous remettre des émotions de la traversée d’aller qui avait bien failli nous être fatale. Nous avons pu : constater là différentes erreurs de la carte. Le récif Terror n'existe pas à la place qui lui est assignée et la forme de l’île Castries est toute différente. Le 2 janvier, nous disions adieu à notre ami, le capitaine Dasté, et allions continuer notre chasse dans Port-Elizabeth, visité déjà au mois de septembre précédent. Un mois fut passé dans cette baie et un mois dans une baie située entre les îles Howe et Mac-Murdo, à laquelle nous avons donné lenom du Président de la République. Jen’insisterai pas sur cette période pendant laquelle nous avions repris le travail de la baie Loom. Il s'agissait de ter- miner la cargaison; nous l’avons fait, mais cette période fut pour tous une période de misère et de tristesse. Nous travaillions jour et nuit, ne nous reposant que lorsque latempéte rendait notre industrie impossible. Mais la gaîté et l’entrain des premiers jours n'habitaient plus en nous. Comme les soldats de Sambre-et-Meuse, nous étions sans habits et sans souliers, et c'était un triste spectacle de voir la nuit, à la lueur des flammes, six ombres, pieds nus et couvertes de loques huileuses, s’agiter comme des fantoches autour des deux énormes mar- mites où bouillait la dépouille encore palpitante d'animaux paisibles et doux. L’on n’entendait plus de chansons et, le soir, l'accordéon d’Agnés était muet. Quand Pre RS ne eee ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 21 le marin français ne chante plus, c’est mauvais signe. Mais, ce qu’il y avait de plus grave, c'était l'apparition de la maladie dans notre petit phalanstère. Depuis plusieurs mois, je voyais que l’état de santé de mon frère était loin d’étre satisfaisant, bien qu'il ne se plaignit jamais. En février, cela devenait inquiétant : insomnies, troubles cardiaques. A la fin de mars, le J.-B. Charcot rentrait dans la baie Royale et venait mouiller près de l'usine des Norvégiens à Port-Jeanne-d’Arc. Nous avions le plaisir d’y trouver M. H. Bossière, concessionnaire des îles Kerguelen, nouvellement arrivé de Durban a bord de la Jeanne d'Arc, qui avait faitson voyage pendantnotre absence. Les quelques jours pendant lesquels nous avons joui de sa présence ainsi que de celle des quelques Français qui laccompagnaient furent une fête pour nous. Parler français, parler de nos familles et de Paris, quelle joie ! Nous fimes ensemble de longues promenades et de bonnes parties de chasse dans une vedette à pétrole que les Norvégiens avaient l’ama- bilité de mettre à notre disposition. Le 26 avril, M. Bossière et ses compagnons repar- tirent à bord de la Jeanne-d’ Arc pour le Sud-Afrique. Cependant, l’état de mon frère allait en empirant, et, craignant une issue fatale s'il reprenait la mer à bord du J.-B. Charcot, j'insistai auprès de lui pour qu’il se fit examiner par le D' Green. Le docteur trouva mon frére dans un triste état. Le confortable le plusélémentaire manquait à bord du J.-B. Charcot ; il fut donc décidé que mon frère irait habiter la station pour suivre un traitement efficace sous la surveillance du D' Green, Il fut fait ainsi le 15 mai 1909, date à laquelle je pris le commandement du J.-B. Charcot. _ Nos derniers jours à Kerguelen furent employés à étudier avecle plus grand intérêt l’industrie de la pêche à la baleine pratiquée avec les procédés modernes. j L’usine des Norvégiens et leurs maisons d'habitation étaient maintenant terminées ; il y avait tout un petit village et même un wharf auquelles deux vapeurs baleiniers Etoile et Eclair venaient accoster pour prendre leur charbon. Quatre-vingt baleines avaient déjà été capturées. Les vapeurs baleiniers restaient troisou quatre jours et revenaient régulièrementavec5 ou 6 baleines à la remorque. J’eus le plaisir de prendre part à l’une de ces expéditions avec le capitaine Christiansen. Rien de plus émotionnant que la capture d’une de ces énormes bêtes. Un homme se tient conti- nuellement dans le nid de corbeaux, en haut du mat, et surveille la surface de lamer dans toutes les directions. Dès qu'il aperçoit le petit nuage de vapeur révélant la présence d'une baleine, il crie: Blow ! . Chacun se met aussitôt à son poste, le capitaine sur le petit gaillard d'avant, près du canon. De la main, il indique à l’homme de barre les évolutions à faire et la poursuite commence. La plupart du temps, les baleines sont par bandes, ou gammes. Elles semblent comprendre qu’on les chasse ; elles plongent pour dépister, mais le capitaine a vu aux remous la direction qu’elles ont prise sous l’eau. La poursuite con- tinue ; de nouveaux remous annoncent qu'une ou plusieurs baleines remontent pour res- pirer. Autre geste du capitaine qui signifie de stopper la machine. Une masse noire appa- raît à bonne portée vers l’avant, une détonation, un nuage de fumée : c’est fait. Quelquefois, la bête est tuée sur le coup, sinon par le harpon, du moins par la grenade que celui-ci porte à sa pointe et qui explose dans son corps. Mais, si aucune 22 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE partie vitale n’a été atteinte, l'animal plonge immédiatement et cherche à fuir. On file alors le câble fixé au harpon pour éviter sa rupture et on laissel’animals’épuiser. Souvent la baleine blessée remorque à une belle vitesse le navire auquel elle est désormais irré- vocablement liée. Tout autour, la mer est rouge de sang. L'animal remonte à la surface, bat l’eau de la queue et des nageoires, respire bruyamment, évacuant un jet sanglant par ses évents : il n’en peut plus. Le treuil! à vapeur embraque alors lentement le câble jus- qu'à ceque la baleine captive soit ramenée à toucher l'avant. Un homme, armé d'une énorme lance, l’achève alors en la traversant plusieurs fois de part en part. Telle est la fin lamentable d’un de ces géants des mers, dont Lacépède disait : « Ah ! pour les peindre, il faudrait le pinceau de Buffon ! « : Mais les marins baleiniers ne font pas de sentiment. Chaque nouvelle prise est saluée d'un hurrah, tandis que le cuisinier, va de l’un à l’autre, versant à chacun une sérieuse rasade de rhum : autant de captures, autant de libations. Les baleines mortes sont d'abord gonflées au moyen d’une puissante pompe à air, puis elles sont prises à la remorque de chaque côté du navire. Jamais on ne rentre à l'usine avec moins de quatre baleines. Les cadavres sont alors hissés à sec sur un plan incliné, puis dépecés avec d'énormes sabres. Rien n’est perdu : la graisse est transformée en huile, la viande et les os en guano. Deux espèces principales de balænoptères se rencontrent à Kerguelen : le Balæno- ptera musculus — humbpack ou finback des baleiniers — et le rorqual ou baleine bleue. La première espèce est de beaucoup la plus nombreuse ; sa taille ne dépasse guère 18 mètres, tandis que celle du rorqual atteint parfois 35 mètres. Pendant les mois d'avril, mai, juin et juillet, ces baloenoptéres viennent s’ébattre très près de terre et jusque dans les baies de Kerguelen. Pendant le reste de l’année, on ne les trouve qu’au large, en pleine mer. Il est certain que la baleine franche (Balæna) celle dont la gueule contient les fameux fanons, existe dans ces parages, mais il est rare d’en rencontrer. Elle s'approche rarement de terre, et nous n’en avons jamais vu dans les baies. Les Norvégiens en captu- : rèrent une en janvier, à 16 milles al’E.-N.-E du cap Digby. Les balcenoptéres ont aussi la machoire supérieure garnie de fanons trés courts, mais leur structure particulière fait qu’ils sont pour ainsi dire sans valeur. Ces cétacés n’ont donc de valeur que par l'huile qu’on en tire. Cette huile sert à divers usages : fabrication des savons et des cordages, tannage des peaux. On en extrait aussi la glycérine pour la fabrication de certains explosifs. On s'en servait beaucoup autrefois pour l’éclai- rage. La valeur actuelle deces huiles, dites huiles de poisson, est de ofr. 50 le kilogramme. On a dit que le pétrole était le sang de l'industrie ; ne pourrait-on pas dire quel’huile en est la /ymphe ? C’est le 3 juin que le J.-B. Charcot appareilla de Port-Jeanne-d’Arc pour quitter définitivement Kerguelen, et entreprendre la longue traversée jusqu'à Melbourne, point terminus du voyage. J’embrassai mon frère dont l'état s'était un peu amélioré et qui restait aux bons soins du D' Green, et je dis adieu à nos amis les Norvégiens qui avaient été si bons pour.nous. Mes hommes aussi vinrent faire leurs adieux, et ce fut une minute _poignante que celle où notre embarcation quitta pour la dernière fois cette plage sur ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 23 laquelle un groupe silencieux nous regardait nous éloigner vers notre petit navire. Je fis un effort pour refouler mon chagrin ; il n’y avait pas de temps pour les larmes : la dure besogne de l’appareillage nous attendait à bord. * Les ancres mises à poste, on hissa la toile et le petit navire vogua. En passant devant l'usine, nous poussâmes trois hurrahs, tirames des coups de fusil et hissames le signal X.O.R (Nous vous remercions). J'avais préparé cette petite mise en scène pour rendre à chacun la belle humeur et la gaîté. Les Norvégiens répondirent par plusieurs salves et en hissant le classique T.D.L (Bon voyage). Bientôt nous disparaissions au milieu du fouillis dilots de la baie Royale. Nous étions entin en route pour le retour après un séjour de quinze-mois à ces îles si particulières et si intéressantes. La journée fut belle, mais la brise d'Ouest tomba pour reprendre bientôt au Nord. Après avoir monté très haut, le baromètre baissait rapidement, indice infaillible, dans ces parages, d'une prochaine tempête de Nord. Nous passames, toutes voiles hautes, vers neuf heures du soir, entre le récif Percy et la roche Balfour, sans apercevoir les brisants, tant la nuit était noire. La brise fraichissait rapidement ; au large, nous trouvames la mer déjà très mauvaise. A quatre heures, il ventait en tempête, mais nous devions conserver de la toile et faire route pour nous éloigner de la côte Ce n'est que cinq heures plus tard que, mangés par la mer, nous primes la cape babord amures, la tempête battant son plein. Ce périlleux début de traversée nous parut pénible ; ce n’était qu’un jeu cependant, auprès des dangers que nous réservait la suite: Le 15, le vent fit lentement le tour du compas par le Sud et l'Est — en suivant sa _ marche habituelle dans l'hémisphère Sud — et se fixa au N.-W.,le baromètre baissant rapidement. Avant la nuit, nous étions sous notre voilure de cape, tous les ris pris. La mer était très mauvaise et, vers huit heures du soir, une lame balaya le pont, inondant notre petit logement et causant divers dégâts. Un second coup de mer miten morceaux nos deux dernières embarcations. A deux heures du matin, le vent sauta subitement au Suroit et la tempête fut alors.au paroxysme de sa violence. Dans ces coups de vent de l'océan Indien, c'est le moment redoutable. Il y eut alors des lames de deux directions, l’une venant de l’avant, l’autre du travers. Ces deux lames, se contrariant, soulevaient d'énormes volutes d’eau qui déferlaient avec une violence inouïe. Le vent, dont la force atteignait la cote 12 dans les grains, chassait un nuage d’écume à piusieurs mètres au-dessus de la crête des lames. Il fallait commander par gestes, car il était impossible de s'entendre, tant le bruit était assourdissant. Cette description est bien au-dessous de la réalité. A huit heures du matin, le 16, un nouveau coup de mer dangereux s’abattit sur le petit navire, défonçant cette fois les pavois de babord et remplissant à nouveau la cabine. En pareille posture, n'importe quel navirese fût trouvé en péril. Le J.-B. Charcot fut en perdition tout le reste de la journée, les lames continuant à balayer le pont. Que le char- gement se désarrime, qu’un de nos panneaux cède, et c'était la fin. Dès le commencement du coup de vent, des sacs à huile avaient été disposés sur l'avant, mais le temps était froid et l'huile gelée s’étendait mal et ne donnait pas son maximum de protection. Malgré tout, je n’hésite pas à dire qu’en cette circonstance, et plusieurs fois dans la suite, il n'est pas douteux que le filage de l'huile n’ait sauvé le petit navire et nous-mêmes. 24 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Le plus dangereux coup de mer s’abattit sur l’avant vers cinq heures du soir. Nous avions ‘vu la mauvaise lame arriver, se tordre, puis s'effondrer lourdement. Instincti- vement, nous nous étions tous cramponnés, fermant les yeux. Ce fut terrible : le petit navire eut un violent soubresaut, et le grincement des charpentes fut tel que nous pen- sames que la coque s’ouvrait. Il n’en fut rien cependant, mais la trinquette était défoncée, le gréement du bout dehors arraché. La lisse et trois jambettes, pièces de chéne que n’aurait pu ébranler un cric, avaient cédé. Ce fut notre dernière épreuve ce jour-là. Le vent tomba durant la nuit et la mer se calma graduellement. Telle fut cette journée, inoubliable, pendant laquelle nousattendions à chaque instant la lame qui devait mettre fin à notre angoisse, en même temps qu'à notre vie. En un péril si grand, mes quatre matelots ne perdirent pas un instant leur calme et se conduisirent comme doivent le faire, en pareil cas, des marins français. Ils s exposérent plusieurs fois pendant cette journée du 16 juin pour aller sur l’avant renouveler l'huile des sacs, et leur conduite fut au-dessus de tout éloge. Durant toute la campagne, ni mon frère ni moi ne les avons habitués aux louanges ; mais si, par hasard, ces lignes leur tombent sous les yeux, qu’ils sachent que pas une de leurs bonnes actions n’a échappé à notre clairvoyance et que nous avons su apprécier à sa juste valeur leur endurance presque incroyable et leur belle cranerie. Qu'ils sachent aussi que nous ne les considérons plus comme des inférieurs, mais comme nos collaborateurs dans cet effort à six pour l’honneur du pavillon français. Je n’insisterai pas sur cette traversée, dont aucune parole ne saurait rendre toute l'horreur : ce fut une rude épreuve pour nos nerfs. Elle dura 45 jours, et fut la plus pénible et la plus mauvaise qui se puisse imaginer. Ce fut une suite presque ininter- rompue de violentes tempêtes. Aucune des contrariétés qui attendent le marin ne nous fut épargnée, ni les vents contraires, ni même le calme qui nous laissa stationnaires à 200 milles à peine du but tant désiré. Le 22 juillet au soir, on obtint une sonde par 180 mètres de fond. Ce fut pour moi un grand soulagement que ce précieux contrôle de l'exactitude de nos chronométres. Toute incertitude avait disparu et nous mîmes le cap sur la terre, malgré le temps sombre et bouché. J'avais prévenu mes hommes que l’on devait apercevoir le feu du cap Otway vers minuit, et nous avions tous les yeux fixés vers l’avant. Le temps se gâtait et de violents grains de grêle passaient sur nous. L'heure était émotionnante : allions-nous être pris par la tempête au moment précis del’atterrage avec la côte dangereuse de l’île King sous le vent? Toutes les cing minutes, je consultais le baromètre et, je l’avoue, l'angoisse m’étreignait. Un peu après minuit, pendant une éclaircie, entre deux grains, nous apercevions enfin le feu du cap Otway, après n’avoir vu pendant quarante-cing jours qu’une mer démontée sous un ciel inclément. Ceux qui n’ont pas passé par où nous venions de passer ne compren- dront jamais la joie folle qui s’empara de nous. Il pouvait venter, maintenant, rien ne nous arrêterait. Comme pris subitement de frénésie, nous courrions sur le pont, cherchant à tâtons les cordages : nous larguions tous les ris sans nous soucier des grains, les yeux fixés vers le phare et comme hynoptisés par ses trois éclats périodiques. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 25 Ce fut le dernier effort du petit navire : à huit heures du matin, il voguait dans des eaux moins tourmentées, à l’abri des hautes terres du cap Otway. Quel soulagement ! Quelle détente ! Il était temps, car nous étions tous dans un état d’épuisement impossible à décrire, et les vivres alldient manquer. Nous n'avions plus pour nous vêtir que quelques haillons humides, et notre aspect était vraiment repoussant. Comme nous devions prendre le pilote à l'entrée du Port-Phillip, nous vêtimes nos loques les plus décentes. Bontemps me rasa la barbe. Dès que le batean pilote fut en vue, nous hissames notre plus beau pavillon fran- çais. Le pilote vint à bord. Je me rappelle son nom: c'était M. Anthony, un brave Anglais ‘bedonnant, tiré à quatre épingles, le visage rose et fraîchement rasé. Une de ses mains gantées tenait une belle sacoche en cuir jaune, et l’autre, un paquet contenant des frian- dises pour nous. En embarquant, il demanda : « Who is the captain ? » Un des cinq PARA s'avanca. Il lança un regard inquiet sur notre accoutrement, puis sa bonne grosse figure s’épanouit, et il nous tendit ses deux mains en nous traitant de: hearts of lion! : Pendant que nous faisions route vers Melbourne, il m’assura que nous arrivions dans la plus belle ville du monde, et que nous y trouverions tout le confortable européen. Il me recommanda tout particulièrement les bains turcs de la rue Swanston. Le 25 juillet, à quatre heures de l’aprés-midi, nous laissions tomber l'ancre dans la baie Hobson, port de Melbourne. Notre aventure fit sensation et le consul de France, M. Pigeonneau, nous recut a bras ouverts. Une visite au coiffeur, au tailleur et à l’établissement de bains RENE par le pete et nous avions repris l'allure de tout le monde. | . Quelques jours plus tard, j'allais conduire mes quatre braves compagnons au paquebot qui devait les ramener en France. Ils étaient joyeux et les pièces d’or tintaient dans leurs poches. : Lee Mais mon odyssée n'était pas terminée. Je dus rester plusieurs mois à Melbourne pour la vente de mon petit navire et de son chargement. Ce fut un désastre financier. Après bien des difficultés et bien des ennuis, je réussis à vendre le J.-B. Charcot à un capitaine de Nouméa pour une poignée d'or. Le cœur un peu gros, je dis adieu au petit navire qui nous avait conduits si vaillamment à travers 15 000 milles d’océan, et je pris le paquebot pour la France. _ Enfin, au mois de mai 1910, j'étais de retour parmiles miens à Paris, où je retrouvais ‘mon frère complètement rétabli. Nous avions été absents plus de trente mois. T. Ul. — Fasc. 3. T4 Échinodermes Par M. R. KŒHLER Professeur de zoologie à l’Université de Lyon. Les Échinodermes recueillis par M. Rallier du Baty aux îles de Kerguelen ne sont pas nombreux; ils constituent, néanmoins, une petite collection assez intéressante pour le Muséum qui ne possédait aucun Échinoderme de ces parages. Les espèces recueillies, au nombre de huit, sont les suivantes : AsTERIAS PERRIERI Smith ; ; LEPTOPTYCHASTER KERGUELENSIS Smith ; PTERASTER AFFINIS Smith; LABIDIASTER RADIOSUS Var. ANNULATUS Sladen; OPHIOGLYPHA BREVISPINA Smith ; OPHIOGLYPHA HEXACTIS Smith; OPHIACANTHA VIVIPARA Ljungmann; ABATUS CORDATUS (Verrill). : Toutes ces espéces sont connues et avaient déja été signalées aux iles de Kerguelen ; leur étude suggére cependant quelques remarques qu’il n’est pas inutile de résumer ici. D’autre part, j'ai cru devoir donner quelques photographies de certaines de ces espèces qui n avaient pas encore été représentées ou dont les dessins sont insuffisants. Asterias Perrieri SMITH. (Pl. I, fig. 1 et 2.) Les exemplaires, au nombre de six, qui m'ont été remis, ont tous six bras qui sont toujours subégaux. Dansle plus grand, R —65 millimètres environ et r = 14 millimètres ; dans les autres, les valeurs respectives de R sont de 45, 37, 32, 23 et 23 millimètres. L’in- dividu chez lequel À —45 millimètres a le disque élevé et la face ventrale est profondé- ment excavée, offrant ainsi l’attitude incubatrice ; il ne portait cependant aucune trace de jeunes sur la face ventrale, mais une ponte détachée se trouvait dans le bocal renfer- mant les échantillons. Les exemplaires offrent, en général, une coloration d’un jaune brun assez clair; le plus _ grand et l’un des plus petits sont plus foncés que les autres, et l’un des individus moyens est grisâtre. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 27 Leitpoldt (Asteroidea der Vettor Pisani Expedition, Zeit. f. wiss. Zool., Bd. LIX, p. 569) estime que l'A. Perrieri est identique à l'A. antarctica Lütken, et tout au plus ferait-il une variété de cette derniére espéce s’il était prouvé que les bras sont constamment au nombre de six. Après l'étude que j’ai faite des exemplaires de Kerguelen, je serais plutôt tenté de considérer l'A. Perrieri comme une espèce indépendante. Outre le nombre des bras qui paraît se maintenir d’une manière très régulière au chiffre six chez l'A. Perrieri, les piquants latéro-ventraux sont disposés par groupes de deux au lieu de l’être par groupes de frois, ainsi que cela arrive chez l’A. antarctica. Ce caractère a déjà été indiqué par Smith; cet auteur dit, en effet : « Spinæ ventrales in serie duplici spinis ambulacralibus adjacentes binatæ (nisi rarissime ternatæ). » Dans tous les individus que j’ai eus en main, ces derniers piquants forment toujours des groupes de deux; il s’y ajoute parfois en dehors un troisième piquant un peu plus petit, mais le fait est rare comme le fait remarquer Smith. Ces petites rangées de deux piquants sont assez écartées l'une de l’autre; elles sont toujours placées très obliquement et non transversalement par rapport aux sillons, et elles sont bien différentes de celles que l’on observe chez lA. antarctica, où les rangées de trois piquants sont plus rapprochées et placées à peu près perpendiculairement à la direction du sillon ambulacraire. Ces dispositions apparaissent nettement sur les photographies que je reproduis ici. J’ajouterai que l’A. Perrieri peut atteindre des dimensions plus considérables que l'A. antarctica. Dans le type de Smith, R atteignait 150 millimètres et le diamètre du disque était de 45 millimètres ; dans le plus grand individu recueilli par M. Rallier du Baty, les dimensions étaient beaucoup moindres, puisque R ne dépassait pas 65 millimètres. Leptoptychaster kerguelensis Situ. Deux échantillons en trés bon état: ils mesurent respectivement, R, 38 et 22 milli- mètres ; r, 17 et 12 millimètres. Aucun d’eux ne présente la moindre trace de ponte. . Pteraster affinis Smiru. (PL. I, fig. 3 et 4.) Un échantillon en excellent état : R= 18 à 20 millimètres ; r = 10 millimètres. L'individu est bien conforme à la description de Smith. La face dorsale est convexe; les bras sont triangulaires et pointus. Labidiaster radiosus, var. annulatus SLADEN. Un échantillon complet. Les bras sontau nombre de 32; dans les plus gros, la largeur, mesurée à 20 millimètres du disque, est de 6 millimètres ; le. diamètre du disque est de 35 millimètres environ. Les plus longs bras atteignent 80 à 85 millimètres de longueur. 28. ANNALES DE-L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE : ~~ Le L. annulatus a été distingué par Sladen du L. radiosus connu à l’extrémité méri- dionale de l'Amérique du Sud. Cette espèce a été rencontrée par le Challenger aux îles Kerguelen et Heard, à des profondeurs variant entre 75 et 150 brasses ; elle se distingue du L. radiosus par ses bras plus nombreux et relativement plus minces, parles dimensions. uniformes des piquants qui recouvrent le disque et le commencement des bras, et par les bandes transversales de pédicellaires croisés qui forment, sur les bras, des anneaux plus épais et plus complets. oe . L’échantillon recueilli par M. Rallier du Baty présente quelques caractéres du L. an- nulatus, tandis qu'il s'écarte du L. radiosus du cap Horn auquel j’ai pu le comparer. Le disque est couvert de piquants trés serrés et assez fins, qui ne sont pas plus développés que ceux qu’on trouve sur la base des bras; de plus, les anneaux formés par les amas de pédicellaires sont très marqués et saillants; en raison de ces dispositions, l’aspect de l’exemplaire est différent de celui du Labidiaster de l'Amérique du Sud, conformément à ce qu'a fait remarquer Sladen. La plaque madréporique:est très saillante. La couleur de l'échantillon de Kerguelen est grisâtre, mais sur certains bras elle devient tout à fait foncée et même noiratre. RTE» ; ‘ A la vérité, je ne remarque pas que l’échantillon rapporté par M. Rallier du Baty ait les bras particulièrement étroits, et ceux-ci ne sont d’ailleurs pas très nombreux, puis- qu'ils ne dépassent pas le chiffre 32. Je ferai observer, à ce sujet, que Sladen a fondé le L. annulatus sur des échantillons plus grands que celui qui m’a été remis; dans le type, le diamètre du disque atteignait 66 millimètres; les bras, au nombre de quarante à quarante- quatre, pouvaient atteindre une longueur de 165 à 190 millimètres; leur largeur, à 20 millimètres de la base, était de 6 à 7 millimètres. Ces différences dans l’âge des indi- vidus suffisent pour expliquer les différences que j'observe dans le nombre des bras et leurs dimensions relatives. | .Le Z. annulatus de Sladen est évidemment très voisin du L. radiosus : il n’en diffère que par les piquants du disque plus serrés et par le développement des anneaux de pédi- cellaires sur les bras. Ces deux caractères suffisent pour lui donner un facies particulier; mais l’on peut se demander s’il s’agit d’une espèce vraiment distincte : pour ma part, je considère que le L. annulatus n'est .qu'une simple variété du L. radiosus. Ophioglypha brevispina SmirH. (Pl. I, fig. 7 et 8). Six échantillons, dont l’un est très petit. Dans les quatre plus grands, le diamètre du disque varie entre 11 et 12 millimètres; les bras sont remarquables par leur longueur et leur minceur : leur longueur atteint près de 60 millimètres dans un exemplaire chez lequel le diamètre du disque est de 11 milli- mètres, tandis que leur largeur ne dépasse pas 2 millimètres à la base. Il est donc néces- saire de rectifier, à ce point de vue, la description de Smith qui dit : Discus in latitudine ad radii longitudinem circiter 1/3 æqualis. I n’y a pas, sur ces exemplaires, entre les plaques ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 29 centrales du disque'et les autres, une aussi grande différence que celle indiquée par Smith: sur son dessin : toutes les plaques sont presque égales, mais on: remarqué une centro= dorsale et cinq radiales primaires un peu plus grandes que lés autres, les radiales étant séparées de la centro-dorsale par un ou deux rangs de plaques. Les boucliers radiaux sont aussi plus allongés que ne l'indique Smith; ils sont plus longs que larges, triangulaires, et presque toujours séparés sur toute leur longueur par deux grosses plaques : ils sont: simplement rapprochés vers leur angle externe, et ce n’est que saps un eu des quatre exemplaires seulement qu'ils sont contigus en debare 3 Le cinquié.ne individu, plus petit que les précédents, car le diamètre du disque ne dépasse pas 8 mm. 5, se rapproche beaucoup plus du type de Smith: les boucliers radiaux sont plus courts, à peu près aussi longs que larges et ils sont contigus en dehors; le plus grand bras mesure seulement 28 millimètres de longueur à partir de ‘sa. base. Quant au sixième échantillon, il est très jeune et le diamètre du disque atteint seulement 2 millimètres. Ophioglypha hexactis Smitu. (PI. I, fig. 5 et 6). Quatre échantillons. Dans le plus grand, le diamétre du disque atteint 22 millimétres; les bras sont cassés a l’extrémité et leur longueur dépasse 50 millimètres; les deux autres sont en très mauvais état; enfin le dernier est plus petit et son disque mesure seulement 11 millimètres de diamètre. Deux des individus ont une coloration conforme à celle que Smith indique : la face dorsale est d’un vert olivatre très foncé et la face ventrale est jaunâtre ; le troisième exem- plaire est gris rosé, plus foncé en dessus; enfin le petit est gris. En enlevant la face dorsale du disque de l’un des grands échantillons, j’ai observé les jeunes dans la position qui a été indiquée par les auteurs. Je donne ici (fig. 6) la photo- graphie de la face dorsale de l’un d’eux dont le disque mesure 4 millimètres de diamètre. Les plaques dorsales sont peu nombreuses : on reconnaît une grande centro-dorsale ainsi que quelques plaques radiales primaires, grandes et arrondies ; les boucliers radiaux sont de taille relativement grande et le peigne radial est plus apparent que chez l’adulte. Les plaques brachiales dorsales et latérales n’offrent pas encore les caractères particuliers qu'elles auront chez l'adulte : elles sont régulières et les plaques latérales ne sont pas morcelées. Les boucliers buccaux ont déjà leur forme caractéristique et ils sont nota- blement plus longs que larges. Une particularité de structure très importante de l'O. hexactis, et sur laquelle les auteurs n’ont pas attiré l’attention, est offerte par les plaques brachiales latérales. Ces dernières, en effet, sont morcelées en plusieurs fragments, et, sur les quatre ou cing premiers articles des bras, ces fragments sont particulièrement nombreux : de plus, ils empiètent considérablement sur la face dorsale des bras ; il en résulte qu’à ce niveau les plaques brachiales dorsales sont extrêmement réduites, et les premières même ne sont guère plus grosses que les fragments voisins des plaques latérales. Cette disposition apparaît net- 30: ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE °. tement sur ma photographie (PI. I, fig. 5). Peu à peu, les plaques brachiales dorsales deviennent plus grosses. et elles finissent par recouvrir la plus grande partie de la face dorsale des bras, tandis que les plaques latérales cessent d’être morcelées et elles se localisent aux faces latérales des bras en prenant la forme ordinaire. Lymann’apas indiqué cette structure particulière des bras dans le dessin qu’il donne de la face dorsale del’O. hexactis (Voyage of the Challenger, Ophiuroidea, pl. XLVII, fig. 2); il représente, sur chaque article des bras, une plaque dorsale assez grande et deux plaques latérales parfaitement indivises. La face dorsale des bras n'est correctement représentée que sur la photographie publiée par Chun (Aus den Tiefen des Weltmeeres, p. 254). Dans ces deux dessins, la face dorsale du disque a été enlevée pour montrer les jeunes én place. J'ai cru devoir donner ici une photographie montrant la face dorsale du disque intacte ainsi que les bras sur uné certaine partie de leur longueur. Le morcellement particulier des plaques brachiales latérales de l'O. hexactis rappelle complètement ce qui existe chez l'Ophionotus Victoriæ Bell. Ces deux Ophiures présentent d’ailleurs de grandes analogies dont j'ai pu me rendre compte en étudiant les nombreux exemplaires d’O. Victoriæ rapportés des mers Antarctiques par le D" J. Charcot, et l’on peut se demander s’il n’y a pas lieu de les réunir toutes deux dans le même genre. Je me propose de revenir sur ce point dans le mémoire que je prépare actuellement sur les Échinodermes de l’Expédition Antarctique Française et qui paraîtra prochainement. Ophiacantha vivipara LIUNGMANN. Six échantillons, tous à sept bras; quelques-uns d’entre eux portent des jeunes sur le disque. Abatus cordatus VERRILL). Un échantillon de petite taille : la longueur ne dépasse pas 16 millimètres. Les auteurs ont le plus souvent réuni, sous la même dénomination d’A. cavernosus, l’Abatus de Kerguelen, et l'un de ceux qui vivent à l’extrémité méridionale de l'Amérique du Sud; cette confusion est due principalement à Agassiz. En réalité, l'espèce de Kergue- len est différente des espèces sud-américaines, comme Mortensen l’a montré récemment. EXPLICATION DE LA PLANCHE I ; 2. — — - Asterias Pure face dorsale. Grossissement 1,2. - nis: face dorsale. Grossissement 2. r afinis: vue latérale. Grossissement 2. hexactis: face dorsale. Grossissement 2. lypha hexactis : jeune sae ta a contenu dans une bourse génitale. ,Gros- -sissement FREE da fe a Dern face dorsale. Grossissement 3, 6. aS à 5 À x i : Hide FE f 59 #4 $ -Annélides polychètes Par Cu. GRAVIER Au cours de la rude campagne de navigation qu'il a faite aux îles Kerguelen sur le J.-B. Charcot, M. Rallier du Baty a recueilli un grand nombre d'animaux, et en particulier des Annélides Polychètes. Ces Annélides sont toutes connues, car les Kerguelen, malgré l'inclémence de la mer dans leurs parages, ont été visitées par la plupart des expéditions scientifiques qui ont sillonné l'océan Austral, notamment par l'expédition allemande déjà ancienne de la Gazelle, par celle plus récente de la Valdivia (Tiefsee-Expedition) et aussi par-celle du Challenger. Néanmoins, elles ont un intérêt spécial pour nous, parce que la plupart des espèces rapportées par M. Rallier du Baty n'étaient pas représentées dans les collections du Muséum d'histoire naturelle, bien que les Kerguelen fassent partie de notre domaine colonial. Elles ont été mentionnées d’une manière très sommaire dans une note préliminaire (1). Lætmatonice producta GRUBE. Letmonice producta Ed. Grube, Anneliden — Ausbeute S. M. S. « Gazelle ». Monatsber. der Konigl. Akad. der Wissenschaften, Berlin, 1877, p. 512. Lætmonice producta W.C. Mac Intosh, The Voyage of H. M. S. Challenger. Scientif. Reports. Zoology, vol. XII, 1885, p. 30 ; pl. Vi, fg: 2580 VII, fig. 3; pl. VIII, fig. 2, 4,5; pl. IVA, fig. 1-12; pl. VA, fig. 1-8. Letmonice producta FI. Buchanan, Reports on Polychæts, Scientif. Proceed. Roy. Dublin Soc., N. S., vol. VIII, 1893-1898, p. 160. Letmatonice producta E.von Marenzeller, Südjapanische Anneliden, III. — Aphroditea-Eunicea, Denksch. der math.snaturwiss. Classe der Kaiserl. Akad. der Wissensch., 62° Bd, 1902, p. 567. Letmatonice producta E. Ehlers, Diebo densissige Anneliden aus den Sammlungen der deutschen Tiefsee-Expedition, 1908, Pp. 40. Letmatonice producta Ch. Gravier, Sur les Annélides Polychétes recueillies par M. Rallier du Baty aux îles Kerguelen, Bull. du Mus. d’hist. natur., t: XVI, 1910, p. 197. Le trés bel exemplaire de cette espéce qu’a rapporté M. Rallier du Baty mesure 13 centimètres. de longueur et 5 centimètres de largeur. Ce superbe Aphroditien de la (1) Cu. Gravier, Sur les Annélides Polychétes recueillies par M. Rallier du Baty aux îles Kerguelen (Bull. du Mus. d’Hist. natur., t. XVI, 1910, p. 197). — © ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 33 tribu des Hermadionidæ a été recueillien premier lieu par la Gazelle, puis par le Challenger dans les mêmes parages et en bien d’autres points du Pacifique Sud. Miss Florence Buchanan a, plus tard, signalé la présence de cette Annélide à 54 milles d'Achille Head sur la côte Ouest de l'Irlande, où on l’a draguée à 500 fathoms (plus de goo mètres) de pro- fondeur. Des exemplaires, provenant d’Eno-Simaet de Hakodata, au Japon, récoltés à des profondeurs allant jusqu’à 300 mètres, ont été étudiés par E. von Marenzeller. La Valdivia (Tiefsee-Expedition) a retrouvé la même espèce aux Kerguelen. Enfin la 2° expédition antarctique francaise (J.-B. Charcot, 1908-1910) l'a draguée à 420 mètres de profondeur, dans la baie de l'Amirauté (Ile du Roi George, Shetlands du Sud.) L’exemplaire en question compte 18 paires d’élytres ; les soies dorsales ont la forme si caractéristique de fléche barbelée ; les soies ventrales ont leurs appendices pectinés à l’extrémité libre. Cette espèce paraît être très polymorphe. W. C. Mac Intosh n’en a pas décrit moins de quatre variétés : var. Wyvillei (ile Marion, île du Prince-Edouard ; à mi-chemin entre les régions antarctiques et l’Australie) ; var. benthaliana (entre l'île du Prince-Edouard et les Kerguelen ; entre les régions antarctiques et l’Australie ; Pacifique Nord, etc.) ; var. Willemæsi (des Açores à l'océan Antarctique, côtes Nord-Est d'Australie ; Nouvelle- Zélande) ; var. assimilis (Nouvelle-Ecosse). D’après ce qui précède, la Lœtmatonice producta a une aire de répartition extrêmement étendue. © Hermadion magalhaensi KinsERc. Hermadion magalhaensi Kinberg. Nya Slägten. Ofvers. Kong. Vetensk-Akad. Forhandl., 1855, p. 386. — Freg. Eugenies Resa. Zool. Annulata, Taf. VI, fig. 32. Hermadion Kerguelensi W. C. Mac Intosh, The Voyage of H. M. S. Challenger, Scientif. Reports. Zoology, vol. XII, 1885, p. 105; pl. XI, fig. 5; pl. XII, fig. 7. Hermadion magalhaensi E. Ehlers, Polychaeten der hamburger magalhaensischen Sammelreise, 1897, p. 15. — Magellanische Anneliden, Nachr. Gesellsch. der Wiss. Güttingen, Mathem.-phys. Klasse, 1900, p. 209. — Anneliden der Sammlung Plate, Zoolog. Jahrb. Suppl. Fauna chilensis, II, 1901, p. 256. — Die Polychaeten des magellanischen und chilenischen Strandes. Ein faunistischer Versuch, 1901, p. 43. — Die bodensässigen Anneliden aus den Sammlungen der deutschen Tiefsee-Expe- dition, 1908, p. 46. Hermadion magalhaensi Ch. Gravier, Sur les Annélides Polychètes recueillies par M. Rallier du Baty aux îles Kerguelen, Bull. du Mus. d'hist. natur., t. XVI, 1910, p. 197. Cet Aphroditien n'est représenté dans la collection rapportée par M. Rallier du Baty des Kerguelen que par un seul individu en mauvais état, ayant perdu presque tous ses élytres, ses cirres dorsaux, ses cirres anaux, une antenne médiane, une antenne latérale et un palpe. Il est cassé en deux fragments. Il est néanmoins reconnaissable à ses élytres et à ses soies. La pigmentation de la face dorsale, chez l'individu dont il est question ici, diffère sensiblement de celle que Mac Intosh a figurée (pl. XII, fig. 1.). Ehlers a mentionné la grande variabilité des caractères de cette espèce. Le Pourquoi pas a recueilli | Her- madion magalhaensi dans la baie Marguerite, à 200 mètres de profondeur. T. Il. — Fasc. 3. 5 34 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Lagisca vesiculosa (GRUBE). Polynoe vesiculosa Grube, Anneliden-Ausbeute S. M. S. « Gazelle ». Monatsber. der Kénigl. Akad. der Wissensch. Berlin, 1877, p. 514. Lagisca antarctica Mac Intosh, The Voyage of H. M. S. Challenger, Scientif. Reports. Zoology, vol. XII, 1885, p. 80; pl. XIII, fig. 1; pl. XVI, fig. 3; pl. XVIII, fig. 1; pl. VIA, fig. 1, 2. Lagisca vesiculosa Ehlers, Polychaeten der hamburger magalhaensischen Sammelreise, 1897, p. 14. — Magellanische Anneliden, Nachr. Gesellsch. der Wissench. Gottingen, Math.-phys. Klasse, 1900, p. 209. — Anneldien der Sammlung Plate, Zool.. Jahrb. Suppl. Fauna chilensis, 11, 1901, p. 256. — Die Polychaeten des magellanischen und chilenischen Strandes. Ein faunistischer Versuch, 1901, p. 42. — Die bodensässige Anneliden aus den Sammlungen der deutschen Tiefsee-Expedition, 1908, p. 47. Lagisca vesiculosa Gravier, Sur les Annélides Polychètes recueillies par M. Rallier du Baty aux îles Kerguelen. Bull. du Mus. d'hist. natur., t. XVI, 1901, p. 197. Je rapporte avec quelque réserve à cette espèce de Grube trois Zagisca récoltés aux Kerguelen par M. Rallier du Baty. Les plus grands des exemplaires dragués par le Challenger avaient, d’après Mac Intosh, 40 millimètres de longueur, sur 15 de largeur, y compris les soies. Parmi les trois exemplaires de M. Rallier du Baty, l’un d’eux avait des dimensions respectivement très supérieures aux précédentes : 65 millimètres de longueur et 22 millimètres de largeur, y compris les soies. Je n’observe pas les crénelures que Mac Intosh a figurées au bord postérieur de certains élytres (pl. XIII, fig. 1), ni la petite pointe située au-dessous du crochet terminal des soies ventrales (pl. VIA, fig. 11) indiquée par le même auteur. | Cette espèce est fort répandue dans l'hémisphère Sud : îles Kerguelen ; îles Falkland ; île Marion ; région de Magellan ; Sud du Chili ; île Bouvet. La Valdivia l’a recueillie aux Kerguelen et dans les parages de l’île Bouvet. Nephthys macrura ScHMARDA. Nephthys macrura Schmarda, Neue wirbellose Thiere, 1° Theil, II, 1861, p. gt. Nephthys virgini Kinberg. Annulata nova, Ofvers. Kong. Vetensk. Akad. Forhandl., 1865,1:°4,p. 239. Nephthys trissophyllus Grube, Anneliden-Ausbeute S. M. S. Gazelle, Monatsber. der Akad. der Wissensch. Berlin, 1877, p. 533. Nephthys trissophyllus Mac Intosh, The Voyage of H. M. S. Challenger. Scientific. Reports. Zoology, vol. XII, 1885, p. 159; pl. XXVI, fig. 1-5; pl. XXVII, fig. 1-4; pl. XXX, fig. 8; pl. XIVa, fig. 9-11. Nephthys virgini Ehlers, Polychaeten der hamburger magalhaensischen Sammelreise, 1897, p. 195 Taf. I, fig. 9-12. — Die Polychaeten des magellanischen und chilenischen Strandes. Ein faunistischer Versuch, 1901, p. 66. Nephthys macrura Ehlers, Neuseeländische Anneliden, Abhandl. der Kénigl. Gesellsch. der Wis- sensch: zu Gottingen, Neue Folge, Bd. III, n° 1, 1904, p. 14. — Die bodensässige Anneliden aus den Sammlungen der deutschen Tiefsee-Expedi- tion, 1908, p. 57. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 35 Nephthys macrura Gravier, Sur les Annélides Polychètes recueillies par M. Rallier du Baty aux îles Kerguelen. Bull. du Mus. d'hist. natur., t. XVI, 1910, p. 198. M. Rallier du Baty a recueilli un certain nombre Pere de ce Nephthys de grande taille. L’un d’eux, auquel il manque une notable partie de la région postérieure, a 17 centimètres de longueur ; lorsqu'il était entier et vivant, il devait mesurer de 25 à 30 centimètres. Le Professeur Mac Intosh dit que les plus grands spécimens qu'il a exa- minés, et dont les dimensions étaient supérieures à celles des individus étudiés par Grube, avaient 220 millimètres de longueur. La disposition des papilles de la trompe est bien conforme ici aux indications et aux dessins de Mac Intosh. Il en est de même pour les parapodes avec leur branchie si développée et leurs trois grands lobes foliacés qui ont fait donner à l’espèce le nom de trissophyllus. Deux jeunes individus, ayant près de 6 centi- métres de longueur, ont une pigmentation a peine commencante dans la région antérieure du corps, tandis que les exemplaires de grande taille sont teintés en brun foncé danstoute leur étendue. Mais ils sont très reconnaissables à leurs branchies, à leurs lobes parapo- diaux, et aussi aux papilles de la trompe qui offrent la même disposition que chez les adultes. Le Mephthys macrura vit aussi dans l'Antarctique sud-américain ; il a été trouvé par le Pourquoi pas à Vile Déception (Port-Foster) et dans le chenal Peltier. Arenicola assimilis EnLers. Arenicola piscatorum Schmarda, Neue wirbellose Thiere, I* Theil, II, 1861, p. 52. Arenicola piscatorum Cuy. var. Grube, Anneliden-Ausbeute S. M. S. Gazelle, Monatsber. der Konigl. Akad. der Wissensch. Berlin, 1877, p. 511, 554. Arenico: a assimilis Ehlers, Polychaeten der hamburger magalhaensischen Sammelreise, 1897, p- 103. — Magellanische Anneliden, Nachr. Gesellsch. der Wissensch. zu Gottingen, Math.- phys. Klasse, 1901, p. 218. — Die Anneliden der Sammlung Plate. Zoolog. Jahrb. Suppl. Fauna chilensis, II, 1901, p- 265. — Die Polychaeten des magellanischen und chilenischen Strandes. Ein faunistischer Versuch, 1901, p. 177. Arenicola assimilis Ashworth, Die Arenicoliden-Sammlung im Künigl. zoologischen Museum in Berlin, Mitteil. aus dem Zoolog. Museum in Berlin, IV Bd., 3 Heft, 1910, p 35. Arenicola assimilis ‘Gravier, Sur les Annélides Polychétes recueillies par M. Rallier du Baty aux îles Kerguelen. Bull. du Muséum d'hist. natur., t. XVI, 1910, p. 198. C'est avec toute réserve que je rapporte à cette espèce d'Ehlers un seul exemplaire incomplet d’Arénicole en très mauvais état de conservation. Le tégument est dans un état déplorable; plusieurs touffes branchiales se sont séparées de leur point d'attache. Les deux espèces Arenicola marina L. et A. assimilis Ehlers se distinguent extérieurement l’une de l’autre par le rang du segment sur lequel sont fixées les premières branchies ; celles-ci sont situées sur le septième sétigère chez la première des deux espèces, sur le hui- tième ou la neuvième chez la seconde. C’est là le caractère extérieur le plus saillant, celui qui est tiré des lobes latéraux du prostomium étant moins apparent. 36 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE L’Arenicola assimilis existe sur les côtes du Chili, dans la région magellanique, dans la Géorgie du Sud, aux îles Kerguelen et en Californie. Brada mammillata GRUBE. Brada mammillata Grube, Jahresber. der schlesischen Gesellschaft für 1876, p. 40. — Anneliden-Ausbeute S. M. S. Gazelle, Monatsber. der Künigl. Ahad. der Wissensch. Berlin, 1877, p. 541. Brada mammillata Studer, Beitrage zur Naturgesch. der wirbell. Thiere, Archiv fur Naturgesch. Jahrg. 44, 1, 1878, p. 111; Taf. V, fig. 1-10. — Forschungsreise S. M. S. Gazelle, III, 1889, p. 144; Taf. XXVII, fig. 1-11. Brada mammillata Mac Intosh, The Voyage of H. M. S. Challenger. Scientif. Reports. Zoo- logy, vol. XII, 1885, p. 370, pl. XLIII, fig. 11; pl. XXIIIa, fig. 7-8. Brada mammillata Ehlers, Polychaeten der hamburger magalhaensischen Sammelreise, 1897, p- 109. — Die Polychaeten des magellanischen und chilenischen Strandes. Ein faunistischer Versuch, 1901, p. 180. — Die bodensässigen Anneliden aus den Sammlungen der deutschen Tiefsee-Expedition, 1908, p. 124. Brada mammillata Gravier, Sur les Annélides Polychétes recueillies par M. Rallier du Baty aux îles Kerguelen. Bull. du Mus. d'hist. natur., t. XVI, 1910, p. 198. Trois exemplaires de ce curieux Flabelligérien ont été dragués à Port-Pigeon à une profondeur de 12 mètres; l'un d’eux est recouvert d’une boue fine de teinte brun jaunatre ; le plus beau de ces trois exemplaires a 80 millimètres de longueur et 15 millimètres de largeur maxima. L’espéce a été recueillie antérieurement en divers points des Kerguelen (Baie Accessible, Betsy Cave, Royal Sound). Elle existe également à Puerto Bridges et au détroit de Magellan. Les soies sont bien conformes à celles qui ont été figurées par W.-C. Mac Intosh. Comme le fait remarquer cet auteur, les grandes soies dorsales de l'extrémité antérieure. sont couvertes de très nombreux Infusoires ciliés qui, en certains points, forment un revêtement complet au faisceau de soies. Thelepus spectabilis (VERRILL.) Neottia spectabilis Verrill, Bull. of the Unit. States National Museum, n° 3, II, Washington, 1876. Neottia antarctica Mac Intosh, Ann. and Magaz. of natural History, ser. 4, XVII, 1876, p. 321. — Zool. Kerguelen, Philosoph. Transact. of the Royal Soc. London, vol. CLXVIII, p. 261, pl. XV, fig. 14, 15. — The Voyage of H. M. S. Challenger. Scientific Reports. Zoology, vol. XII, 1885, P- 472: Thelepus Mac’Intoshi Grube, Anneliden-Ausbeute S. M. S. Gazelle, Monatsber. der Kénigl. Akad. der Wissensch. Berlin, 1877, p. 514. Thelepus spectabilis Ehlers, Polychaeten der hamburger magalhaensischen Sammelreise, 1897, pr 133: -~ Magellanische Anneliden, Nachr. der Künigl. Gesellsch. der Wissensch. Gottingen, Mathem.-phys. Klasse, 1900, p. 221. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 37 — Die Anneliden der Sammlung Plate. Zoolog. Jahrb. Supplem. Fauna chilensis, XI, 1901, p. 268. — Die Polychaeten des chilenischen und magellanischen Strandes. Ein faunistischer Versuch, 1901, p. 210. : — Die bodensässigen Anneliden aus den Sammlungen der deutschen Tiefsee-Expedition, 1908, p. 146. Thelepus spectabilis Gravier, Sur les Annélides Polychètes recueillies par M. Rallier du Baty aux îles Kerguelen. Bull. du Mus. d’hist. natur., 1910, t. XVI, p. 198. Parmi les exemplaires assez nombreux de cette espéce, rapportés par M. Rallier du Baty, l’un d’eux, presque entier, mesure environ 25 centimètres de longueur. _ Il n'existe, à chaque parapode, qu’une seule rangée de plaques onciales rétrogressives. Ces plaques, avec leur gros bouton terminal, ont bien le facies caractéristique de celles du genre Thelepus. Vues de profil, elles présentent seulement deux dents: de celles-ci, l’inférieure est beaucoup plus développée que celle qui la surmonte. L’une des soies de soutien s’insère près du vertex ; l’autre, un peu au-dessus de l’extrémité opposée, sur le même côté que la précédente, près du gros bouton arrondi et terminal. Cette espèce est très répandue dans les régions antarctiques et subantarctiques, aux Kerguelen, à l’îile Marion, à l'Est de l’île Bouvet, dans la région de Magellan, en de nom- breux points de lacôte Sud du Chili, etc. Elle a été recueillie par les grandes expéditions scientifiques : la Gazelle, le Challenger, la Valdivia et par la première expédition antarc- tique française à Port-Charcot, près de l’île Booth-Wandel. Arthropodes marins Par M. E.-L. BOUVIER, Membre de l’Institut, Professeur au Muséum d’Histoire naturelle. Au cours de son voyage aux îles Kerguelen, M. Rallier du Baty a rapporté au Muséum d'Histoire naturelle de Paris quelques arthropodes marins qui viennent s'ajouter à ceux recueillis une année auparavant dans les mêmes îles par M. Loranchet (voir Bulletin du Muséum, 1910, p. 95). Ainsi se forme peu à peu une collection française d’ani- maux propres à ces îles, jusqu'ici exploitées par les étrangers au point de vue scientifique seulement. Les Arthropodes, rapportés par M. Rallier du Baty, ne sont pas nombreux; mais nous les avons accueillis avec joie, car plusieursn'étaient pas représentés au Muséum. Ils appartiennent aux espèces suivantes : HaLicarCINUS PLANATUS Fabr., un crabe très répandu dans les mers australes ; SEROLIS LATIFRONS White; SEROLIS CORNUTA White ; ÆGa SEMICARINATA Miers; SPHÆROMIA GIGas Leach ; ANTARCTURUS FURCATUS Studer ; CHŒTONYMPHON BREVICAUDATUM Miers; _ Toutes ces espéces étaient connues aux Kerguelen, sauf peut-étre celle que je rapporte au genre Antarcturus, et qui nest peut-être pas l'A. furcatus de Studer. L'exemplaire femelle, chargé d'œufs, recueilli par M. Rallier du Baty, mesure près de 40 millimètres de longueur, comme les plus grands spécimens étudiés par Studer. Il se distingue de ces derniers par trois caractères : 1° au-dessus de la forte épine épimérienne, l’une des saillies dorso-latérales dechaque côté acquiert un développement égal à cette épine, de sorte que le corps est orné de quatre rangées longitudinales de longues et puissantes épines, les autres saillies étant fortes, mais d’ailleurs beaucoup plus courtes; 2° Studer dit que, dans ses exemplaires, «les deux premiers articles des quatre paires de pattes antérieures sont armés d'épines aiguës. du côté interne », épines qui ne sont d’ailleurs pas représentées sur ses figures. Dans notre exemplaire, les pattes antérieures sont fort peu armées, mais celles des trois paires suivantes sont munies sur la face externe de leur deuxième article, près usé oe © a ee ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 39 de la base et au bord antéro-distal du quatrième, d’une forte et longue épine ; il y a égale- ment une forte épine externe au bord distal du troisième article dans ces trois pattes, mais surtout dans celles des deux dernières paires, sans compter d’autres saillies coniques moins importantes sur le deuxième article; 3° le telson de notreexemplaire porte bien de chaque côté trois rangées longitudinales de saillies, comme l'A. furcatus, et la grande épine caudale appartient de même à la rangée intermédiaire ; toutefois, cette dernière rangée ne compte que trois saillies en avant de l’épine caudale, au lieu d’un grand nombre comme dans l’A. furcatus; bien plus, la deuxième de ces saillies se développe en longue épine, comme d’ailleurs la troisième ou quatrième avant-dernière dans la rangée la plus interne ; toutes ces saillies (sauf l’épine caudale) sont à peu près égales dans l’A. furcatus. Je-crois bien que l’exemplaire recueilli par M. Rallier du Baty appartient à cette dernière espèce dont il représente simplement, à mon avis, une variation intéressante. Il convient égalementde signaler, dans cette petite collection, un magnifique spécimen de l’Aga semicarinata Miers, espèce trouvée aux Kerguelen par la Vénus. Les exem- plaires de la Vénus étaient de belle taille, mais ne dépassaient point 58 millimètres, tandis que notre exemplaire atteint pour le moins 62 millimètres. C’est déjà presque un Isopode gigantesque, capable de rivaliser avec ses voisins polaires d’un autre groupe, les Gloptonotus. Notre spécimen était dorsalement coloré d’un jolie teinte rose, peu altérable par l’alcool (Voir pl. ! 1, fig. 3 à 5). Mollusques marins Par Ep. LAMY M. Rallier du Baty a recueilli aux îles Kerguelen 15 espèces de Mollusques 1 Amphineure, 10 Gastropodes; 4 Pélécypodes : il s’agit de formes connues, mais qui ne laissent pas cependant d’être fort intéressantes ; elles proviennent, en effet, d’une localité — dont la faune malacologique, étudiée par MM. Wm. H. Dall, E.-A. Smith, Boog Watson, von Martens, etc., ne comptait encore aucun représentant dans les collections du Muséum de Paris. Hemiarthrum setulosum CARPENTER. 1876. Hemiarthrum selulosum Carpenter mss., Dati, in Kipper, Nat. Hist. Kerguelen, Bull. U.S Nat. Mus., Ill, p. 44. 1886. H. setulosum Cpr., v. Martens et Prerrer, Moll. Süd-Georgien, Jahrb. Hamburg. Wiss. Anst., III, p. 108, pl. III, fig. 4. 1886. H. setulosum Cpr., Happon, Challenger Polyplacophora, p. 13, pl. I, fig. 4, et pl. II, fig. 4 a-l. 1908. H. eis Dall, Turete, Antarkt. u. Subantarkt. Chitonen, Deutsch. Siidpolar-Exped., X, Zool., II, p. 11, pl. I, fig. 4-12. Port-Gazelle : 3 individus. Neobuccinum Eatoni E.-A. Situ. 1875. Buccinopsis Eatoni E.-A. Smitu, Shells Kerguelen, Ann. Mag. Nat. Hist., 4° s., XVI, — p. 68. 1879. Neobuccinum Eatoni E.-A. Smirx, Moll. Kerguelen, Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., CLXVIII, p 169, pl. IX, fig. 1-1 a. 1886. N. Eatoni Sm., Watson, Challenger Gasterop., p. 216. 1902. N. Eatoni E.-A. Situ, Southern Cross Moll., p. 202. 1903. N. Eatoni Sm., v. Martens. Deutsch. Tiefsee-Exped. Valdivia, Gastrop., p. 63. 1906. N. Eatoni Sm., Lamy, Expéd. Antarct. Franc. de J. Charcot, Gastrop., p. 2. 1907. N. Eatoni E.-A. Situ, Nation. Antarct. Exped. Discovery, Gastrop., p. 1. 1907. N. Eatoni Sm., Mervitt et StanveEn, Moll. Scottish. Nation. Antarct. Exped., Trans. Roy. Soc. Edinb., XLVI, p. 130. 4 spécimens. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 41 Cominella (Chlanidota) vestita v. MARTENS. 1878. Cominella vestita v. Marrens, Sitzungsb. Ges. Naturf. Fr. Berlin, p. 23. 1880. Buccinum (Chlanidota) vestitum v. Martens. Conchol. Mittheil., 1, p. 43, pl. IX, bs 3 a-c. 1886. Neobuccinum vestitum Mrts., Watson, Challenger Gasterop., p. 216. 1902 Chlanidota vestita Mrts., E.-A. Smit, Southern Cross Moll., p- 203. 1903. Cominella (Chlanidota) vestita v. MarTENS, Deutsch. Tiefsee- -Exped. Valdivia, Gastrop., Feri Di 0% Baie Breakwater : 5 individus. Trophon Philippianus Dunker. 1878. Trophon Philippianus Dunker mss., Kosevt, in Martini u. CHemnirz, Conch. Cab. 2° éd., -i |. Purpuracea, p. 277, pl. LXXII, fig. 4-5. 1905. T. Geversianus Pallas torma Philippianus Dkr., Srreset, Moll. Magalhaen, Zool. Jahrb., . XXI, p. 179, pl. V, fig. 35. 1907. T. Philippianus Dkr., Mervitt et Stanpen, Moll. Scottish Nation. Antarct. Exped., Trans. Roy. Soc. Edinb., XLVI, p- 139. Baie Breakwater: 1 seul individu qui, en raison de sa spire peu élevée, de son dernier tour renflé seulement à la partie supérieure, et de ses lamelles longitudinales très nombreuses, me paraît devoir être rapporté plutôt au 7. Philippianus Dkr. qu’à la forme de Kerguelen décrite par M. E.-A. Smith sous le nom de 7. albolabratus (1870, Moll. Kerguelen, Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., CLXVIII, p. 170, pl. IX, fig. 2). _ Rochebrune et Mabille (1889, Miss, Sc. Cap Horn, Moll., p. 53) ont identifié ce T. Philippianus au Fusus intermedius Hupé (1854, in Gay, Hist. Chile, Zool., VII, p- 166, pl. IV, fig. 6), qui, d’après M. H. Strebel (loc. cit., p. 173), est un simple SG ie de T. Geversianus. Struthiolaria mirabilis E.-A. Smiru. 1875. Struthiolaria mirabilis E.-A. Smrru, ‘Shells Kerguelen, Ann. Mas, Nat. Hist., 4° s., XVI, p. 67. ¥875<°S. costulata v. Martens, Sitzungsb. Ges, Naturf. Fr. Berlin, p. 66. 1876. S. costulata Mrts., Scuacxo, Jahrb. Deutsch. Malak. Ges., III, p. 317. lee S. mirabilis E.-A. Smitu, Moll. Kerguelen, Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., CLXVIII, p. 170, pl. IX, fig. 3. 1883. S. (Perissodonta) mirabilis Sm., v. Martens, Zool. Rec., 1882, XIX, Moll., p. 48. 1886. S. mirabilis Sm., Watson, Challenger Gasterop., p. 414. 1903. S. (Perissodonta) mirabilis Sm., v. MARTENS, Deutsch. Tiefsee-Exped., Valdivia, Gastrop., p- 67. 2 individus. Dans l’exemplaire figuré par M. E.-A. Smith, le labre était brisé : je crois donc utile de donner planche II, figures 6 et 7, des photographies montrant la forme exacte de l'ouverture de cette intéressante coquille. T. Ill. — Fasc. 3. 6 | 42 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Turritella austrina WATson. 1880. Turritella austrina Warson, Moll. Challenger, Journ. Linn. Soc. Lond., Zool., XV, p- 224. 1886. T. austrina Watson, Challenger Gasterop., p. 470, pl. XXIX, fig. 2 a-f. 1903. T. austrina Wats., v. Martens, Deutsch. Tiefsee-Exped. Vaidivia, Gastrop., p. 68. Baie de l’Observatoire : 1 individu correspondant plus spécialement a la forme représentée dans la figure f de M. B. Watson. Natica sculpta v. Martens. 1878. Natica sculpta v. Martens, Sitzungsb. Ges. Naturf. Fr. Berlin, p. 24. 1903. N. sculpta v. Martens, Deutsch. Tiefsee-Exped. Valdivia, Gastrop., p. 65, pl. IV, fig. 1. Baie de l'Observatoire : 1 spécimen. Margarella expansa Sowersy. 1841-45. Margarita expansa Sowrrsy, Conchol. illustr., fig. 16-17. 1879. Trochus (Photinula) expansus Sow., E.-A. Smiru, Moll. Kerguelen, Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., CLXVIII, p. 177. 1886. T. (Photinula) expansus Sow., Warson, Challenger Gasterop., p. 69. 1886. Margarita (Photinula) expansa Sow., v. Martens et Prerrer, Moll. Süd-Georgien, Jahrb. Hamburg. Wiss. Anst., III, p. 100, pl. I, fig. 10 a-d. 1891. Margaritella expansa Sow., THIELE, in TRoscHEL, Gebiss Schnecken, p. 261. 1893. Margarella expansa Sow., Tuk Le, ibid., Index, p. 406. 1898. Photinula expansa Sow., MELvizz et STANDEN, Shells Falklands, Journ. of Conchol., IX, . 408. 1901. py cater Sow., MELvILL et STANDEN, ibid., X, p. 45. 1902. P. expansa Sow., E.-A. Smitu, Southern Cross Moll., p. 207. 1903. P. expansa Sow., v. Martens, Deutsch. Tiefsee-Exped. Valdivia, Gastrop., p. 69. ; 1905. P. expansa Sow., STREBEL, Moll. Magalhaen, Zool. Jarhrb., Suppl. VIII, p. 152, pl. V, fig. g-11, 14, 15. 1906. Margarella expansa Sow., Ture, Nachrichtsb. Deutsch. Malak. Ges., XXXVIII, p. 13. 1906. Photinula expansa Sow., Lamy, Expéd. Antarct. Franc. de J. Charcot, Gastrop., p. 8. 1907. P. expansa Sow., Metvitt et STanvEN, Moll. Scottish Nation. Antarct. Exped., Trans. Roy. Soc. Edinb., XLVI, p. 128. Une trentaine d’individus : baie de l'Observatoire : un spécimen. Nacella (Patinella) deaurata GMELIN var. varicosa REEVE. 1788. Patella scutum deauratum Cuemnitz, Conch. Cab., X, p. 327, pl. CLXVIII, fig. 1616 a-b. 1790. P. deaurata Goeuin, Syst. Nat., éd. XIII, t. I, p. 3710. 1854. P. varicosa Reeve, Conch. Icon., VIII, Patella, pl. XI, fig. 21 a-c. 1879. P. (Patinella) enea Martyn var., E.-A. Smiru, Moll. Kerguelen, Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., CLXVIII, p. 170. : ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 43 1889. P. varicosa Rve., RocHEBRUNE et Mamirce, Miss. Sc. Cap Horn, Moll., p. 95. 1903. Nacella enea Mart. var. varicosa Rve. + PELSENEER, Belgica Moll., p. 7 1907. N. (Patinella) deaurata Gm. forma varicosa Rve., Srresez, Moll. Magalhaen, Zool. Jahrb., XXV, p. 141, pl. VI, fig. 81 a-b. 1 individu. Le Nacella strigatella Rochebrune et Mabille (/oc. cit., p. 96, pl. V, fig. 8 a-b), qui est rattaché par M. Strebel (loc. cit., p. 125) au J. vitrea Phil., a été fait, à bien plus juste titre, par M. Pilsbry (1891, in Tryon, Man. Conch., XII, p. 118), synonyme du N.deaurata Gm. = varicosa Rve. Nacella (Patinella) fuegiensis Reeve. 1855. Patella fuegiensis Reeve, Conch. Se VIII, Patella, pl. XXVIII, fig. 73 a-b. 1879. P. (Patinella) fuegiensis Rve., E.-A. Smitu, Moll. Kerguelen, Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., CLXVIII, p. 180, pl. IX, fig. 14-14 a. 1886. P. fuegiensis Rve., Watson, Challenger Gasterop., p. 26. 1889. P. fuegiensis Rve., RocHEBRUNE et Maire, Miss. Se. Cap Horn, Moll., p. 95. 1902. P. (Patinella) fuegiensis Rve., v. Martens, Deutsch. Tiefsee-Exped. Valdivia, Gastrop., P»:73- 1907. P. fuegiensis Rve., Metvitt et SranDEN, Moll. Scottish Nation. Antarct. Exped., Trans. Roy. Soc. Edinb., XLVI, p. 127. 6 individus ; baie Philipp: 1 spécimen. Siphonaria lateralis Cournouy. 1846. Siphonaria lateralis Couthouy mss., Gouin, Proc. Boston Soc. Nat. Hist. Ets +53: 1852-1856. S. lateralis Couth., Gourr, Wilkes U. S. Expl. Exped., Moll., p. 363, pl. XXX, fig. 462 a-b. 1856. S. redimiculum Rerve, Conch. Icon., IX, Siphonaria, pl. V, fig. 24 a-b. 1876. S. tristensis Davi (non Leach), in Kipper, Nat. Hist. Kerguelen, Bull. U. S. Nat. Mus., III, p. 45. 1879. S. redimiculum Rve., E.-A. Smirn, Moll. Kerguelen, Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., CLXVIII, p. 16. 1886 S. (Liriola) tristensis (pars), Watson, Challenger Gasterop., p. 675. 1889. Kerguelenia redimiculum Rye. -» ROCHEBRUNE et MABILLE, Miss. Sc. Cap Horn., Moll., . p. 28. 1889. Siphonaria lateralis Couth., RocHEBRUNE et MaBilie, ibid., p. 20. 1903. S. redimiculum Rve., v. Martens, Deutsch Tiefsee-E xped. Valvidia, Gastrop., pe 92. 1903. S. lateralis Couth., PELSENEER, Belgica Moll., p. 9. 1907. S. lateralis Couth., Srreser, Moll. Magalhaen. Zool. Jahrb., XXV, p. 172, pl. II, fig. 27-29-29 a. Baie Loom : 4 individus ; Baie de l'Observatoire : 5 spécimens. Rochebrune et Mabille considéraient le S./ateralis comme différent du S. redimiculum, dont ils faisaient même le type d'un genre Kerguelenia ; mais ces deux espèces sont maintenues synonymes par M.H. Strebel. 44 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Malletia gigantea E.-A. Situ. 1875. Solenella gigantea E. A. Situ, Shells Kerguelen, Ann. Mag. Nat. Hist., 4° s., XVI, D: 9%. 1879. S. gigantea E.-A. Situ, Moll. Kerguelen, Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., CLXVIII, p. 187, pl. IX, fig. 19. | 1885. Malletia gigantea E.-A. Smrrn, Challenger Lamellibr., p. 244. 3 spécimens. Mytilus edulis Linné. 1758. Mytilus edulis Linnt, Syst. Nat., éd. X, t. I, p. 705. 1758. M. ungulatus Linnét, ibid., p. 705. 1857. M. ungulatus L., Reeve, Conch. Icon., X, Mytilus, pl. II, fig. 4. 1876. M. canaliculus Dati (non Hanley), in Kipper, Nat. Hist. Kerguelen, Bull. U. S. Nat. Mus., III, p. 48. 1879. M. edulis L., E.-A. Situ, Moll. Kerguelen, Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., CLXVIII, p. 189. : 1898. M. ungulatus L., Mer vi et Sranven, Shells Falklands, Journ. of Conchol., IX, p. 104. 1901. M. edulis L., MeLviz et SraNDEN, ibid., X, p. 46. 1901. M. ungulatus L., MELvizz et STANDEN, ibid., p. 47. 1907. M. edulis L. Merv, et STanDEN, Moll. Scottish Nation. Antarct. Exped., Trans. Roy. Soc. Edinb., XLVI, p. 145. Baie Philipp : 2 individus ; l’un d’eux offre le contour du M. galloprovincialis Lk., variété de forme signalée par MM. Melvill et Standen (1898) pour le M. ungulatus, que M. E.-A. Smith admet pouvoir être une forme géante du M. edulis. Modiolarca trapezina Lamarck. 1819. Modiola trapesina Lamarck, Anim. s. vert., VI, 1° p., p. 114. - 1841. M. trapesina Lk., Deresserr, Rec. ‘cog. Lamarck, pl. XIII, fig. 7. 1854. Phaseolicama trapezina Lk., Hurt, in Gay, Hist. Chile, Zool., VIII. p. 323, pl. VIII, fig. 9. 1852-1856. Gaimardia trapesina Lk., Gouin, Wilkes LU. S. Explor. Exped., Moll., p. 459, pl. XLI, fig. 568 a-f. 1879. Modiolarca trapezina Lk., E.-A. Situ, Moll. Kerguelen, Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., CLXVIII, p. 190. 1885. M. trapezina Lk., E.-A. Smitu, Challenger Lamellibr., p. 279. 1886. M. trapezina Lk., v. Martens et Preirrer, Moll. Siid-Georgien, Jahrb. Hamburg. Wiss. Aust., III, p. 127, pl. IV, fig. 13. 1889. M. trapezina Gray, Rocursrune et Masitte, Miss. Sc. Cap. Horn., Moll., p. 120. 1898. M. trapezina Lk., Mezvizz et STANDEN, Shells Falklands, Journ. of Conchol., IX, p. 104. 1001. M. trapezina Lk., MELvILL et STANDEN, 1bid., X, p. 47. 1902. M. trapezina Lk., SremreLz, Musch. Samml. Plate, Fauna Chilensis, Zool. Jahrb., Suppl. V, p. 227. 1903. M. trapezina L., Pevseneer, Belgica Moll., p. 11. Une dizaine de spécimens. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 45 Rochebrune et Mabille (loc. cit.), p. 120-123, pl. VII) ont décrit sept espèces de Modiolarca qui sont, pour M. W. Stempell, tout au plus des variétés du M. trapezina Lk. : crassa (fig. 1), Le Cannellieri (fig. 2), Lephayi (fig. 3), Savatieri (fig. 4), fuegiensis (fig. 5), Sauvineti (fig. 6), Hahni (fig. 7). D’autre part, contrairement a M. E.-A. Smith, ils regardaient le Phaseolicama magellanica Rousseau (1854, Voy. Pôle Sud, Zool., V, Moll., pl. 116, pl. XXVI, fig. 2, a-d) non seulement comme n’étant pas synonyme du Modiolarca trapezina, mais comme appartenant a un genre différent : cette opinion est confirmée par M. W. Stempell (loc. cit., p. 227). es Lasæa consanguinea E.-A. SMITH. 1876. Lasæa rubra Datt (non Montagu), in Kinper, Nat. Hist. Kerguelen, Bull. LU’. S. Nat. Mus., HE. p. 45: 1879 Kellia consanguinea E.-A. Situ, Moll., Kerguelen, Phil. Trans. Roy. Soc. Lond., CLXVIII, p. 184, pl. IX, fig. 20. 1903. Lasæa rubra PeLsEnEEr (non Mtg.), Belgica Moll., p. 11. 1907. Lasæa consanguinea Sm., Metvitt et Sranven, Moll. Scottish Nation. Antarct. Exped., Trans. Roy. Soc. Edinb., XLVI, p. 149. Port-Gazelle : une douzaine d’individus. D’après M. E.-A. Smith, cette espèce de Kerguelen est différente du ZLasæa rubra Mtg. européen, qui, au contraire, pour M. Wm.H. Dall et M. Pelseneer, serait une forme cosmopolite. Mollusques terrestres Par Louis GERMAIN La faune malacologique des îles Kerguelen est remarquablement pauvre. Jusqu'à ces dernières années, on n’y connaissait qu’une seule espèce, l'Amphidoxa (Stephanoda) Hookeri Reeve (1), petite coquille appartenant à la famille des Eypopontip& et dont la forme rappelle celle des Helix. Cet Amphidoxa Hookeri Reeve, a été signalé comme abondant sur les terrasses de balsalte des environs du Royal Sound (Smirx)(2) et à la presqu'île de la Gazelle [D' E. von Martens (3)]. Il n’a ‘pas été retrouvé par M. Razzier pu Bary (4) qui, par contre, a recueilli plusieurs exemplaires dun Limacien trés répandu en Europe, l Agriolimax agrestis Linné (5), Comparés aux spécimens européens, les individus récoltés a Kerguelen ne présentent rien de particulier. Ils sont de même taille (6) ; en dessus, ils sont d’un gris jaunâtre plus foncé vers le milieu du corps, et ornés de tâches longitudinales noirâtres et irrégulières ; en dessous, ils montrent une teinte d’un gris jaunâtre uniforme. La cuirasse, de même couleur que le reste du corps, est également ornée de macules noiratres. Un des exemplaires est unicolore : le corps estuniformément d’un gris jaunâtre passant au roux vers l'extrémité caudale ; la cuirasse, qui est HER unicolore, est d’un jaune roux clair. D’après M. Rater pu Baty, l’Agriolimax agrestis Linné, est maintenant répandu dans toute l’île où il vit sous les pierres, les herbes, etc.. Ila été primitivement découvert près de la baie de l'Observatoire, à la station allemande du Gauss. Nul doute qu'il n'ait (1) Reeve (L.), Conchologia Iconica, 1854, VIII, re CCVIII, sp. 1474 (Helix Hookeri); — Preirrer, Malakoxool. Blatter, Il, 1855, p. 126 | Helix (Patula) Hookeri], et Monographia Heliceor. vivent., IV, 1859, p. 87; V, 1868, p. 152; — Tryon, Manual of Conchology, 2° série, Pulmonata, IV, 1887, p. 48, Pl. V, fig. 83 [Helix (Stephanoda) Hookeri]; — PILSBRY, in Tryon, loc. supra cit., 2e série, IX, 1894, p. 41 [Amphidoxa (Stephanoda) Hookeri]. (2) Smit (E.-A.), Mollusca [of Kerguelen Islands], Philos. Transact. of the royal Society of London (CLXVIII, 1878, p. 183). , é (3) Martens (D' E. von), Die beschalten Gastropoden der deutschen Tiefsee-Expedition, 1898-1899 (Valdivia), 1903, p. 145. (4) Cependant M. Razcier pu Barty me dit avoir recueilli une soixantaine d’échantillons d’une très petite coquille terrestre ; le tube qui les contenait a été perdu au cours du voyage de retour. Il est infiniment probable que ces coquilles appartenaient à l’Amrphidoxa Hookeri Reeve. (5) LiNNÉ, SyStema nature ; Ed. X, 1758, p. 652. (6) Les exemplaires recueillis par M. Razuier pu Barty atteignent 18 millimètres de longueur. D Rs ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE PU Wier és ECHINODERMES DE KERGUELEN ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 47 été introduit par les matelots allemands qui séjournérent en ce lieu de 1902 à 1903, et pro- bablement aussi par les pêcheurs norvégiens établis depuis (1). Ce fait de l’acclimatement de l’Agriolimaxagrestis Linné, à Kerguelen, est loin d'être isolé. Cette espèce, qui habite toute l’Europe, y compris la Suède, la Norvège et le Nord de la Russie [WesTERLUND(2)]; qui se retrouve en Sibérie [WEsTERLUND (3)], dans presque toute l’Asie Mineure [BorrrGer (4)|, en Syrie-Palestine [PoLtonera (5)],! dans le Nord de l'Afrique (Algérie, Tunisie) [Porronera (6)], etc. (7), est maintenant abondante en Australie [Musson (8)]et en Nouvelle-Zélande d’où Hutton (0) las ignale sous le nom de Limax molestus. En Amérique, |’ Agriolimax agrestis Linné est Rirtt hui acclimaté dans toute la région atlantique des Etats-Unis, où il est souvent assez abondant pour causer de réels dégâts aux cultures maraichéres [Binney (10)]. Tout dernièrement, Datu (11) l’a signalé dans le Manitoba. Ilétait intéressant de faire connaître la nouvelle station de Kerguelen, où l’Agriolimax agrestis Linné est d'introduction récente, et où il s’est rapidement répandu en grande quantité, montrant ainsi la facilité avec laquelle il se propage dans des contrées aussi différentes de sa patrie d’origine. (1) La souris commune est également répandue maintenant dans toute l’île. (2) WesrerLunp (C.-A.), Exposé critique des Mollusques terrestres et d’eau douce de la Suède et de la Norvège (Nova Acta Reg. societ. scient. Upsal., 3: série, VIII, 1871, p. 16). (3) WesrerLuno (C.-A.), Siberiens land-och sétwatten-Mollusker (Kongl. Svensk. Akadem. Handlingar, XIV, n° 12, 1877, p. 23). (4) Bogrrcer (Dr O.), Sechtes Verzeichniss transkaukasischer, armenischer und Nordpersischer Mollusken (Jahr- buch. d. deutschen Malakoxool. Gesellsch., VIII, 1881, p. 183). (5) Pottonera (C.), Note malacologische ; IV, Sui Limacidi della Siria e della Palestina (Bollettino Musei Zoologia Anatom. comp. d. R. Univers. di Torino, n° 608, 1909, p. 5, ne 7). (6) Pottonera (C.), Appunti di Malacologia ; VIII, Sui Limacidi dell’ Algeria (Bolletino Musei Zoologia Anatom. comp. d. R. Univers. di Torino, ne 100, 1891, p. 3). . (7) L’Agriolimax agrestris Linné habite également les Açores [Cf. Simrotu (H.), Die Nachtschnecken der portu- giesisch-azorischen Fauna in ihrem Verthälniss zu denen der pal arktischen Region überhaupt (Nova Acta K. L. C. deutschen Akademie der Naturforscher, LVI, n° 2, 1891, p. 281]. — D’après C. pe Paiva [Monographia Molluscorum terrestrium, fluyialium, lacustrium,insularium Maderensium (Mem. da Academia Lisboa, IV, 1867, p. 5)] cette espèce se retrouverait à Madère et aux Canaries ; mais Simrotu | loc. supra cit., 1891] met ce fait en doute. (8) Musson (Cuaster T.), On the naturalised forms of land and fresh water Mollusca in Australia (Proceedings Linnean Soc. of new south Wales, 2° série, V, 1891, p. 891). ‘(9) Hurron (F.-W.), Description of new Slugs (Trans. and Proceed. of New Zealand Institute Wellington, XI, 1878, p. 331). (10) Bryney (A.), The terrestrial Air-Breathing Mollusks of the United States and the adjacent Territories of North America, I, 1851, p. 994 140; et Binney (W.-G.), Bulletin of the Museum of Comparative Zoologie at Hartward _ College Cambridge, XI, 1883, p. 163, et XVI, 1886, p. 23. (11) Dart (W.-H.), Land and freshwater Mollusks of Alaska and adjoining regions, 1905, p. 45. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE PL. II D.-A. LONGUET, IMP, PHOT. INVERTEBRES DE KERGUELEN LÉ si auf Mission Gruvel sur la Côte occidentale d'Afrique. : (1909-1910) Résultats scientifiques et économiques INTRODUCTION Par A. GRUVEL Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Bordeaux, Chef de Mission. But de la mission. — Après avoir étudié, avec quelques détails, les côtes de la Mauritanie et du Sénégal (1), au double point de vue de la pêche indigène et de l'exploitation à forme métropolitaine; après avoir suivi, pas à pas, les installations officielles et les améliorations diverses apportées à Port-Etienne; après avoir, enfin, observé de très près les tentatives d'exploitation des richesses ichthyologiques de nos côtes mauritaniennes, une seule question, à notre avis, nous était encore en grande partie inconnue : c'est celle qui a trait à la consommation des produits de la pêche par les populations indigènes de l’Afrique occidentale, aussi bien dans les colonies françaises que dans les colonies étrangères. : Si nous connaissions, en eflet, les fonds de pêche, les engins à employer et les pois- sons que l’on pouvait capturer, si nous savions même qu'il était possible de préparer et de conserver dans de bonnés conditions le poisson salé ou simplement séché, les modes de préparations utilisés par les indigènes des colonies de l’Ouest africain autres que la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie et la Guinée portugaise, nous étaient à peu près complètement inconnus. C'était, cela n'est pas douteux, une lacune considérable, qu'ils ‘agissait de combler au plus vite. (1) A. GRuveL et A. Boers; Les Pécheries de la Côte occidentale d'Afrique, Côte saharienne (Challamel édit., Paris, 1906). A. Gruvet, Les Hichesies des Côtes du Sénégal et des Rivières du Sud (Challamel édit., Paris 1908). : A. GRuvEL et R. Cuupeau, A travers la Mauritanie occidentale : I. — Partie générale et économique, Paris, 1909 ; IL. — Partie scientifique, Paris, 1911. Larose, édit. T. HI. — Fasc. 4. Bid cs Me 2 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Il ne suffit pas, en effet, de prendre du poisson et de le préparer d’une manière quelconque, il faut aussi pouvoir le vendre. Or, tous ceux qui connaissent quelque peu les indigènes de l’Afrique occidentale (il doit en être de même ailleurs), savent combien il est difficile de leur faire accepter un article quelconque, tissu, boisson, produit alimentaire, etc., auquel ils ne sont pas accoutumés. C'est l’exagération de ce que nous pouvons, du reste, observer tous les jours, sur le marché européen. A ce sujet, nous avons bien des fois remarqué, au cours de notre long voyage dans les diverses colonies de la Côte africaine, que les Français surtout, j'allais dire seuils, ont la dangereuse manie de vouloir imposer leurs produits à l'indigène qui, du reste, s’y refuse obstinément. Ce qu’il est absoiument indispensable de faire, commercialement parlant, c'est d'offrir au Noir un produit de son goût, celui auquel il est habitué depuis toujours. En ce qui concerne, plus spécialement, le poisson préparé, le goût des Noirs est facile à connaître en étudiant les divers modes de préparations utilisés par les pécheurs indigènes, en parcourant les divers marchés, en se mêlant, en un mot, assez intimement à la vie de ces populations. Les renseignements fournis par les grands marchés peuvent, en certains cas, présen- ter des indications inexactes. : Tel produit, par exemple, envoyé sur ces marchés, est cependant vendu, malgré une certaine répugnance des Noirs, uniquement parce qu'ils ne trouvent pas le même produit sous la forme exacte qui leur convient. Ils prennent alors ce qu’on leur offre, mais en quantités peu considérables; tandis que, au contraire, si on leur fournit un pro- duit analogue, ou mieux identique, a celui préparé par eux ou leurs congénéres, les transactions peuvent, alors, acquérir une activité insoupconnée. _ On a presque l'air de découvrir l’Amérique en disant cela, et cependant, que d’affaires et d’affaires françaises intéressantes ont périclité ou même sombré pour avoir méconnu ces vérités. C’est pour tâcher d'éviter de nouvelles catastrophes, c’est pour pouvoir faire connaître exactement tous les facteurs du problème, que nous nous sommes résolu à entreprendre le grand voyage que les industriels installés en Mauritanie auraient dû faire eux-mêmes, s’ils avaient réellement compris leur plus élémentaire devoir et leur vérita- ble intérêt. Nous n'avons, du reste, pas à nous en plaindre, bien au contraire, car, si ce voyage a été long, quelquefois très pénible, il nous a permis d'étudier, avec détails, la pêche © indigène dans les différentes colonies françaises et étrangères de la Côte occidentale d'Afrique, la préparation, la vente ainsi que la consommation des productions mari- times et fluviales : poissons, crustacés et mollusques. Mais il a été aussi pour nous une excellente lecon, car nous avons pu nous rendre compte de ce que d’autres nations, le Portugal et l'Angleterre, en particulier, avaient pu déjà réaliser, dans leurs colonies, au point de vue de la pêche à forme européenne. Et si nous avons été un peu humilié, il faut bien le dire, dans notre amour-propre national, nous avons aussi été instruit et réconforté par l'exemple fécond de nos voisins, en pensant que ce que les Portugais et les Anglais avaient pu réaliser, dans cet ordre d’i- ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE : 3 dées, nous étions également capables de le faire dans des conditions similaires, peut-être, même, plus favorables. Et, plus que jamais, après l'enquête très approfondie que nous avons menée sur la Côte, après les magnifiques exemples que nous avons eus sous les yeux, nous nous sommes senti plein de courage pour continuer l’œuvre commencée depuis bientôt six ans, et pour, cette fois, nous en sommes convaincu, la faire définitivement aboutir. Mais notre voyage a fourni encore d’autres résultats intéressants, au point de vue scientifique. I] nous a permis de recueillir des collections nombreuses de poissons, crustacés, mollusques, insectes, etc., quelques échantillons de la flore désertique et de la constitution géologique de l’Angola, et de nombreux échantillons de plankton végétal et animal. Nous avons pu également faire de très nombreux relevés de températures, den- sités, salinités, etc., d’une façon méthodique et en des points bien déterminés sur la Côte africaine. Ces recherches tirent en grande partie leur intérêt du fait que, ayant été poursuivis réguiièrement du Nord au Sud, elles pourront montrer les affinités des espèces, les varia- tions locales et les adaptations des diverses formes; qu'elles apporteront, en un mot, une contribution intéressante à la connaissance générale de la faune marine de ces régions encore si peu connues, et une petite pierre à l’immense édifice de la géographie zoolo- gique. ‘Je dois à M. le Gouverneur général Ponty mes plus sincères et plus vifs remercier ments, pour m'avoir donné les moyens financiers et administratifs de mener à bien ce très intéressant voyage, auquel n’ont cessé de s'intéresser, avec le département des Colonies, ceux de la Marine et de l’Instruction publique. Je souhaite, qu'en retour, il contribue à développer, sur nos Côtes de l’Afrique occidentale française, des pêcheries à forme métropolitaine; de plus en plus importantes, pour que beaucoup de nos marins puissent trouver, sous les cieux ensoleillés de la Mauritanie et du Sénégal, déjà appréciés d’un certain nombre d’entre eux, un champ d'action nouveau aussi vaste, plus rémunérateur, surtout moins terrible et moins brumeux, que les mers glacées et meurtrières de Terre-Neuve et d'Islande. Après cing années de luttes, le Parlement s’est enfin ému. Il a fini par comprendre tout l’intérêt que pouvait présenter, pour la France comme pour notre colonie africaine, l'exploitation bien comprise de ces immenses richesses marines, et il a accordé à cette grande pêche nouvelle les primes et encouragements divers que nous n’avons cessé de réclamer depuis 1905 et qui lui étaient légitimement dûs. La promulgation du décret du 3 octobre 1910, puis la loi du 26 février 1911 ont donné à cette industrie nouvelle le levier financier dont elle avait besoin pour secouer l'indifférence et vaincre, parfois, l'hostilité de ceux qui auraient dû être les premiers à lui apporter l’aide efficace et y protection dont elle avait besoin. Les matériaux scientifiques que nous avons recueillis au cours de ce long voyage sont actuellement à l'étude, et certains même très avancés. Nous nous sommes réservé, en dehors de quelques groupes zoologiques, comme les Langoustes, les Cirrhipèdes, etc., le soin de traiter la partie économique se ‘rapportant à un certain nombre d’autres groupes ~ 4 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE, tels que: poissons, crustacés, mollusques, etc. Tous les autres matériaux ont été distribués aux savants spécialistes + Muséum et d’ailleurs, au nous ont déjà prêté le précieux concours de leurs lumières. M. le Professeur Joubin a bien voulu nous ouvrir les Annales de l'Institut Océano- graphique, pour la publication des résultats scientifiques et économiques de notre mission. Nous le prions d’accepter, ici, nos bien sincères remerciements. - Tous les mémoires paraîtront donc successivement, mais sans ordre et seulement au fur et à mesure de leur achèvement, dans cette superbe publication, sous les noms de leurs auteurs respectifs. nt € a nn … ét D di dé oe Marin — Pan a ee es dé eas = “ ‘ PET . Contribution à l’étude générale systématique et économique des Palinuride Par A. GRUVEL. Au cours des différents voyages que nous avons effectués sur les côtes de l’Afrique occidentale, nous avons eu l’occasion de rencontrer un certain nombre d’espéces ou de variétés de Langoustes qui nous ont vivement intéressé, à la fois au point de vue scienti- fique et aussi par l'exploitation industrielle à laquelle donnaient lieu déjà, ou ont donné lieu depuis, certaines d’entre elles. Nous avons été ainsi amené à étudier ce groupe intéressant de Crustacés d’une façon de plus en plus approfondie, et nous nous sommes aperçu, assez rapidement, des discor- dances nombreuses existant entre les divers auteurs, au sujet de l'étude systématique de ces animaux. Sur les conseils de M. le Professeur Bouvier, qui, depuis si longtempsdéjà, nousa ouvert, toutes grandes, les portes deson Laboratoire, nous avonsentrepris de chercher à mettre un peu d'ordre dans cette classification. La tâche nous a été grandement facilitée par les nombreux et intéressants exemplaires de Palinuridæ quenousavons rencontrésdans la collection du Muséum national d'Histoire Naturelle où nous avons trouvé, non seule- ment la presque totalité des formes existantes, mais, ce qui est infiniment plus précieux, la plupart des types de Latreille, Olivier, Lamarck, Milne-Edwards, etc. L'étude atten- tive des caractères importants, non signalés par ces auteurs, mais indispensables à connaître aujourd’hui, nous a permis de nous débrouiller, assez facilement, au milieu des descriptions nombreuses d'espèces, les unes effectivement nouvelles, mais d’autres déjà connues depuis fort longtemps. Les travaux de Pfeffer et d’Ortmann nous ont aussi facilité notre tâche, bien que nous soyons arrivé, souvent, à des conclusions bien différentes dés leurs. C'est le résultat de nos études que nous voudrions faire connaître ici, dans cette magnifique publication où M. le Professeur Joubin a bien voulu nous accorder l’hospi- talité. Milne Edwards divisait déjà le genre Langouste (Palinurus) en deux sous-genres : celui des Langoustes ordinaires, caractérisées par labrièvetédes fouets desantennesinternes, et celui des Langoustes longicornes dont les fouets des antennes internessont généralement très longs. Ê Depuis lors, des formes ont été découvertes, qui ne pouvaient entrer dans aucun de 6 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE ces groupes, et l’on a dû créer un certain nombre de genres nouveaux répondant mieux aux besoins de la classification. Dans l’état actuel de la science, le groupe des Langoustes a été élevé au rang de de famille, formée par six genres parfaitement distincts qui sont : le genre Puerulus, Ortmann, le genre Palinurellus v. Martens, le genre Jasus Parker, le genre Palinurus Fabricius, le genre Linuparus Gray et le genre Panulirus Gray (White). Dans son mémoire de 1881, Pfeffer avait remplacé le nom de Panulirus par celui de Senex, de même que Ortmann s’est cru autorisé, dans son travail de 1891, à remplacer le nom de Linuparus, par celui de Avus, sous prétexte, probablement, l’un et l’autre, que les mots de Panulirus et Linuparus ne sont que les anagrammes du mot Palinurus et qu’ils peuvent ne pas être pris au sérieux. C’est là une erreur absolue. Il n’y a pas à disconvenir que le choix de ces noms aurait pu. être plus heureux et moins prêter à confusion avec les autres, mais ils ont la priorité de l’âge et ils devraient subsister même s'ils étaient plus ridicules encore. S'ils ont le défaut de prêter à confusion, ils ont aussi la qualité de rappeler à l'esprit trois séries de formes de Crustacés très voisines. : Les règles actuelies de la nomenclature sont inflexibles, et il n’y a qu’à s’incliner sans discussion devant la priorité, non contestable, des noms choisis. Le tableau dichotomique, ci-dessous, permet de distinguer, très facilement, ces genres les uns des autres. Pas de Cornes frontales 65500 aye ta steve nee dre Palinurellus v. Martens. | Fouets des ant. INT. | Cornesfrontalesprésentes | Pas d’appareil stridulent.... Jasus Parker. COUTTS an tait es el SÉPATÉEST Kant App. stridulent présent..... Palinurus Fabricius, Famille des \ Cornes frontales soudées sur la ligne médiane......... Linuparus Gray. Palinuride. / Cercle antennulaire portantgénéralement deux ou quatre | Fouets des ant. INT. \ épines fortes. Céphalothorax arrondi .........,...... Panulirus (Gray) White. LORDS. ne / Cercle antennulairesans épines. Céphalothorax avec une crête dorsale et deux crêtes latérales longitudinales... Puerulus Ortmann. 1. — Genre Puerulus, Ortmann, 1897. Nous faisons figurer le genre Puer (1) Ortmann, ou Puerulus Ort. à la fin de cette liste. C’est qu’en effet, et jusqu’à preuve du contraire, nous considérons, avec M. Calmann, que la plupart des formes qui, jusqu'ici, ont été placées dans ce genre, ne correspondent pas à des entités spécifiques véritables, mais qu’elles représentent seule- ment des formes semi-larvaires d'espèces, auxquelles il est parfois [difficile, sinon impossible, de les rapporter, mais qui, certainement, peu à peu, seront connues. Des cinq espèces qui, actuellement, constitueraient ce genre: P. angulatus Bate, P. pellucidus Ort., P. spiniger (2) Ort., P. Atlanticus Bouvier, et P. inermis x Pocok, les quatre dernières ne sont pas connues à l’état sexué, c’est-à-dire adulte ; ce (1) Nous conserverons le nom de Puerulus parce qu’il est celui choisi le plus récemment par Ortmann. (2) On sait que le P. spiniger Ort. n’est autre chose que le «natant-stage» de Pan. versicolor Latr. = Pan. -ornatus Fabr. 4 | toe > oc ee ee ee ee eee ee ee bi LL, TU Er ea Coen Sd ee | ae “OS ons dE d ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 7 sont de véritables formes post-larvaires, mais non adultes et toutes de très petite taille. Pour ce quiest du P.angulatus Bate, il en est autrement, ainsi que le fait parfaitement remarquer Calmann, depuis la découverte, par Alcock, d’un individu & de 169 millimétres de long, sur lequel les orifices génitaux étaient nette- ment visibles, et par Calmann lui- même d’un individu @ mesurant 164 millimètres de long. où les orifices des oviductes étaient nettement indiqués. Mais je suis de l'avis de Calmann et je considère que le genre Puer ou Puerulus Ortm., voisin du genre Panulirus Gray, bien qu'il présente un certain nombre de caractérescom- muns avec le genre Linuparus Gray, peut constituer, provisoire- ment, un genre spécial pour la seule espèce : angulatus. Nous verrons, au sujet de Panulirus regius Brit. Cap., les raisons qui nous font admettre que Puer atlanticus Bouvier, au- quel Calmann ramène P. inermis æ! A = a init Fig. 1. it Puerulus angulatus Bate.a.face dorsale, 6. face ventrale, d'après Bate. _Poc., n'est qu'une forme intermédiaire, entre le phyllosome et l’adulte du Panulirus regius. 2. — Genre Palinurellus, von Martens, 1878. Synonymie. — Synaxes Bate, (n° 4-b) (1); Araeosternus de Man (n° 37-a). Caractères. — Le genre Palinurellus a été créé par von Martens pour une forme de Langouste tout à fait primitive caractérisée, plus spécialement, par un céphalothorax aplati et presque aussi lisse que celui d'un homard, sans cornes frontales, terminé en avant et dorsalement par un rostre triangulaire, aplati, assez saillant, à bord antérieur denticulé. L’abdomen est également lisse dorsalement et ne présente, comme le céphalo- thorax, qu'un assez grand nombre de petites cavités contenant quelques poils courts et raides. (1) Ces numéros correspondent à l'index bibliographique placé à la fin du mémoire. A. G. 8 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE ' Les antennes externes sont semblables à celles dés Langoustes ordinaires, quoique moins épineuses à la base, mais les fouets sont beaucoup plus courts et pine CORTE de longues soies sur chacun des anneaux. opt Les antennes internessont terminées par des fouets courts et multi-ar teal, interne étant presque deux fois aussi long que l’externe. Tet Les pattes antérieures sont courtes, fortes, trés hirsutes et terminées par v une simple griffe. Toutes les autres pattes sont, également, terminées Py par une simple griffe, sauf la cinquième paire qui, chez la femelle, serait terminée parune pince, formée par un appen- dice du propodite etun prolongement plus petit du dactylopodite, placés en face l’un de l'autre. C’est un fait absolument normal chez les autres Langoustes. La plupart des sternites sont den- ticulés. 5 Répartition géographique. — Le genre Palinurellus a été rencontré aux Antilles (îles Barbades) et dans l’océanIndien(Sumatraetîle Maurice); il n’est connu que par deux formes dont on ne possède qu’un petit nombre d'exemplaires. C’est dire, naturelle- ment, que ces animaux ne peuvent donner lieu à aucune espèce d’ex- ploitation industrielle. D'après Ortmann, le genre Pali- nurellus comprendrait deux espéces Fig. a ee distinctes : Palinurellus Gunlachi V. Fig. 3. — Synaxes hybridica, Sp. ile d'arts Bate, Martens(1), espèce américaine, peut- Bate; face ventrale, d'après Bate. être localisée dans les Antilles et P. Wieneckii (2) de Man, rencontrée à Sumatra (Benkoulen) et à l’île Maurice. C’est donc une espèce appartenant nettement à la faune de l'océan Indien. Le seul exemplaire sec que possède le Muséum d'Histoire Naturelle, se rapporte, par la forme et l'habitat, à la dernière espèce, et, effectivement, la description de de Man pour Areosternus Wieneckii doit lui être appliquée, de même que le dessin publié dans le Zijdschrift vy. Entomologie, vol. XXV ; cependant, le rostre de l’exemplaire du Muséum est plus saillant en avant que celui représenté dans la figure : il ressemble beaucoup plus à celui de Synaxes hybridica, publié par de Man. De même, les tergites abdominaux qui, d’après Ortmann, devraient être dépourvus de carène médiane, en présentent cependant (1) N° 38-a. (2) N° 37-a. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 9 sur les anneaux 2, 3, 4 et 5, exactement comme il est indiqué et figuré par Bate pour Syn. hybridica, eandis quela figure de lA. ræosternus montre une caréne à tous les tergites abdominaux, sauf le premier. En un mot, quand on lit attentivement les descriptions données pour chacune des deux espèces et qu’on cherche à les appliquer, aussi bien que les figures qui les repré- sentent, à l’exemplaire du Muséum, on trouve qu'à part certaines défectuosités de dessin elles peuvent s'adapter toutes deux au même animal: je dirai même que le dessin de Bate s'applique mieux, en ce qui concerne la forme de rostre et la carène abdominale dorsale, à l’exemplaire de l’île Maurice que celui de l’Aræosternus. En présence, d'autre ave de Contradictions des différents auteurs qui ont étudié la question, il conviendrait peut-être de laisser la discussion en suspens, jusqu’au moment où le même zoologiste aura pu comparer les deux formes l’une avec l’autre. Je crois qu’alors on s’apercevra que les deux espèces sont identiques et qu'il est, tout au plus, possible de faire de l’une d'elles une variété de l’autre. Cela serait d'autant moins extraordinaire que nous allons rencontrer, dans le genre Palinurus, une espèce P. longimanus M. Edw., qui est également une forme primitive et qui se rencontre, à la fois, aux Antilles et à l’île Maurice. Miers n’a pu faire, de la forme appartenant à cette localité, qu'une variété : Mauritianus de la première, et j'avoue qu'il faut une certaine bonne volonté pour les distinguer l’une de l’autre. Ortmann assimile le Palinurellus Gunlachi Martens au Synaxes hybridica Bate (Amérique, îles Barbade) et P. Wieneckii de Man a Aræosternus Wieneckit. Pour nous, jusqu’à preuve du contraire, nous ne distinguerons qu’une seule espèce : P. Gunlachi Martens, forme américaine, et une seconde forme indienne dont nous ferons la variété : Wieneckii, à focaeliMigpartient l'exemplaire of du Muséum de Paris qui pré- sente les caractères suivants : Fouets des antennes externes atteignant seulement le double environ de la longueur totale des antennes internes, terminées elles-mêmes par des fouets courts. Propodite de la première paire de pattes très gros par rapport au dactylopodite qui est couvert de poils et présente une forte griffe terminale et une forte épine interne, près de sabase. ‘Ihnous a été impossible d'étudier les pattes mâchoires sur cet exemplaire sec et unique. Rostre triangulaire, à bords denticulés, couvert d’épines rudes dirigées en avant avec une série médiane de petites nodosités. Céphalothorax légèrement aplati avec sillons peu apparents et couvert de petites cavités pilifères. Pas d’épinés saillantes. Bord antérieur de l’épistome avec une saillie médiane et entièrement denticulé. Sillon épistomial profond, intéressant toute la largeur de l’épistome. Pas de sillons abdominaux transversaux, mais une carène médiane nette, quoique peu saillante, d'environ 12 millimètres de largeur, sur tous les tergites abdominaux. Cavités pilifères de chaque côté de la carène. Series nettement denticulés avec une épine médiane (2-4-5) qui semble manquer sur 3 et 6. T. Il. — Fasc. 4. 2 to ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Épimères à bord antérieur denticulé (non profondément) sur les anneaux 2, 3 et 4; à bord postérieur denticulé sur 5 et 6. Chez le æ, 5° paire de pattes avec griffe terminale et poils. Couleur ou ae uniforme (nous paraît naturelle). L’exemplaire « du Museum de Paris présente les dimensions suivantes : Longueur totale (sans les antennes).............,........:...,.. 133 millimètres. = GO Cephalotharax re rate es awass ven eee ees «sis 6705 — de l'abdomen se tac te SR Roe ek ab ww den le aad 51mm,5 mone es AW ACIS ON ais ts NT Re A a aris 20 millimètres. Largeur maxima du céphalothorax................,.............. 33 — Longueur des antennes internes................. PPT ENST TT 37 — _ — OK LETMES LA UE AS ee 57 — Éonguetr du Sternum "0 20 Shinde setae MO wat rt 23 -- Largeur maxima du stérnum.........eseeteserspesesa oi dessé 13 — Habitat. — \le Maurice. Nora. — D'après le Professeur Calman, le « très pauvre spécimen », possédé par le British Museum, est également, un G provenant de l’île Maurice. 3. — Genre Jasus, Parker, 1883. Synonymie. — Palinurus, des auteurs; Palinostus, Bate (n° 4-b); Palinosytus, Bate (n° 4-b). Caracières. — Parker a séparé, avec beaucoup de raison, le genre Jasus, du genre Palinurus pour des formes, très peu nombreuses du reste comme espèces, qui présentent quelques caractères distinctifs très importants, dont le principal est que le rostre est simplement réduit à une épine plus ou moins développée ; que les bords internes des pédoncules des antennes externes ne viennent pas frotter sur son bord extérieur et que, par conséquent, l'appareil stridulent n'existe pas. En outre, les antennes internes portent un fouet très court ; les exopodites de toutes les paires de maxillipèdes sont munis de fouets multiarticulés ; enfin, la 5° paire de pattes, chez la Q, est terminée par une pince formée par le dactylopodite et une épine interne, bien développée, du protopodite. Répartition géographique. — Ce genre ne renferme que des formes australes, localisées, entièrement, au Sud du tropique du Capricorne, mais au Nord du cercle polaire. Le genre Jasus comprend seulement deux espèces distinctes : J. Lalandei Lamk, M. Edw. (1837) et J. Verreauxi M. Edw. (1851). 1. Jasus Lalandei Lamk. (PI. I, fig. 1.) Synonymie. — Palinurus Lalandei Lamk., M. Edw. (n° 40-a) ; P. frontalis M. Edw. (n° 40-a); P. Paulensis Heller (n° 23-a); P. Edwardsii Hutton (n° 28-a); Palinostus Lalandei Bate (n° 4-b); Pal. affinis ? et Pal. Durvillei ? catalogue du Muséum; Palinostus frontalis Porter (n° 50). Caractères. — Fouets des antennes internes courts, l’interne étant un peu plus long ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE IL que l’externe ; palpes mandibulaires avec deux articles aplatis et l’article terminal trian- gulaire et recourbé en dedans. Fouet de l’exopodite de la première paire de maxillipèdes avec 16 ou 17 articles, non dilatés, dépassant le méropodite du 3° maxillipède. Fouet de l’exopodite de la deuxième paire de maxillipèdes triangulaire et étroit non dilaté, avec 16 à 17 articles aplatis et aussi long que le précédent. Exopodite de la troisième paire de maxillipèdes, triangulaire et étroit. Fouet non dilaté, à 11 articles environ, aplatis, atteignant le milieu du méropodite du maxillipède correspondant. Ce fouet est, en réalité, beaucoup plus réduit que celui des deux autres paires de maxillipèdes. Cornes frontales (post-oculaires) bien développées, suivies chacune par une forteépine très rapprochée, puis unesérie d’épines céphalo-thoraciques de plus en plus petites. Epines latérales également fortes, suivies d’une méme série longitudinale. Partie antérieure du sternum avec deux fortes épines denticulées. Bord antérieur de l'épistome portant trois dents. Sillon épistomial très net, mais n’atteignant pas le bord antérieur de l’épis- 41 tome. i | di Sillons transversaux des tergites abdominaux bien e marqués et couverts de poils courts et raides. Tergites 6 portant des ornements arrondis en forme de plaques, Fig. 4. — Jasus Lalandei. a. Épimère; souvent des poils courts et raides. Rain Done fag ae potes Ornements dentelés arrondis, plus ou moins déve- patte chezle ©. loppés de chaque côté du sillon transversal. Epimères des deuxième et troisième segments abdominaux avec une dent principale et une seule dent secondaire sur le bord postérieur (fig. 4, a). Chez la ©, la partie interne et supérieure du propodite porte un prolongement qui, avec le dactylopodite correspondant, forme une véritable pince (fig 4, b). Chez le &, le prolongement du propodite est remplacé par quelques soies raides, et sur la face interne du dactylopodite plus réduit se trouvent deux rangées d'épines chitineuses de plus en plus longues à mesure que l’on s'approche de l'extrémité distale de l’article (fig. 4, c). La couleur générale est d’un brun rougeatre avec quelques taches ou plaques d’un jaune plus ou moins sale. Formes très jeunes de J. Lalandei. — J'ai rencontré, dans la collection du Muséum, des exemplaires très jeunes de Langoustes, venant de l'ile Saint-Paul, d’où ils ont été rapportés par deux voyageurs différents (M. Vélain et M. de l'Isle), présentant entre eux des caractères identiques et tellement voisins de ceux du Jasus Lalandei qu’il est impos- sible de ne pas les rapporter à cette espèce. Néanmoins ils présentent aussi des caractères larvaires si nets qu’il nous paraît utile de les faire connaître, afin de contribuer à une connaissance plus complète de ces formes encore si énigmatiques, intermédiaires entre le phyllosome vrai et l’adulte sexué. Ces exemplaires, au nombre de 5, mesurent 9 millimètres en moyenne, de lon- gueur, non compris les antennes. 12 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Leurs caractères communs avec l’adulte sont les suivants : Fouets des antennes internes courts et presque égaux entre eux. Pas d’appareil stridulent. Exopodites et fouets des trois paires de maxillipèdes, comme ceux del’adulte, quoique semblant légèrement plus réduits en longueur. De même pour l’épine rostrale. Les épimères ont les mêmes caractères que chez l'adulte, mais les séries longitudinales d’épines, que nous avons signalées sur le céphalo-thorax de ce dernier, manquent com- plètement ici; les dents épistomiales et le sillon épistomial sont beaucoup plus réduits ; les sillons transversaux des tergites abdominaux sont à peine visibles et.on n’apercoit que sur les deux plus grands exemplaires, le commencement de formation des ornements abdo- minaux si caractéristiques chez l'adulte. Enfin, les pinces de la femelle ne sont pas encore différenciées à la cinquième paire de pattes, et le céphalothorax, qui ne recouvre pas com- plètement les branchies, présente une forme un peu carrée, non régulièrement arrondie, avec des sortes de crêtes longitudinales, peu accentuées, au-dessus des branchies et sur la ligne médiane. Ce sont là des caractères larvaires indubitables, qui sont d'autant plus accentués que les individus considérés sont plus petits. Nous les retrouverons du reste chez de très jeunes individus appartenant à d’autres formes. Distribution géographique. — Cette espèce semble représenter, au Sud, le Palinurus vulgaris de l'hémisphère boréal. Sa limite de dispersion Nord semble être à peu près le tropique du Capricorne, sa limite Sud étant représentée environ par le 50° degré de lat. S. tout autour du cercle polaire. Eile a été, en effet, signalée dans les localités suivantes : cap de Bonne-Espérance (Herklots, Pfeffer, Stimpson, Ortmann, Stebbing, Gruvel) et la côte Ouest africaine jusqu'à la hauteur d’Angra-Pequefia (Liideritsbucht) ; Saint-Paul et Amsterdam (Heller); Sud de l'Australie ; Tasmanie (Haswell); îles Auckland et Campbell (Muséum Paris) ; Nouvelle- Zélande (Hutton) ; Juan Fernandez (Gay); Tristan da Cunha (Challenger). Exploitation industrielle. — Cette forme, extreémement commune dans la plupart des régions qu'elle habite, donne lieu à une Hate industrielle très importante. * Sur le marché de Cape-Town, on en trouve à peu près constamment, quand la mer | est belle. Au choix, on peut en acheter, sur ce marché, pour deux penny et demi (o fr. 25) la pièce, à l'état vivant. Mais on entrouve aussi beaucoup de toutes cuites, à peu près pour le même prix. Ces crustacés sont, en partie, consommés sur place, à Cape-Town et aux environs. Mais, une assez grande quantité est mise en chambres froides, après cuisson, et expédiée régulièrement, par wagons refroidis, jusqu’à Salisbury, dans le Nord de la Rhodésia, à Victoria-Falls sur le Zambéze et dans tout l’hinterland de l'Union, du Sud au Nord. Il existe, en outre, deux grandes fabriques de conserves de Langoustes, l’une à Hout- bay et I’ autre a He dans la baie de Sandanah. La première est dirigée par un de noscompatriotes, M. Plessis, qui a bien voulu nous faire visiter son usine. C’est celle dont la marque semble la plus appréciée sur le marché mondial (Hout-Bay Canning Cy, marque Standard) (fig. 5). L'usine est installée partie sur un ponton, partie à terre. ea eT RE PES yee a ee a os ee ee | ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 13 Les Langoustes sont capturées, dans tous les environs, au moyen de filets dormants, sortes de trémails d’environ 40 mètres de long sur 4 mètres de hauteur, en fil tanné et bien plombés. On utilise aussi de grandes « balances » semblables à celles qui servent à capturer les écrevisses, mais beaucoup plus vastes. Ces filets sont relevés le matin et les Langoustes, bien vivantes, sont apportées à l’usine où, à l’aide d’un couperet bien aiguisé, des hommes détachent l'abdomen du céphalo-thorax par une coupure nette. Les abdomens seuls sont conservés dans de grands paniers et placés dans des chambres froides jusqu’au moment de leur mise en boîtes. Les céphalo-thorax sont jetés à la mer, avec les pattes, comme inutilisables. | Les abdomens sont ensuite amenés à l’usine de fabrication, bien nettoyés sur des Fig. 5..— Usine de conserves de Langoustes du Cap à Hout-Bay. tables en ciment armé, faciles à tenir en état de propreté extrême et mis en boîtes qui sont fabriquées sur place. Après soudage, ces boîtes sont passées à l’étuve à une tempé- rature déterminée, étiquettées, mises en caisses et expédiées. Avec cinq bateaux dont trois à voiles et deux à moteurs, M. Plessis arrive à faire capturer 75, 8oet jusqu'à 100 000 Langoustes par mois et, comme l’autre fabrique en utilise à peu près autant, cela représente, sans parler de la consommation locale à l’état frais, environ 2 millions d'individus qui disparaissent ainsi tous les ans. Cette destruction formidable, qui dure depuis, déjà, pas mal d’années, ne sémble guère en faire diminuer le nombre, ce qui montre l'extraordinaire réserve en crustacés existant aux environs du cap de Bonne-Espérance (1). La France reçoit une assez grande quantité de boîtes de conserves de Langoustes du Cap, malgré le droit très élevé (43 fr. 50) qui les frappe à l’entrée du territoire. (1) Nous avons appris, récemment, que, cette année, la pêche des Langoustes a été beaucoup moins rémunératrice que les années précédentes. 14 | ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Mais la Langouste en conserves ne saurait remplacer, au point de vue alimentaire et commercial, la Langouste fraîche et, comme ces crustacés deviennent de plus en plus rares sur nos côtes d’Europe, on va déjà les chercher au Maroc, en Mauritanie, aux Antilles, etc., et certains songent même à les transporter, à l'état vivant, de Cape-Town. Cette question est sérieusement à l'étude, et nous ne serions pas surpris de la voir se réaliser dans un avenir relativement rapproché. Malgré la très grande abondance des Langoustes dans la région du cap de Bonne- Espérance, l'exploitation extraordinairement intensive à laquelle elles donnent lieu, non seulement par la capture des grands adultes, mais encore par la destruction des petits individus, finira par avoir rapidement raison de cette abondance, si le Gouver- nement de l’Union ne prend rapidement des mesures énergiques pour assurer la pro- tection des jeunes, mesures législatives qui n'existent pas actuellement. Cette espèce se rencontre, aussi, accidentellement sur la côte N.-E. de l’Australie, à la hauteur de Port-Stephens, mais devient abondante vers le Sud, à Eden, à Victoria, en Tasmanie et en Nouvelle-Zélande, d'où elle est envoyée, après cuisson, sur le marché de Sydney. Elle est également très abondante à Saint-Paulet à Juan-Fernandez comme en Nouvelle-Zélande (Otago Heads). Un fait extrêmement curieux, qui nous a été signalé par M. Porter, Directeur du Musée de Santiago-du- Chili, c'est que le Jasus Lalandei est exclusivement localisé autour des îles Juan Fernardez où il est exploité industriellement pour la fabrication des conserves. On avait pensé (1), avec quelque semblant de raison, que, si on placait cette espèce dans des conditions biologiques aussi semblables que possible de celles qui existent autour de ces îles, on pourrait l’acclimater en quelque point de la côte du Chili où elle n'existe pas. On fit donc capturer, à Juan-Fernandez, un nombre considérable de Jasus Lalandei, mâles et femelles, qui furent disséminés en plusieurs points de la côte autour de Valparaiso, et, en particulier, dans la région de Quintero. Ces essais ont été suivis d’un échec complet et il semble que ces petites îles de Juan- Fèrnandez, situées en face de Valparaiso, et qui ne sont distantes, cependant, de la côte chilienne que de 120 milles environ, doivent rester l'unique gisement du Jasus along sur les côtes du Chili. 2. Jasus Verreauxi, Milne Edw. 1851 (PI. II, fig. 1). Synonymie. — Palinurus Verreauxi, M. Edw {n° 40-b); Palinurus Hugelii, Kollar (Heller) (n° 23-b) ; Jasus Hugelii, Ortm. (n° 45-a); Pal. tumidus, Kirk (n° 30-a); Pal. Hugelii, Hell., Haswell (n° 21). Caractères. — Fouets des antennes internes courts et nettement inégaux, l’interne étant visiblement plus grand que l’externe. Palpes mandibulaires triarticulés et mandibules à bord libre arrondi, sans dent. Exopodites de la première paire de maxillipèdes triangulaires avec fouet non dilaté, formé de 17 articles environ, spas et atteignant le sommet du méropodite du troisième maxillipède. (1) Voir ne 1, ALBERT, Fed. La langosta de Juan Fernandez. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 15 * Fouet de l’exopodite de la deuxième paire de maxillipèdes non dilaté, aplati, avec Exopodite de la troisième paire de maxillipèdes avec fouet non _— formé de 14 articles environ. Rostre terminé par une épine médiane, longue et atteignant le milieu de l’article basi- Cornes frontales (post-oculaires), longues et portant, surle bord latéro-dorsal, une série linéaire de petites cavités. Epines latérales fortes. Beaucoup d’épines céphalo-thoraciques, en rangées longitudinales et plus ou moins mousses. Trois épines sur le bord libre de la moitié de la largeur de l'épistome. Pas de sillons sur les tergites abdominaux, mais de simples petites nodosités arrondies et irrégulièrement Epiméres des deuxieme et troisième segments abdo- Sie eo Nuit à Ebiméré minaux portant une épine principale et 7 ou 8 denticu- 6. Extrémité de la 5° paire de pattes . . £ . Co; i lations secondaires de plus en plus réduites du sommet ‘97e °; ¢. Extrémité de la même Chez la 9, une forte épine du propodite forme avec le dactylopodite une pince bien développée, tandis que, chez le o%, l'épine du propodite est réduite à un simple petit mamelon et le dactylopodite porte, simplement, deux paires d’épines chitineuses internes, La couleur générale est verdatre, accentuée, surtout, sur le céphalothorax et l'abdomen. Mais on trouve de légères bandes circulaires jaunes sur les épines cépha- thoraciques et des bandes longitudinales, de même couleur, sur les parties latéro-ventrales sur la partie ventrale du corps. Remarque. — Les exemplaires de J. Verreauxi , types de M. Edwards, qui existent dans la collection du Muséum, nous ont permis de reconnaître que tous les caractères L’habitat indiqué est le même : Océan Indien, Nouvelle Galle du Sud et Tasmanie. Distribution géographique. — Nouvelle Galle du Sud (M. Edwards); Tasmanie (Muséum Paris) ; Nouvelle-Zélande (Kirk); Océan Indien? (Heller). C’est, en réalité, une poursuit jusqu’en Nouvelle-Zélande. L’indication : Océan Indien, donnée par Heller, est beaucoup trop vague, et il semble que cette forme appartienne plutôt à la faune du Pacifique qu’à celle de l’Océan Indien. soit apportée sur le marché de Sydney. La pêche est pratiquée à l’aide de bateaux, ou non pontés, ou à demi pontés, à moteurs de puissance moyenne, ou de petits steamers montés par deux à quatre hommes environ 14articles et atteignant aussi le sommet du méropodite du troisième maxillipède. laire des antennes externes. l’épistome. Sillon épistomial n'intéressant pas même disséminées. Sternites sans denticulations. o patte chez la 9 vers la base (fig. 6, a). rigides (fig. 6, D et c). du céphalo-thorax, sur les parties dorsales des pattes, ainsi que des ponctuations jaunatres indiqués par C. Heller pour J. Hugelii se rapportent exactement à ces exemplaires. langouste australienne, abondante, surtout, entre Port-Stephens et Batermans Bay et qui se Exploitation industrielle. — Cette espèce est la Langouste la plus commune qui d'équipage, et qui vont pêcher parmi les rochers de la côte. 16 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Lés éngins destinés à la capture des Langoustes consistent surtout en casiers ou nasses et en filets, genre trémail, qui sont généralement posés ou tendus le soir et relevés le lendemain matin à la pointe du jour. | Les prix des Langoustes sont différents suivant les saisons, et varient de 5/- à 28 /- (6 fr. 25 à 35 francs) la douzaine, car elles sont généralement us à: par douzaine « ou à la pièce. Les Langoustes ne sont pas consommées sur les lieux de production, mais envoyées, pour la plus grande partie, sur les grands marchés intérieurs et principalement à Sydney, à l’état vivant. Elles ne sont jamais expédiées, après cuisson, dans la glace ou en cham- bres froides. La saison de pêche de ces crustacés dure, chaque année, de septembre à février: A ce moment, ils sont extrêmement abondants, mais on en trouve sur les marchés, en petite quantité, pendant tout le reste de l’année. Le Jasus Lalandei venant aussi, mais en moins grand nombre et cuit, sur le marché de Sydney, on confond, dans les statistiques, les deux espèces et voici les chiffres des Lan- goustes vendues sur le marché de Sydney pendant les années de 1903 à 1907 inclus: EN. 51903 cea ae ne Pie Teele ava RE ER. 53.237 langoustes. En F004 onl reeks ere eee va RSR à a PAR 34.084 .— HE 100088 RTE PA BORD OT in 85.224 — Sn F000: 0e 8er Rb ele ET EE 58.992 a En 100720 Ses ane bane Petre oes Ls ei nec 84.900 — Ce qui représente une consommation déjà assez élevée, pour un seul marché, très important il est vrai, mais où la Langouste n’est pas particulièrement appréciée. TABLEAU DICHOTOMIQUE DES ESPÈCES APPARTENANT AU GENRE Jasus. Garin abdominaux avec sillons transversaux pilifères et ornements nombreux . a Lo 0 }_- en arc de cercle... , ras Ness ADR EE Rene :.:..... J. Lalandéh Ba 5 chem ( Tergites abdominaux sans sillons transversaux, pas d’ornements en arcs de. cercle, mais de simples: petites tuberosités, 745.244, s...0+ aa)saneeilon gee eat J. Verreauxi. 4. Genre Palinurus, Fabricius. Synonymie. — Palinurus des auteurs : Latreille, Lamarck, Leach, Desmarest, . Milne Edwards, etc. ; Locusta, Belon ; Astacus, peers et Olive ; Cancer, Fenilest: Pali- nustus, M. Edw. 1880 (n° 40-d). | | Caractères. — Milne-Edwards avait réuni toutes les Pere alors connues dans le genre. Palinurus, qui n’en contient plus actuellement qu’une très Sige parts et dont les caractéres principaux sont les suivants : Z | Fouets des antennes internes courts; Appareil stridulent bien développé. On peut ajouter d’autres caractères moins importants : : Sillon épistomial net, plus ou moins profond. _ Cornes frontales denticulées, soit sur le bord antérieur, soit sur le bord postérieur. ANNALES: DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE’ 17 :Exopodites dés trois . de pattes mâchoires bien Aa avec fouets care us etc. Répartition géographique. — Mers one de l'hémisphère boréal : côtes d' Angles terre, de France ; Adriatique; Méditerranée, côtes du Maroc et de Mauritanie; côtes du FERRER Antilles : ; île Maurice. Le genre Palinurus, renferme, en effet, trois espèces bien distinctes P. longimanus, M. Edwards, P. truncatus M. Edwards et P. vulgaris, Latreille. Cette dernière seule est représentée par un grand nombre d’individus et donne lieu à une exploitation industrielle très considérable. __# Prlongimanus, M. Edwards, 1837 (n° 40-a) (PI. I, fig. 3). Synonymie : P. vulgaris, Fabr. x 17); P. longimanus, var: Mauritianus, Miers (n° 39-a). Caractères. — Fouets des antennes internes courts et à peu près égaux, l’externe étant cependantpluscourtet pluslargequel'interne. Ces antennes sont relativement longues, puisqu'elles atteignent presque le double de longueur des trois articles pédonculaires d e PS des antennes externes, Fig. 7. — Palinurus longimanus. a. Articulation entre le méropodite et l’ischiopodite a de la première paire de pattes, vue de profil. 6. Partie de la même, vue de face. elles-mêmes plus c. Pince normale (1° paire de pattes). d. Pince atrophiée (même paire). e. Cornes fron- longues que le corps tales (post-oculaires). f. 6° sternite. g. Epimère. entier de l’animal. _ L’appareil stridulent est oi développé. La première paire de pattes, beaucoup plus longue que la deuxième, porte ason extré- mité une sorte de pince formée par le développement considérable d’une épineinterne du propodite et par le dactylopodite recourbé en forme de crochet (fig. 7, c et d). C'est l’exagération d'un caractère que nous retrouverons chez P. vulgaris. Dans une patte atrophiée nous avons trouvé une simple petite épine prolongeant le propodite, avec le dactylopodite droit, en sorte que la pince n’était pas développée. L’articulation, entre l’ischiopodite de cette première paire de pattes, très allongé et le méropodite très court, est également curieuse. Le méropodite passe entre deux lames aplaties et denticulées de l’ischiopodite et en s’abaissant forme encore pince (fig. 7, a et b). Les Palpes mandibulaires sont formées de trois articles arrondis dont le dernier est terminé par un bouquet de soies. Les mandibules sont fortes, avec une pointe saillante antérieure, suivie d’un bord libre portant une encoche qui est surtout nette à gauche. Les trois paires de maxillipèdes portent des exopodites bien développés avec fouets multiarticulés, tous de même longueur et dont le sommet atteint la partie supérieure du méropodite du troisième D pee, T. II. — Fasc. 4. 3 “18 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Rostre allongé recourbé en avant, contre les parties latérales duquel frottent les pédoncules des antennes externes pour former l’appareil stridulent. Pas d’épines sur le cercle antennulaire. Cornes frontales (postoculaires) tridentées dorsalement (fig. 7, e). Espace interépineux frontal avec une épine médiane et une de chaque côté soit double, soit bifide. Epines latérales saillantes. Les épines céphalothoraciques sont entièrement localisées à la partie antérieure du céphalo-thorax et au bord du sillon cervical. Le sternum porte trois paires d’épines latérales simples ou doubles et le bord posté- rieur quatre épines latérales saillantes dont les deux internes trés pointues. Le bord antérieur de l’épistome porte trois dents peu saillantes; le sillon épistomial est très net, mais intéresse seulement la moitié de la largeur de l’épistome. Tergites abdominaux avec quatre sillons transversaux remplis de poils courts, ininter- rompus sur la ligne médiane, sauf le dernier de chaque segment, à l'exception du sixième. Chaque sternite porte, en général, de chaque côté de la ligne médiane, une épine très pointue, surtout développée sur le premier segment. Sur le sixième sternite, il y a cinq épines sur deux rangées (fig. 7, f). ‘ Les épimères portent une pointe principale bien développée, et, en arrière, une plus courte avec le bord postérieur présentant, parfois, de très petites denticulations mousses. Les faces latérales de ces épiméres portent desornements variés, prolongements de ceux des tergites et, comme eux, remplis de poils courts (fig. 7, g). Couleur générale rouge brique avec des raies et des ponctuations jaunatres sur l'abdomen, le céphalothorax et les pattes. | Sur six exemplaires existant dans la collection du Muséum, il n’y a pas une seule ©. Le céphalothorax présente, chez tous, des ornements arrondis, en forme d'écailles, entourés de poils courts, semblables à ceux de l’abdomen. Var. Mauritianus, Miers. On ne trouve, à notre avis, aucune différence essentielle et constante entre les exemplaires des Antilles et ceux de l’île Maurice, sauf, peut-être, la couleur générale plus jaunâtre chez ces derniers et la taille un peu plus grande. Distribution géographique. — Antilles (Milne-Edwards), Cuba (V. Martens), île Maurice (Miers, Bouvier). Cette espèce n’a été signalée qu'aux Antilles et à l'île Maurice, mais il est vraisemblable qu’elle doit être beaucoup plus répandue. Sa petite taille expliquerait, peut-être, dans une certaine mesure, cette apparence de rareté. 2. P. truncatus, M.-Edwards, 1880 (A. Gruvel, 1911) (PI. II, fig. 2 et 3). Synonymie : Palinustus truncatus, M.-Edw., 1880 (n° 40-d). Nous avons rencontré, dans la collection du Muséum, une espéce trés curieuse, représentée par trois exemplaires adultes, dont une 9 portant des œufs. Ces crustacés qui doivent exister là depuis, peut-être, l'époque de Latreille ou de Lamarck, figuraient, dans la collection, sous le nom de Palinurus spinosipes, sans nom d'auteur, suivi simplement dé la mention : Catalogue du Muséum. Il a été, malheureusement, impossible de retrouver aucune trace de ces animaux, dont l'origine réste, par conséquent, inconnue, mais dont les caractères sont ceux du Palinustus truncatus, M.-Edw. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 19 Caractères. — Fouets des antennes internes courts et inégaux, l'interne dépassant un peu l'externe. La longueur totale des antennes internes égale, à peu près, la longueur totale du corps proprement dit. Appareil stridulent bien développé. Les premières paires de pattes ne portent pas de pinces, mais simplement une griffe, Les trois derniers articles sont couverts de soies rigides et assez longues, ainsi, du reste, que toutes lesautres paires de pattes (d'où le nom de spinosipes), sauf la cinquième qui en - est un peu moins pourvue. Les mandibules présentent : à gauche une dent médiane saillante, et à droite une pointe antérieure, avec, en arrière, un bord libre droit. _ Les trois paires de maxillipèdes portent des exopodites bien développés avec palpes multiarticulés, de longueur égale et atteignant le milieu du méro- podite du troisième maxillipède. Rostre triangulaire, étroit, assez fortement recourbéen avant. Surface articulaire de l'appareil Fig. 8. Palinurus truncatus M.-Edw. a. Région des cornes frontales et stridulent large. Pas d PPINGS, BUS durostre. 6. Epistome. c. Epimére du 3¢ segment abdominal. d. Ex- le cercle antennulaire du rostre. trémité de la 5° paire de pattes chez la 6. Cornes frontales courtes avec le bord antérieur saillant et pectiné; bord interépineux portant environ onze épines dont la médiane un peu plus longue que les autres (fig. 8, a). Epines latérales fortes et saillantes. Quatre paires de mamelons saillants, au milieu du sternum, avec une tubérosité mé-. diane et postérieure. Bord épistomial portant une saillie tridentée médiane et deux épines doubles latérales. Sillon épistomial médian, profond, s’arrétant un peu avant le bord antérieur ; deux petits sillons latéraux n'intéressent que le tiers, environ, de la largeur (fig. 8, 0). Deuxsillons pilifères sur chaque tergite abdominal, l’antérieur (de 1 à 5)ininterrompu, le postérieur interrompu par une caréne médiane, rappelant celle des Palinurellus, mais plus étroite, environ 1 millimétre de largeur. Telson avec six paires d’épines en deux rangées et latéralement. Sternites épineux, surtout les deuxième et sixième. Epimères avec une dent principale saillante séparée par une encoche profonde d'un bord postérieur à cing ou six dents de plus en plus petites qui manquent sur le sixième (fig. 8, c). , La 9 porte une pince analogue à celle des autres Palinurus, mais assez faible (fig. 8, d). Le & n’a qu’une simple griffe. D’après les échantillons très anciens du Muséum, mais très bien conservés, la couleur générale serait d’un gris jaunatre sale. Remarques. — Le céphalothorax porte une sorte de carène médiane et deux latérales qui lui donnent plutôt un aspect carré qu’arrondi. Les épines sont placées à la partie 20 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE antérieure, mais en arrière du sillon cervical on trouve de petites nodosités entourées de poils courts. Le sillon cervical est, parfois, très accentué. Par l’ensemble de ses caractères, cette espèce se rattache nettement au genre Palinurus, dont elle représente une forme primitive, peut-être plus encore que le P. longimanus, formant un passage entre le g. Palinurellus et les Langoustes franches. Cette forme a été décrite par M.-Edwards sous le nom de Palinustus truncatus, provenant de Cariaco (Venezuela), près de la mer des Antilles. II l'avait séparée du genre Palinurus à cause de la disposition de l'anneau ophtalmique, de la longueur des pédicules des antennes internes et de la forme des cornes frontales. En réalité, ces caractères ne doivent pas faire enlever cette forme du groupe des Palinurus. En effet, l'anneau ophtalmique est un peu plus large, mais ne présente rien de spécial; les antennes internes ontune longueur qui ne dépasse guère celles du Pal. lon- gimanus, à notre avis, plus éloigné des Langoustes franches que le P. spinosipes ; enfin, on trouve chez certains exemplaires de Langoustes vulgaires des côtes de France, sur le bot antérieur des cornes frontales, des lames bi ou tridentées qui se rapprochent infiniment des lames pluri-dentées des P. spinosipes (fig. 9, b). Il n’y a donc pas lieu de séparer cette espèce du genre Palinurus auquel elle appartient, sans aucune espèce de doute possible, par tout l'ensemble de ses caractères. | Mais comme cette forme, bien que cataloguée dans la collection du Muséum, n'avait jamais été ni décrite, ni figurée, nous pensons qu'il est juste de lui conserver le nom de Palinurus truncatus, M.- Edwards. : Distribution géographique. — Côtes du Venezuela (Cariaco), par 163 brasses de fond. U.S. C.S.S.« Blake »; Alex. Agassiz 1878-79, et 4 exemplaires secs (Coll. du Muséum, Paris) de localités inconnues. Remarques à propos du Palinustus phoberus, Rochebrune (n° 56). — Rochebrune a signalé, sous le nom de Palinustus phoberus, un crustacé recueilli par lui aux embou- chures de la Gambie et de la Casamance et dont le type a disparu. L'auteur lui-même ne sait pas ce qu'il est devenu. D’après la description, très sommaire du reste, qu’il en donne (Bull. Soc. Philom.,7°série, vol.7-8, 1882-84, p. 173), nous avons tout lieu de penser qu'il s’agit simplement d’une forme jeune (0",054) de Palinurus regius, Brit. Cap. 3. P. vulgaris. Latr., M.-Edw. 1837 (n° 40-a) (PI. IV, fig. 1). Synony mie : Astacus elephas?- Fabr.; Cancer homarus, Penn.; Astacus homarus, Oliv.; Palinurus quadricornis, Fabr., Latr.; Pal. locusta, Oliv. (n° 43) Pal. Adriaticus, Costa (n° 12). =. | Caractères. — Fouets des antennes externes courts et inégaux, Vutterne & étant le plus long. La longueur des antennes externes dépasse la longueur totale du corps. Appareil stridulent bien développé. Pas de pinces à la première paire de pattes, mais une forte épine sur le bord interne du propodite formant, avec le dactylopodite corres- pondant rabattu, une sorte de pince. Mandibules fortes avec le bord libre droit, portant une forte sich médiane. Exopodites bien développés sur chacune des trois paires de maxillipèdes, portant ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 21 des fouets multiarticulés, tous de même longueur et atteignant le sommet du méropodite du troisième maxillipède. Rostre allongé, triangulaire, assez étroit. Pas d’épines sur lecercleantennulaire. Cornes frontales longues, tranchantes, avecune série d’épines sur le bord antérieur ou, parfois, une lame aplatie, bi ou tridentée et presque horizontale. Espace interépineux avec une épine médiane, saillante. Epines latérales, fortes. En arrière de chaque corne frontale, une épine contigué, assez forte, portant des poils sur son bord antérieur. Fort mamelon épineux en avant dusternum, qui porte, en son milieu, quatre paires de mamelons arrondis en série longitu- dinale. Sillonépistomial proforid venant rejoindre le pied de l’épine épisto- miale médiane ; deux sillons épisto- miaux latéraux n’intéressant que le tiers environ de la largeur de l’épis- tome. Bord. antérieur de Mpisionié So portant une épine me” Fig. 9. Palinurus vulgaris, Latr. a. Forme la plus commune diane assez forte, parfois double, des cornes frontales. 6. Forme accidentelle rappelant celle de P. avéccinqousix denticulatonsarron- dau e santa ef. bes rms deeb dies plus ou moins saillantes, de de la 5° paire de pattes chez la 4. chaque côté (fig. 9, c). Sillons abdominaux remplis de poils raides et courts, nettement interrompus, sur la ligne médiane dorsale, par une carène allongée, ressemblant à celle des Palinurellus ; mais plus large, elle est présente seulement sur les tergites 2, 3, 4 et 5, le premier, étant sans caréne et le sixième avec sillon très dentelé. Sternites avec épines, surtout le premier et le sixième. Epimères avec une dent principale et trois ou quatre dents postérieures, secondaires, de plus en plus petites (fig. 9, e). La cinquième paire de pattes porte, chez la 9, une sorte de crochet sur le FRAME podite, crochet qui forme pince avec un prolongement interne du propodite (fig. 9, fet f). - Chez le ©‘, la même paire de pattes est terminée par une simple griffe. La couleur de la Langouste vulgaire est assez variable, ce qui donne lieu, au point de vue commercial, à des variétés différentes, plus ou moins appréciées, mais elle est, en général, d’une teinte rougeâtre-lie de vin plus ou moins foncée, avec deux larges taches blanches ou jaunâtres sur les parties latérales de cheque tergite, ainsi qu'une mé- diane et dorsale sur le sixième. — _ Distribution géographique. — Cette espèce est très répandue dans lex mers tempérées de l'hémisphère boréal. Elle représente, en quelque sorte, pour cet hémisphère, ce que le Jasus Lalandei représente pour l'hémisphère austral. On la rencontre en Angleterre,dans les fonds rocheux sur toute la côte de Cornouaille, SA ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE depuis Exmouth et Falmouth, en remontant vers le Nord, sur la côte Est et Sud-Est de l'Irlande; sur nos côtes françaises de la Manche et de l'océan Atlantique; sur les côtes d’Espagne et de Portugal, particulièrement vers les îles Sorlingues, à Madère, sur les côtes du Maroc, à Mogador (Coll. Muséum Paris) et au cap Bojador (Gruvel) qui semble être sa limite la plus méridionale. La Méditerranée renferme aussi beaucoup de ces crustacés, surtout les îles Baléares, la Sardaigne etla Corse; de même, la côte Nord-Est de la Tunisie et la Tripolitaine. Enfin certaines îles de la Grèce sont très riches en Langoustes dont on ne tire, croyons-nous, aucun parti. | Variété : Palinurus vulgaris, var. mauritanicus, A. Gruv. (PI. I, fig. 4). Synonymie : Pal. vulgaris, var. inflatus, À. Gruvel. Nous avons signalé à différentes reprises, depuis 1905, la présence, sur les côtes de Mauritanie et du Nord du Sénégal, d’une variété de Langouste, à laquelle nous avions déjà donné le nom d’inflatus pour bien marquer un de ses caractères particuliers; mais le nom d’inflatus ayant été donné par M. le Prof. Bouvier à une espèce de Palinurus des côtes de Californie (1), nous avons cru bon, pour ne pas créer de confusion, de le remplacer par celui de mauritanicus qui indique, au moins, l’habitat. Caractères. — Cette variété se distingue de l'espèce par un certain nombre de caractères assez nets. C’est, d’abord, un céphalothorax beaucoup plus renflé, sur la partie branchiale duquel on aperçoit une série de sillons assez larges, allant de la partie dorsale vers la périphérie et localisant les masses branchiales sur la carapace même. Les sillons céphalothoraciques, et particulièrement le sillon cardio-branchial latéral, sont très profonds. Les pédoncules oculaires sont plus longs que dans l'espèce ordinaire; les cornes fron- tales plus courtes, dirigées plus latéralement et beaucoup plus séparées l’une de l’autre. Les sillons épistomiaux latéraux sont plus larges, plus profonds et forment une véri- table encoche à bords mamelonnés. | Les sillons des tergites abdominaux sont interrompus, sur la ligne médiane, mais entièrement dépourvus de poils. Les sternites, sauf le premier, ne portent pas d’épines. _ Les épimères ne présentent qu’une dent principale et deux ou trois, au maximum, secondaires (souvent une seule). Enfin, les épines céphalothoraciques, en général, sont moins nombreuses et moins saillantes et la surface dela carapace est absolument dépourvue de poils. Coloration à peu près uniforme, rouge-brique. Distribution géographique. — Depuis le Sud du cap Barbas jusqu’un peu au Nord de Saint-Louis (Sénégal), par des fonds de 20 mètres à 50 mètres, le plus souvent sur le sable coquillier. Peu commune; mais peut atteindre de très grandes tailles. Nous en avons capturé une qui mesurait o m. 75 de longueur du corps (non compris les antennes) et atteignait un poids de près de 6 kilogrammes. (1) Cette espèce était portée, dans la collection du Muséum, sous le nom de P. Digueti, en l'honneur de M. Diguet qui l’avait rapportée, bien-qu’ayant été signalée dans ie ‘‘Bulletin du Muséum” sous le nom de P. inflatus. À 4 q 4 q ( ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 23 Cette espèce ést fragile et se transporte difficilement en bateaux viviers ; ‘du reste, sa rareté même l’empêcherait d'é tre une espèce industrielle. TABLEAU DICHOTOMIQUE DES ESPÈCES DU GENRE Palinurus. (Fosse paire dé pattes très développée et terminée par une pince. Cornes frontales denticulées sur le bord postérieur. Quatre sillons transversaux D PURE RDO OGHNBUK SL dei cds Sng ve Ry Sa ONS Dal QU au à P. longimanus. | Tergites abdominaux avec deux sillons Genre Palinurus..... | Première paire de pattes terminée| tansversaux. Cornes frontales avecune par une simple griffe. Cornes large lame très denticulée. Céphalotho- frontales denticulés sur le bord rax avec trois carènes longitudinales. P. truncatus. ee eee Tergites abdominaux avec un seul sillon TE ; transversal. Céphalothorax arrondi PeRUNCrOMENT 7, Sos AL nee P. vulgaris. Exploitation industrielle du P. vulgaris. — La Langouste vulgaire donne lieu à une exploitation très intensive et à un commerce considérable sur nos côtes françaises ainsi que sur une partie des côtes d'Europe et du Nord de l'Afrique. La demande, pour ce crustacé, devient de plus en plus considérableet, comme la pro- duction tend à diminuer, il en résulte que le prix augmente dans des proportions extraor- dinaires ; aussi, nos pêcheurs de Langoustes bretons, qui sont, comme on sait, de hardis marins, n’hésitent-ils pas à franchir des milliers de kilomètres, sur leurs dundee de 60 à 80 tonneaux, pour aller chercher au loin, sur les côtes d'Espagne, de Portugal, du Maroc, de Mauritanie et même jusqu'aux Antilles, un animal aussi recherché et qui est en train de disparaître de nos côtes françaises, détruit peu à peu, vraisemblablement, par la pêche extrêmement intensive qui en est faite. Sur nos rives bretonnes, la Langouste ne semble s'approcher des côtes que vers le commencement de juin, pour déposer ses œufs, très vraisemblablement. C’est le moment où la pêche commence, mais elle est surtout considérable pendant les mois de juillet, août et septembre, dans tous les points de la côte, les plus rocheux, tels que l’île d'Yeu, Heedic, Houat, Belle-Isle, Groix, etc., ainsi que sur la côte Nord, vers Roscoff, Saint- Malo, etc. Les engins qui servent à la pêche sont : les casiers de formes diverses et les filets dormants ; ces derniers ne peuvent être utilisés que par temps calme et tout à fait propice, en juillet et août, généralement. Les casiers sont mouillés par fonds rocheux de 30 à 80 brasses, retenus au fond par des pierres et munis de longs « orins » qui, à l’aide d’une bouée marquée et colorée, indiquent l'emplacement et le propriétaire de l’engin. Les bateaux utilisés pour la pêche de la Langouste sont des’ bateaux-viviers qui permettent de conserver les crustacés vivants. Ceux qui servent exclusivement sur les côtes de France sont des sloop ou côtres de6 à 15 tonneaux qui peuvent contenir de 500 à 2 000 Langoustes ; ceux qui, au contraire, vont au loin, sont des dundee qui jaugent de 60 à 80 tonneaux et peuvent contenir de 4000 à 8 ou 9000 crustacés. Les viviers sont, en général, aménagés entre les deux mats et sont en communication directe avec la mer. Ils sont tous a voiles, quelques-uns avec moteur auxiliaire. 24 ‘ANNALES ‘DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE A l’arrivée des; bateaux, les Langoustes sont emmagasinées dans des viviers qui sont ou en bois et flottants, ou en maçonnerie. © Les premiers sont construits en boisde shane. en acs espacées, permettant l'entrée et la sortie de l’eau ; leur longueur varie de 3 à 8 mètres de long sur 2 à 3 mètres de large. Ils peuvent, ainsi, contenir de 500 à 1 500 Langoustes. Ils sont ancrés dans les ports, en des points désignés par l'Administration de la Marine. Constamment remués et mal nourris, soumis à des variations de températures parfois considérables, les Crustacés qu'ils renferment vivent mal et ne peuvent guère être conservés plus de deux ou trois mois, à la condition que les eaux soient très propres; mais, si les usines déversent de l’huile, la Langouste meurt très rapidement. Les meilleurs viviers en bois sont ceux du port decommerce de Brest, faits avec de vieux bateaux. Mais ce sont encore de mauvais engins. ; Les viviers en pierre sont, en général, édifiés en tout ou en partie, en pleine mer. Ils sont, du reste, peu nombreux, et il faut une autorisation spéciale de la Marine pour en construire. Cette autorisation n’est pas très facilement accordée. Les principaux sont les suivants : Roscoff (Finistère), Saint-Gaustan (Le Croisic), l’Aberwrach (près Brest), Largenton (près Brest), Concarneau et Port-Haliguen (Quiberon). © Sint _ Les cinq premiers sont à ciel ouvert; le dernier est, au contraire, recouvert d’un plancher calfaté comme le pont d’un navire, de façon à empêcher la sivéere de l’eau de trop s'élever pendant les fortes chaleurs de l’été. L’emballage de ces crustacés se fait en paniers ou en caisses ; en paniers garnis de paille pour 25 à 30 crustacés ; en caisses, pendant l'hiver, garnies de foin ou de varech secs. En été, on fait usage de la glace dans des caisses spéciales renfermant la caisse, plus petite, contenant les crustacés et que l'on entoure de la glace pilée mélangée de sciure de bois pour diminuer la fonte en cours de route. Cette façon d’expédier, très onéreuse, n’est utilisée que pendant les mois les plus chauds : juillet et août, d'ordinaire. On a essayé, ere des caisses isolantes à parois de liège et différents autres pro- cédés qui n’ont pas donné de meilleurs résultats. Le grand marché central de Langoustes, en France, est Paris, soit par expédition directe à quelques grosses maisons de consommation, ou a des particuliers, soit, encore, par l’in- termédiaire des mandataires aux Halles Centrales. La vente a lieu pendant toute l’année, mais à des prix très variables, au kilogramme, suivant la saison. C’est pendant les mois de © pêche, juin, juillet et août, que les prix sont les plus bas; puis ils s'élèvent de plus en plus à mesure que la saison s’avance, pour atteindre, en février, mars ouavril, les prix fantastiques de 5 à 8 francs le kilogramme. Ces prix mettent ce crustacé à la portée de gens fortunés, uni- quement, car une Langouste moyenne, qui atteint un kilogramme, vaut, par conséquent, de 5 à 8 francs ; aussi, tous les propriétaires de viviers cherchent-ils à conserver leurs Langoustes le plus longtemps possible pour profiter des cours élevés de l’arrière-saison. On pêche, également, la Langouste vulgaire sur la côte basque, uniquement à l'aide de casiers qui-sont mouillés sur une bande rocheuse, à peu près parallèle à la côte et bien connue des langoustiers du pays. Ces crustacés sont apportés surtout sur les marchés de ‘ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 125 Bayonne, de Biarritz et de Saint-Jean-de-Luz, par les pêcheurs spécialistes du petit port de Guéthary. Sur les côtes françaises de la Méditerranée on trouve également la Langouste en assez grande quantité dans toutes les parties rocheuses: Banyuls et Port-Vendres, Marseille et la côte d'Azur; mais le plus grand nombre de Langoustes qui arrivent sur le marché de Marseille viennent de Corse... et, parfois même, de Sardaigne et même de Sicile où elles sont échangées aux pêcheurs Corses et entrent ainsi en fraude, en France, par notre grand port méditerranéen. La Langouste corse est petite, à très longues antennes, de couleur très brune et d'excellente qualité. Elle est très recherchée du marché parisien. Les principaux ports de pêche de la Corse sont : Ajaccio, où la pêche se poursuit jusqu’à mi-décembre, ce qui est un avantage énorme. Ce port peut fournir une grande quantité de crustacés qui, presque tous, sont exportés sur Marseille. Calvi peut produireenviron8 000 kilogrammes de Langoustes qui prennent, surtout, les chemins de Marseille, de Nice, de Livourne et de Naples. Propriano, Campo-Moro et Por- topolo forment un groupe qui peut fournir, environ, 10000 kilogrammes de Crustacés. La pêche commence vers le 10 avril, pour se terminer dans la première quinzaine d’oc- tobre, à cause du mauvais temps; les produits sont expédiés sur Marseille et surtout vers Nice. A Bonifacio, l’époque de la pêche est la même qu’à Propriano, mais la production peut s'élever jusqu’à 20000 kilogrammes. Le pêche se pratique, uniquement, à l’aide de casiers qu’on mouille sur des fonds de roches, par 40 à 50 mètres. On capture également, en Grèce, quelques Langoustes, qui doivent se trouver en grand nombre sur les côtes, mais dont on ne tire, industriellement, aucun profit. En Angleterre, on pêche la Langouste sur toute la côte de Cornouaille depuis Exmouth, Kingsbridge, Falmouth et en remontant vers le Nord de Penzance, Newquay etIlfracombe. On la retrouvesur la côte Est et Sud-Est de l'Irlande, de Wicklow au cap Mizen. Comme les Anglais sont peu amateurs de ces crustacés, nos pêcheurs français du Finistère leur apportent des crabes tourteaux (Carcinus mœnas) peu appréciés du public françaiset, au contraire, très prisés en Angleterre, et remportent les Langoustes. Depuis quelques années, cependant, les Anglais envoient de la Langouste sur Boulogne qui expédie, à son tour, sur le Nord de la France, la Belgique, la Suisse et l'Allemagne. Les paquebots allemands qui touchent certains ports anglais de la Manche, comme Southampton, embarquent beaucoup de Langoustes pour la consommation du bord et, aussi, pour l'exportation vers Hambourg et Brême. On trouve également un peu de Langoustes, en certains points des côtes de Suède, mais elle ne semble pas exister sur toutes les côtes Ouest et Nord-Ouest, de la Norvège. pas plus qu’en Écosse. Les côtes Nord de l'Espagne sont assez riches en Crustacés et nos langoustiers bretons sont allés et vont encore, mais de moinsen moins, sur ces côtes pour capturer ces animaux qu'ils rapportent avec leur dundee à viviers. Aux îles Baléares, les Langoustes sont également abondantes et sont mises, après capture, dans des viviers en T. III. — Fasc. 4. 4 26 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE pierres, le plus souvent voûtés, de façon à en augmenter la fraîcheur et permettre une excellente conservation de ces crustacés ; mais les viviers sont, en général, petits et les Langoustes y sont trop tassées. La pêche de la Langouste est ouverte, en Espagne, du 1 mai au 1* août. Toutes celles qui sont capturées après la fermeture sont placées dans un vivier dont le douanier de l’endroit possède la clef et sont vendues, à l’ouverture, au bénéfice des pêcheurs. Les côtes de Portugal, et en particulier les îles Sorlingues, sont très fréquentées par les pêcheurs langoustiers, dont beaucoup viennent du Finistère. Ils rapportent des Langoustes, et les gros crabes tourteaux qu'ils vont échanger en Angleterre, pour des Langoustes. Au Portugal, comme à Madère où se pêchent quelques Langoustes, consommées sur place, la pêche de ces crustacés ouvre le 1" mars et ferme le 1° septembre. A Madère, selon la saison, une Langouste moyenne vaut de 2 a 4 francs, Cette espèce se. poursuit, dans l'Atlantique, jusque sur les côtes du Maroc, en parti- culier à Mogador où quelques pêcheurs bretons vont la chercher. On la rencontre encore jusqu’à la hauteur du cap Bojador, environ, qui semble être sa limite méridionale extrême. ’ Enfin, on trouve encore beaucoup de Langoustes, assez analogues a celles de Corse et également très demandées, sur les côtes d’Algérie, de Tunisie et de la Tripolitaine. Mais la difficulté, pour une grande exploitation industrielle, réside dans le transport à l'état vivant. Il faudrait installer pour cela des bateaux-viviers à vapeur, ce qui serait facile et rémunérateur. 5. Genre Linuparus Gray, 1852. Synonymie : Palinurus de Haan {n° 21); Avus Ortmann (n° 45-a). Le genre Linuparus ne renferme, actuellement, qu'une seule espèce, L. trigonus, de Haan. Les caractéres génériques sont les suivants : Fouets des antennes externes courts. Pas d’épines sur le cercle antennulaire. Cornes frontales soudées sur laligne médiane. Une carène médiane dorsale et deux latérales sur le céphalothorax et l’abdomen. Linuparus trigonus, de Haan (PI. I, fig. 5). Synonymie : Palinurus trigonus, de Haan, 1850 (n° 20); Avus trigonus, Ortm., 1891 (n° 45-a). Caractères. — Fouets des antennes internes, courts ; l’interne environ une fois et demi aussi long que l’externe. Article basilaire des antennes externes, très large, formant avec le rostre, presque entièrement recouvert, un appareil stridulent très développé. Fouets des antennes externes trapus et plus courts que le corps proprement dit de l'animal. Mandibules fortes, avec dent médiane plus saillante à gauche qu'à droite. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 27 ‘Exopodites de la première paire de maxillipèdes avec fouets normaux de 12 à 14 articles (dont les 7 ou 8 derniers sont très aplatis) dépassant le sommet du méropodite du troisième maxillipède. Exopodites de la deuxième paire de maxillipèdes, avec fouets atrophiés, formés de 5 ou 6 articles, pointus, sans poils et atteignant à peu près la base du méropodite du troisième maxillipède. Exopodites de la troisième paire de maxillipèdes, formés de plus de 20 articles, allongés, pointus, glabres, atteignant à peu près le milieu du méropodite de ce même maxillipède. _Rostre étroit et court, avec sillon médian profond. Pas d’épines sur le cercle antennulaire. Cornes frontales larges, aplaties horizontalement et soudées sur la _ ligne médiane (fig. 10, a). PRE Sternum avec des saillies latérales en face de ches paire de pattes. trigonus. a. Lame Sillon épistomial large, profond et limité latéralement et antérieu- plang A rement par des saillies épineuses. frontales soudées. Sillons des tergites abdominaux glabres, larges et nettement ininter- :FPmeeduæ#an- rompus sur les tergites 1, 2 et 3, mais interrompus sur les autres. Ca- rène médiane avec saillies pointues (1 sur 1, 2 sur 2, 3 et 4), sans saillies sur 5 et 6; une fente longitudinale sur la partie médiane et dorsale du sixième tergite. Sternites des segments 3, 4, 5 et 6 avec deux dents latérales, rapprochées vers la ligne médiane. Epimères avec trois dents principales, presque égales et très divergentes, et une ou deux autres postérieures et plus petites (fig. 10, b). Chez le &, simple griffe à la cinquième paire de pattes. Chez la 9 ? Couleur générale jaunâtre avec teinte rouge brique pâle sur toute la partie dorsale du corps. Peu d’épines céphalothoraciques et peu développées; sillon cardio-branchial très profond. Une carène médiane et deux latérales donnent au céphalothorax un aspect triangulaire et très original. Distribution géographique. — Japon (Coll. du Muséum, Paris), Baie de Tokio, Oomura et Simabara, dans les fonds rocheux (de Haan). Cette espèce, qui semble plutôt rare, ne paraît guère donner lieu à une exploitation industrielle. 6. Genre Panulirus (Gray, 1847) White. Synonymie : Palinurus M. Edwards, 1837 (n° 40, a) et auteurs ; Senex Pfeffer, 1881 (n° 48) et Ortmann, 1891 (n° 45, a et b). Caractères. — Le genre Panulirus comprend toutes les Langoustes placées, par Milne Edwards, dans le groupe des Langoustes longicornes, parce que l’un de leurs caractères 28. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE. les plus typiques consiste dans la présence de /ongs fouets aux antennes internes. De plus, l’anneau antennulaire est large, presque carré, en sorte que les antennes externes sont très écartées, laissant voir, nettement, les antennes internes. Enfin, l'anneau antennulaire porte, au moins, deux épines bien développées, le plus souvent même, quatre. Après une étude très approfondie des types et de la littérature, nous pensons pouvoir dire que, dans l’état actuel de la science, le genre Panulirus se compose de douze espèces, qui peuvent se distinguer par des caractères suffisamment précis, pour ne pas devoir être confondus et que le tableau dichotomique placé à la fin de cette étude permettra de différencier nettement. Répartition géographique. — On peut dire, d’une façon générale, que les espèces qui composent le genre Panulirus sont localisées dans la zone tropicale des deux continents. Ce sont toutes des espèces de mers chaudes, qui peuvent atteindre, généralement, une belletaille, parfois même trèsconsidérable, et quisont ou pourrontêtre, par conséquent, uti- lisées dans l’alimentation de façon à remplacer, dans la mesure du possible, la Langouste vulgaire, qui, comme on l’a vu, tend, de plus en plus, à disparaître. 1. P. Japonicus von Siebold (de Haan, 1850) (PI. V, fig. 1 et 2). Synonymie. — Palinurus guttatus, de Haan, 1850 (n° 20); Palinurus longipes, A. M. Edw., 1868 (n° 40-c); Palinurus femoristriga, v. Martens, 1872 (n° 38-b); Senex femoristriga, Pfeffer, 1881 (n° 48); Senex guttatus, Pfetfer, 1881 (n° 48) ; Senex femoristriga, Ortmann, 1891 (n° 45-a); P. guttatus, Offmann (n° 44); Palinurus marginatus? Quoy et Gaimard, 1817-1820 (n° 52). Caractères. — Caractères ‘du genre, et en outre : Exopodites de la première paire de maxillipèdes, avec fouet de 12 à 14articles, dépas- sant le milieu du méropodite du troisième maxillipède. ë i À poh nf Exopodites des deuxième et troisième paires de x / J maxillipèdes avec fouet de 12 articles au moins, attei- be e gnant le milieu du méropodite du troisième maxiili- pède. Cercle antennulaire avec deux épines principales, rapprochées sur la ligne médiane, avec deux ou quatre a Fig. 11. — Panulirus japonicus. a. Cercle antennulaire. 6. Epistome. c. Epimére. épines beaucoup plus petites, en avant des précédentes et un groupe variable de trés petites également, en arrière (fig. 11, a). Cornes frontales longues, rapprochées et fortement recourbées en avant; deux épines - assez fortes immédiatement en arrière. Epines latérales assez fortes, mais plus petites que chez P. guttatus Latr. Deux épines symétriques, médianes, en arrière du sternum et une saillie double, médiane, en avant. Partie moyenne et médiane du sternum avec mamelon mousse, sans épines. (Il y a un sillon médian antérieur, chez guttatus.) Trois dents épistomiales égales, avec deux à quatre denticulations de chaque côté de la dent médiane (fig. 11, b). Sillon épistomial absent. Sillons piliferes ininterrompus, sur tous les tergites abdominaux. Sternites non denticulés. Peel er ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 29 Epimères avec une dent saillante et une en arrière plus petite, parfois bifide ; jamais de denticulations au bord postérieur (fig. 11, €). Chez le 5‘, à la cinquième paire de pattes, une simple griffe, avec 4 ou 5 épines chiti- neuses et des poils. Chez la 9, il existe ici, comme chez toutes les autres espèces du genre, une pince, formée par un prolongement du propodite qui vient s’articuler avec un prolongement semblable du dactylopodite correspondant. La couleur est assez variable dans cette espèce et due, certainement, à des variations locales. C’est ainsi, par exemple, que des exemplaires du Japon présentent une couleur bleu-verdatre, plus ou moins foncée, mais uniforme, avec quelques taches jaunes sur les antennes et les épimères et des bandes également jaunâtres sur les pattes. De plus, il y a beaucoup de poils courts, de couleur jaunâtre foncé autour des épines du céphalothorax. Les exemplaires des îles Sandwich ont une couleur vert foncé avec marbrures jaunes, rougeâtres ou indigo, à la limite postérieure de chaque tergite abdominal, à la base de certaines épines céphalothoraciques et des pattes, sur les antennes, etc., et surtout à la’ partie inférieure du corps. Dans les formes de Zanzibar, de l’île Maurice et de l’île de la Réunion, la teinte générale varie du gris bleuâtre au bleu avec des tâches jaunatres, larges sur le céphalothorax, très petites sur l'abdomen, des bandes ou des taches sur les pattes, etc. Ces variétés de couleur ont amené les auteurs à différencier spécifiquement ces formes. En réalité et comme l’a bien prévu Ortmann, elles doivent être réunies sous le même nom (quitte à établir, si l’on veut, des variétés locales), car leurs caractères anato- miques sont absolument identiques. Nous avons, de plus, rencontré dans la collection du Muséum un exemplaire, pro- venant du Japon, qui présente, sur les anneaux de l'abdomen, des tâches jaunâtres comme les formes de Zanzibar ou de la Réunion. Distribution géographique. — Toute la région tropicale de l’océan Indien et de l'océan Pacifique : Japon (de Haan, musée de Strasbourg, Muséum Paris); îles Sandwich (Muséum Paris et Pfeffer); Simoda (Stimpson); Aneitum (Miers); Nouvelles-Hébrides (Miers); Nouvelle-Guinée (Pfeffer); Amboine (Martens); Moluques (Herklotz); ile de la Réunion (coll. Muséum, Paris); ile Maurice (M. Edwards ); Zanzibar (M. Edwards), etc. L'espèce désignée par Quoy et Gaimard sous le nom de Palinurus margina'us me parait se rapporter nettement a Pan. Japonicus (var. japonaise). Remarque. — Cette espèce ne semble pasatteindre, engénéral, une grande taille. Tous les exemplaires que nous avons examinés ne mesuraient guère que de 20 à 30 centimètres de long, et leur poids à l’état frais ne doit pas dépasser de 800 grammes à 1 kilogramme. Néanmoins, ces crustacés sont utilisées, au point de vue alimentaire, par les Japonais qui fabriquent des conserves très réputées, en plus de celles qui sont consommées à | l'état frais avec des préparations culinaires variées. 2. P. guttatus (Latreille) M. Edwards 1837 (n° 40-a) (PI. III, fig. 3). Synonymie : Squilla crangon americana altera, Seba; Cancer homarus, Linné; Palinurus guttatus, Latreille; Palinurus spinosus ? M. Edw:: Panulirus échinatus, Smith {n° 7 ); Senex guttatus, Ortmann (n° 45). eo? ‘30 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Caractères. — Caractères du genre et en outre : Exopodites des première et deuxième paires de maxillipèdes avec fouet non dilaté de 10 articles environ, atteignant le milieu du méropodite du troisième maxillipède. Exopodite de la troisième paire de maxillipèdes atrophié, n’atteignant pas le milieu du méropodite du même appendice ; plus réduit jf je 4 encore que chez P. penicillatus. Fouet absent. tok ieee + Cercleantennulairéportantdeux fortes épines, 3 L \ j, perce avec, en avant, 2, 4 ou 6 épines très petites. Pas de petites épines en arriére des principales. d Cornes frontales longues et pointues, rappro- Hig. (4: Pants utile OR Ronaeesine chées sur la ligne médiane, mais moins recourbées rentes du cercle antennulaire. c. Partie antérieure que chez P. Japonicus. Deux fortes épines immé- ieee Aes Fate er ee imére. f- Sillon i atement en arrière ét une série longitudinale de quatre petites épines entre les cornes frontales (fig. 12, a et b). Deux paires d’épines latérales plus de moitié aussi longues que les cornes frontales. ’ : A la partie antérieure du sternum, sillon profond limité, sur les côtés et en avant, par des saillies denticulées (fig. 12, c). Trois dents épistomiales égales, séparées par deux ou trois petites denticulations latérales. Sillon épistomial trés peu net (fig. 12, d). Sillons pilifères profonds, à poils relativement longs (1 millimètre) sur tous les anneaux et ininterrompus, mais formant un angle obtus dirigé vers la partie antérieure du corps (fig. 12, f). Parfois on trouve une interruption surle milieu du quatrième tergite, mais elle n’est qu’accidentelle, jamais constante. Sternites non denticulés. Les épimères des segments 2 à 5 présentent une forte dent et une autre simple, en arrière, séparée de la première par une encoche profonde, comme chez penicillatus (fig. 2,2). La deuxième paire de pattes est la plus longue. La cinquième présente, chez la femelle, une pince ordinaire et, chez le mâle, une simple griffe avec une ou deux épines chitineuses. Couleur générale, bleu-verdâtre, avec de nombreuses taches jaune-blanc, des stries blanches autour des épines et des raies longitudinales sur l’avant-dernier article des pattes. Les taches jaunâtres sont beaucoup plus grandes que chez le penicillatus, dont l'espèce que nous étudions se rapproche beaucoup. On peut même dire que le penicillatus est la forme indo-pacifique du guttatus, qui se trouve absolument localisé, contrairement à ce qu’ont pu penser certains auteurs, dans la région des Antilles et du Brésil. Les exemplaires jeunes provenant de Kotonou et indi- qués par Bouvier comme appartenant à cette espèce, ainsi que ceux signalés par Pfeffer, a Monrovia et Saé-Thomé, appartiennent, en réalité, à l’espèce regius, comme nous le verrons plus loin. Distribution géographique. -— Mer des. Antilles (Cuba, Martinique, Guadeloupe, Floride, etc.) (M. Edwards); isthme de Panama (Streets); côtes du Brésil (Smith, Moreira), me-dédédasl s-Dt-é ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 31 Saint-Paul (océan Atlantique) (Challenger), et, d’une façon générale, toute la région tropi- cale dela côte atlantique américaine. Exploitation industrielle. — Nous n’avons que fort peu de renseignements précis sur l'exploitation industrielle de cette espèce qui n’atteint jamais, du reste, une bien grande taille. : En ce qui concerne le Brésil, M. le Professeur Bourguy de Mendonca ne me signale comme comestibles que les deux espèces : P. argus et P. laevicauda. Aux Antilles, cepen- dant (Martinique plus spécialement), cette espèce existe, en assez grande quantité, mais elle est peu exploitée pour l’alimenta- tion. C’est surtout le P. argus qui est apporté sur les marchés par les indigènes. Moreira signale les trois espèces, mais ce sont surtout P. argus et P. lœvi- cauda qui sont Re commerciale- Fig. 13. — Panulirus penicillatus. a. Exopodite du 3* maxilli- ment. pède. b. Les quatre épines soudées du cercle antennulaire. c. Epistome. 4. Tubercules céphalothoraciques. e. Epimère. HP. penicillatus, Olivier, Milne- f. Patte de la 5° paire chez la 9. Edwards (1837) (n° 40-a). (PI. I, fig. 4.) Synonymie : Astacus penicillatus, Oliv. (n° 43) ; Palinurus penicillatus. M.-Edw. (n° 40-a) ; Palinurus gigas, Bosc (n° 8); Pal. Ehrenbergi, Heller (n° 23-a); Panulirus penicillatus, Gray, Stimpson (n° 58), Bate (n° 4-b) ; Senex penicillatus, Ortmann (n° 45). Caractères. — Caractères du genre et, en outre : Exopodite de la première paire de maxillipèdes bien développé, avec fouet de 10 articles environ, atteignant, presque, le sommet du méropodite du troisième maxillipède. Exopodite de la deuxième paire de maxillipèdes normal, avec fouet de 18 articles environ, atteignant la même hauteur que le précédent. Exopodite de la troisième paire de maxillipèdes, large à la base: triangulaire, sans fouet, portant au sommet un simple bouquet de poils terminaux, atteignant le milieu de l’ischiopodite du troisième maxillipède. Rostre assez large portant, sur l'anneau antennulaire, quatre épines principales, toutes réunies à la base (fig. 13, b) et dont les deux postérieures sont les plus longues. Pas d’é- pines secondaires. (PI. III, fig. 2.) Cornes frontales moyennement développées, assez rapprochées, recourbées en avant, non denticulées, avec une seule épine secondaire en arriére de chacune d’elles. Deux paires d’épines latérales fortes et bien développées. Pas d’épines sternales, mais de simples renflements mousses et trés peu accusés. Une saillie médiane a la partie antérieure du sternum. : Epistome avec trois dents de longueur à peu près égale, séparées de la médiane par 2 ou 3 plus petites de chaque côté (fig. 13, c). Pas de sillon épistomial. Sillons des tergites abdominaux ininterrompus et droits, sauf les cinquième et sixième, et dépourvus de poils. Sternites non denticulés. : Epimères des segments 2 à 5, avec une pointe fine, fortement recourbée en arrière et 132 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE une seule épine secondaire, en arrière (fig. 13, e). Parfois le bord antérieur des épiméres 2,3, 4et 5 porte une ou deux épines courtes. La troisième paire de pattes est la plus longue, à peine plus que la deuxième ; chez la 9, la cinquième paire porte une pince constituée comme chez les Hrécédents espèces; chez leo, c’est une simple griffe avec3 ou 4 épines internes fortes et très poilue. La couleur générale est d’un vert bleuâtre avec de nombreuses et très petites ponc- tuations jaunâtres sur la partie dorsale de l’abdomen, des lignes jaunes, étroites et plus ou moins sinueuses sur les pattes, des taches plus ou moins larges sur le céphalothorax et le pédicule des antennes externes. Enfin, tout le dessous du corps est d’une teinte bleuâtre fortement veinée de jaune. Le céphalothorax est plutôt un peu déprimé, couvert par quelques épines peu déve- loppées, mais surtout de nodules arrondis, plats, avec une toute petite épine antérieure. Chez les jeunes, les tubercules sont entourés de soies en peigne (fig. 13, d). Remarques. — Cette espèce, grâce à sa distinction facile, est une de celles qui ont été le mieux reconnues par les différents auteurs. Le Palinurus marginatus de Quoy et Gaimard (Voyage de I’ Uranie, pl. 81, p. 537), bien qu’avec une description trop sommaire et une représentation des épines de l’anneau antennulaire assez rapprochées, me paraît devoir être rattaché à P. Japonicus et non à cette espèce. Distribution géographique. — Banc des Aiguilles (cap de Bonne-Espérance) (Stebbing); île de la Réunion (Hoffmann, Muséum Paris); île Maurice (Latreille, Richter); océan Indien (M. Edw.); îles de Rota, Agrigan et Nouvelle-Guinée (Pfeffer); Nouvelles-Hébrides (Brit. Museum); Mahonga (arch. des Mariannes) (Muséum Paris); Haô (ile Gambier)(Muséum Paris); Nouvelle-Calédonie (Muséum); Sumatra, îles Sandwich (Muséum Paris); mer Rouge; Côte N. de l'Australie (Stimpson, Challenger). Exploitation industrielle. —La taille magnifique que peuvent atteindre les Langoustes appartenant à cette espèce les rend facilement exploitables pour l’alimentation ; mais il semble que, si elles présentent une aire de dispersion considérable, elle ne paraissent en. abondance que dans l'archipel des Mariannes où on les rencontre à peu près partout. A ce sujet, des données précises nous manquent totalement. 4. P. Burgeri, de Haan, 1850 (n° 20). (PI. I, fig. 6.) Synonymie : Palinurus Burgeri, de Haan (n° 20), Pfeffer (n° 48); Senex Burgeri, Ortmann (n° 45). ef Caractères. — Caractères du genreet, en outre: Exopodite de la première paire de maxillipèdes, normal, avec fouet aplati de 9 à 10 articles, environ, dépassant le sommet du méropodite du troisième maxillipède. Exopodite de la deuxième paire de maxillipèdes atrophié, fouet réduit à un seul article triangulaire atteignant à peine la base du méropodite du troisième maxillipède. Exopodite de la troisième paire de maxillipèdes absent. Rostre large, avec l’anneau antennulaire portant quatre épines principales à peu près égales, largement séparées et deux, ou plus, petites épines secondaires situées entre ‘les premières. Rte AS de En ey ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 33 ‘Cornes frontales moyennement longues, non denticulées, avec une seule épine en arrière. Pas d’épines sternales, mais un simple petit renflement à la partie antérieure du sternum. Trois dents épistomiales simples et de même longueur. Pas de sillon épistomial. Sillons pilifères des tergites abdominaux ininterrompus et fortement crénelés, non seulement surle bord dusillon, mais encore Fig. 14: — Panulirus Burgeri. Ornements un peu en dehors, plus nettement encore, peut-être, que chez le des segments abdomi- Jasus Lalandei (voir p. 11). ee Sternites non denticulés. Epimères des anneaux 2, 3, 4, 5, avec une pointe principale et un bord postérieur arrondi portant 3 à 4 petites dents. La troisième paire de pattes est la plus longue. La cinquième paire est conformée comme partout ailleurs chez le mâle et chez la femelle. Couleur vert olivâtre foncé avec des lignes jau- nâtres sur le bord des crénulures des sillons abdomi- naux. Ces lignes sont si rapprochées sur le bord libre porteur des tergites abdominaux, qu’elles forment presque, sur les premiers, une ligne interrompue, puis sur les troisième et quatrième, une succession de lignes et de points, et sur les cinquième et sixième de simples . . . ‘ Fig 15. — Panulirus dasypus. a. Epistome. ponctuations. Ces lignes, interrompues ou non,n’exis- 4, Cercle antennulaire. c. Epimére. d. Or- tent pas chez dasypus. Tout le reste de la surface des nements des segments abduminaux.e. Ex- : ‘ ‘ À trémité de la 5° paire de pattes chez la 9, tergites abdominaux est couvert de ponctuations jau- nâtres assez grosses, tandis que chaque anneau porte, de chaque côté, une grosse tache également jaunâtre. Le céphalothorax porte peu d’épines saillantes sauf, à la partie antérieure, les cornes frontales et les épines latérales, peu développées du reste ; mais il est couvert de nodosités arrondies et aplaties, portant, chacune, une petite épine antérieure. Les pattes sont d’un vert olivâtre foncé uniforme, avec seulement quelques taches jaunâtres à la base des épines. Les antennes externes sont d’un brun olivâtre fortement tacheté de jaune, en dessus, presque entièrement jaune au-dessous. Remarques, — Si, par ses caractères anatomiques, les plus importants, il est vrai, cette espèce ressemble beaucoup à P. dasypus, elle en est nettement différente pat la forme des sillons abdominaux et par la coloration générale. Distribution géographique. — Japon? (de Haan); Algoa Bay, Port-Elisabeth (Afrique Australe) (Stebbing); Fort-Dauphin (Madagascar) et Mascate (Coll. Muséum Paris). Exploitation industrielle. — Cette espéce atteint une belle taille et se préte, par conséquent, à une exploitation industrielle intéressante. Il semble, en ce qui concerne Madagascar, qu’elle soit surtout localisée sur la côte orientale, dans les anfractuosités des T. IL. — Fase. 4. 5 34 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE: rochers et des récifs, depuis Diégo-Suarez jusqu’à Fort-Dauphin. Mais les indications précises à ce sujet font défaut et, peut-être, se trouve-t-elle mélangée à P. ornatus. 5. P. dasypus, Latreille (Milne Edwards, 1837) (n° 40-a) (PI. II, fig. 5). Synonymie. — Locusta marina? Rhumph.; Palinurus dasypus Latr. Milne Edwards ; Senex dasypus, Ortmann (n° 45). Caractères. — Caractères du genre et, en outre : Exopodites de la première paire de maxillipèdes, normaux avec fouet aplati de 9 arti- cles environ, dépassant le sommet du méropodite du troisième maxillipède. Exopodites de la deuxième paire de maxillipèdes normaux, mais sans fouet et attei- gnant largement la base du méropodite du troisième maxillipède. Exopodites de la troisième paire de maxillipèdes, absents. Rostre large avec, sur l'anneau antennulaire, quatre épines principales, largement séparées et à peu près de mêmedimension, portant, entreelles, quatre ou plus, épines secon- daires, de tailles généralement différentes (fig. 15, b). Cornes frontales, épines latérales et épines céphalothoraciques comme chez Burgeri. Trois dentsépistomiales à peu près égales, avec, parfois, 2 ou 3 petites denticulations secondaires (fig. 15, a). Sillon épistomial légèrement indiqué, en arrière. Sillons pilifères des tergites abdominaux légèrement interrompus sur la ligne médiane dorsale où les crénelures, nettement indiquées sur les parties latérales, s’atté- nuent beaucoup, ou même, disparaissent complètement (ce qui n’est jamais le cas chez Burgeri) (fig. 15, d). : Même les crénelures les mieux indiquées sont beaucoup moins profondes et moins nettes que chez Burgeri, ce qui permet immédiatement de distinguer les deux espèces. Sur tout le reste des tergites, il y a de petites cavités pilifères, mais jamais de crénelures arrondies comme chez Burgert. Sternites non denticulés. = Epiméres des anneaux 2, 3, 4 et 5 comme chez Burgeri (fig. 15, c). La plus grande paire de pattes est la troisième, qui dépasse de beaucoup la longueur de celles de la deuxième paire (ce qui n’est pas dans l’espèce précédente). Couleur générale d'un vert olive clair. Sur les trois premiers anneaux abdominaux, se trouvent de fines ponctuations jaunâtres. qui deviennent beaucoup plus grosses sur les trois derniers; ces anneaux portent, chacun, sur la partie latérale, une tache jaune allongée avec le centre vert; pas de lignes jaunâtres sur le bord postérieur des anneaux. Céphalo- - thorax peu épineux, sauf dans la région antérieure, avec une petite zone jaunatre à la base de chaque épine. Partie latéro-ventrale jaunâtre (elle est verte chez Burgeri). Pattes uniformément vert jaunâtre en dessus, jaunâtre en dessous ; antennes externes vertes avec de fines ponctuations jaunes. Distribution géographique. — Océan Indien, (Milne-Edwards, Coll. Muséum); Ceres Madras (Heller); Poulo-Condor (Coll. Muséum Paris); Moluques (Herklotz). _ Exploitation industrielle. — Cette espèce, comme la précédente, atteint une assez belle taille et est susceptible d’une exploitation industrielle ; mais nous ne possédons aucun renseignement précis a ce sujet. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 35 6. P. regius, de Brito Capello, 1864 (n° 10) (PI. III, fig. 4; Pl. III, fig. 5 et Pl. II, fig. 6). Synonymie : Palinurus phoberus (jeune), Rochebrune (n° 56); Senex longipes Pfeffer; (n° 48); Puer atlanticus (jeune), Bouvier (n° 9-b); Puer inermis (jeune), Pocok (n° 49). Caractéres. — Caractéres du genre et, en outre : Exopodites de la premiére paire de maxil- lipédes, bien développés, avec fouet large, aplati, de 10 articles environ, couvert latéralement de poils, dépassant le sommet du méropodite du troisième maxillipède. Exopodites de la deuxième paire de maxil- lipèdes, avec fouet étroit, aplati, de 10 articles environ, couvert latéralement de poils et n’attei- gnant pas le sommet du méropodite du troisième Fig. 16.— Panulirus regius. a. Cercle antennu- maxillipède. laire. b. Epistome. c. Exopodite atrophié de la 3e E ai ‘dat ilk 3 d paire de maxillipèdes. d. Epimére. e. Extrémité xopodites de la troisième paire de ma- de la 5° paire de pattes chez la ©. xillipèdes absents. Quelquefois cependant, chez les jeunes, il est représenté par un tout petit mamelon (fig. 16, c) qui ne se retrouve généralement plus chez les adultes, mais qui, en tout cas, n’atteint jamais le milieu du second article, comme le dit Rathbun. Rostre très large portant, sur l’anneau antennulaire (fig. 16, a), quatre épines à peu près égales, largement séparées avec, parfois, des épines secondaires en nombre variable, entre elles. Cornes frontales fortes, mais pas très longues, avec une épine en arrière de chacune. Epines latérales très peu développées. Simple petit mamelon sur la partie antérieure du sternum, pas d’épines. Epistome avec trois épines dont la médiane est plus longue que les autres (fig. 16, b). Pas d’épines intermédiaires, ni de sillon épistomial. _Sillons pilifères des tergites abdominaux interrompus sur les cinq derniers segments, sillon ininterrompu sur le premier. Partout ailleurs, des petites cavités pilifères. Sternites abdominaux non denticulés. Epimères avec une seule pointe forte et le bord postérieur arrondi avec de 2 à 4 den- ticulations (fig. 16, d). _ La troisième paire de pattes est, de beaucoup, plus grande que les autres. La cinquième paire porte, chez la 9, une pince très forte, constituée comme à l'ordi- naire (fig. 16, e) et, chez le o', une simple griffe avec épines et poils internes. Couleur générale d’un vert bleuâtre sale. Sur chaque tergite abdominal et vers le bord postérieur, court une bande transversale jaunâtre, limitée, en avant et en arrière, par une bande bleu de Prusse. _ Une tache jaune est très distincte sur les côtés, sur les segments 2, 3 et 4. Céphalothorax assez peu épineux, avec épines courtes, de couleur verdâtre, avec une large bande jaune sur les parties latéro-ventrales. 36 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Antennes externes d’un vert-jaunâtre, avec des zones bleues autour et à la base des épines. Pattes vert bleuâtre avec une bande jaune dessus et une autre dessous, courant sur toute la longueur. : Le céphalothorax est, chez les jeunes, couvert de poils courts, jaunâtres, qui dis- paraissent chez les individus de belle taille. Remarques. — Le Palinurus phoberus, signalé par Rochebrune (Bull. Soc. Philom. Paris, vol. VII, 1883, p. 173), à l'embouchure de la Gambie et de la Casamance, et dont l’auteur lui-même ignore ce que le type est devenu, semble être, simplement, d’après la description sommaire qui en a été donnée, un jeune de P. regius. — J'ai trouvé dans la collection ou rapporté moi-même, du Dahomey, toutes les formes de passage entre le stade post-larvaire du P. regius, le « Natant-stage » de Boas et la grande forme adulte. Sous le nom de Puer atlanticus, E. L. Bouvier a décrit une petite forme provenant de Kotonou qui, tout en conservant des caractères nettement larvaires, comme l’absence d’épines sur le céphalothorax et l’épistome; la présence d’épines, au contraire, très déve- loppées à la partie postérieure du sternum, etc., permet de passer facilement à une forme un peu plus grande, considérée par le même auteur comme un jeune de P. guttatus, à cause de la présence d’un exopodite extrêmement réduit, placé à la base du troisième maxillipède. Il existe bien, en effet, chez le Puer atlanticus, à la base du troisième maxillipède, un exopodite déjà très réduit (fig. 16, c), qui va en s’atrophiant chez la jeune Langoute, mais se retrouve encore chez quelques individus atteignant jusqu’à 12 et 15 centimètres de long ; il disparaît complètement chez les individus de moyenne et grande taille. Il n’y a donc aucun doute possible, et le Puer atlanticus est bien la forme intermédiaire entre le Phyllosome et l'adulte du Panulirus regius. Nous verrons, plus loin, le même fait se reproduire chez le P. inflatus, Bouv. Distribution géographique. — Depuis que Brito Capillo signala cette espèce prove- nant des îles du cap Vert, en 1864, aucun auteur n’en avait parlé. Dans son travail d'ensemble, publié en 1891, pas plus que dans celui de 1897, Ortmann ne signale cette espéce, que Bouvier fit revivre, en quelque, sorte en 1895. Dès le mois de mai de la même année (1895), je fis connaître que cette forme, consi- dérée jusqu’ici comme une rareté, se rencontrait, au contraire,enextréme abondance, sur certains points des côtes saharienne et sénégalaise. Dans mon dernier voyage sur la Côte occidentale d’Afrique, j'ai retrouvé cette : espèce, en plus ou moins grande abondance jusqu’au Sud de l’Angola, dans les localités suivantes : cap Barbas; cap Blanc et baie du Lévrier; environs de Saint-Louis; environs de Dakar (cap Manuel et Bel-Air) ; environs de Rufisque (rochers des Sai-Sai) ; petite côte du Sénégal (bancs de M’Bour et de Joal); Sainte-Marie de Bathurst; iles de Los (Guinée française) ; Grand Sesters (Est Libérien) ; Tabou et les piliers du warf de Grand-Bassam (Côte d'Ivoire); environs d’Accra (Gold-Coast); piliers du warf de Kotonou (Dahomey) ; environs de Victoria (Cameroun); cap Estérias, Libreville, Loango (Gabon); Nord de Vembouchure du Congo (phare de Moanda); Saint-Paul de Loanda, Saint-Philippe de Benguella, Saint-Nicolas, Mossamédès et Praya Amélia (Angola). ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 37 Cette espèce s’étend donc, sans aucun doute, du 23° degré de latitude Nord, environ, jusque vers le 16° degré de latitude Sud, mais écurie sur la Côte occidentale d’ is frique. Exploitation industrielle. — 11 n'y a guère que cinq ou six ans queles pêcheurs Cana- riens, qui viennent régulièrement exercer leur industriesur lacôte saharienne, jusqu’au cap Blanc, s'inquiètent de capturer quelques Langoustes qu'ils transportent en bateaux-viviers jusque dansle port de La Luz (Las Palmas). Ces crustacés sont parqués dans des viviers flottants et vendus, peu à peu, aux hôtels et aux particuliers, à Las Palmas, au prix de 2 à 5 pesetas, suivant la taille et la saison. : Les Canariens capturent souvent la Langouste avec un filet spécial, la «gardera», sem- blable à notre caudrette française. C’est un filet rond, en fil ou en métal, de 1",50 à 2 mètres de diamètre, avec lequel ils arrivent à capturer es centaines de Langoustes a la fois. Quand ils manquent de « gardera », ils attachent un grand morceau de poisson, un peu avarié, à l’extrémité d’une ligne, après l’avoir percé de trous avec leur couteau. Le poisson est envoyé au fond de l’eau, dans un endroit où il existe des Langous- tes. Attirées par l’odeur, elles s’approchent du poisson, l’attaquent, s’y cramponnent, et, en tirant doucement, on relève l’appât et les crustacés quise sont accrochés à sa surface. Les Canariens, en général, sont très peu amateurs de Langoustes et beaucoup utilisent la chair de ces crustacés pour amorcer les lignes qui servent à la capture des Sélaciens dont ils sont, au contraire, très friands. A Saint-Louis (Sénégal), les pêcheurs Osolofs de Guet N’Dar, capturent, en mars, avril et mai, surtout, un certain nombre de Langoustes royales, dans les rochers qui se trouvent à 2 ou 3 milles au large, presque en face de Saint-Louis. C’est, du reste, tout à fait par hasard, et avec les lignes à mains qui leur servent normalement à capturer le pois- son. Comme, à cette saison, les Langoustes sont assez abondantes, leur capture est rela- tivement facile, même à la ligne. Ces crustacés sont apportés sur le marché ou chez les Européens et vendus à raison de o fr. 50 à o fr. 75 la pièce, suivant la taille. Les pêcheurs Lébous, des environs de Dakar, Rufisque ou Joal, capturent les Langoustesroyales en plongeant. Quandla merest bien calme, surtouten juin, juillet, août, septembre, ils se rendent, avec leurs pirogues, sur les fonds de rochers, mettent leur tête près de l’eau, ou sous l’eau et examinent le fond. Dès qu’ils aperçoiventune Langouste, ils plongent, la prennent par les antennes et la remontent à la surface. Il y a peu d'années, le prix des Langoustes ne dépassait pas un franc, à Dakar ; mais, lenombre des Européens augmentant sans cesse, les prix se sont élevés et, aujourd’hui, une belle Langouste se paie jusqu’a 2 fr. 50 et 3 francs. Partout ailleurs, dans les différentes colonies de la Côte occidentale d’Afrique, les indigènes capturent, de temps en temps, quelques Langoustes qu'ils vendent aux Européens, car eux-mêmes, en général, n’apprécient pas ces crustacés. A Saint-Paul de Loanda, cependant, on trouve souvent, pendant la saison sèche, des Langoustes royales sur le marché. Ces Langoustes sont capturées, soit par les pêcheurs portugais, soit par les noirs, surtout à l’aide de filets dormants. Leur prix moyen est de 4 à 500 reis(2 fr. à 2 fr. 50) lapièce, suivant la taille. 38 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Dès que nous eûmes signalé la présence de quantités considérables de Langoustes royales sur les côtes de Mauritanie, dans la région du cap Blanc, des pêcheurs bretons se rendirent sur les lieux et tentèrent de rapporter ces crustacés, à l’état vivant, en France. Les 800 premières Langoustes royales furent rapportées à l’Aberwrack, près de Brest, dans la cale d’un chalutier à vapeur, où l’eau était renouvelée à l’aide de la pompe du bord. L'installation était défectueuse et les résultats furent médiocres. Puis l’année suivante (1906), ce furent les bateaux Langouste, de Roscoff, et Violetta, de. Marseille qui firent le voyage du cap Blanc. Enfin, depuis deux ans, nos pêcheurs bretons d’Audierne, avec |’ Aventurier, sloop auxiliaire, de Douarnenez et deConcarneau, avec des dundee de 30 à 60 tonneaux : Philanthrope, En avant, Idéal, etc., se rendent au cap Blanc (Port-Etienne) pour s'y livrer à la pêche des Langoustes royales, du mois de mars-avril, au mois de septembre. Ces crustacés viennent très près du bord, sur les rochers gréseux, et sont capturés exclusivement à l’aide de filets dormants et de casiers, par des fonds de 2 à 3 brasses (3 à 5 mètres) seulement. Voici, à titre de documentation, les pêchés effectuées par deux de ces bateaux, en 1900-1910. j VOYAGES. « AVENTURIER ». « PHILANTHROPE Ÿ. BrenMer monte 6.747 Langoustes en 23 jours. 8.000 Langoustes. Deuxienmenernier 2.755 — 21 — 11.500 -- ATOISIOME. 5 os dune ee 5.134 — 22 — 8.500 — Quatrième.; ...,:44.4 5.347 — 21 — » Le nombre total des Langoustes déclarées à Port-Etienne et qui ont été pêchées dans la région du cap Blanc, de mai 1910 à mai 1911, n’a pas été inférieur à 150 000. D'une facon générale, la moyenne des captures a été de 700 Langoustes par jour et par bateau. : Les dundee mettent environ 22 à 25 jours pour revenir de Port-Etienne aux ports de Bretagne. Pendant ce trajet, si les bateaux ne stationnent pas dans des ports, la mor- talité est insignifiante : mais, si, pour une cause quelconque, ils sont obligés de s'arrêter, le renouvellement de l'eau dans le vivier se fait mal et les crustacés meurent en quantité. Un moteur auxiliaire pourrait rendre, dans les jours de calme, de grand: services. De plus, à partir du mois d'octobre, la différence de température entre les eaux du cap Blanc et celles des côtes de Bretagne devient trop considérable ; les Langoustes, arrivées dans des eaux trop froides, souffrent et meurent rapidement. Les pêcheurs de Concarneau sont allés de décembre 1910 à février 1911, jusqu'à Dakar, se livrer à la pêche des poissons et des crustacés. Ils ont essayé, sans résultat positif, la pêche de la Langouste aux Açores. La Langouste royale est bien connue aujourd’hui sur le marché français et surtout parisien, où elle commence à être appréciée à sa valeur, malgré le boycottage que certains marayeurs ont cherché à lui faire subir. Tous ceux qui, sans esprit préconçu, ont goûté ces Langoustes, les considèrent comme aussi fines et aussi bonnes que les Langoustes de nos côtes. Peu à peu, elle s’imposeront, ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 39 et d’autant plus facilement que la forme dite vulgaire tend à devenir une espèce rare. Cela est si vrai que les vendeuses des Halles que nous avons pu interroger nous ont affirmé que les personnes quiavaient, une première fois, acheté des Langoustes royales, en rede- mandaient de préférence, à cause, tout d'abord, de leur prix un peu inférieur, et ensuite de la qualité, aujourd’hui très appréciée, de leur chair. C’est donc une nouvelle ressource, de grande valeur alimentaire, qui a pu ainsi être introduite sur le marché français, à la suite de nos recherches sur la côte occidentale d’A- frique. 7. P. argus, Linreitic (Milne-Edwards, 1837) (n°40-a) (Pl. IV. fig. 2). Synonymie : Palinurus argus, Latreille, Milne-Edwards, v. Martens, Pfeffer; Pali- nurus americanus, Lamarck.; Senex argus, Ortmann (n° 45). Caractères. — Ceux du genre et, en outre : Article basilaire des antennes internes atteignant parfois le sommet du dernier article pédonculaire des antennes externes. Exopodites de la première paire de maxillipèdes, normaux, avec fouet de 12 à 14 arti- cles environ, non dilaté, bordé, latéralement, de poils et dépassant le sommet du méropodite du troisième maxil- lipède. Exopodites de la deuxième paire de maxillipèdes, comme les précédents. Exopodites de la troisième paire de eiaeillipédes, Fig. 17. — Panulirus argus. a. Cercle avec fouet, non dilaté, de 15 à 17 articles, dépassant le ~ gntennulaire. . Epistome. c. Epimére. milieu du méropodite du troisième maxillipède. Rostre moyennement large, avec cercle antennulaire portant quatre épines princi- pales peu développées, les antérieurs étant les plus longues ‘et comprenant, parfois, entre elles, deux très petites épines (fig. 17, a). Cornes frontales rapprochées, très longues et très recourbées en avant, avec deux épines, beaucoup plus petités, immédiatement en arrière. Epines latérales peu développées et à peu près égales entre elles. Sternum avec deux fortes saillies latérales et symétriques en arrière et une saillie médiane, denticulée, en avant. Epistome avec trois dents antérieures, la médiane étant plus de deux fois plus longue que les latérales, et de 4 à 6 dents, très petites, de chaque côté de la dent médiane, Sillon épistomial peu profond, mais très net (fig. 17, b). Sillons pilifères des tergites abdominaux, dépourvus, généralement, de poils, chez les individus d’assez grande taille, tous très nettement, interrompus sur la ligne médiane sauf sur le sixième anneau. Sternites non denticulés. Epimères avec une dent principale, saillante et pointue, et une secondaire, en arrière, peu pointue. Bord postérieur non denticulé (fig. 17, c). La deuxième paire de pattes est, de beaucoup, la plus longue, surtout chez les grade exemplaires. | 40 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE La cinquième paire est conformée, comme d’ordinaire, avec pince chez la 9, avec griffe simple chez le Gt. La couleur générale du céphalothorax et de l'abdomen (partie dorsale) est un mélange bizarre de jaune, de vert et de violet, ce qui donne aux différents échantillons des couleurs assez différentes suivant que l’une de ces couleurs prédomine sur les autres. Les sillons pilifères de l’abdomen sont teintés de jaune et chaque anneau porte dor- salement, une large tache jaune sur les deuxième, cinquième et sixième anneaux avec deux petites taches plus centrales etsymétriques, allongées transversalement. Les anneaux trois et quatre portent deux taches jaunes allongées, sur leur bord antérieur, mais moins nettes que les précédentes. Les pattes portent des bandes jaunes à la partie dorsale et ont toute la partie infé- rieure jaune. Remarques. — Le céphalothorax est très peu épineux, surtout en arrière, etles sillons sont généralement très accentués. Distribution géographique. — Antilles (M. Edwards), Martinique, Guadeloupe, Cuba, (Martens, Pfeffer}, Porto-Rico, etc. (Muséum Paris); île Tortuga (Muséum Paris); Hon- duras (Pfeffer). De la partie Sud des Etats-Unis, sur toute la côte du Brésil, jusqu'à Rio- de-Janeiro [Moreira]. En un mot toute la région tropicale des côtes orientales d’Amérique. Exploitation industrielle. — D’après mon ami M. Henry, ancien secrétaire général de la Guadeloupe, c’est cette espèce qui est surtout capturée par les indigènes des Antilles, à l'aide de nasses, plus spécialement, et apportée sur les marchés où elle est vendue aux Européens, au prix moyen de o fr. 50 à ofr. 75. C'est elle, également quiest apportée avec le P. lævicauda sur les marchés du Brésil et en particulier de Rio-de-Janeiro, où le prix est assez variable suivant la taille et lasaison, mais, en général, assez bas. Cette espèce peut atteindre une grande taille, facilement jus- qu'à o m. 45 à o m. 50 de longueur pour le corps seulement : c'est donc une forme indus- trielle au premier chef. 8. P. interruptus, Randall 1839 (n° 53) (Pl. IV, fig. 3). Synonymie: Palinurus interruptus, Randal (n° 53); P. gracilis, Streets (ne 61) et Lockington (n° 36); Senex interruptus, Ortmann (n° 45). Caractères. — Ceux du genre et, en outre : Exopodites des trois paires de maxillipèdes normaux avec fouets aplatis, non dilatés; — celui de la première avec 14 à 15 articles, ceux des deux autres paires avec 18 à 2oarticles, atteignant, au moins, et même dépassant le sommet du méropodite de la troisième paire de maxillipèdes. Rostre allongé, assez étroit, avec le cercle antennulaire portant quatre épines princi- pales, très développées, les antérieures étant les plus longues. Généralement pas d’épines secondaires entre les principales. Cornes frontales courtes et peu recourbées avec une épine assez courte en arrière de chacune d'elles. Epines latérales peu développées. Sternum avec deux saillies latérales, symétriques en arrière, et une saillie médiane à PT eal ae eS : \ v. 1s ON 2 une série de lignes sinueuses et d’épines entou- ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE AL une seule pointe, en avant. Vers le centre, deux mamelons arrondis situés l’un derrière l’autre, sur la ligne médiane, et entourés de poils courts. Epistome avec trois dents principales, à peu près d’égale longueur, avec, de chahue côté de la dent médiane, deux dents secondaires, un peu moins développées seulement que les principales (fig. 18, b). Tergites abdominaux avec sillons pilifères larges, remplis de poils courts et nettement in- terrompus sur la ligne médiane, saufle premier et le sixième qui porte, sur la ligne médiane, rées de poils. Sternites non denticulés, sauf le premier . a PAPIERS - xs Fig. 18. — Panulirus interruptus. a. Cercle antennu- qui présente deuxpetites dents de chaque côté, jaire. 6. Epistome. c. Epimère. d. Ornement cé- à une petite distance de la ligne médiane. DRE: Names CR. SON oS; ’ i f. Ornements des orifices génitaux externes du mâle. Epimères, 2,3, 4 et 5 avec une forte épine principale, très pointue, et un bord postérieur arrondi portant une série de petites épines mousses. | La troisième paire de pattes est la plus longue. La cinquième est constituée norma- lement chez le c'et la Q. La couleur générale est jaune verdâtre, plus jaune sur le céphalothorax et l'abdomen, plus verte sur les pattes. Deux taches jaunes, latérales, sur chaque tergite abdominal; bandes jaunes sur la partie dorsale des pattes. Remarques. — Le céphalothorax ne porte de véritables épines que dans la région postérieure : ce sont des sortes de plaques un peu saillantes, jaunâtres, plus ou moins régu- lièrement arrondies, portant une petite épine mousse à la partie antérieure et entourées de poils courts et serrés (fig. 18, d). Le & porte, du côté interne des orifices sexuels, une sorte de peigne, allongé transversalement et denticulé sur son bord libre (fig. 18, f). Distribution géographique. — Cette espèce semble localisée depuis le Nord des côtes de Californie et méme du Sud des Etats-Unis jusqu'au Sud des côtes du Mexique; Californie (Randall et Lockington); golfe de Tehuantepec (Streets); côtes des Etats-Unis (Coll. du Muséum). Exploitation industrielle. —Comme elle peut atteindre une assez belle taille, semble- t-il, son exploitation industrielle est certainement possible, suivant son degré d’abondance mais nous manquons totalement de documentation précise a cet égard. M. Diguet, à qui nous avons montré cette espèce, se rappelle avoir vu, dans le golfe de Californie, une Langouste, bien différente du Pan. inflatus qui est la plus répandue dans cette région et qu’il croit, en effet, être le Pan. interruptus que nous lui avons mis sous les yeux. Nous espérons être fixé sous peu, à ce sujet. 9. P. fasciatus, Fabricius, (Milne Edwards, 1837) (n° 40-a) (PI. V, fig. 3). Synonymie : Cancer polyphagus, Herbst (n° 25); Palinurus fasciatus et P. polyphagus, T. Ul. — Fasc. 4. 6 42 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Bosc (n° 8), Olivier (n° 43) et de Man (n° 37-e) ; Senex ornatus (pro parte) Ortmann (ne 45). Caractères. — Ceux du genre et, en outre : Longueur des fouets des antennes externes dépassant deux fois et demie la longueur totale du corps. Fouets internes des antennes internes dépassant deux fois la longueur des fouets externes. Exopodites de lapremière paire de maxillipèdes, normaux avec fouet aplati, large, de 10 articles environ et atteignant le sommet du méropodite du troisième maxillipède. Exopodites de la deuxième paire de maxillipèdes, normaux avec fouet aplati, mais non dilaté, formé d’environ 10 articles et dépassant un peu le milieu du méropodite du troisième maxillipède. (Ce seul caractère distingue, très nettement, P. fasciatus de P. ornatus, avec lequelil a été parfois confondu; dans cette dernière espèce, en effet, la deuxième paire de maxillipèdes ne porte pas de fouet). Fig. 19. — Panulirus fascia- : sors . ee tio: aol wuteea alate: Exopodites de la troisième paire de maxillipèdes, absents. b. Epistome. c. Extrémité Rostre large avec seulement deux épines dans le cercle an- de la 5° patte chez le ©. Bioline: tennulaire, placées tout a fait a la partie antérieure. Jamais d’épines supplémentaires (fig. 19, a). Cornes frontales courtes et peu recourbées en avant, avec une petite épine immédia- tement en arrière de chacune d’elles. Une seule paire d’épines latérales. Sternum avec un simple renflement médian en avant; pas de saillies bilatérales en arrière, Epistome avec trois dents dont la médiane est, de beaucoup, la plus développée (fig. 19,b). Pas de sillon épistomial, mais généralement une ligne bleue médiane en marque la place. Chez les jeunes, le sillon épistomial est apparent à la partie postérieure, avec une petite surface ponctuée. Tergites abdominaux sans sillons transversaux, mais portant une grande quantité de petites cavités pilifères. Sternites abdominaux sans denticulations. Epiméres avec une pointe principale saillante et bord postérieur arrondi portant par- fois une ou deux épines mousses (fig. 19, à). La troisième paire de pattes est la plus longue. La première paire est relativement grêle et la cinquième présente les caractères ordinaires chez le Set la Q. La couleur générale est d’un vert sale. Chaque tergite abdominal porte une bande transversale jaune qui se poursuit jusqu'à l'extrémité des épimères. Lé céphalothorax, très peu épineux, présente une zone jaune sur les parties latéro- ventrales ainsi que des taches jaunes à la base de certaines épines et des cornes frontales. La partie dorsale des pattes porte des lignes et des ponctuations jaunes. Toute la partie inférieure du corps est, également, de couleur jaunatre. Remarques. — Cette espèce qui est, cependant, d’une netteté absolue, a été souvent méconnue ou confondue avec d’autres. —— 7 ‘ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 43 Dans son travail de 1897, Ortmann propose méme de confondre : ornatus, fasciatus, versicolor, toeniatus, sulcatus et decoratus, sous le nom de polyphagus, Herbst. Nous verrons, en parlant de P. ornatus, ce qu’il faut penser des autres formes, mais “ d’ores et déjà, nous pouvons affirmer que, après un examen très attentif des types de la collection du Muséum, il est absolument impossible de confondre ces deux espèces : ornatus et fasciatus. Distribution géographique. — Les types du Muséum portent comme indication d’ori- gines : océan Indien et île Pinang ou Poulo-Pinang à l'entrée du détroit de Malacca. C’est donc, indubitablement, une espèce de l'océan Indien, mais il est actuellement très difficile, à cause des confusions auxquelles elle a donné lieu, d'indiquer les localités précises où elle se rencontre, sauf pour l’île Poulo-Pinang. Pour les autres, il serait indispensable d’avoir les échantillons sous les yeux. Mais nous espérons qu’avec la description qui pré- cède et l’excellente photographie qui suit, cette belle espèce pourra, désormais, être facilement reconnue par les différents auteurs. Exploitation industrielle. — Le plus bel exemplaire que nous ayons eu sous les yeux mesuraient o m. 27 pour la longueur du corps proprement dit. Son poids, à l’état vivant, pouvait être de 6 à 700 grammes, ce qui est évidemment peu de chose. Mais il est pro- bable que cette espèce peut atteindre un poids plus considérable sans être probable- ment jamais bien élevé. En tout cas, nous sommes réduit à de simples hypothèses et nous ignorons presque tout desonexploitation, si exploitation il y a. Cependant, d’après le Professeur Annandale, superintendant du Musée de Calcutta, c’est la seule espèce de Langoustes qui soit apportée sur le marché de Calcutta, avec Scylla serrata et quelques Penceus et Palæmon. 10. P. inflatus, E. L. Bouvier, 1895 (n°9-a). (PI. IV, fig. 1). _Synonymie : Palinurus Martensii, G. Nobili (n° 42-d). Caractères. — Cette espèce a été décrite très brièvement par E. Bouvier (1); aussi pensons-nous qu'il est indispensable d'en donner, ici, une description complète. Les caractères sont ceux du genre et, en outre : Exopodites de la première paire de maxillipèdes, norm aux avec fouet très dilaté et aplati, de 10 articles environ, atteignant le sommet du méropodi te du troisième maxilli- pède. Exopodites de la deuxième paire de maxil lipèdes, normaux avec fouet aplati, mais non dilaté, à 10 articles environ, atteignant le milieu du méro podite du troisième maxillipède. Exopodites de la troisième paire de maxillipèdes, absents. Rostre large avec deux paires d’épines assez fortes et à peu près égales, les antérieures étant les plus larges à la base. Entre ces quatre épines, on trouve, généralement, quatre autres épines toutes petites et irrégulièrement disposées (fig. 20, a). Cornes frontales assez longues et recourbées en avant, rapp rochées et suivies, chacune, d’une épine assez forte, immédiatement, en arrière. Deux paires d’épines latérales fortes et très pointues. (1) E. L. Bouvier. Bull. Mus. Hist. Nat., Paris, ne 1 1895. 44 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Sternum avec, à la partie postérieure, une surface trapézoïde bosselée et denticulée ; en avant, une saillie pointue médiane; à la partie moyenne, deux ou trois cavités médianes. Epistome avec trois dents épistomiales, dont la médiane est un peu plus longue que les autres (fig. 20, b). Pas de sillon épistomial, Tergites dominant sans sillons transversaux, mais portant un assez grand nombre de cavités pilifères. Epimères avec une dent principale et un lobe postérieur arrondi avec deux à trois dents très nettes (fig. 20, c). La troisième paire de pattes est la plus longue. La cinquième paire présente les carac- tères ordinaires chez le & et la Q. La couleur générale est d’un bleu-indigo Fig. 20. — Panulirus inflatus. a. Cercle antennulaire. sale, Les tergites 1, 2, 3, sont de couleur bleu b.Epistome. c. Epimère.d.Exopodite du 3° maxillipède, 3 F chez les formes trés jeunes. de Prusse assez foncé avec une fine ligne transversale jaune prés du bord postérieur. Les tergites 4, 5 et 6, avec le telson, sont d’un bleu-indigo assez clair, sans ligne trans- versale, mais avec des ponctuations jaunatres assez fortes et régulièrement placées. Les pattes, d’un bleu de Prusse assez foncé, portent, au moins, trois séries longitudi- nales et paralléles de lignes jaunes étroites. Le céphalothorax, tres épineux, porte une bande jaune sur les parties latéro- ventrales. Enfin les épines des pédoncules des antennes externes portent aussi des bandes jaunes. Toute la partie inférieure du corps est bleuatre avec de larges taches jaunes. Distribution géographique, — Basse-Californie (Bouvier); îles Sandwich (coll. du Muséum); côte pacifique du Darien (Nobili). Exploitation industrielle. — Les exemplaires étudiés par M. Bouvier ont été rap- portés au Muséum par M. Diguet qui a bien voulu nous fournir quelques renseignements sur l'exploitation de cette espèce. Ces Langoustes, dit-il, qui sont très abondantes dans le golfe de Californie, ne donnent pas lieu à une pêche en règle ; seuls, les pêcheurs de perles et les rares habitants des côtes vont, detemps en temps, en capturer pour leur propre consommation. Cependant, à Guaymas (Sonora), on pêche la Langouste pour l’expédier sur les marchés des villes situées - le long du chemin de fer allant aux Etats-Unis. Mais cette exploitation ne donne pas lieu à une entreprise bien importante. Pour la pêche de ces Crustacés, qui vivent dans les fonds rocheux, on se sert d’un harpon très grêle et sans crochet (fisga) consistant en une simple tige de fer, longue d’environ un mètre et attachée à une corde. | Remarque. — Dans une forme très jeune, appartenant, sans aucun doute possible, à cette espèce et provenant également de la collection Diguet des côtes de Californie, j'ai trouvé un tout petit exopodite sur le troisième maxillipède. (fig. 20, d); cet appendice doit entrer en régression très rapidement puisque je ne l’ai pas retrouvé chez un exem- plaire un peu plus grand; il est remplacé, chez l'adulte, par une simple touffe de poils. tits ee es L'n « dti a de À. ee EVE ac ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 45 C’est le second exemple, avec celui signalé chez P. regius, de régression de l’exopodite du troisième maxillipède, que nous avons rencontré au cours de cette étude. 11. P. /œvicauda, Latreille (Milne Edwards, 1837) (n° 41-a) (fig. 21). Synonymie. — Palinurus leevicauda, Latr.; Panulirus inermis (jeune)? Pocock (n° 49); Panulirus ornatus (pro parte) Pocock et divers auteurs; Pal. levicauda, Lat. (Moreira, n° 41). Caraciéres. — Cette espéce, signalée par Latreille et Desmaret comme provenant des cétes du Brésil et dont ils ont donné une description des plus sommaires, a été méconnue, jusqu'ici, par tous les auteurs qui se sont occupés de ce groupe de Crustacés. Elle a été, en tout cas, confondue avec P. ornatus. C. Moreira la signale, avec raison, sur les côtes du Brésil, à Pernambuco et Rio de Janeiro et en donne une description que nous allons simplement résumer ici, pour montrer qu'elle se distingue nettement de P. ornatus. Les caractères sont ceux du genre et, en outre : Exopodites de la première paire de maxillipèdes, normaux avec fouet. Exopodites de la deuxième paire de maxillipèdes pourvus d’un exopodite bien développé, avec fouet multiarticulé. (C'est là un caractère qui sépare nettement cette espèce de P. ornatus dont l’exopodite de la deuxième paire de maxillipèdes est dépourvu de fouet.) Exopodite de la troisième paire de maxillipèdes presque nul quand il existe et, en tout cas, complètement dépourvu de fouet. Rostre bien développé avec l’anneau antennulaire portant quatre épines, entre lesquelles se trouvent, souvent, une ou deux épines très petites et disposées sans ordre. | Cornes frontales assez longues et recourbées en avant, plus petites que chez P. argus, mais plus grandes que chez P. gutlatus, avec, immédiatement en arrière, une épine beaucoup plus petite. Deux paires d’épines latérales à peu près de même taille que ces dernières. Épistome avec trois dents. Tergites abdominaux dépourvus de “ions transversaux. Epimères avec une épine principale et un bord postérieur arrondi, bordé de petites épines. La troisième paire de pattes est la plus longue. La cinquième paire est constituée comme à l'ordinaire. La couleur indiquée par Moreira, d’après des échantillons secs, est la suivante : le céphalothorax, partie antérieure et centrale par rapportau sillon cervical, est vert sombre avec de petites taches jaune clair; les cornes frontales sont rougeatres avec des ponctuations jaunes ; la partie postérieure par rapport au sillon cervical est rougeâtre au centre avec une bande jaune sur les parties latéro-ventrales ; les épines et les tubercules conservent Ja couleur rougeatre. Les trois premiers tergites abdominaux sont verdâtres à la partie antérieure, d’un rouge sale à la partie postérieure et présentent une ligne transversale régulière de points jaunes, parallèles au bord postérieur et très rapprochés de lui. Les épimères portent aussi des 46 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE ponctuations jaunes. Les autres tergites abdominaux sont d’une couleur générale vert sombre avec une bande postérieure rougeatre foncé portant aussi de petites taches jaunes. Les pattes sont striées, longitudinalement, de rouge, et la partie médiane porte des: ponctuations jaunes. Le telson est verdatre, ponctué de jaune. Distribution géographique. — Côtes du Brésil où, d’après Moreira, il semble même plus commun que P. guttatus et P. argus; Guyane française (Muséum Paris) ; île Fernando Noronha ? (Pocock). Remarques. — L’unique exemplaire miniature, décrit par Pocock sous le nom de P. inermis et provenant de l’île Fernando Noronha, me paraît devoir se rapporter, sans aucun doute, à une forme intermédiaire entre la larve et l’adulte de P. loevicauda. . De même, les échantillons « passable- ment communs », de même provenance et rapportés à P. ornalus, doivent, en réalité, être rapportés, non à cette espèce qui est une forme nettement indo- pacifique, mais aussi à P. levicauda, abondant dans cette région et qui semble inconnu de Pocock. Cette espèce est extrêmement voisine par tous ses caractères anatomiques de P. inflatus Bouv., mais elle s’en distingue par la couleur et les ornements colorés de l'abdomen, comme on pourra le voir en comparant les deux descriptions. Je me suis demandé un moment s'il n'y avait pas lieu de les réunir, mais je ne crois pas, pour le moment, que cela soit possible. l'une est localisée sur la côte Pacifique (inflatus), l'autre sur la côte Atlantique . (lævicauda). Elles ne sont séparées, en réalité, que par l’isthme qui réunit les deux Amériques. Il est, par conséquent, fort possible que ces deux espèces, si voisines, dérivent d’une souche commune et qu’elles aient été séparées au moment de la réunion des deux con- tinents américains. Elles ont évolué, depuis lors, dans des conditions biologiques un peu différentes et elles ont pu prendre les caractères distinctifs, bien peu importants, du reste, qui les séparent actuellement. Fig. 21. — Panulirus levicauda, d’après Moreira. a. 3° maxilli- pède. b. 2° maxillipède. Ces deux espèces sont américaines : : ss ru ad Dés ee NÉ SC CS ee ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 47 Exploitation industrielle. — D'après Moreira, destrois espèces que l’on rencontre sur les côtes du Brésil : guftatus, argus et lœvicauda, c’est cette dernière qui paraît la pius commune et qui est apportéeen plus grande abondance sur les marchés. Elle ne donne pas lieu, du reste, à une exploitation industrielle bien considérable. 12. P. ornatus, Fabricius(Milne Edwards (1837) (n° 40-a) (PI. IV, fig. 2 et 3). Synonymie : Palinurus sulcatus, Lmk.; Pal. homarus, Herbst (n° 25) ; Pal. versicolor, Latr.; Miers (n° 39-a); Pal. iœniatus, Lmk. (n° 32); Pal. ornatus, var. decoratus, Heller, (n°23-c) Senex ornatus, pro parte, Ortmann (n° 45); Pal. fasciatus, Fab. Offmann (n° 44). Caractéres. — Ceux du genre et, en outre : __Exopodites de la première paire de maxillipedes, normalement développés avec fouet de 10 articles environ, aplati, élargi et atteignant le sommet du méropodite du troisième maxillipède. Exopodites de la deuxième paire de maxillipèdes, atrophiés, sans fouet, atteignant à peine la base du méropodite du troisième maxillipède. Exopodites de la troisième paire de maxillipèdes, nu/s ou parfois réduits à un tout petit bouton. Rostrelarge avec l’anneau antennulaire portant quatre épines principales dont les deux postérieures sont les plus courtes, avec deux ou quatre épines secondaires, placées irrégulièrement entre les premières (fig. 22, a). Cornes frontales longues, rapprochées et fortement recourbées en avant. Pas d’épines sternales, mais un simple petit renflement, à la partie antérieure du sternum. Epistome avec trois dents dont la médiane est la plus longue. Sillon épistomial à peine indiqué, au centre d’une surface triangulaire ponctuée de petites cavités (fig. 22, b). Tergites abdominaux sans sillons transversaux, mais couverts de ponctuations transversales. Sternites abdominaux non denticulés. Epimères de 2 à 6 (fig. 22, c) avec une pointe principale saillante et un bord Fos rieur arrondi et portant de 3 à 5 denticulations. La troisième paire de pattes est, de beaucoup, la plus développée. Certains exemplaires de l’île Maurice présentent la troisième paire de pattes extré- mement grande. Leur longueur atteint souvent le. double de celles de la quatrième paire. La patte de Langouste géante, provenant de l’île Maurice et signalée par Milne Edwards (Hist. Naturelle des Crustacés, P. 301-302) appartenait certainement a un P.ornatus de trés grande taille. La cinquième paire de pattes porte, chez la 9, une pince disposée comme d’ordi- naire, mais relativement faible, dans certains cas. Chez le &, elle est terminée par une simple griffe avec 2 ou 3 paires de pointes chiti- neuses entourées de poils courts et raides. La couleur générale est verdatre avec des cubes ou bandes bleuatres et d’autres jaunes, sur le céphalothorax, les antennes, les pattes et l'abdomen. 48 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE La coloration est, du reste, assez variable suivant l’origine déces crustacés. La forme type présente, sur les tergites abdominaux, deux taches jaunes parallèles de chaque cé1é occupant toute la partie antérieure des anneaux et dirigées obliquement d'avant en arrière et de dedans en dehors. Les deux derniers anneaux ne portent qu’une seule tache de chaque côté. Les pattes sont verdâtres, mais marbrées de taches jaunes irrégulières. La forme t@niatus de Lamarck, qui n’est qu'une variété de ornatus, présente une couleur jaunâtre avec des taches et bandes bleu de Prusse et jaune. Les tergites abdominaux portent chacun, vers leur partie postérieure, une bande transversale bleu de Prusse, traversée, en son milieu, par une raie jaune qui se poursuit jusqu’à la pointe latérale des épimères. Les pattes sont vert bleu avec des lignes longitudinales jaunes. Cette forme correspond nettement à la variété decoratus de Heller, mais le nom de taniatus ayant la priorité, nous le lui se pe ROUE 5 NEA | AA \ an th 1 À a OS 7 conserverons. On trouve cette variété dans les échantillons Wy provenant de l’île Maurice, de Mascate et de Java. ; d af Deux exemplaires de Tanga (Afrique occidentale allemande) portent, sur les tergites abdominaux, l'un une raie jaune trans- Fig. 22. — Panulirus orna- Versale, l'autre de simples taches, ce qui montre que les deux tus. a. Cercle antennulaire. variétés peuvent se trouver réunis au même endroit. 4 eae o gale Un exemplaired’Obock (Afrique orientale francaise) montre un céphalothorax tres peu épineux, comme fasciatus, et les exopodites de la deuxiéme paire de maxillipédes portent un fouet extrémement rudi- mentaire, a peine visible. ©’est une forme de passage entre fasciatus et ornatus, mais lexemplaire appartient nettement à cette dernière espèce. Remarques.— Chez un très jeune P. ornatus d'Amboine; j'ai observé, sur le deuxième tergite abdominal, un sillon pilifère transversal, légèrement interrompu sur la ligne médiane ; le troisième ne porte qu’un tout petit sillon localisé aux parties latérales, et les autres, seulement une toute petite cavité pilifère latérale. Ces sillons entrent en régression et disparaissent chez l’adulte. Un exemplaire de Mascate présente une monstruosité à l’antenne interne gauche. Cette antenne est bifurquée. La branche gauche est normale et la branche droite double, chacune portant deux fouets dont l’interne est atrophiéet l’externe normal. Les exemplaires de P.ornatus signalés par Herklotz sur la côte occidentale d'Afrique doivent être rapportés, comme nous l’avons montré plus haut, à P. regius. Ceux signalés par Pocock sur la côte orientale d'Amérique appartiennent certainement à P. leevicauda. Enfin, dans sa faune carcinologique du Pérou, Miss Rathbun indique P. ornatus et P. fasciatus comme se rencontrant du Sud de la Californie au Pérou. Tout d'abord, je fais remarquer que ces deux formes sont parfaitement distinctes. Ensuite, bien que la chose puisse être possible, il me paraît, néanmoins, très difficile d'admettre que P. ornatus s'avance aussi loin vers la côte américaine. Comme Rathbun confond éga- lement le P. inflatus de Bouvier avec l’ornatus, très voisin, il est vrai, je suis amené à ani a à CORPS a PTE ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 49 croire que la forme à laquelle cet auteur fait allusion est bien P. inflatus Bouvier et non P. ornatus Fabric. Distribution géographique. — Cette espéce est, il est vrai, l’une des plus répandues et et des plus cosmopolites, mais certains auteurs ont voulu la retrouver a peu près partout. En réalité, c'est une espèce exclusivement indo-pacifique; elle appartient même beaucoup plus à l’océan Indien qu’à l'océan Pacifique. Les principales localités où elle a été, certainement, recueillie sont les suivantes : Zanzibar (M: Edwards); Mozambique (Hilgendorf) ; Tanga (Muséum Paris); Obock (Muséum Paris); récifs de Saint-Augustin à Madagascar (Muséum Paris); Mayotte, Maurice (M.-Edw., Hoffmann, Muséum Paris); Réunion (Hoffmann, Muséum Paris) ; Singapour (Walker) ; Java (Heller) ; Bornéo (Miers); Cochinchine (Moluques, Amboine, Miers, Hilgendorf, de Man, Muséum Paris); Nouvelle-Guinée (Miers); côtes Nord de l’Aus- tralie, etc. (Miers, Haswell); îles Samoa (Haswell). Exploitation industrielle. — Cette forme est l’une de celles qui atteignent la plus grande taille. J’ai vu certains exemplaires de, Maurice qui mesurent jusqu’à o m. 60 de longueur du corps proprement dit(sans les antennes) et qui doivent peser, à l’état frais, de 4 à 5 kilogrammes. C’est donc une espèce qui, par sa taille et sa grande a peut être avantageusement exploitée. Cette forme semble très abondante sur la côte occidentale et sud-occidentale des Madagascar, dans la baie de Saint-Augustin, à Nossi-Bé, à la pointe Barrow; les indigène la capturent, à marée basse, simplement à la main, sans le secours d’engins d’aucune sorte, dans les creux des récifs. Ils utilisent simplement leurs sagaies pour les extraire de ces cavités. Les Langoustes sont vendues aux Européens entre o fr. 50 et 1 franc, mais elle ne sont jamais consommées par les indigènes. Nous soupconnons que cette espèce, ainsi que Pan. dasypus, doit se trouver, en grandes quantités, dans le golfe du Tonkin, plus spécialement autour de l’île de Bien Son, sur des fonds de roche; mais nous ne pouvons encore affirmer que ce sont bien la les deux espèces qu’on y rencontre et qui. donnent lieu à une pêche importante. T. Ill. — Fasc. 4. 7 , ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 50 ‘sniouqey ‘sngouso ‘A ‘TI alone’ Sppnvoiday ‘4 ‘II “HIANOG ‘7-4 ‘snzvyfur *g ‘O1 “snouqex “snivtosf +g ‘6 *]yepney ‘snidnasajut "A ‘8 “opponeT ‘sn64v ‘4 ‘L *orjode) o1g op “sn18o4 ‘4 ‘0 ‘aypioney ‘sndAsvp ‘4 °¢ ‘ueeH op “tuasung ‘4 ‘Ÿ “JOIAIO ‘snzwppioruad *g ‘€ “oIONET ‘snj0jyns *gq *% *pjoqais ‘A ‘snoruodo{ ‘4 ‘1 *tt+ "Inu quaanos snjd 9] opodifjIxeuu ouigistos np op -odoxy ‘In2[N09 sweUI op so]RsIOASUBI] SOPURQ SAP 2948 iQiue] ‘soune{ soyoe) sap 9948 ]QIUE] XNBUIWOpqe sousiey, *sjiod sues ‘xnouido nod zasse xeroyioeyd9n “+ +“yanof suvs apadiixew owaixnop up aipodoxy | | rettsssesesseeesesreteres+1nu anbsaud ‘opadrpxeuu owaIsIOn np aypodox4 ‘(ojenues anbugwy,| op 2j -U9n0 9199) sounef suonenjouod sap daav soneg ‘soune! suonenjauod op 9[8SISASUBI] OJIBQUI] 219$ UN 9948 xneurwmopqe sail81ar, ‘ongeSnoi-io4 ojeroug8 anaqnoo | **** ‘sjlod ap weanod 19 xnou1d? xeJoyioeyd9 ‘sajediourd sourd9 gee cyte Feats stays sttsseseses sony fopadifIIXEUU aurgision atzonb 9048 aBNUUAUE FWD À y morjavrypnu np aa ‘(ajenuso anbugwy,] ep ojejuapro90 jyanof 9240 919) 2nu11u09 sounel sayeuIpNisuo] SoleI 9048 Sa]eq opodunxeu ‘anuljuoo 19 91101? ounel o1es oun ju8110d xneurwopqe oweIxnop sa118191 SIoILU9Id SIOIL -0Bipui-no[q ayeigu9s Ino[n07 np aupodoxy | PA D PR Sn A NE Saat A D *SOJUPIIIES nod 10 sasneiquiou nod Pat ea eee ee soredrourd sou1d9 souido e xelouy10jeuyd9") “sonSuo] Soi Soulajxo souuajuy | Xnap 9948 oJe[nuuaue 219199 RE A sees ete eeteeeesegingn | -uop sosauidg sap imowaisod pioq { sajes9 sayerwmoys -id9 sjuop sioig ‘sonbejd sues ‘xnourdg xeioyojeydan < Shen Remettre Mano 0940 ened \ tirer te tepnonuep uou sareuide sap Inoua1sod -IJIXEW OWAISION np a1podoxF plog ‘sojeiaie] xnop say onb agddojaaap snjd dnoo es is À -nv9q aueIpalu ayerwojsid9 1u9Q ‘iurae ud ould aynod *sndmossaqur) aun juejiod sorpuore sonbejd ap 3194109 xeoylojeydan xneulmopqe S9118191 tinttitrtettttttett-S9[olU9Pp UOU ‘SJIOIP XNEUIWOpqE sap SUOIIIS suoIIIS “janof Jaap Sopediiiixeu sowaixnop sap ay1podox4 eee ern see er hse 142800 PAU "ss" "ss 9UBIPQU OUST] B] Ins sndwodajul Juow21989] -I][IXBeW oUIZISION np a1podox4 SUIOW ne SINO{No} 19 S9]o]UDpP XNEUILUOPB S9118191 sop oF de SUOIIIS “Janos suvs sopadiixeuu sawerxnoep sap aypodox4 \ Ja sajojuop sinofno) pa tale ae aor cea ey Sree ea S juasgv oped à -IJIIXRUU OWUISION np 2]podox4 21yd041v 1an0f 2aav sopadipixeuu souarxnop sop aupodox \ | CCC ee ss... * xnourda nod xesomio] \ -eydan -naiiue UO]IIS SUBS LUNUIAIS “aseq E] B SalUNDI *sndwmossaqurur sono} ‘sayediourd sourd9 241Pnb 9048 osreynuusque 219199 | “*yanof 9240 apediyjixeut ouigix xneurmopqe -nap up INj99 ‘zanof suvs apad 9113191 | Are *+puojoid AINII9IUB [BUI9]S UOT]IS *xnourd9 son -I]JIXBUI OWWQISION np aypodox sap SUOIIIS | xeJoyojeud?) ‘Soliepuosos sourd 9 no ÿ ‘x ‘yueae ae ua 9a soyedioutid sourd? xnap 9048 oJIenuualue 212199 / sors Re et" IA US SSJ02TUSD. UOU sens tint te ROL aap aped sosguuidy ‘soyediouid sourd9 xnap so4e asrejnuuajue [9109 À -1xeuw owueision np aypodoxa | “SMATNUCT AYNAD AV INVNALYVddV SHOHASA SAAC ANOIWOLOHDIG NVATAV J, ‘SJU25Q0 xneurwopge *szuasaud Xneurwuopqe $9118.19] SOP SUOIIIS -S0)1819] Sop SUOJIIS "SNALNUD 91UIH ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 51 Conclusions. — Ce travail a pour but de reprendre d’une façon complète, au point de vue systématique, l'étude du groupe des Palinuridæ, en cherchant à y mettre un peu d'ordre et de clarté. Je ne sais si j'aurai réussi. Mais, j'aurais voulu, en même temps, montrer à quelle exploitation industrielle ces crustacés, si recherchés pour nos tables, pourraient donner lieu, plus spécialement dans nos colonies françaises. Or, dans la presque totalité des cas, nous nous sommes trouvé absolument dépourvu de tout renseignement scientifique sérieux. Les rares ouvrages ou mémoires qui parlent, accidentellement, des Langoustes de nos colonies, ne font qu’in- diquer des noms indigènes qui ne signifient rien et, souvent même, certains confondent Homardsavec Langoustes! On peut donc dire,sansexagération, que nous ne savons rien sur cette question, sauf, toutefois, en ce quiconcerne l’Afrique occidentale française en particu- lier et la Côte occidentale d’Afrique en général, où nous avons pu recueillir, nous-même, les éléments qui nous ont permis d'écrire, avec certitude, la partie de ce travail qui con- cerne notre possession Ouest-africaine. Cela montre, tout d’abord, la nécessité de ces travaux à longue portée, et ensuite quels résultats économiques découlent, parfois, de recherches qui peuvent sembler, tout d'abord, purement spéculatives mais qui finissent par aboutir, à un moment donné, à des résultats éminemment pratiques aux points de vue industriel et commercial. Nous croyons que l’histoire du Panulirus regius est, à ce point de vue, l’un des meilleurs exemples que l’on puisse invoquer, et nous sommes heureux de constater que nos efforts, sur ce point tout au moins, ont été couronnés de succès. Notre immense domaine colonial recèle, dans les eaux qui le baignent, des fortunes inestimables, mais dont nous ne tirons à peu près aucun parti pratique, parce que nous les ignorons presque complètement. En ce qui concerne les Langoustes, en particulier, on peut dire que toutes nos colonies en possèdent au moins une espèce, souvent deux ou trois, parfois très abondantes, et dont nous ne tirons cependant aucun parti économique, alors que les Anglais, les Japonais, etc., grâce à la fabrication des conserves de crustacés, ont développé chez eux des industries florissantes. Nous venons de commencer, enfin! l'exploitation de nos richesses maritimes par l'Afrique occidentale française ; espérons que nous n’en resterons pas là ! 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Edw. ; face dorsale, G2 Fic. 5. — Linuparus trigonus, de Haan, vu par la face dorsale, G= : 3° : Fic. 6. = Panulirus Burgeri, de Haan, vu par la face dorsale, G= = | PLANCHE II Fic. 1. — Jasus Lalandei, M. Edw., vu par la face dorsale, G==. : _ Fic. 2. — Panulirus truncatus, M. Edw., vu par la face dorsale, G=1. _ Fic. 3. — Le même, vu par la face ventrale, G = 1. À Fic. 4. — Panulirus penicillatus, Oliv., vu par la face dorsale, G = ; Fic. 5. — Panulirus dasypus, Latr., vu par la face dorsale, G= ; Fic. 6. — Panulirus regius, Brit. Cap. « Natant stage », vu par la face dorsale, G3: _ Fic. 7. — Le même, vu par la face ventrale, G = 3. PLANCHE III Fis. 1. — Jasus Verreauxi, M. Edw., vu par la face dorsale, G= —. : _ Fi. 2. — Panulirus penicillatus, Oliv., vue de la région du cercle antennulaire, CT Fig. 3. — Panulirus guttatus, Latr., vu par la face dorsale, G= = Fic. 4. — Panulirus regius, Brito Cap., vu par la face dorsale, G — 3 Fic. 5. — Le même, forme très jeune, montre, à cet âge, la présence de sillons interrompus sur les tergites abdominaux, G — 2. 56 Pa ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE PLANCHE IV Fic. 1. — Palinurusvulgaris, Latr., vu par la face dorsale, G = a : Fic. 2. — Panulirus argus, Latr., vu par la face dorsale, G = ; Fic. 3. — Panulirus interruptus, Rand, vu par la face dorsale, G— a PLANCHE V Fic. 1. — Panulirus japonicus, v. Siebold, variété indo-japonaise, vue par la face dorsale, G=-. Fic. 2. — Panulirus japonicus, v. Sieb., variété indo-africaine, vue par la face dorsale, G =-. Fic. 3. — Panulirus fasciatus, Fabr., vue par la face dorsale, G— 3 PLANCHE VI : Fic. 1. — Panulirus inflatus, E. L. Bouv. , vu par la face dorsale, G= = 2,5 Fic. 2. — Panulirus ornatus, Fabr, forme normale, vue par la face dorsale, G — x I 4 Fic. 3. — Panulirus ornatus, Fabr., var. : teniatus, Lmk., vue par la face dorsale, G— See 14595-11, — Coreen. Imprimerie Créré. 56e L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE LES DE ANNAL act. ph PAL PL. ST em DE D.-A. LONGUET, IMP. PHOT. TS RE en rer een wo it Re ns ATOM POLL AT RS f ‘gi 4 Gof Lt , € Pu "24 :. 86 M: À et À a eae i È re Re i nes 4 : x ‘ re c i : vi os > j 5 FE . | { A7 7 Z ery act E i m7 ET = * À e L ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Cintract. phot à. PL. II Fig. 3 Fig. 5 | Ex sm Lhe aid root ph pa pe or D. A. LONGUET, IMP. PHOT. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Cintract. phot PAL PL III D.-A. LONGUET, IMP, PHOT RL AUX D ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Fig. 2 Fig. 1 ee Cintract. phot Wes PL. IV D.-A. LONGUET, IMP. PHOT ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Cintract. phot. PL. D.-A. LONGUET, IMP. PHOT. ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE Cintract. phot. PALI PL. VI pi D.-A. LONGUET, IMP. PHOT. PA le ¥ 4 SRE TU = "i BY CA à Note sur la faune et la flore des quais et bateaux de Boulogne-sur-Mer _ Par Casimir CEPEDE, Préparateur à la Station zoologique maritime de Wimereux. & L'examen des objets recueillis vivants, dans leur pleine activité éthologique, leur préparation, leur détermination par comparaison avec les formes déjà classées en collections, est la plus saine des distractions en même temps qu’elle donne à l'esprit des qualités d’ordre, de jugement, d’esthétique visuelle, susceptibles d'applications nombreuses dans les domaines les plus divers de l’art et de la science. » (Alfred Giard : L'éducation du morphologiste, p. 10). Dans un précédent travail (1), j'indiquais que « l'absence des documents de Grarp m'obligeait à retarder la publication de nos communes recherches sur le plankton marin du Pas-de-Calais (1905-1908), comme elle ne me permettait pas encore de publier les observations pourtant si intéressantes que nous avons faites ensemble sur certains con- sortia biologiques comme la faune et la flore des colonies de Ciona des vieux bateaux et des quais, du port de Boulogne... ». Bien que ces documents ne me soient pas parvenus, je crois utile de rassembler, dès à présent, les faits que je possède sur ce derniersujet. Chaque fois qu'une détermination aura été faite par Giarp qui me l'aura confiée, je me ferai un vrai devoir de reconnaissance de l’indiquer avec précision. La pauvreté de la documen- tation de notre bibliothèque m’oblige à laisser momentanément dans l'ombre certains faits d'observation que l'insuffisance des ressources bibliographiques ne m'a pas permis d'utiliser en vue d’une détermination spécifique précise. Je les réserve pour un mémoire ultérieur où viendront s’ajouter les faits que nous apportera l'observation minutieuse de nombreux matériaux fixés. : * * + En septembre 1906, je commençai les recherches sur ce consortium biologique avec (1) 1910. Casrmir Cépzpe, Le problème de la nourriture de la Sardine, in Bull. de la Soc.acad. de Boulogne-sur-Mer, t. IX, p. 4 du tiré à part, p. 1-27 (note de bas\de page). T. IL. — Fasc. 5. I 2 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE la haute collaboration de mon maitre Giarp quiavait bien voulu m'y convier. Le 12 septem- bre, nousrencontrions dans l'intestin des Ciona du bassin à flot, quelques exemplaires de la belle Diatomée Coscinosira polychorda Gran que nous ne connaissions pas encore du Boulonnais. Vue de face, elle rappelle beaucoup un Coscinodiscus; vue de profil, elle montre quatre ou cinq cordes qui réunissent les frustules entre eux et la définissent comme appartenant au genre Coscinosira (fig. 7, pl. I). Cette Diatomée, étudiée par Gran en 1897, a été d’abord décrite par cet auteur sous le nom de Coscinodiscus polychordus Gran; mais, en 1900, ce méme observateur créa pour elle le genre Coscinosira adopté par JORGENSEN (1905) et dans lequel rentrent les deux Coscinodiscées arctiques: Coscinosira polychorda Gran et Coscinosira Oestrupii OSTENFEL». Tandis que C. polychorda est considérée, à juste titre, ainsi que le confirment les pré- sentes observations, comme une espèce néritique des côtes de l’Europe septentrionale, Cosc. Oestrupii n’est pas rare, d’après OsTENFELD (1900), dans l’océan Atlantique septen- trional. CLEvE (1900) a noté C. polychorda. par des températures oscillant entre — o°9 et 7°7 avec une moyenne de 5°1 provenant de 6 observations, et par des salinités oscillant entre 34,40 et 35,56 avec une moyenne de 34.85 provenant aussi de 6 observations. II l’a étudiée dans des récoltes dés Far-oër et du Sud de l'Islande. Nous pensons que la localité de Boulogne, que nous signalons maintenant, est, jusqu'ici, la localité la plus méridionale connue de cette Diatomée. Avec elle, on note Dictyocha fibula Eur., qui doit être le même Silicoflagellé qu’Eu- gène Canu (1) a signalé dans le Pas-de-Calais sous le nom de Dictyocha speculum Enren- BERG et que nous avons rencontré assez souvent dans nos planktons néritiques. L'étude anatomique de ces Silicoflagellates mérite d'être reprise avec l’aide de la technique micro- graphique moderne. La méthode des frottis, inaugurée par M. SiepLecxt (1898), donnerait sûrement ici d'excellents résultats. Ce Dictyoché me paraît plutôt être D. fibula que le Dictyocha (= Distephanus) speculum Eur., que j'ai d'ailleurs observé aussi dans nos planktons côtiers. I] est intéressant de noter que les spécimens étudiés parmi les Ciona étaient bien vivants, ce qui confirme leur habitat néritique. La géonémie de cette espèce demande à être établie d'une manière précise et sera rendue très délicate par la confusion regrettable qui a été faite très souvent entre Dictyocha fibula Eur. et Distephanus specu- lum Eur. Parmi les Ascidies, nous rencontrions,.Giarp et moi, avec deux prostomes moins communs que nous n’avons pas déterminés, un Turbellarié que Giarp m'avait tout d'abord déterminé avec doute comme appartenant peut-être à Enterostomum fingalianum CiaparÈDe. Mais, plus tard, Giarp précisait, avec le concours de sa bibliographie, cette détermination. Il m’avisait de Paris qu'il ne s’agissait pas d’Enterostomum fingalianum vu par CLAPARÈDE en 1862, et d’ailleurs trouvé pour la première fois dans les eaux boulonnaises par P. Hatiez, en 1878, dans un dragage au banc des Platiers, par une profondeur de vingt brasses. Le 27 avril 1907, Giarp m'écrivait à son sujet : « Le Turbellarié à bandes violettes que je vous avais rapproché d’Enterostomum fingalianum est en réalité Plagiostoma (1) Euc. Canu, Diatomées etalgues pélagiques abondantes dans la Manche du N.-E. Annales de la Station agricole de Boulogne-sur-Mer, vol. I, part. II, juin 1893, p. 113-116 et fig. 7, pl. VII. ae à à 4. * Ta ee ia à den ait, ou dpt * yi" . ee a ee ee Se Re ee TI de pi de D LS nes ds © ARE ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 3 vittatum Frey et Leuckarrt. J'ai noté qu'il varie, mais sans préciser les variétés (bandes déficientes. Hatiez, dans son catalogue, dit qu'il n’a vu que le type. Vous avez pu vous convaincre que les variétés ne sont pas rares à Boulogne... » . Et, dans la même lettre, il me confirmait la détermination des Hydraires des Ciona : « L'Hydraire qui recouvre les Ciona est bien Gonothyrea Lüveni mêlé à quelques Obelia qui nous avaient troublés par leurs gonothèques médusipares.... » Notons, en outre, Podocerus falcatus L. et Caprella linearis Lin. Cette dernière est particulièrement fréquente parmi les Ascidies. Elle vit en grand nombre à leur surface, comme les Parambius typicus Kr. vivent sur les Asteracanthion rubens L. Lorsque l’eau des cristallisoirs commence à se putréfier, ils viennent à la surface où ils formentunevérita- ble trame. De quoi se nourrissent ces caprelles, c'est ce que nous ne pouvons dire encore. Avec ces Amphipodes, on trouve un petit Harpactide non encore signalé chez nous. L'étude des cinquièmes appendices thoraciques en fait une Stenhelia (!) simulans (?) ; mais parfois Giarp et moi avons noté 5 soies à cet appendice ; parfois, au contraire, nous en avons noté 6. Cette différence nous fait donc hésiter encore entre Stenhelia (!) simu- lans (?) et S. (!) ima(?). Cette étude du 12 avril 1907, nous montra, en outre, sur ces Ascidies, la Nerilla antennata, étudiée dans la Méditerranée par S. PEREYASLAWZEWA et réétudiée récemment par P. pe Beaucnamp du vivier de Roscoff où semble exister une faune rappelant celle du bassin à flot de Boulogne. De nombreuses Ophriotrocha puerilis Cpp. et METscu. nous permirent de revoir toutes les transformations de l’appareil masticateur” que J. Bonnier a si bien étudiées et représentées (1893). Nous observames aussi l’intéressant Ctenodrilus dont MoNTICELLI a étudié la forme sexuée (1907). Le biologiste italien communiqua d’intéressantes observations sur la sexualité et Ja gestation de Ctenodrilus serratus O. Scum. de Naplesau Congrès des naturalistes italiens: à Milan (1906) et exposa, en montrant de superbes figures, un cas intéressant de sexualité chez un autre Cienodrilidæ au Congrès de l'Association française tenu à Reims en 1907. Ces derniers faits confirment les premières observations de Moxricezu sur C. serratus et montrent que, à une époque de l'année, les Ctenodrilid@ acquièrent la reproduction sexuée avec gestation des jeunes. Et Grarp, comme discussion (1907), ajoutaitavec raison que le Cienodrilus est commun à Wimereux et à Boulogne parmi les Ciona intestinalis qui tapissent les écluses et les bouées du bassin à flot. Jamais nous n'avons encore constaté chez Ctenodrilus d'autre reproduction que le développement gemmifère. Il sera intéressant de pousuivre l'étude de Ctenodrilus à diverses époques de l’année, spécialement dans la saison chaude. De belles touffes d’un élégant Bryozoaire se voient par places au-dessus des tas d’ Asci- dies. Le premier examen fait ranger ce Bryozoaire dans le genre Bugula. Mais, avec les documents dont nous disposons, il nous a toujours été impossible de l'identifier spécifi- quement. 3 4 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE Et je trouve, dans les déterminations que me donnait Giarp, la mention suivante : « Un Bugula que Catver croit nouveau ». Nous verrons bientôt que CaLver me confirma son idée en 1910. Avec eux, nous vimes une 7 yposyllis que nous n'avons pas identifiée. Sur les Obelia et les autres Hydraires qui tapissent les Ciona, nous avons noté plu- sieurs Licmophora, belles Diatomées en éventail, que j’ai pu identifier plus tard, grâce à la magistrale étude des frères PERAGALLO sur les Diatomées marines de France. A noter : Licmophora nubecula Kitz. (fig. 21), Licmophora dalmatica Kürz., cette dernière comptant parmi les Licmophores les plus élancées de notre flore et caractérisée par 30 stries. Dans les hydraires pondent les Phoxichilidium qui simulent ainsi des oothèques. On trouve, en outre, d’assez nombreuses Æolis despecta qui, elles aussi, pondentsur les hydrai- res : Obelia flabellata. Celles-ci rappellent nettement la planche 29 de Hincxs (British Hydroids); de plus, la méduse répond exactement à la diagnose qu’en donne BETENCouRT dans son Catalogue des Hydraires du Pas-de-Calais. La thèque de la méduse est sans dentelures et la méduse a 24 bras. Enfin, Graro observa T'ubularia simplex qui est une rareté pour la faune de notre région. Nous notons aussi la forme gallo-provinciale de Mytilus edulis qui, comme me le disait Grar», ne doit pas être confondue avec Mytilus gallo-provincialis de la Méditer- ranée. Je crois, en effet, qu'il s'agit d’un simple phénomène de convergence morpho- logique s’expliquant aisément par l’action du milieu. J'ai pu étudier les Mytilus gallo- provincialis de la Méditerranée, cultivées sur de vieux chalands. Ce milieu rappelle la coque des vieux bateaux du bassin à flot de Boulogne toujours baignée par les eaux. Sur les Ascidia, et surtout sur les Ciona, on rencontre la Bugula sp. que Giarp m'a dit n'avoir pu encore faire déterminer. Il est caractérisé par deux rangs constantset, sur cet intéressant Bryozoaire, on observe souvent de très belles colonies de Vorticelliens. On voit, dans les cristallisoirs renfermantle résultat de la pêche, quelques Harpactides qui se dirigent vers la lumière en gagnant la surface du liquide. Parmi ceux-ci, nous avons pu déterminer avec certitude Dactylopus tisboides CLaus qui, à notre connaissance, n’a pas encore été signalé dans les eaux boulonnaises. En avril 1907, nous continuons nos observations sur ce consortium. Pour cela, je vais chercher moi-même des Ascidies sous un vieux bateau à demeure dans le bassin à flot. Je ne vois que des Ciona intestinalis. Dans leurs excréments, Giarp et moi rencon- trons, au lieu de l'abondance de Skeletonema costatum (fig. 4) et de Coscinosira poly- chorda Gran. (fig. 7) de l'année dernière, une nourriture toute différente. Elle est constituée par Peridinium tabulatum Eur.,Gymnodinium pulvisculus Poucner, un tintinnide d’espèce indéterminée, quelques très rares Skeletonema costatum Grev. et d’assez nombreux Prorocentrum micans Eur (fig. 26). Ce prorocentreserencontreégalement dans les excréments de Mytilus edulis {* gallo-provincialis qui vivent parmi les Ascidies. Une pêche planktonique, effectuée aux abords du bateau dans le but de déterminer ‘l'influence que le plankton peut avoir sur les variations du consortium, nous donne de nombreux Noctiluca miliaris, Zygoceros (Bidulphia) mobiliensis Baicey, Actinoptychus undulatus Eur., Eucampia Zodiacus Eur. assez nombreuses, Rhizosolenia delicatula ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 5 Gran., Melosira Juergensii Ac. et Melosira Borreri Grev., des Licmophora du groupe de paradoxa, des Navicules, un Chætoceros, C. didymum v. n. Giardi, et un infusoire encore indéterminé. : Nous retrouvons le Dactylopus tisboides qui attire l’attention par la teinte rouge qui colore le plus souvent l'ouverture génitale. L’exopodite de la cinquième paire présente des crochets visibles à un faible grossissement. La forme générale du corps rappelle celle des Laophonte et des Hersilioides. ~ + Continuant les recherches en 1909, je retrouvais, le 16 avril, sur des Ciona récoltées cette fois sur les écluses de Boulogne, le Plagiostoma vittatum Frey et Leuckarr précé- demment signalé (fig. 17, pl. 1). * * * Le 30 mars 1910, une nouvelle pêche est faite par MM. Boppe et Bourcart. Je trouve de très belles Vorticella marina (fig. 22), de nombreuses Melosira Borreri, qui sont fixées aux nombreuses Gonothyrea Loveni et aux Obelia qui forment sur les Ciona et les Asci- diella des appontements un très élégant chevelu. Avec elles, se voient les délicats bâton- nets des Diatomées bacciformes reliées à leur base en faisceaux de 2, 3, 5 individus appartenant à Synedra pulchella Kurz., très finement striée et polymorphe, et de nom- breuses Nitzschia du groupe de longissima. Je citerai parmi celles-ci: Nitzschia longissima Bres. f* parva (fig. 23); MV. long. f* reversa Smitu. (fig. 17); N.closterium Eur. (fig. 16); et JV. rostrata Grunow (fig. 10); et aussi Nitzschia longissima f* typica. Dans cet enchevrétement, circulent de nombreux crustacés parmi lesquels des Copé- podes appartenant aux genres Dactylopus (D. tisboides), Stenhelia (S. (!) ima ou simulans) et gesticulent les Amphipodes caprellides : Phtisica marina, et surtout Caprella linearis, laquelle est souvent recouverte de fort beaux Acinétiens : Ophryodendron (sp?). _ Pendant l'été de 1910, j'ai continué ces recherches et j'ai imaginé, d’ailleurs, un filet- drague très portatif et excessivement simple qui rendra, je pense, des services à ceux qui désireront se livrer à des travaux analogues. Le 20 juillet, une pêche est effectuée sur les bouées du bassin à flot et sur un vieux vapeur désarmé, n° 2867. Sur le bateau dominent les Ciona intestinalis ; sur les bouées et le long des quais, on observe de plus nombreuses Ascidiella scabra O. F. Mutter. De très beaux Botrylles qui mériteront une longue étude forment des tapis élégants. De superbes Palæmon sont les gros protagonistes de ce tableau biologique. De nombreux Nématodes libres se tordent à la surface des Ascidies, et sur les Hydraires se voit un petit Pycnogonide. Avec la remarquable étude de P. P. C. Hack (1881, Arch. Zool. exp.), j'ar- rive à Phoxichilidium premæum c', mais je ne trouve que deux fortes épines à la base de la brosse de courtes épines au milieu de laquelle s’observent deux grandes épines. Cette différence me porte a me demander s’il existerait ici un dimorphisme des mâles compa- rable à ce que Hæcx (loc. cit., p. 519) a noté chez Phoxichilus. Les diatomées sont représentées par d'assez nombreuses Skeletonema costatum GREV.., 6 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE des Stauroneis spiculata Hickir, des Stauroneis salina W. Sm., des Achnantes longipes C. AG., des Liemophora nubecula Kurz., et de nombreuseset variables Melosira Borreri Grev. Parmi la faune microscopique, nous noterons encore de délicates Vaginicola crys- tallina Eur. (fig. 25), les élégantes Pachytrocha cothurnoides S. Kent (fig. 19) et la Vorticella marina GREErr. (fig. 22). Avec elles, fixées sur les mêmes Algues, de très jolies Synedra pulchella Kutz. qui, sous l’action du carmin acétique, laissent voir un joli noyau allongé, à contenu granuleux, et montrant vers son milieu un beau karyosome sphérique coloré en rouge vif (fig. 20). On trouve, en outre, et en abondance, un petit Péridinien piriforme que les docu- ments bibliographiques de la station ne m'ont pas encore permis d'identifier (fig. 9). Les carapaces et les individus vivants de Prorocentrum micans Enr. sont très fréquents. J'ai observé un cas intéressant de parasitisme. Parmi les Ascidies vivait un Carcinus mœnas Pen. de petite taille, porteur d'une Sacculina carcini Ratuxe. Sur sa carapace se trouvaient des Botrylles et des Farrella repens Farre. Ces animaux épizoïques rempla- cent dans ce milieu spécial les Balanes (Balanus crenatus Bruc.), les Molgules (AZ. socia- lis) et les Moules (Mytilus edulis L.) qu'on rencontre souvent fixées sur les carapaces des Carcinus meenas sacculinés de la côte. : Continuant mes recherches le 2 septembre 1910, je rencontre un Autolytus en stolonisation, forme Polybostrychus, une Proto pedata 9 sans œufs et montrant sur l’antenne gauche un très beau Vorticellien. Une belle colonie de Clavelina lepadiformis O. F. Mutter donne une note de trans- parence délicate à ce multiple consortium. Dans l’eau qui baigne les Ascidies, des Pla- giostoma vittatum à trois bandes. J'ajouterai qu’en classant la collection générale de la Station zoologique, j'ai noté qu’en septembre 1899, une Molgula sp.? avait été trouvée sur une chaloupe dis bassin à flot de Boulogne. Enfin, pour terminer cette note préliminaire, je signalerai en abondance, parmi les matériaux fixés en 1910, le fameux Bugula sp.? que nous n’avons jamais pu déterminer. Les spécimens que j'ai adressés à L. Carver ayant été longtemps dans l'eau qui baigne les Ascidies n'ont pas été bien conservés. Le 11 octobre dernier, mon aimable corres- pondant m'écrivait : « A en juger uniquement par le squelette, je crois que c’est une forme très voisine de la Bugula Sabatieri que j'ai décrite dans l'étang de Thau et les canaux de Cette, et, peut-être, intermédiaire entre B. Sabatieri et B. calathus Norman. Il ne serait pas surprenant que ce fût une espèce nouvelle »; et Carver ajoutait qu'il voudrait, avant de se prononcer, avoir un échantillon bien conservé. L'étude que je compte poursuivre de cet intéressant consortium nous fixera sur ce point, et hous retiendrons que cette première note vient enrichir la flore et la faune du Boulonnais d’un bon nombre d’espèces, dont beaucoup, fort intéressantes, n’avaient pas été signalées encore dans le Pas-de-Calais. FREE bis, de ae ie 7. 2h, : Pe pe) À teen de à ie à Pi PE LUS CU dd dd À. — ae oe PLANCHE I C.Cépède ad nat.del. Imp. d'Art L Lafontaine Paris FAUNE & FLORE DU PORT DE BOULOGNE-S/ MER. AE EXPLICATION DE LA PLANCHE _ Fic. 1. — Licmophora dalmatica Kutzing, individu vivant montrant son endochrome constitué par de petits diatomoleucites à contour circulaire (>< 600). Fic. 2. — Skeletonema costatum, petite chaîne de 4 individus vivants, montrant leur endochrome et leur noyau (< 1000). Fic. 3. — Synedra affinis var. arcus Grun., vivante avec son endochrome formant deux bandes longitu- dinales (>< 600). Fic. 4. — Coscinosira polychorda Gran., chaîne de trois frustules vivant montrant leur endochrome (> 450). _ Fic. 5. — Prorocentrum micans Ehr., individu vivant avec son endochrome (> 600). Fic. 6. — Cocconeis scutellum, var. stauroneiformis Sm., vivant (>< 600). Fic. 7. — Autre individu de Cocconeis scutellum var. stauroneiformis Sm., montrant I’ endochrome (>< 600). _ Fic. 8. — Dictyocha fabula, vu par son sommet (> 1 300). Fic. 9. — Péridinien piriforme (>< 1 300). Fic. 10. — Nitzschiella rostrata Grunow (> 600). Fic. 11. — Vorticella nebulifera, fixée et rétractée, colorée au rouge Magenta et vert-lumiére (>< 1 300); n, micronucleus; N, macronucleus; ». a., vacuoles alimentaires; ». p., vacuole pulsatile; p, pédicelle. Fic. 12. — Chetoceros didymum var. Giardi, montrant l'endochrome sous forme de deux diatomoleucites (><1 300). _ Fig. 13. — Stauroneis spicula Hickie, vivante avec ho (X 600). Fic. 14. — Grande forme de Nitzschia longissima {* parva (x 600), montrant son endochrome. Fic. 15. — Plagiostoma vittatum Frey et Leuckart, individu type à trois bandes bien dessinées. Fic. 16. — Petite forme de Nitzschiella closterium Ehr., avec son endochrome (X 600). … Fic. 17. — Nitzschiella longissima f* parva (= reversa H. V. H) (>< 600). Fic. 18. — Division de Pachytrocha cothurnoides (>< 600). Fic. 19. — Paehytrocha cothurnoïdes, individu vivant complètement étalé, montrant l’opercule op, la vacuole pulsatile yp, le calice c, et le pédicelle p (>< 600). Fic. 20. — Synedra pulchella. Groupe de trois individus fixés 4 une algue filamenteuse et montrant dans - leur région centrale le noyau coloré en rose carmin par le carmin acétique de Schneider (>< 600). Fic. 21. — Licmophora nubecula Kutz, individu vivant montrant son endochrome (>< 600). Fic. 22. — Vorticella marina, individu vivant complètement épanoui, montrant la flamme vibratile et la vacuole pulsatile. Une grosse vacuole alimentaire, les muscles longitudinaux, le pédicelle avec la scopula (>< 600). Fic. 23. — Petite forme de Nitzschia longissima f* parva (600), montrant son endochrome. Fic. 24. — Stauroneis salina Sm., montrant émet sous forme de deux bandes longitudinales subsymétriques (>< 600). Fic. 25. — Vaginicola cristallina Ehr., contractée (>< 500). Fic. 26. — Vaginicola cristallina Ehr., étalée (>< 500). 44772-11, = Conneit, Imprimerie Cuéri. Description d’un spectrographe sous-marin pour les recherches qualitatives de la lumière à différentes profondeurs de la mer, Par RUDOLF BERTEL, Professeur à la « Deutsche Oberrealschule », à Pilsen (1). Les différentes méthodes pour mesurer la lumière sous l’eau ont eu, en premier lieu, pour but de constater l'intensité de la lumière qui pénètre dans les différentes profondeurs; il s’agissait aussi de trouver la profondeur où commence la région « aphotique ». Néanmoins, dès les premières recherches qualitatives de la lumière, les observateurs se sont efforcés de connaître la qualité de la lumière à une profondeur donnée. Ainsi, par exemple, O. von Kotzebue, pendant son premier voyage autour du monde à bord du croi- seur russe Rurik (1817), en déterminant la profondeur de la visibilité maximale dans l'Océan Pacifique du Nord, a fait immerger à maintes reprises un grand morceau d’une étoffe rouge; il a trouvé que cette étoffe disparaissait à 20 à 29 mètres, tandis qu’une assiette blanche atteignait pendant l’immersion la visibilité de 50 mètres, de profondeur. y P. Secchi et le capitaine Cialdi ont amélioré la méthode déjà existante et qui consis- tait en une immersion de disques blancs ; ils ont employé dans la Méditerranée (1865), pour leur détermination de la visibilité dans les profondeurs, des disques en majolique ou en toile a voiles, peints en blanc, jaune ou vert. Luksch et Wolf (2) ont employé dans l'Adriatique des disques en métal poli ou en fer-blanc, cuivre ou bronze, ainsi que des disques en toile à voiles peints en vert. Le fer- blanc disparaissait à 50, 5 mètres, les disques en bronze à 48 mètres, les disques en cuivre à 39 mètres et les disques verts à 31 mètres. l Le zoologiste Fol a trouvé, au cours de ses expériences de plongée dans la Méditer- (1) Travail exécuté avec l’aide de la « Gesellschaft zur Fürderung deutscher Wissenschaft, Kunst und Literatur in Bühmen. » (2) Mitt. aus dem Gebiete des Seewesens, 1881, Hft. 9. T. HI. — Fasc. 6. 1 = ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE ranée, près de Nice, que l’eau de mer possède une couleur bleue dans la lumière directe (1). Les objets devenaient d’un ton bleu d’autant plus fort, qu’il plongeait plus profondément. Déjà, dans la profondeur de 25 à 30 mètres, les animaux d’une couleur rouge foncée lui apparurent noirs (2). Toutes ces constatations permettent de tirer la conclusion que les rayons de faible réfringence sont absorbés d’une façon notable déjà dans des profondeurs faibles et que seulement les rayons de réfringence plus forte pénètrent plus profondément. Les appareils qui ont été construits par Linsbauer (3), Freih. von Aufsess (4), Ewald (5), Helland-Hansen (6), pour la détermination de l'intensité de la lumière dans l’eau, per- mettent également de faire, dans une certaine mesure, des recherches sur l'absorption sélective de certaines espéces de lumiére, a la condition qu’on y intercale, a la place in- diquée de l’appareil, des cuvettes remplies de liquides absorbants, des verres de couleur, ou enfin des filtres en gélatine, qu’on déterminait au spectroscope. Dans ces filtres à lumière ne donnant pas en réalité une lumière monochromatique, mais laissant passer également des radiations des zones voisines du spectre, cette méthode ne me paraît pas avoir un grand avenir. Le procédé de Regnard (7), d'étudier les radiations calorifiques à l’aide d’une cellule de sélénium et les radiations chimiques à l’aide des tubes remplis d'hydrogène et de chlore, n’a pas pu prendre pied non plus. On a pu obtenir quelques données sur l’absorption sélective de l’eau par des expérien- ces de laboratoire, en faisant passer la lumière par de longs tubes remplis d’eau et en l’exa- minant à l’aide d’un spectroscope. On a trouvé ainsi, pour l’eau püre, un affaiblissement allant de la ligne C jusque vers le rouge; une bande plus faible d'absorption s'était pro- duite alors entre les longueurs d’onde de 660 py et 670 wy et une bande forte entre 610 et 620 yy» dans l’orangé. Ce sont les bandes de Schénn (Schénn’sche Streifen). Dans lesexpériences avec l’eau de mer, H. F. Vogel (8) a trouvé également les bandes de Schénn et un affaiblissement des rayons rouges plus fort encore que dans l’eau pure. — Pour l’eau bleue de la Céte d’Azur, il a trouvé en outre encore une forte absorption dans le vert entre les lignes E et b de Frauenhofer (voir le schéma, p. 10). De la détermi-. nation des coefficients de l’absorption de l’eau pure pour les différentes longueurs d’onde (9), il résulte que ces coefficients sont grands pour la partie du spectre de faible réfringence, et seulement très petits pour la’ partie de forte réfringence. (1) R. Bunsen (Jahresb. üb. Fortschr. d. Chemie, 1847-1848, p. 1236) et W. Bretz (Pogg. Annal., 115, 137, 1862). avaient constaté que l’eau pure possède une couleur propre. (2) C.R. de l’Acad. des Sciences, Paris, 1890, p. 1079. (3) L. Lissauer, Photometrische Untersuchungen über die Beleuchtungsverhältnisse im Wasser (Sitzber. Ak. Wiss. Wien., Math. Nat. KI., Bd. 114, 1905. (4) Orro Fru. von Aursess, Eine photographische Methode zur Bestimmung des Eindringens der Warmestrahlung in einen See (Peterm. Mitt., Bd. LII, 1906(VIII), p. 184). (5) W. F. Ewazo, Ueber eine Methode zur Messung des Lichtes im Wasser (Internat. Rev. d. ges. Hydrobiol. u. Hydrogr., Bd. Ill, Hft. 1, u. 2). (6) The “ Michael Sars” North Atlantic Deep Sea Expedition 1910 (Geogr. Journ., for April and May 1911). (7) La vie dans les eaux. Paris, 1891, p. 205, ff. (8) Poggend Ann., 1875, Bd. 6, p. 325; et 1895, Bd. 54, p. 175. (9) E. Ascuxinass, Wiedem. Annal., 1895, Bd. 55, p.419 ; Frein. von Aursess, Dissertation über die Farbe der Seen München, 1903, p. 26. ‘ Éd RE dE Se Éd Fe Mr ee EL rad ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 3 Cette dernière considération nous permet donc de conclure que, dans les plus grandes profondeurs, peuvent pénétrer seuls les rayons plus fortement réfringents, tandis que les autres rayons sont bien vite arrêtés. Fig. 1. — L'appareil fermé à la descente et les deux messagers (D’après une photographie de M. Elmers, préparateur au Musée Océanographique de Monaco). Dans le but de pouvoirétudier chaque région du spectre séparément ainsiqu’en compa- raison avec les autres parties du spectre et cela à des profondeurs déterminées, j’ai élaboré une nouvelle méthode, qui permet de fixer sur une plaque photographique à l’aide d’un spectrographe les genres des rayons existants dans les profondeurs données. L'appareil a été construit par la maison R. Fuess, à Steglitz-Berlin, et acquis pour | 4 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE mes recherches par le Musée océanographique de Monaco. La description qui suit, ainsi que des dessins et photographies, feront comprendre sa construction. Tout l’appareil consiste en un spectrographe et en une enveloppe protectrice dans le fond de laquelle le premier est solidement fixé. Le tube collimateur (K) porte dans sa partie supérieure la fente (S), qui peut être réglée à l’aide d’une vis micrométrique. Chaque tour du pignon de la vis correspond à un changement de largeur de la fente de 0,01 mil- limètre. : En dessous de la fente se trouve une fermeture (V) à ressort, qui s’ouvre automati- quement, repoussé par une saillie (R) qui se trouve dans le tube de l’enveloppe, aussitôt que le couvercle de l'enveloppe protectrice est mis en place. En dessous de la fermeture est placé un diaphragme (B). La partie inférieure du collimateur contient l'objectit (L) à la distance de 120 millimètres de la fente. L'objectif coulisse de 1 centimètre vers le haut et vers le bas, et sa position est visible chaque fois à l’aide d’une division gravée à l'extérieur du tube collimateur. La position la plus favorable est à la division 86. Toutes les différentes parties optiques de l’appareil sont en verre de quartz (dit verre ultra-violet). Ce verre a la propriété, qui le distingue des autres sortes de verre ordinaire- ment en usage dans l'optique, de laisser passer beaucoup plus facilement les rayons de forte réfringence, dont la longueur d’onde est inférieure à 400 py. Cela a une très grande importance pour les recherches présentes. : Ensuite se trouvent deux prismes (Pr et P2) en verre de quartz, de 36 millimètres de hauteur et de 48 millimètres de longueur des côtés ; la déviation de chaque prisme est de 40°40’. Vient ensuite un objectif des prismes (O) de 30 millimètres de hauteur, qui. projette sur la plaque photographique l’image du spectre. Le châssis, (C), pour les plaquets 4 1/2 x 6 centimètres, repose sur un chariot (Sch), coulissant (F), de telle façon qu’on peut faire sur la même plaque sept poses l’une après l’autre ; ainsi on obtient des spectrogrammes comparables, sur une même plaque, déve- loppée et fixée de la même façon. Chaque spectrogramme mesure 24 centimètres de long et 4 millimètres de haut. L’enveloppe protectrice est faite en bronze de qualité supérieure et possède une épaisseur de parois de 14 millimètres ; elle est pourvue extérieurement en plusieurs endroits de côtes pour augmenter sa résistance contre la pression. La partie supérieure de l’enveloppe (le couvercle) abrite le collimateur et porte le mécanisme extérieur de fermeture. La figure 5, pl.1, montre celle-ci tendue. Le disque (D), fixé excentriquement et retenu par un ressort spiral, est tourné jusqu’à l’endroit où le : levier (H), tournant lui-même autour d’une vis (S) et poussé par un autre ressort (G), butte contre la deuxième dent. La petite gâchette (E) empêche le mécanisme de ferme- ture d’être déclanché fortuitement par le câble ou un autre contact pendant les opérations de la mise à l’eau par-dessus le bord du bateau. En dessous du disque du mécanisme de fermeture, se trouve une fenêtre en quartz, de 8 millimètres d'épaisseur (Q, fig. 1, PI. I), fixée solidement dans une plaque qui couvre le tube collimateur ; par cette fenêtre, la lumière peut entrer. Le mécanisme de fermeture est déclanché par les messagers (Tr et T2, dans la figure 10, PI. II) qui buttenten glissant le long du câble de suspension contre le coude du levier (N), jus sus dé do Le Cain Se al li ll el ee ey nl bu a ou à NS + ee ne ith Ae — re ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 3 Le premier messager, en faisant tourner le disque, découvre la fenétre en quartz ; le second messager, plus large, s’emboite sur le premier et produit, en agissant de même sur le disque, la fermeture de la fenêtre. Par l’ouverture (J) dans la plaque passe le câble, qui, traversant encore trois autres trous de la plaque, vient se fixer a une vis trés forte. Le câble que j'ai employé avait 7 millimètres d’épaisseur; on a été alors obligé d’élargir le trou dans la plaque, dont le diamètre marqué sur le dessin est de 5 millimètres. On a procédé de même avec la lumière de deux messagers qu'on a élargie à 8 milli- Fig. 2. — L'appareil ouvert : à gauche — le couvercle (moitié supérieure de l’enveloppe) ; en bas devant — lecuir assu- rant l'étanchéité et le chassis porte-plaque ; à droite — le fond de l’enveloppe (moitié inférieure) avec le tube collimateur et le chariot pour le porte-plaque. (D’après une photographie de M. Elmers, préparateur au Musée Océanographique de Monaco.) mètres. La partie inférieure de l’enveloppe protectrice porte, à l’aide de la plaque de fixation (U), le spectrographe même. Les deux moitiés de l'enveloppe protéctrice s'appliquent l’une contre l’autre, par un bord de 35 millimètres de largeur et sont fixées l’une à l’autre à l’aide de 14 forts boulons. On se sert de cuir enduit de graisse consistante et s'appliquant bien aux rainures fines gravées dans les bords, pour assurer une étanchéité parfaite. Les manipulations de Yappareil pendant une expérience à bord se résument de la façon suivante : on fixe l'appareil au câble, comme il a été indiqué plus haut ; on dévisse les 14 boulons et on enlève attentivement et bien d’aplomb le couvercle qu'on pose à côté ; on introduit le 6 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE le châssis chargé dans son chariot qu’on pousse en face du numéro 1; on essuie la fente avec un pinceau fin, et on la règle à lalargeur convenable. La largeur de la fente dépend de la profondeur dans laquelle on se propose d'opérer. Ainsi, deo à 100 mètres, j'ai travaillé d'habitude avec une fente de 0,1 millimètre, dans les profondeurs plus grandes, avec une fente de o,2 millimètres. On enlève ensuite le rideau du châssis et on remet le couvercle de l’enveloppe en place. Toutefois, on n’a pas oublié de tendre auparavant le mécanisme de fermeture, car aussitôt que le couvercle est mis en place, le diaphragme intérieur du collimateur est déjà ouvert. Autrement, si on tend la fermeture postérieurement, cela produit une pose à sec. Finalement on pousse la gâchette (R) qui empêche un déclanchement prématuré du mécanisme de fermeture extérieure ; ce n’est qu’immédiatement avant l’immersion de l'appareil, suspendu déjà librement au câble, qu’on repousse de nouveau la gâchette, et lon descend l'appareil à la profondeur voulue. J'ai travaillé avec mon appareil jusqu’à la profondeur de 600 mètres, sans qu’il ait subi de dommages quelconques du fait de la pression et sans que l’eau ait pénétré à l'intérieur. Lorsque l'appareil a atteint la profondeur voulue, on envoie le long du câble d'abord le petit messager et ensuite, après un intervalle déterminé, le grand. On fera bien attention à ce que le cable soit bien propre et lisse, pour éviter les interruptions dans le glissement, ou même un arrêt complet d’un messager, ce qui causerait des fautes ou même des ratés d'exposition. Après que l'exposition de la plaque est terminée, remonte l’appareil, on devisse unifor- mément les boulons, on enlève le couvercle, on contrôle la fente et on pousse le châssis au numéro suivant. Malgré qu'il y ait 14 boulons, toute l’opération du dévissage et revissage ne dure que cinq minutes, vu que deux hommes peuvent l’assurer à la fois. Du reste on fera bien, dans un nouveau modèle de l'appareil, d’adapter un dispositif, permettant le déplacement du porte-plaque sans être obligé d'enlever complètement le couvercle de l'enveloppe protectrice. Ensuite il faudrait encore adapter aux quatre coins de l’enve- loppe supérieure quatre tiges dirigées en bas et passant par quatre orifices extérieurs de l'enveloppe inférieure ; ce dispositif empécherait tout déplacement latéral de l’enve- loppe supérieure pendant sa mise en place ou son enlèvement ; on éviterait ainsi tout changement non désiré de la fente, ou même un endommagement de pignon de la vis micrométrique. L’optique pourrait également être faite plus finement, et il sera néces- saire d'adapter au spectrographe une échelle des longueurs d’onde, afin qu’on puisse © s'orienter plus facilement et avec plus de précision en ce qui concerne les différentes régions spectrales. Je donne ici un résumé des recherches que j'ai faites jusqu’à présent et qui montre assez clairement l'état des choses. Toutes ces recherches ont été faites au Musée océanographique de Monaco, à bord de l’Eïder. J'ai été aidé dans mes recherches par le D' Jules Richard, directeur, M. Sirvent et le D' M. Oxner, assistants au Musée océa- nographique, qu’il me soit permis de leur exprimer mes remerciements les plus dévoués. nd ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 7 | N° DE PROFON- LARGEUR y. DATE. HEURE. TEMPS DE POSE. OBSERVATIONS. | STATION. DEUR. de la fente. il Juin Métres. Feral I 9 8h. 30m. 5 10S. 0,1 Ciel sans nuages. | 2 9 gh. 10 Ios. 0,1 = 3 9 gh. 15m. 20 205, 0,1 — , | 4 9 gh. 30m, 30 30s. 0,1 ° — | | 5 16 2h.1om.— 2h.15m.| 600 5 m. 0,15 — | 6 16 3h. — 3h. 5m.| 400 5m. 0,15 — 7 17 8 h. 33 m. 5 Is. 0,1 A l’ombre du bateau. | 8 17 8h. 42 m, : 10 2s. 0,1 — | 9 17 8 h. 52 m. 20 45. 0,1 — | 10 17 gh. 2m. 30 hy 0,1 — II 17 9h. 15 m. 40 165. 0.1 — 12 17 gh. 28m 50 25s. 0,1 — | 13 17 gh. 42 m 60 36s. 0,1 — | 1 17 2h.55m. 3h.25m.| 400 30 m. 0,2 Ciel faiblement couvert. I 17 3h.54m.— 4h. gm.| 300 15m. 0,2 — 16 17 4h.30m. — 4h.37m.| 200 7m. 0,2 oa | 17 17 4h.52m.— 4h.54m.| 100 2m. 0,1 — | 18 21 2h.49m. — 4h.29m.| 600 1 h. 40 m. 0,2 Ciel sans nuages. 19 22 9h.29m.— gh.32m.| 100 3 m. 0,2 |Visibilité du disque Secchi 17 m. 20 22 9h.43m. — 9h.53m.| 200 10 m. 0,2 — -- 21 22 |10h. 7m. — 12h. 7m 2h. à 0,2 — —— 22 23 12h.47m. — 2h.27m.| 500 th. 40 m. 0,2 — — 23 23 11h. 3m.—12h.33m.| 450 1h.30m 0,2 — 21 m. 2 23 1h. — 2h. 400 1h 0,2 — — 2 23 2h.22m.— 2h.52m.| 300 30 m. 0,2 — 26 29 9h.24m. — 10h.24m.} 400 1h 0,2 — 40 m. | «: 29 10 h. 51 m. — 12h. 51 m. 00 2h 0,2 — — | 29 1h.38m.— 1rh.48m.| 200 10m. 0,2 — — 29 29 2h. 5m. — 2h. 8m.| 100 3m. 0,2 _ — | 30 30 10h. gm. 50 25s. 0,1 Ciel faiblement couvert. 31 30 10 h. re. 60 36s. 0,1 — 32 30 |ioh.26 m. 70. 505. | o,1 — 33 30 10 h. 39 m 80 1 M. 10s. 0,1 — 3 30 |roh.52 m. 90 Im. 505. 0,1 — 3 30 |rrh. 4m. ? 16s. 0,1 _ 36 30 {11 h.12 m. gs. 0,1 — En ce qui concerne mes expériences, j’ajouterai encore que pour toutes les mesures j'ai employé les plaques panchromatiques de Lumière. Seulement, pour les expériences n° 26, 27, 28 et 29, je me suis servi des plaques étiquette bleue et violette de Lumière, spécialement sensibilisées pour ces rayons et sept fois plus rapides que les plaques ordinaires. Pour les recherches spéciales dans des profondeurs déterminées et les zones limitées plus étroitement, il serait à conseiller de se servir des plaques sensibilisées spécialement pour le genre de rayons qui prédominent dans chaque zone donnée. II est également indispensable de sauvegarder l’uniformité des conditions, en ce qui concerne le genre de plaques, le révélateur ét le temps du développement. Pour les spectro- 8 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE grammes qui doivent être comparés entre eux, il faut autant que possible employer toujours la même largeur de la fente. Le temps de pose dépend de l’époque de l’année et des heures de la journée, de la transparence plus ou moins grande de l’eau, de l’état (agitation) de la surface de l’eau, etc. (1). D'abord je déterminais empiriquement le temps Ultra - Violet La ea L te ‘157 60 ‘Eb re “aK” So %o 0/90 7 So % « a | t 4 | LE aS | N 8 run. a? “wy 10 =< ne 6 È 20 AC ng a e > £a & 50 \ £ ne 12 à 60 \ 4 n°1 2 70 \ [ | ae 32 ® 60 \ f n° 33 = 90 \ ne 34 100 \ ne 23 200 ne-28 300 25 400 . + 26 de posejuste pour les couches plus superficielles et ensuite jele calculais aproximativement . pour les autres profondeurs en prenant comme base la loi : la luminosité diminue en raison : du carré de la distance. En réalité cependant les temps de pose doivent être un peu plus prolongés, surtout pour les profondeurs plus grandes où l'écart du calcul est très impor- (1) On évitera la surexposition qui provoque souvent un halo nuisible dans le bleu et le violet. ~ ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 9 tant. Étant donné que l'appareil n’est pas muni d’une échelle des longueurs d’onde, j'ai procédé à la délimitation des régions spectrales de la façon suivante : j’ai photographié a l’aide de ce spectrographe, sur la même plaque, les spectres d'émission de plusieurs élé- ments (Na, K, Ca, Li, Sr), et ensuite je me suis confectionné;, d’après l’échelle de Bunsen, une échelle de comparaison pour mes spectrogrammes sous-marins. Par la superposition, on arrive alors à déterminer très exactement jusqu’à quelle longueur d’onde la plaque a subi la réaction photochimique. Il est impossible de reproduire avec une exactitude satisfaisante les spectrogrammes sous-marins, soit par une épreuve tirée sur papier ou par une photogravure, car il s’agit souvent des noircissements très légers et délicats sur la plaque. On peut donc employer uniquement par transparence les spectrogrammes originaux pour juger les conditions de l’absorption. Puisqu’ainsi une reproduction convenable des spectrogrammes ne peut pas se faire, qu'il me soit permis de représenter les premiers résultats des expériences men- tionnées plus haut de la façon suivante : on lira la longueur de chaque spectre d’après l'échelle des longueurs d'onde et suivant deux courbes-limites. Le numérotage à droite se reporte au tableau de la page 9. Mes mesures s'étendent provisoirement seulement jusqu’à 500 mètres, car, dans les profondeurs plus grandes, 600 mètres, je n'ai pas pu obtenir aucune réaction lumineuse à cause de l'exposition trop courte. Mes résultats concernant les conditions de la lumière ne peuvent pas naturellement être généralisés ; ces conditions subiront des changements, suivant qu’on fera les mesures à d’autres époques de l’année à d’autres heures de la journée, à d’autres distances de la côte, avec un autre état de ciel, etc. Tout cela précisément peut être enregistré par l'appareil. En tout cas, on trouvera toujours que le rouge s'éteint très rapidement, déjà à la profondeur de 5 à 10 mètres, l’orange à 20 mètres. Mais ensuite la courbe devient moins rapide. A 100 mètres il n’y a presque plus de jaune, tandis que le vert peut être constaté encore jusqu’à 300 mètres. L'autre extrémité du spectre subit également une diminution. considérable avec la profondeur. Cette diminution intéresse cependant seulement les rayons ultra-violets, dont l’action faiblit peu jusqu’à 30 ou 40 mètres, mais à partir de là ils subissent tout à coup une absorption régulière. A la profondeur de 400 mètres, on ne trouve plus le gris de lavande, de sorte que restent seulement les rayons bleus et violets. L'existence de ces rayons a été prouvée encore à la profondeur de 500 mètres, (d’après une expérience qu'a faite M. Sirvent le 26 juillet ; temps de pose, 2 heures). Il me sera possible de donner un exposé détaillé et définitif des expériences sur la lumière, seulement lorsque le programme que j'ai tracé dans le Bulletin de [Institut Océanographique, n°219, i911,sera achevé ; c’est là aussi que j'ai expliqué à quelles applica- tions mon appareil peut se prêter et quelle importance ontles mesures qu’il permet d'exé- cuter, pour l'exploration physique et biologique des eaux douces et des mers. C’est un agréable devoir pour moi d'exprimer en terminant mes meilleurs remercie- ments au Dt M. Oxner, assistant au Musée océanographique de Monaco, de sa grande amabilité et de la peine qu'il a eues pour traduire mon texte allemand en français. Monaco, juillet 1911. Musée Océanographique. T. IIL. Fase, 6. 3 EXPLICATION DES PLANCHES PLANCHE I.. [D'après une copie que l’auteur a faite du dessin de construction de R. Fuess (Steglitz-Berlin).] Fig. 1. — Coupe longitudinale du spectrographe et son enveloppe protectrice. A, paroi ‘de l'enveloppe protectrice ; B, diaphragme; C, châssis porte-plaque; D, disque de fermeture extérieure ; F, coulisse du chariot; H, levier de tension et de déclanchement du méca- nisme de fermeture ; I, trou pour le cable; K, collimateur ; L, objectif du collimateur ; M, vis micrométrique; N, pièce-levier (coude du levier); 0, objectif des prismes ; P,, premier prisme; P,, deuxième prisme ; Q, Plaque en verre de quartz ; R, Saillie du tube qui repousse la fermeture intérieure ; S, fente ; Sch, chariot du châssis ; U, plaque de fixation du Rp à V, Ferme- ture intérieure. : Fig. 2 (N). — Piéce-levier (coude du levier). Fig. 3 (R). — Saillie du tube couvre-collimateur ; vu du devant. Fig. 4 a. — Fermeture intérieure et la téte (pignon) de la vis A Rte 02 vu du côté. | Fig. 4 b. — Même chose ; vu d’en haut. Fig. 5. — Disque de fermeture extérieur (le ressort tendu). E, gâchette qui arrête le levier ; G, ressort. * PLANCHE II. | face [D'après une copie que l’auteur a faite du dessin de construction de R. Fuess (Steglitz-Berlin).] - Fig. 6. — Le deuxième prisme et l’objectif des prismes; vu de côté. Fig. 7. — Plaque de fixation. a. Vue du côté long; b. vue du côté large ; c. vue d’en haut. Fig. 8. — Chariot du porte-plaque. a. D’en haut; 4. du côté large; c. du côté long. Fig. 9. — Coulisse du chariot. a. D’en haut; 4. du côté. Fig. 10. — Les deux messagers complets fencamers l’un sur l’autre.) TO a. En coupe longitudinale; 8. d’en haut. à 3 is 15928-11. — Corsew. Imprimerie Créré. 5 LE LL NPS e je sls fe Mémoires de lithologie marine Par J. THOULET, Professeur à la Faculté des Sciences de l’Université de Nancy. I. — Considérations sur l’usure mécanique des grains de sable. L'étude de la façon dont un grain de sable recueilli sur une plage maritime ou au fond de la mer, dans le lit d’un ruisseau, sur une dune ou dans un désert, a acquis la dimension et la forme qu'il possède et qu’on observe à l’œil nu, à la loupe ou au micro- scope, est extrêmement compliquée. Peu de faits naturels sont plus malaisés à élucider d’une manière rigoureuse, véritablement scientifique, parce que, dès le début, pour celui qui va nous occuper, on s'aperçoit de la multiplicité des causes, de l’enchevêtrement des forces naturelles, de la complexité des phénomènes secondaires qui sont entrés en jeu et qui ont produit par leur ensemble les caractères observés. Cependant, Ja connaissance, si approfondie qu’elle puisse être, de ces causes est susceptible de rendre tant de services pratiques, de suggérer, d'expliquer, de confirmer ou de réfuter tant d’hypothéses amenées elles-mêmes par d’autres considérations, en minéralogie, en océanographie, en géologie et en paléogéographie, qu’il est utile de s’eflorcer de l’acquérir ou tout au moins d’essayer d’y jeter quelque lumière. J'ai consacré à ces investigations beaucoup de temps et de travail et, comme aujourd’hui je n’ai plus le loisir de continuer ou, pour mieux dire, de reprendre sur de nouvelles bases ces recherches qui sont fort longues et que, d’autre part, j'ai acquis péniblement une certaine expérience, je me décide à exposer, pour le plus grand avantage de ceux qui seraient tentés d’aborder à leur tour le sujet, les conclusions auxquelles je suis parvenu. Établissons d’abord la complexité des phénomènes de l’usure. En définitive, on se proposede connaître l’histoire du grain et comment, aprèsavoir été détaché de la roche mère sous des influences ou par des actions dont l'examen n’est pas à considérer ici, il a acquis l’état sous lequel il se trouve actuellement. Pour répondre a cette question qui lui est en quélque sorte adressée, le grain de sable ne possède que trois variables : sa nature minéralogique, sa dimension et sa forme. Sa nature minéralogique s'établit rigoureusement au microscope (1), et il en est de même de sa dimension. En revanche, sa forme n’a que deux particularités bien distinctes : elle est arrondie ou angu- 1) Tuouter, Précis d’analyse des fonds sous-marins actuels et anciens. Chapelot, Paris. ; y T. I, — Fase. 7. I à ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE leuse. Peut-être pourrait-on y ajouter le caractère intermédiaire, assez vague, de n'être ni tout à fait arrondie, ni tout à fait anguleuse. Toute conclusion ultérieure ne pourra s'appuyer que sur ces trois variables. Pour les observer sur les grains très petits, les seuls qui importent à considérer, on emploie le microscope. On reconnaît la nature minéralogique grâce aux nombreuses ressources de la minéralogie microscopique. La dimension se mesure au micromètre objectif et au micromètre oculaire; elle s’évalue, sur un grain irrégulier, en prenant la demi-somme de son plus long et de son plus petit diamètre. On apprécie la forme, toujours malheureusement avec un peu de vague, en examinant le grain à un grossissement moyen permettant de l’apercevoir en totalité et en nayant soin de diaphragmer fortement, ce qui rend son relief plus apparent. La question posée est la suivante : comment ce grain, appartenant à telle espèce miné- rale, mesurant tant de millimètres de diamètre, a-t-il acquis son aspect anguleux, arrondi : ou semi-anguleux ? Le grain a évidemment été fait ce qu’il est par choc ou par frottement, au sein de l’eau ou au sein de l’air, et le phénomène est sous la dépendance des variables suivantes : 1° La fragilité, propriété que présente le minéral de se briser par le choc; elle touche à la dureté, sans se confondre avec elle ; le diamant, le plus dur de tous les corps, est très fragile, tandis que la résine, par exemple, qui est aussi très fragile, ne possède aucune dureté. 2° L’élasticité. Certains corps se brisent à grand’peine par le choc; le marteau qui les frappe rebondit et le minéral, tantôt légèrement écrasé, tantôt ne gardant aucune trace du coup, ne donne naissance à aucun fragment. Tel est le cas pour les minéraux et les roches riches en magnésie comme, par exemple, les serpentines et les diorites (1). 3° La dureté ou résistance à l’usure par le frottement. On définit et on caractérise ordinairement en minéralogie la dureté comme la propriété d’un corps à se laisser entamer ou rayer par un corps plus dur et à entamer lui-même un corps moins dur. Il n’y a pas lieu ici d’entrer dans le détail des modes multiples d'évaluation de la dureté, qui se déduisent tous d’une manière particulière de définir cette propriété. Le phénomène : est lui-même très complexe puisqu'il dépend à la fois du corps frottant et du corps frotté, tant au point de vue de leurs natures respectives que de leur forme. Un même corps s'usera différemment s’il est successivement frotté par un corps semblable à lui, et alors l'usure sera nulle, par un corps un peu plus dur, ou par un corps beaucoup plus dur que lui. 4° La dimension, le poids, la densité. I] est évident que, toutes choses étant égales, un minéral lourd use plus qu’il n’est usé, et il en est ainsi, à même volume, d’un minéral plus dense avec un minéral moins dense et d’un gros grain avec un petit grain. (1) Les hommes préhistoriques savaient parfaitement apprécier et mettre à profit ces qualités dans le choix des pierres dont ils se servaient pour leurs instruments ou pour leurs armes. Leurs outils tranchants ou piquants, couteaux, racloirs et pointes de flèches, étaient en silex, minéral dur et cassant, sorte d’acier naturel ; leurs haches étaient au con- traire, autant que possible, en diorite, en serpentine ou en jade, roches magnésiennes lourdes, élastiques, résistantes et peu fragiles: lattes re ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 3 5° Le clivage possède une influence considérable pour augmenter l’effet du choc, mais celle-ci est notablement plus faible en frottement. 6° Le milieu. L’usure variera selon qu’elle s'effectuera au sein de l’eau ou dans l’air, parce que les grains se choquant entre eux ou frottant les uns contre les autres seront, à volume égal, plus lourds dans le second cas que dans le premier. 7° La vitesse, qui augmente la puissance et par conséquent l’effet du choc est, ainsi que nous le verrons, sans influence sur l’usure par frottement. Dans le résultat global figuré par la modification de poids et de forme éprouvée par un minéral sous le choc ou par frottement, ces diverses influences et d’autres encore, se combinant entre elles de mille façons, augmentent à l'infini les conditions du problème à élucider. Daubrée (1) décrit un certain nombre d’observations et d’expériences faites par lui, se rapportant à l’usure mécanique des roches, et il formule les conclusions suivantes : a. Sur le lit d’un fleuve, les grains de sable entraînés par l’eau diminuent de volume entre la source et l'embouchure. Pendant leur marche, ils progressent par bonds brusques variant, selon la grosseur du grain, de quelques décimètres à quelques centimètres et suivis de repos plus ou moins prolongés. Ces bonds sont particulièrement visibles sur les plages maritimes, lorsque les vagues déferlent avec une force modérée. b. L’usure, dans l’eau comme dans l’air, d’abord rapide sur des fragments anguleux, décroît à mesure que ces fragments s’arrondissent davantage. Elle est quasi nulle sur des grains de sable ronds. c. Le microscope montre que les grains minéraux très fins, entraînés par l’eau, sont tous anguleux et le restent continuellement pour une vitesse donnée de celle-ci, parce que, à cette vitesse possédée par l'eau et pour les conditions de dimension, poids, densité et forme des grains, ces derniers se maintiennent en suspension dans le liquide, de sorte qu'à chaque espèce de grains correspond, pour la flottaison, une vitesse limite. Dans la nature, selon Daubrée, des grains d’un diamètre inférieur à o™,1 demeurent toujours anguleux. - d. L’usure mécanique dans l’eau est accompagnée de phénomènes physiques de disso- lution et d’autres phénomènes très complexes dépendant de la nature du minéral et des conditions de l’eau, pure, chargée de divers sels, ou contenant des gaz, en particulier de l’acide carbonique et de l'air atmosphérique, c’est-à-dire de l’azote et de l’oxygène. Au laboratoire, ces phénomènes, que nous n’étudions pas, sont en outre influencés {par la matière des récipients dans lesquels s’effectuent les expériences. Il en est particulièrement ainsi pour le feldspath. Daubrée, qui se préoccupait surtout de l'usure des minéraux dans les fleuves et les cours d’eau, expérimentait à des vitesses de 2550 mètres à l’heure environ, c’est-à-dire comprises entre 0", 80 et 1 mètre par seconde (2), qui dépassaient considérablement celles auxquelles sont soumis, sauf sur l'extrême littoral des plages, les grains sableux dans la mer, sous l'influence des courants. Pour ceux-ci, les chocs sont moins violents et par con- (1) Dausrte, Études synthétiques de géologie expérimentale, 1879. (2) Dausrée, loc. cil., p. 250; 4 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE séquent l’usure moins énergique. Il a opéré sur des fragments de dimensions comprises entre celle du poing et celle d’une noisette et, par suite, ses expériences s'appliquent plutôt à des pierres, à des galets, à la rigueur à du gros gravier qu’à du véritable sable. Les considérations c ont besoin d’être précisées. Dans un cylindre maintenu pendant la durée d’une expérience à une vitesse constante, il est évident que certains grains de forme, dimension ou poids déterminés, et correspondant à la vitesse artificielle commu- niquée, resteront indéfiniment anguleux puisqu'ils ne cesseront pas de flotter; mais il n’en sera pas tout à fait de même dans la nature parce qu’un courant, surtout en mer, sauf peut-être d’infiniment rares exceptions, ne demeure pas éternéllement animé d’une vitesse constante. Même dans un fleuve coulant continuellement, il n’existe pas unifor- mité de vitesse de l’eau dans toute la masse liquide et il se rencontre toujours, pour les grains de sable emportés, des abris locaux où ils peuvent rester en repos. La vitesse limite de l’eau capable de transporter un grain en flottaison ne joue donc, dans la nature, qu'un rôle momentané pour les phénomènes d’usure, et un grain anguleux montre seulement qu'il a été soumis momentanément à un courant capable de l'avoir transporté là où il est, mais qui ensuite l’y’a laissé à l’abri et par conséquent en repos. Il convient de se rappeler, dans ces considérations qui s'appliquent à la génèse des places à gravier, dans les fonds littoraux et côtiers, le fait a constaté par Daubrée, que la progression des grains s'effectue par bonds suivis de repos. Un grain entraîné par un courant horizontal ne cesse pas d’ailleurs d’avoir son poids qui, si faible qu’il soit, tend à le faire descendre verticalement, de sorte qu’en réalité, quelle que soit la vitesse horizontale du courant et quelque constante qu’elle demeure, la trajectoire du grain l’amène tôt au tard sur le sol. Après un certain temps de repos, il est repris brusquement par une poussée de courant plus violente, dirigée vers le haut, qui lui fait quitter le sol et le remeten route. Il se retrouve alors dans les mêmes conditions que la première fois; bientôt il retombe sur le sol, s'arrête, repart et ainsi de suite. Telle est l’explication des bonds successifs suivis de repos qui marquent sa progression. J'ai mesuré expérimentalement la vitesse limite de courant susceptible de transporter un grain déterminé; j’ai reconnu qu'elle était celle du courant vertical maintenant ce grain immobile et qu’elle égalait sensiblement la vitesse de chute verticale du grain au sein du liquide en repos. J'ai repris les expériences de Daubrée. Dans ce but, j'ai fait tourner sur lui-même autour de son axe un petit flacon en verre, quelquefois aussi un système de quatre flacons à la fois, sous l’action d’une turbine ou d’une dynamo. La vitesse était de 42 tours par minute, soit 7 centimètres environ par seconde, et le chemin parcouru était évalué en kilomètres. Les flacons étaient à demi remplis, avec ou sans eau, de grains minéraux concassés au mortier d’acier, lavés, séchés et passés à travers des tamis calibrés; ils étaient tantôt gros et tantôt petits, mais toujours de grosseur uniforme. On les pesait avant et après roulement, de sorte que l’usure ou perte de poids était évaluée par différence ; quelquefois même les grains étaient comptés. Ces expériences ont été fort longues et fort laborieuses ; ceftaines d’entre elles ont été poussées jusqu’à 3 230 000 tours. Les expériences de choc ont été faites aussi en enfermant les échantillons à étudier, nd) ey oe ae — “créé ina à Prensa eal ake t ai nan Je ir, lh di ; 5 \ i 1 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 5 préparés comme précédemment, dans huit tubes en verre, bouchés, longs de 15 centimètres, disposés en rayons divergents perpendiculairement à l’axe de rotation. Les grains tombaient les uns sur les autres, de la hauteur du tube, deux fois à chaque tour. Les dernières expériences ont consisté à faire frotter des morceaux préalablement aplanis suivant une face, de divers minéraux maintenus immobiles et chargés de poids variables, sur une meule de carborundum horizontale, arrosée d’eau, mue à la main par l'intermédiaire d'une manivelle, au rythme d’un métronome, de façon à obtenir des vitesses uniformes variables à volonté et à pouvoir évaluer le chemin parcouru. L’usure était évaluée par la perte de poids après un parcours déterminé. Ces expériences ont été les plus satisfaisantes, à la condition de se tenir en garde contre la production de petits éclats se produisant sur l’arête en contact avec la meule. Plusieurs minéraux ont été frottés en même temps qu’un gros bâton de verre qu'on usait ainsi sur sa tranche et qui, chaque fois, servait d’étalon; il fallait ne pas tourner trop vite et ne pas trop forcer les poids. ; Les résultats obtenus étaient généralement mis sous forme de courbes afin de permettre les comparaisons. Ceux obtenus avec la meule de carborundum donnaient les chiffres les plus concordants. Avec les autres, il était beaucoup plus difficile d'éviter les irrégu- larités, tout en restant cependant capable de distinguer la loi. Je ne reproduirai pas les nombreux tableaux de chiffres qui ont été dressés. Après chaque expérience, les grains étaient examinés au microscope et leur caractère plus ou moins anguleux observé ainsi que leur aspect général. Si j'en avais eu la possibilité, je les aurais toutes recommencées en opérant constamment dans des conditions rigoureusement identiques, c’est-à-dire en ne laissant, autant que possible, varier qu’une seule variable. Le dispositif adopté pour l'usure par frottement sur la meule n’aurait pas lieu d’être essentiellement modifié. Pour l'étude de l’usure par choc, je me servirais encore du flacon tournant sur lui-même ; mais afin d'économiser la matière d’essai qui doit être, à chaque fois, employée neuve, ce qui exige une préparation longue et fastidieuse lorsque le minéral est abondant et devenant presque impossible quand le minéral est rare, je remplirais toujours le flacon avec une même quantité de billes de verre de moyenne grosseur et une même quantité, d’ailleurs assez faible, des grains à expérimenter. Les résultats des essais se résumeront de la façon suivante : 1° L’usure des grains minéraux s’effectue dans la nature sous deux influencesdistinctes : le choc et le frottement. Le choc possède une action beaucoup plus puissante que le frottement. 2° Si, en opérant ainsi qu'il a été dit, on fait tourner des grains sableux les uns contre les autres, qu’aprés des parcours connus on pèse le limon obtenu et les grains restants, et qu’on représente (fig. 1) l’usure d’après la perte de poids pour cent au moyen d’une courbe rapportée aux deux axes rectangulaires : O X = parcours effectué, O Y = pourcen- tage de l'usure, on reconnaît que cette courbe STR présente l’aspect d’une branche d’hyperbole. L’usure, très grande au début, ne cesse de diminuer d’abord rapidement de S en T, sommet de la courbe, puis de T en R, avec une lenteur de plus en plus consi- dérable, La courbe changera évidemment selon les conditions de l'expérience, dans l’eau 6 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE ou à sec, selon la vitesse, la nature, la dimension des grains; mais elle conservera toujours la même forme générale. La portion S T correspond surtout à l’usure par choc s’arrétant au sommet T, tandis que la portion T R, asymptote à O X, correspond surtout à l’usure par frottement. On se l'explique aisément : au début, les grains, très anguleux, présentent une multitude de petites saillies promptement abattues par cette multitude de chocs trés peu violents. Mais, comme ces derniers demeurent constants, ils sont de moins en moins efficaces sur des grains de moins en moins rugueux et présentant de moins en moins de saillies. L’abscisse O A indique le parcours après lequel le grain a perdu la presque totalité de ses aspérités et Fo A est pratiquement arrondi. L’étude de la question con- aa sisterait dans l'établissement, d’après expériences, d’un nombre considérable — puisque, dans l’espèce, il pourrait être infini — de ces courbes correspondant chacune à un cas particulier. 3° Si, opérant sur du quartz, cas le plus intéressant dans la nature où le minéral constitue la plus grosse part des sables sous-marins, on examine au microscope le limon produit, on voit qu’il est formé de grains anguleux de toutes les dimensions. Les éclats diminuent de grosseur à mesure que le roulement progresse et la proportion de poussière infiniment fine augmente tandis que sa quantité totale diminue. Les grains se couvrent de mouchetures opaques, serrées les unes contre les autres, et qui donnent même à l’œil nu et surtout en masse, une teinte opaline caractéristique. On assiste à la création de cette patine reconnaissable sur les grains roulés à sec et plus particulièrement ceux des dunes. Je l'ai retrouvée sur les sables des dunes d'Arcachon, tellement arrondis que les orfévres en font provision pour polir l’argenterie sans larayer, de Hasi-bel-Kebash dans le Sahara(1), ainsi que sur de la poussière éolienne récoltée au sommet du Sinaï. Je l’ai encore reconnue sur des grains de quartz contenus dans des sols sous-marins de la région des pea ee age 8 Acores et qui montraient ainsi qu’il provenaient par voie éolienne du désert du Sahara. ¢ q q Ce facies spécial, pour un ceil habitué, permet de distinguer avec un certain degré de certitude, des grains usés a sec, par déflation, de grains usés dans l’eau. Si on se livre au même examen sur des limons, au moyen de !’ultra-microscope, on voit reculer jusqu’à l'infini la ténuité des fragments détachés des grains. On se rend ainsicompte du mécanisme du phénoméne. J’ai observé de la méme maniére des sédiments marins appartenant aux catégories dénommées fins-fins et argile et j'ai constaté le même aspect que sur les limons. Si on soumet au microscope des grains d’autres minéraux que le quartz, on distingue, pour beaucoup d’entre eux, un aspect particulier. Le silex blanc fournit au début notablement plus d’éclats que le silex noir. On n’apercoit point de mouchetures sur ce minéral dont la pate, beaucoup plus compacte et (1) Tourer, Étude minéralogique d’un sable du Sahara (Bull. de la Soc. minéralogique de Frante, t. IV, 1881, p. 262, Eee are ee On Tay Se ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 7 grasse que celle du quartz, tend à acquérir plus rapidement que celui-ci la forme globu- laire. L’orthose devient opaque et, au début, s’use très rapidement par choc; mais bientôt l'usure se fait avec régularité : son aspect ne diffère guère de celui du quartz. A l’ultra- microscope, il m’a été impossible de saisir un passage quelconque entre les fragments minéraux infiniment menus et l'argile. Les grains de magnétite, avant le roulement, sont brillants et réfléchissent la lumière sur une multitude de facettes de cassures très petites et serrées les unes contre les autres. Après l'expérience, ils sont petits (o"",05), décroissent régulièrement de grosseur a mesure que le nombre de tours augmente, s’arrondissent et finissent par présenter un aspect tellement terne qu’ils ressemblent a de la houille compacte. L’amphibole en grains présente d’abord un aspect fibreux, une couleur noire teintée de gris un peu bleuté; par le roulement, elle se dépolit graduellement; mais, jusqu’à ce qu'elle le soit complètement, on distingue encore sur le fond gris mat de sa surface des places non usées se détachant en taches noires, de forme souvent allongée, distribuées dans le sens des fibres. L’usure est forte et se fait régulièrement. La tourmaline, avant roulement, a des grains d’une couleur noire gris d’acier avec, sur les bords, des reflets d’un jaune rougeatre par lumière réfléchie, jaune verdâtre par lumière transmise. Les arêtes de cassure montrent quelquefois de fines stries perpendi- culaires. Au début, les éclats sont très nombreux, l’usure est rapide et les fragments dépolis offrent des surfaces d’un gris blanc matse détachant sur les portions en creux non dépolies et de couleur gris d’acier foncé. Les grains de grenat se couvrent, par usure, d’une patine d’un jaune ocreux; ils s’arrondissent rapidement et ne tardent pas à devenir complètement mats. Des coquilles concassées en grains de o*",2 environ ne donnent que peu ou point d’éclats et manifestent une forte tendance à s’arrondir. Avant le roulement, elles sont translucides et, sur beaucoup de grains, on distingue des dents régulières, par rangées, rendues visibles par leur nuance claire sur le fond plus mat de la pâte du fragment. Après le roulement, leur surface se couvre d’un mamelonné particulier. Les portions rougeâtres qu’on y aperçoit souvent sont plus spécialement attaquées. Toutes ces expériences ont été faites à sec. On est donc en droit d’en comparer les résultats avec ceux produits naturellement par la déflation. La mesure de l’usure à sec, par choc et par roulement, dans le flacon horizontal, permet d’affirmer que les huit minéraux expérimentés, réduits en grains anguleux égaux, partant ensemble dans les mêmes conditions, disparaîtront dans l’ordre suivant : Tourmaline, grenat, magnétite, coquilles, amphibole, orthose, quartz, silex. Si, pour le diagnostic au microscope d’un grain douteux, on voulait avoir recours à l'aspect par choc après roulement, on pourrait rapidement fabriquer un grain type en enfermant des grains concassés du minéral supposé dans un petit tube de verre, en les secouant fortement à sec pendant quelques instants, puis en les lavant, les séchant et les comparant au grain douteux. Le flacon dans lequel, au cours des expériences précédentes, on a fait tourner sur 8 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE eux-mêmes au sein de l’eau, pendant 23 kilomètres, des grains de quartz, étant aban- donné au repos, contenait encore, après dix jours, un liquide louche. Le résultat, d’accord avec les conclusions tirées de l’examen à l’ultra-microscope, prouve que le quartz s’est en partie réduit en parcelles tellement fines qu’elles restent en quelque sorte indéfiniment en suspension dans l’eau. Ainsi s'expliquerait la présence jusque dans les portions les plus centrales et les plus calmes des océans, de poussières non calcaires infiniment fines, apportées au sein de l’eau même de rivages lointains et qui auraient mis un temps très long à se déposer ou, théoriquement, seraient restées indéfiniment en suspension si des phénomènes d’adsorption, de fixation superficielle par attraction moléculaire de sels en dissolution dans l’eau n'étaient pas venus hater leur descente. i La nature commence donc, en opérant par chocs, par travailler avec rapidité à dimi- à nuer le volume des grains de sable; mais lorsque ceux-ci ont atteint un certain degré de finesse, leur ténuité même les soustrait presque complètement à toute influence destruc- trice ultérieure d’ordre mécanique. Soit dans l’air, soit dans l’eau en mouvement, ils | sont entraînés en flottaison, sans se heurter ni se frotter les uns contre les autres et par conséquent sans s’user. L'état de repos complet qu’ils atteignent tôt ou tard les sous- tirait encore à l’usure. En revanche, au moment où les forces mécaniques sont devenues impuissantes contre eux, en conséquence de la diminution de leur volume, l'augmentation considérable de leur surface, à volume égal, les livre à une autre force naturelle, la puissance dissolvante de l’eau qui les baigne, que j’ai ailleurs tenté de mesurer (1) et qui s'exerce proportionnellement à la surface. Le tableau suivant (2), pour chacune des catégories de grains sableux servant à la classification des fonds marins, sable gros, moyen, fin, très fin, moyen et fin-fin, donne le diamètre moyen du grain, le nombre de grains représentant ensemble le volume d’un grain unique de sable gros et la surface totale de ces derniers par rapport à celle de ce grain unique de sable gros. On voit, par © exemple, qu'il faut 3375000 grains de fin-fin de o”",o1 de diamètre chacun pour faire le volume d’un seul grain de sable gros, et que ce dernier présentera une surface qui ne sera quela cent cinquantième partie de celle présentée par l’ensemble … a eee ae en a ee ees a a ee eect Pos de I ele eT ANE Ne (1) J. Taoutet, Solubilité de divers minéraux dans l’eau de mer (Comptes-rendus Acad. Sc., t. CVIII, p. 753 1889, et t. CX, p. 652, 1890). (2) Le calcul s’effectue de la maniére suivante: Si D est le diamétre de 1 grain de sable gros; Si d est le diamétre de 1 grain de sable moyen, par exemple, I =n D§; le volume de 1 grain de sable gros sera 6 celui de 1 grain de sable moyen, : Sas y 3 le nombre de grains de sable moyen sera le rapport des volumes, c’est-a-dire a a (7): =n. (Pour le sable moyen, ~ 1,50 (=x) ie 1468 = 14,87.) 0,61 : La surface supposée sphérique d’un grain gros étant = D2, et celle d’un grain moyen 7 d?, la surface de n grains ; Did? x a D ; moyens sera A 2 => cae n : x Di D 1,50 i et le rapport des-deux surfaces sera iF Diam T = ca 2,10. , ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 9 des 3375000 de grains fins-fins. Ce même volume de matière donnera donc 150 fois autant de prise à la puissance dissolvante de l’eau ambiante à l’état de fin-fin qu’à l’état de sable gros. Diamètre. Nombre de grains: Surface. SAT 0 ER A OT AUS ME ES EU RL OA QUE ae ae 1,50 mm. I I MOVER sok ints odes ck dine ek ov ET lens à 0,61 — 14,87 2,36 SL EERE RRO RID Oy WE Seo a eM CPE D 0,34 — 85,87 4,41 Se BS ANG is APP eee dlwe i oak enw 0,13 — 1 536 11,54 UE 11 ees A UT ANT as eed « 0,05 — | 27 000 30 ee RNA PE ne TU LE M Eee ee Pen eee 0,03 — 125 000 50 TES ae ion al Roe Giclee ais a nl Rs Ne ue 0,01: — 3375 000 150 La faculté relative plus ou moins grande d'être usés par frottement au sein de l’eau pourrait, d’après mes expériences faites à la meule de carborundum et avec le degré d’approximation que comportent ces recherches, être représentée par les chiffres suivants pour les minéraux les plus importants en lithologie océanique. On y a joint les valeurs de la porosité, de la densité absolue et de la densité apparente résultant de la porosité (1) pour plusieurs de ces minéraux; elles ont été mesurées à l’occasion des expériences précédentes et elles seront utilisées dans un autre travail. DENSITÉ DENSITÉ POROSITÉ hero tt Mise OBSERVATIONS o 2,651 2,651 » » » 0,0027 2,5 2,55 0,0021 2,72 2,72 Marbre blanc. » >» » Calcite cristallisée. 1,63 391 2,60 Sinémurien de Nancy. 28,8 2,695 - 1,517 Varengeville, Seine-Inférieure. Un fragment de craie s’userait donc environ 3740 fois plus rapidement qu’un frag- ment de quartz de même volume. Certains minéraux en lamelles, comme le mica ou la chlorite, offrent un mode de destruction mécanique plus complexe. Il est évident que des paillettes de mica roulant les unes sur les autres n’éprouveront pas d’usure sensible. En revanche, vu leur faible dureté, elles s’useront rapidement au contact de minéraux massifs et atteindront promp- tement la limite de dimension qui les maintient en suspension dans les courants les moins rapides. Enfin leur surface considérable ainsi que leur composition chimique les rendent particulièrement sensibles aux forces de dissolution et de décomposition chimique. Résumé. — Pour produire la destruction des masses minérales et des sables, la nature, en outre d’autres moyens parmi lesquels l’éclatement par le froid (2) dont nous ne (1) J. Taoucer, Expériences sur la pierre ponce (Mémoires océanographiques, 1°e série, p. 4. Résultats des cam- pagnes scientifiques du Prince de Monaco, fascicule 29, 1905). (2) J. Taouer, Sur un mode d’érosion des roches par l’action combinée de la mer et de la gelée (Comptes rendus de l'Acad. des sciences, t. CIII, p. 1193, 1886). r T. HI. — Fasc. 7. 2 - 10 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE nous occupons pas ici, emploie d’abord le choc, puis successivement le frottement, les forces de dissolution et celles de décomposition chimique. Quand les forces mécaniques cessent de pouvoir s'exercer à cause de la ténuité des grains, elles sont remplacées par les forces physiques et chimiques d’autant plus susceptibles de s'exercer que le minéral a été amené, par les expériences précédentes, à un état particulièrement favorable à leur action. Le mode d’action des influences mécaniques dont le résultat final est l’usure, varie sur les divers minéraux: tel d’entre eux, particulièrement sensible au choc, résistera au contraire davantage au frottement, et inversement. L’usure d’un minéral par choc dépend surtout de sa fragilité ; son usure par frottement, de sa dureté. Mais ces propriétés molé- culaires de la matière, quoique distinctes, sont si impossibles à isoler expérimentalement l’une de l’autre qu’on comprend la difficulté d’élucider d’une manière absolument précise le problème si complexe de l’usure. On peut dire seulement qu’un minéral s’use d'autant plus vite au début qu'il est plus fragile et ensuite qu’il est moins dur. L'aspect d’un grain examiné sous le miscroscope avec un médiocre grossissement et en diaphragmant fortement, sa forme plus ou moins arrondie, sa surface plus ou moins anguleuse, la façon dont y sont distribuées les taches mates et brillantes, c'est-à-dire sa patine particulière, fournissent une notion sur la provenance de ce grain, éolienne, de dune ou de plage. Il est probable que les grains d’origine glaciaire possèdent, eux aussi, des stigmates spéciaux dont l’étude mériterait d’être entreprise. Il n'existe pas de limite à la ténuité des parcelles détachées d’un minéral par le choc. Ces parcelles, infiniment petites, sont distribuées sur la totalité du lit océanique, car on en constate la présence dans le résidu argileux de tout sol sous-marin traité par un acide, quelque loin des côtes qu’il ait été recueilli. Or, ces parcelles non calcaires n’ont évidem- ment pas été créées sur place. II. — Considérations sur les deltas. Le profil en long typique d’un fleuve possède la forme d’unecourbe dite « d’équilibre », d’aspect parabolique qui, « tangente à l'horizontale dans la région de l’embouchure, se relève très lentement et progressivement à l’amont » (1). Le lit d’un fleuve se compose essentiellement de deux portions: l’une, vers la source, torrentielle et à pente très accusée ; la seconde, notablement plus longue, où la pente, à travers la pénéplaine, est au contraire extrêmement faible. Dans la portion torrentielle, comme l’eau coule avec une vitesse beaucoup plus grande que dans la portion à peu près horizontale, il en résulte que les débris rocheux, enlevés au bassin d’érosion et semés sur le lit du fleuve, sont bien plus volumineux que dans le bas du fleuve. On trouvera donc, à partir de la source, d’abord des blocs, plus bas des galets, ensuite des cailloux et des graviers, puis des sables et enfin des boues. Ces deux dernières sortes de sédiments parviennent seules à la mer ; (1) Lapparent, Traité de Géologie, p. 166, 1S ee RP ean Woes a Pan eee ee a ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE al je n’en ai pas rencontré d’autres dans les fonds bordant la côte du delta du Rhône. Devant Cette, la projection sur le fond du courant côtier méditerranéen longeant du N. E au S. W. la côte du Languedoc et charriant les sédiments du Rhône est marquée sur la carte bathy- lithologique par la bande des vases très sableuses contenant de 25 à 50 p. 100 de sable et s'étendant entre les profondeurs de 15 et de 45 mètres. En me basant sur la dimension des grains transportés, j’ai pu évaluer à un cinquième de nœud environ la vitesse maxi- mum de ce courant contre le fond, par 25 mètres de profondeur. Dans certaines régions où de hautes montagnes sont très rapprochées de la mer, les cours d’eau qui en descendent, ayant une pente fortement accentuée, apportent évidemment à l’océan des sédiments plus gros que les fleuves à pente douce. Constatons en premier lieu que si, parmiles blocs fluviaux, un certain nombre sont partiellement arrondis par suite du passage sur eux de sédiments plus petits qui les heur- tent et les frottent avec une force due à la vitesse considérable possédée par l’eau, la plupart de ceux qui sont entraînés ont encore leurs arêtes vives. Les sédiments fins s’arrondissent, il est vrai, à mesure qu’ils cheminent ; mais au total, les grains sableux, même ceux récoltés près de l'embouchure, sont très peu arrondis et, examinés à la loupe ou au microscope, ils présentent assez d’aspérités pour mériter d'être appelés anguleux. Quelque long que soit le fleuve, le chemin qu’ils y ont parcouru d’une marche régulière et jamais rétrograde est, en effet, extrêmement petit si on le compare à celui qu’ils vont effectuer lorsque, parvenus à la mer, ils suivront les plages de la côte maritime d’une marche en zigzag dite en dents de scie. Le tableau donne la longueur de quelques fleuves (1) : LUN NE EUR NE eae oes ae ae ese 6 400 kilomètres. BRUGES tia Seas RAs ea à cu 1225 kilomètres. AMAZON S65 RER ARCS CURE US 5 500 — RHORE Sr ie RE ra dks des ee 812 = LIANT ER ER PET 5 500 — Seine he wine estes. wees 776 — EUS) NET PM pe aaa 5 000 -- PONG paswas acne ae dese ean x 675 — IGOR sis a's «3 SRE 4 200 — A 0 LR MORE A COPA Le 220 — MORE Pr Net Songs ie 3 395 — Déni eee os 160 — LEE PT CR EN EP PP too Co 3 000 — Rls oh ie coe ÉLUS PE NE DE 120 — AE PORT RP ÉTRPRR 2 800 — | Supposons une plage de longueur infinie, rectiligne et dépourvue des divers obstacles tels que concavité du contour, présence de caps, intercalation de rivages rocheux bordant immédiatement la mer et autres qui retardent considérablement la progression des sables ; admettons que les vagues déferlent toujours avec la même obliquité de 1°, chacune faisant parcourir au grain 10 mètres en montée et 10 mètres en descente, conditions éminemment favorables à la progression régulière des grains, on reconnaît que ceux-ci feraient à peine 0",20 en droite ligne parallèlement pour 20 mètres de marche réelle perpendiculairement ou presque perpendiculairement à la plage, soit cent fois autant de chemin qu’en descendant d’une même distance le cours du fleuve par une marche qui n’est jamais rétrograde (2). Or, comme au bord de la mer les variations du vent font fré- (1) Annuaire du Bureau des Longitudes. (2) Ces chiffres résultent d’un nombre considérable d'observations et de mesures que j'ai effectuées principalement en Normandie et en Bretagne. Je ne tiens pas compte d’une quantité relativement très petite de fragments rocheux un 12 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE quemment déferler les vagues dans des directions différentes et même opposées, il en résulte de nombreuses rétrogradations des grains et, comme en outre, dans la nature, la présence des diverses causes de ralentissement énoncées précédemment est constante, on semble être en droit de porter au moins à 500 cette sorte de coefficient de marche marine. En d’autres termes, un grain sableux, pour parcourir 1 kilomètre en ligne droite le long d’une plage, fait 500 fois le chemin qu’il aurait accompli pour avancer de 1 kilomètre en suivant le cours d’un fleuve. D’autre part, des expériences synthétiques m'ont prouvé que le parcours nécessaire pour qu’un grain de quartz s’arrondisse complètement est en quelque sorte infini; on ne sera donc pas étonné que, si long que soit un fleuve, les grains récoltés à son embouchure soient anguleux (1). C’est ce que m’a montré l’examen microscopique des sédiments recueillisaux embouchures du Rhône, de l'Hérault, del’Aude en Languedoc, de l’Agly, de la Têt et du Tech en Roussillon. Il serait à souhaiter qu’une étude lithologique détaillée des sédiments du fond en divers points de son cours fût entreprise pour un grand fleuve, et en particulier pour le Rhône ou, pour mieux dire, pour la Durance depuis sa source jusqu’à Avignon, et pour le Rhône, depuis Avignon jusqu’au golfe de Fos, car ce fleuve, coupé parle lac de Genève, tire de la Durance la majeure partie de ses gros fragments rocheux. Examinons ce que deviennent les sédiments fluviaux lorsque, arrivés à la fin de leur course, ils quittent l’eau douce et parviennent dans l’eau salée. Sortant péle-méle de l'embouchure comme d’un orifice, si la mer est calme, ces sédiments tombent sur le fond, tous ensemble, vases et sables. Si, au contraire, ainsi qu’il arrive presque toujours, un courant suit parallèlement la côte à peu de distance de celle-ci, les sédiments entraînés par lui se distribuent en gerbe vers l’aval, d’après leur densité apparente, les plus lourds près de la terre, les plus légers extérieurement, du côté de la haute mer, les plus en dehors de tous étant les argiles qui, coagulées dès qu’elles entrent en contact avec l’eau salée, se répandront sur un vaste espace de mer en s’éloignant de l’origine à la fois dans la direction même du courant et du côté du large. Le mouvement des vagues, particulièrement violent à la surface, contribue encore à cette dispersion. On sait que la masse des eaux marines, le long des côtes, est verticalement divisée en deux zones, l’une inférieure, sensiblement en repos, l’autre supérieure, parcourue par un courant superficiel diminuant rapidement de vitesse en profondeur, et parfois même par plusieurs courants superposés, susceptibles de différer entre eux en vitesse et en direction mais s’affaiblissant de plus en plus en profondeur jusqu’à s'annuler en atteignant la limite de la couche d’eau profonde et calme. Si l'embouchure du fleuve s’ouvre dans un golfe ou estuaire creux et étroit, protégé par conséquent contre le courant côtier, si d’autre part le courant d’eau douce n’est pas très violent, les sédiments vont immédiatement tomber sur le fond où ils s’accumu- leront en formant un talus qui s’élévera peu à peu, au sein de l’eau profonde, calme, et peu plus gros, apportés par le fleuve dans les moments de crues et qui, incapables d’être transportés en mer, même à une faible distance vers le large, sont entraînés par les vagues le long de la côte et contribuent, pour une part minime, à la constitution des graviers marins. (1) On comprend donc l’intérêt qui s’attache à la constatation de l’état anguleux ou arrondi d’un grain de quartz dans l’étude microscopique des sédiments modernes ou anciens. por ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 13 finira par atteindre la zone d’eau superficielle ; par places, ils en dépasseront même le niveau ; ces îlots solides se multiplieront, se souderont entre eux, il se produira un colma- tage général et ainsi prendra naissance un delta qui avancera peu à peu vers la haute mer. Tel est, par exemple, le cas des cônes de déjections dans les lacs où les courants sont nuls ou presque nuls. Mais dès que sa surface atteindra horizontalement la limite au delà de laquelle commence à se faire sentir le courant côtier, il se produira un arrêt immédiat dans l’accroissement du delta parce que les apports fluviaux seront aussitôt entraînés et éparpillés en gerbe, en aval de ce courant. Dans certains cas; sous l'influence du courant côtier, pourra même se produire une déviation dans le sens du courant de la pointe sous- marine du delta. Le phénomène est visible sur le delta sous-marin de l'Hérault dévié vers l'Ouest par le courant méditerranéen. Si le fleuve débouche, il est vrai, à l'extrémité d’un estuaire mais débite un volume d’eau douce assez abondant pour transporter directement les sédiments dans la zone d'action du courant côtier, il ne se formera point de delta. Il en sera de même si l'embouchure du fleuve est située dans l'alignement général de la côte et presque immé- diatement contiguë au courant côtier. Ces remarques s’appliquent aux deltas du Danube, du Nil, du Pô, du Rhône, prove- nant tous d'un remplissage d’estuaire. Le delta du Mississipi, produit en eau peu profonde (environ 30 mètres), dans une mer presque sans marées (30 à 40 centimètres) et où le courant côtier ne commence à se faire sentir qu’à une distance de terre relativement assez grande, s'étend en forme de longs bras vers le large. L’Hérault et l'Aude, dont les embouchures sont quelque peu protégées par le cap d’Agde, n’ont que des deltas sous- marins. Enfin l’Agly, la Tét et le Tech, débouchant dans l’alignement même de la côte et dont les sédiments sont immédiatements saisis par le courant côtier, n’offrent aucune trace de delta, ni sous-marin, nisus-marin. Quel que soit le cas, on voit que jamais, à l'embouchure d’un fleuve dans la mer, l'accumulation des sédiments ne peut se continuer indéfiniment et par conséquent n’est jamais en état de provoquer par son poids, ainsi qu’on l’a prétendu, un affaissement de la région continentale voisine c’est-à-dire un avancement apparent de la mer vers la terre ou, en d’autres termes, une transgression. Lenthéric avait, dès 1875, signalé une transgression de la mer s’effectuant aux Saintes-Maries, dans le delta du Rhône. Après lui, en 1891, 1906 et 1911, M. Camille Flammarion avait confirmé le fait en se basant sur la distance comprise en ligne droite entre l’église des Saintes-Maries et la Méditerranée, et diminuant sans interruption d’une longueur variant de 9 mètres à 36",50 par an. Un autre auteur, M. David Martin, conservateur du Musée départemental de Gap, reprenant l'étude de la même question dans une brochure intitulée : Invasions marines des plages de la Camargue et du Galéjon, avait cru devoir attribuer cette transgression à deux causes : en premier lieu, à un affaissement de la côte « alourdie par les milliards de mètres cubes de pierre et de terre déversés sur le littoral.par le Rhône depuis le tertiaire ». Nous venons d'exposer les motifs qui nous empêchent de nous rallier à cette opinion. Il donne, comme seconde cause, des dislocations volcaniques internes. Cette dernière conserve toute sa valeur. Le 14 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE niveau de la région est éminemment instable car la côte actuelle est très proche de la Tyrrhénide, terre hypothétique maintenant submergée, ancien axe cristallin contre lequel les plis des Apennins se seraient formés, à la fin de l'éocène, avec les Pyrénées et, à la fin du miocène, avec les Alpes » (1). La région coincide en outre avec la portion orientale, affaissée sous les eaux, de l'Espagne et de la France(2). La belle carte du golfe du Lion par M. Pruvôt (3), confirmée par les sondages que j'ai moi-même dû exécuter pour l'établissement de ia carte bathylithologique du golfe du Lion, montre bien que le rivage de cette terre s’étendait alors du cap de Creus jusqu’en Provence, a l'Est de Marseille, et faisait face à la mer vers le Sud. Il était marqué par une suite de ravins, sortes de fjords, longs, étroits et très profonds, désignés aujourd’hui en océanographie sous le nom de rechs. Tout l’espace compris entre cette ligne et la côte du Languedoc, avec le commencement de celle de la Provence, appartenait à la terre ferme et l’on remarque que les Saintes-Maries sont précisément situées vers le point de raccordement de cette ancienne ligne de rivage avec le continent actuel. Résumé. — Le long du cours d’un fleuve, les sédiments minéraux, déposés sur son lit, diminuent de grosseur depuis [a source jusqu’à l'embouchure; la vase et les sables par- viennent seuls à la mer et ces derniers présentent un aspect anguleux. Ce caractère provient de ce que la course rectiligne et jamais rétrograde qu'ils ont effectuée sur le lit du fleuve, quelquelong qu’il soit, est extrêmement petite relativement à la route que ces grains accom- plissent ensuite en mer le long des plages où ils sont entraînés par le courant côtier. En effet, alors que 1 kilomètre en droite ligne en suivant le fleuve ne comporte que 1 kilo- mètre de course, on peut évaluer cette dernière à 500 kilomètres au moins, lorsque le trajet est effectué sur des plages marines par un cheminement en dents de scie. Les deltas ne sont susceptibles de se former que lorsque les fleuves créateurs débouchent au fond d’un estuaire protégé contre le courant marin qui règne devant la côte et que, par conséquent, les sédiments charriés peuvent tomber immédiatement au fond de l’eau et s’y accumuler jusqu'à atteindre la surface et même la dépasser. Aussitôt que les sédiments atteignent horizontalement le courant côtier, ils sont entraînés et disséminés en gerbe, plus ou moins loin en aval, les grains les plus lourds en dedans, du côté de terre, les moins lourds vers le large. L’accumulation des sédiments à l'embouchure d’un fleuve n’est donc pas susceptible d'augmenter indéfiniment, et l’on ne saurait à aucun titre lui attribuer des phénomènes de transgression qu'on aurait constatés sur la région continentale voisine. On ne doit pas admettre, en l’appliquant au Rhône, que cette cause explique la transgression marine de la région des Saintes-Maries. Le mouvement apparent d’inva- sion de la mer en cette localité est, à plus juste titre, attribuable à des dislocations volca- niques internes d'autant plus justifiées que les Saintes-Maries sont précisément situées au point de raccordement du continent actuel et de l’ancien rivage de la Tyrrhénide, (1) De Srerani, Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. CXV, p. 607. (2) L. DE Launay, La Science Géologique, pl. III: x (3) G. Pruvor, Essai sut la topographie et la constitution des fonds sous-marins de la région de Banyuls, de la plaine du Roussillon au golfe de Rosas (Archives de xoologie expérimentale et générale, 1894). ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 15 terre hypothétique qui, à l’époque tertiaire, s’étendait du cap de Creus dans la direction de la Provence, et dont le rivage semble aujourd’hui jalonné sous-marinement par les rechs signalés par M. Pruvôt. III. — De la progression et de la distribution des sédiments marins le long des côtes. La progression et la distribution des sédiments marins le long des côtes dépend de trois variables principales : le courant côtier, les vagues et les marées. Il sera fait, dans ce travail, abstraction de l’action de la marée, d’abord afin de simplifier une étude déjà passablement compliquée, puis parce que les considérations dans lesquelles nous allons entrer ont été suggérées principalement par les observations faites pendant les quatre années consacrées à établir la carte bathylithologique des fonds côtiers du golfe du Lion, entre les Saintes-Maries, à l'embouchure du Rhône, et le cap Creus, dans cette partie de la Méditerranée où les marées n'existent pas. D'ailleurs, si les marées compliquent les lois de la distribution des sédiments sur le lit océanique, elles ne les infirment pas et leur effet général se borne le plus souvent à rendre moins nets, plus atténués, les passages entre les diverses sortes de sédiments. On n’aura donc à tenir compte ici que de deux variables, le courant et les vagues dont les effets seront examinés successivement. Les explications données devront, autant que possible, être suivies sur les cinq feuilles grand-aigle de la carte bathylithologique du golfe du Lion. Quand on examine cette carte, on constate qu'à partir du rivage eten s’avancant vers la haute mer, les fonds sont partout disposés dans l’ordre : sable, sable vaseux, vase très sableuse, vase sableuse et vase proprement dite, en bandes le plus souvent continues, parallèles à la côte. Les sédiments sont apportés à la mer par les fleuves qui y débouchent: le Rhône, avec une pente de 0,00250, qui en amène, d’après M. Surell, 21 000 000 de mètres cubes annuellement, dont les quatre cinquièmes par le grand Rhône et un cinquième par le petit Rhône ; l'Hérault, dont la pente est de 0,00960 et qui par conséquent mérite d’être considéré comme torrentiel ; l’Orb, l'Aude, l’Agly, la Têt et le Tech; et ensuite ils provien- nent des plages mêmes. Les premiers sont des produits d’érosion; les seconds, des produits d’abrasion. Ces derniers sont assez peu importants depuis les Saintes-Maries jusque vers l'embouchure du Tech, parce que, entre les montagnes de l’intérieur et la mer, s'étendent en ligne presque continue des étangs bordés d’une plage basse, rectiligne, qui interceptent tout apport minéral à la mer. Il en est autrement entre le Tech et le cap Creus où l’on observe déjà les deux genres de sédiments sur les petites plages qui occupent le fond des criques des dernières découpures des Pyrénées. La double origine des sédiments est beau- coup plus distincte encore sur les côtes françaises de l'Océan et de la Manche, en Bretagne, par exemple, où, contrairement à ce qui se passe en Languedoc, la masse des produits d’abrasion sur place l'emporte sur celle des produits d’érosion arrivés de l’intérieur du continent par l'intermédiaire des fleuves. SoitOR (fig.2), une section perpendiculaire ala côte du sol sous-marin, et OX, leniveau 16 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE de la mer. Sur toutes les côtes maritimes aussi bien que sur celle du Languedoc, l'examen des cartes bathylithologiques montre que, de O en R, les sols se succèdent dans l’ordre : x ’ 4 fi à Ÿ . Fl-sss— vos os [=] ia a À ‘\) sable, sable vaseux, vase trés sableuse, vase sableuse et vase proprement dite. Cherchons les causes de cette distribution générale des sédiments par ordredécroissant de grosseur et de quantité des grains sa- à bleux. 5 he Considérons maintenant IEE X en À dans une mer limitée, ls pour plus de simplicité, par in une côte rectiligne ne présen- tant ni caps, ni crique ou baie, - susceptibles de donner nais- Fig: va; | sance à des sédiments d’abra- sion et parallèlement à laquelle | Renee, ENE à (fig. 3) un fleuve débouchant un courant passe dans le sens de la flèche. Un fleuve, à son embouchure, ne charrie ni galets, ni pierres, mais uniquement des graviers, des sables plus ou moins fins et de l’argile Fig. 3. plus ou moins calcaire. Ces sédiments, sortant pêle-mêle de l'embouchure, vont être saisis dès leur sortie et distribués par le courant côtier. Nous supposerons d’abord une mer abso- lument calme et sans vagues. Toutes les côtes sont balayées par un courant côtier agis- sant avec une force variable selon les saisons, l’état de calme ou d’agitation de la mer, les vents régnants et d’autres causes, mais, au total, toujours dans une méme direction générale. On citerait comme exemples typiques, dans la Manche et la mer du Nord, le courant qui remonte les côtes de Normandie, franchit le Pas-de-Calais, continue sa route dans la mer du Nord en la jonchant des silex de la craie normande qu'il dis- tribue sur toutes les plages de la Belgique, de la Hollande, de l'Allemagne, jusque sur la côte du Jutland ; ou bien encore, dans la région qui précisément nous occupe, le courant méditerranéen qui, pénétrant par le détroit de Gibraltar, suit de l'Ouest à l'Est la côte d’Algérie, passe devant l'embouchure du Nil, continue sa route le long de l’Asie Mineure, finit par longer les côtes de la Provence et du Languedoc de l'Est à l'Ouest, celles du Roussillon et de l'Espagne, et termine sa course au point même où il l'a commencée en sortant de la Méditerranée par le détroit de Gibraltar, Sa vitesse sur les côtes de France serait, d’après Delesse (1), de 7 cen- (1) Decesse, Lithologie du fond des mers, Pp. 113, ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 17 timétres par seconde dans les anses et au plus de 80 centimètres près des caps. Le courant côtier dépend surtout des vents régnants dont il est en quelque sorte la résultante de la résultante pendant l’année ou même davantage, dans la localité considérée et dans la région maritime d’amont. Delesse (1) indique la formule servant à obtenir, d’après des observations directes, la résultante en direction et en fréquence des vents soufflant en une localité quelconque. La formule ne tient malheureusement pas compte de la vitesse du vent. Il est pourtant évident qu’un vent soufflant avec une force très grande pendant un mois, par exemple, aura une action plus considérable sur le courant marin qu'un vent qui aura soufflé très doucement dans une direction différente pendant deux mois. On doit aussi tenir compte de l’ensemble des conditions atmosphériques dans les stations en amont de la station considérée. Ces considérations se rapportent à la météorologie plutôt qu’à l’océanographie ; cependant elles montrent combien les deux sciences sont ici liées entre elles et font comprendre combien il serait désirable qu’un océanographe entre- prit l'étude directe, en une localité quelconque, d’un courant côtier et de ses variations. La vitesse d’un courant contre le sol en un point de celui-ci est telle qu’elle peut ou a pu apporter à cette place les grains sableux les plus gros trouvés ou aussi les remporter pour lesremplacer par d’autres semblables ; mais, en tout cas, elle est incapable actuellement d’en apporter de plus gros puisqu'il ne s’en rencontre pas de tels. Et comme la vitesse d’un courant capable d'apporter un certain grain est, au moins, celle susceptible de main- tenir verticalement celui-ci en flottaison parfaite, on en doit conclure que la dimension des plus gros grains trouvés à une place donne la vitesse minimum contre le sol, à cette place, du courant qui y a apporté ces grains. Cette vitesse, pour un échantillon donné, sera donc facile à évaluer expérimentalement. Le courant côtier, à la surface, peut ne commencer à se faire sentir qu’à une certaine distance de la terre, en D par exemple (fig. 2). A partir de ce point et vers la haute mer, il augmente de vitesse de D en E, puis diminue lentement, de E vers X. C’est ce que repré- sente la courbe D F G, rapportée à OX et O Y, axe des vitesses. Ce courant est supposé s'avancer vers le spectateur. Sur le sol, à partir de A, la vitesse, évidemment toujours moindre qu'à la surface, à cause du frottement, croîtra de A en C parce que ce point correspond au maximum de vitesse à la surface E F et que la profondeur de l’eau est encore faible; puis elle diminue de C en T où, devenue nulle sur le fond que le courant n’atteint plus, la nappe d’eau en mouvement remontera en quelque sorte vers lasurface, diminuant sans cesse de vitesse jusqu’à ce que le courant, même à la surface, comme le montre la courbe DFG, cesse complètement d’exister à une certaine distance de terre. Les eaux des fleuves, parvenues à la mer, sont entraînées par le courant côtier. La Seine remonte la côte de France vers le Pas-de-Calais et la mer du Nord; le Rhône suit vers l'Ouest le courant méditerranéen. Cependant leur influence est faible et ne se fait sentir qu’à une courte distance, à cause du peu de volume qu’elles possèdent relativement au volume des eaux du courant marin. Les différences de vitesse donnent naissance dans la mer, au voisinage immédiat de l'embouchure, à une augmentation momentanée de vitesse du courant marin et à des remous qui rendent alors assez variables et temporaires (1) Decesse, loc. cit., p. 24. T. UI. — Fasc. 7. 3 “18 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE les dépôts du fond. Tandis que, ainsi que nous l'avons vu, la vitesse du courant méditer- ranéen est en moyenne de 7 et au plus de 80 centimètres par seconde, celle du Rhône, en temps ordinaire, serait de 0",40 à 1",50 par seconde (1) et, en temps de crues, de4 à 5 mètres. En mer, l’influence s’atténue rapidement, surtout en profondeur car, d’après Desjardins (2), à 2”,50 de profondeur, elle serait déjà nulle. L’eau douce qui, plus légère, . se répand par-dessus l’eau salée, ne s’étend pas très loin vers le large, au moins dans nos climats, surtout lorsque l’agitation de la mer vient hater son mélange. On peut dire que les sédiments charriés sont déversés au même point immédiatement à l'embouchure. Leur masse est souvent considérable. D'après Fournet (3), à Lyon, en temps ordinaire, l’eau du Rhône contient entre 1/10000 (o",1 par litre) et 1/100000 (0,01 par litre) de matière terreuse en suspension; en 1844, le maximum a atteint 2/100 000 (0%,02 par litre). Les vagues superposent leur action à celle du courant tout le long de la côte. En mer profonde, elles sont sans influence sur le sol sous-marin situé trop profondément ; mais en approchant de terre, à mesure que le fond se relève, elles commencent à faire sentir leur action en un point V (fig. 2), où elles remuent légèrement les sédiments vaseux les plus fins. La profondeur N V varie évidemment avec la force des vagues, c’est-à-dire avec leur hauteur. En Méditerranée où Delesse (4) évalue leur hauteur maximum, en tempête, à 5 mètres, les ingénieurs ont reconnu (5) qu'à 5 mètres de profondeur, les enrochements des constructions sous-marines ne sont pas dérangés, tandis que M. de La Roche Poncié fixe cette profondeur de repos à 3 mètres seulement, par temps ordinaire, dans le golfe de Gascogne. Il est évident que la profondeur à laquelle les vagues agitent sur le fond les sédiments vaseux infiniment fins doit être beaucoup plus grande. L’agitation se continue du point V jusqu’au point L, un peu en avant du niveau de l’eau où, par suite du ressac, les sédiments sont remués avec une énergie maximum. C’est ce qu’exprime la courbe N MO, rapportée également aux axes O Y et OX. Il est bien entendu que cette courbe, ainsi que D FG, indique la variation de grandeur de la variable qu’elle représente et non la relation mutuelle entre la force des vagues et celle du courant: En d’autres termes, on ne considérera pas, en valeur absolue, les ordonnées de l’une des courbes par rapport aux ordonnées de l’autre. On sait que, de quelque direction qu’arrivent les vagues poussées par le vent (fig. 4), elles éprouvent un ralentissement en parvenant sur des fonds de moins en moins profonds contre lesquels s'exerce un frottement. Elles exécutent donc une conversion et rencontrent la plage contre laquelle elles déferlent dans une direction très sensiblement perpendi- culaire. « La forme générale de la côte (6), l'alignement de la plage, lesens de lapropagation de la marée, quand elle existe, concourent à donner aux lames qui frappent un rivage une direction légèrement oblique et à introduire ainsi dans le mouvement imprimé aux matériaux transportés une composante parallèle à la côte. » (1) Lapparent, 7 raité de géologie, 1900, p. 177. (2) DeLesse, loc. cit., p. 114. (3) LAPPARENT, loc. cit., p. 218. (4) Deesse, loc. cit., p. 106. (5) DèLesse, loc. cit., p. 110. (6) LAPPARENT, loc: cil:, p: 244. | à | : | | J à ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 19 Les vagues, arrivant sur la plage dans la direction à très peu près perpendiculaire XNED O (fig. 2), vont remuer le fond de plus en plus violemment de V jusqu'en L. Il ne se fera d’abord qu’une oscillation infiniment faible ne mettant en mouvement sur place que les fines particules d’argile et ensuite, en approchant de terre, non seulement ces particules mais des grains de sable de plus en plus volumineux seront agités. KKKKKKKKI On comprend que, sauf dans le cas de courants extrêmement violentsproduisantdes affouillements, un courant modéré passant sur un fond absolument iS uni, méme formé de vase trés fine, alors qu’aucun aa grain ne dépasse son voisin et n’offre la moindre ss AoteGciat Qu ee HA prise, restera inactif et n’opérera aucun transport de matière. Il glissera sur le sol. Il en sera autre- ment si les matériaux du fond, au lieu d’être Fig. “4 parfaitement tassés, sont mis en suspension même en couche très mince par le faible clapotis oscillatoire résultant de chaque va-et-vient des vagues. Les sédiments seront alors balayés par le courant, d’abord les plus fins, ensuite ceux de plus en plus gros à mesure que le courant augmentera de force. Sur le fond, de R en T, courant et vagues seront sans action sur le fond; l’eau restera donc immobile et, dans les portions inférieures de sa masse, se déposeront les matériaux en suspension, même les plus ténus, c'est-à-dire des vases. De T en V, le courant passe sur le fond quoique les vagues ne remuent pas encore le sol. Les sédiments n'étant pas mis en suspension, le sol sous-marin reste uni et, comme rien n'offre de prise au courant, celui-ci est impuissant à transporter des sédiments et les vases se continuent, quoique peut-être un peu plus riches en fins-fins que les précédentes. De V en C, les vagues et le courant augmentent ensemble d'intensité. Il se fait en conséquence en V un enlèvement de matériaux très fins ou, si l’on veut, un empêchement à leur dépôt, puis, plus loin, de grains de plus en plus gros. Aux environs de C seront les plus gros grains de sable et en plus grande proportion, mêlés à de la vase protégée contre l'enlèvement parce qu’elle s’est blottie dans les interstices des grains sableux. En résumé, de V en C, vase sableuse, ensuite vase très sableuse et même commencement du sable vaseux. | Après À, le courant ne se fait plus sentir. Il se produit dans la région très peu profonde, immédiatement contiguë à la côte, des contre-courants et des remous qui atténuent et finissent même par annihiler le courant lui-même. Sans les vagues, la région A O serait vaseuse ; mais celles-ci, prenant au contraire une puissance de plus en plus considérable, vont affouiller fortement le sol, surtout en L, au bas de la plage où elles déferlent. Aucune vase ne résistera à l’entraînement et il en sera de même pour les sables, à commencer par les plus fins : tous seront balayés par ordre décroissant de grosseur et on passera de A en L, des sables vaseux aux sables moyens et enfin aux gros, seuls en état de s'immobiliser. Si les échantillons récoltés à ces places contiennent des grains sableux fins et de l'argile, toujours d’ailleurs en petite quantité, c’est que la finesse même de ces sédiments léur a ° 20 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE permis de pénétrer entre les interstices vides du gros sable tassé et d’être ainsi protégés contre l’action des vagues. Dans les tourbillonnements qui auront lieu, les sédiments fins tenus en suspension dans toute la masse d'eau A B LOD finiront toujours par pénétrer dans la région A D EX du courant côtier et par être entraînés par lui. De L en O et un peu au delà, s’étend la plage. Son profil diffère peu d’un plan d’une inclinaison uniforme de 1°, d’après de Lapparent. Des différences de pente assez grandes pourront néanmoins se manifester, même sur des plages assez voisines. Ainsi que je l’ai mesuré moi-même, alors que la plage du Ris, près de Douarnenez, offre une pente de 0, 5 p. 100, celle de la plage des Sables Blancs, à l'Ouest de Tréboul, à 3 kilomètres à peine de distance en ligne droite, est de 10 p. 100. Ces inclinaisons diverses jouent dans la sédimentation et le transport des grains un rôle encore insuffisamment étudié et plus important qu’on ne le pense. Suivons séparément les grains sableux et vaseux entraînés par le courant ADEX (fig. 2) et d'autre part les sables de la région ABOD, et rappelons-nous que l’argile apportée par l’eau douce du fleuve A (fig. 3), arrivant au contact de l’eau de mer, se coagulera de sorte qu’il sera désormais permis de parler de ses flocons ou grains. Les grains sableux et vaseux sortis de A pénètrent à la fois dans la mer et dans le courant côtier, d’autant plus que les fleuves forment toujours à leur embouchure, par le dépôt immédiat de leurs sédiments les plus gros, un delta qui, même sous-marin et invi- sible, prolonge leur cours jusqu’à une certaine distance en mer où ils sont saisis par le courant. Si, comme dans les lacs, il n’existait pas de courant côtier, les sédiments fluviaux, gros et petits, tomberaient immédiatement pêle-mêle et formeraient un cône de déjection. Le courant opère un triage susceptible d’être comparé à une sorte de vannage. Chaque grain, au sein de la masse d’eau en mouvement, suit dans le sens du courant, de haut en bas, une trajectoire qui est sensiblement la diagonale du parallélogramme ou plutôt du rectangle des deux forces perpendiculaires entre elles, l’une verticale qui est la vitesse de chute qu’aurait le grain en eau tranquille, et l’autre horizontale, la vitesse du courant. Tous les grains tombent donc sur le fond : d'abord les plus lourds, le moins loin en aval et le plus près de terre, les plus légers, c’est-à-dire l'argile, le plus loin en aval et le plus loin de terre. Il en résulte qu'à partir de l'embouchure du fleuve, les fonds se déposent en gerbe (fig. 3), ainsi que le montrent d’ailleurs les cartes bathylithologiques du golfe du Lion et l’étude de la distribution de chacun des divers minéraux contenus dans les sédiments récoltés à la mer. La répartition sur le fond par ordre croissant de richesse en argile, le sédiment le plus léger detous, est figurée schématiquement par les trajectoires en gerbe, de longueurs croissantes et s’écartant de plus en plus de la côte. On retrouve donc encore l’ordre reconnu de la répartition des sables, sable vaseux, vase très sableuse, vase sableuse et vase proprement dite. Le carbonate de chaux à l’état de marbre (d=2,723), de calcaire (d=2,71) ou de craie (d=2,695) et le quartz (d=2,651) possèdent à peu près la même densité absolue, c’est-à-dire mesurée sur le minéral compacte. Il semblerait donc que, toutes choses égales d’ailleurs, ces divers minéraux emportés du même point, par un même courant, devront se déposer les uns près des autres en s’écartant cependant de la côte dans l’ordre : marbre, ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE : 21 calcaire, craie et quartz. Mais, si l’on tient compte de la porosité (1) de ces divers carbo- nates de chaux: craie (p=2,88), calcaire (p=1,63) et marbre (p—0,006), et de celle du quartz qui est nulle, les densités apparentes seront : pour la craie 1,517, le calcaire 2,60, le marbre 2,72 et le quartz 2,65. Or il est évident que la densité apparente seule est en jeu dans ces phénomènes de transport et de sédimentation dépendant d’une flottaison au sein de l’eau. C’est ce qui explique pourquoi l’ordre réel de dépôt, contrairement à ce qu’on aurait pu croire en ne se basant que sur les densités absolues, est de la côte vers le large, dans l’ordre inverse: marbre, quartz, calcaire et enfin craie. Telle est la sucesssion observée dans la distribution sur le lit océanique du carbonate de chaux, en général plus abondant au large que près des côtes. S’il arrive que, par places, il en soit autrement, l'effet en est attribuable à des causes locales, par exemple à la présence de coquilles vivant au voisinage de la terre et reprises entières ou en débris par des vagues ou des remous qui les accumulent en certains endroits. La zone ABLO du fond (fig. 2) se divise en deux parties : l’une BL où le ressac se fait sentir dans toute sa violence et où, par conséquent, ne peut se manifester aucun ordre permanent dans la sédimentation, et la région AB moins agitée, parce qu'elle est plus profonde et où peut s'établir un certain ordre au moins tant que les tempêtes ne viennent pas momentanément le troubler. D'ailleurs, même dans ce cas, il ne tarde pas à se rétablir sous l'influence des conditions ordinaires. Lorsqu'un courant passe devant une côte, on observe que, par suite du frottement s’exercant entre l’eau et le sol qui se relève, il existe une démarcation d’un côté de _ laquelle (fig. 5) le courant descend dans un sens tandis que de l’autre côté, près de la terre, surtout en amont et plus encore en aval d’un cap marquant l’entrée d’un golfe, règne un contre-courant en sens inverse moins rapide et moins régulier que le cou- rant lui-même. Sur le sol de cette dernière zone, deux régions sont à considérer, l’une AB (fig. 2), couverte de sable un peu va- seux, l’autre tout à fait voisine de terre où se produisent des tourbillons dans le sens des flèches (fig. 5)avecune giration vers le rivage. On donnerait comme exemples les deux flancs du cap d’Agde, en amont vers Cette et en aval dans le golfe d’Agde où s'étale sur le fond le delta de l'Hérault ainsi que les environs du cap Leucate en aval duquel la côte est droite, ce qui donne lieu a la forma- tion d’une flèche de sable vaseux s'étendant sur environ sept milles dans le Sud, parallèle à la bande de sable vaseux contiguë au rivage, les deux laissant entre elles une bande de Fig. 6. (1) Taoucer, Expériences sur la pierre ponce (Mémoires Océanographiques (1° série). Résultats des campagnes scientifiques du Prince de Monaco, fasc. XXIX, p. 1, 1905); et THOULET, p. 81. Précis d'analyse des fonds sous-marins actuels et anciens. Chapelot, édit. Paris, 1907. : 22 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE vase sableuse. J'ai observé ces tourbillons sur certains ruisseaux, et la figure 6 a étédessinée d’après nature. Un ruisseau coulait avec une assez grande rapidité en A‘etson lit, s’élar- gissant brusquement, se resserrait de nouveau en B. Dans la portion élargie C on voyait, au contact des rives en pente douce, des tourbillons apparaître toujours aux mêmes places ; ils descendaient quelque peu vers l’aval et disparaissaient bientôt. Ils étaient évidemment dus à la configuration du fond. En jetant sur l’eau des brins d’herbes sèches, on cons- tatait que la giration avait lieu vers le bord et que, pendant la courte durée de leur existence, les tourbillons possédaient une vitesse inférieure à celle de la portion centrale du courant. Dans cette circonstance, la nature avait tout disposé pour que les conditions du phénomène pussent être étudiées aussi clairement que dans une expérience synthé- tique préparée dans un laboratoire et qui, d’ailleurs, est aisément reproduite dnas une auge à courants. Ces tourbillonnements suivent donc en mer les contours du rivage et se produisent lorsque la vitesse de l’eau est ralentie par le fond. Selon leur vitesse ils entraînent les grains minéraux d’après leur nature minéralogique, leur densité, leur forme et leurs dimensions. Il se fait ainsi des entassements de chaque sorte de grains en des points différents, comme on l’observe autour du cap d'Agde, un peu en amont et davantage en aval du courant méditerranéen, contre la côte tournée vers l'Ouest. En effectuant l’analyse microscopique des sédiments, comme on a eu soin de noter pour chaque sorte de minéral sa présence dominante (D), très abondante (AA), abondante (A), moyenne (+), rare (R) et très rare (RR), il a suffi de reporter ces indications sur la carte bathylithologique du golfe du Lion. J’ai exécuté ce travail pour chaque espèce minérale en déposant, en chaque point où sa présence avait été reconnue, de petites rondelles de carton peintes de couleurs différentes et en nombre proportionnel à l'abondance ou à la rareté du minéral. J’ai alors observé que chaque minéral était déposé sur le sol en une traînée finissant en spirale tournée vers le rivage, comme on le voit sur le schéma (fig. 7), et aboutissant à un centre de giration où s’entassent les grains. En une même localité, chaque espèce minérale possède un et quelquefois plusieurs centres de giration spéciaux ne se confondant pas avec ceux d’un autre minéral. Ces triages s'effectuent dans la mer avec une précision et une délicatesse vérita- c B A Fig. 7. Fig. 8. blement surprenantes. Etudions maintenant la zone immédiatement adjacente au rivage BLO (fig. 2), où leslames exercent avec le plus d'énergie leur action dans le ressac, stil 1 alu di is à un ‘À he ont LA à Mn nt de na en ont M a OS éd LES wr Se Lu a ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE. 23 Lorsqu’une vague arrive perpendiculairement à une plage avec sa forme régulière A (fig. 8) et qu’en progressant elle rencontre des fonds de plus en plus élevés, sa portion inférieure, retardée par le frottement contre le sol, laisse prendre de l’avance à sa partie supérieure B. Comme l’avance ne cesse d'augmenter, il survient un moment, au-dessus de L (fig. 2 et 8), où cette partie supérieure surplombe tellement qu’elle retombe sous son propre poids et s’écrase en donnant naissance à un violent bouillonnement d’écume C. La masse d’eau, ayant alors perdu la forme de vague, se transforme en nappe, gravit la pente de la plage, puis, sa vitesse amortie, la redescend avec une vitesse croissante, Mais bientôt elle rencontre la nappe ascendante provenant de la vague suivante; ilse produit un choc, un arrêt brusque et l’impulsion est brisée. La vague montante plus forte l’em- porte et l’eau remonte de nouveau la plage de sorte que le phénomène se répète indéfini- ment. Cependant, sur le fond lui-même, la nappe descendante continue sa route sous l’eau. Ainsi se crée le courant littoral inférieur si dangereux pour les baigneurs qui, debout et avec de l’eau jusqu'à la poitrine, ont le haut du corps poussé contre la terre par la lame, tandis que les jambes plongées dans le contre-courant sont au contraire poussées vers la mer. Le baigneur, s’il perd son équilibre, bascule, s’étale sur le fond et, maintenant tout entier dans l’eau descendante, il est dans l'impossibilité de se relever et est entraîné vers le large. L'amplitude du mouvement de montée et de descente varie d’après la puissance des vagues, leur fréquence et la pente de la plage, donnée très importante. La force d’une vague peut être considérée comme proportionnelle à sa vitesse; la fréquence est le nombre de vagues déferlant par minute; enfin la pente de la plage est facile à mesurer par un nivellement, au moyen d’une boussole de pente ou de toute autre façon. J'ai, à de nombreuses reprises, mesuré la fréquence des vagues. Si elles sont fortes, par mauvais temps, elles sont plus faciles à compter que lorsque la mer est belle parce qu’alors, par suite d’interférences, il se crée des séries de vagues d’abord petites, puis augmentant de plus en plus jusqu’à ce que, la différence de phase atteignant exactement une longueur d’onde, il y ait addition, ce qui se traduit par deux ou trois vagues réelle- ment fortes après lesquelles recommence la série des petites. En Bretagne et en Nor- mandie, la moyenne est d'environ dix vagues par minute, chacune montant de 10 mètres sur la plage et redescendant d’autant, soit 20 mètres de parcours total pour un grain de sable entraîné en montée puis en descente. Je serais même porté à penser que ces évalua- tions, faites en été et par mer relativement calme, sont plutôt faibles qu’exagérées. Examinons maintenant comment se comportera un grain de sable. Les grains, soit qu’ils sortent d'un fleuve ou qu'ils résultent de la destruction des roches bordant le rivage, commencent par être anguleux. Entrés dans la zone d’action violente du ressac, à l'endroit oùretombeet s'écrase sur elle-même la vague venant du large, ils sont soumis aun tourbillonnement en hauteur qui mélange entre eux ceux qui achèvent de descendre la pente de la plage et ceux qui, descendus avec la vague précédente, s'étaient déjà déposés sur le sol. Après ce tourbillonnement qui opère un brassage complet, le grain retombé sur le sol, heurté et frotté contre ses compagnons, va gravir 10 mètres, descendre de 10 autres mètres, ce qui correspond à un trajet total de 20 mètres eh va-et-vient, 24 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE ou 200 mètres par minute, temps que 10 vagues mettent à déferler. La figure 9 montre le sable tourbillonnant dans l’écume du ressac, en L; il s'étend en nappe de L en B, puis redescend de B en L, pour recommencer indéfiniment le trajet LB + BL pendant lequel les grains s’arrondissent par choc et par frottement sur une distance de 20 mètres. On a supposé précédemment qu’en con- 3 ge séquence du roulement contre le fond, les ? : lames déferlaient toujours perpendiculaire- ment à la plage. Il n’en est pas absolument Fig. 0. Fig. 10. ainsi et la vague arrive avec une certaine obliquité suivant M A (fig. 10). Comme en A elle a perdu toute sa force vive, elle redescend suivant la ligne de plus grande pente du terrain A B, dans le plan perpendiculaire à la mer. La vague suivante fait accomplir au sable un nouveau trajet de 10 mètres pendant lequel il s’use encore moitié obliquement suivant BC, moitié perpendiculairement en descente C D. Le sable suit par conséquent sur les plages un trajet en dents de scie qui, pour un déplacement M H parallèle à la terre, implique un parcours réel en zigzag infiniment plus long, dont on a évalué l’élément MA + AB à 20 mètres en moyenne et dont l’angle d’obliquité est très petit. Dans un travail précédent (1), on avait estimé que le parcours réel équivalait au moins à 500 fois le parcours apparent; l'évaluation est d'autant plus modérée que le plus souvent, par suite de changements dans la direction du vent qui chasse obliquement la vague, les grains accomplissent un trajet rétrograde pour revenir ensuite sur leurs pas. Ils finissent néanmoins par effectuer un déplacement horizontal dans un certain sens à peu près le même que celui du courant côtier subissant, lui aussi, des alternances momentanées de direction malgré la persistance de sa marche générale. En résumé, les sables progressent avec une lenteur extrême parallèlement à la côte, tout en accomplissant un parcours considérable, conséquence de leur marche en dents de scie. Sur chaque plage viennent s'ajouter au sable des produits d’abrasion marine sous : forme de blocs ou pierres dus à la destruction, sous l'influence combinée de la mer et des agents atmosphériques locaux, de laroche continentale encadrant la plage. Les vagues, en les forçant à se heurter continuellement et à rouler les uns sur les autres, réduiront chacun d’eux à l’état de galet accompagné d’une multitude de petits éclats anguleux qui seront des grains de sable. A ce sable, créé sur place, s’ajoute un troisième élément, les coquilles des mollusques morts en mer à une faible distance du rivage. Celles-ci, constituées par un calcaire poreux, (1) Taourer, Considérations sur les deltas, p. 12. — ial Sn | | | ; ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 25 offrant en général une surface assez grande par rapport à leur volume, sont aisément soulevées par les vagues et, soustraites ainsi à l'influence du courant littoral inférieur lequel allant de la côte vers le large tendrait, au contraire, à leur faire gagner des profon- deurs plus considérables, elles sont portées à la plage surtout par la nappe superficielle de l’eau s’avancant du large vers la plage. Il se produit, pour les coquilles entières ou brisées, un véritable vannage au sein de l’eau. L’angle d’obliquité des dents de scie se mesure assez facilement lorsqu'on suit de l'œil les mouvements du ressac. Il est quelquefois naturellement indiqué par des laminaires ou des tiges de goëmon dont une extrémité enfoncée dans le sable demeure immobile, tandis que le reste de sa longueur est entraîné par l’eau dont elle suit les mouvements jusqu’au moment où abandonnée par elle, elle demeure immobile. Elle fait ainsi l'office d’une girouette. _ La dénomination de fonds littoraux ou paraliens s'applique à ceux de cette zone où prédomine l’action des vagues. Ils s'étendent depuis la limite la plus haute de l’espace sableux alternativement sous l’eau et a l’air, au passage de chaque vague, jusqu’à une profondeur évidemment variable avec la localité par suite de l’inclinaison du sol et de la violence des vagues, mais qui, au total, et s’il faut absolument lui assigner une limite inférieure, ne dépasse guère dix mètres de profondeur. Si parfois cette profondeur est dépassée, bien plus souvent elle n’est même pas atteinte. Là est le véritable terrain d'usure des grains sableux par choc et par frottement, les effets d’usure étant particuliè- rement énergiques sur la plage même où les grains sont successivement dans l’eau et presque à sec. Les graviers font véritablement partie des dépôts littoraux, bien qu’ils se rencontrent quelquefois au milieu même des dépôts côtiers. Parfois ils sont un produit d’exaration comme aux bancs de Terre-Neuve (1), et probablement sur les bancs de la Grande Sole, et de la Petite Sole, au large de Brest, où ils sont accompagnés d’énormes blocs rocheux certainement apportés par des glaces côtières de l’époque glaciaire. Ailleurs, comme dans le détroit du Pas-de-Calais, ils sontconsidérés comme en place, en quelque sorte déchaussés par les courants qui les baignent et ont entraîné les sédiments meubles qui les englobaient dans leur masse. Ces cas sont spéciaux. D'une façon générale, on peut affirmer que, s’ils sont là où l’on constate leur présence, c’est qu’ils y ont été amenés et n’en ont pas été enlevés. En outre, et pour cette même raison qu’on les trouve où ils sont, ils n’ont pas été noyés dans la masse de sédiments fins qui tendent à s’accumuler autour d’eux et par- dessus eux. Il est donc permis d’attribuer leur origine à des courants qui se sont fait sentir sans doute. momentanément, avec assez de violence pour les avoir amenés à la place qu’ils occupent, et quise sont ensuite assez affaiblis pour ne pas les emporter ailleurs, tout en restant cependant suffisamment puissants pour emporter ou empêcher de se déposer autour d’eux dessédiments plus fins, surtout de nature vaseuse. Des remous produits, soit par la rencontre de deux courants opposés, ou la double action des vagues et d’un cou- (1) Tuoutet, Sur le mode de formation des bancs de Terre-Neuve (Comptes-rendus Acad. des Sciences, t. CII, p. 1042, 1886) et Observations faites à Terre-Neuve à bord de la frégate Clorinde pendant la campagne de 1886 (Revue Maritime et Coloniale, t. XCIII, p. 308-430, 1887). T. I, — Fase. 7. 4 26 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE rant, celle des vagues seules sur un haut-fond ou encore celle des marées, semblent, par conséquent, suffire pour expliquer leur présence. A ce point de vue, l’étude minutieuse d’un banc de gravier, sa monographie complète, en éclaircissant les conditions spéciales de sa genèse et de sa permanence, offrirait un vif intérêt pour l’océanographie. Résumé. — Le cheminement et le dépôt des sédiments le long d’une côte dépendent de trois variables principales : le courant côtier, les vagues et les marées. Devant toute côte passe un courant côtier qui, à l'embouchure des fleuves dans la mer, entraîne les sédiments d’érosion déversés par eux et les distribue en aval, en gerbe, c’est- a-dire les plus gros le plus près de la terre et le moins loin de l'embouchure, puis progres- sivement, à mesure que diminuent la dimension et la densité apparente des grains, de plus en plus loin de l'embouchure et de plus en plus loin vers le large. Ainsi s’explique l'enrichissement en calcaire des fonds marins à mesure que la profondeur augmente, phénomène qui, bien que comportant des exceptions, est de beaucoup le plus souvent observé. ; L’action combinée du courant cétier et des vagues sur le fond rend compte de la distribution régulière, en bandes parallèles à la côte, des sables situés le plus près de terre, puis successivement des sables vaseux, vases très sableuses et vases sableuses. L’appari- tion des vases proprement dites indique la profondeur à laquelle les vagues cessent d’agiter le fond. Entre la bande du courant côtier, véritable fleuve à une seule rive, et la terre, s'étend une zone littorale caractérisée par des sables et plus bas par des sables vaseux. La masse d’eau qui la recouvre est sillonnée de contre-courants, de remous ou tourbillonnements qui distribuent sur le sol immergé les divers minéraux composants en spirales tournées vers le rivage. Sur cette zone littorale ou paralienne prédomine l'influence des vagues qui agitent le fond et usent par choc et par frottement les grains minéraux sur les plages. Par suite de la direction légèrement oblique avec laquelle les vagues poussées par le vent abordent le rivage, les grains sableux sont lancés obliquement sur la plage. Ils la redescendent avec l’eau ruisselante, par la ligne de plus grande pente, c'est-à-dire perpen- diculairement, et suivent ainsi une route dite en dents de scie, à éléments mesurables, ayant pour effet d'accroître considérablement le parcours apparent effectué dans le sens même du courant le long de la côte. L’eau arrivant sur une plage donne naissance à deux courants en nappes superposées, l’un de surface allant de la mer vers la terre, l’autre contre le sol et dirigé en sens inverse de la terre vers le large. Il est probable que le premier contribue pour une part notable à amener sur la plage les grains sableux et particulièrement les coquilles entières ou en débris, tandis que le second les remporte à la mer. Le sable d’une plage est de deux sortes : l’une est le résidu de l’abrasion des roches encadrant la plage, l’autre provient de l’apport par la mer des grains arrivant des plages situées en amont du courant côtier. Les dépôts littoraux immédiatement contigus au rivage comprennent principalement _des sables et des sables vaseux ; leur zone a pour limite supérieure l'extrême distance où it ee mette) D | dt A di à "ar ee ee "he nd de des pue dé ee de he cuis LÉGER à. ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 27 atteignent les vagues déferlant sur les plages, et pour limite inférieure, l’isobathe de 10 mètres, rarement atteinte et plus rarement encore dépassée, La présence du gravier en unlieu quelconque indique l’existence passée ou actuelle en cet endroit, de courants, remous ou tourbillons, assez puissants pour avoir apporté ces grains et pas assez puissants pour les emporter, quoique cependant capables d'empêcher les grains plus petits de se déposer. IV. — Considérations sur la chute verticale des sédiments marins. Dans un travail antérieur (1), j'ai établi qu'en chute libre, les grains de quartz de grosseurs correspondant à celles des sables gros (d. moyen = 1™™, 50), moyen (d. moyen = om, 60), fin (d. moyen = 0™™, 34) et très fin (d. moyen = om, 13) tombaient dans l'eau calme avec des vitesses indiquées dans le tableau suivant. J’ai récemment mesuré, en opérant absolument comme pour les grains de quartz, la vitesse de chute de globigé- tines d’un diamètre moyen de o™™,3 préalablement imbibées d’eau par un séjour de douze heures dans une capsule remplie d’eau, sous le vide. Pour l’argile, dont les particules en suspension dans l’eau douce se coagulent au contact de l’eau salée et semblent s’agglo- mérer ensuite en flocons plus ou moins volumineux selon l'agitation plus ou moins forte des vagues, je me suis borné à mélanger un échantillon vaseux marin avec de l’eau de mer, à verser dans un tube vertical et à observer le temps que mettait à devenir limpide une épaisseur de 50 centimètres de liquide. » t DIAMÈTRE MOYEN | ESPACE VERTICAL | ESPACE VERTICAL [DURÉE D’UNE CHUT EN UNE MINUTE EN UNE SECONDE D'UN METRE “ mm, — m. m. ‘ secondes. DDR IDE creative as one ec ee 1,50 6,50 0,108 9,3 MIMO MIO py ccs ce etc li abies 0,60 4,00 0,066 15,1 ORS TIGRE carla Gale ve DUNG LAGS tia ox à à 0,34 2,20 0,033 30,3 RATE ein an Res es 0,13 0,85 0,014 72,4 Rite se Cae Rs ere » 0,20 0,003 303,0 Sales Came MY IA PU EN ei PT » 0,004 0,00007 14400 = 4 heures. EE RS EL ee 0,3 1,56 0,026 38,5 Supposons que les sédiments au lieu de tomber en eau tranquille descendent avec leur vitesse » à travers une couche d’eau épaisse de » mètres et animée d’un mouvement horizontal de translation d’une vitesse de V mètres par seconde, en d’autres termes que ces sédiments aient à franchir verticalement un courant (2). Il est évident qu’en une seconde, ils suivront (fig 11), sous la double influence de leur chute verticale AB =v et de leur (1) Tuoutet, Analyse mécanique des sols sous-marins (Ann. des Mines, avril 1900). (2) En réalité, il est douteux qu’un courant conserve absolument la même direction dans toute son épaisseur ; peut-être passe-t-il lentement de l’orientation observée à la surface à celle reconnue au sein du courant inférieur, mais au total, tout se fait comme si le courant changeait brusquement d’orientation. “28 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE translation horizontale AC = V, la diagonale AD du rectangle ayant pour côtés V et vet, V après une seconde, ils auront subi un écart égal à BD = V du pied de la verticale. Si l'épaisseur du courant est de h mètres, À i à ï h : le grain emploiera, à la vitesse », z secondes pour le franchir, LA h a et l’écart total sera de V - métres. On sait que la masse des eaux océaniques est partagée en deux zones superposées. La première à partir de la surface, relativement peu épaisse, est sillonnée suivant une même verticale par un ou plusieurs courants. La seconde, absolument calme, s'étend de la limite inférieure N ! de la couche supérieure jusqu’au fond, si éloigné ~~ R i “D qu’il soit. Dans la zone agitée, les courants superposés ! > . . . . . bey peuvent varier en vitesse, en direction et en épaisseur, ‘ er . oe caractéristiques directement mesurables pour cha- cun d’eux au moyen de la drague a courants. Le mouvement des eaux suivant une méme verticale se représente graphiquement par une rose de courants W i : E obtenue en traçant, à partir d’un point figurant l’en- Ni “re droit où les mesures ont été effectuées, autant de c lignes droites divergentes qu’on a constaté de cou- rants et en donnant à chacune la même orientation que celle reconnue au courant qu’elle représente et une longueur proportionnelle à la vitesse de celui-ci. Une rose de courants se transforme aisément en Fig. 12. graphique d’écart pour une dimension déterminée de grains. Supposons depuis la surface de l’eau trois courants superposés (fig. 12) : OA — N52°E, épaisseur 1 vitesse (1) par seconde Vi OB — No’E wn Shy a Va OC — S75°E — Ah, — Vs (1) Dans le but de faciliter d’autres calculs analogues, nous donnons ici un tableau d’équivalence de vitesses de courants évaluées en nœuds à l’heure, en mètres à l’heure et en mètres par seconde. = A a A a = 2 82 VITESSE VITESSE 4 à VITESSE VITESSE = VITESSE VITESSE 3 a = 3 ) PAR HEURE PAR SECONDE 8 ) PAR HEURE PAR SECONDE ss PAR HEURE PAR SECONDE < < « . © Métres. Mètres. Metres. Mètres. Métres. Mètres. 0,1 185 0,051 0,8 I a 0,411 6,0 11 112 3,084 0,2 370 0,103 0,9 0,463 7,0 12 94 3,598 0,3 556 0,154 1,0 1 852 0,514 8,0 14816 4,112 0,4 741 0,200 2,0 3 704 1,028 9,0 16 668 4,626 0,5 926 0,257 3,0 5 555 1,542 10,0 18 520 5,148 0,6 III 5 0,308 4,0 7 408 2,056 0,360 5,0 9 260 2,570 ee Le à ER TIENNE Me Le LS Re Ah 0 Li, 4 4 À : “3 4 3 ETE eee ae AER ee FE Pa eee Mey Ween) MES TOME Le. aE ey PA ee Pet EN PP 5 te LA eee EN ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 29 et qu'un grain sableux tombant de la surface en O descende avec une vitesse dev mètres par : à RP ‘ h seconde. Ce grain suivra la direction OA du premier courant et pendant les = secondes # J he , h a , La que durera sôn passage à travers ce courant, il subira un écart de V, = mètres représenté par la longueur proportionnelle OM. En M, à la profondeur de k, mètres, il va changer de direction et prendre, en pénétrant dans le second courant, celle de N9°E ; alors, désormais orienté, il subira un nouvel : h : ES écart de V, PL A partir de M, sur une parallèle à OB, on prendra donc une longueur ON ; + RES Ra : : proportionnelle a V, > Enfin, dans le troisième courant, ilsubira un nouveau changement de direction et un nouvel écart NR = V, = L’écart total, aprés avoir franchi les trois courants successifs et subi les deux changements de direction, sera dés lors représenté en grandeur et en direction par OR et, comme le grain entre ensuite en eau parfaitement calme, quelle que soit la profondeur, il descendra verticalement sans rien modifier à son écart. L'orientation de OR se mesurera sur le graphique avec un rapporteur et l’écart avec un double décimètre. Prenons maintenant un exemple réel : le 24 avril 1873, à l'Ouest des Bermudes, par 32°18' lat. N et 65°38’ 8” long. E (Greenw.), par une profondeur de 4846 mètres, le Challenger a observé la série verticale de courants suivants (1): Vv PROFONDEUR . ORIENTATION VITESSE A L'HEURE EPAISSEUR VITESSE PAR SECONDE Métres. Métres. à Nœuds en milles. Métres. Surface, go N 60° E 0,2 0,123 go N 75° E 0,4 0,237 180 go N 87° E 0,36 0,185 370 I S 70° E 0,22 0,113 550 * 180 S 40° E 0,08 0,041 730 180 S 650 E 0,11 0,056 910 180 N 65° E 0,06 0,031 1100 Q () La vitesse de chute verticale, par seconde, V d’une globigérine par exemple, étant de h ; 2 ; 0",026, calculons les valeurs 7 relatives à chacuné des vitesses des courants super- posés et l'écart V e . (3) KrumMeL, Handbuch der Ozeanographie, II, 581. 30 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE as En = a= 3 461 secondes 0 a hs = 425 mètres. as = +o = 3 461 = Sc ae an ee Ms = 820 — Be = 3461 -= Vy oe 640 ae sat ik bee See we V, = = 825 — at ar "60922. Ne % = 283 — Len hs - En traçant géométriquement, ainsi qu’il a été dit, le graphique d'écart (fig. 13), on reconnaît qu’une globigérine de taille moyenne, partant de la surface de la mer, au point Fig. 13. considéré, à l'Ouest des Bermudes, atteindra le fond par 4846 mètres de profondeur, avec un écart de 3 320 mètres, soit 1,79 mille, dans le S 89° E. Cet écart est insignifiant surtout quand on considère l'incertitude expérimentale avec laquelle la position de la station de départ est déterminée à la mer et qui est d'environ 3 milles. Sur une carte, l’aire de dispersion des êtres vivants à la surface de la mer se confondra donc avec l’aire de dispersion de leurs débris sur le fond. L'écart est évidemment d’autant plus considérable que le sédiment tombe plus lentement. Par conséquent, toutes choses égales d’ailleurs, sur le lit océanique, les divers sédiments se succéderont par ordre de grosseurs dans la direction de l'écart. Deux sédiments de dimensions et par suite de vitesses de chute différentes, partant du même point de la surface, des globigérines et des radiolaires, par exemple, ou des diatomées, de même habitat, ne se déposeront pas tout à fait au même endroit. La remarque intéresse la paléogéographie. Le temps nécessaire pour que la globigérine moyenne considérée atteigne le fond se AU PT PC eee eo à es “a a a! PES ET me ee à VIENT #4 ae! ae ee D : +: 4 pet Se ee es mé 7 § iii ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 31 calculera en secondes, en multipliant la hauteur totale de chute, 4846 mètres, par 38,5, temps en secondes que cette globigérine met à descendre de 1 mètre. On trouve ainsi pour cette durée 186 571 secondes, c’est-à-dire deux jours, trois heures, a minutes, trente et une secondes. On sait que les sols sous-marins sont partagés, au point de vue géographique et bathymétrique, en trois catégories : les fonds, sols ou sédiments pélagiens (1); les fonds côtiers ou paractiens et les fonds littoraux ou paraliens. Les sédiments pélagiens sont principalement constitués d’abord et surtout par les restes de nature calcaire (forami- nifères) ou siliceuse (radiolaires, diatomées) des êtres ayant vécu dans les couches d’eaux marines supérieures et dont les carapaces, les squelettes ou les frustules tombent après la mort sur le fond; puis par les produits de déflation (2), poussières minérales et argileuses enlevées aux continents par les vents et distribuées sur la surface entière de l’océan; enfin, quoique dans une proportion assez faible, par les produits d’éruptions volcaniques sous- marines. La trajectoire des globigérines s’écartant, ainsi que nous venons de le voir, si peu de la verticale en dépit des courants et quelle que soit la profondeur de la mer, permet d'affirmer que, quant aux sédiments qui y sont déposés, le fond est la projection physique horizontale de l’ensemble des conditions des couches qui le recouvrent immédiatement. On devra donc s'attendre, en analysant un échantillon de sol, à y trouver un mélange en proportions variables des éléments mêmes du fond (déjections volcaniques sous-marines et restes d'animaux benthiques) et des éléments provenant des couches d’eau sus-jacentes (restes d'animaux ou de végétaux), ayant vécu immédiatement au-dessus de ce fond, surtout à la surface, et dont l'habitat demeure en étroite dépendance avec les conditions physiques ambiantes (nature des eaux, température, climat, etc.). Il convient d’y ajouter les poussières éoliennes composées de minéraux très fins et d’argile renseignant, elles aussi, sur les conditions statiques et dynamiques de l’atmosphère immédiatement sus- jacente. On pourrait, il est vrai, objecter que, dans les expériences décrites, les globigérines étaient réduites à leur carapace calcaire, tandis qu’on moment où l’animal venait de périr et descendait sur le fond, elles contenaient une matière protoplasmique destinée à servir dans la suite à l'alimentation du benthos, de sorte que cet état était de nature à modifier la durée de la chute et, par conséquent, l'écart dû aux courants. Mais cette matière orga- nique, possédant sensiblement la densité de l’eau de mer, ne saurait avoir grande influence sur la chute. Il en est de même des gaz susceptibles de résulter de la décomposition de cette matière organique parce que, la descente s’effectuant rapidement, la globigérine devenue capable de dégager des gaz et d’être retardée, arrêtée par eux dans sa descente ou même forcée de remonter, est parvenue à une profondeur telle que le dégagement est empêché par la pression. Dans la nature, les phénomènes se passent donc pour la globi- (1) On emploie aussi le terme pélagiques; mais pélagiens a déjà été appliqué aux fonds de haute mer par Lavoi- sier, dans un travail inséré dans le volume pour 1789 de l'Histoire de l’Académie des Sciences de Paris, bien que l'illustre chimiste l’eût certainement rédigé vers 1765, pendant sa jeunesse, alors qu’il s’occupait de géologie. pains riorité de pélagiens étant hors de doute, il me semble juste d’adopter cette expression. (2) Tuouter, Sédiments marins d’origine éolienne (C. R. Acad. des Sciences, t. CL, p. 947, 11 avril 1910). 32 : ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE gérine entourée de son protoplasma comme dans l’expérience faite avec la carapace seule. Il se peut que la rapidité de chute, en assurant la conservation de la matiére organique, assure aussi l’alimentation du benthos, quelle que soit la profondeur et si, sur certaines aires profondes du lit océanique, les naturalistes observent l’absence de benthos et de calcaire, le fait est-il dû, en tout ou partie, al’absence de plankton et aux causes qui ont pour conséquence cette absence dans les couches d’eau superficielles. S'il est vrai que le fond soit la projection physique de la surface immédiatement sus- jacente, la remarque appliquée à l'étude des roches sédimentaires possède un réel intérêt en géologie et en paléogéographie, car elle rend possible, dans la Constitution d’un fond ancien, la découverte des conditions physiques des eaux de l’océan disparu et même de l’atmosphère au-dessous desquelles l’échantillon examiné s’est déposé. Les expériences précédentes apportent encore la preuve que les fonds pélagiens commencent à une faible distance des rivages, sensiblement marquée par la limite d'apparition des vases, laquelle indique la profondeur où cesse de se faire sentir sur le sol immergé l’agitation produite par les vagues de la surface. En effet, les débris sableux d’érosion d’origine continentale amenés par les fleuves et ceux d’abrasion enlevés sur le rivage de la mer ne quittent pas l’extrême voisinage de la côte. Charriés par le courant qui longe parallèlement la terre et par conséquent dans une région sous-marine peu profonde, ils gagnent rapidement le fond et y restent immo- biles ou bien, si le courant possède une vitesse assez grande et une épaisseur suffisante pour atteindre le sol remué par les vagues, ils sont entraînés un peu plus loin vers l'aval, mais sans jamais s'éloigner beaucoup du bord. Un sédiment très fin, étalé sur un sol balayé par un courant de la vitesse des courants marins méme les plus rapides, n’est entraîné par celui-ci que s’il est tenu en agitation par une cause quelconque (en l’espèce, le mouvement communiqué par les vagues de Ja surface). S’il n’est pas préalablement agité, comme il est étalé en masse compacte et uniformément lisse, il ne fournit aucune prise et le courant glisse sur lui sans l’entamer. L’expérience est facile à faire sur n'importe quel ruisseau. Les fins-fins et les argiles qui constituent les vases proprement dites, témoignent donc par leur seule présence que le fond qu’elles occupent n’est plus agité par les vagues, que, par suite, les courants ne font plus sentir leur action et que l’eau qui le baigne estimmobile. Les cartes bathylithologiques, représentation brutale des faits, montrent d’ailleurs d’une façon parfaitement nette et indiscutable, combien est voisine de terre la limite d’apparition des vases et des fonds pélagiens dont la caractéristique essen- - tielle sur tout le reste du lit océanique est le calme des eaux. En conséquence, on est en droit d'affirmer que la dénomination de fonds terrigènes, c’est-à-dire composés de sédiments directement enlevés aux continents, employée par certains auteurs, doit s'appliquer au lit de l'océan tout entier, si l’on prend en considéra- tion les poussières minérales et les argiles d’origine éolienne, puisque l'expérience démontre que, pour transporter ces poussières, il suffit d’un état minimum de l’atmo- sphère qualifié par les météorologistes de calme ou presque calme, qui règne sur la surface entière du globe. Ou bien si, comme il est logique, on se borne à n’attribuer cette déno- mination qu’aux produits de l'érosion et de l’abrasion, abstration faite de quelques cas ee ee | ee her sd: re ae a ee ee ee 4 4 4 j if ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 33 d’exaration (transports par les glaces, bancs de Terre-Neuve), on ne doit s'en servir que pour désigner l’étroite bande de terrain recouverte de sables, sables vaseux, vases très sableuses et vases sableuses, comprise entre le bord de la terre et la limite d’apparition commune des vases proprement dites et des fonds pélagiens, c’est-à-dire aux fonds côtiers. Résumé. — Sion mesure expérimentalement la vitesse » de chute dans l’eau des sédiments sableux des diverses catégories (sables gros, moyen, fin, très fin) et vaseux (fins-fins et argile) qui couvrent le lit océanique, on observe qu’elle varie entre 0",108 et 0",00007 par seconde et est telle qu’un grain tombant en chute libre parcourt verti- calement un espace de 1 mètre en un temps compris entre 9, 3 secondes, s’il est gros, et 14400 secondes, soit quatre heures, s’il est parmi les plus fins, L'expérience répétée avec des carapaces de globigérines d’un diamètre moyen de o™,3, indique pour ces foraminifères une vitesse de chute de 0",026 par seconde les laissant descendre de 1 mètre en 303 secondes, soit 5 minutes environ. Quand un grain sableux abandonné à lui-même dans la mer, traverse l'épaisseur h d'un courant horizontal animé d’une vitesse V par seconde, il s’écarte dans le sens de ce courant de la verticale du point où il a commencé à descendre, d’une distance égale à la vitesse V multipliée par le nombre de secondes : qui lui sont nécessaires pour franchir l'épaisseur A. On sait que l’océan se partage, depuis la surface, en deux zones superposées. La première, d’eau agitée, est sillonnée par un ou plusieurs courants horizontaux superposés différant entre eux de direction, de vitesse et d'épaisseur. La seconde, d’eau immobile, s'étend depuis la limite inférieure de la première zone jusqu’au sol, quelle que soit sa profondeur. On peut mesurer directement l'épaisseur, l'orientation et la vitesse de chacun de ces courants en un point quelconque de l'océan. Le Challenger a exécuté ces mesures en une localité, de 4846 mètres de profon- deur, située dans l'Ouest des Bermudes, pour une succession de sept courants compris entre la surface et 1 100 mètres de profondeur, de sorte qu’il est facile de construire graphiquement la rose de ces courants. En appliquant les valeurs données par le Challenger à une globigérine moyenne, on constate que ce foraminifère parviendra sur le fond, à 4846 mètres, avec un écart de 3320 mètres, c’est-à-dire 1,79 milles, dans une direction S 89° E du pied de la verticale et après une durée de temps de trois heures, quarante minutes et trente et une secondes. La détermination de la position d’une localité de l'Océan ne se faisant guère, astro- nomiquement, qu'avec une approximation de 3 milles, on voit que l'écart de chute est insignifiant et que le grain n’emploie qu'un temps très court pour parvenir même aux plus grandes profondeurs océaniques. Ces faits conduisent aux conclusions suivantes qui intéressent à la fois locéano- graphie, la géologie stratigraphique et la paléogéographie: 1° Sur toute l'aire océanique occupée par les sédiments pélagiens, le sol est recou- vert en majeure partie par une petite quantité de poussières minérales transportées par les vents sur le globe entier et surtout par des débris d'êtres ayant vécu au sein de la T. HI. — Fasc. 7 5 34 _ ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE ; zone superficielle dans des conditions physiques d’habitat (nature des eaux, température, climat, etc.), possibles à connaître. Le fond est donc la projection horizontale physique de la surface exactement sus-jacente. En d’autres termes, les conditions physiques ambiantes de cette surface, telles qu’elles sont marquées par la présence d’étres vivants, sont indiquées par les débris contenus dans l’échantillon qui s'est déposé verticalement au-dessous. 2° Les fonds côtiers, composés de débris minéraux d’érosion et d'abrasion enlevés aux continents et méritant seuls par conséquent la dénomination de terrigènes, ne s'éloignent de terre, vers le large, qu'à une faible distance représentée sur une carte bathylithologique par la limite d’apparition des vases proprement dites au delà de laquelle commencent les fonds pélagiens. Cette limite correspond à la rencontre avec le lit sous-marin, de la surface supérieure de la zone d’eau calme là où le fond cesse en chaque lieu d’être remué par les vagues. Les fonds dits terrigènes se confondent donc avec les fonds côtiers et n’occupent — sauf de rares exceptions attribuables à des phéno- mènes d’exaration par les glaces — le long des continents, qu’une étroite bande de sables, sables vaseux, vases très sableuses et vases sableuses. 30 La rapidité de chute des foraminifères, favorisant la conservation de la matière protoplasmique qui en entoure les carapaces, apporte sans doute une alimentation au benthos dont l'absence, en certaines localités du lit océanique, proviendrait peut-être de l'absence correspondante de plankton au sein des eaux superficielles recouvrant ces localités. V. — Classification géographique et bathymétrique des sédi- ments sous-marins. Les sédiments et, d’une façon générale, les divers sols qui recouvrent le lit océanique sont les résultats ou les effets de l'érosion, de l’abrasion, de l’exaration, de la déflation, du volcanisme, des apports cosmiques, des phénomènes chimiques, de l’action des végétaux et des animaux, ainsi que de diverses autres causes d’importance tout à fait accessoire. Erosion. — L’érosion comprend l'ensemble des phénomènes de dénudation du relief terrestre sub-aérien par les eaux douces courantes qui entraînent les débris minéraux provenant de la désagrégation des roches due aux agents atmosphériques et qui, par l'intermédiaire des ruisseaux, des rivières et des fleuves, finissent par les apporter à Ja mer. L’érosion, s’exercant sur la presque totalité de la surface de la terre continentale, est certainement la source la plus abondante des sédiments sous-marins. ABRASION. — On donne ce nom à la dénudation et aux autres effets exercés le long des côtes maritimes par l’eau de la mer, principalement sous forme de vagues. Ces effets frappent vivement les yeux, et l'on est toujours tenté d’en exagérer la puissance. Quand on les étudie de près, on reconnaît qu'ils ne tardent pas à se limiter eux-mêmes et qü'en définitive, leur importance est notablement moindre que ce qu'elle paraît être. tte CodeS ae Le à Oa eae SAT Fee PTS mt : à , 4 4 ÿ à : ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 35 Exaration. — C’est l'action destructive de l'eau solidifiée par le froid en conséquence de la propriété qu’elle possède alors d’occuper un volume plus considérable qu’à l’état liquide. L’exaration manifeste des effets particulièrement puissants dans les régions sub- polaires où, au moins deux fois par an, au commencement et à la fin de l'été, la tempé- rature de l'air oscille à de nombreuses reprises au-dessus et au-dessous de zéro. L’eau liquide imbibe les roches, se dilate en se congelant et fait éclater les pierres les plus résis- tantes, plus particulièrement celles qui sont poreuses. J’ai depuis longtemps appelé l'attention sur ces phénomènes auxquels est attribuable la création des bancs de Terre- Neuve par les glaces côtières chargées des débris des rivages de l’île (1). Dans les contrées absolument polaires et continuellement gelées, l’action est beaucoup moins énergique, sauf toutefois sur le front des grands glaciers arctiques et antarctiques qui, dans leur mouvement de progression, amènent à la mer une énorme quantité de boue glaciaire destinée à s'étaler ensuite sur le sol sous-marin. L'étude soigneuse de ces dépôts si abondants dans la mer de Baffin et sur le pourtour du continent antarctique serait digne d'éveiller l'intérêt des explorateurs. D’autre part, des blocs rocheux d’un volume assez considérable, chargés sur des icebergs ou plutôt sur des glaces de rivages, sont souvent transportés par les courants très loin des côtes et semés sur le lit océanique au moment où s’eflectue la fusion des glaces au sein des eaux marines plus chaudes où elles flottent. Ces effets se sont manifestés aux époques glaciaires anciennes tout comme on les observe maintenant dans les régions froides et ils expliquent la présence de blocs erratiques au fond de mers baignant aujourd’hui des contrées tempérées, comme ceux dragués par la Princesse Alice, en 1903, au large de Brest. . DÉFLATION. — Tout au contraire de l’abrasion, les effets de dénudation et de trans- port dus au vent, c’est-à-dire la déflation, possèdent une puissance réelle très supérieure à celle qu’on serait disposé à leur attribuer. Ils s’exercent d’une façon continue et les poussières sous forme de petits grains minéraux et surtout d’argile sont transportées sur la superficie entiére du globe, terres et mers, quoique plus particulièrement sur le parcours des grands courants aériens. La mer Jaune doit son nom aux poussières éoliennes du loess chinois. J'ai démontré qu’un vent dénommé calme ou presque calme (2) par les météorologistes suffisait pour distribuer à la surface, et par consé- quent au fond de tous les océans, les grains minéraux qu’on trouve dans les sédiments marins, même les plus éloignés des terres. VoLcanisME. — Les volcans sub-aériens et les volcans sous-marins concourent les uns et les autres à constituer les dépôts sédimentaires de l'océan. Les premiers envoient sur toute la superficie des mers leurs pluies de poussières. On a depuis longtemps noté les effets des éruptions des volcans d'Islande, de ceux de l'Amérique Centrale et du Kra- katau dont les cendres, en 1883, s’élevérent dans l'atmosphère à une hauteur évaluée à 50 kilomètres et dont un seul banc de ponces, flottant sur l’eau dans la baie de Lam- (1) J. TaouLer, Sur un mode d’érosion (exaration) des roches par l’action combinée de la meret de la gelée (Comptes rendus Acad. Sc., t. CII, p. 1193, 1886). (2) Tuouter, Analyse d’une poussière éolieune dé Monaco et considérations générales relatives à l'influence de la déflation sur la constitution lithologique du sol océanique (Ann. de l'Inst. Océanogr., t. III, fasc. 2, p. 4, 1911). on) an ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE pong, recouvrait une surface de 30 kilomètres carrés sur une épaisseur de 3 à 4 mètres (1). Les cendres volcaniques aériennes, emportées par les vents, obéissent évidemment aux lois de la déflation tout comme les autres produits éoliens, et il en est de même des matériaux flottants, après une dispersion géographique d'autant plus vaste qu'elle résulte d’un double entraînement, d’abord à travers l'atmosphère et ensuite au sein des eaux. J’ai montré expérimentalement qu’en dépit de leur extrême porosité, les ponces, après avoir flotté sur l’eau et été par conséquent entrainées par les courants à d’im- menses distances, finissent toujours par s’imbiber et par descendre sur le fond. Le lit océanique est semé de nombreux volcans dont les éruptions ne se font sentir à la surface que par des commotions ou tremblements de mer dont la plupart restent inapercus. J’ai pu dresser, grâce aux sondages de la Princesse-Alice, le plan de la fosse de l’Hirondelle (2), entre les îles de Sao Miguel et Terceira, aux Açores, vaste cratère occupant une superficie à peu près égale à celle du lac de Genève. Les déjections de ces volcans sont essentiellement des scories, des obsidiennes et des ponces, d’aspect bien différent et faciles à reconnaître. Ainsi que l’avait remarqué Mohr (3), les scories lourdes sont toujours les plus proches de l’orifice volcanique, les obsidiennes moins lourdes se déposent plus loin, tandis que les ponces sont au contraire les plus éloignées. En prati- quant méthodiquement des séries de sondages et en notant, pour chacun d'eux, les proportions relatives de scories, d’obsidiennes et de ponces, il sera donc possible de déterminer l'emplacement de l’orifice volcanique sous-marin dont elles proviennent. Dans ces recherches, il y aura lieu de prendre en considération l’onde sous-marine provoquée par l’éruption elle-même et dont l'existence, ainsi que la puissance et la direction, sont indiquées par l'épaisseur, la composition et l'aspect des bandes sableuses intercalées sur la longueur des boudins extraits par le tube sondeur Buchanan du fond des régions volcaniques sous-marines, et sur lesquels j’ai moi-même attiré l'attention (4). A l'exception des ponces rencontrées à peu près partout, les sédiments volcaniques ne se trouvent en quantité notable que dans certaines régions sous-marineslimitées telles, . par exemple, que l’archipel des Acores. Tantôt très voisins de terre comme à Santorin, dans les îles de la Sonde et ailleurs, ils se rencontrent d’autres fois dans les portions tout à fait centrales des océans. Ils sont donc des éléments adventifs et locaux plutôt que réguliers et généraux du sol subocéanique. APPORTS COSMIQUES. — Les apports cosmiques consistent en grains irréguliers de magnétite, en chondres ou globules noirs, bruns ou gris, pour la plupart attirables au barreau aimanté et riches en fer, en nickel et en cobalt. J’ai trouvé, dans des fonds du golfe de Gascogne (5), des diamants dont l’origine cosmique ne saurait faire l'objet (1) J. Wattuer, Einleitung in die Geologie als historische Wissenschaft. p. 688, léna, 1894. (2) THouLer, La fosse de l’Hirondelle dans l’Archipel des Açores (Comptes rendus Acad. Sc., 18 juillet 1904). (3) In vulcanis terrestribus, pumices in locis vicinis, cineres in longinquis demittuntur; in vulcanis submarinis. pumices natando large dissipantur, cineres humectati in locis vicinis subsidunt (F. Mour, Geschichte der Erde. Eine Geologie auf neuer Grundlage. Th. 87, p. 516, 1'e édit., Bonn, 1886). (4) Taouzer, Analyses des fonds récoltés pendant la campagne de 1002 (Résultats des campagnes scientifiques du Prince de Monaco, fasc. 29; p. 63, 1905). (5) Tuouter, Sur la-présence supposée de diamants microscopiques dans un fond marin et dans un échantillon _de terre végétale (Comptes rendus Acad. Sc.,t. CXLVI, p. 35, 17 févr. 1905). Pare. , ee a Oe Ee SA Se ee 2 li ds a £ RE a ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 37 d’aucun doute. Ces sédiments, infiniment peu abondants, jouént un rôle très secondaire dans le remplissage du lit océanique, et leur répartition géographique ne semble, au moins jusqu’à présent, être régie par aucune loi. PHÉNOMÈNES CHIMIQUES. — Les dépôts chimiques ne paraissent pas non plus jouer un rôle considérable dans la constitution des sols océaniques, quoique la question aurait peut-être besoin d'être examinée de plus près. Walther (1) a signalé, dans la mer Rouge et sur la côte de Floride, l'existence de sables oolithiques d'origine probablement chimique. Il en est de même de la glauconie, des nodules manganésiens et phosphatés, de la dolomie et de certaines zéolithes, minéraux sur la création desquels les actions chimiques ont, dans bien des cas, exercé une influence importante. Les mattes (2), qui s'étendent dans le golfe du Lion, entre Palavas et le Grau-du-Roi, dans le golfe d’Aigues-Mortes, sont des sables ou des vases agglutinés par du carbonate de chaux résultant de la décomposition du sulfate de chaux dissous dans l’eau de mer par le carbonate d’ammoniaque provenant lui-méme de la décomposition de matiéres organiques. ACTION DES VÉGÉTAUX ET DES ANIMAUX. — Les dépôts pélagiens sont en majeure partie constitués par des éléments d’origine végétale ou animale, dépouilles d’étres ayant vécu dans les eaux superficielles et tombés sur le fond aprés leur mort. D’aprés Murray, les vases à diatomées formeraient à peu près en totalité le sol de l’océan Antarctique, et ces algues microscopiques se trouvent en plus ou moins grande abondance à peu près partout. Dans les mers plus tempérées ou chaudes, les vases à foraminifères, à globigérines et à biloculines, à ptéropodes et à radiolaires, du même auteur, recouvrent de vastes étendues. Tous ces débris siliceux et calcaires s’entassent sur le fond et, comme leur descente est assez rapide pour qu’en y arrivant ils restent encore enveloppés d’une certaine quantité de matière nutritive, ils servent vraisemblablement à la nourriture d'animaux benthiques parmi lesquels on a cité les Holothuries, les Oursins et les Balanoglosses (3). Ces animaux broient leurs carapaces peu résistantes, les réduisent en poussière fine et les rejettent ensuite dépouillées de leur matière nutritive et cependant enduites d’un mucus se prêtant par sa décomposition à une cimentation ultérieure au moyen du carbonate de chaux d’origine chimique résultant de la décomposition du sulfate de chaux de l'eau de mer. L'action des mangeurs de sable ne serait pas sans quelque analogie avec'celle des vers de terre par le corps desquels, selon Darwin, passeraient annuellement 10 tonnes par acre (10,46 ares) de terre arable (4). D'après Stanley Gardiner, elle serait même, dans les récifs coralliens, au moins 50 fois plus considérable. Cette considération ne paraît pas avoir été suffisamment pesée dans les si nombreuses discussions relatives à l’origine de la craie. Si elle était vérifiée, — et cette tâche incombe aux zoologistes, — il en résulterait des conséquences capitales pour l’explication de la genèse des argiles et vases plus ou moins sableuses des grands fonds et la connaissance de la relation existant entre la pré- (1) J. Wavrxer, Einleitung in die Geologie als historische Wissenschaft, p. 659, léna, 1894. (2) Tuoucer, De la genèse des roches sous-marines connues sous le nom de mattes (Comptes rendus Acad. Sc., t. CL, p. 421, 19 février 1910). (3) Cu. Gravier, Biologie des récifs coralliens (Revue scient., 2, p. 385, 1908). (4) Cu. Darwin, Vegetable Mould and Earthworms. 38 ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE sence de ces sédiments et l’abondance ou la pauvreté de la vie au-dessus de Paire qu'ils occupent sur le fond ou sur cette aire elle-même. Parmi les matériaux d’origine organique, il y aencore lieu de citer les débris calcaires de coquilles abondantes le long de certaines côtes et autour des îles et des récifs coralliens. Les matériaux issus de ces diverses origines, après avoir été distribués sur des portions déterminées du lit océanique par les vagues et par les courants, constituent l’ensemble des dépôts sous-marins. En temps ordinaire, les vagues n’exercent d'action véritable de transport de galets, graviers et sables, que sur une zone limitée, du côté de la terre, par la ligne la plus haute atteinte par l’eau dans les grandes marées et, du côté de la mer, par l’isobathe de 10 mètres environ au-dessous des basses eaux. La profondeur à laquelle, par temps moyen, le mouvement des vagues se fait sentir sur le sol immergé, avec une force suffisante pour y maintenir les vases en suspension et leur permettre par conséquent d'être entraînées par le courant côtier, s'étend a Sa vers le large où elle est marquée par la limite des vases permanentes. Devant toutes les côtes passe un courant dit côtier à l’entrainement duquel obéissent les matériaux d’érosion apportés à la mer par. les fleuves, ainsi que ceux résultant de l'abrasion. Ce courant côtier est peu profond et diminue rapidement de vitesse avec la profondeur. Sur la côte du Languedoc, devant Palavas et Cette, sa zone d’action contre le sol correspond à une profondeur d'environ 25 mètres et est marquée par des fonds de sables vaseux et de vases très sableuses ; il est alors grossi par les eaux du Rhône et sa vitesse maximum, calculée d’après la dimension des grains sableux charriés par lui, est de uncinquième de nœud. C’est le courant côtier qui distribue les sédiments immédiatement enlevés à la terre et donne leur modelé aux deltas. ) Les grands courants marins qui parviennent jusque dans les portions centrales des océans commencent toujours par longer les côtes sur la majeure partie de leurs parcours avant de se diriger vers le large. Cette particularité leur permet de semer et de répartir promptement sur le fond tous leurs sédiments d’érosion et d’abrasion, et d’arriver limpides ~ en haute mer. Leur vitesse de surface est faible car, dans l’Atlantique, pour le courant équatorial, elle varie selon les saisons entre un peu moins d’un nœud et un demi-nœud à l'heure, avec un grand maximum de quatre nœuds pour le Gulf-Stream à sa sortie du canal de Bahama, c’est-à-dire là où il est le plus rapide. Dans l’immense majorité des cas, à 200 mètres de profondeur, au plus, leur vitesse a complètement disparu (1). La masse des eaux océaniques sedivise en deux nappes superposées: l’une, superficielle, épaisse d’environ 1000 mètres, est une zone d’activité, tandis que la seconde, inférieure, s'étendant jusqu’au fond, est la zone de l’immobilité, du calme et du repos. Ces principes auxquels s'ajoutent la notion de la chute presque verticale et très rapide des sédiments sableux depuis la surface jusqu’au fond, celle de la coagulation des argiles par leur contact avec les eaux salées, permettent de classer géographique- ment et bathymétriquement les fonds ou sédiments marins en trois catégories : les (1) O. KruMMEL, Der Ozean, p. 252, Leipzig, 1902. 7 ‘ 2 = 1 t 4 .. i“ TU no ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE 29 fonds littoraux ou paraliens, les fonds côtiers ou paractiens, et les fonds pélagiens (1). SÉDIMENTS LITTORAUX OU PARALIENS. — Ces sédiments occupent la région comprise entre le point le plus éloigné, du côté de la terre, atteint par les vagues et l’isobathe de 10 mètres. Par exception seulement, ils s'étendent davantage vers le large: la s’exerce avec toute son énergie l’action des vagues qui déterminent le mouvement et le classe- ment des sédiments essentiellement composés des plus gros produits de l'érosion et de l’abrasion. Ils cheminent le long du rivage en s’usant lentement, surtout par choc mutuel, dans la direction générale du courant côtier et par une route en dents de scie, par con- séquent prodigieusement étendue. Ils sont, pour la plus grande part, siliceux, sableux et même graveleux et, dans les localités abritées, ports, anses, baies ou estuaires, en quantités beaucoup moindres, ils sont représentés par des vases de nature spéciale, carac- térisées par une abondante proportion de matière organique, de couleur foncée ou même noire et souvent fétides, désignées plus particulièrement sous le nom de boues. On y trouve, en outre, les divers intermédiaires entre les sables et les boues, c’est-à-dire des sables boueux, des boues très sableuses. La zone littorale ou paralienne est celle de plus grande activité mécanique de la mer et pourrait se comparer à un immense atelier d'usure des matériaux : là s'effectuent les plus fréquents déplacements des fonds sous l'influence temporaire des tempêtes, quoique cependant ceux-ci se bornent à osciller momentanément autour de positions fixes rm assez de stabilité pour être indiquées sur les cartes bathylithologiques. SEDIMENTS CÔTIERS OU PARACTIENS. — La zone des fonds côtiers occupe une largeur variable selon les localités, mais généralement très peu distante de la terre et assez étroite puisqu'elle est comprise entre l’isobathe de 10 mètres et la limite permanente des vases proprement dites. Les sédiments proviennent de l’abrasion et de l'érosion et par conséquent résultent presque en totalité directement de la destruction des masses conti- nentales ; ils sont distribués aux places qu’ils recouvrent, en gerbe, à partir de l’embou- chure des fleuves, par le courant côtier lequel, grâce à l’agitation légère du fond par les vagues, dévient capable d'entraîner les vases et de les mélanger en proportions variables avec des sables de plus en plus fins et de moins en moins abondants du côté de la haute mer. On rencontre aussi, mais plus rarement, parmi les fonds côtiers, de véritables sables et même des graviers dans les endroits où, par suite de remous ou d’autres causes, le fond est particulièrement agité. Les véritables sédiments côtiers sont des sables vaseux, des vases très sableuses et des vases sableuses. Leur zone est, en définitive, celle où s'exerce l’action prédominante du courant côtier. SÉDIMENTS PÉLAGIENS. — Les fonds pélagiens, du côté de la terre, commencent dès la ligne d’apparition des vases permanentes et ils couvrent la superficie entière du bassin océanique qui n’est pas occupée par les fonds littoraux et côtiers. Ils appartiennent à la zone de plus grand calme des eaux et leur origine est surtout végétale et animale püisqu'’ils résultent essentiellement de l'accumulation sur le lit marin des dépouilles des (1) L'adoption générale par tous les océanographes, depuis Lavoisier, du terme « pélagiens » appliqué aux fonds de haute mer, m'engage à proposer, pour désigner les fonds littoraux dans un but de synonymie internationale, l'emploi des termes « paraliens » (xap% 4s, près de la mer) et « paractiens » (rapé 4xrn, près de la côte) pour les fonds côtiers. 40 ANNALES DE L'INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE êtres morts au sein des eaux immédiatement sus-jacentes. Tels qu'ils sont recueillis et analysés, ils sont donc aptes à fournir des indications sur les diverses conditions am- biantes de vie et, par suite, physiques et chimiques dans toute la colonne des eaux qui les surmontent, aussi bien intermédiaires que superficielles, ces dernières jouant d’ailleurs le rôle le plus important. L’accumulation des sédiments s’y effectue avec une lenteur extrême, ainsi que cela est matériellement prouvé par la présence de débris de fossiles anciens tels que des dents de Carcharodon, par celle de croûtes et de nodules manga- nésiens, phosphatés et autres exigeant pour se former un temps très considérable. Les fonds pélagiens, quoique constitués surtout par des vases, contiennent néanmoins par places des vases plus ou moins sableuses et même des sables offrant le caractère spécial d'être composés, non pas presque uniquement de grains quartzeux comme les sables littoraux et côtiers, mais par des carapaces calcaires entières de foraminifères. Il paraît donc probable que celles-ci correspondent superficiellement à des aires de grande vitalité, puisque les carapaces sont tombées en abondance et, inférieurement, sur le sol même de l'océan, à des aires de vitalité minimum, puisque ces carapaces n’ont pas été broyées. L'hypothèse de la disparition du calcaire, au-dessous d’une certaine profondeur, par attaque due à un excès d'acide carbonique libre, n'étant encore rien moins que prouvée, n’a pas lieu d’être, pour le moment, prise en considération. Les vases pélagiennes (1) sont généralement d’un gris jaunâtre près de la terre, puis bleuâtres par commencement d’oxydation du fer qu’elles contiennent, et souvent ensuite rouges par peroxydation de ce fer, lorsqu'elles sont peu calcaires, ou faiblement rosées lorsqu'elles contiennent beaucoup de débris de foraminifères. Quand un boudin de vase pélagienne présente sur sa longueur une ou plusieurs alternances de bandes rouges et bleues, on a cru pouvoir en déduire, pour le lieu où l'échantillon a été récolté, des alternances correspondantes de subsidence ou d’exhaussement ayant eu pour consé- quence un éloignement ou un rapprochement de la terrela plus voisine permettant aux matières ferrugineuses, par une lenteur plus ou moins grande de leur entassement, une oxydation plus ou moins complète. Cette théorie a été appliquée par Boeggild et Nansen (2) aux sédiments déposés dans l'océan Glacial, au large de la côte de Sibérie. Il ne semble pas que la connaissance lithologique des fonds pélagiens soit encore suffisamment détaillée et précise pour permettre de se livrer dès maintenant à des généra- lisations par trop rigoureuses. Seules, des monographies d'espaces restreints fourniront les moyens de parvenir à ce résultat, à la condition toutefois que les océanographes litho- logistes commencent par se mettre bien d’accord sur la nomenclature et la terminologie des fonds ainsi que sur les procédés de leur analyse. Alors seulement ou sera en état de grouper sur des cartes bathylithologiques, les conclusions obtenues, de les rendre comparables entre elles et de les compléter ensuite les unes par les autres. Résumé. — Les sources productrices des sédiments sous-marins sont l'érosion, (1) THourer, Couleur des fonds marins (Bulletin de l’Institut Océanographique de Monaco, n° 190, 20 décembre 1910, p. 7). ; (2) F. Nansen, The norvegian North-polar Expedition, 1893-1896. — Scientific Results. — Reprint from vol. IV, p- 214, Broegger, Christiania, 1904. ee de. ae as D Lg À eg) es À on a clou ant ne à à OST TER Ms gts te : tel 4 I 4 La a ee a eee eS ee ee RÉ EE brin és mms mms née ee eS Se ee ee ae : de dde ANNALES DE L'INSTITUT OCÉANOGRAPHIQUE 41 l’abrasion, l’exaration, la déflation, le volcanisme, les apports cosmiques, les phénomènes chimiques, l’action des végétaux et des animaux, et diverses autres causes tout à fait accessoires telles que le transport de pierres par des animaux ou par des oiseaux et la chute des escarbilles des bateaux à vapeur. Bien qu'il soit difficile de trouver un échantillon dans lequel, enles cherchant bien, on ne découvre, au moins en traces, des grains minéraux provenant de chacune de ces origines, les fonds marins, d’après leur genèse, leur mode de répartition géographique et bathymétrique sur le sol immergé, se pans de la côte vers la large, en trois grandes catégories : 1° Les fonds littoraux ou paraliens, surtout sableux mais aussi parfois boueux, dépassent rarement l’isobathe de 10 mètres, et sont composés presque uniquement de sables quartzeux provenant immédiatement de l’abrasion et de l'érosion continentales et classés par les vagues ; 2° Les fonds côtiers ou paractiens, inélanges de sables et de vases, classés par le courant côtier secondé lui-même par l’action atténuée des vagues sur le sol, proviennent eux aussi de l’abrasion et de l’érosion continentales et s'étendent, non loin de terre, jusqu’à la limite des vases permanentes, à la profondeur où les vagues cessent complète- ment d’agiter le sol sous-marin ; 3° Les fonds pélagiens, occupant la majeure partie du lit océanique, déposés au sein d'eaux calmes, sont surtout composés de vases parfois mélangées de sable; ils sont formés sous l'influence prédominante de l’amoncellement sur le sol de débris végétaux et animaux. L'érosion, l’abrasion et l’action des organismes jouent un rôle capital et caracté- ristique dans la formation des dépôts lithologiques sous-marins ; l’exaration et la déflation ont un rôle, pour l’une local, pour l’autre général, mais pour toutes deux d’im- portance secondaire. L'influence du volcanisme, si l’on en excepte la dissémination si générale des ponces, est le plus souvent locale et par conséquent secondaire. Les phéno- mènes chimiques, les apports cosmiques, avec l’ensemble des diverses autres causes, n’offrent guère qu'un intérêt théorique. T. UI. — Fasc. 7. 6 Poe set LN, Rey 7 3 = 7 © te Vins è epee a 27 t % ai uy 2 fr EP NE hak ¥ . hike 4 ‘ iat bee | 3 #3 ÉTAT VER 3 - = . . x f FO + + = x $ 4 . i f à f j vs % = 4 < ” CRETE" - LE: L: . hes: z ÿ x ; = i Sn + À zh § : a - r. À 1 : r 7 -_* j aie SESS + HN sane : ; Zak Se LS ; ee AE VS AE . f, Mu FE ie ke he CS car 4 Rit Bhat Ae p: : a x Le Pr EE “a Z k Ny ies ME m7 SE) Sent wr ae! 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