W. G. PARLOW 44 M ^arljarb tKmberSitp FARLOW REFERENCE LIBRARY OF CRYPTOGAMIC BOTANY Digitized by the Internet Archive in 2017 with funding from BHL-SIL-FEDLINK https://archive.org/detaiis/annaiesdeiinstit22inst ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Sceaux. IMPRIMERIE CHARAIRE. ANNALES OE L'INSTITUT PASTEUR (JOURNAL DE MICROBIOLOGIE) FONDÉES SOUS LE PATRONAGE DE M. PASTEUR PAR E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION : MM. D' CALiMETTE (A.), directeur de l’Institut Pasteur de Lille ; D' CHANTEMESSE, professeur à la Faculté de médecine; j)r laVERAN, membre de l’Institut de France ; pr mETCHNIKOFF, sous-directeur de l’Institut Pasteur ; D>* ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; D*" VAILLiARD, membre de l’Académie de médecine. TOME VINGT-DEUXIÈME 1908 AVEC QUATORZE PLANCHES PARIS MASSON ET G“, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BODLETAHD SAINT-OEHMAIN (6‘) 22“® ANNÉE JANVIER 1908. No ANNALES L’INSTITUT PASTEUR Trypanosomiase animale des territoires de la boucle du Niger. Par le D>- G. BOUFFA RD, Médecin-major des troupes coloniales. Directeur du laboratoire du Haut- Sénégal et Nigei’j à Bamako. La Baléri est une trypanosomiase animale qui sévit sur les chevaux, les ânes et les chiens, le long du Bani, le principal affluent du Niger, et le long delaHaute-Volta noire sur une hande de terrain d’environ 5 kilomètres de large. Elle a été observée par Cazalbou^ sur les hords du Bani à un village appelé flaro, et nous venons de l’y retrouver après avoir étudié un autre foyer enzootique important, l’étroite vallée de la Haute-Volta noire. De toutes les races qui peuplent les vastes régions qui sépa- rent le Bani de la Volta et de son affluent, le Sourou, la race peuhl est la seule qui s’occupe sérieusement d’élevage. Elle a ses centres principaux dans la province de Bandia- gara et dans le nord de la province de Koury; on la retrouve dans la province de Koutiala, parallèlement au Bani, mais à 20 kilomètres environ de ce fleuve. Les Peuhls de la riche région d’élevage de Barani et du nord de la province de Koury exportent une partie de leurs troupeaux dans le sud de la colo- nie, vers les territoires de Boho-Dioulasso et surtout dans les marchés de la Haute-Côte d’ivoire et de la Gold-Goast où l’on peut facilement les vendre à bon prix. Ils ont appelé « Baléri » (littéralement (( sud ») la maladie qui leur tue une grande quantité d’animaux dans ces déplace- ments. Ce termeestaussi généralque celui de Souma et il englolx' 1. Revue générale de médecine vétérinaire, 15 mai 1907. 1 2 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR toutes les affeelions à évolution clu-onique (|ui sévissent sur les Equidés et les Bovidés et présentent, comme symptômes pi mu- piux, le larmoiement, le jetage nasal, les ,ede, nés d.'S me.nl, n s. l’amaigrissement rapide avec conservation do 1 appe i . Un Bambara de la région du Bani vous amènera son clicval (lu’il dira atteint de Souma et vous pourrez ti'ouver dans le sang ( ï Pecaud., alors que, dans la région de la llaute-X olta le Peub vous montrera son cheval atteint de Balen et vous obseixerc/. nai'fois dans le sang le 7’. Caiaitow- Pour remédier à la généralité de ces termes mt igeires p tant à confusion, il sera donc indispensable de faire le diagnos- tic bactériologique, et de plus il faut admettre une fois imi toutes que la Souma est la trypanosomiase due au f Ca.aWom Lav., 1 la Baléri celle dont l’agent pathogène est le I . I ecand, Lav. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE En 1903 -, Cazalbou, vétérinaire au escadron de spahis sénégalais à Ségou, sur le Niger, envoie 4 chevaux séjourner sur ifs bords du Bani à un petit village appelé Garo; tous les s’infectent sans que l’auteur ait pu déterminer exactement rasent étiologique de la ou des maladies contractées. .Aujour- d’hui* il revient sur l’histoire médicale d’un de ces chevaux pré- sentant dans le sang deux parasites et croit que cet animal a succombé à la Baléri dontl’agent pathogène, T. PecfflM*Laveran . se présente dans le sang sous deux formes très !" expériences que nous venons d’entreprendre sur la ^ « 1“ et le Bani, non seulement nous nous rangeons a 1 avis de Gazal- bou pour le cheval Douentza, mais nous croyons, qi.o.qu il n^iit sigalé qu’une forme de parasite dans le sang des animaux infectés, qu’il a également eu affaire à la Balen dans la conta- mination de chiens et de chats avec des Glossma palpahs à Garo. D’ailleurs la trypanosomiase humaine est Des sur le Bani et il est inadmissible que quelques mouches infec- tent des chiens do T. rjambiense alors que des milliers de ces 1 Revue de médecine vétérinaire. K octobre 1904. \ G. R. Académie Sciences, 17 suplcmbi c 1906. mai 190' LA BALÉRI 3 insectes restent inoffensifs pour les pécheurs constamment piques . Pëcaud aurait étudié à Kati la Baléri chez des chevaux pro- venant de Koury. Nous venons de passer trois semaines dans la région arrosée par la Volta, de Koury à Borpmo ; nous y avons trouvé Finfection naturelle chez le cheval, 1 àne et le chien. Si Fon jette un coup d’on'l sur la carte de nos possessions de la houcle du Niger entre le 11® et le 15® parallèle, on voit (jue ces territoires sont arrosés parle Bani,ila Volta noire et leurs nombreux affluents. En réalité, beaucoup de ces affluents, tel que celui qui se jette dans le Bani au nord-est de San, ne sont que de simples dépressions de terrain envahies par les eaux du lleuve, débordant pendant trois mois de l’année, août, septembre et octobre; d’autres tels que le Koni, affluent de la rive droite du Bani, et le Sourou, affluentde la rive gauche delà Volta noire, ne coulent pas toujours toute l’année; certaines années peu iffuvieuses, leur lit est desséché : le long de ces cours d’eau, on trouve peu de mouches et les épizooties sont exceptionnelles. 4 ANNALES DE L*INSTITUT PASÏEUU Ce n’est donc cjue le long du Bani et de la Volta, et de leurs gros aftluents ne se desséchant jamais, que l’on observe diüé- rentes trypanosomiases dont la Baléri est sans contredit la plus répandue. On a décrit sous le nom de « forét-galerie » la végé- tation intense ([ui couvre les rives de ces cours d eau sur une largeur moyenne de 150 mètres; au delà, sur quelques kilomè- tres, cenesontque des terrains bas, marécageux, souvent mon- dés, où il ne pousse que des hautes herbes; là vivent de nom- breuses antilopes. La Baléri fait également « galerie » le long de ces fleuves et dès que l’on s’en éloigne de quelques kilomètres, il semble qu’on ne la trouve plus. Dans les régions étudiées, sur le Bani et ses aflluents, le Banifing, laBagoé, leBaoulé, la Haute-Volta noire de Koury à Boromo, les chevaux s’infectent à coup suf dans les régions très boisées; certaines parties du Bani, aux rives déboisées, paraissent indemnes de trypanosomiases. A la résidence de Koury, à 250 mètres seulement du fleuve, les che- vaux ne peuvent vivre ; ils sont fatalement condamnés et rares sont ceux qui ont pu résister un an. A 3 kilomètres de ces fleuves, les chevaux paient encore un lourd tribut à la maladie ; les ânes, moins sensibles, y vivent bien; les régions d’élevage propre- ment dit ne commencent qu’à 15 kilomètres. Evidemment, on pourra rencontrer, en dehors des zones à hachures de la carte, des cas de Baléri ; on aura certainement affaire à des cas isolés, à des animaux contaminés sur le bord des fleuves. La contagion d’animal malade à animal sam ne semble pouvoir se faire en dehors de la zone incriminée; ce qui s’explique, d’après nous, par l’absence àelaGlossina palpalis- dont nous démontrerons plus loin le rôle important dans la trans- mission de cette trypanosomiase. ^ Bien que la Baléri ait été observée dans la vallée du Haut- Niger par Pécaud à Kati, par nous-même à Bamako, nous ne croyons pas à l’existence d’un centre enzootique important dans cette région. Les chevaux étudiés par Pécaud provenaient de Koury; nous n’avons jamais pu établir la provenance exacte du cbeval malade que l’on nous amena au laboratoire de Bamako. D’autre part, sur plus de 200 Equidésou Bovidés trypanosomies que nous y avons examinés, nous nous sommes toujours, saut le cas précité, trouvé en présence du T. Cazalboui. LA BALE RI 5 La Baléri serait donc, d’après nous, dans la colonie du Haut-Sénégal et Niger, une trypanosomiase du Bani et de la Haute-Volta noire; on ne trouvera de foyer endémique que là où abondent les glossines. L’habitat de ces mouches, qui ne quittent jamais le bord du fleuve cxpli(jue le terme, Baléri- galerie. INFECTION NATURELLE Nous l’avons observée chez le cheval, l’àne et le chien. Chez le chevaU la symptomatologie ne semble pas aussi bien caractérisée que l’écrit Cazalbou, qui n’a d’ailleurs observé que quatre cas. Nous avons retrouvé des symptômes communs à bien des trypanosomiases : la fièvre intermittente et élevée, le larmoie- ment, l’écoulement nasal muco-purulent, les lésions oculaires, conjonctivite et kératite interstitielle; le poil, généralement hérissé et terne, reste parfois luisant. Nous n’avons vu aucun des symptômes cutanés signalés par Cazalbou. Les œdèmes du fourreau et des boulets des membres postérieurs existent, mais les mêmes œdèmes se retrouvent dans la Souma; il en est de même pour la réaction à l’éperon, l’attitude de l’animal et la faiblesse des reins. L’appélit est con- servé; les lésions oculaires et les œdèmes sont parfois plus accusés dans la Baléri que dans la Souma ; cependant nous ne croyons pas que l’on puisse aisément différencier ces deux affec- tions en n’ayant recours qu’à la clinique. L’indigène lui-même, qui vit constamment avec des troupeaux, ne fait point cette dif- férence. La durée de l’affection varie de 2 à 5 mois. Nous n’avons pas eu l’occasion de faire d’autopsie ; les pro- priétaires d’animaux malades n’ont jamais consenti à nous les laisser; nous avons connu la date de la mort qui se produisait toujours loin de nous. Chez râne, la Baléri évolue sans fracas et sans symptômes bien caractérisés, nous en avons observé cinq cas; c’est le lar- moiement et le poil hérissé, s’arrachant facilement, qui nous avaient incité à examiner le sang; les parasites y étaient très nombreux; les ânes vivaient encore deux mois après le dia- gnostic bactériologique. 0 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Cliez lo chien, la maladie est ai^uë ; la mort survient du au 15"^ jour; les œdèmes sont très accusés, surtout dans le tissu cellulaire sous-cutané, le lon^' du thorax et dans la région sous- maxillaire; la fièvre est continue et très élevée, température^ moyenne du soir 40°; il y a perte de Tapieétitet amaigrissement très rapide; dans un cas, la paralysie du train postérieur a été complète. Le parasite est pres({ue toujours présent dans le sang ; il y est non rare chez le cheval, ass(‘z nombreux chez 1 àne et visible dans le sang du chien pendant toute la durée de la maladie; il est très nombreux, chez cet animal, dans les der- niers jours de la vie : la mort a lieu en hypothermie : tempéra- tures relevées, 33°, 5, 34° et 34°, 3 cliez trois chiens. Sur la Volta noire et en certains points du Bani, les Llossi- nes sont en si grand nombre que la quantité de virus inoculé doit être très forte; dans ces conditions, la durée de Tincuba- tion peut être courte; elle a été de trois jours chez le chien con- taminé sur la Volta, et de cinq chez le cheval Douentza de Cazalbou infecté sur les bords du Bani. à Garo, où les tsétsés sont très abondantes. INFECTION EXr ÉR I M ENTA CE Nous avons varié le mode d’infection; le plus fré(juemment employé a été l’injection sous-cutanée ; nous avons eu parfois recours à Tinjection intrapéritom'ale, et intraveineuse chez les animaux de grande taille. Chez le chat et le singe, nous avons utilisé avec succès 4 ingestion de cadavres, en partie de cadavres d’animaux morts de Baléri, ou sacrifiés au cours de la maladie. Nous avons tenté trois fois sans succès l’infection par dépôt de sang très virulent sur les muqueuses Oculaires et vaginales. La durée d’incubation varie avec la (juantité et la qualité du virus, avec le mode d’inoculation, avec l’âge de l’animal et sa résistance au virus. Elle peut être de trois jours, elle est en moyenne de cinq à huit; chez les montons et les chèvres qui prennent une maladie chroni(|ue légère, elle a été de 9 jours avec une injection intraveineuse de \/2 v. c. de sang très viru- LA IJALÉRI 7 lent (50 parasites par champ '). Le cobaye se distingue de loua les autres animaux sensibles par la longueur de 1 incubation qui n’est jamais inferieure à 20 jours et ([ui a été uno lois de 55 jours. __ Privé de rats blancs, nous avons utilisé le rat gris du pays, en tout point semblable aux rats de nos greniers de France; il vit assez difficilement en captivité; on peut donc fixer exactement chez lui la durée de la maladie. Chez deux jeunes rats ayant reçu sous la peau 1/4 c. c. de sang de Cerco- pitheciis ritber aux parasites rares, les trypanosomes sont apparus le 7® jour et devenaient très nombreux les 9® et 10® jours. Deux rats adultes, inoculés a la pipette avec un sang très virulent, avaient des parasites rares dans le sang le 4® jour ; ces 4 rats sont morts au 18® jour de la malaclie pour les pre- miers, au 16® jour pour les seconds ; il est très probable que la Baléri n’a pas été la seule cause de ces (juatre décès simultanés. Nous avons inoculé 28 rats‘; la période d incubation moyenne pour un animal adulte avec un virus à 15 parasites par champ injecté sous la peau a été de 4 jours ; les parasites pul- lulent les 5® et G® jours, puis réapparaissent irrégulièrement dans le sang jusifu’à la mort qui a rarement lieu avant le 20® jour. Nous avons observé qu’un rat, y)résentant un jour de nombreux parasites, n’en montrait plus le lendemain ; les trypanosomes reparaissaient quelques jours après; le sang restait toujouis infectieux. L’amaigrissement est le seul symptôme bien caractérisé. Les formes longues du Tr. Pecaudi dominent. Al autopsie, on trou^e une hypertrophie de la rate, très molle. — Chez cet animal, la Baléri a une évolution très rapide; elle le tue généralement en 20 jours. La période d in- cubation avec 1 c. c. d’un virus faible est de 8 jours. La maladie débute par une forte fièvre qui persiste jiisifu a la mort ; 1 ani- mal r(‘ste couché, somnole toute la journée, mange très peu, maigrit très rapidement, a de la diarrhée, du larmoiement, de la kérato-conjonctivite et souvent de 1 œdème des paupières, (|uel(juefois de l’œdème des parois tliorainipies ; dans les jours I (;iia(iu<; fois (jiic dans cc travail il sara »[iiasliun do cliainp microscopique,, champ s'appliquera à l’oculaire 4, objectif 7, de Sliassni(;. •8 ANNALES DE I.’INSTITUT PASTEUR qui prticèdenl la inoii, on observe parfois de la i)araplégie du train postérieur. Nous n’avons jamais vu d’animal périr natu- trellement. Le parasite est (‘onstamrnent présent dans le sang : les .formes longues dominent; il est moins mobile (jue chez le chat. A l’autopsie, on note un épanchement très accusé de licjuide citrin dans le péritoine, la plèvre et le péricarde; ce liquide a ■quelquefois une teinte rosée. La rate est ramollie et hypertrophiée; chez un animal de Lj kilogrammes, elle pesait 188 grammes. Le foie est très congestionné et, à la coupe, laisse couler heau- vcoup de sang; les ganglions sont engorgés ; le cœur, très gros, montre à sa surface une arborisation de vaisseaux sanguins très dilatés. Il existe des suffusions sanguines sous-muqueuses dans l’intestin, l’estomac, dans la paroi interne des oreillettes et des ventricules. Les méninges et les enveloppes de la moelle épinière sont très injectées. Dans les ventricules cérébraux, on trouve souvent un épanchement de liquide clair ; deux fois, cet épancliement était sanguinolent. Chat. — C’est, après le chien, l’animal le plus sensible ; grâce à la facilité de s’en procurer dans les villages, à son peu de volume permettant d’en confier facilement six à un même por- teur, le chat doit être choisi en Afrique occidentale par le bac- tériologiste en voyage pour faire un diagnostic sûr et rapide; le cliien est trop encombrant; le chat est facile à manier, la goutte de sang nécessaire à l’examen microscopique étant pré- LA BALEIll 9 levée à rextréiiiité de la (jueue. Le diag-nostic est rapide parce la Baléri sévit sur des animaux de grande taille qui permettent de prélever aisément 10 c. c. de sang dans la jugulaire ; l’in- jection sous-cutanée ou intra-péritonéale d’une grande quantité de virus réduit la durée de l’incubation à son minimum. Nous l’avons vue être de 5 jours avec une injection sous-cutanée de 5 c. c. d’un virus faible (2 à 3 parasites par champ) et de 2 jours 1/2 après une injection sous-cutanée de la même quan- tité d’un virus à 13 parasites par champ. L’infection du chat éliminera la Souma qui se trouve avoir les mêmes zones endémiques que la Baléri. Évidemment, les deux parasites diffèrent beaucoup quand on les examine sur des frottis de sang colorés; mais leur mobilité excessive, qui les rend assez difficiles à diagnostiquer à l’examen du sang frais, justifie l’emploi du chat comme moyen de diagnostic au cours d’un voyage où chaque jour on fait 23 kilomètres à che- val, où le temps presse ; l’inoculation de cet animal qui demande à peine 3 minutes est bien plus rapide et plus simple que la fixation et la coloration d’une lame. D’autre part, 3 ou 4 jours après l’apparition du T. Pecaudi dans le sang, ce parasite se présente nettement avec ses caractères morphologiques et son dimorphisme très accusé qui permettent de le distinguer du T. dimorphon. Le chat est donc une bonne pierre de touche pour diagnos- tiquer la Baléri. Si 6 expériences suivies de 6 succès sont suffisantes pour être affirmatif, on peut assurer que l’infection par ingestion d’organes d’animaux atteints de Baléri est facilement réalisable. Notre premier chat a été infecté avec le cadavre d’un rat mort de Baléri que nous lui avons donné à manger; l’incu- hation a été de fi jours; les parasites, non rares le 7® jour, devenaient très nombreux le 13®; à la fin du 2® mois, l’examen du sang est négatif, et les trypanosomes ne sont jamais revus dans les multiples examens microscopiques pratiqués jusqu’à la mort de ranimai (jui eut lieu le 80® jour ; le sang est toujours resté infectieux pour le rat. Un deuxième chat est nourri, le 13 mars 1907, avec les organes abdominaux et thoracicjues d’un rat très parasité et sacrifié une beur(‘ avant le repas; 11 jours après, les parasites 10 ANNALES DE L’INSTlïUT PASTEUU apparaissent dans le sang ; le :20® jour, ils sont (‘xcessivement nombreux; ils restent nombreux le 2® mois, non rares le 3®; l’animal meurt le 108® jour. Chez 2 cbats, avec une[)inee, on dispose au fond de la gorge deux foies de rats Ires parasités sacriliés depuis une demi-heure; après la déglutition, on leur lave à l’eau la gueule qui ne montre à un examen minutieux aucune trace de blessure. L^infection est réalisée après li jours d'incubation. Ces animaux, par mesure d’économie, sont sacriliés à la fin du 3® mois ; les para- sites sont encore nombreux dans leur sang. Chez deux chats, l’expérience précédente est refaite dans des conditions identiques ; mais le lavage à l’eau est suivi d’un nettoyage de la cavité buccale avec un tampon trempé dans une solution de sublimé au millième ; les deux ariimaux s’in- fectent; l’incubation a été de 13 jours. D’autres chats ont été infectés par injection sous-cutanée; ce mode d’infection diminue la période d’incubation qui varie de 3 à 6 jours suivant la (jualité et la (juantité du virus. Deux cbats ont reçu dans chaque œil 2 gouttes de sang très virulent; ils ne se sont point infectés; une inoculation sous- cütanée a montré qu’ils n’étaient pas réfractaires. La Baléri présente chez cet animal les symptômes suivants : amaigrissement rapide sans perte d'appétit ; lièvre assez élevée au début qui disparaît très rapidement; œdèmes rares, affectant principalement les paupières ; chute des poils sur le sommet du crâne et en avant des oreilles, occasionnant une sorte de calvitie ; lésions oculaires fréquentes. Parmi ces dernières, prédomine la kératite interstitielle qui manque bien rarement; nous avons vu trois fois cette kératite guérir et l’œil reprendre sa transpa- rence; deux fois, nous avons noté une récidive suivie de gué- rison. La durée de la maladie varie avec la qualité du virus; nous avons tué avec un virus-âne des bords de la Volta un jeune chat en 13 jours, un chat adulte en un mois; au 3® passage sur le chat, le virus ne tuait plus qu'en 2 mois 1/2. D’après nous, la durée moyenne de la Baléri chez le chat est de 3 mois. Nous n’avons jamais observé de guérison ; la mort a toujours lieu en hypothermie; l’animal cesse de manger 24 heures avant et se couche. LA BALÉlll 11 Le parasite est toujours présent dans le sang’ pendant le premier mois de la maladie; à partir du 2^ mois, sa presence peut ètreintermittente. Les formes long-ues dominent; les formes courtes et larg-es sont toujours visibles. A l’autopsie la seule lésion caractéristique est l’Iiypertropliie de la rate. SiNdES — Nous avons surtout expérimenté avec le Cercopi- t keciis ruber ciui s’infecte très facilement; les Cerc. viridis et calli^ tricliHS sont sensibles; le cynocéphale est réfractaire. Nous avons surtout utilisé l’injection sous-cutanée; nous avons, sans obtenir de résultat positif, déposé sur les muqueuses conjoncti- vales et vaginales quelques g’outtes de sang très virulent. Nous avons tenté une seule fois l’infection par ingestion. L’animal (Cerc. ruber) a avalé 10 grammes de foie de chat sacrifié 1 heure avant le repas; il s’est infecté. La durée de l’incubation varie de 6 à 15 jours; elle a été de b jours avec 1/5 c. c. de sang de rat à 20 parasites par cliamp. Le début de la maladie est caractérisé par une forte fièvre, qui, continue et au voisinage de 40^ pendant le premier septé- naire, diminue pour se maintenir aux environs de 38*^ pendant une dizaine de jours, puis devient intermittente : l’amaigrisse- ment est asssez rapide; l’appétit est conservé, sauf dans quel- ques cas très aigus où la mort a lieu vers le 10® jour; 1 appétit est alors très diminué, et une très forte fièvre (température 41®) jette l’animal dans un état d’abrutissement et de somnolence dont il est difficile de le tirer. L’œdème des paupières existe souvent avec un très léger larmoiement; les ganglions sont hypertrophiés et le sus-épitrochléen se sent très bien. Pas de lésions oculaires. La somnolence est très accusée vers la fin de la maladie ({ui dure de 10 jours à 1 mois 1/2. Dans les derniers jours de la maladie, fbypotliermie est très marquée; le ther- momètre placé dans le rectum accuse de 34 à 35®. La mort n’est pas fatale et la guérison est survenue trois fois sur 10 ani- maux inoculés. Le parasite est toujours. présent dans le sang et parfois en très grande quantité ; un mois après la disparition des trypano- somes chez les cercopithèques guéris, 2 c. c.de sang, en injection sous-cutanée, n’infectaient plus le rat ni le chat. A l’autopsie^, on note des épanchements dans les séreuses et 42 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR les ventricules 5 un cœur feuille morte, une rate hypertrophiée et molle, un foie très congestionné, un engorgement ganglion- naire généralisé. Cobaye. — Le professeur Laveran a inoculé 2o cobayes ; a durée moyenne de la maladie, toujours mort(dle, a été de 40 jours, minima : 18 et 23 jours; maxima : 07 et 91 jours. Jusqu’à ce jour, nous avons expérimenté avec 3 virus dillerents provenant du cheval, de l’àne et du chien; nous avons constaté que nos cobayes, nés à Bamako de père et mère im- portés de France, contractaient une alfection à évolution lente qui, depuis 3 mois pour le cheval, 2 mois 1/2 pour l’àne, 2 mois pour le chien, non seulement n’a pas tué nos animaux, mais paraît les laisser en bon état de santé; on ne note chez eux aucun symptôme morbide. Pour infecter nos cobayes, nous avons eu recours à l’injec- tion sous-cutanée. La durée de l’incubation est très longue; elle a été de 2G jours avec un Aurus qui, à la meme dose, infecte le chien en 6 jours, le chat en 10; de 23 jours aAœc le virus- âne infectant le chat en 4 jours; de 24 jours avec 1/4 c. c. de sang très AÛrulent; enfin de 52 jours a\ec 1 c. c. de sang pré- levé dans le cœur d’un cobaye aux parasites nombreux, 10 minutes après sa mort accidentelle (rupture de la rate). Ce cobaye, le seul que nous ayons perdu, est mort au’ 3® mois de son infection, à peu près subitement d’une rupture spontanée de la rate. Le fait n’est pas rare en trypanosomiase. Le parasite avec ses deux formes, toujours très distinctes, est constamment présent dans le sang, et souvent en nombre considérable; il y est très mobile; les formes courtes sont aussi fréquentes que les longues. Si le chat, par son peu de volume et la courte durée d’incubation, est à recommander pour un diagnostic rapide en cours de voyage, le cobaye, qui ne peut être utilisé dans le même but à cause de la lenteur de l’in- cubation, reste l’animal de choix pour le transport du virus à longue distance, du Niger en France par exemple, et la conser- vation au laboratoire du T. Pecaiidi, Bovidés. — Le fait de ne point rencontrer, cliez les Bov idés, la Baléridans les régions où elle sé\dt sévèrement sur les Équidés pouvait faire pré\mir leur résistance à cette trypanosomiase. En effet, la maladie expérimentale est chronique et paraît évm- LA BALÉHI rd^ luer sans autre symptôme qu’un léger amaigrissement; il es vrai que les circonstances nous ont contraint d’expérimenter avec le bœuf bambara sans bosse, assez résistant k laSouma. Il est possible que le zèbre soit plus sensible. La duree de 1 incu bation est en moyenne de 10 jours avec i/2 c. c. de sang aux parasites nombreux (15 k 20 par cbamp). Au début, les para sites sont nombreux dans le sang périphérique et la forme longue domine; au deuxième mois, les formes larges, assez rares au début, deviennent nombreuses ; la présence du parasite dans le sang est alors intermittente. Nos animaux sont encore vivant» en septembre; ils ont été inocules en juin et judlet. Leur sang est toujours infectieux pour le rat, même lorsque l’examen mi- croscopique est négatif depuis 8 jours. Moutons et Chèvres. — Cbez un mouton a laine du Macina inoculé à la pipette avec un sang très virulent (50 parasites par champ) de rat, les trypanosomes apparaissent rares le 9® jour et demeurent visibles très rares pendant 4 jours, puis dispa- raissent du sang pour ne plus être revus pendant 1 mois 12 d’examens quotidiens; jusqu’au 3^ mois, le sang infecte le rat. 3 inoculations intraveineuses, à 2 jours d’intervalle chaque, de 10 c. c. de sang virulent de chien ne font point reparaître le parasite; l’animal guéri a l’immunité. Un autre mouton à laine et 2 moutons k poil ont également guéri. Chez la chèvre, l’affection est aus»i bénigne et guérit assez vite. Porc. — Un porc reçut sous la peau 1/4 c. c. de sang très virulent, de cobaye ; le 15® jour apparaissent dans le sang des- parasites très rares, qui deviennent assez nombreux le 20® jour; l’animal maigrit, mais ne présente aucun autre symptôme bien caractéristique; les parasites apparaissent dans le sang d’une façon intermittente; l’animal est encore vivant 4 mois après l’inoculation. 2 COQS et 1 PIGEON se sont montrés réfractaires à l’inocula- tion sous-cutanée. AGENT PATHOGÈNE L’agent patliogène est le T. Pecaudi Lave- an. Dans les infections naturelle et expérimentale, le parasite > est toujours- présenté avec ses 2 formes bien caractéristiques décrites par ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 14 le professeur Laveraii (/. c.) ; généraleiiient la forme longue est plus fréquente; ccuTaines de ces formes à long llagelle libre mesurent iO a sur 1 a 5 ; elles sont bien plus mobiles que les formes larges, et se meuvent dans tous les sens, mais de pré- férence llagelle en avant ; l’extrémité postérieure, effilée sou- vent en tronc de cône, avec son centrosome à 2 ou 3 ij. de cette extrémité, ressemble parfaitement à la tete de brochet du para- site décrit par Dutton et Todd dans la trypanosomiase des chevaux de Gambie. Les formes courtes sans flagelle libre, toujours visibles dans le sang des animaux malades, particulièrement nombreuses chez le cobaye, ont plus souvent 4 [x que 3 [j- de large sur 14 [j.Ii 20 [i. de long; certains parasites, sans trnce de division, mesu- raient 6 {J. de large; la membrane ondulante, peu plissée, n’a parfois que 2 plis. Le protoplasma est très granuleux et sou- vent vacuolaire au niveau du centrosome. A l’examen du sang frais, chez le chat par exemple, nous avons vu, dans le protoplasma des formes longues, des points réfringents sphériques, très mobiles, se déplaçant sur toute la longueur du parasite ; nous pensons avoir eu affaire à des gra- nulations protoplasmiques. Le parasite peut vivre 4 heures sous la lamelle à la tempé- rature extérieure de 2b^ ; pendant la U® heure, il est excessive- ment mobile ; les formes longues quittent le champ d’obser- vation, mais ne le traversent jamais en flèche comme le T. Cazalboui. Nous n’avons jamais vu le T. Pecaudi s’agglutiner dans le sang du rat mis sous lamelle, ainsi que le signalent Laveran et Mesnil pour le T. dimorphon. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Le diagnostic basé sur la clinique ne nous paraît point aussi facile que le dit Cazalbou, qui a le tort de généraliser et de croire que les symptômes cutanés ressemblant aux plaques de dourine sont constants chez les animaux atteints : nous ne les avons pas encore observés et nous avons étudié 8 chevaux. Quant à la paraplégie, si c’est un symptôme fréquent, il n’appa- raît malheureusement que tardivement, à la dernière phase de LA LALÉRI 15 la maladie; pour une bonne prophylaxie et une thérapeutique efficace, le diagnostic a besoin d’être fait avant l’apparition de ce signe. Dans le mois de la maladie, la symptomalogie ne diffère point, ou diffère si peu de celle d'autres trypanosomiases de la région, 'telle que la Souma, qu’il sera prudent, pour aller vite et éviter des mécomptes, d’avoir recours au diagnostic bactériolo- gique. Dans les zones d’endémicité de la Baléri, on rencontre aussi la Souma; le diagnostic avec le T. Cazalboui est facile; s’il y avait doute, il n’y aurait qu'à inoculer un animal réfrac- taire à la Souma, comme le cliat ou le chien. Le dimorphisme d’un parasite, qui se maintiendra chez tous les animaux d’expérience avec conservation du flagelle libre des formes longues et se fixera bien chez le cobaye, permettra d’éli- miner le T. clinwrphon dont les formes, sans flagelle libre, sont souvent plus courtes et surtout plus minces que les formes sans flagelle du T, Pecaudt. La réaction Laveran-Mesnil, sensibilité d’un animal guéri de Baléri à toute trypanosomiase diff erente, est aussi un précieux moyen de diagnostic pour éliminer le T. dimorphon ; c’est une méthode qui serait facile à employer, puisquel’on peut assez aisé- ment avoir un Cercopithecus ruher guéri de Baléri. Les formes larges et courtes, toujours présentes dans le sang, seront généralement suffisantes pour éviter la confusion avecle Nagana, Surra, et autres trypanosomiases dont l’agent éco- logique ne se présente jamais sans flagelle libre. ÉTIOLOGIE La version indigène donne peu d’indications : les Equidés et les Bovidés meurent parce que l’herbe des bords des fleuves est mauvaise; l’ingestion de viande de caïman pendant l’hiver- nage est fatale aux chiens, disent les pêcheurs du Bani. Un fait autrement intéressant est l’abondance des tsétsés le long des fleuves et rivières où sévit la Baléri (voir la carte p. 16). Sur le Bani, ces mouches commençent en amont de Djenné, à un petit village appelé Baramandougou; elles y sont rares jusqu’à Tabara, en amont de San, pour devenir excessi- A^ement nombreuses à Douna et Garo; de Garo au Banifing^ elles existent dans la majeure partie du parcours, bien qu’en 16 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR LA BALÉRI 17 certains endroits déboisés, elles fassent complètement défaut. Le villag-e deGuindo, oùTindigène a des troupeaux de bœufs et quelques chevaux, en est un exemple. A 5 kilomètres environ, 4m aval et en amont, les rives du fleuve sont nues, et il n’y a ])oint de tsétsés. Pareil fait s’observe à Patiana; là cependant les chevaux ne peuvent vivre; une mission catholique, installée près de ce village [depuis cinq ans, en 'a tenté l’élevage: elle a perdu tous ses animaux. A 5 kilomètres du Bani, l’élevage devient possible. Les Bovidés paraissent y bien vivre; j’ai vu un beau troupeau de 40 vaches. Le Banifing est une rivière assez étroite, 80 à 100 mètres ale large à son emhouchure, au cours sinueux et au lit encaissé entre de hautes herges couvertes d’une végétation très touffue ; les glossines y sont en telle quantité que les pécheurs eux- mêmes l’ont désertée ; on ne trouve aucun village sur ses rives ; c’est le domaine des hippopotames, très nombreux, et des caïmans : la vallée étroite nourrit des troupeaux d'antilopes. On peut en dire autant de la Bagoé et du Baoulé, sur les- quels nous avons navigué pendant 4 jours; sur dévastés bancs de sable, où les mouches sont relativement peu nombreuses, on trouve quelques huttes de pêcheurs; tous les villages sont éloignés d’au moins 5 kilomètres de ces cours d’eau. Parmi les nombreuses mouches recueillies, nous n’avons trouvé que les (ri. palpalis et tachinoïdes. La Haute-Volta noire, de Koury à Boromo, sur environ 300 kilomètres, coule entre des berges élevées et très boisées ; on peut difficilement se faire une idée de la quantité considé- rable de tsétsés que l’on y rencontre; sur ces bords, comme sur ceux du Banifing, on ne trouve aucun village. Les glossines ne quittent jamais le lit du fleuve et ne s’en éloignent d’une centaine de mètres qu’exceptionnellement, lorsque la brousse épaisse de la berge se continue dans l’inté- rieur des terres. Dans les régions parcourues, là où ces mouches sont très nombreuses, sur le Bani à Douma et Garo, sur le Bani- fing, sur la Haute-Volta noire de Koury à Boromo, et probable- ment tout le long de ce fleuve jusqu’à sa source, aucun animal domestique ne peut vivre; l’homme lui-même fuit devant la distri- bution par trop généreuse de véritables piqûres d’aiguilles. Parmi ces glossines, c’est la Gl. palpalis qui domine-; sur des 2 48 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR milliers de mouches examinées, nous en avons trouvé 80 0/0; et 20 0/0 seulement de Gl. lachinoides. Nous avons capture 3 échantillons de GL morsitans. Avant d’avoir l’occasion de parcourir des zones endémiques de Baléri, nous avions étudié au laboratoire de Bamako le rôle possible des tsétsés et en particulier de la Glossina palpahs dans la transmission de cette trypanosomiase. A Bamako, on peut assez facilement se procurer quelques Glossina palpalis . A 4 kilomètres environ à l’ouest delà ville, coule un petit affluent du Niger appelé le Faraco ; sur ses rives où la végétation est très dense, on peut aisément prendre chaque jour une tren- taine de mouches. Dans nos chasses, nous avons observé que la tsétsé pique plus volontiers un animal qui sort de 1 eau ; aussi, pour capturer ces insectes, avions-nous soin d’asperger avec l’eau de la rivière un veau qui devenait aussitôt un appât très recherché des glossines. N’obtenant pas d’infection natu- relle chez cet animal ni chez le chien plus sensible, nous avons- fait piquer un cobaye très parasité par 10 mouches; 12 et 24 heures après, nous les avons nourries sur des cobayes neufs l’infection ne s’est point produite. Après un demi-repas fait sur ce même cobaye très parasité, nous avons porté 6 mouches surun cobaye neuf; elles ont immédiatement achevé leur repas sans qu’il y ait eu contamination. Le sang de tous ces animaux mis en expérience a été examiné pendant deux mois. Quand il nous a été donné, en juin, de pouvoir voyager à travers les essaims de glossines de la Haute-Volta noire, nou.v avons préparé de nouvelles expériences, mais en utilisant le chien, animal très sensible. Nous avons pensé que la contami- nation de cet animal exposé aux piqûres de tsé-tsé dans une embarcation où l’on ne trouverait aucune autre mouche fré- quente, plaiderait en faveur du rôle positif de ces insectes. La Haute-Volta noire est le fleuve par excellence pour ci‘ genre d’expérience; assez étroit, 40 mètres environ de largeur, il coule, encaissé la majeure partie de l’année entre des rives excessivent boisées : cette végétation intense est surtout formée de broussailles épaisses qui tapissent les bords du fleuve, au point d’exiger parfois une demi-heure de navigation avant de rencontrer la clairière favorable à l’accostage. Nous avons- navigué pendant 4 jours sur cette infernale Volta, au. LA BALÉRl 19 milieu d’un essaim continu de glossines, seules mouches piquantes rencontrées, qui nous harcelaient de l’aube jusqu’à la nuit, et dont l’aiguillon traversait souvent deux épaisseurs de vêtements de toile; par clair de lune, nous avons encore été piqués à 9 heures du soir. On ne sent point la mouche se poser sur la peau, mais elle signale douloureusement sa présence par une piqûre en tout point comparable à celle d’une aiguille ; c’est une douleur fugace qui ne persiste pas comme celle du moustique ou de la guêpe; elle est immédiatement ressentie, ce qui explique le geste de l’indigène pour chasser l’insecte qui ne s’est pas encore nourri. Toutes les piqûres ne sont pas douloureuses; certaines passent inaperçues et permettent à la mouche d’achever tranquil- lement son repas. Quand on voyage avec des chiens dans les régions à tsétsé, au débutl’animal se défend, mais il a à répondre à des attaques si nombreuses qu’il y renonce bientôt et se laisse saigner. Sur notre peau, la piqûre ne laisse aucune trace; sur la peau de la région abdominale du chien, sur celle du cobaye, on note une petite ecchymose violacée de 15 millimètres environ de diamètre. Quand la piqûre passe inaperçue, l’insecte se gorge de sang et son abdomen plat triple de volume; il reste de 1 à 2 minutes collé à l’épiderme, les palpes maxillaires tou- jours en continuité avec l’axe du corps et la trompe, devenue perpendiculaire à cet axe, est enfoncée jusqu’au bulbe dans la peau. Nous naviguions à la perche et notre barque ne s’arrêtait chaque jour que 2 heures à la tombée de la nuit; tout le reste du temps, nous étions au milieu du fleuve, exposés aux piqûres des glossines. Nous avions avec nous un jeune chien d’un an qui avait fait en février un voyage en Haute-Guinée où les glossines assez nombreuses étaient à cette époque-là moins voraces que celles de la Haute-Volta au mois de juin. Dans les affluents du Haut Niger, le Tinkisso, le Fay, le Sankarani, ces mouches piquaient peu les laptots et encore moins le chien. Cet animal qui, à différentesreprises au laboratoire de Bamako, avaitreçu 50 c. c. de sang virulent de Souma sans s’infecter, était en parfait état de santé quand il s’embarquait avec nous à Koury où nou» n’avions séjourné que 36 heures. H fut tellement piqué dès le premier jour du voyage, qu’il chercha à fuir et se jeta à l’eau, gagnant la rive à la nage ; nous dûmes l’attacher. Nous n’exagérons nullement en estimant à 200 le nombre de ^20 ANNALES UE L’JNSTITUT PASTEUU mouches qui, cliaque jour, se gorgeaient de sang sur notre cliien. Le surlen- demain de notre arrivée à Boromo, G jours après le départ de Koury, l’ani- mal avait le nez chaud, refusait de manger, restant couché toute la journée; l’examen microscopique du sang fut positif : sous la lamelle, nous trouvions une dizaine de parasites très mobiles, très longs, avec flagelle libre, accompagnés de 3 formes courtes très larges. 1/2 c. c. de sang est injecté sous la peau d'un chat et d’un cobaye. Le chien a le soir une forte fièvre, température 41o; sa démarche est hésitante, le pourtour des yeux légèrement œdématié et le paquet ganglion- naire sous-maxillaire très engorgé; l’amaigrissement est déjà apparent, surtout à 1 arrière-train. Le 4e jour de l’infection, on note de l’œdème sur tout un côté du corps et dans la région sous-maxillaire; 1 animal refuse toute nourriture, la fièvre est très élevée, température <440,5, la démarche difficile; les parasites sont très nombreux dans le sang; les formes longues dominent; leur mobilité et les dimensions de certaines atteignant 40 h-, ainsi que la présence de formes larges très distinctes, permettent dès ce moment d’affirmer le diagnostic de Baléri. Les 5e et 6® jours, les symptômes persistent, graves et menaçants, et une paraplégie légère de l’arrière-train apparaît alors; l’amaigrissement est très accusé, les parasites sont toujours nombreux dans le sang. La para- plégie, qui s’accentue le lendemain, devient le 8e jour de la paralysie de tout le train postérieur; comme nous sommes en route pour regagner Kouiu par voie de terre, nous abandonnons au campement notre animal à 1 aç)nie, Lejeune chat inoculé présente des parasites rares dans le sang le 7e jour ; les trypanosomes devinrent rapidement nombreux ; l’animal qui mangeait lieaucoup était d’une maigreur excessive, et sans autres symptômes, sans œdème, sans lésions oculaires, il mourut le 19® jour. Un chat adulte, ino- lus logique, selon nous, d’invoquer alors une action de préci- pitine, due à la présence d’antigènes albuminoïdes dans les solutions de ricine. Rien ne prouve, cependant, rigoureusement (jue cette toxine végétale soit incapable de fournir le précipit(‘ observé; d’autant que, dans les expériences de Jacoby, il s’agissait d’un poison purifié par digestion artificielle et que. même des restes d’albumoses ou de peptones n auraient , pu engendrer le coagulum. Les expériences entreprises par 1 un de nous avec le D'’ Abt ont montré, en effet, que 1 on n obtient jamais de précipitines quand on traite les animaux par les pep- lones Witte, Cbapotaut ou Defresne. Enfin, il ne faut pas oublier que les antitoxines diphtérique, tétanique, botulique... ne coagulent point les poisons correspondants, bien que les animaux, fournisseurs de sérum, aient reçu des produits moins purs encore que la ricine de Jacoby et bien que l’entraînement (le constituants sériques, lors du mélange in vitro des anticorps et des antigènes, ait autant de raisons de se produire que dans le cas des toxines végétales. On a donc l’impression que celles-ci sont réellement coagulées par leurs anticorps — avec concomi- tance d’une action de précipitines. Nous admettons, en résumé, que les antitoxines se fixent i/i vitro sur les toxines correspondantes (même modifiées Ehrlicb) CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 311 el amènent ensuite leur coag-ulation. A celle-ci succèdent des fuodilications qui ne sont jamais aussi marquées qu’m vivo. In vivo, il y a fixation, coag-ulation, puis destruction lente (en vertu d’un acte lytique, comme nous l’indiquerons plus loin). I^a fixation au sein de l’org-anisrne est démontrée par la baisse immédiate du pouvoir aniitoxique, chez les animaux immunisés ijui reçoivent une nouvelle injection de poison et cette baisse, ainsi qu’il résulte des expériences bien connues de Salomonsen <‘t Madsen, demeure absolument hors de proportion avec la (juantité de toxine introduite (ce qui suffirait à exclure, une fois pour toutes, la possibilité d’une réaction chimique en proportions définies). Nos idées, touchant le rôle des antitoxines, permettent de comprendre d’une façon simple et claire les faits, d’allure un peu mystérieuse, observés par Ehrlicli et ses élèves dans leurs recherches sur le sérum antidiphtérique. C’est ainsi que l’écart, en apparence paradoxal, observé entre les « valeurs Lo et L + » — non moins que l’allure discontinue de la « neutralisation » dans les expériences de « saturation partielle » s’expliquent aisément par les lois qui régissent la coagulation des colloïdes. Celle-ci (( n’est pas continue et il y a des intervalles de concentration dans lesquels on n’observe pour ainsi dire aucune précipitation o (Cotton et Mouton a propos de la coagulation des albumi- noïdes par les sels des métaux alcalins). De même, pour fhis- toire des mélanges a neutres », dont Cotton et Mouton four- nissent une conception parfaitement nette, a La possibilité de dissocier plus ou moins complètement un mélange « neutre » de toxine et d’antitoxine lorsqu’il vient d’être préparé, tandis qu’au bout d’un certain temps il est « consolidé », fait étudié par l’École d’Ehrlich, rappelle aussitôt la possibilité de « redis- soudre » par certains procédés le gel formé par la précipitation d’un colloïde peu de temps après sa préparation, alors que le même gel résiste ensuite aux mêmes actions ». N’oublions pas d’autre part que, pour apprécier faction des antitoxines sur les toxines, on est toujours obligé de recourir à l’expéri- mentation chez l’animal. Or, un ‘même mélange « neutre », injecté à des sujets d’espèce différente — ou à des sujets ) , ils peuvent être fixés ou englobés pai* certains éléments (ni la fixa- tion ni Penglobement ne sont constants — loin de là). Et ces cellules les transforment plus ou moins complètement, plus ou moins rapidement, au moyen des anticorps normaux qu elles contiennent. Nous pensons que la transformation commence en dehors des cellules, mais y demeure peu importante, saut lorsque les anticorps (toujours présents, suivant nous, dans les humeurs — ne fût-ce qu’a 1 état de traces) atteignent un haut degré de concentration et trouvent, devant eux, des antigènes très sensibles. Les antigènes subissent, de la part de 1 organisme, une véritable digestion (Metchnikoff). Or, on admet de plus en plus, aujourd’hui, que tout acte digestif exige le concours successit d’une coaguline et d’une lysine. La même conception s impose d’autant mieux, pour expliquer le mode d’action des anticorps normaux, que ceux-ci nous apparaissent toujours sous les formes exclusives de coagulines et de lysines. Toutefois, les proportions respectives des deux anticorps peuvent varier et les. 44 .ANNALES DE L’INSTITUT 1‘ASTELK (‘iïets produits traduisent ces variations. Ainsi, étant donné un antigène déjà toxique, si la coagulation est forte, la lyse (secon- daire) demeurera lente et la substance étrangère disparaîtra, petit à petit, sans avoir altéré l’organisme par les poisons vrais (|u’elle recélait et qui ont été libérés à dose constamment imperceptible — si la coagulation est faible, la lyse sera rapide (‘t suivie d’une intoxication, plus ou moins marquée selon les (•as. La transformation des antigènes s’opère eî>sentieUement, cela va de soi, dans les cellules jouissant du pouvoir de les fixer ou de les englober. Mais il faut distinguer entre les éléments (( nobles » et les autres. Les premiers, très délicats et peu ou point susceptibles de régénération, périront au cours de la lutte, ou, du moins, souffriront vivement et demeureront inca- pables de donner naissance à des anticorps artificiels, c’est-à- dire incapables de s’immuniser et de s’hypersensibiliser. Pre- nons, comme exemple, la cellule nerveuse, élément noble par excellence. Les recliercbes de Roux et Borrel ont établi que cette cellule n’acquiert aucune résistance, chez les sujets devenus réfractaires au tétanos. Nous avons constaté, d’autre part, qu’elle n’acquiert point une plus grande vulnérabilité chez les sujets hypersensibilisés vis-à-vis des toxines tétanique ou diphtérique. — hQs, cellules (( non nobles », mais jouissant du pouvoir fixateur ou englobant, cellules robustes et susceptibles de régé- nération, constituent, au contraire, le système formateur des anticorps et, partant, la source unique de l’immunité et de l'hypersensibilité. Ces deux facultés peuvent donc être portées au plus haut degré sans qu’à aucun moment du (( traitement » survienne le moindre trouble de l’économie. Mais tel n’est point le cas bien souvent el l’apparition fréquente de manifestations loxiques, au cours de l’immunisation et de la sensibilisation, rendent le tableau clinique des plus complexes. Examinons, brièvement, ce qui se passe lors du conflit de l’organisme avec les a toxines solubles » et les (( endotoxines ». (( Toxines solubles. » — Soient, à nouveau, la cellule nerveuse et la toxine tétanique. Cette dernière, déposée dans les muscles, chemine, on le sait, en majeure partie le long des nerfs et gagne les centres; les éléments moteurs la fixent, la décom- posent et s’intoxiquent activement avec le poison vrai libéré; leur CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE JÆURS EFFETS 45 intoxication active se révèle par la contracture caractéristique (tétanos musculaire). Afin de conuaîtias maintenant, le lôlecD s éléments « non nobles » fixateurs, envisageons la fracDon (b‘ toxine qui ne suit pas la voie nerveuse, ou, pour exagérer les phénomènes, introduisons la totalité du poison soit dans le système sanguin, soit dans un viscère. La symptomatologie v.i changer radicalement et nous allons nous trouver en présenc(‘ du tétanos généralisé d’emblée (tétanos splanchnique de Borrel et Binot). Faut-il attribuer exclusivement la transformation clinique observée à ce que la toxine chemine — toujours (mi majeure partie — par une autre voie (grand sympathique Borrel); ou bien à ce que Tattaque des centres s’opère d’une façon diffuse (par la totalité des filets nerveux, dont les ramus- cules plongent dans une vraie solution de toxine — Morax et Marie)? Et ne conviendrait-il pas de laii’e intervenir, pour une part qui reste à déterminer^ la fixation du poison brut sur les cellules « non nobles », lesquelles en libèrent le poison vrai, susceptible de provoquer l’empoisonnement passif des centres. A l’appui de cette manière de voir, nous invoquerons la cons- tance des phénomènes de tétanos généralisé et, parfois, leui présence exclusive, chez nos cobayes huper sensibilisés pat la voie intramusculaire. (Ici, le système formateur des anticorps produit une quantité de toxinolysine fort supérieure a celle ([ui existe à l’état normal, ainsi que nous l’avons établi précédemment). Si des différences profondes séparent déjà le tétanos musculaires du tétanos généralisé, que dire du syndrome de Befiriny, observé chez les chevaux « byperimmunisés », qui deviennent subitement « hypersensibles » (voir plus loin)? Le caractère suraigu des accidents ne saurait s’expliquer ici que par une toxinolyse anormalement rapide. Suivant donc que la toxine tétanique est décomposée au niveau de la cellule nerveuse ou au niveau du système formateur des anticorps, l’empoisonnement, soit direct soit indiiect, des centres donnera naissance à tels symptômes ou à tels autres. Et, dans le cas d’empoisonnement indirect, cette symptomato- logie — ainsi que nous le verrons — variera d acuité a\ec l’intensité de la toxinolyse, c’est-à-dire, d’une part, avec la teneur de l’organisme en lysine et, d’autre part, avec la quan- tité de poison administrée. 4r, ANNALES DE L’INSTITUT DASTEUU « Kndotoxinks )). — Elles engendrent, plus facilement encore <|ue les (( toxines solubles o, des accidents d’empoisonnement au cours de l’immunisation et de l’Iiypersensibilisation. Les endotoxines, avons-nous dit, ne sont point fixées ou englobées par les cellules « nobles », mais bien par certains éléments a non nobles » (jui les détruisent, en libèrent des poisons vrais et, partant, s’intoxiquent directement et empoisonnent indirec- lement toute réconomie. (Inutile d’insister sur le cas, très fréquent, où la substance introduite dans l’organisme contient à la fois une « toxine soluble » et une a endotoxine n). lll D’où proviennent les anticorps artificiels, agents détermi- nants de l’immunité et de l’hypersensibilité? De la même source, évidemment, que les anticorps normaux; puisque, d’une part, ils offrent des propriétés analogues et que, «l’autre part, une création ex nihilo demeurerait totalement incompréhensible. Mais, ici, la production devient exubérante et se double de l’apparition d’une électivité bien connue vis-à- vis de l’antigène correspondant. L’augmentation numérique peut être conçue sans peine, tandis que nous ne saurions nous faire actuellement qu’une représentation très grossière de la spé- cificité. L’économie animale recèle donc son a fonds » d’anticorps indilférents, c’est-à-dire multispécifiques, dont une proportion, impossible à évaluer, se multiplient et deviennent électifs, c’est- à-dire unispécifiques, au cours du « traitement » par les antigènes. Pareil phénomène de différenciation se manifeste d’ailleurs, sous des influences inconnues, au sein de l’organisme normal et c’est pourquoi, suivant les espèces et les individus, les humeurs ou extraits cellulaires possèdent déjà, au regard de tels ou tels antigènes, une activité marquée, origine de la résistance et de la sensibilité des sujets a neufs ». La formation d’an- ticorps naturels différenciés constitue un procès des plus obscurs et la multiplicité de ces anticorps déroute l’esprit, (diacun pense et répète volontiers (( qu’il doit y avoir là-des- sous quelque chose », mais quoi? CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EEEETS 47 La production des anticorps artiliciels se trouve liée à 1 orga- nisme. à V antigène et aux conditions d’introduction de celui-ci; nous aurons, maintes fois, Poccasion de le montrer. On com- prend assez bien que la destruction trop rapide des antigènes ne permette point la production d'anticorps ou vienne, tout au moins, limiter la durée du phénomène. Dans la majorité des cas, Péconomie répond à Pmvasion par les antigènes en donnant naissance, parallèlement, à des voagulines et h des lysines, dont les quantités respectives ^ierneurent du reste foft variables. Mais il est des circonstances principalement expérimentales — où une seule espèce d’anticorps se trouve élaborée (elle sera alors « complétée », plus ou moins efficacement, par Panticorps normal opposé). lïune manière générale, on remarque que Pintroduction, ilans l’économie, soit d’antigènes très coagulés, soit d antigènes très abondants, soit, a fortiori, d’antigènes très coagules et très abondants, favorise la formation de coagulines et que, pai vontre, Pintroduction soit d’antigènes très décoagulés, soit d’an- tigènes peu abondants, soit, a fortiori, d’antigènes très décoa- gulés et peu abondants, détermine des effets opposés. Toutefois, le facteur antigène n’est point le seul en jeu et il faut tenir égale- ment grand compte des conditions d introduction de l antigène el surtout de l’espèce animale, qui peuvent contrebalancer, voire même supplanter l’influence, habituellement prépondérante, ùe ce facteur. Selon les circonstances, la production des anticorps affecte une durée variable. Au début, il peut y avoir beaucoup d anti- corps «disponibles i^la proportion diminue ensuite peu à peu et devientfinalement inappréciable. Les anticorps réapparaissent lors d’une nouvelle administration d’antigène et plus rapide- ment que la première fois, s’il ne s’est pas écoule trop de temps entre la première et la seconde séance. Mais ce sont là des faits de connaissance banale et il serait superflu d y insister; bornons-nous à rappeler que la formation des anti- corps comporte une limite, d’ailleurs très variable d un cas à l’autre. Il serait fort tentant d’admettre qu’il n’existe, pour chaque antigène, qu’un seul anticorps homologue, à la fois coagulant et ^écoagulant suivant les conditions ambiantes. Cette hypothèse, ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK vers laquelle nous inclinons de plus en plus, simplilierait (inornio- ment Texplicalion dos faits ; mais il faut attendre, avant l’adopter, le résultat de nouvelles recherches. Quant à la question, de savoir si les actions d’anticorps sont réellement dues à des substances matériidh^s ou doivent être rapportées à des proprié- tés de la matière, nous nous déclarons incapables d’v fournir une réponse. IMMUNITÉ ET HYPERSENSIBILITÉ MS-A-YIS DES TOXI- NES SOLUBLES )) La production de Timmunité et de l’hypersensibilité vis-à- vis des (( toxines solubles » se trouve liée à celle des anticorps déterminants et, partant, comme nous l’avons déjà dit, à l’orga- nisme, à l’antigène et aux conditions d’introduction de celui-ci. — Organisme. Nous rencontrons d’abord l’influence de l’espèce (le cobaye est bien plus difficile à immuniser que le cheval avec la toxine diphtérique pure); puis, celle de ïâge (les jeunes che- vaux deviennent, plus facilement que les adultes, hypersensi- bles à la toxine diphtérique. — Behring) ; enfin, celle de l’individu (le même traitement immunise certains cobayes vis-à-vis de ht toxine diphtérique et rend les autres hypersensibles, comme nos expériences le démontrent schéniatîquenienl) . La manièi e variable dont intervient l’organisme s’explique aisément par la propojdion variable des toxinocoagulines et des toxinolvsines (( dès le départ )). — Antigène. La nature de celui-ci offre, on le conçoit, une importance capitale (on peut A*acciner les che- vaux et une certaine proportion de cobayes avec la toxine diphté- rique pure, tandis que l’immunisation des premiers demeure impossible avec la toxine tétanique pure et celle des secondes irréalisable sans recourir au procédé .de Bruck). Aussi, ne faut- il point s’étonner de voir les résultats se modifier, parallèle- ment aux modifications apportées aux poisons. Les toxines diphtérique ou tétanique, coagulées par la chaleur (Frankel), le triclîlorure d’iode (Behring et Kitasato), le liquide de Granr (Roux), deviennent maniables et constituent une source excellente d’antitoxines — à la condition, toutefois, que l’altération n’ait pas été poussée trop loin (Bruck). Elles permettent une immunisation facile et profitable pratiquement, en supprimant l’affinité de.s CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 49 poisons, pour les éléments « nobles » et en « neutralisant » l’action lytique normale ; d’où, absence de phénomènes toxiques et prédominance assurée des coag’ulines dès le début. Lorsque* l’on passe delà toxine modifiée à la toxine pure, l’hypersensibilité redevient possible; bien plus, elle reparaît immédiatement, sous une forrne bénig’ne, celle des oedèmes locaux (Behring), dont nous nous occuperons par la suite. C’est pourquoi Fun de nous, chargé jadis de préparer, en Turquie, les sérums anti- diphtérique et antitétanique, s’était arrêté linalement à l’em- ploi exclusif des toxines iodées, qui lui ont toujours donné pleine satisfaction. — Conditions d’introduction dk l’antigène. Au début, quand on peut employer les toxines pures, on est bien obligé de s’en tenir aux petites doses répétées ou lentement d-oissantes. Les petites doses quotidiennes peuvent réussir, chez le cobaye, avec la toxine diphtérique, mais c’est là un procédé limite, car il engendre, en quantités très voisines, de la coagu- line et de la lysine. La présence concomitante de celles-ci ;a été mise hors de doute par nos expériences (d’anciennes recherches avaient déjà montré à l’un de nous que le sérum •des cobayes hypersensibles contient de l’antitoxine; constam- ment, semble-t-il); tout dépend donc du facteur individuel. Les petites doses quotidiennes ne réussissent pas, chez le cobaye, avec la toxine tétanique; les sujets deviennent, habituellement, hypersensibles. Nous disons habituellement et non toujours, comme Knorr, parce que l’un de nous a •obtenu plusieurs fois, dans des expériences antérieures, un état d’équilibre tel que les sujets arrivaient à supporter, sans dommage, dans les muscles (et surtout dans le péritoine), plus des 50/50 ou des 100/100 de la dose mortelle (en 2 à 3 jours>, sans acquérir d’immunité vis-à-vis de cette dose mortelle. Chez le lapin, les petites doses quotidiennes de toxine téta- nique engendrent l’immunité, malgré la production initiale d’une contracture musculaire (Knorr), ce qui démontre, une fois de plus, que les. cellules nerveuses ne prennent aucune part à la formation des antitoxines. Chez le cheval, dont on (Connaît l’exceptionnelle sensibilité vis-à-vis de la toxine tétanique, les petites doses quotidiennes de ce poison, ainsi que lés doses d’abord infinitésimales, puis doublées chaque joury ne réussis- sent à produire que l’hypersensibilité (Behring, Adilbeÿ e,t Tun ' 4 50 ANNALES ÜE lyiNSTlTUT FASTEUH de nous). Au contraire, avec la toxine diphtérique, on évite sans- peine tout accident, (juand on ne cherclie pas à aller trop vite. (Rappelons que le sérum normal de cheval contient de 1 anti- toxine diphtérique, décelahle par les méthodes courantes). L’emploi des toxines iodées (diphtérique et tétanique) permet d’amener sans danger les chevaux à un degré marqué d’immu- nité; ou pas.'^e alors, habituellement, à l’injection des toxines pures. Vaut-il mieux, pour obtenir de bons sérumsetéviter les accidents d’hypersensibinté, recourir aux faibles doses répétées ou aux fortes doses espacées? La pratique montre 1 avantage des premières sur les secondes. Il va de soi que l’introduction d’une dose massive de poison , en abaissant le titre antitoxique dans des proportions infiniment supérieures à celles que nécessite- rait la « neutralisation » in vitro (Salomonsen cl Madsen), ajourne le retour du sérum à un titre utilisable. D’autre part, cette grande quantité de poison peut provoquer l’apparition d ac- cidents susceptibles non seulement de gêner la néoformation de l’antitoxine, mais encore d’enlever très vite les animaux. Il faut distinguer, ici, de toute nécessité, entre les phéno- mènes toxiques proprement dits et les phénomènes d hypeTsen- sibilité. Les premiers surviennent après le temps d incubation, habituel et traduisent, comme nous le savons, l’action directe, sur les cellules nerveuses, du poison brut administré. Les seconds (syndrôme de Behring) éclatent prématurément et doi- vent être rapportés à la décoagulation rapide de la toxine par la toxinolysine; ils révèlent à nos yeux l’action indirecte, sui- tes cellules nerveuses, du poison vrai libère. On pourrait nous faire la remarque siuvuntc : .. Les clie- vaux qui succombent au syndrôme de Behring conservent par- fois deranlitoxine dans leur sang; d’un autre cote, les humeuis des sujets immunisés ne semblent pas contenir toujours delà lysine (d’après vos propres expériences); comment, alors, expliquer la libération du poison vrai?»Voicice‘que nous répon- drions. Bien que nous n’ayons point rencontré de lysine à 1 exa- men (in vitro) d'M» sérum antidiphtérique et d’«« sérum antitéta nique très actifs, il est hors de douteque l’organisme des chevaux immunisés doit en renfermer au moins une certaine proportion, puisque ces animaux présmtent toujours des œdèmes, au poim d’injection; et, comme les œdèmes deviennent énormes chez CONCEPTION DES AN TK^ORPS ET DE LEURS EFFETS 51 les chevaux hypersensibles, il est également hors de doute que la quantité de lysine doit être assez notable dans ce dernier cas. Qu’arrive-t-il alors, quand on administre une grande masse de poison brut sous la peau? Toute l’antitoxine présente et celle (|ui afflue pendant quelque temps ne peuvent déterminer qu’une coagulation incomplète de la toxine introduite et il suffit de bien peu de lysine pour libérer le quantum de poison vrai nécessaire à la genèse des accidents. Nous voyons donc que la prédominance même très marquée), au sein de l’économie, d’un anticorps sur l’anticorps opposé ne neutralise point forcément l’action de ce dernier et qu’il convient de faire intervenir encore deux facteurs secondaires: la masse de Vantigène^ dont il vient d’être question et son mode d’introduction, au sujet du- quel nous allons entre dans quelques détails. On peut vacciner le lapin, contre la toxine diphtérique, en déterminant la « fixation forcée » de celle-ci au niveau du tissu cellulaire de l’oreille; pour y parvenir. Rehns pratiquait l’in- jection de plusieurs doses mortelles dans un œdème passif. Bruck a réalisé, chez le cobaye, une (( fixation » analogue avec la toxine tétanique; il injectait celk-ci dans le tissu cellulaire très dense de la plante du pied. Par chacune des deux tech- niques indiquées, on supprime l’affinilé des poisons pour les cellules nobles et on assure, du même coup, leur éiabo ration de la part des autres. — Chez les a chevaux-serum » arrivés au stade de la toxine pure, vaut-il mieux continuer l’emploi de la voie sous-cutanée ou passer à la voie intra-vei- neuse? L’expérience montre qu’il vaut mieux, autant que pos- sible, s’en tenir à la première, car elle amène un trouble moins brutal de « l’équilibre antitoxique ». Au point de vue des accidents d’hypersensibilité, il se passe, pour les injections intraveineuses, la même chose que chez les « lapins-Arthus » ; dans la majorité des cas, on ne rencontre point ces accid ents, mais, quand ils se manifestent, leur gravité est d’ordinaire extrême. C’est affaire d’élimination ou de non élimination du poison vrai. Une voie excellente, mais assez peu pratique, est la voie intraabdominale. Son emploi met facilement à l’abri des phénomènes d’hypersensibilité, ici comme dans tous les cas semblables (voirie travail suivant), parce qu’au sein de la cavité péritonéale l’antitoxine se trouve en quantité suffisante 52 annales de L’INSTITUT PASTEUR pour coaguler rapidement et fortement des masses de poison même assez élevées. mvine Nous n’avons rien dit de l’usage des mélangés « toxine- antitoxine », préconisés en Russie et en Amérique. Ces melanps rendent des services incontestables au début de 1 immunisation antidiphtérique et permettent d’« amorcer ^ .> sans dangei l’immunisation antitétanique. Leur valeur résidé dans ce fait uu’ils représentent des poisons spécifiquement coagules. A côté de Vimmunilé active, vis-à-vis des « toxines solubles », se place Ymnmnilé passive transmise, attiliciellement, pAr es sérums (Behring et Kitasato) ou, naturellement, par 1 hérédité (expériences d’Elirlicli avec la toxine tétanique, 1 abrme, la ticine et la crotine - expériences de Wernicke avec la ox.ne ,liphtérique) et la lactation (expériences d Ehrlicli avec la toxine tétanique et les 3 toxines végétales qui viennent d eire indiquées). A côté de l’hypersensibilité « active », vis-a-vis des toxines, se place l’hypersensibilité (( passive » transmise, artificiellement, parles sérums (expériences de Richet avec la mytiloconges- R ne sera pas inutile, maintenant, de rappeler comment se présentent, objectivement, l’immunité etl’hypersensibihte.Lim- Lnité peut être réalisée, suivant les cas, avec ou sans phéno- mènes toxiques concomitants ; nous avons indique, c airement, la double source de ceux-ci; mutile d’y revenir, mutile, egale- ment d’insister sur les inconvénients qui en résultent. Lors- qu’on s’en tient, chez le cheval, aux toxines lodees, il semble possible d’obtenir l’immunité pure; par contre, 1 emploi des poi- Lns non modifiés engendre toujours un certain degre d hyper- sensibilité et comporte par cela même l’éventualite d accidents „„aves. — L’hypersensibilité peut être réalisée sans phenomenes toxiques, chez le cheval, quand elle « double » l’immunite. Nous n’avons jamais réussi à produire l hypersensibilité pure, chez le cobave, avec les toxines diphtérique ou tétanique, a faidedu procédé qui permet d’obtenir le « phenomene de Th. On *a montré plus haut comment se manifeste l’hypersen- sihilitéi chez les cobayes qui reçoivent, quotidiennement, de faibles doses de toxine. Chez les chevaux immunises contrô le tétanos, ce seront tantôt des œdèmes modérés, tantôt 'des CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EEFETS 53 œdèmes èteadus et souvent accompagnes de Iroublps tl.e.- miques, de tremblements, de faiblesse musculam^.. sans co,.- tractures, accidents suraigus qui peuvent entraîner la mml (Bebring). Cbcz les chevaux immunisés contre la diphtérie s phénomènes sont à peu de chose près les mêmes et reve en parfois un caractère vraiment foudroyant orale de notre collègue Martin.) Aussi ne manquera-t-on point de nous objecter qu’il ne s’agit, au fond de tout cela, que d’hypersensibilité vis-à-vis des « endotoxines ,, tétanique et diphtérique. Nous répondrons que, s il en était ainsi, ce . hypersensibilité ne pourrait pas être évitée « coup sur enmelan- gLnt aux toxines soit le sérum correspondant, soit, ^ plement, du liquide de Gram, aussi inactifs 1 un " regard des endotoxines . Les poisons vrais, libérés pai les ce u . non « nobles ii, sont évidemment très voisins, dans le cas du tétanos et dans celui de la diphtérie, mais les poisons hrul.s diffèrent essentiellement; ils apparaissent comme tout a lail *^*^Lelérum équin normal, inoffensif pour les animaux « neufs », détermine des accidents plus ou moins sérieux et meme morte s chez les animaux rendus hypersensibles 'a son egarc (P mène d’Arthus, phénomène de Th. Smith). La toxine diphté- rique, inoffensive pour le rat « neuf », déterminerait, sans doute, des accidents chez le rat hypersensible ; mais, jusqu ici une telle hypersensibilité n’a pu être réalisée (Goodman), serait indiqué de poursuivre des recherches dans «eUe voie. En terminant, nous mentionnerons 1 interet qu y aussi à étudier, au point de vue de la d'^alité des anticorps L sérum des animaux traités par les enzymes. Nul doute que 1 on y rencontre, à côté des antienzymes déjà connus et qui repr^ Lntent certainement les cnzymocoagulmes, iouiala serie parai des enztjmMysines. RECHERCHES SUR l'ORIGIHE DES PRÊCIPITIHES Par le J. CANTAGUZÈNE. ^ J Il résulte des recherches de Pfeiffer et Marx de Wasser- mann ^ de Levaditi" que les organes lymphoïdes (rate, gan- glions, moelle osseuse) représentent le lieu de formation des anticorps hactériolytiques; d’autre part les travaux de Metchni- kotf% puis de Tarassévitch “ permettent d’attribuer une ori- gine semblable aux anticorps cytolytiques, en particulier aux hémolysines qui semblent prendre naissance surtout dîms les organes riches en macrophages (rate, ganglions, épiploon); dans un travail relatif à la résorption des cellules hépatiques injectées dans l’organisme, j’ai signalé*^ le remarquable carac- tère glandulaire que présentent les macrophages dans les foyers où s’opère cette résorption (surface de l’épiploon, rate) ainsi que la fonte de ces éléments dans les humeurs ambiantes, ce qui permet de supposer que c’est à eux que revient l’élaboradon de l’anticorps hépatolytique. V. Dungern% étudiant la formation des précipitines spéci- fiques chez les lapins auxquels il inocule du plasma de Maja, conclut que les éléments figurés du sang participent à cette éla- boration ; Kraus et Levaditi® constatent que l’épiploon des lapins qui ont reçu, dans la cavité péritonéale, une injection de sérum de cheval fournit un extrait précipitant pour l’antigène à un moment où le sang ne contient pas encore de précipitine : ils en tirent la conclusion que les leucocytes ne sont pas étrangers à l’élaboration de l’anticorps; étendant ces recherches aux organes lymphoïdes, Kraus et Schiffmann ® aboutissent à des fésultats négatifs; leurs extraits d’organes n’ont montré aucune 1. Zeitschr. f. Hygiene 189S. 2. Berl. Klin. Woch. 1898. N» 10. 3. Annales Inst. Pasteur 1904. Ann. Inst. Pasteur 1899. 5. Ann. Inst. Pasteur 1902. 6. Ann. Inst. Pasteur 1902. 7. Pie Antihôrper ; Fisctier. léna, 1903. 8. C. r. Académie des Sciences, 5, IV 1904. 9. Ann. Inst. Pasteur 1906. OIUGINK DES DKÊGIPITINES propriéto procipitarite et les auteurs admettent, par exclusion,' que cc la^genèse des précipitines s opère dans le système vascu- laire », probablement dans les endothélia. Le lieu de formation des précipitines reste donc à détermi- ner ; j’ai repris l’étude de ce problème en modifiant légèrement la tecbmqne employée par Kraus et Schiffmann, et en me ser- vant d’extraits d’organes notablement plus concentres leur’. On va voir que ce procédé m’a permis d’arriver à des résultats positifs en ce (\u\ regarde les organes formateurs de l’anticorps précipitant. Il J’ai employé le lapin comme animal d'expérience; l antigène choisi était le sérum de cheval, non chauffé. Les doses d’anti- gène injectées, soit sous la peau, soit dans le péritoine, ont varié de 5 à 20 c. c. en une seule fois; la plupart des expé- riences,dont je donne les résultats ont été faites avec des doses de 10 c. e. , . j i La rate et les ganglions, préalablement bien laves dans la solution physiologique de NaCl, étaient broyés puis émulsionnés dans4c.. :C, de cette solution, ce qui, pour la rate par exemple, représente une émulsion au 1/4 environ; mes extraits étaient donc infiniment plus concentrés que ceux de Kraus et Schiff- mann, qui opéraient avec des émulsions au 1/10. La moelle des deux fémurs était broyée dans un volume de 2 c. c. de liquide. Les émulsions, après avoir séjourné de 6-7 heures à la tem- pérature du laboratoire, étaient centrifugées, filtrées sur papier, puis mélangées, dans des tubes à faible diamètre, avec du sérum de cheval, non chaulfé, le titre des mélanges étant pour 1 c. c. de sérum de cheval de 1 c. c., 1/2 c. c. 1/4 c.^ c. d’extrait. Ces mélanges,, après avoir séjourné deux heures à la température de 37°, afin d’amorcer le phénomène de précipitation, étaient laissés ensuite 22 heures à la température du laboratoire. Je signale ici quelques faits dont il faut tenir compte sous peine de méconnaître, parfois, la formation de précipitines dans le mélange examiné : , ’ Quand dn mélange avec du sérum de cheval soit dé l'a lym- phe péritdh'é ale de lapinX diluée et centrifugée, soit uh 56' ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR de rnoelle osseuse, on voit se former lentement dans le liquid Signalons enfin le fait que jamais la bile ne paraît contenir de précipitines, même chez les animaux dont le sang a acquis iune haute valeur précipitante. ' < i. 59. OIU(jîNK DKS PUICIIUTÏNES Voici üii type d’expériences qui démontre qne les leuco cytes représentent les éléments (|ui tvlahorent la precipitine. Soit uno série de lapins ayant reçu, chacun, sous la peau 10 c. c. de sérum de cheval non chauffé. Sacrifions chaipie jour 1 un de ces animaux après lui avoir iujeelé 24 heures auparavant, 10 c. c. d émulsion alemo- nique dans la cavité péritonéale. Recueillons d’une part l’exsudât péritonéal libre que nous diluons dans un volume éj,^al d’eau physiologique, de l autre les épais exsudais fibrineux déposés à la surlace des visreres . ces dépôts fibrineux 1 sont broyés dans 3 fois leur poi'is d’eau physiologique et l’extrait traitéselonlaméthodegénéraleindiquéedans le ^11. Comparons ensuite 1 ac- tion précipitante de chacun de ces liquides à celle du sérum sanguin du noème animal; nôiis constaterons les faits suivants : Dès le 3e jour qui suit 1 ino- culation du sérum, parfois plus t U, l’extrait fibrineux donne, avec le séiiim de cheval, un précipité abondant dans la proportion de 1 c. c. sérum pour 1/4 c. c.; d’extrait. Cette action précipitante atteint son maximum vers le 5e jour;, on voit que son apparition précède de plusieurs jours celle de la précipitihe dans le sang. L’extrait de liquide cavitaire donne aussi, et au même moment, un précipité, moins abondant de beaucoup que l’extrait fibrineux. Ce précipité reste généralement emprisonné dans le coagulum^ transparent dont il a été parlé au début de ce travail. Quand l’injection d’antigène (sérum de cheval) a été faite directement dans la cavité péritonéale, les exsudais aleuroniques fournissent une proportion de précipitine infiniment plus grande que dans le cas précédent (injection sous-cutanee d anti- gène). L’extrait devient alors précipitant dans la proportion de 1/12 (au lieu de 1/4); si nous rapprochons ce fait de cet autre, a savoir que l’injection intrapéritoneale d antigène s’accompagne d’une élaboration assez faible d anticorps dans les organes lymphoïdes, il sera légitime d en conclure qu il s’agit,' dans ce dernier cas, d’une élaboration locale d anticorps nés dans la cavité péritonéale elle-même. Ces observations sont à rapprocher de celles de V. Dungern '■ qui constate l’apparition locale d’anticorps, quand il injecte l’antigène (plasma de Maja) dans la chambre antérieure de l œil de ses animaux. 1. Ces dépôts fibrineux, examinés au microscope 24 heures après l’inoculation d’a)éUr6n’é; éontiennent environ 3 polynucléaires pour 2 mononucléaires : la pro- portion de ceux-ci va en croissant avec le temps. , 2. Loco citât O. j ANNAJ.es de I.’INSTITUT PASTEUR m Ainsi donc, dans rexudat péritonéal, la précipitine appa- raît bien avant d'exister dans le sang. Sont-ce des leucocyte» de l’exsudât ou les cellules endothéliales fixes (|ui 1 élaborent . L’expérience suivante nous permet de nous décider en faveui des leucocytes. Provoquons, au moyen d’une injection sous-cutanée d'aleurone chez un lapin qui a reçu préalablement du sérum de cheval, un exsudât leucocytaire extra-péritonéal. Il nous sera aisé de constater que l’exsudât présente des propriétés précipitantes 2-3 jours avant l’apparition des précipitmes dans le sang. Cet ensemble d’expériences nous permet d’admettre que l’élaboration de la précipitine revient, en grande partie du moins^ aux leucocytes libres. Comme, de plus, les organes riches en macrophages constituent les centres principaux où se forme cette substance, il est probable que la sécrétée par les macrophages adultes. On verra plus loin que cette opinion est corroborée par l’étude des modifications anatomo-pathologiques que subissent les organes lymphoïdes à la suite des injections de sérum. Y MODIFICATIONS ANATOMO-PATHOLOGIQUES DES ORGANES LVMPHOIDES Trois phénomènes principaux caractérisent les modifications de la formule leucocytaire du sang chez les animaux ayant subi une inoculation de sérum de cheval : 1» Après une leucocytose assez énergique, qui persiste les 2-3 premiers jours après l’injection, le chiffre total des leuco cytes décroît, pour tomber à son minimum vers le moment où la précipitine fait son apparition dans le sang. Cette leucopénie porte exclusivement sur les polynucléaires ; au contraire, le nombre absolu des lymphocytes et des grands mononucléaires croit considérablement, pour atteindre trois semaines environ après l’injection 5 et 6 fois le chiffre primitif. Cette mononu- cléose du sang est signalée chez les enfants inoculés au sérum,, par V. Pirquet et Schick ', dans leur important travail sur la maladie du sérum. On verra plus loin que ce phénomène corres- 1. V. PïRQUET U. Schick: Die Serumkrankheit, Wien (chez Deuticke). 190&,., p. . 61 ORIGINE DES PKÉCIPITINES ipond à la surproduction de mononucléaires que, dès le début de la maladie, l’on observe dans la rate et les gang'lions, 2® Les polynucléaires du sang", 24 heures après l inoculation de iO c. c. de sérum, sont tous chargés de petites granulations pseudo-éosinophiles; 6-7 jours plus tard, ces memes éléments contiennent presque tous de grosses granulations franchement éosinophiles, cette éosinophilie ne durant d’ailleurs que peu de temps. Au bout de 3-4 semaines, les polynucléaires ont repris leur caractère normal. A l’éosinophilie hémati(iue correspond la production de nombreux myélocytes éosinophiles dans les sinus de la rate ; ' 30 Enfin, 2-3 semaines après l’inoculation du sérum, un cer- tain nombre de myélocytes à granulations basophiles, ainsique quelques hématies nucléées font leur appai'ition dans le sang, pour disparaître au bout de 1 a 2 semaines. Telles sont les principales modifications du sang que l’on observe. Voyons maintenant les changements qui s’opèrent du côté des organes lymphoïdes. La rate augmente de volume dès le 2® jour qui suit 1 ino- culation; après 4 jours elle a doublé, au moins, de volume et présente une surface granuleuse, cet aspect étant dû à l’hyper- plasie des follicules Malpighiens. Au bout de 4 semaines elle a repris son apparence normale. — Ses ganglions mésentériques augmentent également de volume et deviennent énormes et gorgés de liquide vers le 4® jour. Quant aux transformations histologiques de' ces organes, elles consistent essentiellement en une surproduction enorrne de leucocytes mononucléaires ; la rate subit, de plus, une trans- formation myéloïde plus ou moins complète ; ce dernier phéno- mène ne s’observe jamais dans les ganglions lymphatiques. Dans la raie on assiste, dès le 2® jour, à une multiplication énergique des petits mononucléaires qui envahissent les sinus lymphatiques péri- folliculaires, puis les sinus sanguins. Ces éléments se gorgent rapidement de granulations pigmentaires dë couleur ocreuse, signalées déjà par Czeczowczka L Ce pigm'ènt ocreux ne semble pas résulter de l’englobement, par les macrophages, des produits de l’hémolyse, car- on le retrou- verait: également alors dans les cellules de Kupfèr, du foie, ce 4. Zeitsch. f. Heilkunde, 1903, ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUH i\2 (jui n’esl pas. Peut-être est-il l’expression de Tengloberrient de rantigèn<^ et de son élaboration par le protoplasma leuco- eytaire. Il constitue dans tous les cas un phénomène très pré- coce et on ne l’observe pas dans les leucocytes du sang. La transformation myéloïde de la rate est d'autant plus com- plète que l’on a multiplié les injections de sérum. Elle con- siste dans l’accumulation de myélocytes éosinophiles dans ]es sinus et l’apparition de très nombreux éléments à noyau bour- geonnant (Mégakaryocytes). Aprèsd ou4 inoculations de sérum, les sinus renferment également de nombreux normoblastes. Cette surproduction de mononucléaires est très énergique aussi dans les (jaîigiions mésentériques. Dès le jour on voit de nombreuses karyokinèses dans les espaces médullaires, aussi bien que dans les follicules corticaux ; au bout de 4-5 jours la coupe tout entière présente une nappe continue de mononu- cléaires jeunes. La' production de })igment ocreux est parti- culièrement abondante dès le 2® jour : les mononucléaires libres des sinus, les endotbelia des espaces lymphatiques de toutes sortes sont remplis de granulations jaunes ; îles sinus sont traversés en tous sens par un véritable réseau de proloîi- gements protoplasmiques gorgés du même pigment. II ne peut guère être question, dans ce cas, de destruction de- globules rouges. Dans la moelle ossmse également, on observe une multi- plication anormale de tous les éléments cellulaires, en parti- culier des mégakaryocytes, si bien qu’au bout de 7 jours le tissu aréolaire a presque disparu. Le pigment ocreux manque ici à peu près complètement. Des modifications très intéressantes sont celles que l’on observe, à la suite d’injections répétées de sérum, dans le système vasculaire intralobulaire du foie. On assiste à une sorte de transformation myéloïde de ce système ; les cellules de Kupfer se chargent de grosses granulations éosinophiles : les capil- laires intralobulaires se remplissent de myélocytes éosinophiles à noyau unique; enfin, ça et là, apparaissent de véritables mégakaryocytes à noyau bourgeonnant, formés, semble-t-il, aux dépens des cellules de Kupfer.: Le pigment ocreux manque; les cellules épithéliales ne présentent pas de modifîcationsî appréciables. ORIGINE DES PRÉCIPITINES 1)3 il est, d’ailleurs, plus que probable que ces multiples modi- fications' des organes hëmo-lympbatiques ne sont pas dues uniquement h l’action du précipitinogène sérique et que d’autres antigènes, contenus dans le sérum, ont leur part dans ces ’réact ions cellulaires . VI l'ROnCCTlON, PAH LES ORGANES LYMPHOÏDES, DE PRÉCIPITINES NON SPECI- FIQUES POUR LE SÉRUM UE CHEVAL. J’ai montré plus haut que l’injection d’aleurone dans le péritoine de lapins inoculés préalablement au sérum de cheval semble accroître, dans une certnine mesure, l’activité précipite- formatrice des organes lymphoïdes et que, de plus, les préci- pitines ainsi obtenues ne sont plus strictement spécifiques pour lé. sérum de cheval. . .On' est dès lors autorisé à se demander . si une, simple injection d’aleurone, pratiquée àun animal normal, qui n aurait pas subi préalablement l’action du sérum de cheval, ne serait pas capable de provoquer, à elle seule, l’apparition de précipi- tines dans l’organisme? L’expérience suivante prouve qu’il en est ainsi : Inoculons dans la cavité péritonéale d’un lapin normal 10 c. c. d’une émulsion d’aleiirone stérilisée par tyndallisation à 55». Sacrifions l’animal au bout de 24 heures après l’avoir saigné à blanc, et comparons l’action précipitante des extraits de rate, de ganglions mésentériques, de moelle osseiise et d’exsudat péritonéal. , , . ,vr . :;Ces extraits sont préparés selon les méthodes indiquées plus liant. Nous constaterons que, dans un grand nombre de cas, ces extraits mélanges à des volumes égaux de sérum de cheval donnent un précipité facilement visible à l’œil nu; ce précipité est peu abondant : il ne se forme plus quand on ajoute l’extrait précipitant en proportions plus faibles (1/2, 1/4). L’extrait fibrineux s’e.st montré précipitant 5 fois sur 9 i, L’extrait de rate ^ ® L’extrait de ganglions J) ^ L’extrait de moelle osseuse 3— — 9 ’ " Ajoutons que toujours la moelle osœuse donne un précipité très faible et qiii resté' emprisonné dans le coagulum transparent décrit au début de ce tralvail.'^ . r. • jau . Enfin; deux' fois sur 9 cas examinés, le sérum sanguin a fourni un début i. C. R. Soc. Biologie., 1907, i. LXllI, n® 32. 64 ANNALi:S DK L’INSTITUT PASTEUII de précipitation sons fonnc d on très fin précipité, analysable à la loiq.e seulement et contenu dans un coagulurn tel que celui de la figure (b). yViiisi doQC il semble que, d’une façon générale, une actioji cbiiniotactique énergique exercée sur les organes producteurs de leucocytes, peut provoquer la sécrétion d’anticorps précipi- tants pour les sérums étrangers. — Cette bypotlièse est corro- borée par l’observation suivante ‘ ; une inlection intercurrente (pasteurellose) survenue chez un lapin qui a reçu une injection de sérum de cheval, bâte l’apparition des précipitines spécifiques dans le sang (on les y trouve dès le 2® jour) ; dans ce dernier cas, la rate, les ganglions sont bourrés de pasteurella. Les précipitines obtenues consécutivement à 1 injection d’aleurone diffèrent éléments cellulaires libres qui coiislituent leurs lieux de for- mation : une infection, une injection d’aleurone dans la cavité péritonéale suffisent souvent pour atteindie ce résultat, (^.es précipitines ne présentent aucun caractère de spécificité et apparaissent au bout de peu d’beures dans les or^^anes précipito- formateurs qui sont avant tout la rate, puis les ganglions (mésentériques), enlin la moelle des os. Les c(dlules d’où elles dérivent sont les leucocytes, probablement les mononucléaires. Les précipitines normales n’existent jamais qu'en proportion assez faible dans les extraits d organ(*s, dont le titre pia'cipitant ne dépasse guère 1 ; il en passe parfois des traces dans le sang. Lorsque l'on injecle à un animal un antigène tel que le sérum de clieval, les précipitines formées ont le caractère de la spécificité qui manque dans le cas précédent. Elles demandent, pour être élaborées, un temps d incubation plus long et la quantité secrétée est infiniment plus considérable. Ces précipitines spécifiques ont la même origine que les autres; elles apparaissent, d’une manière précoce, dans les organes lymphoïdes, en particulier la rate, où on les rencontre^ plusieurs jours avant qu’elles ne fassent leui* apparition dans le sang. Cette élaboration dure peu de temps et, lorsque le sang devient précipitant, les organes précipito-formateurs ne contiennent déjà presque plus d’anticorps. La richesse en mononucléaires des exsudais précipilants, la présence des précipitines dans les organes riches en macro- phages (rate, ganglions), l’énorme surproduction de mononu- cléaires que l’on constate dans ces mêmes organes à la suite d’une injection de sérum, la mononucléose du sang, tous ces faits plaident en faveur de l'hypothèse que, parmi les leucocytes, c’est aux mononucléaires qu’est dévolue l’élaboration de ces anticorps. Insistons enfin sur ce fait que l’injection sous-culanée d’antigène donne lieu à une production générale d’anticorps beaucoup plus abondante que l’injection intrapéritonéale. Dans ce dernier cas on constate surtout une production locale de précipitines, qui présentent d’ailleurs un caractère nettement spécifique. 12 novembre 1907. L’ARSENIC DANS LA SYPHILIS Par PAUL SAl.MON Dans deux notes antérieures*, nous avons affirmé que l’arsenic est « médicament spécifique de la vérole » et nous avons ainsi précisé le mode de traitement : u des doses de centigr. répétées tous les deux jours pendant deux à trois semaines. » Depuis, cette nouvelle métliode a été soumise au contrôle des syphiligraphes. Bien que quelques mois seulement se soient écoulés depuis l’introduction du traitement arsenical dans la cure de la syphilis, les résultats obtenus méritent d’être recueillis dans un travail d’ensemble. Il est utile, pour assigner au médicament arsenic une place dans la thérapie antisypbilitique, de le comparer au médica- ment mercure. Tout le monde admet que 1 hydrargyre est doué d’un pouvoir curatif incontestable et par contre d’un pouvoir préventif discutable; l’hydrargyre guérit les lésions, non la maladie. La syphilis, maladie chronique, exige un trai- tement chronique, d’où résulte un danger : 1 intoxication mer- curielle. Aussi la mercurialisation ne représente nullement un traitement idéal. Nous écrivions % en 1903 : (( En l’absence d’un traitement préventif, curatif, rapide et définitif de l’infection svphilitique, le besoin se fait sentir, soit d’un virus vaccin, soit d’un traitement sérotbérapique. » Or les recherches de vaccination et de sérothérapie parais- sent jusqu’à présent hérissées de difficultés. Nous avions eu l’avantage de suivre de près les travaux de Metchnikoff et de Roux concernant la syphilis expérimentale; les expériences faites avec du virus syphilitique sur la race simienne n’ayant pas donné un résultat immédiatement pratique, nous avons pensé à un autre procédé thérapeutique, à la chimiothérapie. La chimiothérapie était naturellement indiquée dans la syphilis, affection déjà reconnue justiciable de deux produits 1 . Paul Salmon, L'arsenic dans la syphilis, Soc. de Biologie, 16 mars et 13 avril 1907. 2. La syphilis et la bactériologie. Journal La Syphilis, oct. 1903. ARSKNIG DANS LA SYPHILIS f)7 chimiques : mercure et iodure. Ce métal et ce métalloïde avaient été appliqués au traitement de la vérole par simple empirisme; aucune analogie chimique ne permettait en efïet de rapprocher Fiodure et Fhydrargyre. Depuis longtemps, Farsenic avait été utilisé contre la syphilis, d'ailleurs sans grand résultat. C’est cependant à Far- senic que je me suis adressé, mais à Farsenic sous une forme particulière. Parmi les composés arsenicaux, Fatoxyl se recommandait par Fusage qui en avait été fait chez l’homme et sur une grande échelle. Profitant de l’expérience des prédécesseurs, de celle de Koch en particulier dans la maladie du sommeil, nous évitions ainsi une longue phase de tâtonnements. Si l’on réfléchit aux troubles occasionnés par une piqûre de calomel ou d’huile grise, on ne peut qu’admirer l’heureuse ini- tiative de Scarenzio ‘ et de Lang qui ont osé injecter dans les tissus ces préparations mercurielles redoutables : n’a-t-on pas cité des cas de mort? Or, si le mercure a mauvaise réputation, Farsenic ne lui cède en rien sur ce point. Bien que protégé par la connaissance des effets de Fatoxyl, médicament en général bien supporté, nous étions relativement anxieux au cours de nos premières injections, quoique agissant avec toute la prudence possible. En somme, si nous avons employé de préférence Fatoxyl, c’est parce que ce produit était reconnu d’un maniement facile et d’une faible toxicité. Mais nous n’avons été guidé qu’acces- soirement par l’analogie qui relierait spirilles et trypano- somes. « L’hypothèse de la nature protozoaire des spirilles pathogènes demande à être vérifiée, » écrivait récemment Levaditi Certains médicaments qui ont une action sur les spirilles sont sans efïet sur les trypanosomes : à preuve le mercure qui ne réussit pas dans le traitement des trypanosomiases et cepen 1. C’est à une date relativement éloignée de nous et de la période antisep- tique, en 18(34, que Scarenzio créa la méthode des injections mercurielles inso- lubles, « Avec courage et persévérance, il en poursuivit l’application, malgré ses inconvénients, ses échecs ou ses conséquences souvent désastreuses, s (Mau RiAc,) L’audace thérapeutique de Scarenzio ne fut admise en France qu’en 1878, après les travaux de Jullien, 2. Levaditi, Les spirochètes pathogènes, Congrès d'hygiène de Berlin, sept, 1907. ,jH ANNM.KS de L’INSTITUT PASTEUR aant guérit plusieurs spirllloses : syplulisJiovre n^cmTentc, pian^^ et peut-être la spirillosc .les poules' . Ces (|uatre .n ect.ons sont en outre l.eureuscment traitées par l’arsenic : la ^le^re rccuI rente, d’après Glaul.ermann= ; le pian selon Neisser et la spi- rillose des poules, comme 1 a démontré Uhlen lu . savant, se basant sur la prévention et la guérison de «e ^ ’ P , rillose par l’atoxyl, a proposé, par anticipation, ce produit comme remède de la syphilis et de la tick lever Ces pieMSions ont été exactementconlirméesàpropos de la sypln is, mais n pour la tick fever (\ assal) . , i- .* Flir Avant nous, Lassar se basant sur les publications de El - lich concernant la cliimiotliérapie des trypanosomiases et, d’autre part, sur les analogies entre les spirilles et les proto- zoaires, Lassar avait (( traité sur une grande eclielle la syphilis par l’atoxyl »; mais ce syphiligraplie aboutit a une conclusion négative" . Plus tard, après nos publications, il reconnut que s insuccès étaient dus à l’emploi de doses insuffisantes (doses de 20 centigr.). On a fait remarquer que. bien avant la découverte du ro e curatif de l’arsenic dans la syphilis, ce métalloïde avait ete employé comme antisyphilitique; il existe en effet nombre d au- teurs qui ont publié avoir utilisé ce médicament avec avantage chez les malades sypjiilitiques. rume En 1810, Horn, Vogel de Rostock, /ugenbnliler Glarus recommandent l’arsenic en cas de syphilis inveteree. En 18 , Proksch cite, dans le tome II de son Trmié des malades vem- riennes, Baer et Collioun qui employaient avec succès 1 arsenic dans la syphilis ; Collioun prescrivait la liqueur de howler. 1 Nous avons traité des poules par injections de biiodure d'hydrargyre trypanos‘'orcs'’enes’ spirochètes. Deutsche medic. ''ur''le'tpiriîle ‘’d^" a « Tick- j; .r ^ Bas., e. Klin Wocl: k Imü 1%7, termine sa lettre ainsi : . Pour le moment donc, il faut dire crue l’atoxyl ne tait rien dan.> la syphilis. » /ioar pI Bprliner (i Auteurs cités par Bloch, Deutsche Aerzte Zeitung, nov 1905, et KhnSvoch. 1907, XXXÏII, p. 1061. Le traitement arsenical de la syphilis. AUSENIC DANS EA SYPIilElS 69 A ers le niiliou du siècle, la liqueur de Dunovan était préconisée énergiquement par Ititterich. Kicord utilisait cette composition' . La liiiucur de Itonovan est très intéressante parce que sa formule associe trois antisyphilitiques : mercure, iode et arsenic. ^ . En 1855, Gaskoin rapporte deux cas de syphilis pusu- leuses réfractaires an mercure et à l’iode qui furent guéris par l’usage interne de l’arsenic. Théodor Clemcns recommande l’emploi du bromure d ai- senic après le traitement mercuriel. • Mauriac prescrit l’arsenic « dans les syphilis secondaires qui dépassent la durée ordinaire », sous forme d arseniate e soude ou de fer. , w , • En 1903, hvan IMocli déclare « (lue l’arsenic déploie une action incontestable sur d’autres maladies provoquées par. des agents protozaires, tels que les lièvres impaludiques, le cancer, et que pour cette raison il possède peut-être des qualités vénéneuses par le spirochaete pallida ». Enfin, ces temps-ci, on a préconisé les cacodylates et le salicylarsinate de mercure ou l’arsenic est associé à 1 bydrarg) re. En réalité, aucun de ces auteurs n’avait utilise 1 arsenic comme antisyphilitique, mais comme « dépuratif », comme « reconstituant », comme « adjuvant de la cure mercurielle », du reste, les doses employées étaient trop minimes pour agir, surtout par voie buccale; aussi déniait-on à ce médicament une valeur spécifique et dans les traités classiques de sypbiligrap ne, l’arsenie était passé sous silence. Bien que nos premières recherches aient ete faites seule- ment avec l’atoxyl. nous avons intitulé nos publications : 1 ar- senic dans la suphilis. C’est l’arsenic en effet, non l amline, 1, «J-ai vu guérir par l'ars.-ni,', par la liqueur l’or, l’argent, vraie monnaie du mercure. » Didav, La pratique de. vénériennes, édition, p. 43G. , < mnimilp « L’association de l’arsenic à l iodure de potassium dans la meme favorise la tolérance de ce dernier. Ricord mettait dans sa solution ^ cale 5 milligrammes environ d’arséniale de soude pour 1 gramme c loc potassium. D’autres se bornent à 1 milligramme par gramme ^ 'odure ün peu aiouter aussi à la solution indurée autant de gouttes de lupieur de FoA\lei qu eue contient de grammes d'iodure de potassium, » Mauiuag, Traitement delà syphilis. p. 296. 70 ANNALES DE I.’INSTITUT PASTEUR (jui constitue la partie active de ce compose. De meme que les trypanosomiases sont modifiées par diverses préparations à hase d’arsenic, soit atoxyl, soit arséniate de soude, acide arsé- nieux, etc., de même on peut admettre, a priori^ que divers composés arsenicaux organiques ou inorganiques auront, dans la syphilis, une action analogue à celle de l’atoxyl. Déjà un certain nombre d’essais ont été effectués avec d’au- tres sels arsenicaux. Rosenthal ‘ dans un cas de syphilis grave, a employé avec succès l'acide arsénieux (2 milligrammes d’ar- senic par jour en injections, puis doses croissantes). Mescherski - injecte Parséniate de sonde à 1 0 /() en l’asso- ciant à une médication iodurée interne. Bettmann^ utilise avec succès Parséniate de soude à 1 0/0 en injections. Milian * (( fait, sans inconvénient et sans produire ni douleur ni nodo- sités, des injections de 0,03 à 0,05 centigr. d’arséniate de soude avec plein succès thérapeutique ». Selon Neisser % on obtient chez le singe de moins bons effets avec l’acide arsé- nieux qu’avec Patoxyl. Parmi les combinaisons organiques, les cacodylates et méthylarsinates ont été employés par divers syphiligraplies % mais l’absence de travaux sérieux sur leur pouvoir antisyphili- tique ne nous permet actuellement aucune conclusion \ Bien que nous ayons entrepris divers essais thérapeutiques 1. Rosenthal, Société de médeoAne de Berlin^ 3 juillet IGÜT. 2. Mescherski. Goa^rùs des médecins russes 190-7. Analysé dans Bulletin médical^ (i juillet 1907. 3. Bettmann, Le traitement arsenical de la syphilis, Münchener med. Woch. 21 sept. 1907, 4. Milian, Atoxyl, arséniate de soude et syphilis, Revue des hôpitaux^ sept. 1907. 5. Neisser, L’atoxyl dans la syphilis et la framboesie, Deutsche Med. Woch. 19 sept. 1907. " 0. Hallopeau a donné le cacodylate de soude et l’arrliénal « sans résultats ». Sur le traitement de la syphilis par l’anilarsinate de soude. La Clinique, 5 juil- let 1907. ScHERBER couqiare la solution de Fowler, les pilules asiatiques et les injec- tions d’arséniate ou de cacodylate de soude, et conclut que i’atoxyl a une action plus manifeste dans la syphilis. 7. Cependant l’expérimentation ne paraît nullement favorable à l’action de ces composés arsenicaux. Un macaque bonnet diinois, du poids de 1 kil. &00, reçoit 4 doses de 10 centigrammes de méthylareinate de soude, les 4‘% 6^ 10® et 13® jours après l’inoculation du virus; la syphilis se développe malgré ce trai- tement intensif. Nous rappellerons qu’une seule dose de 10 centigrammes d’atoxyl aurait subi pour empêcher l’éclosion de la syphilis chez ce singe. Nous avons essayé, sans succès (chez l’animal), d’utiliser l’iodure d’arsenic, le trisulfure d’arsenic ou orpiment et l’arsenic colloïdal (trisulfure). ARSENIC DANS LA SYI’HILIS sur l’homme et les animaux avec quei(|ues-unes des com- binaisons de l’arsenic, nous ne nous occuperons, dans ce mémoire, que de l’atoxyl. ri- L’aloxyl serait identique à « Tanilarsinate de soude d découvert par Béchamp en 1863. L’atoxyl serait, d’après sa formule chimique, l’anilide de l’acide arsénique, (Béchamp : De 1 action de la chaleur sui l’arséniate d’aniline et de la formation d’un anilide de l’acide arsénique. C. R. Académie des Sciences, 1863), l’anilide de l’acide méta-arsénique {Vereinigte Chemische Werke, de Cliar- lottembourg), le sel monosodique de l’anilide de l’acide ortho- arsénique (Fourneau, Journal de Pharmacie, avril 1907). Pour BertheimL ce serait le sel monosodique de l’acide para- amino-phényl arsénique; cette lormule a ete conlirmée par les essais de Lanzenberg’ (travail inédit) qui a réussi à diazotei Fatoxyl, prouvant ainsi que la fonction amine NH'^ est libre. La formule de l’atoxyl serait donc : NH2 ^ Asü OXa et son nom : para-amino-phényl-arsiniate de sodium. Hallopeau propose de l’appeler : anilarsinate de soude, d’après Béchamp. Gabriel Bertrand accepte, soit ce nom, soit plutôt la dénomination d’anilarséniate de sodium, comme rap- pellant suffisamment la constitution du produit obtenu par la combinaison de l’aniline avec l’acide arsénique. L’atoxyl contiendrait 37,69 0/0 d arsenic et, selon Ber- tbeim, 24,10 0/0. Nous nous sommes servi de solutions chauffées pendant deux minutes au bain-marie à Fifitullition. Par ce procédé, il est aisé pour le médecin de préparer lui-méme ses solutions injectables. Nous n’avons pas remarqué que les liquides stérilises par tyndallisation ou filtrés à froid se soient montrés moins toxiques (|ue les solutions chauffées à près de 100°. On devra rejeter les solutions impures, contenant les moi- 1. P. Ehrlich et A. Berthkim, Sur la chimie do l’atoxyl Zeifung, LU. et Travaux de la Société allemande de clumie. , Pharmaceutische Année 40. Vul. 13. f annales de L’INSTITET PASTEUR sissiiros' (jui se développent rapideiiuint dans les préparations ai’seniealrs, la liqueur de howhu* j)ar exemple. On ne doit se servir (jue de solutions parfaitement claires et limpides. La teinte jaunâtre ou rouge prouve une dissociation . Moore, M . NrERExsxEixot J. L. Todd, AnnaLs of trop. med. a. tmrasitology , juin 1907 et B io-c hernie ni journal, 1907, t. II, n»* 5 et G. — II. G. PLiMMEuet J. D. Thompsox, ]i. Soc., 20 juillet l‘)07. — Nierexstein, Lancet, 27 juillet 1907. 2. p. Loeefler et K. Huns, Deutsche med. Wochenschr., 1907, iP 34. 3, Ces prciiiiei-s résullals d(' nos recherches ont etc résumés dans une note coiiimuni(|U(;e à rAcadémie des Sciences, le 4 novcunhiRî 1907. 102 ANNALES DE L’INSTITLT PASTEUR Les expériences ont porté sur des cobayes ou sur des rats infectés avc‘c Tr. Evûnsi, parfois avec d’autres trypanosomes; le traitement n’était commencé (jue lorsque les trypanosomes étaient nombreux ou assez nombreux dans le sang’. 1 Valeur thérapeutique du traitement mixte par l’atoxyl et LES SELS DE MERCURE. Les expériences ont porté sur des cobayes inoculés avec le Surra de Maurice. Les solutions employées ont été : une solution d’atoxyl dans l’eau distillée à 1 0/0; une solution de biiodure de mer- cure et d’iodure de potassium, 1 gramme de chaque, dans eau distillée 1000 grammes; une solution de sublimé dans i’eau distillée àl 0 00. Les doses maximums que peut supporter un cobaye de iOO à 000 grammes sont de : 2 oO d’atoxyl en deux doses, à 24 heures d’intervalle; 3 milligrammes en deux doses ou 4 milligrammes en 3 doses de biiodure de mercure, à 48 heures d’intervalle; 4 milligrammes en deux doses ou 0 milligrammes en trois doses de sublimé, à 48 heures d’intervalle. Un seul cobaye [n.^ 1) a supporté 0 centigramim's d’atoxyl en deux doses, à 24 heures d’intervalle; il s’agissait d'une lemelle pleine; il est possible que l’état de gestation soit pour quelque chose dans cette tolérance exceptionnelle à Tatoxyl. Un cobaye a été intoxiqué par 3 centigrammes et deux autres par 2^°%.jü d’atoxyl, en deux doses, à 24 heures d’intervalle. La dose de 2^g‘’,50 d’atoxyl en deux fois, a 24 heures d’inter- valle, est donc bien une dose limite. Deux '‘obayes (n^® 11 et 12) ont été intoxiqués par 4 milli- grammes de sublimé en deux doses, à 48 heures d’intervalle; ici encore la dose indiijuée plus haut est donc une dosii limite qui ne met pas entièrement à l’abri des accidents d’intoxication. Les cobayes que nous avons employés pesaient pour la plu- part de 400 à 600 grammes. L’expérience nous a montré que, dans ces conditions, il n’y avait pas lieu de rapporter les doses au kilogramme d’animal et que la résistance' était à peu firès la meme jiour les cobayes dont les poids variaient dans les TIIAITEM15NT DES TRYPANOSOMIASES 103 limites indiquées. Les doses des médicaments ont été diminuées pour les cobayes au-dessous de 400 grammes. Les solutions ont été employées en injections sous la peau de l’abdomen (atoxyl, biiodure) ou dans les muscles des cuisses (sublimé). Les injections de sublimé laites sous la peau donnent lieu a des eschares molles qui guérissent lentement; elles sont mieux toléi'ées dans les muscles des cuisses, mais, là encoi'c, elles occasionnent souvent des accidents : phlegmons, gangrènes, , névrites avec perte des doigts des membres postérieurs. La congestion des reins et l’hématurie ont toujours corres- pondu, dans nos recherches, à l’intoxication par l’atoxyl, l’b(bnorragi(‘ inlestinale à l’intoxication mercuriell(‘. A. — Cobayes traités par Vatoæylet le biiodure de mercure. Gohiuie i. — 127 juillet 1907, inoculé de Surra. P = 580 grainiiies. — 3 août. Ti'jpan. assez nombreux; atoxyl 3 cenligrainnies. — 4 août. Tes Irjpan. ont disparu ; atoxyl 3 centigrammes. — Les 5 et G août, l’examen du sang est négatif. Le G août, biiodure de mercure 1 milligramme. P = 570 grammes. — 7 et 8 août, examen du sang négatif; le 7, le cobaye met bas 2 petits qui meurent Lun le 7 et l’autre le Tl aoiit. Le 8 août, on donne encore une dose de biiodure de 1 milligramme. P ~ 500 grammes. — Du 9 août au 17 octobre, l’examen du sang est toujours négatil. Le cobnye était considéré comme guéri lorsque, le 17 octobre, il est trouvé mort. A l’autopsie, foyers de pneumonie (bépatisation grise) disséminés dans les deux poumons. La rate ne pèse que 0?'',33. Le foie et les reins ont l’aspect I normal. ! Il ne paraît pas douteux que ce cobaye qui, depuis 73 jours, iLavait pas montré de trypanosomes, était guéri du Surra quand il a succombé à une pneumonie accidentelle. Cobaye ‘i. — 27 juillet 1907, inoculé de Surra. P=: 230 grammes. — 7 aoi'it. Trypan. nombreux. P = 2G5 grammes. Atoxyl 8 milligrammes. — 8. l.,es trypan. ont disparu; atoxyl 8 milligrammes. ~ 9 et 10 août, examen négatif. — lie 10, le cobaye pèse 275 grammes; il reçoit On'gi', 8 de biiodure de mercure. — 11 et 12, i)as de trypan. — Le 12, biiodure de mercure 0ii'KI‘,8. — Du 13 au IG, examens du sang négatifs. — 17 août. Trypan. très rares (pji se multiplient le 18 et le 19. Un deuxième traitement est institué — 21 août, atoxyl 22, atoxyl 1 centigramme. — 23 août, biiodure de mercure Tng'', 50. — Mort le 24 août, à la suite d’une hématurie. A l’autopsie, les reins sont congestionnés. Les trypanosomes avaient dis- paru du sang depuis le commencement du deuxième traitement. Le cobaye est mort intoxiqué. Cobaye 3. — 27 juillet 1907, inoculé de Surra. P = 39(1 grammes. — 7 aoiit. Try[)an. assez nombreux. P=:=l40 grammes. Atoxyl 1 cenligramme. — ANNAI.es de L’INSTITUT PASTEUR lOi l.es Irypaii. ont disparu. Aloxyl 1 cenligrainine. — Du 9 au 12, examen du sang négatifs, — I.es 10 et 12, on donne 1 milligramme de biiodure de mercure. P = 490 grammes. — Du 10 au 10, l’examen du sang est négatif. — 17 août, rechute. Un deuxième Iraitement est institué, — 21 août, P-gr^bO d’atoxyl ; 22, 1 centigramme. — 20, 25 et 27, l"'?,'r,5 de biiodure de mercure. — Du 22 aoiit au 1er sejjlembre, l’examen du sang est négatif. Le 20 aoiit, le cobaye pèse 525 grammes. 2 septembre, rechute, Irypanosomes rares. Ue cobaye est soumis à un autre traitement. Cobaijc 4. — 0 août 1907, inoculé de Surra. P " 435 grammes. — 10 août, try|)anosomes nombreux. Atoxyl, 1 centigramme. — 17, les ry[)anosomes n’ont pas disparu complètement, Atoxyl lcgr,50. — Les 18 et 20 août, on donne l»>gi,50 de biiodure de mercure. Du 18 au 24aoiit, l’exa- men du sang est négatif. Le 24, le cobaye pèse 525 grammes, — 25 août, rechute, trypanosomes très rares : on institue un deuxième traitement. Les 25 et 20. on donne lcgr,.50 d’atoxyl ; les 27, 29 et 31, lrag'-,50 de biiodure de mercure. — Du 20 aoiitaii 3 septembre, l’examen du sang est négatif. Le P'’’ septembre le cobaye pèse 550 grammes. — 4 septembre, recbute, trypan. très rares (|ui deviennent nombreux les 0, 7 et 8 septembre. Le cobaye est soumis à un autre mode de traitement. Cobaye 5. — 9 août 1907, inoculé de Surra. P = 455 grammes. — 17. Try- pan. non rares; atoxyl 1 centigramme. — 18. Les trypan, ont disparu; atoxyl P’gï’.OO. — 19,21 et 23, biiodure de mercure l>"g'V'^Û- — De 19,1e cobaye pèse 480 grammes, le 23, 437 grammes et le 27, 400 grammes. Tous les examens du sang faits du 18 au 27 aoiit sont négatifs. — 28 août, rechute, trypan. non rares. On fait un second traitement. 28, atoxyl Pgi’,50 ; 29, 1 centi- gramme: 30 aoiU, Pi‘ et 3 septembre, biiodure (te mercure Imgc, 50. Les P'i’ et 3 septembre, biiodure de mercure lnigf,50. Le P*’ septembre, le cobaye pèse 405 gramme est le 13 octobre 450 grannnes. 'bous les examens du sang faits du 29 août 1907 au 15 février 1908, sontnégatifs. Au mois de novembre, les hématies ne s’agglutinent plus. Le 21 novembre le cobaye pèse 547 grammes- Cobaye 0. — P = 400 grammes. Inoculé de Surra le 9 août 1907. — 18 août, try])an. non rares. P = 500 grammes. Atoxyl pg^jOG. — 19. Les trypan. ont disparu; atoxyl Pgi',50. — Les 20, 22 et 24 août, biiodure de mercure l»>gi-,50. — Le 28 août, les trypan, n’ont l'as reparu, on faitcejien- dant un second traitement. Le 28, atoxyl Pgr,50; le 29, 1 centigramme. Les 31 aoiit, 2 et 5 septembre, biio(ture de mercure l"'gr,50. — Tous les examens du sang faits Juseju’au 2 octobre, sont négatifs. Le 0 seplembre, le cobaye pèse 380 grammes. — 18 septembre, gangrène de plusieurs doigt des pattes postérieures. Amaigrissement manjiiè. — J^e 20, le cobaye ne l)èse plus que 300 grammes. ^ I.e cobaye est trouvé mort le 4 octobre. La rate est petite, normale. Le foie et les reins ont l’aspect normal. La muqueuse stomacale n’est pas j altérée, mais les fd^res musculaires, blanchâtres, paraissent atteintes de dégé- nérescence. Le myocarde est blanchâtre et, sur des coupes histologiques, il est facile de constater l’existence d’une myocardite diffuse interstitielle. Les * poumons sont à Tétat normal. TRAITEMENT DES TRYPANOSOMIASES lO:) Il no {)f!rai't pas douteux que l’animal ait succombé à une intoxication mercurielle. Cobaye 7. — P = 405 grammes. Inoculé de Surra le 0 août 1907. — 26 août, trypan. non rares; atoxyl lcgr^50. — 27, les trypan. ont disi)aru. P =z 430 grammes. Atoxyl 1 centigramme. — 28 et 30 aoiU et Ici- septembre, biiodure de mercure lmgi-,50. — 3 septembre, les trypan. n’ont pas reparu, néanmoins on lait un second traitement : atoxyl Icgr.bO. — 5 septembre, atoxyl 1 centigramme. — 7, 9 et 11 septembre, biiodure de mercure lmgr,50. Le Tl septembre, le cobaye pèse 450 grammes. — Malgré le double traite- ment, une rechute se produit le 23 septembre. Le cobaye est soumis à un autre mode de traitement. D. Cobayes traités par l' atoxyl et le sublimé. Cobaye 8. — P = 490. Inoculé de Sui’ra le 27 juillet 1907. — 8 aoiit trypanosomes non rares; atoxyl 1 centigramme. — 9. Les trypanosomes ont disparu; atoxyl 1 cenligramme. — Les 11 et 13 août, sublimé 2 milli- grammes. — Du 10 au 10 aoiil, les examens du sang sont négatifs. Le 16, on note une gangrène qui s’étend à i)lusieurs doigts des pattes postérieures. — 17 août, reclnite. — 18 et 19, trypan. nombreux. Le cobaye est soumis à nn autre mode de traitement. Cobaye 9. — P = 475 grammes. Inoculé de Surra le 27 juillet 1907. — S. Trypan. non races. P = 510 gramnies, Atoxyl 1 centigramme. — 9. Les trypan. ont disparu. Atoxyl 1 centigramme. — Les 11 et 13 août, 2 milli- grammes de sublimé. — Du 10 au 17 août, l’examen du sang est négatif. Le 17, le cobaye pèse 515 grammes. — 18 août, rechute, trypan. nombreux. Le cobaye est soumis à un aiilre mode de traitement. Cobaye 10. — P = 490. Inoculé de Surra le 9 août 1907. — 21 août. Trypan. nombreux. Atoxyl 1 L-gr,50. — 22. Les try[)an. ont dis{)aru. P 485 grammes. Atoxyl 1 centigramme. — Les 23 et 25, le cobaye reçoit 2 milligrammes de sublimé. — Du 23 au 30 août, l’examen du sang est négatif. — 31 août, rechute, trypan. rares; atoxyl 1 cgr^50. — 1er septembre, les trypanosomes ont disparu. — 2, atoxyl 1 centigramme. — Les 5 et 8 septembre, le cobayereçoit 2 milligrammes de sublimé. Du 2 septembre 1907 au 15 février 1908, tous les examens du sang sont négatifs. Au commencement d’octobre on note encore une agglulination légère des hématies. Perte j)ar gangrène des doigts des membres postérieurs. Le T'*’ otdobre, le cobaye pèse 385 grammes. Du Tl au 21 novend)re l’agglutinartion des hématies est légère ou nulle. Le 16 novejubre, le cobaye pèse 427 grajiunes. Cobaye TT — P = 390 grammes. Inoculé de Surra le 9 août 1907. — 25 août, trypanosomes nombreux. Atoxyl Tgr^bO, — 26. Les trypanosoines ont disparu. P = 430 grammes. Atoxyl 1 centigramme. — 27 et 29, sublimé 2 milligrammes. — 30 août. L’animal est malade, il a beaucoup maigri, il ne pèse plus que 335 grammes. — 31. P = 305 grammes. Mort d’hémorragie intestinale par intoxication mercurielle. Les trypanosomes n’avaient ])as reparu i Cobaye 12. — P 455 grammes. Inoculé de Surra le tl aoiit 1907. — d06 ANNALES DE J.’INSTITUT PASTEUR 20 août, trypanosomes non rares. Atoxjl lcgr,50. — 21. Les trypanosomes ont disparu. Atoxjl 1 centigramme. — Les 22 et 24 août, le cobaye reçoit 2 millipammes de sublimé. — L’animal maigrit rapidement à la suite de ces injections; le 22, il jtèse 470 grammes et le 25 il ne pèse plus que 360 grammes. Le 25, il meurt d’bémorragie intestinale, par intoxication mercurielle. Les (rypanosumes n’avaient pas reparu. (j. Cobaf/es léni(»ins, traités par faloxni seul. Sui 12 cobayes témoins, pesant de 400 h 000 grammes, plusieurs sont morts, rapidennmt intoxiques, ajirès avoir reçu 0 centigrammes, 4 centigrammes, 3 centigrammes et même d atoxyl en deux doses à 24 lieunvs d’intervalle. La plupart de ces cobayes ont présenté de Tbématurie et, à l’au- topsie, on a nol(* une congestion rénale. Dans les autres cas, il y a eu des reclmles. Nous donnerons seulement les 3 observa- tions suivantes. (j)baije 13. — P = 480. Inocub' do Surra le 0 aoiit 1907. — 22 aoùl, trypanosomes nombreux. P = 545 grammes. Atoxyl lcgr,5(). _ 23, les trypanosomes ont disparu; atoxyl 1 centigramme. — 24. P — 520 grammes. — 28, rechute, trypanosomes très rares; atoxyl lcgr,50. — 29, les lryj)ano- somes ont disparu; atoxyl 1 centigramme. — 8 septembre, 2c recbiite, try- panosomes non rares. 10, trypan. non rares. Le cobeye est soumis à un autre mode de traitement. Cobaye 14. — P = 385 grammes. Inoculé de Surra le 27 juillet 1907. — 12 août, tryj.anosomes nombreux. P = 450 grammes. Atoxyl 1 centigraiume. 13, les trypanosomes ont disparu; atoxyl 1 cent igraniine. — 20 août, rechute, trypanosomes rares. — 21, trypanosomes nombreux; atoxyl Icgr^.^o. — 22, les trypanosomes ont disparu. P = 505 grammes. Atoxyl 1 centi- gramme. — 28 août, 2c rechute, trypanosomes rares. — 1er septembre, try- i)anosomes non rares. Le cobaye est soumis à un autre mode de traitement. Cobaye 15. — P = 490. Inoculé de Surra le 27 juillet 1907. — 11 août, tj-ypanosomes nombreux; P = 525 grammes; atoxyl 1 centigramme. — 12, les trypanosomes ont disitaru; atoxyl 1 centigramme. — 20 août, rechute, trypanosomes rares. ~ 21, trypanosomes nombreux ; atoxyl lcgr,50. 22, les trypanosomes ont disparu. P = 540 grammes. Atoxyl 1 ceiili- gi-ammc. — Tous les examens du sang faits du 22 aoiit au 16 septembre sont négatifs. — 17 septembre, 2c rechute, trypanosomes très rares. — 19, trypanosomes non rares. Le cobaye est soumis à un autre mode de traite- ment. En résumé, sur 7 cobayes traités par l'atoxyl et le biiodurc de mercure, 2 ont guéri feob. t et cob. 5), 2 ont eu deux rechutes après lesquelles le mode de traileinent a «dé < bangé, d soni morls inloxiqiK’s pemiani ou après le deuxième Iraile- TRAITEMENT DES l’RYPANOSOMIASES 407 tement; chaque traitement comportait deux doses d'atoxyl a 2i heures d’intervalle et deux à Irois doses de biiodure de mercure à 48 heures d’intervalle. î Sur h cobayes traités par l’atoxyl et le sublimé, un seul a ^uéri, 2 ont eu des rechutes après lesquelles le mode de traite- ment a été changé, 2 sont morts intoxiqués à la suite du 1®^' trai- tement. Chaque traitement comportait : 2 injections d’atoxyl à 24 heures d’intervalle et 2 injections de sublimé à 48 heures d’intervalle. Au total, sur 12 cobayes soumis au traitement mixte par l’atoxyl et un sel de mercure, il n’y a eu que 3 guérisons. Ce résultat est beaucoup moins satisfaisant que celui qui a été obtenu par Moore, Nierenstein et Todd chez les rats, mais il est supérieur à celui qu’on obtient avec l’atoxyl seul. Aucun des cobayes témoins traités par Eatoxyl seul n a guéri. Les doses efficaces d’atoxyl et de mercure sont voisines des doses toxiques, ce qui constitue un grave inconvénient; d autre part, les injections de biiodure de mercure et surtout celles de sublimé exposent à des accidents locaux, mais on pourrait se mettre à l’abri de ces derniers accidents en donnant les sels de mercure à l’intérieur. Si imparfaits que soient les résultats obtenus dans nos ex[)é- l’iences, nous pensons comme Nierenstein (|u’il y aura lieu d’expérimenter dans la trypanosomiase humaine la médication mixte par l’atoxyl et les sels de mercure. t II VALEUR CURATIVE ET PRÉVENTIVE DE l’ ACIDE ARSÉNIEUX Nous avons employé le plus souvent une solution d’acidii arsénieux à 1 0/00 préparée suivant les indications de Lœfller et Rübs. Un gramme d’acide arsénieux pur, vitreux, est dissous à chaud dans 10 c. c. d(‘ solution normale de soude. On neutra- I lise l’alcalinité avec 4 0 c. c. d’une solution normale d’acide j chlorhydrique et on complète à 1000 c. c. avec de l’eau distillée. ! La solution renferme 1 gramme d’acide arsénieux libre et 0s‘',.38o de chlorure de sodium; l’acidité évaluée au moyen de la phénol-phtaléine est la meme que celle de la solution d’acide ars(bnenx ;i 1 0/00, connue sous le nom de liijiieur d(‘ Boudin. 108 ANx\A[.KS DE L’]NST1T[JÏ PASTEUR La j)réseiic(‘ d’une petite quantité de chlorure d(‘ sodium ikî paraît pas justitier la dénomination Aq Neue L'ôsung (jue Lfetder et Rühsont donnée li cette solution. Quelques expériences com- paratives laites avec la solution de Lœfller et Rülis et avec la liqueur de Boudin nous ont montré ({U(‘. l’action des deux solu- tions sur les trypanosomes était la même. Lœfller et Rülis ont employé la solution d’acide aj-sénieux tantôt en injections intrapéritonéales, tantôt en la faisant ingérer, ce qui est facile pour les cobayes. On place entre les mâchoires une plancliette trouée; par le trou, on introduit, jusque dans l’estomac, une petite sonde en gomme; on injecte dans la sonde la quantité voulue de la solution; enfin, on pousse un peu d’eau ou d’air de façon à ce que une partie de la solution ne reste pas dans la sonde. Par la voie intra péritonéale, d’après Lœfller et Rühs, la dose toxi(|ue est de 8 à 10 milligrammes, la dose curative de par Ivilogranime de cobaye. Par ingestion, la dose toxique est de 12 à 18 inilligrainines, la dose (d'ficace de fi mil- ligrammes par kilogrannne. Il résulte d(‘. nos observation» (jue les doses de 4 à 5 niilligramines })ar kilogrannne, en injections intrapéritonéales, et de 8 inilligramiiies par kilogrannne, par ingestion, sont souvent mortelles. Ln même tem])s (jue noiis soumettions des cobayes à cinq Iraitements successifs, à ciiKj jours d’intervalb', suivant la for- mule de Lœfller et Rübs, nous essayions de faire prendre à d’autres cobayes les doses d’acide arsénieux à 24 ou 48 beures d’intervalle. Lb'xpérience nous a montré qu’il y avait intérêt h com- mencer par de faibles doses; les cobayes acquièrent vite une accoutumance au médicament qui permet d’augmenter les doses. Des essais de traitement faits sur des chiens n’oni pas donné de résultats favorables ; les chiens vomissent la solution d’acide arsénieux qui est introduite dans l’estomac avec une sonde œsophagienne, et les injections intraveineuses donnent lieu facilement à des accidents d’intoxication. A. — Cobayes traités par ingestion d'acide arsénieux tous les a jours. Sur 7 cobayes ti-ait(‘S [)ar ingestion d’acide arséu'ieux tous TnArrKMt:xT dks tryi’anos()M[ases 1 0<) les î) jours, d'après la iiièlhode préconisée par L(idl1(‘r cl Kiilis, 4 sont morts intoxiqués au cours du traitement ; nous croyons inutile de donner leurs observations; nous nous bornerons à donner celles des trois autres cobayes. Cobaye 1. — Inoculé de Siirra le 8 août 1907. — 7 sept. Tiypan. nom- hreiix. 1’ = 575 grammes. Acide arsénieux 5 milligrammes (en ingestion ; soliit. de Lœlïler). — 8 sept. Les trypanosomes ont disi)arii. — 1:2. 1> = 'yio grammes. Ac. arsénieux 4»iîî'‘.5. — 17. P = 555 grammes. Ac. arsénieux 4nigr^5. — 2:2. P = 515 grammes. Ac. arsénieux 4"'Si’,5. — r>7. P = 540 grammes. Ac. arsénieux 4'ii"i’,5. — Du 8 septembre au 24. octo- bre, tous les examens du sang sont négatifs. — 25 octobre (28 jours après la dernière prise d’acide arsénieux), recbule, I iT[)anosomes très rares. — 27. Trv[)an. non rares. L’animal est soumis à un autre mode de traite- ment. Cobayr 2. — 17 juillet 1907, inoculé de Surra (forme bénigne, .\lbori). — 10 sept. 'riTjtaii. non i-ares. P = 550 grammes. Ac. arsénieux 5 milligrammes (ingestion, sol. de Ludller). — 11. Les try[)an. ont disparu. — 15. = 495 grammes. Ac. arsénieux .3'"f?‘',5. — 20. P = 505 grammes. Ac. arsénieux 3niKr,5. — 25. P = 525 grammes. Ac. arsénieux 3'i>n‘‘,5. — 30. Ac. arsénieux 3i‘>Kr,5. — Du 11 septembre au 2!) octobre, tous les examens du sang sont négatifs, mais l’agglutination globulaire persiste. — 30 octobre (30 jours aprè.s la dernière prise d’ac. arsénieux), rechute, trvpan. très rares. Le col)3ye est soumis à un autre mode de traitement. (juhiiye 3. — P = 320 grammes. Inoculé le 8 se[)lembre 1!)07 avec le trjpan. du Togo (virus fort de Martini). — 21 sept. Try|)an. très nombreux. P 325 grammes. Ac. arsénieux 2 milligrammes (ingestion). — 23. Les trvpan. ont disparu. — 20. P = 335 grammes. .\c. arsénieux 2 milligr. — 1er oct. P = 375 grammes. Ac. arsénieux 2 milligrammes. — 2. P = 375 grammes. Hecbute, tryi)an. très rares. — L’animal est soumis à un traitement plus intensif i)ar l’acide arsénieux, il meurt de j)erforation de l’estomac le 18 octobre. U. — Cühaijcs Irai tés par in(/nslioa (V aride arsénieux tous 1rs 2 à 3 jours ou tous 1rs jours. l'rois cobayes ont (dé Icaih's par ingestion d’acide arscdiicuix ;i «loses croissanDîs tous b*s 2 à 3 jours; nous avons r(*inar(|U('i (jue b‘s doses Iof’D'S domnu's d’einbbd* (daient mal supj>orDd‘s, tandis (jin* cbez les animaux ayant re(;u déjà (jU(d(jues dose.s faibles ou fiioyennes, on observait um' tobd’ance bi(*n mar(jU(d‘ pour l’acide arsénieux. Cobaye 4. — Infecté do .Surra, traité d’abord |)ar Patoxyl et le biiodure de mercure, a une rechute le 23 septembre 1907. — 5 octobre, trvpan. nombreux. P = 555 grammes. Ac. arsénieux 3 milligrammes (ingestion). — 110 ANNAI.RS DK L’INSTITUT PASTKUli Le 7, les trypan. ont disparu, P = 535 grammes. Ac. arsénieux 3ni«i',5. — 9, P = 555 grammes. Ac. arsénieux — n. Acide arsénieux 5 milli- grammes. — 13. P = 520 grammes. Ac. arsénieux 6 milligrammes. Du 7 octobre 1007 au 15 février 1008, tous les examens du sang sont négatifs et les hématies ne s’agglutinent plus. Le 10 novembre, le cobaye pèse 565 grammes et le 27 novembre, 610 grammes. Cobaye 5. — Inoculé de Surra le 27 septembre 1007. — 10 octobre. Ti-y- pan. nombreux. P — 630 grammes. Ac. arsénieux 2 milligrammes (inges- tion). — 21. Trypan. très rares. P = 655 grammes. Ac. arsénieux 3'i‘i^*’,5. — 22. Les trypanosomes ont disparu. — 23. P = 665 grammes. Ac. arsénieux -i milligrammes. —25. P = 665 grammes. Ac. arsénieux — 2”- Ac. arsénieux 5 milligrammes. — 20. P = 645 grammes. Ac. arsénieux O'iigLb. — 30. P 620. — Du 22 octobre 1007 au 15 février 1008, tous les examens du sang sont négatifs et les hématies ne s’agglutinent plus. — Le 18 novembre, ■ le cobaye pèse 735'grammes et le 27 novembre, 780 grammes. Cobaye 6. — Inoculé de Surra, le 7 septembre 1007, le cobaye s’est infecté 1 et il a été soumis à un premier traitement arsénical. Rechute le 17 octobre. , — 18 oclobre. Trypan. nombreux. P = 420 grammes, Ac. arsénieux 2 milli- j grammes (ingestion). — Le 10, les trypan. ont disparu. — 21. P — 465 gr. j Ac. arsénieux 2iiigi’,'^- — == grammes. Ac. arsénieux 3 milligr. — : 25. P = 465 grammes. Ac. arsénieux 3mgi‘,5. — 27. IL = 400 grammes. Ac. j arsénieux 4»‘ca:*', 5. — Du 10 octobre 1007 au 15 février 1008. tous les examens du ' sang sont négatifs et les hématies ne s’agglutinent plus. Le 18 novembre, le cobaye pèse 575 grammes, et le 20 novembre, 055 grammes. Sur 4 cobayes traités par ingestion d’acide arstmieux tous les jours, 1 est mort intoxiqué après 4 ingestions, 2 ont eu des ' rechutes après 5 ingestions; les trypanosomes ont reparu 11 jours et 26 jours après la dernière ing-estion ; le dernier ^ cobaye, qui n’avait reçu que 4 doses parce qu’il avait présenté des contractures le 4® jour, a reebuté 25 jours après la dernière ing-estion. (L — Cobrnjes traités par les injections intrapéritonéales d’acide arsénieux. ' Cobaye 7. — Inoculé de Surra le 26 juillet 1007, — 31 août. Trypan. nombreux. P = 675 grammes. Ac. arsénieux 3 milligrammes (injection intrapéritonéale). — lei- sept. Les Irypan. ont disparu. — 3, P -- 545 gr. - 5. P = 405. Le cobaye a donc beaucoup maigri à la suite d’une seule injection. — 8. P = 530 grammes. Ac, arsénieux 2 milligrammes (injection intrapéritonéale). — 0. P = 485. Du 1er au 0 septembre, tous les examens du sang sont négatifs. Le cobaye est trouvé mort le 10 septembre. A l’au- lopsie : léger épanchement séreux dans le péritoine. Congestion du foie. Rate et poumons normaux. Cobaye 8. — Inoculé de Surra le 1er août 1907. — 2 sept. Trypan. nom- ri{ \[TEMENT DES TRYPANOSOMIASES IM breux. P = 390 gramnies. Ac. arsénieux '2 milligrammes (injection intra- péritonéale). — Le 3 sept., les trjpan. ont disparu. — 4 sept. P = 310 gr. — Le 6 septembre, le cobaye est trouvé mort. Du 3 au 6, les examens du sang ont été négatifs. 1? = 290 grammes. A l’autopsie : pas de lésions péri- tonéales; rate de volume normal. Les poumons sont congestionnés. Cohaije 9. — Inoculé le 23 août 1907 avec le virus fort du Togo. — 3 sept. Trypan. nombreux. P = 433 grammes, Ac. arsénieux 2 milligrammes (en injection intrapéritonéale). — Le 3, les trypan. ont disparu. P = 413 grammes. — 0. P = 373 grammes, — 8. P = 403 grammes. Ac. arsé- nieux 2 milligrammes (injection inirapérilonéale). — 12. = 333 grammes — 13. P = :*,()0 grammes. Ac. arsénieux 2 milligrammes (injection intra- })éritonéale). — 18. P = 295 grammes. L’animal ayant beaucoup maigri, le traitement est suspendu. — Du 3 au 29 septembre, tous les examens du sang sont négatifs. — 30, rechute (17 jours après la dernière injection); le cobaye est soumis à un autre mode de traitement. I). — Emploi prrvenl if de l’acide arseiiieiiæ. Lœfller et Külis (lisent avoir constate l’action piaNenlive (le l’acide arsenieux contre le Nagana ; leurs fix])(hûences ont (dé laites sur des cobayes ; ces observateurs vont jusqu’à comparer les effets de l’acide arsénieux contre les trvpanoso- iniases à ceux de la quinine contre le paludisme. L’acide arsénieux ou l’arsénite de soude avaient été expéri- mentés déjà à plusieurs reprises au point de vue de la préven- tion des trypanosomiases et les l'ésultats n’avaient pas été favorables. Bruce a conclu de ses recberebes, faites au Zoulouland, que l’acide arsénieux était tout à fait inutile comme prophylactique du Nag;ana. Des chevaux et un àne saturés d’arsenic ont contracD' rapidement le Nag-ana quand on les a conduits dans des régions à tsétsé. Chez un chien, l’emploi préventif de l’arsenic est resté également sans effet *. L’un de nous a lait, avec M. Mesnil, des expériences sur l’emploi préventif de l’acide arsénieux dans le Nagana qui sont résumées comme il suit : « Nous avons constaté, comme Bruce, que l’arsenic n’avait pour le Nagana auçune vertu préventive. Les animaux traités préventivement par l’arsenic s’infectent aussi facilement et aussi rapidement que les autres et l’évolu- tion de la maladie n’est pas modifiée L » 1. 1), BnucE, Rapports sur le Nagana, 4895-181)0. A. Lavehan et F. Mesnil, Trypanosomes et Trypanosomiases. Paris 1904, p. 175. 112 ANNALKS DE L’INSTITUr J>ASTE(JH î Si peu encourageants (|U(* fussent les re'sultats antérieurs, nous avons voulu répéter les expériences de Lœffler et Rühs en nous servant de la solution d’acide arsénieux préconisée par ces observateurs et en l’administrant comnn' eux, à l’inté- rieur et aux inênies doses. 1) après Lœtller et Rülis, il faudrait employer des doses de () millig-rammes à 10 milligrammes par kilogramme de cobay(‘, per us, pour prévenir 1 inlection. et le médicament devrait êt]*e donné tous les d jours. Nous pensons que l’administration répéfée du médicameni m* s'impose (|U(‘ lo]*s(|u'il v a d(‘s infec- tions rep(d(b‘s ou (jue, du moins, on pcml (‘i-aindre (‘elles-(‘i. Ln tous cas, Lodller ei Riilis donnent les observations de deux cobayes qui. après avoir reçu, per os. 8 milligrammes a 10 milli- grammes d'acide arsénieux ])ar kilogi-amme, ont ét(‘ inocub's de Xagana 2 jours après l’iogestion, non répétée, du médica- ment, et qui ne se sont pas infectés (cobayes 871 et 872). Nous sommes arriv(bs à des résultats différents, comme le prouvent les expériences suivantes. Nous avons expérimenté, il est vrai, avec des trypanosomes appartenant à d’autres espèces que le trypanosome du Nagana employé par Lœffler et Rühs; mais, comme il s’agit de trypanosomes moins viru- lents que Tr. Brucei, nous pensons que cette différence ne peut donner que plus de ])oids aux résultats que nous avons obtenus ^ Cabane tO. — Un cobaye du poids de 430 grammes reçoit le 6 septembre, par voie stomacale (au moyen d’une sonde œsophagienne), 4 c. c, de la solution d’acide arsénieux à 1 0/0, soit par kilogramme. Le / septembre, le cobaye qui a bien supporté la solution arsénicale est inoculé, sous la peau, avec le trypanosome du Surra. Les examens du sang du cobaye faits du 12 au 18 septembre sont négatifs. 19 septembre. On trouve dans le sang du col)aye des trvpanosomes très rares qui se multiplient les jours suivants. Le cobaye est alors utilisé jiour une expérience de traitement. Cabane 11. — Un cobaj’o du poids de 320 grammes reçoit le 6 septembre, per as, 3 c. c. de la solution arsénicale, ce qui représente 9msr^2 d’acide arsénieux par kilogramme. Le 8 septembre, c’est-à-dire 48 heures après l’ingestion d’acide arsé- nieux, le cobaye est inoculé sous la peau avec un trypanosome du Toiîo (virus fort de Martini). 1. A Lavera.n et A. Thiroux, Acad, des Sciences, 30 septembre 1907. TRAITEMENT DES TRYPANOSOMIASES 113 Du 10 au 15 septembre, l’examen du sang du cobaye est négatif. Le 16 septembre, on note, à l’examen du sang, des trypanosomes rares dont le nombre augmente les jours suivants. Le cobaye est utilisé ensuite pour une expérience de traitement. L’incubation a été de 12 jours chez le premier cobaye et de H jours chez le second; il est possible que chez le premier cobaye, l’évolution du parasite ait été retardée un peu par l’acide arsénieux. Un cobaye du poids de 320 grammes auquel on avait fait ingérer le 6 septembre 3 c. c. de la solution arsénicale, soit 0“°,3 d’acide arsénieux par kilog., est mort intoxiqué ; on peut donc dire que les doses données aux cobayes 10 et 11 et 9'^?, 2 par kilog.) sont des doses très fortes, très voisines des doses toxiques. L’inoculation des trypanosomes pathogènes faite 24 heures ou 48 heures après l’ingestion de ces doses très fortes d’acide arsénieux ayant déterminé l’infection des ani- maux en expérience, on peut, croyons-nous, en conclure que les propriétés préventives de l’acide arsénieux sont nulles ou bien faibles ; trop faibles en tous cas pour être utilisées dans la pratique. Les observations suivantes prouvent, mieux encore que les précédentes, l’inefficacité de l’emploi préventif de l’acide arsénieux, car les cobayes avaient reçu, par ingestion, 3 doses fortes d’acide arsénieux avant d’être inoculés avec Tr. dimor- phon et ils se sont infectés. Les cobayes ont été inoculés, l’un 2 jours, l’autre 3 jours après avoir reçu la dernière dose d’acide arsénieux. Cühcuje 12. — P 105 grammes. Les 27 el 29 septembre, 1er, 3 et 5 octo- bre lt)Ü7, le cobaye reçoit (par ingestion) 2mgr,5 d’acide arsénieux, soit 5 doses fortes de ce médicament, correspondant à G^gr,! par kilogramme d’animal. L’animal supporte très bien ce traitement préventif qu’on peu qualifier d’énergique ; le 5 octobre, il pèse 445 grammes. Le 7 octobre, le cobaye est inoculé avec Tr. dimorplion. — 19 octobre (12 jours après l’ino- culation), on note l’existence de trypanosomes dans le sang. Le cobaye est utilisé pour une exj)érience de Iraitement. Cobaife 13. — P= 400 grammes. Les 27, 28 et 30 septembre et les 1er et 2 octobre, le cobaye reçoit (par ingestion) 2mgr.5 d’acide arsénieux, soit 5 doses fortes en 6 jours. — Le 5 octobre, le cobaye pèse 465 grammes; il a donc très bien supporté ce traitement préventif énergique. Le cobaye est inoculé le 5 octobre, sous la peau, avec Tr. dimorphon. — Les examens du 8 ANNAIÆS J)E L’INSTITUT PASTEUH sang, faits du 10 au 18, sont négatifs. — 19 octobre, (14 jours après l’inocu- lation) on note l’existence de trypanosomes très rares dans le sang du cobaye . — Du 20 au 28, trypanosomes rares. Le 28 l’animal est trouvé mort; il a été tué par un autre cobaye. En résumé, sur 7 cobayes infectés avec Tr. Evansi ou avec d autres trypanosomes, traités par ingestion d’acide arsénieux tous les S jours, d’après les règles tracées par Lœfller et Rülis, 4 sont morts intoxiqués et, chez les 3 autres, il y a eu rechute. Dans deux cas, la rechute a été assez tardive ; elle ne s est produite que 28 et 30 jours après la dernière ingestion d’acide arsénieux. Il nous semble très probable que si Lœfller et Rühs disent avoir obtenu des résultats beaucoup meilleurs, c’est qu’ils n’ont pas suivi assez longtemps les animaux en expérience. Pour qu’on puisse affirmer qu’un cobaye infecté de Nagana ou de Surra et traité, est guéri, il est nécessaire que les trvpano- somes aient disparu depuis 50 à 60 jours, après cessation du traitement. Lœfller et Rühs paraissent avoir rangé, au nombre des cobayes guéris, des animaux du sang desquels les trypa- nosomes avaient disparu depuis moins longtemps L Rien que Lœfller et Rühs aient tiré de leurs expériences des conclusions trop favorables à l’emploi exclusif de l’acide arsé- nieux, leur travail n’en présente pas moins un réel intérêt ; il ressort, en effet, de leurs observations que l’administration de 1 acide arsenieux est aussi efficace par la voie digestive que par la voie hypodermique qui, pour beaucoup de préparations arsénicales, présente de graves inconvénients. On verra plus loin que nous avons utilisé avec succès la voie digestive pour 1 administration de composes tels que le trisulfure d’arsenic et 1 iodure d arsenic qui, employés par la voie hypodermique, donnent lieu souvent à des accidents locaux. Nous avons diminué chez quelques cobayes l’intervalle de O jours entre les prises d’acide arsénieux, dans l’espoir qu’un traitement plus continu serait plus efficace. Sur 7 cobayes traités par ingestion à J , 2 ou 3 jours d’in- tervalle, un cobaye est mort intoxiqué, 3 cobayes ont eu des rechutes 11, 25 et 26 jours après la dernière ingestion d’acide 1 Les observations très succinctes, publiées par Lœfller et Labs à la fin de leur ménioire, ne nous renseignent pas suffisamment à cet égard. TRAITEMENT DES TRYPANOSOMIASES nn arsénieux, 3 cobayes paraissent guéris (cob. i, 3, b). Ce sont les ingestions à doses croissantes, tous les deux jours, (3 ingeslions) qui ont donné les meilleurs résultats (3 cobayes guéris sur 3 traités par cette niétbode). Ces succès inontrenl qu’il y a avantage à maintenir Porganisme pendant une dizaine de jours sous Finfluence de l’acide arsénieux et à rapprocher les doses du médicament comme nous l’avons déjà dit C Les ingestions faites tous les jours sont trop toxiques ; (dles ont doniKï des résultats très peu satisfaisants. Sur 3 cobay(‘s traités pai* les injections intra|)éi*ilonéal('s, 2 sont morts intoxi(|ués, b‘ troisième a (Ui une recluiti' 17 jours après la dernière injection. Les expérienc(‘s citées plus haut montrent (|ue racidc ars(‘- nieux n’exerce pas sur les trypanosoniias(‘s l’action prcWentive qui lui a été attribué(‘ par Lœftlcr et Rübs et (ju’il ne doit pas être conseillé pour cet objet. La médication atoxylique donnant des résultats satisfaisants, mais presque toujours incomplets dans le traitement des trypa- nosomiases, et l’emploi de cette médication présentant des dangers quand on élève les doses (accidents oculaires), nous avons pensé qu’on pourrait associer à l’atoxyl un autre composé arsénical, également actif sur les trypanosomes, mais n’ayant pas, pour riiomme ou pour l’animal, les mêmes elfets toxiques. Grâce à cette association, on pourrait, pensions-nous, agir plus énergiquement sur les trypanosomes sans exposer l’homme ou l’animal en traitement à des accidents d’intoxication. Il n’est pas douteux que l’atoxyl a, sur l’organisme de l’homme ou des animaux, des effets bien différents de ceux que produit l’acide arsénieux par exemple. L’acide arsénieux donné à forte dose détermine des acci- dents du coté des voies digestives : vomiss(*ments, coli({ues, diarrhée; (juand la mort n’(*st pas trop laipide, on obs(*rve à l’autopsie de la dégénérescence graisseuse du foie. L’intoxication par l’atoxyl est caractérisée surtout par des symptômes nerveux : ataxie, mouvements de manège chez le rat et le cobaye, perte de la vue chez l’homme et par une con- gestion rénale (jui se traduit souvent, chez le cobaye, par des 1. Académie des Sciences^ oü septembre 1907. 1i6 ANNALES DE L’TNSTITUT PASTEUR héiriaturips. Los accidonls g’astro-intostinaux onl rarorneni uno iiiloiisitd ooinj)aral)lo à (‘elle qui oaraddi-iso rempoisonneiueni par l^ioido ai sdnieiJx; la (l('gdiHM‘(‘soono(‘ ^’i*aissoiiS(‘. du foie osl d’ordinairo peu iiiai-(jut*o. Ou pouvail donc esj)drer do Irouver uiui })i‘dparal ion arsd- nicah^ donl Paclion lrvpanolyli(|U(‘ s’ajout(‘rait à celle de Tatoxvl, sans que les odels loxicjues des deux inodicanients sur Porga- nism(‘ s’additionnassent exactement. Déjtà Lœfllor et Rühs avaient expcua'menti* une solution d’ars<‘- nite d(‘ soude ('I d’atoxyl (paidies ogalesj, mais cette préparation l(‘ui‘ avait paru troj) toxique vl ils y avaient rapidement renonce. Nous avons expérimenté les associations médicamenteuses (jui suivent : atoxyl (‘t tiasulfure d’arsenic, atoxyl et iodure d’arsenic, atoxyl et acide arsénieux. fil TRAITKMENT DES TUYJ'AXOSOM] ASES l'AH l’aI’OXYI. ET LE TRISL'EFLRE d’arsemc Nous avons employé l(i trisulfure d’arsenic colloïdal en injections hvpod(‘rnii(|ues ou à l’intérieur et les pilules de tri- sulfure d’arsenic. M. Maltitano a mis obligeamment à notre disposition du trisullure d arsenic colloïdal préparé en faisant agir de l’bydro- gène sulfuré sur une solution d’acide arsénieux; la solution contenait de trisulfure d’arsenic par centimètre cube. Lette préparation étant très irritante et déterminant des eschares sèches, étendues, quand on l’injectait sous la peau ou dans les muscles, nous avons iigi‘, 5 en 3 pilules, — 20, les trypan ont disparu. — 22. P = 475 grammes ; orpiment, 4mgi’, 5 (1 pilule). — 27 P = 485 grammes; orpiment, 9 milligrammes. (2 pilules). — 2 octobre. P = 550 grammes; orpiment, 9 milligrammes. — 7. P = 560 grammes; orpiment, 13mgr, 3 (3 pilules). — Du 20 septembre 1907, au 15 février 1908, les trypanosomes ne reparaissent pas dans le sang et au mois de novembre les hématies ne s’agglutinent plus. Le 18 novembre, le cobaye pèse 665 grammes ; le 29 novembre, 710 grammes, le 10 décembre. 680 grammes; le 25 décembre, 710 grammes; et Je 7 janvier 1908, 750 grammes. En résumé, sur 13 cobayes traités parle trisulfure d’arsenic seul,^ 2 ont été intoxiqués, 5 ont eu des rechutes, G ont guéri. TllAJTEMKNT DES TRYPANOSOMIASES J -il C’est l’orpiment administré sous forme de pilules qui a donné les meilleurs résultats (2g'uérisons sur 3 cobayes traités). D. Cohayes traités par Vatoxyl et le trisulfure cV arsénié colloïdal en injections simultanées . Sur 3 cobayes traités j)ar ce procédé, un est mori, intoxiqué, un autre a eu une i*echute 12 jours après avoir subi le traite- ment et a été soumis à un autre mode de traitement, le troi- sième a g-uéri. Nous donnerons seulement l’observation de ce dernier cobaye. Cühayr, 7. — J* = 390gi’. Inoculé (to Surra leiT juillet 1007. Le cobaye est traité d’abord par l’atoxyl et le biiodure de mercure. — 2 septembre, rechute. — 3, trypan. nombreux P = 515 grammes, Atoxyl 1 centigramme et sol. A 2 c. c. en injections simultanées. Le trisulfure d’arsenic colloïdal est injecté dans les muscles des cuisses. — 4 septembre, les trypan. ont disi)aru — 6. P = 443 grammes. — 13, P = 390 grammes. Le poids remonte ensuite; il atteint, le 8 octobre, 515 grammes, le 2 novembre^ 540 grammes, et le 16 novembre, 573 grammes. — Du 4 septembre 1907 au 13 février 1908, tous les examens du sang sont négatifs. Au mois de novembre, les hématies ne s’agglutinent plus, à la suite de rinjection de trisulfure d’arsenic, il y a eu gangrène de plusieurs doigts des pattes posté- rieures. Les plaies sont complètement cicatrisées. — Le 13 décembre, le cobaye pèse 630 grammes; le 23 décembre, le poids est le même. Le 4 jan- vier 1908, le cobaye pèse 660 grammes. E. Cobayes et rats traités par des injections alternatives d’ atoxyl et de trisiilfiire d’arsenic colloïdal . Deux cobayes ont été traités par ce procédé et ils ont guéri tous les deux. Chaque cobave a reçu deux injections d’atoxyl et deux injections de trisulfure d’arsenic colloïdal. Cotmje 8. — P = 490 grammes. Inoculé de Surra le 27 juillet 1907. Traité d’abord par l’atoxyl et le sublimé et, après une rechute, par le trisul- fure d’arsenic colloïdal en injections. — 29 août, rechute, trypan. rares. P = 510 grammes. Solution A, 2 c. c. 3 — 30, les trypan. ont disparu. — 3 septembre, atoxyl, 2'’^»’. — 8, solution A, 2 c. c. 3, gangrène de plusieurs doigts des pattes postérieures. — 13, atoxyl, 2('g»’, 20. P= 560 grammes. — Du 30 août 1907 au 15 février 1908, tous les examens du sang sont négatifs. Au mois de novembre , les hématies ne s’agglutinent plus. Le 16 novembre, le cobaye pèse 530 grammes ; Le 27 novembre, .543 grammes ; le 13 décemb rc. 350 grammes; le 23 décembre, 560 grammes et le 15 janvier 1908, 570 grammes. (lobaye 9. — P = 543 grammes. Inoculé de Surra le 27 juillet 1907. Traité d abord par Tatoxyl seul. — 17 août, rechute. — 19, trypan. nou ANNALi:S \)V] J/INSTlTni PAS^KUll I2:> rares, = (j40 lirainmcs. Injection inlra-arlérielle de i c. c. de la solution A, — 20, les trypan. ont disparu. — 28 août, rechute, trjpan. rares. V = 00.') grammes, solution A, 2 c. c. .0. — 20, les trypan, ont disparu. — 0 septembre, atoxjl, 2 centigrammes. — 8, solution A, 2 c. c. .0. — JO, aloxyl, 2 eenligrammes, — PS, gangrène de plusieurs doigts des [)attes i)Osté- i-ieures, occasionnée par les injections de la solution A. — Du 20 août 1007 an 10 février 1008, tous les examens du sang sont négatifs, à la lin de novend)re, les hématies ne s’agglutinent plus. Le 10 novembre, le cobaye pèse 022 grammes; le 27 novembre, 440 grammes; le 10 décembre, OUO grammes; le 20 décembre, 400 grammes et le 4 janvier 1908 545 grammes. De 0 rats traites par les injections alternatives (raioxyl et (le trisulfur(ï (Tarsenic colloïdal, 2 sont guéris, le troisième a (d(‘ atteint d’une paraplégie qui n’a pas p(‘rmis de continuer le traitement. Un ({uatrième rat ({ui, traité d’abord par le trisulfure d’arsenic colloïdal seul, avait eu une rechute, a guéri après un traitement mixte. Nous donnons ci-dessous les observations des 3 rats guéris. Contrairement à ce que nous avons observé chez les cobayes, nous avons vu des rats infectés de trypanosomes guérir après un traitement par l’atoxyl seul (3 injections, voire même après une seule dose forte); c’est là une mauvaise condition pour étudier l’action des médications mixtes dont l’atoxvl fait partie, aussi avons-nous renoncé rapidement à nous servir des rats ])Our cette étude. Hat 1. — P = 222 grammes. Inoculé de Siirra le 25 août 1907. Le 30 août, l’examen du sang révèle l’existence de trypanosomes non rares. Injection dans les muscles d’une des cuisses de 2 c. c. de la solution de trisul- lïire d’arsenic. — l^’i’ septembre, examen du sang négatif. P — 216grammes. — 2 au 5 septembre, examens négatifs. Le 5 septembre, 2 centigrammes d'atoxyl. — 6 au 10, examens négatifs. — Le 10 septembre, injection de 2 c. c. de la solution de trisulfure d’arsenic. — Du 11 au 15, examens négatifs. — Le 15, atoxyl 2 centigrammes. ■ — Du 16 septembre 1907 au 15 février 1908, tous les examens du sang du rat sont négatifs. A partir du 23 septembre, l’agglutination des hématies qui avait été bien marquée jusque-là ne se fait plus. Le 17 septembre, le rat pèse 187 grammes, il a donc maigri sous l’influence du traitement. Le 29 octobre, le poids est remonté à 197 grammes; le 2 novembre, à 207 grammes ; le 26 décembre, à 210 grammes et le 8 janvier 1908, à 214 grammes. Rat 2. — P = 103 grammes. Inoculé de Surra le 25 août 1907. — 1er sep tembre, trypanosomes non rares. P = 111 grammes. Solution de trisulfure d’arsenic, 4 c. c. 25. — Du 2 au 5 septembre, examens négatifs. Le 5, atoxyl, 1 centigramme. — Du 6 au 10, examens du sang négatifs. Le 10, solution TRAITEMENT DES TRYPANOSOMIASES 123 de trisiilfure d’arsenic, i c. c. 25. — i5 septembre, les trypanosomes n’ont pas reparu, atoxyl, 25. l/agglutination des hématies, bien marquée jnsqu’aii Ti septeml»re, est légère du 15 an 30 septembre, elle l'ait défaut à partir du Ri’ octobre. Le 3 octobre, le rat pèse I 40 grammes: Je 25, 427 grammes; le 2 novembre 430 grammes : le2C décembre, 432 grammes et leS janvier 490(S, 435 grammes. A la date du 45 février 400S, les trypanosomes n’ont pas reparu dans le sang du i‘at. Hat 3. — l‘ — 415 grammes. Inoculé de Surra le 25 août 1907. — 30 août, trypan. non i*ares. Injection intra-musculaire, dans une cuisse, de 4 e, c. de la solution de trisiilfure. — 34 août, les trypan. ont disparu. — Du Ier au 4 septembre, l’examen du sang est négatif. — 5 septembre, trypan. rares. Injection de 4 c. c. 25 de la solution de trisulfure. — 0. Les trypanosomes ontdisparu. — 40 septembre, atoxyl, 4 c. c. 25. — 44 septembi’e, Irypan. rares; injection de 4 c. c. 50 de la solution de trisulfure. — 45, tes Irypan. ont disparu. — 16, atoxyl, 4as‘',50. — I.e 49 septcmlire, le rat pèse 103 grammes; le 3 octobre, 424 grammes et le 25 octobre, 432 grammes. Le 30 octobre, les trypan. n’ont pas reparu. L'agglutination des hématies très nette au début du traitement est notée comme nulle ou très légère dans tous les examens faits à partir du 20 octobre. A la date du 45 février 4908, les trypanosomes n’ont pas reparu dans le sang du rat. F. Cobayes traités par Veiyvploi alternatif de l’atoxyl en mjections sous-cutanées et de l’orpiment en pilules. 5 cobayes traités par ce procédé ont guéri tous les 5. Voici le résumé des observations. Cobaiic iO. — P = 490 grammes. Inoculé de Surra le 27 juillet 4907. Le cobaye est traité par l’atoxyl seul et, après une rechute, par des injections sous-cutanées de trisulfure d’arsenic colloïdal. — 28 septembre, nouvelle rechute. — 9 octobre, trypan. nombreux, atoxyl, 2 centigrammes. — 40. Les trypan. ontdisparu. P = 595 grammes. — 44. Orpiment, 9 milligrammes 2 ])ilules). — 43. P = 550 grammes. Atoxyl, 4<’gi55. — 45. P = 555 grammes, orpiment, 43mgr, 5 (3 pilules). —47. Atoxyl, 4cgi’,5. — 19. P= 485 grammes. Le traitement est interrompu à cause de la baisse de poids. — 22. P = 490 grammes. — 23. P = 500 grammes. — 24. P = 530 grammes. Orpiment, 9 milligrammes. — 26. P = 550 grammes. Atoxyl 4<'gr,5. — 28. P = 570 grammes. Orpiment, 43nigr,5. — 30. Atoxyl, 2 centigrammes. — Ier novembre. Orpiment, 48 milligrammes (4 pilules). Du 40 octobre 4907, au 45 février 4908, tous les examens du sang sont négatifs. A la fin de novembre, les hématies ne s’agglutinent plus. Le 48 novembre, le cobaye pèse 580 grammes; le 29 novembre, 725 grammes et le 40 décembre, 850 grammes. Dans les derniers jours de décembre, le cobaye met bas deux petits qui s’élèvent bien. — Le 7 janvier, le cobaye pèse 685 grammes. Cobaye 44. — Inoculé le 30 septembre avfoec le virus rt de Martin (Togo). — 9 octobre, trypan. non rares. P = 400 grammes. Atoxyl, 2 cneti- ANNAI.KS \)E L’INSrriüï PASTKUll 1 1>4 ^a-aniHies, — 10. I>(*s Ii7[»an. ont. disparu. — 11. P =: 430 grammes. Orpi- ment, 9 milligrammes (2 j)ilnles). — 13. P = 403 grammes. Atoxyl, — 13. 1* = 443 grammes. Orpiment. 13'nf,'r^3 (3 pilules). — 17. P = 43)0 grammes. Alo.xyl. ^'•^^|^3. — 19. P = 423 grammes. Orpiment, 13)'»gi\3. — 20. Atoxyl, l''.-''.3. — 22. P = 443 grammes. Orpiment. 13<ï'?,n‘^5^ — 2.",^ P = 443 grammes, .\tox_vl, l'‘iîi',3. — 27. P = 433 grammes. Orpiment, IS milligrammes (4 pilules). — Du 10 octobre 1907 au 13 février 1908, tons l(>s examens du sang sont négatifs. .Vu mois de novembre, les liématies ne s’agglutinent pins. Le cobaye pèse 320 grammes le 18 novembre; 3G3 grammes le 29 novembre ; G30grammes le 10 décembre et 730 grammes le 23 décembre. Cohaiji’ 12. — Inoculé de Siirra le 4 octobre 1907. — 21 octobre, trypan. nombreux. Atoxyl, D’iO’.G — 23), les li-ypan. ont disparu. P = 4G3 grammes. Orpijiieiii, 9 milligrammes (2 pilules). — 23. P = 423 grammes. Atoxyl. l<’Si’,3. — 27. Orpiment, 13)'ng‘’,3 (3 pilules). — 29. P = 460 grammes. Atoxyl, 2 centigraîiiines. — 31 . P = 443 grammes. Orpiment, 18 milli- grammes (4 jnlnles). — 2 novemluT. P = 440 grammes. Atoxyl, 2 centi- grammes. — 4. P = 433 grammes. Orpiment, 22»ig'',5 (3 pilule.s). — G. 1* = 410 grammes. — 8. P = 390 grammes. L’animal ayant beaucoup maigri, le traitement est suspendu. — 1 1. P = 420 grammes. Atoxyl, 2 centigrammes. 13. P = 463 grammes. Orpiment, 18 milligrammes. — Du 23 octobre 1907 au 13 février 1908, tons les examens du sang sont négatifs. Au mois de novembre, les hématies ne s’agglutinent pins. Le 18 novembre, le cobaye pèse 410 grammes; le 27 novembre, 433 grammes; le 13 et le 24 décembre, 300 gramnies; le G janvier 1908, 513 grammes. Cobaye — Inoculé de Snrra le 9 août 1907. Le cobaye est traité d’abord par l’atoxyl et le bliodnre de merenre et, après une rechute, parle Irisulfure d’arsenic colloïdal en ingeslion. Le 28 octobre, nouvelle rechute, tryj)an. rares. P = 480 grammes. Atoxyl, l^-giyh. — 29, les trypan. ont disparu. — 30. P -= 490 grammes. Orpiment, 13'iigi‘,5 (5 pilules). — Ier no- vembre. P = 310 grammes. Atoxyl. 2 centigrammes, — 3. P = 300 grammes. Orpiment, 18 milligrammes (4 pilules). — 3. P = 483 grammes. Atoxyl, 2 centigrammes. — 7. P = 313 grammes. Orpiment, 22'"gi,3 (3 pilules). — 8 et 11 novembre. P = 490 grammes. — 12. Atoxyl, 2 centigrammes. — 14. P =303 grammes. Orpiment, 18 milligrammes. — 16. P = 310 grammes. Atoxyl, 2 centigrammes. — 18. P = 470 grammes. Orpiment, 18 milli- grammes. — Du 29 octobre 1907 nu 15 février 1908, tous les examens du sang sont négatifs. Les hématies ne s’agglutinent pas. Le 18 novembre, le cobaye peso 470 grammes; le 27 novembre, 320 grammes; le 10 décembre, 330 grammes; le 24 décembre, G20 grammes ; le G janvier 1908, G20 grammes. Cobaye 14. — Inoculé de Surra le 14 septembre 1907, dans le péritoine, et traité d’abord par le tiisulfure d'arsenic colloïdal en ingestion. — 31 octo- bre, rechute, trypan. rares. — 2 novembre, atoxyl, 2 centigrammes. — 3, les trypan. ont disparu. — P = 630 grammes. Orpiment, 13nig*’,3 (3 pilules), — 4, P = G33 grammes. Atoxyl, 2 centigrammes. — 3. P = G60 grammes. Orpi- ment, 18 milligrammes (4 pilules). — G. = 660 grammes. Atoxyl, 2 centi- grammes. — 7. P = 670 grammes. Orpiment, 22uigr,3 (o pilules). — 8. P = TRAITEMENT DES TRYPANOSOMIASES 125 600 grammes. Atoxji, 2 centigrammes. — 9. P 630 grammes. Le irai tement est interrompu à cause de ramaigrissement. — 12. P = 655 gram- mes. — 13. P = 655 grammes. Orpiment, 18 milligrammes. — 11. P = 660 grammes. Atoxyl , 2 centigrammes. — 15. Orpimenl, 18 milligrammes. — Du 3 novembre 1907 au 15 février 1908, tous les examens du sang sont négatifs. A la fin du mois de novembre, les hématies ne s’agglutinent plus. Le 27 novembre, le cobaye pèse 700 grammes; le 10 décembre, 720 gram- mes; le 24 décembre, 800 grammes et le 6 janvier 1908, 820 grammes. En résumé, si nous laissons de côté les animaux traités par (les injections simultanées d’atoxyl et de trisulfure d’arsenic colloïdal, injections (jui sont peu actives (juand on réduit nota- Lleinent les doses, et trop toxiijues (juand on emploie les doses eflicaces de chacun des médicaments, nous voyons ({uc le trai- tement alternatif par Patoxyl et le trisulfure d’arsenic adonné, chez les cobayes et chez les rats, (rcxcellents résultats. Les 7 cobayes traités par ce procédé, ont guéri tous les 7, et il s’agissait souvent de cobayes (|ui, traités d’abord par d’aulrc'S procédés, avaient eu des rechutes, ce (jui constitue une condi- tion (J(Tavorahlc pour le traitement des trypanosomiases. Nous rappelons (ju’aucun des cobayes traités par l’atoxyl seul, n’a guéri; nous avons jugé inutile de répéter, pour cliaque médication mixte, ces expériences de traitement avec l’atoxyl seul. Sur trois rats traités d’emblée par ce procédé, 2 ont guéri. Un rat traité d’abord par le trisulfure d’arsenic seul et qui avait euune rechute a guéri également par l’emploi alternatifdel’atoxyl et du trisulfure d’arsenic. L’orpiment à l’intérieur a donné des résultats plus satisfai- sants que le trisulfure d’arsenic colloïdal en injections sous cutanées ; ces injections sont douloureuses, irritantes et elles provoquent souvent des abcès ou des gangrènes. Plusieurs cobayes, après des injections faites dans les muscles des cuisses, ont eu des gangrènes des doigts des pattes postérieures. IV TKAITIAJKNT DKS THYPANOSOMIA SCS l*AI( i/a iOXYC liT l’ioüuke J)’aKSEiMC L’iodure d’arsenic a été employé en solution, par la voie hypoderrnicjue ou par ingestion, en pilules. 12H AiXNAI.ES DE T/INSTITUT PASTEUR fja solution J’iodure (Uarsenic à l pour 500 dont nous nous sommes servis est irritante; injectée sous la peau, à la dose de 4 à 5 e. c., elle provoque souvent des eschares assez étendues; injectée dans les muscles des cuisses, elle est mieux supportée, mais là encore elle donne lieu souvent à des abcès, à des eschares et à la gangrène des doigts d(‘s pattes postérieures. On évité en partie ces accidents quand on a soin de cautériser la peau au point d’injection, de façon à ne pas entraîner de microbes, et en employant bien entendu une solution stérile. Un cobaye de 300 à 500 grammes supporte 1 centigramme d iodui’e d arsenic en injection sous-cutanée ; cette dose qui déjà détermine de l’amaigrissement chez certains cobayes ne semble pas devoir être dépassée. 2 cobayes ont reçu 2 injections d’atoxyl alternant toutes les 48 heures avec 2 injections d’io = 440 grammes 128 ANNALES DE L’INSTITUT PASTETIR i pilules. — Du Tl novembre 1907 au 15 février 1908, les lryi)anosomes n’ont, pas reparu. Le 10 décembre, le cobaye pèse 520 grammes et le 24, 010 grammes. A partir du 20 novembre, les hématies ne s’agglutinent ]»lus, — 0 janvier 1908, le cobaye pèse 680 grammes. En resuinë, abstraction faite des 2 cobayes traités par Tatoxyl et les pilules d’iodure d’arsenic dont le traitement n’est pas terminé depuis assez longtemps pour qu’il soit possible de conclure, nous voyons que, sur 8 cobayes soumis au traitement mixte par Tatoxyl et Tiodure d’arsenic, 3 paraissent guéris; les autres ont eu des rechutes. Tr.AlTEMONT DES TRYCANOSOMIASES l'AU i/aTOXYL ET i/aCIDE AUSÉiMEUX. Sur 3 cobayes soumis au traitement mixte par Tatoxyl et l’acide arsénieux, 1 a succombé au cours du traitement à une congestion pulmonaire, les 2 autres paraissent guéris. L’atoxyl a été donné en injections hypodermiques; Tacide arsénieux, en solution à l’intérieur (solution à 1 0/00 de Lœlfler et Rülisj; l’intervalle entre les injections d’atoxyl et les ingestions d’acide arsénieux était de 48 heures ; les cobayes 1 et 2 dont nous donnons ci-dessous les observations ont reçu 5 injections I d’atoxyl et ont ingéré 5 fois de Tacide arsénieux. ! Cobaye \. — inoculé de Surra le 17 septembre 1907. — 4 octobre. P = 355 grammes. Trypan, nombreux. Atoxyl, T‘Si',5 (en injection hypodermi- ! que). — 6. Les trypan. ont disparu. Acide arsénieux,' 2 milligrammes (par ! ingestion). — 8. P = 365 grammes. Atoxyl, T'gi', 50. — 10. P =380 grammes. Acide arsénieux, 2 milligrammes. — 12. P = 375 grammes. Atoxyl, Ug'*, 50. i — 14. P = 395 grammes. Acide arsénieux 2 milligrammes. — Ki. P i .500 grammes. Atoxyl, 2 centigrammes. — 18. P. = 400 grnmmes. Acide ; arsénieux, 2iiig‘-.5. — 20. P = 375 grammes. Atoxyl T-gi’,5. — 22. P = 395 grammes. Acide arsénieux, 2r'igr,5. — Du 6 octobre 1907 au 15 févrierl908, les trypanosomes n’ont pas re|)aru. Le 18 novembre, le cobaye pèse 440 grammes; le 29, 560 grammes; le 10 décembre, 595 grammes et le 25 décembre, 645 grammes. Pendant le mois de décembre, il n’y a plus d’agglutination des hématies. — Le 7 janvier 1908, b' cobaye pesé ' 690 grammes. Cobaye 2. — Le cobaye qui a été inoculé de Surra, présente, le 14 octobre, ; des trypanosomes non rares. P = 495 grammes. Atoxyl, Icgi', 50 en injection hypodermique. — 15 octobre. Les trypanosomes ont disparu. — 16. P = 500 grammes. — Acide arsénieux. 3 milligrammes (solution de Lœfller et TRAITEMENT DES TRYPANOSOMIASES 129 Rühs, par ingestion). — 18. P. = 460 grammes. Atoxjl, lcgr,50 ■— 20. P — 455 grammes. Acide arsénieux, 3 milligrammes. — 22. P. = 450 gram- mes. Atoxyl, lcgi-,50. — 24. Acide arsénieux, 3 milligrammes. ■— 26. P = 435 grammes. Atoxyl, lcgr,50. — 28. P = 465 grammes. Ac. arsénieux, 3 milligrammes. — 30. P = 435 grammes. Atoxyl, 2 centigrammes. — 1er novembre, P = 435 grammes. Ac. arsénieux, 4 milligrammes. — Du 15 octobre 1907 au 15 février 1908, tous les examens du sang sont négatifs. Le 48 novembre, le cobaye pèse 520 grammes et le 27, 500 grammes. Le 13 décembre, il pèse 520 grammes et le 24, 550 grammes. — G janvier 1908, le cobaye pèse 575 grammes. Les résultats du traitement mixte par Tatoxyl en injections hypodermiques et Tacide arsénieux en solution, par la voie gas- trique, ont été en somme satisfaisants (2 guérisons sur 3 ani- maux traités). CONCLUSIONS 1® Le traitement mixte par Tatoxyl et les sels de mercure (biiodure ou sublimé) a donné, chez les cobayes infectés de trypanosomes, des résultats médiocres (3 guérisons sur 12cobayes traités), supérieurs cependant à ceux fournis par Tatoxyl seul. 2^ Aucun des cobayes traités par Tatoxyl seul n’a guéri. 3"^ L’acide arsénieux employé seul a donné des résultats variables suivant le mode d’administration. Les cobayes traités par Tacide arsénieux en ingestion tous les 3 jours (5 doses), suivant la méthode préconisée par Lœffïer et Rübs, sont morts ou ont eu des rechutes ; 3 cobayes traités par Tacide arsénieux donné tous les deux jours à doses croissantes (3 doses) ont guéri. Les injections intra-péritonéales de la solution d’acide arsénieux ont donné de mauvais résultats. 4° L’acide arsénieux, alors même qu’il était administrt^ à forte dose, et à doses répétées, n’a montré aucune activité pour la prévention des trypanosomiases chez le cobaye. 3® Le trisulfure d’arsenic employé seul en solution colloïdale (en injections hypodermiques ou par ingestion), ou en ingestion sous forme de pilules, a donné 6 guérisons sur 13 cobayes traités. L’orpiment en pilules (1 à 4 pilules de 4™g%3 pour un cobaye de 300 grammes en moyenne ; 3 doses à 2 ou 3 jours d’intervalle) a fourni les résultats les plus satisfaisants (2 gué- risons sur 3 cobayes traités). G® C’est l’emploi alternatif de Tatoxyl en injections bypoder- 9 ANNALES DE L’INSTITUT l’ASTEUH 1 :u) iniques et du trisulfure d’arsenic (solution colloïdale en injec- tions hypodermiques ou pilules d’orpiment) qui a donné la ])roportion la plus forte de guérisons. Sur 7 cobayes traités par cette méthode, il y a eu 7 guérisons. Il s'agissait souvent de cobayes qui, traités antérieurement par d’autres méthodes, avaient eu des rechutes, ce qui est une mauvaise condition au point de vue du traitement. Les médicaments ont été donnés alternativement, à 24 ou à 48 heures d’intervalle; l’atoxyl à la dose de 2 centigrammes (5 doses) et l’orpiment à celle de 9 à 18 milligrammes (5 doses), pour des cobayes de 500 grammes environ. L’emploi de l’orpiment par ingestion est préférable à celui de la solution colloïdale de trisulfure d’arsenic en injections hypodermiques, les injections produisant souvent des accidents locaux. 7® Le traitement mixte par l’atoxyl en injections hypoder- miques et l’iodure d'arsenic par la voie hypodermique ou à l’in- térieur, en pilules, a donné 3 guérisons sur 8 cobayes traités, résultats de beaucoup inférieurs à ceux du traitement par l’atoxyl et l’orpiment. S^ Le traitement mixte par l’emploi alternatif, à 48 heures d’intervalle, de l’atoxyl en injections hypodermiques et de l’acide arsénieux a l’intérieur (atoxyl à 2 centigrammes et acide arsénieux, 2 à 4 milligrammes; 5 doses de chaque) a réussi 2 fois sur 3, mais la toxicité de l’acide arsénieux dont les doses efficaces sont voisines des doses toxiques, constitue un grave inconvénient de ce procédé. 90 II serait évidemment prématuré de tirer de nos expériences, faites sur des cobayes infectés avec des trypanosomes autres que Tr. gambiense, des conclusions en ce qui concerne le trai- tement delà trypanosomiase humaine; mais, étant donné que le traitement mixte par l’atoxyl et l'orpiment nous a permis d’obtenir 7 fois sur 7 la guérison des cobayes infectés, nous pensons qu’il y aura lieu de poursuivre des recherches dans cette voie. C’est croyons-nous sur l’homme lui-même, sur les malades atteints de trypanosomiase, que la nouvelle méthode devra être expérimentée L’emploi de l’atoxyl combiné à celui 1, Plusieurs malades à notre connaissance sont déjà soumis à la médication mixte atoxyl-orpiment. TRAITEMENT DES TRYPANOSOMIASES 131 de Porpiment ne présente pas de difficultés et il sera moins dangereux que celui de Tatoxyl seul, s’il permet d'obtenir la guérison sans employer des doses très fortes et souvent répé- tées de ce médicament. Il faudra rechercher jusqu’à quelle dose on peut prescrire, sans inconvénients, l’orpiment. Les arsénicophages de Styrie commencent, dit-on, par des doses de 2 à 3 centigrammes et ils arrivent à ingérer jusqu’à 20 à 25 centigrammes d’orpiment ^ D’après nos recherches, l’accoutumance aux arsénicaux est rapide, au moins chez le cobaye. A un homme adulte, nous pensons qu’on pourrait donner d’abord 3 centigrammes d’orpi- ment (en pilules) et arriver assez rapidement à faire ingérer 10 à 15 centigrammes. 1. Beaugrand, Art. Arsénicophages in Diction, encyclo'p. desSc. méd. Une Conception générale des anticorps et de leurs ettets. 2” Les anticorps des albuminoïdes et des cellules. Par mm. M. NICOLLE et G. ABT. Ce travail ne fait que continuer le précédent; aussi entre- rons-nous d’emblée dans le plein du sujet. Rappelons, simple- ment, qu’il s’agit toujours des anticorps artificiels. ALBUMINOCOAGULINES ET ALBUMINOLYSINES Les précipitines représentent, sans conteste, les albumino- coagulines. Après avoir résumé leurs caractères principaux, nous établirons l’existence d’anticorps opposés, les albumino- lysines,qui ne sontautres que les « sensibilisatrices deGengou », dont le rôle a été totalement méconnu. 1 Les précipitines jouissent du pouvoir de condenser les divers albuminoïdes animaux (humeurs, extraits cellulaires), végétaux et microbiens (filtrats et extraits bactériens, notamment). In vitro, elles se fixent sur les antigènes correspondants (en sui- vant les lois communes aux divers anticorps), les coagulent et, partant, les précipitent dans les conditions de mélange et de concentration saline convenables. Lorsqu’on fait agir sur les albuminoïdes soit la chaleur, soit certains réactifs chimiques, on voit que la précipilabilité diminue progressivement et finit par disparaître, tandis que le pouvoir fixateur se conserve plus longtemps. On ne saurait s’en étonner, car il va de soi qu’un antigène, rendu artificiellement moins coagulable, peut consom- mer beaucoup d’anticorps sans que sa condensation augmente au point de permettre la genèse d un précipité. La coagulation des albuminoïdes par les précipitines se trouve liée au pouvoir fixateur et à la coagulabilité de ceux-ci d’une part, à la « force » des sérums d’autre part. Plus un sérum Paraît en Féorier 1908 BULLETIN DE LA Société de Pathologie exotique SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ : INSTITUT PASTEUR, PARIS ABONNEMENTS A LA LIBRAIRIE MASSON ET 120, boulevard Saint-Germain, Paris. PRIX DE L’ABONNEMENT : France, 14 fr. ; Union postale, 16 fr. LE BULLETIN PARAITRA DIX FOIS PAR AN après chaque séance de la Société, et formera chaque année un volume d’au moins 500 pages. == Les personnes qui ne peuvent assister aux séances et qui désirent donner communication de leurs travaux à la Société, doivent envoyer leurs manuscrits aux Secrétaires grénéraux, Institut Pasteur, 25, rue Dutot, Paris. ^ ^ La pathologie exotique, depuis quelques années surtoul, s’est acquis, par de mémorables déconverles, la place qu’elle mérite dans la science. Chaque jour, de nouveaux matériaux viennent s’ajoutera l’édilice. Médecins, hygiénistes, ingénieurs, naturalistes 2 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE PATHOLOGIE EXOTIQUE concourent à doter les pays intertropicaux de l’organisation sani- taire qui leur convient. Chaque année, des progrès sensibles se manifestent dans l’assainissement de régions considérées jus- qu’alors comme des plus insalubres. 11 devient aujourd’hui indispensable, pour que le mouvement puisse s’étendre sans tâtonnements coûteux, de coordonner tous ces efforts et d’en grouper les l ésultats pour les faire connaître à tous dès qu’ils sont obtenus. La Société de pathologie exotique n’a pas d’autre but. Elle n’entend pas borner son action à l’étude de la pathologie humaine. Elle recevra toutes. les communications qui lui seront adressées, qu’elles traitent, soit d’hygiène générale (assainissement, drainages, prophylaxie) ou spéciale (constructions, protection individuelle), soit des maladies animales, soit encore des parasites qui jouent un rôle dans la propagation de ces maladies ou qui peuvent en jouer un encore inconnu. Elle acceptera aussi tous les travaux de géographie médicale ou de pharmacologie. Elle accueillera en un mot tout ce qui, de près ou de loin, intéresse la pathologie exotique de l’homme ou des aninaux. Les communications faites en séance ou envoyées aux Secré- taires généraux seront publiées dans le Bulletin qui paraîtra après chaque réunion. La Société recevra aussi tous les matériaux ou échantillons qui, pour différentes raisons, ne pourront pas être étudiés sur place et se chargera, sur le désir exprimé de ses correspondants, de les faire examiner par ses membres compétents. 11 n’est pas douteux que la lecture du Bulletin devienne ainsi rapidement un auxiliaire indispensable au travail de chaque per- sonne qui s’intéresse à l’hygiène ou à la médecine tropicale. La place laissée aux communications est assez large pour permettre un exposé suffisamment détaillé ; quatre pages sont accordées aux membres, trois aux personnes étrangères à la Société. Des mémoires plus importants pourront être aussi publiés. , BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ DE PATHOLOGIE EXOTIQUE 3 Le sommaire ci-dessous du premier numéro donnera une idée des matières qui seront contenues dans le Bulletin. Allocution du Président. L. Martin et Darré : Sur les symptômes nerveux de la maladie du sommeil. Ed. Sergent : La fièvre méditerranéenne en Algérie. F.-I. Remy : Le Debab (trypanosomiase des chameaux) dans la région de Barika (Algérie). Ed. et Et. Sergent et Ledoux : Le Debab dans la région de Zousfana (Sud-Oranais). Levaditi et Yamanouchi : La réaction de la déviation du complément dans la maladie du sommeil. A. Laveran et Thiroux : Traitement des trypanosomiases. A. Salimbeni : Nouvelles recherches sur la toxine cholérique. Brimont : Pseudo-calculs intestinaux d’origine végétale. E. Marchoux : Une observation d’abcès du foie. F. Mesnil, M. Nicolle et Remlinger : Recherche du protozoaire de Wright dans 16 cas de bouton d’Alep. F. Mesnil et E. Brimont : De l’action de l’émétique dans les trypano- somiases. Nattan-Larrier et A. Bussiêre : Examen micro-biologique de 10 cas de bouton d’Orient (bouton de Bouchir). Manaud : Fibromes cutanés multiples. Observation recueillie au Cambodge. M. Leger : Distomatose hépatique. Formule leucocytaire chez les dis- tomés. Bourret : Recherches sur la lèpre à la Guyane. [Voir au verso le Bulletin d’abonnement.) bulletin D’ABONNEMENT A détacher et à envoyer à la Librairie MASSON ET C®, 120, boulevard Saint-Germain, PARIS CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 133 est « fort », plus il devient capable de précipiter, si on ne le ddue point trop, non seulement des antigènes voisins, mais encore des antigènes parfois assez éloignés. A mesure que l’on étend un tel sérum, la spécificité reparaît, de plus en plus étroite. Les précipitines déterminent donc, une modification physique évidente des albuminoïdes; à cette modification succèdent, d’après nous, des changements chimiques qui ne sont jamais aussi intenses qu’m vivo. In vivo, il y fixation, coa- gulation {sans puis destruction sous l’influence des fysines. La fixation au sein de l’organisme est démontrée parla baisse immédiate du pouvoir précipitant, chez les sujets traites qui reçoivent une nouvelle injection d’antigène. II Voici maintenant, selon nous, comment on doit se représen- ter les albuminolysines. In vitro, elles se fixent sur les albumi- noïdes homologues (même altérés) et, grâce au pouvoir acti- vant des compléments qu’on leur associe, les « dissolvent » et en libèrent des poisons, auxquels nous donnons le nom iï endotoxines vraies (la libération est ordinairement fort limitée in vitro et ne s’accompagne, d’ailleurs, d’aucun phénomène appréciable aux yeux). Lorsqu’on fait agir sur les albuminoïdes soit la chaleur, soitcertains réactifs, la «solubilité)) diminue peu à peu, mais moins que le pouvoir fixateur (il est certain, par exemple, que les extraits bactériens de Wassermann et Bruck, qui avaient conservé intact ce pouvoir fixateur tout en devenant imprécipitahles, étaient loin de posséder leur « solubilité )) originelle). La lyse des albuminoïdes se trouve liée au pouvoir fixateur et à la « solubilité » de ceux-ci d’une part, à la « force » des sérums d’autre part. Plus un sérum est fort, plus il devmnt capable de « dissoudre » non seulement les antigènes voisins, mais encore etc..., comme nous venons de le voir à l occasion des précipitines. Les transformations d’abord physiques puis chimi- ques des albuminoïdes, déterminées par les albuminolysines, se montrent autrement intenses in vivo qu’in vitro. In vivo, il y a fixation, puis « dissolution » plus ou moins brutale, avec intoxication proportionnelle. La fixation dans 1 économie est 134 ANNALES DE L’JNSTlïUT PASTEUR prouvée par la baisse du pouvoir lytique, chez les sujets hyper- sensibles qui reçoivent une nouvelle injection d’antigène — baisse que traduit schématiquement à nos yeux l’antianapliylaxie (inasi instantanée des « cobayes-Th. Smith )> (Besredka et Steinbardt). — Rappelons ici que, pour nous, l’action lytique est toujours précédée d’une coagulation. Telle est notre conception des albuminolysines. On peut établir aisément, in vitro, la présence de ces anticorps dans le sérum des sujets hypersensibles ; on peut même, parfois, mettre en évidence la formation d’un poison plus ou moins actil. D’autre part, l’étude de l’hypersensibilité Vis-à-vis des albumi- noïdes vérifiera intégralement ce que nous avons avancé, tou- chant les réactions des albuminolysines in vivo, La légitimité de la méthode de Bordet-Gengou a été mise hors de doute dans le travail précédent; inutile d’y revenir Passons donc, immédiatement, à l'exposé des recherches (entre- prises par l’un de nous avec la collaboration du Pozerski) qui démontrent la constance des lysines chez les « cobayes- Th. Smith )) et chez les <( lapins-Arthus ». A^oici le résumé de ces recherches. Phénomène de Th, Smith, réalisé avec le sérum de chien.— 4 cobayes de taille moyenne reçoivent, dans les muscles, 1/200 dec- c. de sérum de chien (chauffé 1/2 h. à 55o). Les sérums de ces animaux, examinés par le procédé Bordet-Gengou, après 23 et 35 jours (0,3 c. c. de sérum, pour 0,0 5c. c. de complément ancien), déviaient, sans précipiter, en présence des sérums de chien, de lapin et de bœuf (0,05 c. c.) ; un mélange de sérums normaux ne déviait point dans les mêmes conditions. Pour une augmentation modérée du complément, la déviation par les sérums spécifîcjues se maintenait intégralement en présence du sérum de chien, mais devenait incomplète en présence des sérums de lapin et de bœuf. — L’épreuve intracérébrale a montré la parfaite hypersensibilité de nos cobayes. 3 ont succombé très rapidement; le 4®, cjui s’était remis, après avoir été très malade, est mort « sur la table », à la suite de rinjeclion intraveineuse de 2 c. c. de sérum de chien (chauffé), injection absolument inoffensive pour les sujets neufs. Phénomène de Th. Smith, réalisé avec le sérum de cheval. — Une Arentaine de cobayes, petits ou moyens, ayant servi au titrage du sérum anti- diphtérique ou traités par 1/200 de c. c. de sérum de cheval (chauffé) et tous hypersensibles, comme l’ont démontré les épreuves intracérébrale ou intra- veineuse, ont été saignés (une ou plusieurs fois) 15 jours à 2 mois 1/2 après l’injection. Déviation constante pour chaque animal {sans précipitation), en présence du sérum équin (absence de déviation, au contraire, de la part ' CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS iSfj des sérums normaux, dans les mêmes condilions). 1 rois sérums «spécifiques» ont été mis comparativement en présence des sérums de cheval et de lapin. déviation dans les 2 cas, pour 0,05 c. c. de complément. Mais, en augmen- tant un peu la quantité de ce complément, la déviation ne s est pas main- tenue intégralement dans le cas du sérum de lapin. Phénomène d’Arthus, réalisé avec le sérum de cheval. 8 lapins, (Je 600-800 grammes, ont reçu, quotidienneîiient, 1 c. c. de sérum équin (chauffé) dans le péritoine ; 7 n’ont manifesté aucun trouble de la sanie générale jusqu’au 31« jour, le 8e a été pris de paraplégie, avec incontinence des réservoirs, après la 27e injection. Les 8 animaux ont été saignés le 31e jour et éprouvés le lendemain : 4, dont le paraplégique, sous la peau, 1 c. c. de sérum équin chauffé) ; les 4 autres, dans la chambre antérieuie de l’œil (trace de sérum). Chez les premiers, (udème enornie, répondant au type dénommé inflammatoire par l’un de nous; chez les seconds, violente réaction oculaire avec conjonctivite et liypopyon (rien de tel, chez les lapins témoins). — - Les sérums des 8 lapins précipitaient le sérum de che\al 0,3 c. c. de sérum « spécifique » pour 0,05 c. c. d antigène et 0,05 c. c. de complément ancien) plus ou moins abondamment et déviaient en sa pié- sence.Pour un excès suffisant de complément, on arrivait àdéterminer, avec certains sérums, un fléchissement du pouvoir fixateur, satis rapport inverse avec r intensité, préalablement observée, du pouvoir précipitant. D’autre part, les sérums « spécifiques » déviaient, à la fois, avec 0, 05 c .c. de complément, en présence des sérums de cheval, de bœuf et de cobaye (qu’ils précipitaient inégalement, mais le sérum de cheval toujours plus que les autres). Pour une augmentation légère du complément, on arrivait a obtenir l'hémolyse complète en présence des sérums de bœuf et de cobaye, alors que la déviation persistait intégralement en présence du sérum de cheval (expérience faite avec 4 des sérums spécifiques). En résumé, le sérum des cobayes ou des lapins, hypersen- sible vis-à-vis d’un sérum étranger, contient toujours des albu- minolysines. Le degré de spécificité de ces anticorps, in vitro., correspond à celui que Rosenau et Anderson ont observe, in vivo, dans leurs études sur le phénomène de Th. Smith. Pour mettre en évidence les poisons libérés in vitro au cours de l’alhuminolyse, on peut s adresser à des antigenes déjà toxiques chez les sujets sains, mais les expériences demeurent alors peu démonstratives. Il vaut donc bien mieux opérer avec des antigènes inoffensifs au regard de l’organisme neul, ce qui suppose l’emploi de sérums très actifs et d albuminoïdes très (( solubles )). D’où, la rareté des résultats positifs. En voici cependantun, indéniable. Yaughan et Wheeler ont réussi, comme nous le verrons, à rendre les cobayes hypersensibles 136 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR vis-à-vis de Povalbamine, qui les tue alors très vite, notamment par la voie péritonéale. Or, si l’on ajoute de l’ovalbumine au liquide de lavage abdominal d’un sujet qui vient de succomber ainsi, que l’on porte à l’étuve et que l’on injecte ensuite le mélange dans le ventre d’un sujet neuf, celui-ci manifestera des signes non équivoques d’empoisonnement, dus au poison vrai, libéré in vitro. Ceci nous conduit à l’histoire de ces poisons vrais (endo- toxines vraies). Depuis de longues années, Vaughan et ses élèves ont poursuivi l’étude des agents toxiques, contenus au sein des albuminoïdes et des cellules les plus divers. Ils ont posé en principe que les opérations suivantes : coagulation par l’alcool absolu ; traitement par l’éther ; dessiccation : puis exfraction (3 fois répétée) à 7 S'' par 15-20 parties d’alcool absolu, sodé à 2 0/0 — séparent la substance des albuminoïdes et des cellules en deux fractions : l’une soluble dans l’alcool absolu et toxique, l’autre insoluble et inoffensive. La première représente le poison vrai, auquel on a affaire dans l’infection et l’hypersensibilisation naturelles ou provoquées (Vaughan laisse de côté ce qui concerne les « toxines solubles ») et dans les expériences effectuées avec les microbes morts ou les albu- minoïdes. Le (( poison de Vaughan » est soluble dans l’alcool absolu et dans l’eau ; il offre les caractères de précipitation des albumoses (le chlorure de platine, notamment, l’entraîne en totalité). Il doit varier fort peu d’un antigène à l’autre, car, quelle que soit son origine, les effets demeurent identiques in vivo et ces effets ne diffèrent point selon l’espèce animale : on a toujours affaire à un poison du centre respiratoire, qui agit sans incubation, parles diverses voies (sauf par ingestion, où il demeure inoffensif). Pour une dose convenable, les questions d’âge et de susceptibilité individuelle disparaissent. Prenons, comme animal réactif, le cobaye. Si l’on introduit une quantité mor- telle de poison dans le péritoine, les accidents vont se dérouler en 3 stades : au bout de 5 à 10 minutes, agitation, prurit (que nous rapprocherons de celui que l’on observe si fréquemment avec les (( endotoxines brutes » et au cours de la « maladie sérique »), troubles de coordination, souvent accompagnés d’une parésie qui atteint surtout les pattes postérieures — puis, hypo- CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 137 thermie (banale, rappelons-le, après les injections intrapérito- néales d’antigènes de toute espèce) et chute sur le côté — - enfin, convulsions, qui annoncent fatalement la mort. Celle-ci survient, après une 1/2 heure à 1 heure, par arrêt respiratoire; le cœur continue, ensuite, à battre pendant quelques minutes. Aucune lésion, quand on examine le cadavre. Une dose non mortelle peut déterminer les phénomènes les plus graves, mais, tant que les convulsions n’apparaissent point, la guérison demeure certaine et s’accomplit rapidement ; on laisse pour mort un cobaye couché sur le côté, froid et comateux, et, deux heures après, on retrouve un sujet absolument normal. Les animaux ne succombent à 1 injection sous-cutanee qu avec des quantités de poison supérieures à celles qui tuent dans le péritoine; toutefois, les accidents demeurent identiques; les 3 stades sont même mieux marqués. L’injection intraveineuse, au contraire, nécessite moins de substance active que l’injection intra-abdominale ; les cobayes présentent immédiatement une dyspnée violente avec rétraction du sternum et périssent (( sur la table », par arrêt consécutif de la respiration. — Les sujets hypersensibles ne se montrent pas plus vulnérables que les sujets normaux, vis-à-vis des « poisons de Vaughan ». Tels sont les effets de la partie soluble, impropre à déter- miner l’immunité et l’hypersensibilité contre l’antigène d’où elle provient. Le résidu, inoffensif, jouirait, au contraire, de ce double pouvoir, mais serait incapable, comme cela se conçoit, d’hypersensibiliser vis à-vis de lui-même, puisqu’il ne contient plus de poison. Le savant américain a surtout étudié le b. coli et Vovalbu- mine. Nous avons fait, de notre côté, depuis un an, de nom- breuses recherches avec le à. coli, le b. tuberculeux, le sérum normal de cheval et 2 types différents de « peptones » (Witte et Defresne), ce qui nous permettra de discuter utilement la question des « poisons de Yaugban », après avoir, tout d’abord, reconnu le haut intérêt des recherches entreprises à Ann Arbor. L’action de la soude en solution alcoolique, sur les albumi- noïdes et les cellules, demeure assez obscure. Il est certain, comme le dit Vaughan, que Fon se rapproche des conditions d’une bydrol}se alcaline, mais, à l’Iiydrolyse, s’ajoute l’attaque, 138 ANx^ALES DE L’INSTITUT PASTEUR plus ou moins profonde, des acides aminés et diaminés, avec départ d’hydrop^ène sulfuré et d’ammoniaque (aussi bien, le poison obtenu est-il acide). D’autre part, l’Iiydrolyse se fait moins rapidement dans l’alcool que dans l’eau et sa nature peut être différente. Le produit toxique offre incontestablement les caractères des albumoses et n’a pas été obtenu aux dépens de la peptone Defresne, dépourvue de ces substances. La séparation, en fraction toxique non antigène et' fraction inoffensive antigène, n’est pas aussi absolue que l’admet l’au- teur américain. Elle semble presque complète avec le b. coli et rovalbumine.; et, pourtant, Vaughan a pu immuniser le cobaye et le lapin, contre le b. coU^ avec le poison du b. coli et celui de l’ovalbumine. L’attaque du b. tuberculeux nous a fourni une fraction soluble, peu toxique et bypersensibilisante vis-à-vis de la tuberculine ; et un résidu, encore moins toxique et liypersensi- bilisant vis-à-vis de lui-méme et de la tuberculine. Par l’attaque du sérum normal de cheval, nous avons obtenu 3 fractions solubles (respectivement dans les alcools à lOO*^, 9o^ et 80^^), dont une seule (celle soluble dans l’alcool à 93^^) s’est montrée toxique ; le résidu a pu hypersensibiliser contre lui-même et contre le sérum équin. Nous reviendrons, plus tard, sur les rapports de la toxicité et du pouvoir antigène; pour le moment, demandons-nous si les « poisons de Vaughan » sont identiques ou non aux « endotoxines vraies », libérées par les actes lytiques. Quantitativement, le rendement, dans le procédé chi- mique, apparaît comme misérable^; il fallait pourtant s’y attendre. Que peut-il y avoir de commun entre la technique forcément brutale, imaginée à Ann Arbor, et le jeu délicat d’une lysine? Qualitativement, il serait plus que téméraire, cela va sans dire, d’affirmer l’identité des produits actifs obtenus in retorta avec ceux qu’engendrent les anticorps. Mais nous pensons que ces produits actifs ne sont pas foncièrement différents des poisons vrais et, pour dire le fond de notre pensée, que des médicaments, efficaces contreles seconds, réussiraient vraisemblablement con- tre les premiers. Nous basons notre manière de voir analogie complète et le caractère univoque des accidents réalisés d'une part (chez les sujets sains ou hypersensibles) avec les divers « poi- 1. Il suffit de jeter les yeux sur nos expériences, pour se convaincre immédia- tement que la masse des « poisons de Vaughan » est composée d’éléments inactifs. CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 139 sonsde Yauglian)) — d'autre part soit chez les sujets sains avec les endotoxines déjà nocives (( normalement », soit chez les sujets hypersensibles avec les endotoxines « normalement » inof- fensives (et, a fortiori, avec les autres), toutes les fois que l’on se place dans les conditions d’une lyse rapide. Voici, maintenant, le résume des expériences que nous avons entreprises, en suivant la technique américaine, sur le sérum de cheval et les peptoncs Witte et Defresne. Étude du sérum normal de cheval. — Le sérum a été traité successi- vement par Falcool et l’éther; puis, séché et soumis à l’action de l’alcool sodé, d’après le procédé de Vaughan. Seul, de tous les antigènes étudiés par nous, il a donné, par évaporation de l’alcool (neutralisé puis filtré) et en dehors d’un produit soluble à froid dans l’alcool absolu, deux produits solubles à 45<* dans le même liquide, mais se précipitant à froid et pouvant être repris, respectivement, par l’alcool àSQo et l’alcool à 95®. D ou, 3 fr(ictio7is , solubles dans les alcools : à 100^ (10 0/0 de l’antigène — traité par l’alcool et l’éther, puis desséché) ; à 95o (6 0/0); à 80o (18 0/0). Ces 3 fractions, en solution aqueuse, ont été injectées comparativement aux animaux. Voici les résultats obtenus, ive fraction: inoffensive pour le cobaye, aux doses de 150 milligrammes dans le péritoine et de 20 milligram- mes dans les veines. 2e fraction : a déterminé une intoxication grave, ïnais non mortelle, chez le cobaye, par injection intrapéritonéale de 150 milli- grammes; a tué le même animal, en 2', dans les veines, à la dose de 50 milli- grammes. 3e fraction: inoffensive, comme la première. — La seconde fraction n’est pas plus toxique pour les « cobayes Th. Smith » « préparés » avec le sérum équin que pour les sujets normaux; elle ne détermine point l’hypersensibilité des cobayes, quand on administre des doses correspondant aux doses hypersensibilisantes de sérum équin. Le résidu paraît inoffensif, lorsqu’on l’injecte dans le péritoine du cobaye ; mais, si on introduit, quotidiennement, 20 milligrammes sous la peau des lapins, les animaux offrent des réactions anormales, à partir de la 4e séance (phénomène d'Arthas). — Le résidu, injecté sous la peau du lapin, hyper- sensibiiise également celui-ci vis-à-vis du sérum de cheval, administré par la même voie. Ainsi, 2 animaux, qui avaient reçu tous les jours 20 milligram- mes de résidu, ayant été « éprouvés », le lendemain de la 12e séance, avec 2 centimètres cubes de sérum ont offert : le premier, la réaction appelée inflammatoire par l’un de nous; le second, une nécrose aseptique. Deux autres sujets, traités quotidiennement par la voie intrapéritonéale (20 milligram- mes de résidu, chaque jour) et « éprouvés », le 13® jour, dans la chambre antérieure (avec une trace de sérum), ont manifesté une réaction marquée. — Le résidu hyper’sensibilise aussi le cobaye, comme le prouve 1 expérience suivante. 4 animaux reçoivent 20 milligrammes de résidu dans le péritoine. Après 15 jours, un sur deux succombe à l’injection intracérébrale de 1/4 de centimètre cube de sérum équin; un sur deux succombe à Tinjection intra- veineuse de 2 centimètres cubes (l’autre, très malade, finit par se remettre) 140 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR — Le sérum des cobayes et des lapins hypersensibilisés par le résidu dévie le complément en présence du sérum de cheval, comme l’un de nous Pa établi avec Pozerski. Etude delà peptone Witte. — Traitée par la méthode de Vaughan, elle a fourni 30 0/0 de produit soluble dans l’alcool absolu. Ce produit, repris par l’eau, tuait le cobaye, dans le péritoine, en 25' environ, à la dose de 100 mil- ligrammes; et, dans les veines, en quelques instants, à celle de 5 milligram- mes; l’ingestion s’est montrée inoffensive. Un lapin a succombé, « sur la table », après avoir reçu 60 milligrammes par la voie intraveineuse. — Le résidu ne jouissait point de propriétés toxiques. Etude de la peptone Defresne. — Traitée par le procédé américain, elle a fourni 30 0/0 de produit soluble dans l’alcool absolu. Ce produit, comme le résidu, n’a manifesté aucune toxicité. IMMUNITÉ ET HYPERSENSIBILITÉ VIS-A-VIS DES albuminoïdes Il faut distinguer entre les albuminoïdes toxiques et les albu- minoïdes inoffensifs (pour la majorité des espèces). Avec les seconds, que nous étudierons tout d’abord et principalement, on peut obtenir une hypersensibilité qui atteint parfois le plus haut degré connu et qui demeure pure dans certains cas ; et une immunité de nature variable, tantôt liée à la production de coagulines, tantôt due au fléchissement du pouvoir lytique acquis. I Les albuminoïdes inoffensifs pour l’organisme normal, tels que les sérums et Povalbumine, sont susceptibles de devenir toxiques pour l’organisme hypersensibilisé (mieux vaudrait dire sensibilisé). La preuve en est fournie par les trois syndrô- mes bien connus : phénomène de Th, Smith (Rosenau et Ander- son, Otto, Besredka et Steinhardt, Vaughan), phénomène d’Arthus (Arthus, von Pirquet et Schick, l’iin de nous), maladie sérique humaine (v. P. et S.) Dans le ph. de Th. Sm., une seule administration de sérum ou d’ovalbumine suffit pour byper- sensibiliser les animaux, qui succombent d’ordinaire à la réinjec- tion («épreuve ») ou offrent tout au moins des symptômes graves (à condition que cette réinjection soit pratiquée à un moment convenable et par une voie convenable) — dans le ph. d’Arthus, l’hypersensibilité apparaît à la suite de l’administration répétée CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 141 de Fanligène — enfin, dans la maladie sérique, la première injection de sérum, qui peut déterminer déjà des accidents, rend l’économie hype .'vulnérable vis-à-vis d’une seconde inter- vention. Nous passons donc, par l’intermédiaire de la maladie sérique, des albuminoïdes inoffensifs aux albumi- noïdes toxiques après une longue incubation ; et ceux-ci nous conduisent, à leur tour, aux albuminoïdes toxiques après une courte incubation. C’est toujours affaire de (( solubilité » de l’antigène d’une part et de pouvoir lytique, normal ou acquis, de l’autre. La production de l’hypersensibilité vis-à-vis des albuminoï- des inoffensifs et de l’immunité (par coagulines) qui peut l’accompagner se trouvent liées à celle des anticorps détermi- nants et, partant, à l’organisme, à l’antigène et aux conditions d’introduction de celui-ci. — Organisme. L’espèce joue un rôle prépondérant (le pb. de Tb. Sm. type est propre au cobaye; le pb. d’Artbus type se voit surtout chez le lapin et le pigeon; la maladie sérique semble spéciale à l’bomme) ; mais la race n’est point indifférente (les cobayes américains se montrent bien plus bypersensibilisables vis-à-vis des sérums et de l’ovalbumine que les cobayes français, comme l’ont observé Besredka et Steinbardt), ni Yâge (le pb. de Tb. Sm. demeure moins typique chez les gros cobayes), ni le facteur individuel (inutile d’y insis- ter, car il est d’observation courante). — Antigène. Selon sa nature eües modifications qu’on lui apporte, non moins que selon l’organisme en jeu, le développement des anticorps suivra un cours des plus variables. Tantôt, il y aura formation exclu- sive de lysine (« cobayes-Tb. Sm. » traités par les sérums) tantôt apparition concomitante de coaguline )) (« cobayes-Tb. Sm. «traités par l’ovalbumine, « lapins-Artbus » traités par les sérums). Les travaux d’Obermeyer et Pick nous ont appris que les albuminoïdes altérés de différentes manières peuvent engen- drer des anticorps différents, dont l’interaction in vitro revêle des faits très intéressants; il y aurait au lieu de recbercber ce (jui se passerait alors in vivo pour le type Artbus et le type Tb. Smitb. Enfin, les études de Vaugban (ovalbumine) et les nôtres (sérum de cbeval) établissent que les albuminoïdes, traités par la méthode américaine, fournissent un résidu suscep- tible d’bypersensibiliser les animaux. Rien d’étonnant à cela, ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 14i> puisque ce résidu représente une substance très décoagulée ; essentiellement lysogène, par conséquent, d’après les idées exposées dans le travail précédent. — Conditions d’introduction DE l’antigène. Une très faible dose de celui-ci suffit pour permet- tre le pb. de Th. Sm. et se montre meme préférable à des quan- tité tant soit peu mar(|uées. Une seule injection de sérum rend l’homme hypervulnérable vis-à-vis du sérum équin et confère déjà nettement au lapin une sensibilité anormale vis-à-vis de ce même sérum ou d’autres albuminoïdes. On connait, d autre part, Tinfluence des doses répétées sur la production du ph. d’Arthus type. La voie d'introdiiclion se montre très impor- tante dans le pb. d’Arthus, parce qu’elle se confond, dès la seconde séance, avec la voie d’épreuve. Cette dernière commande absolument les résultats dans le pb. de Th. Sm., quand on a affaire à des races relativement peu hypersensibilisables. Pour bien analyser les effets de l’hypersensibilité vis-à-vis des albuminoïdes inoffensifs et de l’immunité de nature varia- ble observée chez les animaux traités par ces substances, il convient de passer succintement en revue les 3 syndromes déjà mentionnés. Ph. de Th. Smith, — Les cobayes, qui ont reçu de faibles doses de divers sérums ou d’ovalbumine, réinjectés après 10-12 jours, présentent des accidents en général fort graves, souvent même mortels à bref délai. Les symptômes sont exactement ceux que l’on obtient avec les poisons de Vaughan (« syndrome de Yaughan »). Il faut tenir grand compte ici, avons-nous dit, de la race à laquelle appartiennent les sujets ; les cobayes améri- cains peuvent être tués par la voie péritonéale et même sous- cutanée, tandis que les cobayes français ne fournissent un taux élevé de mortalité que si Ton recourt à la voie intracérébrale (Besredka et Steinhardt — ou, mieux encore selon nous, à la voie intraveineuse). L’àge offre également une importance marquée, les gros animaux résistant, habituellement, a l’épreuve dans le cerveau; le fait n’est pas niable; toutefois, il suffit d’introduire l’antigène dans les veines pour déterminer la mort (( sur la table ». Les sujets, qui ont reçu préalablement un sérum donné, se montrent hypersensibles à divers autres sérums, mais ne succombent point; ils succombent, ensuite, quand on les éprouve avec le sérum homologue (Rosenau et CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 143 Anderson); nos recherches in vitro expliquent clairement le caractère relatif de la spécificité observée dans le ph. de Th. Smith. Ajoutons que l’hypersensibililé des cobayes femelles se transmet au foetus (R. et A., Vaughan et nous mêmes). Besredka et Steinhardt ont étudié très minutieusement, sous le nom à’ antianaphylaxie , Fétat réfractaire qui succède aux (( épreuves » non mortelles et que R. et A. avaient déjà décrit. Ils ont fait voir que les cobayes hypersensibles, remis d’une injection intracérébrale, demeuraient indifférents, pendant longtemps, à l’égard de toute nouvelle interv^ention. Mais il y a plus ; en introduisant le sérum équin dans le péritoine avant l’épreuve intracérébrale (ne fût-ce que 1 b. 1/2 auparavant), ils ont réussi à conférer d’emblée et régulièrement l’état réfractaire. Celui-ci, quelle qii'en soit la durée, aboutit derechef à l’hypersen- sibilité. L’hypersensibilité des « cobayes Tb. Sm. » s’explique sans difficulté par le développement d’une lysine, ainsi qu’il résulte de nos recherches ; l’absence de coaguline concomitante (dans le cas des sérums; en fait même le type de l’hypersensibilité pure. L’ (( antianaphylaxie » résulte de la baisse du pouvoir lytique ; elle n’est jamais absolue, semble-t-il, car on peut tuer les ani- maux « réfractaires » par la voie intraveineuse. (Chez les sujets auxquels nous faisons allusion, il existait encore de la lysine dans les humeurs, après l’administration intracérébrale bien supportée). — L’excès de sérum, non décomposé lors de l’effet Besredka-Steinhardt, suffit à engendrer (avec le temps) assez de lysine supplémentaire pour que l’organisme récupère son titre albuminolytique initial. D’après Besredka — et telle est absolument noire opinion — la cellule nerveuse ne joue aucun rôle dans la production de l’hypersensibilité. Nous la considérons comme subissant, passi- vement, les effets du poison vrai, libéré par albuminolyse. Aussi, en supprimant, grâce à la narcose, son affinité pour ce poison, arrive-t-on à empêcher la mort des animaux (Besredka). Ph. d’Arthus. — Les lapins, soumis d’une façon réitérée (quo- tidiennement ou à plusieurs jours d’intervalle), aux injections sous-cutanées de sérum équin, manifestent, tout d’abord, des réactions locales de plus en plus marquées; puis, tantôt l’hyper- sensibilité demeure stationnaire (avec des oscillations, d’une 144 ANNALES DE I.’JNSTITUT PASTEUR séance à l’autre), tantôt elle progresse et aboutit à la nécrose aseptique. La mort par cachexie, avec ou sans complications infectieuses, s’observe très fréquemment (voir le travail de l’un de nous, sur le phénomène d’Artlius, où l’histoire de ce syn- drome est étudiée avec tous les détails nécessaires). L'admi- nistration intrapéritonéale répétée du sérum équin reste, par contre, bien tolérée de la part du plus grand nombre des sujets; il faut savoir, cependant, que certains animaux mourront cachectiques, avec ou sans paraplégie antécédente, avec ou sans infection surajoutée. Mais les lapins, traités par les injections intrapéritonéales, se montrent toujours hypervul- nérables lors de l’épreuve sous-cutanée ou intraoculaire (ce dernier mode, très sensible et absolument démonstratif dans les cas d’hypers, légère, a été indiqué par Arthus, il y a déjà longtemps, à l’un de nous), inconstamment vis-à-vis del’épreuve intraveineuse ou intracérébrale. L’injection réitérée de sérum, dans les veines, fournit des résultats très variables; tantôt elle est bien supportée; tantôt elle tue les sujets, soit très vite, soit à la longue. Elle hypersensibilise régulièrement pour l’épreuve sous-cutanée. — Le pigeon se comporte comme le lapin, en ce qui concerne le phénomène d’Arthus (recherches inédites de Jouan). Le sérum des « lapins- Arthus )) renferme de la coaguline, comme chacun le sait et de la lysine, comme nous l’avons établi. Les résultats variables, observés lors des injections sous-cutanées, ne font que traduire à nos yeux la proportion variable des deux anticorps. La tolérance habituelle, vis-à-vis des injections intrapéritonéales, s’explique par une coagulation habituellement rapide et intense de l’antigène introduit; dans le tissu cellulaire (ou la chambre antérieure) des mêmes animaux, comme dans celui des chevaux immunisés contre les « toxines solubles )), la coagulation ne sera ni assez rapide ni assez intense et la lyse aura, conséquemment, tout le temps de s’accomplir. La diversité des phénomènes, consécutifs à l’injection intravei- neuse, tient à une simple affaire d’élimination ou de non élimi- nation du poison vrai. Enfin, le peu de sensibilité des lapins, vis-à-vis de l’épreuve intracérébrale, s’explique vraisembla- blement de la même façon que leur peu de sensibilité vis-à-vis des injections intrapéritonéales; si les « cobayes Th. Sm. » se CONCEPTION DES ANTICOUPS ET DE LEURS EFFETS 145 comportent autrement, c’est qu’ils n’ont pas formé de coaguline. Rappelons, en terminant, que l’hypersensibilité des « lapins Arthus » est transmissible par le sérum, comme l’un de nous Ta démontré. Maladie sérique. — Les individus qui ont reçu divers sérums thérapeutiques, offrent, plus ou moins fréquemment, des acci- dents aujourd’hui bien connus et deviennent en outre hyper- sensibles vis-à-vis d’une nouvelle injection (nous renvoyons, pour tout ce qui concerne la « maladie sérique », à la mono- graphie classique de V. Pirquet et Schick). Les accidents éclatent après 8-12 jours; c’est la « maladie à incubation normale ». Dans les premiers temps qui suivent, la réinjection détermine la réaction immédiate^ ou « maladie sans incubation », à laquelle succède ou non la réaction précoce, ou « maladie à incubation raccourcie ». Plus tard, cette dernière seule s’observe. Le sérum des individus, traités par les anticorps tliérapeutiques, contient de la coaguline et, sûrement aussi, de la lysine. Lorsque cette dernière prédomine avant la disparition de l’an- tigène, les accidents sériques éclatent. Tant que la lysine demeure largement a disponible », la réaction immédiate est fatale; ultérieurement, la réaction précoce seule pourra se produire. Il Nous ne dirons que quelques mots, au sujet des albuminoïdes déjà toxi'fues pour les sujets « neufs ». On vient de voir que les sérums, les plus inoffensifs en appa- rence, récèlcnt de violents poisons. La quantité de ces derniers varie d’un échantillon à l’autre et peut s’élever considérablement pour les sérums thérapeutiques, comme Ta démontré Besredka, par des titrages comparés sur les « cobayes Tb. Sm. ». A mesure (ju’un sérum s’enrichit en anticorps, il s’enrichit donc en « endo- oxine » propre : c’était à prévoir; aussi bien, Latapie n’a-t-il pas observé que le sérum de chèvre devient toxique pour le cobaye après injection du bacille de Pfeiffer, à une période où Tendotoxine du microbe introduit ne peut plus être incriminée. Mais il est, on le sait, des sérums normaux déjà nuisibles par eux-mêmes et contre les(|uels on peut bypersensibiliser et immuniser. Nous n’aburderons point leur histoire, parce que 10 Uf) AKNAIÆS DE E’INSTITUT PASTEUR ces sérums contiennent certainement des « toxines solubles « a côté de leurs « endotoxines » et qu’on n’a pas encore établi a part respective des deux sortes de poisons (bruts) dans 1 action toxique globale. Rien ne ditmêrne quelessérums inolfensifs ne renferment pas une « toxine soluble » inolJenswe comme lest la toxine diphtérique pour le rat. Bornons-nous à faire connaître que l’.ictivité des sérums normalement dangereux s’accroît au cours de Timmunisation; Tun de nous a remarqué, jadis, que e sérum des bovidés devenait extraordinairement toxique pour le cobaye, lorsque ces animaux avaient reçu, à maintes reprises, des bacilles pesteux ou du virus de la peste bovine. A :ôté des sérums, il nous faudrait parler des extraits cellu- laires et des filtrats microbiens; mais ce serait faire double emploi avec qui va suivre. CYTOCO.\GULINES ET CYTOLYSINES Nous résumerons les caractères bien connus des cytocoagu- lines (agglutinines) et des cytolysines en conservant, à dessein, le même plan et en employant presque les mêmes ternies que pour les autres coagulines et lysines déjà décrites. 1 Les agglutinines jouissent du pouvoir de condenser la substance des cellules vivantes ou mortes (et des spores bacté- riennes) et de paralyser les éléments mobiles. In mtro, elles se fixent sur les antigènes correspondants (en suivant les lois com- munes aux divers anticorps), les coagulent et, partant, les pré- cipitent dans des conditions de mélange et de concentraüon saline convenables. Lorsqu’on fait agir, sur les cellules, soit la chaleur, soit certains réactifs chimiques, on voit que 1 aggluti- nabilité diminue progressivement et finit par disparaître (e e reparaît parfois, à une température supérieure, pour les bacté- ries chauffées) ; le pouvoir fixateur se maintient plus longtemps. L’aggluiinabilité des spores fléchit moins facilement que celle des germes correspondants, pris à 1 état végétatif. La coagulation des cellules par les agglutinines se trouve liée au pouvoir fixateur et à la coagulabilité de celles-ci une part, à la « force » du sérum d’autre part. Lorsqu’un sérum est CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 147 (( fort )), il devient capable d’agglutiner non seulement les anti- gènes voisins, mais encore, etc... comme pour les précipitines. Rappelons que plus une bactérie est virulente, moiits elle se montre sensible à Faction des agglutinines — et qu'on a pu, artificiellement, créer des races inagglutinables, comme aussi rendre in citro leu'r agglutinabilité aux microbes qui l’avaient perdue in vivo. Les agglutinines déterminent, in vitro, unt* modification physique (puis chimique; des cellules, laquelle atteint surtout (peut-être même exclusivement) les parties limitantes de celles-ci (« envcloppi's » et cils), ainsi que Font montré Ch. Ni- colle et Defalle — d’où changement dans les relations d’écjui- libre des antigènes avec leur milieu et agglomération. In vivo, il y a fixation, coagulation {sans agglutination), puis destruction sous Finlluence deslysines. La fixation, au sein de l’organisme, est démontrée par la baisse immédiate du pouvoir agglomérant, chez les su jets (|ui reeoivent une nouv elle injection d’antigène. La coagulation devient de plus vu plus énergi({uc et finit par gagner la totalité de la cellule, qui peut succombe!* rapidement s’il s’agit d’un élément vivant. Ce qui nous porte a admettre cette ]iiort par coagulation, c’est, d’abord, le fait (rap- pelé dès le début du travail précédent) que les anticorps agissent in vivo d’une façon continue et, partant, avec plus d’intensité (ju’m vitro; ensuite, la rencontre banale — chez les sujets infect(‘s — de bactéries d’aspect et de colorabilité normales, dont on n’arrive point à obtenir des cultures dans les milieux les plus favorables. II In vitro, les cytolysines se fixent sur les antigènes cori*es- j)ondants (même alt(ù*és') et, grâce au pouvoir activani des complémcnis qu’on leur associe, les « dissolvent » et en libèrent des poisons considérés par nous comme les (( endo- toxines vraies » (la quantité libérée demeure ordinairement laible in vitro). La « dissolution » serait impossible à mettre en evidence, sans le procédé de Bordet-Gengou, toutes les fois (jii il s agit d’f'bùnents difficilement attaquables soit d’emblé(^ (nombreuses bactéj'ies et, a fortiori, leurs spores), soit après 148 ANNALES DE L’INSTITÜT PASTETJR ' l(*ls ou traiiCluonts prualahles. Et la chose so coïKjoit sans car. poui* uin*. consomnKftioH relativement énorme à anti- corps, la Ivse (leineur(‘ alors imperceptible. Parfois^ au con(raii‘(‘, cett(‘ Ivse s(‘. ll•a(lLlit par d<‘S phénomènes caracte- rislicjues : mort des cellules, transtormations morphologiques plus ou moins pi'olondes — mais, rarement, par un(‘ (( disso- lution » totale. Jn vivo, l’attaque est bien autreimmt marquée. La lysine se lixe (<*omme le démontre la baisse immédiate du poiuoir dis- solvaid, chez les sujets (jui reçoivent une nouvelle injection (l’antigèiKij, puis décoagule, avec une vitesse variable, les cel- lules correspondantes ; le degré d’intoxication ohserv(‘ donne la mesure de cette vitesse. Nous y reviendrons, en etudiant l’hypersensibilité vis-à-vis des cellules. — Rappelons ici que, selon nous, l’action lyticjue (‘st toujours precéde(‘. d une coagulation. Pour mettre' ('ii évidence les poisons libérés, rn filto, par la destruction des cellules, on peut s adresser a des antigène's déjà toxi(]ues chez les sujets sains, mais les expé- riences demeurent alors peu démonstratives ; il vaut donc bien mieux opérer avec des antigènes inolïensifs au regard de 1 or- ganisme neuf, ce (jui suppose l’emploi de sérums très actifs et de cellules très « solubles ». D’où la rareté des résultats positifs. En voici cependant un, indéniable, (|ue nous devons a Ratelli et (lui peut se schématiser ainsi : le sérum de lapin normal ne (( dissout» pas les hématies de chien ou de bœuf; le sérum de lapin, traité par ces mêmes globules, les dissout ■ b' mélange de sérum de lapin normal et d’hématies de chien ou de bœuf peut être injecté impunément dans les veines des animaux; le nndange de sérum de lapin traité et d hématies détermine une mort rapide. inutile (Linsister à nouveau sur les a poisons de \ augban » (jue l’on peut extraire des cellules. Bornons-nous à résumer les recherches que nous avons entreprises, en suivant le procédé américain, ave(‘ le b. roli et h' b. tubercub'iix. Étude du b. coli. — Traité pnr la méthode de Vaughan,il a fourni, lors d’une 'pre.mih'P opérafinn , 20 0/0 de produit solut^lc dans 1 alcool absolu. Ce produit, repris par l’eau, Inail le cobaye, dans le péritoine, en 2.o' environ, à la dose de 30 milligrammes ; dans les veines, en quelques instants, à celle CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EEFETS 149 (le 3 iiiilligramnies ; et, dans Je cerveau, en qiieliiiies lieures, sous le inèirie poids. Un lapin est mori, dans la nuit, après avoir reçu 40 inilligrammes par la voie intraveineuse. Le produit d’une sficonde opération s’est montré moins toxique (il a fallu 100 milligra mmes pour tuer le cobaye flans le péri- toine). Le rêîiiila (de la 2^' opération) était inoffensif, pour le cobaye, à la dose il ade 200 milligrammes (voi(‘ iniraabdominale). 20 milligrammes ont été injectés sons la peau des lapins, sans déterminer friiypersensibilite ; le seriim de ces animaux n’a d’ailleurs jamais dévié le conqdémeni en présence du h. coli ni de ses extraits. 2 milligrammes ont été injectés dans le péri- toine d’un cobaye; 13 jours après, cet animal a été « éprouvé a, par la voie intracérébrale, avec 1 centigramme de bacilles vivants (h. coh très peu viru- lent, [)rovenant d’une gélose de 24 heures — on s’est adressé aux microbes frais, pour avoir un antigène facilement décoagulable) : mort dans la nuit, alori^ que le témoin résistait. 1 milligramme de résidu a été injecté, quoti- diennement, dans le péritoine d’un cobaye; api'ès 13 jours, épi*euve intra- abdominale, avec 1 c. c. de culture virulente (24 heures — bouillon-ascite) : survie, alors que le témoin succombe dans la nuit. Le sérum des deux cobaye, dont il vient d’être question déviait le complément en présence du h. coh et de ses extraits. Étude du bacille tuberculeux. — Traité par la méthode de Vauglians il a fourni, en deux attaques, 18 0 0 do produit soluble dans l’alcool absolu (aucune différence de toxicité entre la première et la seconde fraction). Ce produit, repris par l'eaii, ne tuait le coha^'c, dans le p(;ri1oine. qu’à la dose de 130 milligrammes et, dans les veines, (pi’à celle de 13 milligrammes. Il ne s’est pas montré plus toxique pour les sujets tuberculeux. il a pu bypersensibiliser les cobayes vis-à-vis de la tuberculine. En effet, deux animaux, qui avaient reçu, respectivement, G milligrammes dans les veines et 80 milligrammes dans le péritoine, « éprouvés » 13 jours après, dans le cerveau, avec 12ii>si’,3 d’une tuberculine assez faible (dose inoffensive pour ï) témoins), ont succombé en 4-3 heures. Le sérum de ces cobayes déviait le complément en présence de la tnlforculine. Le résidu, était très peu toxique (il en fallait 1 gramme — dose, il est vrai, totalement indifférente auxsnjets neufs — pour tuer les cobayes tuber- cideux dans le i)éritoine). Cependant, les lapins auxipiels on en adminis- trait, quolidiennement, 20 milligrammes sous la peau, olfraient, parfois dès la 3f! injection, des réactions anormales (phénomène d’Arthus) et le sérum déviait le complément en présence delai uberculine. Le résidu jonisssait aussi du pouvoir d’hypersensibiliser les animaux vis-à-vis de la tuberculine. Un sapin, qui avait reçu, 15 jours de suite, 20 milligrammes sous la peau, a, succombé, après 4 heures, à, l’injection de 30 milligrammes d’une tuberculine assez faible dans le cerveau (deux tionoins n’ont rnanilesté aucun trouble). Un cobaye, qui avait i‘oçu20 milligrammes dans le [)éritoine, est mort en G heures, le 13« jour, a[)rôs avoir élé éprouvé par 12n'ni',3 de la même tuber- culine (voie intra-cérébrale) ; tandis qu’un second sujet, qui avait reçu 13 jours de suite 20 milligrammes dans le péritoine, a parfaitement résisté. De meme que pour les sérums.normaux, l’avalbumine et le è, coli., une seul 150 ANNAI.KS DK I/INSTITUT DASTEIJD (lüse dcLermiiie don»; riiyperseiisibilitr, des doses répéli'es rinimuniie (chez le cobaye), l-e sénim des deux animaux dont il vient d’être quesftion déviait le comytlémenl en présence de la tuberculine. IMMUNITÉ UT IIVPERSENSIIMLITÛ VIS-A-VIS DES CELLULES Nous (‘tiuliorons, sii('(‘(‘ssi VfMiioiil . (•(* (|ui <‘i Irail aux crihdcs non inlrrohirtntes, vîvanD's on non (la dinoianua' (uitia* les pia*- miores (d h‘s s<‘con(l(‘S (l(Mnoui'(‘ |u-ati(juoin(‘nt n«‘gli2oable, puisqu’il s’assit d’éléments incapables de se développer m vivo) — aux micrahrs itiorls — et aux riiyndfi. L’bistoire de rininumité et de l’hypersensibilité vis-à-vis des cellules non inicrobiennes reproduit, servihonenl, celle de l’imniunité et de l’hypersensibilité vis-à-vis des albuminoïdes. Et c’était à prévoir d’avance, car, au point de vue antigène, une cellule ne représente qu’un « albuminoïde liguia; » . Il nous faut donc distinguer entre les cellules toxiques et les cellules non (pour l’organisme normal). Les premières ont ét(' assez peu étudiées; les elfets obtenus sont absolument les mêmes qu'avec les microbes, aussi n’insisterons-nous point. Les secondes, au contraire, notamment les hématies, ont fait l’objet de recherches fort nombreuses, dont les résultats sont pleins d'intérêt, ainsi qu’on va le voir. Il est plus que probable (jue le pli. de Th. Sniilh pourrait être réalisé (chez le cobaye, naturellement) avec diverses cellules et surtout avec des cellules « très solubles », tels les globules rouges ; nous n’avons pas eu le temps d’effectuer des expériences sur ce point. Par contre, chaque fois que l’on traite les ani- maux de laboratoire dans le but d’obtenir des cytotoxines, on se comporte comme si l’on voulait prendre le contre-pied du d’Arthns; on a grand soin, en effet, de n’employer que les injections intrapéritonéales, qui réduisent au minimum les pertes engendrées par l’hypersensibilité La production de cette hypersensibilité vis-à-vis des cellules inoffensives et de l’immunité associée que l’on cherche donc à rendre habituellement prépondérante, se trouve liée (non moins que dans tous les cas déjà envisagés) à celle des anticorps déter- CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS Erl minants et, partant, à Torganisme, à l’antigène et aux conditions d’introduction de celui-ci. — Organisme. Toutes les espèces ne con- viennent pas également à l’obtention de telle ou telle cyto- toxine, c’est un fait connu; en présence de résultats négatifs ou médiocres, il est indiqué de choisir, comme fournisseur de sérum, une espèce très éloignée de celle à laquelle sont empruntés les éléments antigènes. (Delezenne. — On connaît, inversement, le peu de tendance de l’organisme à former des iso et des autotoxines.) D’autre part, étant donnée une cellule, toutes les espèces qui la reçoivent ne produiront pas la même proportion de coaguline etde lysine. —Antigène. Inutile d’insister sur sa nature; certains éléments se montrent plus aptes que d’autres à engendrer des anticorps: certains engendrent plus facilement des coagulines que des lysines et vice versa. Les modifications, apportées aux cellules, exagèrent ces différences. La chaleur et les réactifs coagulants font fléchir le pouvoir antigène et arrivent finalement à le supprimer; mais, comme on devait le prévoir, d’après ce qui a déjà été dit antérieurement, le pouvoir lysogène disparaît bien avant le pouvoir coagulo- gène. Réciproquement, l’injection des parties les moins con- densées des cellules ou des produits de décondensation de celles-ci favorise la prédominance, voire l’apparition exclusive des lysines : liquide de laquage ou extrait acétonique des glo- bules rouges, urine normale... pour ce qui concerne les hémo- toxines. — Conditions d’introduction de l’antigène. Les fortes doses donnent surtout naissance aux agglutinines, les faibles doses aux lysines; confirmation nouvelle de la loi indiquée dans le travail précédent. La meilleure voie, comme toujours, est la voie intrapéritonéale, quand on veut éviter l’hypersensibilité. Mentionnons, en passant, l’ingestion qui équivaut simplement, ici comme ailleurs, à l’administration d’une quantité restreinte d’antigène. — La spécificité des cytotoxines demeure très rela- tive, à moins qu’on ne pratique le traitement des animaux avec les (( nucléoprotéides », extraites des cellules par les moyens connus (Pearce, Beehe, Bierry). — L’administration des" mélanges « sérum -E- ce Iules a n’engendre que peu rl’anti- corps ou même échoue complètement; cela tient à ce que la destruction de l’antigène a été rendue trop rapide. Chez les animaux traités, les lysines et les coagulines 15“2 ANNALKS HE L’INSTITUT 1>ASTEUII naissent généralement en même temps. Leurs (juantités res- pe(*.lives régissent les phénomènes d’hypersensibilité et d’im- munité ; aussi, la formation exclusive de lysine fait-elle courir les plus grands dangers à l’organisme qui Ta réalisée. Toute- fois, il ne faut pas oublier que l’apparition des accidents toxi- ques est soumise, non seulement aux proportions respectives de coaguline et de lysine, mais encore à la quantité d’antigène administrée lors des réinjections et à la voie d’introduction choisie. Chaque fois, répétons-le, que la coagulation de l’anti- gène peut être suflisamment rapide et intense, la lyse demeu- rera lente et l’intoxication fera défaut : c’est ce (jui arrive, habi- tuellement, quand on emploie la voie intrapéritonéale: chaque fois que la coagulation de l’antigène ne peut se produire avec assez de vitesse et d’intensité, la lyse s’opérera rapidement et l’empoisonnement deviendra inévitable : c’est ce que l’on observe lors des injections sous-cutanées. Tout dépend exclusive- ment de la vitesse de décoagulation de l’antigène et, partant, de la vitesse de libération du poison vrai. Lavoie intraveineuse se montre ordinairement plus dangereuse, ici, que dans le cas des sérums normaux; on doit voir l'unique raison de cette dillerence dans la grande a solubilité » habituelle des « endotoxines » cellulaires. Les expériences de Batelli le démonti-ent clairement, pour ce qui concerne les hématies. Le sérum des animaux traités transmettra, selon ses carac- tères, l’immunité ou l’hypersensibilité aux sujets neufs. Mais il convient de distinguer deux cas. Le premier — superposable à tous ceux que nous connaissons déjà — concerne les expé- riences où un animal neuf, appartenant ou non à l’espèce qui a fourni le sérum mais point à celle (|ui a fourni les cellules, reçoit, simultanément ou successivement, le sérum et les cel- lules. (Nous retrouverons, cela va de soi, les mêmes conditions à propos des microbes. ) Le second cas, Sf)éciat aux cytotoxines, concerne les expériences où un animal neuf, appartenant à l’espèce qui a fourni les cellules, reçoit une injection de séimm préparé avec ces mêmes cellules. Lorsque le sérum est doué de propriétés fortement lytiques, il en résulte double dommage pour le sujet : destruction d’élém nts paifois indispensables à la vie f neurotoxines — Delezenne) et empoisonnement par décoagulation des éléments atteints CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS Revenons au premier cas et a illiistrons-le )) d’un exemple classique. Lorsqu’on injecte, aux animaux iieiifs, soit simulta- nément soit successivement, un sérum hémotoxique et des glo- bules rouges homologues (choisis, bien entendu, parmi ceux que n’attaque point l’organisme de ces animaux), les eflets varieront selon que ce sérum contiendra, ou non, un excès de lysine et selon l’importance de cet excès. On peut les schématiser par la gamme montante qui suit i destruction (( silencieuse )) des hématies; phénomènes généraux peu marqués et transitoires : phénomènes généraux marqués avec hémoglotiinurie ; phéno- mènes généraux très marqués allant jusipi’à la mort rapid(‘, voire foudroyante . Quand il s’agit d’un sujet neuf, dont l’économie renlerme les globules sensibles et auxquels on administre une hémoly- sine active, l’intoxication se double, bien entendu, d’une anémie plus ou moins intense. Il Les microbes morts se montrent le plus souvent toxiques; mais il existe, à cet égard, de grandes différences dont on mesure immédiatement l’étendue quand on entreprend des expériences d’immunisation. 11 est on ne peut plus facile trop facile malheureusement — d’hypersensibiliser les animaux avec les germes tués; il est, par contre, tort difficile de les rendre réfractaires et la résistance, péniblement obtenue, demeure toujours très limitée. Afin de ne point compliquer outre mesure le problème qui nous occupe, nous ne tiendrons ici aucun compte des « toxines solubles » généralement associées, pensons-nous, aux « endo- toxines )) chez les divers microbes; et l’erreur théori(jue sera pratiquement pardonnable, parce que la plupart des causes ((ui amènent la mort des microbes détruisent, complètement ou à peu près, les (( toxines solubles », alors quelles respectent, au moins en grande partie, les c endotoxines » coexistantes. L’hvpersensibilité et l’immunilé se trouvent liées, comme toujQurs, aux trois facteurs : organisme, antigène, conditions d’ in- troduction de l’antigène, qui gouvernent la production des anti- corps. Ainsi que pour ce qui concerne les cellules non micro- I5i 1 ANNAl.KS DK L’INSriTüT PASTEUU hiennes, un «ermo étant donné, toutes les espèces animales ne forment point les anticorps correspondants avec une égale facilit»*; et (‘elles qui en formeni n’engendrent pas les memes proportions i‘(‘Spectiv(‘S de coagiiline et do lysine. — Les divers microl)(‘S iK' sont pas égalennuil anligèn(‘s: ils ne sont point (‘.oaauloü'ènes el Ivsogènes à un (h'gn* semblable. Leur toxicité. [>lus ou moins foi‘i(‘. vienl encore compli(|uer b‘s la'siiltats expt*- (•imeiilaux. L(‘s modili(‘ations, ((ue l'on fait subii* aux germes, entraînent exactement les mêmes conséquences que dans le cas des cellules non microbiennes (voii* plus haut). Nous retrouvons aussi, avec les germes moditi(‘s. des cbangements qualitatifs du pouvoir antigène, superposables à ceux (|ue les travaux d’Obermeyer et Pick nous ont fait connaître pour les albuminoïdes. Nous savons, d’autre part, que les microbes traités a à la Vaughan )) fournissent un résidu susceptible de provoquer l’iiypersensibilité. Ajoutons que les germes vivants constituent, à n’en point douter, les meilleurs (ou les moins mauvais) agents d’immunisation contre les germes morts. Lt rappelons, pour terminer, que des microbes, vivants ou morts, peuvent immuniser et (plus fréquemment encore) hypersensibi- liser les animaux vis-à-vis d’autres germes, ainsi que 1 un de nous l’a établi lors de ses études sur la morve, avec de très nom- breux exemples à l’appui. — La question des doses se présente comme dans le cas des cellules non microbiennes. — La voie d’introduction la meilleure, quand on veut éviter l’bypersensi- bilité, reste la voie intrapéritonéale; toutefois, on lui préfère communément la voie inlraveineuse, plus commode, mais exposant à plus de dangers. • Les sujets^ traités par les microbes morts, produisent habi- tuellement à la fois des coagulines et des lysines, ainsi qu’il est facile de le constater en étudiant leurs sérums au double point de vue de la réaction agglutinante et de la réaction de Bordet-Gengou. Mais, d’ordinaire, la proportion de coaguline formée demeure insuffisante à assurer l’immunité; dans cer- taines circonstances même, il n’apparaît que de la lysine (c’est le cas des animaux auxquels on injecte les a résidus » de Vaughan), Les effets de l’hypersensibilité vis-à-vis des microbes morts ont été décrits avec détails par l’un de nous, lors de ses CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LE! IIS EEEETS 15:') - recJierclies sur la morve du cobaye et mis très nettement alors sur le compte d'un anticorps (dans le travail dont nous par- lons et dans un travail du meme auteur, consacre au phéno- mène d'Artlius, on a éviti' volontairement de faire allusion à la nature lytique des anticorps ddiypersensibilité, alin de ne pas empi’éter sur l’étude d’ensemble actuelle). « L hypers., écrivait-on à propos des bacilles morveux morts, peut se tra- duire par deux phénomènes primaires, d'ordre exclusivement toxique : la réaction locale et la réaction générale (anormales, bien entendu) — et par un phénomène secondaire d'ordre infectieux : le l'éveil ou le développement d’une maladie étrangère (le développement se manifestant, selon les cas, localement ou à distance). » Nous demandons la permission de citer la suite. Cette citation fera bien voir comment se présente l’hypersensi- bilité vis-à-vis d’un microbe toxique mort et démontrera, en même temps, que les idées exposées aujourd’hui sur le sujet qui nous occupe étaient déjà parfaitement nettes dans l’esprit de l’un de nous, lorsqu’il rédigeait le passage suivant. (( Réaction locale. — Voyons d’abord ce qui survient, à la suite des injections sous-cutanées (microbes tués avec Ealcool-éther, })ar exemple), chez les sujets hypers, soit par la voie hypodermique, soit par une autre. Nous rencontrons ici toute une gamme de lésions des plus instructives, les- quelles sont, en partant de la réaction normale ; la réaction prolongée — la réaction prolongée, avec ramollissement partiel (de l’empâtement local) suivi de résorption — la réaction prolongée, avec ramollissement partiel suivi de suppuration — la réaction aiguë, avec suppuration pure et simple — la réaction aiguë, avec escharification cutanéo-sous-culanee et suppura- tion plus ou moins marquée — la réaction suraiguë, avec escharification cutanéo-sous-cutanée et suppuration uniquement éliminalrice. C’est-à-dire que nous nous trouvons en présence d’une série de phénomènes qui tradui- sent une vitesse de réaction croissante de l’organisme vis-à-vis des germes morts; le résultat obtenu est le même que si l’on avait multiplié les doses (le ceux-ci, de telle sorte que l’on pourrait mesurer pratiquement l’hypers. par le nombre des doses virtuelles surajoutées. Passons, maintenant, aux injections intrapéritonéales ; ici, c’est tantôt le tableau de la péritonite surai- guë, débutant parfois très peu d’heures après l’introduction des microbes morts; tantôt celui de l’intoxication plus ou moins lente et souvent mor- telle, sans qu’on puisse, comme lors des injections sous-cutanées, analyser les termes intermédiaires. Les injections intramusculaires sont encore moins Instructives ; rappelons, en passant, le mauvais pronostic qui s’atta- che à une résorption trop rapide de la tuméfaction lessière. Réaction générale. — Elle revêt l’apparence d’une intoxication générale 1 IM; annales de I>'INSTITUT PASTEUR injustifiée, de mêiiie «[ue la i-éaclion locale représente une intoxicaiion locale hors de proportion avec la dose introduite. Son intensité dépend, avanttoiit, de iavoie ciuployéc, puis du nombre et de la loxicité des germes morts. DkvE1.0I>PEMENT ou réveil d’une TNFECTION ÉTRANGÉlîE . — NoilS Pntl’OTlS ici dans le domaine des phénormiiefi spc(ni(l((irr>< de /’//.v/R'r.s-.. idiunomènes dont nous eh('rcliei‘ons liienlùl rexplienl ion ». Il sullil (le remplacer, dans (( vitesse (l(‘ la'action », 1(‘ mol (( réaction » par le mot « décoaj^ulation » — qui se trouve, (railleurs. (l(‘ux pa^es plus loin (a (lécoagulalinn des corps micro- biens inlrodtiils sons la peau »; et à de nombreux endroits du travail dont nous parlons — pour compi*endre que la notion de lyse était considérée comme évidente lorsque Fou écrivait les lignes (jui précèdent. Celles-ci ont trait aux cobayes hypersen- sibilisés par les germes morts; les accidents demeurent les mêmes, chez les sujets préalablement traités par les germes vivants; toutefois, si les microbes nont pas encore disparu lors de l’épreuve, on peut observer, en dehors de la réaction locale et de la réaction générale, une réaction à distance, dont nous renvoyons l’étude au chapitre suivant, alin d’(‘viter les i-edites. (Le mécanisme, qui engendre le développement ou le réveil des infections étrangères, sera aisément déduit de celui (pii engendre la réaction à distance). — Le bacille tuberculeux se comporte tout à fait comme le bacille morveux, pour ce qui concerne les phénomènes d’hypersensibilité; il suflit de le rap- peler ici. On sait qu’il est difficile d/immuniser les animaux contre une quantité tant soit pou marquéo de microbes morts ; et que les sujets, rendus tolérants vis-, à-vis des .germes tués introduits par la voie péritonéale, se montrent encore sensibles aux doses équivalentes injei^tées sous la peau et sont exposés a succom- ber très vite, lorsque celles-ci sont portées directemeni dans la circulation. A côté de Yiiniiiunlté adiré, il convient de, jnentionner l’hii- mimité passive, dont nous devons la découverte aux travaux de Besreilka. Besredka a établi que le sérum des cbevaux,(iui ont i-eçu pendant longtemps des bacilles typbi(|ues ou pesteux (inorls, puis vivants) dans les veines, jouit du pouvoir de neu- tixaliser les effets des « endotoxines » correspondantes. (In le CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS Io7 démontre en injectant ces sérums soit par, la voie abdominale (mêlés aux bacilles morts), soit par la voie sous-cutanee (de une à 24 heures avant les bacilles morts — toujours administres dans le péritoine). Nous attribuons l’action « anti-endotoxique » observée aux coagulines très abondantes (et certainement dominantes) dans les sérums employés par Besredka. 111 Nous arrivons, maintenant, à l’histoire des microbes vivants. Parmi ceux-ci, il convient de distinguer les germes saprophytes, qui se comportent comme les cellules non microbiennes et dont nous ne nous occupons point - et les germes palhogimes, que l’on reconnaît à leur virulence jdus ou moins marquée et qui seront seuls envisagés ici. La virulence d’un microbe se traduit par l intensité de son développeinent elle n’oüre aucun rapport avec 1 (( en- dotoxicité » vi rien ne prouve, jusqu’à présent, que la produc- tion des « toxines solubles » lui soit proportionnelle loin de là. Nous avons dit, plus liant, qu’à notre avis les a toxines solubles » se trouvaient généralement associées aux « endo- toxines, chez les germes vivants. Cette question, qui sera approfondie ultérieurement dans un autre travail, vient com- pliquer l’étude de rimmunité et de l’bypersensibilité vis-à-vis des microbes. Pour écbapper aux inconvénients d une telle complexité, nous laisserons de côté les germes très (( toxi- gènes », dont le facteur essentiel d’influence nocive est repré- senté parleurs a toxines solubles » — déjà étudiées précédem- ment — et nous aurons surtout en vue les germes peu ou point (( toxi([ues », dont nous confondrons volontairement l’histoire avec celle de leurs « endotoxines ». Il deviendra ensuite possible, pour un microbe donne, de déterminer la paît respective que prennent les deux sortes de poisons dans les phénomènes d’immunité et d’hypersensibilité. Admettons donc que nous n’avons devant nous que de sim- ples « endotoxines vivantes ». Le ju-obb'mn* est déjà bien plus difficile ({u’avec les microbes morts, car la réceptivité des ani- maux en jeu — affaire, avant tout, de proportion des anticorps normaux « au départ » — se modifiera, pendant le « traite- 158 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR nient )), dans un sens éminemment variable selon les circons- tances. On sait que rorganisnie réagit aux antigènes par la for- mation d’anticorps surabondants et spécifiques. A cette réaction élective de récononiie, rien ne pouvait s’opposer, cela va de soi, pour les antigènes étudiés jusqu’ici (toxines, albuminoïdes, cellules moides ou tout au moins incapables de développement in vivo) et Ton se trouvait en présence d’un acte unilatéral, ^ec les microbes vivants, au contraire, il y a réciprocité coni’ puisque la virulence peut s’exalter non seulement dans le sens quantitatif : augmentation du stock d’endotoxine — mais encore dans le sens qualitatif : adaptation, parfois très étroite (voire exclusive), à tel ou tel organisme. (L’étude de cette adap- tation sera entrejirise plus lard et ailleurs; elle nécessite des développements assez longs, (jiii nous entraîneraient tout à fait en dehors de Tliistoire, déjà si complexe, des anticorps.) Nous ne saurions aborder ici, par le menu, l’étude des diverses méthodes de « traitement » susceptibles de déterminer l’immunité ou l’hypersensibilité vis-à-vis des microbes vivants. Mentionnons seulement, sans y insister, la supériorité des germes virulents sur les germes avirulents et des germes vivants sur les germes morts, comme agents d’immunisa- tion. L’emploi des microbes vivants et, a fortiori^ virulents, demeure mallieureusemenl limi!t‘ aux cas on Ton réussit à les faire accepter par Torganisme, soit (ui réduisant leur nombre, soit en choisissant un mode déterminé d’introduction. Partout ailleurs, il faut s’adresser aux germes atténués, affaiblis ou privés de vie — et même aux dérivés microbiens les plus variés. (Lorsqu’il s’agit d’hyperimmuniser les animaux, on inocule ensuite, dès qu’on le peut, des microbes vivants et virulents). Citons encore une méthode de vaccination (jui donne, dans certains cas, des résultats satisfaisants ; nous voulons paider du procédé des germes dits « sensibilisés )) (Besredka). Ceux-ci n’agissent pas seulement (comme on l'a admis jusqu’ici) par la lysine, mais encore et surtout par la coaguline qu’ils ont fixée; autrement, on ne saurait concevoir l’absence de tout phénomène toxique, observée après leur injection. Avec les germes <( sensibilisés », l’apparition et la durée de l’état réfractaire dépendent uniquement de la vitesse de destruc- tion de Tantigène; à une destruction trop rapide, correspond CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 159 une immunité nulle ou éphémère. C’est affaire de microbe, de sérum, d’espèce d’animale et de conditions d’inoculation. Au lieu d’administrer des g-ermes chargés d’enzymes diges tifs artificiels (et homologues), on peut « mâcher la besogne » aux enzymes normaux en injectant des germes « dissous » (par exemple, des pneumocoques a solubilisés » à l’aide de la bile ou des filtrats de siibtilis — Neufeld, Adil-bey et l’un de nous) ou des « résidus » (méthode américaine). L’immunité s’établit alors rapidement, quelquefois même très rapidement (avec le résidu du b. coü, Vaughan rend le cobaye réfractaire en 30 minutes); mais sa durée est, en général, d autant plus brève que son apparition a été plus précoce. (Afin d’éviter des redites, nous renverrons au chapitre des anticorps naturels, pour ce qui concerne les méthodes d’immu- nisation ou d’hypersensibilisation qui reposent sur l’emploi des microbes étrangers, des sérums normaux, des agents chimiques et des substances indifférentes.) Suivant les circonstances, le « traitement » des animaux avec les germes vivants, les germes morts, etc... engendre soit l’iminunité, soit l’hypersensibilite, soit la succession ou la cœxistence de ces deux états opposés. Même variété, quant aux suites de l’infection c naturelle ». In vitro, on retrouve le plus souvent coagulines et lysines associées, dans le sérum des sujets (( traités » ou infectés. — Passons maintenant en revue, le plus brièvement possible, l’histoire générale des agents des maladies aiguës et chroniques. Cerlains microbes d’affections aiguës ne vaccinent point ou ne déterminent qu’une immunité insignifiante et éphémère. Gela peut tenir à la nature médiocrement antigène des germes, à leur développement tout en surface, ou aux deux causes réunies. Les microbes dont nous parlons bypersensibilisent plus ou moins selon les cas. D’autres germes produisent une iinniuniti' marijuéi' et habi - tuellement durable, sans que l’on perçoive jamais de phéno- mènes d’hypersensibilité. Cela peut résulter de leur caractère très antigène, de leur généralisation, ou des deux iactuurs à la fois. Comme exemple d’un état réfractaire (( idéal », succédant à une excessive sensibilité, rappelons ce que l’un de nous écrivait 160 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR (avec Adil-bey) au sujet de la peste bovine : « Tiinniuriité des animaux guéris se montre pour ainsi dire illiinitée. A peine sortis de la période fébrile, ils peuvent recevoir, coup sur coup, 4, 8, 10 litres de sang virulent; jamcds on n’arrive à les tuer, quelle que soit leur race, quel que soit leur âge. » Et comme exemple de deux affections aussi voisines que possible abou- tissant, Tune à l’immunité type, l’autre à l’hypersensibilité type, citons la variole et la vaccine. Comme l’ont fait voir V. Pirquet et Schick, dans la peau des revaccinés, les germes jennériens périssent avant de s’être multipliés suffisamment pour engendrer la pustule classique. Leur destruction s’opère d’au- tant pi us vite que l’intervalle entre la revaccination et la vaccina- tion (OU entre deux vaccinations consécutivesj a été plus court; on o])serve, selon les cas, une réaction immédiate ou une réac- tion précoce, superposables à celles que nous avons rencontrées dans la maladie sérique des mêmes auteurs. C’est aussi le même mécanisme : pure question de lysines (le sérum des revaccinés ne précipite point la lymphe) et de jjoison libéj'é d’une façon plus ou moins précoce (et, partant, en plus ou moins grande quantité). On conçoit sans peine comment la a cutiréac- tion vaccinale », née de l’étude de la maladie sérique, devait fatalement conduii'eàla « cutiréaction tuberculeuse )), même en dehors de toute théorie. La plupart des germes septicémiques, ainsi que ceux qui jouissent d’un pouvoir envahissant moins marqué et qu’on est obligé, conséquemment, d’injecter dans le péritoine pour tuer les animaux à coup sûr, immunisent, en général, facilement les animaux; on sait qu’ils forment volontiers aussi des anticorps et notamment des coagulines. Toutefois, lorsque la dose d’épreuve est trop considérable ou l’état réfractaire insuffisant, la destruction des germes n’a plus lieu (( silencieusement ». Suivant les cas, on voit alors reparaître la sensibilité normale (insuffisance des coagulines néoformées, action des lysines naturelles) ou se manifester l’hypersensibilité (prédominance des lysines sur les coagulines — néoformées les unes et les autres). Cette dernière se reconnaît, de suite, à la précocité et à l’in- tensité spéciales de la réaction locale; et à sa faible durée, si la dose de microbes injectée n’est pas trop grande. L hypersen- sibilité éclate aux yeux lors de l’épreuve sous-cutanée ; quand CONCEPTION DES ANTICORPS V/V 1)1-: LETTRS EFFETS i(i1 on inocule les germes dans le péritoine, une liypotlierniie précoce révélera nettement la libération rapide du poison vrai. Voici, à cet égard, un exemple typique, fourni par Vaughan junior : tandis que Fhypothermie ne survient qu’après 8 heures, chez les cobayes neufs auxquels on injecte le b. coli vivant, à dose mortelle, dans le péritoine, elle apparaît au bout d’une heure chez les « cobayes-résidus w, éprouvés avec la meme dose deviens (non mortelle pour eux). Quand on hyperimmunise les chevaux, aux lins d’obtenir des sérums antimici'ohiens (h. typhique, h. coli, h. d(‘ la ])('s!e ..K c’(‘st-à-dir(‘ (|uand on administre d(î gramh's (|uaotit(‘s d(‘ g(‘rm(‘S vivanis, V innninulé se double loujours d'une lujperseiisUnlilé iinnyiub^ (jui enlève de temps en temps des animaux (avec* le «syndroim'. de Vaughan ») lors des injections intraveineuses et (jue Ton met. à volonté, y.n évidence par les injections sous-cutanées (nous relrouvons, encore une fois, ici rinlluence de la masse et du mode d’in- troduction de l’antigène). A la vitesse de destruction excessive (jui caractérise l’hypersensibilité, nous ])ouvons, avec les mi- crobes vivants, opposer, preuve en mains, la lenteur de deslrtic- tion, parfois très marquée, à laquelle on reconnaît l’immunité : il n’est pas rare, chacun le sait, de rencontrer des germes encore cultivables chez les sujets réfractaires, sacriliés quelques jours, quelques semaines meme (quelques mois, s’il s’agit des spores) après une inoculation d’ « épreuve ». Toutefois, dès quelenombre de ces germes cultivables demeure tant soit peu notable passé une certaine limite, ilsignilie : insuflisance numérique manifeste des anticorps, imminence du réveil des microbes et tendance à leur adaptation. Nous voici arrivés aux maladies chroniques. Pour nous, la chronicité résulte d'une double adaptation incom- plète; l’organisme « se fait )) au microbe et le microbe à l’orga- nisme, mais jamais entièrement (ou, alors, la chronicité cesse ipso facto). Tandis que, dans les affections aiguës, l’une des deux accoutumances l’emporte rapidement sur l’autre, il s’éta- blit ici unc(( cote mal taillée ». E({uilibre de nature instable et susceptible, cependant, de durer parfois des années, avec oscil- lations de çà et de là (parfois meme sans oscillations appré- ciables pendant un laps considérable et, peut-être, pendant toute 1 1 I,;.2 ANiN'AI.KS DK I/INSTITUT l’ASTKK'H la vie — sypliilis, |)ii'oiilasiiiose îles Doviilés «indigènes»). Chez riiomrne ou runiiiiiil lûlievculeux, l’adaption de l’eco- noiniese traduit parla forrnalion d’anticorps (dominance habi- tuelle des lysines); l’adaptation des germes, par l’msensibilite, plus ou moins marquée, vis-à-vis de ces anticorps (que révélé,, au contraire, l.ruyamment tout bacille spéciliquc mn accoutume, à peine introduit (phénomène de Koch). De même, pour l’homme ou l’animal morveux. Dans la tuberculose et la morve, 1 orga- «■anisme peut avoir le dessus, en lin de compte (guérison, avec persistance de la lysine durant un temps variable); le microbe aussi, trop souvent. Dans la syphilis, l’économie peut llechir temporairement, mais conserve toujours les moyens de se reprendre, car on ne meurt guère que de lésions (i mal placées » on d’infections secondaires. Dans la piroplasmose, il faut 1 en- trée en scène d’nn ageiil très grave (virus de la pesie bovine), pourdéirnire l'adaplalion de l’organisme (.Vdil-hey et 1 un de nous ). Comment se manifeste Yhijtierscvsihililé vis-à-vis des^ gcnncs d- infection clirnnuine '> C’est là une question pleine d’mUirêt au point de, vue du jeu des anticorps, car nousallons avoir allaire ici, en dehors des réactions locale et générale (déjà étudiées avec les microbes morts), à la réaction à distance, propre aux foyers qui contiennent des microbes vivants. Examinons ce qui survient dans la tuberculose et la morve. Tcbf.rciilose. — Wassermann et Bruck admettent que I orga- nisme des sujets tuberculeux produit une « aniituberculine ». laquelle offre les caractères d’un ambocepteur et se retrouve au sein des bumours et des granulomes. Les foyers attirent 1 an- tituborculine et celle-ci attire les compléments ; d’où digestion et rainollisseinent des lésions. Pour nous, l’antituberculine n’est autre que la lysine de Va endotoxine tuberculeuse » ; on la met facilement en évi- dence grâce au pro.cédé de Bordet-Gengou, ainsi que nous avons’ pu le constater après W. el B. Lorsque l’on injecte r« endotoxine tuberculeuse » (bacilles vivants ou morts, tuber culines diverses) sous la peau d’un sujet hypersensible, elle est décomposée par la lysine homologue, avec mise en liberté du poison vrai, qui engendre les accidents caracténs- CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS tiques. La réaction locale traduit alors une concentration notable de Fanticorps dans les humeurs; la réaction éloi- gnée, une concentration notable dans les foyers (W. et B.); la réaction générale, une influence nocive du poison vrai sur les centi’es, tberniiques ou autres. La reaction a distance, isolee, indique une prédominance marquée de la lysine au sein des lésions; la réaction locale, isolée, un épuisement des foyers (W. et B.). Toutes ces variantes rentrent dans la loi géné- rale de formation et de distribution des anticorps. On sait, en effet, que les anticorps commencent par prédominer là où ils prennent naissance, c’est-à-dire au niveau des organes hématopoiétiques, puis abandonnent peu àpeu leur lieu d’origine. Le sérum se trouve donc, suivant l’époque considérée, moins riche, aussi riche ou plus riche que le système formateur des anticorps. A ce sysième normal s’ajoute, dans les maladies chroniques, le système pathologique, représenté par l’ensemble des granulomes — et voilà tout. ]\joRVE. — L’un de nous ayant étudié, pendant plusieurs années, l’infection morveuse du cobaye, on nous excusera de consacrer à celle-ci plus de développement qu’à la tuberculose. Peu importe d’ailleurs, car les deux affections demeurent abso- lument comparables au point de vue qui nous occupe. On a fait voir, dans les recherches dont nous parlons, que les bacilles morveux vivants hypersensibilisent les animaux aux germes morts et aux germes vivants, en vertu d’un mécanisme identique ici et là. Examinons brièvement ces deux cas. Hypersensibilité aux microbes morts- — Etant donnéela valeur diagnostique communément attribuée à cette hypersensibilité, il ne sera peut-être pas inutile de remettre les lignes suivantes sous les yeux du lecteur. (( Voici un cobaye, sain d’aspect, lequel a été soumis, sans inconvénients visibles, à des injections répétées de microbes vivants, ou bien semble guéri d’une infection morveuse (infection ordinaire, infection d’épreuve...). Nous lui injectons, sous la peau, 1 centigramme Mas, (bacilles tués par l’alcool-éther) ; de deux choses l’une : la réaction locale sera normale ou non; que penser dans chaque cas? La réaction normale constilue une très [orte présomption en faveur de l’absence de germes vivants ; toutefois, il faut donner à ceux-ci le temps nécessaire pour se manifester, s’ils n’ont point totalement disparu ou, mieux encore, réitérer l’administration de i centigramme Mae. La réaction anormale n’a aucune valeur; si le virus AN:\ALKS DK L’INSTITUT PASTLIIU ne se nionlre poinl fi[)rès une première injeelion do Mas, on la recommen- cera; s’il iTapi)araîL pas davantage après la seconde, nous n hésiterions guère, pour notre part, à aflirmcr la guérison ; s’il continue à ne pas se révéler après la (u fortiori la la 5e...), (pii pourrait conserver des doutes sur celle guérison ? La réaction anormale indiipic donc uiiiiiiieineut que rorganismc s’est trouvé aux prises, à un moment donné, avec le bacille morveux vivant (ou môme, verrons-nous plus tard, avec le h. morveux mort - ou encore avec d’autres germes) ; ce moment peut êU-e passé ou non ; dans le second cas, le virus tardera rarement à « sortir » et cette « sortie » constilue le sriil signe d’une infection actuelle. La réaction (jénérale ne semble point, comme nous l’avons d('ja indiciué brièvement, alTecter de rapports réguliers (direct ou inverse) avec la réac- tion locale: sa valeur diagnosi i(iuc {(/noad infectionem) est encore moins grande, si possible, (|ue celle de cette dernière. Les conclusions précédentes n auraient sans doute pas été tiès bien accueillies lors des hécatombes en masse qui ont marqué les débuis de la malléinisation. Aujourd’hui, on ne condamne plus impitoyablement à mort tous les chevaux coupables d’avoir réagi, cai‘ on a lini par s’apercevoir que beaucoup d’entre eux guérissaient assez rapidement, .sua.s- jjrésenfer de .sû/ae.s cliniiiues. On n’a jamais eu l’idée (prune traction jdiis ou moins grande de ceux-ci pouvait être déjà guérie avant rinjeclioii de malléine. » Voici, maintenant, comment était Interprété le réveil des lésions morveuses latentes, à la faveur de deux autres cas qui le font mieux comprendre. (Nous abrég:eons la citation.) Gomment expliquer le réveil des lésions morveuses latentes, éventuelle- ment suivi de (( métastases » ? Pour tâcher d’y arriver, examinons d’abord un cas plus simple, celui des cobayes chez lesquels on introduit deux fois Mas (bacilles tuées par l’alcool-éther) sous la peau, la seconde fois avant que les phénomènes locaux, consécutifs à l’injection précédente (pratiquée loin de là), aient complètement rétrocédé. Le nodule induré, qui représente le dernier vestige de cette injection, devient alors le siège d’une réaction à distance, d’intensité variable, mais que nous avons toujours vue se ter- miner par résorption. Ce nodule, « ce gros tubercule morveux artificiel pourrait-on dire, contenait donc un excès d’anticorps spécitiques, et ces , anticorps ont réagi au passage des substances bacillaires venues du point de la seconde injection — Envisageons, maintenant, le cas d’animaux guéris d’un abcès d’inoculation virulente, mais encore porteurs d’un petit ganglion inguinal, qui s’enflamme et peut suppurer après administration, à distance, de bactéries mortes Ce ganglion ne diffère de notre « tubercule morveux artificiel » de tout à ITieure que par la présence éventuelle de quelques microbes vivants ; il contient donc un excès d anticorps, susceptible de déterminer, comme tout à l’heure, une réaction plus ou moins forte; pour- quoi cette réaction est-elle suivie de multiplication du virus intraganglion- naire, voire de généralisation ? On répondra, sans doute, que . « réaction — intoxication » et que : « intoxication = paralysie des défenses de 1 oiga- CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 165 iiisme. » Celle expUcali.on, d’ordre général, ne lient aucun compte d’autres mécanismes favorisants possibles, de nature spécifique ; nous y reviendrons bientôt. — Citons, enfin, un troisième cas, fort intéressant lui aussi, et ne différant du premier qu’en ce qu’on inocule des microbes vivants sons la peau des cobayes incomplètement guéris d’une injection antécédente de microbes morts; ici encore, le « tubercule morveux artificiel » s’enllamme très nettement (puis se résorbe). Le virus « vivant » n’a agi dans ce cas que par les germes déjà morts qu’il contenait, ou par ceux, très affaiblis, que ’organisme a rapidement détruits. )) Eu écrivant ce qui précède, on a mis volontairement le mot a anticorps » au lieu du mot <( lysine », pour des raisons déjà indiquées. Sauf ce détail, nous ne voyons rien à changer; mais il nous faut approfondir davantage le mécanisme de la (( sortie » du virus. La multiplication des bacilles morveux (comme celle des bacilles tul)erculeux, dans le cas correspondant) résulte logiquement de la consommation de la lysine spéci- fique au cours de la réaction d’hypersensibilité et de la lenteur de sa régénération. Les microbes, n’étant plus « bridés » par l’anticorps homologue, ont le temps de se développer libre- ment. La chute du pouvoir lytique engendre une seconde consé- quence, de même nature que la précédente, mais d’apparence opposée; elle rend ineflicace, pour quelque temps, toute nou- velle introduction (T (( endoloxine )),(l’où une immunité momen- tanée vis-à-vis de celle-ci (immunité comparable à T <( anti- anaphylaxie )) de Besredka et Steinbardt, étudiée ailleurs). Le réveil et le dévelonpement des infections étrangères, consti- tuant ce que l’un de nous a appelé les « pbénomèmes secon- daires de l’hypersensibilité » s’expliquent de la même façon que le réveil de l’infection homologue; on y reviendra en parlant des anticorps normaux, afin de ne pas tinp surcharger le cliapitre présent. Hypersensibilité aux microbes vivants. — Rappelons simple- ment ce fait (observé par l’un de nous) : si l’on injecte à plusieurs reprises, sous la peau des cobayes, une dose inof- fensive de bacilles morveux, il arrivera un moment où se forme- ront des nodules plus ou moins marqués et plus ou moins durables (toujours absents chez les témoins « neufs »), voire de petits abcès (fertiles). Connient se présente l’immunité vis-à-vis des germes d’infection !r>6 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR chronique? Il est difficile de vacciner les animaux contre la tuberculose, moins malaisé de les rendre réfractaires à la morve. Dans ses recherches sur l’immunité morveuse, l’un de nous a précisé nettement (pour la première fois, pensons-nous) les r(‘lations que peuvent affecter Tune avec Tautre Timmunite et riivpersensibilité, ainsi (jue le prouve le passage suivant, que 1 on va rapporter (en l’abrégeant). (( Ceci nous amène à indiquer de quelle manière nous nous représentons les rapports qjii unissent Lln/pers. à Vimmnnite. Pour nous, toutes les fois que Ton « immunise » un cobaye contre la morve, il se lorme, parallèlement, dans son organisme (bien qu’en proi)orlions variables selon les cas), des subshnices antiniicrobiennes et des substances présidant d l’hypers. — ou, pour employer le langage des téléologues, de « bons » et de « mauvais » anticorps. Si, à la suite de l’immunisation, les « mauvais )) anticorps prédominent, les cobayes, après avoir réagi anormalement à l’épreuve par les microbes morts [1 centigramme Mas (bacilles tués par l'alcool-étber) sous la peau], ne résisteront point à l’épreuve par les microbes vivants. Inutile d’attendre la tin de l’bypers. pour pratiquer l’épreuve virulente, les « bons » anticorps ayant disparu, bien entendu, avant les « mauvais ». Si, il la suite de « l’immunisation », les « bons » anticorps prédominent , les cobayes, après avoir réagi normalement à l’épreuve par les microbes morts, résisteront à l’épreuve par les microbes vivants. Il n’y a même pas besoin d’attendre la fin de l’hypers., car les animaux, après avoir réagi anorma- lement à l’épreuve par les microbes morts, résisteront parfaitement à l’épreuve par les microbes vivants. Il est à remarquer que, lors de celle-ci, rhy})ers. continuera parfois à se jnanifester par une évolution plus rapide des lésions initiales. On va nous demander, immédiatement, si, étant donnés deux cobayes « immunisés » tous les deux et hypers., nous pouvons distin- guer celui où [)rédominent les « bons » anticorps de celui où prédominent les (c mauvais ». Nous avouons être incapable d’un tel diagnostic, mais le fait que des sujets hypers, puissent résister à l’infection n’est point excep- tionnel et ne sauraii s’expliquer autrement que par une prédominance des substances antimicrobiennes sur les substances qui déterminent l’hypers. Ces deux ordres de substances sont donc parfaitement indépendantes les unes des autres et agissent aussi indépendamment. Et un animal hypers, peut être non seulement un animal guéri, mais encore un animal vacciné! » Dans Tesprit de l’auteur des lignes qui precedent, a bons anticorps » signifiait coagulines et « mauvais anticorps » correspondait à lysines. Concluons qu’il est excessivement difficile de réaliser une concentration suffisante des coagulines chez les sujets traités CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 167 parles agents des affections chroniques, sans quoi le problème de l’immunisation contre ces maladies serait défmitivemen résolu. Nous terminerons ce long chapitre en disant quelques mots de l’immunité et de l’hypersensibilité passives, vis-à-vis des germes vivants. L’immunité antimicrobienne peut se transmettre, soit arti- ficiellement, par les sérums (Richet et lléncourt), soil natu- rellement, par l’hérédité (expériences de Vaillard, Remhnger, Widal et Sicard...)- , , . Rail (après Liiwenstein') a démontré, grâce à une expenence connue, que l’hypersensibilité pouvait Ôlre également transmise par les humeurs. On injecte, dans le péritoine d’un cobaye tuberculeux, des quantités sufrisantes do bacilles spécifiques. L’animal meurt rapidement, olfrant un exsudai abdominal abondant. On centrifuge cet épanchement; on mêle le liquide clair surnageant avec des proportions convenables de bacilles tuberculeuxet on inocule le tout dans le péritoine d’un cobaye neuf. Celui-ci succombe, le plus souvent avant 24 heures. (Nous n’avons pas à insister, ici, sur certains détails de l’expérience (le Bail. ) RAPPORTS ENTRE LES ANTICORPS DES ALRLliTlINOlDES ET CEUX DES CEI.LULES ET DES « TOXINES SOLU- BLES » — « TOXINES SOLIJRLES » ET « ENDO- TOXINES )). Ainsi que nous allons le voir, il n’y a lieu d'établir aucune rlifférence entre les anticorps des albuminoïdes et reuxj des cellules. Par contre, nous pensons ipie les anticorps des « toxines solubles )) doivent former, comme par le passé, un groupe nettement séparé. Cette distinction va nous amener à appro- fondir le parallèle des a toxines solubles » et des « endo- toxines », simplement indi([ué dans le travail précédent. 1 Les sérums, agglutinants pour telles ou telles cidlules, preci- 16S ANNALES DE L’INSTITUT DASTEÜR pitenl d'ordinaire 1(‘S albuiiiiiioïdes dérivés d(‘ (*es cellules (exirails cellulaires, liltrats luicrobiens) ; récipro(|ueiueut, les sérums, précipitants pour lelsou tels albuminoïdes, agglutinent les cellules dont pro vieil nenl ceux-ci. Il est facile d’expliquer le manque de pai-allélisme (souvent menlionné) entre le pouvoir agglutinant et le pouvoir précipitant, ou l’apparition isoléi* (assez rare) d’une seulede ces propriétés. D’abord, les conditions (‘xpérimentales de l’agglutination (d d(‘ la précipitation sont absolument dilférentes et ne varient pas forcément dans b* même sens, d’um* recberclie à l’autri*; ensuite, les animaux qui fournissent les sérums agglutinants ou précipitants n’ont pas toujours reçu des antigènes rigoureusement comparables aux antigènes (croisés) sui* lescjiiels on les fait agir — loin de là. — Ijes sérums, contimant des lysines activ<‘S vis-<à-vis de telles ou telles cellules, en contiennent, babituellement, d’actives vis-à-vis des albuminoïdes d(M‘iv(ès de c(‘S ctdlules, etc..., co)nnic dans le cas des coatjiduies. Aussi, un sérum cytolytiijue se montrera-t-il a])te à libérer le jioison vrai de l’albuminoïde coi’respondant : 1(‘ sérum de lapin traiti' par les hématies de chien ou de bceuf, (jui engendre in dlro, aux déjiens de C('S Inonaties, un poison mortel pour 1(‘ lapin, se conqiorte absolu- ment de même à l’égard du licjuide de hujuage d(*s globuh's (Datelli). — -Du reste, on sait (jue l’immunité et l’hypersensibilité « actives )) vis-à-vis des cellules se réalisent couramment <‘n traitant les animaux avec les dérivés cellulaires; l’inim. et l’bypers. « actives » vis-à-vis des albuminoïdes, en traitant les animaux avec les a cellules-mères ». De même, pour l’iinm. et l’bypers. a passives ». Rappelons, à propos de cette dernière, (|ue, dans l’expérience de Bail, les cobayes auxquels on admi- nistre, par la voie péritonéale, des bacilles de Koch oa de la tuberculine, fournisseid des exsudais actifs, in civo, sur les bacilles et la tuberculine. ]| Occupons-nous, maintenant, des dilférences qui séparent a c nielle nient, à nos yeux, les « toxines solubles » des « endo- toxines » ; nous étudierons ensuite les points communs qui les rappi'ocbent.' CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 169 Les « toxines solubles » sont très coagulables ; d’où leur labilitë sous l’inlluence de certains agents et leur aptitude à produire des coagulines (suivant ce qui a été dit dans le travail précédent) — inversement, elles ne sont atta(|uables, chez les sujets neufs, qu’après un temps d’incubation bien connu — elles représentent des corps à grosses molécules, dialysant généralement fort mal ou même point du tout — elles agissent à doses très faibles, ce (|ui ( joint à leur pouvoir éminemment coagulogène) explique la « force )) caractéristi({ue des sérums antitoxiques — elles possèdent une spéfilicité étroite qui se retrouve dans les anticorps qu’elles engendreiR - enlin, elles sont douées d’aflinité non seulement vis-à-vis du système lor- mateur des anticorps, mais encore vis-à-vis des (( cellules nobles », ainsi ((u’il a été antérieurement mentionné. Il con- vient de continuer à considéi'cr les « toxines solubles » comme de véritabbvs secrétions. Les (( endotoxines » sont moins coagulables (jue les (( toxines solubles )) (quelquefois mémo très ])eu) ; d’où leur slabilit(‘ sous l’inlluenc(‘ de certains agents — inversement, (db'S sont biim plus s(‘nsibles auxlysines; d'où leur a})Litud(‘ à engemlrei* ces dernièi-es ; d’on, ('gaiement, la mort ra[)ide des sujets mnils (|ui i-('(;oivent des (( endotoxim'S toxicjues )) — ('1I(‘S reprcàsi'U- tent des corps à molécules plus ])etites que celb'S d(‘S lox. sol. et dialysant relativement assez bien (expériences de de Waele ) — elles agissent à doses toujours appréciables, ce qui (joint à leur jjouvoir éminemment lysogène et, partant, peu coagulo- gène) expli(jue la (( faiblesse » caractéristique des sérums antien- dotoxiques — elles possèdent une spécilicité moins étroite que celle des tox. sol. et les anticorps qu’elles engendrent rellètent cette imperfection relative — enlin, elles ne sont guère douées d’affinité que pour le système formateur des anticorps, ce (jui ne les empêcbe point d’offrir, parfois, une électivité très nette — l’un de nous n’a-t-il pas établi, avec Frouin, que le b. morveux, même « dissous » par la pipéridine, conserve la faculté de déterminer les lésions typiques de la vaginale chez le cobaye mâle? Il convient de considérer les (( endotoxines » comme « l’essence même de la substance des cellules » (laquelle se retrouve dans les humeurs, extraits cellulair(‘s et (dirais micro- biensL 170 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Pour nous, les endotoxines sont formées il un élément non toxique, et antigène ' — et (V un élé7nent toxique, banal et non antigène. C’est ce qui résulte des recherches de A aughan et des nôtres. Le « résidu » et le c poison » du savant amé- ricain ne représentent point, avons-nous dit, les deux cons- tituants des endotoxines dans leur intégrité réelle; loin de là, mais ils en ont conservé à coup sûr les propidétes toriHamentales. Les poisons vrais desdivers(‘s endotoxines sont certainement (rès voisins les uns des autres, à en juger par 1 identité absolue des svmptômes qu’ils déterminent, lorsqu’unedécoagulation bru- tale vient à les libérer rapidement, c’est-à-dire quand \ élément spécifique s’elface devant Vêlement toxique. 11 en va tout autre- ment dans le cas d’une décoagulation ménagée (d la grambî variété des signes cliniques observés révèle la dominance de l’élément spécifique, porteur d'une électirité ci d’une (( solubilité)) très variables, selon le poison brut administré, inutile d ajoutm* ([ue la symptômatologie se complique a 1 inlini, quand il s agit d’ (( endotoxines vivantes )) (microbes pathogènes), r’est-à-din* lorsqu’intervient le lacteur a adaptation de 1 antigène ». Nous admettons (}ue les « toxines solubles » comportiml aussi un élément spécifique et un élément toxique, parce (jue toute leui bistoir(‘ iiiqiose cette conclusion. La nature des poisons vrais varie peu également d’une toxiin* à l’autre, comme le (bunontie l’identité des phénomènes, dans les cas de mort rapide ( animaux by[)ersensildes) ; au contraire, la haute sjieciliciti* des toxines, observée dans les circonstaiici'S oi'dinaires (animaux neulsj, suffit à établir la diversité de leurs constituants antigènes. [Courmont et Doyon avaient jadis parlé de poison vrai, lors de leurs études sur la toxine tétanique; mais, d’après ces auteurs, celui-ci serait engendré, aux déjiens de 1 organisme, par la toxine agissant comme ferment — opinion diamétrale- ment opposée à la nôtre. L’analogie des symptômes que détermine la décoagiilatton brusque de tous les antigènes, quels qu’ils soient, conduit, en tin de compte, à supposer que les poisons vrais des endotoxines et ceux des toxines solubles pourraient bien n’ètre pas très éloignés les uns des autres. 1. C’est donc contre im seul que sera dirigé l’anticorps correspondant. CONCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS 171 A côté des toxines solubles « classiques » et des endotoxines (f classiques » (antigènes) se rencontrent un certain nombre de poisons encore mal déterminés il conviendra de voir s ils repré- sentent des types intermédiaires ou des corps d’un genre nou- veau. Il conviendra, également, de reprendre Pétude de beau- coup de liquides et de cellules, au point de vue delà coexistence des toxines et des endotoxines et de la multiplicité, soit des unes ou des autres, soit des unes et des autres. Enfin, parmi les antigènes qui n’appartiennent sûrement point au groupe des toxines ni à celui des endotoxines rappe- lons, pour terminer, la grande famille des enzymes dont quelques membres peuvent exercer, in vivo, une inlluence des plus néfastes, qui les place, sans contredit, au rang des pires agents nuisibles. Paris, août 1907. Nouvelles recherclies sur la toxine et l’antitoxine cholériques I>AU r.E l)‘ A. SALl^tBKNI (Travail du laboratoire de M. Roux.) Ou lie discute plus à l’heure actuelle l’exisleuce d’un pidsoii soluble dans les cultures (‘.n milieu litjuide du vibrion cbolé- ritjue. Kainson ‘ le premier, sans d’ailleurs donner aucun détail sui* la manière de le préparer, le décrivit en 189d, et il annonça en même temps qu’en accoutumant peu à peu les animaux à l’action de ce poison il avait obtenu uu sérum antitoxique. M. Pfeifl‘er^ (|ui, dès 181);^, avait nié l’existence d’une toxiiu' cholérique soluble et ([ui, d’accord avec M. (Pnnaleia % plaçait le véritable poison cholérique dans le corps des vibrions d’où il ne sortirait (ju’à la mort de ceux-ci, s’éleva contre les affir- mations de M. Ramson. Pour M. Pfeiffer, la toxine de M. Ram- son n’était point la vraie toxine cbolériijue, mais sans doute une modilication de celle-ci. Quant aux pro[)ri(‘tés anliloxiques du sérum, il ne les croyait pas supérieures à celles du sérum normal pi*ovenant de divers animaux. Notre pi-emi(‘r mémoire, en colla- boration avec MAI. Roux (*1 Metcbnikolf ' , dans leijuel nous donnions tous les détails de la méthode qui nous avait permis de préparer la toxine cholérique et d’obtenir un sérum anti- toxique, parut quelques mois après. Sans prendre parti en faveur de l’une ou de l’autre des opinions à cette époque et aujourd’hui môme en présence, nous aflirmions cependant que la production de ce poison, résistant il la température de l’ébullition et à effet très rapide chez les animaux sensibles, devait être considérée comme intimement liée au pouvoir toxigène du microbe d’une part, et d’autre part au milieu de culture et aux conditions spéciales dans lesquelles la culture est faite. Le sérum des animaux qui ont reçu de la toxine cholérique, disions-nous, fournit un sérum dont le pouvoir antitoxique i. Deutsche rned. Wochenschrift, 189o, n® 5. â. Zeitschrift f. Hygiene, 189o, Vol. 20. Deutsch med. Wochenschrift 1890, n®* 7-8. ?}. Arch. de mcd. expérinicntntc, 1802. !i.* Annales de l'Institut Pasteur, 1890, n® 0. TOXINE ET ANTITOXINE CnOLÉHlOlIES 17S spécilique esl (rautaiit plus actif ({UC l iiniiiunisnlion ;i (‘t(‘ poussée plus loin. Le pouvoir antitoxique du sérum de notre clieval, le mieux immunisé en 1896, était à vrai dire plutôt faible; il en fallait 1 c. c. pour protéger un cobaye vis-à-vis d’une injection de 4 doses mortelles de toxine. Et cependant ce môme sérum se montra très efficace à titre préventif et donna, comme curatif, de très bons résultats dans le choléra intestinal des jeunes lapins provoqué expérimentalement d’après la méthode de M. Metclmikoif. Le sérum normal, au coulraiiai, alfirmions-nous plus loin, ne possède pas de ])ropri(d(‘S aniiloxiques appr(à*ial)Ies vis-a-vis de la toxine cholérique. L.omme M. Pfeiffei- autrefois, M. Kraus ^ dans ses recherches sur la toxine du vil)rion de Nasik 2, et plus tard ce meme auteiii* (‘U cmllahoration avec M. Prihram % dans leurs recherches sur la toxine des 6 vibrions d’El-Tor, ont reconnu au sérum normal (chèvre, lapin, cheval) un pouvoir antitoxique qui ne diffère de celui des animaux vaccinés que par le temps nécessaire a la neutralisation de la toxine. Il faudrait, en effet, d’après ces . auteurs, de 20 minutes à une 1/2 heure de contact m vitro pour que le sérum neuf neutralise une quantité de toxine qui serait neutralisée en 5 minutes par la môme dose d’un sérum prépare. Voici résumé en quelques mots tout ce que, dès nos pre- mières expériences, nous avions observé à ce sujet. Lorsqu’on injecte à des animaux sensibles (cobaye) une dose minima mortelle de toxine mélangée à son volume ou à deux volumes de sérum normal, on voit fréquemment les animaux ainsi traités se rétablir complètement, après avoir toutefois présenté les phénomènes, toujours plus ou moins graves, qui caractérisent l’intoxication cholérique expérimentale. Parfois 1. Centralbl. f. Bakt. Vol. 34, n« G. ^2. Ce vibrion a été isolé par M. Simond à Nasikv(Indes anglaises) d’un cas lypi(pie de choléra. M. Kraiis, cependant, ne le considère pas comme un vrai ebo- lérifpie parce que, en présence du sérum spéci/iquo, il n’est pas agglutiné au iriême titre qu’un choléri([ue authentique; son sérum n’agglutine que très peu les vrais cholériques, et enfin cultivé en milieu liquide, donne une hémolysine et un poison soluble à ellet rapide, ce qui, d’après Kraus, n’existe jamais dans les cultures de vrai cholérique. Nous verrons dans la suite qu’il a changé d’avis pour ce qui concerne le pouvoir toxigène de vibrions cholériques authentiques. 3. Wipïi. Klinisch. Wochenschrift, lhO.G, n" 39. I7i ANNALES DE [/INSTITUT PASTEUR } aussi, des aiiiinaux ayant reçu sous la peau ou dans le péri- toine 2-3 c. c. de sérum neuf résistent 24-48 après à Einjection d’une dose niinirna mortelle de toxine. Mais, si au lieu de la dose minima, nous en prenons deux ou même une et demie, nous pouvons aug'rnenter en proportion et davantage la quantité de sérum neuf : cela n’empêchera pas les animaux de périr sans exception. Pouvait-on parler dans de pareilles conditions d’un pouvoir antitoxique du sérum neuf? Nous ne le pensions et nous ne le pensons pas. 11 est de toute évidence que la résistance indi- viduelle des animaux joue un rôle non nég-ligeable toutes les fois que, pour n’importe quel poison, microbien ou autre, nous opérons aux environs de la dose minima mortelle. On pour- rait tout au plus admettre que la résistance d’un animal peut êli‘e jusqu'à un certain point ]•enforcée par le s(u’uui m*ul: mais de là à conclure à un pouvoir antitoxicjue il y a une hai'rière que nous ne saurions franchir. Il nous reste, pour complétei ce bref résumé historique, à dire (juelques mots sur les travaux de M. Kraus et de MM. Drau et Denier. MM. Brau et Denier en adoptant notre technique (cultures en couche mince et larg’e surface, vibrions n’ayant jamais fait de passages pai* les animaux comm(‘ matériel d’ensemencement) ont obtenu, sur un milieu spécial, une très bonne toxine cholé- rique, qui répond d’ailleurs aux caractères de celle décrite par nous. Le milieu préconisé par MM. Brau et Denier n’est autre que du sérum de cheval additionné de 10 0 /0 de sang de cheval délihriné; les deux âgés de trois semaines. Au moment de s’en servir, on chauffe le mélange à OO® pendant trois heures, on ensemence largement, et on liltre après 7 jours d’étuve à 38^. En se basant sur les propriétés de la toxine ainsi obtenue et sur le fait que la toxicité du liquide augmente jusqu’au 7® jour, tandis que, à partir du 4® il n’y a plus de microbes vivants dans leurs cultures, les auteurs concluent que la production de cette toxine semble liée à la macération des vibrions. Quant à Al. Kraus^, il a tout d’abord contesté tout pouvoir toxigène aux vibrions cholériques vrais. Bien plus, en se basant sur le fait que le vibrion de Nasik 1. Loc. cit. TOXINE ET ANTITOXINE CIK )LÉR lOTIES I 7:; (qu’il ne reconnaît pas comme cholérique), donne, en milieu liquide, un poison très actif, il en avait conclu ((ue tout vibrion donnant un poison soluble ne devait pas être considéré comme un vrai cholérique. Plus tard, en opérant avec des vibrions authentiques isolés en Indo-Ghine par M. Brau et que nous avons mis à sa dispo- sition, il a pu se convaincre ((ue les vrais cholériques donnent aussi un poison soluble'. Préparation de la toxine cholérique. Nous avons apporté bien peu de modifications à la méthode qne nous décrivions en 1890 pour la préparation de la toxine cholérique. La proporlion di*. sérum de cheval à ajoutei* à la solulion g’élaline-peplone a (d(' port(h^ de 11) h 2') 0/0 ; bas hoîUvs (h‘ Ihdri, mal commodes et sujettes tà de nombreuses causes de conla- mination, ont ét(‘ reniplacées par les llacons-hoîtes Houx, dont le modèle fut conçu pour la prépaiaition de la toxine cholérique. Le milieu, une fois réparti dans les boîtes dans la proportion de 50 c. c. par boîte, est chaulie pendant heures à 60®, puis largemimt (mscuneocé. Gomme peptone, nous employons toujours la solution obtenue d’après la méthode Martin% par la digestion de 200 grammes d’estomac de porc dans 1 litre d’eau additionnée delOc. c. d’acide chlorhydrique pur. La peptone ainsi préparée donne des résultats plus constants que les peptones qu’on ti'ouve dans le commerce et dont la composition est si variable. Le degrci d’nlcalinité du milieu joue aussi un rôle très important dans la production de la toxine cholérique. De nombreuses recherches comparatives nous ont montré (jue Voptinium, comme alcalinité, est obtenu en ajoutant à la solution gélatine-peptone neutre au tournesol, 12 c. c. de soude normale par litre. Jje vil)rion dont nous disposions en 1895 avait été isolé à Hambourg et provenait de l’épidémie qui avait sévi en Prusse en 1894. 1. Handbuch der Tecknik und, Method. dcr Immunit("aschfavchiing,\Æ\\\n'n et Khaus, 1907, p. 177-178 et suiv. 2. Annales de V Institut Piisteiü\W,)'S>, n" 1. I7(i AN.NALKS DE L’INSTITUT PASTEUR Imi Iravailliuil avec ce vibrion, -M. X... s’inlücU et eul, une légère aliaquedo elioléra. l'ius tard, en I89d, au cours de nos rccherclies, ce nièine vibrion provenant du cas de M. X... détcrininaaccidcntellcinenl, chez nous, une infection clio)eri(|ue des plus caractéristi(|ucs. Isole de nos déjections et identifié avec le vibrion de .M. X... par >1. Metchnikolf, il existe encore dans notre collection on il est catalogué sous la dénomination de vibrion de la Prusse orientale. C.e n’iist certainement pas en vue de. son importance anccdo- ti,|ue que nous avons tenu à détailler rétat civil de ce vibrion. Nous nous y sommes décidé en vue, .surtout de répondre à certaine critique' que M. Krausne niam|ue jamais de nous laiie au sujet de la nature cholérique du vibrion employé par nous lors de nos premières recherebes. Cet auteur, en eliet, admet bien (|ue MM. llrau et Denier ont obtenu la toxine eholérieiue soluble; il admet aussi que cette toxine ne ilillére pas essentielle- ment de celle décrite par nous ; et cependant, par le fait que nous avons oublié de déclarer que notre vibrion avait été carac- térisé au moyen de l’agglutination et du phénomène de Pfeifïér, il conclut, après une criti(|ne ([ue lui-méme reconnaît comme très sévère, qu’on ne peut pas dire que nous ayons eu a faire à la vraie toxine cholérique’. Terminons donc cette petite digression en assurant M. Kraus (|ue le vibrion de la Prusse orientale donne bien l’agglutination et le phénomène de Pfeiffer avec un sérum spécilique. Ne la donnerait-il pas que les deux infections de laboratoire dont il fut l’agent seraient, h notre avis, plus que suflisantes à établir sa nature cliolërigène. En 1895, au débutde nos recherclies, la virulence du vdirion de la Prusse orientale avait été considérablement renforcée par la méthode classi(|ue des passages successifs dans le péritoine de cobayes ; cependant son pouvoir toxigène était vraiment minime. C’est en le cultivant dans des sacs .le collodion inlroduils dans la cavité péritonéale des cobayes, que nous avions pu tr.'S vite renforcer son pouvoir toxigène et 1 entretenir. Dans cette méthode des sacs permettant de cultiver le 1. Handbuchldev Tecknik und Method. der Immunüütsfarschung, Lev.mmti et Kraus, 1907, p. 177-178. TOXLNE ET ANTITOXINE CHOLÉRIQUES 177 vibrion in vivo et à Tabri des cellules de rorg’anisjne,nous avions cru voir un moyen de renforcer et d’entretenir d’une façon générale la toxicité des vibrions cholériques. De nombreuses recherches comparatives nous ont montré, dans la suite, que cette méthode est tout à fait inutile pour des vibrions provenant directement des déjections cholériques et n’ayant jamais fait de passag-e par les animaux. Ces vibrions possèdent au maximum leur pouvoir toxigène, (|ui varie souvent d’un échantillon à l’autre et qui n’est pas toujours en rapport avec la gravité de l’attaque qu’il a déterminé. Il n’est pas rare, en effet, d’isoler des vibrions très toxiques des cas de choléra tout à fait bénins, tandis que des cas de choléra très graves donnent parfois des vibrions très peu actifs 1 sur nos milieux de culture. De toute façon, lorsqu’on rencontre un vibrion toxique provenant directement d’un cholérique, ce qu’il y a de mieux à faire pour lui conserver le plus longtemps possible son pouvoir toxigène, c’est de l’entretenir par de rares passages sur la gélose peptonisée, à la température delà chambre. C’est en 1898, sur un certain nombre de vibrions isolés dans l’Inde par M. Simond, que nous fîmes cette constatation, que nous avons pu d’autre part contrôler pendant les deux dernières années sur 35 races de vibrions isolés par MM. Brau et Denier enIndo-Chine (1903-1 904-1905) et parM. Denier àManille (1906). La méthode des sacs garde cependant toute sa valeur pour remonter, comme toxicité, un vibrion dont le pouvoir toxigène serait affaibli par des passages chez les animaux; les résultats sont moins bons quand il s’agit de vibrions affaiblis par un long séjour sur les milieux artificiels de cultures. Le vibrion dont nous nous servons en ce moment vient de Manille, où il a été isolé par M. Denier en 1906. 11 est catalogué dans notre collection sous la dénomination: Manille 13, 1906. Il est un des plus toxiques que nous ayons jamais rencontré. Sur notre milieu, dont nous avons donné plus haut la formule, ou surle milieu de Brau et Denier, largement ensemencés avec des cultures sur géloses jeunes de 16-18 heures, il donne assez régulièrement, au bout de 7 jours d’étuveni 38'U une toxine qui tue un cobaye de 200 grammes à la dose de 2/3 de c. c. Entre la toxine obtenue sur le milieu de Brau et Denier et 12 1 178- ANNALES LE L’INSTITUT PASTEUR colle obtenue sur le nôtre, iln’ya pasde différences aPFéciables Le maximum de toxicité dans les deux cas est atteint %er3 le 7« iour : les deux produits résistent à la température de l’ébullition, sont précipités par l’alcool fort et le sulfate J^^er niaque, dialysent à travers une membrane de collodion et deter- rnent, chez les animaux sensibles à des doses comparables les mêmes symptômes toxiques. Seul chez le lapin, en injection 1. Br.u et De»ier >»«"«• P "• aeli.e que I. notre. D'outre port, le, onimoutt lie l’une de ces toxines le sont aussi poui autre, réprocité existe pour les sérums antitoxiques respectüs. Le rendement toxique sur le milieu de Bran et Denier est plus constant. C’est le seul avantage qu’on peut et cela tient très probablement à ce que la composition de leu milieu (sérum et sang défibriné) n’est pas sujette aux pe i es variations inévitables dans la préparation des solutions artifi cielles . Toxicité de corps des vibrions. — Endotoxine cholérique. Les corps de vibrions cholériques sont toxiques. 8-10 milli- ■nammes de corps humides provenant d’une culture sur ge ose fie 18 heures, tués par les vapeurs de chloroforme ou par un cha aee à 65» pendant 1 lieure, tuent un cobaye de 280 gram- 1. .v« I.. .ymplo.,.. c.,..«ris,iqu., do "''"’c'ërencore i M. Pleiïer ' que nou, devons la sono de recherches la plus complète à ce sujet. , , D’après cet auteur, l’action toxique des vibrions est due a un poison contenu dans les corps mômes des microbes et qui doit très vraisemblablement exister comme un des éléments const - tuant le protoplasma bactérien. Ce poison, qu’il appelle pnmaire, se transformerait, par l’action de l’alcool fort, de 1 d’un chauffage prolongé à 60», en un poison seeondatre beaucoup .noins actif. Les faits avancés par Pfeiffer tout u ^ exacts. L’alcool, l’ébullition, le chauffage prolonge a 60 dimi- nuent le pouvoir toxique des corps de vibrions. Il reste a savon si et jusqu’à quel point l’explication donnée par M. Pfeiffer es exacte . 1. Loc cit. , TOXINE ET ANTITOXINE CHOLÉRIQUES 179 Peut-on extraire et avoir en solution dans Teau le poison cholérique renfermé dans les corps de vibrions? Les différentes méthodes qui ont donné de si bons résultats pour la préparation des endotoxines typhiques, pesteuses et dysentériques, appliquées au vibrion cholérique, n’ont pas donné de résultats bien satisfaisants. Stron^ S par la simple macération dans l’eau de vibrions provenant de cultures sur géloses âgées de 20 heures, (de 1 à 24 heures h 60®, puis 2-5 jours â 37®), a obtenu par fdtration un liquide dont 2-3 c. c. en injection intraveineuse tuent un lapin de 1,500 grammes. Nous avons obtenu de meilleurs résultats en modifiant la méthode de M. Slrong. Voici notre procédé. Les vibrions pro- venant des cultures sur gélose âgées de 18 heures sont mis en suspension dans de l’eau salée faible légèrement alcalinisée (0,25 0/0 de chlorure de sodium et 0,10 0/0 de carbonate de soude) et placés à l’étuve à 38® dans des tubes aussi remplis que possible et fermés à la lampe. Au bout de 24 heures, on les chauffe 1 heure â 60® et on les abandonne à la température du laboratoire, à l’abri de la lumière, jusqu’à ce que la plupart des microbes soient tombés au fond. A ce moment, il faut en général 6-8 jours, on aspire le liquide qui surnage, légèrement louche et sirupeux, et on le cen- trifuge pour l’obtenir tout à fait clair. Ce liquide est toxique et sa toxicité n’est pas modifiée, comme celle des corps de vibrions étudiée par M. Pfeiffer, par l’ébullition ou par un chauffage prolongé à 60». L’action de l’alcool n’a pas été étudiée. La toxicité du liquide varie naturellement avec la quantité d’eau dans laquelle les microbes ont été mis en suspension. Si l’on reprend, avec 15 c. c. d’eau, la totalité des microbes développés à la surface de la gélose d’une boîte Roux, 1 c. c. du liquide ainsi obtenu tue en moyenne un cobaye de 200-250 par injection péritonéale; il en faut à peu près le double pour tuer un cobaye de la même taille sous la peau et un lapin de 2 kilos par injection intraveineuse. Nous n’avons malheureusement pas pu pousser bien loin l’étude de ce poison, car il est extrêmement difficile d’accou- tumer les animaux à son action. 1. Protective inoculation against asialic Choiera, Manille, 1904, p. 29-30. 180 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Les cobayes traités avec beaucoup de ménagements peuvent arriver à supporter 2 fois ou 2 fois et f/2 la dose mortelle, mais la plupart du temps ils se cacbcctisent et meurent dans Le sérum de ceux .(ui résistent est très agglutinant, mais absolument nul comme pouvoir ant.loxique ' ‘s-a-vs doses mortelles de la toxine des corps de microbe et de la toxine ''‘Îlr cobayes vaccinés vis-à-vis de l’endotoxine peuvent cependant arriver à supporter 2 doses de toxine soluble, a con- dition d’attendre 12-15 jours, après la derniere ^ Chez les lapins la vaccination peut être poussée un peu plus loin. Nous avons eu des lapins qui supportaient, en injec lo intraveineuse, 6 c. c. d’un liquide qui tuait un lapin neuf a la dose de 1 c. c. 1/2. Et cependant le pouvoir antitoxique (u sérum de ces lapins était pour ainsi dire inappréciabl e. Les chèvres ont une sensibilité toute spéciale vis-a-vis ce poison, surtout s’il est donné par injection intraveineuse. Une première chèvre succombait dix minutes apres avoi reçu dans la veine 1 c. c. d’un liquide dont la dose mo, telle pour un lapin était égale à 2 c. c. i'pIIp iviit Une deuxième chèvre, après 3 mois de traitement (elle avait reçu en 9 injections, des doses progressivement croissantes H c c 1/2 de liquide toxique), a été tuée en une demi-heure ,"r 2 ; c. 1/2 dilué dans 7 c. c. 1/2 d’eau physiologniuc stérile. La di ution dans l’eau physiologique nous semblai ^d^iquée à cause de la consistance légèrement sirupeuse du "'ut troisième chèvre, après en avoir reçu en 4 -oi s 36 c. c. sous la peau, succomba très vite à la suite d une injection intia veineuse de 2 c. c. de cette même toxine. Nous ne nous expliquons pas la moit si p chèvre.- nou, no.erioi» cric, p.» la .ueltre exclu ...emei.l ./ le C/^e de 1. loxln. obtenue par ,n..èra„,„ de. corps de vibrions. Immmisalion des chevaux. Sérum antiloxique. C’est aux grands animaux et de préférence au cheval qu il laut s’adresser pour préparer un sérum antitoxique. TOXINE ET ANTITOXINE CHOLÉRIQUES 181 Même vis-à-vis de la toxine soluble, il est en effet très diffi- cile de vacciner les petits animaux, et, d’autre part, le pouvoir antitoxique de leur sérum est toujours très faible. Lors de nos premières recherches et jusqu’à la publication de notre mémoire de 1896, nos chevaux avaient toujours reçu les injections vaccinales dans le tissu sous-cutané. Sur un de ces chevaux, celui qui donnait le sérum le plus faible, nous essayâmes plus tard les injections intraveineuses, et nous constatâmes qu’en très peu de temps le pouvoir anti- toxique de son sérum avait considérablement augmenté. Il fallait 1 c. c. 1/2 du sérum de ce cheval, qui avait reçu sous la peau 1,230 c. c. de toxine en 11 mois, pour neutraliser 4 doses mortelles de toxine. Deux mois après, n’ayant reçu que 185 c. c. de toxine dans les veines, 1/3 c. c. du sérum de ce même cheval neutralisait 4 doses et 0 c. c. 08 deux doses mortelles de toxine. Peu après ce cheval mourut d’une maladie intercurrente. Depuis, nous avons vacciné deux génisses, les deux par des injections intraveineuses dès le début. Les bovidés supportent évidemment mieux que les chevaux la toxine cholérique et nous avons pu, en peu de temps, arriver à leur injecter des doses de toxine que nous n’avions jamais pu atteindre avec les chevaux. En 8 mois de traitement une de nos génisses, qui avait reçu près de 1,400 c. c. de toxine, donnait un sérum dont 0 c. c. 015 neutralisait deux doses mortelles de toxine. Malgré ce résultat véritablement très engageant, nous avons renoncé à la vaccina- tion des bovidés. Ces animaux ne se prêtent pas aussi bien que les chevaux aux petites opérations que nécessitent les injections et les saignées ; de plus leur sang donne peu de sérum qui est d’autre part en lui-même toxique, et par conséquent peu conve- nable pour le traitement sérothérapique appliqué à l’homme. Nous avons donc repris la vaccination des chevaux et depuis 19 mois, 9 chevaux ont été mis en traitement. Tous ont été traités dès le début par la voie intraveineuse : 4 sont morts en cours de vaccination, 2 de maladies intercurrentes, 1 de néphrite et le quatrième q uelques heures après une injection vaccinale de 7 c. c. de toxine. Des 5 qui nous restent, 4 reçoivent de la toxine soluble et le cinquième des vibrions vivants provenant des cultures sur 182 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR gëlose de 18 heures, mis en suspension dansTeau physiologique stérile. Les 4 traités par la toxine en ont reçu, à l’heure actuelle, de un litre et demi à deux litres et demi. Gomme dose vaccinale maxima, nous n’avons jamais pu dépasser 65 c. c.; les troubles occasionnés par une telle dose ont toujours mis l’existence de l’animal en grave danger. Une dose de 50 c. c. est au contraire très bien supportée ; la réaction vaccinale, caractérisée par une élévation de la température (2® ou 2® 1/2 en moyenne) atteint son maximum vers la 7® heure et, le lendemain, les animaux sont en général complètement rétablis. Les injections vaccinales peuvent être répétées tous les 8 à 10 jours. On saigne une première fois 12 jours et une deuxième fois 16 jours après la dernière injection. Les sérums de la première et de la deuxième saignée sont, comme pouvoir antitoxique, parfaitement comparables. Autrefois, il y a de cela près de dix ans, nous avions vacciné un cheval par des injections intrapéritonéales de vibrions vivants et virulents. En 16 mois, ce cheval avait reçu près de 600 cultures sur gélose de vibrions de la Prusse orientale. Son sérum agglutinant au 1/50,000 de c. c. et préventif à la dose de 1/20 de milligramme, était à peu près nul comme pouvoir antitoxique : il en fallait 1 c. c. 1/2 pour neutraliser 2 doses mortelles de toxine. Dès 1896, à propos de la peste, M. Roux, le premier, avait constaté que le sérum des chevaux vaccinés par des injections intraveineuses de microbes vivants était manifestement anti- toxique. Plus tard, MM. Vaillard et Dopter ‘ firent la même cons- tatation sur le sérum antidysentérique. Encouragés par ces résultats, nous avons appliqué ce même procédé en vue d’obtenir un sérum antitoxique pour le choléra. Le cheval que nous avons actuellement en vaccination donna assez vite un sérum antitoxique relativement très actif. En -7 mois et lorsqu’il n’avait reçu que 27 cultures sur gélose dans les veines, il donnait un sérum dont 0 c. c. 05 neutralisait 2 doses mortelles de toxine: il était en même temps agglutinant 1. Vaillard et Dopter, Annales de l'Institut, Pasteur 1896, n® 5. TOXINE ET ANTITOXINE CHOLÉHIQUES 183 au 1/10.000 de c. c. et préventif vis-à-vis de la péritonite vibrionienne à la dose de 0 c. c. 0002. Depuis, le pouvoir anti- toxique de son sérum n’a pas augmenté en proportion. Lors de notre dernier essai et alors qu’il avait reçu 134 cul- tures sur gélose, la quantité de sérum nécessaire pour neu- traliser 2 doses de toxine était égale à 0 c. c. 002 : il était par contre agglutinant au 1/23,000 et 0 c. c. 0001 prévenait la péritonite vibrionnienne. Il faut dire aussi que les injections intraveineuses des vibrions vivants sont supportées par le cheval beaucoup moins bien que les injections intrapéritonéales. Ainsi, nous n’avons jamais pu donner plus de trois cultures a la fois dans les veines, tandis que dans le péritoine nous étions arrivé à donner 20 cul - tures à la fois. Le cheval ainsi traité fut tué en 3 1/2 heures environ, par une injection intrapéritonéale de 21 cultures. — Chose remar- quable: à l’autopsie pratiquée immédiatement après la mort, le liquide péritonéal, le sang du cœur et le suc des organes ensemencés sur gélose ne donnèrent pas une seule colonie de vibrions. Dosage de V activité du sérum anticholérique. En aucune façon la méthode préconisée par M. Erlich pour le dosage du sérum antidiphtérique ne peut être appliquée à la détermination de l’activité du sérum anticholériquej La faiblesse de la toxine et de l’antitoxine, les bases toxiques qui se trouvent dans le liquide à côte de la toxine et qui peuvent à elles seules, lorsqu’on dépasse une certaine dose, tuer l’animal, s’opposent à l’application de cette méthode. Autrefois, nous faisions nos dosages de la façon suivante : à une quantité donnée de sérum nous ajoutions des quan- tités progressivement croissantes de toxine, dont nous avions au préalable déterminé la dose minima mortelle, et nous injec- tions le tout sous la peau des cobayes. D après les résultats, nous disions 1 c. c. de sérum par ex. protège contre n doses mortelles. Nous dépassions rarement 4 doses mortelles. La méthode était évidemment très simple, mais les résultats loin d’être constants et satisfaisants. En^effet, en faisant agir sur des toxines d’activité différente 184 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR une quantité, toujours la même, d un même sérum, nous finîmes bientôt par nous apercevoir que dans de telles condi- tions le pouvoir antitoxique du sérum se modifiait, pour ainsi dire, en raison directe de l’activité de la toxine et, dans certaines limites, en raison inverse de la quantité du liquide toxique employé. Cette expression, que par commodité de description nous enapruntons aux sciences exactes, ne doit, bien entendu, pas être prise h la lettre. 11 nous arrivait par exemple de constater que 1 c. c. d un sérum qui neutralisait 4 doses d’une toxine dont la dose mortelle pour un cobaye était égale à 1 c. c., pouvait en neutraliser 5 et 6 d’une toxine tuant au 2/3 de c. c. et pas plus de 2-3 d une toxine ne tuant qu’à la dose de 2 c. c. Nous avons constaté en outre que, pour une toxine de n importe quelle activité, il fallait en proportion beaucoup plus de sérum pour neutraliser 4 doses mortelles que pour en neutra- liser 2. Ceci bien entendu en prenant l’animal comme réactif. Un exemple, d’ailleurs, parlera mieux à l’esprit. Prenons un sérum dont 0.5 c.c. neutralisent et rendent inof- fensives pour le cobaye deux doses mortelles de toxine : mé- langeons 1 c. c. de ce sérum à 40 doses de toxine : le cobaye supportera 2 c. c. de ce mélange, mais 3 et à plus forte raison 4 c. c. le feront périr. Pour 3, pour 4 doses, 0 c. c. 075 et Oc.c.lO de sérum ne suffisaient pas ; il en fallait 0 c. c. 20, et 0 c. c. 35 : ce sont là des cIiifFres que nous empruntons à notre cahier d’expériences. Pour avoir des résultats constants et toujours autant que possible comparables, voici la méthode que nous avons défini- tivement adoptée pour le dosage du sérum anticholérique. Nous faisons toujours nos essais avec une toxine filtrée au / jour et dont 1 c. c. en injection sous-cutanée, représente la^dose minima mortelle en 12-18 heures, pour des cobayes de 2o0 grammes. Nous avons donné la préférence à une toxine tuant au centimètre cube, car c’est la toxine de force moyenne la plus facile à obtenir. A deux doses mortelles de toxine, soit 2 c. c., nous ajoutons des quantités variables et progressivement décroissantes de sérum. Après 10 minutesde contact les différents mélanges sont injectés sous la peau des cobayes. Pour chaque série TOXINE ET ANTITOXINE CHOLÉRIQUES 18^ 4 cobayes servent de témoins: 2 reçoivent sous la peau une dose minima mortelle et les deux autres le double. Par conséquent, quand nous disons, par exemple, que tel sérum tient à 0 c. c. 15, cela veut dire que 0 c. c. 15 neutra- lisent, après 10 minutes de contact m vitro, deux doses mortelles d’une toxine dont la dose minima mortelle en injection sous- cutanée pour un cobaye de 250 grammes est égale à 1 c. c. Lors de nos derniers essais, nos meilleurs sérums tenaient à 1 c. c. 015; les plus faibles à 0 c. c. 35. Sur la nature de la toxine cholérique. Nos connaissances sur le déterminisme de la production de la toxine cholérique, telle que nous l’obtenons dans nos milieux de culture, sont tout à fait incomplètes et nous connaissons d’autre part très peu de chose sur la nature même de ce poison. S’agit-il, comme le pense M. Ramson*, d’un poison soluble et diffusible secrété parle microbe de son vivant; ou bien, suivant la conception de M. Pfeiffer % d’un produit toxique résultant d’une modification de la vraie toxine cholérique renfermée dans les corps de vibrions? MM. Brau et Denier ^ déclarent tout simplement que la pro- duction de la toxine cholérique sembte liée à la macération des vibrions, contrairement à l’opinion de M. Pfeiffer, ils pensent i\\xiln’y a pas lieu d’ établir de distinction entre la toxine cholérique contenue dans les corps de microbes et celle obtenue dans les liquides de eidture. Pour M. Kraus enfin, du moment que la toxine soluble donne une antitoxine, elle doit être considérée comme une vraie toxine. La question est évidemment très complexe et pleine de dif- ficultés. Dans plusieurs séries de recherches, nous avons étudié les variations de la toxicité des produits d’âge différent; l’action de la chaleur et du vieillissement à l’air et à la lumière sur ces mêmes produits; leur neutralisation par le sérum dans ces différentes conditions. Ces recherches nous ont permis de cons- 1. Loc: cit. 2. Loc. cit. 3. Loc. cit. 4. Loc. cit. d86 ANNALES DE L’INSTIÏUT PASTEUR later un certain nombre de faits dont la connaissance, croyons- nous, pourra être utile à tous ceux qui s’intéressent à l’étude du choléra. Les voici brièvement résumés. Inutile de dire encore une fois que les chiffres que nous donnons, sont empruntés à notre cahier d’expériences. Un flacon gradué renfermant 500 c. c. du milieu gélatine- peptone sérum de cheval, chauffé 3 heures à 60°, est largement ensemencé avec la totalité de vibrions provenant de deux cultures sur gélose en boîtes Roux âgées de 18 heures. Le liquide est réparti aussitôt après dans 10 boîtes stériles à raison de 50 c. c. par boîte et placé à l’étuve à 38°. Au bout de 3 jours, on fdtre 3 boîtes, sur papier d’abord, sur un filtre Berkfeld ensuite. Le filtrat est déjà suffisament toxique : 2 c. c, en injection, sous-cutanée tuent un cobaye de 250 grammes en 12 à 14 heures environ. Chauffé pendant 5 minutes à la température de l’ébullition, dans des tubes aussi remplis que possible et fermés à la lampe, ce liquide garde toute son activité. Un chauffage à 60° pendant 24 heures, un séjour de 15 jours environ à la température de la chambre à l’air et à la lumière, ou bien de 8 à 10 jours à l’étuve à 38° le rendent au contraire complètement inactif. Nous avons pu en injecter jusqu’à 6 c. c. sous la peau ou dans le péritoine de cobayes (210 à 240 grammes) sans que ces animaux aient présenté des troubles toxiques appréciables. Un sérum, dont l’activité dosée vis-à-vis d’une toxine de 7 jours était égal à 0 c. c. 025, a neutralisé dans les mêmes proportions la toxine de 3 jours avant et après le chauffage à 100°. 3 des 7 boîtes qui restent sont filtrées après 7 jours d’étuve à 38°. La toxicité du filtrat a plus que doublé ; 2/3 de c. c. tuent le cobaye en 12 à 18 heures. Le chauffage à 100° pendant 5 minutes n’atténue pas la toxine de 7 jours. Sa toxicité est au contraire considérablement diminuée (et à peu près dans les mêmes proportions) par un chauffage à 60° pendant 24 heures, par la température de TOXINE ET ANTITOXINE CHOLÉRIQUES 187 Tétuve à 38® en 10 à 12 jours et par le vieillissement à la tem- pérature ordinaire, à Tair et à la lumière en 18 à 25 jours. Il faudra non plus 2/3 de c. c., mais 1-1/2 et 2 c. c. pour tuer des cobayes de même poids. La quantité de sérum antitoxique capable de neutraliser 2 doses mortelles de toxine au 7® jour avant et après le chauf- fage à 100® ne varie pas; elle est toujours égale à 0 c. c. 023. Il faudra au contraire de de O c. c. 30 à 0 c. c. 50 de ce même sérum pour neutraliser 2 doses de toxine chauffée à 60® pendant 24 heures, restée 8 jours à Tétuve à 38® ou 25 à la température ordinaire à Fair et à la lumière. Les 4 dernières boîtes de la série sont enfin filtrées après 15 jours d’étuve. La dose mortelle du filtrat pour un cobaye de 210 à 240 grammes varie entre 2 et 2 1/2 c. c.. Le pouvoir toxique du liquide au 15^ jour a donc beaucoup baissé, surtout en comparaison avec la toxine de 7 jours. Il est, d’autre part, à peu près comparable à celui de la toxine de 7 jours chauffée 24 heures à 60®, vieillie à la température de l’étuve ou à celle de la chambre à l’air et à la lumière. La température de l’ébullition, le chauffage à 60® pendant 24 heures et le vieillissement (41 jours) ne déterminent pas un affaiblissement appréciable sur la toxine de 15 jours. Pour neu- traliser 2 doses mortelles de cette toxine non chauffée, chauf- fée ou vieillie, il faut toujours employer des quantités relative- ment fortes de sérum : 0 c. c. 50 en moyenne. La toxine obtenue par macération des corps de microbes dans l’eau salée et légèrement alcaline, se comporte comme résistance aux agents physiques et vis-à-vis de la neutralisation par le sérum, comme la toxine de 15 jours et celle de 7 chauffée à 60® pendant 24 heures ou vieillie à l’air et à la lumière. De l’ensemble de ces expériences résulte donc : que les carac- tères^ les propriétés biologiques, en un mot la nature de la toxine cholérique telle que nous l’obtenons sur les milieux artificiels chang e considérablement suivant l’âge des cultures. La toxicité du liquide au 3® jour semble due à un poison relativement fragile et neutralisable par des petites quantités de sérum. Ce même poison se retrouve en plus grande quantité et avec le même caractère dans la toxine de 7 jours; seulement, 188 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR dans celle-ci nous trouvons en outre un deuxième poison, moins actif que le premier, mais résistant, au cliauffag-e prolongé à (i0°, au vieillissement, et demandant, pour être neutralisé, des (|uantités relativement beaucoup plus fortes de sérum. Ce dernier poison existe seul dans la toxine de 15 jours et dans celle obtenue par la macération des corps de microbes. D’après leurs propriétés, le premier de ces poisons répond mieux aux car actères des vraies toxines ; le deuxième trouve au contraire sa place toute indiquée parmi les endotoxines : nous devons peut-être à sa présence de ne pas pouvoir augmenter au delà d’une certaine limite la dose des injections vaccinales. Quant à leur nature, avons-nous à faire à deux poisons diffé- rents ou à un seul et même poison dont les propriétés biologiques varieraient suivant l’état physique dans lequel ce poison peut se trouver dans les cultures d’âges différents ? Y a-t-il un produit de secrétion, le premier et le plus fragile, à côté du produit sûrement dû à la destruction des corps de microbes? Toute conclusion à ce sujet nous paraît, à l’heure actuelle, prématurée et d’ailleurs, au point de vue pratique, peu impor- tante. Ace point de vue il y aur aitunequestion bien plus impor- tante à résoudre : ce serait de savoir si la toxine que nous obtenons sur nos milieux de culture est la même que celle donnée par le vibrion dans l’intestin de l’homme atteint de choléra et qui détermine les symptômes toxiques toujours graves, parfois foudroyants, qui caractérisent cette maladie. L’application à l’homme du s érum anticholérique pourra peut- être fournir des renseignements précieux à ce sujet; à moins que, comme cela arrive pour le tétanos, l’intervention sérothé- rapiquesoit inefficace à combattre l’intoxication déjà faite dès le début des premiers symptômes de la maladie et peut-être même avant. Il serait donc de tout intérêt d’essayer de combattre le cho- iera humain avec les sérums antitoxiques préparés soit avec les produits solubles, soit avec les injections intraveineuses do vibrions vivants. Jusque-là, nous n’avons qu’à attendre. Recherclies sur la Flore intestinale normale des enfants âgés d’un an à cinq ans. Par Henry TISSIER (Avec les pl. I et 11.) Après avoir étudié les microbes composant la flore intes- tinale du nourrisson, nous devons maintenant chercher à con- naître ceux qui vont pénétrer dans le tube digestif et s’y accli- mater, chez Tenfant passant de l’alimentation lactée exclusive à une alimentation plus variée, analogue à celle de l’homme adulte. C’est ordinairement entre un an et 18 mois que com- mence cette période, dite de sevrage, et c’est ordinairement vers 3 ou 4 ans quelle est complètement terminée. Ces recherches sont plus délicates à conduire chez ces enfants que chez le nourrisson. Il existe, en effet, de nom- breuses façons de sevrer les enfants. Dans les campagnes, par exemple, les mères ont l’habitude d’ajouter d’abord aux tétées une petitç quantité des aliments communs à toute la famille, la plupart du temps de la soupe grasse, au pain et aux légumes. Puis progressivement, l’enfant ne prend plus le sein ; on ne le nourrit plus qu’avec des soupes auxquelles on ajoute, parfois, un peu de lait de vache. Vers 3 ans, il mange comme les adultes, presque exclusivement du pain, des légumes, des graisses. A côté de ce mode de sevrage certainement très ancien, nous devons placer celui qui se pratique dans les villes *. On commence à donner, dès l’éruption des premières dents, 1. Instructions aux mères pour allaiter leurs enfants, élaborées au nom de la commission des crèches de la ville de Paris paj- le docteur G. Varie t, médecin de l’hôpital des Enfants Malades. 190 ANNALES DE L’INSïlTUT PASTEUR des bouillies farineuses claires, semoule, tapioca, farine, puis, un œuf bien frais, à la coque ou délayé dans les potages. A 18 mois, on ajoute du jus de viande de bœuf, du poisson de mer, de la viande blanche bâchée, de la purée de pomme de terre au lait, des lentilles, des crèmes, des gâteaux de riz, composant les deux principaux repas et un litre de lait stérilisé en 3 ou 4 fois dans la journée. Vers 3 ou 4 ans, l’enfant prendra, comme ses parents, une alimentation très riche en matière albuminoïdes, œufs, viandes, poissons, fromages, légumes et pain. En dehors de ces deux modes de sevrage si différents, il en existe d’autres qui tiennent à la fois de l’un et de l’autre. On donne aux enfants du lait de vache, des bouillies au lait, mais aussi des soupes aux légumes, des purées de légumes farineux ou verts, dos compotes de fruits, des confitures et de temps à autre un œuf dans des entremets. On ne donne de la viande que beaucoup plus tard vers 4 ou 5 ans. Il est évident que toutes ces alimentations différentes influeront sur la composition de la flore microbienne et que nous devrons suivre sa transfor- mation dans tous ces cas. Pour simplifier notre description nous admettons trois façons d’alimenter les jeunes enfants : un .mode d’alimentation surtout végétarienne, un autre où il est surtout donné des matières albuminoïdes animales, et un autre où Ton donne des végétaux accompagnés d’une très petite quantité de lait et d’œuf. Nous ne devons pas oublier que notre but est de chercher à établir un type de flore normale, comme nous l’avons fait pour le nourrisson; il ne nous faudra donc comprendre, dans notre description que des microbes intestinaux absolument normaux. Or tout médecin sait, par expérience, combien sont fréquents les troubles digestifs au moment du sevrage et tout bactério- logiste sait que les espèces pathogènes subsistent dans l’in- testin du malade, longtemps après la cessation des accidents. C’est ainsi que nous avons isolé un microbe pathogène des selles d’un enfant en apparence guéri, pendant les six mois (jui ont suivi la disparition des troubles digestifs. Pour éviter cette cause d’erreur qui consisterait à considérer comme nor- male une espèce anormale, nous n’avons pris, pour nos recherches, que des enfants surveillés depuis leur naissance, en mettant soigneusement de côté tous ceux qui avaient pré- FLORE INTESTINALE NORMALE DES ENFANTS 191 sente, à un moment quelconque de leur existence, le moindre trouble digestif. Nous nous sommes servis, pour nos isolements, de la méthode de Veillon et nous avons eu soin d’étudier, autant qu’il nous a été possible, les propriétés biologiques et chimiques de toutes les espèces isolées, Nous n’avons certes pas obtenu toutes les bactéries formant la flore intestinale de ces jeunes enfants; mais nous pensons avoir isolé les principales. Il nous a paru intéressant de chercher à établir le nombre relatif de chacun de ces microbes. Il est, en effet, plus important de connaître les espèces les plus nombreuses, donnant les fermentations domi- nantes, que certaines espèces rares dont l’action chimique ne peut être considérable, étant donné leur petit nombre. Nous nous sommes servis toujours du même milieu; nous avons ensemencé un même nombre de tubes avec une quantité de matière fécale approximativement égaie; nous avons examiné toutes les colonies poussant dans les cinq derniers tubes et nous avons établi le pourcentage de chacune d’elles. Les nom- bres que nous donne cette méthode sont évidemment approxi- matifs et ne se rapportent qu’à des bactéries poussant égale- ment dans nos milieux de culture. Ce ne sont que des moyennes portant sur 30 cas. Ils ne serviront qu’à nous donner des idées générales sur la composition de la flore. GROUPEMENT DES BACTÉRIES DANS LES SELLES NORMALES. — Nous prendrons comme type de notre descrip- tion un e^nfant bien portant nourri jusqu’à un an au lait mater- nel, puis sevré progressivement avec du lait de vache coupé, des soupes au pain et aux légumes et ne prenant, par la suite, qu’une alimentation mixte. On lui aura donné par exemple à 18 mois : le matin, une soupe au lait coupé de moitié, à midi, une soupe aux légumes, du pain et des confitures, à 4 heures, un biberon (le lait coupé de moitié, le soir, une soupe aux légumes; à deux ans, on aura ajouté, aux deux repas, une pâte ou une purée de féculents; à 3 ans, des légumes verts, des entremets, des fruits; à 4 ans, on aura donné, au repas de midi et tous les deux jours, une petite quantité de viande avec sauces ou un peu de poisson. On sait que, tant que l’enfant n’aura d’autre nourriture que ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUIl le sein, sa ilore intestinale gardera le inênie aspect typique ; elle ne semblera formée que d’une seule espèce : le B. bifidus. Un examen bactériologique complet montrera, à côté de cet anaérobie strict, des anaérobies facultatifs : B. Coli (v. com- mune) et entérocoque; 85 à 00 0/0 environ des colonies seront formées par le B. bifidus, b à 8 par le B. coli, 4 à 7 par Y Entéro- coque. Dès que la mère ajoutera, à l’alimentation, du lait de vache coupé d’eau, on verra apparaître, dans les selles, quel- que rares bacilles rigides, longs et épais, à bout carré B. acido- philus, et d'autres plus grêles B. III de Rodella ; mais l’aspect microscopique de la selle restera sensiblement le même. Vers 14 ou 18 mois, quand on aura donné des potages, il se produira une modification plus nette. Le B. bifidus ne paraîtra plus aussi nombreux et de forme aussi régulière. A côté des formes habituelles, en diplobacilles, on trouvera de ces formes géantes, rencontrées dans les milieux peu favorables, ou naines rencon- trées dans les colonies mixtes ; les unes et les autres pouvant se renfler par endroit ou se bifurquer. En outre, les coccoba- cilles et les diplocoques seront en quantité plus grande. A côté de ces espèces et des quelques bâtonnets moyens ou grêles signalés plus haut, on peut voir de très petits cocci, décolorés par la méthode de Gram, formant des amas dans les préparations. En même temps ou quelquefois plus tard appa- raissent de gros bacilles, larges et trapus, en très petite quan- tité, un ou deux par champ microscopique, munis parfois de spores à une de leurs extrémités et gardant la coloration par la méthode de Gram. Les isolements nous montrent que la pre- mière espèce est le staphylococcus parvulus (Veillon et Züber), la seconde le B. per fringens, toutes deux anaérobies stricts. Vers deux ans, quand l’alimentation est plus variée, la flore bacté- rienne présente un aspect plus complexe. Aux espèces citées plus haut viennent s’ajouter quelques gros diplocoques, de forme bien arrondie, décolorés par la méthode de Gram, égale- ment anaérobies stricts : le diplococcus orbiculus (espèce nou- velle), puis un bacille de grandeur moyenne, prenant mal les colorants basiques, décoloré par la méthode de Gram, anaé- robie strict, donnant dans les cultures de curieuses formes d’involution : le B. funduUformis (J. Hallé) et enfin des levures L 1. Levures produisant avec le glucose de l’alcool éthylique, sans action sur le lactose. Elles n’ont pas été identifiées. 193 FLORE INTESTINALE NORMALE DES ENFANTS Vers trois ans, quand l’enfant commençe à prendre plus de matières albuminoïdes, apparaissimt dans les selles des cocco- bacilles à extrémités très effilées, en forme de navette, isolés ou groupés par paire, décolorés également par la méthode de Gram, ciiiaerobies stricts, animes dans les milieux liquides de mouve- ments onduleux : le coccobaciJIns præacutiis (espèce nouvelle); puis un autre coccobacille rappelant les caractères morpholo- giques de 1 entérocoque, mais moins polymorplie, anaérobie strict, le coccobacilhis oviformis (espèce nouvelle). Plus tard, enfin, vers 4 à 5 ans, aux espèces précédentes s’ajouteront d’autres bactéries également anaérobies stricts; un bacille grêle, immo- bile, se renflant parfois en son milieu ou formant encore de très longues chaînes à articles courts, gardant la coloration de Gram : le streptobctcillus ventriosus (espèce nouvelle) et un autre hacille beaucoup plus gros, de la taille du B. perfringms, mais incurvé, donnant dans les cultures de longues formes filamenteuses et se décolorant par la méthode de Gram : le B. mpülosiis (espèce nouvelle). Ainsi, chez un enfant de 5 ans, ayant une alimentation mixte, nos méthodes d’isolement peuvent nous donner jusqu’à 14 espèces différentes, 10 anaérobies stricts et 4 facultatifs, sans compter les levures. A première vue, cette flore intes- tinale peut paraître bien complexe ; mais si nous faisons le pourcentage des colonies, nous voyons que 80 0/0 environ sont encore formées par les microbes du nourrisson et 20 0 /O seulement font partie de la nouvelle flore. Le B. bifidus est toujours l’espèce dominante puisqu’il forme encore 70 0/0 des colonies totales. Il existe donc, chez 1 enfant de 4 à 5 ans, une flore intesti- nale FONDAMENTALE, analogue à celle du nourrisson (B. bifidus, B. coli (v. commune^), entérocoque; accessoirement, le B. acido- phüus, B. exilis, B. HI de Rodella) qui est la plus impor- tante,dont l’action sera certainement prépondérante, et une FLORE INTESTINALE SURAJOUTÉE (staphyloCOCCUS paîVUlUS, dipJo- cocciis orbiculus, B. per fr ingens, B. funduliformis, coccobacilhis piœacutus, coccobacilhis oviformis, B. ventriosus, B. capillosus). 1. Le B. coli (V. comtnunior) est rare. Nous ne l’avons isolé que 5 fois sur 13 194 annales de L’INSTlTUi' 1>ASTEUIL - 80 ■ 1 . I ; . I I ^ OU Le rapport de la première à la sero.ulc est environ de Si nous cherchons, maintenant, à voir comment ces microbes vont se répartir dans les différentes nous voyons que, comme chez le nourrisson, les bactéries sont peu nombreuses dans l’estomac, très rares, dans le duodénum, aucmentent progressivement dans l'iléon, le cæcum et le rcclun . Le! anaérobies facultatifs prédominent dans les ^ l’intestin contenant encore des traces d oxygéné; les "b. stricts dans les parties qui en sont lepourvues. Panni ces tirs, ceux qui domineront dans 'o-len. ères portio^ tube digestif seront les ferments les plus forts . e !. Inftdn.. Dans le cæcum, par exemple, la tlore anaérobie est plus variée on V peut plus facilement isoler les anaerob.es surajoutes. Dans le rectum elle est plus simple, elle semble, surtout for- mée par le B. bifidas. La répartition des;'microbes dans 1 intes- tin s! fait donc suivant les mêmes lois , chez 1 enfant 5 ans et chez le nourrisson. , , Selles des enfants ayant une alimentation vEr.ETARiE . - Cilles enfants qui ont été sevrés avec des potages ordinaires contenant parfoi! une petite quantité de lait co«P-le -iDe d’eau, puis aiimentés par la suite avec des ^ - en purée, .du pain, des matières grasses, des fiuits, la tlore intestinale présente un aspect plus siinple encore que celle de l’enfant à l’alimentation mixte. On yoif à mesure que la nourriture devient plus varice, des especes nouvelles : staphylococcus parvulus, B. L _ for^rm diplococcus orbiettto , mais nect microscopique des selles rappelle, plus que le.s piece denter l’aspect typique des selles du' nourrisson. Elles con- tZk p'r contre, plus de kvures^e>, bacillaires décolorées ou colorées par la méthode de Gram. Mais si nous cherchons a établir un rapport entre la flore fMdamentak et la flore surajoMée, nous voyons chez l’enfant à l’alimentation mixte puisqu il peut atteindr Lescoloniesde B. bifite forment 80(1/0 des colonies totales. !()■ c 1 ; ■ . . ■ ; ' 1. Répartilio;. des microbes dans l'inlesUn du bmimsso'n. H. Tissicr. Fév, t9Qo. Annales de VInst. Pasteur. 195 FLORE INTESTINALE NORMALE DES ENFANTS Selles des enfants ayant une alimentation iiiciie en matières ALBUMINOÏDES. — Nous Comprendrons, sous cette rubrique, les enfants sevrés avec du lait de vache pur auxquels dn donne, à un an, un ou doux œufs par jour; à 18 mois, du poisson ou de a viande avec des purées de légumes au lait, dos pâtes et des iscuits. Ce mode de sevrage donne souvent dos mécomptes et I est rare de voir des enfants, ainsi alimentés, atteindre l’àge de cinq ans sansavoir eu de troubles digestifs quelconques. Les mo- difications dans l’aspect des selles indiquée-splusbaut, sont ici plus pro ondes. Les anaérobies facultatifs se multiplient rapidement, alors que le 5. bifidus diminue d’une façon notable. Les bacté- ries surajoutées pénètrent rapidement dans l’intestin et s’y mul- tiplient nettement; On trouve toutes les espèces signalées plus haut et beaucoup plus nombreuses. Parmi elles se trouvent surtout : le coccobacillus pmacutus, le coccohacilUis oviformis, le . ven/nosus. Autre fait sur lequel nous devpiis insister; quand on donne ces matières albuminoïdes en quantité trop grande, II n est pas rare de trouver des espèces de passage, anaérobies protéolytiques, tels que B. bifermentam.- V.os bactéries ne se sont pas- acclimatées dans l’intestin, des enfants où elles avaient été rencontrées. A l’examen direct,, la More intestinale semble surtout formée de: bacilles lins et grêles, de cocco- acilles effi^s dont la plupart ne gardent pas la coloration I e (Tram. On voit rarement dos levures. Les gros bacilles tecolores par le Gram sont également moins nombreux, e rapport de la flore fondamentale à la flore surajoutée est plus petit que chez les autres enfants. 11 est environ de — 30 SI» 0/0 des colonies, seulement, sont formées de B. bifidus. Nous ne nous sommes occupés, jusqu’ici, que' d’enfants primitivement élevés au sein, possédant une'llore, antérieure au sevrage, très riche en B. bifidus et par conséquent très simple. ais c lez e nourrisson au biberon, aucune espèce n’est prédo- minante; le B. bîfidus-'ne forme que 50 '(»/(», à peine, des coonies totales. Comment se comportera celte lloiie, moins asis ante, avec 1 alimentation nouvelle? Dès (jue nous aurons commence le sevrage, nous verrons, comme chez lés' aûtre.s entants, apparaître ;dans les selles les bactéries nouvelles, mais en P us grand nombre. Il semble que leur développement y est ^96 ANNALE? LE L’INSTITUT PASTEUR plus facile. L’ancienne flore ou ftote fmdamenlale d’aspect s. !lnplexe, avec ces multiples espèces (B. acidophiliis, B. exdu B. in de Bodella, B. Inctis aerogenes, B. biftdm, enterocogiie, . coU etc ) gardera, longtemps encore, son caractère. Au 30u V.?, 3 ou * »n.. fl'»» ™ nourriture végétarienne, sans lait pur, ces différences s atte- nueront et tendront à disparaître. Ainsi, nous voyons l’aspect bactérien des selles varier avec l’alimentation antérieure, l’alimentaüon habituelle et men e, dans une certaine mesure, avec 1 alimentation jo^rnaliue^ Lbaque individu paraîtra posséder . avol vu, aussi, des enfants d’une meme famille possédé, dans leurs selles des particularités communes, particularités facilement o.vplicables, étant données la vie en nourriture identique. Ces flores individuelles ou familiales ont été très bien indiquées, dès 1894, par M. Metchmkof. Mais s. nous serrons de près la question rences portent, assez peu sur le fond meme de uiicrobes essentiels, sur ce que nous avons appelé ^ dameniale. Cette dernière est plus ou moins ""Portante ma elle existe toujours. Toutes ces différences sont surtout dues aux espèces surajoutées et aux espèces de passage qui, , sont trL variables. C’est elles seules qui donnent ces aspec particuliers qui frappent tant, au simple examen microsco- pique. ROLE PHVSIOLOCIQUE DE La FLORE INTECTINALE NORMALE. - Nous avons vu que, cliez le nourrisson, les micro- bes intestinaux ne paraissent pas servir à la 2': raie Chez l’enfant au sein, ils sont complètement inofftnsifs , un seul produit de l’indol, le B. coli, il est en s, petit nombre dans le.s selles que son effet nuisible ne peut etre considérable On ne trouve, du reste, pas de sulfoconjugués dans les "rmes. Ce fait, indiqué par la plupart des auteurs, nous a ete de nouveau confirmé par P. Garnier qui, étiez des enfants à flore intestinale normale, trouvé pour t)"L 15S de sulfates totaux en SO' H-- et p. 1000 d’urine), aucune trace de sulfoconju- gués. Cliez un enfant à l’allaitement mixte ayant une flore très voisine de la normale mais pas absolument identique, FLORE INTESTINALE NORMALF] 1). S ENFANTS 197 meme auteur a trouvé pour 0-'',4üo de sulfates totaux : Ofe'%0014 de sulfoconjugués. Chez Fenfant au biberon, les microbes intestinaux sont moins inoffensifs. Max Soldin i a trouvé, dans leurs urines, 4 fois plus de sulfoconjugués que chez le nourris- son au sein (0?^012 au lieu de 0?'‘,004). Mais si ces bactéries normales sont inutiles et inoffensives, elles possèdent une pro- priété intéressante; elles servent de moyen de protection contre Finfection. Elles sont, comme nous l’avons dit, surtout chez Fenfant au sein, en barrnonie parfaite avec le développe- ment de l’organisme. Chez Fenfant plus âgé ayant une alimentation mixte, les bactéries de l’intestin auront-elles des propriétés analogues? Joueront-elles un rôle utile dans la digestion? On sait que d’un repas d’épreuve ^ (viande = LO gr., pain 100 gr., légumes farineux = 100 gr., lait = 500 gr., beurre = 30 gr.) l’analyse ne montre dans les matières fécales que des déchets insignifiants : 4 à 5 0/0 des gi*aisses. Tout, matières albuminoïdes, hydrocarbonées, sauf cette petite quantité de graisse, a été transformé et assimilé. Les microbes, que nous avons isolés, peuvent-ils, in vitro, produire des actions analo- gues? Un seul, le B. perfringms. attaque les matières albumi- noïdes naturelles; les autres n’ont d’action que sur les matières peptonisées. Par contre, ils agissent tous, ou presque tous, sur les bydrocarbonées : le B. perfringens attaque Famidon, le glu- cose, le lactose, le saccharose ; le B. bifidus, Venterecoque, le B. coli (v. communior), le B. acidophilus, le B. eæilts, le B. 111 de Bodella, le B. fandiiliformis, attaquent le glucose, le lactose et le saccharose; le B. coli iv. commune) le Diplococcus orbiculus aüdi- quent le glucose et le lactose; le Staphylococcus parvulns le glu- cose et le saccharose; le B. prœaciitus le coccobacilliis oviformis, le B. ventriosus seulement le glucose. Ils donnent des acides lactique, acétique, butyrique, propionique, valérianique, etc. Le B. bifidus donne une acidité d’arrêt élevé =4.90 (en SO^H? p. 1000) ; le B. acidophilus et le ZI. perfringens = 3.43; Vente^ rocoque et le B. exilis — 2.45 ; le B. coli, le staphyl. parvulns = 1.96; le 5./// de Bodella, le B. funduliformis, le B. prœcutus, le diplococcus orbiculus = 1.47; le coccob, oviformisje B, ventriosus L Max Soldin, Jahrbuch fur Kinderheilk. Mars 4907. 2. Gauthier René, Thèse dé Paris iW,). 198 ANNALES DE lAINSïIïLT PASTEUR = 0.98; le B. cainlloms = 0.49. La plupart enfin semblent agir sur les matières grasses neutres, les saponifient et les transfor- ment en savons alcalins. Ces microbes pouraient donc aider, dans une certaine mesure, les sucs digestifs, s ils étaient placés comme dans nos milieux de culture, dans des conditions de vie favorables. Ces conditions sont-elles réalisées dans le tube digestif? Dans l’estomac d'un jeune chien, sacrifié 3 heures après le repas, (soupe au pain et pomme de terre = 200 gr., viande, — 30 gr., graisse = 30 gr., glucose =20 gr.) nous avons encore trouvé des matières albuminoïdes naturelles, des protéoses, des graisses, des matières amylacées, mais aucune trace de glucose. Le milieu était acide, par contre peu favorable au développement microbien. Nous n’avons, du reste, obtenu dans nos cultures que quelques rares colonies de B. coli et d’ enter ocoque. Dans la première moitié de l’intestin grêle, la réaction du milieu était neutre; il contenait encore des traces de matières albuminoïdes, des protéoses, des graisses, des ma- tières amylacées et du glucose. Ernst ' n a pas trouvé, chez le chien, de peptone, mais une grande quantité de tyrosine. Nencki et Sieher - ont signalé chez l’homme des peptones, des alhumoses, du glucose, de l’alcool, des acides lactique et acétique en petite quantité. C'est donc un excellent milieu de culture, et pourtant, les examens bactériologiques indiquent la présence de peu de bactéries : B. coU^ enterocoque, B. bifidus. B. per fringens, Ceci tient à la présence de sécrétions empê- chantes : bile, sécrétions pancréatiques et intestinales. Il s est produit'un travail microbien, puisqu on trouve des traces d in- dol et quelques acides de fermentation ; mais il est de bien peu d’importance. Dans l’iléon, le milieu chimique devient beau .coup plus pauvre, du fait de la résorption intestinale. Il n’y a plus «que des traces de peptones, la tyrosine diminue (Ernst). On trouve encore des graisses, des matières amylacées et des traces ale glucose. Le développement microbien est plus facile ;'ce sont -encore les bactéries anaérobies facultatives qui dominent. Il y plus d’acides gras, plus d’indol. Ernst â signalé du scatol et .des traces de phénol. Dans le cæcum, là où le microscope nous " montre uùe ’ prolifération microbienne intense, le milieu chi- 1. ERSsT.Zettsch f, phys. Ch. XVI, page 216. ^ ^ ‘ A . : . 2. Nencki et Sieber, Arch. f. eæpér..path. XXVIIL FLORE INTESTINALE NORMALE DES ENFANTS 199 mique ne contient plus deprotéose, ni même de tyrosine (Ernst), ni de glucose, mais une petite quantité de matières amylacées et de graisses. Dans le reste du gros intestin, les bactéries ne trouveront plus, comme aliments azotés, que des déchets insigni- fiants, elles auront encore à leur disposition quelques matières bydrocarbonées. C’est ce qui permettra aux anaérobies, fer- ments acides forts, de se développer et de devenir prédominants. Ainsi, l’organisme ne semble permettre à la flore rnicrobienne de prendre son entier développement que quand la plus grande partie du trav^ail utile est terminé et encore, en asséchant le milieu dans le gros intestin, s’oppose-t-il à sa multiplication excessive. De tous les produits de fermentation, seuls les acides seraient peut-être utilisables. Ils sont en trop petites quantités pour que leur rôle nutritif soit important. Nous ne pouvons que répéter ce que nous avons dit pour le nourrisson ; les fermentations microbiennes normales ne paraissent pas, jusqu’à présent, servir à la naîrition de l’organisme K Mais, à côté de ces acides, il existe d’autres produits de lermentation, indol % scatol, phénols, AzH*, etc., dont la résorp- tion ne peut être que nuisible. Sont-ils en quantité assez grande pour produire une action réellement toxique? Deux espèces seulement, parmi toutes celles que nous avons isolées, produisent de l'indol en culture : le B. Coli et le B. Perfringens. Dans la première partie de l’intestin grêle, elles en produisent peu, comme nous venons de le voir, d’abord à cause du petit nombre de microbes actifs, en second lieu à cause de la présence du glucose L Dans les autres portions du tube digestif elles pourront en donner de plus grande quantité. Quant au scatol, aux phénols ou corps similaires, nous connaissons pial les bactéries qui les produisent. Les analyses d’urine montrent que la quantité des phénols éliminés n’est pas considérable. Pour D''’,816 d’acide sulfurique des sulfates totaux, on trouve 0?',042 de S0*H* des sulfoconjugués, pour 1,000 d’urine. Le 1. Nous ne sommes pas parvenus à isoler, avec nos moyens habituels de culture, des bactéries digérant la cellulose. ' â. Les expériences de Porchet et Hervieux prouvent que cette substance n’est pas toxique. Ce fait diminue la valeur semeïologique des sulfoconjugués urinairei^. Pour qu’il y ait produ-ctiou d’indol en présence ,de glucose, il faut que la quantité de ce ..sucre soit inférieure à 10 p. 1000 v. Tissier et Martelly. de Vlnst. Pasteur. Déc. 1902. p. 880. \ ' V 200 ANNALKS DE I/JNSÏITUT PASTEUR rapport de Tacidc de ces suHo-ethers à 100 gr. d aci»le des sul- fates totaux, qui est en moyenne chez le nourrisson de 0,25, atteint chez l’enfant de 5 ans à Taliinentation mixte 2 à 4. On peut dire que chez eux la Flore intestinale est moins inolfensive que chez la nourrisson. Si nous comparons ces termentations intestinales d celles qui se produisent dans une viande en putréfaction, on voit qu’il n’existe, entre les deux, aucun point commun. On ne trouve pas, dans l’intestin, ces ferments simples, puissants, qui détruisent rapidement la molécule albuminoïde; on ne trouve que des ferments mixtes et encore des ferments pepto- lytiques (hormis le B. perfringens). Il n’y a donc pas, à propre- ment parler, chez ces enfants, de putréfaction intestinale. G est a peine s’il s’en produit une ébauche, décelable par 1 indol, le scatol ou les phénols. Ge n’est pas à la flore fondamentale, Pancienne llore du nourrison, qu il faut 1 attribuer, mais à la flore surajoutée opn possède des espèces comme le B. perfringens. Il est encore un autre point sur lequel nous devrons attirer l’attention : cette dernière flore contient des espèces patho- gènes (/^. perfringens, B. funduliformis, Staphyl parvul us) de pénétrer dans la circulation générale, à la faveur d’un trouble de nutrition, pour former ou aider à former des pro- cessus gangreneux (Veillon et Züber). Avec une alimentation contenant suffisamment d hydrates de carbone, les microbes intestinaux, ferments mixtes, trou- veront un milieu chimique favorable et le plus fort d entre eux, le B. bi/idus, deviendra prédominant dans la dernière moitié du gros intestin. Là, son action sera doublement favorable. Par sa production d’acides, il excitera, d’une part, le péristaltisme^ intestinal, amenant les évacuations quotidiennes, empêchant la constipation de se produire; il exercera d’autre part une action empêchante, non seulement sur les bactéries nuisibles, venues du dehors, mais encore sur toute cette flore surajoutée dont l’action ne peut être que mauvaise. Ainsi la Flore fondamentale reste inoffensive et empêchante, telle qu’elle était chez le nour- risson. Quand l’enfant ne prendra qu’une alimentation végétarienne, 1. Veillon et Zubér, Arch. de méd. exp., no 4, juillet 1898. 2. Bokai a constaté que les acides de fermentation produisaient chez le chien une exagération de péristaltisme intestinal. FLORE INTESTiNALE NORMALE DES ENFANTS :201 Fintestin contiendra plus de sucre et les bactéries productrices d’indol ou de phénols en produiront moins. Le B. bifidus aura un développement plus considérable. Il formera, comme nous l’avons vu, près de 80 0/0 des colonies. Son action favorable n’en sera que plus grande. Il est évident aussi que les bactéries surajoutées, qui se développeront le mieux, seront des ferments mixtes. Quelques-unes posséderont même une acidité d’arrêt élevée. B. perfringens = 343, Staphyl. parvulus = 1.96 B. fun- duliformis et /L otbicnlus = L47. En ne considérant que leur fonction acidifiante, leur rôle pourrait paraître alors plutôt favorable; mais elles en ont d’autres, comme nous venons de le voir, plus à redouter. Ces dernières fonctions sont, évidem- ment, atténuées, puis arrêtées, dans les milieux sucrés du fait de la production simultanée d’acide; mais, si atténuées soient-elles, elles seraient encore à craindre si ces espèces pouvaient se développer à leur aise. L’action empêchante de B. Bifidus sera donc, même dans ces cas, encore bienfaisante. Les selles auront une réaction acide, dégageront une faible odeur (odeur de tannerie). Les urines contiendront moins encore de sulfoconjugués. Pour 0^‘‘,344 de S0*H^ des sulfates totaux, on trouve 0gL0029 de SO'H' des sulfoconjugés. Le rapport de leur acide à 100 grammes d’acide sulfurique des sulfates totaux = 0,87, à 2. La flore intestinale sera donc encore moins nuisible que dans le cas précédent. Son action empêchante rappellera celle des enfants au sein. L’observation clinique confirme cette manière de voir. La constipation est inconnue chez les enfants végétariens et, dans tous les cas que nous avons pu suivre, nous n’avons jamais constaté de troubles digestifs. Quand l’alimentation sera riche en matières albuminoïdes animales, nous nous trouverons en présence de phénomènes inverses. Les bactéries productrices d’indol et de phénols en donneront beaucoup plus, ayant moins de sucre à leur dispo- sition. Le B. bifidus se développera moins bien; il formera, au 1. Cette petite quantité des sulfoconjugés chez les végétariens a été indiquée par de nombreux auteurs : Hoppe-Seyler, Rothmann, Gottwald, Krauss, Hirschler, Combes, etc. Toutes les analyses dont il est fait mention dans ce mémoire ont été faites par M. Paul Garnier. Le dosage des sulfoconjugués a été fait par la méthode de Baumann. 202 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR plus, 50 0/0 (les colonies. Les esp(3ces surajoutées se développe- ront plus aisément. Parmi elles, le Coccob. Prœaculus^ le Coccob, Oüiformis, le J?. Venlriosus ferments acides insignifiants ou nuis, attaquant surtout les protéoses, ne feront qu’augmenter l’alca- linité du milieu. Les selles seront neutres ou alcalines, elles dégageront une odeur sulfureuse, fécaloïde analogue à celle de l’adulte. Les urines seront plus riches en sulfo-conjugués. Pour 1^'‘280 d’acide sulfurique des sulfates totaux, on trouve 0^%06 de SO^H^ des sulfoconjugués, p. 1000 d’urine. Le rapport de l’acide de ces sulfo-éthers à 100 gr. celui des sulfates totaux = 4 à 0. La flore intestinale est moins inoffensive et moins empêchante. Si on persiste dans cette alimentation mauvaise, le milieu chimique intestinal, riche en déchets pro- téiques, nettement alcalin, sera facilement infecté par des espèces pathogènes dont la plupart ne peuvent se développer que dans de semblables milieux. Le B, bifidus disparaîtra ou n’arrivera plus à former que 20 0/0 environ des colonies totales. Le rapport de l’acide sulfurique des sulfoconjugués à 100 gr. de celui des sulfates totaux pourra atteindre, avec une alimentation identique^ 23. Les troubles digestifs deviendront de plus en plus fréquents et compromettront le développement régulier de l’enfant. Si donc on veut éviter les troubles digestifs si fréquents au moment du sevrage, le plus simple sera de conserver chez l’enfant, le plus longtemps possible, au moyen d’une alimenta- tion surtout végétarienne, les propriétés empêchantes de sa flore intestinale fondamentale. DESCRIPTION DES MICROORGANISMES. — Nous ne donnerons que la description des espèces nouvelles, exception faite pour le B. fundiliformis de J. Hallé, dont nous avons dû préciser les propriétés chimiques. Loggobagillus præacütüs. — Nous avons rencontré cette espèce chez des entants à l’alimentation mixte ; elle est surtout fréquente chez Jes enfants alimentés avec du lait de vache pur, des œufs ou de la viande. Elle se présente, dans les selles, sous la forme d’un coccobacille à extré- mités très fines et très pointues, en forme de navett.e, rappelant un peu le spirille de la bouche, tantôt isolé, tantôt groupé par 2 ou 3 et même quel- quefois en longues chaînes de 8 à 10 éléments. La longueur moyenne de chaïque 203 FLORE INTESTINALE NORMALE DES ENFANTS élément est environ 5 à 10 (x. Dans les cultures, ce coccobacille se montre peu polymorphe et dans les colonies un peu vieilles, on peut trouver, à côté des formes que nous venons de décrire^ des formes renflées possédant un point brillant à l’une de ses extrémités. 11 se colore très bien par les colorants basiques ordinaires, sauf par la méhode de Gram. Il est Ires mobile. Ses mouvements sont onduleux et très rapides. Sa vitalité dans les milieux sucrés peut atteindre 8 à 10 jours. C’est un anaérobie' strict poussant à 37» et à En gélose sucrée profonde, il’ pousse en 24 ou 36 heures, en donnant de fines colonies transparentes, très régulières, de forme lenticulaire dont les plus grosses peuvent atteindre 1 à deux millimètres. Elles donnent des gaz abondants fragmentant rapidement le milieu. La gélose devient acide et ne dégage aucune odeur. Il pousse mal en gélatine en donnant de fines colo- nies qui ne liquéfient jamais le milieu. Dans les milieux liquides il produit un trouble léger. Au bout de quelques jours, il se forme un dépôt pulvérulent. Il ne coagule pasle lait. Il n’attaque pas le blanc d’œuf cuit. Il est sans action sur le lactose et le saccharose, mais attaque le glucose en donnant une acidité d’arrêt de 1,47 p. 1000 en SO^H-. 11 n’attaque que les protéoses, sans jamais donner d’indol. Il dédouble la crème du lait et forme des savons alcalins. Il ne s’est jamais montré pathogène dans les 5 cas où il a été rencontré. 11 diffère du B. fiisifonnis de Veillon et Züber par sa mobilité, sa vitalité plus grande. CoGGOBAciLLUSoviFORMis. — Çottc espècG a été rencontrée chez des enfants ‘ayant une alimentation ‘mixte ou riche en matières albuminoïdes. Elle a été signalée, la 'première fois, croyons-nous, par Jacobson qui n’a malheureu- setnent pas pù f étudier. Elle se présente, dans les selles, soit sous la forme d’un court bâtonnet üu d’un coccus allongé, soit,* plus souvent, sous la forme de diplocoques à grains ovales, rappelant assez bien les formes ordinaires de l’entérocoque. Dans les milieux liquides ce coccobacille peut donner des chaînes de 5 à 6 ' éléments. Il est polymorphe. Il se colore bien par les méthodes ordinaires, ainsi que par la méthode de Gram. La couleur se fixe de préférence aux cxl rémités. Il est immobile. Sa vitalité ne dépasse guère 5 à G jours. C’est un anaéro- bie strict poussant à 37*^ et à 22o. Il donne, dans la gélose profonde, des colonies lenticulaires, opaques, blanchâtres et de grosseur très variable. Les plus grosses peuvent atteindre 2 à 3 mm. 11 ne donne jamais’ de gaz. Il pousse en gélatine en donnant de . lines colonies qui ne liquéfient jamais le milieu. Dans les milieux liquides il donne un trouble léger avec dépôt pulvéru- lent Il ne coagule jamais le lait et n’attaque pas le blanc d’œuf. Ses propriétés chimiques, semblent assez spéciales. Sans action sur le lactose et le saccharose il attaque le glucose en donnant une acidité faible 0.98 (p. 1000 en S0‘1D). 11 attaque les peptones^ sans produire d’indol. 204 ANNALES ])E L’JNSTITIJT PASTEUR Il ne s’est jamais montré patliogène. Cette espèce est très voisine du coccobacille rencontré par Veillon et Morax dans une péricystite lacrymale gangreneuse. Elle n’en diffère (jne par quelques caractères : absence de gaz fétides dans les cultures, aucune action pathogène. Diplogogcus orbigulus. — Cette espèce se rencontre fréquemment dans les selles de jeunes enfants, elle est facile à reconnaître au simple examen direct. C’est un très gros diplocoque à grains réguliers bien arrondis accol- lés par une surface plane, deux à trois fois plus gros que le gonocoque. Dans les cultures, on voit parfois un de ses grains s’allonger ou même se subdiviser en grains plus petits. Il se colore bien par les colorants ordi- naires; mais se décolore par la méthode de Gram. Il est immobile et est facilement tué par une température de 60o. C’est un anaérobie strict ne poussant qu’à 37o. Sa vitalité ne dépasse guère G à 8 jours. Dans la gélose profonde, il doone en 36 ou 48 h. de grosses colonies lenticulaires très régulières, peu épaisses, d’une coloration blanchâtre, presque transparentes. Il ne donne jamais de gaz. On n’obtient pas de culture en gélatine à 22o. Il trouble légèrement les milieux liquides et donne, au bout d’un certain temps, un dépôt grumeleux. Il ne coagule pas le lait et n’attaque pas le blanc d’œuf cuit. Il attaque le glucose en donnant une acidité d’arrêt de 1.47 à 1.96. Son action est plus faible sur le lactose (0.49). Il n’attaque pas la saccharose. Il attaque les protéoses sans jamais donner d’indol. Il ne s’est jamais montré pathogène. Cette espèce se rapproche beaucoup du Dipl, reniformis de Cotteti. La bactérie isolée par ce dernier auteur, est beaucoup plus petite, est pathogène et donne des cultures dégageant une odeur désagréable. Bagillus ventriosus. — Cette espèce est beaucoup plus rare que la pré- cédente. Nous ne l’avons rencontrée que chez des enfants ayant une alimentation analogue à celle de l’adulte. Elle existe également chez le chien. Elle se présente, dans les selles, sous forme d’un petit bacille fin, rigide, à bouts carrés, isolé ou groupé par 2 ou 3 éléments. Dans les milieux solides, il donne parfois de très longues chaînes de 40 à 50 éléments très courts. Quand le milieu est peu nutritif, il se renfle à sa partie médiane et donne l’aspect d’un « peloton de jardinier. » Il se colore par les colorants basiques ordinaires et par la méthode de Gram. Les parties renflées gardent fortement la couleur. Il est immobile, ne donne pas de spores. 11 meurt dans les cultures au bout de 4 à 5 jours. Il ne se développe qu’à 37». C’est un anaréobie strict. Dans la gélose profonde il donne de fines colonies lenticulaires régulières à bord net, qui, lorsqu’elle sont bien développées, peuvent atteindre 2 à 3 mm. R ne donne jamais de gaz. Il pousse dans la gélatine à 37o sans la pepto- niser. 1. CoTTET, Thèse deParis^ 1899. 205 FLOUE INTESTINALE NOllMALE DES ENFANTS Dans les milieux liquides, il donne un trouble léger qui forme par la suite un dépôt pulvéï-uleni. 11 ne coagule pas le lait. Ce bacille n’attaque ni le lactose, ni la saccharose. 11 donne dans les milieux glucosés une acidité ne dépassant pas 0.98 p. 1000 en SO^F. Il est sans action sur les albuminoïdes naturels, n’attaque que les protéoses, sans donner d’indol. 11 n’est pas pathogène. Bagillus Capillosus. — Nous n’avons rencontré cette espèce que deux fois chez des enfants ayant une nourriture mixte. Elle se présente dans les selles sous la forme d’un gros bacille incurvé ou encore sous la forme de tilamcnts plus ou moins infléchis. Il rappelle par sa forme et sa grosseur le B. perfrinyens dont il diffère par les caractères de coloration. Dans les milieux de culture solides, cette bactérie se montre sous des aspects très dilférents. Ce sont, tantôt des formes bacillaires, régulières, isolées ou en chaînes de 2 à fl éléments, tantôt de longs filaments enroulés sur eux-mêmes, enchevêtrés parfois en « peloton de cheveux ». Il donne aussi des formes en spirales, à masse centrale épaisse, à extrémités fines, analogues à celles qu’on rencontre parfois dans les vieilles cultures (le B. Acidophilus. Ce bacille prend bien les colorants basiques ordinaires; mais est complètemeut décoloré par la méthode de Gram. 11 est immobile, ne donne pas de spores. Sa vitalité peut atteindre 10 à 1.5 jours. C’est un anérobie strict ne poussant qu’à fl7o. Dans la gélose sucrée il donne, au bout de 48 heures, de fines colonies granuleuses, irrégulières. Ense développant, ellesémettent de fins prolonge- ments rayonnants, assez réguliers, qui peuvent se diviser à leur tour. Il ne donne jamais de gaz. 11 pousse dans la gélatine à fl7o sans peptoniser le milieu qui redevient solide par le refroidissement. 11 se développe mal dans les milieux liquides et ne donne qu’un trouble insignifiant. Il ne coagule pas le lait. Il attaque légèrement le glucose en donnant une faible quantité d’acide : 0.49 p. 1000 en SO^H^. Il est sans action sur le lactose et le saccharose. Il n’attaque pas les matières albuminoïdes non hydratées; mais seulement les ftrotéoses, sans jamais donner d’indol. Il ne s’est i»as montré pathogène pour les animaux de laboratoire. Bagillus fl nuuliformis. — (J. Dallé) C Nous avons rencontré cette espèce chez 7 enfants ayant une alimentation mixte, composée surtout de végétaux Nous l’avons également trouvée chez le chien. Nous renvoyons pour la description morphologique de ce bacille à la thèse de Jean Dallé, nous ne donnerons que ses caractères chimiques. Il attaque leglucose le lactose et le saccharose en produisant une acidité d’arrêt pouvant osciller entre 1.47 et 1.96 p. 1000 en SODF. D est sans action sur les matières albuminoïdes naturelles mais dédou- 1. J. Hallk, Thèse de Paris, 1808. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ior> ble les proléoses sans donner d’indol. Il produit dans cette attaque une petite quantité d’hydrogène sulfuré. : Dans les' 7 cas où nous l’avons trouvé, il ne s’est inonfré pathogène qu’une fois. . ; - , CONCLUSIONS , La flore intestinale de Tentant de 1 h a ans se transforme à mesure que la nourriture habituelle se fait plus- variée. Composée au début du sevrage comme celle du nourrisson,* elle s’enrichit, petit à petit, (Tune série d’espèces qui ont tendance h s’acclimater dans l’intestin. Si bien 'qii’à Tâge de 5 ans, alors que le sevrage est complètement terniiné, que l’enfant s’alimente à peu près comme l’adulte, on peut considérer dans l’intestin : une flore fondamentale^ vestige de la flore du nourrisson, de composition analogue, comprenant d’abord le B. bifldus^ V enterocoque , le B. colt et accessoi- rement le B, acidophilîts, le B. exilis, le B. 111 de HodeJla. qui est fixe et constante et une flore surajoutée de composition très variable f B. perfrinqens, coccobacillus prœcutus, > staphij- lococciis parvulus, B. funduUforinis, B. caplllosus, B. ventriosus, diplococcus orbicuhis, coccobacillus ovifornils, levures) . La. première est de beaucoup la plus importante; elle est à la secondé, chez Tenfant végétarien, dans le rapport de 90 à 10 et 80 0/0 de colonies sont encore forrhées par le 7i. bifldus. Chez Tenfant ayant une alimentation mixte, le rapport est de 80 a 20 et 70 0/0 des colonies sont formées de B. bifldus. Chez Tenfant alimenté avec une assez grande quantité de matières albuminoïdes animales, le rapport est de 70 à 30, avec 3,0 0/0 seulement de colonies de 5. ' Pas plus que chez le nourrisson, faction chimique des microbes intestinaux ne sert à l’organisme, mais elle n’est pas aussi inoffensive, comme semble le démontrer la teneur (les urines en sulfoconjugués. Peu nuisible ,cbez Tenfant végétarien, elle Test plus chez Tenfant ayant une alimentation mixte et le devient plus encore chez Tenfant prenant beaucoup de matières albuminoïdes d’origine aDimale. Cette action mauvaise est surtout le fait de la flore surajoutéé dont certains éléments possèdent en outre des propriétés pathogènes et sont capables de créer des processus gangreneux. En général, plus' une’ flore 207 FLOUE iNTEStliVALE NORM’A DES ENFANTS intestinale sera riche en espèces surajoutées, plus son action nuisible sera g^rande,. Les microbes de la flore fondamentale^ au contraire, auront, cOmme chez le nourrisson, des propriétés empêchantes. Un régime alimentaire, qui permettra à ces espèces de persister dans le tube digestif et d’y garder une action prépondérante, sera le meilleur des régimes, celui qui mettra l’organisme le plus à l’abri des infections intestinales. L’observation clinique vient à l’appui de cette manière de voir. Le 26 juillet 1907. EXPLICATION DES PLANCHES 1, ET II 1. — Selle d’\jn enfant normal âgé de 19 mois. Nourri au sein par la mère jusqu’à 6 mois. De six mois à un an, on donne, en plus du sein, du lait bouilli coupé de moitié d’eau. A un an. on supprime graduellement le lait. On donne, dans la journée, 4 potages au pain et aux légumes et quel- quefois des bouillies au lait coupé de moitié d’eau. Depuis 2 mois on ajoute au repas de midi une purée de pomme de terre. L’enfant n a jamais été malade (obs. 79) g = 1 ,5U0 diamètres. Pig^ 2. — Selle d’ün enfant normal âgé de cinq ans. Alimentation végé; TALE depuis le sevrage. Régime actuel: le matin : soupe aux légumes ou panade - à midi etle soir: un potage, un légume farineux ou une pâte, un légume vert; un dessert (confitures, fruits cuits ou gâteaux secs)(obs. 99) g = l,o00 d. Pig^ 3^ — Selles d’un enfant normal âgé de quatre ans et demi. Ali- mentation CONTENANT DES MATIÈRES ALBUMINOÏDES D ORIGINE ANIMALE, (lait, fromage, œufs, viande oupoisson) depuis le sevrage. Régime actuel le matin: soupe; à midi: un peu de viande, un légume farineux ou une pâte, un légume vert cru en salade, un dessert (fruits cuits ou crus ou petits fours; à 4 h: pain et beurre; le soir : soupe aux légumes oü du lait, un œut à la coque, une salade, g = 4,500 d. Pig, 4, — CoccoBACiLLüs PROEACUTUS (espccG iiouvclie), culture en gélose de 4 jours (obs. 89) g = 1,500 d. Fig. 5. — CocGOBACiLLUs oviFORMis (espèce nouv.), culture en gélose de 4 jours (obs.) g =: 1,500 d. Fig. 6. — Diplococgus orbigulus (espèce nouv.), culture engélose de ljours (obs. 86) g.zr. 1,500 d. Fig, 7. — Bacillus vENTRiosus (espèce nouv.), eultiire en gé4osede 4 jours )obs. 100) g 1,500 d. Fig, 8. — Bacillus capillosüs (espèce nouv.), culture en gélose de 4 jours (obs. 77) g = l,500d. A 208 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR KRHATA Dans le numéro de décembre 1907, page 991, — Mémoire intitulé : Inlluence du ferment lactique sur la flore des excréments des souris, lire : G. Belonovski au lieu de J. Belonovski. Dans le n® du 25 janvier 19^8. — Travail de M. Nicolle etE. Pozerski : Page 50, ligne 20. Au lieu de : Actions indirectes, lire : Action directe. Page 51, ligne 9. Au lieu de : Prédominance même très marquée), lire; pré- dominance (même très marquée). Sceaux. — Imprimerie Ch araire. Le Gérant : G. Masson. ANJNÉE MARS 1908. 3 ANNALES L’INSTITUT PASTEUR Études sur la Fièvre Méditerrandeuee Chez les Chèvres algéroises en 1907 l'AR LES D's Edmond SERGENT, V. GILLOT et G. LEMAtUE Nos connaissances sur l’épidémiologie de la fièvre méditer- ranéenne ont fait un grand pas lorsque, le 14 juin 1905, Tlié- mistocle Zammit, membre de la Commission de la Royal Society chargée de l’étude de cette maladie, découvrit qu’une infection naturelle par le Micrococcus melitensis existe chez les Chèvres de l’île de Malte. La commission a conclu de ses recherches qu’à Malte la moitié des Chèvres est atteinte de fièvre méditerra- néenne, et que chez le dixième d’entre elles le microbe passe constamment dans le lait ^ Le lait infecté, ingéré par des Singes, leur donne presque toujours la fièvre méditerranéenne. D’autre part, à partir de juihet 1906, le lait de Chèvre que buvaient les soldats et les marins en garnison à Malte ayant été remplacé par du lait condensé, le nombre des cas a promptement diminué et a été presque nul en 1907. Le rôle du lait de Chèvre dans l’épidémiologie de la fièvre méditerranéenne étant ainsi établi, il était indiqué d’étudier 1 infection naturelle des Chèvres dans les villes, comme Atoer ce que nous avons fait durant * CIC 190 /. C fiècres algéroises . Les Chèvres laitières sont à Alger en majorité de race mal- aise; on trouve aussi un certain nombre de Chèvres espa- undJ^ZV 'Z for lhe investigation of mediterranean fever under the supervision of the Royal Society, pari VII, p. 4. 14 210 ANNALES DE I/INSTITUT 1‘ASTEUll giioles, et (les produits croisés. Nous n’avons pas vu, à Alger- ville, une seule Chèvre de race indigène. Les chevriers sont presque tous maltais, quelaues-uns sont espagnols. La plupart habitent la partie du faubourg Bah-el-Oued que l’on appelle la Carrière, où beaucoup sont groupés dans la petite rue de la Vigie. Les Chèvres y vivent enfermées dans des etables, en général basses, mal aérées, trop petites, au sol mal pavé et coupé de rigoles à purin difficiles à nettoyer. La pâture leur est offerte dans des mangeoires communes, de chaque côté desquelles elles sont attachées et dans lesquelles les chevriers marchent souvent pour traverser l’étable. Ces Chèvres ne sor- tent que le matin vers quatre heures et demie ; chaque troupeau se rend au « poste » qui lui est fixé en ville par la municipalité. Là, les Chèvres stationnent au milieu de la chaussée, souvent couchées parmi les immondices, ou bien pénètrent^ dans les couloirs, les cafés. Le chevrier les trait à tour de rôle sur le trottoir pour remplir les tasses et écuelles de toutes sortes de ses clients. A chaque quart de litre de lait de Chèvre, mesure ordinaire, il ajoute d’office une cinquantaine de centimètres cubes de soi-disant lait de Vache apporté de l’étable dans un bidon. Un certain nombre d’acheteurs boivent ce lait séance tenante. A sept heures du matin, toutes les Chèvres ont repris le chemin de l’étable quelles ne quitteront pas jusqu’au lendemain. Beau- coup de ces Chèvres cheminent muselées. Il est enfin des che- vriers qui gardent continûment leurs Chèvres à l’étable. On sait qu’à la Valette, au contraire, on voit des Chèvres circulant dans les rues toute la journée de 6 heures du matin a 9 heures du soir. Technique emploijée . Nous avons prélevé, au poste ou dans les étables, du lait à toutes ks Chèvres fournissant du lait à Alger au moment de notre enquête. 11 manquait donc les Chèvres pleines ou indisponibles. Le lait était recueilli dans des tubes flambés débouchés sous e jet de lait. Sur chaque tube une étiquette indiquait le numéro du troupeau et le signalement de la Chèvre ou, le cas échéant, son nom. Le lait était porté do suite au laboratoire, trois gouttes (t/10 de c. c.) étaient ensemencées sur gélose inclinée, et une goutte était diluée dans neuf gouttes d’eau distillée stérile con- tenue dans un verre de montre flambé. Ces dix gouttes étaient FIÈVRE MÉDITERRANÉENNE CHEZ LES CHÈVRES 211 mêlées à dix gouttes d’une émulsion, dans de Feau distillée stérile, d’une culture d’un M. melüemis d’origine humaine, ce qui donnait une dilution du lait au 1/20. L’agglutination était observée macroscopiquement dans des tubes de 6"’/“ de dia- mètre intérieur, puis microscopiquement : les résultats de la culture étaient recherchés pendant 10 jours au moins ; ceux de 1 agglutination étaient observés au bout de quehjues heures de 24 heures, de 48 heures. Résultats. Le tableau suivant groupe les troupeaux suivant la situation de leurs étables : Quartier Bab-el-Oued. NUMÉRO du troupeau. NOMBRE de Chèvres. LAITS agglutinants, LAITS A M. melitensis. Rue de la Vigie. 1 6 0 0 3 15 0 0 7 10 2 (en qq. heur.) 1 ? 1) 17 0 0 H 12 0 0 14 4 0 0 16 12 0 0 18 12 0 0 20 9 0 0 21 10 0 0 22 17 0 0 26 20 2 0 27 25 ï 0 28 15 0 0 36 24 2 9 37 9 1 0 38 30 4 1 ? 40 22 0 0 41 21 3 0 42 24 '} 0 44 21 0 0 45 12 0 0 49 9 0 0 51 10 0 0 54 10 0 0 Beau fraisier, . . 6 9 2 0 8 8 0 0 23 23 0 0 30 2 0 0 33 23 2 0 53 11 9 0 Rue de C 12 9 y M Rue de P, D 15 12 0 U 0 Rùe de P 35 39 5 0 Rue de B 47 6 0 0 Rue de N.-D . . , 52 5 0 0 Rue du F.-V. . . 56 10 0 0 annales de L’INSTITUT PASTEUIi -il -2 Ol AllTIEU DES TaDARI.NS. NUMÉRO NOMBRE laits LIATS A du troupeau. de Chèvres. agglutinants. M. welitensis. 10 i:i 13 19 0 2 0 0 Qlaivitehs de Mustapha- ■Belcourt . 2 9 0 0 Isoles 4 7 0 0 les uns 2 O 10 0 0 0 0 des autres. O O 40 1 0 0 OUARTIEH DU UuiSSE.VU. 24 34 4 O 0 0 0 0 Totaux 40 trou- 009 Chè- 26 lacto- réactions positives. 2 pseudo- peaux. vres. inclitansis isolés. IjO lauieau suivdiiL — 1- 1 i de Chèvres laitières en 1907, et parmi elles le nombre des •nfectées (à lactoréaction de Zammit positive) : I ^ QUARTIERS TROUPEAUX N"^ NOMBRE de Chèvres. NOMBRE DE Chèvres infectées. De la Préfecture . ... 1, 7. 20, 33. 38. 41, 44. 49 129 11 Entre la rue Bab-el- Oued et la rue Randon. 0. 11, 30. 40, 52, 54. 50 91 2 Des rues de la Lyre et de Chartres. De la Casba, au-des- sus de la rue Randon. 6,10. 14. 15, 10,25.28.30.44.51 121 2 9, 13, 25,20, 27, 37, 42 137 6 Des Tournants Rovigo. 3, 21, 22 42 0 Du faub. Rab-el-Oued. 12, 18,20,28,35,42,44,45,47,53 169 7 Du faub. Mustapha- Relcourt 2, 4, 23, 46, 55 35 0 Du faub. du Ruisseau. 24, 34 9 0 blÈVRK MÉDITERRANÉENNE CHEZ LES CHÈVRES 213 Ce tableau montre (jiie la traite et la vente du lait de Chèvre dans les rues ne s’opèrent que dans les quartiers ouvriers d’Alger. Le quartier où va le plus grand nombre de Chèvres infectées est celui de la « Préfecture )), bien connu comme le quartier le plus malsain, à lous 1(‘S points de vue, de la ville d’Alger. Heniarqms. Une seule fois l’agglutination fut immiMliatinneiit complète par la lactoréaction : le lait de celte Cbèvi‘(‘ (troupeau n‘* 38) agglutinait même au 1/120. Nous en isolâmes un petit Micro- coque présentant tous les caractères du M. melüensis^ sauf la faculté d’être agglutiné par un sérum typique C La lactoréaction de cette Chèvre fut constatée durant les mois de juin et de juillet, puis on nous empêcha de revoir la Chèvre, sous des prétextes divers. Le lait d’une Chèvre du troupeau n'^ 7, qui agglutinait au 1/20, contenait également un pscudo-melitensis non agglutiné par un sérum typique (sérum de Chèvre indigène ou de Macacm innus inoculés avec un M. melitensis d’origine humaine). Plusieurs de ces troupeaux furent examinés à dilfé- rentes reprises au cours de l'été, avec des résultats analogues chaque fois. Dans le troupeau n^ 35, on put procéder k la fois à la séro- réaction et k la lactoréaction : les 4 Chèvres dont le lait agglu- tinait avaient en même temps un sérum agglutinant, même soumis k une dilution supérieure au 1/100; une cinquième Chèvre, dont le lait n’agglutinait pas, avait un sérum agglu- tinant. H est notable que les 26 latoréactions positives ont été trouvées dans 11 troupeaux. On avait déjà remarqué à Malte que l’infection des Chèvres n’est pas sporadique, mais frappe d’habi- tude plusieurs Chèvres dans un même troupeau. Si nous comparons nos résultals avec ceux de la commission anglaise à Malte, nous voyons que U A AJalte toutes les Chèvres sont de race maltaise. A Alger il y a un certain nombre de Chèvres espagnoles ; 2^ A Malte, en 1006, le nombre de Chèvres laitières était de 1. Zaïiirriit a aussi isoli'; du lait un Microcoifue présentant ces caractères. (Hen, seignement inédit,. ) 1 ANNALKS I)H; L’INSTITUT PASTEUR J. » FIÈVRE MÉDITERRANÉENNE CHEZ LES CHÈVRES :2i:> ANNALES DE L’INSÏITUT PASTEUR ^10 ]7,i88 pour J8:].23i liahitanLs. A Alger, en 1907, le nombre de Chèvres dormant du lait ne dépassait pas 009 pour une com- mune de 97,400 habitants. (A Malte 1 Chèvre pour 10 per- sonnes, à Alger 1 Chèvre pour 159 personnes); 3*’ A Malte, les Chèvres sont toute la journée en ville. A Alger, on les rencontrer durant 2 heures à peine de la matinée ; 4‘^ A Malte, la lactoréaction de Zammit est positive dans 30 à .30 0 0 des cas, la lactoculture dans 5 à 10 0 0 des cas. A Alger, la lactoréaction n’est positive que dans 4 0 0 des cas, et la lactoculture n’a pas encore isolé un AJ. melite?fsis typique. Nous ajouterons qu’à Gibraltar, en 1903, sur 234 Chèvres maltaises, espagnoles ou de sang mêlé, 2 seulement avaient un lait agglutinant, et le AI. meUtensis fut isolé d’un de ces deux laits '. Résumé. Nous avons examiné, durant l’été 1907, le lait des 1)09 Chèvres fournissant à cette époque du lait à la ville d’Alger. Nous avons trouvé que le lait de 26 d’entre elles (4, 2 0/0) agglu- tinait un Al. meUtensis typique retiré du sang d’un malade, ce (jui indiquait que ces Chèvres avaient été récemment infectées. Sauf 2 cas particuliers, ces laits agglutinants ne contenaient pas, au moment de la reclnu’che, de microbes identiques au Al. meUtensis. On peut remarquer ({ue l’infection naturelle des Chèvres algéroises est moindre ([ue celle des Chèvres de l’île de Malte (i, 2 0/0 au lieu de 30 à 30 0/0). Cela tient peut-être à ce qu’elles ne sont pas, comme celles-ci, toutes de race maltaise pure, mais assez fortement mêlées de Chèvres espagnoles. 1. HounncKs, Report fi, part V, p. 59. iïUDES SUR U riiïRE MiDITERRlNdUNE Dans le village de Kléber (Oran) en 1907. Par les Edmond SERGENT et BORIES (d’Auzew) Nous avons constaté, en 1907, grâce à la séroréactiori, qu’un I certain nombre de cas de lièvres à rechutes de la région d'Arzew (Sainte-Léonie, etc.) classées, faute d’éléments précis de diagnostic, comme fièvres typhoïdes, relevaient en réalité de la lièvre méditei'ranéenne. Nous avons résolu d’étudier l’épidémiologie de ces cas dans le village fort éprouvé de Kléber, qui olfrait à Tobservation cet avantage d’étre isolé. Ce village est bâti sur les contreforts sud du Djebel-Orous qui le séparent de la mer, à 9 kilomètres à Touest de la ville d’Arzew, et à loi mètres d’altitude. La région est formée de collines arrondies, coupées de ravins peu profonds; le terrain est siliceux et calcaire, les eaux abon- dantes sont bonnes. Une route qui se détache, vers le nord, de la grande voie Arzew-Orao, se termine à Kléber. Les habitants que le dernierrecensement porte à 1,025, dont 450 français, diminuent de nombre. La ruine de la principale richesse du pays, la viffne, les contraint au départ ‘ . Notre étude a eu pour but de rechercher la nature et l’im- portance du réservoir de virus, et le mode de contamination probable. Nous relevons dans le tableau suivant les données intéressantes à ce point de vue, tirées de l’examen et de l’in- terrogatoire des malades, de l’examen des Chèvres et des autres animaux domestiques (fui vivaient dans le voisinage des malades. 1. Nous avons éli* (r(\s roçus par lo iiiairr do Klébor, M. Cliaiisoi*, ot par tous les colons à (pii noos avons en alVaire, cl (|ni noos ont donné touD'S les faci- lités do roclicrches . -JI8 ANNALES DE L’INSTITUT l'ASTEUR 1 NUMÉRO INITIALES des malades AGE DURÉE et époque delà maladie. D Z cj Td Séro- réactions positives. ^ Buvait du ; lait de ; ihèvres? / M c Z -S < x: O Lactoréac- tions posi- tives. 20 nov. 1 ^ CL OMBRE el nature les ani maux iomes- tiques. Séro- 1 réactions | positives. 1 1 Tli. St<= Léonie) 4 mois fév.- iuin 1907 3 n juin 1 /lOÔ imm. 5 sept. 1 /30 imm. Bouilli tou- jours - 11. i 6 mois . mars- sepi. 1907 3 4 juin 1/100 imm. 28 juin 1/100 imm. 4 sept . 1/30 en 24 h. Bouilli tou- jours 4 Fr. L. 2 4 mois janv - ^ avril 1907 •> 28 juin 1/100 imm. 4 sept. 1/30 en 24 h. Bouilli N’aime p.lelait 6 0 2 au 1/20 en 48 h. 5 Équidés 1 Porc. 2 Chiens 1 Chat. 1 mu el aul/iO imm Employeur des deux précédents 17 11 3 L. R. 2 0 mois 3 mars- juil. 1907 28 juin 1/100 imm. 4 sept. 1 /30 imm. Bouilli N’aime pas le lait 6 1 au 1/20 6 Sch. (î. 1 6 mois avril- ° sept. 1907 4 sept. 1 /SOimni. Jamais Ne l’aime pas en 48 b. 5 M<- (j. i 0 mois :3 oct. 1907 28 juin 1/100 en 2 h. 4 sept 1/30 en 24 h. Bnoillii 7 28 juin 0 20 no. 0 7 R. A. ^ 3 mois >1 juin- sept. 1906 1 4 sept. 1/30 en 24 h. Ou 6 0 8 R. P. - >K 3 mois 1906 Impossible 11 S. B. ; 4 mois in mai 1906 5 3 4 sept. 1907 1/30 en 24 h Jamais bu. Ne l’aime pas 10 Mc T. : 4 mois août- sept. 1906 5 Impossible 11 M. P. 2, moi! avril- mai 1907 5 ‘4 sept. 1/30 en 24 h Tou- jou rs ‘ bouilli Le sérum d’ai icun de ces malades n’a 1 gglutinc lit le B. typhique. FIEVRE MÉDITELIRANÉENNE A KLÉBER l>19 Le tableau suivant montre l’infection iranirnaux domes- tiques dans les familles où aucun cas de fièvre méditerranéenne n’a été connu. Nos Initiale du proprié- taire Nombre d|e Chèvres Lactoréactions p o suives Nombre et nature des animaux, domesti- ques. Séroréactlons positives. XII t; 4 Equidés 4 sept. ( 20 nov.' 1 1 au 1/30 en i 2i h. XIII Beni-0. (indi- gène.) ■ 20 nov. 7 l au 1 20 en 24 li. 1 Anesse 4 sept. 1 20 nov.' ) 1 /30 iniméd. ) t/100.en24h. XIV Ch.deD (indig.) 5 E({uidés -4 soi)t . 1 au 1/30 en 24 h. XV G (indig.) 1 Cheval 4 sept. 1/30 iinméd. XVI D. D 1 I 1 Chien 4 sept. 1/30 en 24 h. La réaction agg^lutinante n’était considérée comme positive qu’après examens macroscopiques et microscopiques concor- dants. Remarques cliniques. — Tous ces cas furent fort graves, de longue durée et surtout douloureux. La convalescence était en général lente, l’amaigris- sement et l’affaiblissement considérables. S. -B. a perdu 33 kilos en 4 mois (tombé de 93 à 62 kilos). Sch. G. a maigri de 12 kilos, H. de 11 kilos. — Les sueurs furent remarquables chez S. B. que Ton changeait de linge plusieurs fois par nuit. Les douleurs rhumatismales furent intenses chez Sch. G. etr L. R. que soignait M. le D'‘ Bordères, de Saint-Cloud, chez M. P. (souffrances intolé- rables) chez M. ï. Un autre malade : R. P. ainsi que Sch. G. et L. R. ont souffert longtemps de sciatique, surtout au déclin de la maladie. — Sch. G. et L. R. ont eu de la pleurésie, de la pneumonie au cours de leur infection (l)r Bordères). — Presque tous ces malades, sans avoir de vraies épistaxis, mouchaient du mucus sanguinolent. ' KÉSEHVOIR DE VIRUS. Au moment de notre enquête, 8 personnes possédaient à Kléber un sérum ag-g-futinant. Leur maladie remontait parfois à ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ±20 un an (H. P. iV’ S) ou à un an et demi (S. R. lU 1), M. P, lU 11). Parmi les animaux vivant sous le meme loitcjue ces personnes, d Chèvres sur 8() avaient un lait agglulinant au \ /’20 en 48 heures^ et 1 Equidésur 5 un sérum agglutinant au 1/20 immédiatement. Nous avons étendu le cercle des i*echerches el avons examiné le lait de toufps les (Chèvres lailières de Kléber. Actuellement, ces Chèvres sont toutes de l'ace espagnole. Il v a (juel(|ues Chèvres maltaises dans la \ille voisine d’Arzew*, et, d après certains i*enseignements, il y aui'ait eu, il y a quelques années, des (ihèvres maltaises à Kléber même. Mais ceci n'a pas pu être démontré, et, en 1907, il n’y en avait pas dans ce village. A Kléber, un chevrier communal rassemble chaque matin, au son de la corne, les Chèvres de tous les colons, qu’il conduit aux champs et qu’il ne ramène dans leurs étables qu’à la tombée de la nuit. Le nombre total des Caprins est de 050. dont 503 seu- lement donnaient du lait lors de notre enquête. I. Dans la ville d’Arzew. le lait de 35 Chèvres de race espagnole fui examiné le .5 juin 11)07. = 0 agglutination . FIÈVKK MÉÜIÏERRANÉFNNE A KLÉBIÎH -221 Courbe du malade n" 1. (Sainle-Lconic. ) 1 ANNALIÜS DE L’INSTITUT PASTEUIl Le 28 juin, vu 122 (llièvres, laetoréaction positivai 2 lois, laetoeulture nulle. ïl n’y a pas eu Je lièvre niëJiterranéenne connue dans les familles Ch. et 01. à qui appartiennent ces 2 Chèvres. Le 4 septembre, vu toutes les 303 Chèvres laitières : 10 lacto- réactions positives. Le pourcentage des Chèvres à lactoréaction positive est donc de 3,3 0/0. Le 4 septembre, vu 27 Liquides : sérorèaction au I 30, posi- tive 4 fois. Le 4 septembre, vu 5 Chiens ou Chats : sérorèaction posi- tive 1 fois. lin Cheval et une Anesse (appartenant à 2 indig^ènes dillë- rents) ont un sérum agglutinant immédiatement au 1/30 et en 24 heures au 1/100. Il est à noter que ces indigènes ont pu avoir des malades dans leur famille, sans appeler le médecin. En somme, chez 1,025 habitants, nous comptons au mini- mum ' 8 séroréactions positives au 1/30. Chez 303 Chèvres, 10 lactoréactions positives au l/2(). Chez 27 autres animaux domestiques, 5 séroréactions positives au 1/30. Ces chiffres donnent l’impression que le réservoir de virus n’est pas, à Kléber, uniquement caprin, mais qu’il y a lieu de tenir compte de l’infection répandue chez les Hommes et chez les animaux domestiques autres que les chèvres. Moues de contamination. Nous remarquerons d’abord que l’épidémie de 1900-1907 a revêtu une allure familiale : un seul de nos malades a présenté un cas isolé dans sa famille (n» 5). Les autres au contraire se groupent ainsi : — N® 2 et no 4 ont eu un employeur commun chez qui ils ont travaillé l’un après l’autre. — No 3 et no 6 sont parents et vivent ensemble. — • No 7 et no 8 sont frères et vivent ensemble. 1. Nous disons au minimum, parce que nous n’avons pas recherché la séro' réaction chez tous les habitants. En dehors des cas faisant penser cliniquement à la fièvre méditerranéenne, nous avons examiné le san.2; de 8 personnes, dont plu- sieurs buvaient du lait de Chèvre cru, sans résultats positifs. FIÈVRE MÉDITERRANÉENNE A KLÉBER 2i3 — N" 9 et n" 10 sont frère et sœur et habitaient chez leur mère au moment de leur infection . __ N» tl a un frère qui a présenté en même temps que lui les mêmes symptômes. Le diagnostic de fièvre méditerranéenne n’est pas douteux. Mais ce jeune homme n’apaspuêtre examiné: il faisait son service militaire au moment de notre enquête. Piqûre des Moustiques. Les seuls Moustiques vus à Kléber sont des Culex. L’existence des Anophélines y est probable, celle AesStegomyia très improbable. Eulin il est impossibled’y admettre la venue des Moustiques marins (Acarlomyia mariœ Sergent, syn. Acartomyia zamniiti ïheob.) incriminés par E.-H. Ross et G. Murray-Levick. I^a mer est à 6 kilomètres de distance, et en contre-bas de 154 mètres. Ingestion de lait de Chèvre. Sur les 9 malades ou convalescents, I seul boit le lait de Chèvre cru, 4 prennent ce lait, mais toujours bouilli, 2 n’en prennent que rarement, et toujours bouilli, et enfin 2 ne prennent jamais de lait de Chèvre, qu ils n aiment pas. Le cas du jeune Fr. L (n» 4) est intéressant : il n’a aucun o-oùtpourle lait :i8 clnon ne possède point d’action bactéricide sur le b. charbon- neux, les extraits leucocytaires se montrent actifs. — Nous répondrons, inversement, à la seconde objection : que /a sensi- hililé tient, sans doute, dans certains des cas envisagés, à une ajlinité exagérée des cellules pour les antigènes; 2° que, dans les autres cas, on a vu des anticorps qui n'existaient pas en réalité. C’(‘st-à-dire que Telfet observé doit être rapporté, suivant les circonstances, soit à un antigène, soit à un agent chimique, présents dans les sérums, et non point à un anticorps. — Et nous ajouterons qu’on n’était guère capable, jusqu'ici, d’orienter les recherches d’une manière bien précise, puisque, sur b types d’anticorps existants, on n’en connaissait que 4 et que le rôle respectif des coagulines et des lysines restait totalement insoupçonné. Ceci posé, résumons ce que Ton sait actuellement, con- cernant les anticorps normaux et indiquons ensuite comment il est possible, avec nos idées, d’interpréter les phénomènes de résistance et de sensibilité naturelles. ANTICORPS NORMAUX (Xu'tains sérums jouissent de propriétés antitoxiques indéniables; d’autres manifestent un(‘ inlluence inverse (c’est ainsi que les sérums de chèvre et de lapin favorisent l’action delà toxine tétanique — Ricketts etKirk). — Beaucoup de sérums précipitent les albuminoïdes, certains contiennent des albumi- nolysines (Wassermann et Bruck). — Faut-il insister sur le nombre considérable de cytotoxines naturelles aujourd’hui connues? La concentration des anticorps normaux demeure souvent faible, avons-nous dit, au sein des humeurs ; d’où une plus grande thermolabilité (considérée, à tort, comme caractéristique des soi-disant « opsonines » normales) et un moindre pouvoir fixateur, bien établis par les travaux de l’École d’Ehrlich. RÉSISTANCE ET SENSIBILITÉ NATURELLES L’existence d’anticorps normaux déjà spécialisés et leur identité avec les anticorps artificiels correspondants prouvent COIVCEPTION DES ANTICORPS ET DE LEURS EFFETS clairement que, derrière les facteurs d’ordre général : espèce animale, âge, individu... qui semblent régir directementla résis- tance et la sensibilité naturelles, se cachent, dans la majorité des circonstances, de simples dilférences qualitatives et quan- titatives de ces anticorps. On a indiqué, lors du premier travail, comment il fallait concevoir le conflit des « toxines solubles » avec l’organisme sen- sible. Les toxines n’agissent sur l’économie que si celle-ci libère les poisons vrais qu’elles recèlent ; l'impossibilité de raccourcir le temps d’incubation au delà d’un certain minimum, quelle que soit la dose de poison brut introduite, confirmerait, s’il en était besoin, la théorie lytique que nous soutenons. — h’organisnie réfractaire doit son état privilégié soit à l’absence de fixation de la toxine (comme l’a observé Metcbnikoff, pour divers animaux inférieurs), soit à la libération excessivement lente du poison vrai (chez les grenouilles maintenues à 8® — Morgenrotb), soit enfin, certainement, à un pouvoir coagulant très marqué (dans les autres cas). — Chez les espèces sensibles, les accidents con- sécutifs à l’administration des « toxines solubles )) varient suivant le poison, sa quantité et son mode d’introduction. La toxine tétanique ne donne jamais de lésions locales (la plus grande partie du poison va aux centres nerveux; le reste est détruit lentement par les éléments « non nobles »); la toxine diphté- rique en détermine toujours avec les faibles doses et jamais avec les fortes (consommation de la lysine disponible et gène apportée à sa régénération du fait de l’empoisonnement). On connaît les divers types de tétanos : musculaire, splanchnique... On sait, enfin, que les toxines se manifestent localement, selon leur nature et leur activité, par des congestions, des œdèmes, des eschares (libération de plus en plus rapide du poison vrai, par les cellules « non nobles » ) ; qu’au niveau des éléments nerveux leur présence donne lieu à des phénomènes d’excitation ou de paralysie ; et que les troubles qu’elles pro- voquent du côté de la nutrition générale affectent une allure plus ou moins vive et entraînent des conséquences plus ou moins graves, suivant les circonstances. — La résistance aux toxines peut être soit augmentée, soit diminuée, par l’injection de poisons ou de sérums « thérapeutiques )) homologues 240 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ((( iniiiiuuisatioii » active ou passive), de sérums neufs, de substances variées..., en vertu de in(‘canismes qui seront discutés, une fois pour toutes, à propos des microbes vivants. L’immunité naturelle vis-k-vis albuminoides el des cellules (( imjfensifs » est due (couramment — car il y a, dans certains ; cas, absence de fixation ou d’englobement)k la prédominance des coag’ulines ; aussi le développement artificiel des lysines ren- verse-t-il les conditions normales et détermine-t-il des hypersen- sibilités quelquefois excessives. — L’étude delà maladie sérique nous a prouvé qu’un albuminoïde, non immédiatement toxique, peut le devenir au bout de plusieurs jours, s’il s’est formé de la lysine avant sa disparition totale. De même, pour les hématies non immédiatement (( solubles )) dans les humeurs. Si l’on injecte des globules rouges de bœuf au lapin, ils disparaîtront peu k peu, en 2-3 jours; vers la fin, se produira une crise hémoglo- binurique courte et intense, k la suite de laquelle la lysine spécifique, n’ayant plus d’hématies k détruire, s’accumulera pro- gressivement dans les humeurs (Sachs). La sensibilité aux albuminoides et cellules « toxiques » ne fait que traduire, objectivement, la lyse, si facile, des « endo- toxines brutes » correspondantes. Le développement artificiel de coagulines intervertit les conditions normales ; mais l’immu- nité, obtenue presque toujours avec peine, offre rarement une intensité marquée. Vis-k-vis des microbes {^psiihoghues) vivants, supposés réduits k leurs « endotoxines », la résistance et la sensibilité naturelles apparaissent encore comme intimement liées au jeu des coagu- lines et lysines normales. Chacun sait qu’il est des résistances -Z absolues et des sensibilités extrêmes, de la part de telles ou » telles espèces animales et vis-k-vis de tels ou tels germes; 4 les exemples abondent. La résistance absolue se manifeste m par l’absence complète de tout symptôme morbide. Les M microbes sont détruits a silencieusement », ce qui impose Ê l’idée d’une prédominance des actes coagulants; ils doivent 3 donc être détruits avec une certaine lenteur (l’expérience 3 montre, en effet, que les germes végétatifs et surtout les 2 spores peuvent persister quelquefois assez longtemps au fi CONCKP'nON J)ES AN'IICORPS ET DE LEURS EFFETS 24i sein de 1 organisme naturellement immun). L’extrême sensibi- lité, qui ressortit en fin de compte à l’insuffisance numérique des dejx sortes d anticorps (les lysines conservant, cependant, uni* piedominance icltUive)^ se reconnaît au libre dêv'eloppement microbien, dont les conséquences varient pour chaque cas par- ticulier. Entre les deux modes réceptifs opposés de l’économie, se placent tous les intermédiaires imaginables. — Dès que la résistance cesse d être absolue, apparaît immédiatement l’intoxi- cation, caracteristicjue de la dominance des lysim‘.s. Il n’y a que demi-mal, lorsque celles-ci demeurent assez abondantes et ne trouvent, devant elles, que des quantités modéré(*s d’antigènes vivants. Ici s’applique, mieux encore (ju’au cas des sujets (( immunisés », la phrase suivante de notre communication à la Société de Biologie : « il faut s’empresser de reconnaître que les lysines rendent journellement des services i ». Si donc les microbes sont détruits après une courte phase de multiplication, 1 empoisonnement, obligé, demeurera tolérable. Sinon, on assis- tera à une intoxication de plus en plus marquée et, à la limite. les sujets pourront mourir guéris. — Dès que la destruction des germes cesse d’être totale, tout est fini, dans les maladies aiguës; dans les affections chroniques, au contraire, le conllit continue parfois très longtemps, voire indéfiniment (inutile de revenir sur ce sujet). On change les conditions de la lutte entre l’organisme neuf et les microbes, en agissant sui* le premier ou sur les seconds, (ou encore, naturellement, sur les deux). Supposons la virulence constante, puisque nous avons dit ne pas vouloir aborder, aujour- d liui, la question de l’adaptation microbienne: et occupons- nous, d abord, des moyens »le modifier \i\ résistance des animaux. On peut vaincre la sensibilité naturelle (quand elle existe, bien entendu), c’est-à-dire augmenter la résistance — ou vaincre l’immunité naturelle (quand elle n’est pas absolue), c’est-à-dire augmenter la sensibilité — en recourant : à F « immunisation » à ; à l’emploi nts et morts, « toxines solubles », des substances « indifférentes » ; ou à ^ . Dans la môme communication, nous écrivions «lu’il IvsînAÛ .11 picuuujiiianie ue coaguiines ou de Predominance des lysines ne doit être considérée que comme un pis aller. 16 442 A.NNAI.KS DK [.'INSTITUT PASTEUK l’usage lies iigeiits cliiniiques, pliysiques, mécaniques. Il nous faut nous limitera l’étude rapide de quelques-uns de ces moyens, si variés. — D’après ce qui a été dit antérieurement, les sé- rums wor/nawx agissent en vertu il’un mécanisme iiui n est vrai- semblablement point univoque, mais (|ui ressorti tic plus souvent, croyons-nous, aux influences d’anticorps et surtout de coagu- lines (on n'oubliera pas, néanmoins, que les sérums peuvent jouer aussi un rôle néfaste, comme nous l’avons établi à propos de certaines expériences jiortant sur le bacille mor- veux). — Les germes étrangers sc comportent de façon différente selon les circonstances. Tantôt, ils empêchent 1 infection, grâce à une faculté antigène très marquée et s’exerçant parfois très vite, que double une faible toxicité (inoculation des mélanges ; pneumobacille + b. charbonneux) ; tantôt, ils l’aggravent, pour des motifs opposés à ceux qui précèdent (histoire de toutes les infections mixtes). Plus un germe offrira de « parente » avec un autre et plus il sera capable d’immuniser ou de sen- sibiliser vis-à-vis de lui. 11 immunisera, lorsqu’il fera élaborer à l’organisme une somme d’anticorps supérieure celle ■qu’il peut « consommer ii (on conçoit donc qu il doive être le moins toxique possible, sans quoi l’élaboration serait fatale- ment gênée); il sensibilisera, dans le cas inverse. Passons sur les toxines solubles, dont l’influence se montre toujours défavorable, ainsi qu’il fallait s’y attendre. — Les substances,^ dites indilférentes (expériences d’issaeff), déterminent en réalité certaines lésions des éléments avec lesquels elles entrent en contact forcé et les produits intra-cellulaires, libérés lors du -conflit, agissent vraisemblablement à la fois par les anticorps et les antigènes qu’ils contiennent. — L’étude des autoes agents, et notamment des agents chimiques, nous entraînerait trop loin; elle sera faite ailleurs et plus tard. Voyons, maintenant, comment on peut modilier les conditions (le la iutte entre l’organisme et les microbes, en s’adressant a ces derniers. La virulence ayantété supposée immuable, restent la voie d'introduction et la dose. Nous avons insisté, à maintes reprises, sur l’importance du mode d’administration des anti- 48 nant pas trac(‘ do peptones, mais des substances analop^ues au caramel. De rensemble de ces travaux, on peut conclure que l’amer- tume du lait résulte soit d’un état particulier de l’animal (jui le produit, soit d’une action microbienne. Dans le premier cas, elle est perceptible immédiatement après la traite et peut être produite par diirérentes causes, telles que l’ingestion de certains aliments, l’àge de l’animal, une lactation avancée et surtout certaines atFections de la mamelle. Dans le deuxième cas, c’est-à-dire quand elle est due à une action microbienne, la saveur amère ne se développe dans le lait que plusieurs lieures après la ti*aite. Elle j)eut résulter de l’action d’organismes très différents. 11 n’y a donc pas, à pro- prement parler, un groupe spécial de « bactéries du lait amer » comme il existe un groupe de ferments lactiques, et l’amer- tume du lait n’est pas un processus spécifique complètement à part. La notion qui se dégage dès maintenant, à la suite de cette étude bibliographique de la question, est (jue l’amertume du lait se produit dans un grand nombre de cas, par des causes très différentes et diversement interprétées. Nous verrons plus loin qu’il est possible de rattacher certaines d’entre elles à une même origine et que plusieurs observations des auteurs cadrent avec nos résultats. Nous ne séparerons pas, dans notre étude, ramertume du lait de celle du fromage, les deux phénomènes ayant d’étroits rapports entre eux. II 1* A I rn K E X P ÉR 1 M EXT A 1. E En examinant un grand nombre d’échantillons de laits amers, nous avons reconnu qu’ils se différenciaient nettement des échantillons de laits normaux en ce que leur distillât four- nissait les réactions communes aux aldéhydes et qu’on y pou- vait déceler la présence de l’ammoniaque. Ces observations ont AMERTUME DU LAIT ET DES FROMAGES 249 ctë la base de notre travail experimental que nous exposerons de la manière suivante : A. Recherclie et dosage des aldéhydes dans les laits et les fromages amers; B. Origine des aldéhydes dans les laits et les fromages t amers. G. Reproduction artificielle de Tamertume par ensemence- j ment approprié. A. RecJtercke et dosa (je des aldéhydes dans les laits et les fromages amers. Choix d’une nudliode. — Le choix d’une méthode de dosage des aldéhydes appropriée à nos essais a fait de notre part Tohjet d une etude attentive. Les trois procédés les plus actuellement suivis sont les suivants : le procédé à la rosaniline hisulfitée, celui au chlorhydrate de métaphénylène-diamiiie de Bêla de Bitto; enfin celui de Barbet et Jandrier à riiydi-oqûinone. Tous trois reposent sur des évaluations colorimétriques. La méthode au chlorhydrate de métaphénvlène-diamine ne nous a pas paru assez sensible; quant à celle de Barbet et Jan- drier, très recommandable pour le dosage des aldéhydes dans les liqueurs alcooliques, nous avons reconnu qu’elle devenait défectueuse en présence de sels ammoniacaux dont l’entraîne- tment risque de se produire au cours des distillations et peut colorer la solution d’hydroquinone utilisée pour le dosage. Aous avons donc eu recours à l’ancien procédé au bisulfite de rosaniline malgré ses imperfections. 11 est en effet basé sur une réaction commune à ungrand nombre d’aldéhydes etàleurs deiivés comme les acétals; sa sensibilité varie d’une aldéhyde a 1 antre; la coloration obtenue n’est pas proportionnelle à la quantité d aldéhydes; enfin elle est intluencée par la tempéra- tuie, la durée de contact et le titre alcoolique des solutions. De là, les différences considérables dans les évaluations selon les auteurs; aussi estimons-nous nécessaire de décrire le mode opé- ratoire suivi quand il s’agit de dosages d’aldéhydes. 1 out d abord nous nous sommes assurés, une fois pour toutes, que la réaction aldéhydique de nos liqueurs distillées était bien 250 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR due, pour la i)lus grande partie, à la présence de l’aldéLyde acétique. En effet, en les traitant par de la dirnélliylanilinc suivant un mode opératoire déjà décrit par l’un de nous \ nous avons pu isoler un corps bien cristallisé fondant à 70^ et que nous avons identifié avec le dérivé tétraméthylé du diphénylétliane : (y ]!'► [C6 IH Az ^ (jui ne peut être foi iné que par l’aldéhyde acétique. Nous nous sommes attachés à faire les comparaisons coloii- métriques entre des solutions de meme concentration. Dans ce but, nous avons commencé par- déterminer approximativement les doses d’aldéhydes contenues dans les laits et les fromages amers, ce qui nous a permis, après quelques tâtonnements, de faire des solutions types d’un litre voisin des liquides aldéhydi- (|ues extraits 55 «erait donc tout naturellement tente d’attribuer à l’activité même de la levure cet excès d’aldéhyde et de rattacher sa pré- sence au phénomène même de la fermentation, partag-eant ainsi l’hypothèse autrefois émise par Schützenberger et Üestrem. Mais cette opinion peut être controversée ; l’excès d’aldé- hyde que nous avons constaté est lié, à coup sûr, à la présence des levures qui pourraient être envisagées comme agents cataly- tiques par leur grande surface, ou comme agent d’oxydation par les éléments minéraux qu’elles contiennent i. Origine de l’ammoniaque. — L’origine de l’ammoniaque dans le lait est expliquée par 1 ensemencement de certains microbes, comme le M. ureæ, les Tyrothrix, etc... L’ammoniaque peut être décelée, avant sa coagulation, en proportions notables, comme 1 indiquent les tableaux suivants : IV TABLEAU INDIQUANT LES DOSES d’aMMONIAQüE FORMÉES DANS LE LAIT PAR QUELQUES MICROBES Observations après : Témoins. Micrococcus ureæ. Tyrothrix tennis. Tyrothrix filiformis. 4 heures. 8 — Néant. Néant. Néant. Nf^ant. Néant. Néant. Néant. Néant. 16 — Néant. Traces. Néant. Néant. 24 — Néant. 25 ingr. 0/00 Néant. Néant. 56 — Néant. 33 — 20 ingr. 0/00. 20 ingr. 0/00. 1 " - Néant. 50 — 25 — 25 — De même, le lait ensemencé accidentellement par de l’eau d’égout, de Turine, ou desproduits dedécompositionpeut devenir ammoniacal. Exemple : {. Alilairb, C. R. de VAcad. d. 6'c., 1906. p. 176 et 1907, p, 1215. ANNALKS UE L’INSTITUT l'ASTEUR V Obt^ervallons après : Témoin, Bacilles de l'tau d’égoul. Lirine putréfiée. Bacilles du jus de viande décomposée. 4 heures. Néant. Néant. Néant. Néant. S — Néant. Néant. Néant. Néant. Ki — Néant. Néant. Néant. Néant. 24 — Néant. 16 ingr. 0/00. 20 mgr. 0/00. 20 iiigr. 0/00. 36 — Néant. 2.6 - 22 — 22 — 72 — Néant. 30 — 33 — 23 — Enfin, d’autres causes d’origine non microbienne peuvent encore expliquer la présence de rannnoniaque dans le lait, telles sont par exemple la sueur tombant accidentellement dans le lait, la contamination par l’urine, ou simplement par les vapeurs ammoniacales qui se trouvent toujours répandues dans l’atmosphère d’une étable mal tenue,... etc. ^ * La connaissance de ces résultats nous a donné d utiles indications pour essayer de reproduire artificiellement 1 amer- tume qui doit compléter notre démonstration. C. Reproduction arlificieUe de l’amertume. Il était tout indiqué de clierclier à reproduire 1 amertume dans le lait en y provoquant, par un ensemencement approprié, la formation simultanée d’aldéhydes et d ammo- niaque. , , , r,. A cet effet, des flacons contenant du lait stérilisé ont etc ensemencés en môme temps et séparément comme essais de contrôle par des levures de lactose et des hacilles deFlugge, la première fournissait de l’aldéhyde et les deuxièmes de l’ammo- Un séjour de 2 à 5 jours à l’étuve à 30® a suffi pour deve- lopper dans les milieux un goût extrêmement prononcé et per- sistant d’amertume. Par contre les laits ensemencés séparé- ment par les levures ou les ferments ammoniacaux ne sont pas devenus amers. Le tableau suivant résume les expériences. AMERTUMH: du LAII’ et des FIIOMAGES 21 VI ENSEMENCEMENT SÉPARfI PAK UNE LEVURE PRODUISANT DE l’aLDÉHYDE Levures seules. Amertume, Aldéhydes O/OO. Ammoniaque 0/00. Camembert Néant. 45 mgr. Néant. Camembert Néant. 42 mgr. Néant. Coulommiers Néant. 37 mgr. Néant. Mont-d'Or Néant. 35 mgr. Néant. Vil ENSEMENCEMENT SÉPARÉ PAR UN FERMENT AMMONIACAL Ferment ammoniacal. B. Flügge V Néant. Néant. 23 mgr. Tyrothrix Néant. Néant. n ' . r réS0ncG. VIII ENSEMENCEMENT SIMULTANÉ PAR UxNE LEVURE ET PAR UN FERMENT AMMONIACAL Ensemencement de levures et du B. Flügge V. Camembert -f- Flügge V. très amer. 45 mgr. 25 mgr. Camembert + FJügge V. très amer. 40 mgr. 23 mgr. Coulommiers-j-Fliigge V. très amer. 37 mgr. 22 mgr. Mont-d’Or + Flügge V. . très amer. 35 mgr. 23 mgr. Nous avons aussi reproduit rameriume en ensemençant des Tyrothrix comme ferments ammoniacaux, en même temps que (les levures de lactose. Dans ce cas, moins net que par celui du B. Flüg-ge, l’amertume très fugace est souvent masquée par la formation de divers produits de décomposition. Les résultats de l’ensemble de nos expériences démontrent donc nettement : 17 258 ANNALES DE L’INSÏiTUT PASTEUR 1^’ Que les laits ensemencés avec les levures de lactose pro- duisant de raldéhyde n’ont pas donné d’amertume (Ta- bleau YI); 2® Que l’amertume n’est pas produite dans les laits ense- mencés avec les ferments ammoniacaux (Tableau Yll) ; 3® Que la réunion des deux ensemencements a au contraire provoqué la formation de l’amertume (Tableau Ylllj. On peut se demander maintenant, pour les cas spéciaux que nous avons examinés, quel est le mécanisme de la formation de la substance amère dans les laits qui contiennent à la fois de l’aldéhyde et de l’ammoniaque. Ce phénomène de l’amertume est-il lié directement à la présence de ces corps ou peut-il être considéré comme un phénomène connexe ou un épiphénomène? Nos essais ne nous donnent que des probabilités et il serait intéressant que des observations plus générales viennent con- firmer les nôtres. Nous pouvons cependant déjà donner, quoique sous reserves, une explication très acceptable de la formation de l’amertume en partant de l’aldéhyde et de l’ammoniaque. En effet la solution même très étendue d’aldéhyde et d’am- moniaque a la propriété de s’altérer en donnant une substance résinoïde douée d’un goût excessivement amer, facilement reconnaissable à une dose de 1/100.000 Cette résinification spéciale de l’aldéhyde se produit de préférence en milieu très légèrement alcalin. Mais nous avons reconnu que sous certaines conditions, les solutions très étendues d’aldéhyde acétique en solution neutre ou même acide pouvaient également, à la longue, donner des produits très amers. La rapidité de cette formation d’amertume et son intensité varient beaucoup, d’une part avec la nature de l’aldéhyde (nous nous en sommes assurés) et d’autre part avec celle de l’alcali ou du composé alcalin. On ne saurait comparer l’amertume obtenue par voie d’ense- mencement par des germes produisant de l’aldéhyde acétique et de l’ammoniaque avec l’amertume fugace produite par l’addi- tion directe de ces deux corps à du lait frais. On peut répondre à cette objection que les conditions de la formation d’aldéhydes et d’ammoniaque par voie microbienne sont différentes. Pour le fromage, qui est un produit ammoniacal, les résultats sont 259 AMERTUME DU LAIT ET DES EROMAGES îRus nets, lorsqu’on le soumet à l’action de vapeurs d’aldéhydes. Il suffît d exposer des tranches de gruyère sous une cloche contenant des traces d aldéhydes pour provoquer l’amertume. Partant des données acquises, nos résultats permettent de prévoir quelques cas de production d’amertume du lait et du fromage. Il y aura formation probable d’amertume, par exemple, par ensemencement accidentel du lait par un germe unique produisant à la fois ces deux substances; c’est le cas du «ad/tes subtüis signalé par Naegeli et celui du Bacillus lactis ëinari signalé par Freudenreich. Le lait pourra devenir amer chaque fois qu’ayant été ense- mencé par une levure de lactose, une deuxième circonstance aura donné lieu à la formation d’ammoniaque. 11 en est de même pour les fromages qui retiennent toujours, au moment de l’emprésurage, une certaine quantité de lactose. Une fois égouttes ils sont suceptibles de servir de réceptableaux levures de lactose abondamment répandues dans les laiteries. Les quantités d’aldéhydes produites dans les laits et les fromages dépendent d’une foule de circonstances, telles que la nature de la levure, l’importance de l’ensemencement, l’expo- sition à la lumière et l’aération. On comprend que l’assem- blage de ces divers facteurs ou leur superposition peuvent pré- senter, par leur réunion, des conditions très favorables pour la production d aldéhydes. Tel est le cas, par exemple, lorsque le caillé aura été préparé à trop basse température, retenant ainsi une plus grande quantité de lactose, ou qu’il aura été trop longtemps conservé, avant sa mise en moule, dans l’atmos- phère riche en germes des salles des fromageries. On peut dès maintenant, sans risquer de se tromper, affir- mer qu’un plus grand soin apporté à l’égouttage du caillé et une plus grande propreté dans la tenue de lalaiterie, diminueraient Tiolablenient ces risques. Cette conclusion confirme d’ailleurs les observations de quelques auteurs, Girard, Dammann, Harrison, etc., qui ont indiqué que le lait amer provenait g-énéralement d’étables mal- propres 1. De nouvelles expériences, faites depuis ce travail, ont confirmé pleinement les hypothèses que nous venons d’émettre sur la formation et la disparition <:*n8tantes de l’aldéhyde sous l’action des levures. )’ar mm. C. LEVADITI ET E. N.VTTAN-LARHIER {Avec les IM, 111 et IV). Travail du laboratoire de M. Metchnikoff. L’un d’entre nous a eu l’occasion d’observer pendant plus de 5 mois, un sujet blanc, qui, durant un séjour dans la région, du Haut-Congo, aux sources de l’Aliina, avait contracté le Pian. Ce cas nous a permis d’entreprendre une séi ie de recherches microbiologiques ethisto-pathologiques et d’apporterune contri- bution à l’étude expérimentale de cette maladie. * * ^ Malgré les recherches de Eijkman, Fierez, Powell, Nicholls et Watts, l’agent pathogène du Pian était encore inconnu en février 1905, lorsque Castellani^ découvrit un spirochète sur les frottis de la sérosité qui s’écoule des éléments pianiques. H le désigna sous le nom de Spirochœta perteniüs. Bientôt après, tenant compte de la ressemblance de ce spirochète avec le Spirochœta pallida, que Schaudin venait de découvrir dans les lésions syphilitiques, il proposait de lui donner la dénomination de Spirochœta paUidukl. Dix mois plus tard, Castellani publiait les résultats de l’examen de 14 cas de Pian et établissait que le Spirochœta perteniiis se rencontre constamment dans la sérosité des éléments pianiques encore fermés et se retrouve assez fré- quemment dans les lésions ulcérées. Si Castellani à ce moment, admettait une étroite ressemblance entre le spirochète du Pian et celui de la syphilis, il croyait du moins qu’il était facile de les différencier; il devait revenir sur cette opinion dans ses travaux ultérieurs, et déclarer que la morphologie des deux parasites est très analogue, sinon identique. Tel a été l’avis de la plupart des auteurs qui se sont occupés 1. Casteliam. Journal of the Ceylon Branch. of. the Brit. med. assoc. Juni 17 Ih. 1905; JMncety Augustl905; Brit. med. Journal, nov. 1905; Journal of tro- pical medicine. August 1905 et January ist 1906; Deutsche med. Wochenschv. Janvier 1906. ÉTUDE DU PIAN m 4e la question. Pourtant, Martin Mayer i, après avoir étudié 5 cas de Pian dans le laboratoire de Noclit, déclare que le Spirochæta pertenms est plus fin et plus difficilement colorable que le Tre- ponema pallidiiin^ et Prowazek% à son tour, admet que les ondu- lations du. SpiroclKeta pertenuis sont plus lâches et plus irrég’ulières que celles du tréponème et, enfin, que le spirochète du Pian se termine plus souvent par une boucle que celui de la syphilis. Quoiqu’il en soit, de nombreux travaux montrèrent bientôt toute la valeur de la découverte de Castellani : nous citerons les mémoires de Wellman^ de PowellS de Borne ^ de Neisser, Baerman et Halberstâdter®, etc. D’après une statistique récente de Castellani % le chancre pianique liumain contient constamment le Spirochæta pertemm (6 fois sur 6 cas); on le retrouve presque toujours dans les éléments secondaires (70 fois sur 76 cas), et un peu moins souvent dans les papules ulcérées (52 fois sur 76 cas); dans plus de la moitié des cas, la rate (3 fois sur 5) et les g^ang-lions lymphatiques (6 fois sur 11) contiennent le para- site qui, par contre, ne peut être décelé ni dans le sang de la circulation générale, ni dans le liquide cérébro-spinal. L’expé- rimentation confirme ces faits : le Spirochæta pertemm fut retrouvé par Neisser, Halberstâdter, Prowazek et par Castellani lui-même dans les lésions du Pian expérimental du singe. Castellani, chez ses animaux, n’a décelé le per tennis ni dans les frottis du foie, ni dans ceux de la substance cérébrale, ni dans le liquide céphalo-rachidien, mais il l’a, presque toujours, trouve dans le chancre pianique (15 fois sur 16), dans les lésions secondaires (2 fois sur 3), dans le suc splénique (3 fois sur 4); le spirochète n’a été découvert que 3 fois sur 6 dans les ganglions et 1 fois sur 4 dans la moelle osseuse. La recherche du Spirochæta pertenuis dans les coupes histolo- ^irjiies a suscité de moins nombreux travaux. 11 y a 2 ans, Spronk réussisait, en employant la technique de Levaditi, à 1. MA.RTIN Mayer, Spirochateabetuade bei Framboesia tropica, Deutsch. medicin. ^Wochenschrift. 1907, n® 12. 2. Trovvazek, ylrô. ans dem. Kaiserl. Gesunitieitsamte, 1907, vol. XXVI, lasc. 1, p. 2.1. Suivant P., le Sp. pert. ne possède pas aussi régulièrement que le pallida un cil à chacune de ses extrémités. 3. Wëllman, Journ. of tropical medicine Déc. 190a. 4. PowELL, PathoL Society. London, nov. 1905. а. VpNi)E.M Geneeskundig Tijdschrïft, 1906; Arch.für Schiffsu. Trop, tiyy. Sept. 1906. б. Neisser, IIaermavn et Hacberstadter, /l/w/îc/i, med. Wochenschr. n® 28. 1906. c /. Lasi’eli.axi, Frambœsia tropica. The Journ. ofhygiene. July 1907. Vol. 7, n® 4. 262 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR nieUrc en évidence des spirocliètes dans des coupes de Pian? huniainU Nous avons examiné les préparations de ce savant et nous avons trouvé des spirochètes très nombreux dans l’exsu- dalionde la surface et mômedanslaprofondeur de la lésion. Aucun caractère morphologique ne permettait de différencier ces para- sites du Treponema pallidum. Tandis que Martin Mayer ne voyait aucun spirochète sur les coupes de o papules pianiques, Shüffner^ pouvait les imprégner et les étudier dans ses prépa- rations : il les rencontrait à la surface de la lésion et dans la couche de Malpighi, où ils se réunissaient en amas abondants, dans les points où s’aggloméraient des polynucléaires, sous la forme de petits abcès. Les premières recherches expérimentales sur le singe ont été faites par Castellani, mais ce furent Neisser, Baermann et Hat- berstàdter\ qui les premiers publièrent des faits incontestables. Les animaux sur lesquels ils poursuivirent leurs recberebes^ furent le gihhon, le M. ctjnomolgus, le M. nemestrin. et le M. nuj. De 13 à 96 jours après l’inoculation, ils virent apparaître l’acci- dent primaire, caractérisé par une ulcération irrégulière et papillomaleuse, recouverte d’une croûte épaisse. Leurs animaux présentèrent souvent des récidives locales, mais ne furent jamais atteints de manifestations secondaires. Dans une nouvelle série d’expériences Halberstadter\ empruntant le virus à un chancre pianique et à des adenopathies pianiques de l’homme, inocula des singes inférieurs et des anthropoïdes (orang-outangs) r la durée de l’incubation varia de 22 à 50 jours ; 3 fois sur 11 des récidives locales se produisirent, mais c’est sur Torang-outang,. seul, que se développèrent des manifestations secondaires. Ces études furent entin contirmées par Castellani, qui put inoculer un grand nombre de singes inférieurs (8 macaques et 11 semno- pitbèques). 11 est donc bien établi que le Pian comme la syphilis, peut être inoculé aux singes inférieurs aussi bien qu’aux singes supérieurs. Les premières recherches, sur Yinimanité acquise, ont été faites surVhomme. Mais tandis quel’observation clinique démon- 1. Communication faite à l’un de nous. 2. Shuffner, l)\e Spiî'ochaeta pertenuis \ina das klinische Bild der Frarnbocsia ivov'idQ.. Münch mediz . Wochenschr . mi , ‘iS. 3. Neisser, Baermann et Halberstadter, Münch. med. Woch. 1906, n” 2». 4. Halberstadter. Weitere Untersuchungcnüber Framboesia tropica an AlTen.. Arbeif aus dem Kniscrlichen Gesundheitsnmte . Band XXVI. Fasc. 1, 1907. ETUDE DU PIAN 263 trait la rareté des récidives du Pian, Charhmis^ sur 10 sujets récemment guéris, réussirait à provoquer 7 fois l’apparition d’un nouveau chancre pianique en pratiquant une nouvelle inocu- lation de virus. Plus précises furent les recherches sur Vimmunilé croisée entre la syphilis et le Pian. On sait (jue Charlouis inocula avec succès la syphilis à un sujet atteint de Pian; Bestion et PowelV ont vu, d’autre part, des malades contracter la syphilis, alors qu’ils étaient encore porteurs d’une éruption pianique. U étude expérimentale de Timmunité croisée a été faite par Neisser, Baer marin et Halhei'stâdter^ par Halberstadter et par Castel - lani. Ces recherches ont donné des résultats sur lesquels tous les auteurs sont d’accord : le Pian et la syphilis sont, pour eux, deux maladies essentiellement différentes : les singes syphiliti- ques peuvent prendre le pian et les animaux pianiques sont aptes à contracter la syphilis. Nous n’insisterons pas davantage sur ces conclusions ; nous y reviendrons à propos de nos recherches personnelles. Observation du malade. — M. X..., Agé de 25 ans, a toujours été bien portant et n’a jamais eu la syphilis. Après avoir fait un séjour de deux ans au Dahomey, il est rentré en France en 1905, et est bientôt reparti pour le Congo Français, où il a séjourné jusqu’en mai 1907; il a successivement résidé aux sources de l’Alima et de l’Ogooué, région ou le Pian paraît assez fréquent. Le4 décembre 1906, M. X... constata à la base delà verge, une petite vésicule transparente, grosse comme un grain de mil ; le malade n’avait eu aucun coït suspect, mais, parmi les cases avoisinant celle deM.X..., s’en trou- vait une où était un enfant atteint de Pian. A la vésicule, succéda une petite plaie large de 12 à 15 millimètres, à fond rosé, non induré, croùteuse, non suppurante, ne s’accompagnant d’aucune adénopathie : cette lésion, pansée avec des cendres, persista jusqu’au mois de février. Dix jours après l’éclosion du chancre pianique, débutaient les manifestations secondaires, papillo- mateuses du Pian, qui couvraient bientôt le thorax, les deux épaules et l’abdomen. IM. X... souffrit à ce moment de violentes douleurs articulaires, localisées au coude gauche; mais il n’eut aucun accident qui eût pu éveiller l’idée de syphilis. Deux mois plus tard, une nouvelle poussée éruptive se produisit au niveau de la face, du front, du cou et des hypochondres. En mai, le malade fut vu par le Dr Allain, chef du service de santé à 1. CiiARLoms, Vierfeljahr. f. Dermat. u. Sijph., 1881, vol. 11. p. 4;M . 2. PowEi.L, Hint. Journ. of Dermat. 1898. Cit»'; d’après Jeansohne. 264 annales de L’INSTITUT PASTEUil Brazzaville ; l’état du malade était à ce moment, tout <à fait caractéristique, le !)'■ Allain porta le diagnostic de Pian, et adressa M. X... à l’im d’entre nous (Nattan-Larrier*). Le 15 juin, lorsque nous examinons le malade pour la première fois, son éruption pianique est presque éteinte, mais on en trouve facilement les traces sur la face, sur le dos et sur le thorax, où se voient de larges macules, d’un rouge jarnbonné ou cuivrées, disposées en fer à cheval ou en cercle et circonscrivant des espaces de peau saine. Il existe, d’autre part, encore quelques éléments pianiques en évolution. L’élément le plus typique siège à la face interne de la cuisse gauche. Arrondi, mesurant 2 centimètres de large, formant une saillie de d milli- mètres de haut, il a l’aspect papillomateux et présente une coloration rosâtre; son centre est déprimé et, sur un segment de sa périphérie, adhère une mince croùtelle jaunâtre. L’ablation de cette croûte donne issue à de grosses gouttelettes d’un liquide filant et citrin. Des éléments analogues, moins tlorides, existent au front et à la nuque, on en trouve un dernier sur a lèvre supérieure où il déborde largement sur la muqueuse. A Brazzaville, avant son départ, le malade avait été soumis, pendant 10 jours, au traitement mercuriel. Sur nos conseils, il fut traité par l’iodure de potassium (5 grammes par jour) et par la liqueur de Fowler. Son état resta stationnaire jusqu’au 9 septembre; nous lui proposâmes, alors, le trait tement par les injections sous-cutanées d'atoxijl, il le refusa, mais il absorba per os, pendant 3 jours, une dose quotidienne de 40 centigrammes d’atoxyl et c’est alors, le 13 septembre, qu’il se présentait, de nouveau, à notre examen. Les lésions du front et de la face s’étaient tout à fait effacées celles du dosn’étRient plus représentées que par de larges taches brunâtres. La lésion de la cuisse mesurait encore 1 centimètre et demi de diamètre et formait une saillie de 2 millimètres, mais elle était guérie au centre, et épiderinisée sur presque toute son étendue, sauf sur un segment seinilunaire où elle était encore recouverte d’une croùtelle jaunâtre. La lésion delà lèvre avait conservé à peu près l’aspect que nous décrivions plus haut. Le 16 septembre, on pratique une injection sous- cutanée de 30 centigrammes d’atoxyl; 2 jours plus tard, on constate que la lésion île la lèvre a disparu sur les deux tiers de son étendue et qu’elle est moins saillante ; la lésion crurale a diminué de moitié, et s’est entièrement épiderinisée. Le 20 septembre, la lésion de la cuisse est complètement cicatrisée et celle de la lèvre est à peine perceptible Expérimentatiox. — Nos recherches ont été faites sur 2 chimpanzés et 2 singes inférieurs, Macacus cpnomolgus et bonnet chinois. A. Chimpanzé I. — Inoculé aux arcades sourcilières le Juin 1907 avec le produit du raclage de la lésion de la cuisse gauche du malade; apparition du chancre oianique le 22 juillet, soit 32 jours après l’inoculation ; 26 juillet, croûte grisâtre, très proéminente, à bords polycycliques, du diamètre d’une pièce de un franc ; sous la croûte, la surface dénudée est granuleuse et bour- 1. Nous prions le Dr Allain d’accepter nos meilleurs remerciements. 2. Il est à noter que l’un de nos singes a également guéri très rapidement à la suite d'une injection d’atoxyl faite par M. Salmon. Ces faits confirment les recherches si intéressantes de Neisser. (Deutsche medizin Wochen. 19 sept. 1907), ÉTUDE DU PIAN ^>65 ^eonnante, son raclage provoque une exsudation séreuse. Les frottis de la lésion montrentjde nombreux spirochètes; on ne constate pas d’hypertrophie ! ganglionnaire. Mort le 5 août, 12 jours après l’apparition du chancre. Autopsie: la lésion s’est flétrie, elle est couverte de croûtes, sous lesquelles existe une surface;hourgeonnante. La rate est grosse (l’animal est mort d’une infection intercurrente). Les ganglions ne sont pas hypertrophiés. i Chimpanzé IL — Ino- culé aux arcades sourci- lières le a septembre idOl avec le produit du raclage de la lésion de la cuisse gauche du malade ; cette lésion, presque entière- ment cicatrisée, forme une large tuméfaction dont la scarification donne encore un liquide très riche en spirochètes; apparilion, du chancre pianique le 7 octobre, soit 24 jours après l’inocula- dion. 31 AG. GYNOMOLGUS. i\o 14. — Inoculé aux arcades sourcilières le 27 juillet avec du virus prélevé sur le chimpanzé L Le 26 août, petite lé- sion très douteuse. Appa- rition le Ier septembre, soit 34 jours après l’ino- culation, d’une lésion , „ , Chancres pianiques du chimpanzé n« 1. crouteuse; 17 ‘ la lésion de l’arcade sourcilière est recouverte de squames sèches et brillantes qui;se détachent sur un fond violacé; çâ et là on voit de petites croûtes très saillantes. Le raclage du chancre donne une sérosité, où l’on trouve facilement des spirochètes. 1er octobre, la lésion évoluant par étapes ou récidives successives, une nouvelle croûte apparaît; on ne constate pas d’hypertrophies ganglionnaires. 3 octobre, extirpation d’une petite lésion croûteuse; injection d’atoxyl. 16 octobre, l’animal est guéri; mort, le 22 octobre. Autopsie: l’autopsie ne montre rien de spécial. Ifo.vNET CHINOIS no 73. — Inoculé aux arcades sourcilières le 27 juillet avec du virus prélevé sur le |chimpanzé I ; n'a présenté aucune lésion. ûainstatations hactérïologiques, — a) A TiUat frais et à 266 ANNALKS DE L’INSTITUT PASTEUR Vît lira microscope, seul, le virus du cliirnpanzë n® 2 a été examiné. Les spirochètes nous ont semblé j)lus gros et pourvus d’ondu- lations plus lâches que le Treponpiiia paUidiim; peut-être pour- rait-on fonder une distinction sur la réfringence de Torganisme et la largeur de ses ondulations. Les spirochètes du Pian sont animés de mouvements latéraux en coup de louet, mais ne présentent (jue de faibles mouvements de propulsion. b) Sur les prcparcitions colorées par la méthode de Gieinsa, nous avons pu étudier à deux repi'ises le virus humain et le virus du chimpanzé. Les ondulations du Spirochertfi pctten^iis nous ont semblé plus irrégulières (jue celles du Trepotiema pallidirm; de plus, l’extrémité du Spirochæta pertenuis se dispose plus souvent en boucle que celle de ce Tîeponeïna, mais la coloration des deux parasites est la même. Toutes ces ditU - rences disparaissent, d’ailleurs, si l’on colore les préparations par le procédé de Ijoftler (col. des cils. Horret et Burnet). Constatations histologiques. — Nous avons pratique 1 exaineU' histologique des lésions du chimpanzé et du macaque. C est dans les premières seules, que nous avons pu révéler des^ spirochètes par l’imprégnation argentique. a) Lésions histologiques. — Vnlcération est recouverte d'une croûte très épaisse, formée d’un réseau fibrineux très dense où s’enclavent de nombreux polynucléaires, pour la plupart altérés. Au-dessous de la croûte, au niveau des points où l’ulcératioa n’a pas détiuil la totalité de l’épiderme, on remarque une pioli- fération très mai'ijuée de la couche deMalpigbi. La même b\pei- trophie se montre plus accentuée encore, a la péripheiie de lu lésion .* dyns ces points, le derme a proliféré, en foimant de longues papilles entre lesquelles s’enfonçent des coulées d é|n- derme, mais on ne voit jamais se constituer un véritable papil- lome. Au centre du chancre pianique et dans sa pn^fondenr. on constate : Une inliltration très intense du derme : cette infiltration, qui ne possède pas une distribution périvasculaire, est en giande partie formée de mononucléaires et de plasmazellen, mais elle n’est pas, comme celle que l’on observe dans le sypbilome pii- maire, presque exclusivement due à ces éléments : on voit, en ETUDE DU PIAN ^67-" effet, se mêler à eux un grand nombre de polynucléaires, qui pénètrent dans la profondeur de la lésion et forment, à longue distance, des traînées qui dissocient les libres musculaires et constituent de petits abcès miliavres : ces petits abcès se retrou- vent encore à la surface de la lésion et dans l’épaisseur de Pépiderme, surtout au voisinage de sa couche génératrice. Comme Shüffner l’avait vu sur les lésions humaines, ces petits abcès se développent dans des vacuoles foi-mées par une véri- table fonte des éléments épithéliaux; 2'^ Une intégiMté relative des vaisseaux : ceux-ci ne parais- sent pas profondément altérés, comme ils le sont dans la syphilis; iis ne subissent, en général, qu’une dilatation assez notable, manifeste surtout au niveau des fins capillaires. Ajou- tons que, dans un de nos cas, nous avons pu constater dans la profondeur du derme de véritables cellules géantes, groupées par deux ou trois, au milieu des amas leucocytaires : aucun bacille de Koch ne put être coloré à ce niveau. En résumé, quelques caractères très nets différencient l’aspect du chancre pianique de celui du chancre syphilitique. Le chancre pianique est surmonté d’une croûte beaucoup plus épaisse, et il forme une ulcération plus profonde, pour ainsi dire téré- brante. Au voisinage de l’ulcération, se produit un allongement des papilles dermiques ({ui ne se rencontre jamais à un degré aussi marqué dans les lésions syphilitiques. Insistons, enfin, sur l’absence ou ratténuation des altérations vasculaires et sur Vafilux considérable des pol g nucléaires à la superficie et dans la pro- fondeur de la lésion . b) Distribution des spirochètes dans les coupes. C’est seulement sur les coupes provenant des lésions du chimpanzé, traitées par la méthode à l’argent, que nous avons trouvé des spirochètes. a). A la surface de la lésion, ils se groupent en amas sous la croûte, et se montrent en extrême abondance dans l’exsudât qui la sépare de l’épithélium ulcéré (v. planche IV, fig. b.). Datis le derme, on ne trouve pas les spirochètes réunis autour des vaisseaux, comme dans la syphilis, mais on les décèle facilement dans les nodules formés de polvnucléaires, même à une très grande distance de la superficie de la lésion. Nous n’avons jamais vu de spirochètes libres dans la lumière des vaisseaux. Sur les coupes, les spirochètes de Pian ne présentent aucun 468 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR caractère qui peniielte de le dilférencier du Treponema pallidmn. Ajoutons que nous iTavons pu déceler \e Spirocha^ta pertenais ni dans les ganglions, ni dans aucun autre organe de nos animaux. Syphilis et Pian. — Nous avons vu, au début de ce travail, que, d’après les recberclies de Neisser, Baerinann et Halbers- tadter, de Halberstadter et de Castellani, une première inocu- ation de Pian confère au singe une immunité plus ou moins définitive et qu’il n’v a pas d’immunité croisée entre la syphilis et le Pian. En effet, les singes qui ont contracté le Pian ne sont pas devenus réfractaires au virus syphilitique, et d’autre part, les animaux syphilitiques peuvent encore être contaminés par le virus pianique. Nous avons répété ces recherches ; mais le matériel dont nous disposions ne nous a permis d’aborder que l’un des côtés de la question, à savoir si les singes porteurs de syphilis depuis un temps plus ou moins long, avaientacquis l’immunité à l’égard du Pian. Nous n’avons expérimenté que sur des singes inférieurs et nous avons choisi des animaux dont le chancre était apparu depuis plus de 15 jours et depuis près de quatre mois avant l’inoculation du Pian. Quelques-uns de ces animaux sont restés en observation pendant plus de trois mois. 1. SYPHILIS UE 59 .loriis. — Mac. Rkesa.'i, 59. Si/philis : inoculé le 13 mai avec du virus humain; le chancre déhute le 48 mai, après 13 jours d’ineuhation . Pia)i : inoculé le 47 juillet, soit 59 jours après le début du chancre syphilitique, avec le virus pianique du chim[)anzé L A ce moment le singe présentait encore quelques papules à l’arcade sourcilière gauche. Aucune lésion pianique ne se produit. IL SYPHILIS UE 71 .TOURS. — MüC . ci/nouiolgus . Sfiplulfs : inoculé le 17 juillet avec du virus humain ; le chancre débute le 6 août, après 20 jours d’incubation. Pian : inoculé le 10 octobre, soit 71 jours après le début du chancre syphilitique avec le virus pianique du chimpanzé 11 : A ce moment, lesinge ne i>résentait plus aucune lésion syphilitique. Aucune lésion pianique ne se produit. III. SYPHILIS UE 73 .JOURS, — MüC. ctfnomolqus n° 08, Syphilis : inoculé le 17 juillet avec le même virus une le [irécèdent, le chancre apparaît le 8 août après 22 jours d’ineuhation, IHan: inoculé le 10 octobre, 73 jours adirés le début du chancre syphilitique avec le même virus pianique que le précédent. Aucune lésion pianique ne se produit. IV. SYPHILIS UE 80 JOURS. — Muc. Rkesus 98, Syphilis: inoculé le 13 août avec du virus humain, le chancre apparaît le 2 mai, après 19 jours d’incubation. Pian : inoculé le 27 juillet, 86 jours après le début du chancre syphilitique avec le virus du chimpanzé 1 : au moment de l’inoculation .le singe présentait du psoriasis à la région sourcilière. lésion pianique ne se produit. V. SYPHILIS DE 110 JOURS. — Bonnct chinois no 56. Syphilis : inoculé le 20 mars avec du virus humain, le chancre ap[»araît le 17 avril, après 19 jours ETUDE DU VIAN 269 d’incubatipn inoculé Je 27 juilJet, 110 jours après le début du chancre sjphilique, avec le virus du chimpanzé 1 : la lésion syphilitique était complètement guerie à ce moment. L’animal meurt le 17 octobre sans avoir jamais présenté de lésion pianique . ’ On voit donc que, contrairement aux auteurs que nous avons cités, il nous a été impossible de transmettre le Pian aux singes syphilitiques. Il paraît en résulter que, du moins dans un assez grand nombre de cas, la syphilis confère aux singes une immu- nité assez durable contre le Pian. Peut-être pourrait-on nous objecter que, parmi les singes inférieurs, il en est qui possèdent une immunité naturelle contre le Spirochœta. pertenuis. Sur un de nos singes, Bonnet chinois no 73, en effet, l’inoculation du virus pianique a donné un résultat négatif. Cependant, on doit leconnaître que nous avons étudié l’immunité croisée sur un nombre assez considérable de singes inférieurs ; il est donc bien difficile d’admettre que tous ces animaux possédaient une immu- nité naturelle contre le Pian. D’ailleurs, une lecture attentive des observations de Neisser, Baermann et Halberstadter, de Halberstadter et de Gastellani montre que les cas démonstra- tifs d’immunité croisée sont rares. C’est ainsi que dans la deuxième observation de Neisser, Baermann et Halberstadter le virus pianique a été inoculé 13 jours après celui de la syphilis, en pleine incubation syphilitique. Or, on sait que l’immunité syphilitique ne débute qu’un certain temps après l’apparition du c ancie . dans ce cas, le Pian avait donc été inoculé avant que immunité contre la syphilis ne fût acquise. Les mêmes objections peuvent être adressées aux deux observations publiées par Halberstadter : dans l’une, le Pian fut inoculé 6 jours après 1 apparition du chancre syphilitique, c’est-à-dire avant que l’immunité syphilitique ne fût complète; dans l’autre, un macaque fut inoculé avec le Pian, 8 mois et demi après l’appa- rition du syphilome primaire, et peut-être, à cette date si reçu ée, 1 immunité syphilitique était-elle déjà sensiblement atténuée. Nous pensons donc que, faites sur des singes qui ont reçu e virus pianique à un moment où leur immunité syphi- bfique était certainement active, nos expériences restent démons- rativ es et pi ouvent qu au moins dans un certainnombre de cas, la sypliilis donne l’immunité contre le Pian. Inversement, le Pian conlere-t-il l’immunité contre la syphilis? Nous admettons que îa question a été nettement résolue par Nisser, Baermann et I ^70 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUll llalberstadter, par llalbersladter et par Castellani : les animaux (fiinis du Pian sont encare susceptibles de contracter la syphilis . L’étude inicrobiolog^ique des frottis et des coupes montre toute l’importance du rôle étiologique que joue le Spirochœta pertenuis de Castellani. Ces recherches prouvent encore que sTl existe des différences appréciables et incontestables entre l’agent pathogène du Pian et celui de la syphilis, de même qu’entre le chancre pianique elle chancre syphilitique, ces nuances ne sont pas assez tranchées pour que l’on puisse considérer les deux maladies comme absolument dissemhlables. 11 y a entre 1 asyphi- lis et le Pian une réelle affinité qui trouve son explication dans l’étroite parenté qui réunit le Treponeina paUidum au Spirochœta pertenuis. Pour mieux préciser les idées, nous dirons que le Pian se présente comme une variété atténuée de la syphilis et qu'il serait, vis-à-vis d’elle, suivant l’expression de Shüffner, « comme le paludisme tierce vis-à-vis de la fièvre paludéenne pernicieuse », Si l’on se rappelle que les singes inoculés avec du Pian n’ac- quièrent pas une immunité contre la syphilis, et si l’on admet, comme le montrent nos expériences, que les singes syphilitiques résistent à finoculation du Pian, on conviendra qu’il y a lieu, tout en admettant la parenté des deux virus, de considérer que le virus pianique possède une activité moins accentuée que celui de la syphilis L 1. Les recherches que nous avons faites sur te lapin, quoique peu nombreuses, Aiennent à l’appui de cette opinion. Contrairement à la syphilis, le Pian ne semble pas inoculable à cette espèce animale; nous avons en effet, sans succès, inoculé, dans la cornée et dans la chambre antérieure de l’œil du lapin, du virus h pianique pris sur le chimpanzé et sur le macaque. EXPLICATION DES PLANCHES 111 ET IV PLANCHE III Fig. a (en haut). Frottis d'une léson pianique de l'homme. Coloration au Giemsa,^ hématies; .9, s", spirochètes régulièrement ontliilés ; .v', spirochète à ondulations irrégulières. Fig. b (en bas). Coupe de chancre pianique du chimpansc tmi. Coloration à Péosine-hématéine, ii, extrémité de rulcération; f p, follicule pileux; p, épiderme hypertrophié; f, foyer d’infiltration à mononucléaires; i, traînée inflammatoire; v, vaisseaux dilatés. PLANCHE IV Fifj. a (en haut). Spirochètes dans un foyer d' infiltration à polynucléaires, situés dans la profondeur du chancre pianique du chimpanzé ne> 1. Coloration à l’argent, /, exsudation coagulée; c, cellules mononucléaires; p, leucocyte à noyau polymorphe; s, spirochètes. Fig. b. (en bas) Spirochètes dans la partie profonde de la croûte qui cou- vre le chancre pianique du chimpanzé n^ 1. Même coloration, e, exsudation riche en leucocytes polynucléaires; ep, épiderme avec vésicule épidermi- que contenant des leucocytes détruits; p papille ; s, spirochètes. RECHERCHES SUR LE SÉRUM IHTIRtUIQUE ' PAR A. MAKIE Les recherches sur le traitement pre'ventif de la rage par le sérum d’animaux vaccinés remontent à 1889: elles comptent donc parmi les premiers essais de sérothérapie. A cette époque, Babes et Lepp (1) avaient annoncé que des chiens inoculés pendant six jours avec du sang d’animaux de la même espèce vaccinés contre la rage, avaient acquis une immunité suffisante pour résister à l’injection suhdurale de virus des rues. D’autre part, de deux chiens traités de la même façon après morsure, l’un avait survécu, l’autre avait succombé à une maladie autre que la mg-e. Plus tard, Babes et Cercliez (2) déclaraient que cette nou- velle méthode permettait au chien de résister à l’infection intracérébrale pratiquée quelque temps avant l’immunisation. S’appuyant sur ces recherches, Babes essaya cette méthode sur 12 individus mordus par des loups ; ces malades reçurent donc, en plus du traitement intensif par les moelles desséchées, 40- 60 c. c. du sang de chiens vaccinés contre la rage. Une seule personne succomba en cours de traitement, les autres furent sauvées. Ainsi que le fit remarquer Hiigyes (3), on ne pouvait rien conclure de ces essais sur l’homme, puisque le traitement pas- torien avait été suivi; or, administré seul, il donne déjà d’ex- cellents résultats contre les morsures par loups enragés. Depuis 1891, Tizzoni (4) et ses collaborateurs, Schwarz (5), Centanni (6), ont poursuivi à Bologne l’étude du sérum des animaux vaccinés, administré avant ou après l'infection. D’une façon générale, cos expérimentateurs ont toujours conclu à la possibilité de prévenir la rage, par l’emploi du sérum antira- bique seul, lequel pourrait même, d’après eux, présenter un certain' pouvoir curatif (7). tJr t' I. Ann. de Vlnstitul Pas- t. AVill, janvier 19Ü5, p. 1, annales de L’INSTITUT PASTUUR Leur sérum était fourni par des lapins vaccinés au moyen' d’injections de virus fixe atténué par le suc gastrique. Pour pré- venir la rage, il suffisait d’inoculer de 11 à 2G c. c. de sérum, dans les veines, le péritoine ou bien sous la peau, en plusieurs- fois (‘t à raison de 3-5 c. c par séance. Le pouvoir préventif du sérum s’exerçait encore après une inoculation de virus des rues dans le nerf sciatique, à une époque où la culture avait déjà commencé dans l’encéphale. Les propriétés du sérum de Tizzoni étaient d’ailleurs assez fragiles ; mais à la condition de le conserver à l’abri de la lumière et à une température de 10-15^ il pouvait garder son activité pendant au moins trois ans. Certains échantillons du sérum, soit de lapin, soit de mouton, étaient tellement actifs qu’à la dose de 0,08 c. c., ils proté- geaient le lapin contre l’infection subdurale par un virus des rues. Plus tard, le sérum de Tizzoni devait acquérir des pro- priétés préventives tout à fait prodigieuses (6). Cinq jours après les dernières vaccinations, le pouvoir antirabique iu vitro du sérum de mouton allait jusqu’à 1 : 5000. Au bout de dix jours, il atteignait 1 : 10000, de 20 jours 1 : 25000. A notre connaissance, personne, depuis les travaux de Tizzoni, n’a réussi à préparer un sérum doué de ces propriétés merveilleuses. Nous même (8) nous n’avons jamais vu l’activilé d’un sérum antirabi(|ue dépasser 1 : 40. Quant à son pouvoir préventif, nous allons voir qu’il se réduit en général à une action retardante sur l’incubation de la rage. A priori, il semble inattendu qu’il en puisse aller autrement,, si l’on veut bien opposer à l’incubation souvent très longue de cette maladie la durée toujours brève de l’immunité passive. S’il ne paraît pas impossible qu’un sérum antirabique introduit dans l'organisme, avant ou aussitôt après le virus, puisse pré- venir ses effets pathogènes, il ne saurait s’agir que d une propriété limitée dans le temps et sous la dépendance de nom- breux facteurs. Une fois le pouvoir passager exerce par ce liquide, le virus rabique, qui aura échappé à son action indi- recte, pourra cultiver et accomplir son rôle pathogène — tout au moins dans la majorité des cas. D’autre part, il faut faire un choix parmi les preuves expé- Kb:GfIEUCH£S SUR LE SÉRUM ANTJRARIQUE i>7;{ rinienlaltis a donner d un pouvoir préventif du .sérum anti- rabique. L’infection par la voie musculaire et cutanée, celle qui se produit dans les conditions naturelles de transmission de la rage et qui paraît èlre ainsi toute indiquée, constitue une épreuve trop infidiMe pour être utilisable. On peut en juger par 1 essai suivant. Trois cobayes reçoivent sous la peau 3, 10, 20 c. c. d’un sérum antirabique actif à 1 : 30 : le lendemain, cha- cun d’eux est inoculé dans les muscles de la nuque avec I c. c. d une émulsion épaisse de virus fixe ; un lot de trois fémoinï subit la même épreuve. Résultat; deux de ces derniers prennent la rage, le troi- sième reste bien portant. Quant aux traités, un seul survil à 1 épreuve, celui à 10 c. c., les deux autres succombant à l’in- fection à des époques différentes. Rien à conclure d’une telle expérience, le seul survivant des trois cobayes traités ayant peut-être résisté naturellement à l’infection, tout comme l’un des témoins. C’est là une critique applicable à toute épreuve de ce genre et Remlinger (9) en souligne aussi l’importance dans des essais analogues. Nous ferons les mêmes réserves pour l’épreuve virulente par la voie intranerveuse. Le nerf sciatique, assez difficile à atteindre chez le lapin, constitue une porte d’entrée tout à lait aléatoire pour le virus fixe aussi bien que pour celui des rues. Pour des raisons opposées, parce qu’elle est trop sévère, la trépanation ne peut non plus convenir, - et on ne saurait s étonner de voir les animaux, traités par du sérum seul, suc- coniber après une épreuve intracérébrale, quand on sait avec quelle rareté l’immunité active elle-même les protège contre les suites d’une injection virulente sous-duremérienne. Nous nous sommes demandé si en pareil cas le pouvoir phagocytaire ne devrait pas être stimulé au lieu même de l’ino- culation d^épreuve. On injecte à n lapins 20-30 c. c. d’un sérum antirabique actif à J : .3; tous reçoivent cette dose sous Ja peau. Après 3 joui s on inocule à quatre d^entre eux 0,23-0,75 c. c. de bouillon ordinaire dans Eencépliale, puis on les éprouve tous par une injection virulente intracérébrale 24 heures après. Les cinq 18 -274 ANNALKS de E’INSTITUT l-ASTEUK animaux prenncnl la rage dans les délais normaux. (Taldeau I. Lapins 8-12.) . , Dans une autre exinlrience, des col.ayes mneu les sous la neau avec 10 c. c. d’un sérum aciif à 1 : 40 sucrombenl, dans le même temps que le témoin, à répreuve de la trepanatmn pratiqué!' (juelques heui'os ou (juclques jours apits injec ion (lu sérum. . Si l’inoculation sous-dureinérienne doit être abandonnée, il reste un mode d'infection qui, par sa sévérité, constiluc l’épreuve de choix pour ces recherches de sérothérapie, c est l’injection du virus lixe, et mieux eucore, du virus des rues, dans la chamhre antérieure de l'œil. Or, les animaux, lapins et chiens, que nous avons éprouves par cette voie, ont toujours pris la rage, qu ils aient reçu ou non du sérum antirahique. .Vprès l’injection du virus des mes, la maladie débute à des dates assez éloignées du jour de répreuve ; après l’infection par le virus fixe, c est versde o ou le jour que les premiers symptômes se maniiestent. Avec le sérum, nous avons noté des retards, souvent considérables, surtout chez le chieu : des animaux succombaient seulement dans le cours du deuxième mois, après l’injection d une gran e quantité de sérum, faite 3-4 jours avant l’épreuve intraoculaire ; nous n’avons jamais constaté de survie définitive. Comme on pouvait supposer qu’un sérum homologue aurait une action spécifique plus marquée que le sérum hétérologue, fourni pas des moutons vaccinés contre la rage, nous avons immunisé six lapins qui ont reçu, pendant 38 jours, des émulsions de plus en plus chargées de virus tlxe (inethode de Ho"yes). Quatre de ces animaux ayant succombé a des infec- tions intercurrentes, les deux survivants ont fourni un sérum actif à 1 : 3 et 1 : 3, et qui a servi à inoculer des lapins, éprouvés dans l’œil à des temps variables. Là encore, les résultats n’ont pas été satisfaisants. Dans nne expérience, nous voyons 2 animaux injectés dans les veines avec 5 et 10 c. c. du sérum, prendre la rage au 18» jour; une seule lois, il nous a été donné de voir un lapin résister pendant 2 mois 1/2. Le mode d’introdnetion du sérum paraît avoir peu d’influence, sur l’issue des expériences. Nous avons inoculé dans le péri- toine, dans les veines, sous la peau, des quantités souvent con- 1I^.GHEIICJ1ES SUR LE SÉRUM ANTIRABIQUE ^7:; sidérables et répétées, sans obtenir ,1c meilleurs résultats, et nous croyons pouvoir conclure à l’ineflicacité quoad vitam ,lu seiuin antirabu|ue, tant bornologue ,|ue hétérologue, adminisliv »e«/ préventivement contre l’infection rabique. Remlinger (10) a repris ces e.xpériences avec un sérum antirabique particulièrement actif, qui lui a donné chez le reîir ?ir T '“'^iJleurs. Les lapins qui avaient iim de survL.' P*’«senlé L,|S chiens ont résisté dans une proportion moindre : une inoculation de 20 c. c. de sérum antirabique a permis à ces ani- iTr.) deT^'''°''Ï a'^ec le virus fixe dans 33 0 0 des cas. 11 est bon d’ajouter que celui-ci est moins cons- ~ de sérum anlirahique seul. animaux DATE quantité EPREUVE DATE Résultats 1. Lapin 185( ) lOjuillel 10 e. c. VF 1:10 d'il. H juillel t Ragele30 juillet j-. Lajiin 17:2( J 10 — 15 c. c. VF 1:10 œil. 12 — R. le 29 juillet. 3. Lapin 202C ) 10 — 20 c. c. VF 1 : 10 œil. 12 — R. le 3 août. 4. Lapin 2000 0 4 mai. 5 c. c. (veine). VF 1 : 10 œûl. 4 mai. + le 8 mai. y. Lapin J 070 ' 4 — 5 c. c. (veine). VF 1:10 œil. O — R. le 22 mai. 6. Lapin 2220 4 — 1 0 c. c. (veine). VF 1 : 10 œil. 0 — R. le 22 — 7. Lapin 2200 ( , 1 ' ' 20 c. c. (veine). VF 1 : 10 œil. 7 — R. le 28 juillet 8. Lapin .... jlî) juillet /j8 — ( 1 ( 20 c. c. s.-cut. 0,50 c. c. bouillon dans le cerveau VF 1 : 100 dans le cerveau. 'lOjuillet R. le 27 — 9. Lapin 15 — »18 — ' l 20 c. c. s. -eut. 0,50 c. c. bouillon dans le cerveau VF 1 : 100 1 dans le cerveau. 19 — R. le 28 — 10. Lapin ..| \ 1 15 — j t,s - j 25 c. c. s. -eut. 0.25 c. c. bouillon iansle cerveau , VF 1 : 100 J dans le cerveau. 19 — i R. le 27 - 1 11. Lapin . . . j 1 15 _ j; 18 — ^ G 10 c. c. s. -eut. 0,75 c. c. bouillon Iansle cerveau t VF 1 : 100 J Jans le cerveau.) 19 - ] IL le 28 — 15 — . 10 c. c. s.-cut.| 1 VF 1 ; 100 ians le cerveau. ( 19 - I L le 28 — 27.i ANNALES DE I/INSTITUT PASTEÜI! la.n.nenl patLogè-.e, pour le cl.ien comme pour le Upiu. que le virus (les rues, injecté dans la chambre anleneure de I ,e I. Après avoir .constaté dans le sérum ant.ral...|ue l ab- sence de tout pouvoir préventif réel, nous avons eu niée , e cecbereber si les mélanges de v.rus rab.que e de sr u , spécifique pourraient protéger les animaux ^ S ■ Le problème se posait ainsi : le m.croorganisrne de cette infec- tion, lorsqu’il ne trouve pas dans les tissus un milieu favo- rable à sa conservation et à sa culture, conféré a imimal un certain degré d’immunité. L’addition au virus ilc sérum anli- rabique ne suffirait-elle pas à rendre a coup sur inoffensivi, l’injection virulente sous-cutanée? On sait, depuis les travaux de Pasteur, que bi laire est peu favorable à la prolifération du microbe de la la Dans une lettre à Duclaux (H) et dans d’autres communica- lions Pasteur signalait les différences observées par lui quant Üde c ’iuocuLion et quant à l’espèce animale. Ainsi, 1 m- Îec on de virus rabique sous la peau du cbien lu. donnâ t 'parfois l’immunité, surtout quand les doses étaient fortes L injectant de petites quantités, la rage apparaissait plu souvent, mais jamais d’une façon constante. Ces recherches devaient être reprises plus tard par Helman. • . . Il est d’ailleurs assez difficile de determiiier la giaviti ab de l’inoculation du virus fixe sous la chiens. Ces animaux peuvent avoir ete morii p ^ bêtes atteintes de rage et ainsi plus ou moins fortement m.mu- n con re la maladie. Pour parer à cette cause d’erreur, nous ronsTrocédé à l’inoculation de chiens âgés de quelque mois et n’ayant jamais été en liberté. Six de ces animaux oin l. a., «n.™ .. d.„. ... a. t"«cfr..raTvt;rr: 3 o„. pn. .... U., ‘-t;:::, ........ ». maladie par suite d’une inoculation ' (w,, cabique est très suivanUes^™^ inlraveineuse de filtrat de cerveau rabique pouvait conlcier nité aux animaux. UKCllEllCMES SUIl LE SÉRUM ANTIRABIQUE ±Ti les réussites, nous pensons rester plutôt en deçà de la vérité. Dans rexpérience ci-dessus, les 3 chiens qui avaient sur- vécu furent éprouvés 2 mois plus tard par une inoculation de virus des rues dans la chambre antérieure : tous i*ésistèrent. De son côté, Rernlinger (10) désirant déterminer dans quelle proportion l’inoculation du virus fixe peut conférer l’immunité aux animaux, a procédé à des essais sur le chien (d le lapin. Ce dernier animal paraît particulièrement sensible à une injec- tion virulente sous-cutanée ; mais lorsqu’il n’a pas succombé à la rage, il a accjuis un état réfractaire contre l’épreuve intra- oculaire. La dose injectée était de 3 à 10 c. c. d’une émulsion décimale de virus lixe. Ouant aux chiens qui avaient résisté à l’inoculation sous- cutanée de 6 à 12 c. c. d’émulsion à I : 10, Remlinger cons- tatait une immunité contre l’épreuve intraoculaire dans la proportion de 33 0/0 seulement. Nos premières recherches sur l’action des mélanges virus sérinn contre l'infection rabique remontent à 1902 (12). A cette époque, nous pensions qu’il fallait se contenter de mélanges neutres dont l’excès de sérum avait été rejeté après centrifu- gation. Une émulsion de virus lixe était pj*éparée directement dans le sérum antirabique ; après 24 heures, le mélange était centri- fugé et le dépôt débarrassé, par un lavage avec l’eau physiolo- gique, de l’excès du sérum. L’inoculation était faite sous la |)eau du ventre à des lapins ({ui résistaient plus tard à l’épreuve intra-oculaire pratiquée avec le virus fixe ou le virus des rues, non à la trépanation. Plus tard, des (*checs nous firent penser que les proportions Oe sérum et de virus lixe, contenues dans un mélange neutre pour le cerveau, ne pouvaient convenir pour donner une immu- nité solide. Dans le lahleau 11, on voit, en elfet, que sur une série de 8 lapins, 3 ont pris la rage malgré l’injection de 13 c. c. d’un mélang(‘ neutre virus sérum, dont le dépôl avait subi un lavage à l’eau physiologi(jue. :278 ANNALRS DR L’INSTITUT PASTRUR II, Inoculations de mélanges neutres VF sérum, après rejet du sérum, et lavage du dépôt. ANIMAUX DAT K QUiNTlTÈ ll'lUÜVE DATU RÛSULTATS 1 . Lapin ^.930. 27 scplc'inhn; 13 c . c . VR.(cil. 12 (iclohrc 13 octobre 2. Lapin :>.280. 27 sciiti’inltri' 13 c.r. VU. (cil . 12 ucloLrc U. b; 13 novembre* 3. Lapin 2.8(i0, 27 sniiliMiiln'c 13 (' . c . VU. (cil. 12 ncl.nhrc IL b' 1 0 (b'•ccn^brc 4. Lajiin 2.G90. 27 si'pl l'iii l>n‘ 13 c.c. VU.icil. 12 oclobrc ! 3. Lapin 2.380. 27 s<“])|<'inl)n' 13 c . (• . VF., cil. 12 oclohri' GO i 6. Lapin 2.780. 27 sepi (‘inltrc 13 C.c. VF. (Cil. 12 octobre CO 7. Lapin 2.030, 27 saph'iiihiM' 13 c.c. VF. (Cil. 12 oclobrc oe 8. f.apin 2.330. 27 scpiomitrn 13 c.c. \'F. .cil . 12 oclobia' IL le 28 novcinlirt; 0. f.apin 2. 130 . 27 sr[)l ciiiLl'c 13 c . <■ . VF. (Cil. 12 oclobr.' .•>3 Ttnnoim » » VU. .cil. 12 oclol)!-.' R. b‘ 29 oclobrc I^apin 19 » « VU. .cil. 12 (tclobrc U . b‘ G novembî'C Lapin 90 » » VU. .cil. 12 octobr.' U. le 7 nov.'inbi'c Lapin “Oi » » VU. œil. 12 oclobrc Il . b' 24 noveinbr.' Lapin 87 » VF. œil. 12 oclobrc U . le 8 novembi’i' Lapin 08 » « VF.(cil. 12 octobre R. b' 30 octobr.' Lapin 84 VF. (Cil. 12 octobr(' -b 1.' 20 octobre Lajiin 3 » » VF. .(‘i 1 . 12 octobr.' + b' 27 octobre-! Lapin 88. ..... . « >> VF, .cil . 12 octobre U. b' 29 octobr.' Nous tUions donc conduit à rechercher ce que produirait l addition à des mélang-es neutres, d’une part d’un excès de sérum antirabique, d’autre part d’un excès de virus fixe. Voici une expérience concernant le premier point. On ajoute à une émulsion décimale virulente son volume (Tun sérum antirabique d’une activité telle (ju'il peut neutraliser 3() parties delà dilution centésimale de virus hxe. Après 24 heures de séjour à la glacière, ce mélange est inoculé tel quel, c\>st-;i- dire avec un grand excès de sérum aux doses indiquées dans le tableau III. Les 3 chiens éprouvés 1 mois après, au moyen d’urne injection de virus des rues dans l’œil, prennent tous la rage. HEGliP.IlGHES SUll LE SEliUM ANTlllABIOüE “279 C’est au même résultat (ju’aboutissent Itîs expériences (1(‘ Kemlinger (10) sur des lapins inoculés avec des mélanges conte- nant un excès de sérum. Les choses ne se passent pas toujours avec la même rtigula- rité, et il peut se fairc^ qu’un léger excès de s(u*um dans un mélange n'empêclie pas l’immunisation ; nous avons i*elale cette série comme loutà fait typique du rôle joué par un excès consi- dérable de sérum neutralisant. Tout se passe comme si le virus trop vite englobé, à la faveur de la substance immunisante, n avait pas le temps de vacciner l’animal. En pareil cas (9) Ifemlinger a même vu la rage éclater avant l’épreuve oculaire a la suite de 1 ino- culation sous-cutanée du mélange (‘ontenant un excès de sérum. 111. liioculalMms de inéknifies ronlenfrril tin excès de sèniin ((uilnthiqtie. ANIMAUX dâtp: nUANTiTl': un RE U vu DATE RÉSULl'ATS 1. ox-teri-ier çf . . ■ 1:J avril 20 c.c. uM'Ian*;-. VH. icil . l.-i mai H. le 29 juin 2. Grillon 13 avril 40 (‘.c. inôlan^-. VH. 1 r i 1 . 13 mai R. le 9 juin 3 Bull l3 avril 40 (■.c. niélan". VH. .cil. 15 mai H. le 27 mai 4. Fox-li‘i'i'ii‘r 9 • • . 13 nvril 12 c.c. VF. 1:10 VH. (_ci 1 . 15 1 1 1 a i H. 1.' 2S mai Chien de i-iu* noir 13 avril 20 c.c. sér. seul VH. (Cil. 15 mai H. le 30 mai La plupart de nos essais ultérieurs (rimmunisalion ont été faits avec des mélanges contenant un excès de cirtis fixe (13). Dans une première série (tableau l\), 3 chiens ont reçu 8-10 c. c. d’un mélange de 3 grammes de cerveau de passage et de 3,3 c. c. de sérum antirabique, centrifugé après 21 heures de séjour à la glacière, et lavé une fois dans l’eau pbysiologi- ({ue. Un seul chien a succombé à l’épreuve intraoculaire prati- (juée cincj semaines environ après la vaccination. Dans le tableau IV, on voit aussi que les émulsions de virus fixe dans du sérum neuf, ou de cerveau normal dans du sérum antirabique n’ont pas eu d’action préventive (tiimoins I et 2). L’essentiel, dans l’immunisation avec ces mélanges conte- nant un excès de virus, est donc de se débarrasser, par un lavage, d(‘ la non-partie du sérum fixée (14-13) sur la subs- 81) ANNALES DE L’INSTITUT l’ASTElJH iV. — InoruI citions de niékmgcs avec excès de \ è\ après cen- Irifiigation et rejel dn sérum. (I‘]preuve après que^pies semaines.) ANIMAUX DATK quantitT; 1 EPREUVE DATE RÉSULTATS 1. Caniclic Jioir. . I<) déccmb. 10 e. c. 1 VF. œil 23 janvier. OO 2. Uull-teiTior. . . Ki — lO c.' c. VF œil 23 oo 3. Uociucl Hl — 10 c. c. VF. œil 23 OO 4. lîiTKiuo iiiaiTon 23 iV'vrier. 8 c. c. VR. œil 21 mars. R. le U'' avril. 0. (’.liieu (le ni(' noir 1 1 am'il . 10 c. c. Témoins . ' 7 c. e. ^ \ R. œil 1 1 i si'pl cmb. 1. Fox iiiai i'oii . . 23 r. A- lier.. 1 Me VF. 4- sàr.| f liipin noi'inal. 1 MO c. c. lie cer\ . \ 1 1 » R. le 14 mars. 2. Ralici' l)i'iiig<'‘. 12 janvier.. l lapin nornuil fcl. sôr. antii’. VU. œil 13 janvier. H. le 2 lévrier. 3. Uo([uet noir. . » « VF. (i‘il 23 — H. lo li — 4. (jhion jauno . . « VR. œil 14 septemb. R. le 2 janvier, ^-t- le 17 octobre 5. Oanichi' noir. . » 10 c. c. soj'um VR. œil / 1 i se|)bTnb. Upassage posi- tilà lapin luM) (>. Cirn?n marron. Juin. < aniir. Imé\. avia; \1'\ puis eontrir. ^VR.o'il 1 30 juin. R. le 18 juillet. tance cërél)rale. Nous pensons (jue Jes résultats peuvent vai'ier énorinénient si l’on nëg'lige une telle précaution. Keinlinger (9) obtientd’excellents résultats avec des mélanges exactement neutres. 11 cite même une expérience dans laquelle injecté sous la peau ou dans le péritoine à doses énormes, un tel mélange a préserve contre l’épreuve sévère de l’inoculation sous-dureméiienne. Un lapin de 2.350 grammes reroit sous UECrifc.l{C[IF:S SUH LE SEllUM ArsTIRABKU E la peau, du 3 au 13 lévrier 1905, 240 c, e. du mélange V S. Il est trépané le 27 avec du virus fixe et échappe à la rage. L immunité se maintient du reste pendant fort peu de temps. Le 17 mars, le lapin est trépané à nouveau. 11 meurt de rage le 28 au 1 L jour. » Nous même, nous n avons jamais vu de lapin résister à la trépanation à la suite d’injections de V S neutre, et nous nous demandons si 1 animal dont Rernlinger cite l’observation n’a pas succombé à la première trépanation, avec un retard de 18 jours (27 février-17 mars). ; En expérimentant sur un grand nond)re d animaux, cet auteur a vu que les mélanges neutres inoculés tels quels, c’est- à-dire sans rejet du sérum, protégeaient les lapins dans 27 0/0 des cas, a la dose de 10-40 c. c. Par contre, ces mélanges n’ont immunisé aucun des ebiens dans les expériences de Remlinger, ce qui lui lait conclure que, chez les animaux, l’inoculation sous- cutanee de virus sérum avec excès de virus constitue la méthode de choix. Elle lui a donné 28 0/0 de survies chez le lapin et 62 0/0 chez les chiens qui avaient reçu 20-40 c. c. d’un mélange neutre additionné de 6-12 c. c. de virus fixe au centième. Nous ferons remarquer une fois de plus que les résultats sont meilleurs encore si l’on prend soin de rejeter le sérum avant I 1 inoculation du mélange contenant un excès de virus fixe. I Quelle est la durée de l’immunité ainsi acquise? I Le tableau \ montre que dans une série de 7 chiens, 4 ont I lésiste à 1 épreuve intraoculaire pratiquée 6 mois après la I vaccination. De plus, ces quatre animaux étaient encore ! immunisés 11 mois après elle, puisqu’ils ont bien supporté I la 2^ épreuve (du 5 mai 1905), ainsi que 10 autres chiens vac- • cinés 12 et 14 mois auparavant par 1 ou par 2 inoculations (tableau V bis). De tous ces faits nous pouvons dès maintenant conclure à J action efficace du virus fixe et de lui seul. Le sérum exerce seulement le rôle d’un adjuvant : mélangé avec le virus il l’atté- nue suffisamment pour le rendre inoffensif sous la peau, en facilitant 1 englobement du microorganisme rabique avant qu’il n ait eu le pouvoir de cultiver dans les filets nerveux. Mais, et nous insislons sur ce point pai'ficulier d’une règle très générale 2H:) ANxNALES DE L’INSTITUT PASTEUR sans ule, un excns di- séruiii, c’est-à-dirn île sultsLaiice iiuinunlsanlc inulilisée, agi! d’une façon tout oiiposée au but j, oui-suivi, probablement en ne laissant pas aux tissus le temps (ie sT minimiser. \ , — hioraliUiona de mélanges arec excès de VF, airrès cenlnfuyalum cl rejet de sérum. (Épreuve après plusieurs mois.) L'intérèl, iiui s’attache à préserver île la rage l’annnal qui suffît à lui seul (16) à entretenir celte maladie, nous a fait recheiTher si deux hiocidatiom ne seraient pas neces- RECHERCHES SUR LE SÉRUM ANTIRABIQUE saires pour conférer au chien une immunité plus solide encore. Parmi les animaux nombreux que nous avons injectés avec des melang’es contenant un exces de virus, jciMCtis nous n avons observé un seul cas de rage du fait d’une telle inoculation. Beaucoup de lapins, de cobayes, de chiens, qui ne figurent pas V bis. — Inoculations de mélanges avec excès de VF après centrifugation et rejet du sérum. (Epreiivo après plusieurs mois.) -284 ANNALKS DE I/INSTITÜT PASTEUR sur nos tableaux, parce que non éprouvés, ont rc(;u nupuncuieni sous la peau des quantités souvent considérables etrepetees . e mélanges contenant un grand excès de virus lixe e nous pensons pouvoir conclure à leur parfaite innocuité, a a double condition d’ètre préparés 24 lieures avant 1 injection etc epoui is ensuite de l’excès du sérum par la centrifugation et un lavage à l’eau physiologique. . Dans ces conditions, une telle préparation cvien ou a fait précieuse pour la mise en train des animaux, chèvres, dont on doit poursuivre l’immunisation. X 1 Institut Pasteur, où l’on prépare depuis (i ans le sérum antirabique, nous utilisons les mélanges virus sérum pour vaccinei les moutons destinés à fournir ce liquide. Au lieu de les irninunisn par des injections intraveineuses, d’un maniement delical, nous pratiquons 2 inoculations d’une préparation contenant un excès de virus ayant fixé la substance spécifique du sérum antirabique; après quelques jours, ces moulons peuvent su sans danger le traitement bihebdomadaire par le virus tixe pui . Jamais nous n’avons eu d’échec. Nous avons donc pensé que cette iminumsalion de la peau et des muscles par les mélanges virus sérum pourrait être appliquée au chien, en permettant à cet animal de suppoilei, quelques jours après, une injection de virus pur, et voici l es expériences basées sur ce procédé, dont les résultats ont etc tout k fait satisfaisants. , Les premières ont été laites sur des lapins, es au les des chiens. Trois encéphales de lapins de passage (VF) et représentant 29 grammes de substance virulente, sont broyés et émulsionnes dans 150 c. c. d’eau physiologique. Après avoir passe la pré- paration à travers une toile de batiste, on 1 additionne de 100 c. c. d’un sérum antirabique actif à 1 ; 1. Au bout de vingt heures de séjour à la glacière, le me ange est centrifugé et le culot est dilué, après lavage, dans Q. b. eau physiologique pour faire 13.1 c. c. que l’on injecte aux animaux figurés sui le tableau VI bis; t7 jours plus tard, deuxieme et dwnière injection, cette fois avec 5 grammes environ de cerveau rabique pour chacun des six chiens. Us ont présenté presque tous, à la suile de celte mocu a {{ECIIERCllES SUR LE SÉRUM ANTIRARIQÜE l>85 tiôn, des indurations, dues à l’absence de sérum et probable- ment aussi à l’espèce très éloignée, le lapin, qui avait fourni la matière cérébrale. Yl. — InocAiJcUiom de virus sérum, ensuite de virus pur, sous la peau {Lapins). (Épreuve après plusieurs mois.) ANIMAUX DATE DE LA inoc. QüAîiTIÎÉ DATE DE LA 2® inoc. (JMTITÉ ÉPlîElIYE DATi; RÉSULTATS 1. Lapin 12 Gjuillet lOe.c.VS 17 juillol ls%25 VF. VF. œil. 2 octobre. oo 2. Lapin 1 i () — lOc.c. V8 17 — 1,25 VF. VF. œil. 2 — oo 3. Lapin 15 6 — 10 c.c. VS 17 — 1,25 VF. VF. d'il. 2 - oc 4. Lapin lü 6 — 10 c. c. VS 17 — 1,25 VF. VF. œil. 2 — cc 5. Lapin 24 6 — 10 c. c. VS 17 — 1,25 VF. VF. œil. 2 — oo 6. Lapin 27 6 — 10 c.c. VS 17 — 1,25 VF. VF. œil. 2 — QO 7. Lapin 31 6 — 10 c c.VS 17 — 1,25 VF. VF. œil. Q — GO Témoins 1. Lapin 33 « » » » VF. a‘il. 2 — R. 7 nov. 2. Lapin 34 >> » >> » VF. œil. 2 — R. 21 oct. 3 . J^apin 35 » )) >> « VF. œil. 2 — R. 17 oct. Ainsi que l’indique le tableau VI bis, les six chiens ont tous résisté à une épreuve intraoculaire faite 3 mois plus tard : aujourd’lmi encore (mars 1908), ils se portent bien. Un des caractères généraux de l’immunisation antirabique par les mélanges virus sérum est de s’établir rapidement : tandis qu’après les vaccinations pastoriennes, il faut une quinzaine de jours pour permettre aux animaux d’être immu- nisés, nous voyons ce nouveau traitement leur conférer une immunité rapide. Remlinger (17), en effet, a montré qu’une dose de 00 c. c. de virus sérum pouvait préserver le mouton de la rage, trois jours encore après une infection virulente intrao- culaire, ce qui fait conclure <à cet auteur que le traitement des animaux mordus réussirait sans doute encore 5-8 jours après l’accident. ANNALKS DE L’INSTITUT JWSTEUTl Mais, si notre* nouveau procédé d'iininunisalion otire^ un intérêt pratique, ce dont nous sommes, quant à nous, absolu- Yj 1)1^^ — Jnoculaiiom de virus-sérum^ ensuite de virus pur, sous la peau. (Chiens.) (Épreuve après 3 mois.) 1 animaux DATE de la l'cinoc. QUANTITÉ DAT E de la 2<‘ inoc. QUANTITÉ ÉPREUVE DATE RÉSULTATS 1, Fox-lerrier l'auve. . . . 20 mars 20 c c. VS 6 avi'il 12 c. c.VF VB (Cil lOjuin oo 2. Füx-terrier blanc 20 mars 20 c.c. VS Oavi'il 12c. c. VF VR (Cil 10 juin oo Grill'oii 20 mars 20C.C. VS (i avril 12c. c.VF VR œil lOjuin oc 4. Braque 20 mars 33 c.c. VS G avril 20 c. c.VF VR œil lOjuin OO 5. Chien de rue noir. 20 mars 20 c.c. VS G avril IGc. c.VF VR œil lOjuin oc 6. Fox-terrier jaune. . . . 20 mars 20 c.c. VS 6 avril 12c. c. VF VR œil lOjuin oc Témoins 1 )) ,, VR œil lOjuin R.le20juin a VR œil lOjuin R.le22juin O » » VR œil lOjuin R.le20juin 4 » VR œil lOjuin R. le 24 juin 5 » JJ VR aûl lOjuin R. Ie3 juin. 1 ment persuadé, cet intérêt semble résider surtout dans la pos- sibilité de vacciner préventivement les animaux contre Finfec- tion par une morsure rabique. En l’absence d’une application rigoureuse des mesures de police sanitaire, en particulier de l’abatage des chiens errants, il serait profitable de pouvoir vacciner rapidement, au moyen de deux inoculations, les chiens déclarés. En eftet, dans la transmission de la rage, le péril vient moins des animaux que l’on sait avoir été mordus que de ceux qui l’ont été à l’insu de leur maître : semblable danger dispa- raîtrait pour les chiens vaccinés. Si nos premières expériences RECHERCHES SUR LE SÉRUM ANT1RABR:|UE i87 nous ont montré que Fimmunisation, pai* les mélanges avec excès de virus, pouvait persister, 12 mois et plus, il est à supposer que notre nouveau procédé par 2 inoculations vacci- nantes sera doué d’une efficacité plus longue et plus générale. Et s’il est prouvé que des chiens ainsi immunisés résistent un an plus tard à une épreuve intraoculaire, a fortiori ils seront vaccinés contre toute morsure rabique. Chez l’homme, l’excellence du traitement pastorien ne sau- rait être mise en doute ; mais on peut songer à l’améliorer encore. Les accidents toxiques, bien étudiés par Remlinger (18-19), sont sans doute justiciables d’un traitement sérique. D’autre part, on ne peut nier qu’un grand progrès sera s t accompli si l’on pouvait simplifier le procédé très long et com- pliqué des moelles desséchées. Dans ce but, la méthode des mélanges virus sérum a été introduite, depuis 1904, dans la pratique des vaccinations anti- rabiques chez l’homme. L’inoculation est faite sous la peau des flancs, pendant les d premiers jours du traitement, qui est ensuite poursuivi à partir de la moelle du 8® jour. Les expériences de Remlinger (20) ont montré qu’il n’y avait pas à craindre à' anaphylaxie à la suite des injections de virus sérum. Jusqu’ici ce mode de théra- peutique, surajouté à la méthode pastorienne, a été appliqué à 300 personnes environ, toutes grièvement mordues à la face ou aux extrémités. Les résultats ont été des plus encoura- geants : nous les ferons connaître ultérieurement. l’aris, 19 novembre 1907. OUVRAGES CITÉS 1. — Babes et Lepp. Recherches sur la vaccination antirabique. Ann. de t'Inst. Pasteur, t. III, 1889, p. 384. 2. — Rabes et Cerchez. Expériences sur ratténuation du virus rabique fixe. Ann. de l'Institut Pasteur, t. V, 1891, p. 625. ^ ^3. - Hôgyes. Lyssa. Vienne, 1897. Spec. Pathol, u. Tlier. v. Nothnagel, 4. — lizzoNi et Centanni. Modo di preparare il siero antirabbico ad alto potere curativo e rnetodo di determinare la potenza. Atti delta reale Aca- demia delte Scienze deW Instituto di Bologno, février 1895. ANNALKS DK L’IXSTITKT PASTKUR g rizzt)Ni ol ScHWAit/. H si6ro ili suiii^ue di aniiiiuli vaccinal i conlio la rabbin nella iininunita e iiella cura di quella niulattia. Rtf. med., 1891, no 191 . ... (J Tizzoni el Centanm. Siero anlirabbico ad nllo polerc immunizarue. Hif. med.^ 1893, no 297. 7^ Tizzoni et Schwarz. La proüllassi e la cure délia rabbia col sangue degli animali vaccinati contro quella malatlia. Ilif. med., 1892, nos 18 et 19. ^8, Marie. — De lactivilé des sérums antirabiques. C. li. Soc. BioL, 9 lévrier 1907, p. 228. , . 9. — Kemlinger. Contribution à l’étude du mélange de sérum antirabique et de virus fixe. C. R. Soc. Biol., 10 décembre 1903, p. 038. 10. — Kemlinger. Contribution à l’étude du sérum antirabique. C. R. Soc. Biol., t. LXII, 25 mai 1907, p. 901. Il _ Pasteur. Lettre à M. Duclaux. Ann. de l'Institnt Payeur, t. IL 12. Marie. Immunisation par des mélanges de virus rabique et de sérum antirabique. C. R. Soc. Biol., novembre 1902. 13. — Marie. Préservation du chien contre la rage par les melanps de virus fixe et de sérum antirabique. C. R. Soc. Biol., t. LIX, p. 037, et Congrès international de médecine à Lisbonne, 1900. 14., _ Marie. Recherches sur le sérum antirabique. 1. An)i. de l tnstilnt Pflsto’, t. XVIII, janvier 1903, p. 1. , „ c .15_ Marie. De quelques propriétés du sérum antirabique. L. R. Soc. Biol., juin 1904. c- »• / 16. — Marie. L’injection du virus des rues au chien. C. R. Soc. Biol., t. LXll, 12 octobre 1907. . „ • , , 17 Kemlinger. Vaccination du mouton contre la rage à 1 aide des mélanges virus-sérum. C. R. Soc. Biol., 1904, n» 29, p. 310. 18. — Remlinger. -Vccidents paralytiques au cours du traitement antira- \,\que. Ann. de l’Institut Pasteur, mu, l. XIX, V. nr>. . 19. — Remlinger. Les travaux récents sur la rage. Bull, de t lnsM{U Basleur, l. Il, 1904, p. 753 et 793. 20. — Remlinger. Absence d’anaphylaxie au cours des injections sous- cutanées de virus rabique et de sérum antirabique. G. B. Soc. de Biol.. 24 novembre 1906, p. 473. ERRATA Dans le u» du 25 lévrier dernier, travail de .M. Nicolle et G, Abt; Page 187, ligne 10. .4u lieu de: nous ne nous occupons pas. lire: nous ne nous occuperons pas. n ai roi Pa-e no. ligne 3-2. Au lieu de : opposé à la notre, nre : opposée a. la notre] Pa'e 171 lignes 1, 2, 3, Au lien de: A côté des toxines solubles « classiques», et des^endoloxines « classiques » (antigènes) se rencontrent un eertain nombre depohom encore mal déterminée, lire : A côté des toxines solubleso. classiques . el des endotoxines « classiques » se rencontrent un certain nombre de potsone (antigènes) encore mal déterminés. Le Gérant : G. Masson. See-aux. — imprimerie Charaire. 22“' ANNÉE AVRIL 1908. N» 4 ANNALES L’INSTITUT PASTEUR ÉtüdG de quelques modes de neutralisation des toxines bactériennes. Par a. marie et M. TIFFENEAU. L une des toxmes bactériennes qui se prête le mieux à etude des phénomènes de neutralisation est la toxine tétani- que, tant à cause des réactions caractéristiques qu’elle provo- que chez les mammifères qu’en raison de l’affinité élective qu elle manifeste m vitro pour la substance nerveuse de ces animaux. A côté de ce mode de neutralisation, propre à la toxine du tétanos et à celle du botulisme, il en est d’autres d’un caractère plus général, qui ont été également l’objet de nos recherches et feront l’objet d’un autre mémoire. neutralisation par la suhstance cérébrale On sait que la .substance cérébrale possède vis-cà-vis de la tetanotoxine une action à la fois neutralisante et fixatrice ' tnmlsionnée dans un liquide renfermant une quantité conve- nable de toxine, la matière cérébrale du cobaye peut, en vertu une adsorption particulière, dépouiller la solution de la tota- lité de son poison : une partie aura été neutralisée à la façon des combinaisons chimiques, stables, l’autre se sera fixée à la maniéré des teintures sur les textiles. Physiologiquement, cette double action est ainsi caractérisée ; par son pouvoir neutrali- ant, le cerveau rend la toxine tétanique inoffensive pour l’or- ganisme qui a reçu l’émulsion, tandis que ce dernier réagit présence d une substance ayant seulement M'é le poison. servemns.'^faute^df pour lautre ; nous les rôn- unsens spécial. ^ suggestifs, mais en attribuant iL-diacun d’euxi 19 290 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR L’étude du phénomène de neutralisation, le seul qui nous intéresse ici, comporte au moins deux points : la toxine tétanique est-elle détruite ou combinée, autrement dit, cst-il possible de libérer le poison dans un mélange neutre cerveau-toxine . Cette question une fois résolue, nous aurons à donner une inter- prétation de la nature de cette neutralisation de la tetanotoxine par la substance cérébrale. 1 . Mise en liberté de la mine tétanique après sa neutralisation. L’action neutralisante a pour caractère essentiel de dépendre, en majeure partie, de la teneur en eau de constitution de la matière cérébrale. L’un de nous ■ a montré qu^après dessicca- tion dans le vide, cette substance a perdu les 97 p. 0/0 de son pouvoir neutralisant, ce qui en reste ne paraissant pa® nota- blement influencé par la chaleur sèche de 60, 100 et 126». Comme conséquence de ce phénomène, nous nous sommes demandé si la privation d’eau dans un mélange neutre cerveau- toxine ne suffirait pas pour libérer le poison, au moins par- ^'^'expérIenceL — Un encéphale de cobaye, du poids de 36C40, ■est broyé et émulsionné dans 60 doses mortelles pour a souris de toxine tétanique (0,03 c. c.), diluées dans 10 c c. d’eau physiologique. Après 13 heures à la glacière on centri- fuge et on dessèche à la machine pneumatique 1/4 du depot que l’on fait macérer 5 heures dans 3 c. c. d’eau distillée. action de la dessiccation iïi vitTO 12 février. 13 1 14 15 16 17 18 19 20 21 Souris 1. Liquide centrifugé, 1 c. c rr Q r\AT-^Af ri f 11 o*P 0 C C. ...... 0 O O 0 O O — — — Souris Z. uepoi coiiliuuqC, v^. Souris 3. Liquide de macération de 1/4 du ri ÛOQÔ/*h 0 1 KO P. C. — + flcJUC/t 1 Ainsi, tandis que dans le mélange neutre cerveau-toxine, l’injection du dépôt ou du liquide a provoqué seulement une légère roideur de la patte, l’inoculation du liquide de macera- 1. Mo.*x et Marie, Note sur les propriétés fixatrices delà substance cérébrale desséchée, C. R. Soc. Biol, 27 décembre 1902. NEUTIULISATION DES TOXINES BACTÉRIENNES 291 lion de 1/4 du même dépôt desséché a donné à la souris un etanos mortel en 4 jours. La privation d’eau a suffi pour Ijberer dans ce mélange 8 doses mortelles de toxine tétanique ce qu, nous montre dès maintenant l’importance du rôle^ de eau dans la constitution de la substance combinée au poison En se reporlan, aux propriétés générales des albummoîd^ qui, sous 1 influence de la dessiccation, se coagulent et perdent lement a se demander si, dans le cerveau des mammifères la elle-même de nature alL- Ivtiaue à un "f ‘‘«ne diastase protéo- no.^ I-h' neutre cerveau-toxine ne suffirait pas pour libérer la tetanotoxine. menIrM satisfaisant, divers fer- ents tels que la trypsine, nous avons employé, dans les exné riences qui suivent, la (Merck-). les expe- ExpebienceII. — On broyé et émulsionne 2 grammes decer Te c exnos’r ■ physiologique pour flire 24 hen’r ^ ^ température de la chambre pendant traité par oïl?"”' centrifugé, et f/3 du dépôt due par 0,07 g-rammes de papaïne. ACTION DE LA PAPAÏNE in VÜrO Souris 1. Liquide centrifugé, 2 c. c. Souris 2. Dépôt sans papaïne, 1/3 a e'fp rpna'f/ ’ fl autres analogues, l’inutilité de quelques modifications. Nous avons reconnu im utilité de faire agir la papaïne à 38» avant l’inoculation .» ™,ue Ion. d. danoin. u„. p,n,i. do p„i.„„ T?» .. J perL““%7rUe"drsoracHvit; “Erpa^^r ““"1 ““ geamment envoyée, doit être eniploveV f ’r?,"® ^ Merck nous a obli- annales de L’INSTITUT PASTEUR 292 mesure de sa libération, car la papaïne exerce sur la létano- ~ une action destructive dont vo.c; un exemple. ExPKmc.cc 111. - On .net à SB» le mélangé : c, c. ,.0.,oses,uorte..e.). et on laisse s j de 3 c. c. représentant plus de rtTef à une souris qui n a offert par la suite aucun symptôme tétanique. nmirnuoi nous n’avons «;2rrr;”n»i.cuo„ a. .. «a* • „u. «« tt ";:z crr::;' -.Z -»«>- n— ^ " •*» '‘'rZ'™-'!! ™*.‘ il ...sort a- "O. ..péri.»., a». '• p.p!;L plul likP... i P» prt, 1. n.oi.» a. I. l.»ne ..‘."'l". ‘‘‘^'Atns'i Îux pToSsTrèTdiflerentSpla dessiccation «traction ,’unrd::;m.Sc:ncordenttouslesdeuxpourman^^^^^^^^^ Il était à nen^er nue, chez*le*s animaux tétanisés, le poison à la recherche ^ se rappeler toutefois qu’il aitimaux morts du tetano ? “ “ , ju poison téta- .Vy a pas -alog-e complété^ 'ItXüon de celui-ci t« :it;r^:o:etU ^e toxme fixée pendant la lori^rt rlrtit être tout à fait minime, maladie doit eue lu p^traire la toxine tétanique desUon"Z™l:ris‘'n“l'ts'ur^;rs médullaire et cérébrale. Ct. Imt. Pasteur, t. XI et XVI. NEUTRALISATION DES TOXINES BACTÉRIENNES 293 Expérience IV. — On inocule, dans les muscles d’une patte d’un cobaye de 595 grammes, environ 100 doses mortelles, soit 1 c. c. de toxine tétanique, à la suite de quoi l’animal succombe dans la nuit. Le bulbe est broyé et desséché dans le vide; la poudre est délayée dans 2 c. c. d’eau distillée et l’émulsion inoculée à une souris. ACTION DE LA DESSICCATION SUR LE BULBE d’uN ANIMAL TÉTANISÉ j 16 février. ■ 7 18 19 20 2 1 22 23 24 25 26 27 Souris 1. Émulsion du bulbe non dessé- ché, 0,50 c. c. O O O O O O O T) O O O Souris 2. Liquide de macération du bulbe desséché, 2 c. c O O — — Mais si, au lieu d’injecter la toxine dans les muscles d’un animal aussi sensible que le cobaye, on l’inocule dans le sang du lapin, très peu sensible à la tétanotoxine, le poison fixé ne peut être mis en évidence au moyen de la dessiccation, parce que l’injection intraveineuse a eu pour résultat de répartir sur toute la surface de Taxe cérébro-spinal la faible poidion de toxine qui avait échappé aux effets de l’immunité naturelle du lapin; car on sait que l’inoculation intraveineuse provoque un tétanos général d’emblée. Expérience V. — Un lapin de 2,920 grammes succombe au tétanos généralisé, 36 heures environ après une injection de 20 c. c. de toxine tétanique dans la veine auriculaire : le bulbe est desséché dans le vide. action de la dessiccation sur le bulbe d’un animal TÉTANISÉ 16 février. 17 18 19 -20 21 22 23 24 Souris 1. Bulbe non desséché, 0,50 gr O O O O O O O O Souris 2. Sérum sanguin, 0,50 c. c O — + Souris 5. Eau de macération du bulbe desséché, 3 c. c. O O O O O O — * Le procédé de la dessiccation a donc réussi seulement dans le cas d inoculation intramusculaire et chez le cohaye ; (juant à l’em- 294 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ploi de la papaïne, il ne nous a pas permis d’extraire la toxine tétanique du cerveau des animaux inoculés dans le sang ou sous la peau avec des doses même plus fortes que dans les expé- riences précédentes. Ainsi, traité par la papaïne, le bulbe d un cobaye, injecté avec 300 doses mortelles dans les muscles, a déterminé chez la souris seulement un très léger tétanos local. Pour parvenir à isoler, à l’aide de la dessiccation ou de la papaïne, le poison dans les centres nerveux, il faut 1 y intro- duire directement. Expérience Y1. — Deux cobayes, après avoir reçu 0,0o c. c. de toxine dans le cerveau, succombent au tétanos cérébral en l’espace de 12 heures environ. L’encéphale du premier est broyé et mis sous le vide pneumatique. Une moitié du cerveau du second est broyée et additionnée de 0,02 grammes de papaïne, l’autre moitié de 0,20 grammes. Étuve pendant 30 minutes. ACTION DE LA DESSICCATION ET DE LA PAPAÏNE APRES TÉTANOS CÉRÉBRAL 20 février. 21 1 22 23 1 24 j 25 26 1 27 28 29 Souris 1. Cerveau non desséché, 0,50 gr. O O O O — — — — Souris 2. Liquide de macération du cer- veau desséché, 1 c. c O — — — = + 27 février 28 1 2 3 4 5 6 7 8 ___ - ___ Souris 3. Cerveau non papaïné O O O O O O O O Souris 4. Cerveau -|- 0,02 gr. papaïne. . = Souris 5. Cerveau 0,20 gr. papaïne [a). O O O O O O O 4- sans tos Si, après l’introduction de la toxine au sein des cellules nerveuses, on peut l’y retrouver facilement, la raison en est que le poison, grâce à son affinité pour la substance cérébrale, s’y est localisé, échappant ainsi à la destruction de nature com- plexe qui suit tout au^re mode d’inoculation. Ces expériences in vivo concordent dans une certaine mesure [a] L’absence de tout signe tétanique chez cette souris est due à l’excès de papaïne, qui a détruit la toxine. NEUTRALISATION DES TOXINES BACTÉRIENNES 29.> avec nos recherches in vitro, pour montrer que la tétanotoxine n est pas non plus détruite dans le tissu nerveux des animaux vivants, mais y contracte une combinaison stable qu’on ne peut dissocier sans détruire l’un des constituants. Nous ferons remarquer encore que la toxme ainsi extraite du cerveau chez l’animal tétanisé manifeste, vis-à-vis de l’orga- nisme des mammifères, des propriétés absolument identiques à celles qu elle offrait avant d avoir contracté la combinaison in VIVO. Une telle constatation est loin d’être favorable àl’hypothèse d après laquelle le poison tétanique élaborerait, aux dépens de certaines cellules de l’organisme, une substance immédiatement » tétanisante et comparable par ses effets à un alcaloïde tel que la strychnine. Au contraire, le tétanos provoqué par la toxine extraite du cerveau des animaux ne manque jamais de présen- ter la même incuhution que la maladie naturelle, incubation qui n’offre d’ailleurs rien de surprenant, si l’on veut bien se rappeler qu’une action diastasique est toujours fonction du temps. 2. Nature de la substance qui neutralise la toxine tétanique dans le cerveau. Après avoir montré que cette neutralisation consiste en une combinaison, essayons de préciser la nature de la subs- tance qui dans les centres nerveux s’unit au poison tétanique. Nous avons déjà rappelé q^u’elle est assez fragile pour être detiuite par privation d eau, et, pour cette raison, nous avons présumé de sa nature albuminoïde. On sait en effet que la dessiccation provoque une coagulation qui fait perdre leurs principales propriétés aux albuminoïdes. La chaleur étant egalement susceptible de déterminer un pro- cessus analogue, nous avons étudié le pouvoir neutralisant de la substance cérébrale préalablement chauffée. Expérience VII. — On met au B. M. à 56« pendant 30 minutes 1,10 grammes de cerveau de cobaye, émulsionné dans 3 c. c. d’eau physiologique; ensuite on incorpore 3 doses mortelles de toxine, soit 0,0013 c. c. dans cette émulsion que Ton injecte après 24 heures de séjour à la chambre. La souris présente au troisième jour un début de tétanos auquel elle succombe au cinquième. On voit donc que l’action de la chaleur est favorable à l’hypothèse d’une substance neu- tralisante albuminoïde. Cette neutralisation est-elle équivalente à la fixation des 296 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR diastases protéolytiques par les albuminoïdes? Würtz a montré en effet que la digestion de la fibrine par la papaïne se fait en deux temps, le premier consistant en une fixation du ferment. On pouvait se demander si, dans l’adsorption d une toxine, le premier acte ne serait pas un phénomène de même ordre et rechercher ce qui se passerait au cas où le pouvoir adsorbant de la substance nerveuse aurait été utilisé d’abord par la papaïne. Expérience VllI. — On incorpore 0,20 grammes de papaïne dans 2,10 grammes de cerveau de cobaye et on ajoute q.s. d eau physiologique pour faire 6 c.c. Après 30 minutes à 1 etuve, on additionne le mélange de 5 doses mortelles de toxine tétanique, soit 0,0023 c. c. On laisse à la chambre pendant 24 heures, après quoi on centrifuge pour inoculer séparément liquide et dépôt. Une expérience de contrôle est faite avec du cerveau non papamé. NEUTRALISATION PAR DU CERVEAU TRAITÉ PAR LA PAPAÏNE 5 mars. _ 6 7 8 9 ■lü 1 1 12 13 Souris 1. Emulsion papaïnée, ensuite to.\inée, 0,50.. O O O O - = = Souris 2. Emulsion non papaïnée, mais toxinée, 0,50. Ü U O O ü O O Souris 3. Liquide centrifugé du cerveau papaïne et O O O 0 ü O O O Souris 4. Liquide centrifugé du cerveau non papaïne. 2 e c 0 O O O O O 0 O — — Cette expérience montre que le traitement préalable du cer- veau par la papaïne lui a retiré une partie de son pouvoir neu- tralisant, puisque l’animal a eu un tétanos local très net, tandis que la souris témoin n’a présenté aucune roideur tétanique. Si la toxine non neutralisée n’a pu être décelée dans le liquide centrifugé (souris 3), c’est sans doute qu’elle a été partiellement et simplement fixéb sur le cerveau, ce qui a rendu celui-ci tétanigène, le reste du poison ayant été détruit par la papaïne en solution. On a voulu attribuer aussi les propriétés fixatrices du cerveau aux corps gras qu’il renferme. 11 y avait donc lieu de rechercher si elles n’appartiendraient pas à la fois aux albuminoïdes et aux substances grasses ou même àun complexe albuminoïde graisse. NEUTRALISATION DES TOXINES BACTÉRIENNES 297 En admettant que les corps gras du cerveau — par leur fonction ,| , éthers de la glycérine — jouent, soit directement, soit sous forme de complexe organique, un rôle spécifique dans la neu- tralisation delà tétanotoxine, il suffira pour le savoir de saponi- fier ces graisses par une diastase lypolytique, telle que la stéap- , sine. Nous avons utilisé dans ce but une solution centésimale de stéapsine liquide fGrübler), après nous être assurés de Finno- j cuité des doses employées. Il ressort de nos essais que cette diastase hydrolysante n’a aucun pouvoir de libérer la toxine tétanique fixée sur la substance cérébrale. D’où il résulte que les l‘ corps gras du cerveau, en tant qu’éthers de la glycérine sapo- ' nifiables par la stéapsine, n’excercent aucune action neutrali- ! santé sur la tétanotoxine. Nous avons alors recherché si, privée de ses matières gras- *ses par un solvant neutre, la substance cérébrale conserverait encore son pouvoir neutralisant. 11 était tout indiqué d’employer pour cela Véther sulfurique, privé d’alcool et saturé d’eau par agitation avec l’eau distillée (éther aqueux). Expérience IX. — Un cerveau de cobaye de 3,30 grammes est divisé en deux parts dont l’une est mélangée avec 2 doses 1/2 de toxine tétanique 3 c.c. d’eau physiologique. Après 24 heu- res à la glacière, on centrifuge et inocule séparément dépôt et liquide. L’autre partie du cerveau est épuisée par l’éther aqueux, et le résidu d’évaporation de l’éther, d’un poids de 0,10 gram- me est additionné de 2 doses 1/2 de toxine. Cette moitié de cerveau, ainsi dégraissée par l’éther, est mélangée avec 2 doses 1/2 de tétanotoxine, laissée 24 heures à la glacière et centrifugée. 298 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ACTION DE l’éther SUR LE POUVOIR NEUTRALISANT DU CERVEAU 7 janvfer. 8 9 10 11 12 13 Souris 1 2 doses 1/2 toxine (témoin) + Souris 2. Résidu d’évaporation de Téther -j- 2 dosfts 1/2 toxine + Souris 3, Dépôt du cerveau-toxine non dé- graissé, 1,50 c. c O O O O O Souris 4. Liquide du cerveau-toxine non dé- graissé, 1,50 c. c O O O O O Souris 5. Liquide du cerveau toxiné et dégraissé par l’éther, 1,50 c. c O _ — Souris 6. Dépôt du cerveau toxiné et dégraissé par Pélher* 1,.50 c. c O O O 1 1 ~ On voit par cette expérience que les substances extraites du cerveau au moyen de l’éther — corps gras, lécithines, cholesté- rine — ne peuvent neutraliser la tétanotoxine, et cependant la substance cérébrale traitée par l’éther aqueux a perdu son pouvoir spécifique d’adsorption (souris 5), d où il résulte que celui-ci est dû soit à des albuminoïdes perdant leurs propriétés neutralisantes après traitement par l’éther, — processus vraisem- blablement coagulant, — soit à un complexe albuminoide-graisse dissociable par l’éther et neutralisant la toxine par son groupe- ment albuminoïde. Malgré cela, il était indiqué d’essayer séparément l’action in vitro de la lécithine et de la cholestérine sur la toxine tétanique. Voici quelques essais entrepris avec chacun de ces composés : Expérience X. — On abandonne à la glacière pendant 24 heu- res le mélange. l Toxine tétanique 0,0025 c. c. I Lécithine fraîche de Tœuf 0,25 c. c. i Eau physiologique Q. s. pour émulsionner. L’émulsion de la cholestérine a été faite également dans l’eau physiologique ; cette émulsion est assez difficile a préparer ainsi, mais nous avons tenu à n’employer aucun adjuvant. Nous avons mis en tubes scellés pendant 7 jours à 38® les deux mé- langes : NEUTRALISATION DES TOXINES BACTÉRIENNES 299 2^ ( Eau physiologique 0,90 c. c. j Toxine tétanique 0,10 c. c. I Émulsion de cholestérine 0,90 c. c. (environ 0,12 gr. de 3® j cholestérine). ( Toxine tétanique 0,10 c. c. ACTION DE LA LÉCITHINE ET DE LA CHOLESTÉRINE SUR LA TOXINE Il mars. 12 13 14 Souris 1. Toxine tétanique 0,0005 = Souris 2. Mélange 1° Ë + 25 mars. 26 27 Souris 3. Mélange 2« = 0,01 c. c § + Souris 4. Mélange 3° — 0,Ul c. c + Gomme on le voit, la lécithine et la cholestérine n'ont aucune action m vitro sur la tétanotoxine U Nous montrerons plus tard que la neutralisation de la toxine par la choline et par la névrine, produits de dédoublement de la matière cérébrale, ne présente non plus aucune spécificité. En résumé^ nos recherches prouvent que le pouvoir neutra- I lisant exercé sur la tétanotoxine par la substance cérébrale, aussi bien in vivo que in vitro, relève de l’action de ses compo- sés albuminoïdes, à l’exclusion de ses autres constituants, j 13 janvier 1908. 1. La cholestérine a été employée dans le traitement du tétanos. 3Î. Almagia j et G. Mendes (Boll. d. R. Accad. med. di Roma, t. XXIII, f. 3 et 4. 1907, analysé dans le Bulletin de l'Institut Pasteur, t. V. p. 541) rapportent deux observations de tétaniques traités, le deuxième exclusivement, par des injections de cholesté- rine, et finalement guéris. Nous pensons qu’il s’agit de cas de guérison sponta- . née: des essais nombreux sur les animaux nous ont montré que la cholestérine et la lécithine étaient dépourvues de tout pouvoir, même préventif, contre l intoxi- cation tétanique. Contribution à l’étude de ta ftore normate des seltes du nourrisson Par le Dr Grégoire JAGOBSON Ancien interne des liôpitaux de Paris, docent de clinique infantile à la Faculté de médecine de Bucarest. (Travail du laboratoire communal de la ville de Bucarest.) Ayant entrepris, pour mon instruction personnelle, Téiude de la flore normale des selles du nourrisson, j’ai pu constater certaines particularités non décrites relatives aux formes mi- crobiennes déjà connues, et, d autre part, etudier (juelcjues formes ou variétés nouvelles. Bien (|u il ne s agisse nullement ici d’une étude complète, j’ai pensé que mes notes pourraient être utiles à ceux que cette question occupe, et c est ce qui m’a décidé à les publier. J’ai étudié 5 cas dont 4 de nourrissons nourris exclusivement au sein et parfaitement bien portants, et un de nourrisson ali- menté au babeurre à cause d’accidents dyspeptiques, disparus, d’ailleurs, depuis ce mode d’alimentation. Dans chaque cas j’ai fait des cultures en divers milieux aé- robies, en milieux acides et en milieux anaérobies. L’isolement des espèces anaérobies a toujours été fai,tenagar profond et en suivant la technique, aujourd’hui classique, exposée dans les mémoires de Veillon et Zuber et dans les thèses de IlalU, Tissîer, Guillemot, Rist, Cottet. J’ai* fait chaque fois des cultures à 20° et 2 fois des cultures à haute température : mais je n ai pu isoler ni des espèces pous- sant uniquement à 20^ ni des espèces thermophiles obligatoires comme celles décrites par M**® Tsiklinsky - ^ J’ai employé deux fois les procédés d’isolement préconises par Rodella-^ et dans un cas j’ai pu ainsi isoler une espece (B. nebulosus gazogènes) que je décrirai plus loin. 1. M‘>« Tsikl'Nsky, Sur la llore microbienne thermophile du canal intéstmal de Vhomme. Ann. de l’ Inst. Past . 1903, p. 217. . i Zoifzrhr 2. RcDELLA.UeberanaerobeBakterienim normalen Sanglmgs-stuhle. . f. Hyg., 7 févr. 1902. FLORE NORMALE DES SELLES DU NOURRISSON 301 Je ne m’attarderai pas ici à la description de chaque cas en particulier, mais seulement à l’étude des espèces. J’ai trouvé la flore intestinale des nourrissons au sein sensiblement conforme à la description aujourd’hui classique de Tissier \ Le bacillus bifi- dus prédominait dans tous les cas et paraissait, sut les latries, cons tituer la presque totalité de la flore. Les cultures m’ont permis d’isoler, en dehors des espèces coliformes, toujours présentes, Vacidophile de Moro, qui, contrairement à l’opinion de Tissier, paraît être constant (tout au moins à Bucarest) dans les selles du nourrisson nourri exclusivement au sein, et encore d’autres espèces, anaérobies facultatives, non encore décrites et qui méritent d’être sig-nalées. La flore du nourrisson au babeurre^ était très variée. D ailleurs, je dois répéter qu’il ne s’agissait pas, dans ce cas, d’un enfant absolument normal, car ce mode d’alimentation avait été imposé par des accidents dyspeptiques intenses, et Fenfant, quoique en apparence en bonne santé au moment de l’examen, avait encore des selles assez fétides. De l’étude de ce cas, je tiens à relever une particularité fort intéressante, déjà énoncée par Teixeira deMattos ^ chezies enfants nourris au babeurre : les espèces coliformes sont uniquement représentées par le b. lactis aerogenes d’Escbericb. Bien que j’ai étudié un nombre considérable de colonies coliformes, il m’a été impossible d’isoler un seul colibacille. Le fait mérite d’être noté. Parmi les nombreuses especes isolées de ce cas, je n’en décrirai qu’une seule qui m’a paru faire partie intégrante de la flore de ce nourrisson, car, dans 3 examens successifs, à plusieurs semaines de distance, je l’ai trouvée en abondance dans mes cultures. Je diviserai cette note en 2 parties : dans une partie je mentionnerai quelques particularités relatives aux espèces déjà connues; dans la 2® partie je décrirai des espèces ou variétés nouvelles. Que MM. les professeurs Proca et Sion veuillent bien me permettre de leur témoigner ici ma reconnaissance pour l’ai- mable hospitalité qu’ils m’ont offerte au Laboratoire communal, 1. Tissier, Rech. sur la flore intestinale du nourrisson, Th. de Paris, 1900 2. Pour ce mode d’alimentation voir mon travail ; De l’alimentation desnour-' Tissons avec le babeurre : Arch. de ‘Med, des Enfants 190.1 ' • 3. Teixeira de Mattos, Jahrbuch f. KinderhA^Ot, vol. 55, p. 55 ' ‘ 302 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR et les bons conseils qu’ils ont bien voulu me donner dans le cours de mes rechercbes. I Bacillus bifidîis (Tissier)‘. Ce bacille était de beaucoup pré- dominant dans les selles de nourrissons au sein. On le trouvait aussi, mais en abondance moindre, dans les selles de 1 enfant au babeurre. ^ . L’étude que j’ai faite des divers échantillons que j ai isoles confirme dans ses grandes lignes la description de Tissier. J ai cependant à noter quelques particularités : 10 L’opinion de Tissier que le B. ne pousse pas en gélose acide ^ me paraît inexacte. Les 5 échantillons que j ai eu entre les mains poussaient également bien sur agar sucré profond acide (4 gouttes d’acide lactique pour un tube à essai de grande dimension contenant 25 c. c. de gélose). La croissance se fait seulement un peu plus lentement que dans le même milieu non acidifié. Si j’insiste sur ce caractère, c’est qu’il permet, dans les cas à flore complexe, d’isoler le B. assez facilement : on sait que dans les milieux acides les espèces coliformes poussent mal et, quand elles poussent, ne donnent pas ou donnent peu de gaz. Ce caractère acidophile du B. était d’ailleurs à prévoir, étant donnée la prédominance considérable de cette espèce dans les selles du nourrisson au sein, selles dont la reaction est toujours franchement acide à l’état normal L 2® Les colonies de B. ne sont lenticulaires qu au début. Quand elles grandissent, on voit habituellement, sur l’une des faces de la lentille, pousser un prolongement perpendiculaire formant avec le plan de la lentille deux angles dièdres. On peut aussi voir pousser un prolongement analogue sur 1 autre face : la colonie prend alors l’aspect d’une graine d’ombellifère. Les colonies sont compactes : on peut les enucléer de la 1. Tissier, Loc. cit. 3 Dans un récent mémoire [Ann. de l’Inst, Past. 1905, p. 116) Tissier considère le Bifidus comme un ferment très actif des sucres à acidité d'arrêt. 3 43 à 4,90 (de SO*H2, p. 1,000); il reconnaît donc aussi que le Bifidus pousse en milieu acide. 303 W FLORE NORMALE DES SELLES DU NOURRISSON gélose comme un bourbillon, ou encore les couper au bistouri sans les déformer — contrairement à d’autres colonies (entéro- coque, par exemple) qui, piquées, se vident comme une poche remplie de liquide. Les colonies de B. sont composées d’une masse granuleuse qui s’émulsionne très mal. 3» Sur agar sucré profond, coloré par le vert de malachite (3 gouttes d’une solution à 1 0/0 de vert malachite dans un tube de 30 c. c. d’agar), le B. ne pousse pas ; ce procédé ne peut donc convenir pour les isolements. 4» Après divers essais, le milieu de culture liquide de choix m’a paru être le bouillon ordinaire auquel on ajoute, pour un tube à essai habituel (8-10 c. c. de bouillon),’ 2 c. c. d’une solution de glycose à 10 0/0 et 1 c. c. de lait. Dans ce milieu la culture est rapide et abondante. Au bout de quelques jours, quand le milieu s’acidifie, le lait en suspension est coagulé et se précipite en flocons au fond du tube. 11 est intéressant de noter que, dans 3 essais successifs, J’ai obtenu des cultures bien plus rapides et plus abondantes en me servant, pour la préparation du milieu, de lait de femme stéri- lisé au lieu de lait de vache. Le fait mérite d’être encore vérifié. 5“ Je n ai pu faire pousser le B. ni sur gélatine ou agar à 20" ni sur agar sucré ou en milieu liquide à 45-50". 6" Comme lissier, je considère le B. comme un bacille stric- tement anaérobie quand il est pur; en symbiose il pousse parfois, quoique faiblement, même en milieux aérobies). -Mes recherches contredisent donc celles de Passini ‘ qui affirme que le B. de Tissier pousse abondamment en surfacesar agar sucre, même si Tanaérobiose est incomplète. Bacillus AcmoPHiLus. — (Mnro^), Tissier affirme qu’il n’a jamais pu trouver le B. acidnphilus chez un enfant nourri exclu- sivement au sein et bien portant. Contrairement à cette opinion et conformément à celle sou- 1. Passini, Ueber das regelmâssige Vorkommen der verschiedenen Typen der voT^LViT Dormalen stable, Jahrb. f. Kinderh. Kit H-" A f"''’’'"»'’®" des sanglings stables, Wien. f900,'vlrLTp 38 acidopbilus,/«A.b. f. Kind- 3- Tissier, Loc. cit., p.97. 304 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tenue par Moro et Cahn, j’ai pu isoler des acidopliiles dans les cinq cas que j’ai étudiés, dont 4 se rapportaient à des nourris- sons absolument bien portants et nourris exclusivement au sein. J’ajoute que dans deux de ces cas j’ai cherché les acido- philes dans le lait de la nourrice et que j’ai pu les isoler de ces laits. . , , . ' Enfin, dans un de ces cas, j’ai fait un essai de numération comparative des espèces microhiennes. Je me réserve de publier le résultat de ces numérations quand j’aurai réuni un pus grand nombre d’observations, mais je puis dire dès à présent que. d’après le résultat de cette numération, l’acidophile était non seulement présent dans la selle, mais encore très abondant quoique en moins grande quantité que leBifidus; il s agissait pourtant d’un enfant rigoureusement normal et exclusivement nourri au sein maternel! . . , • j C’est ici le lieu d’insister sur une particularité biologique de ce microbe, susceptible d’en faire méconnaître la présence : Si l’on essaie de pratiquer l’isolement de l’A. en ensemen- çant doublement les selles sur milieu solide acide, sucré ou non, on n’obtient pas ou presque pas de colonies d’acidophiles. Ce microbe a besoin de se multiplier d’abord en milieu liquide acide, après quoi on peut le transporter sur milieu sobde. J’ai utilisé la technique suivante : la dilution de selles en bouillon est acidifiée avec! goutte d’acide lactique pour un tube habituel de bouillon (8-10 c. c.), on met à l’étuve et au bout de 24 heures on repique sur un 2® tube de bouillon acidifie avec 2 gouttes d’acide lactique. Le lendemain, on pratique iso e- ment sur une série de tubes ou plaques d’agar acide sucre : l’acidophile pousse alors abondamment, souvent en culture pure ou presque pure. . Si les descriptions de Moro et de Tissier concernant 1 acido- pbile sont assez analogues quant aux caractères culturaux, elles diffèrent sensiblement quant à la forme du bacille. Tandis que Moro le décrit et le représente comme un bacille mince à extrémités légèrement pointues, souvent rangé 'en éléments parallèles, il se présente, pour Tissier, sous forme l. Il est bieD entendu que ces résultats ne concernent que les nourrissons observés à Bucarest ; il se peut qu’il en soit autrement à Pans. FLORE NORMALE DES SELLES DU NOURRISSON 30,> d un gros bacille trapu à extrémités arrondies facilement recon Haïssable dam les selles. aemeni i econ- Je ne puis accepter celte dernière assertion : je crois uue dans la majorité des cas, il est impossible, sur les frottis de selles, de distinguer l’acidopliile du bifidus; en particulier dans e cas c,t plusiiaut, où J’ai pu, par une immLtîr "ic ’utir la certitude que 1 A. était en abondance, l’aspect des frottis de selles était absolument uniforme et il n’était pas possible de faire de distinctions parmi les éléments colorés par le gram Il est d ailleurs fort probable, ainsi que l’a écrit Moro que les selles normales contiennent non un acidopbile mais iiLZrs mncfe- d acidophiles assez variables niorpliologiquemelt Nous un récent rai?,":;:? spécialement aux selles du noundssoirse irt u";'!? particulière des acidopliiles recueillis sur des cadavres et en divers points du trajet intestinal. II a ainsi isolé 7 esres ci dophiles dont 4 bacilles et 3 coques. especes aci- lactis aerogenes d’Eschericli. auteur, du ncu?vé”?vrdesr"'"'' 'égèrement en P li ; toLes et longues, on le voit disposé prés:: : Is ? ’ ’• ^owie et L/? ^ Ciechomsky etJako- au bTcrSer" Tilamenteux, ressemblant au bacille tuberculeux. Il est aérobie absolu, donne une nellU min? eVLne t “""1 gélatine dissout l’albu- il^iàcMacfayden,NenckUiSiebe^":^^ ''' Bacillen des Sunglingsstuhies, Cen- 3. CU'«‘OMTk^jTKowsK.!'drrA*^^ XXXVI, p, 13. 4. XUcpevo.., N.s.ck.01 Su.k,,, Jch. ,, KÆ xXVtlI. ,89L 20 annales de L’INSTITUT PASTEUll 305 Le w" 3 est, un pros diplncoquo donnant de l’indol et ne coa-ulanl pas le lait. On peut l assinnler au gros diplocoque mobile n» 3^do Ckchomsiqj et Jakowshij. H est nlenlnpic au di/)/o- coem Ist un très petit coque en courtes chaînettes. C’est Sn Jo'n" est ^./staphylocoque moyen surtout aérobie, liquéliant la gélatine d’une layon intense, analogue au stapliijln- ronne blanc liiiuéfiant (VEscherich. ^ Toutes c:-s variées i'AcidophUes décrites par Weiss prennent le - aucune n’est patko.éue - aucune ne donne de spores. Enfin quelques-unes de ces variétés sont très no^ -2. 2, i, 3, poussent dans un houillon acide a ■> 0/0 d acide E ''ce u’esl pas encore tout pour ce qui concerne les acido- philes: Escherichi, Finkelstein.'- !inribn6n[ a certaines \arie es d’acidophiles son rôle pathogène dans certaines ententes. Crt/tn* prétend avoir trouvé l’A. dans es organ même le cceur d’enfants ayant succomhé à des gastro-ententes. Enfin Srt/qe S dans un récent travail, etudiant a ore e c taines gastro-en.érites où à toxique, trouve l’aspect des frottis absolumen analogue a celui des selles normales, et dans les cultures il isole un an- dophile. Comme on ne peut admettre que, dans une aussi pio- foil^de altération des voies digestives, la flore reste inalterte, suppose que l’acidophile isolé dans ces cas doit etre different deTacidopbilc normal. Mais toutes les tentatives qu i a faites pour démonli er l’action patbogène do ce microbe sont reste sans résultat et il n’a pu trouver que des différences tout a fait insignifiantes d’avec l’acidopliile habituel. mn tlp la Sal-e paraît d'ailleurs mal au courant de la question de la flore norniale : il ne fait aucune mention du croire que c’est l’acidophile qui est 1 espece prmcipa seltes normales, or il est précisément fort possible que d 1 ES0„E».0.,, Epidemiseh aufircteade Bn-clidurchtaile in Sanglings-spitetern, Bazil.en im Saugüngssluhl, Deutscke medic. WochensEhr. 190G, n« 16. t Enle.-oUalan.hs./nAr. AVn.. 4904, vol. LIX, p. 399. flore normale des selles du nourrisson 307 philTqu^elTtr'^^^ question il y ait substitution de l’^cfdo- d'acidophrs\‘ri’™ri,M«r '“7 l™ ™*'” * niant ,li,p„é f„oi “ngl’e7àk“i'n“.'î““ ahaina. n^.“";™"r ‘“‘''''“'‘f "on g.onpé „ rapiW™ ™™ir' "»■’ «'aa* !«• ««v.™ «riplion da Z |‘ 4 la la- ment noter quelques particulàr^t*' ** ^ 'usister. Je vais seule- n\ Pna particularités que j’ai observées. échantillonVque^i’lnstlér'^^i"?’ descriptions (Moro), les gélatine à 20», soit en si rf parlaitement poussé en . suis servi de gélatine sucréT^’ profondeur. — Je me été liquéfiée. ~ J" gélatine n’a -w ï “ît'Snï: in' “ifi;,: :“T' (1 g-outte de la solution di t i i tuhe contenant delr^^^^rbrltr ^ ^ colorabiir;Lre7mm'"n%'?6lo^^^^^^ ^ de la coSil77ar''7VrrmXîr" •• dans un cas, la perte dans les cultures Veilles* de 7 " ^bacillaires se coloraien n éléments montrant aussi en milieux so"lid7^" tfOS, p. 646^.'' Rech. sur la fernientalion du lait, Ann. Inst. Past. annales de L’INSTITUT PASTEUR :u)8 monts (lecoloies, au ’ mélanec de doux espèces peut croire .lu’on a affaire a un mélange '"""t^ouillon additionné de --n médicinal 1’^^ pousse . • n liout de 48 heures environ, le bouillon, d aboril trou ’r sfclarl et il se fait-un abondant dépôt floconneux au 1 dVtub " Wae » a bien étudié ce qui se passe dans ces cas. lApiès lui £ milieux contenant des substances grasses favorisent le développement des acidoplnles (tout au moins sT'r«: tt;,: o- 't" .ouik. il » lai. ..n. callun. „» et au fond du tube se in-écip.te un ‘1®?° ni centrifuge, on ° j „ mélange d’acides tnfi,:;;::: “a::,.....? - -- \Tgii^ hieii (lue i’aie expérimente un grand en massue. Mai^, biei 1 J P formes dégénératives a. ...ilieox, ,-1 q..» l'a.» P" «Ma".' ^ » 1 " ..mai. otearvé 2: “r.*»‘3::rr::a ■» «'.««“-«t/o ” -t: savonneux. Il • menté exclusivement au sein maternel. . -i là rt’.ine réaction commune à beaucoup d’espèces ndcr-oblelltci l'rui' caractère particulier à l’acidophile. 2.Salgk. Loc. cd. FLORE NORMALE DES SELLES DU NOURRISSON 309 Une dilution de selles, en bouillon, a été portée rapide- ment à l’ébullition puis refroidie et mise à Fétuve. — Au bout de 4 jours, j’ai fait, avec cette dilution, des ensemencements sur agar sucré et c’est ainsi que j’ai obtenu, à l’état de pureté, l’espèce que je vais décrire : C est un bacille ayant les dimensions du dipbtéritique, droit, à extrémités arrondies et parfois épaissies en forme de massue. — Les éléments bacillaires sont généralement isolés et pré- sentent des dispositions en V analogues à celles du diphté- rique. Dans une seule de mes cultures, vieilles de 10 jours, en agar sucré, les bacilles étaient disposés en chaînes, affectant 1 aspect streptobacillaire. Cet aspect n’a pas persisté dans les repiquages. Ce bacille prend le gram d’une façon intense et uniforme dans les cultures jeunes. — Dans les cultures vieilles de quel- ques jours, on voit de nombreux éléments décolorés comme dans les cultures d’acidopbiles. Jamais je n’ai pu noter de ramifications vraies. Ce bacille ne donne pas de spores. Sur agar sucré incliné ce bacille cultive abondamment. Au bout de 24 heures on voit à la surface de l’agar de très nom- breuses colonies plates absolument transparentes, en gouttes de rosée, très régulièrement arrondies, ayant environ 1/2 mil- limètre de diamèîre. — Au bout d’une huitaine de jours, les bords des colonies se dentèlent et de ces bords on voit pousser des prolongements, sous forme d’arborisations élégantes, tandis que le centre de la colonie devient jaunâtre et légèrement acuminé. En agar sucré profond, il se développe, au bout de 12 heu- res, d abondantes colonies fines, blanchâtres, floconneuses, irré- gulières, respectant au début la zone aérobie. Il y a une abon-- dame production de gaz qui fragmente l’agar sur toute sa hau- teur. En bouillon glycosé on obtient en 24 heures une riche cul- ture. Il se fait au fond du tube un dépôt blanchâtre abondant. Le bouillon reste clair. La culture dégage une légère odeur de fromage aigri. En agar et bouillon non glycosé le pseudodiphtérique pousse aussi mais la culture est beaucoup plus pauvre. 310 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUll Sur agar sucré acide, il se refuse ahsoluiueul à pousser, même si racidificalioii est très légère. Sur (jélaline inclinée à 20'L sur pomme de terre à 37'^, sur sérum de Lœefller à 37*’ je u’ai pas pu obtenir de culture. Sur gélatine sucrée profonde à le bacille pousse en o à b jours, en donnant des colonies sphériques sans prolonge- ments, légèrement brunâtres, atteignant jusqu’à 1/2 millimètre de diamètre. En gélatine-pignre la culture réussit plus difficilement. Les colonies se développent le long du trait de piqûre. Sur lait la culture est abondante. Le lait tournesolé vire au rouge en 24 b., mais la coagulation ne se fait pas, môme à la longue. — Au bout de 2o joui’s le lait tournesobî revire au bleu. La vitalité de cette espèce m’a paru faible. — Au bout de 10 à 12 jours les cultures ne sont généralement ])lus vivantes. — Cependant j’ai pu une fois obtenir un résultat positif en repiquant une culture en lait de 28 jours. h’ action pathogène de ce microbe paraît .nulle : elle a été essayée sur une souris blanche et sur un lapin : malgré de fortes doses injectées, les animaux n’ont nullement souffert. Cette espèce doit être classée dans le groupe des pseudo- diphtériques, à côté do l’acidopbile dont elle diffère par ses caractères culturaux, par la production de gaz et par 1 impossi- bilité de pousser en milieu acide. Elle se rapproche beaucoup du B. exilis de Tissier dont elle diffère surtout par la production de gaz et la non coagulation du lait. Elle se rapproche aussi de l’espèce IV de Rodella ‘ dont elle se distingue surtout parce que cette espèce liquéfie la gélatine et qu’elle est anaérobie. En résumé, il s’agit ici d’une variété de pseudodiphtérique, groupe pour lequel l’intestin paraît être un milieu de choix, à en juger par les nombreuses variétés qu’on y rencontre [acido- philes, exilis, variétés IV, Y, VI, de Rodella etc...) Bacillus nebulostis gazogènes \ (Espèce nouvelle.) Ce bacille a été isolé des selles d’un enfant antérieurement dyspeptique et 1. Rodella, Zeitsch. f. Hyg . 1902. 2. Une culture de ce bacille a été déposée en juin 1904 chez Kral, à Prague. FLOKE NOR^ÏALE DES SELLES DU NOURIUSSON 311 a imenté exclusivement au babeurre. Il faisait partie de la flore babituelle de ce nourrisson, car il a été retrouvé en assez g'rande abondance dans 3 examens faits à 1 mois de distance. 11 a été obtenu en cbaulfant des dilutions de selles à 80°^ pendant 3, 5 et 8 minutes (procédé de Rodella). En ensemençant en agar profond la dilution cbautlée pendant 8 minutes, nous^ avons obtenu le microbe en question. Il s’agit d’un bacille, anaérobie facultatif , gazogène, allongé, d’environ 3 à 5 a, droit à extrémités arrondies. 11 est immobile. 11 se décolore complètement par le gram. Dans les diverses cultures, il présente un polymorphisme assez maigre, surtout quand les cultures sont quelque peu vieillies : on observe alors des formes longues, les unes droites, les autres légèrement incurvées, et aussi des lilamenls. On peut aussi voir quelques ramifications vraies, mais cela exception- nellement. Pas de spores. Sur agar simple incline, il cultive en 24 beurt^s en donnant d assez grandes colonies (de 1/2 niillim. envii on de diamètre) en forme de « cachet », c’est-à-dire à centre bombé enlouré d’une colleretle plate. Ces colonies sont transparentes, à peine légère- ment opalines. Les jours suivants, la colonie s’aplatit, tout en s’agrandis- sant jusqu à 1 millim. et plus de diamètre; en même temps, son centre devient finement granuleux. Enfin, elle finit par devenir invisible. Au niveau des colonies on voit souvent quelques bulles de gaz dans l’épaisseur de l’agar. En bouillon peptonisé, le bouillon se trouble au bout de 48 heures, il s éclaircit de nouveau, et au fond du tube se préci- pite un léger dépôt pulvérulent. La culture dégage une légère odeur butyrique. La croissance se fait identiquement, que l’on pratique ou non l’anaérobiose. Pas d’indol dans la culture, pas même au bout de 15 jours. L acidification du bouillon est déjà évidente au bout de 24 heures. Le lait est coagulé vers le 3® jour. Pas de peptonisation. S)\xv pomme de terre on n’observe pas de culture. La culture sur agar profond sucré est absolument caractéristique : 31^ ANNALES DE L’INSllTUT PASTEUR les colon i(‘s ont l'aspect de llocons, de boules d’ouate, blan- cliàtr(‘s, arrondies, ayant 2 h i iniiliniètres de diamètre. Le centre du flocon est constitué par un noyau plus opaque que la périphérie (jui est demi-transparente. A la loupe, on distingue, dans la zone transparente, de fines et élégantes arborisations à disposition rayonnante. Le développement de cette culture est accompagné d’un abondant dégagement de gaz qui fragmente l’agar. Au début, la surface du tube (zone de l’aérobiose) est res- pectée; ce n’est (juedans la suite que les colonies l’enYabissent aussi. Si l’agar est quelque peu caramélisé, on ne voit plus d’ar- borisations et toute la colonie représente un nuage, une sorte de halo demi-transparent avec un centre à peine un peu plus dense. En agar profond ensemencé par piqûre, ce bacille pousse abon- damment sur le trajet du trait d’ensemencement; on voit tout le long un chapelet de bulles de gaz. Sur gélatine profonde ci 20'L il pousse bien en 3 à 4 jours, en donnant des colonies régulièrement arrondies et un peu bru- nâtres. Pas de liciué faction. Sur gélatine inclinée sucrée (aérobiose),on voit une assez abon- dante culture constituée par de fines colonies complètement transparentes, à contour assez irrégulier, bien que généralement arrondies. Sur sérum de Lof fier pas de culture apparente. V action pathogène cQÜo paraîtnulle. J’ai injecté lOcc. de culture en bouillon de 24 heures dans le péritoine d’un lapin, sans aucun résultat. J’ai injecté 1/10 de c.c. du dépôt d’une culture du bouillon dans le péritoine d’une souris, sans que l’animal éprouve aucun trouble. Je n’ai trouvé cette espèce décrite nulle part. Le bacille n^i de RodellcP donne bien une culture analogue en tubes profonds, mais il s agit d’une espèce, colorable par le gram, donnant des spores, peptonisant le lait. Le bacille iP l de Weiss^ se rapprocherait plus ou moins du 1. Rodella, Zeit^rliv. f Hyq. 7 févr. 1902. 5. Weiss, Ceinralblatt, XXVI, p. 16. FLORE NORMALE DES SELLES DU NOURRISSON 313 nôtre, mais il se colore bien par le grain, pousse sur pomme de de terre et ne pousse pas sur gélatine. CoccobaciUus miniitissiiniis gazogènes^ (Espèce nouvelle.) Cette espèce paraît être assez fréquente. Je l’ai rencontrée 2 fois dans les selles d’enfants nourris exclusivement au sein, et 1 fois chez le nourrisson alimenté au babeurre. Ce microbe est babituel- leinent en symbiose avec des espèces banales dont il est souvent fort difficile de l’isoler. C est un très fin coccobacille, à peine un peu plus long que large, mesurant environ 0(^.3 àO^a.b, groupé comme un staphy- locoque en grappes; ces grappes sont cohérentes et difficiles à dissocier. Il ne varie pas de forme. Il est immobile. Il se colore en général mal par les colorants habituels et sc décolore complètement par la otéthode de Gram. C’est surtout un anaérobie. 11 tient le milieu entre les anaérobies facultatifs et les anaérobies stricts, en ce sens qu’il ne pousse pas sur les milieux aérobies, mais pousse même quand l’anaérobiose est relative. Il est gazogène. Vagar sucré profond est le milieu de choix. On commenceàvoirles colonies au bout d’environ 36 heures. Ces colonies grandissent en 3 à 4 jours, acquièrent des diamètres de 1 ^ et 1/2 millimètre. Elles sont blanches, opaques et de forme très irrégul ère (angulaires, àfacettes, bosselées, etc...). L agar est fragmenté par de nombreuses bulles de gaz non fétide. A la surface delà lionne il y a constamment une zone d’environ 1 centim. respectée par la culture (zone de l’aérobiose). ^ En agar incliné glijcosé avec anaérobiose, il pousse très mal, très pauvrement et pas toujours. Cependant, les rares colonies^ qui poussent atteignent d’assez fortes dimensions (1 millim. dia- mètre). Elles sont régulièrement arrondies, opalinées et suréle- ^ees. On voit de grosses bulles de gaz dans la profondeur de lagar, en regard des colonies qui ont poussé. Le liquide de condensation contient au fond quelques flocons mais reste clair. En agar incliné glycosé sans anaérobiose, il ne se fait pas de culture, excepté dans le liquide de condensation (dépôt flocon- neux) Au niveau de ce liquide floconneux on voit, dans l’épais- seur de l’agar, une bulle de gaz, mais le reste du tube reste stérile. 1. Un (ichantiJIon do ce coccobacille a été déposé en juin 1904 chez Kr al. 3 U ANxNALES DE L’INSTITUT PASTEUR En agar sucré profond acide pas de développement. En bouillon sucré on obtient une culture pauvre si on ne pratique pas l’anaérobiose, beaucoup plus abondante si on la pratique. Au bout de 24 h., il se dépose au fond du tube un amas de lins grumeaux; cbacun d’eux étant constitué par un amas cohérent de coccobacilles fort pénible à dissocier. Le bouillon reste clair à la surface. La culture ne dégage pas d’odeur. Il n’y a pas de production d’indol. L’acidification du milieu est très faible; à peine peut-on la constater vers le 4® jour. Le lait n’est pas coagulé, même au bout de 40 jours. En milieux anaérobies non sucrés (agar profond, bouillon), le développement se fait aussi, mais moins bien qu en milieux sucrés. Il y aussi abondante production de gaz. En agar profond en piqûre, le développement se fait bien sur le trajet du trait d’ensemencement; tout le long on voit un chapelet de bulles gazeuses. En gélatine, sucrée ou non, en tube profond, il ne se fait aucune culture . La culture en bouillon sans anaérobiose est très abondante, si en culture le coccobacille en symbiose avec un staphyloco- que; mais sur milieux solides, malgré la symbiose, il n y a pas de cuUure. L’action pathogène de cé coccobacille paraît nulle. Ni 7 c.c. de culture en bouillon sucré injectés dans le péritoine d un lapin, ni 1/10 de c.c. delà même culture dans le péritoine d’une souris n’ont provoqué de symptômes morbides. Ce coccobacille ressemble à l’une des espèces (n® fi) figu- rées par Weiss (loc. cit. p. 17); mais ce dernier coccobacille est acidophile et prend bien le gram (n® 9), il ne donne pas de gaz, et pousse aussi en milieux aérobies. Notre coccobacille me paraît aussi différent du coccobacillus anaerobius per fœtens de Tissier (/oc. cil, p. 70). Cette espèce a des dimensions plus grandes ((),8-à 1 (a), elle se colore facile- ment par les colorants basiques, ne présente pas cette dispo- sition constante et caractéristique en grumeaux incohérents, et surtout dégage des gaz extrêmement fétides. 315- FLORE NORMALE DES SELLES DU NOURRISSON Le suiphilococcus pcirvulus de Veillon et Zuber pousse à 22^ 23° et donne en gélatine des colonies caractérisliques opaques, brunâtres et granuleuses,» il donne également des gaz fétides et est pathogène pour le cobaye et le lapin. BaciUus mtestinalis tuberculiformis^ (Espèce nouvelle.) Ce bacille a été isolé dans tous les cas que j’ai étudiés ( 4 enfants au sein exclusivement, et 1 au babeurre). J’examinerai plus loin son mode d’isolement et la très intéressante question de ses analogies avec le hifidus. C’est un très fin bacille, immobile, ayant les dimensions et 1 aspect general du bacille tuberculeux ; il se colore par le grain, mais d'une façon inégale ies])dices clàlvs) comme le bacille diphté- rique et sa colorabilité persite môme dans les cultures plus anciennes (15 jours), bien que l’on rencontre, dans ce dernier' cas, un assez grand nombre d’éléments décolorés. îl ne se colore pas par la méthode de Ziehl. Il présente un polgmorphisme assez accusé : dans la même culture on voit, à cote d’éléments typiques, d’autres courts comme* des coccobacilles et aussi des formes très allongées. Les bacilles se disposent souvent par deux, bout about, et même parfois on en voit 3 à la fde. En ce cas, les éléments présentent souvent des directions différentes de sorte que les formes en Y sont très fréquentes. Les extrémités des bacilles sont généralement -pointues. Parfois, 1 aspect est encore plus anormal; on trouve alors^ des formes incurvées en virgule, ou en V, ou dos diploha- cilles en S. Les tonnes en massue, en point d’exclamation, ne sont pas- rares. et on trouve souvent des ramifications craies. Mais ces- ramifications ont un aspect tout différent de celle du bifidus ; tln’yajamais plus d’une branche, et elle paraît généralement latéiale; les ramifications sont fines et allongées, et souvent très inégales, tandis que chez le bifide elles sont courtes, tra- pues, habituellement égales et presque toujours renllées à leur extrémité. Ce bacille ne donne pas de spores. j 11 est presque exclusivement anaérobie. Son milieu de choix est Yagar profond sucré. La culture- I U Une culture de ce bacille a été déposée en juin I‘J04 chez Kral. 316 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR débute au bout d’environ db heures, mais n’est bien développée (|ue vers la 48® heure. Les colonies sont hlanc opaque, •fixes, tout d abord irrégu- lières au moment où elles commencent a poindre, puis lenticu- laires. Elles atteignent, au bout de quelques jours, jusqu à 1 millim. et plus de diamèli-e et, quand elles sont âgées, on voit souvent pousser, sur une face de la lentille ou même sur cha- cune des faces, un prolongement en forme de demi-lentille dont le plan est perpendiculaire â celui de la lentille primitive , on a alors l’aspect d’une graine d’omhellifère. La zone aérobie de la surface du tube est toujours respec- tée. 11 n’y a pas de dégagement de gaz. En hoiiillon ghjcosé anaérobiose, ce bacille pousse bien, en 48 heures environ ; le bouillon se trouble d abord puis se clarifie et au fond du tube on voit un assez abondant dépôt finement grumeleux qui adhère aux parois du tube. Dans les vieilles cultures, ce dépôt prend une teinte rose très accusée. La culture en bouillon dégage une légère odeur aigre- lette. V acidification du milieu est rapide et intense; elle donne, au bout de quelques jours, avec la teinture de tournesol, une colora- tion rouge vin de Bordeaux, Si l’on ne prat ique pas l’ anaérobiose, la culture en bouillon se fait tout de même, mais elle est beaucoup plus pauvre. Sur lait il n’y a pas de développement apparent. Sur pomme de terre non plus. Sur bouillon gipcosé additionné de lait, la culture se fait comme en 4)ouillon, le lait finit par être précipité, au bout d’une ving- taine de jours, sous forme de flocons. Sur agar profond en piqûre le développement se fait bien tout le long du trait, excepté dans la zone de l’aérobiose qui finit cependant aussi par être envahie à la longue. Sur gélatine glycosée ensemencée à l’état liquide ou en piqûre, à 20®, il n’y a pas de croissance. Sur agar incliné glycosé, sans anaérobiose, la culture est inconstante mais caractéristique. On ne peut l’obtenir toujours, il faut faire un ensemencement abondant, massif, de préférence, ^n écorchant superficiellement l’agar. Au bout de 36 heures environ, on voit le liquide de conden- FLORE NORMALE DES SELLES DU NOURRISSON 317 sation se troubler, puis il se forme au fond quelques grumeaux, tandis que la surface de l’agar paraît rester stérile. Ce n’est qu’au bout d’environ 10 jours que l’on voit se déve- lopper, à la surface de l’agar, de rares et fines colonies d’un blanc opaque, très bombées, en 1/2 sphère, etd’aspe(‘t crémeux. Ces colonies se développent exclusivement aux envdrons de la surface du liquide de condensation, ou encore autour des colo- nies anciennes exposées à la surface del’agar par l’ensemence-' ment, comme autant de satellites. Les jours suivants elles grandissent en se surélevant de plus en plus et finissent par atteindre 1 millim. et plus de diamètre. Elles sont d’un blanc éclatant, crémeuses, gluantes et entou- rées au début d’une mince collerette muqueuse demi-trans- parente qui disparaît dans la suite. En vieillissant, elles pren- nent généralement une teinte rose très accusée. Dans cette culture aérobie prédominent les formes courtes. En repiquant ces colonies sur agar profond, on obtient la culture caractéris- tique décrite plus haut. Gomme on le voit, il s’agit ici d’une espèce très particulière. La description précédente est basée sur l’étude de 5 échan- tillons de source différente qui se sont montrés tous semblables. La vitalité de ce bacille est assez grande. J’ai pu le repiquer après 15 jours et même 3 semaines. Le bacillus tuberculiforinis ne paraît pas être pathogène : une culture entière de ce bacille a été injectée dans le péritoine d’un lapin : le lapin n’a présenté aucun signe de maladie. 1/10 de c. c. de dépôt d’une culture en bouillon a été injecté dans le péritoine d’une souris sans aucun résultat. Cette der- nière expérience a été répétée avec chacun des 5 échantillons que j’ai eu entre les mains, toujours avec le même résultat négatif. Le b. tuberculiformis intestinaUs est intéressant à plus d’un point de vue. Tout d’abord nous l’avons rencontré 5 fois sur 5 examens de selles : C’est donc une forme très fréquente, sinon constante. Mais s’agit-il bien là d’une espèce nouvelle? L’analogie d’aspect des colonies en agar profond de cette espèce et du btfidus est telle, qu’il est absolument impossible de les distin- guer, et ce n’est que grâce à un hasard que j’ai pu isoler ce bacille : Je conservais une culture de bifidus de mon cas 1, que 318 ANNALES DE L’INSÏITUÏ PASTEUR je repiquais tous les 8 jours. J’étais persuadé de la pureté absolue de cette culture, attendu que les repiquages étaient faits chaque fois avec une colonie unique préalablement vérifiée. Au bout de 3 mois de repiquages successifs, je songe à réense- mencer mon bifide et quand je veux le repiquer il ne pousse plus : alors je fais un nouvel essai de repiquage en prenant à la fois une grande quantité de colonies pour avoir plus de chances de trouver encore quelques microbes vivants. Or, dans le tube d’agar ainsi ensemencé, il ne pousse que deux colonies et ces colonies étaient constituées parle tuberciiliformis . J’ai conservé cette espèce. Quelque temps après, il m'arriva exactement la même chose avec le bifldiis de mon cas II. Dans mon cas 111, le T. a été isolé d’une dilution de selles que j’avais conservée pendant un mois, puis chauffée à 80° pen- dant 5 minutes. * On peut donner à ces faiis deux interprétations : a) Ou bien les cultures que je possédais n’étaient pas des cultures pures de bi/idus, et dans ce cas on doit admettre qu’il existait une symbiose très intime, des colonies mixtes, puisque mes cultures avaient été obtenues toujours par repiquage d’une colonie unique. Le tuberculiformis ayant une viabilité plus longue que le bifidus a seul persisté quand j’ai tardé à faire le repiquage; b) Ou bien le tuberculiformis n’est qu’une transformation du bi/idus. Cette deuxième interprétation me paraît cependant très difficile à admettre, attendu que les deux bacilles présentent des dilférences très marquées : 1° Leur forme, les caractères de leurs ramifications sont très différenles (voir plus haut) ; 2° L’un est anaérobie absolu, strict, l’autre anaérobie relatif; 3° La très caractéristique culture en agar aérobie qui est spéciale au tuberculiformis ; 4® La vitalité plus longue du tuberculiformis. J’ai fait de nombreux essais pour transformer le tuberculi- formis en bifidus, mais j’ai toujours échoué. Une autre raison m’empêche de considérer le tuberculiformis comme une forme de vieillissement du bifidus: c’est que dans mes cas IV et V j’ai pu isoler le premier directement des selles. J’ajoute que, chez une femme adulte, je l’ai retrouvé avec ses 319 FLORE NORMALE DES SELLES DU NOURRISSON caractères typiques dans la matière caséeuse d’une amygdalite lacunaire. Je pense cependant que ce point mérite de nouvelles recher- ches et cela d’autant plus que Paasini (lue. cil.) soulient que le k/!du.~< est un anaérobie relatif. — A-t-il eu entre les mains des cultures mixtes de Infidus et de luherculiformu, ou bien est-ce que le bifidu.'s peut dans certaines conditions se transformer et s adapter à des milieux non rigoureusement pi-ivés d’air? <5 'Mff 3 gazor/one.^. _ 2. Baeille acidopliilc (variélé anaôiobie. - i. B. pseudo-diphlericus gazogènes ( variété gazogènes — 5. nedufmlosus gazogènes. — G. B. nelmlonis Avant de terminer, je veux signaler une espèce que j’ai eu entre hbs mains,, mais que je n’ai pu étudier complètement, les cultures étant mortes au bout de quelques jours. 320 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR MOBILITÉ Colorabllité. MODE de vie. Température. FORME CULTURE en agar incliné CULTURE en agar profond. Développement de gaz. Pseuclo- dlphtericus gazogènes O Col. par le grain ; nom- breux élé- ments décolorés dans les vieilles cultures. Aérobie et anaérobie. 370 200 Bacille présen- tant les dimen- sions. la forme et les disposi- tions du b. diphtérique. En 24 heures, fines colonies plates et trans- parentes, en gouttes de ro- sée. En 24 heures, fines colonies blanchâ- tres, floconneuses, irrégulières La zone de l’aéro- biose est respectée au début. Abon- dante production de gaz. L 1 P îV' II Baciilus nebulosus gazogènes O Décoloré par le grain. Facultatif. Plus anaérobie qu’aérobie. 370 200 Bacille de 3 à 5 [J., à extrémités ar- rondies. Polymorphisme marqué : formes allongées et fila- menteuses, quelques rami- fications vraies. En 24 heures, grandes colonies plates, transparentes, d'environ 1/2 millimètre de diamètre. Colonies caractéris- tiques en boules d'ouate de 2 à 4 mil. de diamètre, à centre plus opa- que. Zone de l’aé- robiose au début respectée. Abondante produc- tion de gaz. l'I 1 •il i'i Baciilus minutissimus gazogènes O Décoloré par \e grain. Prend mal les colorants habituels. Surtout anaérobie . Pousse aussi, mais mal en anaérubiose relative. 370 Très fin cocco- tacille de 0[J-,3 à Opi.,5, en grappes. Les éléments sont groupés en grumeaux dif- ficiles à disso- cier. Ne pousse que si on pratique une anaérobiose re- lative et encore très pauvre- ment. Colonies arrondies, opa- lines et suréle- vées. Bulles de gaz dans la profondeur de l’agar. En 36 heures, fines colonies blanc. - opaques, irrégu- lières. Zone aéro- bie respectée. L’agar est frag- menté par de nom- breuses bulles de gaz. \ d\ Baciilus intestinalis tubef- culifonnis. O Coloré, mais inégalement par le grain. Non coloré par la méth. de Ziehl. Anaérobie. Pousse 'à peine en aérobiose. 370 Très fin bacille ayant les di- mensions et l’as- pect général du bacille tubercu- leux. Polymorphisme: éléments courts, filaments. Elé- ments incurvés en V et S. Formes atypi- ques en massue et ramifications vraies. Culture incons- tante. Le li- quide de con- densation cul- tive en 36 ti. A la surface de Uagar, la cul- ture ne se voit que vers le 10'= jour. Colo- nies blanches, arrondies, demi- sphériques, d’aspect cré- meux. devenant /■oses quand elles vieillissent. Culture de 36-48 h. Colonies blanc., opaques, lenticu- laires ou en grai- nes d’ombellifère, absolument sem- blables à celles du Bijldus. k s Pseudo- enterocoque (étudié incom- plètement). Coloré par le Qram d’une façon intense. Anaérobie. Aérobiose 1 370 200 Coccus en flammes de bou- gie, le plus sou- vent groupés en diplocoques. Pas de capsule. N’a pas poussé. En 24 heures, colo- nies blanc. -opa- ques, lenticulaires, sans halo. Zone de l’aérobiose est res- pectée. 1 FLORE NORMALE DES SELLES DU NOURRISSON 321 CULTURE en bouillon sucré. 8 CULTURE en C élatine sucrée. .ULTURE sur lait. lulttres.poiume de terre. FRÉQUENCE ACTION pathogène. c O s ■3 0 Ck in PARTICULARITÉS En 14 heures, ri- che culture. Dépôt abondant au fond du tube. Le bouil- lon reste clair. Lé- gère odeur de fro- , mage aigri. Acidification très légère. Ne pousse qu’en gélatine a profonde. Co- lonies sphérl- 0 ques. ^as de liqué- faction. Culture boudante. Pas le coagu- lation. ' 0 5 1 fois r sur examens. s’ulle. 0 ? >fe pousse absolument pas en milieux acides. A été isolé des selles d’un enfant au sein maternel. Bouillon troublé 'en 24 heures. En *48 heures dépôt au fond. Légère odeur butyrique. Pas d’indol. Acidification assez rapide. £n gélatine profonde, donne des co- lonies sphéri- ques en 3 - ( 4 jours. En gélatine in- clinée, de fines colonies abso- lument trans- parentes. Pas de liquéfact. Coagulé vers e 5e jour. Pas le peptoni- sation. O 1 fois ! sur examens. Mulle. 0 i été isolé à 3 reprises des selles du même enfant, ali- menté au babeurre. Pousse assez bien, si on pratique l’a- naérobiose. Dépôt fin au fond du tube.bouillon clair dessus. Ni odeur, ni indol. Acidification à peine marquée. 0 Non coagulé. O 3 fois sur 5 examens. Nulle 0 A été isolé chez 2 enfants au sein et chez un enfant au babeurre. 1 Pousse surtout si on pratique l’a- naérobiose. Bouil- lon, d’abord trou- ble, se clarifie : au fond, dépôt granuleux, qui dans les vieilles cultures devient rose. Odeur aigrelette. Pas d'indol. Acidification intense O O 0 5 fois sur 5 examens. Nulle. 0 A été isolé chez 5 enfants dont 4 au sein et 1 au babeurre. *11 présente de nombreuses ana- logies avec le Bijidus. Le milieu de culture liquide de choix est le bouillon glycosé auquel on ajoute du lait de femme. Le lait est à la longue précipité en flocons au fond du tube. Au bout d( 8 jours, colo nies sphéri ques. /•as de liqué faction. 3 O 0 1 fois sur 5 examens ? 11 Cette espèce a été perdue dans le cours des recherches. Bien que les tubes aérobies soient restés stériles, il est néan- moins probable qu il est anaérobie facultatif, puisqu’il pousse sur agar profond en 24 heures, co qu’aucun anaé- 1 robie strict ne fait. 21 ■ ^ ,-.7v V;- >. 322 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Il s’ag-it d’un Pseudo-entérocorjue, isolé des selles d’un enfant alimenté au babeurre, après chauffage d’une dilution de selles à 80^‘ pendant 8 minutes. 11 se présente sous la forme d’un diplo- coque non capsulé, à grains allongés en flamme de bougie : l’allongement des grains est .même plus accentué que dans l’entérocoque. On trouve aussi quelques cocci isolés. Ce diplocoque se colore par le grain d’une façon intenso. Les tubes aérobies ensemencés sont restés stériles. En cigar profond sucré, les colonies se voient déjà au bout de 24 heures. En 48 heures, elles sont complètement développées, opaques, lenticulaires, sans halo d’environ 1/2 millimètre de diamètre. La zone de Vaérobiose est respectée. En gélatine profonde sucrée, il pousse lentement, donnant au bout de 8 jours des colonies sphériques pouvant atteindre jus- qu’à 1/2 millimètre. La gélatine n’est pas liquéfiée. A mon grand regret, je n’ai pu pousser plus loin l’étude de cette forme. Sa vitalité étant très restreinte, mes repiquages sont restés stériles. En terminant l’exposé de ces notes, je dois encore une fois faire remarquer que la présence, dans l’intestin du nourrisson normal, des espèces décrites par moi, ne contredit en rien la façon de voir de Tissier : le hlfidiis reste l’espèce de beaucoup prédominante dans les selles du nourrisson normal au sein : à . l’examen des frottis de selles, on ne voit pas autre chose. Les espèces que j’ai isolées en cultures sont inconstantes et, quand elles existent, très peu abondantes. Seul le B. intestinalis tuherculiformis est peut-être plus impor- tant, car dans un cas où j’ai fait un essai de numération (enfant au sein rigoureusement normal), je l’ai rencontré dans les fortes dilutions; d’autre part, j’ai pu l’isoler dans mes cinq observations. Je résume sous forme de tableau les caractères principaux des espèces nouvelles décrites dans ce travail. (Fév. 1906.) Actions dns substances hémolytiques sur les Protozoaires, les Spirochètes et les Vibrions. Par C. LEVADrTI et A. UOSEMBAUM ; (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff. ) Dans un travail récent, Neufeld et Prowazek ‘ ont soutenu l’existence d’une relation étroite entre les protozoaires et les spirochètes, se basant sur la sensibilité de ces microorg-anismes vis-à-vis de certains glucosides (en particulier la saponine) et du taurocholate de soude. Ils ont constaté que, tandis que les bactéries, exception faite du pneumocoque, vivent et pullulent dans des solutions concentrées de ces substances, par contre, les spirochètes, pareils en cela aux trypanosomes, succombent rapidement sous l’influence de solutions même très étendues. L’emploi de ces agents hémolysants permet donc de démontrer qu’au point de vue de la sensibilité du protoplasma à l’égard de ces principes toxiques, il y a plus d’analogie entre les spiro- chètes et les protozoaires llagellés, qu’entre ces spirochètes et les bactéries. L’importance du problème que les savants allemands se sont proposé de résoudre est hors de conteste. On a toujours discuté si les spirochètes sont des protozoaires ou des bactéries, et malgré les nombreuses recherches morphologiques faites dans cette voie, on est loin d’être d’accord sur ce sujet. Nous en avons la preuve dans la découverte des cils du Sp. gallinarum (Borrel) qui devait mettre hors de doute la nature microbienne des spirochètes et qui cependant est loin d’avoir entraîné la conviction. Malgré la netteté de ces cils, semblables à ceux des bactéries, certains protozoologistes allemands, entre autres Prowazek, Hartmann et Keisselitz% ne les interprètent pas dans le même sens que Borrel et Zettnow et ne considèrent guère leur existence comme une preuve irréfutable en faveur de la nature bactériacée des spirochètes. 1. Neufeld et Prowazek, Arb. aus. dem. kais. Gesundheitsamte 1907 vol. XXV, lasc. 2. 2. Keisselitz, Arch. fur Protistenkunde, 1907, vol. X, p. 177. 324 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Peu après la publication du travail de Prowazek et Neufeld, nous avons entrepris une série d’expériences afin de préciser les relations entre les spirochètes, les protozoaires et les bactéries, en recherchant comment ces microorganismes se comportent vis-a vis de ma un groupe de substances douées de propriétés hémolgsantes. Les faits que nous avons observés font le sujet de ce mémoire dont les principales conclusions ont été déjà resumees ante- rieurernent^. I action des glucosides Le mécanisme suivant lequel les glucosides agissent sur les hématies pour engendrer l’hémolyse, a ete recherches de Ransom = concernant la saponine. Cet auteur a montré que si la saponine engendre la dissolution des glo u es rouKes c’est qu’elle se. fixe sur le stroma globulaire grâce a son^affi’nité pour la cholestérine, qui entre dans la constitution de ce stroma. Le pouvoir antihémolytique du sérum norma Ït ga ment dû à L teneur en cholestérine, car l’extrait etliere de cîsérum entrave l’hémolyse, cependant^ qu’une suspension de cette cholestérine jouit des mêmes ont ainsi prouvé, ce qui, d’ailleurs, avait ete déjà soutenu pai Owerton* que les glucosides engendrent l’hémolyse en s atta- et ont apporté une preuve indirecte en faveur de 1 existence de ces lipoïdes dans l’enveloppe cellulaire. Etant donné l’état imparfait de nos \ constitution de l’enveloppe membraneuse Pro» ’ était intéressant de rechercher si les glucosides apssent su ces derniers de la même manière que sur les hematies et si lipoïdes jouent quelque rôle dans 1 action zootoxique 1. L.v*.rT. el R0S.N3X.M. Bull, ée la SooUlé üe Palkologie exotigue, 1908. ''“'à.'juNsoM, DeulHche med. ^der'zelle und, der GeweU, 3, OwERTON, cité d apres Hober, y Leipzig, Engelmann, 1906. * rînflnence toxique exercée par cer- laines r;errÆ:nf r. ,r;=a\.l;Ca»Ocies^ou uypanosoaies,. PROTOZOAIRES, SPIROCHÈTES ET VIBRIONS 325 glucosides. En poursuivant des recherches dans cette voie, et en choisissant les paramécies (Par. aiirelia) comme sujet d’expérience % nous avons constaté ce qui suit : La saponine, en solution dans de l’eau physiologique, immobilise et tue les paramécies à la dose de 1/10,000, cela presque instantanément. Or, il suffit d’ajouter à plusieurs doses toxiques de saponine (1 c. c. sol. 1 : 10,000) 0,75 c. c. de sérum normal de lapin, porté préalablement pendant 1/4 d’heure à la temp. de 60^, pour empêcher complètement 1 immobilisation des paramécies. Le sérum normal, à la condi- tion qu'il ait perdu par le chauffage sa toxicité propre, neutralise le pouvoir zootoxique de la saponine, de même qu’il entrave la fonc- tion hémolytique de ce glucoside. Or, on peut démontrer que les lipoïdes interviennent dans le mécanisme de l’action zootoxi- que de la saponine, en procédant de deux façons : a) En recherchant le pouvoir empêchant de l’extrait éthéré de sérum neuf. Toüt comme dans l’expérience de Ransom, nous avons, en effet, remarqué que le sérum de lapin, épuisé par l’éther, permet d’obtenir un extrait qui, mélangé à plusieurs doses toxiques de saponine, empêche l’immobilisation des paramécies. b) En examinant les propriétés de l'extrait éthéré de paramécies. Si 1 on traite par de l’éther une certaine quantité de paramé- cies isolés par centrifugation, on obtient un extrait qui, mis en contact avec 0,S d’une solution de saponine à 1 ; 10,000, neu- tralise le pouvoir zootoxique de ce glucoside (act. sur les para- mécies). Ces données montrent que la saponine agit suivant le même méca- nisme sur les hématies et sur les protozoaires. Tout comme les glo- bules rouges, ces derniers ont une enveloppe ectoplasmique contenant des lipoïdes, lesquels sont capables de fixer le glu- coside et permettent ainsi au poison d’exercer ses propriétés toxiques. L’analogie entre les protozoaires et les cellules ani- males, au point de vue de la constitution de leur membrane et de leur sensibilité vis-à-vis des glucosides, est donc des plus frappantes. Or, comme les recherches de Prowazek et Neufeld ^ a .is . none 320 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR oui démontre ((uc certains spirochètes se comportent vis-à-vis des glucosides de la même façon que les hématies, il y a tout lieu de croire que ces spirilles olfrent les mêmes caractères que les protozoaires, c’est-à-dire qu’ils reu ferment des lipoïdes dans leur ectoplasma. Nous aurons l’occasion de revenir plus loin sur cette façon de voir conforme à celle énoncée par Neufeld et Prowazek. II ACTION DU VENIN DE COBRA ET DE LA COBRA-LÉCITHIDE Nous avons recherché quelle est l’action exercée par le venin du cobra ‘ sur les protozoaires (paramécies et trypanosomes), les spirochètes et les bactéries et nous avons comparé cette action à celle du même venin sur les hématies. Déjà en 1905, Noc ^ et Goebel ^ ont constaté que le venin de cobra exerce une inlluence toxique mamfeste sur les trypanosomes. Suivant Noc, ces llag-ellés se dissolvent complètement dans une solu- tion de venin à 1 0/0. D’après Goebel, les trypanosomes du Nagana, puisés dans le sang des cobayes infecté et isolés des globules rouges, sont dissouts par une solution de venin à 1/1000 ( 0,4 c. c. pOLirO, 1 de sang Iryp.). La destruction des parasites s’opère rapidement à 37° et n’a nullement lieu si on a soin de placer les tubes à 0°. Ces données ont ainsi montré (|ue les protozoaires se comportent à l’égard du venin de cobra tout comme les globules rouges et ont confirmé l’existence d’une étroite relation entre ces protozoaires et les cellules ani- males, relation que laissaient entrevoir, d’ailleurs, les recher- ches de Goebel ^ concernant l’action des solutions salines sur les trypanosomes. Nous avons confirmé cesrecdiercbes, en ce sens que nous avons vérifié l’actiou toxique exercée par le venin de cobra sur les trypanosomes du Surra. Mis en présence de 0,23 d’une solution à 1/10,000 de ce venin, ces trypanosomes (sang de souris infectée) s’immobilisent au bout de 10 à 20 minutes, devien nent transparents, laissent voir leurs noyaux et tinissent par 1. Le veüin de cobra nous a été procuré par M. le Prol. Galinette, que nous piàons de recevoir tous nos reuierciements. 2. Noc, cité par Galmette, Les venins et les animaux venimeux, Paris, Mas- son, p. 217. 3. Goebel, Ann. Soc. méd. de Gand., 1903, fasc. 3. 4. Guebel, Ann. Soc. méd. de Gand, 1906, vol. LXXXVI, p. 11. PROTOZOAIRES, SPIROCHÈTES ET VIBRIONS 327 se détruire plus ou moins complètement. Cette destruction des trypanosomes ne marche pas de pair avec P hémolyse des hématies de souris; ces hématies semhlent, en elfet, être moins sensibles à Taction du venin que les flagellés. Les trypanosomes ne sont pas les seuls à être sensibles à Paction toxique du venin. En effet, si on met en contact 1 c. c. d'une culture riche paraméem, avec une solution de venin à 1/10,000 (0,5 c. c.; concenti*ation totale du venin 1/40,000,), on constate que ces organismes s’immobilisent pour ainsi dire immédiatement, se déforment, laissent exsuder des bulles g'ra- nuleuses et finissent par se transformer en un détritus qui tombe au fond du tube. Comment se comportent les spirochètes à Pégard du venin de cobra? Nous avons expérimenté avec les spirochètes de la Tick~fever (sang’ de rat; elle Sp. gaUinaruin, et nous avons trouvé que ses parasites sont assez sensiblr.s à Paction toxique de ce venin. Le sp. de la poule est plus facilement immobilisé par le venin de cobra que le sp. de la fièvre récurrente ; dans nos expériences, le Sp. gallinarum été tué par une solution de venin à 1 : 10,000, cependant que le Sp. Buttoni ne s'est immobilisé que lentement en présence d'une solution à 1 : 1,000. Nous avons trouvé éga- lement que l’hémolyse produite par le venin, mis en présence de sang contenant des spirilles, ne joue aucun rôle dans la des- truction des parasites en spirale; en effet, des spirilles de la poule, isolés par centrifugation et débarrassés aussi bien que possible d’hématies, continuent à être sensibles à Paction toxique du venin de cobra. Ces recherches montrent donc non seulement les hématies et les trypanosomes, mais aussi les paramécies et les Sp. Duttoni et gallinarum sont tués par le venin de cobra. Comment se compor- tent, à ce point de vue, les bactéries? Les propriétés bactéricides du venin de cobra ont été étudiés par Calmette^ et par son élève Noc^ qui ont constaté une action bactéricide manifeste avec labact. charbonneuse, le vibrion cho- lérique, le staphylocoque doré, etc., et une action bactériolytique moins nette avec le colibacille et le bac. d'Eberth. Nous avons 1 . Déjà cité. 2. Noc, Ces Annales, avril 1905. 328 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR nous-même repris ces recherches en expérimentant avec le Vibrio Cassino et nous avons constaté qu’en effet ce vibrion se laisse facilement détruire par 0,3 et 1,0 d’une solution à 1 0/0 de venin. La méthode des plaquesnous a montré, d’ailleurs, que cette action bactéricide de venin est presque immédiate ; eneflet, tandis que dans le tube témoin (renfermant du bouillon) nous avons eu à compter, lors du premier ensemencement, 960 co- lonies, par contre dans celui qui contenait 0,3 de venin, la stéri- lisation a été complète et définitive. Le fait que le venin de cobra agit à la fois sur le groupe hématies-protozoaires-spirocbètes et sur les vibrions cholé- riques semble, au premier abord, venir à l’encontre de l’opinion qui, se basant sur la sensibilité vis-à-vis des poisons hémo- lysants, établit une séparation entre ces vibrions nt les spiro- chètes, en rapprochant ces derniers des protozoaires. Cependant, l’analyse détaillée des diverses propriétés toxiques du venin montre qu’il n’en est rien et que la substance bactérioly tique de ce venin doit être nettement séparée du principe hémolysant et zoo- toxique. A ce propos, nous avons établi, tout d’abord, que les pro- priétés hémolytiques, zootoxiques et s pirilloly tiques du venin sont liées à une seule et même substance, dont les principaux carac- tères sont \8i thermostabilité et l’affinité pour la lécithine. On sait, d’après des constatations antérieures faites en particulier par Morgenroth, que l’iiémolysine du venin, contrairement a la pro- téolysine et à la neurotoxine résiste à un chauftage à 100 degrés, prolon.'-é pendant 20 minutes. Or, nous avons trouvé que le cenin, porté à cette température pendant 3 et 13 minutes, con- tinue à être toxique, non seulement pour les hématies, mais aussi pour les paramécies, les trypanosomes et les spirochètes. Les propriétés zootoxiques et spirillicides du venin de cobra sont donc, tout comme les qualités hémolysantes, thermostabiles. De plus, nous avons établi que les propriétés zoolytiques et spirillolvtiques de ce venin sont, comme les qualités hémoly- tiques, liées à la présence d’une substance ayant une affinité particulière pour la lécithine. Nous n’insisterons pas ici sur le rôle de la lécithine dans le mécanisme d’action de la cobra-hémolysine. On sait que, peu après la découverte de la réactivation du venin de cobra par le sérum frais ou chauffé à 62 degrés, due 329 PROTOZOAIRES, SPlROCHÊrES ET VIBRIONS a exner et Noguchi i et à Calmette 2,Preston Kyes => a démontré que cette reaction était attribuable à la présence de lipoïdes, en particulier de la , lecithine dans ce sérum. La lécithine offre une affinité particulière pour la cobra-hemolysine, se combine avec elle (Kyes) pour former un composé stable doue de propriétés bemolysantes. Grâce à une technique parliculière Kyes a réussi à préparer dans le laboratoire d’Ehrlich une lécithicle en partant de 1 hemolysine du venin de cobra et d’une solution de lécithine dans du chloroforme. Les propriétés de cette lécithide diffèrent sensiblement de celles du venin et de la lécithine, surtout pour ce qui concerne la solubilité la therrnostabilite et l’action neutralisante de Tanti-venin. Nous avons recherché si les propriétés zootoxiques et spiril- olytiques du venin sont liées à une substance offrant la même affinité pour la lécithine que la cohra-héniolysine, en expéri- mentant avec une cohra-lécithide mise obligeamment à notre disposition parM. le prof. Ehrlich. Nos recherches nous ont montré que la lécithide est non seulement fortement hémohjsante ‘ mais que, déplus, elle immolriliseet détruit rapidement les paramécies et les spirochètes de la poule. Ainsi, 0,1 d’une solution à I/IOOO a immobilisé un c. c. d’une culture de paramécies, et 0,1 d’une solut. a 1 0/0 a exercé une action toxique manifeste sur les spirochètes contenus dans 3 gouttes de sang de Padda infecte. Il en resuite que les protozoaires et les hématies sont plus sensibles à l’action toxique de la lécithide que les spirochètes. Ces deux caractères, la thermostahüitéet l’affinité, pour la lécithine permettent donc d’identifier le principe zootoxique et spirillolntique du venin avec la cohra-hémohjsine. Quels sont les arguments qui nous autorisent à établir une ; distinction marquée entre la bactériolysine du venin et la substance ; toxique pour les hématies, les protozoaires et les spirochètes ’? Ils sont de même ordre que les précédents, à savoir la sensibilité a la chaleur et l’affinité pour la lécithine. En effet, Noc et Cal- mette ont remarqué que celte bactériolysine, contrairement à hemolysine, se détruit par un chauffage à 80 degrés et nous ayons pu conformer ce fait. Dans nos expériences la dose bac- eriolytique'^ du venin de cobra non chauffé, pour le Vibrio Cas- I vol. VI, n« 3. 3 Pi'- des sciences, 1902, vol. XXXIV, n» 24 ' W. “to.; nCel.lsos. no^t'olT’ Sachs, ! 0,1 cl une solut. à 1/1000 dissout complètement 2 gouttes de sano- Hp mi 330 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ■ sim a été do 0,1 (l’une solution à 1/1000 (1 ,020 colonies immé- 1 (liatement après rensemencement, zéro colonies 0 heures apresj. Le cliauffage à 00“ pendant un quart d’heure n’a nullement influencé l’action hactéricido du venin, cependant que ce venin, porté pendant le même temps à 80 degrés, a complètement perdu son pouvoir vihriolytique. L’hémohjsim et par conséquent la zootoxine et la spirillohjsine sont thermolabiles, cependant que la bactériohisine du venin est relativement tliennostalnle. De plus, tandis que l’hémohjsine forme avec la lécilhme une leci- thide active, par contre la baclériolysineoUreune affnne de beaucoup moins marquée pour les lipdides. Nous en avons la preuve dans le fait que la cohra-léci'thide, tout en étant fortement hémolysante, zootoxique et spirillolytique, ne jouit que d’un pouvoir vihrio- lytique faible, presque nul. Exemple : Lécithine (jh) Bouillon. 1 "Vibrions. Immédiatement. Après six heures. 0,1 t,« 1 5 gouttes. 1.103 col. Innombrables. 0,5 1,5 » 180 col. >> 1,0 1,0 » 360 col. )) — ! 2.0 1 )) 1 960 col. ” (î^o) ; \ \ 0,5 1 1,5 i )) 1 0 col . 0 1,0 - 1 1,0 )) i 1 col. 1 0 Ces recherches montrent que, si l'on considère le venin entier, il est impossihle de faire une distinction entre les hématies, les protozoaires et les spirochètes d’une part, les hacteries e l’autre. 11 suffit cependant de séparer l’hérnolysine de la hacte- riolysine en s’adressant à l’action de la chaleur ou a 1 attinite pour les lipoïdes, pour constater que ces deux groupes de para- sites et cellules se comportent différemment à l’égard de la cobra-hémolisyne. En effet, tandis que les globules sanguins, les protozoaires et les spirilles sont détruits par 1 hemolysme PROTOZOAIRES, SPIROCHÈTES ET VIBRIONS 331 thermostabiles du venin et par la cobra-lécithide, par contre, les vibrions cbolériques, bactéries les plus l'approcliées des spi- rocbètes, se montrent insensibles vis-à-vis de ces poisons. Force musestdonc d’admettre l’existence d’tme affinité manquée, au point de vue biologique, entre les spirochètes pathogènes, les cellules animales et les protozoaires. Quelle peut être la raison de cette différence dans la façon de réagir des cellules, des protozoaires et des spirochètes d’une part, des bactéries d autre part, vis-à-vis de la cobraly- sine? Nous savons que les poisons bémolysants déterminent la sortie de l’iiémoglobine en agissant surfa membrane globu- laire, membrane dont la ricbesse en lipo'ides ne laisse aucun doute *. 11 a été démontré, d’autre part, que la cobralysine s’attaque aux hématies grâce à l’affinité qu’elle possède pour les lipoïdes ' en général et pour la lécithine en particulier. Il est donc fort possible que, si les cellules =, les protozoaires et les spirilles sont sensibles à l’égard de l’bémolisine du venin, cela tient précisément à ce qu'ils possèdent une membrane contenant des lipoïdes en quantité suffisante pour réactiver c.ette hémoly- sme, ou bien des lipoïdes dans un état de combinaison facile à délaire. Si, d’autre part, les bactéries sont insensibles à l’égard de la cobralysine, cela pourrait être du à une constitution par- .ticulièro de leur enveloppe membraneuse, laquelle serait pauvre en lipoïdes, ou contiendrait des lécithines à l’état de combinaison plus stable. Il s’agit là d’une hypothèse dont la vérification expé- rimentale serait particulièrement importante. En effet, aux dif- férences morphologiques et biologiques déjà connues entre le monde des protistes et celui des bactéries, viendraient s’ajouter des dissemblances dans la constitution chimique de leur membrane. L emploi du venin peut, jusqu'à un certain point, résoudre de intéressantes recueillies par Pascucci au laboratoire possèdent la niénie propriété. ’ ’ ke])halino et la jecorine p. ex. les liématics d» rat et de la 332 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ce problème, car la cobralysine, grâce à son affinité pour les lipoïdes, est un excellent réactif pouvant indiquer la presence de la lécithine dans les produits organiques et aussi l’état dans lequel se trouve ce lipoïde. Comme le fait remarquer H. haclis l’emploi de la cobralysine peut nous renseigner sur l’existence de lécithine « disponible « entrant dans la constitution des tissus ,et des cellules. ^ . * Nous avons entrepris une longue série d' expériences dans le but de rechercher s’il était possible de révéler certames différences entre les bactéries d’une part, les protozoaires, les hématies et les spirochètes de l’autre, en ce qui concerne leur richesse en lipoïdes capables de réactiver la cobrqlysine. Pour ce faire, nous avons traité ces éléments (aussi isoles que pos- sible) avec de l’éther et nous avons apprécié le pouvoir reacti- vant de l’extrait éthéré vis-à-vis du venin, en présence des globules rouges de rat et de mouton. A des quantités crois- santes de cet extrait éthéré et après évaporation, nous avons ajouté une dose de venin inactive par elle-même, et nous avons apprécié l’intensité de l’hémolyse, ainsi que le temps nécessite par la dissolution complète des hématies En procédant de la sorte, nous avons constaté qu il est facile d’extraire non seulement des hématies, mais aussi des para- mécies et des spirochètes de la poule, des substances solubles dans l ether capables de réactiver le venin de cobra. Nous donnons comme exemple une expérience de réactivation avec l’extrait ethere de spirilles de la poule. On recueille, par centrifugations répétées, les spirilles contenus dans le sang d’une poule sacrifiée en pleine infection. Le magma spirillaire ne ren- ferme que peu de globules rouges. On ajoute 20 c. c. d ether, on agite e o laisse séjourner jusqu’au lendemain. L’éther est d^anté et introduit dans des tubes à essais. Evaporation de l’éther au bain-marie (5oo), puis a 1 etu à 60» Après l’achèvement de l'évaporation, on ajoute de l’eau salee ei U, d’une sol. de venin à 1 : 100. Les tubes sont maintenus pendant i/i d heme •à 38o, après quoi on introduit deux gouttes de sang de mouton, prea a ment lavé I H Sachs, In. Handb. der Techn. u. Meth der Immunitâtstehre (Kbahs et ‘’'="2“tt’abtudk'’nou''’.ntroduisons des q-ntités variables d^l’e.trait^^^^^^^^^^ dans des tubes à essai et nous évaporons 1 ether dans un ^ ^ 3^ 'une^expérience de contrôle faite avec une quotité d’hématies égale à celle /jui est mélangée au spirochète nous a donne un résultat négatif. PROTOZOAIRES, SPIROCHÈTES ET VIBRIONS 33» Extrait éthéré. Venin. Eau salée. Après 3 h. à 38®. 2,0 0,3 1.7 Trac». 4,0 0,3 1,7 Complet. , .6,0 0,3 1,7 Complet, 6,0 — 2,0 0 Ether pur. 6,0 0,3 . 1,7 0 — 0,3 1,7 0 2.0 0 D ailleurs., pour ce qui concerne les paramécies (cultures centrilugées et lavées), il n’est nullement besoin de les épuiser par 1 éther pour mettre en évidence la présence de lipoïdes capables de réactiver le venin. Le contact direct de la cobra- lysine avec ces protozoaires rend cette lysine active pour les hématies de mouton. Il est donc bien établi que les globules rouges, les pro- tozoaires et aussi les spirilles renferment des lipoïdes possédant des qualités réactivantes vis-à-vis du venin. Comment se comportent, à ce point de vue, les bactéries ? Nos expé- riences ont été concordantes pour prouver qu’au point de vue delà présence des lipoïdes réactivants, aucune différence ne saurait exister entre ces bactéries et le groupe hématies- protozoaires-spiro- chètes. En effet, l’emploi de l’éther nous a permis d’extraire non seulement du vibrion cholérique (F. Cassino), mais aussi de la bactéridie charbonneuse des lipoïdes en présence desquelles le venin devenait actif vis-à-vis de certaines espèces d’hématies. Que faut-il conclure de ces données? Comme le faisaient déjà prévoir les recherches d’Owerton, il n’y a pas lieu de faire une distinction marquée entre les cellules animales et les cel- lules végétales au point de vue de la présence de lipoïdes dans la membrane cellulaire. 11 est même très probable que tout élément cellulaire contient , des lipoïdes en quantité plus 334 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ou moins considérable, et dans un état plus ou moins stable. La séparation que nous venons d’établir entre les hématies, les protozoaires et les spiroebètes d’une part, les bactéries d’autre part, au point de vue de leur sensibilité a 1 é^ard de la cobralysine, ne saurait donc tenir à l’absence de lipoïdes réactivants chez ces derniers. Elle ne peut s’expliquer que de deux façons : soit que ces deux ordres d’éléments possèdent un protoplasma inégalement sensible vis-à-vis de ce poison tber- mostabile du venin de cobra, soit que les lipoïdes se trouvent chez les cellules animales et le protozoaire dans un état moins stable que chez les bactéries. Suivant cette dernière hypothèse, les éléments cellulaires, les protozoaires et les spirilles contien- draient des lipoïdes à l’état de combinaison instable, lipoïdes (ju’ils cèdent facilement dès qu’ils se trouvent en presence du venin. Quoi qu’il en soit, un fait reste bien établi : c est la dis- semblance entre les spirochètes et les vibrions au point de vue de leur sensibilité à V égard de la cobralysine. III ACTION DES EXTRAITS d’oRGANES AETOLVSÉS Certains extraits d’organes obtenus en faisant macérer les tissus dans de l’eau salée, à 38°, sont doués de propriétés hémo- lytiques manifestes. Le fait a été établi par Tarasséwitch , qui, en opérant avec des ganglions lymphatiques, a obtenu des extraits hémolysants qu’il croyait identiques avec le complé- ment hémolytique du sérum {macrocytase) . Cependant, les recherches de Korschun et Morgenroth ' ont démontré que ces extraits ont des qualités hémolysantes différentes de celles du complément hémolytique en ce sens que Thémolysine des organes est, contrairement à celle du sérum, thermostabile et soluble dans Valcool. Ces constatations, confirmées par Donath et (Landsteiner % ont été complétées par les recherches de Leva- diti L Cet auteur a démontré que l’hémolysme thermostabile coctostabile) des macérations des glandes lymphatiques de 1. Tarasséwitch, Ann. Inst. Pasteur, 1902, n« 2. 2. Korschun et Morgenroth, Berl. klin. Woch., 1902, n“ 37. 3. Donath et Landsteiner, Wien, klin. Rundschau, 1902, n° 40. 4. Levaditi, ces Annales, 1903, vol. XVII, p. 187. 335 PROTOZOAIRES, SPIROCHÈTES ET VIBRIONS cobaye résulte de l’^utolyse aseptique des tissus et doit être •identifiée avec les acides gras, les acides amidés et les savons qui se forment au cours de cette autolyse. Nous ayons repris 1 étude de ces extraits d’organes au point de vue de leur action non seulement ,sur les hématies, mais aussi sur les protozoaires, les spirilles et les bactéries et nous sommes arrivés à des conclusions qui conlirment les données que nous venons d’énoncer. Nous nous sommes servis pour cela d extraits de pancréas et de ganglions Igmphatigues ' de cobaye, préparés de la façon suivante : les pancréas de trois cobayes saignés à blanc sont triturés finement dans un mortier et sus- pendus dans 20 à 30 c. c. d’eau salée isotonique. On soumet le mélange pendant S heures à 38» et on le conserve jusqu’au lendemain à la glacière. L’extrait est débarrassé de cellules par centrifugations répétées. Nos recherches nous ont montré que l’extrait de pancréas de cobaye, préalablement autohjsé, est à la fois hémolytigue, zootoxique et spirillolytique, cependant qu’il ne jouit d’aucun pouvoir bacté- Twide. Ainsi, 0,1 c. c. de cet extrait suffit pour dissoudre com- plètement (une heure à 38») 1 c. c. d’une suspension d’hématies de cobaye dans de l’eau salée (1 c. c. sang pour 20 c. c. eau). Hilue de moitié avec de la macération de choux, milieu que nous avons empli^é pour la culture des paramécies, cet extrait immobilise au bout de 20 minutes ces protozoaires. Sa dose toxique pour les spirochètes du rat (réc. américaine) est d’en- viron 0,5 pour 4 gouttes de sang spirille'. De plus, nous avons constate que l’extrait de ganglions lymphatiques jouit des mêmes propriétés que l’exdrait de pancréas, tandis que l'extrait de foie est comp ètement inactiL Cependant, le pouvoir hémolytique, 00 oxique et spirillicide de cet extrait de glandes lymphatiques est sensiblement inférieur à celui de l’extrait pancréatique. Duant aux qualités bactéricides, appréciées vis-à-vis du Vibrio I tassino, elles sont nulles, comme le prouve l’expérience suivante : I ! h Ganglions mésentériques. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR EXTRAIT DE PANCRÉAS DE COBAYE -|- VIBRIO CASSINO Extrait. Bouillon. Immédiatement. Après 5 heures. 0,1 1,9 ' \ 1 oo oo 0,5 1,0 1.0 1,0 i ' Environ oc 1,5 i 1,000 colonies. oo — 2,0 1 1 / oo Nous avons recherché quels sont les principes auxquels ces extraits d’organes doivent leurs propriétés hémolytiques, zootoxiques et spirillicides et nous avons recueilli les constata- tions suivantes : Le chauffage préalable à 100° de la macération de pancréas ou de glandes lymphatiques, pratiqué avant l’autolyse, entrave la formation des corps hémolysants, zootoxiques et spirilloly- tiques thermostabiles. Sous l’influence de la chaleur, le ou les ferments lypolytiques (lipase, steapsine) se détruisent et il ne s’opère nulle transformation des graisses neutres et des lipoïdes de l’ordre de la lécithine, en acides gras et en savons solubles. Tout porte en effet à croire que les principes hémolysants des extraits d’organes ne sont autres que des acide^gras et des savons provenant de l’autolyse de ces graisses et de ces lipoïdes. En effet, ces principes, comme l’ont vu Korschun et Morgenroth, sont' solubles dans l’alcool et très résistants à l’action de la chaleur. D’un autre côté, Noguchi* a montré toutrécemment que, si l’on ajoute à quelques gouttes de trioléine, de graisse animale ou de beurre une certaine quantité de lipase pancréatique, on provoque la formation de composés hémolytiques que l’on doit identifier avec les acides gras et les savons. Ces derniers sont d’ailleurs fortement toxiques pour les hématies de quelques espèces animales. Nous avons nous-mêmes examiné cette question, et nous avons trouvé que certains acides gras, en particulier l’acide oléique, agissent non seulement sur les globules rou- ges, mais aussi sur les paramécies, les trypanosomes du 1. Noguchi, Biochem. Zeitsch. 1907, vol. VI, p. 185; Journ. of. experim. med. 1907, vol. IX, p. 436. PROTOZOAIRES, SPlUOCIlËÏES ET VIBRIONS 337 .1 Je. ...de. 5„, |.„y. „ii,,L“;" ; predom,„.„c. j„ Ln.nlJ ’“ ; " des hematies, des trypanosomes et des sniroclièf ‘s r j« ?. z:2. :“:4“,frrr's n" fa 9m„« fe, » zs «siér e/faj, a, firillohi, ^ .iheio'n tf™ a «.!,„. MJ... J. • Je. .avo„ faut. Voici une expérience qui le démontre : ^ Oléate. Bouillon. Immédiatement. Après 5 heures. 1,0 1 1 1,0 0,5 1 100 1,5 1 1 00 1,0 1 1 t.O Environ 00 0,5 ( I7ÔÔÔ 1.5 l 1,000 colonies. OC 00 1. Nous avons frni 2,0 lTf£i i-.ii’r»,. ^ ^ ! __ i t ce nShi paramécies sont plus résisLntTaim probablement a la réaction légèrement acide dn rni]^’^ Irypanos mes. Gela tient 22 338 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR D’après les reclierclies toutes récentes (le Lanclsteiner (il H Eiirlich ' , V acide oléiijue exerce une iolluence bactéricide mani- feste vis-à-vis (le la bact. charbonneuse et le Vthr. Massamh. Cependant, comme nous venons de le voir dans nos expériences, l’oléatede soude, employé à des doses sûrement toxiques pour les hématies, les protozoaires et les spirilles, ne s opose nulle- ment au développement du vibrion Cassino. Ces recherches montrent donc que, conformément à ce que l’on observe avec les glucosides, le taurocholate de soude (Neufeld et Prowazek) et le venin de cobra, les hématies, es protozoaires et les spirocliètes se comportent diftereinment des vibrions cholériques, au point de vue de leursfinsibilite a 1 egard des extraits d’organes et des savons solubles. Mais il y a plus. On sait que les e^rtraits (te /ettcoci/tes p«/ÿ«»c/éa*res renferment des principes jouissant de propriétés bactéricides manifestes vis-à-vis des vibrions, du b. typhique et d’autres bactéries. Or, en expérimentant avec ces extraits (leucocyte de lapin), nous avons ■constaté que, tout en étant bactériolytiques pour le V. Cassino et le b. d’Eberth, ils sont complètement inactifs à l’égard des hématies, des protozoaires et des spirochètes. —l.pslencocvtes DOlynucléaires de l’exsudât pleural, provoqué salée, on les congèle et décongèle à ^ heures à 38o et on les conserve jui (Clair obtenu par centrifugation est e Jyse, de zootoxie et de spirillolyse. H. Ehrlich, Cenirbt fur Bakl. tU07, vol. XLV, fasc. 3, p.247. PROTOZOAIRES^ SPIROCHÈTES ET VIBRIONS 339 POUVOIR BACTÉRICIDE DE lV.XTRAIT DE LEUC. POLYNUCLÉAIRES Immédiatement. Après 5 heures. i oo * Environ j 2,500 colonies oo 800 20 ! OO j Environ 2,000 colonies oo Environ 1,000 0 Environ 100 oo Extrait. 0,1 0,5 1,0 1,5 Bouillon. 0,9 1.5 1,0 0,5 2,0 1,9 1.5 1,0 0,5 2,0 L extrait n’agit en aucune façon sur les trypanosomes {Surra), les sniro- rhetes de la poule et les hématies de cobaye. ' ^ Ces données montrent que, tandis que les extraits autolysés de globules blancs mononucléaires {ganglions lymphatiques) renferment des substances thermostabiles hémolytiques, zootoxigueset spirillolyti- ques,par contre les extraits de leucocytes polynucléaires, tout en étant bactenolysants', n’ont aucune action sur les cellules animales les protozoaires et les spirochètes. On ne peut s’empêcher de fairi un rapprochement entre ces constatations et le fait que, dans l’organisme vivant, ce sont précisément surtout les polynucléaires qui englobent et détruisent les bactéries, cependant que la destruction phagocytaire des hématies, des protozoaires et aussi des spirochètes est exercée plus spécialement par les macrophages (Metchnikoff). Quoi .|u’il en soit, 1. En traitant par la méthode de Faust et Tallquist des extraits de polvnu eléaires (extraction par l’alcool, saponification avec NaOH (sol. normale) acidifi- cation, extraction par l'éther), nous avons obtenu des extraits qui dissolvaient faiblement les hématies de cobaye. Il s’agit très probablement d’une forma Ln d acides gras et de savons au dépens des lipoïdes analogues à la lécithine L’extrait alcoolique simple de leucocytes polynucléaires est inactif vis-à-vis des hématies des protozoaires, des spirochètes et des bactéries, «maiies. 340 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR nous (levons conclure de toutes ces expériences que, au point de me de la seusibilüé à l’égard des poisons hémolysants, les hématies les protozoaires et les spirochètes constituent un groupe homogène Confornnunent à une conception avancée déjà par Mesnil ‘ et par Dofflein% nous sommes enclins a envisager le spirochètes comme des organismes faisant transition en re monde des protozoaires et celui des bactériacees. Janvier 1908. 1. Caullerv el Mesnil, Revue générale des sciences,^ (y. page 91). 2. üoFFLhiN, Rapport au Congrès d'hygiène de Berlin, sept. Eüideexpérimentalesuilesorldelatoxinetétaiiiiiue dans le tube digestif ' Par M. h. VINCENT 1 Médecin-major de classe, professeur au Val-de-Grâce. I I On a signale depuis longtemps que les animaux peuvent - ingérer des doses énormes de toxine tétanique sans effets dan- ; gereux. D autre part, le bacille de Nicolaier vit dans Tintestin des herbivores sans, cependant, donner lieu au tétanos. La présence, dans le tube digestif, et Finnocuité habituelle des produits de sécrétion d’un grand nombre de bactéries, patho- gènes ou non, ont suscité des interprétations très différentes, i La plupart des recherches opérées en vue d’éclaircir ce problème ont été faites avec les venins. Cependant, Gibier, Charrin, Lefèvre, Ransom, Nencki, Sieber et Sclioumow-Siemanowski, Carrière, ont également étudié pourquoi diverses toxines microbiennes : pyocyanique, diphtérique, tétanique, sont inof- fensives par la voie digestive. Les hypothèses, souvent contradictoires, proposées pour expliquer 1 immunité digestive, se ramènent aux suivantes : 1 La muqueuse intestinale retient au détruit les toxines grâce aux propriétés de son épithélium; le foie complète son I œuvre (Gibier, Charrin) ; 2'^ Les microbes contenus dans l’intestin participent à cette J destruction (Lefèvre) ; j 30 Les toxines sont à peine modifiées par leur passage à travers l’intestin. L’épithélium ne les détruit pas ; la toxine tétanique dialyse intégralement à travers les parois de l’intes- ■ tm. Le mécanisme de sa destruction est donc incertain (Carrière) ; . 40 Pour Ransom, les toxines sont simplement expulsées avec ! es matières fécales sans être absorbées ni modifiées pendant ^ leur parcours dans l’intestin. CependanC Faction antagoniste des sécrétions du tube diges- 1 ti a paru vraisemblable à plusieurs auteurs. Charrin et Lefèvr» 342 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ont vu que la pepsine additionnée de HCl à 3/1000' atténua beaucoup la toxicité du poison diphtérique. Enfin Nencki, Sieber et Schoiimow ont fait des recherches desquelles il résulte que la hile, le suc pancréatique et surtout le mélange de ces deux dernières sécrétions ont une action atténuante ou destructive sur la toxine tétanique. Dans les recherches qui vont suivre, je me suis proposé en premier lieu de vérifier in vivo ce que devient la toxine téta- nique dans chacun des trois segments principaux du tube digestif : estomac, intestin grêle, gros intestin;, en second lieu, quelle est l’action qu’exercent in vitro, sur cette toxine, les divers sucs : gastrique intestinal, pancréatique et biliaire. Il A. Sort de la toxine tétanique dans l'estomac. — On lie le pylore à plusieurs cobayes à jeun depuis dix-huit à vingt heures et on introduit dans leur estomac, par la voie buccale et à 1 aide de la sonde, 2 à 3 c. c. de toxine tétanique. Les animaux sont sacrifiés après 1 à 3 heures. Chaque fois, l’estomac a été trouvé contenant une plus ou moins grande quantité de bouillie alimentaire jaunâtre, de réaction acide C Le contenu stomacal était additionne d eau distillée, filtré sur bougie et injecté à doses massives à plu-' sieurs cobayes et souris. Aucun des animaux ayant reçu ce filtrat stomacal n a pré- senté de symptômes de tétanos, bien que la quantité de toxine introduite dans l’estomac ait été de 1,000 à 1,500 doses mor- telles pour le cobaye. Pour éprouver si, dans les expériences précédentes, la toxine n’aurait pas été retenue par la paroi stomacale et, en particulier, par la muqueuse, on a sacrifie 1 animal une heure après l’ingestion de la toxine ; on a détaché, vidé et haché l’es- tomac. Le tout a macéré pendant deux heures, à la glacière, dans l’eau distillée. Or le filtrat sur porcelaine de cette macération n’a mani- festé aucun pouvoir tétanigène. . La constatation d’aliments chez certains animaux à jeun n’est |fit exceptionnel. Le lapin tué même après plusieurs jours aliments dans son estomac. On en trouve, meme si on le laisse mourir de lai (Cl. Bernard, Van Helmont). TOXINE TÉTANIQUE DANS LE TUBE DIGESTIF 345 En conséquence, et à moins qu’elle ne soit évacuée immédia- tement dans l’intestin par les contractions gastriques, la toxine introduite dans l’estomac est détruite sur place en moins d’une heure. B. Que devient la toxine tétanique dans V intestin? — Dans ses expériences, Carrière lie une anse intestinale de 10 à 13 c. c., chez le lapin, et à travers la ligature supérieure il fait péné- ' trer du venin ou de la toxine tétanique. Les lapins ayant reçu le venin meurent à peu près aussi vite que les témoins injectés sous la peau. 11 en conclut qu’il n’y a pas eu destruction du venin, soit par l’épithélium intestinal, soit par les bactéries. Pour la toxine tétanique, il opère de même entre deux liga- tures et, après 24 heures, il liltre le contenu sur papier et l’injecte à un animal : celui-ci meurt presque aussi vite que les témoins. Dans d’autres essais, il détache entièrement, chez un lapin, un segment intestinal qu’il lave avec du sérum artificiel chlo- I roformé et tiède; puis, après l’avoir lié, il y introduit soit du^ ! venin, soit de la toxine L’anse intestinale fermée est placée j dans 10 c. c. d eau stérilisée et chloroformée, à la température de 40°. Après 24 heures, il constate que le liquide dialysé est I toxique. L auteur admet, dès lors, que l’épithélium intestinal I ne retient pas et ne détruit pas le venin ou la toxine. La technique employée dans ©es expériences, ainsi que' , 1 intervention des bactéries intestinales (inoculation du liquide fdtré sur papier ou dialysé à travers l’intestin), est de nature à modifier beaucoup leurs résultats. J ai injecté directement dans le duodénum de plusieurs cobayes anesthésiés à l’éther 2 à 3 c. c. de toxine tétanique. Une ligature protectrice empêchait le reflux, dans l’estomac ou dans le péritoine, du liquide toxique. Après deux ou trois heures, on sacrifie les animaux, on prélève leur intestin tout entier et 1 on fait deux parts, l’une de son contenu, l’autre de sa paroi. On joint à la première les excréments solides, peu abondants, rendus depuis l’opération. L intestin et son contenu sont finement hachés séparément et mis à macérer pendant deux heures, à la glacière, dans 20 cent, cubes d eau distillée. On filtre ensuite sur bougie le liquide centrifugé et on injecte le double filtrat, à dose massive^ 344 ANNALES DE L’INSÏITUT PASTEUR dans le péritoine de plusieurs cobayes; deux souris reçoivent également 1 c. c. du même liquide. Aucun des animaux ayant reçu ces filtrats n’ a présenté de symp- tômes tétaniques, bien que la quantité de toxine introduite dans l’intestin des cobayes vivants ait été de plus de 3,000 doses mor- telles. C. La toxine dans le gros intestin. — Gibier a signalé ce fait intéressant, que l’on peut introduire iiripunément dans le rectum des animaux des doses énormes de toxine tétanique. Selon cet auteur, la muqueuse rectale retient les toxines si elle ne les détruit pas. J’ai répété cette expérience chez le lapin et le cobaye, avec un résultat semblable. Que devient la toxine? Un fort cobaye étant fixé sur le dos et laparotomisé, on fait une ligature sur le gros intestin, à 20 cent, environ au-dessus de l’anus. A l’aide d’une sonde pla- cée dans le rectum, on injecte 3 à 5 cent, cubes de toxine dans le segment inférieur du gros intestin, en liant solidement celui- ci près de l’anus pour éviter le rejet du liquide par les voies naturelles. L’animal est ensuite suturé et maintenu dans un endroit tiède pendant 2 ou 3 heures, au bout desquelles il est sacrifié. On enlève le segment du gros intestin dans lequel a été introduite la toxine, on met à part son contenu, on hache l’un et l’autre, on additionne d’eau distillée, on filtre et on injecte séparément les deux liquides à des cobayes neufs. Dans ces conditions, on constate qu’il est impossible de retrouver la moindre trace de la toxine, soit dans le contenu intestinal, soit dans sa paroi. De cette série d’expériences, il est donc permis de conclure, dès à présent, que la toxine tétanique est susceptible de perdre son activité, après un séjour très bref, dans Vune quelconque des régions de la portion sous-diaphragmatique du tube digestif. Il est légitime de se demander quelle est la nature de la transformation que subit cette toxine., et quel en est le méca-' nisme. La toxine est-elle éliminée avec les fèces, ainsi que l’a admis Ransom? 11 ne peut en être ainsi, puisque, chez un ani- mal ayant reçu dans le duodénum une forte quantité de toxine, celle-ci n’a pu être retrouvée ni dans les excréments ni dans le contenu intestinal tout entier. TOXINE TÉTANIQUE DANS LE TUBE DIOESTIF 345 I Peut-on admettre, avec Carrière, que l’intestin se laisse tra- verser en nature par la toxine? Dans cette hypothèse, , et si la toxine ou les venins dialysaient à travers la paroi intestinale, H chez le vivant, la mort par tétanos ou envenimation devrait ^ évidemment être la règle, ce qui n’est pas. J La muqueuse ou la paroi intestinales ont-elles retenu la I toxine? Il n’en est rien. On a vu, en effet, que si on sacrifie I un animal ayant reçu, dans le duodénum, plusieurs centimètres i cubes de poison tétanique, et qu’on injecte à des cobayes ou des souris la macération faite à froid de l’intestin tout entier, cette injection ne se montre nullement (étanigène pour des ani- maux cependant très réceptifs. Enfin, on peut être conduit à attribuer la disparition de la toxine aux qualités spéciales de l’épithélium intestinal qui aurait la propriété de la détruire ou de la neutraliser. L’expéri- mentation ne m’a pas permis de vérifier l’exactilude de cette hypothèse. Plusieurs cobayes ayant été sacrifiés en pleine santé, on enleve la totalité de l’intestin dont on fait deux parts ; intestin grêle et gros intestin. L’un et l’autre sont rapidement ouverts, vides et lavés à l’eau physiologique. On racle la muqueuse et on la broie dans un mortier avec du sable stérilisé. Le tout est mis à macérer avec de l’eau distillée, pendant quelques heures e a a g- acière. On filtre ensuite sur bougie les deux macéra- lions. Leur filtrat, additionné de toxine tétanique, est porté à 1 etuve a 39^ ^ Or les prélèvements du mélange de toxine etd’extrait aqueux de 1 épithélium de l’intestin grêle, aussi bien que du gros intestin, se sont toujours montrés tétanigèiies, même après eures de contact; tous les animaux à qui on les a injectés sont morts dans un bref délai. Il ne semble donc pas que l’épithélium intestinal ait la pro- priété, dans les conditions précitées, de neutraliser le poison tétanique. ^ . Le même essai fait avec la paroi entière do l’intestin (muqueuse et couche musculo-celluleuse) n’a pas davantage permis de vérifier ses propriétés antitoxiques. ^ La toxine tétanique n’est donc ni atténuée, ni détruite par une quelconque des couches constituant la paroi de l’intestin UC) ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR L’hypothèse émise par Lefèvre, à savoir celle de la des- truction des toxines par les bactéries de l’intestin, ne semble pas pouvoir être admise. Fermi et Pernossi ont vu qu’un grand nombre de microbes sont sans action sur la toxine tétanique. D’après Carrière, les bactéries l’atténuent sans la détruire. Du reste, l’action de ces bactéries sur la toxine peut être étudiée in vitro. On ensemence dans un tube de bouillon une parcelle du contenu intestinal de cobaye ou de lapin; on porte à 1 étuve et, après 24 heures, on introduit dans cette culture impure où les anaérobies ont également pousse dans la profondeur, 50 à 100 doses mortelles (pour le cobaye) de toxine tétanique pour 10 c. c. de culture. Deux heures après, on filtre sur bougie : l’injection du filtrat a toujours déterminé le tétanos chez le cobaye. Parfois, la toxine a été un peu affaiblie. Les microbes de l’intestin ne prennent donc qu une part incomplète dans la disparition de la toxine. Dès lors, une seule interprétation possible se présente . c est que, pendant son parcours dans l’estomac et dans 1 iotestin, la toxine entre nécessairement en rapport avec les sécrétions des glandes digestives et que celles-ci exercent, à son égard, une action antitoxique. C’est le point qu’il reste maintenant à vérifier. III A. Action du suc gastrique sur la toxine tétanique. Gharrin et Lefèvre ont pensé que la sécrétion gastrique est capable de modifier la toxicité des poisons microbiens. D’après Carrière, la pepsine dissoute dans une solution de HCl à 2 p. 1000 atténue considérablement la toxine, en 24 heures, à la température de 40«. Enfin Nencki, Sieber et Scboumow-Siemanowski ont démon- tré que le suc gastrique possède une propriété atténuante sem- blable. . Dans mes expériences, j’ai utilise du suc gastrique frais, e chien, que M.leD^ Frémont, de Vichy, a bien voulu m’envoyer; je le remercie très vivement de son extrême obligeance. TOXINE TÉTANIQUE DANS LE TUBE DIGESTIF 347 Ce suc g-astrique s’est montré très actif à l’égard de la toxine tétanique L On a mis en présence, dans un série de tubes, t c. c. de suc gastrique et une proportion de toxine égale h 50 ou 100 doses, mortelles pour le cobaye. Le touta été porté à l’étuve à38“-39<>. Des prélèvements étaient faits toutes les demi-heures et le mélangé était injecté à des cobayes. Ce mélange s’est montré inerte déjà au bout delà première demi-heure. ^ Même lorsqu’on a ajouté une forte quanté de toxine (volume égal de celle-ci et de suc gastrique), le pouvoir tétanigène est annihile en moins de trente minutes. Chauffé à 6S» pendant trente minutes, pour en détruire la pepsine, le suc gastrique a néanmoins inactivé la toxine en moins d une heure, sans doute en raison de l’action propre de 1 acide chlorhydrique sur la toxine. Le suc gastrique possède donc des propriétés antitoxiques très notables Comme les expériences ci-dessus ont été faites en ehors de 1 intervention de la muqueuse stomacale, il semble bien établi que la disparition de la toxine dans l’estomac n’est ue ni a son absorption, ni à sa rétention par cette muqueuse, mais que la sécrétion physiologique des glandes gastriques suffît a, la neutralisation de cette toxine. B Influence de la sécrétion biliaire sur la toxine tétanique. — ntroduite dans l’intestin, la toxine entre en contact avec la bile le suc intestinal et la sécrétion pancréatique. La sécrétion biliaire, bien qu’activée par l’alimentation, est normalement continue. La quantité qui en est évacuée dans intestin est considérable puisqu’elle atteint un kilogramme, chez 1 homme (Bouchard), et chez le chien, 10^^5 par kilo et par jour (Dastre). La circulation entéro-hépatique ramène ce liquide au foie. J ai additionné une certaine quantité de toxine à de la bile d homme, de bœuf, de chien, de lapin ou de cohaye. Ce mélange Tqn au bout de 16 à 20 minutes à 48»; de 30 a 40 minutes à 38»-3!)o; de 2 lieures à l(J«-18o. En moyenne, c. c. de bile neutralise de 20 îi 50 doses mortelles pour le cetacMe : 3?/pot tOOo““'° ^ Proportion olevée de 348 ANNALES DE L^INSTITUT PASTEUR cobaye, dans les délais ci-dessus. La bile‘ s est montrée à peu près aussi active, quelle que soit son origine (hommes morts de maladies aigües ou chroniques ; animaux sains ou malqdes ; animaux tétaniques). D’après Vincenzi, la bile des animaux normaux ne posséde- rait aucun pouvoir neutralisant sur la toxine tétanique. Ces résultats, non concordants avec les miens, s’expliquent, sans doute, parce que cet auteur employait de trop fortes proportions de toxine. Si, en effet, dans certains cas, le pouvoir antitoxique de 1 c. c. de bile a atteint, dans mes essais, 100 doses mortelles (pour le cobaye), il n’a jamais dépassé ce taux. Chacun des principaux éléments composants de la bile par- ticipe aux propriétés antitoxiques de celle-ci. J ai préparé des solutions de sels biliaires, de palmitate de soude, de cholesté- rine et de lécithine aux titres indiqués par les auteurs dans l’analyse chimique de la bile, savoir : .Glycocholate de soude à 4,85 p. 100 (Ritter). Taurocholate — à 2,51 — (id.). Palmitate - à 1,39 - (Hoppe Seyler). Cholestérine (sol. éthérée) à 0,35 (id.). Lécithine (id.) à 0,53 (id.). 1 C. C. de ces solutions a successivement été mélange avec 20 doses mortelles de toxine. Toutes ces substances ont mani- festé un pouvoir neutralisant évident : après 30 à 40 minutes, à la température de 38% chaque mélange est devenu inoffensif. Si, afin de préciser quel est, parmi les constituants biliaires, celui qui réclame la plus grande part dans les propriétés anti- toxiques de la bile, on augmente la proportion de toxine ajoutée à chaque solution, on constate que les glycocholate et taurocho- late de soude, ainsi que la lécithine, sont, aux titres indiqués ci-dessus^ impuissants à neutraliser 220 à 250 doses mortelles pour le cobaye. Injectés avec le mélange de cholestérine et de toxine à cette dose élevée, les cobayes n’ont eu qu’un tétanos tardif et fugace. 1. Quelle que soit son origine (animaux sains, malades ou tétaniques), la bile, injectée sous la peau, n’a aucune propriété préventive ou eontre le tétanos : elle paraît, cependant, atténuer pendant quinze a trente minutes les spasmes et les contractures. Mais la maladie suit ultérieurement cours La ligature préventive du cholédoque, chez le chien a qui on inocule, ^ jours tard, trois doses mortelles de toxine, retarde un peu 1 apparition du te^n toujours fatal. Le chien dont le cholédoque est ligaturé ou sectionne n a, U esi vrai, qu’un ictère léger. TOXINE TËTANlOUE DANS LE TUBE DIGESTIF :i49 Enfin les animaux ayant reçu 1 c. c. du mélange de palmitate de soude et de toxine (220 à 250 doses mortelles) n’ont présenta aucun symptôme anormal. Le cholestérine et les savons biliaires sont donc, vis-à-vis de la toxine tétanique, les principes les plus antitoxiques de la bile. La lécithine et les sels biliaires ont une efficacité moindre. Le taurocliolate de soude possède le pouvoir le plus faible Les pigments biliaires paraissent n’avoir qu’une action anti- toxique minime. En effet, la bile de cobaye, qui en est à peu près dépourvue, a montré un pouvoir neutralisant aussi grand que la bile de bœuf. D'autre part, Dastre et Floresco ont établi l’existence, dans la bile, d une oxydase tliermolabile. Celle-ci participe, sans doute, aux propriétés antitoxiques de la bile, car le poison tétanique est très sensible aux agents d’o.xydation ; d’autre part, le chauffage à f00»-120» ou le vieillissement de la bile, fraîche diminuent mani- festement, quoique dans une faible mesure, l’action neutrali- sante de la bile sur la toxine tétanique. On peut conclure de ces expériences que la bile joue un rôle important dans la destruction de la toxine tétanique dans l’intestin. C. Influence des sécrétions pancréatiques et intestinales sur la toxine. — Je dois à l’obligeance de M. A. Frouin, du laboratoire e . Délezenne, à I Institut Pasteur, le suc pancréatique et le suc intestinal de chien dont je me suis servi. Je lui adresse mes vifs remerciemenfs. jy fait les essais suivants ; une quantité de toxine égale à lüü doses mortelles pour le cobaye est ajoutée à ; a. — le. c. de suc pancréatique ; h, — 1. c. c. de suc intestinal; c. — I c. c. de suc pancréatique -f- f/2 c. c. de suc intes- tin al ; ^ c* c. de suc pancréatique -f- 1/2 c. c. de suc intes- tinal + 1/2 c. c. de bile. Ces quatre mélanges sont abandonnés, pendant 4 heures. late disodiqiie et du chlorure de calcium’ soit Somb (glycocholate de soude), etc., ou par la s à qui on injecte les divers nniriniiAo nrAc-nn- détruite ou fortement fixée par ces substances, séparer nettement la toxine du mélange, soit à, qui on injecte les divers précipités présen-» ou deux jours, un léger degré de raideur. érine, la lécitfiine, les savons 350 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR à 18'*-20^ ou à 38'' pendant 30 minutes. On les injecte ensuite à autant de cobayes. Le cobaye ténaoin, ayant reçu la toxine seule, a eu le tétanos au bout de 30 heures et en est mort un jour après. Pour les autres, le résultat a été le suivant : Cobaye ayant reçu le mélange a : début de tétanos au 3® jour (retard appréciable sur le témoin); mort en 48 heures. Cobaye h : début du tétanos au troisième jour (même remarque que ci-dessus); forme un peu prolongée de l’affec- tion. Mort au 3'”® jour ; Cobaye c : pos de tétanos ; Cobaye d : pas de tétanos. Cette expérience a été faite à plusieurs reprises avec les mêmes résultats. En conséquence, le suc pancréatique frais et le suc entérique Irais ont, isolément, sur la toxine, une action légèrement atté- nuante. Par contre, leur mélange est très antitoxique, surtout à la température de 38®. Quelle que soit l’influence neutralisante du mélange de suc pancréatique et d’entérokinase, elle n’est pas, cependant, illi- mitée. Le mélange composé de 3/4 de c. c. de suc pancréati- que et de 1/4 de c. c. de suc intestinal neutralise, au maximum, 400 à 500 doses mortelles pour le cobaye. Si l’on compare l’activité antitoxique de la bile, dont il a été question plus haut, à celledu suc pancréatique activé, lepouvoir de ce dernier est environ trois à cinq fois plus énergique que celui de la bile. Celui du suc gastrique est à peu près équivalent au pouvoir du mélange du suc pancréatique et d’entérokinase. IV Les modes d’action, sur le toxine tétanique, du suc gastrique et du suc pancréatique activé sont vraisemblablement ana- logues : il s’agit, dans l’un comme dans l’autre cas, d’un phé- nomène de digestion de la toxine. Si, en effet, avant d’ajouter la toxine, oh neutralise lesuc gas- trique à l’aide d’une solution de soude, on enlève à ce suc gas- trique tout son pouvoir antitoxique. L’injection d’une quantité même faible de son mélange avec la toxine, au bout de 2 heu- res et 4 heures, à la température de 38®, provoque le tétanos TOXINE TETANIQUE DANS LE TUBE DIGESTIF 351 aussi rapidement que chez l’animal témoin. La pepsine perd, en eflet, ses propriétés digestives dans un milieu neutre ou alca- lin. Si on ajoute de nouveau une quantité de HCl égale à celle qu’on a neutralisée, le suc gastrique récupère son pouvoir anti- toxique. La sécrétion physiologique pure du pancréas ne possède comme on sait, aucune action digestive sur les alhuminoïdes : mais l’addition d’une faible quantité de kinase intestinale lui com- munique un pouvoir protéolytique considérable. Or, pareillement, la toxine tétanique n’est pas détruite par le suc pancréatique seul. 11 faut l’intervention simultanée de l’en- térokinase pour amener la destruction de la toxine. Il y a donc un parallélisme remarquable entre le pouvoir anti- toxique et le pouvoir digestif du suc pancréatique. D’ailleurs, si on chauffe à 60», pendant 30 minutes, le suc pan- créatique seul ou activé, et qu’on lui ajoute ensuite une quan- tité même très faible de toxine, celle-ci conserve tout son pou- voir tétanigène, même après un contact de quatre heures à 38». Le chauffage isolé du suc intestinal donne le même résultat. Ainsi qu’on le voit, le même facteur (la chaleur) supprime simultanément la propriété protéolytique et l’action antitoxique du suc pancréatique. ^ Le rapprochement peut être poussé plus loin. Dans ses impor- tantes recherches sur la digestion des albuminoïdes par le suc pancréatique, Delezenne a montré que le suc pancréatique peut être active, en l’absence d’entérokinase, par le chlorure de calcium à faible dose. Le même phénomène va-t-il se produire SI, au cube d’albumine, on substitue la toxine tétanique? Dans un certain nombre de tubes contenant un cent, cube de suc pancréatique, on ajoute 0 c. c. 18, 0 c. c. 20 Oc c 25 etc... d’une solution de CaCff à 5 p. 0/0. Le’ tout est mis à letuve pendant 4o minutes, puis centrifugé pour se débarras- ser du précipité. On verse ensuite dans chaque tube deux gout- tes de toxine. Les tubes sont reportés à l’étuve. Toutes les heures, on injecte le contenu de chaque tube à un cobaye. Or, à partir de la 6'»e-7- heure de contact, le mélangé, qui jusqu’alors était resté tétanigène, a perdu brusque- ment son action toxique cl a continué à se montrer inactif. 35-2 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR La destruction de la toxine s’est donc manifestée exacte- ment dans les mêmes conditions qui ont été signalées par Dele- zenne à l’occasion du pouvoir digestif du suc pancréatique activé par le chlorure de calcium. Il semble donc bien que la disparition ou la destruction de la toxine soumise à l’influence du suc pancréatique résulte d’un véritable processus de digestion de cette toxine. Dans son passade à travers la portion sous-diaphragmati- que (la seule absorbante) du tube digestif, la toxine tétanique perd donc toute son activité dès quelle se trouve en rapport avec les sécrétions de l’estomac, du foie, de 1 intestin et du pancréas. Prise individuellement, chacune de ces sécrétmns annihile en trente minutes, et même moins, des proportions énormes de toxine. On peut donc conclure de ces recherches que le tube diges- tif, dans son entier, est admirablement protégé contre l’influence malfaisante de certaines toxines microbiennes ; chacun de ses segments est apte aies neutraliser grâce à ses sécrétions. Ainsi s’explique l’innocuité absolue de la toxine tétanique lors- qu’elle est introduite, même à dose considérable, dans les voies digestives. Certains auteurs ont admis que le microbe du tétanos se multiplierait dans l’intestin des herbivores. S’il en est ainsi, ce qui n’est pas, cependant, démontré, la toxine sécrétée par le bacille de Nicolaier serait rapidement annihilée, au fur et à me.suredesa production, par les ferments digestifs et par lasécré- tion biliaire. Il paraît, d’ailleurs, vraisemblable que la plupart des toxal- bumines et des poisons solubles, d’origine complexe, qui pren- nent naissance dans l’intestin sous 1 influence de la multiplica- tion des bactéries qui y foisonnent, sont détruits ou rendus inoffensifs par un processus semblable à celui qui vient d être établipour la toxine tétanique. C’est, du reste, une question que je me propose d’étudier prochainement. Suflavaccinalion contre lapesteparleliilie digestif VOIE GASTRIQUE ET VOIE RECTALE Par le Dï* GIUSEPPE FORNAllIO (Institut Pasteur de Lille.) Sur le conseil de M. Calmette, j’ai cherclié à réaliser la vacci- nation contre la peste par le tube digestif Déjà en 1902, Mercatelli^ avait eu l’idée d’utiliser la voie g-astrique pour immuniser le cobaye. La méthode employée par cet au eur consistait à faire absorber au.x animaux, avL leur nourriture ou avec la sonde stomacale, une seule dose de culture en bouillon chauffée à 00» pendant soixante minutes. Dans quel ques cas seulement les résultats obtenus furent positifs^J’ai répété ces expériences en employant des cultures sur gélL eniulsionnees et chauffées pendantle même temps. Oren vfr ani la quantité de microbes ingérée en une seule fois aussi bien d’inter à plusieurs jours animaux ^ ™™«nité à aucun de mes Il était donc nécessaire do reprendre l’étude de cette ques t.on en déterminant tout d’abord les conditions de l’infection par les voies digestives (voie stomacale et voie rectale) et en e sayant ensuite de suivre, parla mesure de l’index opsontue e par a reaction de Bordet-Gengou, les effets de l’introduction lirecte, soit dans 1 estomac, soit dans le rectum de cultures rïr 'ir" chauffées à différentes températures de bacilles pesteux sensibilisés par la méthode de Lredka ‘- G est cette etude que je me suis proposé d’effectuer 354 annales DK L’INSTITUT PAS 1 EUR , , Pniir loutes rnes exporiences j cii A. Cultures virulenUs. Riidnh') obligeamment .iS n».»- pTstëùJ'de Paris. Ce bacille n’a jamais passé par aucune espece Les cultures faites sur rri'eautaîe pbysio- 24 heures étaient emulsionnces ^ ^ l’estomac ou s,» r .‘;t ^ éviter de blesser les muqueus rnélanffe de fromage et de plie ««"“““JJ 1 l’aulocl.ve, élail impré- "“.t Cica viiakaù .a cl.a.K-., «l .l""'»» nourriture aux an^^ux. virulente tuait en 3 jours ïl'rr }->Î0 de cniture. Par voie stomacale îiial .oàjoar. «jt".. '« •'"«« ‘“™»‘ » r. 1 / liiO de c c injecte sous la peau. 8 jours avec 1/ UO cle c • J ^ 1/200 de c. c. Par voie rectale, 1, ‘^0 ^ ^ ,toma- tuaient cos memes animaux ::itrr;e;n%iepuis 24 ::r;,et iraS/r./rars.. « u".»- d’une demi-cullure. employée tuait Pour les lapins ^ 100 de c. c par voie intraveineuse et 3 c. c. pai o stomacale. ^ , . ehauffase des cultures destinées .„tïïraî"S“"-- ai alla. “«™“' “ “"brff.raLB. «0 min.» 1 oSiifrnnna'ae,.,!.' l.H.™.i"aa l'inraalion .or.„u.n » VACCINATION CONTRE LA PESTE 355 injecte même à doses massives, tandis qu'un cliaufTago de 1 OS minutes a 53», de I S minutes à S(i»ou de 3S minutes à SO», ne suffit pas a supprimer leur vitalité et leur virulence. ^ Les meilleurs ré^sultats de vaccination par voie stomacale ont ete obtenus avec des cultures chauffées pendant !)0 minutes a o3 Pourtan a cette température les microbes sont encore vivants et capables de déterminer l’infection chez 10 0/0 des animaux. ' I VACCINATION PAR VOIE STOMACALE A. Cultures virulentes : 1« Rau. - Il arrive fréquemment que les rats blancs survivent à l’ingestion de doses de ciZre virulente correspondant à 0 c. c. 28, 0 c. c. 30 et 0 c. c. 50 d’érnul- sion espacees chacune de 12 jours. Mais sur 3 animaux ainsi traites, 2 succombèrent à l’inoculation sous-cutanée d’épreuve en meme temps que les témoins, et un seul survécut Six rats d’une autre série ont ingéré successivement à lentfT ^ 23 ef 0 c. c. 50 d’émulsion vio- lente. Trois résisteront à l’inoculation d’épreuve. ^“ Lapins. ~ a) Lapin 3,580 grammes. — Résiste à troi.s ingestions successives de 0 c. c. 1, 0 c. c. 5 et 3 c. c. d’émulsion virulente, respectivement à 6 et 15 jours d’intervalle. ) Lcipin 2,500 grcwwies. — Insère Oc c 9^ ^ 0 c. c, 8 et 15 jours après 2 c c II perd 800 o poids et se rétablit. ^ c) Lctpifi 2,000 QruinnîBs . — Ing’èrG 0 c c 9“"» r * > ) Lcipifi 2,o00 (jiciïn)nes. — fnsfèrc 1er i * 27 io„. .p,p. , e. a "“'rr:";: uccombe 2 mois apres la dernière ingestion. Les cultures de Mrosr'^"” le e) Lapin 2,-m grammes. ~ Ingère 1 c. c. d’émulsion On constate qu .1 est atteint de paraplégie consécutive à unelnal- ture de là colonne vertébrale dans la région lombaire II meurt au bout d une semaine. Au niveau de la fracture il s’est produit 350 ANNALES DE i.’INSTITUT PASTEUR une hémorragie méningée. Le foie ei la rate sont volumineux. La culture (lu sang est positive. f) Lapin 2,100 grainines. — Ingère 0 c. c. 26 d émulsion, puis, 21 jours api-ès, 0 c. c. 5, et 11 jours plus tard encore 0 c. c. T). Éprouvé 25 jours après la dernière ingestion par 0 c. c. 02 in veine «ii même temps qu’un témoin, il résisté, tandis que le témoin succombe le 3» jour avec une infection pesteuse géné- ralisée. g) 4 lapins pesant respectivement 2,100 grammes, 1,900, 1,850 et 2,250 ingèrent en même temps, toujours à la sonde, 0 C.C.25, puis, 18 jours après, 0 c. c. S d’émulsion. Onles éprouve 33joursplustard,enmèmetemps(|u’un témoin de2,150 grammes, par l’inoculation intraveineuse de 0 c. c. 02. Le témoin meurt le 3» jour. Les quatre autres lapins survivent définitivement. h) Lapin 2,0(i0 urammes. — Ingèrent successivement trois doses de, 0 c. c. 5 à 23 et 13 jours d’intervalle. 11 est éprouvé une première fois, 22 jours après la dernière ingestion par 0 c, c. 02 in veine, et une deuxième fois It) jours plus tard par 0 c. c. 1 d’émulsion virulente également in veine. Le témoin de cette seconde inoculation d’éiireuve meurt à la fin du 2« jour. Le lapin vaccin(‘ survit. i) Lapin 2,209 grammes. — Ingère deux doses de O c. c. 2o a 8 jours d’intervalle, puis deux doses de 0,6, 21 et 13 jours plus tard 11 est éprouvé comme le précédent à deux reprises par l’inoculation intraveineuse de 0 c. c. 02 et Oc. c. 1 d’émulsion virulente. Il reste également en bonne santé. 3» Cobayes. — a) lois de 4 cobayes chacun ingèrent respec- tivement deux fois à 12 jours d’intervalle 0 c. c. 01-f Oc. c. 1; 0 c. c. 02 + 0 c. c. 25 ; 0 c. c. 1 -f 0 c. c. S. Tous survivent, mais ils succombent à l’inoculation d’épreuve faite 12 jours plus tard avec 0 c. c. 02 sous la péau. b) 4 cobayes iogèrentOc. c. 1,0 c. c. 5, 0 c. c. l à 12 jours d’intervalle. Deux succombent infectés par la troisième dose. Les deux survivants ne résistent pas à l’inoculation d’épreuve de 0 c. c. 02 par voie sous-cutanée. c) 10 cobayes ingèrent une seule fois 0 c. c. 25. Quatre d’entre eux succombent. Au bout d’un mois les six survivants ingèrent encore 0 c. c. 02, puis 0 c. c. 50 après lo jours, et VACCINATION CONTRE LA PESTE 357 encore i c. c. 15 jours plus tard. Deux seulement résistent a cette dose énorme et un seul supporte sans mourir l’épreuve par 0 c. c. 02 sous la peau. cl) 10 cobaifes ingèrent 0 c. c. .j trois fois à 12 joui's d’in- tervalle. L'un a succombé dès après la première ingestion un autre apres la deuxième et deux après la troisième. Deux seu- lement des SIX survivants résistent à l’inoculation d’épreuve par 0 c. c. 02 sous la peau. ^ D’autres expériences sur les cobayes montrent qu’en fai- sant absorber à ces animaux, à 12 jours d’intervalle, trois doses respectives de 0 c. c. 5, 0 c. c. .5 et l c. c. d’émulsion virulente, 33 0/0 seulement des animaux ainsi traités résistent a 1 inoculation d’épreuve sous-cutanée de 0 c. c. 02, toujours mortelle pour les témoins. C’est le maximum des résultats posi- tifs que J ai pu obtenir dans mes essais de vaccination par voie stomacale avec les cultures vivantes. B. Cultnres cltaujfées à 60» pendant 60 mimUes. — 1» Rats. Toutes les tentatives de vaccination par ingestion répétées deux et trois fois à 13 ou M jours d’intervalle de 0 c. c. 25, 0 c. c. 50, 1 c. c. et 2 c. c. de culture chauffée ont échoué! ucun animal n’a résisté à l’épreuve d’inoculation sous- cutanee. 2» Cobayes. L’ingestion répétée de 0 c. c. 5, 1 c. c. et 2 c c à 10 ou 12 jours d’intervalle no vaccine pas. C Cultures chauffées à oS» pendant 90 minutes. ~ Cobayes 8 cobayes ingèrent successivement à 13 jours d’intervalle C- c. 0 c. c. 5 et 0 c. c. 7o. Deux succombent à cette penoc e c u traitement. Quatre des survivants ingèrent 1 c c de culture virulente, non chauffée; ils résistent. Les deux autres, éprouvés par inoculation sous-cutaiiéc, meurent D. Cultures chauffées à 33» pendant 60 minutes, puü cultures virulentes. - Cobayes. 10 cobayes ingèrent 0 c. c. S de culture chauflee et, 10 jours plus tard, 0 c. c. 25 de culture virulente Beux succombent après la seconde ingestion. Tous les survi- vants sont éprouvés par voie sous-cutanée : 3 restent indemnes, delîîiië, S cobayes ingèrent 0 c. c. 5 de culture chauffée et, 10 jours plus tard, Oc. c. 25 de culture virulente. Après 14 jours! l’un 358 ANNAIJiS DK L’IASTITIJT PASTEUR « est éprouvé par 0 c. c. 02 de culture virulente sous la peau et survit. Après 22 jours, deux autres sont également éprouvés par voie sous-cutanée : ils meurent 14 jours après cette épreuve. Les deux derniers ingèrent, le 30® jour, 1 c. c. de culture virulente : un survit, l’autre meurt. 9 cobayes ingèrent 0 c. c. 23 -|- 0 c. c. à de culture chauffée -f- 0 c. c. 25 de culture virulente à 10 jours d intervalle. Eprou- vés 10 jours plus tard par voie sous-cutanée, 5 sur 9 survivent. 4 cobayes ingèrent 0 c. c. 25+ 0 c. c. 5 + 0 c. c. 5 de cul- ture cluauttee + 0 c. c. 01 de culture virulente, à 10 jours d’in- tervalle. Eprouvés 15 jours plus tard par voie sous-cutanee, tous”sauf un survivent. E. Cultures semibilisées par la méthode de Besredka. — 4 rats et 25 cobayes qui ont ingéré des microbes préparés suivant la technique indiquée par Besredka et aussi d’autres animaux que nous avons essayé de vacciner par inoculation sous-cutanée de 1 c. c. d’émulsion de ces mêmes microbes sensibilisés ont suc- combé, sauf deux cobayes seulement, en même temps que les témoins à l’épreuve d’inoculation sous-cutanée virulente. D’autres expériences ont montré que les cobayes vaccinés par voie sous-cutanée avec des bacilles chauffés et ayant résisté à l’épreuve virulente, peuvent ingérer impunément pendant 3 mois la dose^de 0 c. c. 5 de culture virulente répétée tous les 23 jours. 40 jours après la dernière ingestion, ils gardent une solide immunité et résistent dans la proportion de 10 sur 12 à une nouvelle épreuve d inoculation sous-cutanee virulente (0 c. c. 01 à 0 c. c. 25). 11 VACCINATION PAR VOIE RECTALE Pour réaliser ces expériences de vaccination par voie rec- tale, j’ai injecté à des cobayes des émulsions de cultures viru lentes ou cliauffées dans le rectum au moyen d’une sonde demi-molle très fine introduite sur une longueur de 8 centi- mètres environ. L’animal était maintenu en position déclive, la tête en bas, pendant 10 minutes après chaque injection. On évite ainsi presque sûrement le rejet du liquide et, lorsque celui-ci est expubsé, il est facile de s’en apercevoir. 359i VACCINATrON CONTRE LA PESTE Un premier lot de S cohayes reçoit ainsi successivement à 10 jours d’intervalle 0 c. c. 28 et Ü c. c. 73 de culture chauffée 60 minutes à 60“. 18 jours plus tard, l’un d’eux est éprouvé par inoculation sous la peau : il succombe. Les survivants reçoivent encore dans le rectum deux doses de 0 c. c. 78 et 1 c. c. de la même culture chauffée. Après 10 jours ils sont éprouvés par voie sous-cutanée : 2 survivent et 2 meurent. 0 autres cohayes reçoivent dans le rectum 0 c. c. 28^ Oc. c. 78. 0 c. c. 78 et 1 c. c. de culture chauffée 60’ à 60" à inter- valles de 10 jours. Eprouvés par voie sous-cuianée avec la cul- ture virulente, 4 résistent et 2 contractent la peste. Des expériences semhlahles faites par absorption rectale de cultures chauffées à 83" pendant 90 minutes fournissent des résultats encore meilleurs : sur 11 cobaves 1 succombe infecté après la deuxième dose, 1 après la troisième (0 e. c. 8); 8 résistent à l’épreuve par inoculation sous-cutanée et 2 meurent. Il est donc possible de conférer aux animaux Timmunitè contre la peste en introduisant à deux ou trois reprises dans leur rectum des cultures de bacille pesteux atténuées par le cbauffag-e. III RÉACTION DE BORDET-GENGOU CHEZ LES VACCINÉS Je me suis proposé de rechercher à l’aide de cette r.^action • 1" bi, dans le sérum des animaux immunisés par les voies sou.s-cutanée, gastrique ou rectale, on peut obtenir la déviation de 1 atexine ou complément ; 2" Si cette reaction persiste lorsque l’immunité tend à dis- paraître ; 3" A quelle période de l’immunisation commencent à appa- raitre les anticorps ; 4" Enfin si, chez les animaux traités mais qui ne résistaient pas a 1 epreuve d’inoculation sous-cutanée, il ne se forme pas • a anticorps décelables dans le sérum. J’ai employé comme sérum hémolytique du sérum de lapins 3G0 ANNALES DE lAINSTlTUT PASTEUR traités par injections intrapéritont.'ales de sang” de (‘liè\ie deti- briné et lavé. L’antigène était fourni par des cultures de bacille pesteux sur gélose, âgées de 24 heures, tenues à la teinpei*ature du laboratoire et émulsionnées à raison de 15 c. c. d’eau physiolo- gique par tube. L’alexine était empruntée au sérum frais de cobaye. Dans une première série, j’ai réuni les animaux vaccines par différentes voies et qui ont été saignes à 1 acme delà période d’immunisation ou dans la pbas(‘ de décroissance. Je b‘s divise en deux groupi's : A. — Cobayes soumis avant la saignée à l’épreuve d’inocu lation sous-cutanée virulente. Q — Cobayes non éprouvés avant la saignée. A. L Cobaye vacciné par voie stomacale avec cultuies virulentes, puis éprouvé par voie sous-cutanée. Saigné 14 jours après l’épreuve : Antigène. j Anticorps. Alexine. Sérum hémolyt. Hémolyse. 0 C. C. 5 0 C. C. 5 0 C. C. 1 0 C. C. 1 — 0,5 0,1 0,1 0,1 — 0,5 0,05 0,1 0,1 — 0,5 0,01 0,1 0.1 — 0,5 0,005 0,1 0,1 4- 2° Cobaye vacciné par voie stomacale avec deux doses suc- cessives de culture virulente. Eprouvé par voie sous-cutanée. Saigné 28 jours après l’é})reuve : Antigène. | Anticorps. j Alexine. Sérum hémolyt Hémolyse. 0,5 0,5 1 0.1 i 0.1 — 0,5 0,1^ • 0,1 0,1 — 0.5 O.I j 0.1 0,1 — 0.5 1 0,05 1 0.1 0,1 1 i . VACCINATION CONTRE LA PESTE 361 Cobaye vacciné par voie rectale avec cultures chauffées 60' à 60*^, non éprouvé par voie sous-cutanée; saigné 15 jours après la dernière injection rectale : Antigène. J Anticorps Alexine. Sérum hémolyt. Hémolyse. 0,5 0,5 0,1 0,1 0,5 0,2 0,1 o.l — 0,5 0,1 0,1 0,1 — 0,5 0,05 0,1 0,1 — 2^ Lapin vacciné par voie stomacale avec trois doses suc- cessives de cultures virulentes. Non éprouvé par voie sous- cutanée. Saigné 15 jours après la dernière injection : Antigène. Anticorps. Alexine. Sérum hémolyt. Hémolyse. 0,5 0,5 0,1 0,1 0,5 0,2 0,1 0,1 — 0,5 0,1 0.1 0,1 — 1 0,5 0.05 0,1 0,1 - — 3° Lapin vacciné comme le précédent. Non éprouvé par voie sous-cutanée. Saigné 5 mois après la dernière ingestion virulente : Antigène. Anticorps. Alexine. Sérum hémolyt. Hémolyse. 0,5 0,5 0,1 0.1 0,5 0,2 0,1 0.1 — 0,5 * 0,1 0,1 o.l — 0,5 0,05 0,1 0,1 + Dans une deuxième série d'expériences, j'ai saigné des cobayes 48 heures après la dernière ingestion vaccinale. La réaction de Bordet-Gengou a montré la fixation de l'alexine sur 36-2 ANNALP]S DE L’INSTITUT PASTEUR les bacilles pesteux avec des doses de sérum (anticorps) de 0 c. c. 1, alors même que l’animal n’avait ingéré qu’une seule fois ou n’avait reçu qu’une seule fois par voie rectale des bacilles cliaulies à 53*^ pendant 90 minutes. Les anticorps apparaissent donc très rapidement dans le sérum des animaux auxquels on fait ingérer des cultures de peste, soit virulentes, à petites doses, soit atténuées par le cbauffage, alors même que ces animaux sont incapables de résister à l’inoculation d’épreuve par voie sous-cutanée. lY MESURE DE l’iNDEX OPSOMQUE CHEZ LES VACCINÉS J’ai employé pour ces déterminations la méthode que j’ai pu étudier au laboratoire de Saint-Mary’s Hospital à Londres, grâce à l’obligeance du professeur Wright, auquel j’adresse mes meilleurs remerciements pour l’excellent accueil qu’il a bien voulu me faire pendant les quelques jours que j ai passes auprès de lui. Les sérums étalons dont je me suis servi étaient des sérums normaux de cobaye et de lapin. Le dénombrement des bacilles phagocytés fut effectué dans tous les cas sur 100 leu- cocytes. Les résultats obtenus dans chaque expérience sont résumés dans le tableau suivant : VACCINATION CONTRE LA PESTE 363 ANIMAUX MODE DE VACCINATIO^ Date de la prise du sang après la I dernière injection ou ingestion virulente. l 1 INDEX OPSONIQUE Cobaye. Voie stomacale cultures virulentes , épreuve sous-cutanée. 7 jours. 2,8 id. id. id. 2,6 id. id. id. 2,6 Cobaye. Voie rectale — cultures chauffée -P 53°. 4 jours. 3,8 id. id. id. 3,8 id. id. id. 2,4 id. i d. id. 0,8 (P mort). id. id. id. 3,6 Lapin . Voie stomacale culture virulente. 3 jours. 2,2 id. id. id. 3,2 id. id. id. 0,5 (très souffrant au moment de la prise de sang mort). COBAYE Voie rectale cuit, chauffée 53» X 90'. Prise du sang après la l^e injec. INDEX OPSONIQUE 0.23 3 jours. 0,7 0,23 id. 0,7 Culture 53»X103, id. — 0,30 id. 0,6 0,23 id. 0,7 0.23 id. 0,9 J’ai étudié comparativement les variations du pouvoir opso- nique chez 5 lapins vaccinés par voie stomacale par ing’es- tions de cultures virulentes et éprouvés la veille par injection intraveineuse de 0 c. c. 01 de culture virulente, sauf le dernier (n® S) qui fut éprouvé par inoculation intraveineuse de 0,02. L index opsonique d’un témoin inoculé avec 0,01 fut également mesuré. 364 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Voici les l’ésultats de cette expérience : INDEX ÜPSONIQUE Aucune phase négative n’a été observée chez les vaccinés tandis que celle-ci fut très accusée chez le témoin qui mourut le 3*^ jour. Je reproduis ci-après les courbes opsoniques : D’un lapin qui a ingéré successivement deux doses de culture virulente; 2® D’un lapin déjà vacciné par voie stomacale et auquel j’ai injecté dans les veines 0 c. c. 25 de culture virulente; 3® D’un lapin témoin qui a reçu la même injection intra- veineuse. Ces expériences, et d’autres que je crois inutile de rap- porter me permettent de conclure qu’après la première dose de virus ingérée, le pouvoir opsonisant subit une phase négative. Cette phase est proportionnelle à la quantité de virus ingérée. Elle fait défaut et apparaît à peine chez les animaux déjà vaccinés. VACCINATION CONTIÎE LA PESTE 365 366 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Y RÉACTION SPÉCIFIQUE DE lTnTESTIN CHEZ LES ANIMAUX VACCINÉS Lorsqu’on fait ing-erer aux cobayes bu aux rats soit des cultures virulentes, soit des cultures chauffées à doses mortelles, ou lorsqu’on injecte ces cultures soit par voie rectale, soit par voie sous-cutanée, on ne constate jamais de réaction spéciale de l’intestin. Les animaux succombent alors à la septicémie pesteuse, sans que la muqueuse intestinale présente aucun aspect particulier. Par contre, si l’on injecte sous la peau des doses mortelles de virus pesteux à des animaux précédemment traités en vue d’obtenir la vaccination par la voie stomacale ou rectale, à l’aide de cultures virulentes ou de cultures atténuées par le chauffage, on constate toujours chez ces animaux l’apparition d’une réaction congestive de l’intestin tout à fait caractéristique. Cette réaction se manifeste par une roug-eur intense, couleur lie de vin, de tout l’intestin grêle, avec entérite hémorragique à laquelle le gros intestin participe souvent, et éruption de petits tubercules miliaires sur toute la surface de ces organes. Souvent même on trouve un épanchement de sérosité sanguinolente dans le péritoine. Ces lésions s’observent avec la plus grande régularité chez tous les animaux insuffisamment vaccinés qui succombent à l’épreuve par inoculation du virus sous la peau. Dans aucune de mes expériences elle n’a manqué. Je n’essaierai pas pour le moment d’expliquer sa genèse et je me borne à signaler sa constance vraiment remarquable. Elle fait immédiatement penser à la réaction spécifique que présentent les muqueuses chez les Uiberculeux lorsqu’on vient à les imprégner de tuber- culine (ophtalmo-réation et réaction rectale de Calmette). YI VIRULENCE DES DÉJECTIONS DES ANIMAUX VACCINÉS CONTRE LA PESTE PAR LES VOIES DIGESTIVES La méthode de vaccination étudiée dans le cours de ce travail ne saurait évidemment avoir quelque intérêt- pratique 367 VACCINATION CONTRE LA PESTE que s il était deinontre que les dëjections des sujets qui ont ing'ere des cultures virulentes ou atténuées de bacilles pesteux sont inoffensives . Il était donc indispensable de préciser ce point. Des expériences préliminaires sur des animaux non immu- nisés montrèrent que, dans tous les cas, les selles évacuées moins de 48 heures après l’ingestion de bacilles vivants sont virulentes pour la souris : elles fournissent toujours des inocu- lations positives. Lorsqu on expérimente dans les mêmes conditions avec les selles d’un animal vacciné par les voies digestives et ayant résisté à l’inoculation d'épreuve par voie sous-cutanée, on constate au contraire que les déjections ne renferment presque jamais de bacilles pesteux : Un cobciije vacciné par ingestion de cultures chauffées puis virulentes, fut éprouvé par injection sous la peau de 0 c. c. 5 de culture virulente. 20 jours après, Tanimal absorbe à la sonde un tiers de culture sur gélose. On recueille séparément toutes les déjections évacuées pendant 48 heures. Celles-ci, émul- sionnées avec de l’eau physiologique, sont inoculées sous la peau de 6 souris blanches : aucune ne prend la peste. Dans une autre expérience identiquement conduite, une seule souris sur 6 succomba : son sang renfermait le bacille pesteux. ^ Bien que les microbes de la peste soient ordinairement détruits dans l’intestin des animaux vaccinés, puisque les déjec- tions de ces derniers sont virulentes jusqu’au moment où 1 immunité est obtenue, on doit donc veiller avec le plus grand soin à leur désinfection : et comme il ne paraît pas possible de conférer 1 immunité par l’ingestion ou par l’inoculation rectale de cultures mortes, on ne saurait songer à créer artificiel- lement, chez l’homme ou chez les animaux sensibles à la peste, 1 état réfractaire par l’absorption intestinale de bacilles pesteux même atténués par le chauffage. CONCLUSIONS L On peut conférer au cobaye et au lapin l’immunité contre la peste en faisant ingérer à ces animaux soit de petites doses successives de bacilles virulents, soit des cultures chauffées à 368 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 53*^ pendant 90 minutes. Les deux tiers des animaux ainsi préparés résistent à l’épreuve d’inoculation sous-cutanée sûre- ment mortelle par les témoins; On peut plus facilement encore conférer l’immunité par injections rectales plusieurs fois répétées de bacilles chauffés, puis virulents ; 30 Avec Tune ou Tautre méthode, les ingestions ou injections doivent être espacées chacune de 10 à 14 jours; 4*^ Chez les animaux vaccinés par l’intestin (estomac ou rectum) on voit apparaître très rapidement les anticorps spéci- fiques dans le sang. Ceux-ci sont mis en évidence par la réaction de Bordet-Gengou ; 5'^ L’index opsonique reste toujours plus élevé chez les mêmes animaux que chez les témoins après une injection viru- lente, sous-cutanée ou intraveineuse; 6<’ Les animaux vaccinés par ingestion ou par injection rectale présentent, lorsqu’ils viennent à succomber a 1 epreuve par inoculation sous-cutanée de virus pesteux, une réaction congestive très caractéristique de l’intestin ; V Les bacilles pesteux ingérés sont presque complètement détruits dans le tube digestif des animaux vaccines. En terminant ce travail je considère comme un devoir d’exprimer toute ma gratitude à ,M. le professeur Calmette pour l’hospitalité si bienveillante qu’il m’a accordée dans son labo- ratoire et pour les conseils toujours si précieux qu’il m’a pro- digués. ERRATA Mémoire de M. Edmond Sergent: Études sur la fièvre méditerranéenne. Page 227. — Légende, lire ; courbe du singe neuf, n° 32. Page 230. — Légende, lire : courbe du singe, n° 44, dans ce graphique l’ag- glutination doit être marquée à partir du 10 aoêit. Page 232. — Légende, lire : courbe du singe, n° 48. Le Gérant : G. Masson. Sceaux. — Imprimerie Charaire. Héli O g-, D uj ar dm . Charles Chamberland 1851 - 1908 Pliot. Pierre Petit 22®« ANNÉE MAI 1908. N05 annales L’INSTITUT PASTEUR DISCOURS PRONONCÉ AUX OBSÈQUES, PAR NI. ROUX, .\U NOM DE L’INSTITUT PASTEUR . Avec CliarlesCharaberland disparaît un des meilleurs colla- laborateurs de Pasteur, un de ceux qui l’ont aidd d’abord à établir une tecbnique rigoureuse, ensuite à accomplir la serie de travaux qui, de 1877 à 1886, ont illustré le laboratoire de la rue d'Ulm. r • i • Atténuation des virus et inoculations préventives, etiologie et prophylaxie du cbarbon, vaccination contre le rouget, vac- cination antirabique, telle est l’énumération des grandes décou- vertes auxquelles Chamberland a pris part. Il a travaillé avec Pasteur non seulement en collaborateur guidé par le Maître, mais aussi en inventeur apportant sa con- tribution personnelle à Tœuvre commune. C’était précisément cet esprit d’invention, joint à un sens critique clairvoyant, que Pasteur appréciait chez Gbambei'land. Dès qu’il eut reconnu en lui ces rares qualités, il l’associa, tout jeune encore, à ses travaux. La controverse entre Pasteur et Bastian, qui remettait en question la génération spontanée, éclatait au moment où Cbam- berland, sorti depuis un an de l’Ecole Normale, entrait au laboratoire de chimie physiologique en qualité d’agrégé-prepa- rateur. Pasteur lui donna mission de rechercher les causes d er- reur dans les. expériences du savant anglais ; ce fut pourCbam- berland l'occasion de montrer son aptitude à débrouiller les choses compliquées. Il expliqua pourquoi les liquides organiques acides, chauffés à 100», se conservent sans altération, tandis qu’ils se peuplent de microbes dès qu’on y ajoute assez ce potasse stérile pour les rendre alcalins'. La température e 100» ne suffit pas à tuer certaines spores; celles-ci restent inac- tives tant que le milieu est acide, puis germent et pullulent s il devient alcalin. Pour faire périr ces spores il est necessaire ( c ‘chaufferies liquides jusqu’à la température de MS» pendant ■i' . CHARLES CHAMBERLAND 371 vingt ininules. Tout cela paraît aujourd’hui banal à force d’être I • . , V HUI uanai a torce d être classique et déjà beaucoup ne savent plus qui nous l’a appris En pousuivant 1 etude des organismes sporulés résistant à mute tenaperature, Cbamberland a établi les règles de la stéri- bsation des milieux de culture. Elles sont exposées dans sa these pour le doctorat es sciences, soutenue en 1879 Celle ci rudle. lecbnique bactériologique Pour réaliser commodément la stérilisation des milieux de cultures et du matériel, Cbamberland combine un autoclave devenu 1 outil indispensable des laboratoires de bactériologie des services de chirurgie et des postes de désinfection. amberland étudie ensuite comment les parois poreuses retiennent les fins corpuscules en suspension dans les liquides Il perfectionne les procédés de filtration employés au labora- toire en leur substituant la bougie de porcelaine dégourdie qui en arrêtant les germes, stérilise les liqueurs altérables par la cha- ' eur. On sait quelles découvertes importantes, notamment sur es nnisnna i SUF les poisons microbiens et les organismes ultrlmicrs^miue; ^^nj^ete rendues possibles par l’usage de la bougie Cbamber- bougie Cbamber- Pour le bactériologiste actuel, autoclave et bougies filtrantes ioül il s’en sert chaque santa leur inventeur pour les facilités de travail qu’il lui doU L application de la bougie filtrante à la purification des eaux de boisson a rendu le nom de Chamberlaïd populaire et avec rmlrXlTumars."^ ^ L’œuvre d’hygiéniste de Cbamberland ne se borne nas à Tues en vue Îe T"*® substances antisepti- tiord: :ï;eî:ui:;:r.^^ mes^tnfTcr'""'^ " transmission des gcr- 372 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR vêtements et des mains des médecins et de leurs aides. Je n’aurais pas dit tout ce(|ue Cliamberland a fait en faveur de l’hygiène si je ne parlais pas de ses travaux comme législa- teur. En 1885 il était élu député du Jura, il a marqué son pas- sage à la Chambre en y présentant le rapport sur la loi pour la protection de la santé publique, loi dont nous avons attendu si longtemps le vote définitif. Cliamberland était un collaborateur comme Pasteur les aimait,hardi dans la conception etbabile dans l’exécution. Aussi dès que la vaccination anti-cbarbonneuse eût fait ses preuves à Pouilly-le-Fort et dans d’autres expériences publi(|ues. Pasteur lui confia la direction du service des vaccinations. 11 s’en remettait au sens pratique de Cliamberland pour surmonter les difficultés qui arrêtent si souvent la vulgarisation des décou- vertes les plus utiles. Les avantages que l’agriculture a ürés, depuis 1881, des vaccinations pastoriennes, prouvent quelles * ont été en bonnes mains. ^ Ce qui caractérise l’œuvre scientifique de Cliamberland, c est quelle est fertile en applications pratiques. Cependant Chamber- land ne répugnait pas aux spéculations scientifiques, il en faisait de hardies et les exposait en leur donnant volontiers un tour paradoxal. C’est surtout pendant les séjours à la campagne, ou le retenait souvent le soin de la santé de son fils, qu’il laissait vagabonder son esprit. 11 était heureux lorsque, le fusil sur l’épaule, la pipe aux dents, il battait les champs autour de Chilly-le-Yignoble, son pays natal. Fort attentif en apparence a la quête de ses chiens, il combinait sans cesse expériences et appareils. De retour à la maison il tentait de les exécuter avec des moyens de fortune. Ce n’était pas seulement la bactério- logie qui occupait cet esprit toujours en éveil. Bon mathéma- ticien, il poursuivait, pour le plaisir, la solution de quelque problème ou imaginait quelque machine. 11 avait construit un cadran solaire portatif, facile à orienter et dont les indications sont précises. 11 en était aussi fier que de ses meilleurs travaux bactériologi(|ues. Lorsqu’on 1888 l’Institut de la rue Dutot ouvrit ses portes, Cliamberland y fut nommé chef de service, puis il en devint un des sous-directeurs, en 1904, à la mort de Duclaux qu’il rem- plaça à l’Académie de médecine. CHARLES CHAMBERLAND 373 PJus qu’aucun de nos collèg^ues j’ai pu connaître et appré- cier Cliamberland, car je suis entré chez Pasteur deux années ; seulement apres lui. Duclaux d’abord et Cliamberland ensuite ^ furent mes premiers maîtres dans la science expérimentale. De ÿ 1878 à 1881, Cliamberland et moi avons été les seuls collabo- rateurs du maître, Thuillier n’étant venu à la rue d’Ulm qu’après nous. La vie près de Pasteur n’était pas inactive; t: entraînés par l’intérêt des recbercbes, nous passions tout notre ^ temps au laboratoire, prolong-eant le travail fort avant dans la soiree. Nous étions entbousiasmes de la ricbe moisson que nous ramassions dans les champs inexplorés où nous condui- sait Pasteur. Cette vie en commun n’est possible que si l’entente est parfaite entre ceux qui la mènent. Il en était ainsi entre Chamberland et moi. Pendant plus de trente années notre , amitié n’a pas connu de défaillances ; elle ne pouvait être rompue que par la mort. Et d’ailleurs comment ne pas s’en- tendre avec Cliamberland ? il était le camarade le plus loyal, l ami le plus sûr qu’on pût souhaiter. Il avait la bonne humeur d un homme bien portant qui réussit dans ses entreprises et qui le mérite. A 1 époque où je l’ai connu, il était vraiment plaisant à regarder : de haute taille, svelte, avec de beaux traits, éclairés par des yeux doux et rieurs, encadrés d’une barbe noire accen- tuant l’expression virile de sa physionomie. Toute sa personne annonçait la robustesse et la joie de vivre. Avec les années, 1 embonpoint était venu, le teint s’était coloré, mais l’aspect de bonhomie spirituelle de l’homme mùr était aussi séduisant que la gracieuse prestance du jeune homme. Cliamberland éveillait la sympathie de tous ceux qui entraient en relations avec lui. Nos jeunes camarades de l’Institut Pasteur subissaient le charme et se plaisaient à aller causer dans son laboratoire. Ils le prenaient pour confident de leurs projets, de leurs ambitions et parfois aussi de leurs déceptions, car il était de bon conseil et pour les choses de la science et pour celles de la vie. Chamberland a été un de ces êtres privilégiés qui font le bonheur autour d’eux Par un juste retour, le bonheur qu’il onnait aux autres lui a été rendu. Malgré sa fin prématurée sa vie est de celles (|ue . l’on peut envier. Il a collaboré à 1 œuvre admirable de Pasteur, il a produit des travau.x per- ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR soimels utiles à tous, il a connu par sa famille, par ses amis les joies les plus délicates et les plus solides. Sa robuste consti- tution La garanti de la souffrance jusqu’à la maladie qui vient de nous le ravir. Maladie cruelle qu’il a envisagée avec la force (l’âme d'un sage et qui a été adoucie par des amitiés fidèles, surtout parle tendre dévouement de sa femme et les caresses de son enfant. Les siens ont pu dire que son mal a causé le premier chagrin (|ui leur soit venu de lui. La douleur de ceux qui ont perdu cet homme d’une si rare bonté ne peut être consolée, mais ils trouveront un réconfort dans la sympathie qui s’élève autour d’eux. Aujourd’hui ce sont les témoins de sa vie de travail qui rendent hommage à Cham- berland, demain, à Chilly, sa dépouille sera reçue au pays natal par ses compatriotes qui l’ont connu enfant, qui 1 ont vu grandir et qui sont fiers de lui. Puisse ce témoignage d estime de toute une population adoucir le chagrin de cette mère de 80 ans qui, ayant espéré jusqu’à la dernière heure le retour de son fils convalescent, va se trouver en présence d’un cer- cueil. En disant un dernier adieu à Ghamberland, au nom de ses collègues, comment ne pas rappeler les collaborateurs de Pas- teur prématurément disparus : Thuillier, Raulin, Nocard, Duclaux, Grancher et enfin Chamherland. Que de talents, que de forces évanouies ! La doctrine pastorienne est si fécondé qu elle suscitera des remplaçants aux chercheurs dont le labeur a été interrompu; mais combien sont à plaindre ceux qui, ayant commencé le voyage avec ces bons compagnons, restent avec le triste devoir de saluer leur cercueil ! 1 ÜlSCOÜf^S DE f/l- DAf^BOUX: Président du Conseil d’administration de l’Institut Pasteur. U- Sans prendre garde à nos douleurs, la mort ne cesse de- frapper autour de nous. Elle éclaircit chaque jour les rangs de ceux qui furent les amis de la première heure ou les disciples fidèles de notre cher et grand Pasteur. Après Duclaux, après le D>’ Grancher, voici que Chamberland nous est enlevé, dans la force de Page par un mal qui n’a jamais pardonné. Je n ai nullement la pensée de revenir sur ce que vous a dit, avec tant d émotion, mon cher confrère le D’’ Roux, de sa belle carrière scientifique si étroitement liée à celle du maître qui avait su l’attirer par son génie et le retenir par la confiance et l’affec- tion : je voudrais seulement rappeler devant ce cercueil dont nous allons nous séparer la dette de reconnaissance que le conseil et l’assemblée de l’Institut Pasteur ont contractée envers Chamberland. Des 1875, après un court passage dans l’enseignement secondaire, il était devenu préparateur du laboratoire de la rue d Ulm où Pasteur ne tarde pas à apprécier tout son zèle, toute son habileté. C est au dévouement de Chamberland, en même temps qu’à celui du D‘‘ Roux, que le maître fît appel quand il entreprit ces mémorables et difficiles travaux qui devaient renouveler les bases même de la médecine et aboutir à la triom- phante expérience de Pouilly-le-Fort. Aussi lorsqu’on 1888, après le succès des expériences sur la rage, fut ouvert cet etablissement delà rue Dutot qui, sur l’initiative de l’Académie des Sciences, devait porter le nom glorieux « d’institut Pasteur », c est à Chamberland que fut conflé dès le début le service si important de la vaccination contre le charbon. Il prenait part, ai-je besoin de le dire, à tous nos travaux. Son ( ciractère aimable, son esprit pondéré, ce bon sens pratique quî lui a permis d appliquer de la manière la plus heureuse et la j)lus utile bien des idees de Pasteur, lui avaient assuré parmi nous une autorité exceptionnelle. En 1904, après la mort de A 376 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Duclaux et sur la proposition du D‘’ Roux, nous Pavions choisi pour remplir une place de sous-directeur. Son souvenir vivra parnn’ nous, nous le proposerons en exemple à nos jeunes successeurs. Il aura eu le grand mérite, mérite essentiel dans toute œuvre qui se fonde, de contribuer à former Pesprit de notre maison, cet esprit qui assure l’avenir; car il est fait de concorde et de dévouement à l’œuvre commune, et il associe la recherche scientifique la plus active et la plus pénétrante à la bienfaisance dans ce qu’elle a de plus délicat et de plus désin- téressé. « IISIE DES TRAVAUX SCIENTIFIQUES PUBLIÉS Par Ch. CHAMBERLAND 1» En collaboration avec M. Pasteur. applications à la Médecine et à la Clmmgie (Comptes rendus, t. LXX.WI, p. 1037, et Bull. Ac. de Méd. sene, t. VII, p. 432), avec la collaboration de M. Joubert. ' ^*7*’ TT charbon des poules (Compte rendus, t. LXX.WII n il) •avec la collaboration de M. Joubert. ’ * ’ RnO^f’ 7 Charbon. (Comptes rendus, t. XCI, p. 86 et 880 de Med 2c sene, t IX, p. 682). avec la collabor^ion de M. Roux t XcT n (comptes rendus, X. ALI, p. Odl, et Bull. Ac. de Med., 2e série, t. IX, p. 983). ~ une maladie nouvelle provoquée par la salive d’un enfant mort de tarage (Comptes rendus, t. XCII, p. 159, et Bull. Ac. de Méd , 2e S t. X, p. 94), avec la collaboration de M. Roux. rend^ t'xflT n%nqf“" de la me des germes charbonneux (Comptes lendus, t. XCII, p. 209), avec la collaboration deM. Roux. 4881. — Longue duree de vie et conservation des germes charbonneux dans les terres cultivées (Bull. Ac. de Méd., 2e série, t. X p 144) avec la collaboration de M. Roux. des virus et de leur retour à la virulence (Comptes 1^1. - Constatation des germes du charbon dans les terres de la sur- face des fosses ou l’on a enfoui des animaux charbonneux (Bull. Ac. de Méd. 2 t. X, p. 308), avec la collaboràtion de M. Roux. ’ ~^}"'f‘>^^l'>lllld de rendre les moutons réfractaires au charbon va, la méthode des inoculations p,-éventives (Comptes rendus, t. XCII, p. 662), avec la collaboration de M. Roux. 7 charbon. (Comptes rendus, t. XCII, p. 666) avec la collaboration de M. Roux. ^ ' Méd^*‘: '• p- de jjgj, ’ , • X, p. 717), avec la collaboration de MM. Roux et Thuil- ~ ''oadus d’expériences sur la vaccination charbonneuse (Confites rendus, t. XCII, p. 1378), avec la collaboration de M. Roi IBu I 1 'f" ^^>^‘“y-‘^-^^<>rt.sur la vaccination charbonneuse. sâ 1m ’ 7-^' collaboration de M. Roux. rendu!^ t \C\T''hIi M Ü H * la rage (Comptes , i. ALV, J). 1187, et bull. Ac. de Méd 2e «sppîp i yt azicw Ja collaboration de MM. Roux et Thuillier ’ ’ ' ;n8 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR — Sur la rage (Comptes rendus, l. XCVÜI, p. 1229, et Hull. Ac. de Méd., 2esérie, t. XIII, p. 337 et 662), avec la collaboration de M. Roux. 2*^ En collaboration avec M. le Roux. 1881. — De la non-existence du Microzyma cretæ (Comptes rendus, t. XCIL p. 1165). 1881. — Sur la non-existence du Microzyma cretæ (réponse à une note de M. A. Béchamp). Comptes rendus, t. XCII, p. 1,347). 1883. — Sur V atténuation de la virulence de la bactéridie charbonneuse sous l'influence des substances antiseptiques (Comptes rendus, t. XCVL p. 1088). 1883. — Sur l'atténuation de la bactéridie charbonneuse et de ses germer sous l'influence des substances antiseptiques (Comptes rendus, t. XÇM,. p. 1410). 1887. — Vaccination charbonneuse des lapins (Annales de l’Institut Pasteur, t. 1, [). 513). 1887. — Immunité contre la septicémie conférée par des substances solubles. (Annales de l’Institut Pasteur, t. I, p. 561.) 1888. — Immunité contre le charbon, con férée par des substances chimiques , (Annales de l’Institut Pasteur, t. II, p. 405.) 30 En collaboration avec M. Joubert. 1876. - Note sur la fermentation des fruits plongés dans l'acide carbo- nique (Comptes rendus, t. LXXXIII. p. 354). 4-3 En collaboration avec M. le professeur Strauss. 1882. Passage de la bactéridie charbonneuse de la mère au fœtus. (Comptes rendus, t. XCV, p. 1290.) _ 1882. — Recherches expérimentales sur la transmission de maladies viru- lentes aiguës de la mère au fœtus. (Soc. de Biologie, 7e série, t. I\, p. 683. > 1882. Recherches expérimentales sur la transmission de quelques mala- dies virulentes, en particulier du charbon, de la mère au fœtus. (Archives de physiologie, p. 436.) 50 En collaboration avec M. E. Fernbach. 1893. — La désinfection des locaux. (Annales de l’Institut Pasteur, t. ML p. 433 ; résumé dans la Revue scientifique, t. LI, p. 559.) 6« En collaboration avec M. Jouan. 1906. — Les pasteurella . (Annales de l’Institut Pasteur, t. XX, p. 81). CHARLES GHAMBERLAND 379- 7*^ M. Ghamberland a publié en outre : 1879. — Recherches sur Vorigine et le développement des organismes microscopiques. (Thèse de doctorat, Annales scientifiques de l’Ecole normale’ supérieure, 2e série, t. VII, Supplément.) 1879. — Résistance des germes de certains organismes à la température de lOOo,- conditions de leur développement. (Comptes rendus, t. LXXXVIII, p.659.) 1883. — Le charbon et la vaccination charbonneuse, d'après les travaux récents de J/. Pasteur. (Bernard Tignol, éditeur.) 1884. — Sur un filtre donnant de L eau physiologiquement pure. (Comptes- rendus, t. XGIX, p. 247.) 1885. Sur la ^Itration parfaite des liquides. (Société de Biologie, 8e série, t. II, p. 117.) 1887. — Les essences comme antiseptiques. (Annales de l’Institut Pasteur, t. I, p. 153.) 1887. — Résultats de la vaccination charbonneuse. (Annales de l’Institut’ Pasteur, t. I, p. 301.) 1894. Résultats prat iques des vaccinations contre le charbon et le rougety en France. (Annales de l’Institut Pasteur, t. VIII, p. 161 .) 8® Conférences. 23 janvier 1881. -- Sur les travaux de M. Pasteur. — A la Société indus- trielle du Nord de la France, à Lille. (Danel, imprimeur.) Ier avril 1882. — Rôle des microbes dans la productian des maladies. — A la Sorbonne. Association scientifique de France. (Gauthiei -Villars, impri- meur-libraire.) 1883. — Un article : U œuvre de Pasteur. (Revue scientifique, t. XXXIL- p. 97.) 1887. Rapport sur le traitement anti-rabique. (Congrès international d’hygiène et de démographie tenu à Vienne, en 1887. 1888. Les divers modes de la contagion. — Rouen. (Revue scientifique; t. XLI, p. 329.) 380 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Ghamberland (Charles-Édouard) est né à Chilly-le-Vignoble (Jura), le 12 mars 1831 ; après avoir fait de bonnes études classiques au lycée de Lons-le-Saunier, il suivit le cours de mathématiques spéciales au collège Rollin à Paris et fut admis en 1871 à l’Ecole polytechnique et à l’Ecole normale, il opta pour cette dernière. Voici l’énumération des titres scientifiques qu’il a obtenus et des fonctions qu’il a remplies. lo Titres scientifiques. 1871 à 1874. Elève de l’École Normale supérieure. 1874 Agrégé des sciences physiques. 1879 Docteur ès-sciences physiques. 1881 Lauréat de la Société centrale d’ Agriculture. (Prix Béhague). 1883 Membre de la Société de Biologie. 1883 Lauréat de l’Institut. (Prix des Arts insalubres.) 1904 Membre de l’Académie de Médecine. 2® Fonctions. 1874-1873. Professeur au lycée de Nîmes. 1873-1879. Agrégé-préparateur au laboratoire deM. Pasteur. 1879-1888. Directeur-adjoint du laboratoire de M. Pasteur. 1888-1904. Chef de service à l’Institut Pasteur. 1904 Sous-directeur de l’Institut Pasteur. Recherches sur la mélanogénèse : Action de la Tyrosinase sur la Tyrosine Par M. GABRIEL BERTRAND ^ Les études entreprises depuis une douzaine d’années sur le mécanisme delà mélanogénèse, c’est-à-dire sur le mode de pro- duction des pigments noirs dans les liquides et les tissus de 1 organisme, végétal ou animal, ont déjà lourni, comme résul- tat intéressant, la preuve qu’une diastase oxydante, la tyrosi- nase, joue un rôle essentiel dans le phénomène. Du moins a-t-on reconnu qu’il en est ainsi dans le noircissement des sucs de racines de betteraves et de tubercules de dahlia, du champignon appelé Russule noircissante \ de l’hémolymphê et des téguments => de certains insectes, dans la formation de la sépia ou encre de seiche*, des tumeurs mélaniques chez le cheval®, de la coloration du pain bis®, etc. I. Gab. Bei\tb»nü. Sur une nouvelle oxydase ou ferment soluble oxydant Dans une publication antérieure, nous avions, M. Bourquelot et moi iC r Soc. 6^o/. 10e serie, t. 11, p. 582, 1895), attribué îa coloration du suc drÉussule noircissante, expose au contact de l’air, à l’intervention d’un ferment oxydant Nous n avions pu reconnaître alors s’il s’agissait d’une oxydation diastasfaue directe, si, au contraire, il y avait, par suite de l’hydrolyse préalable d’un 5u- coside analogue a l arbutine, production d’un chroniogène sensible à la laccase G est probablement d après cette publication que certains auteurs, éloignés eri général de la lecture des travaux chimiques par leurs préoccupations, ont asso- cie mon ancien collaborateur à la découverte de la tyrosinase Mes ;echerches systématiques prouvent, au contraire, que j’ai introduit seul la notion de la tyro- la science. D’ailleurs, malgré la démonstration que j’ai laite de ?a ^ de la laccase et de la tyrosinase dans le suc des cliampi- gnons, M. Bourquelot n en a pour ainsi dire jamais tenu compte. ^ ^iol Pathol tierische Tyrosinasen Beit. s. chem. Phy- question^ Ce mémoire renferme un cours historique de la rf. lc.?t.®cTxxïx."p%v/(ÏM4t"'' i. Brzibram. cité par v. Fürth et Schneider. G. Gessard, Tyrosinase animale. Comptes rendus Soc. biol., t. LIV, n. 1304 (1902^1 p. 631, (^1903) oxydases des Seiches. Comptes vendus Ac. Sc., t. GXXXVl* chevaf'Ætf/I^ formation du pigment mélanique dans les tumeurs du Comptes rendu«in ^ s oxyde déjà seule avec une Heitrag. z. chem Phy’ves d’Anophélines nées en aquarium ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 5o Refuges des adultes. Nous insistons sur la prédilection des Anopheles maculipennis adultes pour les coins sombres des écuries. Ces Anophelines piquent d’ailleurs les animaux domestiques ; Go Longueur du volet transport. A Montebello, où les mesures antilar- vaires sont prises, les Anophélines adultes sont toujours très rares dans le- village. A trois kilomètres, dans la ferme M (où aucune mesure antilarvaire n’est prise) pendant tout l’été, des myriades d’Anopliélines adultes; 70 Cheminement des Anophélines par étapes. En automne 1907, des Ano- phélines apparurent dans les quartiers nord et ouest du village de Mondovi, à environ un kilomètre à l’intérieur de la zone où les mesures antilaryaires étaient parfaites. Ces quartiers sont ceux qui sont les plus rapprochés des gîtes non attaqués, et entre ces quartiers et ces gîtes sont échelonnées quel- ques constructions qui ont pu servir aux Moustiques de refuges d’étape; 80 Effet du vent. Les mesures antilarvaires exécutées dans un périmètre de 1,500 mètres de rayon à Mondovi et Penthièvre ont presque lait dispa- raître en été les Anophélines adultes de ces villages. La croyance, très répandue parmi les colons, du transport de ces Moustiques, par le vent, du lac Fetzara (à 20 kilomètres environ de Mondovi, à 10 kilomètres environ de Penthie- vre), doit donc être considérée comme injustifiée; 90 Pouvoir infectant des Anophélines. Un jeune garçon de 10 ans a con- tracté une fièvre grave (parasite de la fièvre maligne) après avoir passé une seule nuit à l’embouchure de l’oued Zouhr (région d’El-Milia, département de Constantine) et après une incubation de 8 jours. En 1906, un habitant de Teniet-el-Ilaad (localité saine) ayant passé une nuit à Liébert (très malsain cette année) est frappé huit jours plus tard de paludisme à allure grave. Un Macaque, exposé aux piqûres de myriades d’Anophélmes durant 12 jours à Ain-Dahlia, localité très fiévreuse près du lac Fetzara, n’a pas ete infecté ; . , lOo Piqûre des Anophélines indolore. Le 16 septembre 190/, à u heures du matin, nous avons observé cinq Anopheles maculipennis se gorgeant de sang à satiété sur la main d’un voyageur endormi dans un wagon de la ligne Bône-Aïn-Mokra-Saint-Charles, au passage de la gare de l’Oued-Zied. On s’explique donc que des personnes de bonne foi affirment n avoir pas été piquées par des Moustiques, bien qu’en réalité elles aient été piquées pendant le sommeil; llo Observations sur les Anophélines d’Algérie. Nous avons remarque que des Anophélines peuvent ne pondre à la fois dans le même gîte que quelques œufs (2 ou 3). Cette constatation peut faire comprendre la dissémination de la même espèce d’Anophéline dans une localité. Nous donnons ci-dessous, d’après 16 spécimens arrivés à la période pre- nymphale, la description de la larve de Pyretophorus mu zomy fades qui n’avait pas encore été faite. Aspect général. Corps trapu, brun clair ou jaune, mais avec la télé noire (aspect caractéristique). 395 ÉTUDES DU PALUDISME Antennes. Epines terminales égales. 1 poil bifurqué àl’ex- trëmité. Soies frontales. Toutes simples. Soies palmées. Rudimentaires sur les 2 premiers anneaux de 1 abdomen, bien développées sur les autres anneaux. Présence d un filament court. Rayon d’environ 6fi u. Long'ueur propor- tionnelle du filament à la longueur totale : en moyenne 1/8. Habitat. Vallées montagneuses du Tell algérien. Lits cail- louteux des oueds. Saison. De fin juin à novembre. (Plus tardives que les larves d’A nopheles maculipennis) . Nymphe. Cornets respiratoires trapus. A Beni-Ounit de Figiiig (Zoiisfana), M. le Di* Foley a étudié les Ano- phelmes de la région qui sont tous des Pyretophorus chaudoyei Theob., mais présentant cette particularité de porter trois raies sur le mesonotum (comme P. 'myzomyi fades) au lieu de deux seulement comme les P. chau- doyei de Touggourt. Nous avons capturé à Biskra un Pyretophorus présentant tous les carac- tères du myzomyifacies, sauf ceux des taches de la côte de l’aile. (Voir ligure 4.) ^ Fig. 4. Taches du bord de Taile d’un P. myzomyif actes de Biskra. Le distingué entomologiste M. Chevreux, près de Bône, a bien voulu nous comnauniquer que, durant tout l’hiver 1906-07, jusqu’en février, il a ete attaque par des A. maculipennis en plein jour. (Exemplaires capturés e 10 décembre à 11 heures du matin, le 29 décembre à 2 heures du soir, e 8 janvier, a 3 heures du soir, le 15 janvier après-midi, le 21 février à 1 h. 45 du matin.) L’un de nous a été assailli le 27 décembre 1907, à 11 heures du matin, en plein soleil, au Ilamma, près d’Alger, par 8 Anopheles algeriensis. Dans un bassin voisin rempli de Papyrus, les larves d’Anophélines étaient nom- breuses. Nous avons constaté autrefois qu’elles y hivernent. IL — RÉSERVOIR DE VIRUS Comme les années précédentes, nous avons toujours trouvé une^ concordance parfaite entre les indications fournies par 1 .ndex endémique relevé tel que nous le préconisons par la pa ion ( es grosses rates, et tous les autres renseignements quel on peut obtenir'sur l’intensité du paludisme en un lieu. Le 390 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR grand avantage de notre index endémique est de se baser sur un signe physique, que l’on peut même représenter par une fmure, telle que les scliémas reproduits ci-dessous. On peut ainsi conserver la notation exacte des états successifs d’une même rate à différentes époques et, par suite, constater d un coup d’œil une amélioration, un état stationnaire ou une aggra- vation. ^ . Les tableaux suivants résument nos recherches d’index endémiques 1 Mars m 7 5 Juillet Fie, 5. _ Variations du volume de la rate chez un jeune Européen de Montebello 7p. b.) infecté depuis 14 ans, ne se traitant pas régulièrement par la quinine, cachectisé. et présentant des corps en pessaire et en demi-lune dans le sang par les rates, en 1907, d’une part avant les chaleurs, d’autre part pendant et après les chaleurs. La technique que nous avons décrite pour la palpation des rates (le sujet debout se penche en avant D nous donne toujours satisfaction, et a eu l’approbation de nombreux médecins qui l’ont adoptée. 1. « Penche-toi en avant >> se dit, suivant les contrées en arabe : (féminin iebsi), ou bien ; tekki rasek (penche la tete), ohoud rohak (baisse ton ^°^Ên kabyle: ikenou, ou bien taïnez . A Figuig. les Berbères disent ines^. ETUDES DU PALUDISME Index du début des chaleurs. 397 PROPORTION DES GROSSES RATES POURCENTAGE /"De 0 à 5 ans., 300/ 961 Enfants. .De G à 10 ans,. ü97/1447 ■ 1112/ 3.534 1,4 0/0 \ De 11 à 15 ans. . 215/1126 Adultes (au-dessus de 15 ans) 1 430/ 1.670 25,7 0/0 Total (.PC l'atoc r>nt A t A r. n 1 X „ ^ .1 ^ i „ 1.542 5.204 29,5 0/0 suivant 'oealités Fu 6. Grosse raie chez un indigène adulte (à Penthièvre). .AUa^trOurof-^Uelf <-c-de-Constan -rrrï;rtr~’“- xetzaia Oum-leboul, Uoum-el-Souk, bords du lac Tonga, 398 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Gambetta, El-Milia, Tamalous, Mesker, El-Ouara, Dar-Debagh, Ain-Chenia, Haddeda, Ain-Mekfel, Bouzouili, Agiiedel-el-Baybk, Sidi-Mançar, limgad, Lambèse, Markoima; Département d’Oran ; Tourville, Sainte-Léonie, Kléber, domaine de l'Habra, Ain-Tedélès et douars voisins, l’onl-de-l’Isser, Saint-André-de- Mers-el-Kébir. Index des chaleurs et de la fin des chaleurs. PROPORTION DES GROSSES RATES POURCENTAGE De 0 à 5 ans. . . ISO/TOo - Enfants. - De 6 à 10 ans... 302/946 | 762/ 2.374 , De 11 à lo ans. . . 280/723 . Adultes (au-dessus de 13 ans) 201/ 744 32,09 0/0 27,01 0/0 30,8 0/0 Ces rates ont été palpées, du Rr août 1907 au 30 janvier 1908, dans les localités suivantes ; Département d’Alger: Montebello, Marengo, El-Affroun, La Chiiïa, Attatba, Oued-el-Alleug, Berbessa, Koléa, Boufarik, Blida, Bouinan, Birtouta, Chebli, Arba, Sidi-Moussa, Chéragas, Brazza, Liébert, Maatkas, Souma, Gué-de-Constantine ; Département de Constantine : Mondovi, Barrai, Penthièvre, Ain-Mokra, bords du lac Fetzara, Gambetta, El-Milia; Département d’Oran : Tourville, Sainte-Léonie, Domaine de l’Habra, Aïn-Tedélès et douars voisins, Pont-de-l’lsser, Béni-Ounif, Zénaga. Tableau des résultats des examens microscopiques ^ du sang de sujets habitant des localités paludéennes (jusqu au 31 décembre 1907). 1 NOMBRE D’EXAMINÉS PARASITÉS par l’hématozoaire. Corps en demi- Corps en Avec grosse Tierce maligne Tierce bénigne Quarte. lunes. pessaires. rate. 26 fébricitants 4 7 3 2 2 18 188 non fébricitants. 10 33 3 10 9 141 Totaux . 214 14 42 8 12 11 159 60 à hématozoaire du paludisme. P ÉTUDES DU PALUDISME 3<)9 V La question de l’unité ou do la pluralité du paludisme ne ■ sera résolue que lorsqu’on pourra étudier durant plusieurs sai- . sons successives les parasites du paludisme, non pas seulement t en un môme lieu, mais chez les mènes individus. Grosses rates chez des enfants indigènes (de 5 à 7 ans) des bords du lac Fetzara (Aïn-Mokra). 2o Détail de technique : Mode de repérage des préparations. — Nous avons obtenu de bons résultats du n,ode suivant de repérage ; A. On prépare à ) avance une provision de fragments de lamelles couvre-objets. Sur chaque d’entrdeî de faire une tache , d enc e, de la laisser sceller, et d’en gratter le centre avec une épingle, on olidement sur la platine avec les deux valets , On place le point de la prépara- tion a loperer au centre du champ du microscope. C. On remplace l’objectif immeision par un objectif faible (n 4» Sliassnie par exemple), On 400 ANNALES DE L’INSTIÏüT PASTEUR dépose une goutte de baume de Canada sur la face du Iragrnent de lamelle où est marqué le cercle (bien sec). On colle cette face sous la Fig. 8. — Grosse rate étranglée par la constriction de la ceinture. (Enlant indigène des bords du lac Fetzara.) Avril 1902 9. — Schéma de la rate photographiée ci-dessus. lame (en enlevant l'éclairage Abbé). On place le centre du cercle aujMre du champ du microscope en faisant glisser la lamelle sui de la lame. Laisser sécher. du Pour retrouver le point repéré, placer le centre du cercle au centre champ de l’objectif -t, puis examiner avec l’objectit fort. ÉTUDES DU PALUDISME 401 dessous l’observation de M. Ribet : ^ l’esumons ci- Perlïa't a «é !«ein^l"v af ' ^ 3 mob. n,ob d’août 1907 il o ^ ’rT localité lémoin de la camp-ome antînl'^l ^',*''“' 7 V' *“ et y contracta une fil" m e d ï ^des d de quinine. Cette fièvre ne se montlllut ^ centigrammes ce colon était rentré dans la ville relaf ^ P^i petits accès isolés, et le U novembre à 4 heures du matin ««n i . "7 ‘'*'‘■<■8»'’-'- 'ocsque, demi ou frisson violent avec vomissem;;t7b7'ênr“T-'"'“^ «l’"' «... .1 d’un travers de doRH) et douloiireiiv Fn • • (débordant ”.rS“T îï:«.r.'rrLîr:^^^^^^ U iml.d, d.„. J '• J»"f"*Mr. J. globinurie. ^ nouveau hémo- Cette observation, bien prise nar le Dr niP/vt > • ^ i nombreuses qui montrent que îa fiévl bil Tu- ' existe dans l’Afriq.ie du Nord’ Dans ce T T ^ hemoglobmurique vraie la cause déterminante de l’accès ■ bien n'ius propos que de prudence pall b file! Itu ai::::t mir- r Srsuivalb’: ‘>0"- 8,3 hématies pour un leucocyte ’ Hématoblastes : 14,41 pour 100 hématies Hematies nucléées : l.S,-? pour 100 hématies. Polynucléaires ; 61,04 pour 100 leucocytes. Grands mononucléaires : 20,93 o/g. Petits mononucléaires ; 3,48 o/q, mononucléaires : 14,53 o/„ Pas de Plasmodium du paludisme. ' enc^l^ILrclmmnrdaL'î! """'‘T Nous avons vu 9 ? , paludéens cachectisés. 26 402 ANNALES OE L’INSTITUT PASTEUR cachectisé depuis celte époque, réformé par le conseil de révision, el qui, malgré lous les conseils et l’exemple même d’indigènes, ne prend que très Teu et très irrégulièrement la quinine. La figure 3 .nontre les variations du volume de la raie de ce jeune homme durant 1 annee 1.107. 40 Action nulle de la salicine sur les I-lasmodiuin . - Expérimentation avec le Dr Serfatï (médecin de colonisation). Un cas de tierce benigne a 1 Hill 1 (département d’Oran) n’a été traité par aucun médicament. On voit dans Lng d’assez rares grosses formes de tierce bénigne. Le malade prend (per iuccam) 1 grammes de salicine en une fois. L’examen du sang est piatique 2, 4, et 16 heures plus tard : les grosses formes de tierce benigne son retrouvées en même nombre et même état. lo Localisation du virus et de la virulence. - On connaît une foule de localités où le paludisme sévit, avec une intensité particulière, alors qu a üne distance très proche, et dans une région de meme structuie, le palu- disme est nul ou bénin. On peut considérer qii il y a ainsi des aires bien limitées de diffusion d’un même virus. Cette localisation tient sans doute au peu de portée du vol des Anophélines, dont le terrain de parcours est, «ntîsi toiiiours restreint. , . , v . 60 Endémie palustre grave, avec parasites rares dans le sang - Les 7 et 10 septembre, sur les bords du lac Fetzara (lell bonois), 1 index par les grosses rates est élevé : 37 rates hypertrophiées chez 39 examines L population n’est pas quininisée. On ne trouve que chez 4 personnes, sui 39, le Plasmodium de la tierce bénigne. Au contraire, le 13 septembre, aux Ouled-Rahmoun (Hauts-Plateajx constantinois) nous trouvons 30 grosses rates chez 32 indigènes, mais 13 fois nous voyons des parasites ; 11 fois ceux de la tierce benigne, fois celui de la tierce maligne, et 4 fois des corps en demi-lune. 70 Nous avons observé chez des enfants indigènes paludéens de nouveaux cas assez nombreux, des macules que nous avons signalées d»” ^ " dernier Rapport 1. Rougeâtres, ne s’effaçant pas sous la pression du ressemblent à des piqûres de Puces, mais s’en " 'Xe “^ cou et paupière supérieure. Les indigènes connaissent ces taches, quils "^NXeMnfiÏre le D' G. Colin, bien connu comme savant arabisant, a bien voulu nous donner les renseignements suivants pour lesquels no«s sentons tous nos remerciements : « Celte expression signifie litteialeinen aux lentilles ■ le mot « maladie » est ici sous-entendue, comme cela se pio- duit la plupart du temps dans la terminologie nosologique des Arabes Les mots diâZs correspondent donc, comme formation et comme valeur, ‘"'Ti’importlca du voisinage des indigènes est mise en évidence par les chiffres suivants : Le 13 novembre 1907, l’index endemique est a Sainte- Léonie (département d’Oran) : {. Annales de VInstitut Pasteur, t. XXI, février 190Y. ÉTUDES DU PALUDISME , I 0 à î) ans. Lnfanls de ^ 6 a 10 — . 11 à IS — Chez les Européens, Cl.e^ le.s indigènes. 0/11 1/30 0/6 ^ Dans ce village, le réservoir de 'd’indigènes. 1/47 4/7 -/2 Is 16 9» Bauger colporté par les émigranls kabyles. - Nous VII'US est donc presque uniquement formé avons signalé déjà 'i^Jg. 10. Canau. d’évacuation de mares permanentes dans un b^as m riviere (la Seybouse à Mondovi). ^ a Mondovi). ’r ‘r'"- vendanges s’infectent dans les nU T moissons 8'>gnant les plate rASs où" m'o’ "" ““ ,» ,,s:r.ïï::ï‘.;rrrr; 404 ANNALES DE L'ÏNSTITUT PASTEUR qui les emploient. Ces mêmes observations que nous avions faites dans les trois départements ont été faites indépendamment de nous parJe'ix médecins de colonisation ; le O'- Domeruüe, dont le poste est Miche et (Eabjlie du Djurdjura), et le !)■ Meixard, de Port-Gueydon (Kabylie). Ml. — SUJETS EXPOSÉS Paludisme des hauteurs. — Au sujet de l’épidémie de paludisme des hauteurs qui a sévi en 1904 et qui a frappé rimagmalion des populations nous ajoutons à l’hypothèse émise dans notre precedent Itapport cette réflexion que les habitants des hauteurs étant d’ordinaire peu fiappes par le paludisme, lorsqu’un concours de circonstances spéciales fai ec a une épidémie parmi eux. leur maladie prend une allure plus dramatique car ils ne lui opposent pas l’immunité relative que possèdent les habitants des plaines. Plusieurs médecins ont signalé que les habitants des hauteuis ont davantage souffert du p.aludisnie en 1904 que ceux des plaines. Ces mon- tagnards ont joué le rôle de sujets sains venant de [lajs sa u les, o que, de même, les Français nouveaux débarqués sont bien plus frappes que les colons algériens. tlOOES PBOPmUiCWS DIFFICULTÉS DE LA PROPHYLAXIE DU PALUDISME Lorsque dans une localité on trouve une majorité d igno rants, ou seulement parfois quelques personnalités remuantes opposées a toute entreprise nouvelle, ou bien mteressees a dénigrer les tentatives prophylactiques, il est très difuci e d’instituer une campagne, car le succès dépend, dans une grande mesure, de la bonne volonté de tous. Il suffit aussi de quelques personnes bien disposées pour que la force de Texemple per- mette des progrès extrêmement sensibles. Nous sommes heu reux de constater que chaque année augmente le nombre des villages où les habitants s’intéressent vivement à la prophy axie antipaludique (voir plus loin). PROCÉDÉS DE LA PROPHYLAXIE 1. Eioipement du réservoir de virus et des gîtes Nous n’avons pas rencontré en 1907 de cas ou l éloignement du réservoir de virus ou celui des gîtes aurait pu être réa is 1. ÀnnaUi de l' Institut Pasteur, t. XXL février .1907. 405 F'g. H. Drainafre eiricace d'un sol marécagou. par deux sillons tracés à charrue (à Mondovi). lïre jriTi'T' fop. ac de Mouzaia ont presque disparu en 1907, à la sui Tv 'idjotnt de Peyeria.hoff (voir plus loin nro.l- I intervalles de Ui joun dins 1 TWl 3» Nérp‘Lécuyé) Liébert(D" Aucai- gne et de Mou- zon) Liébert(M. Ripert). Bourlier-Burdeau. Taine Victor-Hugo Monta gnac(D''Gu- bry) Pont de Tisser (D'' Leroy) Aïn-Tedeles douars (D*- Descrimes). El milia (D'‘ Bon- nale) Sakrania (M. Tail- bandier) Gambetta Saint-André de Mers-el-Kebir. Noisy-les-Bains. Béni-Ounif de Fi- Roum-el-Souk. Oum-Teboul. Mechta-Tonga. Lac Fetzara. Batna, Lambèse. Timgad. Sidi-Mançar. Aguedel-el-Beylik. Tamalous. Oued-Athménia. Départe m e nt AÎger, 28 mai sons Départe m ent Constantin e, 15 maisons. . Département Oran, 5 mai- sons Gardes fores- tiers Maison fores- tière du lac de Mouzaïa Domaine de THabra Ch e m i n s de fer Le detail de cette Partie spéciale devant paraître dans une publication tiree à part, nous nous contenterons de donner ici les résultats obtenus dans les Champs de démonstration et dans la Plaine de la Mitidja. I. — CHAMPS DE DÉMONSTRATION L — Village de Montebello. 4e campag-ne. — 3 mesures sont appliquées : antilarvaires, quininisation, grillages. Résultats. I. Dans les i visites faites d’avril à novembre, on n’a jamais constaté la présence de larves d’Anopliélines dans la zone pétrolée. Témoins : Constamment, aux mêmes visites, on trouva de très nombreuses larves d’Anophélines dans les canaux situés hors de la zone pétrolée. II. En juin et en octobre, quelques rares Anophélines adultes ont été capturés dans les « refuges » des adultes (recoins sombres des écuries). Les habitants ont déclaré n’avoir jamais été tourmentés par ces Insectes. ÉTUDES DU PALUDISME 415 Témoins: Pendant tout l’été, jusqu’en fin octobre, la ferme JW., située à 2 kilomètres de la périphérie de la zone pétrolée, a servi de refuge à des essaims innombrables A’Ampheles macu- lipenms. III. Sur 65 Européens indemnes et sensibles qui ont passé ete 1907 a JWontebello, 0 cas de première invasion. (Sur ces 65 personnes, 4 nouveau-nés.) Surl3 Européens anciens infectés (dont 3 provenant en 1907 d autres localités), S ont eu des rechutes (dont deux graves nécessitant les soins de M. le Giudicelli, médecin de coloni- sation, résidant à Marengo). Témoins: Dans les environs immédiats de la zone protégée : prme G., à 3 kilomètres au sud-ouest; ferme M., à 3 k. 500 à l’est (défense mécanique incomplète, pas de mesures antilar- vaires), sur 7 Européens jusque-là indemnes. 4 cas de première Au camp Halloula (des Ponts et Chaussées), établi à 5 kilo- métrés du village de Montebello, au moins 4 cas de première invasion chez des Européens : un de ces cas fut grave (parasite de la tierce maligne dans le sang). Outre ces cas observés sur place 7 ouvriers durent être hospitalisés à l’hôpital de Coléa pour nevre. ’ IV Les résdtats de guérison obtenus par la quininisation sur 1 infection inveteree des indigènes ne sont pas aussi bons que les résultats de la prévention chez les Européens. Ils sont indiques par le tableau suivant, montrant les modifications constatées dans le volume des rates du printemps à l’automne AMÉLIORATION Redevenues normales. Diminuées. 3 5. P AS DE modification Restées normales. 44 Restées de même grosseur. 10 aggravation De normales devenues hypertrophiées. Augmentées. II- — Tourville. 2« campagne, avec la collaboration du D- Bories sont appliquées ; antilarvaires, quininisation. 2 mesuVes 416 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Résultats. — I. Durant les 4 visites faites d’avril à novembre, on ne put jamais constater la présence de larves dans la zone pétrolée. Témoins : A quelques mètres en amont de la limite des fau- cardements et pétrolages, les larves pullulèrent tout l’été. II. Quelques adultes furent capturés au milieu de l’été dans les habitations de la partie supérieure du village : c’est à la suite de cette constatation que les faucardements furent poussés 200 mètres plus loin qu’en 1906. Témoins : Anopliélines adultes extrêmement nombreux tout l’été à la ferme G. (à 3 kilomètres du village) et dans l’habi- tation du barragiste. III. Sur une population de 1,000 habitants (15 nouveau-nés) un seul cas de paludisme de première invasion (forme bénigne rapidement guérie), chez un enfant nouveau-né habitant près de la voie du chemin de fer qui transporte souvent, ainsi que nous l’avons constaté, des Anophélines venant des plaines fiévreuses delaMacta. Le train, au niveau de l’habitation de ce nouveau-né, ralentit sa marche en passant sur le pont de l’embouchure de l’oued Magoun. Aucun autre cas de première invasion, ainsi qu’il résulte de nos investigations poursuivies de maison en maison, et des renseignements donnés par M. le Bories, médecin communal d’Arzew. Témoins : ferme G. (à 3 kilomètres de Tourville) : sur 3 per- sonnes nouvelles venues indemnes (dont un nouveau-né), 2 cas de première invasion, dont l’un suivi de mort (hémoglobinurie). IV. Les tableaux suivants donnent les variations de volume des rates, du printemps à l’automne, chez les habitants de Tourville et chez les habitants de Kléber, village moins malsain que Tourville, mais le seul de la région (sans compter Sainte- Léonie, défendu cette année) qui puisse servir de (( témoin » . A Touî^ville, résultats bons: 7 améliorations contre 2 aggracations, 56 états stationnaires. A Kléber {témoin) au contraire, 2 améliorations contre 4 aggravations, 52 états stationnaires. ÉTUDES DU PALUDISME 1 amélioration j PAS DE modification aggravation Redevenues normales. Diminuées Restées normales. Restées de même fie normales devenues Augmentées. grosseur. liypertropliiées. A Tourville. 6 1 55 1, 1 il 1 1 A Kléber (téiii.). 2 )) 47 6 1 1 4 . ïïï- — Sainte-Léonie. campagne, avec la collaboration du D--Bories. 2 mesures sont apphque'es: antilarvaires, quininisation. Rémllats. — I. Durant les 4 visites faites d’avril à novembre pL"oir‘ Témoms : larves nombreuses en aval et au barrage. II. très rares à Sainte-Léonie durant l’été 1907, de aveu esbabitants : nous ne pûmes jamais en capturer en 1907 rmoms; Adultes très nombreux à la ferme C. à 3 kilomètres et chez le barragiste (mêmes témoins que pour Tourville). ui 300 habitants, 0 cas de première invasion. Tmoms : les mêmes que pour Tourville (voir plus haut). ® Sainte-Léonie. Résultats n^cs)^ contre 6 aggravations (43 états station- 1 amélioration PAS DE modification ' aggravation Rates redevenues normales. Diminuées. Restées normales. Restées de même grosseur De normales devenues hypertrophiées . Augmentées. 9 2 j 1 35 8 2 4 umr" Kn automne DOC, ,1 était de 31/49. Le progrès est manifeste. IV. — Mondovi. 1*’^ campag-ne, avec la collaboration du D-- Marbot. 2 mesure» sont appliquées : antilarvaires, quininisation. 27 418 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUII HésuUdls. — i. On ne put jamais constater la prtisence Je larves J’Anopliélines âgées déplus del5Jours dans la zone pétrolée. Témom : Grosses larves et nymphes très abondantes en amont et en aval de la zone pétrolée. Comme moyen de contrôle sur place, on a laissé pousser pendant quelques jours les herbes des bords du canal sur une longueur de 200 mètres ; les larves y ont pullulé aussitôt. II. Pas d’Aiiopliëlines adultes en été au village. Le 22 octobre (jour d’orage : vent et pluie venant du nord-ouest), irruption d’Anopbélines adultes dans les locaux de la gare (voir le plan). Successivement, ces Insectes envahirent les jours suivants les premières maisons du quartier ouest, puis les autres quartiers. Il est probable que les gîtes (non pétroles) producteurs de ces Anophélines ont été constitués parla partie du canal située au nord, à 1,800 mètres de la gare. Entre cette limite et la gare s’élèvent trois habitations : les distances respectives comprises entre la limite de la zone pétrolée, chacune de ces habitations et lagare sont de400, 300, 500, 600 mètres : ces habitations forment autant d’étapes successives qui ont pu permettre aux Anophé- lines d’envahir peu à peu les maisons de Mondovi. Témoins : Anophélines adultes extrêmement nombreux pendant tout l’été à la cave Guébar (3 kilomètres), ferme Belair (à 900 mètres), à la ferme Langlois (3 kilomètres) et à Barral- village (6 kilomètres). III. Sur une population européenne de 773 personnes, indi- gène de 543 personnes (22 nouveau-nés), 3 cas de première invasion en automne (1 adulte, 2 nouveau-nés). En automne, rechutes nombreuses, coïncidant avec une chaleur anormale. Témoins : Village de Barral, à 6 kilomètres au sud (3 nouveau-nés); 5 cas de première invasion (1 chez un adulte, 2 chez des enfants, et 2 chez des nouveau-nés). Ferme Gu. à 3 kilomètres au nord. 4 nouveau-nés, frappés tous 4 d’infection primitive. 1 cas d’hémoglobinurie chez un ancien infecté. Ferme Ch.de G. à 5 kilomètres environ au nord. 9 nouveau- nés, frappés tous 9 d’infection primitive. 419 ETUDES nu PALUDISME Ferme L. à 5 kilomètres au sud-ouest. 1 nouveau-né présente un cas de première invasion. Tableau des variations des rates à Mondom et à Barrai (témoin). A Mondovi, résultats bons, 30 améliorations contre 8 aggrava- ^ tions, m états stationnaires. A Barrai (témoin), au contraire, 1 améltorahon contre 3 aggravations, 14 états stationnaires. AMÉLIORATION Pas de MODIFICATION AGGRAVATION Redevenues normales. Diminuées. Restées normales. Restées de même grosseur. iDt) normales devenues hypertrophiées. Augmentées. A Mondovi 17 13 191 8 1 4 A Barrai (tém,). 1 )) 10 4 1 2 V. — 'Penthièvre. campagne, avec la collaboration du Pagès. 2 mesures sont appliqués: antilarvaires, quininisation. Résultats, — I. Maximum de Tâge des larves, constaté dans 1 intervalle des pétrolages : 20 jours. Témoins : Grosses larves et nymphes en dehors de la zone pétrolée. n Pasd’Anophélines adultes en été. Fin octobre, appari- tion de ces Insectes dans les habitations du village (les mesures antilarvaires avaient été très restreintes : 2 kilomètres de Ion- gueur). Témoins : Anophélines adultes très nombreux tout l’été à la terme. III. Sur 208 Européens (8 nouveau-nés), 2 cas bénins de première invasion (une grande personne et un nouveau-né). E examen systématique du sang permit seul de faire ce dernier diagnostic chez un nouveau-né qui ne présentait comme synaptome clinique, d’après la mère, que quelques bouffées de c aleur de temps en temps (grosses formes de la tierce henigne dans le sang). Témoins: Ferme au N.-E. à 12 kilomètres environ: (gîtes: mares d un ruisseau voisin) 1 cas au moins sur 2 Européens. 420 annales de L’INSTITUT PASTEUR Tableau des variations du volume de la rate chez les kabuants (réservoir de virus). Itésultats bons: 11 améliorations contre 4 aggvcivdtioufi, 34 étcits stcdionnüires. AMÉLIORATION PAS DE MODIFICATION aggravation Redevenues norm aies. Diminuées. Restées normales. Restées de même pTosseur. De normales devenues hypertrophiées. Augmentées. 7 4 28 6 3 1 Témoin : Village de Barrai. (Voir plus haut.) IL — PLAINE DE LA MITIDJA Voir les deux cartes qui suivent. I I. i I '1906 4Î2 ANNALES DE L’INSïlTUT PASTEUR Fig. 46. — Index endémiques de la plaine de Mitidja en automne 1906. ETUDES DU PALUDISME 423 42i ANNALKS DE L’INSTITUT PASTEUK PROPAGANDE Comme les années précédentes, on a distribué un grand nombre de Recommandations pour se défendre contre le palu- disme (illustrées); De Conférences ; De Petites Affiches (à signaler celles des cbemins de fer de TÉtat ) ; De Planches murales. Nous signalerons en particulier l’heureuse propagande faite par les instituteurs (par exemple M. Mattera, directeur d’école à Mondovi) et par l’inspecteur antilarvaire, M. Pellegrin, qui a su convaincre un grand nombre de personnes par ses démons- trations ingénieuses. Le Gouvernement Général a couvert les frais d’une série de Conférences, que nous avons faites à notre laboratoire, à Alger, à six médecins de colonisation, sur la Technique microscopique de l’étude du paludisme, et sur l’antipaludisme. Nul doute qu’en permettant ainsi à nos confrères de l’intérieur de venir se mettre au courant des techniques nouvelles, l’administration ne rende un grand service au progrès des conceptions scienti- fiques, et, par suite, de la pratique médicale elle-même. Sur la façon dont la tyrosinase agit sur la tyrosine racémique. Par mm. GABRIEL BERTRAND et M. ROSENBLATï Les expériences de Pasteur et, depuis, celles de beaucoup <1 autres savants, ont montré que les cellules vivantes peuvent se comporter d’une manière différente avec les deux compo- sants, droit et g'auclie, d’une substance racémique, par exemple, que le Pemcillum gJaucum consomme beaucoup plus vite le sel ammonical de l’acide tartrique droil que celui de l’acide tartrique gauche. D autre part, les faits découverts dans le domaine de la chi- mie biologique confirment chaque jour davantage la supposition que les cellules vivantes agissent sur la matière à. l’aide de réactifs particuliers ou diastases. Il fallait donc s’attendre à trouver une relation entre la structure de ces diastases et celle es composés optiquement actifs qu’elles ont pour objets d’atta- quer. A ce point de vue, E. Fischer a fait la première observation importante’. Il a trouvé que les divers glucosides naturels et arti iciels du sucre de raisin se laissent partager en deux séries apres la façon dont ils réagissent avec la maltase et avec emulsine. Tous ceux de ces corps qui appartiennent au type de 1 a-méthyl-glucoside sont bydrolysés par la maltase et résis- tent a 1 action de l’émulsine. Tous ceux, au contraire, qui sont construits sur le type du p-métbyl-glucoside sont bydrolysés par emulsine et restent inattaqués quand on les soumet à" l’action de la maltase. 11 semble que les deux ferments solubles aient une structure asymétrique différente, en rapport avec la struc- ture asvmétrique des glucosides a et p qu’ils sont capables d hydrolyser. nés faits analogues mais moins réguliers ont été signalés aussi par E. Fischer, en collaboration avec Bergell et avec Abderllal(lon^ dans l’hydrolyse des polypeptides par les dias- tases protéolytiques. 1. Zeischr. /*. physiol. Chem.. 1. XXVI, p 60 (1898) 426 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUll 11 nous a paru intéressant de rechercher dans les réactions oxydasiques s’il existait également une relation entre 1 activité du*^ ferment soluhle et la structure asymétrique de la substance soumise à la réaction. Nous avons lüilisé pour cela la tyrosine racémique ou d ty rosine, préparée suivant la méthode de Erlenmeyer jun. et llalsey' ainélioiée par E. Fischer*, en réduisant l’acide p-oxy- ï-benzoïlaminocinnamique par l’amalgame de sodium, puis en sanoniüant la d^-benzoïllyrosine obtenue avec de l’acide ch ory- drique. Sur cotte tyrosine de synthèse nous avons fait apr la tyrosinase, principalement sous forme de macération glycerinee de litusula QueleliiVv. L’expérience montre d’abord que la tyrosine racémique est complètement transformée en mélanine par la tyrosinase*. On a dissout 0s*,100 de dZ-tyrosine dans 50 cent. cub. d eau, ajouté 5 cent. cub. de macération diastasique et 5 gouttes de CaCF au dixième. Après 24 heures de contact, pendant lesquelles l’oxydation a été favorisée par le passage d’un courant d air, on a évaporé le liquide à consistance de sirop, ajoute plusieup volumes d’alcool et laissé déposer. La mélanine recueillie à la centrifuge et mise à bouillir, à plusieurs reprises, avec de l’eau' a donné, après filtration, un liquide presque incolore, ren er niant à des traces près, la tyrosine non attaquée. On a ramene ce liquide au volume de 40 cent, cnbes, puis on l’a additionne de tyrosinase (4 cent, cubes) et traité exactement comme la so ution primitive. Cette fois la transformation a été complète : le liquide d’épuisement du précipité mélanique n a donné par évapo ration aucun cristal de tyrosine'’ ; il n a fourni, d autre aucune réaction colorée ni avec la tyrosinase, ni avec le reacti de Millon. 1. Annal, d. Chemie, t. GGGVII. p. 138 (1899). 2. Bericht. Chem. Gesellsch., t. XXXII. p. 3638 (1900). n.rAître 3. Dans un mémoire de la Zeitschr. f. physiol. J (t. LIV, p. 337, 1908), Abderhalden et Gujrgenheim signalent que « y r Lon enœre observée avec certitude dans la nature, est attaquée aussi par ja sinase, cependant beaucoup plus tard que la Z-tyrosine. Il ^ ajoutent-ils, si la âf-tyrosine employée était tout a lait pu tablenient pas de /-tyrosine. » oinntp^ l’pan 4. Pour éviter qu’une partie de la mélanine passe en solution on ajoute a distillée un peu de chlorure de calcium, p. ex. un demi-miiiieme. 5. ILs seulement un faible résidu sirupeux formé des substances, insolubles- dans l’alcool, introduites par la macération glycerinée. 4i7 TYROSINASE ET TYROSINE RACÉMIQUE Au cours de cette transformation, il n'y a pas de séparation e la tyrosine droite d’avec la tyrosine gauche. L’oxydation diastasique porte, du commencement à la fin, avec la même intensité, sur les deux antipodes optiques. Nous 1 avons constaté en traitant la tyrosine racémique par une quantité de tyrosinase insuffisante pour tout détruire : la partie échappée à l’oxydation était encore racémique. L expérience a été faite avec trois grammes de d/-tyrosine. On a dissous la substance dans un litre etdemi d’eau bouillante, laissé refroffiir vers 30 degrés et ajouté 160 cent, cubes de macé- ration glycérinée de Russule. Cette macération avait été préala- blement additionnée de 10 0/0 de chlorure de calcium au dixième etfiltrée. D’après nos expériences préliminaires, le tiers environ de la tyrosine devait rester inattaqué. On a mis le mélange dans un bain maintenu à-f30 degrés et l’on a fait passer un courant d’air pendant 24 heures. L’oxydation étant alors terminée, on a concentré dans le vide, à consistance de sirop clair, ajouté 400 cent, cubes d’alcool à 96 0/0 et abandonné a a cristallisation pendant une quinzaine d’heures, en agitant de temps en temps. Le dépôt mixte de mélanine et de tyrosine a été recueilli par centrifugation, lavé à l’alcool à 80 0/0 et traité, à plusieurs reprises, par 1 eau bouillante renfermant quelques gouttes de* solution de chlorure de calcium. L’épuisement a été poursuivi jusqu à ce qu une petite partie du liquide filtré ne donnât plus aucune réaction colorée avec la tyrosinase. On a eu, en tout, près de 2 litres de liquide. Celui-ci a été amené dans le vide à 50 cent, cubes environ que l’on a mélangé d’un volume d’alcooL Apres quelques heures, on a recueilli à la trompe la tyrosine tout à fait blanche qui s’était séparée et, après l’avoir lavée avec de l’alcool à 20 0/0, on l’a séchée et pesée. 11 y en avait L eau-mère alcoolique avec le liquide de lavage ont été concentrés à nouveau dans le vide, à consistance d’extrait pâteux. On a ajouté de l’alcool à 30 0/0, afin de dissoudre le c ilorure de calcium et d’autres impuretés, puis on a filtré et ave comme ci-dessus le dépôt de tyrosine. On a recueilli ainsi encore 0»'-,132 de cristaux à peine colorés. Chacune dos deux fractions de tyrosine régénérée a été dis- 428 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR «oute alors dans Tacide clilorliydrique normal, en quantité suf- fisante pour faire 2o c. e. On a ajouté un peu de charbon de sucre, filtré et examiné au polarimctre, dans un tube de 0“,20 de longueur. Le pouvoir rotatoire a été rigoureusement nul avec 'd r-.es préparations fixées à l’alcool 7 :il 7*^ '®"C"®yles- sont ensuite colorées à la fucbsin l'^ 'fine pendani 1-2 minutes JJ. d. ™ ,:::;: cléairesf sur lesquel Jl77mto'^7s polynu- les macropliag-es n’offrant aussi bien que s=l.ïf£i;K~^ ultuie centrifugée). Des constatations nioindre que c.-j|,. de )» ac ses cultures par Leclainclie et Vallée P"'"’ '» toxicité ^,^"‘P,°'"'cela que, pour la plupart, j( „ic suif. ■^‘’''“"cniroh et ürassborger -crobes par ce„,rilugatio,r ,S-f t.-uf o" àf:! 28 43.4 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR mouvements, s’arrondir et devenir homogènes, les granula- tions se raréfient et se réunissent en un point, le noyau peid sa polymorphie, devient rond et clair et se présente comme une Lsicule vide au milieu de la cellule ronde. Sur les préparations colorées on voit la diminution du nombre des granulations, les lobes du noyau soudés en une masse arrondie aux contours peu nets, prenant mal les couleurs. Si on prolonge 1 action de la Fig. 3. — Bacilles accolés aux leucocytes. leucocidine ou bien si celle-ci est très prononcée, elle peut aboutir à une désagrégation presque complète du S'o^ule, qu devient extrêmement altérable par la pression meeanique.Par- fois, si l’on se sert d’une culture entière, on voit dégénérés entourés de bacilles dont aucun pourtant n entre dans la cellule, constatation quia été faite à propos du pneumocoque par Rosenow. Ces lésions rappellent tout à fait celles que pr duit la leucocidine staphylococcique et celle du bac. pyocya- Les mêmes modifications ont été constatées par Wolff dans certaines pleurésies humaines etpar Weil et Nakayama a propos de l’action de l’agressine du D. subUhs sur les leucocytes du L^description donnée plus haut se rapporte aux globules de l’nomaie. LEUCOCIDINES et HÉMOLYSfNES CHEZ LES ANAÉROBIES 435 l’homme ou de lapin, les g-lobules du cobaye ne présentant ciables'" PouTmettrt' morphologiques appré- p.r ce. t:„: rir™ * coques dans iin ^ ^ ajoutais une émulsion des staphylo- coques dans un sérum normal frais (de cobaye ou de lapin) et J examinais, apres un séjour d’une demi-heure'à l’étuve le^deeré lÎs ÎcSr*' f' rwberches de’ WrigW bules se traduit*'**^^ chaque altération des glo- phagocytose. ‘hmmution ou une disparition de la char1,l'\7mptortique 'éfÏ rechercher les cond ion, 1 . n" ’* duisent leur Lk ? ^ lesquelles ces bactéries pro- leur poison, et dans ce but je les ai cultivées d’après I • r JL v^uiiiroie. — - J iiunociires intacts. le. dlKrenie, ,„éi|,„,|e, pipettes en boule en faisant b> vide à ll i 7 ' 430 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR simple en tube étroit (d’après Rosentlial), soit en bouillon avec dos morceaux d’organes ou do pommes de terre stérilisés ou non (d’après Tarozzi, Wrzosek et Harras), soit en bouillon additionné de sang ou de sérum de cobaye, do lapin ou de cbevaloude liquide d’ascite liumain. On a aussi des résultats positifs avec les cultures aérobies de nos microbes en symbiose avec le B. subliUs ou B. pmligmm, d’après le procédé employé par Debrand pour la préparation de la toxine tétanique. Comme résultat général de ces investigations, je peux dire im’avec chaque procédé on arrive à obtenir une production de leucocidine et que l’abondance et la vitesse de cette production sont proportionnelles aux conditions de croissance et de vitalité que trouve le microbe dans la culture. Ce sont surtout les milieux additionnés de volume égal ou du cinquième de sang ou de sérum de cobaye ou de lapin qui se prêtent le mieux a la production de la leucocidine, en même temps qu’ils donnent un très bon développement microbien. Dans des conditions favorables on peut déjà, après 18 heures de culture, obtenir urie remarquable quantité de leucocidine, ce qui plaide en laveur de la thèse que la toxine est une sécrétion vitale du microbe, car il est peu vraisemblable qu’après un temps si court la désagrégation des microbes ait déjà ou heu dans la culture. Quant à la leucocidine staphylococcique, elle apparaît dans les cultures au quatrième jour. (Neisser et Wechsberg), celle du bacille pyocyanique a été constatée dans les cultures sur gélose de vingt-quatre heures, elle présente donc une analogie étroite avec notre poison. Le maximum de toxicité est atteint au bout de 5-10 jours de culture, selon la rapidité et la richesse de pullulation. L’activité de notre toxine est assez ■rrande, les cultures pouvant être diluées au 20S 40-* et même L 80' T, sans perdre leur efficacité leucocidique. Comme la leucocidine staphylococcique, notre poison leucocytaire est thermolabile; elle est détruite par un chauffage dune demi-heure à 50»- ho» C (la première température n étant pas toujours suffisante pour le détruire complètement. La leucocidine staphylococcique, d’après Neisser et W echsberg, est détruite par un chauffage de 20 à 50» C; cette légère différence t ient probahlement à ce que notre méthode est plus sensible ,|ue celle de ces auteurs, car elle met en jeu une quantité LEUCOCIDINES ET HÉMOLYSINES CHEZ LES ANAÉROBIES 437 beaucoup moindre de leucocytes et démontre encore la présence de traces de leucocidine. Notre leucocidine se conserve assez bien, SI on la garde en tube scellé, dans leipiel on a eu soin do taire le vide, et à basse température; de telle façon on peut voir son activité inaltérée, même après des mois, sans y ajouter d agent conservateur. J ai même observé que la leucocidine n avait pas disparu dans un tube de bouillon contenant un morceau de foie ou de rate do cobaye ensemencé depuis 2 mois en culture aérobie et gardé à la température de la chambre. La stabilité relative de la leucocidine des anaérobies la istingue de la leucocidine staphylococcique, qui s’affaiblit assez vite même à la glacière, pour disparaître définitivement apres quelque temps de conservation. L’action la plus nuisible sur notre poison est exercée parle contact de l’air; ainsi si l’on étalé le liquide en couche mince sur le fond d’un matras d Erlenmeyer et si on laisse pendant quelques jours à l’étuve de .1 1 C, la leucocidine devient complètement inactive. Il serait intéressant de voir si le poison inactivé de cette façon garde sa propriété d’entrer en combinaison avec les globules blancs sans les modifier, c’est là un pliénomène décrit pour différentes toxines par Ehrlich comme transformation de toxine en toxoïde Un peut mettre en évidence une telle modification de deux taçons : ou bien on démontre qu’il faut la même dose d’anti- toxine pour neutraliser une dose de toxine active ou affaiblie. U bien on constate, que la toxine inactivée a une action inhibitrice sur l’action de la toxine active. Mes tentatives dirigées vers ce dernier point sont restées sans résultat jusqu’à ce jour, tandus qu’elles ont donné un résultat positif quant à 1 liemolysine comme on le verra plus loin. Jus,|u’à présent nous nous sommes occupés de la leucocidine seulement comme d’un produit élaboré dans nos cultures, mais if est lacile de comprendre, que si elle n’était que cela, l’intérêt qui s attache à elle serait médiocre. La question prin- cipale est évidemment de savoirs! elle est aussi produite dans I animal infecte et si elle joue queh|ue rôle dans la pathogénie des infections provoquées par nos microbes. Si l’on examine à cet egard diverses descriptions anatomo-pathologiques de ces infections, on trouve parfois mentionnées des lésions des leu- cocytes, sans que les auteurs y insistent beaucoup. Ainsi dans ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR 4:{8 l'étude magistrale du cliarbon syniplomatique donnée par Arloing, Cornevin et Thomas nous ti'ouvons notés (( des amas, de globules rouges ou de leucocytes ratatinés » (p. 50) et « une poche remplie de pus grumeleux ou de cellules lympha- tiques mortes )) (p. 52). Rulier en introduisant du premier vaccin du charbon symptomati(jue sous la peau des lapins, trouve que <( beaucoup des leucocytes ont péri dans la lutte, comme on le voit clairement d’après les signes de dégénéres- cence qu’ils manifestent » (p. 677). Naturellement on ne trouve pas toujours cette destruction ou dégénérescence des leucocytes, divers facteurs entrant en jeu. Tout d’abord la virulence du microbe infectant et l’intensité du processus local, qui en dépend, peuvent se traduire par l’apparition ou la non appari- tion de ces modifications comme on le verra plus tard. Ensuite, il ne faut pas oublier que la sensibilité des leucocytes des diverses espèces animales varie et, en conséquence aussi, le degré des lésions qu’ils offriront. Nous avons vu que les leucocytes de cobaye qui ne pré- sentent que très rarement des lésions morphologiques mani- festes sont néanmoins influencées par la leucocidine. Enfin et c’est là une circonstance de très grande importance — les choses ne se passent pas in vivo comme dans le tube à essai; les leucocytes étant doués d’une grande sensibilité vis-à-vis des agents, qui menacent leur vie, peuvent se soustraire à leur action, grâce à la chimiotaxie négative exercée par les agents. Or, s’il y a une production de leucocidine par le microbe infectant, même en petite quantité, il faut s’attendre à ne pas trouver de leucocytes au lieu de l'invasion et de multiplication microbienne, ou à n’en trouver que très peu là où la concen- tration de la leucocidine est trop faible pour enrayer l’afflux leucocytaire. Mais si d’un côté, dans l’organisme infecté, les leu- cocvtes ne sont pas forcés de subir l’action délétère de la leuco- cidine à laquelle ils sont al)andonnés in vitro sans pouvoir la fuir, d’un autre côté, le poison même ne reste pas libre comme dans notre tube, mais peut être fixé par le tissu environnant ou résorbé par voie lymphatique ou sanguine — c’est là ce qu’on observe à la périphérie du foyer de multiplication des microbes. Malgré cette multiplicité des facteurs onremarque, en général, dans les infections avec nos microbes, T absence des LKUCOCIDINES ET HÉMOLYSINES CHEZ LES ANAÉROBIES 439 leucocytes au niveau des lésions pathologiques, si du reste inlec ion est assez forte, le microbe assez virulent (la virulence étant liée a la production de leucocidine, comme nous allons le voir). (Rogowitsch, Hibler, Karnen.) En dehors de ces preuves indirectes de la production de leu- coedme dans l’organisme infecté (dégénérescence ou absence ( es leucocytes), on peut aussi en fournir une directe Si l’on recueille i’e.xsudat, le plus souvent sanguinolent, d’un cobaye ayant succombé à une infection sous-cutanée ou intrapé- 11 onta e e nos microbes, on y peut découvrir la présence de leucocidine en le mélangeant in vitro avec les leucocytes lavés, comme nous l’avons vu plus haut avec les cultures. ^ Il reste encore un point de grande importance à élucider : c est le rapport entre la production de leucocidine et la virulence de nos microbes. Dans mes recherches j’ai étudié sept échantillons de diverses provenances : le vibrion septique B et G de la collection de ^steur (qui mont été obligeamment fournis par • * 1 je tiens à remercier ici chaleureusement), R (que .je ( ois a 1 amabilité de .W. le docteur Rosenthal), K (de Kral à U iT' c'‘arbon symptomatique, B et V de la lection de 1 Institut, Z de la collection de l’Institut d’hygiène et de bactériologie de Cracovie. ^ Parmi ces sept échantillons, trois ont d’emblée produit de la ucoci me tans leurs cultures aussi bien que dans l’animal, les qua re autres en étaient dépourvus. Comme ces quatre échantillons étaient de vieilles cultures de laboratoire, très peu virulentes, j ai résolu d’e.valter leur virulence par des passages réitérés sur le cobaye, en commençant par l’injection de larges doses de cultures. ' ° En effet, j’y ai réussi avec trois échantillons, le quatrième l e vibrion septique de Kral) a résisté à tout essai d’exaltation Ile virulence. Or, en même temps les trois échantillons ont acquis (ou récupéré?) la faculté de produire la leucocidine d’a- lord m ritro et ensuite aussi dans les cultures, tandis que l’é- lanti Ion avirulent n’y est pas parvenu. Un fait analogue a été (onstate chez le staphylocoque par Neisser et VVechsberg; ces l'irdp'^* réussi à restituer, par quelques passages sur le . 1 m, son pouvoir leucocidique à un échantillon, qui. à la suite 440 ANNALKS DE L’INSTITUT PASTEUR d’un long séjour dans les milieux artificiels, avait presque com- plètement cessé de produire la leucocidine. D’après ces expériences on peut déjà établir un rapport étroit entre la virulence et la production de leucocidine chez nos aérobies et attribuer un rôle important à cette production dans la pathogénie de l’infection. On comprendra facilement qu’un microbe, qui s’est introduit dans un organisme, ne parviendra à l’infecter qu’à condition de combattre avec succès les forces de défense de cet organisme tendant à le détruire ou à l’élimi- ner. Or, comme les leucocytes, en détruisant les microbes par la pliagocvtose et en neutralisant leurs poisons, sont un des prin- cipaux moyens de défense, il va sans dire qu’un microbe sécré- tant un poison qui tue ces leucocytes et entrave leur arrivée par chimiotaxie négative, parviendra plus facilement à s’établir dans un organisme à infecter, qu’un autre de la même espèce, qui est dépourvu de telles armes. En effet, il y a une série de recherches très ingénieuses qui démontrent d’une façon probante l’importance de la chimiotaxie négative dans les infections anaérobiques. Ainsi, Yaillard et Vincent ont trouvé que les spores tétaniques bien lavées ou chauffées à 6è° et , parlant, privées de leur toxine ne provoquent pas de tétanos chez les animaux sensibles, tandis que si on leur ajoute leur toxine ou un autre agent provoquant de la chimiotaxie négative des leucocytes, on voit la maladie se déve- lopper. Ils expliquent ce fait par l’action chimiotaxique négative de la toxine, qui est détruite à bo® G. Eps recherches de Besson ont confirmé ces résultats quant au vibrion septique; seulement ici il faut chauffer la toxine à 8o° pendant 2-3 heures pour changer sa chimiotaxie négative en positive. Très intéressante est à notre point de vue la consta- tation de Besson, que l’infection par le vibrion septique peut être facilitée si Ton associe à une dose du vibrion, inefficace par elle -même, du staphylocoque doré, mais à condition qu’il vienne d’être isolé de l’organisme infecté. Or, nous savons qu’un tel staphylocoque produit de la leucocidine et c’est prohlablement par intervention de la chimiotaxie négative provoquée par -celle-ci que Tinfection devient possible. Des constatations ana- logues ont été faites par Leclainche et Vallée à propos du LEUCOCIDINES ET HÉMOLYSINES CHEZ LES ANAÉROBIES 441 bacille du charbon symptomatique ; les spores privées de leur toxine sont bien supportées en grandes quantités, tandis qu’en leur ajoutant de la toxine ou de l’acide tartrique on arrive à faire succomber les animaux. Cette toxine exerce aussi une chimiotaxie négative, qui, par un chautfage de 2 heures à 70»- 75» C., est changée en positive. Il est cependant important de remarquer une certaine divergence entre mes résultats relatés plus haut et ceux que je viens de résumer; tandis que dans mes expériences l’action leucocidique des cultures disparaît après un chaulTage d’une demi-heure à 50-55» C., il faut les chauffer a 70-8t)» pour faire disparaître l’action chimiotactique négative. La différence n’est peut-être, du reste, qu’apparente, car il pourrait s agir ici de deux fonctions d’une même substance, qui offrent une sensibilité différente vis-à-vis de la chaleur. Le rapport qui existe entre la production de leucocidine et la virulence des anaérobies, ainsi que le rôle qu’elle joue dans lapathogénie de l’infection anaérobique, la rapprochent beaucoup des « agressines », dont l’existence et l’importance patholo- gique ont été tant discutées dans ces temps derniers. On sait que par ce nom (créé par Kruse) Bail et ses élèves désignent ■des substances sécrétées par les microbes dans l’organisme infecté, dont la qualité essentielle serait de neutraliser les moyens de défense de cet organisme et surtout d’enrayer la phagocytose. Injectée en même temps qu’une dose inférieure à la dose minima mortelle du microbe qui l’a produit, l’agressine rend 1 inoculation mortelle, l’infection légère ou moyenne devient grave en sa présence. Or, d’après cette définition, la leucocidine décrite plus haut entrerait dans le cadre des « agres- smes » et comme telle devrait être rapprochée de celle du sta- phylocoque du bacille du foin, dont l’action est probablement aussi celle d’une leucocidine. Seulement il y a lieu de faire quelques remarques sur ce point. Notre « agressine » est pro- duite non seulement m vivo, comme le prétend Bail, qui fait de cette propriété un attribut essentiel de son corps nouveau, mais aussi dans les cultures et, ce qui est encore plus intéres- sant, dans les cultures au maximum de leur vitalité. (Elle ne serait pas un produit de macération et de désagrégation, comme ('S (( agressines arti/icielies )j de Wassermann et Bruk). Des constatations analogues ont été faites par Lévy et Fornet, qui 442 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ont pu démontrer une action a agressique » de cultures typhiques et paratypliiques filtrées après 24 heures. Notre a agressine » est de plus toxique (ou au moins accompagnée par une toxine), comme il résulte des recherches de Roux, Duenschmann, Leclainche et Vallée, Schattenfroh et Grass- herger et des nôtres ; cette toxicité des a agressines », contestée d’abord par Bail et ses collaborateurs, a du reste été constatée à propos du bacille dysentérique (Bail et Weil), du staphy- locoque ( Bail et Kikuchi) et tout récemment du bacille typhique (Bail). Je ne pourrais dire, pour le moment, si l’on doit con- sidérer l’action leucocidique comme une fonction de la toxine ou si elle est due à un corps différent. Comme la symbiose avec des divers germes aérobies joue un grand rôle dans la pathogénie des infections expérimentales et probablement aussi spontanées, il serait très intéressant d’établir le mécanisme de cette action favorisante. Vaillard et Vincent pensent, que le micr. prodigtosns, en provoquant une phagocytose intense, détourne les phagocytes des spores téta- niques et de telle façon rend possible l’infection. Cette explica- tion se trouve corroborée par l’expérience de Besredka, d’après laquelle les leucocytes bourrés de grains de carmin refusent de phagocyter les cristaux de trisulfure d’arsenic, dont ils s’empa- rent énergiquement dans des conditions normales. Mais à côté de cette action il est possible que les microbes favorisants affaiblissent ou annihilent la phagocytose par une action leuco- cidique. Le staphylocoque doré que nous trouvons parmi ces microbes est producteur d’une leucocidine (Besson remarque que seulement les échantillons qui viennent d’être isolés de l’organisme infecté jouissent d’une action favorisante, ce qui concorde bien avec la constatation de Neisser et Wechsberg, que ce sont justement ceux qui produisent la leucocidine); Helly trouve une action leucocidique aux cultures filtrées du bac. de Friedlaeniier, AVeil et Nakayama aux « agressines » du bac. siibtilis. D’autres microbes tuent probablement les leucocytes, non par des leucocidines du type des ectotoxines, mais par des endotoxines, c’est-à-dire par des leucocidines qui sont mises en liberté par la digestion phagocytaire du microbe. Ainsi j’ai pu remarquer que si l’on ajoute in vitro une émulsion du micr. prodigiosus à des leucocytes et ensuite une émulsion des sta- LE U(.OCI DINES ET HÉMOLYSINES CHEZ LES ANAÉROBIES 443 pliylocoques (sensibilisés), il y a une pliagocytose intense des coccobacilles mais, les coques ajoutés ultérieurement restent 1 res, tandis que les leucocytes normaux s’en bourrent com- p etement. Le même piiénomène se passe si, au lieu du inicv, prodigmms, on prend le pneumobacile de Friedlaender. C’est a la même action endotoxique des microbes phagocytés, qu’il faut attribuer la dégénération des leucocytes après ingestion U ac. typhique et du vibrion cliolérique, décrite tout récem- ment parNeufeld et Hüne, l’action leucocidique du bac. pyocya- nique trouvée par Metclinikoff et Glieorghewsky, celle du coli- acille décrite par Beattie, celle du bac. morveux tué signalée dans ce temps dernier par Cüntacuzène et Riegler et peut-être aussi celle qu’on a observée après la phagocytose du bac. de ocli (Borrel, Maurel, Calmette). 11 me semble très probable que cette action leucocidique des endotoxines joue un rôle important dans la pathogénie des diverses infections. Apres avoir constaté la production de leucocidines chez nos- anaerobies, il était indiqué de rechercher si on peut neutraliser son action soit par un sérum normal, soit par un sérum Spécifi- que obtenu par immunisation avec notre toxine. Contrairement a ce qui a été constaté pour la leucocidine staphylococcique, je- n ai pas trouvé d’action antileucocidique au sérum normal de lapin ou de cheval, même en proportion de 20 volumes de sérum pour 1 volume de toxine, après un contact de .3 heures à la température de la chambre. Par contre, le sérum de cobaye normal offre parfois (mais pas constamment) un pouvoir neu- trahsant assez remarquable. L’immunisation des lapins contre notre poison est assez difficile, les cultures étant très toxiques- et mal supportées (même les cultures âgées de 50 jours). C’est a cause de cette circonstance que je n’ai réussi à faire suppor- ter des doses moyennes de toxine, qu’à deux lapins, dont un seulement a tourni un sérum actif vis-à-vis de notre leucocidine (et en meme temps antitoxique). Ce lapin a reçu trois injections- intraieineuses de culture du bac. de charbon symptomatique; son sérum pris avant les injections et conservé dans une pipette scehee s’est montré inactif dans les conditions indiquées plus- liaut ; après l’immunisation il neutralisait la leucocidine en pro- portion de 2 volumes de sérum pour 1 volume de toxine, mais non a parties égalés. Ce qui est remarquable, c’est ifue ce sérum. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR UA obtenu avec la toxine du bac. du charbon symptomatique neu- tralisait aussi, et dans les mêmes proportions, la leucocidine du vibrion septique. Il serait naturellement prématuré de con- clure de cette expérience unique (jue les leucocidines de nos deux espèces anaérobies sont identiques (des faits analogues ont été constatés par Zupnik et par Kraus et Pribram à propos des vibrions choléroïdes) ; toutefois ces expériences méritent d’être répétées plus exactement qu’il ne m’a été possible de le faire. L’expérience suivante a été faite pour voir si le chauffage d’un mélange de leucocidine et d’antileucocidine peut dissocier leur combinaison. Expérience. — Un mélange à parties égales de leucocidine du charbon sympt. et de sérum de lapin antitoxique reste 1 heure 1/2 à la température de la chambre, ensuite les mélanges suivants sont préparés, auxquels on ajoute, après 30 minutes de contact, une partie égale d’une émulsion de globules blancs humains; le résultat quant à l’action leucocidique est noté après un •séjour d’une heure à l’étuve. 1. 5 vol. [Toxine -f Sérum ûii] -f 1 vol. de sol. physiol. — dégénération intense. 2. if vol. [Tox. + Sér. àà chauffé pendant 13’ à 60o C.] + 1 vol. de sol. physiol. — j)as de dégénération. 3. 3 vol. [Tox. + Sér. àà chauffé pendant 13’ à GOo G.] -f 1 vol. de toxine. — dégénération intense. 4. 3 vol. [Tox. 4- Sér. àà chauffé pendant 15’ à 60'^ C,] + 1 vol. de tox. .dil. 1/2 — dégénération intense. 3. 3 vol [Tox + Sér. àà chauffé pendant 13’ à 60o C.] + 1 vol. de tox -dil. 1-4 — p>is de dégénération . 6. 3 vol. de sol. physiol. -|- 1 vol de toxine — dégénération intense. 7. 3. vol. de sol. physiol. -f 1 vol. de tox. dil. 1/2 — dégénération intense. 8. 3 vol. de sol. physiol. -f 1 vol. de tox. dil. 1/4 — dégénération intense. Cette expérience démontre qu’un mélange de leucocidine et d’antileucocidine contenant un excès de la première (voir tube ï) devient antitoxique par un chauffage qui détruit la toxine; toutefois l’effet est très modéré et ne restitue qu’une partie bien faible d’antitoxine contenue dans le mélange. Après avoir constaté la production de leucocidine par nos deux anaérobies, il était indiqué de rechercher s’ils produisent des hémolysines. En effet, deux autres anaérobies, le bac. tétanique et le Bac. per fr ingens (Bac. d’Achahne, Bac. phlegmones enipkyse- matosœ Fraenkel-Welcb), produisent aussi des hémolysines ^(Ehrlich, Kamen). De plus, la coloration rouge des épanche- LEUCOCIDINES et HÉMOLYSI.NES CHEZ LES ANAÉROBIES 445. ments est un des symptômes caractéristiques de la ffauffrène gazeuse et au charbon symptomatique. Mes e.xpériences ont complètement confirmé cette prévision en démontrant un^ pi oduction très nette des hémolysines, aussi bien in vitro qu’ta Pour mettre en évidence l'bémolysine, je me suis- serv, de deux méthodes; la première a été décr.te'à propos d" recherche des leucocidmes, les tubes de Wright TlTrant avantage qu on peut à la fois constater l’action bémol vfique t Jeucocd.que; on peut aussi se servir d’une émulsion plus- ^0/0 ^ exemple à 20 o/ou. 10 0/0. Pour cette recherche, il vaut mieux se servir de tubes capdlaires plus larges qu’à l’ordinaire et les maintenir debout jusqu’à la fin de l’expérience, c’est-à-dire pendant -0-24 heures. S il s agit d’avoir des résultats plus exacts on se servira de préférence de la méthode ordinaire qui consiste à mélanger une émulsion à 5 0/0 des globules lalés avec une quan ite égalé de culture entière ou diluée, et de noter les résultats apres 2 heures d’étuve et après 24 heures de séjour a la température de la chambre. ^ Quant aux conditions de la production d’hémolysine om Z clTuU ‘"“‘-'il leucocidine; out cc qui a une influence sur l’apparition et la richesse de la peut la constater dans les cultures obtenues suivant les une sensibilité variable vis-à-vis de notre hémolyTine tm! liste par ordre décroissant de sensibilité : globules^lu cobaye e. la souris, du rat, de l’homme, du lapin, du cheval îu euf, de la pople, du mouton. Les dilférences de sensibilité . le, ainsi par exemple pour provoquer l’hémolyse com- p te d un centimètre cube de sang de mouton à S 0/(1 ‘ il fallait lu. ajouter I c. c. de toxine, tandis que pour hémolyser corn pie ernent la môme quantité de sang de cobaye, il a suffi de m i ce qui fait une sensibilité 'S P us grande. Cette dilférence vraiment émorme peut 446 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR otre expliquée de deux façons différentes; ou bien il y a une liéinotoxine lioino^éne et les différentes espèces des globules l’absorbent d’une façon différente selon leur avidité pour elle, ou bien notre bémotoxine est composée des différentes toxines partielles, qui agissent sur les différentes espèces des globules, et s’y trouvent dans des proportions très différentes. L’expé- rience suivante permet de répondre à cette question : on ajoute à une quantité d’bémolysine des globules lavés de mouton, après un contact d’une heure on centrifuge, on décante le liquide surnageant, on lui ajoute une nouvelle portion de globules, on centrifuge et décante le liquide pour la seconde fois et l’on répète la même manipulation encore une fois. Le liquide décanté après la troisième centrifugation est ensuite évalué, quant à son pouvoir hémolytique vis-à-vis des globules de mouton et de cobaye, et ces valeurs sont comparées à celles de la toxine originaire non absorbée. Si l’bémotoxine est unique, l’absorption aura produit une diminution propor- tionnelle du pouvoir hémolytique pour les deux espèces de sang ; si au contraire il y a dans ITiémotoxine une série des toxines partielles, l’absorption épuisera le pouvoir hémolytique pour le sang de mouton, le laissant plus ou moins intact pour le sang de cobaye. C’est cette dernière éventualité qui se trouve vérifiée par l’expérience suivante. Expérience. — A. li(|uide décanté après la troisième absorption de Phé- molysine du charbon sjmtomatique par les globules lavés de mouton. B. Ilémolysine non absorbée. Tous les tubes reçoivent de quantités variées de A ou de B 0,1 c. c. d’é- mulsion de globules lavés à 50 0/0 et on ajoute la quantité d’eau physio- logique nécessaire pour faire un volume de 2 c. c. Résultat hémolytique après 2 heures à 37o G. et après 24 heures à la température de la chambre. Hémolyse ; c. = complète, p. c. = presque complète, f. = forte, fai. faible, t. = trace, n. = nulle. LEUCOCIÜINES ET HÉMOLYSINES CHEZ LES ANAÉROBIES 447 otjanttté- GLOBULKS LAVÉS DE de 1 Mouton. Rat. Homme. j Cobaye. ■1.9 n. n . C. C. C. c. C . c. 1.0 II. n. C, C. C. c. C. c. O.K 11. n. C. C. C. c. C. c. A 0.2 — — P. C. C. fai. c. c. c. J 0.1 - - f. f. t. p. c. c. c. ' O.Oo — — l’îU f. n. f. p- c. c. 1 0.02 — — — — — — fai . p. c. 1 ^ 0.01 — ' — — — — — 1.9 t. c. c. / C. c. c. c. c. 1.0 t. f. c. c. c. c. c. c. 0.5 n. f . c. c. c. c. c. c. B 0.2 — ~ c. c. c. c. c. c. i 0.1 — — p. c. c. p. c. c. c. c. 0.05 — — fai. f. f. c. c. c. 1 0.02 — - n. fai. n . f. p. c. c. 0.01 — - 1 — — - f. p.C. Con- j trole, 1 0 n. n. n. R. n. t. n. n. Nous trouvons donc qu’après contact avec le sang de mouton le pouvoir hémolytiijue vis-à-vis de ce sang est complètement épuisé, tandis qu’il n’est presque pas diminué vis-à-vis des trois autres espèces des globules. Des constatations analogues ont été faites par Todd à propos de la mégatliériolysine et par Volk et Lipscliitz à propos de la staphylolysine. La sensibilité de notre liémotoxine vis-à-vis des facteurs physiques et chimiques la rapproche des autres hémolysines thermolabiles, telles que la staphylolysine, et est essentiellement identique à celle de la leucocidine de nos anaérobies, ou môme encore^plus grande. L’iiémolysine est détruite par le chauffage a oO» o.j» C. par le contact de l’air et par l’action prolongée 448 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR de la température ^.Je la chambre; meme à la glacière elle s’affaiblit peu à peu, tandis que la leucocidine est très bien conservée à cette température (c'est le contraire qui a été observé par Neisser et Wecbsberg h propos de Tbémolysine et de la leucocidine staphylococcique). Une bémolysine inactive par un séjour de 3 jours à Tétuve acquiert la propriété d’en- traver Taction hémolytique de la toxine active ; le résultat est le même si l’on ajoute aux globules, d’abord la toxine inactivée et ensuite la toxine active (a), ou si l’on mélange en même temps la toxine active et inactive aux globules (b), comme le démontre l’expérience suivante : A Tox. Inact. Sol. physiol. Sang 50 0 '0. Après 2 h. 37\ Résultat. 1.9 0 0.1 n . n. t. 1.0 0.9 0.1 II. t. lai. O.o 1.4. 0.1 n. ^ s ^ f. 1-. c. 0.2 1.7 0. t n. rf a - - ® ri p.c. c. 0.1 l.« 0.1 n. 5 c. c. 0 J .9 0.1 n . — O “3 c. c. B Tox. inact. Tox. act. (1/4). Sol. physiol. Sang 50 0 0. Résultat. 1.9 0.1 0 0.1 n. t. 1.0 0.1 0.9 0.1 t. fai. 0.5 0.1 1.4 0.1 f. f. 0.2 0.1 1.7 0.1 p. c. p.c. 0.1 0.1 1.8 0.1 c. c. 0 0.1 1.9 0.1 c. c. 0 0 2.0 0.1 n. n. Si la toxine est inactivée par la chaleur, l’action inhibitrice est moins nette : Expérience : Toxine du bac. de charbon symptomatique active. La même chauffée à 56‘> pendant 30'; émulsion de globules lavés de cobaye à 50 0/0. Tox. inact. Sol. physiol. Sang 50 O/ô Après 2 h. 37°. Rési 1 .9 0 0.1 n. -• I. 1.0 0.9 0. l n. -s p.c. 0.5 1.4 0.1 n. O ^ •—5^/3 O C. 0.2 0. l 1.7 1 .8 0.1 0. l n . n . CO — c";; " C. c. 0 1.9 0.1 n . c . Ces faits démontrent que l’inactivation transforme l’hémo- lysine en une modification privée de l’action spécifique sur les globules, mais gardant encore l’affinité pour eux; si une le.coc,oin.s et hémolvs,.es chez ees ak.euob.es 44. SCi la est entravée totalement ou pLtiel emènî c" '’l'émolyse peuvent fixer un erané pv!?' im - î^' ’es globules empêchante de mod ."e s (*^0 fois plus grande eue cel e . ^ '•ience relatée) ce nui se . l’«^Pé- tatés à propos d’a«’ solution physiologique pour établir lartont ? ^ de la seconde série on ajoute les rnT^s "" m de 0,1 c. c. toutes les tO'- après on r ri"'"' ' ®nng, mais en dose complète dans tous les tubes de la nreîmf • '^'l^olyse ■l«ilo sculci,,,, ,’„ l 'lit. n'cjl pas pro- «u>8i « m,, au.,,- km ,lL, i. '* un po.i.i .mporlanl, 29 450 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR rnctlre en évidence in vitro. D’un autre côté, il est bien connu, nue la teinte liéinorragique provenant de l’hemoglobine c issou e est un des signes caractéristiques anatomo-pathologiques e a o-angrène gazeuse et du charbon symptomatique. On ne con- maissait pas jusqu’ici d’infection naturelle dans laquelle on pourrait constater l’action des bémolysmes, qu’on démontré si facilement in vitro (l’hémolyse streptococcique s observant seu- lement dans l’infection expérimentale du lapin. ^ Je ne peux pas être d’accord sur ce point avec b rom, qui, dans une note récemment publiée (Compt. Rend. Soc. e lo . 1907 no 8), déclare eue « les anaérobies n’entrainent pas d extra- vasation globulaire notable et consécutivement pas de diapé- dèse leucocytaire ... La première thèse est en contradmt.on avec l’expérience anatomo-pathologique, l’autre est juste, mais s’explique bien plus facilement par l’action chimiotaxique négative de la leucocidine de nos anaérobies, comme nous avons cherché à le démontrer plus haut. La production de l’hémolysine, de même que celle de la leucocidine, est liée à un degré de virulence du microbe; parmi mes 7 échantillons, 3 seulement ont d emblee produit l’iiémotoxine, 3 autres ont acquis cette propriété en meme temps que la virulence par des passages sur e co aye, e dernier est resté avirulent et privé de la production d hemo y- sine et de leucocidine. Un tel rapport entre la virulence et a production d’Iiémolysine a été constaté chez le bacille pesteux par Ravbaud, chez le bacille pyocyanique par \\assermann, chez le streptocoque par Marmorek, Schottmuller, Kerner, Meyer et chez le bacille diphtérique par Scinvoner. Quant à la question de savoir si hémolysine et leucocidine ne sont qu’une substance unique, ou bien si elles sont deux corps à part, je ne peux pas pour le moment me prononcer d’une façon décisive. Toutefois, faut-il remarquer que, quoique paraissant liées ensemble, elles no le sont pas d une façon LbsDlue. Ainsi, pendant les passages sur lé cobaye des échan- tillons peu virulents, j’ai vu l’hémolysine apparaître plus tôt nue la leucocidine. Au contraire on arrive, dans les cultures vieillies, à démontrer l’existence de la leucocidine, tandis que l’hémolysine est complètement inactivée, ce qui prouverait une certaine indépendance de ces deux fonctions. A cote de hemo- leucocidines et hémolysines cez les anaérobies ilématies; si riiëmoîyTe'^élt urpeu^fem^^ hules tomber en grands amas au fond du court, parfois même dans les tubes o,' I est trop petite pour provoquer même une"tJL"e dÏ tefois, sans entrer dans li .• “ bemolyse. Tou- bidentitédes bémolysines el dTsZZ"’ T" il faut retenir qu'une hëmofnx’ ' ^^cl^‘riennes, un séjour de 3 jours à l Auve " par peut encore très nettement a^gX: lef^Lf ^ peut ausrêt™uL!I?p\Ît"°'^''"? """drobies dans des sérums normaux oLans -"‘enue ou adrums normaux de iZ spécifiques. Les exercentuneactionaSTm;] tvr;" d- pdrience suivante démontre q^ele rés"ulut de nre:™:;:irrmSLïiTtr-‘^^ ncu,™ „„„ fc. si,,!»!,, r„ t r'7'" »' pour des globules plus sensibles ’/ ^ nettement toxique 43 -2 annales de L’INSTITUT DASTEUH Le srruin spécifique obtenu par immunisation a une action neutralisante beaucoup plus nette. C’est le même sérum dont nous avons parlé plus haut à propos de 1 antilcucocidinc Les cultures qui ont servi pour l’immunisation de ce lapin étaient presiiue inactives au point do vue de l’hémolyse, ce qui prouve îme la modification inactive de l’bémolysino, dont nous avons parlé plus haut, a gardé son affinité pour les éléments dont dérive l’antihémolvsine. Le même fait a ete démontré, quant a la vihriolvsine, par Volk et Lipschütz, tandis que ni eux, ni Ncisser et Wechsberg n’ont réussi à obtenir une antistaplnlo- Ivsine par des injections d’une stapbylolysine inactivee. , Le sérum de ce lapin, comme celui de à autres, que nous avons évalués, était presque inactif avant le début d injections, après 3 injections il neutralisait la toxine à raison de 2 volumes pour 1 volume de toxine. Ici, comme pour le sérum normal, le temps de contact entre l’hémolysine et l’antihémolysine ne joue aucun rôle, quant au résultat de neutralisation; celui-ci reste le même, si au mélange des deux substances on a^joute les globules après 80', 48', 30', 3' ou même si I on mélangé les trois à la fois. Par contre je n’ai pas réussi, avec mon sérum, à guérir les globules déjà empoisonnés, c est-a-dire d’empêcher l’hémolyse si j’ajoutais l’hémolysine aux globules et après 7,13 30 minutes, le sérum antitoxique. Si l’on chauffe un mélange d’hémolysine et d’ antihémolysine contenant un excès de la première substance, à une tempéra- ture qui détruit l’bémolysine, le mélange devient antitoxique, c’est-à-dire qu’il acquiert la propriété de neutraliser de nouvelles doses d’hémolysine ajoutées ultérieurement. N oici les details de cette expérience : Expériexce - En mélange de toxine du vibrion septique et de sérum antboxinue (parties égales) est distribué par 2 o. c. dans 2 séries de 4 tubes^ La lérie 4 reste telie, la série B est chauffée à 60» pendant 30'. Ensui e on ajoute partout des quantités différentes de toxine active, apies u heure de cLtact à la température de la chambre, on ajoute encoie une tmision de .lobules humains lavés à oO 0/0. Les résultats sont notes apres 2 heures d’étuve et après 24 heures à la température de la chambie . LEUGOCfDINES ET IIÉMOLYSINES CHEZ LES ANAEROBIES 453 Toxine. Sérum. Sol. phys. Toxine. Sang. B 1.0 1.0 0.1 0.8 1 0.1 c. c. fai. f. (1) 1.0 1.0 0.5 0.4 0.1 c. c. n. n. (2) 1.0 1.0 0.7 0.2 0.1 f. p. c. n. n. (3) 1.0 0.9 0. 0.1 f. p. c. n. n. (4) 0. 0. 2.7 0.2 0.1 j c. c. _ 0. • 0. 2.9 0 0.1 1 I n. n. — — La colonne A montre que le mélange non chauffé jouit aussi des pro- priétés antitoxiques bien que toxique par lui-même (comparaison des tubes 4 et 3), ce qui concorde avec les constatations d’Ehrlich et de Üanjsz; quoi- qu’on ajoute ici au mélange une dose hémolytique complète, le résultat ne change pas. La comparaison des tubes 2, dans les 2 séries, montre pourtant que 1 action antitoxique du mélange chauffé est plus grande que celle du mélange non chauffé : ici le résultat change déjà dans A, il reste le même dans B. Le temps de contact entre l’hémolysine et l’antihémolysine avant le chauffage n’a pas d’inlluence sur le résultat. Quelques autres anaérobies que j’ai pu me procurer, le bac. hotalinm van Ermeng-hem, le putrificiis de Bienstock, ainsi que deux saprophytes de l’intestin du cobaye et du lapin se sont montres incapables de produire de la leucocidine et de Tliemo- lysine. En terminant ce travail, je remplis un agréable devoir en remerciant chaleureusement M. Metcbnikoff pour l’hospitalité avec laquelle il m a ouvert son laboratoire et pour sa bienveil- lance continue. Avril 1907. BIBLIOGRAPHIE Arloing, Corn'evlv, Thomas, Le Charbon bactérien, Paris, 1883. Bail, Arch. f. Hyg. XXX, p. 348-371. Beattie, Journ. of Path. u. Bact., ATH, p. 129-176. Besredka, CCS Ann., XIII. Besson, ces Ann., IX, p. 179-198. Borissow, Ziegl. Beitr.,\\l. Borrel, ces Ann., VU. Calmette, Tuberculosis, V, p. 497. Cantagüzène et Biegler, ces Ann., XXI, p. 194-210. Centanni, Bif. med., 1902. CuFFio, Fol. haematoL, 1906, p.29. Derrand, ces Ann., XV, p. 738. Denys et Van de Velde, Cellule XI. 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L extrême rareté des cas de peste sur les médecins et sur le personnel des hôpitaux dans l’Inde prouve i,icn qu’il en est ainsi. Il est bien établi aujourd’hui que les épidémies de peste umaine sont précédées et accompagnées d’une grande morta- ité sur les rats; la maladie sévit d’abord sur ces rongeurs qui la propagent. Mais comment la peste est-elle transportée du rat a l homme? Les e,xpériences si probantes faites dans ces der- nmres années ont prouvé que la transmission s’accomplit par I intermediairG d’insectes pif^ueurs. Dès 1876, le défunt professeur Minet soutenait que les insectes jouent nn rôle dans la diffusion des maladies conta- gieuses. Malgré les moqueries qui accueillirent cette assertion, II emit de nouveau, en 1892, l’opinion que le typhus exanthé- matique est propagé par des insectes. Tictine pense que ce mode de transmission est évident pour la fièvre récurrente. En 1894, Yersin remarqua un grand nombre de mouches mortes dans le laboratoire où il pratiquait les autopsies des animaux pesteux, et il trouva des bacilles virulents dans les cadavres de ces insectes. Plus tard, M. Hunier constate, à 1 hôpital de Hong-Kong, que sur 20 mouches de la salle d au- topsie, 16 renfermaient des bacilles pesteux. M. Nuttal dans 1. Communicaüon laile a la Sociéti; ile.s médecin.s d’Astrakan, 20 janvier 1907. 456 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR (les expériences fort bien conduites a montré (jue les mouches infectées par le bacille pesteux mouraient plus vite et en plus grand nombre que les mouches de contrôle. Il a pu extraire du corps de ces insectes des bacilles pesteux virulents 24 à 48 heures après l'infection. 11 est possible que des mouches infectées aillent se poser sur la peau de l’homme et aussi souiller des aliments en laissant sur eux les bacilles pesteux contenus dans leurs déjections. Il pourrait en être ainsi des cafards, d'après M. Cao, car ils con- servent, dans leur corps et dans leurs excréments, le bacille pesteux vivant pendant un certain temps. M. Hankin pense aussi que les fourmis qui, dans l’Inde, s’attaquent aux cadavres- des rats morts de peste peuvent dans certains cas servir de véhicule au bacille pesteux. Cependant, la façon dont la peste s’étend ne permet pas d’attacher d’importance au rôle des mouches, des cafards (periplaneta oriental is et phylodromiager- manica) et des fourmis dans la diffusion de la maladie. M. Simond a émis l'opinion que l’insecte transporteur du virus pesteux est la puce. 11 a institué des expériences très ingénieuses pour démontrer que les puces -sont les agents de transmission de la peste, du rat au rat et du rat à l’homme. MM. Galli-Yalerio, Kolle, et d’autres auteurs ont combattu l’avis de Simond, il a cependant fini par triompher et les expé- riences publiées dans les divers rapports de la commission anglaise ne permettent pas de douter que les puces ne soient les propagateurs du virus pesteux. Toutes les espèces de puces trouvées sur le rat ne sont pas également aptes à remplir ce rôle; « pullex chéopis » est particulièrement redoutable parce qu'elle conserve longtemps le virus pesteux à l’état vivant dans son tube digestif et qu'elle pique volontiers l’homme. La puce est-elle le seul insecte piqueur capable de trans- mettre la peste ? Les poux et les punaises ne pourraient-ils dans certains cas remplir l’office de convoyeurs de virus? M. Nuttal s’est déjà préoccupé de ces questions et il a montré que les bacilles pesteux contenus dans le canal intestinal des punaises sont encore virulents après 72 heures, mais qu’au bout de cinq jours ils n’infectent plus les animaux auxquels on les inocule. Selon M. Wierzbitsky les bacilles pesteux se trouvent dans le corps des puces et des punaises ayant piqué un animal pesteux bacille pesteux dans le corps des PUXAISES 4Ü7 raient chez les insectes qu, ont sucé le sang et conserveraient leur virulence de 3 à 6 jours chez la puco.^Chez les ZîlS P U a ainees, les hacriles disparaîtraient le 3« jour; tandis que chez celles qui ont jeûné de 4 mois à 4 mois 1/ 2 avant la piqûre on les trouverait encore après 8 et 9 jours. Les puces pour- qÜrsLventT'“'' P"'' trois jours 1 â re'né ’ ' cinq jours La reaction au point piqué est faihle ou même nulle na4l'narr'’'’“'‘ certains cas, la peste soit pro- pagée par les punaises et nous avons décidé d’étudier exnéri de la peste au.x souris par l’inter- meoiaire de ces insectes piqueurs. punaises dTht T™'' r'"" P“'* de Sme io?r 7" P''"'-'" ‘ ’ '“"'dtuellemcnt dès le pesteux en ass’ *""7’ *^7* des bacilles mem s P°“‘' 'es distingue facile- ment sur des préparations colorées ou non. Alors, la souris est transportée dans un bocal propre avec des punaises pas trou c amees. u bout de 2 à 3 heures toutes sont gorgées de san*-- S f .'r”"' ‘ « •« «: P quent aussi a la tete et aux pattes, orsque la souris pesteuse a encore quelque vigueur elle se dité ei puissent se réfugier. Les punaises craignent l’humi- nos e.xperiences, nous mettions les punaises à piquer sur la souris immobile en les surveillant constamment: quand eîlfs petite transportions, au moyen d’une 1 ; pince dans un bocal propre et ne contenant que quelques morceaux de bois pour servir d’abri. Le bocal dLuveÎëst onserve a la température de la cbambre. s’assu7md w'ëlîëV'" !?”"'’" P^'née par les insectes, on assurait qu elle avait bien succombé à la peste n perçant le dos d’une punaise avec l’extrémité effilée 1001. eJIe étaiule^vi^-ulënce^fa^^^^^ de TOura] pn -uns blanche en S. 4 jours h ITl 458 ANNALES DE L’INSïlïüT PASTEUR d’une pipette de verre stérilisée, on réussit h retirer de quoi faire des préparations et des enseinenceinents. Lorsque cela n’était pas possible, l’insecte était coupé en deux et on faisait des frottis de son contenu sur lames. Le corps de la punaise broyé avec précaution, dans un vase stérile avec de la solution physiologique, servait à préparer une émulsion utilisée pour les ensemensements et les inoculations. Des expériences prélimi- naires nous avaient montré qu’une semblable émulsion, préparée avec des punaises normales recueillies dans un asile, pouvait être injectée sans inconvénients sous la peau des souris. Nos préparations étaient colorées d’après Berestnieft avec de la fuchsine phéniquée (fuchsine 1 0/0, eau phéniquée à 3 0/0, glycérine 40). Pour obtenir une bonne coloration polaire, fixer la préparation par la chaleur, verser dessus le bain colorant, laver presque aussitôt à l’alcool à 60° et rapidement passer dans l’eau. Les solutions de Giemsa et de Romanowsky donnent aussi de très belles préparations. Expérience I. — Le 9 aoiit 1906, une souris est inoculée sous la peau du dos avec une culture de peste en bouillon. Le 12, sur cette souris mourante, on place des punaises qui se remplissent de sang. Après la mort de la souris, on constate les lésions typiques de la peste. Les organes contiennent beaucoup de bacilles pesteux et fournissent des cultures pures de peste. Punaise — Broyée 20 heures après la piqûre de la souris, dans de l’eau physiologique, l’émulsion renferme un grand nombre de bacilles carac- téristiques. Deux souris inoculées avec cette émulsion meurent de peste typique (œdème, bubons, grosse rate) l’une le 6e jour, l’autre le 10® joui. Leurs organes et leur sang montrent un grand nombre de bacilles pesteux. Punaise 2. — 3 jours 1 /2 après le repas infectieux, du sang retiré par piqûre du dos contient des bacilles pesteux, parfois très longs, se colorant métachromatiquement (Romanowsky). Il y a aussi des cocco-bacilles coloiés aux deux extrémités. Les microbes sont rarement groupés en longues chaînes. Le sang a un aspect laqué. Une souris inoculée avec 1 émulsion du corps de la punaise est morte en 2 jours 1/2. L’examen n en a pas été fait. Punaise n® 3. — Après 7 jours 1/2 il est impossible de retirer du sang de la punaise avec la pipette. Dans les frottis colorés, beaucoup de bacilles caractéristiques, quelques-uns longs. Ils ne se coloient pas pai la méthode de Gram. . L’émulsion de la punaise est inoculée à deux souris. L’une meurt en trois jours, de peste caractéristique; laseconde le 7® jour, elle estégalement pes- tiférée. Les cultures pures obtenues de l’émiilsion ensemencee sur plaques sont typiques et donnent la peste aux souris. bacille i-estelx dans le corps des punaises 4S9 Punaise 11. 4. — 35 jours après le repas infectieux, elle est lout à fait maigre ; placée de nouveau sur une souris pesteuse, elle la pique On la con s rve pendant 10 jours, puis on la broie dans Pe^u physiologique Ïn'l: Lniim r "i distinguer de bacilles caractéristiques, mais Penle- mencement sur plaques permet d’isoler des colonies pures de peste oui tue -me souris en 5 jours. L’émulsion de la punaise inoLlée 7 u7e sou s la ^ -feim::: !: Donc, après 33 jours, le bacille pesteux existait encore à 1 état vivant dans le corps de la punaise. peau7™7r cul7reV^""r™''‘K est inoculée sous la peau avec une culture de peste en bouillon. Le 22 elle est viventp pn.n... f|=SS£T~H==~= à la iip7ti ” i Bdilisee le 4e jour après le repas infectieux. Sang retiré Ïa^ri- 1,7' du corirs de îa tiques. Du sanroroMié^'unt^iiirurê pimi'' de ra“p”elu7 ^rmeVit!!/ l"'" '^7 de cocci involution, il donne culture mixte do peste et pér i en'2i„ r T à une souris l^ a Zais 7:’ " 7 <=dnDt™ée par la culture. la peste. jouis avec tous les caractères de Les*i)!-ganent1is!an77!iu*** ^ Punaise «• 5. 7 Morte le "o7lrV"i‘™" de bacilles pesteux, bacilles polymorphes bâtonnet*; il P^'^'M^rations de son contenu, ■colorant comme c , i’ l l i" -^d^elialnettes, bacilles se de cocci tuant une souris „ 7? 7 ™ixte de bacilles et bacilles pesteux des bubons contenant des cocco- pesteuses habit!ml77et*^bel* P®''"' les lésions 460 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Punaise no 6. — Lrovée après J 2 jours, dans un peu d’eau physiologique. Les préparations de réniulsion montrent des bacilles assez gros et pas de microbes de la peste reconnaissables. On distingue à i)eine la structure des globules du sang. De cette émulsion on obtient une culture de petits bacilles prenant la couleur dans toute leur étendue et inolfensits pour la souris. L’érnulsion est inoculée directement à une souris, (-elle-ci est bien poi- tante 30 jours après. Sacrifiée, elle ne présente aucune lésion, l.’ensemence- ment de ses organes est stérile. Expértexce 111. - Le 18 novembre 1903 une souris est inoculée sous la peau avec une culture de bacilles pesteux. Le 22, la souris est malade et dans le sang, coloré d’après Romanowsky, on ne volt aucun bacille, sui des préparations fraîches on en trouve quelques-uns isolés à côté de plaquettes. La souris est mise dans un bocal avec des punaises non affamées; celles-ci sont retirées au bout d'une heure et demie, rassasiées de sang. Le 24 novembre la souris est morte, environ 35 heures après avoir cto piquée par les punaises. Punaise n° i. — Le sang puisé à la pipette dans le corps de la punaisa 48 heures après le repas montre des globules rouges et pas de bacilles. Ensemencé, il ne donne pas de culture. L’émulsîon du corps de la punaise est inoculée à une souris, celle-ci meurt le 20e jour: les ganglions sont un peu gros, la rate augmentée de volume, mais on n’y trouve de bacilles pes- teux ni à l’examen microscopique ni à l’ensemencement. Punaise n° 2. — Dans le sang retiré à la pipette on ne distingue ni glo- bules de sang ni bacilles. L’ensemencement ne donne pas de culture. Une souris inoculée avec l’émulsion du corps de la punaise meurt en 20 heures, avec de l’œdème du tissu cellulaire des ganglions et une rate un peu grosse. Pas de bacilles visibles sur les frottis d’organe. Le sang du cœiii et la pulpe du foie sont stériles. Punaise 3. — Broyée après 6 jours; pas de bacilles sur les Irottis. L’émulsion ensemencée ne donne pas de culture. Une souris inoculée avec Pémulsion périt, amaigrie, le ifie jour, sans contenir de microbes et en pré- sentant de l’ain?mentation du volume de la rate et des ganglions. Punaise no 4. - Sang puisé à la pipette le 8e jour après le repas; sur les préparations pas de globules distincts, pas de bacilles pesteux. L ense- mencement fournit des cultures de bacilles non pesteux et de cocci. Cette culture mixte est inoffensive pour la souris. L’émulsion du corps de la punaise est inoculée à une souris, elle meurt le second jour avec des con- vulsions et de la paralysie des extrémités. A l’autopsie, ganglions et rate augmentés de volume, ne contenant pas de microbes. Punaise no 3. — Les frottis faits le 10^ jour ne montrent pas de bacilles dans le corps de la punaise, l’ensemencement donne une culUire de cocci inolTensifs. L’émulsion du corps de la punaise est inoculée sans resul a sous la peau d’une souris. Expérience IV. — Une punaise à jeun (de la première série) pique une souris pesteuse, au bout de 33 jours on lui fait sucer le sang d’une souris saine. Dix jours après, dans des préparations du sang relire du corps de la punaise à la pipette, pas de bacille, des formes indécises de cocci. Lense 461 BACILLE PESTEUX DAKS LE CORPS DES PUNAISES mencement donne une culture de peste peu tjpique. Cette culture est inocu- lée à une souris, celle-ci meurt le 47e jour; à l’autopsie petits bubons, grosse rate, les frottis des organes montrent par place des cocco-barilles semblables à celui de la peste. Du sang on obtient une culture pure de peste. ^ Il résulte de nos expériences que les punaises qui se sont nourries de sang do souris pesteuses, n’en paraissent pas du tout inconnnodées, puisque nous avons pu les conserver vivantes jusqu’à 2 mois 1/2 après le repas de sang infecté. Le bacille pesteux reste vivant et virulent dans le corps de la punaise; il neparaîtpas pulluler dans le tube digestif jusqu’au 3» jour, car le sang que l’on retire à ce moment de la punaise n est pas plus riebe en bacilles pesteux que le sang de la souris piquée. Mais du 3« au 6» jour les cocco-bacilles deviennent plus nombreux, les préparations donnent l’impression d’une culture assez riche et pure. Vers . le 8» ou le lO* jour les bacilles se modifient, les formes d’involution apparaissent; on remarque alors des filaments minces ne prenant plus la coloration polaire en même temps se montrent des cocci. La disparition des formes caractéristiques du cocco-bacille pesteux coïncide avec le changement d’aspect des globules, sans doute sous l’action < es sucs digestifs. Plus tard, sur les préparations du contenu de la punaise, on ne distingue plus le microbe de la peste et pour le mettre en évidence il faut avoir recours à la culture. Les émulsions des corps do punaises sont virulentes, surtout ce les préparées du 6® au 8® jour après le repas infecté, c’est en elieta cette période que le développement des bacilles dans le tube digestif paraît le plus abondant. Apres les résultats que nous avons exposés, nous ne nous expliquons pas comment, dans les expériences de M. Nuttal, une souris inoculée avec be contenu de 4 punaises 24 heures apres le repas infecté, soit restée vivante. Nous ne pouvons nous ranger à son opinion à savoir ; que les germes pesteux périssent rapidement dans le corps des punaises. Pour nous, au contraire, ils y pullulent d’abord, puis s’y conservent assez longtemps. Notre quatrième expérience prouve bien qu’il en est ainsi, puis(|ue chez une souris qui s’était nourrie do sang pesteux « O jours auparavant, il existait encore des germes vivants. En 462 ANNALES ])E L’INSTITUT PASTEUR effet, après un nouveau repas sur une souris saine, on ohlient avec celte punaise une culture qui tue une souris de peste chronique. Dans l’expérience n® 111, la souris inoculée avec l’émulsion des punaises qui se sont nourries sur une souris pesteuse 3o heures avant sa mort, ont succombé sans contenir de cocco- bacilles de la peste. L’explication de leur mort est difficile à donner, cependant elles n’ont pas péri accidentellement, elles ont toutes présenté des signes d’intoxication nerveuse. Les punaises qui viennent de sucer le sang d’une souris pestiférée peuvent-elles communiquer la maladie à une souris saine par piqûre? Des punaises incomplètement gavées sur une souris pesteuse ont été transportées sur des souris saines sans que celles-ci en éprouvent de dommage. Sacrifiées au bout de quelques jours, elles ne contenaient point de microbes pesteux. D’après ce que nous savons de la pullulation des bacilles pes- teux dans le corps de la punaise du o® au 8® jour, il aurait sans doute mieux valu faire l’expérience avec des punaises dans ces conditions. L’échec de ces essais ne doit cependant pas nous faire con- clure que la punaise ne joue aucun rôle dans la propagation de la peste. On conçoit, en effet, que si le bacille pesteux se con- serve dans le tube digestif de la punaise, il puisse arriver que celle-ci, écrasée sur place après qu’elle a piqué, puisse commu- niquer la maladie. D’ailleurs, MM. Calmette et Salimbeni, à Oporto, ont noté la présence de phlyctènes pesteuses au niveau de piqûres de punaises. Sans attribuer à ces insectes un rôle aussi important pour la diffusion de la peste que celui des puces, nous pensons que dans certaines circonstances, cette affection peut cire communiquée à l’bomme parles punaises et que dans les maisons pestiférées il sera utile de poursuivre leur destruction. Comme conclusions à ce travail nous dirons : Que le cocco-bacille de la peste se conserve avec sa virulence dans le corps des punaises pendant 10 jours et plus. Que cette circonstance permet de croire que la punaise est, dans certains cas peut-être, un agent de transmission de la maladie. Coiilfiliulioii à réliide dss causas d’insuccès du traitement antirabique. Par M. le PAMPOUKIS (Directeur de Llnstitut antirabique d’Athènes.) De l.m a la lîn de 1903, nous avons traité à notre Institut 2,346 personnes; pann, elles, 3 sont mortes de rage plus dl i faUenient; la mortalité a dLc été de 0,-1 0/0 pendant cetle période quinquennale. Depuis la fondation de l’Institut, en août 1894, iusqu’à la hn de l’année 1905, 4,324 personnes ont été traitei irolt succombe p us de 13 jours après avoir subi le traitem'ent • la mortalité generale rectifiée est donc de 0 24 0/0 ’ La maladie s’est déclarée à des moments divers dans les 4 mois qui suivent les inoculations antirabiques. L est un fait déjà signalé qu’un refroidissement brusoue avorise apparition de la rage chez les personnes mordues par des animaux enrages. par Voici quelques faits à l’appui de cette opinion. est ^ ^ l’avant-bras, Le lenèeniain la rage se decire ' ' --'e. au 12 mars. Le” 17, 'il ente Z^nnlait pîetntÎar feto itelt t'"" '"v“ fétltnlt 7r " '-^y-?tôlnes de i; rage en traitement le 15 11131"'! r-lo'n’sVnr '* f.'0i.l jusqu’à 10 heures du soir. Le lendeinaiita'rage tdtiaTe!' ““ la rti‘'7’lî ‘J''"”' l’éclosion de 404 ANNALES DE L’LNSTITLT PASTEUR Pour éviter les rares insuccès du traitement Pastorien pré- ventif de la rage, nous nous proposons de généraliser l’emploi des mélanges de sérum antirabique et de virus fixe. Nous pensons aussi que les personnes traitées doivent, pen- dant les trois mois qui suivent les inoculations, éviter les refroi- dissements et les écarts de régime. Enfin, pour éviter les traitements tardifs, il serait fort utile que les autorités prennent des mesures pour que les personnes pauvres soient dirigées, sans perte de temps, sur un institut antirabique. En Grèce, où nous ne disposons pas d’établissement pour hospitaliser les personnes traitées, il faudrait leur assurer un logement convenable et une nourriture substantielle pendant le traitement et pendant les quelques semaines qui suivent. Le Gérant : G. Masson. Sceaux, — Imprimerie Charaire. ANNÉE JUIN 1908. No 6 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR DE L’ANAPHYLAXIE ET DES TOXOGÉNINES Par M. Charles RICHET Les expériences dont je vais donner ici la relation ont été entreprises avec une substance toxique très voisine de la mytilo-cong'estine étudiée dans un précédent mémoire Outre la confirmation de ce que j’avais démontré précé- demment, J ai pu établir quelques faits nouveaux, surtout par rapport a 1 action du sérum, à la période d’incubation, aux propriétés de la toxogénme,de manière à ajouter quelques don- nees a 1 histoire de l’anaphylaxie '^. I préparation de l’actino-congestine. Les actinies, on orties de mer, on andmones, sont des immmsmrn. V.LfGR.LN et WHEÉLErii j „ / r"”’ 1907, XI, 143. qu’en 1907 l’anaphyîa^e n’âvfi n h“ médical il faut cuér les fniAr , découverte. Au point de vue (H. LE,.d,ae l;rek e/etl “eUes élèves 1906, ei Jlet^ue pral. des mat de Paris, nor ici toute la bibliographie de l’anaohvhY^P J® 1902, qui ont ouvert la vnLà An Q-Ptiylaxie, car, depuis mes recherches de lepr^Lme deranaphyL^^^^^^^ ^ Th. Smith. diverses, s'étendant à des questions „ 'o^foruies les plus qu'en physiologie. T'estions multiples, aussi importantes en pathologie médodno rlrpt: ,ruiev\îfhrua:,.'^'“^‘““"^ eApériinenta, de ,a FacuMé de 30 466 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Cœlentérés marins qui vivent fixés sur les rochers de faible profondeur. Ces animaux sont constitués par un corps, fixé au rocher, et une cavité gastro-intestinale n’ayant qu’un orihce hucco-anal. La paroi cavitaire est pourvue de glandes digestives, et l’orifice est muni de tentacules. Ces tentacules sonttoujours rétractiles, ou plutôtcontractiles, mais ils ne le sont pas au même degré. Les actinies qui ont servi à mes expériences étaient presque io\x]0\iY^V Actinia eqiiina et VAnemonia (Anthea) cereiis, à pédoncules peu rétractiles. Elles provenaient tantôt de la Méditerranée (Carqueiranne), tantôt de la Manche (Roscoff). D’ailleurs, quoique je n’aie pas expérimenté avec d’autres actinies, il est probable que les diverses espèces, qui sont très voisines, ont les mêmes pro- priétés toxiques. Il ne m’a pas paru qu’il y ait des différences, suivant les saisons, dans la toxicité des actinies. Les parties contenant les éléments toxiques sont les tenta- cules. Ces tentacules sont pourvus de cellules urticantes, ou nématoblastes, que je n’ai pas à décrire ici. (Y. Delage. Traité de zoologie concrète, II, (2), 6-14). Essentiellement, le nématoblaste est formé d’un pédoncule portant un nématocyste, ou vésicule urticante, composé lui-même de deux parties : la capsule et le filament urticant enroulé dans la capsule; il y a encore extérieu- rement un cil, annexé à la capsule {cnidociï), qui transmet l’excitation périphérique et provoque l’explosion de l’appareil urticant, sans doute muni de liquide. Aussi, selon toute vraisemblance, les substances toxiques que j’ai extraites du corps des actinies sont -elles le contenu de ces nématoblastes. Pour préparer l’actino-congestine voici comment il a été procédé. Les tentacules des actinies, coupés au ras avec des ciseaux, étaient aussitôt plongés dans une solution de fluorure de sodium à 3 0/0, additionnée d’un excès de fluorure de sodium. Dans des flacons de deux litres on mettait 1,000 grammes delà solution de fluorure de sodium et 1,000 grammes de tentacules d’actinies. Puis les flacons, bouchés à l’émeri, et additionnés d’un peu de chloroforme et de benzine, étaient envoyés à mon laboratoire. Le liquide était filtré, et le résidu, agité et broyé avec du sable et de l’eau contenant 3 0/0 de fluorure de sodium. DE L’ANAPHYLAXIE ET DES TOXOGÉNINES 467 _ La filtration est longue et pénible. Il faut 8 à 10 jours pour qu elle s achevé. Aussi, pour empêcher toute altération mfcro- lenne convient-H d’ajouter à la solution de fluorure de sodium un mélangé de chloroforme et de benzine, 1 partie de chloro site quel eau, et 1 émulsion, dans un liquide visqueux en per- 2- longlemp,. Al.,., p.pi’, ci.rti., „„ obtenir un iquidc liinpid. ; mai, „„ j, renouveler îes filtres tous les deux jours. ^uveier les Le liquide est alors précipité par l’alcool à 95» : .3 volumes se déposé au bout d une heure ou deux. On décante, on recueille le précipité qu on dessèche entre des doubles de papier Joseph et on reprend par l’eau, additionnée de 2 grammes de carbonate oude par litre. Une partie seulement des albumines préci écarts î^ie fl n ~ est très lente - et le liquide filtré est de nouveau précipité par 3 volumes d’alcool. C’est ce précipité qui constitue l’actino- gestine. On peut le purifier par une nouvelle dissolution dans 1 eau, et une nouvelle précipitation par l’alcool A vrai dire, cette congestine contient des proportions consi- era es de fluorure de sodium, à peu près 50 0/0, car le fluo rare de sodium, soluble dans l’eau, se précipite par l akooi avec la congestine. Aussi, dans quelques préparations ai-ie rsldium“" T'" conservation par le fl^orufe de sod um . a conservation par la glycérine. Le précipité par 1 alcool es alors traité e.xactement de la même manière redis- sous dans 1 eau et de nouveau précipité par l’alcool ce mémoire ont été toutes faites avec l’actino-congestine préparée par le fluorut de sodium. Le précipité alcoolique, desséché dLs le vide en presence d acide sulfurique, est réduit en poudre, de manière à J^airahTe^ homogène et cmantitél ’r'""" en dissolvant une quantité determmee de cette poudre dans de l’eau, dans la pro- portion constante de 0,5 0/0. Toute la poudre se redissout faci- 468 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR lement, mais pourtant je prenais soin de filtrer pour avoir une liqueur très limpide. Après filtration elle est^ très fortement dichroïque. (Il n’existe pas à ma connaissance d’autre substance dichroïque parmi les produits animaux.) L’injection était faite dans les veines sur des chiens, avec une lenteur convenable, environ 1 c. c. par deux minutes (au moins au début). Les poids de congestine que j’indique ici sont des centigram- mes, et ils se rapportent toujours à 1 kilogramme de poids vif de l’animal. D’une manière générale on peut dire que la dose toxique et que les effets toxiques sont très voisins de la dose toxique et des effets toxiques de la mytilo-congestine. De sorte que je crois pouvoir appeler du nom générique de congestine ces sub- stances toxiques, précipitées par l’alcool, mais se redissolvant dans l’eau après précipitation par l’alcool. Elles sont partielle- ment détruites par la chaleur, précipitent par les acides miné- raux et ne dialysent pas. Voici quelques chiffres relatifs à la teneur en matières miné- raies et en azote. I, 0®^217 contiennent 0^l121 de matières organiques et de matières minérales. II, — 08L12o contiennent de matières organiques et O^LOoO de matières minérales. ]IL 0^%315 contiennent de matières organiques etO^Ll28 de matières minérales. Soit : 0/0 : I II in 56 60 60 44 40 40 On peut donc admettre une proportion d’environ 42 0/0 de matière minérale. Sans doute le fluorure de sodium y est en grand excès, représentant peut-être 30 0/0. La solution injectée à 5 0/00 est donc une solution à de fluorure de sodium p. 0/00, c’est-à-dire très peu offensive. 469 DR L’ANAPHYLAXIE ET DES TOXOGÉNINES La cong-estine préparée par la glycérine m’a donné 11,4 0/0 de matières minérales. Le dosage de 1 azote rn’a donné 5,6 d’azote p. 0/0. Or, comme la proportion des matières organiques est de 56 0/0, il s’ensuit que la congestine contient 10 0/0 d’azote, ce qui l’éloigne notablement des matières albuminoïdes. Mais pour conclure il faudrait de plus grandes quantités de substance et encore une série de purifications. II EFFETS TOXIQUES GÉNÉRAUX DE l’aCTINO-CONGESTINE. Les effets de l’actino-congestine injectée dans les veines d un chien normal ressemblent étonnamment aux effets de la mytilo-congestine. Les premières injections provoquent une énergique défense. Le chien se débat, crie, s’agite frénétiquement. Puis, si l’injection continue, il se calme, s’engourdit même, comme si on lui avait injecté une substance hypnotisante (bypnotoxine). Quand on le détache, il ne paraît pas malade, ou à peine. Mais, à peine est-il libre, qu il est pris de diarrhée, et d’une diarrhée intense, avec selles sanglantes et ténesme rectal très prolongé. 11 se tient courbé en deux, comme s’il ressentait de violentes coliques. Quelques heures après l’injection, ces douleurs et cet abatte- ment ont disparu. Pourtant l’animal reste triste et engourdi. Le vomissement est bien plus rare (cliezles chiens normaux) par 1 actino-congestine que par la mytilo-congestine. Ce qui domine quand la dose injectée a été forte, c’est 1 hypothermie. Elle se produit d’emblée quand la dose est très forte ; elle ne survient parfois, pour des doses moyennes, qu’aux troisième et quatrième jour. Je ne crois pas qu’avec d’autres poisons on puisse observer un pareil abaissement thermique. La mort, quand la dose dépasse environ 8 centigr. par kilog. est fatale. Mais elle ne survient que tardivement, tout au plus 3 jours après 1 injection. Je ne connais pas d’exemple, chez un chien non anaphylactisé, d’une mort immédiate. Autrement dit, même à dose très forte, les accidents (sauf la diarrhée et la torpeur) surviennent lentement. Le fait est 470 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR extrêmement important à noter, car il en est tout autrement chez les chiens anaphvlactisês. Je n’ai guère essayé de voie d’introduction de la substance toxique autre que la voie veineuse. Dans le canal rachidien, la toxicité ne m’a pas paru plus grande. Mais je n’ai que peu d’ex- périences à cet eliet. L’ingestion alimentaire est inotfensive ; et, d’ailleurs, je ne disposais pas d’une assez grande quantitii de substance pour essayer ce procédé d’intoxication. ^oici d’abord la longue liste des expériences entreprises sur des chiens normaux pour déterminer la dose toxique : I NOM DE L’ANIMAL POIDS EN K I LO G. Dose d’actino- congestine en cpntigr tînmes jar kilog. Survit ou meurt en combien d’heures ? * Polluer 0.0 9.1 M. 92 Heliodora 7.0 8.7 M. 92 Hippocrate lu. 3 8.2 M. 120 A Icide 9.Ü 7.8 xM. 44 Proserpine . 8.0 7.8 Survie. Parménide 8.7 3 . '3 Porphyre 11." 3.3 Protagoras 8.4 3.4 Hippolgte 14.4 3.2 — Minos 9. > 4.8 Lycidas.. 10.2 4 . 3 M. 132 Euloge ’ 7.3 4.3 M. 110 Eudore 13.9 4.2 Survie. Strabon 6.2 4.2 xM. 432 Thalessa 12.1 4.1 Survie. Amphitryon 11.9 4.0 — Péléas . . . .... 9.2 4.0 M. 68 Socrate 10.3 3.6 Survie. Teucer 7 4 3.3 Clitus 9.9 3.3 /rénée... . ... 10.1 3.3 Midas. 8.0 3. 1 Pygmalion 11.2 3.1 — Thrasymaque 10.8 2.3 — Sapho 103. 2.2 — Andromède 11.0 2.2 Survie. Epictète 7.1 1.8 — Aetéon. ... . . 16.0 1 . 3 — Thersite 16.8 1 . 3 — Thésée 17.3 1.3 — Tertullia 8.3 1.0 M. 168 Perséphone. 13.0 1.0 M. 836 Astyanax 8. 1. Survie. Stÿx 24.0 0.30 1. En général, l’injection était faite vers 3 heures de raprès-midi. Quand la mort survient dans la nuit, nous supposons qu’elle est survenue 12 heures après l’injection. 471 DE L’ANAPHYLAXIE ET DES TOXOGÉNINES A ces 3i chiens, j’en ajouterai 3 autres qui avaient reçu, quelques jours ou quelques heures auparavant, dans le système veineux, du sérum dechien normal. NOM DE L’ANIM.AL POIDS en E I l o .s . Do.=e d’actino- congestinp en centigrammes par kilog. Survie ou meurt en combien d’heures ? Rkadamante.. . . 9.5 4.05 Survie. Chrysostoma. . . . 11.9 4.10 _ Thraséasa 1 11.7 4.40 - 1 L expenenee m’ayant prouvé — ce qui d’ailleurs était bien vraisemblable — qu’ils sont assimilables à des cbiens nor- maux. je les confondrai avec les chiens normaux. Tout de suite, en étudiant ces tableaux, on voit que Tertullia ol Persephone ont succombé après l’ingestion d’une dose très laihle. Mais, SI Tertullia et Perséphoiic, (comme aussi Lycidas), sont mortes malgré la faiblesse de la dose injectée, c’est que la solu- tion d actino-congestine, au lieu d’être immédiatement injectée, apres que la dissolution du poison avait été faite, a été injectée plusieurs jours après la dissolution. Je reviendrai plus loin sur cette expérience importante. En éliminant Termllia, Perse phone ^ Lycidas, on voit que la ose toxique est voisine de 7'e‘',8, puisque au-dessus de celte dose tous les chiens ont péri, qu’à cette dose Proserpine a survécu, et Alcide est mort. Au-dessous de 7'f,8, il y a toujours eu survie, saut trois exceptions {Euloge, Strahon, et Péléas). Encore Stra- éoir nest-il mort que le 1 Séjour, et peut-on considérer cette mort comme accidentelle. De fait, nous pouvons très légitimement considérer la dose do 7'’S',o, en chiffres ronds, comme la dose limite. Je ferai ici remarquer la parfaite identité entre cette dose oxiqueet la dose toxique de la mytilo-congestine, pour laquelle ,1 avais adopté {loc. cil., p. 309) la dose toxique de 7'«%3. une nouvelle actino-congestine préparéeparlaglycérine, et ne contenant, que 11 0/0 de malières minérales, j’ai trouvé une dose toxique voisine de 3‘«',3. Or ce chiffre de 3'«'-,5 res- '472 ANNALES DE L’INSTlïUï PASTEUR semble beaucoup au chiffre de matières org-aniques contenues dans (c’est-à-dire 58 Vo) ^^it 4‘'®L,2o. Il semble donc assez rationnel d’admettre le chiffre de 0°%03 par kilogramme, pour la dose toxique de l’actino-congestine, dépourvue de matièr»*s minérales, et 0^U075 pour l’actino-cong'estine des expériences que je rapporte ici. Chez les chiens anapliylactisés la dose toxique est abso- lument différente. Voici le tableau résumant ces longues expé- riences : Noms Jours 1 d’intervalle i Ire dose 2® dose Sort de l’animal U® et 2® dose Styx.. 11 0.3 1.0 Survit 1.5 ! Parménide 12 3.73 1.1 Survit 6.83 Eucrate 12 3.6 3.4 M. 12 h. 7.0 Pygmalion 15 3.1 1.2 M. 28 4.3 Ml das 16 3 1 1.1 Survit 4.2 H ippoly te 18 3.2 1.0 Survit 6.2 Thésée. 18 1.3 1.0 M. 16 2.3 Sapho 23 2 2 1.0 Survit 3.2 Amphitryon ..... 28 4.0 1.0 M. 22 3.0 Thersite. 33 1,3' 0.33 M. 12 2.05 Proserpine .‘>3 7.8 1.03 M. 12 8.83 Epietète 44 1 .8 3.1 M. 12 4.9 Rhadamante 43 4.03 1.0 M. 12 3.03 Clitus 30 3.3 1.0 M. 216 4.5 Irénée 36 3.3 1.2 M. 12 4.7 Thrasymaque 62 2.3 0.25 Survit 2.55 E adore 76 4.2 4.5 M. 12 8.7 T haie SS a 89 4.1 1 .35 Survit 5 53 Protagoras 106 5.4 1.2 Survit 6.6 Minos 130 4.8 1.7 Survit 6.5 Porphyre 135 5.5 0.9 M en 151 6.4 b G3:ceptio» digne d’être notée, Porphyre est mort en 15 minutes, après l’injection de la dose très faible de 0 gr. 009 par kilog. L’anaphylaxie datait de 135 jours (du 23 décembre 1907 au 7 mai 1908). \ 473 DE L’ANAPHYLAXIE ET DES TOXOGÉNINES De ce tableau résultent diverses remarques importantes à développer : 1 La mort ne peut être attribuée à une accumulation des doses. En effet, même en supposant qu'au bout de 20 à 26 jours pas une parcelle de la substance toxique n’a été éliminée, ce qui est absurde, on arrive à une dose totale, cumulative, insuffi- sante pour produire la mort. Par exemple, au 56« jour, Irénée est mort en 12 heures, pour une dose totale de 4'si,7. 35e jour, Thersite est mort en 12 heures pour une dose totale de 2'8',0S. Thésée est mort en 12 heures pour une dose totale de2‘^8'',3. Donc l’hypothèse deFaccumulation est impossible à défendre. 2» La dose mortelle pour les chiens anaphylactisés peut être très faible. Par exemple, en comparant Thersile et Proserpine, on voit que Thersite est mort en 12 heures après injection de 0'*l53, tandisquePro6erpmeasurvécuàladosede7'«L8,c’est-à-direuné dose quatorze fois plus forte! Porphyre est mort en un quart d’heure après l’injection d’une dose qui n’est que le dixième de la dose mortelle. En laissant de côté le cas, peut être exceptionnel, de Thersile, on voit que du 28' au 56' jour, sur 6 chiens ayant reçu la dose de 1 centigramme, il y a eu 6 morts, et morts rapides, en moins de 12 heures. Nous avons vu plus haut que jamais, même à une dose très forte (de 0*',09 pour Pollux), il n’y a une mort aussi rapide chez les chiens normaux. On sera donc plutôt en deçà de la limite qu’au delà en disant que l’anaphylaxie rend tes organismes dix fois plus sensibles qu ils n’étaient précédemment. 3“ On voit apparaître nettement, par l’inspection de ce ta- bleau, qu’il y a une période d’incubation et une période de dé- clin pour l’anaphylaxie. En elîet, en ne prenant que les doses de 1 et de 1 ,2, et en lais- sant les cas où la dose injectée après anaphylaxie a été infé- rieure ou supérieure {Eucrale : 3.4. — Eudore : 4.5 — Thrasv- 'ïïiciCjfue J 0.25) on a le tableau suivant : I 47i ANNALES DE L’[NST1TUÏ PASTEUR Survivants. Morts. Mortalité 0/0 Du 11® au â36 jour 0 2 29 1 Du 28« au jour . 0 G 100 j Du 89® au l3o® jour 3 1 2.5 Delà on peut inférer que le maximum de l’anaplivlaxie est vers le jour. Nous avions vu que pour la mytilo-cong’estine, vers le oO® jour, l’anaphylaxie avait complètement disparu et ({u’elle s’affaiblissait à partir du 30® jour. Il est probable que pour les diverses substances anapbylactisarites il y a des pério- des d’incubation et de déclin qui sont très variables. 4® Revenons un peu sur ce fait que l’injection d’une dose très faible au 30® jour provoque des accidents immédiats et for- midables. Il prouve en toute évidence ceci, sur quoi on n’a pas encore, que je sache, insisté : c’est qu’il uif a plus trace du poison primitif dans l’organisme de l’animal anaphvlactisé. En effet, puisque une dose très faible, d’un milligramme, chez l’animal anaphylactisé provoque aussitôt le vomissement et la paraplégie, c’est que cet animal n’avait plus dans son orga- nisme même un milligramme du poison. Mais le phénomène est plus compliqué encore : car à aucun moment, qua[)d l’animal se porte bien, il ne peut y avoir simultanément de toxogénine et de toxine. Donc la toxogénine n’est pas un produit immédiat de transformation de la conges- tine. Il y a un moment où il n’existe plus de toxine, et où il n’y a pas encore de toxogénine : toutes ces mutations se passent pendant les quinze jours d’incubation. Donc, tant qu’il y a encore du poison-dans l’organisme, et un peu de temps après que ce poison a disparu, il n’y a ni toxogé- nine, ni anaphylaxie. Dans le sang le poison disparaît peu à peu. Or quand il a disparu, mais seulement quand il a disparu, il est remplacé par une autre substance, inoffensive en soi, mais» qui devient offensive quand on la met en contact du poisoa primitif; une toxogénine, qui engendre par réaction avec la toxine injectée une toxine différente plus active, une apo- toxine. DE L’ANAPHYLAXIE ET DES TOXOGÉNINES 475 En schématisant nous avons la succession suivante, un peu hypothétique, des phénomènes ; 1° Toxine injectée dans le sang; 2° Toxine disparaissant peu à peu ; 3° Apres que Ja toxine a disparu, production d’une toxogénine ; 4» Toxogénine disparaissant à son tour et remplacée par une antitoxine. A vrai dire, je n’ai pas pu observer encore la formation de cette antitoxine avec l’actino-congestino; mais avec la mvtilo- congestine l’immunité, très incomplète d’ailleurs, est arrivée au jour. Le phénomène essentiel de l’anaphylaxie est donc le suivant; * près injection à un chien normal d’une dose même très orte, les symptômes immédiats d’intoxication sont nuis. Un quart d heure après l’injection, il y a diarrhée, coliques, ténesme rectal, mais c’est tout pendant douze à vingt quatre heures. ' ^ anaphylactisé d’une dose même très faible, les symptômes d’intoxication sont foudroyants immédiats et graves. Il suffit de quelques secondes pour voir apparaître le vomissement, la dyspnée, la stupeur, la paraplégie, 1 insensibilité complète. r o > Pour bien établir cette différence par un exemple, je citerai 1 expérience suivante (faite devant MM. Marfan, Ed Lesné Lemaire, Le Play, etc.). ’ «h lA^’i^ injecte à Hippocrate (10^,300), de 5 heures à I o/AA «considérable de 170 c. c. de la solution à a /OO, soit 0«'-,85 d’actino-congestine, soit 0*%083 par kil. iXul phénomène. Il n’y a même pas de diarrhée. Le chien, déta- che, regagne alertement et gaiement sa niche. A 6 heures, il est triste, a un peu d’écume à la gueule; mais en somme il n’est pas très malade. de portant, et sa température est Lememejour.à 3h.S2, on injecte à /réwée (lOM 00), injecté I . ^oparavant, 2 c. c. de la même solution, soit 0®', 001 par M Aussitôt il (ait des efforts de vomissement et a du ténesme rec a n injecte à 3 h. S4 encore 2 c. c. soit encore 0e%001 par kil. Alors Irénée paraît très malade. On le détache. 11 ne peut 476 ANNALES UE L’INSTITUT PASTEUR plus se tenir debout. Il ne réagit pas quand on lui pince forte- ment les pattes. Cécité psychique. Respiration profonde et labo- rieuse. Efforts de défécation. Les yeux sont hagards. 11 ne paraît pas voir ce qui est autour de lui. On injecte encore 0»%01 de substance, ce qui ne change pas son état. A () heures il se relève péniblement et peut à peine se tenir debout. 11 meurt dans la nuit. Ainsi, le caractère de Tanapliylaxie est de déterminer des accidents immédiats, foudroyants, alors que des doses cent fois plus fortes ne pourraient pas produire le même effet sur un chien normal. Donc on est amené à conclure formellement ceci : c’est que le poison qui détermine ces accidents foudroyants nest pas la conges- tine. En outre, ce poison n existe pas dans le sang, puisque les animaux anaphylactisés ne sont pas malades. Donc c’est un poison nouveau qui résulte de l’action de la congestine sur une substance existant déjà chez les animaux anaphylactisés. C’est pourquoi j’ai propose d appeler toxogénine cette substance des animaux anaphylactisés. Pour prendre une comparaison qui rendra le phénomène très clair : l’amygdaline est inoffensive; l’émulsine est inoffen- sive. Mais, si Ton injecte ces deux substances en même temps, il se formera des composés cyanés qui seront immédiatement mortels. On peut comparer l’amygdaline à la congestine. Injectée à un animal normal, elle n’est pas offensive, ou à peine; mais si on l’injecte à un animal ayant de 1 emulsine dans son sang (toxogénine), l’injection d'amygdaline sera suivie immédiatement d’accidents toxiques foudroyants. Les expériences suivantes établissent nettement qu il se produit une toxogénine differente du poison primitif, non toxique par elle-même, et que cette toxogénine existe dans le sanof. Dans mon précédent mémoire j’avais indiqué le fait (p. 516). Mais je n’avais pas pu, comme je le puis maintenant, endéter- .miner les conditions. Disons tout d’abord que, si l’on injecte du sérum de chien 477" DE L’ANAPHYLAXIE ET DES TOXOGÉNINES normal, on ne paraît pas modifier la réaction ultérieure à 1 ’actino-cong-estine {Rhadamanle, Chnjsostoma, Thraséasa). NOMS Combien d’heures enlre i’inj. ction de sérum et l’injictiun d’iiciino- congestine ? Quantité de sérum par kil. en c. c. Dose de Tact. congest. injecti e, en centigr. par kilos. Combien de temps, en jours, entre l'injf-ct. anaphylactb ante du 1er chit 11 et la piise de sang ? Sort de l’animal (survie ou mort en combien d’heures ?) È astrale. . . . 2. 10. 5 . 0 21 M. 36 A ristce 24 10.3 4.0 12 Survie. Erostrata. 24 2.6 3 . 9 22 Eumènide . . 48 12.1 0.4 16 M. 60 Philothée. 48 4 . 5,0 21 M. 12 Eaque 48 29.0 4. 1 17 M. 84 Alcyon 144 2.6 4.0 22 Survie. Sicomède. . . 312 19.6 3.0 39 M. -20 Hécube. .. 496 24 . S 2.i 50 M. 104 En étudiant ce tableau on peut constater quelques faits bien intéressants. Sur neuf chiens injectés et ayant reçu des doses de conges - tine qui ne déterminent pas la mort chez les chiens normaux (pour lesquels la dose toxique est 7.8), il y a eu, en chiffres bruts, six morts, soit une mortalité de 66 0/0. Mais en réalité la mortalité doit être évaluée à 100 0/0. En effet, il est necessaire — si l’hypothèse d’une loxogénine est vraie — qu’il en soit injecté une quantité suffisante. Or, sur les neuf chiens ayant reçu du sérum anaphylactisant, il y en a deux qui n’en ont reçu qu’une très faible quantité, pi obable- ment trop faible {Êrostrata :2 c. c. 6. Alcyon ; 2 c. c. 6 par kih). Ces deux chiens ont survécu à l’injection de congestine. Donc il est probable que l’action de la toxogénine n’est pas tout à fait comparable aux actions diastasiques pour lesquelles une dose minimale est suffisante, mais qu’il s’agit là d’une substance toxinogène qui doit être injectée en quantité appréciable pour produire une action toxique. Si, .de même que hrostrata et Alcyon, Aristée a survécu, c’est 478 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR qu’il a reçu du sérum d’un animal imparfaitement anapliylactisé ; car il n’y avait que 12 jours que ce chien avait reçu l’injection de congestine, et nous avons vu qu’au bout de 12 jours l’ana- phylaxie existe à peine : la période d’incubation nécessaire au développement de la toxogénine n’est pas achevée encore. Aussi pourrons-nous conclure que la mort est fatale après des doses de 3, 4 ou 5 centigr. de congestine injectées à des animaux ayant reçu au préalable une injection de sérum ana- phylactisant. En réalité les animaux ayant reçu ce sérum anaphylactisant se comportent à peu près comme les animaux anaphylactisés, à l’intensité près des phénomènes. C’est-à-dire que la réaction à l’injection de congestine est violente et immédiate, et qu’il n’y a pas de période d’incubation. Les expériences suivantes prouvent qu’il en est ainsi. Eîistrale, de 7*^^^ 3, a reçu à 5 h. du sérum de Proserpine (70 c. c.), ce qui Ta rendu assez malade, contrairement à ce qu’on observe en général. Alors, à 6 h. 55, on fait l’injection de con- gestine. Après injection de 0,012 fpar kil.) vomit. Respiration angoissée. État d’hypnose, presque de cécité psychique. Après une nouvelle injection de 0®C012, il est dans un état coma- teux, ne cherche pas à se lever de la table, quoiqu’on Tait détaché. Vomissements violents et douloureux. Fin de Tin- jection (0,055 par kil.) à 7 h. 9. Il est alors dans un état lamentable. Vomissements, diarrhée, ténesme. Il peut à peine se tenir debout. Le lendemain il a du sang dans les fèces ; et il meurt 36 heures après l’injection. Nicomède, de 6 kilos, a reçu il y a 13 jours 19 c. c. 6 par kil. 'du sang de Mhios. Après injection de 0^‘',0037 (par kil.) vomit. On continue l’injection, et on lui donne 0^U035 (par kil.) Alors, détaché, il présente des phénomènes de vomissements répétés, de défécation, et surtout une sorte d’ataxo-paraplégie du train postérieur. Il meurt dans la nuit. Éaque, de 6^.2, a reçu il y a deux jours le sérum de Thalessa (29 c. c. par kil.) Il vomit après injection de 0^‘',014 (par kil.) Après injection de O^UOTl, il paraît assez malade. Vomissements répétés, diarrhée séreuse, presque sanguinolente. Ténesme rectal intense. Je pourrais donner le détail des autres observations, rappe- DE L’anaphylaxie et des toxogénines 479 1er celle àeDiogene, rapportée dans mon mémoire sur la mytilo- conpstme, ma, s je pense que c’est assez pour prouverôl e sérum des animaux anaphylactiques, quinze jours et même cinquante jours après l’injection de congestine! contient une ubstance qu. .l’est pas de la congestinl mail qui eTt lue toxogenme capable de développer, par réaction avec la contes dTriva"mde).“" Enfin on remarquera que la mort, chez les chiens avant tableau 111, la duree moyenne de la survie a été de S3 heures tandis que pour Pollux, Hétiodora, Hippocrate et Alcide Ze2 normaux qui avaient reçu des doses beaucoup plus fortes Z ;zziT vein^p! les animaux ont reçu dans les veines du sérum anaphylactisant, ils n’ont pas, comme après injection de conpstme, une période d’incubation. C’est toit de uiteque s’établit la sensibilité de l’animal au poisoîi Deu^ leures apres que le sérum a été injecté (Eustrate), l’hypersen- sibilite anaphylactique est manifeste. rnb?p d’une période d’in- ion. 1, après injection de congestine, il faut attendre q«.». ,o.r. p„„p »il L" 1™ f es que les cellules de rorqanlsme mettent un ceriain temnl foè ™T, P*e r&ction.vee la eonZ iinldTair^sTaT^ée.'"^ Evidemment il eût été d’un grand intérêt de faire l’expé ence m vitro, en mélangeant l’actino-congestine avec le sérL des chiens anaphylactisés, sérum qui conUent la toxo41e rience^ ca!' C «'«tbodiquement cette'’ expé- relalivmnent faildp «“'^st^nce relativement faible. La seule tentative de ce genre est la suivante. Actéon 480 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR (16 kil.) reçoit 48 c. c. soit 6 c. c. p. k. du sérum de Chry- sostoma. injectée à l’aclino-congestine 40 jours auparavant, et en mèmetemps O^UOIS p. k. d’actino-congestine. Il n est pas très malade, et ne présente comme unique phénomène qu’une très forte diarrhée. D’autres expériences, qu’on trouvera indiquées au chap. IV, semblent prouver que la solution d actino-congesline aban- donnée à elle-même augmente de toxicité. 11 DE LA DOSE ÉMETISANTE. L’étude de la dose émé lisante aune très grande importance; car on peut ainsi établir une différence extrêmement nette, dès le début d’une expérience, entre les chiens normaux et les chiens anaphylactisés. Voici d’abord comment se sont comportés, au point de vue du vomissement, les chiens normaux : NORMAUX N’ONT PAS VOMI à 1 ■ dose de i NORMAUX N'ONT PAS VOMI à la dose de * PoUux 9.1 Teucer 3.5 Héliodora ... '. . . 8.7 Clitus. 3.5 Hippocrate 8.3 Pygmalioti 3. l 4 //>-i ri û 7.8 Midas 3.1 P poser pi ne 7.8 Thrasymaqiu 2.3 Porphyre 5.5‘ Andromède 2.2 Protagoras 5.4 Sapho 2.2 , Hipx)olyt<^ 5.2 Épictète 1.8 J\^ > /I /I C 4.8 Thersitp 1.5 Euloge 4.5 ! Actéon 1.5 Lycidas j 4.5 Thésée ...... 1.3 Eudore 4.2 Tertullia 1.0 Strabon 4.2 Perséphone , 1.0 Thalassa 4.1 Astyanax 1.0 TyA f A/y Q 4.0 Styx 0.5 1. En centigramme 3 par kil. d’animal. I-’A VAI>IJVLAXIE et des TOXOGÉNINES 481 Pour etudier la dose émétisante minimale il f-i.n r i 4es précautions spéciales, démuseler le ch en sur le l mï <>xpernnente et procéder à Pinjeclion avec une gna^d lenteur’ c est-ci-cl[re iniprtpr In ^ lenieui , JE, D autre part, 4 chiens normaux ont vomi. Ainsi, sur 34 chiens, avec des doses diverses il n'v -, „ vom,.sc™m ,ue 4 W., ,„i, > J “ Durée (en jours) de l’anaphylaxie. anaphylactisés N’ont p.as vomi à la dose de 11 Stt/x. . . 1.0 11’ Parinénide. 16 Midas. . . 1.1 44 É pieté le. . . 1. I 76 Eudore. :>.i ! i 106 Erotago7Yis . 4.5 j 1.2 i ANXALI^S DK L’LXSriTCr PA'^rKl'D I Durée (eu jm r.'îl | II r .impliYlf'ie. 1 AN ADIIYLSCTISKS O N T N' < > M 1 à lu ilo-e lie : a Soit i (Ml lu il"' • , l'Iliélis. h t-, uv.ilit j UMUplivluxiu ( l ). Iiu-db- ; , é-lé’ lu ilo.-i- .•méli-otni-. j npri-p uiiuphv luxe- 1 Il 5 iMKi . i " S rilfjiiialioit • • 1 0. Pi 1 i 1 1 ' llllipolijle î 1 .111) l'.l.l 1 i 11 . l'i i'I.S 7 liÉse/' • , 11.11 1.; II || 2S A/iiplulryon. ] 0. Itl :‘)S . I :i-> Th^EsUe . . 11. li- 10.8 1 ().:'):2 - . « Il ‘ ’ j lllKi'ldinanle ! (1 . 1 :5 i , :’) . 1 i :i(i Cfi/iid i 1 ;i . i I : (1.1 11 -2 . 0 1 Th}‘asi///iriqu^ • 1 *• { l.oi 1 j |l s.) Il (ait Mînos 0.18 1 :■) . vS ' j 1 1 Ü.liS 12.1 1 i 1. No„- su,>pn.m„ - .im esl l.„,l à rai '‘O''";"''' it que les chiens noi nieu': aiiruicnt iomi. si li ' n-'C s e'. * II iilé ‘ iriiui- airiidi.vl ixio, — j aii.unii'iiiée d iiu cvutiéiiio. On voit lout lie suile que la proiiorluin îles eluens i|Ui ont viuui est ilevenue tout à fait, ditlercule. Sur 11» elueus anapliy- lartisés. 11 V eu a Vi qui ont. vomi, soit 08 (1, 0. .Mais ré'tuileiles chiffres de la dose .um'Oisaute, jioussee un peu plus avant, donne des eonclusions plus nettes encore, Kn effet nous devons éliminer S///X. Panamnle. Eini ale, ,,ni ont été injectés avant le Id" jour, à uunioment ou ana- phvlaxie n-est pas établie encore. .Nous pouvons aussi . i i h ^ Thalassa. Eadore et hvlagoras qui ont suln la seconde j le jour, alors que 1 imaphylaxie avait ! ; au moins on partie, disparu. H reste alors, anapUvlaclisés ayant vomi. Midr,. et Epie, c/c qui n ont e on i. lorsqu'ils étaient normaux, ni lorsqu ils étaient ' sés. Nous supposerons que leur sensibilité au voimsseiiu ï^’AXAPin LAXIE ET DES TOXO(D{XTNi:S is.S restée la .né, ne, avant et après l’anapl.yJaxie = |)o„c en enan la .noyenne des onze chiens anaphylactisés entre l^ a It O-, jour on sait que, sur 1 1 , un seul n’a pas vomi, soif a élil r''’n " '1 nonnau.v de Vo 1. ’ anaphylactisés. hncoii (e chillre est-il absolument un maximum nuis- que nous avons dû supposer, rc qui n’en pm exact et cè li en la dose .nje.dee eût été accrue d’un centième seule- hn hiissant .le cité la statistique, on voit qu’en aénéral à ■ osede/c c lescinens normauxnevomissent pas tandisqu après une mmphy axrnde .0 à 7:i jours, en généralds vomiss'entl i: peut mieux 1-'' ^ fo'» P'»» faihle. Rien ne laÏe. > "itensité du phénomène de l’anaphy- .1 at aussi étudié l inlluence .les injections successives sur l i -lose emét, santé, mais il n’y a t-annénide a reçu i injections successives. 1“ . . . . A vomi cl 4.4. > iâ* jour ]V’a pas vomi à El. .‘E 66® jour 4 • , „ •J 'A vomi -d 0.8. 91" jour .... pas vomi à 2.G. ' qu.^rtS'i'onr "" est plus mar, qutG au ()b« jour qu au 12^ ou au 91® jour. J/idas a reçu aussi 4 injections. N’a pas vomi à 3.1. •? A vomi à 0.48. " J'>ur A vomi à 1.97. inentanalo;>ue, et nous aWonVlVD^nuu^^^^^ étions arrivés à un résultat absolu- f * 5 ==r 1 i 484 ANNALKS Ut: L’I.NSI'ITÜT l'ASl'EUli Ainsi, au (in' jour, r.inapliylaxic était .léjàon ' jour ;;■> 13{r jour N’a \rdS vomi à 3.4. N'a pas vomi à \M. A vomi à 0.7. Donc il est évident que, même au I3b' jour, I anapliy- luvic n a nas disparu. En oirel, au 130' jour, Minos, qu. n avait pas vomi par la dose première à 4.8, a vomi, pour la dose seeondc, à 0.18; Porphyre, au 133' jour d anaphylaxie, qui n’avait pas vomi pour la dose première à 3.5, a vomi, pour a dose seconde, à 0.08. D’ailleurs, en sériant les chiens d’après la date de 1 anaphy- laxie, on voit bien ; 1» qu’il faut un certain temps pour que l’anaphvlaxie s’établisse, 13 jours : 2» que vers le 70' jour ana- phylaxie commence à diminuer, mais à diminuer sans dispa- ràître. Groupe I. — Du 10'"' AU 16"'' JOUR. ! La dose émélisante a été de 100, avant l'anaphy- La dose émétisante a été de 100, avant l’anaphy- laxie : après ana- phylaxie, elle a été; de laxie : après ana- phylaxie, elle a été de . . 100 Pyfjmalion 14 V)A K . . 100 .. 100 Ëucrate (1) • Moy. = 80. Groupe II. — Du 18'"' AU 62'"' JOUR, r.ti r> h j-t rl n rtin t P 3.1 19 4rO U. 1 K IT rtintpfp ... 100 ! lo . 18 Thésée . - 1 1 13 30 Clitus . . lo.l 2 9, 23 Amphitryon . . . Il 62 Thrasymaque .. . 0.2 MoY. == 20. OO J. oi: 2.4 oo J 1 • • • Groupe III. — Du 76'"' AU 106”' JOUR. ion , 106 Protagoras . . . .... 100 t-n 'Vhrtlfteen 26 1 Moy. — 73. O J 1 1. Il tout éliminer de la moyenne le cliien Euevate qui, par une enceplion que je ne nCex- ! nlicue pas, a vomi, étant normal, à la dose de 0,-2. UK I.’ANAPJIVLAXIE KT UES TOXOGÉiMNES 48:; , lionc, par l’Jtu.le seule de la dose éniétisante rninitnal.- nous voyons que l’anaphylaxie no s’établit complètement que vers le I6« jour, et qu’elle commence à décroître vers le jour. Cette période est un peu différente de celle de la mvtilo- congesUne; car c’est à partir du .30» et non du (i3« jour que anaphylaxie par la mytilo-congestine commence à décroître. On verra plus loin que les injections de sérum des animaux anaphylactises, ainsi que je l’avais indiqué dans mon mémoire i3Ui (p. ol6), provoquent l’anaphylaxie. C’est ce nue "‘«-ire en toute netteté l’étude de la dose éniétisante. Chic-n.s ayant leau injection de scium anaptiylacti.sant. (Ont vomi.) Dose cIp .«éi'u I par kilo en c c. 10. 10. 0 10. t; Combien de jours nprè.s celte injection de .<ériini? Eusti^ate. . . 0.1 Eaque. ... ± . 0 Philofhf^e .. 2.0 Euménide . 2.0 Avistre. . 1 .0 AIciioii . j 6. j Xi corné de. | i:!.o j (X'oül pas vomi.) Do.«e émi'-ti.«ante ah.solue. 1 . 68 ] ..jO 1.05 0.7 1 .8 I .;i5 0 . 4 i‘6. Écostrala. . 1. i ;5.o 2.5 lié cube . 1!) 1 2.8 I f ‘ «"•‘^«‘|"cnC SOI 9 chiens ayant reçu du sérum anaphv- lac iquo, il y en a 7 qui ont vomi, soit 78 0 0. Cncore, pour les 3 clneus ,|ui n’ont pas vomi, peut-on remarquer que llécuhe n a ete mjectee que 19 jours après l’injection de sérum anaphylac- l.que et qi^e Erostrala avait reçu une quantité minimede sérum, soir 2 e. e. (> par kilog’. Or noiw avons vu ipi’en général la dose éniétisante est 4, si; annales DE L’INS'l’l l'LT PASTEL K sii[)éi‘icure à 7 pour les chiens iiornuiux. Nous \ oyons «ilois que, pour les chiens ayanl reçu du scruin aiinpliylactisant. elle est (le 1,2 environ. Ce qui nous donne, en iTSunu*, les chillres suivants pour la dose (MïU'tisante : Cliieiis Chiens anaphylaclisés (du au 05® jour) (Uiicns ayanl reru du S(’rrnm unaphylaclitiue Il semble que la démonstration soit faite que le sérum des chiens anaphylactisés contient la substance anaphylact isante. Par comparaison, j’ai injecté à des chiens normaux du sérum de chien normal, et, naturellement, lenr sensibilité a l’actino-congestine ne s'est pas trouvée modifiée. Hlmlaïuafile, Tlirascasa et Ckrtjsostoma n’ont pas vomi aux doses de 4.0.7 ; 4,40 ; 4-10. Ainsi I ntucle de la dose éinélisanle coidirinc absolumcnl Ions les l'ails que nous avions observés par 1 élude de la dose toxique, à savoir : P» Qu’il y a u’ne période d’incubation pour formation de la toxogénine; '2^ Que cette toxogénine a beaucoup diminué au bout de 80 jours environ ; ( lu’elle existe dans le sérum des chiens anaphylactisés, et, par conséquent, (|uc l'injection de ce sérum (contimant de la toxogénine) doit produire et produit l’anapbylaxie. DCS TllA.NSrOll.MATIONS DK i/aCT1Nü-COX(1KSTIXK Hl fftlO. L(‘S faits (jU(‘ je vais maintmiant (îxposer n ont pas le carac- 1ère de certitude de ceux que j’ai indiqués dans jes précédents cbapitres, car les expériences ne sont pas terminées encore, et il s’agit de données assez nouvelles pour exiger encore un sup- ])léinent, sinon de démonstration, au moins d’explication. Ainsi que je l’ai dit, l’actino-congestinc, préparée à l’état de poudre sècbei était, dans la plupart de mes expériences, immé- 187 DE L’AN APlIVLAXIK ET DES TOXOGÉNLNES ■diateHient avjinl l’iiijecDoii, dissoule dans la quantité conve- nabîe d’eau . Mais, dans certains cas, ayant préparé une quantité de dis- solution plus grande qu’il n’était nécessaire, et ne voulant pas perdre ce produit précieux, j’attendais quelques jours pour faire 1 injection. J’avais soin d’ailleurs (en hiver) de laisser la solution au froid; et comme la quantité de fluorure de sodium, très puissant antiseptique, était de 2 0/0 environ, que, d’ail- leurs, il n y avait ni trouble de la solution, ni odeur, je peux supposer (|ue les altérations microbiennes étaient nulles ou k peu près. O ailleurs, on sait que les chiens sont absolument résistants aux injections de liquides, même très altérés par la putréfaction et les microbes. Il est difficile de produire chez eux, par des injections de microbes banaux, un phénomène morbide quel- conque, de sorte qu il me parait peu vraisemblable d’admettre que cette solution, en apparence non altérée microbiquement, était microbiquement pathogène. Pourtant elles est montrée assez toxique, comme l’indiquent les expériences suivantes : Si 1 on se reporte, en effet, au tableau où sont indiqués les résultats de toutes les expériences, on verra qu’il y a eu, pour «les doses inferieures a 7.8, mort pour «{uelques animaux seu- lement. Li/cidas 4.0 M. en 132 lieures. 4.5 M. en HO — ^^êléas 4.0 M. en 68 — Tevtullia 1.0 M. en 168 — /*ersêphom‘.... 1.0 .M. en 336 — < »r, (le (-.es .'l cliiens, :{ ont été! injectés (et ecmp/wHC intention- nellement) par une solution ancienne. (Lijcidas, rerlullia, Persé- p/ime.) De sorte (|u’il n’y a eu vraiment de mortalité, avec des 7 — 860.0 — = 3Go,o — = 3Go,0 — = 350, 0 N ‘.1 10 ANNALI':S DE L’INSTITUÏ DASTEUU •DK) 1 1 l'bvi-ier = . 12 — = - Meurt le 12 lévrier a 5 heures. Lijcidas est mort à Éaque mort à 2^^: Aiuphiirjion il 32"^; Nicomèdc^ à 33'^; Sirabon. à 30®; Alcide, à 32®. 0. Môme chez les chiens qui doivent survivre, la températuie baisse ([uelquefois beaucoup. (11 est inutile de rappeler ici que la température nioyenne du chien est voisine de 39®. En hiver, chez des chiens laissés à Eair libre, elle est un peu inférieure ou (ii>'ale à 38®, 4). Ainsi, /h-o/r/Y/^>/m%(lont. par ailleurs, Tobservation détaillée a élé‘ pi-ise (elle sera donnée ultérieurement au point de vue du métabolisme azoté), injecté le 20 décemh!*e. a donne la courbe suivante : décembre oT^.S. — ST^b. _ 38ot). — :>7“7. _ 38<' — 37" _ 37" 7. — 37"7 . _ 36"2. — :m\. — 38" Épictète, le lendemain de l’injection, a 37®, 2. Arislée (par une température e.vtérieure de — 10®) a le 4®'® jour, 37®, 3. Sapho, le lendemain de rinjection, a 33®, 2. (iette hypothermie est l’indice d’une dénutrition profonde, ou, ce (jui revient à peu pri‘S au môme, d’une altération pro- fonde des centres nerveux. 2® Amcwjrisseinent et dénutrition. — Quand la dose est forte, l’animal est dans un état de prostration et de torpeur qui ne lui permet pas de s’alimenter, et alors il inaigTit très rapidement. Cette dénutrition est plus intense que chez l’animal en inanition : elle peut être dans certains cas de 2 0/0 par jour, et meme davantage . Mais ce qui est plus intéressant à constater, c’est (jue, môme alors (jue l’animal continue à manger, il s’amaigrit par une dénu- 21 23 24 23 23 27 28 29 39 DK L’AXAPIIVLAXIK KT J)JvS TOXOGÉNIXKS iOi (ritiori i*apicle (it pi'O^ressi verncut. Au :i0« jour, il y — ce qui est considérable vx‘, qui ne se teianine que très tardi- a encore une perte de Ib 0 0 environ par rapport au poids priniilit. ! 1 POIDS fjii début = 100. 1 10 jour; 1 20 > APR1-:S l/liXJl ;io 1 40 ÏCTIOX r,o 00 1 1 Protaf/oras. . . iOO 7^ 81 83 83 91 06 Prosf-fftiae 10') 7;; 87 ). » >, freinée ] 01) 83 73 76 77 77 » Âmphitnjou . . 100 83 83 83 Cêifns loo 02 8 1 88 81 83 * ^ flhad heures se produisent (congestion de l’intestin, selles san glantes, etc.) qui indiquentla généralisation de l'action toxi({ue à d autres cellules que les cellules nerveuses de l’axe encépbalo- médullaire. Aussi bien pourrons-nous admettre que la toxogénine est diffusée dans toutes les cellub‘s de l’organisme, mais qu’elle s est surtout localisée dans les cellules médullaires et cérébrales, d ailleurs plus sensibles que toutes les autres à l’action des poisons ; 7" La relation entre la toxogénine et l’antitoxine reste à établir. Avec le poison des actinies je n'ai pas pu déceler encore nettement une antitoxine, mais ce que j’ai vu sur la mytilo-congestine me permet de supposer que l’antitoxine se développe parallèlement à la toxogénine, de sorte que, lorsque la toxogénine a disparu, c’est l’antitoxine qui a pris sa place : M'’ 11 est probable, quoique les expériences ne soient pas absolument démonstratives sur ce point, que la congestine in vitro, en solution, peut se transformer et donner de la toxo- genine; ou tout au nioins qu’elle devient plus toxique in vitro. comme SI les transformations successives qu’elle subit dans organisme pouvaient se produire in vitro. DU MÉCANISME DE L’ANAPHYLAXIE VIS-A-VIS DU SÉRUM DE CHEVAL' ]‘ar le I)' BESREDKA (Travail du lalioraloire de M. Metchnikoff.) L’histoire Je l’anaphylaxie vis-à-vis Je sérums nous a appris un certain nombre Je faits Jont l’interprétation ne laisse pas que J’être fort embarrassante. Un Jes faits les plus curieux est celui qui a trait à la sensibilisation par petites Joses Je sérum. On sait, en effet, que pour créer chez un cobaye un état J’anapbylaxie, il suffit Je lui injecter, Jouze jours auparavant, une José minime Je sérum; ainsi, avec 1/100 — 1/200 c. c., le résultat est certain ; mais on réalise aussi bien l’anaphylaxie avec Jes Joses beaucoup plus faibles. Par contre, Jès qu’on Jépasse J /.jO e. c. , l’anaphylaxie est Je moins en moins certaine et Je plus en plus lente à s’établir; en injectant Jes Joses massives Je sérum ,(3 - 5 c. c.), non seulement on n’anaphylactise pas aussi bien qu’avec 1/100 — 1/200 c. c., mais encore on protège le cobaye Jéjà sensibilisé contre les acciJents anaphylactiques. Saisir la cause Je cette Jifférence c’était éviJemment tenir la clef Je la plupart Jes phénomènes J’anapbylaxie connus et, peut-être, même encore inconnus ; c’est pourquoi nous avons cru utile Je nous attarJeràce problème. Nous l’avons fait J’autant plus que nos étuJes antérieures nous ont Jéjà préparé à une certaine conception Je l’anaphylaxie, que nous avons tenu à vérifier par Jes analogies tirées Jes phénomènes J’orJre Jiffé- rent. Nous nous sommes aJressé à Jes hémolysines. ■ÎIn En combinant J’une manière Jéterminée, a) les hématies, /y) l’hémolysine et c) l’antihémolysine, on réussit à reproJuire ce phénomène, paraJoxal au premier aborJ, qui se traJuit par un effet positif après une José faible et un effet nul ou tarJif avec une José élevée Ju même mélange. d. Voir la noie préliminaire dans les Compt. rend. Soc. Biol. Séance du 12 octobre 1907. Voir aussi les quatre mémoires antérieurs sur l’anaphylaxie, ztÿ, Annales, février, mai, octobre, décembre 1907. 497 MÉCANISME DE E’ANAPIIYL AXIE / L’expérionce nous n.ontre, en efiol, que si l’on ,né]an<.e Se '"""T f l^antmuolysine correï pondante sérum do lapn, préparé avec du sérum l.émolvlluue O cobaye,, e, s. l’on injecte le .nélange à un cobave neuf '" lcrmer va se çon, porter .lilféron, ment suivant la dose de l’an- t be,nolys,ne ajoutée : le cobaye produira de l’bémolysine dans consT" i r"' qu’avec' un retard cons.derab e, suivant la proportion dans laquelle l’antibémolv- sme et les bernat.es se trouveront dans le mélange injecté -'à se égalé d antigene, la fabrication de l’bémolysine seia d’au ricncÎ'’ ■' '''“" 'C'»» 'l'un, ,1c ecc exp,!- IJeux lapins neufs sont injectés le 2.; et le St soi'ii 1007 1 "pTn.'L^ <^3 hé,nr,ies"e no.oiiiljie on injecte a 0 cobayes tes mélanges suivants ; siologtqui"- '■ ~ ''• ‘-““«es Ile lapin + 4 v. c. ,feau pt.y- normarfle lTpInr ‘'® '^P"' + 1 c. c. de sérum normiTde iTpm.”' ™"«es de lapin + 4 c. c. de sérum an,ohtmIyTiqu,ml,!'’,ap?„:'- '*" lapin + t/2 c. c. de sérum héniolyllque de lapin. ‘'“olobules rouges de lapin + 4 c. c. de sérum anti- mai.f,en;j!™:::!;rsont et'' P--tiellen,enl; le lende- tique : on chaqrs'^^^^^^^ ,rt "" t oontenant X gouttes .l’émulsion d’iiirna’t.es’ de if^ts of : avec une vitess^ étletn 1^? > l'hémolyse s’accomplit i tous les tubes sauf dans 1p ^ ^ les globules sont dissous dans IV gouttes de's’érum du cobayr'nVg I^sfa^l’e n’ avait été injecté avec nn méhange d’hématies et k„e t^'T 1 jantihémoljtiqne. ^oroaiies et d une forte dose de sérum Don ■ésônce’ I’ 11® l’antigène, en tscncc d une quantité considérable d’anlibémnIvsiL ...m, ANXALKS DE L’INSTITUT l’ASlEUK -4‘I8 l>'(‘Xj)(T-i(‘nce de conirôle nionlre (]ue la inèinc^ dose d aiitigtMie, iiijeclée seule ou uuTangée avec du sérum normal de lapin, ou bien mélangée avec une dose faible d’anliliémolysine, est lou- jours suivie de production d’anticorps. Cette action paralysante de l’antibémolysine n est pas debni- tive, car si l’on attend, pour éprouver le sérum des cobayes, buit jours de plus, on constate que le pouvoir hémolytique finit par se manifester ; à ce moment son titre est à peu près égal à celui des cobayes témoins qui avaient reçu un mélange d hématies et de sérum normal. Nous devons taire remarquer que ce pou\oii liémolytique quel on arrive a mettre en évidence seulement ti ois semaines après l’injection d hématies, est peu accentué, mais il est également faible chez tous les cobayes. Cette expérience qui a été répétée sur trois séries de cobayes avec les memes résultats, montre que l’antihémolysine ajoutée à des hématies exerce une action inliibitrice sur la production dTiémoiysine : en d’autres ternies, la présence d’une antilysine a côté de l’antij^ène est susceptible de masquer ou de retardei la mise en jeu de la lysine. 11 est très vraisemblable que dans 1 anaphylaxie qui, elle aussi, est fonction d’un anticorps, on a affaire a un phénomène du même ordre. Enetfet, si nous admettons que tout sérum normal possède à la fois deux propriétés, celle d’antigène et celle d antilysine, on pourrait s’expliquer pourquoi les petites doses de sérum sensibilisent si bien, tandis que des doses élevées ne sensibili- sent que tardivement. Pour le comprendre, nous n’avons qu’à nous reporter à l’expérience de tout à l’heure avec 1 antihémo lysine et nous rappeler que Panaphylaxie est due à 1 apparition dans l’organisme d’un anticorps qui est la sensibilisine . Enetfet, lorsqu’on injecte au cobaye une faible dose de sérum (1/100-1/200 c. c., par exemple), la sensibilisine qui sc forme dans l’organisme aux dépens du sérum injecté, ne ren- contrant aucun obstacle, va se fixer sur les cellules nerveuses, d’où anaphylaxie. Par contre, lorsqu’on injecte au cobaye une forte dose de sérum (1-5 c. c., par exemple), la sensibilisine 1 \ cette substance quenous avons appelée sensibilisine (ces Annales, mai 1907), le professeur Ch. Richet, dans son mémoire sur la mytilocongestine (ces Annales, juilli't dOOT), a donné le nom de « toxogéninc ». MÉCANlSxME DE L’ANAPHYLAXIE 499 -<|ui est fabi’iqiiee par ]’aniiiial, se trouve neutralisée, au fur et à tuesLire de sa formation, par les propriétés antisensibilitiques du sérum restant; comme elle n’arrive pas dans ce cas à tou- -(dier la cellule nerveuse, il n’y a point d’anaphylaxie. Si l’on veut superposer les phénomènes se passant au cours de l’anaphylaxie sur ceux que nous venons d’observer pour les hémolysines, il faut admetti*e dans le sérum l’existence de deux substance distinctes dont une serait l’équivalent des hématies (antigène) et la seconde l’équivalent de l’antihémolysine .(antilysine). On peut aussi envisager la question autrement. M. Roux, notamment, est d’avis qu’il n’est pas besoin d’admettre dans le sérum deux substances séparées : à la rigueur, l’antigène à lui seul peut réunir les deux propriétés : celle de donner naissance à la sensibilisine, d’une part, puis celle de se combiner .avec la dernière, d’autre part. Mais quelle que soit l’interprétation que l’on adopte, ce qui est certain et ce qui caractérise surtout le phénomène d’anaphy- laxie, c’est que le sérum est appelé à jouer un double rôle : tantôt de créer la sensibilisine en sa qualité d’antigène, tantôt •de neutraliser celle-ci comme le ferait un véritable anticorps ou une antisensibilisine. Toutes ces considérations et analogies, relatives à la dualité des fonctions des sérums, ont pour point de départ l’expérience suivante. Ayant observé dans nos expériences antérieures que la pro- priété toxique des sérums s’atténuait à des températures élevées (à partir de 5()^ jusqu’à 100®), nous avons recherché s’il en était de même pour leur propriété sensibilisante. Nous fûmes assez surpris de constater que dans le sérum |chaulie, alors que toute action toxique avait disparu, la pro- ipriété sensibilisante restait complètement intacte. Nous dirons I même plus : en éprouvant les cobayes sensibilisés avec des jséi'ums inégalement chauffés, nous avons eu l’impression (jue CS sérums sensibilisaient d’autant mieux qu’ils avaient été portés à des températures plus élevées L Tous nos srnims devant subir le eliaufï'age à une température dépassant 70“ .':ont pi-éalablement dilués de trois volumes d’eau distillée, puis ramenés ou non, selon le cas, au volume primitil'. m) ANNALES DE L’INSTITUT PASTEÜI^ Ainsi, les séi'uins cliaiillés à 100'^ et iiK'ine a 120'^ pendant iîi minutes, (jui son! dénués de tout [)Ouvoir toxique, ^aident cependant leur pouvoir sensibilisant aussi bien, sinon mieux, que les sérums non cliautles, par conséquent, toxiijues. Il y a donc lieu de dissocier dans le sérum normal la pro- priété qui, chez le cobaye sensibilisé, préside à l’eftet toxique, et la propriété (jui, cliez le cobaye neuf, préside a la sensibi- lisation; la première disparaît après cbauffage de sérum a lOO®, la seconde, au contraire, persiste a toutes les temperatui es. Nous sommes, donc autorisé ii allirmer la dualité des fonc- tions de sérum et cela, en nous basant sur la possibiliti' de dissocier les deux propriétés par la chaleur. Ce double caractère qu’olfrent les sérums, permet d’expli- quer un grand nombre de faits, comme nous allons le voir dans la suite. Mais, avant d’aller plus loin et pour éviter de longues cii- conlocutions, nous proposons de désigner une des fonctions de sérum sous le nom de sensünlisinogène et l’autre sous celui d an- tisensibüisme ; pour la commodité de la description, nous allons en parler dans la suite comme s’il s’agissait de deux substances, en nous rappelant toutefois que nous visons par ses qualificatifs surtout deux propriétés, relevant d’une seule substance, peut- ètre. Le sensMisinoyèiie est la substance thermostabile ; c’est celle qui, en sa qualité d’antigène, donne naissance, au bout de douze jours, à Létat anaphylactique; c’est elle qui produit ce corps nouveau (|ui présente une affinité particulière pour la cellule nerveuse et ({ue nous avons appelée dans un des mémoires antérieurs, sensibilisine L L’autre substance du sérum, appelée antiseiisibilisine, est tbermolabile; nous la désignons ainsi par analogie avec l’antiliémolysine ; comme cette dernière , l’antisensdMlisme se caractérise surtout par sa propriété de se combiner avec la sensibilisine, que celle-ci soit libre ou quelle soitdéjà fixée sur la cellule nerveuse. Au moyen de ces trois éléments : sensibilisine, sensibilisi- 1. Comme il résulte d'une de nos expériences faites dernièretnent, la sen=i- bilisine ne résiste pas au cliaulfag’e à 100«-:2(y. MÉCANISME l)E E’ANAI'IIY/.AXIE AO) no-ùn<' et autisensiliilisine, on peut faeilciuoiit expliquer tous les pliéiioruènes il’anapliylaxie jusqu'à présent connus. Gomiueuçons par Je choc anapliylactique qui se présente avec un ensemble de symptômes particulièrement impres- sionnant, lorsque le sérum est injecté dans le cerveau des cobayes sensibilisés. Or, si ces derniers réagissent si violem- ment, surtout à l’épreuve cérébrale, c’est qu’il se fait, au niveau de la cellule nerveuse, une rencontre subite de la sen- sibihsine qui y était (ixéc, avecl’antisonsibilisine qui est apportée par le sérum. Le choc est d’autant plus violent que l’aflinité entre ces (leux substances est plus marquée. Si nous disons qu’un sérum est toxique, ce n’est pas ,|u’il renferme une substance toxi(|ue déterminée ; la toxicité de sminis, qui est, comme nous l'avons montré ailleui-s, très variable, est fonction de deux substances, non toxiques par elles-mêmes, mais devenant toxiques par suite de leur union. S il en est ainsi, on doit pouvoir atténuer la toxicité d’un sérum, et partant les troubles anaphylactiques, en einpècbant plus ou moins cette union. C’est ce qui arrive en réalité lorsque, pai exemple, on agit sur l’antisensibilisine, laquelle se prête à certaines modilications, vu son caractère tlierinolabile (voir idus liant). ^ ■ , -^/"S'Mo'-squ’on injecte dans le cerveau des cobaves sensi- iHlises du sérum qui avait été cliaulfé à Tti» et, à plus forte laison, à lOO», 1 aflinite de l’antisensibilisine pour la sensibili- sme est très amoindrie, et l’union ne se fait guère ou ne se ait i|uefres lentement; aussi voyons nous que l'animal sensi- lidise supporte admirablement bien l'épreuve, cérébrale dans ce.s conditions. De plus, comme la combinaison entre les deux suli.stan,-es en question ne s’était pas produite, la sensibilisine 1 eiiioure naturellement non saturée, et il suffit de soumettre ce cobaye a une. nouvelle épreuve cérébrale, cette fois-ci avec du • seium non cbaulié, pour voir aussitôt éidaler chez lui le svn- arombî anapliylacticjue classicpa*. l'Lcela ne pouvait se jiroduire (pie dans le cas où la seii- sdnlisine si; trouvant au niveau dos cellules nerveuses, n’avail pas etc anterieuremeut touchée parPinjeclion du sérum cbaulfé ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR On conçoit ainsi pourquoi, cli(‘z un cobaye sensibilisé, un sérum chaufle à 100*' ne provoque pas d’accidents anapbylac- tiques, et on conçoit aussi pourquoi le sérum cbauHéà lOO*' ne confère pas d’immunité anti-anaphylactique, au moins dans les premières 2i-i8 heures (jui suivent son injection ^ * On peut, comme il a été indiqué dans un des mémoires [U‘é- cédents, (‘iiipécber les troubles anapbylacli(jues au moyen de Tétfier. A la suite de cette expérience (jui nous a ét(* su^^érée par M. Roux, nous en avons fait beaucoup d’autres avec divers- ariestliésiques. C'est le chloréthyle qui nous donna les meilleurs résultats; mais il ne vaut pas l’étber, car il est d'un maniement plus difficile. Le chloréthyle qui endort le cobave avec une extrême rapi- dité a, de plus, l’avantape, de s’éliminer très rapidement; seulement c’est aussi son défaut, car on n'arrive à maintenir la narcose que par une administration presque ininterrompue de l’anesthésique ; or, un excès de chloréthyle est souvent funeste au cobaye; il faut donc surveiller de près l'animal et ne lui faire respirer (jue le chloréthyle coupé d'air. L’uréthane ( O^UiO) qui nous a été recommandé par M. Nicolle, et le chloralose (0»U0o) peuvent bien donner aux cobayes une survie de plusieurs heures (jusqu'à 10 heures), aloi's qu'à l'état de veille les témoins meurent en 2-3 minutes, seulement avec ces substances nous n’avons jamais réussi à avoir une survie définitive. Il est certain que si M. Roux a eu l'idée d’employer les- anesthésiques, et l’éther en particulier, c'est qu'il espérait rendre ainsi insensible la cellule nerveuse au choc qui a lieu à son niveau lors de l’arrivée du sérum. L’(dher ne peut pas évidemment influencer eu (juoi que ce- 1. Oiî aurait tort de ci-oire, connue nous l’avons dt-jà indiqui' ailleurs, que le cliauffagi' à 100« détruit coniplèteinent la propriété vaccinante du sérum et vidci' pourquoi. Certes, une dose même massive (4 c. c.) do sérum chauiré à 100 deirrés,. injecté dans le péritoine de cobaye sensibilisé, ne préserve pas ce cobaye de la rnorf, lorsqu'on l’éprouve dans le cerveau vinjît-quatri' heures après; mais, lors- qu’on attend plusieurs jours avant de passer à l’épreuve intracérébrale, ou ne larde pas à constater que le sérum, même chaud’é à 100 degrés, conlère au cobaye une immunité assez séritmse. 11 .'>’pnsuit donc que le chaulfago à lOO degn-> ne détruit pas complètement la. ])fopriè“té protectrice du siumm, mais apporte seu' lernent un retard considè-rable à la mise en jeu de cette proprii'd»'*. Mi:CANISME DE L’ANAPHYLAXIE :m soit raliinile qui existe^, entre la sensibilisine déjà fixée sur la t elluleet 1 anti-sensibilisine qui y arrive avec le sérum, mais ce que 1 éther peut, c est de permettre à la cellule nerveuse de lester indiliérente a cette union et de ne pas soulIVir de sa brusque séparation avec la sensibilisine. Oès que ce moment dangereux de séparation est passé, à la faveui de la narcose, le cobaye ne court plus aucun risque ; non seulement il na plus a redouter de troubles anaphylactiques à son réveil, mais encore il se réveille vacciné; ses cellules sen- sibles sont désormais débarrassées de la sensibilisine, cette der- niere étant entrée en combinaison, pendant qu'il dormait, av(M‘. 1 antisensibilisine du schaini injecté. On peut encore empêcher ou même complètement prévenir les accidents anaphylactiques en translormant la combinaison buisque de la sensibilisine et de l’antisensibilisine, en une com- binaism-i lente, ou bien, en ne portant dans la cellule nerveuse charg-ée de sensibilisine qu’une (juantiti* minime d'antisensibi- lisine. Ainsi, si an lieu d'injecter le sérum (5 c. c. dans le péri- toine) à un cobaye en pleine période d’anapbylaxie, on le fait dans ia période préanaphylacliiiue, on vaccine le cobaye ; cela tient ,i ce ([ue, au lieu de mmtre rantisensibilisine d’embh'e en contact avec la totalifi* de sensibilisine. on réalise cette combinaison par petites portions, à la période oh la sensibili- sine est en von‘. de formation: au fur et à mesure ({ue celle-ci est élaboi-ee, elle rencontre l’antisensibilisine qui la neutralise, et 1 animal Imit ainsi par se débarrasser de toute la sensibili- sine : le coliayi; devient naturellement réfractaire à Tépreuve intracérébi'ale. i)ans cett(‘ experienci*, c’est l’antisensibilisine (|ui est inti-o- (luite en grande quanthh vl (jui rencontre des quantités minimes de sensibilisine. On pont ohlenir )„ mèine rrsullat, c’csl-à-dire une ininiu'nité anliunaphylaclKiue, en rcnversanl les conditions. L’expérience inonlre, .'n ell'el, que l’on peut <-onfércr l’immunité en poêlant de très petites doses l l/lOO e.c.) ilo sérum dans le cerveau de coliayes en pleine période d’anaphylaxie, c’est-à-dire en niellant 504 AxNNALKs m: L’jNSTm T iavsti-:i:k ('Il (‘ontacl (1(3 ti'ès faibles (jiiaiit ili's d’anl is('nsil)ilisiii(3 av(‘(‘ une dose (loiHU'c de sensiiiilisiiK;. Dans un cas corninc dans l'auli’e. \v elioe. anaplivlaeiiijue se Irouvc amorti par rinsunisanei' de rune des d('ux substances acti v('s. Nousmt' nous (étendrons pas sur d’autres pbenoun'uncs d’ana- jdiviaxie, ({ui peuvent aussi (Mre exphbjués par riiypotbèse de deux substances — sensibilisino^ène et antisensibilisine. Quant à la troisième sulistance, la sensibilisine, nous avons pu, après d’autres auteurs, nous assurer de sa prr'senc»' dans le s(3ruin dans des (drconslances vai'ii'cs. Ainsi, nous avons laufssi d’abord à la nu'ltre en (^ idi'iice dans le sang’ de cobayes hypersensibles. Le 20 levi'ier, 5 cohaves l)ien sensibilisés sonl sai^-iiés à blanc; le sang (délibciné mélangé (32 c. c.) esl injecté à id6ZlZhZlZZTZnZZZuo epithélioina de la mâchoire, sarcomes vari? ^ “T sébacées, se retrouvent chez la souris avec différents tene"^'*! cnialion en série ou à des essais thérapeiiliquês. l’animal, il est lacile d’en faire Vé™dr'cYnS*'T''^^^ petitesse de miers débuts de la tumeur et la couper en to "" générationsnTinbrlm'esrirtumdom^^^ ‘n^imum et qui donnent des expérimentale la notion de l’hSitre 7 I certitude. Un an d’observation sur les souris 77 complète Avec les souris d’un prix de revient ininii’ ^ Immaine. onéreux, on peut .roup'er dans ::t;r des^conditions diverses et l’étude éüologiqne lZZZ::;!ZZZ:Z:.a comité internatiouai '7'’'c,a7e7devraTrTd '« mcnr,i7"7o:77r;:S'';hr7r Nous savons maintenant que les Z'Xs ANNALES DE L’INSriTUT l’ASTEüD 510 tlroines, tuU'no-carcinoines. peuvent être transj)luniêes et non |)as seuleinent !sur le même individu, mais sur des animaux de même espèce... et rien «pie sur des animaux do même espèce. L’étude microscopique des Iragimmts inoculés faile à de courts intervalles après l’implantation a donné la certitude que cette inoculation n’était en somme qu’une grefTo et que la tumeur développée était tout entière consti- tuée par des cellules filles descendantes des cellules du fragment inoculé sous la peau. Les conditions de la rénissile ont été fixées d’une façon précise. De ïninimes différences chez les souris inoculées, (pii peuvent ne tenir qu’à une différence d’habitat, d’alimentation, empêchant souvent la greffe. Si on broie finement la tumeur inoculée, si on la filtre sur papier, si on décante la macération de cellules, si on dessèche le tissu (cancéreux, l’inocu- lation reste négative. H faut, pour réussir à coup sur, inoculer non pas seu- lement des cellules intactes (isolées), mais des fragments de tissu vivant. La virulence ne résiste pas vingt-quatre heures à 37c. A la température de la chambre, elle peut être conservée douze jours. A la glacière, le tissu cancéreux peut rester vivant longtemps, et dans une expérience remarquable d’Ehrlich, un succès sur 60 inoculations aurait été obtenu après un séjour de 2 ans à 8o. 'foutes les expériences (pii ont été faites montrent que le succès de fino- culation expérimentale tient à l’intégrité des cellules cancéreuses inoculées et que jusqu’ici rien ne permet de conclure à l’existence d’un virus : le rôle de la cellule cancéreuse seule est apparent. Le fragment inoculé croit et se développe comme un organisme étranger dans l’organisme de la souris inoculée qui sert de milieu de culture aux cellules cancéreuses. S’il y a un virus, ce virus n’agit même pas sur l’organisme inoculé — tout au moins dans les conditions réalisées à ce jour — il est incapable d’y créer une cellule cancéreuse autochtone, et il en est ainsi dans toute la série des passages (|ui peuvent se ])oursuivre indéfinimenl. Nous avons à l’Institut Pasteur, la tumeur B, un adéno-carcinome qui fait des passages depuis bientôt 4 ans avec 80, 90, 100 0/0 de succès, et il est tout à fait certain que les tumeurs actuelles sont constituées par des cellules qui descendent des cellules du lo cancer spontané, 'fout se ^(asse comme si les cellules cancéreuses, une fois créées, avaient pris dans l’organisme animal les propriétés des cellules végétales : de même par bouturage on i)eut indéliniment reproduire la souche qui a fournide cap initial. La multiplication de la cellule cancéreuse n’a pas de limite. Cette notion de la pérennité de la celhde cancéreuse, bien assise sur l’expérimentation, de date toute récente, nous éloigne de tous les faits connus en pathologie; elle nous paraît fondamentale dans la question du cancer. Elle suffit à distinguer les processus cancéreux, si obscurs encore, de tous les autres processus virulents que nous connaissons avec certitude à l’heure actuelle; elle peut permettre de définir le cancer, mais elle ne permet pas de conclure à la non existence d’un virus cancéreux. La cellule cancéreuse porte-t-elle avec elle un agent virulent qui lui sert d’excitant inconnu et provoque toujours de nouvelles divisions? ou bien une l'ÜOüI.lîMJi KTlOl.OGIOUli IJÜ CA.XCIiU rm fois orééc, cetio cellule exlraurdinaii-e Irouve-t-eile en cil» ■ l'organisme les élémenls d’une multiplication indéfinie et d’ônriécondafion toujours renouvelée? Ce n’esl là im’une des deux énim,,» 'LWndation la ^neslion du cancer. Il y en a une anir" nous présenté U maladie cancérense expérimenlale ohlenne par grefl'e eiracié.-i^. par la seule multiplication cellulaire, ne peut nas ê ce , cm ’ '»i£r“= Pour beaucoup de patlmlogistes, la théorie cellulaire seule snflit •• etc., aiUdnL de thecries nui ont étô pmicAc ^ > ' théorie i.arasiiaire du cancer. Le déséquilibre cellul-iicc ^ ^ ::r:”s':r=r,rv:s£H~^ r;~:Lt.r:r',tT,:rr.rr3 "ï-i De cela, il y a trente ans à peine ipsiiiüiii heteiochtes, pouiapioi ne pas admettre comme possible et n-ir • qaades virus encore inconnus ou à des modes d ’infe Uon valLTn?'; corr.po^re des lésions spéeiales dont ia raison d’é^s^a-ifru;:: tubcrcu/et '‘donMe'^l''' ‘les granulomes ou des tarLlt cl'e'lée ^jj.2 ANNAi.ES \)\\ I/INS'IITÜT l‘ASTKUll cerlitine limite, nous pcrniellre de (;()m[)rendre la imilliplicaLion des c(dlules cancér(Mis('s. , La comparaison est intéressante dans les cancers au delad, dans les épitliéliomas des muqueuses on de la peau et Je veux y insister n i parce que les images mic.roscopiques que l’on observe ne [)eiiveut pas s’expliquer par les théories purement cellulaires de rincbisiou embryonnaire ou du désé- quilibré cellulaire. , . Les épitliéliomas au début, de la langue, de la lèvre, de 1 utérus, -etc., donnent souvent l’impression de vraies luistules à accroissement latera : les cellules devenues cancéreuses sc distinguent très bien des cel u es normales et l’on peut suivre la transformation cellulaire qui se lait latéra- lement, de proche en proche et de Jour en Jour par envahissement de nou- velles cellules. 11 se constitue ainsi, au point initial, une sorte de thalle d on partiront les bourgeons cancéreux désormais métastatiques; ceux-ci se forment par la inultiplicalioii et la poussée des cellules devenues successive- ment cancéreuses, et de même que les niétaslases lointaines, se développent par la seule multiplication cellulaire : transformation progressive et en surface des cellules normales, accroissement en profondeur et par simple multiplication cellulaire doivent être distingués dans riustogenese dune tumeur. Les théories de Coniieim, de Hibbert et les autres théories pure- ment cellulaires ne tiennent compte (pie de la seule multiplication cellulaire, elles sont impuissantes à expliquer l’extension progressive en surface et la période de transformation initiale. L’histogenèse caucereuse s expliquerait lieaiicoup mieux par l'intervention d’un ngenl virulent, env.iliissant les cellules de proclie en proche et provoquant la l'ormaliou de la pustule can- céreuse initiale. ^ liais il faudrait (pie rexislciicc de cet agent soit diinionlree par i mocu- lation faite en dehors do l’inlervenlion de cellules cancéreuses vivantes. Cette inoculation, nous ne savons pas encore la lairc, et pour cela le Mrns cancéreux reste encore à l’étal d’hypolhèse. Les essais les plus variés d'ino- culation virulente, de Iransmission du cancer par virus seul sont restes jns.pi’ici négatifs, mais cela non pins ne veut pas dire <|ue le virus cance- reux n’existe pas. I/exemple des Épithélioses, de la vaccine en pariiciiher, nous démontré qu’il existe des virus capables de faire proliférer les cellules épithéliales, (lui ne deviennent évidents ipie dans certaines conditions d'moculation. Iniecté sous la peau, le virus vaccinal ne donne aucune réaction iialholo- «'ique ancime lésion qui permette d'expliquer l'existence d’un agent patho- gène : il est comme s’il n’oxistail pas. Il faut, pour que la pustule caracté- ristique se produise, nieltre le virus en bonne place, au contact ou dans les cellules réceptrices ; la peau rasée ou épilée, des piqûres superficielles, des scarifications, sont les méthodes d’inoculations appropriées. S’il existe un virus ou des virus cancéreux provoquant la transtomnation et la multiplication cellulaire, présent dans la cellule ou dans son voisinage, transporté avec des cellules par la grelfe expérimentale, accompagnant les cellules cancéreuses dans leur multiplication illimitée, il est certain que nous ne savons pas encore mettre ce virus en bonne place. Avec les tumeurs IKOm.ÉMli KTIOl.OGlOUË DU CANCEli r;^;5 de la souris, les essais les plus divers onl /■!/■ cliaiiue fois que la cellule cancéreuse vivanle inoculés, soit par tiltration, par broyage nar i* i f. produits Souris épilées, souris rasées souris nré^ Pae dessiccation, pustules n’ont Jamais développé de "Itérations, liquides ou de macérations supposés viruleiur P-^ . de tion, dans un oriranisme normal nous no Pi’océdés d’inocuia- raceptrices, ni provoquer la trn;;ormati n 7"^,"? cancéreuses, et c’est là précisément tout le . ■ "omiales en cellules Il sera résolu lorsque le ou les virus cancér^*" ' "l'ol"g‘q"e du cancer, par la vraie inoculai ion evpérimenlale et o ' de pénétration de l’infection spontanée '“""“'‘‘'""s 'es 'oies- J’ai rapporté, dans mon travail sur le nroblém,. i tion qui me parait importante de conlam „m , ' “ "bserva- la souris porte-grellé par les cellules dr h "l “P''‘'’«'i“'es de lieurcux de voir, hier, dans le laboratoire du nrorv'"' ’ J’*' rations de M. Lewin qui montrent un ev»l ^ ' "" ^'es prépa- developpé dans l’épiderme du rat inoculé e^t cancroïde cellules de la tumeur inoculée comme si d’ ^^^ctement au contact des latmn le virus cancéreu.x, encore problénmlique" au porte-, greffe. Il y a, ilans ces Lts presà e i- r “ graffe cùlabilité. ’ Presque la démonstration de l’ino- ^ génes décrits du cancer de Scheuerlen, de llappin de vl avons eu aussi le TOicrococciis ,mo/'o;-i«««s de Un'*' «te., pous sont depuis longtemps oubliés ou on passe q/'m"’, "''«robes aussi le mcc/t. neoformmu de San Felii e i,. i ' avons eu avons eu les coccidies de toutes les mmll . '“"•''‘S"®"® 'J« Ura. Nous AViclvbnm, coccidiesdeFoa deRul’fer S Neisser ou de ■le «rois qo’il est à peu deSawehenK-o' pseudo parasites, J compris les yeu.x de ni "'amtenant que tous ces particuliers de la sécrétion cellulaire dans iL^i ’ l'Ius récemment, les spirilles m eu ni «--"Ple, puis Calldns, semblaient reuloir adn 2 T""',*’ Pa- tata, ^ar. tiui/lonli, dans le développement I micfo(j,i- J.y/.zer, Wenyon et nous-mêmes avons ^01'^ ' ■ op lialive. On trouve en effet très souvent de '"'«‘■pfélalion cancéreuses spontanées de la souris et ce P , <>«« tumeurs mais on en trouve aussi chez des souris md ''«'"arquable, leront Jamais de tumeurs cancéreuses l’''ra«"t«nl- pas et ne présen- l'ar l’inoculation, on peut infocloi* in. ■ , que de cancer, et nous avons eu dans no^^^ ' ^ ^P^^'iHosc en même temps ""« série de souris contaminées 2 2 ^«nes parallèles de tumeurs inoculées restaiem urnes lestaient de/,ourvues de s,,irilles. dd fri \ annales de L’INSTITUT PASTEUlt L(' i-àle dcss|jirilles dans le developpeinenl du ciincer de la suuns r.-d.- ,léiiiontror.l'eut-èli'e lessouris spirillées, comme les liommessï|jluldi.iu.-s. sont-elles oins lacilement cancéreuses? Il n’esl pas [lour cela necessaire d’a.lmelire une relation causale directe, cl la question est de cell.'s .pu peu- vont être résolues oxpéi-inientaleiiient. i;étiologie des tumeurs cancéreuses, avec les données actuel.es noii^ parait beaucouj) moins simpliste; elle se présente comme un pio ci complexe et le mystère qui l’entoure lient prol.aldement à la c..u.plexil.- des conditions nécessaires pour réaliser l infection. Déjà les tumeurs à coccidies ne sont pas directement transimssihlo lapin à lapin, les produits virulents ne sont pas inoculables. H bml. pom que la contagion se produise, une évolution nouvelle de I ageni patliogen.' dans le milieu extérieur. La cocci.liose est une maladie nuasmalupie. comme le paludisme, comme la filariose, comme la lievre .jaune : moue le». moustiques, insectes piquants variés sont les Indes intermédiaires .les para- sites spéciliques et les agents de la .mntagion. l>our le cancer, nous n eu sommes encore qu’à la période .les liypothèses possibles et nous navoies même pas le droit de parler de maladies miasmati.|ues, . . mais nous pouvons y penser si nous envisageons à l’Iicure actuelle les conditions de I apparition .les tumeurs cancéreuses, soit chez l’homme, soit chez la souris, .laiis es pays à cancer, et siirtont dans les élevages cancéreux. Les observations cliniques, statistiques, épidémiologiques, ne von pas à l’encontre de l’hypothèse .lu cancer, maladie parasitaire et de .laiise externe. Les faitsapportés par le docteur Behia démontrent qu’ily a. les loca- lités des rues, des maisons à cancer. Les études statistiques de kolh, .1 As- chof, prouvent qu’il y a des villes plus particulièrement atteintes .pie les bords des cours d’eau, les embouchures des lleuves, les pays de ciiltuie maraîchères, paient un lourd tribu à la maladie cancéreuse: a la le cancer serait dix fois plus fréquent qu’à la ville et tontes les statistique.s parlentdans le même sens. Il y a même des localisations de certaines formes : D’unecommunicationorale du docteur Marchoux, il résultera.tqiiele sarcome- est particulièrement fréquent au Brésil. Le professeur Lignieres nous a signalé labondance extrême des cancers de la bouche et de la goige c s r Bépublique Argentine. La rareté du cancer dans les pays chauds, en Tunisie, en Algérie, est de notion courante. En France, et suivant les régions, la morbidité ducancer présente des variations notables. Le docteur l'iessmgei .i indiqué des localités cancéreuses dans le département de 1 Am, i y à P us de 20 ans. Le cancer de la lèvre et de la face, si fréquent dans les vallées des Cévennes, est plutôt rare à Paris. Lertaines villes une réputation fâcheuse et tout récemment un médecin du Nord me signa- lait 3 cas de cancer de la vessie survenus en quelques mois dans un hameau de 65 habitants. De pareilles données ne sauraient êtres négligées, elles auront encore plus de valeur lorsqu’elles seront établies sur des bases solides et non i.ai oui-dire ou sur des impressions. A ce point de vue, le Comité Internationa pourra faire œuvre utile et nul doute qu’une statistique generale .tans toiite. les parliesdii momie n’apporte des.tonnéos utiles pour leprob.eme du cancei. PUOBLEMK ETIOLOGIOUP] DU CANCUB mmmm ^iichaelis,Ga,yi„rd etc, ont signalé des^S Cre ordre c, s : “s ni'iz “ rf' î "" “■ *' ™ r,*' “ r;“ ‘ r* '• ~™ Yerifieespartout. Combien plus difneiles seraient Peuvent eire tions certaines de généalogie cancéreuse ' Si l'on m ''' Midleseix Hospital, les descendants de cancéreux som" s'atistiques du les descendants d'une souche non cancéreuse Sans In TT interviennent ; et la région humide l’habitat ' la uudisou d’un palais, s^emhle pluTt devo^re "" :rzsr 7“ i' ■ ou des endo-parasites de la souris nui env T 1 etude des ecto culation que nous ne savons pas faire et ca ITT"^ capables défaire l’ino- les cellules réceptrices du virus cancéreux^ atteindre ou de déve lo pper ■nine, puces, ascariens vl^i’s T actuellement pouvoir être un facteur imooiTnt '"® P*™'* ce genre sont presque toujours constatés dans les punaises habitant ces élevao-es cnnt • x cancéreuses et que parasitées, par des acarls et ’Tl peuTent^ souris à souris dans les cages. ^ ^ tiansporter ces parasites de élevages eanXeufcolfh'me!rou i^ de la souris, tumeurs m'a souvent montré des réactions nhna coupees totalement, centre du néoplasme et dans lesmipl des abcès constitués au naitredesdébLchiLeux p^Tenaufd’unT^ rien dans un épithéliorna des dandes • Une fois un aca- Jans des adéno-earcinomes de^ la mamelir"» helminthe présence d’un petit nématode tout TSaJ^ct i''" m’.a'beaucTp'' fTppîpTcTpr|> iT" «''nervation, touteVéceTe^ 5iti ANNALES DE L’INSTITLT PASTELR l.imciirs à Paris est tout à l'ail reinar.iuable. S’agit-il simplement d’une coïncidence? Rien n’csl moit.s sùi- et j’insiste beaucoup sur ces parasites (|ui peut être faite dans d’autres elevages cancer eux. Cette recherche, pour êlre réalisée dans les meilleures conditions, ^0“ P»‘‘^ sur des tuuiours très jeunes, ti-ès petites et coupées totalement ; elle dort être faite aussi dans les dilférents organes de la souris ; elle demande beau- coup de patience et un nombre illimité de coupes en serre. .l’ai essayé, jusqu’ici sans succès, de réaliser 1 infection directe de soui s cancéreuses à souris «aines par les excroinents, et ces expériences s»»'- jours poursuivies. Négatifs aussi les essais d infection par cobabitalio , né"alifs encore les essais de contamination par des excremen svaiies, être le parasite supposé, apportant le virus cancéreux dans la mamelle a-t-il besoin d’un hôte intermédiaire? Peut-être a-t-rl besoin d etr-e inocule par un acarien. qui serait lui-même convoyé par la punaise? Le champ des hypothèses est illimité, mais ces hypothèses appellent des expériences, 011 peut donc eh parler ; elles peuvent donner une idée de la cornplexite pos- s*ible des conditions à réaliser par l’expérimentateur ; dans les élevages can céreux ces conditions se trouvent spontanément réalisées. .l’ai rapporté ailleurs deux observations de tumeurs à helminthe chez le rat • Cyst. de Toenia crassicola, trouvé au centre de la tumeur dans un sar- come du foie et aussi dans un adéno-carcinome du rem. Regaud a signale deux cas du même genre. Rrumpt m’a montré plusieurs adénomes de 1 intes- tin causés incontestablement par des helminthes et sur une prépara ion de tumeur de l’intestin chez le rat, que me montrait le professeur Bashfoid, fut aussi trouvé un cestode. . En tenant compte de la dilliculté de ces recherches microscopiques, des cas nombreux ou le parasite initial peut avoir disparu, — 1 inoculation une fois faite - les faits positifs actuels sont assez nombreux pour que 1 hypo- thèse mérite d’être prise en considération. Elle doit surtout êlre envisagée en présence du nombre vraiment extraordinaire des cas de ô^cer du tu digestif et de ses annexes chez l’homme ; 60 0/0 de la mortalité totale par "Test permis de penser, pour les cancers du tube digestif chez l’homme, à quelque infection vermineuse d’origine alimentaire, a que que *•. quelque parasite venu de l’eau ou des aliments souilles par les Èépandage. La prudence voudrait, semble-t-il, que radis, salades, fraises et tous ahmenls crus souillés par des fumiers soient tenus en les personnes qui redoutent le cancer et qui approchent de la qiiaiantienie année Ce n’est malheureusement là encore qu’une hypothèse. Ce qu’il y a de certain c’est que chez l’homme, en particulier dans les cancers internes, la détermination exacte de la cause initiale ne P^ facile à saisir et à mettre en évidence : les cas de tout premier début, les seuls intéressants, ne seront jamais que des trouvailles d’autopsie. Chez l’homme il sera peut être plus facile d’étudier au meme point de vue le cas de début dans le tégument externe ou sur les muqueuses, et quelques as urjÏi observés poui’raient plaider en faveur de l’hypoth se d’un aca- rien, agent possible de l’inoculation, f’ai observé par exemple un epitlie-. PKOBLÈMK ÉTIOLOGIQUE DU GANCEIÎ .>)I7 lioma de la lace dévelo|)pé chez une femme de 40 ans, il s’agissait d’nne tumeur qui avait à peine t/2 millimètre de diamètre, microscopique au vrai sens du mot, développé aux dépens des follicules pileux de la région Sur les coupes, les follicules centraux sont déjà cancéreux, tandis qu’à la périphérie, dans la zone d’extension se voient les follicules en voie de transformation cancéreuse, bien distincts des follicules encore sains ; des larves d’acariens se trouvent dans les follicules à la périphérie de la tumeur et ne se trou- vent que là. Un pareil processus et de pareilles coupes ne peuvent pas être expliques par une théorie purement cellulaire. Il est certain que le rôle étio- logique de I acarien peut être discuté; on ne manquera pas d’objecter qu’il s agit peut-être d une coïncidence banale et des parasites normaux de la peau uimaine. Evidemment la constatation microscopique nesiiflîtpas et je veux: seu ement enregistrer le fait sans avoir la prétention de généraliser. ' 1 ailleurs ecto-parasiles ou endo-parasites ne peuvent pas être les seules causes etiologiqiies à envisager dans le problème du cancer. L’éclectisme es> de mise, il est dans le sujet lui-même; ce n’est pas le cancer que nous avon* à etudier, mais les tumeurs cancéreuses; chaque type de tumeur devra être étudié à part et peut avoir une étiologie particulière Un seul fait paraft certain : les différentes formes' du cancer ne sont pas diiectement transmissibles d’homme à homme, d’animal à animal. La con- agion du cancer ne peut être qu’une contagion indirecte. Les observations iniques, et 1 on ne saurait trop en tenir compte, montrent que toujours il laiit admet re la nécessité d'une lésion préexistante de la région ou de oigane, la tormation de ce/Ji/les réceplnces capables de devenir cancéreuses Les e.xemples probants de cancer développé snr les nævi, sur les lésions du xeiodennapigmentosiiu prouvent que ces cellules peuvent exister norma- ement chez certains individus. Les cancers apparaissant sur les brûlures, demontren que ces cellules réceptrices peuvent apparaitre ou se constituer sous des m luences diverses, peut-être par simple association microbienne ; I etiologie du cancer ne sam-ail être univoque. lelle esta mon avis la conception que l’on peut avoir actuellement du problème étiologique du cancei-. en reconnaissant que les conditions de mociilation spontanée et les virus qui interviennent restent dans presque tous les cas a l’etat d’hypotbése et -de possibilité. Espérons que grâce à de nouvelles recliercbes peu à peu se .lécbirera le voile noir q„i nous cache le^mystère ^des tiiméiirs-eancéreuses. Diagnostic microscopique de ia trypanosomiase Irumaioe. VALEURS COMPARÉES DES DIVERS PROCÉDÉS ]*AU LE l)*' CilSTAVE ET LE J)‘ J.LLOLUF Le diagnostic microscopique de la trypanosomiase humaine peut se faire pratiquement en examinant trois liquides de l’or- ganisme : le sang périphérique, la lymphe des ganglions super- ficiels et le liquide céphalo-rachidien. Nous exposerons d’abord les résultats obtenus en recherchant T. gambiense dans ces divers liquides, puis en comparant rime à l’autre les différentes méthodes d’examen au double point de vue de la facilité de la découverte des parasites et de la commodité de leur emploi chez les indigènes, nous chercherons à déterminer à laquelle, selon nous, doit être accordée la préférence. Nous examinerons ensuite quelle peut être l’importance des données fournies par : P l’étude des éléments figurés du sang et du liquide céphalo-rachidien et l’auto-agglutination des hématies. Nos diverses investigations ont porté sur un total de 258 individus trypanosomés, examinés les uns au laboratoire de Brazzaville, les autres au cours de tournées dans l Alima, le Congo, le Bas, le Moyen et le Haut-Oubanghi, ainsi que sur la route des Caravanes (route de Brazzaville à Loango). J HECHEHCHE DL T. gcoubieme dans le sang périphérique Cette recherche peut s’effectuer de deux façons, soit par examen direct entre lame et lamelle, soit en centrifugeant du sang recueilli à une veine du pli du coude. 5111 TUYPANOSOMIASE HUMAINE A. Examen direct du sang. — Depuis l’époque où, poui- la preui.ère fois, le U-’ Forde vit des trypanosomes dans le sang périphérique, l’examen direct a été pratiqué par tous les obser- vateurs pour le diagnostic de la maladie du sommeil. Nous n insisterons pas sur les premiers résultats obtenus par Dutton, lodd Manson, Broden, Brumpt et Baker; nous rappellerons que le rapport de l’expédition anglaise de l’Etat indépendant du Congo (Mémoire XVIII, Ecole de médecine tropicale de Liver- pool), donne le ebilfre de C3,(i 0/0 comme pourcentage des cas ou le parasite se rencontre dans le sang circulant. C’est un chillre fort inférieur à celui que nous avons obtenu chez les malades qui se sont soumis à notre examen au Congo français. Nous procédons comme il suit : la pulpe d’un doigt du patient est rigoureusement nettoyée à l’alcool et soigneuse- ment secbee, puis piquée avec une aiguille flambée. La goutte de sang obtenue par expression de la pulpe est immédiatement recueillie entre une lame et une lamelle qui doivent être dans un état de propreté absolue. La préparation est examinée avec objectif n» 7 a sec et l’oculaire compensateur n« 4 de Stiassnie, combinaison qui fournit un grossissement de 276 diamètres. 11 est indispensable de faire usage d’une platine mobile graduée, a in ( e passer méthodiquement et sûrement en revue le plus grand nombre possible de champs dans un temps déterminé sans courir le risque de revenir sur un coin déjà vu de la pré- paration. La durée de l’examen a été en moyenne de fO minutes par aine. Nous n avons, en outre, fait qu’une préparation par M.alade, .saul dans 6 cas on nous nous sommes départis de cette maniéré de procéder pour la raison suivante : Ayant remarqué bien souvent, au laboratoire, que le sang preJeve a une oreille d’un animal trypanosomé ne présentait que I e très rares parasites ou même pas du tout, alors que le , oreille opposée en laissait voir de très nombreux, I idee nous est venue d’examiner les préparations faites avec < eux gouttes de sang prélevées, l’une à un doigt de la main .itauche, 1 autre à un doigt de la main droite. Sur G individus e.xammes de la sorte dans un même village, nous trouvâmes lois des trypanosomes, alors que l’examen d’un seul doigt ne nous avait donné aucun résultat positif. Nous n’avons ainsi procède que sur les tout derniers malades examinés, nous ne 1 f^20 ANNALES DE L’INSTITÜT DASÏEUR pouvons donc, ctant donné leur faible nombre, nous étendre plus long-uement sur les avantajies (|ue pourrait offrir ce modus operandi. Notre résultat ^-énéral est le suivant : sur 217 individus reconnus infectés, nous avons trouvé 81 fois le T. garnhierise à r(‘xanien direct du sang, soit dans 37,78 0 0 des cas. Envisagés relativement au nombre des parasites existant dans les préparations, ces 81 cas se décomposent comme il suit • Trvpanosojiies Tii's rares •i);; Rares 2* Non rares 15 Assez nonibreux.. U> . . . . Nombreux r. Très nombreux. . Total égal s le tjui nou» donm* en rapportaîit à lOU les ebilîi’f !S précéilents : Trv])aiiosouics . . Très rares l'D 00 o; 0/» Rares oO.Sf) Non rares 18. .52 , Assez nombreux. 12.35 Nombreux 7.41 Très nom b l'eu X. . 2.47 100.00 tableau nous montre que les trypanosomes ont été au moins (( assez nombreux » dans 22,23 0/0 des cas où nous les avons observés. 11 était intéressant de rechercher quelles pouvaient être les vai iations dans la présence des parasites dans le sang circu- lant avec l’àge de la maladie. A cet effet, nous avons divisé nos individus trypanosomés en trois catégories. La première que nous avons classée sous l étiquette Las cliniques », comprend les malades chez lesquels le diagnostic s impose en dehors de tout examen microscopique. La deuxième se compose de ce (|ue nous appelons les « cas suspects » et renferme les trypa- nosomiasiques ne présentant avec netteté aucun des symptômes de la maladie. Enfin, dans les a cas en bon état ». nous avons rangé les sujets chez lesquels aucun symptôme, si minime fût- il, ne pouvait, bien qu’il fussent parasités, faire songera 1 exis- tence de l’affection. 39,3b 0/0 des sujets de la première catégorie, 30,13 0/0 des sujets de la seconde, et 44 0/0 des sujets de la troisième t voir ti TRVPANOSOMIASt: HUMAINE le tableau V pour le ilétail des nombres d’examens et de résul- tats positifs), ont présenté des trypanosomes. 11 semblerait donc que c est chez les sujets en état apparent de bonne santé nue les parasites sont le plus facilement décelables à l’examen direct du sang* përipliërique. Quatre Européens entrent enlig-nc de compte dans les pour- centages précédents : chez trois d’entre eux le T. gambiense a ete constate a l’examen direct du sang. .Sur .’{ autres malade.s européens, examinés par des collègues des troupes coloniales, l epuis notre arrivée au Congo, le parasite a été trouvé chez chacun d eux par cette méthode. 11 est des plus intéressant de constater que, sur un total do 7 malades européens, l’examen du sang périphérique entre lame et lamelle a permis de déceler O lois la prësence de l’agent pathog^ène. -Notre cinifre de pourcentage général serait d'ailleurs une évaluation plutôt un peu faible des résultats que l'on peut obte- nir par cette méthode, si .simple et si commode, juiisque l un de nous, au cou,3 tournée dans l’Oubangbi, a obtenu le chiffre de 4;i,93 0/0. Chez un de nos cas européens, l’examen du sang provenant J une petite plaque d’érythème' a révélé des trypanosome,s assez nom icux ». Bien souvent nous avons pris du sang au niveau d éruptions diverses, relevées sur les téguments de nos ma ai es indigènes, sans que nous ayons pu constater que os trypanosomes fussent plus facilement décelables dans le.s préparations ainsi obtenues (pie dans celles provenant de hi pulpe du doigt. Enlin nous observerons que nous avons rencontré fort sou- vent, au cours de nos e.xamens de sang, des blaires avec gaine sans game, surla nature desquelles nous ne nous éten, Irons trouvées chez 47,!)2 0/0 de nos os O iseivations a ce sujet coïncident d’une manière presque absolue avec celles de Brumpt -. H. Cenirifugatim du sang. — Dans les premiers temps de Nabairo, qui consiste a soumettre 10 c. c. de sang provenant -- A UnMcï, Comptes Soe. I,M., T mai 19M. ANNALKS DK L’INSTITUT UASTKUR (l’une veine du pli du eoude et, luélange d’un j)(‘U de eitrate de soude, à quatre centrifugations successives de 1(1 minutes cha- cune et à examiner le quatrième sédiment. N’ayant obtenu par cette méthode que des résultats assez médiocres, nous pensâmes (jue la plus grande partie des trypanosomes devait se trouver éliminée au cours des premières centrifugations et nous cher- châmes une technique qui permit de les réunir à peu près tous dans un sédiment peu abondant où l’on pût facilement les rechercher. Nous nous sommes définitivement arretés au procédé suivant : Nous opÔTOiis sur 10 c. c. de sang prélevés à une veine du pli du coude; ce prélèvement constitue d’ailleurs une oj)ération des [dus simples, des [dus bénignes et des plus rapides. Comme matériel, une bande de coton de ou 3 mètres de long sur 4 à 3 centimètres de largeur, une aiguille en platine iridié de o centimètres de long et de 03,3 0/0 de millimètre de diamètre intérieur, un tube à sédimentation d’une propreté ])arfaite, une solution de citrate de soude à 20 0/0 dans l’eau distillée physiologique. On place un petit bandage (‘ompressit sur un bras (le droit de préférence, les veines y étant en général plus a[)parentes que du coté gauche) à quelques centimètres au-dessus du pli du coude tpie l’on aseptise soigneusement. L’aiguille de platine, que I on stérilise au moment de l’usage, en la passant au rouge dans la llamme d’une lampe à alcool, est tenue de la main droite et enfoncée directement dans la veine la plus saillante; le pouce et l’index de la main gauche tendent la peau sur le vaiseau à ponc- tionner : Taxe de l’aiguille doit faire un angle aussi fail)le que possible avec la surface cutanée. Le sang qui s’écoule par la canule de raiguille est recueilli directement dans le tube à sédimentation que l’on a préalablement garni de 1 c. c. de la solution citralée. On prélèvf^ de la sorte iO c. c. de sang qui sont alors soumis à trois centrifugations successives. a) La première, qui constitue le temps délicat de l’opération, car c’est d’elle que dépend le succès de l’examen final, doit être surveillée de fort près : elle a pour but d’établir une séparation entre la plus grande partie des globules rouges et le plasma renfermant, avec les globules blancs, les hématoblastes, les trypanosomes et les filaires. Cette centritugation, suivant le nombre d’hématies contenues par millimètre cube, a une durée variable de 8 à 12 minutes environ: elle n’est plus longiu' (pie très exceptionnellement. A partir de la 7*^ minute au plus tard, il tant vérifier l’état du tube toutes les (10 secondes et arrêter la contrilugation dès que la séparation en deux couches à peu près distinctes est laite. Dn obtient les meilleurs résultats quand il Hotte encore dans le plasma quelques très légers nuages de globules roug(‘s. Cetle contrilugation est ojieréc avec le TRYI'ANÔSOAIIASK IIUiMAINE ' ri±! «nlnlugour Kcuuss û deux vitesses maechaiit à 1,500 tours par ,„ini,te Soit 6o tours de la manivelle placée sur Taxe « urine « l*» <=oi.cl.c supérieure que l’on reeu->ille avec la maiorit les Tu? contenus, it:.r avec le s6dimP^^ ^ et lamelle LTement 1,^75 0 r o"' ' centrifugation, üans 10 cas Toiliriin.''r7’.''T'd '’^‘“‘ indépenilant du Congo, Dutton et soit un noiir- ont obtenu 8 résultats positifs, suivant ^les ° *' sur 7.5 centrifugations etiectuées TosS Pf-édentes, nous avons 69 résultats îrérn ïtion ” pourcentage de 92 0/0. La richesse des nous ont fourni 100 0/0 de succès, les (( cas cliniques » 92,30 0/0 et les a cas suspects » 90 0/0. 11 se confirmerait donc ici que c est chez les malades en état appa- rent de bonne santé que les parasites sont le plus facilement décelables dans le sang circulant. En considérant, ainsi que l’ont lait Dutton et lodd, coonne positifs pour la centrifugation, les cas où les trypanosomes furent rencontrés à l’examen direct du sang, nous arrivons au chiffre général de 96,15 0/0 pour le « sang total ». Et en décomposant nous avons (Voir tableau \ ) : Pour les cas cliniques O u — cas suspecis y4.:io — cas t'u bon (Hat lOü.OO II heckemcuf. du T. dans la lymphe extraite des (jANiaaoNS Sl'PERFIClELS Nous nous sommes conlormés en tous points, pour le prélève- nient de la lymphe ganglionnaire, aux minutieuses indications de la technique exposée par Dutton etTodd . (Mémoire X^ 111, Ecole de médecine tropicale de Liverpool.) Nous avons pratiqué de TItVI’A.XOSOMIASE IHJMAFNE 5^5 la sorte, sur 216 individus trypanosomes, le « diagnostic gan- glionnaire complet ». Nous voulons dire par là que les individus de cette catégorie qui ont été classés comme n’ayant pas de trypanosomes dans la lymphe ganglionnaire, ne le furent qu apres examen approfondi des groupes ganglionnaires ponc- fionnahles (sauf les sons-maxillaires qui ont été étudiés à part). Avant de conclure à la négative, chaque groupe ganglionnaire a été l’objet de ponctions répétées donnant lieu à des préparations parfaites. ^ Nos pourcentages ont été établis sans que nous ayons, en général, procédé à des examens renouvelés pendant plusieurs jours de suite et cela pour deux raisons : l^Tout d abord, c/est qu un indigène ayant subi 1 examen de tous ses groupes ganglion- naires avec plusieurs ponctions pour chacun d eux, se serait en general prêté de la plus mauvaise grâce à une deuxième seance de cette nature et aurait certainement pris la fuite. 2^ Ensuite, si nous avions ainsi opéré, nous n'aurions pu, en bonne logique, procéder à une comparaison rigoureuse de I efficacité et de la valeur absolue des méthodes mises en présence. En effet, en examinant des malades plusieurs joui s de suite au point de vue ganglionnaire, le pourcentage de la présence des trypanosomes dans la lymphe se serait légère- ment élevé, et les résultats n’eussent plus été comparables. Il eut fallu repratiquer aussi les mêmes jours les divers modes d examen du sang (dont les pourcentages se seraient aussi de ceüe façon sensiblement élevés), ainsi que la ponction lom- baire, ce qui est pratiquement impossible quand on a comme î>ujets d étude des indigènes sur lesquels, malgré tous les raisonnements possibles appuyés de cadeaux, il est déjà bien difficile de faire un premier examen complet. Tableau 1 (tANGlViXS Sous-niMxülaires. Cervicaux. Axillaires. Epitrochléens Inguinaux Nombre de malades ponctionnés.. 39 190 72 08 120 Résultats positifs. , . . 27 1 lu 31 34 09 Pourcentaire 09,23 0/0 73,97 0/0 0 50 0/0 57 0/0 52(i ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Un opérant de la sorte nous avons obtenu le -résultat général suivant : sur 216 malades, 197 ont été trouvés porteurs de trypanosomes dans la lymphe ganglionnaire, soit une propor- de 91, 20 0/0. En thèse générale, les parasites sont plutôt rares dans la lym- phe extraite des ganglions superficiels, et bien souvent, pour les y trouver, nous avons passé plus de temps sur les préparations ainsi obtenues que sur les lames de sang étudiées à l’examen direct. En classant les trypanosomes suivant l’échelle de fré- quence habituelle et en reportant à 100 les chiffres obtenus nous avons en effet le tableau suivant : Trypanosomes très rares :23.82 0/0 — rares 28.90 0/0 — non rares 19.93 0/0 — assez nombreux 14.45 0/0 — nombreux 6.25 0/0 — très nombreux 6.25 0/0 100.00 Nous voyons ainsi que les Trypanosomes ne sont du moins (( assez nombreux » que dans 27,35 0/0 des ganglions parasités,. alors qu’ils sont au plus « non rares » dans 72,65 0/0 de ces orsranes. O L’àge de la maladie semble peu influer sur la présence oa la non présence des flagellés dans les ganglions. Les pourcen- tages (voir tableau Y) des résultats positifs sont en effet. Pour les cas cliniques. 89. 8^ 0/0 Pour les cas suspects 92.76 0/0 Pour les cas en bon état 90. o6 0/0 Les trypanosomes seraient peut-être un peu moins fréquents dans les premiers que dans les troisièmes, mais les chiffres sont tellement voisins l’un de l’autre qu’il serait téméraire d’en vou- loir tirer une conclusion précise. Il était intéressant de rechercher si, chez un même malade, les trypanosomes coexistaient dans les divers groupes gan- glionnaires. C’est ce que nous avons essayé d’établir d’après les observations de 42 malades chez lesquelles quatre groupes gan- glionnaires principaux (cervicaux, axillaires, épitrochléens et inguinaux) avaient pu être tous ponctionnés (voir tableau II). Après avoir reporté à 100 les nombres trouvés pour les résultats^ positifs nous avons obtenu : TRVTANOSOMIASE humaine :i27 T.-j'p.i|^soines pre^iUs dans les ganglions cervicaux «0.93 0/0 _ . ~ Z “ilWi-es S7.I4 0/0 _ _ ~ '-'pitrochléens 54.76 0/0 ~ ~ inguinaux 69.04 0/0 est dans les ganglions cervicaux que se rencontrent le S-i'ux Pro'rT",‘ ‘';yPanosomes, puis viennent les ingui- , ^ n in, fort en arrrere, les axillaireset les épitrochléens. Tableau 11 1 Cervicaux. Axillaires. Epitrochléens. Inguinaux . Le.s quatre grou Résultats positifs. ipes ganglionnf 3i- lires ont été po »nctionnés chez 23 42 malades. 29 Pourcentac-e. . 1 80,95 0/0. 57,14 0/0 54,76 0/0 69.04 0/0 nous ,, pourcentages des résultats positifs obtenus avec tous les ganglions ponctionnés chez nos malades nous trouvons (voir tableau I) les chiffres suivants : Trypam, sonies présents dans les ganglions cervicaux 73. «7 q/O _ ~ ~ ~ axillaires 43.55 0/0 __ ~ «pitrochléens.... 50 0/0 ~ — inguinaux 57.50 o/O Ces chiffres sont absolument du même ordre que les pre- miers, du moins en ce qui concerne les ganglions cervicaux et inguinaux qui tiennent toujours la tête, surtout les cervicaux l ire! r" ? ‘ ganglions axil-' lanes et ep.trochleens, mais ces deux groupes ont toujours des pourcentages assez fortement inférieurs aux inguinaux et c’est la le point important. Les nombres précédents représentent un maximum de ren- < ement pour va méthode do la ponction ganglionnaire. En effet bien souvent les ganglions engorgés sont de trop faibles dimen- sions pour pouvoir être ponctionnés et, dès lors, le' procédé ne pouvant être appliqué, chaque fois que ce fait se produit correspond en somme, dans la pratique à un résultat négatif ANNALES DE L’INSTLIÜT DASTEÜU 0-2S Nous avons Jonc pensé qu’il pouvait y avoir quelque intérêt a Jétcrrniner dans quelle mesure on pouvait ponctionner les gan- glions chez nos malades. Nous avons obtenu (voir tableau III) comme pourcentage des ganglions ponctionnables. Ganglions sous-maxillaircs 86.66 O/i) — cervicaux 85.59 O/D — axillaires 63.15 0/0 — épitrochléens 54.40 û/0 — inguinaux 84.50 0/0 Nous avons employé à dessein le terme de ganglions cervi- caux dans toute cette étude, et non celui de ganglions cervicaux postérieurs, car ces derniers sont très fréquemment trop petits, Tableau 111 GANGLIONS Sous-maxillaires, Cervicaux. Axillaires. î Epitrochléens Inguinaux! Groupes ganglion- naires notés io 229 lit 125 14i> Groupes ganglion- naires ponctionnables 39 ■ 19G 72 68 1 120 j Pourcentage des gan- glions ponctionna- t)]0S 86,66 O/O 85.59 0 0 63,15 O/O 54,40 O/O 84,50 0/0 trop mobiles et trop profonds pour pouvoir être ponctionnés et l’on est obligé, pour recueillir de la lymphe, d’avoir recours aux groupes cervicaux latéraux. Nous avons donc groupé les gan- dions cervicaux latéraux sous l’étiquette « ganglions cervi- caux ». Nous aurons d’ailleurs à revenir sur cette question quand nous traiterons de la valeur de l’hypertrophie ganglion- naire comme signe clinique de l'bypnosie. Nous avons très fréquemment rencontré des ganglions sous- maxillaires cliez nos malades. Leur volume, qui, d’après Dat- ion et Todd eux-mêmes, peut dépendre de tout autre cause que d’une irritation produite par la présence des Trypanosomes, est généralement remarquable. Nous avons ponctionné 39 de ces ganglions avec un succès assez notable, puisque nous avons eu 27 résultats positifs, soit une proportion de 66,23 0/0, ce qui (voir tableau 1) placerait les ganglions sous-maxillaires trypanosomiase humaine 529 entre les inguinaux et les cervicaux, immédiatement après ■CBllX-Cl. ^ Il est un fait dont nous avons été vivement frappés et sur lequel il nous a paru nécessaire d’insister quelque peu; c est que existence des trypanosomes dans la lymphe des ganglions supeniciels est soumise à des variations du même ordre que leur presence dans le sang périphérique. Autrement dit les parasites peuvent, dans le suc ganglionnaire, apparaître ou disparaître sans raisons nettement déterminées. Chez quelques malades dont, par curiosité, nous suivions l’existence des trypanosomes dans un groupe ganglionnaire, nous avons pu c'onstater que des ganglions renfermant des flagellés « assez nombreux « ou meme « nombreux >, pouvaient se trouver, du jour au lendemain absolument vierges de tout parasite ou inversement. Voici deux exemples typiques dans le deuxième ordre d’idées ; nésies^p’ Üoa aV'Lt de ces dates l e, ’ "f- Pf de trypanosomes à aucune « Nomt' , ‘ ganglions laissèrent voir de cervicaux Postérieurs, plusieurs'foifréprtée,‘'îlI^^ menrr”"’" ’i ^ ganglions laissaient voir le plus facile- ment du monde des parasites nombreux. Notons que nous avons trouvé dans la lymphe ganglionnaire ment* '^''^^* fr^quem- Nous rernarquerons enfin, au point de vue technique, uu’à giosscur égalé, c est sur les ganglions épitrochléens que -la ponc- tioii se fait avec le plus de facilité. ^ lll IIECIIURCMF. DU T. Gambieme dans i.e lipuide céphalorachidien. Nous avons suivi les techniques couramment employées dans les hôpitaux et les laboratoires, pour la prise du liquide Céphalo- rachidien et la formation par centrifugation du sédiment à exa- miner. Nous insisterons seulement sur la nécessité absolue qu’ii y a do tenir renversé et bien vorlical le luhe à sédimentation, tandis que 1 ou recueille le dépôt avec une pipette fine. Les 34 530 annales UE L’INSTITUT PASTEUR Irypanüsonics y sonl en elfel quehiuefois fort rares, et la- moindre goutte de liquide montant dans la pipette avec les corps microscopiques centrifugés et venant ainsi diluer la prise, leii- drait la recherche des parasites inliniment plus delicate. Dans tous les cas, nous avons soumis à la centrifugation 10 c. c. de liquide céphalo-rachidien pendant une duree de un. (luart heure. . , i • r Nous avons pratiqué de la sorte tÜ5 ponctions loinhaires et avons eu 74 résultats positifs, soit une proportion de 70,47 0/0 de succès. ’ , i Le pourcentage des cas positifs subit de grandes variations suivant que la maladie est plus ou moins avancée. En eliet, (voir tableau V pour le détail des nombres d’examens et de résultats positifs), en passant en revue nos dillérentes categories, de malades nous avons les proporlions suivantes de succès ; . 83.33 0/0 Cas cliniques ; 53.12 0/0 ,' Cas suspects 28 57 0/.) Cas en bon étal La conclusion qui s’impose est que les parasites se l encon- trent beaucoup plus fréquemment dans le liquide cephalo-rac ii- dicn des malades arrivés à la dernière période que chez les sujets encore au début de leur affection. Sur 10,07 0/0 de nos malades avancés nous n’avons pas trouvé de Trypanosomes par cette méthode, bien qu’il y eût souvint un sédiment abondant et malgré les recherches les plus minutieuses. En voici quelques exemples : Tchiconyonia. - Femme, environ 28 ans. - Cas clinique^ “ céphalo-rachèlien transparent. - Faible sédiment. - Pas de Trypano- — Homme, environ 20 ans. — Cas clinique. — Liquide cephalo- racl.idien limpide. - Très faible sédiment. - l'as de Trypanosomes. Ilouha - Homme, environ 2i ans. Cas clini.pie. - Liquide ccplialo- .•achidien limpide. - Très faible sédiment. - Pas de Trypanosomes^ . Fmile Moko. - Homme, environ 24 ans. - Cas clinique. - Liquide léi^éremenl opalescent. - Sédimentabondanl. - Pas de trypanosomes. Si nous considérons l’ensemble de 74 cas positifs relative- ment au nombre de Trypanosomes contenus dans les prépara- tions faites avec le sédiment, il nous apparaît qu’en general les parasites y sont plutôt abondants. Nous trouvons en elTct : fiat 0/0 trypanosomiase humaine Trypanosomes.. ... ... Très rares •••• Rares... •••• ••• 13 .V, • ••• Non rares. ~ __ ^ ■ ^^ssez nombroux. . . 99 07 ~ ••• ••••• ^ombreux ; ; ; ’ / / Très nombreux. 17 56 Les Trypanosomes sont donc au moins „ n |;ans^63,50 0/0 et au plus „ non rares „ dans Sr/Î’t":;: lidul'lSriJdlf dans le point qu. est sujet à de nombreuses exceptons '”o* follement ne rencontrer que de « très P'"'" des sujets très avancés ou même arrivé “''T ” P“'-asites chez maladie, alors que Ton en nhser r '**3 Ja des gens simplement susnecfs T nombreux chez de poser cliniquement un dia’ ° ®®di'els il est impossible sano, trypanosomes nombreux dans foirfo rf, , ^ direct du (29 nov. 06). Liquide céphalo-rachidien Iran Pi’éparation roche : sédiment imperceptible T f^amhien comme de l’eau de 30 novembre 1906. gamhiense = très rares. - Mort le Kiamba. — Eemnip ruî^^' 2 ma..st907.- UquideiégèiCe“?he^^ lombaire le biense = Très rares. Morte le 30 mars tflOT. ^ '''■ «‘1’“- î^es parasites tRaient « très rumo ^ i i i* rachiêien des 2 iadividus- tro:;^ po;;!::; ®®P'“-‘'- sur les 7 malades en état apparenf do hn ‘ nous avons pratiqué la poncLn lombaire""" iNous ferons enfin remarauer n.m * . nombreux », nous avons classé dis cnToI ,Vr""°" " O a, eut presque innombrables dans le sédin en, ' cliez le nommé Mabrnadou-Batchili 0 7 ^/‘®' nmsi que avait 18 à 20 par cbamp dans I , 1 ' ^ '' y ment; nous en avons compté iusqu’î' ‘Ï’," '‘'"f preparationsprovenantdu limiido ' i' T ' ‘'“"1* dans les Sombou. (22 janvier 1007.) ‘'''P’'nlo-racl,idien du Loango 532 ANNALES DE L’INSTITIJT PASTEUR IV .VALEUK COMPARÉE DES DIFFÉRENTS. PROCÉDÉS DE RECHERCHE DU T. Gcwibiense ’cuKz les malades du sommeil Pour établir un parallèle entre les diverses méthodes utilisées à cet effet, il faut d’abord déterminer deux points principaux : A. — Quel est le procédé qui permet de découvrir les Try-- panpsomes ; a) Avec le maximum de certitude; P) Dans le minimum de temps? B. — Quel est celui que les indigènes subissent avec le minimum de récriminations? Tableau IV Examen direct du sang. Centrif. du sang. Sang total. Diag. gangl. complet. Ponction lombaire. Nombre d’examens.. Résultats positifs... . 217 81 75 69 216 197 105 74 Pourcentages 37,78 O/O 92 0 0 96,150/0 91,20 0/0 70 47 0/0 A. a). — Si nous considérons le tableau d’ensemble n^ IV, la réponse à cette question semble s’imposer de prime abord. La centrifugation du sang seule nous donne en effet une pro- portion de cas positifs de 92 0/0; on obtient 91,20 0/0 avec le diagnostic ganglionnaire complet. Si l’on y ajoute les résultats positifs obtenus par l’examen direct du sang, cas où la centri- fugation a été inutile, le pourcentage des succès fournis par le sang atteint 96,15 0/0. C’est donc en pratiquant la centrifu- gation du sang que Ton a le maximum de chances pour rencon- Trer les parasites, puisque d’autre part le pourcentage de résul- tats positifs fournis par la ponction lombaire n’est que de 70,47 0/0, ce qui rejette ce procédé au troisième rang et loin derrière les deux autres. 11 importait de se demander si les résultats finaux étaient de meme mature en considérant seulement les « cas' suspects » et les « cas en bon état » au lieu d’envisager l’ensemble des trypanosomiase humaine 533 quiï' malades -Respectivement les chiffres deT2J6To^^^’97âÏÏ^‘''’'tr ■lu sang ceux de 94,23 0/0 et de 100 0/n ’f -pe'Wontd^de cette derniL co^mu? ^^1^; Tableau V 1, Diagnoslic N 0 MI bre d e «Malades. 79 J ^ w/ V j ~~ 1 v/u 1 1 ^ang ionnaire Résultats pôl ‘Rifs... 84 53 1 complet 7 1 78 48 1 ^ n rt i ♦ f 1 /-Y • » Roiiicentages.| 1 89,8 7 C/O 92,76 O/O 90,56 O/O 1 0 Ml ba i ro. iiieris Résultats pô- sitils, . . , Poupcenta 5700' 5800 5200' TliYPANOSOMIASE HUMAINE 537 Les proporlions respectives des différenis leucocytes chez es malades du sommeil subissent des modifications encore plus importantes que leur nombre global, du moins en ce qui con- cerne certains d entre eux. Aus>itüt posé le diagnostic de Trypa- nosomiase, nous avons établi la formule bémo-leucocytaiie de ivi us et a moyenne des résultats obtenus nous a donné comme formule g'énérale • Po'ynucléaires Lyfupliocytes tifands nionoiiucléaires Eosinophiles hornies de tpansition . . . 49, Oi 0/0 37,60 0/0 6,36 0/0 6,24 0/0 0,76 0/0 100,00 O/ÎT ment Doiir^^*^* 0,76 0/0 et de 6,36 0/Ü obtenus respective- cléaires soné^ fumes le transition et les grands mononu- cours I ^ unifiantes. LeTbïre de 'r94'‘7!r^’ est nnfohlnA. t J obtenu pour les éosinophiles, faits il „T,Z au-dessus de la normale. Dans la réalité des t.resàu! 7, r suivant les sujets : rès notablenî’ P^Port'on d’éosinophiles s’est le nomm r K. d® malades et chez e'tait sa formliTe T ‘^’a'Peurs quelle Polynucléaiivs lymphocytes .... 22,66 0/0 Grands mononucléaires. Eosinophiles . • . • 6,90 0/i) Formes de transition 0,65 0/0 dan" rlrÎ ‘7 P^ambiense „’a rien à voir dépendaSce de 77 éus>nophilie et qu’elle est sous la malades t ■ * ariose qui, chez l’immense majorité de nos sur cette class t ^'7** '■*^ag''ssent, dans cette hypothèse, cieuse. Certains ' *a plus capn- à l’examen direct^ '*a nombreuses filaires ou meme "" "ombre d’éosinophiles normal cherrane Is 7 " “ d’autres sujets, suri numération, un simple coup d’œil jeté sur les préparations colorées de sang révèle, une éosmrpbibe prt 538 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR iioiicée, ne se classent comme filariens qu’après l’examen des sédiments obtenus par la centrifug-atiori de leur sang : tel est d’ailleurs le cas de Caïmba dant nous venons de rappeler la formule. En ce qui concerne les polynucléaires et les lymphocytes, il y a tendance, en général, à une inversion des rapports normaux: les polynucléaires neutrophiles diminuent, les lympho- cytes augmentent. Il arrive même quelquefois que Te nombre des polynucléaires neutrophiles tombe bien au-dessous de celui des lymphocytes. La formule de Caïmba en est un exemple, en voici quelques autres : ÉSABÉ. — Cas clinique. Polynucléaires 30.5/ 0/0 Lymphocytes 51.49 Grands mononucléaires 8.80 Éosinophiles Formes de transition t . 60 100.00 0/0 SOUMBOU. — Cas clinique. Polynucléaires Lymphocytes Grands mononucléaires Éosinophiles Formes de transition 30.33 0/0 33. 2 i — 6.49 — 7.50 — 0.36 — NOMBO. — Cas clinique. Polynucléaires Lymphocytes - Grands mononucléaires l'iosinophiles Formes de transition 100.00 0/0 33.24 0/0 54.73 — 3.58 — 7.67 — ’.OI — lüU.Oü 0/a 11 y a donc lymphocytose, cela est indiscutable, mais ce qui est moins certain c’est la sig’nification exacte que l’on doit lui attribuer. Faut-il, comme cela est probable, la faire dépendre uniquement de la présence des Trypanosomes dans 1 organisme, ou bien les fdaires que l’on trouve presque toujours en même temps qu’eux dans le sang des malades doivent-elle être aussi incriminées dans une certaine mesure? Nous ne saurions encore nous prononcer à ce sujet d’une façon précise. Cela est regret- table, car s’il était nettement démontré que cette lymphocytose est bien due à l’action nocive du Trypanosome et rien qu à cette action, nous posséderions là un excellent moyen complé- mentaire de diagnostic. 'J RYPANOSOMIaSE iiumaine VI 539 ÉLÉMENTS FIGURES DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN. Nous ne nous étendrons pas sur la nature des éléments liprcs q(ie l’on est à même de rencontrer dans le liquide cephalo-rachidien des trypanosomiasiques, nos éludes à ce sujet n étant pas encore assez approfondies. Nous dirons seu- lement que la mononucléose est conslante ; c’est une roffle à laquelle nous n’avons jamais constaté d’exception. En principe, il y a progression constante du nombre des élé- ments figurés dans le liquide céphalo-rachidien, du commence- ment a lalin de la maladie, et. en général, à la toute dernière période de 1 affection, le liquide céphalo-rachidien, de limpide qu il était au début, devient quelque peu opalescent, voire même legerement louche. Cependant bien des fois il on est tout autre- ment et, chez un grand nombre de malades très avancés, le li- quide cephalo-rachidien reste limpide comme de l’eau de roche et ne contient que très peu d’éléments figurés. Ex.: A’’ Goma 2. — Période ultime de la maladie, — Ponciion lombaire ie29 novembre 1906, veille de sa mort. Liquide céphalo-rachidien très clair; près centiifugation, pour ainsi dire pas d éléments figurés. Nous remarquerons enfin qu’il n’y a, en général, aucun parai- lelisme entra le nombre des Trypanosomes, et celui des leuco- cytes dans le liquide céphalo-rachidien. On peut aussi bien observer des liquides louches ne laissant voir que de rares parasites dans le sédiment obtenu par centrifugation, que des liquides limpides contenant de nomhreu.x Trypanosomes. Nous avons cherché également à déceler' l’albumine dans le iqiiide cephalo-rachidien, sa présence est constatée d’une ma- Tiieretrcs irrëgulièro. vn AUTO-AGGLUTINATION DES HÉMATIES. Dès novembre 1904, Cliristy signalait, chez les individus ateints delà maladie du sommeil, une propriété très curieuse ^es hematies examinées à l état frais : celle de s’agglutiner, oiis nos malades ont présenté ce phénomène. On sait en 5i0 ANNALES DE I^INSTITUT PASTEUR (juoi il consiste : Une goutte de sang, prélevee asepliquemenl,, est placée entre lame et lamelle rigoureusement propres, montre au bout de quelques minutes, à Pexamen microscopique, des ligures réticulaires où les globules sanguins sont empiles en petites colonnes comme des piles de monnaie qui se reunissent plus ou moins les unes aux autres. Tel est 1 aspect du sang d une personne enbon état de santé. Chez les malades trypanosomés, au contraire, les globules rouges se réunissent en amas, en paquets, formant de véritables îlots au milieu du plasma. Les piles de monnaie ne se voient pas. Il est naturellement necessaire, pour observer ce phénomène, de ne prélever qu une légère goutte de sang. Si on écrase une trop grande quantité de globules entre lame et lamelle, ceux-ci sont accolés forcément les uns auK autres, formant une couche épaisse et uniforme qu il estnatureL lement tout à fait inutile d’examiner. (Mis&ion d’Études de la maladie du sommeil.)- LE BâCILLE de BANG ET SA BIOLOGIE Par le Professeur D»' Jules NOWAK Direoteur de l’Institut vétérinaire et bactériologique de l’UniversKé de Gracovie. Bang a découvert en 1897 l’agent spécifique de l’avorte- ^ent epizootique des vacl.es, déjà recherché sans résultat par Nocard. II a réussi à isoler de l’exsudât de la surface interne •de 1 utérus, dos membranes fœtales, du sang et des viscères -des veaux avortés, un bacille qui présente beaucoup d’intérêt • a cause de ses propriétés biologiques remarquables. La culture de ce bacille a été obtenue par Bang dans la ■gelose droite additionnée de gélatine et de sérum sanguin I ensemence, dans le milieu nutritif ainsi préparé et liquéfié' da substance contenant son bacille, puis il la conserve à detuve a la température de 37» G. Au bout de quelques jours • -apparaissent de petites colonies dans une partie bien déter- mmée du tube. La partie supérieure de la gélose, jusqu’à .) millimétrés a peu près de sa surface, reste stérile. Plus bas •on voit une couche de gélose de quelques millimètres de hau- teur, dans laquelle les microbes pullulent en abondance Le reste de la gelose ne fournit aucune culture. Bang et son collaborateur Stribold en ont conclu que le bacille ne se développe qu’en présence d’une quantité d’oxy- gene déterminée. La partie supérieure de la gélose droite ensemencée avec le bacille de Bang reste stérile parce qu’elle renferme trop d’oxy- gene absorbé de l’air ambiant. La partie la plus inférieure e^l aussi sterile, mais parce qu’elle en contient Irop peu pour que •le bacille puisse s’y déyelopper. Seule, une petite couche médiane du milieu nutritif placée entre ces deux parties, pos- sédé la quantité d’oxygène exigée par les microbes, et là ils pullulent et donnent des colonies. Aussi, le bacille ne sé déve- d7Slo“' "" ni sur les plaques Cette exigence du microbe vis-à-vis de l’oxygène assez surprenante, n’est cependant pas sans exemple dans la biologie 542 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR aes bactéries. Nous savons, en effet, depuis les travaux (k- Rî^hi, Grixoni, Chudiakow, Beijerink, etc., que les microbes dits anaérobies sont, à vrai dire, les bactéries qui exigent pour leur développement de l’oxygène sous très petite pression Quoiqu’il soit possible d’obtenir leur culture à 1 abri d oxygène, ils pullulent cependant plus abondamment dans une atmos- plière qui contient une très petite quantité de ce gaz, comme cela a été démontré par Beijerink. Le bacille de Bang se range alors à côté de ceux-ci et représente un terme intermédiaire entre les bactéries dites anaérobies et les bactéries aérobies. Bang et Stribold ont co-nstalé que le développement des colonies du bacille de l’avortement épizootique a lieu dans une atmosphère d’oxygène qui en contient moins que 100 0/00. Ainsi la partie supérieure de la gélose droite ensemencée avec le bacille de Bang et conservée à l’air reste stérile, mais elle se remplit des nombreuses colonies lorsqu’on la place dans l’atmosphère d’oxygène renfermant 10 0/0 de ce gaz. Dans ce dernier cas, le milieu nutritif au-dessous de celle partie ne montrait que peu de colonies très petites ; plus bas se trouvait une couche de gélose occupée par un grand nombre de colonies. Ainsi la gélose droite conservée dans l’atmosphère d’oxygène renfermait deux zones dans lesquelles le bacille se développait abondamment : l’une sur la surface même du milieu nutritif et dans sa partie supérieure imprégnée d’oxy- gène et l’autre dans la profondeur où la proportion d’oxygène contenue y était plus petite que dans l’air. Dans ses recherches, Bang se servait de la méthode de culture décrile plus haut; cette méthode permetlait non seule- ment d’obtenir la culture de son bacille, mais aussi de vérifier l’identité de celui-ci, parce que nous ne connaissons jusqu’à présent aucun microbe qui ait des propriétés biologiques sem^ blaldes. ... * La méthode de Bang n’est pas difficile à appliquer et d.)nne de bons résultats dans tous les cas où le bacille se trouve en culture pure, ou en présence de très peu d’autres microbes cultivables. Si dans le milieu examiné il y a, a côté du bacille- de Bang, encore d’autres germes, la méthode est difficile a appliquer et ne donne que des résultats peu satisfaisants. Lcs^ BACILLE DE BANG ET SA BIOLOGIE 543 microbes banaux pullulent et se multiplient ordinairement plus le déîelVp'pemInr ''' masquent L’avortement épizootique est une maladie d’une très grande importance pour l’agriculture. Elle est répandue sur toute la erre et présente un grand danger pour l’élevage du bétail Une fois enracmee dans une étable, disent Nocard et Leclainc'ne elle lait echouer presque totalement l’élevage de nouvaux-nés et’ cause des pertes considérables. Pour combattre avec succès la maladie et empecher sa propagation, il est très important de reconnaître le plus tôt possible la vraie cause de l’avortement Or, la decouverte de Bang nous, donne la possibilité de dia- gnostiquer 1 avortement épizootique par la culture de l’agent specilique de la maladie, avec une certitude absolue et dès le 'ciut, ce qui présente un très grand avantage dans la lutte contre cette épizootie redoutable. Dans beaucoup de cas, sur- ou quand les avortons sont encore peu développés et arrivent < aboratoire a 1 état frais, on trouve souvent, dans le sang e dans le contenu intestinal, le bacille de Bang en culture pure Liiez les veaux plus avancés dans leur développement, on ren- contre, a coté du même bacille, des microbes banaux. Mais chez les avortons de quelques mois, outre le bacille spéci- ique, il existe aussi une grande quantité d’autres bacte'ries LTuon^ laboratoire à l’état de putré- L en est de même des membranes fœtales ou du linuide vaginal de vaches ayant avorté. Le procédé indiqué par Bang ne permet pas d’isoler facile- ment le microbe de l’avortement épizootique lorsqu’on ne dispose que d un matériel impur. En effet, pour v arriver il faut ensemencer à la surface de gélose inclinée contenue en tubes séptS ?i7T 7 ‘^-i-'cs rature de I ' 7 ^ «1 boîtes à la tempé- ature de etuve, dans une atmosphère où l’o.xygène se trouve en proportion convenable. une Parvenir, Preisz sème sur gélose inclinée, puis enlève une partie de 1 oxygéné en obstruant les tubes avec un tampon le coton imprégné de pyrogallate de potasse, et en cornplélan. la fermeture avec de la cire à cacheter. Ce procédé ne peut 344 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR servir pour les ensemencements en boîte de Pétri, et même avec les tubes l’absorption est souvent ou trop forte ou trop faible, de sorte que la réussite n’est pas l ertaine. J’ai cherché une méthode plus sûre et d’un emploi plus facile. Le bacille de Bang pousse dans une atmosphère un peu moins riche en oxygène que l’air ordinaire ; j’ai donc songé à absorber, dans une enceinte limitée, une partie de l’oxygène, au moyen d’un microbe aérobie tel que le bacillus subtilis, déjà employé pour priver d’oxygène les milieux de culture du bacille tétanique. Des tubes de gélose inclinée sont ensemencés, les uns avec du H subtilis, les autres avec les produits dans lesquels on recherche le hacille de Bangj tous sont placés dans uncristalli- soir, puis recouverts par une cloche en verre. De la paraffine fondue est versée dans le cristallisoir pour compléter la fermeture. L’ensemble est mis à l’étuve, dès que le B. subtilisa, absorbe assez d’oxygène, le bacille de Bang commence à croître. La diminution de l’oxygène sous la cloche dépend de la capa- cité de celle-ci et du nombre de tubes de culture de subtilis qu elle contient. Si ceu.x-ci sont trop abondants, tout l’oxygène uispa- raît rapidement et l’on réalise desconditions d’anaérobiose stricte uni s’opposent au développement du bacille de Bang. Des essais multiples m’ont fait voir qu’après 72 heures à 1 etuve, le bacille poussait mal sous des cloches de 1,200 c.c. renfermant l’une 3 tubes, l’autre 9 tubes de culture de B. subtilis. Dans la première, il restait trop d’oxygène, dans la seconde il n’y en avait pas assez. Au contraire, dans une troisième cloche, semblable, mais avec 3 tubes de B. subtilis, la culture du bacille do Bang était tout à fait satisfaisante. Dans ces conditions, une suiface^de culture de subtilis de 16 centimètres carrés corres- pondait à 240 c. c. d’air environ. Divers échantillons de subtilis m’ont donné les mômes résultats. Le même dispositif peut servir à l’isolement du bacille épizootique sur gélose en boîte de Pétri, il suffit d’observer ce rapport de 16 centimètres carres de culture de sitèhfe pour 240 c.c. d’air. Celte règle empirique m’a toujours donné de bons résultats, et coinme depuis quel- iiues années, l’avortement n’est pas rare enGalicie,j ai eu 1 occa- sion d’appliquer cette méthode de culture dans nombre de cas, j en citerai quelques-uns. BACILLb’ DE BANG ET SA BIOEOGIE ^^45 de ulléZTéLtVnl S" ‘::lt tf ‘“‘>- puis introduits sous cloche ave; de" e tu^r^lV/" ^“'■- dit plus haut; après 4 jours de séionr à VM ^ *“*'***’ “'"'"e il a été coJonies spécifiques. Ces colonies renm-f ®PParaissent de délicates développent pas. ^ geJose inclinée à l’air ne se “ir “e /■ 0 t ® «t qui meurent •=— 554 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR cecutëes par Bang- sur les vaches tendent à prouver que son bacille est bien celui qui cause Tavortement épizootique, il resie beaucoup à faire sur ce sujet, et tant que nous ne serons pas plus avancés, nous serons impuissants à prévenir cette maladie qui lait subir des pertes si lourdes à l’agriculture. 11 est donc il souhaiter que l’on mette à la disposition des expérimentateurs des étables et des moyens pécuniaires suffisants pour mener à bien cette importante étude. Bang a constaté que le bacille de l’avortement épizootique se trouve surtout dans l’exudat utérin et dans l’écoulement vaginal des vaches qui ont avorté. On le rencontre aussi dans les cadavres de fœtus expulsés, et il est presque toujours pré- sent dans le contenu intestinal de ceux-ci et souvent aussi dans le sang, seul ou associé à des germes banaux. Il est donc pos- sible de diagnostiquer la maladie en isolant le bacille spécifique soit du fœtus expulsé ou de ses enveloppes, soit de l’écoule- ment vaginal. La méthode que je propose permet d’obtenir des cultures, même de produits très souillés et infectés, avec les microbes banaux et de l’isoler avec la même facilité que es autres bactéries dont la culture réussit dans les conditions et sur les milieux ordinaires. C’est un fait important pour la pratique, car il facilite la lutte contre cette épizootie. Le dia- eruostic précoce delà maladie est indispensable si on veut avoir du bons résultats du procédé préconisé par Bang et consistant ihins la désinfection des étables et des animaux exposés à la contamination. 11 faut l’appliquer de bonne heure, après le premier cas. Dans tous les cas d’avortement on devra songer a cette épizootie redoutable et s’efforcer de poser tout de suite un diagnostic certain, qui peut seulement nous être donné par une recherche bactériologique. BIBLIOGRAPHIE à.ÏÏ:remj„';itro';fe''rL^neulîur^.T^^^^^^ '-01, es. Rapport Dntersuchungen ûber das Vei-werten. Mannedulcrift for t. AbTBd'TsÆs"'"''' «''“lienhaflen Verwe.fens .. CentraWl. Bakl. f. 556 ANNALES DE L’INSTITUÏ PASTEUR EXPLICATION DES PLANCHES Pl. V. — Fig. 4. — Préparation microscopique d’une culture de bacille de* Bang sur gélose inclinée, obtenue à l’aide du bacillus subtilis. gr. = 1,500' diamètres. Fig. 2. — Photographie d’une culture en bouillon, gr. = 4,500. Fig. 3. — Bacille de Bang dans une culture droite, sérum-gélose. Fig. 4. — Zone de colonies de bacille de Bang en gélose droite, dévelop- pées en couche mince. Fig. 5. —Culture droite sur sérum-gélose;, en profondeur, couche * e- colonies délimitée nettement du haut, les colonies deviennent plus petites et plus rares à mesure qu’elles s’enfoncent dans le milieu. Pig^ 6. — Pareille zone que ci-de&sus, mais limitée nettement dans la partie inférieure. Fig. 7. — Semblable zone sans limites rigoureuses à la partie supérieure et à la partie inférieure. Pl. VI. — Fig. 8. — Plaque de sérum-gélose ensemencée par dilution avec le contenu intestinal d’un avorton. Faible grossissement. Fig. 9. — Même préparation à un grossissement de 20 diam. pig^ 10. — Une colonie superficielle de la même- plaque, gr. ~ 35 ü. Fig. 41. — Une colonie superficielle delà même plaque, mais développée d'une colonie profonde qui forme son noyau.. Gr. = 35 D.. Pig^ 12. — Colonie de bacille de Bang, sur gélose en boîtes de Pétri, cultivées en présence du bacillus subtilis. ensemencées avec du con- tenu intestinal, sur la surface et en stries. Faible grossissement. Pig^ 13, _ Colonie de la même plaque au gi’osst de 30 D. Fig. 44. — Colonies profondes en plaque sérum-gélose.. Gr. = 50 D. Pl. VII. — Fig. 15. — Préparation par décalque d’une colonie sur gélose en plaque, gr. = 1,500 diam. Fig. 16. — Bacilles de Bang dans l’exsudât utérin. Gr. = 4,500 D. Pig. 17, _ Bacilles de Bang inclus dans les leucocytes d’exsudat utérin. Pig, 18. — Gélose inclinée couverte par les colonies du bacille de Bang. Pig, 18. — Culture droite en sérum-gélose.. — Colonie de bacille de Bang. Fig. 20. — Semblable colonie. les Vaccinations antirabiques à l'Inslltut Pasteur en t907 . Par J. VIALA Prépnrateur au service antirabique I Pendant I annee 1907, /86 personnes ont subi le traitement •antirabique à 1 Institut Pasteur : 3 sont mortes de rage. La statistique s’établit dooc ainsi : Personnes traitées Morts ^ Mortalité 0/0 ^ Le nombre des personnes traitées se rapproche de celui de l’année dernière t(772). Années. Personnes traitées. 1886 1887 1888 1889 1890 1891 1892 1898 1894 1895 1896 1897 1898 1899 1900 1901 1902 1908 1904 1905 1 906 1907 2.671 1.770 1.622 1.830 1.540 1 . 559 1.790 1.648 1.887 1 .520 1 . 808 1.521 1.465 1.614 1.420 1.321 1 005 628 755 727 '772 786 Morts. 25 14 9 7 5 4 4 6 7 5 4 6 8 4 4 5 2 2 3 3 1 3 Mortalité 0/0. 0,94 0,79 0,55 0,38 0,82 0,25 0,22 0,36 0,50 0,88 0,80 0,89 0,21) 0,25 0,28 0,88 0,18 0,32 0,39 0,41 0,13 0,38 558 ANNALES DE L’iNSTlïUT PASTEUR 11 Les personnes traitées à Plnslilut Pasteur sont divisées en trois catégories correspondant aux tableaux suivants : Tableau A. — La rage de l’animal mordeur a été expéii- mentalement constatée par le développement de la maladie chez des animaux mordus par lui ou inoculés avec son bulbe. Tableau B. — La rage de l’animal mordeur a été constatée par examen vétérinaire. Tableau C. — L’animal est suspect de rage. Nous donnons ci-après la répartition, entre ces catégories, des personnes traitées en 1907. 1907 MORSURES à la tête. MORSURES aux mains. MORSURES aux membres. TOTAUX Traités. J CO O S 1 Mortalité c/0. '5 H O s Mortalité 0/0. Traités. 1 Morts. ' ' / 1 Mortalité 0/0. Traitts. j Morts. 1 Mortalité 0/0. Tableou A 13 0 0 91 0 0 31 1 3,22 135 1 0,74 Tableau B . . . . 40 1 2,5 241 0 0 103 0 384 1 0,26 Tableau C 18 0 lo3 0 0 96 1 1,04 267 1 0,37 1 71 1 485 0 0 230 2 78 3 0,38 III Au point de vue de leur nationalité, les 786 personnes trai- tées se répartissent de la façon suivante : Belgique Espagne . Hollande Suisse . . . Autriche. Soit 21 étrangers et 765 Français. VACCINATIONS ANTIRABIQUES VOICI LA RÉPARTITION PAR DÉPARTEMENT DES 76o FRANÇAIS. 55a Aisne 17 Aveyron Iq Calvados 12 Cantal 32 Charente j. Cher Corrèze 19 Côtes-du-Nord 3(5 Côte-d’Or g Creuse 1q Eure 0 Finistère 4q Garonne (Haute-) 4 Hle-et-Vilaine 33 Indre 19 Indre-et-Loire 9 Loire-Inférieure I4 Loiret 9 Lot. 32 Maine-et-Loire... ,jl Manche 7 Mayenne g Meurthe-et-Moselle 3 Morbihan Nièvre Oise Puy-de-Dôme.... Rhin (Haut-) 33 Sarthe Seine Seine-et-Marne Seine-et-Oise Sèvres (Deux-) Somtiie Var Vendée. Vienne Vienne (Haute-) Vosges ; Yonne 7 188 10 39 20 12 3 10 16 2 13 2 IV Personnes traitées mortes de la rage. ^ ^ (Pyrénées- Mordu Je 11 juin aux lèvres, 3 morsures pénétrantes au 13iuinTu3-n Traité à l’Institut Pasteur, du 3 juin au 3 juillet : les premiers symptômes rabiques se sont manifestés chez lui le 24 juillet, il est mort le 26 juillet vivan'tTe 7"' P"'’ "" du rs Hara Xtl 560 ANi\ALE:> DE L’INSÏIÏUT PASTEUR Weber (Paul), 6 ans, chez ses parents, à Grévic (Meurthe-et- Moselle). Mordu le 7 août, au mollet g^auche, nu six morsures profon des qui ont saigné, non cautérisées. Traité du 9 au 28 août : les premiers symptômes rabiques se sont manifestés chez lui le 21 septembre, il est mort le 25 septembre. Weber avait été mordu par un chien reconnu comme sus- pect de rage parM. Dieudonné, vétérinaire à Tinville. Les ani-^ maux inoculés le 8 août, avec le bulbe de l’animal, sont morts de la rage le 3 septembre. Trois autres personnes mordues gravement par le même chien, et traitées à l’Institut Pasteur, sont actuellement en par- faite santé. Beaulieu (Jean-Louis), 29 ans, boulanger, demeurant à Plouaer (Côtes-du-Nord.) Mordu le 29 mai à l’avant-bras nu gauche, par un chien errant qui n’a pas été retrouvé. Les blessures, au nombre de quatre, avaient été lavées à l’eau phéniquée 30 minutes après. Traité du 5 au 22 juin : les symptômes rabiques se sont manifestés chez lui le 2 septembre, il est mort le 4 septembre à l’hôpital Pasteur. Les animaux inoculés par trépanation, avec son bulbe, ont été pris de rage les 22 et 29 septembre. Personne non traitée, morte de la rage. # Le Braz (Louis), 58 ans, demeurant à Bonnalec (Finistère). Mordu le 14 novembre, à la main gauche, face dorsale, trois morsures non cautérisées. Les premiers symptômes rabiques se sont manifestés cIk'z lui le 17 janvier. Les animaux inoculés avec son bulbe sont morts de la rage le 25 février 1907. Le Braz avait été mordu par un chien errant (jui n’a pas clé retrouvé. Le Gérant : G. Masson. Sct-uux. — liui>riinerie Charaire. 2i2me année JUILLET 1908. No 7 annales DE L’INSTITUT PASTEUR RAPPORT DE LA MISSION D’ÉTUDE de la Maladie du sommeil et des trypanosomiases animales SUR LA PETITE COTE ET DANS LA RÉGION DES NIATES AU SÉNÉGAL Par mm. A. THIROUX, R. WURTZ et L. TEPPAZ A la fin de l’année 1907, le D- Ninaud, médecin de la muni- cipalité de Rulisque, chargé de l’assistance médicale indigène, signalait, dans toute la région du üiander, jusqu’à la Tamna de nombreux cas de maladie du sommeil. Un certain nombre de villages avaient été décimés, ou avaient été forcés de se déplacer, d’autres avaient complète- ment disparu. ^ Chez deu.x malades envoyés à Saint-Louis par le D'- Ninaud, provenant de la région incriminée, on put isoler Trypanosoma (jamhense, agent pathogène de la trypanosomiase humaine M. le Gouverneur du Sénégal, afin d’être éclairé complète- ment sur la situation, envoya alors une mission chargée de di'lerminer les limites de la zone contaminée et d’étudier en meme temps les trypanosomiases animales dans la même région ou les moutons et les bœufs zébus ne vivent pas. Après entente ai ec le D'' Ninaud, qui signala les endroits les plus contaminés, ■tmeraire fut établi dans le Diander, mais afin de se documen- m plus complètement, la mission résolut de commencer par visiter au sud la Petite-Côte, patrie classique de la maladie du sommeil, dont les postes de Joal et Portudal passaient, il y a dO ans pour être des foyers très dangereux. D’autre part, ii etaitmdispensabledes’assurerqu’au Nord la maladie ne remontait 36 56i annales UE L’INSTHUT PASTEUK pas au-dessus de la Tamna, en del.ors de la zone d’action du Dr Ninaud, et il fut décidé que toute la reg, altération du mot indigène tamna. o68 AmVLKS DE L’INSTITUT PASTEUR iiojiimtî Rolliny. qui a ^iisparu à la suite de la maladie du som- Fueil. M Bour. Gros village de 1)1)0 hahitants établi sur uue dune de sable dans un endroit bien dégagé avec puits profonds d(‘ lo mètres. Nous trouvons peu de gros ganglions. Un assez grand nombre cependant de ganglions sous-maxillaires plus petits qu'à iNianmg, particulièrement chez les enfants’ Un indigène serait mort il y a 3 jours de la maladie du sommeil contractée a Nianing. Nous trouvons seulement o indigènes ayant de gros ganglions cervicaux et sous-maxillaires, dont la domes- tique du représentant de la maison Maurel et Prom,qui refuse de se laisser ponctionner. Chez 2 indigènes les ganglions cervicaux sont ponctionnés, on retrouve chez l’un d’eux Trypanosotna gambiense. 10. Per. Let. homme de vingt-trois ans environ ; ganglions sous-maxil • laires et cervicaux de la grosseur d’une amande, les derniers renfermant des trypanosomes très rares. Opacité de la cornée à gauche. Conjoncti- vite a droite. Pas d’hypnose ni de troubles moteurs. Sah-Portudal. A illage peu important, ancien poste militaii*e, ' contemporain de Joal et comme lui considéré comme très atteint par la maladie du sommeil. Le village est établi en partie sur une dune fSali-Sosse), en partie dans une vallée sablonneuse (Sali-Portudal i. Nous voyons 36 habitants ; les autres sont occupes aux champs. L’un d’eux présente de gros ganglions cervicaux et sous-maxillaires avec œdème de la face et amaigrissement sans hypnose, nous pensons qu’il est atteint. Les nécessites de l’étape ne nous permettent pas de vérifier notre diagnostic au moyen de la ponction ganglionnaire. Poponguine. 600 habitants environ. Village établi aux envi- rons du Cap de Naze sur un sol composé de latérite. Popula- tion en bon état. Un gi*and nombre de ganglions sous-maxil- laires volumineux que nous observons d’ailleurs sur toute notre route. Pas de gros ganglions cervicaux. M ganglions sous-maxdlaires sont ponctionnés sans résultat Nous pensons quel’bypertrophiede ces ganglions, sifréquente dans cette région chez les indigènes, et en particulier chez les enfants, est plutôt TRYPANOSOMIASES AU SÉNÉGAL 569 570 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR due aux suppurations des yeux, des oreilles et du’nez que loti' observe sur au moins I/o de la population. Thieguy. Petit village distant d’environ 6 kilonièires, bàti dans une plaine bien dégagée, à sol composé de latérite, quel- ques bosquets humides composés de palmiers. Un indigène très cachectisé attire notre attention, quoique ne présentant qu un. très petit ganglion cervical. II. M’ Bat Goudine, homme de quarante-cinq ans, n’ayant pas quitté le* village ou ses environs immédiats, malade depuis Thivernage derniei, a beaucoup maigri, actuellement cachectique, présente un très petit ganglion cervical à droite avec trypanosomes très rares, pas d’hypnose, légère ataxie. N’ Dougoura. Agglomération de petits villages groupés dans une grande plaine sablonneuse ; à peu de distance se trouve le- marigot à fonds argileuxde N’ Dougoura^ actuellement asséché. Population sale et mal tenue. Deux indigènes présentent de petits ganglions cervicaux renfermant des parasites : un troi- sième, qui n’a que de petits ganglions sous-maxillaires, n en montre pas. P2. Manda Diop, enfant de douze ans. Gargliors cervif aux petits, de la grosseur d’un pois; gros ganglions sous-maxillaires ; les ganglions cei'NÎ- caux renferment des trypanosomes très rares. Pas d hypnose, n; de tiou- bles moteurs. 13. Fatou M’gone, fillette de douze ans. Ganglions cervicaux comme de petits haricots, avec trypanosomes rares. Quelques ganglions sous-maxil- laires volumineux, principalement à gauche. Pas d hypnose ni de tioubles moteurs. A quelques kilomètres de N Dougoura, en sui^ant la loute de Rufisque, on traverse une grande plaine argileuse inondée pendant l’hivernage et dont la partie la plus déclive est occu- pée par le marigot permanent de Panntior. Après 24 heures de séjour à Rufisque, pendant lesquelles- nous voyons quelques malades venus de loin pour étie traités à l’atoxvl par le D*" Ninaud, nous partons de nouveau poui entrer dans la région du Diander. Dicirhérute. Village situé sur une dune sablonneuse, à envi- ron 1,300 mètres du marigot à fond argileux de Sangaleam que, depuis 1900, l’on sait être infesté par Glossina palpalis. I 571 TKYPANOSOMIASES AU SÉNÉGAL abrite 300 habitants environ. Autrefois très prospère, ce village est actuellement très réduit par la maladie du sommeil. On n observe que de petits ganglions sous-maxillaires et de très rares ganglions cervicaux très petits, la plupart des labitants ayant subi Texérèse ganglionnaire, d'autres ayant ete traites à l’atoxyl par le D*’ Ninaud, conditions qui rendent le diagnostic particulièrement difficile dans ce village. Une femme présente cependant des symptômes d’abattement et un engorgement ganglionnaire qui permettent d’établir un dia- gnostic clinique probablement exact; mais dans ce cas, comme dans 8 autres, la ponction ganglionnaire reste négative. Nous retrouvons dans le village suivant un enfant originaire de Diarhérate, sur lequel nous pratiquons un examen positif. 44. Ahonne-Diagne. Un ganglion carotidien profond, gros comme une noise e à gauche, renfermant des trypanosomes rares; pas d'hypnose ni d ataxie, sujet en bon état, a subi à Rufisque 2 injections d’atoxyl il y a en- viron 4 mois, puis a cessé de se présenter au Dr Ninaud. N Guistal. Village peu important, comprenant à peine quelques cases, situé dans une plaine sablonneuse peu éloignée ( U marigot de b»angaleam. On n y observe que des ganglions sous-maxillaires et quelques rares ganglions cervicaux très petits. 4 de ces derniers, examinés, ne renferment pas de trypanosomes. On ne trouve dans ce village que le cas erratique, venu de Diarhérate, mentionné ci-dessus. Cependant 7 Peulils, établis dans une petite agglomération de cases dans ce même village, sont morts l’ennée dernière de maladie du sommeil. De cette agglomération il ne reste (ju une femme indemne. I laga. Le village établi sur le sable, non loin du marigot de angaleam, est assez grand, il comprend environ 200 habitants, eaucoup d indigènes auraient émigré l’année précédente, a a suite d une mauvaise récolte, on n’y observerait pas de rna adie du sommeil, pas de gros ganglions cervicaux. L’examen de h petits ganglions reste négatif. Omyenbam. Grand village situé dans une plaine ondulée s.uonneuse, voisin également du marigot de Sangaleam’ comptant m habitants, a perdu beaucoup de son importance’ Gros ganglions «ous-maxillaires fréquents, ganglions cervicaux petits et rares. Un seul indigène infecté fut examiné. 57^ ANNALIiS DE L’INSTITUT PASTEUR 15. üeiobané Wade, enl'anl de lOans environ, ganglions sous-maxillaires volumineux; un seul ganglion cervical, à gauche, gros comme un pois, ren- fermant des trypanosomes rares. Pas d’hypnose ni de troubles moteurs. Sakal. Village peu iniportaiil. silué sur une hauteur sablon- neuse, à Uexlrémité (Tune grande plaine k sol de même nature, et à 200 mètres environ (Tun marigot argileux, desséché actuellement et dépendant du marigot de Sangaleam. 5 enfants, porteurs de petits ganglions sous-maxillaires et cervicaux, sont examinés avec résultat négatif. Cependant, de temps en temps, on observerait des cas de trypanosomiase humaine dans ce village, et le chef aurait perdu, depuis ces dernières années, de la maladie du sommeil, un fils et un cousin. A Gorom, village distant de l kilomètre, situé sur le même marigot, il y aurait eu également un cas Tannée dernière. N’Gayène. Village établi dans une région sablonneuse, placé à égale distance de la fin des marigots de Sangaleam et de M’Baouar, qui, tous les deux, hébergent des tsétsé. Ganglions cervicaux et sous-maxillaires volumineux et nombreux. i) examens positifs sur 10. K). Bougouma Gave, homine de 35 ans environ. Ganglions sous maxillaires assez gros, ganglions cervicaux petits, d’un accès difficile, 1 ganglion sus-scapulaire gros comme un haricot à droite, renferme des trypanosomes rares. Pas d’hypnose ni de troubles moteurs, 17. Tonte N’Diaye, femme du précédent. Ganglions cervicaux et sus- scapnlaires de la grosseur d’une noiselle, ganglion cervical avec trypano- somes rares adroite. Pas d’hypnose ni de troubles moteurs. 18. Aissata Gaye, l'emme de 25 ans environ, ganglions cervicaux de la grosseur d’une noisette, avec trypanosomes assez nombreux. Ganglions sous-maxillaires gros et nombreux. Hypnose assez accentuée. 19. Momar Paye, homme de 30 ans environ. Gros ganglions cervicaux avec trypanosomes rares à droite, ganglions cervicaux plus petits à gauche. Pas d’hypnose ni de troubles moteurs. 20. Momar Gaye, homme de 25 ans environ. Ganglions cervicaux gros comme des noisettes des 2 côtés, avec trypanosomes rares à gauche. Pas d’hy|)nose ni de troubles moteurs. N'Ülar. Village assez important, établi dans une région sablonneuse, à 1 kilomètre environ au sud de la branche méri- dionale actuellement désséchée du marigot à fond argileux de M’Baouar. Quelques gros ganglions cervicaux, ganglions sous- maxillaires nombreux. 4 ponctions positives sur 7 examens. TliYPANOSOMIASES AU SÉNÉGAL 573 2L Ouinai- N’Diop, homme de 25 ans environ. Ganglions gros comme des l.aricols des deux côtés, principalement à droite, renfermant des trypanoso- mes rares, a déjà subi ily a un an l’eserèse ganglionnaire. Pasd’h/pnose ni de troubles moteurs. m 22 Sokna Kandé, femme de 20 ans environ. Très petits ganglions cervi- caux des-2 cotes, avec trypanosomes rares à droite. Hypnose légère, ataxie amaigrissement, maladie datant de 2 ans, l’hypnose ayant débuté il y a 23. Kate Six, femme de 28 ans environ. Gros ganglions cervicaux el sous-maxillaires des 2 cotés, les ganglions cervicaux renferment des trypa- nosomes rares à droite. Hypnose légère, pas d’ataxie. 24. Ah Sate, homme de 30 ans environ. Gros ganglions cervicaux et f>as"dT’" r “‘•''icaux renferment des trypanosomes rares Pas d hypnose ni de troubles moteurs. M'Bidjem. Villag-o importaat, ancien poste militaire situé sur un plateau sablonneu.x dominant la Tainna. Au nord se trouve un marigot bourbeux à fond argileux, recouvert d’humus. Gros ganglions cervicaux dans un seul cas, ganglions sous-maxil- la.res nombreux. Ponction ganglionnaire positive dans un cas sur 8. deslm!l"]e''^r’/''"“' environ.Ganglions cervicaux gros comme des amandes, des deux cotes, avec trypanosomes rares. Hypnose légère. A un an*°" a» de lamaladie du sommeil. Nourrit un enfant de Ker-Mangour. Très petit village situé sur un plateau sablon- neux, au nord d une grande plaine bornée par une branche du niarigot argileux de xM’Baouar, actuellement desséché. Grosgan- gltons sous-maxillaires nombreux, quelques gros ganglions cervicaux positifs dans deux cas, sur6 indigènes examinés. Un malade présente del’liypnosesans ganglions ponctionnables. , 26. Awa N’Diaye, femme de 20 ans environ. Ganglions cervicaux de la grosseur d un haricot, avec trypanosomes rares, ganglions sous-maxillaires de la grosseur d une fève, pas d’hypnose; femme du suivant 27. Sega Gaye, homme de 30 ans environ. Présente de Thypnose a la f erniere période, ataxie, pas de gtinglions ponctionnables 28. GannaDiop, enfant de 10 ans environ. Ganglions sons-maxillaires el cervicaux gros comme des noisettes, avec trypanosomes assez nombreux- œdeme des paupières, pas d’hypnose ni de troubles moteurs. Petit viJlag-e situe sur le même plateau plus e oigne du marigot de M’Baouar que le précèdent. Ganglions 574 annales de L’INSTITUT PASTEUR très petits et très peu nombreux dont rexamen re&tf négatif dans 8 cas . Tiaye. Petit village situé sur un plateau sablonneux au nord de la Tamna, en face de M’Tidjeni; on n’y observe pas de gan- glions hypertrophiés, la ponction de 4 petits ganglions cervicaux reste négative. Diander Guedj. Village établi dans une plaine sablonneuse, à proximité d’un marigot actuellement desséché qui se déverse dans la Tamna, et distant de 1,300 mètres seulement de l’extré- mité d’une des branches du marigot de M’Baouar. Quelques gros ganglions cervicaux dont l’examen est positit dans 3 cas 5ur 3. • 29. Koudia Sow, femme de 22 ans environ. Ganglions cervicaux du volume d’un haricot, avec trypanosomes rares à gauche, pas de ganglions sous-maxillaires. Hypnose légère. .30. Momar Low, homme de 30 ans environ. Un gros ganglion cervical à droite avec trypanosomes assez nombreux, un gros ganglion sous-maxil- laire à gauche, légère opacité de la cornée du même côté. Pas d hypnose. 31. M’BayamDiop, fillette de 8 ans environ. Gros ganglions cervicaux des ■deux côtés ; l’iin d’eux adroite atteint le volume d’une noisette, il renferme des trypanosomes non rares. Pas d’hypnose. y'Diegiiène. Village assez important établi sur un plateau sablonneux, sur les bords de la Tamna. Entre N Dieguène et Diander-Guedj, on traverse un marigot à fond argileux et humide, qui se jette dans la Tamna. Quelques gros ganglions cervicaux et sous-maxillaires. 2 cas positifs sur 3 ponctions. Un malade atteint d’hypnose, sans ganglions ponctionnahles. 32. Yacène Guège, fillette de 10 ans environ. Ganglions cervicaux des 2 côtés, gros comme des haricots, renfermant des trypanosomes rares, pas de ganglions sous-maxillaires, hypnose assez accentuée, légère ataxie. 33. Aissata Thioume, femme de 23 ans environ. Ganglions cervicaux gros comme des noisettes, des 2 côtés, avec trypanosomes assez nombreux. Gan- glions sous-maxillaires hypertrophiés. Pas d’hypnose. 34. Ganne Poug, homme de 32 ans environ. Présente une hypnose mar- quée sans ganglions ponctionnahles. De N'Dieguène à Niarib, on traverse le lit desséché de la Tamna à son extrémité Sud. Le village de Xiarib, assez important, est situé un peu au- dessus de la cuvette voisine, sur un terrain sablonneux sec où TRYPANOSOMIASES AU SÉNÉGAL 575 ron remarque l’absence des palmiers, remplacés par des baobabs. 'Ganglions cervicaux peu nombreux, très petits, 6 sont ponc- itionnés sans résultat. ^ Fouloum. Petit village placé dans une situation analoguesur un terrain sablonneux; peu de ganglions cervicaux très petits, gan- glions sous-maxillaires assez gros. 4 ponctions restent négatives. Chez un enfant on trouve des ganglions cervicaux volumineux ;positits, mais cet enfant a été contaminé à Saou. 35 Yare Diop, enfant de 12 ans environ. Ganglions cervicaux de la gros- seur de haricots, des 2 côtés, avec trypanosomes non rares, oedème* des paupières, pas d'hypnose. Est venu de Saou 2 mois avant l'hivernage der- nier, ayant déjà de gros ganglions et de l’oedème des paupières. N Guick. Village important, bâti sur une dune au milieu d’une vaste plaine ondulée couverte débroussaillés où se rencontrent parmi d’autres essences, quelques palmiers à huile et des lianes ■a caoutchouc du genre Landolpliia, on n’y observe pas de gros ganglions cervicaux. Une seule femme présente un ganglion ■cervical assez volumineux dont la ponction reste négative, 8 gang-lions sous-inaxillaires sont ponctionnés avec résultat nég-atif. Nouto. Village assez important, bâti sur un plateau sablon- neux. .\vant d’arriver au village on traverse quelques affleure- ments d argile où sont creusés des séanes (mares ou puits indigènes). Pas de marigot dans les environs. Depuis plus de 30 ans que le village existe, on n’y aurait jamais constaté de maladie du sommeil. Pas de ganglions cervicaux volumineux 4) petits ganglions sont ponctionnés sans résultat. On trouve de gros ganglions cervicaux avec trypanosomes chez une femme qui a contracté l’affection à Maca. 36 Foimi .M’Doye, femme de 23 ans environ. Ganglions cervicaux m-os rurne::.r --.maxi„:ires Goudiama. Village assez important, situé sur le même pla- teau, à environ i kilomètre. On n’observe pas de gros ganglions cervicaux chez les habitants de ce village. Saou. Petit village installé sur un plateau sablonneux, envi- ronne de tous côtés, et à courte distance, de marigots argileux ANNALES DE L’INSTITU 1’ PASTEUR 57() trypanosomiases au SÉNÉGAL 577 tf '■ on .„ prop^tioi/fi nnnpi- ganglions cervicaux en assez forte P J^ortion, 6 ponctions positives sur 19. Hypnose légère dans grosseur d’unraiTan'd^ teâ Ganglions cervicaux de la maxillaires volumineux. Pas d’hypnose «ous- haricot avec trypanosomes rares. LnglionsM^ûrmafn’l'-'*’’ noisettes. Hypnose légère. sous-maxiIlaires gros comme des ^ droite, de la gro^seurd^L'^amandrà^-^^^ Ganglions cervicaux petits Pas d’hjpnose. &auche, trypanosomes très rares. 40. Mademba Tliioume. Enfant de 42 ans environ Tano-i- comme des haricots des 2 côtés avec Ganglions cervicaux maxillaires volumineux Amaiari^ ê^anglions sous- pas de troubles rôteuTs. ‘'ipnose assez marquée , pas d; gaÏ!L?soûs'^'ma“niaire^ Un gTngrn susTcapüI trypanosomes trésrares. HypZe Ü-L^rom 42. Fatou-Dieng, fillette de tt ans environ Unn»!' un ganglion sus-scapulaire gros comme m, h ® cervicaux petits, à droite. OEdème des paupières, légère ataxie ° **''*^*^ trypanosomes rares Ma/ca, petit village aux abords bien de'o-ao-és établi c plateau sablonneux à 1,500 mètres environ de la braLho'^^^ “d iq“er au bétail ont déjà été prises en ^ f indig-enes en ce qui concerne les bovidés. Elles rvnanot""" ' résistantes aux ZutoZTr"^:' ‘r'"' ^ i«« très b^ën d r ® Dahomey s’acclimate ZutZ desNiayes,où nepeuvent pas vivre les- moutons des régions plus méridionales. Sur l’action bactéricide de l’extrait leucocytaire des lapins et des cobayes. Par le D' C. V. KORSCHUN Travail du laboratoire de M. Metchnlkofï. Buchner attribue l’action bactéricide des serurns sanguins .normaux à une substance spéciale, qu’il appelle l’alexine. Cette substance, d’après lui, circule à l’état libre dans le sang et sert -à la défense de l’organisme contre l’envahissement des microbes. Toutefois, sous l’influence des travaux de M. Metchmkoff et de ses élèves, Buchner a dû reconnaître aussi aux leucocytes un • certain rôle dans la lutte de l’organisme contre l’mfection. Mais il n’admet pas la théorie bien connue de M. Metchnikoff; d’après celle-ci, tout le processus delà lutte de l’organisme contre l’infection consiste dans la lutte entre les leucocytes et les prin- cipes infectants ou microbes; le principe bactéricide est contenu uniquement dans les « phagocytes » qui englobent les microbes et les détruisent ; quant au sérum sanguin, il ne con- tient pas d’alexine à l’état libre et il est complètement dépour\u d’action bactéricide; l’apparition de l’alexine (cytase) dans le sérum sanguin est un phénomène post mortein^ en rapport avec la mort et la destruction des leucocytes. Malgré leur différence d’opinion sur la nature del immunité, Buchner et Metchnikoff admettent que la substance bactéricide des sérums sanguins (alexine, cytase) a pour origine les leuco- cytes et notamment les polynucléaires; l’un et l’autre, avec leurs élèves, ont donné une série d’expériences à 1 appui de cette opinion. Buchner', le premier, obtint de la façon sui- vante des extraits leucocytaires ayant une action bactéricide. Il inoculait aux lapins et aux cobayes, dans la cavité pleurale droite, une émulsion d’aleurone, et, 24heures après, il en retirait un extrait riche en leucocytes. Pour supprimer l’action phago- cytaire des leucocytes, Buchner soumettait les extraits à des 1. Buchner, Archiv. f. Hyg., Bd. IT. extrait leucocytaire des lapins et des cobayes 587 cong-elations et à des de'gèlements successifs, et les plaçait ensuite, pour une durée allant de quelques heures à 24 heures dans 1 etuve à 37», afin d’extraire plus facilement les alexinesdes eucocytes. Les extraits obtenus avaient une action bacte'ricide plus puissante que celle des sérums sanguins correspondants Hahn confirma les données de Buchner par rapport au Ua- phylococeus aureus et au b. typhique. Mais, sur le vibrion du choiera asiatique, ses extraits agissaient bien plus faiblement que Je sérum sanguin, et souvent ils étaient tout à fait dépourvus d action bactéricide. Ce phénomène bizarre, plus tard vérifié par Schattenfroh % a été expliqué par Hahn de la façon suivante • les parties solubles d’aleurone passent dans les extraits, amélio- rent les conditions de nutrition des vibrions cholériques et augmentent ainsi la résistance de ces microbes à l’action nocive 48 1 alexine. Denys * obtint un exsudât riche en leucocytes, en injectant des cultures de staphylocoques tués dans la cavité pleurale des lapins Cet exsudât, débarrassé des leucocytes au moyen de la centrifugation, tuait les staphylocoques plus énergiquement que le sérum sanguin correspondant, et cela d’autant mieux qu’il ctait pris plus tard sur l’animal, dans les limites de 24 heures. .11 1897, Schattenfroh^ publia un travail dans lequel il avait ctudie avec soin les propriétés bactéricides des extraits leuco- cytaires des cobayes et des lapins, préparés selon la méthode de ex“tr!"r’l ï*’ préparation des extraits, lava les leucocytes à l’eau physiologique de sel marin. i lui sembla que les leucocytes du cobaye supportent mal le lavage. Peut-ètre à ce fait faut-il rattacher un phénomène remar- que a ord par Schattenfroh et confirmé par moi, à savoir que les extraits jeucocytaires des cobayes agissent faiblement sur le leucocytaire des lapins. Schattenfroh a aussi remarqué un autre phenomene caractéristique, que j’ai vérifié par mes expériences (voir plus bas) : c est la stabilité relativement plus grande, par rapport a une température élevée, des extraits leucocytaires préparés au moyen de la solution physiologique de sel Lrin. Hahn, Arch. f. Hyg., Bd. XXV. 2. Schattenfroh, Arch. f. Hyg., Bd, XXXI. 3. Denys, La cellule, Bd. IX-XII. 588 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Alors les extraits supportent, d’après Schattenfroh, sans aucun dommage pour leur activité, une chaleur de 60® C. pendant 30 minutes, et ne deviennent inactifs qu’à la température de 80®-85® G.; tandis que les extraits, préparés selon la méthode de Buchner, avec leur propre milieu albuminoïde, deviennent faci- lement inactifs à la température de 53® C. Malgré une telle ditférence entre le sérum sanguin et 1 ex- trait, Schattenfroh affirme qu’il existe dans l’un et l’autre le même principe bactéricide, identique aux alexines de Buchner. En 1901, Gengou^, du laboratoire de Metchnikoff, étudia de nouveau les propriétés des extraits leucocytaires. Pour obtenir des leucocytes, il injecta dans la cavité pleurale des lapins une- solution alcaline de glutéo-caséine (dont j’indique plus bas le mode de préparation). Les leucocytes obtenus de cette façon étaient lavés deux fois à l’eau physiologique, puis, après addi- tion de bouillon jusqu’au volume primitif de l’exsudât, ils étaient^ selon la méthode de Buchner, plusieurs fois congelés et dége- lés, et étaient placés ensuite pour 21 heures à l’étuve à 37o. Gengou démontra que ces extraits tuaient le v. du choléra, le b. typhique, le coli-bacille et le bacillus aîithrcwis. Les travaux des auteurs cités plus haut ont donc établi que les extraits leucocytaires possèdent une action bactéricide. Tous* ces auteurs admettent que dans les sérums sanguins et les extraits leucocytaires il existe le même principe bactéricide, appelé alexine par Buchner, cytase par Metchnikolf. Cependant cette donnée a été récemment attaquée par Lambotte et Stien- non^ et Petter son qui dénient complètement aux extraits leucocytaires une action bactéricide. Lambotte et Stiennon obtiennent des leucocytes en injectant aux animaux, dans les- cavités séreuses, dilïérentes substances propres à attirer les leu- cocytes, telles que la solution alcaline de gluteo-caseine, le- bouillon et l’eau physiologique. L’exsudât, pris dans la cavité séreuse 24 heures après l’injection, contient 20 à 25 0/0 de- polynucléaires, et au bout de 48 heures, 75 à 78 0/0. Le reste est constitué par de grands mononucléaires. On sépare les élé- ments figurés au moyen de la centrifugation et d’un double lavage à l’eau physiologique. On prépare ensuite les extraits par Gengou, Arm. Inst. Pasteur, 1901, p. 68. 2. Lambotte et Stiennon. Centralbl. f. Bâcler, u. v. \v.. Bd. XL. 3. Pettersson, ibiiem. EXTRAIT LEUCOCYTAIRE DES LAPINS ET DES COBAYES 589 la méthode de Buchner, en ne prenant que les leucocytes qui ont complètement conservé leurs propriétés vitales, ce dont les auteurs s’assurent par l’énergique activité phagocytaire des leu- cocytes. Lamhotte et Stiennon ont vérifié que la centrifugation pendant 10 minutes à 2,500 tours à la minute, avec rechange consecutif du liquide, n’alfaihlit pas l’activité phagocytaire des leucocytes. La centrifugation répétée, même en renouvelant chaque fois le liquide,, ne produit sur les leucocytes qu’un engour- dissement temporaire : il suffît d’un repos d’une demi-Lure pour que, dans les conditions favorables, les propriétés vitales •des leucocytes soient restaurées (voirp. 227). A ce point de vue les auteurs sont d’accord avec A’aM.fe/im/to Mequel a également observé que la centrifugation ne détruit pas les leucocytes. En outre, Lamhotte et Stiennon ont démontré que des oscillations assez etendues de température ne produisent qu’un engourdis- sement temporaire sur les leucocytes, sans détruire leurs fonc- tions vitales essentielles. C’est ainsi que la centrifugation à O» avec renouvellement du liquide, n’a eu d’autre effet que de nécessiter un repos prolongé pour rétablir les fonctions vitales des leucocytes. Après un repos d’une heure le nombre des leu- A ® pouvoir phagocytaire a été de 60 à 70 0/0. Bien plus, les leucocytes ayant subi la centrifugation et le lavage sont restés actifs, même après un séjour de 7 à 8 heures dans l’étuve à 37». Les leucocytes, après être restés 6 heures a la température de la chambre, ont encore été capa- bles de phagocyter le B. anthracis. Ces résultats prouvent d apres Lamhotte et Stiennon, que les cellules du sang ne sont pas des éléments instables se modifiant facilement au sortir de 1 organisme. En se basant sur leurs expériences, ces deux auteurs arrivent à des conclusions en désaccord complet avec celles de leurs prédécesseurs, à savoir : 1» les extraits des leu- cocytes, debarrassés de leur sérum par lavage, n’ont pas d’ac- tion bactéricide, ce qui les distingue du sérum sanguin et du sérum obtenu avec l’exsudât débarrassé des leucocytes • 2» ils ne possèdent pas non plus de propriétés de compléments à I egard des ambocepteurs bactéricides et hémolytiques. Dans le même volume du Centralbl. f. Bact. u. s w fBd XL) se trouve le travail de A. Pettersson qui, à peu près de la i. Ann. /nsL Pasteur, 1902. 5S0 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR même façon, conclut que les leucocytes des cobayes ne contien- nent pas de substances bactéricides actives vis-à-vis des bacilles^ typhiques, et qu’apparemment ils sont aussi dépourvus de la faculté de secréter des compléments (p. 547). Les travaux de Lambotte et Stiennon et ceux de Petterssoa apportent donc une grande dissonnance dans la question de l’origine des alexines. C’est ce qui m’a décidé à mon tour, sur la proposition du professeur Metchnikoff, à m’occuper de celte question si importante pour l’étude de l’immunité. Je me suis efforcé de suivre la même méthode que mes prédécesseurs, afin de faire ressortir autant que possible les causes qui ont conduit les auteurs à des résultats différents. RECHERCHES PERSOÎNNELLES Pour obtenir un exsudât riche en leucocytes, j’injecte dan& les cavités séreuses des animaux soit du Mellins food, soit de la glutéo-caséine. Je prépare celle-ci suivant les indications de Gengou, c’est-à-dire que, par 10 c. c. de solution de bicarbonate de soude à 0, 5 0/0, j’ajoute 1 gramme de glutéo-caséine: je chauffe ce mélange au bain-marie à 100® pendant une demi- heure, puis je le transporte dans un autre bain-marie pour être chauffé pendant 2 à 3 heures à une température de 35 à 58®. Le mélange est ensuite stérilisé à l’autoclave (à 100®) pen- dant 15 minutes, 2 jours de suite. On injecte à des cobayes 5 c. c. de ce mélange, dans la cavité abdominale, une première fois à 5 heures du soir et, le lendemain, à 9 heures du matin. Vers 4 ou 5 heures du soir, c’est-à-dire 7 à 8 heures après la seconde injection, l’animal est saigné. Après l’ouverture de la ca- vité abdominale, l’exsudât est plusieurs fois lavé à l’eau phy- siologique et est soumis le plus rapidement possible à la centri- fugation pour séparer les leucocytes. Bien que pour les lavages des leucocytes je me sois servi de grandes quantités d’eau -physiologique (40 à 50 c. c.) et que j’aie procédé avec la plus grande rapidité possible, je n’ai que rarement réussi à obtenir des leucocytes non agglutinés, coagulés, libres de fibrine. Après avoir décanté le liquide des leucocytes déposés, je verse une nouvelle quantité d’eau physiologique dans laquelle je mé lange le dépôt aussi uniformément que possible en agi- EXTRAIT LEUCOCYTAIRE DES LAPINS ET DES COBAYES 591 tant doucement le tout avec une baguette de verre stérilisée. Le tube est ensuite de nouveau soumis à la centrifugation pour séparer les leucocytes, on décante le liquide, et les leucocytes sont encore une fois lavés à l’eau physiologique. Quand l’eau- du lavage a été décantée pour la seconde fois, le dépôt, com- posé de la plus grande partie ,des leucocytes, de parcelles de- glutéo-caséine et de filaments de fibrine, est additionné de 2 c. c. t/2 à 3 c. c. d’eau physiologique. Aux leucocytes obte- nus d un seul lapin j’ajoute 6 à 6 c. c. d’eau physiologique. Primitivement j’injectais dans la cavité péritonéale 10 c. c. de- là solution alcaline de glutéo-caséine pour obtenir l’exsudât. Mais je me suis vite convaincu que le péritoine des lapins possède de grandes propriétés de résorption, de sorte que je ne réussissais à obtenir que très peu d’exsudat. C’est pourquoi- je me mis à pratiquer chez le lapin des injections intra-pleu- rales. Je me suis aussi aperçu que la glutéo-caséine n’est pas un moyen assez sûr pour l’obtention de l’exsudât. Le bouillon- donne également des résultats incertains. Je me suis alors adressé à des préparations qui n’avaient pas encore été expéri- mentées dans ce but, et bientôt j’en trouvai une qui me donna d’excellents résultats: c’est précisément le Mellins food (aliment Mellin pour enfants et convalescents). Je procède de la façon suivante : Dans un tube contenant 8 à 10 c. c. de bouillon à réaction^ nettement alcaline, j’ajoute 1 gramme de Mellins food. La farine est diluée avec soin dans le bouillon, de manière à former une émulsion, puis le tube est mis au bain-marie à 100°, pendant qu on agite constamment le contenu avec une baguette de verre. Quand à l’agitation il n’apparaît plus de grumeaux durs à la surface du liquide, c’est-à-dire au bout de 10 à 15 minutes,- le mélange est stérilisé pendant 15 minutes à la température- de 100°, et la stérilisation est répétée le lendemain. En déposant, le mélange se sépare en deux couches : en haut le liquide brun- sombre et en bas des flocons de même couleur; en agitant, on obtient facilement une émulsion homogène qui passe aisément dans l’aiguille de la seringue. J’injecte 8 à 10 grammes de cette émulsion dans la cavité péritonéale des cobayes et autant dans la cavité pleurale des lapins. 11 n’est pas nécessaire de répéter l’injection. Les animaux sont sacrifiés 16 à 24 heures' 592 ANNALES DE L'INSÏITUT PASTEUR après, au moyen de la saignee de la carotide. L exsudât obtenu est traité comme il a été dit plus haut. On recueille l’exsudât directement dans la cavité pleurale avec une pipette, sans ajou- ter d’eau physiologique. Dans cet exsudât la fibrine se détache bien plus lentement que dans celui qui est retiré’ de la cavité abdominale au moyen de lavage à l’eau physiologique . C’est pour- quoi on réussit plus facilement à faire déposer les leucocytes sans qu’ils soient agglutinés, et l’émulsion leucocytaire est ainsi plus homogène. Une fois les leucocytes obtenus, d’une façon ou d’une autre, et lorsqu’ils ont été lavés deux fois à 1 eau physiologique, je prépare des extraits selon la méthode de Buchner, en tuant les leucocytes par la congélation et la dégé- lation trois fois répétées, et en les plaçant ensuite dans l’étuve à la température de 37°, pour un temps variant de 2 heures 1/2 à 24 heures. L’extrait, une fois débarrassé des particules solides au moyen de la centrifugation, sert alors aux expé- riences. Il se présente comme un liquide jaunâtre, opalescent, légèrement sanguinolent, de consistance de mucus, s’étirant en filaments. Son état stérile a toujours été soigneusement vérifié par des ensemencements sur bouillon et sur gélose. Inutile d’ajouter que pendant les expériences on a pratiqué l’asepsie la plus rigoureuse et qu’on a vérifié à chaque fois la propreté des matériaux en expérience et la pureté des cul- tures. EXPÉRIENCES BACTÉRICIDES Au moyen d’une pipette de précision de. 1 c. c. avec des divisions de 1/100 c. c., on verse dans une série de tubes à essai des quantités données d’extrait ou de sérum, par exem- ple 1 c. c. — 0 c. c. 5 — 0 c. c. 25, etc., et le volume (1 c. c.) est complété avec l’eau physiologique. Ensuite on ajoute dans chaque tube 3 gouttes de bouillon et 1 goutte d’émulsion typhique, laquelle a été préparée de la façon suivante : On prend d’une culture sur gélose de 24 heures le contenu d’une anse de platine (dans toutes les expériences j’ai fait usage du seul et même fil de platine), et on en fait une fine émulsion dans 10 c. c. d’eau physiologique; de ce mélange on prend 1 c. c. pour ajouter à 9 c. c. d’eau physiologique. Donc 1 c. c. de ce dernier mélange contient 1/100 du contenu de l’anse çn extrait leucocytaire des lapins et des cobayes 393 platine de culture typhique. J’en, mets alors une goutte dans I c.^c. on o'btient^Tà 30^*^ P'Petles également calibrées. Avec riaux. A IwlT. J *""r " des maté- sommcs pas asZ-Ats à T f développées sur les boîtes de Pétri'^T'^*^ colonies tentés des désignations suivantes • O ^roLTT'TT = 10 à 100 rnlnnmo A i y Ooites stériles, dizaines .,fc i o»rè ‘ ” ‘T"” - ‘ ‘•000; l«Mo en .lOpesi.ni 10,000. ”” «»l»nies mcomp, ture^’^wr*i''''f''’ le «drum avec la cul OOluve à, ;\rp"eÏrd:3Ï'.''\“‘- '“■>«■ * 4 à 24 heures (et de quer l’époque on en fait P'’^» «oi» de mar- vées sun’lftion birérl?!'''^ températures éle- le inelancre npnrlant qa • . . • eije cnaulie tare voulue AprÎs el ' u'" " ‘empéra- lon et I goutte de cul U ‘e ^ l^eml- place à Sve à 37» 7 ’ ^ -'--"eusement le tube et le viens de le décrire plus haut /'‘'"Pdeience comme je suis':::rdir4'":x7^^^^^^ •■i autres expériences, de Mellins’ et, dans desri!t7;rrfa!n:a:x^^^^^^^^ Le second groupe d’expériences me fournit une "fois ün 38 594 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR extrait assez actif et quatre fois un extrait inactif. Dans les 9 expériences les extraits avaient été préparés d’après la même méthode, telle qu’elle est décrite plus haut, et cependant les extraits possédaient des qualités bactéricides fort différentes, comme on le voit avec évidence sur le tableau donné plus loin. Peut-être ce fait dépend-il de ce que les leucocytes des. cobayes supportent mal le lavage, ainsi que l’a constate Schat- tenfroh(I. c., p. 14). Mais, en général, nos résultats concordent avec ceux de Hahn et de Schattenfroh, qui n’ont obtenu que des extraits peu actifs avec les leucocytes des cobayes. Les extraits leucocytaires des cobayes paraissent ne pas contenir de compléments pour les ambocepteurs typhiques; leur action bactéricide, quand elle existe, présente la même stabilité aux températures élevées que les extraits leucocytaires des lapins. ACTION BACTÉRICIDE AU MOYEN DES EXTRAITS LEUCOCYTAIRES DES COBAYES I. Leucocytes obtenus au moyen de la glutéo-caséine. QUANTITÉ d’extrait. Avec extrait. Sam extrait (1 C.C. d’eau physiologique.) |re expérience. 1 c. C. OO oo 2® — 1 C. C. Milliers. oo 3® 1 C. C. Milliers. oc 4® — 1 C. C. OO oo II. Leucocytes obtenus au moyen de Mellins food. 5® expérience 5® — 6e — 7e _ 8e — Quantité d’extrait. Quantité d’eau physiologique. NOMBRE DES COLONIES AU BOUT DE 4 HEURES 0 C.C. 50 0 C. C. 2o 1 C.C. 4 c. c. 1 C.C. 1 C.C. 0 C.C. 50 0 C.C. 75 O O O O Avec extrait. O Milliers. oo Sans extrait (1 c. c. d’eau physiologique) oo oo oo oo oo oo extrait leucocytaire des lapins et des cobayes 095 EXPERIENCES SUR UES LAPINS. Expérience 1. _ Double iniection if .XTàtî “ “"‘i Ci 6 h 1/2 .»ri 1. / T™ ” '«pi" t . , ^ dernière injection. Pendant le lavage des leucocytes se sont agg-lutinés. ‘“vage, ues L’extrait a été préparé selon la méthode de Buchner. annales de L'INSTITUT PASTEUR BACILLES TYPHIQUES NOMBRE DES COLONIES Au bout de 4 h . Au bout de 22 h. ■ 1. 1 c. c. de la 1^® partie de l’extrait 14 0 2. — chauffé pendant 30 minutes 140 ! 0 ' 0 3. le. c. de la 2« partie d’extrait Unités. 4. _ chauffé pendant 30 minutes 0 0 0 5. 1 c. c. de sérum frais de lapin 0 6. — chauffé pendant 30 minutes oo oo 1 7. le. c. d’eau physiologique oo oo 1 1 Deuxième extrait. — Au dépôt reste dans le tube après av enlevé la 2® partie de l’extrait (voir plus haut), on ajon e 1 c. c. 1/2 d’eau physiologique, et le mélange est place a l’étave à 37". Au bout de 48 heures le liquide est séparé i es parcelles solides par la centrifugation et il est recueilli avec pré- caution. 1 NOMBRE DES COLONIES 1 Au bout de 4 heures. Au bout de 24 heures. .1. 0,50 c. c. d’extrait + 0,50 c. c. d’eau 150 0 c;) A ^ n r\Vi vQi ni np*inil G OO oo 12. le. C. Q 0dU pily Résultat : Après 16 heures de séjour à l’étuve, l’extrait est tout aussi actif qu’après 2 h. 1/2. Si, au dépôt reste apres la prise du premier extrait, on ajoute une nouvelle quantité d’eau physiologique et qu’on mette le mélange à l’étuve pen- dant 48 heures, on obtient encore un extrait actif. Expérience 4. — Extrait préparé comme dans les expé- riences précédentes. Le sérum antityphique du D'' Besredka, desséché, est dissout dans la proportion de 1 pour 10 dans de l’eau stérilisée. Les solutions ultérieures sont préparées avec l’eau physiologique. EXTRAIT LEUGOGYTAIME DES LAPINS ET DES GOBAYES 597 CULTURE TYPHIQUE Nombre des colonies. Au bout de 4 heures. Au bout de 24 heures. L1 centaines. oo 1 milliers. oo oo oo unités. centaines. 0 0 0 0 dizaines. 0 milliers. oo dizaines. oo dizaines. oo milliers. oo nombreux milliers. oo oo oo oo oo oo oo d’eau 1. 0,50 c. c. d’extrait + 0,50 c. c, physiologique 2. 0,25 c. c. d’extrait + 0,75 c. c. physiologique. 3. Sérum antityphique en solution à 1 p. 1,000 — 1 c. c 4. Sérum antityphique en solution à 1 p, 10,000 — 1 c. c 5. Sérum antityphique en solution à 1 p. 10,000 — 0,30 c. c 6. Sérum antityphique en solution ^ a 1 p. 100,000 — 1 c. c I 0.2 7. Sérum antityphique en solution à 1 p. 100.000 — 0,30 c. c 8. Sérum antityphique en solution à 1 p. 100,000 — 0,1 c. c , 9. Sérum antityphique en solutions à 1 p. 10,000 — 0,15 c. c i 0-5 10. Sérum anti'vphiuue en solution i à 1 p. 100,000 — 1 c. c ; + S 11. Sérum antityphique en solution^ g • à 1 p.. 10,000 — 0,15 c. c y ^ 5 12. Sérum antityphique en solution i à 1 p. 100,000 — 1 c. c ; + S 13. Sérum antityphique en solution à 1 p. 1,000 _ 1 c. c U. Sérum frais de lapin 0,03 c. c. dans 1 c. e. d’eau physiologique 15. Eau physiologique 1 c. c 3 Sh G Résultat : 0,50 c. c. et 0,25 c. c. d’extrait ont une action bactéricide nette, mais insuffisante pour détruire tous les bacilles typhiques. Les quantités d’extrait ne contiennent pas de compléments pour les ambocepteurs typhiques. Expérience^. — L’extrait, légèrement sang-uinolent, est pré- paré comme dans les expériences précédentes. 598 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Nombre des colonies au ‘ t lout de 4 h. 0 1. 0,50 c.c. d’extrait + 0,50 d eau pnysioiogique 0 2. 0,25 c.c. d’extrait 4- 0,75 a eau puysioiogique Unités. 3. 0,15 c.c. d’extrait + 0,oo a eau pnysioiogjque Milliers. 4. 0 c.c. 10 d extrait u,ou u eau 5. Sérum antityphique en solution à 1 p. 1,000 — 1 c.c. \ \ Milliers. g _ _ _ 1 p. 10,000 — 1 c.c. J O — 0 rj _ _ 1 p. 100,000 — 1 C.C. > c J O £ 0 g _ _ _ 1 p. 100,000 — 0 c.c. 30 \ 0 q _ __ _ 1 p. 100,000 — 0 c.c. 10 / Centaines. .|Q _ _ _ 1 p. 1,000 — 1 c.c. ^ 1 • oo _ _ — t p. 10,000 — 1 c.c. 1 ' O '3 > o-is oo ^2 _ — — 1 p. 100,000 — 1 c.c. ( , o'.S \ ^ Milliers. _ _ — 1 p. 100,000 — 0 c.c. 10 1 + Centaines. , 14 _ _ — 1. p. 1,000 — 1 c.c. 1 • OO _ __ __ l.p. 10,000 — 1 c.c. 1 / ^ '3 OO _ _ _ 1. p. 100,000 — 1 c.c. _ _ _ 1 p. 100,000 — 0 c.c. 10 ( H y O dj ) Unités. Unités. 1 p, 1 000 — 1 c.c oo 19. Sérum frais de lapin 0 c.c, 88 dans 1 c.c. d’eau physiologique. Centaines. oo 20. ibau pnysiuiugiquc x x.. 21. 0,50 c.c. d’extrait + 0,50 c.c. d’eau physiologique chauffée à 1 0 22. 0,60 c. c. d’extrait + 0,50 c. c, d’eau physiologique chauffée 1 i 0 72° penuaui ou 23. 0.50 c.c. d’extrait + 0,50 c. c. d’eau physiologique chauffée ; l oo 400® pendant 15 minutes 1 Résultats : les quantités d’extrait, même celles (0,10 et 0 15 c c ) qui sont les plus bactéricides, ne contiennent pas de compléments à l’égard des ambocepteurs typhiques, ce qui dis- tingue nettement l’extrait du sérum sanguin correspondant. Néanmoins, on obtientles déviations des compléments (Neisser extrait leucocytaire des lapins et des cobayes S99 et Wechsberg). Nous n avons d’ailleurs observé ce phénomène que cette seule fois. Dans les autres expériences, il est beaucoup moins prononcé ou même fait complètement défaut. Ne pour- rait-on pas 1 expliquer par la présence d’une certaine quantité de sérum, par suite d'un lavage insuffisant? L’action bactéricide de cet extrait s’est conservée malgré un cbauffageaune température de 62» et de 72»; elle a été détruite par 1 ébullition. Extraction successive des substances bactéricides des leucocytes PM lavages successifs avec Veau physiologique. — Après avoir recueilli, au moyen de la centrifugation, le premier extrait qui a servi pour les expériences décrites, j’ajoute aux leucocytes restes au fond du tube 3 c. c. d’eau physiologique, je mélange soigneusement, et je laisse à la température de 37» pendant eures. Les parcelles solides sont ensuite séparées par la centrifugation, et le liquide est recueilli avec précautiL au A J' .f façon le dêMauèMefictraiV. l’i! > J ajoute encore 3 c. c. d’eau physiologique et je place à uve a pour 48 heures, après quoi on sépare par la centrifu- gation et on recueille à la pipette le troisième extrait. Après cette operation, le tube ainsi que le reste des leucocytes est boucbé avec un tampon d’ouate et laissé au laboratoire, pendant 2 jours a a lumière diffuse; ensuite on y verse I c. c. 1/2 de solution salee, on place le mélangé à l’étuve pendant 48 heures, et, après a centrifuption, on obtient le quatrième extrait. Au dernier esTmis" physiologique, le mélange céd h\ 1 -P”"’’ par le pro- cédé habituel le cinquième extrait. Avec ces 4 derniers extraits on a lait 1 experience suivante ; On met dan* des tubes 0. c. c 60 de chacun des extraits avec 0 c. c. 50 d’eau physiologique, so^t*”l *** ^1 goutte de culture typhique ; les tubes faüs pour 4 heures. Les ensemencements ts sur bo te degelose sont restés stériles. Il s’ensuit donc que acLuT^ ? «s ont conservé l2ur action bactéricide après avoir été chauffés pendant 30 minutes a la température de 62», et l’ont perdue pai un chauffage à la te jerature de 84». En même temps, ils ne contiennent pas du ont de compléments pour les ambocepteurs typhiques, comme apparaît sur le tableau ci-dessous; à l’inverse du premier 600 ANNALKS DE L’INSTITUT PASTEUR extrait, ils n'ont pas manifesté de phénomènes de déviation des compléments, Nombre de Colonies Au bout de 4 h. 1. Sérum antityph. en solution à 1 : 1.000 - \ - 1 c.c. O ‘c5 oc 2. — — — à 1 p. 10,000 - - 1 c.c. 1 ^ O oo 3. — _ _ à 1 p. 100,000 - - 1 c.c. 1 cT + (M 3 oo 4. — — _ à 1 p. 100,000 — 0,1 c.c. J oo 5. — — — à 1 p. 10,000 — 1,0 c.c. 1 i ^ i TT oo 6. — — à 1 p. 100,000 — 1,C c.c. 1 C ‘5 oo ü* S 7. — — — à 1 p. 100,000 — 1,0 c.c. 1® -t- oo Expérience 6. — Nous avons plusieurs fois observé que Taddition de l’extrait leucocytaire aux sérums sanguins diminue l’action bactéricide de ces derniers. Dans l’expérience présente les conditions du phénomène ont été plus exactement déter- minées. Dans cette expérience, ainsi que dans toutes celles qui suivent, j’ai, pour l’obtention des leucocytes, fait usage des injections de Mellins food dans la cavité pleurale des lapins. L’extrait était préparé comme d’habitude. Comme on le voit d’après le tableau ci-dessous, la dose bactéricide minimale était égale à 0,25 c. c., aussi bien d’extrait que de sérum. Mais un mélange composé de parties égales d’extrait et de sérum ne tue pas tous les microbes, même à la dose de 0,50 c. c.; seulement il en diminue considérablement le nombre. Pour obtenir un effet bactéricide complet, il a fallu employer 0,72 c. c. du mélange. Il semble donc qu’un des éléments du mélange — extrait ou sérum — ait perdu son action bactéricide. Certes, on peut aussi supposer que les deux éléments ont été affaiblis au même degré ou à des degrés différents. C’est ce que nous avons cherché a élucider âu moyen des expériences suivantes ; Le second phénomène caractéristique de cette expérience, c’est que la température à laquelle le mélange de sérum et f extrait leucocytaire des lapins et des cobayes 601 •(I extrait perd ses effets est beaucoup plus basse que celle qui est nécessaire pour rendre inactif l’extrait seul, et correspond' en general à la température qui rend inactifs les sérums san- guins frais. 0,5c. c. d extrait -f 0,50c. c. d’eau physiologique. i.0,2c.c. î.0,1 c. c. i-0,5c. c. ►.0,25c. c. '.0,1 c. c. • 0,5c. c. .0,2oc.c. .0,lc.c. • 0,5 c.c. . 0,25 c.c. . 0,10c. c. + 0,75 c.c. + 0,9 c. c. — + 0,50 c. c. d’eau physiologique + 0,7oc. c. — + 0,90c. c. /u lo V CO + 0,50 c. c. d’eau physiologique./ + 0,75c. c. -f 0,90c. c. g c 'd ‘d + 0.75c. c. + 0,90 c.c. ïaDiS o 72 c T TTi. frais d. apin 0,12 c. c. + 0,26 c. c. d eau physiologique. * ' ■ ' v-. ri eau puysioiogique. . oToT H chauffé 30 minutes à 57o, 0,90 c. c. + En etudiant d après la méthode de Wright les modifications en teneur d opsonines du sang de chiens, inoculés par le pneu- mocoque, nous avons constaté le fait intéressant qui suit Nous procédions avec une émulsion de diplocoques viru- lents dans une solution de chlorure de sodium à 0,88 0/0 Les diplocoques ayant préalablement subi une série de nL' sages par des lapins, avaient été cultivés sur du sérum sanguin coagule et avaient bien conservé leurs capsules. Dans ces conditions nous avons observé une absence presque complète phagocytose meme quand un mélange de leucocytes^ de rrnutes à Fétuve pend’ant Nous obtenions le même résultat, tout aussi bien avec le sang des chiens normaux qu’avec celui des chiens définitive- ent guéris apres des injections répétées de pneumocoques “ Si, par contre cette même culture virulente avait été bien lavee dans une solution physiologique, si on la centrifugeait à plusieurs reprises et si l’on répétait l’expérience avfc ces diplocoques laves on obtenait une forte phagocytose, bien que IriaTa^ge ' fassent demeurées intactes après Nous avons constaté ensuite que les diplocoques, bien lavés et energiquement phagocytables, perdaient d2 nouveau îeur propriété d etre englobés par les leucocytes si on les mélan geait a la partie liquide de l’émulsion primitive de dMoc^ ques, séparée d’eux par centrifugation ^ 612 annales de L’INSTITUT PASTEUR En même temps les leucocytes, qui ne phagocytaient pas ces diplocoques, englobaient avec avidité d autres microbes non virulents, les staphylocoques et les bacilles typhiques par ^""T^I’ensuit que l’absence de phagocytose des diplocoques virulents provient non pas du manque d opsonines dans le sérum des chiens et non pas de l’incapacité phagocytaire de leucocytes eux-mêmes, car ces mêmes leucocytes englobaient très bien les mêmes diplocoques, lavés préalab ement, aussi ton a. !.. l« b.ciUe. lyph.que.; cette absence de phagocytose doit être due a la presence dans les cultures de diplocoques virulents, de certaines substances, prop^oM dl donner à ces substances, qui défendent les micrïbes contre l’englobement des phagocytes, le no '^“L’ÏpérTence suivante va démontrer ce que nous venons NoÜravons prélevé du sang à un chien complètement guéri II jours après une inoculation sous-cutanee d un dizieme culture de diplocoques sur sérum. , . j Le sang avait été mélangé avec une solution de citrate de soude à 1/2 0/0; les éléments cellulaires avaient ete éliminés parcentri ugation et lavés avec une solution phys-logique. ^ Pour êtrS brefs, nous nommerons simplement « leucocytes ce mélange de leucocytes et de globules sanguins rouges. Nous avons obtenu ensuite du sérum de ce même c '®"' Une culture (sur sérum) de diplocoques virulents, agéed^ 24 heures, était mélangée avec une solution physiologique préparée en émulsion d’après Wright. îlne partie de cette émulsion était gardee pour l’expérience, tandis qu’une autre partie était exposee a une centrifugation prolongée afin de séparer la partie iqui e NouT nommerons la partie liquide contenant les antipha- gines * solution d’antiphagines ». ompni lavés à Les diplocoques centrifugés étaient ««f la solution phvsiologique, recentrifugés, relaves avec une nou 613 OPSONINES ET ANTIPHAGINES Voici les mélanges que nous avions préparés : N« I. Leucocytes du ctmn + son ^ram + émulsion de diplocoqucs virulents. p^o 3 ^ — lavés, + ~ -t- mélange de diplocoques lavés avec pjo 4 __ solution d’antiphagines. + + mélange de staphylocoques a^^ec une solution d’antiphagines. Tous ces mélanges étaient maintenus à l’étuve pendant oO minutes. Résultat : N» 1. Sur 100 leucocytes 40 coccus englobés N” 2. _ _ 456 - 1- ■ ^>3. _ _ 65 - No 4. Les leucocytes étaient bondés de coccus englobés. Cette expérience démontre combien Je Javage des diploco- ques avait notablement augmenté leur propriété d’être englo- bes par les leucocytes. Elle démontré aussi un nouvel abaissement de la phagocy- tose dû à l’addition d’une solution d’antiphagines aux diploco- ques lavés. ^ Enfin, l’englobement actif des staphylocoques par les leuco- cytes en présence des antiphagines diplococciques, prouve la spécificité do ces substances ; elles ne défendent de la phagocy- tose que les microbes desquels elles dérivent. Nous avons constaté la même défense spécifique des diplo- coques par leurs antiphagines pour les leucocytes des lapins No* [' de iapin -f son sérum + émuision de dipiocoques. ]\o 3^ _ “f* émulsion de culture typhique. ~ 'T ~ + mélange d’antiphagines diplococci- ques avec une émulsion typhique. Tous ces mélanges avaient été maintenus à l’étuve pendant ^0 minutes. Résultat : (No”uVav!o“;s‘::slTvrîr::c7ufdrs^;oîe"ute^^ N- s; ( " La présence d’antiphagines ne se manifeste que dans les cultures virulentes de diplocoques. 614 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Parallèlement à raffaiblissement de la virulence, disparaît aussi la production d’antiphagines. Par contre, les diplocoques renforces au moyen de pas- sages par des lapins recommencent à produire des antipha- gines. L'étude de Pinlluence thermique sur les antiphagines démontre que ces substances sont thermostabiles : elles sup- portent le chauffage à 8o-9o° G. pendant une heure et l’ébulli- tion à 100° pendant 20 minutes, sans perdre leur propriété antiphagocytaire. L’expérience suivante en fournit un exemple : N° 1. Leucocytes normaux du chien 4- son sérum -1- émulsion de diplocoques X» 2. — — — + N® 3. — — — -I- N® 4, — — — -f- N® O. — — — + Résultat : N® 1. Sur iOO leucocytes N® 2. — X® 3. — X® 4. — X® O. — virulents. -f émulsion de diplocoques lavés. -h diplocoques lavés, mélan- gés avec une solution d’antiphagines. -f- diplocoques lavés, mélan- gés avec une solution d’antiphagines, chauffée . pendant 1 h. à 80-85®. — diplocoques lavés — une solution d’antiphagines. soumise à l’ébullition pendant 20 minutes. 8 coccus englobés. 338 — 13 — 11 — 12 — Nous étant rendu compte des principales propriétés des antiphagines diplococciques, nous devons établir leurs rela- tions avec les toxines bactérielles, les agressines et les opso- nines. Les antiphagines diplococciques diffèrent des pneumo- toxines, avant tout par leur résistance à la température. D’après les observations des frères Klemperer et d’issaieff, les toxines des pneumocoques sont déjà détruites à 60-70°. Par contre, nos expériences ont démontré que les antiphagines ne per- daient point complètement leurs propriétés, même étant OPSONINES ET ANTIPHAGINES 615 'cliaufïees pendant une heure jusqu’à 90-95^^ ou bien soumises à une courte ébullition. Les antipliagines n ont pas d’influence toxique appré- ciable sur les leucocytes : ceux-ci englobent très bien des staphylocoques et d’autres microbes en présence d’antipba- ;gines diplococciques. Les agressines de Bail diffèrent, elles aussi, des antipha- gines par une moindre résistance au chauffage, car elles sont •détruites à 70°. En outre, si l’on ne considère comme agressines que les substances ayant une action « agressive », qui affaiblit l’orga- nisme infecte, il serait a peine possible de ranger parmi elles les antiphagines, substances microbiennes défensives. Mais puisque Bail, Kikucki, Lévy et Fornet distinguent, parmi les propriétés des exsudats agressifs, celle d’empêcher la phagocytose et puisque les exsudats peuvent contenir les pro- duits microbiens les plus varies, il se peut très bien que ces exsudais contiennent entre autres des antiphagines. Les relations entre les antiphagines et les opsonines sont •encore loin d’être déterminées. Il est très probable que les antiphagines sont élaborées par les microbes comme produits de défense. Elles peuvent être des (( antiopsonines » et la propriété acquise par les microbes pendant la vie dans l’organisme vivant, serait encore conser- vée pendant quelque temps dans les milieux de culture, comme par exemple la propriété de produire des capsules. La supposition contraire — c’est-à-dire que les opsonines seraient des anti-antiphagines — peut aussi être admise. La présence d antiphagines dans les cultures virulentes des microbes doit être, entre autres, prise en considération dans l’appréciation des résultats de la détermination de l’index pha- gocytaire. SENSIBILISATRICE SPÉCIFIQUE dans les sérums des animaux traités par le '‘/W. Melitensis" et dans le sérum des malades atteints de fièvre méditerranéenne. Par a. SICRE Médecin aide-major de Ir® classe. Laboratoire de bactériologie de 1’ hôpital militaire de Tunis. Depuis que les travaux de Bordet et Gengou ont établi la présence d’une substance sensibilisatrice spécifique dans un grand nombre de sérums antimicrobiens^ , dans le sérum des individus vaccinés aussi bien que dans celui des infectés ; depuis enfin que la réaction de fixation de ces auteurs a été recherchée avec succès dans le sérum de malades atteints de fièvre typhoïdes de dysenterie bacillaire^ ou de fièvres paratyphoïdesS il semble que l’étude d’une entité morbide infectieuse ne soit vraiment complète qu’après la découverte du pouvoir sensibi- lisateur spécifique dans le sérum des malades. C’est par la méthode de Bordet et Gengou que Müller et Oppenheim^ découvrirent les anticorps du gonocoque dans le sang des individus atteints de blennorragie et que récemment encore, Wassermann, Neisser et Brucke ont essayé de cré*er une méthode de diagnostic de la syphilis. MM. Bordet et Gengou eux-mêmes% il y a quelques jours à peine, utilisaient leur réaction de fixation pour établir la rela- tion intime entre la coqueluche et le microbe isolé par eux des exsudais bronchiques des jeunes enfants atteints de cette maladie. Or, à l’étude de la fièvre méditerranéenne précise au point 1. Bordet et Gengou, Annales de l’Institut Pasteur 1901. 2. W1DAL et Le Sourd, Soc. méd. des ilôpitauXr 14 juin 1901. 3. Ch. Dopter, C. R. Soc. de Biologie, 11 et 18 mars 1905. 4. Rieux et Sacquépée, C. R. Soc. de Biologie, 25 nov. 1905. 5. Muller et Oppenheim, Wien. klin. Wochen. 1906, vol. XIX, n» 29. 6. Wassemann, Neisser et Bruck, Deutsche med. Woch. 1906, vol. XXXII, n® 19.- 7. Bordet et Gengou, Annales de V Institut Pasteur 1907. SENSIBILISATRICE SPÉCIFIQUE 617 de vue clinique et bactériologique, manquait la reclierclie des anticorps. J’ai jug-é utile de la poursuivre pour affermir l’individualité de cette maladie, pour mieux établir la relation indissoluble entre la fièvre de Malte et le micrococcus melitensis et pour vérifier enfin la spécificité des divers échantillons de ce microbe isolé soit à Malte, soit à Tunis. Le matériel nécessaire aux expériences a été rassemblé par M. G. Nicolle, directeur de l’Institut Pasteur de Tunis’ . Les cas de fièvre méditerranéenne ne sont pas, sur le littoral tunisien, d’une extrême fréquence; ils appartiennent en outre presque exclu- sivement à la population Israélite ou maltaise qui, d’ordinaire méfiante, ne permet pas des récoltes copieuses de sérum^. Les investigations ont porté sur des sérums de malades prélevés au cours d’une période de deux ans et conservés aseptiquement. Les échantillons les plus vieux avaient suhi, au moment des expériences, une baisse très sensible de leur pouvoir aggluti- nant; les plus recents avaient conservé à peu près intégrale- ment leur puissance d’agglutination. Trois sérums d’animaux vaccinés contre le m. melitensis ont été soumis aussi aux^épreuves de la réaction de fixation : 1° Un sérum d’âne immunisé depuis un an par M. G. Nicolle contre le m. melitensis (échantillon de Shaw n^ 1) par l’inocula- tion de cultures vivantes ; 2° Un sérum de lapin immunisé contre le m. melitensis (échantillon de Shaw) ; 3° Un sérum de lapin vacciné avec le m. melitensis (échan- tillon de Tunis)L Les épreuves ont été faites avec six échantillons de m. m. de provenances diverses que j’ai désignés pour plus de commodité par les lettres suivantes : 1. L extrême complaisance de M.G. Nicolle m’a permis d’opérer ces recherches. Je suis très heureux de pouvoir lui adresser ici mes bien vifs remerciements. 2. Malades de la clientèle de MM. les Gathoire, Hayat et Triolo. 3. L inoculation a été pratiquéé avec une émulsion bien homogène en eau disUllée obtenue par le raclage d'une culture sur agar âgée de 4 jours. Ghaque lapin a été saigné 23 jours environ après avoir reçu sous la peau 1/2, 1 et ïic.c. de l’émulsion. 618 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR . Échantillon de Malte Bruce. Sh . . J «h . \ Échantillon de Malte Shaw. à * K Échantillon de Tunis. Kràl. Tr Échantillon de Tunis. C. Nicolle isolé par ponction de la rate. Du sérum antityphique, du sérum normal de' cheval et de lapin, des sérums de malades atteints de fièvre typhoïde ou d’affections diverses, enfin du bacille d’Eberth, du bacille para- typhique A (échantillons Brion-Kayser et échant. de Tunis, Nicolle et Cathoire, 1905) ont été soumis aux mêmes épreuves comme témoins. Je serai bref au sujet de la technique que j’ai employée pour ces recherches. C’est celle de Bordet adoptée par MM. "Widal et Le [Sourd pour les sérums typho'iques et par M. Ch. Dopter pour les sérums dysentériques. Le sérum contenant les anticorps à déterminer était chauffé d’abord à 36» pendant trente minutes pour détruire la cytase. 11 était mélange ensuite à la dose de neuf ou dix-huit gouttes, suivant son abondance, avec cinq ou dix gouttes d'émulsion bien homogène de m. melitensis dans l’eau physio- logique et de deux ou quatre gouttes de sérum alexique de cobaye saigne la veille OU le jour même de l'expérience. L’émulsion homogène de m. melitensis a toujours été préparée avec des cultures sur agar âgées de quatre jours, le m. melitensis ne donnant une culture suffisamment riche qu’après un séjour minimum de trois jours a l’étuve à 37®. ■ ... Après cinq heures de contact, le mélange microbes, alexine, sérum chauffé était additionné de deux à quatre gouttes, suivant le cas, dun deuxième mélange ainsi constitué : , i i Une partie globules rouges de lapin longuement lavés à l’eau pliysioio- ^ ^Deux parties de sérum hémolytique pour ces globules (sérum provenant de cobayes préparés par des injections intrapéritonéales répétées de sang défibriné de lapins et chauffé à 56® pendant trente minutes). Les mélanges ainsi préparés étaient maintenus à la température ordi- naire du laboratoire et examinés pendant vingt-quatre heures environ. Les résultats de la réaction de fixation commencent à apparaître des la fin de la première heure de contact. . f • J’ai considéré la réaction de fixation comme positive toutes les fois que les globules rouges formaient, au fond du tube, un agglutinât compact avec clarification nette du liquide séreux sus-jacent; elle a été jugee négative chaque fois que toute la masse liquide était bémolysée. Enfin, la verifica- SENSIBILISATRICE SPÉCIEIQUE 619 trgeTaSZrsrnsis'ts'^iTfsi: Sence'"'rf iaire nettement décoloré. ^ ^ «'>'=6 seule du stroma globu- SERUMS DES ANIMAUX VACCINÉS AVEC LE (( M. MELITENSIS )) Le se'rum d’âne et les sérums de lapins vaccinés ont été ^xperimentes vis-à-vis des divers échantillons de m Î umere plus haut, et en présence de témoins représentés d’une part par du sérum de lapin et de cheval normaux nar du hae ll paratyphique et du bacille d’Eberth d’autre part ^ Tableau I < a .2 ® g a Réaction de FIXATION == 60 s bD ffl Micrococcus melitensls, B. paraty- phique du ^ s type A 1 1 1 H == Br Shi jsha (Shj K Tr. BrK. T w Sérum d’àne immunisé. . 1/2000 + + + + 4- + — — Sérum de lapin immunisé. 1/100 + + + j + + Sérum de lapin immunisé. 1/80 + + 4- ' 4- + + Sérum de lapin normal 0 — — Sérum de cheval normal. 0 — — - — — — — — — ains^":' ««"signes dans le tableau I se résument U Simm ,hs ammaiu mainis amn km. mdi(en«is cai,ii„t iun sér fl ’oti appaiaît avec la même netteté sur ^ont 1 aTgluirelt'fatïm^î IcSe!"" Tableau II 620 annales de L’INSTITUT PASTEUU I Numéros. OBSERVATION RÉSUMÉE DES MALADES SENSIBILISATRICE SPÉCIFIQUE 621 622 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR SÉRUM DES MALADES Les sérums de malades soumis aux épreuves de la réaction de fixation sont de provenances diverses et de dates dillé- reiites. Je les ai numérotés pour plus de clarté. Les cinq premiers, conservés pendant un ou deux ans environ, avaient subi une baisse très sensible du pouvoir agglu- tinant (je fai indiquée dans les tableaux ci-dessous qui grou- pent les épreuves). Le sérum II, altéré par un développement microbien, avait perdu son agglutinine. Cette altération explique vraisemblablement le résultat négatif qu’il a donné pour la reaction de fixation. Les sérums Yl, VU et YIII, prélevés plus récemment (six mois environ), avaient perdu également une partie de leurs propriétés agglutinantes. Le sérum IX était frais au moment des recherches. Tous ces sérums proviennent de malades atteints de F. M. à des degrés divers : ils ont été prélevés dans des cas bénins, de moyenne intensité on de grande gravité, à la période d état au déclin de la maladie ou au début de la convalescence. Leur « étiologie méditerranéenne » a été vérifiée, dans tous les cas, par Tagglutinalion et Pobservatiou clinique. Elle n a pu, à notre regret, être précisée par f isolement du microbe, pour les raisons que nous avons exposées ci-dessus. La lecture des tableaux II et III montre que la réaction de fixation donnée par ces sérums, en présence de témoins divers, a été positive avec tous lès échantillons de m.m., indépendam- ment du taux et malgré l’affaiblissement du pouvoir aggluti- nant. CONCLUSIONS 1» Des anticorps spécifiques, décelables par la réaction de fixation de Bordet, existent dans le sérum des animaux en état d’immunité active contre le m. melitensk et dans le sérum des malades atteints de F. M. ; SENSIBILISATRICE SPÉCIFIQUE 62a 2» Ces anticorps se fixent sur les échantillons de m. meli- tensis de provenances diverses, aussi bien que sur le microbe vaccinant ou infectant; 3» Ces anticorps paraissent sans relations avec l’agglutinine du sérum puisque la réaction de fixation est nettement positive dans tous es cas, indépendamment du taux et malgré l’atiaiblis- sement de 1 agglutination. Ces faits concordent avec ceux que MM. Bordet, Widal et iÜe M“ch T ^ que M. Ch. Dopter a vus dans la dysenterie bacillaire. août 1907. ANNEE AOUT 1908. No 8 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR L’absorption do l’alexioo et te pouvotr antagoniste des sdrums oormaux. Par les D« J. BORDET et F. PARKER GAY (Travail de l’Institut Pasteur de Bruxelles.) La me hode de la fixafoa de l’ale.xine s’est montrée suscep- tible d utiles applications. Basée sur cette constatation ' que les microbes ou les globules rouges sensibilisés ont acquis, ferace preciseinent à l’influence de la sensibilisatrice appropriée iinsi 7u T de la faire dispaîaître ainsi du liquide ambiant, cette méthode a permis ^ de démon- WcT ^ r®’ production de sensibilisatrices pecifiques chez les animaux vaccinés contre les microbes, est general, se vérifiant quel que soit le microbe mis en ill’u ^1“®""*’’ «1 de nombreux microbes se montrent lebelles a la bactériolyse sous l’influence de l’immunsérum I approprie ce n est point pour la raison que ce sérum ne con- tent pas les substances actives requises, mais bien parce que rem^r'^ïr °PP°®®nl au pouvoir bactéricide une r r e résistance; c) comme le pouvoir agglutinarit la taation de l’alexine, sous l’influence des immufrérums peuî etre uti isée pour la diagnose des microbes, d’une nmnC est sensibilisateur sans être agg-lufinant. ' l’année suivante, que ce fait de ’l’ap-' parition reguliere de sensibilisatrices au cours de l’immùnist Annales, 1900 ] sérums hémolytiques, leurs an(ito.\ines, etè. : ' Ces antimicrobfens.*GerÆa/er,^19V^^ de sensibilisatrices dans les ' sérums Ces Annales, sérums actifs contre les substances albuminoïdes. 40 (i:»e ANNALES DE L’INSTH UT PASTEUR lion a une, portée plus générale encore ; en effet, lo sérum 'es n’est Comme l’ont démontré MM Pfeiffer 1, ‘'‘"'agoniste? de la hactériolyse), M. Sachs le ^ '^'''«‘"jerger (à propos affaiblissant la sensibilisation- il n’a normal n’agit pas en sur les globules ou les mi’crobes^ '''‘■®®‘®"‘®nt lavis de M. Sachs, d’après leouel cV^ ^ discuter contient des amboceptfurs norma 1“’*' Comme MM. Muir eî Brownin- iC l’alexine, sérum est antagoniste parce ou’fl T ! î l’alexine sur les éléments Jensibi]^^ ^ à la fixation de vaincu flue si l’avidité de ceux-ci pouffai!: "’®*' cest-à-dire s’ils sont impressionnr ®®‘ l"rt accusée, de sensibilisatrice, ou] bien encore si 'f"® en ajoutant de la solution sMée^°'''® ^’^l^sncption neuf: f^rtfoLÏtorÏtriAoli,^^^ -™m de lapin Sirtuî: S rt-r-n l-uf) et mis en prés’ence d’a lexirr"" ‘'e convient bien à l’étude oui no, , cobaye) considérer d’assez près pour nouvo*"^*"* '^***’' ‘l® le apportée par M. Sachs ^ouiLn " ®"''‘®®8®r l’interprétation également le sérum de lapin A ^ recherches, a employé -lélailsl L’expérience sutame"' d-s queL d- C’est, pe„sons-nous.M. Mut) wc ”""''’® fine des globules a é't,f considir/par d’i™rs““'''“ ''^"“non cf y:"°“L-onssig„a,r^ vol. VJ, i]o j JQOfii s !S£’S=‘“|s s Si "S ■nerl,.. peut-ctcc p^as'^de^"™'^''’* ''omme « véhicu), de’etle pa^r.^L^Xuer'"’"^"^"'’ l'aH’ois 628 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR médiocrement sensibilisés s’bémolysent sous l’inlluence de l’alexine lorsque le liquide servant de vélncule contient une assez forte proportion de solution physiologique, tandis qu Rs restent intacts ou ne s’altèrent que fort lentement où ils baignent est moins riche en solution physiologique, mais referme par contre une certaine dose de sérum normal (chauffé préalablement à 56®) de lapin. Dans un tube A on introduit 0, 6 c. c. de solution pliysm- logique (NaC10,9 0/0); dans un tube B, 0,3 c. c. de solution phyLlogique et 0, 3, c. c. de sérum normal de lapin (préala- blement chauffé à 56» pendant 1/2 heure). On ajoute a chacun des deux tubes 0,05 d’alexine (sérum frais de cobaye neul) et 0,3 c. c. de solution physiologique contenant 10 0/0 de sang de bœuf médiocrement sensibilisé Les tubes A et B sont mis à l’étuve à 35°. L hemo yse e totale dans le tube A au bout d’une ç 3 heures, les globules sont encore intacts dans le tu*’® ® ^ peu d’hémolyse y survient dans la suite, mais qui reste faible. Inutile de dire que l’expérience comporte des mélangés témoins A T et B T, respectivement ’ sauf que le sang de bœuf n’y est pas sensibilise, dans ces mélanges, aucune hémolyse n’apparaît. On voit donc que la présence d’un peu de sérum normal inhibe très nettement l’hémolyse ; des expériences taires montrent que cette influence antagoniste est d autant Ïirac».^. pl« .«nun, 56® et moins de solution physiologique. On peut se demander si le pouvoir an agoniste «e^m normal Lt intense. Les deux facteurs de 1 hémolyse étant sensibilisatrice et l’alexine, on peut rechercher si le sérum nor mal peut combattre efficacement l’influence d une dose assez éle- vée soit d’alexine, soit de sensibilisatrice, ^ - que le sérum manifeste encore son action re ardatrice lorsque la dose d’alexine est assez élevée. Par exernp e . Un mélange A eon.litné d. : 0,6 c. c. d. soluü.n phymelo- physiologique. 629 POUVOIR ANTAGONISTE DES SÉRUMS NORMAUX gique' 0,05 c. c. d’alexine de cobaye, 0,2 c. c. de solution phy- siologique contenant 40 0/0 de sang de bœuf sensibilisé', offre une hémolyse plus rapide qu’un mélange B contenant le même volume de sang et une dose d’alexine double, mais qui ren- ferme, au lieu de 0,6 c. c. de solution physiologique, 0,6 c. c de se'rum normal 56'^ de lapin. Si d autre part les globules sont fortement sensibilisés, Tin- lluence antihémolytique du sérum normal 56« devient moins évidente, sans toutefois s’annuler. L’expérience suivante met en jeu des doses de sérum normal qui, sans être bien grandes, pro- duisent cependant des effets très nets. Quatre tubes contiennent : A et C : 0,7 c. c. de solution physiologique; ^ B et D : 0,4 c. c. de solution physiologique et 0,3 c c de sérum 66^ de lapin. On verse dans A et B 0,25 c. c. do solution physiologique contenant 40 0/0 de sang de bœuf qui a été faiblement sensi- bilise (une partie de sensibilisatrice de lapin anti-bœuf pour 10 parties de sang) ; C et D reçoivent la même quantité d’une émulsion sanguine analogue, mais dont le sang a été traité par une quantité trois fois plus grande de sensibilisatrice. On ajoute aux quatre tubes 0,05 d’alexine de cobaye, et l’on porte à 1 etuve à 35». L’hémolyse s’effectue en 12 Jminutes dans C, en 35 dans A. En D, elle n’est pas complète au bout d’une heure- B ne s’hémolyso pas. ^ Quelle est la cause de l’influence inhibitrice exercée par le sérum normal? Il est facile de prouver que le sérum n’agit pas en supprimant la sensibilisation des globules. Cette notion, démontrée déjà par nos prédécesseurs, résulte d’expériences très simples consistant en ceci : si l’on prend un mélange cons- titue de globules de bœuf médiocrement sensibilisés et qui bai- gnent dans du sérum normal 66» de lapin additionné d’alexine de cobaye, l’hémolyse fait défaut en raison du pouvoir antago- niste du sérum normal. .Mais si ultérieurement l’on centrifuge et decante le liquide surnageant, qu’on remplace par un volume 2 les expériences la solution de NaCl à 0,9 0/0 680 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR équivalent de solution physiolog^ique additionnée d’une trace d’alexine, l’hémolyse apparaît, montrant ainsi que les hématies avaient gardé intacte leur sensibilisation. Ce résultat démontre également que le sérum normal 86® n’agit pas directement sur les globules pour les rendre réfrac- taires à l’hémolyse. On pourrait supposer qu’il contient des « complémentoïdes » saturant les affinités du globule sensibilisé et gênant par conséquent l’absorption de l’alexine active. L’ex- périence précédente dément cette hypothèse. Le sérum normal, sans action sur la sensibilisation et sur les globules, ne détruit pas et ne neutralise pas davantage l’alexine. Mais il s’oppose à la fixation de celle-ci sur les globu- I les sensibilisés ; telle est l’explication de l’obstacle apporté à l’hémolyse. Que le sérum normal n’altère pas l’alexine, cela résulte de ce fait qu’étant donné un mélange de sérum normal, d’alexine et ^ de globules médiocrement sensibilisés, il suffit pour faire appa- raître l’hémolyse, qui jusqu’alors faisait défaut, de diluer simple- ment le sérum antagoniste en ajoutant à ce mélange un volume assez fort de solution physiologique; cela revient à dire ce que nous énoncions plus haut, à savoir que l’obstacle opposé à l’hémolyse dépend de la concentration du sérum normal. En étudiant ce fait, MM. Muir et Browning ont clairement démontré que l’alexine ne se fixe pas sur les globules pendant la première partie de l’expérience, c’est-à-dire au moment où le mélange est riche en sérum et pauvre en solution saline, et n’est absor- bée par eux qu’après addition d’une quantité suffisante de cette > solution. Bien plus, l’expérience conduit à des résultats sem- blables, même (et c’est sous cette forme que nous l’avons réalisée), si l’on sensibilise les globules assez fortement pour obtenir une hémolyse complète avant la dilution par la solution physiologique. Cette hémolyse s’accompagne naturellement d’une absorption d’alexine, mais, si les doses sont convenables 1 et si la sensibilisation n’est pas trop exagérée, on peut démontrer I que cette absorption n’est que partielle et reste nettement infé- m rieure à celle qui se serait produite si le mélange avait été en ■ outre additionné d’une proportion notable de solution salée. I ^ I Quelles réflexions ces faits nous suggèrent-ils au point de fl POUVOIR ANTAGONISTE DES SÉRUMS NORMAUX 631 vue du mode d unionde l’alexine avec les globules sensibilisés ? L un de nous a emis 1 opinion que cette fixation de l’alexine ne correspond pas à une combinaison chimique proprement dite ^e cette matière active avec un groupement spécial de la sensi- 5‘ nrT'.^ fe>-oupement complémentopbile de l’ambocepteur d apres Elirlich), mais représente simplement un phénomène d adhesion moléculaire (absorption), et cette manière de voir a ete developpee en 1906 dans ces Annales par les deux auteurs dupresen article. Nous admettons que l’union delà sensibili- satriceet del hematie constitue un complexe ayant pour l'alexine une aydite d’absorption plus manifeste que celle du globule normal : alexine a tendance à se précipiter sur le globule sen- sibilise et 1 attraction que celui-ci exerce est d’autant plus forte qu il est sensibilise plus énergiquement. Comment, dès lors agit le sérum empêchant? 11 nous paraît qu’il tend à main- tenir 1 alexine au sein du liquide dans un état plus marqué de suspension ou de dissémination, lui communique en d’autres termes un état d équilibré plus stable; dans la solution physio- ogique, au contraire, cet état serait plus instable, c’est-à-dire que alexine se condenserait, se précipiterait plus aisément sur les éléments qui l’attirent. Cette manière de voir nous semble en parfaite harmonie avec es faits observes par M. Gengou à propos de colloïdes ou de suspensions de précipités minéraux. En effet, M. Gen^ou^ a vu que SI 1 on introduit des globules rouges lavés dans de la solu- tion physiologique contenant en suspension un précipité miné- ra chimiquement inerte, tel que du sulfate de baryte, les glo- bules et ce précipité s’agglomèrent mutuellement en flocons dnSaL"] r? Mais si la suspension sulfate de baryte est additionnée au préalable d’une trace e sérum, ce phénomène d’agglutination et d’hémolyse ne se effet de T* T présence de sérum a pour effe de dissocier les particules de sulfate de baryte en lui don- nant un aspect laiteux le liquide ne se clarifiant désormais que O t lentement sous l’action de la pesanteur. Dans le cas de lotmrie dr*"! 'a présence du sérum contrarie donc la précipitation sur les globules 010.%^-"^""“'"’ h^olyliciies) ; 1001 (les sérums cy,olyIii,ucs) 2. Gengou. Ces Annales 190 i-. ()32 ANxNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Le citrate de soude exerce sur la suspension du sulfate de baryte une influence toute pareille à celle du sérum, la trans- forme également en un liquide laiteux, et, comme Ta constaté M. Lengou, lui enlève de meme le pouvoir d’agglutiner et d hé- molyser les globules rouges. Et, à propos du citrate de soude, Uanalogie se continue entre la précipitation du sulfate de baryte sur les globules et la fixation de Talexine sur ces éléments sensibilisés. En effet, le citrate de soude, en doses convenables, protège les globules rouges contre les sérums hémolytiques, et Ton peut démontrer qu’il agit en s’opposant à la fixation de l’alexine sur les hématies sensibilisées^ — Le rapprochement entre le sulfate et l’alexine, au point de vue de 1 action du citrate est évidemment suggestif. Si l’on désirait, à propos du mode d’union de 1 alexine et des globules sensibilisés, invoquer une comparaison sans doute un peu simpliste, mais qui semble néanmoins adéquate, on pourrait recourir à l’expérience familière que voici : L eau roule sans y adhérer sur un verre de montre enduit de paraffine. Mais si l’eau contient en suspension du sulfate de baryte, on constate qu’au bout de quelques instants, la paraffine est mouil- lée et que l’eau s’étale, ce qui est dû à ce que la surface de la paraffine s’est tapissée, par adhésion moléculaire, d’une mince couche blanche de sulfate de baryte, mouillable par 1 eau, qui résiste même à un rinçage et ne s’enlève que par frottement. Mais si nous tentons de reproduire l’expérience en nous servant d’une émulsion de sulfate qu’une trace de citrate sodique a rendue laiteuse, rien de pareil ne s observe ; le sulfate refuse cette fois d’enduire la paraffine et celle-ci par conséquent ne se laisse point mouiller : Le citrate empêche la précipitation du sulfate sur la paraffine comme il inhibe celle de Talexine sur les globules sensibilisés. Nous n’aborderons pas le mécanisme de ce phénomène et n’insisterons pas sur les propriétés du citrate en matière d’hé- 1. Des globules sensibilisés restant intacts dans un liquide contenant du citrate et de Talexine, on peut ensuite, après centrifugation et séparation des globules, montrer que le liquide contient encore de Talexine et par conséquent peuthéino- lyser de nouveaux globules sensibdisés ; dans ce but, on l’additionne d’un peu de chlorure calcique qui neutralise l’action du citrate. Bien entendu, des témoins appropriés montrent qu’au début de l’expérience la fixation de Talexine se serait opérée si Ton n’avait pas fait intervenir le citrate. POm OTR ANTAGONISTE DES SÉRUMS NORMAUX 633 molyse, ces questions ayant été étudiées d une manière détaillée à noire Institut par M. Geng-ouU Quelques remarques se présentent, utiles à connaître pour 1 application do la méthode basée sur l’absorption de l’alexine et en général pour les études relatives à l’hémolyse ou à la bacteriolyse. Tout d’abord, l’influence favorisante qu’exerce, sur la fixa- tion de l’alexine, la présence d’une quantité assez forte de solution physiologique ne doit jamais être perdue de vue. L experience que l’on réalise lorsqu’on se sert de la méthode de a fixation de l’alexine comprend, on le sait, deux phases: Dans a première, on met au contact de l’alexine, un élément tel qu’un microbe, et un sérum A capable (ou supposé capable) de sensi- biliser cet élément, c’est-à-dire de lui conférer le pouvoir de fixer alexine. Dans la seconde phase, on recherche en in- troduisant des globules sensibilisés, si l’alexine a disparu du iquide ou bien est restée libre; dans cette dernière éventualité, a fixation d’alexine s’opère, non dans la première phase (sur es microbes), mais au cours de la seconde (sur les globules), 1 hémolyse apparaît, et l’on conclut alors que le sérum A n’est pas sensibilisateur on ne l’est qu’à un faible degré. Mais, pour que 1 expérience soit correcte, il est clair que les deux phases dont elle se compose doivent être comparables au point de vue de la facilité avec laquelle l’alexine peut se fixer. Or, nous 1 avons vu, un excès de sérum inhibe cette fixation, un excès de solution physiologique la favorise : il convient donc de main- tenir autant que possible constante, pendant toute la durée de experience, la teneur du mélange en solution saline et en sérum. Les globules sensibilisés qu’on introduit vers la fin de experience se trouvent en suspension dans de la solution physiologique : il convient évidemment d’ajouter la quantité voulue d’hématies, en versant dans le mélange non pas un volume assez fort (1 c. c. par exemple) d’une - suspension pauvre .en globules, mais au contraire un volume aussi faible que possible (0.1 c. c. par exemple) d’une suspension qui en contient beaucoup. Si par exemple on avait mélangé tout t a or 0,1 c. c. d alexine, 0,3 c. c. de suspension microbienne G34 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR et 0,3 ou 0,5 c. c. du sérum dont on veut mettre en évidence la sensibilisatrice antimicrobienne, la lixation de Ualexine sur les microbes rencontrera Tobstacle dû à la forte proportion du mélange en sérum, et ne pourra donc être absolument totale que si cette sensibilisatrice est remarquablement puis- sante. Et si plus tard, en ajoutant les hématies, on introduit beaucoup de solution saline qui atténue Finfluence antagoniste, la moindre trace d’alexine restée libre pourra provoquer aisé- ment riiémolyse. La sensibilisatrice antimicrobienne, en con- séquence, aura été désavantagée par rapport à la sensibilisatrice liémolytique intervenant ultérieurement, son existence pourra dès lors passer inaperçue. Ou Lien (et cette erreur d’interpré- tation nous paraît avoir été commise)^ on sera exposé à con- clure que l’alexine qui se fixe sur un élément donné (tel qu’un microbe) n’est pas identique à celle qui se fixe sur un élément différent (tel qu’un globule) et l’on sera conduit ainsi à se ral- lier à la thèse erronée que l’alexine bactériolytique diffère de l’alexine hémolytique. Les applications nombreuses et variées que l’on peut faire de la méthode permettent invariablement de constater que les globules indicateurs delà fixation d’alexine res- tent intacts quels que soient les éléments sensibilisés mis en jeu dans la première phase de l’expérience, pourvu que la sensibili- satrice, en cause à ce moment, ait une puissance suffisante et qu’on respecte notamment la précaution relative à la teneur en solution physiologique que nous venons d’indiquer. Corrélativement, on doit tenir compte de la puissance comparée des deux sensibilisa- trices qui, successivement, interviennent pour provoquer la fixa- tion d’une seule et même alexine. Si la première n’est pas très puissante et ne parvient pas à enlever au liquide les dernières traces'd’alexine, la méthode pourra donner des résultats totale- ment différents, suivant que les globules servant ensuite d’indica- teurs sont fortement sensibilisés ou ne le sont que médiocrement, ces traces d’alexine suffisant à provoquer Tbémolyse dans le pre- mier cas et se montrant impuissantes dans le second, grâce notam- ment à l’influence antagoniste du sérum, qui tend à maintenir Ta - 1. Nous croyons devoir critiquer à ce propos certaines expériences de M. Moreschi, qui semblent plaider en laveur de la pluralité de l’alexine [Berlinev Klin. Wochenschrift, 1907, p, 1206 et 1207); en effet, en ajoutant les globules sensibilisés, ce savant introduit généralement un fort volume de solution physiologique (1 c. c.). POUVOIR ANTAGONISTE DES SÉRUMS NORMAUX 635 Jexine disséminéedans le liquide. Deux tendances opposées, dont energ.e est vanable, sollicitent lalexine, et le résultat dépend le 1 equd.bre qu, s etabht entre elles. Dans cet ordre d’idées, il est facile de démontrer qu’à la suite d’un premier contact avec une forte dose de globules médiocrement sensibilisés, un quide contenant de l’alexme pourra se comporter ensuite sTnsTbdUés" ^ .i;Jentiques aux premiers et pareillement sens.bil.ses, comme s .1 était dépouillé de cette matière active, forrm^nV' Î mais plus for Jment sensibilises, comme s’il en contenait encore. On me ra pas, cela va de soi, que Talexine utilisée en cas de sens.b, bsal.on faible diffère de celle qui inlervient en cas de sensibilisation supérieure. Telle est pourtant, semble-t-il lacon- tyXouÏ^’ savant mélange àde l’alexine desbacilles typhiques sensibilises; il constate que des globules introduits ensuite restent intacts dans ce liquide s’ils ont été sensibilisés de truisenT™. moyenne, tandis qu’ils s’y détruisent si le sérum qui les a impressionnés au préalable est de ra'léx**^'''^^ ' *^'^1 l’alexine bactériolytique diffère admeure r P» dans ces Conditions spécialement destinee aux globules très fortement sensibilisés dCmCl" nTr' ' l*qoide où des hématies intactes Fn ‘î’,"’ ™P‘'®®®mnnées plus faiblement, restent siinérip réalité, M. Remy a possédé un sérum hémolytique phique Cu’iUmi;!oyaT'^°''’ ““'y L’étude de la coqueluche a fourni à l’un de nous en colla- analogues. Les sérums même our Cf et sœurs, sont éprouvés le meme jour et aux memes doses; on emploie comme d’habitude contflam O " rr‘ Dans le mélange témoin, TmaT ]V , «drum humain respectivemenl* ^loo'^oos minutes; elle s’opère espectivement en une demi-heure et en une heure dans les nmlanges renfermant le sérum de deux des enfants ; les globules -v- sêraiii. 63G ANNALES DE L’INSÏITUT PASTEUR restent absolument intacts en présence du troisième sérum. Les trois sérums coquelucheux sont donc inégalement actifs, et l’on trouve que le plus puissant provient de l’enfant qui le pre- mier a été malade et est actuellement convalescent, que le plus faible appartient à l’enfant qui a été atteint en dernier heu, et présente encore des symptômes très marqués. Le résultat es donc fort naturel, mais si le pouvoir sensibilisateur n’affectait jamais qu’une médiocre puissance, même chez les enfants guéris, on serait exposé peut-être à conclure, et cela bien à tort, que l’alexine active pour le microbe coquelucheux se distingue de l’alexine hémolytique. En réalité, la méthode ne s'applique avec la rigueur voulue qu’à la mise en évidence des sensibilisatrices vraiment P^is- santesé elle s’approprie mal, par conséquent, au titrage précis de l’activité des sérums antimicrobiens ou tout au moins ne saurait être comparée, lorsqu’on l’emploie à cet usage, aux procédés d’une si remarquable exactitude que 1 on doit à Ehrlich et qui servent à la mensuration du pouvoir antitoxique. Au surplus, les auteurs qui ont fait connaître cette méthode l’ont recommandée plutôt pour l’étude qualitative des sérums que pour une évaluation quantitative d activité. Il nous rosie à envisager brièvement les recherches de MM. Pfeiffer et Friedberger^ et deM. Sachs^ et qui concernent le pouvoir antagoniste (antibactériolytique ou antihémolytique) des sérums normaux. Mais il convient d émettre tout d’abord une remarque qui simplifiera l’exposé. Commençons par l’hémolyse. Un sérum, qu’il soit normal, ou obtenu par immunisation, peut être doué du pouvoir sensibilisateur à l’égard de globules et par consé- quent provoquer l’absorption d’alexine, mais en tant que sérum, il produit un effet opposé qui contrarie cette fixation. Ces deux 1 II n’y a pas lieu de s’étonner dés lors ([ue, dans les expériences de M Moreschi (Berimer Klin. Wochemehrift, im. p. 1244), la méthode n’ait pu mettre en évidence le pouvoir sensibilisateur dans le sérum d’un homme qui. dix jours auparavant, avait reçu une seule injection de bacilles typhiques tues. 2. Deutsche medicinische Wochenschrift, 1905, n" 1 et n» 29. - Centralblatt fur Bakteriologie. Bd XLl, 3. Deutsche medicin. Wochenschrift, 190o, n» 18. - CentralbL fur Lakter. Bd XL, 190G. POUVOIR ANTAGONISTE DES SÉRUMS NORMAUX 037 influences contraires se combattent, et le pouvoir antagoniste apparaîtra d autant plus manifeste que le sérum sensibilise plus faiblement. Si tel est le cas, l’hémolyse pourra faire défaut, et tout se passera par suite comme si ie sérum ne contenait réel- lement aucune trace de sensibilisatrice. Ainsi l’on admet géné- ralement que le sérum de lapin neuf 66" ne sensibilise nulle- ment les globules de bœuf; en effet si l’on mélange des hématies de bœuf (0,05 c. c.), du sérum 56» de lapin (0,5 c. c.) et un peu d alexine de cobaye(0,l c. c.), ces globules restent intacts. Mais on peut mettre les globules tout d’abord en contact avec le sérum de lapin, centrifuger ensuite après un certain temps, décanter le liquide surnageant, le remplacer par une quantité équivalente de solution physiologique et seulement alors ajouter l’alexine • : on constate ainsi l’apparition d’une hémolyse un peu lente mais complète. Donc le sérum de lapin est sensibili- sateur pour les globules de bœuf, faiblement, il est vrai. Inversement, lorsqu’on choisit des globules que le sérum sensibilise fortement, c’est, ainsi que M. Sachs l’a signalé (et comme l’ont également vu MM. Pfeiffer et Friedberger pour les microbes etlabactériolyse) le pouvoir antagoniste qui risque de passer inaperçu. Par exemple, le sérum de lapin neuf sen- sibilise fortement les globules de chèvre. Mélangeons 0,6 c. c. de sérum de lapin (préalablement chauffé à 56») à 0,2 c’. c. de solution physiologique contenant 25 0/0 de sang de chèvre lavé. Au bout d’une demi-heure de contact, ajoutons 0,05 c. c. de sérum frais de cohaye (alexine). L’hémolyse est presque com- plète après une heure et demie de séjour à l’étuve, tandis qu elle est nulle dans un mélange analogue, mais contenant 0,6 c. c. de solution physiologique au lieu de sérum de lapin. C’est donc le pouvoir antagoniste qui celte fois est masqué^ mais il n en agit pas moins. Sans pouvoir supprimer l’hémolyse, il la retarde beaucoup : Mélangeons, aux mêmes doses que précédemment, le sang de chèvre et le sérum de lapin ; au bout d’une demi-lieure de contact, centrifugeons, décantons le liquide surnageant, remplaçons-le par 0,8 c. c. de solution physiologique et ajoutons 1 alexine. L’hémolyse se produit cette fois beaucoup plus vite, elle est complète au bout de 15 à nni * • ^ bien entendu un témoin contenant des ulobules Onn ?"‘.Pf «onlact du sérum de lapin, auxquels on ajoute de la solu- tion physiologique et de l'alexine de cobaye. L’hémolyse n'appaiait pas ANNALES DE L’LNSTITUT PASTEUR f)38 20 minutes. En éloignant le sérum, nous avons éliminé le pou- voir antagoniste et l’hémolyse s’en trouve considérablement accélérée. Remarquons-le immédiatement, cette exj)érience montre que le pouvoir antagoniste contrarie une hémolyse dans laquelle intervient une sensibilisatrice normale L Tandis que dans le mélange : globules de bœuf, sérum de lapin neuf 50*^ et alexine de cobaye, le pouvoir antagoniste ne permet pas à Ebémolyse d’apparaître, et cela parce que le sérum de lapin n’impressionne que faiblement ces hématies, l’hémo- lyse s’opère lorsqu’on remplace celles-ci par des globules de chèvre, que le sérum de lapin sensibilise plus énergiquement. Nous venons de le voir, le pouvoir antagoniste en ce cas, retarde simplement l’hémolyse ; encore faut-il, pour mettre ce retard en relief, réaliser l'expérience ci-dessus indiquée. Mais il est un autre moyen de constater son inlluence : c’est celui auquel MM. Pfeiffer et Friedberger, M. Sachs, ont eu recours. Il consiste à éliminer l’influence opposée au pouvoir antagoniste (et qui dans le cas de globules de chèvre est pré- dominante au point de masquer ce dernier), c’est-à-dire celle delà sensibilisatrice. Si l’on traite du sérum de. lapin 36*^ par une quantité suffisante de globules de chèvre, on obtient après centrifugation un liquide qui n est plus sensibilisateur, mais qui, ayant conservé son pouvoir antagoniste, pourra préserver de l’hémolvse des globules de chèvre additionnés d’un peu d’alexine et qui ont été sensibilisés par une quantité pas trop forte de sérum (chauffé à oG») d’animal immunisé contre le sang de chèvre. Si la dose de sensibilisatrice est trop forte (que cette subs- tance provienne d’un immunsérum spécifique ou simplement de sérum normal) le pouvoir antagoniste sera vaincu, et l’hé- 1. L’effet antagoniste est môme si réel que dos globules de chèvre faiblement sensibilisés (par une petite dose de sérum de lapin neuf) et qui ensuite sont plongés dans la solution physiologique, s'hémolysent plus vite que des globules semblables sensibilisés par une dose double de sérum de lapin, mais qu’on main- tient dans ce liquide, l’alexine étant bien entendu ajoutée en même dose dans les deux cas. Par exeiuple versons dans 4 tubes 0,05 c. c. de sang de chèvre lavé, ajoutons à A et B 0,4 c. c., à C et D 0,2 c. c. de sérum normal 56° de lapin. Au bout de deux heures de contact, centrifugeons A et C, décantons les liquides surnageants, et versons sur les sédiments de globules, en A 0,4 c.c. en G 0^2 c.c. de solution physiologique. Ajoutons alors aux 4 tubes 0,1 c. c. d’alexine de cobaye. L’hémolyse est totale en A au bout de 15 minutes, en G en une demi- heure, en B en 50 minutes, en D en un peu us d’une heure. POUVOIR ANTAGONISTE RES SÉIUJMS NORMAUX 039 ::rrr «'""4“ ;s:: ' cr;“rrr ï:4r:SL4trr‘z.;>,;.î"‘ '* " “« ~S5:4rr;,:r sensibilisatrice spécifique d’immunséruni, et non lorsqu’on faU ne jven.r une sensibilisatrice normale, celle du sérum de lapin -4" S L4:,Sr “ |f=3S=Sl^ ^ c t donne que tout sérum neuf renferme diverses sensi’ bilisatnces normales (M. Ehrlich et ses OP par une sensibilisatrice d’imrnunsérum. ‘™Press*onnees à la™tnc" diL"é'sl:in rrrlL-ntT^Ïr " males nui np np^v * » • ®™ines sensibilisatrices nor- p.«“'L” ::,;r'r,4"ï r." “• ajouter de la solution pbysiolo-ique Mais ^ ^ ivp....» e., ... J. L p,»x:r;::îr'"'4:.f4“,ï 040 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR on emploie une sensibilisatrice normale ; nous l’avons vu plus haut et l’expérience suivante le conllrme : Elle comprend deux séries de mélanges prépares en meme temps. La première série comporte huit tubes contenant cha- cun 1 c. c. d’une suspension à 5 0/0, dans la solution physio- logique, de sang de chèvre lavé. On ajoute a quatre de ces tubes de la sensibilisatrice normale, c’est-a-dire du sérum de lapin neuf, à doses variables (0,4 — 0,2— 0,1 O.Ou c. .), aux quatre autres, du sérum spécifique (chauffé à 56») de lapin immunisé contre le sang de chèvre, a doses variables ega e ment (1/100, 1/200, 1/300, 1/400 de c. c.). Au bout d’une heure de contact, on remplit les tubes de solution physiologique, on centrifuge, on décante, on verse sur les sMiments de globules 0,6 c. c. de solution physiolo- gique, et l’on ajoute à chaque tube 0,05 c. c. de sérum frais de cobaye (alexine). , ^ La seconde série de mélanges est préparée comme la prece- dente, sauf qu’après sensibilisation, centrifugation et decan a- tion, on verse sur les sédiments de globules 0,1 c c. de solu- tion physiologique (on délaie par agitation es g o u cette petite quantité de liquide), puis 0,5 c. c. de sérum 56» de lapin qu’on a au préalable dépouillé de sensibilisatrice par contact avec des globules de chèvre '. On ajoute alors 1 alexine comme on l’a fait pour la première serie. On prépare aussi quelques mélanges semblab es, sau q n’ajoute pas de sérum sensibilisateur; ces mélanges serven de témoins, montrant que les sensibilisatrices de lapin sont nécessaires à l’hémolyse. , , i „„ nmOnil On note les temps au bout desquels 1 hémolyse se produit à 35». Les chiffres indiquent les nombres de minutes apres lesquels l’hémolyse est absolument complété, ^es lettre® L, I signifient qu’au bout de plusieurs ^ , J très forte sans être absolument complète (F), legere (L), ou que les globules sont intacts (I). centrifuge et décante le liquide surnageant. POUVOIR ANTAGONISTE DES SÉRUMS NORMAUX apparition de l'hémolyse. 041 LES GLOBULES SE trouvent dans ; LES GLOBSEESOETÉTÉ SENS.B.E.SÉS AU PEP..CEBBEE PAE Immunsérum à dose de : Sérum neuf à dose de : globules NON SENSIBILISÉS 0.6 c. c. solut. physiol. + 0 05 alexine. 1/400 1/300 1/200 1/100 c.c. 32 20 15 7 1/20 1/10 2/JO 4/10 c. c 100 25 15 10 I Ooi c. c. solut. physiol. + 0.5 c. c. sérum lapin privé de sensibilisatrice + 0.05 alexine. L L F 120 I L F F I r.1 • 1 • ’ i«eJang-es qui renferment de la solntinn r'e°2”„t TJ."' d»»n. i /oon rîa n ^ A’' r Lunsiate par exemple nue ;^“:;t:'TreX:7.'jr:Tr:;“ Tf r '■ Antérieurement à M Sachs MM Pfn.-ff . ^ r:T7T:/rr:T."f? d. ces ™TftTtTdT„T,r m.TiT JiTTr' * '• ‘■««■'Srioi; ■: »9=£™SS:» (•,42 annales «E L’INSTITUT PASTEUR n’est pas douteux que l’explication ne soit la même, et qu’à propos de la bactériolyse intervienne encore ce pouroir, que possèdent certains constituants du sérum, de contrarier la fixation de l’alexine sur les éléments sensibilisés, cette absorp- tion se réalisant au contraire fort bien en présence de la solu- tion physiologique. , . . Une objection toutefois se présente : lorsqu on injecte dans la cavité péritonéale des vibrions faiblement sensibilises, la bactériolyse apparaît ou fait défaut, suivant que les microbes ont été ou non additionnés au préalable de sérum antagoniste. Mais pourquoi ce sérum est-il nécessaire à la protection des vibrions? La cavité ne renferme-t-elle pas une certaine quantité d’ exsudât dont les propriétés se rapprochent plutôt (on peut le présumer) de celles du sérum antagoniste que de celles de la solution physiologique? Pourquoi, dès lors, cet exsudât ne s’oppose-t-il pas lui-même à la bactériolyse ? L’expérience montre, en réponse à cette question, (lue, même lorsqu’il a été chauffé, l’exsudât péritonéal ne manifeste à l’égard de l’hémolyse h aucune propriété antapniste et se comporte à très peu près comme la solution physiologique. Par ponction de la cavité péritonéale d’un lapin, on se procure un peu d’ exsudât limpide que l’on chauffe à 56'^ en même temps que du sérum du même animal. On répartit dans des tuhes 0,05 c. c. de sang de bœuf médiocrement sensibilisé (par du sérum de lapin anti-bomfj, on ajoute des volumes égaux (0,3 c. c.), soit de solution physio- logique, soit de sérum normal, soit d’ exsudât péritonéal ; on introduit ensuite dans les divers mélanges 0,05 de sérum frais de cohaye. On constate que l’hémolyse apparaît rapidement enpiesence de la solution salée, presque aussi vite dans le mélange ren- fermant l’exsudât, qu’elle est fort retardee dans le tube qui contient le sérum normal. L’exsudât est donc très favorable à la manifestation du pouvoir alexique. Il y a treize ans, lorsqu’un des auteurs du présent mémoire a fait connaître l’expérience de « réactivation )) du cholérasérum chauffé, par le sérum neuf frais, et a établi 1. Il nous paraît qu’en raison des analogies si étroites qui unissent l’hémo- lyse et la bactériolyse, on peut conclure de l’une à l’autre. POUVOIR ANTAGONISTE DES SÉRUMS NORMAUX U3 ainsi la notion que la bactériolyse est due à la collaboration de 1 anticorps spécifique et de Paiexine, il a été reconnu que le phénomène de transformation du vibrion en granules, indice du pouvoir bactéricide, se produisait dans le péritoine plus rapidement en général qu’in vitro dans les mélanges de sérum. On en conçoit la raison : in vitro, le pouvoir antagoniste du sérum chauffé intervenait dans une certaine mesure pour retarder quelque peu la bactériolyse. Il est certain que Inexistence dans le sérum du pouvoir anta- goniste a dû intervenir, à titre de cause d’erreur, dans diverses expériences, dans celles notamment qui sont basées sur le prin- cipe de 1 absorption spécifique et qui ont trait à la multiplicité des substances actives d’un même sérum ; nous en avons vu des exemples à propos de la question de l’unité ou de la plura- lité de l’alexine. Etude de quelques modes de neutralisation des toxines bactériennes. Par M. TIFFENEAU et A. MAlilE. 11 Nos reclierclies antérieures (1) ont établi que le pouvoir neutralisant ' exercé sur la toxine tétanique par la substance cérébrale, relève de l’action d’un ou de plusieurs de ses consti- tuants alhuminoides. . i „„ Ceux-ci, avons-nous vu, sont susceptibles de perdre leurs propriétés neutralisantes, soit par dessiccation(2), soit par chauf- fao-e à l’ébullition (3), ou même simplement à une température de'^36‘’(l). Pour ce qui est de l’action des dissolvants, on sait que la substance neutralisante n’est soluble ni dans l’eau ni dans les solutions faibles de NaCI (4): d’autre part, les solvan s or-aniques tels que l’éther ordinaire provoquent, comme la deLiccation ou la chaleur, une destruction de ses propriétés caractéristiques. Rappelons enfin qu’un ferment proteohydro y- tique comme la papaine est susceptible d annihiler, partielle- ment au moins, les effets de la substance neutralisante. Ces caractères s’accordent suffisamment pour conclure à la nature albuminoïdique de cette substance ; toutefois pour que la démonstration en fût complète, il faudrait 1 isoler, or tous nos essais dans cette direction, ont été jusqu ici intruc- tuciix Dans la première partie de ce travail, nous exposerons quelques-unes de ces tentatives et nous préciserons diverses conditions qui favorisent la destruction du principe neutrali- sant. ■ >rr si..,. '* «" simplemênt 9xéo a conservé une grande partie de son activité. neu- .e NEUTRALISATION DES TOXINES BACTÉRIENNES 645 A côté de cette substance très instable qui, d’après Morax et Marie, représente 97 0/0 du pouvoir neutralisant de la matière cérébrale, il existe, pour les mêmes auteurs, un autre prin- cipe constituant, rtemostaWte, dont l’action neutralisante vis- a-vis de la toxine tétanique représente les 3 0/0 restants. Nous avons examiné dans une seconde partie les divers constituants stables du cerveau (protagon, céplialine, lécithine, névrine) et nous pensons que c’est à la première de ces substances qu’il faut attribuer cette action résiduelle de 3 0/0. Enfin l’étude de ces neutralisations nous a conduits à envi- sager, dans une troisième partie, l’action des acides et des bases et à montrer que s’ils se comportent le plus souvent vis-à-vis de la toxine tétanique comme des agents destructeurs, on peut, dans certains cas, observer de véritables phénomènes de neu- tralisation analogues à ceux signalés par Roux et Yersin (12) et par Doerr (4) dans l’action des acides sur la toxine diphtérique. I PROPRIÉTÉS ET ESSAIS d’iSOLEMENT' DE LA SUBSTANCE NEUTRALISANTE Dans les nombreux essais que nous avons entrepris en vue d isoler, parmi les constituants du cerveau, la substance à laquelle celui-ci doit les 97 0/0 de son pouvoir neutralisant, nous avons mis en jeu à la fois des méthodes physiques (sol- vants appropriés) et des méthodes chimiques (action des agents alcalins); les unes et les autres se sont montrées inefficaces. Lorsqu on traite une bouillie fine de matière cérébrale par a soude diluée, à des concentrations variées et voisines el pour 500, on obtient des solutions plus ou moins mucila^i- neuses susceptibles d’être filtrées et lavées avec des solvants organiques. Or, les solutions aqueuses ainsi obtenues régénè- rent, par acidulation, un précipité qui ne possède plus aucune (tes propriétés neutralisantes de la matière cérébrale. Etant donnée la nature présumée albuminoïdique de la substan(;e que nous cherchions à isoler, il y avait lieu d’essayer action des solutions salines concentrées, qui dissolvent certaines maüeres albuminoïdes. Des recherches infructueuses avaient 'teja ete faites dans celte direction par Asakawa (fi), ,jui avait 640 ANNALES \)v. 1/INSTIïUT PASTEUR constaté que les solutions diluées de chlorure de sodium, gly- cériuées ou non, sont inaptes à dissoudre le principe neutrali- saot. Nous avons entrepris des expériences analogues en em- ployant des solutions plus concentrées. On réduit la substance cérébrale en pulpe très fine et on y ajoute peu à peu des solutions de NaCl dont la concentration varie de 5 àlO 0/0 ; la masse devient d'abord gélatineuse, puis se gonfle et se divise peu à peu ; on maintient ou non quelque temps à Pétuve à 37^^ et l’on sépare alors le liquide par centrifugation; celui-ci est soumis à la dialyse et Ton examine à la fois le liquide contenu dans le sac dialyseur et le précipité qui s y est formé, aucun de ces produits ne s’est montré capable de neutraliser la toxine tétanique. Avec les solvants organiques, les résultats sont identiques; nous avons déjà constaté dans notre precedent memoiie et Landsteiner et Eisler (6) Pavaient également observé avant nous, que le cerveau traité par Péther perd son action neutra- tralisante. Nous avons renouvelé encore nos expériences sur ce point mais d’une façon plus suggestive. Un gramme de cerveau de cobaye est broyé pendant quel- ques minutes avec de Pétber aqueux (ether lave a 1 eau) , puis sans rien séparer, on laisse Péther s’évaporer de lui-même à la température de la glacière; avec le résidu, contenant à la fois les produits solubles et insolubles, on fait une émulsion aqueuse très fine qu’on soumet quelque temps à 1 action du vide pour enlever les dernières traces d’étber; on ajoute alors huit doses mortelles de toxine tétanique; la même quantité de toxine a été d’autre part émulsionnée avec seulement 0,50 du même cerveau non traité à Pétber et on a maintenu les deux mélanges 12 heures à la glacière avant de les injecter à deux souris. Action de l’éther sur le pouvoir neutraliscint du cervectu. j- 30 MAI 31 1 2 3 4 5 6 ! , /I 1 gi . cerveau traité par l'éther, Souiisl. g doses toxiue tétanique... i 1 = + ' 0 oO cerveau non traité 0 /X rv L S()Uiis2. ,g toxine tétanique.. i O U lei6 NEUTRALISATION DES TOXINES BACTÉRIENNES 647 On voit que 50 centigrammes de matière cérébrale ont pu neutraliser au moins 7 doses mortelles, alors qu’un gramme du même cerveau traité par l’éther ne paraît avoir neutralisé que des quantités insignifiantes de toxine. Dans d’autres essais, l’étlier de pétrole s’est, comporté comme l’éther ordinaire. L’expérience inverse a été également effectuée. Un cerveau de cobaye du poids de 3s'-,50 est divisé en deux parties qui sont additionnées toutes deux de 10 doses mortelles de toxine téta- nique; lune est injectée telle quelle à une souris; l’autre est également inoculée, mais après traitement préalable à l’étiier et évaporation de celui-ci comme dans l’expérience précédente : dans le premier cas, l’animal survit, dans le second cas il meurt au S« jour avec un tétanos typique. L’éther a donc provoqué la dislocation de la combinaison atoxique cerveau-toxine et régé- néré le poison. Un simple traitement de la substance cérébrale à froid par l’alcool à 85» conduit à un résultat identique; de cerveau de cobaye traité par l’alcool, puis, centrifugé et lavé à l’eau ne neutralise même plus 5 doses mortelles de to.xine tétanique; 1 animal auquel on inocule le mélang’e meurt au 4® jour. Il resuite de tous ces essais que la substance neutralisante est extrêmement dissociable (ou coagulable) par les solvants organiques; seule l’eau ne la détruit pas; mais elle ne possède pas davantage la propriété de la dissoudre. Il neutralisation de la toxine tétanique par les constituants non ALBUMINOÏDIQUES DU CERVEAU. Nous avons déjà eu l’occasion, dans notre précédent mémoire, d’étudier les propriétés de certains constituants du cerveau vis-a-vis de la toxine tétanique; nous avons ainsi montre que la cholestérine et la lécilMne ne possèdent aucune propriété neutralisante appréciable; nous avons poursuivi ces recherches avec d^autres composés. 1. Ce, Mine. Nous avons étudié, dans nos essais antérieurs la lecithmo de l’œuf qui, d’après Cousin (7), est sensiblement 648 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR identique à celle du cerveau; or on peut isoler de la matière cérébrale une lécithine de propriétés et de composition assez dilférentes, la cépkaline. Ce produit, que nous devons à Tobligeance de M. Cousin, i, est émultionné à la dose de 0,50 dans 1 c. c. 5 d’eau ; on y ajoute { dix doses mortelles de toxine tétanique et, après deux heures I de contact, on en inocule le tiers à une souris, tandis qu’un t animal témoin reçoit la même quantité de toxine tétanique ï seule (trois doses mortelles). : Action de la céphaline sur la toxine tétanique. 25 JUIN 26 27 28 29 Souris 1. Céphaline 0,lo -|- toxine 3 doses mort.. = -h Souris 2. Toxine tétanique 3 doses mortelles -h La céphaline est donc dépourvue de toute action neutra- ; lisante vis-à-vis de la toxine tétanique. 2. Choline et névrhie. La choline et la névrine n’existent vraisemblablement pas à l’état libre dans la matière cérébrale. La première ne s’y trouve que sous forme de combinaison *, en faisant partie de la molécule de lécithine et de céphaline qui sont dépourvues, comme nous venons de le voir, de toute action neutralisante. Quant à la névrine, elle paraît se former seule- ment par autolyse du cerveau ; or l’on sait, d’après Wolff Eisner et Rosenbaum (8), que ce phénomème fait perdre à la matière cérébrale ses propriétés neutralisantes. Il était donc à supposer ; que choline et névrine ne posséderaient aucune spécificité vis- -i à-vis de la toxine tétanique. Néanmoins Roger et Josué ayant J constaté une action neutralisante de la névrine, nous avons ë examine* des substances analogues et montré, dans la 3® partie i| 1. Il est possible qu’en dehors des licithinesd existe dans le cerveau des prin-’^ cipes constituants d’une nature différente, à base d’amuioniaqne composées qua- terniiires ou non; nous avons constaté en effet qu’en chauffant une émulsion de cerveau à la température de 80-100», la li jueur devient bientôt alcaline. Toutefois les divers alcalis que nous avons examinés plus loin ne possédant aucune spé-VM ciïicité, il n’y a pas lieu de s’arrêter sur ce point particulier. NEUrUALlSATION DES TOXINES BACTÉRIENNES 649 -lu travail, qu’elles agissent comme alcalis et non spécilique- 3. Promjm conclusions de Thudichum sur le carac- tère mal defin. du protagon nous avaient déterminé, dans nos premiers essais à laisser de côté cette substance; toutefois en presence des observations contradictoires de Ignatovvsky (lü) qui nie les propriétés neutralisantes du protagon et celles de andstemer et Botteri (H) qui les déclarent réelles, nous nous sommes décidés à reprendre cette question. mai employé un protagon provenant de la naison Merck et nous avons constaté que 0,0S centigrammes de ce produit neutralisent environ deux doses mortelles de toxine tetamque. Comme la teneur normale du cerveau de CO aye en protagon atteint environ 10 0/0 et qu’un gramme de matière cerebrale neutralise de IS à 20 doses mortelles de téta- no oxines il s’ensuit que le protagon est 30 à 50 fois moins actif que la substance cérébrale d’où il provient Ces observations conflrment celles qui ont été faites par l’un de nous en collaboration avec Morax (1), à savoir que les pro- priétés neutralisantes du cerveau sont attribuables, pour la majeure partie (97 0/0), à une substance instable perdant ses propriétés par la dessiccation, tandis qu’une autre substance hermos tabile représente seulement 3 0/0 du pouvoir neutra- isant total et se trouve par conséquent 33 fois moins active que le cerveau entier. Merck ont ete répétés et confirmés avec un protagon brut provenant de substance cérébrale que nous avons soumise ture dT4T " P"'’ ^ ^ cherch'J™® pour le mélange neutre cerveau-toxine, nous avons tnv' savoir SI, ans la combinaison atoxique protagon- sorj’ jusqu’ici nous n’y waisemhlï^ maintenant que dans l’action du protagon, ü y aurait f substances albumi- noïdes du cerveau il se produirait une véritable neutralisation. I)bénn° à déterminer si, dans tous ces pl-énomenes, ,1 s agit bien de réactions neutralisantes, ou des- (150 annales de L’INSÏITUT PASTEUR tructrices accomplies in vitro avant l’inoculation aux animaux, ou plus simplement de propriétés particulières de 1 organisme des animaux inoculés qui réagiraient différemment suivant la nature du mélange injecté, soit en empêchant 1 adsorption des particules solides, soit en en facilitant la phagocytose. Cette question est trop délicate et complexe <à la fois pour pouvoir être traitée ici ; mais il nous a néanmoins paru neces- saire de la poser pour mettre en garde contre toute inter- prétation trop hâtive des divers phénomènes de neutralisa- tion de la toxine tétanique. III action dks acides et des bases sur la toxine tétanioue. ^ 1. Acides. La sensibilité des toxines aux acides est un fait bien connu. Déjà en 1889. Doux et Yersin avaient montre que la toxine diphtérique devient inactive lorsqu’on la traite par 1 aci e lactique ou nitrique jusqu’à réaction franchement acide ; ces auteurs ont même été plus loin, en constatant que, si on neutra- lise exactement la liqueur ainsi rendue inactive par aci u- lation, la toxine recouvre une partie de son activité ; il s agit donc dans ce cas d’une véritable neutralisation, au moins par- tielle, et non d’une destruction. , . 1- / C’est ce qui a été observé récemment et généralisé par Doerr non seulement avec un acide organique comme celui employé par Roux et Yersin, mais encore avec divers acides minéraux dilués. Toutefois, Doerr a constate que les diverses toxines réagissent de deux façons différentes : les unes se comportent comme la toxine diphtérique dans les expérien- ces de Roux et Yersin, en formant des combinaisons capa- bles de redevenir toxiques après neutralisation exacte e l’acide employé; les autres, comme la toxine tétanique, sont définitivement détruites, de sorte que le produit a>nsi devenu inactif ne peut plus recouvrer son activité primitive. Enfin Doer a montré que l’action des acides est fonction du temps; il a NEUTRALISATION DES TOXINES BACTÉRIENNES 651 même pu observer que les combinaisons atoxiques du premier groupe ne sont plus aptes à recouvrer leur toxicité lorsque le contact avec Uacide a été prolongé au-delà d’un certain temps , la neutralisation initiale a donc été suivie d’une des- truction progressive. Au cours de recherches entreprises pour vérifier la spécificité de 1 action neutralisante exercée par la névrine et par le chlor- hydrate de hétaïne sur la toxine tétanique (Roger et Josué) (13), nous avons été amenés à examiner l’action des acides et des bases sur ce poison; on sait, en effet, que la névrine est une base fort analogue à la potasse et la soude ; d’autre part, une solution aqueuse de chlorhydrate de hétaïne est continuellement dissociée en hétaïne et acide chlorhydrique libre. Chloïhydiate de bétaïne. — Les expériences suivantes mon- trent précisément que la hetaine, obtenue en saturant exacte- ment du chlorhydrate de hétaïne par la soude diluée, ne neutralise plus la toxine tétanique. D une même solution de chlorhydrate de hétaïne, on fait deux parts : celles-ci sont additionnées de la même quantité de toxine tétanique, l’une directement, l’autre après saturation préalable de l’acidité par la soude diluée ; l’inoculation à des souris montre que le premier mélange s’est comporté comme atoxique, tandis que dans le second la toxine introduite a con- servé toute son activité. Action de la betaine et de son chïorhydmte sur la toxine. 27 AVRIL 128 29 30 1 2 Soui is 1. Chlorhydrate de bétaïne -}- toxine 20 doses. O 0 0 0 0 Souris 2. Bétaïne libre -j- toxine 20 doses + C est surtout ;i partir d’une teneur en HCl égale à - HCl, que se manifeste l’action empêchante du chlorhydrate de bétaïne sur la toxine tétanique; pour des dilutions plus grandes, cette action devient nulle ou irrégulière; toutefois, comme pour HCl 1 ans es expériences de Doerr, cette action croît avec le temps. Les essais enirepris en vue de déterminer s’il s’agit, dans ce 652 ANNALES DE L’INSTITLT PASTEUR phénomène, d’une action destructrice ou neutralisante nous ont donné des résultats très irréguliers. En général, après un con- tact de 2 à 5 minutes avec une solution de chlorhydrate de bétaïne dont l’acidité est environ | HCl, la toxine tétanique peut être partiellement régénérée lorsqu’on sature 1 acidité par la soude ou l’ammoniaque diluées. RégéïiéTütion de Ici toxine dans uu mélange atoxigue HCl béUiine-\- toxine. 1 2 MAI 3 4 5 6 7 8 Toxine tétanique 20 doses + 0 c.c. 20 Souris 1. HCl bétaïne 1 HCl. 5 O O O O O O . Toxine tétanique, etc.; O minutes de con- Souris 2. py ■ saturation exacte par soude. — = = = II 6 MAI 7 8 9 10 11 12 1 13 14 > 5 ■ N Souris 1. Toxine 100 doses+HCl bétaïne - 2'. 0 O O O O O O O O O Souris 2. Toxine 100 doses, etc. ; 2' + Soude. O = Souris 3. Tox. 100 doses, etc. ;2'-f-Ammoniaq. ■ r — Quelles que soient les doses de toxine employées, 20, 30, 100 doses mortelles, on voit que la partie régénérée paraît être la même dans tous les cas et représenter à peine une dose morlelk. En dépit de nombreuses expériences sur ce point particulier, les résultats partiellement irréguliers que nous avons obtenus ne nous ont pas encore permis de nous expliquer ce p e nomène. , . Acide chlorhijdrifjuc. — Pour plus irréguliers qu ils soient NEUTRALISATION UES TOXINES BACTÉRIENNES 053 encore, les résultats obtenus avec HPI annt i ' r < toiitefni'c i’o/.r A , ® ”’-'‘®or't tout a fait analogues • toutefois 1 action empecliante de cet acide exige touiours un certains temps de contact avec la toxine - il semhl 'î r le méJanp-p HPI i +1-. * • • r ’ ^ semble qu une fois le mélangé HCl + toxine injecté au moment même de sa nréna ration, 1 organisme de l’animal inoculé neutralise ou dihiè 1 acide avant que celui-ci ait pu exercer snr l« t. empêchante. action Avec des dilutions HCI — ^ MPI ^ ^ « la toxinVi'é, «Cl ï et HCl la destruction de a toxine tétanique est toujours à peu près complète en 10 ou traitX" "V P'^^i^urs doses mortelles ainsi HCl i d7rd"'; "“u dilations plus étenZel“ HCr^'’erHCri'''^on’ ‘H'utfons rrr«!:î* Hans tous ces essais, les inoculations ont été faites le nl„. souvent sous k peau des souris, mais on a pu observer semblable v.rd'„“„T„hè'“'*'" '"“1" " »"'•“« *"« le cer- ...i„. .z;S.r,r'r. •» »■ '■ nous avons, comme pour le chlorhydrate de bétaïne et après dis ne7nget r’’’"'’-'*''’ exactement l’acidité es mélangés. Tandis que la toxine acidiliée s’est touiours com per e. ce.me snlJé ' ^ZZl «eipTr ' -i”- v»ri 654 annales de L’INSTITUT PASTEUR Hegénération du polaon dans un mélange toxine + HCL 31 JANVIER 1 2 3 4 5 e 7 8 9 10 IN _ . . Toxine Ü doses HCl jx Souris 1. 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 N ^ . û Toxine 2 doses -p HCl Souris 2. 15' -f- soude 0 = = N ^ . O Toxine 2 doses + HCl jr. Souris 3. 0 — — - — — - Toutefois, dans ces essais ainsi que dans plusieurs autres, la partie régénérée atteint rarement une dose mortelle ; on observe la raideur typique des membres , mais le plus souvent ranimai ne succombe pas. • • . . j Les mêmes expériences ont été effectuées en injectant dans le cerveau d’un cobaye le mélange atoxique HCl + toxine qui. après 15 minutes de contact, avait été saturé exactement par la soude; l’animal n’a pas eu de tétanos généralisé ; la toxine avait donc été détruite au moins en grande partie. En résumé, si l’on ne tient pas compte du résidu toxique insignifiant qu’on retrouve, irrégulièrement du reste, apres saturation des mélanges inactifs acide + toxine par un alcali dilué, soude ou ammoniaque, on voit que nos résultats con ir ment ceux obtenus par Doerr, à savoir qu’avec certaines toxines comme celle du tétanos, les acides n’agissent pas comme des agents neutralisants, mais provoquent la destruction de la majeure partie du poison; cette destruction est fonction du temps et de la concentration de l’acide. I 2. Aealis. Soude — L’action des alcalis est en tous points comparable à celle des acides; elle paraît toutefois plus énergique; en effet, NaOH — suft à fiannihiler com- line dilution correspondant a iNaUtt 20 ^ x * j o plètementles effets de la toxine tétanique et un contact de 2 o - I minutes est toujours suffisant ; avec des dilutions et .0, on NEUTRALISATION DES TOXINES RACTÉRIENNES 6S5 - peut détruire, pendant le mémo laps de temps, que 80 0/0 de a toxine Comme avec les acides, il s’agit bien d’une destruc- tion, car les mélangés atoxiques NaOlI -f toxine ne deviennent pas actifs apres acidulation exacte; avec des dilutions-^! ou qui n ont pas détruit complètement l’activité de la tLine" on observe toutefois que l’acidulation exacte provoque une apparition p us rapide des accidents tétaniques qu’avec le , Ammoniaque et amines. - Les bases faibles comme l’ammo- niaque et les amines ne neutralisent pas les eflets nocifs de la toxine tetamque. ! Hydrates d’ammonium. ~ Les bases quaternaires (hydrates d ammonium composés) participent des propriétés des bases fortes, comme la soude, ils annihilent les effets de la toxine tétanique; c est ainsi que l’hydrate de tétraméthylammonium (dilution -) fournit avec cette toxine un mélange inactif- la cholme, autre hydrate quaternaire, agit identiquement; de même ( comme 1 ont montré Roger et Josué(I3), l’hydrate de triméthyl- ethylene-ammomum (névrine) donne avec la toxine tétanique des mélangés d une parfaite innocuité pour le cobaye. ^ s agit bien dans ces cas d’une action attribuable à la basi- cité de ces hydrates, puisque les chlorhydrates de ces diverses ases ne possèdent plus la même propriété neutralisante. Nous n avons pas étudié à ce point de vue le chlorhydrate de névrine mais nous avons examiné les sels correspondants de tétraméthyl- , ammonium et de choline, dont les bases libres s’étaient moL rcti^v'^s^'”'”" P'^rticulièrement ' celll'dfr" hydrates ne paraît pas aussi destructrice que j ^ehe de la soude, car il nous a été permis de régénérer netle- ^ ment la toxine de la combinaison atoxique qu’elle avait con- , tractee avec ces hydrates; en voici un exemple très net obtenu i vec hydrate de tétraméthylammonium. ANNALES DE L'INSÏITUT PASTEUll ll.'iô Régénération du poison dans un mélange toxine + hydrate quaternaire. 3 DÉCEMBRE 4 5 6 7 8 9 Souris 1. Toxine 30 doses -f- hydrate 10 minutes. 0 0 0 0’ 0 0 Souris 2. Toxine la doses -|- hydrate 10' puis HCl. = 4- En résumé, les bases fortes, alcalis caustiques et hydrates quaternaires, rendent la toxine tétanique inoffensive pour les animaux; avec les alcalis fixes il y a destruction rapide de la toxine, tandis qu’avec les hydrates quaternaires on peut admettre que, partiellement au moins, il y ait neutralisation, CONCLUSIONS S’il ne nous a pas été donné d’isoler la substance albumi- noïde qui intervient, pour les neuf dixièmes environ, dans le pouvoir neutralisant du cerveau sur la tétanotoxine, on peut déduire de nos recherches quelques-unes des propriétés de cette substance. Elle est thermolabile et perd, dès la température de 56^, son pouvoir neutralisant ; la matière cérébrale qui a été chauffée à cette température a conservé seulement la faible action neutra- lisante due au protagon, substance therrnostabile. Elle ne passe pas dans les solutions alcalines ou salines (NaCl), tout au moins en conservant sa spécificité; elle perd ses propriétés neutralisantes au contact des solvants organiques, alcool, éther, etc. La dessiccation dans le vide produisant des effets semblables, paraît donc agir de la même façon, vraisem- blablement par un processus de coagulation ou de dissociation. Vis-à-vis d’une diastase protéohydrolytique comme la papaïne, cette substance neutralisante se comporte à la façon des albuminoïdes; on savait d’ailleurs que l’autolyse du tissu nerveux entraînait la suppression de son pouvoir neutralisant. Son action sur la toxine tétanique nous apparaît comme une neutralisation; on peut, en effet, du mélange neutre atoxique régénérer le poison, en faisant intervenir divers agents tels que NEUTRALISATION DES TOXINES BACTÉRIENNES 657 le vide la papaïne ou l’ëther, précisément les mêmes agents qm enleventala substance cérébrale ses propriétés neutrali- •bdiltGS • Ni la cholestérine, ni les lécithines (céphaline) n’ont d’action neutralisante sur la toxine. La choline et la névrine agissent comme alcalis, non spécifiquement. Les acides et les^ bases n exercent pas d’action neutralisante, mais détruisent la téta- notoxine. Paris, le !«*■ juillet 1908, BIBLIOGRAPHIE 1. Marie et Tiffeneau, Ann. Inst. Pasteur t YYir LXII (1907), p. 1187, et LXIII (1907); T’eSS 2. Morax et Marie, C. R. Soc. Biol., t. LVIII (1902) 3. Milchner, Berl. klin. Woch., 1898, n» 17 ’ 4. Doerr, Wien. klin. Woch. 1907, n’ 1 5. Asakawa, Zeitsch. f. Bakt., 24 (’l898),' p. 243 6. Landsteiner et Eisler. f. BakL, 39 (4905).' 7. Eousin, Journal Pharmacie et Chimie (1907). 8. Wollp Eisner et Rosenbaum, Berl. kl. Woch.. 43, 945-947 p. 289-299. G. H. Soc. 9. Thudichum, Die Bestandtheiïe des Gehirns. Tubingen 10. IGNATOWSKV, Z. f. Bakt., 35 (1903) ^ 11. Land-steiner et Botteri, Z. f. Bakt., 42 (1906). 12. Roux et Yerslv, Ann. Inst. Pasteur, 3 (1889), 282. 13. Roger et JosuÉ, C. R. Soc. Biol., t. XLIV (1898) 313 1904. t. XLV (1898), 1081. 42 LaPestedansledépaitemenldeConstantineenlSO? RECHERCHES PARTICULIÈRES SUR LES RATS. leurs ECTOPARASITES ET LEURS RAPPORTS AVEC L’ÉPIDÉMIE Par BILLET Médecin principal de 2» classe, à l’hêpilal Saint-Martin, Paris La peste a fait une incursion assez sérieuse en Algérie et en Tunisie pendant les derniers mois de Tannée 1907. Les- ports d’Oran, Tunis, Philippeville, Bône, La Galle et Tenès ont été visités par elle à peu près à la même époque, du mois de septembre au mois de décembre. Les recherches que M. le Ministre de la Guerre nous adonné la mission de diriger, sur la demande de M. le Gouverneur Général de l’Algérie, concernent le département de Constan- tine. Les cas de peste constatés dans cè département se répartis- sent ainsi : Philippeville Bône ... La Galle. . . . Gonstantine 10 cas. 4 cas. 1 cas. 1 cas. Soit en tout 16 cas, dont 15 parmi la population civile et 1 cas dans la population militaire Nous n’insisterons pas sur les particularités cliniques de ces différents cas, ni sur l’étiologie plus ou moins discutée de l’épidémie. Ce sujet a été traité longuement dans les divers rapports des médecins sanitaires des localités contaminées - et sera exposé dans un rapport d’ensemble par M. le L. Raynaud, le distingué Directeur du service sanitaire maritime de l’Al- gérie. 1. Le seul cas survenu dans la population militaire à Gonstantine a été con tracté probablement à Philippeville et doit faire l’objet d’une relation détaillée de la part de M. le médecin-major Tricot, de l'hôpital de Gonstantine. 2. En particulier de M. le Zoeller, médecin de la Santé à Philippeville, et de M. le Nicolas, à Bône. C’est, en grande partie, grtîce au zèle infatigable et a la ténacité deces dévoués praticiens, que les mesures d’isolement et de désinfection- ont pu être exécutées et menées à bien. 659 LA PESTE A CONSTANTINE EN 1907 Qu ils nous suffise de dire que ces 16 cas ont présenté les lormes suivantes ; Forme bubonique Forme pulmonaire ç, Forme typhoïde. .. T 1 constate 5 décès : 4 de forme bubonique, 1 de forme typhotde. La maladie s’est présentée 11 fois chez l’adulte, 5 lois chez des enfants ou adolescents de 12 à 15 ans. Il est à remarquer que les 2 cas à forme pulmonaire se sont termines par guérison. résultats bactériologiques produits suspects prove- venant des malades ont été pratiqués, en majeure partie, au tine.° Bactériologie de l’hôpital militaire de^Constan- Ils ont été conduits avec le plus grand soin et toute la com- chef^du iTh *^**1 de 2« classe Pignet, chef du laboratoire, assisté par M. le médecin aide-major de 1 classe Rit, du S® chasseurs •' D autres examens de vérification ont eu lieu sous notre direction, en particulier à l’aide de la méthode de choix par ZZ aux Indes par Albrzcht et cobave Ir f provoquer la peste expérimentale chez le baye par frottis de cultures ou d’organes suspects de ren- Com^miUeZ^flf^ ‘‘"P"*® Par l’Advisory inirel ais^ S recherches ..santés font 1 objet d une publication spéciale *. Sur les te cas relatésplus haut, 8 se sont montrés positifs d'emblée, soit d’hygiène publique '^dl^France^^s^aborf^^^^^ rédigée par le Comité consultatif militaires d'Alger, d'Oran et de Cons^an bactériologie des hépitauï examens bactériologiques prévus nâ ladde l„™i P""’’ Pr«dde'r aux U- 3 et 6, 1907 f vo/ Vlll, maf“m“’'‘ numbers. Vol. Vt. n- 4, d90C ; vol. VII, ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 660' ? ""''rdtuierx1eTau\re"s VomplTter^ négatifs, le plus souvent par suite ';e^w"e’ on de l’altération des produits pathologiques envoyés au ''"“rur ITonfirstitué une autre série d’expériences pour démontrer la virulence du bacille de Yersin, meme dans m cd oùTse trouve mélangé à d’autres micro-orgamsmes septiqu s . §iig;:lS5S2HSS '•'Srit .. r-, -, ... “‘«“i-'t ri;.“ d. .. ..... .. tion du bacille spécifique dans tous les organes. c. .xpériencs crrobor.n. une !«« d. pi» „,r VAdmort CommUtt des Indei, « savoir (lue b «» * So.ul.lion es. ■ u». ex.ell.n.. niéUi.d. de d .• snôl., Indnie quand les r.,. son. d.us un dtal de pulr.t.cl.on ""’Ên'l'm, une dernière série d'expériences, concernanl l'«56l“, .i„.dou ’de quelque, cul.ure. de f»-, ,f "7” ,! Pasteur de Paris, sous la conduite de M. leD .I:B« le savant et aim.b.e chef du Lid..r.t..r. de 1. ‘■“Dans trois cas (n» VU, VIII et X du Plan), le. .«Unre. ont agglutiné, même à la dilution de 1/120. Il EXAMEN DES RONGEURS CAPTURÉS Il est démontré aujourd’hui que certains -"S--’;;/; particulier les rats, jouent un des principaux rôles dans dissémination et la propagation de la peste. 1. Loc. cil. Vol. Vil, a" 3, juillet 1907, p. 384. LA PESTE A CONSTANTINE EN 1907 661 On sait que la peste est une maladie infectieuse du rat, qui peut dégénérer en épizootie, tandis qu’elle n’est qu’acciden- telle chezl homme. La contagion se fait du rat au rat, et finalement du rat à homme, par l’intermédiaire de certains ectoparasites de ces rongeurs, et en particulier do certaines espèces de puces qui cohabitent à la fois sur les rats et sur l’homme. (Simond). Telles senties données précises et scientifiques sur lesquelles sont actuellement basées l’étiologie et l’épidémiologie de la poste . Il était intéressant de les vérifier dans l’épidémie actuelle et no re attention a été tout naturellement attirée vers cette importante question, jusqu’ici très peu étudiée, en Algérie tout au moins. Nous 1 examinerons donc au triple point de vue ; A. Du degré d’infeciion des rats par le bacille de Yersin ; B. De la détermination de leurs différentes espèces ou variétés ainsi ^ que de leur répartition dans les quartiers des villes contami- Tlf' BS J ’ ? \ détermination des diverses espèces d’ectoparasites qu ils hebergent. A. DEGRÉ d’infection DES RATS PAR LE BACILLE DE YERSIN. Grâce aux mesures énergiques promulguées par le Gouver- neur Général de l’Algérie ', parle Préfet du département, ainsi que par le Général commandant la division de Constantine, la fieratisation a été poursuivie très méthodiquement et très vigou- reusement par le soin des municipalités intéressées et des au- urites militaires, grâce également à la vigilance et à l’activité •les medeens sanitaires des différents ports infestés, en parti- culier à Philippeville etàBône. Le système de primes, qui ont varié de 0 fr. 80 à 1 franc par rat capturé, s’est montré particulièrement efficace. A Phillippe- yille, un millier de rats ont été ainsi capturés. A Bône il en a ele recueilli 500 environ, du mois d’octobre àla fin de décembre. VtnZiel.rJmTr'' ** mstruchons et décisions du Ministère de lof Zu f de V Algérie, à foccasion des cas de Peste et les soinZ' *'^”*r" P'*’’'"’ P*'' ««rvice sanitaire maritime de l’Algérie et les soms de son directeur, M. le D- L. Ray.naud. Alger. 1908. (iC.i ANNAIÆS DE D'INSTITUT l’ASTlîUll A ce chillVe il faut ajouter un nombre ileux iMevii lie rats qui ont été tués par divers procédés, e s iiuc . sulfuration, la chloruration, l'asphyxie par 1 acide ‘•‘‘'■'•o'",' ' reinpoisonnenient par diverses substances toxiques à (U*s aliiiionts, cU*. .. A Philippmlle, sur les t,(»0() rats capturés, 500 enviroi (442 exactement) ont pu être examinés. Jusqu'il notre arrivée l'i l>liili|ipeville, c'csl-i'i-dire ilu 2» ceuibre, 198 rats ont été examinés par MM. l«iimKT et u, lèvement des rates et la constatation par l'exaiucn direct de Ce système, qui est en déliiiitive sullisant, .‘‘‘î sou élection principale dans la rate, présente M pas donner de renseignements sur le degre d inlection c r. • ,, J ^ ]„s sur l'espèce de rat inlecté et la nature de ses que les rats, par mesure de précaution oldiKatoire e necessaue. cta.ent ébouillantés, ou même grillés par un llainbage pie.iafe. Des notre arrivée à Philippeville, sràce à rem,, ressèment de M. le 1),- Zoki.i.kh, médecin sanitaire, et de M. Maiuiik, ca])i taille du ,,ort, et j’ajouterai de M. Di.ANCUtn-, vice-president de la Chanibre de commerce, il nous a été i.ossihle d ^ queliiues jours, un laboratoire de rccberclies très sullisant d, . les locaux de la capilaineric du i>ort. Cotte installation, réalisé, à l’aide des crédits libéralement accordés luir M. le t.ouvei- neur Général, sera conservée et i)0urra,si niallieurousemenl a nécessité l’exige, être immédiatement |,rèl,‘ iiour de nouvelles roeberebos de ce genre, et peut dès mainteiiant porter le nom d’Annexe du laboratoire ofliciel de l’bôpital militaire de Cons- ^aniine V • . lînlin nous avons pu obtenir (|u’on apportât des rats vivan s au laboratoire. \(iu d^éviler tout risque tle contamination et de contagion, les rats ans- sitôt capturés dans des ratières, étaient |dacés, avec toutes les précautions .l'usave, dans des bocaux de verre bermétiquement fermés et contenus dans nne boite spéciale à compartiments, également fermée. Ils étaient ensuite cliloroformisés. 11 a élé ainsi loisible d’étudier à la fois les rats captures, l’intensité de leur infection et enûn leurs ectoparasites, sans crainte, nous le réiiélons, de toute espèce d’inrection ou de contagion. i . Des installations analogues pourraient être préparées dès maintenant et a peu do frais au siège des divers services sanitaires maritimes dos autres ports. LA i'BSTK A CO.\,STAVH.\K EN i » 31 V 178 » » 2 » » 2 ) 5 4 32 7 23 71 ) » » » » 8 8 V 107 » » 12 13 3 28 ) 1 » 1 » 2 » » » » » >, 7 » « 3 » 3 ) Total général, 292 LA PESTE A GONSTANTINE EN 1907 667 Sur un total de 292 rats, nous trouvons : 178 Mm decumamis, soit 61 0/0. 107 Mus alexandr inus, soit 36,5 0/0. 7 Mus rattus, soit 2,5 0/0. Quant à leur répartition par quartier, on voit que dans les ports de Philippeville et de Bône c’est le Mm decumanus qui domine en ville, pour devenir de moins en moins fréquent à mesure qu’on s’éloig-ne dans les faubourgs et enfin à la -campagne. Le Mus alexandrinus , au contraire, prédomine en dehors des villes et devient de moins en moins fréquent à mesure jl qu’on pénètre au centre des quartiers populeux. EnQn, à Constantine, le Mm alexandrinm semble, même au centre de la ville, être aussi répandu que dans les faubourgs, ce qui s explique facilement par le grand nombre de magasins, de greniers, d’écuries, que l’on trouve au cœur même de cette ville ; quant à la variété noire. Mus rattus I proprement dit, on voit, par le tableau ci-dessus, combien elle est relativement rare, aussi bien dans les ports que dans les villes de l’intérieur. 'C. Détermination des diverses espèces d’ectoparasites de rats d’algérie (constantine). Notre attention, comme il a ete dit plus haut, a été parti- culièrement dirigée vers l’étude des ectoparasites des rats qui jouent un rôle capital dans la transmission de la peste. Le rat, contrairement à la plupart des autres mammifères, qui n’hébergent qu’un petit nombre d’espèces d’ectoparasites, sert d’hôte à plusieurs espèces de puces, de poux et d’aca- riens. Nous ne nous occuperons principalement que des puces. Nous avons rencontré quatre espèces de puces sur les rats d’Algérie, ce sont , Pulex cheopis ^ Rothschild . Ctenocephalus canis Gurtis. Ceratophyllm fasciatm Bosc. 1. Rothschild vient de distraire cette espèce du genre Pulex, pour la placer dans un nouveau genre, le ^anr a Læmopsy lia [Parasitology, a supplément of the Journal of Hygiene, vol. 1, n® 1, mars 1908, p. 15). 668 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Ctenopsylla miisculi Dugès. Le tableau suivant donne le nombre et la répartition de ces puces suivant les localités et les espèces de rats. Tableau indiquant le nombre de puces recueillies et leur répartition suivant les localités et les diverses espèces de rats qui les hébergent. ESPÈCES DE PUCES NOMBRE DE PUCES RECUEILLIES SUR TOTAL W O a œ ce ^ i (D 'a P G S 1 CD ?< S "S Mus ratlus S ’ Philippeville. . . 99 16 115 . 1 P. cheopis < ( Bône. 36 » » 36 \ 154 1 [ Constanüne . . . )) 3 » 3 ] / Philippeville... 10 8 » 18 \ P. nnnis . . ) Bône » » » » ( 18 \ Constantine . . . » » )) ») / Philippeville... 69 22 » "î C. fasciatus. . . < Bône 2 » » 2 > 98 5 ) \ Constantine . . . » 4 4 Philippeville . . . 66 49 » 115 N C. musculi — Bône 4 22 » 26 ( 158 IT ^ Constantine. . . . » 10 7 Totaux • . 286 131 11 428 Sur un total de 428 puces recueillies sur 292 rats exami- nés, on trouve : Put ex cheopis C. canis ' C . fasciatus. . C. musculi Quant à la proportion des diverses espèces de puces suivant les espèces de rats, on a : 154 soit 35 0/0 puces, 18 — 4,2 — — 98 — 22,8 — — 158 — 36,6 — — LA PESTE A CONSTANTINE EN i907 669 ( <^heopis d35 soit 47,5 0/0 1®Pour 178 iJ/. Decumanus examinés. < 10 — 5,5 — ) C. fasciatus i\ _ 24 7 \ C. musculi 70 _ 24*6 — / P. cheopis 19 _ i4’5 _ 2® Pour 107 M. alexandrinus ) 8 — 6* — j C. fasciatus 23 175 V C. musculi 81 6i’g / P. cheopis _1 3® Pour 7 M. rattus (variété noire). \ — — — — i 6. fasciatus 4 30 0 ^ \ C. musculi 7 _ 63 0 _ Il semble donc qu’en Algérie, sur le littoral tout au moins, à l’inverse de ce qui se passe aux Indes, c’est le M. decumanus, plutôt que le M. rattus qui servirait de véhicule au bacille. Or, cette prédominance du M. decumanus n’a pas été constatée en Algérie seulement. J. Ashburton Thompson, en 1904, à Sjdneyi trouve 32,15 0/0 de cette •espèce, contre 14,36 0/0 de M. rattus. La première est également plus infeetee que 1 autre par P. cheopis. Des constatations à peu près identiques •ont été faites par le même auteur, toujours à Sjdnej, en 1905 et en 1906 Millard, à Ulmarra, près de Sydney, sur 1,128 rats, relève 1,125 M. decum. et 3 M. rattus ^ Sksohivan à Odessa», sur 32 rats pesteux, trouve 28 M. decum; 1 M. 'i attus et 3 M. alexandrinus. BuceiixAN, à Glaseow coastate que la majorité des rats infectés appar- tient a 1 espèce M. decumanus. A Bombay même, en réalité, les deux espèces sont très répandues. Mais M. rattus est le rat qu’on rencontre presque uniquement dans les maisons A la campagne, comme en Algérie, c’est la seule espèce qu’on trouve. La .commission anglaise a fait, en outre, les observations suivantes* : lo L’épidémie a une relation intime avec l’èpizootie du iW. rattus; 20 Mais, en réalité cette dernière est précédée, toujours auparavant environ dune epizootie de M. decumanus qui est même deux fois aussi -accentuée qu’elle; 3o Elle semble donc être la cause de l’épizootie de M. rattus 40 L’épidémie humaine est donc à son tour et en définitive attribuable à 1 epizootie de M. decumanus. 1. J. Ashburton Thompson, Report of the Board of Health on a Fnur^fh Outbreak of Plagne at Sidney, 1904. Sydney, 1905; Id. 1906 et 1907. \ Outbreaks of epizootie and Epidémie Plaaue on the Northern Rivers, 1905 (1d. Reports, Sydney 1906). ^ ’ ^•^•'^'^'^^'A.iss.^.ZurKenntnissderRattenpest.Centralbl.f.Bakter. XXXIII p 260 1907, p" JnveMgatiom in India. Jour», or Hygiene, Vli, n- 6,’ ■1 670 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Il serait intéressant de suivre l’évolution de ces deux épizooties ea Algérie et le vérifier si les faits analogues à ceux de Bombay ne s’y présen- tent pas De ces observations, il résulte : 10 Que P. cheopis et C. musculi sont les deux espèces do puces les plus répandues chez les rats d’Algérie (Constantine ) ; 20 Que P. cheopis a une élection marquée sur le Mus decu- manus, tandis que C, musculi se rencontre surtout sur le Mus alexandrinus ei \e Musrattus (variété noire). Ces deux constatations ont une importance capitale au point de vue de Pétiologie et de la dissémination de la peste. En effet, à la suite d’expériences rigoureuses, inaugurées par SiMOND aux Indes, vérifiées par Gauthier et Raybaud à Marseille, par XiDswEL, par Eiston, et enfin par la Commission anpiluise pouT l’étude de la peste aux Indes, il est démontré aujourd’hui que la puce qui est surtout incriminée dans la propagation de la peste, est précisément la Pulex cheopis, qui pourrait passer] du rat à l’homme et lui inoculer le bacille de Yersin, qu’elle puise dans le sang des rats pesteux dont elle gorge son estomac. Or, d’après nos constatations, c’est le rat d’égout, M. decu- manus qui, en Algérie, serait le plus infesté par cette espèce de puce, alors que l’autre espèce de rat, très commune également en Algérie, M. alexandrinus, rat de grenier à ventre blanc, ne semble l’être qu’accidentellement et nTiéberge guère que la Ctenopsylla musculi, ou puce de la souris, qui ne piquerait que très rarement l’homme E Des deux autres espèces de puces : l*" Ctenocephalus canis ou puce du chien, n’est pas très fréquente sur les rats d’Algérie (18 exemplaires recueillis, en proportion à peu près égale sur les deux principales espèces murines). D’après les expériences de la Commission anglaise, citée plus haut, cette puce ne serait pas apte à communiquer la peste. 2® La dernière espèce : Cet^atophyllus fasciatus, trouvée 4. A Batna et aux environs de cette localité, M. le pharmacien major Ravin, qui a bien voulu y rechercher les espèces de rats et leurs ectoparasites, nous écrit que sur les M. alexandrinus, qu’il y a capturés, il n’a trouvé que de C fasciatus et jamais de P. cheopis; ce qui corrobore nos observations concer- nant la rareté de cette dernière espèce sur M. alexandrinus en Algérie. 2 Récemment, Niclot [Bull, de la Soc. de Path. exotique, 1908, m 6, p. 367, a signalé la présence de P. cheopis sur des M. rattus, capturés à Oran, mais qui provenaient de navires et non de la ville. LA PESTE A CONSTANTINE EN 1907 671 en assez grande abondance (98 exemplaires, dont 69 sur M- dccwïïKXïius) , est, d apres Tiraboschi, la puce particulière aux rats des pays tempères, alors que P. cheopis serait celle qui affectionne plus particulièrement les rats des pays chauds. D’après le même auteur et d’après Galli-Valerio, Wagner, Nuttall, etc. C. fdscicttus ne fréquenterait pas l’homme et par conséquent, bien que les expériences de la Commission anglaise aient démontré quelle peut infecter les animaux de labora- toire, elle semble devoir être moins dangereuse pour l’homme que P. cheopis. Celte dernière reste donc la puce particulièrement nuisible et à éviter, dans la propagation de la peste, en Algérie comme ailleurs. Dans nos examens, nous n’avons pas rencontré un seul exemplaire de Pulex irritans, la puce ordinaire de l’homme et que l’on observe quelque fois aussi sur le rat. P. irritans (fig. 1). cheopis (fig. 2). On sait que P. irritans et P. cheopis sont très voisines l’une de l’autre. Ces deux espèces appartiennent au groupe des Puces non pectinées, c’est-à- dire n’ayant pas de soies rigides en forme d’épines, disposées en peigne, soit au thorax, soit à la tête. Elles se distinguent l’une de l’autre par un ensemble de caractères, dont les principaux sont ; chez P. irritans, une soie oculaire P acée en dessous de l’œil et une autre en arrière du bord postérieur de la fossette antennale {Fig. 1 et 3); chez P. cheopis, une soie oculaire placée en avantdQ l’œil, et, derrière la fossette antennale, deux séries de soies : l’une de deux à trois soies le long de la fossette antennale, l’autre de quatre à cinri soies le long du bord postérieur de la tête. Ces deux séries sont disposées en forme d’un angle ouvert vers la partie C7-2 ' ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR supérieure de la tète et se réunissent à Tangle intéro-postérieur de la tète '^ ‘L^troit 'autres espèces : C. fascialus (Bg. 5), C. canis et C. 6). appartiennent au groupe des puces pectinées, c’est-à-dire possédant des soies Fig. 3. — Pulex irritans L. cf. — l^uce de l’homme. Caractères principaux ; une seule soie à la partie postérieure de la tête. Fig. i. — Pulex cheopis Roths. cT — Puce des rats des pays tropi- caux. Picjue l’homme. Caractères principaux : deux rangées de soies à la partie postérieure de la tète : 4 à 5 soies parallèles au bord postérieur de la tête, et 2 ou 3 parallèles à la fossette antea- nale. rigides et épineuses disposées en forme de peigne, soit au promtum, soit a la fois au pronotum et à la tête. Elles sont, par suite, facilement reconnais- sables et se distinguent rapidement par un simple examen des deux premières qui sont dépourvues de ces appendices. D’autres ectoparasites ont encore été rencontrés par nous sur les rats d’Algérie, en particulier des Pédiculidés, appartenant principalement au genre Po/yplax (Haematopimis) et enfin des Acariens. Ces derniers abondent sur le M. decumanus. Quelques uns sont gorgés de sang et pourraient également jouer un rôle dans la propagation de la peste, tout au moins de rat a ra . Skinner considère en particulier YHyalomma œgyptium comme un des véhicules de cette affection ® . 1 . D’après les descriptions de G. Tiraboschi (Les Rats, les Souris et leurs parasites «« Il est à remarquer que les 10 malades atteints ont eu des rapports plus ou moins directs, soit avec les docks, soit avec le magasin en question de la rue Valée, comme le fa t a été tr s nettement établi par M.le D^Zoeli.eb, dont nous transcrits es observations, qu’il nous a très obligeamment communi es travaillait su,: “s qu"s autst^ets .ni: Tt:Zro::;;’ 9 annales DE L’INSTITUT PASTEUR Nouvelle contriliuljon à Tâtude de la VaccinatioD des bovidds contre la tuberculose Par mm. A. CALMETTE et C. ÜUERIN Institut Pasteur de Liüe. Plusieurs expériences relatées dans un précédent mémoire * nous avaient convaincus de la possibilité de conférer aux jeunes Ugard de 1 infection tuberculeuse artificielle par les^ voies digestives Cette résistance peut s’obtenir en faLnf ingérer au moyen d une sonde œsophagienne et suivant une technique’ luTuTd’ fiues de bacilles tuber- à 70^ uu modifiés par le chauffage Une seule inpstion de bacilles virulcHts, à la dose de 0*' 05 chez les jeunes bovins, ou de chez les bovins adultes To ' ;uan^""^‘ ' -i-ux pour qu apres avoir reagi a la tuberculine pendant 1, 2 ou ■ MOIS ils cessent de réagir et deviennent capables de résister P ndant plusieurs mois à des ingestions massives ou répSe" lénm'inr tuberculeux sûrement infectantes poL les On doit se demander s’il s’agit là d’une immunité réelle de Tnt démon 1 r " - ‘lui n’est pas suffisam- ment démonstrative, - mais aussi par la non persistance de ■Ôwnlr ïr'c J.- uig-anisnie de ces animaux. E Ces Annales, juillet 1907, p. 525. U 690 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Pour élucider celle question de capitale importance, nous avons choisi, parmi ceux de nos bovins qui avaient servi aux expériences de vaccination par les voies digestives, 4 genisses bretonnes de 18 mois, auxquelles nous avions fait ingerei 2 doses de 0*M0 et O*', 25 de bacilles virulents d origine bovine tel. .OM.. 31 octobre .906^ lie 3 eu 23 j.ill.l 1», » o»» après la dernière ingestion bacillaire, aucun de ces animaux n’ayant réagi à la tuberculine, nous leur avons ’ à 5 jours d’intervalle, 5 doses successives de O^MO de bacilles finement émulsionnés (soit 0»^50 au total). Soumises à l’épreuve tuberculine les M septembre et 10 octobre suivants, aucune de ces génisses ne présenta d élé- vation de température. . Nous décidons d’en sacrifier 2 à la lin du .P mois, et les 2 autres à la fin du 6' mois après l’épreuve. Des témoins d’autres expériences nous avaient montre que les bovins neufs, infectés dans les mêmes conditions par 1 in- gestion de doses successives suffisamment rapprochées, et sacrifiés plus tard à des intervalles variables de 1 a 6 mois, contractent toujours des lésions tuberculeuses, au moins gan- glionnaires, souvent ganglionnaires et pulmonaires, virulentes pour le cobaye. > i Les deux" premières génisses (n<”> 79 et 98) abattues a la fi du troisième mois, le 23 octobre 1907, ont tous les organes par- faitement sains. On ne relève, ni dans les differents groupes ganglionnaires, ni dans les poumons, aucun mbercu e. Les ganglions mésentériques, bronchiques, médiastinaux et retro- ^haryngiens sont prélevés séparément, triturés et inocules a 16 cobayes, sous la peau de la cuisse. Un seul prend la tuber- culose et meurt le 82» jour. 11 avait reçu l’émulsion de gan- glions mésentériques. Tous les autres sont restes indemnes. Les deux autres génisses (n- 82 et 220) abattues a la fm du sixième mois, le 24 janvier 1908, sont trouvées egalement indemnes de toute lésion tuberculeuse apparente. Les dilie- rents groupes ganglionnaires, prélevés aseptiquement triture^ et émulsionnés, sont inoculés comme précédemment a 16 cobayes qui restent tous indemnes par la suite. Aucun d entre eux n présenté la moindre adénite inguinale suspecte. Donc les bacilles absorbés après les repas virulents d epreuve , VACCINATION DES BOVIDÉS CONTRE LA TUBERCULOSE 691 chez les bovins antérieurement guéris d’une légère infection houtT :.oTîrdéj?: tr!; r; tST: .f t • ? que quelques-uns dans les ganglions mésentériques “ ;i™ .0,,. v„™. 4 lorsque les bacilles d’épreuve sont introduits autrement un rôle protecteur particulièrement efficace '"‘««‘'"ale, icelles pour qu’on puisse les considérer comme mcdné^ Nous ne pourrions l’affirmer qu’en démonl. n animaux échappent par la suite à l’infectrn arSueir étroite et nrolon.ée li ÏÜ ?" P"'' cohabitation Or, nous avons essaye de reali7 ayant pas sub, assez longtemps ou d’une manière (iOi ANNALES UE L’INSTITUT PASTEUk assez intime le contact avec les malades, étaient apparemment guéris. Une nouvelle tuberculination au huitième mois donna e même résultat. Par suite, il nous est impossible de tirer de cette expérience aucun enseignement utile au point de vue de la duree de Vimmnité conférée par les ingestions vaccinantes, et . est nécessaire que l’épreuve soit renouvelée sur d autres animaux, en aggravant les conditions de contamination. Mais, en même temps que nous poursuivions les essais qui précèdent, nous décidions d’atfecter six de nos bovidés ancien- nement vaccinés par les voies digestives, et deux bovidés neu s, à une autre expérience ayant pour objet de rechercher si les vaccinés .sont capables de résister, 8 mois et 1 «« apres un repas infectant d’épreuve resté inoffens.f, à l’inoculation ««(la- veineuse de 5 milligrammes de bacilles virulents. G est cette expérience, beaucoup plus démonstrative, que nous allons maintenant rapporter. ^ Dans notre précédent mémoire nous relations l’histoire de 7 vaches adultes qui, après avoir ingéré à diverses reprises soit des bacilles chauffés à 7Ü», soit des bacilles d origine èuuine, soit des bacilles virulents d’origine bovine, avaient ultérieurement résisté à l’ingestion massive de gramme de bacilles bovins virulents et finement émulsionnes. L une de ces vaches (n» 7), sacrifiée 30 jours après ce repas infectant d’épreuve, était trouvée indemne de tuberculose, fees differents groupes ganglionnaires furent inoculés a 28 cobayes. Tous restèîent indemnes, sauf un seul qui avait reçu le triturât d ganglions mésentériques. Ce sont les 0 autres vaches de cet e série que nous avons léservées pour subir 1 epreuve par inoculation intraveineuse. A aucun moment, depuis e vernbre 1906, date à laquelle elles ont fait leur dernier rep infectant avec 1 gramme de bacilles, elles n ont présente la moindre réaction tuberculinique. Trois d’entre elles (n- 2, 3 et 5) ont reçu le 6 juillet 1907, . 8 mois après ce dernier repas infectant, 6 milligrammes de bacilles virulents (origine lait, de iVocard) dans taire, en même temps qu’une vache témoin du poids de 410 kilogrammes, préalablement éprouvée à la tuberculine reconnue indemne. VACCINATION DES BOVIDÉS CONTRE LA TUBERCULOSE 693 Les 3 dernières 1 , 4 et 6) reçurent également dans la veine jugulaire la même dose de bacilles virulents, le 6 no- vembre 1907, exactement uu6 ünnt’c après leur dernier repas infectant. Une autre vache neuve pesant 474 kilogrammes et indemne de tuberculose leur servit de témoin. Chez les 2 témoins, l’évolution de la maladie fut identique. La température, restée sensiblement normale pendant les H et 13 premiers jours, s’éleva brusquement et se maintint aux envi- rons de 40», S, en même temps que des symptômes d’infection granulique aigue se manifestaient : amaigrissement rapide, perte de l’appétit, respiration accélérée (40 à 46 par minute). Le premier témoin meurt le 29» jour, ayant perdu 73 kilo- grammes. Le second succombe le 30» jour, ayant perdu 44 kilogrammes. Al autopsie on trouve chez tous deux les poumons farcis d’innombrables tubercules gros comme une tête d’êpingle, translucides pour la plupart, quelques-uns déjà caséeux au centre. Les lobes anterieurs sont totalement hépatisés. Les ganglions bronchiques et médiastinaux imormes, farcis de petits tubercules en voie de ramollissement. Tous les viscères abdominaux sont sains. Par contre, les trois vaches de la première série et les trois de la seconde, après une courte période de malaise, restent en apparence parfaitement indemnes. Nous décidons de les sacrifier à des intervalles successifs de 6, 7, 8 et 10 mois après répreuve intraveineuse. Voici pour chacune d’elles un court résumé de leur observation avec les résultats de l’autop- sie et des inoculations expérimentales consécutives. Pre.mièhe série. Vaches éprouvées par in jection intraveineuse mois après la dernière ingestion virulente. Vache ao 2. •— 36 heures après rinjectioii intraveineuse de 5 milli- grammes de bacilles virulents, la température commence à s’élever et atteint 40o, 5 le soir du 5e jour. Hespiration très accélérée (40 à la minute), loux fréquente, courte ; perte il’appétit. Puis la température s’abaisse et redevient normale le Mc jour. Nouvelle ])oussée fébrile le 13e jour, allant jusqu’à 40o le Me, avec réapparition de la toux. Le 23e jour l’élat général est satisfaisant. Tous les symptômes alarmants ont disparu. L’animal reste en parfaite santé jusqu’au jour de l’abatage fixé au 0 janvier 1908, juste (>94 ANNALES DE L’INSTIÏUÏ PASTEUR 6 mois après l'épreuve. La veille, une injection de tuberculine ne provoque aucune réaction. Autopsie. — (langlions mésentériques normaux. Lescuupes microscopi- ques n'y montrent ni tubercules ni bacilles. Ganglions bronchiques et médiastinaux volumineux, mais sans lésions visibles. Ganglions rétropba- ryngiens et poumons parfaitement sains. 4 cobayes inoculés sous la peau de la cuisse avec le triturât des ganglions mésentériques restent indemnes. 12 cobayes inoculés avec le triturât des ganglions bronchiques et médiastinaux deviennent tous tuberculeux. Vache n» 3. — La température s’élève progressivement à partir de la 36e heure après l’inoculation virulente pour atteindre, le soir du 3® Jour, 40o,4. Respiration accélérée (40 par minute). Toux fréquente. La tempéra- ture s’abaisse ensuite peu à peu et revient à la normale le 10e jour, en même temps que les symptômes s’amendent. Le 13e jour, nouvelle poussée fébrile avec maximum de 39o, 4 le I8e jour. Retour à la normale le 22e jour. Depuis cette époque et jusqu’au jour de l’abatage, le G février 1908, 7 mois après l’épreuve, la santé de l’animal demeure parfaite. De 540 kilogrammes au début de l’expérience, son poids s’est accru jusqu’à 393 kilogrammes. Tuberculinée 24 heures avant la mort, cette vache ne présente aucune réaction. Autopsie. — Ganglions mésentériques plus volumineux qu’à l’état normal, durs, avec îlots fibreux dans la couche corticale mais sans tubercules caséifiés ni calcifiés. Les coupes microscopiques n’y montrent ni bacilles ni cellules géantes. Ganglions bronchiques et médiastinaux de même appa- rence. Les poumons sont complètement sains : on n’y perçoit aucune trace de lésions tuberculeuses récentes ou anciennes. 16 cobayes sont inoculés avec les groupes ganglionnaires mésentériques, rétro-pharyngiens, bronchiques et médiastinaux. Les 8 qui ont reçu le triturât des deux premiers ‘groupes restent indemnes. Les 4 inoculés avec les ganglions bronchiques et 2 sur 4 inoculés avec les ganglions médiastinaux deviennent tuberculeux. Vache 5. — La température s’élève seulement le 4e jour après l’inoculation intraveineuse (40» 2). Accélération de la respiration. Râles humides sur toute la hauteur des deux poumons. Toux fréquente. Le IQe jour la température redevient normale et la santé parfaite jusqu’au jour de l’abatage fixé au 13 mai 1908, un peu plus de 10 mois après l’épreuve. Poids : 540 kilogrammes au début ;. 530 le jour de la mort. Aucune réaction à la tuberculine la veille de l’abatage. Autopsie. — Tous les organes sont parfaitement sains et ne montrent pas la moindre lésion ancienne ou récente. 4 cobayes inoculés sous la peau de la cuisse avec le triturât des gan- glions mésentériques restent indemnes. 12 autres inoculés avec les triturats des glanglions bronchiques et médiastinaux deviennent tuberculeux. VACCINATION DES BOVIDÉS CONTRE LA TUBERCULOSE 695 Deuxième série. Vacher épr-^tivées par inoculation intraveineuse 12 mois après la dernière ingestion virulente. Vache 6. — La température s’éJève le soir du 4e jour (40o,l) et atteint son maximum le soir du 5e (40», 2). Diminution de l’appélit. Légère accélération de la respiration et quel- ques efforts de toux. Le 8e jour, l’état général est redevenu parfait et l’ani- mal reste en bonne santé pendant 8 mois, sa température prise matin et soir demeurant normale. Le 1er juin 1908, celle-ci s’élève à 39o, 8. Le 3 juin, on constate une induration assez accusée des deux quartiers gauches de la mamelle. (Or cette vache arrivée à l’Institut plus de deux ans auparavant, le 12 mars 1906, était à bout de lait, avait les mamelles intactes et ne réa- gissait pas à la tuberculine) . Très rapidement les symptômes s’aggravent du côté du pis. Les 6 et 9 juin les deux autres quartiers se prennent à leur tour. Le 18, la mamelle a acquis un volume considérable; elle est dure, très sensible. L état général devient moins bon ; l’animal maigrit : il a perdu 17 kilogrammes depuis le 1er juin. On extrait par pression d’un quai tier quelques gouttes de muco-pus dont l’examen microscopique montre une véritable purée de bacilles tuberculeux. Nous décidons l’abatage qui a lieu le 26 juin. Cette vache, de très belle apparence et très grasse, pèse 710 kilogrammes. Autopsie. Mammite suraiguë des 4 quartiers. Ganglions rétromam- maires infiltrés de tubercules en voie de caséification. Organes abdominaux parfaitement sains. Sur les poumons on trouve une vingtaine de tubercules petits, manifestement d’origine récente. Quelques-uns commencent à se caséifier au, centre. Ganglions bronchiques et médiastinaux un peu aug- mentés de volume, mais sans lésions tuberculeuses visibles à Tœil nu. Voici donc un animal rendu manifestement très résistant h 1 infection tuberculeuse puisqu’il a supporté victorieusement une épreuve qui fait périr les témoins par g-ranulie aiguë en un mois. Il reste en parfaite santé apparente pendant 8 mois. Puis, tout à coup, sans doute au moment où la résistance qui lui avait été artificiellement conférée s’épuise, — comme il a conservé dans son organisme des bacilles vivants, — ceux-ci (peut-être sous l’influence d’un rut passager) créent tout à coup dans la mamelle une lésion grave. Nous voyons alors évoluer spontanément en quelques jours une mammite tuberculeuse d origine sûrement vasculaire, car cette vache, parfaitement isolée, ne se trouvait exposée à aucune cause de contagion venant de l’extérieur. C’est la première fois, croyons-nous, qu’une expérience de ce genre — d’ailleurs involontaire — se trouve réalisée. Jus- 096 ANNAJÆS DE L’INSTITUT PASTEUR qu’à présent on n’avait jamais réussi à provoquer l’apparitioii (l’une manimite tuberculeuse autrement que par 1 inoculation ou l’insertion directe de bacilles dans les trayons. L’accident survenu à cette vache nous détermina a sacii- lier immédiatement les deux derniers animaux de notre seconde série, car nous sommes fondés à croire que, chez eux aussi, l’immunité passagère conférée par l’ingestion d’épreuve du 6 no- vembre 1906 a disparu. On soumet donc les n<^^ 1 et 4, le 26 juin 1908, à 1 épreu\e de la tuberculine. Le 1 réagit violemment (2«, 2). Len^ 4 ne réagit pas. L’abatage de ces deux vaches a lieu le 27 juin, \ oici leurs observations et leurs protocoles d autopsie : Vache 1. — Dès la huitième heure après l’inoculation intraveineuse de 5 milligrammes de bacilles, le 6 novembre 1907, on note une ascension de température qoi atteint son maximum le Séjour (40% 4), en meme temps que se manifestent quelques symptômes peu graves du côté des poumons : respiration légèrement accélérée; quelques efforts de toux. Le 8e jour, a température est redevenue normale. Depuis ce moment jusqu au jour de l’abatage (27 juin 1908), 7 mois et demi après l’épreuve, la santé reste parfaite. Poids : 550 kil ogrammes. . Autopsie. — Excellent état d’embonpoint. Organes abdominaux partai- tement sains. Les poumons ne portent aucune trace de lésions tuberculeuses récentes ou anciennes. Mais le ganglion bronchique gauche, un peu aug- menté de volume, montre sur la coupe un foyer tuberculeux caseifie, gros comme un grain de chènevis, et qui justifie la réaction tuberculinique pre sentée par cet animal avant sa mort. Les ganglions médiastinaux sont indemnes. . . . • 4 cobayes sont inoculés avec le triturât des ganglions mesenten- q.ies et quatre cobayes avec celui des ganglions bronchiques. Trente jours plus tard ces derniers seuls présentent une adénite caractéristique. I.es autres restent indemnes. Vache u» l. — .\scension de température à partir de la 24' heure apres l’inoculation intraveineuse. Maximum le 4e jour (41», 6) avec respiration légèrement accélérée et un peu de toux. Le 8e jour, retour à la normale. Santé parfaite jusqu’au 27 juin 1908, 7 mois et demi après l'epreuve, date de l’abatage. Poids 605 kilogrammes. Autopsie. - .\nimal en excellent état d’embonpoint. milligrammes de bacilles virulents d’origine bovine à une ^ ache saine, celle-ci prend une tuberculose suraiguë à forme ^ranulique, mortelle en 4 à fî semaines. Par contre, si la même inoculation est faite, également par ^oie veineuse, à un bovidé réaf/issant à la tuberciiline , jamais on ne voit apparaître chez lui de symptômes graves : il réagit 7(M) ANNAT.es de L’INSTITUT PASTEUR presque Immédiatement, comme s’il avait reçu une injection de tuberculine puis, vingt-quatre heures après, sa température redevient normale et la tuberculose évolue chez lui sous torme chronique. Il en est exactement de meme si, au lieu de réaliser cette expérience sur des vaches tuberculeuses, on prépare des ani- maux neufs en leur injectant préalablement, à 6 ou 10 jours d’intervalle, deux ou trois grosses doses de tuberculine (0 gr. 50 de tuberculine précipitée par l’alcool) dans les veines. Les ani- maux ainsi préparés réagissent à la seconde (jamais à la pre- mière) ou à la troisième injection de tuberculine, comme s’ils étaient tuberculeux. La réaction, toujours très forte (2®, 3 a 2o,7) apparaît chez eux dès la 5'^ heure et disparaît à la 12'. Si, quelques jours après la dernière injection tuberculinique, on leur injecte dans les veines o milligrammes de bacilles bovins virulents, en même temps qu’à des témoins non imprégnés de tuberculine, on constate que ces derniers ne lont aucune réac- tion immédiate, mais présentent, douze à quinze jours plus tard, tous les signes d’une tuberculose suraiguë granulique, tandis que, chez tous les autres, l’introduction des bacilles est presque immédiatement suivie d’une forte lièvre qui dure 5 à 7 jours et rétrocède en même temps que s’installent chez eux des lésions de tuberculose à évolution lente. Nous avons abattu, GO jours après l’inoculation intravei- neuse de 5 milligrammes de bacilles, trois vaches dont deux avaient été achetées réagissant à la tuberculine et une avait été pié- parée par trois injections de tuberculine^ comme il est dit ci-dessus. Chez les deux premières, en dehors de vieilles lésions tuberculeuses siégeant dans les ganglions mésentériques et médiastinaux, nous avons trouvé les poumons farcis de petits tubercules très fins dont quelques-uns atteignaient la grosseui d’un grain de chènevis; la plupart étaient encore translu- cides; les plus gros déjà caséeux au centre. C’étaient évidem- ment des lésions récentes produites par 1 injection intravei- neuse de bacilles. Chez la troisième (préparée par la tuberculine), il n’y avait que des lésions pulmonaires absolument semblables aux pré- cédentes, sans hépatisation des tissus environnant les tubercules. Il est^donc hors de doute que les animaux tuberculeux, el VACCINATION DES BOVIDÉS CONTRE LA TUBERCULOSE 701 aussi les animaux sains préparés par des injections massives de tuberculine, sont incomparablement plus résistants que les animaux neufs à Vinoculation intraveineuse d’épreuve. On peut supposer que les bovidés injectés par voie sous- cutanée avec des bacilles bovins ou humains {Lignières) , eu sous la peau desquels on introduit des sacs de roseau collo- dionné contenant des cultures de tuberculose {Heymans), acquiè- rent, par un mécanisme identique, une résistance marquée à rinfection tuberculeuse : les bovidés ainsi préparés g-ardent plus ou moins longtemps les apparences dune bonne santé; ils perdent fréquemment Taptitude à réagir à la tuberculine, mais ils n’en restent pas moins porteurs de bacilles (libres ou encapsulés) et susceptibles de contracter une tuberculose à forme chronique. On ne saurait donc admettre qu’il s’agit là d’une véri-^ table immunité. De multiples expériences nous ont mon tré qu’on observe des phénomènes semblables chez les bovidés artificiellement ou spontanément tuberculisés par les voies digestives, lorsqu’on vient à leur inoculer ultérieurement une culture de tuberculose sous la peau. Il se forme alors un abcès au niveau du point d’inoculation, mais les ganglions voisins ne se prennent pas et l’abcès guérit lorsqu’il s’est vidé à l’extérieur. On constate fréquemment des faits analogues en clinique humaine. Chacun sait qu’une tuberculose locale suppurée, sur- venant chez un tuberculeux pulmonaire, améliore l’état du malade et accroît considérablement sa résistance. Inversement, il est rare que les sujets chez lesquels la tuberculose pulmo- naire évolue avec une marche rapide aient été atteints antérieu- rement de suppurations ganglionnaires, osseuses ou cutanées, hormis les cas où une opération chirurgicale inopportune a pu provoquer une infection sanguine. C’est une notion courante, a 1 Hôpital Saint-Louis, qu’un quart environ des lupiques pré- sentent des signes d’auscultation caractéristiques de la tubercu- lose pulmonaire et que celle-ci évolue généralement chez eux avec une très grande lenteur; aussi, beaucoup.de lupiques deviennent-ils très vieux. Si 1 on veut bien se rappeler que certains cliniciens ont [uétendu obtenir, chez les -malades phtisiques, de réelles amé- liorations à la suite d’inoculations sous-cutanées de cultures de 70^ annales de L’INSTIÏUT PASTEUR tuberculose bovine virulente { F. Klemperer) ou de bacilles morts (Maraglicmo), ou de cultures de tuberculose burnaine modifiée par passages dans l’organisme d’animaux à sang froid (croco- dile) (Moeller)l les faits expérimentaux qui précèdent sont de nature à justifier dans une certaine mesure leurs assertions. Mais une telle méthode thérapeutique est assurément con- damnable. Elle l’est d’autant plus que nous possédons dans la tuberculine un moyen aussi efficace et moins dangereux per- mettant d’atteindre le même but. GOXGLUSIONS 1“ Par l’ingestion de bacilles tuberculeux virulents ou modifiés par le chauffage, on peut conférer aux bovidés jeunes ou adultes une immunité relative. Lorsqu’on éprouve ultérieure- ment la résistance des animaux ainsi préparés, en leur faisant ingérer une dose massive de bacilles virulents sûrement capa- ble d’infecter les témoins, on constate qu’au bout de 4 à 6 mois ils restent indemnes, qu’ils ne réagissent pas à la tuberculine et que leurs ganglions mésentériques, médiastinaux, bronchiques et rétropharyngiens ne recèlent plus de bacilles tuberculeux . l’inoculation de ces ganglions au cobaye reste inolfensive. Mais aucune expérience d’assez longue duree ne permet encore d’affirmer que ces animaux soient capables de résister au delà d’une année aux infections artificielles par voie digestive ou à l’infection naturelle par cohabitation ; 2® Par contre, lorsque 8 mois ou 1 an après avoir résisté à une infection massive par les voies digestives, des bovidés supposés ainsi vaccinés reçoivent, en injection intraveineuse, une dose de bacilles tuberculeux virulents suflisante pour tuer les témoins en 4 à 5 semaines par granulie aiguë, on trouve que les vaccinés, après une courte période de malaise, gardent pendant 6 à 8 mois toutes les apparences d’une santé parfaite. Ils conservent néanmoins, dans leurs ganglions bronchiques et médiastinaux, des bacilles virulents capables de tuberculiser les cobayes. Ges bacilles ne manifestent aucunement leur présence, pas même par la réaction positive à la tuberculine. Mais lorsque, après un délai variable de6à8 mois environ, VACCINATION DES BOVIDÉS CONTRE LA TUBERCULOSE 703 l’immunité de l’animal disparaît, ces bacilles deviennent sus- ceptibles de créer des lésions tuberculeuses ; 3» Les bacilles tuberculeux de culture, introduits par les voies digestives, finissent donc, après un temps plus ou moins long, par se résorber dans les ganglions mésentériques lors- qu’ils n’y sont pas en nombre suffisant pour y créer des lésions, tandis qu’introduits par voie intraveineuse ils restent vivants et virulents dans les groupes ganglionnaires qui desservent les organes thoraciques; 40 Les animaux Uiherculeux ou sensibilisés à la tuberculine par deux ou trois injections massives de cette substance dans les veines présentent une résistance très grande aux réinfeclions ou aux infections tuberculeuses graves, naturelles ou artifi- cielles, alors meme que celles-ci sont réalisées par voie intravei- neuse. Cette résistance, quoique moindre, paraît être de même nature que celle que confèrent les vaccinations soit par inocu- lation intraveineuse de bacilles humains ou bovins {Behring, Koch et Schültz) ou homogènes {Arloing), soit par inoculation sous-cutanée de ces mêmes bacilles (Lignières, Arloing), soit par insertion sous la peau de sacs en roseau collodionné contenant des cultures de tuberculose bovine ou humaine (Heymans). Il ne s agit là en aucune manière d'une immunité vraie, puisque les animaux ainsi vaccinés, bien qu insensibles à la réaction tubercujimque, restent porteurs de bacilles vivants et virulents et que ceux-ci sont capables, lorsque la résistance vient à fléchir, e créer dans Torganisme de ces mêmes animaux des lésions graves \ et puisque, d’autre part, ainsi que Boux et Vallée l’ont i émontré, la vaccination par voie veineuse ou sous-cutanée ne protège pas contre l’infection intestinale. Les faits que nous avons expérimentalement étudiés con- irment les observations des cliniciens qui attestent la rareté des tuberculoses pulmonaires à marche rapide chez les sujets antérieurement atteints de tuberculoses locales suppurées ou de tuberculoses ganglionnaires en apparence guéries. 1. Dans l’expérience de Melun (1906). chez les animaux vaccinés avec le bovo- vaccin de Behring, les bacilles de l’inoculation d’épreuve n'avaient pas encore de résorbés après six mois [Vallée et Rossignol, Moussu). L’Aldéhyde acétique dans le «in ; son origine et ses etiets. • Par M. A. TRILLAT (Avec les pl. VIII et IX.) PREMIÈRE PARTIE Formation des dépôts et mécanisme de la fixation de résidu aldéhydique à ia matière colorante du vin. HISTORIQUE La présence de dérivés aldéhydiques dans les vins a été observée pour la première fois par Doebereiner en 1821 : Liden- tilication de l’aldéhyde acétique ne semble avoir été faite que plus tard par Liebig, en 1835‘. Ce produit fut ensuite signalé dans le vin par Ghancel, puis par Mayne-Lahens^ qui le trouva aussi dans le vinaigre. Maumené^ a maintes fois constaté cette présence d’aldé- hyde. Dans son ouvrage sur les maladies du vin, Pasteur^ admet aussi l’existence d’aldéhyde acétique. Berthelot^ fait mention de composés aldéhydiques dérivés d’alcools polyatomi- (|ues formés au cours de l’oxydation du vin et des boissons fer- mentées. Depuis ces observations,un grand nombre d’auteurs ont reconnu que l’aldéhyde acétique existait dans les vins, le vinai- gre, les eaux-de-vie et les liqueurs ; son dosage est devenu d’une pratique courante dans les laboratoires. On voit par cette courte bibliographie que la notion de l’existence de l’aldéhyde acétique dans les vins et eaux-de-vie est connue depuis longtemps. Mais l’attention des œnologues n’a guère été fixée sur le rôle joué par cette aldéhyde, au cours des diverses modifications subies par le vin. Berthelot fut un des premiers qui le fît entrevoir dans sa théorie sur la formation du bouquet au cours du vieillissement. 11 fut un peu mieux précisé à la suite d’expériences qui mirent en évidence l’action énergique de l’aldéhyde acétique sur les 1. Journal de Pharmacie et de Chimie, t. IX, p. 513. 2. Journal de Pharmacie et de Chimie, t. XXVII, p. 37. 3. Traité du Travail des vins, 1874. 4. Etude sur le vin, 1866. O. C. R. (le VAc. des Sc., 1867, p. 983.- ALDÉHYDE ACÉTIQUE DANS LE VIN 705 coloran e du vm est constituée par une substance très oxydable des depots dans le vin soutiré, indépendamment des dépôts microbiens était liée de la manière la plus directe avec une absorption d oxygéné. Rappelons que les expériences de Pasteur ont consiste a piouver que le vin rouge, à l’abri de l’air, pouvait se conserver indéfiniment, sans formation de dépôt. absorption d’oxygène ayant toujours eu pour effet daldehydifier plus ou moins en même templ l’alcoowLique on pouvait se demander si ces dépôts, pour une partie, ne pro ’ rSTd 'f® "°'*'‘^*‘'aison de la matière iolorante avec aldéhyde acétique comme on le verra plus loin. Oti sait, en effet, par de mambreuse.s expériences, que aldéhyde acétique se forme facilement dans le vin sous l’in- uence dusoutirage, d’une exposition, ou d’une agitation à l’air Tdi^rdr "r"' ® vieillissement ou des maladies, c’est- a dire dans des circonstances qui accompagnent généralement la précipitation du dépôt. ® miaiement L’action des aldéhydes sur les vins rouges fut signalée par moi pour la première fois en ^891^ Comme démonstration indiquais qu une dose de 1/4000 de formaldéhyde précipitait uneT,Z:TbT A la suite de ces observations, M. .Jablin-Gonnet entreprit sur mes conseï s, une série d’essais dans le but d’utiliser cette rvÏn°" ™'‘tières colorantes étrangères Plus récemment, M. Ferdinand Jean a appliqué cette méthode au dosage, non seulement de la matière^colorante du ^ -‘-antes En 1898, M. Martinand» a trouvé que d’autres aldéhydes 1. £iude sur le vin, p. 117. t P. 311. 4. Ann. de Chimie analytique, 1906. 5. Revue de Viticulture, t. IX, p. 30G. 45 706 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR telles que l’aldéhyde acétique et les autres aldéhydes de la série grasse et même delà série aromatique, provoquaient les mêmes précipitations de la matière colorante du vin rouge que la for- maldéhyde ; il fit la remarque que les vins rouges se cassaient par une légère addition d’aldéhyde acétique, comme je 1 avais observé pour l’aldéhyde formique. Il émit l’hypothèse que la présence de l’aldéhyde acétique pouvait bien ne pas etre étran- gère à la formation des dépôts. Dans la fermentation normale, d’après cet auteur, il ne se produit pas assez d’aldéhyde pour décolorer le vin, mais il s’en formerait toujours assez pour pro- voquer un dépôt de niatière colorante. Enfin M. Poitevin, à la suite de plusieurs expériences, exprimait aussi l’opinion qu’il.pouvait bien y avoir une relation de cause à effet entre le dépôt qui se forme au cours de la casse du vin et l’augmentation en aldéhyde produite pendant la maladie. . Au moment où j’ai entrepris cette étude on connaissait donc déjà, à la suite de mes propres observations et de celles de Mar- tinand et de Pottevin postérieures aux miennes, l’action des aldéhydes sur la matière colorante du vin rouge. ^ Etant données les propriétés de l’aldéhyde acétique de s ace- tifier à l’air, de se combiner avec les alcools pour lormer des acétals, de se résinifier sous diverses influences, on pouvait se demander aussi si son rôle se bornait uniquement à insolubihser les matières colorantes et ne se manifestait pas encore, notam- ment dans la production du bouquet. D’autre part, la formation de l’aldéhyde acétique dans le vin dépend, nous le verrons plus loin, d’une foule de circonstances qui influent non seulement sur ses proportions, mais sur 1 ordre et la marche de ces combinaisons. * J’ai donc cru combler une lacune en etudiant d une façon plus précise ce rôle prévu, mais encore mal défini, de l’aldéhyde acétique, en établissant par de nombreuses expériences la part (lu’on peut définitivement lui attribuer dans les modifications du vin, telles que la précipitation, le vieillissement et les altera- DirisioM.— Après avoir établi le choix d’une méthode de dosage de l’aldéhyde acétique, j’étudierai, dans la première partie e ce ALDÉHYDE ACETiQUE DANS LE VIN 707 travail l’action général e de l’aldéhyde sur le vin ; l’analogie exis- tant entre les dépôts normaux et les dépôts provoqués par aidé- hydification artificielle; leur composition chimique et k mode de lormation de ces dépôts. Dans la deuxième partie, i’ex&mmBVBi l’origine de l’aldéhyde acétique dans les vins et les influences qui font varier ses proportions, telles que l’aération, l’agitation, la température la composition du vin, les altérations, etc. La troisième partie sera consacrée à l’étude du rôle de I aldéhyde au cours des modifications du vin, comme le vieil, lissement et les maladies. Choix d’une méthode pour le dosage de l aldéhyde acétique. ^ Le dosage de l’aldéhyde étant une des bases de ce travail J ai porté toute mon attention sur le choix d’une bonne mé- thode. Les erreurs que l’on peut commettre dans ce dosage sont si nombreuses que je crois indispensable de décrire le mode opératoire que j’ai adopté au cours des essais Des exemples recents’ prouvent en effet que des chimistes expéri mentes peuvent, pour le même cas, obtenir des chiffres variant du simple au quintuple. J’estime donc que mes observations pourront être de quelque utilité. Les trois procédés les plus recommandables sont les sui vants : 10 procédé au bisulfite de rosaniline; 2» procédé au chlorhydrate de métaphénylène-diamine; 3» procédé au phénol de MM. Barbet et Jeandrier. ^ Le premier est utilisé surtout en France ; le deuxième l’est plus spécialement en Suisse et en Allemagne; l’usa-e du troi- sième est plus limitée ^ Toutes ces méthodes reposent sur des évaluations colorimé- triques; les deux premières notamment donnent lieu à des cr itiques diverses qui peuvent se résumer ainsi : D Les colorations sont communes à toutes les’ aldéhydes de la serie grasse et de la série aromatique et à la plupart de leurs dérivés comme les acétals ; 2» Pour une même aldéhyde, il n’existe aucune proportion- M, ^ oau.-de.v,o cl alcools, pac 2. Ballet, de VAssoc. des Gfiimistes de sucrerie, 1906, p. 2U. annales de L’INSTITUT PASTEUR nalité entre le temps d’apparition de la coloi’ation, son inten- sité et la teneur en aldéhyde ; 3» Dans les comparaisons colorimétriques avec des types préparés à l’avance, les évaluations sont inexactes si ces types et les distillats à essayer n’ont pas exactement le même degre alcoolique : par exemple, si on dose l’aldéhyde dans un disti lat à 5 degrés d’alcool avec un type de comparaison d un degre dil- férent, les indications seront défectueuses au point de donner des écarts considérables; i r i 40 Les procédés en usage ne tiennent pas compte de la- déhvde provenant de l’oxydation de l’alcool au cours du dosage. , Pour diminuer dans la limite du possible ces causes d’erreurs, j’ai opéré de la manière suivante : Après avoir expérimenté la valeur comparative de ces me- thodes, j’ai adopté la plus ancienne, celle au bisulfite de rosam- line avec la formule donnée par M.Gayon. Les distillations pour les dosages les plus délicats étaient ell'ectués sur 100 c. c. de liquide, dans des ballons de 200 c. c. de capacité, dans lesquels on faisait passer un courant d acide carbonique. Le distillât, soit 50 c. c., était ramene a son volume primitif, on en prenait le titre alcoolique et la comparaison- colorimétrique avait lieu avec des types de mèni^e degre. Une première comparaison indiquait tout d’abord la richesse approxi- mative en aldéhyde. On procédait ensuite à une deuxieme éva- luation définitive avec des types plus voisins. La préparation de ces solutions types d aldéhyde exige le grands soins. J’ai rejeté, pour la confection des types, 1 emp 01 préconisé de l’aldéhydate d’ammoniaque : la solution s alteran très vite, il est préférable d’aspirer dans une ampoule taree de l’aldéhyde acétique pure refroidie par un mélangé réfrigéra , l’ampoule est bOsée dans le liquide alcoolique qui est ramene ensuite par dilution au titre voulu. Les comparaisons doivent se faire à la même température; la distillation dans le meme temps et dans les mêmes appareils. . Sans l’observation rigoureuse de ces précautions, onrisq fort d'avoir des résultats inexacts. ,,;n et de Dosage de l’aldéhyde totale. — La distillation du v l’eau-de-vie, telle qu’on la pratique dans la méthode courante, ALDÉHYDE ACÉTIQUE DANS LE VIN 709 donne bien toute l’aldéhyde libre, mais elle ne fournit qu’une partie de l’aldéhyde combinée aux divers éléments du vin ; alcool, matière colorante, acide sulfureux, etc. En ajoutant des doses connues d’aldéhyde acétique à du vin roug-e, on ne retrouve pas la totalité de l’aldéhyde introduite. Les acides org-aniques du vin ne décomposent donc que par- tiellement ces combinaisons. • • Si, au moment de la distillation, on ajoute au vin ou à l’eau- de-vie une petite quantité d’acide minéral comme l’acide phos- phorique, on trouve g-énéralement* un excès d’aldéhyde acétique qui atteint parfois le tiers de la quantité trouvée dans la distilla- tion simple. C’est ce que met en évidence le tableau suivant: TABLEAU I DOSAGE SANS ACIDE aldéhyde en millîg. 0/00. DOSAGE en présence d’acide phosphorique. Vin rouge Aramont 1906 45 55 Vin rouge Aramont 1905 35 45 Bordeaux (vieux) 35 67 Bourgogne (vieuxi 90 115 Vin blanc (vieux) 45 48 Eau-de-vie (1895) 364 407 Eau-de-vie (1896) 362 561 Xérès (15 ans) 276 418 Gomme on le voit, les différences sont loin d'être négligea blés et les cliiffces d aldéhyde totale donnés jusqu’à ce jour par les auteurs risquent fort d’être inexacts. Dans les depots de vin en suspension dans l’eau, la distilla- tion pratiquée en milieu neutre ou en milieu tartrique ne donne pas trace d aldéhyde : par addition d’une petite quantité d’acide phosphorique, on régénère l’aldéhyde combinée. M certains vins ou eaux-de-vie n’ont donné ces expn.nipc ^ J® l’^i même pas observ(3e. Dans lïhie ^ ® distillation a sulli pour extraire toute l’aldéhyde récupé- 710 ANNALKS DE L’INSTITUT PASTEUR Il résulte de ces expériences qu’il y aura lieu de modifiei* la méthode habituelle quand on voudra se rapprocher delà quan- tité théorique d’aldéhyde combinée aux éléments du vin. Dans ce cas, il suffît d’ajouter au vin ou aux liquides à distiller 3 à 4 c. c. pour 100 d’acide phosphorique officinal. Lorsqu’il s’agit d’évaluer l’aldéhyde dans les dépôts, on opère sur 2 grammes que l’on délaie dans 100 c. c. d’eau additionnée de 3 c. c. d’acide phosphorique. 1 FORMATION DE DEPOTS SOUS l’iNFLUENCE DE l’aLDÉHYDIFICATION DU VIN Le rôle de l’aldéhyde acétique dans la formation des dépôts de vin ressort des considérations suivantes que j’examinerai successivement : 1° Les aldéhydes de la série grasse et les acétals ont une grande affinité chimique pour la matière colorante du vin rouge et provoquent, à faibles doses, la formation de précipités; 2° Les dépôts peuvent être obtenus à l’abri de toute inter- vention de l’air, si le vin se trouve préalablement aldéhydifié ou additionné d’acétal éthylique ; 3® Ils présentent à l’examen microscopique les mêmes par- ticularités que les dépôts normaux; 4® Les dépôts de vins peuvent par distillation régénérer uiu^ petite quantité d’aldéhyde acétique. 1 1. Action de V aldéhyde acétique sur le vin. J’ai étudié directement l’action de l’aldéhyde.acétique sur un grand nombre de vins rouges de provenances variées et dont on connaissait l’âge et la composition. Ils étaient additionnés, en séries, de doses croissantes d’aldéhyde acétique ; on notait l’apparition du dépôt dans chacun d’eux, comparativement à des témoins. Le tableau suivant indique tout d’abord que la rapidité de la précipitation de la matière colorante du vin rouge croît avec la dose d’aldéhyde. ALDEHYDE ACÉTIQUE DANS LE VIN 7H TABLEAU II DILUTION Je l’aldéhyde dans le vin. OBSERVATIONS APRÈS — 12 h. 24 h. 48 h. 3 jours. 8 jours. 1 15 jours. 30 jours. 90 jours. 1/500 Trouble. Dépôt. 1/1000 Trouble. Dépôt. 1/2000 ' Clair. Clair. Trouble . Dépôt. 1/5000 Clair. Clair. Clair. Clair. Dépôt. 1/10000 Clair. Clair. Clair. Clair. Clair. Trouble. Dépôt. 1/20000 Clair. Clair. Clair. Clair. Clair. Clair . Dépôt. Dépôt. 1/40000 Clair. Clair. Clair. Clair. Clair. Clair. Léger dépôt. ? 1/50000 Clair. Clair. Clair. Clair. Clair. Clair. Léger dépôt. Dépôt. Témoins. Clair. Clair. Clair . Clair. Clair. Clair, j Clair. Léger dépôt. Les mêmes phases de précipitation se reproduisent pour le même vin, mais si Ton fait varier l’orig-ine du vin, les quantités d’aldéhyde nécessaires pour provoquer la précipitation ne sont plus les mêmes. . . / Les vins suivants, d’origines différentes, ont été additionnés de 1/5000 d’aldéhyde et ont donné lieu aux observations sui- vantes : TABLEAU 111 ORIGINE DU VIN OBSERVATIONS après 8 jours. OBSERVATIONS après 15 jours. OBSERVATIONS après 1 mois. Aramont (1906) . . Dépôt. Aramont (1907) .. Clair. Clair. Dépôt. Beaujolais (1907). . Dépôt. Vieux Beaujolais Clair. Clair. Dépôt. Vin d’Algérie (1902). . Dépôt. Bordeaux (1898) Clair. Clair. Dépôt. Vin de Savoie Clair. Dépôt. Dans les vins à faible degré alcoolique, comme les vins d Aramont, la dose de 5 centigrammes par litre sufOt pour provoquer la précipitation après 2 mois, et la dose de 10 cen- 712 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tigrammes après 15 jours, les témoins restant indemnes de tout dépôt apparent. Il résulte de ces expériences que la composition du vin, pour une dose déterminée d’aldéhyde acétique, a une grande influence sur la vitesse de Tapparition du dépôt. A quoi tient cette différence ? Evidemment à une plus ou moins grande solubilité du dépôt selon les circonstances. Pour le démontrer, j’ai fait va- rier pour un même vin le poids des éléments suivants : alcool, acidité, sucre et glycérine. Le tableau lY indique ces variations, en meme temps que les résultats correspondants obtenus. TABLEAU lY ÉLÉMENTS DE composition. Vin. Diminution du degré alcoolique. Augmentation de la glycérine. Diminution de l’acidité. Augmentation du sucre. Alcool 10“ 2o 10» 10“ 10“ Glycérine 7 7 15 7 7 Acidité 5 5 5 1 5 Sucre 2 2 2 2 10 • Ces vins addit ionnés de 1/5000 d’aldéhyde acétique ont donné lieu aux observations suivantes : Apparition du dé- pôt après 8 j . , Néant. Dépôt. Néant. Dépôt. Néant. Apparition du dé- pôt après 15 j . Néant. Néant. Néant. CONCLUSION Le dépôt apparaît donc d’autant plus rapidement dans un vin que le degré alcoolique est moins élevé et qu’il est plus riche en sucre ou en glycérine. Ces observations expliquent bien pourquoi un vin additionné d’aldéhyde est parfois très lent à précipiter. Ainsi des vins additionnés de 1/800 d’aldéhyde n’ont déposé qu’après 8 jours. Par contre, d’autres vins sont tellement sensibles à l’action de l’aldéhyde acétique qu’une dose de 1/80000 a suffi pour ame 713 ALDlîllYDE'ACÉTIQUE DANS LE VJN ner un commencement de dépôt que ne présentaient pas les té- moins après une période de 3 mois de contact (expérience faite sur des vins de coupag-e du Midi, titrant 7« et prélevés à Paris pendant les mois de juillet, août et septembre 1906). On verra plus loin, à propos du rôle de l’aldéhyde acétique dans le vieillissement du vin, que les acétals, comme les aldé- hydes dont ils dérivent, agissent sur la matière colorante du vin, avec laquelle ils forment à la longue les mêmes précipités dans les mêmes conditions. §.2. Formation de dépôts à V abri de Vair. La précipitation de la matière colorante du vin peut être obtenue, contrairement à la notion qu’on en avait, en dehors de • toute intervention de l’air, si le vin est aldéhydifié artificielle- ment au moment de l’expérience. a) On a répété 1 expérience de Pasteur en faisant le vide, sur des vins contenus dans des ampoules de verre, dans les- quelles on faisait pénétrer ultérieurement quelques milligrammes d aldéhyde acétique. Il faut avoir soin, dans cette expérience, de bien purger le liquide de ses moindres traces d’air. Témoins et essais déposent dans le même temps. b) Pour être plus sûr qu’il n’y a pas de traces d’air retenues pai le liquide, on a répété les essais en présence d’acide carbonique et d’hydrogène. A cet effet, les échantillons de vin étaient placés sous une cloche à vide, dans laquelle on faisait passer un grand nombre de fois de l’acide carbonique ou de l’hydrogène. Au moyen d’un dispositif spécial, on introdui- sait l’aldéhyde acétique dans le vin. Dans tous les cas, il y a eu dépôt de matière colorante. c) On remplit aux deux tiers une série de tubes à essais avec un vin rouge et on fait couler sur le vin une couche d’huile de 2 a3 centimètres d’épaisseur, ce qui est sufbsant pour intercep- ter le contact avec l’air pendant plusieurs heures. Au moyen d un tube très effilé on introduit dans l’intérieur de la couche de vin quelques gouttes d’aldéhyde acétique; le dépôt se pro- duit de la même façon que dans les tubes témoins exposés à l’air. d) La formation de dépôt d’origine aldéliydique dans le vin est encore démontrée parla régénération de petite* quantité d’al- rtehyde provenant d’un traitement approprié des dépôts. 7i4 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Les dépôts provenant des lies ou des raclages des parois de bouteilles, après avoir été broyés, sont lavés à Peau distillée jusqu’à disparition complète d’alcool et ensuite séchés au bain- marie. On pèse 2 grammes de ces dépôts secs que l’on place dans un ballon de 100 c. c., contenant 50 c. c. d eau distillée, additionnée de 2 grammes d’acide phosphorique. On procède ensuite au dosage de l’aldéhyde suivant la méthode que j ai indiquée. Le tableau suivant exprime les résultats obtenus en dosant l’aldéhyde des dépôts de lies et de bouteilles. TABLEAU V NATURE DES DÉPÔTS Aldéhyde exprimée' en milligr. pour 1000 grammes de dépôt sec. Lies de vin blanc provenant des entrepôts de Bercy. 134 Lies de vin rouge provenant des entrepôts de Bercy. 240 Dépôts de tonneau (vin rouge du Midi) 180 Dépôts de bouteilles (vin de Savoie) 470 60 m 120 Ces chiffres ne sont pas négligeables, étant donnée, comme je l’ai montré plus haut, l’influence exercée à la longue par des doses infinitésimales d’aldéhyde acétique sur la matière colo- rante du vin rouge et qui s’explique, comme on le verra plus loin, par la grande différence des poids moléculaires des substances en jeu. Des résultats semblables sont donnes par la plupart des dépôts de vin, surtout dans les dépôts de vins vieux : ils indiquent donc qu’une fraction au moins de ces dépôts est d’origine aldéhydique. I 3. Examen microscopique. Les précipités que Ton obtient par l’aldehydification artifi- cielle du vin offrent la plus grande analogie avec les dépôts nor- maux. Ils sont caractérisés par des granulations régulièrement ALDEHYDE ACETIQÜE DANS LE VIN 715 sphériques, d’une couleur brun-rouge et formant des dépôts adhésifs auxparoisdesrécipients; on distinguedesfeuille ts trans- lucides, sous forme de voile, renfermant des granulation s et quelquefois des cristaux de tartre. La particularité, signalée par Pasteur, de la présence de granulations violettes dans les depots normaux, se rencontre souvent dansles dépôts artificiels . Afin de rendre cette analogie plus frappante, j’ai comparé les dépôts artificiels de vin obtenus par l’addition d’une dose de 1/5000 d’aldéhyde acétique avec les dépôts quePasteur décrit comme normaux et qui sont si bien représentés dans son ouvrage sur le vin. ^ Les figures 1 , 2, 3, de la planche VIII sont des types de dépôts ■ormaux de vins jeunes ou vieux, d’après Pasteur. Les figures 4, 5 et 6 de la même planche correspondent aux dépôts artificiels . Dans les 2 cas on reconnaît les 3 états physiques bien dif- férents des dépôts ; 1» Granulations réplières, analogues à des cellules organi- sees, tant leur sphéricité est parfaite; 2» Granulations en petits amas formant des couchesadhésives d un rouge brun; 3» Feuilles translucides colorées en rouge brun plus ou moins foncé. La planche IX représente d’une part(fig. 1) les particularités, signalées par Pasteur, de granulations diversement colorées et que Ion trouve dans les dépôts normaux. La figure 2 repré- sente les mêmes particularités que l’on trouve dans le dépôt ETeuTet rouge, après Ainsi donc, comme l’examen chimique, l’examen microsco- pique tend aussi à prouver qu’une partie plus ou moins impor- tante des dépôts considérés comme normaux de vin est constituée par des dépôts d’origine aldéhydique, dépôts qui augmentent chaque fois qu’une circonstance favorisera le développement de l’aldéhyde dans le vin. I 4. Fixation du résidu aldéhydique à la matière colorante du vin. ^ On peut se demander comment se fixe le résidu aldéhydique a a matière colorante du vin rouge qu’il insolubilise. Gela m’en- 716 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUU traîne tout d’abord à donner quelques explicalio'ns sur ce que l’on sait de la constitution de celle-ci. La couleur du vin nest pas due à une matière colorante unique. M. Armand Gautier a démontré qu’elle avait une composition différente selon le cepage. D après lui, 1 en semble des matières colorantes retirées du vin formerait une famille naturelle decorps ayant une composition très analogue, ce sont des acides faibles, appartenant à la série aromatique par leurs propriétés et leur mode de dédoublement. On connaît aujourd’hui plusieurs matières colorantes du vin. La première a été analysée en 1858 parGlenard'. M. A. Gau- tier a retiré des raisins de Carignan et de Grenache, cepages bien connus dans le midi, deux autres matières colorantes, répondant aux formules C^‘ IF 0“ et G** 0“. Le Pinot, le Teinturier, donnent des matières colorantes analopes, tandis que celles provenant de l’Aramont est fort différente*. En même temps, on rencontre dans les vins, en petite quantité, une matière colorante azotée qui, d’après les analyses de M. A. Gautier, serait un dérivé amidé : ce serait la plus facile- ment enlraînable par le collage. M. A. Gautier, en dédoublant ces matières colorantes, a mon- tré quelles correspondaient à des acides tétratomiques, renter- rnant par conséquent plusieurs groupements hydroxylés. Cette constitution se trouve vérifiée par les propriétés tinctoriales e la matière colorante du vin*. Il a été en effet prouve que es couleurs se fixant sur les libres textiles renfermaient soit le groupement phénolique OH, soit le groupement amidogene AzH. •5N- ^ La composition de la'matière colorante du vin rouge, établie par M. A. Gautier, va me permettre d’expliquer le mécanisme de sa précipitation en présence dune aldéhyde. L’action précipitante des aldéhydes vis-à-vis des phénols et des composés à fonction amidogène a déjà été étudiée par plu- sieurs auteurs et j’ai publié moi-même des observations sur cette question \ Ann. de Phys, et Ch., LIV, p. 66. 2. C. R. Acad, des Sc., juin 1878. 3. Recherches nouvelle sur les vins, thèse, Lyon, 1891. 4. WuRTz, Dict. de Chimie; Fascicule : Article Phénols. 747 ALDÉHYDE ACÉTIQUE DANS LE VIN Quand on met en présence une aldéhyde énergique, comme Ealdéhyde formique que je vais prendre comme exemple, avec un phénol ou un polyphénol, il y a soudure du rési-lii méthylénique par les noyaux aromatiques avec élimination d’eau, on obtient des corps cristallisés et bien définis possédanl, la constitution suivante (R étant un noyau aromatique) fig. 1 : Z H U Mais l’aldéhyde peut encore réagir sur les hydroxyles. C’est le cas le plus général pour les polyphénols : on obtient des pré- cipités amorphes d’autant moins solubles que le nombre d’ hydroxyles soudés est plus grand (fig. 2). OH "'OH Cette soudure facilite la réunionde plusieurs molécules(fig. 3). R— OH X O O Avec les composés aromatiques amidés ouirnidés, le phéno- mène est le même et je crois en avoir fait la démonstration en 718 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR étudiant Taction de l’aldéhyde sur la leukaniline et certaines matières colorantes du triphénylméthane L Une solution de rosaniline se comporte exactement comme la matière colorante du vin rouge. Il y a décoloration, virage de la couleur et précipitation sous forme de dépôt amorphe granulé plus ou moins soluble, selon que l’action de Taldéhyde est plu» prolongée, c’est-à-dire selon que le nombre de résidus aldéhy- diques soudés est plus grand. Les analyses suivantes que j’ai faites antérieurement d’une leukaniline aldéhydifiée ne laissent en effet aucun doute sur la fixation de résidus méthyléniques, démontrée par l’augmen- tation de poids du carbone et de l’hydrogène. Leukaniline Leukaniline I G19 H*® Az'-* transformée. 78,89 79.89 6,57 6,72 14,53 13,45 D’après l’analogie et d’après ce que nous savons sur la ques- tion, l’aldéhyde acétique doit se comporter de la même façon que l’aldéhyde formique. Les essais suivants viennent encore à l’appui de cette hypothèse. La combinaison entre l’aldéhyde acétique et la matière colo- rante du vin rouge n’exige qu’une très petite quantité d’aldé- hyde, étant donnée la différence de leurs poids moléculaires. Mais cette différence, d’après le mécanisme que je viens d’expliquer, doit se manifester par une augmentation légère mais constatable du poids de la matière colorante précipitée. C’est ce que j’ai vérifié en comparant l’extrait d’un vin rouge aldéhydifié en excès. (J’indique plus loin les précautions à pren- dre pour la réussite de ces essais.) Carbone . . . Hydrogène Azote \,C. R. 1893, I, p. 1382; Bull, de la Soc,chim., 1893, p. 565 et 610. ALDÉHYDE ACETIQUE DANS LE VIN TABLEAU VI POIDS DES EXTRAITS TÉMOINS pour un même vin. POIDS DES EXTRAITS après aldéhydification. 1 2oJ54 —O 25,200 2 23,160 25,210 3 23,160 25,212 ' 4 25,153 25.205 Les différences, quoique dans le même sens, sont faibles. J’ai répété le même essai sur du vin rou^e concentré au 1/3. Les différences ont été' plus nettes. TABLEAU VU POIDS DES EXTRAITS TÉMOINS POIDS DES EXTRAITS après aldéhydification. 74,622 75,630 74,624 75,630 1 74,624 75,628 74,625 • 75,632 L’hypothèse que je viens d’émettre au sujet de la fixation du résidu aldéhydique à la matière colorante du vin n’est donc pas purement d ordre théorique : elle s’appuie sur des expé- riences et des analogies et cadre bien d’ailleurs avec toutes nos connaissances sur les propriétés des aldéhydes et des poly- phénols. Elle explique notamment l’insolubilité variable et plus ou moins grande des dépôts d origine aldéhydique. EXPLICATION DES PLANCHES Vlll ET IX ei. VIII, — Fig. 1, 2, 3. Dépôts normaux d’après Pasteur. — Fig. i, 5, 6. Dépôts provoqués par aldi-hydifîcation. PI. IX. — Fig. 1. Coloration des granulations des dépôts d’un vin rouge aldéhyditié. — Fig. 2, Coloration des granulations des dépôts normaux, d’après PasteiK.^ LE ZINC CHEZ LES PLANTES Recherches sur sa présence et son rôle “ Pak Maurice JAVILLlEll (Travail du laboratoire de M. G. BERTRAND) L’analyse élémentaire des plantes montre que treize élé- ments chimiques interviennent de façon constante dans leur composition. Ces éléments C, II, O, N, P, S, Cl, Si, K, Na, Ca, Mg, Fl, ont dans la vie végétale une importance que leur abon- dance même permettait de prévoir. Les recherches physiolo- giques, poursuivies depuis un demi-siècle, ont précise le rôle de ces éléments; elles ont eu pour conséquence pratique Tuti- lisation raisonnée, en agriculture, des engrais minéraux. Mais, en appliquant des techniques analytiques très sen- sibles, les chimistes ont trouvé chez les plantes d’autres élé- ments chimiques : l’iode, le bore, l’arsenic , 1 aluminium, le manganèse, le cuivre et beaucoup d’autres, si bien qu aujour- d’huile nombre des éléments signalés chez les végétaux dépasse trente. La liste de ces éléments est d’ailleurs loin d être close; de nouveaux perfectionnements apportés aux méthodes d’ana- lyse l’étendront sans nul doute. On se trouve dès lors conduit à se demander quel intérêt physiologique présentent des corps que l’on rencontre seule- ment à l’état de traces. Si l’on devait mesurer l’importance biologique d’un élément à sa masse dans l’être vivant, celle des éléments en question serait assurément bien petite ou nulle. Mais tel n’est point le cas. Tout un ensemble d’observa- tions a montré que, dans les réactions de la chimie physiolo- gique comme dans celles de la chimie générale, des doses, infi- nitésimales de certains éléments peuvent intervenir à ûtie d’agents catalytiques, C’est le cas du manganèse dans les phéno- mènes d’oxydation par la laccase; c’est celui du calcium dans certains phénomènes de coagulation et de protéolyse, etc. Si la découverte des « infiniment petits organisés » a jete la lumière sur la nature des fermentations et l’origine des 721 W' LE ZINC CHEZ LES PLANTES maladies infectieuses, l’intervention des « infiniment petits clnm,ques » expl.que à son tour un grand nombre de pheW rpll?.' à r T générales, j’ai commencé l’étude du zinc dans les plantes. Ce métal avait été caractérisé à l’état de traces dans quelques végétaux - et trouvé en proportions sou- vent elevees dans les plantes dites « calaminaires „ ^ que l’on (Haute-Silesie, Vieille-Montagne, etc.). Mais il n’existait à ce rdeCr" ‘T**! plusieurs cas, l’absence fitud^î r r”^ r expérimentale jetait quelque incer- titude sur la valeur des résultats publiés. J’ai pu aborder la question grâce à la technique nouvelle de précipitation et de dosage du zinc que nous avions étudiée, méth / ' à rappeler ici que k rchairre l® zinc donne avec la chaux une combinaison (zmcate de calcium) extrêmement msoluble, se précipitant à l’état microcristallin lorsqu’on lles"pouri ammonia- loiiaue du à la recherche bio- logique du zinc, je renvoie au mémoire plus étendu que j’ai publie sur cette question ^ On y trouvera exposé le détail des a e"ûri rirTf précautions qui mettent l’opé- toute son exa'tÏud: terrliîi7dîére'‘f provenant de lion chL r et leur composi- lon chimique La majorité d’entre elles provenait pourtant de lerrain primitif à roches granitoïde ou trachitique résumés en un tableau, quelques résultats expérimen- Voici taux danV le''bt™re ^ depicea, de vigne, de chêne... nar ^ Bellamy dans les bois de pin. d’enifp-i H,. 1 r? LiEchartier 2 On ' de chene... par Demarcay. I* " généralement ce nom aux espèces suivantes pni, Viola Lutea Sm. var. calarrnnariaTfh^^^^ ^^Pèces suivantes : ’WilId., var.e/ont7«/a,.dA/me èa''rï>m/r1!?7^T marüima -lyes et le.s détails techniques, crsuUer Jav Ulier r' '«dicadons bibliographi- '■ ï “'•«'Tîis'y ï'r*i Æ (1007). ■ ' ■ G^LIII, p. 900 (1900), IbùL^ i, GXLV, p. 92i !•. Thèüc citée. 46 722 ANNALES DE L’INSTIÏUT PASTEL R FAMILLES ESP !■; CES végétales. PARTIES employées. ORIGINE géographique. ZINC 0/0 de cendres. ZINC 0/0 de mat. sèche. gr- gr. Conifères. Abies jirctinota D. C. Tige jeune. Formes (Morvan). 0,150 0,0023 — — Feuilles. — 0,070 0,0033 — Pinus slrobus L. — — 0,103 0,0030 — Larix europtea D. C Rameaux av. feuilles. — 0,040 0,0047 — Juniperus commwiis L. — — 0,048 0,0029 Graminées. Agropyrum repens P. B. Rhizôme. non caract. — Tritiexm sativvm L. Fruits. caractérisé. — Avena saliva L. — caractérisé. Bétulacées. Betula alba L. Ecorce. ormes. 0 120 0,0135 — Ahius gl'utmosa Gœxit. ameaux. — 0,006 0,0002 Corylacées. Carpinus betulus L. Feuilles. 0,034 0,0035 Cupuiifères Qvex'cus robur]L. — Corse. 0,026 0,0017 Urticacées. Ficus carica L. Feuilles. 0,008 0.0014 _ Caumbis saliva L. Graines. ? 0,034 0,0043 Poiygonacées. Polygonum fagopy'rum L. Fruits. ? 0,056 0,0002 Crucifères. Sinapis alba L Graines. 9 0,022 0,0022 ■ — Thlaspi calaminare Lej. Racines. Gîte calamin. 7,6 0,7448 _ — Parties aériennes de Moresnet. 3,05 0,4971 Vjolacées. Viola calauiinaria Sm. Racines. — 1,14 0,1345 — — Parties aériennes. — 0,775 0,0835 — Viola trie ol or L. Plante entière. — 1,180 0,132 Caryophyllacées. Alsine verna Berth. — — 2,419 0,265 Sapindacées. Æsculus hippocastanumL Tige. Paris. 0,006 — Ampélidacées. Vitis vinifera L. — Nuits (C.-d’Or). 0,030 0,0037 Légumineuses. Leus esculenta Niæuch. Graines. Auvergne. 0,116 0,0095 — Medicago saliva L. — ? 0,033 — — Bobinia pseudo-acacia L. Feuilles. Lormes. 0,011 0,0011 Rosacées. Primus spinosa Tourn. Rameaux. Nuits. 0,006 0,0005 Plombaginacées. Arxneria elongata Hoppn. Racines. Moresnet. 1,791 0,1175 — — Org. aériens — 0,420 0,0459 Oléacées. Olea europœa L. Feuilles. Corse. 0,017 0,0012 — Fraximis cxcelsior L. — Lormes. 0,004 0,0004 Gentianacées. Gexüiana lutta L. Racine. Auvergne. 0,074lo.0037 Solanacées . Solamnuxn dulcaxnara L Tige. ? non ( caract. Loganiacées. Strychnos xiux vomica L. Graines. ? 0,006 0,0004 Scrofulariacée.s. Digitalis purpurea L. Feuilles. Lormes . 0,037 0,0032 — — Graines . Auvergne. 0,155 0,0053 Plantaginacées. Plaxxtago lonceolata L. Racines. Moresnet. 3,66 — — — Tiges et feuilles - 0,912 0,0875 Cucurbitacées. Bryonia dioica Jacq. Rhizôme. Auvergne. 0,018 0,0010 Caprifoliacées. Sambucus nig'ra L. Rameaux av. feuilles. Lormes. 0,014 0,0015 Composées. Ax'uica montana L. Inflorescences. Auvergne. 0,020 0,0018 — Tussilago farfara L. F euilles ? 0,014 0,0037 Champignons. Psalliota caxnpestris L. Pied et chapeau. ? 0,056 0,0102 — Poly parus ofticinalis Fr. Chapeau. ? 0,134 0,0021 Algues. Laminaria sacck. Lax'ux Thalle. Manche. 0,007 0,0010 _ Fucus vesiculosus L. — — 0,008 0,0019 Crypt. vase. Equisetum limosum L, Plante entière. Tours. non caract. — Pteris aquilina L. F rondes . Essen, 0,160 0,0239 — Polystichum jllix-mas R. Rhizomes. ? 0,129 0,0060 723 LE ZINC CHEZ LES PLANTES anal[rel‘!"c’est'dabord Ta ^iTnl^cTnTanr d": tTa^Tnatr::- dt r; r-^7dT:i;^;S quan.ité’s non LgligeE de ^Tll" possible d’écrire, comme avait cru pouvor rfaLÏT'^'"' ae^LToTtrTdiT’sTTs’ltnre'^^ ‘ 3ur les sols voLins LTml:: t T qu il est très commun dans les cendres r) " titre^que l’oxyde de fer ou l’oxyde de mangaTTe""’ " racin^TTes^^fS::; 'Crs^'/raîres^dri vëg^etal. ^ eference dans tel membre du la famTlïe Ts' conl*fèrtr‘^“ra''îr''“''^ caractéristique au noin^T ^ ^"^itable =rJ:r:x,;':4 Er ~ ‘“ï banai II y a Toa'..! '^7 ”1 “ P'",' "" •«'“ i> '»« reprises par DfhéLin ^xpe'riences de Trinchinëtti, abLrbenftLs Tes éléments P'“‘- milieux dans lesquels on les fait"'^ '"“‘des ou dangereux, des la littérature sciSqTe un T 'T' '* 7 “-it dans l’ intervention du 7inr xemp e tout à fait classique, où -.0. .p “„t »"■".« indi.pa„s.bl. i, I. n..,« .„L., .„:'V. .T 2".“ sur la teneur en zinc des '-uvera le détail avec tes in caTo'nTbtr: etc.,. On en ïnent signalée. bil^Iiograplnques dans la thèse précédem- ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR lU végétation d’une moisissure, VAsperglllus niger\»Tg\\. Je fais allusionici au travail bien connu de Raulin. On sait comment les faits mis en évidence parce savant ont été contredits, et com- ment j’ai pu, par l’application d’une technique rigoureuse, non seulement les rétablir, mais encore en accroître la signification et l’intérêt*: J’ai montré, en effet, qu’une dose extraordinaire- ment petite de zinc — l/o0,000,000 du milieu de culture par exemple — est utilisée par la moisissure qui fixe le métal et, grâce à lui, accroît singulièrement de poids; j’ai montré que 1/10,000,000 de zinc dans le milieu suffit pour jfaire attein- dre à la mucédinée son poids maximum. L’Aspergilius consti- tue un véritable réactif biologique du zinc, réactif merveilleu- sement sensible, puisqu’il en décèle le cinquante millionnième et permet, dans des conditions déterminées, de faire de vérita- bles dosages au demi-centième de milligramme. Cette action du zinc était-elle spécifique? Il y avait lieu de penser qu’elle ne l’était pas. Aussi ai-je tout de suite cherclié à retrouver des faits du même ordre avec d’autres végétaux : j’ai choisi dans ce but des levures et diverses plantes phanéro- games. J’ai étudié à ce point de vue deux levures : l’une, une levure du Bordelais, qui vit très facilement en voile à la surface de ses milieux de culture, en large aérobiose par conséquent, et en cela très comparable à VAspergilliis ; l’autre, une levure du Gard, se comportant au contraire en ferment alcoolique. Ces deux levures ont fourni des résultats dont le rapprochement est très instructif. En faisant vivre la première, la levure-végétal, sur un milieu approprié renfermant des sels minéraux, et, comme ali- ments organiques, de l’acide tartrique et du saccharose, j’ai vu que l’addition de très petites quantités de zinc permet de mul- tiplier les récoltes par 2, 3 et même par 4. Voici, par exem- ple, le chiffre d’une expérience : 1. C. B., t. GXLY., p. 1212 (1907), e\ t. CXLVI, t. p. 365 (1908). LE ZINC CHEZ LES PLANTES. 72o Dilution du zinc. Levure obtenue. Sucre consommé. Pas de zinc.. Ogr.322 58%2 1/10,000,000 .... 0s‘’/l,'>0 1/1.000,000 Os'’ 908 1/100,000 Isr 087 18sr,50 1/10,000. ls‘’,483 Les faits, dont je ne puis ici reproduire le détail, montrent que 1 action du zinc sur la levure expérimentée est de même sens que pour VAsperÿt/hfs. Mais la levure « réagit au zinc », SI je puis m’exprimer ainsi, moins vivement que la moisissure. Avec des doses inférieures au dix-millionnième, on n’observe pas d action très manifeste, on reste dans la zone d’accroisse- ment des récoltes depuis 1/10,000,000 jusqu’à 1/10,000, mais l’on peut obtenir des cultures encore très prospères en présence de 1/1000 de zinc. Moindre sensibilité aux très petites doses, résistance plus grande aux doses élevées, tels sont les carac- tères qui, dans ses relations avec le zinc, différencient notre levure de V Aspergillus, mais les faits restent de même sens. 11 n en est pas de même quand on étudie la levure-ferment. Celle-ci fonctionne surtout comme organisme sécréteur de zymase, et c est 1 action du zinc sur cette zymase qui donnera au phénomène son orientation. Or, l’expérience montre qu’à des doses où le zinc agit énergiquement sur la multiplication de la levure -végétal, il n’exerce aucune action appréciable sur la fermentation. Il y a là une opposition qui n’est pas sans inté- rêt. On la retrouvera quand on étudiera le mécanisme d’action du zinc. L étude de l’action que de petites quantités de zinc exercent sur le s plantes vertes pouvait présenter un intérêt considérable. On sait à quels surprenants résultats on est arrivé en France, au Japon, aux États-Unis, par l’emploi du manganèse comme (( engrais complémentaire ». Des quantités relativement très petites de cet élément ont suffi pour élever les récoltes de cer- taines graminées, riz, avoine, de 25, 40 et même 50 0/0 ‘. Il 1. Cf. G. Bertrand. Sur l’emploi favorable du manganèse comme enerrais G. /?., CXLI, p. 1255 (1905). 726 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR n’ëtait pas illég-itirne d^espérer des améliorations du même ord rr avec des quantités de zinc bien plus petites encore, de telle sorte que la question théorique que j’essayais de trancher se doublait d’un problème pratique d’un très grand intérêt écono- mi(jue. J’ai, pendant deux années, fait les études de labora- toire qui doivent naturellement précéder les expériences de plus grande envergure. Pour résoudre la question théorique, j’ai appliqué la méthode classique des cultures en solution nutritives, m’efï'or- çant de la perfectionner afin de mieux assurer l’exactitude des résultats. Il faut d’ailleurs dire que cette étude expérimentale ne se présente pas avec la relative simplicité des expériences faites sur des levures ou des moisissures. Il n’est pas aisé d as- surer l’asepsie de la semence, de conserver stériles les milieux de culture, de comparer des plants ne différant rigoureusement entre eux que par le facteur de variation volontairement intro- duit. Il est surtout tout à fait impossible de réaliser une expé- rience-témoin dans laquelle n’interviendrait pas trace de zinc ; la graine elle-même en apporte une petite réserve, et il y a là, à l’origine, une inévitable cause d’eireur. Quoi qu’il en soit, j’ai pu établir, en me servant de blé comme sujet d’expérience, que l’introductiorî de doses faibles de zinc (de 1/5,000,000 j à 1/250,000 par exemple, dans les conditions expérimentales où je me plaçais) augmenle les rendements en poids sec de cette graminée ; cette augmentation de poids porte surtout sur la tige et les leuilles; les racines sont très sensibles au zinc, au moins lorsqu’on leur offre ce métal sous une forme soluble, celle de sulfate par exemple; pour des doses qui augmentent encore notablement le poids des organes verts, les racines, directement en contact avec la solution nutritive, diminuent déjà de diamètre et réduisent leur appareil vasculaire. J’ai dosé le zinc fixé par les organes aériens et les racines des blés expérimentés et j’ai montré que le blé, en cela beaucoup plus sensible à l’action toxique du zinc que V Asperg illiis ou la levure, n’en peut fixer, sans dommage, plus de 7/10000 de son poids sec. Ces expériences de laboratoire, en montrant que les plantes vertes peuvent, dans certaines conditions, bénéficier comme les plantes sans chlorophylle, de la présence du zinc dans leur LE ZINC CHEZ LES PLANTES 727 sol, incitent aussi à quelque prudence lorsqu’il s’agit de les étendre à la pratique agricole. Nous avons, M. Bertrand et moi, commencé des essais dans cet ordre d'idées. Nous avons obtenu des résultats encourageants en associant, comme agents cata- lytiques, le manganèse et le zinc dans des engrais complexes. Nous ne nous croyons d’ailleurs pas en droit d’insister sur des résultats qui n’ontpas encore reçu la sanction d’une expérience assez prolongée. * * ^ Caractériser dans la plante un élément, reconnaître qu’il est indispensable, ou au moins utile à son développement, c’est ne remplir qu’une partie du programme que comporte une pareille étude. Pour beaucoup des éléments caractérisés à l’état de traces chez les êtres vivants, tels que l’arsenic ou le bore, nous ne sommes pas beaucoup plus avancés. Pour quelques-uns, tels que l’iode ou le manganèse, nous le sommes davantage : nous les voyons entrer dans des combinai- sons organiques comme Tiodothyrine, ou des complexes diasta- siques comme la laccase, et ainsi s’éclai re une partie au moins de leur rôle physiologique. Il y a, dans cet ordre d’idées, des essais à tenter pour tous les autres éléments catalytiques. Il ne me paraît pas douteux que pour le zinc, dont j’ai établi la dif- fusion chez les plantes, et mis en lumière l’action biologique, la voie ne soit ouverte à de curieuses observations. Sur le mécanisme de la [éaction Bordet-Gengou PREMIER MÉMOIRE Paj{ le Dr Milton CUENDIIIOPOULO, Directeur du lahoratoire bactériologique du Conseil quarantenaire à Alexandrie (Égypte). Depuis que W assermann a eu l’idée d’appliquer la réaction de Bordet et Gengou au diagnostic de la syphilis, ce procédé a attiré l’attention d’un grand nombre de bactériologues. Son étude a provoqué une foule de travaux qui, malgré leur valeur diflérente mais réelle, n'ont pu donner encore une explication satisfaisante du phénomène. Il y a déjà longtemps que Neisser et Weschberg ‘ ont remar- que que, quand on mettait en présence de globules rouges ou de microbes, un excès de leur sérum spécifique et une quantité relativement faible d’alexine, la réaction que ce mélange devait donner n avait plus lieu. Ils expliquaient le phénomène par la déviation du complément. Ils croyaient que les ambocepteurs libres, contenus dans le liquide, absorbaient une partie du complément, qui n’était plus alors en quantité suffisante pour compléter les ambocepteurs fixés sur les cellules. Mais Morgen- rotb étudiant le phénomène sur le sérum hémolytique, a établi que les ambocepteurs en excès n’auraient pu fixer le complément que s ils possédaient pour lui une affinité supérieure (ou au moins égale) à celle des ambocepteurs fixés. Or, les tra- vaux d Ehrlich et de son école, ainsi que ceux de Bordet, ont mis en évidence que les ambocepteurs hémolytiques, fixés sur les hématies, manifestaient une affinité considérable pour le complé- ment. Le dernier des auteurs cités soutenait même que ceux-ci seuls sont capables de fixer le complément. C’est pour prouver cette avidité qu’il a imaginé l’expérience connue sous le nom de la réaction de fixation et qui fait l’objet du présent travail. Son principe est le suivant. Le complément ne se fixe sur 1 ambocepteur que si celui-ci est déjà fixé sur l’antigène. Il en résulte que si, par un moyen quelconque, on réussit à faire 1. Münch. m. Woch., n° 18, 1901. 2. Cen7\ für Bact., Bd. 35, n» 4. MÉCANISME DE LA KÉACTION BORDET-GENGOU 729 absorber le complément, on le met hors d’action et, par consé- quent, dans l’impossibilité de s’unir à un second ambocepteur qu on ajoute consécutivement. Cette théorie -présuppose l’unité du complément, unité qui est contestée par Elirlich et son école. Elle a donc été forte- ment attaquée. Nous ne suivrons pas cette longue polémique qui n entre point dans le cadre de notre travail. Nous nous borne- rons a citer le travail de Moreschi ' . En traitafit des lapins avec de alexine dechèvre, cet auteura trouvé que le sérum spécifique qu’il obtenait neutralisait bien le complément de la chèvre, mais était sans action sur celui des autres animaux, à moins qu’il n’ajoutât une trace de sérum normal de chèvre chauffé à 55". Il en con- cluait qu’il s’agit d’un pouvoir anticomplémentaire du sérum qui, pour entrer en fonction, a besoin de deux substances ; une, qui se trouve dans le sang des animaux traités et l’autre, qui existe normalement dans l’antigène qui a servi au traite- ment. Il a pourtant soin d’ajouter, dans la deuxième conclusion de son travail, que « l’action anticomplémentairo est associée avec le phénomène de la précipitation. » Cray est encore plus affirmatif L II arrive à ce résultat que le P itmomene de Bordet et Gengou ne repose pas sur l’action d’un ambocepteur, mais bien sur celle d’une précipitation. Pour lui c est le précipité formé, visible ou non, qui fixe l’alexine II y a par conséquent fixation et non action anticomplémentaire. Moreschi, en revenant sur la question, en collaboration avec eifler % est d avis que le vrai facteur dans la réaction est le précipité, qui entraîne ou détruit le complément. Ulhenhuth et Moreschi Browning et Sachs ^ Priedberger et Moreschi ' arri- vent aux mêmes résultats. Wassermann et Bruck % qui ont étudié les deux phénomènes para hdement, ont fait faire un grand pas à la question, en employant non plus des émulsions bactériennes, comme on le taisait jusqu’alors, mais des extraits des corps bacillaires et des substances bactériennes dissoutes. J- klin. Woch., n» 37, 1905. 3. ’ V Institut Paüexir, octobre 1905. 4. Berl. klin. Woch., n» 4,’ 1906! 5. lierl. klin, Woch., n'”' 21 et 22 1906 6. lievl klin. Wocn., n» 31, 1906.’ 7. Berl. klm. Woch., 0“ 55, 1905.* 730 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Ils ont remarqué que ces extraits ont la propriété de former, en présence des immunsérums, des précipités volumineux, propriété qu’ils perdent complètement après quelques jours. Profitant de cette propriété, inconnue jusqu’alors, ils ont cherché à voir si les extraits frais des bactéries, c’est-à-dire ceux (jui formaient un volumineux précipité, absorbaient le complément en plus grande quantité que les vieux extraits qui ne précipi- taient plus. Leur étude comparative les a conduits à ce résultat que les deux phénomènes sont indépendants l’un de l’autre. Si, en effet, il y a dans quelques cas un parallélisme mani- feste, souvent les vieux extraits fixent le complément aussi bien que les neufs. Pour ces auteurs, la réaction est due à ce que les ambocepteurs, après leur union avec l’antigène, absorbent le complément; il y a, par conséquent, fixation dans toute l’acception du mot. Muir et Martin ‘ ont aussi remarqué que la déviation du complément peut prendre place sans qu’il y ait de précipité visible ; mais, pratiquement, la substance qui produit la dévia- tion se confond avec celle qui produit la précipitation. Ulhenhuth % de son côté, trouve qu’une grande quantité de substances non spécifiques peuvent fixer l’alexine et empêcher par conséquent l’hémolyse. Tels sont ; le carton, la terre, la paille, le pain, l’urine, la tuberculine, plusieurs sérums non dilués et diverses autres substances. Plus tard, Seligmann ^ a obtenu la fixation du complément par des précipités chimi(jues et même par une réaction colloïdale sans précipitation. Ayant entrepris, dans un travail antérieur, de différencier les vibrions entre eux au moyen de la réaction Bordet-Gengou, nous avons vu nos conclusions attaquées et la valeur de l’épreuve mise en doute. Avant de discuter, à l’aide de nouvelles expé- riences, le bien ou le mal fondé des arguments qu’on nous a opposés, nous avons voulu aller plus avant dans la connais- sance du mécanisme de la déviation du complément, et établir, si possible, les conditions dans lesquelles ce phénomène s’accomplit. C’est cette partie de notre travail que nous publions aujourd’hui. Nous examinerons donc successivement les facteurs en jeu 1. Journ. of. hyg.^ t. VI, 190(i. 2. Deuts. med. Woch., n®* 31 et oJ, 1906. 3. Berl. klin. Woch., n® 32, 1907. w F MÉCANISME DE LA RÉACTION BORDET-GENGOU 731 dans leurs rapports les plus simples. Nous chercherons à voir quelle est 1 action de chaque élément sur un autre, puis sur P usieurs, OU tous à la fois. Enfin, nous étudierons la réciprocité de ces actions. 1 ACTIONS DES VIBRIONS SUR l/ ALEXINE Comme nous l’avons déjà fait remarquer, plusieurs auteurs ont vu que l’alexine se fixe non seulement sur les microbes, sans l’intermédiaire d’un autre agent, mais aussi sur des substances absolument inertes et nullement spécifiques. Michaeles en expérimentant sur le foie syphilitique, a vu que le foie normal absorbe une quantité d’alexine assez grande, et, dernièrement, Levaditi faisait la même réflexion à la Société de Biologie. Nos expériences nous démontrent que les vibrions peuvent absorber une quantité d’alexine relativement considé- rable, sans avoir besoin, pour cela, d’un corps intermédiaire. Exp. t. — Nous ensemençons, sur agar, sept vibrions différents. Parmi ceux-ci il y en a qui agglutinent sous l’influence du sérum anticholérique comme les vibrions de Marseille, le Tor 6,et le G K; les autres n’agglutinent point; tels sont les vibrions de Massaoua, de Finkler et Prior, de Metchnikoff et notre 98. Avec chacune de ces cultures, nous faisons une émulsion telle qu un c.c d’eau salée à 7 1/000 contienne une anse de platine de microbes e nous chauffons une partie de cette émulsion à 70o pendant une demi-heure. uis, nous diluons toutes ces émulsions, chauffées ou non, de façon que chaque serie de tubes contienne pour 1 c.c. d’eau physiologique 1/10 1/5 1/2 et une anse entière de platine. Nous ajoutons dans chaque tube 0,1 c.c.’ 1 a exine de lapin et nous laissons pendant une heure à l’étuve à 36o. Après ce laps de tempS’ nous versons dans tous les tubes, 1 c.c. d’une émulsion à 5 0/0 de globules de bœuf, cinq fois lavés et sensibilisés avec un sérum de l^apin hémolytique pour ces hématies, nous remettons à l’étuve pendant une heure et nous laissons à la température du laboratoire (22o). L Berl. Idin. Woch., n» 7, 1908. MICROBES VIVANTS MKCANISME DE LA RÉACTION BORDET-GENGOU 733 734 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUM Ces expériences nous montrent, cLune façon générale, que les vibrions ont la faculté d’absorber Falexine d’autant plus énergiquement qu’ils sont plus nombreux. Elles nous enseignent encore que, parmi les différentes espèces de vibrions, il y en a qui la fixent plus avidement (|ue les autres et, enfin, que les vibrions morts l’absorbent bien moins et surtout plus unifor- mément que les vivants. Mais pour avoir une idée de la quantité énorme d’alexine qu’il faut pour saturer ces vibrions, on n’a qu’à jeter un coup d’œil sur le tableau suivant. Nos d’ordre Quantité de vibrions Eau physio- logique Alexine de lapin. Vib. CK. V. Tor, 6. V. Marseille. V. 98. 3 h. 24 h. 3 h. 24h. 3 h. 24 h. 3 h. 24h. 1 1 anse 0,9 c. c. 0,1 c. c. O O O O O O O O 2 » 0,8 c. c. 0.2 c. c. O + O O O 0 O O 3 )> 0.7 c. c. 0,3 c. c. -f ++ O O -f -f+ O O 4 » 0,6 c. c 0,4 c. c. + f ++-b O + +4- +++ O O 5 » 0,5 c. c. 0,5 c. c. f-f+ + -b+-b+ -f ++ ++++ — h O + Le mélange microbe + eau + alexine est resté une heure à l'étuve et, après, on a ajouté l’émulsion des globules sensibilisés. Celle-ci, pour toutes nos expériences, se composait de globules de bœuf cinq fois lavés, étendus au 20e dans l’eau physiologique et sensibilisés avec 0,02 c.c. de sérum hémolytique de lapin pour un c. c. d’émulsion. La quantité du système hémo- lytique que chaque tube recevait était régulièrement de 1 c. c. Les quantités d’alexine que chaque espèce de vibrions vivants peut absorber ne sont pas constantes. Nous possédons des expériences dans lesquelles une anse de CK est arrivée à fixer 0,3 c.c. d’alexine et d’autres, dans lesquelles la même quantité de Tor 6 n’a pu absorber 0,2 c.c. Ceci dépend natu- rellement de la teneur en complément du sérum frais, teneur qu’il est impossible de connaître. On ne voit pas ces grandes quantités absorbées quand on emploie le sérum frais de lapin (en général pauvre en complément), mais aussi, quoique à un taux inférieur, quand on fait usage du sérum de cobaye (ordi- nairement très riche en alexine). La quantité de microbes n’est pas seule à influencer la fixa- 735 MÉCANISME DE LA REACTION BORDET-GENGOU lion de 1 alexine, le temps pendant lequel les deux éléments se trouvent en contact à une action réelle. Exp. 4. — Dans rexpérience:suivante, le vibrion essayé est notre 98, qui a un grand pouvoir absorbant. Un cinquième d’anse de platine, d’une’ cul- ture sur agar de 24 h. est émulsionné dans 0,7 c. c. d’eau physiologique. A cette émulsion est ajouté 0,1 c. c. d’alexine de lapin; puis, immédiatement ou à des intervalles de temps marqués sur le tableau, ou ajoute 1 c. c. du système hémolytique. Les microbes sont chauffés à 70© pendant une demi- heure. 1 Numéros 1 1 d’ordre. | SYSTÈME hémolytique ajouté. 30 minutes. 45 minutes. 1 heure. 2 heures. 3 heures. 24 heures. 1 Immédiatement. + + -f- + + + + 2 Après 15 minutes. + + + + L + + + 3 — 30 — O O -h + -h + + + + + 4 — 1 heure. O O ^ O 0 O -h 5 — 2 heures. O O O O O + Le complément ne commence à se fixer qu’au bout d’une heure. Voici une autre expérience faite avec les mêmes vibrions vivants provenant de la même culture. NOS d’ordre. SYSTÈME hémolytique ajouté. 30 m. 45 min. 1 h 2 h 3 h. 24 h. 1 Immédiatement. -f-h + + + + + 2 Après 15 min. 0 + -f-h + + + + + + + + + 3 — 30 min. O 0 0 O O + 4- 4 — 1 h. O O O O O 0 5 j — 2 h. O O O O O O Les vibrions ont donc la propriété de fixer l’alexine sans le concours d’aucun adjuvant; et, pour certaines espèces, cette propriété est très développée. Le pouvoir fixateur des vibrions ne varie pas seulement d’une espèce à l’autre, mais aussi pour les diverses cultures d’une seule et même race. 736 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 11 ACTION DES VIBRIONS SUR LE SÉRUM SPÉCIFIOUE Si nous laissons les microbes en contact avec le sérum spé- cifique, quels sont les phénomènes qui vont se produire? Examinons d'abord ce que devient Timmunsérum après son contact avec les microbes. Une épaisse émulsion du vibrion CK est mélangée avec du sérum anti- cholérique, de façon que celui-ci soit dans la proportion de 20 0/0. Le mélange est resté à l’étuve à 36^ pendant une heure, puis longuement cen- trifugé. Le liquide surnageant est décanté et mis en proportions diverses dans des tubes dans lesquels onverse 0,1 c. c. d’alexine de lapin. On remet le nouveau mélange à l’étuve pendant une heure, puis, on ajoute le système hémolytique. Les tubes témoins contiennent les mêmes quantités de l’immunsérum, qui n’a pas subi le contact des microbes. Les quantités réelles de sérum que chaque tube contient sont notées, dans une colonne à part, dans le tableau suivant : «) t4 T3 Dilution Dilution Alexine Eau ® 2 E .sr Quantités RÉSULTAT APRÈS O du sérum du sérum de physiolo- s réelles TJ O traité. non traité. lapin. gique. "1 73 « des sérums. 30 m. 1 heure. 2 heures. 24 heure.-;, j Z JS ! 1 0,9 C. C. — 0,1 C. c. — 1 C. C. 0,18 C. C. O O O O 2 0,5 — ~ 0,1 — 0,4 c. c. - 0,1 — O O O 3 0.3 — — 0,1 — 0,6 — — 0,06 — O O -f+-b 4 0,1 — — 0,1 — 0,8 — — 0,02 — O -b -b -}- -1- J- ++^ + 5 — 0,9 c. c. 0,1 — — — 0,18 — -h-f + -f-f -f + + + 6 — 0,3 — 0,1 - 0,6 — — 0,06 — +++ Voici une autre expérience faite avec le même vibrion et le même sérum, dont les résultats sont moins précis. Exp. 7. — Une culture sur agar, du vibrion CK, est émulsionnée dans 1 c. c. 2 d’eau physiologique et versée dans un tube à centrifuger contenant 0,8 c. c. de sérum anticholérique. Une heure de contact à l’étuve, centrifuga- tion, décantation et répartition du liquide surnageant dans des tubes (en proportions diverses). Onverse, dans chacun de ces tubes, 0,4 c.c. d’alexine de lapin; on laisse une heure à l’étuve, puis on ajoute le système hémoly- tique. MÉCANISME DE LA KEAGTION BORDET-GENGOU 7:^7 OJ P Dilution du sérum Dilution du sérum Alexine de Eau physiolo- gique. 1 1- Quantités récllôs d.6s RÉSULTATS APRÈS (A O Z traité. non traité. lapin. >> S w a ja sérums. 30 m. 1 heure 2 h. 24 heures. 1 0,9 c. c. — 0,1 c. C. — Ic.c. 0,36 c.c. O O + + + 2 0,5 — — — 0,4 c. c. — 0,2 — O O + + + + + 3 0,3 — — — 0,6 — — 0,09 — O + + + + 4- -f- + 4 — 0,9 c. c. — — — 0,36 — + + +++ + + + ++++ 5 0,3 — — 0,6 — — 0,09 — ++ 4- + + 1 + + + ++++ Une troisième expérience va nous donner des résu Jtats meilleurs. Exp. 8. — Dans un tube à centrifuger, contenant 1 c.c. 8 d’eau physiolo- gique et 0,2 c.c. de sérum spécifique, on délaie 8 anses de platine d’une culture sur agar du vibrion CK. On laisse une heure à l’étuve, puis on centrifuge et Ion decante. On répartit le liquide dans trois tubes, en proportions diverses, on ajoute à chacun 0,l^c.c. d’alexine de lapin, on laisse une heure à l’étuve et on ajoute le système hémolytique. c. T3 ,o T3 O Z Dilution du sérum traité. Dilution du sérum non traité. Alexine de lapin. Eau physiolo- gique. Système | hémolytoque. 1 Quantités réelles des sérums. RÉSULTAT APRÈS 30 m. 1 heure. 2 heures. 4 heures. 1 0,9 c.c. — 0,1 C.C. — 1 c.c. 0,09 c.c. O O O O 2 0,5 — — — 0,4 c. c — 0,045 — O + + -|- 4-f+ 3 0,3 — — 0,6 — — 0,027 — + + + + + + 4-4-+-f 4 0,9 c.c. — — — 0,09 — + + + + + + + + +-L4-4- t: M 0,3 — 0,6 — — 0,027 — + + + + 4-4- +++4- Nous no citons que trois des nombreuses expériences (|ue nous avons exécutées, parce qu’elles sont suflisantes pour mon- trer que le sérum spécifique, après contact avec les microbes acquiert une propriété nouvelle. Mais ce fait n’est pas constant’ Quelquefois, malgré un conctact prolongé, le sérum rosie inca- pable de neutraliser la moindre trace d’alexine: il se comporle comme un immunsérum qui n’a subi aucun traitement. Tous les expérimentateurs qui ont essayé le procédé de Wassermann comme méthode de diagnostic sont d’accord sur ce point. 47 738 AxNNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Wassermann lui-nièine et ses collaborateurs, sur 163 cas de syphilis lloride, trouvent la réaction positive dans 75 0/0 et dans 58- 0/0 seulement lors de syphilis latente. Le sérum des singes syphilisés ne présente la déviation du complément que dans la proportion de 58 0/0. Les recherches de Citron, de Mayer, de Marie et Levaditi, de Ficher et tant d’autres arrivent à la même conclusion. L’inconstance du phénomène est donc- la règle générale, même quand on ne regarde pas le résultat final (mais que Ton tient uniquement compte du retard qm- l’hémolyse met à se produire) ; on voit que la réaction peut varier dans des limites très larges, ce que démontrent les expc-- riences suivantes. Exp 9 - DanslUubes à centrifuger, contenant 0.6 c. c. d’eau physiolo- -ique et 0,4 c. c. de sérum anticholérique, on délaie i anses de platine d’une culture sur agar de CK. On met une heure à l’étuve, puis on centrifuge, on décante et Ion verse le liquide décanté dans 3 différents tubes; on ajoute des quantités variées d’alexine de lapin et la quantité nécessaire d’eau physiolo- gique pour compléter 1 c. c. On remet à l’étuve pendant une heure, puis on ajoute le système hémolytique. La quantité réelle d’immunserum que con- tient chaque tube est de 0,36 c. c. 2 Dilution Dilution Alexine Eau Système RÉSULTAT APRÈS 6 Z, du sérum traité. du sérum non traité. de lapin. physiolo- gique. hémo ly- tique. 30 m. 1 h. 2 h. 24 h. 1 0,9 C. C. 0,08 C. C. ü,02 C. C. 1 C. C. O O O 2 0,9 c. c. — 0,05 c. e. 0,05 c. c. O O . O + 3 0,9 c. c. 0.02 c. c. 0,08 c. c. O O O O 4 0,9 c. c. O.Où c. c. 0,05 c. c. _L ++ ++ ++ + r — 0.9 c. c. 0.02 c. c. 0.02 c. c. 1 O + ++ + b. Dans l’e.xpérienee suivante, les matériaux et les quantités sont les mêmes. MÉCANISME DE LA RÉACTION BORDET-GENGOU 739 expérience Iü. Qj U, TJ TJ Dilution du sérum traité. Dilution du sérum non traité. Alexine di lapin. Eau physiolo- gique. SysOème hémoly- tique. R 30 m. ÉSULTy 1 h. APR 2 h. ÊS 2i h. 1 0,9 c. e. — 0,1 C. C. — 1 C. C. O O + ++ 2 0,9 c. c. — 0,08 C. C. 0,02 r. c. O O O O 3 0,9 c. c. — 0,0o c. c. 0,05 c. c. O O O O i 0,9 c. e. — 0,02 c. G. 0,08 c. c. 0 O O O ! 5 0.9 c. c. 0,05 c. c. 0,05 c. c. -+ + +++ +++ 6 0,9 c. c. 0,02 c. c. 0,08 c. c. + ' +++ 1 Dans l’expérience qui suit, le retai.l est presque nul. Le sérum na acquis aucun pouvoir d’empêcher riiémolyse. EXPÉRIENCE U s O 1 Dilution du sérum Dilution du sérum Alexine 1 0^ Eau physiolo- S ë H .s* 'Oj RÉSULTAT' APRÈS O traité. non traité. lapin. gique. w ^ s 1/5 .g JS 30 m. 1 heure. 2 heures. 24 h 1 0,9 c. C. — j0,l c. c. — 1 c. C. ++ 5-++ 2 0,9 - — 0,08 c. c. 0.02 c. c. — ++ + 5 — f- +++ +++ 3 0,9 — — 0,05 — 0,0o — — + j- +• ++ 4 0,9 — — 0,02 — 0,08 — — O -L 5 0.9 c. c. 1 0,05 — O ! — 5-1- +++ + ++ +++ G o,rt — j 0,02 — 0,08 — — 0 4- + +• -f+ 1 eut-etre les variations du pouvoir antihe'molytique de iininunstrum tiennent-elles aux conditions de nos expériences Examinons donc, séparément, l’influence que peuvent avoir, sur lephenomène, la quantité des microhcs. le temps de contacl avec le sérum et la quantitii de ce dernier. Commençons par la quantité des vibrions. ()«f. Vt ' tabes à centrifuKcr conlenant chacun t»,b t. c. .1 eau physiolognine et 0,i c. c, de sérum aniichoiérique, on délaie une anse do ,,la1,ne du vibrion CK. Les mélanges roslont une ben e é l’/tù e 740 ANNALES DE L’INSTIÏUT PASTEUR et sont centrifugés. Les liquides surnageants sont décantés et versés chacun dans un tube auquel on ajoute de l’alexine de lapin. Après une heure d étuve, on ajoute le système hémolytique. -cl Dilution Dilution Alexine Eau 01 9 S S RESULTAT APRÈS P 1 du sérum traité. du sérum DOn traité. de lapin. physiolo- gique. CO -s ^ 1 30 m. 1 heure. 2 heures. 24 h. 0,9 c. c. 0,08 C. C. 0,02 C. C. le. c. O O O 4- 2 0,9 — — 0,05 — 0,05 — — O O O 0 3 0,9 — — 0,02 — 0,08 — — O O O O i 0,9 c. c. 0,05 — 0 05 — — + 4-f ++ +++ 5 — 0,9 — 0,02 — 0,08 — — O + ++ ++ 13 — Dans l’expérience qui suit, la même quantité de sérum est mise ^ dans’chaque tube, en contact avec deux anses de platine du meme vibrion. O) Système RÉSULTAT APRÈS 'T3 Sérum Sérum Alexine Eau phy- hémoly- P 'y traité. non traité. de lapin siologique. tique. 30 m. 1 h. 2 h. 24 h. 1 0,9 c. c. 0,1 C.C. — 0,1 C. C. -1 — 1 -\ — h - - - O 0,9 c. c. — 0,08 C.C. 0,02 C.C. 0,1 C. C. + ++- -+ + +++ 3 0,9 c. c. — 0,05 C.C. 0.05 C.C. 0,1 C. C. O + ++ -H- 4 — 0,9 c. c. 0,08 C.C. 0,02 C.C. 0,1 C. C. ++-1-4 — — — — 0,9 c. c. 0.05 C.C. 0,05 C.C. 0,1 c. c. ++++ — — Ejp _ Dans le tableau U nous présentons, cète à cote, le résultat de 2 expériences qui ne diffèrentdes précédentes que par la quantité de microbes avec une égale quantité de sérum. RÈS 24 h. 1 1 culture 0,9 C.C. 0,1 C.C. — 1 C.C. O O 4- ++ 2 » 0,9 C.C, — 0,05 C.C. 0,05 C.C. » ü O 0 O 2 cultures 0.9 C.C. — 0,01 C.C. — >) O O O O 4 0,9 C.C. — 0,05 C.C. 0,05 C.C. « O O (.) O 5 — — 0,9 C.C, 0,05 C.C. 0,05 C.C. ** -+ +4- ++ +4-4- MÉCANISME DE LA RÉACTION BORDET-GENGOU 741 Les expériences suivantes ont trait à Tinfluence que le temp! de contact exerce sur le sérum. ExP. 15. - 3 cultures sur agar du vibrion CK sont délayées, chacune, dans 0,6 c. c. d eau physiologique et placées dans 3 tubes à centrifuger dont chacun contient 0,4 c. c. de sérum anticholérique. Les mélanges restent à e uve pendant un laps de temps variable, au bout duquel ils sont centrifugés et les liquides surnageants décantés et transvasés dans 3 tubes ordinaires contenant chacun 0,0o d’alexine de lapin. Après une heure d’étuve, le sys- tème hémolytique est ajouté. ci3 U TD Dilution du sérum Dilution du sérum Alexine de Eau physio- logique. Système hémoly “ 1 Temps RÉSULTAT APRES è traité. non traité. lapin. tique. contact. 30 m. 1 h. 2 h. 24 h. 1 0,9 C C. — 0,05 c.c. 0,05 c.c. 1 C. c. 1 II. O O O ++ 2 0,9 c.c. — - — — 2 h. O O O O 3 0,9 c.c. — — — — 4 h. O O O O 4 0,9 c.c. — — — — + ++ i-+ + ExP. 16. — Le tableau suivant indique les résultats d’une expérience executee dans le même but, mais dans laquelle la quantité de microbes mise dans chaque tube est de 4 anses de platine. 6 U U Dilution du sérum Dilution du sérum Alexine de Eau physio- logique. Système hémoly- tique. ijTemps de contact. RÉSULTAT APRÈS 'O Z traité. non traité. lapin. 30 m 1 h. 2 h. 24 h. 1 0,9 C.C. — 0,05 C.C. 0,05 C.C. 1 C. C. 30 m. O T ++ + + + 2 0,9 C.C. — — — — 1 il. O 0 + 3 0,9 C.C. — — — — 3 h. O O O + 0,9 c,c. — — — + ++ ++ + -t- + Ainsi, la quantité des vibrions et le temps pendant lequel ceux-ci restent en contact avec le sérum, ont une action mani- leste sur 1 apparition de la nouvelle fonction que Fimmun- serum acquiert. Toutefois, cette influence est loin d’ètri' absolue. Dans 1 experience lÈ, où le sérum a éti! en contact avec une seule anse de platine de vibrions, celui-ci montre un pouvoir antibérnolytique plus grand que dans l’expérience i;{, où il a etc mélangé avec 4 anses du môme microbe. En comparant les 742 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR résultats que donne le tube n® 2 de l’expérience 16 avec ceux que présente le tube n*^ 2 de l’expérience 9 (^tubes absolument comparables), nous rencontrons des différences très sensibles en ce qui concerne le moment de Tapparition de l’hémolyse. 11 en est de même quand nous envisageons la quantité néces- saire de sérum spécifique. Si nous jetons un coup d’œil sur les expériences précitées, nous voyons, d’un coté, qu’une même quantité de sérum mis en contact avec une quantité déter- minée de microbes donne des résultats très dissemblables. Telles sont les expériences 9, 10 et Tl. Et, d’un autre côté, que ce ne sont pas toujours les plus grandes quantités de sérum qui donnent les meilleurs résultats. Par exemple, dans l’expé- rience 8, le 1®^ tube qui contient 0,09 c. c. de sérum ne présente aucune liéniolyse. tandis que le 2® de l’expérience 6, qui en contient 0,1 c. c. donne une hémolyse légère au bout de 24 heures. D’autre part, le 1®’’ tube de l’expérience 7, qui ren- ferme 0,36 c. c. de sérum, commence à hémolyser déjà 2 heures après. On dirait qu'en réalité la quantité du sérum spécifique n’a aucune influence et qu’il agit simplement par sa présence. Ce n’est pourtant pas tout à fait vrai. Quand on met l’immun- sérum, en quantité trop petite, à digérer avec les microbes, les résultats sont absoluments nuis; il faut monter quelquefois à 0,08 c. c. et même 0,1.5 c. c. de sérum pour voir le phénomène s'accomplir. Plusieurs expériences nous ont montré que ce n’est (fu’à partir d’une certaine dose que le sérum commence à donner la réaction. Cette quantité est nécessaire pour amorcer l’expé- rience. les additions plus fortes ajoutent très peu aux résultats. Mais cette dose minima est variable pour chaque sérum comme on devait s’y attendre. Ainsi, un sérum qui provient de l’Institut des maladies infectieuses de Berlin a donné, entre nos mains, un résultat très net à 0,1 c. c. et un autre, provenant de l’Institut sérothérapique de Berne, agit à 0,08 c. c., tandis qu’un de nos sérums anticholériques, préparé au laboratoire, ne commence à donner des résultats qu’à la quantité assez grande fO,15 c. c.). En somme, aucun des facteurs que nous venons d’examiner n’exerce une action absolue sur l’apparition du pouvoir anti- bémolytique du sérum, aucun d’eux n’est capable, à lui seul, de MÉCANISME DE LA RÉACTION BORDET-GENGOU 743 produire ce phénomène, et leur combinaison précise paraît difficile, sinon impossible à déterminer. 11 faut croire aussi que certains vibrions confèrent, avec plus de facilité que d’autres, la propriété antihemolytique au sérum et que les diverses cul- tures d’un même vibrion se comportent différemment à ce point de vue. Il Jusqu a ce moment^ nous n avons parlé que du pouvoir antibémolytique que le sérum acquiert au contact des microbes contre lesquels il est préparé. Il nous faut maintenant recher- cher quelle est la nature de cette action. Exp. 17. A ceteffet, nouslaissons agir, pendant quelque temps, Bimmun- séium décanté sur chacun des divers constituants de la réaction et nous ajoutons les autres ensuite. Quatre cultures sur egar, du vibrion CK, sont délayées chacune dans 0,5 c. c. d'eau physiologique et versées dans un tube à centrifuger contenant 2 c. c. de sérum cholérique. Après 3 heures d’é- tuve, le mélange est centrifugé longuement et le liquide décanté est réparti dans 3 tubes, à raison de 0,08 c. c. pour chacun. Puis, au tube no 1 on ajoute 0,05 de sérum hémolytique ; au no 2, 0,05 c. c. de globules de bœuf lavés, et au no 3, 0,1 c. c. d alexine de lapin. On remet le tout pendant une heure à 1 étuve et, ensuite, on complète chaque tube avec les éléments qui lui manquent. 1 ,'2 3 30 ni. 2 h. 24 h. Sérum 0,8 c. c. S. hémol. 0,05 c. c. Globules 0,05 c. c. Alexine 0,1 c. c. ||l h. d’étuve. Glob. 0,05 c. c. Alex. 0,1 c. c. Glob. 0,05 c. c Alex. 0,1 S. héffi. 0.05 S l;éiii.0,05 O +++ + + + 0 + +-fd- -I-++ + O Dans toutes nos expériences de ce g’enre, c’est toujours le tube n® 3 qui présentait la déviation du complément. Une seule lois, le tube n^^ 1 a donné un résultat positif. Nous sommes Jonc autorisé à conclure que cette action du sérum, nouvelle- ment acquise, est dirigée contre l’alexine. Le sérum devient Jonc anticomplémentaire, c’est-à-dire (ju’il empêche le complé- ment d agir en le fixant, le détruisant ou lui imprimant des changements moléculaires qui le rendent incapable de porter son action sur le système liérnolytique. 744 annales de L’INSTITUT PASTEUR • Nous ferons remarquer, et nous insistons sur ce fait, que c(‘ pouvoir est toujours médiocre. La quantité d’alexine que \v sérum peut absorber est bien inférieure à celle que les microbes peuvent lîxer par eux- mêmes. Ceci est tedlement vrai que les auteurs qui se sont occupés de la réaction de AVasserman, comme Levaditi, Martin et Browning, Wasserman lui-même et ses collaborateurs, recom- mandent des doses d’alexine très petites. 111 ACTION DU SÉRUM SPÉCIFIQUE SUR LFS VIBRIONS Dans ce chapitre nous tâcherons d’approfondir le mécanisme par lequel rimmunsérum acquiert le pouvoir anticomplémen- taire après avoir été traité par les microbes. Deux hypothèses se présentent à l’esprit. D’abord, on pour- rait supposer que le sérum spécifique possède normalement le pouvoir anticomplémentaire, mais qu’une substance formée pendant le traitement de l’animal empêche ce pouvoir de se manifester. Mis en contact avec les microbes, il cède à ceux-ci ladite substance et dès lors l’action complémentaire a lieu. Si nous prenons en considération l’existence des antihémo- lysines dans les sérums normaux et si, d’un autre côté, nous nous rappelons que toutes les cellules enlèvent aux sérums, préparés contre elles, certaines substances, cette hypothèse paraît très plausible. Malheureusement, dans ce cas particulier, les faits ne parlent pas en sa faveur. De ce que quelques anticorps se fixent sur les cellules, il ne s’ensuit pas que tous agissent de même. Parmi les nombreuses substances qui prennent naissance dans un sérum au cours de sa préparation, il pourrait y en avoir qui, non seulement ne se fixent pas aux cellules, mais enlèvent au contraire à celles-ci des corps qui s’y trouvent normalement. C’est notre seconde hypothèse que nous tâcherons de vérifier. A la vérité, elle paraît contraire aux idées généralement admises, idées qu’Ehrlich et Bordet ont introduites dans la science et que confirme la manière dont se comportent les agglutinines, les hémolysines et les sels. Mais certains faits, MÉCANISME DE LA REACTION BORDET-GENGOU 745 constates par divers expérimentateurs, paraissent justifier cette conception, au moins dans quelques cas particuliers. Pfeiffer et Friedberger ‘ ont vu que les sérums normaux, après avoir été mis en contact avec les microbes cholériques ou typhiques, accusent des propriétés bactériolytiques quTls ne possédaient pas auparavant. Ils tâchent d’expliquer ce fait en supposant qu’un nouveau corps a été formé dans le sérum normal, après la fixation de ses ambocepteurs naturels par les microbes. Sachs % qui a répété les mêmes expériences au point de vue du pouvoir hémolytique, croit à l’action d’un anticom- plément, dont la présence est masquée par la coexistence d’un ambocepteur normal. Ces savants, imbus des idées d’Ehrlicb, ont omis de voir ce qui se passe du côté des cellules, après leur contact avec le sérum. Besredka % en mettant du sérum normal de cheval en présence des bacilles typhiques et pesteux des- séchés, remarque que, toutes les fois qu’il y a agglutination, 1 endotoxine des microbes passe en grande partie dans le sérum, qui devient toxique. Enfin, W. Manwaring % ayant trouvé que le sérum normal de chèvre mis en présence des globules de mouton subit certains changements, a examiné ce que deviennent les globules qui ont été traités avec le sérum et même l’eau physiologique. Ses expériences lui ont montré que ceux-ci se laissent hémolyser plus facilement que les globules normaux dans certaines circonstances. Exp. 18. — On verse, dans trois tubes à centrifuger, 0,5 c. c. d’eau idiysiologique et on délaie deux anses de platine d’une culture sur agar du vibiion CK. Dans les tubes no 1 et 2 on ajoute 0,1 c. c. de sérum spécifique et on garde le n» 3 comme témoin. Le tout est mis à l’étuve pendant une oJ Sérum Alexine Eau Système hémo- lytique. RÉSULTAT APRÈS P spécifique. de lapin. physiologique. 1 heure. 3 heures. 24 heures. 1 0,1 c. C. 0,4 C. C. 0,6 C, C. 1 C. C. + + + + + + 2 0,1 c. c. — 0,5 — — O O O 3 — — 0,6 — — O O 1. IJ. med. Wocli., n® 1, 1905. 2. D. med. Woch, 4 mai 1905. 3. An. Inst. Pasteur, 25 juillet 1905. 4. Journ. inf. Dis.,n° 1,1908. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 7i(; lieure. Après ce laps de temps, les trois tubes sont centrifugés, mais on ne décante que le liquide du premier tube, qu’on remplace par 0,6 c. c. d’eau physiologique. On ajoute, à tous les tubes, 0,4 c. c. d’alexine de lapin, on laisse une heure à l’étuve et en verse le système hémolytique. Le tube no 1 hémolyse plus que le témoin, tandis que celui dans lequel le sérum est resté en présence des vibrions n’hémolyse pas du tout. Le sérum mis dans le tube no 1 a donc entraîné avec lui, après sa décantation, une substance que les vibrions contenaient normalement et qui favorisait l’absorption de l'alexine, sans le concours d’un adjuvant. Il est à remarquer que cette perte de substance est proportionnelle au pouvoir fixateur que le sérum décanté acquiert. Exp. 19. — Trois cultures sur agar du vibrion CK sont émulsionnées chacune dans 0,6 c. c. d’eau physiologique et versées respectivement dans trois tubes à centrifuger, dont chacun contient 0,4 c. c. de sérum. Une heure d’étuve. Centrifugation et décantation du liquide surnageant, qui est mis dans trois tubes différents, à raison de 0,9 c. c. par tube. Addition de différentes quantités d’alexine, indiquées dans le tableau; une heure d’étuve, puis système hémolytique. 1 c: 1 ^ fc- Dilution du Dilution du Alexine Eau physio- Système hémo- lytique. RÉSULTAT APRÈS ‘-C sérum traité. sérum non traité. de lapin. logique. 1 heure. 2 heures. 24 heures. 1 0,9 C. C. — 0,1 C. C. — 1 C. C. O + + + 2 0,9 — — 0,08 — 0,02 c. c. — O O O 3 0,9 - — 0,05 — 0,05 — — O O 0 4 — 0,9 c. c. 0,05 — 0,05 — — + +4-+ +++ Sur le dépôt des trois tubes à centrifuger, on verse de la même alexine en quantités diverses et on complète, avec de l’eau physiologique, jusqu’à concurrence de 1 c. c. On met pendant une heure à l’étuve. On fait subir le même traitement à une quatrième culture sur agar du même vibrion, qui n’a eu aucun contact avec le sérum et, ensuite, on ajoute à tous les tubes le système hémolytique. Le tube n° 4 sert de témoin. Nos d’ordre. 1 Eau Alexine Système RÉSULTAT APRÈS physiologique- de lapin. hémolytique. 1 heure. 2 heures. 24 heures. 1 0,9 c. c. 0,1 C. C. 1 C. C. O O O 2 0,8 — 0,2 — — O O + 3 0,7 - 0,3 — — O + î 4 0,7 — 0,3 — — O O i 1 1 ■ + Exp. 20. — Pour l’expérience suivante, on a délayé 4 anses de platine du 747 MÉCANISME DE LA aÉAGïlON DOUDET-CJENCOU même vibrion dans chacun des trois tubes à centrifuger, contenant 0,6 c. c, d eau physiologique et 0,4 c. c. de sérum spécifique. On laisse reposer une heuie dans 1 étuve, puis on centrifuge et décante le liquide surnageant, qu’on traite de la même façon que dans l’expérience précédente. 0) Dilution du sérum traité Dilution du sérum non traité. Alexine de lupin. Eau physiologi- que. SYSTÈME hémolytique. RKS 1 h. UI.TAT AI 2 heures. ^RÈS 24 h. 1 0,9c. c. — 0,1 C.C — 1 c. c. + -f+ + + ++ — 2 0,9 — — 0,08 0,02 c. c. — + + + + + + + ++ 3 0,9 — — 0,05 — 0,05 — — + + ++ i 0,9 c. c. 0,05 — 0,05 — — ++ + + ++ Voici maintenant ce que les dépôts ont donné : Numéros Eau Alexine de Système RÉSULTATS APRÈS d’ordre. physiologique. lapin hémolytique. 1 heure. 2 heures. 24 heures 1 0,9 c. c. 0,1 C. C. 1 C. C. O O O O 0,8 c. c. 0,2 c. c. 1 C. C. O O O 3 0,7 c. c. 0,3 c. c. 1 C. C. O (J + 4 1 0,7 c. c. 0,3 c. c. 1 C. c. O O + ^ous avons cite cette dernière expérience parce qu’elle est sij^nificative. Le sérum n a g’ag^né aucune activité anticomplé- mentaire par le contact des microbes et les vibrions ont g'ardé, en entier, le pouvoir de neutraliser le complément, malgré le traitement qu’ils ont subi. C est donc le passage de cette substance dans le sérum qui donne à ce dernier le pouvoir anticomplémentaire. La quantité qui est enlevée aux microbes paraît être minime, parce qu’elle U e^a e en aucune façon celle que les microbes possèdent nor- ma ement. 0,1 c. c. d alexine absorbée par le sérum est déjà une imite très elevée, tandis que les microbes, en quantité | ga e a celle qui a servi pour traiter le sérum, peuvent neutra- ‘sei , c. c. et même 0,4 c. c. du même complément. Ceci a I importance parce que, quand on ne sépare pas les microbes 748 ANiNALES DE L’INSÏITUT PASTEUR du sérum, mais que Pou essaie la réaction en présence de ces deux corps, la quantité d’alexine absorbée est énorme. Elle dépasse souvent le double de la somme que microbes et sérum peuvent fixer chacun séparément. Exp. 21. — On délaie dans chacun des 9 tubes, deux anses de platine d’une culture de CK et l’on verse, dans les 5 premiers tubes, 0,1 c. c. de sérum cholérique. On laisse le tout à l’étuve pendant une heure; on ajoute les quantités d’alexine indiquées sur le tableau, on remet à l’étuve pendant une heure et on ajoute le système hémolytique. 6 U "S Séi’um Eau Alexine Système RÉSULTAT APRÈS è cholérique. physiologique. de lapin hémolytique. 30 min. 1 heure. 3 heures. 24 heures. 1 0,1 C.C. 0,7 C.C. 0,2 C.C. 1 C. c. O O O O 2 — 0,6 C.C. 0,3 C.C. — O O O O 3 — 0,5 C.C. 0,4 C.C. — 0 O O O 4 — 0,4 C.C. 0,5 C.C. — O O O O 5 — 0,3 C.C. 0,6 C.C. — O O O O 6 0,8 C.C. 0,2 C.C. — O O O presque O 7 » 0,7 C.C. 0,3 C.C. — O O O -f 8 » 0,6 C.C. 0,4 C.C. — O O + + 9 » 0,5 C.C. 0,5 C.C. — -H + ++ 4-4-+ Ce n’est certainement pas le sérum à lui seul qui fixe le complément ; ce ne sont pas non plus les microbes, dépouillés en partie de leur substance fixatrice, qui peuvent absorber cette énorme quantité d’alexine. C’est la combinaison du sérum avec la substance sécrétée par les microbes qui aug^mente con- sidérablement l’action. Moreschi avait donc raison quand il soutenait que le pouvoir anticomplémentaire, pour entrer en fonction, a besoin de deux corps, l’un qui se trouve dans le sang des animaux traités et l’autre qui existe normalement dans l’antigène qui sert au traitement. L’existence de ces deux substances devient évidente dans nos expériences,' parce qu’elles nous permettent de dissocier le phénomène. En employant des cellules microbiennes, au lieu de 1 alexine MECANISME DE LA RÉACTION BORDET-GENGOU 749 de clievre, comme 1 a fait Moreschi, il nous a été possible de séparer les deux corps après leur action réciproque et d’étudier les échanges qui ont eu lieu chez chacun d'eux séparément. Nous avons pu voir clairement que le sérum spécifique qui, normalement, n’a aucune action anticomplémentaire, après un contact plus ou moins long avec les microbes, gagne ce pou- voir, tandis que ceux-ci le perdent en partie. Le sérum enlève flonc aux vibrions une substance qui a la propriété de neutra- liser ou de fixer le complément et qui préexiste dans les derniers. Nous tenons à faire remarquer que nous employons le terme anticomplémentaire dans son sens le plus large. Pour nous, ce terme signifie que 1 action de l’un ou l’autre corps est dirigée contre le complément, sans n©us soucier s’il y a fixation ou neutralisation ou tout autre processus. Mais notre expérience 21 nous montre que la présence simultanée des deux facteurs donne des résultats bien plus prononcés. On y voit que les microbes, à eux seuls, neutralisent à peine 0,2 c. c. d alexine, tandis qu’en présence du sérum ils en fixent plus de 0,6 c. c. Nous savons, d’un autre côté, que le sérum qui a subi le contact des microbes ne détruit qu’une quantité minime de complément. C’est donc que le sérum enlève aux microbes très peu de substance fixatrice, tandis que, s’il continue à être en contact avec eux, il active d’une façon pro- noncée la substance qu’ils contiennent. Ce phénomène présente une grande analogie avec ce que le docteur Richet a appelé anaphylaxie. Là, comme dans notre cas, l’anticorps, inoffensif, devient actif quand il s’unit à l’antigène; là, comme ici, l’antigène, toxique par lui-même, au lieu d’être neutralisé par l’anticorps, acquiert au contraire une nocivité considérable en sa présence. IV ACTION DU SÉRUM NORMAI. 11 nous reste encore un point à éclaircir. Puisque les microbes sont capables de fixer par eux-mêmes une forte quantité d’alexine, comment se fait-il que dans les tubes témoins, de la réaction de Bordet, où l’on remplace le sérum 7.^0 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR spécifique p.ii* le sérum normal cliaulle, il y a une hémolys(‘ presque constante, tout en employant des doses d'alexiiu^ inférieures à celle que les microbes peuvent absorber ? Comparons d'abord le pouvoir d’absorption des microbes en présence du sérum normal et en son absence. Deux anses de platine d’une culture sur agar du vibrion CK sont délayées dans chaque tube. Le sérum normal de lapin, l’alexine et l’eau physiologique sont versés en meme temps et le système hémolytique ajouté après une heure d’éhive. 6 xr U Eau physio- logique. Alexine Sérum normal de lapin Système hémo- lytique. RÉSULTAT APRÈS de lapin. 30 m. 1 heure. 3 heures. 24 heures. 1 0,7 c. c. 0,2 C. C. 0,1 c. c. 1 C. C. O O O O 2 0,6 — 0,2 — 0,2 — — O O O O 3 0,3 — 0,2 — 0,3 — — O O O O j 4 0,4 - 0,2 - 0,4 — — O O O O i 5 0,3 — 0,2 - 0,5 — — O + -b 4 6 0,55 — 0,05 — 0,4 — — O O O O 7 0,5 - 0,1 — 0,4 — — O O O O 8 0,3 — 0,3 — 0.4 — — O -r 4- "T i 9 0,2 — 0,4 - 0,4 — — -r 3- + 44 i 10 0,1 - 0,5 — 0,4 - — + 4 4-4 444 .j 11 0,8 — 0,2 — — — (3 O O O 1 12 0,7 - 0,3 — — — O O 4 + 13 0,5 — 0,5 — — — 'r 4 4 "" 1 Dans d’autres expériences, et avec le sérum normal cliaulfé de certains lapins, l’hémolyse commence avec 0, 2 c. c. d’alexine pour 0, 3 c. c. de sérum, tandis que la meme quan- tité des microbes absorbe complètement 0.3 c. c. d alexine, si l’on a soin de ne pas ajouter du sérum normal de lapin. Le sérum normal chauffé favorise donc l’hémolyse. CeUr propriété a été signalée par maints auteurs. Nous avons, nous même, constaté dans des expériences inédites, que le sérum chauffé de lapin renforce considérablement l’iiémolysine natu- relle decobayepour les globules de mouton. W. Manwaring a étudié, d’une façon particulière, sur le sérum normal de la MÉCANISME DE LA RÉACTION BORDET-GENGOU 751 chèvre, ce pouvoir qu’il appelle auxilytique (et que nous nommerions volontiers épilytique, terme plus conforme au génie de la langue grecque). Mais, à côté de cette action, le sérum normal cliauir(' possède aussi celle d’empêcher les microbes d’agir sur l’alexine. Exp. 23. — Danstrois tubes, contenant chacun 0,2 c.c. d’eau physiologique, nous délayons deux anses de platine d’une culture sur agar du vibrion CK et nous versons immédiatement après 0,3 c. c. d’alexine de lapin et en même temps, dans le tube n» 1 seulement, 0, 5 c. c. de sérum normal de lapin chauffé à 56° pendant une demi-heure. Nous mettons le tout à l’étuve pen- dant une heure, puis nous ajoutons le système hémolytique, en ayant soin de verser dans le tube no 2 0, 5 c. c. de sérum normal de lapin. rs P 1 Sérum ! normal de lapin. Alexine de Eau phy- Système RÉSULTAT APRÈS Z lapin. siologique. lytique. 30 min. 1 heure. 3 heures. 24 h. ! 1 0,5 C. C. 0,3 c. c. 0,2 C. c. 1 C. C. O O + ++ 2 0,5 c. c. — 0,2 O. c. — O O O ü 1 3 — — 0,7 c. c. — O O O O Dans le tube nol, l’hémolyse est appréciable, tandis quedansie no 2 il n’y en a pas trace. Le sérum normal, mis en même temps que l’alexine, a empê- ché celle-ci de se lixer sur les microbes, tandis que dans le tube no 2 il a été mis trop tard pour exercer une action quelconque. CONCLUSIONS 1° Les vibrions sont capables d’absorber une quantité assez forte d’alexine, sans le concours d’aucun adjuvant; 2^ Le sérum spécifique, au contact des vibrions, enlève une partie de la substance que ces derniers contiennent nor- malement et qui a la propriété d’agir sur l’alexine. C’est cette substance qui, après son passage dans le sérum, confère à celui-ci le pouvoir anticomplémentaire ; 3® L’anticorps spécifique du sérum, en se combinant avec elle, active con'iidérablement son action. Il joue par consé- quent, envers celle-ci, le rôle de kinase. Le Gérant : G. Masson. Sceaux. — Imprimerie Charaire. ANNEE OCTOBRE 1908. N» 10 annales DE L’INSTITUT PASTEUR L'Aldéliyde acdtique dans la vin ; son origine et ses effeis. (Suite.) Par M. a. TRILLAT (Avec la pl. X.) i DEUXIÈME PARTIE j Étude des circonstances qui influent sur la formation I de l’aldéhyde acétique. i ^ On peut conclure des essais précédents que la formation ^ d un dépôt de matière colorante de vin rouge aura lieu ciiaque ' • fois qu’une circonstance quelconque fera naître l’aldéhyde ou j viendra augmenter les proportions y existant déjà. Ce sont ces I Circonstances que je vais étudier. Les principales sont : l’aération et l’agitation du vin; le I vieillissement; la présence de levures ou de germes accom’pa- ^ giiant les maladies; la présence de diastases o.xydantcs ou de i porteurs d’oxygène, comme le fer ou le manganèse. .Nous les I examinerons en suivant cet ordre. i , Aération et agitation du vin. Le vin agité ou même simplement exposé à l’air s’aldé- hydilie lentement, mais toujours plus rapidement <|ue les solu- lions alcooliques de môme degré. Les expériences suivantes en donnent la preuve. 48 754 ANNALES DE L’INSTlTüT PASTEUR TABLEAU VllI Nature du Vin. Aldéhyde on millig. 0 00 au moment de l’expérience. Après 1 heure d’agitation. Après 4 heures d’agitation. Après 12 heures d’exposition à l’air Viu rouye. 10« 15 35 48 20 Vin rouge. 9® 5 30 55 25 Vin rouge. 9® 23 28 75 38 Vin rouge. 8°, 5 25 38 5.5 40 Alcool à 10® 5 10 • 12 10 La proportion cU aldéhyde formée augmente avec la nature des récipients du vin, le contact avec des corps poreux ou divisés : c’est le même cas que pour l’alcool h La teneur en aldéhyde du vin agité ou exposé à Tair varie avec la température, la nature des parois et leur degré de porosité, Texposition à la lumière et le degré d’acidité. La pré- sence d’une petite quantité d’acide sulfureux agit favorablement. TABLEAU IX j VINS 1 ALDÉHYDE en milligr. par litre. 15 Même vin exposé à la lumière (verre) 22 _ — 100 millig. S02 40 _ — 1/5000 HCl 33 _ — (récipient en cuivre). . . 05 M. Mathieu avait déjà signalé que l’acide sulfureux favori- sait l’aldéhydification du vin blancs Le vin se comporte donc de la même manière que les solu- tions aqueuses d’alcool, mais le phénomène semble amplifié. 1. C. R. de VAc. des Sciences, 1903, p. 171. 2. Bull, de VAssoc. des Chimistes, 190G. aldéhyde ACETIQUE DANS LE VIN 2. Vieillissement. /OO .-..r £"r,itL"r„' „ tableau \ Ces chilfres ne représentent pas toute l’aMéh,,! avons vu, dans la 1™ p^rUe de ce Iravail nue tl dén’^n en contenaient des quantités appréciabi;s ^ ® • leine remarque pour les eaux-de-vie Scliidrown i faU une etudo sur le vieillissement du wisky a^ consf t’' “ une augmentation notable d’aldéhyde. " constate aussi 2. Aeiiou des microorganismes : maladies ont trouvé ce corps dans la fermentation du , fluence du champignon du muguet; Roeser'^cïan''' ) Alcool à 5 0/0. . t con- nue depuis fort longtemps et redoutée des viticulteurs. Désigné sous le nom de « casse ferrique » le phénornèiie qui en résulte est caractérisé par une alféralion profonde du vin : la matière colorante est précipitée en même temps que le vin prend un goût de faux vieux. Annalps agronomiques, 1896, p 130 2. Loc. cit. 700 ANNALES DE L’INSTIÏUT PASTEUR Pour suivre la marche (le l’aldéhydification, j ai addiüoiiiK; des échantillons de vin rouge d’une très petite (juantité de fer métallique à l’étatde limaille; d’autres échantillons renfermaient une dose de 1/oÜOO de perchlorure de fer. Une partm de ces vins était exposée à l’air dans des flacons ouverts à l’abri de toute agitation: l’autre était en flacons bouches, en contact avec une quantité limitée d’air. Cette disposition permettait d’étudier en même temps 1 influence de 1 aeiation. Le taldeau suivant indique le résultat des expériences. TABLEAU XV OBSERVATIONS Après ACIDITÉ PAR LITRE N Nombre de c. cubes en Na OH — aldéhyde Expr. en mill. 0/ 00 air. 1 air limité. air. air limité. Tt’inoia 9,5 9.5 86. 6. 4 heures \ Fe^Cl*^ 9.5 9,5 90. 86. 8. 9. 90. 86. [ Témoin 9,5 9,5 86 ,85. ü licures < Fe^Cl® 9 , 5 9,5 95. 90. 6,7 8,2 92. 90. 7-8 90. 86. I Témoin > 9,5 24 heures / Fe^CF 9.5 9,5 IhO. 95 . ( Fe G. 8. 115. 100. / Témoin 9,5 9,5 90. 88. 30 heures < Fe^CF 9.5 9,5 115. 100. 1 ( Fe 5,4 8 130. 100. / Témoin 9,5 9,5 92. 80. 34 lieures / Fe^Cl^ 9,5 9,5 130. 100. ^ Fe 5,2 8. 160. 00. ' Témoin 9,5 9,5 95. 86. 40 heures ) B'e'^GF 9,5 140. 100. (p. 5. 8. 195. 100. 761 xVLDÉHYDE ACÉTIQUE DANS LE VIN Après 8 jours on a constaté que Taldéhyde allait en dimi- nuant : elle avait disparu après trois semaines et de nouveau réapparu dans la suite. Les résultats de ces essais montrent : 1® Que raHéliydification du vin sous rinfluence du fer est extrêmement rapide; 2® Que la dose d'aldéhyde produite, environ 200 milli- grammes, serait suffisante pour provoquer à elle' seule l’inso- lubilisation de la matière colorante du vin, indépendamment du dépôt attribuable à l’oxydation de la matière colorante sous l’influence du fer; 3^ Que l’aération du vin a favorisé l’aldéliydifîcation ; 4^ Que l’aldébyde peut disparaître et se former de nouveau. Remarquons que le même tableau montre que le fer agit encore aussi bien àl’état métallique qu’à l’état de sel. Dans l’expé- rience citée, le fer métallique en excès s’est peu à peu combiné aux acides du vin, comme on peut s’en rendre compte par l’abaissement de Tacidité totale. Le manganèse employé dans les mêmes conditions a donné des résultats analogues, quoique un peu plus longs à se pro - duire. * ^ Comme application des précédentes observations, on peut maintenant se demander si le dépôt observé au cours des precedents essais et, par analogie, si le dép(')t provenant de la véritable casse oxydasique est dû uniquement à un dépôt aldéhydique, plutôt qu’à l’oxydation directe de la matière colo- rante par le fer. On sait, en effet, que les matières colorantes du vin rouge sont très oxydables. Martinand ^ a indiqué que des matières colorantes très voisines de celles des vins fournissaient rapidement des dépôts par addition de diastases oxydantes en 1 absence de toute trace d’alcool et par conséquent d’aldébyde acétique : il en est de même de moûts de raisin avant fermen- tation. 1. Los résultats que je viens de signaler en expérimentant sur le vin addi- tionné d un sel de 1er ne doivent pas êti'e confondus à Tavanee avec ceux qui résulteraient de l’étude d’un vin à casse oxydasi(iue très rai)ide. N’ayant pu nie ])rocurer, malgré mes ctTorts, un semblable vin au début de sa maladie, cette étude n’a pas été faite. 2. C. J{. de VAc. des Sc., juillid 1907, p. 1439. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR T()2 La dualité d’action est évidente. En effet, si l’on admet à la suite de ces observations que la matière colorante du vin rouge fournit des dépôts par oxydation directe, il est également hors de doute, pai* ce que nous savons, que les doses d’aldéhyde signalées plus haut, provenant de l’oxydation de l’alcool sous l’influence de diastases oxydantes, sont suffisantes pourprovo- ({Lier rapidement, et à coup sûr, la formation d’un dépôt. Il n’est pas difficile de conclure que les deux actions peuvent être connexes, Vune pouvant précédé)' Cautre selon les circonstances de composition, de température, etc. On peut en effet facile- ment prouver [que l’action précipitante due à l’aldéhyde peut précéder l’action due à un oxydant. Ainsi, dans l’exemple pré- cédent, des vins témoins additionnés de 1/3000 d’aldéhyde ont troublé avant le vin additionné de 1/10000 de perchlorure de fer. Enfin, je signalerai encore une particularité qui établit une fois de plus l’analogie qui existe entre les vins cassés et les vins soumis à l’action de l’aldéhyde. En abandonnant à l’ahri de toute agitation des vins rouges additionnés ^ L apparition du chancre syphilitique est précédée par une période d incubation dont la durée varie suivant l’orig-ine du virus et l’espèce animale, mais qu'on ne peut ahré-er en deçà d une certaine limite. Nous avons recborclié (juello |,eut être la raison de cette incubation, en nous adressant à l'e.xperirnentatioii et en clioi- sissant, comme matériel d’étude, la kératite que l’on provoque chez le lapin, en inoculant le virus spécifique dans la chambre anterieure de l’œil. La richesse en tréponèmes de cetle kératite d U 10 part, la pureté du virus do passage d’autre part, ont faci- lite nos etudes, que nous avons eu soin de compléter par des expériences faites sur un chimpanzé et sur des catarrliiniens inférieurs. A priori, deux hypothèses peuvent être invoquées pour expliquer la durée de la période d’incubation. D'après la pre- mière, on pourrait penser que le tréponème, étant un microor- ganisme apparenté aux protozoaires, doit accomplir un cycle evo utif avant d’arriver au stade de spirochète. Los lésions du syphilome primaire ne pouvant être engendrées que par des parasites adultes et spirilles, l'incubation correspondrait aux diverses pliases que le tréponème traverse pour achever son evo uhon . D après le seconde hypothèse, la plus plausible, le microbe de la syphilis, par suite de sa fragilité et de ses exigences nutritives, estun parasite qui s’adapte difticilementà toutnouveau milieu et qui se multiplie avec une certaine lenteur, du moins dans les premiers moments qui succèdent à son inoculation. Sa pullulation et par suite, la genèse des altérations In'.stologiques qui en sont la conséquence, doivent donc exiger un temps assez ,/. r.?"' '“'Lr® KivorszTo.,.owicz ot Siri.i.Br.K, (Bull, de VAcad. d,; Scieeces de Cracome. 190:.,, n- 9, 713) ont soutenu lo.vi.stenœ d'„„ cycle évolutif chez le TVeponema palhdum ; les alli, -mations de ses auleui-.s n’ont pus été confirmées 764 ANNALES DE L’IINSTITUT PASTEUR long; ce temps correspondrait à la période d incubation. Nos recherches, que nous avons déjà résumées brièvement ailleurs*, nous ont montré le bien fondé de cette dernière manière de voir. Nous les exposerons en détail dans ce qui suit, en examinant tout d*abord l’évolution de la kératite spé- cili(|ue chez le lapin, ensuite le sort du tréponème pendant Tin- cubation qui précède l’éclosion du syphilome primaire chez le chimpanzé et les simiens inférieurs. I RECHERCHES SUR LX KÉRATITE SYPHILITIQUE DU LAPIN Technique. Nous nous sommes servis d’un virus provenant de M. Berta- relli^ et que nous devons à l’obligeance de M. Uhlenhnth. Ce virus avait déjà tait de très nombreux passages sur le lapin; actuellement son activité est accusée pour cette espèce animale, puisque la grande majorité des animaux inoculés prennent la kératite après une incubation qui varie entre 30 et iO jours. Nous avons infecté les animaux en procédant de la façon suivante: Un lapin porteur de lésions cornéennes manifestes est sacrifié, l’œil est énuclé et lavé plusieurs fois dans de i’eau salée iscdonique stérilisée. On ponctionne la chambre antérieure à l’aide d’un couteau de Craefe et on excise la portion de cornée qui paraît le plus lésée. Puis, avec des ciseaux stériles, on découpe cette portion en petits fragments d’un à deux milli- mètres de côté, et, à l’aide d’une pince fine, on les introduit dans la chambre antérieure des lapins neufs. Pour ce faire, on ouvre la chambre antérieure près du limbe, au moyen d’un couteau triangulaire, et on y glisse le fragment, en ayant soin de ne pas dilacérer l’iris Les animaux sont sacrifiés à des intervalles variables au cours de la période d’incubaiion et même lorsque la kératite devient macroscopiquement apparente. L’œil est fixé dans du formol à 10 0/0, et l’étude histologique est faite après imprégnation des tissus par le procédé àPargent-pyridine (Levaditi ei Manou élian). ÉVOLUTION DU TRÉPONÈME ET DES ALTÉRATIONS MICROSCOPIQUES a) Première phase. Comme l’ont vu les auteurs qui ont étudie la kératite spécifique du lapin, entre autres Scherber *, Greef et 1. Levaditi et Yamanoicuu, C. R. delà Soc. de Biolofjie., 1908, vol. LXI\, p. 50 et 313. . . . 2. Bertarelli. Transmission de la syphilis à la cornée du lapin, Ricisia d'Igiene, 1900, vol. XVII et XVI II. 3. Cette technique nous a été indiquée par M. Lohe de la clinique du i)rol. Lesser: nous le crions de recevoir nos remerciements. 4. Scherber, Wien. kliii. Wocli.^ 1906, n° 24, p 720, L’INCUBAllON DANS LA SYPHILIS Ter) Clausem' et Hoffmann’, l’inoculation du virus .lans la cornee ou dans la chambre anterieure, engendre une réaction inflamma- toire accentuée pendant les premiers jours qui succèdent à l’opération. Cette réaction finit par disparaître et la cornée redevient bientôt transparente, pour se maintenir dans cet état aussi longtemps que dure la période d’incubation. .-Vpri'S dO, .35 ou 40 jours, commencent les premières manifestations de la kératite, bien décrites par Bertarei.m et par ceux qui ont confirmé ses recherches. Si l’on sacrifie les animau.x le '2» ou le 3« jour après l'intro- duction du fragment cornéen dans la chambre antérieure, on constate les lésions suivantes : Le frag’nient de cornee inocule {ccHcieunc cornés^') ne montre encore aucun signe d^organisation. On n’y décèle que des ccl- Iules cornéennes disposées entre les lamelles, un épithélium de recouvrement et des vestiges de la membrane de Descemot. Ce fragment est entoure d un exsudât fibrineux, assez riche en leu- cocytes mono et polynucléaires. L’exsudation remplit une partie de la chambre antérieure et rattache Y ancienne cornée d’une part à l’iris, et d’autre part à la face profonde de la nouvelle cornée. Les tréponèmes sont en petit nombre et leur pullulation est pour ainsi dire nulle à ce moment. On les découvre dans Y ancienne cornée, disséminés entre les lamelles et aussi, très rares, dans l’exsudât fibrineux. Certains des parasites inclus dans le frag- ment cornéen, montrent des signes nets de dégénérescence. Cos signes se traduisent par l’élat moniliforine des spirochètes, qui apparaissent comme des chapelets de grains inégaux' réunis par des filaments minces, et aussi par la fragmenration des parasites. On ne rencontre pas de tréponèmes dans la nouvelle cornée et dans l’iris. Il en résulte que pendant cette première phase réactionnelle de la période d’incubation, il n’y a ni organisation du fragment tmrnéen inoculé ni prolifération marquée des spirochètes. Ceux-ci semblent plutôt subir des modifications régressives, 1. Greef et Clausen, Deutsche med. Woch., 1906, n« 36 p 1454 Hoffmanx, Dermaioi. Ztüschr., vol. XIH, lasc. 8, p. 561. 3. Nous désignons par le terme ancienne cornée. le fragment de corné-e inn expéi’fènce^^''' nouvelle cornée, la cornée du lapin cm 766 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR dues très probablement au brusque ciiangement de milieu et aussi au manque de matériaux nutritifs. L’abseneo de vaisseaux de nouvelle formation, dont rapparition au sein de Vanclmne cornée est relativement tardive, rend défectueux l’apport des substances nutritives, qui n’arrivent au contact des parasites que par simple imbibition. Ce .jui le prouve, c’est que les trépo- nèmes qui ont réussi à se fixer dans l’exsudation cellulo-fibri- neusede la chambre antérieure et qui sont, par conséquent, dans de meilleures conditions de vie, &e montrent moins altérés que les parasites de Y ancienne cornée.. b) Deuxième phase d’ « organisation ». — Les premiers signes d’organisation, apparents du 9^ au 20" jour, se traduisent par une prolifération active des cellules propres de Yancienne cor- née, par ia production de vaisseaux lymphatiques et sanguins néo-formés, et aussi par une multiplication marquée des élé- ments épithéliaux qui couvrent le fragment cornéen. Ces modi- fications apparaissent graduellement, chacune d’elle pouvant être plus ou moins précoce, suivant l’animal en expérience et suivant le moment où l’on pratique l'examen. Le revêtement épithélial, siège d’une multiplication cellulaire assez xive, s’étend de plus en plus et finit par recouvrir entiè- rement les portions libres du fragment de Yaiicienne cornée. Par places, il donne lieu à la formation de nodules circonscrits, (jui peuvent être enclavés dans la cornée, ou attachés à l’iris. La figure 2 de la Planche XI montre deux de ces nodules épithéliaux n, représentés, à un plus fort grossissement, dans la figure 1 de la même planche (c) A une période plus avancée, la couche épi- théliale, là où elle prend une disposition nettement nodulaire, se vacuolise au centre, par suite d’une fonte cellulaire et donne lieu à la formation de kystes remplis de détritus. Les éléments propres de la cornée se multiplient et se déforment à la fois. Les cellules, pourvues d’un noyau ovalaire ou irré- gulier, possédant un ou deux nucléoles, ont un aspect nette- ment étoilé et envoient des prolongements multiples. Ces élé- ments se touchent presque par leurs extrémités, se soudent même par place, pour donner lieu à des plasmodes, et ren- ferment souvent des grains pigmentaires dans leur protoplasma l. Lapin n® GO, sacrifié IG jours après l’inoculation. L’INCUBATION DANS LA SYPHILIS 7(57 (PL XIll, fie-, 2). Leur intervention directe dans le processus qui présidé a la formation des vaisseaux lymphatiques et sanguins nous paraît certain. Ces vaisseaux naissent sous forme de fentes bordées de cellules à prolongements multiples; ces fentes se tapissent plus tard d’éléments endothéliaux et, après s’être mis en communication avec les foyers de prolifération vasculo-cnn- jonctive péricornéenne, assurent la nutrition du fragment perte de sucre subie par le sang doit elle-être calculée en perte \ absolue ou en perte relative? \ Il saute aux yeux que les glycolyses ne peuvent être appréciées \ GLYCOLYSK, IlYPEUGLYCÉMIE, G1.YC08URIE ET Dr.VBÈÏE 783 que par la perte absolue, puisque les .iioh'f , y, J, .1, «« Donc ,,]os petiîe Don q„and un ce. la.n nombce do centimètres cubes de sal. (lidDetique perwiront nioins de suerp Hano ^ Mais d pourrait arriver qu’un sang diabétique ait une r.crte relative de g ucose plus petite qu’un sang normal tout en ivali une perte absolue plus grande. Sera-t-1 dès Im-rfor^ém^enî p us glycolytique que le sang normal? Pour pouvoir répondre à cette question, il importe de cm ;» ia «i,.oi,.o, »;"“r Ïvcolviioue "°“d î^i}colylique que du sanff normal Mais si • i ^ " düsolusj, alors le sang diabétique devra _ pour être nl.w g jcolylique que du sang normal - détruire on c^hiffres absîlu^ P us de sucre que du sang normal enrichi préalablement d’au"^ a«d, sl„„.e k ..„s luLkf' Têlt”' que 1 expérience ne vérifie pas, car certains auteurs démontrent preusement que la quantité de glucose détruite, lors de la glyco - üu sang normal, augmente avec renrichissement ce £:y£fe4”;;‘ .iirz, î,; sr;,:. o'; ^vpÆ^:.^.o;::iïLXT.T3;‘fa K, auteurs [Duclaux (30), Sansoni (84), Spitzer (8S)' Kraus 186;, Mixkowsk, 123), Seeoen (87), Pavv (88) GA^tno 2’ c..™.»,, (90), h™, ,38,] „i, “iS: 50 78G ANNALES DE L’INSTiTUT PASTEUR Leurs expériences ne sont cependant pas à Uabri de (‘ri- tique. Ainsi lliÎDON public (38, p. 141) une série de chillres d’où il ressort à première vue, que du sang enrichi en sina e no perd pas plus de glucose que du sang normal. Mais les (expé- riences de l’auteur sont cti fait peu comparables entre elles, les glycolyses ayant été effectuées à des températures variant entre 39‘N5 et 45^^ et pendant des temps inégaux (1 à 4 heures i: nous ne savons en outre pas comment le sang a été enricin en sucre et si la pression osmotique du sang a été respectée (Ci. De Meyer, 26, p. 94 et 95). Kraus (86) exprime le môme avis que Hédoy. i^lais ses expériences sont entachées de sérieuses causes d’erreur, parce que les glycolyses ont été appréciées non par la perle en sucre, mais par le CO^ dégagé. Or, il résulte de recherches encore inédites de M. le docteur Slosse, que la formation de CO- dans la glycolyse du sang strictement aseptique, est pour ainsi dii‘e nulle. Kraus compare en outre des glycolyses opérées a 39'^-40®, à des glycolyses opérées à 60®; la perte en sucre du sang oxa- laté à celle du sang normal! Bref, les conclusions de l auteur ne s’appuient pas à notre sens sur des données expérimentales suffisamment inattaquables. Seegen (87) a également effectué des expériences de glyco- lyse dans du sang additionné de glucose. Une phrase écrite par l’auteur juge ce travail: « Das Blut, dit-il, war ganz dunkel und hatte einen faden, unangenehmen Geruch. » Nous n insiste- rons donc pas sur les conclusions formulées dans ce mémoite. Lesvé et Dreyfus (102) affirment aussi que la glycolyse est la môme dans le sang de lapins normaux et de lapins injectés de quelques grammes de glucose par kgr. d’animal. Mais nous pensons que ces auteurs ont trop dilué le sang (40 c. c. de sang dans 60 c. c. d’eau) pour être à même d’observer des })hé- nomènes physiologiques. Payy (88), par contre, a exécuté une série de glycolyses dans des conditions excellentes. Il confirme absolument les conclusions du travail de Lépine et Metroz (84). Il voit donc qu(‘ l’enrichissement du sang en sucre occasionne une perte absolue de glucose plus grande. Et, en calculant ses chiffres, nous ti-ou- vons comme pour ceux publiés parles auteurs français que, pour chaque gramme de sucre en plus par litre de sang, la glycolyse glycolyse, hyperglycémie, gi,ycosurie et diabète 787 est devenue approximativement 1,3 à '1,S fois plus intense La question nous paraît donc Irancliée : l’ enrichissement dit sang m sacre a pour effet d’augmenter l’intensité de la glycohise plas pat Ute augmente enciron 1,5 fois Ut perte en glucose. puisÎnce''rcort'‘"‘''T concernant la malades atret s d^animaux ddpancrdatés ou de Lki.lmî (39) étudié, dans un premier travail, la perte de sucre dans du sanç normal de chien et dans du sang de^ht d pT IdTan irr"' 'r V- l’auteur, que îa perte absolue e h P rt! ‘‘f - l>ien Pl«a petite qie la perte dans le sang normal. Les expériences prouvent Ïns' k san? 1 T' '^«‘‘■avée üdiis le sang- de chien depancréatë. Ces expériences sont vérifiées par Lépine et Barral (91) dans nce de circulation artificielle à travers le, rein au moyen^de iSn 3 "«--"‘al et  sang • anima depancreate. Ils constatent que le sang normal perd O 0/Ü de sucre en plus que le même sang qui n’a pas circulé ors .jue le sang diabétique ne perd que 6 0/0 en Jlus. Lepi.^e et B.ARRAL (93) font la même opération dans une patte de c len et constatent, qu’en 1 heure, le sang normal peïd pas même 30 0/!;!'°''’ " diabétique n’en perd •le I W r''?] comparativement le sucre • c artere et de la veine fémorale chez des chiens normaux et diabétiques. La perte de sucre subie par le sang veineux e sensiblement la même chez les deux espèces d’fnimaux ' Les u 'nnrd' ‘‘T diabétique n’esi pas •lue d une diminution de la glycolyse Cette conclusion ne nous paraît pas probante parce que, n CO expériences, les phénomènes d’absorption de gluco.s<; aux phénomènes de glycolyse e-lvenr"" r (P'C ont publié encore un mémoire sur la fe y olyso dans le sang de malades atteints •l’alfections diverse.s 788 ANNALES DE L’INSTITÜÏ PASTEUU ol nolamnient de diabète. L’examen de la perte absolue en glu- cose éprouvée par les dilférents sangs, montre nettement que dans le diabète il y a eu une diminution de la perte absolue de sucre, donc une diminution manifeste du pouvoir glycolytique. Mi.nkowski (23) n’admet pas cette conclusion. Il dit avoir examiné l’intensité de la glycolyse chez des chiens dépancreatea et ne pas avoir observé de diminution de la perte de sucre. Mais l’auteur ne donne pas de chitlVes. 11 est donc impossible d’interpréter son expérience en toute connaissance de cause. Spitzer (83) a étudié la glycolyse dans le sang des diabé- tiques, et constaté que la perte absolue n’est pas plus petite que dans le sang de personnes atteintes d’autres affections Mais Fauteur, au lieu de faire ses expériences dans du sang tel que , a mélangé 10-20 c. c. de sang à 50 c. c. de glucose. On voit de suite ce qu’un tel mode opératoire entraîne de causes d’erreur. Kraus (86), dans le travail dont nous avons déjà parle, a étudié aussi la perte' de sucre dans le sang de 7 diabétiques. 11 conclut à une non diminution d’intensité de la glycolyse. Nous avons brièvement exposé toutes les causes d’erreurs entachant ses expériences. Voilà les expériences, à la vérité peu nombreuses, qui ont été publiées sur la glycolyse dans le diabète. Nous pouvons encore mentionner ici un certain nombre de travaux prouvant indirectement que des rapports pourraient e.xister entre le 1er- ment glycolytique et les phénomènes qui se passent dans le Ainsi Lépine et Barrxl (95) constatent que la lymphe thora- cique (très riche en ferment), injectée dans les veines d un chien dépancréaté, diminue la glycosurie. Par contre, une trop grande soustraction de lymphe (liquide très riche en ferment glycolytique) pourrait faire apparaître de la glycosurie (citation IlÉDO.x" Article Diabète, diction. Richet). Lépine et Barral (94 et 96) ont remplacé aussi la lymphe par de la diastase du malt et de la levure, et ont vu la glyco- surie rétrocéder dans quelques cas. Notons ici que Von Mehring et Minkowski (99) et Hedon (38, p. 130) ont publié des expériences qui ne cadrent guere avec GLYCOLYSE, HYPERGLYCÉMIE, GLYCOSURIE ET D[ARÊTE 789 celles de Lépine et Barp.ae. Ain«i les premiers ont transfusé à un chien normal le sang- d’un chien diabétique : le chien nor- mal ne devint pas glycosurique. Hédon confirme cette expé- rience, mais, chose importante au point de vue tfiéurique, il vit cependant la glycosurie s’abaisser pendant quelque temps chez un chien diabétique auquel il avait transfusé le sang d’un chien normal (38 p. 133). On pourrait donc croire. qu’à l’état normal Iri glycémie peut se regler sans l’intervention du ferment glyco- lytiquc. Nous ne le pensons pas, car il est évident que, dans les •expériences de tran sfusion, le sang diabétique in jeci é, traversant le pancréas et les organes hématopoiétiques du chien sain, n’a pas tardé à acquérir des propriétés toutes nouvelles. Quelques auteurs ont essayé aussi de faire des expériences de glycolyse à l’intérieur de l’organisme, donc dans les vais- seaux, après 1 isolement du foie, cela chez des animaux diabé- tiques ou non. Ces expériences ont donné des résultats peu concordants. Seegen (5 a, d) et Hédon (38) en ont exécuté quelques-unes; l’inégalité des résultats tient vraisemblable- ment à ce qu après la mort, la coagulation et la désoxygéna- tion du sang sont venues altérer ou entraver les processus gl y colytiques. Kaufmann (97-43) laisse le sang cirOuler dans des animaux, dépancréatés ou non, dont le foie avait été virtuellement isolé par toute une sérié de ligatures. 11 constate que le sang diabétique s’appauvrit en glucose aussi vite que du sang normal. La glycolyse s’opérerait donc encore chez les diabétiques. Mais on sait parles travaux de Lüthje (100) que les cellules des diabé- tiques peuvent encore utiliser une quantité apprécinhle de sucre : 1 expérience de Kaufmann ne suffit donc pas pour tran- cher la question de l’absence de glycolyse dans le diabète. Kausch (98) a vu aussi chez les oiseaux granivores que le gluc'tse du sang diminue aussi vite chez les animaux sans pan- créas et sans foie, que chez les animaux privés seulement de leur foie. [Cf. aussi Marcuse (103)]. Mais ces expériences ne peuvent non plus servir à tranchei* la question de l’absence de glycolyse après la depancreatisation, parce que l’expérience n a pas dissocie les plumomènes glycolytiques des phénomènes d’absorption par les cellules. 790 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Il résulte donc en résumé de cel aper (;u bibliographique, que le sang reste glycolytique dans le diabète, mais à un degré manifestement moins élevé que le sang normal. Ce fait se concilie sans doute difficilement avec la thèse que nous avons soutenue, suivant laquelle le ferment glycolytique sécrété à Tétât de proferment, serait transformé en ferment actif par une (( sensibilisatrice» faisant partie delà sécrétion interne du pan- créas. Car lors de la dépancréatisation, cette sensibilisatrice faisant défaut, ou devrait observer un arrêt complet de la glyco- lyse.Or cet arrêt complet a-t-il vraiment lieu in vivo ? Personne ne pourrait encore répondre définitivement à cette question : nous avons vu en effet que les expériences de Seegex, Hedon, Kauf- mann etlvAUSCH ne sont pas absolument probantes. Nous avons essayé de tourner la difficulté en vaccinant des animaux contre du ferment glycolytique, et en étudiant Taction physiologique d’un sérum antiglycolylique. Nous avons observé la diminution de la glycolyse in viti^o^ nous avons amené la production chez Tanimal de Thyperglycémie et de la glycosurie, mais il nous est impossible de dire si notre sérum antiglycoly- tique a arrêté entièrement ou en partie, Taction du ferment à l'intérieur des vaisseaux. In vitro la glycolyse n’a été arrêtée qu’en partie, mais conclure de là qu’il en a été de meme in vivo serait une erreur. En effet, en dehors do Torganisme, le sang défibriné est soumis à tout un ensemble d’excitations nouvelles qui ne se réalisent jamais à l’intérieur des vaisseaux. Ces excitations atteignent en premier lieu la vitalité des éléments figurés: ceux-ci pourraient donc très bien abandonner dans le plasma des substances semblables à la sensibilisatrice pancréa- tique. Le proferment du sang diabétique deviendrait actif parle fait même, et on s’expliquerait de la sorte la glycolyse légère qui existe encore dans ce sang. Ce raisonnement s’accorde du reste assez bien avec d’autres faits mis en relief par les physiolo- gistes : ainsi Delezenne n’a-t-il pas démontré que les leucocytes contenaient en grande quantité, la substance nécessaire à la sensibilisation du trypsinogène, alors que ces éléments n’ont certes pas pour rôle, dans leur vie ordinaire, d’activer le suc pancréatique. La glycolyse légère du sang diabétique in vitro s’expliquerait cependant plus facilement, si on considérait simplement la GLYCOLYSE, HYPERGLYCÉMIE, GLYCOSURIE ET DIABÈTE 791 sécretioa interne du pancréas, non comme sensibilisatrice, mais comme une substance favorisante du ferment glycolytique. La depancreatisation priverait le ferment de son excitant nor- mal, ou, plus exactement, rendrait le milieu interne beaucoup moins propre à son action et on comprendrait encore bien la presence de la glycolyse dans le sang- diabétique. Nous nous g-arderons cependant bien pour le moment de choisir entre les deux théories en présence. Ce que nous avons essayé de faire dans nos expériences a été d’atteindre la glyco- lyse m vivo par un sérum spécifique. Si nous ne sommes pas encore parvenu à trancher définitivement la question de savoir si le sang diabétique jmssède encore réellement au sein de 1 organisme un pouvoir glycolytique, nous montrerons cepen- dant qu une atteinte portée à la fonction glycolytique par un antiferment spécifique, a suffi pour amener les deux symp- tômes les plus pathognomoniques du diabète. MÉTHODE Nous nous sommes proposé de préparer un sérum antigly- colytique, affaiblissant ou même annihilant s’il se peut l’action du ferment glycolytique du chien. L animal de [passage choisi fut le lapin. I. Obtention du ferment glycolytique. Le moyen le plus certain de se procurer du ferment glycolyticiue actif, con- siste à recueillir du sang, à le défîbriner et à exciter les leucocytes par l’ad- jonction d un peu d eau distillée, ou mieux encore par quelques centimètres cubes d extrait aqueux de pancréas, chauffé préalablement à 70o pendant heure. Au lieu de sang on peut également faire usage — quoique d’une laçon moins sure — d’exsudat pleural aseptique obtenu par injection intrapleurale de bouillon gélatinisé. (.o0-60 c. c. de bouillon, contenan! 42 0/0 de gélatine pour un animal de 5 kilogrammes. L’exsudât est ponc- tionné environ 33 heures après l’injection. Un très grand nombre d’expériences nous ont montré, qu’en thèse géné- rale, le meilleur milieu glycolytique est toujours le sang. Certes, on peut obtenir au moyen d’exsudats, des milieux détruisant activement le glucose, mais il se trouve aussi des exsudats doués d’un pouvoir glycolytique très faible. Gela tient peut-être à l’âge de l’exsiiflat, ainsi qu’à l’espèce des leucocytes qui le composent. Pour extraire plus complètement le contenu des éléments figurés du sang, nous avons tenté d’employer la congélation. Nous pensions exciter 792 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ainsi vivement les Icncocyles et obtenir un lif[iii(le [)1us glycoljti(jue. Nous n’avons pas lieu d’être extrêmement satisfait de celte méthode. Plusieurs exsudais congelés ne nous ont donné (lu’unc très faible glycolyse, dans deux expériences elle fut même tout à fait nulle; par contre, dans un cas seulement, en 5 heures,, 75 0/0 du glucose initial avaient disparu. Au début nous avons essayé de combiner la dessiccation à la congélation. Les liquides dégelés él aient versés rapidement dans des boîtes de Pétri et soumis au vide sulfuri(jue. Au bout de 12 heures il ne restait qu’une croûte sèche qui était broyée et macérée avant l’emploi, pendant 1/2 heure dans l’étuve à 40o. Cette méthode nous a donné de très mauvais résultats : la dessiccation paraît détruire entièrement le ferment glycolytique. Nous avons tenté aussi de nous servir de ferment glycolytique préparé par précipitation. On sait qu’un grand nombre d’auteurs affirment être parvenus à obtenir du ferment glycolytique à l’état pur. Nous avons déjù exposé dans notre premier travail (26 page 78) ce que nous pensions à ce sujet. Le mémoire le plus complet qui ait été consacré à cette question est celui de Sieber(57), L’auteur prend de la fibrine de cheval et en extrait du ferment glycolytique j)ar3 méthodes différentes; il obtient ainsi 3 ferments à propriété légèrement distinctes. La première méthode consiste à épuiser le caillot de fibrine j)ar de l’eau distillée. Celle-ci est alor.3 traitée par du SO^(AzIPû“ (dialysé en suite) ou par du COL Le ferment se précipite sous Tinfluence de ces deux agents. On reprend alors le caillot de fibrine par une solution concentrée d’un sel neutre (8 0/0 KAzo^ ou NaCl par exemple) et on laisse au thermostat. La solution obtenue est {)récipitée soit par l’alcool, le CO"2, ou le SO'‘(AzlU)'. Les sels sont enlevés jiar dialyse et on obtient ainsi le second ferment glycolytique. Le ferment glycolytique =26,4 0/0). En C il y avait au début 39_j_8,14 = 47"“g%14 de glucose. La perte est de 3“gL64, soit 7,72 0/0. En D il y avait aussi au début 47’"S'’ 14 de glucose : perte de soit 9 0/0. En E perte de 8‘^g'-,l4, soit 17"^«L25 0/0. Cette première expérience nous montre que la glycolyse en présence de sérum de lapin tel qu’il a été recueilli ou porté à 56® (Exp. C et D) est bien moins active que la glycolyse opérée en présence d’un égal volume de solution physiologique (Exp. B.) Il y a donc eu, en C et D, une substance apportée par le sérum de lapin, qui a entravé les propriétés glycolytiques de Texsudat. Cette substance ne peut être qu’un antiferment — donc, de l’antiglycolysine — puisque^ la température de 68® tend à la détruire, ainsi que le prouve l’expérience E. Expkhience U La glycolyse a été opérée dans du sang défibriné de chien additionné d’un peu de glucose. Elle a duré 7 heures. Le sérum provenait d’un lapin ayant reçu 12 injections de sang de chien . A : 20 c. c. de sang contiennent avant la glycolyse, GO^gr de sucre. B : 20 c. c. de sang sont mis à la glycolyse avec 3 c. c. d’eau physiolo- logique. Nous retrouvons 44mgr de glucose. C : 20 c. c. de sang sont mis à la glycolyse avec 3 c. c. de sérum de lapin, porté 1/2 heure à SCc. Nous retrouvons 58mgr,G de sucre. D : 20 c. c. de sang sont mis à la glycolyse avec 3 c. c. de sérum de lapin porté 4/2 heure à G8o. Nous retrouvons 49^T'g^5 de sucre. S : Dosons le sucre dans 5 c. c. de sérum de lapin. Nous trouvons 14™gr,8. Donc dans 3 c. c. il y a S^gfjSS. GLYGOLYSE, HYPERGLYCÉMIE, GLYCOSURIE ET DIARÈTE 797 Nous voyons donc qu en li il y a eu une perte de (=26,7 0/0). En G, puisque la quantité initiale de glucose était de 60 +8,88 = 68,88, la perte est de 12™g%28 (= 17,82 0/0)., Est en D la perte est de 19‘”g%38 soit 28,1 0/0. Cette expérience confirme donc absolument la précédenle. En présence de sérum de lapin vacciné, sérum porté à 56'% la glycolyse est beaucoup moins active qu'en présence de solution physiologique. La chaleur détruit l'antiglycolysine, puisque du sérum porté à bS'’ n'entrave plus du tout les propriétés glycoly- tiques du sang. Au contraire, si on compare l'expérience D à l’expérience B, on voit qu'il y a eu une légère activation du feiment glycolytique. Nous fournirons plus loin quelques expli- cations sur ce fait spécial. Expériexck II! La glycolyse — qui a duré 7 heures — a été opériie dans, de l’exsudât pleural enrichi d'un peu de glucose. Le sérum pro- venait d’un lapin ayant reçu 12 injections de sang de chien. A : 20 c. c. (l’exsiidat contiennent avant la glycolyse, Gtnigr ,ie sucre. B : 20 c. c. d exsudât sont mis à la glycolyse avec 3 c. c. de solation physiologique. Nous retrouvons 33mgi‘ de glucose. C : 20 c. c. d’exsudat sont mis cà la glycolyse avec 3 c. c. de sérum do lapin porté à 56‘>. Nous retrouvons de glucose. D : 20 c. c. d’exsudat sont mis à la glycolyse avec 2 c. c. de sérum de lapin porté à OS». Nous retrouvons 33ïï*gf,8 de glucose. S : Nous dosons le glucose dans 5 c. c. de sérum de lapin. Trouvé J4‘'ig'’,8. Donc dans 3 c. c. il y avait 8mgi‘,88. Nous voyons qu'en B il y a eu une perte de 28’”Kr (\q glucose (1=45,8 0/0). En G on part de 61 + 8,88 = 69,88 de sucre; la perte est donc de 24,38, soit 34,9 0/0. En I) il y avait avant la glycolyse 61 + 5,92 = 66,92; la perte est donc de 31,12 de sucre, soit 46,5 0 0. Ges résultats sont entièrement conformes aux résultats «Je l'expérience II. La gly(*olyse est manifestement ralenlie par le sérum de lapin chauffé à 56'% la chaleur détruit la substance 7Ô8 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR antiglycolytique et le sérum de lapin chauffé à 68® active même légèrement les propriétés glycolytiques de Pexsudat, Expérience IV La glycolyse — qui a duré d heures — est opérée dans du sang de chien. Le sérum a été recueilli chez un lapin ayant reçu 1(1 injections (chacune de 20-30 c. c.) d’exsudat de chien ayant eu ses propriétés glycolytiques activées (soit par quelques centimètres cubes d’eau distillée, soit par un peu d’extrait pan- créatique). Quehjues exsudats avaient également été congehis. A : 20 c. c. de sang contiennent avant la glycolyse 37»igi‘.o de sucre. B : 20 c. c. de sang sont glycolysés en présence de 10 c. c. de solution physiologique. Nous retrouvons 12mgr,'l de glucose. C : 20 c. c. de sang sont glycolysés en présence de 10 c. c. de sérum ?r de glucoce. D : 20 c. c. de sang sont glycolysés en présence de 5 c. c. de sérum de lapin porté à 68o. Nous retrouvons de glucose. S : Nous dosons le sucre dans 10 c. c. de sérum de lapin. Nous trouvons llrag‘’,3. Ce qui fait pour 5 c. c. de sérum 5mgr^65. Eli B la perte est de 35™g%2 soit 58,6 0/0. En C il y avait au début 60 -f 5"’^^65 = 65“»^65 de sucre; la perte est de 23,65 sott 36 0/0. En D la perte est de 26®g>',25 soit 40 0/0. Ce sérum chauffé à 56° a donc diminué dans une forte mesure l’intensité de la glycolyse; le chauffage à 68° lui fait perdre ses propriétés antiglycolytiques, puisque la perte de sucre devient plus grande. Mais le sérum ayant présenté à 68° un début de coagulation, nous lui appliquons la même remarque qu’à l’expérience précédente. Expérience VII La glycolyse a été opérée dans du plasma de bœuf, obtenu par c^mtrifiij^ation de sang de bœuf frais. Ce plasma a été additionné de glucose. La glycolyse a duré 7 heures. Le sérum anlitçlycolytique provenait d’un lapin ayant re<;u 7 injections de sang de bœuf (5-10 c. c. par injection). A. — 20 c. c. de plasma de bœuf contiennent avant la glycolyse lOO'i'g’’ de glucose. B. — 20 c. c. de plasma sont glycolysés en présence de 5 c. c. de solu- tion physiologique. Le dosage nous donne 60fngf de glucose. Q — 20 c. c. de plasma sont glycolysés en présence de 5 c. c. de sérum de lapin porté à 56°. Nous retrouvons 84rag--^9. D, — 20 c. c. de plasma sont glycolysés en présence de 5 c. c. de sérum de lapin, porté à 68». Nous rel pouvons 74“‘gs9. - S. — Nous apeiD Le sérum des lapins ayant reru du sang de b(euf possè.le amm des propnetes antiglycolytiques nettes, propriétés détruites pai le c lauliage a 68», puisqu’on D la perte de sucre est près due égalé celle qui a eu lieu en préLce du même nomlm 'le centimètres cubes de solution pbysiologique. rie Nous croyons pouvoir conclure de ces sept séries d’expé- dévlnîZlrr''^'^ «« de ferment glijcolytique de chien, tZnZ ''T “ ?«'■ retarde in vitro Ici glycolyse du seing de chien. nnZi 'Z ne peut être qu’un antiferment, donc une Ces données montrent bien que le sérum antiglycolytique a fait diminuer dans une forte mesure - mais saL la sup- penner entièrement - l’activité de la glycolyse. L’état elycé- muiue du sang peut donc être réglé par l’activité propre de . CS éléments. Le sang peut ainsi s’enrichir ou s’appauvrir en sucre sans que le foie, le système nerveux ou quSque autre oiç^ane doive nécessairement intervenir. Ces résultats nous laissent entrevoir déjà que l’Iiypei-lv- cernie pourrait bien apparaître dans l’organisme à la suite” du lalentissement de la fonction glycolytique des leucocytes IL - Influence exercée par le sérum de lapin neuf sur la glycolyse du sang de chien. Il est évident que les conclusions que nous venons de for- muler n ont de valeur, que pour autant que le sérum de lapin neuf n exerce aucune action empêchante sur la glycolyse du !>dng de cinen. Nous nous .sommes assurés de ce fait dans les expériences témoins suivantes. 80-2 annales de L’INSTlïUT PASTEUR • Expérience VIH. La glycolyse s’opère pendant 6 h. et demie dans du saug d(‘ chien enrichi d’un peu de glucose. Le sérum de lapin, recueilli la veille, est porté préalable- ment 1/2 heure à 56^ Les piopriétés glycolytiques propres ont été ainsi auniliilées. X. — 20 c. c. de sang sont dosés avant la glycolvse. Ils contiennent 83 de sucre. Y. — 20 c. c. de sang sont portés à la gljcolyse avec 10 c. c. de solution physiologique. Nous retrouvons de glucose. Z. — 2Ü c. c. de sang sont portés à la gljcolyse avec 10 c. c. de sérum di’ lapin. Nous retrouvons 54«ig‘’ de glucose. s. - Nous dosons le glucose dans 13, S c. c. de sérum de lapm. Nous trouvons de glycose. Nous voyons que la perte en Y est de 34™"’’, 5 soit 41,3 0/0. En Z, en ajoutant le sérum, nous avons ajouté 25"'*'',7o de giy- coso; la quantité initiale de sucre était de 83,0 + 23,(5=109,2.0. La perte est donc de 55,25 ce qui lait 50,3 0/0. Le sérum de lapin neuf, contrairement aux sérums des lapins vaccinés, a donc activé la glycolyse. Expérience IX L’expérience est faite dans les mêmes conditions que 1 expi- rience précédente. ^ 20 c. c. de sang (additionnés d’un peu de glucose) contienueni avant la glycolyse 85 5 de sucie. ^ ^ Y. — 20 c. c. du même sang sont glycolysés en présence de o c. solution physiologique. Nous retrouvons après 1 heures de gljcoljseOl mgr. de glucose.^ 2 20 c. c. du même sang sont gljcoljsés en présence de .i c. c. de c. de sérum de lapin neuf (chauffé à 56*0. Nous retrouvons 69 mgr. de sucre. s. — Nous dosons le glucose dans fl c. c. de sérum de lapm. Nous retrouvons 45 4 de sucre. Ces chiffres nous montrent qu’en Y dy a ou une perte de 24,5, soit de 28, 65 0/0. En Z, la quantité initiale de glucose est CLYCOLVSE, I1VI>EUGLVCÉM1E, GLYCOSURIE ET DIABÈTE 803 5; glucose par litre lg>-,675. Immédiatement après nous injeclions 10 c. c. de sérum, et 10 minutes [)lus tard 5 autres c. c. II. — Un quart heure après, nous prélevons llgi-,95 de san?; glucose par litre : 2gr,480. Nous injectons de suite après 10 c. c. de sérum. III. — Après un quart d’heure, prise de 9s^05 de sang: glucose par litre : i Nouvelle injection de 13 c. c. de sérum. IV. — 25 minutes après, prise de 13^%55 de sang; glucose par litre : 2^Ul7. V. — Après 33 minutes, prise de 12gr,65 de sang; glucose par litre 2g%01. VI. — Après 30 minutes, prise de de sang; glucose par litre 2,58. 9 c. c. d’urine ont été recueillis après la quatrième prise de sang (IV). INous y trouvons par litre 4?'’, 43 de glucose. Après la dernière prise de sang, nous recueillons 20 c. c. d’urine. L’analyse indique 2gr,89 de glucose par litre. Les résultats de cette expérience sont Jonc absolument con- formes aux résultats fournis par l’expérience X : l’effet de l’injcclion do.sôrum anüglycolytiquo a été: 1° (l’augiiicnler dès la première injection létaux de glucose du sang; 2» de provoquer un degré net d’hyperglycémie; 3" de provoquer de la glycosurie. Le degré d'hyperglycémie atteint est certes moins élevé dans S08 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR potle expérience (jiie dans l’expérie nce précédente, on le taux du glucose s’est élevé jusqu’à : cela s’explique vraisem- hlableinent par le fait (|ue les sérRnis employés n’avaient pas la même activité. Un fait digne de remarque aussi est celui (jui concerne l’anpari- tion de la glycosurie, alors que le sang n’a pas dépassé — d’après nos dosages — de glucose par litre. L’opinion générale- ment admise, c’est que le sucre ne traverse les reins que quand il v a 3 grammes de glucose par litre. Nous ferons oljserver cependant qu’il se peut très bien qu'entre la 2® et la 4® prise, le sang ait contenu plus de 2"‘’,96 de glucose par litre, car ce n’est évidemment là que le taux du sucre de l’urine à nn iiioitient En outre, les auteurs signalent qu’on peut observer la glvcosurie — cela dans des diabètes non pblorbydi* ,|yo,s — avec moins de 3 grammes de sucre par litre de sang. Ainsi, Hi:dox (38 pg. 100) indique (ju’un chien ayant 2?N3 de glucose par litre de sang, éliminait o grammes de sucre pour 100 d’urine. Un autre chien était aussi diabétique avec 2"'', 4 de glucose par litre de sang. Hédox signale notamment (38 pg. 93) qu’une glvcosurie assez forte peut coïncider chez les animaux dépancréatés avec un état glycémique presque normal, cela dans les cas de diabète à forme légère. Ainsi chez un animal n’ayant dans le sang que isUoOO de sucre par litre, il y avait Oans l’urine de 11 à 12 grammes de glucose par litre. Freiuch (62) signale aussi le cas d’un malade présentant 2"‘’,8 de sucre dans son sang, et éliminant 3,3 Vo glucose dans l’urine. Le même auteur signale aussi chez un animal dépancréaté un taux de glucose du sang de 2^'', 8 avec une glycosurie de 6,2 0/9. Lépine et Barral (76) montrent de leur coté, dans des (‘xp('- riences conduites très comparativement, qu’il y avait glycosurie chez des chiens au moment où leur sang ne contenait que 2.4: 2,3; 2,1 : 2 grammes de glucose par litre. Seegex i 3c) signale, aussi chez un malade atteint de diabète, un taux <*0 l-'‘,8 de glucose par litre de sang. Les chilTres fin glucose du sang chez des organismes diabé- ti(jues sont donc assez variables : cela lient à un ensemble de causes trop complexes pour être discutées ici avec quelque détail; et peut-être à ce fait que les analyses ont été exécutées GLYGOLYSE, HYPERGLYCÉMIE, GLYCOSURIE ET DIABÈTE 809 les unes dans du sang artériel, les autres dans du sang veineux, les unes chez des organismes à jeun, les autres chez des orga- nismes en pleine digestion. Nous pensons donc, quoiqu’il y ait peut-être certaines ré- serves à faire au sujet de Popinion de Hédon, concernant l’appa- rition de la glycosurie chez des animaux imn hyperglycémiques, qu’il ne faut pas prendre le taux de 3 0 00 il’une façon irop absolue. Les chiffres de notre expérience XI ne sont donc pas forcément en contradiction avec les données classiques concer nant les rapports entre l’hyperglycémie et la glycosurie. Expérience XîI. Nous p'-enons le sérum de 2 lapins ayant reçu l’un JB injec- tions, 1 autre 8 d’exsudat pleural de cliien, exsudât ayant eu ses propriétés glycolytiques excitées par la congélation ou l’adjonc- tion d’un peu d’extrait pancréatique. Les sérums des 2 lapins sont mélangés. Chien de 4 k. 800. I. Prise de I3gi',30 de sang au tiébut de rexjjérience ; i^liicose par titre de sang Igr, 902. ' Injection de 20 c. c. de sérum Q prise cto 1 isygde sang: glucose par litre: ogi,ü45. Injection de 20 c. c. de sérum. mrf-*3^ 748^'* quart d’heure, prise de de sang; glucose par Injection de 10 c. c. de sérum. sang; gin.ose par litre: Injection de 20 c. c. de sérum. 2grIo4~ P"*' _ Le chien meurt subitement, sans avoir présenlé ni agitation, ni dyspnée, ni aucun symptôme d’une excitation quelconque. r rapidement la poitrine el relirons du cœur droit’ de sang; glucose par litre 2gr,984. o./'lr, '■7'='"'’''" ''“S la vessie 8 c. c. d’urine claire. L’analyse donne de glucose par litre d’urine. Cette résultats expérience nous donne donc absolument les mêmes que les deux expérience.s précédentes. Dès la première «10 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR injection, riiyperglycëinie s’installe et se maintient jusqua la fin. La glycosurie n’a pas fait défaut non plus : nous avons donc bien provoqué par l’injection de séf urn antig'lycolytique, les deux symplomes les plus réels et les plus indiscutables du diabète. EXPCEilENCES ANNEXES Nous consignons ici le résultat de deux expériences absolu- ment confirmatives des expériences X, XI et Xll. Mais les dosages de sucre n’ayant pu être faits immédiatement après la précipi- tation du sang et n’ayant été exécutés — par suite d’une cir- constance spéciale — que deux mois après, nous avons de bon- nes raisons pour croire que tous nos échantillons ont subi une perte notable de glucose. Cette perte, occasionnée fort probable- ment par le contact proion i:é du glucose avec le nitrate et 1 oxyde de mercure, fait que tous nos chiffres accusent un fort degre d’hypoglycémie. Ils n’en montrent pas moins cependant, tout comme les expériences précédentes, que l’effet de 1 injection de sérum antiglycolytique a été d’élever notahlement le taux du sang en glucose. Nous ferons cependant observer au sujet de la petitesse de nos chiffres, que le sang de la veine jugulaire accuse quelque- fois un degré net d’hypoglycémie. On en trouve la preuve dans des chiffres publiés par Lépine et Boulud (63); ainsi ces auteurs signalent dans la jugulaire d’un chien 0^'’,62 et 0®',o4 de sucre. En outre, dans de nombreux dosages de sucre dans le sang provenant de la jugulaire, dosages exécutés pour d autres expé- riences aussitôt après la précipitation du sang, nous avons aussi observé un taux de sucre très bas. (Nous avons trouve notam- ment 0,822 -- 0 J30 - 0,56o — 0,514 - 0 68 0,69 gram- mes de glucose par litre. jRien ne prouve par conséquent qu on doive toujours trouver la jugulai7'è un taux de glucose voisin de l'^%5 par litre : un grand nombre d’expériences nous portent au contraire à croire que ce taux est plus variable qu’on ne le pense généralement. C’est ainsi que dans des dosages exécutés pendant la rédac- tion de ce travail, nous avons trouvé dans du sang pris simul- tanément à la jugulaire et à la carotide, 0"C9325 0/00 dans le GLYGOLYSE, HYPERGLYCÉMIE, GLYCOSURIE ET DIABÈTE 8il San- jugulaire, et (L'OO dans le sang carotidien. Une prise faite plus tard chez le meme animal, donne aussi 0/00 en plus dans le sang de la carotide. Cependant 1 es expé- riences X ei Xlt nous montrent le sang de la jugulaire con- tenant 2^‘,07 et U‘,002, alors que les chiffres cités plus haut nous montrent des echani liions de sang’ 2 et 3 fois moins riches en sucre. Contrairement donc à ce qui est généralement admis, la richesse du sang en sucre nous paraît très variable et très différente d’un endroit du corps à un autre : l’étude détaillée de ces variations et de ces différences, mériterait certes dhUre atten- tivement reprise. [Voyez Leplxe34, p. 353 et Embde.n, Luthje et Lief3iann (101) qui ont vu la quantité de glucose de sang varier avec la température.) EXPÉRIENCE A. Sériiiii de 2 lapins injectés à l’exsudât de chien. Les lapins ont reçu res- pectivement 15 et 8 injections. Chien de 6 kilos. * I. — Prise de 13gf,05 de sang; glucose par litre : 0?‘‘,564. Injection de 10 c. c. de sérum antigljcoljtique. II* Un quart d’heure après, prise de 12o'’,4 de sang: glucose par litie : Og‘,624. Injection de 10 c. c. de sérum antigljcoly tique. III* Vingt minutes après, prise de 12gi‘,25 de sang; glucose par litre : 0?l6. Après 1 injection nous récoltons 25 c. c. dourine. Celle urine, après déféca- tion, ne donne aucune trace de réduction. Nous voyons donc aussi dans cette expérience que dès, la première injec- tion de sérum antiglycolytique, il y a eu une augmentation légère mais nette du taux (lu sucre dans le sang. Le taux hyperglycémique n’a cependant pas ét(‘ atteint, car l’urine analysée au moment numie de l’expérience a donné des réactions de glucose négatives. EXPÉRIENCE R Nous nous sommes servis dans cette expérience du même sérum (jue celui dont nous avons fait usage dans l’expérience VL Les lapins avaient donc été injectés au moyen d’une petite quantité de sang, mais par contre, d’une grande quantité d’extrait pancréatique. Chien de 5 kilos. Prise de sang de 12gc,ü5; glucose par litre : 0g«-,2282. Injection de 15 c. c. de sérum. IL — Vingt minutes après, prise de LU'L55 de sang; glucose par litre Or, 7945. • ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUll Injection de 10 c. c. de séiMim. III. — Un quart d’iieure a[)rès, luâse de Mk',3 de sinj;; glucose par Jitre : 1^'U223. Injection de 30 c. c. de séi’uin (cola dans Uespace de 20 minutes). IV. — Un (jiiart d’iieurc après, prise de 12n‘’,3dc sang ; glucose [»ar liti*e; l!^'',286. Injection do 10 c. c. de sérum. V. — Un quart d'heure après, prise de 12s'', 9 de sang ; glucose par litre : In, 3975. Injection de 13 c. c. de sérum. VI. — Un quart d’heure après, prise de li, 92 grammes de sang; glucose par litre : m,356. L’urine recueillie à la fin de l'expérience, donne 0^^‘',1665 de sucre par litre. Cetle expérience accuse donc dans le sang de la veine jugulaire un degre d’hjpogljcémie manifesie, trop considéiaihle i)Our être assimilée à 1 hypoglv- €éniie que l’on constate généralement dans ce vaisseau. Mais, comme tous les dosages de cette série ont été faits avec un strict parallélisme, les résultats erronnés, peut-être au point de vue de la valeur absolue des chiflres, conservent leur valeur relative et peuvent être comparés. Ils montrent, comme les ex})é- riences X. XL XII et A, que, dès la première injection de'sérum.le taux du sang en sucre s’élève dans la proportion de 1 à 3, 5 environ; en outre, on voit claire- ment (|ue ce taux s’est maintenu et élevé même pendant la ilurce de rex})é- rience. La diminution du pouvoir glycoly tique du sang a donc bien détermine 2. - Ebstein. Die Ziickerharnruhr^ ihre Théorie u. Praxis. Wiesbaden. Ebstein et SCHWALBE. — Handùuch. de^' Prakt. Mediz. B. IIl, p 660 3. — Bouchard. Maladies par ralentissement de la nutrition, 4885 — La' tliéorie pathogériique du diabète. 8m. med/c., 4898. 4. — Jaccoud. Cité dans Hédon. 5. — Seegen a). La olycogénie animale, trad. Hahn, 4890, b) uber Zucker im Harn bei Rolirzuckerfütterung {Pflüger's Arch. 4885). c) U. d. Zückei-- gehaltdes Bluttes d. Diabetikeni (Wien.^med. Woch., 4886). d) Der Diahete^ mellitus, 3e édition, Berlin, 1899. , U. Phar- niac., 1874:.) ■ ‘‘t glycogénie. Thèse, Bor- deaiix, 490o. 8. — Cl. Bernard. 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Mais tous les efforts furent vains Le / janvier 1900, un cas était signalé dans la partie la plus ancienne de la ville, La deira do Vallongo n» 3, rue située dans un des quartiers les plus sales, sur le versant d’une colline ans cette rue, les maisons sont en très mauvais état et habi’ tees par une population d’indigents. Aussi, la peste y prit-eÎle une extension rapide, sans qu’il ait été possible d*entraver si développement d’une façon sérieuse Après vérification bactériologique, le diagnostic de peste ctan certain, on desinfecta la maison du haut en bas^- iL meubles, les vêtements et la literie furent brûlés. Les bït’al e la maison et ceux des maisons voisines furent isolés Quel ques-uns d’entre eux reçurent une injection préventive dt seiuni. Trois jours plus tard, un nouveau cas éclatait dans le meme quartier. Les mêmes précautions furent prises et trois mois se passèrent sans qu’un cas nouveau fût sigLlé On se croyait débarrassé du fléau quand, en avril on eut ( onnaissance d un nouveau malade. A partir de ce moment les cas se succédèrent rapidement. En juin, l’épidémie battait 'son P I m. On constatait a ce-moment l’existence d’une vaste épi zootie sévissant sur les rats dans toute la ville ' Depuis cette époque, la peste a pris une allure tout à fait saisonnière. A 1 exception de 1900. où l’épidémie atteigliî son apogee en juin, c est en octobre et novembre «..p Ip ^i j toujours fait le plus de victimes. Elle diminuait ensuite^^gradlitr PESTE DANS LA VILLE DE RIO-DE-JANEIRO 1 820 ANNALES DE L’rNSTlTUT PASTEUR LA PESTE A RI0-DE-JANEH{0 821 w^c2*_:^ cmcioc eo^'î' «^C'ïC'JC^ cMCM^-^'O r- O 5^1 O ' I I I I 1 l i l l l - 2; Il I I i I 1 I O-Ci^0g-C(M| |~<^>|-] I 1 l"^! -oj-l j |-1 I 1 I 1 |°c|CTce-^c. - I [-^-1 j | 1 ! ^ -®1 1 ! 1 I |-«|-ce|| ] |o- j I I I I 1“'| l"^! -i — . O O I _■ I — I I C^JUÎ 1 vi.r^i_ic.ica I .rt-iOMOO^ceoot^ooiMiCiM^t^S I * I 1 Il-C 1 -10-1 1 ) s»— -^ ’. 1 ; a> • après après te te après après *3 ce te après après > • • X re • J- • • xO» y04 =3 • * ^ ! te • • ^ S- . • • 3 ce te • • • < H O ■ B • — *o S C C ’o i ’ i O ç i ; 2 X) ! I ç ■• % 2 I o> B 1 » ( =3 = ai : s te ' V. rr, :3 te • ! ; ^ c ‘ * » * = s 0) .ï 45 %. = es O a. : J- Oî 00 1- I r- 5 01 — a ti •O œ ~ 3 a X O C- tî < c O 3 , Passés au mois suivant . 823 LA PESTE A 1U()-I)E-JaNEIR0 '“''nï'’,",» * 1"*“ Pailla PanH'/ '/ etaienl envoyda à l'Iii-ipital .je Paula-Candido, situe dans une anse de la baie de Rio, où ils étaient suffisaniment isolés pour qu’aucun risque de contagion SebastiL"''^' ■ J’ospiialisés à Sào- Dès le premier cas de peste, tous les malades ont été trailés par le sérum antipesteux. Au commencement, le remède pro- venait de 1 Institut Pasteur de Paris. A partir de 190) , le sérum employé a ete fourni parl’Instilut de Manguinlios. Les premières injections ont ete laites sous la peau. Après le travail de Cal- mette et Salimbeni sur la peste à Porlo, on abandonna la voie sous-cutanee pour la voie intraveineuse. La pratique a démon- re es avantages de cette nouvelle méthode d’application du tra. ement spécifique. Elle a fait baisser constamment le taux de la mortalité, surlout quand on n’a pas craint d’injecter de fortes doses, 60, 80, 100 c. c. en une seule fois et de répéter ces injections suivant l’état du malade. ^ 11 y a cependant des individus chez lesquels il est difficile sans pratiquer la phlébotomie, de pénétrer dans un vaisseau : les entants, les nègres, les personnes très grasses. Il est préfé- rable, dans ces conditions, d’injecter le sérum dans le péritoine plutôt que sous la peau. Nous nous sommes bien trouvés d avoir ANNÉES Pourcentages de la mortalité, j ANNÉES i - WlJLCllU» il Pourcentages de la mortalité. 1 i Bruts. ! * Réels. ! Bruts. 1 * Réels j 1900.... .12.61 33.6.5 ' 1903 ... . 31.30 22.92 ’ 1901 • 42.62 33,61 1904.... 28.89 20.43 ! 1902.... :i6.27 2.3 37 i 1 1903.. . . 20.00 16.77 * Sont distraits les décès survenus après moins de 24 heures. - 1 ' uiivciiiicn; lavoir le laoieau pie- cèdent). Le I)' Tavares de Macedo, dans son rapport de 1903, s e.xprime en ces termes : « La statistique générale de l’bôpitaî Paula-Candido comporte 190 décès de peste, ou approximative- ment 31 0/0, \ compris les cas où la mort est survenue moins de 1+ heures après l’entrée du malade. En faisant abstraction de ces 824 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR cas, entrés à la période préagoni({ue, le pourcentage descend a 22 0/0, résultat réellement assez bon si on le compare à beaucoup de statistiques étrangères. Si ce resultnt fait ressortir les avan- tages de la sérothérapie antipesteuse, il est aussi tout en faveur du sérum que nous fournit l’Institut de Manguinbos. La valeur de ce sérum a d’ailleurs été déjà appréciée par beaucoup desavants étrangers, parmi lesquels Kolle et Otto, de l’Institut de Berlin. » Le nombre des cas de peste ayant considéiablement dimi- nué depuis 1905, l’isolement des malades lut lait a 1 hôpital de Sâo-Sebastiào où il n’allait pro3({ue plus de malades de lievre jaune. Voici les mouvements de cet hôpital de 1905 à 1906. MORBIDITC ET MORTALITÉ A l’hOPITAL SÀO-SERÂSTIAO, 1905-1906. HOPITAL S.-SF.rîASTIÂO. 1 ■; 1 c .it î 1 'iniAV 1 1 .HUN II O 1 XIIOV 1 fi- f. O 1 NOV. Il - Il 1 1 Il — ! 1 2 8 7! 12 24 54 _ 3 1 3 6 19 29 42 54 27 185 ) après — de 24 heures de séjour ■ * après -j- do — — 1\ 2 — — 1 4 V i ? 5 38 1905 Morts. .. _ 5 5' 2 ' l3 5 30 1 _ 2 3 3 4 15 28 20 32 108 Passés au mois suivant 1 2 8 7,12 24 5 59 tr -viefantc ,5 6 4 4 1 1 4 4 1U5 18 18 81 21 8 2 1 3 8 6 27 37 53 54 229 34 54 127 1906. Morts..,. ) après — de 24 heures de séjour * après -j- de — — 4 6 10 1 •> ' l K 2 1 5 5 1 1 1 6 2 2 5 2| 7 i 5 14 1 6il3 1 7 10 36 7 14 32 ail mois suivant G 4 4 1 1 4 4 1 115,18 18 19 95 IT dooco a U ! 1 1 Malheureusement, le taux de la mortalité dans cet etablisse- ment ne s’est pas maintenu, pour 1906, au niveau de ce qu il était les années précédentes. 11 est vrai que cette épidémie a fourni des cas exceptionnellement graves. Mais il est permis de penser que les résultats eussent été meilleurs si on avait employé, comme à l’hôpital Paula-Candido, le sérum larga mami et à doses répétées. En outre de l’isolement des malades dans des hôpitaux spéciaux, la direction de la Santé s est attachée à la désinfec- tion systématique des maisons où se sont montrés des cas de peste et de celles où s’est manifestée une épizootie sur les rats. Ces mesures ont été complétées par l’isolement des personnes qui ont été en contact avec les malades et leur mise en obser- vation. LA PESTE A RIO-ÜE JANEIRO 82S précautions prises, la peste a suivi une oi.’en ascendante jusqu’en 1903. C’est ainsi 384. ca« t 313 cas et 298 décès; en 1901, 792 IT S t"""’ 215 décès; en 1903, 792 cas et 360 deces. Par le nombre des décès survenus dans ANNÉES pourcentages de la mortalité Bruts. * Réels. 1905 37.77 40.93 près moins de 24 heures. 21.12 29.83 1906.. . 1 * Sont distraits les décès survenus a cette dernière année (1903), on voit que l’infection de la ville était assez intense (voir graphique n» 2). On trouvait des rats morts dans presque tous les quartiers. Ce fut dans ces conditions que le Osvvaldo Cruz, directeur de l’Institut de Manguinhos, assuma la tàclie ditlicile de lutter contre la maladie, comme ( irecteur de la Santé publique. Il entreprit de suite, contre les. deux fléaux qui ravageaient la capitale, la fièvre jaune et la peste, une énergique campagne dont les effets se firent rapide- ment sentir. En ce qui concerne la peste, voici les mesures qui ont été prises. Dès qu’un cas était signalé, la personne suspecte était immé- diatement transportée dans un hôpital d’isolement, où le dia- gnostic bactériologique était fait et le malade mis en observa- tion ou en traitement. Les membres de la famille et les autres locataires de la maison étaient soumis à la séro-vaccination ainsi pratiquée : A 3 c. c. de sérum antipesteux on mélangeait une dose de vaccin variable suivant l’âge et l’état de santé dü patient. Pour préparer le vaccin, on employait la méthode de la commission allemande, microbes tués par la chaleur et émul- sionnés dans Teau physiologique. Après l’enlèvement du malade, on lavait la maison du haut en bas avec une solution de lysol à 5 0/0, en frottant les par- quets à la brosse. On plongeait les vêtements et la literie du malade dans une solution de sublimé à t 0 00 ou de lysol à 5 0/0, puis on les enfermait dans des sacs spéciaux pour les ^26 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR envoyer à l’étuve. Les meubles, tableaux et autres ustensiles étaient largement lavés avec des solutions de lysol, de sublimé ou d’aldéhyde formique, en choisissant pour chacun le liquide »jui risquait le moins de le détériorer. Les objets en métal étaient flambés au chalumeau. Tout ce qui ne pouvait pas être soumis à un de ces procédés de désinfection était suspendu dans la chambre du malade, qu’on transformait en une véritable étuve à formol en fermant exactement toutes les issues et en y envoyant le gaz à l’aide d’un appareil de Hotton. Les parquets des maisons voisines étaient soumis au bros- sage antiseptique. Puis rapidement le même traitement était étendu à tout le quartier. Dans chaque maison, à tous les étapes, on soulevait les par- quets] pour retirer les rats morts par-dessous, et ou procédait à la désinfection du sol ou du hourdis, si la maison avait plu- si^‘u^s étages, avec une solution de lysol à 5 0/0 portée à 90® et projetée à l’aide du pulvérisateur à vapeur de Geneste elHers- cher. Il faut ajouter qu'on ne se bornait pas à une simple pul- vérisation, mais qu’on lançait le liquide antiseptique en jet pour bien mouiller toute l’épaisseur. Pendant 15 jours, tous les habitants d’une maison infectée et ceux des maisons voisines restaient en surveillance sani- taire. Les propriétaires recevaient l’ordre d’avoir à faire les réparations nécessaires et surtout de procéder à l’imperméabili- sation du sol. Toutes les maisons du quartier infecté étaient soumises aux mêmes mesures. L’imperméabilisation du sol est obtenue à l’aide de béton de ciment recouvert d’un carrelage de céramique, qui doit aussi être appliqué le long des murs jusqu’à 20 centimètres au moins au-dessus du sol. On permettait également de remplacer les carreaux par de l’asphalte. La chasse aux rats est confiée à une brigade d’agents sanitaires auxquels l’administration verse 200 reis, c’est-à-dire 40 centimes par animal présenté. De septembre 1903 à dé- cembre 1906, on a brûlé au dépôt de désinfection 1 ,120,963 rats. LA PESTE A IllO-DE- JANEIRO 827 NOMBRE DE RATS BRULES AU DEPOT DE DÉSINFECTION 1903. 1904. 1905. 1906. Janvier — 1 11.040 25.663 44.433 Février... . — 10.473 21.722 53.619 Mars - 13.285 23.626 23.741 Avril — 11.940 27.642 23.955 Mai — 16.211 44.713 24.169 Juin — 20.248 23.773 35.890 Juillet — 68.813 29 078 38.190 Août — 34.645 32.281 38.894 Septembre. . 1.454 31.382 36.349 40 568 Octobre ' 7.546 31.422 36.193 41.426 Novembre G. 104 23.718 36.740 37.083 Décembre 9.337 22.736 32.232 28.629 24.441 295.913 370.012 130.597 Le personnel employé à la cliasse aux rats est immunisé tous les 6 mois, à 1 aide du vaccin antipesteux préparé comme il a été dit plus haut. Jusqu’à ce jour la peste n’a pas fait une seule victime parmi ces hommes qui, cependant, manient cons- tamment des rats pesteux. On le voit, la direction de la Santé a pris toutes les mesures conseillées par 1 expérience. Chacune, isolément, aurait été insuffisante, mais, prises conjointement, elles ont produit le meilleur résultat. En résumé on a procédé à l’isolement des malades, à l’im- munisation des personnes (jui vivaient à leur contact , à la désin- fection rigoureuse des maisons infectées, à l’extraction des rats morts, à 1 imperméabilisation des rez-de-chaussée et à la chasse systématique des rongeurs. L isolement des malades ne se discute pas. 828 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Le sérum antipesteux, par l’immunisation immédiate qu il confère dui ant 12 jours, permet de procéder à la vaccination par bacilles tués, quelquefois périlleuse quand il n’existe pas une immunité préalable, comme l’ont montré Calmette et Saümbeni à Porto. Le vaccin donne une immunité active qui dure 6 mois. La désinfection est essentielle quand il s’ag-it de combattre la peste, notre expérience nous l’a montré. L'*. lavage antisep- tique tue les insectes qui véhiculent le virus et débarrasse des germes qui ont pu être répandus, soit par les malades, soit par les rats. L’extension des mesures à tout le quartier est indis- pensable, car on ne sait où s’arrête l’infection. Le soulèvement des parquets pour retirer les rats morts et désinfecter l'entrevous est une mesure indispensable sans laijiielle il est impossible d’éteindre un foyer de peste. On évite ainsi l’infection des nouvelles générations de rongeurs qui viendront occuper le domicile. Mais il convient d’appliquer la mesure à tous les étages. 11 peut arriver qu’on ne trouve pas de cadavres de rats dans la maison où s’est produit un cas de peste, tandis qu’on en rencontre, 2 ou 3 maisons plus loin, dans des habitations apparemment indemnes. Ce fait, souvent observé, indique bien qu’il ne faut pas borner la visite domi- * ciliaire à la maison du malade, mais l’étendre à tout le ({uartier. En agissant de la sorte, on est presque sûr d’empêcher le retour ^ de la peste. Pour prouver notre affirmation, il nous suffira de < citer un certain nombre de maisons dans lesquelles nous n’avons ; vu survenir aucun autre cas en les traitant par cette méthode. | Cependant il s’agissait de demeures bien infectées. Le relevé ci-dfssous l’indiquera suffisamment. .i De la maison sise rue des Carmes, 43, on a retiré 68 rats morts. ^ — — Moura, 9 — 29 — — — du Maréchal Flpriano, 1 14, 130 — j — — da Quitanda, — H — ‘.-j — — S. Glement(‘, 29 — 10 — j — Vie. de Sapucatiy, 73 54 — ■ — Place de la République, 117 54 — Nous pourrions citer beaucoup d’autres locaux aussi bien pourvus et cependant réhabités sans inconvénients après notre ; passage. Malheureusement, il n’y a rien de parfait, surtout en \ matière de désinfection. Dans l’ensemble des opérations il ^ LA PESTE A RIO-DE-JANEIRO 8i9 ^<7^1 15C 700 65i iûO S5û 50C ^60 yOÛO s’ouvre quelquefois des failles, dont laproduction est indépendante de la meilleure volonté et tient à des difficultés impré- vues. Dans la majorité des cas, pourtant, le succès est au bout de la peine. Notre long-ue expérience à Rio-de-Janeiro nous l’a appris. Le choix du désinfec- tant est des plus impor- tants. 11 doit en même temps détruire la vermine et tuer les germes. Nous employions au début l’a- cide phénique brut, qui répond à ces deux desi- derata. Mais, à la dose de 5 0/0, les solutions en sont caustiques et nous avons dû l’abandonner à la suite d’accidents sur- venus, tant chez nos agents que parmi les habi- tants des maisons désin- fectées. Nous lui avons substitué lelysol dont les solutions de même titre ne sont pas dangereuses et présentent les mêmes avantages que l’acide phénique. L’imperméabilisation du sol est la plus impor- tante des mesures qui complètent la désinfection. Elle empêche le retour des rats. Mallieureusement elle est impraticable aux 00 ft? ^ ro 0 Il É P i li» II iib 1 II ® .1 m P 1 V, 1 >> 1 Fi-?. Cas de peste et décès. 1900 à 1903. Cas de peste et décès 1903 à 1906. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 8;uj (‘loges ’ et les rongeurs en proliteni. C’est ainsi que dans des mai- sons neuves k rez-de-chaussée irnpeiniéabilisé, se sont produit des CHS de peste et nous avons trouvé des cadavres de rats entre les planchers et les plafonds. C’est Ik une des raisons qui nous désarment et qui permettent le retour delapeste dans des maisons où nous avons cependant introduit de notables améliorations. La chasse aux rats est conseillée partout et avec raison car, en diminuant le nombre des vecteurs de germes, on restreint la marche de la maladie. L’administration sanitaire a appliqué l’appareil Clayton kla destruction de ces animaux dans les égouts. Elle dispose, pour cette opération, de 4 appareils montés sur roues, qui fonctionnent journellement. Le gaz sulfureux est introduit dans une partie du réseau qui est limitée k chaque extrémité par un obturateur en bois recouvert d’étoffe. L em- ploi du gaz Clayton sert k deux fins : il détruit les rats et tue les moustiques. Nous croyons que c’est Ik une utilisation nouvelle de ce mode de désinfection qui jusqu’k ce jour n’avait été employé que dans des bâtiments ou des navires. Le résultat a été des meilleurs, si nous en jugeons par la grande quantité de rats retirés des galeries et par la disparition des moustiques qu’on y trouvait auparavant, toujours en très grand nombre. Pour vérifier l’efficacité de ce procédé, nous avons fréquemment disposé des rats et des moustiques dans des cages disséminées sur divers points du réseau traité et nous avons toujours trouvé tous les animaux morts k la fin de 1 opération. Pour le service de la rade, la direction de la Santé possède • une bnrque sur laquelle sont montés 2 appareils Clayton du type B et où se trouvent aussi une étuve k vapeur, une chambre à formolisationet une autre à désinfection par le gaz sulfureux. Cette barque sert k la désinfection des navires qui viennent de ports infectés ou qui partent de Rio-de-Janeiro pour une autre ville brésilienne. Nous n’avons qu’à nous louer des résultats obtenus. Aucun cas de peste n’a été constaté à bord des bateaux qui font le cabotage. L’examen du graphique figure 2 suffira à montrer les avan- tages retirés de l’application de toutes ces mesures. Depuis 1. A Marseille et dans toute la Provence le sol de tous les étages est recou- vert en céramique. C’est peut-être à cette précaution qu’on doit d’y avoir évité le retour des grandes épidémies de peste. {Note de la Rédaction.) LA PESTE A RIO DE-JANEIRO 8:14 1903 la peste n a fait que diminuer. Nous espérons que les efforts du directeur de la Santé publique et de ses auxiliaires seront prochainement couronnés de succès et que nous pour- rons enfin rayer la peste du cadre nosologique de Rio-de-Janeiro Gérant : G. Masson. Sceauî. — liiipiiinerie Charaiic. 22me ANNEE NOVEMBRE 1908. JSo II ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Conlriliiiiioi) à l’éiudB de Tiypanosoma coagolense PAnM. A. LAVERAN En 1904, A. Broden a appelé l’attention sur un trypanosome : ' ol de 'r • -outons^rovenanl s parses^eLs dimen- ons par 1 absence d une partie libre du flagelle, appartenait désignée sous le nom de Tr. co/i- bovldérêt ^ trypanosome chez des bov des et chez des dromadaires de l’Etat indépendant du Congo et Tr entre Tr. congolL'e avril ’ rypan. rares ou très rares. - Du 19 avril au 3 mai, trvpan non rares -i lu 11 au 28 mai, trypan. rares. - 4 juin, (rypan. non rares. - 10 juin ires rares - 20juin,4 et 11 juillet, trypan. non rares. - 18 juillet examen du sang negatil. -25 juillet, trypan. non r.ares. - Du 31 jiiHlet au 23 aoiU liypan rares. - Du 31 août au 7 septembre, trypan. non rares. - Du 14 mi -8 septembre, trypan. très rares. - 5 octobre, Irypan. non rares ■ la souris est malade, diarrhée. Morte le 7 octobre, l.a souris pèse H é la raie 2 gr. Durée : 331 jours. - et L’inculiation varie de 8 à .30 jours. La multiplicalion des trypanosomes se fait par poussées dans l’intervalle desquelles les parasites deviennent rares ou très rares dans le san- La rate augmente con,sidéralilemeiit do volume, ellT forme souvent une tumeur transversale occupant toute la largeur do I abdomen, facile a délimiler par la palpation. Il arrive que la rate, après une phase d’hypertrophie très marquée, iliminuè ne volume (1). (1) Une souris inoculi-e avec Tr. connolense le 4 déccuiilirp iQn? ni • • i sieurs reprises a montré des trypanosomes nombreuî ,vpp ‘ f’’"' marquée, paraît guérie à la dale flu 30 octobre lOOS sont nég,itifs depuis trois mois et la palpatioi^n'rdéS pb,'s^■l;“^.^3"p%‘i^^ 838 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR A la dernière période, l’anémie est très marquée, surtout dans les formes à marche lente. Au moment de la mort, les trypanosomes sont presque tou- jours nombreux ou très nombreux. Les hématies s’agglutinent rarement dans le sang des souris ou bien il s’agit d’agglutinations légères. Le virus semble s’affaiblir par son passage chez les souris. 5 cobayes inoculés sous la peau avec le virus des souris, ne se sont pas infectés; ils n’avaient pas acquis l’immunité; inoculés sur des cobayes ou dans le péritoine avec le virus de souris ils se sont infectés. 2® Evolution chez le rat. — 6 rats blancs ont été inoculés avec Tr. congolense. La durée moyenne de la maladie qui s’est terminée dans tous les cas par la mort, a été de 19 jours, minimum : 15 jours; maximum : 29 jours. Chez le rat, 1 infec- tion produite par Tr. congolense est donc plus régulière et beau- coup plus rapide que chez la souris. Les trypanosomes apparaissent dans le sang 7 à 8 jours après l’inoculation du virus sous la peau; le nombre des para- sites augmente en général d’une façon régulière jusqu’au jour de la mort. A ce moment les trypanosomes sont très nombreux. Evolution chez le cobaye. — Contrairement à ce qui arrive pour la souris, l’évolution de l’infection produite par Tr. congo- lense est très régulière chez le cobaye. Il n’est pas rare que deux cobayes inoculés en même temps meurent le même jour ou h 24 heures d’intervalle. La durée moyenne pour 93 cobayes a été de 14 jours 7G; minimum : 9 jours; maximum : 24 jours. Le tableau suivant montre que la virulence de Tr. congo- lense a été peu influencée à la suite de nombreux passages par cobaye (1) . 1 à 5 passages. Durée moyenne 6 à 40 — — — 11 à 15 - - - 16 à 20 — — — 21 à 25 — — — 26 à 30 — — — 31 à 33 — — 36 à 40 — — — jours. 14,93 13,54 13,75 14,33 13,54 15,44 14.90 13.91 (1) À. Laviran, Soc. de pathologie exotique^ 8 avril 1908. TRYPANOSOMA CONGOLENSE 839 La durée moyenae qui, pour les o premiers passages, avait été de ii jours, 93 a été du 31« au 3S« passage : U 90 et du 36e du 40® ; 13, 91. Les déchirures de la rate qui sont communes, comme nous le verrons plus loin et qui ont pour conséquence des hémor- ragies intrapéritonéales, abrègent souvent la durée de la maladie. Les trypanosomes apparaissent dans le sang vers le 7® jour après l’inoculation du virus sous la peau; ils augmentent pro- gressivement de nombre et, au moment de la mort, ils sont nombreux ou très nombreux. Il n’y a pas, en général, de crise trpanolytique. L’agglutination des hématies fait souvent defaut ou bien elle est légère. L'infection se termine toujours par la mort. 4® Evolution chez le chien, — La durée moyenne de la maladie chez 8 chiens a été de 34 jours ; minimum : 21 jours ; maxi- mum : 52 jours. Les trypanosomes apparaissent dans le sang 10 à 15 jours apres 1 inoculation du virus sous la peau. Tantôt les trypano- somes se multiplient d’une façon assez régulière, tantôt on observe des crises trypanolytiques. Au moment de la mort, les trypanosomes sont en général nombreux dans le sang. L’agglutination des hématies est ordinaire très apparente chez les chiens infectés. ' La dernière période de la maladie est caractérisée par amaigrissement eU'affaiblissernent. Le chien devient triste; 1 n a plus la vivacité habituelle de ses mouvements ; il reste couche et, quand on le force à se lever, on constate qu'il flageole sur ses pattes; l'aflaiblissement est surtout marqué dans le train postérieur. A la période terminale, le chien se couche sur le flanc et ne peut plus se relever. Les accidents oculaires, si communs dans les trypano- somiases des chiens, ont fait défaut chez les 8 chiens que j’ai observés. ' ■’ L’infection se termine toujours par la mort. On trouvera ci-dessous les observations de deux chiens qui inlectes par Tr. congolensc, sont morts le premier en 40 jours, le deuxième en 24 jours. 840 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR lo Un chien est inoculé de Tr. congolense le 15 novembre 1906 ; l’inocu- lation est faite sous la peau Du 21 au 27 novembre, les examens du sang sont négatifs. — ' 30 novembre, trjp nosornes rares. — 3 décembre, examen négatif. — 7 décembre, trypan. non rares. — 10 décembre, examen négatit. — 18 et 21 décembre, trypan. rares. — 24 décembre Le chien est très malade, couché sur le flanc, il ne peut plus se relever. Anémie profonde, sang pâle; trypan. assez rares. Le chien est tr mvé mort le 23 décembre. Il pèse 7kg, 150. La rate pèse 84 grammes. Il n’y a pas d'œdèmes, pas d’épanchements dans les séreuses. Les reins sont petits, un peu granuleux. Rien à noter du coté du cœur ni des poumons. Durée : 40 jours. 2o Un chien reçoit le 2 mai 1907, dans le péritoine, 30 c. c. du sang d’une chèvre infectée avec Tr. congolense. — Du 8 au 13 mai, les examens du sang sont négatifs. — 16 mai. trypan. rares. — 18 mai, trypan. très rares. — 21 mai, trypan. non rares. Agglutination très belle des hématies, notée déj ) lors des examens faits les 16 et 18 mai. — 24 mai, trypan. nombreux. Le chien est mal .de, toujours couché. Conjonctivite légère des deux côtés sans opacité des cornées. Le c.iien m urt le 26 mai; il pèse 12 kg. OEdème assez étendu de la P iroi abdominale. Quelq les gros ganglions lymphatiques, notamment à la racine du membre antérieur droit. Epanchements séreux teintés de sang dans le péritoine, dans la plèvre droite et dans le péricarde. La rat - est énorme, elle pèse 270 grammes. Le parenchyme splénique est rès r .molli ; il n’y a pas de déchirure. Rien à noter du côté du foie ni du côté des reins. Péricarde pariétal couvert de petites ecchymoses. Poumons splénisés à la partie inférieure. Durée : 24 jours. 5"^ Erohition chez les singes. — L’observation suivante prouve que les Macaques s infectent facilement par Tr. congolense et que ce trypanosome détermine chez eux une maladie à marche rapide. Un Macacus rhésus cT annales de L’LNSTITUT PASTEUR nent paresseux, ils marchent en queue du troupeau; au pâtu- rage ils restent isolés, immobiles, la tête inclinée vers le sol. A une période plus avancée de l’infection, les animaux maigrissent, les côtes deviennent saillantes. Le poil est terne, sale; souvent il existe de la conjonctivite. Les animaux marchent péniblement, entraînant les membres postérieurs. Il n’v a pas d’œdèmes; les ganglions lymphatiques sont d’ordinaire hypertrophiés. L’examen du sang est souvent négatif; il est plus facile de trouver les trypanosomes en ponctionnant les ganglions lymphatiques superficiels que par examen direct du sang. La durée de l’infection est assez longue (Broden). 8® Evohitioîi chez les Equidés. — Le symptôme principal est l’amaigrissement. Il n’y a pas d’œdèmes. Les trypanosomes sont rares dans le sang. Un âne infecté spontanément au poste de Galiemaest mort au cinquième mois de la maladie (Broden). III . Anatomie pathologique. L’hypersplénie est souvent la seule lésion notée à 1 autop- sie des animaux qui succombent à l’infection produite par Tr. congolense. Chez la souris, le rat, le cobaye et le chien, la rate est tou- jours augmentée de volume; chez les Bovidés au contraire, et vraisemblablement chez les Caprins, l’hypersplénie fait défaut. C’est une règle pour les trypanosomiases que la rate augmente beaucoup de volume chez les animaux qui ont de nombreux trypanosomes dans le sang, tandis qu’elle conserve à peu près ses dimensions normales chez ceux qui, au cours de l’infection, ne montrent que de rares trypanosomes. Cette règle s applique bien aux infections dues à Tr. congolense. Le poids de la rate pour des souris de 20 gr. atteint souvent 1 gr. oO à 2 gr. Chez une souris de 25 gr. la rate pesait 5 gr., soit le cin- quième du poids du corps. Chez des rats de 80 à 100 gr. le poids de la rate a atteint plusieurs fois 2 gr., 2 gr. 50 et même 3 gr. Pour 57 cobayes du poids moyen de 500 gr, le poids moyen delà rate a été de 4 gr. 50. Les ruptures de la rate suivies d’épanchement sanguin in- TRYPANOSOMA CONGOLENSE 843 traperitoneal ont etc notées 2i fois pour 100 chez les cobayes infectes avec Tv . congolense . Cet accident se produit éga- lement dans d autres trypanosomiases mais, d’après mes obser- vations, avec une fréquence moins grande (1). Je résumé ci-dessous les observations des cobayes chez les- quels j’ai observé des déchirures de la rate, ou des lésions de ce viscère précédant la déchirure. Cobaye 1. Inoculé le 2 novembre 1906 P). Le 17 novembre, trypan. nom- breux. Mort le 18 novembre. Le cobaye pèse 580 gr. Il existe un épanche- ment sanguin intrapéritonéal abondant. La rate qui pèse 8 gr. présente une petite déchirure. Cobaye 2. Inoculé le 17 novembre 1906. 30 nov. trypan. nombreux. Mort le 1er décembre. Le cobaye pèse 520 gr. OEdème de la paroi abdominale; épanchement sanguin intrapéritonéal abondant ; la rate qui pèse 5 gr. pré- sente une petite déchirure. Cobaye 3. Inoculé le 27 novembre 1906. Mort le 30 novembre. Le cobaye pèse 550 gr. Epanchement sanguin abondant dans le péritoine ; la rate qui pèse 8 gr. présente une petite déchirure. Cobaye 4. Inoculé le 25 janvier 1907. 4 février, trypan. assez nombreux. Mort le 10 février. Le cobaye pèse 480 gr. Epanchement sanguin très abon- dant dans le péritoine. La rate qui pèse 6 gr. présente une déchirure très apparente. Cobaye 5. Inoculé le 4 février 1907. 12 février, trypan. assez nombreux. Mort le 18 février. Le cobaye pèse 730 gr. Epanchement abondant de sang dans le péritoine. La rate qui pèse 6 gr. présente une petite déchirure. Cobaye 6. Inoculé le 4 février 1907. Mort le 18 février. Le cobaye pèse 750 gr. Epanchement de sang dans le péritoine. La rate qui pèse 7 gr. pré- sente une petite déchirure. Cobaye 7. Inoculé le 19 avril 1907. 26 avril, trypan. non rares. Mort le 1er mai. Le cobaye pèse 400 gr. Hémorragie abondante dans le péritoine. La rate pèse 3 gr. L’existence d’une déchirure de la rate n’a pas été établie, mais elle est très probable. < ^ Cobaye 8. Inoculé le 24 mai 1907. 4 juin, trypan. nombreux. Mort le 5 juin. Le cobaye pèse 450 gr. Epanchement sanguin abondantdans le péri- toine. La rate qui pèse 4 gr. présente une petite déchirure à la face interne, au voisinage du hile. Cobaye 9. Inoculé le 5 décembre 1907. Mort le septembre avec des trypan. nombreux. Le cobaye pèse 350 gr. Epanchement de sang abondant dans le péritoine. La rate qui pèse 6 gr. présente une petite déchirure. (1) A . La-veran, Société de pathologie exotique, 8 juillet 1908. (2) Toutes les inoculations de Tr. congolense chez les cobayes ont été faites dans une des cuisses. 844 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR (iObaje 10. Inoculé le 10 décembre 1907. Mort le 23 décembre avec des Irypan. nombreux. Le cobaye pèse 430 gr. Epanchement abondant de sang dans le péritoine. La rate qui pèse 3 gr. présente une petite déchirure. Cobaye 11. Inoculé le 17 janvier 1908. 6 février, trypan. assez nombreux. Mort le 9 février. Le cobaye pèse 470 gr. Epanchement sanguin abondant dans le péritoine. La rate (pii pèse 4 gr. présente une petite déchirure sur son hord antérieur. Cohaye 12. Inoculé le 17 janvier 1908. Le 28 février le cohaye ne s’est pas infecté; il est réinoculé dans le [léritoine. 11 mars, trypan. assez nom- breux. Mort le 14 mars. Le cohaye pèse 480 gr. Epanchement sanguin dans le péritoine. La rate est énorme, elle pèse 19 gr. Elle est ramollie, mais il n’est pas possible de découvrir une déchirure comme point de départ de riiémorragie intrapéritonéale. La paroi abdominale estinfillrée de sang. A la coupe delà rate, on trouve des infarctus hémorragiques. Cobaye 13. Inoculé le 8 avril 1908. 22 avril, trypan. nombreux. Mort le 23 avril. Le cobaye pèse 380 gr. Epanchement sanguin abondant dans le péritoine. La rate qui pèse 6 gr. 30 présente une petite déchirure à sa par- tie supérieure. Cobaye 14. Inoculé le 20 avril 1908. Mort le 10 mai. Le cobaye [lése 310 gr. Epanchement sanguin très abondant dans le péritoine. A la face inlerne de la rate, déchirure qui occupe la moitié de la hauteur du viscère, la cap- sule est décollée. 11 parait évident qu’un foyer hémorragique de la rate s’est rompu dans le péritoine. La rate pèse 7 gr. Tous les viscères sont anémiés. Cohaye 13. Inoculé le 13 mai 1908. Moitié 29 mai. Lecobaye pèse 400 gr. Epanchement sanguin très abondant dans le péritoine. A la face interne de la rate, large déchirure qui occupe toute la moitié inférieure; la capsule est décollée autour de la déchirure II parait évident qu'il y a eu rupture dans le péritoine d’un foyer hémorragique qui s’était produit dans la rate. La rate pèse 3 gr. Tous les viscères sont anémiés. Cobaye 16. Inoculé le 13 mai 1908. Mort le 10 juin. Le cobaye pèse 300 gr. Il n’y a pas d’épanchement sanguin dans le péritoine. La rate est volumi- neuse, elle pèse 5 gr. A la partie inférieure de la rate on trouve un foyer hémorragique fluctuant, du volume d’une noix. Le foyer est très superficiel contenu seulement par la capsule de la rate qui est soulevée et qui a pris au niveau du foyer une teinte rouge foncé. Si la capsule s’était rompue, il y aurait eu formation d’un épanchement sanguin intrapéritonéal et on aurait trouvé des lésions spléniques tout à fait semblables à celles notées chez les cobayes 14 et 13. Cobaye 17. Inoculé le 23mail908. Le cobaye s’infecl e et meurt le Ihjuin Il pèse 300 gr. Epanchement sanguin intrapéritoneal abondant. La râ*te con- sidérablement hypertrophiée présente, à sa face externe, une déchirure transversale qui mesure 1 cm. 5 de long. Il n’y a pas de foyers d’hémorra- gie dans la rate. La rate pèse 10 gr. Les déchirures de la rate se produisent par un des procédés trvpanosoma congolense • 845 suivants : IMa capsule de la rate fortement disi-ëndué- cède sur un ou plusieurs points; 2» il se produit une liémorraKie intra- splenique qui, si elle est superficielle, soulève la capsule, la décollé et la rompt (les observations des cobayes li, 15 et 16 sont des exemples do ce mécanisme de la de'chirure) Les traumatismes (chute, action de saisir brusquement les cobayes, etc...), peuvent faciliter les déchirures delà rate, mais Ils ne sont pas nécessaires pour la production de ces accidents. J a. observe la déchirure de la rate chez beaucoup de cobayes (|ui, depuis plusieurs jours, n’avaient pas été maniés. Les héniorrag-ies intraspléniques expliquenl l’énorme déve- loppement que la rate prend quelquefois. L hypersplénie est constante et parfois considérable chez le.s chiens qui succombent à l’infection due au Tv. congolense. Chez un chien du poids de 12 kg-., la rate pesait 200 gr. ; elle était très molle; chez un autre chien du poids de 9 kg., la rate pesait Chez les Bovidés, les ganglions lymphatiques sont souvent hypertrophiés. Des exsudais de sérosité citrine ou sanguino- lente, dans le péritoine ou dans le péricarde, sont signalés par Broden comme frequents. ^ JV Nature du Tr. congolense. Diagnostic différentiel AVEC Tr. dimorphon, , Par ses petites dimensions, Tr. congolense se distingue nette- ment des trypanosomes du type Tr.Evansi(Tr.Brucei, Tr. nam- ownse, Tr. Cazalbom, Tr. soudanensé). Tr.nanim (1) a, au point de vue morphologique, une grande ressemblance avec Tr. congolense, mais, d’après A. Balfour Tr.nanum serait particulier aux Bovidés ; Tr. congolense est au ( ontraire inoculable à un grand nombre de Mammifères C est avec Tr. dimorphon que Tr. présente les plus grandes analogies; tous les observateurs qui ont étudié ces trypanosomes ont insisté sur les difficultés du diagnostic diffé- rentiel, quelques-uns^ ont admis leur identité. (t) A. Laveran, Société de Biologie. 18 février 1905. — A. Bai.four Edinburnb septembre 1905. teambui qk 846 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Au point de vue morphologique, Tr. congolense diffère de Tr. diïïioryhon,\je, premier de ces trypanosomes mesure 10 ix à 13 (X de long, les exemplaires qui atteignent lo |x à 17 a de long sont fort rares; Tv. ditiiorphon présente au contraire, dans les cas types, un mélange de petites formes (10 jx à 13 fx de long) et de grandes formes (22 [x de long en moyenne). Il suffit de com- parer les figures II et III, pour se rendre compte des différences existant entre les formes typiques de ces deux trypanosomes. Mais Ti\ dimorphon ne se présente pas toujours sous ses formes typiques. Figure III. 1, 2, 3, petites formes de Tr. dimorphon . — 4, grande forme de Tr. dimorphon. — 3 et 6, trypanosomes en voie de division. Gross. 1400 D environ. Dans certaines infections dues à Tr. diiHor piton-, les grandes formes sont rares ou très rares; si bien qu’on pouvait supposer que Tr. congolense était une variété de Tr. dimorphon dans laquelle les grandes formes avaient disparu. Tr . congolense a la plus grande ressemblance avei^ les petites formes de Tr . dmor- phon : l’extrémité postérieure est le plus souvent arrondie et il n’y a pas de.partie libre du flagelle. L’action pathogène sur les différentes espèces animales ne fournit pas non plus d’indications suffisantes pour le diagnostic différentiel. On peut noter seulement que les infections par Tr. dimorphon ont, en général, une marche plus rapide que celles qui sont produites par Tr. congolense. Chez la souris, l’infection due à Tr. congolense est d’ordi- naire de plus longue durée que celle qui est produite par Tr. dimorphon. TRYPANOSOMA CONGOLENSE 847 Tracé n» 1. Tracé thermométrique de la chèvre inoculée avec Tr. congolense le U novembre I90li. 848 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Chez les Caprins, les infections dues à Tr. congolense se ter- minent plus souvent par guérison que celles qui relèvent de Tr. dimorphoii. En général, les animaux (chèvres, moutons) qui ont résisté à l’infection par Tr. cUmorphon n’ont pas l’immunité, alors que les animaux guéris naturellement d’une infection par Tr. congo- lense acquièrent l’immunité pour ce virus. Il était indiqué de rechercher si un animal guéri d’une infection par Tr. congolense et ayant l’immunité pour cette trypa- nosomiase pourrait être infecté par Tr. cUmorphon. J’ai pu réaliser cette expérience sur une clièvre et sur un bouc, je résume les observ^ations de ces deux animaux. î. Une chèvre neuve du poids de 31^» est inoculée avec Trypanosoma con- golense le 13 novembre 1906. L’inoculation est faite sous la peau de l’oreille avec du sang de cobaye dilué dans de l’eau physiologique citratée. La chèvre a une poussée fébrile du 23 au 28 novembre; température ma xi ma 40», 3. Les examens du sang de la chèvre, faits le 23 novembre et à différentes reprises pendant les mois de décembre 1906 et de janvier 1907, révèlent l’existence de trypanosomes rares ou très rares. Du 29 novembre au 26 décembre, la température de la chèvre se main- tient entre 39o et 39o,6 (Voir tracé no 1). Le 1er décembre, la chèvre pèse 27*^=; les 13 et 31 décembre, 321^5. A partir du 27 décembre, et pendant les mois qui suivent, la tempéra- ture se maintient entre 38o et 39o; elle est donc normale. Pendant les mois de février, mars et avril, les examens du sang sont le plus souvent négatifs; cependant on note à diverses reprises la présence de trypanosomes très rares. La chèvre va bien; elle pèse, le 17 février, le 18 mars et le 13 avril, 34*^^. A partir du 8 avril, les examens directs du sang de la chèvre sont négatifs. Le 2 mai, on injecte à un chien, dans le péritoine, 30«"^^ du sang de la chèvre : le chien s’infecte et meurt le 26 mai. Le 3 juin, on inocule avec le sang de la chèvre un cobaye de sang dans le péritoine) et deux souris; ces animaux ne s’infectent pas. Un chien inoculé le 13 juillet (30*^0’^ de sang dans le péritoine) ne s’infecte pas. Le 22 août, la chèvre qui paraît guérie est réinoculée avec Tr. congolense; elle ne présente à la suite de cette inoculation aucun symptôme morbide. 6 septembre. On inocule, sur la chèvre, un chien qui reçoit d ms le péri- toine 30'^™^ de sang et trois souris qui reçoivent chacune 0‘^""^,23 de sang. Le chien s’infecte et meurt, les souris ne s’infectent pas. Les examens du sang de la chèvre sont négatifs. La chèvre va très bien; elle pèse Ig 2 octobre 39’*^^ et le 4 novembre 4Ul 849 ‘ TRYPAN0S()J\[A PONGOLPNSP] ,m -‘«g dans le péritoine) s'infecte- m au .e cluen mocule le 7 novembre, dans les mêmes conditions s inlecte pas. La remfection de la chèvre a donc été légère. Le 20 décembre, la chèvre est réinoculés de Tr. conrjolmse 6 janvier 1908. Un chien reçoit, dans le péritoine, du san- de la chevre; il ne s’infecte pas. . 'J aa sang de la 6 levner. Je réinoeule encore la chèvre avec Tr. conrjolense. il ne swêcî; péritoine, 40-.3 ,, ^e la chèvre; uuv'lfeT ‘I“e ‘a «''évre est guérie et qu elle a acquis 1 immunité pour Tr. congolense. le.- avriH908. La chèvre est en très bon étal, elle pèse 44ts Les chiens inocules le h janvier et le 21 février, chacun avec 40-a de sang ne se sont pas infectes. J mocule la chèvre sous la peau des oreilles avec le’ san»- d’une souris fortement infectée de Tr. dimorphon. ® ■ n' ‘''“Pé'-ature de la chèvre monte à 40» et le 13 avril a 410 1 (température normale 38», 7). (Voir tracé no 2) L’evamen du sang de la chevre fait le 13 avril révèle l’existence de trinosomes ni noslî'ef on distingue de petits et de grands trypa- ie a èlsoTllnLllllltr l'IV' descendu dans le sang’de la lev!: ^ 13 sang fait le 17 avril révèle encore l’existe;c:‘dÏ SplÜt." environs de 190 ‘'^^Pé^'alure se maintient aux fébriles avec des’tem;r:u::rryrs!“ Les examens du sang faits pendant cette période soiit’ l'e plus To "ent Xa- 12 mai le'Lin'l ^ de trypanosomes rares (30 avril son™! / i ■ ^ ‘"°'^»‘ées le 19 mai, chacune avec 0«"'3 2g dii sang de la chevre s’infectent et meurent de trypan;somiase. ’ Ld chevie maigrit, Je poids qui, Je Jer avril était dp Aïk'^ i y le 1er mai à 42ks et le ter i„in à o7kîr . . ^ ^ tombe en augmentant. Les muqueuses;e”décor;nr:;rnrS t pinï em"pi:: trypanosomes rares. La chèvre s’anémie et s’affaiblit. des Lu 8 au 11, la température se maintient à 39o • le u i,, nmiln n , Autopsie faite le 12 juin. Poids do la chèvre : 3418 tiOO II v a encm beaucoup de graisse dans les épiploons, autour des rei^s e't difcim d «demes. Un peu de sérosité citrine dans le péritoine. Les ret sont trL 54 V' 850 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Tracé n» 2. Tracé llicrinométri(iuG do la cliévrc ayant l'iininuniU' pour 7?*. Cüiujoletm , iiiocukc dt. 7/. / * 1 . V I r ■ f I I i < i 1 1 X l TRYPANOSOMA CONGOLENSE 851 "'"zitZ'i'r: t «t " : lypanasomes rares dans irLnHu^chetre'll^ n jarr^orCnt:^! s:"'" ^ 17 février. Le chevreau pèse ilH. péritoine, OcJs 23 du "an» L*chevre°''^*V dans le l-7Panos;mias; ” et meurent de 3 mars, trypanosomes rares dans le sang du clievreau D,. S .,, oa les examens sont négatifs. Le 4 mars, le chevreau pèse Ïsï ^ J.O mais, trypanosomes très rares. Un 3 au 23 avril, les examens du sang sont négatifs ^7 avrji, trypanosomes très rares. Du 2 au 27 mai, examens du sang négatifs Le 1er mni i i pese 21ii« et le 10 mai 22tg. ■ Le I mai, le chevreau Les examens du sang faits au mois de juin sont négatifs f e 97 ■ • inocule à un chien, dans le péritoine, 23c J du san» du e "" est infecté le 9 juillet et i[ meurt le 18 juil e Lms et 15 juin ; 24 H. ^ chevreau les 10 octobre" 2r"chfe"""'' ‘''^P-o-^iase. s’inLcte pas Pé^toine) ne jirÆ' c cS,r"r^ts;rii'' »■• -- - bouc; iUeAlSe p^s."'"" --g du cris^"™!!? ‘"«““‘«ode le voisinage par ses PoiÎsTmg.'^" de Tr. congolense. ne st™::: par""" du bouc; i, 2 avril. Le bouc pèse 27kg. Da ferémttrrbrc'p"rër"22"" examens du sang faits à plusieurs re ^ ^ 7 m,; Il i,- plusieurs reprises sont négatifs. . n chien reçoit, dans le péritoine, SOems du sang du bouc. .(T ANXAI.KS de L’INSTITUT UASTELM! Tracô no 3. Tracé thernioiuéLnque du bouc ayant rimiuunité pour 7V. con> TRYPANOSOJMA congolense 853 Le -1er mai, le bouc pèse et le 16 mai, SS^g. Le 7 mai, un chim reçoit, dans le périloine, 30em3 ju sang du bouc Le lei juin, le bouc pèse et le 15, 33'^g,700. 23 juin Le chien inoculé le 7 mai ne s’est pas infecté: j’inocule le bouc avec le Tr. dimoriihon (virus du laboratoire de riiistitut Pastem-). Quelques gouttes du sang d’une souris ayant des trypanosomes très ombreux sont diluees dans de l’eau physiologiqire citratée et injectées SOUS la peau d une des oreilles. 3So te>npéi’ature du bouc se maintient entre fébriles (39», 4 les 3 et 8 juillet, 39», 7 le 10 et 39», 8 le 12 juillet) (Voir le 31 .,400 Le 4 juillet, je note, à l’examen du sang du bouc, des ti-ypano- somes très rares. ^ Les 7 et 9 juillet, les examens sont négatifs; 11 et 14 juillet, trypa- nosomes très rares. Les 19 et 29 juillet, poussées fébriles; la température s’élève à 40o 2 et 4ü'3,3. ’ Les examens du sang faits les 19, 21, 24, 29 et 31 juillet sont négatifs. Le 1er août, trois souris blanches sont inoculées ; chaque souris reçoit dans le pentoine, 0cm3,25 je sang du bouc; les trois souris s’infectent en 7 ou «jours. Le 3 août, l’examen direct du sang du bouc révèle l’existence de trypanosomes très rares. Les examens du sang faits les 6 9 et août sont négatifs. Pendant le mois d’août, le bouc a enc.rre des poussées fébriles, mais ces poussées sont moins fortes qu’en juillet. Du 4 au 0 août, la temoératiire se maintient i 39o,4 ou 39o,6; du 12 au 31 août, elle s’élève à plusieurs reprises à 39o,2 ou 39o,4. Le bouc, qui avait maigri, augmente de poids; il pèse, le et le lo août, 35'‘fc^ En dehors des poussées fébriles, on n’observe aucun symptôme morbide. oo t ^ septembre, la température se maintient entre 38o,2 et oo^*,!, c est-a-dire qu’elle est normale. J^e 3 septembre, le bouc pèse 32^^300 et le 16 septembre 33^ 52®. 86= et 88= passages par souris. Aux Aux 2 . 5 , 6=, 14= passages, l’atoxyl a fait diminuer le nombre des trvpano- tioTen™'!oum''"l' ^ momentanément delà circula- «01010 ’ « à 10 jours sur le J®"®*® J. Tatoxyl a été sans action aux 3=, 41=, 42=, 60=, 69= 80= 59= 66=^L'"e^'*'*”* ’ passages, presque sans action aux 1=1-,’ 2=’ 12=’ d l’a c-r’clrioTe^f'-t’^" trypanosomes ont di;paru la c.rcu ation en O a 5 jours et le retard sur le témoin a atteint 10 jours. l’action de PaToxT t' ' particulièrement résistante ; long a été de 4 jours dVmlr”" ^®f5iit a constaté que l’atoxvl guérissait d emblee presque toutes les souris infectées avec son virus de Maüi i e t résistance acquise du virus apparaîtra encore plus nettement. ’ On voit qu’à diverse.? reprises nos races ont montré une cer- taine sensibilité a l’ato.xyl. Ces légères exceptions se sont manifes- «r: rT ^ '• <|ue pim Tard D "" «' P'»» tréqe.nte, début sans Soutl" sensibilité initiale à l’atoxyl et s’expliquent tées. particularités individuelles des souris infec- des cal ^ "''«ris infectées avec des cakes imprégnés d’atoxyl. Nos 3 lignées, au moment où nous les avons abandonnées 1 une"d’ îr®"' riu’au début. Or nous avons conduit dire que nous avons atteint un chiffre plus élevé car nos ‘î- -- possédons ’eTcore de ittoxyl '' ‘^'''«porter comme auparavant vis-à-vis ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 111 SPÉCIFICITÉ DES RACES RÉSISTANTES A l’aTOXYL 8()0 Ehrlich et ses collaborateurs ont montré la spécificité relative de leurs races : la résistance se manifeste pour tous les médica- ments d’un même groupe chimique (par ex. : couleurs debenzidine, série du triphénylméthane) et non pour tous ceux d’un autre groupe. Ehrlicli en donne un exemple frappant pour sa race résistante au Trypanrot; il montre quelle est résistante à la cou- leur « Pli » de Nicolle etiNIesnil qui pourtant diffère du Trypanrot à la fois liai* le composé basique (paradiamidodiphénylurée au lieu de benzidine monosulfonée) et par les chaînes latérales (acide H, c'est-à-dire amidonaphtol disulfo 1. 8. 3. 6, au lieu do naplitylamine disulfo 2. 3. 6. = acide R). Pour leur race résistante à Tatoxyl, Ehrlich et Browning se contentent de montrer quelle est également résistante au dérivé acétylé de l’atoxyl (arsénacétyle) que Ehrlich et Bertheim ont jiréparé et dont ils ont montré l’action remarquable (que nous pouvons confirmer) sur le Nagana des souris. Notre arsénacétyle (1), essayé sur plusieurs souris infectées avec les virus R et J, à la dose de 2 centigrammes par 20 grammes de souris, s’est com- porté exactement comme Tatoxyl lui-même. Il a eu une action nulle sui le 18e pa:.=age R et le IR J, très faible sur les 9^, 16® et 19® passages R ; il amène les trypanosomes à dUparaître momentanément en 2 et 4 jours avec les passages 6® J et 5® R (à ce passage, Tatoxyl a aussi fait disparaître les trypanosomes en 4 jours). Nm’ (i) CG II4 CG n < Asü. 011. UXa (i) Alo.vyl Nil. CO. OGIP (1) AsO. OH. ONa (i) Arsénaeélylc NH. CO. OCH-^ (1) CH3 AsO. OH. ONa (4) Asodyl Le méthylacétylamidophénylarsinate de Na, dénommé aso-^ dyl par la maison Burroughs Wellcome et de Londres qui le prépare (2), s’est comporté un peu différemment. (l)Nous devions ce corps àTobligeance de MM. G. Bertrand et Lanzenberg, qui, peu de temps après l’apparition du travail d’Elirlicli, nous en avaient prépaie une solution neutralisée par la soude. ^ p- i (2) Un échantillon de ce corpsnous a été remis par l’intermédiaire de M. Giard- I fO l’ANÜSOMES RESISTANTS AUX MÉDICAMENTS SOI Essayé sur le 124» passage (virus J), 1 gramme d’asudyl (puur une souris de 14 grammes) fait disparaître les trypanosomes en plus de 24 heures • ils ne reparaissent plus. Une autre souris du même lot traitée à l’ato’xvl (0 cgr. 3 pour 10 grammes) voit ses trypanosomes disparaître en 3 jours • elle meurt avec 10 jours de retard sur le témoin. Dans une expérience, en se servant du virus J, au 60» pa,ssage, alors que I atoxyl (Ocgr 3 pour 17 grammes) n’agit pas du tout, l’asodyl (lcgr,5 pLr 20 grammes) fait tomber les trypanosomes à 0 en 24 heures; il y a rechute au J" ’tdtr;" ^ par 1 asodyl dans une autre expérience où 1 centigramme (pour une souris e 15 grammes) n a donné à l’animal qu’une survie de 60 heure- De même, nous avons vu l’asodyl employé vis-à-vis de noire virus résis- a t a 1 atoxyl et a 1 emetique, donner, dans une expérience, un retard de II jours sur la souris témoin et celle traitée à l’atoxyl ; dans une autre expérience, un retard insignifiant sur le témoin. ^ Il resuite donc de cet ensemble d’expériences que les races résistantes à 1 atoxyl peuvent encore montrer une certaine sen- sibilité à l'asodyî. Il ne question beaucoup plus intéressante est celle de la sen- sibilité aux sels minéraux d’arsenic (arsénites, trisulfure)des races résistantes à l’atoxyl. Ehrlich et Browning ne disent pas nettel ment avoir abordé la question (1). Elle est devenue d’actualité il y a un an, quand Lœffler et Rùhs (2), confirmés depuis, à cet egard, par Weber et Fürstenberg (.3), ont insisté sur les avan- tages de la médication combinée atoxyl-aoide arsénieux — et Laveran et Thiroux (4) sur l’association atoxyl-trisul’fure d arsenic (soit colloïdal, soit en pilules d^orpiment). Elle permet aussi d’apporter un argument important dans la question de savoir si 1 atoxyl agit ou non comme arsenical. Pour le trisulfure d’arsenic que nous 'avons employé à l’état clos expériences faites avec sa (2) Deutsche mediz. Woch. 1907, n» 34- 1908 n» i • pi Walter, Ibid., 1908, no 34. ’ ’ ^ ^ Loeffler, Ruhs et (3) Deutsche médis. Woch., 1908 n» P-sleur. t. XXII, ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 81)2 de solution colloïdale (aimablement fournie par M. Victor Henri), les résultats ont été des plus nets. Nous avons surtout opéré avec le virus J vers le 60^ passage. L'arsenic colloïdal, em- ployé à la dose de 0 c. c. 35 d’une solution à 2 O 'OO sur une souris de 20 grammes, fait disparaître les trypanosomes tantôt en moins de 24 heures, tantôt entre 24 et 48 heures. Certaines souris ainsi traitées ont guéri, d’autres ont eu des rechutes. En tout cas, les résultats ont été exactement les memes qu’avec notre Surra de l’Inde, qui est une race sensible à l’atoxyl. Il n’y a donc pas de doute, à notre avis, que les races résistantes à l’atoxyl ne le sont pas au trisulfure colloïdal. Pour l’acide arsénieux, que nous avons employé soit à l’état d’arsénite de Na, d’après la formule qui a servi aux expériences anciennes de Laveran et Mesnil (1), soit à l’état de solution sui- vant la formule de Lœffler et Rühs, nos résultats sont moins nets. A la vérité, ces solutions ont rarement débarrassé le sang de ses trypanosomes et nous n’avons obtenu que des survies plus ou moins longues sur les témoins. Mais, comme les résultats ont été les mêmes avec le Surra de l’Inde et avec le Surra résistant à l’atoxyl, nous croyons pouvoir encore émettre la même conclu- sion que dans le cas du trisulfure, avec une certaine réserve, néan- moins (2). Ces résultats expliquent donc les avantages des associations d’atoxyl (ou un autre corps de la série) avec un sel minéral d’As. Ils viennent à l’appui de la manière de voir formulée par Moore, Nierenstein et Todd(3) d’une part. Fourneau (4) de l’autre, que l’activité de l’atoxyl ne ressort pas d’un ion arsenical inorganique libre, mais d'un ion complexe contenant à la fois les radicaux arsenic et aniline. • Nous avons encore essayé sur notre race la couleur de benzi- dine )> Cl » (dichlorobenzidine + acide H), à plusieurs reprises: pen- dant la constitution de la variété R ; aux 2® et 5® passages de cette variété ; au 59® passage de la variété J. Dans tous les cas, les' trypanosomes ont disparu dans le temps normal et, comme c’est (1) A?in. Inst. Pasteur, t. XVI, 25 nov. 1902. (2) In vitro, l’acide arsénieux est peu toxique pour les Trypan. En solution dans l’eau physiologique à 1 p. 1000 ou 1 p. 2000, mélangée à parties égales avec du sang à Trypan., il immobilise les parasites en o à 10 minutes, qu’il s’agisse d'une race résistante à l’aloxyl, ou d’une race normale. (3) Biochemicul Journ.., t. II, n° o, 1907. (4) Bull. Sciences pharmac., n« 6, juin 1907. ^R>PA^OSOMES RÉSISTANTS AUX MEDICAMENTS 863 la règle dans le Surra des souris, n ont jamais reparu ; il y a eu guérison d emblée. r , j Enfin, il y avait un intérêtthéorique et pratique tout parti- cuJiera essayer Insensibilité de notre race à l'émétique de K (dont nous venions de découvrir l’action). Notre première conclusion fut« qu elle se comporte, vis-à-vis de l’émétique, e.xactement comme la race de Surra de l’Inde, qui est une race normale. En particuher, dans les 2 cas, la disparition des trypanosomes du sang a lieu en moins de 2 lienres (1) )>. Unc.experienoe plus étendue nous a amené à une Usère atté- nuation de cette manière de voir : alors qu’on guérit à coup sûr l^es souris infectées de Surra de l’Inde, nous avons eu 2 échecs sur ^2 cas avec la race résistante ,I et 2 échecs sur 3 ca.9 avec la race renforcée J, (2). Plimmer et Bateman (3) ont noté de leur côté que, en se servant de trypanosomes résistants à l’atoxyl il v a encore action de l’émétiquc, mais les résultats sont moins bons' qu avec une race ordinaire. En définitive, la sensibilité de nos races à l’émétique n’est guere moindre que celle des races ordinaires de Siirra. C’est là un ait intéressant a mettre en évidence si l’on songe à la parenté O imique de 1 arsenic et de l’antimoine. A un autre point de vue y a la, comme nous le faisions remarquer dès notre première communication sur l’action de l’émétique, une raison tîéorique dassocier 1 emetique à l’atoxyl dans le traitement des trypaL- somiases ; en tout cas, il n’y a aucune contre-indication à tento emetique quand l’atoxyl n’agit pas ou n’agit plus. IV RACE DE SURRA RÉSISTANTE A l’ÉMÉTIQUE (4) Dès le début de nos recherches sur l’action thérapeutique de emetique de potassium dans plusieurs trypanosomiases, nous avons vise l’obtention d’une race de trypanosomes résistante à ce médicament. Les rechutes étant fréquentes chez les souris na^a- nees ainsi traitées, nous pensions que ce problème serait facde- (1) Bull. Soc. Path. exot., t. I, 22 janv 1908* (2) Ibid,, 8 avril 1908. (3) Proc. Roy. Soc., cornnrunic. du 25 août 1908. ( ) Mesnil et Brimont, C. R. Soc, biologie, t. LXIV, 9 mai 1908. 864 ANNAI.KS I)H: I/INSTITUT I'ASTEUH inenl résolu avec le Tnjpanosonia fcrucet; nous avons bien constaté à diverses reprises qu à la suite d’interventions médicamenteuses répétées les trypanosomes n étaient plus influencés par l’émétique ; mais, reportés sur une autre souris, ils manifestaient la même sen- sibilité que le virus ordinaire. C’est là un nouvel exemple de ces faits déjà fournis par l’étude de l’atoxyl que la résistance acquise à un médicament n'est pas toujours héréditaire. Nous avons été plus heureux en partant de notre virus Surra de Maurice, au moment où nous renforcions sa résistance à l’atoxyl (voir ci-dessus variété J,). Une souris, infectée avec ce virus et traitée par l’émétique au moment où ses trypanosomes étaient excessivement nombreux, présenta des rechu- tes de plus en plus rapprochées (6 jours, 5 jours, 3 jours, 4 jours) ; la 5» injec- tion (ut sans effet sur les trypanosomes qui, inoculés à des souris de passa- ■^es, gardèrent héréditairement leur résistance au médicament. (Pour la 3e souris de passage, le virus a été prélevé sur la seconde 24 heures après 1 in- jection d’émétique). Encore aujourd’hui (12 octobre 1908), au 'Oe passage par souris, la propriété acquise de notre virus reste entière. Donné à la dose la plus élevée possible (0mgr,40 à 0,45 pour 20 grammes de souris), l’émeti- que est sans influence sur la marche de l’infection. Sauf sur une souris du 7e passage, chez laquelle les trypanosomes sont tombés à 0 en 48 heures et qui a eu une survie de quelques jours, nous n’avons pas observé les légères exceptions que nous signalions chez les souris infectées de trypanosomes résistants à l’atoxyl et soumises à ce médicament. Préventivement, l’émétique n'a aucune action sur les trypa- nosomes résistants. En raison de l’action parasiticide directe que ce médicament exerce sur les trypanosomes, les inoculations étaient faites en 2 régions différentes du corps ; Emétique. Trypanosomes Péritoine. Cuisse. Peau du dos. Sous la peau du dos id. Péritoine. Les souris ainsi injectées sont mortes comme les témoins. Dans de pareilles conditions, l’émétique empêche toute infection par le Surra non résistant. ^ / Nous avons aussi cherché à renforcer la résistance à 1 eme- tique de notre race. Une souris du 2ie passage, infectée du virus résistant, reçoit, alors qu elle renferme des trypanosomes nombreux, 0,4 milligrammes d’émétique ; le lendemain, on porte le virus sur une autre souris et, à partir du moment ou tutpan-osmies bésistants Airx MÉUrCAÜENIS Sfî ï‘Xr,“ “ir ”™' ‘ i””'- »"■ ~ 5s;“r:/r P».. ,e PorvTi-.;rr” pari© dans la nota do la n ri i ^ Ehrlich. Il »“ "»«* « par a„ plua grande ré,ie,aZlTZo“Jn7e‘“ÎT‘ " analogue a été faite plus tard e, a ^ constatation diti et Yamanouchi, en se servit dnT avec Leva^ “oe “r»! "" “ “""Sit::™?:: '''“urvoiî'y'r» t90R e s. ^MureZ for 190- ^ ™'’™'““- » PI en t. I.xv. 4 juin. 19, s. p. tt 55 866 ANNALKS DK L’IASriTUr PASTEÜll que ce Irypanotoxyl (produit de réaction du foie sur l’atoxyl) est bien le principe actif de l’atoxyl dans 1 organisme. La constatation in vitro de la résistance ou de la vaccination d’un trypanosome a, au moins dans le cas de 1 émétique, un autre intérêt. C’est quelle permet d’avoir une idée approchée de la résistance réelle d’une race de trypanosomes. Sensibilité et résistance à un médicament ne sont en effet que des termes d’appréciation; ils n’ont qu’une valeur relative qu il est bon de ’ pouvoir évaluer. , , In vivo, en effet, il est impossible d’apprécier la résistance réelle qu’a acquise la race de trypanosomes. La dose efficace qui fait disparaître les trypanosomes ordinaires de 1 organisme infecté ne peut guère être augmentée, car on arrive immédiate- ment à la limite de tolérance de l’organisme devant 1 emetique. Tout au plus, peut-on, in vivo, avec les trypanosomes ordinaires établir le rapport entre la dose efficace d'émétique qui les tue et la dose maxima qui n’agit plus sur eux. Avec l’émétique, ce rapport est de 10 en^iron. Lne souris de 15 grammes, infectée de Surra de l'Inde bénéfice de l’inicction de Omgr, 03 d’émétique ; une autre du meme poids guérit d’emblée par l’injection de 0mgr,30;il en est de meme d une souris qui ne reçoit que Omgr, 1. Or, la dose de Omgr, 30 (= 10 fois ^ose non active vis-à-vis du virus ordinaire) est la do-e maximale que 1 on peut donner à une souris de 15 grammes à virus résistant. On obtient le même rapport 10 avec l’atoxyl. In vitro, l’inconvénient signalé in vivo n’existe plus. On corn- parera alors les doses de médicament qui immobilisent dans le même laps de temps, d’une part les trypanosomes ordinaires et d’autre part les trvpanosomesrésistants. Il est bon d’operer avec des parasites prélevés au moins vingt-quatre heures avant la mort de l’animal infecté ; quand ils sont extrêmement nombreux dans le sang, ils deviennent, comme on le sait, beaucoup plus fra- giles. Il est encore indiqué d’opérer avec des solutions agissant en un temps aussi court que possible. Les trypanosomes ont en effet des résistances individuelles assez variables ; donc, moins la solu- tion employée est concentrée et par conséquent plus la duree d’action est longue, plus les causes d’erreur sont possibles. Le mieux serait d’opérer avec des solutions immobilisant instantané- ment les trypanosomes, mais nous avons été arrêtés par la trop trypanosomes résistants aux médicaments 8C7 concentrées dont ««'étions les plus acquièrent une grand^^e coLtanc^'”^'-^^*^*’ ''‘-®““'ats obtenus thode. constance, qui prouve la valeur de la mé- Avec la race initiale résistante à > que, on a les résultats suivants • ^ l’éméti- 1 îUesiDgàlf)pao. + ^ 1 la l'i- + 1 mriii. ’.i ' iiiiiiiédiale. î A +1 + ;«« »; » 01. . «,«.en20i40n„». +1 l'I. +SHmil9 '' ;' ^ II- à 1 b. 1/4. , Trypanoso.es conservés enl’e '"" le temps que dure Te.xpérience. mobiles tout Surra de Nha-Tran^g (AM^raTNa^'''^^ land, qui ne montrent aucune’résistmce n Zoulou- ments. résistance particulière aux rnédioa- trypanosomes. Avec cette race ^ action sur les solution isotonique au sang titrée TT' pour 1000 d'eau salée citratée grammes d'émétique Emülique:0,50;-x,c,..o.42;JcinatedoNa.l._,,.. 1 g. sang à trypan. + 1 gtte émôfirr ' tr ’ ‘ =îi'- iSîES::^::^ iiiimeiiiate des try|jatiosomes. ™ * "ïimobjl.sation Nous nous sommes servis aussi d' K dans l’eau distillée à 5 ou 6 0 /OO elle eT '* de au sang. En mélangeant goutte à trouttTi '*P®",î''’ès isotonique et la solution en question, on obtient T' ^ trypanosomes tes avec la variété E en sT^i!T 5 mi„u- encore employer 8 à 10 goutterdTméT"'^ îïîobiiisation immédiate. pour arriver à l’im- Si l’on compare les titres et loc ’ « un cliiflre au ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUD moins égal à 300 que nous pouvons regarder comme la mesure de la résistance. Les comparaisons d’actions immobilisantes au bout de temps égaux (vingt-cinq minutes par exemple) donnent des chif-, fres moins élevés. Mais nous pouvons dire que la résistance de notre race est au moins égale à 150. . , • i . En possession de cette méthode, il est possible de suivre es variations d’une race, d’assi'^ter à sa genèse et, par suite, de chercher à Tenrayer. , , • On a remarqué que la race résistante à l’ato.xyl était aussi sen- sible à l’émétique qu’une race ordinaire de Surra. Les résultats in vitro concordent donc avec ceux obtenus in vivo. Vis-à-vis de l’émétique de Na (dont nous devons un échantil- lon à la complaisance de M. Plimmerh notre race E se comporte in vivo et in vitro comme avec l’émétique de K. , . Appendice Sensibilité naturelle de diverses especes de trypanosomes à Vtmétiqne. - Nous avons, dans nos travaux spécialement consacrés à la thérapeutique des trypanosomia- ses par l’émétique, insisté sur les différences au point de vue de la durée de disparition des trypanosomes. Mais avec presque tous les virus essayés, la désinfection du sang de souris était com- plète au bout de 2 heures. In vitro, ces trypanosomes sont dé- truits immédiatement quand on mélange 1 goutte de sang avec 1 goutte d une solution à 1 0 /O. Dans le cas du T. dimorphon, les trypanosomes mettent plu- sieurs heures à disparaître du sang, et il y a toujours rechute rapide. L’essai in vitro n’a pourtant pas révéle une grande différence avec les autres virus; avec le dimorphon (et aussi avec le congolense, qui en est si voisin), e mélange indique immo bilise en 1 /2 minute. . j /iiio La différence est plus importante avec le T. pecaudi ( ). mélange ne produit l’immobilisation qu’en 10 à 15 minutes. Même le mélange à parties égales de sang et de la solution d eme- tiaue à 5 0/00 n’immobilise qu’en 1 à 2 minutes ; en ajoutant 3 gouttes à une goutte de sang, les trypanosomes sont arrêtes en une demi-minute. In vivo, l’émétique n’agit pas très bien sur es infections à T. pecaudi : désinfection du sang en plusieurs heures; rechute constante à 5 à6 jours. . (1) Nous nous sommes servis d’un virus rapporté de Bakel par MM. Boullard Neveux et provenant de la rive gauche du Sénégal. trypanosomes résistants aux médicaments 8G0 Le T. lewisi, conservé sur rats blancs, mérite une mention speciae. Aucun médicament ne réussit à l’atteindre. Aussi n avons-nous pas été très étonnés de constater qu’il en était de meme de 1 emétique. Même donné à la dose maxima pour le rat, 1 n y a aucune action sur les trypanosomes, que l’on retrouve aussi nombreux dans le sang les jours suivants. ce trypa- nosome est tout à fait comparable à notre race résistante. Il \ f 'goutte émér. à 6 0/0. Immob. en 5 minute. goutte de sang 5 goutte.s émét. à 6 0/0. Immob en 5 minutes 1 goutte de sang + 1 goutte émet, à 5 0/0. Imlb en 7 Zutt Ces faits illustrent bien le rapport entre la résistance natu- relle ou acquise, in vivo et in vitro (1). V LES VIRUS RÉSISTANTS CHEZ LE RAT (2) Les particularités des races résistantes à î'atoxyl chez la sou- ' ns que nous avons signalées dans le § II de ce mémoire, semblent indiquer que la résistance a besoin pour se manifester d’une cer- taine participation de l’organisme. En portant le virus sur une autre espece animale, ce phénomène va apparaître très nette- ment. Chez le rat en effet, la résistance, en particulier à I’atoxyl se manifeste mal. ’ Par exemple, un rat de 1 70 grammes, mtecté avec du virus J du 67e ZTr27ær 'iisparaître eu 24 heures par une injectio." de acgr,25 d atoxyl pour ne plus reparaître. Chez deux autres rats de 175 et r ^ypanosomes dis- pai ais ent egalement en 24 heures à la suite d’injections de 4cgr,20 et 5 cgr,50 Mais dans ces cas, d convient de remarquer que la dose a été de 2cgr:50 par 100 grammes ce qui est proportionnellement une dose un peu forte pour les souris. Pourtant, une souris témoin des 2 derniers rats quT a non tSée h"** quelques heures à un; souris la publStm„'''dT!;rtre‘ PeslOrieusement à RormA,? Z.= 1 prelemmaire, étaient restées inédites. Bkodim et ■humaine' traitement de la trypanosomiase tion.’Nous s;mme7peKuad'és*’^ ^ disparaître de la circula- due à l’émétique. q" il y a eu coïncidence et que la disparition n’est pas ^ , (2) Mesnil et Bbihont, C. ff. Soc. Biologie, t. LXIV, il avril et 9 mai 1908. 870 ANNALES DE L’INSTH IT PASTEÜH La différence entre rats et souris apparaît donc déjà nette- ment. C'est pour chercher à la rendre encore plus évidente que nous avons r-onstitué notre race renforcée (Ji) et que nous avons réduit à 2 cgr. pour 100 grammes la dose d'atoxyl. Dans ces conditions, alors que le virus se montrait plus rigoureusement résistant chez la souris, l'atoxyl a toujours amené la disparition des trypanosomes chez le rat. mais une certaine résistance s'est néanmoins manifestée : ainsi, les trypanosomes n'ont pas tou- jours disparu du sang en 24 heures ; parfois, il a fallu un temps plus long ; il y a eu des rechutes fréquentes (tous les 3 à 6 jours) justiciables à la vérité d'un nouveau traitement ; finalement, le rat succombe après une série de rechutes. Certains ont pu être guéris par l'émétique. En tout cas, la différence est frappante dans la façon dont se comporte le viruschez la souris, où l'atoxyl est en général totale- ment impuissant, et chez le rat où. d'une façon constante, il débar- rasse le sang de ses trypanosomes pendant plusieurs jours. Les rats chez lesquels nous avons fait agir 1 atoxyl avaient été infectés : les premiers en partant des souris qui servaient à la pré- paration du virus J, et dont la résistance avait été déjà renforcée par 2 injections d'atoxyl ; les suivants étaient des rats de pas- sage à partir des premiers. Nous avons ainsi conservé le virus sur rat jusqu'au 43^ passage, c'est-à-dire pendant 157 jours. Durant tout ce temps, le virus est resté semblable à lui-même au point de vue de sa résistance ; celle-ci s'est manifestée faiblement (v. su- pra) chez le rat. d'une façon ordinaire chez la souris. Cette der- nière constatation est particulièrement intéressante et nous 1 il- lustrerons par l'expérience suivante : Le virus, au 40^ passage, est reporté sur souris. Une souris de 13 grammes reçoit 0cgr,20 d’atoxyl et n’en recueille aucun bénéfice. Lme souris de 14 grammes reçoit 0cgr,25 d’atoxyl, et a 48 heures de survie sur le témoin. (Le même atoxyl, à la dose de 0cgr,35 pour 18 grammes, guérit une souris infectée de Surra de T Inde.) En revanche, chez le rat au 41® passage, l'atoxyl, à la dose de lcgr,7.> et de 2cgr,50 pour 100 grammes, fait disparaître les trypanosomes en 48 heures environ, et le sang reste débarrassé pendant plusieurs jours. On pouvait se demander s'il existe chez le rat une impossibilité de nature organique à la manifestation de la résistance. Il n en TRYPANOSOMES RÉSISTANTS AUX MÉDICAMENTS 871 est rien : la race a simplement besoin de s’habituer à Tatoxyl dans Torganisme même du rat. Nous sommes partis d’un rat du 2^ pas- sage (v. ci-dessus). Ce rat a présenté des rechutes successives ; les 6 premières ont été justiciables de Tatoxyl ; mais à partir de la 7®, 3 doses successives d'atoxyl n'ont pu en avoir raison. Ces trypano- somes portés sur d autres rats et, par comparaison, sur d’autres souris, se sont montrés, chez les 2 espèces, résistants : la souris n'a pas survécu à son témoin; le rat a montré une faible survie Nous avons jugé inutile de prolonger les expériences. Quand nous avons été en possession de notre race résistante d l'émétique chez la souris, nous avons cherché si elle la manifes- tait au même degré chez le rat. Dans ce cas encore, il y a des dif- férences entre les deux Rongeurs. Si 011 donne à un rat infecté 2 milligrammes d’émétique pour 100 gram- mes (ce qui est, proportionnellement au poids, la même dose que chez la sou- ris), on voit les trypanosomes rester stationnaires comme nombre, puis dimi- nuer (sans disparaître complètement) pour réaugmenter ensuite; le rat meurt avec quelques jours de retard sur le témoin. Quand on porte la dose à 3 milligrammes par 100 grammes, on peut arriver à faire disparaître mo- mentanément les trypanosomes de la circulation périphérique. La diffé- rence entre le rat et la souris est encore indéniable; mais ici, la résistance, même chez le rat, est bien plus marquée que dans le cas de Tatoxyl. La race résistante à Tatoxyl (J,, 9® passage par souris), portée sur le chien, y manifeste encore sa résistance. 1 centigramme d’atoxyl par kilogramme de chien n’a aucune action sur les trypanosomes. En portant le même virus, au 15^ passage, sur un autre chien, on obtient le mêmerésultat négatif en donnantla dose indiquée, à 2 reprises. [A la vérité^ • cette dose de 1 centigramme par kilogramme est relativement faible ; mais on ne peut guère la dépasser, étant donnée la grande sensibilité des chiens à Tatoxyl, déjà mise en relief dans le mémoire fondamental de Thomas.] Chez le cobaye, on observe des faits analogues. L’atoxyl est donné à la dose de lcgr,5 pour un cobaye de 400 à 450 gr. Cette dose fait régulièrement disparaître les trypanosomes du Surra de TInde (race non résistante) en moins de 24 heures et la rechute survient très tardivement. Chez les cobayes inoculés avec le virus J,, nous avons constaté qu’une première dose ne faisait jamais disparaître les trypanosomes en 24 heures, mais toujours en 48 heures (1) et que les doses suivantes ne les faisaient même plus dispvaraître du tout. (1) Ce résultat obtenu 4 fois sur 4, n’est peut-être pas dû à un hasard de coïnci- dence avec une crise. Il indiquerait une faible sensibilité, non comparable, en tout cas, à celle que Ton observe chez le rat, car, aux injections suivantes, Tatoxyl ne fait plus disparaître les trypanosomes. 872 ANNALES LE L’INSTITUÏ PASïEUU Repris chez le chien^ le trypanosome a conservé tonte sa résis tance chez la souris. Ces résultats, brièvement indiqués dans nos notes préliminai- res, en particulier la première, ont été depuis confirmés par les publications de f École de Liverpool. Moore, Nierenstein et Todd (1), en se servant dhine race de T. brucei envoyée par Ehrlich, ont constaté, indépendamment de nous, que so. résistance à Eatoxyl (et à f arsénacétyle), mani- feste chez la souris, ne Eest plus chez le rat. Une race, obtenue résistante à Eatoxyl chez le rat, ne l'est ni chez la souris ni chez le chien. Breinl et Nierenstein (2) citent de leur côté des faits de même ordre. (3n produit assez facilement (en moyenne après 3 mois 1 /2 de traitement') des races résistantes à Eatoxyl chez les ânes. Une pareille race, portée chez le rat, s’est montrée faiblement résis- tante au passage, plus du tout au second. Reportée sur âne après 14 passages par lapins, cobayes et rats, elle s’y est montrée à nouveau résistante. On n’a pu faire disparaître les trypanosomes qu’en employant l’émétique de sodium. k i Ces savants croient qu’une race ne manifeste sa résistance à Eatoxyl que chez l’espèce animale dans laquelle elle a été créée. Nos observations ne corroborent pas cette manière de voir. Elles montrent que la résistance acquise chez le cheval se manifeste de suite chez la souris et y atteint, même un maximum au-dessus duquel l’évaluation n’est plus possible, eu égard à la limite de toxicité de Eatoxyl. Chez le cheval, un pareil maximum n’était pas atteint puisqu’on a pu faire disparaître à nouveau les trypa- nosomes en augmentant la dose. En plus, nous avons vu que la résistance ne se manifeste pas que chez la souris. Si les résultats de Liverpool étaient exacts, il serait extrême- ment difficile, sinon impossible, de se rendre compte expérimen- talement si, comme conséquence d’un traitement, la résistance à un médicament apparaît. Une pareille recherche aurait pourtant un haut intérêt chez un homme atteint de trypanosomiase et qu’on soumet à un long traitement. Ehrlich a bien supposé que c’est à l’apparition d’une résistance à Eatoxyl que sont dus les échecs finaux de Kopke et celüi-ci s’est rallié à cette conception. (1) Ann. oi trop. Med. a. Parasit., t. III, juill. 1908. (2) Deutsche mediz. Woch., 1908, n“ 27. trypanosomes résistants aux médicaments 87;! fuiir iff’ ""® hypothèse fort plausible, mais toute gra- tuite. Il serait bien mtéressant de savoir si oui, ou non elle peut etre soumise au contrôle de l’expérience. ^ Doin^ '' divergences, nos résultats, sur un point qui nous parait capital au point de vue biologique, s'accor- dent avec ceux de Liverpool. Une race résistante chl une espèce donnée (pour nous la souris, pour eux l'âne) reste résistante même d’unp «« trypanosome. (Cette propriété apparaît le rft ! L f “ expériences comparées chez Je rat et la souris prouvent en plus que le milieu-hôte a une grande importance ; pour être exact il faut riir^ i résistantp rtn^o ^ ‘ *5“® race est résistante dans un organisme donné. estation de cpt7 de l’organisme pour la mani- estation de cette résistance. Dans notre première note où nous' n envisagions que le cas de la résistance à l'atoxyl, nous avions rapproche nos constatations de ce fait que « l'atLyl n'agit pas d|r«„e„, ,e. 4 ,, .nL.p,f,„e Ôt q e la trypandyse n a heu qu’à la suite d’une participatL de organisme ». Depuis, Levaditi et Yamanouchi ont précisé dans c * e-xtiait de foie transformait l’atoxvl, inactif in vitro . ur les trypano.somes (comme Mesnil et Nicolle l'ont dit les pre- rtrvpan"otTx'î'T.''" "'f ' vaccinés contre Je topanotoxyl fabrique dans le corps de la souris, peuvent ne pas etre contre celui du rat. Pourtant, nous devons dire que cette maniéré de voir ne doit renfermer qu’une part de vérité puisque ^e phenomene de la différence de résistance suivant Vesple II male est encore apparent, bien qu'à un moindre degré, avecTes races resistantesàl’émétiqueetils'agit danscecas d u; mldic^ nt qui paraît n avoir guère besoin de la participation de l'or- j^anisnie pour maniiester son action. 874 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK VI CO>SIDÉRATIONS GÉNÉRALES Nous possédons, depuis le début d'avril 1907, une race résis- tante à l'atoxyl que nous conservons encore sous sa forme résis- tante à l'émétique ; cela fait, au novembre 1908, 17 mois et en tout plus de 150 passages par souris. Or chaque passage repre- «.ente un certain nombre de bipartitions successives de trypano- somes qui ne peut être moins de 5, mais que l'on peut supposer être au moins 10 (1). Par conséquent, les 150 passages nous donnent au moins 1,500 bipartitions ou générations successives. Depuisque la race est résistante à l’émétique, il s'est accompli la moitié de ce chiffre de bipartitions. Ehrlich, au début de 1907, avait, entre autres, une race résistante à la paratuchsine depuis 18 mois qui en était a son ISO--' passage par souris et une autre résistante 5 l'atoxyl depuis 15 mois qui en était à son 138® passage. - Ehrlich, le premier, a parlé, pour ces races résistantes, d héré- dité de caractères acquis. L'assimilation nous paraît exacte. Mais, pour la rigueur, il convient de ne tenir compte que du chdlre de vénérations successives de trypanosomes n ayant plus eu de con- tact avec le médicament. A cet égard, nous pouvons citer notre race .1 que nous avons conservée, toujours résistante a 1 atoxyl, à travers 125 passages au moins par souris, ce qui représente p us de 1,‘250 générations de trypanosomes et notre raceE qui n a cesse d être résistante à l'émétique à travers 70 passages par souris. Erhlich cite le cas d’une race qui avait conservé sa résistance a l’atoxyl à travers 103 passages par souris ; c est sans doute la même que Browning cite comme étant à son 150® passage. \ côté de ces cas, il en est d'autres, comme ceux de notre race de gambiense, résistante à la couleur Ph, et comme ceux de diverses races, citées par Ehrlich, lesquelles, apres un certain nombre de passages, perdent leur résistance. ,1) En admettant que tous les qui. en général, sert à faire un passage, v ^ rapport de 40 qui est voisin de TalSancf^de 2"e ciimrTS! 5 peut êt-Voism d® « des inocuiations intrapéritonéales; line l’est certainement pas quano ittoculations sous la peau, comme c’etait notre cas. trypanosomes résistants aux médicaments 875 Etant donné le grand nombre de générations déjà atteint par cei tames races, on a le droit de parler de races stables conservLt TaSe "ÉMel «S mann et U ' 1 I ’ Osoillanees étudiées par Eno'cl- nann et Gaidukow, lesquelles, en poussant en lumière colorée tZZlTSLir'"""" reproduisent hérédi-’ ] , . comparaison mérite aussi d'être faite avec vaccinas pastoriens, le charbon asporogène, etc. Nous la pour cuber les trypanosomes) vaccinés contre des anticorps ^ Un autre caractère mis en évidence par Ehrlich est nue les animaux infectes par une de ces races n’ont, durant la pério^de qui niri^tunU®’'* l’organisme par un médica- ment, 1 mmunite que pour la race en question. On a là affaire à d s^eces secondaires et il serait intéressant de connaRre e conditions exactes de leur genèse. La propriété de résistance mit brusquement. On n’au- ait donc pas affaire a ces mutations dont on a déjà signalé un ce ain nombre d’exemples chez les microbes (1) • maï de lu «Ile, re.h.,01,., d.„, e«e voie ijd','™'’ "~- »ceÏ„Tcïêne '“f * 'C-penosome. qui ,e cetto !■ , de passage sont asexuées. Peut-être ?1 li "h St dT '^“--'-tion du caractère. - ch est demande ce qu il adviendrait de ces races en passant "»"■ '■»»”' dpe“,“r,.e larquer qu il est au moins possible qu’intervienne une pathogènes (r. brucei^^evanlfZq^^^^^ les trypanosomes voie de mutation, au sens de de Vries^ CettrS non fixées, en nous paraît fort discutable ^ assimilation aux faits de de Vries l’Aldéhyde acétique dans le vin : son origine etseseflets. (Suite et /in.) Tau M. a. l'RlLI.AT TROISIÈME l’ARTIE Rôle de l’aldéhyde acétique dans quelques modifications du vin ; Vieillissement, jaunissement et amertume 1. VlElLLISSEMKNT L’analyse d’un vin vieux démontre que sa composition a beaucoup varié. Le poids de ses matières fixes a diminué ainsi que l’alcool, tandis que ses éthers ont augmenté. Le vieillisse- ment du vin est en outre accompagné d’un dépôt plus ou moins abondant de matière colorante, en même temps que d’une déco- loration et d’un virage de la teinte primitive. La réunion des substances volatiles qui se sont formées au cours du vieillissement dans les vins et les eaux-de-vie consti- tue ce qu’on appelle le bouquet. On ne sait jusqu’à présent rien de précis, ni sur sa composition, ni sur les reactions chimiques qui lui ont donné naissance. Il est connu cependant que le parfum du bouquet dépend d’un grand nombre de facteurs qui entrent en jeu, tels que le cépage, le mode de vinification, la •composition du moût, etc. D’après Rosenstiehl ‘ le bouquet des vins subirait l’influence de la température de stérilisation du moût et de la fermentation. Pasteur a montré que le vin ne vieillissait pas lorsqu on le maintenait à Tabri de l’air. D’après lui, l’oxydation en bou- teilles provient uniquement de l’air en dissolution dans le \in à la faveur des soutirages antérieurs à la mise en bouteilles. l\ en concluait que la combinaison de l’oxygène avec le vin était i. Rosenstiehl, C. R. de PAc. des .SV.. Vm, p. 1224 et 1417. ALDÉHYDE ACÉTIQUE DANS LE VIN 877 l’acte essentiel du vieillissement. Duclaux avait egalement démontré, de son côté, que le vin ajant subi le contact de Eair pouvait vieillir en bouteilles hermétiquement bouchées, grâce à cette réserve d’oxygène emmagasinée. D après les résultats d’expériences exposées précédemmenty on peut prévoir que ce contact prolongé de l’oxygène avec le vin doit augmenter les proportions d’aldéhyde en même temps que favoriser ses combinaisons. C’est bien, en effet, ce que l’on peut tout d’abord constater dans les vins vieux et les eaux-de-vie. Le dosage comparatif effectué par les deux méthodes que j’ai indiquées plus haut prouve qu’il s’est formé, au cours du vieillissement, des combi- naisons aldéhydiques fixes qui n’existaient qu’en petite quantité^ ou pas du tout avant le vieillissement. Les chifires d’aldéhyde du tableau suivant représentent la différence entre l’aldéhyde totale et l’aldéhyde libre : ils corres- pondent donc à l’aldéhyde combinée, formée au cours du vieil- lissement. TABLEAU XVl PRODUITS ANCIENS ALDÉHYDE régénérée en uiilligr. 0/00 PRODUITS NOUVEAUX ALDÉHYDE régénérée en milllgr. 0/00 Chamberlin 1894. 95 Vin de Bordeaux 1907. 55 Vouvray 1895 70 Bordeaux 1 907 Beaune Hospice 1885. 112 Bourgogiu' 1907.. . iN 0oLIlt« Néant. Vouvray 1900 120 CouDaiir Eau-de-vie 1898 85 Erîii-de-vie 1900 iNGolIit. 70 Wisky 1895 9:i E;rn-df'.v5f‘ 1907 4 U QO Xérès 1890 142 . JLâ X *f\/ é ..... 1 Xérès 1908 oU 18 J’ajouterai que des résultats semblables ont été trouvés par M. Barbet fils, qui en fad le sujet d’un intéressant travaiP. CONCLUSION On voit [)ar la comparaison de ces chiffres que les vins vieux et les eaux-de-vie anciennes possèdent une plus grande piopoition d aldéhyde combinei* (jue les vins et eaux-de-vie de 1. Congrès de sucrerie, distillerie et œnologie, avril 1908. 678 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR date récente. Il y a donc eu formation d'ald^byde au cours Ju vieillissement. Je vais maintenant examiner le rôle de l’aldéhyde acétique dans les principales modifications '>-aissa^nce Sans 888 ANiXAIÆS DE L’INSTITUT PASTEUR rations que prennent les vins vieux naturels et les vins artili- eiellement aldéhydifiés, j'ai représenté dans la planche X h’ changement de teinte survenu dans ces derniers, c’est-à-dir<‘ clans des vins rouges additionnés d’aldéhyde. La ligure 1 i‘(‘présente un vin rouge témoin. La ligure 2 est h* môme vin aldéhydilié au 1/3000 après 2 semaines de contact. La figure 3 représente le meme vin après filtration. Les figures 4 et 5 correspondent, d’après Pasteur, à un vin vieilli artificiellement à l’air et à son témoin. On remarquera la différence de teinte obtenue par la simple clarification du vin aldéhydilié. Ce fait confirme l’opinion émise plus haut sur 1(‘ virage de la coloration : virage qui serait provoqué par la sépa- ration des parties les plus rouges. CONCLUSION Dans un vin rouge, l’addition, ou ce qui revient au môme, la formation d’aldéhyde acétique en quantité suffisante pour précipiter partiellement la matière colorante de ce vin, provoque en même temps le jaunissement du liquide clair. 111. AMERTUME. Les recherches bibliographiques que j’ai faites sur Tamei - tume du vin, m’ont démontré que les anciens avaient déjà observé ce phénomène qu’ils avaient soin de ne pas conlondre avec l’âpreté du vin. Pline l’ancien (Liv. XIV, Insignia culture’ vinearuni). cite des vins ayant une tendance à l’amertume; Théophraste (De Cai^sis^ liv. Yl, chap. X). et Gallien en font aussi mention. La disparition même de Tamertume dans cer- taines circonstances leur était connue. Plus récemment le goût arner qui caractérise certains vins rouges a été considéré comme une conséquence de la maladie' microbienne dite di' V amertnwe, très connue dans les crus de' Bourgogne. Cette amertume qui accompagne la maladie a été* attribuée à plusieurs causes : sécrétion microbienne, altération de la matière colorante, etc. Après Pasteur, plusieurs savants se sont occupés de l’amer- tume bactérienne. Duclaux a étudié les acides produits au cours de la maladie; Bordas, Joulin et Raczkowski ont pu isoler un ferment reproduisant l’amertume; Mazé et Pacoitet ont mis en 887 ALDÉHYDE ACÉTIQUE DANS LE VIN «•videQce que le ferment de lamor se comportait exactement en milieux sucrés comme un ferment mannitique et que dans les vins amers il se trouvait toujours un rnélang’e d’espèces micro- bieufies di\ erses. Enfin Eaborde^ a émis Eopinion que l’amertume comme les autres altérations connues sous le nom de fermentation mannitique, pousse, tourne, etc., serait le fait d’un organisme unique dont les propriétés physiologiques se modifieraient sous l’influence des conditions d’un milieu aussi complexe et variable que le vin. Pasteur et M. Vergnette-Laniotte ~ distinguaient deux sortes d’amertume du vin : la première, celle qui les atteint dans les premières années; la deuxième se produit dans les vins très vieux; elle est connue sous le nom de goût de vieux. Au début de la maladie, le vin commence par présenter une odeur particulière, son goût est fade et doucereux; cette première manifestation est désignée sous le nom de doucine. A ce moment la saveur amère n’est pas encore très prononcée. Mais, à coté de cette amertume très spéciale accompagnée du filament, on rencontre aussi des vins atteints d’autres maladies et possédant un goût amer. Bien plus, des vins sains, indemnes de tout germe, présentent parfois un goût bien «caractéristique d’amertume, comme Pasteur l’a observé \ Le vin mis en vidange prend souvent, par le seul fait de l action de l air, une amertume prononcée sans que le vin pré- sente la moindre trace de développement cryptogamique. Cette amertume ollre ceci de particulier qu’elle disparaît si on sup- prime la vidange et si on conserve le vin en bouteille pleine pendant quelques semaines. a J ai vérifié maintes fois, dit Pasteur, que l’effet d’amertume était du uniquement à une action chimique. » Il ajoute que cette observation étendue au cas de l’amertume proprement dite, a fait croire que l’amertume était le résultat «Tune décomposition de la matière colorante. Il y a donc amertume et amertume et on peut distinguer pour le vin, comme c’est le cas pour le lait que M. Sauton et moi venons d’étudier ‘, plusieurs sortes d'amertumes aux([u(i[[üs on J ^ den Sciences^ nSDS. Nouvelles expériences sur les maladies au vin (Rapport). 2. Etude sur le Vin (Pastküii), paj^e GG. Elude sur le Vin (Pasïeuu), pa^e 78. L Annales de L'/nst. Pasteur, avril 11108. 888 annaij:s de l’instituï i>asteür peut attribuer des causes très differentes. Aussi les observations qui suivent ne visent-elles pas spécialement l’amertume classique du vin, accompagnée de filaments : elles concernent aussi les cas de production d’amertume d’ordre purement chimique ainsi que le goût de faux vieux auquel Pasteur et Vergnette-Lamotte fai- saient allusion. C’est, en efïet, dans ces derniers cas, qui sont très fréquents, quand on y prête attention, que l’action de l’aldéhyde acétique semble êti'e le plus manifeste. L’hypothèse du r(')le joué par l’aldéhyde acétique interve- nant dans l’apparition des diverses sortes d’amertumes se pose tout naturellement à l’esprit quand on connaît, comme je vais l’exposer, les propriétés que possède ce corps de se polymériser ou de se résinifier dans des conditions particulières, en donnant naissance à des substances extrêmement amères. Ces explica- tions complètent celles que je n’ai pu donner qu’imparfaitement dans une note présentée à l’Académie des Sciences. Observations sur la formation et les propriétés de la résine d'aldéhyde. Résinification de l’aldéhyde. — On sait, d’après les travaux de Ciamiccian, de Liehig, de Puchot’, que ces résines aldédi- (jues prennent naissance par l’action des alcalis sur les aldéhydes de la série grasse. Ainsi, quand on abandonne une solution d’aldéhyde acétique au 1/000, légèrement alcaliiiisée par la soude, la potasse, la chaux, ou de préférence l’ammoniaque, on la voit jaunir lentement : il se produit un trouble et finalement un dépôt. En même temps, le liquide prend une amertume intense qui s’attéoue avec le temps et finit par disparaître. Une semblable résinification n’a pas lieu seulement en milieu alcalin : elle peut se produire aussi, mais avec moins de facilité en solution acide, l’acidité étant même de beaucoup supérieure à celle des vins normaux. La présence de l’ammoniaque favorise cette résinification : ainsi une solution alcoolique à 10® aldéliydifiée à 5 0/0, addi- lionnée de 1/100 d’ammoniaque et acidifiée à 10 0/0 par l’acide acétique donne, après quelques jours de contact, par évaporation lente au bain-marie, un résidu jaunâtre, très amer. 1, Annales de Phys, et Ch., 1886. aldéhyde acétique dans le vin 889 SSr.„‘''ri“' T"''"' '• ,1. aidehycle en milieu acide est manifeste. De même, le liquide pro^■enant d’un vin rouge prive de sa n .l,ere colorante ,, adJi,io„„^ j. 3 concerne le caractère volatif de lamertu.ne. J ai ndique p us haiA que la résine d’aldéhyde était partielle nient entra.nahle par la distillation quand elie n’était pas com- plttement oxydee. Me basant sur cette propriété j’ai pLetirer pa. distillation a la vapeur, d’un vin de Bordeaux^ authentique- ment amer, un liquide légèrement coloré en jaune et qui V évaporation lente, a donné environ 5 centigrammes d’un résidé Sdéhyde’ caractères de solubilité de la résine La deuxième observation s’appuie sur une remarque de rralT’ T ‘‘•’s vins amers saturés par On LC ^ '’^ppoct aux témoins non malades Un obtient les mêmes différences de teinte quand on neutralise' d’aldér d r^r ‘I «n vin rouge additionné cl aldehydate d ammoniaque. En résumé pour affirmer d’une façon définitive l’existence jl mie resme aldehjdique dans le vin atteint de la maladie de 1 amertume, il faudrait pouvoir en isoler une quanhte assez considérable pour en permettre ridentification .-^identification I l belle a établir quand on réllécbit à l’instabilité de sa compo ,ition. On se heurte malheureusement à la difficulté de se pro urei des vins authentiquement malades, ou à la difficulté non moins grande delà réussite par voie d’ensemencement Quant -^etiois de toute intervention microbienne, le rôle de l a Idehyde me paraît être certain et les observations que fï [portées en donnent une explication très acceptable^ ^ ma ^1“’ en faveur de orie, jai présente, d’autre part, les objections qu’on irconfirZ""' ‘-firmerou Janmssewent et amertame de VaU-ool et des eamv-de-vie A’ame eaux-de-vie possédant un goût .1 amertume res prononcé. L’explication est facile à donner ^a, inon re que la parfio amère du vin malade était parfois selon vîf l'^'^eetume, eiitraînable parla distillation. Une nou- distillation de ces eaux-do-vic ne fait qu’atténuer le goût l amer par évaporation lente du distillât, on retrouve^ un résidu jaune et amer. L’analyse d’une eau-de-v.e aJî^îrn" 894 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK «lonné -im inillig. .l’aldélivde par litre; la présence de l’animo- niaque a été caractérisée par le réactif à l’iodure d’azote. Dans ce cas, raniertunie était bien duc a de' 1 aldéhydate (raninioninque. J'ai eu l’oceasion d’étudier un exemple bien net d alcool amer Il s’agissait d’une fabrication dans laquelle cette amertume était reproduite journellement, au détriment de la qualité de l’alcool, qui passait décoloré à la rectification, jaunissait peu à peu. en prenant un goût extrêmement amer une fois exposé a l’air Le phénomène diminuait, mais n’était pas arrêté par une nouvelle rectilication. L’analyse de l’alcool fraicbement distillé démontrait la présence de l’aldéhyde et de l’ammoniaque. L’enquête que j’ai faite sur la question a démontré que cet alcool provenait do la distillation de moûts ayant servi à la fabrication de levures par la méthode appelée « Procédé par aération ». On sait, comme cela a été démontre récemment, que l’alcool s’aldéhydifie plus rapidement au contact de la levure et de l’air. La formation de l’ammoniaque était due à Une décom- position lie la levure, au moment de la distillation. L’amertume de l’alcool a pu être ultérieurement évitée par une distillation en millieu plus acide, afind’empêcher l’entraînement (le sels ammoniacaux qui provoquaient la résinification de l’al- dchydc acétique. M. EgTot a également constaté ce phénomène qu’il a rat- taché aux mêmes causes (jue moi. (Congrès de sucrerie et de distillerie, avril 1.908). On reproduit d ailleurs, on peut dire à coup sûr, 1 amertume d’une eau-de-vie ou de l’alcool par addition d’aldéhyde et d am- moniaque. Ainsi de l’alcool à 60^ additionné de 200 milligram- mes d’aldéhyde par litre et de 100 milligrammes d’ammoniaque, se colore en jaune et devient fortement amer. Comme dans le c.as précédent, l’amertume passe dans 1 alcool distille. Le rôle de l’aldéhyde dans la formation de ramertume des alcools et eaux-de-vie ne fait donc aucun doute. CONCrXSlONS GÉNÉRALES I. ^ L’aldéhvde acétique existe dans le vin et les eaux-de vie à des doses variables, dépassant rarement 200 milligrammes ALDÉinoE ACÉTIQUE DANS LE VIN ,Sîhj par Jitre. Sa présence résulte de l’oxydation de l’alcool sous 1 influence de 1 oxygène de Tair. ~ l’agitation, la présence de micro- oioamsmes. comme dans le cas de maladies, 1,. vieillissement sont des facteurs qui augmentent ses proportions. III. — L’aldéhyde libre qui se forme dans le vin, uuelle mio rentes" Peu à pou avec des destinations dilfé- a. Avec les matières colorantes du vin, elle donne despréei piles plus au moins solubles, selon la nature du vin. sa comno sition et la température, contribuant ainsi à 'la formation d ^ ■ epi^s normaux au cours du vieillissement du vin et aux dén,',t ’ dTas as aüe 1 microbienne ou delà cas^’à c ll"^^ '"«'^dies laçasse, a celle des oxydases qui attaquent directement le ■ matières co orantes et en provoquent la prlipitationT d;« les alcools du vm, elle donne des acétals simples ou nJiZ‘clrâJ2L'‘ moins une portion de l’éther acétique que l’on rencontre dans O r acétiquelnt des comptés . contribuent a la composition du bouquet. IV. - Enfin l’aldéhyde libre ou l’acétal peuvent se polymé- riser ou se resinifier en substances amères même en .sL.dions acides, dans des circonstances bien définies pour 1 eau-de-vie alcool, mais moins definies pour les vins rouges. V. _ L’aldéhyde acétique et les acétals coMlribueut au jaums^iment que l’on observe dans les vins vieux et les eaux- Sans vouloir lui attribuer ' un rôle prépondérant, on peut donc conclure que l’aldébyde acétique participe donc plu! m, moins aux principales modifications que subit le vin • c’est à ce titre que son rôle méritait d’être étudié et approfondi > tiens à ..einercler ici M. San, on pour sa coilahoralion au cou. J de ce Etudes sur raukylnstniniase et le bdribdti en Guchiucbine. Paiî f. NOC .Médecin-major de 2" classe des Troupes coloniales. Le problème du béribéri est l'un dos plus complexes et des plus confus de la pathologie exotique. Aussi les théories qu’on a émises sur son origine sont-elles nombreuses. Il y a une vingtaine d’années, les médecins anglais et hol- landais des Indes Orientales, notamment Erni ‘ à Sumatra et W. Kjjnsey^k Geylan voulurent, les premiers, faire jouer à l’Ankylostome duodénal et au Trichocéphale un rôle prépondérant dans la production du béribéri. Cette hypothèse souleva aussitôt de sérieuses objections : le Trichocéphale manquait chez un grand nombre de malades ; TAnkylostome duodénal fut retrouvé chez un nombre considérable de sujets n’ayant pas le béribéri. Dans l’Inde, en particulier, Dobson ^ découvrit la présence de l’Ankylostome chez 75, ?7 0/0 des indigènes. Les discussions^ qui s’élevèrent à ce sujet montrèrent d’ailleurs que nombre de médecins confondaient à cette époque, sous le nom d’anémie, le bpribf^ri, V ankylostomiase, le kala-azar et Id malaria. Buddoch et (7^7cs ^ entre auires attribuaient à l’Ankylostome non seulement le béribéri de l’Assam, mais le kala-azar. Bien que la théorie helminthiasique du béribéri fût soutenue par d’autres observateurs, tels que L. Braddon, F. Ré- gnault, F. Thomas, les contradictions et l’absence de preuves 1. Ekni h., Berlin. Klin. Wockensrhr. 1886, XXIIl, 614. W. Kin'sey, Report on Anœrnia or Beinberi in Geylan. 3. E. DobsoN, Anniial Sanit. Report for Assam for 1892. 4. Baker. Ind, Med. Gaz., d'*c. 1888. - Leslie, On Béribéri, G. G. Press. Simla,189i. Pkckelharing and Winkler, Walker, L. Braddox, etc. (Voir Davidson, Diseases of warm cUmates. 1893, P, Manson). \i.GihVL?,,Reportofan investigation in to the causes of disease known inAssamas Kala-azar and Béribéri, Shillong, 1880 Giles, Report on Kala-azar and Béribéri, Shillong, 1890. — Report on Béri- béri or Anœrnia of Assam. Ind. Gaz . Med. Jan. 1898. A»KV, , us. i'Sr? Ïn t^vS""' «" en Extrême-Orient et inconnu^ en Er'^r’ commun kylostorne duodénal est si rénen^ i)ériJ)ëri présente surtout les si«-nes d’ disait-on, le que c’est l’anémie qui domine dans I T, ‘andis ' abanioMée”''"™’"*'' -e.oinenne:::u'rt erreÏ ^7" 'U-crobe du béribéri, mais aucune d f ‘^'^'^'^''^rir le sens n’a reçu confirmation. Déjà, eriS "/? T/ terne . « On a beaucoup travaillé nn ’ ' pouvait gnie microbienne du be'Hbéri Les ^ ‘*’®‘a*>lir l’or,- eté cependant si contradictoires n ®ea ellorts ont I eut actuel de la question ce qu’d “1" ^e dire en '■®J®ter ■. ,, Et plus tard, en 1902 P'*"' rants sur le sujet que l’était ft ' • ^ ® sommes aussi igne- iiya plus iTio J® faits récemment tendent plutôt mo7 ^ " ®f pas, qu’à dire ce q^ü ‘st » ,, I ■■ecberches d’observateurs minutieux ter'°''‘ -"^oncl, etc., que les humeurs eUe t-ss > *' '■enferment aucun microbe spécifique. ' "® "'èse purement tEeusÏÏ’i'déeÏÏr" « Phypo- a.pnt son point de départ dans le fub ^ -'"f®et'euse <1 intoxication cadre mieux oue tn i ‘^'ë'estif. La notion niques : néanmoins, les Ivroh '' '®® ''aits cli- <1 expliquer ni l’origine, ni les sym^nt "® P®™ettent ni la propagation de la maladie^ D’a ^* f'éribéri, tentateurs ont pu attribuer à Ip ‘i^e^qnes expéri- isolés, observés chez î’an.^,; "’trobes des symptômes J interprétation est difficile aux 0071" dont classique, essentiellement polyVoml ®;''t'snon la maladie Asiatiques en Indo-Cliine eUbez lesV’ ‘"''e^ 'e" Au milieu de ces incertitudes la «'•'•ve quelques partisans, malgré les nlT: "''tenlaire a con- I’. M«sos ,/„ m . "etbreuses contradictions ■■ ciirnates). 57 8y.S ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR <,u'ello soulève. 11 est en elfel connu qu’Mne nourntitre rnonome et pauvre eu substances azotées, comme le cas se présente chez les mangeurs de riz. facilite f éclosion du béribéri dans les milieux ou il esl endémique. Mais il est impossible d’expliquer par 1 hypo- thèse alimentaire les poussées saisonnières du benheri. sou allure parfois nettement contagieuse, sa présence chez des indi- vidus dont la nourriture est variée et qui ne mangent pas de riz, son absence chez un nombre considérable de mangeurs de riz. ROLE KTioi.ooiniE DE Necator americanus dans i.e bkriheiu Lorsqu'on pénètre dans les hôpitaux d’indigènes en Cochin- chine e. dans plusieurs colonies de rExlrême-Orient, on e.st frappé de voir un grand nombre de malades atteints d af- fections disparates, de cause très mal définie, pour la plupait de lon-ue durée et rebelles aux divers traitements : ce sont des porteurs d'ulcères atoniques aux membres inferieurs, qu on désio-ne en Indo-Chine sous le nom à’ulceres aniiamtles, des oorteurs d’éruptions lichénoïdes et prurigineuses sur la partie inférieure du corps, confondues souvent avec la véritable ga t , des malades atteints de faiblesse générale sans anem.e appré- ciable de douleurs dans les muscles, d’anemie non paludéenne, et enfin de fcrVft/rn'. Aucun lien étiologique ne semble reunir tous ces svmpto.nes variés: mais en examinant les selles de chacun des inaUdes, on y trouve, en nombre variable et avec p us ou moins de facilité, à côté des œufs de divers helnnnthes, ks œufs de Secalor amertcanus. L’administration de thymol a ces divers indix élus permet de retrouver le parasite adulte dans les matières itcales. J’ai si-nalé en 190G la fréquence remarquable de ce >ema- tode dansbe tube' digestif des sujets atteints de béribéri en Cocbinchine'. Dans une première série d’examens, sur i , indi- vidus atteints de béribéri. 74 furent reconnus porteurs d f . amerkana (S. americanus) Stiles. En poursuivant ces recherches sur une plus grande echell . je suis arri-é à reconnaître que la théorie helmintliiasique du 1. F. Noc, C. H. .te. des Se., Ï8 mai 1906. ankylostomiase et beuibéki en cochinciiine 899 ois^:u'ii:::;;:ie:i7ter„.r'd^^'-;' ch,-. tënbéri ; j’ai observé 197 .‘^'''*'^7 "““"'''''«''^stations du seulement en concomitance* t ^ fois 14 individus, l’examen des seîles ^bbin ' ^fodemlis. Cbéz négatifs répété, est reste' j.rw, s t5r,îri rftlrouvés d'autre part ’daL l!l *!‘’t ainsi examiné 2 32fi Ank l + ' psies de bér ibériques. J'ai ■i.' ......d.a“i'S r,ir;“, i rhr''^ potre feufc d. «dWte de pointe conique sailtante dan'^'^.X‘ÈMEOB,PXT,ONA,.’„YPOÏHÊSEA.NKV,.OSroMIASlQUE.-_ ostomiase, dit-on encore, si fréquente dans les milieux où sévd eriberi, préparé le terrain à ce dernier en affaiblissant l’orga- objection suppose une différenciation facdle entre les symptômes d’ankylostomiase et ceux de béribéri Or ANNALKS DE L’INSïlïUT PASïEUIl 9m les premiers, surtout dans la race jaune, n ont pas toujours été d(‘crits avec précision : jusqu’à ces dernières années on ditle- renciait mal ranérnie due à la malaria, au kala-azar ou à 1 anky- iostpmiase; les caractères même de celte dernière subissent des variations suivant chaque latitude. Les signes qui permettent de séparer les deux maladies, béribéri et ankylostomiase, sont en eflet peu nombreux : ce sont d’une part l’anémie croissante, la géophagie et la perversion du goût, la diarrhée, la présence du sang dans les selles pour l’ankylostomiase, d’autre part la parésie et 1 anesthésie, la fréquence de la mort subite pour le béribéri. Les autres signes, œdèmes, bouffissure de la face, douleur épigastrique, dyspnée, souffles cardiaques, fourmillements et même hydropisie ou anasarque sont fréquemment observés dans le béribéri et 1 anky- lostomiase Or, en cherchant les premiers de ces symptômes chez les ankylostomés d’Indo-Cbine, j’ai dû constater qu ils . manquaient le plus souvent, pour faire place aux symptômes nerveux du béribéri. Voici les observations que j ai faites sur chacun d’eux : 1° Anémie. — Chez les Chinois et les Annamites porteurs de N. americanus^ on n’observe pas une véritable anémie : il y a généralement un léger degré d’hypochromie et d hypoglobulie. Les cas d’anémie grave chez l’indigène relèvent presque toujours du paludisme. Il est par suite nécessaire, dans l’étude de l’anémie ankylostomiasique, de s adresser à des aggloméra- tions indemnes de paludisme, ou d’éliminer soigneusement, par la recherche des hématozoaires, les sujets infectes. C est ainsi qu'à la prison de Giadinh, près de Saigon, sur 87 pri- sonniers annamites, tous porteurs des œufs de N. ameiicanus en grande quantité et indemnes de paludisme, je n ai pas observe d’anémie notable. Sur 22 miliciens affectes au service de la même localité, je n’ai observé qu’un seul cas d’anémie avec œdèmes, encore le taux de l’hémoglobine atteignait-il 80 0/0. Lorsque l’ankylostomiase s’aggrave, on observe rarement r„abaissement de l’hémoglobine à 45, 27, 17 0/0, que l’on ren- contre habituellement dans l’ankylostomiase grave d’Europe. Yoici les résultats que j’ai obtenus, en dosant le taux de l’hémo- 1. De nombreux cas de béribéri œdémateux seraient considérés comme cas d’ankylostomiase en Europe ou en Amérique. ANKYLOSTOMFASE ET BEfilBElU EN COCIIINCIIINE 903 globine par le procédé de Gowers-Saldi, chez 24 individus atteints de béribéri et, parallèlement, cliez 21 malades atteints de diverses formes d’ankylostomiase : Taux mon m de l'héinoglobtoe. Dans le béribéri. . r B. œdémateux 76.80 0/0. ■0.8o 0 0 • B. paralytique 81.60 0/0. ( B. mixte 81.23 0/0. Dans l’ankylostomiase simple. /' Anémie 73.3 0/0. 08.74 0/0 ^ ehroniques 74.58 0/0. I Anémie et complications l. 58.33 0/0. Comrne on le voit, les différences en hémoglobine qui sépa- rent le béribéri de l’ankylostomiase proprement dite ne sont pas très accusées et il est difficile de trouver, dans le symptôme anemie, un critérium entre les deux affections. 11 n’est pas rare d ailleurs de rencontrer une anémie grave chez des sujets ayant eu des crises répétées de béribéri et de voir l’hémoglobine s abaisser dans ces cas à 70 0/0 et au-dessous. Les observations ne sont pas spéciales à l’Indo-Cbine. On avait déjà remarqué que, dans les races colorées, l'anky- lostomiase ne détermine pas toujours de l’anémie. Aux Etats- Unis et à Porto-Rieo, l’anémie ankylostomiasique frappe plus sévèrement les blancs que les noirs A Porto-Rico, une forme de k maladie, appelée « Hermosura », est caractérisée par de la iievre, de 1 anasarque sans anémie et est suivie d’une mort lapide . Aux Philippines, 1 ankylostomiase causée par Necator americanus est très répandue et ne détermine pas fréquemment 2» Gwphagie. — La géopliagie paraît manquer chez les ankylostomés de Cocliinchine. J’ai interrogé sur ce point un grand nombre d’indigènes de diverses régions sans obtenir do résultats positifs. Il est à noter toutefois que dans certains villages de la frontière siamoise (communication orale de mon camarade et ami le docteur N. Bernard), les indigènes mangent une sorte de terre friable et agréable au goi'it et que tous les ndo Chinois, machant le bétel, avalent ainsi de petites quan- tités de chaux, mais ces habitudes, nullement en rapport avec 1. Ch. W. Stiles {loc. cifato). 2. neport on Anémia in Porto-Rico. Cotnniissior, de |•ané,nie, VJ06-190- . . CoLE, Philtpp. Journ. of Science, Med. sc., vol. II, n» 4 1907. ANNAI.es de L’INSTITUT PASTEUll DO 4 la présence ^lcs Ankylostomes, ne sont pas plus dévelop‘pées chez les malades que chez les individus résistants. iT’ Diarrh ée. La diarrhée est considérée comme un signe distinctif entre 1 ankylostomiase et le bériliéri. Or rien n’est plus variable que les troubles intestinaux chez les porteurs d’Ankylostomes. Ces sujets sont fréquemment infectés par déficit en azotés et en graisse, un excès d’hydrocarbonés. Or, on a remarqué depuis longtemps que le béribéri frappe surtout les individus mal nourris et que ses symptômes s’atténuent lorsqu on amélioré le régime alimentaire ; on a vu de même quelanemie ankylostomiasique frappe les populations pauvres e respecte les ag-g-lomérations où la? nourriture est riche et variée. Ces constatations importantes m’ont conduit à recber- cher SI une alimentation presque exclusivement anrylacée n’alfai- b bssait pas la résistance des cellules défensives de l’organisme et, en particulier, si la sensibilité des individus mal nourris au poison des Ankylostomes n’était pas en rapport avec une for- mule leucocytaire insuffisante. J ai eu 1 occasion d’étudier la formule leucocytaire de nom- breux prisonniers chez lesquels a éclaté en 1907, ‘à Giadinh près de Saigon, une épidémie de béribéri. L’agglomération indigène ae la prison était ainsi constituée ; 1» Cent prisonniers occupés aux travaux de routes et jardins prenant leurs repas en commun et logés par groupes de 30 a 4U j 2» Une vingtaine de miliciens mêlés aux travaux des pri- sonniers allant comme eux pieds nus dans des conditions sem- blables de malpropreté, vivant en commun dans des cases ou • paillottes. La base de l’alimentation de ces deux groupes d’Annamites consistait en riz et poisson salé ; les miliciens avaient la faculté < y a.louter des fruits, un peu de viande de porc ou de la volaille: ils variaient ainsi leur alimentation et l’enricbissaient en graisse et en aliments azotés. Sur 100 prisonniers, 87 furent reconnus porteurs de N. ame- ricams. Je n ai constaté qu’une fois les œufs de U. duodenalü. lous les miliciens furent trouvés également infectés par iV . americanus (janvier 1907). ^ L épidémie éclata le 18 février, trois ou quatre jours après une i. Gayet, Arch. de méd. navale,, t. XLII, p. i6.|. 908 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR pluie hâtive et inaccoutumée en cette saison. Les symptômes observes consistèrent surtout en fourmillements dans les mem- bi*es inférieurs, (edème prétibial, paralysie avec anesthésie de tout le segment inférieur du corps, abolition des réflexes rotuliens, douleur épigastrique, sensation de froid autour des lèvres, morts soudaines, etc. Du la février au 30 mars, j ai constate a leur début 33 cas de btbabéri chez les 87 prisonniers infectés. Chez les 13 prisonniers non infectés pariV. americanus aucun cas de béribéri ne fut constaté. Enfin les miliciens échappèrent aussi au béribéri : j’ai relevé seulement chez eux quelques légers œdèmes n’ayant pas interrompu le travail. Vingt prisonniers, parmi ceux qui contractèrent le béribéri, et 37 qui y échappèrent ont pu être examinés au point de vue de la formule leucocytaire avant et pendant l’épidémie compa- rativement avec 22 miliciens restés indemnes. Le tableau sui- vant donne la formule leucocytaire moyenne de ces trois groupes d’individus avant et pendant l’épidémie du béribéri. Miliciens restés indemnes. j Prisonniers restés indemnes. Prisonniers ayant pris | le béribéri. c s > < ’E. D ’ 1 1 F "è jà ^ -Z \ > T3 j ^ ?• Pendant | lépidémie. ô c F Æ 'O < ^ S .r c Cm 'O Poly. ri. i i?),7 " ” 46.8 « 0 1 30, 3o °/o 50,12 ° 'o 50,375 « O 50.55 " O Mono . . . 4.-2 - 4,0 — * 4.6 — 5,24 - 4.3 — 5,45 — Lyinplio. :12,3 - 32,3 — 32,2 — 31.21) — 33.3 - 35,4 - Eosino . . 17,8 — 16.0 — j 12,85 — 13,35 — 12,025 — - 8,60 — On voit par ce tableau que : 1° La formule leucocytaire générale des ankylostomés d’Indo-Chine ne diffère pas sensiblement de celle du béribéri; 2*^ Il y a dans tous les cas une éosinophilie caractéristique; mais, tandis que chez les miliciens, mieux nourris que les pii- sonniers, cette éosinophilie est égale à celle qu on observe habituellement en Europe ou en Amérique dans 1 ankylosto- miase (environ 18 0/0), chez les prisonniers qui vivent de riz et de poisson salé, elle est beaucoup moins elevee. La différence qu’on observe ici entre les miliciens et les prisonniers ne releve ANKY1/)STÜMIASE et béribéri en gochinchine 90» sr. ■" .o„d,'.io„. 3'' Les miliciens sont restés indemnes de béribéri et leur for mule leucocytame est restée la même avant et pendant l’épi - em.e; chez les prisonniers qui ont contracté le bérTbér , 7 clnffre des eosmophiles s’est encore abaissé, alors qu’il se maintenait au meme niveau chez ceux (pii ont résisté. n sait, depuis les recherches de Boi/calt', de Lierm berger , de Stihs\ de Malvoz\ à’Hotm'éK de L(mbiMt\ etc que e taux i^es éosinophiles, chez les porteurs d’Ank^stord de lace blanche s exagère lorsque l’état des individu^s infectés s amélioré sensiblement et que ce chiffre élevé persiste par is longtemps apres la guérison. Au contraire, lorsque l’état hleirm iVvf dT’ s’abaiL nota- l'érihéri et l’ankylos"tomiasTgrave ; ' entre le ne X!"i nombre des’ polynucléaires neutrophiles ne est trouve augmenté, ce qui fait supposer qu’il n’y eut pas -ntervention d’un agent de nature bactéi'ienne ; ^ ^ oo Gomme dans 1 ankylostomiase grave, le taux des grands inononucleames et celui des lymphocytes sont légèrTm^nt augmentes pendant la crise de béribéri. Enrésuiné il y a, chez les prisonniers soumis à un re'o-ime presque e.xclusivement amylacé, un affaiblissement de la résis O ^ JO !i 1 S ^ c O Gramls mono 0/0. Lympho 0/0. Eoslnoph. 0/0. FAITS particuliers. Fourmillements, parésie 7 [30 G 33 11 Amibiase et diarrhée. Béribéri œdémateux 21 1 ; I®' , 4 20 9 . ... 23 13 22.3 19.3 B. paralytique 26 i4G . 4 40 11.6 Lombricose. Ànesthésies, parésie 29 43 3 33 17 Trichocépliales. Fourmillements, anesthésie. . . . 30 j47 i* 39 10 Béribéri œdémateux 31 j34 3 30 13 Amibiase intes- tinale. 33 3 40 12 1 33 i49 11 ^ 32 1 : Anesthésie et œdème 37 loi 3 34 |l2 1 Moyenne ' » 149.74 1 j3.4 32,33 12.31 J A JJ, CAS DE BÉRIBÉRI A MARCHE CHRONIQUE SIGNES CLINIQUES C C O Z ? > s C O ! i C c: ! " i 1 i U ! ri Lvnipho 1 0/0. 1 O O FAITS particuliers () 61.3. 3 30 3.5 Trichocéphales, Distomes. D • paraij imuc * . . 12 3 S 16 37 9 Anémie, héma- ties nucléées. D* 06Cl611ictiuuA lombricose. 23 39.3 7.5 43 10 B. pairaiyLi4uc 28 62.3 6 27 4.3 32 46 4 48 2 D. 18 32 11.3 24 12.3 B. paraiv tique 1 D 49.92 8 34.83 7.23 ANKYLOSTOMIASE ET BÉRIBÉRI EN COCHINGHINE 9H III. — CAS DE BÉRIBÉBI GRAVE, HOSPITALISÉS, NON MORTELS SIGNES CLINIQUES à O •O CO > 5, 0) ^ w P P. neutre. 0/0. G. mono. 0/0. Lympho. C/0. Eosiuoph. faits particuliers. B. paralytique. 4 47. 7 40 6 — 10 69. 2 24 5 — 13 58.5 3 33.5 5 Hématies nucléées. B. mixte 16 44 4 40 21 B. œdémateux. 20 56 4 35 5 B. mixte .... 22 33 6 48 31 B. œdémateux. 24 45.5 2.5 40 12 B. paralytique. 34 46 5.5 41.5 7 B. mixte...... 3o 43.5 18.5 35.5 2.5 B. paralytique. 38 44 2 50 4 Hématie.s nucléées. Moyenne . . . )) 48.65 5.45 38.75 7.15 CAS DE BÉRIBÉRI. TERMINÉS PAR LA MORT. ANNALES DE L’INSïlTUT 1>ASTEUR ÎH2 On voit' ainsi que le taux des éosinophiles tend à se rappro- cher de la normale, sans aug’mentation des polynucléaires neu- trophiles, dans les cas d’ankylostomiase compliquée de béribéri mortel. On obtient des résultats semblables en groupant les malades suivant qu’ils' ont des symptômes localisés, ou généralisés : 16 cas de béribéri ayant présenté des signes localisés aux membres inférieurs ont comme formule leucocytaire moyenne 1*. M. L. E. 51 — 6,5 — 33,5 — 1) 0, 0 14 cas ayant présenté des signes généralisés aux membres supérieurs et inférieurs ont comme moyenne : 53 — 4 — 36 — 7 0/0 Dans la forme paralytique, qui est généralement plus grave et plus tenace que la forme œdémateuse, le taux des éosino- philes est également un peu plus abaissé. Enfin trois de ces prisonniers atteints de béribéri ont pu être examinés après guérison spontanée, sans expulsion de leurs parasites. Sous l’influence du repos et d’une améliorai ion dans le régime, leur taux d’éosinophiles est revenu à la normale des simples porteurs d’Ankylostomes, quand le béribéri a rétro- cédé : N» 684 N» 695 Avant la crise 57 — 3 — 27,5 — 12,5 0/0 '37 — 16,5 — 23,5 — 23 0/0 Pendant la crise... 47 — 4 — 39 — 10 0/0 54 — 3 — 30 — 13 0/0 Après guérison 45 — 3 — 35 — 18 0 0 35 — 7,5 — 40 — 17 0 ■ 0 N» 3472 Avant la crise 26 — 3 — 44 — 27 0/0 Pendant la crise 33 — 6 — 48 — 13 0/0 Après guérison 50 — 2 — 30 — 18 0/0 Dans les cas d’origine récente la formule leucocytaire peut se modifier rapidement : le repos de quelques jours à l’hôpital, un changement de régime, une médication cholagogue font remon- ter, chez certains malades, le taux des éosinophiles en même temps que les symptômes s’atténuent. J’ai examiné le sang d’un grand nombre de sujets provenant des hôpitaux d’indigènes de Gholon, Choquan, et Phu. My. Tous présentaient un taux d’éosinophiles généralement supérieur à la normale, et s’éle- ANKYLOSTOMIASE ET BERIBÉIII EN COCHINCHINE 913 j"-"» '»"s..n,ps «lavanlag. leur .pli, „J, "P™ ment le'sés par l’intoxication / parttculière- par exemple le taux des ^ membres paralyse's Su San, d^ i; t-rcTatlrn Or, à Texamen de 44 ra« • l- ■Îi"t„rî; 'Trde7'"""; atteinl de kakké, av.U ddjà “ZT,™ “7 '''’ rieur à la normale Ce fait n j “* ** eosmoplnles mfé- la Saavild de Pintel.a.l o p ;7e7r,lr 7 “™,“" '"f" ''' (les éosinophiles dans !« Ankylostomes. La recherche pronostic. ««voir servir au rai divisé ces 44 malades en 3 catégories : 1 Oas (le béribéri légers; 2» Cas de béribéri à marche chronique ; La^dOr^'^^"’'^'"’' aigu à forme grave surtt:t 4 Ucins cette derniere categorie. L Wsc, cité in 4c BérMn, monograpl.ie, Paris, 1906. annales de L’INSTITUT PASTEUR i)li I. ('.AS DK BÊRIBKRI LÉGER ^ Noms. Poly. n nioDû. 1 M. lUuDO 1 ! Lymph. Los. bil. Eos dril. OBSERVATIONS c 32.22 30 50 7.75 0 .) 3.45 4 » 32.22 43 » 24.46 20.50 2 » Eièvre et anémie, œdème des niem- : bres inférieurs. i Ch ... . 35.50 44 50 7.5 5.5 » 40 . 33 » 17 » 17 « » » Faiblesse générale, œdème des i inférieurs. | i 34 50 50 X 13.50 Œdème de la face et des membres' II 42 )) 34.5 .5 » 5 » )) ' » 10.5 » inférieurs. l 5G.85 1.05 3.15 35.80 3.15 B B. paralytique. ■ Xiz.. . . 3.18 1.36 1 24.10 3.18 l 36 UD . o2 37.0 1.2 ! 1 .h 4.6 13.6 » — ; sà 1.2 O 0 51.6 11.6 » O- » 65 » 60 » 4 » 3 . )) « q;; „ 6 » B B. léger (fourmillements. Su 25 » 6 » B anesthésie). ; 43 » 5 » 40 » 12 1 B — Suu . . . 4i » 9 * n 39 * 8 .• 45 » 3 » 34 » 18 >» » V f Q .V s . 27 >’ 17 » 1 ^ 40 )) L’examen des formules qui suivent montre que le taux (les irraiiils mononucléaires se maintient peu élevé dans les formes chroni(|ues. 11 y a souvent augmentation du chiflre des lympliocvles. Lnfm lorsqu'une amélioration survient par le repos, la formule leucocytaire du membre malade tend à se rap- procher de celle du membre sain et le taux des éosinophiles remonte. 1 La première liane horizonlalo indique ta formule leucocytaire du sang pré- levé au doigt, la deuxième celle du sang preleve au gros orteil. ANKYLOSTOMIASE ET KÉIUBIÏRI EN COCHINCHINE 915 n. Cas de béribébi a mabche chronique. OBSERVATIONS Maîn droite non paralysée- Jambe gauche (paralysie et anesthésie). En vole de guérison. ■Rechute. Amélioration. Amélioration des phéno- mènes parétiques. Anesthésie et œdèmes. B. paralytique. iParésie des membres infé- rieurs et œdème épigas- trique. En vole de guérison. (ÎFdème persistant (membres inférieurs). 'Fourmillements, anesthésie. Paralysie ancienne des ex- tenseurs. Paralysie et œdème. Amélioration. B. paralytique grave. Impo- tence des membres in/é- rieurs et supérieurs. B. paralytique. B. paralytique Œdème ayant succédé à la paralysie. Paralysie (membres Infé- 1 leurs). Paralysie (membres infé- irieurs). Paralysie (membres infé- rieurs). Améliorilion. Paralysie des membres suné- rieurs et inférieurs. O-idèmes (granulations éosl- neph rares et clairse- mées). B. paralytique depuis un mois. B. paralytique depuis un mois (amélioré). 916 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 111. Cas de béribéri aigu grave. NOMS P. n. G.M. M.M. L. E. b. E. t OBSERVATIONS B 63.22 1.7 1.7 30.52 2.76 » Paralysie et anémie. 59 » 1.5 2 V- 35 » 2.5 » G. . . . • . 48 » 6.5 ». 33.5 1.3 » Impotence des extrémités infé- y> 4.5 >’ 58 » 5.5 * rieures. D ..... 71.10 55 » 7.80 1.70 3.35 ,1.70 17.75 40.75 0 • O.8.. 0 0 Anasarque. Dg.... 43.5 42.5 2 » 1.25 5.5 5 )) )) 40.625 10 » 10.625 0 0 B. parai, grave et anémie. Dê .... 44 » 3 » » 45 » 8 » » Paralysie complète des membres 32 » 6 » » 51.5 10.5 inférieurs. L 51.27 0 » '.78 36.30 1.60 6.0. B. paralytique (membres inté- 37.20 2.30 3.94 51.31 3.28 1.97 rieurs). M 40 » 25 » 5 » 6.5 » » 53 » 68 » 2 » 0.5 » B. paralytique, hyperesthésie. W .... 69.52 61.36 1.90 3.18 i » 5 » 23.34 25.46 3.34 4.10 1.90 0.90 Anasarque. X 28.08 4.10 1.82 50 B 16 » )) Impotence des membres supé- 1.65 2.93 39.16 44. lo lU.OD l . Comme on le voit, lorsque tout 1 organisme participe aux symptômes d’intoxication, ily a baisse générale des neutrophiles et des grands mononucléaires pour les membres supérieurs et inférieurs, les éosinophiles peuvent faire défaut dans la circu- lation et le taux des lymphocytes est alors augmenté. Il paraît donc y avoir, dans certains cas de béribéri, une ana- phylaxie complète vis-à-vis de l’intoxication ankylostomiasique et l’on est conduit à rechercher, dans l’organisme des individus gravement atteints, les preuves de l’accumulation ou du passage des sécrétions des ankylostomes. (A suivre.) A propos do la sip'fication do Bacillos coli daos las oaux polatles. ÉTODE DE CE BACILLE DANS LES EADX DE TODLODSE Par mm. Df GUIR.AUD PROFESSEUR d’hïGIÈNE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE TOULOUSE ET Di- Henri MAUDOUL DOCTEUR ÈS SCIENCES Travail fait.au laboratoire d'hygiboe'-de la-Faculté de médecine de Toulouse. ’ Les hygiénistes sont restés longtemps divisés sur la significa- tion du bacülus coh dans les eaux potables. Après avoir bataillé fale tr'l "" f ’ P"* *1“*^ de se faire. La plupart, en effet, admettent aujourd’hui avec Freu- denreich-, Petruschy et H. Pusch ^ Kaiser», Hagemann- t^st^*!!"" vV’ d’Esoherich, qu’héLrge l’in- t n de 1 homme et des animaux, n’est pas un hôte banal de eau, mais que sa présence ne prend une valeur décisive que orsqu il y est constaté en quantité notable. Le facteur quantité représente donc un élément important dans l’appréciation des causes de contaminations. Les recherches» qui L poursuivent Mucine Irrr"'"' laboratoire d’hygiène de la Faculté de Medecine de Toulouse nous permettent d’apporter notre modeste contribution a cette question. 2 PETRu^c^K^v^et PUSPH ^micrographie 1896. r. coli im Brumenwasser. Archio. gang (Viertely/f ^gerichtl ” Va''-/'*? Wasserverannreini- ^brill^rê; «e vue bac- d'.iimX'io’„.^r«:': zrztz - -- 918 ANNALES DE lAINSTlTUT PASTEUR 1® Quelques considérations sur la filtration naturelle. La ville de Toulouse emploie pour son alimentation le système des galeries dites filtrantes, installées le long des berges perméables de la Garonne. Ces galeries, faites de briques tubulaires, reçoivent les produits d'infiltration qui s’effectuent à travers les matériaux perméables, graviers, sables, etc., des alluvions anciennement déposées par la rivière. En réalité, elles ne jouent aucun rôle dans la filtration ; elles se bornent à recueillir les eaux préalable- ment filtrées par le sol. Ce sont donc plutôt des galeries cap- tantes. ' Une première question se pose, importante pour l’hygié- niste : Quelle est l’origine des eaux qui alimentent ces galeries? Il semble qu’à Toulouse ce soit un mélange de la nappe phréatique et des infiltrations de la rivière. Le niveau statique de la nappe qui alimente les galeries ne s’éloigne jamais, en effet, ^ des limites des niveaux du fleuve : et, d’autre part, la comparaison des ana- lyses minérales des eaux de la Garonne, de la nappe et des gale- ries montre que celle de ces dernières occupe une place intermé- diaire. La rencontre des eaux d’origine fluviale avec la nappe phréatique, beaucoup plus minéralisée, détermine la formation d’une zone mixte décomposable en une série de tranches’ liquides, dont les extrêmes se rapprochent respectivement de la compo- sition du fleuve et de la nappe, et dont les moyennes présen- tent des caractères intermédiaires. L’équilibre des deux nappes varie suivant les oscillations de leurs niveaux respectifs. La double origine de l’eau qui alimente les galeries captantes de Toulouse montre tout de suite quelles causes de contamina- tion peuvent provenir à la fois et de la nappe et de la Garonne. Il importe donc de dresser tout d’abord l’état des lieux occupés par les filtres. Les galeries captantes de Toulouse sont installées sur la rive gauche de la Garonne. Elles sont au nombre de quatre. La galerie Guibal, la plus ancienne, établie dans 1 enceinte même de la oille ; • La galerie de Braqueville, qui a remplacé les anciens puits d’essai ; Les deux galeries de Portet, dont la plus récente est la plus rapprochée du fleuve, en contre-bas de trois mètres avec la pré- cédente. BAGILLUS COLI DANS LES EAUX POïABLtiS 919 Les galeries de Braqueville et de Portet sont éloignées de la ville. Les filtres sont reliés à la canalisation et aux réservoirs par un long aqueduc en maçonnerie. Cet aqueduc recueille aussi les eaux de source de Clairfont, près Braqueville, captées il y a quel- ques années. ■ 2^ \ ariations quantitatives du colibacille dans les fltres. On doit tout de suite mettre hors de cause les sources de Clair- font. Nous n’avons jamais pu y déceler le colibacille et, d’autre part, le chiffre des germes qu’elles renferment est peu élevé (50 par centimètre cube). Ces sources, malheureusement trop peu abon- dantes, sourdent de terrains sablonneux, et on sait que la filtra- tion effectuée par des dépôts de cette nature est des plus satis- faisantes. Par contre, dans la galerie Guibal, ce microbe pullule en abon- dance, puisqu on peut 1 isoler de quelques gouttes d’eau. Les causes de l’adultération de cette galerie ont une double origine : elles proviennent et du fleuve et de la nappe phréatique. Les rives de la Garonne sont en effet particulièrement sales en cet endroit. D’une façon périodique, cette portion du lit du fleuve est presque mise à sec. De ces bas-fonds sableux, où séjournent des animaux en putréfaction, se dégage une odeur nauséadonde. Quant à la nappe phréatique ', elle lave, avant son arrivée à la galerie, le sous-sol d’un faubourg populeux, celui de Saint-Cy- prien, où nombreuses sont les causes de contamination. La plu- part des maisons de ce quartier ne possèdent que des fosses étan- ches. Ces dernières ne sont autre chose souvent que d’anciens puits abandonnés. On s’explique ainsi l’abondance du aoli dans la galerie ainsi alimentée. Il n’en est plus de môme pour les galeries de Portet et de Bra- queviile. Le fleuve et la nappe phréatique qui les alimentent ne traversant aucun centre important de population, paraissent être, en temps ordinaire, à l’abri de toute contamination. Toute lois, comme le montrent les recherches effectuées par l’un de nous , pendant les années 1897-98, au laboratoire d’hygiène, ces 1. ir F. Gariugou, Éludes' sur tes filtres et sur l'eau des fontaines de Joulouse, 1873. 2. Henri Maudour, toc. cit. 920 ANNALES DE L’INSTITUT PaSTEUU filtres sont périodiquement visités par le colibacille. Les varia- tions quantitatives de ce microbe dans les filtres paraissent être en rapport avec les divers niveaux de la rivière, c’est-à-dire en définitive avec la charge sur le radier des galeries. La charge est, en effet, loin d’être constante, par suite des grandes oscillations que subit le niveau du fleuve aux diverses saisons. A certains moments, pendant Tété, les eaux sont très basses ; le débit des galeries est alors très faible, insuffisant même pour alimenter la ville. Dans les périodes de crues, au contraire, les infiltrations deviennent si abondantes, qu’elles envahissent entièrement la galerie et en rendent l’accès impossible. Figure 1. — Diagramme montrant les ditTérences de charge dans les galeries A et B (galeries de Porlet à Toulouse). Dans lagalerie ,B où la charge est élevée, le colibacille existe en permanence. Dans lagalerie A où la charge est moins grande, le colibacille, absent en période de basses eaux, pullule en période de hautes eaux quand la charge augmente. Corrélativement à ces oscillations du fleuve, il se produit d’importantes modifications en quantité et en qualité dans la flore bactérienne des produits de filtration. En juillet 1897, par exem- ple, les eaux du fleuve étant dans leur état moyen (à la cote 139), le colibacille ne put être décelé dans 100 c. c. d’échantillons d’eau prélevée dans les galeries de Braqueville et la galerie an- cienne de Portet. Au mois de mai de l’année suivante, les eaux 921 HACILLUS COLI DANS LES EAUX POTABLES étant plus élevées (cote 140), le colibacille est décelé dans les pliTrÏ’ T P*** " Braqueville. Un mois plus tard la crue ayant augmenté (cote 140,68), le colibacille est constate dans les filtres de Braqueville. Il semble donc que la fil- qu'à PorL T à Braqueville TdOn T ’ quantitatives accusent d'ailleurs 120 1 ïo dans les eaux-de Braqueville et t ces A '1c* fonctionnement Depuis ces premières recherches, des modifications ont été pportees aux filtres, apportant une vérification de ces résul- tats. A cote de la galerie primitive de Portet, on en a établi une nouvelle plus rapprochée de la rivière et en contre-bas de trois métrés environ avec la première, toutes conditions qui ont eu Hr A P'*'’ conséquent le débit. Au l^eu de 4,000 m. c. à 5,000 m. c. comme la première, la nouvelle galerie peut donner 10,000 m. c. Mais quel a été le résultat au point de vue de I épuration? Les analyses faites au laboratoire d’hy- giene, en période des basses eaux, nous ont montré que le colibL des h°"t' ®n?nnentation de la charge, passage du coli. En période des hautes eaux, le coli existe dans les deux galeries, en abondance meme, car on peut 1 isoler dans un centimètre cube d'eau. L’abon- dance du coh est en rapport avec l’intensité de l’infection Ces observations acquièrent la valeur d’une véritable expérience Grâce en effet, a la disposition qu’affectent les deux galeries de Portet II est possible d’isoler le facteur pression et d’apprécier son influence sur la teneur microbienne des produits de filtra- xion. Ceci permet d’expliquer les résultats inégaux obtenus avec es P eries captantes. Chaque fois que, dans notre ville, on a voulu augmenter le débit des galeries, la filtration est devenue insuffisante. C est ce qui est arrivé à d’Auhuisson, le créateur de ps filtres, lorsqu il voulut recueillir les eaux à l’aide de puits pro- on s et près de la rivière, à Guibal qui établit sa galerie à Im 80 m contre-bas de celles de d’Aubuisson. C’est encore ce qui se pro- duisit lorsqu’on voulut prolonger la galerie Guibal :1e niveau de 92^ aNNALKS de 1/L\SÏITUT PASTEUR la nappe ainsi abaissé détermina un appel des eaux du sous-sol du faubourg et ce résultat fut déplorable. Il se passe donc dans les fdtres naturels cequeEona observé depuis dans les fdtres artificiels, à savoir qu’à l’inverse du débit la quantité de microbes contenue dans les produits de filtration est, toutes choses égales d’ailleurs, fonction de la charge et qu elle croît ou décroît dans le même sens que cette dernière. L’épura- tion des eaux ne s’effectue d’une manière satisfaisante dans les galeries de notre ville que lorsque les filtres fonctionnent à basse pression. Remarquons que la charge ne peut être réglée dans les filtres naturels, quelle est entièrement livrée aux caprices des cours d’eau. Il existe donc une différence essentielle dans le mode de fonctionnement des galeries filtrantes et des filtres à sable arti- ficiels, qui jouissent actuellement d’une faveur si méritée auprès des hygiénistes. Les premiers, en effet, marchent à pression varia- ble, tandis que les seconds sont des appareils à pression constante. Or la constance de la charge est un facteur indispensable pour l’obtention d’une bonne filtration. Aussi ne faut-il pas s étonner si, dans les filtres naturels, cette dernière est moins régulière et moins satisfaisante que dans les filtres artificiels. 30 Variations quantitatives du colibacille dans la canalisation. * Les variations quantitatives du colibacille dans la canalisa- tion apparaissent encore là comme fonction de contamination. L’un de nous (Maudoul, loc. cit.), en pratiquant, d’une façon sys- tématique, des analyses de l’eau de la canalisation en divers points, a déjà montré l’existence du coli (dans 100 c. c. d eau) de 1 aque- duc qui amène les eaux des filtres dans la ville. A 1 époque où ont été faites ces analyses, le coli n’existait pas dans les filtres, 1 y avait donc des causes de contamination autres que celles prove- nant d’une mauvaise filtration ; l’enquête établit que cet aqueduc n’était pas étanche et qu’il présentait par endroits des fissurer permettant le passage d’infiltrations superficielles. D’où la pré- sence du coli. Or, cette conduite d’amenée traverse une regiou habitée et l’asile d’aliénés de Braqueville n’en est pas très éloigné. L’égout de l’asile^ passe au-dessus de cette conduite et, jusquq 1. Cet égout, d’api-ès lo D- Dubuissoa, directeur de l’asile, serait établi do telle manière qu’il ne pourrait s’y produire de fuites. BACILLUS GOLI DANS LES EAUX POTABLES 923. dans ces derniers temps même, un dépotoir écoulait ses eaux résiduel- les à Laide d'un aqueduc placé de la même manière. Nombreuses sont donc les causes d'infectiondecette conduite. « Dans ces conditions,, il est aisé de conce- voir qu'elles peu- vent être les con- séquences de cet. état de choses Qu'une épidémie éclate, en effet, à Braqueville, et les germes, seront charriés et répan- dus dans la ville. (Mavbovl, loc.cit, p. 193). Or, pendant l’été 1904, une épi- démie de fièvre ty- phoïde éclata à Toulouse, avec des caractères particu- liers, affectant une répartition singu- lièrement sugges- tive. Elle se mani- festa simultané- ment dans l'asile d'aliénés de Bra- queville et dans Fi 924 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK Uenceinte même de la ville. Les premiers cas apparurent fin juillet; à Tasile, une infirmière employée à la buanderie fut tout d'abord frappée. Verslamême époque, un casse déclare dansla ville, rueMatabiau et un autre au 83"^® régiment d'infanterie à la caserne Pérignon, située près du réservoir d'eau de Guilheméry (fig. 2). Puis, brusquement, comme cela a lieu d'ordinaire dans les infections d'origine hydrique, 24 cas se produisent en août à l'asile ; la mortalité est de 4, dont deux infirmières. Dans la ville, pen- dant le même mois, on constate 8 cas à la caserne Pérignon, 2 au régiment d'artillerie, soit 11 cas dans la garnison. Il est plus difficile d'avoir des renseignements sur la morbidité de la population civile, les déclarations ne se faisant pas régulière- ment. C'est ainsi que 2 cas sont seulement déclarés, alors que la mortalité en accuse 9. En septembre, la morbidité décroît beaucoup à l'asile, grâce aux mesures prises pour enrayer Tépidémie ; elle tombe à 5, mais la mortalité se maintient encore élevée (4 cas). Dans la ville, un cas se produit à la caserne Péri- gnon ; un autre au d'artillerie ; enfin, la nouvelle caserne dite caserne Niel où était logé le 126"^® régiment d'infanterie, située à Saint-Ague, très éloignée des autres, est à son tour tou- chée, mais encore faiblement, puisqu'on n'observe qu'un seul cas. Dans la population civile, l'épidémie entre aussi en décroissance ; 4 cas sont déclarés, la mortalité n'est plus que de 2, dont 1 étran- ger. Au total, la morbidité tombe à 12. En octobre, l'épidémie diminue encore. Trois cas sont signalés à l'asile, la mortalité est de de 2. Néanmoins, le chiffre de la morbidité se maintient relative- ment plus élevé à l'asile que dans la ville. L'épidémie s'éteint d'abord à la caserne Pérignon, là où elle avait débuté. En novem- bre, elle se termine à Braqueville; mais elle traîne un peu à Tou- louse, où 2 cas se déclarent dans la population civile et 5 dans la garnison, à savoir : 2 cas dans les. casernes d'artillerie et 3 à la caserne Niel. Dans la ville, l'épidémie perd son caractère hydrique pour prendre celui d'épidémie par contact, alimentée par des foyers épars. Cette épidémie a été particulièrement circonscrite ; elle a, en effet, entièrement évolué dans un quartier bien délimité de la ville. Sa répartition est pour ainsi dire calquée sur la disposition des gros troncs de la canalisation. Ceux-ci, en effet, au nombre de 925 BAGÏLLUS GOLI DANS LES EAUX POTABLES deux, en se dirigeant vers les réservoirs placés en bout de la cana- lisation, passent l’un rue Matabiau, où s’est produit le premier cas dans la population civile, et aboutit au réservoir de Périole • 1 autre se déverse dans le réservoir de Guilheméry, près de k caserne Pérignon où se sont manifestés les premiers cas de la gar- nison. Ces deux gros troncs principaux sont réunis par une anasto- mose latérale, alimentant les casernes des 18® et 23e régiments d’artillerie, foyers secondaires de l’épidémie. Quant à la caserne Niel, la dernière infectée, elle n’est desservie que par les ramifi- cations les plus périphériques de la canalisation. Il semble donc que les habitants placés à proximité des premiers conduits aient tout d’abord essuyé les effets d’une eau contaminée, et que de la les germes aient été véhiculés en des points plus éloignés. es conduites qui amènent les eaux aux réservoirs font en effet, le service enroule, c’est-à-dire distribuent de l’eau avant leur arrivée aux réservoirs. Ces derniers ne servent pas à emmaga- siner seulement l’eau, ce sont, avant tout, des régulateurs de la pression dans la canalisation. Peut-être n’est-il pas inutile de taire remarquer que ces réservoirs sont très mal protégés et que le nombre de germes s’y élève d’une façon considérable (1100 par centimètre cube à Guilheméry, 2,700 à Périole). - A Braqueville on a incriminé le puits de la buanderie Le Conseil départemental d’Hygiène fut saisi d’une demande d’auto- risation du directeur-médecin de l’asile, pour la construction d’un nouveau puits. Il est vraisemblable d’admettre que la contamina- tion du puits de l’asile n’est que l’expression de l’infection de la nappe phréatique. Or, cette dernière a une direction S.E.N.O. Dans sa marche vers le fleuve, après avoir lavé le sous-sol dé 1 asile, elle coupe la conduite d’amenée des eaux, insuffisamment protegee et a toute facilité de la contaminer ; de là, les germes peuvent être charriés dans la ville. Cette conduite d’eau repré- senterait ainsi le trait d’union reliant entre eux les deux foyers épidémiques de l’asile et de la ville. Ce n’est là, toutefois, qu’une hypothèse, une enquête de cette nature étant difficile à faire d une inanière complète. Ces faits représentent néanmoins un ensemble de probabilités troublantes. L’épidémie, tant par sa brusque apparition que par son mode de distribution, n’en a pas moins revêtu un cachet hydrique des plus nets. D’ailleurs le colibacille, généralement peu abondant dans la canalisation (on 926 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR doit opérer sur des échantillons dè 100 c. c, à 200 c. c- pour 1 iso- ter), s'était considérablement accru pendant 1 épidémie, car on pouvait Tisoler dans un centimètre cube d'eau prélevée au robi- net du laboratoire. 11 est intéressant de noter, à cette occasion, l'importance de la recherche du colibacille dont le témoignage en fait d'infection prend une haute valeur. CONCLUSIONS En résumé, de cet ensemble de faits observés depuis nombre d'années à Toulouse, nous pouvons conclure que : 10 La présence du colibacille dans nos eaux est intimement liée à r existence de causes de contamination ; son abondance est également en rapport avec l'importance de ces causes. — Le coli- bacille, incapable de constituer un danger bien grave par lui- même, apparaît plutôt comme un témoin d'infection. Il ne doit donc pas descendre au rang de saprophyte banal, où on le place parfois, et il semble bien être d'origine intestinale. De ce fait, sa recherche et l'étude de ses variations quantitatives dans les eaux potables présentent un grand intérêt au point de vue hygié- 1- 1 • 2° Dans les galeries dites filtrantes, en particulier, les varia- tiens quantitatives du colibacille sont fonction de la pression. La filtration ne s’effectue, en effet, d’une manière satisfaisante que lorsque la charge né dépasse pas certaines limites. D’autre part, la constance de cette dernière, comme on l’a observé depuis, dans les filtres à sable, est un élément indispensable de bonne filtra- tion. Or, tandis, que chez ceux-ci la charge peut être réglée et maintenue constante, dans les filtres naturels elle est essentielle- ment variable et reste livrée aux caprices des cours d’eaux. L’em ploi des galeries captantes doit donc inspirer quelque méfiance à l’hygiéniste, lorsqu’il s’agit de l’alimentation, des villes en eau potable Sur une nouvelle forme de diplocoquoi TETRADIPLOCCUS FILIFORMANS “Lodzensis” Pah les Drs s. BARTOSZEWICZ et ,1. SCHWARZWASSER Laboratoire chimico-bactériologique de la ville de Lotz, e® JL «• Fia:. 1. . Dans les nombreux puits de la ville de Lodz on peut trouver cette forme que nous avons isolée sur les cultures plates de Pétri Observe dans une goutte de bouillon (chambre humide) il sê montre groupé en tétrade de telle manière que les quatre som- mets de la figure sont occupés par un diplocoque, en formant un carre régulier ou un rhombe. Très souvent plusieurs tétrades se combinent par deux ou trois, formant des figures semblant irrégulières mais toujours composées de tétrades. Les individus provenant de cultures fraîches possèdent un vif mouvement, principalement c™.„, «pl- ie Quelquefois, on peut voir seulement deux ou trois diploco- rTét^’T'^ d ^® ®ôté, mais bientôt la forme de tetrade redevient apparente. Tous ces aspects deviennent encore plus visibles quand on colore avec du bleu de méthylène la culture vivante sur agar et si examine ensuite dans une goutte de bouillon. Les dimensions des tétrades sont 4-6 p; T. F. donne des cul- tures a la température 14-16o G, mais les meilleurs résultats sont bien us al etuve, a la température de30-34«C. Sur les plaques de bknch-t ‘^®'-®'0PPer des cLnies blanchâtres (gris de perle) ne liquéfiant pas la gélatine. La culture en bouillon montre, après 18-24 heures, un aspect rnTtTèi ’T' très lur V e' V «'"-f"®® bouillon, pour y reprendre la direction vers le fond ; les filaments présen- tent, apres quelques jours, des engourdissements et augmentent en quantité; ils rappellent l’aspect de filaments de l’urine vonor- 928 ANNALKS DE L’INSTITUT PASTEUR rhéique et ressemblent aussi un peu à la texture des arachnoïdées aquatiques. Toutes ces observations ont été faites avec les cultures au thermostat 30-34o c. a la température normale de -la chambre, les filaments ne se forment point. Après 5-6 jours tous les filaments tombent au fond du tube en formant le sédiment muqueux qui s’étire facilement en fils. Observés au grossissement de 750-800 du mi- croscope, les filaments semblent être composés de tétrades unies par leurs fouets et un peu de matière muqueuse. Sur l’agarT. F. forme une couverture blanchâtre, brillante. La culture en piqûre a l’apparence d’un arbre renversé au milieu de la gélose, et sur la surface on voit la forme d’une marguerite. Sur les plaques de Pétri, ils forment de petits boutons couleur gris perle. Sur la culture piquée en gélatine on ne voit pas aussi bien la forme arborescente à la température de 30«; il se forme aussi, en gélatine liquéfiée, des fila- ments semblables à ceux déjà décrits qui, après le refroidisse- ment, restent emprisonnés dans la gélatine et peuvent être con- servés très longtemps avec leur aspect caractéristique. Sur le sérum du sang, l’aspect de la culture est le meme que Fig. 2. sur la gélose. Sur les pommes de terre la culture ne réussit pas. Les diplocoques ont le caractère d’aérobie et, dans l’atmos- phère de CO*-, la culture ne réussit pas. Les expériences faites sur les lapins démontrent que le micro- organisme n’est pas pathogène, qu’on inocule la culture en bouil- lon dans le sac conjonctival ou sous la peau. ,, , La coloration est facile avec de la fuchsine et du bleu de me thvlène ; la méthode de Gram réussit bien ' Comme signe différentiel il faut remarquer la formation des filaments en bouillon et en gélatine liquéfiée, qui n’est jamais aussi prononcée dans d’autres formes des bactéries. ^ Le Gérant : G. Masson. Sceaux. — Imprimerie Charaire 22«>e année DECEMBRE 1908 No 12 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR r Etudes sur la flore intestinale Par M. Elie METCHiNIKOFF Putréfaction intestinale. I INTRODUCTION Bien que l'on ait commencé les recherches sur la flore du tube digestif 11 y a déjà plus d'un quart de siècle les onLis .ances actuelles sur le sujet sont encore fort imparf tes la decouverte mémorable du vibrion cholérique ^r Roberfloch on s est mis avec ardeur à rechercher les microbes qui cluseS a plupart des autres maladies intestinales. On a obtenu des paratyphiques et la dysenterie, mais on a été moins heiireu.x tHe! eI Z T'. étiologiques des diarrhées infan- les V t . oS’t surtout la-dessus qu'avaient été dirigées les tentatives de nombreux chercheurs. ^ «ne longue période pendant laquelle on incriminait a tour de rôle plusieurs microbes de la flori intestinale, teîsTu colibacille les streptocoques, les proteus etc., on est arrivé à So^r'd r important dans letiologie des maladies intestinales des nourrissons Aussi s est-on arrête dans ces derniers temps à une conception toute ItTcoZZ / T'Z 7 Pérfiâtre , . mkeLtem (1), qui est le porte-parole de la kui^,N%[ ,1;Tî!xV, "" ^'^SUngsalter. lahrbuch. f. Kinderkeil- .l!) ,130 ANNALES LE L’INSÏITUT PASTEUR théorie moderne. 11 combat l’origine microbienne des maladies intestinales des nourrissons et les explique de la façon suivante. Pour lui, « non seulement la croissance délectueuse, es x omisse ments, les diarrhées, mais aussi les graves symptômes d intoxi- cation générale, l’ascension de la température jusqu aux degres les oliis élevés de l’état fébrile, les accidents cholériformes et semblables à la fièvre typhoïde peuvent être produits par une digestion anormale de la nourriture (p. 265). Finkelstein se repent d’avoir longtemps partage 1 opinion erronée et courante que les troubles fébriles, débutant par des manifestations générales, ne peuvent être que 1 œuvre des bactéries et se félicite d’être arrivé à la conclusion que les états prolongés fébriles, semblables à la fièvre typhoïde et au choiera, Luvent dépendre exclusivement des influences alimentaires et cèdent toujours cà une diète appropriée (p. 276); Finkelstein accepte comme démontré que les poisons de l’état d intoxica- tion ne doivent point être cherchés dans les produits de décom- position du contenu intesünal par les bactéries, mais sont dus aux échanges nutritifs (p. 279). t • ■ i Mais sur quoi repose une affirmation si formelle? Le principal argument de l’auteur consiste dans la constatation de la grande influence de la nourriture sur la nature de la maladie. Celle-ci suit souvent, avec une précision mathématique, les changements quantitatifs et qualifitatils de la nourriture; elle cesse avec certaines diètes et se développe avec une grande energie sous l’influence d’une modification insignifiante du régime. es rapports tellement réguliers ne sont point compatibles avec l’activité des êtres vivants. Ceux-ci, justement^ parce qu i s mènent leur vie propre, accomplissent leurs '^®oo™POSi mus selon leur volonté et indépendamment de réglés fixes (p. -b ). La preuve de l’exactitude d’une pareille théorie, Finkelstein la voit dans le fait que l’intoxication n’est liée à aucune flore déterminée, mais se rencontre avec des tableaux les plus divers de la flore bactérienne (p. 284). Ainsi, chez un enfant e lui mois, mort d’intoxication, les frottis et les cultures de toutes les parties du tube digestif n’accusaient que des cocoi et des bâtonnets ne prenant pas la coloration de Gram. Chez deux autres nourrissons, Finkelsteinna trouvé presque aucun microbe, sauf des bacilles coliformes. ÉTUDES SUR LA FLORE INTESTINALE 931 Des indications bactériologiques très superficielles de l’au- teur d resuite tout de même que, sur sept cas d’intoxication intestinale mortelle, il ne s’en est pas trouvé un seul avec la flore intestinale normale. Tantôt c’était le bacille pyocvna- nique qui était prédominant, tantôt ce rôle était joué par les bacilles du groupe coli ou bien des streptocoques Les arguments tirés de l’examen de la flore intestinale ne sont rien moins que probants, tandis que le fait de la grande nfluence de la nourriture sur la marche de la maladie ne se rome aucunement en opposition avec le rôle étiologique des chaieë'av T •'^ngtemps que la flore intestinale change awc la nature des aliments. Ainsi Macfadyen, Nencki . Sieber (1) ont établi, chez une femme opérée portant un anus contre nature, que les microbes changeaient d’espèces lorsque le régime carne était remplacé par la purée de petits pois. Le «enre de nourriture exerce aussi une influence sur la production des toxines par les bactéries. On sait à quel point les microbes -ont sensibles aux modifications les plus légères introduites dans ïaS imeTt'' P™duits microbiens varier Clans une lorte proportion. fois^noustè'"'®-®'"^®™"'®’ exécutée plusieurs fois nous renseigne sur cette question. On ensemence un peu de matières fecales dans deux ballons, dont Tun est rempli de ëiande dans de 1 eau, tandis que l’autre contient des légumes hachés ballon devient fortement to.xique pour le lapin, tandis que celui lu second reste absolument inolïensif. La flore bactérienne est aussi très différente dans les deux ballons cha" lenTê*’'',"® quel changemen dans la nature des aliments, peut exercer une in- irësTL'nT ^ propriétés des microbes intestinaux. de CPS ch concevable que les microbes, sous l’action sible à 1 comme plus ou moins nui- sioie» a I organisme. iVuf" théorie de Finkelslein a été soutenue par obecourt et Rwet (2), qui pensent que les modifications de^la .)32 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR flore bactériologique des selles, dans certaines affections gastro- intestinales de: nourrissons, ne peuvent être consn erees que comme des témoins, comme la conséquence de a q règlent la composition du milieu intestinal, de 1 alimentation, d’une digestion régulière ou troublée. , „ ■ • Tandis que les auteurs cités font la critique de 1 opinion qui attribue dans les maladies intestinales, un rôle important aux microbe^ eux-mêmes acceptent d’un cœur leger 1 existence de poisons actifs parmi les produits de la digestion des aiment Le problème de l’étiologie de la plupart des malad es du tube di^-estif ne peut être résolu que par des recherches de longue haleine” entreprises sur la flore intestinale de 1 homme et des aSnaux à l’Lt normal et pathologique. Aussi nous sommes- nous mis depuis un an, avec nos collaborateurs et eleves a étudier ce sujet d’une façon systématique. Dans 1 impossibilité d’obtenir d’un seul coup l’aperçu de l’ensemble de la flore intes- nous .ou, d’abort P'»' téolytiques. Nous espérons dans la suite apporter des résultats ment dites, ainsi que sur les ferments lactiques du tube di, , . II BACTÉRIES PUTRÉFACTIVES DE L INTESTIN Lorsque, il y a déjà longtemps, on conçut l’idée que les maladies infectieuses doivent avoir la même cause que les décompositions des substances organiques, on a dû se baser sur les phenomenes de putréfaction dans la nature morte et dans 1 organisme vivant De^même que des aliments divers se putréfiaient dans certaines conditions, de même on voyait se développer la pourriture soit dans un organe malade, soit dans les sécrétions ou excré- tions anormales. L’odorat qui signalait que tel romage ou te autre aliment était pourri, servait aussi pour déterminer 1 eta morbide d’une personne qui émettait des défections sentant la pourriture. De là probablement cette conception que toute pourriture doit être nuisible pour la santé. Cette opinion enracinée si profondément dans les esprits qu on a fini pa l’accepter comme un dogme et qu’on ne se demandait meme pas ÉTUDES SUR LA FLORE INTESTINALE 933 sur quoi elle était basée. Aussi il est arrivé que dès que l'on s est mis a etudier le sujet par des méthodes nouvelles, on s’est trouvé en présence de toutes sortes de contradictions. Depuis longtemps, on avait con.staté que les substances «n putréfaction, telles que le sang, la viande, les matières fécales etc., contenaient des poisons, dont l’effet était surtout mani- feste lorsqu on les injectait dans la circulation des animau.v. n avait meme fait de nombreu.v essais pour isoler et déterminer a nature chimique de ces substances toxiques. Dans ce but on faisait putréfier toutes sortes de matières animales et on en préparait des macérations dans l’eau. Ces recherches, n’ayant pas abouti à des résultats suffisamment précis, ont été presque Plus tard, lorsqu’on s’était mis à étudier les maladies causées par certains aliments et interprétées comme intoxications ali- mentaires, on avait établi que, dans la très grande majorité Js cas. Il ne s agit point d’action de substances putrides, ni in oxication d’aucune sorte, mais simplement d’infection de I or^nisme par un groupe de microbes, intermédiaires entre e CO ibacille et le bacille typhique, microbes provenant d’ani- maux e oucherie malades. Sous l’impression de cette décou- verte, ou avait mis en doute le danger pour l’organisme d’ali- ments putréfiés. Mais on s’est souvenu que la consommation de gibier et de fromages pourris se faisait sans le moindre incon- vénient et que certains peuples, comme les Indochinois, les Ma- lais, les Polynésiens, les Groenlandais etc. ont une prédilection marquée pour le poisson et la viande pourris. De ces faits, van Ermenghem (1) a conclu que la- viande pourrie peut être le siège de changements divers, dont quel- ques-uns sont dus à la putréfaction proprement dite, tandis que d autres s en distinguent très notablement. Une pareille viande peut contenir des microbes infectieux et toxiques qui faction*^*^" ^ saprophytes communs de la putré- (2), a beaucoup soutenu la these de 1 innocuité des aliments pourris. Il pense que, confor- - Wassermann, Handbuck d. pa.ho- (2) De la putréfaction, Bruxelles, 1898. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR <)34 mément à l’aphorisme banal, tout ce qui pue ne tue pas, tout ce qui tue ne pue pas (p. 111). En dehors des arguments de son prédécesseur, il cite des expériences d’après lesquelles l’ex- trait de viande pourrie, injecté sous la peau d’animaux de laboratoire, peut être supporté sans danger et aussi le fait que l’intestin à l’état normal est un vrai foyer de putridité, habité par d’innombrables microorganismes décomposant les matières albuminoïdes et produisant une grande quantité de substances toxiques, sans occasionner pour cela de troubles à 1 organisme qui les renferme. Dans ces derniers temps, c’est encore un chercheur belge, Faloise (1), qui a essayé, en opposition à la thèse autrefois généralement admise, de démontrer 1 innocuité des putréfac- tions intestinales. Résumant ses recherches, il arrive à cette conclusion, d’une importance capitale, que, à l’encontre de la théorie classique, la toxicité n est nullement en rapport aoec les phénomènes de putréfaction (p. 184). Nous avons déjà eu occasion de faire la critique des expériences de Faloise [2) et de démontrer qu’elles ne justifient point 1 opinion de leur auteur. Le savant belge s’est contenté d’étudier la toxicité de matières fécales, qu’il identifie avec le contenu du gros intestin. Or, la paroi de cette partie du tube digestif, capable de résorber les poisons solubles, débarrasse précisément le contenu d une grande partie de ses substances toxiques. Dans le travail que nous avons déjà mentionné, Finkelstein cherche aussi à démontrer que les putréfactions intestinales ne jouent aucun rôle important dans les diarrhées des nourrissons, qu’il range dans la catégorie des intoxications. Le développe- ment des putréfactions fétides apprend seulement — d’après lui (/. c. p. 283) que, dans les intestins d’un enfant déjà malade, peuvent s’introduire des phénomènes secondaires, dont la pré- sence ou l’absence est absolument indifférente pour la conception de l’état général. En France, les recherches dans cette direction ont été entre- prises surtout par Roger et Garnier (3). Sans nier l’importance (1) Archives internationales de physiologie, ^oni ’ n-,,- . . j (2) Bactériothéraphie intestinale, dans Gilbert et Carnot, Bibliothèque de peutique, 1909. (3) Presse médicale, 1906, p. 325. théra- ÉTUDtS SUR LA FLORE INTESTINALE 935 des putréfactions, ils pensent que le principal poison dans les auto-intoxications d’origine intestinale doit être placé dans l’organisme lui-même. Pour eux, les poisons élaborés par les microbes intestinaux ne joueraient qu’un rôle secondaire. Dans l’intention d’approfondir ces recherches, Ro«er et Garnier (1) .se sont mis à étudier de plus près la toxicité des diverses parties du tube digestif et de son contenu. Ils ont d’abord constate, en conformité avec les résultats de CybulsM et Tarkha- noff (2), que l’effet toxique de l’intestin grêle est dû surtout aux sucs intestinaux, notamment au mélange du suc pancréa- tique avec le suc intestinal. Plus tard, Roger et Garnier (3) ont ete amenés à étudier la nocivité de la viande putréfiée et, con- formement aux recherches déjcà anciennes de Stick, Panum et de toute une série de travaux de l’école de Dorpat,iIs ont vu que la putréfaction en dehors de l’organisme augmente en très forte proportion la toxicité. Tandis qu’il a suffi d’injecter par I ogramm^e 4 c. c. de l’extrait de viande putréfiée pour amener la mort, l’extrait de viande fraîche n’est mortel qu’à la dose e 18 c. c.; encore est-il que l’animal ne succombe qu’au bout de plusieurs heures. Il ne faut pas perdre de vue que la viande soi-disant fraîche, c’est-à-dire la viande des boucheries, ne est point d une façon absolue et qu’elle contient déjà toujours un bon nombre de microbes de putréfaction. D’après ces expériences, Roger et Garnier se sont bien aperçus eux-memes que la théorie du manque d’importance des putré- lactions intestinales ne peut plus être soutenue. Dans leur dernier mémoire (4) ils se posent la question ; « Faut-il conclure que les putréfactions bactériennes sont dénuées de toute importance ? ous ne le pensons pas. Mais nous croyons qu’il est utile d’en préciser le rôle, et c est dans ce but que nous avons entrepris de nouvelles recherches. « Dans la série d’expériences exécutées (ans cette intention, ils ont constaté que les résultats sont troubles par l’intervention des substances coagulantes des e.xtraits intestinaux. Pour éliminer cette cause d’erreur, ils ont U injecter de 1 extrait de têtes de sangsues afin d’empêcher la coagulation du sang. Leurs résultats ont été tellement divers iîî * Biologie, 1008, 10 .ivril. n. 610. (81 r physiologie, novembre 1907, p. 257. ;; P i' if Biologie, 29 mai 1908. n. 883. ( O 6. B. Soc. Biol. 1908, 31 juillet, p. 202. 936 ANNALES DE L’INSin UT PASTEUR qu’ils ont reconnu eux-mêmes la nécessité de modifier leur mé- thode de recherches. « La variabilité des résultats tient a la com- plexité de l’expérience. Les bactéries qui interviennent sont trop nombreuses et trop variées. Aussi poursuivons-nous actuel- lement, disent Roger et Garnier (p. 205), des recherches sur l’ac- tion que peuvent exercer les principales bactéries anaérobies d U gros intestin . » Il est de toute évidence que les recherches sur la toxicité du contenu des diverses parties du tube digestif en bloc ne sont guère capables de résoudre le problème. Dans le contenu de l’intestin grêle, ce sont principalement les sucs digestifs qui sont toxiques, tandis que dans le gros intestin la plus grande part des poisons est fournie par les microbes. Ces divers poisons se comportent d’une façon toute différente. Les sucs digestifs se résorbent difficilement par la muqueuse, tandis que plusieurs, parmi les poisons microbiens, sont rapidement absorbés par la paroi du gros intestin. Pour toutes ces raisons, nous avons commencé notre étude de la question par la recherche des microbes de putréfaction et de leurs produits toxiques. Dans l’abondante littérature sur la flore intestinale, on peut trouver beaucoup de données, souvent d’un réel intérêt, sur les microbes putréfactifs. Mais ces renseignements sont très disséminés, assez incomplets et souvent très contradictoires. Aussi il n’est point étonnant que, dans les ouvrages qui résument les connaissances actuelles, on insiste sur le manque de notions précises sur les microbes du tube digestif capables de faire putréfier les substances albuminoïdes. C’est ainsi que Gerhardt (1), dans son rapport sur la putréfaction intestinale, atteste qu il n’est possible d’avoir que des renseignements très peu précis sur la part que prennent les espèces bactériennes connues à la décomposition du contenu intestinal (p. 119). Schmidtei Strasbiir- ger (2), dans leur monographie sur les matières fécales de l’homme, sont encore plus catégoriques. « Tout compte fait, — disent-ils, — nous devons avouer que, d’après les recherches des dernières années, la solution de la question : Quelles bactéries jouent le rôle principal dans la fermentation et la putréfaction des matières (1) Ergehnisse der Physiologie, 1904. 1^^ partie, p. 107. (2) Die Faeces des Menschen, 2® édition, Berlin, 1905. ;)37 KTUDES SUR LA FLORE lATlîSTlNALE fecales est reculée de nouveau dans un avenir plus lointain qu’il ne semblait après la clôture des travaux de Schmidt. Le pro- blème demande encore des recherches très vastes, à l’aide de nouvelles méthodes de cultures. » (P. 206.) Pendant des années on pensait que dans la putréfaction intestinale, de même que dans toutes sortes d’autres putréfac- lons, c étaient des bacilles du groupe Proteus qui occupaient de beaucoup la première place. D’après Hauser (1), qui en a décrit plusieurs représentants, «toutes les espèces de ce genre provo- quent la putréfaction. Notamment les Proteus nilgaris eXmirabilis appartiennent certainement au nombre des bactéries putré- lactives les plus actives et les plus répandues .. (p. 88) Depuis, plusieurs observateurs, parmi lesquels nous citerons ian Fehce, Kuhn et Bordas, ont soutenu la thèse que le Proteus doit etre considéré comme le principal agent de la putréfaction. Comme cette bactérie est une aérobie, son rôle putréfactif ser- virait a renverser la théorie de Pasteur (2), pour qui la vraie putréfaction est toujours l’œuvre de microbes strictement anaerobies appartenant au genre Vibrio. Quelques auteurs ont nié le pouvoir des Proteus d’attaquer es substances albuminoïdes proprement dites. Ainsi Rettger (3) a vu que le blanc d’œuf restait inaltéré dans les cultures de ce microbe. Seulement, sous l’influence de ce dernier, les anaérobies de la putréfaction arrivaient à détruire l’albumine beaucoup plus rapidement que sans son concours. Mais, d’après les recher- ches do 7 ,ssjer et Martelly (4), on ne peut plus mettre en doute e pouvoir du Proteus vulgaris d’attaquer les substances albu- fétides flhrine et caséine, en dégageant des gaz Il faut donc accepter que la putréfaction peut être accomplie par certains aérobies. Seulement, au point de vue qui nous interesse particulièrement, il est nécessaire d’établir si les Proteus ■on es agents constants de putréfaction intestinale. Après la constatation de ce microbe dans les selles de plusieurs malades nourrissons et adultes,, quelques auteurs ont supposé que le ro eus vulgaris devait être considéré comme un hôte habituel (1) Ueher Fûulnisshacterien, Loipziçr, 1885. f'-f) 'Sciences, 1863, vol LVI d 1189 f) Journal of hiological Chemistry, 1906, p. 81 (4) Annales de VInstitut Pasteur, ^02, p. 884 938 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR du tube digestif de l’homme. Mais une étude plus complété de Feltz (1) a démontré qu’il n’en est pas ainsi. Sur douze hommes sains, cette bactérie n’a pu être trouvée que dans deux cas. Même chez les malades atteints de diarrhée, le Proteus viilgaris a été rare. lissier, qui est certainement le meilleur connaisseur de la flore intestinale humaine, ne l’a trouvé que dans les déjec- tions pathologiques et le considère partant comme un microbe pathogène proprement dit. Malgré l’attention dirigée particulièrement sur ce point, dans nos recherches prolongées sur les matières fécales de plusieurs personnes, nous n’avons jamais rencontré les microbes du genre Proteus. Ces bactéries putréfactives ne peuvent donc être considérées comme des facteurs importants des putré- factions intestinales. Ce rôle doit être plutôt attribué aux ana- érobies. III LE BACILLUS PUTRIFICUS Bien que quelques aérobies soient capables de provoquer la putréfaction des substances albuminoïdes, celle-ci est le plus souvent l’œuvre des bactéries anaérobies, ainsi qu’il a été établi par Pasteur. Dans ces derniers temps, cette thèse a été con- firmée par des recherches minutieuses de Bienstock (2), suivies de celles de Tissier et Martelly (l. c.) et de Rettger (l. c.). Pour ce qui concerne nos expériences, nous nous sommes servi de contenu intestinal prélevé sur le cadavre, ainsi que des matières fécales de personnes normales ou atteintes de maladies du tube digestif. Nous ensemencions ces matériaux dans du bouillon peptoné, additionné de blanc d’œuf coagulé, dans du lait et dans des tubes de gélose additionnée de glucose et de sérum de cheval. Quelquefois nous faisions nos cultures dans de l’urine albumineuse et dans du sérum sanguin liquide. Puisque dans la putréfaction cadavérique, ainsi que dans celle de la viande de boucherie et du lait, c est le Bacillus putri- (1) Le Proteus vulgaris. Paris, 1900. (2) Zeitschrift f. klinische Médian, 1884, vol. VIII. ETUDES sua LA FLORE INTESTINALE 939^ ficus qui joue un rôle prépondérant, et puisque dans ces exemples 0 est le contenu intestinal qui fournit la semence du microbe^ Il a ete tout naturel de supposer que le bacille de Bienstock devrai faire partie delà flore de l’intestin normal de l’homme : Ceci d autant plus que le Bacillus putrificus a été découvert précisément dans les matières fécales humaines. Mais, d’après ses recherches ultérieures, Bienstock (1) est arrivé à la conclu- sion que son bacille ne se rencontre jamais dans le tube digestif de homme sam. Cette opinion a été combattue par plusieurs observateurs, parmi lesquels nous citerons surtout Passini (2V II lui a ete possible, en ensemençant des matières fécales d’homme de tous les âges, sans excepter celles des nourrissons élévés au sein, dans du bouillon additionné do blanc d’œuf cuit, de récolter des bacilles en forme de baguette de tambour et se présentant sous tous les rapports comme identiques avec le Baciilus putri- ficus. Seulement Bienstock (3) n’accepte pas cette conclusion. Apres a\mir sans succès cherché son microbe dans le contenu intestinal d’un grand nombre de personnes, il a isolé, che^ quel- ques-unes d’entre elles, un bacille très voisin du Bacillus putri- ficus. C est encore un bâtonnet à bouts arrondis, mobile et muni de cils nombreux, prenant le Gram et strictement anaé- ro le est meme capable d'attaquer les substances aibu- minoides naturelles, mais,, à l’encontre du vrai Bacillus putri- ficus, le nouveau microbe fait fermenter les sucres. Ensemencé • attaque le lactose et coagule la caséine qui reste- indéfiniment intacte, tandis que- le BacUlns putrificus, dans les- memes conditions, digère la caséine en donnant des produits etides. PoMT Bienstock, Passini a dû avoir entre ses mains ce nouveau bacille, auquel le premier donne le nom de Bacillus par aputri ficus. Bienstock insiste sur la grande différence entre ces deux mi- crobes anaérobies. Le Bacillus putrificus est un vrai bacille putrefactif; il ne vit pas dans le tube digestif de l’homme. Même SI ori avale de ses spores, elles n’arrivent pas à germer et sont rapidement détruites. Au contraire, le Bacillus paraputrificus, O e e a ^ ore intestinale humaine, bien qu'inconstant, non i*9’o^5,^;of Sx': K" »■ (d) Annales de l Inst. Pasteur, 1906,. p. 407. 1)40 ANNALES DE L’INSTITUÏ PASTEUR seulement ne produit pas de putréfaction, mais est même capable de la gêner. Ensemencé dans le même milieu avec le Bacillus putrifîcus^ il l’empêche d’attacjuer la caséine. La cpiestion valait lapeine d’être tirée au clair. Déjà Rettger(\) s’est prononcé contre Bienstock. En ensemençant des quantités variables de matières fécales d’homme dans un milieu approprié, sur dix-huit échantillons il a vu pousser le vrai Bacillus putri- ficus dans dix cas. Seulement, pour obtenir ce résultat positif, il lui a fallu ensemencer 8 à 32 milligrammes de matières fécales. Rettger insiste sur l’identité du microbe isolé par lui avec le Bacillus putrificus et pense que celui-ci ne se trouve dans le con- tenu intestinal de l’homme sain que sous forme de spores. Ces dernières, bien capables de résister aux influences nuisibles du tube digestif, n’arrivent pas cependant à germer et à donner une génération nouvelle de bâtonnets. Dans nos propres recherches, nous avons pu également nous assurer de la présence du vrai Bacillus putrificus dans le contenu intestinal de l’homme sain. Ainsi, chez, une personne émettant journellement une selle, bien que souvent de consistance dure, ce microbe a pu être retrouvé à l’aide de la méthode que nous avons indiquée. Il eSt plus facile de s’assurer de sa présence en ensemençant les matières fécales d’abord dans du bouillon peptoné auquel on ajoute un petit morceau de blanc d’œuf cuit. Après plusieurs jours, lorsque le blanc d œuf est déjà Fig. 1. — Bacillus putrificus des matières fécales de personne saine. visiblement attaqué, on réensemence dans la gélose glucosee profonde et on finit par isoler des colonies chevelues bien carac- téristiques du Bacillus putrificus. Ensemencé dans du lait, il y pousse suffisamment sans coaguler la caséine. .Lprès quel- (1) Journalj)f Biological Chemistry, vol. IV, 1908, p. 45. 941 ÉTUDES SUR LA FLORE INTESTINALE ques jours de développement, celîe-ci commence à être digérée Le liquide devient jaunâtre et répand l’odeur fétide particu- lière. Dans des vieilles cultures avec le blanc d’œuf, autour de ses débris se dépose un pigment noir, caractéristique du Bacillus putri ficus. Fig. 2. Colonie du bacillus putri ficus en gélose glucosée. La présence de ce microbe dans le conîenu intestinal humain pêut être démontrée encore d’une autre façon. On prélève, à 1 autopsie d un cadavre d’homme conservé à la glacière des fragnients du tube digestif que l’on retire aseptiquement et que 1 on introduit aussitôt dans des verres stériles. En les laissant à une température convenable, on retrouve bientôt des bâton- nets sporulés en baguette de tambour, dans lesquels on reconnaît le Bacillus putrificus. Ce dernier microbe, en dehors des méthodes sus-indiquées pour révéler sa présence, peut encore, selon les indications de Bienstock, être obtenu en ensemençant les matières fécales ou le contenu de l’iléum et du cœcnm dans de l’urine albumineuse. Nous avons plusieurs fois obtenu de cette façon un résultat positif. La présence fréquente du Bacillus putrificus dans le contenu intestinal explique facilement le tait établi par Bienstock lui- même, à savoir que ce microbe se trouve régulièrement dans les cadavres humains. Puisque la putréfaction après la mort part de 1 intestin, c'est de cette source que proviennent les nombreux bacilles en baguettes de tambour que Ton trouve dans la sanie cadavérique. Il se produit dans ces conditions une forte multi- plication du Bacillus putrificus^ qui est beaucoup moins nombreux dans le contenu intestinal de l’homme vivant. Quant au Bacillus paraputri ficus, de Bienstock, il ne nous 1)42 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUIl est pas possible pour le moment d’en préciser la nature. Il se peut que certaines variétés du Bacillus piitrificus s’adaptent quelquefois à attaquer les sucres d’une façon beaucoup plus intense que la race type. Il faudrait donc cliercher des bacilles intermédiaires entre le Bacillus putrificus et le Bacillus para- putri ficus. Mais, dans tous les cas, il reste bien démontré que le premier de ces microbes est un des représentants de la flore intestinale humaine. IV LE bacillus SPOP.OGENES Il a été affirmé à plusieurs reprises que le contenu de l’intes- tin de l’homme nourrit régulièrement le vibrion septique de Pasteur, désigné somipnt sous le nom du bacille de 1 œdème malin. Macé (1) pense qu’il « doit certainement exister dans le contenu intestinal à l’état normal, bien qu’il n’en ait pas encore été isolé. » D’autres observateurs n’ont pas pu confirmer cette supposition. Ainsi, Passini [l c. p. 143) affirme ne l’avoir jamais pu trouver. Rettger {2^ mémoire, p. 52) ne l’a isolé que dans des cas rares et encore pense-t-il qu’il ne se trouve dans le contenu intestinal qu’<à l’état de spores incapables de germer. Il nous semble probable que, pour le vrai vibrion septique, a -été pris un bacille anaérobie que nous avons trouvé presque dans tous les échantillons de contenu intestinal que nous avons étudiés. En examinant des préparations de matières fécales, ou de contenu de cæcum, on rencontre souvent de gros bacilles à bouts plus ou moins arrondis et contenant une spore ovale à l’intérieur. Pour les obtenir en cultures pures, on ensemence le contenu intestinal dans des tubes de bouillon, additionné d un cube de blanc d’œuf dur, et on le cultive à l’abri de l’air. Au bout de peu de jours on voit apparaître un grand nombre de gros bacilles, prenant le Gram et faiblement mobiles quoique pourvus de nombreux cils. Ils produisent facilement des spores qui résistent à la température de l’ébullition de l’eau. Grâce à cette propriété, il suffit d’ensemencer une trace de culture dans des (1) Traité pratique de Bactériologie, 6® édition, 1901, p. 657. Fier ü V Colonies du bacillus sporoeenefi varietp B. dans la profondeur de la gélose glucosée ÉTUDES SUR LA FLORE INTESTINALE 943 tubes de gélose glucosée, en profondeur, ou dans des tubes de -ouillon, avec blanc d œuf, ou dans du lait que l’on fait bouillir aussitôt apres 1 ensemencement. Le lendemain on obtient des cultures le plus souvent composées uniquement du microbe en question. Dans la profondeur de la gélose disloquée par les gaz, iJ donne des colonies composées d'une partie cen- trale, munie d'ap- pendices sous forme de bourgeons ou de filaments plus ou moins longs et ramifiés. (Fig. 3-5). Les bacilles qui les constituent sont tantôt isolés tantôt reunis en chaînettes de longueur différente. Un grand nombre renferme une spore ovale placée soit au centre du bâtonnet, soit au voisinage de l'un des pôles. (Fig. 6). Ce microbe pré- sente d'un côté une cer- taine ressemblance avec le Bacillus putri ficus (mobilité forme des colonies che- velues en gélose, facilité de sporulation), et de l'autre i-r :t \ rmt asnl/T du bâton- ne aspect de colonies jeunes sur gélose). Nous pensons que notre anaerobie se rapproche le plus du Bacillus enteriüdis P rogenes, décrit par E. Klein Aa Londres (1). Il s’amt d’un atonnet anaérobie rencontré en grande quantité dans tes ma- ZZ forte V'*' personnes, atteintes simultanément larrhee a la suite de l'absorption d'un lait aui I enfermait le même microbe. ^ Pour ce qui nous concerne, nous avons trouvé un bacille très voisin, smon le même, chez presque tous les hommes sains ou atteints de troubles légers, tels que constipation habituelle de peu d importance. Dans un cas de colite chronique, noul Fig. 3, 5. — Colonies de variété gélose glucosée. A, (j4i ANNALES UE L’INSTITUT PASTEUIl avons été très surpris de voir, sur des frottis des matières diarrhéiques, une quantité extrêmement grande de spores logées dans des bacilles du même type que ceux de Klein (fig. 7). Il a été facile de les isoler en culture pure et d’établir leur analogie avec les bâtonnets anaé- robies du contenu intestinal nor- mal. L’étude détaillée de ces mi- crobes nous a montré qu’il s’agit très probablement d’une seule et même espèce qui présente des variations assez considérables et qui doit être rangée dans la catégorie des bactéries putréfac- tives. Ensemencés dans les mi- ^ lieux albumineux, ces bacilles attaquent l’albumine de Tœuf et la caséine, produisant des substances fétides. Au point de vue morphologique, il faut signaler les différences dans l’aspect des bâtonnets, cultivés dans le lait stérilisé et dans l’eau physiologique à laquelle on ajoute un cube de blanc d’œuf dur. Le bacille de l’homme sain (variété A) ne se présente dans ces milieux que sous forme de bâtonnets et de flla- ments minces, souvent réunis par plu- sieurs. Les spores, dans ce cas, occupent le voisinage d’un des pôles, sans pro- duire de renflement tant soit peu accusé (fig. 8). La race isolée du cas de colite chronique (variété B) se développe beaucoup plus abondamment dans le lait et dans l’eau physiologique, addi- _ préparation, des tionnée de blanc d’œuf. La culture, plus déjections diarrhéiques d’unyas riche, est composée de bacilles isolés de colite chronique, ou réunis en chaînettes, beaucoup plus gros que dans la variété A (fig. 9). . Les deux variétés se développent très copieusement dans (1) Centralblatt f. Bakteriologie, 1895, vol- XVIII, p. 737. ÉTUDES SUR LA FLORE INTESTINALE 945 , hg. 8. — Va- riété A. Culture dans du lait. le bottillon glucose additionné d’un morceau de blanc rVn. e Elles produisent des cellules à bouts très arrondi, Jt ' tent souvent sous une tonne ovoïde. se développent dans ces condi- ^ tions occupent juste le milieu de la cellule (ûg 6). Un déve- loppemmit presque aussi abon- dant s observe aussi dans la macération stérilisée de viande dans de beau. Dans ces condi- tions, les bacilles de la variété B accusent dans leur contenu le dépôt de pigment très noir (dg. 10). Dans tous les milieux de cul- B./cu’i?urrdIns'du ture, sucrés aussi bien que privés Comme,. particularité digne d’être mentionnée, je dois citer la coloration, brun violet, par la solution iodo- loduree, des bacilles de la variété B, cultivés dans la gélose glucosée Dans le contenu intestinal de l’homme, le ba- cille en question trouve certainement des con- ditions favorables, car il s’y développe sous orme de gros bâtonnets à bouts arrondis ouUe cellules ovales. Dans le bout inférieur de l’ilémn et dans le cæcum d’une jeune femme morte do lievre puerpérale en hiver et dont le cadavre a ete conservé à la glacière, les bacilles se présentaient soit isolés, soit réunis en chaînettes e souvent munis de spores ovales (fig U) Ce (id U^. 10. — Va- B. Culture dans de la viande. <146 ANNALES DE L’INSTITUÏ PASTEUR dans des conditions particulières. Dons tous les cas, le Bacillus sporogenes appartient au groupe du vd)r.on septique M Berthelot, de notre service, a fait l’étude chimique des variétés A et B.-M. Jungano nous a aide \ à isoler le Bacillus sporogenes dans plusieurs - exemples et U. Burnet a coloré les cils vibra- tiles. LE bacilles welchii Si la présence normale du Bacillus piitri- ficus et du Bacillus sporogenes dans le con- ' tenu intestinal de l’homme a soulevé des â: contradictions, il n’en est pas de mêine niéum. gg qui concerne le troisième bacille anaérobie de la flore intestinale, c’est-à-dire le Bacillus per- fringens de Veülon et Zuher. Tous les chercheurs acceptent a l’unLimité la présence, dans cette flore, d’un gros bâtonnet prenant le Gram et capable d’attaquer les substances albumi- Lïdes naturelles. Il est difficile d’en faire «actement 1 hi - torique vu la grande fréquence de ce microbe, qui devait présmter à l’attention des observateurs depuis le commence ment des recherches bactériologiques. Il paraît que le bacille en question a été pour la première fois dLrit par Rosenbach, dans sa Monographie des microbes d mTdils infectieuses des plaies, en 1884. Quelque temps fprèril a été observé par Doyen, Leoy et Klebs. Les premières Sltoes ont été obtenues en 1891 par Achalme (1) qui pensait que le bacille anaérobie était l’agent etiologique du rhuma- îisme articulaire aigu. L’année suivante, apparemment le meme microbe a été bien décrit par Welch et Nuttall (2), qui 1 ont trouve sur un cadavre d’homme. Ils l’ont dénommé Bacillus aerogenes capsulatus. E. Fraenkel (3) en a donné la deBcnption detaillee et l’a désigné comme cause de la gangrené gazeuse. Quelques (1) Annales de r Inst. Pasteur, V. 2) Bulletin John Hopkins ™ 3) CentralbUM /. Bakleriologie. 1893, vol. XllI, p. . ETUDKS SUll LA FLOUE INTESTINALE 947 années plus tard, Veillon et Zuber (1) l’ont trouvé dans le pus alors TS I"/* fétides en général. cLt répandu t T î actuellement si répandu de Bacillus perfringens. selo? 1"' désignerons, a fait J de >/tgB/a, sous le nom àe Bacillus Welchii, a lait le sujet d un grand nombre de recherches. D’abord il a été reconnu comme hôte habituel de la flore intestinale de l’homt adulte, le fait a ete établi à l’unanimité par un grand nombre de chercheurs. Quant aux nourrissons au sein, la présence cons- ment ® ®*f IFefcAu a été récem- ment constatée par S Mer (2). D’après lui, ce microbe résiderait principalement dans le mucus qui enduit les parois imS ou ave^e des frottis faits avec des matières fécales ou avec le contenu de gros intestins d’homme, et de les colorer par la méthode de Gram, pour reconnaître de gros bacilles aux Welch Tr*"* J^'f'fement arrondis, qui sont les bacilles de en trr.' [ généralement restreint, bien qu’on en trouve plusmurs sur chaque champ du microscope. Quelque- 01s cependant ils deviennent beaucoup plus nombreux. Herter (3) nXe prononcnani Les auteurs américains, qui se sont beaucoup occupés du Cl e en question, emploient pour l’isoler la méthode suivante féca erdéla “ circulation de lapins un peu de matières pendant ufr’ "^7® l’abandonnent de WellT Î 1* ^ d’étuve. Le bacille et lufêtre 7 abondamment dans le sang du cadavre et peut etre lacilement cultivé dans des milieux appropriés tels que la gélose glucosée et autres. Nous nous servons depuis ongtemps comme plus pratique, d’une méthode qui .Z récemment décrite par Bettger. On ensemence un peu de matièrL fecales dans du lait stérilisé que l’on chauffe ensuite à Sut htion. La creme qui surnage à la surface protège le lait contre (1) Archives de médecine expérimentale, 1898, p. 3 Juin et juillet 1908, vol. XLVIII, n. 14 et 14-; ( ) The comman bactenal infections of the digestive tract. Neiv. Ùrl. 1907, ,,. 70. 948 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR la Pénétration de l’air, ce qui permet au hacillus W dchii de se développer en peu de temps. Il se produit un caillot spongieux et dur de caséine d’où s’échappe un liquide presque transparent. Le bacille de Welch s’y trouve le plus souvent en culture pure Lulement, pour plus de sûreté, on ensemence un peu de cette Ïtur“ da;s des tubes de gélose glucosée prolonde,afin d assurer * **°Cettrmlhode, basée sur la présence des spores du Bacilliis Welchii dans les matières fécales, réussit presque toujours avec lis adultes. Les nourrissons, bien que contenant le meme bacille, le plus souvent ne donnent pas de cultures dans ces conditions ce qui s’explique par le tait que leurs matières fecales renferment de petites quantités de substances sucrées. Or, il est établi que les spores du Bacillus Welchii ne se développent qu en 1 absence ^"^BieÎ^qirie microbe soit un des ferments butyriques des nlus actifl (il a été classé par Schattenfroh et Grasberger comme £ llf bû.ïri,« in-ooMO. a .«..I». » “ substances IlbLino'ides naturelles. Il joue donc incontestable- :.n " a-„. micob. .,„.i ,u1l . «e ,t.bb ”ar Î-.»V et Mar,, II, d.n. l.»t «ube .»r l. putref.eUor, ie, 190L vol. XXXV. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR V)5^ (les toxines très actives et que déjà plusieurs chercheurs (tels que D liens chmann pour la toxine du charbon symptomatique) ont réussi à obtenir des substances toxiques en cultivant les microbes dans une macération de viande, nous avons préparé des cultures des trois anaérobies putréfactifs de la flore intes- tinale dans des ballons avec de la viande finement hachée et recouverte par de beau de conduite. Après bensemencement des microbes, bair avait été retiré avec la pompe à vide et les ballons hermétiquement fermés. Les bacilles ensemencés poussent bien dans ces conditions et donnent lieu à la production de substances toxiques, dont beffet a été constaté par nous sur des lapins. Dans la grande majorité de nos expériences, nous avons injecté nos liquides dans la veine de boreille; dans quelques-uns de nos essais nous les avons introduits dans le rectum. L’empoisonnement de nos animaux a pu être obtenu soit avec du liquide de culture filtré à travers le papier, soit avec du liquide de culture chauffé à 100®, soit avec du liquide non chauffé passé à travers la bougie Chamberland. La toxicité du liquide des cultures se manifestait déjà peu de temps après le début du développement de nos anaérobies. Nous obtenions les meilleurs résultats avec des cultures de 2 à 5 jours. Plus tard, le pouvoir toxique diminuait progressi- vement, très probablement à la suite de la décomposition des poisons par les bacilles mêmes. Nous pensons ainsi parce qu’une fois que le liquide est débarrassé des microbes par la chaleur ou la fdtration, son pouvoir toxique persiste pendant longtemps. L’empoisonnement se manifeste d’une façon variable selon la dose du liquide toxique. Lorsqu’on injecte à des lapins jeunes ou adultes 7 à 8 c. c. par kilo de poids, la mort est le plus souvent presque instantanée. L’animal n’a que le temps de tomber; après quelques convulsions cloniques, la respiration et les mou- vements du coeur s’arrêtent. Mais avec des doses moins fortes l’animal reste vivant pendant trois à quatre heures, puis meurt dans les mêmes conditions que les autres. Avec des liquides moins toxiques, les lapins ne meurent qu’au bout de plusieurs jours; avec des doses moins grandes ils survivent pendant des mois ou même définitivement. Dans l’intoxication aigui*, le foie, les reins et l’intestin ÉTUDES SUR LA FLORE INTESTINALE 953 grêle sont fortement hyperémies et, ainsi que le cœur, remplis de sang non coagulé. Un fait qui ressort clairement de nos expériences, c'est la très grande variabilité du pouvoir toxique des anaérobies putré- factifs.Des trois espèces que nous avons étudiées, c'est le Bacillus Welchii qui s'est montré le plus actif. Mais la différence de sa toxicité avec celle des deux autres microbes n'est pas consi- dérable. Nous avons vu le bacille de Welch, isolé d'un cas d'appen- dicite grave, être presque inofîensif à côté d'autres échantillons du même microbe, provenant de personnes bien portantes, qui amenaient la mort rapide des animaux. Il est ressorti de quelques-unes de nos expériences que le Bacil- lus Welchii isolé de la viande pourrie était plus toxique que ceux que nous avons obtenus en les isolant des matières fécales.Mais en poursuivant ces recherches plus loin, nous avons constaté que cette règle n'était point constante. L efficacité des liquides toxiques par injection rectale peut être le mieux démontrée sur des petits lapins. Ceux d'entre eux qui avaient reçu une ou plusieurs doses de produits microbiens s arrêtaient dans leur développement et quelquefois finissaient par mourir. Il n'y a pas que les trois espèces anaérobies parmi les repré- sentants de la flore intestinale d'homme qui soient capables de produire des poisons. Lorsqu'on ensemence dans le même milieu (viande macérée), non pas des cultures pures de microbes, mais un peu de matières fécales, on obtient en peu de temps un déve- loppement abondant de plusieurs espèces de bactéries, dont les trois bacilles anaérobies ne représentent qu'une partie. Le liquide de ces cultures mixtes, pris en totalité ou chauffé à 100° ou filtré à travers la bougie, est notablement plus toxique que celui des cultures pures. Son efficacité est aussi sujette à de grandes variations. Nous avons observé que parmi les personnes bien portantes il y en a dont les matières fécales fournissent des liquides très toxiques, tandis que d'autres ne donnent lieu qu'à la production de poisons beaucoup plus faibles. Il est à remarquer que les liquides obtenus avec les matières fécales ensemencées dans la viande sont beaucoup plus toxiques que les liquides provenant d'une décoction de légumes, ense- mencée avec les matières fécales de même provenance. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 1)5 i Parmi les bactéries qui poussent dans ces conditions, on rencontre toujours beaucoup de colibacilles qui, bien quen’étant pas des microbes protéolytiques proprement dits, sont néan- moins capables de produire des liquides toxiques. Les études que nous poursuivons devront nous démontrer quels autres microbes de la flore intestinale sont en état de produire des substances toxiques. VII T CONCLUSIOXS L'ensemble des données que nous avons réunies dans cet article montre suffisamment que notre tube digestif renferme une flore microbienne dont certains représentants sont capables d'attaquer les substances albuminoïdes naturelles en dégageant des produits fétides, c'est-à-dire capables de provoquer la putré- faction. Ces mêmes microbes peuvent en même temps constituer une source d'infection et d'empoisonnement de l'organisme par des produits toxiques. Puisque, dans nos expériences, le pouvoir toxique des bac- téries putréfactives provenant de l'homme était étudié sur des' lapins, c'est-à-dire sur une espèce différente, on pourrait invoquer ce fait, contre la propriété de ces microbes, de produire une autointoxication. En prévision de cette objection, j'ai prié 'M.Korentchei’sky de rechercher la toxicité des bacilles putré- factifs des lapins et des chiens sur l'organisme de ces animaux. Ses expériences, dont les résultats vont être publiés très prochai- nement, ont démontré que le Bacilliis Welchii et le Bacillus putrificus retirés du contenu intestinal des chiens produisent des poisons agissant sur la même espèce. Le même résultat a été constaté pour le lapin et les bacilles isolés de leurs intestins. M. KoreMchei’skij a également prouvé que les poisons des anaérobies sont résorbés par la muqueuse du gros intestin. Il faut donc bien accepter que dans les bacilles putréfactifs de notre tube digestif nous avons une source d'autointoxica- tion, contre laquelle l'organisme doit lutter par tous les moyens dont il dispose. On a souvent insisté sur le fait que la putréfaction intestinale ETUDES SUR LA FLORE INTESTINALE 955 ne correspond qu’au stade de début des putréfactions qui ont lieu en dehors de Eorganisme vivant. Au point de vue qui nous intéresse particulièrement, il faut signaler que c’est précisément pendant les premiers jours du développement des anaérobies putréfactifs que leurs produits sont le plus toxiques. D’un autre côté, nous devons noter que ces microbes de notre flore intes- tinale accusent un parallélisme remarquable avec la flore de la putréfaction proprement dite. D’après les recherches de Tissier^t Martelly^ les meilleures que la science possède actuellement, dans la pourriture de la viande trois espèces de bacilles anaé- robies jouent le rôle principal dans l’attaque des substances albuminoïdes naturelles. Au début, c’est le Bacillus perfringens, auquel s’ajoute bientôt \q Bacillus hifermentans sporogeneslqm domine la scène. Plus tard, leur action est remplacée par celle du Bacillus putrificus. Or, le premier de ces microbes est le même BacilliisWelchii qui est si répandu dans notre flore intestinale et qui prend l’initiative dans la putréfaction des déchets alimen- taires albuminoïdes et au début de la putréfaction cadavérique. Autant que nous pouvons juger d’après nos recherches person- nelles, le Bacillus hifermentans n’est autre chose qu’une variété du Bacillus sporogenes si fréquent dans le contenu de l’intestin humain. Il reste le Bacillus putrificus qui, ainsi qu’il a été déve- loppé plus haut, est le même dans la flore intestinale et dans n’importe quelle substance en putréfaction. Cette analogie entre la flore protéolytique de l’intestin et des putréfactions en général constitue un nouvel argument en faveur de l’importance des microbes putréfactifs de notre organisme. Études sur r ankylostomiase et le bdribdri en Cochincliine. Par F. NOG Médecin-major de 2« classe des Troupes coloniales. {Suite et fin.) m PASSAGE DES SÉCRÉTIONS TOXIQUES DES ANKYLOSTOMES DANS l/oRGANISME DES INDIVIDUS ATTEINTS DE BÉRIBÉRI On admet actuellement que certains helminthes parasites, en particulier ceux qui se nourrissent du sang des animaux, secrétent des substances toxiques pour l’organisme qui les héberge. Soupçonnée depuis longtemps, cette toxicité a d’abord été vérifiée in vitro : Lœb et Smith ^ montrèrent l’action empê- chante de l’Ankylostome du chien sur la coagulation du sang; Calmette et Breton^ ont observé que l’Ankylostome duodénal hémolyse les globules rouges; Weinberg puis Weinberg et Léger * ont constaté que les Sclérostomiens secrétent des subs- tances toxiques pour le sang du cheval et que ces substances passent dans le sang. Weinberg a formulé l’hypothèse que la sclérostomiase, Foesophagostomiase et l’ankylostomiase sont des intoxications chroniques causées par l’introduction dans le sang des sécrétions toxiques de ces helminthes. Luigi Preti ® (de Pavie) a constaté d’autre part la présence d’une hémotoxine chez l’Ankylostome duodénal. Dès 1906, à Saigon, j’avais obtenu des résultats semblables avec Necator americanus : j’avais noté non seulement que cet helminthe secrète des substances hémolysantes et actives sur la coagulation du sang de l’homme, mais encore que le sérum des individus infectés jouit de propriétés hémolytiques sem- blables, même après un chauffage prolongé à 58-60°. 4. Léo Lqeb et Smith, Centralbl. f. Bakt. Parasit., etc., orig., 1904, p. 93-98. 2. Calmette et Breton, L’ankylostomiase, Paris, 1905. 3. WEiNBERG, C. R. Soc. Biologic, 6 juillet 1907; Ann. de l Inst. Pasteur , octobre 1907; C. «. 5'oc. 11 janv. 1908, p. 25. 4. Weinberg et Léger, C . R. Soc. Biologie, 11 avril 1908, p. 6/3 , Bull, de la Soc. de Path. exotique, t. I, n° 4, 1908. 5. Luigi Preti, Münch. medizin. Woch., n® 9, 1908. ANKYLOSTOMIASE ET BÉRIBÉRI EN COCHINCîliNE 957 Considérant le béribéri comme une lente intoxication, on pouvait en effet songer à retrouver dans le sang les traces des poisons inoculas au niveau de la muqueuse intestinale; caries lésions des nerfs, des endothéliums, du foie, de la rate et des muscles persistent même après la disparition des Ankylosto- mes de Tintestin. ' Voici le résumé de quelques expériences sur ce sujet : I. Expériences sur h pouvoir hémolytique et le pouvoir coagu- Icint ou ccnticoctgulcint des extraits de N . cimertcctiiiis . — Je me suis servi pour ces expériences de vers plongés dans Talcool absolu aussitôt après la récolte, puis desséctiés soigneusement dans le vide et broyés dans la solution physiologique de NaCl à 9 p. 1000. Expérience no 4. - Cent exemplaires de N. americaniis sont broyés dans un mortier en agate avec 2 c. c. de la solution à 9 p. 1000 de NaCl ajoutés goutte à goutte. Après quelques heures de séjour à la glacière, l’émulsion est centrifugée et le liquide qui surnage, opalescent, est décanté. L’extrait ainsi préparé est neutre au papier de tournesol. On prépare les mélangés suivants dans de petits tubes stérilisés : T. 1 : 1 c. c. sang oxalaté de macaque -f 0 c. c. 5 sol. à 9 p. 1000 de NaCl. ^ c. c. _p 0 c. 5 extrait d’Ankylostome. T. du laboratoire; 25». Le premier mélange reste incoagulable, le deuxième coagule en 15 et 18 heures. Des expériences concomitantes faites avec le même extrait sur les globules lavés et non lavés de Macaques ne montrent aucune propriété hémolytique pour ces globules. Expérience no 2. — Un ex.trait d’Ankylostome est préparé de la même façon avec 1.50 vers et 2 e. c. de la solution à9 p. 1000 de NaCl. Le liquide est neutre au tournesol. Le sang mis en expérience provient d’un Annamite. T. 1 : V gouttes sang oxalaté + 1 c. c. .5 sol. à 9 p. lOOü de Na Cl 2 : V gouttes - + 1 c. c. sol Na Cl + 0 c. c. 3 extraitde Y a 3 : 1 c. c. — + 1 c. c. sol Na CI. • f c. c. — + 1 c. c. extrait de N.n. T. : 260. Aucun des mélanges n’est coagulé 12 heures après. On ajoute à chaque tube 0 c. c. 5 d’une solution de chlorure de calcium à 0,5 0/0. Les tubes 1 et 3 coagulent en 25 minutes; en 2 et 4, pas de coagulation 12 heures après. On pourrait conclure de ces expériences que V. americaniis contient une substance qui empêche la coagulation du sang de rifomme et active celle du sang du Macaque. Expérience no 3. — E.xtrait préparé comme précédemment avec 320 'N. a. et 3 c. c. de la solution de NaCl à 9 p. 1000, mis en présence du sang d’un Annamite, recueilli par ponction de la médiane céphalique : T. 26o. 958 ANNALES DE L’INSTITUT IWSTEUR Ko» des tubes. Sang normal. Extrait de y. a. Sol. de NaCl. OBSERVATIONS , 1 1 C. C. 1 C. C. Coagulation en G minutes. Caillot adhérent, j Sang veineux, resté noirâtre; le coagulum se , rétracte normalement, le sérum est limpide, de } couleur citiine. 2 1 C. C. le. C. Coagulation en 11 minutes. Coagulum dil- ! tluenti Le sang a pris la teinte vermillon. La ; rétraction du caillot est faible et s’accompagne d’une légère hémolyse. Hémolyse complète et liquéfaction des deux tiers du coagulum en 6 heures. L’addition de chlorure de calcium ne ramène pas la coagulation. 3 0 ( *, c, 5 1 C. C. Coagulation en 8 minutes. Coagulum dur, rétractile. Pas d’hémolyse consécutive. 4 0 c c. 0 1 C. e. Coagulation en 5 minutes. Coagulum dif- | Huent, non rétractile. Hémolyse consécutive. ; Cette expérience montre mieux Taction complexe ciel extrait de N. americanus sur le sang normal : une dose n d’extrait retarde la coagulation puis provocjue la décoagulation et l’hémolyse; une dose plus forte (2n) accélère la coagulation tout en gar- dant son activité décoagulante et hémolyticjue. On observe un mode d’action semblable avec d’autres subtances bémo- toxiques (venins, extraits d organes, etc.j. Expérience no 4-, — Extraits préparés avec 10 c. c. de la solution de NaCl et 350 Ankvlostomes dont la moitié antérieure a été séparée au préalable de la moitié postérieure. On observe à la dose de 1 c. c. d’extrait pour 0 c. c. de sang, les résultats suivants : 1° L’extrait de tête accélère la coagulation et provoque une hémolyse intense avec un échantillon de sang d’Annamite; 2® Cet extrait retarde la coagulation et provoque une légère hémolyse avec un échantillon de sang d’Européen ; 30 L’extrait de queue possède, à un degré moindre, des propriétés semblables ; 40 Le chauffage pendant 1 heure à 80*" ne modifie pas les propriétés coagulante, décoagulante et hémolytique de ces extraits. 1. Les mélanges de sang et d’extrait de tête conservés pendant 15 jours à l’abri des poussières ne se putréfient pas, bien que l’extrait ait été préparé à l’air libre. ANKYLOSTOMIASE ET BERIBERI EN COCHINCIIINE 089 Expéhiknce no 5. _ L’exirail de A', americaiius hémolyse les globules rouges du sang de l’homme, lavés avec la solution de NaCI à 9 jj. 1000 et' dilués à 1 |i. 20. Celte propriété hémolytique est plus intense pour les globules additionnes de sérum frais. Le sang des individus atteints de béribéri est plus sensible à l’hémolyse que le sang des individus sains. Ces expériences montrent que l’extrait de N. americanm contient une « hémotoxine » pour Je sang de l’iiomme. L’accu- mulation, dans l’organisme d’individus peu résistants, des sécré- tions de cet helminthe, étant susceptible de déterminer des lésions du sang, il y avait lieu de rechercher ces altérations chez les béribériques, pour les comparer à celles qu’on observe dans J’anémie ankylostomiasique. Mes recherches ont porté principalement sur les modilica- tions du taux de l’extrait sec du sang, sur celles de la coagu- lahilité, et sur les altérations des globules rouges, au nivLu des endothéliums. Enfin,j’aipu déceler dans lesérum des malades la présence d’une hémolysine tiiermostahile, comme celle de lextiait de Necator, ainsi que de propriétés antihémoJytiques chez les individus résistants. II. Extrait sec du sang. — J’ai noté le poids de l’extrait sec du sang dans le béribéri, en prenant comme témoins des anky- lostomés résistants et des individus atteints d’anémie, soumis exactement au même régime alimentaire. L’opération a été effectuée avec le sang de huit sujets, prélevé dans le cours de la même heure, puis desséché dans le vide et enfin chauffé <à 120» jusqu’à poids constant. Mon collègue et ami Bréaudat a bien voulu m’apporter son précieux concoursdans ces manipulations. CAS DE BÉRIBÉRI TÉMOINS Num éros. Dignostic clinique. Extrait sec pour 100 gr. de sang. Numéros. Diagnostic clinique. Extrait sec pour 100 gr. de sang. 1 B. œdémateux, . . . 19 gr. 864 6 Ankylostomé résis- tant 20 gr. 2 B. œdémateux (ana- 6 Ankylostomé résis- sarque) 16 gr. 460 tant 3 B. paralytique et 7 Anémie ankylosto- œdémateux 18 gr. 840 miasitjue. 17 gr. 829 4 B.paralyt.etœdém. 18 gr. 271 8 Ankylostomiase et diarrhée 19 gr. 429 ANNALES DE L’INSTllUT PASTEUR <)()() Il y a donc dans le béribéri une diminution notable du [)oids d’extrait sec du sang. Ces modifications de l’extrait sec élaient ici en rapport avec une formule leucocytaire d’ankylostomiase, avec abaissement du taux des éosinophiles, et des grands mononucléaires dans les cas les plus graves 2 et 7). 11 y a donc sur ce point une grande ressemblance entre le béribéri et l’ankylostomiase grave. 111. — Les modifications de la coagiilabilité du sang dans le béri- béri sont toujours importantes. Elles diffèrent d’aspect suivant les régions : en certains points le sang est dissous, en d’autres il contient des coagulations librineuses. Ces lésions avaient frappé autrefois les cliniciens qui observaient de nombreux cas de béribéri. C’est ainsi que Præcjev C Sœavhig % Pereira % avaient constaté, les premiers, que le sang est aqueux et fluide pendant la vie. Mansvelt, Harsfeld^ le trouvaient d’un bleu noirâtre. Mohnike^ avait noté que le sang est fluiée après la mort, d un rouge foncé, gluant et d’une odeur particulière, tandis que Sinimons^ signalait la présence de caillots dans le cœur droit, dans les branches de l’artère pulmonaire et dans quelques grosses veines. J’ai observé ces variations de la coagulabilité dans 17 au- topsies sur 19 pratiquées peu de temps après la mort. Quelle que soit la forme de la maladie, la production rapide de caillots noirâtres dans le cœur droit est un phénomène constant; quel- quefois la coagulation est incomplète, le sang est gelée de cassis. Dans la forme paralytique, j’ai noté la prédominance des cail- lots fibrineux, jaunâtres et drus, insérés dans les cordages val- vulaires et se prolongeant jusque dans l’artère pulmonaire. Les veines caves, les rénales, les iliaques, sont souvent bosselées, gorgées d’un sang noirâtre, tantôt coagulé, tantôt dissous. Les veines périphériques laissent écouler au contraire un sang Ihiide, plus pâle et qui j-ougit à l’air. Le tableau suivant résume ces diverses lésions, en regard de l’état particulier de la région gastro-duodénale : 1. Pr.kger, Geneesk. Tijdsch. v. d. Zeemagt, II, p. 1, 1S64. 2. SwAviNG, Mansvelt, Geneesk. T. v. d. Zeemagt, 3® année, 1, 1864. 3. Pereika, Gaz. med. da Bahia., Uniao med., Rio-de-Jan.. 1881. 4. IIarsfeld, Gen. T. v., N. I, VIII, p. 360, 1860. 3. Mohnike, Gen. T. v., N. I, IX, p. 449, 1861. 6. SiMMONs, Med. Rep. of ihe lmp. Mar. Cust. of China, 1889. ANK\ LOSTOMIASE ET BÉRIBÉRI EN COGHINCHINE 961 N»* de l’autopsie Dates I. BÉRIBÉRI A FORME 0 Nationalité. [État de l’intestin. 5 mars 1906 12 Annamite Gastro-duodénite 31 — _ Chinois 29 avril — Philippin - 27 juin — Annamite 30 — — — 16 sept. — — 12 avril 1907 Chinoise — Ktat du sang. Saugr^u cœur noirâtre, à demi coagulé ~ — incoagulable r«-u r dans le cœur droit Caillots fibrineux citrins dans les ventri eu les. Sang du cœur noirâtre, coagulé Sang la2 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR l(‘S capillaires de ces orf,^anes. Ce pigment est identique à (‘(dm «ju’on observe dans le tube digeslif de .V. américains et se trouve chez des beribëriques indemnes de paludisme ou de toute autre atfection dans laquelle la destruction globulaire d(*ter- mine la formation de pigment ocre. 11 constitue, dans les cas aigus de béribéri, des concrétions volumineuses dont se cbarîient les macrophages et parmi lesquelles on reconnaît tous les stades de destruction des globules rouges. Ces concrétions s’observent encore dans les" veines de l’intestin grele. au voisinage de l’insertion des Ankylostomes et, dans quelques cas, leur abon- dance est telle autour de l’intestin, qu’elles forment sur les feuillets mésentériques et sur l’épiploon des taches sidérosiques signalées autrefois dans quelques autopsies de béribéri suiaigu. Dans les vaisseaux périplu'riques, en particulier dans le derme des mêmes sujets, on trouve également des altérations du sang caractérisées par la transformation des hématies en granules noirâtres et en cristaux brun jaunâtre dérivés de Tbémo- globine, et semblables aux foriilations que Daniels ^ a signalées dans l’ankylostomiase à la Guyane anglaise. La présence de ces granules dans les petits vaisseaux piTipbériques. permet (l’expli- quer un certain nombre de phénomènes du début du beiibéii, tels que les douleurs à la pression, les fourmillements, l’anes- thésie fugace, par les troubles apportés à la circulation des nerfs qui dégénèrent ultérieurement. Y. Pouvoir hénwljjtique du sérum chauffé, dans le béribéri et Pankjjlostomiase simple. J’ai recherché si le sérum d’individus atteints de béribéri bien caractérisé, elle sérum des ankylostomés indemnes, possédaient des propriétés hémolytiques pour les globules rouges humains lavés à la solution physiologique de NaCl. Je me suis servi dans ce but de sérums frais et chauffés à 58-60'^ pendant 2 heures à 2i heures d’intervalle; j’ai utilisé également du liquide d’ascite et de la sérosité péricardique de béribérique chauffée cà SH-bO". 1, Daniels, Bvitisli Guiaiici msd. Aunals, 1895. ankylostomiase et BERIBERI EN GOCHINCHINE 063 n Cl O q II ^ CO ^ 2 JX . CO C O -a " : U salée p. 1000 NaCl. ! 1 1 i g| : c^'S ; xi M, . « (U 3 O . -O 3 "1 c O n J ; OBSERVATIONS ^ a ; 6 é T. - <1> O ü l/ï o-^ O ' -1 O , ^ œ O 73 “ •g X X ^ : CLINIQUES 1 0 c. c- 1 1 c. «î. — O 2 - 0 c. c. (, 0 Annamite non infecté (sér 3 — - G fch luffi'- O frais) . Annamite non infecté (sér. 4 — - B O ch. -f- 58-60») Annamite non infecté (*ér. 5 — — B (chauffé O frais). Annamite non infecté (sér 6 — — N O ch. + 58-60»). Européen normal. 7 — — E O Européen (dysenterie) sér. 8 — E (chauffé) O frais. Européen (dysenterie) sér. 9 . H ch. -{- 58-60», Anémie et ulcère annamite. 10 — — N h H Ankylostomé (sér. frais). 11 — — Nh. (ch.) O — (sér chauffé ■ 12 — — M. H 58-60» 2 h.) L Béribéri mixte et anémie. 13 — — L. H B. paralytique sans anémie. 14 — K. H B. paralytique en voie 15 r\ d'amélioration U , H B. paralytique en voie 16 H d’amélioration. | B. paralytique (amélioré). 17 U. O. w. H B œdémateux tanasarque;. 18 — — M. H B. — _ 19 — — L H B _ _ 20 — — K. H ] B. — _ 21 — — D. H 1 3. — _ 22 — — D. C. H 1 3. — _ : 23 - - VV H I 1 î. — _ 24 — — Ascite H I ndividu mort de B. para- 25 ■ . — Péricarde. H I lytique. ndividu mort de B. para- ' 1 1 lytique. II y a donc dans le sérum des individus atteints de béribéi i une substance hémolysante qui résiste au chauffage prolong»' comme celle que contient l’extrait de N. americmus. Toutefois, une deuxième expérience faite simultanément a-Ji La substance hémolysante parait être en moindre quantité dans te sén.n, cas de Nh résistant, le chauffage prolongé à 58-60- la fait disparaître dans ic Avfc le^rm dVr"ir'' 'O à SS- 964 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR avec l’extrait de Necator, et les sérums de bérihérique et d’an- kylostomé, chauffés cinq minutes à l’ébullition, après dilution convenable, m’a montré que la propriété liémolysante était détruite à cette température. J’ai constaté en outre que la propriété liémolytique du sérum est beaucoup plus intense avec le sérum des membres malades qu’avec celui des membres indemnes, et qu’elle peut être consi- dérable dans le cas de béribéri très grave, l’hémolyse apparais- sant au bout de quelques minutes de contact. Ni le pouvoir hémolytique des extraits, ni celui du sérum ne sont dus à l’acidité de ces substances : l’extrait aqueux de Nccator est neutre, et le sérum de bérihérique a toujours montré une alcalinité normale au tournesol. YI. Pouvoir (fntihémohjtigue du sérum. L’hémolyse des globules rouges humains par l’extrait de iV. americanus étant un fait bien caractérisé et constant, je me suis demandé si le sérum des individus résistant à 1 intoxica- tion ne possédait pas, vis-h-vis de cet extrait, des propriétés anti- bémolytiques. Je me suis servi, en vue de cette recherche, de lût) Ankylostomes desséchés après lavage à l’alcool absolu, puis broyés au mortier d’agate et émulsionnés avec 10 c. c. d’eau salée physiologique à 9 p. 1000. Après centrifugation, l’extrait opalescent obtenu était additionné du sérum de divers individus à différentes périodes de leur maladie, et au mélange on ajoutait, une heure après, les globules lavés et dilues au 1/20. l^Tous ces sérums recueillis depuis plusieurs semaines avaient perdu leurs propriétés cytasiques.) Le tableau suivant indique la présence d’une quantité variable d’ antihémolysine dans le sérum de certains porteurs d’ ankylostomes et des béribériques en voie d’amélioration. L’extrait a été employé à la dose de 0“,8, les sérums à celle de 0 c. c. 2, les globules dilués au 1/20 k la dose de ANKYLOSTOMIASE ET BERIBERI EN COCHINGHINE 965 Nos des tubes EXTRAIT SÉRUMS (0 c. c. 2). HÉMOLYSE 15 h. après POÜYOIR empêchant . OBSERVATIONS CLINIQUES 1 0 Physiologique . 0 » 2 0 c. c. 5 0 Complète. » 3 0 34 Moyenne . Anémie ankylostomiasique. 4 0 3472 Moyenne . Béribéri chronique ( œd . , fourmillements). 5 0 e. c. 5 -P 34 Complète . 0 Anémie ankylostomiasique. 6 — + 3472 Moyenne . + B. chronique. 7 — + 41 Complète. 0 Ankylostomiase (ulcère chronique). 8 -f 49 Moyenne . + Ankylostomiase ( conjonc- tivite). 9 — + 55 Moyenne . Ankylostomiase ( ulcère annamite). dO — + 44 Légère. + + Ankylostomiase ( ulcère annamite). 11 — -f- 095 Moyenne . + B. à forme bénigne (four- millements). 12 — -f- 763 0 + 4- + B. à forme bénigne (four- millements). 13 — + R. Moyenne . + 4 B. paralytique à marche chronique. 14 — + 3562 Complète. 0 B. paralytique à marche chronique. 15 — -f 29G8 Moyenne . + B. paralytique à marche chronique. 16 — + 3089 Complète, rapide. 0 B. grave (mort 24 h. après). 17 — -f 761 Complète. 0 B. grave (œdème et vive dyspnée). 18 — + G- Moyenne . 4- B. paralytique en voie de guérison. 19 + 71 0 -h + 4- B. léger en voie de guérison. On peut admettre, d’après le .tableau précédent, que : 1° Le pouvoir antihémolytique du sérum vis-à-vis de l’extrait de N. americanus, variable suivant les individus, est nul dans le béribéri grave comme dans l’anémie ankylostomiasique, ou ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 9Gr> qu’il est annihilé par l’action des substances liéniolysantcs que renferme ce sérum ; 2^ Que dans les formes chroniques ou en voie de guérison ce pouvoir antihémolytique est plus élevé. Il était aussi intéressant de comparer, concurremment avec le pouvoir antihémolytique dans le béribéri et l’ankylos- tomiase, le pouvoir précipitant du sérum pour les extraits opa- lescents de N. arncricanus. C’est ainsi que j’ai pu constater la disparition du pouvoir précipitant dans les sérums de béribéri grave dépourvus de propriétés antihémolytiques. Au contraire, j’ai observé que le sérum de bér ibérique en voie d’amélioration jouissait d’un pouvoir précipitant variable, que ne manifeste jamais le sérum normal. J’ai expérimenté sur ce point avec les sérums de 24 individus. Toutefois, la délicatesse de telles expériences avec des substances dont la spécificité est toute relative, ne permettaient pas encore la conclusion définitive que le béribéri est de nature ankylostomiasique. C’est l’inoculation expérimentale qui pouvait seule conduire à cette affirmation paradoxale que les Ankylostomes jouent un rôle dans son étiologie. IV RECHERCHES SUR LA PRODUCTION EXPÉRIMENTALE DU BÉRIBÉRI Toutes les tentatives faites jusqu’ici en vue de la production expérimentale du béribéri à l’aide de cultures microbiennes sont demeurées sans succès. On ne peut considérer comme béribéri les paralysies qu’on a vu apparaître chez les animaux inoculés, paralysies qui surviennent pour des causes variées chez les sujets maintenus en captivité. Le béribéri est une maladie polymorphe, dont le tableau clinique complexe (troubles de la sensibilité et de la motilité, œdèmes, état général cachec- tique, etc.) n’a pas été réalisé. J’ai essayé vainement chez un grand nombre d’animaux, notamment chez le Macaque, de produire des troubles sem- blables par l’injection, soit sous la peau, soit dans le péritoine, les veines ou sous la dure-mère, des extraits aqueux de N. americanus en quantité aussi élevée que possible. Outre que ces extraits, obtenus avec tous les tissus des vers. ANKYLOSTOMIASE ET BÉRIBÉRI EN GOGHINGHINE 967 ne contiennent proportionnellement qu’une faible quantité de substance active, il est facile de conqirendre, en étudiant le tableau anatomo-pathologique du béribéri, que cette maladie est le résultat d’une lente intoxication et de l’accumulation pro- g’ressive, dans les endothéliums et les fibres nerveuses et mus- culaires, d’un poison que les leucocytes ne suffisent pas à arrêter et que par suite quebjues injections de ce poison ne suffiraient pas pour provoquer la maladie, a fortiori chez des animaux dont l’aptitude réactionnelle est difïerente de celle de Tbomme. Cependant, à la suite d’une injection sous la peau de deux Macaques d’extraits de N. americanns. j’ai obtenu un léger œdème persistant plusieurs jours. Je ne veux tirer aucune conclusion de ces deux expériences. J. Expérimentation avec les larves de N. americaniis. — Il y avait lieu aussi de chercher à réaliser l’infection expérimen- tale des animaux avec les larves de N. ainericaniis soit par ing’estion, soit par injection sous-cutanée de grandes quantités de ces larves, et de reclierclier si, dans la suite, les symptômes du béribéri n’apparaîtraient pas. Quatorze expériences ont été faites dans ce but sur 9 maca- (jues, 2 chiens, 2 chats, 1 mouton. Les larves de N. americanns ne se sont, dans aucun cas, transformées en Ankyloslomes adultes. Stiles et Goldherger ‘ avaient janvier r.»0G, p. 03. 2. Smith, Jouv)l. of lhe Americ. Med. Aaaoc.. 1!)l)4, 27 aoiïL 3. IMeiu, Arch. italiennes de hioloijie, vol. 37, p, 271, l'.IOi. 968 ANNALES DE L’INSïlTUï PASTEUR iniase chez riiomme, soumis à l’alimenlalion des pays cliauds, en vue de la recherche des symptômes de béribéri. L’intérêt majeur qui s’attache à la démonstration complète de l’origine parasitaire du béribéri et un concours de circons- tances exceptionnellement favorables, m’ont permis de réaliser les expériences suivantes. Devant traiter par le thymol un groupe de 20 prisonniers cliinois et annamites, supposés porteurs de AL americamis, j’ai constaté que sur (*es 20 individus 2 ne présentaient dans leurs selles aucun œuf d’ankylostome après plusieurs examens. Ces 2 individus, ainsi que 2 autres servant de témoins, ont consenti à se soumettre aux inoculations strictement indispensables. Voici le résumé de mes observations : No 1. — Ne présente pas d’œufs d’Ankylostome dans ses selles. OEufs (ï Ascaris lumbricoides en petit nombre. Ingère avec un peu de lait 5 c. c. de liquide larvifère contenant de nombreuses larves enkystées de N. ameri- caniis. Ce liquide provenait de boues stérilisées puis ensemencées au labo- ratoire avec les selles d'individus non atteints de béribéri, mais porteurs des œufs de Necator aniericanus. L’examen préalable du sang donne les résultats suivants : Hémoglobine 95 0/0 Globules rouges 4.512.000 par m. m. c. Globules blancs 21.000 — Polynucléaires neutrophiles .53 0/0 Mononucléaires. .... 42 0/0 Eosinophiles 3 0/0 Pas de microbe visible dans le sang dont la coagulation est régulière. I/habitus extérieur est normal, les fonctions digestives s’accomplissent bien, les réflexes sont normaux. N« 2. — Ingère le même jour, avec un peu de lait, 10 c. c. du liquide larvifère, précédent filtré au préalable sur papier pour arrêter les larves d’Ankylostome. Ce litpiide, examiné au microscope, ne contient plus de larves, mais a conservé sa flore de bactéries et de champignons. No 3. — Reçoit sur la face dorsale du pied droit pendant 30 minutes une application de boues larvifères, largement infectées de larves de N. ameri- caiius. No 4. — Reçoit sur la face dorsale du pied droit pendant 30 minutes une application sous forme de compresse liumide de liquide larvifère filtré sur papier. Les réinfections pouvant jouer un rôle important dans la genèse du béri- béri, chacune de ces inoculations a été répétée 7 jours après sur les mêmes sujets. Le régime de chacun d’eux consistait en riz, poisson, légumes frais, viande de porc. ANKYLOSTOMIASE ET BÉRIBÉRI EN COCHINCHINE 969 Les conditions d’hygiène étant les mêmes pour tous ces prisonniers, les premiers symptômes du béribéri ont éclaté chez le no 1 exactement 4 semaines après l’ingestion des larves. Cette période correspond au temps généralement reconnu nécessaire pour que les larves d’Ankylostome par- viennent à maturité. Voici les principaux symptômes qu’a présenté ce malade le 28e jour après 1 ingestion . Inappétence, sensation de constriction au creux épigastrique, fourmillements aux membres inférieurs, œdème au-dessus de l’appendice xyphoïde. 6e semaine : présence dans les selles des œufs de N. americanus en très petit nombre (1 pour plusieurs préparations). Les membres inférieurs sont paralysés, le malade ne peut marcher qu’avec l’aide d’un infirmier. Le léflexe patellaire est aboli, la sensibilité cutanée des membres inférieurs est très émoussée, les articulations du genou sont douloureuses. Il y a de l’in- coordination des mouvements de la main droite et une parésie marquée des extenseurs à 1 avant-bras du même côté. Les extrémités des membres sont pales, les masses musculaires des jambes et de l’avant-bras droit très dimi- nuées de volume. Les battements du cœur, précipités, présentent nettement le rythme pendulaire, le pouls est à 120»^, mou, dépressible. L’œdème persiste au creux épigastrique, il y a de la dyspnée au moindre effort. Le malade présente en somme le tableau classique du béribéri paralytique aigu. L’exa- men du sang démontre une anémie modérée et une éosinophilie caracté- ristique : Hémoglobine 1)0 0/0 Globules rouges 3.427.000 par m. ni. c. Globules blancs 21.500 — Polynucléaires neutrophiles 36 0/0 Mononucléaires et lymphocytes 27 0/0 Eosinophiles 37 0/0 Le sang est noirâtre et se coagule lentement; le coagulum est mou, le sérum reste limpide. Ni les colorations, ni les cultures ne permettent de déceler dans le plasma la présence de bactéries. En raison de la forte éosinophilie et de la persistance des mononucléaires à un taux voisin de la normale, les phénomènes de béribéri n’ont pas revêtu chez ce malade la forme chronique et le traitement par le thymol (deux cures de 6 grammes chacune dans l’espace de 8 jours), a permis de cons- tater, après l’expulsion de nombreux AnUylostomes, un retour rapide des fonctions de la motilité et de la sensibilité. Les sujets no 2 et n» 4 n’ont présenté dans la suite aucun symptôme de béribéri. Le no .3 a ressenti, dans la nuit qui a suivi chaque application de boues larvifères, de violentes démangeaisons à la face dorsale du pied et i)résente à ce niveau plusieurs éruptions rouges, punctiformes, surélevées. Ces érup- tions disparaissent plusieurs jours après. Durant le mois qui a suivi, aucun symptôme de béribéri ne s’est déclaré. Les œufs de N. americanus n’ont pu être retrouvés dans les selles du malade qui a présenté des alternatives frequentes de constipation et de diarrhée. 970 ANNALES DE L’INSTITUT PxVSTEUK Il résulte de cette expérience que l'ingestion d’un li({uide contenant des larves enkystées deiV. americamis semble capable de déterminer, au bout de 4 semaines, chez un individu de la race jaune, les symptômes classiques du béribéri. Je pense néanmoins, d’après les expériences positives de Smith en Amé- rique, sur la pénétration des larves de N. americanus à travers la peau et d’après la fréquence des éruptions analogues au « ground-itcb » chez les Annamites, que ce dernier mode de contamination doit être très fréquent en Indo-Cliine, où les indigènes vont pieds nus, avec la plus grande insouciance en matière de propreté. Il m’a paru impossible de répéter l’expérience unique que je viens de relater, en raison du danger qui peut résulter de l’apparition du béribéri chez un sujet infecté expérimentalement. La valeur de l’expérience portant surtout sur 1 incubation nor- male de la maladie, qui a coïncidé exactement avec le temps normal d’évolution des larves d’Ankylostomes, j’ai pensé que cette expérience devait rester isolée. II. Pathologie comparée. — La pathologie comparée vient fortifier cette vue que l’accumulation dans l’organisme des pro- duits toxi({ues sécrétés par les Ankylostomes intervient dans la genèse du béribéri. On sait que l’ankylostomiase des chiens présente, dans la plupart des pavs tempérés et tropicaux, une allure analogue a l’anémie tropicale provoquée chezl’liommepar les Ankylostomes. Le tableau habituel chez le chien est constitué par une diarrhée noire ou sanguinolente, une anémie frappante, l’essoufflement, l’amaigrissement, des troubles cutanés et oculaires (érup tions, etc.). C’est une forme de la maladie des jeunes chiens particulièrement répandue au Sénégal et dans le sud del’Europe. Thiroux et Teppaz \ qui l’ont observée à Saint-Louis, ont cons- taté, en outre des signes précédents, que l’arrière-train est plus ou moins paralysé à la dernière période. Cette affection est extrêmement répandue sur les chiens et les chats en Cochincbine, mais il arrive fréquemment d’obser- ver, surtout à Saigon, la prédominance des phénomènes para- lytiques dans l’ankylostomiase du chien : la maladie oflre alors quelques analogies avec la rage, mais ne se termine pas parla 1. Thiroux et Teppaz. (7. Ji. Soc. Biol., 13 oct. 1906, p. 265. ANKYLOSTOMIASE ET BERIBERI EN COCHINCIIINE !)7I mort. Chez les jeunes chiens atteints, on note do la paralysie du tram postérieur, dos œdèmes légers, un amaigrissement rapide. La diarrhée fait défaut et la maladie peut durer des semaines et des mois. Elle se rapproche beaucoup par ces caractères du béribéri de l’homme. L’intestin est rempli d’An- kylostoines (jui se rattachent a l’espèce ApJî. couiiiuTïi, J’ai vu se réaliser au laboratoire les deu.v l'ormes de la maladie provoquée par la présence des Ankvlostomes. Sur 4 jeunes chiens nourris par leur mère et tous rapidement infec- tes d’Ankylostomes par elle-même, 2 sont morts dans le cours du deuxième mois après leur naissance, cachectiques. Les deux autres, placés dans des cages séparées, ont été soumis chacun à une alimentation composée de viande et de riz pendant plu- sieurs mois, à partir du 6 mai 1906. Dans le courant de juin, on constate que les deux animaux ont de la diarrhée; leurs selles noirâtres présentent de nom- breux œufs (ÏAnk. caninum. 11 y a sur tout le corps, dissé- minées, des bulles remplies de sérosité qui se recouvrent ensuite de croûtes et provoquent le grattage fréquent. Chute des poils à leur niveau. Anémie, amaigrissement. Chez les deux chiens les fonctions de motilité et de sécrétion sont normales. Lun doux succombe le 1«‘' août avec toutes les lésions habi- tuelles de l’ankylostomiase (diarrhée, anémie, marasme, etc.). Le deuxième chien résiste. Le D'- octobre, cet ankylostomiasique résistant est remis comme au début de son existence au régime du riz et du lait. Los selles se transforment rapidement et perdent leur couleur noirâtre pour devenir jaune d’or, sans odeur, et la diarrliée cesse. Le 6 octobre le chien présenté de la parésie des membres postérieurs, la démarche est eng-ourdie et raide; le 7, chute de la mâchoire inférieure; mort le 8 octobre. Autopsie laite o heures après la mort. Pas de rigidité cadavérique. Ventre ballonné. Pas d’œdème des membres. Nombreuses plaques d'alopécie et cicatrices d’ulcérations. Cavité abdominale: liquide d’ascite, légèrement sangiiinolenl. Congestion modérée des vaisseaux mésentériques. Anses intestinales dilatées. Estomac gonflé de matières alimentaires; ni congestion, ni ulcéra- tion. Duodénum légèrement congestionné. Présence de 1.^) A . cnninum dans le jéjunum, entourées de sang et d’une grande quantité de mucus. Plaques 1)7:2 ANNALES DE L’INSÏITUT PASTEUR hémorrhagiques dans le jéjunum. L’iléon et le gros intestin sont normaux. Late légèrement congestionnée. Foie volumineux, friable, à teinte marbrée. Vésicule biliaire pleine de bile verdètro. Heins normaux. La veine cave inférieure est dilatée et bosselée. Elle est remplie d’un sang noirâtre, poisseux, incoaguhible. Les veines iliaques sont remplies de sang fluide. Cavité thoracique : cœur congestionné. Liquide dans le péricarde. Caillots cruoriques dans le cœur droit et le cœur gau^’lie ; dans la veine cave supérieure le sang est entièrement coagulé, le caillot est diflluent et noi- râtre. Poumon gauche normal, avec légère congestion au sommet. Poumon droit très congestionné â la base et parsemé d’ilots d’extravasation sanguine. Cavité rachidienne ; méninges congestionnées. Liquide céphalo-rachidien épaissi et trouble à la région lombaire. Cerveau congestionné. Pas d’héma- tom^œlie. Les hématies sont pâles et diffluentes. Ce chien paraît avoir succombé à des accidents rapides d’intoxication par A. caninum, accélérés par suite de la diminu- tion de la ration alimentaire. Je n’ai pu avoir en ma possession, en Cocliinchine, de jeunes chiens non infestés d’Ankylostomes. Tous ces animaux sont parasités en chenil dans les premiers jours qui suivent la nais- sance, ou peut-être pendant la gestation. 11 semble néanmoins que l’on puisse observer, chez des animaux soumis à un régime pauvre, des accidents analogues à ceux qui constituent le béribéri chez l’homme ; ces accidents paraissent relever de l’ankylostomiase. J’ai observé également à Saigon des paralysies survenant chez des Macaques atteints d’œsophagostomiase et qui peuvent être rattachées à une intoxication par les sécrétions des œso- phagostomes. On 'peut donc se demander si, chez l’homme même, d’autres espèces d’Ankylostonies que N. americanus n’interviennent pas dans la production de certains cas de béribéri; toutefois, c’est cette dernière espèce qui paraît de beaucoup la plus répandue et la plus dangereuse à la surface du globe. Y RECHERCHES SUR LE TRAITEMENT ET LA PROPHYLAXIE DU BÉRIBÉRI. ' Au début de janvier 1906, en faisant administrer du thymol en vue de la recherche des Ankylostomes aux individus atteints ANKYLOSTOMIASE ET BÉRIBÉRI EN COGHINCIIINE 973 de béribéri, je constatais dans le service de mon reg’retté camarade Dardeme, à Thôpital de Cboquan, qu'à la suite de 1 expulsion des parasites intestinaux, certains symptômes du béribéri s’atténuaient avec une grande rapidité. Les malades n accusaient plus de lourmillements, 1 œdème disparaissait, parlois en une nuit, les mouvements des membres inférieurs avaient plus de netteté, sans que la par(‘sie disparût tout à fait. Huit malades ayant reçu une seule dose de b grammes de thymol furent rapidement mis en bon état. En mars 1906, 17 malades traités furent tous améliorés au bout de quelques jours. En présence de ces résultats encourageants. M. \qW Angier^ Directeur de 1 hôpital de CTioquan, voulut bien faire subir la cure par le thymol à tous les béribériques de cet hôpital pré- sentant des œuls d’Ankylostomes dans leurs selles. La méthode appliquée fut celle qui est suivit^ couramment en Allemagne pour le traitement de l’ankylostomiase : deux cures sucessives au thymol, précédées cliacune d'un purgatif au jalap ou au calomel et accompagnées du régime lacté. Les doses de thymol primitivement employées furent de 6 grammes, répétées 2 fois dans une huitaine de jours. Ces doses, quoiqu’un peu élevées, sont bien supportées par les malades, à la condi- tion de ne leur donner ni huile de ricin, ni alcool. J’ai constaté depuis lors que les doses de 4 grammes, avec un intervalle de repos de 4 à 5 jours entre chacune d’elles, peuvent donner des résultats satisfaisants. Du mois d’avril au mois d’août 1906, nous avons, en colla- boration avec le D'- Angier, traité 58 malades atteints des diverses formes du béribéri, les uns récemment atteints, les autres frappés à plusieurs reprises et chez lesquels les réflexes des membres inférieurs étaient définitivement abolis, les para- lysies compliquées d’atrophies et de déformations : 46 malad(‘s ont guéri, 5 sont sortis avant complète - guérison, 7 malades sont morts, soit une mortalité de 12 p. 100. Depuis ces premiers essais, le D' Angier à Cboquan, D‘ Flandrin à Cliolon, moi-même à Ciadinh, avons poursuivi le traitement du béribéri par le thymol avec des succès varial)les. La mortalité par béribéri^ à l’hôpital de Cboquan, s’est un peu relevée à cause du grand nombrede prisonniers qu’on a soumis au traitement parle thymol, individus porteurs de lésions très 974 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR anciennes et dont plusieurs ne présentaient plus (rceufs d’Ankylostomes dans leurs selles. Chez ces derniers malades les fdels nerveux et les fibres musculaires avaient déjà subi la dégénérescence, de sorte que le traitement antihelmintbique ne pouvait avoir aucune efficacité. Voici, d’après les rapports du I)'* Angier, le pourcentage de la mortalité par béribéri à l’hôpilal de Cboquan au cours de ces dernières années, avec les traitements usuels, puis en 1900 avec le Iraiternent par le Ibymol : 1900 (1) 410 malades 135 décès. Mortalité 32.90 p. 100 1901(2) 1227 — , SOO — » 40.74 — 1902 1124 — . 325 — » 28.91 — 1903... 495 — 206 — » 41.61 — 1904 . . . 368 — 83 — >' 22.55 . 19ÜO 343 - 99 - >> 28.86 - 1906(3).... 479 — , (Lliymol) 116 — » 22.14 — Ces résultats sont difficilement comparables avec ceux qu’on obtient en d’autres pays. On sait que suivant les régions, les années, le degré de misère générale et individuelle, la mortalité par béribéri est extrêmement variable. Il faut donc tenir compte, dans l’appréciation des résultats du traitement, de la gravité des symptômes et de l’anciennete de la maladie. A oici quels étaient les principaux signes cliniques présentés par quelques malades parmi ceux qui ont guéri : No 2. Béribéri paralytique. — 17 ans. Malade depuis un mois environ. Douleurs dans les membres intérieurs. Pas d’œdème. Démarche assez bonne. Appétit et sommeil conservés, Perte de la sensibilité des membres inférieurs. Absence des rélîexes rotuliens. No 3. Béribéri paralytique, — 17 ans. Malade depuis un moiset demi. Dou- leurs dans les mollets. Pas d’œdème. Démarche assez bonne. Appétit con- servé. Céphalée continue et insomnies. Perte de la sensibilité des membres inférieurs. Absence des réflexes rotuliens. N’o 7. Béribéri mixte. — 16 ans. Malade depuis une semaine. Fourmille- ments et douleurs dans les membres inférieurs. Léger œdème prétibial. Démarche assez bonne. Appétit et sommeil conservés. Perte des réflexes rotuliens et de la sensibilité des membres inférieurs. No 8. Béribéri mixte. — 16 ans. Malade depuis 10 jours. Fatigue dans les membres inférieurs. Léger, œdème prétibial. Démarche assez bonne. 1. Kkumühgant, Ann. hijg.et med. col. N“ 2, 1902. 2. Angier, Ann. hyg. et med. col. N» 4, 1905. 3. Angier, Rapp. ofl. au L< Gouverneur de laCochinchine, 1907, ANKYLOSTOMIASE ET BERIBERI EN COCHINCHINE 1)75 Appétit et sommeil conservés. Perle delà sensibilité des membres inférieurs et des réflexes rotuliens. No il . Béribéri paralytique. - 13 ans. Malade depuis 15 jours. Douleurs et fourmillements dans les membres inférieurs. Pas d’œdème. Démarche assez bonne. Sensibilité diminuée à la face antérieure de la jambe. Béflexes rotuliens diminués. No 13. Bérilxu-i paralytique. —25 ans. Malade depuis 17 jours. Douleurs dans les membres inférieurs. Léger œdème prétibial. Démarche assez bonne. Perte des réflexes rotuliens et de la sensibilité. No 14. Béribéri paralytique. — 25 ans. Malade depuis 22 jours. Léger œdème prétibial. Douleurs et fourmillements dans les membres inférieurs. Marche difficilement (steppage). Perte des réflexes rotuliens et de la sensi- bilité des membres inférieurs. No 15. Béribéri paralytique. - 18 ans. Malade depuis 11 jours. Fatigue et douleur dans les membres inférieurs. OEdème prétibial insignifiant. Marche difficilement, même avec l’aide d’un infirmier. Perte de la sensi- bilité à la face antérieure de la jambe et des réflexes rotuliens. (Observations du Dr Dardenne.) Tous ces symptômes ont disparu en huit à quinze jours après la deuxième cure au thymol. L’âg-e des malades, le petit nombre de jours qui s^ècoulent depuis le début, le faible degré de la parésie des membres inférieurs, paraissent donc jouer un grand rôle dans le retour des fonctions ad integrum. Par contre, chez les individus dont les paralysies sont de date ancienne et compliquées d atrophie ou de déformations, ou qui ont subi plusieurs poussées successives d’œdème et de paralysie, les lésions des nerfs et des organes (cœur, poumons, foie) sont généralement irréparables. Les observations suivantes résument les principales lésions constatées à 1 autopsie des sujets ayant succombé, malgré le traitement par le thymol. No II. Béi ibe) i Œdémateux . — Bouffissure du visage et des membres. Les extrémités inférieures, œdématiées, ont la peau plissée par endroits, l’œdème ayant rétrocédé en quelques points à la suile du traitement. Nombreuses cicatrices sur les diverses parties du corps, consécutives à des éruptions luronculeuses disséminées. A l’incision des téguments, une certaine quantité de sérosité s’écoule du tissu cellulaire. Cavité abdominale. - Faible quantité de liquide d’ascite. Vaisseaux des 1 estomac, du colon et de FS iliaque fortement congestionnés. Adhérence des anses intestinales entre elles. Tube digestif : 1 œsophage porte, dans son tiers inférieur, des taches con- gestives et des ulcérations petites et superficielles, disséminées. Estomac 976 ANNALES UE L’INSTITUT PASTEUR très dilaté et congestionné. Piqueté hémorrhagique sur toute l’étendue de la muqueuse. Sur la grande courbure, deux ulcérations, l’une du diamètre d’une lentille, l’autre d’une pièce de 50 centimes. La région pylorique est très congestionnée et porte des taches hémorrhagiques. Vascularisation intense de l’iléon. Quelques ankylostomes sont restés attachés à la muqueuse du jéjunum. Le gros intestin présente des ulcérations dysentériques en voie de cicatrisation. Trichocéphales dans le cæcum. Ganglions mésentériques hypertrophiés et granulations blanches sur le feuillet viscéral du péritoine au niveau du duodénum. Pancréas d’apparence normale. Foie volumineux, en dégénérescence graisseuse. Raie conges- tionnée, très friable, à capsule se déchirant facilement. Reins conges- tionnés. Cavité thoracique. — Adhérences rétrosternales.' Sac péricardique dilaté, dans la cage thoracique. Environ 750 c. c. de liquide séreux, citrin, dans le péricarde, au milieu duquel baigne le cœur, très dilaté. De teinte très pâle, de consistance molle, l’organe présenle une congestion intense de ses vaisseaux coronariens. Le cœur droit est recouvert d’une couche de tissu graisseux. A la coupe, on note la teinte feuille morte du muscle dégénéré. Caillots fibrineux, citrins dans les deux cavités ventricu- laires. Pas de lésions valvulaires. Ganglions médiastinaux entourés d’adhérences et de tissu cellulaire infiltré. Poumons congestionnés à la base. Liquide sanguinolent dans la plèvre. Cavité crânienne non ouverte. No III. Béribéri paralytique. — Traité pour paludisme puis pour béribéri paralytique, a déjà absorbé 6 grammes de thymol qui ont provoqué l’expulsion de plusieurs N’, americanus. Émaciation prononcée des membres inférieurs. Présente à l’ouverture de la cavité abdominale une quantité abondante de liquide d’ascite et de nombreuses adhérences péritonéales. Estomac dilaté, lésions de gastro- duodénite peu étendues, mais très nettes aux alentours du pylore. Intestin çrêle congestionné, présente de petites ulcérations aisséminées et recou- vertes de mucus. Gros intestin épaissi, œdémateux, à lumière rétrécie (intestin squirrheux de l’entérite chronique). Foie énorme, de teinte ardoisée, sclérosé, uni à la coupe et porte sur le bord inférieur de petits ilôts blanchâtres de cirrhose. Rate volumineuse ardoisée, sclérosée. Cœur en dégénérescence, de teinte feuille morte a la coupe. No IV. Béribéri paralytique grave (membres supérieurs et inférieurs). Légère bouffissure du visage. Émaciation notable des mollets et des masses musculaires de l’avant-bras. Rigidité cadavérique unilatérale. Les veines cutanées laissent couler peu de sang à la coupe. Cavité abdominale : pas de liquide d’ascite. Épiploon moucheté, couvert de taches sidérosiques de forme allongée et d’un fin pointillé noir. Le diamètre des taches varie de celui d’une pointe d’épingle à celui d une amande. Teinte extérieure de l’intestin jaune-rougeâtre, aspect dépoli. Les ANKYLOSTOMIASE ET BERIBERI EN COCIIINCHINE 977 veines mésentériques ne saignent pas à la coupe. Tout le tissu cellulaire mesentenque a le meme aspect moucheté que l'intestin Estomac dilaté. Intestin grêle de volume normal. L'estomac contient des debris alimentaires et des tramées noirâtres de san^ dil^é la " « a, Ci.," E“ trouve une petite extravasation de sang noirâtre I e rlned.i desquelles se tionné et contient un liquide biliaire abondant Muqimte riei™^^^^^ semee de petites ulcérations arrondies à peine visibles à l'rpil ,'V i ^ .^enferme à ce niveau des globules altérés et des cristaux de cholestérine' Dans le cæcum un pointillé hémorrhagique existe également quf m ibi; feinl’rr-""' normale. Le volume du foie est normal mais sa teinte ^enerale rouge jaune indique une altération profonde de la cellule hépatique. A la coupe, on voit sourdre, des canalicules dilaL un Munit jaune lougeatre. La vésicule est gorgée d’une bile noir verdâtre nettement -l.chroique, ses parois sont fortement vascularisées "««ornent t^isseaux rénaux vides de sang. Les reins présentent la teinte lavée. Les baignent dt caillots'Zdneiu, 'TlailelTeii'x! ^tTcitntTattoute k cuberde stsUéT ' T P'«''‘-«- Quelques centimètres cubes de seiosite dans le péricarde. Cœur contracté, de couleur Générale contiennent dés^càmots t. ts d "" moulés sur les valvules et les cordages recou- veits de cruor noirâtre. De l’oreillette droite on peut suivre le eoà..uîum jusque dans I artere pulmonaire. Poumons très congestionnés à la"base parsemés de volumineux Mots d’extravasion sanguine. ’ es vaisseaux des membres contiennent fort peu de san^ • à la section pas d’ecoiilernent. ® ' section, Les observations qui précèdent montrent que l’action efli- cace du traitement par le tliymol ■ est limitée aux cas de béri- e nlÏ 7. '■"«««tes et modérées. Il en résulte, de plus ce fait important que le thymol est la pierre de touche e 1 état d un beriberique. Un individu traité avec soin par le t lymol et dont les réllexes ne se rétablissent pas rapidenient, doit etre considère comme incurable. nroni CD'iséquencc, que c’est surtout dans la propliylaxic du béribéri que le thymol doit porter efficacement son action, c est-à-dire dans le traitement de tons les individus 02 (J78 annales de L’INSTITUT PASTEUR qui, susceptibles d’être acceptés dans une formation militaire, dans un service public, ou envoyés dans une école ou une pii- son, seront reconnus porteurs des œufs d ankylostomes, (|U(‘ls que soient les symptômes présentés. L’emploi du thymol est sans danger à la condition i espacer suffisamment les doses actives : son emploi à titre préventif devra se généraliser aux pays chauds comme celui de la qui- nine pour le paludisme. A la prison de Giadinb j’ai fait admi- nistrer à quelques prisonniers fortement infectés 1 gramme de thymol, deux fois par semaine, les sujets étant à jeun et j’ai vu le taux de leurs éosinophiles se relever j^apidement. On pourrait donc augmenter cette dose hi-hehdomadaire sans inconvénient, en vue de la prophylaxie. Les larves de N. americcuius nécessitant environ 4 semaines depuis leur pénétration cutanée ou buccale jusqu’à leur transfor- mation en adultes, il serait facile, pendant toute la durée de la saison humide, ën Cochinchine, d’avril à novembre, d’instituer un traitement au thvmolpar quinzaines, chez les prisonniers et les militaires indigènes. On pourrait ainsi agir plus aisément sur les parasites à l’état préadulte. On aurait en outre l’avan- tage d’atteindre les autres parasites intestinaux : Douves, Tœnias, Trichocéphales, Ascarides et Oxyures, etc., que le thymol permet d’expulser avec facilité. Les autres règles de prophylaxie de l’ankylostomiase s’appliquent au hériheri. ^ oici les principales . Veiller à la propreté rigoureuse des casernes, des prisons et, d’une façon générale, de tous les locaux où sont agglomérés les indigènes; 2^ Les latrines, en aucun cas, ne doivent se trouver dans la salle où couchent les indigènes. Elles seront tenues avec la plus grande propreté ; 30 On habituera de bonne heure l’indigène au port de chaus- sures pour éviter le contact des extrémités inférieures avec les boues larvifères. Une mesure d’un autre ordre et non moins importante sera de relever l’état général des sujets. L’alimentation dans les prisons d’Indo-Chine est reconnue depuis longtemps notoire- ment insuffisante. Le riz et le poisson salé constituent des repas monotones et trop pauvres en albuminoïdes. ANKYLOSTOMIASE ET BÉRIBÉRI EN COCHINCHINE 979 Les sujets soumis à ce régime n’enrichissent pas suffisamment leur sang en albuminoïdes et en graisse; de là, semble-t-il, une Jminution de leur résistance à certains poisons. Il importe donc d attirer sur ce point l’attention de l’assistance médiale aux indipnes : une alimentation plus azotée semble nécessaire pour lutter efficacement contre les sécrétions toxiques de para- sites animaux, tels que les Ankylostomes Ces différentes règles prophylactiques trouveraient leur indÎèné°fi «•«ation, dans chaque centre ndigene, de dispensaires d'hygiène spécialement dirigés vers la lutte contre les maladies parasitaires intestinales. La création de ces dispensaires, dont j'ai institué l’un à Giadinb, est peu coû- euse et appreciee des indigènes, parce qu’elle laisse à l’Anna- mite le soin de se nourrir et une certaine liberté. Une salle de consultation et un microscope en font les frais principaux On pourrait y joindre une salle de cure comprenant S ou 6 lits Les médicaments distribués consistent surtout en thymol, santonine et calomel, chlorhydrate de quinine, etc. On distribue le thymol a tous les sujets porteurs d’ulcères, d’éruptions chroniques ou anémiés chez lesquels l’examen des selles a révélé la présence < es Ankylostomes. On persuade aux Annamites, par des conseils adaptes a leur mamere de vivre, par la distribution de livrets lygiene, qu il faut faire entrer plus d’aliments azotés dans leur tiation des larves ou dos œufs de parasites intestinaux. CONCLUSIONS ^ U Le béribéri, maladie caractérisée selon la définition la plus généra e, par une grande faiblesse, de l’anasarque, des épan- c lements sereux, des troubles de la motilité, de la circulaUon a des sécrétions, a été attribué à des helminthes, à des bacté- ries, a des hématozoaires, à des moisissures, et à une intoxica- lon alimentaire. Aucune de ces théories n’a pu Jusqu’ici donner NecatT suffisante de son origine, ni de sa nature. amencanus, dont la fréquence remarquable chez les siatiques est en rapport avec l’apparition des symptome.s ilu henberi, semble jouer, concurremment avec la pauvreté du .«tri"''- '■ 980 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 2^ N. americanus ne provoque habituellement, chez les Chi- nois et les Annamites, qu’une anémie modérée et détermine rapidement chez eux de l’œdème et des phénomènes nerveux (fourmillements, anesthésie prétibiale, parésie, etc.). Il s’ensuit que l’ankylostomiase chez les Asiatiques ne revêt pas générale- ment les caractères d’anémie grave que l’on observe chez les Européens à Porto-Rico ou dans l’anémie des mineurs; • 30 La rapidité avec laquelle apparaissent les troubles ner- veux dans 1 ankylostomiase d’Indo-Ghine, permet de soupçonner chez les malades une diminution considérable de la résistance vis-à-vis des sécrétions des Ankylostomes ; 4« Cette diminution de la résistance semble être en rapport avec une nourriture insuffisante en matières azotées et en graisse, et avec des modifications de la formule leucocytaire semblables à celles qu’on observe dans l’ankylostomiase grave chez les Européens ; 50 L’abaissement du taux des éosinophiles et des grands mononucléaires est plus prononcé dans les formes graves du béribéri que dans les formes bénignes et dans le sang des membres malades que dans celui des membres valides ; 0° Il paraît se produire dans l’organisme des béribériques une accumulation des sécrétions toxiques des Ankylostomes qui se traduit par une diminution de 1 extrait sec du sang, pai* des modifications importantes de la coagulabilite du sang, par la présence de pigment et de granulations sidérosiques dans les veines et les capillaires des organes, et par l’apparition dans le sérum de propriétés hémolytiques semblables à celles de l’extrait de N. americanus pour les globules rouges de f homme; 70 Dans le sérum des individus résistants ou chez les malades en voie d’amélioration, on peut constater l’existence de pro- priétés antibémoly tiques et précipitantes vis-à-vis de 1 extrait de N. americanus; go L’ingestion répétée des larves de N . amei icanus p^o^ enant de boues infectées avec les matières fécales de porteurs d’An- kylostomes non béribériques est susceptible de déterminer chez un individu soumis au régime des Annamites les symptômes du béribéri (Expér. n® 1, page 35); 9° On peut observer, en outre, en Goebinebine, chez le jeune chien ankylostomé, des phénomènes analogues à ceux du ANKYLOSTOMIASE ET BÉRIBÉRI EN COGHINCHINE 981 béribéri et qui semblent relever de l’intoxication par les Anky- lostomes; 10° L application au béribéri de la cure par le thymol per- met de guérir rapidement les malades dont l’intoxication est d’origine récente et modérée. Ce traitement échoue chez les sujets porteurs de lésions anciennes de dégénérescence j 11° L intoxication par A. americaniis^ sous diverses formes, constitue une endémie des plus graves en Extrême-Orient. Il importe d’aider les Annamites à s’en préserver par le traite- ment préventif de l’ankylostomiase et par l’amélioration du régime alimentaire. Ces recherches ont ete faites, en majeure partie, à l’Institut Pasteur de Saïgon. M. le D‘’ Yersin, directeur des instituts Pasteur d’Indo-Chine, M. le Angier, directeur de l’hôpital de Choquan, M. le Flandrin, médecin-chef de l’hôpital indigène de Cholon, et la Sœur supérieure de l’hôpital de Phu-My ont bien voulu mettre à ma disposition les ressources de ces éta- blissements. Je leur adresse mes respectueux remerciements pour leur bienveillarit accueil. Au cours de ces deux années de travail, mes maîtres des Instituts Pasteur de Paris et de Lille, M. le Dr Calmette et M. Mesnil m’ont prodigué leurs conseils et leur bienveillant intérêt. Je suis heureux de leur exprimer toute ma reconnais- sance. Sni la filtration de (juelques dlastases protdo- lytiques au travers de membranes en collodlon. Par le D'’ Ferdinaado STRADA DE lAUNIVERSITÉ DE PAVIE L’étude expérimentale de la protéolyse se rattache complè- tement à celle de la matière à l’état colloïdal. La notion de colloïdes avait été basée par Graliam sur la difficulté avec laquelle ces matières traversent les membranes perméables, et peuvent ainsi être séparées des autres corps dits cristalloïdes. On a donc souvent expérimenté sur les phénomènes de la dialyse chez les colloïdes en général, et chez les albuminoïdes en particulier. On a cherché aussi à séparer, par ce moyen, les agents diastasiques et à reconnàître quelques-unes de leurs propriétés. Les résultats obtenus ont été contradictoires. Dans ces derniers temps une technique nouvelle a été employée, je veux dire la filtration au travers des membranes en collodion. Borrel et Manea‘ ont été les premiers à se servir des sacs en collodion, déjà bien connus des bactériologistes, pour filtrer des milieux de culture contenant des toxines. C’est Mallitano- qui a montré aussitôt le grand profit que l’on pouvait en tirer dans l’étude des colloïdes. De ses premiè- res recherches, auxquelles j’ai collaboré en partie, je vais rele- ver les données techniques essentielles et les principaux faits expérimentaux qui sont en rapport avec mes expériences. On prépare un sac en collodion en suivant la manipulation imaginée par Roux, depuis longtemps adoptée par les bacté- riologistes. On a soin de maintenir le sac constamment humide^ on l’attache au moyen d’une ligature bien étanche au bout d’un manchon en verre, on introduit l’extrémité qui porte le sac à l’intérieur d’un flacon à large goulot, auquel on assujettit le- 1. Manea, C. R. Soc. de Biologie, 29 août 1904. 2. Malfitano, C. R. Acad, des Sciences^ 26 décembre 1904. FILTRATION DE DIASTASES PROTEOLYTIQUES 983 manchon au moyen d'un bourrelet d’ouate. L’appareil ainsi monté peut être stérilisé à 103° pendant 30', Ou doit toutefois avoir soin que le sac soit plein d’eau, et que la température ne monte pas plus haut, faule de ces précautions, la membrane se contracte et perd sa perméabilité. Après avoir vidé l’appareil et l’avoir rincé avec une portion de la liqueur que l’on veut étudier, on le remplit ; en exerçant alors une faible pression pneumatique à l’intérieur du tube, le sac va fonctionner comme un filtre; bon voit d’abord des gouttelettes perler à la surface extérieure, puis se réunir et couler dans le flacon. Les solutions parfaitement limpides : de sels à n’importe quelle concentration, d’acides et de bases, suffisamment diluées pour qu’elles n’altaquent pas le collodion, et toutes les solutions comme celles de saccharose, par exemple, traversent ces membranes sans avoir subi aucune modification appré- ciable. Ce sont les vraies solutions, comme l’on dit, les solu- tions parfaites. Les matières dissoutes s’y trouvent divisées en particules extrêmement petites, qui n’arrêtent pas la lumière à son passage. Par contre, les solutions colloïdales ou fausses solutions, celles qui tout en étant homo2:ènes sont opales- centes, même à un degré très faible, doivent contenir des par- ticules assez volumineuses qui totale.s. ;nsnlul)les. Grammes. Grammes. Grammes. Avant filtration 0,''J220 0,0605 0,0071 Après filtration.. . 0.2530 0,0500 ‘ 0,0066 L’on voit que la diminution porte sur 1/7 environ de la matière totale, et qu’ici il est manifeste que la matière retenue contient des cendres. Le liquide liltré est dépourvu complètement d’activité kinasitjue. Comme dans le cas précédent, je ne crois cependant pas qu’il faille considérer la totalité de la matière retenue comme étant la diastase. Il suffit, en effet, de s’adresser à des liquides provenant d’une macération prolongée plus longtemps et qui peuvent contenir une plus grande (juantité de matières dissoutes, tout (m ayant le meme pouvoir kinasique et alors le résidu de la liltratiou est plus abondant. 1000 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR IV FILTRATION DE MÉLANGES DE SUC PANCRÉATIOUE ET DE LIQUIDE KINASIQUE Les résultats que je viens d’exposer suggèrent naturelle- ment l’idée de chercher à séparer, dans un mélange actif dt‘ kinase plus suc pancréatique, ces deux facteurs de l’activiti* protéolytique. Prenons d’abord un mélange en parties égales de liquide* kinasiqueà 1 0/0, stérile après filtration à la bougie, et de suc- pancréatique de fistule; filtrons un pareil mélange, qui est, très actif, comme on le sait, nous obtiendrons: d’une part, un liquide filtré presque complètement dépourvu d'activité protéo- lyti(jue et qui, par addition d’une nouvelle quantité de kinase, redevient faiblement actif et, d’autre part, en mettant à macérer le sac ayant servi à la filtration, un liquide qui doit contenir exclusivement la kinase, car il n’agit pas seul sur Palbumine, mais il active une nouvelle portion de suc pancréatique. Voici les résultats de l’examen du pouvoir protéolytique de ces différents liquides : Cubes de blanc d’œuf bouillis, stérilisés dans l’eau physio- logique. Après 24 heures de digestion à 4fP. Mélange primitit Complètement dissous. — liltré Presque intact. — résidu Intact. — filtré + kinase Arêtes transparentes. — résidu + suc p lucréalique. Presque complètement dissous. Dans ces conditions, l’on pourrait .admettre que la sépara- tion est possible, c’est-à-dire que, en partant d’un mélange actif, l’on puisse avoir la kinase d’une part et le suc pancréatique d’autre part, redevenus inactifs. Seulement, cette séparation n’est réalisable que dans des conditions assez étroites. En effet, prenons maintenant un mélange de 37 parties en volume de suc pancréatique avec 3 parties de solulion de kinase à 1 0/0. Ce mélange est tout aussi actif, même un peu plus que le précédent, celui qui avait été fait à parties égales. Après filtration, son activité n’a fait que s’affaiblir légèrement et sans qu’on l’additionne de nouvelle kinase, il digère l’albumine. Le liquide dans lequel on avait fait macérer le sac est inactif pris 1001 FILTRATION DE DIASTASES PROTÉOLYTIQUES isolement, mais il contient de la kinase capable d^activerdu nou- veau suc pancréatique. Voici les résultats obtenus en opérant dans les meines conditions que dans l’expérience précédente; Mélange total Dissolution complète. liltré Reste un petit cube transparent, — lésidu Intact. — liltré + kinase Reste un petit cube transparent. — résidu + sue pancréa- tFiue Dissolution presque complète. Dans ces nouvelles conditions, le suc pancréatique paraît donc avoir emporté au travers de la membrane une partie au moins de la kinase. Tandis que sur le filtre, il ne reste sensible- ment rien de 1 agent du suc pancréatique, mais seulement de la kinase. Prenons enBn un mélange contenant 37 parties de solu- tion kinasique et 3 de suc pancréatique. Ce mélange digère plus lentement que les précédents, qui sont plus riches en suc pan- créatique, il désagrège le cube d’albumine et le dissout com- plètement. Après filtration, il a perdu toute activité, et l’addi- tion de kinase ne lui sert de rien. Le liquide où l’on a mis le sac à macérer est, par contre, doué d’un pouvoir kinasique normal. Mclange total Résidu lïoconiieux. — tiltré Intact, — résidu Intact. — liliré -f kinase Intact. — résidu -f- suc pancréa- Dissous complètement. L’on voit ainsi que la matière kinasique est toujours rete- nue par la membrane, mais elle ne garde rien de l’agent qui se trouve dans le suc pancréatique. Celui-ci est pour ainsi dire disparu pendant la filtration. Sur le filtre, il ne reste que de la kinase prête à agir sur une nouvelle portion de suc pan- créatique. L’hypothèse que les phénomènes de protéolyse soient exclu- sivement dus à une action concomitante des deux agents, ne paraît pas suffisante à expliquer ces phénomènes et surtout à nous renseigner pourquoi le mélange riche en suc pancréatique demeure actif après la filtration, et pourijuoi au contraire il ne reste que la kinase sur la membrane. Une autre hypothèse a été émise : les deux matières se fixeraient l’une sur l’autre et sur les albumines à digérer. um ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Je pouvais expérimentalement résoudre la question sui- vante : la quantité de matière retenue est-elle la même, soit que Ton filtre séparément le suc pancréatique d’une part et le licjuide kinasique de Tautre, soit que l’on filtre le mélange déjà fait de ces deux liquides? On prend une solution de kinase contenant un résidu sec de ()s‘’,344 0/0 qui, après filtration, est de 0»’^,2()6 ; et un suc pancréa- tique contenant un résidu sec cie U*', 824 qui, après filtration, est de 1^S188. Le mélange en parties égales des deux liquides non filtrés laisserait un résidu sec de i^'’,082 0/0. Le mélange en parties égales des deux liquides filtrés sépa- rément laisserait un résidu de 0^'',727 0/0. Or, si l’on mélange le même suc pancréatique avec un volume égal de la même solution de kinase et qu’on fdtre ensuite, le résidu trouvé est de J^’^,02t 0/0. La proportion de matière que la membrane retient lorsque l’on filtre séparément les 2 liquides est de 33 centièmes et lorsque l’on filtre les deux liquides réunis ensemble, seulement de 6 centièmes. Ce cliitire est de beaucoup inférieur à celui qui aurait fourni la matière du suc pancréatique contenu dans ce mélange, 30 centièmes environ; tandis que la matière apportée par la kinase, si elle avait été seule retenue par la membrane, aurait dû être moins 3 centièmes environ. La matière restée sur le filtre ne possède que la fonction kinasique; cependant, elle contient quelque chose en plus que la matière apportée avec le liquide kinasique. Il n’y a pas lieu, on le voit, d’envisager les matières rete- nues comme étant seulement les diastases. D’autre part, il est évident que la matière du suc pancréa- tique doit s’être modifiée en présence de la kinase. Je me suis assuré que ces différences dans les quantités de résidu sec, que j’ai souvent constatées, ne provenaient pas des différences de perméabilité des membranes. En effet, dans les essais faits comparativement avec un certain nombre d’appa- reils, j’ai trouvé que l’erreur ne dépassait pas 1 à 2 milli- grammes. J^ai constaté en plus qu’il suffit d’avoir chauffé au préalable FILTRATION DE DIASTASES PROTÉOLYTIQUES 1003 la kinase pour que la matière du suc pancréatique ne soit pas modifiée. Cette modification de la matière contenue dans le mélange de kinase et de suc pancréatique se fait progressivement. On mélange 100 e. c. de suc pancréatique avec 10 c. c. de solution de kinase et on laisse à la température du labora- toire. En filtrant successivement des portions de 15 c. c. de ce mélange, on obtient une série de liquides filtrés dont 10 c. c. servent au dosage de la matière sèche et des cendres. Voici les chiffres obtenus : Matières sèches Cendres totales. Filtré aussitôt le mélange fait.. 0,1424 0,0080 — après 5 heures 0,1510 0,0980 — — 15 — .. .. . 0,0968 — — — 0,0970 24 heures à SS» 0,0990 L’on voit nettement que dans le mélange a lieu une modi- fication progressive, par laquelle la matière organique devient de plus en plus apte à traverser la membrane, tandis que la matière minérale ne paraît pas changer sensiblement. L'on peut dire que le mélange contenait des micelles qui, par leurs dimensions, étaient arrêtées et ensuite ces micelles sont devenues petites et ont pu passer au travers de la mem- brane. C’est un véritable phénomène de protéolyse qui s’accom- plit au sein de ce mélange de kinase et de suc pancréatique. M. Delezenne a déjà signalé le fait suivant : la matière du suc pancréatique est en partie coagulable lorsque celui-ci est fraî- chement recueilli, ou même lorsqu’il a été conservé en bonnes conditions, il garde alors en même temps son acti uté poten- tielle. Par contre, lorsqu’on y ajoute la kinase, ou si le suc est par lui-même actif, la matière coagulable tend à disparaître dans le suc pancréatique et le pouvoir protéolytique actuel et potentiel tend à disparaître. Ces faits ont amené à concevoir la kinase comme une matière capable de transformer le zymogène (la diastase en puissance mais encore inactive) qui se trouve dans le suc pancréatique en un enzyme actif, qui dès lors tend à se détruire lui-même par autolyse. L’on peut trouver que les faits que je viens d’exposer 1004 ANNALES DE L’INSTITLT PASTEUR parlent en faveur de cette conc(‘ption. Seulement, il faut se demander si une pareille manière de voir nous aide vraiment à nous rendre compte de tous les phénomènes. Les recherches qui avaient été faites pour savoir si les diastases sont des corps dialysables, ou s'ils sont retenus parles membranes, n’avaient abouti à aucun résultat certain. M. Lévy\ lui aussi, a filtré au travers de sacs en collodion des liquides diastasifères, et il s’est contenté de constater que certains de ces liquides demeurent actifs après filtration et que d’autres perdent leur activité. J’ai cherché plutôt k suivre les change- ments de l’équilibre chimique et de la composition amenés dans les liquides diastasifères par ce genre de filtration. Une conclusion générale se dégage de mes expériences, c’est que la quantité de matière capable de jouer un grand rôle comme agent diastasique doit être tout à fait minime. Elle est encore en dehors de la portée de nos moyens analytiques. Il faut écarter tous les résultats des recherches où l’on a envisagé une matière donnée comme étant la diastase pure. Au moment actuel de nos connaissances, il faut convenir que toutes les con- ceptions exprimées sur la véritable nature des diastases n’ont pas de bases expérimentales suffisantes. Les résultats modestes de ces recherches pourront ne pas paraître inutiles, si l’on tient compte surtout du grand intérêt qui s’attache à l’étude de ces questions par la méthode de filtra- tion au collodion. 1. L Lévy, Journal of Infections Diseases, t. II; janvier 1905. et Constatation de piroplasmose chez les buffles. Par II. SCIIEIN Vétérinaire inspecteur des épizooties de l’Indo-Chine, Chargé du scrvire vétérinaire à l'Institut Pasteur de Nha-Trang. Les examens répétés du sang des bovidés de Nha-Trang nous ont montré que les piroplasmes à aspects bacillaire et ocoïde étaient bien plus fréquents que la forme en poire higéminée. La série des dessins que nous avons faits en 1907 montre que la forme en poire higéminée ne se trouvait que chez les animaux chez qui la peste bovine évoluait, et ne se rencontrait plus chez les sujets guéris ou encore non inoculés, ou chez les bêtes de travail. Miyajama et Shibamaya avaient fait, au Japon, des obser- vations analogues. Ces constatations nous ont amené à suivre, par des examens répétés aussi souvent que nous bavons pu, les variations de la fréquence des diverses formes chez un même sujet. Toutes nos observations concordent, nous ne donnerons que celles des animaux qui ont pu être le plus régulièrement suivis. Observation 1. — H. 733, génisse brune, 18 mois environ, inoculée de peste bovine le 8 avril, la réaction thermique commence le M au soir (400,3), est à son maximum le 14 (41°, 3), puis décroît. 1®^ examen, le 15, montre des formes en poire higéminée, une pour trois champs environ et des formes bacillaires. 2e examen le 25, négatif. 3e examen le 26, formes bacillaires nombreuses, une par champ, vu une forme ovoïde, un pôle coloré en rouge, le reste du corps non coloré. 1006 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 4® examen le 27, forme bacillaire, une pour deux champs. 5® examen le 29 au matin, forme bacillaire, une pour cinq champs -environ, Le 30, formes bacillaires, une pour dix champs. . Le 1®^ mai, mêmes formes, même fréquence. Le 2 mai, examen négatif. Le 3 mai. forme bacillaire, une par champ. j Le 4 mai, forme bacillaire, une pour trois champs. Le 5 mai, mêmes formes, même fréquence. Le 7 mai, mêmes formes, même fréquence. Le 8 mai, mêmes formes, même fréquence. Le 10 mai, forme bacillaire plus rare, une pour quinze champs. Le 13 mai, forme bacillaire, une pour deux champs. H. 733, meurt dans la imiLdu 13 au 14 mai. Observation 2. ■ — Le veau H. 734 a été inoculé en même temps que le précédent, le 8 avril. Il réagit d’une façon analogue, et ne meurt que le 22 mai. On n’a jamais vu de piroplasme dans son sang au cours de 22 examens. Observation 3. — H. 735, veau mâle de 16 à 18 mois est examiné le 14 avril. Il présente un piroplasme pour 4 champs, comme le montre la figure 4, formes bacillaires et ovoïdes. H. 735 est inoculé de peste bovine le 15 avril, il reçoit 1 centimètre •cube de liquide de lavage du péritoine de H. 734. La réaction s’esquisse le 19 avec 39°, 7, et est à son maximum le 20 au soir avec 41o,6, la température décroît ensuite. Le 20, H. 735 montre des formes bacillaires, une pour trois champs. Le 24, H. 735 montre un piroplasme par champ, on voit de nombreuses formes en poires higéininées, des formes amiboïdes^ des formes libres, deS formes bacillaires et ovoïdes, des formes de division en quatre^ etc. Le 25, H. 735 montre des formes bacillaires et ovoïdes assez fréquentes (1 pour deux champs), les formes en poires bigéminées ont presque disparu, on n’en peut voir qu’une après une recherche prolongée. PIROPLASMOSES D’INDO-OHINE 1007 Le 26, formes bacillaires et ovoïdes très fréquentes, deux par champ, on ne voit plus de formes en poires bigéminées. Le 27, mêmes formes, même fréquence. Le 28, mêmes formes, même fréquence. Le 29, mêmes formes, une par champ seulement. Le 30, mêmes formes, moins fréquentes, une pour cinq champs environ. Le 1er lyigi 1908, mêmes formes, même fréquence. Le 2 mai, forme bacillaire, une pour deux champs. Le 3, mêmes formes, même fréquence. Le 4, formes bacillaires, une pour trois champs. Il semble qu’on assiste à une division des formes bacillaires. Sur cette préparation on en voit assez souvent deux par globule, ce que nous n’avions jamais vu auparavant, certaines semblent une sorte de stade préparatoire à la division en quatre. Le 5, formes bacillaires, une pour cinq champs. Le 6, formes bacillaires nombreuses, deux par champ, jormes bigé- minées en poires, une pour dix champs environ. Le 7, formes bacillaires, une pour dix champs, les formes en poires bigéminées ont disparu. Le 8, formes bacillaires un peu plus fréquentes, une pour cinq champs. Le 10, formes bacillaires très nombreuses, six par champ. H. 735 meurt dans la nuit du 10 au 11. Jiahs T — r- (6 n 1 8 19 20 21 22 23 2A 2S 26 27\2S\29 \50 ,1 !£ !i ' ^ 5 6 7 a 9 10 ! if iO‘ 39' ' ; I — 38' 2r 36‘ i\ Vi ' b ifi ~ bp f/i b y-' } i i/.t/, b i b h i ' '// ys VS ys Vi i b ys- h Vl V ViO l yic U ô 'A b 1008 ANNALRS DE L’INSTITUT PASTEUR Observation 4. — H. 73.7, veau mâle gris, est inoculé le 22 avril avec un centimètre cube de liquide du lavage péritonéal de H. 735. Avant qu’il commence à réagir, le 24, son sang est examiné. Il montre des piroplasmes, à forme bacillaire, un pour six champs. Le 25 mai, réaction thermique à 41o,l (c’est la réaction maxima) ; le sang examiné ne montre plus de piroplasmes. Le 26, forme bacillaire très rare, une pour quinze champs. Le 27, vu un seul parasite, ovoïde, dans toute la préparation. L-e 29. vu un seul baciliforme. Le 29, vu un seul. Le 30, formes bacillaires, une pour dix champs. Le 1er jjjai, pas vu de parasites. Le 2, très rares bacilliformes, un pour^quinze“champs. Le 3, mêmes formes, une pour dix. Le 4, pas vu de parasites. Le 5, pas vu de parasites. Le 6, pas vu de parasites. Le 7, très rares bacilliformes, un pour vingUchamps. Le 8, mêmes formes, une pour dix .champs. Le 9, mêmes formes, une pour huit champs. Le 10, mêmes formes, une pour quinze champs. Le 11, mêmes formes, une pour dix champs. Le 15, rien vu. Le 16, H. 737 meurt. Cet animal n’a donc jamais présejité de formes en poires bigéminées. Observation 5. — H. 738, jeune génisse, est inoculée en même temps que’ H. 737, avec la même matière virulente ; elle reçoit, le 22 avril, un centi- mètre cube de liquide de lavage péritonéal de H. 735. Le 24 avril, avant l’apparition de l’ hyperthermie, on examine le sang; on trouve des piroplasmes bacilliformes et ovoïdes, un pour trois champs. Pas de formes en poires bigéminées. Le 26, piroplasmes, un pour trois champs environ, formes bacillaire et ovoïde, parmi ces dernières certaines bien développées, le corps prenant bien la couleur bleue, semblent intermédiaires entre la forme ovoïde or- dinaire et la forme bigéminée, mais elles ne sont pas bigéminées. Le 27, les piroplasmes diminuent de fréquence, un pour cinq champs, les formes ovoïdes sont très rares, les formes bacillaires prédominent de beau- coup. PIROPLASMOSES D’INDO-GHINE iOOl) Fig. 11. Le 28, mêmes formes, même fréquence. Le 29, mêmes formes, même fréquence. Le 30, formes bacillaires très rares. Le 1er mai, formes bacillaires, une pour quatre champs, on voit une forme amihoUe bigéminée, et une amiboïde simple, dans la préparation. Le 2 mai, au soir, on trouve des formes en poires bigéminées, une pour cinq champs, de grandes formes amiboïdes uniques. Les formes bacillaires sont très rares. Le 3, à midi, les formes bigéminées en poire se raréfient, on n’en voit que trois dans la préparation; de même pour les formes amiboïdes, dont on ne voit que deux. Les. formes bacillaires sont plus fréquentes, une pour cinq champs. Le 3, au soir, les formes en poires ont disparu, il n’y a plus que des formes bacillaires, une pour cinq champs. Le 4, formes bacillaires, une pour trois champs. Le 5, formes bacillaires et ovoïdes, une pour deux champs. Le 6, formes bacillaires, une pour deux champs. Le 7, mêmes formes, même fréquence, on voit des formes de division en quatre. Le 8, mêmes formes, sauf celles de division en quatre qui ont disparu, même fréquence des autres formel. Le 9, mômes formes, moins nombreuses, une pour quatre champs. Le 10, mômes formes, même fréquence. Le 12, mêmes formes (bacillaire), une par champ. Le 13, formes bacillaires, une pour quatre champs. Le 14, mêmes formes, même fréquence. Le 15, mêmes formes, même fréquence. Le 16, mêmes formes, plus rares, un parasite pour huit champs. Le 17, encore plus rares, un pour douze champs. Le 18, mômes formes aussi rares. Le 19, mêmes formes aussi rares. Le 20, mêmes formes aussi rares. On voit quelques aspects ovoïdes. 1010 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUH H. 738 meurt le 23 avril. Observation 6. — H. 740, génisse de quatorze mois, inoculée le 29 avril avec un centimètre cube de sérosité du H. 737. Le 5 mai, formes bacillaires, une pour huit champs. Le 6, formes en poire higéminée, une pour quinze champs, formes ba- cillaires, une pour quatre. Le 7, formes en poires bigcminées, une pour huit champ.., forme ba- cillaire une pour quatre. Le 8, formes en poires, une pour huit champs, formes bacillaires, une pour dix. Le 9, formes bacillaires seules, une pour dix champs. Le 10, formes bacillaires, une pour six champs, vu une forme de divi- sion en quatre. Le 12, formes bacillaires, une par champ. Le 13, formes bacillaires, une pour trois champs, Le 15, formes bacillaires, une pour cinq champs, quelques formes ovoïdes. Le 16, formes bacillaires, une pour dix champs. Le 17, formes bacillaires, une pour trois champs, vu une forme semblable aux formes préparatoires à la division en quatre, signalées pour H. 735, le 4 mai. Fig. 15. ■ Le 18, formes bacillaires, une pour trois champs, formes; de division • en'quatre et^formes'^ovoïdes. Le 19, formes bacillaires, une pour trois champs. II. 740 meurt le 20 mai. CoNCi.usTONS. — l®La forme en poires bigéminées e^l,de beau- coup, la plus rare des formes piroplasmiques observées; 20 Quand cette forme apparaît, ce n'est que de façon transi- toire, pendant trois jours environ; 30 Nous ne l'avons vu apparaître que sur des animaux souffrant de peste bovine, au moment de la réaction thermique maximum, c'est-à-dire du septième au dixième jour après 1 ino- culation ; 40 Certains animaux ne montrent que la forme bacillaire, et jamais la forme bigéminées en poires. PIROPLASMOSES D’LNDO-CHINE ion ADDENDA Toutes les recherches précédentes ont -porté sur la petite race bovine des deltas d’Indo-Chine. Nous avons voulu voir si les buffles « Kérabau » de la région de Nha-Trang étaient aussi parasités. Sur dix-huit buffles examinés, six présentaient des piroplas- mes, la forme ovoïde plus fréquente que la forme bacillaire, et celle-ci, plus petite, plus ramassée que chez le bœuf, sauf dans un cas où elles nous ont paru identiques : c'était chez un animal très âgé, qui souffrait d'une fracture de la cuisse. Nous n avons jamais vu de formes en poires bigéminées mais nous n'avons pu voir de buffle en évolution de peste bovine. A notre connaissance, aucun auteur n'avait encore signalé la piroplasmose chez le buffle. O © © Fig. 17. Si presque tous les bovins et bubalins de la province de Nha-Trang sont infectés, il n’en est pas de même dans toutes les autres provinces de TAnnam. Nous avons examiné, à Hué, le sang de plus de 400 bœufs provenant de la province de Ha-Tinh (Nord Annam), et desti- nés à la boucherie, et nous n’avons vu qu’un animal montrant de très rares piroplasmes ovoïdes (un pour une préparation), le sang des autres n'a rien laissé voir. De même, le sang de plusieurs bœufs de la province de Phan- Tiêt et du plateau de Lang-Biang s'est montré exempt de piro- plasmes. Là aussi, il s'agissait hl'animaux en bonne santé ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 1012 ERRATA • Mémoire de MM. Tiffeneau et Marie (août). Page 649, ligne 14, au lieu de 10 0/0, lire : 10 0^ 00. Page 651, ligne 11, au lieu de hase fort, lire : hase forte. Page 654, bas de la page, ligne, au lieu de suft à fi annihiler, lire : suffit à annihiler. Mémoire de MM. Mesnil et Bbimont (novembre). Page 867, 8® ligne en remontant^ au lieu de 5 ou 6 0/00, bre : 5 ou 6 0/0i Page 868, 24® ligne en descendant- au lieu de 1 0/0, lire 0/00. TABLE DES MATIÈRES La Baleri, Trypanosomiase animale des territoires de la boucle du Niger, par le D'’ G. Bouffard *1 Une Conception générale des anticorps et de leurs effets. U® Partie. — Les anticorps des toxines solubles, par MM. M. Nicolle et Pozerski 26 Recherches sur l’origine des précipitines, par leD*’ J. Can- TACUZÈNE 5i L’arsenic dans la syphilis, par Paul Salmon 66 Sur la coloration du bacille tuberculeux, par Martin Herman 92 Recherches sur le traitement des Trypanosomiases, par MM. A. Laveran et A. Thiroux 97 Une Conception générale des anticorps et de leurs effets. 2® Partie. — Les anticorps des albuminoïdes et des cellules, par MM. M. Nicolle et G. Art 132 Nouvelles recherches sur la toxine et l’antitoxine cholé- riques, par le A. Salimbeni 172 Recherches sur la Flore intestinale normale des enfants âgés d’un an à cinq ans, par Henri Tissier 189 Études sur la fièvre méditerranéenne, chez les chèvres algéroises en 1907, par les D*’* Edmond Sergent, V. Gili.ot et G. Lemaire 209 Études sur la fièvre méditerranéenne, dans le village de Kléber (Oran) en 1907, parles Edmond Sergent et Bories 217 Études sur la fièvre méditerranéenne, recherches expé- rimentales en 1907, parle Edmond Sergent 225 Une Conception générale des anticorps et de leurs effets. 3® Partie. — Les anticorps normaux, par M. Nicolle. . . 237 L’amertume du lait et des fromages, étude d’un cas par- ticulier, par MM. A. Tbillat et Sauton 244 Contribution à l’étude microhiologique et expérimentale du Pian, par MM. C. Levaditi et L. Nattan-Labrier. . 260 1014 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Recherches sur le sérum 'antirahi(]ue, par A. Marie 271 Etude sur quelques cas de neutralisation des toxines bacté- riennes, par A. AIarie et M. Tiffeneau 289 (iOntribution à l’étude de la More normale des selles du nourrisson, par le D^‘ Grégoire Jaeorson 300 Actions des substances bémolytiques sur les Protozoaires, . les Spirochètes et les Vilirions, par G. Levaditi et A. Rosembaum 323 Etude expérimentale sur le sort de la toxine tétanique dans le tube dig-estif, par M. H. Vincent 341 Sur la vaccination contre la peste, par le tube dig-estif, voie g‘astri(|ue et voie rectale, par le Giuseppe For- ^ario 353 Gh. Ghamberland (iXolice nécrologique) 369 Recherches sur la mélanog-énèse. Action de la Tyrosinase sur la Tyrosine, par M. Gabriel Bertrand 381 Études épidémiologiques et prophylactiques du paludisme, 6« campagne en Algérie, 1907. par les Edmond Sergent et Etienne Sergent 390 Sur la façon dont la tyrosinase agit sur la tyrosine racé- mique, par MM. Gabriel Bertrand et M. Rosenblatt. . 425 Des leucocydines et hémolysines cliez les microbies, par Philippe Eisenberg 430 Gonservation du bacille pesteux dans le corps des punai- ses, par V. JüRDANSKY et N. Kladnitsky 435 Gontribution à Tétude des causes d’insuccès de traite- ment antirabique, par le Pampoukis 463 De TAnaphylaxie et des toxogénines, par M. GbarJes Richet 465 Du mécanisme de Tanaphylaxie vis-à-Yus du sérum de cheval, par le D^’ Besredka 496 Le problème étiologique du cancer, par A. Borrei 509 Diagnostic microscopique de la trypanosomiase liumaine, par le D*’ Gustave Martin et le D** Leboeuf 518 Le bacille de Bang et sa biologie, par M. le professeur D‘‘ Jules Nowak 541 Les vaccinations antirabiques à Llnstitut Pasteur en 1907, par J. Viala 557 Rapport de la mission d'étude de la maladie du sommeil TABLE DES MATIÈRES 10i5 et des trypanosomiases animales, sur la petite côte et dans la rég^ion des nyayes au Sénégal, par MM. A. Thiroux, R. WuRTz et L. Teppaz. 561 Sur l’action bactéricide de l’extrait leucocytaire des lapins et des cobayes, par le D'' G. -Y. Korschun 586 Sur les opsonines et les antiphagines dans l’infection pneumococcique, par le professeur N. Tchistovitch et V. Yourevitch 611 Sensibilisatrice spécifique dans les sérums traités par le Melitensis et dans le sérum des malades atteints de fièvre méditerranéenne, par A. Sicre 616 L’absorption de l’alexine et le pouvoir antagoniste des sérums normaux, par les J. Bordeï et F. Parker- Ctay . (>25 Étude de quelques modes de neutralisation des toxines bactériennes, par M. Tiffeneau et A. Marie 644 La peste dans le département de G.onstantine en 1907. Recherches particulières sur les rats, leurs ectopara- sites et leurs rapports avec l’épidémie, par A. Billet. 658 Nouveau microbe pathogène pour les chats , par M. Z. Skrzynski 682 Nouvelle contribution à l’étude de la vaccination des bovidés contre la tuberculose, par MM. A. Calmette. et G. Guérin 689 L’Aldéhyde acétique dans le vin : son origine et ses effets, (L® partie) par A. Trillaï ^ 704 Le zinc chez les Plantes. Recherches sur sa présence et son rôle, par Maurice Javillier 720 Sur le mécanisme de la réaction Bordet-Gengou (1®' mé- moire), par Milton Grendiropoulo. 728 L’aldéhyde acétique dans le vin : son origine et ses eflèts (2® partie), par M. A. Trillaï 753 Recherches sur l’incuhation dans la syphilis, par G. Leva- DiTi et T. Yamanoucui 763 Glycolyse, Hyperglycémie», Glycosurie et Diabète, parle D*" J. de Meyer 776 Prophylaxie delà peste a Rio-de-Janeiro, par Figueiredo UE Vasconcellos 619 Gontribution à l’étude de trifpanosoma congolmse, par 4016 ANNALES DE L’INSïlïUT PASTEUK M. l^AVERAN ^33 Sur les propriétés des races de trypanosomes résistantes aux médicaments par F. Mesml et E. Brimont 856 L’aldéhyde acétique dans le vin : son origine et ses effets (suite et fin), par A. Trillat 876 Étude sur l’ankylostomiase et le béribéri en Gochinchine. par F. Noc 896 A propos de la signification du Bacillus coli dans les eaux potables, par MM. les Guiraud et Mandoul 947 Sur une nouvelle forme de diplocoque, par MM. S. Bar- TOSZFAvicz et J. Schwarzwasser 927 Etudes sur la flore intestinale, par M. Elie Metchnikoff. 929 Etudes sur l’ankilostomiase et le béribéri en Gochinchine, par F. Noc 1135 Sur la filtration au travers des membranes en collodion de quelques diastases protéolytiques, par le Fer- dinand Strada 6^1 Observations sur la piroplasmose des bovidés d’Indo- Ghine et constatation de piroplasmose chez les buffles, par H. Schein Ifidi / TABLE ALPHABETIQUE PAR NOMS D’AUTEURS Abt ((i.) Bautoszewicz (S.) et SCHWARZWASSER (J.). Bertrand (Gabriel) Besredka . . Billet (A.) Bordet (J.) et Parker Gay (F.). Bories Borrel BOiJFFARD (G.) Briaiont (E.) Calmette (A.) et Guértn (C.). Cantagüzène (J.) Chamberland (Ch.) Crendiropoulo (Milton.). . Eisenberg (Philippe) Fornabio (Giuseppe) Gillot (V.) tiuÉRIN (C.) Guiraui» et Mandoui Herman (M.) Jacobson (Grégoire) Jàtillier (Maurice) Jordanskÿ (V.) et Kladnistky (N.). Kladnistky (N.) Voir Nicolle (xM.) 132 Sur une nouvelle forme de diplocoque. . . . 927 Recherches sur la mélanogéuèse : action de la Tyrosinase sur la Tyrosine 381 Sur la façon dont la tyrosinase agit sur la tyrosine racémique. 425^ Du mécanisme de l'anaphylaxie vis-à-vis du sérum de cheval 496^ La Peste dans le département de Gonstan- tine en 1907. Recherches particulières sur les rats, leurs ecto-parasites et leurs rapports avec l’épidémie 658 L’absorption de l'alexine et le pouvoir anta- goniste des sérums normaux 625 Voir Sergent (Edmond) 217 Le problème étiologique du cancer 509 La Baleri, Trypanosomiase animale des territoires de la boucle du Niger 1 Voir Mesnil (F.) 856 Nouvelle contribution à l’étude de la vac- cination des bovidés contre la tubercu- lose 689 Recherches sur l’origine des précipitines. . 54 Notice nécrologique 369 Sur le mécanisme de la réaction Bof.det- Gengoü (1er mémoire) 728 Des leucocidines et hémolysines chez les anaérobies 430 Sur la vaccination contre la peste par le tube digestif, voie gastrique et voie rectale.... 353 Voir Sergent (Edmond) 209 Voir Calmetts (A.) 689 A propos du Bacillus coli dans les eaux potables 917 Sur la coloration du bacille tuberculeux. . 92 Contribution à Tétude de la flore normale des selles du nourrisson 300 ixC zinc chez les Plantes. Kechcrclies sur sa présence et son rôle 720 Conservation du bacille pesteux dans le corps des punaises 455 Voir Jordanskÿ (V. » 455 d018 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Korschü.v ((^-V'.) Lavehan (A .) et Tmuorx (A.). Laveran (A.) Lebœuf Lemaire (G.). Levaditi (C.) el Nattan-.. Larrier (L.) . .Levaditi (G.) et Kosemraum (A.) . Levaditi (C.) et Yamanoughi (T.). Mandoul Marie (A.) Marie (A.) et Tiffeneau (M.). Marie (A.) Martin (Gustave) et Leboeüf. Mesnil (F.) et Brimont (E.). Metchnikoff (Elie) De Meyer Nattan-Larrier (L.) Nicolle (M.) et Pozerski (E.), Nicolle (M.) et Art (G.). . Nicolle (M.) Noc (F.) Nowak (Jules) Pampoukis Parker Gay (F.;. Pozerski (E.) Hic H ET (Cluu'les) RosenSaum (A.) Sur l’action bactéricide de l’extrait leuco- cytaire des lapins et des cobayes Recherches sur le traitement des trypano- somiases Contribution à l’étude de Trypanosoma congolense Voir Martin (Gustave) Voir Sergent (Edmond) Contribution à l’étude biologique et expé- rimentale du Pian Actions des substances hémolytiques sur les Protozoaires, les Spirochètes et les Vibrions. Recherches sur riiicubation de la Syphi- lis Voir Guiraud Kecberchos sur le sérum antirabique Etude sur quelques modes de neutralisa- tion des toxines bactériennes Voir Tiffeneau (M.) Diagnosticmicroscopique delà trypanoso- miase humaine. Valeurs comparées des divers procédés Sur les propriétés des races de Trypanoso- mes résistantes aux médicaments Etudes sur la flore intestinale Glycolyse, Hyperglycémie, Glycosurie et Diabète Voir Levaditi (C.) Une Conception générale des anticorps et de leurs effets. — lo Les anticorps des toxines solubles Une Conception générale des anticorps et de leurs effets; 2» les anti-corps des albu- minoïdes et des cellules Une Conception générale des anticorps et de leurs effets; les anticorps nor- maux Etude sur l’ankylostomiase et le béribéri en Cochinchine 89(3, Le bacille de Rang et sa })iologie Contribution à l’étude des causes d’in- succès du traitement antirabique Voir Rordet (J.) Voir Nicolle (M.) De l’anaphylaxie et des toxogénines Voir Levaditi (C.) r38(3 97 833 518 209 260 323 763 917 271 289 644 518 856 929 778 260 26 132 237 955 541 463 625 26 465 323 TABLE DES MATIÈRES 1011) Rosemblatt (M.) Salimbeni (A.). . . Sauton Sghein (H.) Schwarzwasser (J.) Sergent (Edmond) Gillot (V.) et Lemaire (G.) Sergent (Edmond) et Bories Sergent (Edmond) Sergent (Edmond) et Ser- gent (Etienne) Sergent (Etienne) SiGRE (A.) Skrzynski (Z.) Strada (Ferdinand) Tchistovitgh (N.) et Youre- VITGH (V.) ÏEPPAZ (L.) Thiroux (A.) Thiroux (A.), VVuRTz (R.) et Teppaz (L.) Tiffeneau (M.) Tiffeneau (M.) etMARiE(A.) Tissier (H.) Trillat (A.) et Sauton Tri LL AT (A.) Voir Bertrand (Gabriel) 425 Nouvelles recherches sur la toxine et l’an- titoxine cholériques 172 Voir Trillat 244 Observations sur la piroplasmose des bovi- dés d’Indo-Chine et constatation de piroplasmose chez les buffles 1004 Voir Rartoszewigz (S.) 927 Etudes sur la fièvre méditerranéenne chez v les chèvres algéroises 209 Etudes sur la fièvre méditerranéenne dans le village de Kléber (Oran) 217 Etudes sur la fièvre méditerranéenne, recherches expérimentales en 1907. . . . 225 Etudes épidémiologiques et prophylacti- ques du paludisme (6^ campagne en Algérie, 1907) 390 Voir Sergent (Edmond). 390 Sensibilisatrice spécifique dans les sérums des animaux traités par le il/. Melitensis et dans le sérum des malades atteints de fièvre méditerranéenne 016 Nouveau microbe pathogène pour les chats. 082 Sur la filtration au travers des membranes en collodion, de quelques diastases pro- téolytiques 981 Sur les opsonines et les antiphagincs dans l’infection pneumococcique 611 Voir Thiroux (A.) 561 Voir La VER AN (A.) 97 Rapport de la mission d'étude de la mala- die du sommeil et des trypanosomiases animales sur la petite côte et dans la région des nyayes au Sénégal. 501 Voir Marie (A.) 2h9 Etude de qiiel'iues modes de neutralisation des toxines bactériennes 041 Recherches sur la Flore intestinale des enfants âgés d’un an à cinq ans 189 L’amertume du lait et des fromages, étude d’un cas particulier 244 L’aldéhyde acétique dans le vin; son ori- gine et ses effets 704, 753, (S76 De Vasgongellos (Figuei- redo) Drophylaxie de la peste à Rio-de-Janeiro. 819 ViALA (Jules) Los vaccinations antirabiques à l’Institut 10:20 ANNALES DE L’INSTITIIT PASTEUR Pasteur en 1907 557 ViNGiNï (H. ) Etude expérimentale sur le sort de la toxi- ne tétanique dans le tube digestif. . . . . 341 WuRTZ (R.) .... Voir Thiroux (A.) , . 561 Yamanoughi (T. > Voir Levaditi (C.) . . 763 Yourevitgh (VL) .... Voir Tghistovitch (N.) .. 611 TABLE DES PLANCHES Pl. 1 et II Mémoire de Pl. III et IV - de Pl. V, TI et VII.... — de Pl. VIII, IXetX.... — de Pl. XI,XII,XIII,etXIV — de Henri ïissier 189 C. Levaditi et Nattan-Lar- RIER 260 Jules Novak 541 A. Trillat 704 C. Levaditi ET T. Yamanoughi. 763 Le gérant : G. Masson. Sceaux, — Imprimerie Charaire. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR VOL. XXII — I. (Mém. Tissier) Jeanlcl, ptiol lmp. UüiicliLi, Ciissci ■4^ .r .X’T^r. ■ /•a* ■■ îr - 'V' ' ■ ■ T/' . . -; '-■ ' ■^' V' '■-' ' - ' - _ ■’'' - •’-'>■> Jî’ ^ ' i'*-'’/'^'î • ■?' ■.•"' '■'■ ‘<^^^..'5»' '-'v' • ‘ Hér - 5- . :; :. - '-■''■j,’\f- • - *' ^ "-'■! ' '* • *' , 'j c-jv'* '. '’x-- - ---•. Ji.. *' • . ,'■* ; yv' ■^’ _ * - - ■ ■ :“•'- J,».. 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Lafontaine, Paris. f'v^r.c-»*' V „i:~». >.m:',:'î .*^1. ri'* •'lAv'^' ■ V3 ">'■ ‘ ^ '‘J'J.-rJ ■ fc' ,'. , r ■ . îj,:- ''•'^ - ‘W ','V' '■fïKi .aK-^lÊsS:.* , wàmÊL""^^^ ■■ V ^ m >j_. ,, ., Vv- 'în‘st.-';:i^ji--’'sr’! ■fer I uJ .. ^ V- .i;, fl ^ ::é >^ÿt^ rX' ' ' 1^- :p*i. >-/iVv r • . ;■ /. Z- . ' , ':. -r -’^'r-. ^ ■.-rr' V '; :•.•■ <•- - -• .-- ^ ^ •"'i' V- ’i •■ J'.. .., C'A . ■ \,^ ,> ■ .,_•/ +;.■,■■'■- : .■ ' ' , ', » • ■ 7' ■"■■ ■'’■ ’’ r-, . '■ v! .'■■^^'\--l- “ - ■ . .. - - • ' . '\'-ir 'V"* "r" ■ ^ =■"' ' ' ■• ' 7' - <'• 1'" c‘ .7 V s'- " ■* * -'- '*■ , " ■■•■ 7;„:v:t7 - ■ vv '' 7 •. -'■• -'V'^ yi»; ' "- \ ''^ '■7.'- :7 7. Vv:.- l- V:,<':r^c ' ';;^ , ■ ’ 7.-^1? ':'■' .V-77-7.7.:^ -'7 • • '^ r' ' ‘ , A.;,. . ;, >,„ ■.-■.-'■•'-L •■ --ÿ:-^ .:’ -.V:,:, '-r l •jïïSS:^iÿ^S'^s|£'SfïiS'av?S -7-r' '• - '• U ''c:^-7o -v ^ ^ v'A-,'; ,i, 7 '-b' '.•r<- ''',>.••■ ■ ■ /<■' ."^ ,- -; • | '77 ...;.'.‘7-7'7r