201b3T6t.lL. P377 V.34 1920 LIFE SCIENCE THE LIBRARY OF THE UNIVERSITY OF TEXAS 6IMIÔZI UT v.34- |U0 UQ’Ï 6/2,/l$2l qLjI V, SV- THE UNIVERSITY OF TEXAS AT AUSTIN UNIVERSITY-OF TEXAS LIBRARIES Life Science Lîbrary MA! 220 LIMITED CIRCULATION DATE/TIME DUE DATE/TIME RETURNED SEP 0 6 200? UFE 3CRe|d BY NIAIL/PCL NOV 2 0 2007 î Digitized by the Internet Archive in 2017 with funding from IMLS IG-70-15-0138-15 V https://archive.org/details/annalesdelinstit3419inst T. XXXIV. — 1920 Janvier — N° 1. DE L’INSTITUT PASTEUR # FONDÉES SOUS LE^PATRONAGE DE M. PASTEUR PAR E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION Dr CALMETTE, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr LAVERAN, membre de l’Institut de France ; Dp L. MARTIN, sous-directeur de l’Institut Pasteur ; Dr ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; Dr VAILLARD, membre de l’Académie de médecine. PARIS ’ w MASSON ET C'% ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain 16e). Secrétaire de la Rédaction : Camille R AVE AU BIBLIOTHÉCAIRE DE L’iNSTITUT PASTEUR 25, RUE DUTOT - PARIS (XV» Les annonces sont reçues à l'Économat do VTnstitut Pasteur. « £3 «J J* w o ce >6Û S ? 25 3 'a X l—l CC eu a> o a a 10 05 w -4 o a. se O >— Z » u d CO t* e? 05 S H fc £ O ta < h » Q M M 05 04 2 - ABONNEMENT. — PRIX DE8 VOLUMES DE8 « ANNALE8 ». Prix de l’abonnement, à partir de 1930 France .... 32 fr. — • — — — Union Postale. 30 fr. Prix d’un numéro, — — 3 fr. Armées antérieures. — Les années 1889, 1890, 1891, 1895 et 1896 sont épuisées. Les années 1892, 1893 et 1897 à 1917 se vendent séparément 28 francs. Les années 1887 (volume I), 1888, 1894, étant très rares, ne se vendent pas séparément. Tables des Matières, années 1887 à 1906, 1 vol., 10 francs. SOMMAIRE DU N° I Pages. Mouvements des leucocytes et quelques tactismes étudiés à l’aide de l’enregistrement cinématographique, par J. Comandon 1 Études sur le pneumocoque ( neuvième mémoire ) : Immunité antipneumococcique, par Mlle A. Raphaël *, 26 Étude expérimentale sur la sérothérapie antigonococcique, par Félix Terrien, Robert Debré et Jean Bar^f 34 De l’action des sérums par la voie respiratoire, par A. Besrkdka . . . 51 Abreuvoir pour rats et souris, par A. Ponselle 55 OUVRAGE REÇU La Colloïdothérapie, par le Dr J. Laumonier, 1 vol. in- 16, de la Collection Médicale , broché 5 fr. 50. (Librairie Félix Alcan, Paris). Le “ JEYES ” seul véritable CRENYL ! EXIGER LE VRAI * «ni J’nn* nffimité scientifioaement contrôlée et d’one innocoité absolue et constante FEGTANT ANT IP A RASITAIRE s plaies, blessures, etc. nissement , la Désinfection et l'Hygiene 065 namiauviiw et de leurs Dépendances Le CKÉSYL-JEÏES authentique possède ne pouvoir germicide considé- rable, même en présence de matières protéique». Non toxique, le CRÉSYL-JEYES se montre contre les Plaies un excellent antiseptique. Pour la désinfection des Locaux, les bons effets du CRÉSYL-JEYES tiennent à ses remarquables propriétés BACTÉRICIDES et ANTIPUTRIDES. SAVONS ANTISEPTIQUES AU CR'SYLJEYES pour la TOILETTE et l’HYGIÈNE de la PEAU Société Française de Produits Sanitaires et Antiseptiques PARIS — 35, Rue des Francs-Bourgeois — PARIS. as — 3 - Ingénieur des Arts et Manufactures P. LEQUEUX*, Maison WIESNEGG, 64,- rue Gay-Lussac, Paris Fournisseur de llnstitut Pasteur et de la Faculté de médecine de Paris STÉRILISATEURS, ÉTUVES, APPAREILS DE DÉSINFECTION ïnsta lations de Laboratoires de bactériologie. Exposition univ. Paris 1900 : DEUX GRANDS PRIX ETABLISSEMENTS Produits, Procédés et APPAREILS pour la] DÉSINFECTION en surface, en profondeur et par lavages ou trempages. O N I N APPROUVÉS par le Conseil supérieur d’Hygiène publique de France, AUTORISÉS conformément à la loi par M. le Ministre de l’Intérieur. 8° 3 pour 15 m H” 4 pour 20 m3 FUHIIGATORS GONIN Cartouchés auto-productrices d'aldéhyde formique CRÉSYLOL SODIQUE GONIN - FLUOFORMOL GONIN NITIDOL GONIN TT'T'TT de ^ous chauffages, fixes et transportables, à basse ^ température, sans pression, utilisant le formol. Adresser toute la correspondance à M. le Directeur Des Etablissements 6010 60, Rue Saussure, PARIS (17e) Adresse télégr. : FUM1GATOR-PARIS Téléph. : WAGRAM 17-23 FABRIQUE DE GRILLAGES ET IDE CAG-ES pour Études Bactériologiques CHENILS ET VOLIERES Paul PIÂRRETTE Fournisseur de Flnstitat Pasteur et de la Faculté de Médecine 17, rue Sêguier, J 7 , Paris ^ (6*\ BULLETIN L’INSTITUT PASTEUR REVUES ET ANALYSES DES TRAVAUX DE BACTÉRIOLOGIE , MÉDECINE, BIOLOGIE GÉNÉRALE , PHYSIOLOGIE, CHIMIE BIOLOGIQUE dans leurs rapports avec la Microbiologie. Comité de Direction : G. Bertrand, A. Besredka, A. Borrel, G. Delezenne, A. Marie, F. Mesnil, Professeurs à l’Institut Pasteur. Paraît régulièrement le 15 et le 30 de chaque mois. Prix de l’Abonnement : France, 38 fr. — Étranger, 43 fr. Prix des volumes des années 1903 à 1914 (tomes I-XI1) : 40 fr. Les années 1903, 1907, 1910 et 1912 ne se vendent pas séparément; il existe encore un petit nombre de collections «des 12 premiers volumes au prix de 600 fr. Prix des années 1915 et suivantes : 30 fr. Le seul autorisé .par PASTEUR à porter son nom 2 Grands Prix (Exposition Universelle 1900) 5 Diplômes d’Honneur 12 Médailles d’Or ~ — - Prix Montyon Médaille d’Or de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale. Le SEUL pouvant s'opposer efficace- ment à la transmission des maladies par les eaux de boisson. FILTRATION DE L’EAU BOUGIES DE POROSITÉS GRADUÉES POUR LABORATOIRES Siège social : 58, rue Notre-Dame de-Lorette, PARIS SOCIÉTÉ D'INSTALLATION ÉT D'ENTRETIEN 1, Rue Godot-de-Mauroi (POUR PARIS ET LA BANLIEUE) THE Li'BRARY THE UNIVERSITY OF TEXAS 34e ANNÉE JANVIER 1920 N° 1 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR N MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES ET QUELQUES TACTISMES ETUDIES A L’AIDE DE L’ENREGISTREMENT CINÉMATOGRAPHIQUE par .1. COMANDON. 1 O © I. — Mouvements des leucocytes. A. — Forme de ces mouvements. Four faire l’élude des mouvements d’un leucocyte, en général on observe cette cellule au microscope, et on dessine à la chambre claire son contour et quelques points de sa structure interne, par exemple loutes les deux minutes. Ranvier [37 j, puis plus tard Jolly 221 ont ainsi opéré leurs remarquables ^recherches. Cet examen est extrêmement fatigant. On ne peut suivre 10 ainsi qu’un très petit nombre de cellules dans une même pré- ^ parution. jjr Le cinématographe nous permet de prendre des photogra- phies à intervalles de temps très rapprochés. Par la projection animée, nous étudions le mouvement, d’autant plus aisément que nous accélérons sa vitesse à volonté. Nous rendons ainsi perceptibles à notre vue des mouvements invisibles normale- ment, parce qu’ils sont trop lents 101. Enfin, les photographies obtenues peuvent être étudiées séparément; en faisant un 1 415890 O ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR calque de chaque image, il est facile de se rendre compte des modifications de la forme et de la situation des globules blancs. Le mouvement de reptation du leucocyte, comme celui de l’Amibe ou du Myxomycète, dérive du mouvement du proto- plasme, dont on s’aperçoit par l’entraînement des granulations à l’intérieur de la cellule. Mais, en dehors de ces déplacements lents, selon des courants de directions déterminées, les granulations des leucocytes sont parfois animées par des trépidations rapides, irrégulières, que nous avons assimilées au mouvement brownien ou mouvement moléculaire. Achard et Ramond [1], qui ont aussi étudié ce phénomène, arrivent à la même conclusion que nous. Ce dernier mouvement ne se voit bien qu’à l’ultra microscope ; pour en avoir l’inscription cinématographique, il faut que la prise de vues se fasse à une allure rapide. Nous avons fait remarquer que ce mouvement moléculaire n’a pas lieu quand le leucocyte est rétracté. Il est intense et généralisé quand la cellule est altérée, en particulier quand elle est gonflée par une solution hypotonique. A l’état physiologique, les granulations sont animées de mouvements browniens, seulement à l’endroit de la cellule où se forme un pseudopode, à la limite de l’endoplasme et de l’ectoplasme hyalin. Ce qui nous semble prouver que le protoplasme, à cet endroit, possède une viscosité beaucoup moins grande que dans le reste de la cellule. Nous avons abandonné l’éclairement sur fond noir quand il s’agit de cinépbotographier une plage de la préparation pen- dant plusieurs heures, tout en altérant le moins possible les éléments vivants; nous en verrons plus loin la raison. Noire technique est, avec peu de variante, celle que nous avons indiquée dans nos publications précédentes 12, 13, 15]. La lame porte-objet et la lamelle doivent être parfaitement propres. Une goutte de sang est déposée sur la lame et recouverte d’une lamelle, de façon à éviter les bulles d’air. La grosseur de la goutte est telle., que le sang s’étale jusqu’aux bords de la lamelle, sans former une couche trop épaisse. Pour le sang humain, l'épaisseur optimum se reconnaît à ce que les hématies restent disposées en piles de monnaies. Ainsi, les leucocytes ne sont pas comprimés, ni gênés dans leurs évolutions. La préparation bordée à la paraffine est posée sur la platine du microscope muni d un condensateur Abbe très diaphragmé. Ce microscope a été placé dans une étuve dont nous avons réglé la température. L'éclairement est obtenu par une lampe à incandescence. L image de la plage choisie de la préparation est mise au point sur le film OCÎHStl CINÉMATOGRAPHIE DES MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES 3 de l’appareil cinématographique. Un mécanisme automatique permet de prendre les vues à intervalles de temps égaux. Pour étudier le film obtenu, il sera projeté à la vitesse normale de 16 images par seconde. Quand, par exemple, nous avons pris une photographie toutes les cinq secondes, la vitesse du leucocyte sur l’écran sera de 5 X 16, soit 80 fois la vitesse réelle de l’élément reproduit. Pour mesurer la vitesse de progression d’un leucocyte, nous utilisons une échelle au 1/100 de millimètre que nous photo- graphions dans les mêmes conditions que le sang étudié. Sur une feuille de papier mise à la place de l’écran, nous projetons l’image de l’échelle, puis successivement chacune des images du film, en prenant, chaque fois, un calque du leuco- cyte considéré (fig. 1, 2, 3, 4, 8). Sachant l’intervalle de temps entre chaque image, et l’espace parcouru, mesuré à 1 échelle, il nous est facile de construire une courbe; la pente de la tangente a cette courbe représente la vitesse à un moment donné (fig. 7 TxU 4 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUIl Nous voudrions consigner ici des observations que nous avons pu faire, en étudiant, de cette façon, les leucocytes de quelques vertébrés. Nous confirmons, en général, les descriptions classiques; nous croyons cependant pouvoir faire remarquer quelques détails nouveaux qu’il était bien difficile de voir par l’exa- men direct et sans modifier la vitesse, très lente, de ces cellules. Nous choisirons dans nos films les leucocytes les plus nette- ment reproduits, sans nous occuper de la place exacte qui leur est assignée dans les classifications des anatomistes (faites d’après les préparations fixées et colorées). Les films sont des documents durables, et il serait assez facile, plus tard, de com- pléter, à ce point de vue, notre travail. Leucocytes granuleux de poisson. Il s’agit de sang de carpe, cinéphotographié à raison de 14 images par seconde. La température était celle du labora- toire : environ 30°. Le sang de cet animal contenait un grand nombre de leuco- cytes granuleux (1) qui avaient un déplacement tellement rapide qu’ils traversaient, en quelques minutes, le champ du microscope. Comme Amœba Limax , ils avancent à l’aide d’un gros pseu- dopode arrondi à l’extrémité, ils traînent derrière eux une masse sphérique qu’on reconnaît facilement comme étant leur noyau. Leucocytes de crapaud. Chez Buf'o , il existera côté de petits leucocytes granuleux, de grands mononucléaires de 30 [z de diamètre environ. Ils sont très étalés sur le verre; les grands pseudopodes, très aplatis, naissent à n importe quel point de la périphérie, ce qui leur donne une forme extrêmement irrégulière, « en jeu de pa- tience ». 1) Les carpes que nous possédions étaient parasitées par quelques trypa- nosomes, ceci est peut-être la cause du grand nombre de leucocytes granu- leux qui, d après Mesnil [30], seraient très rares, en règle générale, chez les Téléostéens. CINÉMATOGRAPHIE DES MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES 5 Dans les films où, par suite d’un tactisme provoqué, ces leu- cocytes se meuvent en ligne droite, on remarque qu’ils sont élargis dans le sens perpendiculaire à la marche. Le noyau Fig. 2. forme une masse postérieure, les pseudopodes se produisent presque exclusivement sur le front qui avance (fig. 3). Leucocytes de grenouille ( Rana esculenta et fusca). Nous voyons ici peu de ces grands mononucléaires très étalés sur la lame à la façon de Amœba proteus ou diffhiens , que nous J O / -f - IV. 1 9 J*s" , iî- loi O 10 lQ JO 40 50 ? Fig. 3. remarquions chez le Crapaud. Nous observons, par contre, un grand nombre de petits leucocytes de 8 y. de diamètre en moyenne. Le plus souvent, ces leucocytes avancent à l’aide d’un gros pseudopode large et arrondi, subsistant peu de temps au même point, pour reparaître en un point voisin; d’où, 6 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR dans sa progression, un balancement rythmique de l’élément, dont nous reparlerons au sujet des leucocytes humains. Par moment, ce leucocyte s’étale beaucoup plus, donnant alors naissance à de nombreux pseudopodes hyalins; enfin, d’autres fois, et brusquement, il devient sphérique pour quelques ins- tants et aussitôt les granulations qui étaient peu visibles appa- raissent avec netteté; elles semblent naître sur place. Nous pensons que cet aspect est dû à une modification de l’indice de Homme ^ J-.J" T. 35° réfraction du protoplasme qui les baigne; les changements de forme et d allure indiquent des variations relativement consi- dérables et brusques de la tension superficielle. Leucocytes humains. Dans les préparations du sang vivant, examinées par trans- parence, il est difficile de distinguer les leucocytes non granu- leux. Nous n étudierons ici que les globules blancs granuleux à noyau polylobé. Quand on observe une préparation venant d’être faite, les leucocytes sont immobiles, d’aspect sphérique. Ce n’est pas là une forme de repos, ces éléments sont rétractés au maximum, CINÉMATOGRAPHIE DES MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES 7 comme le cœur en systole ou le muscle en tétanisation. L'amibe a d'ailleurs un aspect analogue sous l’action d’une excitation violente, ainsi que Engelmann 17 l’a décrit. Après un temps variable selon la température, le leucocyte s’étale sur la lame; les granulations glissent de chaque côté du noyau; des pseudopodes s’allongent. Enfin, un prolongement plus volumineux entraîne le globule blanc qui rampe, à la façon d 'Amœba Limax. Dans un de nos films, nous voyons que ce Fig. 5. pseudopode peut être très long, de plus de 30 f*. On remarque que ce pseudopode se rétracte bientôt; il s’en forme aussitôt un autre, en un point contigu, qui se rétracte à son tour. Le leu- cocyte avance donc, dans une direction déterminée, par un balancement caractéristique. Nous retrouvons ici, dans le pro- toplasme de la cellule amiboïde, un certain rythme qui est à rapprocher de celui que nous avons montré avec Pinoy (en 1912) dans les mouvements des Myxomycètes. Dans une préparation normale, sans addition d’aucune sub- stance étrangère, les leucocytes, soumis sans doute à une infinité de légers tactismes, semblent errer à l’aventure; ils font des crochets à angle droit, comme ces mouches qui, au début de l'été, voltigent au centre des pièces d’habitation, sous les appa- 8 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR reils d'éclairage. Ces crochets sont d autant plus fréquents , le trajet plus irrégulier , que le leucocyte va moins vite ou qu il est plus altéré (fig. 4). Quand les leucocytes se déplacent avec rapidité, on remarque une petite masse proloplasmique qu'ils traînent derrière eux et qui se détache avec peine de la lame de verre à laquelle elle adhère. Ce prolongement prend l’aspect d’une petite queue (fig. 5). Elle n’est parfois rattachée au globule- que par un Fie. 6. — Au centre, grain d'amidon entouré par un leucocyte. Remarquer la vacuole du leucocyte. isthme très étroit, que cependaut nous n’avons vu se rompre que très exceplionnellement. Il est aussi une particularité que nos projections cinémato- graphiques nous ont permis d’observer dans de nombreux leucocytes de vertébrés, en particulier dans des polynucléaires humains. Il apparaît, au- sein du protoplasme, une vacuole , d’abord de la grosseur d’une granulation, elle augmente peu à peu de volume, elle peut atteindre 4 g de diamètre, puis, brus- quement, elle se vide à l’exlérieur, ainsi que la vacuole con- tractile de l’Amibe. Ces petites vacuoles ont été vues par de nombreux observateurs : Ranvier donne le dessin de l’une d’elles (37, fig. 42), mais jusqu’ici on n’a pas indiqué qu’elles CINÉMATOGRAPHIE DES MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES 9 se vidaient à l'extérieur, ainsi que les vésicules des Pro- tozoaires (fig. 6). B. — Vitesse de progression des leucocytes. Action de la température. On sait déjà que les leucocytes sont presque immobiles au-dessous de 10°, et que leurs mouvements sont de plus en plus vifs quand la température s’élève jusqu’à un maximum qui est la température du corps des homéothermes. Joli y a publié un intéressant travail sur ce sujet 22 I. En exposant la technique, nous avons indiqué que notre préparation de sang était placée dans une étuve dont nous déterminions la température. Nous avons dit aussi comment à l’aide de nos films nous construisons des graphiques de la progression des leucocytes. Ces diagrammes nous montrent des variations de vitesse considérables, si on considère le globule blanc pendant des temps relativemenl courts (fig. 7). La projection cinématographique nous fait d’ailleurs percevoir ces varia- tions. Elles sont dues, en partie, aux obstacles variables rencontrés sur le chemin. A chaque instant, le leucocyte subit une adhérence plus ou moins grande à son support, ce qui règle son étalement.. Certaines particules pro- duisent un tactisme qui explique la situation et la forme des pseudopodes. Parfois, le leucocyte, pendant une fraction de minute, n’a aucun déplace- ment; d’après la courbe sa vitesse serait nulle : son protoplasme n’en a pas moins un mouvement interne très vif. A un autre moment, nous voyons le globule s’allonger considérablement, puis, prenant point d’appui sur son extrémité, il détache sa partie postérieure qui brusquement est attirée en avant; il avance alors, à la manière de la chenille arpenteuse, et notre courbe indique un déplacement alternativement lent puis très rapide. Mais dans de nombreux cas, cette cellule rampe presque sans déformation, comme une Limace ou une Planaire. Nous constatons aussi que les hématies normales, en piles ou même en amas considérables, constituent un obstacle insignifiant à la progression de la cellule amiboïde, elles ne produisent aucun thigmolaclisme; de même, les buissons de fibrine sont, en général, traversés sans que la vitesse soit sensi- blement ralentie. Si, par contre, on considère la vitesse moyenne d’un leucocyte, ou mieux de plusieurs leucocytes pendant un temps relative- ment long, on voit que celle-ci est assez constante quand les conditions sont les mêmes. La chaleur agit de la même façon sur les leucocytes des 10 ANNALES DE L1NSTITUT PASTEUR 30* S / ' 1 » 150 180 210 240 270 300 330 36o 390 4Z0 450 480 Secondes 1 IG* 7:. Variations de vitesse de leucocytes humains, suivant la température. Les chiffres inscrits près de la courbe indiquent la vitesse du leucocyte, au moment correspondant. CINEMATOGRAPHIE DES MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES II animaux à sang froid et sur ceux des animaux à sang chaud; cependant, ainsi que l’a indiqué Jolly [22] la température, donnant le maximum de vitesse, semble moins élevée (vers 35°) chez les poïcilothermes que chez les homéothermes (38 à 40°). Chez ces derniers, à 13°, les globules blancs sont à peu près sphériques et immobiles. Pour le sang humain, le maximum de vitesse semble être vers 38°. Au-dessus de cette température, il est d’ailleurs difficile de conserver les leucocytes, pendant un temps assez long, dans des conditions normales; car, en quelques minutes, les globules blancs ont des signes de souffrance, les mouve- ments se ralentissent, la cellule se met en boule et s’immobi- lise. Dans ces préparations les hématies ont aussi des signes d’altération, elles deviennent crénelées, les piles se désa- grègent, malgré les précautions prises pour éviter l’évapora- tion. D’après le tableau ci-dessous nous voyous que la vitesse maxima enregistrée est environ le double de la vitesse moyenne du leucocyte. - 25° 28° 30° 3. © CG GG © g © © § cg 3 CG £ © CG T/l © G £ © © CG m 3 © CG CG © g © § CG ^ CG G © CG CG © G r* © © CG CG S G G >> ’S K*-» >> -J * > g > ce S > S > ce a > à > cC a > a £ ce a 11 k 20 » » 20 ,6 51 24 51 ,5 Leucocyte humain . ) 10 ,7 20 )) » 20 ,25 51 ( 24 41 ,5 / 8 20 y » )) )) 26 47 ,5 8 24 )) » )) )) » » Moyenne. . . 9 ,6 21 20 A 51 > 25 ,2 46 ,8 Leucocyte » )) 9 ,7 17 1 7 4L de crapaud )> )) 11 17 ,2 » » i * (* par minute. Nos chiffres sont généralement plus élevés que ceux que, donne Jolly r 22 ]. Gela provient sans doute de la différence de technique. D’après ces quelques données, nous pouvons constater que lorsque la température augmente de 10°, la vitesse de reptation 12 ANNALES UE L’INSTITUT PASTEUR est, en général, multipliée par un facteur compris entre deux et trois. Celte augmentation de vitesse suit donc une règle analogue à la loi de Van’t ÏIoff-Arrhenius pour les vitesses des réactions bimoléculaires, lui qui régit beaucoup de réactions produites par des ferments catalytiques. Madsen, Wulff et Watabiki [27] ont montré que la marche de la phagocytose pouvait être exprimée par cette même loi. Ne serait-ce pas parce que cetie phagocytose est directement proportionnelle à la vitesse de reptation des globules blancs ? Les expériences dont nous allons nous occuper nous montrent bien, en effet, que l’enrobement du charbon et de l’amidon est d'autant plus rapide, que la vitesse du leucocyte est plus considérable, que la température se rapproche davantage de 37°. Ceci nous amène à dire un mot de la survie des leucocytes dans les condi- tions où nous avons opéré : in vitro , entre lame et lamelle bordée à la paraffine. Dans des préparations de sang humain, conservées à 10° environ, nous avons trouvé des leucocytes mobiles après dix jours, quand on les examinait à 25°. Par contre, à 38°, les leucocytes ralentissent leurs mouvements après quelques minutes; bientôt ils s’immobilisent et meurent. A 23° la survie est d’environ vingt-quatre heures2 mais après quelques heures les mouvements de reptation ont déjà beaucoup diminué. Cet arrêt des leucocytes semble provenir d’une altération générale du sang, qui, in vitro , se ferait beaucoup plus rapidement quand la température s’élève. On peut supposer la formation de produits d’autolysc toxiques pour les globules blancs. On peut aussi admettre que les cellules amiboïdes utilisent, pour se mou- voir, des substances qui se trouveraient en quantité limitée dans leur proto- plasme ou dans le peu de sérum qui est à leur disposition, ces substances seraient d’autant plus vite épuisées que les manifestations vitales, en parti- culier les mouvements actifs, sont plus intenses. Une de ces substances est sans doute l’oxygène (comme l’indiquent les expériences de Ranvier [37] et aussi celles de Hamburger [19]), et un des pro- duits toxiques peut être CO2. Cependant Bohn et Drzewina [16] ont indiqué qu’on augmente la survie, en aquarium, des spermatozoïdes d. Oursin et des animaux aquatiques, en dimi- nuant les oxydations. Colin [7] a aussi montré que lt^ spermatozoïdes d’Oursin Arbacia ont également une survie d’autant plus longue que ces cellules sont moins actives; cette activité est en raison directe de la tempéra- ture et en raison inverse de la richesse du milieu en ions H. Les sperma- tozoïdes (comme peut-être aussi nos globules blancs) auraient une quantité limitée d'énergie à dépenser (mesurée par CO2 qu’ils peuvent dégager)» La chaleur et l’ion OH produiraient un effet catalytique, en augmentant la vitesse de réaction, la décharge de cette énergie. Nous venons de constater l’action de la chaleur sur les leuco- T- UBRARY -he university OF TEXAS CINÉMATOGüAPH IE DLS MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES 13 cytes, nous n’avons pas parlé du thermotactisme , dont l’étude nécessite un outillage très délicat, que» nous n’avons pas encore mis au point. Mentionnons, à ce sujet, les travaux de Men- delssohn 29 qui indiquent comme optimum thermotac- tique 39°. Au-dessous de 18°, il n'y aurait pas d’effet thermotactique. Au-dessous de 40° cet auteur n’ose affirmer un léger thermo- tactisme négatif. Action de la lumière. Nous croyons intéressant de donner ici quelques faits révélés par nos expériences, où la lumière joue un rôle important, puisqu’il s’agit de photo- graphies. Quand nous éclairons une préparation de sang- humain, à l’aide d'un con- Fio. 8. • densateur sur champ noir (condensateur parabolique de Zeiss), les rayons lumineux sont réunis à la partie centrale du champ observé, la périphérie* est d’autant moins éclairée qu'elle est plus éloignée. En examinant ou photo- graphiant cette préparation, à l’aide d’un faible grossissement (60 diamètres), on voit la plage centrale très lumineuse et la périphérie dans l’obscurité presque complète. Les leucocytes sont faciles à distinguer, grâce à la grande réfringence de leurs granulations. Dans un film représentant une telle préparation (fig. 8), on voit que les leu- cocytes qui sont au centre ont bientôt des mouvements plus lents, ils font des circuits à rayons de plus en plus courts; si quelques-uns d’entre eux sortent de la plage brillante ils sont sauvés, mais la plupart restent sur place, se mettent en boule et meurent en quelques minutes. Nous n’observons pas ici de phototactisme, il est difficile d'ailleurs de 415890 14 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR séparer l’action nocive de la lumière de celle de la chaleur produite par la source éclairante. Cependant, dans l’expérience suivante, nous avons peut- être un phototactisme négatif qui interfère avec un chimiotactisme positif. Nous avons cinématographié une préparation de sang humain, ayant un grain d’amidon au centre de la plage très lumineuse produite par le conden- sateur sur fond noir. L’amidon apparaît extrêmement brillant; il réfléchit l’éclairage intense de l'arc électrique, il agit donc lui-même comme source lumineuse. Le chimiotactisme positif, produit par l’amidon, dirige les leuco- cytes en grand nombre vers l’amidon central; mais, contrairement à ce qui se passe, en général, pour les grains peu éclairés, dès que les cellules amiboïdes touchent le grain brillant, ou quand elles s’en approchent, elles font un demi-tour et s’éloignent du centre. Le phototactisme négatif agit alors, surpassant le chimiotactisme positif. Une lumière intense empêche donc la phagocytose normale ; c’est pourquoi nous ne nous servons pas de l’ultra-microscope pour l’obtention des films devant servir à l’étude de cet intéressant phénomène. Action des radiations ultra- violettes. Nous avons éclairé des préparations de sang par des rayons ultra-violets purs (X = 17‘5 jxp.) pris dans le spectre de l’étincelle, entre deux électrodes de cadmium (toute l’optique étant en quartz, et la mise au point du microscope étant faite sur un écran fluorescent). Sous l’action de ces radiations, les leucocytes sont presque immédiatement détruits; les hématies sont d’ailleurs hémolysées en quelques secondes, par l’effet abiotique de ces rayons. II. — Tactisme des phagocytes provoqué par l’amidon et par le charbon. Dans ces dernières années, de nombreuses recherches ont été faites sur la phagocytose, in vitro. Depuis les beaux travaux de Wright, la plupart des auteurs ont étudié le pouvoir d’enrobement par les leucocytes des microbes ou des cellules vivantes, et la variation de ce pouvoir, selon les propriétés biologiques de la cellule phagocytable (recherche de Xïndex opsonique). Hamburger 18 1 et ses élèves ont étudié, in vitro , la phago- cytose du charbon, puis des grains d’amidon de riz, par les globules blancs de cheval. Ils ont montré comment cette pha- gocytose pouvait être modifiée par un grand nombre de corps chimiques, et qu’elle était favorisée, en particulier, par les ions Ca et par de petites quantités de substances solubles dans les lipoïdes (iodoforme, alcool, camphre, etc.). Ces méthodes sont statistiques, elles n’indiquent pas coin- CINÉMATOGRAPHIE DES MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES 15 ment s’effectue cette phagocytose qu’elles permettent de con- stater. Lcvaditi et Mutermilch 26 j , par des examens directs au microscope, ont montré que le premier (emps de l’acte phago- cytaire était le phénomène physique de l’attachement; avec ces auteurs, nous avons cinéphotographié cet accotement [13]. Plusieurs biologistes ]3, 24 ont confirmé ces observations; certains ont môme émis l’opinion que le contact du leucocyte et du microbe n’était souvent dû qu’au hasard des mouvements des microbes, ou de l’agitation du liquide contenant en suspen- sion les leucocytes. Dans toutes ces expériences, on ne recherche pas l’influence propre du tactisme, de l’attraction à distance du leucocyte par le corps devant être enrobé. Cependant Metclmikoff avait indiqué que l’abondance des leucocytes, dans le pus des abcès, doit provenir d’un chimio- tactisme positif, produit par les microbes ou les substances étrangères introduits dans l’organisme. Massart 28 ] a, le pre- mier, fait l’étude de ce tactisme et divers auteurs après lui se sont servis de son ingénieuse technique. Celle-ci consiste à mettre la substance à étudier dans des tubes capil- laires fermés à une extrémité. On introduit ces tubes sous la peau d’un animal vivant. Les phagocytes dirigés par le chimiotactisme pénètrent dans le tube; après un séjour plus ou moins prolongé dans l’organisme animal, le tube est retiré. La mesure de la hauteur de la colonne, formée dans le tube, par les leucocytes, donne une évaluation de la puissance chimiotactique du microbe ou de la substance introduite. Par le procédé de Massart, des auteurs, comme Borde t [6], Hamburger 18], ont étudié les modifications qu’on peut faire subir à la phagocytose, en agissant soit sur le phagocyte soit sur le corps phagocytable. Ce procédé fut aussi appliqué par des biologisles pour l’étude des chimiotactismes de divers pro- tistes 36, 4 . Par cette méthode, on n’a que le résultat final, en bloc, pro- duit par le tactisme. 11 en est de même du procédé décrit der- nièrement par Wright ]40 qui, dans des tubes capillaires aplatis, met en présence des leucocytes et des colonies micro- biennes. Après quelque temps d’étuve, à 37°, il colore le con- tenu du tube et voit le résultat du tactisme au microscope. 16 ANNAI.ES DE L’INSTITUT PASTEUR Notre intention est, par contre, de montrer directement com- ment se comporte un phagocyte, quand il est en présence d'un corps étranger, dans une préparation de sang vivant. Nous avons déjà exposé devant la Société de Biologie 12 l'etTet du tactisme produit, in vitro , sur les globules blancs d’un oiseau ( Padda Orizzivora ), par un Hématozoaire : Ilema- mœba Danilewskii. Nous avons observé un tactisme analogue dans le sang humain impaludé, et aussi vis-à-vis de Micro - filaria loa. Pour les expériences relatées ici, nous avons choisi les grains d’amidon de pomme de terre, puis la poudre de charbon de bois lavée (1). 11 nous fallait, en effet, introduire entre lame et lamelle, au sein de la préparation de sang, des substances faci- lement reconnaissables. Ces corps étrangers ne doivent pas être en grande quantité, de façon à ne produire le tactisme qu’en un nombre de points limité, et leur volume doit être assez petit pour que la préparation soit suffisamment mince pour l’examen microscopique. Voici notre façon d’opérer : La poudre de charbon ou les grains d’amidon (1) sont mis en suspension dans de l’eau distillée. En filtrant sur du coton, nous éliminons les plus grosses particules. Le filtrat est recueilli dans un tube à essai. En laissant au repos cette suspension, les plus gros grains tombent rapidement au fond du tube, les grains très tins flottent, par contre, beaucoup plus longtemps, grâce à leur surface considérable par rapport à leur masse. Bientôt la partie supérieure du tube s’éclaircit. En prenant h différents niveaux, à l'aide d’une pipette, nous pouvons obtenir, à volonté, toute une gamme de grosseur de grains. Sur une lame très propre, on dépose une goutte de cette suspension. On laisse ensuite sécher à l’abri de la poussière. C’est sur cette même plage de la lame que nous déposons une goutte de sang, et on achève la préparation en posant une lamelle et en bordant à la paraffine. Les films obtenus sont étudiés d’après la projection cinématogra- phique ou bien image par image. A. — Tactisme produit par T amidon. Le phénomène observé ressemble à ce que nous avons enre- gistré au sujet de la phagocytose cle l’Hémamibe du Padda [12]. (1) C’est seulement après que nos films ont été obtenus que nous avons eu connaissance des beaux travaux de Hamburger et de ses élèves [18], qui, pour des raisons à peu près analogues aux nôtres, ont choisi comme objets phagocytables le charbon et l’amidon. Mais notre technique est absolument différente de la leur. CINÉMATOGRAPHIE DES MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES 17 Nous avons fait des expériences avec du sang de Crapaud , de Grenouille et du sang humain. Dans tous les cas où la tempéra- ture est suffisante, Je cliimiolactisme est intense; les leuco- cytes traversent le champ photographié pour se diriger vers le grain d’amidon. Leur trajet , qui , dans les préparations normales , est extrêmement irrégulier (fîg. 4.) est ici presque rectiligne (fig.9). Ils franchissent tous les obstacles (buissons de fibrine, amas de globules rouges), en ralentissant à peine leur vitesse. Celle-ci est déterminée par la température, elle ne subit pas dé accélération par l'effet de F amidon. Aussitôt cet amidon atteint, le leucocyte s'étale sur lui d'une façon remarquable ; l’épaisseur du proto- plasme recouvrant un gros grain d’amidon peut être évalué à moins de 1 a. Fréquemment le grain d'amidon est légèrement écrasé par la lamelle, d’où formation de petites fissures radiaires. Les glo- bules blancs entrent dans ces fissures et parviennent à débiter mécaniquement l'amidon , en blocs cubiques, qui sont complète- ment enrobés par la cellule amiboïde (fig. G). Les grains de petites dimensions (10 g) sont totalement enveloppés par lepro- 18 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR toplasme. Nous avons vu, dans la phagocytose de lTIémamibe du Padda, que le leucocyte pousse devant lui l’hématie parasitée, jusqu’à ce que se produise son éclatement. Le thig- motactisme, l’étalement et l'adhérence du leucocyte n’a pas lieu sur le globule rouge, mais seulement sur le parasite expulsé et éclaté à son tour. Ici, par contre, les petits grains d’amidon sont immédiatement enrobés, et le leucocyte, le plus souvent, ne suspend meme pas ses mouvements; il trahie son amidon et le transporte vers d'autres grains plus gros qui conti- nuent à exercer un tactisme intense. Nous montrons, dans un de nos films, un polynucléaire humain transportant, à grand’peine, un grain d’amidon de 15 u. de diamètre vers un autre grain plus gros situé à plus de 60 g de distance. Les gros grains d’amidon sont donc bientôt entourés d’un grand nombre de leucocytes, soit libres, soit chargés eux-mêmes d’amidon. Nous voyons ainsi des amas, disséminés dans la préparation, qui sont de véritables petits abcès dont nous assis- tons à la formation , in vitro. Quand l’amidon est complètement enrobé par un leucocyte, il semble ne plus exercer de tactisme sur les autres globules blancs. Cet amidon est-il digéré par la cellule phagocytaire? Nos préparations ne nous permettent pas de •l’affirmer. Cependant, nous pouvons remarquer qu’après un certain temps, variable avec la température, les hématies situées autour des amas phagocytés prennent l’aspect crénelé. Dans les autres points de la préparation, elles sont intactes et disposées en piles de monnaies. Cette modification indique une augmentation de la pression osmotique du sérum, et celle-ci nous paraît due aux produits de la digestion de V amidon : glucose ou acide lactique. Après une dizaine d’heures, à 28°, les altérations des hématies s’étendent à toute la préparation. Alors le tactisme de /’ amidon diminue beaucoup , des globules blancs passent à côté des grains d’amidon sans être attirés, et bientôt les amas, ces abcès in vitro , se désagrègent, les leucocytes, un à un, s’en détachent, emportant chacun son grain ou son fragment d’amidon. Enfin, les cellules amiboïdes ne tardent pas à montrer des signes de souffrance et leurs mouvements s’arrêtent (1). (1) Besredka [5] a montré que les leucocytes intoxiqués par le trisulfure d’As cessent de phagocyter ce corps in vitro. CINEMATOGRAPHIE DES MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES 19 Elles conservent cependant la propriété àX adhérer à l’amidon, ce phénomène capillaire qu on a appelé thigmotactisme subsiste , même apres la mort, comme Levaditi et Mutermilch [26], puis Ivite et Wherry 23], Ledingham [24 et 25], Larikine [3] l’ont montré pour rattachement des microorganismes aux leuco- cytes. B. — Enrobement du charbon. On sait que les globules blancs incorporent les grains de charbon qu’on met en leur présence in vivo ou in vitro. Nous étions amenés naturellement à étudier ce phénomène par notre procédé. Les grains de charbon de bois lavés, que nous introduisons dans la préparation de sang, ont la forme de plaqueltes dont le diamètre varie de 2 à 30 u. En y ajoutant de l’amidon, nous pouvons étudier la différence de comportement des leucocytes vis-à-vis de ces deux corps. Nous pouvons dire, en peu de mots, ce que l’examen des lilms obtenus nous permet de constater. Quand un leucocyte rencontre un grain de charbon, il s’étale à sa surface (thigmotactisme) (1). Si le grain est de petite di- mension, il l’enrobe complètement et le traîne avec lui dans la préparation, comme nous l’avons vu pour les petits grains d’amidon. Mais le tactisme, X attraction à distance est ici* extrêmement faible, si même il existe. Tandis que les leucocytes viennent de tous les points du champ, et en droite ligne, vers l'amidon, par contre, leur route n’est pas modifiée par la présence du charbon. Si, dans la pré- paration, il se trouve à la fois de l’amidon et du charbon, on voit bien cette différence d'action des deux corps. Les leucocytes traînent le charbon qu’ils ont rencontré et vont se grouper autour des gros grains d’amidon. La figure rappelle alors ce que les anatomo-pathologistes ont constaté dans les pneumokonioses : l'accumulation des poussières de charbon dans les organes riches en leucocytes, comme les (!) Nous considérons que le phénomène d’adhérence est improprement nommé thigmotactisme , c'est un phénomène physique de capillarité, analogue à l'étalement d’une goutte d'eau sur une lame de verre propre. 20 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ganglions lymphatiques et la périphérie (les vieux luber- cules. Ce transport des corps étrangers a certainement une grande importance dans l’absorption et l’élimination des poisons ou des médicaments. Besredka l'a monlré pour les sels d’arsenic [5) et d'autres auteurs, dont les travaux sont résumés par Arnozan et J. Caries [2], pour de nombreux corps. Ces films permettent de mieux comprendre le fait, si souvent invoqué en pathologie, de l’ensemencement à distance des microbes ou de-s cellules cancéreuses que les leucocytes entraînent, sans les détruire, dans les différents points de l’organisme. Les globules blancs peuvent, en effet, abandonner les corps étrangers qu’ils ont enrobés. Le tactisme pour l’amidon ou les microbes est un chimiotac- tisme; ces corps émettent donc, dans le sang, des substances chimiques produisant des modifications de la tension super- ficielle à la surface des globules blancs. Le charbon ne produi- rait qu'extrêmement peu de ces substances. L’opsonine de Wright, qu’on identifie aujourd’hui à la sensi- bilisatrice renforcée par l’alexine, rendrait le microbe, ou en général l’antigène, apte à être phagocyté, et cette phagocytose s’opérerait en deux temps Levaditi et Mutermilch 26], Bari- kine 3]). » 1° Attachement du microbe sensibilisé au leucocyte; 2° Enrobement pais digestion du microbe. Le premier temps, l'attachement, phénomène purement phy- sique, a lieu même si le globule blanc est tué ou fragmenté. Le deuxième temps est un phénomène actif, dépendant de la vie du leucocyte. Ces deux temps exigent ou sont au moins très favorisés par la sensibilisatrice et le complément. Ces substances n’agiraient pas seulement sur l'antigène, mais aussi sur le phagocyte dont elles favoriseraient les mou- vements pseudopodiques (Barikine [3]), elles permettent l’attrac- tion moléculaire de la couche superficielle du leucocyte par celle de l’antigène. CINÉMATOGRAPHIE DES MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES 21 temps au mécanisme de la phagocytose, temps primordial, constitué par l’attraction à distance du leucocyte par l'anti- gène et dont les biologistes n’ont guère jusqu’ici abordé l'étude. Par quelle substance est produit ce chimiotactisme? Nous n<* le savons pas, pas plus d’ailleurs que nous ne connais- sons la nature exacte des anticorps en général; mais, de même qu’il a été commode de désigner ces anticorps par des noms, tels que sensibilisatrice, complément, agglutinine, etc., nous pensons qu’on pourrait appeler tropine (1) cet autre anticorps. Cette tropine diffuserait donc de l’anticorps dans le milieu ambiant. Il est à remarquer quVlle est arrêtée ici par la subs- tance du leucocyte, car lorsqu’un grain d’amidon est complè- tement enrobé par un leucocyte, cet amidon ne semble pas produire d’atlraction sur les aulrés phagocytes, par contre, dans la phagocytose, in vitro , de l’Hémamibe du Padda [12], il est nécessaire que la substance chimiotropique, la tropine , traverse la membrane de l’hématie parasitée. En résume : 1° L’inscription cinématographique permet de faciliter l’étude des mouvements des leucocy tes, soit par la projection animée qui nous donne le moyen d’accélérer la vitesse, soit en comparant entre elles les photographies successives et en notant exactement les changements de forme et de situai ion des globules blancs. 2° Ces films nous montrent des différences considérables dans la forme des pseudopodes, et la façon de ramper des leu- cocytes, selon les espèces animales d’où ils proviennent. Nous avons noté, dans les globules blancs, la formation de vacuoles qui vidaient brusquement leur contenu à l’extérieur. « 3° Les graphiques, dessinés d’après les films, montrent l’accélération de la vitesse de reptation, par la chaleur. Cette vitesse est multipliée par deux ou même trois quand la tem- pérature augmente de 10° (entre 10° et 38° intervalle physiolo- gique)- (1) Le mot tropine a été employé par Neufeld [34, 35] et ses collaborateurs, pour désigner une substance qui, unie à l’alexine, donnerait l’opsonine, mais Sawtschenko, Barikine et Maikofï ont montré d’après Barikine [3] que la tro- pine de Neufeld n’était autre que la sensibilisatrice de Bordel. 22 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 4° L’amidon provoque un tactisme intense sur les leucocytes qui se dirigent, en droite ligne, et en grand nombre, vers les grains de celte substance. Les gros grains peuvent être débités en cubes, les petits grains sont complètement enrobés, puis transportés par les phagocytes vers les gros grains. Formation d’abcès in vitro. 5° Les grains de charbon ne semblent pas provoquer de chi- miotactisme à distance. Leur voisinage ne fait pas dévier le trajet des leucocytes. Mais, si un leucocyte touche un grain de charbon, celui ci s’attache, puis est enrobé parle leucocyte qui l’entraîne ensuite dans ses déplacements. 6° Quand la préparation s’altère, les leucocytes se ralen- tissent, le tactisme pour l’amidon disparaît, les amas déjà formés se désagrègent. Le phénomène d'attachement subsiste cependant. 7° Les leucocytes abandonnent assez facilement le charbon, mais très rarement l’amidon qu'ils ont phagocyté. 8° Nous proposons d’appeler tropine l’anticorps provoquant, à distance, l’attraction des leucocytes, le chimiotactisme. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE [1] Achard et Ramoad. — Contribution à l’étude ultra microscopique des granulations leucocytaires. Arcli. de Méd. expér. et d'anat. pa/h., n° 3, Mai 1912. [2] Arxozan et J. Carles. — Rôle des leucocytes dans l'absorption et l’élimi- nation des médicaments. Rapport au Congrès international de Médecine de Budapest. [3] W. Barikine. — Sur le mécanisme de la phagocytose, in vitro. Zeitschr. f. Immuni ta tsforsc h . u. Tlurap., t. VIII, p. 12-89, 1910. [4] J. O. W. Barratt. — Der Einfiuss des Konzentration auf die Chemotaxie. Zeitschr. allg. Physiol. , t. V, p. 73-91, 1905. [5] Besredka. — Étude de l’immunité vis-à-vis des composés arsenicaux. Du rôle des leucocytes dans l'intoxication par un composé arsenical soluble. Du rôle des leucocytes dans l'immunisation contre l’acide arsénieux soluble. Annales de l'Inst. Pasteur, p. 49, 209, 465, 1899. [6] J. Bofdet. — Recherches sur la phagocytose. Annales de l’Inst. Pasteur , t. X, p. 104-118, 1896. [7] E. J. Corn. — Studies in the physiology of spermatozoa. Biol, bulletin , p. 167, 1918. [8] J. Cohxheim. — Ueber Entzündung u. Eiterung. Virchow's Ardu, l. XL, I p. 79, 1867. [9] J. Comandon. — De l'usage en clinique de l'ultra-microscope. Thèse, Paris, 1909. CINÉMATOGRAPHIE DES MOUVEMENTS DES LEUCOCYTES 23 10 i — La cinématographie, son rôle dans les éludes biologiques. La Presse médicale, n° 33, p. 469-473, 1913. [11] — Phénomènes de biologie cellulaire étudiés à l'aide du cinématographe. Comptes rendu s de la LXIIP session de _l' Associât ion française pour l'avancement des Sciences , Le Havre, 1914. [12] — Phagocytose, in vitro, des hématozoaires du Calfat. Comptes rendus de la Soc. de Biologie , p. 314, 17 Mars 1917. [13] .1. Comandon, C. Levaditi et S. Mutermilch. — Mécanisme delà phagocytose des trypanosomes. Démonstration cinématographique à l’Académie de Médecine, 12 juillet 1919. [14] — Etude de la vie et de la croissance des eellules, in vitro, à l’aide de l’enregistrement cinématographique. Comptes rendus de la Soc. de Biologie , t. LXXIV, p. 464, 1913. [15] .1. Comandon et J. Jolly. — Démonstration cinématographique des phéno- mènes nucléaires de la division cellulaire. Comptes rendus de la Soc. de Biologie , t. LXXV, p. 457, 1913, et Journ. de Phys, et de Palh. géné- rale, t. XVII, p. 573-589, 1917. [16] A. Dkzewina et G. Bohn. — • Effet de l’inhibition des oxydations sur les spermatozoïdes d'Oursin et, par leur intermédiaire, sur le déve- loppement. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. CL1V, p. 1639- 1641. [17] E ngelmann. — Handbucli der Physiologie, von Hermann, I, p. 359-376. [18] H. J. Hamburger (Grôningue). — Physikalisch-chemische Untersuchungen über Phagozytose, ihre Bedeutung von allgemein biologischem und pathologischem Gesichtspunkt, Wiesbaden. Bergmann, 1912. [19] — Researches on phagocytosis. Brit. med. Journ., p. 37-41, 8 janvier 1916. [20] P. TIeger et E. Zuntz (Bruxelles). — Mesures défensives de l'organisme contre les substances étrangères dans le sang. Rapport au Congrès international de Médecine , section thérapeutique, Londres, 1913. [21] C. Hollande et J. Beauverie. — Survie et phagocytose de leucocytes en milieu urinaire et en dehors de l’organisme. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIX, p. 34, 1916. [22] J. Jolly. — Sur la vitesse du mouvement de reptation des leucocytes. Comptes rendus de la Soc. de Biologie , t. LXXIV, p. 504, 1913. [23] C. L. Klte et AV. B. Wherry. — * The mechanism of phagocytosis. Journ. of inf. dis., t. XVI, p. 109, Mars 1915. [24] J. C. G. Ledingiiam. — Influence of température on phagocytosis. Proc. Roy. Soc., ser. B, t. LXXX, p. 188-195, 1908. [25] — The mechanism of phagocytosis from the adsorption point of view. Journ. of Ilygiene, t. XII, p. 320-360, 1912. 126] C. Levaditi et S. Mutermilch. — Mécanisme de la phagocytose. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXVII, p. 1079-1081, 1910. [27] T. Madsen, O. Wulff et E. Watabiki. — Sur la vitesse de réaction de la phagocytose. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXXII, p. 109, 1919. 1 28] J. Massart. Le chimiotactisme des leucocytes et l’immunité. Annales de V Institut Pasteur, t. VI, p. 321-327, 1892. [29] M. Mendelssoiin. — Recherches sur la thermotaxie des organismes unicel- lulaires; recherches sur l’interférence de la thermotaxie et d’autres tactismes. Journ. de Physiol. et de Palliol. générale, n° 3, p. 393-4S6, Mai 1902. [30] A. Mesnil. — Sur le mode de résistance des vertébrés inférieurs aux 24 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR invasions microbiennes artificielles. Annales de l'Institut Pasteur , p. 301-351, 1895. |31] E. Metchnikoff. — Virchow' s Archiv. t. XCYI, p. 177-195, 1884. [32] — Die naturlichen Heilkrâfte des Organismus gegen Infeklionskran- kheiten. Vortrag im Wissenschaft lichen Verein, Berlin, 8 avril 1908. [33] — L’immunité dans les maladies infectieuses, Paris, 1901. [34] Neufeld. — Arb , a. d. Kais. Gesundh., t. XXVII, p. 414 et t. XXVIll, p. 12. [35] Neufeld et Rimpan. — Deutsche med. Wochenschr ., 1904. 36] NV. Pfeffer. — Locomotorisclie Richtungsbewegungen durch chemische Reize. Ber. Bot. Ges., 1. 1, p. 521-533, 1883. [37] L. Ranvier. — Traité technique d’histologie. Savy, Paris, 1875. [ 38] L. Rhumbler. — Das Protoplasma als physikalisches System. Erg. d. Physiol ., t. XIV, p. 474-617, 1914. [39] J. Tait. — Phénomènes capillaires observés dans les cellules sanguines. Quarterly Journ. of experim. physiol., t. Xll-l, p. 33, 1^18. [40] A. E. Wright. — Les derniers travaux sur les plaies de guerre. Assoc. franç. pour t'Avanc. des Sc., Recueil des conférences de 1917. p. 217-250. ÉTUDES SUR LE PNEUMOCOQUE (neuvième mémoire) IMMUNITÉ ANTIPNEUMOCOCCIQUE (l) par Mue a. RAPHAËL. Le Pneumocoque est un microbe peu toxique, n’agissant essentiellement que par sa virulence, c’est-à-dire par son pou- voir de se multiplier dans l’organisme. On sait qu’il est relati- vement aisé, étant donnée une espèce microbienne toxique, de préparer une antitoxine susceptible d'agir sur tous les échan- tillons de la même espèce; ces échantillons peuvent différer les uns des autres par la quantité de toxine qu’ils sécrètent et d’antitoxine qu’ils font naître, mais il n’y a aucune différence qualitative. Au contraire, les divers échantillons d’une espèce microbienne virulente présentant habituellement entre eux, quant à leurs propriétés immunisantes, des difïérences qualita- tives très grandes. En ce qui concerne le pneumocoque, l’indi- vidualisation est si accusée que le principe même de la séro- thérapie antipneumococcique a pu paraître un instant com- promis. Nous nous sommes donc proposé de reprendre l'étude de cette question. Quels sont les rapports qui existent entre les pneumocoques au point de vue de leur pouvoir immunisant? La sérothérapie anlipneumococcique est-elle théoriquement possible? Si oui, quelles en sont les bases expérimentales? C’est ce que nous allons nous efforcer d’établir. « (1) Nos recherches relatives à l'immunité antipneumococcique ayant été exposées ailleurs {Thèse, 1916 : De l’immunité antipneumococcique; étude expérimentale), nous renvoyons à ce travail pour le détail de nos expériences et nous nous bornerons à résumer ici ce qui est nécessaire à la compréhen- sion des mémoires qui paraîtront ultérieurement. A. R. i 26 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR CONDITIONS EXPÉRIMENTALES Nos expériences se rapportent, les unes à 1 immunité active, les autres à l'immunité passive. Neuf échantillons de pneumocoques ont été étudiés. Nous les avons choisis, à dessein, de virulences différentes, et l’on peut à cet égard les classer de la façon suivante : Un échantillon (A) est avirulent (virulence très légère pour la souris cependant). Un échantillon (H) est très virulent pour la souris, mais pour elle seulement. Deux échantillons (N et F) sont virulents pour la souris et le lapin. Cinq échantillons (C., Lt, La, 286, 312) sont virulents pour la souris, le lapin et le cobaye. A l’exception de A, nos germes sont tous solubles dans la bile(l). Us ne présentent d’ailleurs aucune anomalie remarquable quant à leurs caractères mor- phologiques et culturels, et pour tous le diagnostic de « pneu- mocoque » s’impose (A noter cependant la singulière résis- tance de l'échantillon avirulent pour la chaleur, ce germe n’étant pas détruit après une heure de chauffage à 80°). Immunité active. Dans toutes nos expériences, nous ne nous sommes servie que de vaccin chauffé : on centrifuge une culture de vingt- quatre heures en milieu T, le culot est émulsionné dans de l’eau physiologique puis chauffé pendant une demi-heure à 55°. Expériences sur la souris. La voie sous-cutanée a été seule utilisée pour l immunisation et pour l’épreuve. La dose de vaccin a varié mais a toujours été considérable par rapport au poids de l'animal. (I) Ch. 1 ruche, L. Cotoni et A. Raphaël^ Aclion de la hile sur les pneumo- coques humains et animaux. Ces Annales , octobre 1913. IMMUNITÉ ANTIPiNEUMOCOCCIQUE 27 L’épreuve a été faite cinq, dix, quinze on vingt jours après la vaccination. Deux échantillons (tl et 312) ont été employés. Nous n’avons étudié que l'immunité directe : c’est-à-dire que, dans chaque cas, immunisation et épreuve ont été faites avec le meme échan- tillon. Expériences sur le lapix. La voie intramusculaire (presque toujours) ou intraveineuse (rarement) ont été choisies pour la vaccination, la voie sous- cutanée pour l’épreuve. La dose de vaccin a été la même dans toutes nos expériences (culot de 10 c. c. de culture). L'épreuve a lieu huit jours après la vaccination. Nous avons étudié les propriétés vaccinantes de 5 échan- tillons (A, II, 286, F, 312) de virulences bien caractérisées et nettement différenciées. (Rappelons que le pneumocoque A résistant au chauffage d’une demi-heure à 53°, le vaccin A est un vaccin chauffé mais vivant). L’épreuve a été faite avec les 6 échantillons F, C5, L1? L2, 286, 312; il s’agit donc d’expé- riences d’immunil & directe (vaccination et épreuve avec le même germe) et croisée (vaccination et épreuve avec des germes différents). Immunité passive. Des sérums ont été préparés chez le mouton avec les échan- tillons A, II, 286, F et 312 — chez le lapin avec l’échantillon 312, Chaque sérum a été préparé avec un seul échantillon. — Nous avons cherché à obtenir l’hyperimmunisation par l’injection de microbes vivants ; il a fallu y renoncer pour le lapin et recourir aux vaccins chauffés ; les moutons ont mieux résisté, mais là encore de nombreux accidents toxiques ou infectieux incitent à ne pas poursuivre dans cette voie et à recourir, comme pour le lapin, aux vaccins tués par la chaleur ou autre- ment. Les titrages ont été faits sur le lapin et la souris. Nous n’avons étudié que la méthode préventive, l injection de sérum précédant de vingt-quatre heures celle du virus. 28 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Expériences sur l\ souris. Les sérums ont élé injectés sous la peau ou dans les muscles; l'épreuve a été faite par voie sous-cutanée avec les échantillons II, F, N, L,, 286 et 312 (expériences d’immunité directe et croisée). Expériences sur le lapin. Les sérums ont été injectés dans les veines ou dans les mus- cles; l’épreuve a été faite par voie sous-cutanée (exception- nellement intraveineuse) avec les échantillons F, N, 286 et 312 (expériences d’immunité directe et croisée ). EXPOSÉ ET DISCUSSION DES RÉSULTATS Immunité active Expériences sur la souris. Sur 43 souris vaccinées, 3 seulement ont résisté à l’épreuve. Ces rares succès ne semblent en rapport ni avec le moment choisi pour l'épreuve, ni avec la dose employée pour la vaccina- tion. On est donc en droit de conclure qu'il. est extrêmement diffi- cile, peut-être même impossible, d'immuniser la souris contre le pneumocoque . Expériences sur le lapin. Les propriétés immunisantes doivent être étudiées à deux points de vue essentiels : 1° Quant à leur étendue. Selon le nombre d’échantillons à l’égard desquels un pneumocoque manifeste son pouvoir vacci- nant, nous dirons que le domaine de ce pneumocoque est plus ou moins étendu. 2° Quant à leur intensité. Nous distinguerons : l'immunité totale (aucun symptôme morbide général ou local chez tous les animaux éprouvés); l’immunité incomplète (symptômes géné- raux et locaux chez tous les animaux éprouvés, ou survie IMMUNITE ANTIPNEÜMOCOCCIQUE 29 inconslanle) ; l'immunité nulle (les animaux éprouvés se com- portent comme les témoins). Nos expériences peuvent dès lors se résumer de la faç.on suivante : 1° Un seul de nos vaccins, celui qui a été préparé avec le pneumocoque A, n’a immunisé contre aucun des échantillons d épreuve. Les autres vaccins ont manifesté leur pouvoir immu- nisant contre un nombre variable d’échantillons, nombre d’au- tant plus grand que la virulence du pneumocoque-vaccin était plus grande : réduit à zéro pour le vaccin A (avirulent) ce nom- bre a été porté au maximum pour le vaccin 312 (le plus viru- lent de tous nos échantillons) qui a immunisé conlre tous les pneumocoques d’épreuve. L’étendue du domaine immunisant d'un pneumocoque donné nous apparaît donc comme lié à la virulence de ce pneumocoque . A joutons que, dans tous les cas où l'élude a pu en être faite, il y a eu immunité directe; celte épreuve a été impossible, cela va de soi, en ce qui concerne les vaccins A et H, ces échantillons étant avirulents pour le lapin. 2° Mais pour un vaccin déterminé, l'intensité du pouvoir immunisant n’est pas nécessairement la même vis-à-vis des divers pneumocoques qui font partie de son domaine. L est ainsi que, des 6 échantillons à l’égard desquels le vaccin 312 manifeste son pouvoir, pour 4 il s'agit d’immunité totale, pour les 2 autres d'immunité incomplète seulement. On arrive ainsi à concevoir un pneumocoque comme un organisme complexe, un assemblage d éléments doués de pro- priétés antigenes et que l'on pourrait appeler les antigènes élé- mentaires. — A chaque échantillon vis-à-vis duquel un pneumo- coque conférerait l’immunité correspondrait, dans ce pneu- mocoque, un de ces éléments constitutifs. De même qu’il y a des degrés dans l’immunité, de même il y a une hiérarchie dans les antigènes élémentaires : les uns, entrant pour une part dominante dans la constitution d’un vaccin déterminé, donne- ront l’immunité totale vis-à-vis de l’échantillon correspondant; les autres, de moindre importance, sont en rapport avec une immunité incomplète. A la notion de l’étendue du pouvoir immunisant correspond donc celle de ia richesse en anligènes élémentaires; à la notion de 1 intensité du pouvoir immunisant correspond celle 30 » ANNALES ÜÉ L’INSTITUT PASTEUR de la dominance de certains antigènes par rapport aux autres. Supposons que dans plusieurs échantillons les antigènes dominants et accessoires soient les mêmes. Ces échantillons conslitueront ce que I on est convenu d’appeler un groupe. (On sait que certains ailleurs, et en particulier les Américains, admettent la subdivision de l’espèce pneumocoque en un petit nombre de groupes.) Nos expériences ont été faites sur une trop petite échelle pour qu’il nous soit possible d’apporter des arguments irréfutables; mais il est important de faire remar- quer que dans aucun des cas étudiés nous n’avons trouvé chez deux échantillons le même assemblage d’antigènes élémen- taires. Immunité passive. Expériences sur le lapin. Les résultats sont d’une remarquable uniformité : chaque sérum donne l'immunité vis-à-vis du pneumocoque qui a servi à le préparer. Là se borne leur domaine. Chacun d’eux n’exerce son action sur aucun autre pneumocoque. Titrés sur le lapin nos sérums nous apparaissent donc comme étant strictement monovalents. Expériences ser la souris. Dans l’ensemble, nous avons observé des faits du même ordre que ceux que nous avons exposés au sujet de l’immunité active du lapin. (Nous n’insisterons pas sur certaines diver- gences de détail sur lesquelles nous nous sommes expliquée longuement dans le travail cité plus haut.) 1° Nos expériences ont montré en effet l’importance du fac- teur virulence en ce qui concerne le germe qui sert à préparer le sérum. Dans aucun cas nous n’avons obtenu de bon sérum avec des pneumocoques avirulents ou peu virulents. Seuls les pneumocoques très virulents ont fourni des sérums à domaine étendu ; 2° Ici comme précédemment nous avons observé des immu- nités d’intensité variée et constaté par conséquent la présence d’antigènes élémentaires dominants et accessoires; 3° Ici encore nos expériences sont défavorables, d’une IMMUNITE ANTIPNEUMOCOCCIQUE 31 manière générale, à la théorie des groupes; cependant deux de nos sérums font exception, car ils ont des domaines identiques et constituent ainsi le seul exemple de groupe qui se soit pré- senté au cours de cette étude. En outre, la comparaison d’un sérum ovin préparé avec des microbes vivants et d’un sérum de lapin préparé avec le même germe tué par la chaleur, permet d'affirmer qu’un chauffage modéré ne diminue en rien les propriétés antigenes du pneu- mocoque. Vaccine-t-on la souris contre le pneumocoque, aucun anti- corps n’apparaît, et tout se passe comme si le pneumocoque était totalement dénué de propriétés antigènes. Cherche-t-on à immuniser passivement le lapin au moyen d’un sérum anti- pneumococcique, tout se passe comme si ce sérum était stricte- ment monovalent, et comme si le pneumocoque qui avait servi à le préparer ne renfermait qu’un seul antigène, son antigène propre. Et cependant l’immunisation active du lapin, passive de la souris, mettent en évidence la richesse en antigènes des mêmes échantillons de pneumocoques. Cela montre toute l’importance, dans ce problème complexe, des conditions expérimentales et en particulier du choix de l’animal mis en expérience. En effet pour qu’il y ait immunité active, il faut : 1° Que le microbe immunisant soit pourvu de propriétés antigènes susceptibles de provoquer la formation des anticorps corres- pondants ; 2° que l’animal immunisé soit capable de répondre à cet appel en fabriquant ces anticorps. Aux propriétés anti- gènes du microbe s’opposent donc ce que nous nommons, au laboratoire de M. Nicolle, les propriétés « antipoïétiques » de l’animal. Et nous dirons qu'à l’égard du pneumocoque, la souris nous apparaît comme étant dépourvue de propriétés anlipoié- tiques. V immunisation active de la souris est donc une méthode inutilisable si l'on se propose de faire /’ analyse anti- gène du pneumocoque. De même, pour qu il y ait immunité passive, il faut non seulement préparer un sérum avec un germe judicieusement choisi, hy péri minimiser un animai susceptible de fournir des anticorps; encore faut-il étudier ce sérum sur un sujet capable 32 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR de profiler de ses propriétés. Nos expériences montrent que ranimai passivement immunisé n est pas rigoureusement « passif », mais qu'il peut intervenir au contraire activement pour révéler les propriétés du sérum qu'on lui injecte. Entre les données de l'immunisation passive du lapin, d’une part — de l’immunisation active du lapin, passive de la souris, d’autre paît — il y a d’ailleurs contradiction plus apparente que réelle. Quand on injecte un sérum à un lapin, tout se passe, avons-nous dit, comme si le pneumocoque qui avait servi à l’hyperimmunisation ne renfermait qu’un seul anligène, son antigène spécifique. Cela démontre simplement que de tous les antigènes élémentaires conlenus dans ce pneumocoque, l’antigène spécifique, caractéristique, de l’échantillon, occupe le premier plan, puisque, quand les conditions expérimentales sont défavorables, l’anticorps correspondant apparaît seul. Considérées isolément, les expériences d’immunité passive du lapin semblent montrer des différences qualitatives essentielles, irréductibles, entre les divers pneumocoques; mais ces diffé- rences se ramènent aisément à des différences quantitatives, à la lumière des données de l’immunité active du lapin (ou passive de la souris) qui apportent la notion de la dominance. CONCLUSIONS Au point de vue antigène, tous les pneumocoques ne sont pas égaux entre eux; c’est ce qui ressort avec évidence de nos recherches. H en résulte que la préparation d’un sérum anti- pneumococcique comportera une première série d’opérations qui auront pour but Je choix de l’échantillon. Les connaissances que nous venons d’acquérir serviront de base à cette recherche. On éliminera d emblée tous les germes dépourvus de virulence ou doues d une virulence failde. La richesse en antigènes des échantillons virulents sera étudiée par l'immunisation active du lapin. Alors, mais alors seulement, on pourra procéder à I hyperimmunisation des grands animaux avec quelque chance de succès. ÉTUDE EXPÉRIMENTALE SUR LA SE'ROTHÉR APIE ANTIGONOCOCCIQUE par Félix TERRIEN, Robert DERRÉ et Jean PARAF. Pour apprécier la valeur de la sérothérapie antiganococcique, il est nécessaire tout d’abord de déterminer chez l’animal une infection à gonocoques aussi régulière que possible dans ses lésions et son évolution. On examinera ensuite dans quelle mesure l'emploi du sérum spécifique arrête ou modifie cette maladie expérimentale. Des recherches antérieures, poursuivies par deux d’entre nous (1), ont montré que l’injection de gonocoques dans la chambre antérieure de l’œil du lapin donnait lieu à une ophtalmie bien caractérisée. Nous avons repris l’étude clinique et anatomique de cette ophtalmie gonococcique. L'exposé de nos constatations formera la première partie de ce mémoire. Pour qu’il puisse agir efficacement, le sérum antigonococ- cique doit être injecté au niveau même du foyer morbide; nous avons donc examiné les effets produits par le sérum antigono- coccique, en l’injectant dans la chambre antérieure de l'œil, au cours de l’infection que nous avions déterminée. L’analyse des effets de cette sérothérapie intra-oculaire constituera la deuxième partie de ce travail. Nous avons employé pour cette élude le sérum préparé à l'Institut Pasteur par M. M. Nicolle. M. M. Nicolle nous a encouragés et aidés dans nos recherches. Nous tenons à l’en remercier. (1) Robert Debré et Jean Paraf, Bases expérimentales de la sérothérapie antigonococcique. Comptes rendus de la Soc. de Biologie , t. LXXV, 1913, p. 512. — Méningite cérébro-spinale aiguë*déterminée chez le singe, son traitement par le sérum antigonococcique. Ibid., p, 556. — Immunisation des lapins, Ibid., t. LXXVI, 1914, p. 88. 34 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR J L'animal sur lequel nous avons expérimenté est le lapin. Le choix cle la race n’est pas indifférent. Certains sujets appartenant à la race « Argenté de Champagne » ou « Bleu de Beuvraigne » présentaient des lésions oculaires plus graves et d’une guérison plus difficile que le lapin de clapier. Nous nous sommes servis presque exclusivement des deux races de gonocoques, employées par M. Nicolle pour l’immuni- sation des chevaux. Pareille méthode nous permettait d’avoir une grande fixité dans nos expériences et d’étudier l’action des sérums homologues et hétérologues sur l'infection provoquée expérimentalement. La race la plus fréquemment employée est désignée ainsi : Gono. 9; la seconde race moins employée: Gono. 5. Nous nommerons les sérums correspondants (sérums des chevaux immunisés) sérum Gono. 9 et sérum Gono. 5. Les gonocoques injectés provenaient de cultures âgées de quarante- huit heures, sur gélose-ascite au tiers. Dans quelques cas exceptionnels, nous avons employé des cultures sur gélose-sang humain (1 à 2 cent, cubes de sang humain mélangé à 8 à 10 cent, cubes de gélose, fondue à 4S°-50°). Une anse de culture, bien émulsionnée dans 4 cent, cubes d’eau salée (à 7 pour 1000), constituait le matériel à injecter en quantités définies (avec un peu d’habitude on réalise des émul- sions parfaitement comparables). Chez deux animaux nous avons injecté des gonocoques tués par la chaleur (séjour de cinq minutes au bain-marie à 80°). Les lésions et l’évolution morbide ont été les mêmes que chez les animaux injectés avec des gonocoques vivants. Pour pratiquer l’injection dans la chambre antérieure, nous procédions de la façon suivante : Après anesthésie locale, au moyen de l’instillation dans le cul-de-sac conjonctival de quelques gouttes de la solution stéri- lisée de chlorhydrate de cocaïne à 5 p. 100, l’animal est immobilisé dans un appareil de contention et les culs-de-sac sont lavés avec la solution de cyanure d’Hg à 0,10 centigr. p. 1000. Le globe est fixé tout contre le limbe, tandis qu'une aiguille line en platine iridié est enfoncée à deux millimètres en avant du limbe scléro-cornéen et parallèlement à la face anté- SEROTHERAPIE ANTIGONOCOCCIQUE 35 rieure de l’iris, près de la périphérie de cette membrane, afin d’éviter la blessure du cristallin. On laisse s'écouler l’humeur aqueuse, puis une seringue (de préférence la seringue de Barthélemy) chargée de 0 c. c. 4 de l’émulsion microbienne est adaptée à l’aiguille et l'injection est poussée lentement dans la chambre antérieure. L'aiguille est ensuite rapidement retirée et, en raison de l’exiguïté de la piqûre et de son trajet oblique dans l’épaisseur de la cornée, c’est à peine si une ou deux petites gouttes du liquide injecté s'échappent au dehors. Chaque série d’expériences comportait en général quatre ani- maux. Deux d'entre eux étaient ultérieurement traités par le sérum et les deux autres étant gardés comme témoins, nous laissions chez eux la maladie évoluer spontanément. Ce son! les signes présentés par ces animaux témoins — au nombre de 21 — que nous exposerons tout d’abord. II Dans tous les cas, les symptômes ont été sensiblement identi- ques, sauf dans quatre cas, où les lésions ont été plus légères, et dans trois cas, où elles furent plus graves que ne le compor- tait l'évolution habituelle : nous décrirons tout d’abord les signes observés chez les 14 animaux ayant présenté la forme clinique normale ; 10 d’entre eux ont été infectés par une émulsion de la culture (tono. 9 et quatre d’entre eux par une émulsion de la culture Gono. 5. Les symptômes sont ceux d’une irido-choroïdite plastique, suppurative à forme subaiguë avec tendance à l'hypertonie. Nous étudierons successivement les altérations de l’iris, celles de la chambre antérieure, de la cornée, des vaisseaux ciliaires et de la conjonctive. a) Très rapidement, dans les premières heures qui suivent l’injection, l’iris perd son aspect brillant, sa surface antérieure se trouble en même temps que l’humeur aqueuse. La pupille devient plus petite que du côté sain et aussi moins noire. Elle prend une coloration grisâtre et on voit appa- raître sur le bord pupillaire un très léger exsudât occupant tout son pour- tour, formant un anneau de un à deux millimètres de large et qui très vile détermine une séclusion pupillaire. Le lendemain de l’injection les symptômes s’accentuent; le trouble de la chambre antérieure augmente, quelquefois au point de ne pas permettre l’examene d la face antérieure de l’iris, et les exsudats se collectent à la partie 36 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR inférieure sous forme d’un hypopyon de coloration jaune grisâtre, très épais, fibrinoide, qui se déplace mal sous l’influence des mouvements du globe. D’importance variable, il mesure en moyenne deux millimètres de hauteur ; souvent il atteint le bord inférieur de la pupille ou même le diamètre trans- versai de celle-ci. L’iris, quand il est encore visible, est fortement infiltré, épaissi, il montre par place de véritables petits abcès et*à sa surface se voient des exsudats purulents, gris jaunâtre, reliés à l’hypopyon par des traînées de même nature. b) La cornée présente le plus souvent de minimes abcès siégeant surtout à l’endroit de la piqûre et résultant sans doute d’une pénétration de l’aiguille entre les lames de tissu. De plus, elle montre une opalescence diffuse et prend une teinte gris bleuâtre qui n’est généralement visible qu’à la période de régression, quand Thypopyon a diminué et que les exsudats iriens sont en voie de disparition. Cette opalescence cornéenne est la règle. Elle est d'ordinaire peu accentuée, à peine assez marquée pour gêner l’examen de la membrane irienne ; mais en même temps la cornée s’amincit, se distend, prend une forme conique, le globe augmente de volume et le tonus s’élève, l’hypertonie entraîne une distension progressive de l’œil dans tous ses diamètres ; en même temps que la cornée s’agrandit, le globe devient hydrophtalme. c) La réaction ciliaire et l'injection périkératique sont toujours minimes, et en rapport avec l’évolution subaiguë du processus. La conjonctive bulbaire est modérément injectée. Le maximum de l'injection porte naturellement sur la région limbaire, et diminue à mesure qu'on s’en éloigne, pour disparaître à cinq ou dix millimètres du limbe. d) La conjonctive est également un peu injectée, mais là encore, la réaction est d'ordinaire modérée et limitée à la région bulbaire, au pourtour du limbe scléro-cornéen . Quelquefois l'injection est plus accentuée: la conjonctive, assez fortement infiltrée, surplombe légèrement le limbe et empiète sur le pourtour de la cornée qu’elle enchâsse à la manière d'un anneau de 2, 3, 4 et même 6 milli- mètres de large. L’aspect rappelle celui du pannus de la conjonctivite granu- leuse, avec cette différence que la déformation est très régulièrement disposée ici sur toute la périphérie de la cornée et ne s’étend pas davantage en un point qu’en un autre. Cette sorte de pannus annulaire est constante lorsque la réaction irienne est très vive et accompagnée d'exsudats et d’hypertonie accentués. Il est alors tellement -marqué qu’il peut faire croire à une véritable hémorragie. Dans un cas, où l’hypertonie était très élevée, le globe avait un aspect piriforme, la cornée était devenue conique ; seule la partie centrale était demeurée transparente, et tout le reste de la membrane était recouvert par une large bande annulaire de ce tissu vasculaire néoformé. Dans les cas favorables, après une durée de douze à quinze jours, les exsudats se résorbent en partie, l’hypopyon disparaît, mais le champ pupil- laire demeure obstrué et le tonus reste élevé, conséquence de l’oblitération des voies d’excrétion par les exsudats. Dans les cas moins favorables, l'hy- popyon tarde à se résorber, on assiste à une désorganisation du globe par irido-choroïdite suppurée et l’œil s’atrophie. Telle est la forme clinique habituelle de l’ophtalmie gonococ- cique expérimentale, déterminée dans les conditions indiquées plus haut. Elle est caractérisée par une irido-choroïdite suppu- SÉROTHÉRAPIE ANTI GONOCOCCIQUE 37 rative d’allure torpide avec phénomènes réactionnels modérés, mais tendance exsudative très marquée, des exsudats obstruant le champ pupillaire, s’amassant à la partie la plus déclive de la chambre antérieure sous forme d’hypopyon et entraînant secondairement l'élévation du tonus et la distension du globe par obstruction des voies de filtration. L’injection conjonctivale et périkératique sont d’ordinaire modérées. La première donne Fig. 1. — Lapin n° 5. Segment antérieur du globe oculaire. Coupe méri- dienne. Injection de culture de Gono. 9 dans la chambre antérieure. Sixième jour. Gross. : 12 diamètres. Les lésions portent surtout sur la région de l’angle iriçn, sur l’iris et sur la chambre antérieure, occupée presque en totalité par un hypopyon qui dépasse le bord supérieur de la pupille. Iris infiltré et très vasculaire sur- tout au niveau de la région de l’angle irien. L’infiltration leucocytaire s étend de chaque côté du limbe scléro-cornéen et les vaisseaux périlimbaires sont très dilatés, conséquence de l’injection périkératique. La rétine est décollée au niveau de l’ora-serrata. Le cristallin est normal et la cornée, demeuiée transparente, l’est également. lieu dans les formes sévères àla formation d’un pannus annulaire. 38 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Dans quelques cas exceptionnels (4 sur 21), les symptômes furent plus légers (trois animaux infectés avec une émulsion de la culture Gono. 9 et un animal infecté avec une émulsion de la culture Gono. 5). Les animaux ne présentaient qu’une injection périkèratique très minime, limitée à la région périlimbaire, une légère décoloration de la face antérieure de l’iris, avec contraction de la pupille et aspect un peu louche de celle-ci ; quelquefois même quelques exsudats se collectaient les jours suivants à la partie la plus déclive de la chambre antérieure et formaient là un hypopyon très limité et rapidement disparu. L’infection, dans ces formes très légères, peut se borner à ces seuls symptômes réactionnels très atténués. Très vite la membrane irienne reprend son brillant, la réaction péri-cornéenne diminue et. disparaît et la pupille redevient d’un beau noir, montrant sur tout son pourtour un fin liséré grisâtre qui persiste et témoigne de l'inflammation antérieure. Dans des circonstances plus rares encore (3 cas sur 21) la maladie, loin d’être aussi légère, se présente sous un aspect particulièrement grave. Très vite, dès le lendemain de l’injection, on constate une vascularisation péri- cornéenne très accusée, s’étendant à 3 ou 4 millimètres du limbe scléro- cornéen. La cornée et la chambre antérieure sont troubles, quelquefois même au point de ne laisser voir qu’avec beaucoup de difficultés la face antérieure de l'iris et la pupille. Ces dernières se montrent également très troubles et parsemées de petits foyers purulents, quelquefois déjà collectés à la partie inférieure de la chambre antérieure sous forme d’un hypopyon abondant, et souvent reliés à ce dernier par des traînées purulentes. Les jours suivants, 1 hypopyon augmente encore et remplit le tiers, la moitié ou même les deux tiers de la chambre, il est toujours très épais et on n’observe guère de modi- fications sou?, l’influence de l’inclinaison delà tète de l’animal. Bientôt l’hyper- tension apparaît, la cornée se distend, prend une teinte opalescente et s’amincit. Cette hypertonie, très manifeste à la palpation, peut entraîner la perforation du globe, favorisée ici par la minceur de la cornée chez le lapin et par la ponction de la membrane. Dans les cas où semblable complication survient, la perforation siège concentriquement au limbe et à peu de distance de ce dernier. En résumé, Tophtalmie expérimentale, obtenue par l’inocula- tion, dans les conditions définies plus haut, d'une émulsion de gonocoques se caractérise par une irido-choroïdite suppurative atténuée avec phénomènes réactionnels minimes, mais à ten- dance exsudative manifeste, avec infiltration cornéenne et sur- tout irienne, trouble de la chambre antérieure et de la pupille et formation d hypopyon. Elle évolue en dix à quinze jours, se termine par une obstruction partielle ou complète de la pupille, avec synéchies postérieures occupant souvent tout le pourtour de la pupille et opacités partielles de la cornée. Exceptionnellement plus grave (3 cas sur 21), elle détermine des phénomènes réactionnels intenses avec exsudais abondants dans la chambre antérieure, le champ pupillaire, un hypopyon 39 SÉROTHÉRAPIE ANTIGONOCOCCIQUE considérable et aboutit ou bien à la perforation et à la phtisie du globe oculaire consécutive au bien à l’occlusion totale de la pupille avec hypertonie secondaire. Rarement plus bénigne (4 cas sur 21), elle ne provoque qu’une réaction très minime avec quelques exsudats, un léger trouble de l’iris, tous phéno- mènes qui disparaissent très vite et laissent seulement des synéchies qui bordent le champ pupillaire et une occlusion Fig. 2. — Lapin n° 3. Injection de culture de Gono. 9 dans la chambre anté- rieure. Sixième jour. Segment antérieur du globe. Coupe méridienne. Gross. : 12 diamètres. A1 Là aussi le maximum des lésions plus manifestes encore que dans la pré- paration précédente portent surtout sur la région de l’angle irien, la chambre antérieure et sur l’iris. La cornée n’est pas sensiblement altérée, le cristal- lin est normal et la choroïde est peu infiltrée. La chambre antérieure est remplie par un hypopyon très épais, surtout au centre, qui atteint la moitié du champ pupillaire. Iris infiltré, et fortement vascularisé, en particulier au niveau de la région de l’angle irien. L’infiltra- tion en ce point empiète au dedans sur la cornée et au dehors sur la scléro- tique. Cornée et. cristallin normaux. Choroïde peu infiltrée. partielle de la pupille avec parfois quelques exsudats pupil- laires. f 40 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Ces données établies, nous allons examiner l'effet sur cette maladie du sérum spécifique. 111 Nous avions précédemment reconnu que la meilleure mé- thode pour traiter par le sérum spécifique l’ophtalmie gonococ- cique expérimentale était l’injection du sérum dans la chambre antérieure, pratiquée vingt-quatre heures après l'inoculation du matériel virulent. Pour l'injection du sérum, nous procédons comme pour l’in- jection de l’émulsion microbienne. L’animal est immobilisé, anesthésié, la seringue de Barthélemy chargée au préalable avec la quantité de sérum à injecter :0 c. c. 4, très exacte- ment mesurée, et le globe étant fixé avec la pince, l’aiguille de la seringue est enfoncée à quelques millimètres du limbe, parallèlement à la face antérieure de l’iris, en veillant à ne pas blesser le cristallin : mais ici l’issue d’humeur aqueuse est évitée, pour que la soustraction d’une certaine quantité de pus ne puisse modifier l’évolution ultérieure de la maladie. Nous avons procédé ainsi à 27 expériences. Nous avons traité, tout d’abord, 16 animaux, qui avaient été infectés avec une émulsion de la culture Gono. 9, en leur injectant du sérum homologue, c’est-à-dire le sérum d’un cheval immunisé par des gonocoques de la même souche. Déjà dès le lendemain et quelquefois le soir même de l’injec- tion, on constate une différence très manifeste entre l’œil injecté et l’œil témoin. Elle porte d’ordinaire sur l’ensemble des symptômes : rougeur conjonctivale et périkératique moins accusées, trouble moins marqué dans la chambre antérieure, exsudats moins abondants, hypopyon plus lent à collecter, et toujours moins considérable, de plus tous les phénomènes inflammatoires régressent si rapidement qu’au bout de quatre a six jours après l’injection de sérum, l’iris a repris son brillant et les exsudats ont disparu, laissant seulement à la limite du champ pupillaire un fin liséré qui le borde sur tout son pourtour. Souvent aussi, on trouve de petits exsudats fibrinoides obstruant une partie de la pupille, alors que le reste SÉROTHÉRAPIE ANTIGONOCOCCIQUE 41 de celle-ci esl absolument noire. Jamais on ne constate de pànnus annulaire comme chez les animaux témoins. L évolution de l’ophtalmie gonococcique expérimentale dif- fère donc complètement suivant qu’elle est abandonnée à elle- même ou traitée vingt-quatre heures après son début par une injection intra-oculaire de sérum spécifique homologue : la gra- vité d es lésions est beaucoup moindre, la rapidité de la guéri- Fig. 3. — Lapin n° 16. Injection de culture de Gono. 9 dans la chambre antérieure. Huitième jour. Coupe méridienne du globe. Gross. : 12 dia- mètres. Comme dans les ligures précédentes les lésions portent à peu près uni- quement sur la chambre antérieure, l’iris et la région ciliaire. Le cristallin est normal, la cornée peu altérée et la choroïde faiblement infiltrée et vas- cularisée. L’hypopyon qui remontait jusqu’à la moitié inférieure du champ pupillaire était très épais et très adhérent à la face postérieure de la cornée. Iris forte- ment vasculaire et très infiltré de leucocytes, en particulier au niveau de la région ciliaire. son beaucoup plus grande et les séquelles pathologiques, si importantes dans les cas non traités, sont presque nulles chez 42 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR les animaux qui ont reçu une injection de sérum. Ces résultats sont d’aulant plus intéressants que dans chaque série noiis avons choisi, pour les traiter, les animaux qui paraissaient le plus sérieusement touchés, laissant au contraire évoluer la maladie chez les animaux qui semblaient moins atteints. A vrai dire, dans trois cas (sur nos 16 expériences), l’injec- tion de sérum n’a pas modifié d’une façon apparente 1 évolution de la maladie. Dans deux de ces cas, dès le lendemain de l'inoculation de l’émulsion microbienne, donc au momeni même où le sérum a été injecté, les lésions étaient tellement graves qu’elles semblaient incurables, l’œil était violemment injecté, la cornée 1res infiltrée et la chambre antérieure aux trois quarts remplie de pus, dans un de ces cas même il y avait une perforation de la cornée avec une hernie irienne. Dans le troisième cas, l’ophtalmie ne se présentait pas avec une allure particulièrement sévère, et cependant l’injection de sérum ne l’a pas empêché d’évoluer d’une façon aussi fâcheu- sement grave que chez l’animal témoin. D’autre part, 5 lapins, infectés avec des gonocoques, avec une émulsion de la culture Gono. 5, ont été traités par l’in- jection de sérun homologue (sérum d’un cheval immunisé avec la souche Gono. 5). Dans quatre cas les résultats ont été favorables. Dans un cas, grave à la vérité, le sérum a été inefficace. En résumé , en employant le sérum homologue, sur 21 ani- maux nous n’avons observé que quatre échecs, et si l’on écarte les deux animaux, qui présentaient au moment de l’essai thé- rapeutique des lésions incurables, on constate que, sur dix-neuf tentatives de sérothérapie, deux seulement ont échoué. Nos expériences avec des sérums hétérologues sont moins nombreuses : nous avons traité par le sérum Gono. 9 trois ani- maux infectés avec une émulsion de la culture Gono. 5, et par le sérum Gono. 5 trois animaux infectés avec une émulsion de la culture Gono. 9. Sur les six expériences, nous avons obtenu trois succès. Le sérum Gono. 9 a guéri dans de bonnes conditions deux animaux sur trois. Le sérum Gono. 5 a été très efficace dans un cas, médiocrement efficace dans le second cas, a échoué chez le troisième animal en expérience. De ces 27 expériences (chiffre obtenu en additionnant les « SEKOTHEKAPIE AMJGONOCOGGIQUE 43 *21 « homologues » et les h « hétérologues ») deux doivent être défalqués comme il a été dit plus haut (lésions trop graves). Restent 25 animaux traités parmi lesquels 20 ont présenté une ophtalmie incomparablement moins grave au point de vue cli- nique que les témoins. On peut donc fermement conclure que la sérothérapie antigonococcique employée dans les conditions d’expériences où nous nous sommes placés est remarquablement efficace. 0 Fig. 4. — Lapin ?i° 20. Injectiop de culture de Gono. 5 dans la chambre antérieure (dixième .jour). Coupe méridienne du globe. Gross. : 5 dia- mètres. L’hypopyon a disparu. Seule persiste l'infiltration de la région ciliaire et de la périphérie de la cornée, bien visible sur la figure suivante, qui montre la région de l’angle irien de la même préparation à un plus fort grossisse- ment. Mais en même temps on constate une soudure de la racine de l iris a la face postérieure de la cornée et une excavation de la papille. Lésions d au- tant plus intéressantes que cet œil au moment où il fut enlevé montrait une hypertonie très manifeste, très appréciable au doigt et entraînant un léger trouble de la çornée. IV Quelques expériences de contrôle nous permettent d affirmer une fois de plus que le sérum antigonococcique doit être in- ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR jecté dans le foyer même de 1 infection (1). Deux animaux ont été traités par l'injection intramusculaire de 10 cent, cubes de sérum, un animal par l'injection intraveineuse de 10 cent, cubes, un autre animal par l’injection intraconjonctivale de 1/2 cent, cube. Ces différents essais thérapeutiques, pratiqués vingt- quatre heures après l’injection intra-oculaire de l’émulsion mi- crobienne, n’ont été suivis d’aucun résultat et les lésions ont évolué exactement comme chez les animaux témoins. L’injection intra-oculaire de sérum antidiphtérique et de sérum antiméningococcique est absolument inefficace (trois animaux). Bien que nos expériences antérieures, confirmées par les recherches présentes, nous aient indiqué quel était le meilleur moment pour pratiquer l’injection de sérum, nous avons cepen- dant tenté des injections de sérum à un moment plus rappro- ché de l'inoculation microbienne. Les résultats n ont pas été favorables. Point particulier, l’injection de sérum pratiquée cinq heures après l’inoculation intraoculaire de gonocoques a paru augmenter provisoirement l’intensité des lésions, en par- ticulier l’injection périkératique et la réaction irienne, l’hypo- pyon est apparu ensuite et toutes les lésions n'ont rétrocédé qu’assez lentement et incomplètement. Sur ce point, — fort intéressant au point de vue théorique, — nous n’avons pas assez d’expériences (quatre animaux) pour donner une conclu- sion formelle. Nous avons pratiqué quelques injections préventives de sérum, l’injection de 0 c. c. 4 de sérum dans la chambre anté- rieure étant pratiquée vingt-quatre heures avant l’inoculation du matériel infectant. Nos résultats ont été les suivants : Injections préventives de sérum homologue : trois résultats favorables et trois échecs (injection de sérum Gono. 9, et vingt- quatre heures après injection de l’émulsion de Gono. 9 : deux succès et deux insuccès. Injection de sérum Gono. 5 et vingt- quatre heures après injection de l’émulsion de Gono. 5 : un succès et un insuccès). Injections préventives de sérum hétérologue : deux résul- (1/ Robert Debré et Jean Paraf. Principes généraux et bases expérimen- tales de la sérothérapie antigonococcique. La Presse Médicale, 13 décembre 1913. SÉROTHÉRAPIE ANTIGONOCOCCIQUE 45 tats favorables et deux échecs (injection de sérum Gono. 9, puis vingt-quatre heures après injection de l’émulsion Gono. 5 : un succès, un insuccès. Injection de sérum Gono. 5, puis vingt-quatre heures après injection de l’émulsion Gono. 9 : un succès et un insuccès). Si le pouvoir curatif lu sérum est donc indéniable, à condi- tion de l’employer dans de bonnes conditions, son pouvoir préventif est, pour le moins, douteux. Fig. 5. — Môme préparation que figure 4 à un grossissement plus fort (25 diamètres). On voit bien l’infiltration leucocytaire de la cornée dans la région du canal de Schlemm et l’adhérence de la racine de l’iris à la face postérieure de la cornée. La membrane de Schlemm délimite les deux membranes, irienne et cornéenne. Y L’étude clinique des animaux en expérience devait être com- plétée par une étude anatomo-pathologique. Celle-ci nous a permis de faire les constatations suivantes . 46 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR Les lésions portent presque uniquement sur te segment anté- rieur du globe oculaire et se localisent surtout sur la région ciliaire, l’iris et la chambre antérieure, le cristallin demeurant normal et la cornée peu altérée. Ce sont, avant tout : une hypé- rémie de la membrane vasculaire du globe, surtout de l’iris et du corps ciliaire, une infiltration leucocytaire abondante avec formation d’exsudats plastiques et d’hypopyon. Les lésions de la cornée sont d’ordinaire très minimes. Tout se borne à une infiltration très discrète, localisée seulement à certains points de la membrane et souvent uniquement à la périphérie, au voisinage du canal de Schlemm et dans la région du limbe scléro-cornéen. Celui-ci est toujours très fortement infiltré el l’infiltration se continue avec le corps ciliaire (fig. J). C’est dans l’iris et le corps ciliaire que les lésions atteignent leur maximum, surtout au niveau du corps ciliaire. Les vaisseaux sont dilatés, remplis de sang et on constate une infiltration leucocytaire très intense qui se continue avec celle de l’iris. En même temps on voit sur les surfaces antérieures el postérieures de celui-ci des exsudats, qui en arrière peuvent recouvrir la presque totalité de sa face postérieure et déter- miner une adhérence étendue avec la face antérieure du cris- tallin (fig. 2). La chambre antérieure est toujours plus ou moins remplie par un hypopyon résultant des exsudats purulents venus du corps ciliaire et de la face antérieure de l’iris et venant se col- lecter au point le plus déclive (fig. 1, 2 et 3). Cet hypopyon très épais est en majeure partie formé de globules de pus et de leucocytes englobés dans un réticulum fibrineux. Le cristallin demeure normal et n’est jamais intéressé par î infiltration. Dans la choroïde et la rétine les vaisseaux sont dilatés, mais l’infiltration demeure très minime, sou- vent insignifiante. La différence avec le segment antérieur est très manifeste ; aussi serait-il plus exact de parler ici d irido-cyclite plutôt que d’irido-ehoroïdite. La rétine ne mon- tre aucune altération, tout au moins pendant les premiers jours et celles qui surviennent ensuite sont la conséquence du décol- lement de cette membrane et non pas de l’infection du globe. Les lésions précédemment décrites évoluent parfois vers une guérison relative, caractérisée par des synéchies postérieures SÉROTHÉRAPIE ANTIGONOCOCCIQUE 47 étendues et l'occlusion totale de la pupille ; dans les cas graves, on peut oberver la phtisie du globe, conséquence habituelle des irido-cvclites sévères et longtemps prolongées. Plus souvent, elles se compliquent au bout d’une dizaine de jours d’hyper- tonie puis de distension de la totalité du glaucome. La pathogénie est ici celle du glaucome secondaire en général. Fig. 6. — Lapin n° 2. Injection de culture diluée du Gono. 9 dans la chambre antérieure et vingt-quatre heures plus lard injection de sérum Gono. 9. Sixième jour. Segment antérieur du globe. Coupe méridienne. Gross. : 12 diamètres. La cornée, le cristallin et même l’iris semblent normaux ; seul l’iris est encore assez vascularisé, légèrement infiltré et la cornée également un peu infiltrée au voisinage du canal de Schlemm. Mais les lésions sont insigni- fiantes, la chambre antérieure est normale et cette intégrité est d’autant plus curieuse si on compare cette figure à la ligure 2, représentant 1 œil d un animal témoin, enlevé le même jour après avoir été injecté en même temps avec la même émulsion microbienne, mais qui n a pas été traité pat le m mm. 48 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Les synéchies postérieures et l’occlusion pupillaire, combinées à l’adhérence de la racine de l’iris à la face postérieure de la cornée (fig. 4 et 5) entraînent un défaut d’excrétion et l’élé- vation de tonus, qui se traduit d’abord par le refoulement de la pupille, l’amincissement de la cornée et finalement la disten- sion du globe. Si 'l’on étudie, au contraire, les yeux énucléés après injection de sérum dans la chambre antérieure, la différence avec les yeux non traités apparaît très manifeste (fig. 6 et 7). On ne constate presque plus trace d’hyperhémie ni d’infiltra- tion leucocytaire, l’hypopyon et les exsudats font défaut, sauf au niveau du bord pupillaire et l’aspect est sensiblement celui de l’œil normal. Toutefois nous ne pouvons affirmer qu’à la longue l’hypertonie ne puisse se produire, en raison des syné- chies postérieures qui persistent, en dépit de l’injection de sérum. Vf. — Conclusions. I. — L’injection dans la chambre antérieure de l’œil du lapin d’une émulsion de gonocoques provoque l’apparition d’une ophtalmie caractérisée par une irido cyclite à forme torpide avec injection périkératique modérée, mais à tendance exsudative très manifeste avec formation de synéchies et hypo- pyon abondant. Elle évolue en dix à quinze jours, se termine par une occlusion totale de la pupille, avec exsudats dans le champ pupillaire et trouble partiel de la cornée. Dans un tout petit nombre de cas, la maladie est plus légère et on constate seulement des synéchies du bord pupillaire et une légère décoloration de l’iris avec un peu de réaction péri- kératique et peu ou à peine d’hypopyon. Dans des circon- stances plus rares encore, elle est plus grave* et se traduit par une réaction très accentuée avec hypopyon considérable, quelquefois meme perforation de la cornée et phtisie du globe. Malgré ces exceptions, on peut affirmer que l’ophtalmie gono- coccique, réalisée de cette façon, a le caractère d’une maladie expérimentale suffisamment fixée dans ses caracfères et con- stante dans son évolution. Les lésions sont caractérisées par une hypertonie du tractus irido-ciliaire avec infiltration leuco- cy faire très accentuée et hypopyon. N 1 SÉROTHÉRAPIE ANTIGONOCOCCIQUE 40 Les gonocoques ne se’ multiplient pas dans les lésions observées, comme différents auteurs, notamment M. Morax, l’ont déjà fait remarquer. Les lésions sont identiques, lorsqu’on injecte à l’animal des gonocoques tués par la chaleur. IL — L’injection dej) c. c. 3 de sérum spécifique dans la chambre antérieure de l’œil, pratiquée vingt-quatre heures après l'inoculation microbienne, modifie complètement l'évo- Fig. 7. — Lapin n° 6. Injection de culture de Gono. 0 dans la chambre anté- rieure et injection vingt-quatre heures plus tard de sérum Gono. 9. Dixième jour. Segment antérieur du globe. [Coupe méridienne. Gross. : 12 dia- mètres. Comme dans la figure précédente, les lésions insigniliantes portent sur la région ciliaire et la différence est frappante entre cet œil et lœi! d un animal témoin (lig. 1) enlevé le même jour après avoir été injecté en meme temp* avec la même émulsion microbienne, mais qui n'a pas été traité par le sérum. lution de la maladie ; la gravité des lésions est beaucoup moindre; la guérison beaucoup plus rapide (quatre à six jours et plus complète. III. — L’injection intramusculaire, intraveineuse et intracon- 50 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUH jonctivale de sérum est sans influence sur l’évolution de l'oph- talmie gonococcique; l’injection intraoculaire de sérum antimé- ningococcique ou antidiphtérique est aussi inefficace. IV. — Le pouvoir préventif du sérum est douteux : les résul- tats de l’injection intraoculaire pratiquée vingt-quatre heures avant l’injection de microbes sont variables. V. — Les heureux résultats de la sérothérapie antigonococ- cique observés au cours de nos expériences confirment ce que nous avions observé précédemment en employant le sérum de lapins immunisés, lis ne permettent pas de préjuger des effets de la sérothérapie appliqués aux lésions humaines : dans le cas présent, les gonocoques ne se multiplient pas dans l’œil du lapin, et l’action du sérum se réduit à une action antiendo- toxique. DE L’ACTION DES SÉRUMS PAR LA VOIE RESPIRATOIRE par A. BESREDKA. Tous les modes d'inoculation furent utilisés au cours des % recherches sur l'anaphylaxie et l’immunité : par les voies sous- cutanée, intrapéritonéale, intraveineuse, cérébrale, rachi- dienne, oculaire, buccale et rectale. Seule fut laissée de côté la voie laryngo-trachéale. Sur la foi des physiologistes réservant la trachée-artère avec ses vastes dépendances exclusivement à la circulation de l’air, les bactériologistes n'osèrent l’aborder que dans des cas exceptionnels : les essais d’infection par la voie respiratoire se comptent. Les doctrines de l’immunilé et de l'anaphylaxie furent édifiées, tout entières, sans que nul ne s’avisât de forcer cette porte condamnée. Or, il est indéniable que l'injection laryngée — de sérum, virus, vaccin ou médicament (novarsénobenzol ou autre) — qui ne comporte aucune effraction de tissu, constitue pour l’orga- nisme une injure moins grave qu’une injection à travers les tissus, celle-ci ne fût-elle que sous-cutanée. Nous nous réservons de revenir sur l'absorption des virus, des vaccins et des médicaments. Dans la présente note, nous ne nous occuperons que de l’action des sérums, en tant qu'elle intéresse X anaphylaxie et X immunité passive. Trois questions se posèrent à nous : a) Chez l’animal neuf, le sérum introduit par la voie laryn- gée est-il inoffensif ? b) Chez l’animal anaphylactisé, le sérum introduit par celte voie est-il susceptible de déclancher le choc ? c ) Dans le cas de sérum .thérapeutique, ce dernier intro- duit par la voie aérienne confère-t-il l’immunité passive? i a) Au moyen d'une sonde ou par ponction trachéale, nous administrons à des cobayes et à des lapins du sérum normal de ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR cheval. En augmentant progressivement les doses, nous constatons que la voie respiratoire ne le cède en rien, quant à sa tolérance, à d’autres, telles que les voies intrapéritonéale ou intraveineuse. Pour réduire la masse de liquide, nous préparons du sérum concentré : dans un ballon renfermant du sérum de cheval (250 cent, cubes), nous laissons tomber, en en répartissant également sur toute la surface du liquide, du sérum desséché (100 grammes) ; le tout est laissé au repos jusqu’à la dissolution complète. De ce sérum concentré dont 1 cent, cube équivaut à 5 cent, cubes de sérum ordinaire, on peut introduire 2 cent, cubes (= 10 cent, cubes) dans la trachée de cobaye (350 gr.), sans provoquer aucun trouble. L’innocuité du sérum par la voie aérienne pour l’animal neuf est donc certaine. Reste à savoir comment se comporte l’animal sensibilisé. b) Des cobayes ayant reçu sous la peau de petites quantités de sérum de cheval (1 / 1 00- 1 /600) pu de blanc d’œuf (1 / 1 00 c.c.) sont soumis, quinze jours à trois semaines après, à l’épreuve intratrachéale. L’expérience montre que, dans ce cas, les choses se passent exactement comme si l’épreuve avait été pratiquée par la voie veineuse ou cérébrale. Il suffit, en effet, d’introduire 1/15 — 1/10 de centimètre cube de sérum de che- val ou 1/100 de centimètre cube de blanc d’œuf dans la trachée, pour provoquer le choc anaphylactique. Donc, chez le cobaye anapbylactisé, la voie trachéale est à peu près aussi sensible que la voie sanguine. Il va sans dire que le procédé de vaccination par doses sub- intrantes s’applique à la voie laryngée tout comme à la voie veineuse. Mais où les deux voies ne se ressemblent pas, c’est lorsqu’il s’agit de liquides visqueux ou tenant en suspension des parti- cules solides. Vis-à-vis de ces liquides, l appareil trachéo-bron- chique possède une tolérance qui en fait une porte d’entrée extrê- mement précieuse, surtout chez l’animal en état d’anaphylaxie. Si, en effet, au lieu de sérum liquide, se Tésorbant vite par la muqueuse respiratoire, nous nous adressons à du sérum de consistance sirupeuse, 1 avantage de la voie laryngée ressort DE L'ACTION DES SÉRUMS PAR LA VOIE RESPIRATOIRE 53 avec évidence. En raison cle sa consistance, la résorption d’un tel sérum se trouve ralenti. La solubilisation s'effectuant par étapes, les premières portions de sérum dissous ont le temps de vacciner l’animal — antianaphylactiquement — contre les portions de sérum entrant en solution subséquemment. L’ani- mal réalise de la sorte lui-même sa vaccination par le procédé des doses subintrantes, et, de ce fait, il est à même de sup- porter, en une seule fois, quoique sensibilisé, des doses très élevées de sérum. Pour donner au sérum la consistance sirupeuse, nous procé- dons de deux façons : ou nous le concentrons, selon le procédé indiqué plus haut, de cinq fois, ou nous le transformons en émulsion ; dans ce dernier cas, nous faisons usage de sérum sec; celui-ci, finement pulvérisé, est projeté à la surface d’un excipient visqueux — huile d’olive ou mélange de jaune et de blanc d’œuf; la suspension ainsi obtenue est bien supportée par la voie laryngée. Le cobaye sensibilisé, qui succomberait à l’injection intrachéale de 1/10 — 1/15 de centimètre cube de sérum ordinaire, supporte d’emblée des doses dix — vingt fois supérieures de sérum semi-liquide; pour ce qui concerne le sérum solide en suspension, la tolérance de l’animal ne se trouve limitée que par celle qu’il offre envers l’excipient. c) La facilité avec laquelle est provoqué le choc, lorsqu’on emprunte la voie laryngée, témoigne du pouvoir d’absorption considérable de la muqueuse respiratoire envers le sérum. Ce pouvoir s’étend-t-il aux anticorps contenus dans les sérums thérapeutiques? L’expérience nous a montré que, sous ce rapport, la voie laryngo-trachéale se comporte comme la voie veineuse. L'immunité, consécutive à l'injection laryngée, s’établit très rapidement et elle dure une huitaine de jours, en moyenne. Nos expériences ont porté sur les sérums antidiphtérique et antitétanique. Des cobayes et des lapins, ayant reçu de ces sérums par la voie respiratoire, ont été aussitôt inoculés avec de fortes doses (30-50 fois mortelles) de toxine diphtérique ou tétanique. Aucun des animaux préparés par le sérum n’est mort; tous les animaux témoins ont succombé en vingt à trente-six heures. 54 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Conclusions. La voie aérienne se prête aisément à l’absorption de grandes quantités de sérum. Introduit par le laiynx, le sérum est complètement inoffensif chez l’animal neuf; il fait éclater le choc anaphylactique mortel, chez l'animal sensibilisé. Les accidents anaphylactiques 'sont d’autant plus faciles à éviter par la voie laryngée, que [la consistance du sérum se rapproche plus de l’état solide. La rapidité de résorption, l'absence de danger anaphylac- tique jointes à la simplicité de la technique opératoire font du canal laryngo-trachéal la voie de prédilection pour la sérothé- rapie chez l'homme. ABREUVOIR POUR RATS ET SOURIS PERMETTANT ÉGALEMENT L ABSORPTION, SANS PERTES NI SOUILLURES, DE SOLUTIONS DIVERSES A DOSES CONTROLABLES par A. PONSELLE. Il n'existe pas à notre connaissance d’abreuvoir pratique pour rats et souris, aussi s’en passe t-on généralement. On leur donne plus ou moins régulièrement du pain mouillé, dont le moindre inconvénient est d’humidifier outre mesure le grain contenu dans les bocaux d’élevage sans apporter la quantité d'eau nécessaire. L’abreuvoir que nous avons imaginé, et qui semble remplir tous les desiderata, se compose simplement d’un tube à essais de diamètre plus ou moins grand, suivant le nombre d’animaux h abreuver, percé à son extrémité close d’un orifice de 2 à i millimètres de diamètre (ce qui se fait très simplement en chauffant avec te dard du chalumeau l’extrémité fermée, tandis qu’on obture avec le pouce l'ouverture du tube, l’air dilaté par la chaleur perce le verre ramolli). On remplit le tube d’eau en fermant le petit orifice avec un doigt, on le bouche au caout- chouc (les souris rongent le liège) et on le pend dans le bocal à l’aide d’un collier en fil métallique. L’eau se maintient dans le tube par la pression atmosphérique et les rongeurs pour s’abreuver viennent lécher l'ouverture par laquelle l’eau des- cend par go.uttes proportionnellement à la rentrée d’air. Les rats, les souris sauvages ou domestiques, utilisent sans hésita- tion cet abreuvoir, ainsi que les mulots même pris au piège peu de temps auparavant. Ce petit appareil gradué avec plus ou moins de précision peut servir à faire absorber aux petits rongeurs, sans pertes ni souillures, des doses connues de liquides ou de solutions variées pourvu que le goût n’en soit pas trop désagréable. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 56 Nous pensons donc qu en plus de 1 aide qu il apportera à l’élevage rationnel des petits rongeurs, cet abreuvoir seia de quelque utilité à ceux qui ont à cœur de maintenir dans les meilleures conditions possible les animaux en expérience et rendra des services dans les études de chimiothérapie, ou d’alimentation, que les recherches récentes sur* les facteurs accessoires de la nutrition ont mises à l’ordre du jour. i' Le Gérant : G. Masson. Paris. — L. Marethfux, imprimeur, 1, rue Cassette. — 5 — Maison Ch. VERD1N WO* G. BOULiTTE, succr Ingénieur-Constructeur APPAREILS DE PRECISION Servant en Physiologie, en Pharmacologie et en Médecine INSTALLATIONS COMPLÈTES de LABORATOIRES sur DEVIS 7, Rue Linné, PARIS (Ve) Téléphone 828-33 HOUVElIlE ÉTUVE à température constante • * de HEARSON La figure représente l’Étude électriqne sans réser- voir d’eau Dans ces appareils, la chaleur est produite, distribuée d'une façon uniforme par un ou plusieurs fils. Des jonc- tions spéciales commandant chaque fil permettent d utiliser ces résistances suivant certaines combinaisons pour pro- duire des températures plus ou moins élevées. Nous fabriquons tous les appareils nécessaires aux labo- ratoires de bactériologie, tels que : bains-marie, étuves à paraffine, stérilisateurs, appareils Wassermann, etc. Tous nos appareils peuvent être chauffés, soit au pétrole, gaz ou électricité. ENVOI GRATUIT DU CATALOGUE SUR DEMANDE Seuls Concessionnaires : SPRATTS PATENT 38, rue Gaumartin, PARIS — 6 — E. COGIT & C'E Constructeurs d’ Instruments et d’ Appareils pour les Sciences 36, Boulevard Saint-Michel, PARIS Téléphone : Fleurus 08-58 ATELIERS DE CONSTRUCTION EXPÉDITIONS ET VERRERIE EN GROS 19, Rue Humboldt. PARIS AGENTS EXCLUSIFS DES MICROSCOPES KORISTKA. S. O.M. Construits par ta Société d’Opt/que et de Mécanique de Haute Précision, à Paris. Dépositaires des Colorants français R. A. L. et des Colorants du Dr TRIBONDEAU et du Dr HOLLANDE Produits chimiques pour la Micrographiè et la Bactériologie Autoclaves , Centrifugeurs, Installations complètes de Laboratoires, Milieux de culture stérilisés, Microtomes de toutes marques. APPAREILS ET BROYEURS LATAPIE NOUVEAU MODÈLE D'ÉTUVES ÉLECTRIQUES A TEMPÉRATURE CONSTANTE NOUVEAUX APPAREILS DE PYSIOLOGIE Marque « ASCO » pour la médecine et l’expérimentation. BILLADLT CHENAL*, DOUILHETet C“, Suce" PARIS — 22, rue de la Sorbonne, 22 — PARIS FABRIQUE DE PRODUITS CHIMIQUES ET PHARMACEUTIQUES Produits purs pour Aialps * Bactériologie * Histologie * fiierograpiie Depots des balances : H. L BECKER Fils et Cie, de BRUXELLES En France : Henry-Louis BECKER. — A. CATTEAUX et R. GUELTON Suc" FOURNISSEURS DIE L’INSTITUT PASTEUR Adoptée officiellement par la Marine et les Hôpitaux de Paris . PANCRÉATINE DEFRESNE 1 gr. transforme simultanément : 35 gr. albumine; 20 gr. corps gras; 25 gr. amidon. Dyspepsie. Diabète . Dégoût des Aliments. Digestions difficiles. POUDRE — PILULES — ÉLIXIR DEFRESNE, Auteur de la Peptona Pancréatique, 4, Quai du Marché-Neuf, PARIS, et Pharmaolas. Gastralgie. Gastrite, etc. | FOURNITURES GÉNÉRALES pour LABORATOIRES et Ateliers de construction d’Appareils de précision Les Établissements POULENC Frères 122, Boulevard Saint -Germain — PARIS Siège social : 9S, me Vieilîe-du-1 emple Produits iiiipes purs Réactifs, Liqueurs titrées Verre Français, marque LABO TERREBIE OBWMIRS ET GHAHDÉE DEN SIMÈTRES THERMOMÈTRES APPAREILS chauffés au gaz, au pétrole, à l’électricité. Autoclaves et Étuves à culture COLORANTS FRANÇAIS, marque R. A. L. pour Microbiologie et Physiologie MICROSCOPES — MICROTOMES — CENTR1FUGEURS Ouvrage reçu par les Annales : Nlanual of Tropical Medicine ALDO CASTELLANI and ALBERT J. CHALMLRS Troisième édition, s + 2.436 p., 909 figures, 16 planches en couleurs. 45 sh. net. LONDON BAILLIÈRE, TINDALL AND COX 8, Henriette Street, Covent Garde n. 1919 ATELIERS DE CONSTRUCTION %x Pour APPAREILS DE CHIMIE, ’%%. BACTÉRIOLOGIE, % Verrerie soufflée, graduée, porcelaine, terre, grès. NET i 36 et 13, Rue Vauquelin = PARIS (Ve) = INSTALLATIONS COMPLÈTES DE LABORATOIRES XùT IDE SALLES D’O PÉRATIOITS 38 ^ Fourniture de Produits chimiques — Matières colorantes Microscopes — Microtomes. NOUVELLES VERRERIES DE LABORATOIRE : IVeutra . Qualité léoa. Fina. . . — Bohême. Verre. . — Courante. Produits français fabriqués par la Verrerie E. ADNET, 28, rue des Carrières, à Charenton, près Paris. — ENVOI FRANCO DU CATALOGUE ILLUSTRE — ' EUX INGENIEUR des Arts et Manufactures PARIS — 64, Rue Gay-Lussac, 64 — PARIS Adresse télégraphique : WIESNEGG-PARIS. — Téléphone : 806-25. SPÉCIALITÉ D’APPAREILS BACTÉRIOLOGIQUES Autoclaves * stérilisateurs a air chaud * STÉRILISATEURS A EAU BOUILLANTE * ÉTUVES et BAINS-MARIE A TEMPÉRA- TURES CONSTANTES * ÉTUVES A CUL- TURES MICROBIENNES CHAUFFÉES PAR LE GAZ, L’ÉLECTRICITÉ ET LE PÉTROLE * RÉGULATEURS DE TEMPÉRATURE * CHAMBRES - ETUVES , etc. APPAREILS A DÉSINFEC- FOURNISSEUR DES Instituts PASTEUR de Pari&, Lille, etc., et Instituts Bactériologiques de France et Etranger INSTALLATION DE LABORATOIRES Projets, Devis Envoi franco des Catalogues sur demande Expositions l Bruxelles 1897 : Grand Prix Universelles ) Paris 1900 : 2 Grands Prix Saint-Louis 1904 : Grand Prix Bruxelles 1910 : 2 Grands Prix T. XXXIV. — 1920. Février — N° 2. ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR FONDÉES SOUS LE PATRONAGE DE ffl. PASTEUR PAR E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION Dr GALMETTE, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr LAVERAN, membre de l’Institut de France; Dr L. MARTIN, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; Dr VAILLARD, membre de l’Académie de médecine. I PARIS MASSON ET G1*, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain (6e). Secrétaire de la Rédaction : Camille RAVEAU BIBLIOTHÉCAIRE DE l’ïNSTITUT PASTEUR 25, RUE DUTOT - PARIS (XVe Les annonces sont reçues à l'Économat dû l’Tnstitut Pasteur. PRIX DE L’ABONNEMENT. — France : 3 *3 francs. Union postale : 36 francs; Prix d’un Numéro : 3 francs - 2 - ABONNEMENT. — PRIX DES VOLUMES DES « ANNALES Prix de l’abonnement, à partir de 1930 . Frange .... 32 fr. — — — —...... Union Postale. 36 fr. Prix d'un numéro, — — 3 fr. Années antérieures. — Les années 1889, 1890, 1891, 1895 et 1896 sont épuisées. Les années 1892, 1893 et 1897 à 1917 se vendent séparément 28 francs. Les années 1887 (volume I), 1888, 1894, étant très rares, ne se vendent pas séparément. Tables des Matières, années 1887 à 1906, 1 vol., 10 francs. î SOMMAIRE DU N° 2 Pages. Jubilé É. Metchnikoff. — La pathogénie du choléra et la vaccination anticholérique, ;57 i, par J. Cantacuzène - i Technique d’identification des germes pyocyaniques, par G. Gessard 88 Études sur le pneumocoque (dixième mémoire) : Préparation et propriétés des sérums à antipneumococciques, par G. Truche 98 _ Le “ JETES ” seul véritable CRESYL ! EXIGER LE VRAI JEYES Le seul d’une elllcaeité scientiftqueœent contrôlée et d’une innocuité' absolue et constante LE MEILLEUR DÉSINFECTANT ANTIPARASITAIRE Cicatrisant rapide des plaies, blessures, etc. Indispensable pour f Assainissement , la Désinfection et I1 r l’Hygiène des Habitations et de leurs Dépendances Le CRÉSÏL-JEÏES authentique possède ne pouvoir germicide considé- rable, même en présence de matières protéiques. Non toxique, le CRÉSY L-JEYES se montre contre les Plaies un excellent antiseptique. Pour la désinfection des Locaux, les bons effets du CRÉSYL-JEYES tiennent à ses remarquables propriétés BACTÉRICIDES et ANTIPUTRIDES. SAVONS ANTISEPTIQUES AU CR'SYLJEYES pour la TOILETTE et l’HYGIÉNE de la PEAU Société Française de Produits Sanitaires et Antiseptiques PARIS — 35, Rue des Francs-Bourgeois — PARIS. — 3 ~ Ingénieur des Arts et Manufactures P. LEQUEUX*, Maison WIESNEGG, 64, rue Gay-Lussac, Paris Fournisseur de l’Institut Pasteur et de la Faculté de médecine de Paris STÉRILISATEURS, ÉTUVES, APPAREILS DE DÉSINFECTION Insta.lations (le Laboratoires de bactériologie. Exposition univ. Paris 1900 : DEUX GRANDS PRIX ■Établissements Produits, Procédés et APPAREILS pour la DÉSINFECTION en surface, en profondeur et par lavages ou trempages. G O N I N APPROUVÉS par le Conseil supérieur d’Hygiène publique de France, AUTORISÉS conformément à la loi. par M. le Ministre de l’Intérieur. r 3 pour 15 ir H” 4 pour 20 m3 FUMIGATORS GONIN Cartouchés auto-productrices d'aldéhyde formique CRÉSYLOL SODIQUE GONIN - FLUOFORIVSOL GONIN NITIDOL GONIN É'T’TT \7" rjp O de tous chauffages, [fixes et transportables, à basse ^ ^ température, sans pression, utilisant le formol. — Adresser toute la correspondance à M. le Direeteur des Etablissements GONIN 60, Rue Saussure, PARIS (17e) Adresse télégr. : FUMIGAT OR-PARIS Téléph. : WAGRAM -17-23 FABRIQUE DE GRILLAGES ET* IDE CAGES pour Études Bactériologiques CHENILS ET VOLIÈRES Paul PIARRETTE Fournisseur de l'Institut Pastenr H de ta Faenlte de Médecine 17. rue Séguier , 17, Paris (&) - 4 - SOL LE PLUS PUISSANT DES ANTISEPTIQUES-DÉSINFECTANTS DÉRIVÉS DU GOUDRON! ENTIÈREMENT SOLUBLE DANS L’EAU Le JLYSOLj, recommandé par les médecins et les savants les plus éminents, est le meilleur préservatif des maladies épidémiques Grippe, Influença, Diphtérie, Fièvre typhoïde, etc. Les Dispensaires antituberculeux et, principalement, le Dispensaire modèle de Lille, fondé et dirigé par le Dr Calmette, emploient les Solutions Lysolées, de préférence à toutes autres, pour la des- truction des germes malfaisants des crachats et du linge des tuberculeux. Savons de toilette entiseptips an LYSOL, ponr ECOLES, CRECHES, DISPENSAIRES, ete. Eau Dentifrice antiseptique au LYSOL Société française du IiVSOL 65, rue Parmentier, à 1VRY (Seine) FUTEE CHAMBERLA1 SYSTEM PASTEUR Le seul autorisé par PASTEUR à porter son nom 2 Grands Prix (Exposition Universelle 1900) 5 Diplômes d’Honneur 12 Médailles d’Or — ~ Prix Montyon Médaille d’Or de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale. Le SEUL pouvant s'opposer efficace- ment à la transmission des maladies par les eaux de boisson. FILTRATION DE L’EAU BOUGIES DE POROSITÉS GRADUÉES POUR LABORATOIRES Siège social : 58, rue Notre-Dame de-Lorette, PARIS SOCIÉTÉ D'INSTALLATION ET D ENTRETIEN 1, Rue Godot-de-Mauroi (POUR PARIS ET LA BANLIEUE) A FÉVRIER 1920 N» 2 I 34e ANNÉE ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Mémoire publié à l’occasion du jubilé de E. Metchnikoff. LA PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA ET LA VACCINATION A NTICHOLERIQUE par J. CANTACUZÈNE. ' 1 La vaccination anticholérique, dont les dernières campagnes en Orient ont si pleinement démontré l’efficacité, s’est, pen- dant longtemps, heurtée au scepticisme des médecins et des bactériologistes. Aujourd’hui cette efficacité apparaît claire- ment ; c’est à elle que les troupes de l’armée d’Orient ont dû d’échapper au péril du choléra, alors qu’elles opéraient dans des régions où, depuis plusieurs années, la maladie s’était installée sous forme endémique. Les statistiques publiées par Arnaud (1) relativement au choléra dans l’armée grecque pen- dant la deuxième guerre balkanique nous apprennent que, sur une armée de 108.000 hommes, opérant en foyer cholérique, la morbidité fut de 5,75 p. 100 chez les non-vaccinés, de 3,12 p. 100 chez ceux qui subirent une vaccination incomplète et de 0,41 p. 100 seulement chez les hommes vaccinés complè- (1) Arnaud, Choléra dans l’armce hellénique en 1912-1913, Bull. Acad. Méd ., 1914, t. 71, p. 3S4. 4 58 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tement. Voilà des chiffres impressionnants. Mais c’est surfont ce que j’appellerai « l’expérience roumaine » qui a tranché la question et établi la valeur de la méthode sur des bases d’une indiscutable précision ; appliquée systématiquement à plus d’un million et demi d'individus militaires et civils, elle a permis en 1913, lors de la campagne de Bulgarie, d’enrayer en peu de jours l’épidémie qui s’était abattue sur l’armée roumaine, puis, en 1916, de juguler littéralement le choléra jusqu’au début de la guerre contre l’Allemagne; il fit de nouveau son apparition parmi les troupes et parmi les populations de la rive droite du Danube qui se retiraient devant les armées de l’envahis- seur. En ce qui me concerne, je puis en parler avec une certitude d’autant plus grande que, témoin actif de ces deux campagnes anticholériques, j’étais moi-même en 1913 quelque peu atteint du scepticisme général qui régnait alors. Etant chargé en 1913 du service des épidémies dans l’armée d’opération, je fis, malgré mes doutes, et dès l’apparition des premiers cas, appliquer la méthode des vaccinations d'une façon aussi systématique que possible (ce qui à cette époque n'alla pas sans quelque diffi- culté, tant le préjugé était fort). Trois semaines plus tard, devant l’évidence des résultats, mon doute avait fait place à une con- viction profonde. 11 n’est pas sans intérêt de rechercher les causes du discrédit qui pendant tant d’années s'attacha à la méthode des vaccina- tions anticholériques. Ces causes peuvent se ramener à trois principales : 1° la campagne impitoyable qui fut menée en 1884 contre le D Ferran et qui laissa, dans l’esprit des médecins, une impression longue à s’effacer; 2° le peu de publicité faite autour des expériences de flaffkine dans les Indes, tout inté- ressantes qu elles fussent, ainsi que le vague dont s’enveloppè- rent les essais tentés en Russie quelques années plus lard. L’imprécision des données qui résultèrent de ces deux cam- pagnes anticholériques ne fit qu’aggraverle scepticisme régnan t; enfin, 3° les conceptions, inexactes sur bien des points, tou- chant la pathogénie du choléra, qui pendant bon nombre d’an- nées hantèrent l’esprit des microbiologistes et firent que beau- coup d’entre eux considérèrent a priori le choléra comme peu justiciable d'une vaccination préventive. VACCINATION ANTICHOLÉRIQUE 59 La vaccination anticholérique fut proposée et appliquée pour la première fois à l’homme par le DP Ferran, de Barcelone, en 1884 (1); cet expérimentateur avait commencé par démontrer la possibilité d’immuniser les cobayes contre la péritonite vihrionienne. C’est donc à lui que revient le mérite de cette découverte et il est équitable de lui rendre aujourd’hui une justice qui lui a été refusée, au début, par la commission offi- cielle chargée de contrôler ses expériences. Peut-être sa tech- nique ne fut-elle pas toujours à l’abri des critiques ; on était alors au début de l'ère bactériologique et les méthodes de labo- ratoire n'étaient pas encore entrées dans la pratique courante. Ferran inoculait des cultures vivantes ; les résultats qu’il obtint semblent avoir été encourageants. Il n’en est pas moins vrai que le verdict prononcé contre lui impressionna fortement le monde médical et abolit pour longtemps toute confiance dans une méthode qui vingt-neuf ans plus tard devait constituer le procédé de choix pour prévenir et combattre une épidémie de choléra. Quatre années plus tard, en 1888, Haffkine, appliquant à la préparation du vaccin anticholérique les méthodes pastoriennes (premier vaccin atténué et deuxième vaccin exalté au moyen de passages par les animaux de laboratoire), s’en alla tenter aux Indes des expériences sur une vaste échelle. Les résultats, si l’on s’en rapporte aux statistiques (2), furent incontestablement favo- rables; cependant ils ne réussirent pas à imposer la conviction, et voici pourquoi : si, parmi les populations de l’Inde soumises à la vaccination, morbidité et mortalité furent infiniment moindres chez les vaccinés que chez les témoins, néanmoins, comme ces essais ne portèrent que sur un petit nombre de vil- lages, l’évolution générale de l’épidémie aux Indes ne s’en trouva guère influencée au point de frapper l’imagination du public. Ainsi ces expériences, mal coordonnées, n’eurent pas le retentissement qu’elles méritaient. Ajoutons qu’elles eussent probablement été plus démonstratives si les doses de vaccin injectées eussent été plus fortes. (1) Ferran, a) Communication à l’Académie de Barcelone. 16 juillet 1884; 6) Sur la prophylaxie du choléra au moyen d’injections hypodermiques de cultures pures du bacille virgule. C , R. Acad, des Sciences , 1885. (2) Haffkine, Vaccinations Against choira. Brit. med. journ., 1895 et 1899. 60 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Une impression d'imprécision et de flou plus grande encore se dégagea des expériences faites en Russie de 1904 à 1909; malgré les résultats favorables obtenus en certaines régions, elles paraissent avoir faiblement impressionné le grand public médical ; les statistiques furent souvent contradictoires ; il ne semble pas que la méthode ait été appliquée partout avec une rigueur suffisante. 11 est certain que là encore les quantités de vaccin injectées furent eu général trop faibles ; l’expérience faite en Roumanie nous a montré à quel point, en matière de vaccination anticholérique, les résultats sont variables avec la quantité de corps microbiens que reçoit l'organisme vac- ciné. Bref, il faut en arriver aux dernières guerres balkaniques, et particulièrement aux deux campagnes anticholériques rou- maines, pour trouver enfin des résultats précis, indiscutables, entraînant la conviction. Là, en effet, les conditions d’expéri- mentation furent particulièrement favorables; les inoculations ayant été pratiquées avec une régularité, une méthode, une rigueur que seule la discipline militaire permettait de réaliser dans d’aussi vastes proportions ; j’ajoute : avec une foi et une ardeur scientifiques tout à fait rares. Je doute, en effet, si au milieu des difficultés et des angoisses de la retraite roumaine en 1916, les résultats prophylactiques eussent pu être ce qu’ils furent en réalité, sans la confiance passionnée, la conscience, le dévouement avec lesquels le personnel des jeunes bactériolo- gistes roumains chargé^ de combattre le choléra accomplirent leur mission : c’est à eux que nous devons d'avoir éteint en peu de jours l’épidémie dans sa marche envahissante. Parmi les causes qui ont pendant longtemps retardé la méthode des vaccinations, il faut réserver une place importante aux conceptions pathogéniques. A force d’envisager le choléra comme une maladie toxique issue d’une infection strictement localisée, à la façon de la diphtérie et du tétanos, on s’acharna longtemps à la poursuite d'une sérothérapie jusqu’ici déce- vante. Le choléra est une maladie toxique ; cela est hors de doute, et ses formes rapides présentent les caractères d’un empoisonnement aigu ; la présence du vibrion cholérique dans les organes reste exceptionnelle ; l’hémoculture faite pendant la vie est presque toujours négative; elle est rarement positive VACCINATION ANTICHOLÉRIQUE 61 à l’autopsie si celle-ci est pratiquée immédiatement après la mort ; pour ma part, sur 53 autopsies de cholériques faites aussitôt après la mort, je n’ai isolé que cinq fois le vibrion du sang du cœur ; les voies biliaires sont les seules où Ton ait de grandes chances de le rencontrer en dehors de l'intestin. Le lieu des vibrions cholériques, c’est l'intestin grêle et sur- tout sa muqueuse. C'est au contact de cette muqueuse dénudée qu’il trouve les conditions favorables à sa pullulation ; c’est là que s’élaborent les poisons spécifiques qui vont agir sur le sys- tème nerveux et les capsules surrénales. Il s'agit bien, somme toute, d'une intoxication générale à point de départ intestinal ; l'erreur a été d'assimiler ce processus à celui de la diphtérie et du tétanos et cette erreur a influencé la thérapeutique spéci- fique : la notion des infections à caractère purement toxique, de leur curabilité par des antitoxines, de la difficulté que l'on éprouve dans la diphtérie, par exemple, à réaliser une vaccina- tion préventive au moyen de corps bactériens, pesait à tel point sur les esprits que l’on constatait une tendance générale à appli- quer au choléra des conceptions analogues. De là, pour beau- coup de bactériologistes, une répugnance réelle à accepter la possibilité d'une vaccination active contre le choléra; cette répugnance trouvait un argument d’ordre expérimental dons l’échec de la vaccination préventive chez les jeunes lapins auxquels on inocule le choléra par voie intestinale (1). Mais n’oublions pas que ce choléra expérimental des jeunes lapins, si intéressant à d’autres égards, s’éloigne trop des conditions normales de l’infection pour qu’il soit possible d’en déduire quoi que ce soit relativement à l’efficacité des vaccinations pré- ventives. Quoi qu’il en soit, pendant longtemps, les expérimentateurs se détournant de la recherche d’un vaccin préventif, portèrent leurs efforts vers l’obtention d’une bonne toxine soluble et d’un sérum antitoxique. Bien des constatations intéressantes sorti- rent de ces longues et patientes recherches ; mais il faut bien le reconnaître : les expériences assez nombreuses de sérothérapie pratiquées sur l’homme ont démontré que l’obtention d un (1) E. Metchnikoff, Recherches sur le choléra et les vibrions, quatrième mémoire . Ces Annales , 1894, t. 8, p. 529 et 589. 62 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR sérum anticholérique etficace était chose infiniment moins simple que lorsqu’il s’agit de la diphtérie et du tétanos ; les produits toxiques élaborés par les vibrions cholériques ne peu- vent en effet être comparés à ceux que l'on isole, si facilement, des cultures de diphtérie par exemple. Dans l’état actuel de la science, nous ne pouvons définir une toxine que par son aclion sur l'organisme. Or, tandis que, dans la diphtérie ou le tétanos, l’organisme réagit sur le mode anti- toxique, il réagit, dans le choléra, sur le mode antibactérien. Voilà un point capital qu’il ne faut pas perdre de vue lorsque l’on poursuit la recherche du traitement spécifique du choléra. Le sang d’un malade qui a surmonté une attaque de diphtérie ne contient ni agglutinines, ni sensibilisatrice spécifiques ; on y décèle par contre la présence d'antitoxines capables de neu- traliser in vitro les poisons solubles obtenus dans les cultures. Au contraire, chez un malade guéri du choléra on ne trouve pas d’antitoxines, ainsi que nous l'a démontré Salimheni (1) ; mais on y rencontre agglutinines, précipitines et sensibilisatrice anticholériques. Le sang des individus vaccinés contre le cho- léra se trouve dans le même cas ; il ne contient pas d’anti- toxines, mais il est excessivement riche en anticorps bactériens. Je rappelle ici les recherches exécutées en Roumanie par MM. Balteano et Lupu (2). L’apparition et l’évolution des anti- corps dans le sang des individus vaccinés contre le choléra y sont minutieusement étudiées et suivies jour par jour. Contrai- rement aux affirmations d’Aaser (3), ces expérimentateurs ont établi que la quantité des anticorps aussi bien que leur persis- tance dans le sang croît avec le nombre des injections vacci- nales : d’autre part, ils n’ont pu constater de baisse appréciable dans la quantité d’anticorps présents à la suite d'une nouvelle inoculation d antigène. Leurs expériences seraient par consé- quent défavorables à l’idée de l’existence d’une « phase néga- tive ». La possibilité de vacciner activement contre le choléra (1) A. T: Salimbeni, Recherches sur la vaccination préventive contre le choléra asiatique. Bull. Soc. Patli. exot., 1915, t. 8, p. 17 et 22. (2) J. Balteano et N. Lupu. C. R. Soc. Biol., 1914, t. 76, p. 68Ô et 683. (3) Aaser, Ueber die Schutzimpfung des Menschen gegen Choiera asiatica. Berl. /clin. Wochenschr ., 1910, p. 34. VACCINATION AN T ICH Q LER I Q U E 63 résulte d’ailleurs de l’observation clinique courante : une attaque de choléra confère à l'individu qui l'a surmontée une immunité certaine ; les récidives au cours d’une même épidé- mie sont rarissimes ; je n'en possède pour ma part qu'une seule observation personnelle, la récidive survenue à deux mois de distance, ayant été suivie de mort; et si l’on ne peut encore déterminer quelle est la durée de cette immunité, son existence du moins est indiscutable. Je rappelle à ce propos les intéres- santes constatations faites au cours de la dernière guerre par MM. Galasesco et Balteano (1); 27 cholériques, ayant terminé leur convalescence depuis une quinzaine de jours, reçurent sous la peau des doses de vaccin anticholérique qui chez un individu normal eussent déterminé la réaction générale et locale bien connue. Les résultats furent d'une remarquable con- stance : « Aucun des individus inoculés ne présenta la moindre « réaction ; ni douleur locale, ni gonflement, ni fièvre, ni « malaise' si léger fût-il. » L'attaque de choléra avait immu- nisé ces hommes contre l’antigène cholérique. Je rappelle éga- lement que les cobayes ayant reçu plusieurs fois à un inter- valle de dix à quinze jours, des vibrions cholériques dans l’estomac, sont solidement vaccinés contre la péritonite vibrio- nienne, à condition d’attendre pour les éprouver, que dix-huit jours se soient écoulés depuis la dernière inoculation gas- trique (2). Tâchons maintenant, à la lumière de quelques données nou- velles, de nous rendre compte en quoi les conceptions pathogé- niques anciennes doivent être modifiées. Notons d'abord ceci : lorsque l’on parie pour la diphtérie ou le tétanos d’infection localisée, il s’agit d une infection locali- sée à une surface assez petite. Il n'en est pas de même du cho- léra; la plus grande partie de la muqueuse de l’intestin grêle est envahie par les vibrions, ce qui représente une surface énorme et un champ d’infection hors de proportion avec ce que l’on observe dans les maladies citées plus haut. 11 est difficile dans ces conditions de parler d'infection locale. (1) Galasesco et Balteano. C. R. de La Soc. médico-chirurgicale du front russo-roumain, 1917, t. 1. (2) J. Cantacuzène, Recherches sur le mode de destruction des vibrions dans l’organisme. Thèse de Paris, 1894, p. 139. 64 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR D’autre part, il est certain qu’entre le milieu intestinal (intestin grêle) et les vibrions cholériques, il existe des rela- tions nécessaires, qui donnent aussi bien à l'infection qu’à la réaction organique une physionomie toute spéciale. Nous devons aujourd'hui considérer l'infection cholérique avant tout comme une infection de la muqueuse intestinale et l’immunité contre le choléra comme une immunité de l'intestin lui-même. L’im- munité apparaît dans l'intestin grêle avant d’apparaître dans le sang ; le fléchissement de la résistance de l’organisme au cho- léra inteslinal correspond à un fléchissement de cette immu- nité locale ; immuniser l'organisme contre le choléra revient surtout à immuniser la muqueuse de l'intestin grêle contre l'infection vibrionienne. Il y a là un processus d’attaque et de défense très particu- lier et qui présente plus d’un point d’analogie avec les processus analogues étudiés récemment par M. Besredka à propos de la dysenterie et des infections typho-para typhiques (1). Le vibrion cholérique est un micro-organisme entérotrope. Quel que soit son point d’introduction dans l’organisme, qu’on l'inocule par voie gastrique, par voie péritonéale ou sanguine, par injection intracérébrale, ou par la voie biliaire, c’est tou- jours à la muqueuse de l'intestin grêle que l’infection aboutit. Les travaux de Baroni (2), Sanarelli (3), Violle (4), Cantacu- zène et A. Marie (5), etc., le démontrent ; quelque soit ce point d’introduction, au bout d’un certain temps la muqueuse d’abord, puis la lumière de l'intestin grêle, sont envahies; au point que l'on peut affirmer, sans trop de paradoxe, que le moyen le plus sûr de déterminer chez les cobayes une eritérite cholérique est de pratiquer l’inoculation par voie intraveineuse ou intrapéritonéale. Quand l’infection a lieu par voie gastrique comme chez l’homme, l’épithélium intestinal offre à la péné- tration du vibrion dans la muqueuse une barrière difficile à (1) A. Besredka, Du mécanisme de l'infection dysentérique, de la vaccina- tion contre la dysenterie par la voie buccale et de la nature de l’immunité dysentérique. Ces Annales , 1919, t. 33, n° 5. — Id. Reproduction des infections paratyphique et typhique. Ces Annales , 1919, t. 33, n° 8. (2) V. Baroni et Ceaparu. C. R. Soc. Biol., 1912, t. 72, p. 894. (3) C. Sanarelli, Patliogénie du choléra. La Presse Médicale , 1916, p. 505. (4) H. Violle, De la vésicule biliaire envisagée comme lieu d’inoculation. Ces‘ Annales , 1912, t. 26 et C. R. Acad, des Sciences , 1911, t. 150, p. 1524. (5) J. Cantacuzène et A. Marie. C. R. Soc. Biol., 1919, t. 32, p. 842. VACCINATION ANTICHOLÉRIQUE 65 Iranchir; tant que le vibrion est présent dans la cavité intesti- nale seule, il n’y a point de choléra. Pour que le processus pathologique apparaisse il faut qu'il y ait lésion de la barrière épithéliale et que l’infection de la muqueuse puisse s’amorcer en quelque point. Or cet amorçage peut se faire par les méca- nismes les plus divers; toutes les causes capables de détériorer l’épithélium de l'intestin grêle ou de le modifier au point de vue de son état d’équilibre physiologique peuvent suffire. La muqueuse de l’intestiu grêle représente une des plus vastes surfaces d’élimination de l’organisme pour les poisons élaborés dans les tissus; son importance à ce point de vue n'est peut- être pas loin d’être comparable à celle du rein lui-même ; quand cette élimination est pathologique apparaissent des lésions de l’épithélium en même temps qu'un fléchissement de tout le système de défense localisé dans la paroi intestinale. C’est ainsi que bien des produits d’auto-intoxication parmi lesquels il faut vraisemblablement compter ceux par exemple qui résultent du surmenage, modifient cette muqueuse et favorisent la pénétra- tion des vibrions cholériques. Tous les anciens observateurs ont signalé, et les dernières campagnes nous ont démontré une fois de plus, l’influence très grande du surmenage sur la genèse du choléra. Je puis citer l'exemple du ...e régiment d’infanterie roumaine, un de ceux qui pendant la campagne de Bulgarie payèrent au choléra le plus lourd tribut ; les cas de choléra cessaient de se produire sitôt que le régiment était mis au repos pendant quelques jours, pour recommencer dès qu’il se remettait en mar-che; ce rythme se reproduisit régulièrement un certain nombre de fois, jusqu’à ce que le triage des porteurs de germes et une vaccination générale eussent mis fin à l’épi- démie (1). Les entérites banales par indigestion, les septicé- mies à tendance entérolrope telle que la colibacillose (expé- (1) Voici un autre cas fort typique. En 1916, le ...e régiment de la ...c divi- sion qui campait en Dobrogea, en plein foyer cholérique et qui avait présenté quelques cas de choléra (les vaccinations préventives avaient été laites dans cette division avec une négligence manifeste), fut révisé au point de vue des porteurs de vibrions avant de partir pour le front. On y découvrit huit porteurs de germes parfaitement sains d’ailleurs (sept soldats et un officier) que le commandant refusa de laisser en arrière. Après deux jours de marches forcées le régiment exténué arriva à P. et entra aussitôt en tran- chées. Les huit porteurs eurent le choléra dès lendemain de leur arrivée. A NIVALES DE L’INSTITUT PASTEUR 06 riences de Sanarelli (1), les purgatifs [expériences de Poitevin et Violle (2), de Cantacuzène et Marie] (3), l'injection sous-cutanée de sérum entérolytique [expériences de M. Nasla (4), la sup- pression de la sécrétion biliaire Violle] *(5)y peuvent provoquer le choléra en permettant aux vibrions présents dans l’intestin de pénétrer dans la muqueuse. Peut-être, ainsique l’a supposé Metchnikoff (6), existe-t-il quelque association microbienne inconnue capable de favoriser et d’amorcer la pullulation intrapariétale des vibrions cholériques. 11 n’est pas impossible non plus que le vibrion cholérique lui-même en exaltant sa virulence au cours des passages d’homme à homme, ne devienne par lui-même, à un moment donné, capableMe réaliser 1 effrac- tion de la barrière épithéliale ; l’observation clinique nous démontre en effet l’extrême virulence des vibrions fraîchement sortis de l’organisme malade. Il est fort probable d’ailleurs que la pénétration dans la muqueuse intestinale d’un petit nombre de germes cholériques, en y réalisant un début d'immunité locale, sensibilise cette muqueuse pour l'intoxication vibrio- nienne : c’est ainsi que des expériences faites avec M. A. Marie nous ont montré que l’extrait d’intestin grêle vacciné qui, injecté préventivement sous la peau, protège un cobaye contre une dose mortelle de vibrions inoculés dans le péritoine, déter- mine au contraire une péritonite vibrionienne mortelle lorsqu'on l’inocule dans le péritoine en même temps qu'une dose non mortelle de vibrions. On voit par les exemples précédents que l’amorçage de l’infection pariétale constitue encore un point très obscur de la pathogénie du choléra. Cet amorçage une fois réalisé, la muqueuse est envahie ; les vibrions y pullulent sou- vent avec une surprenante rapidité et inondent l'organisme de leurs produits toxiques. La muqueuse intestinale représente, en effet, un milieu essen- (1) G. Sanarelli, Pathogénie du choléra. La Presse Médicale , 1916, p. 505. (2) II. Pottevix et H. Violle, Transmission du choléra aux singes par la voie gastro-intestinale. Bull. Soc. Path. exot. , 1913, t. 6, p. 482. (3) J. Cantacuzène et A. Marie, Choléra gastro-intestinal chez le cobayo. C. R. Soc. Biol., 1914, t. 76, p. 306. (4) M. Nasta. C. R. Soc. Biol., 1914, t. 77, p. 177 (5) H. Violle, Sur la pathogénie du choléra. C. R. Acad, des Sciences , 1914, t. 158, p. 1710. (6) E. Metchnikoff. Ces Annales, 1894, t. 8, p. 529 et 589. VACCINATION ANTICHOLÉRIQUE 67 tiellement favorable à cette pullulation du vibrion, ainsi qu'à 1 exaltation de ses propriétés pathogènes. On est frappé, à l’au- topsie d’individus chez lesquels le choléra a évolué d’une façon suraiguëe, de voir combien les vibrions sont rares dans le contenu liquide de l’intestin grêle; au contraire, au contact immédiat de la paroi dénudée, on les trouve en quantités prodigieuses, la majorité d’entre eux en voie de vibriolyse. Il faut que la maladie se prolonge un peu pour que les vibrions apparaissent en masse dans le liquide intestinal ; l’envahis- sement de la muqueuse semble donc précéder celle du tube digestif. Cette action favorisante de la muqueuse peut se démontrer expérimentalement. Il résulte de nos recherches faites avec A. Marie (1) qu’il suffit d’ajouter à une dose non mortelle de vibrions cholériques introduits dans le péritoine d’un cobaye une faible quantité d’extrait d’intestin grêle normal, parfaitement inoffensive par elle-même, pour provoquer en très peu d'heures une péritonite cholérique mortelle avec invasion de la muqueuse et de la lumière intestinale. D’autre part, il est certain aujourd’hui que chez les animaux immunisés contre le choléra, à côté de F immunité générale s’établit également une immunité locale de la paroi intestinale ; bien plus, l'immunité locale semble précéder l’immunité géné- rale et s’établir plus rapidement qu’elle. Dans un travail déjà ancien (2) j’avais constaté que chez les cobayes vaccinés contre le choléra par voie sous-cutanée ou intrapéritonéale, les vibrions cholériques trouvent dans l’intestin grêle un milieu bactéricide qui les fait rapidement périr : dans ce cas les vibrions vivants ont disparu de l’intestin grêle trois heures après l’inoculation, tandis que chez les témoins non vaccinés les vibrions s’y rencontrent en grand nombre vingt-cinq heures après 1 injection par voie gastrique. Nous avons montré dans des recherches récentes (3) que la sensibilisatrice apparaît dans (1) J. Cantacuzène et A. Marie, Action activante de la muqueuse intestinale sur les propriétés pathogènes du vibrion cholérique. C. R. Soc. Biol., 1919, t. 82, p. 842. (2) J. Cantacuzène, Recherches sur le mode de destruction des vibrions dans l’organisme. Thèse de Paris, 1894. (3) J. Cantacuzène et A. Marie, Sur l’apparition précoce de sensibilisation spécifique dans l’intestin grêle des cholériques. C. R. Soc. Biol., 1919, t. 82, p. 981. % 68 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR l’intestin grêle dès les premières heures qui suivent l’imprégna- tion de l'organisme par l’antigène cholérique ; ce pouvoir sen- sibilisateur de l’intestin est très énergique d’emblée, A ce même moment la sensibilisatrice n’existe pas encore dans le sang ou n’y existe que sous forme de traces. De cet ensemble de faits, il résulte la notion très claire que les procédés mis en œuvre par l’organisme pour lutter contre le choléra sont avant tout d’ordre anti bactérien ; dès lors, la vaccination préventive au moyen de corps microbiens apparaît comme une méthode absolument rationnelle. Les résultats expérimentaux fournis par les deux dernières campagnes anti- cholériques, en Roumanie, constituent une magnifique démon- stration pratique de cette affirmation. Ce sont les résultats de cette expérience roumaine que nous allons exposer maintenant. Il Au cours de ces dernières années, la Roumanie eut à subir deux attaques de choléra : la première pendant l’été de 1913, au moment de la campagne de Bulgarie; puis en septem- bre 1916 presque aussitôt après son entrée en campagne contre les puissances de l'Europe centrale. Dans l’intervalle des deux épidémies, c’est-à-dire pendant près de trois ans, on ne signala aucun cas suspect en Roumanie qui resta complète- ment indemne pendant ce laps de temps, bien qu’elle fût environnée de foyers cholériques sur toutes ses frontières. Ces deux apparitions du choléra en Roumanie se rattachent à la grande pandémie, la huitième dans l’ordre historique, qui depuis 1904 a pénétré dans l’Europe orientale et s’y est main- tenue depuis lors. L’origine de cette pandémie se trouve dans le pèlerinage musulman de 1902; elle présente ceci de parti- culier qu elle a suivi une voie de pénétration toute nouvelle qui n est ni l’antique route des caravanes de l’Afghanistan et de la Perse, ni celle de la mer Rouge et des ports méditerra- néens, mais bien le nouveau chemin de fer, qui du Hedjaz VACCINATION ANTICHOLÉRIQUE 69 mène vers Damas et Alep. De là le choléra envahit l’Asie- Mineure d’une part, la Perse de l’autre; elle s’est depuis lors maintenue en Asie-Mineure sous forme de foyers endémiques qui en 1912 se propagèrent dans la péninsule balkanique à l'occasion de la guerre turco-bulgare ; d’autre part, de Perse elle gagnait la mer Caspienne et atteignait Bakou en 1904. Le choléra sévit avec une extrême violence en Russie de 1904 à 1909; en 1909 plus de 8.300 cas se produisirent dans la seule ville de Pétrograd. A partir de 1909 l’épidémie russe décrût d’intensité, tout en se maintenant jusqu’à l’époque actuelle sous forme de foyers endémiques. A l'occasion des récents mouvements militaires, elle subit une recrudescence, poussant des pointes en Allemagne (camps de prisonniers russes de Dantzig et de Kônigsberg) et surtout en Autriche-Hongrie où elle fit en 1914 et 1915 de nombreuses victimes. La péninsule balkanique relativement épargnée jusque-là fut envahie en 1912 par le choléra qu’y importèrent les troupes turques d’Anatolie; il décima les deux armées belligérantes devant les lignes de Tchataldja; depuis il n'a jamais quitté la péninsule et c’est là que l’armée roumaine s’infecta en juillet 1913. L’actuelle pandémie cholérique n’avait guère touché la Roumanie avant 1913; quelques cas isolés s’étaient produits en 1908, 1909, 1910 et 1911 dans les ports du bas Danube (Galatz et Braïla) et de la mer Noire (Constanlza) qui ont avec la Russie des relations journalières. Grâce à d’actives et inces- santes mesures de surveillance, ces foyers naissants furent toujours rapidement éteints sur place et jamais l’épidémie ne s’étendit. En 1912 et pendant la première moitié de 1913, aucun cas ne fut signalé en Roumanie et l’armée était absolu- ment indemne de choléra lorsqu’elle franchit le Danube à la fin de juin 1913. L’armée roumaine, qui entra en Bulgarie en 1913, n’était pas vaccinée contre le choléra; la campagne avait été décidée presque à l’improviste et d’ailleurs les vaccinations à ce moment n’étaient pas encore à l’ordre du jour. C’est à Vratza, dans les Balkans, que les troupes prirent le germe de la maladie qui y régnait depuis plusieurs mois ; cinq jours après avoir traversé cette localité, le 13 juillet, un premier cas de choléra se pro- duisit parmi les troupes du premier corps d’armée ( ...' régi- ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 10 ment d'infanterie). Le même jour se produisit dans ce même régiment une véritable explosion de cas. De là l'épidémie lit très rapidement tâche d’huile parmi les hommes exténués par des marches forcées. Le 20 juillet l'on comptait déjà plus de deux mille cas. Ceux qui à celte époque ont connu l’hôpital improvisé d’Orhania ont gardé de cet enfer un ineffaçable souvenir! La situation était critique et le choléra s’étendait rapidement à l’armée entière. Dès la première alerte l’emploi systématique de la vaccinalion avait été décidé; mais quelques jours se passèrent avant que l’on pût parer au danger et fabriquer en hâte à Bucarest des quantités suffisantes de vaccin anticholérique. Les inoculations ne purent être com- mencées que le 22 juillet. Une l'on songe aux difficultés presque insurmontables que l'on éprouva lorqu'il s’agit d’appliquer cette méthode à des troupes en marche, manœu- vrant on pays ennemi, et que pour des raisons stratégiques, faciles à comprendre, on ne pouvait immobiliser. Les circon- stances permirent néanmoins de fixer sur place le premier corps d’armée ou le choléra à ce moment faisait rage. Les 50.000 hommes qui le composaient furent répartis autour d’Orhania en bivouacs bien isolés les uns des autres, et vac- cinés intégralement. Le résultat dépassa toutes les espérances; l'épidémie y fut arrêtée net. Nous donnons plus loin la relation de cette remarquable expérience. Pendant ce temps, dans le reste de l'armée les vaccinations se faisaient tant bien que mal, au hasard des marches et des haltes, lorsque, les préliminaires de paix étant signés le 31 juillet, les troupes reçurent l'ordre de rebrousser chemin et de se replier sur le Danube. On put maintenir sur place jusqu’à la fin des vaccinations le premier corps et l’épidémie y était éteinte le i août. Niai s le quatrième corps (celui de Mol- davie) était gravement atteint lorsque dans sa marche en arrière il arriva sur le Danube. (Jue faire? Le renvoyer dans ses foyers était exposer la Moldavie à la contamination cer- taine; prolonger son séjour en Bulgarie était chose impossible, le retrait immédiat des troupes roumaines étant l'une des conditions de la paix. Le corps d’armée tout entier fut alors transporté sur la rive gauche du Danube, fixé sur pince et mis en quarantaine aux environs de Zimnicea. Tous les hommes, 71 VACCINATION ANTICHOLÉRIQUE au nombre d une cinquantaine de mille, furent vaccinés; chez tous, sans exception, Ton pratiqua l'examen bactériologique des matières fécales. Les porteurs de germes étaient légion; on en trouva 12 p. 100 dans l'un des régiments. Les labora- toires arrivaient à exécuter 1.800 à 2.000 analyses de matières par jour. A mesure que le triage des porteurs de germes était terminé pour chaque unité, ces derniers étaient isolés du reste et retenus sur place; le groupe indemne était renvoyé dans ses foyers après vaccination complète. On ne levait la quarantaine pour les porteurs sains qu' après que deux nou- velles analyses pratiquées sur chacun d’eux eussent démontré qu'ils n’étaient pas contagieux. Ces opérations de triage et de vaccinations demandèrent pour être terminées vingt-neuf jours, du 9 août au 6 septembre. On peut dire qu'aucun soldat appartenant au IVe corps ne quitta Zimnicea qu'après avoir été vacciné et reconnu indemne de vibrions. On ne peut que rendre un juste hommage aux jeunes bactériologistes qui surent mener à rien ces longues et délicates opérations. Quant au résultat, voici ; on ne signala dans toute la Moldavie, après la démobilisation du corps d'armée, que quatre cas de choléra; il fut constaté d'ailleurs qu ils se produisirent chez quatre individus n'appartenant pas au corps d’armée et immigrés de points éloignés du pays. N’est-ce pas là le triomphe des méthodes de laboratoire appliquées à la. prophylaxie des maladies infectieuses? Peu d’exemples sont plus démonstratifs que celui-là. Tandis que l'on s’etforçait de la sorte à éteindre l’épidémie de choléra dan* l’armée, les convois de ravitaillement et de munitions passant et repassant de la rive gauche du Danube, sur la rive bulgare, faisant la navette d'un point à un auire, disséminaient la maladie et l'introduisaient en Roumanie dans la population civile. Si l’explosion brusque qui marqua les débuts de l’épidémie dans l'armée peut être mise sur le compte d'une origine hydrique, il n’est pas douteux que c’est aux porteurs sains de germes qu’est due la contamination de la population civile en Olténie et dans une partie de la Yalachie. Grâce à d’énergiques mesures de vaccinations générales appliquées à la population civile dans tous les villages où l’épidémie se déclarait, on eut promptement raison de cette 79| J ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR dernière. En novembre on signalai! le dernier cas de choléra. Tel est en résumé l’historique de l’épidémie de 1913; après avoir commencé avec une extrême violence, elle était complè- tement éteinte, aussi bien dans l’armée que dans la population civile, moins de quatre mois après le début, si bien éteinte qu’au- cun cas de choléra ne fut constaté en Roumanie pendant tout le cours des années 1914, 1915 et la première moitié de 1916. Lorsque s’ouvrit la campagne de 1916, la Roumanie était donc indemne de choléra et constituait un îlot isolé entouré de populations et d’armées contaminées. Contrairement à ce qui s’était passé en 1913, l'armée était vaccinée presque entiè- rement; comme il arrive d’ordinaire en pareil cas, un certain nombre d’hommes étaient parvenus à se soustraire à la vacci- nation : permissionnaires, ordonnances, soldats appartenant aux colonnes de ravitaillement et échappant facilement au contrôle, gradés divers, etc..., représentant environ 8 à 10 p. 100 de l'effectif total; en outre, une division d’infanterie, la ...e, n’avait été vaccinée que Irès négligemment, sans doute par suite de la mollesse du commandement. Cette division, au début de la campagne, fournit un certain nombre de cas de choléra; mise au repos pendant quelques jours, après les pre- miers revers de l’armée roumaine, l’on profita de ce répit pour la soumettre à une vaccination générale. A partir de ce moment, elle ne présenta plus aucun cas suspect malgré le surmenage intensif auquel elle fut soumise. C’est sur la rive droite du Danube, parmi la population civile de la Dobrogea, que le choléra apparut en septembre. Quand et par qui fut-il importé? Probablement par les troupes russes d’une part, et de l’autre par les espions bulgares qui sillonnèrent le pays en grand nombre durant les semaines qui précédèrent l’entrée en campagne, passant et repassant la frontière sans relâche. 11 est certain qu’à ce moment, et avant toute apparition de cas confirmés, les porteurs sains de vibrions abondèrent dans la Dobrogea, ainsi que le démontra l’enquête bactériologique faite dès la constatation du premier cas positif. * Le choléra éclata en effet tout d’abord dans un camp de Bulgares et de Turcs dobrogiens internés à Galatz; parmi ceux-ci, un groupe de 1.200 individus appartenant à des VACCINATION ANTICHOLERIQUE 73 familles aisées du district de Tidcea et qui ne fournirent d'ailleurs aucun cas. de choléra, présenta néanmoins une proportion de 5 p. 100 de porteurs sains; dans le deuxième groupe de 5.500 personnes, provenant des villages du quadri- latère (Dobrogea méridionale), on constata la présence de porteurs de germes dans la proportion de 7. p. 100; c’est dans ce second groupe que le choléra éclata avec violence ; l’épidémie y fut jugulée en très peu de jours par la vaccina- tion intensive; on lira plus loin le récit détaillé de cette remarquable observation. Puis des cas de plus en plus nombreux furent signalés parmi la population dobrogienne, quelques cas isolés apparurent également parmi les troupes roumaines manœuvrant dans cette région. Ceci se passait au mois d’octobre. Cependant, les armées ennemies progressaient au sud du Danube; Constantza fut occupé; les Russes aban- donnèrent la rive droite. Ce fut alors parmi les habitants de ces provinces une panique indescriptible; à ce moment commença le lamentable exode des populations dobrogiennes vers la rive gauche du Danube; on fuyait en masse devant les envahisseurs ; en deux ou trois jours les routes se couvrirent de longs convois de fugitifs composés de femmes, d’enfants et de vieillards, à pied ou en charrettes à bœufs, la plupart transis et affamés roulant à tlots pressés vers le Danube pour mettre le fleuve entre eux et les Rulgares ; le choléra accom- pagnait ces troupes d’hommes en détresse et déjà les chemins de l'émigration se jalonnaient de croix et de tombes. La situation devenait critique pour la Roumanie de la rive gauche où les émigrés commençaient à affluer et à se dissé- miner en éventaii, s'installant par familles ou par petits groupes dans les villages des districts de Brada, Ialomitza, Covurlui, Ramnicu-Sarat et Buzou; déjà çà et là, dans ces villages, on commençait à signaler des cas de choléra. L’ensemencement était en train de se faire. 11 fallait agir vite et fort. Des têtes de pont sanitaires furent aussitôt établies sur le Danube à Galatz et à Brada, points de passages des réfugiés. Tout habitant de la rive droite arrivant sur la rive gauche recevait une injection massive (4 à 5 cent, cubes) de vaccin anticholérique sous la peau, et n'était admis qu’à la condition de se soumettre à cette mesure. La population des grandes villes danubiennes, ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 74 Braila et Galatz, par où s'écoulait le flot des fugitifs, fut vaccinée intégralement en quelques jours. Tous les villages où s'arrêtaient les réfugiés dobrogiens furent scrupuleusement repérés et leurs habitants vaccinés en bloc. Le personnel de nos laboratoires et hôpitaux de contagieux de campagne, concentré dans les régions menacées, y exerçait une surveil- lance impitoyable et ne laissait rien passer. Les troupes roumaines de l’armée de Dobrogea, à mesure qu’elles repas- saient sur la rive gauche, étaient elles-mêmes revaccinées systématiquement. Les résultats furent décisifs; l'immense danger qui provenait de la dissémination du choléra par les réfugiés de la Dobrogea fut conjuré en quelques jours. Les foyers naissants furent éteints les uns après les autres. Des porteurs de germes continuèrent malgré tout à circuler assez longtemps à travers le pays; c'étaient surtout des réfugiés réduits à l’état de vagabondage, résidus de la déroute, errant misérablement de village en village, ou campant tant bien que mal en plein champ, dans les régions de Tecuci et de Marasesti, affamés le plus souvent, peu ou pas vêtus, offrant le spectacle d’une effroyable déchéance physiologique, insaisis- sables au milieu du désarroi général. Si pendant quelques semaines encore, on signala ça et là, dans quelques villes moldaves (Botosani, Yaslui), des cas isolés de choléra, importés par ces errants, chaque fois l’épidémie naissante fut arrêtée net par l'isolement des premiers cas et la vaccination pratiquée en bloc sur toute la population locale. 11 n’y eut pas d’épidémie; on n’entendit plus parler du choléra au cours de la guerre malgré les fatigues, les privations, la misère et les épidémies intercurrentes (typhus exanthématique et fièvre récurrente). Gette belle victoire prophylactique fut due à la seule vacci- nation, appliquée en grand, avec ténacité, vigilance, et con- fiance. Telle fut la seconde épidémie roumaine; étant données les circonstances au milieu desquelles elle prit naissance, elle eût pu tourner à la catastrophe; quelques semaines suffirent pour la maîtriser complètement et le], nombre total des cas, fort difficile à préciser, fut en somme très faible. Nous allons passer maintenant à l’étude détaillée d’un cer- tain nombre d’observations caractéristiques qui mettent pleine- ment en lumière la valeur de la vaccination anticholérique. VACCINATION ANTICHOLÉEUQCE 111 Nous avons fait usage pour nos vaccinations d’un vaccin polyvalent, dans la composition duquel entraient vingt-cinq races de vibrions, dont quinze provenant de l’épidémie régnante,- Les émulsions vibrioniennes étaient chauffées pendant une heure et demie à 55°-56°; la concentration du vaccin était comprise entre 1/2 milliard et 1 milliard de corps micro- biens par centimètre cube. On pratiquait deux inoculations successives de 2 et 4 cent, cubes à six jours d’intervalle. Dans certains cas où il fallut aller vite pour éteindre un foyer naissant, les inoculations furent de 3 et 5 cent, cubes et même1 parfois de 4 et 6 cent, cubes. Meme à ces fortes doses, elles furent toujours supportées sans accidents autres que la réaction générale et locale bien connue. Pendant la cam- pagne de Bulgarie de 1913, on pratiqua généralement trois inoculations successives de 1, 2, 3 cent, cubes. L’expérience aussi bien que l’expérimentation nous ont promptement démontré l’importance des fortes doses, indispensables dès qu’il s’agit d'obtenir des résultats rapides, et aussi des injec- tions multiples, la quantité d’anlicorps produits croissant avec le nombre d’inoculations successives, contrairement aux affirmations d’Aaser. Le scepticisme que j’ai rencontré chez beaucoup de médecins russes, relativement à l’efficacité de lai vaccination anticholérique, provient en partie, je crois, du fait que chez eux la technique vaccinale comportait l’usage de doses trop faibles : trois inoculations successives de 0,5, 1 et 1,5 cent, cube d’un vaccin assez peu concentré. Pour revac- ciner un individu ayant déjà subi une dizaine de mois aupa- ravant une vaccination complète, il suffit d’une seule inocu- lation de 3 cent, cubes. Passons maintenant à l’exposé des observations caracté- ristiques. » , ■ . * . ’ » # • Observation I ( Campagne de 1913 , 1 r corps d'armée). — Le lcv corps d’armée s’infecta en passant à Vratza dans les Bal- 76 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR kans. Le premier cas de choléra y apparut le 13 juillet 1913 dans le ...e régiment d'infanterie; le même jour un grand nombre de cas apparurent dans ce même régiment. Les deux jours suivants une véritable explosion de casse produisit dans le corps d’armée tout entier. Le 21 juillet on comptait déjà plus de 2.500 cas avec une moyenne de 300 cas nouveaux par jour. On improvisa un hôpital de cholériques à Orhania ; on •arrêta sur place et l’on fit camper le corps d’armée tout entier (50.000 hommes) sur les hauteurs qui entourent cette localité, en ayant soin de bien espacer les bivouacs. La première inocu- lation de vaccin (1 cent, cube) fut pratiquée sur tout le corps d’armée le 21 juin, la seconde (2 cent, cubes) le 27, la troisième (3 cent, cubes) le 2 août. Entre le 21 et le 27, on nota une cer- taine baisse dans l’épidémie mais l’on continua à signaler 100 à 200 cas nouveaux par jour ; de même dans l'intervalle entre la seconde et la troisième inoculation, les cas nouveaux conti- nuèrent à apparaître dans les mêmes proportions ; 120 cas nou- veaux furent encore signalés la veille de la troisième injection. Le surlendemain de cette dernière, l’épidémie s'arrêta tout d'un coup et l’on ne signala plus que deux cas; un cas le jour sui- vant, 5 août; le 6 août la morbidité tomba à zéro. L’épidémie fut comme coupée au couteau aussitôt après la dernière inocu- lation. Depuis ce jour aucun cas nouveau ne s’est plus produit dans le corps d'armée, malgré les fatigues de la marche de retour et les chaleurs excessives. Parmi les régiments de ce corps d'armée, un seul, le .. .c d’artil- lerie, avait été vacciné préventivement par son médecin dès la première menace d'épidémie (1); il bivouaquait aux environs d’Orhania entouré de régiments contaminés. Dans ce régiment immunisé on ne. compta que trois cas de choléra et seulement chez des hommes ayant échappé à la vaccination. Ces résultats impressionnants ont entraîné immédiatement la conviction des médecins qui prirent part à cette vaste expé- rience, si démonstrative. L'on observera que si une baisse appré- ciable se produisit dans l'ensemble du corps d'armée après la (1) Ce médecin qui sauva ainsi par sa prévoyance tant de vies humaines est notre très regretté confrère et ami le Dr A. Stefanesco, qui perdit la vie le 3 novembre 1910 dans la terrible catastrophe de chemin de fer de Pont- sur- Yonne. VACCINATION ANTICHO LÉ RI QU C 77 première vaccination, il n’y eut arrêt brusque de l'épidémie qu’après la troisième. L'on constatera d'autre part, en lisant les deux observalions qui suivent et qui appartiennent à des régiments taisant partie de ce même corps d’armée, que là, il y eut arrêt brusque également : dans l’un après la seconde, et dans l’autre après la première inoculation. Cette discordance entre le résultat général et les résultats particuliers s’explique ainsi : dans l’ensemble du corps d’armée les inoculations se firent à des doses relativement faibles (1, 2, 3 cent, cubes) ; dans les deux régiments cités, grâce à l'initiative de certains médecins, les injections se tirent à doses massives (3 et 5 cent, cubes dans les deux cas). L’avantage qui résulte de l’emploi des fortes doses apparaît là d’une manière frappante. Observation 11 [Campagne de 191a, . ..e régiment dC infan- terie). — Ce régiment avait été particulièrement surmené par des marches forcées. Son effectif éfait de 4.500 hommes. Il fut violemment atteint par la maladie dès le début de l’épidémie. En dix jours il présenta 38G cas de choléra avec 166 morts. Le deuxième jour de l’épidémie tous les hommes reçurent une pre- mière injection de 3 cent, cubes de vaccin ; une seconde injec- tion de o cent, cubes six jours après la première. Dans l’inter- valle des deux injections les cas nouveaux se produisirent sans discontinuer et l’on ne signala aucune baisse dans leur nombre. Huit jours exactement après la première inoculation (deux jours après la deuxième) l’épidémie s’arrêta brusquement et le nom- bre de cas tomba d’un coup à zéro. Aucun cas nouveau ne se produisit par la suite. Observation III [Campagne de 1913 , ...e régiment d'infante- rie). — Le régiment fut atteint dès le début de l’épidémie et présenta pendant les premiers jours 280 cas de choléra avec 120 morts. Les vaccinations commencèrent au troisième jour de l’épidémie par une première inoculation de 3 cent, cubes. Les jours suivants, les cas nouveaux continuèrent à se produire dans la proportion d’une trentaine par jour. Au sixième jour après la première injection, il y eut un arrêt brusque de la maladie. La deuxième injection de 5 cent, cubes eut lieu le 78 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR lendemain. Plus un seul cas ne se produisit dans la suite sauf chez un capitaine qui seul de son régiment avait refusé obsti- nément de se laisser vacciner. Avant de mourir, il reconnut son erreur et déclara mourir par sa faute. i • ^ 1 . i. » . . .. Observation IV ( Campagne de 1913, ...e régiment d'infan- terie). — Ce régiment atteint dès le commencement de l’épidé- mie présenta pendant les premiers jours 270 cas de choléra avec 28 morts. Le quatrième jour après le début de la maladie les hommes furent vaccinés à la dose de 2 cent, cubes. Les trois jours qui suivirent la première inoculation furent marqués par une augmentation sensible de la morbidité et de la mortalité. La deuxième injection fut pratiquée six jours après la première à la dose de 4 cent, cubes. Quatre jours après cette dernière l’épidémie s'arrêta presque complètement. Cependant on con- stata encore deux cas nouveaux 'pendant les quatre jours sui- vants. Plus un cas ne se produisit à partir du neuvième jour qui suivit la seconde inoculation. Cette observation est instructive à plus d’un point de vue. Notons d’abord l’aggravation de la morbidité qui suivit la pre- mière inoculation. Celte aggravation fut observée dans d’autres régiments encore par différents médecins et ramena l'attention sur la question controversée de la « phase négative >> et du dan- ger qu’il y a à vacciner en milieu épidémique. Nous revien- drons sur ce point à la fin de ce travail. D’autre part notons ceci : les doses employées dans ce régiment ne furent ni les doses relativement faibles employées dans l'ensemble du corps d’armée, ni les doses fortes signalées aux observations II et III. il s’agit ici de doses intermédiaires; les résultats furent inter- médiaires également. L'épidémie s'arrêta presque complète- ment après la seconde inoculation, mais non pas avec ce carac- tère de soudaineté que l’on constate dans les deux observations précédentes. r Observation V ( Campagne de 1913 , ..." régiment de cavalerie). — Le dépôt de ce régiment comprenant 180 hommes était caserné à J urnu-Magurele sur le Danube. Tous les hommes du dépôt lurent vaccinés contre le choléra, sauf 4 (tous I quatre ordonnances d officiers). Il se produisit trois cas decholérà parmi 79 VACCINATION ANTICHOLÉRIQUE les hommes du dépôt, tons trois parmi les quatre hommes non vaccinés ; aucun cas parmi les autres. Observation \1 [Campagne de 19 1 3, ...c régiment d'infan- terie). — - Dès le début de l’épidémie le commandant s’était opposé formellement à ce que son régiment fût vacciné. Ce régiment présenta un nombre exceptionnellement élevé de porteurs de germes : 12 p. 100 à son arrivée à Zimnicea. Il ren- fermait une proportion considérable de soldats israélites (au nombre de plus de 200) qui exigèrent la vaccination, chose qui leur fut accordée. Le résultat fut le suivant : aucun cas de cho- léra ne se produisit par la suite parmi les soldats israélites ; il y eut plus de 450 cas dans le reste du régiment. Cette observation a la valeur d’une véritable expérience de laboratoire. Observation YII [Campagne de 1916 , ... camp d internés de Gcilatz). — Au commencement de la campagne 1916, alors que l’on avait encore signalé en Roumanie aucun cas de choléra, un groupe de 6.700 Bulgares et Turcs, de tout âge et de toute condition, habitant la Dobrogea, avait été réuni à Galatz pour être interné dans un camp de concentration ; 5.500 d’entre eux avaient été installés provisoirement à bord de chalands sur le Danube en face de la ville dans des conditions d’hygiène insuf- fisantes. Ils avaient été amenés à Galatz, par eau, le 6 septembre; en cours de route un cas de mort suspect s’était produit ; deux autres cas mortels survinrent le 12 septembre, deux autres encore le 17. C’est à ce moment seulement que l'attention des autorités sanitaires fut éveillée. Une rapide enquête démontra qu'il s’agissait de choléra. Le 19, l’épidémie fit explosion et 42 cas de choléra se produisirent ce jour-là. A partir de ce moment l'épidémie s'installa et chaque jour l’on signalait de 40 à 52 cas nouveaux. Des mesures immédiates furent prises. Le groupe entier des internés fut débarqué à Galatz le 21 septembre et installé dans une spacieuse caserne aménagée à cet effet; trois pavillons furent réservés : l'un pour l’isolement des cas confirmés, l’autre pour l’isolement des malades suspects. Le troisième fut destiné à recevoir les porteurs sains de germes au fur et à mesure que s’accomplissaient les opérations de triage. 80 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Le triage des porteurs de germes ainsi que les inoculations commencèrent aussitôt. L’on pratiqua l’examen des matières fécales du groupe tout entier; la proportion des porteurs sains fut de 7 p. 100 pour le groupe de 5.500 personnes débarquées des chalands; ils furent isolés du reste du groupe. Ce triage terminé on le recommença une seconde fois après la fin des vaccinations pour le groupe de ceux qui avaient été reconnus Campagne cle 1916, ... camp d'internés de Galatz. indemnes ; cette révision permit de retrouver quelques porteurs de germes qui avaient échappé à un premier examen. Cependant les cas de choléra ne discontinuaient pas : une baisse sensible s’était produite le jour de l encasernement des internés, probablement du fait qu’ils avaient été installés dans des conditions de confort meilleures. Mais dès le lendemain l’épidémie reprenait son cours. La mortalité était de 75 p. 100 sur le nombre total des malades et portait dans la proportion de 3/4 sur les internés turcs, plus sensibles au choléra que les Bulgares. La première série ^inoculations pour le groupe tout entier se fit le 23 et le 24 septembre avec 2 cent, cubes de vaccin. Aucune amélioration générale ne fut notée pendant les jours qui suivirent immédiatement; aucune aggravation non plus; la seconde série d'inoculations eut lieu le 29 et le 30. Le 30 l’on VACCINATION AMICHOLÉRIQUE 81 signala encore 37 cas nouveaux. Le surlendemain, 2 octobre, l’épidémie s’arrêta brusquement et tomba à zéro. Plus aucun cas ne se reproduisit dans la suite. Cette observation si démonstrative gagne encore en intérêt, lorsque l’on suit le sort ultérieur de ces internés turco-bulgares. Maintenus pendant plusieurs semaines encore dans leur caserne, un mois après l’extinction totale du choléra, une brusque épi- démie d’entérite accompagnée de fièvre et de diarrhée se déclara parmi eux. Il y eut 150 malades et 8 morts. Chez aucun de ces malades on n’isola de vibrions cholériques; les recherches faites à l’autopsie demeurèrent également négatives. Le tableau clinique et anatomo-pathologique n’avait rien de commun avec celui du choléra. Il s'agissait de cas d’intoxication alimentaire consécutifs à l'usage d’aliments avariés. Cette épi- démie s’arrêta rapidement par les traitements usuels et aucun cas de choléra ne se produisit à cette occasion. Plus tard, par suite de l’avance des armées ennemies, tout le groupe des internés fut transporté dans le nord de la Moldavie; le trans- port s’effectua par un froid rigoureux dans des conditions de confort détestables. Dans leur nouveau séjour ces internés payèrent un lourd tribut aux épidémies intercurrentes,, typhus exanthématique et. fièvre récurrente. Malgré ces misères le choléra ne reparut plus jamais parmi eux; jamais les examens bactériologiques répétés ne révélèrent la présence de porteurs de germes. La vaccination avait définitivement protégé leur orga- nisme contre l’infection vibrionienne. Observation VIII ( Campagne de 1916 , ...e régiment d'infan- terie. — Au début de septembre, 1.200 recrues quittent la ville de Slatina où l’on n'avait signaléjusque-là aucun cas de choléra. Ils s’embarquèrent pour Galatz, dans un train qui venait d’amener des contingents russes; ceux-ci avaient souillé les wagons de toute façon et le train était dans un état de malpro- preté peu ordinaire. On n’eut pas le temps de le désinfecter avant l’embarquement des recrues. Après l’arrivée de ces der- nières à Galatz, un cas de choléra se produisit parmi elles, exacte- ment quatre jours après le départ. Un examen sommaire pra- tiqué aussitôt sur quelques-uns des hommes pris au hasard fit découvrir la présence de porteurs de germes. Le lendemain se 82 ANNALES. DE L'INSTITUT PASTEUR produisirent trois nouveaux cas mortels; le surlendemain sept cas mortels. L épidémie croissait rapidement. Ce jour même l on pratiqua chez tous les hommes une première injection mas- siveavec icent. cubes de vaccin et trois jours après unedeuxième injection avec 6 cent, cubes de vaccin; trois nouveaux cas mortels se produisirent dans cet intervalle de trois jours. L'épidémie s’ar- rêta brusquement le jour delà seconde inoculation. Aucun cas nouveau de choléra ne se produisit dans la suite. Les doses massives avaient jugulé l'épidémie. Ce fut seulement le lende- main de la seconde inoculation, alors que l'on avait paré au danger, que l’on pratiqua systématiquement l'examen microbio- logique des matières fécales chez tous les hommes; on isola le vibrion cholérique chez 145 d’entre eux; ce qui donna une pro- portion de 12 p. 100 de porteurs de germes. IN otons dans cette observation : 1° le temps d'incubation que 1 on doit estimer à trois ou quatre jours, le régiment s’étant probablement infecté dès le premier jour de son embarque- ment; 2° la rapidité avec laquelle ont agi les doses massives, puisque 1 épidémie était arrêtée trois jours après la première inoculation; 3° l inocuité des doses massives, bien que l'on eut mis un intervalle de trois jours entre la première et la seconde injection. Observation IX ( Campagne de J9J6, Hôpital de contagieux de campagne A° 2). — Pendant 1 épidémie de typhus exanthé- matique, alors que le choléra avait disparu de l’armée roumaine, cet hôpital soignait des militaires atteints de typhus apparte- nant indifféremment aux armées roumaine et russe; les malades des deux armées alliées étaient con tondus dans les mêmes salles. Les Roumains étaient vaccinés contre le choléra; les Fuisses ne 1 étaient pas. In typhique russe, entré probablement en incubation de choléra, fit, étant à l'hôpital , une attaque de choléia mortelle ; pendant les jours qui suivirent de nombreux cas de choléra éclatèrent parmi les malades ou convalescents russes avec une mortalité de 40 p. 100. L examen microbiolo- gique des matières técales pratiqué chez tous les malades de l’hôpital décela la présence du vibrion cholérique chez un très grand nombre d’entre eux, russes ou roumains. Seuls les Russes lurent atteints de la maladie ; aucun cas, même sus- VACCINATION ANTICHOLEHIQUE 83 pect, ne se produisit parmi les Roumains, sauf chez un sergent sanitaire qui, ainsi que le démontra l’enquête, avait réussi à se soustraire à la vaccination préventive. Observation des plus démonstratives, présentant elle aussi toute la valeur d’une expérience de laboratoire (1). Observation X (Campagne de 191 6*, hôpital de contagieux de campagne N° o). — A Vaslui, le choléra éclata dans un dépôt de 750 réfugiés et vagabonds appartenant à cette classe d'er- rants sillonnant les routes, qui furent si nombreux au moment de la déroute; 53 cas de choléra se produisirent dans ce dépôt, et l'on constata la présence de 130 porteurs de germes parmi ceux qui ne furent pas atteints. Malades et porteurs de germes furent isolés dans l'aile vide d’une caserne dont l'autre aile était occupée par de vieux réservistesau nombre de 550 mélangés à quelques jeunes recrues. L’isolement ne fut pas étanche; il y eut contact entre les porteurs de germes et les soldats occupant la caserne : en effet 7 cas de choléra ne tardèrent pas à se pro- duire parmi ces derniers. Une enquête minutieusement faite nous démontra qu’aucun cas de choléra ne se produisit parmi les réservistes qui tous avaient été vaccinés et que les sept malades étaient des recrues qui n’avaient pas encore subi Ja vaccination. Observation XI. — Au début de la campagne de 1916, nous eûmes à déplorer au laboratoire, où nous préparions les vaccins, la mort, par suite d’une attaque de choléra suraiguë, d’un vieux garçon de laboratoire, employé à la stérilisai ion des ballons ayant contenu les cultures. Tout notre personnel avait été vacciné préventivement. Après enquête, nous apprîmes que le garçon en question avait réussi à se soustraire à la. vaccination au su de tous ses camarades qui n'avaient pas voulu le dénoncer. (1) Celte association du typhus exanthématique et du choléra a été observée à plusieurs reprises au début de la campagne. Quand le choléra éclate chez un typhique à la période d’état, le tableau clinique du choléra se substitue à celui du typhus : chute brusque de la température dès le début des symptômes cholériques, algidité, cyanose, diarrhée classique, crampes. Tous les cas de choléra survenus en pleine période d'état du typhus ont été mortels. 84 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Les quelques observations qui précèdent suffisent par leur netteté pour établir solidement la haute valeur des vaccinations anticholériques. Les résultats d’une vaccination consciencieu- sement appliquée sont d une évidence telle que I on a peine à s’expliquer le scepticisme tenace dont fait preuve E. Fried- berger dans un travail récent (1), où il se trouve d'ailleurs en contradiction avec l opinion généralement professée en Alle- magne par les expérimentateurs qui se sont occupés de la vaccination anticholérique. Friedberger doute que la diminu- tion de la morbidité au cours d une épidémie de choléra puisse être due à la vaccination. Pour être convaincu du contraire il suffit de se reporter aux observations citées plus haut et de constater à quel point les individus vaccinés préventivement sont devenus réfractaires au choléra, qui atteint par contre les individus témoins. Les observations 5,6,9 et 10 sont, à ce point de vue, absolument caractéristiques. Et maintenant nous possédons des éléments suffisants pour répondre a la question souvent posée : Faut-il vacciner contre le choléra en plein foyer épidémique? N’y a-t-il pas lieu de redouter que la vaccination, en sensibilisant l organisme en puissance de germes, ne déclenche l’attaque de choléra? La résistance de 1 individu qui vient d'être inoculé ne passe-t-elle pas pendant les premiers jours par une phase négative qui l’ex- pose plus qu’un autre au danger de l’infection? Lette phase négative, qui théoriquement devrait correspondre à un abaissement momentané de la teneur du sang en anti- coi ps spécifiques, n existe pas, si l’on s’en rapporte à l’expéri- mentation sur 1 homme et les animaux. MM. Lupu et Balteano, dans un travail déjà cité, ayant suivi jour par jour l’évolution des anticoi ps du sang chez des soldats en voie de vaccination, ont constaté que ces anticorps (agglutinines, précipitines, sen- sibilisât! ice, ne baissent pas, du moins d’une façon appréciable, dans le sang, a 1 occasion d’une nouvelle injection sous-cutanée d antigène. Une constatation analogue fut faite par G. Bessau et B. Paetsch (2) chez des lapins vaccinés contre le choléra; et(185E’ FrIEDBERGER- Zeitschr • f- Immunitâ tsforschung, I. Origin. 1919, p. 119 I. oliginBr 63L pl 67’ PaETSC"' Ueber die ne?ative Phase. Centr. f. Bakt., VACCINATION ANTICHOLÉRIQUE 85 chez ces animaux, ni les agglutinines ni les bactériolysines du sérum ne semblent diminuer à la suite d’une nouvelle injection intraveineuse d'antigène. Peut-être la conclusion qui consiste- rait à déduire de là la non-existence d'une phase négative dépasse-t-elle les conditions de l’expérience. Si, comme cela semble probable aujourd'hui, l'immunité active contre le choléra est avant tout une immunité de l’intestin grêle, il est possible qu’une injection d’antigène cholérique détermine pas- sagèrement une atténuation de cette immunité locale. Nous manquons à ce point de vue de données expérimentales et c’est là un point qu’il sera intéressant d’éclaircir. Certains faits d’observation tendent à prouver qu’il pourrait en être ainsi. Plusieurs médecins affirment avoir observé au cours des vacci- nations pratiquées pendant la campagne de Bulgarie une aug- mentation du nombre et de la gravité dés cas de choléra pen- dant les deux à trois jours qui suivirent immédiatement la première injection vaccinale. Notre observation NTo 4 parle dans le même sens. Je puis citer l'observation de deux femmes, en apparence bien portantes, qui, ayant reçu une injection de 2 cent, cubes de vaccin, tirent, l une six heures, l'autre dix heures après l’inoculation, une attaque sévère de choléra. Ces femmes étaient sans doute en état d’incubation; il n'en est pas moins vrai que l’inoculation semble avoir déclenché chez elles l’infec- tion latente. Par quel mécanisme ? Nous l’ignorons. Le vaccin cholérique, en vertu de son entérotropisme, détermine une irri- tation et une congestion de la muqueuse de l’intestin grêle. L’expérimentation chez le cobaye le démontre. Au cours de la « maladie vaccinale » chez l’homme on note parfois d^s crampes intestinales légères. Or toute irritation de la muqueuse intes- tinale peut ouvrir une porte à l’invasion vihrionienne. 11 n’est donc pas impossible théoriquement que la « phase négative » existe, jusqu’à un certain point, pour l’intestin. Mais dans la pratique il n’y a pas lieu d’en tenir compte et les accidents res- tent malgré tout absolument exceptionnels. Un premier point est à relever : Si parfois l’on a eu l’occasion de noter des réac- tions de ce genre après l’emploi de doses moyennes de vaccin, jamais nous ne les avons observées à la suite d’injections mas- sives. L’observation n° 8 est à ce point de vue caractéristique : On n’a pu relever rien de semblable parmi les 1.200 hommes ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 85 inoculés avec 4 et 6 cent, cubes de vaccin, malgré la proportion considérable (12 p. 100) de porteurs de germes que renfermait le groupe. Pendant l’épidémie de 1913, MM. Slalineano et Jonesco Mihaiesti (1) ont systématiquement expérimenté les effets du vaccin sur un groupe de 375 porteurs sains de vibrions. Aucun de ces hommes ne manifesta, au cours des vaccinations, de phénomènes réactionnels autres que les manifestations clas- siques de la maladie vaccinale ; aucun ne prit le choléra. Ces expérimentateurs ont pu d'ailleurs établir, en suivant pendant plusieurs jours leurs sujets d’expérience, que la vaccination n’exerçait aucune action sur l’élimination des germes, .dou- blions pas que l’une des conséquences les plus caractéristiques des vaccinations pratiquées en plein foyer épidémique est la soudaineté dans l’arrêt de l’épidémie quelques jours après l'in- jection du vaccin. Le résultat général des vaccinations anticho- lériques est là pour nous prouver que, loin de s’arrêtera de vaines considérations théoriques, il est nécessaire de pratiquer les vaccinations même en plein foyer épidémique. La guérison de l’épidémie est à ce p"ix, à condition toutefois, comme il est de règle de le faire, d’exclure de la vaccination les individus atteints de lésions évidentes du myocarde, du foie ou des reins. 11 serait tout aussi absurde de renoncer, pour des craintes hypo- ues, à la sérothérapie antidiphtérique par crainte des acci- dents anaphylactiques. La leçon de choses qui se dégage de toute l’histoire des vaccinations anticholériques est qu’en médecine aucune théorie, si séduisante fùt-elle, ne vaut une bonne expérience. / * * * Les conclusions pratiques de ce travail sont les suivantes : 1° L’elficacilé de la vaccination préventive contre le choléra au moyen de corps microbiens chauffés est certaine. Il n existe pas de méthode plus sûre pour mettre l’individu à l'abri de 1 infection cholérique; il n’en existe pas de plus sûre non plus pour éteindre sur place un foyer naissant. La caractéristique de son action dans ce dernier cas est la soudaineté avec laquelle (1) A. S latine ano et C. Jonesco Mihaiesti. C. R. Soc. Biol t. 76, 11)14 , p. 698* VACCINATION ANTICHOLÉHIQCE 87 l’épidémie est arretée, a la condition expresse que les inocula- tions aient été pratiquées à doses -suffisantes ; 2° L’emploi de fortes doses s’impose et les résultats obtenus diffèrent considérablement selon les quantités de corps micro- biens injectés ; trois à quatre milliards de corps microbiens sont nécessaires pour réaliser une solide vaccination préventive. Pour éteindre rapidement un foyer naissant, il est utile d’inoculer de quatre à cinq milliards de corps chauffés, sans craindre de réduire à quatre ou cinq jours l’intervalle entre deux vaccinations successives ; 3° Si, théoriquement, la question de la phase négative n’est pas encore résolue, dans la pratique l'expérience nous enseigne à n’en pas tenir compte. Il faut vacciner en milieu épidémique. C’est la condition sine qua non pour éteindre rapidement une épidémie; • 4° L’immunité locale de l’intestin joue, dans la défense de l’organisme, un rôle considérable. Elle semble se constituer dan3 cet organe avant d'apparaître dans la circulation géné- rale. J TECHNIQUE D IDENTIFICATION DES GERMES PYOCYANIQUES par C. GESSARD- Seize types de germes pyocyaniques résultent de la division de l’espèce en quatre variétés subdivisées chacune en quatre races (1); ils se peuvent différencier et reconnaître par les colorations que leurs cultures font apparaître dans trois milieux distincts : bouillon, eau peptonée, eau peptonée glycé- rinée constituée en milieu solide par l’addition de gélose. Je traiterai de ces milieux et de la contribution de chacun d’eux au diagnostic; je suivrai pour cela l’ordre où Ion devrait les faire se succéder à l’expérimentation, s’il ne paraissait plus expédient de les essayer simultanément, puisque aussi bien aucun d’eux isolément ne suffit' à^résoudre le problème d’iden- tification, proprement à trois inconnues : l’espèce, la variété, la race. Je me place en effet, pour cette étude, toute circon- scrite quelle soit au bacille pyocyanique, dans l’hypothèse du cas le plus ordinaire, où l’on ignore tout du microbe à déter- miner, et son espèce en première ligne. Bouillon. ♦ On ne contrevient pas à l’usage qui donne le premier rang au bouillon pour les essais microbiens. Il faut seulement souligner que, pour nos recherches, c’est le bouillon simple, c’est-à-dire le produit d'une demi-heure de décoction de muscle de bœuf ou de veau, pour un rendement double du poids de la viande, sans nulle autre addition que de soude pour neutra- liser. Un germe se révèle d’espèce pyocyanique en ce milieu, de même qu’en tout autre, par la production de pyocyanine (1) Classement des germes pyocyaniques par les pigments. C. R. de la Soc. de Biol t. 82, 1919, p. 795. IDENTIFICATION DES GERMES PYOCYANIQUES 89 reconnaissable à la vue et confirmée par la belle couleur bleue que prend le chloroforme agité avec la culture. Suivant le germe la pyocyanine peut se montrer seule : le bouillon est alors vert mat, vert d’eau, sinon de teinte bleue plus prononcée ; ou elle est accompagnée du pigment vert fluorescent, d’où résulte un éclat particulier du bleu vert de la culture dans la lumière réfléchie. Ces différents aspects, respectivement main- tenus dans les cultures de ces deux sortes de germes et inva- riablement perpétués par leurs descendants à travers d’innom- brables passages dans ce même milieu, sont le fondement de la distinclion de races : race A, race-type, race normale et la plus complète, dont les autres races sont des dégradations, pour les germes qui produisent les deux pigments à la fois ; race P, pour les germes qui font exclusivement de la pyocya- nine. À des germes pyocyaniques non moins authentiques, mais de races différentes, peuvent être dus des aspects des cultures en bouillon où l’espèce ne saurait pourtant être reconnue faute du pigment caracléristique, la pyocyanine : c’est le cas des' germes de race F, qui ne communiquent aux cultures que du vert fluorescent, lequel disparaît à la lumière artificielle, tandis qu’y persiste le vert mat ou le bleu vert de la pyocyanine quand il y a de ce pigment mélangé avec la fluorescence comme nous avons vu en À ; c’est encore le cas des germes de race S, qui ne montrent aucun pigment, rien qu’un trouble blanchâtre dans la culture en bouillon. Et c’est pour l’une et l'autre race une égale impossibilité de les distinguer, dans ce milieu, de tant d’espèces microbiennes fluorescentes ou sans pigment comme elles. Toutefois, la recherche pourra s’éclairer souvent d’un indice recueilli au cours des cultures, qui n’est pas à dédai- gner, si l’on n’y doit pas attacher une trop grande impor- tance : c’est l’odeur, caractère trop contingent d’abord et ensuite d’appréciation trop subjective pour qu’il fournisse à la recherche plus qu’une orientation, l’odeur aromatique particulière aux cultures pyocyaniques, qu’on ne saurait oublier quand on l’a perçue une fois. Mais c’est à un autre milieu qu’il faut demander des notions plus précises et le complément nécessaire des données où se borne l’essai en bouillon. G 90 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Eau peptonée. On a recours alors à l'eau peptonée : solution de peptone pancréatique à 2 p. 100, neutre ou légèrement alcaline. Gomme les races sont issues des aspects différents de longues suites de cultures en bouillon, la distinction de variétés s'est fondée sur les différences de coloration de séries de cultures en eau peptonée. C’est la variété pyocyanogène Pe correspondant au bleu de la pyocyanine dans la culture ; la mélanogène M, ainsi nommée de la mélanine apparente encore dans certains milieux, si, dans l'état actuel des germes, du rouge brun seulement se montre en eau peptonée; c’est l’érythrogène E pour le pigment rouge dont le premier état est jaune verdâtre; enfin, l'achro- mogène O correspond à l’absence de pigment, à un simple trouble incolore ou gris jaunâtre, gris sale du milieu en ques- tion. Ces quatre variétés caractérisées en peptone comprennent des germes des quatre races par -rapport au bouillon; en d’autres termes, les races constituées au regard du bouillon ne diffèrent pas avec les variétés, et les réactions de leurs germes dans ce bouillon ne laissent rien présumer de la façon dont ils réagiront en peptone. » Quand ces diverses colorations dans l’eau peptonée se rap- portent à des germes qui donnent les pigments des races A et P dans le bouillon, c’est-à-dire pyocyanine et vert fluorescent d'une part, pyocyanine seule d’autre part, le diagnostic est acquis avec ces deux milieux sans plus. Ces races en effet, par la pyocyanine qui leur appartient en commun, ont dénoncé l'espèce, et la variété seule restait à découvrir, que vient révéler Peau peptonée. Ainsi sont reconnus, dès cet instant, les germes pyocyaniques PeA, PeP, MA, MP,' EA, EP, OA, OP (1). Le diagnostic n’est pas moins certain quand la coloration bleue de la variété pyocyanogène se rapporte à des germes qui donnent les réactions des races F et S dans le bouillon. Car la (1) Je- rappellerai que, selon la nomenclature adoptée (ces Annales , t. 33, 1919, p. 258), la première lettre dans ces formules représente la variété; la seconde, la race. La variété achromogène, postérieure à cette publication des Annales ( C . R. de l'Acad. des Sciences , 1. 168, 1919, p. 1066), a été désignée par la lettre O (Voir le tableau de classement ci-après). IDENTIFICATION DES GERMES PYOCYANIQUES 91 notion de l’espèce, qui faisait défaut dans ce dernier milieu, résulte, avec celle de la variété, Je la production de la pyocya- nine en eau peptonée. Dès lors sont caractérisés les germes pyocyaniques PeF, PeS. C’est dans le délai de six jours en moyenne qu’on peut observer le pigment de la variété plus ou moins diffusé dans le liquide. A ce terme, il peut ne former encore qu’une zone surmontant la culture jaune verdâtre, verdâtre ou vert bleuté, suivant la combinaison pigmentaire en jeu. A un terme plus avancé, quand le pigment de la variété a envahi toute la culture, sa limitation apparente à la zone superficielle tient à ce qu'il est réduit et décolore dans les couches profondes dépouillées d’oxygène. En rapport avec les réactions des races F et S dans le bouil- lon, la production des pigments des variétés mélanogène et érythrogène dans l'eau peptonée laisse le diagnostic incomplet, à moins que de la pyocyanine simultanément produite ne permette d’authentiquer conjointement l’espèce. Le fait dépend d’une aptitude éventuelle du germe essayé et peut alors consis- ter dans une apparition éphémère du pigment spécifique, qui précède la formation de la zone rouge brun ou rouge du pigment de la variété, pour la manifestation duquel nous avons dit qu’un délai de six jours peut être nécessaire. L’observation de la culture à diverses reprises dans cet intervalle de temps peut saisir le phénomène fugace. Faute de quoi, quand cette révéla- tion a manqué du fait de germes à prédominance mélanogène ou érythrogène, ou qu’elle a échappé à l'observation défaillante, quand la culture peptonée est complètement envahie par le pigment de la variété, le battage des liqueurs rouge brun et rouge avec le chloroforme peut démasquer la pyocyanine qui s’est dérobée jusque-là. Ainsi peuvent être, dès cet essai même, caractérisés les germes pyocyaniques MF, MS, EF, ES. Mais des germes peuvent se rencontrer qui produisent dans l’eau peptonée le pigment de la variété à l’exclusion de toute pyocyanine décelable à la vue ou à l’extraction chloroformique. Dans ce cas, le troisième milieu seul peut dire s’il s’agit effec- tivement de germes appartenant à l’espèce pyocyanique. Jusqu’à cette dernière épreuve subsiste aussi le doute que laisse la culture en eau peptonée quand d’autre part, dans le 92 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR délai susdit, s’ est maintenu le trouble sans aucun pigment avec des germes qui n’ont montré que vert fluorescent ou absence de pigment dans le bouillon. Il reste incertain s’il s’agit de représentants de l'espèce pyocyanique de la variété O ou de quelqu’un des nombreux microbes qui sont fluorescents ou sans pigment dans le bouillon et incolores dans la peptone. L'essai sur gélose-peptone glycérinée peut seul décider. Gélose-peptone glycérinée. Le troisième milieu n’a d’emploi que dans le cas, en somme assez rare, où la notion d’espèce n’est pas résolue par les essais en bouillon et en eau peptonée. Il est fait de cette même eau peptonée, seulement glycérinée et par addition de gélose amenée à la consistance solide sur plan incliné (1), toutes condi- tions propres à faire produire de la pyocyanine par tous les germes pyocyaniques, de quelque variété et race qu’ils soient, quoiqu’ils aient produit par conséquent dans les autres milieux. Ce serait donc le milieu à expérimenter d'abord, abs- traction faite de tout autre, s'il ne s’agissait que d’établir la nature pyocyanique des seize types de germes qui se peuvent rencontrer (2). Dans le rang assigné ici à son emploi, après (1) Je reproduirai ici la formule et le mode de préparation si avantageux que j’applique depuis trente ans, à la légère modification près que, dans ces tout derniers temps, j’ai apportée au titre de la gélose. Cette gélose est divisée aux ciseaux en menus tronçons d’environ 6 millimètres de long. Op en prend un poids calculé sur le nombre de tubes à préparer, à raison de 0 gr. 20 par tube; on en lait, à vue d’œil, le partage en doses de 0 gr. 20. Chaque tube reçoit une dose, plus V gouttes de glycérine, plus 5 cent, cubes d'eau peptonée à 2 p. 100, neutralisée comme il convient, mais sans le souci d’en précipiter dès là et d’en séparer les sels, qui ne seront pas une gêne. Les tubes sont alors maintenus au bain-marie bouillant pendant une demi-heure; puis portés à l’autoclave à 120° pendant quinze minutes. Ils sont ensuite mis à refroidir inclinés. C’est, comme on voit, dans le moindre temps et avec le moins d’embarras par la suppression de toute filtration, de toute manipulation de produit visqueux, et de la température qui y est nécessaire, grâce aussi au minimum de chauffe, la réalisation du milieu le moins coloré, partant le mieux approprié encore qu’un peu trouble, s’agissant non de dénombrer et d’analyser des colonies dans sa masse, mais de faire ressortir sur son opalescence grise une couleur uniformément répartie en surface. Pour cela l’ensemencement est fait de III gouttes de culture liquide, bouillon ou peptone, qui sont étalées régulièrement à la baguette de platine ou de verre. (2) Treize de ces types sont de fait acquis (Races de la variété pyocyano- gène, ces Annales , t, 5, 1891, p. 65; races de la mélanogène, ces Annales , t. 5, 1901, p. 826; races de l’érythrogène, ces Annales , t. 33, 1919, p. 259; races IDENTIFICATION DES GERMES PYOCYANIQUES 93 l'essai dans les autres milieux, la gélose-peptone glycérinée n’a plus affaire qu’à un petit nombre de germes laissés indéterminés par le bouillon et l'eau peptonée : à savoir les germes des réac- tions F et S en bouillon correspondant aux réactions M, E, O, en eau peptonée, soit six germes au plus. Encore avons- nous vu que parmi les germes MF, MS, EF, ES, certains sont capables de donner la réaction pyocyanique à côté du pigment de la variété en eau peptonée. Dans ce cas, la gélose-peptone glycérinée n'est plus nécessaire que pour les deux représen- tants de la variété achromogène GF, OS. Quand la prédominance du pigment de la variété ne laisse pas place à la production de la pyocyanine dans l'eau peptonée ou qu elle en offusque la faible quantité produite, la manifes- tation du pigment spécifique peut être également masquée sur la gélose-peptone glycérinée. La macération de la masse gélosée dans le chloroforme suffit alors à extraire en très peu de temps la moindre quantité de bleu nécessaire et suffisante à authenti- quer l’espèce. Dans tous les autres cas, c'est un beau bleu qui recouvre la surface du milieu solide, contrastant singulière- ment avec l’absence de tout pigment constatée jusque-là quand il s’agit d'un germe OS, permettant d’autre part d’interpréter la fluorescence et de classer également pyocyanique un germe OF, dûment reconnu race F de la variété achromogène. Le fait est sans doute suggestif qu’une propriété chromo- gène fondamentale telle que celle de l’espèce pyocyanique puisse, en raison de sa dépendance des germes et des milieux, rester méconnue, comme c’est le cas avec OS, durant des séries multipliées de générations et de milieux (t). Trouve- rait-on mieux que ces jeux de couleurs pour illustrer les propres variations des agents pathogènes? de l’achromogène, C. R. de l'Acad. des Sciences , t. 468, 1919, p. 1067). Quant aux trois types qui ne sont pas venus encore entre nos mains : les P des variétés achromogène et érythrogène, S de l’érythrogène, l'exemple de la variété pyocyanogène, où les races homologues ont été obtenues à partir du germe de race-type A, ne laisse pas douter de la possibilité de les réaliser expérimentalement de la même manière, s’il n’arrivait pas quelque jour de les rencontrer dans la nature. (1) Le milieu synthétique salin où j’ai eu souvent recours, qup se prête aux diverses manifestations pigmentaires des germes pyocyaniques, mais dont je n’ai pas voulu compliquer cet exposé, ne se colore pas plus que le bouillon et l’eau peptonée par la culture de ce germe OS. 94 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ★ * i On ne saurait trop insister sur la remarque que la classifica- tion indiquée dans ce travail est fondée sur l'état actuel des germes de nos collections et sur les propriétés des bacilles pyocyaniques qui se trouvent le plus ordinairement. Cependant, des germes pourraient encore se rencontrer, doués par exemple comme ceux des variétés M et E au moment de leur découverte, que j’ai décrits dans ces Annales , t. 33, 1919, p. 247. C’est alors le pigment de la variété débordant la peptone, empiétant sur le bouillon, pouvant prédominer dans l'un et l’autre milieu au point que pendant un long temps n'apparaisse nulle trace du pigment spécifique. Une longue suite de cultures en série a abouti à faire reparaître la pyocyanine à côté de la mélanine, d’abord seule visible, dans le cas étudié par M. Radais. La même technique devrait être appliquée en pareille occurrence dans les divers milieux que j’indique, entremêlée d’essais fréquents par le chloroforme des cultures successives, d’aspect même le moins congruent en apparence à l'espèce, sous quoi peut toujours, en effet, se dissimuler le pigment spécifique. Le tableau ci-contre, résumé du présent travail, réunit sur une ligne horizontale les données fournies par chaque milieu de culture pour servir à la reconnaissance de chacun des seize germes pyocyaniques. IDENTIFICATION DES GRUMES PYOCYANIQUES 95 s» > n © «a JS 2^- © 9[aoap as aoadsaj no ' a o * ce fl -w J _^53 o • 3 ce o o — ' © ce \ o U gs .fl 5 s ~ 1 O | h— ►—4 1 H-H bD j c S*® O .S fl '■s .5 S .5^8 .2 -S*? *rT=3 C namw • saiauKaai sawaao tu g )> EF )> OF • . ce • ~ S )) . ES )) . OS • • * 32 0 0 en 0 G c • _c c C CO r+ HH G B C3 • • c « >~a 43 c ce >a 0 43 43 O « o _ >-> “ eu Gu o S^a i— • • o o h ^ ^3l 03 "3 Cû O C3 « es 0) t/2 „ w S w H 0 W O C 03 * . • ^ g.cuS wO *1 > CM •> cT O W. 0 ® fl ^ ^3 &q TD ' w a fa )yoc Va pyo< Va pyo 43 k B. B. B CS fl ^ ~ (V) --i - fl M « 0*4) fl Ü'S.S CO g fl“T3 ^ O — g «5 o c ® 'G +* '55 S O Xfl & T - g. g ü © ® w , O CJ « - © =«-3 £ § ® c? « S) TJ *~1' ï- 53 © 53 ' (A *—l 1 _ e.yjg * 2 fl .4-3 ^ 'O ♦.— * O ' “* CC Tfl rt O L 2 g OS 0 3 03 de &J3 c — su e 3 o 5 o 5 fl • ^ 2 ci ® — 43 fli«3 k£_® '-3 p3 &£ en b£ 9 ^ ^ ûc +. Z H S Cm Z 3 s . C2 43 o E fl fl • S 43ü / _0 Q-jp çQ &C22, fl 3 -§ g,+ o -f- | Z 3 3^7 es T z 4» o -a -fl s^- ~ CO &X3 © « © P Ô ■^3 * “* î_ 2 ®^fa«2 P ^ O ’-< flfc ® . 53 w ©*43 O 3 J 4 B B ® O as*-1 bu© © s=2 u ~ = X fl o* ® o5 g © p O cC p eu® P « ü ‘2 er «J 5n 2* 43 -2 ’S ■*"’ 53 ® î3 Js eu>© fl fl — fl c/) ce s-» ©-fl® -S 5 - 2 g fl'CJ 2^ a B f® 2 © "êfl ■ eu. ^r?c/3 © c »- g §g 2J.&.2 >> 5? fl 3 ^ eu &. © *53 g © g *© -53 . 43 -®‘ > - " ~ — - © - ce O — fl fl o es X f- % . . ■ 1 É' . . » < • . ! ! , ■ 1 - 5 - Maison Ch. VERDIN G. BOULITTE, suce Ingénieur-Constructeur APPAREILS DE PRECISION Servant en Physiologie, en Pharmacologie et en Médecine INSTALLATIONS COMPLÈTES de LABORATOIRES sur DEVIS 7, Rue Linné, PARIS (Ve) Téléphone 828-33 NOUVELLE ÉTUVE àtempérature constante de HEARSON La figure représente l’Étnve éleclriqne sans réser- voir d’eau. Dans ces appareils, la chaleur est produite, distribuée d’une façon uniforme par un ou plusieurs fils. Des jonc- tions spéciales commandant chaque fil permettent d’utiliser ces résistances suivant certaines combinaisons pour pro- duire des températures plus ou moins élevées. Nous fabriquons tous Les appareils nécessaires aux labo- ratoires de bactériologie, tels que : bains-marie, étuvès à paraffine, stérilisateurs, appareils Wassermann, etc. Tous nos appareils peuvent être chauffés, soit au pétrole, gaz ou électricité. ENVOI GRATUIT DU CATALOGUE SUR DEMANDE Seuls Concessionnaires : SPRATTS PATENT 38, rue Caumarfin, PARIS ; BXLL-A.TJXjT CHENAL*, DOUILHET et C“, Suce* PARIS — 22, rue de la Sorbonne, 22 — PARIS FABRIQUE DE PRODUITS CHIMIQUES ET PHARMACEUTIQUES Produits purs pour Analyses « Bactériologie « Histologie * Hierograpiiio Dépôts des balances : H. L BECKER Fils et C^, de BRUXELLES En France : Henry-Louis BECKER. — A. CATTEAÜX et R. GUELT0N,; Sucrs. FOURNISSEURS 3DE3 L’INSTITUT PASTEUR Adoptée officiellement par la Marine et les Hôpitaux de Paris. PANCRÉATINE DEFRESNE 1 gr. transforme simultanément : 35 gr. albi mine; 20 gr. corps gras; 25 gr. amidon. Dyspepsie. i Dégoût des A.liments. I Gastralgie. Diabète. j Digestions diûlciles. j Gastrite , etc. POUDRE — PILULES — ÉLIXIR DEFRESNE, Auteur de la Peptone Pancréatique, 4, Quai du Marché-Neuf, PARIS, et Pharmaolea. E. COGIT & C Constructeurs d’ Instruments et d’ Appareils pour les Sciences 3fî, Boulevard Saint-Michel, PARIS — Téléphone : Fleurus 08-58 ATELIERS DE CONSTRUCTION EXPÉDITIONS ET VERRERIE EN GROS 19, Rue Humboldt, PARIS AGENTS EXCLUSIFS DES MICROSCOPES KORISTKA. S.O.M. Construits par la Société d’Optique et de Mécanique de Haute Précision, à Paris. Dépositaires des Colorants français R, A. L. et des Colorants du Dr TRIBONDEAU et du Dr HOLLANDE Produits chimiques pour la Micrographie et la Bactériologie Autoclaves , Centrifugeurs, Installations complètes de Laboratoires, Alilieux de culture stérilisés , Microtomes de toutes marques. APPAREILS ET BROYEURS LATAPIE NOUVEAU MODÈLE D'ÉTUVES ÉLECTRIQUES A TEMPÉRATURE CONSTANTE NOUVEAUX APPAREILS DE PYSIOLOGIE Marque «ASCO » pour la médecine et l’expérimentation. FOURNITURES GÉNÉRALES pour LABORATOIRES et Ateliers de construction d’Appareils de précision Les Établissements POULENC Frères 122, Boulevard Saint- Germain — PARIS Siège social: 93, rue Vieilie-du-Temple Produits ïïmm pars Réactifs, Liqueurs titrées Verre Français, marque LABO VERRERIE ORDIHilRE ET GRADUÉE DENSIMÈTRES THERMOMÈTRES APPAREILS chauffés au gaz, au pétrole, à l’électricité. Autoclaves et Étuves à culture COLORANTS FRANÇAIS, marque R. A. L. pour Microbiologie et Physiologie MICROSCOPES =■= MICROTOMES CENTR1FUGEURS REVUES ET ANALYSES DES TRAVAUX DE BACTÉRIOLOGIE, MÉDECINE, BIOLOGIE GÉNÉRALE, PHYSIOLOGIE, CHIMIE BIOLOGIQUE dans leurs rapports avec la Microbiologie. rv r 'Rprtrand A Besredka, À. Borrel, C. Delezenne, Comité de Direction : Gr. Bertrand, a. x> ’ p t A. Marie, F. Mesnil, Professeurs a 1 Institut Pasteur. Paraît régulièrement le 15 et le 30 de chaque mois . Prix de l’Abonnement : France, 38 ft*. . ^Tr^es années 1903, 1907, 1910 Prix des volumes des années 1903 à 1914 enCOr],-,^peiit'nombre de collections des 912 ne se vendent pas £eP,af pHx des années 1915 et suivantes : 30 ir. . premiers volumes au prix de bOO ir.»rrix u - BULLETIN DE L'INSTITUT PASTEUR 8 .d'Vb' Q, ^ ATELIERS DE CONSTRUCTION \?% Pour APPAREILS DE CHIMIE, ^ % BACTÉRIOLOGIE, \ Verrerie soufflée, graduée, porcelaine, terre, grès. » jj D 26 et 13, Rue Vauquelin PARIS (Ve) = INSTALLATIONS COMPLÈTES DE LABORATOIRES ST : DS SALLES D’O PÉRATIOITS Fourniture de Produits chimiques — Matières colorantes Microscopes — Microtomes. NOUVELLES VERRERIES DE LABORATOIRE : IVeutra . Qualité léna. Fina. . . — Bohême. Verre. . — Courante. Produits français fabriqués par la Verrerie E. ADNET, 28, rue des Carrières, à Charenton, près Paris. — ENVOI FRANCO DU CATALOGUE ILLUSTRE — PI ET /"'Il | £7 | I V * INGÉNIEUR ■ — — " Vac w A , des Arts et Manafactnres PARIS — 64, Rue Gay-Lussac, 64 — PARIS Adresse télégraphique : W1ESNEGG-PARIS — Téléphone : 806-25. SPÉCIALITÉ D’APPAREILS BACTÉRIOLOGIQUES Autoclaves * stérilisateurs a air chaud * STERILISATEURS A EAU BOUILLANTE * ÉTUVES et BAINS-MARIE A TEMPÉRA- TURES CONSTANTES * ÉTUVES A CUL- TURES MICROBIENNES CHAUFFÉES PAR LE GAZ, L’ÉLECTRICITÉ ET LE m PÉTROLE ig» RÉGULATEURS FOURNISSEUR DE TEMPÉRATURE * CHAMBRES - ÉTUVES , etc. * APPAREILS A DÉSINFEC- TION. DES Instituts PASTEÜB de Paris, Lille, etc., et Instituts Bactériologiques de France et Etranger INSTALLATION DE LABORATOIRES Projets, Devis Envoi franco des Catalogues sur demande Expositions l Bruxelles 1897: Grand Prix i Saint-Louis 1904 : Grand Prix Universelles ) Paris 1900 : 2 Grands Prix j Bruxelles 1910 : 2 Grands Prix T. XXXIV. — 1920. Mars — N° 3. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR FONDÉES SODS LE PATRONAGE DE NI. PASTEUR PAR E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION Dr CALMETTE, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr LAVERAN, membre de l’Institut de France; Dr L. MARTIN, sous-directeur de l'Institut Pasteur; Dr ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; Dr VAILLARD, membre de l’Académie de médecine. Secrétaire de la Rédaction : Camille RAVE AU BIBLIOTHÉCAIRE DE L’iNSTITUT PASTEUR 25, RUE DUTOT - PARIS (XV« Las annonces sonl repues à J 'Économat de l’ Institut Pasteur. PRIX DE L’ABONNEMENT. *— France : 3*3 francs. Union postale : 36 francs; Prix d’un Numéro : 3 francs. <5 ABONNEMENT. — PRIX DES VOLUME8 DES « ANNALES >:, Prix de l’abonnement, à partir de 1930 France .... 32 fr. _ _ Union Postale. 36 fr. Prix d’un numéro, — — • • * 3 fr. Années antérieures. — Les années 1889, 1890, 1891, 1895 et 1896 sont épuisées. Les années 1892, 1893 et 1897 à 1917 se vendent séparément 28 francs. Les années 1887 (volume I), 1888, 1894, étant très rares, ne se vendent pas séparémer Tables des Matières, années 1887 à 1906, 1 vol., 10 francs. SOMMAIRE DU N° 3 Page! Pneumonie et tuberculose chez les troupes noires, par A. Borrel lj Études sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes (premier mémoire) : Sérums « antisérums », par M. Nicolle, E. Césari et E. Debains 14 Note sur l’étiologie et l’anatomie pathologique du typhus exanthématique au Mexique, par S. Burt Wolbach et John L. Tood ^ De l’emploi de l’éther acétique comme réactif précipitant des protéides, par A. Marie . . lî Production d'acide formique par la levure dans les milieux amidés, par P. Thomas. ... 16 Le “ JEY˧ ” seul véritable CRɧYL ! EXIGER LE VRAI -JEYES Le seul d’une efficacité scientifiquement contrôlée et d’une innocuité absolue et constante LE MEILLEUR DÉSINFECTANT ANT IP AR ASIT AIRE Cicatrisant rapide des plaies, blessures, etc. Indispensable pour l'Assainissement, la Désinfection et l’Hygiène des Habitations et de leurs Dépendances Le CRÉSYL-JEYES authentique possède ne pouvoir germicide considé- rable, même en présence de matières protéiques Non toxique, le CRÉSY L-JEYES se montre contre les Plaies un excellent antiseptique. Pour la désinfection des Locaux, les bons effets du CRÉSYL-JE1TES tiennent à ses remarquables propriétés BACTÉRICIDES, et ANTIPUTRIDES. SAVONS ANTISEPTIQUES AU CR“SYLJEYES pour la TOILETTE et l’HYGIÉNE de la PEAU Société Française de Produits Sanitaires et Antiseptiques PARIS — 35» Rue des Francs-Bourgeois — PARIS. P. LEQUEUX ^ Ingénieur des Arts et Manufactures Maison WIESNEGG, 64, rue Gay-Lussac, Paris Fournisseur de l’Institut Pasteur. et de la Faculté de médecine de Pans STÉRILISATEURS, ÉTUVES, APPAREILS DE DÉSINFECTION Insla dations de Laboratoires de bactériologie. Exposition univ. Paris 1900 TdEUX GRANDS PRIX G O N I N APPROUVÉS par le Conseil supérieur d’Hygiène publique de France, autorisés conformément à la loi par M. le Ministre de l’Intérieur. Produits, Procédés et appareils pour la DÉSINFECTION en surface, en profondeur et par lavages ou trempages. FUMIGATORS GONIN ,3 f 3 pour 15 ni V 4 pour 30 i Cartouches auto-productrices d'aldéhyde formique CRÉSYLOL SODIQUE GONIN - FLUOFORNIOL GONIN CHt NITIDOL GONIN ÉTUVES Adresser toute tu corr à M. le Directeur des Etablissements GONIN 60. Rue fabrique de grillages ET I DE CA&ES peur Études Bactériologique* CHENILS ^ET VOLIÈRES Paul PIARRETTE Fournisseur de l’Institut Pasteur et de k Faculté de Med mis* py rue Sè&üier, i? Paris 4 - •J LYSOL LE PLUS PUISSANT DES ANTISEPTIQUES-DÉSINFECTANTS DÉRIVÉS DU GOUDRON ENTIÈREMENT SOLUBLE DANS L’EAU Le LYSOL, recommandé par les médecins et les savants les plus éminents, est le meilleur préservatif des maladies épidémiques Grippe» Inftuenza, Diplitérie, Fièvre typhoïde, etc. Les Dispensaires antituberculeux et, principalement, le Dispensaire modèle de Lille, fondé et dirigé par le Dr Calmette, emploient les Solutions Fysolées, de préférence à toutes autres, pour la des- truction des germes malfaisants des crachats et du linge des tuberculeux. Savons de toilette antiseptiques ai LYSOL, pour ÉCOLES, CRECHES, DISPENSAIRES, etc. Eau Dentifrice antiseptique au LYSOL Société française du LiYSOL 65, rue Parmentier, à IVRY (Seine) Le seul autorisé par PASTEUR à porter son nom 2 Grands Prix (Exposition Universelle 1900) 5 Diplômes d’Honneur 12 Médailles d’Or — Prix Montyon Médaille d’Or de la Société d’Encouragement , pour l’Industrie Nationale. Le SEUL pouvant s'opposer efficace- ment à la transmission des maladies par les eaux de boisson. FILTRATION DE L'EAU BODGIES DE POROSITÉS GRADUÉES POUR LABORATOIRES Siège social : 58, rue Notre-Dame de-Lorette, PAIUS SOCIÉTÉ D’INSTALLATION ET D ENTRETIEN 1, Rue Godot-de-Mauroi (POUR PARIS ET LA BANLIEUE) 34e ANNÉE MARS 1920 N° 3 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES par A. BORREL. Le transport en France des contingents sénégalais, et le séjour prolongé de ces troupes sur le front ou dans les camps de Fréjus, ont permis de constater le parfait acclimatement des tirailleurs. Aucun inconvénient au point de vue sanitaire n’en est résulté pour la Métropole : rien d’anormal n’a pu être signalé autour des camps de rassemblement et d’instruction. Les bataillons sénégalais, après trois ou quatre ans de cam- pagne, ont été rapatriés dans un état physique remarquable. L’inspection que nous avons pu faire avant le rapatriement nous a permis de constater la forme splendide de ces tirailleurs acclimatés. Pendant tout le séjour en France, dans les camps, les infir- meries, les hôpitaux, une observation attentive a permis de constater que seules deux maladies sont importantes et méritent d’être prises en grande considération : la Pneumonie et la Tuberculose. 7 106 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR PNEUMONIE Le Sénégalais est extraordinairement sensible à la pneumo- coccie et, au Sénégal même, le pneumocoque fait de nombreuses victimes parmi la population des villes ou des villages de toute l’Afrique Occidentale française : pneumonies franches, broncho- pneumonies, congestions pulmonaires, bronchites sont les manifestations les plus ordinaires, avec toutes les complica- tions possibles : pleurésies, péricardites, arthrites, etc. La méningite à pneumocoques n’est pas rare ; elle est toujours mortelle . Beaujan a signalé des cas intéressants de pneumococcie cutanée simulant l’érysipèle, et l’on trouve le pneumocoque comme microbe d’association dans une foule d’affections trau- matiques ou purulentes du Sénégalais. De l’avis de tous les médecins qui ont assisté au recrutement des troupes noires en Afrique Occidentale française, la pneu- monie commence à sévir dès le premier rassemblement des recrutés venus de tous les points de la colonie et la mortalité est déjà considérable : 2 à 3 p. 100 de l'effectif. Le changement de régime alimentaire, le transport par bateau avec l’entasse- ment qui en résulte favorisent les contaminations, de telle sorte qu’à l’arrivée en France, toujours depuis 1915, on a observé, soit au camp du Courneau, soit au camp de Fréjus, une morta- lité importante par pneumococcie. Il semble, et c’est là une notion très simpliste, qu il vaudra toujours mieux amener en France les recrues au printemps et en été, plutôt qu’à l’automne ou l’hiver. Comme résultat global, on peut dire que les épidémies pneu- mococciques initiales, épidémies de rassemblement et d’accli- matement occasionnent des pertes qui peuvent atteindre 5 et (i p. 100 de l’effectif recruté, si on totalise les perles au Sénégal et en France. A ce prix, l’acclimatement est acquis ; plus ou moins, au cours de la première année, tous les tirailleurs ont subi les atteintes du pneumocoque et il en résulte une immunité ulté- PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 107 rieure solide. Nos observations du camp de Fréjus, en hiver 1917-1918 et 1918-1919, le démontrent très bien. En 1917-1918, sur 7.000 hommes que nous avons observés soigneusement ayant deux ans et trois ans de séjour en France, il y a eu seulement deux décès par pneumonie. En 1918-1919, nous avons pu faire la même observation sur les nombreux bataillons retour du front, la mortalité par pneu- monie a été insignifiante ; il n'y a pas eu de grippe, tandis que le 127e et le 128° subissaient une épidémie sérieuse de pneu- monie. Les médecins qui ont accompagné les bataillons en Orient, à Salonique, dans la région montagneuse et très froide, — 15°, — 17°, n’ont pas constaté de pneumonie. Leurs bataillons com- posés de tirailleurs acclimatés ont supporté, aussi bien que les Européens, l’hiver très rigoureux. Il est donc bien établi que les troupes sénégalaises, après la période d'acclimatement, ont un état sanitaire excellent et chez eux on ne constate ni paludisme, ni fièvre typhoïde, ni dysen- terie, ni maladies éruptives, qui méritent d’ètre prises en considération. Les tirailleurs qui ont été rapatriés récemment, ayant quatre ans, trois ans de France, et que nous avons vus au camp de Fréjus avant leur embarquement, étaient dans un état physique remarquable et constituaient de véritables troupes d'élite au point de vue militaire et au point de vue sanitaire. 11 se fait donc une réelle vaccination spontanée du Sénégalais contre la pneumonie, mais cette vaccination et cet acclimate- ment ne vont pas sans pertes sérieuses ; aussi la Direction technique du Sous-Secrétariat d’Etat du Service de Santé s’est préoccupé de la vaccination préventive des tirailleurs contre le peumocoque. Les Anglais, les Américains, depuis plusieurs années, ont mis à l’étude cette question de la vaccination pneumococcique. Depuis deux ans, avec le médecin-major Kerandel, nous avons procédé à des essais que je vais rapporter sommaire- ment ici. Le vaccin qui a été employé était constitué par des microbes tués, provenant de la centrifugation des cultures en milieu T., 108 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR cultures de vingt-quatre heures mises en suspension dans l’eau physiologique. Les origines des cultures vaccins provenaient de cas de pneu- monie mortelle chez des Sénégalais du camp du Courneau. Deux injections furent faites à huit jours d’intervalle de 1/2-1 cent, cube, soit 6 milliards de microbes. Les résultats ont été : Au 95e bataillon : Vaccinés j Morbidité . . Mortalité. . . 36 0 p. 1.000 Non-vaccinés ... j Morbidité . . 130 — Mortalité. . . 33 — Au 96e bataillon : Vaccinés j Morbidité . . Mortalité. . . 73 7 p. 1.000 Non-vaccinés ... j Morbidité . . 83 — Mortalité. . . 18 — Résultat parfait au 95e. Résultat très appréciable au 90e. Une autre expérience de vaccination fut faite à Fréjus en janvier 1918 sur des Malgaches récemment arrivés en France, par grands froids. Le vaccin employé était un mélange de trois origines de pneumocoques dont l'un, le 24, avait été isolé à Fréjus môme et s était montré doué d un pouvoir vaccinant vis-à-vis de plusieurs origines de pneumocoques; une autre origine était le 312, microbe très polyvalent, d’après M. Nicolle, sur les pneu- mocoques isolés à Paris et le troisième, le 23, était un pneu- mocoque isolé à Fréjus, au 96e bataillon. Les doses de vaccin furent augmentées et on fit trois injec- tions à huit jours d’intervalle de : 4 milliards 8 milliards 16 milliards de microbes. 1/2 c. c. 1 c. c. 2 c. c. Le résultat fut excellent pour cette expérience, puisque, sur 300 Malgaches vaccinés, il y eut 1 pneumonie et 0 mort, et PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 109 sur 300 Malgaches non vaccinés, il y eut 17 pneumonies et 4 morts. L hiver dernier, avec les memes origines de microbes conser- vés à la glacière, une nouvelle expérience de vaccination a été réalisée à Fréjus sur les 127e et 128e bataillons du 21 octobre au 21 janvier : 2.393 vaccinés ont donné 152 entrées à l’hôpital et 46 morts. 919 non-vaccinés ont donné. . . 80 — 27 — et 2.393 non-vaccinés auraient donné 200 — 70 Le pourcentage est : I Morbidité. . . 63 p. 1.000 i Mortalité ... 19 — ( Morbidité ... 95 — ? Mortalité ... 28 — Le bénéfice de la vaccination est encore appréciable, mais est loin d’être satisfaisant. Faut-il penser à une ancienneté frop grande des origines vaccinales, ayant perdu une partie de leur pouvoir antigène par la longue conservation à la glacière? Vaudra-t-il mieux employer comme vaccin des pneumo- coques sénégalais récemment isolés ? Faut-il chercher une méthode de préparation de vaccin meilleure que le chauffage ? Autant de questions qui méritent d’être étudiées dans un laboratoire spécial dont la création s’impose au Sénégal même. La pneumonie est la maladie la plus meurtrière pour le Sénégalais, surtout lorsque sont réalisés les rassemblements au moment du recrutement, et pendant la première année de l’acclimatement. La colonie devrait s'imposer la création d’un laboratoire d’études de la pneumonie. Dans ce laboratoire, un ou deux médecins coloniaux pour- raient étudier la question de la pneumonie sénégalaise au point de vue théorique, s’occuper de l’amélioration des méthodes de vaccination, tout en appliquant déjà, dans la pratique, les Chez vaccinés . . . Chez témoins . . . HO ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUIi méthodes ordinaires de vaccination qui ont donné des résul- tats non négligeables et qui ont montré, dans tous les cas, une innocuité absolue. TUBERCULOSE Pour mettre en évidence toute l'importance de la question de la tuberculose chez les troupes noires, nous devons donner d’abord quelques chiffres. Depuis la fondation des camps de Fréjus, Saint-Raphaël, jusqu’au 1er juin 1919, -sur 100 décès survenus parmi ces troupes qui ont séjourné au camp, on compte : Pneumococcies 64 Tuberculoses 26 Divers y compris Sénégalais, Malgaches, Annamites, Canaques. Les cas de pneumonies représentent le tribut payé, du fait du rassemblement des tirailleurs, au cours de la première année. A ce moment, la pneumonie sévit sous une forme épidé- mique; on peut dire quêtons les tirailleurs sont atteinls, sous une foi me plus ou moins grave, mais déjà au cours de la deuxième année et a fortiori après trois ou quatre ans, on ne constate plus que des cas isolés et généralement peu graves. Le Sénégalais est acclimaté, il est devenu réfractaire a la pneu- mococcie. La Tuberculose se comporte autrement: au début et au cours de la première année, les cas de tuberculose sont rares; ils vont ensuite en se multipliant du fait de la contagion dans la promiscuité des baraquements et le Sénégalais reste toujours aussi sensible : il n'y a ni accoutumance, ni innocuité. Pour enrayer le développement de la maladie, il est indispensable de prendre des mesures prophylactiques appropriées. C'est cette prophylaxie que nous allons étudier. Voici un tableau qui donne la marche de la tuberculose au camp de Fréjus depuis la fondation du camp : PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES lil Morts par tuberculose au camp de Fréjus. ANNÉES 1916 1917 1918 1919 Janvier 1 14 17 36 Février .... 0 20 35 48 Mars 9 •mi 21 50 62 Avril 3 28 73 80 Mai 9 41 104 72 Juin 7 37 59 » Juillet 7 32 67 )) Août 4 23 52 » Septembre. . . 6 27 38. )> Octobre .... 4 25 54 )) Novembre. . . 3 19 43 » Décembre , . . 9 25 55 » 48 312 557 298 Ces 1.315 morts par tuberculose représentent le total pour l’ensemble des tirailleurs ayant passé ou séjourné au camp de Fréjus depuis la fondation du camp. Si l’on rapporte ces chiffres au chiffre de l'effectif total et si on considère qu’ils se répartissent sur une période de quatre ans, on s’apercevra que le chiffre total des décès n’est pas excessif et que ce résuitat est dû à la bonne hygiène des camps et aux mesures sanitaires qui ont été prises par le commandement et le Service de Santé des camps. Au point de vue spécial de la tuberculose, les chiffres qui méritent d'appeler l'attention sont les décès par tuberculose au camp en 1917 et 1918. L’effectif présent pour ces deux années a été sensiblement le même, voisin de 50.000 hommes. En 1918 les tirailleurs avaient un an de plus de séjour en France. 312 décès en 1917. 557 — 1918. En un an, toutes conditions égales d’ailleurs, le chiffre des décès a presque doublé. Au cours de notre mission antipneumococcique en 1917, puis en 1918, nous avons constaté cette progression. De janvier à mai en 1917 124 cas. — — 1918 . 279 cas. 112 ANNaLES DE L’INSTITUT PA S'1 EU U Avec M. le médecin principal Lafforgue d abord, puis avec le médecin-major Ribière, du 24 janvier au 15 mars 1918, nous avons relevé très exactement les cas de tuberculose survenus dans 9 bataillons et particulièrement surveillés comme entrées à l’hôpital. Bataillons 71e 68e 69e 44e 77e 64e 70e 43e 34e Tubercul. 2 7 17 5 1 4 4 3 0 De cette observation précise on pourrait tirer les prévi- sions. Puisque en 2 mois 7.000 hommes donnent 43 cas de tuberc. en 12 mois 7.000 — donneront. . . 238 — et en 12 mois 50.000 — devraient donner 1.806 cas. Nous avons appelé, en mai 1918, l’attention du Sous-Secré- tariat d’Etat et de la 8e Direction sur cette situation et nous avons été chargé d’étudier un système pratique de prophylaxie antituberculeux au camp de Fréjus. La tuberculose est rare au Sénégal. Les chiffres que nous venons de donner montrent que la tuberculose est rare chez les tirailleurs recrutés et que les cas augmentent avec la duree du séjour en France. Au Sénégal, la tuberculose ne compte pas; les cas sont très rares surtout dans les pays et les villages de l’intérieur, en dehors des centres urbains où le contact de l’Européen avec le noir est plus intime. Les médecins coloniaux sont tous d’accord sur ce point. Le professeur Calmette, déjà en 1912, avait là-dessus publié un travail intéressant. Il avait demandé à un certain nombre de médecins coloniaux d'étudier le pourcentage de cuti-réac- tions positives obtenues dans différentes régions de l’Afrique Occidentale française. Ce pourcentage a été très faible dans les villages de l’intérieur : 4, 5, 7 p. 100; un peu plus élevé dans les villes: 20 à 30 p. 100, mais incomparablement moins élevé que dans la Métropole où le chiffre des cuti-réactions posilives, milieu parisien, atteint 60, 80 et 90 p. 100. PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 113 À plusieurs reprises, nous-même nous avons soumis à la cuti-réaction un certain nombre de tirailleurs récemment recrutés, arrivant directement du Sénégal au camp de Fréjus et nous avons été frappé du faible pourcentage obtenu : 4 à 5 p. 100. À partir de juin 1918 le service de dépistage que nous avions organisé fonctionnait régulièrement et nous avons passé en revue homme par homme, le torse nu, tous les tirailleurs nouvelle- ment débarqués du recrutement 1918 en voie de formation ou d’instruction au camp : 20 à 25.000 hommes. Les hommes de ce recrutement étaient en majeure partie solides et bien consti- tues; environ le quart de l'effectif était cependant constitué d’éléments jeunes n’ayant pas atteint tout leur développement physique; le voyage, dans certains cas, les avait éprouvés; il y avait quelques cas de dysenterie, de la varicelle, les cas de pneu- monieétaient nombreux etcependant nous n’avons pu constater chez eux que de rares cas de tuberculose. Presque toujours, informations prises, les tirailleurs suspects ou tuberculeux, 2 à 3 p. 100. provenaient de centres urbains, ils parlaient fran- çais, ils avaient été en contact avec l’Européen au Sénégal même. Gomme contrôle, peuvent servir les chiffres des décès par tuberculose dans les hôpitaux: pour ce recrutement 1918, air cours de la première année, ce chiffre est insignifiant. En août 1918 6 décès. En sept. — 6 — En nov. — 7 — En avril 1919, à l’Hôpital 67, qui concentre tous les malades tuberculeux, il y a eu 12 décès de la classe 1918. Et actuelle- ment, à l’Hôpital 67, où sont rassemblés tous les tuberculeux venant de toutes les régions à la date du Ie juin, comme tuber- culeux de la classe 1918, il y a : 27 tuberculoses graves. 60 — en évolution. 75 — dépistées au début de la maladie, qui sont déjà en voie d’amélioration et qui se rétabliront certainement. En somme, la classe 1918, arrivée en France à partir du mois m ANNALES DE L’INSTITÜÏ pasteur ilo juin 1918, n a pas iourni plus de SO décès par tuberculose à la date du 1" juin l!»19; le pourcentage ne de'passe pas 0,20 p. 100 en un an, tandis que le pourcentage des classes 191a-1915 ayant trois et quatre ans de séjour en France atteint 1,6 p. 100. La mortalité par tuberculose est huit fois plus forte et cela mesure l’intensité des contagions qu’il s’agit d’éviter. Tuberculose des troupes noires. La tuberculose des troupes noires sénégalaises est tout à fait spéciale ; elle est particulièrement grave et le Sénégalais est particulièrement sensible, à cause des conditions de sa vie antérieure à la colonie. Il représente un terrain vierge au point de vue tuberculeux, il n’a jamais été en contact pendant sa jeunesse avec le bacille tuberculeux. La tuberculose qu’il con- tracte par intercontagion dans la promiscuité des baraquements évolue suivant un type suraigu qui rappelle la tuberculose de Tentant. Ce fait est intéressant au point de vue général ; il démontre qu il y a bien certainement une immunité contre la tuberculose acquise dans les milieux européens et civilisés, là ou le bacille tuberculeux est très répandu, immunité acquise au cours de enfance ou de la jeunesse par des infections minimes et répé- tées, et, à cause de cela, la tuberculose des troupes métropoli- taines est toute différente, les formes chroniques l’emportant de beaucoup; il y a des améliorations, il y a des guérisons fré- quentes et clés survies définitives. Cette différence dans la marche de la tuberculose avait été signalée déjà par MM. Metchnikoff et Burnet dans leurs études sur la -tuberculose des Kalmouks ou des Kirghiz, peuplades de Russie vivant à l’état à peu près sauvage dans les steppes, en dehors de tout contact civilisé et très sensibles à la tubercu- lose des leur arrivée dans les villes. Un médecin américain, le D‘ Klotz, de passage à Saint- Raphael et auquel j’avais montré un certain nombre de malades tuberculeux de l’Hôpital 67, m’a signalé un fait inté- ressant. PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 115 Dans l’armée américaine, les troupes noires ne se sont pas montrées beaucoup plus sensibles que les troupes américaines blanches, le pourcentage n’est pas beaucoup plus élève et >n n’a pas remarqué chez elles les formes si spéciales et si giavcs de la tuberculose sénégalaise. Les noirs américains se com- portent comme des blancs, ils font les formes chroniques ordi- naires delà tuberculose métropolitaine; mais ces noirs ont vécu dans les milieux urbains en contact avec la civilisation, ils ont été exposés comme l’Américain blanc à toutes les contagions de l’enfance, ils réagissent à la tuberculine dans les mêmes pro- portions, ce sont des noirs civilisés. Au contraire, on a remai que que les soldats américains de race blanche, recrutés dans les régions très isolées des vastes territoires américains, vivant dans la solitude, en pleine campagne, en dehorsde toute conta- gion tuberculeuse pendant leur enfance, font après leur incoi- poration des formes de tuberculose de première infection Ires ° Il n’v a donc pas là une question de race et de sensibilité de race; nous avons pu voir au camp de Saint-Raphaël que es Malgaches sont beaucoup moins sensibles à la tuberculose, es cas observés se rapprochant beaucoup plus du type chronique de la tuberculose européenne ; la tuberculose n’est pas rare a Madagascar; les Annamites sont aussi beaucoup moins sensibles et le pourcentage des cas de tuberculose est très faible. En revanche ; les Canaques paient un lourd tribut a la malac ie tuberculeuse : 10 p. 100 de l’effectif s’est montré atteint. Chez eux, c’est la forme écrouelleuse de la tubercu ose qui domine, ce sont des formes chroniques, ganglionnaires, cervi- cales. D’énormes paquets ganglionnaires, compatibles avec un état général satisfaisant, sont observées; la maladie dure des mois et des années. Ce n’est qu après un temps tiès oiin que malade succombe à une tuberculose pulmonaire chronique. Il nous parait donc bien démontré que la sensibi îte < u . eue galais à la tuberculose tient à l’absence d’immunité acquise, au mode de vie des tirailleurs de toutes races, recrutes dans 1 inté- rieur de la colonie avant leur incorporation. Réunis et vivant en cohabitation intime, ils son soum toutes les contagions qui résultent de la promiscuité des bara- quements et de la vie en commun. Les cas de iubera 116 ANNALES DE L’IiNSTITUT PASTEUH vont se multipliant avec la durée du séjour et de cette vie commune. Le commandement des camps et 1^ Service de Santé se S(^n^ t°U‘i0urs Preoccupés d assurer les meilleures mesures ^es résultats n’ont pas été mauvais : les chiffres de < écès par tuberculose ou pneumonie ne sont pas énormes si on rappoi te ces chiffres à l’effectif total incorporé et si on songe aux conditions particulières de sensibilité du Sénégalais vis-à- vjs de la pneumonie et de la tuberculose et dans un climat qui n est pas le sien. Il y aurait peut-être encore des améliorations possibles au pomt de vue du logement, au point de vue de l'espacement es its, au point de vue du sol des baraquements et des pous- sières. 11 Y aurait peut-être à envisager une éducation hygiénique du tirailleur au point de vue des crachats et de la souillure du sol : le tirailleur sénégalais est très perfectible et très discipliné . Mais il nous a semblé que la contagion la plus à craindre en tait de tuberculose est la contagion directe d’homme à homme ; e Sénégalais malade ou bien portant se mouche très som- mairement dans ses mains, et ses mains sont constamment souillées de bacilles s’il est tuberculeux et s’il expulse des cra- chats bacillifères : de main à main, les bacilles passent tacitement. Il serait difficile, avant chaque repas, de faire laver les mains a tous les tirailleurs; or le repas se fait en commun par groupes i e six ou huit autour de la même gamelle : il y aurait peut-être avantage a avoir pour chaque tirailleur un couvert individuel dont il se servirait. Mais il faut reconnaître que toutes ces mesures ne sont pas faciles a réaliser dans la pratique, et il nous a semblé que la mesure a prendre réellement pratique était de ne pas laisser séjourner de tuberculeux dans les baraquements en contact avec les camarades. . P°W couPer court à toute contagion , il n'y a qu'à supprimer ict source . Nous allons voir que cette prophylaxie est possible, qu’elle est pratique et facile à réaliser sans gêne pour le comman- dement. PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 117 Dépistage de la tuberculose et, isolement du tuberculeux Le Sénégalais tuberculeux, même très avancé, ne se présente pas spontanément à la visite du médecin ; nous avons eu maintes fois occasion de le constater au cours de nos missions antipneumococciques et avant que soit organisé le service de dépistage. A tout instant, nous avons pu constater l’arrivée à l’hôpital de malades tuberculeux venant directement du bataillon et ces malades entraient à l’hôpital pour y mourir au bout de quatre jours, huit jours, quinze jours, avec des lésions tuberculeuses très avancées, des pneumonies caséeuses massives. Il est cer- tain qu’un seul tirailleur malade, dans ce cas, vivant en con- tact avec ses camarades peut être la source de nombreuses contagions à échéance plus ou moins prochaine. Voici comme exemple un tableau qui donne les décès de un mois, relevés à l’Hôpital 66 avec la date d’entrée à l'hôpital et la date du décès par tuberculose. (Voy. tableau I.) Quatre jours de séjour à l’hôpital, six jours, treize jours, etc. : le malade avait jusque-là vécu au bataillon, en contact avec ses camarades. Ce tableau est à double usage, il montre aussi la moyenne de la durée de la maladie chez le Sénégalais, et la rapidité de l’évo- lution des lésions. 11 est donc indispensable d’aller chercher le malade, puisque le malade lui-même, perdu dans le bataillon, ne vient pas se présenter à la visite du médecin. Principe du dépistage. — Heureusement le dépistage de la tuberculose chez le Sénégalais est très facile, surtout le dépis- tage du tuberculeux avancé, ouvert, dangereux pour le bataillon. Il suffit d’avoir passé quelques mois dans les hôpitaux, et d’avoir un peu de pratique clinique, pour reconnaître à un examen rapide un Sénégalais tuberculeux en évolution. La pathologie médicale sénégalaise est d’une simplicité remarquable : deux ans de pratique nous permettent de l'affir- mer ; les affections des voies respiratoires constituent presque 1 ableau I. — Etat des décédés par tuberculose. (Hôpital sénégalais n° 66.) ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 119 toute cette pathologie, si l’on met a part les spécialités, et les maladies vénériennes et les affections chirurgicales : pas de paludisme en activité, pas de dysenterie, pas de fièvre typhoïde, pas de maladie du sommeil. Dans les hôpitaux de Saint-Raphaël et Fréjus, avant que l’iso- lement systématique ne soit fait, lorsqu’on passait en revue les malades d’une salle et que voisinaient pneumonies, broncho- pneumonies, congestions pulmonaires avec les foimes variées de la tuberculose en évolution, nous étions aiii\és à laire le classement et le diagnostic rapide surtout pai les courbes do température et 1 aspect extérieur, le lacies du malade. Le malade atteint d’une affection aiguë , le pneumonique atteint en pleine santé, arrive à l’hôpital avec le lacies caracté- ristique du noir à peau fine, lisse, brillante, en bon état de graisse, bien musclé. Pendant le temps que dure son affection aiguë, huit jours, quinze jours et même davantage, il conserve, appréciablement, le même aspect et même après sa rnoit, à la salle d’autopsie, le cadavre d’un pneumonique par son état de graisse est facile à différencier du cadavre d’un tuberculeux. Le tuberculeux qui arrive à 1 hôpital a déjà un tout autre aspect, il est généralement amaigri, la peau est presque tou- jours rugueuse, squameuse, sèche, terne. A la palpation les muscles du bras sont flasques; dans beau- coup de cas, la dépigmentation des régions thoraciques est de toute évidence. La courbe de température du tuberculeux en évolution est tout à fait caractéristique par son irrégularité et totalement différente des courbes que donnent les affections pneumococ- ciques, les seules à envisager dans cette pathologie senega- 1 1S 0 Enfin il y a un signe très important et très fréquent, on le trouve danj plus de 1.0 p. I«« de, ce, I. prdsenc. d'un g..- glion ou de plusieurs ganglions sus-claviculaires. . En dehors de tout autre signe de tuberculose, en dehors <. e tout signe d’auscultation, de tout signe d’amaigrissement, en dehors de toute modification du faciès ou de 1 aspect de la peau, caractéristique, la présence du ganglion sus-claviculaire est un signe de la tuberculose sous toutes ses formes, c est le signe le plus précoce. Nous y reviendrons. 120 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEL'ü Formes l>e la tuberculose sénégalaise. Avant d’exposer ce qui a été fait au point de vue pratique pour le dépistage dans les bataillons, nous devons dire quelques mots des formes de la tuberculose sénégalaise au point de vue anato- mique et au point de vue clinique ; nous verrons là une forme tout à fait spéciale de la maladie, se développant sur un terrain vierge, chez des individus ayant vécu jusque-là en dehors de toute contagion, une tuberculose de l’adulte de première infection, se présentant avec toute la gravité de la tuberculose de l’enfant, ou du singe ou du cobaye avec des formes d’une évolution suraiguë. A un point de vue général, cette étude est importante et, au point de vue particulier du dépistage qui nous intéresse, elle nous montrera que l’appréciation de l’état général, du faciès tuberculeux, la constatation du ganglion sus-claviculaire doit remporter sur les signes d’auscultation, absents lorsque la maladie débute ou inutiles lorsque la maladie est réellement avancée. Le dépistage, pour être pratique , doit être basé sur une méthode d'examen et d' appréciation rapides ; avec un peu d’habitude et de pratique on arrive au résultat cherché. Formes anatomiques . Autopsies. La tuberculose du Sénégalais a une évolution qu’on peut diviser en deux périodes: Une période initiale, ganglionnaire, latente pendant laquelle l’état général peut n’être pas sensiblement modifié au début; il n y a pas de fièvre, et ce n’est que peu à peu que les modifica- tions caractéristiques de l’état général surviennent, cette période latente peut durer un, deux, trois mois ; Une période seconde pendant laquelle apparaissent des symp- tômes nouveaux et tout de suite très graves : fièvre, amaigrisse- ment, lésions généralisées, se traduisant par des lésions pul- monaires locales rapidement envahissantes : pneumonie caséeuse lobaire, pneumonie lobulaire caséeuse, localisation sur les séreuses, tuberculose pleurale, pleuro-péritonéale, granulie ini- PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 121 tiale ou granulie survenant au cours de pneumonies caséeuses ou granulie survenant après un 'envahissement des séreuses ; cette période est très courte et, dans l’immense majorité des cas, à partir du moment où des symptômes fonctionnels sont con- statés, à partir du moment ou la fièvre s’allume la mort survient en quinze jours, un mois, deux mois au plus. La tuberculose sénégalaise prend rarement la forme chronique, locale, pulmo- naire avec cavernes qui caractérise la tuberculose de l’Euro- péen. A l’autopsie, on peut retrouver la chronologie des lésions qui permettent de reconstituer la marche de la maladie. Le point de déparUest presque toujours au niveau des groupes ganglionnaires correspondant aux premières voies aériennes ; à l’autopsie on trouve dans 90 p. 100 des cas des lésions caséeuses de ces groupes ganglionnaires, depuis les groupes supérieurs cervicaux ou sus-claviculaires jusqu’aux ganglions du hile pul- monaire. Les lésions initiales cervicales sont relativement rares chez le Sénégalais, beaucoup plus rares que chez les Canaques. Les lésions du groupe des ganglions sus-claviculaires, situés en dehors ou en dedans des insertions du sterno-cléido-mastoï- dien, sont au contraire excessivement fréquentes ; àLautopsie le ganglion ou les ganglions sus-claviculaires sont trouvés dans 70 p. 100 des cas, soit comme ganglion de première infection, soit comme retentissement visible, à l’extérieur de la tuberculi- sation des ganglions trachéo-bronchiques. Les ganglions trachéo-bronchiques sont tuberculeux dans 80 p. 100 des cas et les autopsies montrent évidemment que presque toujours la tuberculose a débuté par là ; les ganglions sont en voie de caséification et sont manilestement le point de départ des généralisations soit par etfraction du ganglion, soit par voie lympathique, soit par voie sanguine*. On trouve dans presque toutes les autopsies des paquets gan- glionnaires multiples, trachéo-bronchiques, de dimension? variées de la dimension d'une noisette, dune noix, d un œuf de pigeon, d’un œuf de poule, s’échelonnant depuis le ganglion sus-claviculaire jusqu’au ganglion hilaire pulmonaire, tantôt développés vers le haut, tantôt plus marqués au ni\eau du hile. Ces ganglions correspondent évidemment a une premièi 8 i22 ANNALES ]>E L’INSTITUT PASTEUR infection, à un chancre tuberculeux, à des lésions érosives tuber- culeuses qui, suivant les cas, sont situées sur les amygdales, ou sur l’arrière- gorge, ou sur le larynx, ou au niveau des premières bronches. Les formes d’infection pulmonaire direcjke et initiale sont rares; la tuberculose ayant son siège initial au sommet ne se trouve pas dans plus de o p. 100 des cas. Cette période lymphatique trachéo-bronchique marque les premiers stades de l’envahissement, période latente, presque toujours sans fièvre et qui passerait inaperçue, si dans beaucoup de cas le signe du ganglion sus-claviculaire n’était pas là pour avertir le médecin. ■» La caséification des ganglions trachéo-bronchiques ou sus- claviculaires ou cervicaux et l’absence de toute réaction fibreuse caractérise la deuxième période et les autopsies montrent com- ment se développent les lésions ultérieures. Pneumonie caséeuse. — Tantôt c’est le groupe des ganglions hilaires qui, arrivés à un certain degré de caséification et de fonte, déversent directement leur contenu dans les alvéoles pul- monaires, lobe moyen, lobe inférieur, et une pneumonie caséeuse lobaire, massive, prend naissance ; à l’autopsie on trouve le ganglion hilaire caséeux inclus exactement au centre du processus pneumonique. C’est là le cas le plus fréquent, il est observé dans plus de 30 p. 100 des cas. Les lésions de pneumonies caséeuses peuvent être plus dissé- minées, lobulaires, siégeant tantôt dans un seul poumon, tantôt dans les deux poumons par retour bronchique de produits infectés. La mort peut survenir dans certains cas, rapidement, sans for- mation de lésions caverneuses, sans ramollissement et sans une réelle généralisation des tubercules à tout l’organisme; mais très souvent aussi, parallèlement, on observe une dissémination de granulations tuberculeuses dans tout l’organisme et aussi dans le poumon par voie sanguine. On note dans le même pou- mondes lésions de pneumonie caséeuse alvéolaire et des granu- lations tuberculeuses de généralisation, 20 p. 100 des cas. Oranülie. — Dans d’autres cas la mort survient à la suite PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 123 d’une véritable injection tuberculeuse intraveineuse, et le point de départ de cette généralisation se trouve à l’autopsie dans un ganglion tuberculeux caséeux : ce sont là les vrais cas de granulie pure : tous les organes sont parsemés d’un fin semis de granulations tuberculeuses, récentes : il neige du tuber- cule ; poumons, foie, rate, rein, épiploon, méninges, etc. Le poumon n'est pas plus pris que les autres organes. Ces cas sont très fréquents et 25 p. 100 des autopsies peuvent être ramenées à ce type très pur. Si la granulie dure quelque temps, elle s’accompagne sou- vent d'une réaction péritonéale et d’un début de formation de carreau : type abdominal d’origine thoracique. La rate dans tous ces cas est surtout remarquable; elle est énorme, farcie de' tubercules atteignant quelquefois les dimen- sions d'une noisette, rate à type framboise. \ Tuberculose pleuro-péritonéale. — Dans d’autres cas les autopsies montrent une tuberculose ^généralisée des séreuses, tuberculose pleuro-péritonéale. Dans les formes à prédominance thoracique, c’est autour du paquet ganglionnaire trachéo-bronchique que se développe une tuberculose du médiastin aboutissant à une vraie symphyse cardiaque : cœur, péricarde, plèvre, poumon, ne font qu’une masse ; la dissection est impossible, le péricarde est extraordi- nairement épaissie, dans deux autopsies, le myocarde lui-même, très épaissi, était farci de produits caséeux. De la plèvre le processus tuberculeux peut passer au péri- toine et très souvent aussi, à la suite d’une tuberculose périto- néale, on assiste au passage de masses tuberculeuses à travers le diaphragme et à l’envahissement pleural. Ces cas de généralisation proviennent de la rupture de masses caséeuses épanchées dans la plèvre et provenant soit des ganglions trachéo-bronchiques ou de tubercules pleuro-pulmo- naires ou bien dans le péritoine à l’irruption de produits tuber- culeux provenant des ganglions mésentériques, ou dans d’autres cas d'une tuberculose intestinale. Ces formes, où la dissémination n’a été obtenue ni par la voie sanguine, ni par la voie lymphatique, mais par véritable effrac- tion, ne sont pas rares : 10 p. 100 des cas. 124 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Tuberculose chronique. — Enfin dans certains cas les plus rares, 5 p. 100, l’autopsie montre une tuberculose typique de forme européenne, tuberculose pulmonaire chronique, cavernes, prédominance au sommet, pas de ganglions trachéo-bron- chiques, fonte du tissu pulmonaire; meme dans ces cas on note assez souvent la présence d’un ou plusieurs ganglions sus-claviculaires. Tuberculose abdominale. — Certaines autopsies montrent une infection initiale par voie digestive, pas de ganglions tra- chéo-bronchiques, pas de tuberculose pulmonaire, pas de lésions thoraciques ; on constate seulement une ascite abon- dante, d’énormes ganglions mésentériques, des tubercules sur les parois intestinales et une réaction mésentérique ou épi- ploïque qui va depuis le simple épiploon tuberculeux farci de granulations avec pendeloques de tissu œdématié, jusqu’à l’or- ganisation d’un véritable gâteau tuberculeux, d’un carreau énorme englobant les anses intestinales qu’il est impossible de dissocier; l’intestin est comme cimenté, inclus dans une énorme masse tuberculeuse. Tuberculose osseuse. — Elle est relativement rare comme lésion initiale, elle se complique presque toujours de processus tuberculeux primitivement ganglionnaires. ¥ ¥ En résumé, nos constatations d'autopsie portant sur 500 cada- vres et dont le tableau II résume une partie, permettent de for- muler les conclusions suivantes : La tuberculose de primo-infection du Sénégalais ressemble à la tuberculose de l’enfant. Les ganglions trachéo-bronchiques sont initialement pris dans plus de 80 p. 100 des cas. Le ganglion sus-claviculaire, qui a pour nous une grande importance au point de vue du diagnostic précoce, est présent dans plus de 70 p. 100 des cas. La tuberculose pulmonaire est rarement initiale et pri- mitive. PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 125 Les formes de pneumonie caséeuse lobaire ou lobulaire sont rarement primitives et succèdent à des lésions caséeuses impor- tantes, surtout des ganglions hilaires : on ne peut pas dire . pneumonie caséeuse d’abord, ganglions hilaires ensuite, mais il faut dire chancre bronchique, ganglion hilaire caséifié et pneumonie caséeuse consécutive. La granulie est une cause de mort dans plus de 70 p. 100 des cas, soit granulie primitive sur ganglion caséeux en un point quelconque de l’organisme, soit granulie suivant et compliquant les lésions pulmonaires que nous avons décrites. On ne retrouve pour ainsi dire jamais de réaction fibreuse, d’enkystement des lésions, de réaction de guérison. Le Séné- galais est extraordinairement sensible a l’infection tubercu- leuse. Une tuberculose en évolution, chez lui, n a aucune ten- dance à guérir, et la mort survient dans un délai qui ne de- passe jamais plus de quelques mois, avec une extension énorme des lésions. Formes cliniques . Les constatations d'autopsies que nous venons de résumer montrent que la clinique de la tuberculose sénégalaise peut être très facile, s’il s’agit des lésions énormes de la deuxième période, au moment de la généralisation, au moment de la pneumonie caséeuse constituée ; facile lorsqu’il s’agit de tuber- culose pleurale, ou de tuberculose abdominale; les signes sont les mêmes que chez l’Européen et je n’ai pas à y insister Elle devient très difficile au point de vue clinique lorsqu il s’agit de formes de début, lorsqu’il n’y a pas encore de fièvre, lorsque la tuberculose en est à la période ganglionnaire. Ici tous les symptômes du début de la tuberculose, qui sont classiques chez l’Européen, manquent; il n’y a. pas ou seule- ment bien rarement une tuberculisation des sommets con- statation d’autopsies o p. 100 des cas — et les signes cliniques d’auscultation que l’on peut trouver dans la poitrine, etan donnée la fréquence des lésions non spécifiques de 1 appareil respiratoire chez le Sénégalais, laisseraient place a bien des erreurs < Heureusement, chez le Sénégalais tuberculeux même dans les stades initiaux, au moment de la formation des tubercules 1 26 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUIi TABLUJji y NOMS CORPS RACE COLONIE CLASSI JS § K é- = r- 5 S Û2 CB G -=s S 3 -o — f H 1 h d 1 2 1 ] Soly 68e Mabuké. ] 1915 5-4-19 Sory Mouarizé 43e Bambara. Soudan. i 1916 14-3-19 Amadou Mody 83e Djerma. » f Soudan. ! 1917 8-2-19 Diamourou .... 61e Bambara. . Soudan. 1917 i 1 j 6-3-19 Wassy 70e ! » f * I f Congo. • 1916 ; 12-4-19 i Ivitoko P 128'* î i ; » Congo. 1918 31-1-19 ■ l 11 1 i Moriba Cissé . . » 73e Bambara. Soudan. % l 1 ! 1918 ! 8-10-18 ~ ■ rj ! 4 , | _ PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 127 il ES Pas de ganglions sus-claviculaires. Ganglions trachéo-bronchiques légèrement hypertrophiés. — Adhérences pleurales a gauche. Poumon droit : tubercules très rares. Poumon erauche : pneumonie caséeuse des deux lobes. Foie et rate congestionnés. - Reins congestionnés. Pas de différenciation des deux substr. Adénite sus-claviculaire bilatérale. Ganglions trachéo-bronchiques légèrement hvDertrophiés. — Adhérences pleurales a gauche. Poumon gauche : infiltration tuberculeuse étendue; ganglions hilaires caseeux. Poumon droit : tubercules rares au sommet. Foie et rate : très tuberculisés. Péritoine : ascites, tubercules nombreux. — Reins . u. Adénite sus-claviculaire bilatérale fibreuse. Ganglions trachéo-bronchiques caséeux énormes. — Adhérences pleurales à gauche. ■ . . Poumon gauche : très infiltrés, cavernes au sommet; gros ganglions hilaires caséeux. Poumon droit : quelques tubercules disséminés. Foie tuberculisé. — Rate nougat. Pas de ganglions sus-claviculaires. Ganglions trachéo-bronchiques légèrement hvncrtrouhiés — Plèvres congestionnées granuliques. Poumons : nombreux tubercules récents. Ganglions hilaires fibro-caseeux. Organes abdominaux granuliques. . . . Gibbosité lombaire et escarre sacrée (mal de Pott lombaiie). Ganglions sus-claviculaires bilatéraux et trachéo-bronchiques fibre-caséeux. Poumons6: 'bourrés ^^tubcrcules en voie de ramollissement. IJTÆÆx- pas de tubercule. - Rate : nougat. Péritoine : ascite abondante. — Reins . gios, blanc*. ganglion hilaire caséifié, foie et rate : hypertrophiés, congestionnes. Reins congestionnés. * Jaugions sus-claviculaire et trachéo-bronchique fibro-caséeux. asrisssj sas. «■•>»•» a— <— » "oie et rate : très tuberculisés. Péritoine et reins : 0. , , .. Arthrite tuberculeuse coxo-fémorale droite. ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR J 28 PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 129 Pas d'adénite sus -claviculaire. Ganglions trachéo-bronchiques légèiement hypertrophiés. Poumons : pneumonie caséeuse à droite. A gauche, tubercules caséifiés. Cavernes au sommet. Foie, rate et péritoine : 0. — Reins : Gros, blancs. Adénite sus-claviculaire bilatérale. Ganglions trachéo-bronchiques très hyper- trophiés. — Symphyse pleurale à gauche. Poumon gauche : bourré de tubercules ramollis. Poumon droit : pas de lésions apparentes. Péritoine : carreau formé. — Foie et rate très tubercuhscs. Adénite sus-claviculaire bilatérale fibro-caséeuse. Adenopathie tracheo-bron- chiaue. — Adhérences pleurales des deux côtes. , . Poumons bourrés de tubercules en voie de ramollissement. Lésions va neuses au sommet. Foie et rate : très tuberculisés. Ganglions sus-claviculaires bilatéraux et trachéo-bronchiques libro-caseeux. — Adhérences pleurales des deux côtés. Pneumonie caséeuse double. Foie, rate et reins congestionnés. Pas d’adénite sus-claviculaire. Ganglions trachéo-bronchiques légèrement hypertrophiés. — Quelques adhérences pleurales a droite. Poumon droit : pneumonie caséeuse. Poumon gauche : infiltration tuberculeuse. Ganglions hilaires caseei . Organes abdominaux : congestion, pas de tubercules. Adénite sus-claviculaire bilatérale. Ganglions trachéo-bronchiques très hyper- trophiés. — Adhérences pleurales très fortes des deux cotes. Poumons : infiltration tuberculeuse massive. Foie et rate : très tuberculisés. Péritoine : carreau. Tumeur blanche suppurée du coude droit. Petits ganglions ^su ^ cia' bilatéraux et trachéo-bronchiques. - Adhérences pleurales des deux cote.. Poumons : tubercules nombreux, ramollis. Cavernes au sommet. Reins : dégénérescence amyloïde. Polyadénite sus-claviculaire bilatérale. Ganglions trachéo-b.onchiques très hypertrophiés. - Symphyse pleurale bdatérale et cardiaque. Poumons : bourrés de tubercules en partie ramollis. ^.l^.L.^aÔ^nte. Agglutination des anses intestinale. Adénite sus-claviculaire bilatérale caséeuse. Ganglions tracheo-bronclnques très hypertrophiés. Plèvres : adhérences, granulations. mncrlimm hilaires fibro-caséeux. Poumons-, tubercules récents très confluents. Ganglions bilan es Foie, rate et péritoine : granüliques. 130 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES LU RÉSUMÉ D’OBSERVATION NÉCROPSIQUE Ganglions sus-claviculaires bilatéraux et trachéo bronchiques fibro-caséeux. - Plèvres très adhérentes à la paroi, surtout à gauche. Poumon gauche : Infiltration tuberculeuse massive. Cavernes au sommet. Poumon droit : tubercules assez nombreux. . .. Foie et rate très tuberculisés. - Péritoine : épaississement epiploique. Gan- glion mésentérique. — Reins : tubercules raies. Adénite sus-claviculaire double. Ganglions tracliéo-bionchiques tiès h ! phiés. — Adhérences pleurales des deux côtés. Poumons : infiltration tuberculeuse. — Symphyse cardiaque. Œdème généralisé. . . , , nnm- Foie et rate : tuberculisés. — Péritoine : ascite abondante, tu > breux. — Reins : gros, blancs. Pas d'adénite sus-claviculaire. Ganglions trachéo-bronchiques légèrement hypertrophiée. — Symphyse pleurale bilatéiale. Poumons : tubercules rares. .. . OOT>I,.Q11 0t Foie : tubercules sur la capsule de Glisson. - Péritoine : car» eau. - Rate reins : 0. Adénite sus-claviculaire bilatérale. Ganglions trachéo-bronchiques très hyper- trophiés. — Symphyse pleurale à droite. Poumon droit : pneumonie caséeuse. Poumon gauche : tubercules disséminés. ^no-^tionnés Foie et rate : hypertrophiés et congestionnes. - Rems . congestionne ■ Polvadénite sus-claviculaire bilatérale. Ganglions trachéo-bronchiques hyper- trophiés-. — Adhérences pleurales des deux côtes. DAmtïl . Poumons farcis de tubercules en partie ramollis. Quelques ^viernes au . ^ Foie et rate : nombreux tubercules. — Péritoine . a^ite, j ~ Polvadénite sus-claviculaire bilatérale. Grosse masse caséeuse trachéo-bron- chique et hilaire. - Adhérences pleurales des deux côtes • Poumons : cavernes au sommet, tubercules ramol _ 1 Foie, rate et reins : congestionnés. — Rien au péritoine. Fiat cachectique œdème généralisé. - Ganglions sus-claviculaires bilatéraux E et tTachéo bachiques. - Adhérences pleurales i des deux cotes. nougat0 — Péritoine ascite abondante. tubercules. — Reins : tubercules rares. Péritoine : carreau. - Reins : volumineux, blanchaties. I 132 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 133 RÉSUMÉ D' OBSERVATION NÉCROPSIQUE Ganglions sus-claviculaires bilatéraux et trachéo-bronchiques très hypertro- phiés. — Plèvres : adhérentes des deux côtés. Poumons : cavernes disséminées et tubercules ramollis. Foie et rate : très tuberculisés. - Péritoine : pas de lésions apparentes. Reins : 0. Pas de ganglions sus-claviculaires. Ganglions trachéo-bronchiques peu hyper- tronhiés. — Plèvres : quelques adhérences. . Poumons • pneumonie caséeuse. Tissu pulmonaire presque liquide. Foie très hypertrophié et congestionné. - Rate : congestionnée. - Péritoine et reins : 0. r „ , ♦uv.wviviitp «nnnurée. — Adénite sus-claviculaire bilatérale. .Ganglions trachéo-bronchiques très hypertrophiés. - Adhérences pleurales des deux côtés. Poumons : bourrés de gros tubercules caseitiés. Organes abdominaux : 0. Petits tranelions sus-claviculaires des deux côtés. Ganglions tracheo-bron- P cloues ^ hypertrophiés. - Plèvre : adhérente des deux cotés. Poumons : bourrés de gros tubercules caséifies. Foi" rafeyTp5érltoin:d:atqrès tuberculisés. - Reins : gros, blancs. >as d'adénite sus-claviculaire. - Ganglions tracheo-b.onch.ques et très hypertrophiés. - Plèvre : adhérente a gauche. Poumon gauche : lésions de pneumonie caseeuse. loumon droit : tubercules au sommet. Tien aux organes abdominaux. ___ •as d'adénite sus-claviculaire. Ganglions trac^ronchiques et hilaires peu hypertrophiés. - Plèvre : dframolUssement. ’oumons : bourrés de gros tubercu _ Reins : tubercules rares sur la ■ oie : très tuberculise. — Rate . nougat, substance corticale. - Péritoine : carreau formé. olyadénite sus-claviculaire bilatérale. - Grosse masse hilaire et tracheo- •o'uTotTcavernes multiples au sommet et aux bases. GKsson. - Reins pâlis : pas de tubercules. 134 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR lymphatiques dans les ganglions trachéo-bronchiques, on peut trouver des signes extérieurs de présomption qui trompent rarement; nous les avons déjà signalés : amaigrissement, dimi- nution du tonus musculaire, les membres sont flasques, la peau est flétrie, elle n’a pas l’aspect luisant et’ poli du Sénégalais en bonne santé, le faciès et l'aspect général sont changés. Il y a des quintes de toux que n'explique pas l'examen du poumon. Enfin, il y a un signe objectif qui a une importance capitale : la présence d’un ou de plusieurs ganglions sus-claviculaires. II est facile de rechercher ce ganglion par la palpation de la région profonde sus-claviculaire au niveau de l’insertion du sterno- cléido-mastoïdien, soit en dedans, soit en dehors; on rencontre un ganglion de consistance ferme, arrondi ou ovoïde; il a déjà pour nous une signification diagnostique lorsqu’il atteint la dimension d’un petit pois, d'une amande, d’une noisette, d'une grosse noix; un léger semis de granulations le long des lym- phatiques de la région ne mérite pas d'ètre pris en considé- ration. % La vraie signification de ce ganglion nous a été donnée d abord pai les réactions tuberculiniques; dans aucun cas la cuti-réaction n’a manqué lorsque le ganglion était présent; à l’autopsie nous l'avons observée dans plus de 75 p. 100 des cas, et il ne nous a pas paru plus spécialement lié à une pleurite du sommet, étant donné que, dans nos autopsies, nous n’avons que bien rarement trouvé des réactions tuberculeuses des sommets chez le Sénégalais. Presque toujours l’autopsie montre ce ganglion sus-clavicu- laire sous la dépendance de la chaîne ganglionnaire trachéo- bronchique et effectivement, si le ganglion sus-claviculaire à I autopsie est trouvé : 75 p. 100 des cas, les ganglions trachéo- bronchiques sont trouvés dans 85 p. 100 des cas. Nous ne < onnaissions pas au cours de nos recherches le tra- vail si intéressant de M. Sergent sur le ganglion sus-clavieu- îaiie et 1 inégalité pupillaire chez le tuberculeux européen; nous n avons donc pas pu confirmer les mêmes observa- tions chez le Sénégalais, mais les autopsies que nous avons laites montrent que ce ganglion peut aussi avoir une autre PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 135 origine et n être pas toujours lié à une pleurite du sommet. Y l'Hôpital 67 nous avons pu bien souvent observer chez des tirailleurs dépistés par ce ganglion et uniquement par le gan- glion (l’état général étant excellent et en dehors de tout autre signe de tuberculose), au bout de quinze jours, un mon, sur- venir une poussée tuberculeuse aiguë marquée par une tempé- rature élevée, 40o-i0o5, et une granulie commençante qui a évolué sous nos yeux. A cet Hôpital 67, il y avait, au I" mai, 415 tuberculeux groupés en 3 divisions correspondant au degré de gravite. lre division (au début) . . 155 tub. 2e division (en évolution) 186 3e division (avancés) . . ~4 — 'Total 415 tub. 135 gangl. sus-clavicul. 87 p. 100 86 — 46 — 43 — 61 — 264 gangl. sus-clavicul. 64 p. 100 Chez les Malgaches : 2e division . . 3e division . . 45 p. 100 gangl. sus-clavicul. 15 — — les chiffres sont moins forts, mais la tuberculose malgache est différente de la tuberculose sénégalaise et se rapproche de la forme européenne. Il serait intéressant d’étendre les recherches de M. Sergent a ce sujet et de noter le pourcentage du ganglion sus-claviculaire chez l’enfant ou chez 1 adulte européen. Nous avons au camp de Fréjus surtout envisagé ce gan- glion au point de vue du dépistage précoce de la tuberculose chez les tirailleurs. Service de dépistage. Organisation. Notre but initial, en organisant le service de dépistage, avait été d’éliminer des bataillons les tuberculeux en évolution ouverte, contagieux, dangereux pour leurs camarades PU1S,1|'« l’observation hospitalière nous avait montre que de pai - - malades ne se présentaient pas à la visite du médecin bataillon. 136 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Le triage de pareils malades est facile : l’aspect extérieur, le faciès, l’amaigrissement trompent rarement. Mais, peu a peu, la pratique nous a montré qu’en dehors de ces tuberculeux déjà avancés, on pouvait, grâce au ganglion sus-claviculaire, trier et mettre à part, au repos, des tirailleurs en apparence robustes, bien constitués, avec un état général paifait, et dans ce cas le dépistage permet de faire de la prophy- laxie individuelle. Ces tuberculeux au début, s’ils restent dans les bataillons, soumis aux exercices militaires et à un entraîne- ment intensif, finissent par fléchir à un moment donné; leur état s aggrave, ils passent dans la catégorie des malades défini- tivement perdus. Je puis dire déjà qu'un très grand nombre de ces tirailleurs, mis au repos tout de suite, à la suralimentation, à l’buile de foie de morue, paraissent, après deux et irois mois d'observa- tion, définitivement sauvés; malgré tout un certain nombre, JO p. 100, continuent 1 évolution tuberculeuse, mais on peut estimer à 50 p. 100 les gains en vies humaines obtenus \ Dépistage dans les bataillons. Le service de dépistage fonctionne au camp de Fréjus depuis le mois de juin 1918. Tous les mois une visite complète du bataillon doit être faite, y compris les employés, les ordonnances, les cuisiniers, etc. Les tirailleurs sont présentés le torse nu, soit dans les bara- quements, soit au dehors et au soleil, lorsque le temps le permet. 1 alpation d un bras, examen de la fosse sus-claviculaire et de la région cervicale, un coup d’œil sur l’aspect général; un interrogatoire sommaire des gradés ou des voisins de lit per- mettent avec un peu d’habitude de mettre de côté et d’inscrire sui une liste les individus suspects : tuberculeux ou malingres. En deux heures on peut passer une visite très sérieuse et très complété d un bataillon de 1.000 hommes. Les hommes triés sont envoyés dans une section spéciale de 1 hôpital, dite de dépistage. Ils sont mis en observation par un médecin phtisiologue spécialisé pendant quinze jours ou trois semaines. PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 137 Examen au centre de dépistagei L'examen attentif doit porter : 1° Sur la peau. — Le tuberculeux a presque toujours la peau sèche, squameuse, rugueuse, et ce caractère apparaît sur- tout par comparaison avec la peau lisse, satinée, remarquable- ment fine du noir en bonne santé. Ces caractères ne sont évidemment pas spéciaux à la tuber- culose; ils peuvent se retrouver dans d’autres affections chro- niques accompagnées de cachexie ; mais l’expérience montre que les causes d’erreur sont rares. De plus un au Ire aspect de la peau est à considérer; au niveau de la fosse sus-claviculaire, sous-claviculaire, et aussi sur la face antérieure du thorax (ligne médio-sternale), la peau du tuberculeux en évolution est souvent dépigmentée ou pigmentée irrégulièrement. * 2° LE TISSU CELLULAIRE CELLULO-GRAISSEUX SOUS-CUTANÉ. 11 y a dans la plupart des cas un amaigrissement marqué et la peau est flasque. 11 y a aussi atrophie musculaire prédominant au niveau des pectoraux, des muscles du bras, du moignon de l’épaule; il y a diminution du tonus musculaire. Dans le service de dépistage, des pesées régulières doivent être faites tous les huit jours; le renseignement est important. Cuti-ré action. — La cuti-réaction dans les cas douteux peut donner un bon renseignement : la tuberculine brute diluée au 1/10 dans l’eau glycérinée à 50 p. 100 et chaulfée à 100° nous a servi dans tous nos essais. 11 ne faudrait pas se baser sur la cuti-réaction seule pour faire le triage des tuberculeux; quoique à un degré moindre que chez l'Européen, la réaction est trop sensible surtout chez les tirailleurs ayant un ou deux ans de séjour en b rance : 30 p. 100; elle éliminerait trop de tirailleurs qui peuvent faire un service excellent, et il n est pas démontré que tous 1rs tirailleurs ayant réagi deviennent des tuberculeux avérés. La cuti-réaction doit servir comme un des éléments d’appré- ciation à joindre au dossier des dépistés (Il sera toujours inu- 9 138 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tile de la faire sur les porteurs de ganglion sus-claviculaire, notre expérience très considérable nous a montré qu'elle ne manquait jamais). La cuti-réaction manque toujours chez les tuberculeux avancés et cachectiques. Chez les tuberculeux avérés, la réaction peut être ou intense avec œdème et grosse pustule, ou moyenne : pustule moyenne avec légère surélévation, ou atone: pustule à peine indiquée, rapidement flétrie ; il nous a semblé que le pronostic est d'autant plus favorable que la réaction est plus forte. Comme technique deux légères scarifications sont faites à l’avant-bras, 5 millimètres ; l’une reçoit une goutte de tuber- culine qu’on laisse à demeure et l'autre sert de témoin. Examen des crachats. — Il faut savoir que, chez le Sénégalais tuberculeux même très avancé, l’examen des crachats est presque toujours négatif, les formes de tuberculose granulique sont dans ce cas, les formes de pneumonie caséeuse, de broncho- pneumonie caséeuse donnent rarement un examen positif, ce sont surtout les tuberculoses chroniques à cavernes qui donnent un résultat positif et montrent des bacilles. Sur 100 tuberculeux même avancés, même moribonds, il n'y a certainement pas plus de 20 cas positifs, où l’on trouve des bacilles par Y examen ordinaire. C’est là une constatation heureuse au point de vue de la contagion. Feuille de température. — Je ne saurais trop insister sur la nécessité de prendre régulièrement les températures et de veiller à ce que ce travail soit fait consciencieusement ; un tracé de quinze jours suffit, et a fortiori un tracé de. trois semaines ou un mois, pour porter un diagnostic certain de tuberculose chez le noir. La tuberculose localisée à un viscère, à un seul appareil, la tuberculose pleurale (séro-fibrineuse le plus souvent), la tuber- culose pleuro-pulmonaire donnent une fièvre relativement modérée : oscillations quotidiennes de l°-l°o, tracé régulier. Les formes généralisées, la granulie, les broncho-pneumonies, les pneumonies caséeuses avancées donnent plutôt de grandes PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 139 oscillations irrégulières, irrégulièrement cycliques de 2°-3°. Dans aucun cas la courbe des affections aiguës du système respiratoire chez le Sénégalais ne peut être confondue, exception faite peut-être pour certaines formes de pneumonie prolongée. A la fièvre se rattache également la tachycardie si souvent observée chez nos tuberculeux. Auscultation. — La recherche des signes prédominants, au niveau des sommets pulmonaires (zone d’alarme), a beaucoup moins d’importance chez le noir que chez l'Européen. Chez le noir la bacillose revêt le plus souvent une évolution essentiel- lement aiguë et les autopsies montrent que les sommets sont presque toujours indemnes. C’est surtout du coté des ganglions trachéo-bronchiques que devra porter l’examen, au niveau du hile, à la base, là où les autopsies montrent les lésions prédominantes : pneumonie caséeuse, broncho-pneumonie, œdème du poumon sont faciles à caractériser par les signes d’auscultation ordinaires: beaucoup plus difficile est le diagnostic de la granulie pulmonaire à ses débuts. Pesées régulières tous les huit jours, radioscopie lorsque cela est possible, auscultation, fiche de température, cuti-réaction dans les cas douteux permettent avec une quasi-certitude de faire la sélection et de classer à la sortie avec la décision : Renvoi au bataillon pour les tirailleurs reconnus sains; Convalescence pour les malingres ; Passage dans la section tuberculeuse. Dépistage dans les infirmeries et les hôpitaux. Le médecin chargé du service de dépistage doit passer aussi dans les infirmeries, le jour où il fait la visite du bataillon. Il doit passer dans les hôpitaux deux fois par mois pour trier les tuberculeux et ne pas laisser dans les salles communes, des tuberculeux voisiner avec des malades atteints simplement d’affections aiguës. Beaucoup de tuberculoses doi\ent avoir contractées à l’hôpital. \ 140 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Il est remarquable de voir lorsqu’on fait les visites de dépis- tage des bataillons de dépôt, le 72e, le 73e bataillons dits de récu- pération et d'entraînement, la quantité de tirailleurs trouvés tuberculeux ; c’est par ces bataillons que passent les sortants d'hôpitaux, les convalescents récupérés, c’est là que nous avons toujours trouvé la plus forte proportion et ce sont ces bataillons qui doivent être particulièrement surveillés. Cette proportion de tuberculeux s’explique par le séjour dans les hôpitaux de malades entrés pour des affections aiguës, ayant séjourné dans des salles communes, ayant vécu en promiscuité avec des tuberculeux avérés. Tel, entré à 1 hôpital pour une pneumonie ou une congestion pulmonaire ou une bronchite, peut en sortir contaminé de tuberculose. On ne saurait trop se préoccuper dans les hôpitaux sénégalais de faire une sélection et une séparation aussi rapide que pos- sible des tuberculeux et des affections aiguës. Cette séparation et le dépistage des tuberculeux dans les salles a toujours été une de nos principales préoccupations, et nous avons tenu à ce qu’un hôpital spécial, l’Hôpital 67, soit affecté à tous les tuberculeux du camp dépistés dans les bataillons, les infirmeries, les hôpitaux. Le service de dépistage a fonctionné sous notre direction et avec le concours de M. le médecin-major Blazy, médecin phti- siologue dont je ne saurais trop louer le zèle, le dévouement et la compétence. Nous avons passé en revue en un an un effectif de plus de 100.000 hommes, et voici, par mois, le chiffre des dépistés et le chiffre des tuberculeux. Dépistés Tuberculeux Dépistés Tuberculeux Juin .... 170 100 Report. . 701 310 Juillet . . . 105 46 Décembre . . 158 85 Août. . . . 94 48 Janvier . . 257 150 Septembre. 128 51 Février. . . 245 158 Octobre . . . 108 29 Mars. . . . 298 164 Novembre . 96 36 Avril. . . . 167 66 Mai .... 155 37 A reporter 701 310 Total. 1.981 970 Le service du dépistage a donc sorti prématurément des bataillons 970 malades tuberculeux, dont 500 environ ont été PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 141 rapatriés encore en bon état, tandis que 470 environ sont restés au camp de Fréjus. Le chiftre des morts de juin à juin, 678, totalise les décès de tuberculeux provenant du camp et les décès de tuberculeux venus de Menton ou des régions à l'Hôpital 67 depuis le mois de décembre 1918. 200 malades à la date du 1er juin restant dans un état gra\e a l’Hôpital 67. On voit donc que le chiffre des décès par tuberculose au camp de Fréjus compté pour un an, de juin à juin, 678, n’a pas excédé le chiffre de l'année 1918, bien qu’un certain nombre de tuberculeux venus de Menton ou des régions à l’Hôpital 67 soit venu grever ce chiffre. . Les rapatriés tuberculeux partis au 10 juin et au 20 juin étaient au début de la tuberculose, généralement non tebrile, et ôn peut espérer qu’une forte proportion pourra se rétablir dans la colonie d’origine. Hôpital tuberculose 67. Cet hôpital de 540 lits, affecté sur notre demande aux tuber- culeux, est situé sur la route de Fréjus à Cannes, dans un site agréable, entouré de bois, à flan c'de coteau; grâce a 1 orientation des baraquements, il est à l’abri du vent et très expose au soleil. Il est entouré de jardins et de motifs de décoration dus a 1 mge- niosité artistique des Annamites. Une partie des bois qui l’environnent est réservee a la pro- menade des malades. Des sièges, des chaises longues, perme - tent aux malades de se reposer au soleil. Il est divisé en 3 sections à peu près égales affectees aux dif- férents degrés de la maladie. I». Section pour les tuberculeux en bon état gener, 1 fait au début (RT J ; aipris 2» Section pour les tuberculeux plus avances, un peu amaig , avant quelques poussées thermiques (RT,) , > Section ,,.nc le. nt.l.d» couché, déji av.nc, fébcle. continus ou cachectiques, non rapatnables ( ,)• Les baraquements en planche, très bien entretenus, blanchis 142 AJN1ULES DE L’INSTITUT PASTEUR régulièrement et bien conservés, peuvent être lavés deux fois par semaine à grande eau crésylée. Grâce à la discipline imposée par le médecin directeur de hôpital et les chefs de service, la plus grande propreté des salles peut être observée ; on ne constate jamais de crachats sur le parquet. Chaque malade a son crachoir, et l’on peut être sûr de innocuité des salles, le balayage quotidien se fait humide. Les crachoirs sont désinfectés et lavés tous les matins dans un pavillon spécial, contenant trois grandes cuves en maçon- nerie étanche, jumelées, de 700 litres environ. Dans la première, contenant un bain concentré de chlorure de chaux, les crachoirs sont vidés, et les produits infectés restent en contact continu avec l’antiseptique. La deuxième sert à l’immersion des crachoirs pour stérili- sation dans une solution forte de crésyl ; cette immersion se tai en portant dans un panier d'osier tous les crachoirs d’une salle (32), les crachoirs restent une demi-heure dans le bain antiseptique, ils sont ensuite lavés à grande eau dans la troisième cuve. Ln homme est spécialement affecté à ce service. Les linges, draps, etc., sont mis à part, empaquetés dans des sacs étanchés, et attendent dans un local spécial l’enlèvement et la désinfection au lessivage. La nourriture est particulièrement soignée et abondante, varie meme au goût des malades. L'huile de foie de morue est abondamment distribuée et on arrive trçs bien à la faire prendre régulièrement. Cure de soleil, promenades dans les bois, distractions maladls J"“ ^ ^ “* hÔpitaI “ «^e pour l" Vivant non pas isolés, mais dans la salle commune, par groupes sélectionnés suivant le degré de la tuberculose. ïes malades ont le sourire et l’entrain qui convient. Des le mois de décembre 1918, cet hôpital a commencé à oncd'onner et s'est progressivement rempli, il a fonctionné à »le n jusqu au 20 juin 1919; à cette date un rapatriement impor- tant a presque complètement vidé les salles De décembre 1918 à juin 1919, nous avons pu faire un certain PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 143 nombre d’observations intéressantes sur les différentes catcgoi io ^ de malades. La plupart des malades hospitalisés à 1 Hôpital 67 provien- nent du fonctionnement du service de dépistage et surtout du dépistage total du camp qui a été fait en décembre ! ^ < et janvier 1919 sur les bataillons retour du front, hivernant Saint-Raphaël. Voici à la date du 1er mai le tableau qui donne, d’une part, les malades dépistés morts à la date du 1er mai, et les malades restant à un degré plus ou moins avancé, ou améliorés. Bataillons dépistés en décembre 1918 et janvier 1919. Effectif moyen des bataillons i 1.500 hommes. Présents Présents Bataillon Morts depuis décembre 1918 à l’H. 67 au 1er mai 1919 Morts depuis Bataillon décembre 1918 à TH. 67 au 1er mai 1919 i 0 e 41 59 Reporta.. 57 129 12e 16 20 45e 1 1 66e 7 29 47 e )) 3 83e 3 6 49e » 1 120e À) )) 51e 1 8 1 92e 4 7 52e » 3 127e 5 15 53e 5 12 13 128e 4 11 61e 9 5e 3 8 62e 7 15 20e )) 3 64e 4 12 29 29e )) 14 66e 7 30e 1 4 67e 2 10 31e 1 1 68e 10 14 32e 8 8 69e 3 2 34e )) 7 70e 7 20 37e )) 1 71e 4 8 43e 44e 9 4 20 9 82° 54e 3 0 16 2 57 129 | Totaux.. 169 301 Voici d’autre part (tableau III) la liste des malades groupés par races et par origine : ce tableau serait surtout intéressant si a proportion pouvait être faite avec l'effectif recrute ; je n ai pas les éléments de cette comparaison. # 144 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Tableau III. Sénégalais tuberculeux par races. (origine sémitique). Bambaras . Toucou Leurs Malin hés . . Ouolof (Sénégalais purs). Dahoméens B aoûtés (Côte d’ivoire) . Bobos Yacouba Djerma Haoussa Senofo Mar /cas ou Sarrakolés Mossi Kado Soussou (Guinée) .... Trouka Kassouké .... Massina ..... Bété Kissi Samoko . . ***•*••« Samla Gabonnais Congolais Barbas Maures .... Oubangui .... Z O z o z o l/l (fi HH <77 > »— « C > H* Q > 3 1 1 )> » 2 )) 1 2 ! 3 ! 1 f » 1 )) 1 1 1 » » O O 3 » 2 2 » 1 » » 2 *> 1 86 1 55 74 41 TOTAUX 9- (fortement atteints) '1 {très fortem. atteints) 43 (fortement atteints) 28 id. 2i (très atteints) 30 id. 1:2 1 1 8 très faiblement atteints), (faiblement atteints). 2 (très faiblement atteints^ 415 Total général. r«c<;r.r.»7m?rni' ^ i. uuiement 1018 la proportion suivante : f lro division, sur 186 Sénégalais 2e division, — 155 _ 3e division, — 74 __ 75 classe 1918 60 _ 24 Le total actuel des tuberculeux de la classe lits t,’„ f envLT C°nS>dérahle ; 159 ! 9 * 11 ^ut y joindre 50 morts PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 145 Les observations de tous ces malades ont été prises réguliè- rement par les médecins traitants. MM. les médecins-major Dubaslen,Lebris, Ponsan, Cazeneuve se sont dévoués à leur œuvre et tâchent d’améliorer autant que possible le sort de leurs malades. Les pesées régulières et les observations cliniques montrent que pour un grand nombre F amélioration est notable et la tuber- culose enrayée: observation*de trois mois; beaucoup de ceux-là rapatriés seront peut-être définitivement guéris. 11 y a un certain nombre de malades dépistés déjà avancés qui sont morts en un mois, deux mois ou trois mois de décembre 1918 à mai 1919. Le cahier des autopsies donne le chitTre de 250. Mais en revanche, on a pu noter, à l’IIôpital 67, un ralentis- sement de la marche de la maladie, et sur les 200 malades environ qui sont en évolution, mais qui avaient été mis d’une façon précoce au repos et à la suralimentation, un grand nombre ont déjà trois et quatre mois d’hôpital. Nous avons pu assister pour beaucoup au développement soudain de granulies ou de pneumonies caséeuses, caractérisées par tes signes classiques, F élévation brusque de température chez des malades qui, depuis un mois, deux mois, trois mois, étaient en observation, n avaient pas de température, présentaient un bon état général, ayant seulement comme symptôme tuberculeux de dépistage le ganglion sous-claviculaire. Sont intéressants surtout les 400 rapatriables tuberculeux qui sont partis le 10 juin et le 20 juin. Rapatriement et mesures a la colonie. Parmi ces rapatriés, il y en a un certain nombre qui sont en excellent état et n’ont jamais présenté de signes de tuberculose: ce sont des erreurs de diagnostic qui ont pu être rectifiées a l’Hôpital 67 ; des malades provenant un peu de partout considérés comme tuberculeux à un moment où des symptômes constatés ont induit en erreur le médecin : souvent des convalescents amaigris, des bronchites chroniques, des séquelles pneumoco - ciques, qui ont repris, au repos et à l hôpital, leur bonne santé, 146 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR nne fiche spéciale leur a été consacrée et leur bulletin doit porter la rectification. Une deuxième catégorie comprend les RT„ les malades tuber- culeux en bon état ayant comme seul signe de tuberculose le ganglion sous-claviculaire de dimensions variables. Beaucoup sont en observation à l’Hôpital 67; depuis plusieurs mois, ils sont stationnaires ou même ont augmenté de poids. Une troisième catégorie comprend les RT,, malades un peu p us a\ancés, en état général médiocre, sans fièvre ou avec quelques poussées fébriles, mais encore sur pied' et d’assez . bonne apparence; avec des signes d’auscultation douteux ou certains. n n a gardé à 1 Hôpital 67 que les malades intransportables avancés, fébriles, qui n’auraient certainement pas supporté le voyage, sans risque d’aggravation immédiate. U sera bon que tous ces rapatriés tuberculeux à un degré quelconque soient mis en observation dans un hôpital de triage voisin du lieu de débarquement et qu’il soit statué sur leur sort après une observation prolongée encore pendant trois semaines ou un mois. ans 1 intérêt de la colonie, il vaudrait mieux que les malades aggravés du fait delà traversée et des fatigues du voyage soient gardes definitivement, s’ils ont des symptômes cliniques de uberculose en évolution, s’ils sont amaigris fébricitants ; il ne laut pas pour de pareils malades compter sur une longue survie. I * * * * & \ , 1 1 Ils peuvent être gardés aux environs de Dakar s’ils sont intransportables ou distribués dans des hôpitaux secondaires dans chaque district important, auprès des postes médicaux les plus voisins de leur pays d’origine. Etant donné que le chiffre des rapatriés n’est pas très consi- dérable, ces hôpitaux n’auront pas à prendre une extension bien grande. I Le!, rcno!TentS dU 10 juin et 20 Jllin ne Patent pas sur plus de 600 'tuberculeux provenant des diverses origines, Fréjus Marseille, Bordeaux, etc. J ’ Des installations en planches, des baraquements semblables a ceux qui ex-, stent à l’Hôpital 67 àFréjus, coquettement installés dans des endroits bien choisis, suffiraient certainement. PNEUMONIE ET TUBERCULOSE CHEZ LES TROUPES NOIRES 147 Dépistage au débarquement. Dans l'intérêt de la colonie et pour éviter la dissémination des cas de tuberculose, il serait peut-être utile de procéder au moment du débarquement des malades ordinaires, des malin- gres, des mutilés, et même des rapatriés considérés comme sains, à un dépistage soigneux et à une visite de tous les etïectits débarqués. 11 est certain que beaucoup de ces rapatriés considérés non malades peuvent être aussi des tuberculeux: une annexe de l’hôpital de Dakar pourrait recevoir les suspects ou les dépistés soumis à une période d’observation et à un examen complet, tel qu’il est pratiqué au camp de Fréjus. Les médecins de la colonie, après cette période d observation à l’hôpital central de Dakar, auront à décider quels sont parmi les rapatriés ceux qui peuvent être licenciés définitivement et rendus à leur famille. Dans le rapatriement récent du 10 juin et du 20 juin 1919, d'après les fiches d'observation personnelle à l’Hôpital 07, il est probable que 200 au moins rentreront dans cette catégoiie de tuberculeux définitivement améliorés. Le séjour dans le pays d’origine, au grand air et au soleil, ne peut que consolider leur amélioration. 11 faut l'espérer du moins. En résumé, l’expérience actuelle a montré : 1° Que le Sénégalais est très sensible à la tuberculose parce qu il représente un terrain vierge au point de vue tuberculeux. 2° La nécessité s’impose de prendre des mesures prophy- lactiques sérieuses pour empêcher la contamination : la meil- leure au point de vue collectif et même au point de vue indi- viduel nous paraît être le dépistage précoce des cas. Si le dépistage nest pas systématiquement organisé dans les bataillons déjà constitués ou ci constituer dans l avenir , il est certain que la tuberculose fera de nombreuses victimes. Il serait bon que les médecins chefs des régiments noirs soient particulièrement instruits de la question de la tuberculose des troupes noires et soient astreints à un stage dans un su v ice de tuberculeux, tel que celui de 1 Hôpital (>7 a l léjus. 148 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 3° Au point de vue de la colonie, la nécessité s’impose aussi d'organiser des stations sanitaires de ségrégation pour arrêter les tirailleurs sénégalais tuberculeux — autant qu’il sera pos- sible — et empêcher la contamination des familles et des vil- lages. 4° 11 sera peut-être bon que les médecins sanitaires dans la colonie se préoccupent de la tuberculose, dorénavant et que soit organisé un service de dépistage de la tuberculose dans la colonie même, par les médecins chargés des services d’hygiène. ÉTUDES SUR LA PRÉCIPITATION MUTUELLE DES ANTICORPS ET DES ANTIGÈNES (premier mémoire) SÉRUMS •< ANTISÉRUMS » par M. NICOLLE, E. CÉSARI et E. DEBAINS. Nous avons repris l’étude de la précipitation pour deux rat- ons D’abord, afin de savoir dans quelle mesure elle peut claircirnos idées sur la nature des anticorps et des antigenes nsuite afin d’appliquer les données obtenues a la recherche " a» m'.g. d.» .ubstoces réagissantes. Les résultats ,«c publierons suece.si.ement, concernent donc avant tout tfk double point de vue. Il était naturel de commencer par les sérums «antisérums ,, luoique la question soit considérée aujourd hui comme bien onnïè, elle réclamait certaines précisions que nous pensons y rvoir apportées. Préparation des sérums « antisérums ». On injecte, dans les veines des lapins, 3 cent, cubes de sérum étranger trois jours de suite et on saigne dix jours apres la dernière injection. Il a été ainsi préparé des sérums « anti- cheval » « antimouton » et « antiovalbumine ». De tels sérums, des sérums de chaque sorte s’est montrée quas. conslan . (1) M. N.cocle et E. CUabi. Journal de Physiologie et Pallie g< nérale , Septembre 1915. 150 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR T 11 1 su^ se rapporte au sérum « anticheval »; nous dirons, en terminant, quelques mots des autres, dont tes efïets sont identiques de tout point. emarque- - D’après Nuttall, le sérum de lapin « anticheval », étudié sur -*99 sérums d animaux différents, ne précipite que les sérums de cheval et dane Nous n avons expérimenté qu’avec les sérums de cheval, d’àne et de mulet; les deux derniers sont précipités au même titre que le premier Titrage de l’anticorps et de l’antigène. i Pour titrer un anticorps, il faut en faire agir des quantités décroissantes sur une quantité fixe d’antigène; pour titrer un antigène, on se comporte inversement. Rien de plus évident. liais, dans les réactions de précipitines, tout se passe, disent /es auteurs, comme si l’antigène précipitait l’anticorps; aussi, pour titrer 1 anticorps, font-ils agir, sur une quantité fixe dé celui-ci, des quantités décroissantes d’antigène. On obtient alors des résultats analogues à ceux que montre le tableau suivant : Sérum de cheval !1 c.c. Précipité léger. 10— rc.c. Précipité abondant. 10-2 c.c. Précipité abondant. 10-' c.c. Précipité assez abondant. 10— 4 c. c. Précipité léger. 10-5 c.c. Traces de précipité. Il continue a être évident pour nous que, dans une semblable expérience, on titre l'antigène et non l’anticorps. Etendons notre sérum « anticheval » au 3e et au 10» (avec du sérum nor- mal de lapin) et pratiquons 3 titrages parallèles (sérum ori- ginel, sérum au 3% sérum au 1 0e); qu’observons-nous? L'abon- dance des précipités décroît par la dilution, niais la limite du phénomène demeure la même et elle le demeurera tant qu’il y aura un excès d’anticorps. Tout ce que l’on peut concéder e est que de telles expériences fournissent des titrages indirects abachian. Ces Annales, 1892, t. 6, p. 600. *) P. Thomas. (_. R . Acad. Sciences, 1903, t. 136, p. 1015 PRODUCTION D’ACIDE FORMIQUE PAR LA LEVURE 163 et du faible rendement en levure, on pouvait penser que cette formation était purement accidentelle et due à un état de souf- france de la levure. Aussi ai-je songé à rechercher systémati- quement la nature des acides volatils formés en présence des diverses substances étudiées, et en particulier de 1 urée, qui donne des cultures prospères. Dans une expérience faite sur milieu glucosé a 20 p. 100, on a obtenu les chiffres suivants : Glucose présent gr. Témoin .... 63,13 Après 5 jours . 2,36 Poids Azote total Alcool de levure Azote formé séchée de la levure du liquide c. c. gr. mgr. mgr. » 0,0334 3,08 123,80 30,0 1,4678 71,82 54,06 Acidité volatile mgr. » 55g Les acides volatils sont exprimés en acide acétique. La détermination de la nature des acides, faite par la méthode de Duclaux (I), a donné les résultats suivants (il n’a été fait que huit prises! : Valeur des tables pour Prises 1 0 C. C-. 20 30 40 50 60 70 80 Valeurs trouvées 2,25 4.75 7,85 11,20 14.75 18,50 22,70 27,30 Valeurs rapportées à 100 8,24 17,40 28.75 41.02 54.02 67.76 83,15 100,00 l'acide formique 9,10 18,80 29,40 40.90 53,20 66.90 81,70 100,00 l’acide acétique 10,26 21,23 32.54 44.54 56,90 70,30 84,74 100,00 11 s'agit manifestement d'un mélange des acides formique et acétique, avec approximativement quatre a cinq parties u pre mier pour une du second. Le liquide distillé, neutralise, redu.t d'ailleurs énergiquement le nitrate d’argent à chaud, ^quan- tité d’acide formique produit est voisine de 0 gr. poui 100 cent, cubes de milieu, contenant 0 gr. 087 d uree. Si on donne à la levure un mélange d urée et d un se ammo- niacal, l’acidité volatile augmente faiblement avec la duree de la fermentation, comme le montre l’expérience suivante, dans (1) Duclaux. Ann. de Chimie et de Physique, 1874, 5ft s., t. 2. P- 289. 104 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR laquelle l azote a été fourni sous forme d’un mélange d’urée et de tartrate d’ammonium. Pour augmenter la production des acides volatils, la fermentation est faite en présence de carbo- nate de calcium. On piépare une solution minérale glucosée à 20 p. 100, à laquelle on ajoute après refroidissement 0,10 p. 100 d'urée et 0.0/ p. 100 de tartrate neutre d'ammonium. On stérilise par i Iration et on répartit par fractions de 300 cent, cubes dans quatre ballons Fernbach renfermant chacun S grammes de car- bonate de calcium précipité stérilisé. Les ballons étant ense- mences avec une égale quantité de levure sont placés à l’étuve a -5°. Voici les résultats obtenus : Glucose Alcool présent formé gr. c.c. Témoin ... 57,69 Après 6 jours.. 13,15 22,0 ~ 8 — 4,31 27,3 10 — traces 29,1 Poids de de levure séchée GT. 0,0351 0,4682 0,5483 0,5626 'Azote de la levure mgr. 2,28 20,30 22,17 22,51 Azote 0/0 Azote de la ammo- levure niacal 151,2 600 149,0 650 149,0 700 L acidité volatile est exprimée en acide acétique. Voici les chiures obtenus, rapportés à 100 : c.c. 6 jours 10 5,10 20 11,92 30 18,90 40 27,47 50 36,60 6;) 45,84 70 56,13 80 67 , 75 90 81,46 100 100,00 8 jours 10 jours 5,66 6,73 12,15 13,27 19,63 20,70 27,95 28,80 37,02 37,13 46,71 4*,90 57,26 55 ,33 69,19 66,97 82,86 81,10 100,00 100,00 ac. formique ac. acétique 5.9 7,4 12,2 15,2 19,0 23,1 26,4 32,0 34,4 46,9 43,2 50,5 52,8 60,9 64 , 6 71,9 79,6 84,4 100,0 100,0 Par conséquent, si on donne à la levure un mélange d'urée et d un sel ammoniacal, l'acidité volatile augmente faiblement avec ta durée de la fermentation. On voit qu il s agit de mélanges d'acide formique avec de I acide acétique, ce dernier paraissant augmenter avec la durée e a fermentation plus que le premier, pour aboutir finale- PRODUCTION D’ACIDE FORMIQUE PAR LA LEVURE 165 nient à un mélange sensiblement à parties égales des deux acides. La quantité d’acide formique obtenue serait donc, à la fin de l'expérience, d’environ 100 à 120 milligrammes pour 100 cent, cubes deliquide renfermant 100 milligrammes d’urée et 70 mil- ligrammes de tartrate d'ammonium, c’est-à-dire sensiblement la même que dans l'expérience précédente. Si on veut bien tenir compte du fait qu’une partie seulement de l’urée fournie est utilisée par la levure, on verra immédia- tement que l’on ne peut songer à taire dériver directement l’acide formique de U urée par une réaction qui comporterait, par exemple, une désamination et une îéduction . //O R _ CONH2 7> R — CO O II -- v R — C c Dans le cas de l'urée, on aurait effectivement de l’acide for- mique : ccn ,NII2 N 1 12 CO< ,011 ou on — Ce ,o ai mais alors 46 grammes d’acide formique proviendraient de 60 grammes d urée, ce cjui est impossible dans notre expé- rience. D’ailleurs une telle réaction conduirait à la formation d’aldéhyde acétique avec l’acétamide, mais ne rendrait nulle- ment compte de la production du même acide formique avec toutes les amides étudiées. Cette hypothèse doit donc être rejetée d ores et déjà. Les expériences faites avec l’acétamide vont nous montru avec encore plus d'évidence que l’origine de l'acide formique ne doit pas être recherchée dans la décomposition de 1 amide fournie comme aliment azoté. Cet acide ne peut donc provenir que du sucre, ou de réactions protoplasmiques de la levure. Examinons ce qui se passe lorsque l’on donne à la levure de l’acétamide, en présence de doses variables d’acétate d’ammo- nium. Nous savons que la consommation du sucre et le rende- ment en levure augmentent avec la teneur croissante en sel ammoniacal ; il en est de même de l’utilisation de l’acétamide. Rien d’étonnant à ce que la proportion d’acides volatils formes suive la même marche : en effet, dans cette expérience, dont la 166 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR durée a été de cinq jours, on a obtenu, au point de vue de l’aci- dité volatile, les résultats suivants : Sucre Alcool consommé formé ffr. c. c. 1. Acétamide seule-. . 7,70 3 , 5 2. Acétamide -f- 5 c.c. CH3 — CO*NII* . . 22,15 11,0 3. Acétamide -j- 10 c.c. CH» — CO*NH* . . 35,79 17,5 4. Acétamide -f 15 c.c. CH3 - COWP . . 47,28 25,0 5. Acétamide -f- 20 c.c. CH3 — N02CH‘ . . 58,64 32,0 6. Acétamide -f 40 c.c. CH3 — NO*NH4 . . 64,50 35,0 Acidité volatile Poids de levure formé exprimée en Azote fixé acide formique acide acétique gr. 0,1307 mgr. 0,77 mgr. 202,4 mgr. 264 0,2839 8,82 329,7 430 0,4541 GO an tH 410,8 575 0,7019 22.82 555,8 725 0,9005 30,28 766,7 1.000 0,8685 50,80 595,0 776 Les chiffres expriment 1 acidité en acide formique et en acide acétique : il s’agissait, dans tous ces ballons, d’acide formique avec très peu d’acide acétique. On peut voir que c’est seulement avec le poids de levure for- mée que la teneur en acide formique présente un certain paral- lélisme. Il est donc possible que ce corps résulte de l’activité protoplasmique, dirigée dans un sens particulier en présence des aliments azotés fournis, et qu’il s’en produise dès lors d’au- tant plus que la quantité de protoplasme augmente. D’autre paît, il est également possible que l’acide formique représente un terme de passage qui ne persiste pas dans les conditions habituelles d’existence du végétal ; la destruction de cet acide (ou sa transformation) se trouvant entravée par la présence des amides, on s’expliquerait pourquoi il apparaît et s’accumule dans le milieu. En raison du remarquable rendement en acide formique pré- senté par les cultures faites sur acétamide, seule ou associée à i acétate d’ammonium, j’ai essayé des mélanges d’acétamide avec divers sels ammoniacaux, afin de déterminer l’influence possible du radical acide. Les sels choisis ont été : bicarbonate, sulfate, acétate, for- miale, butyrate, oxalate, succinate, lactate, tartrate, citrate et aspartate. On a pesé des quantités telles qu’un même volume de solution renferme à peu près la même quantité d’azote PRODUCTION D’ACIDE FORMIQUE PAR LA LEVURE 167 ammoniacal (environ 2 grammes par litre). Ces solutions ont été filtrées à la bougie; 20 cent, cubes, correspondant à 40 milli- grammes d’azote ammoniacal , ont été respectivement versés avec toutes les précautions nécessaires dans chacun des ballons contenant 300 cent, cubes de milieu minéral glucosé. Chaque ballon a reçu également une solution d’acétamide stérilisée de manière à ce que la teneur en amide soit de 0,2 p. 100 ; il y avait exactement, d'après le dosage, 132 milligrammes d’azote amidé par ballon. Un ballon contenant seulement de l’acéta- mide a été réservé pour la comparaison. ' L’ensemencement a été égal dans tous les ballons et le séjour à l’étuve à 26° a été de trois jours et demi. On a obtenu : Témoin. 1. Acétamide seule . 2. Acétamide -f- bicarbo- nate 3. Acétamide -f- sulfate. . — + acétate . — -(- formiate . — -f- butyrate . 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. — -f- oxalate — -p succinal 4- lactate. — -j- tartrate — -f- citrate . GLUCOSE présent AL- COOL formé POIDS de levure séchée AZOTE de la levure AZOTE ammonia- cal au début ACIDITÉ volatile (U gr- c.c. gr- mgr. mgr. mgr. » 0,0494 4,8 » » 33,00 5,2 0,1110 5.9 » 376 16,50 14,5 0,6658 33,6 39,9 534 19,30 8,7 0,6069 28,7 39,5 372 18,54 11,0 0,5762 30,5 38,8 330 18,13 10,0 0,6269 35,0 38,1 479 19,41 9,1 0,4860 29,4 38,5 345 17,74 10,0 0,8000 32,0 39,2 668 19,20 12,0 0,6115 33,1 37,5 520 19,41 7,9 0,6442 36,0 39,9 290 17.94 8,5 0,6456 37,0 42,0 299 20 r- GO ■çH 11,0 0,5718 34,2 38,8 343 2,46 23,1 0,0344 49,5 39,4 261 Partout les acides volatils consistent en un mélange où domine principalement l’acide formique, avec des quantités variables d’acide acétique. Le ballon 6, qui a reçu du butyrate d’ammonium, renferme de plus une proportion notable d acide butyrique, qui n’est attaqué par la levure que très faiblement, ainsi que l’a constaté E. Kayser (2). (1) Exprimée en acide formique. (2) E. Kayser. Ues Annales , 1900, t. 14. p. 619, 168 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR Dans le cas de l’acétamide seule ou de son mélange avec le bicarbonate, le sulfate, l oxalate, le succinate, il se fait presque uniquement de l’acide formique ; au contraire, dans le cas où 1 on a ajouté de l’aspartate, on a un mélange à peu près à parties égales des acides formique et acétique. Enfin, avec les lactate, tartrate et citrate, il semble que la formation d'acide acétique est un peu plus grande qu’avec le premier groupe de sels, mais sans atteindre au cas de l aspartate. Voici, par exemple, les chiffres obtenus par la méthode de Duclaux avec le bicarbonate, Foxalate et le succinate, d’une part, avec laspartate, d’autre part (il n’a été fait que huit prises) : c.c. Bicarbonate Oxalate Succinate Aspartate ac. formique ac. acétique 10 M 8,6 9,1 9,8 9,10 10,26 20 17,6 18,2 18,4 2Q,6 18,80 21,23 30 28,3 28,8 28,9 30,9 29,40 32,54 40 39,6 39,9 39,7 42,6 40,90 44,54 50 52,5 52,7 52,7 54,9 53,20 56,90 60 66,2 66,3 66,0 68,5 66,90 70,30 70 80,8 81,2 80,9 83,2 81,70 84,74 80 100,0 100,0 100,0 100,0 100,00 100,00 On peut remarquer a priori la faible teneur en acides volatils du milieu à aspartate et la teneur élevée au contraire (plus du double) du milieu à oxalate. D’une manière générale, les sels des trois acides bibasiques, oxalate, succinate et bicarbonate, donnent lieu à la plus grande production d acide formique ; le foimiate ne vient qu après (nous pouvons constater en passant que 1 acide formique du formiate introduit ne représente qu’un peu plus de 100 milligrammes, même pas le quart de la quantité trouvée). Le radical acide parait donc jouer un rôle dans la production Je 1 acide formique. Si, en général, pour un sel donné, la quantité de cet acide est en relation avec la quantité de levure formée, il n en est plus de même d’un sel à un autre, puis- que, avec 1 aspartate, qui donne le rendement le plus élevé en levure, on a la plus faible production d’acide. 11 n’y a pas non plus de rapport invariable entre la formation de cet acide et 1 activité de la levure, appréciée par la quantité de sucre con- sommée en un temps donné. PRODUCTION D'ACIDE FORMIQUE PAR LA LEVURE 169 JT Les amides et les sels ammoniacaux existant normalement dans un certain nombre de milieux de cultures naturels, tels que le jus de raisin, il ne serait pas surprenant «le rencontrer de l’acide formique dans les vins aussitôt après la fermenta- tion. Cet acide a été en effet trouvé normalement dans les vins par L. Liebermann (1) et par Iviticsan (2) : Khoudabachian a de nouveau signalé sa présence à l’état de traces (3). Lorsque les cultures deviennent plus âgées, la proportion d’acide diminue en général, parce que la levure le consomme lentement. Ce fait a été établi par E. Duclaux (A); la question a été reprise dans un travail méthodique par E. Kayser (5); cet auteur, ayant ajouté de l’acide formique à une culture de levure, a vu qu’ après cent trente-cinq jours une proportion de 83 p. 100 de cet acide avait disparu. Ce fait semble d’ailleurs devoir être généralisé pour la plu- part des microbes producteurs d’acide formique : Iwanow a tait une constatation analogue pour la bactéridie charbonneuse (0) ; H. Franzen et ses collaborateurs 1 ont signalé (7) avec B. pro~ digiosus , B. plymouthensis , B. kiliensis. Plus récemment, H. Franzen et O. Steppuhn ont publié, sur la production et la destruction d’acide formique par la levure (8), un intéressant mémoire qui doit nous arrêter un peu plus lon- guement en raison de la théorie proposée par les auteurs au sujet de l’origine de cet acide. t On doit à Wohl (9) l’hypothèse d’après laquelle le glucose qui subit la fermentation alcoolique se transiorme au préalable en une molécule de méthylglyoxal et une molécule d’aldéhyde (1) L. Liebermann. Ber. deut. chem. Gesell., 1882, t. 15, p. 137 et i5k>3. (2) Kiticsan. Ibid., 1883, t. 16, p. 1179. (3) Khoudabachian. Loc. cil. (4) Duclaux. Ces Annales , 1892, t. 6, p. 593. (3) E. Kayser. Loc. cit. (6 Iwanow. Ces Annales , 1892, t. 6, p. 131. . R/ n ,fiq. vnil. (1) H. Franzen et G. Grève. Zeils. physwl Chenue 1910, t. 64. P- von ' • t «7 n q et -i • t 79 n 1 77 • t 83, p. 226 ; t. 88, p. <3 , t. 90, p- 31 1 . aussi : Ibid., t. b7, p. 251, l. /», P- i » . 77 m (8) H. Franzen et O. Steppuhn. Zeiis. physiol. Chemte, 191-, t. , I • t. 78, p. 164. (9) Woiil. Biozhem. Zeits., 190 1, t. 5, p. 170 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUli glycérique ; l’aldéhyde glycérique donne facilement du méthyl- glyoxal ; finalement, celui-ci se transformerait en acide lac- tique et ce dernier donnerait ultérieurement de l'alcool et de l’anhydride carbonique. Schade a complété cette théorie (1) en admettant que le pas- sage de l’acide lactique à l’alcool se ferait en deux phases. Dans une première, cet acide se dédoublerait en aldéhyde éthylique et acide formique : //O GH3 — CHOU — COOH = CIP — c" -f II — COOII \h Dans une seconde phase, l’aldéhyde serait réduit en alcool par l’acide formique et l’on aurait : CH3 - +H - COOH = CH* - CH2OII -f- CO8. En fait, Schade a réussi à produire cette seconde phase en dehors de toute action de la levure, en se servant du rhodium comme catalyseur. «/ On peut objecter d abord à la théorie de Schade que, d’après Iluchner et Meisenheimer (2), non seulement l’acide lactique ne se trouve jamais dans les produits de la fermentation alcoo- lique, mais encoi e il n est pas dédouble par la levure. D’ailleurs on sait maintenant que l’aldéhyde glycérique peut se transformer par perte d’hydrogène en acide pvruvique: .o (‘f COOII I H 1 CHOU — IP co I | CHHHI cil3 et que ce corps est lui-même dédoublé par la carboxvlase en aldéhyde éthylique et gaz carbonique (3). Or l’acide pvruvique est réellement présent dans les produits de la fermentation alcoolique, où il peut apparaître en quantité assez considérable, p/m™'118’ ZeÜS' physikal C/imie> t. 57, p. ! ; Biaehem. Zeils., 1907, t. 7» (2) Bochneu et Meisemeimeh. Ber. dent, chern. Gesell., 1910, t, 43, p. 1793. (o C. Neuberg et Hildesheimer. Biochem, Zeits 1911. t. 31, p. 170. PRODUCTION D’ACIDE FORMIQUE PAR LA LEVURE 171 aux dépens du sucre fourni, comme Font montré A. Fernbaeh etM. Schœn 1), et il est devenu en quelque sorte le pivot de toutes les théories récentes de la fermentation alcoolique : Lebedew et Griaznow (2) le prennent comme intermédiaire entre l’aldéhyde glycérique et l’acétaldéhyde devant conduire à l’alcool ; C. Neuberg et Kerb (3) admettent sa formation en même temps que celle de glycérine aux dépens du méthyl- glyoxal, et sa transformation en aldéhyde qui réagit sur le méthylglyoxal pour conduire à 1 alcool et a une nouvelle formation d’acide pyruvique, par une sorte de réaction de Cannizzaro*: CHLCHO H2 CIP.CIPOH CHLCO.CHO O CÏP.CO.COOH Dans ces nouvelles théories, il n y a plus de place pour 1 acide formique i Neuberg et Iverb ont montre en eflet (a; qo en mot tant en présence de la levure un mélange des acides pyruvique et formique, il ne se produit pas d alcool. D autre part, les mêmes auteurs ont montré (5) que la fermentation de 1 acide pyruvique ne donne pas lieu à la moindre formation d’acide lactique, qui en dériverait pourtant si facilement par réduc- tion. La théorie de Schade est-elle donc à supprimer définitive- ment? 11 semble bien que non si on se reporte au travail de Mazé (6) sur la fermentation alcoolique de 1 acide lactique. Il ne s’agit plus de la levure, mais d’un bacille qui consomme l’acide lactique et donne justement le dédoublement indique par Schade : CIP — CHOU — CO OH = CH3 — + H — COOH. Mais on ne trouve guère, à côté de 1 acide formique, que de - (I) A. Fernbach et M.’ Schœn. C. R. Acad. Sciences , 1913, t. 157, p. 147* et i9(î) uIedew et Gkiazkow. Ber. deut. chem Gesell., 1912, t. 45 p. 3 Neuberg et Kerb. Biochem. Zeits ., 19H. t. 58, p. 158. Poui fias de details, vohl 1 excellente revue de G. Abt, sur l'acide pyruvique, dans Bull. Soc. Ch, une A117Zber ®ët KeI’b.^; f. Gürumjsphysiol 1912 U, P- (5) Neuberg et Kerb. Biochem. Zeits., U > ' ’P‘ (6) Mazé. C. B. Acad. Sciences, 1913, t. 156, p. H01. 172 annales de l’institut pasteük I alcool et de l’acide acétique, soit que l’aldéhyde se réduise sous action de l’acide formique pour donner l’aicool, en même fmPs clu *1 subit I oxydation qui le transforme en acide acé- tique, soit qu'il subisse la réaction de Cannizzaro : CIP — CIIO H* CIP— CHO + O CIP — CIPOH CIP — COOH O La question de l’origine de l’acide formique produit par la Ie\ me conserve donc un assez grand intérêt. H. Franzen et O. Steppuhn, dans le travail cité plus haut .opposent que cet ac.de provient du dédoublement du sucre Ils constatent avec diverses levures (Saccharomyces cerevisiæ 1 elhPs°’f"° I et II, S. pastorianus I, II et III, 5. laçai’ 'e"'ml de lvràl) que, dans un milieu formé dé moût de bière, additionné ou non de formiate de sodiunT il y a en general production d’acide formique et cela dès les’pre mures vingt-quatre heures (1). Puis cet acide disparaît assez fon TeT îPerndant Certaines espèces, comme S niger, qui rement. f°rmiqUe’ "e Ie Pas d-Pa-ître ultédeu- le ïél Mt'TT VéHfient d'ab°rd 1"e t acide formique trouvé dès de : enrs ne préexistait «»■ ^ le m Heu deVé ^ ™ effet (° 0467 P™ litre pour quantités trouvée*"” ’ ma‘S ““ pr°p0rtion bien Prieure aux Quelle est donc l’origine de cet acide ? racddeP°rrit SUPP0SerqU il P1’°vient d ,,ne ^composition de Tfî » ">*«« Ump» L. que, ou de la transformation de la leucine en alcool amy- SUr “ en 1 003 assez considérable : ils pensent en ^ aut®urs onl commis une erreur * dacide formique aussi grande que celle°n m’ P‘ 1 que “ une Quantité « portée à la fermentation des .JjL?. ie_,J,ai.pu. ob.tenir doit être rap- suflira de se reporter aux chifFres^our1^ ^ !? moins dacide formique. D autre part, dans le travail en ouestinn C°mpte du fait’ d impression leur fait dire à plusieurs ren^^ source d azote 1 urine, alors qu'il s’agU d’urée ^ J 81 empIoyé comme PRODUCTION D’ AGI DE FORMIQUE PAR LA LEVURE .173 lique, mais alors la quantité d’acide formique trouvée serait en rapport avec celles d'acide succinique ou d'alcool amylique présentes; or, il est facile de calculer que la quantité qui pour- rait se former ainsi est quatre à huit fois plus petite que les quantités trouvées. Comme d’ailleurs il est bien admis depuis le travail de Neubauer et Fromherz (1) que la transformation des acides aminés se fait par l'intermédiaire des acides a-cétoniques et ne comporte pas de formation d'acide formique, il faut renoncer à cette explication. Une autre hypothèse est la suivante : pour faire avec les sucres et les aliments azotés la substance de son propre corps, la levure a besoin d’une certaine quantité d énergie, comme d’ailleurs les plantes supérieures. Dans le but de se procurer cette énergie, nous voyons celles-ci oxyder partiellement les sucres pour donner des acides organiques (acide oxalique prin- cipalement). Cette hypothèse, valable pour les végétaux verts, ne 1 est pas pour la levure. En effet, d’une part, la fermentation se produit dans des conditions d’anaérobiose , sans que 1 oxygène inter- vienne; d’autre part, la levure ne produit pas d acides orga- niques comparables à ceux des végétaux verts. L acide oxalique en particulier n’a jamais été décelé dans les produits de la tei- mentation. D ailleurs, il suffit de remarquer que la levure n a nul besoin de cette source d'énergie, car elle en trouve une suffisante quantité dans la décomposition du sucre en alcool et gaz carbonique. Il ne reste donc comme hypothèse possible que d’admettre une formation d’acide formique au cours de cette dernière décomposition. On peut remarquer que le stade de formation de 1 acide foi- mique coïncide avec celui du bourgeonnement énergique de la levure, avec la présence de cellules jeunes et très actives, tandis que le stade de fermentation de cet acide correspond à un développement lent. Mais comme il y a sans cesse forma- tion d’acide par les jeunes cellules qui se développent et en môme temps consommation de cet acide par celles qui sont arrivées au terme de leür développement, il en résulte que les fl) Neubauer et Fromherz. Zeits. physiol. Chemie , 1911, t. 70, p. 326. I 174- ANNALES DE LINS HT (J T PASTEL! H chiffres trouvés à un moment quelconque ne sont que la diffé- rence entre l'acide formique produit et consommé. La présence de quantités assez notables d’acide formique (introduit sous forme de formiate de sodium) ne gêne pas la production d'alcool ni les processus de la fermentation ; la levure peut elle-même produire cet acide en quantité appré- ciable, elle peut le faire fermenter. Il apparaît donc de plus en plus probable que sa formation et sa disparition sont en rela- tion avec la décomposition du sucre en alcool et gaz carbo- nique. Dans ces conditions, il est probable qu'il s'agit d’un processus diastasique. Si on mélange du suc de levure, préparé par la méthode de Buchner-IIahn, avec une solution de formiate de sodium, ce sel ne disparait pas (1); aai contraire, il est assez rapidement fermenté si on ajoute 10 p. 100 de saccharose. La fermentation de 1 acide formique est donc en rapport étroit avec celle du sucre. Que devons-nous conclure de tous ces faits? L impression qui s en dégage est que la levure est un organisme d’une très grande plasticité, qui n agit pas suivant un plan invariable et rigide, ni par un mécanisme unique. Parmi tant d'explications proposées pour le phénomène de la fermentation, ce n’est sans doute pas une seule qu’il faut choisira l exclusion de toutes les autres, mais plusieurs, qui fonctionnent suivant les circons- tances et peuvent se remplacer ou même se superposer quand es conditions d’existence varient. (1) On sait que la levure est capable de produire la fermentation de l’acide onruque, avec dégagement de gaz carbonique en l'absence de sucre (Neu- berg et Tir. Biockem. Zeits 1911, t. 32. p. 323). / PRODUCTION D’ACIDE FORMIQUE PAR LA LEVURE 175 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE Buchner et Meissnheimer, Die chemischen Vorgânge bei der alkoholischen Gâhrung. Ber. deut. chem. Gesell., 1910, t. 43, p. 1773. Duclaux, Recherches sur les vins. Sur les acides volatils du vin. Ann. chim . et physique, 1874, 5e série, t. 2, p. 289. — Sur l'action antiseptique de l’acide • formique. Ces Annales , 1892, t. 6, p. 592. Franzen et Greve, Beitrage zur Biochemie der Mikroorganismen. Ueber die Vergarung der Ameisensâure durch Bacillus prodigiosus. Zeits. physïol. Chemie , 1910, t. 64, p. 169. Ueber die Vergarung der Ameisensâure durch Bacillus Plymouthensis. Id., t. 67, p. 251. Franzen et Egger, Ueber die Vergarung der Ameisensâure durch Bacillus Kiliense in konstant zusammengesetzten Nâhrboden. Id., t. 83, p. 226. Ueber die Vergarung der Ameisensâure durch Bacillus prodigiosus. Id., t. 79, p. 177. Voir aussi : 1914, t. 88, p. 73; t. 90, p. 311. Franzen et Steppuhn, Ueber die Vergarung und Bildung der Ameisensâure durch Ilefen. Id., 1912, t. 77, p. 129 et t. 78, p. 164. Iwanow, Sur la production des acides volatils dans les cultures du bacille charbonneux. Ces Annales , 1892, t. 6, p. 131. Kayser, Contribution à la nutrition intracellulaire des levures. Ces Annales, 1900, t. 14, p. 605. Khoudabachian, Sur la présence de l’acide formique dans les raisins et les vins. Ces Annales, 1892, t. 6, p. 600. Kiticsan, Ueber einige Bestandtheile des Weindestillates. Ber. deut. chem. Gesell ., 1883, t. 16, p. 1179. Lebedew et Griaznow, Ueber den Mechanismus der alkoholischen Gârung* Ber. deut. chem. Gesell., 1912, t. 45, p. 3256. Liebermann, Nachweis der schwefligen Sâure im Wein. Ber. deut. chem. Gesell. 1882, t. 15, p. 437 et 2553. M vzé, Fermentation alcoolique de l’acide lactique. C. Ii. Acad. Sciences, 1913, t. 156, p. 1101. Neuberg et’ Hildesheimer, Ueber zuckerfreie Hefegârungen. Biochem. Zeits., 1911, t. 31, p. 170. Neuberg et Tir, Id. Ibid., t. 32, p. 323. Neuberg et Iverb, Zur Frage der Aldehydbildung bei der Gârung von Hexosen sowie bei der sogennanten Selbstgârung. Id., 1913, t. 58, p. 158. — Zur Frage der Bildung von Milchsâure bei der Vergarung von Brenztrau- bensâure durch lebende Jlefe nebst Bemerkungen über die Gârungs- vorgânge. Id., 1914, t. 62, p. 489. Rayman et Kruts, Chemisch-biologische Studien, 1891. 176 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Schade, Ueber die Vergarung des Zuckers ohne Enzyme. Zeits. physikal. Chemie , 1907, t. 57. p. î. — Ueber die Vorgânge der Gârung vom Standpunkt der Katalyse. Biochem. Zeits., 1907, t. 7. p. 299. P. Thomas, Sur la production d'acide formique dans la fermentation alcoo- lique. C. R. Acad. Sciences. 1903, t. 136, p. 1015. Wohl, Die neueren Ansichten liber den chemischen Verlaiif der Garung. Bio- chem. Zeits., 1907, t. 5, p. 45. Le Gérant : G. Masson. Paris. — _L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. — Bolô. — 5 Maison Ch. VERDIN G. BOULITTE, suc c Ingénieur-Constructeur APPAREILS DE PRÉCISION Servant en Physiologie, en Pharmacologie et en Médecine INSTALLATIONS COMPLÈTES de LABORATOIRES sur DEVIS 7, Rue Linné, PARIS (Ve) Téléphone 828-33 NOUVELLE ÉTUVE àtempérature constante de HEARSON La figure représente l'Étuve électrique saus réser- voir d’eau. , ...... Dans ces appareils, la chaleur est produite, distribuée d’une façon uniforme par un ou plusieurs fils. Des jonc- tions spéciales commandant chaque fil permettent d u î iseï ces résistances suivant certaines combinaisons pour pro- duire des températures plus ou moins élevées. Nous fabriquons tous les appareils nécessaires aux labo- ratoires de bactériologie, tels que : bains-marie, étuves a paraffine, stérilisateurs, appareils Wassermann, etc. Tous nos appareils peuvent etre chauffes, soit au pétrole, gaz ou électricité. ENVOI GRATUIT OU CATALOGUE SUR DEMANDE Seuls Concessionnaires : SPRATT’S PATENT 38, rue Caumartin, PARIS 6 — Adoptée officiellement par la Marine et les Hôpitaux de Paris. PANCREATINE DEFRESNE 1 gr. transforme simultanément : 35 gr. albi mine; 20 gr. corps gras; 25 gr. amidon. Dyspepsie. I Dégoût de s Aliments. i Gastralgie. Diabète. £ Digestions diüiciles. } Gastrite , etc. POUDRE — Plt_UL.ES — ÉLIXIR" DEFRESNE, Auteur de la Peptone Pancréatique, 4, Quai du Marché-Neuf, PARIS, et Pharmacies. E. COGIT & C IE Constructeurs d’instruments et d’ Appareils pour les Sciences 36, Boulevard Saint-Michel, PARIS ■ — Téléphone : Fleurus 08-58 ATELIERS DE CONSTRUCTION EXPÉDITIONS ET VERRERIE EN GROS 19, Rue Humholdt. PARIS AGENTS EXCLUSIFS DES MICROSCOPES KORISTKA. S.O.M. Construits par la Société d’Optique et de Mécanique de Haute Précision, à Paris. Dépositaires des Colorants français R. A. L. et des Colorants du D* TRIBONDEAU et du Dr HOLLANDE Produits chimiques pour la Micrographie et la Bactériologie Autoclaves, Centrifugeurs, Installations complètes de Laboratoires, Milieux de culture stérilisés, Microtomes de toutes marques. APPAREILS ET BROYEURS LATAPIE NOUVEAU MODÈLE D'ÉTUVES ÉLECTRIQUES *A TEMPÉRATURE CONSTANTE NOUVEAUX APPAREILS DE PYSIOLOGIE Marque « ASCO » pour la médecine et l’expérimentation. BILLAULT CHENAL*, DOUSLHET et C", Suce- PARIS — 22, ruo de la Sorbonne, 22 — PARIS FABRIQUE DE PRODUITS CHIMIQUES ET PHARMACEUTIQUES Prodflits purs pour Analyses « Baeîérioloiie « Histologie * Mierograpiiie Depots des balances : H. L BECKER Fils et Cie, de BRUXELLES En France : Henry-Louis BECKER. — A. CATTEAUX et R. GUELTON,:Sucrs. FOURNISSEURS IDE L’INSTITUT PASTEUR FOURNITURES GÉNÉRALES pour LABORATOIRES et Ateliers de construction d’Appareils de précision Les Établissements POULENC Frères ±22 , Boulevard Saint- Germain — PARIS Siège social s 92, rue Vieille-du-Teinple Produits Cbimiques pars Réactifs, Liqueurs titrées Verre Français, marque LABO VERRERIE 0RR1M1RE ET GRADUÉE DENSIMÈTRES THERMOMÈTRES APPAREILS chauffés au gaz, au pétrole, à l’électricité. Autoclaves et Étuves à culture COLORANTS FRANÇAIS, marque R. A. L. pour Microbiologie et Physiologie MICROSCOPES === MICROTOMES — CENTR1FUGEURS BULLETIN DE L’INSTITUT PASTEUR revues et analyses DES TRAVAUX DE BACTÉRIOLOGIE , MÉDECINE, BIOLOGIE GÉNÉRALE PHYSIOLOGIE, CHIMIE BIOLOGIQUE dans leurs rapports avec la Microbiologie. n G Bertrand A. Besredka, A. Borrel, C. Delezenne, Comité de ^Mesnil’, Professeurs à l'Institut Pasteur. Parait régulièrement le 15 et le 30 de chaque mois. „ M oc — Étranger, 43 fr. Prix de l’Abonnement : France, 3 • j années 1903, 1907, 1910 Prix des volumes des années 1903 H9» encore ' un petit nombre de colletions des 1912 ne se vendent pas beparéme L pY\x des années 1915 et suivantes . «*C • premiers volumes au prix de 600 tr. rrix 8 ATELIERS DE CONSTRUCTION Pour APPAREILS DE CHIMIE, ^ %c BACTERIOLOGIE, "* Verrerie soufflée, graduée, porcelaine, terre, grès. B ADMET 9 26 et 13, Rue Vauquelin = PARIS (Ve) ===== INSTALLATIONS COMPLÈTES DE LABORATOIRES ET IDE SALLES D’O PÉR ATIOITS Fourniture de Produits chimiques — Matières colorantes Microscopes — Microtomes. NOUVELLES VERRERIES DE LABORATOIRE : Neutra . Qualité Iéna. Fina. . . — Bohème Verre. . — Courante. Produits français fabriqués par la Verrerie E. ADNET, 28, rue des Carrières, à Charenton, près Paris. — ENVOI FRANCO DU CATALOGUE ILLUSTRE — PI PTM lETI l'y* INGÉNIEUR • ^ E™ Vdft VJ I VJ JN. , des Arts et Manufactures PARIS — 64, Rue Gay-Lussac, 64 — PARIS , T 1 1 ’ ■ ’ " Adresse télégraphique : W1ESNEGG-PARIS — Téléphone : 806-25. SPÉCIALITÉ D'APPAREILS BACTÉRIOLOGIQUES Autoclaves * stérilisateurs a air chaud * STÉRILISATEURS A EAU BOUILLANTE * ÉTUVES et BAINS-MARIE A TEMPÉRA- fCVlflR TURES CONSTANTES * ÉTUVES A CUL- TURES MICROBIENNES CHAUFFÉES PAR LE GAZ, L’ÉLECTRICITÉ ET LE PÉTROLE * RÉGULATEURS FOURNISSEUR DE TEMPÉRATURE * DBS CHAMBRES - ÉTUVES , etc. 4» APPAREILS A DÉSINFEC- *%<>■ Instituts PiSTEDl de Paria, Lille, etc.. y - et Instituts Bactériologiques de France et Etranger INSTALLATION DE LABORATOIRES Projets, Devis Envoi franco des Catalogues sur demande Universelles j Paris 1900 : 2 Grands Prix Expositions } Bruxelles 189T : Grand Prix | Saint-Louis 1904 : Grand Prix Bruxelles 1910 : 2 Grands Prix Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. T. XXXIV. — 1920. Avril — N° 4. DE L’INSTITUT PASTEUR FONDÉES SODS LE PATRONAGE DE ffl. PASTEUR PAR * RC « E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION Dr CALMETTE, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr LAVERAN, membre de l’Institut de France; Dr L. MARTIN, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; Dr VAILLARD, membre de l’Académie de médecine. PARIS MASSON ET C'% ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINES 120, Boulevard Saint-Germain (6e). ! , ■i ■ ICRÉTAIRE DE LA RÉDACTION : CAMILLE K AV E À Ü bibliothécaire de l’institut pasteur 25, RUE DUTOT - PARIS (XV») Les annonces sont reçues à l'Économat de VTnstitut Pasteur. PRIX DE L’ABONNEMENT. — ^France : 3$ francs. Union postale : 36 francs; 'Pbix d’un Numéro : 3 francs ~ 2 - ABONNEMENT. — PRIX DES VOLUMES DE8 « ANNALE8 ». Prix de l’abonnement, à partir de 1920 Frange .... 32 fr. — — — — Union Postale. 36 fr, Prix d’un numéro, — — 3 fr. Années antérieures, — Les années 1888, 1889, 1890, 1891, 1894 à 1896 sont épuisées L es années 1892, 1893 et 1897 à 1919 se vendent séparément 28 francs. Les années 1887 (volume I), 1893, étant très rares, ne se vendent pas séparémen Tables des Matières, années 1887 à 1906, 1 vol., 10 francs. SOMMAIRE DU N° 4 Études sur le pneumocoque [onzième mémoire). Races du pmeumocoque, par M. Nicoli et E. Debains. Les conditions de nutrition des Anophèles en France ( Anopheles maculipennis ) et le rôl du bétail dans la prophylaxie du paludisme, par E. Roubaud Les levures des saucissons, par E. Césari et A. Guilliermond Les sérums antiprotèasiques, leur spécificité. La réaction de l’antiprotéase, par L. Launo De la pathogénie du choléra ( deuxième mémoire). La « péritonite cholérique » du cobayt par le professeur G. Sanarelli1, Directeur de l’Institut d’Hygiène de l’Université de Rome 44 JEYES ” seul véritable CRÉSYL EXIGER LE VRAI CRESYL-JEYE Le sent d’une efficacité scientifiquement contrôlée et d’une innocuité absolue et constante LE MEILLEUR DÉSINFECTANT ANTIPARASITAIRE Cicatrisant rapide des plaies, blessures, etc. Indispensable pour fAssainissementy la Désinfection et l'Hygiène des Habitations et de leurs Dépendances Le CRÉSÏL-JEIES authentique possède ne pouvoir germteide considc rable, même en présence de matières protéiques. Non toxique, le CRÉSYL- JEYES se montre contre les Plaies un excellen antiseptique. Pour la désinfection des Locaux, les bons effets du CRÉSYL-JEYE! tiennent à ses remarquables propriétés BACTÉRICIDES et ANTIPUTRIDES. SAVONS ANTISEPTIQUES AU ClTSYLJEYES! pour la TOILETTE et l’HYGIÈNE de la PEAU Société Française de Produits Sanitaires et Antiseptiques PARIS — 35, Rue des Francs-Bourgeois — PARIS - 3 - LEQUEUX ^ Ingénieur des Arts et Manufactures Maison WIESNEGG, 64, rue Gay-Lussac, Pans ournisseu r de l’Institut Pasteur et de la Faculté de médecine de Paris RILISATEURS, ÉTUVES, APPAREILS DE DÉSINFECTION Installations de Laboratoires de bactériologie. Exposition univ. Paris 1900 : DEUX GRANDS PRIX ÉTABLISSEMENTS (T) G O N I Produits, Procédés et appareils pour la DÉSINFECTION a surface, en profondeur et par lavages ou trempages. approuvés par le Conseil supérieur d’Hygiène publique de France, autorisés conformément à la loi par M. le Ministre de l’Intérieur. L ■ '* lllife GONIN H” 3 pour 15 m3 r 4 pour 30 m3 Cartouches auto-productrices d'aldéhyde formique ÎÉSYLOL SODIQUE GONIN - FLUOFORMOL GONIN NITIDOL GONIN rrTT\n?Q de tous chauffages, Ifixes L ^ ^lisantC^ formol. — — TU Vii/O température, sans pression, utilisan Adresser toute la correspondance le Directeur les Etablissements KOHN 60, Rue'Saussure, PARIS (17e) Adresse lelégr. : fumigator-paris Téléph. : WAGRAM d 7-23 FABRIQUE DE GRILLAGES ET IDE CAGES penr Études Bactériologlqnes chenils et volières Paul PIARRETTE Fournissent de l'Institnt Pnstenr et de h henlté de Medeerae rue Sèguier, 17. Paris (*) - 4 - LL PLUS PUISSANT DES ANTISEPTIQUES-DÉSINFECTAN DÉRIVÉS DU GOUDRON ENTIÈREMENT SOLUBLE DANS L’EAU émÏ£rt?%?tL,irCOm!?andé par les m®clecins et les savants les » GHpp^ I nfluenza^^lphtérl e^Flè vr «f typhoïde ^miqU< modèle “ ePLÏÏffon^tb d-CUleUX et’ P^Æment VMs'pensa Solutions LvsoK ! Zfft ^ ?' falmette, , emploient tmftirtn ees, de preference a tontes autres, nour la h, germes malfaisants des crachats et du linge des tubercule! Savons de toilette antiseptipes ao LYSflL, poer ÉCOLES, CRECHES, DISPENSAIRES, ete. Eau Dentifrice antiseptique au LYSOL Société Française du IiVSO] 65, rue Parmentier, à IVRY (Seine) ME CMiERLAID SYSTÈME PASTEi Le seul autorisé par PASTEUR ft porter son nom n ruiBj S « iMa&fg» * '«a iiiSp jtôô&jij) m m lasœfstm t™ Jr>.. h - ■ “ Ms*. m 2 Grands Prix (Exposition Universelle 1900) . , 5 Diplômes d’Honneur n2HMMdSiilleS d’°r Prix M<>ntyon Médaillé d’Or de la Société découragement pour l’Industrie Nationale. Le SEUL pouvant s'opposer efficace- ment a la transmission des maladies par les eaux de boisson. FILTRATION DE L’EAU 11 *•** ’iinnunjm. BOUGIES DE POROSITÉS GRADUÉES POUR LABORATOIRES Siège social : 58, rue IYotrePan.e de-Lorette, PARIS SOCIÉTÉ D'INSTALLATION ET D'ENTRETIEI - 1 » Tttie Godot-de-Mauroi * (POUR PARIS ET LA BANLIEUE) 34' ANNÉE AVRIL 1920 N" 4 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR t ÉTUDES SUR LE PNEUMOCOQUE (onzième mémoire) RACES DU PNEUMOCOQUE par M. NICOLLE et E. DEBAINS. Toute bactérie (plus généralement, toute cellule) renferme, en nombre inconnu, certains constituants dits antigènes , sus- ceptibles d’engendrer, chez les animaux qui les reçoivent, des agglutinines et des lysines. Ces deux groupes d'anticorps per- mettent, à leur tour, de déceler les antigènes qui en ont pro- voqué l’apparition. Quand on agglutine des bactéries, d'une espèce donnée, avec des sérums engendrés par des échantillons convenable- ment choisis de cette même espèce, on s’aperçoit que chacun des « sérums-réactifs » employés agit de façon exclusive ou dominante sur une fraction des germes, laquelle est alors con- sidérée comme une race. Il convient de noter immédiatement que la notion de race, ainsi conçue, n’est valable qu’au point de vue de la sensibilité des antigènes vis-à-vis des agglutini- nes. Si l’on étudie, en effet, la sensibilité vis-à-vis des lysines, la notion perd de sa valeur, ainsi que nous l avons déjà mon- tré pour diverses bactéries et que nous allons 1 établir pour ce qui concerne les pneumocoques. On envisagera donc, ici, les effets des agglutinines (méthode 12 j 8 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR * classique) et des lysines (procédé de Bordet-Gengou ; recherche de 1 immunité active et passive) sur l’espèce pneumocoque. Nous nous limiterons aux échantillons solubles dans la bile, la question des individus insolubles, très ardue, devant faire l’ob- jet d’un travail spécial. Effet des agglutinines. Il a déjà été étudié, au laboratoire (Cotoni et Truelle, ces Annal es, avril 1912), mais avec des sérums trop peu actifs et obtenus pari injection d un seul échantillon. Depuis ce moment, les auteurs américains (Avery, Chikering, Cole, Dochez, Gil- lespie) ont fait connaître l’existence de quatre types : I et 11 (les plus fréquents), III et IV. Le type II, peu homogène, se subdivise en plusieurs groupes; le type IV, purement négatif, répond aux individus que n’influencent point les sérums I, II et III. De son côté, Lister a décrit plusieurs races du Transvaal; trois d'entre elles se confondent avec les races américaines (I, U et III); les autres en diffèrent. Parmi ces dernières, F une se montre très répandue; Lister la nomme race A. Nous avons, repris Pétude de l’agglutination, au moyen des quatre sérums spécifiques que notre ami Truche obtient, chez les chevaux, en leur injectant quatre échantillons bien définis; les trois premiers de ces germes ne se distinguent pas des types américains (I, II et III); le quatrième, spécial, a été isolé des troupes noires par Borrel et Kerandel. Nous avons fait agir les quatre sérums de Truche sur un très grand nombre de pneu- mocoques de provenance variée. Parmi ces pneumocoques, 18p. 100 étaient immédiatement agglutinables', 45 p. 100, inagglutinables en apparence, s’aggloméraient facilement après traitement à la méthode Porges modifiée (1); 7 p. 100 se sont montrés hyperagglutinables (déjà sensibles au sérum équin normal). ^ pmoMô€°«l;ES AOGLtTiNABLÉs. - Types purs (70 p. 100). - Echantillons 1 ! P' ’ün Eehantl 0ns 11 •' 32 Echantillons III : 59 p. 100. Echantillons IV o p. 1UU. Types mixtes (80 p. 100). Echanlillons I + II : avec I dominant, 6i p. 100 (I) M. Nicolle, C.Joban et E. Debains. C. B .de la Soc. de Biol., 12 octobre 1918. ETUDES SUR LE PNEUMOCOQUE 179 sans dominance, 9 p. 100. Echantillons II 4- III (avec II dominant) : 9 p. 100. Echantillons IV -f II (avec IV dominant) : 9 p. 100. Echantillons 1 -f II + IV (I et II dominants) : 9 p. 100. Pneumocoques inagglutinables. — Types purs (91 p. 100). — Echantillons I : 9 p. 100. Echantillons II : 82 p. 100. Echantillons 111:3 p. 100. Echantillons IV : 6 p. 100. Types mixtes (9 p. 100). — Echantillons II -f 1 (Il dominant), échantillons 11 + IV (II dominant), échantillons II + IV (sans dominance) : âââ, 33,3 p. 100. Pneumocoques hyperagglutinables.— Echantillons avec II dominant : 60 p. 100. Echantillons avec II + IV dominants : 40 p. 100. i En résumé , chez les échantillons hyperagglutinables , l’anti- gène II domine. Chez les agglutinables, les types mixtes sont fréquents, le type de beaucoup le plus fréquent étant I — (— II avec I domi- nant ; parmi les types phrs, il faut noter la rareté actuelle du type 1 et l'abondance des types II et surtout III. Chez les inagglutinables , les types mixtes sont peu répandus (dominance de l’antigène II); parmi les types purs, l'immense majorité appartient au type II. L’antigène II se montre donc actuellement dans la majorité des pneumocoques, soit pur, soit associé; cette particularité inattendue ne tient pas à une plus grande « force » du sérum JL Il n'existe aucun rapport entre la race des pneumocoques et leurs autres propriétés. Notons, cependant, qu et V état muqueux ne se trouve lié qu’aux antigènes II et III (purs ou associés) ; il n’affecte pas de relations avec l’inagglutinabilité. • Effet des lysines. L’élude de l'agglutination montre donc, chez les pneumo- coques, tantôt un seul antigène, tantôt 2 ou 3, selon l'abon- dance respective de ceux-ci. Les types purs , c’est-à-dire carac- térisés par l’existence apparente d’un seul antigène, se révèlent moins fréquents que chez les méningocoques; il ne faudra pas s’en étonner désormais, dans la séro-identification des pneumocoques. L’étude des lysines ne montre point de types purs. Elle n’en a d’ailleurs jamais montré, jusqu’ici, chez les diverses espèces bactériennes que nous avons examinées sous ce rapport. 180 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Réaction de Bordet-Gengou. Tous nos échantillons fixent le complément avec les quatre sérums de Truche et la fixation n’est pas toujours dominante avec le sérum qui s'était révélé seul actif, ou principalement actif lors de l'agglutination. v Recherche de l’immunité active et passive. A ce point de vue, Neufeld reconnaît au moins quatre types, affirme-t-il. Les travaux des auteurs américains ne permettent aucune conclusion, parce que la « force » très variable de leurs trois sérums (I, II et III) rend impossible toute espèce d’expé- rience croisée in vivo en matière d’immunité passive. Les recherches de Mel,e Raphaël (ces Annales , janvier 1920, 1. XXXIV, p. 26) montrent que l’élude de l’immunité active ou passive ne conduit pas à la notion de types nettement tranchés. Nous conclurons que les races pneumococciques des auteurs « races antigènes » — ne sont décelables que dans les expériences d’agglutination. LES CONDITIONS DE NUTRITION DES ANOPHÈLES EN FRANCE [ANOPHELES MACULIPENNIS) ET LE ROLE DU BÉT.AIL DANS LA PROPHYLAXIE DU PALUDISME par E. ROUBAl'D. Ce travail doit être considéré comme la suite directe de mes recherches' antérieures sur le pouvoir infectant des Anophèles de F rance (1), recherches qui maintenaient àl état d hypothèses la solution de certains problèmes troublants de la malariologie. L’existence maintes fois constatée de 1’ « Anophélisme sans paludisme », la régression manifeste et spontanée du palu- disme dans beaucoup de régions anciennement palustres de l’Europe occidentale, et, en particulier, en France, sont en effet des questions encore inexpliquées et dont l’intérêt domine certainement, à l’heure actuelle, l’histoire épidémiologique < e cette affection. J’ai montré, dans mes précédentes études sur la transmission du paludisme en France, qu’on ne saurait taire appel, pour expliquer ces faits, à l’immunité naturelle ou acquise des Anophèles, suivant l’hypothèse, très logique pourtant, envisagée par différents auteurs, Grossi, Schaudinn, A. Celli, Laveran, etc. Les A. maculipennis des régions non palustres n’ont rien perdu de leur réceptivité à 1 égard des Plasmodium, rien perdu non plus de leur pouvoir infectant vis-à-vis de l’homme, puisqu'un seul Anophèle infecte, api es une seule piqûre rapide, m’a transmis une infection a PL vivax dont les manifestations pathogènes, maigre un trailemen soutenu à la quinine, ont persisté pendant près de deux années^ Or il n’est pas douteux, d’autre part, que non seulement l’affection palustre a rétrocédé largement dans nos contrées, au (1) Recherches sur la transmission du pah» % çais de régions non palustres. Ces Annales, t. 31, p. -30, sepie -182 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUH cours du siècle dernier, sans causes bien définies, mais encore <|ue les recrudescences imputables aux apporls de virus causés pai la guerre ont été insignifiantes. Il est évident, par suite, que si V Anopheles maculipennù , le plus abondant et le plus généralement répandu des Anophèles de nos régions, n’exerce pas, d une manière plus intensive ses propriétés pathogènes en France, c’est que Quelque particut t c sa nologie ,s y oppose, en restreignant au minimum es rapports du moustique avec l’homme. L’histoire épidémio- Dartkl t^ t‘Sme ^ FriinCe m°ntre’ d’Une Part> due cette particularité biologique s est progressivement affirmée au cours ( es emps, puisque l'extinction spontanée du paludisme s’est nanilestee insensiblement peu à peu ; et d’autre part l’éclo- s.on incontestable de petits foyers palustres, constatée pendant g"e,Te’ denote egalement qu’une telle particularité i’est pas — *«. d'une certaine Lcibililo, “ dans une mesure très étroite. 4 4 dehoarsSdelÏintée*tette ‘'rf'0"’ d°nt ]’imPor,an<* pratique, en résulter me ’ scientl%u«. n’est pas à démontrer ne peut résulter que d une connaissance précise des mœurs de l’espèce anophehenne dominante, en fait .VA. maculipennis, de son « comportement » a 1 état adulte et surtout de la valeur précise de ses rapports avec l’homme. P Or il convient de faire remarquer à ce sujet que. si l’on 1 connaît parfaitement l’existence très générale de ce .moustiq ue ; des SlanrvesrUft°cnS’ 1° T1 P?Sque toi,iours grâce à la recherche forme évol’uîive u ’ 'T des Cas- sous <*tte seule . évolutive qu on le signale et 1 étudié dans la nature De Ü““, fA“"hS"S »»« localité, on déddt les foyers domestf Presence possïhle de ces moustiques dans ^ oyers domestiques, avec les conséquences que cette invasion comporte au point de vue de la pathogénie. La grande maiorité des nombreux travaux, qu’a fait éclore pendant !a Z 1 question du paludisme autochtone, prend ce thème pour base : comme un do^me al^nln ni w lJUlir Dast édiclées en »! '6S m6SUres Prophylactiques sont f . sequence. Quant au moustique adulte s’il es! parfoi, signalé c est en qu.lqoe sort. .cc.LrJelA rt Lm Jü on lui accorde réellement l’attention nécessaire. n peut dire qu’on ne connaît guère LA. maculipermù à l’état ANOPHÉLISME EN FRANGE 183 adulte, dans les régions non palustres de l’Europe occidentale, que dans sa période de repos. On sait dune façon courante qu’il est facile de le rencontrer, surtout en hiver, dans les habitations chaudes, de préférence dans les écuries et les étables où les femelles passent la saison froide. Mais quant à ses habitudes de vol et de nutrition sanguine, elles n’ont pour ainsi dire jamais fait l’objèt, dans les conditions naturelles, d'une étude systématique. J’ai déjà fait précédemment remarquer (1) que, pour les anciens diptérologues, Meigen, Macquart, Schiner, etc., les aptitudes à l’héiiiophagie de nos Anophèles régionaux étaient douteuses. Cette constatation exprime bien le caractère discret, en quelque sorte énigmatique, qui préside dans nos pays aux manifestations hémophages de ces moustiques. Nuttall, Cob- bett et Strangeways-Pigg (2), dans leur étude bien connue sur la Distribution des Anophèles en Angleterre, signalent n avoir jamais été piqués par un seul de ces Culicides, et n’en avoir jamais observé en dehors des habitations. Ils mentionnent, également, à [ce sujet, une assertion de Theobald qui est conforme à ces constatations : cet auteur n aurait jamais eu connaissance de la piqûre des' Anophèles en Angleterre. Il s’agit là de travaux déjà anciens, modifies un peu par les observations plus récentes, mais qui traduisent bien, néan- moins, le fait dont il s agit. . .. En France, également, bien que les larves soient faciles a rencontrer à peu près partout, même dans les villes, les mous- tiques adultes passent le plus souvent inaperçus. En dehors des observations faites par les Sergent en Ven ee et aux environs de Paris, sur lesquelles nous allons revenir tous ceux qui ont chassé les Anophèles dans nos régions savent qu’on ne les voit pas souvent piquer l’homme. « La ou dominent les gîtes à Anophèles, écrit Mandoul (3), les habitants ne st plaignent pas d’être importunés par la piqûre de ces insectes a Luchon notamment. Pour ma part, j’ai essaye en vain de me faire piquer dans cette dernière ville, au voisinage meme de- rl) Loc. cit., p. 449. ;2) Jou.ru. of. Hyg , 1 1, janvier 1901, yP; “>• Palft. e.rot.. 10 dé- 3) Mission antipaludique dans la A\n legioi mbre 1919, p. 793. 184 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR gîtes, après le coucher du soleil. 11 est enfin exceplionnel de capturer des Anophèles adultes dans les habitations. » Ces constatations de Mandoul peuvent être prises comme type des conditions courantes de l’Anophélisme en France. Quelle peut être la raison d’un fait aussi éminemment singulier, qui cependant ne paraît pas avoir nettement retenu l'altenlion en notre pays comme ailleurs? me basant sur les particularités de vol observées à Pa- nama par J. Le Prince et Orenslein pour cerlaines espèces ano- pheliennes, j’avais supposé, pour expliquer les faits, que la protection humaine relevait avant tout de l’éloignement des Z°nes ^e parcours des moustiques. Mais si le fait paraît valable pour 1 A. bifurcatus , espèce de plein air, piquant volontiers dans les bois et la campagne, il ne l’esl plus pour VA. macu- Iipenms qui fréquente couramment les lieux habités; il faut alors ramener la question à des habitudes particulières de nu tri lion des femelles. A ce point de vue, on possède déjà quel- ques données qui laissent entrevoir la vie de l’Anophèle comme tributaire non seulement de l’homme, mais parfois aussi, pour des raisons mal déterminées, des animaux. Certains auteurs ont bien constaté que l’.l. maculipennis manifeste un goût marqué pour le sang des animaux. C’est incontestablement à Grassi que l’on doit les premières obser- vations précisés sur ce sujet. L’auteur italien écrit (1) que la emelle se nourrit normalement de sang et, lorsqu’elle peut en rencontrer, exclusivement de sang de vertébrés à sang chaud. J e prefeie le sang des mammifères, mais suce aussi parfois celui des oiseaux (volailles, passereaux, oiseaux de proie) quoique avec une certaine répugnance. Sans paraître réelle- ment marquer de préférence particulière pour certains types de mammifères, elle est attirée par eux en raison de leur taille • les plus gros exercent une attraction plus grande, à tel point que lorsqu un homme est placé dans le voisinage d’un cheval le c levai est piqué, non pas l’homme ; et qu’au contraire, s’il s’agit d un homme et d’un lapin, l’homme est généralement assailli dulôU’1^' n.6 Sag'' donc Pas d’une Préférence réelle, mais i ot d une action attractive proportionnée à la taille de l'hôte. !1) SUKli 'Ji lm° Zoûlo=° sulla MaIa'aa. Rend. fi. Ac. dei Lincei , 1900, p. 82-83. ANOPHÉLISME EN FRANGE 185 Olli et Gasperini (1) vont plus loin encore; ils signalent qu’en Toscane l’Anophèle montre une prédilection réelle pour le bétail bovin et ne pique pas volontiers l’homme. Des Ano- phèles capturés dans des régions exemptes de paludisme ont été relâchés dans un local renfermant des paludéens : 3,5 p. 100 à peine de ces moustiques ont consenti à sucer le sang des malades, et de plus, les auteurs notent que très peu des moustiques gorgés ont contracté 1 infection sporocyslicjue. Ces observations tendraient à prouver que les régions a Anophèles, sans paludisme, doivent leur immunité à une double cause : la préférence des moustiques pour le bétail, et la non-réceptivite de ces races anophéliennes à l’égard de l’infection. Nous avons déjà montré, qu au moins en France, celte der- nière interprétation n’est pas confirmée par l’expérience. Quant aux conditions expérimentales invoquées pour établir que ['A. maculipennis ne pique pas volontiers l’homme, elles sont, nous le verrons plus loin, trop artificielles pour qu il soit possible de faire fonds sur elles. Il convient, toutelois, d accor- der, en passant, une attention particulière à une phrase des deux auteurs italiens qui ne prête pas autrement à discussion dans le travail, mais qui nous parait à noter : « Les paysans savent que les moustiques capturés dans les chaumières piquent davantage l’homme que ceux capturés dans les étables. » Nous verrons dans le cours de ce travail ce qu il convient de penser de cette assertion qui a pour base 1 obser- vation exacte de gens vivant ilroitement avec 1 Anophèle et comment il y a lieu de la comprendre. Les travaux récents mentionnent fréquemment en Euiopc la présence de l’Anophèle dans les écuries ou les étables. C’esl ainsi qu’en Allemagne, Mühlens (2) a observé, aux environs de Wilhemshaven, les Anophèles dans les étables a bestiaux (vaches, porcs), où ces moustiques passent l’hiver. Ils prêtèrent les animaux à l’homme, et l’étude du contenu de leur estomac montre qu’ils se nourrissent exclusivement du sang des animaux, bovins, porcs, avec lesquels ils cohabitent, même en hiver. On ne trouve pas de sang humain dans les Anopheles (1) Atti. d. Soc. Stud. d. Malar., t. 3, 1902, p. 441. 2 Archiv f. Schiffs- u. Trop. Hyg t. 13, 1909; Beiheft 6, p. 169. 186 annales DE [/INSTITUT pasteur écuries ou les étables avoisinent directement le corps de logis. Les régions marécageuses de la \endée détiennent une répu- tation très ancienne d’insalubrité. Cette réputation dure encore, mais elle est certainement injustifiée. La plupart des habitant- adultes ne connaissent les fièvres que par ouï-dire, à l’excep- tion des vieillards. Le paludisme vendéen peut être considéré comme en régression complète, depuis plus de \ingt ans (t), et limitant surtout aux enfants ses manifestations, en généial assez bénignes. Des fièvres périodiques, connues sous les noms locaux de fièvres de marais, fièvres de vers, de lune, de saisons, sévissant surtout au printemps, sont en effet signalées (1) Le paludisme, selon Ed. et Et. Sergent, a beaucoup diminué d intensité depuis vingt-cinq ans, dans la région de Saint-Philbert-de-Grandlieu, comme dX tou"egI. Vendée. Celle régression depuis l’époque (1903) où les auteurs en ont c»^state ^ 'T* "t 1919 je n'ai pu fermes des abords du lac. Lors de mon passage, en juillet uu, je I recueillir personnellement aucune observation de paludisme actuel dans a meme région. I 11 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR avee une grande constance dans toute la région des marais, •liez les entants. Cliniquement, ces fièvres paraissent pouvoir » tie rapportées au paludisme, mais le diagnostic microscopique reste à (aire. L extinction progressive de l’affection palustre, parfaitement nette en Vendée, peut y être presque partout qualifiée de spon- tanée. A part l’usage de la quinine et quelques mesures locales relatives au drainage et à l’irrigation, on ne peut dire qu’on ait systématiquement organisé dans ces régions la lutte anti- paludique. Or il est un fait certain, c’est que le paludisme tend de plus en plus en Vendée à passer à l’état de souvenir, qu’aucune recrudescence de cette affection ne s’est manifestée depuis la guerre, malgré le retour d'un grand nombre de démo- bilises paludéens d’Orient. Et d’autre part, en contradiction absolue avec ces faits, on peut affirmer qu'aucune région du monde n’est aussi richement pourvue d’ Anophèles que la région • les marais vendéens. Cette région constitue donc une région • le choix pour l’étude des problèmes qui nous intéressent. Densité relative de la faune anophélienne en Vendée. Inversion apparente de la densité des larves et des adultes. L'A. maculipennis existe seul, dans toutes les régions que j’ai visitées. Presque toujours présent, en quantités médiocres, dans les villages de l'intérieur, ce moustique est véritablement le roi des grandes régions marécageuses, marais vendéens, abords du lac de Grandheu, etc. Pour se faire une idée de la densité de la faune anophélienne locale, il suffit de jeter un coup d’œil sur le plafonnement des écuries et des abris à bestiaux. On est aloés surpris de la prodigieuse quantité d’Anophèles qui s v rencontrent. Vous en aurons un aperçu d’après les observations que je détaille plus loin. Un lait frappe immédiatement, lorsqu’on procède à la recherche systématique des larves, c’est que, dans la région des glands marais, là ou la population anophélienne adulte est si particulièrement dense, les larves sont excessivement difficiles a découvrir, toujours rares et isolées; tandis qu’au contraire . ans les régions situées en dehors des grandes collections deau ou, comme nous l'avons vu, les Anophèles adultes sont ANOPHÉLISME EN FRANCE 191 relativement- peu nombreux, il est facile de rencontrer des larves en assez grande abondance dans les petits gîtes isolés qui les nourrissent. Ainsi, pas plus que les Sergent, je n’ai pu pêcher de larves dans les eaux du lac de Grandlieu, même dans la zone large- ment inondée du sud-est, alors que dans la campagne les petites mares, les fossés des routes, etc., en montrent presque tou- jours. Faut-il, avec ces auteurs, en chercher l’explication dans le fait que les grandes surfaces d’eau sont trop exposées au vent pour que les femelles viennent y pondre? Non, car dans les canaux étroits qui drainent en tous sens le grand marais occidental et sont le plus souvent protégés du vent par un peuplement dense de roseaux et de rouches, il en est de même. C’est tout à fait exceptionnellement que j'ai pu rencontrer une ou deux larves isolées dans les fossés ou canaux des grands marais, malgré des perquisitions nombreuses. Je n’en ai point non plus recueilli dans les marais moins étendus, mais cepen- dant encore assez importants qui, plus au sud, bordent Je cours du Jaunay, celui de la Yertonne et de l’Auzance. Au contraire, larves nombreuses et faciles à rencontrer dans la campagne, soit dans les fossés bordant les champs et les routes, soit dans les mares à bestiaux, les trous d’eau, même en bordure de l’Océan (Croix de Vie). Ainsi, en ne tenant compte que des apparences, ce résultat pourrait s exprimer d’une façon paradoxale par la proposition suivante : plus les larves sont abondantes moins , les adultes le sont et inversement . Mais cette inversion dans la densité des larves n’est qu'ap- parente, et elle doit selon nous s’interpréter autrement. En réa- lité, il faut comprendre que si les larves sont rares et clairse- mées dans les grandes étendues marécageuses, cela tient à ce que les femelles ont à leur disposition pour pondre une surface immense et peuvent ainsi choisir certaines places plus parti- culièrement privilégiées, dispersant leurs cents au lieu de les concentrer sur le même point. Lorsqu’au contraire les femelles n’ont à leur disposition que des gîtes peu nombreux et de mé- diocre importance, les pontes se multiplient obligatoirement sur de faibles surfaces, et la population larvaire se presse au maximum dans les gîtes. lien résulte que le développement de 192 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR i la densité anophélienne reste limité par suite de la- concurrence qui s exerce à l’état larvaire, tandis qu’au contraire dans les grands marais, où semblable facteur n’intervient pas, la den- sité de la faune peut atteindre toute son ampleur et cette am- pleur n’est pas directement en rapport avec l’abondance relative de nourriture sanguine offerte à la faune. 11 me paraît important de mettre ces détails en pleine lumière, parce qu’ils démontrent que la densité de la popula- tion anophélienne d’un district donné dépend bien moins de l abondance relative des hôtes nourriciers, que de l’étendue ou de la richesse des lieux de développement larvaires. Nous reviendrons sur ce fait ultérieurement. D’autre part aussi, il résulte de ce que nous venons de dire que la recherche seule des larves d\4. maculipennis ne peut donner qu’une idée très imparfaite de la véritable densité de -cette faune. Ce n’est pas parce que les larves sont particulièrement nombreuses et faciles à rencontrer dans de petites collections d'eau, qu'on pourra suspecter un développement tout particulièrement abondant de la population anophélienne locale. Bien au contraire il con- viendia plutôt de songer à des gîtes d’occasion et de sup- pléance, témoins d’une petite faune sporadique dont le dévelop- pement restera limité de par l’exiguïté de ses lieux de dévelop- pement. C est avant tout par la recherche des moustiques adultes, que pourra s’apprécier la valeurde la densitéanophélienne, au moins pour l’espèce qui nous occupe. Où recherchera-t-on les adultes? C est ce que nous allons examiner. Nature des abris recherchés par l’Anophèle. Adaptation aux constructions humaines. Préférence POUR LES ABRIS DE RÉTA1L. L Anopheles maculipennis passe ses heures d'inactivité eibi ité a 1 intérieur des constructions humaines, maisons d’habi- tation et leurs dépendances, étables ou écuries à bestiaux. On ne le rencontre habituellement ni dans les terriers d’animaux sau- vages, ni dans les cavités d’arbres, ni dans quelque autre abri naturel; on peut dire qu’il s’est entièrement adapté aux abris artificiels édifiés par la main de l’homme, et dans son voisinage ANOPHELISME EN FRANCE 193 Dans les constructions abandonnées, dans les abris ou locaux inoccupés soit par 1 homme, soit par ses bestiaux, l’Anophèle est toujours très rare, lorsqu il existe. De plus ce sont presque toujours des mâles qu on rencontre dans ces conditions. Au contraire, dans les locaux occupés par un hôte le nombre des moustiques est toujours infiniment plus considérable et les femelles prédominent. Ceci indique, sans plus ample examen, que l’Anophèle vient aux abris pour se nourrir, en même temps que pour se reposer. Gomme la nécessité de l’alimentation sanguine ne guide pas le choix des mâles, on trouve ces der- niers indépendamment des hôtes, dans tous les abris favorables, mais plus abondants vers les marais. Les femelles recherchent des constructions habitées par des hôtes, et souvent à plus grande distance des lieux de développement. Les preuves abondent, ainsi que nous l’établirons plus loin, que VA. maculipennis pique avant tout à l’intérieur des abris. Mais comme on rencontre aussi presque toujours dans ces mêmes abris des femelles jeunes, non gorgées de sang et des mâles qui ne se nourrissent pas de sang, comme aussi en l’absence d’hôtes la faune anophélienne affamée ne se presse pas moins sous le toit des locaux domestiques, on peut affirmer que la nécessité de l'abri humain, pour LA. maculipennis , n’est pas absolument liée à la nutrition sanguine. La recherche des constructions humaines résulte avant tout d'un tactisme spécifique, étroite- ment sélectionné sans doute au cours des temps, et qui guide le moustique vers ces abris, à l’exclusion d'autres abris naturels, pour y passer sa longue période d’inhibition journalière. Je ne pense pas, d’autre part, qu’il s’agisse d’un lhermotropisme et que, comme on l'a dit, l'Anophèle recherche en particulier les écuries pour la chaleur qu’ elles dégagent : dans la région vendéenne les Anophèles s’observent souvent en plus grand nombre dans des abris précaires, largement ouverts, que dans les écuries closes. Ils évitent simplement les zones battues par les courants d’air, et s'abritent seulement contre le vent et la lumière. Dans la Vendée et ses confins, comme nous l’avons dit plus haut, l’habitation humaine rurale est toujours basse, sans étage ni grenier et de plain-pied avec le sol; la même pièce sert en général de salle à manger et de chambre à coucher. De plus le 13 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 194 bétail est le plus souvent installé, sauf dans les fermes de quelque importait ce, dans une étable directement attenante a la chambre d’habitation. Ces demeures basses, abritant à la fois le bétail et les gens, sont donc particulièrement propices à la visite des Anophèles, qui volent peu en hauteur. Dans les marais surtout, les bourrines de terre battue, couvertes de chaume, qui rappellent si étroitement les gourbis arabes ou les cases sénégalaises, n'offrent, avec leurs ouvertures mal jointes, aucune entrave au libre passage des moustiques. Or, il est frappant de constater combien est insignifiant, dans des conditions semblables, le nombre des Anophèles qui fré- quentent les pièces habitées par les gens, en comparaison des quantités énormes qui peuvent être capturés dans les locaux voisins occupés par les bestiaux. Je citerai au hasard les observations suivantes : Observation A. — Maison cle cultivateur près Saint-Hilaire-de-Riez, sise entre le Coin de Besse et les cultures maraîchères de la Fée. Plusieurs mil- liers d’Anophèles visibles dans l’écurie attenant à la chambre d’habitation. Capturés au hasard et comptés en une seule fois 1 687 A. maculipennis. L’écurie renferme un cheval, une génisse et des lapins. Dans la pièce d’habi- tation occupée par deux personnes, un seul Anophèle 9 a pu être aperçu, lors d’une première visite. Au deuxième examen aucun Anophèle visible. Observation B. — Maison bourrine au voisinage de la route de Soullans. Plusieurs centaines d’Anophèles visibles dans les abris à moutons, le poul- lailler, etc. Capturés au hasard dans ces abris 138 A. maculipennis en quelques coups de filet. Dans la pièce d’habitation occupée par une femme et un jeune garçon une perquisition attentive ne ramène que 19 Anophèles capturés dans les recoins sombres du chaumage. Observation C. — Maison sise au village du Pissot. Dans la maison d'habi- tation occupée par une femme et deux enfants, aucun Anophèle visible lors de la visite. Dans le poulailler attenant, capturé 125 Anophèles; dans la cabane à lapin plus de 200 Anophèles visibles (capturé lors de cet examen 103). Dans l’écurie des chevaux, séparée de la maison par la route, le nombre des Anophèles visibles peut être estimé à plus de 5.000. Capturés en quelques coups de filet 579 A. maculipennis , 2 Theobaldia maculata . Observation F). — Habitation de cultivateur sise aux abords du marais, sur la route de Saint-Jean-de-Mont. Maison neuve, bien construite, couverte <>n tuiles, occupée par un ancien combattant de l’armée d’Orient rentré impaludé en France, sa femme et un jeune enfant. Trois Anophèles seulement visibles après un examen minutieux, dans la pièce d’habitation. Deux capturés : un tf, une 9 fraîchement gorgée. Par contre, dans un appentis en branchages attenant à la maison et destiné à abriter le bétail actuellement absent, capturé rapidement 64 Anophèles. Observation ë. — Maison bourrine, sise en plein marais, entre la route de i 95 ANOPHÉLISME EN FRANCE Saint-Jean-de-Mont et celle du Perrier. Cette habitation, nouvellement construite, comprend deux pièces, l’une servant spécialement pour le cou- cher. Dans la salle à manger, capturé 3 Anophèles dont 2 et une 9 non gorgée. Dans la chambre à coucher 17 Anophèles, dont 2 seulement gorgés de sang. Au contraire, dans une petite hutte en branchages, où couche une génisse a proximité de la maison, plusieurs milliers d’Anophèles sont visibles. Capturé rapidement en quelques coups de filet 672 A. maculipennis. Observation F. — Maison de cultivateurs, dans la campagne, aux environs de Saint-Gilles-sur-Vie. Dans la chambre d’habitation aucun Anophèle visible. Dans 1 e table a vaches attenante a celle-ci une centaine d A. maculipennis. Observation G. — Habitation, sise aux abords du lac de Grandlieu, à Sainte-Lumine, dernière maison sur la route du lac. Dans la chambre è coucher une 'douzaine d’Anophèles ont pu être capturés. Une vingtaine visibles. Dans l’écurie en branchages attenant à la maison, plusieurs cen- taines sont visibles. En résumé, deux faits doivent être retenus de ces observa- tions : 1° en Vendée, au voisinage des grands marais où les Anophèles pullulent, VA, maculipennis peut être rencontré dans les maisons, au voisinage de l'homme; 2° le nombre des Anophèles qu’on peut rencontrer dans ces conditions est absolument insignifiant, eu égard à la faune innombrable qui fréquente le bétail. On peut en conclure déjà qu’un heureux antagonisme existe, au point de vue de la nutrition des Ano- phèles, entre l’homme et le bétail, ce dernier ayant de beaucoup Je pas sur le premier. L’examen des conditions d’alimentation des moustiques, capturés chez l’homme ou chez les différents animaux, renforce singulièrement encore cette conception, d’une façon générale. Cet examen montre, d’une part, que l’homme ne joue qu’un rôle des plus effacés dans la nutrition de la faune anophélienne, et d'autre part que les différents animaux domestiques n’ont pas tous, à cet égard, la même valeur. Protection normale de l’homme adulte en Vendée. Préférence des Anophèles pour les enfants. Il est d’ailleurs facile de se rendre compte directement que les Anophèles vendéens ne piquent pas volontiers l'homme. U suffit de se rendre à la nuit tombée dans les bourrines du marais, lorsque les Anophèles sont entrés dans leur période d’activité. J’ai pratiqué l’expérience plusieurs fois, séjournant en juin et juillet de 20 h. 30 à 22 h. 30, par temps chaud et. 196 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK nuit claire, soit à la porte des habitations ou des écuries, soit a l’intérieur des locaux précédemment infestés d Anophèles. J ai constaté autour de moi le vol d’un grand nombre de moustiques, mais pourtant je n’ai pas eu à souffrir d'une seule piqûre. Rien n’aurait pu me faire soupçonner l’innombrable faune anophé- lienne qui voletait dans mon voisinage. Troublante est, au contraire, à cet égard, l’observation suivante relatée par Grassi, que Ton peut prendre comme terme de comparaison parfait, parce qu’elle a été faite à peu près dans les mêmes conditions que les miennes, par beau temps et nuit clair'e. En Italie palustre, à Maccarese, au mois de juillet, de 21 h. 30 à 2 heures du malin, Fauteur italien rapporte qu il pouvait à peine se défendre contre les piqûres de VA. macu- lipennis , aussi bien dans une habitation qu’à l’extérieur ! On voit donc combien les conditions de protection humaine contre les attaques du moustique varient suivant les circonstances locales, et tout ce que nous savons prouve que ces circonstances tiennent, avant tout, aux conditions plus ou moins satisfaisante^ d’alimentation de la faune anophélienne par les animaux, ainsi que nous rétablirons plus loin. Dans le marais vendéen, il semble que les enfants soient beaucoup moins protégés contre les piqûres que les adultes. La plupart des enfants montrent de nombreuses traces de piqûres aux bras et aux jambes; les parents témoignent qu’i's peuvent souvent difficilement dormir. Cette préférence pour les enfants ne serait-elle pas bien précisément en rapport avec la persistance chez eux de manifestations fébriles du type palustre, telle que nous l’avons mentionnée précédemment? Importance comparée de l'homme et des différents animaux DE FERME, DANS LA NUTRITION DES AnOPHÈLES VENDÉENS. Non seulement, les Anophèles ne fréquentent les locaux d'habitation qu’en proportion relativement très faible, mai^ encore ceux qui se gorgent de sang sur l'homme sont en nombre excessivement restreint. On peut s'en rendre compte par les observations qui suivent : Bourrine de l obs. B. — Sur 19 Anophèles recueillis au hasard dans la pièce .d'habitation, on compte 18 1 cf. Des 18 Ç, 11 sont complètement à jeun ; / ANOPHÉLISME EN FRANGE 197 il seulement présentent des traces de sang dans leur tube digestif, mais la plupart sont peu gorgées. Une seule abondamment nourrie n’a sucé que du sang d’oiseau (poule sans doute). Sur les 6 autres, le diagnostic de sang humain ne peut être fait que pour 4 9. les deux autres ne renfermant plus que du sang digéré. Au total, la proportion de 9 fraîchement gorgées sur l’homme n’est que de 22,2 p. 100. Habitation de l'obs. D. — Deux A. maculipennis capturés, dont une seule 9t ne présentant que du sang fortement digéré. Pas de sang frais constaté. Bourrine de t'obs. E. — Dans la salle à manger 3 Anophèles capturés : 2 I l 9 à jeun. Dans la chambre à coucher, sur 15 9 capturées, 13 sont complè- tement à jeun. Deux seulement présentent des traces de sang dans l’estomac, une seule de sang humain frais (proportion des femelles gorgées : 6,2 p. 100}. Ainsi, pour l’ensemble de nos observations, la proportion des femelles fraîchement gorgées de sang sur l’homme, dans les habitations, n’excède guère 14,2 p. 100. On peut donc affirmer, bien que cette proportion soit notablement plus élevée que celle donnée par Celli el Gasperini dans leur expérience relatée plus haut, que l'homme ri est pas volontiers recherché par VA. maculipennis en Vendée, et qu il n est piqué par le moustique que d’une façon très réservée. Non seulement peu d’Anophèles viennent au contact de l'homme dans les habitations, mais peu d’entre eux se nourrissent de son sang. Cette donnée s’affirme avec beaucoup plus de force encore, si l’on compare les résultats en question a ceux que fournit l’examen de la faune des écuries. Non seulement la différence porte sur une population d Anophèles infiniment plus abon- dante, mais aussi, en général, sur une proportion de mous- tiques gorgés de sang frais beaucoup plus élevée (1). De plus, la quantité de sang prise par les femelles sur les animaux est, en général aussi, toujours bien plus forte que sur l’homme. Voici les résultats que nous avons notés pour les Anophèles (1) Cette notion de sang frais est importante à considérer et demande à être sommairement précisée. Il faut à peu près quarante-huit heures, en ete à une femelle pour digérer le sang quelle a ingéré. Dans les premieie* vingt-quatre heures, la nature des hématies reste encore bien reconnaissable. Au delà, il n’en est plus de même. Le sang identifïab e est donc du san pris dans les vingt-quatre heures. Lorsqu’elles peuvent le taire, le* feine e piquent tous les jours. On trouve dans leur estomac, a la partie anteii du sang frais, en arrière du sang digéré. Les femelles ne renfermant que du sang frais sont donc des femelles qui n’ont pique qu une fo.s et tout récem- ment. Les femelles ne renfermant que du sang digéré sont done des mo . tiques qui n’ont pas pu trouver leur dose normale des^g \°u [ J cc Cette donnée n’est exacte que pour des femelles non prêtes à !a ponte par que ces dernières ne se nourrissent plus avant d avou e\acue / (JO 108 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR rencontrés au contact de différents types d’animaux de ferme ou de basse-cour : L Porcs. 1° Etable renfermant 2 porcs, marais vendéen, entre Saint- Jean-de-Mont et le Perrier. Sur 18 Anophèles examinés, 17 $, dont 15 sont Jraichement gorgées de sang de porc; [2 Ç prêtes à la ponte, non gorgées raichement. Proportion des [Ç fraîchement gorgées aux Ç à jeun, 88 p. 100 2o Petite étable renfermant une truie, Ferme du Pas-Opton, au voisinage des marais de ‘là Vie. Sur 12 Anophèles examinés, 9 $, toutes gorgées de sang trais de porc flOO pour 100 de femelles gorgées). 3? Petite étable renfermant un jeune porc, à la ferme des Plantes près Saint-Hilaire-de-Riez. Une centaine d’Anophèles capturés. Proportion des '^meiles fraîchement gorgées variant de 90 à 95 pour 100. IL Bovins. - Etable à génisse (obs. E), 672 Anophèles capturés se dénom- mant comme [suit : çf 195 9 577 ; fraîchement gorgées 229 ; 9 à jeun ou r^Ln^^pToT g°, géeS’ 348‘ Pr°P°rtion des femelles gorgées aux femelles 2o Etable à vaches (obs. F.). [12 Anophèles 9 capturées, presque toutes abondamment gorgées. La proportion exacte n’a pas été retenue, mais elle est au moins voisine de 95 p. 100. 111 Chevaux. - 1» Ecurie renfermant 3 chevaux (obs. fi.). 579 Anophèles captures se dénombrant comme suit : cf 78, 9 fraîchement gorgées 286 • Ç a jeun ou non fraîchement gorgées, 215. Proportion de femelles gorgées aux femelles a jeun, 57 p. 100. IV. Ovins. 1* Petite étable basse renfermant trois moutons, route de H-IS oaf 7 é08 An0pl,èIes examinés se dénombrant comme suit : d1 206, Ç- fraîchement gorgées 82, 9 à jeun ou non fraîchement gorgées, 120. J ropoition des 9 ayant pris du sang, 40,5 p. 100. Petit abri a [moutons (obs. B). Examiné 87 Anophèles : h* 13 Çlfraîche- i lent gorgées 33, 9 à jeun ou non fraîchement gorgées 41. Proportion 'de* femelles gorgées, 44,5 p. 100. 1 ‘ cilrT-?' ~ Dans ,a cabane mentionnée à lobs. C., plusieurs examens ont T.1 f' ls.at’l'es, de plusieurs jours. Le tableau suivant les résume ontiant que la proportion des femelles gorgées allait de 70 à 85 p. 100 DATES 27 juin . 30 — . 6 juillet NOMBRE d'anophèles capturés 115 103 175 Cf 9 GORGÉES 9 NON GORGÉES 15 10 14 70 86 137 30 10 24 PROPORTION DE 9 GORGÉES p. 100 70 89,5 85 Volailles. - A. Poulailler (obs. A.). Nombreux Anophèles au voisinage des joules et .des dindons. 6 examinés : 3 tf, 3 9. Aucune des femelles’ n'est gorgée de sang d'oiseau. lemenes 11 est B' Abri oies (obs. B.). Sur 22 Anophèles examinés, 5 d 17 9 ,,ne seule est gorgée de sang; il s'agit de sang de mammifère. Aucune femede n est gorgée de sang d'oiseau. e lemelIe ANOPHÉLISME EN FRANGE 199 G. Abri à poules (même localité). Sur 29 Anophèles examinés, 10 çf> 19 Ç, toutes à jeun. Aucune femelle n’est gorgée de sang d’oiseau. D. Poulailler (obs. G.) Sur 125 Anophèles examinés, on compte 63 cf» 62 9- Sur ces 62 9, 13 seulement ont pris du sang, dont 5 du sang d oiseau, les autres du sang de mammifère. La proportion des 9 nourries sur les volailles est de 8,6 p. 100. Il résulte de ces différentes observations que, d une taçon générale, tous les mammifères de la ferme, même les lapins, jouent dans l’alimentation sanguine des Anophèles un rôle incomparablement plus important que l'homme. La proportion des femelles largement nourries de sang à leurs dépens n a pas été trouvée inférieure à 40 pour 100, chiffre minimum; elle dépasse souvent 90 p. 100. Par contre, comme l’avait bien observé Grassi, les volatiles de basse-cour ne sont piques que d’une manière vraiment exceptionnelle. En ne tenant compte que de la quantité relative de moustiques qui se groupent autour d’un animal donné, par ordre de préférence, ce sont les bovins et les chevaux qui paraissent les plus recherchés, puis les porcs, les chèvres et les moutons, les lapins et, sans doute, excep- tionnellement les chiens. (Aucune constatation sur ces animaux n’a été faite en Vendée. Voir plus loin dans la région parisienne ) En fait, comme l’a dit Grassi, il ne paraît pas s agir de préférences réelles, mais d’attraction plus ou moins puis- sante suivant les dimensions des hôtes. Les animaux qui attirent dans leur sphère d’influence le plus grand nombre d’Ànophèles ne sont pas ceux sur lesquels les moustiques se o-orgent le mieux et le plus volontiers. Les lapins, qui sont en o-énéral peu recherchés, seraient avec les porcs les animaux qui, proportionnellement à leur surface, nourrissent le plus abon- damment et le plus complètement les femelles qui les visi.ent. Ceci tient à la faible densité du système pileux protecteur, pour les lapins sur les oreilles, pour les porcs sur le revêtement général du corps (1). Mais, bien que les lapins et les porcs constituent par suite, pour les femelles, des hôtes de choix, ce (,) J-ai déjà insisté ailleurs sur l'importance d'une ; protection des animaux contre les ectopaiasites. suppléent le plus de leur épiderme que les porcs sont ^s ami wlasiles Ce que nous facilement l’homme dans la nutrition e ciossines et de nombre avons déjà écrit au sujet des Auchmeromyies . / pèles (V Bull. Soc. d’ Arthropodes piqueurs, est également vrai pour les Anophèles (V. Patk. exot ., t. 9, 1916, p. 768). 200 ANNALES DE [/INSTITUT PASTEÜK ne sont pas eux qui jouent le plus grand rôle dans l’alimenta- tion courante de la faune anophélienne en Vendée. Protection du bétail par le bétail. Ainsi, les femelles choisissent suivant la taille des hôtes. Certains animaux de grande taille et d’émana lions puissantes, en particulier les bovins, attirent à eux la majeure partie de la faune anophélienne. protégeant ainsi d’une façon très manifeste des animaux de moindre taille qui vivent dans leur voisinage immédiat ou cohabitent avec eux. Cette profec- tion se vérifie même pour des animaux qui, s’ils se trouvaient isolés, subiraient de manière intense les atteintes des Ano- phèles. Les observations qui suivent sont très démonstratives à cet égard. iObs. F.). — A 1 inlérieur d’une étable renfermant deux vaches se trouve placée une cabane à lapins; en retrait, un âne est isolé dans un appentis communiquant librement avec l’étable des vaches. On note sur le plafonnement de l’étable, au-dessus des vaches, une centaine de femelles gorgées; au- dessus de la stalle de 1 âne une dizaine environ ; dans la cabane à lapins aucun Anophele. Tous les moustiques examinés i enfermaient du sang de vache. La présence de ces animaux a donc en grande partie protégé 1 âne, et complètement les lapins. Comme témoin de celte observation nous citerons le cas du lapin isolé (obs. C.) qui, éloigné d’une centaine de mètres des écuries, et placé en dehors de l’habitation, subissait par nuit la visite de plusieurs centaines d’ Anophèles. Bouirine de lobs. B. — Des poules et des oies s abritent dans le même appenlis que des moutons. Aucun oiseau n’est piqué. Sur 87 Anophèles examinés, 31 montrent du sang de mouton, aucun du sang d’oiseau. Écurie de 1 obs. A. — Plus de 2.000 Anophèles par nuit sont attirés dans une écurie en présence d’un cheval et d’une génisse. L étable à porc située vis-à-vis ne reçoit par contre qu’une cen- taine de moustiques. Il y a protection partielle, mais très sen- sible du porc. Ces observations confirment bien ce que nous disons plus ANOPHÉLISME EN FRANCE 201 haut, que ce ne sont pas toujours les animaux susceptibles de mieux nourrir les Anophèles qui sont les plus recherchés. y I IN FLUENCE DE LA DENSITÉ ANOPHÉLIENNE SLR LES CONDITIONS D ALI- MENTATION sanguine. Concurrence pour l’attaque des hôtes. Médiocres conditions alimentaires des Anophèles dans les r MARAIS VENDÉENS. L’observation attentive de la faune anophélienne qui peu pie en Vendée les abris à bestiaux, permet une constatation importante : un hôte donné ne peut nourrir qu une quantité limitée d' Anophèles, plus ou moins grande selon le volume et les facilités d’attaque de 1 hôte. Lorsque les moustiques ne sont pas excessivement nombreux au voisinage d’un hôte animal, le plus grand nombre, sinon la totalité, parviennent à se gorger de sang complètement, lois- qu’au contraire la faune anophélienne est très dense, tous les moustiques ne parviennent pas à s’alimenter, et nombre d entre eux restent non gorgés. Ce fait, dont l’importance mérite d être soulignée en raison des conséquences qu’il comporte pour l’homme, résulte apparemment de la concurrence qui s’exerce entre les Anophèles, pour la recherche des points vulnérables de l’hôte. Plus ce dernier se trouve protégé, soit par 1 épaisseur de sa toison, soit par ses réactions naturelles, contre l’attaque des moustiques, plus la concurrence est intense. Et la portée de cette concurrence est encore accrue par la faible duree du temps d’activité des moustiques, qui, comme je l'ai dernière- ment montré (1), ne dépasse pas quelques heuies. lien résulte que dans les fermes situées en dehors des grande, surfaces marécageuses où, nous l’avons dit, les Anopheles ne se rencontrent qu’en nombre relativement restreint, souvent plus de 90 p. 100 des $ capturées dans les étables à bœufs sont trouvées amplement gorgées de sang (obs. F.) ; tandis qu au contraire, dans la région des marais où la faune anophélienne est excessivement dense, la proportion des Anopheles nourris de sang, au voisinage des mêmes animaux est souvent intini- ment moindre (obs. L. 41 p. 100). , t. 467, 1918 p. 967. (1) C. R. Acad, des Sc:ences 202 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR \ Il est manifeste, par suite, que les conditions d alimentation sanguine sont moins favorables , pour les Anophèles des grands marais vendéens où ces moustiques pullulent, que pour ceux des campagnes où les représentants de l’espèce ne sont pas en nombre excessii. On peut considérer qu’en moyenne, d après 1 ensemble des observations que nous avons pu faire, 45 p. 100 environ des Anophèles du marais vendéen ne peuvent satisfaire leurs besoins de sang journaliers : il y a donc un degré notable d insuffisance dans l’alimentation sanguine des Anophèles de ce marais comparée à celle des Anophèles campagnards. Mais la densité de la faune anophélienne ne doit pas être interprétée comme l’unique facteur de cette insuffisance d’ali- mentation sanguine. D’après ce que nous venons de dire il faut comprendre aussi que l’insuffisance relative du bétail dispo- nible en est la cause : il n’y a pas assez de bétail pour nourrir à la mesure de leur réel appétit de sang toutes les femelles d Anophèles du marais. C’est qu’en effet, relativement rare est le bétail conservé pendant l’été dans les étables maraîchines. Dès la belle saison, les. bovins sont mis en liberté dans les pâtures et passent leurs nuits en plein air; les moutons errent plus ou moins librement au dehors : les abris à bestiaux ne renferment plus d’ordinaire qu’un nombre très restreint de jeunes animaux. Lorsque les abris à bestiaux sont complètement vides de leuis occupants, le iumier et l’odeur particulière qui les imprègne n en attirent pas moins pendant longtemps encore les 'Anophèles. On trouve alors, dans ces abris inoccupés, des femelles d Anophèles en plus ou moins grand nombre, mais complètement à jeun. Ces femelles sont affamées et cherchent a piquer même en plein jour, si une occasion favorable (homme ou animal) vient a se présenter. C’est ce que j’ai constalé par exemple dans la bourrine de l’obs. B, où de nombreux * nophèles a jeun ont été observés clans une étable vide, anté- rieurement occupée par un âne et quelques vaches. Sur 19 moustiques examinés, 10 étaient des mâles, 19 des femelles c ont aucune ne présentait de traces de sang. De même, dans 1 appentis mentionné dans l’obs. D, qui lors de ma visite était egalement vide de tout bétail, une grande quantité d’Anophèles claient visibles. Sur 04 moustiques capturés au hasard, on ANOPHÉLISME EN FRANGE m relevait 23 a* et 41 Ç dont aucune n’avait sucé de sang. Toutes ces femelles étaient manifestement en état d inanition. Antagonisme du bétail et de l'homme dans la nutrition des Anophèles. Protection de l’homme par le bétail. La préférence accordée au bétail par les Anophèles vendéens résulte d’une fa^on très nette de tout ce que nous venons de dire. L'homme ne constitue pour ces moustiques, au moins dans les conditions actuelles, qu un hôte tout à fait secondait e et qui vient certainement en dernier rang, après tous les animaux que nous avons cités, les volailles exceptées. Nous avons tout lieu de croire qu’il s agit la d’une protection analogue à celle que nous relations précédemment pour certains types d’animaux. Le bétail protège l'homme dans les limites de la concurrence et cette protection est d’autant plus parfaite que les conditions d’alimentation des Anophèles aux dépens des animaux domes- tiques sont plus satisfaisantes. En effet, il ressort des investigations diverses que j'ai pour- suivies dans les intérieurs vendéens, que là où les Anophèles sont trouvés abondamment gorgés de sang dans les étables, ils ne pénètrent pas, ou ne pénètrent qu en très faible nombre au voisinage de l'homme (obs. A, obs. F); et inversement que là où les conditions d’alimentation sont médiocrement assurées par le bétail, on les trouve en plus grande quantité au voisi- nage de l’homme (obs. B, obs. D, obs. E, etc.). Les demeures où les gens se plaignent le plus des mous- tiques sont toujours celles dont les étables sont les plus pauvres en bétail. C’est le cas pour la bourrine de lobs. B, où, en dehors des volailles, seuls deux ou trois moutons font des apparitions irrégulières dans l’écurie. Sur 1 ensemble des ? capturées dans les abris à bestiaux divers attenant à 1 habitation, 35,6 p. 100 sont trouvées vides de sang. 19 Anophèles ont été recueillis au hasard dans la pièce d habitation, notamment an- dessus des lits; un autre a été capturé, à l’entrée même de la demeure, dans un état d’épuisement et d'inanition très caracté- risé. Aussi les occupants se plaignaient-ils d’être infestés par les moustiques et pour s’en défendre, au coucher du Soleil pratiquaient la « chessée » qui consiste à les enfumer en 204 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR brûlant du foin ou des roseaux humides. Cette pratique est si générale dans le marais que la plupart des maisons anciennes montrent à l'inférieur leur chaumage complèlement noirci par la fumée. Dans la bourrine de l obs. E, une seule petite génisse détour- nait dans son abri de branchages des milliers d’Anophèles; aussi 41 p. 100 des femelles seulement y ont-elles été trouvées gorgées de sang : comme conséquence les habitants se plai- gnaient des moustiques, dont une vingtaine ont été capturés dans les chambres d’habitation. Dans la maison neuve de l'obs. D, en dehors des volailles, aucun bétail n’était présent dans l’écurie dont la population anophélienne était complètement à jeun (0 p. 100 de femelles nourries de sang). Les habitants se plaignaient si véhémente- ment des moustiques qu’on m’avait immédiatement adressé a eux lois de mon enquête dans la localité. Pour éviter les Anophèles qui les assaillaient en masse vers le soir, ils en pratiquaient soigneusement la chasse dans la maison avant de s’endormir, et se calfeutraient au coucher du soleil. En fait, un petit nombre d’Anophèles seulement ont été rencontrés dans cet immeuble qui était remarquablement bien tenu. L’habitation la plus avancée du village de Sainte-Lumine. aux abords du lac de Grandlieu, n’était pas protégée par du bétail, lors de ma visite. L’appentis en branchages servant d écurie était vide. Aussi les occupants de l’immeuble se plaignaient-ils des Anophèles; ils avaient souffert des fièvres : dans le voisinage du lit une vingtaine d’Anophèles ont été observés. Au contraire, dans les demeures paysannes où le bétail suffit largement à la population anophélienne, les occupants humains ne remarquent guère ces insectes. Ainsi, dans l’obs. A, de 70 à 80 p. 100 des Anophèles femelles trouvées dans l’écurie sont gorgées de sang; de 90 à 95 p. 100 de celles moins nombreuses qui fréquentent l’étable à porc sont abondamment nourries : es gens de la maison ne 'se plaignent que vaguement des moustiques et dans la pièce commune, lors de deux perquisi- tions successives, un seul Anophèle à pu être observé. • Dans l’obs. F, les gens ignorent complètement la présence des Anophèles : ils ne sont jamais piqués; or, dans l’étable qui fait ANOPHÉLISME EN FRANCE 205 corps avec la pièce d’habitation -et renferme deux vaches, une centaine de Ç abondamment gorgées sont visibles. Une petite mare à larves nombreuses à côté de la maison entretient celte population anophélienne en permanence. Aucun moustique n’a été constaté, cependant, dans la pièce d'habitation. Celte observation, très caractéristique, montre comment même en Vendée l’homme peut ignorer complètement la pré- sence des Anophèles, alors que ceux-ci sont cependant présents en- grand nombre dans son voisinage le plus immédiat. Ils passent inaperçus de lui, parce qu’ils sont assurés de trouver sur le bétail domestique une alimentation large et abondante. C’est exactement, nous le verrons, ce que l’on observe dans la région parisienne. Ainsi, dans la région vendéenne deux cas : en dehors des grands marais, là où la faune anophélienne, d’une densité rela- tivement faible, trouve suffisamment de bétail pour se nourrir, les relations de ces moustiques avec l’homme sont pour ainsi dire nulles; dans la région des marais, au contraire, où la densité de la faune est -particulièrement élevée, il existe des rapports incontestables de ces Anophèles avec 1 homme. Ces rapports sont bien liés à l’insuffisance de nourriture sanguine offerte par le bétail, puisque dans les localités ou on les observe avec le plus d’intensité, ils coïncident avec une proportion de femelles nourries de sang dans les écuries, inférieure a 45 p. 100. C’est un besoin de sang impérieux, qui pousse alors les Anophèles à franchir parfois le seuil des logis humains, pour y satisfaire leur appétit. Mais, même dans ce cas, on peut dire qu’ils ne le font qu’avec répugnance et sans satisfaire largement à leur faim. il LES CONDITIONS DE L’aNOPHÉLISME DANS LA RÉGION PARISIENNE Il était intéressant de comparer les conditions etli do- ü-i.nies de VA. mactdipennis, dans la région parisienne, avec celles observées en Vendée. Grâce au précieux concours 206 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR de M. Guy Babault, qui a bien voulu mettre à ma disposition les ressources de son beau parc zoologique de Chatou et sa connais- sance parfaite de cette localité ou des environs, j'ai pu trouver mns celte région tous les documents nécessaires à mes recherches (1). Gomme on le verra, les constatations faites se superposent étroitement avec celles que nous avions pu faire dans la Vendée non maraîchine. Dans les deux cas, il s’agit essentiellement d’un Anophélisme discret, caractérisé parl’adap- tation exclusive de VA. maculipennis au bétail. Bien que 1 Anophèle existe partout, comme on sait, dans la légion parisienne, il passe complètement inaperçu de l'homme. t les memes causes produisent ici les mêmes effets. La présence de bétail, en suffisance pour les besoins normaux d’une population anophélienne peu dense, fait que cette population est entièrement adaptée aux animaux. Pour constater la presence des moustiques adultes, c’est en vain, le plus souvent, qu’on les recherchera dans les intérieurs humains. Il aut perquisitionner sur le plafonnement des écuries et des e tables, au voisinage des bestiaux, pour les rencontrer avec une quasi-certitude. Enfin, de même que dans la Vendée non maraîchine, les gîtes a larves étant constitués par des collections d’eau réduites, les larves d’A. maculipennis s’y pressent souvent en nombre con- si érable et sont toujours faciles à rencontrer. Malgré cette densité apparente de la population larvaire, celle des adultes • este limitée, en dépit d’une alimentation sanguine suffisante précisément à cause de la faible étendue des lieux de dévelon- pement. 1 Nos recherches ont été limitées pratiquement à la région Ghatou-le-Pecq, mais elles ont été poursuivies dans des condi- lions absolument typiques qui permettent de généraliser *ans crainte toutes les notions acquises. J’exposerai pour chacune des localités visitées l’ensemble des observations faites. Observation I. - Villa et parc zoologique G. Babault. La villa est située au nu leu du parc, qui comprend, sur une superficie de près d'un hectare des cages de dimensions diverses pour animaux d’acclimatation et, sur une aile leZ; excell,enl Gu>- t, cation si efficace a„ü a bien vouiuTppX ANOPHÉLISME EN FRANCE 207 de bâtiment, des chambres réservées au personnel, des écuries et cabanes pour animaux domestiques. Deux petits.gîtes à larves de maculipennis ont été découverts dans des abreuvoirs cimentés situés à environ 100 mètres du corps de bâtiment servant au personnel et aux animaux domestiques. Or, malgré des perquisitions soigneuses, aucun Anophèle n'a été rencontre ni chez les animaux d'acclimatation (Antilopes, Cervidés), ni dans les pièces d'habitation du personnel, où cependant ont été capturés avec constance des Culex pipiens. Par contre, des A. maculipennis existaient dans l ecune rente 1- mant deux chevaux, qui est immédiatement attenante à la loge du portier. De plus, dans le prolongement de ce bâtiment, et à quelques mètres des chambres du personnel, se trouvent deux petites cabanes renfermant chacune un porc. Or, c’est dans ces cabanes qu'a été capturée la majorité d. - Anophèles dont le détail des captures est donné ci-apres . HATES A. MACULIPENNIS (j* A. MACULIPENNIS $ 9 août 1 15 40 — 1 9 12 — 1 8 13 — 0 4 14 — .0 6 16 — 1 14 18. — ....... 0 3 \ q .... 3 11 2 3 24 — 26 — 2 4 Au total, du 10 au 26 au io mil, au IV au ^ août, au cours de 9 visites soigneuse? de celle petite porcherie, visites au cours desquelles toute la population anophélienne existante a été capturée et tuee, 88 A. maculipennis ont été recueillis, dont 77 $ pour H ■ Le renouvellement incessant de la faunule anophélienne au voisi- nage d’un hôte donné est parfaitement net ici, comme nous l’avions également constaté en Vendée. La proportion des 2 oorgées aux femelles à jeun, capturées dans le voisinage es porcs, dépassait 90 p. 100,(93,7 p. 100), indice évident dune alimentation sanguine des plus satisfaisantes. Des cages à lapins placées à côté des porcs n ont jamais pré- senté d’Anophèles. Dans un local renfermant une portée de jeunes chiens, de nombreux C. pipiens ont ete captures, et, au cours de trois examens, seulement deux .4. maculipennis ? non gorgées, ce qui démontre que ces animaux ne sont pas recherches par l'Anophèle. Par contre, il convient de noter qu a * - - reprises différentes un A. plumbeu» ( ntgnpes Z atg. pris dans ce local, alors que cet Anophèle n a été aperçu nulle part ailleurs. 208 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Dans la villa elle-même, jamais, pendant le courant de l’été ou ces observations ont été faites, on n’a pu consiater la présence de 1 A. maculij tennis. (Jne seule fois, à la fin de l’hiver, le 23 lévrier, M. G. Babault a capturé dans la matinée , un macu- lipennis Ç> cherchant à le piquer. Cette anomalie s’explique par 1 inanition consécutive à l’hivernage. Elle rentre, comme nous le verrons plus loin, dans le cas général. En résumé, dans cet établissement où régnait en quelque sorte un anophélisme latent, entretenu par des gîtes à larves, on peut constater d une laçon parfaitement typique la vérifica- tion des principes que nous énoncions plus haut : adaptation exclusive de la faunule locale aux animaux domestiques; sup- pression concomittante des rapports avec l homme, la faunule anopbélienne passant complètement inaperçue des habitants ; protection du bétail par le bétail, les porcs et les chevaux proté- geant les lapins et les chiens; malgré l’abondante nourriture animale enfin, développement restreint de la faune anophé- lienne, pai suite de la laible étendue des gîtes à larves. Observation IL — La ferme Charlemont, dans l'ile de Chalou, a été visitée en détail. Les bâtiments sont situés à moins de 150 mètres de mares et de fossés remplis d'eau. Annexée à la maison d’habitation se trouve une étable renfermant une vache. Dans cette étable ont été capturées : le 13 août 32 Ç gorgées, 2 à jeun, le 14 août 20 9 gorgées, soit une proportion de femelles largement nourries de sang, de 98 p. 100 En arrière de l’étable et communiquant avec elle, se trouve une écurie renfer- mant des chèvres et des lapins. Aucun Anophèle n’a été vu au voisinage de ces différents animaux, autrement dit la présence de la vache a complète- ment protégé les chèvres et les lapins. Aucun Anophèle non plus dan* la niche du chien. Quant aux habitants de la ferme, ils n’ont jamais à souffrir de la presence des moustiques; ils ignorent leur existence à proximité immé- diate de leur demeure. Ici encore, la protection humaine s’allie avec la parlaite alimentation de la faune anophélienne sur. le bétail bovin. user vation III. — La porcherie du Pecq comprend une douzaine de stalles basses renfermant des porcs, une étable contenant une dizaine de vaches un cheval et des chèvres. Entre la porcherie et l’étable sont installés des apins La maison, occupée par le propriétaire et sa famille, se trouve à métrés de 1 etable. Enlin, à des distances respectives de 50 à 100 mètres en arriéré de la porcherie, se trouvent deux pièces d’eau marécageuses. Hrm«Semb 6 f°, me’ Pai> SUlte’ un milieu biologique complet pour les anophé- En fait, les A. maculipennis ont été observés en très grand nombre dans ANOPHELISME EN F U AN CE 209 l étable des vaches et du cheval, et dans les stalles des chèvres , à peine moins abondants, au voisinage des porcs: Par contre, dans les stalles des lapins, manifestement protégés par les autres animaux, deux Anophèles seulement ont été aperçus. Quant à la maison d’habitation elle-même, elle n’est jamais visitée par les Anophèles : les occupants peuvent dormir 1 été les fenêtres largement ouvertes, malgré le voisinage immédiat de toute cette population d’ Anophèles. Dans les écuries et les stalles, sur 96 maculipennis capturés au hasard, on note : 16, 9 gorgées de sang 64, 9 non gorgées 16, soit une proportion de femelles nourries de sang de 80 p. 100. Ici encore, la facile alimentation de cette faune anophélienne sur le bétail explique son éloignement total du voisinage de l’homme. En résumé, nous retrouvons donc aux environs de Paris la confirmation des faits biologiques précédemment étudiés en Vendée : l’homme est protégé contre les piqûres de f A . macu- lipennis par le bétail qui l'entoure; le gros bétail draine à lui la grande majorité des $, et les petits animaux sont protégés par les” autres. Moins nombreuse est la faune anophélienne, ou plus abondant le bétail disponible, mieux se trouvent assurées les conditions d’alimentation des femelles, et par suite les con- ditions de protection de l’homme. Enfin, quelque abondant que soit le bétail disponible, la densité delà faune anophélienne locale dépend essentiellement de l’étendue des gîtes à larves. L’étude des conditions de vie de l’d. maculipennis aux envi- rons de Paris montre ainsi qu’il n’y a pas de différences fonda- menlales, comme l’avaient admis Ed.et Et. Sergent, avec celles que ce moustique présente en Vendée. Le climat n’influe pas sur le caractère plus ou moins domestique de la faune. Partout 1 Ano- phèle préfère le bétail ; il ne vient à l’homme que poussé par la nécessité et d’une façon tout à fait secondaire. On peut donc dire qu’en France, où le bétail domestique existe partout, les rapports alimentaires de l’Anophèle avec l’homme sont norma- lement disjoints. IIÏ UES PARTICULARITÉS BIOLOGIQUES OE L'A. MACULIPENNIS CONDITIONS DES RAPPORTS AVEC LES HOTES Vf , ^ Il ne suffit pas de constater la préférence accordée au bétail par VA. maculipennis pour bien se faire une idée du rôle pos- 1 1 4 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR *2fO sible joue par l'Anophèle dans la transmission effective du paludisme. Il importe encore de préciser les conditions fort mal connues de son activité à l’état adulte, et .notamment d’étudier dans quelles circonstances se manifestent ses relations habituelles de nutrition avec les hôtes, hommes ou animaux. C’est ce que je vais tenter d'exposer d’après les investigations diverses que j’ai poursuivies sur la question. Heures d'activité. Périodisme. A voir, au toit des étables, des légions d’Anophèles gorgés, en état d’immobilité complète pendant toute la durée du jour, on serait tenté de considérer ces insectes comme essentiellement sédentaires. Il n’en est [rien. J’ai montré précédemment (1) qu’en captivité VA. maculipennis obéit à des lois très curieu- sement précises, de réveil rythmique crépusculaire. Au repos tout le jour, il entre brusquement en élat de vol lorsque finit le jour et que commence la nuit, toujours sensiblement à la même heure pour un même éclairement. Il faut voir dans le déclanchement si singulièrement réglé de cette brusque activité rythmique, le résultat de l’intervention complexe de facteurs antagonistes, les uns d’action physiologique, les autres d’inhi- bition. Dans la nature, l’Anophèle obéit aux mêmes lois d’activité physiologique. Au repos tout le jour, son vol se déclanche brus- quement à la nuit. J oute la population anophélienne d’un local donné entre en activité sensiblement au même moment. Ainsi, j ai fait, le 1 J juin, dans le marais vendéen, l’observation sui- vante : à 20 h. 30, le soleil étant déjà très bas sur l horizon mais encore visible, les Anophèles sont encore tous immobiles dans les différents locaux où ils se tiennent. Toutes les cinq minutes environ, un coup d’œil est donné dans ces locaux. L’immobilité est complète jusqu’à 21 h. 30. A partir de ce moment com- mence le départ : on voit les moustiques quitter les abris et s’envoler au dehors. A 21 h. 3/4 le filet promené le long des surfaces intérieures des abris, qui renfermaient précédemment des centaines d’Anophèles, n’en ramène plus : toute la popula- (1) Rythmes physiologiques et vol spontané chez VA. maculipennis. C. B. Acad, des Sciences, t. 167, 1918. ANOPHÉLISME EN FRANCE 21 i tion anophélienne est entrée en activité de vol, même les femelles 'qui se sont fortement gorgées de sang la nuit précé- dente. A 22 li. 30 les Anophèles ne sont point encore revenus à leur position de repos. La durée de l’activité périodique ne doit pas normalement dépasser les deux premières heures de nuit. Mais je n’ai point d’observations précises touchant l’heure de rentrée et d’immobi- lisation dans les abris. En Italie, Grassi a noté en juillet que les Anophèles piquaient de 21 h. 30 à 2 heures et de 4 à G heures J’ai, en effet, constaté en Vendée le vol à l’aube, avant 6 heures Kénovation journalière de la faune anophélienne AU VOISINAGE DES HOTES. Il résulte de ce que nous venons de dire que les Anophèles ne s’installent pas à demeure dans les écuries ou les maisons où ils trouvent leur nourriture.: chaque nuit, aux premiers moments de l'obscurité, l’activité rythmique du vol crépus- culaire entraîne au dehors les males comme les femelles. Même si les conditions d’alimentation les plus favorables sont réalisées dans les locaux où celles-ciont passé leur période d’inhi- bition diurne, elles les abandonnent pour voler librement au dehors. Il leur faut ensuite, lorsque revient la période d’inhibi- tion, retrouver de nouveaux hôtes pour se nourrir avant de s'immobiliser a nouveau. C’est donc un renouvellement plus ou moins total de la population anophélienne, qui se produit chaque nuit au voisinage des hôtes, et cela indépendamment du bien- être relatif de cette population. Nous avons déjà cité plusieurs exemples montrant que si l’on capture et détruit plusieurs fois de suite tous les Anophèles d’un local convenablement isolé, où la nutrition sanguine est bien assurée, cette population répare constamment ses pertes, à tel point que la faune de moustiques qui peuple ce local ne paraît point modifiée. C’est le cas pour la cabane à lapin de l’observation C, ou de la porcherie de l’observation I. Si le nombre des hôtes favorables est peu élevé, dans un district donné, il est vrais emblable qu’au cours de leurs migra- tions périodiques crépusculaires les Anophèles doivent réap- paraître, à intervalles plus ou moins fréquents, dans les mêmes 2t2 ANNALES DE L1NSTITUT PASTEUR locaux. On peut, d’autre part, constater expérimentalement que la faune anophélienne d’un local donné, si abondante soit-elle, se renouvelle intégralement au bout de quelques jours. L expé- rience suivante, qui a été faite dans une ferme isolée du marais vendéen, distante d’au moins 100 mètres des autres habitations, et très démonstrative a cet égard. Dans une étable renfermant plus de 2.000 Anophèles, un millier environ de ces moustiques, ou 2, ont été marqués par le procédé des pulvérisations colorées de Griffiths. Au bout de dix jours, 1.687 A. maculipennis ont été de nouveau capturés dans ce local et soumis à l’épreuve de l’alcool. Aucun des Anophèles teintés n’a été retrouvé. La même expérience a été renouvelée, en collaboration avec M. G. Babault, dans 1 ile de Chatou, sur une vingtaine cl’Anophèles, avec les mêmes résultats. Ces observations diverses prouvent que, loin de vivre séden- taires et de s’installer en permanence dans la demeure d’un hôte qui les nourrit, les Anophèles se partagent librement, chaque nuit, dans un rayon probablement très large, les diffé- rents hôtes favorables qu’ils rencontrent au hasard de leur vol périodique. Au cours d’expériences réalisées à Chatou avec M. G. Babault, nous avons d’ailleurs reconnu directement que ce vol libre au dehors est absolument indispensable à la vie normale des A. maculipennis. Dans trois locaux différents, suffisamment vastes et dont les orifices avaient été soigneuse- ment obturés par de la mousseline, des lots d’une vingtaine d'Anophèles ont été lâchés. Chaque nuit, pour servir à la nour- riture des Anophèles, on parquait dans ces locaux des chiens, des poules, une génisse. De l’eau était également placée en permanence à l’intérieur des locaux. Quels que soient les hôtes choisis, au bout d’une dizaine de jours on ne retrouvait plus en vie, au maximum, qu’un ou deux Anophèles. Cette absence de survie des femelles nourries de sang, confinées dans un local clos, même vaste, démontre la nécessité absolue pour ces moustiques d’une période de vol à 1 extérieur, pendant leur phase d’activité périodique. Ainsi se trouvent infirmées d'avance les expériences sur la nutrition des A. maculipennis , pratiquées dans un local clos comme celles de Celli et Gasperini. Etant donnée cette dispersion journalière de la population ANOPHÉLISME EN FRANCE >13 anophélienne, des locaux habités, au dehors, il est très remar- quable de constater, d’autre part, la constance avec laquelle un hôte donné se retrouve entouré d’ Anophèles, chaque nuit a peu près dans les mêmes proportions. Pour le lapin déjà cite < e lobs. C, c’est très Sensiblement 200 Anophèles qui, a chaque observation, pouvaient être aperçus et captures dans la meme stalle. 11 semble que le partage des hôtes se tasse chaque nui d’une manière à peu près semblable, selon des lois assez obscures, mais en particulier évidemment régi par e egrt d’attraction que chacun des hôtes exerce sur 1 ensemble de faune, et aussi par la concurrence. Recherche et sélection des abris pour la nutrition sanguine. Importance de la nature de labri. VA. maculipennis, au contraire de VA. bifurcatus , ne pique nas volontiers à l’extérieur. Le nombre des femelles que l’on peut surprendre autour de soi à la nuit, même aux portes des habitations, es in î • même en promenant le filet autour des animaux (gemsses, chevaux) paissant au voisinage d’écuries infestées de moustiques ie n’ai guère pu capturer qu’une ou deux 9 isolées et à jeun de cette espèce Anophélienne. Je ne saurais même affirmer que ces Anophèles cherchaient positivement a piquer, Parce qU * la même heure on peut également surprendre, ça et la, au niveau du sol, des Anophèles accomplissant leur vol péno- di»»■ 1 ) meme s-i la nourriture sanguine est narci- momeusement mesurée aux femelles. C’est là un fait qu’il faut b.en comprendre, et qu’il est facile de s’expliquer ANOPHÉLISME EN FRANCE 219 nourriture sanguine n'est pas, par elle-même, indispensable aux femelles. Elle n’est nécessaire que pour la poule et les femelles sauront toujours se procurer du sang si leur descen- dance est menacée. La rareté des botes ne contribuera qu'à une: réduction relative dans l’activité reproductrice, largement compensée d’autre part, par les facilités de développement offertes aux larves. Lorsque la nourriture sanguine est abondante,, les femelles choisissent leurs hôtes; dans ce cas, nous l’avons vu, leurs pré- férences vont nettement aux animaux. Mais lorsque les besoins de sang sont pressants-, par suite de la rareté des hôtes ou de la densité même de la faune anophélienne, le choix devient de plus en plus restreint; l’homme est alors mis à contribution, ainsi que les hôtes ordinairement délaissés, tels que les volatiles de basse-cour. Des épidémies palustres, conséquences d’une fréquence anormale dans les relations nutritives: de VA. maculipemiis avec l’homme, peuvent éclater soudain dans une région pourvue de bestiaux par le simple fait de l’accroissement des gîtes- a larves dû aux inondations, qui entraînent un développement exagéré delà population anophélienne et par suite une concur- rence alimentaire plus grande. Nous en avons trouvé des preuves en Vendée meme. Le village de la Gachère, situé à l’embouchure de l’Auzance et de la Vertonne dans la région des Sables, a été le théâtre de grandes, épidémies palustres antérieurement à 1893. Les fièvres atteignaient 9b p. 100- de la population d’après les relations locales. Or elles ont coïncidé avec l’obstruction du chenal qui conduisait à la mer les eaux des deux rivières, et avec les inondations subséquentes. En 1893 des travaux ont permis de rétablir ce chenal et de transformer en marais salants les zones- d’inondation. Le paludisme a disparu sans que les conditions de vie des paysans ni celles de leur bétail aient été modifiées. Il faut admettre qu’à l’heure actuelle la quantité de bétail efficient est suffisante pour assurer la protection humaine, alors qu elle ne l’était plus à l’époque des grandes inondations, par suite de l’excessive abondance des Anophèles. La préservation de l’homme: contre le paludisme résulte certainement ici de l’équilibre entre la densité des moustiques et celle du bétail efficient. 220 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR L'introduction de groupements humains pauvres en bétail dans une zone marécageuse, jusqu’alors inhabitée, peut ramener des conditions favorables à l'éclosion de nouveaux foyers palustres : là où la population anophélienne n’est pas réguliè- rement alimentée de sang par ses hôtes de préférence, elle doit utiliser, pour s’en procurer, toutes les occasions favorables, et se nourrir abondamment sur l'homme s’il vient à sa portée. Ainsi ont pris naissance, durant la guerre, les divers petits foyers de paludisme autochtone qui ont été signalés, toujours dans des régions vierges de bestiaux. C’est également la raison pour laquelle, dans les polders des Flandres, de Hollande, de Vendée, l’utilisation par l’homme de ces terrains bas conquis sur la mer s’est accompagnée, au début, d'une large extension de l’affection palustre. Mais dans des régions ouvertes d’une façon définitive à la vie agricole et pastorale, 1 abondance de plus en plus grande des bestiaux a progressivement réalisé la protection humaine, en suscitant la possibilité du choix dans l’alimentation des Ano- phèles et permettant l’orientation de l’ensemble de la faune vers des hôtes plus facilement accessibles que l’homme. On conçoit qu’une telle évolution n’ait pu se faire que len- tement et progressh ement, au furet à mesure que se sont trouvés modifiés par le travail humain les différents facteurs qui la définissent : réduction des gîtes à larves par le travail des marais, augmentation simultanée du bétail protecteur. Or c est bien en effet ce que l’on constate : en France, comme en Angleterre, en F landre, en Hollande, en Italie, la régres- sion de l’endémie palustre s’est faite d’une façon pour ainsi dire insensible, concurremment avec les progrès de la mise en valeur des grandes zones marécageuses. Mais cette régression spontanée du paludisme, si nette dans les terres basses de la Vendée, comme dans les polders des Flandres et de Hollande, les marais de. toscane, dérive aussi pour nous, incontesta- blement, d’une évolution des goûts de l’Anophèle, évolution dans laquelle les animaux ont pris la place de l’homme (évolution zoophile). Si 1 homme, par son action directe sur les zones maréca- geuse, par leur mise en valeur accompagnée de la multiplica- tion autour de lui des bestiaux, a été le premier agent, incon- ANOPHÉLISME EN FRANCE 221 scient, de cetté évolution, la nature et les lois de la biologie ont fait le reste. Il semble bien, en effet, quon soit en droit de parler ici d’une évolution lente et durable des habitudes alimentait es de l’Anophèle, c’est-à-dire d’une évolution d habitudes acquises . Au fur et à mesure que le moustique a pu davantage se nourrir régulièrement de sang aux dépens des animaux, son goût pour ces derniers n’a cessé de se préciser et de s’affirmer, tandis qu’en revanche il marquait une répulsion de plus en plus grande pour le sang humain. Nous trouvons, en faveur de cette conception, plusieurs faits très suggestifs. Tout d’abord, il est incontestable qu’en France, pour ne parler que des régions connues de nous, 1 A. maculipennis évite, nous l’avons vu à l'extrême, de piquer 1 homme. Nous avons déjà montré que la proportion des Anophèles gorgés de sang humain, même dans les habitations, est infime. On peut, à l’heure du réveil des moustiques, séjourner dans des locaux infestés d’Anophèles, alors même qu’une partie de ceux-ci ne sont pas alimentés de sang, sans être aucunement inquiété par eux. Le voyageur qui passe à la nuit tombée, au seuil des demeures maraîchines, en Vendée , ignore absolument, nous l'avons dit, qu’autour de lui voltigent par milliers les Ano- phèles. On peut donc parler à coup sûr d’une répugnance réelle à l'égard de l’espèce humaine, manifestée par les moustiques dans nos régions. . . . Pareille répugnance n’est certainement pas primitive : tout ce qu’on sait du cycle malarien, si exclusif de l’homme a l’Anophèle, et inversement ne parle pas en cette faveur. 11 laut concevoir au contraire le type d’évolution des parasites, auxquels VA. maculipennis est si remarquablement sensib e, comme le témoin des relations autrefois habituelles du mous- tique avec l’homme. Dans les pays vraiment palustres, d ail- leurs régions insalubres de l’Italie d’après Grassi, côte orien- tale de Corse, Algérie, Maroc, Orient, etc., VA. maculipennis est loin d’éviter l'homme. On le rencontre couramment, gorge » e sans dans les habitations et les campements. C’est par centaines que M. Léger (1) capture le moustiqm* (H Le paludisme en Corse. Laval, Barnéoud, 1913, p. 41-42. 222 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR >- ans les maisons et les gares en Corse impaludée, que Delanoë recueille I A. maculipennis dans sa lente et celle de ses infir- miers, au Douar Maachat, dans le Maroc occidental (1) On pourrait donc dire qu’il existe deux races physiologiques d’d macuhpennis, l'une, celle des régions palustres, qui continue a 1 echercher 1 homme, ayant conservé les habitudes primitives, au ie es légions non palustres, qui a secondairement et plus tebéteiT défmitivement orienté ses habitudes hémophages vers L adaptation secondaire de l’Anophèle aux bestiaux, dans les pays favorisés par des ressources en bétail vraiment domes- lque, a, semble-t-il, en effet, provoqué la genèse d’une race pai ticuhere, qu i -se distingue non seulement par ses goûts et ses admîtes zoophi les, mais aussi par des différences dans la a* wl,65 ' macu^l oennis de France, remarquent les Ser- oen ( )> " sont d une taille un peu supérieure à celle des 'A. maculipennis d’Algérie ou d’Italie, alors que ceux du lac de Grand heu sont exactement semblables à ceux de la banlieue de Pans ou de la vallée de l’Essonne ». Il n’est pas exagéré de directe defT morPh°logiqoes sont la conséquence directe de 1 alimentation large et facile de notre race anophé- benne sur les animaux. p Les modifications physiologiques de l’Anophèle en Europe uo°urPî!r T6’! qU1 ^ traduisent Par une aîfinité toute particulière P - hotes-animaux (race zoophile), sont suffisamment '"f rhTT’ ignore la présence lu moustique autour de lui. Toutefois, les habitudes trophi- ques de la race ne sont pas rigoureusement fixées encore puisqu e! es sont susrenlil.W ,r , • ci.coie. lorJ,»n,h'i i -A ! Pt b dune certaine réversibililé lorsque le bétail fait defaut. L’Anophèle alors revient à l’homme et c est ainsi que se manifestent les retours d’épidémie palustre’ Dans les coud, dons acluelles de l’Europe, il faut considérer cette menace comme tout à fait secondaire. D’ailleurs les causes I n étant connues, il sera facile d eteindre, à leur source même les reveils locaux d infection ’ La constitué, dans l’Europe agricole, d’une race d’,1 . $2 ANOPHÉLISME EN FRANCE 223 lipennis, essentiellement adaptée au bétail, a permis, pour le plus grand bien de l’espèce humaine, la disjonction des rapports habituels de l’Anophèle avec l'homme. Celte variation physiologique n a pas influé, d'autre part, nous l’avons vu, sur la réceptivité de la race anophélienne à l’égard de l’infection malarienne. Aussi la possibilité d’infection des Anophèles subsiste-t-elle entière. Mais pratiquement, au point de vue humain, le résultat favorable n’en a pas moins été acquis, puisqu'en modifiant leurs habitudes de nutrition primi- tives aux dépens de 1 homme, les Anophèles des régions à bestiaux ont brisé le cycle fermé des parasites malariens. L’éducation trophique des Anophéltnes et la Prophylaxie ANTIPALUDIQUE. 11 résulte de ce que nous venons de dire que, spontanément, dans les régions d’Europe où le bétail a été placé dans des conditions d 'efficience satisfaisantes et rendu ainsi capable d’assurer per se l'alimentation normale de la faune anophé- lienne, VA. maculipennis a cessé plus ou moins entièrement ses rapports dénutrition sanguine avec l’homme. Il en est résulté, pour ce dernier, une protection antipaludique plus ou moins parfaite, et par suite l’avènement, en dernière analyse, d’un état latent d 'Anophélisme san.s paludisme , qui domine aujourd’hui dans la majeure partie de l'Europe. Partout où la faune anophélienne a pu se nourrir régulière- ment aux dépens des animaux, le cycle des parasites mala- riens s’est trouvé rompu et le paludisme suspendu dans ses manifestations d’endémicité. Ainsi s’est réalisée, dans la nature, une expérience spontanée de large envergure et dont l'interprélation nous paraît singulièrement instructive pour l’histoire de J’anlipaludisme. On voit tout de suite se préciser la question : n’est-il pas possible de reprendre semblable expérience en pays palustre et d’y organiser rationnellement ce que j'appellerai la prophylaxie animale du paludisme? Tout permet de penser que cette nouvelle méthode prophylactique est, en effet, ouverte à un avenir intéressant. Mais il est nécessaire d'en bien préciser les termes, afin de savoir exactement oe qu’il est permis de lui 224 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUH demander et dans quelles conditions elle est capable d’intervenir d’une manière efficace. La Prophylaxie par le bétail, comme on peut le penser d’après ce que nous avons dit au cours de cette étude, ne doit pas simplement consister à introduire au voisinage des habitations humaines un rideau protecteur animal, purement local et plus ou moins temporaire. Pour que cette protection soit efficace et arrive à transformer per se d’une façon complète la nosologie palustre d’une région, il faut qu’elle s’appuie sur la sélection durable des habitudes alimentaires anophéliennes. Le but à atteindre est donc biologiquement d’un ordre assez élevé : il consistera à réaliser X éducation trophique de la faune anophé- lienne, en l'orientant d’une façon permanente et stable vers la population animale efficiente, de manière à développer les préfé- rences des moustiques pour le bétail , et à les amener à une indif- férence de plus en plus complète à l’égard de l’espèce humaine. Il s’agit, en somme, de tenter la genèse de races zoophiles anophéliennes, telles que nous en avons constaté la réalisa- tion en Europe, dans les conditions naturelles. L’un des principaux facteurs de celte éducation trophi- que des Anophèles, résidera donc dans la stabilité des hôtes de suppléance offerts aux Anophèles. Il faut que l’alimentation sanguine d origine animale soit assurée en permanence à ces derniei s pendant toute la saison d’activité, et sensiblement toujours dans les memes conditions. Le deuxième grand facteur dont il faudra tenir compte, est la durée ; la stabilisation des habitudes acquises nécessitant avant tout la répétition cons- tante du même mode alimentaire au cours des temps. 11 convient aussi de rappeler que le grand régulateur des appétits et des besoins nourriciers de la faune anophélienne réside avant tout dans l’étendue et l’importance des lieux de développement, qui constituent le principal facteur de la densité plus ou moins grande de cette faune. Pour que I alimentation normale de la faune puisse être obtenue sans le concours des organismes humains, et dans les meilleures conditions imposées par la concurrence, il conviendra, avant tout, de limiter la densité de cette faune par le contrôle des Leux de développement. Les « grandes mesures antilarvaires » restent donc à la base d’une prophylaxie anti-anophélienne bien ANOPHÉLISME EN FRANGE 225 conduite. La prophylaxie animale vaudra surtout, là où la faune anophélienne devra son développement à des gîtes de laible étendue. On l’opposera donc ou l’associera d’une façon vraiment efficace aux « petites mesures antilarvaires », dont on connaît, d’après |les [expériences longuement approfondies des Sergent, la grande importance prophylactique. Mais d’autre part aussi, pour les espèces qui comme VA. macu- lipennis stationnent pendant le jour à côté de leur hôte, les abris à bestiaux constitueront en même temps de véritables pièges, où l on pourra détruire, par des visites périodiques, une énorme quantité d’Anophèles adultes. Associée ou non aux mesures antilarvaires, la chasse systématique dans les abris à bestiaux permettra de réduire au minimum la densité de la faune dangereuse. Cette chasse sera aisément pratiquée à l aide de filets rudimentaires, de balais de paille ou de branchages enduits de glu ou de goudron, que l'on promènera en tous sens sur le plafonnement des abris et dans tous les recoins où, le jour, s’immobilisent les moustiques. De telles mesures effectuées avec vigilance pendant la période qui précède l’éclo- sion des épidémies palustres compléteront au maximum l’effi- cacité protectrice de la prophylaxie animale. Enfin, la prophylaxie animale du paludisme nécessitera, d’une manière non moins rigoureuse, l’adaptation du bétail protecteur aux exigences biologiques spécifiques des Anophèles. La question mérite d’ètre examinée à part suivant qu 'il s’agit de VA. maculipennis ou des autres espèces anophéliennes. Dans les régions (Méditerranée) où 1 A. maculipennis repré- sente l’espèce dominante, on devra s’inspirer pour le choix d<*s hôtes de ce que nous avons dit des préférences alimentaires du moustique. Il est bien évident que les grands animaux, le bétail bovin, les chevaux et mulets, dont le rôle attractif est le plus important à l’égard de cette espèce d’Anophèle, constitueront les animaux les plus appropriés à la préservation humaine. Après eux, viendront les porcs, ou les chèvres et les moutons. Je ne mentionnerai que pour mémoire les lapins dont le rôle nourricier, important dans certaines circonstances, ne saurait jamais être considérable en raison des faibles dimensions de ces animaux. Mais, quels que soient les hôtes protecteurs mis en cause, 226 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR il faut de toute évidence rappeler ici que l'introduction du bétail, dans une contrée à Anophèles, ne doit pas être consi- dérée par elle-même comme un facteur efficient dans la 'lutte antipaludique. Seul comptera pratiquement à ce titre, le bétail placé dans des conditions de stabulation favorables à la nutri- tion des Anophèles, c’est-à-dire, suiv ant les cas, soit dans des abris de nature déterminée., ouverts ou non, soit en plein air. On sait que IR. Ross ( l), après Arribalzaga et Ficalibi, distingue les moustiques, d’après leurs rapports avec l'homme, entrois catégories. 11 dénomme moustiques domestiques^ ceux qui pas- sent la majeure partie de leur existence dans les maisons (tels Culex fatiyans, M. Ûossii) ; sub-domestiqaes, ceux qui y entrent seulement pour se nourrir de sang, et sauvage^ «ceux qui n'y pénètrent jamais. LA. maculipennis appartient nettement, comme on l a vu, à cette première catégorie. 11 pique à l’inté- rieur des locaux occupés par ses hôtes, lorsque les dimensions de ces locaux n'excèdent pas certaines limites. Sera donc con- sidéré comme seul efficient au point de vue prophylactique, le bétail maintenu, aux heures d’activité de l’Anophèle, sous des abris convenablement clos , et de hauteur moyenne ou faible. Pour les autres espèces anophéliennes, ces circonstances varieront, comme on peut Le penser; et il est absolument nécessaire, par suite, que Jes indications correspondantes décou- lent d'une connaissance préalable bien approfondie des habi- tudes de chaque espèce, comme de ses préférences animales. On possède déjà pour certaines espèces anophéliennes quel- ques notions plus ou moins précises à ce sujet. J. Legendre, qui le premier, à notre connaissance, a nettement parlé de la pro- tection exercée vis-à-vis de l’homme par certains animaux sur lesquels les anophélines aiment à se nourrir, a indiqué que les Anophèles de relient ou piquaient volontiers son cheval dans récurie, alors qu'il n’en rencontrait pas dans une étable à génisse (2). A Hanoï (3), il les capturait de préférence dans les écuries des chevaux et des buffles. Malheureusement aucune des espèces anophéliennes en cause n’est identifiée avec précision, ce • « (1) The Prévention of Malaria, Londres, J. Murray, 1910. 1^2) Bull. Soc. Path. exot., t. 1, 1908, p. 227, 229. (3) Bull. Soc. méd. chir. Indochine , t. 1, 1910, p. 164-65. ANOPHELISME EN FRANCE 22 » qui fait perdre à l’observation une partie de sa valeur. G. Mathis et M. Léger (1) précisent que Mi/zorhynchus pseudopic tus ,, au Tonkin, préféré les écuries et les étables aux habitations humaines. C’est sans doute cette espèce qu'il ont signalée anté- rieurement (2) dans les étables à bu fiions de l’Institut vaccino- gèue d'Hanoi. Myzomyia Rossi , au contraire, est le plus domes- tique des Anophèles du Tonkin et ne se rencontre qu’au voisi- nage de l’homme. W. Schüffner et ses collabora leurs (3), dans une publication récente, précisent la biologie de M. Ludlowi à Sumatra. Mous- tique domestique, cet Anophèle est cependant plus abondant sous les vérandas ouvertes que dans l’intérieur des chambres. Les chevaux battirent peu; les ruminants, surtout les buffles, bien davantage : en 1917, sut 5,311 M. Ludlowi capturés, 2.97H l'ont été dans les étables à buffles. Aux Etats-Unis, selon G. AV . Metz (4), T’A. cr u clans v st plus fréquemment rencontré dans les étables, surtout les étables à porcs, que dans les habitations humaines. Ces quelques exemples suffisent à montrer toute l'importance qu’il y a, pour l'organisation des mesures de protection animale antimalariennes, à déterminer d'une façon précise non seule- ment les préférences alimentaires de chaque espèce anophé- lienne, mais aussi le comportement propre de l’espèce en cause à l'égard des hôtes. Au point de vue qui nous occupe il serait indiqué de substituer à la classification de Ross une termino- logie empruntée aux circonstances habituelles de nutrition san- guine, suivant que celle-ci exige le calme des abris, ou le grand air. On pourrait ainsi distinguer les Anophélines en deux grou- pements essentiels : Les Entop hiles comprendraient les espèces, domestiques ou non, qui, comme F A. macidipennis , recherchent leurs hôtes a F intérieur des habitations ou des abris clos . étables ou écuries ; (1) Rech. Parasit. et Path. hum. et anim. au Tonkin , Parie, Masson, 1911. (2) Bull. Soc. méd. chir. Indochine, t. 1, 1910, p. 161. 3 \V. SCHÜFFNER, N. II. SWELLENGREBEL, J. M. H. S WELLENGREBEL DE GRAAF et ACHMAD Mochtar, On the Biology of M. Ludlowi in Sumatra. Med. Burg. geneesk. Dienst in Ned. Ind., t. 3, 1919. (4) U. S. Publ. Health Repts, Washington, t. 33. n° *9, 1918. 228 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Les Exophiles , les formes qui attaquent leurs hôtes à I exté- rieur, en plein air, de préférence aux abris clos [A. bifurcatus ), ou sous des abris largement ouverts (vérandas, hangars, etc.). A ces deux groupements essentiels, on en peut adjoindre un troisième, celui des Amphophiles , comprenant les espèces non fixées à un mode d attaque défini et qui piquent aussi bien à ] intérieur des abris qu’en plein air. Ces distinctions n auront eerlainement rien d absolu; mais elles sont commodes pour exprimer le « comportement » le plus habituel d’une espèce anophélienne dans une localité donnée. Le bétail protecteur, pour être considéré comme efficient au point de vue antipaludique, devra donc, suivant les cas, être placé dans des conditions d’attaque correspondant à ces diffé- rentes catégories biologiques. Il s’ensuit que la prophylaxie ani- male du paludisme, et c’est là la principale difficulté à surmonter, devra s'accompagner d’une modification plus ou moins complète des habitudes locales, en ce qui concerne l'élève des bestiaux. S’il s’agit d’espèces Entophiles, les grands troupeaux de bœufs parqués en plein air à distance des habitations, comme c'est le cas le plus ordinaire dans les régions chaudes, seront absolument inexistants pour la protection humaine, tandis que l’habitude prise d’abriter au moins par- tiellement ces animaux, la nuit, pourraoffrir les plus heureuses conséquences au point de vue antimalarique. On voit donc que, les principes généraux étant posés, la prophylaxie par le- bétail devra être adaptée aux différentes circonstances, et s’inspirer avant tout étroitement de la connaissance étholo- gique des espèces anophéliennes dominantes. Elle sera dirigée avant tout contre celles dont le pouvoir pathogène local aura été reconnu comme le plus important. Ainsi comprise, il n’est pas douteux que cette nouvelle méthode prophylactique, lors- qu’il sera permis de l’appliquer, ne contribue dans une large mesure, et dans les meilleures conditions possibles, à l’assainis- sement des pays palustres. LES LEVURES DES SAUCISSONS par E. CÉSARI et A. GUILLIERMOND. Au cours du séchage des saucissons crus, on voit apparaître, vers le cinquième jour, à la surface de l’enveloppe, un semis de petits grains blanchâtres, mats ou translucides, qui constitue ce que les praticiens désignent sous le nom de « Heur du saucisson ». Ces grains représentent des colonies mixtes, composées de levures et de staphylocoques. On rencontre également des levures, associées à de nom- breux éléments microbiens, dans le hachis de viande salée qui forme la pâte du saucisson. De même, lorsqu’on saupoudre de sel marin du muscle de bœuf, de porc ou de cheval (et parfois aussi du muscle humain), prélevé proprement dans un morceau de viande, fraîche ou « rassise », on voit se développer, au bout de quelques jours, des colonies microbiennes auxquelles se trouvent mêlées des levures. (Ces levures ne sont pas apportées par le sel, car leur apparition s’observe même lorsqu’on emploie du chlorure de sodium chimiquement pur et stérilisé.) On trouve également un grand nombre d espèces de levures dans la saumure qui sert à la salaison des viandes, ainsi que sur les pièces de salaisons sèches et les lards salés. Toutes les levures isolées des saucissons, la plupart de celles provenant des viandes salées et de la saumure, montrent des caractères assez semblables. La grande majorité d’entre elles se présentent sous forme de cellules sphériques ou ovoïdes, généralement réunies par petites colonies constituées par une grosse cellule adulte entourée de petites cellules issues du bourgeonnement de celle-ci. Elles offrent, en général, dès le plus jeune âge, à leur centre, un petit globule d’huile qui, avec le vieillissement, peut devenir énorme. Ces levures présentent donc les caractères que l’on observe chez les Tonda. (Cependant l’une d’elles, l’es- pèce que nous désignerons ci-après par la lettre Bl, s écarté 230 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR notablement du type Toruîa et se rapproche, par ses cel- Iules presque toujours ovoïdes, des levures du type ellipsoï- deus.) En général, ces levures ne végètent qu’à des températures relativement peu élevées. Elles poussent très lentement à 2°-5° et ont leur optimum de croissance vers 20°-25°; quant au maximum, il varie selon les espèces entre 32°-33°, 33°- 34°, 35°-36°, 36°-37°; très rarement, il est situé entre 38° et 39°. Toutes ces levures sporulent très facilement et d’ordinaire abondamment sur gélose de Gorodkowa. Elles sporulent faci- lement aussi, mais un peu moins vite, sur tranche de pomme de terre, et plus difficilement sur tranche de carotte. La sporu- lation ne s’obtient pas sur bloc de plâtre. La sporulation est toujours précédée d’une copulation hété^ rogamique, semblable a celle que 1 un de nous [4] a décrite dans le Debaryomyces globosus (Klôcker) et qui, plus tard, a été retrouvée pai Konokotine[2] dans Debaryomyces tyrocola. Cette copulation s’effectue entre deux gamètes de dimensions géné- ralement inégales. Les deux gamètes forment chacun un petit bec au moyen duquel ils s’unissent par un canal de copulation, puis tout le contenu du gamète mâle se déverse dans le gamète femelle qui se transforme en un asque renfermant une seule ascospore, très rarement deux ou plus. On rencontre d ordinaire, dans une même espèce1, toutes les transitions entre l’iso- et l'hétérogamie, comme cela s’observe dans Debaryomyces globosus et tyrocola. Dans certains cas, les gamètes sont morphologiquement semblables; dans d’autres, la différenciation sexuelle est poussée à l’extrême. C’est ainsi que souvent la copulation s’effectue entre une grosse cellule adulte jouant le rôle de gamète femelle et une très petite cellule, n ayant pas achevé sa - croissance, qui représente le gamète male. Entre ces deux types, on peut observer tous lies intermédiaires. Cependant, au point de vue physiologique, il y a toujours hétérogamie, car, même lorsqu’ils sont mor- phologiquement semblables, les deux gamètes n’ont pas la même fonction et l’un d’eux vide toujours son contenu dans 1 autre. Chez quelques espèces, comme B1 , les gamètes sont aussi LES LEVURES DES SAUCISSONS 231 peu différenciés que possible et la copulation s effectue presque toujours entre deux gamètes semblables ou. tout au moins, peu dissemblables. Chez d’autres, au contraire, comme Pv, les gamète» sont très différenciés et la copulation s’opère le plus souvent entre une grosse et une très petite cellule. Chez d autres espèces enfin, les deux types de copulation se rencontrent a peu près avec une égale fréquence ou avec prédominance de l'un ou de l’autre. • La parthénogenèse est extrêmement rare : nous ne avons rencontrée q,ue dans la levure B, où l’on constate parlois, mais rarement, des ascospores qui naissent dans des cellules pour- vues de becs ou d’appendices plus ou moins allongés n ayant pas réussi à se souder avec une autre cellule. 11 est facile de suivre en culture, sous chambre humide de Van Tieghem et Le Monnier, la copulation et la formation des spores, en utilisant comme milieu la gélose de Gorodkowa. La copulation delà levure Bt, qui offre toutes les transitions entre l'iso- et l’hétérogamie, a été particulièrement étudiée par nous. On constate que la levure se développe, dans ce milieu, sous forme de colonies constituées par un petit nombre d 'éléments disposés en chaînettes et issus du bourgeonnement d’une seule cellule. La cellule d’où dérive la colonie et les premières cellules formées sont beaucoup plus volumineuses que les éléments jeunes. En règle générale, la copulation s’opère entre les cellules d’une même colonie; ce sont les cellules les plus «•rosses, c’est-à-dire les plus âgées, qui jouent le rôle de gamètes femelles et les cellules les plus petites, c’est-à-dire les plus jeunes, qui remplissent l’office de gamètes mâles. Les gamète sont donc très proches parents, comme cela se constate un - leurs également dans les autres levures. Parfois ce sont deux cellules contiguës et paraissant être sœurs qui se fusionnent, tantôt ce sont des cellules séparées par un ou plusieurs ete ments; d’autres fois la copulation s’effectue entre des cellules appartenant à des colonies différentes situées au voisinage l une de l’autre et par conséquent de parente ekngnee (6g... î, )■ Dans certains cas, il arrive que deux cellules contiguës émettent chacune un bec dirigé en sens opposé et qui naturel- lement ne parviennent pas à' s’unir. Des gamètes peuvent d’ailleurs former des becs en différents sens avant de pouvoir 232 ANNALES OE L'INSTITUT PASTEUR I. Cellules du dépôt d'une culture en moût de bière au hmit h« huit heures, à 25». Type ellipsoideus. bout de rluarante II. — Cellules d’une culture sur tranche de carotte au bout Ha • quatre heures. e au 1JOUl de vingt Gorodkowa. Les^olon^es^mît^ônsUtuées'il'ar'un^petU1 nombre (féIéSC t cellules appartenant “ des coïonieT ZéreZs ?' r//™ ^ deUX sporulation se produit par parthénogenèse (c) lorsauMa IlnS ,iarement’ ,a pas à s’unir. uogenese [c) lorsque la cellule ne parvient LES LEVURES DES SAUCISSONS 233 opérer leur jonction. Enfin, on constate parfois des fusions entre trois cellules. Nous avons également suivi, en chambre humide, la copu- lation de la levure Pv où les gamètes sont très dissemblables. j# _ Cellules du dépôt d’une culture en moût de bière, au bout de quarante huit heures, à 25°. Type Torula. II. — Cellules d’une culture sur tranche de carotte, après vingt-quatre heures. III. - Divers stades de la copulation et de la formation des spores sur gélose de Gorodkowa. On trouve toutes les transitions entre 1 iso- et l’hétérogamie ; en a la copulation s’effectue entre deux gamètes très différents; en 6, entre deux gamètes presque semblables. Le plus souvent, la conjugaison se fait entre une grosse cellule et l’une des petites cellu.e^ issues de son bourgeonnement (c). ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR 23 ï Ici, la colonie dérive d'urne grosse cellule centrale qui. présente un bourgeonnement rayonnant donnant naissance à de très petites cellules. On constate que la copulation s’effectue presque toujours entre la grosse cellule mère et un petit élément issu de l'un de ses bourgeonnements (fig. 2, III, c). On voit donc qu’en réalité les règles qui président à la différenciation et à l’affinité sexuelles restent obscures et échappent à notre analyse. Les asques renferment presque toujours une seule ascospore, très rarement deux, et tout à fait exceptionnellement trois. Les ascospores sont toujours sphériques et toutes renferment au centre un petit globule d’huile; elles sont munies d’une mem- brane qui présente des verrucosités plus ou moins apparentes selon les espèces. La membrane de basque persiste jusqu’au moment de la germination de l’ascospore qui s'opère toujours par bourgeon- nement ordinaire. La germination débute par un gonflement de 1 ascospore qui amène la disparition des veirucosités, puis sa membrane se soude à la paroi de basque qui porte encore les restes du gamète mâle vide-. Bientôt b ascospore forme un petit bourgeon qui déchire la paroi de basque et se développe en bourgeonnant à son tour. Souvent on aperçoit encore autour de la nouvelle cellule les vestiges de la membrane de basque (fig. 3, ÏV). Au point de vue des caractères culturaux, les levures que nous décrivons peuvent être divisées eu trois groupes. Le premier groupe est représenté par des espèces qui, dès le début de leur culture en moût de bièrer forment un voile épais, plissé et un anneau qui remonte très haut sur les parois du tube. Le liquide reste longtemps louche. Il se forme, au fond du vase, un dépôt résultant de la chute de fragments du voile. Sur carotle et sur gélatine, la culture se recouvre transitoire- ment d un tapis 1)1 anc mat, tomenteux. L'eau de condensation des cultures sur milieux solides présente un voile qui monte sur les parois du verre. Les espèces étudiées ici qui appartiennent à ce groupe sont désignées provisoirement par les initiales II, K, B., Fm, Pv et Sa. Elles présentent les caractères des levures du deuxième groupe de la classification de Hansen. LES LEVURES DES SAUCISSONS 23 o Lgj deuxième groupe est caractérisé par des espèces qui donnent en moût de1 bière une végétation de dépôt.. Elles Fig. 3. — Levure K. I, II et III. — Mêmes légendes que pour la figure 2. IV. — Germination de l’asco&pore par bourgeonnement. forment un anneau, mais pas de voile, et le liquide s délai î e i t au bout die quelques jours. Sur carotte et sur gélatine, J s. 23b ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR forme d’emblée une culture crémeuse. L’eau de condensation des milieux solides ne se couvre pas d’un voile. Les espèces décrites ci-après qui se rangent dans ce groupe sont désignées provisoirement par les initiales Y, Fb, B1 et G; elles se rap- portent au premier groupe de la classification de Hansen. Les levures du troisième groupe donnenl, en moût de bière, au bout de quarante-huit heures environ, un voile ténu et fragile. Pour le reste, elles se comportent à peu près comme les levures du groupe précédent. Appartiennent à ce groupe, dans la description qui suit, les espèces désignées par les initiales Sb, Üp et Pp. On peut considérer ce groupe comme un intermédiaire entre le premier et le second. Toutes les espèces étudiées ici donnent sur gélose de Gorod- k°wa et sur pomme de terre une végétation qui, au bout d’un temps plus ou moins long, prend une couleur brun chocolat. La pomme de terre brunit toujours. Au point de vue biochimique, certaines de ces levures invertissent rapidement et énergiquement le saccharose, les autres 1 invertissent plus ou moins lentement. Par la méthode des petites termentations de Lindner, nous n’avons obtenu, poui toutes ces levures, aucune fermentation du saccharose, dextrose, lévulose, maltose, d mannose, d galactose, raffinose, lactose et dextrine. Cependant l’espèce Fm a donné de très légers indices de fermentation du lévulose. Par leur copulation hétérogamique et par leurs ascospores à membrane verruqueuse, toutes ces levures se rapportent au genre Debaryomyces créé récemment par Klôcker [1]. Les espèces du genre Debaryomyces qui, jusqu’ici, n’étaient qu’au nombre de deux, D. globosus (Klôcker) et D. tyrocola (Konoko- tme), paraissent donc très répandues dans la nature. L’un de nous 4] a eu l’occasion, tout récemment, d’en isoler deux autres, dont l’une, désignée sous le nom de Debaryomyces Klôckerii , a été trouvée dans les fausses membranes d'un malade atteint d’une angine. Ln fait intéressant se dégage de nos observations. Le genre Debaryomyces était rangé, jusqu’ici, en raison de ses caractères culturaux, dans le premier groupe de la classification de Han- sen. Or si le genre Debaryomyces comprend des espèces qui, LES LEVURES DES' SAUCISSONS 237 végétant presque exclusivement sous forme de dépôt dans les milieux liquides, rentrent dans ce groupe, il possède aussi des représentants qui végètent sous forme de voile et se placent dans le deuxième groupe de cette même classification [5]. On trouve d’ailleurs, dans les nouvelles espèces du genre Debaryo- myces , tous les intermédiaires entre ces deux types. Ce genre ne peut donc être classé ni dans le premier, ni dans le second groupe de Hansen, groupes qui, par conséquent, ne sont pas aussi nettement délimités qu’on le pensait jusqu’à ce jour. 1er GROUPE. - TYPE H. Levure H. I. Origine. — Isolée de la « fleur » d’un saucisson préparé avec de la viande de cheval. II. Caractères des cultures. Moût de bière. — A 25°, au bout de vingt-quatre heures, il se forme un voile et un anneau. Bientôt le voile se plisse et Panneau remonte sur les parois du verre, jusqu’à une hauteur qui peut atteindre plusieurs centimètres. En même temps, il se produit, au fond du flacon, un dépôt qui s accroît rapi- dement par la chute de fragments du voile. Le voile est sec, blanc, larineux; il n’emprisonne pas de bulles d’air. Le liquide reste longtemps trouble et ne s’éclaircit qu’à la longue. . A 5°, au voisinage de la. température minima compatible avec la crois- sance,’Panneau apparaît au bout de huit jours environ, puis des îlots de voile se forment à la surface du liquide et se réunissent pour constituer un voile continu, vers le onzième jour. A 3o°, au voisinage de la température maxima, Panneau et les îlots de voile se montrent au bout de quatre jours; le voile est complet le cin- quième jour. . Bouillon Martin (neutre, glucosé à 2 p. 1.000). — La culture présente les mêmes caractères qu’en moût de bière, mais le développement est plus rapide et plus abondant. Les cultures dégagent une odeur agréable, rap- pelant celle des cultures du bacille tuberculeux. Carotte. — Enduit blanc, épais, se couvrant, vers le troisième ou quatrième jour, d’un tapis blanc mat, tomenteux. Puis, la culture redevient unie, cre- meu’se, brillante et prend une teinte café au lait de plus en plus toncee Pomme de terre. — Couche épaisse, blanc grisâtre, à surface daboi Granuleuse, puis unie. La coloration fonce, dans les jours qui suivent, jusqu’à la teinte brun chocolat. De petits bourgeons isolés ou reunis en bouquet, apparaissent souvent au-dessus de la culture, sur laquelle i s tranchent par leur teinte plus claire, vers le huitième jour. Gélatine inclinée. - Traînée cireuse qui s’étale en plateau et se co d'une couche duveteuse, blanche. Les bords amincis sont festonnes, eis vingtième jour, une gouttière se creuse brusquement dans le milieu et to la culture coule au fond du tube. Gélatine droite. - Lors d’ensemencement pir piqûre, il se foi me une « 238 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR triangulaire constituée renflent en massue. La vingt-cinquième jour. par de très fins gloméruies qui, sur les bords, se liquéfaction de la couche supérieure s’opère vers le iFio. 4. — Levure H. '' 25«PÔt d'"ne CU‘tUre Cn mo£,t de Wère- bout de quarante- !!r C*îta.les d'une cu‘tuTe sur tranche de carotte, après vingt-quatre Wes ss; de '* ***** « * - *— 4 », LES LE VU UES DES SAUCISSONS 239 (iélose au 'fflvoût. — De petites colonies arrondies, blanches, ch cases, s* développent le long de la strie et se fondent rapidement en un>e traînée épaisse, d’an 'blanc porcelaine, qui forme un plateau bordé par un ourlet festonné etidourblé par une mince frange étalée, formant un pli a chaque cran. Colonie géante. — N’offre rien de caractéristique. HL Aspect macroscopique des cellules, — En moût de bière, a 2,»°, les cellules de dépôt, observées au bout de trente-six, quarante-huit heures, sont généralement ovoïdes, mais on rencontre aussi des éléments sphériques (tig. 4, I et II). Les dimensions moyennes des cellules adultes sont ordinai- rement de 4 (x ïi '5 m 5 de long sur 3 \i. 8 à 4 p 5 de large. Les célla'tes se montrent isolées ou réunies en un petit nombre d éléments, le plus souvent deux, rarement trois. On ne constate, d’ordinaire, quun seul bourgeon développé au pôle aigu. •Sur îtrandhe de carotte, de nombreux éléments émettent des rudiments mycéliens. . , IV TEMPERATURE 6 LFMITES «ET OPTLMA POUR LE «BOURGEON N EM EN 1 . t -O , levure végète très lentement. La température maxima pour le bourgeon- nement sur moût est : 35°-36°. L’optimum est situé entre 20 et 25°. y Sporulation. — La sporulation est précédée d’une copulation qui s’effectue tantôt entre une grosse cellule et l’une des petites cellules issues de son bourgeonnement, tantôt entre deux cellules de dimensions presque semblables (tlg. 4, III). On «constate de nombreuses formes intermediaires entre tes deux -types de copulation, mais le premier «est prédominant. Les asques renferment une- seule .ascospore (2 à 4 p), à paroi vemiqueuse. VI Tempérawres limites et optima pour la sporulation. — Sui ge ose t Gorodko’wa, la sporulation ne ««effectue qu’à partir de 9» ; à cette tempé- rature les asoo spores apparaissent au bout de quinze jours. La tempeiatui e optimal arft être au voisinage de » ; les ascospores mettent « jours pour sefermer à cette température. La température «.anima se trouve située °nvil' taLLs biochimiques. - La levure intervertit très lentement le saccharose et ne produit pas de fermentation. Levure K. I (weiHB. - Isolée de la pâte d’un saucisson de cheval. U. Caractères des cultures. - Ne diffèrent pas sensiblement de ceux de la levure H. Sur moût, à 32», voisinage de la température maxima, anneau apparaît au bout de quatre jours et le voile au bout de sept oours^ III Aspect microscopique des cellules. - En moût de bieie, < -• de trente quarante-huit heures, les cellules sont sphén.p.es («g. 3, 1 et II). Leur diamètre varie de 3 à 8 g. V4Wte lente- IV. Températures limites four le bourgeonnement. t -0Dtima est situé ment entre 3° et 5°. La température maxima est • ' 0 * p aux environs de .25°. , Drécédèe d une copulation qui v -Sportu vtion. — La spoiulation esi 1 * t ./-..-.icbcl s’effectue le plus souvent entre .deux cellules issues.de r,z^rxrIuc,eLt zz ^ (2^r^"rn™rtsroRt,LATiQ, - La sporulation ne 240 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Se ait pas au-dessous de 9°. A 9<>-io°, les ascospores mettent dix jours pour se oimei sur gélose de Gorodkowa. La température optima semble être au voisinage de 25°; à cette température, les ascospores apparaissent au bout de quatre jours. La température maxima se trouve située entre 25° et 29°. VIL Caractères biochimiques. - La levure invertit très lentement le saccha- rose. Elle ne produit aucune fermentation. Levure B. I. Origine. — Isolée de la « fleur » d’un saucisson de cheval. Caractères des cultures. — Sur moût tle bière, à 25», cette levure se comporte comme les précédentes. A 5-, l'anneau apparaît au bout de dix jours et le voile est complet le onzième jour; à 32», anneau et voile se montrent apres quatre jours, ce dernier est complet au bout de sept jours. Sur les autres milieux, les caractères des cultures ne diffèrent pas sensiblement de ceux de la levure H. La liquéfaction de la gélatine est cependant plus rapide et s observe des le douzième jour sur les tubes inclinés, vers le vingtième sur les tubes droits. ë c HI. Aspect microscopique des cellules. — Sur moût de bière les cellules lono :::>?Z°\TérUeS- LeS dimensions moyennes sont de 5 à 3 g 8 de long sur 4 a 4 fi. 5 de large. IV. Températures limites pour le bourgeonnement. - A 3»-5» la levure se eve oppe très lentement. La température maxima pour le bourgeonnement sur moût de bière est entre 34» et 35-, L'optimum parait situé eZ 2 “ \ . Sporulation. - La sporulation est précédée d’une copulation liétéroea ‘ mique qu, s'effectue tantôt entre une grosse cellule eU'une des pêtUes cellules issues de son bourgeonnement, tantôt entre deux cellules de qu“TeSs°econdeULes f ent6S' U P''emie'' m°de paraK Un Peu Plus fréquent veiruqueuse aSC0SP0res sont leur paroi est assez nettement cel1;;Xftl:SerondeGs0r0dkOWa’ 'eVU''e 3 U"e tenda"Ce à d"es VI. Températures lim'tes pour la sporulation. - La sporulation ne s'effectue P S au dessous de 9°; a cette température, sur gélose de Gorodkowa les spores apparaissent au bout de neuf jours. A 25<\ elles se forment en huit 'ours. La température maxima est située entre 25° et 29°. VUL Caractères biochimiques.- La levure invertit très lentement le saccha- lose et ne donne pas de fermentation. Levure Fm. J.,Ohig,ne. - Isolée de la pâte d'un saucisson fait avec de la viande de II. Caractères des cultures Sur mmsi a* ~ doit qu’au bout de neuf jours et le voile au bout de dix^oulTts^ ^ apparaît le dixième jour et le voile est continu le douzième Pour le reste Ta levure se comporte comme les précédentes. ' 1 ’ Sur les autres milieux, aucune différence notable avec la levure H III. Aspect microscopique des cellules. — Les cellules cnnt -a sphériques, associées par deux ou isolées. Leurs dimensions movem, es soM de 4 fi 4 à 5 a 6 de long sur 3 g 6 à 4 n 8 de large * SOnt IV. Températures limites et optimt pour le bourgeonnement. - La levure se LES LEVURES DES SAUCISSONS 241 développe lentement à partir de 3°-5°. La température maxima pour le bour- geonnement sur moût de bière est située à 35°-36°. L’optimum est au voisinage de 25°. V. Sporulation. — La sporulation est précédée d’une copulation hétéroga- mique qui s'effectue le plus souvent entre deux gamètes plus ou moins dissemblables, mais rarement entre une grosse cellule et l’une des petites cellules issues de son bourgeonnement. Les asques renferment une seule ou, rarement, deux ascospores, portant des verrucosités plus ou moins apparentes. VI. Températures limites et optima pour la sporulation. — La sporulation ne se fait pas au-dessous de 9°. A 9°-10°, sur gélose de Gorodkowa, les ascos- pores apparaissent au bout de onze jours. A 23°, elles se forment en sept jours. La température maxima est comprise entre 25° et 29°. VIL Caractères biochimiques. — La levure invertit lentement le saccharose et ne donne qu’une très faible fermentation du lévulose. Levure Pv. ! i * I. Origine. — Isolée d’un morceau de viande de porc saupoudré de sel marin. IL Caractères des cultures. — Sur moût, à 23°, la levure se développe comme les précédentes. A 5°, on constate l’apparition de l'anneau au bout de six jours et la formation du voile au bout de huit. A 33°, anneau et voile apparaissent le quatrième jour. Sur les autres milieux, les caractères des cultures sont les mêmes, à peu de chose près, que ceux de la levure H. A noter cependant que la levure forme, sur bouillon Martin, un voile excessivement épais et que sur gélose la traînée est largement plissée. III. Aspect microscopique des cellules. — Les cellules sont généralement sphériques; quelques-unes sont ovoïdes (fig. 2, I et II). Elles sont associées par deux ou trois ou isolées. Leur diamètre est ordinairement de 4 p. 3 à 3 \i 3. IV. Températures limites et optima pour le bourgeonnement. — A 3°-5°, la végétation est très lente. La température maxima pour le bourgeonnement est située entre 35°-36°. L’optimum est au voisinage de 23°. V. Sporulation. — Elle s’effectue généralement à la suite d'une copulation hétérogamique entre une grosse cellule et l’une des petites cellules de son bourgeonnement, plus rarement entre deux cellules peu dissemblables. Les asques renferment une seule ascospore (2 à 3 g), à paroi nettement verruqueuse (fig. 2, III). VI. Températures limites et optima pour la sporulation. — La sporulation ne se produit pas au-dessous de 9°. A cette température les spores se forment en dix jours sur gélose de Gorodkowa. A 23°, température optima, la sporulation s’effectue au bout de trois jours. La température maxima est située entre 29° et 33°. VII. Caractères biochimiques. — La levure invertit très lentement le saccha- rose et ne donne pas de fermentation. Levure Sa. r I. Origine. — Isolée d’une saumure de salaison de porc. II. Caractères des cultures. — Sur moût de bière, à 23°, la levure présente les mêmes caractères que les précédentes. A 5°, l’anneau et des îlots de 16 242 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR voile apparaissent le huitième jour; le voile n’est complet qu’au bout de seize jours. A 35°, l'anneau et les îlots de voile se montrent au bout de trois jours et le voile est continu le cinquième jour. Aucune différence notable avec la levure H sur les autres milieux. III. Aspect microscopique des cellules. — Les cellules sont le plus souvent sphériques; quelques-unes sont ovoïdes. Elles sont associées par deux ou trois et portent un ou deux bourgeons. Leur diamètre moyen varie de 4 p. 5 à 6g. IV. Températures limites et optima pour le bourgeonnement. — La levure se développe encore, mais très lentement, au-dessous de 3°. La température maxima pour le bourgeonnement sur moût de bière est située entre 38° et 39°. L’optimum est situé entre 25° et 30°. V. Sporulation. — La copulation s’effectue le plus souvent entre deux cellules peu dissemblables, mais parfois aussi entre une grosse cellule et une petite cellule issue de son bourgeonnement. Les ascospores (2-3 p) sont nettement verruqueuses. VI. Températures limites et optima pour la sporulation. — Les ascospores ne se forment pas au-dessous de 9°. A cette température, sur gélose de Gorodkowa, elles commencent à se former au bout de six jours. A 25°, qui parait être la température optima, elles se forment au bout de trois jours. La température maxima est située entre 25° et 29°. VII. Caractères biochimiques. — La levure invertit rapidement et énergi- quement le saccharose. Elle ne produit pas de fermentation. 2e GROUPE. — TYPE V Levure V. I. Origine. — Isolée de l’enveloppe d'un saucisson sec fabriqué avec de la viande de bœuf et de porc. IL Caractères des cultures. Moût de bière. — En moins de vingt-quatre heures, à 20°-2o°, apparaissent de fins grumeaux blancs qui flottent dans le milieu et se déposent hâtivement. Après quarante-huit heures, un anneau blanc, crémeux, adhérent, se forme sur les parois du verre, au niveau de la surface du liquide. Dans les jours qui suivent, l'anneau s'épaissit, le dépôt augmente, tandis que le milieu s’éclaircit de plus en plus. Vers 3°-5°, le dépôt se forme très lentement et ne devient assez abondant que vers le vingtième jour. A 35°, la levure produit d'abord un faible dépôt; un anneau minime apparaît le onzième jour. Bouillon Martin (neutre, glucosé à 2 p. 1.000). — L’anneau commence à se former déjà, à 20°-25, vers la trentième heure. Dès le début de la culture, le sédiment est abondant. Le liquide reste clair. Les cultures dégagent, comire les précédentes, une odeur rappelant celle de la fleur de Seringa Carotte. — Couche épaisse, crémeuse, brillante, blanc porcelaine. Les bords sont très finement dentelés. Pomme de terre. — Enduit épais, sec, à surface mamelonnée, de teinte café au lait passant plus tard au brun chocolat. La pomme de terre brunit. Gélose au moût. — Traînée de colonies blanches, en gouttelettes de cire, confluant bientôt pour former un enduit épais, brillant, à bords largement festonnés, avec un sillon transversal partant de chaque échancrure. LES LEVURES DES SAUCISSONS 243 Gélose Gorodkowa. — La culture prend, au bout d’un mois, une coloration brun chocolat. Gélatine. Mêmes caractères que sur gélose. Vers le douzième jour, une gouttière se creuse dans le milieu et la culture coule au fond. Colonie géante. — Forme une calotte régulière, blanche, unie, à bords nets. III. Aspect microscopique des cellules. — Les cellules sont ovoïdes ou sphériques. Les éléments ovoïdes portent le bourgeon au pôle aigu. Les dimensions moyennes sont de 4 g 5 à 5 g sur 3 g 2 à 4 g. IV. Températures limites et optima pour le bourgeonnement. — La levure végète lentement entre 3° et o°. La température maxima, sur moût de bière, est située entre 35° et 36°. L’optimum semble être au voisinage de 25°. VL Sporulation. — La copulation s’accomplit le plus souvent entre une grosse cellule et une petite cellule issue de son bourgeonnement. Les asques renferment une ascospore, rarement deux (2-4 g), pourvue d'une membrane à verrucosités plus ou moins visibles. VI. Températures limites et optima pour le bourgeonnement. — La levure sporule à partir de 9°. Les ascospores se forment au bout de dix jours à cette température et de neuf jours, à 18°-23°, température optima. Le maximum est situé entre 23° et 29°. VIL Caractères biochimiques. — La levure invertit lentement le saccharose et ne produit aucune fermentation. Levure Fb. I. Origine. — Isolée de la « lleur » d'un saucisson de bœuf. IL Caractères des cultures. — Présente, en moût de bière, les mêmes caractères que la levure V. A 5°, l'anneau apparaît le onzième jour, à 35°, le douzième jour. Sur les autres milieux, la levure se comporte à peu près comme la levure V. La liquéfaction delà gélatine s'opère vers le trentième jour. III. Aspect microscopique des cellules. — Les cellules sont sphériques ou ovoïdes, isolées ou associées par deux. Leurs dimensions sont en moyenne de 4 g 8 à 6 g de long sur 4 à 5 g de large. IV. Températures limites et optima pour le bourgeonnement. — La levure végète lentement à 3°-3°. La température maxima, en moût de bière, est située entre 35° et 36°. L’optima parait être au voisinage de 25°. V. Sporulation. — La sporulation est précédée d'une copulation hétéroga- mique qui, le plus souvent, s’opère entre une grosse cellule et l’une des petites cellules issues de son bourgeonnement, mais qui peut se produire aussi entre deux gamètes peu dissemblables. On trouve généralement une ascospore par asque, quelquefois deux. Les spores ont une membrane plus ou moins verruqueuse. VI. Températures limites et optima pour la sporulation. — La sporulation commence à partir de 9°. Sur gélose de Gorodkowa, à cette température, les spores se forment en dix jours. A 25°, elles se forment en quatre jours. La température maxima est comprise entre 25° et 29°. VIL Caractères biochimiques. — La levure invertit lentement le saccharose et ne donne aucune fermentation. Levure Bl. I. Origine. — Isolée d’un morceau de viande de bœuf saupoudré de sel stérilisé. 244 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR II. Caractères dès cultures. — Diffèrent peu de ceux de la levure V. En moût de bière, l’anneau n’apparaît, à 5°, qu au bout de trois semaines seulement. Sur gélatine, on observe une traînée unie, blanc porcelaine, à bords crénelés et relevés en ourlet. III. Caractères microscopiques des cellules. — Les cellules sont ovoides, avec bourgeon polaire ou prépolaire; elles sont généralement associées pai deux ou trois (fig. 1, I et II). Leurs dimensions moyennes sont de 4 g 2 à 5 g 3 de long et de 3 à 4 g de large. IV. Températures limites et optima pour le bourgeonnement. — La levure végète lentement à 3°-5°. Sur moût [de bière, la température maxima est située entre 34» et 35°. L’optimum est au voisinage de 25°. V. Sporulation. — Elle est précédée d une copulation qui, au point de vue morphologique, présente tous les intermédiaires entre 1 iso- et 1 hétérogamie (fïg. 1, III). Le plus ordinairement, elle s'effectue entre deux cellules de dimensions peu différentes, souvent même semblables; rarement, entre une cellule adulte et l’une des petites cellules issues de son bourgeonnement. Les asques forment une seule ascospore (2-3 g) ; exceptionnellement, deux. La membrane de la spore est nettement verruqueuse. On constate quelques cas de parthénogenèse, dans lesquels les ascospores se forment aux [dépens de cellules pourvues d’un bec au moyen duquel elles ont cherché, sans y parvenir, à s’unir à l’une de leurs congénères. VI. Températures limites et optima pour la sporulation. — La sporulation ne se produit qu’à partir de 9°, température à laquelle, sur gélose de Gorodkowa, les ascospores mettent dix jours à se former. A 25°, température optima, elles se montrent au bout de deux jours. La température maxima est située entie 32° et 34°. A 32°, la sporulation se produit le sixième jour. Beaucoup de cellules émettent de longs becs au moyen desquels elles cherchent à s'unir, mais très peu réussissent et la sporulation se produit surtout par parthé- nogénèse. De plus, aux environs de la température maxima, la levure offre la particularité de fournir de nombreuses cellules cylindriques formant des rudiments mycéliens. Vil Caractères biochimiques. — La levure invertit lentement le saccharose; elle ne provoque aucune fermentation. Levure G. I. Origine. — Isolée de l’enveloppe d’un saucisson sec « pur porc ». IL Caractères des cultures. — En moût de bière. La végétation présente les mêmes caractères que ceux de la levure V. A 5°, l’anneau apparaît au bout de dix-huit jours; il sft forme en cinq jours, à 35°. Sur carotte , la culture prend une coloration jaune noisette. Sur gélose , il se forme une traînée épaisse, unie, blanc porcelaine. Des bords festonnés se détache une frange très mince, givrée. Au bout de plusieurs mois, la culture se développe en profondeur sous forme de fines houppettes qui, se détachant du raphé médian, s’enfoncent dans le milieu. Sur gélatine , on a une traînée cireuse, à surface chagrinée, échancrée sur les bords qui sont découpés en feuille de capillaire. La liquéfaction est tardive et peu prononcée. La colonie géante se présente sous forme d’un disque épais, blanc jaunâtre, d’abord uni, puis verruqueux. Les bords sont largement échancrés et fine- ment dentelés. III. Aspect microscopique des cellules. — Les cellules sont ovoïdes ou LES LEVURES DES SAUCISSONS 245 sphériques, le plus souvent associées en amas. Les dimensions, extrême- ment variables, oscillent de 3 à 7 g. IV. Températures limites et optima pour le bourgeonnement. La levure se développe lentement entre 3° et 5°. La température maxima, sui moût de bière, est située entre 35° et 36°. L'optima est au voisinage de 23°. V. Sporulation. — La copulation s'effectue presque toujours entre une grosse cellule et l'une des petites cellules issues de son bourgeonnement. Les asques renferment une seule ascospore (2-3 g) à paroi pourvue d’aspérités. VI. Températures limites et optima pour la sporulation. — La sporulation ne se produit qu’à partir de 9°; le maximum est compris entre 25» et 29°, l’optimum est à 25°. Les spores se forment en dix jours à 9°, en quatre jours à 25° .| VIL Caractères biochimiques. — Le saccharose est in\eiti lentement. Aucune fermentation. 3e GROUPE. - TYPES INTERMÉDIAIRES ENTRE H ET V. Levure Sb. I Origine. — Isolée de la « fleur » d’un saucisson fait avec un mélange de viande de bœuf et de porc. IL Caractères des cultures. — Pas de différence sensible avec les levures du type V sur les différents milieux, sauf en bouillon Martin où la levure produit un voile fragmentaire, très ténu, en même temps qu’un anneau. En moût de bière, à 25°, la levure donne, au bout de vingt-quatre heures, un faible dépôt et un anneau minime. Le dépôt devient abondant au bout de quarante-huit heures; l'anneau est [assez développé après quatre jours. Parfois, mais pas toujours, on observe l’apparition d’un voile ténu, pellicu- laire sous forme d’îlots séparés. A 5®, la levure ne donne un dépôt abon- dant’qu’au bout de six jours. A 35<>, le dépôt n’est appréciable que vers le dixième jour. III. Aspect microscopique des cellules. — Les cellules sont sphériques, généralement accolées par deux. Elles sont ordinairement de 4 g 8 à 6 \i de diamètre. IV. Températures limites et optima pour le bourgeonnement. — La levure se développe lentement entre 3° et 5°; maximum, entre 35° et 36°; optimum, au voisinage de 25°. . V. Sporulation. - Dans la grande majorité des cas, la copulation s opéré entre une grosse cellule et l’une des petites cellules issues de son bour- geonnement. Les asques renferment généralement une seule ascospore (2-i „), rarement deux, exceptionnellement trois. La membrane est nettement verruqueuse. . .. VL Températures limites et optima pour la sporulation. — La sporu a io se fait pas au-dessous de 9°. A cette température, elle se produit au bout < e six jours. A 25°, température optima, les ascospores apparaissent au oou de trois jours. La température maxima est comprise entre 29° et 32°. A % la sporulation s’effectue à partir du huitième jour. VIL Caractères biochimiques. - La levure invertit rapidement et energi- quement le saccharose. Pas de fermentation. 246 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Levure Op. I *' 0'“,G1KF;' “ lsoléede Ia« «eur» d'un saucisson fabriqué avec un mélange de viande de bœuf et de porc. ë n. Caractères des cultures. - En moût de bière, à 25-, de fins grumeaux E1”1 au b°utd« 'ingt heures et se déposent sur les parois et au fond du tube. Y ers la trentième heure, un voile commence à se former - il est complet en moms de quarante-huit heures. En même temps, il se forme un anneau qui remonte sur les parois du tube. Le voile ne se ride pas et demeure mince et uni. Le milieu reste longtemps louche. A 5°, la levure donne un anneau et des ilôts de voile au bout de neuf jours, le voile est complet le onzième jour. A 35», anneau et voile n appa- laissent qu au bout de dix jours. * * Sur gélose il se forme une traînée blanchâtre, festonnée et plissée trans- versalement au niveau des encoches. Les bords sont marqués par un ourlet double d une mince frange qui en suit les contours. levure 'v aU“’eS m‘MeUX’ les caractères sont les mêmes que ceux de la III. Aspect microscopique des cellules. - Les cellules sont sphériques ISO ees ou associées par deux. Leur diamètre moyen est de 4 à 5 g. , V, TEMPERATURES LIMITES ET OPTIMA POUR LE BOURGEONNEMENT. - La levure i r de i0'5°- La temr,érature ert située entre é>b et 37°, 1 optima est comprise entre 20°-25°. gross^ênoUm' ~ La,.f°Pulation ssefTectiie le plus souvent entre une »rosse cellule et une petite qui en dérive, parfois aussi entre des gamètes de dimensions peu différentes. Les asques renferment une ou pC larement, deux ascospores (2-3 g) munies d’une membrane très verruqùeuse V I. TEMPERATURES limites pour la sporulation. - Sur gélose de Gorodkowa la température mimma est située entre 8ajes. . avril 919) ne seraient Das dues à des levures voisines des precedentes. U sa 1 fermentation du soyou est produite par des levures du genre Zygosaccharo- myces (Z. soya et Z.japonicus ) assez voisin des Debaryomyces. 248 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR INDEX BIBLIOGRAPHIQUE [1] Guilliermond. Sur la copulation de Debaryomyces globosus. Comptes rendus de l Académie des Sciences, 1911. - Nouvelles recherches sur la sexualité des levures. Archiv . fur Protis- tenkunde, 1912. 1.2] Konokotine. - Sur deux nouvelles levures à copulation hétérogamique : adsonia elongata et Debaryomyces tyrocola. Bulletin des Travaux de 1 Ecole de Medecme des Femmes de Saint-Pétersbourg , 1913. lo.ke),. I»< ux genres nouveaux de la famille des Saccharomycétacées. Comptes rendus des Travaux du Laboratoire de Carlsberg, 1909. [4] Guilliehmond et Péjü. - Sur un Champignon présentant des caractères in- termediaires entre les levures et les Endomyces. Comptes rendus delà Société de Biologie , 1919. |5] Ha^en. — Grundlimen z. Sj stematik d. Saccharomyceten. C< ntr. f.Bakt., lJOf. Comptes rendus des Travaux du Laboratoire de Carlsberg , 1904. Toutes les ligures ont été dessinées à la chambre claire de Zeiss, à l’aide de 1 ocula.re compensateur « et de l'objectif apochromatique à immersion omog< ne ' lle /eiss’ puis réduites de moitié (grossissement: environ 7.000), LES SÉRUMS ANTIPROTÉASIQUES LEUR SPÉCIFICITÉ LA RÉACTION DE L’ANTIPROTÉASE par L. LAUNOY 1 Nous avons vu dans un mémoire précédent que, s’exerçant sur les protéases de B. pyocyaneus, B. prodigiosus, \ . Choleræ, B. proteus mirabilis, l’action du sérum sanguin des mammi- fères se traduit par un affaiblissement de l’activité diastasique; en aucun cas d' ailleurs, la protéase bactérienne n est inhibée . Les protéases bactériennes se différencient ainsi de la trypsine pancréatique, dont le sérum sanguin de mammifères réalise l’inhibition (1). Les recherches exposées dans ce mémoire ont eu pour but d’élucider les questions suivantes ; 1° Est-il possible d'obtenir artificiellement des antiprotéases bactériennes réelles , cest-à-dire des antiprotéases dont l'action soit inhibitrice ? 2° Dans /’ hypothèse d un résultat positif relativement a lapré- pciration des antiprotéases , celles-ci sont-elles spécifiques? 3° Dans l'hypothèse justifiée par les faits de la spécificité de r antiprotéase , quel est dans l'espèce antigène le champ d action de l' antiprotéase? Ces questions, nous ne sommes pas le premier a les poser. Avant nous, quatre auteurs à notre connaissance se sont avisés de les résoudre, ce sont : Von Dungern, Moreschi, Ilata Kürt Meyer. Il résulte en bloc des observations de ces expérimentateurs (1) L. Uctoy. Ces Annales, t. XXXIII, p. I et p. 637, janvier et octobre 1919. 250 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR que 1 injection aux animaux de produits microbiens (cultures tuées ou filtrées) augmente l’action antagoniste du sérum sanguin contre la protéase antigène; l'augmentation se ferait dans un sens spécifique. A nos deux premières questions, l’expérience a donc déjà répondu dans le sens positif; la troisième n’a pas été abordée avant nous. Nonobstant les conclusions des auteurs ci-dessus, nous avons repris à pied d’œuvre l’étude des deux questions i ont ils s étaient occupés. En effet leurs conclusions, étant loin d etre adoptées par les bactériologistes, ne pouvaient donc être considérées comme acquises. Leurs recherches ont d’ailleurs été, dans la plupart des cas, d’ordre qualitatif, et ne satisfont pas l’esprit. De ces points de vue, elles devaient être reprises. Nous avons appliqué dans ce travail la méthode qui nous a déjà servi al étude de l’action antagoniste du sérum sanguin ' UI bi trypsim panciéatique et sur les protéases bactériennes. il PRÉPARATION ET ÉTUDE DE L’ACTION DES SÉRUMS ANTIPROTÉA SIQUES A. — Préparation. Nous avons préparé des anticorps contre les protéases bacté- riennes sur lesquelles nous avons déjà étudié l’action du sérum normal. Dans chaque espèce bactérienne on prend comme bactérie secretnce de protéase le ou les échantillons sélectionnés au cours de la détermination de l'unité gélatinolytique. L’an- tigene sera la solution de protéase précipitée par l’alcool- ether apres eloignement des corps microbiens du milieu de eu ture, ou bien plus simplement le filtrat de ce milieu de Nous donnons ci-dessous un protocole de préparation du sérum aniiproteasique pour chacune des protéases étudiées. SÉRUMS ANTIP ROTÉ ASLQ UES 251 1° Préparation d’un sérum contre la protéase du B. pyocyanique. Dans toutes nos recherches ce sont les souches Hiw (très tluorescigène) et Hubl (très pyocyanogène) dont nous nous sommes servi comme sources de protéase. Pour P antisérum de la protéase du B. pyocyanique, deux cas sont à considérer : a) Immunisation au moyen d'une solution de protéase préci- pitée par T alcool-éther . L’unité gélatinolytique de la solution injectée était 0 c. c. 05 ; les animaux étaient injectés sous la peau. Du 25 octobre 191b au 9 novembre on a fait quatre injections de 2 c. c. 5; 4 cent, cubes; 5 cent, cubes; 6 cent, cubes, ces injections étaient espacées de trois ou quatre jours; l’animal était saigné cinq jours après la dernière injection. On a noté au cours de la préparation un léger amaigrissement de l’animal; perte de 300 grammes. Au point de vue local, chaque injection est suivie d’un œdème mou qui se résorbe rapidement en laissant un nodule plus ou moins volumineux assez dur, aux points d’injection. b) Immunisation contre le filtrat du B. pyocyanique (. Huv ). L’uni lé gélatinolytique des filtrats utilisés a varié entre 0 c. c. 1 el 0 c. c. 2. Du 13 janvier au 7 février 1919, on a injecté sous la peau 24 cent, cubes de filtrat en 5 injeclions de . 1 c. c. 5 ; 3 cent, cubes; 5 cent, cubes; 6 cent, cubes; 9 cent, cubes. L’animal est saigné cinq jours après la dernière injection. On a noté un léger amaigrissement de 1 animal; localement la première injection détermine un volumineux œdème mou entretenu par les injeclions successives; pas d eschare. 2° Préparation de sérum contre la protéase du B. proteus M. Les unités gélatinolytiques des deux filtrats dont on ses! servi étaient 0 c. c. 6 pour le premier filtrat el 0 c.c. 2b pour le second. Du 13 janvier au 7 février 1919, on a fait quatre injections sous-cutanées de : 4 cent, cubes; 6 cent, eu >e . 252 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR 9 cent, cubes; 9 cent, cubes, l’animal a été saigné cinq jours après la dernière injection. On a noté de l’amaigrissement et localement un volumineux œdème de la paroi avec eschare rouge. 3° Préparation du sérum contre la protéase du B. prodigiosus. L'unité gélatinolytique du filtrat employé était égale à Oc. c. 2. Du I 3 janvier au JCI février, on a fait quatre injections sous-cutanées de 3 cent, cubes; 2 cent, cubes; 5 cent, cubes; ) cent, cubes; 1 animal a été saigné sept jours après la dernière injection. Au cours de la préparation, on constate un amaigrissement notable, perte de 500 grammes; localement, œdème mou. Les injections de ce filtrat étaient mal supportées, chaque injection était suivie de polypnée. 4’ Immunisation contre la protéase du V. cholérique. On s est servi d un filtrat de V. cholérique (Zarizine) dont l’unité gélatinolytique était égale à 0 c. c. 25. Du 30 avril au 10 juin on a fait quatre injections sous-cutanées espacées de sept à huit jours; chacune d’elles étant égale à 7 cent, cubes; 6 cent, cubes; 12 cent, cubes; 6 cent, cubes; la saignée a été taite six jours après la dernière injection. On note un faible amaigiissement et, à partir de la troisième injection, un œdètaie mou en nappe, persistant. h- — Étude des sérums ci-dessus. 1 Cas : On fait agir le sérum en étude sur l'unitè gélatino- lytique antigène. 2 Cas : On fait agir ce même sérum sur des unités gélatino- lytiques hétérogènes. On étudiait comparativement un sérum normal et le sérum préparé. SÉRUMS ANTIPROTÉASIQUES 253 Premier cas. Action contre les protéases antigènes correspondantes DU SÉRUM DES ANIMAUX IMMUNISÉS PAR LEUR EMPLOI. a) 1» Action du sérum de lapin normal et du sérum de lapin préparé contre la protéase du B. pyocyanique : Seuils . • • • j Optima réels. Sérum normal : Oc.c. 003 Sérum préparé : Oc.c. 000b Sérum normal : pas d optimum. Sérum préparé : 0 c.c. 03 Nous donnons, dans le graphique 1, un exemple de l’allure de la protéolyse par la protéase du B. pyocyanique en piesem . Ho sérum normal et de sérum prépaie. 2“ Action du sérum de lapin normal et du sérum ' '' apm préparé contre la protéase [filtrat) du B. pyocyanique : t Sérum normal : Oc.c. 002 Seuils .... | sérum préparé : 0 c.c. 0005-0 c.c. 0007 ( Sérum normal : pas d’optimum Optima réels, j sérum préparé : Oc.c. 03 T e oraotiiaue n° 2 interprète cette expérience. b St ï *.» contre la protéase [filtrat) du B. proteus M. t Sérum normal : Oc.c. 004 Seuils .... s sérum préparé : Oc.c. 0062 i Sérum normal : pas d optimum Optima réels, j sérum préparé : 0 c. c. 07 -0 c. c. 1 Nous donnons ici deux comparée de sérums normaux e‘ ^ » J P ' flt 5); un l’unité gélatinolytique du proteus i d, M de ces troisième graphique graphique 4) représente mêmes^sérums ,’r 1. demi-.»»* Observation l’action d’un sérum anti- Loin M. C >• pr°teus «• “ ”mi*me - *■* f” 254 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR montré actif, in vitro, contre la protéase de ce bacille. C’est un point sur lequel nous reviendrons. c; Action du sérum normal de lapin et du sérum préparé contre la protéase du M. prodigiosus. Seuils . . . . j Sérum normal : 0 c. c. 002 f Sérum préparé : 0 c. c. 0002 Optima réels. $ Sérum normal : pas d’optimum ( Sérum préparé : 0 c.c. 2 Le graphique n“ 6 interprète cette expérience. d,i Action du sérum normal de lapin et du sérum de lapin préparé contre la protéase ( filtrat ) de V. cholérique. Seuils . . . . j Sérum normal : 0 c.c. 002 t Sérum préparé : 0 c.c. 0007-0 c.c. 0008 Optima réels. $ Sérum normal : pas d’optimum ( Sérum préparé : 0 c. c. 1 Le graphique n° 7 interprète l'action du sérum préparé. Pour Lr;;rmai’. voir notre mémoire dans ces octobie 1919, graphique n° 15. Interprétation des faits. Sentis. ' La détermination des « seuils » pour les sérums et o’c'c8 oooTr •“ rCeLVa'eUrS S°n' comPrises entre 0 c. c. 0002 et O c. c. 000 L activité du sérum normal comparée au seuil de l action avec 1 activité d’un sérum préparé est donc de 5 à -0 fois intérieure a celle de ce dernier. Optima. - Le sérum normal de lapin exerce une légère ac .on dépressive sur l’activité des protéases bactériennes (W a dlr / P!T 'nhibi,eur; iln’y a ^nc pas cl optima p. 10 et 21 Hl 10,1 ' ' ' " 0phma ”> ces Annales, janvier 1919, isérumïanLnr!’rm’a) Féparé’ aU conlraire> est inhibiteur \ p antiproteasiques pour les protéases du B. pyocyanique du B. protons et du V. cholérique), ou au minimum (B ^ ' LpTÔS f reS °î’l®ment déPresseur, nous dirons préinhibiteur Les optima réels sont compris entre 0,03 et 0,1 pour “es sérums contre les protéases des rt „ • . .. 1 ° Il est donc 1 - • , des Pyocyanique et B. proteus. environs de 0,1 pour le sérum contre la protéase SÉRUMS ANT1PR0TÉASTQUES 255 du V. cholérique, il est supérieur à 0,1 pour le prodigiosus. 11 est possible que Ton puisse avoir des sérums antiprotéa- siques beaucoup plus actifs que ceux que nous avons obtenus. Tels qu'ils sont ils permettent de dire avec certitude absolue que, quand on injecte sous la peau d’un lapin une protéase bactérienne, on obtient des sérums antiprotéasiques inhibiteurs pour la protéase antigène. Notre première question est donc résolue par raffirmative. Deuxième cas. Action d'ex sérum axtiprotéasique sur des protéases bacté- riennes HÉTÉROGÈNES. EtUDE DE LA SPÉCIFICITÉ DES ANTI- PROTÉASES. La spéciücité d'un sérum antiprotéasique doit être envisagée en dehors de l’espèce et dans l'espèce elle-même. Pour étudier la spécificité en dehors de l espèce on fait agir tour à tour chaque sérum antiprotéasique sur des unités géla- tinolytiques provenant de bactéries protéolytiques nettement différentes de la bactérie antigène. Nous avons étudié V action cl un sérum normal et celle de divers sérums antiprotéasiques sur C unité gélatinolytique d un filtrat de B. pyocyanique ( Huv ). Les résultats concernant cette Tableau I. NOMS DES SÉBUMS employés TEMPS DE GEL, EN MINUTES, A 10 DEGRÉS pour des essais correspondant à l’action de quantités croissantes du sérum 0 c. c. 01 0 c. c. 03 0 c.c. 05 0 c.c. l 0 c.c. 2 Sérum spécifique . . X 2 2 o 2 Sérum normal .... CO X OO OO X Sérum antiprodigios. X CO OC X 15 Sérum antiproteus . . X oo oo X 9 Témoin, protéase pyo- cyanique (non addi- tionné sérum) . . . oc -5b ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR expérience sont exposés dans le tableau n° I. Il concerne une expérience de dix-huit heures à 41°. L infini est compté après dix minutes. Dans l’expérience suivante (tableau II) on fait agir dans les memes conditions du sérum normal et ditférents sérums anti- protéasiques sur V unité gélatinolytique du Micrococcus pro - digiosus. Tableau IL NOMS DES SÉRUMS employés TEMPS DE GEL, EN MINUTES, A 10 DEGRÉS pour des essais correspondant à l’action de quantités croissantes du sérum 0 c. c. 01 0 c. c. 03 0 c. c. 05 0 c. c. 1 0 c.c. 2 Sérum spécifique . . GC OO 10 4 4 Sérum normal .... oo oc oo OO OO Sérum antipyocyan. . oo oo QC * OO ■ oo Sérum antiproteus. . OC oc oc oc X Sérum anticholera . . oo oo OO oc OC \ Témoin protéase. . . oc - 1 — — — Observation. On constate dans cette expérience que l'essai à 0 c. c. 05, qui se gélifiait à la limite, reste gélifié pendant vingt-quatre heures au laboratoire . Les résultats de ces expériences, tout qualitatifs qu’ils soient. sont parfaitement nets; nous les complétons au point de vue quantitatif par les expériences résumées dans les graphiques 8 et 9 . Dans I expérience résumée par le graphique 8 on fait agir un sérum antipyocyanique sur la protéase antigène correspon- dante et sur les protéases des M. prodigiosus et B. proteus M. Dans l’expérience résumée dans le graphique 9, on faisait agir le sérum antiprotéasique correspondant au proteus M. sur la protéase antigène et sur les protéases des Micrococcus prodigiosus et B. pyocyanique. / SÉRUMS ANTIPUÜTÉAS1QUES 257 Addendum. Nous avons également recherché l’action exercée par un sérum antiprotéasique contre la trypsine . Les expériences sur la trypsine ont été poursuivies avec notre sérum antiprotéasique obtenu avec la protéase du B. pyocyanique. Dans le graphique 10 nous donnons le résultat de nos expé- riences. Interprétation des faits. — Ainsi les expériences détaillées ci-dessus sont concluantes; elles permettent de répondre égale- ment par l’affirmative à notre deuxième question. Les sérums antiprotéasiques obtenus au moyen de protéases bactériémies sont spécifiques. L’action d’un sérum anti protéasique non spécifique sur une protéase bactérienne est comparable à celle du sérum normal. Relativement a la comparaison entre l’action d’un sérum anti- protéasique et l’action d’un sérum normal sur la trypsine de pancréas de mammifères, l’expérience exposée dans le gra- phique 10 montre une activité plus grande sur la trypsine pour le premier sérum. Cette activité n’est d’ailleurs pas telle qu’elle revête une allure de spécificité; nous avons eu d’ailleurs des sérums normaux qui étaient comparables à ce sérum antipro- téasique relativement à leur action sur la trypsine; il y a toute- fois là un point qu’il faudra élucider d’une façon plus com- plète. Quels que soient les résultats ultérieurs, ils ne sauront en aucune façon s’opposer à notre conclusion : les sérums anti- protéasiques sont étroitement spécifiques. III RÉACTION DE L’ANTIPROTÉASE Les recherches exposées dans ce paragraphe correspondent à la troisième question posée au début de ce mémoire. Nous savons maintenant que les antiprotéases bactériennes sont spé- 17 258 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUB cifiques. Nous nous sommes demandé quel était, dans l'espèce antigène , le champ d’action d'une antiprotéase. En d’autres termes, l’inhibition réalisée par le sérum antiprotéasique est- elle limitée à la protéase de la souche antigène (spécificilé de variété) ? S’exerce-t-elle sur un certain nombre de variétés à l’exclusion des autres (spécificité de groupe)? Ou bien s’étend-t- elle à tous les germes possibles d’une espèce sans distinction ? L’étroitesse bien connue de la spécificité des agglutinines, nous l’avons nous-même constaté à plusieurs reprises avec le proteus et le B. pyocyanique, suffisait à légitimer les recherches entreprises par nous dans le sens indiqué. En dehors de cette considération, le fait que dans une même espèce on trouve des germes extérieurement différenciés par certaines de leurs pro- priétés biologiques posait la question de l’identité des protéases dans une espèce donnée. Nous avons trouvé dans le bacille pyocyanique le micro- organisme typique pour notre étude. En effet, dans cette espèce, la non-identité des différents germes est indiscutable. S’ils se trouvent reliés entre eux par la production de pyocya- nine, ils s’écartent les uns des autres par la multiplicité de leurs sécrétions pigmentaires, du moins en apparence. Nous savons que, d’après la production des pigments, Gessard a pu détinir les races : A, P, F, S, et les variétés pyocyanogène, fluorescigène, érythrogène, mélanogène, achromogène. Grâce à la complaisance de M. Gessard, notre excellent collègue de l’Institut Pasteur, à qui nous adressons tous nos remercie- ments, nous avons pu étudier, dans les meilleures conditions possibles, l’action d’un sérum antiprotéasique pour la protéase du pyocyanique. Ce sérum résultait de l’injection de la pro- téase de la souche Huv très lluorescigène et pauvre en pyocya- nine, comme nous l’avons noté déjà. Il a été étudié sur vingt- six échantillons de B. pyocyanique. Dans ces vingt- six échantillons toutes les races et variétés de cette bactérie étaient représentées. Le sérum antiprotéasique s’est montré très inhi- biteur pour vingt-quatre échantillons ; les deux échantillons réfractaires S et SS dégradés au point de ne plus donner de pigment que sur le milieu gélose-peptone-glycérinée étaient également dégradés au point de vue des protéases. Dans les conditions d’une protéase exagérément faible, la réaction de SÉRUMS ANTIPROTÉASIQUES 25 9 l'antiprotéase perd de sa signification, an moins dans les condi- tions habituelles de nos expériences établies pour des unités gélatinolytiques actives. Nous ne comptons pas l'action anta- goniste exercée par le sérum anti protéasique sur ces échantil- lons S et SS pour lesquels des expériences de très longue durée auraient dû être instituées, sans profit pour notre démonstration. La réaction del’antiprotéase est particulièrement intéressante lorsqu'il s’agit d'identifier des bactéries protéo- lytiques achromogènes. C’est ainsi que nous avons pu rattacher à l’espèce pyocyanique les échantillons E, F, OA, GF, dégradés volontairement par M. Gessard entre les mains de qui, ne donnant plus de pigment, elles donnaient encore de la pro- téase. Enfin nous avons vu, Mme Debat-Ponsan et moi, que le sérum antiprotéasique pour la protéase du B. pyocyanique est sans action sur les protéases sécrétées par des microbes fluores- cents et liquéfiants n ayant par ailleurs aucun caractère de pyocyanique. Nous avons fait cette recherche sur trois échan- tillons de bacilles fluorescents. L’un d'eux avait été isolé par M. Truche d'un intestin de cheval, les deux autres provenaient des eaux, ils nous avaient été donnés par M. Lemoigne. Le fluorescent de M. Truche était très protéolytique, les échan- tillons de M. Lemoigne l’étaient au contraire très peu. En faisant agir des quantités croissantes de sérums anti protéa- siques sur une masse de protéases dissolvant le test habituel non pas en une heure mais seulement entre douze et dix- huit heures, nous n’avons, en aucun cas, obtenu d’inhibition, malgré les conditions si favorables à celle-ci, en raison de la faiblesse de la protéase. Ainsi, la spécificité du sérum antiprotéasique, obtenue au moyen delà protéase d’un bacille pyocyanique, s’étend à toutes les races et variétés contenues dans l’espèce; elle se diffé- rencie nettement par sa généralité du caractère particularité de certaines agglutinines. Technique de la réaction. — Il va sans dire que la technique pour cette réaction ne diffère en aucun point de celle qui nous a servi dans les recherches publiées antérieurement par nous. Dans les meilleures conditions, on doit se servir de filtrat dont on a déteiminé l’unité gélatinolytique. Toutefois, on peut aussi appliquer la technique simplifiée suivante dont nous nous ’uw.EAt; III. 160 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Ce tableau est divisé en deux parties : la première contient les résultats obtenus avec 6 souches Huv , Mam, T oui, A. Hubl, Raph ; les quatre premières de ces souches étaient surtout fluorescigènes, la souche Hubl est très pyocyanogène, la souche Raph est érythrogène ; la seconde partie du tableau comprend les souches F, E, O. A, O. F, toutes achromogènes ; ces échantillons, comme nous l’avons dit, avaient été expérimentalement dégradés, ils ne donnaient pas de pyocyanine en aucun milieu ; seule, la réaction de l’antiprotéase a permis de les identifier comme pyocyaniques. SÉRUMS ANTIPROTÉASIQUES 20 1 sommes largement servi dans nos études d’ordre qualitatif. Appliquée au B. pyocyanique, la technique simplifiée s’ordonne ainsi : 1° Ensemencement de 10 cent, cubes de bouillon-peptone Martin avec la bactérie à différencier. Culture de quatre jours à 37° : toutes les vingt-quatre heures, rupture du voile par agitation. 2° Avec le filtrat sur bougie L3 de cette culture, ou plus simplement avec la culture vivante elle-même , on détermine l’unité gélatinolytique. Cette opération doit être faite très soigneusement, le volume de filtrat ou de cultuie définissant l'unité gélatinolytique étant variable avec les échantillons d’une même espèce ; 3° Etablir l’expérience comme il a été indiqué dans nos mémoires précédents pour la détermination de l’optimum approché. Avoir soin, quand on se sert de la culture vivante, de ne pas ajouter au test d’épreuve une unité gélatinolytique trop chargée de germes, ce qui peut arriver avec les bactéries qui, comme le B. pyocyanique, en particulier, se concentrent en amas glai- reux; on évitera cet inconvénient par la centrifugation delà culture. 4» Après dix-huit heures d’étuve à 41°, les tubes sont portes dans un bain à 20°. On note le temps de gel, au sortir do l’étuve, après séjour des essais dans le bain à 20 . On a les résultats suivants : Quand on fait agir le sérum préparé sur une bactérie de l’espèce antigène, la gélification du test a lieu dans un temps court ( moins de dix minutes) à partir d'un volume compris entre 0 c.c. 01, 0 c.c. 03 pour les sérums préparés par nous. Si la bactérie n appartient pas à l'espèce antigène, il n’y a pas de gélification, quels que soient la dose de sérum employé et le temps de refroidissement . Nous donnons ci-joint un tableau d’expériences (tableau 111) qui montre, étudiée sur dix variétés de B. pyocyanique, I action d'un sérum préparé avec la souche Huv, très fluorescigene . Dans ce tableau, le sérum préparé est désigné par Sp (sérum spécifique), le sérum normal est désigné par 5». Les chiffre, situés dans les colonnes Sp et Sn marquent en minutes le 26 2 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR temps de gélification à 20° de l’essai correspondant, le signe oc place dans les colonnes Sp et Sn indique que la gélification de la gélatine ne se produit pas quel que soit le temps de refroi- cassement ; l'indication + veut dire que la gélification est tardive (plus de dix minutes, moins d’une heure). Nous avons donné ci-dessus la méthode qualitative, rapide, permettant d'appliquer aisément la réaction de l’antiprotéase.’ ,n Pcut également, si l'on désire plus de précision dans les résultats, appliquer à la réaction de l'antiprotéase la tech- nique quantitative (détermination de l’optimum réel; dont nous avons donné maints exemples. Les graphiques 11 et 12 mon- tient 1 action comparée d’un sérum normal et du sérum spéci- hque (préparé avec le filtrat (Huv) sur l’unité gélatinolytique de a souche liaph d une part (graphique 11) et sur l'unité de la souche Hubl d’autre part (graphique 12). R" rapprochant les graphiques 11 et 12 des graphiques 1 et 2, on verra que l'action du sérum spécifique sur la protéase antigene (Huv) est identique à celle qu’il exerce sur les proteases des souches liaph et Hubl ; ces recherches quantita- tives complètent les recherches qualitatives du tableau III. c inclusions . — Les résultats que nous venons de faire connaître indiquent que : dans l’espèce B. pyocyaneus la pro- ease est identique quel que soit le germe auquel on s'adresse. L identité de celte protéase est démontrée par la constance de action exercée par un sérum préparé avec la protéase d’un germe quelconque de l'espèce, sur toutes les protéases des differents germes de cette espèce et sur les seuls germes de celle-ci. Le résultat permet de dire que la réaction de l’anti- protease est susceptible d'intervenir dans la diagnose d’une espèce bactérienn<\ CONCLUSIONS 1“ L’injeclion sous-cutanée au lapin d’un filtrat bactérien protéolytique détermine chez cet animal la formation d’anti- corps. 2 Ces anticorps sont spécifiques. 3° La spdclîcité d’une antiproléase obtenue par l’injection SËRl’MS ANTÏPROTÉA.SIQUES 203 d un filtrat de culture d’un bacille.pyocyanique s eten i à toutes les races et variétés de ce bacille. 4° La réaction de l’antiprotéase pyocyanique permet de caractériser des germes de cette espèce, dégradés au point de vue pigmentaire mais ayant conservé la propriété de sécrétei la protéase; elle permet de les séparer des fluorescents non pyocyaniques. ,, 5° L action exercée par un sérum antiprotéasique sur L unité tryptique est de l’ordre de celle exercée par les sérums nor- maux ; elle peut être, parfois, légèrement augmentée. 6° La généralité de son action sépare l’antiprotéase des agglutinines; nous avons d’ailleurs démontré que les aggluti- nines peuvent se former sans apparition simultanée u anti - protéase (1). Nous nous proposons de revenir sur ce point. 10 décembre 1919. EXPLICATION DES GRAPHIQUES Dans tous les graphiques les chiffres portés en «^-fchTffret'pô^s tsszssi sKsrrtffl&. ~ l'action du sérum normal. m L. Launoy et M. Uyy-B.ubi. C. h. Sec. Biol.,. 10,9, 6 décembre. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR séi um piépaié sur des unités gélatinolytiques bactériennes. Les lettres a, fi. définissent chacun des graphiques particuliers renfermés dans le cadr Graphique 1. — Action d’un sérum normal et d’un sérum spécifique sur 1 unité gélatinolytique de protéase de B. pyocyanique (Huv). SÉRUMS ANTIPROTÈASIQUES 205 266 ANNALES pDE L'INSTITUT PASTEUR Graphique 5. — Action d’un sérum normal et d’un sérum spécifique sur l’unité gélatinolytique d’un filtrat de B. Proteus M. SÉRUMS ANTIPROTÉASIQUES 267 268 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ( rRAPHiQUE 9. Action d un sérum préparé contre la protéase du Proteus \i sur : a) l’unité gélatinolytique du M. prodigiosus ; — p; l’unité gélatinolytique du B. pyocyanique ; — y) l’unité gélatinolytique antigène. SÉRUMS AINTIPROTÉASIQUUS 2G9 270 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR DE LA PATHOGENIE DU CHOLERA (deuxième mémoire) LA “ PÉRITONITE CHOLÉRIQUE ” OU COBAYE Par le professeur G. SANARELLI Directeur de l'Institut d’Hygiène de l’ Université de Rome (avec la, planche I). I. — Les phases successives du. processus péritonéal mortel. Dans notre premier mémoire, nous avons signalé le cas de pas mal de savants qui ont prétendu expliquer le mécanisme pathogénique du choléra humain d’après le processus mortel de la péritonite vibrionienne chez le cobaye. Nous avons même montré les raisons qui départagent d'une façon inconciliable les opinions exprimées par les auteurs sur ce sujet. Les nouvelles données expérimentales acquises dans notre premier mémoire nous permettront de mieux comprendre le processus compliqué, qui nous occupe, en aplanissant les contradictions qui apparaissaient jusqu'ici comme irréductibles entre les différentes constatations bactériologiques des auteurs et les interprétations pathogéniques à qui elles donnaient origine. L’étude comparative et méthodique de ce qui se passe simul- tanément dans la sérosité péritonéale et dans les plis de l'épiploon des cobayes ayant reçu dans le péritoine une culture entière de vingt-quatre heures de vibrion de l Isonzo sur gélose — qui est une dose sûrement mortelle — nous permet de pénétrer plus avant dans l'explication du processus en question. Dans le précédent mémoire, on trouvera exposée la technique que nous avons suivie dans cette nouvelle série d expériences : Cobaye I, de 250 grammes. — Injection péritonéale d’une culture de vibrions de 24 heures sur gélose. Sacrifié trente minutes après, par section du bulbe. 272 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR A 1 ouverture de l’abdomen on rencontre une certaine quantité de liquide transparent ; tout le reste est normal. Ensemencements sur gélose : Du péiitoine r voile continu de vibLions. Du sang . innombrables colonies de vibrions. Examen de la sérosité péritonéale. - Quantité innombrables de vibrions ont beaucoup transformés en de petites granulations. Quelques cellules endothehales, beaucoup d’hématies, pas de leucocytes. Examen de V épiploon. — Légère diapédèse le long des parois de quelques capi aires sanguins, avec un faible afflux de polynucléaires. Les vibrions sont répandus sur toute la surface de l’épiploon; leur plus grande partie est, cependant, transformée en de petites sphérules, groupées parfois en grappes épaisses semblables a celles des staphylocoques. Ceci prouve que les éléments cellulaires du péritoine ont diffusé très rapidement leurs produits solubles de défense dans l'exsudât qui est natu- i ellement, on le sait, dépourvu de principes bactériolytiques. Au bout de trente minutes, la phagocytose est insignifiante en effet, mais insignifiante pour le nombre des polynucléaires intervenus non à l'égard de 1 activité de ceux-ci, qui est au contraire très grande. Les nombreux vibrions pro'm'ent*1 61 mCn^ p,e«duc transformés en granulations, le La mobilisation tardive ou manquée des polynucléaires semble cepen- :eL^ST^0l:lPe"See par l lntervenlion apparemment très accusée des - u les endothéliales du péritoine. Beaucoup de ces cellules, gros noyaux vésiculaires, sont déjà, à ce moment, remplies de vibrions et de granulations. Iiorer e'rTm| n ' “pendantl "> •* vib-r lL%zrzrmz. ,njection péritonéaie trune cuiture de infestrronTLd™auxd0men’ °" C°nState ab°ndânl eXSudat limpide' Les Ensemencements sur gélose : Du péritoine : voile continu de vibrions. Du sang . de très nombreuses colonies. Examen de la sérosité péritonéale. - Quelques rares lymphocytes une très grande quantité de vibrions et de granulations. 1 ' ’ S Examen de l'épiploon. - La diapédèse est toujours très faible; on note Maires sanguins. l*UeS 66SaimS dC S'°bUleS blancs appli('ués «-les capib L’aspect géneh-al des préparations témoigne encore de l'absence presque complète de réaction leucocytaire. Celle-ci se borne à quelques nolvnu g tluon?!'6 SUr 16 feUille‘ épipl°ïque '«“t de vibrions et de chargées semb?ablemènîqïe’ ®n.°Utre' beaucoup de cellules endothéliales 2ns On commence a , V n°nS ' ‘ de 8ranu,ations de différentes dimen- ons. On commence, d autre part, à constater des vibrions formant des L)E LA PATHCKiÊNIE Dl) CtiOl.ËBA 273 groupes très abondants, de petites chaînes ou des couples, preuve évidente d’une récente multiplication. Plusieurs canalicules lymphatiques sont déjà renplis de vibrions. Cobaye III, de 250 grammes. — Injection péritonéale d une culture sur gélose. Sacrifié deux heures après. A l’ouverture de l’abdomen, on trouve une abondante récolte de liquide clair. L’intestin est légèrement congestionné. Ensemencement sur gélose : Du péritoine : voile de vibrions. Du sang : beaucoup de colonies de vibrions. Examen de la sérosité péritonéale. — Beaucoup de vibrions et de granula- tions, souvent réunis en de petits amas. Pas d’éléments cellulaires. Examen de V épiploon. — Les vibrions et les granulations sont toujours très abondants : les amas de granulations dominent particulièrement par leur nombre et l’extension. On observe, également, beaucoup de vibrions par couples, en forme de longs filaments ou de spirilles. Ce qui est la démons- tration évidente de la multiplication des vibrions, se réalisant malgré les conditions vraisemblablement défavorables du milieu, chargé, sans nul doute, d’alexine. Beaucoup de vaisseaux et culs-de-sac lymphatiques regorgent de vibrions et de granulations-, ces dernières abondent particulièrement. Un certain nombre de lymphocytes inertes. Faible nombre de polynu- cléaires en pleine activité phagocytaire, c’est-à-dire remplis de granulations. Cobaye IV, de 250 grammes. — Injection péritonéale d’une culture sur gélose. Sacrifié trois heures après. A l’ouverture de l’abdomen, on constate le volume habituel de liquide clair. L’intestin et l’épiploon ont l’aspect normal. Ensemencements sur gélose : Du péritoine : voile de vibrions. Du sang : beaucoup de colonies de vibrions. Examen de la sérosité péritonéale. — Un remarque une évidente raréfaction des vibrions qui apparaissent, d’ailleurs, bien développés, reunis par couples ou parfois en forme de filaments. Les granulations sont moins nom- breuses que les vibrions; elles paraissent plus grosses qu’à l’habitude. Leur diamètre est le double de la grosseur des vibrions. Absence d’éléments C 6 1 1 U 1 91 i FC S • Examen de l'épiploon. — Quantité énorme de vibrions et de granulations de toutes dimensions. Le nombre des granulations dépasse de beaucoup celui des vibrions. Les granulations aussi bien que les vibrions forment pêle-mêle de grands amas irréguliers rappelant l’image des nébuleuses < u ciel. Absence totale de phagocytes. Cobaye V, de 250 grammes. — Injection péritonéale d’une culture sur gélose. Sacrifié six heures après. Dans la cavité péritonéale, on rencontre le volume habituel de hquid e clair. Les intestins sont normaux. Ensemencements sur gélose : Du péritoine : voile de vibrions . Du sang : 12 colonies de vibrions. Examen de la sérosité péritonéale. - Le nombre des vibrions est encore 18 274 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR plue diminué ; les granulations, au contraire, sont devenues plus nombreuses de 'fZ an,as- Pas d'élé™e"te eelfulaires 8- porteXt oi Oh ~ al fraiS’ simPleme"t étendu sur un verre po, e Objet on observe par-ci par-là, même à l’œil nu, à la surface de P 1 oon, de petites saillies irrégulières, semblables à de petites agelomé d un canal au fond duquel s’écoule ainsi endigué le Ilot rouge du sang variqueux' deiTapillahes l’ d’une ai8uille’ ces ampoules, ces aspects tV„éSgad,i™èreS8Urt0Ut- La ‘'éacti0n de la (mé,hodeedSrwtghenj cordons lvtJ épiploon coloré ; ~ A faible grossissement (Obj. 4, Oc. 4), les caractéristiaue1 mr]168’ 8°nlles et ectasiques, présentent un aspect tellement ES5S suspension de polynucléaires Au Zu'3' C.°mmc lnjecté Par une épaisse répandues à foison sur toZ la « des innombrables granulations, littéralement l’épaisseur ou lencZ ate de 1 épiploon, qui en farcissent tous les caractères HW J* T S‘'°UpeS de ^lons, ayant tiques, à proximUé des can Han 6 mulUP1,caUon’ En dehors des lympha- cléaires, qui ont l’apparence de ne pï prendre p^Tl^u'ae^'Z paralysés. Autour d’env P ; , U1 L Pai 1 a la lutte , on les dirait phagocyter sont innombrables. >nS * ' " s‘anulations qu’>ls devraient Injection péritonéaie d'une «r ttZentZ^fsur'gZsœ"1101116' ‘nteStin lé«èrement diarrhéique. Du péritoine : de très nombreuses colonies. Du sang : 4 colonies de vibrions enc“l«s rJToe Zes lymlT granulati°"a et des vibrions beaucoup de champs du ? 7 gr°Upés par 4 à 12’ ««>• V£lT;nidtVyTh0CyteS' Pas po.y„ucîé°airePsUS SranU'ati°ns’ ni cytes dans les p'atTdeT ^^2“ ™P<>aa"t de leuco- rs: .t™ de leucocytes qui sortent en ’^ÏTZ' DE LA PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 275 polynucléaires sont largement répandus sur toute la surface de l’épiploon. Cependant, ils ne semblent pas chercher à phagocyter les vibrions. La plus grande partie d’eux apparaissent ainsi inertes, comme épuisés, incapables de toute fonction. La phagocytose est de la sorte très limitée, mais elle existe néanmoins, ainsi qu’en témoignent de très grands amas de polynucléaires en pleine digestion de vibrions, mêlés à d’épais nuages de poussière chroma- tique constituée d’innombrables granulations vibrioniennes de toutes dimen- sions. On remarque, enfin, quelques lymphatiques replets de polynucléaires, de vibrions et de granulations. Cobaye VII, de 270 grammes. — Injection péritonéale d’une culture de vibrions sur gélose. Mort au bout de treize heures. A l’autopsie, abondant exsudât, transparent, dense et filant dans le péri- toine. Intestin congestionné et diarrhéique. Les parois de l’estomac sont très injectées. Les amas adipeux de l’épiploon sont colorés ; l’épiploon apparaît vascularisé et tacheté de points hémorragiques. Ensemencements sur gélose : Du péritoine : beaucoup de colonies de vibrions. Du sang : 7 colonies de vibrions. Examen de la sérosité péritonéale. — Un certain nombre de lymphocytes; quelques polynucléaires sans vibrions et sans granulations; absence de phagocytose; quelques granulations isolées ou assemblées en petits groupes avec quelques vibrions intacts. Examen de l'épiploon. — La surface est recouverte par une très grande quantité de polynucléaires plus ou moins chargés de granulations. La phagocytose est devenue plus active et tend à accomplir un travail vraiment efficace, bien que lent. Les granulations qu’on rencontre sont de beaucoup moins nombreuses que dans les cas précédents : signe évident que l’inter- vention des polynucléaires, quoique tardive, a accompli une certaine besogne. La raréfaction progressive des granulations est indiscutable, Même les vibrions intacts deviennent de plus en plus rares; on en ren- contre, cependant, dont quelques-uns, par leur disposition en couples ou leur forme en filament ou en spirille, accusent leur récente multiplica- tion. Dans les canalicules lymphatiques, on observe encore de grandes quantités de polynucléaires mélangés à des granulations et à des vibrions. L’examen de la sérosité péritonéale à l’ultramicroscope démontre que ces granulations sont immobiles, tandis que les vibrions gardent leur mobilité et leur vitesse de translation normales. Cobaye VIII, de 300 grammes. — Injection péritonéale d’une culture sur gélose. Mort en dix-huit heures. A l’ouverture de l’abdomen, on rencontre une petite quantité d’exsudat transparent, livide, muqueux. Les intestins sont congestionnés et diar- rhéiques. Epiploon de coloration rose, très hypérémié. Ensemencements sur gélose : Du péritoine : 12 colonies de vibrions. Du sang : négatif. Examen de la sérosité péritonéale Beaucoup de polynucléaires et beau - coup de lymphocytes. On ne décèle ni de vibrions, ni de granulations; mais on y rencontre quelques phagocytes renfermant des granulations de dimen- sions différentes. Examen de l'épiploon. — Les polynucléaires sont devenus encore plus 276 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR abondants; toute la membrane épiploïque en est recouverte. Ouelques-uns d'entre eux renferment des granulations vibrioniennes. La défense phago- cytaire s’est franchement intensifiée et a atteint une grande efficacilé. En effet, le champ est presque débarrassé de granulations libres et de vibrions. Même le réseau lymphatique apparaît farci de polynucléaires renfermant quelques rares granulations mais pas un seul vibrion. L’examen des prépa- rations donne ainsi l’impression que le processus péritonéal est désormais jugulé. Si on ajoute à cette impression le résultat des ensemencements de la sérosité péritonéale aussi bien que du sang, on ne parvient pas au prime abord à s’expliquer comment il se fait que le cobaye est mort alors même que l’inlection paraît vaincue. Cette apparente contradiction entre révolution anatomo- pathologique et bactériologique du processus local et l’issue de la matadie a besoin d’être éclaircie. Nous nous trouvons, en effet, devant cette conclusion para- doxale : Ce cobaye succombe à l’infection au moment même où il était sur le point d’être entièrement quitte des vibrions injectés dans son péritoine, grâce à l’intervention, tardive il est vrai, des phagocytes. 2. — Vibrionémie précoce et barrage phagocytaire tardif. Il a été toujours affirmé, et on croit généralement, que chez les animaux qui meurent à la suite d’une infection très aiguë, la phagocytose ne peut pas intervenir. Nous avons vu, au contraire, que dans la péritonite cholé- rique avec issue rapidement mortelle, la phagocytose entre en scène, soit même avec une grande lenteur, mais avec d’indis- cutables résultats locaux. Un fait analogue a été observé par Werigo (1), dans l’infec- tion charbonneuse mortelle du lapin, mais avec cette différence : dans la maladie charbonneuse mortelle du lapin, la phago- cytose apparaît dans les premières phases et s’arrête ensuite ; dans la péritonite cholérique du cobaye, au contraire, elle entre en jeu dans une phase déjà avancée du processus morbide et gagne toujours davantage d’intensité jusqu’à la mort. Comment se développe-t-il donc, ce processus morbide? Nous allons en résumer les différentes phases, telles qu’elles résultent des faits établis dans cette dernière série d’expériences. L’injection d’une dose mortelle de vibrions dans le péritoine (1) Développement du charbon chez le lapin. Ces Annales , 1894, p. 1. DE LA PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 277 du cobaye a, tout d’abord, comme, effet immédiat la soudaine et abondante irruption des vibrions eux-mêmes dans le torrent circulatoire. La vibrionémie qui en résulte est habituellement beaucoup plus rapide et imposante que celle qui se produit a la suite d’une injection péritonéale d’une dose non mortelle. En effet, après cinq minutes seulement, les colonies de vibrions qui se développent sur la surface d un tube de gélose ensemencé par une seule goutte de sang sont déjà innom- brables. Cette intense vibrionémie dure pendant plus d une heure. Déjà à partir de la deuxième ou troisième heure, les vibrions diminuent rapidement de la circulation jusqu a atteindre un nombre excessivement petit ou à disparaître entièrement au delà de la douzième heure jusqu à la mort. Un simple regard au tableau suivant, dans lequel sont consignés schématiquement les résultats de quelques-unes des expériences, permettra d apprécier la vitesse et 1 intensité avec laquelle l’invasion du sang se réalise, selon la quantité des vibrions introduits dans le péritoine : Cobayes neufs injectés dans le péritoine. ENSEMENCEMENT DU SANG sur des tubes de gélose effectués AVEC. 1/3 DE CULTURE (dose non mortelle) AVEC UNE (dose m CULTURE ortelle) 1° cobaye 380 gr. Nombre de colonies 2° cobaye 300 gr. Nombre de colonies 3° cobaye 365 gr. Nombre de colonies 4° cobaye 300 gr. Nombre de colonies Immédiatement après. . 0 0 0 0 Après 3 minutes . . . . 0 50 275 100 — 5 minutes . . . . 1 o O -T— OO *GO — 15 minutes . . . . 45 GO oo GO — 20 minutes . . . . 60 GO oo oo _ 30 minutes . . . . 70 GO oo 250 — 1 heure 120 oo GO 170 — 2 heures 4 80 70 45 — 3 heures 56 37 18 30 — 6 heures 2 15 9 18 _ 12 heures 1 3 2 7 Or, particulièrement, d’après les expériences de Bordet (i) (1) Les leucocytes et les propriétés actives du sérum chez les vaccines. Ces Annales , 1895, p. 462. 278 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR *àt de Levaditi (1), on sait que la pénétration dans le sang1 circu- lant d une certaine quantité de vibrions provoque la dispari- tion des leucocytes. Ces derniers, par l’effet d’une chimiotaxie négative, se réfugieraient dans les organes, notamment dans les poumons, où se produirait dans des conditions très favo- rables le phénomène de la phagolyse et partant la mise en liberté du complément ou alexine destiné à provoquer la trans- formation granulaire des vibrions. La leucopénie circulatoire déterminée par l’irruption mas- sive des vibrions dans le sang explique donc pourquoi, à la suite d’une injection péritonéale de vibrions à dose élevée (mortelle), au lieu d’un afflux de leucocytes pour défendre l’épiploon — comme il arrive après l’injection d’une petite dose — c’est le phénomène opposé qui a lieu. Ln résumé, les petites doses provoquent la diapédèse épi- ploïque, c est-à-dire 1 intervention de la défense leucocytaire*, les hautes doses, au contraire, jouent le rôle d agressine, c est-à-dire, au lieu d’attirer, repoussent et retiennent loin les leucocytes. Ces agressines, étudiées par Bail (2), ne seraient, au fond, d après Sarrerbeck (3) que les endotoxines des microbes eux- mêmes. Voilà donc de quelle façon la dose des microbes introduits dans le péritoine — et, en certains cas, peut-être aussi leur degré de toxicité — en provoquant ou non au niveau de l’épi- ploon un afflux de leucocytes peut décider, dès le début, de l’issue de i’infection. Nous nous occuperons plus tard du sort des vibrions qui s’échappent dans le torrent circulatoire. Pour le moment, nous allons suivie ceux qui restent dans le péritoine. Se borner à l étude de la sérosité péritonéale, comme il a été pratiqué jusqu’ici, serait poursuivre une œuvre vaine. Même chez les cobayes qui reçoivent des doses mortelles, l’examen exclusif de l’exsudât ne donne que des résultats insignifiants ml pU824état de la °yt0Se danS île plasma des animaux> etc. Ces Annales , 1 $ voT^fascg3n4Über ^ Chole-~itat. Arc/, für Hy9iene , DE LA PATHOGÉNIE 'DU CHOLÉRA 279 ou nuis. C’est sur l’épiploon que se développent toutes les phases du processus morbide et c’est à ce niveau quelles doivent être suivies méthodiquement à l aide du microscope. Nous avons établi que l’injection de doses mortelles, c est- à-dire abondantes de vibrions, ne provoque pas l’appel de leucocytes dans le péritoine. Dans ce cas, en effet, fait défaut l’immédiat et imposant afflux de leucocytes de barrage qui est, au contraire, provoqué pour les doses non mortelles. Mais la diapédèse épiploïque, telle qu’on l’observe dans des conditions normales, ne S arrête pas tout de suite. Pendant quelque temps, les leucocytes, bien qu’en nombre assez limité, continuent de se porter sur les plis de l’épiploon et, malgré qu’ils aient affaire à de grandes quan- tités de vibrions, manifestent une action phagocytaire dune certaine activité. Us sont secondés, non seulement par les polynucléaires, qui étaient déjà dans le péritoine au moment de l’injection et qui se précipitent immédiatement après sur l’épiploon, mais aussi par les cellules endothéliales de la séreuse. Cette hyperactivité cellulaire détermine une byperpro- duction de complément et, par là, la transformation granulaire d’une très grande quantité de vibrions. Malgré cela, à cause du barrage insuffisant établi par les polynucléaires, un grand nombre de vibrions et de granula- tions vibrioniennes, ainsi qu’en font foi les ensemencements du sang, parviennent à se frayer un passage dans les capillaires lymphatiques et, de là, dans la circulation générale. Les propriétés bactéricides acquises par le milieu péritonéa , bien que capables de déterminer la transformation granulaire en masse des vibrions, n’arrêtent ni leur exode vers le sang, ni leur faculté germinative. Peu à peu, ils se reprennent et recommencent à se multi- plier, pendant que, déjà, le faible concouis des phagocyte diminue de plus en plus jusqu à s éteindic. Aussi, nous sommes bien loin de cette hypothétique estiuc tion générale des vibrions, sur laquelle Pfeiffer et ses eleves ont bâti tout le compliqué échafaudage pathogénique ce << processus morbide expérimental. . , Après trois heures, toute] activité Jphagocytaire *est etem e 280 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tandis que la transformation granulaire extracellulaire des Aibrions augmente de plus en plus jusqu’à devenir totale. En effet, au bout de six heures, on ne rencontre plus que des granulations libres et, ce qui est encore plus intéressant, leur nombre, malgré l’exode ininterrompu et abondant à travers le réseau lymphatique, au lieu de diminuer, semble augmenter. 11 est très vraisemblable que, nonobstant les conditions du milieu, de nouveaux vibrions prendront naissance dans les granulations, se transformant immédiatement, à leur tour, en de nouvelles granulations. J’ai observé, en effet, que les vibrions cultivés pendant un jour dans du sérnm anticholérique et ensuite repiqués sur gélose ne se montrent pas, comme on pourrait le penser,' plus aguerris ou mieux habitués à l’action bactéricide de même sérum. Au contraire, remis en contact avec du sérum anticholé- rique, ils apparaissent beaucoup plus faibles et, ainsi beaucoup plus sensibles au phénomène de la transformation sphérulaire et de la bactériolyse. Ccla explique, peut-être, pourquoi, autour de la sixième heure, nonobstant l’invraisemblable quantité de granulations répandues dans le péritoine et qui farcissent le réseau lympha- tique, 1 ensemencement du sang circulant trahit une décrois- sance sensible de la vibrionémie. Il est très probable que les vibrions qui ont pénétré dans le sang à l'état de granulations au lieu d’être à l’état normal sont plus rapidement saisis par les phagocytes vasculaires. Gela n empeche pas, bien entendu, que, même à l’état de granulations éfeintes, ils ne soient capables d’exercer leur pou- voir toxique immédiat sur quelques organes et tissus d’élec- tion. Cest ce que nous verrons plus tard. De toute façon les ensemencements du sang donnent l’illusion que le passage des germes dans la circulation est en passe de cesser. Pourtant, à ce moment, les lymphatiques se montrent plus que jamais chargés de granulations vibrioniennes, au point qu ils apparaissent dilatés, agrandis, et si démesurément qu’on les reconnaît à l’œil nu, aussi bien à l’état frais que dans les préparations fixées et colorées. Il n est pas possible que ces ectasies lymphatiques de l’épi- p oon, revêtant les formes les plus irrégulières et bizarres, DÉ DA PAT DO GÉNIE DU CIIOLËKA 281 soient passées inaperçues à tant d’expérimentateurs. Elles ont dû leur sembler être des dépôts de fibrine ou des flocons d’exsudat purulent. Aussi, cette phase du processus morbide, caractérisée par la complète inertie phagocytaire dans la cavité péritonéale, coïn- cide, au contraire, avec le réveil des polynucléaires vasculaires et leur début de mobilisation même vers l’épiploon. Ayant été accoutumés peu à peu à l’action inhibitrice des agressines, ces leucocytes sont en état, désormais, d accourir là où leur présence est réclamée. En effet, à la dixième heure, l’examen de l’épiploon atteste la reprise de la diapédèse. Ce sont des essaims de polynucléaires qui débouchent des parois des capillaires sanguins de 1 épiploon et se répandent dans toutes les directions, phagocytant abondamment les granula- tions et les rares vibrions qui y restent. Mais leur intervention tardive, bien qu’au prime abord elle apparaisse efficace, reste au-dessous du besoin. Les ensemence- ments de la sérosité péritonéale, à ce moment, accusent néan- moins une indiscutable raréfaction des germes vivants, preuve évidente de leur activité destructrice. Malgré cela, l'état du cobaye empire et son hypothermie ne fait qu’augmenter. 3. — Explication des tableaux bactériologiques du péritoine. L’épuration microbienne progressive accomplie par les phagocytes de la cavité péritonéale chez les cobayes ayant reçu des doses mortelles de vibrions n a donc pas d action sur l’issue finale de la maladie. Ils meurent plus tôt ou plus tard, sans être influencés par la marche du processus péritonéal ou du succès plus ou moins décisif obtenu localement par l’afflux tardif des phagocytes. Ce ne sont plus les vicissitudes du processus local qui modi- fient l’évolution de la maladie. Selon la durée de celle-ci, la phagocytose du péritoine parvient plus ou moins a réaliser localement son but qui est d atteindre tous les germes cholé- riques. En effet, en ce moment, si la mort est prompte — dans notre 282 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR cas, où la mort survient treize heures après — l’épuration du péritoine est seulement partielle. L’épiploon présente encore le spectacle d’une lutte très vive entre phagocytes et vibrions; le i eseau lymphatique est toujours traversé par de nombreux vibrions au milieu de polynucléaires et les ensemencements de la lymphe donnent lieu à un certain nombre de colonies. L’ensemencement positif du sang du cœur démontre égale- ment que le foyer péritonéal n’est pas encore entièrement éteint et en même temps que le barrage des lymphatiques n’est pas non plus complet. Mais si la mr>rt est moins prompte — dans la dernière expé- rience consignée plus haut, la mort s’est produite au bout de dix- huit heures le processus phagocytaire, en gagnant progres- sivement d’intensité, parvient à accomplir entièrement l’épura- tion locale, à arrêter toute multiplication ultérieure de germes. Il s ensuit que, dans ces cas, les ensemencements du sang du cœur demeurent stériles et ceux de la lymphe péritonéale ne donnent lieu qu’au développement de rares colonies. Tel est le tableau bactériologique habituel, je dirais presque classique, de la péritonite cholérique expérimentale, dont 1 interprétation a donné naissance, jusqu’ici, à tant d’hypo- thèses, à tant de controverses. Au contraire, tout s explique a présent, si I on tient compte de ceci, à savoir : 1 évolution du processus péritonéal, pas plus que le constat bactériologique, n’ont aucun rapport direct ni avec la gravité, ni non plus, avec la durée de la maladie. On est alors amené à se demander comment il se fait que I animal meurt au moment où le sang devient stérile et où les vibrions ont presque entièrement disparu de la lymphe péri- tonéale. 1 Par intoxication, pourrait-on être tenté de répondre, en se rappelant les idées de l’école de Pfeiffer et notamment les conclusions de Issaeff et Kolle (1), concernant la prétendue et prompte désagrégation des vibrions, même dans la cavité péri- tonéale de cobayes neufs. Dans un prochain mémoire, nous verrons que cette réponse ne répond pas à la réalité. (1) Experimentelle Untersuchungen mit Choleravibrionen an Kaninchen Zeüsck. fur Hygiene , 1894, vol. 18, p, 29. incuert. DE Là PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 283 Résumé. 1° Les vibrions, aussitôt injectés dans la cavité péritonéale, à doses inférieures à la dose minima mortelle, pénètrent dans le réseau lymphatique épiploïque et se déversent tout de suite, par la, dans le sang circulant. Dans ce cas, 1 intensité et la durée de la vibrionémie sont sensiblement plus grandes s’il s’agit d’une dose non mortelle. 2° L arrivée des vibrions dans la circulation en plus lorte (proportion provoque un phénomène contraire. La typique et abondante diapédèse des polynucléaires au niveau de 1 épiploon ne se produit pas. En pénétrant dans le sang, ils s y comportent comme des corps « agressiniques » i ils repoussent les leuco- cytes au lieu de les attirer. 3° La mobilisation des polynucléaires du sang faisant défaut, l’organisme n’a pour se défendre que les leucocytes se tiouvant dans le péritoine. 11 s’ensuit une plus intense et plus grave inversion du sang par les vibrions injectés. 4° A partir de la troisième heure, 1 activité des phagocytes cesse entièrement. Seul subsiste le pouvoir bactéricide de la sérosité, qui est dû, d’ailleurs, aux cellules du péritoine (leu- cocytes et cellules endothéliales). Ce pouvoir, toutefois, ne suffit pas à arrêter la multiplication des vibrions. 5° Cette multiplication qui s’accompagne, tout en devenant de plus en plus intense, d’une hyperproduction de complément est suivie par la transformation sphérulaire des vibrions et leur exode ininterrompu dans la circulation. 6° Aussi, à partir de la troisième heure, après l’injection, le réseau lymphatique péritonéal, dépourvu de toute défense leucocytaire, est incessamment traversé par d’innombrables granulations vibrioniennes et de très nombreux vibrions, se déversant ensuite dans le sang circulant. Cette phase décide du sort de l’animal. 7° Soudain, vers la dixième heure, on remarque au niveau de l’épiploon, l’apparition d’une forte diapédèse et la reprise de de la défense phagocytaire. En ce moment, l’organisme, bien qu’irrémédiablement atteint, se réveille, se ressaisit et esquisse une ultime défense, révolte tardive et non proportionnée au besoin extrême. 284 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR k° Lîne telle épuration microbienne locale, tardive, mais assez énergique, effectuée par les phagocytes, survenue à la dernière heure, n’exerce pas d’influence sur le processus mor- bide général, si ce n est sur le tableau bactériologique que l’on constate à 1 autopsie, par les ensemencements de la lymphe, si la mort survient moins rapidement. 9° Il s ensuit qu à 1 autopsie des cobayes morts les premiers, les ensemencements de la sérosité péritonéale, donnent un plus grand nombre de colonies de vibrions; au contraire, les ense- mencements de la sérosité péritonéale des cobayes morts moins rapidement restent très pauvres ou stériles. 10° Les cobayes qui succombent à la suite d une injection péritonéale de vibrions cholériques ne meurent donc pas en conséquence du processus local, c’est-à-dire de péritonite. Tout au contraire, ils meurent lorsque l’infection du péritoine semble déjà maîtrisée, sinon entièrement guérie. On doit donc rechercher ailleurs la cause de leur mort. Légende de la Planche I. Lïg- 1 Sérosilé péritonéale du cobaye neuf, tué six heures après l’injec- tion péritonéale d’une culture de vibrions (dose mortelle). Beaucoup de vibrions sont déjà transformés en granulations de différentes grandeurs et môme réunis en de petits amas (cobaye V). (Coloration au bleu polychrome. Obj. imm. 1/15 mm. Oc. 6 comp.) Lig. 2. — Epiploon du même cobaye. Les cunicules du réseau lympha- tique, gonllés, déformés et rendus variqueux par le volume considérable de leucocytes et surtout de granulations qu’ils renferment. (Coloration au bleu polychrome. Obj. 4, Oc. 4.) Fig. o. La même préparation observée à fort grossissement. L’intérieur des capillaires lymphatiques apparaît farci de granulations vibrioniennes avec beaucoup de polynucléaires. Tout l’épiploon est recouvert de granula- tions. Cà et là, on voit des vibrions d’apparence normale et de petits buissons de vibrions (centres de multiplication). (Coloration au bleu poly- chrome. Obj. imm. 1/15 mm. Oc. 4 comp.) Lig. 4. — Epiploon du cobaye VII, tué treize heures après l’injection péri- tonéale d une culture de vibrions. L’épiploon tout entier est encore semé de granulations et de vibrions, mais sensiblement en moins forte proportion. On constate quelques « centres de multiplication » de vibrions. Le gros capillaire lymphatique bifurqué qui traverse la préparation est plein de phagocytes, plus ou moins chargés de granulations vibrioniennes et de quantité de vibrions. (Coloration au bleu polychrome. Obj. imm. 1/15 mm. Oc. 6 comp.) Le Gérant : G. Masson. Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. hVnnales de lTnstitut Pasteur. Tome XXXIV, Pl. I. (2e Mémoire Sanakelu.) . SRS* -V, '■ ,■ • • • ■ ‘ \ ,g ■M im ■ . ... • - ■ i . i - ; ~r * 7 ■ J)*- s ■ , ■ ■ - - "jr*, •'h * • U • . . .'-.v 1 — 5 — Maison Ch. VERDI N *0* G. BOULITTE, suce Ingénieur-Constructeur mi. APPAREILS DE PRECISION Servant en Physiologie, en Pharmacologie et en Médecine INSTALLATIONS COMPLÈTES de LABORATOIRES sur DEVIS 7, Rue Linné, PARIS (Ve) Téléphone 828-33 I0UVELLE ÉTUVE à température constante de HEARSON La figure représente l’Éta ve électrique sans réser- voir d’eau. Dans ces appareils, la chaleur est produite, distribuée d’une façon uniforme par un ou plusieurs fils. Des jonc- tions spéciales commandant chaque fil permettent d’utiliser ces résistances suivant certaines combinaisons pour pro- duire des températures plus ou moins élevées. Nous fabriquons tous les appareils nécessaires aux labo- ratoires de bactériologie, tels que : bains-marie, étuves à paraffine, stérilisateurs, appareils Wassermann, etc. Tous nos appareils peuvent être chauffés, soit au pétrole, gaz ou électricité. ENVOI GRATUIT DU CATALOGUE SUR DEMANDE Seuls Concessionnaires : SPRATT’S PATENT 38, rue Caumartin, PARIS — 6 — Adoptée officiellement par la Marine et les Hôpitaux de Paris . PANCREATINE DEFRESNE 1 gr. transforme simultanément : 35 gr. albi mine; 20 gr. corps gras; 25 gr. amidon. Dyspepsie. j Dégoût des Aliments. t Gastralgie. Diabète. J Digestions difficiles. { Gastrite , etc. POUDRE — PILULES — ÉLIXIR DEFRESNE, Auteur de la Peptoae Pancréatique, 4, Quai du Marché-Neuf. PARIS, et Pharmaoies. MEI6B8&B&PH3EB - E. COGIT & C'E Constructeurs d’instruments et d’ Appareils pour les Sciences 36, Boulevard Saint-Michel, PARIS ■ Téléphone : Fleurus 08-58 - — ATELIERS DE CONSTRUCTION EXPÉDITIONS ET VERRERIE EN GROS 19, Rue Humboldt. PARIS AGENTS EXCLUSIFS DES MICROSCOPES KORISTKA. S. O.M. Construits par la Société d’Optique et de Mécanique de Haute Précision, à Paris. Dépositaires des Colorants français R. A, L. et des Colorants du Dr TRIBONDEAU et du Dr HOLLANDE Produits chimiques pour la Micrographie et la Bactériologie Autoclaves , Centrifugeurs, Installations complètes de Laboratoires, Milieux. de. culture stérilisés, Microtomes de toutes marques. APPAREILS ET BROYEURS LATA PIE NOUVEAU MODÈLE D’ÉTUVES ÉLECTRIQUES A TEMPÉRATURE CONSTANTE NOUVEAUX APPAREILS DE PHYSIOLOGIE Marque « ASCO » pour la médecine et l’expérimentation. A U CHENAL*, OOUILHET et C“, Suce - PARIS 22, rue de la Sorbonne, 22 — PARIS FABRIQUE DE PRODUITS CHIMIQUES ET PHARMACEUTIQUES Produits purs pour Analyses * Baetériolop * Histologie * Micrographie Dépôts des balances : H. L BECKER Fils et Cie, &b BRUXELLES En France : Henry-Louis BECKER. - A. CATTEAÜX et R. GÜELTON, Suc". jrOTJISISriSSETJES IDE L’INSTITUT FASTEUK — 7 — FOURNITURES GÉNÉRALES pour LABORATOIRES et Ateliers de construction d’Appareils de précision Les Établissements POULENC Frères L . . 122, Boulevard Saint - Germain — PARIS Siège social s 9®, rue Vieille-du-Temple Produits Ciiimips purs Réactifs, Liqueurs titrées X Verre Français, marque LABO VERRERIE OHDBilBI 1! GBiDDÉE densimètres THERMOMÈTRES APPAREILS chauffés au gaz, au pétrole, à l’électricité. ■ i 1 1 Autoclaves et Étuves à culture COLORANTS FRANÇAIS, marque R. A.X. pour Microbiologie et Physiologie MICROSCOPES ~ MICROTOMES === CENTR1FUGEURS IYi°_n BERNOT F r î s 160 Rue Lafayette PARIS BULLETIN DE L’INSTITUT PASTEUR REVUES ET ANALYSES OBS TRAVAUX DE BACTÉRIOLOGIE, MÉDECINE, BIOLOGIE GÉNÉRALE, PHYSIOLOGIE, CHIMIE BIOLOGIQUE dans leurs rapports avec la Microbiologie. Comité « D,bsct,on : G. Bertrand, A. Beore^a A. Borrel C. Deles.nne, A Marie, F. Meanil, Professeurs a 1 Institut Pasteur. Para» régulièrement le 15 et Je 30 de chaque maie. Pair DS l'Abossembnt : France, 38 i^oTr^rànnfes^OS, 1907, 1910 Prix des volumes des années 1903 à 1914 ( °.^gSencore‘ un petit nombre de collections des 1912 ne se vendent pas ?éParémeut; .1 existe encore^^p ^ . ao fr. premiers volumes au prix de aou tr. ru* — 8 — •y A Vyü e>?** ATELIERS DE CONSTRUCTION Pour APPAREILS DE CHIMIE, %\ BACTÉRIOLOGIE, -v. Verrerie soufflée, graduée, porcelaine, terre, grès. LU 26 et 13, Rue Vauquelin §) ===== PARIS (V«) = INSTALLATIONS COMPLÈTES DE LABORATOIRES S AT iT .BS DO EDJ±l_b^A_TIOZESTS Fourniture de Produits chimiques — Matières colorantes Microscopes — Microtomes. NOUVELLES VERRERIES DE LABORATOIRE : Neutra . Qualité Iéna. Fina. . . . — Bohême. Verre. . — Courante. Produits français fabriqués par la Verrerie E. ADNET, 28, rue des Carrières, à Charenton, près Paris. ENVOI FRANCO DU CATALOGUE ILLUSTRÉ INGÉNIEUR des Arts et Manufactures LEQUEUX PARIS — 64, Rue Gay-Lussac, 64 — PARIS Adresse télégraphique : WIESNEGG-PARIS - Téléphone : 806-35. SPÉCIALITÉ D'APPAREILS BACTÉRIOLOGIQUES a "SK,rrr,îs,r * iTTT^ ETUVES et BAINS-MARIE A TEMPÉRA- TURES CONSTANTES * ÉTUVES A CUL- TURES MICROBIENNES CHAUFFÉES PAR LE GAZ, L’ÉLECTRICITÉ ET LE PETROLE * RÉGULATEURS DE TEMPÉRATURE * CHAMBRES - ÉTUVES etc. * APPAREILS A DÉSINFEC- TION. FOURNISSEUR DES >A Instituts PASTEUR de Paria, Lille, etc.. et Instituts Bactériologiques de France et Etranger INSTALLATION DE LABORATOIRES Projets, Devis Envoi franco des Catalogues sur demanda Exposition, l Bruxelles 1897: Grand Prix 1 Saint-Louis 1904 : Grand Prix Universelles } Pari» 1900 : 2 Grands Prix j Bruxelles 1910 : 2 Grands Prix Paris. - L. Marbthsux, imprimeur, 1, rue Cassette. . T. XXXIV. — 1920. Mai — N° 5. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR FONDÉES SODS LE PATRONAGE DE ffl. PASTEUR PAR E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION Dr CALMETTE, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr LAVERAN, membre de l’Institut de France; Dr L. MARTIN, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; Dr VAILLARD, membre de l’Académie de médecine. Iecrétaire de la Rédaction = Camille RAVE A LJ bibliothécaire de l’institut pasteur 25, RUE DUTOT — PARIS (XVe) Les annonces sont reçues à l'Économat de VJnstüut Pasteur. PRIX DE L'ABONNEMENT. — Fràncej 38 francs. Union postale. : 36 francs; Prix d’un Numéro : 3 francs. - 4 - LYSOL Lt PLUS PUISSANT DES ANTISEPTIQUES-DÉSINFECTANTS DÉRIVÉS DU GOUDRON ENTIÈREMENT SOLUBLE DANS L’EAU ™,w.ÎS0.L', recommandé par les médecins et les savants les plus Ies4î le meilleur préservatif des maladies épidémique G tFFtv Influenza’ Diphtérie, Fièvre typhoïde, etc. modèle aatltuberculeux et, principalement, le Dispensaire de Lille’ f??de et dirigé par le Dr Calmette, emploient les truèttoî>Fi»S Lysolees, de préférence à toutes autres, p j Siège social: 58, rue Notre Dame de-Lorette, PARIS SOCIÉTÉ D’INSTALLATION ET D’ENTRETIEN ^ T> «a rv Al "» J m » _ 1 , Rue Godot-de-Mauroi (POUR PARIS ET LA BANLIEUE) 9 34e ANNÉE MAI 1920 ‘ N° 5 ANNALES DE L’IN STIÏUÏ PASTEUR RECHERCHES SUR LA PRÉPARATION DES SÉRUMS ANTIMICROBIENS ET ANTITOXIQUES CHEZ LE CHEVAL (premier mémoire) par M. NICOLLE, V. FRASEY, E. DEBAINS et E. NICOLAS Nous nous sommes proposé d’obtenir des sérums spécifiques, jouissant, isolément ou conjointement, des trois caractères bien connus : agglutinant (identification des germes pathogènes), bactéricide eiantitoxiq «e (traitement des maladies microbiennes). Pour y arriver, il nous a fallu trouver des méthodes appro- priées d’immunisation et de titrage. Les unes et les autres devaient être simples, précises et toujours comparables; les premières, aussi inoffensives et rapides que possible. Nos recherches embrassent déjà plusieurs années; elles sont et seront poursuivies dans le double espoir d étendre et de per- fectionner les procèdes qui vont être exposés et d en imagine \ de nouveaux. Nous publions, aujourd’hui, une première suite d’expériences qu’ « illustre » une série de courbes. Ces courbes, qui ne con- cernent qu’une fraction de nos chevaux, ont été établies par 19 2K6 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR notre ami Césari ; nous ne saurions trop le remercier d’avoir accepté et mené à bien ce travail. On envisagera, successivement, la technique générale et les résultats obtenus. Les sérums étudiés appartiennent, aux types suivants : antityphique , antiparatyphiques (A et B), antimé- ningococciques (A, B et G), antigonococcique , anti-Shiga , anti- Flexner, antimelitensis , anticholérique , antiqanyréneux. Un second mémoire ( Truche, Frasey et Nicolas) sera consa- cré a la préparation des sérums anti pneumococciques ' TECHNIQUE GÉNÉRALE METHODES D’ÏMMUNISATSON Antigènes employés / En ce qui concerne la préparation des sérums antimicrobiens, •nous avons éliminé les germes vivants, pour leur substituer les « antigènes morts ». Voici les raisons qui ont dicté notre con- duite. Les microbes vivants peuvent se multiplier chez les chevaux, y provoquer des troubles variablesd’un sujet à l’autre, compliquer ainsi l’immunisation sans qu’on sache jamais où l’on en est, demeurer dans l’organisme un temps indéterminé et passer dans les sérums, comme il a été constaté avec cer- tains d entre eux. Donc : danger pour l’animal et le malade, incertitude pour l’expérimentateur, absence de toute base de comparaison — absence de méthode, au sens réel du mot. Avec une provision d’antigène mort, les conditions deviennent radi- calement opposées : on injecte des doses bien définies d’un produit toujours identique et incapable de s accroître in vivo , rien ne vient compliquer l’immunisation, ni rendre les sérums * éventuellement nuisibles. Nous utilisons deux types d’antigènes : les germes tués à l’alcool-éther et les extraits bactériens; les premiers dans le but d’obtenir des sérums antimicrobiens, les seconds dans le but d’obtenir des sérums antimicrobiens et antitoxiques. SÉRUMS ANT1MICR0RIENS ËT ANTITOXIQUES 287 Germes tués à l’alcool- éther Les bactéries, culti vées sur milieux solides, sont émulsionnées en eau physiologique, afin de les collecter. On centrifuge, puis on délaie les culots avec un excès d’alcool (environ 50 cent, cubes d’alcool pour 5 grammes de microbes); on ajoute partie égale d’éther et on laisse déposer pendant vingt-quatre heures. On décante ensuite le liquide surnageant et le sédiment est mis à dessécher vers 37° (appareil de Jouan). Les bactéries, cultivées en milieux liquides (non utilisées au cours des recherches dont nous parlons), sont réunies par centrifugation; on opère, sur les culots, comme précédemment. Les germes secs sont broyés en les agitant, mécaniquement, avec des billes de bronze, dans des tubes de cuivre nickelé. On conserve la poudre obtenue à l’abri de l’humidité. Pour l’immunisation, on pèse un poids donné de poudre, on l’émulsionne en eau physiologique et on plonge dans l’eau bouillante pendant cinq minutes, alin d assurer une stérilisa- tion sufli santé. Extraits bactériens Les culots, rassemblés comme il vient d’être dit, sont broyés au mortier, avec une partie et demie de sulfate de soude anhydre (procédé Rowland), jusqu à formation de poudie légèie. On dessèche celle-ci (vide sulfurique) et on la conserve en flacons bien clos. Pour préparer l'extrait, on mélange 1 gramme de poudre et 40 cent, cubes d’eau distillée ; le sulfate de soude fond, les parties « solubles » des germes passent dans le milieu, le reste y demeure suspendu. Après vingt-quatre heures de glacière, on centrifuge et on obtient ainsi un liquide clair, représentant l’extrait bactérien. Méthodes d’administration Quatre procédés ont été suivis parallèlement; voici leurs caractéristiques essentielles. 1° Injections (doses croissantes) sous la peau, puis dans les 288 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR veines — d’abord tous les huit jours, ensuite tous les quinze jours. Saignées tous les huit jours, puis tous les quinze jours. 2° Injections (doses croissantes) dans les veines} tous les huit jours, puis tous les quinze jours. Saignées tous les huit jours, ensuite tous les quinze jours. 3° Injections dans les veines, une fois par mois (quatre jours consécutifs — quantités croissantes pendant ces quatre jours). Saignées onze jours après la dernière des quatre injections. On augmente la dose initiale d’un mois au suivant. Nous appelons dose initiale 30 milligrammes de germes tués à l’alcool-éther ou 30 cent, cubes d’extrait bactérien, [ainsi administrés : le pre- mier jour, 2 milligrammes ou 2 cent, cubes; le deuxième jour, 4 milligr. ou 4 cent, cubes; le troisième jour, 8 milligrammes ou 8 cent, cubes ; le quatrième jour, 16 milligrammes ou 16 cent, cubes. 4° Injections dans les veines pendant dix jours consécutifs; répétition de la même quantité d’antigène (germes alcool-éther, jusqu’ici). Saignées onze jours après la dernière injection. A partir du mois suivant, on continue en employant la méthode 3. La conduite de l’immunisation dépend, cela va sans dire, de l’état des animaux, mais on s’efforce de suivre, autant que possible, le procédé que l’on a choisi, afin de le comparer aux autres. ACCIDENTS OBSERVÉS; LEUR PROPHYLAXIE On peut diviser en deux catégories les accidents observés au cours de l’immunisation : phénomènes toxiques, identiques à ceux qui surviennent chez les sujets neufs, pour des doses égales d’antigène et phénomènes d’ hypersensibilité, inconnus chez ces derniers, meme avec des doses supérieures. Accidents toxiques Leur gravité varie selon la nature et la forme de l’antigène, la voie d’introduction, la méthode suivie, la durée du traite- ment, la susceptibilité individuelle. Ils sont généraux, locaux ou localisés — curables ou mortels. SÉRUMS ANTIMICR0B1ENS ET ANTITOXLQUES 289 Phénomènes généraux. CuKABLES. I Fièvre. — Elle survient plus tôt lors des injections intra- veineuses que lors des injections sous-cutanées ; plus tôt avec les extraits bactériens qu’avec les « germes alcool-ether ». Hyperthermie. — Injections intraveineuses. Elle débute apiès une bei une heure et demie, atteint son maximum au bout trois heures (parfois cinq), le thermomètre marquant alors 40 5 et meme et cesse habituellement après quinze - dix-huit heures, bien q lains cas l’état fébrile puisse durer deux — trois jours. Injections sous- cutanées. Evolution plus lente; maf ^ auarantt quinze - dix-huit heures; état stationnaire pendant vingt-quatre qua huit heures (et même davantage, s’il se forme un abcès). Frisson. - Très fréquent; précédant volontiers l'hyperthermie ; d intensité variable; toujours passager (un quart d’heure - une demi-heure,. Accélération de la. respiration et du ^ouls-li- Précoce (après une emi heure un quart d’heure et moins). Intensité variable ; de 20 lespiralions pa' minute à 60 et plus; de 60 à SOipulsations. Pas de dyspnée reelle, p ■ faiblesse cardiaque. Troubles digestifs. - Anorexie habituelle, mais fn loi" souvent survenir des évacuations alvines, qui diarrhée dIus ou moins forte, d’ailleurs transitoire. Cette diarrhée s o Use principalement après administration d’extraits de bacilles typhiques et pa, - typhiques ; elle semble constituer un signe pronostique favorable. II. Habitus. — Presque toujours modifié, bien que (le façon variable. Tristesse, abattement, prostration, t dÏÏIgl- ."T" itniZîigrateîe sciage les membres antérieurs; il peut ensuite tar tèr^iT véritables contorsions, avec IléchiSsement sur les membres postérieurs, indice d’accès (de douleurs abdominales; fréquemment aussi, on le voit se coucher et se relever sans cesse. III Etal de la nutrition. — Certains antigenes se montrent vraiment inoffensifs, d’autres (extraits de bacilles typhiques e naratvphiques - notamment de paralyphiques A) occasion- S une émaciation plus ou moins rapide et plus ou moms marquée. 290 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Mortels. I. Intoxication aigue. — Les accidents éclatent peu après 1 injection (toujours intraveineuse) et amènent la mort en quelques heures ou en quelques jours. Début au bout d une demi-heure environ. Dyspnée croissante; mouve - ments respiratoires accélérés et pénibles; pouls filiforme, puis impercep- tible. Conjonctives rouge sombre. Prostration, sensibilité émoussée. L’ani- mal, à bout de longe, appuie la tète sur le fond ou les bords de l’auge. Mouvements difficiles, titubation, chute. Convulsions douloureuses. Assez îarement, position du chien assis (signe pronostique grave). II. Intoxication chronique . — Emaciation croissante, cachexie. Phénomènes locaux. (Lors d’injection sous-cutanée). x. 7 urne faction. De volume variable ; occupant parfois les deux tiers, les trois quarts de l’encolu re ; plus ou moins marquée, tendue, douloureuse. Habituellement, elle rétrocède en quelques jours, laissant une induration de longue durée, qui gêne les injections ultérieures. Moins souvent, elle se termine par la suppuration. II. Abcès. Ponctionné le cinquième — sixième jour, il donne issue à un pus blanchâtre et inodore, plus ou moins fluide, aseptique lorsque les précautions ordinaires ont été prises (épilation, lavage avec leau stérilisée, badigeonnage iodé). Les suppurations ne s’observent guère qu’avec des doses élevées de u germes alcool-éther » (ld-20 centigrammes)* elles guérissent aisément. [La nécrose des téguments constitue un accident très rare (extrait de bacilles typhiques et paratyphiques)]. Phénomènes localisés. I. Appareil digestif. — En dehors de la diarrhée, temporaire, on note quelquefois des lésions bucco-pharyngées (extraits de bacilles paratyphiques), qui surviennent d’ordinaire après deux- cinq jours. SÉRUMS ANTIMICRO BIENS ET ANTITOXIQl ES 291 ^fSrr^SSSSSSsS classiques : jetage, djsp vagie, pénétration de débris alimentaires la gangrène du poumon consécutive , à ^ écoce (début dans les voies aériennes. — La nécrosé nngu p . livide Elle S£H=S 11. Système nerveux. - Troubles fréquents et variés. Dans certains cas très graves, on observeune^iminution de la sensible et de la motilité, surtout au i niveau du excitations. Couchés, les titubation, reaction faible n* ' de se mainlenir debout. -Notons animaux sont incapables de ' (anus demeurant béant); l'affaiblis- encore : le relâchement d P , ires (réflexe lombaire, en particu- sement des retlexes cutané . (narldis accompagnées de ssssbs - — ■ »— la nécrose linguale précoce, signalée plus haut. 111. Téguments et parties molles. Engorgent* des ^membres ' Z guérissant sans laisser de trace. Ils wmJenl alors de nature fourreau (pouvant s éten ours coexisté avec l'émission d’urines ŒS - confondra pas U. ST origine au streptocoque, „ microbe de sortie » ® b^U ® ^ ^ r ’ 1 e s rayons inférieurs des membres, Nécroses tègumentaires. g , , Précédées ordinairement d un depuis le genou ou le jarret « P"« se “ -XK La = " encore — eas de décollement du sabot, avec chute de l’ongle. Prophylaxie des accidents toxiques, ~ T fpntitives que nous avons faites pour « détoxiquer » les .„agiàïï“:rr’..ao„néi„.,u» p*-* 292 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR . anls. La prophylaxie des accidents toxiques se résume donc actuellement dans l’examen minutieux des chevaux entre chaque injection et dans la diminution éventuelle de la dose d antigène administrée, lorsque l’état local ou général le corn- mande. Phénomènes d'hypersensibilité. Il s agit, ici, d accidents brutaux, éclatant presque immédiate- ment et consécutifs le plus souvent aux injections intravei- neuses, bien qn’on puisse les observer (exceptionnellement) lors d injections sous-cutanées. Deux-cinq minutes après l'introduction de l’antigène, parfois même au iTquiétudT e7deq rand| ere qUelC|UeS minutes- l’animal manifeste de ■ ,1., , agitation; il se met à hennir (hennissement un peu pécial), puis titube et chancelle sur son train de derrière. Il fait de grands eflb s pour se tenir debout, mais n’y parvient pas toujours. La têtcsalour- dit, la physionomie traduit une angoisse profonde et les yeux se ferment Puis, la respiration s’accélère et devient pénible, le pouls faiblit On voit’ matières cTalmrd'sè'cf * '>0nrle T’ ^ ^ Ùons^Ivines ZllZ T n e. d abord sèches, puis molles, voire nettement diarrhéiques. Tantôt I animal se remet vite, soit spontanément, soit sous l'influence de vent etn ïomhS °n nagellatioils réPé«es, tantôt les phénomènes s’aggra- ve 1 f 11 tombe' Dans ce ca«. 'a mort survient le plus ordinairement mais se fatenîr r n? Vb HerVeLqUelqUef0iS’ Lors d'issue falaIe- la respiration se ralentit, le pouls devient imperceptible et le cheval succombe avoir présenté des convulsions des membres antérieurs: le tout n’a duré que dix-qunue minutes. Lors de la guérison, la respiration reprend son rythme habituel, le pouls redevient normal, la physionomie s’anime et après d^x quinze minutes, le sujet, debout, peut parfois se remettre à manger Il est difficile, au début de la crise, d’en prévoir la terminaison Prophylaxie des phénomènes d’hypersensibilité. Les accidents toxiques se manifestent, pendant l’immunisa- tion, soit parce que la résistance des animaux vis-à-vis des poisons microbiens n’est pas encore suffisante, soit parce qu elle se trouve momentanément suspendue, pour des raisons assez obscures. Les accidents d'hypersensibilité, comme l’ont montré Debains et Nicolas (1),- traduisent l’apparition d’une susceptibilité anormale vis-à-vis des mêmes poisons et non vis- (1) C. R. de l Acad, des Sciences, 10 février 1919. 293 SÉRUMS ANTIMICROBIENS ET ANTITcttlQUES à-vis des protéines bactériennes.. Pour les éviter ou tout au moins en conjurer l’issue fatale, nous avons imaginé la mé- thode suivante, qui donne pleine satisfaction. On dilue l’anligène avec S00 cent, cubes d'eau physiologique chaude (el0) et on injecte le tout, lentement, dans la veine. Les 100-180 premiers centi- mètres cubes sont introduits à la vitesse de 10 cent, cubes pai muni e, ralentissant encore s’il survient de l'accélération respiratoire marquée e des évacuations alvines abondantes. Puis, on accélère progressivement, injectant le volume qui reste dans l’espace de dix minutes environ. La dilu- tion, comme on pouvait le deviner, ne modifie nullement le pomoii immu nisant des antigènes. MÉTHODES DE TITRAGE Titrage in vitro. Evaluation du pouvoir agglutinant. Préparation des suspensions microbiennes. On cultive les germes sur la gélose Martin (les méningo- coques, sur la gélose T ; les gonocoques, sur la gélose-ascite ou la gélose-sérum formolé) (1). Il convient d’employer des milieux sans eau de condensation et de s’adresser aux cultures ;eunes (six heures : bacilles typhique, paratyphiques, de bhiga, de Flexner, vibrion cholérique; vingt heures : méningocoques, o-onocoque, bactérium de la fièvre de Malte). On émulsionne les microbes dans l’eau physiologique (NaCl 1 p. 100), a raison ce 1 centigramme par 20 cent, cubes de la solution. Pour les germes cultivés en milieux liquides (non envisages ici) on centrifuge et on délaie les culots, de façon à obtenir une suspension, identique, comme opacité, aux suspensions prece- Dans le cas des gonocoques, l’agglutination n’est réalisable qu’avec des émulsions préalablement traitées par le procédé de Porges modifié (2). (1) M. Nicolle, C. Jouan et E. Debains. (2) M. Nicolle, C. Jouan et E. Debains bre 1918. Ces Annales , avril 1918. C. R. de la Soc. de Biol., 12 octo- 294 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR On ajoute, à 20 cent, cubes de suspension microbienne, 10-1 cent, cube d HOJ normal; on plonge, cinq minutes, dans l’eau bouillante; on refroidit sous 1,11 courant d eau et on neutralise avec 10— 1 cent, cube de NaOH nor- male. Technique de la réaction. On vrerse 1 cent, cube d’émulsion dans une série de tubes (variable, selon les cas) et on ajoute, respectivement : 10-2, 0,5.10 , 2.10 !, 10~j c. cube du sérum étudié — pour les ménin- gocoques et les gonocoques : 0,5.10“ 2.10~2, 10~2 cent. cube. On bouche a la ouate, on agite pendanlquelquesminutes en incli- nant et redressant les tubes alternativement et on lit (œil nu, aidé de la loupe). On peut abandonner ensuite jusqu’au lende- main (température ordinaire) et faire un second examen ; celui-ci donne parfois des valeurs légèrement supérieures aux pi emières, mais jamais de véritables surprises. Evaluation du pouvoir fixateur. N°us appellerons pouvoir fixateur, le pouvoir bactériolytique tel qu il se manifeste dans la « réaction de fixation » (Bordet- Gengou). Préparation des suspensions microbiennes. Gomme pour 1 agglutination, mais on plonge l’émulsion pen- dant cinq minutes dans 1 eau bouillante avant de s’en servir. IN ous avons pu nous convaincre que la réaction de Bordet- Gengou donne ainsi des résultats beaucoup plus réguliers, avec toute espèce de germes. Les émulsions du bacille typhique doi- vent être dédoublées. 1 - t Technique de la réaction. On verse 1 cent, cube d’émulsion dans huit tubes. Dans le premier, aucune addition ultérieure ; dans les deux suivants, addition de sérum équin normal ; dans le reste, addition de sérum spécifique. Le tout, d’après le schéma suivant : 1. Emulsion seule. 2. Emulsion -{-sérum équin normal ) de cent, cube, / 1/200 de cent. cube. SÉRUMS ANTIMICROBIENS ET ANTITOXIQUES 295 Emulsion sérum spécifique . 1/100 cle cent. cube. î/200 de cent. cube. 1 /500 de cent. cube. 1/1.000 de cent. cube. 1/2.000 de c.c. (éventuellement moins encore). On verse, ensuite, 1/20 de centimètre cube de sérum frais de cobaye (complément) dans chaque tube; on mele et on laisse a l’étuve pendant une heure. Puis, on ajoute, toujouis ans chaque tube, 1/20 de centimètre cube de sérum hemo ytique antimouton (plus ou moins dilué, selon son activi e) e / centimètre cube de globules de mouton (laves et ramenés au volume initial du sang). On mêle intimement et on replacer l’étuve. On surveille l’hémolyse et, quand elle est complote po les « tubes-sérum normal », on examine les « tu es sérum sp cifique ». Le titre de ce sérum spécifique se trouve indique pa le rang du dernier tube non hémolyse. Evaluation du pouvoir bactéricide (1). Nous avons fait usage de la technique (inédite) de Jouan et Staub, en la perfectionnant autant que possible Elle se résumé dans les deux procédés suivanls, dont le second, imagine a la fin de nos recherches, nous paraît offrir de grands avantage^ Mentionnons, une fois pour toutes, que 1 ensem e pulations doit être conduit avec une asepsie rigoureuse. Premier procédé. On cultive les germes, sur gélose Martin pendant six heures 1370) On les émulsionne dans l’eau physiologique, additionnée de bouül.o Martin «ing.itaa, à d. . J-g-J de microbes par 20 centimètres cubes de liquide. On ait alor en partant de cette première émulsion, ^e düu hon tell qu’elle contienne de 400 à 1.500 germes vivants p centimètre cube. Pour cela, on etend, d abord au '/. > P mière émulsion, avec l’eau physiologique-bomllon Martin et porte ensuite 1/20 de centimètre cube de la seconde dilution, (,) M. Nicoll*, C. Jouan et E. Debains. Ces Annale. s, mai 1919. ^yb ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUH ainsi obtenue, dans 100 cent, cubes d’eau physiologique-bouil- lon Martin. On répari it en tubes, par volume de I cent, cube, d’après le schéma suivant : 1. Emulsions telles quelles 1 pour ensemencement immédiat. f pour ensemencement après 2 heures à 37 degrés. 2. Emulsions -f- sérum frais de cobaye (complément). Selon les cas : 10— 2c.c., 2.1ü-2c.c., 0,5. 10-1 c. c., 10-ic.c. fl 0— - cent. cube. 1 A ^ 10-4 _ 10—5 — 10-6 On fait autant de séries qu’on a choisi de doses de complément. 110— 2 cent. cube. 10-3 _ 10-4 _ ] 0—5 10-6 _ 10—7 _ 10— 8 — iO-9 — t )n tait autant de séries qu on a choisi de doses de complément. On agite, on ensemence 1/20 de centimètre cube de la pre- mière des émulsions telles quelles, on laisse les autres deux heures à 37°, . on les agite ensuite et on ensemence 1 /20 de cen- timètre cube de chaque tube dans un tube de gélose Martin, fondue, que 1 on coule en boîte de Pétri, la répartition homo- gène étant assurée par agitation de la gélose dans la boîte. Après vingt-quatre heures, on lit à la loupe. Si le nombre des colo- ' nies ne dépasse pas la centaine, on les compte individuellement. Loisqu elles sont plus nombreuses, on pratique la numération de plusieurs centimètres carrés, au moyen d’un carton perforé, on fait la moyenne et on multiplie par la valeur de la surface, évaluée également en centimètres carrés. Deuxième procédé. On cultive les germes, sur gélose Martin, pendant vingt-qualre heures (37°). On peut aussi les cultiver pendant six heures; affaire de commodité, cela n’offre aucune importance. On les émulsionne dans le bouillon Martin bouilli un quart d’heure (puis refroidi), à raison de 1 centigramme par 20 centimètres cubes de liquide, etc..., comme plus haut, mais on opère à 44°; SÉRUMS ANTIMICROBIENS ET ANTITOXIQUES 297 on ajoute le sérum, normal ou anti, immédiatement et le com- plément après une demi heure ; on ensemence après une heure (sauf, bien entendu, la première des émulsions telles quelles). Dans cette seconde méthode, on se propose d’opérer sur un nombre de germes constant, c’est-à-dire d’effectuer la bactério- lyse comme on effectue couramment l'hémolyse. Pour main- tenir invariable la quantité de microbes choisis, il convient d’expérimenter à 44°, température qui arrête le développement et de faire usage de bouillon Martin « régénéré » par l’ébul- lition milieu qui empêche la diminution numérique des bac- ténes. Inutile (T ajouter que notre technique repose sur toute une série de recherches préalables, qui nous ont garanti la con- stance des résultats. C’est également l’examen comparatif de nombreuses expé- riences qui nous a dicté les règles suivantes, permettant d’éva- luer le pouvoir bactéricide des sérums. | La dose de complément est considérée comme bonne, lorsque la quantité de germes, obtenue après vingt-quatre heures (méthode I) ou une heure (méthode II) dans les émul- sions additionnées de complément, représente au moins le tiers (ou peu s’en faut) de celle que contiennent les émulsions telles quelles après le môme temps. Donc : les émulsions telles quelles servent de témoins aux émulsions-complément. 2. Un sérum, normal ou anti, est considéré comme bactéri- cide, lorsque la quantité de germes, obtenue en fin d’expenence avec les émulsions additionnées de complément et de sérum, représente au plus le cinquième de celle que contiennent, après le même temps, les émulsions additionnées d’une dose identique de complément. Donc : les émulsions-complément servent de témoins aux émulsions-complément-sérum. 3. Un sérum anti est considéré, bien entendu, comme spéci- fiquement bactéricide, quand il se montre plus actif que le sérum normal (pour une même dose de complément) ; sa puis- sance véritable se mesure par la différence entre le titre observe et celui du sérum normal ou par le rapport entre le titic observé et celui du sérum normal (comme l’erreur absolue se 298 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR mesure par une différence et l’erreur relative par un rapport). Nous y reviendrons plus loin. , Titrage in vivo. • ■ . >! Le titrage du pouvoir antimicrobien n’a guère été employé dans nos expériences, en raison de la rareté des animaux de laboratoire et aussi parce que certains microbes (méningo- coques et gonocoques, principalement) ne sauraient s’y prêter. Pour le titrage du pouvoir antitoxique, nous renvoyons aux chapitres : sérum anti-Shiga et sérum antigangréneux. En ce qui concerne Y action thérapeutique chez l'homme , elle ne fait aucun doute avec les sérums antigangréneux, anti- dysentérique (Shiga-antitoxique), antiméningococcique et anti- gonococcique; on ne peut rien formuler encore, concernant les sérums antityphique et antiparatyphiques; les autres n’ont pas été étudiés jusqu’ici. Remarques sur la mesure d'un pouvoir. Un pouvoir brut , évalué en unités , représente l’inverse d’un tit/e, évalué en fractions de centimètre cube, la quantité d’anti- gène, choisie dans Je titrage, demeurant constante. Pour les sérums normaux, il ne saurait être question d’autre chose que d un pouvoii brut. Pour les sérums anti, il faut distinguer, de plus, un pouvoir absolu et un pouvoir relatif i le premier se mesuie pai la différence entre le pouvoir brut du sérum anti et celui du sérum normal de la même espèce; le second, parle rapport entre le pouvoir brut du sérum anti et celui du sérum normal. Le pouvoir absolu n’est pas « meilleur » que le pou- voir relatif et inversement; ils correspondent à deux points de vue distincts et également légitimes. Ajoutons que le pouvoir d un sérum normal s’obtient en faisant la moyenne des chiffres tournis par de nombreux échantillons, pris sur des animaux ' d âge et de conditions variés. Exemple. — Le sérum équin normal agglutine le bacille typhique à J/7o cent, cube, dans les circonstances indiquées; 290 SÉRUMS ANTIM1CROBIENS ET ANTITOXIQUES mettons 1/100 cent, cube (10~2). Son pouvoir brut est donc 10'2. Soit un sérum anti, agglutinant à 10 6 cent, cube, Le pouvoir brut est de 106, le pouvoir absolu de 106— 10% soit 999.900, le pouvoir relatif de 106 : 10% soit 10.000. Le sérum anti contient 999.900 unités de plus que le sérum normal; il est 10.000 fois plus agglutinant. Le pouvoir absolu mesure un nombre concret, le pouvoir relatif un multiple forcément abstrait. 11 ne sera question, dans ce qui va suivre, que des pouvoirs absolus, seuls envisages d habitude. RÉSULTATS OBTENUS On ne fera, ici, aucune allusion aux chevaux morts très rapi- dement ou abandonnés après peu de temps. Il s’agissait presque toujours d’animaux dont l’état de santé médiocre relevait de tares préexistantes. SÉRUMS ANTITYPHIQUES ET ANTIPARATYPHIQUES U) Méthodes : 1, 2 et 3. — Les deux dernières sont incontesta- blement les meilleures, mais aussi les plus délicates dans loin application, surtout la seconde. Méthode 1. — Chevaux : T,TS — Al, A2, A3 — B, PI, IT, Hb. Méthode 2. — Chevaux : A3, AS2. Méthode 3. — Chevaux : TS2, TS3 — P4J, PS3, PS*. * (Voir les courbes ci-jointes.) Mortalité. — S animaux sur 9, avec le bacille paratyphique À- 3 Sur 18, avec le bacille paratyphique B; aucun, avec le bacille typhique : résultats conformes à l’échelle de toxicité des trois germes. 11 est difficile de se prononcer encore defini- tivement sur la toxicité comparée des deux sortes d antigenes, aux doses employées. (1) M. Nicolle, M>i« A. Raphaël et E. Debains. Ces Annales, août 1917. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Pouvoir agglutinant des sérums. « Agglutination homologue. D'une façon générale , les trois germes représentent des microbes très agglutinogènes. Comme, d’autre part, le cheval se montre très agglutinopoiétique à leur égard, on conçoit que les sérums obtenus jouissent d’un pouvoir agglutinant élevé, souvent même très élevé. En particulier , le sérum antityphique peut agir à 10~6 cent, cube, le sérum antiparatypbique A et le sérum antiparaty- phique B à 2.10 5. La « force » du sérum dépend donc de l'espèce microbienne; elle dépend aussi de Y « individu-mi- crobe », de L « individu-cheval » et de la méthode suivie. Ajou- tons que les extraits bactériens 1 emportent sur les germes tués par 1 alcool-éther. L 'évolution du pouvoir agglutinant relève des mêmes causes, surtout de la méthode employée. Agglutination hétérologue. Sérums antityphiques. D'une façon générale , ils se montrent spécifiques (c’est-à- diie gu ils agissent toujours plus sur le germe homologue que sur les deux autres). En 'particulier , on a noté parfois, avec le sérum T, une influence marquée sur Je bacille paratyphique B. * Sérums antiparatyphiques A. D'une façon générale , spécifiques (sauf le sérum A3 assez faible d’ailleurs). En particulier, on a noté parfois, avec le sérum A 2, une influence marquée sur le bacille typhique. Sérums antiparatyphiques B. D'une façon générale, spécifiques. En particulier, on a noté parfois, avec les sérums P et IIS une influence relativement marquée sur le bacille typhique. * SÉRUVIS ANTIM I CRORIEN S ET ANTITOXIQUES 301 La spécificité des sérums dépend (surtout) de Y « individu- cheval », de la forme de l'antigène (les extraits bactériens sem- blant nettement supérieurs aux germes tués par l’alcool-éther) et de la méthode (la première étant la moins bonne). Pouvoir fixateur des sérums. * Fixation homologue. D'une façon générale , les trois germes représentent des microbes bien lysogènes. Comme, d’autre part, le cheval se montre bien lysopoïétrque à leur égard, on conçoit que les sérums jouissent d’un pouvoir fixateur (lytique) bien marqué. Il ne saurait être question de le comparer au pouvoir aggluti- nant, puisque les deux propriétés n'ont aucun rapport entre elles. Disons d’ailleurs, immédiatement et d’une façon géné- rale, qu'en matière de pouvoir fixateur on ne dépasse jamais 10~4 avec les espèces bactériennes les plus lysogènes et les chevaux les plus iysopoïétiques ; c’est-à-dire que les chiffres n’alteignent jamais ceux que peut fournir le pouvoir aggluti- nant. En particulier , le sérum antiparatyphique B peut agir à 0,5. 10~4 cent, cube, le sérum antiparalyphique A à 2.10-4 et le sérum antitypbique à plus de 2.10~\ La « force » du sérum dépend, ici encore, de l'espèce microbienne (ordre inverse de celui que montre le pouvoir agglutinant); elle dépend aussi de 1’ « individu-microbe ». de 1 « individu-cheval » et de la méthode suivie (la première restant inférieure aux autres). Les extraits bactériens paraissent meilleurs que les germes tués par l’alcool éther. L 'évolution du pouvoir fixateur relève des mêmes causes, surtout de la méthode employée. Fixation hétérologue . D'une façon générale , il ne faut jamais s’attendre à rencontrer régulièrement, dans les expériences de fixation, les effets spéci- fiques qui donnent aux expériences d’agglutination leur valeur diagnostique bien connue. 20 302 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR En particulier , la spécificité s’observe constamment chez les sérums antiparatyphiques B et, le plus souvent, chez les sérums antityphiques ; elle fait défaut chez les sérums antiparaty- phiques A. Pouvoir bactéricide des sérums. Effets homologues. Les sérums antityphiques et antiparatyphiques A jouissent d’un pouvoir bactéricide élevé. Les sérums antiparatyphiques B se montrent fort inférieurs, ce qui tient à la résistance plus grande des germes correspondants. Effets hétérologues. Les sérums antiparatyphiques B agissent sur les bacilles typhique et paratyphique A, alors même qu’ils demeurent inefficaces sur le bacille paratyphique B. Phénomène en appa- rence paradoxal, dont voici la double raison : le bacille para- typhique B contient les antigènes typhique et paratyphique A; les bacilles typhique et paratyphique A sont bien moins résis- tants que le bacille paratyphique B. [Les effets hétérologues des sérums antityphiques et anti- paratyphiques A n’ont pas encore fait l’objet d'une étude systé- matique]. SÉRUMS ANTIMÉNINGOCOCCIQUES (1) Méthodes : 1,2,3 et 4. Les trois dernières sont incontestalbe- ment les meilleures. La seconde reste d’un maniement diffi- cile; la troisième convient mieux; la quatrième, qui ne com- porte pas plus de dangers que la troisième, offre l’avantage de fournir très vite de bons sérums thérapeutiques. (1) M. Nicolle, E. Debains et C. Jouan. Ces Annales, avril 1918. SÉRUMS ANTIMICROBIENS ET- ANTITOXIQUES 303 Méthode 1. — Chevaux : MX1, MX2 — MZ1, MZ2. Méthode 3; — Chevaux : MXi, — MY2, MY3, MY4 — MC, MCS - MF — MM, MM S, MMS2, — Ni, N2, No. Méthode 4. — Cheval : N3. (Voir les courbes ci-jointes — N — MX -f MY.) Mortalité. — G animaux sur 26. En gros, le type A se montre plus toxique que le type C et le type C plus loxique que le type B; mais il faut tenir compte de la nature propre de chaque échantillon. Rien de net, jusqu’ici, concernant la forme de l’antigène. Pouvoir agglutinant des sérums. Agglutination homologue. D'une façon générale , les méningocoques représentent des germes peu agglutinogènes. Comme, d’autre pari, le cheval se montre médiocrement agglutinopoïétique à leur égard, on conçoit la faiblesse relative des sérums obtenus. C’est à cette faiblesse qu’il faut rapporter le caractère habituellement uni- valent de ces sérums, l’absence d’activité de ceux que four- nissent certains chevaux et la disparition éventuelle de cette activité. En particulier , il est rare de trouver des sérums qui agissent au delà de 10_ï cent. cube. La « force » dépend du type (les types A et C l’emportant sur le type B); elle dépend aussi de y « individu-microbe », de 1’ « individu-cheval » et de la méthode suivie (la première semble, ici, la meilleure). La forme de l’antigène demeure indifférente. L 'évolution du pouvoir agglu- tinant relève des mêmes causes. Remarque. — S’il est facile de déterminer la limite supérieure d’action des sérums, leur limite inférieure échappe à toute appréciation exacte. Comme les sérums équins normaux peuvent agglutiner les méningocoques au 1/5 et, plus rarement, au 1/10 de cent, cube, la spécificité des sérums anti- méningococciques ne saurait être affirmée au-dessous ;,de 1/20 de cent, cube (limite forcée, mais arbitraire). L’absence d’agglutination (homologue ou hétérologue) au 1/20 de cent, cube signifie bien résullat nul, pratiquement. Théoriquement, il est inadmissible que l’anticorps passe subitement d’une valeur définie à zéro, sous l’influence de conditions qui, ailleurs, le font simplement passer d’une valeur donnée à une valeur moindre. m ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK Agglutination hétérologue. Les sérums À peuvent agglutiner certains B et certains C; les sérums B, certains xV (nous ne les avons jamais vus agglutiner des G) ; les sérums C, certains A et certains B. Vé évolution des agglutinines « mineures » est toujours moins régulière que celle des agglutinines « majeures », comme nous l’avons du reste observé pour tous les sérums antimicrobiens, sauf le sérum Sbiga-origine (voir plus loin). Pouvoir fixateur des sérums. Fixation homologue. K D'une façon générale , les méningocoques représenlent des germes bien lysogènes. Gomme, d’autre part, le cheval se montre bien lysopoïétique à leur égard, on conçoit que les sérums jouissent d’un pouvoir fixateur (lytique) bien marqué. En particulier , ils peuvent agir à 0,5. 10-4 cent. cube. La « force » ne dépend point du type, mais elle varie selon les échantillons. L’ « individu-cheval » offre une grande importance, ainsi que la méthode employée (la première demeurant infé- rieure aux autres). La forme de l’antigène semble indifférente. L 'évolution du pouvoir fixateur relève des mêmes cames, surtout de la méthode choisie. Fixation hétérologue. Dans la règle, les sérums demeurent spécifiques, mais la chose n’est pas constante. Grâce à la collaboration assidue de notre ami Nelter, dont on connaît la compétence en matière de méningite cérébro- spinale, nous avons pu établir la relation suivante : tout sérum , qui fixe le complément , sous le volume de 1 /2.000 ( voire 1 /1 .000) de cent, cube en présence de l' antigène homologue (ou d'antigènes du même type), jouit , dans la règle, d'un excellent pouvoir curatif , au regard des méningites occasionnées par le type cotres - 305 SÉRUMS ANTIMICROBIENS ET ANTITOXIQUES pondant de méningocoques . L’analyse cl obseï yations nombieuses et détaillées ne laisse aucun doute là-dessus. Les méningocoques A et B étant, présentement, les JJ' N!i:olle. E. Debains et G. Loiseau. Ces Annotes , août 1 (2) M. N icolle, E. Debains et G. Loiseau. Ces Annales , août 19 SÉRUMS ANTIMICROBIENS ET ANTITOXIQUES 30 < de Shiga et .le Flexner (plus actif,- dans la règle, sur le bacille Flexner-origine que sur le bacille Shiga-origine voir la courbe), médiocrement les bacilles du type s- [Le pouvoir fixateur du sérum S n’a pas été titré systémati- quement ; nous l’avons vu dépasser la valeur 2.10' sur le bacille Shiga-origine et atteindre la valeur 10'* sur le bacille Flexner-origine, plus sensible ici encore. [ Sérum antitoxique. Le tableau suivant résume l’histoire du cheval SS. Les injections ont été bien supportées. Réaction locale. - Œdème léger et fugace, jusqu'au moment où l’animal a reçu 300 cent, cubes de toxine (en une fois). Puis, empâtement plus neux et plus prolongé, surtout lors des deux dernières injections. Réaction, générale. - Marquée, après les deux premières injections (nèvre anorexie, abattement) ; atténuée ensuite (comme intensité et duree), jusqu moment où le cheval a reçu 300 cent, cubes de toxine; marquée, alors, nouveau, mais sans alteration clc la santé. Pour titrer l’antitoxine, on s’est toujours servi de la meme quantité de poison (2 ceut. cubes de liquide clair ; représen- tant 5-10 doses mortelles chez le lapin, animal dont la sensi- bilité individuelle oscille aisément du simple au double). Des volumes variés de sérum y étaient mélanges et, après une demi-heure de contact (température ordinaire), on injectai 1 le tout dans les veines de sujets adultes (2.000 grammes . Le nombre des témoins égalait constamment celui des sujets d’épreuve. Le sérum agit non seulement par mélange, mais encore préventivement (injection intramusculaire, pratiquée la veille avec une quantité dix fois plus grande). Il neutralise, par mélange et préventivement, les bacilles vivants, lesquels ne représentent qu’une « toxine animée ». Il demeure peu aggluti- nant. Le» sérums obtenus par nous ou nos collègues, en injectan aux chevaux des germes vivants ou des « germes alcool-éther », ne protègent que moitfé des lapins, par mélange, sous le volume de 10-> cent. cube. - Ces sérums sont très agglutinants. 308 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR SÉRUMS ANT1M1CR0B1ENS ET ANTITOXIQUES 309 SÉRUM ANTIFLEXNER-ORIGINE (1) Nous avons préparé un sérum antimicrobien , en injectant des germes lues par l’alcool-éther dans la veine du cheval F [voir la courbe ci-jointe). Le traitement a été foit bien supporté. Les bacilles de Flexner sont très agglutinogènes et presque toujours très agglutinables (nous avons étudié ailleurs un échantillon inagglutinable). Le sérum du cheval F agissait parfois à moins de 10~° cent, cube sur 1 échantillon homo- logue. Il agglomérait fortement les bacilles de F lexner et ceux du type faiblement les bacilles de Shiga. [Le pouvoir fixateur du sérum F n’a pas été titré systémati- quement; nous l avons vu dépasser la valeur 5.10 sui le bacille Flexner-origine ; il ne semble guère dépasser la valeur de 2.10-2 sur le bacille Shiga-origine, moins sensible ici encore. ] SÉRUM ANTIMELITENSIS ¥ Nous rapportons plus loin les courbes de deux chevaux (0 et 02), qui ont fourni très rapidement des sérums aggluti- nants (maximums respectifs : > 2 . 1 0 4 et 10 4.) Le traitement a été bien toléré dans un cas, mal dans 1 autre. SÉRUM ANTICHOLÉRIQUE Nous avons préparé un sérum anti microbien, en injectant des germes tués par l’alcool-éther dans la veine du cheval N [voir la courbe ci-jointe — les germes ont été bien supportés). Le sérum Y agissait parfois à moins de 10 1 cent, cube sur l’échantillon homologue; il agglutinait avec la même intensité nombre de vibrions cholériques. Le pouvoir fixateur du sérum V n’a pas été titré systémati- quement; nous l’avons vu atteindre la valeur 10-4. Le pouvoir bactéricide était extraordinaire. Dans une (1) E. Debains. Ces Annales, février 1917. 310 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR expérience, 10~12 cent, cube de sérum (= 0, 000 000 000 001 cenl. cubp)-|- 10~' cent, cube de complément de cobaye (=±= 0,01) ont détruit 38.000 germes (lesquels, enfin d’expérience, avaient engendré 250.000 colonies chez les boîtes témoins). Dans une autre expérience, 0,5 10“18 cent, cube de sérum (= 0,000 000 000 000 000 0005) -f- 2.1 0-2 cent, cube de complément (quantité lin Veu lroP forte) ont fourni des résultats analogues. SERUM ANTIGANGRENEUX. L un de nous, avec Ml,f‘ Raphaël, a montré que l'on pouvait obtenir rapidement des sérums antigangreneux très actifs, par injection sous-cutanée de toxine septique (1). La méthode appliquée en grand donne toute satisfaction, comme il résulte (les recherches de notre collègue Jouan; les animaux n’offrent rjue des œdèmes locaux transitoires et leur état général demeure parfait. Le premier cheval a reçu, durant huit semaines, des filtrats dont 1 cent, cube tuait le lapin, dans la veine, en cinq minu- tes (2).. On est allé, progressivement, de 5 cent, cubes à 200 (volume total : 700 cent, cubes). Le sérum, obtenu sept jours après la dernière injection, neutralisait 1 cent, cube de filtrat, par mélange, à la dose de 10-3 cent, cube et 1 cent, cube de culture de vingt-quatre heures, par mélange également, à la dose de 10 cenl. cube. Le mélange filtrat -j- sérum était injecté dans la veine du lapin, le mélange culture -f- sérum, sous la peau du cobaye (1 cent, cube de sérum équin normal restait inactif). Mêmes effets neutralisants du sérum anti-gangre- neux, sur la toxine et les cultures du hacterïum Chauvœi. Ces résultats prouvent, une fois de plus, que le vibrion septique et le bacterium Chauvœi appartiennent à la même espèce microbienne et que les deux germes ne peuvent se développer, in vivo, que dans des tissus préalablement altérés par leur toxine. jL> “"‘A- RAPBAELet V- Frasey- C. R. Acad. Sciences, 20 septembre 1015. (2) M. Nicolle, E. Césari et Mlle Raphaël. Ces Annales , avril 1915. SÉRUMS ANTIMICROBIENS ET ANTITOXIQUES 31 1 REMARQUES SUR L’ÉTABLISSEMENT DES COURBES JOINTES A CE TRAVAIL par E. GÉSARI Les indications portées sur chaque diagramme compiennent. 1° Les dates auxquelles ont été effectuées les injections d’antigène et les prises de sang (pour .le titrage du sérum); Ces dates sont inscrites en tête de colonnes correspondant à des intervalles d’une semaine. Sur les tableaux des chevaux immunités par les troisième et quatrième méthodes, on a ins- crit, sous la colonne correspondant à la semaine d immunisa- tion, les dates extrêmes de la période pendant laquelle ont été effectuées journellement les injections. 2° La courbe traduisant les variations des pouvoirs aggluti- nant et fixateur des sérums au cours de l’immunisation. En raison des écarts considérables que présentent les valeurs représentatives de ces pouvoirs, il était pratiquement impos- sible d’utiliser la même échelle pour les deux coordonnées et force a été de recourir à l’emploi de courbes logarithmiques. La ligne des ordonnées a donc été divisée en parties propor- tionnelles aux logarithmes naturels des nombres qui repré- sentent l’inverse du taux des dilutions de sérums adoptées dans les titrages. En outre, pour réduire encore davantage les dimensions du tableau, on a dû supprimer les ordonnées inté- rieures au logarithme de 100. Il est à peine besoin de faire remarquer que la forme même des courbes logarithmiques traduit des écarts réels relative- ment beaucoup plus considérables dans les valeurs fortes que dans les valeurs faibles et que la lecture de ces courbes est moins « impressionnante » que celle des courbes ordinaires. Pour se faire une idée exacte du sens de la courbe logarith- mique, le lecteur devrait, pour ainsi dire, la développer menta- lement en progression géométrique. La courbe correspond toujours au pouvoir du sérum vis-à-vis du germe qui a servi à préparer l’antigène utilisé dans le trai- tement, sauf pour le tableau du cheval S (bacille de Shiga) 312 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR où 1 on a inscrit en trait plein la courbe relative à l’agglulina- tion du ger me homologue et en pointillé la courbe du pouvoir agglutinant du même sérum vis-à-vis du bacille de Flexner. Dans tous les autres cas, les traits pleins se rapportent au pouvoir agglutinant, les pointillés au pouvoir fixateur. • > Les ht) p* abrégés du sérum vis-à-vis du germe homologue et, le cas échéant, vis-à-vis de certains germes voisins possé- dant avec le premier une communauté antigène. On a adopté, pour 1 indication de ces litres-, une notation alphabétique dont la correspondance est -donnée dans le tableau suivant : A = 100 B = 200 C = 500 D = 1.000 O O II w I = 50.000 F = 5.000 J = 100.000 G = 10.000 K = 200 000 Il = 20.000 L = 500.000 M = : 1.000.000 L<-t, minuscules indiquent des titres intermédiaires entre ceux que représen tent les majuscules. 4° Les quantités d’antigène injectées et la voie d'introduction. Les quantités sont portées en poids pour les germes alcool- éther et en volume pour les extraits au sulfate de soude. Sur les tableaux des chevaux immunisés par les troisième et quatrième méthodes, on a inscrit en bloc la somme des quantités injectées, en plusieurs jours consécutifs, au cours des périodes limitées par les dates extrêmes indiquées en tête de colonne. La voie d’introduction de l’antigène est mentionnée abrévia- tivement à 1 aide des initiales P (peau), M (muscle) et Y (veine). La voie intramusculaire n’a été employée que dans la première méthode loisque les injections sous-cutanées donnaient des lésions persistantes e afin de ne pas interrompre l’immunisation. II n’en a pas été fait mentior dan !-« le texte, en raison de son usage exceptionnel. / I L' fa cvi-cxl . ’ c SÉRUMS ANTIMICROBIENS. ET ANTITüXIQUES ÀAC ÜJty SÉRUMS ANTIMICROBIENS ET AM'ITOXIQUES 315 \ / f cJJolciXC*. 21 «Ju • T-« tî o fl fl sa C o- « ‘ Kl ' w» ' Ift ' « o o o o a »■ r »•»-»■ iO oi tn c g g g c *-3 -j ~-i _j ♦ * ♦'»*>' ' rt ' o o o o o ex iô oi d G G de ^ » — 3 ■ — 3 .-) ,-J iiLvtncp>xa>^c^' 11, Pi H > SÉRUMS ANT1MICR0BIENS ET ANTITOXIQUES \ (S&aua-g. Jt 8 6 U M X t À 41^ 322 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK (SBèuàe Je* O O KJ [suite.) <2êw Je 863 Mx g ç g *ir 3^*95) Co ç rjl 00 0-> CO (p 'Y\iT {? Ai Q J T I- * |> g ; ? J- r- & Çj r s. * .O O ■ ^ *>• I fc' i w (9ou.ti>e ,È>yiA.irf?mù)uc x)u/ pnuiotA. r- c- t- c-1 c- 3 3 3 3 3 M Ü1 fO C’ r r o o O O O («« O _ Ui ( > , ♦ P M Ô © O ♦ , v . ®* r r en CL ® g § ? l % "Oc cr w r" SS £ f Of'O oto oro «rZ’o «>c 71 0 900 cr »wmw ^3, — • C9 — — c — c* ’a- 0 a v.frrr*c* .>xy oxowmjj* — ' — «ot U1 \ «oi s ut «OtS U"] coi uq cot z ut tot s ut ♦01 U1 ,oi z ut ,ok s ut 5oi ut ,oi z ut ,oi s UT j ni in i i. ,**■ 4 V fc> V p 0 ? I f 5 ^« • * „.t ••• • •** ••**’ — rd . ,f '■••• s ** •••• • >•••« — 1 T? Vî ri6T Ml S ït SI n ot BV 5 B «1 6z| 01 «T 01 ST CI l — 1 en e h € Ç 8 a « 0? 8 9 1-9Z ia 9 * ™flry*rrr° g J OSi — OS1 OSI os\ 001 f OOf ooç 097 Oflî n~ ion | 09 A ~ f- J— H f- cr [ f— ! f— Z? ! — — C j — — C’ ia . •i 3ti /3 ’cr 3(T TO a ro a : JjT•••• ...•* 4ors u-j coi UT — •• ... .... -*.*t .... — ..., .... ... .... .... ... « . * toi z ut tOlS ,ot ut — • _J • — — ,01 9 UT ,01 UT ,ot z ut ,ot s ut ,ot ut ■ — — 1 P i i fit 9 n 9®î iaj St» ial jvsi 9 S 9 ? 1 3 c L Ç 9 T II _i 1 t X *1 xn M frti H 9t il it n ot UT nST T1TT 0187 OUI 01 çt on 6 07 8 il 3 ,lif S3W -- — 9fO çç’o f _L ero 0£ 0 08'0 M’o - «10 - TT'O 90 0 rrrr?&i+*> ?r^rmTp i r cr t " ■■ . — * ■ . --- ■' ■ — cv 1 “ j-1 - * — - - — •• «ot z ut § & i- $ •»«« «... * • . • • •• •*’ *• «••• .... ... ’**. ••»». «ois ut cot ut cot z ut If t0t s ut >1 r |. § — ,ot ut ,ot z ut ,ot s ut T : — «oi ut f • «ot z ut «01 9 UT ) C 81 B rsi T L T *t I tz V? «HT 7TT7 Tl V Tl'OT — r" pi n H SI Il l\ 0167 Ot «1 01 Çt OT 1 6 or 8 l\ 6f 8 «7 9 0? l 9 lit L%Z ,01 UT rjm Q 9 § ’ 4T J0t^9c) -vryr yxnp g ,w.rc-856ai1 Ç^.^5 oCctxrf axk^‘ 330 î35 U 2S 33 a: ANNA1.ES DE L’INSTITUT PASTEUR o o *> « W w w c c -3 —3 O O O O "o o »0 CM tO Ç ç ç e d « •*> -j .-j — j ç ç c de ►4-4 -4 _J no.Miorl ii£ 3;1xm>£) N <>9 'V £*3 &> S §■§ lr pq I o 00 CO ■00 1 i — h f 4- o o o c c: —3 O O ° oî «r> c: c c o cv o lÔ c o o o o *vfcl*icj}-v vto&c^ •P**® W ? I- P _ i Cî T' l 331 SÉRUMS AN TI M I CRO B 1 E\V S ET ANTITOXIQUES JI" 852 F 332 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR] * 9 0 ANAPHYLATOXINE ET ANAPHYLAXIE par A. BESREDKA. Depuis notre monographie sur l'anaphylaxie (1), plusieurs mémoires ont paru sur les anaphylatoxines, au premier rang desquels se place la série importante d’articles de Novy et Kruif (21. Empêché par la guerre de répondre à ces savants, nous saisissons l’occasion que nous fournit la récente commu- nication de M. Bordet (3) pour revenir sur ce sujet qui n a pas cessé d’être d’actualité. Nous le faisons d’autant plus volontiers que l’autorité qui s’attache si justement au nom de Bordet nous fait craindre que la confusion créée par Friedberger, auteur des anaphylatoxines, ne se perpétue outre mesure. Comme Ch. Richet, Bordet pense que le choc anaphylactique est dû à la mise en liberté d’un poison ; ce poison serait l’ana- phylatoxine ; c’est à elle que, dit-il, « se ramène le problème du choc anaphylactique, c’est elle qui représente sans nul doute la cause immédiate des accidents ». Cette opinion, qui est également celle de Friedberger, de Novy et de beaucoup d’autres savants, n’est pas la nôtre. Aujourd hui, comme il y a une douzaine d’années, lors de notre première publication, nous sommes d’avis que les accidents anaphy- lactiques n’ont pour substratum aucun poison spécial, qu ils sont le fait d’une sorte de choc opératoire, provoqué par la rencontre brutale de l’antigène et de l’anticorps, du sensibili- o’ène et de la sensibilisine. Quant aux anaphylatoxines, si faciles à préparer in vitro et au moyen des produits si variés, nous maintenons qu’elles n interviennent pas dans la production du choc, que les troubles occasionnés par l’anaphylatoxine n ont avec ceux de l’anaphylaxie qu’une ressemblance apparente. (1) Anaphylaxie et antianaphylaxie , 1917, Masson, ed. (21 Journ. of infect, diseases, t. 20, 1917. „ , rr , (3) Bullet. Acad. méd. de Belgique, t. 29, p. 635, 1919. Voir ’e Bulletin de l Inst. Pasteur, i. 18, p. 43, 15 janvier 1920. ANAPHYLATOXINE ET ANAPHYLAXIE 33'v Origine de l’anaphylatoxine. — A la suite d'une longue série de recherches, il a été établi — Bordet y a contril>ué pour une large part — que le poison anaphylatoxique est fabriqué aux dépens de l’alexine. Pour réussir celte fabrication, une seule condition est indispensable : la présence d’un corps adsorbant. Que ce corps soit représenté par un mélange d’antigène et d’anticorps, par de la poudre de kaolin, par un précipité albu- mineux, par des microbes pathogènes ou saprophytes, par de la gélose, etc., peu importe. Pourvu qu'on laisse séjourner à l’étuve (37°) une des substances citées dans du sérum de cobaye Irais, on est assuré d’oblenir, au bout de quelques heures, un produit toxique. Ce produit est, d’après Bordet, Novy, Fried- berger et d’autres, le poison anaphylactique, le poison qui déclenche le syndrome typique. S’il en est réellement ainsi, la substance en question, ou l’anaphylatoxine, doit se prêter à certaines opérations propres aux phénomènes de l’anaphylaxie classique, indiscutée, et de l’ antianaphylaxie. Ce postulat inéluctable n'a pas échappé à Bordet. Nous ajouterons même que, de tous les adeptes de la théorie anaphylatoxique, Bordet est le seul qui ait compris la nécessité d’aller jusqu’au bout de sa thèse. Aussi a-t-il essayé non seulement de vacciner le cobaye contre l’anaphylatoxine, mais encore de démontrer dans le sérum des animaux vaccinés la présence d’une substance antagoniste, d’une antianaphyla- toxine. Comme nous allons le voir, Bordet estime y avoir réussi, c’est-à-dire avoir reproduit, au moyen de l anaphylatoxine, les deux faits primordiaux qui caractérisent l’anaphylaxie : les vac- cinations subintrantes, d’une part, et l’état d’antianaphylaxie, d’autre part. Telle est la position prise par Bordet dans le problème qui nous occupe. Cela établi, laissons parler les expériences. Reprenons l’un après l’autre les points sur lesquels nous différons d’avis et qui sont relatifs : a) Aux caractères du poison présumé ; 336 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR b) A la vaccination contre l'anaphylatoxine et c) A l’antianaphylatoxine. Caractères de l’anaphylatoxine. — 11 ressort de l'ensemble des recherches sur les divers modes de préparalion de l'anaphy- latoxine que, pour en avoir in vitro une dose mortelle pour le cobaye, il est nécessaire de disposer d’une quantité abondante d’alexine (3 à 5 cent, cubes) et d’une surface d’adsorption énorme (tout un tube de gélose inclinée, ou toute une culture de corps de microbes, ou un demi-gramme de kaolin, ou 1 cent, cube de suspension mucilagineuse de gélose, etc.). Or, pour déclencher in vivo le choc mortel chez un animal sensibilisé, il suffit d’une dose minime de sérum (1/10-1/20 de cent, cube) et d’une surface d’adsorption tellement faible — si toutefois elle existe — que le précipité n’est guère perceptible au microscope. De par sa définilion, l’anaphylatoxine ne saurait prendre naissance en l’absence de l’alexine. On comprend aisément que ce poison trouve dans le sang circulant pour sa construction du matériel à profusion ; on conçoit moins aisément comment ce poison se constitue en pleine matière cérébrale. Nous savons cependant que, chez l’animal sensibilisé, l'injection seconde sous la dure-mère est aussi sévère que l’injection dans le sang circulant. La participation de l'alexine au choc vrai n'est pas, d’ailleurs, un fait indiscutable. Lorsque l’injection d’épreuve est faite dans le sang directement, il y a, certes, diminution de la teneur du sérum en alexine ; mais toute injection intraveineuse n’en fait- 4 elle pas autant? Lorsqu'on recourt à une voie autre que la voie sanguine, aucun changement n’a lieu dans le taux du sérum en alexine, du moins appréciable par nos moyens d’investigation. L’anaphylatoxine ne se montre active que quand on s’adresse à la voie veineuse ; jamais nous n’avons réussi à produire d’effet toxique semblable, en empruntant une autre voie, notamment, la voie intracérébrale. En nous en tenant meme uniquement à des injections intra- veineuses, nous sommes loin d’être sûr que les accidents ANAPHYLATOXINE ET ANAPHYLAXIE 337 engendrés par l’anaphylatoxine soient identiques a ceux qui caractérisent l’anaphylaxie. Pour noire part, nous n en sommes pas convaincu, du tout. Injectons, en effet, à un cobaye, en vue de provoquer l’ana- phylatoxine in vivo , dans les veines, de la gélose (0,25 p. 100 i suivant la prescription de Bordel. Quelques minutes api ès, nous ne manquerons pas d’observer chez l’animal des phénomènes d’excitation et de paralysie. Sont-ce des phénomènes de 1 ana- phylaxie ? ' Après une incubation de six a huit minutes, le cobaye « gélose » se couche sur le côté, puis se met a agiter simulta- nément les quatre membres d’une façon ininterrompue. Ce manège dure une heure, quelquefois deux heures. Si au bout de cette agonie pénible il ne meurt pas, ce n est que bien lentement qu’il revient à lui. Ce tableau diffère essentiellement de celui du choc ana- phylactique véritable. Ici les accidents s'installent rapidement après l’injection, et ils évoluent encore plus rapidement: ou c’est la mort en quelques minutes, ou c est la guéiison, ou mieux encore, la résurrection. Un état général extrême- ment grave est suivi d’un tel changement à vue que 1 on ne sait plus distinguer, dix minutes après, l’animal en expé- rience d’un animal, neuf. Ce retour prompt à la santé n’a rien de comparable avec le rétablissement « au bout d une heure ou deux » des cobayes gélosés. Frappé, dès le début de nos recherches sur l’anaphylaxie, par cette explosion sou- daine des accidents et non moins par la soudaineté de leur disparition, nous eûmes l’idée de les désigner sous le nom de choc anaphylactique, terme aujourd’hui adopté, même par ceux qui, comme Bordet, ne pi nsent pas qu’il s’agisse d un choc. A propos de la plupart des observations qui précèdent on peut nous objecter que les phénomènes in vitro ne sont pas néces- sairement calqués sur ceux observés in vivo. D'accord ; mais en partant de ce même principe, on est encore moins autorise, en s’appuyant sur des ressemblances qui n’ont rien de pathogno- monique, à assimiler les troubles anaphylatoxiques aux troubles anaphylactiques. 338 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR k Vaccination contre l’anaphylatoxine. — Ce qui donne à l’ana- phylaxie son cachet spécifique et permet de la discerner an milieu des phénomènes qui la simulent, c’est l’antianaphylaxie. C’est la vaccination par des doses subintranles et l’état d’anti- anaphylaxie qui s’ensuit, qui est la pierre de touche la plus importante du processus qui nous occupe. Si l’on admet qn’il existe un poison anaphylactique — - que ce soit l’anaphylatoxine ou toute autre subslance — il faut que ce poison soit susceptible de vacciner rapidement le cobaye et de lui conférer une immunité à toute épreuve. iNous savons que par le procédé des injections subin trantes on parvient facilement à vacciner, en l’espace de quelques instants, contre une dose quasi illimitée d’antigène. En est-il de même pour le « poison anaphylactique » préparé in vitro ? Afin d'apporter la preuve que l'anaphylatoxine est la cause immédiate du choc anaphylactique, Bordet procède à des essais de vaccination. À des cobayes neufs il injecte dans les veines une dose inframorlelle (0,5 cent, cube) de gélose (0,25 p. 100), ce qui, dans la pensée de l’auteur, a pour effet d’engendrer de l’anaphylatoxine in vivo. Le lendemain ou quelques heures après, Bordet réinjecte, toujours dans les veines, au même cobaye une dose mortelle (1 cent, cube) de gélose, soit d’anaphylatoxine. Le cobaye ne meurt pas. Il est donc, dit Bordet, vacciné contre l'anaphylatoxine, ce qui veut dire, dans son esprit, qu’il est antianaphylactisé. Or, d’après nous, le cobaye en question n’est pas vacciné contre l’anaphylatoxine, et il l’est encore moins contre l’ana- phylaxie. Expliquons-nous. L’immunité que Bordet obtient contre l’anaphylatoxine n’offre pas, d’abord, la solidité propre à une véritable immunité. Le cobaye gélosé ne saurait supporter une série de doses rapi- dement croissantes de poison, comme c’est le cas dans l’ana- phylaxie vraie ; il n’est même pas capable de résister à une dose de gélose, soit d’anaphylatoxine, à peine supérieure à la dosé mortelle. L’immunité dont jouit le cobaye traité par la gélose est, à notre avis, de l’ordre de celle dont bénéficie ANAPHYLATOXINE ET ANAPHYLAXIE 339 l animal à péritoine préparé vis-à-vis cl »ne dose mmtc ^ d’une endotoxine microbienne- (1), soit d un po.son minerai, tel que le trisulfure d’arsenic (2). Quant à l’immunité antianaphylactique proprement dite qu’aurait acquise le cobaye vacciné contre la gélose, e en exis P En effet, au lieu d’un animal neuf, prenons- en un qui avait ete sensibilisé vis-à-vis du sérum de cheval. Apres lui av°,r 1 J de la gélose dans les veines en deux temps, comme le recon - mande Bordet, éprouvons le cobaye avec une dose mortelle de sérum. Aussitôt nous verrons éclater le choc an - phylactique typique : tout se passe comme si le cobave . - pas été vacciné. . . . p,,annT1e Intervertissons maintenant les modes de vaccination. 1 mous un cobaye sensibilisé vis-à-vis du sérum de cheva , le rapidement à une série de vaccinations subintrante . à le rendre réfractaire à l’injection de 1 cent, cube de J, ce qui est une dose, au moins, 20 fois supérieure a ^ mor el e Cela fait, injectons-lui une dose minima mortelle (1 cent c ) de gélose (0,23 p. 100). L’effet ne se fera pas attendi e lonS ? ’ an bout de deux ou trois minutes, l’animal, quoique sol.demen antianaphylactisé, sera pris des troubles graves que 1 on observe chez le cobaye neuf injecté avec de 1 anaphylatoxine. Bref, la vaccination contre l’anaphylatoxine ne compoite pas d’antianaphylaxie ; inversement, l’état antianap y ac îqu garantit pas contre les accidents de I anaphylatoxine. Substance antagoniste, ou antianaphylatoxine. Il - nou* » j este à aborder la question relative à la nature de 1 antianaphvla et de l’antianaphylatoxine. . , ontre D’après nos expériences, déjà anciennes la vacc na ion contre le choc anaphylactique repose sur la neulralisationlentede^ a corps spécifique, ou sensibiline, due a 1 apport des doses traction nées d’antigène. A partir du moment où la totalité ou la presq c totalité de la sensibilisine se trouve être neutralisée, 1 anima (1) Ces Annales , 1. 19, 1905; p. 4.8. (2) /Md., t. 13. 1899; p. 49. I 340 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR n a plus a redouter le choc : il est désensibilisé, il se comporte comme un animal normal et, comme tel, il peut aflionler . mjeCt,0,n dp " lmP°rte , Vous ne contestons pas l’apparition d’antianaphylatoxine dans les conditions d expérience indiquées, mais ce que nous l-antià'naHiylaxi; ^ ‘’°n ^“aphylatoiine à J; tT"ière est due à la Présence dans sérum d’une antianapliylatoxme, nous devons en trouver en abondance dans erum des cobayes vaccinés par le procédé des injections subintrantes. En est-il ainsi ? jouons ANAPHYLATOXINE ET ANAPHYLAXIE 341 Pour nous en assurer, nous avons sensibilisé des cobayes vis-à-vis du sérum de cheval; nous les avons ensuite vacci- nés rapidement de façon à leur faire supporter dans les veines la dose énorme de 1 cent, cube de sérum. Ayant de la sorte créé un état antianaphylactique solide, nous les saignâmes (rois heures après el porlâmes leurs sérums mélangés à de la gélose (0,25 p. 100) pendant Irois heures à 37°. Les liquides surna- geants furent ensuite injectés dans les veines de cobayes neufs. Les résultats de cette expérience ne variaient jamais : à peine 1 aiguille était-elle retirée du vaisseau que commençaient à se manifester les accidents anaphylatoxiques. Pour réagir de la sorte, il fallut que nos cobayes ne renfer- massent pas trace de substance antagoniste, et pourtant nul ne contesierait qu'avant d’être saignés, ils ne fussent en état d’antianaphylaxie absolue. L’antianaphylaxie n’est donc pas synonyme d’anti anaphylatoxine. Contrairement à Bordet, nous ne pensons pas que « cet état de résistance accrue (c’est-à-dire l'état antianaphylactique) se retlète dans les propriétés du sérum ». Pour nous, l’état anti- anaphylaclique, comme, du reste, le choc anaphylactique, résulte de la combinaison de l’anligène avec la sensibilisine. Quand cetle combinaison est brusque, il y a choc ; quand cette combinaison est lente, il y a antianaphylaxie. Ce n'est pas à l appar»tion d’un anticorps nouveau dans le sérum qu’est dû l’état antianaphylactique ; c’est, au contraire, à la disparition d’un anticorps qui s’y trouvait déjà (la sensibilisine) que l’animal doit son état de résistance accrue. Tout est dans la rapidité avec laquelle la disparition de cet anticorps s’accomplit, c’est-à-dire dans la rapidité avec laquelle la sensibilisine est neutralisée par l’antigène. A volonté nous pouvons créer, avec la même substance, employée à la même dose, tantôt Je choc mortel, tanlôt l’état antianaphylactique, en faisant seulement varier la durée de la réaction. Voici une expérience qui peut en servir d’illustration. Deux cobayes sont sensibilisés vis-à-vis du blanc d’œuf (1 / 1 00 cent, cube sous la peau). Quinze jours après, on les soumet à l’injeclion d’épreuve: à tous les deux on injecte par la voie laryngée (1) la même quantité de blanc d’œuf, mais différem- (1) Ces Annales, t. 34, p. 51. 342 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ment concentré. Un des cobayes reçoit 1 cent, cube de solution de blanc d’œuf à 1 p. 100, l'autre reçoit 1/4 de cent, cube de solution de blanc d’œuf à 1 p. 25. Le premier meurt au bout de trois minutes au milieu des symptômes anaphylactiques ; le second est à peine incommodé et acquiert aussitôt l’immunité antianaphylactique. En concentrant la solution de blanc d œuf pour le second cobaye, nous n’avons fait que ralentir sa résorption par la muqueuse respiratoire et qu’empêcher ainsi l’antigène de se combiner trop rapidement avec son anticorps ou sa sensibilisine. Cela est si vrai que, lorsque chez un troisième cobaye, anaphy- îactisé dans les mêmes conditions que les deux précédents, nous Sîmes usage du blanc d’œuf pur, non dilué, et que nous lui en injectâmes par la trachée 1/2 cent, cube, soit une dose au moins 50 fois supérieure à la mortelle, l’animal ne manifesta aucun symptôme anaphylactique. Conclusions. Ai le mode de préparation de l'anaphylatoxine, ni son mode d action ne concordent avec ceux qui caractérisent le processus anaphylactique. La vaccination contre la gélose, ou l’anaphylatoxine in statu nascendi , ne permet pas de dépasser la dose mortelle ; la vac- cination contre l’antigène, chez un animal anaphylactisé, est quasi illimitée. Le cobaye vacciné contre l’anaphylatoxine n est pas vacciné contre le choc anaphylactique. Le cobaye vacciné contre le choc n’est pas immunisé contre l’anaphylatoxine. Le sérum de 1 animal vacciné contre l’auaphylatoxine ren- ferme une substance antagoniste qui neutralise cette dernière ; le sérum de l animal vacciné contre le choc anaphylactique ne renferme pas d’anticorps. Les phénomènes touchant à 1 anaphylatoxine ne rentrent donc pas dans le cadre de l’anaphylaxie. Le choc anaphylactique et 1 état antianaphylactique sont tributaires de la même réaction, celle qui s accomplit entre la sensibilisine et l’antigène ; c’est la rapidité de cette réaction qui fait apparaître l’un ou l’autre. ETUDE $UR LA PESTE AVIAIRE par C. JOUAN et A. STAUB. La guerre a interrompu ees recherches qui restent sur beau- coup de points à compléter. En 1917, quand nous avons voulu reprendre nos expériences, il ne nous a pas été possible de retrouver du virus et nos souches étaient mortes. Nos efforts, pour nous en procurer depuis cette époque, sont demeurés vains et c’est pour cette raison que, sans attendre davantage, nous nous sommes décidés à publier les résultats obtenus jusqu’ici, nous proposant de poursuivre cette étude dès que nous aurons en main le matériel nécessaire. Historique. La peste aviaire, déjà reconnue en 1880 par Rivolta et Del- prato, commença à être étudiée en 1901-1902 par Centanni 1 . Maggiora et Valenti 2], Lode et Gruber [3], puis par Albert Dubois [4]. Ces auteurs démontrent la nature filtrante du virus ; ils notent à l’autopsie des pétéchies sur le cœur, de l’épaissis- sement du péricarde qui devient trouble. Après eux, un certain nombre de chercheurs se sont occupés de la question ; nous allons résumer ici les résultats auquels ils étaient arrivés en 191 fi. Animaux réceptifs. — La poule, le faisan [7], le perroquet [12], le padda; les oies, d’abord considérées comme réfractaires, ont pu être inoculées avec succès, lorsqu’elles avaient moins de six mois [il] ; les oies vieilles succombèrent également lorsqu’on les inocula sous la dure-mère [15] ; puis un virus fut trouvé chez une oie, qui tuait les oies âgées même en inoculation sous- cutanée [21 . Une épidémie sur le canard sauvage A. germana a été constatée r23] (seul le cerveau serait virulent, le sang non), 344 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR non transmissible au canard domestique, qui jusqu’ici semble réfractaire. Filtration du virus. Richesse des organes en virus. — La filtration sur bougies Berkefeld-et Chamberland a été confirmée par tous les auteurs ;5, 6, 1\ en partant du sang, du cerveau broyé, ou du contenu intestinal [22].' On a même pu filtrer avec succès le virus sur ultra-filtre n° 5 deBechhold, qui retient 1 hémoglobine ; d’après cette expérience les dimensions du virus seraient de l’ordre de 2,i millionnièmes de milli- mètre [20]. 1/10.000.000 de cent, cube de sang virulent suffit souvent* à provoquer la mort par inoculation sous-cutanée, et on a pu descendre plus bas encore. Ont été reconnus virulents, chez la poule, le sang et tous les organes, ainsi que le contenu intestinal 22^ ; chez l oie jeune, le sang pendant les trois premiers jours après l’inoculation [41] et le cerveau; chez I oie adulte (de plus de six mois), le cerveau seul; pourtant le virus, qui tue foie adulte en inoculation sous- cutanée, est présent dans le sang [21 . La question n est pas tranchée de savoir si le virus se mul- tiplie seulement à l’intérieur des globules rouges, ou s’il vit indifféremment dans les globules ou dans le plasma. Pourtant il est généralement reconnu que les globules sont beaucoup plus riches en virus que le sérum. Gela pourrait tenir à une simple fixation du virus sur les globules. En effet, en ajoutant des globules neufs à du sérum virulent, on dépouille celui-ci d une partie de sa virulence au profit des globules ajoutés [16]. Nature du virus. — Plusieurs auteurs pensent à un pro- tozoaire en se basant : 1° Sur la résistance du virus dans la glycérine, par analogie avec ce qui se passe pour la rage, la vaccine, la syphilis [14 j ; 2° Sur l’action de la saponine à 1 p. 100, qui, en mélange avec le virus, empêche l’infection. Or la saponine n’a pas d'action sur les bactéries, mais immobilise les trypanosomes [16]; 3° Sur le fait que le virus, après avoir été présent dans le sang des jeunes oies inoculées, puis en avoir disparu, peut y réapparaître : analogie avec la fièvre paludéenne [11 1. ETUDE SUR Là PESTE AVIAIRE 345 il a été décrit dans le cerveau des poules infectées des forma- tions analogues aux corpuscules de Negri 10, 131. Enfin, en examinant le culot de centrifugation d’un extrait de cerveau filtré sur bougie, on a vu après coloration, selon la méthode de Lœftler pour les cils, de petits points doubles 17]. Résistance à la chaleur. — Selon les uns, le virus serait tué après cinq minutes de chaulfage à 60° [12], pour d’autres il résiste à 70° et est tué à 80° [3j, pour d’autres encore le virus inclus dans le cerveau résisterait quatre heures à 65°-80°, tandis que l’extrait de foie serait inactivé après une demi-heure de chauffage à 60° [17]. Contagion. — On n'est pas très fixé sur la manière dont s'opère la contagion. L’infection per os a écheué 22], de meme que celle tentée par l'intermédiaire des Ârgas 22]; de sorte que certains auteurs ont pu nier que la maladie fût conta- gieuse. i Vaccination. — Jusqu’ici on n'a pas réussi à vacciner avec le virus chauffé [9, 16 j. Le cerveau de jeune oie infectée, mis à dessécher dans un récipient chargé de potasse caustique, a pu vacciner la poule [15, 21]. Sérum. — Le sérum d’une poule guérie détruit le virus in vitro et protège la poule contre l'infection [21]. Des moutons, chargés avec du virus, fournissent un sérum de faible acti- vité [9 ] . Culture. — Sur milieux usuels, de même qu'en suivant la technique de Noguchi, on a toujours échoué. Dans le sang dé- fibriné de poule reposant sur culot de gélose peplonée, glucosée, 10 passages ont été réussis 18, 19 . RECHERCHES Le matériel qui a servi d’origine à nos recherches provenait d’une épidémie sévissant sur les poules. La filtration de sang ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK dilué sur bougie Chamberland F10, suivie d’une inoculation posi- tive, nous confirma la nature filtrante du virusquc nous avions en main. A I autopsie les lésions, déjà signalées antérieurement, se réduisent à quelques pétéchies sur le cœur, et à un épaississe- ment fréquent du péricarde. Celui-ci enclôt souvent un liquide citrin, dont le volume peut s’élever à 4 ou 5 cent, cubes et plus. Les poules inoculées dans ies muscles avec du sang prove- nant d’un animal venant de succomber à la peste aviaire meurent, quelle que soit la dose (inférieure à 1/8 de cent, cube), entre trente-six heures et quatre jours. C’est ainsi que, dans un essai de dilution effectué pour rechercher la dose mortelle, deux poules qui avaient reçu, l’une 1/8 de cent, cube et l’autre 1/1.000.000 de cent, cube, sont mortes en même temps en quarante-huit à cinquante heures. Nous avons constaté à notre tour l’extrême richesse en virus du sang, qui lue couramment au 1/1.000.000 de cent, cube et même à des taux inférieurs; notons en passant que les doses infra-mortelles ne vaccinent pas. Le cerveau est également très riche; la sérosité péricardique l’est un peu moins, et perd rapidement de sa virulence avec le temps; le contenu intestinal est virulent. Le sang complet demeure virulent assez longtemps en ampoules fermées : un an à dix-huit mois à la glacière; à 37° nous avons conservé du sang virulent pendant trente-cinq jours. Vingt-quatre heures après l’inoculation intramusculaire, la poule commence à manifester de l’abattement, les plumes se hérissent, les yeux se ferment. En même temps la température monte à 43°5 ou 44°; concomitamment le virus apparaît dans la circulation. Luis la température s abaisse, la somnolence s’accentue et l’animal meurt en hypothermie (37 à 38°), sans avoir présenté de symptôme nerveux. Le bouillon ensemencé avec le sang du cœur demeure tou- jours stérile, si on a inoculé une poule saine, avec du sang pur; jamais, dans ces conditions, nous n’avons constaté d’infection étrangère se greffant sur la peste aviaire. Il y a quelques années 1 un de nous vit apparaître une pasteurell^ au cours de passages de peste aviaire de Galfat à Lalfat. ETUDE SUR LA PESTE AVIAIRE 347 Notre origine était avirulente pour Foie adulte et le canard, virulente pour le padda. i Inoculation au pigeon. — Le pigeon est à la limite de la réceptivité; tantôt il succombe, tantôt il résiste à l’inoculation intramusculaire. Nous nous sommes efforcés de réaliser des passages de pigeon à pigeon dans le but de dénaturer le virus. Après plu- sieurs essais infructueux, nous avons pu réussir quatre passages consécutifs, en partant du jeune pigeonneau de trois à quatre semaines, pour finir avec le pigeon adulte. Le 5e pigeon a été très malade, mais son cerveau et son sang, prélevés le 12e jour, alors qu’il paraissait rétabli, ne tuaient plus le (U pigeon ni la poule, et celle-ci n’était pas vaccinée. A l’opposé de la poule, le pigeon, quel que soit le mode d’inoculation intramusculaire ou intracérébrale, présente vers le 4e jour des phénomènes nerveux qui vonl s’intensifiant : l’équilibre est chancelant, et l’animal marche, le bec à terre, comme pour se constituer un troisième point d’appui; ou bien, au contraire, la tête se renverse en arrière, les paupières cli- gnottent; par la suite, l’animal est complètement déséquilibré et ne peut plus se tenir debout. Il est donc probable que le virus se loge électivement dans l'encéphale, et c’est en inocu- lant du broyage de cerveau que nous avons réussi nos pas- sages. Malgré cela tous les sujets ne succombent pas et certains, après avoir présenté des phénomènes nerveux très graves, se remettent assez rapidement. Nous nous apprêtions à reprendre les passages en sacrifiant nos pigeons vers le 4e ou le 5e jour, c’est-à-dire au moment où apparaissent les signes cérébraux, lorsque nos expériences ont été interrompues. Contagion. — Mazzoli 22 n'est pas parvenu à inoculer la peste aviaire à la poule per os , nous y sommes arrivés aisé- ment. Il suffit d’introduire du sang virulent dans l'œsophage, ou même d’en arroser les grains, qui servent à l'alimenta- tion pour provoquer l’infection. A vrai dire la dose de sang doit être assez élevée (au moins 1/2 cent. cube). A titre d’exemple de contagion nous reproduisons l’expérience sui- vante : 348 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Dans une volière sont introduites 9 poules dont : 5 neuves, 2 ayant séjourné dans une cage où une poule est morte de peste aviaire, 1 vaccinée, 1 poule venant d'ingérer des grains souillés de peste aviaire. Cette dernière poule succombe deux jours après. Sur les 8 autres, au bout de huit jours, il ne reste que la poule vaccinée, une poule neuve, et une poule qui avait coha- bité avec une poule malade. L’ensemencement du sang des poules mortes est négatif. Il est probable que la contagion se fait par les matières excrémentielles (que nous avons reconnues être virulentes) répandues sur le sol où les poules picorent, puisque la contagion par les Argas n’a pu être réalisée [22]. Résistance du virus à la chaleur. — - Pour mesurer ^résis- tance à la chaleur, nous mettions le matériel virulent en petites ampoules fermées à la flamme, et nous les immergions dans . un bain-marie, ou bien nous les laissions dans une étuve, réglée à la température voulue. Dans ces conditions, qu’il s’agisse du cerveau broyé, ou du sang entier, nous n’avons pas constaté de différence de résistance : A 44°, après 24 heures, le virus n’est pas tué bien que moins actif. A 4G° — 2 jours, le virus n’est pas tué. A 4'° — 3 jours, le virus est lué. A 53° — 3/4 d heure, le virus n’est pas tué. A 55° — 1 heure, le virus est tué. A 60°, 10 minutes suffisent à détruire le virus. Vaccination par virus chauffé. — Nous avons, dès lors, essayé s il n était pas possible de vacciner avec du virus tué par la chaleur et, en effet, nous constatâmes que du sang virulent, resté trois jours à 1 étuve à 46-47°, peut conférer l’immunité, lorsqu il est administré dans les muscles en quantité suffisante. Lette quantité s est montrée, d’après diverses expériences, au voisinage de 10 cent, cubes. Expérience. Matériel : Sang défibriné virulent de poule, tuant le témoin en 36 à 40 h., laissé en ballon à l’étude à 46-47° pendant 3 jours. ETUDE SUR LA PESTE AVIAIRE 349 Poule 1, reçoit 1 c. c. de sang chaulïé . . (1) Morte en 48 heures. — 2 — 5 c.c. — . .(1) — 40 — — 3 — 8 c.c. — . . (1) — 54 — — 4 — 12 c.c. — . . (!) Résiste. (1) Ces poules ne sont pas malades et sont éprouvées 15 jours après par 1/8 de cent, cube de sang virulent tuant le témoin en 40 à 50 heures. Y a-t-il avantage à se servir de sang chauffé à 47° au lieu de sang rapidement inactivé à 60° ? Expérience. « Matériel 1 : Sang défibriné virulent chauffé 3/4 d’heure à 60 degrés. 2 : — — 3 jours à 46-47 Poule 1 ( 10 c. c. matériel 1 ^ : .... (1) Résiste 2 i ) dans les muscles. \ , .... (1) — — < t 10 c. c. matériel 3 • | (U — — 4 j ) dans les muscles. < ;•••.•(!) — (1) Ces poules ne sont pas malades et sont éprouvées 11 jours après par 1/8 de cent, cube de sang virulent tuant le témoin en 48 heures. Donc pas de différence entre les deux modes de vaccination. Sérothérapie. — Ayant dès'lors à notre disposition des poules vaccinées, nous nous sommes occupés de la production d’un sérum actif. Enregistrons tout de suite la résistance considérable, pour ne pas dire absolue, que confère la vaccination : soit celle oblenue par inoculation du virus chauffé, suivie d’épreuve virulente, soit celle que nous obtiendrons parla suite en pra- tiquant la séro-vaccination. Expérience. Une poule est vaccinée par 15 cent, cubes de sang laissé trois jours à 47 degrés; éprouvée 50 jours après par 1/2 cent, cube de sang virulent, tuant le témoin à la dose de 1/8 de cent, cube en 36-40 heures, elle ne réagit pas. Cette poule reçoit d’emblée dans les muscles, 40 jours après l’inoculation d’épreuve, 30 cent, cubes de sang virulent qui tue le témoin au 1/16 de cent, cube en 56-60 heures. Cette poule ne souffre nullement de cette inoculation, massive ; saignée 10 jours plus tard, elle fournit du sérum qui est essayé préventivement, 24 et 48 heures avant l’inoculation virulente. Le sérum et le virus sont inoculés dans les muscles. Poule I, 1 c.c. de sérum i 48 h. avant le virus j Morte en 4 jours. — 2, 1/2 c.c. — } (1/20 de c.c.) ) Morte en 4 j. 1/2. — 3, 1 c.c. — (24 h. avant le virus j Survit i sans présenter de — 4, 1/2 c.c. — / (1/20 de c.c.) 1 Survit J symptôme morbide. — 5, témoin de virulence, 1/20 de c.c. de sang virulent. Morte en 3 jours. 23 t 1 350 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR De nombreux essais nous ont montré que le sérum obtenu en hyperimmunisant les animaux p ir de plus fortes doses de sang virulent, ou en les chargeant progressivement, n’élait pas plus eflicace. C’est ainsi que deux poules, hyperimmunisées chacune par 100 cent, cubes de sang virulent en cinq inoculations intra- musculaires, fournirent un sérum dont 1 cent, cube inoculé à la poule vingt-quatre heures avant le virus ne protégeait pas sûrement. Quel mode d’immunisation préférer? Celui qui pour la moindre quantité de virus donne le sérum le plus actif. Nos essais nous ont conduits à adopter l’inoculation intraveineuse que nous pratiquons à l’aile. Citons deux expériences. Expérience; I. Deux poules sont hyperimmunisées après séro-vaccination : l une A par 25 c.c. de sang virulent dans les veines ) l’autre B par 45 c.c. — — le péritoine » espacées de 15 jours. en deux inoculations Le virus qui a servi à charger ces deux poules est un mélange de sang de deux poules saignées en hypothermie 56 heures après une inoculation viru- lente. Il tue un témoin par piqûre en 2 jours 1/2. 10 jours après la dernière inoculation, nous saignons partiellement ces poules qui nous fournissent les sérums A et B. Le sérum A inoculé daus la veine de l’aile 24 heures avant le virus (dans les muscles) protège aux doses de 1, 1/2, 1/4 de cent, cube sans que les poules paraissent malades. Le sérum B inoculé comme A donne les résultats suivants : Poule 1, 3 c.c. sérum B * Survie sans trouble. — 2, 2 c. c. — (l’injection défectueuse n’a peut-être pas été entièrement poussée dans la veinej. Morte en 11 jours. Poule 3, 1 c.c. sérum B Survie sans trouble. — 4, 1/2 c.c. — Malade le 8e jour, se rétablit le 10® jour. — 5, 1/4 de c.c. — Morte en 8 jôürs. — 6, témoin pour A et B, 1/8 de c.c. virus .... Morte en56-60 heures. Expérience IL 2 poules C et D sont chargées après séro-yaccination l une G par 40 c. c. de sang virulent dans les veines ( on 2 inocu- l’autre D par 40 c. c. — — le péritoine et les muscles $ lations espacées de 4 jours, et saignées 10 jours après la dernière inoculation. Essai des sérums C et D. — La même technique que pour l’expérience précé- dente a été suivie : le sérum est inoculé dans la veine de l'aile 24 heures avant l'inoculation intramusculaire de 1/16.000 de cent, cube de sang virulent tuant le témoin, à la même dose, en 40 heures. % ÉTUDE SUR LA PESTE AVIAIRE 351 1/8 de c.c. 1/4 de c. c. 1/2 c. c. . 1 c.c. . . 1 c.c. 5 . SÉRUM C SÉRUM D Morte en 4 jours. — 4 jours 1/2. Malade le 8e jour, rétablie le 9e. Survie — du 7e au 10e jour. Survie. Survie sans trouble. Morte en 2 jours 1/2. — 5 joyrs. — 16 jours. — 6 jours 1/2. — 9 jours 1/2. De ces expériences et d’autres analogues il résulte que la voie intraveineuse est la plus efficace et la plus économique pour obtenir un sérum actif. Nous avons tenté de nous servir de l’oie comme fournisseur de sérum , sans pouvoir obtenir de résultat bien satisfaisant (rap- pelons que l’oie n’était pas sensible à notre origine). Le sérum préparé avec la poule est antimicrobien. Si on inocule des mélanges de sérum et de sang virulent, déjà après » un contact d’un quart d’heure, les animaux inoculés ne sont pas malades mais succombent à une épreuve virulente prati- quée dix jours après, malgré les forles doses employées. Nous avons cherché alors à éviter cette action destruclrice du sérum sur le virus, tout en imprégnant celui-ci avec les anti- corps du sérum, de façon à réaliser en quelque sorte un vaccin par sensibilisation. En premier lieu nous nous étions contentés de chauffer le sérum à 56° pendant une demi-heure. Mais ce sérum chauffé détruisait encore le virus avec lequel nous le mélangions, sans vacciner. Nous pensâmes alors à éliminer l’alexine contenue dans le sang virulent, alexine qui devait réactiver le sérum. A cet effet nous nous servions de globules de lapin lavés, que le sérum normal de poule hémolyse. Le sérum de poule perd toute propriété alexique après trai- tement par moitié de son volume de globules de lapin lavés (et ramenés au volume primitif du sang). Si, par exemple, nous voulons éliminer l’alexine contenue dans 8 cent, cubes de sérum de poule, nous prélevons 4 cent, cubes de sang à un lapin ; nous lavons les globules trois fois, et nous remplaçons la dernière eau de lavage par les 8 cent, cubesde sérum de poule, danslesquels nous émulsionnons nos globules. Après une demi-heure de contact à 33°, toute l’alexine du sérum a disparu. Si nous traitons du sang entier de peste aviaire, pour 8 cent. 352 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR cubes de sang virulent défibriné, nous devrons prendre à peu de chose près les globules de 2 cent, cubes de sang de lapin. Par sécurité nous employons 3 cent, cubes. Nous obtenons ainsi ce que nous appelons du virus sans alexine, qui, mélangé avec du sérum de poule hyperimmunisée, chauffé à 56°, est essayé comme vaccin après un temps de contact de vingt-quatre heures à 33°. Après essai de differentes proportions de sérum et de virus nous avons reconnu ‘f - 3 i 8 g ; 4» à un : ne 0> CT CO 03 T3 ‘03 ^3 _ n *"* 2 «3 fl 03 Ü — CB -t-3 <— 3 ~ Ü <• 5 3 03 c 3 c; «C _ •'—5 r- r* r- C .3 U £ 'CB b “D » ^ ■re 3 03 <*- P JT 8 ■4* 8 •43 ^ 1 *— 03 3 | 1 A3 8 43 03 03 inc aun *3 3 _CB C C f 3 (0 03 5— 03 O — 'CB •O » I — co C .3 QJ ^ O 1 0> ce 1 un c 03 Ol 'CB c 4) •• 'CB + T *03 —> *03 03 • • î-* 3 CD œ p! 3 CB P &c O 03 O 03 Cto. © O 3 20 £ O C CB 'O : Ol CB c» C 8 1 03 «3 i un C < V T 'CB +.. ‘03 &L 73 îO fl cb i: --3 co fl .3 03 fl. -«3 ' G C C M *> 3 aj ~ — 03 -c B •« C^ r + «u v*< tÙ <•> C O CO 8 43 •4* .> 'CB “4» 03 o. — 'CB 4> ec 'CB _L *• *43 hr. >— < -j 4> 03 *43 03 o 03 4_ ETUDE SUH LA PESTE AVIAIRE INDEX BIBLIOGRAPHIQUE [1] Centanni. Centr. f. Bact. Orig ., 1902. [1] Centanni. Clinica veter., t. 24, 1901. [2] Maggiora et Valenti. Mém. d. R. Accad. in Modena, 1901. [3] Loge et Gruber. Id., 1901 -1902. [4] Albert Dubois. C. R. So<‘ : Biol., 1902. [5] Calamida. Centr. f. Bcir.t. Orig., n° 8, 1908. [6] IIertel. Arb. a. d. Kais. Gesund,., t. 20. [7] Marcone. Rev. gén. ve'l., t. 3, 1904. [8] Leclainche. Id., t. 3, 1904. [9] Mave. A> b. a. d. Kais. Gesund., 1904. [101 Kleine. Zeitse.hr. f. Hyg., t. 51, 1905. [11] Kleine et Moellers. Centr. f. Bact. Orig., t. 39, 1905. [12] Stazzi. Clinica veter., t. 29. [13] Schiffmann. Wien. klin. Woch., t. 19, 1906. [14] Lode. Centr. f. Bact. Orig., t. 43, 1907. [15] Kraus et Schiffmann. Centr. f. Bact.. Orig., 1907. [16] Ru*s. Arch. f. Hyg., t. 59, 1906. [17 1 Prowazek. Miinch. med. Woch., 1908. [18] Marchoux. C. R. Acad. Sciences, t. 147, 1908. [19] Laxdsteinër et Berliner. tCentr. f. Bact. Orig., t. 67, 1912. [20] Andriewsky. Réunion biologique de Saint-Pétersbourg, 1914. [21] Kr\us et Loewy. Centr. f. Bact. Orig., t. 76, 1915. [22] Mazzuoli. Clinica veter., 1916. [23 ] Cominotti. Id., 1916. 124] Belfanti et Ascoli. Ibid., 1916. OSTÉO-PÉRIOSTITE POST TYPHIQUE TRAITÉE PAR UN AUTO-VACCIN VIVANT SENSIBILISÉ (Méthode Besredka.) Par les Docteurs M. CIUCA et I. ENESCU Nous avons eu l'occasion, au cours de la dernière guerre, d'observer un cas d’ostéo-périostile typhique, qui a rapidement cédé à l’emploi de la vaccination au moyen d’un auto-vaccin vivant sensibilisé (méthode Besredka). Observation. — Le 25 octobre 10:17 entre à l'hôpital de maladies conta- gieuses de campagne n° 2 le caporal S. G..., du 30e régiment d infanterie, présentant tous les symptômes cliniques d'une fièvre typhoïde. Le malade avait été vacciné au mois de juillet 1917 avec du vaccin chauffé mixte : anti- tvpho-paralypho -cholérique (1). L’hémoculture en hile et en bouillon faite le douzième jour de sa maladie a été positive. Le sé7 ; elle s’accompagne d une nouvelle poussée d’ostéo-périoslite, cette fois-ci au niveau de la 7* côte à ! centimètres de distance de l’extrémité externe du cartilage costal. L’os est épaissi sur une longueur de 2 centimètres, et forme une tumeur de la dimen- sion d’une grosse noix. 21 décembre. — Les tissus de l’avant-bras étant beaucoup moins infiltrés, on a la possibilité de bien délimiter l’épaississement de l’os. Il garde les (1) La vaccination par le vaccin mixte, qui contient deux tiers de vibrions cholériques et un tiers de bacilles typho-paratyphiques, très efficace au point de vue de la vaccination anticholérique, a été souvent assez infidèle au point de vue de l’action préventive contre la fièvre typhoïde. AUTO-VACCIN SENSIBILISÉ DE BESREDKA 359 dimensions qu’il avait le 10 décembre; il n’y a pas de changement non plus au niveau du processus d’ostéo-périostite costale. Nous décidons alors de pratiquer l’auto vaccinothérapie et le même jour on injecte au malade l’équivalent d’un quarantième de culture de 24 heures chauffée. Le vaccin était préparé avec le bacille typhique, isolé du malade lui-même pendant les premiers jours de son entrée à l’hôpital. L’émulsion était chauffée une heure à 57°. Le soir même de la première injection, la température monte à 40°3, les deux foyers d’ostéo-périostite deviennent plus sensibles, 1 empâtement des tissus environnants s’accentue. On constate également une forte léaction inflammatoire au niveau de la piqûre. 28 décembre. — Réaction inflammatoire intense au point d’inoculation ; les douleurs augmentent au niveau du foyer costal. Il n’y a pas de changement au niveau du processus radial. 29 décembre. — Même état local des foyers d’ostéo-périostite; la réaction vaccinale locale commence à disparaître. 80 décembre. — On fait une deuxième injection de vaccin en employant, cette fois-ci, un auto-vaccin sensibilisé avec le sérum du malade lui-même. On injecte au malade l’équivalent d’un cinquième de culture de 24 heures. Le soir la température monte à 37°2; on ne constate presque pas de réaction au point de l’inoculation. Le 2 janvier 1918, on inocule au malade deux cinquièmes de culture de typhique de 24 heures, sensibilisé d’après la même méthode. Cette fois, la réaction vaccinale générale et locale est nulle ; les douleurs au niveau de* foyers d’ostéo-périostite ont complètement disparu; l’inflammation commence à diminuer. Le 4 janvier 1918, nouvelle inoculation avec la même dose de vaccin, bsence totale de réaction vaccinale locale et générale; le processus d’ostéo- périostite diminue visiblement. Le 6 janvier 1918, les deux foyers d’ostéo-périostite sont complètement guéris; c’est à peine si l’on peut constater une trace de l’épaississement de l’os. Quatre inoculations de vaccin — dont trois avec du vaccin sensibilisé— ont donc suffi / jour faire disparaître en onze jours deux foyers dostéo-périosiite en pleine évolution et à empêcher l'apparition probable de foyers nouveaux. — L’emploi du vaccin vivant sensibilisé nous a fourni de nouveau I occasion d appré- cier la supériorité de cette méthode de vaccination. Il laut, encore une fois, noter l’absence presque totale de réaction locale et générale du jour où le vaccin vivant sensibilisé a été substitué aux corps microbiens simplement chaullés. (Travail de l’Hôpital de maladies contagieuses de campagne n» 2.) Le Gérant : G. Masson. Paris. — L Mabetheux, imprimeur, 1, rue Cassette 8615. ; ■ . . ' ■ , ; ■ ■ }■ . • ' ■ «f . APPAREILS DE PRÉCISION Servant en Physiologie, en Pharmacologie et en Médecine INSTALLATIONS COMPLÈTES de LABORATOIRES sur DEVIS 7, Rue Linné, PARIS (Ve) Téléphone 828-33 NOUVELLE ÉTUVE à température constante de HEARSON La figure représente l'Étuve électrique sans réser- voir d’eau. Dans ces appareils, la chaleur est produite, distribuée d’une façon uniforme par un ou plusieurs fils. Des jonc- tions spéciales commandant chaque fil permettent d’utiliser ces résistances suivant certaines combinaisons pour pro- duire des températures plus ou moins élevées. Nous fabriquons tous les appareils nécessaires aux labo- ratoires de bactériologie, tels que : bains-marie, étuves à paraffine, stérilisateurs, appareils Wassermann, etc. Tous nos appareils peuvent être chauffés, soit au pétrole, gaz ou électricité. ENVOI GRATUIT DU CATALOGUE SUR DEMANDE Seuls Concessionnaires : SPRATTS PATENT 38, rue Caumarlin, PARIS 6 Adoptée officiellement par la Marine et les Hôpitaux de Paris . PANCREATINE DEFRESNE 1 gr. transforme simultanément : 35 gr. al b i- mine; 20 gr. corps gras; 25 gr. amidon. Dyspepsie. 1 Dégoût des Aliments. Diabète. j Digestions difficiles . POUDRE — PILULES — ÉLIXIR DEFRESNE, Auteur de la Peptone Pancréatique, 4, Quai du Marché-Neuf, PARIS, et Pharmacies. Gastralgie. Gastrite , etc. E. COGIT & C Constructeurs d’ Instruments et d’ Appareils pour les Sciences 36, Boulevard Saint-Michel, PARIS Téléphone : Fleurus 08-58 ATELIERS DE CONSTRUCTION EXPÉDITIONS ET VERRERIE EN GROS 19, Rue lIumboldtl~ PARIS AGENTS EXCLUSIFS DES MICROSCOPES KORISTKA. S.O.M. Construits par la Société d’Optique et de Mécanique de Haute Précision, à Paris. Dépositaires des Colorants français R. A. L. et des Colorants du D> TRIBONDEAU et du Dr HOLLANDE Produits chimiques pour la Micrographie et la Bactériologie Autoclaves , Centrifugeurs, Installations complètes de Laboratoires, Milieux de culture stérilisés, Microtomes de toutes marques. APPAREILS ET BROYEURS LATAPIE NOUVEAU MODÈLE D'ÉTUVES ÉLECTRIQUES A TEMPÉRATURE CONSTANTE NOUVEAUX APPAREILS DE PHYSIOLOGIE Marque « ASCO » pour la médecine et l’expérimentation. BILLAULT CHENAL*, DOUILHET et C“, Suce PARIS — 22, rue de la Sorbonne, 22 — PARIS FABRIQUE DE PRODUITS CHIMIQUES ET PHARMACEUTIQUES Produits purs pour Analysas * Bactériologie * Histologie * MierograpU Dépôts des balances : H. L BECKER Fils et C de BRUXELLES En France : Henry-Louis BECKER. — A. CATTEAUX et R. GUELT0N,: Sucrs. ii^oTjmnsrissETjiRS xJTisrsTiTXTrr n fij'i • Vient de paraître A. CALMETTE /INFECTION BACILLAIRE ======= ET la tuberculose CHEZ L’HOMME ET CHEZ LES ANÎMAUX i, vol. gr, in-8° de 020 p. avec 28 figures et 25 planches en couleurs. 55 fr. net. FOURNITURES GÉNÉRALES pour LABORATOIRES et. Ateliers de construction d’Appareils de précision . Les Établissements POULENC Frères 122 , Boulevard Saint- Germain — PARIS Siège social : 93, rue Vieille-du-Temple Produits Gbimiquss purs Réactifs, Liqueurs titrées Verre Français, marque LABO .VERRERIE ORDINAIRE ET GRADUÉE DENSIMÈTRES THERMOMÈTRES APPAREILS chauffés au gaz, au pétrole, à l’électricité. Autoclaves et Étuves à culture COLORANTS FRANÇAIS, marque R. A. L. pour Microbiologie et Physiologie MICROSCOPES === MICROTOMES - CENTRIFUGEURS MASSON et Cie, Éditeurs, Libraires de l’Académie de Médecine 120, boulevard Saint-Germain, PARIS. ?'->? ATELIERS DE CONSTRUCTION J*# %% %y. Pour APPAREILS DE CHIMIE, BACTÉRIOLOGIE, ■'* Verrerie soufflée, graduée, porcelaine, terre, grès. B JJ 26 et 13, Rue Vauquelin g) = PARIS (Ve) ==; INSTALLATIONS COMPLÈTES DE LABORATOIRES ET IDE SALLES DO PÉRATIOITS Fourniture de Produits chimiques — Matières colorantes Microscopes — Microtomes. NOUVELLES VERRERIES DE LABORATOIRE : Neutra . Qualité Iéna. Fina. . . — Bohême. Verre. . — Courante. Produits français fabriqués par la Verrerie E. ADNET, 28, rue des Carrières, à Charenton, près Paris. ENVOI FRANCO DU CATALOGUE ILLUSTRÉ — P. LEQUEUX INGÉNIEUR des Arts et Manufactures PARIS — 64, Rue Gay-Lussac, 64 — PARIS Adresse télégraphique : W1ESNEGG-PARIS. — Téléphone : 806-25. SPÉCIALITÉ D’APPAREILS BACTÉRIOLOGIQUES CHAMBRES - ÉTUVES , etc. * APPAREILS A DÉSINFEC- TI0N- cttik Autoclaves * stérilisateurs a air chaud * STERILISATEURS A EAU BOUILLANTE * ETUVES et BAINS-MARIE A TEMPÉRA- TURES CONSTANTES * ÉTUVES A CUL- TURES MICROBIENNES CHAUFFÉES PAR LE GAZ, L’ÉLECTRICITÉ ET LE PÉTROLE * RÉGULATEURS DE «-TEMPÉRATURE * FOURNISSEUR =r DES Mtits PASTE3B de Paris, Lille, etc.. et Instituts Bactériologiques de France et Etranger INSTALLATION DE LABORATOIRES Projets, Devis Envoi franco des Catalogues sur demande Expositions 4 Bruxelles 1897 : Grand Prix i Saint-Louis 1904 : Grand Prix Universelles} Paris 1900 : 2 Grands Prix } Bruxelles 1910: 2 Grands Prix Paris. — L. Marethbux, imprimeur, 1, rue Cassette. T. XXXIV. — 1920. Juin — N» 6. ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR FONDÉES SOUS LE PATRONAGE DE M. PASTEUR PAR E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION Dr CALMETTE, sous-directeur de Hnstitut Pasteur; Dr LAVERAN, membre de l’Institut de France; Dr L. MARTIN, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; Dr VAILLARD, membre de l’Académie de médecine. PARIS MASSON ET C‘% ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain 16e). Secrétaire de la Rédaction : Camille JR.AVEAU BIBLIOTHÉCAIRE DE L’INSTITUT PASTEUR 25, RUE DUTOT — PARIS (XVe) Les annonces sont l'eçues à l'Économat do 1 Institut Pasteur. PRIX DE “L’ABONNEMENT. — France : 3$ francs ; Union postale : 36 francs ; Prix d’un Numéro : 3 franc»* 2 ABONNEMENT. — PRIX DES VOLUMES DES « ANNALES ». France .... 32 fr. Union Postale. 36 fr. . 3 fr. Années antérieures, — Les années 1888, 1889, 1890, 1891, 1894 à 1896 sont épuisées. I. es années 1892, 1893 et 1897 à 1919 se vendent séparément 28 francs. Les années 1887 (volume I), 1893, étant très rares, ne se vendent pas séparément. Tables des Matières, années 1887 à 19U6, 1 vol., 10 francs. Prix de l’abonnement, à partir de 1920 Prix d’un numéro, — — SOMMAIRE DU N° 6 Pages. Infection et vaccination par voie trachéale, par A. Besredka 361 De la pathogénie du choléra. [troisième mémoire) : Le protéide du vibrion cholérique, par le Prof. G. Sanarelli 370 Action du bacille fluorescent liquéfiant de Flügge sur l’asparagine en milieu chimique* ment défini ( deuxième mémoire ): Produits et mode d'attaque de l'asparagine, par le Dr A. Blanchetière 392 Les vaccinations antirabiques à 1 Institut Pasteur en 1919, par J. Yiala 412 Le u seul véritable CRÉS1TL ! EXIGER LE VRAI EYES Le seul d’une efficacité scientifiquement contrôlée et d’nne innocuité absolue et constante LE MEILLEUR DÉSHSTFECTATsTT ANT LPA RASIT AIRE Cicatrisant rapide des plaies, blessures, etc. Indispensable pour T Assainissement, la Désinfection et l’Hygiène des Habitations et de leurs Dépendances Le CRÉSYL-JEYES authentique possède n» pouvoir germicide considé- rable, même en présence de matières protéiques. Non toxique, le CRÉSYL-JEYES se montre contre les Plaies uu excellent antiseptique. Pour la désinfection des Locaux, les bons effets du CRÉSYL*JEYES tiennent à ses remarquables propriétés BACTÉRICIDES et ANTIPUTRIDES. SAVONS ANTISEPTIQUES AU CRESYL-JEYES pour la TOILETTE et l’HYGIÉNE de la PEAU Société Française de Produits Sanitaires et Antiseptiques PARIS — 35, Rue des Francs-Bourgeois — PARIS. P. LEQUEUX j Ingénieur des Arts et Manufactures Maison WIESNEGG, 64, rue Gay-Lus sac, Paris Fournisseur de l’Institut Pasteur et de la Faculté de médecine de Paris STÉRILISATEURS, ETUVES, APPAREILS DE DÉSINFECTION Installations de Laboratoires de bactériologie. Exposition univ. JPstris 1900 : DEUX GRANDS RRiX GONIN APPROUVÉS par le Conseil supérieur d’Hygiène publique de France, autorisés conformément à la loi par M. le Ministre de l’Intérieur. Produits/Procédés et APPAREILS pour la DÉSINFECTION en surface, en profondeur et par lavages ou trempages. FUMIGATQRS GONIN Cartouches auto-productrices d'aldéhyde formique CRÉSYLOL SODIQUE GONIN - FLUOFORMOL GONIN NITIDOL GONIN Trirrm., 1917 [4], 21, p. 136. 396 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR J'insiste sur F utilité de concentrer dans le vide après mise en liberté des acides organiques par HCl et ceci pour les deux raisons indiquées précédemment. En opérant h la température du bain-marie on peut avoir entraînement de certains acides, par exemple les acides lactique et succinique. A la température de 100° l’action oxydante de l’air en pré- sence de HCl est loin d’être négligeable, ce qui a son impor- tance si on recherche de petites quantités d’acides. J’insiste également sur la nécessité d’éliminer l’excès de HCl avant d’ajouter le sable, sans quoi, aux dépens de ce dernier il y a formation de traces de chlorure ferrique, qui jouit d’un pouvoir oxydant certain vis-à-vis des acides-alcools, d’où dis- parition possible de ces derniers et plus certainement encore des acides à fonction cétonique. Quoi qu’il en soit, la substance, ainsi évaporée sur sable, est pulvérisée, placée dans une douille de Soxhlet et épuisée à l’éther anhydre. A la fin de l’opération l’éther est distillé, le résidu séché dans une capsule tarée. On a ainsi le poids des acides fixes. Cette technique étant indiquée une fois pour toutes, on saura ce que veulent dire les mots : « ce produit a été rencontré parmi les acides fixes ». 2° Séparation des acides fixes. — Les acides fixes que nous pouvons espérer rencontrer (malique, succinique, fumarique) ou leurs produits fixes de dégradation les plus fréquents (acides malonique, oxalique, lactique) peuvent être séparés en se basant sur l’insolubilité de leur sel de baryum dans l’alcool à 75 centièmes, ainsi que l’a indiqué Mestrezat (1). Aux acides indiqués par cet auteur, il convient d'ajouter les acides fuma- rique et maléique dont les sels de baryum sont également inso- lubles dans ces conditions. Dans le liquide filtré, on peut s’assurer par des réactions appropriées de l’absence du lactate de baryum en opérant de la façon suivante : Les acides fixes, extraits comme il a été indiqué plus haut, (1) Mestrezat. C. U. Acacl. Sc., 1906, 143, p. 185. BACILLE DE FLUGGE ET ASPARAGINE 397 sont dissous dans le minimum d’eau distillée, neutralisés exactement par Ba(OH)1 2. Le tout est additionné d’une quan- tité d’alcool telle que le titre alcoolique de la liqueur soit de 75 centièmes, on abandonne quarante -huit heures au frais, on essore et on lave le précipité sur un Büchner avec de l’alcool à 75 centièmes. 3° Caractérisation des acides fixes. — Acide tartrique. — Le précipité redissous dans le minimum d’eau est additionné d’un peu de chlorure ou d’acétate de potassium, d'acide acétique et d’alcool; l’absence d’un précipité de crème de tartre (très peu soluble dans le liquide alcoolique) démontre l’absence d’acide tartrique. Acide maligne. — La solution des acides fixes donne la réaction type d’Uffelmann : virage au jaune serin de la solution violette. Traitée par un excès de permanganate de potasse à chaud elle fournit un dégagement d’aldéhyde qu’on met en évidence au moyen d’une baguette trempée dans le réactif de Nessler. Elle donne la réaction de Pinerua avec le P-naphtol sulfu- rique (1). Enfin l’oxydation ménagée par le permanganate en présence d’acétate mercurique permet d’obtenir nettement la réaction de Denigès (2). Cet auteur a montré, en effet, que dans ces conditions l’acide malique est oxydé en acide oxalacétique, COOH — CH* — CH - COOH + O = H*0 + COOH — CH* — CO — COOH I OH et que ce dernier s’unit immédiatement au mercure en four- nissant une combinaison extrêmement! insoluble qui soustrait l’acide oxalacétique à l’action oxydante ultérieure du perman- ganate. Cette réaction est spécifique. Dans le cas présent il se produit toujours au début de l’oxy- dation quelques flocons bruns de sel ferrique, dissous malgré (1) Pinerua. C. R. Acad. Sc., 1897, 124, p. 291. (2) Denigès. C. R. Acad. Sc., 1900, 130, p. 320, et Précis de Chimie analytique, 4e édition, p. 250 (Paris, 1913, Maloine). 398 ANiNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tout par les acides organiques aux dépens du sable; c’est pro- bablement de l’acétate basique de fer. Une addition ultérieure de permanganate fait apparaître le précipité mercuriel blanc et lourd qui se dépose facilement. Acide fumorique. — La séparation et la caractérisation de 1 acide fumarique sont basées sur sa faible solubilité qui est de 1 pour 200 parties d’eau froide environ (1), tandis que la solubilité des autres acides qu’on peut rencontrer est beaucoup plus considérable : Acide succinique 5 p. 100 environ. Acide malique Très soluble déliquescent. Acide tartrique 132 p. 100 environ. Acide malonique 100 — — Acide oxalique 10 — — Cette très faible solubilité permet de le séparer facilement ; au besoin on achève sa purification par cristallisation dans l’éther. A. Caractérisation a l’état d'acide fumarique. — Donne de bons résultats lorsqu’on dispose d’une certaine quantité de produits : elle comprend deux déterminations. a) Titrage alcali métrique sur un poids connu de substance qui permet de voir si le poids moléculaire de l’acide correspond à celui de l’acide fumarique. Cette détermination est aisée à chaud en face de phtaléine et ne permet guère de confusion qu’avec l’acide succinique. //) Mise en évidence d’une fonction étbylénique par absorp- tion du brome. Cette absorption, qui se fait facilement au bain d’eau bouillante avec de l’eau de brome, conduit à l’acide dibro- mosuccinique qu’on peut caractériser, en sa qualité d’éther tartrique par condensation, avec la résorcine en milieu sulfu- rique comme l’a indiqué Denigès (2). Les deux déterminations précédentes me paraissent indis- pensables pour affirmer qu’on a bien affaire à l’acide fuma- rique, la seconde seule me paraît insuffisante. B. Caractérisation a l’état de dérivé maléique. — Lorsqu’on (1) Dictionnaire de Würtz. (2) Denigès. Op. cit ., p. 241. RACILLE DE FLÜGGE .ET ASPARAGINE 390 ne dispose que de quantités d acides insuffisantes pour pro- céder aux deux déterminations précédentes, on peut caracté- riser sûrement 1 acide fumarique en le transformant en anhy- dride maléique qu’on peut combiner avec l’aniline pour obtenir le maléine-anilide très peu soluble dans 1 eau, presque inso- luble dans l’alcool froid d’après Michael (1). a) Transformation de F acide fumarique en anhydride maléi- que. — Pratiquement avec quelques centigrammes de matière, sans s’embarrasser d’anhydride phosphorique, de perchloruie ou d’oxychlorure de phosphore, on peut opérer de la façon su ivante : Choisir un tube de verre pénétrant aisément dans le canal d’un bloc de Maquenne, le fermer à un bout et le couper à une longueur telle que, 1 extrémité fermée étant au milieu du canal, l’autre dépasse le bloc d une dizaine de centimètres. On porte le bloc, muni d’un thermomètre, à 250 environ, puis on y introduit le tube laboratoire dans le fond duquel on a placé quelques centigrammes de 1 acide à déterminer, la transformation est rapide. Le produit condensé dans la po i tic froide du tube renferme l’anhydride. Lorsqu’on juge la quantité suffisante on laisse refroidir, on étire le tube et on le ferme au-dessous de l’anneau de cristaux distillés, on humecte avec de l’aniline et on porte à l’étuve à 110°. b) Formation et purification du maléine-anilide. — Après quelques heures, trois ou quatre suffisent, le tube retiré de l’étuve est refroidi, et la substance qu’il renferme délayée dans de l'alcool à 90 centièmes en s aidant d un lil de platine rigide. La substance, résistante au début, finit toujours par se disso- cier. On la lave à l’alcool, qui en extrait un corps dont la colora- tion varie du rose au brun et qui, en tout cas, brunit rapide- ment à l’air et à la lumière. Le mieux est d’effectuer ces lavages dans un tube de centrifugeuse. A la fin on doit avoir une poudre microcristalline blanche. c) Caractérisation du maléine-anilide. — Sa formation aptes isomérisation caractérise 1 acide fumarique et le distingue de (1) Michael. Amer. chem. Soc., 9, p. 183. 400 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 1 acide maléique qui, Jui, donne directement l’anilide par ébul- lition avec de 1 aniline et de J’eau (Michael) (1). Cet auteur prépare en effet le maléine-anilide par ébullition simple avec 1 anhydride ou l’acide maléique additionnés de leur poids environ d aniline, le tout dissous dans dix parties d’eau. Au bout d une heure au bain-marie bouillant on obtient de longues aiguilles soyeuses, qui, soigneusement lavées à l’alcool, fondent a 212-213° et présentent au microscope un aspect carac- téristique que montre bien la microphotographie ci-dessous : Fig. 1. — Micro-cristaux de maléine-anilide, obj. 3 ocul. 4 de Leitz. J’attire tout particulièrement l’attention sur l’aspect pour ainsi dire cannelé de ces cristaux, qui est tout à fait typique. Lorsqu’on disposera d’une quantité de substance suffisante il ne faut donc pas hésiter, au lieu d’opérer à sec, comme je l’ai indiqué ci-dessus, à préparer le maléine-anilide par ébullition aqueuse qui donne les cristaux les plus typiques. Malheureusement je n’ai pu obtenir ainsi qu’un très mauvais rendement quelles que soient les conditions dans lesquelles j'ai opéré : augmentation de la quantité d’aniline, traitement sous pression, quantités d’eau variables, etc., le rendement n’a jamais dépassé 3 à 5 p. 100 de la théorie. (1) Michael. Ber. cl. cleut. chem. Gesel., 19, p. 1873. I BACILLE DE FLUGGE ET ASPARAGINE 401 Au contraire, en chauffant à sec comme je l’ai montré, le rendement est toujours voisin de 35 p. 100 de la théorie, mais les microcristaux n’ont plus rien de caractéristique. On peut arriver cependant à une bonne préparation en redis- solvant la poudre dans l’eau bouillante et laissant cristalliser par refroidissement après filtration. Les nouveaux microcris- taux obtenus, outre leur point de fusion, ont un aspect bien typique. Le dosage de l’azote complète utilement la détermination. Si on a une quantité de substance suffisante, et celle-ci peut être très réduite en employant une des nombreuses micro- méthodes de détermination de l’azote qui ont vu le jour durant ces dernières années en Amérique, en Angleterre et en Alle- magne. Trois expériences ont fourni les résultats suivants : I. — Poids de substance 0 gr. 1126 (provenant d’acide fuma- rique pur) [contrôle]. N Volume d’acide sulfurique — 0,9165 saturé par 1 ammoniaque pro- ^ duite : 8 c.c. 5. Azote p. 100 trouvé 10,31 II. — Poids de substance 0 gr. 1025 (provenant d’un produit de fermentation de l’asparagine). Azote p. 100 trouvé 10,47. III. — Poids de substance 0,1068 (provenant de la fermentation de l’acide malique). N Volume d’acide sulfurique — 1,036 saturé par l’ammoniaque pro- 10 duite : 7 c.c. 4. Azote p. 100 trouvé 10,38. N Volume d’acide sulfurique — 1,036 saturé par l’ammoniaque pro- 10 duite: 14 c.c. 8. Azote p. 100 du maléine-anilide. 10,52 (calculé). Caractérisation de l’acide malonique. — J’ai employé la méthode si élégante et si précise indiquée par Bougault (1). Celle-ci est basée sur la facile condensation de l’acide malo- nique avec les aldéhydes. Riiber le premier (2) avait pensé à condenser l’acide malonique avec 1 aldéhyde cinnamique en (1) Bougault, Recherche et caractérisation de l’acide malonique. Journ. Pharm. et Chim., 1913 [7], 8, p. 280. (2) Riiber. Ber. d. dent. chem. Gesel ., 1904, 37, p. 1883. 402 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR présence de pyridine. Bougault a préconisé la condensation de ces deux corps en présence d’acide acétique qui fournit vrai- ment d’excellents résultats. On n’a qu’à suivre à la lettre les indications données par cet auteur. Il y a formation d’acide cinnamylidène malonique. GOOHv CK >ch1 2+ yen — gii = cii — c6ip = cooiv \v COOII H 2 O 4- /CH = CII — G II = G6 II — CIP. GO OH 7 Oet acide de couleur jaune soufre fond à 208°, il est très peu soluble dans l’eau et l’alcool faible, facilement soluble dans 1 alcool fort. Il en cristallise par évaporation sous forme de longues aiguilles prismatiques très caractéristiques, ce sont des prismes obliques. La microphotographie ci-contre montrera mieux leur aspect que toute description : Recherche et caractérisation de la (3-alanine. — Je me suis basé sur le fait signalé par Ackermann (1) que les co-amino-acides sont précipités en liqueur étendue par l’acide phospho-tungstique tandis que les a-amino-acides ne le sont pas. Le milieu de culture est privé d ammoniaque par déplace- ment de celle-ci au moyen de la magnésie, suivi d’une extrac- tion par un violent courant d’air, comme dans le dosage de l ammoniaque par le procédé Folin. Lorsque la totalité de 1 ammoniaque a été éliminée, ce dont on s’assure par barbot- age du gaz dans du réactif de Nessler, le liquide est filtré et piécipité par 1 acide phosphotungstique. Le précipité est î ecueilli après vingt-quatre heures, lavé par centrifugation au moyen de SOIF à 5 p. 100, puis d’alcool. Le phosphotungs- tate est décomposé au moyen d’hydrate de plomb, le liquide filtré est privé de plomb par IFS, l’excès de IFS éliminé par un courant dair, le liquide, filtré de nouveau, est concentré dans le vide. Le corps peut être caractérisé à l’état de chloro- platinate (C’II70«N)»PtCl« fondant à 180° et dans lequel on peut (1) D. Ackermann, Ueber das 3-Alanin Biol., 1911-1, 56, p. 87-90. als bakterielles Aporrhegma. Zeils. BAC I LL K DE FLUGGE, ET ASPABAG1NE 403 doser Pt, Cl et N, ou Je sel de cuivre (Mi'^N^CujôEPO dont on n‘a qu’à doser l’eau de cristallisation et dans lequel on peut doser également Gu et N. Si on ne possède que des I races du corps le meilleur procédé de caractérisation est celui de Àbderhalden et Fodor (1) basé sur la transformation de l’éther éthylique de la p-alanine en éther acrylique sous l’action de la chaleur : CHaNHa — CIP — COOII = NH1 * 3 + CIP = CH — COOIL L’odeur piquante de l’éther acrylique permet de le recon- naître aisément. Caractérisation des acides volatils. — Leur détermination a été faite d’abord par la méthode classique de Duclaux, et leur nature confirmée par les réactions qui leur sont propres. (1) Abderhalden et Fodor, Versuche über die bei der Faulniss von LAspa- raginsâure entstehenden Abbaustufen. Eine ncue Melhode zum Nachweis von fH-Alanin. Zeils. Phys. Chim., 1913, 65, p. 112, 130. 404 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR L acide acétique, déterminé par la méthode de Duclaux, fut caractérisé par la formation de cacodyle et la transformation d un poids connu du sel de chaux en carbonate. Voici les chiffres d’une des déterminations effectuées : FRACTIONS cent, cubes CENT. CUBES D’EAU de chaux par fraction CENT. CUBES D’EAU de chaux pour la totalité des fractions passées à la distillation • ROUKCENTAGE de l’acide passé à la distillation rOLRCEN 1 AGK pour l’acide acétique (Duçlaux) 10 2,80 2,80 6 . 7 5 7, 4 20 3,45 6,25 15,5 15,2 30 3,45 9,70 23 , 4 23,4 40 3,25 12,95 31,3 32,0 5n 3,70 16,65 40,3 40,0 60 4,15 20,80 50,2 50,2 70 4,40 25,2') 60,9 60,9 80 4,40 29,60 71,6 71,9 90 4,95 34,53 83,8 84.4 100 7,45 41, "0 100,0 100,0 93 c. c. ! • N dnque -. 2 de l’eau de chaux employée saturaient 10 cent, cubes d’acide chlorhy- Les acides volatils d’une autre fraction de la culture, saturés par du carbonate chaux, ont fourni à l’évaporation 0 g r. 3051 de sel do calcium. Ce sel redissous dans 1 eau, le calcium, a été dosé par précipitation à l’état d’oxalate. suivie de transforma- tion en carbonate. Poids de carbonate trouvé : 0 gr. 1918 d'où le pourcentage d'acélate anhydre: 95,1, calculé 95,31. RÉSULTATS La technique employée ayant été donnée avec les détails qui ont paru indispensables, il est possible d’exposer les résultats obtenus. L expérience a montré que les acides suivants sont produits en quantité appréciable dans l’attaque de l asparagine par le B. fluorescens : A. Acide volatil : Acide acétique. ( Acide malique. B. Acides lixes < Acide succinique. ' Acide fumarique. C. Acide carbonique. 405 BACILLE DE FLÎJGGE -ET ASPARAGINE L'acide malique , qui peut toujours être mis en évidence pen- dant les premières semaines de la fermentation par la méthode Denigès, n’a jamais existé en quantité suffisante pour faire l’objet d'un dosage précis. Dans les phases ultimes de la fermentation il disparaît même complètement et ne peut plus être retrouvé à l’état de combinaison oxalacétomercurique. L'acide succiniqae a augmenté jusqu’au trentième ou trente- cinquième jour de la culture. La quantité décroît ensuite, mais il en reste constamment des proportions notables, quelle que soit la durée de la culture, même lorsqu'on abandonne celle-ci jus- qu'à la mort du microorganisme. L acide fumarique exige une mention spéciale. La quantité formée parait être très différente suivant les races de B. fluores- cens employées. Les premières souches que j’ai isolées en four- nissaient si peu que, malgré la connaissance du travail d’Em- merling et Reiser, cité plus haut, j'ai méconnu la nature d'un très léger résidu peu soluble dans l'eau que je rencontrai dans mes analyses. Ce résidu était d’ailleurs si faible qu'il m’aurait fallu opérer sur des dizaines de litres de culture pour obtenir une quantité de substance suffisante pour la caractérisation. Postérieurement, j’ai rencontré des échantillons donnant des rendements appréciables en acide fumarique; mais, contraire- ment aux affirmations des auteurs précédents, jem’ai jamais e!u entre les mains de races fournissant de l’acide fumarique à l’exclusion d’acide succinique. L'acide acétique , dès le huitième jour, se trouve déjà en quantité appréciable, il passe également par un maximum, de la troisième à la quatrième semaine (il en a été trouvé 0 gr. 315 par litre de culture), diminue ensuite lentement et finit par disparaître presque complètement ou même com- plètement. Lacicie carbonique croît régulièrement du commencement à la fin de la fermentation. A partir de la quatrième à la cin- quième semaine, le liquide de culture fait nettement efferves- cence aux acides. La formation de l’acide malique précède bien celle de l'acide » succinique car : D’une part, lorsqu’on ensemence le B. fluorescens sur un milieu de culture analogue au précédent, mais dans lequel on 406 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR remplace l’asparagine par du malate d’ammoniaque, on cons- tate la production d’acide succinique. D’autre part, la même expérience, faite en remplaçant l’aspa- ragine par du succinate d’ammoniaque, ne montre jamais la formation d'acide malique. Passage de l’asparagine à l’acide malique. — Il est générale- ment admis depuis Knoop (1), Neubauer et K. Fromherz (2) que le passage de l'amino-acide à l’hydroxyacide comprend deux stades intermédiaires. A) Par fixation d’un atome d’oxygène il y aurait tout d’abord production d’un hydraie d’imino-acide OH R — CH — COOH + IPO I N H 2 Nil2 COOH. • » P) Puis, par perle d une molécule d’ammoniaque, formation de l’acide a-cétonique OII R — C - COOH = NJP + R - CO -COOH NH* lequel, par réduction ultérieure, fournirait l’a-hydroxy-acide R — CO — COOH + H2 = R - CHOH — C OOH. Comme je l'ai déjà indiqué brièvement ailleurs (3J la divergence des résultats obtenus par Emmerling et Reiser d’une part, par moi-même, d’autre part, me paraît renforcer, singulièrement, l’hypothèse de la formation transitoire de l’hydrale d’imino- acide. En effet : les acides a-cétoniques peuvent exister sous deux formes, la forme célonique ordinaire R — CH2 — CO - COOH (1) Knoop. Zeils. f. Phys. Chem., 1911, 71, p. 489. (2) O. Neubauer et K. Fromherz. Zefts. f. Phys. Chem.. 191!, 70 p. 396 (3) Blanciietière. C. B. Acad. Se., 1916, 163, p. 206. BACILLE DE F LU fi CE ET ASPARAGINE 407 et la forme œnolique R — Cil r= COH — COOII. La réduction de l'acide-cétone sous sa forme cétonique aboutit à l'acide-alcool correspondant : R — CIP — CO — COH -F H* = R - CH2 — CHOH — COOII. La réduction de l'acide sous sa forme œnolique aboutit au con- traire à un acide non saturé R — Cil — COH — COOII + H* = IPO -F R — Cil = Cil — COOH ainsi qu’il a été constaté par Emmerling et Reiser. Il est évident que la formation transitoire de l bydrale d’imino- acide explique ces faits le plus simplement possible : L'hytl rate d’imino-acide ou 1 K_CIl2 — 0 — COOII I MP perdra une molécule d'ammoniaque non pas aux dépens des éléments du seul atome de carbone auquel est lié le groupe NH% mais aux dépens d’éléments appartenant aux deux atomes de carbone voisins a et ^ il OH R — C — C — COOH = Nil3 + R— CII = COH — COOH. I I [ h NH* ï On tombera donc forcément sur l'acide-cétone sous sa tonne œnolique instable, qui aura tendance à se transformer en forme cétonique : R — cil = COU — COOH = R — CH2 — CO - COOH mais si le microorganisme considéré possède un ferment œno- lisant, la forme œnolique deviendra stable, et le microbe pourra utiliser l’acide sous cette dernière forme. Dans le cas actuel (acide oxalacétique), la lorme œnolique existera sous deux variétés stéréoisomères : 408 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR Forme cis-trans (slable) isomère fumarique. Forme cis (instable) isomère maléique. dont la forme cis-trans, stable, conduira à l'acide fumarique découvert par Emmerlinget Reiser. On sait que l'existence des ferments œnolisants est admise pour expliquer les différences constatées dans l’action des levures sur les sucres (1). Dans la série des sucres on a constaté, d’une part, que 1 inlégiité de la lonclion aldéhyde ou cétone est indispensable pour que le corps puisse fermenter, ce qui a porté à penser que la forme œnolique commune aux sucres d’un même groupe : CIIO 1 CHO | CH1 2OH 1 CHOH H - G — OII 1 OH - G - H | CO 1 1 COH OII -C- II 1 OH — C — H 1 OH - C - H OH - C - H II — C — OH 1 Il — C — OH | H — C — OII 1 H — C — OH II — C - OH | H - C - OH 1 | H - C - OH 1 H — C — OH CH2OH CH2 OH j CH2OH 1 CH2OLI Glucose Mannose Lévulose Forme œnolique inconnue est le stade intermédiaire indispensable de la fermentation. D’autre part, on a constaté que, dans la série du galactose ce sucre seul fermente alors que ses isomères, le talose et le tagatose (sucre cétonique), ne fermentent par aucune des levures connues. Cette anomalie s’expliquerait par le fait que les levures ne possèdent point de ferment œnolisant compa- tible avec la structure du talose et du tagatose. Dans le cas du B. fluorescens il y aurait quelque chose (1) E. Frankland Armstrong. The simple carbohydrates p. 52-54 (Londres, 1910, Longmans Green). and the gtucosides BACILLE DE FLUGGE ET ASPARAGINE 409 d’analogue, certaines races possédant, d’autres étant dépour- vues de ferment œnolisant. Passage de l’acide malique à l’acide succinique. — Comme je l’ai dit plus haut, le B. fluorescens pousse admirablement bien, en produisant son pigment, sur un milieu chimique- ment défini où le malate d’ammoniaque est le seul corps fer- mentescible. Sur ce milieu j’ai vu la production d’acide succinique dépasser 40 p. 100 du rendement théorique. Comme l’acide succinique lui-même est attaqué par le B . fluorescens , on doit admettre qu'il est l’intermédiaire néces- saire du métabolisme de- l’acide malique par ce microbe. Rien ne permet de penser que la réaction puisse être autre qu’une fixation d’hydrogène sur l’acide malique avec élimina- tion d’une molécule d’eau : COOH — CH2 - CLIOH — COOH + H2= H20 + COOH — CIP — CIP - COOH. Passage de l’acide succinique à l’acide acétique. — Le bacille tluorescent-liquéfiant de Flügge pousse sur milieu chimiquement défini dans lequel le succinate d’ammoniaque représente la seule source de carbone et d’azote, mais sa croissance est extrêmement précaire et généralement, au bout de deux à quatre semaines, la culture n’est plus repiquable. La recherche qualitative des acides fixes et volatils permet de déceler de petites quantités d’acide fumarique ainsi que de faibles quantités d’acide acétique. L’acide fumarique est-il l’intermédiaire entre les acides succinique et acétique? Pour résoudre cette question j ai soumis à 1 action du B. fluorescens du fumarate d’ammoniaque dans la solution minérale indiquée ci-dessus. Comme avec le succinate, le développement du microorga- nisme se fait très mal et, chose paradoxale, une partie de l’acide fumarique se transforme en acide succinique alors que, par ailleurs, on trouve également de 1 acide acétique. Il est a peine besoin de dire que j’ai repassé le microbe sur milieu solide et vérifié soigneusement son identité. Les circonstances 27 410 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ne m ont pas permis d’élucider ce point, que je ine propose de reprendre. La transformation de l’acide succinique en acide fumarique a été récemm mt signalée par Thunberg (1) au moment meme où les présentes recherches étaient exécutées, mais le mémoire de Thunberg n’esl parvenu à ma connaissance que dans les premiers mois de l’année 1917. Les expériences de cet auteur étaient assez peu faites d'ailleurs pour entraîner la conviction : il se basait sur la réduction du bleu de méthylène en présence de succinate de potasse et d’un extrait de tissu musculaire pour affirmer la déshydrogénation de l’acide avec production de l’acide fumarique. Dans mes expériences j’ai pu obtenir une quantité d’acide iumarique suffisante pour l’identifier à l’état de maléine-anilide conformément à la technique exposée plus haut. Produits secondaires de l’attaque de l’asparagine. — Par cette expression j’entends les produits qu’on n’obtient qu’en très faible quantité sans préjuger de l'importance de leur rôle en ce qui concerne le mécanisme de la dégradation de l’asparagine. /f) Corps aldéhvdiques et cétOiMques. — Les milieux de culture n'ont jamais montré de pouvoir réducteur sensible sur le réactif cupropotassique, à froid ou à chaud, pas plus que sur le nitrate d’argent ammoniacal à froid. Pas de réaction sensible non plus avec la fuchsine bisulfitée, le ni tro-prussiate de soude ou la phénylhydrazine. B) La recherche de la /3-alanine est constamment restée négative. C) Par contre dans les premières semaines de la fermentation il a toujours été possible de mettre en évidence des traces d acide malonique et plus tard des traces de cristaux très peu solubles dans l’eau qui ont pu être identifiés avec l’acide Iumarique. Les quantités obtenues étaient trop faibles pour se prêter à un dosage précis. Ln résumé, la dégradation de l’asparagine par le bacille (1) R. Thunberg. Centr. Physiol., 1916, 31, p. 91-93. BACILLE DE FLUGGE ET ASPARAGINE 41 I fluorescent liquéfiant de Flügge se ferait donc principalement suivant le schéma ci-dessous : Asparagine COOII — CH8 — CH — COHN2 I I t + II *0 Nil2 Aspartate d’ammoniaque COOII — CII2 — CH — COONII* 1 ■P O MP OU Y Hydrate d’im.ino-acide COOII — CII2— C — COOII | — NIP N IP Forme œnolique de l’ac. oxalacétique COOH — CII = COH — COOH Y I H2 IPO+COOH — CII — CH=COOII Acide fumarique - + II2 COOH — CIP — CIP— COOII Acide succinique Y Forme cétonique de l ac. oxalacétique COOH — CII2— CO — COOII 1 + IP COOH— CH2 — CII OH— COOII Acide malique 1+ H* 11*0 + COOII — CII*— Cil* — COOII l Acide succinique > Acide fumarique Par un processus indéterminé . . > Acide acétique > Acide carbonique Bien entendu j insiste sur fexpression « Dégradation de l'asparagine », car simultanément existe un processus de syn- thèse qu’il est beaucoup plus malaisé d’étudier et qu’il serait pourtant beaucoup plus intéressant de connaître. Chaque ballon d’un demi-litre de culture fournit en elfet une quantité de corps bactériens pesant à l’état sec de 15 à 20 centigrammes et dans lesquels on peut mettre en évidence 1 existence de graisses, d’amino-acides compliqués, en particulier la tyrosine et le tryp- tophane, etc... dont le schéma précédent ne permet pas de prévoir la formation. Ce schéma ne doit donc se rapporter qu a la fonction énergétique du microbe; sa fonction synthétique nous demeure complètement inconnue. LES VACCINATIONS ANTIRABIQUES A LINSTITUT PASTEUR EN 1919 Par J. VIALA, Préparateur au service antirabique. Pendant t année 1919, 1.815 personnes ont subi le traite- ment antirabique à I Institut Pasteur de Paris ; 5 sont mortes de la rage, soit une proporlion brute de 0,27 pour 100. Une de ces personnes a été prise de rage au cours du traite- ment, une autre est morte de la rage moins de 15 jours après la fin du traitement, elles doivent être défalquées pour le calcul de la mortalité. La statistique s’établit donc ainsi : Personnes traitées 1.813 Morts 3 Mortalité p. 100 0.16 Le tableau ci-dessous indique les résultats généraux des vaccinations depuis l’origine : ANNÉE personnes traitées MORTS MORTALITÉ p. 100 ANNÉE PERSONNES traitées MORTS MORTALITÉ p. 100 1886 2.671 25 0,94 1903 628 2 0,32 1887 2.770 14 0,79 1904 755 3 0,39 1888 1.622 9 0,55 1905 721 3 0.41 1889 1.830 7 0,38 1906 772 1 0,43 1890 1.540 5 0,32 1907 786 3 0,38 1891 1.559 4 0,25 1908 524 1 0,19 1892 1.790 4 0,22 1909 467 1 0,21 1893 1.648 6 0,36 1910 401 0 0,00 1894 1.387 7 0,50 1911 341 1 0,29 1895 1.520 p 0,38 1912 395 0 0 00 1896 CO O oo 4 0,30 1913 330 0 0,00 1897 1.529 6 0,39 1914 373 0 0.00 1898 1.465 3 0,20 1915 654 1 0,15 1899 1.614 4 0,25 1916 1.388 3 0,21 1900 1 . 420 4 0,28 1917 1 .543 4 V 5 “A 0,26 1901 1.321 5 0,38 1918 1.803 3 0.16 1902 1.005 2 0,18 1919 1.813 3 0,16 413 LES VACCINATIONS ANTIRABIQUES EN 1919 Los personnes traitées à l'Institut Pasteur sont divisées en trois catégories. Catégorie A. — La rage de l’animal mordeur a été expéri- mentalement constatée par le développement de la maladie chez des animaux mordus par lui ou inoculés avec son bulbe. Catégorie B. — La rage de l’animal mordeur a été constatée par examen vétérinaire. Catégorie C. — L’animal mordeur est suspect de rage. Nous donnons ci-après la répartition entre ces catégories des personnes traitées en 1919. ANXÉE 1919 MORSURES A LA TÈTE MORSURES AUX MAINS MORSURES AUX MEMBRES TOTAUX Traités i Morts ( / Mortalité \ p. 100 1 > Traités i X/l O S Mortalité p. 100 ; N Traités i Morts ( ■- o 3 s S- s * 1 Traités i Morts ^ Mortalité 1 p. 100 J Catégorie A. 8 1 1,25 95 0 0 128 0 0 231 1 0,43 Catégorie B. 110 0 0 521 0 0 289 1 0,33 920 1 0,10 Catégorie C . 53 1 1,88 430 0 0 179 0 0 662 1 0,15 171 2 1,16 1.046 0 0 596 1 0,16 1.813 3 0,16 Les personnes se répartissent de la façon suivante, d’après le territoire sur lequel elles ont été mordues : France . . 1.777 Allemagne . . 25 Italie . . . 2 Russie 3 Belgique. . . . . . . 4 Espagne . . 1 Luxembourg. . . . 1 Répartition par département des 1 777 personnes traitées mordues en France. Aisne . . . 10 Charente-Inférieure. 4 Allier . . . il Cher 38 Alsace . . . 6 Corrèze 22 Ardennes . . . 13 Côte-d’Or 7 Aube . . . 19 Côtes du-Nord . . . 45 Aveyron . . . 7 Creuse 17 Calvados . . . 6 Deux-Sèvres .... . » . 5 Cantal . . . 19 Doubs ....... 8 414 ANNALES DE L’iNSTITUT PASTEUR Eure 15 Eure-et-Loir 16 Finistère 34 Ile-et-Vilaine 18 Indre 11 Indre-et-Loire 16 Loir-et-Cher 18 Loire (Haute-) 15 Loire-Inférieure 40 Loiret 38 Lorraine Lot Maine-et-Loire 24 Manche Marne Marne (Haute-) ...... 2J Mayenne 3 Meurthe-et-Moselle .... 41 Meuse 5 Morbihan 29 Nièvre . . Nord 3 Oise 26 Orne 10 Pas-de-Calais 55 Puy-de-Dôme 16 Pyrénées (Basses-) 6 Saône-et-Loire 6 Saône (Haute-) 5 Sartlie 14 Seine 595 Seine-Inférieure . . 41 Seine-el-Marne 20 Seine-et-Oise 192 Somme 53 Vendée 3 Vienne 7 Vienne (Haute ) 13 Vosges 13 Yonne 27 Total 1.777 Personnes traitées mortes de la rage après le traitement. Thomas (Louis), 36 ans, demeurant à Decize (Nièvre). — Mordu le 7 jan- vier au nez, au sourcil gauche : 3 morsures pénétrantes qui ont saigné. Traité du 11 janvier au 3 février. Pris de rage le 15 mars. Mort à l’hôpital Pasteur le 18 mars. Chien reconnu enragé par M. Garcin, vétérinaire à Decize. Le bulbe de Thomas inoculé aux animaux a donné la rage le 26e jour. Le bulbe du chien mordeur inoculé à des cobayes a donné la rage le 46e jour. Aubé (René), 9 ans, demeurant à Bù (Eure-et-Loir). — Mordu le 24 avril au mollet droit : 2 morsures pénétrantes qui ont saigné. Traité du 27 avril au 14 mai. Les premiers symptômes rabiques se sont manifestés le 8 juillet. Mort à l’hôpital Pasteur le 10 juillet. Chien reconnu enragé par M. Chapellier, vétérinaire à Houdan. Hadrot (Denise), 4 ans, demeurant à Ecréme, Seine-et-Marne. — Mordue le 23 mars : quatre morsures pénétrantes aux joues, une à la base du nez. Traitée du 25 mars au 16 avril. Les premiers symptômes rabiques se sont manifestés chez elle le 16 octo- bre. Morte à l’hôpital Pasteur, le 20 octobre. Chien errant qui a disparu après avoir mordu. Le bulbe de Hadrot inoculé à des animaux a donné la rage le 20e jour. LES VACCINATIONS ANTIRABIQUES EN 1919 4! Personne traitée morte de la rage moins de 15 jours après le traitement. Labouret (Léon), 47 ans, demeurant à Paris (Seine). — Mordu le 30 juin. Deux morsures pénétrantes à l’auriculaire droit. Traité du 30 juin au 20 juillet. Pris de rage le 2 août. Meurt à l’hôpital Pasteur le 6 août. Chien reconnu enragé par M. Vasseur, vétérinaire de la Fourrière. Le bulbe de Labouret, inoculé aux animaux, a donné la rage le 20e jour. Personne prise de la rage en cours de traitement. Dion (Raymond), 4 ans, demeurant à Saint-Léonard ^Oise). — Mordu le 13 octobre : 8 morsures pénétrantes aux joues, qui ont saigné. Traité du 16 octobre au 5 novembre. Les premiers symptômes rabiques se sont manifestés chez lui le 5 novem- bre. Mort à l’hôpital Pasteur le 8 novembre. Chien errant, tué après avoir mordu. Le bulbe de Dion a donné la rage le 25e jour. / Le Gérant : U. Masson. Paris. — L. Mabetheux, imprimeur, 1, -ne Cassette. - j i . * ■■ * ' • • • ■ i i. h : . ' . ■ 1 v . * ■ ■ / ' ■ f*“ - .... . . .. *. *9: p • / • ■ • • ■ . - . a I APPAREILS DE Servant en Physiologie, en Pharmacologie et en Médecine INSTALLATIONS COMPLÈTES de LABORATOIRES sur DEVIS 7, JRue Linné, PARIS (Ve) Téléphone 828-33 PRÉCISION Maison Ch. VERDIR $ O ^ G. BOULITTE, suce' Ing-énieur-Constructeur NOUVELLE ÉTUVE à température constante de HEARSON La figure représente l’Étnve éleclriqne sans réser- voir d’eau. Dans ces appareils, la chaleur est produite, distribuée d’une façon uniforme par un ou plusieurs fils. Des jonc- tions spéciales commandant chaque fil permettent d’utiliser ces résistances suivant certaines combinaisons pour pro- duire des températures plus ou moins élevées. Nous fabriquons tous les appareils nécessaires aux labo- ratoires de bactériologie, tels que : bains-marie, étuves à paraffine, stérilisateurs, appareils Wassermann, etc. Tous nos appareils peuvent être chauffés, soit au pétrole, gaz ou électricité. ENVOI GRATUIT DU CATALOGUE SUR DEMANDE Seuls Concessionnaires : SPRATT’S PATENT 38, rue Caumarlin, PARIS Verrerie soufflée, graduée, porcelaine, terre, grès. ATELIERS DE COIMSTRUCTIOIM . Pour APPAREILS DE CHIMIE, BACTÉRIOLOGIE, %% 'aï 26 et 13, Hue V auquel! = PARIS (Ve) = INSTALLATIONS COMPLÈTES DE LABORATOIRES ET 3DT] SALLES DO PÉRATIOITS Fourniture de Produits chimiques — Matières colorantes Microscopes — Microtomes. N0D7BLLES VERRERIES DE LABORATOIRE : Neutra . Fioa. . . Verre. . Qualité léna. — Bohême. — Courante. Produits français fabriqués par la Verrerie E. ADNET, 28, rue Iles Carrières, à Charenton, près Paris. ENVOI FRANCO DU CATALOGUE ILLUSTRÉ P. LEQUEUX INGÉNIEUR des Arts et Mannfactur PARIS — 64, Rue Gay-Lussac, 64 — PARIS Adresse télégraphique : YVIESNEGG-PARIS. — Téléphone : 806-35. SPÉCIALITÉ D’APPAREILS BACTÉRIOLOGIQUE Autoclaves * stérilisateurs a air chaud * STERILISATEURS A EAU BOUILLANTE * ETUVES et BAINS-MARIE A TEMPÉRA- TURES CONSTANTES % ÉTUVES A CUL- TURES MICROBIENNES CHAUFFÉES PAR LE GAZ, L’ÉLECTRICITÉ ET LE PETROLE * RÉGULATEURS DE TEMPÉRATURE * CHAMBRES - ÉTUVES , etc. * APPAREILS A DÉSINFEC- TION. Instituts PAS! de Paris», Lille, et< et Instituts Bactériologiq de France et Etranger INSTALLATION DE LABORATOIH Projets, Devis Envoi franco des Catalogues sur demam ExjDDsitions J Bruxelles 1897: Grand Prix j Saint-Louis 1904 : Grand Pi ix i Bruxelles 1910: 2 Grands Pi Universelles ) Paris 1900 : 2 Grands Prix Pans. L. Markthkux, imprimeur 1, rue Cassette r. XXXIV. — 1920. Juillet — N» T ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR FONDÉES SOUS LE PATRONA&E DE R. PASTEUR PAR E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION Dr GALMETTE, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr LAVERAN, membre de l’Institut de France ; Dr L. MARTIN, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; Dr VAILLARD, membre de l’Académie de médecine. PARIS MASSON ET Cle, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain (6e). ORÉTAIRE DE LA RÉDACTION : CAMILLE RA.VEAU BIBLIOTHÉCAIRE DE L’iNSTITUT PASTEUR 25, RUE DUTOT — PARIS (XVe) Los annonces sont reçues à l'Économat do 1 Institut Pastoufi PRIX DE L’ABONNEMENT. — France : 32 francs; Union postale : 36 francs; Prix d’un Numéro : 3 francs ABONNEMENT. PRIX DES VOLUMES DES « ANNALES » Prix de l’abonnement, à partir de 1920 France .... 32 fr. — — — — Union Postale. 36 fr. Prix d’un numéro, — — 3 fr. Années antérieures. — Les années 1888, 1889, 1890, 1891, 1894 à 1896 sont épuisées Les années 1892, 1893 et 1897 à 1919 se vendent séparément 28 francs. Les années 1887 (volume I), 1893, étant très rares, ne se vendent pas séparémen Tables des Matières, années 1887 à 1906, 1 vol., 10 francs. SOMMAIRE DU N° 7 Etat organisé des colonies bactériennes, par René Legroux et J. Magrou (avec 1 planches II à XII) La flagellose des euphorbes, par Carlos França (avec les planches XIII et XIV) . . . . Essais d'inoculation du paludisme au chimpanzé, par F. Mesnil et E. Roubaud (avec planche XV) j Le “ JEYES ” seul véritable CRÉSYL EXIGER LE VRAI le seul d’une efficacité scientifiquement contrôlée et d'nne innocnité absolue et constante LE MEILLEUR DÉSINFECTANT ANT IPA R ASIT AIR! Cicatrisant rapide des plaies, blessures, etc. Indispensable pour l'Assainissement , la Désinfection et l’Hygiène des Habitations et de leurs Dépendances i Le CRÉSYL-JEYES authentique possède u» pouvoir germfcide consic rable, même en présence de matières protéiques. Nou toxique, le CRÉSYL-JEYES se montre contre les Plaies un excelle antiseptique. Pour la désinfection des Locaux, les bons effets du CRÉSYL-JEYJ tiennent à ses remarquables propriétés BACTÉRICIDES et ANTIPUTRIDES. SAVONS ANTISEPTIQUES AU CRÉSYL JEYE1 pour la TOILETTE et l’HYGIÊNE de la PEAU Société Française de Produits Sanitaires et Antiseptiques PARIS — 35, Hue des Francs-Bourgeois — PARIÎ 3 ~ P. LEQUEUX*, Ingénieur des Arts et Manufactures Maison WIESNEGG, 64 , rue Gay-Lussac, Paris Fournisseur de l’Institut Pasteur et de la Faculté de médecine de Paris STÉRILISATEURS, ÉTUVES, APPAREILS DE DÉSINFECTION Installations de Laboratoire^ de bactériologie. Exposition univ. Paris 1900 : DEUX GRANDS PRIX Produits, Procédés et appareils pour la DÉSINFECTION en surface, en profondeur et par lavages ou trempages. par le Conseil supérieur d’Hygiène publique de France, autorisés conformément à la loi par M- le Ministre de l’Intérieur. FUM1GAT0RS GONIN r 3 pour 15 m3 r 4 pour 20 tf Cartouches auto-productrices d'aldéhyde formique CRÉSYLOL SODIQUE GOIMIN - FLUOFORMOL GONIN NITIDOL GONIN de tous chauffages, flxes et transportables, à basse FABRIQUE DE GRILLAGES EX IDE CAG-ES pour Études Bactériologique» CHENILS ~ET VOLIÈRES Paul PIARRETTE Fournisseur de l’Institut P&stsur et de h Fuculte de Msde^ise 1*7, rue Séguier , 17. Paris (O9) — 4 - LYSOL Lt PLUS [PUISSANT DES ANTISEPTIQUES-DÉSINFECTANTS DÉRIVÉS DU GOUDRON ENTIÈREMENT SOLUBLE DANS L’EAU Les LYSOL, recommandé par les médecins et les savants les plus éminents, est le meilleur préservatif des maladies épidémiques : Oripjie, Influença, Diphtérie, Fièvre typhoïde, etc. m„-V.e.8 °lsP®n®aires antituberculeux et, principalement, le Dispensaire modèle de Lille, fonde et dirigé par le Dr Calmette, emploient les solutions Lysolees, de préférence à toutes autres, pour la des- truction des germes malfaisants des crachats et du linge des tuberculeux. i w w ■ ■ ^ — -, — m— | ra~i ru uu SaïOD! de toilette antiseptipes ao LYSOL, peer ÉCOLES, CBECBÏS, BISPENSAIBES, etc. Eau Dentifrice antiseptique au LYSOL Société Française du LkYSOü 65, rue Parmentier, à 1VRY (Seine) Le seul autorisé par PASTEUR & porter son nom 2 Grands Prix (Exposition Universelle 1900) 5 Diplômes d’Honneur 12 Médailles d’Or ™ prix Montyon Médaille d Or de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale. Le SEUL pouvant s'opposer efficace- ment à la transmission des maladies par les eaux de boisson. FILTRATION DE L’EAU BODGIES DE POROSITÉS GRADUÉES POUR LABORATOIRES Siège social : 58, rue Notre-Dame de-Lorette, PARIS SOCIÉTÉ D’INSTALLATION ET D’ENTRETIEN 1) Rue Godot-de-Mauroi (POUR PARIS ET LA BANLIEUE) 34e ANNÉE JUILLET 1920 N° 7 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ÉTAT ORGANISÉ DES COLONIES BACTÉRIENNES par René LEGROUX et J. MAGROU. (Avec les planches II à XII.) Depuis plusieurs années l'examen attentif des collections microbiennes de l’Institut Pasteur nous montre, pour quelques bactéries, des modifications fréquentes de l’aspect macrosco- pique des colonies ; la plus caractéristique est celle du vibrion cholérique. La colonie habituelle de ce germe sur gélose sèche, ense- mencée d’après notre technique (1), est, après quarante-huit heures, opaque, d’aspect humide, légèrement bombée, homo- gène, un peu irisée; après huit jours à température moyenne, 16° cà 18°, elle prend une teinte jaune chamois, son contour est toujours circulaire, et, après un à deux mois, la couleur tend vers le jaune saumoné. Jamais, par suite de son accroissement, la colonie n’atteint, dans ces conditions, les parois du tube de verre (de 17 millimètres de diamètre). Les modifications, lorsqu’elles surviennent, apparaissent entre le deuxième et quatrième jour après l’ensemencement, sous la forme de taches visibles par transparence dans l’inté- 1) Gette technique sera décrite ultérieurement 418 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR rieur de la couche microbienne homogène (fig. 1); ces taches sont arrondies, d’un blanc laiteux, et, après quarante-huit heures, semblent se lasser les unes sur les autres avant de devenir confluentes. La surface de la culture se modifie à ce moment : primitivement lisse et d’apparence humide, elle prend au niveau des taches laiteuses un aspect mat, et, après quatre à six jours, elle semble parsemée d'ilots légèrement sur- baissés ou de plages plus ou moins étendues suivant la con- fluence des taches primitives (fig. 2 et 3); l’examen a la loupe montre que l’aspect dépoli provient d’un grand nombre de légers plissements de la surface de la colonie. La croissance modifie peu a peu cet aspect : pendant un mois environ les plis- sements s’accroissent en hauteur, deviennent plus nombreux, se ramifient et s’anastomosent en tous sens, donnant à la colo- nie un aspect céréhroïde, ou floconneux, parfois madréporique (fig. 4, 5, 6) (1). Ap rès deux mois ces plissements prennent la teinte saumonée spéciale aux anciennes cultures de vibrion cholérique. Beaucoup de colonies bactériennes présentent, secondaire- ment à leur développement primitif, des cultures superposées comparables, pourrait-on penser, aux formations que nous signalons; mais ces sortes de colonies-filles, de « surcultures », sont du même type que la colonie sous-jacente ; dans les forma- tions plissées, au contraire, le type second est tout à fait diffé- rent du type habituel, au point que les premières observations du phénomène ont été considérées comme une contamination par un germe étranger, et les tubes étaient rejetés sans examen; l’observation répétée dans le cours des années nous a conduit à repousser cette hypothèse. Des séparations, des isolements après dilution, ont été faits à de nombreuses reprises, et néan- moins la modification continuait d’apparaître, toujours sur un petit nombre des tubes ensemencés (2 à 3 sur 20). Nous avons aussi envisagé la possibilité d'une association avec un germe filtrable : de nombreuses filtrations des cultures ont été faites sur bougie Chamberland F (L2 et L3), et jamais le filtrat mélangé à des cultures vibrionniennes n'a provoqué un pour- centage ultérieur plus grand des modifications; du reste ces (l) La figure 6 est une vue stéréoscopique. ETAT ORGANISÉ DES COLONIES BACTÉRIENNES 419 modifications peuvent apparaître en plages radiées comme se présentent des caractères normaux pour d’autres bactéries (production de pigment notamment); cette disposition, bien connue en bactériologie, donne aux colonies un aspect « panaché ». Nous obtenons aujourd’hui les colonies plissées en grande proportion, 80 p. 100 des repiquages, à la condition de prendre pour semence une colonie dont les plissements sont formés depuis six à dix jours; et pour milieu des géloses récemment inclinées dans des tubes à essai de diamètre moyen, 17 millimètres de diamètre, enfin de maintenir les tubes debout, non horizontaux. Technique. — L’émulsion des colonies plissées, examinée au microscope après coloration soit par les méthodes habituelles, soit par les techniques spéciales (mordançage, imprégnation argentique), ne montre pas d’autres éléments que les formes communes aux cultures âgées de vibrion cholérique : vibrions à 3 ou 4 ondulations, formes globuleuses grandes et petites, vibrions courts en faible proportion. Ce mode d’examen ne nous ayant pas fourni de renseignements, nous avons eu recours à la méthode des coupes histologiques. La colonie à étudier est prélevée avec une tranche mince le la gélose sous-jacente, et placée dans un liquide fixateur. Après plusieurs essais nous nous servons d’un mélange par parties égales de formol du commerce et d’alcool à 80°; nous évitons ainsi, le plus possible, les modifications que produisent la plu- part des fixateurs habituels; vingt-quatre heures avant cctle fixation, nous déposons sur le colon du tube de culture quel- ques gouttes de formol, le tube est ensuite recapuchonné. Au sortir du fixateur la pièce déshydratée est incluse à la paraffine. Toutes les opérations de changement de liquide s’opèrent sans toucher aux colonies : nous plaçons les pièces dans des cupules d’étain percées dans leur fond de multiples petits trous; à tra- vers celte passoire les liquides s’écoulent, et. la colonie, tou- jours dans sa cupule, est transporte dans les bains successifs. Les colonies sont, en général, débitées en coupes transversales au 1 /300, au 1 /500, parfois au 1 /1 .000 de millimètre. Les coupes sont collées sur lame au moyen d’eau gélatinée ou de colle à 420 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR l’albumine ; après dissolution de la paraffine, la lame est lavée à l'alcool mêthylique , puis transportée face en dessus dans une boite Laveran-Mesnil. Pour toutes nos colorations nous avons composé, après essais, la formule suivante (produits R. A. L.) : Eosinate de bleu de méthylène 7 grammes. Eosinate de bleu de toluidine 1 gr. 5 Bleu de toluidine 0 gr. 5 Alcool mêthylique à 99°5 490 cent, cubes. Dès que la lame est dans la boîte on couvre la coupe avec 1 cent, cube du mélange colorant; après une minute on verse 4 cent, cubes d'eau distillée neutralisée au rouge neutre, puis on retourne la lame après mélange; laisser agir dix à quinze minutes; laver à l'eau ordinaire, différencier avec une solution de tannin orange R. A. L. au 1/4 dans l’eau distillée neutra- lisée ; suivant l’épaisseur de la coupe le temps de cette diffé- renciation variera, elle est terminée lorsque le substratum gélose a pris une teinte bleue. Déshydratera l'alcool éthylique , passer au toluène, monter à l’huile de cèdre. Aspect des coupes. — Nous allons décrire l’aspect microsco- pique des coupes pratiquées dans une colonie plissée jeune, puis nous tenterons de reconstituer une partie des slades succes- sifs qui aboutissent à la formation la plus complexe que nous ayons observée j usqu'à présent. L 'étude des récents plissements d’âge différent peut s’entre- prendre parla coupe d'une seule colonie de douze jours déve- loppée sur la partie inférieure d’une gélose inclinée en tube; l'ensemencement a été fait par dépôt punctiforme d’une trace de culture à 2 centimètres au-dessus de l’eau de condensation. Si nous envisageons sur cette colonie de douze jours des tranches parallèles, nous pouvons ainsi délimiter des formations plissées d’âge différent (fig. 7). La figure nous montre en A l’absence complète de replis de surface; en R les replis sont à peine mar- qués, ils datent de trois à quatre jours; en G ils sont anasto- mosés et datent de cinq à six jours; enfin en D nous avons des plissements plus anciens, sept à dix jours. La figure 8 nous ÉTAT ORGANISÉ DES COLONIES BACTÉRIENNES 421 présente l’ensemble microscopique' de la coupe des différentes tranches de cette colonie. Nous avons vu que la transformation piissée se produit après l’apparition de taches blanches dans l’intérieur de la culture jeune; ces taches sont déjà le résultat d’une première trans- formation que l’examen macroscopique ne nous permet pas de saisir; nous allons en effet voir dès maintenant qu une modifi- cation microscopique précède l’apparition des replis. La coupe qui intéresse la partie A de la figure 7, partie sans plissements visibles, présente au faible grossissement deux couches nettement distinctes : une couche interne, basale, du côté gélose; une couche externe, en bordure superficielle (fig. 8). La couche interne est formée de deux zones visibles déjà au faible grossissement ; à l’immersion (fig. 10), la zone directement en contact avec la gélose est de couleur lilas clair, réaction colorante neutre, elle est formée d’une assise de 10 à 12 éléments globulaires de 1/2 ^ environ de diamètre; la deuxième zone, au- dessus de la première, de même épaisseur, est aussi composée d’éléments arrondis, juxtaposés, mais de couleur rose éosine, réaction acide; à la limite de ces deux couches et parfois au milieu de la couche éosinophile on remarque quelques taches amorphes, bleu azur, allongées, avec des prolongements ténus (fig. 10 A). La couche externe, mince, semble à faible grossisse- ment plus différenciée que la couche interne : de coloration foncée bleu violet, elle présente un aspect pectiné, dû à la présence de points violets dans une substance homogène bleu azur. A l’immersion on voit que ces points, de réaction colo- rante basique, sont formés par l’accolement de 20 à 30 bâton- nets plus ou moins flexueux, parallèles entre eux, rangés per- pendiculairement à la surface de la colonie ; ils ont les dimen- sions et l’aspect de vibrions cholériques normaux; la substance azurophile qui les contient est divisée en alvéoles dont les cloi- sons de séparation pénètrent dans la zone intermédiaire éosino- phile, soit par un ou deux prolongements ténus, soit par de petites masses sans limites précises (fig. 10 B B), mais taciles a voir grâce à leur réaction bleue qui contraste avec celle de la couche éosinophile sous-jacente. Du côté externe les bâtonnets n’affleurent pas la surface de la colonie, une cuticule azurophile coiffe toujours les paquets (fig. 10 C). Si la coupe tranche obli- 422 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEL U que ment ou transversalement ces bandes azurophiles bacilli- fères, on voit que l’aspect alvéolé présente en plan une disposi- tion en damier, en nid d’abeilles (fig. 12 B et 28 D), les bacilles de chaque alvéole apparaissent alors en paquets circulaires de points basophiles. Si la coupe intéresse la bande B de la figure 7, où l’examen macroscopique montre des plissements onduleux non ramifiés, l’aspect microscopique est semblable à celui de la bande A, mais la couche externe présente des sinuosités onduleuses (fig. 8 B), il s'ensuit que la zone intermédiaire de la couche interne n’a plus une épaisseur uniforme. Lorsque la coupe est pratiquée au niveau de la tranche C de la figure 7 où les plissements sont ramifiés sans enchevêtrement (culture d’environ huit jours), la même disposition en couche interne et externe existe avec quelques aspects nouveaux : la partie superficielle de la colonie est entaillée par de profondes dépressions résultant de la croissance en hauteur des plisse- ments; la membrane bordante a toujours son aspect pectiné, mais dans la zone intermédiaire on aperçoit de longs tractus azurophiles allongés dans le sens de Taxe du prolongement ; ils semblent provenir de la couche externe comme en émanaient précédemment les radicules des parois alvéolaires (fig. 11). Lorsque la coupe passe en D de la figure 7, portion qui non seulement est au voisinage de la partie humide de la gélose, mais aussi est la plus âgée (dix jours), l’examen microscopique montre un aspect nouveau ne ressemblant pas à première vue à celui des trois précédentes coupes (fig. 8 D). La colonie trois à quatre fois plus épaisse présente une couche externe à petites ondulations, mais au milieu de la couche interne se remarquent des cavités plus ou moins arrondies (fig. 12 A), bordées régulièrement par une zone azurophile pectinée analogue à la couche superficielle; ces cavités sont au centre de la coupe comme des < lumières », et donnent un aspect vacuolé à l’ensemble de la préparation. On remarque que parfois deux cavités communiquent entre elles par un canal plus ou moins étroit (fig. 12 B) limité par une bordure semblable à celle qui encercle la cavité (dans cette figure la coupe passe parle plan oblique d’une des deux lumières et présente l’aspect en nid d’abeilles). Fréquemment les canaux d’union deviennent virtuels ÉTAT ORGANISÉ DES COLONIES BACTÉRIENNES 423 par aecolement de leurs parois, en pareil cas les paquets de bacilles bordants sont plus rares ou même manquent totalement (fig. 12 C). Le canal est alors réduit à son stroma azurophileet l’affrontement des deux boTds apparaît comme un trait net forte- ment coloré. Ainsi que dans la coupe précédente onvoit, dans la couche de globules éosinophiles, de nombreuses plages de sub- stance azurophile constituant alors un ciment, une véritable substance interstitielle, qui relie les éléments en bordure avec la couche interne vacuolée et soutient les globules éosinophiles. Cette substance interstitielle semble provenir pour sa plus grande part de la couche externe, au moment de la croissance des replis et de leur soudure lors de la formation des cavités. ★ * Mécanisme de formation des cavités. — Nous avons pu reconnaître le mode de formation de ces cavités d’aspect vacuo- laire sur des coupes en séries suivies, dans une colonie diffé- renciée depuis un mois et dont le développement n’avait pas été très rapide. ^ Nous voyons deux plissements voisins l’un de l’autre (hg. ld; se rapprocher, puis, venus en contact par un point, se fusionner (fig. 14). À ce stade une modification se produit dans la bande de substance interstitielle d’accolement (fig. 14 A) qui renfeime les bactéries, celles-ci ne se présentent plus en paquets de bacilles parallèles entre eux, mais en amas sans ordre déter- miné qui, par la désagrégation des faisceaux, semblent aboutir à la mise en liberté des microbes. Un stade plus avancé montre le pont de fusionnement augmenté d'épaisseur, formé en grande partie par la substance interstitielle (fig. 15) au milieu de laquelle des granulations basophiles représentent les bacilles primitivement renfermés dans les surfaces accolées. Mais à et moment une partie des microbes se place en ordre parallèle, d’une part dans la substance interstitielle de la couche externe, d’autre part dans la portion qui délimite la vacuole au point e i, onction des plissements accolés. Plus loin dans la série des coupes les deux bordures bacillifères sont constituées; la zone bordante -externe est séparée de la couche intermédiaire eosine et une ligne bleu azur, reliquat de la soudure, indique seule le ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR phénomène précédent ; le pont qui sépare la cavité de la couche externe présente les mêmes dispositions que l’intérieur des deux replis avant leur soudure, la substance ezurophile s’y montre en lacs de forme irrégulière, les globules n’ont plus tous la réaction basique, beaucoup sont éosinophiles (fig. 16). Quelques coupes plus loin, la cavité prend le type arrondi, la dépression de surface a disparu, et l’on ne remarque plus entre la cavité et la superficie de la colonie que des globules roses soutenus par des bandes de substance interstitielle. La suite de ces coupes fait comprendre comment se forment les « vacuoles » dans l’intérieur des colonies différenciées ; elles représentent la coupe transversale médiane d’un tunnel formé par deux plissements parallèles qui, pendant leur accroissement en hauteur, se sont soudés après affrontement de leur partie supérieure (fig. 9). Les replis continuent à se former au-dessus de cette soudure, il s’en produit de même latéralement, et cha- cun aboutissant après soudure avec son voisin à une formation en tunnel, la coupe d’une semblable colonie présente un aspect organisé remarquable. ★ * * Si les conditions favorables au plissement ont persisté, sans heurts du tube, avec un milieu nutritif et une atmosphère con- venables, la croissance plissée se continue pendant plusieurs mois; on obtient alors une masse coloniale circulaire, épaisse d'un millimètre et demi environ, d’aspect floconneux, blanche (fig. 4). L ne coupe transversale de cette colonie présente un ensemble des plus curieux. Au faible grossissement (fig. 17) 1 aspect surprend quand on se souvient qu’il s’agit d’une colonie bactérienne, puisque à première vue on a l im pression d’un organe glandulaire, illusion qu’un examen quelque peu attentif suifit à dissiper. Avec un plus fort grossissement, nous retrou- vons les aspects que nous venons de décrire (fig. 18) : cavités vacuolaires, bordures pectinées, lacs de substance interstitielle, amas denses de globules éosinophiles; mais d’autres parties de la coupe se présentent avec une apparence nouvelle que nous n’avons pu voir sur les formations jeunes déjà décrites. N’étions- nous pas en présence d’un arrêt de développement au cours de l’accroissement en hauteur de l’édifice organisé, ou d’une dégé- 425 ÉTAT ORGANISÉ DES COLONIES BACTÉRIENNES nérescence, par vieillissement, des premiers éléments de la colonie différenciée? ★ * * Arrêts du plissement. — Nous avons cherché comment se produisaient ces modifications de « structure » et avons pu déterminer qu elles étaient comparables à celles des arrêts du développement des formations plissées, arrêts que nous quali- fions de processus d’avortement. L avortement, d après nos expériences, peut tenir à un excès d humidification ou au contraire à un certain degré de sécheresse des milieux de culture : d'où deux types différents qui peuvent d ailleurs se combiner ou se juxtaposer dans les colonies anciennes. Nous allons décrire sommairement les deux processus. Par suite d un excès d humidité (condensation sur les paiois du tube, projeclion d’une petite quantité d’eau, etc.), le plisse- ment semble disparaître, il se recouvre d’un enduit bactérien homogène, et rapidement, à lumière directe, la colonie est en tous points semblable à la colonie habituelle du vibrion cholé- rique; cependant, par transparence, cette colonie présente en son centre une zone opaque, chagrinée, reliquat du plissement primitif qui fut recouvert par la nouvelle poussée bactérienne; il y a, de par l’excès d'humidité, arrêt de développement différencié. Par défaut d’humidité (tube décapuchonné, milieu primi- tivement peu humide, etc.), la gélose se dessèche lentement, le plissement des colonies déjà marqué semble s affaisser, les anfractuosités disparaissent, et la surface reste mate sans dénivellements; ici encore il y a, mais par sécheresse, arrêt du développement, cette fois sans enrobage secondaire par une surculture du type habituel. Ces arrêts peuvent survenir, dans les deux cas, au début du plissement ou après un certain développement des replis. Les coupes pratiquées dans des colonies plissées « avortées » présentent des aspects différents, suivant que 1 excès ou le défaut d’humidité est en cause. a) La mise dans le fixateur des colonies plissées recouvertes secondairement, à la suite d’un excès d’humidité, provoque l’émulsion très rapide de la surculture ; il ne reste sur la tranche ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 42$ de gélose que le noyau primitivement plissé ainsi que, autour de lui, les formations coloniales normales contemporaines du plissement , ce qui nous autorise une seconde fois (fîg. 10) à penser que le déterminisme de la formation des replis doit précéder l’apparition des taches laiteuses dans la colonie. Une coupe passant par le diamètre d’une colonie ainsi avortée montre à faible grossissement une partie centrale encastrée dans l’ensemble de la formation (fig. 18 et 19). Envisageons le détail de la coupe de cette colonie, de sa partie inférieure côté gélose jusqu’à sa superficie. La surface de la gélose sur laquelle s’est développée la colonie est parsemée de petits amas violets enfoncés de 2 ou 3a dans le milieu (fig. 18 A); ils sont composés de bacilles plus ou. moins incurvés, et de formes globuleuses de 1/4 à 1/2 [x environ, intensément colorés (colo- ration basique); ces formes sont comparables aux transforma- tions globuleuses du vibrion cholérique lors du phénomène de Pleitfer. Cette association de bacilles et globules se rencontrera, avec prédominance tantôt des bacilles, tantôt des globules, dans les différentes couches des colonies plissées. La partie de la colonie en contact avec la gélose, partie linéaire de 6 a environ d’épaisseur (fig. 18 B), de coloration violette, est composée en majeure partie d’éléments microbiens où dominent les formes globuleuses; au-dessus de cette couche mince se trouve une bande plus épaisse (fig. 18 C) composée de formes arrondies peu colorées comme celles rencontrées dans les cultures âgées de vibrion cholérique ; au milieu de cette couche sont placés de petits amas microbiens, bacilles et globules basophiles. La couche superficielle est uniquement composée par des formes microbiennes bien colorées (fig. 18 IL où les bacilles prédomi- nent et sont le plus souvent orientés perpendiculairement à la coupe transversale. Malgré que ces différentes couches ne se soient pas émulsionnées dans le fixateur, la coloration n’y décèle pas de substance interstitielle. Le noyau central (fig. 19 E) est séparé par une limite très nette du reste de la coupe; il y tranche par sa coloration foncée de teinte violet et azur. Ce centre occupe la place de la couche superficielle où dominent les formes bacillaires, il est logé dans la colonie comme une tête de vis dans un trou fraisé. On lui distingue deux zones: une profonde séparée de la couche ÉTAT ORGANISÉ DES COLONIES BACTÉRIENNES 42/ moyenne de la colonie par une' ligne bleu azur, zone parse- mée de paquets microbiens où dominent les formes globu- leuses", une superficielle plus ou moins onduleuse composée d’un feutrage de bacilles très colorés. La charpente de cette portion centrale est constituée par un lacis de filaments Cependant, en examinant la planche du travail de Strickland sur H. luciliæ , on voit qu’il s’agit bien d'un Herpetomonas et que le mode de formation du flagelle est, comme chez les autres especes de Herpetomonas » bien différent de celui des Leptomonas 430 LA FLÀGEELOSE DES EUPHORBES Genre Crithidia Léger 1902 (Patton emend. 1903). Blépharoplaste antérieur au noyau et très rapproché do celm-ci (jnxta- nucléaire). Le flagelle borde une courte membrane ondulante plus ou moins développée (1). Évidemment, on ne sait pas aujourd’hui, puisque l’espèce type du genre Leptomonas n’a pas été revue, sh les formes sans rhïzopïaste doivent être mises dans le genre Leptomonas ou si on doit créer, pour elles, un nouveau genre. Ce que nous sommes sûrs, c’est qu’on doit les mettre dans un genre diffé- rent de celui auquel appartient la forme de Musca domestica, c’est-à-dire du genre Herpetomonas (2). Ce sont les raisons pour lesquelles nous croyons que le parasite des Euphorbes doit être appelé Leptomonas Davidi , et non Herpetomonas Davidi comme le veulent ceux qui ne regardent le genre Leptomonas que comme synonyme de Herpetomonas. Dans le tableau suivant, nous avons cherché à grouper les formes décrites dans les deux genres Herpetomonas et Lepto- monas. Dans cette énumération se trouvent seulement les formes dont la description, accompagnée de figures, nous a permis de vérifier les caractères génériques. C'est donc une liste très incomplète. Il y existe des formes comme H. agtlis Chatton, que nous croyons pouvoir mettre dans le genre Her- petomonas. Dans celle forme, on ne voit pas un rhizoplasle en bâtonnet, mais punctiforme. Genre Herpetomonas. \ Espèce type : IL muscæ domesticæ Burnett 1851, par. Musca domestica. Autres espèces : Il.jaculum Léger, 1902, par. Nepa cinerea (Hemipt.) (1) Chez Gerris najas Geer, du Portugal, nous avons trouvé umCHMdia dont la membrane ondulante est quelquelois très large et très plissee. ■ 2) Si on arrive un jour à revoir le parasite de Tnlobus cjracilis , et si o reconnaît qu'il n’appartient pas au genre 1^“ .-elirendre sa caractères des Leptomonas (voir diagnose piécedente), il de I “ place dans ce dernier genre. Les formes comprises- aujourd bui dans e g, ïep 'oTonas devront prendre alors place dans un nouveau genre. 440 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK H. culicis Novy, Mac Neal et Torrey, 1907 (1), par. Culex pungens , sylveshis et triseriatus. H. lygæi Patton 1908, par. Lygæus militctris (Hemipt). H. inhospes Donovan 1909, par. Lygæus inhospas (Hemipt). H. agilis Chatton 1909, par. Harpactor iracundus (Hemipt). H. sp .? Mackinnon 1900, par. Scatophaga lutaria , Neuroctena anilis et Homa- lomyia sp. ? H. Luciliæ Strickland 1911, par. Lucilia sp.? H. pediculi Fantham 1912, par. Pediculus vestimenti. H. stratiomyæ Fantham et Porter 1913, par. Stratiornyia chameleon et S. pota- mida. Genre Leptomonas (2). ( Herpetomonas « pro parte ». Syn. < Leislimania Ross. Hæmoeystozoon Franchini. Espèce type : Leptomonas drosophilæ Ghatton et Alilaire 1908, par. Drosophila confusa. A utres espèces : ( Cimex lectularius. Leptomonas Donovani Laveran et Mesnil 1903 < Cimex votundatus . ( Homme, r Euphorbes. Leptomonas Davidi Lafont 1909, par. < Stenocephalu$ agilis. J Dienches humilis? \ Nysius euphorbiæ? L. ctenophtalmi (Mackinnon) 1909, par. Ctenophtalmus agyrtes. L. pyrrhocoris (Zotta) 1912, par. Pyrrhochoris apterus (Hemipt). L. serinethæ Rodhain, Pons, V. Branden et Bequaert) 1913, par. Serinet/ia fraterna (Hemipt). L. sp .? Rodhain et collaborateurs, 1913, par. Cletus bisli puncta élus. L. sp.? Rodhain et collaborateurs, 1913, par. Serinelha amicta. L. sp.? Rodhain et collaborateurs, 1915, par. Mirperus faculus. L. brasiliense Franchini, 1913, par. homme (sang et foie). (1) Sous le nom de H culicis Novy et ses collaborateurs ont décrit un Herpetomonas et une Cnthidia , comme on le voit nettement dans les fleures e leur travail. 8 (2) Les Leishmanitt sont évidemment des Leptomonas et des Herpetomonas adaptées a la vie chez quelques vertébrés. Le genre Leislimania doit, comme a proposé Rogers, disparaître pour céder la place à Leptomonas ou à Herpe- tomonas L étude des formes culturales des différents Leislimania doit per- mettre leur attribution à un de ces genres. 1 2 LA FLAGELLOSE DES EUPHORBES 4*1 III- - L’INSECTE TRANSMETTEUR DE LEPTOMONAS DAVIDI. 1. Historique. Dès ses premiers travaux, Lafont a incriminé les Hémiptères de jouer le rôle d’agent vecteur de L. Davidi et, parmi les Hémip- tères trouvés sur les Euphorbes à Maurice, il a spécialement accusé Nysius euphorbiæ Horvath, puisque cette espèce a été celle qu’il a trouvée parasitée. Bouetet Roubaud, au Dahomey, ayant trouvé 1 sur 20 Dienchcs humilis fortement parasités, et ayant pu infecter une E. pi tu - lifera en employant un grand nombre d’Hémiptères, ont assuré que cet Hémiplère est l’agent d’infection desEuphorbes. Rodhain et Bequaert, qui ont trouvé au Congo Euphorbia indica (1) lar- gement parasitée par Leptomonas , ont capturé sur cette plante un certain nombre d’espèces d’Hémiptères qui vivent du suc de la plante. Seule, de 30 insectes examinés, une larve d un Lygæide a présenté dans le tube digestif un Flagellé. Faisant la critique des expériences de Lafont et de Bouet et Roubaud, nous disions (2) que ces expériences démontrent seulement que les insectes qu'ils avaient employés dans leurs expériences peuvent convoyer l’infection d’une plaple malade à une plante saine. « Si, comme tout semble le démontrer, l’insecte doit être l’hôte primitif des Flagellés, aucun des Hémiptères incriminés jusqu a ce jour ne doit être l’agent transmetteur de l’infection. Le faible pourcentage d’insectes parasités par les Leptomonas , l’absence de parasites dans les glandes salivaires et dans la lumière de la trompe, l'insuccès des expériences faites avec des insectes pris dans la nature, plaident contre le rôle d’agent d infection attribué à ces Hémiptères. » 2. Au Portugal le transmetteur est Stenocephalus agilis Scop. Au Portugal nous avions aussi tenté, en vain, de découvrir l’insecte transmetteur du Flagellé des Euphorbes. Nous avions rencontré, spécialement sur les tiges de Euphor- (1) Euphorbia indica Lam. semble être une variété ou une tonne de E, hypericifolia L. (2) Loc. cit ., p. 128. 442 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR bia segetalis, ie point d’inoculation, nous avions pu étudier cet accident primaire, mais l’insecte inoculateur nous avait échappé ou, plutôt, nous n’avions pu démontrer le rôle de transmetteur des insectes capturés sur des Euphorbes. Sur des E. peplus nous avions trouvé deux espèces d’Hémiptères ; un Coreidæ , le Ste- nocephalus agilis Scop. et un Cydnidæ , Brachypelta aterrima Forst. Les recherches faites en 1911 sur ces Insectes ne nous avaient pas permis de constater la présence de Flagellés dans leur appareil digestif. Ln fait nous avait alors impressionné : 1 absence de Stenocephalus sur E. segetalis , l’espèce la plus sou- vent infectée. Cette année (1919), nous avons repris nos recherches et nous avons finalement rencontré sur des E. sege- talis des Stenocephalus, ayant dans le tube digestif des Lepto- monas avec tous les caractères de L. davidi. Les mœurs des Stenocephalus expliquentl insuccès de nos premières recherches. Ces Hémiptères, pendant le jour, se cachent sous des feuilles sèches, près des Euphorbes. C'est seulement vers le soir qu’on les trouve sur les Euphorbes. Il m’est arrivé de prendre, le soir, sur des E. peplus , de nombreux exemplaires de Stenoce- phalus dans un endroit où nous n’avions pu en voir un seul pen- dant la journée. D un autre côté, il y a des régions où les Steno- cephalus sont largement infectés, tandis que ceux capturés en d’autres endroits se montrent presque constamment indemnes. Quant aux espèces d’Euphorhes qui hébergent, au Portugal, des Leptomonas dans leur latex [E. peplus et E. segetalis ), on les trouve ordinairement dans des endroits bien différents. E. segetalis se trouve dans des terrains incultes, arides, cail- louteux où 1 ajonc constitue la végétation dominante. Dans la légion que j habite, j ai à ma disposition, et assez éloignés les uns des autres, quatre endroits dans ces conditions. Irois de ces endroits ont des Segetalis flagellosées dans un large pourcentage et des Stenocephalus infectés, tandis que dans le quatrième, ni les Euphorbes ni les Hémiptères ne se mon- trèrent parasités. Les Euphorhia peplus, au contraire, sont très abondantes dans les jardins potagers et dans les vergers, spécialement dans les endroits humides. Le pourcentage de E. peplus infectées est très réduit, quoique Leptomonas davicli puisse donner à celte espèce de fortes infections. LA FLAGELLOSE DES EUPHORBES 443 Près de ma maison il y a un enclos où les E. peplus abondent et où se trouvent des Stenocephalus en grande quantité. Les Hémiptères capturés dans cet enclos se montrent toujours dépourvus de Flagellés comme je l’avais vu lors de mes- pre- mières recherches. A quoi attribuer cette distribution si irrégulière de 1 infection de l’Hémiptère et conséquemment de l’Euphorbe ? M. de Bergevin, d’Alger, m’a dit qu’il devait exister aussi au Portugal un autre Stenocephalus , le St. marginicollis Put. Or St. marginicollis diffère si légèrement de St. agilis (un peu plus grand et ayant une bordure blanc d’ivoire de chaque côté du pronotum) que, comme Puton, je crois qu’il s’agit seulement d’une variété du, S. agilis. Après avoir vu un exemplaire de S. marginicollis d’Algérie envoyé par M. de Bergevin, j’ai cru n avoir su distinguer les deux variétés de Stenocephalus et que l’une d’elles, seule, est infectée par L. Davidi. Ceci expli- querait la distribution si singulière de la flagellose des Eu- phorbes (1). Dans cette monographie, nous étudierons rinlection de lin- secte par Leptomonas Dcvcidi et nous réservons pour un autre travail la solution d’autres questions intéressantes qui se ratta- chent à L’étude de ce curieux problème qui, sans doute, aura dans l’avenir une grande importance en Phytopathologie. Caractères du Stenocephalus agilis. — Suballongé, opaque, dessus d’un gris plus ou moins testacé, ponctué de noir; 2e art. des antennes avec deux anneaux jaunes. Extrémité de l’écusson blanchâtre:. Une petite tache blanchâtre au milieu du bord pos- térieur de la corie sur la suture de la membrane. Connexi- vum noir avec une grande tache jaune carrée à la base de chaque segment. Bords de l’abdomen et base des ailes rougeSi Dessus du corps grisâtre. Lames rostrales; bec et pattes jaunes , base et extrémité des tibias, tarses, moitié apicale des cuisses intermédiaires et postérieures et les quatre cinquièmes des anté- rieurs noirs. (1) En 1920, tous les exemplaires infectés que j’ai trouvés sont des SI. agilis typiques. Je n‘ai pas trouvé à Collares un seul marginicollis. Au moyen d'exemplaires capturés en avril, j ai pu infecter une E. segelahs. Note ajoutés à la correction des épreuves.) 444 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Mœurs. — Presque rien n’est connu des mœurs des Stenoce- pha us. Douglas et Scott ( British Hemiptera. Ray Society , Lon- don, 1865), disent : « Not common. Among Euphorbium on tbe coasts ot Devon, in September (Stainton) ». D’après G. Horvath de Budapest {Bull Soc. Path. exotique , t. VI, n° 5, 1913), Stenocephalus agilis, qui est assez commun dans 1 Europe centrale et méridionale, vit sur les Euphorbes : (< ^es Hémiptères de 1 Europe » de Ed. Saunders (1892), où l’on trouve de bonnes descriptions des espèces européennes, ne dit rien de la biologie de ces Hémiptères. Dans 1 ouvrage de Reuter « Lebensgewohnheiten und Ins- tinkte der Insekten » publié en 1913, on ne trouve également pas d’indications sur les mœurs des Stenocephalus. Ce que nous avons pu observer au Portugal sur les mœurs des Slenocepha 'us est encore très peu. C’est surtout en juillet et en août que les Stenocephalus sont les plus abondants. Pendant la journée, les Hémiptères se cachent sous des feuilles sèches, près des Euphorbes, et c’est seulement vers 7 à 8 heures du soir qu’on les trouve sur les plantes. Meme en captivité et n’ayant pas de feuilles sous lesquelles se cacher, les Stenocephalus mon- tent sur les Euphorbes seulement vers la nuit. Pendant les mois de juillet et août, les Stenocephalus se trouvent souvent en copulation et les femelles, plus nombreuses que les mâles, ont presque toutes des œufs mûrs. Les formes jeunes apparaissent, d’ordinaire, pendant le mois c août. Malgré le grand nombre de femelles que nous avons con- seryées en cage, nous n’avons pas réussi à obtenir la ponte de Hémiplère. Cette ponte ne se fait pas, sans doute, sur l'Eu- phorbe, car nous avons examiné des centajnes de plantes sans jamais y trouver d’œufs. Stenocephalus semble êlre exclusivement un phytophage. Au Portugal il se nourrit aux dépens du latex d 'Euphorbia peplus et d Euphorbia segetalis. Nous ne l’avons jamais vu sur les autres espèces portugaises d’Euphorbes, ni sur d’autres plantes à latex. Etant sur 1 Euphorbe et ayant choisi soigneusement l’endroit où introduire sa trompe, le Stenocephalus commence à pomper le latex. r La succion est prolongée et, parfois, accompagnée d’oscilla- LA FLAGELLOSE DES EUPHORBES 445 fions rythmiques de la tête. Quelque temps après, il change de place pour, de nouveau, se gorger de latex, et il procède ainsi un grand nombre de fois. Ceci explique la multiplicité des lésions de chaque plante. L’Hémiptère a une grande prédilection pour les fruits des Euphorbes. Les renseignements les plus complets que j’ai pu obtenir sur les mœurs du Stenocephalus agilis , je les dois à l’amabilité de M. E. de Bergevin. D'après les observations de M. de Bergevin, en Algérie, les œufs éclosent vers les mois de juin et de juillet. L 'imago apparaît cinq ou six semaines plus tard. Les adultes se montrent peu à cetle époque et on ne les rencontre guère après septembre (1). A ce moment, les Stenocephalus cherchent à hiverner et choisissent, comme retraite, les endroits chauds et bien ensoleillés et les sols meubles. On trouve alors Stenocephalus agilis sous les pierres ou au pied des plantes touffues qui les abritent (thyms, armoises, chevelu des graminées). Ils passent là l’hiver et sortent au pre- mier printemps, fin mars, commencement d’avril. Ils fréquen- tent alors les Euphorbiacées, principalement Euphorbia heliosco- pica. M. de Bergevin a aussi trouvé des Stenocephalus , quoique rarement, sur E . par alias . L’appareil digestif de Stenocephalus. — Avant d’aborder l’étude de L . davidi chez l'Uémiptère, nous devons dire quelques mots sur l’appareil digestif de cet insecte, qui est très simple. A un œsophage relativement long, fait suite un mesenteron grand, à parois épaisses et plissées, lequel se continue par l’intestin postérieur, mince et entortillé. Celui-ci se termine dans le rectum après avoir présenté une dilatation (le cæcum) rempli d’une substance brunâtre. Les glandes salivaires sont très longues et très grêles. (1) Cette année les Stenocephalus à Collares ont été rares. A partir du 18 septembre, malgré de nombreuses recherches, faites à différentes heures de la journée, nous n’avons pu obtenir un seul exemplaire. Nous les avons de nouveau trouvés pendant le mois de mars. Le 31 mars, nous avons cap- turé quatre S‘enocephalus agilis. L’un des exemplaires, une femelle, avait des œufs. 44G ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Parasites des Stenocephalus. — Déjà en 1911 nous avions trouvé un Stenocephalus parasité par une larve, et, cette année, nous avons trouvé cinq Stenocephalus également parasités. Un des exemplaires avait deux larves à des phases différentes du développement. Ces larves se trouvent dans la cavité générale de l’insecte et elles détruisent tous les tissus, sauf ceux de l'ap- pareil digestif. Dès qu’on ouvre la cavité générale de l’insecte, on voit ses larves sortir en se déplaçant avec des mouvements très vifs. -Croyant que ces parasites pouvaient jouer un rôle dans le cycle évolutif de L. Davidi, nous avons prié M. le professeur Mesnil de nous éclairer sur leur classification. A la demande de Mesnil, le D‘ Roubaud nous a informé que ces larves doivent appartenir à un muscide d’une des tribus suivantes : G-ymno- sominæ , Ocypterinæ ou Phasianinæ , dont quelques repré- sentants sont connus comme vivant à l’état larvaire, chez les Hémiptères. A l’état adulte, ces muscides fréquentent Les fleurs, celles du lierre, par exemple. Nous avons ensuite demandé à Roubaud de nous décrire sommairement ces larves. « Laives de 3 a 5 millimètres, à 13 segments. Ovalaires, mais brusquement étirées a 1 extrémité postérieure en un cône stigmatifère très court, tronqué au niveau des stigmates. Métapneustiques; chez la larve au 3e stade et mûre, les oiitice- stigmatiques postérieurs postes a l’extrémité de deux courts appendices chitineux parallèles, de couleur noire. Crochets buccaux norma- lement développés. Absence totale d’épines et de soies de reptation diffé- renciées. 11 faut chercher maintenant à quel muscide ces larves appar- tiennent pour voir si elles jouent quelque rôle dans le cycle de la Leptomonade des Stenocephalus . C’est ce que nous ferons l’année prochaine. 3. Leptomonas Davidi dans l’organisme de l’Insecte transmetteur. A. — Les infections naturelles. Comme je l’ai dit, le pourcentage de Stenocephalus agilis ayant des infections naturelles est très élevé, chez les Stenoce- phalus vivant sur E. segetalis , dans des terrains arides. Aucun- LA FLAGELLOSE DES El PHÜHBES 44 “I traire, chez cette même espèce d Hémiptère habitant des endroits humides, où existe seulement E. pépins , les infections sont très rares. Dans le tableau suivant, nous donnons le pourcentage de Etenocephalus infectes dans les differents endroits où nous avons pu les capturer. Hémiptères examinés .... — infectés Espèce dominante d’Euphorbe Pourcent. d’Hémip. infectés . U K CA CAHMO GUDINHA QU INT A DA PORTA 8 4 segetalis 50 0/0 3 2 segetalis 66 0/.0 1 1 segetalis 100 0/0 30 (1911) 36 (1919)' 0 0 peplus 0 0/0 — ' 58,3 0/0 Comme il est naturel, il existe des différences dans les formes qu’on trouve chez les exemplaires étudiés puisque leui infec- tion date d’occasions différentes. 11 existe cependant des parti- cularités qui sont communes à tous les cas. Nous donnons ensuite les observations des Stenocephalus que nous avons trouvés infectés. Stenocephalus 1. - Le seul infecté, (le 3 exemplaires capturés à Urca, le 8 juillet. . , Le plus grand nombre de Leptomonas se rencontre dans le mesenteron ei elles sont extrêmement mobiles. La forme est élancée et presque toutes pré- sentent son extrémité postérieure contournée. Dans l’intestin postérieur, dans le rectum et dans la trompe on voit de très rares formes. Trompe. — Dans la trompe de cet exemplaire, on trouve cluel,ïu®s ^ep °~ monas et quelques kystes. Ceux-ci sont très intéressants (flg. 36, pl. X )■ ' possèdent une enveloppe très épaisse, se colorant en rouge par le Giemsa, et ils mesurent 4,5 g de long sur 3 g de large. Mesenteron. - Ici les Flagellés sont abondants. On voit des parasites formes très variées. Acôtéde Leptomonas longues, on en \ oit que jues U LesTlgures de division longitudinale sont fréquentes. Un des flagelles est toujours plus court et plus mince que l'autre, mais tes noyaux se trouven chez les deux formes filles à une même distance des bléphaioplastes. . voit quelques formes géantes. . Miro nna Dans les autres segments de l’appareil digestil on ne io f Notons cru d'abord que les Stenocephalus pouvaienfavoir des formes de résistance dans la trompe, ce qui serait 1res cuneux. /j , Gemment exemplaires nous a amené à conclure que cet nu iw u «. contaminé par les formes rectales d’un autre Slenceephalvs. 448 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Stenocephalus 6. — Le seul exemplaire infecté de 3 capturés à Urca le 26 juillet. Dans le mesenteron on voit de nombreuses Leptomonades très mobiles. Dans les autres segments de l'appareil digestif, on ne voit pas de Leptomonas. Dan^ les préparations colorées par le Giemsa, on trouve des formes relati- vement rares, la plupart desquelles sont géantes. On voit aussi quelques formes rondes. S tenocephalus 7. — Capturé Je 31 juillet à Urca. Dans la cavité générale de l’insecte, on trouve deux larves de muscides en des phases différentes de développement. Aussi bien dans le mesenteron que dans l'intestin posté- rieur, on trouve des Leptomonas très mobiles. Dans une des larves, qui a été examinée, il existait aussi des rares Leptomonas. Mesenteron. Des Leptomonas de dimensions variables, quelques-unes géantes. Quelques formes de division. Outre ces formes flagellées, on trouve des petites formes kystiques (fig.37et38, pl. XIII) d une forme spéciale. Elles sont allongées et mesurent 6 g. de long sur 1,5 g de large. Chez quelques- unes on voit nettement les deux noyaux, tandis que chez d’autres le tropho- nucleus seul est visible. Ces formes se colorent intensivement en rouge. Intestin postérieur. — Des Leptomonades typiques et des formes kystiques. Trompe. — De très rares kystes. S tenocephalus 9. — Exemplaire capturé au Carmo, le 12 août, sous les feuilles sèches autour d une Euphorbia segetalis. Un autre exemplaire, capturé dans la même occasion, ne se montrait pas infecté. Mesenteron. — Ce segment de l’appareil digestif ne possède guère de Flagellés. Intestin postérieur. Dans cette partie, on trouve des Leptomonades de formes et de dimensions très variées. Quelques formes ayant l’aspect qu’elles présentent d'habitude dans le latex. Torsion de l'extrémité postérieure, blépharoplaste sphérique, flagelle long. On trouve, en outre, des formes géantes (50 g de long), dont les seules modifications sont celles des dimensions. Du reste, la structure est la même que celles des formes antécédentes. Ces formes géantes, qu’on n'observe jamais dans le latex, ont toutes leurs dimensions augmentées, mais cette augmentation est plus sensible dans les distances blépharoplaste-noyau et noyau-extrémité postérieure. A côté de ces formes moyennes et géantes, on en trouve de très petites (6 à 7 g X 1,5 g) et celles-ci, quoique ayant la forme d’une Leptomonade, ne possèdent pas de flagelle. Rectum. — On trouve quelques rares Leptomonas typiques. Les formes prédominantes sont des petites formes allongées (6 à 9 g x 1,5 jx) sans flaselle (fig. 3, pl. XIV), quelques-unes piriformes ou arrondies et, finalement, "des kystes. Les exemplaires piriformes ont un cytoplasme se colorant en bleu pâle, un noyau et un blépharoplaste volumineux. Elles mesurent 4,5 g de long sur 2,2 g de large. Finalement, les kystes, de forme ovale, se colorant en rouge, ont une paroi très épaisse et, quelquefois, un seul noyau bien visible. Ils ont 3 g de long sur 2 g de large. Glandes salivaires (pl. XIV, % 1). - C’est dans les glandes salivaires qu’on trouve un nombre énorme de parasites ayant des caractères qui les éloignent LA FLAGELLOSE DLS EUPHORBES 449 des formes qu’on voil dans les autres segments. Ce sont de très petites formes ayant 6 g de long sur 1 à 1,5 g de large. Le cytoplasme est si pâle que, dans la plupart des formes, on n'aperçoit nettement que les deux noyaux. Ces formes, même dans les préparations fortement colorées, ne montrent pas d’ordinaire de flagelle. S tenoceph alus 10. — Capturé au Carmo, le 14 août, sous des feuilles sèches, dans un endroit où on a cueilli une E. segelalis fortement flagellosée. L'examen, à l’état frais, nous a montré la présence de formes très nombreu- ses et très mobiles, dans les glandes salivaires et de très rares Leptomades, presque immobiles, dans les autres segments de l’appareil digestif. Trompe. — De très rares et petits kystes. Mesenieron. — Très pauvre en formes. Celles-ci sont de deux types : Les unes, de dimensions moyennes, et ayant un flagelle rudimentaire, d’autres, atlagellées et très petites (8,2 à 9 g X 1,5). Intestin postérieur. — Comme dans le mesenteron, dans l’intestin posté- rieur on trouve de très rares formes. Les unes, petites, allagellées, d’autres de dimensions moyennes (15 à 16 g) et flagellées. Ces deux formes sont cependant si rares, qu’on a une grande difficulté à les trouver et, par la couleur de leur cytoplasma, les formes moyennes doivent être des formes de dégénérescence. Rectum. — Dans cette partie du tube digestif, on trouve des formes moyennes et petites de dégénérescence, et quelques formes en train de s’enkyster. Glandes salivaires. — De très nombreuses formes. La plupart sont très petites (3,8 g à 6 g X L- à 1,5) à noyau compact, ou en des bandes stratifiées et à blépharoplaste volumineux. Ces formes, quoique moins abondantes, sont entièrement analogues à celles de Stenocephalus 9. Outre ces formes salivaires, on en trouve d’autres longues (27 g) et minces (2 g) à moitié postérieure contournée en spirale et à flagelle très rudimen- taire (4,5 g) sortant d’un blépharoplaste sphérique. Leur cytoplasme se colore en rose. Un grand nombre de ces formes longues sont, évidemment, des formes de dégénérescence. J». Les infections expérimentales. Pour éclaircir l'évolution des Leptomonas chez Stenocephalus nous avons choisi des Hémiptères capturés dans un endroit où nous n'avions jamais trouvé d’insectes infectés. Dans une cage en tulle, modèle Langeron, nous mettions des Stenocephalus et par l’ouverture de la cage passaient seule- ment les branches infectées d 'Euphorbia segetalis. De cette manière, nous avions la certitude d’infecter l'IIémiptère et de pouvoir indiquer, d’une façon précise, la date de l’infection. En elfel, tous les Hémiptères, comme dans lu nature, commen- çaient à sucer l’Euphorbe vers le soir. 30 450 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Gomme nous l’avons fait avec les infections naturelles, nous décrirons, pour chaque cas, les Flagellés trouvés dans les diffé- rents segments de l’appareil digestif. S tenocephalus 3. — Infection datant de quarante heures. — Les formes sont très rares, même dans le mesenleron, et celles qu’on y voit ne semblent pas être différentes, ni par leur forme, ni par leurs dimensions, de celles qu on trouve dans le latex. On ne voit pas de figures de division. Stenocepiialus 2. — Infection datant de trois jours. — Les Leptomonas sont très abondantes dans le mesenteron et dans l'intestin postérieur, très rares, au contraire, dans les autres parties de l’appareil digestif. Les formes sont non seulement très abondantes, mais elles offrent un remarquable polymorphisme. a) Formes aflagellèes arrondies ou ovalaires. — Elles ont 6 g de diamètre ou 7,5 g X 6 f». Cytoplasme se colorant en bleu, noyau relativement volumi- neux (2,2), blépharoplaste périphérique allongé. b) Formes flagellées très petites. — Ovalaires de 7,5 g X 4,5 g* Flagelle : 10,5 g. Cytoplasme ayant des granulations de volutine. c) Formes flagellées courtes. — Ces formes sont courtes (10 g à 13 a) et larges (2,7 à 2,8 pt); leur extrémité antérieure est arrondie et la postérieure brusquement effilée. Le blépharoplaste est sphérique ou légèrement allongé et le flagelle mesure 14 g. Le cytoplasme de ces formes se colore en violet. Plusieurs de ces formes ont dans le cytoplasme des petites granulations violet foncé. d) Formes flagellées moyennes. — Elles se présentent avec les caractères de Leptomonas clavidi du latex. Ce sont des parasites élancés (19,5 p. X 1,3 g) à extrémités effilées: l’antérieure brusquement et la postérieure graduellement effilée. Le blépharoplaste est sphérique; le noyau, qui occupe l’union du tiers antérieur et du tiers moyen du corps, est elliptique ou arrondi et il est situé dans l’endroit où, d’ordinaire, le corps subit une torsion autour de son axe. Le cytoplasme se colore en bleu foncé ou violet bleuâtre. Le flagelle est assez long (22,5 g). Dans la plupart de ces exemplaires, on voit nette- ment le flagelle s’insérer directement sur le blépharoplaste et avoir un trajet intracytoplasmique plus ou moins flexueux. e) Formes de division. — Les formes de division sont excessivement abon- dantes et de différents types. La plus fréquente est la division longitudinale banale. Ordinairement celle-ci débute par le blépharoplaste, qui de sphé- rique devient bacilliforme. D’une des extrémités du blépharoplaste naît le nouveau flagelle. Il est fréquent de trouver des Leptomonas ayant un seul noyau, un seul blépharoplaste et deux flagelles, un long, le primitif, et l’autre très court et plus mince, celui de nouvelle formation (fig. 13 et 14, 16 et 17, pl. I). On voit quelquefois la Leptomonade ayant un seul blépharoplaste bacilli- forme, deux flagelles de dimensions très inégales et deux noyaux, l’un en arrière de l’autre. Habituellement, la scission du blépharoplaste et du noyau se fait simultanément de sorte qu’on a alors les deux blépharoplastes et les deux noyaux fils à côté l’un de l’autre. Mais tandis que dans le latex la divi- sion de la Leptomonade est accompagnée de l’inclinaison de l’axe du noyau, dans l’intestin de ITIémiptère le noyau s’allonge perpendiculairement à l’axe LA FLAGELLOSE DES EUPHORBES 451 du parasite et les noyaux des formes filles sont à une égale distance des falépharoplastes respectifs (fig. 19 et 20, pl. I). A côté de ces formes de division binaire, on en trouve d’autres de division multiple, de différentes sortes. Les plus simples sont celles dans lesquelles la division nucléaire est très précoce et se fait plusieurs fois. On trouve alors des Leptomonades élancées, ayant un seul blépharoplaste, un seul flagelle et trois noyaux ou plus (fig. 22, pl. XIIIj. D’autres parasites piriformes, assez larges, à un seul blépharoplaste sans flagelle, possèdent de nombreux noyaux (5 ou 6). Quelques autres formes, du même type, mais flagellées, à un seul ou deux flagelles, ont aussi un grand nombre de noyaux. Finalement, on voit des formes grandes (15 à 13 \j. X 10,5 à 15 |j.) irréguliè- rement arrondies, à plusieurs blépharoplastes et à plusieurs noyaux rappe- lant les formes schizogoniques de certaines Hémosporidies. Toutes ces formes de division multiple, qui ne se voient jamais dans le latex de l’Euphorbe, se trouvent chez le Stenocephalus seulement dans les premiers jours de l’infection. Nous avons aussi rencontré quelques formes que j'interprète comme des figures de conjugaison. Ce sont des formes relativement volumineuses (19,5 X 4,5 p), à un seul noyau grand, et un seul blépharoplaste, long. Dans son extrémité postérieure, le corps est fendu et, dans le cytoplasme, on voit une ligne claire qui indique la séparation des deux formes (fig. 23, pl. I). Dans le rectum, les parasites sont rares et on y trouve des formes rondes, ailagellées, mais sans enveloppe. Ce sont, sans doute, les phases précédant l’enkystement. Dans les glandes salivaires, on ne trouve pas de leptomonas. Stenocephalus 5. — Infection de quatre jours. — Dans le mesenteron on trouve des formes très mobiles, mais rares. Dans la partie antérieure de l’intestin, on ne trouve pas de Leptomonades. Dans la cavité générale de cet llémiptère existait une larve, à mouvements très vifs. L'examen des prépa- rations colorées ne montre que des Leptomonades typiques. Stenocephalus &. — Infection de quatre jours. — Dans le mesenteron existent de nombreuses formes, très agiles. Dans l’intestin postérieur, au contraire, des formes assez rares et à mouvements très lents. Trompe. — Dans la trompe, nous n’avons vu aucune forme de Leptomonade. Mesenteron. — La plupart des formes se montrent avec les caractères habi- tuels des Leptomonades du latex : élancées, corps contourné, cytoplasme bleuâtre, blépharoplaste sphérique et flagelle long. D'autres ont des dimen- sions bien supérieures aux formes du latex (45 p.), quoique ayant les mêmes caractères structuraux. Entre les formes géantes et les formes moyennes, on trouve des formes de transition chez lesquelles l’augmentation de dimen- sions est relativement petite, mais les distances entre les différents éléments structuraux sont fortement altérées. Les dimensions s’accroissent d’abord dans la direction novau-blépharo- plaste et ensuite dans la direction noyau -extrémité postérieure. Il existe aussi des formes très minces et longues : 37,3 sur 0,7 jx de large. Les figures de division longitudinale sont très abondantes et le processus de division est si actif, qu’on trouve de nombreuses formes ayant les deux 432 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR formes filles de la division binaire encore liées par leur extrémité posté- rieure, et chacune d’elles ayant deux noyaux (pi. XIV, fig. 5). D'autres formes ont quatre ou cinq Leptomonades déjà individualisées dans leur extrémité antérieure et encore adhérentes parleurs extrémités pos- térieures (pl. XIV, fig. 5). Les formes rondes ou ovalaires ne sont pas abondantes, mais on en voit quelques-unes dont les dimensions oscillent entre 4,5 et 9 [jl. Finalement, on trouve quelques jolis kystes à noyau rond et à blépharoplaste bacilliforme. Dans les préparations du mesenteron de cet exemplaire, on trouve des formes flagellées mais ablépharoplastiques et quelques formes dégénérées à blépharoplaste hydropique. Stenocephalus 4. — Infection de huit jours. — Dans cet Hémiptère, les parasites qu’on trouve dans les différents segments de l’intestin ont un aspect entièrement différent de celui des Leptomonades des cas d'infection plus récente. Dans le mesenteron, aussi bien que dans l’inteslin postérieur, mais spécialement dans le premier, on ne trouve que rarement des Lepto- monades ayant un aspect typique. Les formes qui dominent sont très petites, très minces, à cytoplasma se colorant faiblement par le Giemsa. Le noyau et le blépharoplaste se colorent intensivement et celui-ci est linéaire, presque invisible, et on remarque un petit vacuole prénucléaire. Ces formes mesurent 5 à 6 \i de long sur 0,1 de large; quelques-unes sont flagellées, d’autres ne possèdent aucun flagelle (pl. I, fig. 30 à 33). Rectum. — Dans le rectum, on trouve des masses compactes de ces mêmes Leptomonades. De ces formes seulement les noyaux et les blépharoplastes sont bien colorés. Leurs contours sont très mal définis. Dans Les formes d’infections récentes (3e jour de l’infection), le cytoplasme d'un grand nombre d’exemplaires, spécialement dans leur partie post-nucléaire, possède de nombreuses granu- lations se colorant en violet foncé par le Giemsa. Ces granulations doivent être considérées comme de la volu- tinc. Elles ont été vues chez d’autres Herpetomonidæ : par Porter, chez IL jaculum , par Mackinnon chez des Herpetomo- nades de différentes mouches du fumier et par Strickland chez IL luciliæ. Strickland désigne ces granulations sous le nom de chromidies, quoiqu'il les considère comme étant de la volu- line; Porter les appelle chromidia , mais démontre qu’il s’agit de matériaux nutritifs de réserve et Mackinnon dit que ces granulations traduisent l’activité métabolique des Flagellés. A. Porter, modifiant les conditions de vie de //. jaculum, a vu que les granulations cytoplasmiques apparaissent dès que les Protozoaires sont placés dans un milieu plus riche. Strick- land affirme que ce sont les Herpetomonades les plus vigou- LA FLAGELLOSE DFS EUPHORBES 453 reuses qui contiennent le plus grand nombre de granulations. Or, d’après Reichenow, la volutine est une combinaison d’acide nucléique qui doit être considérée comme une matière de réserve spéciale pour la production des nucléo- protéines de la chromatine. Il est donc naturel que la présence des granulations chroma- tinoïdes soit liée à des conditions spéciales de nutrition se traduisant par une multiplication plus active. Dans le cas de Leptomcnas Davidi, les granulations de volutine ne se rencontrent pas dans les parasites de l’Euphorbe (1), mais seulement dans ceux de l’Insecte aux premiers jours de l’infection. De même, chez les Trypanosomes, ces granulations sont rares ou manquent complètement dans les formes du sang, et existent, au contraire, chez l’hôte invertébré, hôte primitif (formes de Trypanosoma gambiense chez Glossina pal palis et de T. brucei chez G. morsitans (Bruce), formes de T. nanam chez G. palpalis (M. Robertson). Muriel Robertson a trouvé d’abondantes granulations de volutine dans les formes de Trypanosoma vittatæ chez Glossi- phonia. Au contraire les formes du même Trypanosome chez une autre sangsue, qui n’est pas la convoyeuse du Flagellé, ne possèdent pas de granulations. Ces faits nous conduisent à penser que la présence des granulations de volutine traduisent, peut-être, la réduction de chromatine précédant les phénomènes de conjugaison (2). 4. Evolution des Leptomonas dans l’organisme du Stenocephalus. L’étude des infections naturelles et expérimentales du Steno- cephalus nous fournit des éléments suffisants pour avoir une (1) Contre l’opinion de ceux qui voient dans les granulations de volutine le signe d’une dégénérescence, dépose le fait de l’absence de ces granula- tions chez les formes mortes et dégénérées du latex. La coloration rose du cytoplasme et les altérations du blépharoplaste sont les phénomènes de dégénérescence des Leptomonades, comme nous l’avons montré dans la partie I de ce travail. (ei) Chez certains protozoaires (macrogamétocytes d'Adelea), il existe une réduction nucléaire par formation de chromidies, comme processus prépara- toire de la conjugaison. 454 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR idée nette de l’évolution du Flagellé dans l’appareil digestif de l’Iiémiptère. Tout d’abord, les Leptomonades se multiplient activement par division binaire ou par division multiple. La multiplication est si active qu’on trouve souvent deux formes filles, encore non séparées, chacune d’elles présentant déjà des phénomènes de division. Dans les phénomènes de division binaire, il y a des particu- larités différentes de celles qu’on voit dans la division des Leptomonas du latex. Chez l’insecte, le noyau s’allonge per- pendiculairement à l’axe du parasite et ne subit pas linclinai- son de 45° qu'on voit dans les formes en voie de division du latex. Ces formes de division binaire et multiple sont particuliè- rement abondantes entre le troisième et quatrième jour de l’infection. C’est vers le troisième jour de l’infection qu’appa- raissent des phénomènes que nous ne pouvons interpréter que comme des phénomènes de conjugaison. C’est un processus d’isogamie. Les deux formes doivent se joindre par leurs extré- mités antérieures et il existe une fusion des noyaux et des blé- pharoplastes. Avant la fusion, les flagelles disparaissent. Il est facile de distinguer les phénomènes de conjugaison de ceux de division. Dans la division, la scission cytoplasmique est précédée par la division du hlépharoplaste et du noyau et elle commence par l’extrémité antérieure, comme il arrive avec les formes du latex; dans la conjugaison, on voit une forme bien plus volu- mineuse, et le cytoplasme se présente fissuré à son extrémité postérieure. A notre avis ces formes résultent d'une conjugaison isoga- mique (1) qui doit précéder les formes de division multiple représentées dans les figures 27 et 28, planche XIV. Il me semble que les blépharoplastes des gamètes dégénèrent. On trouve, en effet, quelquefois des formes volumineuses, sans blépharoplastes, et ayant deux noyaux encore séparés. A partir du quatrième jour de l'infection, les Leptomonas chez (1) Chez Copromonas subtilis , si bien étudiée par C. Dobell, les isogamètes se fusionnent aussi par leur extrémité antérieure et la division, comme chez Leptomonas Davidi, débute par l’extrémité antérieure. LA FLAGELLOSE DES EUPHOHBES 455 le Sténo cephalus augmentent de dimensions, de sorte qu on y trouve des formes géantes, qu’on ne voit jamais dans le latex. Ces formes peuvent atteindre 50 jx; toutes leurs dimensions s’accroissent, mais spécialement la distance du noyau a l ex- trémité postérieure. Entre le quatrième et le huitième jour de 1 infection, appa- raissent des formes excessivement petites, entièrement diffé- rentes de celles qu’on trouve jusqu alors. Ces parasites, qu on trouve vers le huitième jour, dans toute l'étendue de l’appareil digestif, mais plus abondants dans le mesenteron, envahissent plus tard les glandes salivaires où elles forment des amas énormes (1). Ces parasites, qu’on ne peut manquer de considérer comme les formes infectantes, sont très petits (4,5 à 7 tx X à 1,5 a et leur cytoplasme, très pâle, ne se colore pas eu bleu pai la méthode de Giemsa. Les noyaux et les blépharoplastes se colorent intensivement et la presque totalité des exemplaires ne possèdent pas de flagelle. Dans les préparations, même celles colorées le plus intensivement, on voit des amas énormes, où on ne distingue guère que les tropho- et les kinéto-nucleus à cause de la faible colorabililé du cytoplasme. Dans les infections naturelles, quand les glandes salivaires sont bourrées de ces petites formes (2), le nombre des parasites dans les au lies seg- ments de l’appareil digestif est en général très petit. Les forme- qu’on trouve alors sont, d’ordinaire, les formes géantes dont la signification nous est inconnue. Les lormes de résistance, les kystes, ne sont jamais abondantes chez Stenocephalus agilis. Ils se trouvent dans l’intestin et dans le rectum, mais en nombre assez faible. Nous avons trouvé, dans un cas d infection natu- relle, des kystes très nets dans la trompe, mais l’examen des m Etudiant l'invasion des glandes salivaires de GL palpalis par Trypano- 456 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR formes des autres segments du (ube digestif de l’exemplaire en question montre que ces kystes devaient faire partie de ceux qui ont servi à la contamination de 1 Hémiptère (formes fécales de résistance). La présence des formes infectantes dans les glandes salivaires des Hémiptères infectés depuis un certain nombre de jours (plus de huit jours ) et la rareté des formes de résistance rectales dans les infections anciennes, montrent que, d or dinaire, le cycle évolutif de L. dcividi se passe entre 1 Hémiptère et la plante et que la contamination d’Hémiptère à Hémiptère doit être plutôt rare. Stenocephalus agilis est non seulement un transmetteur de la Flagellose, mais l’hôte animal et primitif de la Leptomonade. IV. — L’ÉVOLUTION DE L. DAVIDI DANS LES EUPHORBES. A. Accidelnt primaire. — Dans la première paitie de notre travail, nous avons décrit l’aspect du point d’inoculation, et nous avons donné la description de l’histologie pathologique de cette lésion. Nous avons insisté sur ce que, entre l inoculation et 1 apparition de la blagellose, il s’écoule toujours un temps plus ou moins long. Nous avons désigné celte lésion sous le nom, qui nous a semblé expressif, d 'accident primaire par analogie avec ce que l’on observe dans la syphilis. A cause de la rareté de Sfenoce- phalas, nous n’avons pas encore pu étudier l’évolution de Lepto- monas dès qu'elle est inoculée jusqu’au moment de l’infection généralisée ; mais en faisant des examens répétés de quelques accidents primaires, nous avons pu vérifier certains faits qui méritent d’être mentionnés. Même dans les cas où le latex ne contient pas encore de Lrp- tomonas , on trouve celles ci, en grand nombre, au point d’ino- culation. Dans l’accident primaire on rencontre déjà d’ordinaire des Leptomonades ayant les caractères de celles du latex et plusieurs d elles en division, mais on y trouve surtout de petites formes flagellées ou sans flagelle, des parasites ronds a flagellés ou pourvus de flagelles et piriformes. Les petites formes flagellées (PL XIV, fig. 7) rappellent bien, par leur aspect, les formes infectantes (les formes métacycliques); LA FLAGELLOSE DES EUPHORBES 451 elles ont 6,7 à 10,5 u. de long sur.1,5 u. de large. Les flagelles ont 7,5 fx à 10,5 u. On trouve quelques-unes de ces formes présentant déjà une toision de 1 extrémité posléiieure. On voit aussi quelques formes sans flagelle ayant 10,5 a de long. 458 ANNALES DE L’INSTITUT PASTLL'R Les formes rondes ou ovales (PL XiV, fig. 7) sont d'ordinaire très petites, 3 p à 3,7 p sur 2,2 p à 3 p., avec un cytoplasme se colorant en bleu plus ou moins foncé par le Giemsa. Le blépha- roplaste, arrondi et petit (0,5 p. à 0,7 p), est situé dans la péri- phérie. Le noyau, rond ou elliptique, très riche en chromatine, est aussi périphérique et il a de 0,7 p à 1,5 p.. A côté de ces formes on en trouve encore d’autres plus petites, ayant seulement 1,5 p de diamètre. On voit quelques parasites piriformes qui, par leurs dimensions, semblent représenter des éléments de transition. Comme il arrive avec Leptomonas ( Leishmania ) tropica dans les tissus des animaux, Leptomonas Davidi , dans ceux de l’Euphorbe, semble prendre spécialement la forme arrondie. B. Formes parasites des fruits. — Tandis que, dans les enveloppes des fruits, on trouve, comme il est naturel, des Lep- tomonades avec les caractères habituels à celles qui vivent dans le latex, dans les fruits, dissociés dans la solution physiologique, on trouve des Leptomonades de dimensions bien plus petites et quelques-unes aflagellées. Dans le tableau suivant, nous donnons en p les dimensions moyennes des formes du latex et de celles des fruits. t EUPHORBE Latex Fruit Longueur 19,5 à 21,5 11,7 Largeur 1,5 1,5 Flagelle 10,5 à 16,0 6,6 Blépharoplaste à extrémité antérieure . 1,5 1,5 — à noyau 3,3 1,6 N°yau 2,0 à 3,0 2,1 — à extrémité postérieure 13,0 6,5 Nous avons aussi trouvé dans les fruits quelques petites formes enkystées semblables à d’autres du mesenteron de Stenocephalus 7. Ces formes elliptiques, excessivement petites, possèdent un seul noyau et nous ne sommes pas encore bien sûr qu’elles v appartiennent au cycle évolutif de L. Davidi. Peut-être Leptomonas aura-t-elle, dans les fruits, des formes de résistance garantissant la transmission héréditaire de la tlagellose? Même dans les formes des graines, l'Euphorbe peut LA FLAGELLOSE DES EUPHORBES 459 constituer un réservoir du virus, parce qu un certain nombre d'exemplaires de E. segetalis conservent des Leptomonades dans le latex pendant l’hiver. Yers la fin de janvier, j’ai cueilli un exemplaire de segetalis très robuste (59 centimètres de hau- teur) et fortement infecté. D’un autre côté, les exemplaires de Stenocephalus agilis qui hivernent, infectent au printemps suivant les Euphorbes dont ils se nourrissent. Les formes jeunes des Stenocephalus doivent s’infecter en se nourrissant avec du latex infecté la même anm e par les formes adultes ayant hiverné ou bien avec du latex infecté de Leptomonades depuis l’année précédente. Le 31 mars, j’ai trouvé deux des sept Stenocephalus agilis infectés. Ils avaient dans l’intestin de nombreuses Leptomonades géantes et des formes naines (3,7 à 4,5 a). Les glandes salivaires étaient infectées. y — LA LEPTOMONADE DES EUPHORBES EST-ELLE UNE ESPÈCE BIEN DÉFINIE? Maintenant, la question se pose de savoir si les Leptomonades parasitant les Euphorbes de l’ A trique, de l’Europe, de 1 Amé- rique et de l’Asie constituent une seule espèce : Leptomonaj Davidi Lafont. Il nous semble que cela ne doit pas être ainsi. Morphologiquement, on n'arrive pas à distinguer ces Lep o- monades (1), mais l’identité des formes du parasite dans le latex ne représente plus sansdoute qu’un phénomènede convergence, dû à l’identité du milieu dans lequel ces tonnes vivent. Ce n’est donc pas entre les formes du latex qu’on doit établir la comparaison, mais plutôt entre les formes des Hémiptères qui dans les régions respectives les transmettent aux Euphorbes. Si on arrive à démontrer que la Leptomonade du Stenocephalus est différente de celle qui se trouve dans 1 Inverlebre qui a Maurice transmet la Flagellose, alors la désignation de L David, ne conviendra que pour l’espèce Mauricienne et, pour 1 espece du Stenocephalus , il faudrait une autre désignalion. Leplomonas (1) Grâce à l’amabilité de Lalont, nous lions des Leptomonades de Maurice avec avons pu comparer des prépara les nôtres. 460 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Lafonti serait un nom très juste comme hommage à celui qui a commencé à écrire, dans la Pathologie végétale, un chapitre nouveau et des plus intéressants (1). VI. - EXISTE-T-IL QUELQUE RELATION ENTRE LA FLAGELLOSE ET CERTAINES ZOONOSES? Dans son travail sur le Flagellé des Euphorbiacées, A. Lafont disait. «... ont revu sans peine le parasite qui a passionné Maurice, car la croyance générale p* nsait retrouver là l’origine du Surra ». * D un autre côté, H. R. Faniham (1915) incline à admettre la possibilité d’un rapport entre la Flagellose et le Kala-Azar (2). 11 était bien naturel, en effet, d’admettre une connexion entre la Flagellose et les maladies animales à Trypanosomes et à Leishmania , ceux-ci étant, évidemment, des Flagellés d’insectes adaptés à la vie dans les vertébrés. Mais, pour cela, il faudrait que l’Insecte, hôte du Protozoaire, tût en même temps un hématophage. Tel n est pas le cas, que nous sachions, pour Stenocephalus qui est phytophage exclusif. Du reste, à Collaresoù la Flagellose est largement disséminée, nous ne connaissons ni Leishmanioses cutanées, ni cas de Kala-Azar. Malgré ces considérations, nous avons essayé avec Leptomonas Davidi l’infection de souris et de campagnols. Ces expériences ont été faites cette année, seu- lement avec du latex des Euphorbes parasitées, par inoculation intrapéritonéale et par ingestion. Nous n’avons réussi à infecter ni les souris, ni les campagnols par inoculation. Les Microtus ayant ingéré du latex sont morts par intoxication sans être 1) Au Brésil, certaines plantes à caoutchouc ont une maladie qui rappelle nadP«°rP a.Flagellose des Euphorbes. On y doit chercher des Lepïïmo- nades Certains Hémiptères phytophages ont des Leptomonades et, chez eux, il existe des formes dans les glandes salivaires ( Leptoglossus membra- étudié par Muriel Robertson dans l'Ouganda, et Pyrrhocoris aplerus, l ai Zotta en Roumanie). Il est naturel de supposer que ces Hémiptères PeuTètnrePnTéTet ^ FlaSeIloses dans plantes dont ils se nourrissent. Peut-eti e 1 Hémiptere Helopellvt joue-t-il le rôle de transmetteur d’une Fla- gellose du Cocaoyer. (1 2) « II seems remarkable that no attempt was made to trace a possible connection between the plant Herpelomonas and Kala-azar, doubtless such a possibihty was considered too remote. » LA. FLAGELLOSE DES EUPHORBES 46 1 infectés. Des scarifications faites dans la cornée de jeunes lapins, mises en contact avec du latex très parasité, n ont rien donné. Ces expériences semblent démontrer que les formes du latex ne sont pas infectantes. Nous avions l'intention de répéter ces mômes expériences avec les formes salivaires des Stenocephalus , mais cette année le matériel a été si réduit que nous ne pâmes les réaliser. Nous n’avons pas cependant d’illusions sur la portée pratique de ces expériences; même si on obtenait des résultats positifs, comme dans les expériences si intéressantes de Laveran et Franchini et de Fantham et Porter, avec des Flagellés d’autres Insectes, on pourrait simplement conclure que les parasites de l’intestin des Arthropodes, introduits accidentellement chez les Vertébrés, peuvent s’y adapter. S’il s’agit d’Arthropodes suceurs et si, ce qui n’est pas toujours le cas, leurs Flagellés parasites ont des formes salivaires infectantes, réalisant les premiers pas de l’adaptation au Vertébré, ces Flagellés, dans 1 avenir, auront deux hôtes, le primitif et le secondaire. Il est naturel, dès lors, de supposer qu’un grand nombre d’Hémotlagellés n ont pas eu d’autre origine. Dans notre cas spécial, on ne peut cependant pas supposer que le Leptomonas de la plante puisse jouer le rôle d’agent de quelque maladie animale, parce que 1 Hémiptère est exclusi- vement phytophage. Collares, mars 1920. APPENDICE (1) Espèces de Stenocephalus Latreille connues dans la région paléarctique : 9 1. St. midi us M. R Europe moyenne, Italie, Asie Mineure, Caucase, Turkestan. Var. brevis llorv. . . . Caucase. 2. S \ sibericus Jak Turkestan, Sibérie. 3. St. crassicornis Horv Asie Mineure. (1) Nous devons cette liste à l’amabilité de M. E. de Bergevin, le savant Hémiptérologiste d’Alger. 462 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR 4. St. agilis Scop Var. femoralis Monath . . Var. marginicollis Puton. 5. St. robustus Jak 6. St. tunetanus Ilorv. . . . . . 7. St. divulsus Horv 8. St. prunosus Ilorv. . 9. St. ferghunensti Horv 10. St. setulosus Terr 11. St. albipes Fabr 12. St. marginatus Terr 13. St. Putoni Horv 14. St. simidiatus Jak 15. St. Bianchii Jak 16. St. femoralis Kent 17. St. Horvathi Kent 18. St. pallidus Sign Europe moyenne et méridionale, Cana- ries, Nord-Afrique. Canaries, Algérie. France méridionale, Péninsule ibérique. Caucase. Algérie, Tunisie. Turquie, Grèce. Autriche. Perse, Turquie, Turkestan. Algérie, France méridionale, Russie, Asie Mineure, Crimée, Caucase. Europe moyenne et méridionale, Maroc, Asie Mineure, Syrie, Crimée, Caucase. Perse, Turquie, Turkestan. Syrie. Perse. Perse. Chine septentrionale. Chine septentrionale. Egypte, Arabie. BIBLIOGRAPHIE I. — Sur la morphologie de L. Davidi dans le latex (1). A. La font, Sur la présence d’un Leptomonas, parasite de la classe des Flagellés, dans le latex de trois Euphorbiacées. Ces Annales , t. 24. A. Laveran et F. Mesnil (1912), La Flagellose des Euphorbes, in Trypanoso- mes et Trypanosomiases, Masson, Paris. C. França (1914), La Flagellose des Euphorbes. Arch. fur Protistenkunde. A. Visentini (1914), La Flagellosi délia Euphorbia .in Italia. Rend, delta R. Accademia dei Lincei , Vol. 23, 5e série, fasc. 12 II. — Sur les genres Herpetomonas , Leptomonas et Crithidia. O. Bücschli (1889), Protozoa. Mastigophora, I Band, II Abtheilung. Bronns Klass. und. Ordn. des Thierreichs , p. 813, fig. 1 a-g , pl. XL. G. N. Calkins (1909). Protozoôlogy, p. 233. A. Castellani et A. J. Chalmer^ (1910). Manual of Tropical Medicine, p. 274. F. Dofleix (1911), Lehrbuch der Prolozoenkunde. E. A. Minchin (1912). An Introduction to the Study of the Protozoa, p. 282. S. Prowazek (1914), Die Entwicklung von Herpetomonas. Arb. a. d. Kais. Gesundheitsamte , t. 20. (1) La bibliographie complète, jusqu’en 1914, se trouve dans la partie I de ce travail. LA FLAGELLOSE DES' EUPHORBES 463 F. G. Novy, AV. J. Mac Neal et H. N. Torrey (1907), The Trypanosomas ol mosquitoes and otlier Insects. Journ. of Infections Diseases, vol. 4, n° 2. W. S. Patton (1908). Herpetomonas Lygæi. Arch. für Protistenkunde , t. 23. AV. S. Patton et C. Strickland (1908), A critical review of the relation ol blood-sucking Invertebrates to the life cycles of the trypanosomes ol Vertebrates. Parasitology, vol. 1, n° 4. E. Chatton et E. Alu. aire (1908), Coexistence d’un Leptomonas ( Herpetomonas et d'un Trypanosoma chez un muscide non vulnérant, Drosophila confusa Staeger. C. R. Soc. de Biol., 6 juin. AV. S. Patton (1909), The Parasite of Kala-Azar and allied organisms. Lancet , 30 janvier. S. Provazek (1909), Kritische Bemerkungen zum Trypanosomenproblem. Arch. f. Sclvffs- und Tropen Hygiene , t. 13. D. L. Macktnnon (1909), Note on two new Flagellate Parasite in Fleas « Her- petomonas ctenophthalmi » n. sp. and « Crithidia histrichopsyllæ » n. sp. Parasitology , vol. 2, n° 3. E. Chatton (1909), Sur un Trypanosomide nouveau Leptomonas agilis, d un Réduve indigène HarpacLor iracundus Scop.). C. R. Soc. de Biol., 12 juin. E. Chatton (1909), Sur un Trypanosomide nouveau d’une Nyctéribie, et sur les relations des formes Trypanosoma , Herpetomonas, Leptomonas et Crithidia. C. R. Soc. de Biol.. 3 juillet. A. Porter (1910), The life-cycle of « Herpetomonas jaculum » Léger, parasitic in the alimentary tract of « Nepa cinerea ». Parasitology , v. 2, n° 4. D. L. Mackinnon (1910), Herpetomonas from the alimentary tract of certain dung-flies. Parasitology, vol. 3, n° 3. AV. S. Patton (1910), Experimental infection of the Madras basaar fly Musca nebulo by Herpetomonas muscæ domeslicæ (Burnett). Bull. Soc. Pat h. exo- tique, t. 3, n° 4. H. AI. AA oodcock (1911), A Replv to Miss Porter’s Note entitled Some Remarks son the généra Crithidia, Herpetomonas and Trypanosoma. Parasitology , vol. 5, n° 2. C. Strickland (1911), Description of a Herpetomonas parasitic in the alimen- tary tract of the common Green-bottle Fly, Lucilia sp. Parasitology, vol. 4, n° 3. N. B. Fantham (1912), Herpetomonas pecliculi, nov. sp. parasitic in the alimen- tary tract of Pediculus vestimenti, the Human Body Louse. Proc. Royal Society , B, vol. 84. E. Hindle (1912), AATiat is the genus Leptomonas Kent? Parasitology, vol. 5, n° 2. Gn. Zotta (1912), Sur un Flagellé du type Herpetomonas chez Pyrrhocons apte- rus. Ann. Sc. de V Université de Jassy, t. 7. M. Robertson (1912), Notes on some Flagellate infections found in certain Hemiptera in Uganda. Proc. Royal Society , B, vol. 85. AV. S. Patton (1912), Studies on the Flagellâtes of the généra Ilerpetnmo- nas, etc., n° 1. The morphology and life Ilistory of Herpetomonas culicis, Novy, Mac Neal and Torrey. Scienlif. memoirs of Gov. of Indra, Calcutta. A. Alexeief (1913), Introduction à la révision de la famille Herpetomonadidæ Trypanosomidæ Doilein (1911)]. Arch. f. Protistenkunde, 29. H. B. Fantham et Annie Porter (1913), Herpetomonas Stral.iomyiæ, n. sp., a Flagellate parasite of the Flies, Stratiomyia chameleon and S. potamida , with remarks on the Biology of Horts. Ann. of Tropical Med. and Para- sita vol. 7, n° 4. 464 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR G. Fhanchini (1913), Nouvelle contribution à l’étude ae Hæmocystuzoon brasi- liense. Bull. Soc. Path. exotique , t. 6, n° 5. III. — Sur le transmetteur de L. Davidi : A. Lafont (1911), Sur la transmission du Leptomonas Davidi des Euphorbes par un Hémiptère Nysius euphorbiæ. C. P. Soc. de Biol., 14 janvier. G. Rouiît et E. Roubaud (1911), Sur la présence au Dahomey et le mode de transmission du Leptomonas Davidi Lafont, Flagellé parasite des Eu- phorbiacées. C. R. Soc. de Biol., 14 janvier. •L Roduain, C. Pons, F. Van den Bhanden et J. Becquaert (1913), Leptomonas Davidi et Trypanosamides non pathogènes d'insectes divers, in Rapport sur les travaux de la mission scientifique du Katanga , Bruxelles. F. Mesnil (1913), Hémiptères des Euphorbes parasitées de Leptomonas Davidi. Bull. Soc. Path. Exotique, L. 6, n° 5. IV. — Sur la connexion possible entre la Flagellose et cer- taines Zoonoses : n B. Fantham (1915), Insect Flagellâtes and the évolution of disease, with remarks on the importance of comparative methods in the study of Protozoologv. Ann. of Tropical Medicine and Parasilulogy , vol. 9, n° 2. I.A FLAGELLU^E DES EUPHORBES 465 EXPLICATION DES PLANCHES Toutes les figures des planches ont été dessinées avec le même grossis- sement, au moyen du grand appareil à dessiner d’Abbe, obj. imm. hom. 1/12 et oc. 4 Zeiss. Seules, les figures 5 et 14 ont été dessinées avec l’oculaire 12. PLANCHE XIII a à d. — 1 à 3. — 4 à 28. — 23. — 29. — 30 à 35. — 36. - 37 et 38. — Herpetomonas muscæ domesticæ Burn. Leptomonas Davidi , formes du latex de E. segetalis. Formes du mesenteron de Stenocephalus agilis. Infection expéri- mentale de 3 jours. Formes en copulation? Forme géante du mesenteron de Stenocephalus. Infection nalu- relle. Mesenteron de Stenocephalus. Infection expérimentale de 8 jours». Kyste de la trompe de Stenocephalus. Infection naturelle. Formes kystiques du mesenteron de Stenocephal-s. Infection naturelle. PLANCHE XIV Figures 1, 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 2 et 3. — Formes de Stenocephalus 9. Infection naturelle. — Glande salivaire. Formes salivaires. Comparer avec les figures 30 à 35 de la planche I. — Intestin postérieur. — Rectum. Différentes formes parmi lesquelles un kyste. — Stenocephalus agilis Ç. — Mesenteron. Stenocephalus 8. Infection expérimentale de 4 jours. — Euphorbia sege'alis. Accidents primaires. — Formes de Leptomonas davidi dans l’accident primaire. Les figures 4 et 6 de cette planche ont été dessinées par M,le Mamia Roque Gameiro, à laquelle nous voulons témoigner ici notre plus sincère gratitude. .71 ESSAIS D’INOCULATION DU PALUDISIYIE AU CHIMPANZÉ par F. MESNIL et E. ROUJBAUD (Avec la planche XV. ) L’homme est-il le seul mammifère capable de contracter le paludisme? En dehors de son intérêt purement scientifique, ce problème a aussi un intérêt pratique, car s'il existait dans la nature des animaux susceptibles de conserver le virus et de le repasser a l’homme par l'intermédiaire des moustiques, la pro- phylaxie du paludisme en subirait quelques modifications. La question peut être abordée de deux façons : en examinant les affinités des Plasmodium trouvés chez les singes et les autres animaux avec les hématozoaires humains, ou bien en cherchant à inoculer aux animaux les Plasmodium de l'homme. Depuis la mémorable découverte de Laveran, on a signalé, chez un grand nombre de Vertébrés, des infections naturelles produites par des parasites tellement voisins de ceux du palu- disme qu’il convient de les classer dans le même genre Plas- modium [Hæmamœba Lav. s. s.). Tels sont les « Proteosoma » des Oiseaux, connus dès 1885. Tels sont aussi les^parasites endo- gtobul aires pigmentés d’un nombre de mammifères qui va en croissant chaque jour. On connaît, à l’heure actuelle, plusieurs espèces d ^Plasmo- dium parasites des Chéiroptères (chauves-souris) ; le PL vassali Lav. d’écureuils de l’Indochine ; le PL brodeni Rodh. et Coll, d’un insectivore, Petrodromus tetragenus ; le PL cephalophi d’une antilope, Cephalophus grimmi, et le PL bubalis du buffle de l’Inde. On connaît aussi plusieurs espèces de Plasmodium parasites des singes : ce sont les plus intéressants à considérer ici. Il y a d’abord le PL kochi Lav., signalé par Ivoch en 1898 et décrit par Kossel chez divers singes d'Afrique. On a rapporté à INOCULATION DU PALUDISME AU CHIMPANZÉ 407 cette espèce unique, sans preuve décisive, les parasites trouvés chez les cynocéphales (g. Papio ), les cercopithèques et les Cer- cocebus , et même ceux observés par Lühe dans des préparations de sang de chimpanzé rapportés du Cameroun par Ziemann. En 1907, Halherstâdter et Prowazek ont décrit deux espèces nouvelles; PL pitheci , trouvé chez l’orang-outang à Bornéo, et Pl. inui chez des macaques de la même île : M. cynomolgus et nemestrinus. 11 y a des raisons de croire que c'est cette dernière espèce que, presque simultanément, M. Mayer décrivait sous le nom de PL cynomolgi. En tout cas, ces parasites des macaques ont été revus par plusieurs auteurs et ont donné lieu à des tra- vaux intéressants. En 1908, Gonder et von Berenberg-Gossler ont fait connaître le Pl. brasilianum d’un singe du Nouveau-Monde, Brachyurus calvus. Enfin, tout récemment, Knowles, aux Indes, a décrit un PL semnopitheci qu’il a observé dans des conditions intéressantes que nous relaterons plus loin. Tous ces parasites sont particulièrement instructifs à consi- dérer en raison de la parenté de l’homme et des singes. La mor- phologie ne permet pas de décider à coup sûr si ces parasites constituent des espèces dilférentes les unes des- autres et diffé- rentes des parasites humains : leur cycle évolutif est malheu- reusement inconnu ; on n’est même pas sûr qu’il s’accomplit chez le moustique. Il convient donc, pour élucider le problème posé, de s’en rap- porter à la méthode expérimentale proprement dite. En cher- chant à réaliser des passages d’animal infecté à animaux sains de la même espèce ou d’espèces plus ou moins voisines, on doit pouvoir déterminer le champ d’action de l’espèce d’hé- matozoaire en question et établir ainsi les identifications pos- sibles. Les données recueillies dans cet ordre d'idées sont encore peu nombreuses. Il n’est pas démontré que le PL kochi soit le seul parasite des singes africains. En particulier, rien ne dit que le parasite du chimpanzé décrit par Lühe (1) appartienne à (1) Lühe, in llandb. der Tropenkranlch . , I1 *’8 édit., t. 3, 1906, p. 223 et pl. VIII, figures 29-32. 468 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR celte espèce. Von Berenberg-Gossler (1), qui a observé l’infec- tion chez des Cercocebus fuliginosus et des Cercopithecus calli- trichus (« singes verts »), l’a reproduite expérimentalement chez d’autres Cerc. fuliginosus. Le PI. pitheci de l’orang-outang, inoculable à cette espèce, n’a pu l'être ni au gibbon, ni aux « singes inférieurs » (vrai- semblablement macaques) (2). Le champ d’action du Pl. inni seu cynomolgi est mieux déter- miné, grâce surtout aux recherches de M. Leger et Bouilliez. Mayer (3) avait vu précédemment que le parasite du Mac. cynomolgus peut être inoculé avec succès aux Mac. cynom. et rhésus , « ainsi qu’aux cercopithèques ». L°ger et Bouilliez (£) ont réussi, à l’Institut Pasteur, à infecter, par inoculation sous- cutanée de sang : 11 Mac. cynomolgus , 4 M. sinicus , 4 M. rhé- sus, 1 M . nemestrinus , — 1 Cercopithcus callitrichus , 2 Cerc. patas , 1 C. cephus , — 1 Papio anubis. Les résultats ont élé positifs dès la première inoculation, sauf pour 2 cynomolgus qui n’ont été infectés qu’à la seconde inoculation. Etant données ces constatations, il y a des chances pour que le Cercocebus fuliginosus , dont un individu a été inoculé à trois reprises sans succès, soit réfractaire (5) et qu’il en soit de même du chim- panzé, 2 individus ayant été inoculés chacun une fois avec de fortes doses de sang bien parasité. Si l’on ajoute, à cette dernière constatation, celle faite par Halberstâdter et Prowazek, en 1907 (6), que l’orang-outang est réfractaire au meme hématozoaire, on peut conclure que le Pl. inui n’étend pas son action aux singes anthropoïdes ni, selon toute vraisemblance, à l'homme. 11 ne l’étend pas non plus aux mammifères quadrupèdes, pas même aux Lému- riens. Ajoutons, pour être complets, que Vassal (7) a essayé sans (1) Von Berenberg-Gossler. Arch. f. Protislenk., t. 16, 1909. [2) Halberstaedter et von Prowazek. Arb. a. d. Kaiserl. Gesund l 26 1907. (9) M. Mayer Arch. f. Pro/istenk.. t. 12, 190.S, p. 314. (4) M. Leger et Bouilliez. Ccs Annales , t. 27, 1M3, p. 955. (5) Ce fait serait à rapprocher de ceux constatés en trypanosomiases, pour lesquelles les Cercocebus — et aussi les Papio — sont réfractaires. (6) Loc. cit. (7) Vassal. Ces Annule*, t. 21, 1907, p. 851. INOCULATION DU PALUDISME AU CHIMPANZE 4G9 succès d'inoculer par voie veineuse son parasite des écureuils [PL vassalï) à l'homme (1). Du résumé que nous venons de donner, se dégage que, par la méthode détournée des Plasmodium animaux, on n’a pu recueillir aucun argument tendant à faire croire que les Plas- modium humains peuvent infecter d’autres espèces animales. Voyons maintenant ce qu’a donné la méthode directe qui consiste à inoculer du sang humain parasité à des animaux divers. Pour apprécier les résultats, il convient d ahord de résumer les faits acquis en ce qui concerne 1 inoculation de sang d’homme impaludé à homme sain. Du grand nombre de travaux publiés à ce sujet (2), résulte que l’infection est généralement obtenue, surtout quand on utilise la voie veineuse ; mais la voie souc-cutanée a donné ausci,dans la majorité des cas, des résultat positifs. Les Plasmodium humains paraissent inoculables sous leurs diverses formes \ pourtant, Elting (3), qui a fait une des études les plus documentées sur la question, a eu des insuccès dans trois cas où il a employé du sang qui renfermait seulement des corp^ en croissant et des corps ovalaires (malades traités préalablement par la quinine). Mais d’autres observations paraissent prouver que les corps en croissant peuvent reproduire le paludisme soit sous forme de corps en croissant soit autrement. Le paludisme peut donc se transmettre facilement d’homme à homme par inoculation de sang. Dès les premiers travaux sur le paludisme, on a, bien entendu, tenté d’infecter les diverses espèces animales. Disons donc que, en dehors des singes, les résultats ont été constamment néga- tifs, qu’on se soit adressé ou non aux espèces (mammifères et oiseaux) dont on connaît des infections naturelles à Plasmodium. Signalons en particulier les tentatives de Vassal avec les Scia- nts d’Indochine, de Rodhain et Van den Branden avec les rous- settes, Cynonycteris straminea , du Congo. (1) On peut encore citer les essais d’infection de l’homme par les hémato- mais di Mattéi [Arch. f. Hyg., t. 22, 1915, iv, p. -SR) a opéré zoaires d’oiseaux; , , avec V Hæmoproteus du pigeon, qui n’est pas un Plasmodium. (2) Voir à ce sujet La.veran, Traité du 09 n The prévention of Malaria , pp. 66 et suiv. (3) Eltino. Zeitseh. f. klin. Med., t. 36, 1898. X , TJ U I V ‘J J ' 1 Traité du paludisme, 2e édit., p. 1 36 ; — R. Ross. 470 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Pour les singes inférieurs, nous relèverons les essais négatifs de Richard, de Fischer, de Rein, d’Angelini (avec Cynocephalus sphinx ), de di Mattéi (avec un macaque), de R. Koch, de H. Soulié (avec des singes préalablement dératés) (1), de M. Mayer (avec Mac. cynomolgus ) (2), celles toutes récentes de Knowles (macaques et Scmnopithccus entellus ) (3), enfin les recherches inédites de M. Leger avec des singes du Nouveau continent (Midas midas et Ateles pentadactylus). L essai d infection au semnopithèque a produit un résultat curieux . sans doute du fait du choc opératoire, cette inocula- tion a fait sortir, en moins de vingt-quatre heures, une infec- tion intense par un Plasmodium que Knowles considère, à juste titre, comme propre à ce singe et pour lequel il crée une espèce nouvelle. Nous devons mentionner spécialement l’échec de Koch dans son essai d’infection des singes anthropoïdes. Aux Indes néer- landaises, Koch (4) a eu à sa disposition trois orangs-outangs et quatre gibbons (3 Hylobates agilis et 1 H. syndactylus). Malgré les injections répétées de sang de tierce bénigne comme de tierce maligne, aucun parasite n’a été reconnu à l’examen du sang des anthropoïdes. Koch conclut que l’homme est le seul réservoir de virus du paludisme. Un point à retenir des expériences d’inoculation d’homme à homme est la durée d'incubation. D’après Mannaherg, elle sciait pour la quarte de 13 jours 4, pour la tierce de onze jours, poui la pernicieuse de six jours et demi (schizontes) et de quatorze jours (croissants). D’après Rignami et Rastianelli, il faut compter trois à cinq jours pour la pernicieuse, dix à douze jours pour la tierce, onze à quinze jours pour la quarte(5). Les chiffres moyens ne di fièrent pas beaucoup de ceux donnés par Billet (6) pour l’infeclion naturelle; sur 31 cas qu’il a réunis, 1 incubation (début des manifestations fébriles) a oscillé entre dix et quinze jours, minimum six jours, maximum vin-t et vingt- trois jours. p. 140 et di Mattéi, Arch. f. Hyg., t. 22, 1895. (1) Voir Laveran. Loc. cit. (2) Mayer. Loc. cit. (3) Knowles. Indian Journ. of med. Res., t. 7, 1919, p. 195. (4) Koch. Deutsche mediz. Woch ., 1er février 1900, p. 88. 5) Voir Ziemann. Hanclb. der Tropenkrankh., lre édit. , ‘ t. 3,190F n. 'M9 (6j Billet. Bull. méd. Algérie , 15 juin 1901, p. 285. mW INOCULATION DU PALUDISME AU CHIMPANZÉ 471 9 Ces chiffres nous seront utiles -pour 1 interprétation de nos résultats. De tout ce qui précède, ressort clairement qu un Plasmodium déterminé ne s’attaque qu'à une seule espèce ou a un petit nombre d'espèces voisines ; l'extension la plus grande a été trouvée pour PL inui qui est infectant et en même temps pathogène pour des représentants divers de la grande famille de singes catarrhiniens des Cercopithecidæ comprenant macaques, cercopithèques et cynocéphales. Il était vraisemblable a priori , et l'expérimentation l’a confirmé, que les Plasmodium humains ne sont pas inoculables aux singes catarrhiniens inté- rieurs. Mais il restait à approfondir la question de la sensibi- lité des singes anthropoïdes, déjà amorcée par les travaux de R. Koch. Nous avions à notre disposition, en 1917, un chimpanzé, depuis plusieurs années à l'Institut Pasteur, et nous avons pu nous procurer un second individu. D autre part, le Service de la place de Paris, dirigé par le médecin principal Marchoux, nous envoyait à cette époque, pour diagnostic microbiologique, un grand nombre de soldats rapatriés de l'Armée d’Orient ren- fermant dans leur sang les divers types de parasites. Nous avons cru devoir profiter de ces circonstances favorables pour apporter notre contribution au problème posé. Dans une note préliminaire (1), nous avons fait connaître nos premières constatations. Nous donnons ici nos résultats complets avec documents à l’appui. Pour ces expériences, le sang humain était recueilli à la veine du coude. 10 cent, cubes environ étaient prélevés et mélangés à volume égal d’eau physiologique citratée de façon à prévenir la coagulation. Dans le quart d’heure qui suivait, ce sang était injecté dans la veine du bras ou de la jambe du chimpanzé : Nous avons choisi la voie veineuse comme étant la plus sine pour l'infection. Le même animal étant inoculé plusieurs lois, pour chaque réinoculation, la précaution était prise, a^n d’éviter des accidents anaphylactiques possibles, d’injecter j (1) Mestmil et Roubaud. C. R. Acad . Sciences , t. 165. 2 juillet 1917, p. 39. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR J abord une petite dose de sang citrate, puis, quelques minutes après, le reste du sang. Nous n’avons jamais eu le moindre accident. Le sang de nos animaux était examiné journellement, soit en Irottis, soit en goutle épaisse, après coloration appropriée. Dès que 1 infection de notre premier chimpanzé a été reconnue, le sang a été examiné trois fois par jour. Pour ces longs et minu- tieux examens, nous avons eu le concours empressé des médecins-majors des troupes coloniales Vaillant, Bouilliez et J ’uveau-Dubreuil, particulièrement rompus à ces recherches, et du médecin auxiliaire Marcel Thomas, qui, rapidement, était devenu très expert dans la recherche di s hématozoaires. Première série d’expériences. Le Clnmpanzé femelle Céline, appartenant à la ménagerie de Institut Pasteur depuis plusieurs années (au moins quatre ans), a été le premier sujet de nos expériences. L'animal, de taille moyenne, était alors en assez bon état de santé, sauf une legere paralysie du train postérieur. Poids : 9 kilogrammes. Nous avons réalisé avec ce singe des expériences d’inoculation de sang humain à PL vivax, et des expériences d’inoculation de PL præcox par piqûres d’Anophèle infecté. Voici la série des expériences réalisées avec cet animal. Expériences d'inoculation du PL vivax Première inoculation. - Le 22 mai 1917, l’animal reçoit dans la veine du nli “rt CnV,"'0n 8 CenL CUbeS du sanSdu malade V..., dilué dans son volume eau physiologique citratée. Le malade a pris la veille au soir 0 gr 50 de q trame, mais le sang renferme, avec des gamètes, des scliizontes de PL i ivcli qui ne paraissent pas altérés. ,leL37.nlm,l.eSt,S"ivi a'eC S0in du 23 mai au « Juin- Les températures varient a 38 o. Aucun parasite n est vu dans le sang Deuxieme inoculation : Résultat positif. — Le 6 juin, le chimpanzé est aprèTL's'gnrt^'1100?110,11- ^ ^ ** ^ minutes 1 . ' a saignée, 8 a 9 cent, cubes de sang du malade P..., dilué dans son volume d eau citratée. Les conditions sont plus favorables que la première fois : le malade donneur de virus n’a pas pris de quinine; il se trouvé en 'em aoces- avec présence dans le sang de nombreux parasites de la tierce beuigne à tous stades, en particulier de rosaces. L’examen journalier du sang du chimpanzé, pratiqué avec beaucoup de soin, est négatif du 7 au INOCULATION DU PALUDISME AU CHIMPANZÉ 473 16 juin inclusivement. Le 18 juin, les premiers hématozoaires apparaissent dans le sang et l’animal, examiné tous les jours, se montre infecté jusqu’au 27. A partir de cette date, tous les examens sont désormais négatifs aussi bien sur frottis qu’en goutte épaisse. Nous donnons plus loin les caractères des formes rencontrées et la marche de l’infection. rI roisiè.vir inoculation. — Après trois semaines d’observation, l’animal ayant paru guéri de son infection, nous l’avons soumis le 17 juillet à une troi- sième inoculation de sang virulent. 10 cent, cubes de sang du malade B... (tierce bénigne, très nombreux schizontes) ont été inoculés dans la veine. Suivi régulièrement jusqu’au 15 août, le singe n’a plus présenté aucun parasite. Les températures dans le mois correspondant n ont pas dépassé 37°7. Expériences d'infection par PI. præcox par piqûres d Anophèles Le chimpanzé n’ayant plus présenté aucun parasite et paraissant définiti- vement guéri de son infection à PL vivax , nous avons tenté de l'infecter par le parasite de la tropicale en le faisant piquer par des Anophèles expéri- mentalement infectés. Le 17 septembre, le singe a été piqué par un premier Anophèle, A. maculipennis, nourri le 30 août auparavant sur un malade porteur de gamètes, et par un deuxième Anophèle infecté dans les mêmes conditions le 3 septembre. Ces deux moustiques examinés l’un quatre heures après la piqûre, l’autre sept jours plus tard, ont manifesté tous deux une infection massive des glandes salivaires par les sporozoïtes du Plasmodium. Le chimpanzé, suivi régulièrement jusqu’au milieu d’octobre, n’a pas contracté d’infection apparente. Il est mort le 19 octobre. A l’autopsie : lésions de pneumonie. Rien de particulier à la rate et au foie. Abcès osseux lombaire. Déformation des membres postérieurs. Décal- cification générale, spécialement du crâne. Deuxième série d’expériences. Vers la fin de juin, nous avons pu nous procurer un jeune chimpanzé mâle récemment arrivé d’Afrique et très vigoureux malgré des atteintes de gale qui ont rétrocédé rapidement après traitement. Dès son arrivée, l’animal a été mis en surveil lance pendant une vingtaine de jours. Il n’a jamais montré d'hématozoaires pouvant prêter à confusion avec les Plasmo- dium malariens (1). Nous avons répété sur ce singe des expé- riences analogues aux précédentes. Expériences d'inoculation de sang humain parasité. Première inoculation. Croissants seuls. — Le 17 juillet, l’animal qui pèse 7 kilogr. 750 est inoculé dans la veine du pli du coude avec 12 cent, cubes (1) Il renfermait de rares microfilaires du type Mf. perstans, déjeà plusieurs fois signalé chez le chimpanzé. 474 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR du sang du malade B..., dilué dans son volume d’eau physiologique citralée. Le sang renferme des croissants très nombreux sans schizontes. Le malade a pris environ une heure auparavant 25 centigr. de quinine. L’examen jour- nalier du sang est négatif. Deuxième inoculation. Croissants seuls. — Le 23 juillet, ayant eu à notre disposition un cas plus favorable (croissants nombreux), le chimpanzé est réinoculé avec une même dose de sang dilué du malade H... Ce malade n'a pas pris de quinine depuis dix jours; il n’a pas eu d’accès depuis un temps assez long. Le 26 juillet, un croissant à peine modifié est vu dans le sang du singe. Tous les examens ultérieurs pratiqués d’une façon suivie jusqu’au 20 août sont négatifs. La température a constamment oscillé de 36°7 à 37°5, sauf un maximum de 38° le 24 juillet. A aucun moment, n’ont été vues de jeunes formes. Troisième inoculation. Croissants seuls. — Le 23 octobre, le même chim- panzé est réinoculé. Il reçoit dans la veine du pli du coude 10 cent, cubes de sang citraté du malade D... (croissants nombreux, sans schizontes); 5 cent, cubes de la même dilution sont également donnés sous la peau. Le singe ne s’infecte pas. Les températures prises du 13 septembre au 20 octobre oscillent entre 37° et 37°6. Aucun parasite n’a été vu dans le sang. Quatrième inoculation. Croissants et jeunes schizontes. — Le 22 janvier, le môme chimpanzé est réinoculé avec le sang d’un cas très favorable de tierce maligne en évolution (malade L... en cours d’accès à Pl. prævox, présentant, outre les croissants, de petites formes assez nombreuses). Le singe reçoit dans la veine 12 cent, cubes de sang citraté, 6 cent, cubes sont, en outre, donnés sous la peau. Suivi jusqu’au 28 février, le singe ne s’infecte pas. Les températures ont constamment oscillé au voisinage de 37°. Aucun hématozoaire n’a été vu dans le sang. Essai d’inoculation de Pl. vivax. Première inoculation. — Ayant complètement échoué dans nos essais d’in- fection avec le Pl. præcox, nous avons alors essayé d’infecter notre animal à partir d’un cas favorable de tierce bénigne. Le 28 février, le chimpanzé II reçoit dans la veine du pli du coude 15 cent, cubes de sang citraté du malade X... (tierce bénigne en évolution; schi- zontes de vingt-quatre, trente-six heures assez nombreux ; gamètes). Suivi régulièrement jusqu’au 31 mars, le singe n’a jamais présenté de parasites. Essai d’infection à Pl. præcox par piqûres de moustique infecté. Outre ces essais d'infection par inoculation du sang virulent, nous avons également tenté d’infecter le chimpanzé par la voie naturelle du moustique. Le 21 novembre, le singe a été soumis à la piqûre d’un Anopheles macu- lipennis qui avait été nourri le 30 août sur un porteur de croissants. Le moustique examiné le 25 décembre a été reconnu porteur de sporozoïtes. Le chimpanzé piqué n’a pas contracté d’infection. INOCULATION DU PALUDISME AU CHIMPANZE 475 Caractères de l'infection expérimentale CHEZ LE CHDIPANZÉ N° 1. Il résulte de ces deux séries d’expériences que, seul, le premier chimpanzé a contracté une infection à PL vivax à la suite de l’inoculation intraveineuse de sang d’un paludéen en cours d’accès. L’infection réalisée chez notre premier chimpanzé, quoique de durée relativement brève, a été cependant très nette. Plusieurs générations de parasites ont été observées, avec cycle d’évolution régulier suivant le type tierce. Le 18 juin, à 13 heures, les formes ont été vues pour la première fois dans le sang. Ce sont de petites formes annulaires, scluzontes de trois à quatre heures, normaux, de Pl. vivax, à contour parfois régulièrement arrondi, mais le plus souvent irrégulier avec de légers prolongements pseudopodiques très nets. Le pigment est en général absent. Les hématies ne montrent pas encore de grains de Schüffner (Pl. XV, fig. 1, 2, 3). Le 19 juin, de 15 à 21 heures, les schizontes présentent l’aspect général des schizontes de tierce bénigne de trente à trente-six heures. Le pigment est très fin et peu abondant. Le corps chromatique apparaît déjà très souvent divisé en deux éléments irréguliers. Des grains de Schüffner très fins sont nettement visibles à la surface des hématies qui sont faiblement hypertrophiées (fig. 4-5). Quelques rares éléments à pigment plus abondant, à contour arrondi et corps protoplasmique plus fortement colorable, peuvent être interprétés comme des gamètes jeunes. Le 20, à 13 heures, réapparaissent de jeunes schizontes annulaires, incon- testablement de nouvelle génération bien que les stades de schizogonie correspondants n’aient pas été décelés avec certitude. Le 21, on assiste à l accroissement, d’ailleurs assez irrégulier, de cette nouvelle génération de parasites. On trouve, en effet, à 18 heures, à côté de petites formes annu- laires parasitant des hématies à peine pourvues de granulations de Schüff- ner (fig. 6) des éléments plus âgés, hémogrégariniformes (fig. 7, 8), et jusqu’à de grands schizontes dont le corps chromatique est souvent plus ou moins fragmenté (fig. 9, fl). A noter également, dans cette génération comme dans la précédente, la faible abondance des granulations mélaniques. C’est à cette date que l’infection sanguine a présenté son maximum. Les formes sont assez nombreuses, ei, en certains endroits des préparations, on peut rencontrer jusqu’à un parasite par champ d’immersion. Le 22 au matin (5 h. 30), les parasites montrent pour la plupart des modi- fications schizogoniques (fm. 12, 16) du corps chromatique qui est fragmenté en plusieurs éléments irréguliers dont le nombre varie de 2 à 4 au maximum. Nous n’avons pu observer de rosace typique. Mais dans l’après- midi, à 15 heures, apparaissent d’assez nombreux petits schizontes de troi- sième génération; certains d’entre d’eux présentent encore des contours arrondis, normaux ; mais beaucoup sont plus ou moins étirés, piriformes ou virgulaires, tandis que des signes de dégénérescence incontestables appa- raissent chez certains autres (fig. 19, 20) dont le corps chromatique se résoud en granules arrondis ou en filaments grêles. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 4:6 Le 23, on assiste à l’accroissement d'une partie des schizontes de cette génération; à 10 heures, on trouve des éléments hémogrégariniformes pré- sentant parfois une division précoce par étirement du corps chromatique; à 18 heures (fig. 22), des schizontes plus âgés, encore sensiblement nor- maux, mais les formes sont devenues plus rares que les jours précédents. Le 24, à 5 h. 30, on retrouve encore chez les schizontes une fragmenta- tion irrégulière du corps chromatique indiquant un début typique de schizo- gonie (fig. 2 i) ; à 14 heures, de jeunes schizontes annulaires (fig. 23), corres- pondant à une quatrième génération, sont à nouveau visibles, mais en petit nombre, associés à quelques schizontes âgés. Le 23, nous n'avons pu déceler que quelques schizontes de dix-huit heures; c'est le 26 que les parasites ont fait leur apparition dernière. De très rares schizontes ont encore été visibles en goutte épaisse, ainsi qu’un élément particulier où l’on reconnaît assez nettement cinq masses chroma- tiques irrégulières, inégales, et pouvant être interprétées comme résultant d une fragmentation schizogonique atypique (fig. 25). A partir du 27, aucun parasite n’a plus été vu dans le sang, ni dans les frottis, ni en gouttes épaisses. Ainsi, pondant la période de neuf jours, au cours de laquelle les hématozoaires ont constamment été visibles, quatre géné- rations successives de parasites ont pu être constatées nette- ment. 11 est à remarquer qu’à aucun moment de l'infection nous n’avons pu déceler de rosaces typiques. Les slades de division les plus avancés qu’il nous ait été donné de constater ne comportaient pas plus de trois à quatre masses chromatiques irrégulièrement disposées, sans délimitation nette encore de corps protoplasmique à leur contact, et sans constitution du reliquat pigmentaire (fig. 14-16). Les slades les plus avancés nous ont échappé, sans doute parce que leur apparition essen- tiellement fugace ne coïncidait pas avec le moment des prises de sang; il est à croire que le nombre des mérozoïtes produits n’a jamais dépassé de quatre à cinq. C’est par la réduction aty- pique des stades schizogoniques que ces parasites d’inoculation peuvent être surtout différenciés des parasites normaux du sang de l'homme. Il n’est pas sans intérêt de leur comparer les stades schizogoniques figurés par Halberstâdter et Prowa- zek (1) pour le Plasmodium de l’Orang [PI. pilheci). Malgré les différences générales, on trouve aussi, pour certains stades de ce parasite, des divisions irrégulières de la masse chromatique en un petit nombre d’éléments, avec absence de masse pig- mentaire centrale, comme c’est le cas pour le Pl. vivax évo- (1) hoc., cit. INOCULATION DU PALUDISME AU CHIMPANZÉ 4. i luant à la suite d'inoculation expérimentale chez notre chim- panzé. On pourrait à ce sujet discuter la réalité de notre infection expérimentale. Mais si Ton veut bien reprendre le détail des expériences et des observations exposées plus haut, on verra qu’à ce sujet le doute n’est pas possible. Jamais le chimpanzé avant l’expérience, ni après la date du 28 juin jusqu’à sa mort, n’a présenté d’hématozoaires. Si l’on élimine la première inocu- lation dont les conditions de réalisation n’ont pas été parfaites, les formes étant relativement rares et se trouvant sous l’influence de la quinine, on voit que l’infection s’est manifestée douze jours après la deuxième inoculation. Or nous avons vu plus haut que ce chiffre de douze jours apparaît comme un délai courant d incubation pour les inoculations dé sang virulent de tieice bénigne chez l'homme. Il est possible que la première inocu- lation, en déterminant la production d’hémolysines pour le sang humain, ait favorisé les résultats de la seconde. Enfin l’infection, quoique de durée très brève, a parcouru un cycle régulier, avec décroissance progressive du nombre 1 1 dégénérescence des parasites à partir du 21. La guérison a élé spontanée et l’animal paraît avoir acquis l’immunité pour une inoculation suivante. A aucun monunt de son infection, le singe n’a présenté de réaction fébrile marquée. Du 23 mai, lendemain de la première inoculation, au 6 juin, date de la seconde, les températures se sont maintenues constamment un peu au-dessus de la normale, oscillant entre 37 et 38,3; du 6 au 18 juin, date de la première 478 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR constatation des parasites dans le sang périphérique., le tracé se maintient encore à peu près dans les mêmes conditions ; au- dessus de la normale, on note un minimum de 37,6 le 12, un maximum de 38,3 les 7 et 9 juin, de 37,8 à 37,9 du 11 au 14, de 38 à 38,1 du 15 au 18. Au cours de la poussée parasitaire, au lieu de constater une ascension thermique, les températures sont plutôt inférieures en général à celles des semaines précédentes ; elles oscillent irrégulièrement de 36,3 à 38,3. Pendant la période qui va du 28 juin au 21 juillet, elles ont à peu près regagné la normale. Il y a donc eu, en somme, décroissance lente du tracé ther- mique depuis la période d’inoculation, sans rien de particulier pendant la période d’infection, comme on peut le voir par le graphique ci-avant. Résumé et conclusions. Des deux animaux que nous avons mis en expérience, l'un, chimpanzé femelle, depuis plusieurs années à l’Institut Pasteur, a contracté une infection légère, fugace, mais incontestable, à PL vivax inoculé par la voie intraveineuse, en partant du sang d’un paludéen en cours d'accès. Réinoculé vingt jours après la disparition des parasites, le singe ne s’est pas réinfecté. Le deuxième chimpanzé, mâle jeune, récemment importé en France, soumis à une inoculation analogue, n’a pas contracté d’infection. L’inoculation intraveineuse, au chimpanzé mâle, de sang humain renfermant tantôt uniquement des croissants, tantôt des croissants et des jeunes schizontes de la tropicale, n’a pas été suivie d’infection. Nous avons pu toutefois noter la persis- tance des croissants, dans le sang circulant de l’animal inoculé, pendant trois jours. Enfin les deux chimpanzés, piqués par des Anophèles infectés par le Pl. præcox , ne se sont infectés ni l’un ni l’autre. Il serait certes difficile de conclure de ces faits à la sensibi- lité réelle du chimpanzé à l’égard du paludisme humain, mais notre expérience positive permet cependant d’affirmer que ce type de singes présente un certain degré de sensibilité. Pour la première fois, on a pu constater la multiplication et le maintien INOCULATION DU PALUDISME AU CHIMPANZÉ 479 pendant plusieurs générations, d'ans un organisme animal, des Plasmodium du paludisme humain. Le fait, s’il n’a pas d’importance au point de vue de la conser- vation possible du virus paludéen dans la nature, n’en offre pas moins un intérêt incontestable au point de vue biologique. Il montre que les chimpanzés se trouvent à la limite de la résis- tance animale à une infection considérée jusqu’ici comme stric- tement humaine; c’est donc une donnée nouvelle qui vient s’ajouter à l’ensemble des caractères qni rapprochent si étroi- tement ces anthropoïdes de l’homme. On a souvent fait état de ces affinités en pathologie expéri- mentale. Notre expérience est en faveur de celte manière de voir. * 480 ANNALES DE L’INSTITLT PASTEÜH EXPLICATION DE LA PLANCHE XV Figuues 1-3. — 4-5. 6-11, — — 12-16. - 1 7-20. 21. — 22. — 23. 24. 25. — Jeunes schizontes du 18 juin, 14 heures. - Schizontes du 19 juin, 15 heures. - Fig. 5 : Division précoce du noyau. 1 Formes de deuxième génération, 21 juin, 18 heures, montrant accroissement progressif des schizontes (6-9} et le début de la division du corps chromatique (10-11). Formes du 22 juin, 5 h. 30. Début de la schizogonie. Fragmen- tation du corps chromatique en 2 à 3 éléments. Jeunes schizontes de nouvelle génération, 22 juin, 15 heures. Etirement atypique (17-18) et dégénérescence ( 1 9-20). Jeune schizonte du 22 juin, 18 heures, sensiblement normal. Schizonte du 23 juin, 18 heures. Forme de schizogonie du 24 juin, 5 h. 30, montrant 4 masses chromatiques irrégulières. Jeune schizonte de nouvelle génération du 24 juin, 14 heures Division précoce du corps chromatique. Elément atypique du 26 juin montrant une fragmentation anormale et irrégulière du corps chromatique et du cvto plasme. J Le Lèrant : G. Masson. Paris. - L. Na.mh.ox, imprimeur, 1, rue cassette. 8615. I Annales de l’Institut Pasteur. TOME XXXIV. PL. II. Mém. R. Legroux & Magrou Fig. 1 Gr = 1,5/1 Fi (|T ÏV 6 Gr z= 1,5/1 Laboratoire de Micrographie I. P . IMP. CATALA FRÈRES, PARIS. . ; . , . ' . , - ' : ■■ : . • . . *• ; • . . f \< / ■ ■ . v : V . , Annales de l’Institut Pasteur. TOME XXXIV. PL. III. Mcm. R. Legroux & Magrou mmgmm !s!&kJEsyïl3&* Fig. 7 Fig. y? ■* T. « K v 4 . • $ VV; Jgâpfr ^ sSÉfa^v' t V«P*£ :'s.*kb ihr.l Fig. 12. Gr, 640/1 iel t Constantm.lith.. lmp. L. Lafontaine . H > > Annales de l’Institut Pasteur 1 UMh XXXIV. PL. VIL \/T p m 1 ? f û rwA 1 1 ir Q r A f a . . m. i Fi U. 15 Fig. 16 TALA FRÈRES, PARI$, Laboratoire de Micrographie 1 . P îMP. CA Annales de l’Institut Pasteur. TOME XXXIV. PL. VIII. Mém. R. Legroux & Magrou Laboratoire de Micrographie I. P. 'MP. CATAIA FKÊAES, PARIS. inales de l’Institut Pasteur. f TOME XXXIV. PL. IX. Mém. R. Legroux & Magrou Fig. 20 Gr = 1000/1 \aboratoire de Micrographie I. P IMP. CATAl A f Râ AtS, PAU)»'. ' ■ ■ : V ■ ' ' » ' ■ . . • ; , . - * ■ . MH y. * ; •v.;i - , • Annales de l’Institut Pasteur. TOME XXXIV. PL. X. Mém. R. Legroux & Magrou Idg. 23 Fig. 24 Gr-=80/l Gr ~ 400/ 1 Laboratoire de Micrographie I. P. IM P. CATALA FRÈRES. PARIS. Annales de l’Institut Pasteur TOME XXXIV. PL. XL Mém. R. Legroux & Magrou Gr " 700/1 Fig. 26 Schématique Laboratoire de Micrographie I. P IMP. CATALA FRERES, PARIS. -m . , • ■ « :*• - • a •* :*• J Annales de l'Institut Pasteur. TOME xxxrv pl xü Fig. 2 8 Gr. 325/1 E.Budin del E.Budm et Constantin , lith. Imp. L. Lafontaine. Annales de l'Institut Pasteur Fig.2 8 Gr' 325/1 Annales de l'Institut Pasteur.' TOME XXXIV PL. XIII Mém. C. França lmp. L. Lafontaine . C. França dei. ■E.Bucün et Constantin , tith. -:A 1 . Annales de l'Institut Pasteur.. TOME XXXIV PL. XIV Mém C. França C. TYança R. GUELTON, Suc”. TXOTXIE^XTISSIEîTXIE&S IDIE3 IXTZDXSTI'X’TXT MASSON et C*e, Éditeurs, Libraires de l’Académie de Médecine 120, boulevard Saint-Germain, PARIS. Vient de paraître A. CÀLMETTE L’INFECTION BACILLAIRE ‘>5 LA TUBERCULOSE CHEZ L’HOMME ET CHEZ LES ANIMAUX a vol. gr. in-8° de 620 p. avec 28 figures et 25 planches en couleurs. 55 fr. net. MICROSCOPES MICROTOMES == CENTRIFUQEURS FOURNITURES GÉNÉRALES pour LABORATOIRES et Ateliers de construction d’Appareiis de précision Les Établissements POULENC Frères 133, Boulevard Saint- Germain — PARIS Siège social : 92, rue Vieille-du T emple Produits Chimips purs Réactifs, Liqueurs titrées Verre Français, marque LABO VERRERIE ORDINAIRE E? GRADUÉE DENSIMÈTRES THERMOMÈTRES APPAREILS chauffés au gaz, au pétrole, à l’électricité. Autoclaves et Étuves à culture COLORANTS FRANÇAIS, marque R. A. F, pour Microbiologie et Physiologie — H — ATELIERS DE CONSTRUCTION P°Ur APPAREILS DE CHIMIE, %%(. ^ BACTÉRIOLOGIE, \ Verrerie soufflée, graduée, porcelaine, terre, grès. e. ad mm 9 26 et 13, Rue Vauquelin = PARIS (Ve) = INSTALLATIONS COMPLÈTES DE LABORATOIRES ET IDE SALLES DO PÉRATIOISTS Fourniture de Produits chimiques — Matières colorantes Microscopes — Microtomes. NOUVELLES VERRERIES DS LABORATOIRE : IVeutra . Qualité léna. Fina. . . — Bohême. Y^erre. . — Courante. Produits français fabriqués par la Verrerie E. ADNET, 28, rue des Carrières, à Charenton, près Paris. — ENVOI FRANCO DU CATALOGUE ILLUSTRE — > K ppi I | CTI I V * INGENIEUR ■ Vôc V— I Ci w j des Arts et Manufactures PARIS — 64, Rue Gay-Lussac, 64 — PARIS Adresse télégraphique : YVIESNEGG-PARIS — Téléphone : 806-25. Autoclaves * stérilisateurs a air chaud * STÉRILISATEURS A EAU BOUILLANTE * ÉTUVES et BAINS-MARIE A TEMPÉRA- é i TURES CONSTANTES * ÉTUVES A CUL- TURES MICROBIENNES CHAUFFÉES PAR LE GAZ, L’ÉLECTRICITÉ ET LE PÉTROLE * RÉGULATEURS DE TEMPÉRATURE * * CHAMBRES Instituts PASTEUR ^ Av de Paris, Lille, etc.. et Instituts Bactériologiques de France et Etranger ^ INSTALLATION DE LABORATOIRES Projets, Devis Envoi franco des Catalogues sur demande ETUVES etc. APPAREILS a désinfec- tion. ^ Expositions Universelles Bruxelles 1891 : Grand Prix Paris 1900 : 2 Grands Prix Saint-Louis 1904 : Grand Prix Bruxelles 1910 : 2 Grands Prix Paris. — L. Marktheux, imprimeur, 1, rue Cassette. Août — N° 8 T. XXXIV. - — 1920. a? ANNALES 3>- DE L’INSTITUT PASTEUR FONDÉES SODS LE PATRONAGE DE M. PASTEUR V - ? è- PAR E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION Dr CALMETTE, sous-directeur de l’Institut Pasteur, Dr LAVERAN, membre de l’Institut de France ; Dr L. MARTIN, sous-directeur de l'Institut Pasteur; Dr ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; Dr VAILLARD, membre de l’Académie de médecine. PARIS MASSON ET Cle, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain (6e). Secrétaire de la Rédaction : Camille RAVE AU BIBLIOTHÉCAIRE DE L’INSTITUT PASTEUR 25, RUE DUTOT - PARIS (XV») Les annonces sont reçues à l'Économat d& l’Institut Pasteur. » PRIS» DE L’ABONNEMENT. — France : 32 francs; Union postale : 36 francs; Prix d’un Numéro : 3 francs. ABONNEMENT. — PRIX DES VOLUMES DES « ANNALES [» Prix de l’abonnement, à partir de 1920 France .... 32 fr. “ — — ■— Union Postale. 36 fr. Prix d’un numéro, — — 3 fr< Anvées antérieures. — Les années 1888, 1889, 1890, 1891, 1894 à 1896 sont épuisées Les années 1892, 1893 et 1897 à 1919 se vendent séparément 28 francs. Les années 1887 (volume I), 1893, étant très rares, ne se vendent pas séparémenl Tables des Matières, années 1887 à 1906, 1 vol., 10 francs. SOMMAIRE DU N° 8 Pyrexie mortelle à allure spéciale causée par un flagellé à la Guyane française, pa Marcel Léger Composition chimique du bacille tuberculeux, par A. Goris * Sur l’évolution de Sarcocystis mûris , par M. Marullaz “ JE Y ES ” seul véritable CRÉSYL EXIGER LE VRAI CRÊSYL-JEYE * Le seul d'une efficacité scientifiquement contrôlée et d’une innocuité absolue et constante LE MEILLEUR DÉSINFECTANT ANTIPARASITAIRE Cicatrisant rapide des plaies, blessures, etc. Indispensable pour l'Assainissement , la Désinfection et l’Hygiène des Habitations et de leurs Dépendances Le CRÉSYL-JEYES authentique possède ne pouvoir germicide considé rable, même en présence de matières protéiques. Non toxique, le CRÉSYL-JEYES se montre contre les Plaies un excellen antiseptique. Pour la désinfection des Locaux, les bons effets du CRÉSYL-JEYEt tiennent à ses remarquables propriétés BACTÉRICIDES et ANTIPUTRIDES. SAVONS ANTISEPTIQUES AU CRÉSYL-JEYES pour la TOILETTE et l’HYGIÈNE de la PEAU Société Française de Produits Sanitaires et Antiseptiques PARIS — 35, Rue des Francs-Bourgeois PARIS — $ - * Ingénieur des Arts et Manufactures ILEQUEUX Maison WIESNEGG, 64, rue Gay-Lussac, Paris 'ournisseur de l’Institut Pasteur et de la Faculté de médecine de Paris ‘HUSATEURS, ÉTUVES, APPAREILS DE DÉSINFECTION Installations de Laboratoires de bactériologie. Exposition univ. Paris 1900 : DEUX GRANDS PRIX ETABLISSEMENTS Produits, Procédés et APPAREILS, pour la lÉSINFECTION surface, en profondeur ! 'et par lavages ou’ trempages. GONIN APPROUVÉS par le Conseil supérieur d’Hygiène publique de France, AUTORISÉS conformément à la loi par M. le Ministre de l’Intérieur. H° 3 pour 15 m3 N0 4 pour 20 m3 UMIGATORS GONIN Cartouches auto-productrices d'aldéhyde formique 3ÉSYLOL SODIQUE GONIN - FLUOFORMOL GONIN NITIDOL GONIN rnTTTTT^O de tous chauffages, [fixes et transportables, à basse J- LJ V O température, sans pression, utilisant le formol. — Adresser toute la correspondance . le Direeteur les Etablissements GONIN 60, Rue Saussure, PARIS (17e) Adresse telégr. : FUMIGATOR-PARIS Têléph. : WAGRAM 4 7-23 FABRIQUE DE GRILLAGES pour Études Bactériologiques CHENILS ET VOLIÈRES Paul PIERRETTE Fournisseur de l’Institut Pasteur et de la Faculté de Médecine 17. rue Séguier , 17. Paris (0*) — 4 — LYS O L Lfc PLUS PUISSANT DES ANTISEPTIQUES-DÉSINFECTA DÉRIVÉS DU GOUDRON ENTIÈREMENT SOLUBLE DANS L’EAU Le LÏSOL, recommandé par les médecins et les savants les éminents, est le meilleur préservatif des maladies épidémiq Grippe» Influenza, Diphtérie, Fièvre typhoïde, etc. Les Dispensaires antituberculeux et, principalement, le Dispen modèle de Lille, fondé et dirigé par le Dr Calmette, emploien- Solutions Lysolées, de préférence à toutes autres, pour la tructiondes germes malfaisants des crachats et du linge des tubercu Savons île toilette antiseptips an LÏSOL, ponr ÉCOLES, CRECHES, DISPENSAIRES, eti Eau Dentifrice antiseptique au LYSOL Société Française du liYSC 65, rue Parmentier, à IVRY (Seine) Le seul autorisé par PASTEUR à porter son nom 2 Grands Prix (Exposition Universelle 1900) 5 Diplômes d’Honneur 12 Médailles d’Or Prix Montyon Médaille d’Or de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale. Le SEUL pouvant s'opposer efficace- ment à la transmission des maladies par les eaux de boisson. FILTRATION DE L’EAU BOUGIES DE POROSITÉS GRADUÉES POUR LABORATOIRES Siège social : 58, rue Notre-Dame de-Lorette, PARIS SOCIÉTÉ D'INSTALLATION ET DENTRETIE 1, Rue Godot-de-Mauroi (POUR PARIS ET LA BANLIEUE) 34e ANNÉE \ a t tt jncm ANNALES DE L’IN STITUT PASTEUR PYREXIE MORTELLE A ALLURE SPÉCIALE, CAUSÉE PAR UN FLAGELLÉ A LA GUYANE FRANÇAISE par Marcel LÉGER. (Avec la planche XVI.) Du chaos des affections fébriles, à évolution souvent grave parfois mortelle, qui sévissent avec plus ou moins d’intensité dans les contrées septentrionales de l’Amérique du Sud et une les Indigènes englobent volontiers sous le terme vague de « Fièvres des bois », il a été possible, grâce aux recherches microbiologiques, d’individualiser successivement un certain nombre de maladies distinctes. Le Paludisme, avec ses trois hématozoaires, Plasmodium uvax, PI. præcox, PL nialartæ, constitue de beaucoup le lot le plus important. L’endémie palustre règne en maîtresse incontestée dans cette zone équatoriale du continent améri- cain que délimiterait, au nord comme au sud, le 10' degré de latitude (Panama, Colombie, Venezuela, Equateur, Guyanes anglaise, hollandaise et française, parties septentrionales du Pérou, de la Bolivie et du Brésil). Les fièvres imputables à Filaria Bancrofti , avec leur cortège habituel de lymphangites à répétition et d’éléphantiasis, sont également réparties de façon à peu près uniforme. 32 482 ANNALES ÜE L’INSTITUT PASTEUR Il en est de môme du Pian, au cours duquel la fièvre est habituelle, et dont l’agent pathogène, le Treponema pertenue Castellani, a été rencontré partout où il a été recherché. La lièvre récurrente, causée par Spirochæta Novyi Schellack, a été identifiée en Colombie (Robledo) (1), au ^ enezuela (Te- jera) (2), au Pérou (Ribeyro). La trypanosomiase américaine, due à S c hizotrxjpanum Cruzi , découvert en 1909 par Chagas (3) dans 1 Etat de Minas, existe aussi dans la région brésilienne de 1 Amazone, au Venezuela (Tejera) (4), au Pérou (Escomel) (5). La fièvre ondulante a été diagnostiquée de façon précise, au Venezuela, par l’isolement du Micrococcus melitensis. De la Verruga péruvienne, les recherches de Strong et colla- borateurs (6) ont récemment (1915) séparé la maladie fébrile accompagnée d’anémie intense, qu on observait en même temps que les boutons dits des Andes. Cette maladie, « lièvre de Carrion », « fièvre d Oroya », constitue une entité morbide due aune infection des hématies par Bartonella bacilliformis. Darling (7), en 1906, a étudié, dans la zone du Canal de Panama, une infection mortelle, ressemblant cliniquement au kala azar par ses symptômes principaux : splénomégalie, ané- mie intense, leucopénie, fièvre irrégulière non influencée par la quinine. A l’autopsie de trois cas ont été rencontrés, au niveau des organes, des tubercules contenant des parasites particuliers, pour lesquels Darling créa un genre nouveau, Histoplasmci, et qui ont été ensuite reconnus comme des champignons et dénommés Cryplococcus capsulatus. L’histoire clinique du malade dont Franchini (8) a donné en 1913 l’observation nous retiendra davantage. Le sujet, un médecin italien mort à Bologne, avait séjourné dix-huit ans au Brésil et avait joui durant les quinze premières années d’une très bonne santé. Le faciès symptomatique s’est ainsi (1) Robledo. Bull. Pat h. exotique , 1909, p. 107. (2) Tejeha. Gaceta medica de Caracas , 15 avril 1919, p. 73. (3) C. Chagas. Mem. do Inst. Osic. Cruz , I, p. 159, 1909. (4) Tejeha. Bull. Pat/i. exotique, 1919, p. 509. (5) Escomel. Bull. Path. exotique, 1919, p. 723. (6) Stkong et collaborateurs. Journ. Amer. med. Assoc., 6 mars, 20 mars, 3 avril 1915. (7) Darling. Journ. of Amer, med . .Is.soe., 28 avril 1906. (8) Franchini. Bull. Path. exotique, 1913, p. 156 et p. 332. 483 n'KEXIE mortelle par un flagellé présente : Fièvre, au début par poussées irrégulières, devenue continue à la période terminale, précédée de frissons el suivie de transpirations abondantes; amaigrissement considérable; anémié 1res accentuée, avec leucopénie, sans éosinophilie- rate légèrement hypertrophiée; foie énorme, qui grossit jusqu’à atteindre I ombilic, par développement d’un kyste, du volume i une orange, à contenu fluide rougeâtre; douleurs très accen- tuées aux membres inférieurs et à la région sacrée ; trace d’al- bumine dans les urines; tuméfaction indurée et indolente à la région cervicale, de la grosseur d’un œuf de pigeon, non puru- lente comme le montra l’ablation, et qui récidiva à la même place. Franchini a mis en évidence dans le sang du malade un parasite qu’il a décrit sous le nom de Hæmocystozoon brasiliense. 11 reste encore, malgré tout, dans la partie du continent américain dont nous nous occupons, un certain nombre d'affections fébriles graves, dont les agents étiologiques sont inconnus. Ainsi, Castellani et Ghalmers (1) classent, dans un groupe dit de pseudo-kaia azar, quelques maladies chroniques, dont une est désignée, en Colombie, sous le nom de « Splénomégalie tropicale ». Fièvre irrégulière, rate énorme, foie volumineux, [roubles diarrhéiques, douleurs rhumatoïdes, parfois jaunisse ; lels sont les symptômes morbides conduisant à la mort ou par hémorragies intestinales ou par consomption. L’agent causal est inconnu. Dans un cas étudié à Ceylan et présentant des î essemblances avec cette splénomégalie colombienne, Castel- lani a trouvé des corps qu il a identifiés à des toxoplasmes, et pour lesquels il a créé l'espèce Toxoplasma pyrogenes. Cette « splénomégalie colombienne » aurait été observée au Venezuela, dans 1 Etat de Zulia, par Tejera (communication orale). A la Guyane française, où nous avons séjourné trois ans, nous avons été à même d’observer deux malades atteints de fièvres à allure bizarre, avec impossibilité de poser un dia- gnostic clinique satisfaisant la raison. Dans le piemier cas, il s agissait d une fièvre continue, d’une durée de plus de six mois, sans grand retentissement sur l’état Le/ d^ASr^91^NI ^HAL:VIERS‘ Mamtal of trop. MecLicine , 3e édit., Baillière et Cie, 484 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR général, non imputable au paludisme, comme le prouvèrent l’absence de parasites dans le sang et Uinefficacité absolue de la quinine. Cette lièvre, à fastigium peu élevé (d une manière générale 37°5 à 38° le matin, 38°5 à 39° vers midi, et, de nou- veau, à peu près 38° le soir), était déconcertante par sa régu- larité. La rate était palpable, mais non très grosse. Le foie était augmenté de volume, mais rien ne permettait de croire a une suppuration de l’organe. Léger subictère. Las d albumine dans les urines. Pas de troubles gastro-intestinaux notables. Le second malade est celui qui fait l’objet du présent mé- moire. Nous l’avons suivi de très près durant le dernier mois de son existence. Son affection fébrile ne répondait, comme évolution clinique, à aucune entité morbide jusqu ici décrite et nous avons trouvé dans le sang et sur frottis de foie des flagellés ne pouvant être rapportés à aucun hématozoaire connu (1). Ces cas de fièvres, sur lesquels on ne peut apposer aucune étiquette clinique, sont-ils nombreux à la Guyane française? Il appartiendra à d’autres que nous de le démontrer. Pour noire part, nous étions mal placé pour élucider la question; nous donnions nos soins à l’Hôpital colonial, presque uniquement aux fonctionnaires, dont beaucoup sont des Européens ou des Antillais, et ne voyions que fort peu d’autochtones, en parti- culier ceux séjournant dans les bois, qui se font admettre à l’Hospice civil. Dans cette étude, nous nous proposons successivement de présenter les documents cliniques recueillis et les observations parasitologiques faites, puis de discuter le diagnostic médical et la diagnose du flagellé auquel nous avons eu affaire. I. — Documents cliniques. % ' ^ys Le malade, qui fait l’objet de cette observation, est un Corse, T..., âgé de quarante- huit ans, fonctionnaire des Douanes. Il est en service à la Guyane depuis novembre 1907, c’est-à-dire depuis onze ans, et, durant ce long séjour colonial, n’a joui (1) Une note préliminaire a paru dans le Bull, de la Soc. de Pathologie exotique , 12, 1919, p. 80. 485 PYHEXIE MORTELLE PAR UN FLAGELLÉ que d’un seul congé en France, de juin 1912 à février 1913. Ses fonctions l’ont presque toujours retenu au chef-lieu, Cayenne: il n a passé que quelques mois dans un poste, en 1911, à Oya- pock, dans la région limitrophe du Brésil. Dans ses antécédents, il n’y a rien à relever, ni syphilis, ni alcoolisme, ni tuberculose. Il aurait eu du paludisme contracté à 1 Oyapock, mais s’en est complètement débarrassé durant son séjour en France en 1912. Jusqu’à la lin de l'année 1917, T... a joui d’une très bonne santé; il n’a jamais été qu’une seule fois hospitalisé, en 1915, pendant quatre jours pour « fièvre et embarras gastrique >>. En novembre 1917, il fait une nouvelle entrée à l’hôpital avec le diagnostic « courbature fébrile ». 11 est noté qu’il avait eu, les jours précédents, une fièvre violente, avec anorexie, asthénie marquée, troubles gastriques, ’sym- ptômes d’emphysème pulmonaire et douleurs hémorroïdaires. La fièvre étant tombée dès le lendemain de l’hospitalisation, le malade, très énergique, demande au bout de cinq jours à reprendre son (service. Dans son%ang examiné à deux reprises, il n’est pas rencontré d'hématozoaires du palm ludisme. Depuis cette époque, T... ne jouit plus de sa bonne santé habituelle. De temps à autre, à peu près toutes jles quatre ou cinq semaines, il constate l’apparition, sans prodromes bien nets, d’un accès fébrile, parfois violent et atteignant 40°, qui dure deux, trois ou quatreTjours sans rémission matinale marquée. La fièvre est accompagnée de douleurs du côté du foie, peu vives d’ailleurs, et d’un flux hémorroïdaire. La recherche, pratiquée en (plusieurs occasions, du Plasmodium du paludisme est restée négative. La quinine, prise tous les deux jours pendant plusieurs semaines de suite, n’a pas empêché l’accès suivant : A paitii du mois d août 1918, les accès de fièvre se rapprochent, se montrant tous les huit ou dix jours; leur durée n’excède pas trois jours, ils atteignent ou dépassent 40° dans la soirée. Les forces du malade l’aban- donnent de plus en plus. Il n est plus possible à T... d assurer son service et il se décide à revenir à l'hôpital. La période terminale de la maladie évolue sous nos yeux. A son entrée, le 8 octobre , le thermomètre marque 39°2 ; il avait atteint parait-il, la veille et l’avant-veille 39°5 Jet 39o8. Le malade est très déprimé! Il se plaint de gène respiratoire, 1 auscultation du poumon décèle quelques gros râles muqueux à la base. Le cœur est normal. Le foie est gros, débor- dant le îebord costal, sensible a la palpation profonde, mais non vraiment douloureux. La région de la vésicule biliaire indique une zone de matité assez large. La peau et surtout la sclérotique sont subictériques. Vomissements bilieux avec stries sanguinolentes, symptôme que le malade n’avait jamais encore présenté. La rate est hypertrophiée, non spontanément douloureuse ni sensible à la pression. A l’occasion des selles, émission de sang rouge vermeil, une cuillerée à café environ comme quantité chaque fois. Hémor- roïdes, mais peu importantes. Pas de gargouillements dans les fosses iliaques. Dans la circulation périphérique, on ne trouve aucun parasite. La formule 486 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR leucocytaire est la suivante : Polynucléés neutrophiles — 46,50 p. 100; Lym- phocytes = 50,50 ; grands mononucléaires = 3 ; Eosinophiles = 0. Le 9 octobre , dès le lendemain de l'hospitalisation, les vomissements cessent. La fièvre tombe à 37°5 le matin pour atteindre 38° le soir. Les symptômes pulmonaires s’amendent rapidement et disparaissent en peu de jours. Du 10 au 13 octobre, la température oscille entre 37° et 38°. Elle monte ensuite progressivement les deux jours suivants. Les 16 et 17 octobre, deuxième paroxysme fébrile (39°8 et 40°), pendant lequel le malade est dans un état d’adynamie très marqué. Les vomisse- ments constitués par de la bile et quelques stries de sang réapparaissent ; Il y a, de nouveau, des signes de congestion aux deux bases pulmo- naires. Du 18 au 21, la température tombe en lysis. Le malade présente une série de petites hémorragies intéslinales. Il souffre de douleurs articulaires erra- tiques au niveau de diverses articulations, principalement la hanche droite, puis à l'épaule gauche. Dans les régions douloureuses' ni rougeur, ni éléva- tion locale de la température. Du 22 au 28, la courbe oscille autour de la normale. Le 29 octobre commence un troisième paroxysme fébrile qui dure trois jours avec des températures vespérales de 36°6, 39°4, 39°3. On constate alors une diminution des bruits du cœur et un bruit de galop. Dans les urines, on trouve un léger degré d’albuminurie (0 gr. 15 par litre). Après centrifugation, l’examen microscopique montre des cellules de la couche superficielle de la vessie et des cellules urétrales. Fas de cylindres. Rares hématies intactes. Pas de gonocoques. Urée = 0gr. 25 par litre; Quantité des urines, un peu plus d’un litre. Une hémoculture pour la recherche des bacilles du groupe typhique reste négative. Séro-diagnostic également négatif. L’examen du sang indique une anémie extrême. Hémoglobine = 30 p. 100. Globules rouges = 1.370.000 par millimètre cube. Globules blancs = 16.000 par millimètre cube. La formule leucocytaire est toujours à physionomie, lymphocytaire. La recherche de l'hématozoaire de Laveran, faite presque tous les jours depuis la rentrée à l’hôpital, a toujours été infructueuse. Il n’a été vu non plus ni microfilaires, ni spirochètes. Dans les frottis du sang du 29 octobre, il devait être trouvé des flagellés extrêmement rares, dont nous aurons à reparler. Les matières fécales contiennent un peu de sang, mais pas de pus. Ni amibes, ni autres protozoaires. Œufs d’Ascaris très rares. Dans les crachats, absence de bacilles tuberculeux. Du 1er au 8 novembre , la température se maintient aux alentours de 38°. L’état général de T... reste mauvais, le malade a une teinte jaune paille. Le bruit de galop disparait, mais le cœur reste défaillant. Une poussée fugace de congestion des deux bases pulmonaires se révèle encore une fois, Il n’y a ni vomissements, ni hémorragies intestinales. Pas d’œdème des extrémités. Aucune douleur articulaire. Subitement, le 9 novembre, vers 8 heures, T... est pris de frissons violents. La fièvre monte graduellement et très rapidement jusqu’à 40°7, qu’elle atteint à midi. Elle baisse ensuite, accompagnée de sueurs profuses, jusqu’à 37°2. Dyspnée intense. Angoisse précordiale. Le malade tombe dans le collapsus et meurt à 13 heures. PYREXIE MORTELLE PA'Il IX FLAGELLÉ 487 Le traitement fut purement symptomatique. La quinine, administrée dans les conditions indiquées sur la courbe ther- mique, a été, durant le séjour à l'hôpital, d’un effet absolu- ment nul, comme elle l’avait été avant l'hospitalisation. L’autopsie fut pratiquée deux heures après la mort. Dans la cavité thoracique, les poumons furent trouvés absolument sains. Le cœur ne présentait aucune lésion valvulaire. Léger épanchement péricardique. Dans la cavité péritonéale, pas d’ascite. Le foie, pesant 2 kilogr. 500, était normal à la coupe. La vésicule biliaire était très distendue. La rate, de 400 grammes, était de consistance ordinaire, sans capsule adhérente. On ne trouva aucune ulcération ni aucune trace d'inflammation au niveau des intestins. Les reins étaient macroscopiquement sains. L’ensemencement de sang du cœur et de pulpe splénique, pratiqué dans le but de déceler le Micrococcus melitensis , resta stérile. Des frottis du foie montrèrent la présence, en nombre res- treint, de formes parasitaires avec ou sans flagelles, dont nous donnons plus loin la description. Les frottis de rate ou de muscle cardiaque ne laissèrent voir rien de particulier; les parasites y étaient encore infiniment plus rares. IL — Documents pakasitologiques (Planche X^ I). C'est à l’examen, sur frottis colorés au Giemsa, de la pulpe hépatique prélevée à l’autopsie que nous avons vu les formes parasitaires. Retrouvant, fort heureusement, une lame de sang prélevé le premier jour du deuxième paroxysme fébrile en vue de la recherche du Plasmodium paludéen, il nous a été possible également d’y voir, mais en nombre infiniment plus rare (exac- tement cinq), des formes parasitaires analogues. Les frottis de rate ou de muscle cardiaque étaient beaucoup moins démons- tratifs que ceux du foie. Nous avons d’abord été intrigué, au début de notre obser- vation microscopique, par des organismes libres, longs de 6 a 10 [x, qu’on aurait pu, au premier abord, prendre pour des Spirochètes, mais qui, plus épais, avec des ondulations peu 488 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR nombreuses et non de véritables spires, ressemblaient plutôt à des flagelles de trypanosomes mis en liberté. Ces flagelles n’adhéraient cependant jamais, par une de leurs extrémités, à des blocs de chromatine représentant les blépharoplastes, tels qu’on les voit souvent dans des préparations de Schizotrypanum Cru zi, parasite particulièrement fragile par étalement du sang. Mentionnons que ces flagelles étaient généralement à proximité immédiate de leucocytes mononucléés. Continuant avec patience notre observation, nous avons décelé des flagelles fichés dans des globules blancs de la série lymphatique, au nombre de 1, 2 et même 3 par élément, plus souvent dans les lymphocytes que dans les grands mononu- cléaires (fig. 22 et 23). Puis nous avons découvert, inclus partiellement ou entiè- îement dans les lymphocytes (fig. 21 et 22), des corps allongés, à protoplasma bleuté, qui présentaient un noyau ovoïde rou- geâtre et une seconde formation chromatique plus teintée ; un de ces corps montrait même un long flagelle libre. Il s’agissait, sans doute possible, d’un parasite flagellé phagocyté. Dans les grands mononucléaires, nous avons souvent noté des inclusions chi omatiques, mais elles étaient toujours méconnaissables. Il est probable que 1 englobement par le grand mononucléaire est aussi fréquent que parle lymphocyte, mais se laisse moins faci- lement surprendre, la digestion du parasite étant plus rapi- dement terminée. Enfin nous avons vu des hématozoaires libres. Ceux-ci se présentent sous cinq formes que nous allons décrire sans faire d’interprétations, tout en nous rendant compte des aspects en quelque sorte paradoxaux de certains des spé- 1 Des formes allongées avec flagelles libres. Extrêmement rares. Nous avons rencontré en tout cinq individus, deux dans le sang périphérique, trois dans le foie. En voici le détail : a) Corps protoplasmique bleuté avec condensation le long d un des bords, de 3 y. 5 de long sur 1 y. de large (fig. I). Les extrémités sont arrondies, la postérieure un peu plus allongée que l’antérieure ; celle-ci est prolongée par un flagelle de même longueur que le parasite. Dans la partie médiane du corps, se distinguent un noyau ovalaire rose et, immédiatement en PYREXIE MORTELLE PAR UN FLAGELLÉ 489 arrière, une baguette chromatique rouge grenat; ce blépharo- plaste est inclus clans une vacuole. Le flagelle libre ne part pas de ce blépharoplaste, mais d’un grain chromatique se trouvant tout près de l’extrémité antérieure. b) Trois parasites allongés (fig. 6, 7 et 8), longs respectivement de 4 p, 5 p, 6 p, et larges de 1 g à 1 p 5. Corps à protoplasma peu dense. Noyau à peu près central. Blépharoplaste placé en arrière ou à côté du noyau, dans ce dernier cas faisant hernie en dehors du corps, comme on peut l’observer sur des spécimens de Schizotrypanum Cruzi. Flagelle libre aussi long ou plus long que le corps; une seule fois il pouvait être suivi jusqu’au blé- pharoplaste. c) Parasite allongé (fig. 2), de 6 p de long sur 1 p de large, avec flagelle libre de 7 p. On n’y distingue aucune masse chro- matique pouvant représenter un noyau, mais par contre se voient deux formations sensiblement comparables, ayant la teinte grenat des blépharoplastes, et situées à l’extrémité opposée de celle d’où se détache le flagelle. 2° Des formes arrondies (5 à 6 p de diamètre) ou ovalaires (6à7pX3pà4Sp5), avec flagelles (fig. 3, 9, 10, 11, 12), d une rareté moindre que les formes allongées, sans être cepen- dant fréquentes. Nous en avons vu quatorze ou quinze durant nos observations microscopiques qui peuvent être évaluées à une vingtaine d’heures. Le protoplasma bleuté est vacuolaire et finement granuleux ; très exceptionnellement, on y distingue une ou deux masses chromatoïdes. Les noyaux sont ovoïdes ou arrondis, d'ordinaire juxta- centraux, assez volumineux, à chromatine inégalement condensée. Il y a parfois deux et même trois noyaux généra- lement inclus dans des vacuoles. Les blépharoplastes, de taille variable, sont très souvent péri- phériques. Nous les avons vus au nombre de un, deux ou trois dans un même élément, sans qu’il y ait correspondance entre leur nombre et celui des noyaux. Dans un cas, par exemple (fig. 9), il y avait noyau double et blépharoplaste unique ; dans un autre (fig. 10), noyau unique et blépharoplaste double. Ils peuvent manquer complètement. Les flagelles, de 6 à 8 p de long, au nombre de 1 , 2 ou 3, portent 490 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUIi généralement des blépharoplastes, mais tous les blépharoplastes ne fournissent pas de flagelles (on peut admettre qu'ils ont été détachés ou ne se sont pas colorés), et il peut y avoir plus de flagelles que de blépharoplastes (ce qui nous paraît difficilement explicable). Par exemple (fig. 12), dans une forme ovalaire, contenant trois noyaux dont deux encore réunis par un filament chromatique, il y avait un seul blépharoplaste et trois flagelles. Dans une autre forme, on voyait un noyau, un flagelle très long et pas de blépharoplaste, ni le moindre grain chroma- tique. 3° Des formes de même taille et de même aspect que les pré- cédentes, mais sans flagelles (fig. 4, 5, 13 à 19). Trouvées en nombre quatre ou cinq fois supérieur aux précédentes, elles peuvent présenter une encoche latérale. On y constate la pré- sence soit d’un noyau et d’un blépharoplaste, soit d’un noyau et de plusieurs blépharoplastes, soit de noyaux multiples sans blépharoplaste. Le blépharoplaste, plus ou moins gros, est en baguette ou ovalaire ; il est parfois accolé au noyau, il est parfois absolument à la périphérie. 4° Une forme doit être signalée à part (fig. 4); elle a été ren- contrée dans le sang périphérique. Ovalaire, de 7 a 3 sur 4 a, elle montre une extrémité en crochet mousse. Pas de flagelle. Dans le protoplasma faiblement teinté, on compte dix-huit petites masses de chromatine, chacune incluse dans une pelite vacuole. 5° Eniin des formes un peu plus volumineuses, de 8 à 10 u, que nous considérons comme des parasites en voie de dégéné- rescence. Les contours sont peu nets. Le protoplasma renferme de grandes vacuoles et a tendance à se condenser à la périphérie. Il y a quatre ou cinq noyaux, ou encore une poussière nucléaire disséminée dans toute l’étendue du corps. III. — Discussion des faits cliniques. A l’entrée de T... à 1 hôpital, il était logique d'incriminer le Paludisme , qui est d’une grande fréquence à la Guyane française. Les recherches faites par nous-même au moment des poussées fébriles antérieures avaient toujours été négatives, mais on devait se demander si elles avaient été faites dans de bonnes PYREXIE MORTELLE PAR UN FLAGELLE 491 conditions, c’est-à-dire si le malade disait la vérité en affirmant qu’il n’avait pas pris de quinine les jours précédant l'examen hématologique. De plus, T... affirmait s’être soumis tout un mois à un traitement quinine sévère (1 gr. 50 de quinine trois jours de suite par semaine), ce qui n'avait ni empêché l’éclosion d’une nouvelle poussée de fièvre, ni même diminué l’intensité de celle-ci. Les deux premiers jours de l'hospitalisation, l'hématozoaire de Laveran fut recherché minutieusement dans le sang prélevé à plusieurs reprises. 11 ne fut jamais trouvé. La fièvre d’ailleurs, malgré l'absence de quinine dans la médication, diminuait sensiblement dès le surlendemain. Si le traitement quinique fut alors repris (Voir la courbe ther- mique), ce fut pour avoir la certitude qu'il était sans action aucune sur la fièvre, et aussi pour agir moralement sur le malade et son entourage. Les recherches ultérieures du Plasmodium paludéen restèrent toujours sans succès. Devait-on croire à une fièvre typhoïde ou paratyphoïde? Les faits cliniques n'autorisaient guère ce diagnostic : manque absolu de stupeur, longue durée de la maladie, non-constatation de taches rosées, absence de gargouillements dans les fosses iliaques. Néanmoins, un confrère consulté inclinant à penser à une forme ambulatoire atypique de dothiénentérie, le séro- ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUU diagnostic et l'hémoculture sur bile furent pratiqués. Ils iniir- mèrent l'hypothèse. La trypanosomiase américaine ? Nous ne trouvions aucun des symptômes cardinaux de la maladie de Chagas .* œdème, en particulier de la face, hypertrophie du corps thyroïde, méningo- encéphalite. La fièvre par accès espacés, chacun de ceux-ci durant plusieurs jours, quon peut constater dans cer- taines formes chroniques de Ja maladie, pouvait seule y faire penser. La courbe thermique devait particulièrement attirer l’atten- tion sui une spirochétose, malgré l’étude des commémoratifs indiquant un début remontant à plus d’une année. La recherche de Spirochæta Novyi fut toujours vaine. La maladie, encore innommée, décrite par Franchini ? Nous n y avons pensé qu e post mortem , après l’examen de nos prépa- rations. Nous avons résumé plus haut les symptômes relatés. Ils ne rappellent que très vaguement, pour ne pas dire pas du tout, ceux que nous avons observés. En particulier, notre confrère a noté, a la période terminale, une fièvre continue ; son malade a présenté un kyste intrahépatique de nature indéterminée et une tuméfaction à répétition de la région cervicale. Par ailleurs, il n a eu ni ces poussées fugaces et très curieuses de congestion des deux bases pulmonaires au moment des paroxysmes fébriles, ni ces hémorragies intestinales fréquentes, que nous avons rencontrées. Il fallait aussi penser à la Fièvre ondulante. Le Micrococcus meh/ensis n a jamais été signalé à la Guyane, mais il exisle au Venezuela et aurait pu être importé. D’ailleurs notre malade était un Corse; la fièvre de Malte est à l'état endémique dans son ile d'origine, comme nous l'avons nous-même montré (1), et il avait, à plusieurs reprises, mangé du fromage de brebis venu de son pays; or on sait que le germe peut s’y conserver plusieurs semaines. G est à ce diagnostic de lièvre ondulante que, cliniquement nous nous étions arrêté : longue durée de la maladie, ressauts febnles pouvant être considérés, quoique un peu brusques, (1) M. Leger et Dominici-Urbani. 1913, p. 673. Bull. Soc. Path. exotique , 1912, p. 657, 493 PYREXIE MORTELLE PAR UN FLAGELLÉ comme des ondulations, poussées fugaces de congestion du côté des poumons, douleurs vagues rhumatoïdes au niveau des arti- culations, sans élévation locale de la température ni rougeur. Nous nous proposions de vérifier notre hypothèse par l'hémo- culture quand, au début du troisième paroxysme fébrile, la mort est survenue, tragique dans sa brutalité. Poursuivant notre idée, nous avons pratiqué l’autopsie de suite après la mort. Les ensemencements en bouillon de pulpe splénique et de fragments de foie restèrent stériles. Par contre les frottis d’organes, et en particulier du foie, montrèrent ce curieux flagellé que nous avons décrit. Nous ne nous attendions nullement à trouver un hématozoaire : c’est ce qui explique que nous n’ayions pas multiplié les frottis d’or- gane, ni prélevé de la moelle osseuse; si nos recherches avaient été complétées, nous aurions peut-être pu mettre en évidence le cycle évolutif du parasite en établissant la filiation des diverses formes rencontrées. Si, comme nous le pensons et l’expliquerons plus loin, ce parasite n’a jamais encore été signalé, nous serions en présence d une entité morbide particulière. Peut-être s’agirait-il de la Splénomégalie tropicale de Colombie, dont l’étiologie est incon- nue. Il y aurait en commun les hémorragies intestinales, les douleurs rhumatoïdes, la fièvre irrégulière, l’ictère. A quelle époque remonte l’infection du malade? En 1911, c est-à-dire près de six ans avant les premiers symptômes mor- bides, T... a séjourné dans la région de l’Oyapock, partie de la Guyane française voisine du Brésil. 11 y a vécu la vie de brousse, dans de mauvaises conditions hygiéniques et y a contracté des fièvres, attribuées, avec beaucoup de raison d’ailleurs, au paludisme. En contact intime avec les gens du pays et en par- ticulier ceux revenant de l’intérieur, il était exposé aux piqûres des insectes les plus variés. Depuis cette époque déjà éloignée, T... a toujours habité Cayenne, obligé seulement de faire de rares et courtes tournées dans la banlieue du chef-lieu. Le problème étant posé, on ne doit même pas chercher à le résoudre avec les seules données que nous possédons. 494 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR IV. — P LACE SYSTÉMATIQUE DU PARASITE. Sans pouvoir établir une série ininterrompue dans les formes parasitaires décrites, nous pouvons cependant avancer avoir rencontré un hématozoaire llagellé ayant un stade rappelant le stade Trypanosoma et offrant une évolution inhabituelle dans l'organisme de l'homme. Le blépharoplaste, d’abord postérieur au noyau, lui devient latéral, puis gagne franchement la partie antérieure, réalisant le type Leptomonas en passant par un stade Crithiclia. La multiplication paraît s’opérer alors par schi- zogonie. Le parasite s'arrondit plus ou moins. Le noyau et le blépharoplaste se multiplient. Dans les stades initiaux, les fla- gelles se peuvent constater; nous en avons rencontré jusqu'à trois. Jusqu’où va cette multiplication? La figure 4, dont nous avons donné précédemment une description, peut être inter- prétée comme un élément prêt à donner naissance à dix-huit . jeunes mérozoïtes. Plusieurs points restent obscurs. Comment expliquer que, dans les formes Trypanosoma ou Leptomonas , les llagelles ne se continuent pas toujours jusqu'aux blépharoplastes ou, tout au moins, jusqu’à leur proximité immédiate? Est-ce dû à une coloration insuffisante? Des aspects analogues se peuvent voir dans certaines cultures de flagellés d'insectes ou de Leishmania Donovani. Comment expliquer la discordance de nombre, dans les formes de multiplication, entre noyaux et blépharoplastes, les uns comme les autres pouvant même n’être pas représentés . du tout ? Cette discordance est figurée, sur de très rares exem- plaires, dans les planches du travail de Minchin et Thomson (T) | sur l’évolution de Trypanosoma Lewisi dans l’estomac de la puce. D'autre part, dans certains cas, chez Schizotrypanum Cruzi , nous avons remarqué que noyau et blépharoplaste sont très dif- ficiles à différencier l'un de l’autre, ayant la même taille et une réaction tinctoriale à peu près identiques. Le parasite que nous avons rencontré à la Guyane française appartient certainement à la famille des Trypanosomides, et on doit penser de suite au représentant bien caractérisé de ce . (1) Minchin et Thomson. Quart. Journ. of micr. Soc., vol. 60, janvier 1915. PYREXIE MORTELLE PAR EN FLAGELLÉ 495 groupe qui se trouve chez l'homme en Amérique, le Schizotry- panum Cru zi. Mais le Schizotrypaniim Cruzi ne se divise pas dans la circu- lation périphérique ; son mode évolutif aboutit à des formes leishmaniennes intramusculaires, que nous n’avons pas déce- lées sur les frottis de muscles cardiaques de notre sujet. D’ail- leurs la forme flagellée du parasite guyanais n’a pas la taille de l'hématozoaire de Chagas, ni son énorme blépharoplaste très caractéristique. Notre parasite présente quelques ressemblances avec celui qu’a décrit Franchini sous le nom de Hæmocystozoon brasilense et dont Brumpt (1) a fait une espèce spéciale d Herpetomonas, H. brcisiliensis . Franchini classe les types trouvés dans cinq groupes : 1° Des petits parasites, lancéolés d’ordinaire, de 3 à 6 p. sur ! g, à 2 [x 5, avec noyau, sans centrosome ni flagelle ; 2° Des parasites allongés, également sans flagelles, plus volu- mineux que les précédents (12 à 16 y. sur 3 [x), offrant, en plus du noyau, un centrosome en baguette situé à une distance variable du noyau : centrosome et noyau sont colorés en rouge violet, le premier un peu plus intensivement; 3° Des formes rappelant les précédentes, mais avec flagelles, parfois très longs (20 a). Le centrosome peut manquer. Certains présentent dans le protoplasma du pigment noir ; 4° Des formes sans flagelles, de dimensions et d aspects variables, contenant des masses chromatiques* (2, 3 ou même davantage) dont certaines, dit l’auteur, peuvent être interprétées comme de volumineux centrosomes ; 5° Des parasites enkystés assez polymorphes. C’est donc un parasite sanguicole offrant, chez 1 homme, les caractères morphologiques et même l’enkystement qu on remarque chez les flagellés intestinaux des Insectes. Ce fait, dit Brumpt, renverse toutes les idées que 1 on se lait sur 1 adapta- tion des flagellés à la vie sanguicole. Si le parasite trouvé en Guyane rappelle 1 Hæmocystozoon brasiliense de Franchini, deux particularités 1 en sépaienl d< (1) Brumpt. Bull. Path. exot., 1913, p. 371 et Précis de Parasitologie, Masson, 1913, p. 190. 496 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Lu on radicale : 1 absence absolue de pigment ; l’absence abso- lue de kystes. Reste la comparaison avec les trypanosomes proprement dits. Notre parasite diffère des Irypanosomes pathogènes de l’homme et des mammifères, qui n’ont qu’une division binaire, par toute la série de formes évolutives, que nous avons décrites, rencontrées d’ordinaire dans l’estomac des insectes transmet- tons. 11 se rapproche en revanche un peu des trypanosomes du type Lewisi, qui peuvent présenter des formes de divisions multiples, mais d’une taille beaucoup plus petite. Le flagellé observé à la Guyane française est donc étroite- ment apparenté au genre Trypanosoma , mais il nous paraît douteux qu il s’agisse d’un vrai trypanosome. Nous préférons l appeler jusqu à plus ample informé Trypanopsis malignus. (Travail de 1 Institut d’Hygiène de Cayenne et du laboratoire du professeur Mesnil.) EXPLICATION UE LA PLANCHE XVI Fjg. 1-5. — Formes observées dans le sang. Fig. 6-18. — Fornîies observées dans des frottis de pulpe hépatique. Fig. 19-22. — Leucocytes renfermant_des parasites. COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX par A. GORIS. L’étude de la composition chimique du bacille tuberculeux a fait l’objet de nombreux travaux, mais bien peu ont été orientés vers la détermination aussi complète que possible des prin- cipes contenus dans ce bacille. La plupart des auteurs se sont bornés à extraire les matières grasses ou cireuses dont il est imprégné, par l’emploi successif de divers solvants, et à essayer l’action des substances isolées vis-à-vis de l’organisme animal ou vis-à-vis des réactifs colorants. La nature cireuse de son enveloppe et les affinités particu- lières du bacille tuberculeux pour la fuchsine devaient en effet inciter plus spécialement à ce genre de recherches. Aussi, nous Je répétons, les travaux qui ont eu pour but précis la détermination analytique des principes constituants de ce bacille sont-ils assez peu nombreux. Cependant, à notre avis, c’est par là qu’il eût été préférable de commencer. Une analyse détaillée, fût-elle même incomplète, et elle le sera forcément comme le sont toutes celles des végétaux supé- rieurs, aurait rendu plus de services que tous les travaux publiés sur l’extraction des graisses ou des cires au moyen de différentes méthodes. Nous verrons d’ailleurs parla suite qu’il est parfois assez difficile d'élablir une concordance entre tous les résultats déjà obtenus, en raison des solubilités différentes des corps isolés par les divers solvants. Nous avons résolu de reprendre l’étude du bacille tuber- culeux en utilisant les méthodes de chimie végétale qui nous sont familières : on ne doit pas perdre de vue, en effet, que ce microbe est un organisme végétal et que son étude peut être abordée comme celle d’une plante cryptogame ou phanérogame. L’exposé de ces recherches peut être divisé en trois parties. L’étude des composés organiques que l’on peut extraire des bacilles tuberculeux forme la première partie ; la seconde est réservée à l’étude de la composition minérale du bacille ; et la 33 498 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR troisième consacrée à l'étude de X acido-résistance . Pour ces deux dernières parties nous avons été heureux de nous assurer la collaboration de M. Liot. Chaque partie débute par un exposé historique des travaux antérieurs à nos investigations. Nous préférons cette méthode à un exposé bibliographique général malgré les répétitions inévitables. Pour la clarté de l’exposition il était préférable de scinder les résultats obtenus. Nous publions nos recherches bien que des faits nombreux échappent encore à nos investigations, mais dans la lutte entre- prise contre la tuberculose toute question d’amour-propre d’au - teur doit disparaître. Si nos recherches pouvaient à leur tour aider tous ceux qui s’occupent de cette question, nous en aurions la plus légitime satisfaction, peut-être ces données modifieront-elles leur manière de voir et orienteront-elles de nouveaux travailleurs vers de nouvelles recherches. Nous le souhaitons vivement, car il est peu probable que nous ayons la possibilité de continuer ces études spéciales sur le bacille tuberculeux : en effet, les conditions matérielles dans lesquelles nous sommes appelés à travailler, les frais dispendieux et actuellement hors de propor- tion avec les moyens financiers d’un laboratoire personnel, sans compter les accidents nombreux et parfois graves que ces manipulations nous ont occasionné, toutes ces raisons sont loin d’être un encouragement à persévérer dans une voie où il y a cependant encore beaucoup à faire. Nous laissons à d'autres, mieux outillés, plus fortunés, le soin de continuer. PREMIÈRE PARTIE COMPOSITION ORGANIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX par A. GORIS. HISTORIQUE Dans le résumé des travaux antérieurement publiés sur la composition chimique du bacille tuberculeux, il n’est pas utile COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 499 de tenir compte de l’ordre chronologique des recherches vaut les grouper de manière à réunir ceux qui ont été vers un but identique. , mieux dirigés On peut ainsi les classer en deux groupes ; i A. Recherches sur V extraction des composés organiques . et principalement de la graisse, contenus dans le bacille. B. Etude analytique de ces composés . A. Extraction des composés organiques, et principalement de la graisse, contenus dans le bacille. C’est Hammerschlag (1) qui, le premier, attire l’attention sur la richesse en graisse du bacille tuberculeux, et évalue la quan- tité de substances solubles dans l’alcool et l’éther à 27 p. 100 Klebs (2), par traitement à l’éther, n’obtient pas plus de 22 p. 100 d’extrait sous forme d’une graisse ronge fondant à 42° ; il constate en outre que le bacille tuberculeux renferme une graisse solide blanche, insoluble dans l’éther, mais soluble | dans la benzine et dont le point de fusion dépasse 50°. Pour lui, la plus grande partie du bacille tuberculeux serait constituée par de la nucléine. De Schvveinitz et Dorset (3), qui ont publié plusieurs notes sur la composition du bacille tuberculeux, retirent du bacille 37 p. 100 de matière grasse par épuisement à l’éther. Leurs matériels d’analyse provenaient de cultures sur bouillon de bœuf et sur milieu minéral à l’asparagine et glycérine dont la composition était la suivante : 1 . fl 00 grammes. Glycérine 70 Phosphate, acide de potasse. ] Phosphate d'ammoniaque . . 10 Chlorure de sodium 10 x\sparagine . . . 2 Sulfate de magnésie .... 2 (1) Hammerschlag, Bacteriologisch-chemische Untersuchungen über Tuber- kelbazillen. Sitzungsber. cl. k. Akacl. cl. Wissensch., 13 décembre 1888. (2) Klebs, Ueber heilende und immunisierende Substanzen aus Tuberkel- bazillenkulturen. Cenlralbl. f. Bakt. (I), 20, 499, 1896. (3) De Son vvEixrrz et Dorset, The composition of the tuberculosis and glan- ders bacilli. Journ. of the Amer. Soc., 17, 605, 1895; — The composition oUhe tubercle bacilli derived from various animais. Journ. chem. of the Amer. Soc.. 25, 354-358, 1901; — Further notes upon the fats c.ontained in the tubercu- losis bacilli. Cenlralbl. f. Hait. (I), 19, 707, 1896. 500 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUI! Ils notent seulement quelques légères différences entre la composition des bacilles croissant sur les deux milieux : sur milieu au bouillon l’analyse décèle un peu plus de matières 1 grasses et un peu moins de matières albuminoïdes. Ces auteurs ont fait également des recherches comparatives entre les différentes variétés de bacille tuberculeux et leurs analyses, qui ont porté sur : 2 variétés de tuberculose humaine, l __ — bovine, l _ — porcine, \ _ — chevaline, l — aviaire, ont établi que le pourcentage le plus élevé d extrait étheré (28,77 p. 100) était obtenu avec le bacille d’origine humaine, et le pourcentage le plus bas (12,50 p. 100) avec le bacille doiigine porcine. Par contre le bacille d’origine aviaire donne le poids d 'extrait alcoolique le plus élevé et le bacille humain fournit le plus bas. Aron son (1) fait porter ses recherches sur des bacilles cul- tivés sur bouillon : la culture est recueillie, lavée et séchée, les bacilles sont ensuite épuisés par un mélange de 125 paities j d’éther absolu et de 25 parties d’alcool absolu à chaud; il obtient ainsi 20 à 25 p. 100 de graisse. Par la suite, il affirma que l’addition d’acide chlorhydrique à ce mélange favorisait davantage la séparation des graisses. j Cette matière grasse renfermerait, d’après lui, 17 p. 100 d’acide gras libre soluble dans l’alcool ; quant à la partie non soluble ce ne serait pas un corps gras, mais une cire, car elle n’est pas complètement saponifiable par la potasse et donne ! un résidu soluble dans l’éther, l’éther de pétrole et l’acétone. Cet alcool insoluble, traité par l’anhydride acétique bouillant, s’éthérifie et donne un acétate. Toutefois ce ne serait pas de la cholestérine. Bulloch et Macleod (2), épuisant les bacilles par l’alcool (1) Aronson, Zur Biologie (1er Tuberkelbazillen. Berl. klin. Woch., n° 22, 18y8; j n° 35 1910. (i) Rnr t nrH pf Mxtteod The Chemical constitution of the tubercle bacillus. I Journ of Hyg Cambridge, 4. 1-10, 1901; Analyse,. - Bull. Inst. Pasteur ,% ! 381, 1904; Journ. chem. Soc., 86,^277, 1904. 501 COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBEBCULEUX mélhylique, puis par le mélange d’A-ronson, ont réussi à obtenir de cette façon plus de 40 p. 100 de matière grasse, mais n ont pu toutefois débarrasser le bacille de ses propriétés acido-résis- tantes. En abandonnant au refroidissement 1 extrait bacillaire filtré à chaud, il se forme un précipité blanchâtre qui, pour eux, serait la matière acido-résistante ; cette susbtance est diffici- lement saponifiée par la potasse alcoolique ; au cours de ce ^traitement une poudre blanche se dépose qui est un alcool, et la solution potassique filtrée contient un acide gras non déter- miné. Le liquide d où s’est séparé le composé blanchâtre abandonne après évaporation une graisse qui, saponifiée à son tour, donne des acides gras parmi lesquels, probablement, les acides . oléique, isocétique, myristique et de 1 acide laurique.. Deycke Pascha et Reschad Bey (1) ont étudié les graisses bactériennes du bacille de la lèpre et du bacille tuberculeux. Ce dernier est épuisé avec un mélange de xylol, de benzine et d éther de pétrole. L’épuisement est très long et la giaisse obtenue a un aspect cireux. Les auteurs, ayant considéré tout d abord celle-ci comme une graisse neutre entièrement saponifiable, reconnurent bientôt qu’elle renfermait un alcool gras à poids moléculaire élevé. Pai contre ils n’ont pu déceler dans le bacille tuberculeux la « nas- tine » (2) qu’ils avaient isolée du bacille de la lèpre. Auclair et Paris (3) ont expérimenté sur des cultures en bouillon tuées, soit en les soumettant à 105° pendant 5 minutes ou 10 minutes à la vapeur, soit en exposant les ballons pendant (1) Deycke Pascha et Reschad bey, Ein bakterielles Fett als immunisierende Substanz bei der Lepra, seine theoretische Bedeutung und seine pra v isl e Verwendung. Deutsche med. Woch., 33, 89, 1907. (2) Cette substance d’aspect cireux se saponifie par la potasse alcoolique et ne laisse pas de composés non saponifiables, partant aucun aicool apoids moléculaire élevé caractéristique d’une cire. En dehors de son nsolu en milieu aqueux et de sa résistance aux alcalis et acides faites, de son inertie chimique relative, la « nastine » ne se colore Pas \e Ziehl. Cependant ce serait un corps qui donnerait aux bacilles P priété acido-résistante, car si on ajoute une trace d acide ji as à « tine », elle devient acido-résistante typique. Chimiquement, ce serait une sorte d’éther solide (vasto;, solide) de nature particulière. (3) Auclair et Paris, Constitution chimique du bacille de Koch. Arc}l-J* méd. exp. et d'anat. path ., 19, 129-144, 1907; - Constitution chimique et pro- priétés biologiques du protoplasme du bacille de la tuberculose. Aie . méd. exp. et d'anat. path., 20, 737-752, 1908. 502 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR deux heures à la lumière solaire ; les bacilles sont alors lavés à l'eau distillée, ensuite à l’eau chargée de 10 p. 100 de chlorure de sodium jusqu’à ce que le liquide passe clair, puis sont épuisés à l’alcool, lavés et essorés, et finalement traités à l'éther, puis au chloroforme. Ils constatent que l’alcool dissout les corps suivants : matière colorante, lécithine, acides gras et des alcaloïdes donnant avec le chlorure de platine des sels doubles cristallisables, tandis que l’éther dissout les graisses neutres et des substances analogues à la cholestérine et que le chloroforme enlève la cholestérine et des produits peu définis. Les auteurs prétendent que ces dissolvants seraient insuffi- sants pour épuiser le bacille ; l’éther de pétrole serait égale- ment imparfait. En traitant les bacilles dégraissés par l’acide acétique, on dissout la nucléine, et le liquide, neutralisé en partie par la soude, en lui maintenant une légère acidité, donne une para- nucléo- albumine . Panzer (1) a étudié la composition chimique du bacille tuberculeux cultivé sur bouillon glycérine. Il a surtout recherché la présence de la cholestérine par précipitation de cette dernière au moyen de la digitonine (méthode de Win- daus). 11 procède ainsi : 2 gr. 70 de bacilles traités par l'éther donnent 0 gr. 2906, soit 10,75 p. 100 de matière grasse qui, dissoute dans l'alcool et traitée par la digitonine, fournit un précipité. Le corps obtenu par traitement de ce précipité n’a aucun des caractères de la cholestérine. Panzer conclut à la présence d’un alcool à poids moléculaire élevé capable de se combiner à la digitonine. Le traitement des bacilles par l’eau chaude lui a donné en outre un corps qui ressemble à la gomme arabique, facilement soluble dans 1 eau chaude. En solui ion concentrée il abandonne par refroi- dissement une substance gélatineuse ne conlenant ni azote, ni phosphore, ni soufre ; elle est précipitée par l’alcool, l’acétate de plomb et réduit la liqueur de Fehling seulement après hydrolyse par l’acide chlorhydrique; elle donne la réaction de (1) Panzer, Notizen über die chemische Zusammensetzung der Tiuiberkel- bazillen. Zeitsch. f. physiol. Chemie, 78, 414-419, 1912. COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 503 Molisch au naphlol ; l’oxydation par Az01 * 3H n'a pas fourni d’acide mucique, mais de l’acide oxalique et l’auteur croit devoir conclure à la présence d’une pectine qui ne serait pas une galactane. Fontes (1), en épuisant les bacille-s au* xylot et ajoutant de l’alcool absolu, obtient un corps qui, séparé par filtration, puis séché et pulvérisé, se présente sous un aspect blanc jaunâtre, il est partiellement soluble dans l’éther et complètement dans le chloroforme. La saponification de ce corps permet à l’auteur de le considérer comme une cire ; son P. F. est 33°5. Dorset et Emery (2) constatent que F extrait éthéré des corps bacillaires se compose de deux parties : l’une, non saponi- tiable par la méthode ordinaire, possède beaucoup des pro- priétés des alcools de la série grasse à poids moléculaire élevé : c’est à cet alcool qu’ils attribuent les affinités de coloration du bacille tuberculeux comme nous le relaterons dans le cha- pitre consacré à l'acido-résistance. L’autre partie serait constituée par des corps saponifiables dont la nature ne fut pas déterminée. Kresling (3), le premier, a fait une extraction complète des substances grasses et cireuses contenues dans le bacille tuber- culeux pour en donner les constantes physiques. Il a traité 4 à 5 grammes de ces bacilles successivement par l’éther, puis le chloroforme, puis l’alcool, ou par ces mêmes solvants utilisés dans un ordre différent. Dans chaque traitement, il a recueilli 38 à 39 p. 100 du poids total des bacilles. Les bacilles qu’il emploie proviennent de culture sur bouillon de viande de bœuf additionnée de peptone de Witte et de gly- cérine. Les bacilles tués sont recueillis, lavés à 1 eau jusque disparition de toute trace de glycérine et séchés à 40°. Ils sont ensuite épuisés au chloroforme qui lui a paru le meilleur (1) Fontes, Untersuchungen über die chemische Natur der den Tuberkel- bazillen eigenen Fett- und Wachsarten und über das Phaenomen der Sâureresistenz. Cenlralhl. f. Bakt. (I), 49, 317-321, 1909. i9) Dorset et Emery, Mitteilungen über die chemische Konstitution des Bac. tuberculosis. Centralbl. f. Bakt. (I), 37, 363, 1906. Analyse d’un article de Annual Repart of the Bureau of Animal Indus Lry , 1904. (3) Kresling, Ueber Fettsubstanz der Tuberkelbazillen. Centralbl. f. Bakt. W 0) T/l T/l a CO T/l w aj w BACILLES BACILLES *o g « S SD "S +2 T-* J » 'a. j * • »— ! ce c c o ce Z O t-i É-1 < u S w s ® O o ■j o g w £ w -2 Z 'fl o £ o *• Ch i « S O elui*cl reDfwme aussi du chlore en forte proportion puisque la sapo- caüon de 9 grammes de substance a donné 2 gr. 60 de chlorure; mais il (. j)robable que ce chlore a été introduit par les traitements prolongés au chloroforme. Il faudrait, pour être bien fixé sur la présence du chlore -forUe dans e corPS du bacille tuberculeux, faire une extraction au COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 523 Le soufre doit faire partie d’une 'molécule organique, car le produit calciné directement ne donne plus la réaction des sulfates. D’autre part, pendant la saponification du produit par la potasse alcoolique, il se dégage une odeur alliacée très nette déjà signalée par d’autres auteurs. L’azote, le phosphore font partie d’une molécule de phos- phatide. On fait bouillir 1 gr. 50 de ce mélange cireux avec 75 cent, cubes d’acide sulfurique à 5 p. 100 pendant quelques heures, on filtre la solution et on la concentre à 10 cent, cubes. Il se dépose des cristaux blancs de sulfate de chaux. La solution précipite par les réactifs de Valser et de Bouchardat, et dégage des vapeurs d’ammoniaque bleuissant le tournesol après addi- tion de magnésie. La solution donne la réaction des phosphates par le réactif molybdique. D’autre part on peut y caractériser la magnésie après traitement au chlorhydrate d’ammoniaque, ammoniaque et carbonate d’ammoniaque. La présence de phosphatide dans ce mélange cireux est très naturelle puisque ce produit a été obtenu par traitement a l’acétone qui précipite les lécithines de la totalité des substances lipoïdes dissoutes par le chloroforme. D’ailleurs si l’on traite cetie matière par l’alcool, on dissout ce phosphatide que le chlorure de cadmium en solution alcoolique précipite. Il est donc très naturel de trouver de l’azote, du phosphore, de la magnésie et même de la chaux dans la composition totale du produit résineux. Il reste à déterminer la nature de la majeure partie de cette substance. 9 grammes sont dissous dans l’éther, on y ajoute 200 gr. d’alcool à 95° contenant 5 grammes de soude caustique (I). On chauffe au réfrigérant à reflux pendant 6 heures (c est au cours de ce traitement que l’on perçoit 1 odeur alliacée). La solution alcoolique provenant de la saponification se prend en une gelée que l’on sépare par filtration. 11 reste sur le filtre (1) Il se forme tout de suite un précipité qui va s’agglomérer dans le fond du ballon et qui est en grande partie constitué par du chlorure de sodium. 524 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR une masse blanche qu’on lave à l’eau et que l'on sèche dans le vide sulfurique. Le poids de 3 gr. 30 oblenu de ce produit montre que sa proportion est fort importante. Son point de fusion est 64° : ce serait un alcool correspondant au mykol. La solution alcoolique est saturée par le gaz carbonique et 1 alcool évaporé, on reprend par de l’eau, on sépare encore une certaine partie de mykol tondant à 64° et une faible quantité d un autre alcool dont le point de fusion est de 100°. La solution alcaline est décomposée par un acide, les acides gras sont dissous dans l’éther et recristallisés dans l’alcool. Leur point de fusion est voisin de 50° et leur poids moléculaire de 220. Nous avons cru que cet acide était 1 acide myristique signalé par des auteurs précédents, qui fond à 53° et dont le poids moléculaire est de 208; il n’en est rien. On dissout le produit, dans la proportion de 0,80, dans 5 à 7 centimètres d alcool à 9o°; on filtre et évapore un peu, puis on laisse cris- talliser; le produit obtenu tond à 53°. Si on lave les cristaux longuement à l’alcool à 95° le produit final ne fond plus qu’à 57°-58°. C est un mélange d’acides stéarique et palmitique. Le mélange cireux semble donc formé d’un peu de phosphatide accompagné d’une petite quantité d’un produit sulluré inconnu et d'une cire qui serait constituée par des stéarates et palmitates de mykol et d’un autre alcool à point de fusion plus élevé. Le mykol semblerait aussi exister à 1 état libre dans ce mélange cireux. III. Cire. — La cire, que l’on obient après traitement de la substance grasse solide par l’acétone et dont le point de fusion est 44°, est dissoute dans l’éther et additionnée d’alcool à 95° contenant de la soude ou de la potasse. On chauffe au bain- marie dans un réfrigérant à reflux pendant six heures. Il reste dans le fond du ballon une substance insaponifiable. La solution alcoolique est saturée par le gaz carbonique, évaporée et reprise par l’eau. On sépare ainsi encore une petite partie d’alcool insaponifiable non soluble dans l’eau. La solution sodique de savon, après lavage à l’éther pour enlever toute trace de corps non saponifié, est décomposée par HCl. | L’acide gras est repris par l’éther que l’on sèche au sulfate COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBEHCULEUX 525 de soude et on évapore ensuite. Il reste un acide gras un peu jaunâtre à odeur agréable (P. F. 38°). On fait cristalliser cet acide gras dans l’alcool à 80° et on obtient des cristaux fondant à 42°. C'est l’acide laurique. Après transformation de cet acide en sel ammoniacal, on y ajoute de l’acétate de lithine ; il se forme un précipité que l’on recueille et que l’on sèche. Ce précipité étant alors dissous.dans l’alcool à 50 p. 100, la plus grande partie du sel de lithium se dissout, ce qui élimine le myristate en grande partie, le stéarate et le palmi- tate. Décomposant alors le sel de lithium par l’acide chlorhy- drique, on redissout dans l’éther et on évapore cet éther. On fait cristalliser le corps gras dans l’alcool à 80° et on obtient un acide fondant à 42°-43°. Toutes les substances non saponifiabies sont dissoutes dans le chloroforme et ce dernier après évaporation laisse une sub- stance dure, cassante, fondant à 46°. On la redissout dans l’éther et on fait une nouvelle saponification en milieu alcooli- que pour s’assurer que toute la cire a bien été décomposée. On obtient cette fois un alcool dont le point de fusion est voisin de 60°. Après purification son point de fusion s’est élevé à 64°. C’est donc le corps identique au mykol de Sakae Tamura. La cire que nous avons ainsi séparée de la matière grasse serait donc constituée en grande partie par du laurate de mykol. IV. Analyse de la matière grasse. — La solution acétoni- que qui a laissé déposer après refroidissement l’abondant précipité blanc de substances grasses solides et de cire est distillée, puis évaporée finalement au bain-marie, elle donne une masse rougeâtre de consistance de beurre. Cette substance grasse est saponifiée par la potasse en solution aqueuse et on dissout le savon dans une assez grande quantité d’eau. Cette solution un peu louche est épuisée plusieurs fois à l'éther pour enlever les substances non saponifiées et l’éther évaporé donne un produit jaunâtre de consistance de cire et d’odeur agréable. On s’assure que ce produit n’est pas une cire non saponifiée par la potasse aqueuse en la soumettant cette fois pendant deux heures, au réfrigérant à reflux, à un nouveau traitement par la potasse alcoolique, d'où 526 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR résulte une substance insoluble se déposant au fond du ballon. On décante l'alcool, on sature la potasse par un courant de gaz carbonique, on distille l’alcool et on reprend par l’eau. Cetle solution alcaliue ainsi obtenue est épuisée à l’éther et donne après évaporation un produit liquide jaune, d’odeur suave rap- pelant celle du jasmin ou du mimosa. La solution alcaline, qui devrait renfermer les sels d’acides gras, est alors décomposée par l’acide chlorhydrique. Un nouveau traitement à l’éther n’enlève que des traces d’acides gras. .Vmsi donc cette saponification alcoolique montre que le produit non saponifié dans la première opération n’est pas une cire, mais un alcool. Ce dernier, pratiquement insoluble dans l’alcool éthylique, reste concrété dans le fond du ballon; après quelques liages a l eau on le dissout dans l’ether et on obtient un corps dont le point de fusion est voisin de 46°. C’est du mykol impur qui, purifié, donnera le mykol. j La saponification de la matière grasse laisse donc deux sub- t stances insaponifiables : 1° une substance odorante en faible I quantité; 2° un alcool solide en proportion plus élevée. La solution aqueuse de savon est alors traitée par l’acétate de | plomb. Le précipité plombique est recueilli, lavé par malaxage et séché dans le vide. On le traite alors par l’éther, on filtre et on lave le résidu de savon plombique insoluble jusqu’à obten- tion d’une solution éthérée incolore. On obtient ainsi des savons de plomb solubles et des savons de plomb insolubles qu’il faut étudier séparément. Savons de plomb solubles'. — La solution éthérée de ce savon est traitée par l’acide chlorhydrique, il se forme un dépôt de chlorure de plomb et on sépare l’éther de Iasolution aqueuse Cet éther évaporé donne un acide gras liquide dont l’indice d’iode est de 4L C’est donc un mélange d’acides gras non satu- îes et d acide gras saturés à poids moléculaire peu élevé, car si le traitement à l’éther peut entraîner un peu d’acide palmitique <1 ne peut le faire dans une proportion telle que l’indice d’iode de l’acide oléique supposé dans le mélange soit diminué de » moitié. On dissout ces acides gras dans la potasse, on les lave et on les oxyde par leur poids de permanganate de potasse. On filtre i la solution chaude, on décompose par l’acide chlorhydrique COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 527 et on recueille les acides gras sur un filtre. On sèche, on reprend par l’éthe"; une partie reste insoluble dans l’éther (P. F. 120°). Après deux cristallisations on obtient de l’acide dioxystéarique à point de fusion 134°. La partie des acides gras solubles dans l'éther après l’oxyda- tion est importante; après évaporation de l’éther, elle se pré- sente sous forme d’une masse hutyreuse molle fondant à très basse température, à odeur d’acides caproïque et butyrique. Sur cette masse, on refait le traitement initial au plomb. Ces acides gras sont donc dissous dans une solution faible de potasse et additionnés d’un excès d’acétate de plomb. La plus grande partie du savon plombique se dissout dans l’éther, mais line très faible partie reste cependant à 1 état insoluble et après traitement convenable est reconnue comme étant un mélange d’acides gras solides saturés (mélange d’acides palmitique et stéarique). La solution éthérée de sels de plomb est décomposée par l’acide chlorhydrique. La solution éthérée lavée, séchée, donne cette fois des acides gras liquides laissant à la longue déposer une légère quantité de substance solide. On traite ces acides avec de l’eau de baryte et la combinaison obtenue est lavée à de nombreuses reprises par l’eau bouillante; on enlève ainsi le butyrate et le caproate de baryte qu’on sépare de la manière suivante : la solution aqueuse est évaporée, à sec, reprise par l’alcool et filtrée; 1 alcool étant évaporé, on reprend le résidu par 5 ou 6 fois son poids d’eau, on filtre et on évapore. Il se dépose tout d’abord des cristaux aiguillés de caproate, puis des lamelles de butyrate. Une bonne partie du sel de baryum est insoluble dans 1 eau bouillante, nous n’avons pu y caractériser d une façon certaine les acides caproïque et caprylique. Il semble qu une bonne partie de ce précipité insoluble soit constituée par un sel de baryum autre que le caproate et le caprylate de baryte. Ainsi donc les acides gras du bacille tuberculeux dont les sels de plomb sont solubles dans 1 éther sont ! acide oléique, acide butyrique, acide caproïque et un autre acide que nous n’avons pu identifier. Savons de plomb insolubles. — Les savons de plomb inso- lubles sont décomposés à chaud par 1 acide chlorhydrique -au 1/10. On les redissout ensuite dans l’éther, on lave cette ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR solution éthérée et on la sèche ensuite sur du sulfate de soude avant de l’évaporer, ce qui donne ainsi les acides gras saturés. On en relire 12 grammes que l’on met en contact pendant vingt-quatre heures avec 300 centimètres cubes d’alcool à 93». Il îeste un résidu que 1 on lave à l’alcool à plusieurs reprises et qu on redissout alors dans une faible partie d’acétone bouil- lant. On obtient de cette manière un acide gras qui, après une seconde cristallisation, fond à 77°-78°; repris encore plusieurs lois, il n’a jamais donné de corps fondant plus haut, c’est donc 1 acide arachidique . L’isolement de l’acide stéarique est plus difficile et nous ne sommes pas arrivé à l’obtenir à l’état pur, mais sa présence dans la matière grasse du bacille tuberculeux ne fait aucun doute. La solution alcoolique d’où l’on a séparé l’acide arachidique ayant ete mise vingt-quatre heures dans la glace, il s’est séparé un dépôt cristallin d’acide gras dont le point de fusion est 33»; or Ogr. 328 de ce corps demandent 11 c. c. 9 de soude normale! pour être saturés, le chiffre théorique répondant à l’acide stéa- rique serait de 11,6. Le poids moléculaire de ce produit est de 275,6 (l’acide stéarique fond à 71», son poids moléculaire est de 284). Après deux cristallisations dans l’alcool, on a obtenu un corps fondant à 69». Nous nous trouvons très vraisemblablement en présence à cinde stéarique mélangé d’un peu d’acide palmitique. La solution alcoolique des acides gras remise à la glace ne donne plus de dépôt, on la concentre au tiers et il se sépare des cristaux fondant à 53°, dont le poids moléculaire est de 267,2. Lest donc un mélange d’acides palmitique et stéarique, car, si l’on consulte les tableaux de Hehner et de Mitchel, on voit qu un mélange de 70 d’acide palmitique et de 30 d’acide stéarique aurait un point de fusion de 54° et le poids molé- culaire de ce mélange serait de 264,40. Un poids moléculaire j pa,2 qUe n°US aVOns oblenu correspondrait à un mêlant de 60 d acide palmitique et 40 d’acide stéarique dont le point de fusion serait de 55°5. La solution alcoolique d’où l’on sépare ce mélange est com- plètement évaporée et le résidu repris par une quantité d’acé- tone assez forte. Il se forme par refroidissement des cristaux en COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 529 masses mamelonnées, isolées, que l’on sépare mécaniquement et qui fondent à 61°; ils sont constitués par de Y acide pal- mitique. La matière grasse est donc constituée par des acides gras libres et en particulier par de Y acide oléique , des glycémies des acides butyrique , caproïque , oléique , palmitique , stéarique et arachidique. Elle renferme en outre une petite quantité de cire et de hyalinol ainsi que l'indique l’extraction de mykol et de matière odorante à odeur de jasmin. L’acide gras à sel de plomb soluble dans l’éther, qui accom- pagne l’acide oléique et abaisse son indice d’iode, est vraisem- blablement un mélange d’acides crotonique et isocrotonique provenant de la saponification du hyalinol existant dans la graisse. V. Substance obtenue par le traitement a l’alcool. — Nous avons vu que, lors du traitement à l’alcool bouillant des bacilles épuisés au préalable au chloroforme, il s’était déposé une sub- stance blanche peu soluble dans l’alcool, l’acétone, soluble dans le chloroforme et l’éther. Elle avait échappé au traitement chloroformique et c’est ce qui nous a permis de l’isoler. On y caractérise Ph, Az et Mg, mais cela tient à ce qu’elle renferme un peu de phosphatide. Des traitements à l’alcool bouillant permettent d’enlever ce composé phosphoré. Le résidu insoluble dans l’alcool est dissous dans le chloro- forme et la solution chloroformique est lavée à l’eau. Après évaporation spontanée elle donne un corps d’apparence cireuse translucide, fondant à 300°; mais mis sur le bloc Maquenne, il s’altère vers 225° et fond alors avant 300°. La petite quantité que nous avons obtenue de ce corps n’a pas permis d’en faire une étude plus approfondie. Recherche de la cholestérine. — La présence de la cholesté- rine a été tour à tour confirmée ou contestée par différents auteurs. Nous avons essayé en vain d’extraire celte substance dans les substances lipoïdes du bacille tuberculeux. Toutefois nous devons dire qu’une solution chloroformique d’une faible parcelle de ces substances donne avec l’acide sul- 35 530 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR furique concentré une réaction rappelant celle de la cholesté- rine. Après quelques heures l'acide sulfurique est coloré en jaune et le chloroforme surnageant a une teinte faible lilas- violet analogue à celle que donne la cholestérine animale. Si l’on fait la réaction avec les différents produits séparés du bacille on constate que le hyalinol et le produit fondant à 300* ne donnent pas cette réaction. Le mykol donne une faible colo- ration après vingt-quatre heures. La cire et surtout le mélange cireux donnent une réaction assez forte, mais lente à se produire, et qui semblerait indiquer la présence d'un peu de cholestérine à côté du mykol. Cependant nous devons dire que nous n’avons pu isoler celte cholestérine à l’état libre. VL Substances solubles dans l’eau et précipitables par l alcool. — La macération aqueuse des bacilles épuisés par le chloroforme donne un liquide de couleur jaune d’or à reflets verts dichroïques. Celte solution traitée comme il a été indiqué précédemment par un grand excès d'alcool donne un précipité que nous appelerons tuberculine brute. Cette substance est une nucléo-alhumine qui donne la réac- tion de l’azote après destruction par le sodium; calcinée avec du nitrate de soude et du carbonate de soude et redissoute dansde 1 acide azotique dilué, on y caractérise facilement les phos- phates. Le dosage du phosphore donne 2,165 de P2Or’ ou 1,207 de Ph p. 100. Cette substance n’est plus totalement soluble dans l'eau, 2 grammes laissant un résidu de 0 gr. 30. Lorsqu on la fait bouillir avec de 1 acide chlorhydrique et de la phloroglucine, il se produit une coloration rouge intense, puis un précipité, par refroidissement lent, indice delaprésence d’un hexose dans la molécule. La solution précipite par l’acide phosphotunstique à 5 p. 100; mais l’acide silicotungstique à 5 p. 100, le réactif de Valser ne la précipitent que si on ajoute une trace d acide chlorhydrique. Le précipité prend au bout d'une demi-heure une belle teinte lil as-violet. Le réactif de Tanret donne un précipité immédiat et au bout d’une demi-heure ce dernier prend une belle coloration vio- COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 531 lette. Le réaclif de Bouchardat ne-la précipite qu’après addition d' acide chlorhydrique. L’acide picrique, le réactif deCourtonne, le réactif de Patein la précipitent immédiatement. L’acide chlorhydrique au 1/10, l’acide azotique au 1/10, l’acide trichloracétique précipitent également la solution. L'acide citrique (100 grammes pour 75 grammes d'eau) pro- duit un louche à la zone de séparation du liquide acide et de la solution. Ce louche gagne peu à peu toute la partie supérieure du liquide albuminoïdique, mais disparaît si on agite et le trouble ne réapparaît plus si on ajoute un excès d’acide citrique. L’acide lactique se comporte de même. L’acide acétique au 1/10 ne donne pas de précipité; si l'on fait une solution de cet acide au 1/200 et que l’on verse une dizaine de gouttes à la surface de cet acide il y a un anneau à la surface de séparation qui disparaît par agitation. La réaction du biuret est négative. La réaction de Millon est positive : 20 gouttes de solution additionnées de 5 à 6 gouttes de réactif de Millon donnent une coloration rose et un précipité de couleur chair. Cette substance semble jouir des propriétés de la tuberculine et a servi aux expériences suivantes. On la dissout dans l’eau et on sépare le dépôt insoluble par centrifugation. Le 28 avril 1918 on injecte 4 cobayes avec du bacille (souche Vallée). 28 avril 25 mai — Température • N»l. . . 610 350 (Mort) N° 2. . . 650 510 37o On injecte 2 c.c., soit 0,025 du produit non chauffé. Meurt en 3 heures. N° 3 . . . 630 600 3 7°2 On injecte 2 c.c., soit 0,025 du produit chauffé 10 minutes à 100°. La tem- pérature monte à 36°6. Il meurt au bout de 8 heures. N° 4. . . 590 480 37°2 On injecte le dépôt; l'animal résiste. mais la température monte à 39° (1). (1) Dans nos premiers essais, une même quantité de cette substance injectée à un cobaye avait fait monter la température de 38°5 à 40°1 ; l’expé- rience de contrôle faite par M. Caron, du Service de la tuberculose de l’Institut Pasteur, avait donné 38°4 et 39°7. L’injection des corps bacillaires dégraissés et lavés n’avait provoqué qu’une légère élévation de température; il en était de même des produits contenant les acides aminés. 532 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR VII. Substances solubles dans l’eau et non précipitables par 0 l’alcool. — La solution alcoolique d’où l'on a précipité la soi-disant tuberculine est distillée puisévaporée au bain-marie; il reste un résidu important à odeur de peptone. Cet extrait est surtout constitué par des produits de transformation des matières albuminoïdes. Nous n'en avons pas encore fait l'étude systématique qui nous paraissait moins importante que la précédente. On y caractérise toutefois aisément la tyrosine avec la tyrosinase, et on en isole facilement la leucine. On n’y a pu caractériser le trypiophane avec l’eau de brome, mais il est probable que l’on y trouverait un grand nombre des amino-acides que l’on rencontre dans la digestion. Conclusion. En résumé les substances lipoïdes du bacille tuberculeux com- prennent : 1° Une substance nouvelle, ayant la constitution d’un éther de nature particulière, qui est soluble dans le chloroforme et insoluble dans l’éther ordinaire et se dédouble en donnant de l’acide crotonique mêlé d’un peu d’acide isocro tonique et une essence à odeur agréable de mimosa. Nous l’avons appelé hycilinol pour rappeler une de ses propriétés physiques. 2° Un mélange cireux d’aspect résinoïde contenant différents composés et en particulier un phosphatide . La saponification de ce mélange nous donne : a) Deux alcools à poids moléculaire élevé, dont le mykol fondant à 65° et un autre alcool à point de fusion de 100°, obtenu en trop petite quantité pour être étudié; b) Un mélange & acides palmitique et stéarique. Cette cire serait donc constituée par des éthers de ces acides et des deux alcools précédents. 3° Une cire dont la saponification nous a surtout donné de l’acide laurique et du mykol. Ce serait donc en grande partie du laurate de mykol. 4° Une substance fondant à 300° obtenue en trop petite quantité pour être étudiée ou classée. 5° Une matière grasse contenant encore un peu dessubstances précédentes et constituée par des glycérides de V acide oléique , COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 533 palmitique , stéarique , arachidique ; on y trouve aussi en faible quantité des acides caproïque et butyrique. Nous n avons pu caractériser les acides myristique et isocétique (?) signales par de précédents auteurs. Parmi les substances non lipoïdes : 6° Une substance soluble dans l’eau et précipitée pari alcool qui est une nuclèo albumine, elle donne des réactions analogues à la tuberculine, mais toutefois moins accentuées. 7° Des substances solubles dans 1 eau et non précipitées pai l’alcool qui sont surtout formées par des amino-acides prove- nant de la digestion des matières albuminoïdes par le bacille. DEUXIÈME PARTIE COMPOSITION MINÉRALE DU BACILLE TUBERCULEUX par A. GORIS et A. LIOT. HISTORIQUE Dans les chapitres précédents 1 analyse du bacille tubercu- leux a été exposée au point de vue de sa constitution oiga- nique; l’étude des cendres trouve naturellement sa place à leur suite. Les travaux publiés sur ce sujet sont peu nombreux et, hormis en 1898, un mémoire de De Schweinitz et Dorset (î), il n’apparaît pas que les auteurs aient méthodiquement pour- suivi leurs recherches dans ce but. Les proportions de cendres trouvées par les différents savants sont toutes comparables. Hammerschlag, cité par Kresling (2), a donné les chiffres suivants : Pour 2sr,414 de bacilles = 0sr,063, soit 2,61 p. 100 — 2sr,941 — = 0^r,080 — 2,72 l§rr,993 — = 0*r,046 — 2,31 — Kresling, analysant les masses bactériennes en vue d’étudier (1) De Schweinitz et Dorset, The minerai constituent^ of the Journ. Amer. chem. Soc., 20, 618-620, 1898 ; Centralbl. f. Bakt. (I), 28, 993-99o, 1898 (2) Kresling. Loc. cit. 534 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUÜ surtout les subsfances grasses, trouva comme pourcentage de cendres : 2,55; tous ces chiffres correspondent à ceux donnés par De Schweinitz et Dorset. Avant ces derniers, il n’existait aucune analyse quantitative ; les auteurs précédents avaient tout simplement signalé la richesse en phosphore des cendres. De Schweinitz et Dorset, dans un travail publié en 1895, ont donné les déterminations du carbone, de lhydrogène, de l’azote, du phosphore, du soufre et des cendres, calculées d’après le poids de substances séchées à 100°. Ces recherches avaient pour but d établir la différence de composition existant entre les cultures provenant de bouillon de bœuf et celles obtenues sur milieux artificiels. Le poids de cendres trouvé varie selon le milieu : les pour- centages extrêmes, sont les suivants : 4 grammes dans le pre- mier cas et 2 grammes dans le second. Dans une étude postérieure, ils cherchèrent à établir la constitution du bacille en vue de lui fournir les éléments les plus favorables a son développement. L’analyse des cendres pratiquée sur I gr. 45, en suivant les méthodes prescrites pour les cendres de plantes, leur fournit les résultats suivants : m 13,62 p. 100 K20 6,35 — CaO 12,64 — MgO 11,55 — Carbone et silice . . . 0,57 p203 55,23 — Ln essai qualitatif préalable leur avait permis de conclure à ! absence de sulfate, de chlorure et de carbonate. Poursuivant leurs recherches sur la composition chimique des cendres des différentes variélés de bacilles luberculeux, ils mirent en évidence leur richesse en phosphates dont la teneur s’élevait à SS p. 100. Au cours de ses analyses du bacille tuberculeux, Baudran constate que la membrane de ce microbe est de nature cellulo- sique et imprégnée de silice et de calcium. Le premier il signala la présence de fer, 0,006 à 0,008 p. 100, et des traces de man- ganèse. COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 535 RECHERCHES PERSONNELLES Pour les recherches que nous avons entreprises dans le but d’établir aussi exactement que possible cette constitution, nous avons adopté les méthodes que 1 on suit habituellement pooi l’analyse des cendres des végétaux. Elles comportent donc une analyse qualitative et une analyse quantitative; les masses bactériennes utilisées avaient la même origine que celles qui ont servi pour l’identification des substances organiques (mélange de bacille humain et de bacille bovin). Analyse qualitative. — 20 grammes d’éléments microbiens, préalablement séchés à 37°, sont placés dans un creuset de porcelaine et incinérés à basse Température. Au début de l'opération la masse brunit considérablement, puis exhale um* odeur âcre, très nette, de corne brûlée. Finalement il reste une masse charbonneuse légère et friable et qui, pour être complè- tement réduite en cendres blanches, nécessite une calcination prolongée. Après refroidissement, les cendres sont épuisées avec de l’eau légèrement acidulée par 1 acide azotique. Une partie est soluble dans ce liquide, l’autre est insoluble. A. Dans la partie soluble nous avons caractérisé les éléments suivants : Calcium, Magnésium, Potassium, Sodium, Fer Manganèse Zinc. à l’état de traces, ainsi que les acides sulfurique et pbosphorique. La présence du zinc dans les corps bactériens ne peut être affirmée; cet élément pourrait avoir été introduit pai les eaux lors du lavage des bacilles. B. Dans la partie insoluble nous avons caractérisé le calcium et l’acide sulfurique. Analyse quantitative. — \° Détermination de la proportion de cendres. — Une prise d’essai de 33 gr. 12 de masse micro- bienne, placée dans un creuset de porcelaine, a été calcinée à oSb ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR basse température et a fourni un poids de cendres de 0 gr. 840 correspondant à une teneur de 2,50 p. 100. 2° Détermination pondérale des éléments caractérisés. — Les 0 gr. 840 obtenus précédemment sont repris avec 50 centi- mètres cubes d’eau légèrement acidulée par l’acide azotique. On séparé le soluté obtenu de la partie non dissoute, on sèche cette dernière et on la pèse : par différence, on connaît la propor- tion soluble, soit 0 gr. 570. Les éléments dosables sont le calcium, le magnésium, le potassium, le sodium, l’acide phosphorique et l’acide sulfu- rique. Le fer, le zinc et le manganèse existant seulement à l’état de traces faibles n’ont pu faire l’objet de dosages. Les résultats des diverses opérations sont consignées dans le tableau ci-dessous. A. Cendres insolubles. S04H2 Ca °gr>270 constitués par du sulfate de chaux. 0^,1905, soit 70,5 p. 100. 0sr, 0793 , soit 29,4 p. 100. B. Cendres solubles. . 08^,570 constitués par : pi°' Zl 'nos ’ S°-ï fi 0/0 Erklârungsversuch über die spezifische Fârbbarkeit der Tuber- kelbazillen. Deutsche med. Woch., 1900, Vereinsbeitage, 133. COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 539 rience. Il base sa conclusion sur l’analogie de coloration existant entre les œufs de taenia dont l'enveloppe est chitineuse et le bacille de Ivoch qu'il suppose contenir la même substance. Ruppel [1900] (1), constatant que l’acido-résistance persiste sur le résidu des bacilles tuberculeux traités par tous les agents de dissolution, admet également la présence d’une matière albu- minoïde voisine de la chitine, et fait remarquer que cette substance a été retrouvée chez d’autres végétaux, en particulier les champignons. Marmoreck [1901] (2), dans ses essais de coloration des bacilles jeunes par les couleurs d'aniline, remarque qu ils ne sont pas encore acido-résistants et conclut à l’absence, chez des jeunes sujets, d’une capsule ciro-graisseuse protectrice du pro- toplasme. Certains bacilles vieux ne possèdent plus la propriété acido- résistante. Marmoreck explique ce fait en admettant qu ils ont perdu le pouvoir de former de la cire. Ramond etRavaut 1900] (3) citent les expériences de Borrel qui réussit à maintenir virulentes des cultures qu un long séjour dans le xylol avait privé de leur acido-résistance. Ferran (4), par modification des milieux de culture (suppres- sion de glycérine), ou par passage sur des milieux différents, obtient des bacilles qui ne sont plus acido-résistants. Fischer[1899] (5) et Pappenheim [1901] (6) admettent que cette coloration est un phénomène physique et considèrenl que la coloration du bacille est en rapport avec le pouvoir d absorp- tion du protoplasme cellulaire. Grimme (7), qui fit une revue détaillée des opinions sur l acido- (1) Ruppel, Zur Chemie cler Tuberkelbazillen. Zeitsch. f. physiol. Chem., 36, 218, 1898-1899. , (2) Marmoreck, Beitrag zur Kenntnis der Kultur und Farbung der iul>er- kelbazillen. Zeitsch. fur Tuberkul. und Heilstüttenwesen , 1, 144. (3) Ramont et Ravaut, Les bacilles pseudo-tuberculeux. Progr . méd., 19, 429.1900. , .. , (4) Ferran, Nouvelle découverte sur le bacille de la tuberculose et la solu- tion expérimentale du problème de la prophylaxie et de la guérison de cette •maladie, C. R., 126, 1555, 1898. .,,,000 (? ) Fischer, Farbung, Fixierung und Bau des Protoplasmas, 114, 189 J. (6) Pappenheim, Grundriss der Farbchemie. Berlin, 1901. (1) A. Grimvie, Die wichtigsten Methoden der Bakterienfarbung in ihrerWn - kungauf die Membran, den Protoplasten und die Einschlüsse der Bakterien- -zelle. Centralbl. f. Bakt. (I), 32, 161-180, 320-327, 1902. 540 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR résistance [1902], conclut que, dans le bacille de Timothée et par suite dans le bacille de Koch, cette propriété serait due à une substance particulière sise dans le cytoplasme du micro- organisme , cette substance ne serait pas une graisse, car elle s< dissout dans 1 acide chlorhydrique. D ailleurs la graisse du bacille ne serait pas acido-résistante et se décolorerait plus facilement par 1 alcool que la substance en question ; d’autre part, ce ne serait pas une matière albuminoïde, car elle n’est pas dissociée par les agents habituels des fermentations. Enfin son indifférence vis-à-vis des ferments et sa sensibilité à l’égard de 1 acide chlorhydrique détruisent l’hypothèse d’une constitu- lion physique spéciale du protoplasme. Cette substance, qui aurait la propriété de se dissoudre dans 1 alcool à 80°, 1 éther, le xylol, l’acide chlorhydrique à 0 gr. 50 poui 100, devait pouvoir facilement s’extraire des bacilles. Elle est détruite par l’eau de Javel. Elle se combine à la fuchsine pour former un corps inattaquable aux acides. \Y. Bul loch et Macleod [1904] (1) constatent qu’un contact de plusieurs jours dans 1 alcool méthylique ne peut complète- ment dépouiller la substance bacillaire de sa propriété acido- résistante. Cet extrait alcoolique bacillaire, filtré à chaud et abandonné au refroidissement, laisse déposer un précipité blanchâtre, qui par saponification donne un alcool auquel les auteurs attribuent ‘ les propriétés acido-résistantes du bacille de Koch. Au cours de leurs recherches sur la maladie expérimentale provoquée par l’inoculation de bacilles tuberculeux dégraissés, Babès et Cantacuzène (2), ayant épuisé successivement par l’alcool méthylique et l’éther de pétrole des bacilles tués, con- statent qu au bout de trente-six à quarante-huit heures les corps microbiens ont perdu leur acido-résistance. L’action dissolvante de l’éther de pétrole sera encore con- firmée par Vallée (3) qui signale que les bacilles traités par ce solvant ont perdu leur acido-résistance. (1) W. Bulloch et Macleod. Loc. cit. (2) Babès et Cantacczène, Recherches sur la maladie expérimentale nrovo- 699eei905 linoculatlon de bacilles tuberculeux dégraissés. Ces Annales , 19, (3) Vallée, Bacilles tuberculeux dégraissés. C. R. Soc. Biol., 60, 1020, 1906. COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 541 Ciaccio (1), s’appuyant sur les expériences de Camus et Pagniez, reconnaît avec ceux-ci les propriétés acido-résistantes des acides gras, mais ne croit pas cependant que le bacille de Koch doive son acido-résistance aux acides gras, puisqu'il ne se colore pas comme ceux-ci par les couleurs d’aniline et que, dégraissé, il garde encore son acido-résistance. Dorset et Emery [1906] (2) rapportent à un alcool isolé de l extrait éthéré saponifié les propriétés de coloration du bacille. Deycke Pascha et Reschad Bey [1907] (3), étudiant le bacille de la lèpre, en isolent une substance soi-disant cireuse, la « nastine ». Mais ce composé ne se colorererait par le Ziebl qu'en présence d’une trace d’acides gras. Ces auteurs n'auraient pas retrouvé d’une façon certaine cette nastine dans le bacille tuberculeux. Auclair et Paris [1907] (4), critiquant les essais de Vallée et Babès, admettent que l'acido-résistance est due à la totalité des parties constituantes des bacilles. A l’appui de leur hypothèse, ils signalent que des bacilles dégraissés pendant 4 mois et ne contenant plus de substance adipo-cireuse conservent leurs propriétés acido- et alcoolo-résistantes. Behring avait indiqué également que les bacilles tubercu- leux dégraissés résistent à la décoloration par les acides. Strauss constate que des bacilles conservent leur forme après action de l’éther, de l’alcool et de la potasse. Mais après action de celle-ci, ils perdent leur colorabilité par la méthode d’Ehrlich ; ils continuent à se colorer par la solution anilinée de violet de gentiane, par la fuchsine de Ziehl, mais cette colora- tion ne résiste pas à l’action des acides. D’après Auclair et Paris l’acido-résistance ne serait pas imputable uniquement aux matières adipo-cireuses. Toutes les parties constitutives du bacille présenteraient individuelle- ment la réaction d’Ehrlich. L acido-résistance paraît liée à la constitution chimique et à l’état de condensation physique des composants du bacille tuberculeux. (1) Ciaccio, De l’acido-résistance au bacille de Koch. C. R. Soc. Biol., 60, 585, 1906. (2) Dorset et Emery. Loc. cit. (3) Deycke Pascha et Reschad Bey. Loc cil. (4) Auclair et Paris. Loc cit., 19, 137; 1907. 542 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR J>oar Gasis [1909J (1) l'acido-résistance ne serait pas due à la présence de matières grasses ni à à une substance analogue à la chitine, ni à un état physique des corps bactériens, mais à un corps de nature albuminoïde. L’auteur a comparé l’affinité tinctoriale des granulations éosinophiles des leucocytes à celle des bacilles et il conclut de ce fait à une constitution chimique analogue. Les granulations éosinophiles étant de nature nucléi- nique, 1 acido-résistance serait due à des substances analogues présumées dans le bacille. Fontes [1909 j (2) isola du bacille tuberculeux une cire se colorant par le Ziehl et possédant les propriétés acido résistantes. Enfin Sakae Tarnura 1913 (3) établit que le mykol est I élément principal de la coloration élective du bacille. Par cette longue énumération on voit combien les explica- tions du phénomène de l’acido-résistance données par les diffé- rents auteurs sont variables. Les premières hypothèses ont attribué un rôle important à la membrane du bacille, jusqu à ce que la pénétration de l’acide azotique à l’intérieur même des corps bacillaires vînt détruire < ette conception. On imagina ensuite la théorie de l enveloppe guiisseuse, puis les savants admirent que l acido-résistance était due à la présence des corps constitutifs du protoplasme cellulaire, soit à la matière grasse (Ivlebs, Unna, Aronson, Ivoch), soit à celle de corps albuminoïdes et cellulosiques (Hammerschlag), soit à des composés nucléiniques (Gasis) ou à la présence d’une substance particulière dans le cytoplasme (Grimme). Helbing attribue cette propriété à de la chitine, opinion admise également par Ruppel. A leur tour Bulloch et Macleod pensent avoir trouvé la solu- tion et attribuent cette acido-résistance à la présence d’un alcool provenant de la saponification de la matière grasse, et c’est aussi l’opinion émise par Dorset et Emery, Fontès, puis par Sakae Taniura après l’isolement du mykol, «, 1) (îasis, Ueber eine neue Reaktion der Tuberkelbazillen und eine darauf hegrundele d>fferential-diagnostisehe Fàrbungsmethode derselben. Centrait. /. Bakt. (I), 50, 111-127, 1909. (2) Fontes. Loc. cit. (3) Sakae Tamura. Loc. cit. COMPOSITION1 CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULEUX 543- Deycke Pascha et Reschad Dey* par analogie avec ce qu’ils constatent dans le bacille de la lèpre, attribuent l’acido-résis- tance à la présence d’un corps spécial, la « nasline », en pré- sence des acides gras du bacille tuberculeux. Enfin, avec Auclair et Paris, celte propriété est attribuée à tous les composants chimiques des corps bacillaires et à 1 état de condensation physique du protoplasme. RECHERCHES PERSONNELLES Devant les opinions si contradictoires des différents auteurs il était avant tout indispensable de savoir si le traitement des bacilles tuberculeux par un solvant des substances lipoïdes était susceptible de leur faire perdre la propriété acido-résis- tante. Si donc l’on traite le bacille tuberculeux par le solvant qui enlève toutes ces substances, en l’occurrence le chloroforme, on peut obtenir des corps microbiens qui ne présentent plus ce caractère. Mais il ne faut pas oublier que, pour arriver à ce résultat, il faut épuiser longuement les corps bacillaires afin d’enlever toute trace des substances lipoïdes. Les bacilles ont en effet tendance à s’agglomérer, surtout s’ils sont humides, et à s'opposer à la pénétration du solvant. Si 1 on prend ces masses agglomérées, on peut constater que les bacilles qu’ils contien- nent sont encore acido-résistants, tandis que les bacilles bien dissociés ne possèdent plus cette propriété. Les résultats négatifs obtenus par les précédents auteurs dans le traitement des bacilles viennent de ce que leur épuisement n’a pas été suffi- samment prolongé et aussi surtout de l’emploi de l’éther ou du mélange alcool-éther qui n’enlèvent pas facilement toute la substance lipoïde. Ce point étant acquis, il faut donc reconnaître que l’acido- résistance est due aux substances que le chloroforme a enle- vées, et de fait, l’ensemble des substances lipoïdes possède au plus haut point cette propriété. Comme nous avons vu que ces substances lipoïdes pouvaient se scinder en 4 fractions, nous avons essayé de déterminer laquelle d’entre elles possédait surtout l’acido-résistance. 544 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Technique. — Les substances sont dissoutes dans l’éther ou le chloroforme, pour celle qui n’est soluble que dans ce liquide; on trace sur des bandes de papier légèrement parche- miné les noms de substances dont on veut essayer le pouvoir acido-résistant en se servant comme encre des solutions pré- cédentes. On laisse ces tests de papier cinq minutes dans le Ziehl au bain-marie, on les lave à l’eau pour enlever l’excès de colorant, on plonge dans l’acide sulfurique au 1/4, puis on lave à l’alcool à 60° et finalement à l’eau. Ces traitements sont renouvelés trois fois consécutives. Le hyalinol ne possède pas l’acido-résislance. Il en est de même de la lécithine et du corps fondant vers 300°, obtenu après épuisement par l’alcool. La cholestérine a une réaction faiblement positive, mais la coloration disparaît si on renouvelle les lavages à l’acide sul- furique. Les substances cireuses et le mykol sont au contraire forte- ment acido-résistants. Dans les substances grasses proprement dites, ce ne sont pas les graisses neutres, mais bien les acides gras qui possèdent cette propriété. En effet, l’huile d’olive, l’huile de ricin et d’autres huiles ont donné des résultats négatifs. Parmi les acides gras ceux qui sont les plus acido-résistants sont les acides gras solides. L'acide caproïque est décoloré, il n’est donc pas acido-résistant; 1 acide oléique ne l’est que partielle- ment; par contre le mélange d'acides stéarique et palmitique et encore plus l’acide arachidique le sont davantage. Cette question d’acido-résistance, en ce qui concerne les acides gras, est d’ailleurs une chose relative, car par action prolongée ou répétée de l’acide sulfurique on peut constater que la coloration tend à disparaître peu à peu. Le même fait ne se produit pas avec les substances cireuses ou le mykol. Conclusions. Ainsi donc, nous pouvons conclure que l’acido-résistance iu bacille tuberculeux est due principalement à certaines substances lipoïdes qui l’imprègnent; que parmi les substances COMPOSITION CHIMIQUE DU BACILLE TUBERCULËUA 545 actives dans ce sens, les acides gras libres , mais surtout les cires, avec Yalcool libre ou provenant de la saponification de cette cire (mykol), sont les agenls de cette propriété si particu- lière de fixation de matière colorante. BIBLIOGRAPHIE Agulhon et Frouin Etude sur les matières grasses du bacille tuberculeux Bull. Soc.. Cliim. Biol., 1, 176. 1919. Aronson, Zur Biologie der Tuberkelbazillen. Berl. /clin. Woch n° 2? 1898- n° 35, 19 U). 1 loao’ Auclair et Paris, Constitution chimique du bacille de Koch Arc h de exp.et d'Anat. path., 49, 129-144, 1907; C. fi., 144, 278, 1907. Auci.air et Paris, Constitution chimique et propriétés biologiques du proto- 131-152° 1908baCllle dC ^ UlberCUl0Se- Arch • de MécL exP • et Anal, path., 20, Babes et Cantacuzene, Recherches sur la maladie expérimentale provocruée par 1 inoculat ion de bacilles tuberculeux dégraissés. Ces Annales 19 699 1905 Bienstock, Zur Frage der sogenannten Syplnlisbazillen und der Tubèrkel bazillen. Fortschritle d. Med.. 193, 1886. J, Johm Ueber die verschiedenen Fàrbemethoden der Tuberkelbazillen und deren kntische Rezension. Cenlralbl. f. Bakt. (I), 62, 497-520, 191^ A. Borrel, Bacille tuberculeux et paratuberculeux, Bull. Inst Pasteur 2 410, 506, 588, 1901. rasieui , z, Bulloch et Macleod, The Chemical constitution of the lubercle bacillus Journ. of. Hyg. Cambridge, h, 1-10, 1901; analyse.- Journ. Chem Soc 86 277* 1904 et Bull. Inst. Pasteur, 2, 381, 1904. ‘ ’ 8b’ 2'7’ Baudran, Analyse du bacille tuberculeux. C. B., 142, 657, 1906. Baudran, Sur une endotoxine tuberculeuse de nature ’albumosiaue r fi 149, 941, 1909. 4 ‘ *•' Baudran, Bacille de Koch. Milieux au glycérophosphate. Doses maxima de fer et de manganèse. C. fi., 151, 1200, 1910. Camus et Pagniez, Acides gras et bacilles tuberculeux. La Presse Médicale 15, 65, 1907. Ciaccio, De l’acido-résistance du bacille de Koch. C B Soc Biol fifi 585, 1906. 01 •’ ' Deycke Pascha et Reschad Bey, Ein bakterielles Fett als immunisierende Substanz bei der Lepra, seine theoretische Bedeutung und seine praktische Verwendung. Deutsche med. Woch., 33, 89, 1907. Dorset et Emery, Annual Beport Bureau of animal Indush'y 1904 • Mittei lungen über die chemische Konstitution des Bac. tuberculosL. Cenlralbl t Bakt. (analyse) [I], 37, 363, 1906. ' '' De Schweinitz, The composition of the tuberculosis and glanders bacilli Journ. Amer. Chem. Soc., 17, 605, 1895. De Schweinitz, Notes upon the fats contained in the tuberculosis bacilli Annual Beport Bureau of animal lndustry, 1888. De Schweinitz et Dorset, Further notes upon the fats contained in the tuberculosis bacilli. Cenlralbl. f. Bakt. (I), 19, 707, 1896. 36 546 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR L)e Schweinitz et Dorset, The minerai constituents of the tubercle bacilli. Journ. Amer. Chem. Soc., 20, 618-620, 1898; Centraibl. f. Bakt. (I),28, 993-995, 1898. De Schweinitz et Dorset, The composition of the tubercle bacilli derived from various animais. Journ. Amer. Chem. Soc., 25, 354-358, 1903 ; Centralb. f. Bakt. (I), 32, 186-192, 1902. Ehrlich, Farbung der Tuberkelbazillen. Deutsche metl. Woch., 1882. Ferran, Nouvelle découverte sur le bacille de la tuberculose et la solution expérimentale du problème de la prophylaxie et de la guérison de cette maladie. C. B., 126, 1555, 1898. Fischer, Farbung, Fixierung und Bau des Protoplasmes, 114, 1889. Fontes, Untersuchungen über die chemische Natur der den Tuberkelbazil- len eigenen Fett und Wachsarten und über das Phaenomen der Sâureresis- tenz. Centraibl. f. Bakt. ( I ) , 49, 3J7-321, 1909. Gasis, Ueber eine neue Ileaktion der Tuberkelbazillen und eine daraul begründete differential-diagnostische Fârbungsmethode derselben. Cen- tralb t. f. Bakt. (I), 50, 111-127, 1909. Grimme, Die wichtigsten Methoden der Bakterienfarbung in ihrer Wirkung aufdie Membran der Protoplasten und die Einschlüsse der Bakterienzelle. Centraibl. f. Bakt. (1), 32, 161-180, 320-327, 1902. Gottstein, Die Beeinllüssung des Fàrbungsverhaltens von Mikroorganismen durch Fette. Fortschritte d. Med., 252, 1886. IIammerschlag, Bacteriologisch-chemische Untersuchungen über Tuberkel- bazillen. Sitzungsber. d. k. k. Akad. d. Wissensch., 13 décembre 1888. Helbing, Erklârungsversuch über die spezifische Fârbbarkeit der Tuberkel- bazillen. Deutsche med. Woch., 1900 ; Vereinsbeil., 133. Klebs. Ueber heilende und immunisierende Substanzen und Tuberkelba- zillenkulturen. Centraibl. f. Bakt. (I), 20, 499, 1896. Klein, Zur Kenntnis'der Yerbreitung des Bacillus Tuberculosis und Pseudo- tuberculosis in der Milch, sowie der Biologie des Bacillus tuberculosis. Cen- trais. f. bakt, (I), 38, 111-114, 1900. Koch, Ueber neue Tuberculinpràparate. Deutsch. med. Woch., 1897. Kresling, Ueber Fettsubstanz der Tuberkelbazillen. Centraibl. f. Bakt. (I), 30, 897-909, 1901. Lôffler, Zum 25-jâhrigen Gedenktage der Entdeckung der Tuberkelba- zillus. Deutsche med. Woch., n° 12, 1907. E. Lowenstein, Beitrage zur Chemie der Tuberkelbazillus. Centraibl. f. Bakt. (I), 63, 591-593, 1913. Malm, Beitrage zur Chemie der Tuberkelbacillus. Centraibl. f. Bakt. (I), 70, 141-142, 1913. Marmorek, Beitrage zur Kenntnis der Kultur und Farbung der Tuberkel- bazillen. Zeitsch. f. Tuberkul. und. Heilstàttenwesen, 1, 444. Panzer, Notizen über die chemische Zusammensetzung der Tuberkelbazillen, Zeitsch. f. physiol. Chemie, 78, 414-419, 1912. Pappenheim, Grundriss der Farbchemie. Berlin, 1901. Bamond et Bavaud, Les bacilles pseudo-tuberculeux. Progrès Méd., 19, 429, 1900. Ruppel. Zur Chemie der Tuberkelbazillen. Zeitsch. f. physiol. Chemie, 36, 218, 1898-1899. Sakae-Tamura, Zur Chemie der Bakterien. Zeitsch. f. physiol. Chemie , 87, 85, 114, 1913. Spina, Untersuchungen über die Entfârbbarkeit der mit Anilinfarben tingier- ten Bakterien. Allgem. Wien. med. Zeits., 1887. Unna, Der Fettgehalt der Lepra und Tuberkelbazillen. Deutsch. Med., 1037, 1896. Vallée, Bacilles tuberculeux dégraissés. C. R. Soc. Biol., 60, 1020, 1906. Weichardt, Ueber die Beeinllüssung von Spaltprodukten aus Tuberkelba- zilleneiweiss. Centraibl. /'. Bakt. (I), 62, 539-544, 1912. SUR L’ÉVOLUTION DE SARCOCYSTIS MURIS par M. MARULLAZ. Les travaux de Th. Smith (1), L. Nègre (2) et H. Crawley (3) ont fait faire un grand pas à nos connaissances de l’évolution intestinale de Sarcocystis mûris. Néanmoins il restait encore à préciser le développement du parasite après sa pénétration dans l’intestin de l’animal soumis à l'infection. L. Nègre admet la formation de kystes qui, charriés avec les excréments, sont capables de propager l'infection à des sujets sains. Crawley croit à l’existence de macrogamètes, de microgamètes et de phénomènes de fécondation dans les cellules des villosités intestinales. Erdmann (4) a observé la pénétration du parasite sous forme « amibienne » dans les espaces lymphatiques intestinaux du nouvel hôte, puis son passage dans le tissu adipeux et son arrivée dans la musculature sous forme de petits éléments binucléés ; le nombre des noyaux se multiplie rapidement pour aboutir à la formation de tubes de Miescher. Sarcocystis mûris se présente à l’état adulte sous l’aspect de filaments blanchâtres pouvant mesurer jusqu’à 2 centimètres de long disposés dans le sens de la longueur des fibres muscu- laires. Ces filaments se fractionnent en petits éléments de 1 mil- limètre à 2 millimètres de longueur sur 0 mm. 25 de largeur, à extrémités arrondies que nous désignerons sous le nom de tubes types. La paroi de ces tubes types est constituée par une cuticule (1) Th. Smith. Journal of erperiment. medicine, 1901, 6, n° 1. (2) L. Nègre. C. R. Soc. de Biologie, 1907, 63, p. 374. — Ibid., 1910, 68, p. 997. — Thèse de doctoral ès sciences naturelles , Paris 1918. (3) H. Crawley. Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia , mars 1914. — Ibid., mai 1914. — Ibid., janvier 1916. (4) Erdmann. Entwickl. der Sarcocyst. mûris in der Musculatur. Sitzungsberichte der Gesellsch. der Naturforsch. Freunde, Berlin 1910, pp. 377-387. — Arch. de zoolog. expériment. et générale, juin 1914- ANNALES DE L’INSTITUT PASTETJH r,4s anliiste d’où part un fin cloisonnement de la cavité du tube. Dans les loges circonscrites par ces cloisons se trouvent en très grand nombre des spores de formes et de dimensions diverses. Les unes sont arrondies et ont un diamètre de 4 g. à 5 jx, les autres allongées ou en forme de croissant mesurent en moyenne 10 fx à 1 1 p. sur 5 à 6 p.. On rencontre de grandes formes binucléées, ovalaires ou incurvées également en croissant atteignant 16 p. de longueur et jusqu’à 9 p- de largeur. Fig. 1. — 1, Sarcocystis mûris, coupe longitudinale d'un tube de Miescher. 2, coupe transversale montrant le cloisonnement de la cavité. 3, spore ronde. 4, petite spore en croissant. 5, grande spore en croissant. 6, 7, 8, spores en voie de division. Dans les cas d’infection ancienne on peut dire que tout le système musculaire strié est envahi par le parasite * par exception, nous n’en avons jamais rencontré dans le cœur. Si l’on fait ingérer du muscle infecté à des souris neuves, on peut retrouver des spores dans les cellules épithéliales de 1 intestin grêle déjà 1 heure 3/4 après 1 expérience, sous forme d’éléments ovalaires logés dans la partie supérieure de la cel- lule; leur protoplasme se colore à peine en rose par l’héma- toxyline-éosine et ne renferme aucune granulation métachro- matique, leur noyau est central et présente une structure nettement] granuleuse: la cellule-hôte ne paraît subir encore aucune modification autre que l’augmentation de volume due à la présence du parasite. Il est déréglé cependant de constater qu’au bout de peu de temps le noyau de la cellule épithéliale perd sa forme allongée, s’arrondit, se trouve refoulé vers la membrane basale en même temps que la pycnose augmente. ÉVOLUTION DE SARCÔCYSTIS MURIS 540 tandis que le protoplasme n'offre pas de réaction appréciable par les colorants usuels (1). Déjà à partir de la deuxième heure la spore installée dans la cellule intestinale commence à évoluer. La forme s’arrondit, son protoplasme, tout en restant clair, semble diminuer de volume, son noyau perd sa structure granuleuse, la chromatine s’organise en bâtonnets qui se disposent en masse d'armes. La mitose est commencée. Elle se poursuit par la formation de faisceaux polaires qui finissent par se séparer complètement 2 3 4 5 6 Fïg. 2. — 1, 2, spores libres dans l'intestin, le dixième jour après linlection expérimentale. 3, spore en croissant dans une cellule épithéliale de l’intestin grêle. 4, 7, 6, 7, quatre stades de la mitose d’une spore endo-cellulaire de 1 intestin. 8, 9, spore en voie de mitose (dyaster) dans les espaces lymphatiques de villosités intestinales. 10, spore en dyaster dans la muscularis mucosœ de l'intestin. vers la quatrième heure après l’ingestion du parasite. Il est exceptionnel d'observer chez ces éléments intracellulaires la division du protoplasme consécutive à celle du noyau. Par contre, il est fréquent de trouver dans le lumen intestinal des sarcosporidies libres ou incluses dans des cellules épithéliales desquamées, binucléées, semblables à celles que l’on observe dans le revêtement des villosités, et aussi des sarcosporidies en forme de croissant avec un seul noyau, analogues en tous points aux grandes formes musculaires, qui proviennent de la division des formes binucléées que nous venons de décrire. Ces éléments ne sont pas de ceux qui ont servi à pratiquer 1 infection (1) Hématoxyline au perchlorure de fer-f- éosine ou liqueur de \ an Gieson. 550 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR de J animal, car c’est vers le dixième jour après l’ingestion qu'ils sont les plus nombreux (fig. 2). Tandis que les sarcosporidies restées intracellulaires pré- sentent des phénomènes de mitose complète, nous en voyons d autres qui, après le début de la caryocinèse, au stade de d> aster, quittent leur cellule-hôte pour pénétrer dans les espaces lymphatiques du tissu de soutènement des villosités. Ce sont des sarcosporidies de dimensions normales, leur noyau affectant une forme de calebasse se compose de deux ô <2> 5 6 une'cellnlo h#1’0»-6 lilIe^a"su,lecellule hépatique. 2, spore tille hinuclééedans ... ! hépatique. 3, 4, spores tilles libres dans le foie. 8, 6, spores filles hbres dans la rate. 7 8, 9, spores filles dans la musculature striée dei’abdomen! . ’ 7 Spores fllles hinucléées dans la musculature striée. 13, rosace à 8 éléments dans la musculature de l’abdomen. masses arrondies dont l’homogénéité permet de supposer un arrêt dans la mitose. Nous avons noté la pénétration de ces éléments dans les espaces lymphatiques à partir de la vingt- quatrième heure et nous les avons suivisjusque dans la tunique musculaire de l’intestin sans constater de modification de leur aspect. Il eût fallu continuer leur observation dans les voies et ganglions lymphatiques de l’abdomen ; malheureusement les petites dimensions de ces organes chez la souris rendent leur manipulation malaisée tant pour des examens à l’état frais que pom la confection de coupes microscopiques Nous nous sommes adressé au foie ; et nous y avons rencontré a partir du onzième jour de petits éléments ovales, mesurant 4 [x sur 3 g, a protoplasme homogène se colorant en bleu clair ÉVOLUTION DE SARCOCYSTIS MURIS bSl par le Giemsa et renfermant un caryosome arrondi, rouge et placé excentriquement. Ces organismes sont libres ou inclus dans les cellules hépa- tiques. Ils étaient rares ou non rares dans les coupes et frottis examinés. On en trouve également dans la rate, mais moins nombreux et toujours extra-cellulaires (lig. 3). • L’examen de la musculature nous y a fait découvrir entre le qua- rante-quatrième et le cinquante-cinquième jour après l’ingestion des éléments analogues à ceux trouvés dans le foie et d’autres ayant les memes caractères cytologiques, mais un peu plus allongés ou en forme de croissant, logés dans les fibres muscu- laires.ou en voie d’y pénétrer. A côté de ces formes à un seul noyau il en existe d’autres plus arrondies possédant deux caryosomes nettement séparés indiquant un commencement de division. . Nous avons pu également observer un élément endomus- culaire rond de 5 tj. de diamètre renfermant 8 corpuscules disposés en rosace dans une substance amorphe et incolore, chacun d’eux étant composé d’une masse protoplasmique homo- gène contenant une boule de chromatine. En résumé, nous voyons que les sarcosporidies ingérées par les souris en expérience peuvent évoluer de deux manières : 1° Une partie d’entre elles, après s’être fixées dans les cellules de revêtement des villosités intestinales, y subissent une caryocinèse complète. Les produits de cette division, libres ou encore inclus dans leur cellule-hôte, tombent dans le lumen intestinal où ils continuent à pulluler pendant un certain temps — nous avons vu que c’est vers le dixième jour que leur nombre atteint son maximum — et où ils entretiennent l’infection expérimentale primitive. Il est logique d’admettre qu’une bonne partie des sarcospo- ridies libres dans l’intestin sont expulsées avec les déjections, et peuvent ainsi propager l'infection chez les souris cohabitant avec le sujet en expérience ; bien que nous n’ayons jamais vu de kystes analogues à ceux décrits par L. Nègre, et sur la nature desquels cet auteur n’a pu se prononcer formellement, nous ne voulons pas exclure le passage par un stade résistant des spores ainsi évacuées. 2° L’autre partie des sarcosporidies ingérées après avoir 552 ANNALES DE L’INSTITUT PÀSTËÜR subi un début de caryocinèse dans les cellules épithéliales, émigre dans les espaces lymphatiques. Leur division complète paraît s’opérer durant le temps de leur passage de l’intestin dans les viscères — foie et rate — où nous en retrouvons les produits. Les spores filles pénétrant dans la /nusculature striée s y multiplient a leur tour sous forme de rosaces, en quoi il faut voir le début du tube de Miescher. Au cours de nos nombreuses observations qui portent sur 65 souris examinées entre la première heure et le 127e jour après 1 infection expérimentale, nous n’avons jamais rien noté qui parût venir confirmer les idées de Crawley sur la fécondation des spores incluses dans les cellules intestinales. Nos diverses tentatives d infection par inoculations intra- péritonéales ou intramusculaires ont toutes échoué comme cela est arrivé aux autres expérimentateurs. (Travail du laboratoire de M. Laveran.) Le Gérant : G. Masson. Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette Annales de l'Institut Pasteur. TOME XXXIV PL. XVI Mém.M. Leqer Constantin . lith. Imp. L. Lafontaine . î ; ; . . ,• ' •: n.*j ’•> *,• -V n’-. 5'. ’Vv .(v« : V' / ■ ■fi- :-i.f — 5 — APPAREILS DE PRECISION Servant en Physiologie, en Pharmacologie et en Médecine INSTALLATIONS COMPLÈTES de LABORATOIRES sur DEVIS 7, Rue Linné, PARIS (Ve) Téléphone 828-33 NOUVELLE ÉTUVE àtempérature constante de HEARSON La figure représente l’Étuve électrique sans réser- voir d’eau. Dans ces appareils, la chaleur est produite, distribuée d’une façon uniforme par un ou plusieurs fils. Des jonc- tions spéciales commandant chaque fil permettent d’utiliser ces résistances suivant certaines combinaisons pour pro- duire des températures plus ou moins élevées. Nous fabriquons tous les appareils nécessaires aux labo- ratoires de bactériologie, tels que : bains-marie, étuves à paraffine, stérilisateurs, appareils Wassermann, etc. Tous nos appareils peuvent être chauffés, soit au pétrole, gaz ou électricité. ENVOI GRATUIT DU CATALOGUE SUR DEMANDE Seuls Concessionnaires : SPRATT’S PATENT 38, rue Caumartin, PARIS Mf BERNOT Frîs 160 Rüe LafayeUe PARIS î€B6€rB&PH3EB - Bik€TlfeRg8;L@fë$3i E. COGIT & CIE Adoptée officiellement par la Marine et les Hôpitaux de Paris . PANCREATINE DEFRESNE 1 gr. transforme simultanément : 35 gr. albumine: 20 gr. corps gras: 25 gr. amidon. Dyspepsie. Diabète . Dégoût des Aliments . | Gastralgie î Digestions difficiles. $ Gastrite, etc. POUDRE — PILULES ÉLIXIR |P^^£gf^:_^teur_deJa_Pepton^Pancréatique, 4, Quai du Marché-Neuf, PARIS, et Pharmaof s. Constructeurs d’instruments et d’ Appareils pour les Seienees 36, Boulevard Saint-Michel, PARIS • Téléphone : Fleurus 08-58 ATELIERS DE CONSTRUCTION EXPÉDITIONS ET VERRERIE EN GROS 19, Rue Humboldt, PARIS AGENTS EXCLUSIFS DES MICROSCOPES KORISTKA. S.O.M. Construits par la Société d’Optique et de Mécanique de Haute Précision, à Paris. 7 Dépositaires des Colorants français R. A. L. et (les Colorants du D« TRIBONDEAU et du Dr HOLLANDE Produits chimiques pour la Micrographie et la Bactériologie Autoclaves, Centrifugeurs, Installations complètes de Laboratoires, Milieux de culture s téril isés , AIicrotom.es de toutes marçues APPAREILS ET BROYEURS LATAPIE NOUVEAU MODÈLE D'ÉTUVES ÉLECTRIQUES A TEMPÉRATURE CONSTANTE NOUVEAUX APPAREILS DE PHYSIOLOGIE Marque «ASCO »» pour la médecine et l’expérimentation. BILLAD CHENAL , DOUILHET et C1-, Suce PARIS — 22, rue de la Sorbonne, 22 — PARIS FABRIQUE DE PRODUITS CHIMIQUES ET PHARMACEUTIQUES Produits pars pour Analyses « Bactériologie * Histologie * MicrograpHio Dépôts des balances : H. L BECKER Fils et Cie, de BRUXELLES En France : Henry-Louis BECKER. - A. CATTEAÜX et R. GUELTON Suc”. EOTXIfclSriSSETTIRS IDE L’INSTITUT PASTEUR — 7 — FOURNITURES GÉNÉRALES pour LABORATOIRES et Ateliers de construction d’Appareils de précision Les Établissements POULENC Frères 122, Boulevard Saint- Germain — PARIS Siège social : 92, rue Vieille-du-Temple Produits Chimiques purs Réactifs, Liqueurs titrées Verre Français, marque LABO VERRERIE ORflIÎRË ET GRADUÉE DENSIMÈTRES THERMOMÈTRES APPAREILS I chauffés au gaz, au pétrole, à l’électricité. Autoclaves et Étuves à culture COLORANTS FRANÇAIS, marque R. A, L. pour Microbiologie et Physiologie MICROSCOPES === MICROTOMES === CENTRIFUOEURS Mi" BERNOT Fr!s 160 Rue La Fayette PARIS MASSON et O, Éditeurs, Libraires de l’Académie de Médecine 120, boulevard Saint-Germain, PARIS. Vient de paraître A. CALMETTE L’INFECTION BACILLAIRE ET LA TUBERCULOSE CHEZ L’HOMME ET CHEZ LES ANIMAUX vol. gr. in-8° de 620 p. avec 28 figures et 25 planches en couleurs. 55 fr. net. - 8 - y- ATELIERS DE CONSTRUCTION Pour APPAREILS DE CHIMIE, ** BACTÉRIOLOGIE, \ Verrerie soufflée, graduée, porcelaine, terre, grès. « ami s 36 et 13, Rue Vauquelin = PARIS (Ve) = INSTALLATIONS COMPLÈTES DE LABORATOIRES ET EE SALLES D’OPÉRATIOITS Fourniture de Produits chimiques — Matières colorantes Microscopes — Microtomes. NOUVELLES VERRERIES DE LABORATOIRE : Neutra . Qualité Iéna. Fiua. . . — Bohême. Verre. . — Courante. Produits français fabriqués par la Verrerie E. ADNET, 28, rue des Carrières, à Gharenton, près Paris. — ENVOI FRANCO DU CATALOGUE ILLUSTRE — Pi I ET1 I I Y ^ INGENIEUR ■ EL. VdC w CL U /x j des Arts et Manufacture PARIS — 64, Rue Gay-Lussac, 64 — PARIS Adresse télégraphique : W1ESNEGG-PARIS. — Téléphone : 806-25. SPÉCIALITÉ D'APPAREILS^ BACTÉRIOLOGIQUE Autoclaves * stérilisateurs a air chaud * STÉRILISATEURS A EAU BOUILLANTE * ÉTUVES et BAINS-MARIE A TEMPÉRA- TURES CONSTANTES * ÉTUVES A CUL- TURES MICROBIENNES CHAUFFÉES PAR LE GAZ, L’ÉLECTRICITÉ ET LE PÉTROLE * RÉGULATEURS DE TEMPÉRATURE * CHAMBRES - ETUVES , etc. ^ APPAREILS A DÉSINFEC- ti°n. ^ FOURNISSEUR DES lnstitats PASTEI de Paris, Lille, etc. et Instituts Bactériologiqu de France et Etranger INSTALLATION DE LABORATOIRI Projets, Devis Envoi franco des Catalogues sur demam Expositions l Bruxelles 1S91 : Grand Prix I Saint-Louis 1904 : Grand Pi Universelles / Paris 1900: 2 Grands Prix I Bruxelles 1910 : 2 Grands Pi Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette. T. XXXIV. — 1920. Septembre — N° 9. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR FONDÉES SOUS LE PATRONAGE DE M. PASTEUR PAR » * E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION Dr GALMETTE, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dp LAVERAN, membre de l’Institut de France ; Dr L. MARTIN, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; Dr VAILLARD, membre de l’Académie de médecine. PARIS MASSON ET C‘«, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE f 120, Boulevard Saint-Germain (6e). ECRÉTAIRE DE LA RÉDACTION : CAMILLE RAYEAU BIBLIOTHÉCAIRE DE L’iNSTITUT PASTEUR 25, RUE DUTOT — PARIS (XVe) Les annonces sont reçues à l'Économat de VInstitut Pasteur . J PRIX DE L’ABONNEMENT. — France : 3S francs ; Union postale : 36 francs; Prix d’un Numéro : 3 francs. — 2 - ABONNEMENT. — PRIX DES VOLUMES DES « ANNALES ». Prix de l’abonnement, à partir de 1920; France .... 32 fr. — — — — Union Postale. 36 fr. Prix d’un numéro, — — 3 fr. Années antérieures. — Les années 1888, 1889, 1890, 1891, 1894 à 1896 sont épuisées. Les années 1892, 1893 et 1897 à 1919 se vendent séparément 28 francs. Les années 1887 (volume I), 1893, étant très rares, ne se vendent pas séparément. Tables des Matières, années 1887 à 1906, 1 vol., 10 francs. SOMMAIRE DU N° 9 Paj Nouvelles recherches expérimentales sur la vaccination des bovidés contre la tuberculose, par A. Calmette et C. Guérin . Jubilé Ë. Metchnikoff. — Considérations sur les théories de la coagulation du sang, par le Dr Jules Bordet Études sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes ( deuxième mémoire) : Sérums antitoxiques, par M. Nicolle, E. Césari et E. Debains Sur la classification de certains groupes de bacilles aérobies de l’intestin humain, par Aldo Castellani et Albert J. Ghalmers Recherches complémentaires sur la fabrication du Nuoc-mam, par J.Mesnard et E. Rosé. Mort subite du lapin au cours d’inoculations sous-cutanées de substance nerveuse homo- logue, par P. Remlinger Errata : Addendum Le “ JEYËS ” seul véritable CRESYL ! EXIGER LE VRAI -JEYES Le seal d’une efficacité scientifiquement contrôlée et d’une innocuité absolue et constante LE MEILLEUR DÉSINFECTANT ANTIPARASITAIRE Cicatrisant rapide des plaies, blessures, etc. Indispensable pour I Assainissement, la Désinfection et l’Hygiène des Habitations et de leurs Dépendances Le CRÉSYL-JEYES authentique possède ne pouvoir germicide considé- rable, même en présence de matières protéiques. Non toxique, le CRÉSYL-JEYES se montre contre les Plaies un excellent antlseptiqne. Pour la désinfection des Locaux, les bons effets du CRÉSYL-JEYES tiennent à ses remarquables propriétés BACTÉRICIDES et ANTIPUTRIDES. SAVONS ANTISEPTIQUES AU CRÉSYL-JEYES pour la TOILETTE et l’HYGIÉNE de la PEAU Société Française de Produits Sanitaires et Antiseptiques PARIS — 35, Rue des Francs-Bourgeois — PARIS. 3 ». LEQUEUX* y [Ingénieur des Arts et Manufactures Maison. WIESNEGG, 64 , rue Gay-Lussac , Paris Fournisseur de l'Institut Pasteur et de la Faculté de médecine de Paris TÉRIUSATEURS, ËTUVES, APPAREILS DE DÉSINFECTION Installations de Laboratoires de bactériologie. Exposition univ. Paris 1900 : DEUX GRANDS PRIX ÉTABLISSEMENTS Produits, Procédés et APPAREILS pour la DÉSINFECTION en surface, en profondeur et par lavages ou trempages. Ol £ \ o : l u- J G O N I N <#**** AS*, w* ~rv*m**’ J APPROUVÉS par le Conseil supérieur d’Hygiène publique de France, AUTORISÉS conformément à la loi par M. le Ministre de l’Intérieur. F 3 pour 15 m3 N° 4 pour 20 m3 FUMIGATORS GONIN Cartouches auto-productrices d'aldéhyde formique CRÉSYLOL SODIQUE GONIN - FLUOFORMOL GONIN NITIDOL GONIN tT-i rpi t T t ïti O de tous chauffages, fixes et transportables, à basse ljj JL LJ V JDjO température, sans pression, utilisant le formol. — Adresser toute la correspondance M. le Directenr des Etablissements GONIN 60, Rue Saussure, PARIS (17e) Adresse lelêgr. : FUMIGATOR-PARIS Télêph. : WAGRAM -17-23 FABRIQUE DE GRILLAGES pour Études Bactériologiques CHENILS ET VOLIEEES Paul PIARRETTE Fournisseur de l’Institut Pasteur et de la Faculté de Médecine 17, rue Séguier, 17, Paris (&) — 4 — LYSOL Lt PLUS [PUISSANT DES ANTISEPTIQUES-DÉSINFECTANT DÉRIVÉS DU GOUDRON ENTIÈREMENT SOLUBLE DANS L’EAU k® FYSOLi, recommandé par les médecins et les savants les pli éminents, est le meilleur préservatif des maladies épidémiques (inppe, Influenza, Diphtérie, Fièvre typhoïde, etc. Les Dispensaires antituberculeux et, principalement, le Dispensai modèle de Lille, fondé et dirigé par le Dr Calmette, emploient le Solutions Lysolées, de préférence à toutes autres, pour la dei tructiondes germes malfaisants des crachats et du linge des tuberculeu: Savons Ai toilette antiseptipes an LYSOL, ponr ÉCOLES, CRECHES, DISPENSAIRES, etc. Eau Dentifrice antiseptique au LYSOL Soeiété française du ItYSOL 65, rue Parmentier, à IYRY (Seine) Le seul autorisé par PASTEUR à porter son nom — — ii— Lnj~L~Lru 2 Grands Prix (Exposition Universelle 1900) 5 Diplômes d’Honneur 12 Médailles d’Or Prix Montyon Médaille d’Or de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale. Le SEUL pouvant s'opposer efficace- ment à la transmission des maladies par les eaux de boisson. FILTRATION DE L’EAU BOUGIES DE POROSITÉS GRADUÉES POUR LABORATOIRES Siège social : 58, rue Notre-Dame de-Lorette, PARIS SOCIÉTÉ D INSTALLATION ET D'ENTRETIEN 1 , Rue Godot-de-Mauroi (POUR PARIS ET LA BANLIEUE) 34' ANNÉE SEPTEMBRE 1920 N" 9 ANNALES L’INSTITUT PASTEUR t S — NOUVELLES RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA VACCINATION DES BOVIDÉS CONTRE LA TUBERCULOSE par A. CALMETTE et G. GUÉRIN Dans un précédent mémoire (1), nous avons montré qu'en cul- tivant le bacille tuberculeux bovin sur milieux biliés glycéri- nes, en longues séries successives, on obtient une race de bacilles atténués, devenus avirulents pour le bœuf , le singe et le cobaye , très bien tolérés par l’organisme, même à doses considérables injectées dans les veines, ne produisant dans aucun cas de lésions tuberculeuses, mais conférant cependant aux bovidés, à partir du trentième jour après la vaccination, une résistance durable aux inoculations d’épreuve faites par voie intraveineuse. « Il nous reste à préciser, disions-nous, la durée de cette résistance vis-à-vis de la contamination naturelle par cohabita- tion continue avec des bovidés tuberculeux. C’est ce que nous étudions actuellement. » (1) Ces Annales , février 1913. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR >54 Les expériences instituées dans ce but, commencées le 21 novembre 1912, ont été brutalement interrompues en août 1915 pendant l’occupation allemande. Nous dirons à la suite de quelles circonstances. Néanmoins, les résultats acquis à cette dernière date sont assez intéressants pour que nous croyions utile de les publier. Nous disposions de dix génisses bretonnes, âgées de neuf à dix mois, indemnes de tuberculose. Quatre devaient nous servir de témoins. Les six autres devaient être soumises aux essais de vaccination. Le 21 novembre 1912, ces six génisses reçurent dans la veine jugulaire une unique injection vaccinale de 20 milli- grammes de bacilles bovins (880 millions de bacilles ) provenant d’une culture de 70e passage sur pomme de terre biliée et âgée de deux semaines. Ce meme jour nos génisses furent placées, ainsi que les quatre témoins, dans une étable spécialement aménagée pour favoriser la contamination naturelle et déjà habitée depuis deux mois par cinq vaches adultes tubercu- leuses. Afin d’assurer la contamination, les vaches tuberculeuses, soumises à un changement de place hebdomadaire, étaient attachées, comme le montre la figure ci -après, immédiatement eu avant de la rangée des génisses en expérience. Le sol incliné de l’étable était disposé de telle sorte que les déjections des vaches tuberculeuses, entraînées par l’urine, souillaient constamment la litière et les aliments disposés dans une auge commune sur toute la longueur du rang des génisses (voir figure ci -contre). Le programme que nous nous étions tracé comportait en outre une seconde vaccination (également de 20 milligrammes de bacilles biliés) faite au bout d'un an de séjour dans l’étable pour les numéros 41, 44, 47, et une troisième vaccination iden- tique, effectuée encore après une nouvelle période d’une année, pour les numéros 41 et 44. L effectif des cinq vaches infectantes fut toujours maintenu au complet pendant les trente-quatre mois que dura l’expé- VACCINATION DES BOVIDÉS CONTRE LA TUBERCULOSE 555 rience, ce qui, en raison des morts qui se produisirent, nécessita le passage de dix vaches présentant des signes extérieurs de tuberculose. L’autopsie révéla chez huit d’entre elles l’existence d’une tuberculose avancée ; chez les deux autres on ne trouva qu’une tuberculose discrète des ganglions bronchiques et médiastinaux, excluant peut-être une contagion efficace. Un de ces deux animaux est resté dans l’étable pendant trente et un mois. Il faut donc admettre que seulement trois vaches atteintes de tuberculose grave ont séjourné à la fois clans h étable pendant les essais. 556 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Disposition des animaux dans l'étable de contamination. n l t 2 i 3 Vaches tuberculeuses t infectantes t 5 I tvvtvvtvvt N0S 40 41 42 43 4 4 45 46 47 48 49 Génisses : T, témoins. V\ vaccinées. Le 21 novembre 1913, un an après le début de I expérience les dix génisses furent soumises à une injection de tuberculine Les résultats de cette épreuve sont indiqués ci-après : 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 T 1 V V 1 T 1 V 1 V 1 T 1 V I V T I 1 2°5 1°1 1 t)°3 1 I09 1 0°8 1 1°8 1 0°2 1 0°8 1 1°0 1 2° 5 + ? — + — + — — ■) 4- S’il est permis d'interpréter sûrement en faveur de i’exislenc de la tuberculose la réaction positive constatée chez 3 témoin sur 4, il n’en est pas de même en ce qui concerne la réactio positive et les deux douteuses observées cheztrois des six génisse vaccinées. On sait en effet que, dans un certain nombre de cas la présence de bacilles avirulents dans l’organisme peut provo quer la sensibilité à la tuberculine. Les dix génisses son dans un état de santé très satisfaisant. Leur croissance es régulière. Conformément au programme, les nos 41, 44, 47 reçoives dans les veines une seconde injection vaccinale de 20 mil U grammes de bacilles biliés du 89e passage; culture âgée d 21 jours. Le2juin 1914, dix-huit mois après le début de l’expérience les dix génisses sont soumises à une injection de tuberculim Voici les résultats de cette épreuve : Nos 40 41 42 43 44 45 T V V T V V I I ! I I I 1°4 0°7 0°6 2°3 0°3 0°9 46 T I 0°5 47 V I 0°7 48 V 0°2 49 T 1°2 + y VACCINATION DES BOVIDÉS CONTRE LA TUBERCULOSE 557 Après dix-huit mois de cohabitation infectante, les six génisses vaccinées, — même celles qui ne Font été qu’une fois tout au début, — ne réagissent pas à la tuberculine, alors que trois témoins sur quatre sont manifestement infectés. Pour ce qui est du quatrième témoin, n° 46, qui continue à ne pas réagir, il faut bien admettre que la résistance indivi- duelle à la contamination, inexistante vis-à-vis de l’inoculation expérimentale d épreuve, est cependant manifeste lorsqu il s’agit de cohabitation infectante. Le -21 novembre 1914, deux ans après le début de l’expé- rience, en raison de la défense qui nous fut faite par 1 autorité militaire allemande de sortir de nos domiciles après 8 heures du soir, l’injection de tuberculine ne put pas être effectuée ; mais les génisses nos 41 et 44 reçurent dans les veines une troi- sième inoculation vaccinale de 20 milligrammes de bacilles biliés provenant d’une culture de 113e passage, âgée de deux semaines. La santé de tous les animaux se maintenait par- faite. Le 1er mars 1915, par suite d’un accident survenu au collier d’attache de la génisse n° 41 (vaccinée trois fois), cette dernière était trouvée étranglée à deux heures du soir. L autopsie, faite immédiatement, ne permit pas de déceler la moindre lésion tuberculeuse. Les ganglions bronchiques furent prélevés en totalité, triturés et inoculés sous la peau de huit cobayes. Le 23 juillet 19 15 les cobayes ne présentent pas de lésions locales ; ils sont sacrifiés et reconnus indemnes de tuberculose. L’expérience se poursuivait dans de bonnes conditions lorsque, dans les premiers jours d août 1915, lautoiité alle- mande fit afficher un ordre enjoignant d’avoir à déclarer, sous les peines les plus sévères, tous les bovidés existant sur le territoire de la commune, ceux-ci devant être réquisitionnés par l’armée. Pour éviter cette déclaration, nous décidâmes de mettre fin à l’expérience et de procéder à 1 abatage clandestin de nos ani- maux. Le 16 août 1915, trente-deux mois après le début des essais, 158 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR les neuf génisses restantes furent soumises à une injection de tuberculine : Nos 40 T 42 V 41 V -f- indemne -J- 43 44 45 46 1 47 48 49 T V V T Y V T 1 2<6 0P0 CO O O O 0°7 c oo 1 1°7 + — + - — — + celte épreuve que les génisses vaccinées , ^ 41 4 4 J V l LJ U ti CCI1C VHC- cinée deux fuis en 1912 et 1913 (n“ 47) sont encore indemnes de tuberculose; mais que, sur les trois autres génisses (nos 42, 45 el 48) vaccine'es une seule fois en 1912, au début de l’expé- rience, deux sur trois (n°s 42 et 45) sont contaminées et qu’elles 1 ont été entre le dix-huitième el le trente-deuxième mois de cohabitation infectante. Quant au quatrième témoin, n° 46, il ne réagit toujours pas, montrant ainsi un exemple de résistance individuelle tout à fait remarquable. ' Du 27 août au Ie" octobre 1915, il fut procédé clandestine- ment a 1 abatage de tous les animaux, en commençant par les témoins et par ceux qui avaient réagi à la dernière épreuve de tuberculine. A. — Témoins : N 40. — Lésions très discrètes. Dans un ganglion mésentérique un tuber- cule de la grosseur d’un grain de millet, caséeux. Dans les ganglions bron- < iques, 2 tubercules de la grosseur d’un grain de millet, caséeux. 43‘ 71 DfnS 16 poumon droib 9 tubercules de la grosseur d’une noi- sette a celle d une noix, tous caséeux. Hans le poumon gauche, 1 tubercules gros comme une petite noisette chi-nevis ^ gan8l‘°nS bronchi1ues. 7 tubercules gros comme ‘des grains de N°, 49’ ~ Les gang|ions médiastinaux sont triplés de volume et montrent sur la coupe de nombreux foyers tuberculeux allant de la grosseur d'un grain de millet à celle d'une noisette. I.esgangl,„r,s bronchiques présentent sur la coupe plusieurs tubercules & os comme des grains de chènevis. t No 46. (N’a jamais réagi à l’épreuve de la tuberculine). - Tout à fait indemne de tuberculose. Les ganglions bronchiques sont prélevés triturés et inocules sous la peau de 4 cobayes qui, le 2 décembre 1915, sont sacrifiés et ne présentent aucune lésion. rennes VACCINATION DES BOVIDÉS CONTBE LA TUBERCULOSE 559 B. — Vaccinés : Série I. — Vaccinés une seule fois, en 1912. N° 42. — On trouve dans les 2 poumons 15 tubercules de la grosseur d’un pois à celle d’une noisette, tous caséeux. Les ganglions bronchiques et médiastinaux sont farcis de lésions. N° 45. — Dans un ganglion mésentérique, une lésion tuberculeuse grosse comme une noisette. Dans un ganglion médiastinal, un foyer gros comme un petit pois. Ganglions bronchiques sains en apparence. Dans le poumon droit, 2 tubercules gros comme une noisette. N° 48. — Aucune lésion tuberculeuse apparente. Les ganglions bronchiques sont prélevés, triturés et inoculés sous la peau de 5 cobayes qui, ultérieure- ment, ne montrent pas de lésions tuberculeuses. Série IL — Vaccinée deux fois, en 1912 et 1913. N° 47. — Aucune lésion tuberculeuse apparente. Les ganglions bronchi- ques sont prélevés, triturés et inoculés sous la peau de 5 cobayes. Le 2 décembre 1915, ces animaux, sacrifiés, ne présentent aucune lésion. Série III. — Vaccinée trois fois, en 1912, 1913 et 1914. N° 41. — Mort accidentellement le 1er mars 1915. L'autopsie et l’inoculation ■des ganglions bronchiques ont montré que cet animal était indemne de tuberculose. N° 44. — Aucune lésion tuberculeuse apparente. Les ganglions bronchi- ques sont prélevés, triturés et inoculés sous la peau de 6 cobayes. Le 2 décembre 1915, ces cobayes sacrifiés ne présentent aucune lésion tuber- culeuse. ★ * * De ces expériences se dégagent les conclusions suivantes : 1. La culture du bacille tuberculeux bovin en séries succes- sives sur milieux biliés glycérinés — (nous entretenons régu- lièrement ces cultures depuis 12 ans et demi) — permet d’obtenir une race de bacilles non tuberculigènes , parfaitement tolérés par l’organisme des bovidés et par celui d’autres animaux sensibles au virus tuberculeux. 2. Cette race avirulente se comporte comme un véritable vaccin, en ce sens qu 'inoculée à dose convenable dans les veines des bovidés, elle confère à ces animaux une tolérance qui se manifeste , non seulement vis-à-vis de l’inoculation expéri- mentale d’épreuve, mais aussi à b égard de la contamination par cohabitation étroite dans les étables infectées . 560 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK 3. Cette tolérance, liée, croyons-nous, à la présence des bacilles avirulents dans l’organisme, n'excède pas 18 mois après une unique vaccination, mais elle peut être entretenue par des revaccinations effectuées chaque année et qui sont, par elles-mêmes, inoffensives. Par d'autres expériences, qui n’entrent pas dans le cadre de ce travail, nous avons acquis la certitude que notre bacille bovin bilié vivant est inoffensif pour V homme , même par inoculation intraveineuse à la dose d’au moins 44.000 bacilles. Dans ces conditions on peut affirmer que, si la vaccination au moyen des bacilles tuberculeux vivants, rendus non tuber- culigènes par cultures en séries sur bile, se montre efficace après une expérimentation suffisamment prolongée, elle ne présentera aucun des inconvénients qui ont fait abandonner, avec juste raison, le procédé de Behring ( bovovaccination ) et celui de Robert Koch et Schultze ( tauruman ), qui sont basés sur 1 emploi de bacilles humains ou bovins virulents pour l’homme et pour le bœuf. 11 serait donc désirable que l’essai de cette méthode pût être étendu à un plus grand nombre d’animaux et poursuivi pen- dant un cycle d années correspondant à la durée moyenne de la vie des bovidés, afin de préciser sa valeur pratique. Malheureusement les conditions économiques actuelles nous obligent à attendre des circonstances plus favorables à l’achat et à la conservalion d’un troupeau suffisamment important. Mémoire publié à l’occasion du jubilé de E. Metchnikoff. CONSIDÉRATIONS SUR LES THÉORIES DE LA COAGULATION DU SANG par le Dr Jules BORDET (Institut Pasteur de Bruxelles). Bien que se prêtant particulièrement à l’analyse, puisqu’il s’accomplit in vitro , le phénomène de la coagulation n’a pas encore, malgré les travaux innombrables dont il a été l’objet, livré entièrement son secret. En collaboration souvent avec M. Gengou ou M. Delange, nous avons, comme beaucoup d’autres, tenté de l’élucider, l’explication d’ailleurs partielle que nous jugeons la plus plau- sible différant assez sensiblement de celles que divers auteurs proposent de leur côté. Il est bon à certains intervalles de résumer la question, en la discutant dans un bref aperçu d’ensemble où l’on coordonne les notions acquises. Je ne rappellerai ici que les fails essentiels. Chacun le sait, la coagulalion du sang consiste dans l’organi- sation, en trabécules de fibrine, des particules colloïdales de fibrinogène, lequel, comme Frédéricq l'a montré en 1877, pré- existe dans le plasma circulant. In vivo , le plasma est un milieu colloïdal équilibré dont les conslituanls se maintiennent à l’état dispersé. Lorsque le sang s’épanche, l'influence déter- minante première qui par l’intermédiaire de phénomènes successifs provoque la séparation, sous forme solide, du fibri- nogène, c’est souvent le mélange avec le suc de la plaie, lequel contient des principes très actifs. Mais c'est là un lacteur sur- ajouté, et nous considérerons de préférence ici la coagulation du sang pur, en d’autres termes celle qu’il subit exclusivement par ses propres moyens. Une influence déterminante essentielle de 562 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUIt cette coagulation autonome, c'est le contact d’un corps étranger, qui, tel le verre, n’agit que par sa présence, puisqu’il ne libère aucune substance soluble. Le contact, facteur externe, déclen- che I activité des facteurs internes propres au sang, et c’est ainsi qu apparaît le principe directement coagulant, le fibrin- feiment ou thrombine, qu’on trouve dans le sérum issu du caillot, mais qui, comme Schmidt l’a montré, ne se rencontre pas, en dose efficace tout au moins, dans le plasma encore liquide. On distingue donc, dans le phénomène total de la coa- gulation, plusieurs phases; le problème principal est en somme celui de 1 apparition de la thrombine, le rôle du fibrinogène étant purement passif. On peut extraire le fibrinogène du plasma et l’obtenir ainsi à un état de pureté approchée; mais, insistons sur ce point, on ne doit jamais perdre de vue la notion de l’extrême complexité de la composition du sang; ce que le physiologiste étudie essen- tiellement, ce n est pas la coagulation du fibrinogène pur, c’est celle du fibrinogène plongé dans une ambiance. Les colloïdes du sang sont unis entre eux par les liens multiples et délicats de 1 adhésion moléculaire; le sang possède une tension osmo- tique déterminée; il contient des sels alcalins; or l’influence de la tension osmotique ou de la réaction sur la production de la thrombine est manifeste; d’autre part, le fibrinogène que Ion extrait et tente de purifier se montre plus soluble en pré- sence de traces de sels alcalins que dans la solution neutre de chlorure sodique; il y a lieu de penser que certains colloïdes contribuent à le maintenir à l’état dispersé, tandis que d’autres éléments en suspension favorisent son agrégation en fibrine. 11 faut tenir compte de toutes les influences. Techniques fondamentales et facteurs de la coagulation. Le sang de nombreux animaux de laboratoire se coagulant promptement, il y a indication formelle à ralentir le phéno- mène afin d’en saisir mieux les différentes phases et il importe surtout de pouvoir arrêter le processus à des moments déter- minés de son évolution. L’investigation fournit bientôt une sérié de constatations, essentielles non seulement par leur signi- h cation propre et immédiate, mais aussi parce qu’elles ouvraient THÉORIES DE LA COAGULATION DU SANG 563 de précieuses possibilités techniques aux recherches ulté- rieures. On put ainsi séparer les facteurs en jeu et déterminer comment et quand ils interviennent. L’abaissement de la température ralentit la coagulation; on peut avec succès faire intervenir le froid surtout lorsqu’il s’agit d animaux (cheval), dont le sang ne se coagule pas très vite même à la température ordinaire. On réussit à séparer ainsi, pai centrifugation, le plasma et les cellules ; mais cette techni- que ne se prête guère à une analyse plus pénétrante. L élévation de la tension osmotique qu on détermineen ajou- tant au sang au sortir de l’artère une quantité suffisante de sel, tel que le sulîate magnésique ou le chlorure sodique, prévient la coagulation (Hewson, Schmidt). Les plasmas salés que l’on obtient ainsi par centrifugation ont rendu de grands services, surtout celui qu’on se procure par addition de chlorure sodique (3 à 5 p. 100). Ce sel étant un élément normal de l’organisme, il suffit de diluer le plasma dans la quantité voulue d eau dis- tillée pour obtenir un liquide susceptible de coagulation spon- tanée et qui ne renferme pas de matière étrangère au sang. La découverte d Arlhus et Pagès eut une influence décisive : 1 ion calcique est nécessaire à la coagulation. L’addition au sang au sortir de l’artère de sels décalcifiants tels l’oxalate sodique (1 ou 2 p. 1.000), le fluorure sodique, le citrate sodique (I), enlève au sang le pouvoir de se coaguler spontanément, mais la recalcification ultérieure (CaCl2) restitue au sang et généra- lement aussi au plasma qu’on en a séparé par centrifugation 1- aptitude à se prendre en masse par ses propres moyens. On peut aussi prévenir la coagulation en substituant au con- tact actif et habituel du verre, corps mouillable, celui d’un solide dont, si 1 on peut s’exprimer ainsi, le sang ou le plasma ne perçoit guère la présence. Freund a vu que le sang recueilli dans un vase enduit d’huile ou de vaseline ne se coagule que fort lentement; la paraffine surtout convient bien ; ces corps se (1) Sabbatani a montré que le citrate s’oppose à l’ionisation des sels calciques. II entrave notamment leur précipitation par l’oxalate. Le citrate sodique étant inof'fensif, Hustin (1911) l’a utilisé pour assurer l’incoagulabilité du sang destiné à la transfusion. Ultérieurement, Klinger et Stierlin ( Corr . Blatt. f. Schweizer Aerzte , 1917) ont montré que le citrate disparait rapide- ment du sang, de telle sorte que promptement le sang transfusé selon le procédé de Iluslin redevient en quelque sorte, dans l’organisme, du sang- normal. 564 ANNALES DE LINSTITLJT PASTEUR distinguent en ce qu’ils sont difficilement mouillables. Bordet et Gengou ont signalé qu’on réussit parfois, en employant pour la saignée et la centrifugation des tubes paraffinés, à maintenir pendant plus de vingt-qualre heures du plasma de lapin à l’état fluide, ce liquide se coagulant d'ailleurs promptement lorsqu’on le transvase dans un tube ordinaire. La paraffine toutefois ne satisfait en général qu’im parfaitement à la condition requise : fréquemment elle finit par se laisser mouiller, elle agit alors comme un contact (1). Le sang de certains animaux se prête à la séparation des cellules et du plasma sans qu’on soit forcé de recourir ni à la décalcification, ni à la paraffine : Delezenne a montré que le sang des oiseaux ne se coagule qu’avec une lenteur extrême si l’on a soin de pratiquer la saignée de façon à empêcher toute pénétration, dans le sang, de débris de tissus et notamment du suc qui s’exsude de la plaie opératoire (2). Yu l’extrême activité coagulante que ce suc manifeste chez les animaux les plus divers, cette précaution est d’ailleurs toujours indispensable, quelle que soit l’espèce en expérience, car il ne faut pas con- fondre, dans l’étude du déterminisme de la coagulation, les facteurs propres au sang avec ceux qui lui sont étrangers. Le plasma d’oiseau qu'on se procure conformément aux indi- cations de Delezenne ressemble autant qu’il est possible au plasma circulant. Le plasma oxalaté répond d’ailleurs aussi, d’une façon satisfaisante, à cette condition si désirable, laquelle est mieux remplie encore si les plasmas dont il s’agit sont obtenus par centrifugation en tube paraffiné. Les cellules sanguines, et notamment les plaquettes, éléments pourtant fort délicats, se conservent bien en milieu oxalaté, comme l’ont montré divers auteurs, notamment Pringle et Tait, Aynaud. On peut donc présumer que les plasmas en question, séparés par une énergique centrifugation, ne se sont guère chargés de (1) Il convient de tenir compte de ce que la paraffine se laisse mieux mouiller par le sang ou le sérum que par l’eau. Ce fait est dû à l’adsorption sur la paroi, de certaines matières, probablement albuminoïdes, qui consti- tuent ainsi un mince enduit mouillable par l’eau. On constate, en effet, qu’une paroi de paraffine que le sérum est parvenu à mouiller (donnant lieu ainsi à un ménisque concave) reste mouillable par l’eau, même après un rinçage soigneux, a moins qu’on ne frotte la surface et qu’on n’enlève de cette façon le dépôt qui conférait l’adhésion pour l’eau. (2) Le sang des poissons se comporte semblablement. THÉORIES DE LA COAGULATION DU SANG 565 principes propres eux éléments cellulaires et qui, normale- ment, y restent confinés. A priori, on ne saurait en dire autant des plasmas salés. Il est bien vraisemblable que la forte con- centration saline, fort préjudiciable aux cellules, puisse avoir pour effet d’en extraire certaines substances : c’est ce qu’on peut d’ailleurs démontrer pour ce qui concerne l'un des géné- rateurs de la thrombine, dont il sera question plus loin, et qui est le cytozyme. Le contact d’une paroi mouillable, les sels solubles de calcium, sont des facteurs de coagulation : il suffit, pour empêcher le phénomène, de les éliminer. On conçoit qu’on arrive au même résultat en absorbant la thrombine ou les substances mères dont celle-ci dérive. C’est ce que Bordet et Gengou reconnurent en étudiant divers précipités chimiquement inertes, notamment le sulfate de baryte et le fluorure calcique, lesquels manifestent pour les principes dont il s’agit une affinité d’adsorption très prononcée et les mettent ainsi hors de cause (1). Comme Bordet et Delange le constatèrent ultérieurement, le précipité gélatineux de phosphate tricalcique agit de celte façon avec une extrême énergie ; le sang mélangé au sortir de l’artère à une petite quantité de ce précipité reste fluide, la centrifugation fournis- sant un plasma parfaitement stable. Le plasma oxalaté, addi- tionné d’une trace de précipité qu’on élimine ensuite parcentri- fug ation, n’est plus coagulable par recalcification; ce plasma « phosphaté » se prête à d’instructives expériences. Ces procédés divers qui permettent l’obtention de plasmas fluides peuvent, cela va sans dire, être concurremment mis en œuvre. Par exemple, pour obtenir du plasma oxalaté, on emploie un tube à saigner paraffiné, et l’on mélange le sang au sel décalcifiant en tube également paraffiné. Il est bon de recueillir et de centrifuger en tube paraffiné, et de préférence (1) C'est en tenant compte de ce fait que Boïidkt et Gengoü (Ces Annales , 1903) purent expliquer les propriétés singulières du plasma fluoré qu’on obtient en centrifugeant du sang additionné, au sortir de l’artère, d’environ 3 p. 1.000 de fluorure calcique. Aumus et Pagès avaient reconnu que ce plasma, contrairement au plasma oxalaté, n’est pas coagulable par recalcification Le fait est dû précisément à la production à ce moment de fluorure calcique en quantité qui suffit à réaliser l’adsorption d’un des générateurs de la throm- bine. Le précipité de CaFP absorbe aussi la thrombine elle-même : il enlève au sérum son pouvoir coagulant. 566 ANNALES DE L’INSTITUT PASFEU H en faisant intervenir une température basse, le sang d’oiseau que, conformément aux recommandations de Delezenpe, on a préservé de tout mélange avec le suc de la plaie. Ayant réussi grâce à ces procédés à séparer le plasma des cellules, il faut tenter d aller plus loin en soumettant à l’ana- lyse tant l’élément cellulaire que l’élément plasmatique. Chez les mammifères tel le lapin, la légèreté remarquable des pla- quettes, signalée par Mosen en 1893, permet de les isoler aisé- ment : on centrifuge tout d'abord le sang oxalaté à vitesse mo- dérée, on décante le plasma surnageant trouble qui ne contient plus que des plaquettes, dont on peut ensuite provoquer la sédimentation grâce à une centrifugation cette fois très éner- gique et prolongée; le dépôt peut naturellement être lavé ensuite à la solution physiologique légèrement oxalatée. Il était d autant plus important de pouvoir isoler les plaquettes que ces éléments jouent un rôle de premier ordre dans la coa- gulation. Quant au plasma, une des influences auxquelles on songe tout d'abord en vue de réaliser la dissection des facteurs de la coagulation, c est celle du chauffage ménagé. Le fibrino- gène est précipitable à 66° sous forme de flocons qui ne se redissolvent pas par refroidissement : il est donc mis entière- ment hors de cause, le plasma ainsi traité n’est plus coagula- ble. Malheureusement, la thrombine, au moins en milieu plas- matique ou sérique, n’est guère plus résistante; l’un de ses générateurs (prothrombine ou prosérozyme) est également très vulnérable; la chaleur n’est donc pas un agent bien utile. Par contre, le sel marin à 1 état concentré est précieux. Le fibrino- gène est intégralement précipitable à saturation de chlorure sodique et se sépare déjà au moins partiellement à demi-satu- îation. Partant de plasma oxalaté, Hammarsten a pu ainsi, en précipitant le fibrinogène par le chlorure sodique, le dissolvant ensuite pour le reprécipiter, et répétant cette technique un cer- tain nombre de lois, obtenir une solution dite pure de fibrino- gène en liquide légèrement salé. A vrai dire, le fibrinogène ainsi piéparé ne se maintient d’habitude pas longtemps en solu- tion lorsque le milieu est neutre. Il se sépare lentement sous forme de flocons ou même se coagule; Nolf a montré que le produit est plus stable si 1 on a eu soin d’y introduire une trace de carbonate sodique : l’alcalinité favorise la dissolution du THÉORIES DE LA COAGULATION DU SANG 567 fibrinogène. Même dans ces conditions la coagulation spontanée peut apparaître au bout d’un certain temps; on explique sou- vent ce fait en disant qu'en se précipitant le fibrinogène a entraîné une trace de thrombine ou de ses générateurs, dont on ne peut le débarrasser. Mais il n’est pas certain que cette inter- prétation soit exacte. En principe on ne saurait affirmer que la thrombine soit Tunique agent capable de provoquer la coagu- lation du fibrinogène. Les recherches récentes de Gratia (1) démontrent que certains microbes possèdent également ce pou- voir; Arthus ( 2) a reconnu d’autre part que le venin de certains serpents manifeste une énergie coagulante extrême vis-à-vis de plasmas incoagulables spontanément et même à l’égard de la solution pure de fibrinogène. Il se peut bien au surplus que la tendance à la coagulation soit véritablement inhérente au fibri- nogène, et qu’il puisse la manifester plus aisément lorsque certains constituants du plasma, auxquels il est normalement mélangé, ont été écartés; il se peut bien aussi, par contre, que d’autres constituants du plasma, non identiques à la throm- bine, mais très disposés eux-mêmes à se séparer du liquide, accompagnent le fibrinogène qu'on précipite, se retrouvent avec celui-ci dans la solution aqueuse, et communiquent au produit obtenu une instabilité particulière, c’est-à-dire favo- risent nettement la tendance propre du fibrinogène au tlocon- nement ou à la coagulation (3). On sait combien sont délicates les conditions d’équilibre colloïdal et que, dans un mélange de colloïdes, certains constituants peuvent, soit favoriser, soit entraver la précipitation des autres. Les conditions de la coagulation du sang complet ou d'un plasma normal d’une part, de la solution dite pure de fibri- nogène, de l’autre, ne sont pas identiques : les conclusions des expériences où cette solution intervient doivent parfois n’être acceptées qu’avec prudence. La thrombine est à coup sûr un agent de coagulation par excellence et très vraisembla- blement toujours indispensable dans les conditions habituelles, (1) C. R. Soc. de Biol., 1920, 1er semestre, p. 584 et 649. (2) Archives internationales de physiologie , novembre 1919. (3) On obtient un fibrinogène plus stable en partant de plasma oxalaté traité tout d’abord par le phosphate tricalcique. Voir pour l’interprétation de ce fait : Bokdet, Propriétés des solutions dites pures de fibrinogène, C. R. Soc. de Biol., 1920, 1er semestre, p. 576. 568 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR c’est-à-dire lorsqu’il s’agit de la coagulation de ce liquide très complexe, le sang ou le plasma. 11 a été reconnu qu’elle s’ad- sorbe sur la librine. Mais la fibrine n’est pourtant que du fibrino- gène modifié grâce à un processus particulier d 'insolubilisa- tion, lequel, d’après divers auteurs, doit être rapproché de la cristallisation, rien ne démontrant d’ailleurs qu en 1 absence de thrombine le fibrinogène soit toujours, même lorsqu’on l’a extrait du plasma, incapable de subir cette métamorphose. Si l’on ajoute à du plasma oxalaté une quantité de chlorure sodique sec voisine de la dose maximale que le liquide peut dissoudre (ajoutons par exemple 0 gr. 3 de NaCl par centi- mètre cube de plasma), le fibrinogène se précipite totalement ; on peut le laver ensuite à la solution saturée de NaCl (légère- ment oxalatée), puis le redissoudre dans l’eau distillée, de pré- férence très légèrement alcalinisée, contenant par exemple 0,25 p. 1.000 de bicarbonate sodique; on obtient ainsi une solu- tion qui, même recalcifiée, se maintient fluide au moins pen- dant un certain temps. Mais le liquide surnageant qu’on décante après centrifugation du plasma salé peut être débar- rassé du sel par dialyse, puis recalcifié; on constate dans ces conditions que, sans se coaguler lui-même (puisqu’il ne contient plus de fibrinogène), il peut provoquer la coagulation de la solution du fibrinogène obtenue d’autre part; le mélange de ces deux fractions du plasma primitif, reconstituant celui-ci, res- titue les propriétés premières. Ce fait, observé tout d’abord par Pekelharing, fournit naturellement d’importantes possibilités expérimentales. Lorsque du sang se coagule spontanément, le fibrinogène se sépare en se convertissant en fibrine insoluble. Le sérum s’exsude du caillot, et ce sérum contient de la thrombine; il est activement coagulant. Mais on doit immédiatement se demander si le sérum jouit d'un pouvoir coagulant également énergique lorsqu’il provient, d’une part du sang complet, d’autre part d’un plasma limpide bien purgé des éléments cellulaires. On sait depuis longtemps que la présence des cellules sanguines favorise la coagulation. Par exemple, le sang d’oiseau extrait avec les précautions voulues coagule très lente- ment; si on le centrifuge, la couche inférieure renfermant les cellules se prend en masse plus promptement que le liquide THEORIES DE LA COAGULATION DU SANG 569 surnageant, lequel, rapidement séparé, peut même se main- tenir indéfiniment fluide. Keealci fions d’une part du sang oxalaté complet, d’autre part le plasma oxalaté provenant de la même saignée et décanté après centrifugation : Nolf, confir- mant les données de Loeb, a reconnu que, dans ces conditions, c’est le sérum du sang complet qui contient le plus de throm- bine; les cellules participent donc à la genèse de ce principe. Il est possible au surplus de préciser cette donnée. Divers auteurs attribuaient aux plaquettes un rôle capital dans la coagulation; ce sont surtout Lesourd et Pagniez qui, en 1909, ont définitivement démontré cette notion. Le plasma oxalaté trouble, qu’une centrifugation modérée a débarrassé des glo- bules rouges et blancs, mais non des plaquettes, se coagule par recalcification beaucoup plus vite qu’un plasma identique, saut qu'une centrifugation très énergique l’a clarifié en éliminant ces derniers éléments. L'addition au plasma limpide d’une sus- pension de plaquettes en accélère considérablement la coagu- lation ; on constate aussi que les caillots riches en plaquettes sont beaucoup plus rétractiles. Comparant deux sérums, que fournissent respectivement un plasma riche et un plasma pau- vre en plaquettes, Bordet et Delange constatèrent que la teneur en thrombine est considérablement plus élevée dans le premier. Les plaquettes sont si légères, qu’il est pratiquement impossible de les éliminer toutes par centrifugation ; celle-ci permet néanmoins d’obtenir des plasmas qui par recalcification ne se coagulent plus que très lentement : si l’on pouvait écarter complètement les plaquettes ou les principes qui en proviennent, le plasma de mammifère ainsi obtenu se com- porterait vraisemblablement à la façon du plasma des oiseaux, dont le sang, comme on sait, ne renferme pas d’éléments identiques aux plaquettes des mammifères, et pour cette raison sans doute, ne coagule que très lentement par ses pro- pres moyens. En filtrant du plasma oxalaté de lapin à travers une bougie poreuse, qui arrête les plaquettes ou leurs débri-, Cramer et Pringle obtiennent un plasma quasi incoagulable par recalcification. Mais ce plasma recalcifié coagule par addition de plaquettes. Nous pouvons donc, soit en laissant les pla- quettes dans le plasma oxalaté, soit en les enlevant, déterminer par relcalcification une coagulation qui est rapide ou qui est 38 570 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK lente, et obtenir ainsi, corrélativement, un sérum riche on pauvre en thrombine. Mais il importe de savoir que la puissance coagulante d’une thrombine n’est pas seulement en rapport avec son abondance, avec sa concentration; elle dépend aussi de son âge : Schmidt avait déjà signalé que le pouvoir coagulant d’un sérum s’affai- blit avec le temps; Bordet et Gengou (1) ont montré que cette atténuation est très rapide : un sérum qui, éprouvé immédia- tement après la coagulation dont il résulte, coagule très rapi- dement le plasma oxalaté, est déjà beaucoup moins actif quinze ou vingt minutes plus tard. Donc, lorsqu’on est rensei- gné sur la puissance originelle d’une thrombine, on peut déter- miner si elle est de formation récente ou s’est produite depuis longtemps ; certaines expériences exigent que l’on dispose de cette donnée. Quand la coagulation d’un plasma s’amorce pour se pro- pager ensuite, ce plasma se convertit de proche en proche en sérum, lequel représente la véritable solution naturelle de thrombine, celle qui intervient dans le phénomène normal : la thrombine la plus authentique, celle qui inspire à l’expérimen- tateur la sécurité la plus grande, c'est donc le sérum lui- même, et l'on redoute souvent, lorsqu'on s'efforce d’extraire un principe actif, de le dénaturer. Il convient néanmoins de tenter la purification de la thrombine. Le procédé de Schmidt consistait dans la précipitation du sérum par l’alcool, le pré- cipité étant séché ensuite et extrait par l’eau. Buchanan, Gamgee, flowell mettent de préférence à profit le fait que la thrombine se retrouve en partie dans le caillot de fibrine; ils l’en extraient en le traitant par une solution de NaCl suffisam- ment concentrée (8 p. 100). Il est spécialement intéressant de pouvoir isoler non la thrombine toute formée, mais les sub- stances mères dont elle dérive. Le phosphate tricalcique n’absorbe pas le fibrinogène du plasma oxalaté, et pourtant enlève à celui-ci l'aptitude à se coaguler par recalcification : il s’empare d'un élément nécessaire à l’apparition de la thrombine.. Mais, séparé par centrifugation, lavé (2) et remis en suspension (1) Ces Annales , 1904. (2) On a recours pour le lavage à deOa ^solution physiologique saturée de phosphate tricalcique. ) I THÉORIES DE LA COAGULATION DU SANG 571 dans un volume suffisant de solution physiologique, il est susceptible de se redissoudre dans ce véhicule à condition qu on y fasse barboter de l’acide carbonique (1); il remet ainsi en libei té ce qu il avait absorbé, c est- à-dire l une des substances mères de la thrombine. Bordet et Delange (2) ont employé ce procédé pour 1 analyse des facteurs qui commandent la coagu- lation. Nous allons voir enlin qu'un autre principe fort impor- tant est susceptible d’ètre extrait des cellules par falcool : c’est le second générateur de la thrombine. Genèse de la thrombine et ordre de succession des phénomènes. Telles sont les techniques principales auxquelles on doit d’avoir pu recueillir une série de données essentielles, que nous récapitulerons brièvement. Ni le sang circulant, ni le sang qu’on maintient fluide in vitro grâce au revêtement de paraffine, ni le sang fortement salé ou décalcifié au sortir de l’artère, ne contiennent de thrombine. Les agents essentiels qui président à l’apparition de la thrombine aux dépens de ses générateurs sont, outre une tension osmotique convenable, c’est-à-dire une concentration saline qui ne soit pas exagérée, la présence d’un sel calcique soluble, le contact d’un corps solide ayant de l’adhésion pour le liquide. Mais si la thrombine a pu se former grâce à l’intervention de ces agents, elle peut désormais provo- quer la coagulation même en l’absence de sel calcique, et même en vase paraffiné; quant à la forte concentration saline, elle contrarie très visiblement faction de la thrombine (3). Par exemple, comme font fait Pekelharing, Hammarsten, re- calcifions du plasma oxalaté; la coagulation s’opère; recueillons le sérum et, l’ayant décalcifié par addition d’un excès d’oxa- (1) Le phosphate semble se redissoudre mieux lorsqu'il a été obtenu par addition de chlorure calcique à un notable excès de la solution de phosphate sodique contenant un peu d’ammoniaque; il va sans dire que le précipité doit être très soigneusement lavé. (2) Analyse et synthèse du processus de la coagulation. Bull, de la Soc. royale des sciences médicales et naturelles de Bruxelles, 1914. (3) Comme Bordet et Gbngou l’ont signalé, la concentration de 3 à 5 p. 100 de NaCl entrave beaucoup plus formellement la production de la thrombine qu’elle n’en contrarie le pouvoir coagulant lorsque ce principe a pu se produire. La thrombine peut encore, fort lentement à vrai dire, provoquer la coagulation dans un liquide salé à 3 ou 4 p. 100. I 572 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR late sodique, versons-le dans du plasma oxalaté; le mélange coagule : le plasma oxalaté constitue donc un réactif com- mode pour déceler la présence de thrombine. Celte expérience démontre que les sels calciques solubles, indispensables poui que la thrombine se produise, ne sont plus nécessaires pour que, la thrombine ayant pu se produire, elle agisse. D autie part, à l’exemple de Bordet et Gengou, ramenons à sa teneur normale en sel, par addition d’eau distillée, du plasma chloruré sodi- que, et immédiatement après, divisons le liquide en deux parts, l’une qu on maintient en vase paraffiné, l’autre qu’on verse dans un vase ordinaire. La première portion se maintient fluide tiès longtemps; la seconde se coagule, la solidification s’effec- tuant tout d’abord contre la paroi du verre, c’est là que la thrombine apparaît tout d’abord ( I). Or le sérum qui se produit ainsi coagule très promptement le plasma maintenu en vase paraffiné. Comme le calcium, le contact intervient dans la pro- duction, mais non pas nécessairement dans l’action, de la thrombine. On peut exprimer ces faits en disant que dans le sang circu- lant ou les plasmas encore fluides, la thrombine n’est pas toute préparée, mais existe sous une forme inactive, la prothrombine, qui en présence de sel calcique et sous 1 influence du contact engendre la thrombine active. Or, en 1903, Morawitz constata que le sérum, dont on décèle et même mesure si aisément le pouvoir coagulant en le mêlant à un volume convenable de plasma oxalaté, devient subitement et considérablement plus actif si l’on y introduit un peu de suc de plaie ou d’émulsion d’organes broyés. Ce fait important fut confirmé par buld et Spiro. Et pointant le suc de tissu ne manifeste point par lui-même d’énergie coagulante vis-à-vis du plasma oxalaté. Morawitz, Fuld et Spiro, déduisirent de ce fait qu’à côté de la thrombine, le sérum contient encore une certaine dose de prothrombine non transformée, et qu’en réalité la thrombine naît de l’action mutuelle de deux générateurs, (1) Dans le plasma salé qu’on dilue en verre nu, l’apparition de la throm- bine exige un temps prolongé, mais la coagulation survient vite dès que la thrombine s’est produite. Comme Bordet et Gengou l’ont signalé, un plasma salé, qui se serait coagulé quarante minutes après dilution, reste fluide lorsque vingt ou même trente minutes après l’addition d’eau distillée on l’oxalate à 1 p. 1.000. THÉORIES DE LA COAGULATION DU SANG 573 l’un existant dans le plasma (Ihrombogène), l’autre dans les cellules tant des tissus que du sang vthrombokinase ou cytozyme). On comprend ainsi que l’addition d’un complément de thrombokinase, sous forme de suc de lissu, achève la trans- formation de la prothrombine dont le sérum renfermait un excès et fasse apparaître ainsi une dose additionnelle de throm- bine. Normalement, la thrombokinase (cytozyme) est cantonnée dans les cellules, mais s’en échappe quand le sang est extrait ou lorsqu’on dilacère les tissus. Ainsi s’explique le fait que le suc de tissu ajouté au sang qu’on vient d extraire en accé- lère beaucoup la coagulation. Morawitz signala que le suc de tissu perd beaucoup de ce pouvoir accélérateur lorsqu’on le chauffe vers 58°; c’est pourquoi il admit (erronément comme nous allons le voir) que la thrombokinase ou cytozyme est une matière tbermolabile, l'autre générateur, le thrombogène fourni par le plasma, étant d'ailleurs aussi très sensible au chauffage. Reste à savoir s’il est légitime d’identifier ainsi, au point de vue des substances actives, la coagulation due à l’apport de suc d’organes à celle que le sang peut subir par ses propres moyens. Sans doute, les cellules des tissus contiennent-elles des matières actives que le sang ne possède pas; on ne doit pas oublier en effet que le suc de tissu injecté dans la circula- tion est fortement toxique et peut tuer rapidement l’animal en développant des coagulations intravasculaires. Rien il est vrai n’interdit de penser que les tissus puissent renfermer d’autre part des principes existant également dans les cellules san- guines. Disons immédiatement que telle est bien la réalité, et que la notion des deux générateurs se vérifie aussi lorsqu’on étudie la coagulation du sang pur. Mais on doit immédiatement se demander dès lors si la thrombokinase décrite par Morawitz, sensible au chauffage et de nature protéique, est vraiment iden- tique à l’une des deux substances mères existant dans le sang, ou bien représente un élément spécial aux cellules des tissus, un facteur adjuvant mais non indispensable de la coagulation, et dont le rôle est d’accélérer celle-ci au niveau de la plaie. Il fallait évidemment reproduire l’expérience de Morawitz en faisant intervenir, au lieu de suc d organes, des cellules san- guines et notamment des plaquettes, dont le rôle dans la coagulation apparaissait si nettement. 574 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Ayant reconnu que, contrairement au plasma oxalaté riche en plaquettes, le plasma oxalalé débarrassé autant que possible de ces éléments fournit par recalcification un sérum pauvre en thrombine, Bordet et Delange (1) ajoutèrent à une dilution d un pareil sérum, en présence d’un léger excès de chlorure calcique, un peu de suspension de plaquettes bien lavées, laquelle, par elle-même, ne coagule aucunement le plasma oxalaté, le mélange obtenu, décalcifié quelques instants après, manifesta un pouvoir coagulant très énergique vis-à-vis d» plasma oxalaté. Les plaquettes se comportent donc dans une telle expérience comme le suc de tissu. L’hypothèse des deux générateurs se vérifiant pour la coagulation qui dépend exclu- sivement des matériaux sanguins, ces auteurs appelèrent séro/} me le principe que le sérum apporte, et cytozyme celui que les plaquettes fournissent. Chauffé vers 58°, le sérum perd la proprié! é de donner de la tnrombine par addition de pla- quettes, tandis que, chauffées à 100°, les plaquettes sont encore aussi aptes qu’auparavant à faire naître la thrombine lorsqu’on les mélange au sérum ; le sérozvme est donc thermolabile, le cytozyme est thermostable. On reconnaît que la réaction entre ces deux principes, d où résulte la thrombine, refuse de s’ac- complii en milieu décalcifié : les plaquettes n’accélèrent pas la coagulation d’un mélange, privé de calcium, de sérum et de plasma oxalalé. Qu elles soient fraîches ou aient élé chauffées, les plaquettes accélèrent avec la même énergie la coagulation du plasma oxalaté, bien limpide, et que l'on vient de recalcifier. D’autre paît, 1 activilé coagulante que vis-à-vis de ce plasma le suc de tissu manifeste, et qui est plus puissante encore, se déprime très sensiblement par Je chauffage vers 58°, comme l’avait vu Morawilz, mais ne disparaît pas complètement tant s’en faut, ainsi que Bordet et Delange (2) purent s’en convaincre. Or, on trouve que, même chauffé à 100°, le suc est encore parfaitement apte à taire apparaître de la thrombine lorsqu’on l’introduit dans du sérum. 11 y a donc lieu de croire que le suc de tissus contient, comme les plaquettes, le véritable cytozyme, c’est-à- (1) Ces Annales , 1912. klhi dU deS lip0ÏdeS dans la coagulaUon du sang. Berlin. THÉORIES DE LA COAGULATION DU SANG 575 79 et le cytozyme semblent s’unir non pas selon des équivalents strictement définis, mais plutôt suivant des proportions varia- bles ; lorsqu’on tente de préparer des mélanges exaclement neutres, on trouve que ceux-ci fonctionnent ultérieurement dans une certaine mesure, tant comme sérozyme que comme cyto- zyme ; chacun des principes ne paraît complètement saturé que si l’autre principe a été ajouté en excès bien notable. On le sait, ces relations sont comparables à celles que les études sur l’Im- munité ont mises en évidence à propos du mode d’union des toxines et des antitoxines. Un fait remarquable est révélé par la détermination des temps qu’exige l’apparition de la thrombine lorsqu’on mélange du cytozyme lipoïdique ou des plaquettes, d’une part à du sérum issu de la coagulation du plasma oxalaté limpide recalcifié, d’autre part à du plasma oxalalé identique mais que l’on vient de recalcifier et qui en conséquence ne s’est pas encore coagulé. Dans le mélange cytozyme-sérum, la thrombine est engendrée au bout d’un temps mesurable, mais cependant très court. Dans le mélange cytozyme-plasma, le délai est beaucoup plus long; en d’autres termes, le sérozyme du sérum réagit très vite avec le cvtozyme, le sérozyme du plasma réagit plus lentement. Il faut admettre en conséquence que le plasma doit tout d’abord subir une certaine modification pour se montrer apte à réagir avec le cytozyme, et l’on exprime cette notion en disant que dans le plasma le sérozyme se trouve à l’état de prosérozyme. Le plasma phosphaté calcifié, étant un excellent indicateur e, le contact semble incapable de produire cet effet si important qui est de concourir à la production du sérozyme (1). Quant a la thrombine, nous savons qu’elle provoque la coagulation en milieu décalcifié; il est probable néanmoins que les agents décalcifiants affaiblissent, dans une mesure appréciable, son action sur le fibrinogène : signalons à ce propos que les solu- tions dites pures de fibrinogène sont nettement stabilisées par une trace d’oxalate neutre de soude comme elles le sont par les alcalins. Le suc de tissus doit une partie de son pouvoir coagulant au cytozyme lipoïdique qu’il contient, mais intervient aussi, nous l’avons rappelé, grâce à un constituant plus altérable, sensible notamment à la chaleur, dont le mode d’action est encore peu connu. L’hypothèse la plus vraisemblable est que ce principe est doué de tendances à l’adhésion très prononcées qui lui per- mettent de servir de trait d’union entre les divers éléments qui participent à la coagulation ; on constate notamment que la thrombine née dans un liquide contenant du suc de tissus irais disparaît, par adsorption sans doute, avec une promptitude remarquable. D’autre part, le suc entre en réaction avec les cel- lules : il agglutine énergiquement les plaquettes, même en milieu déealcifié (Aynaud) ; le chauffage ou le traitement par des précipités minéraux absorbants lui enlève ce pouvoir. Selon rn Cependant, dilué de quelques volumes de solution physiologique nlulieurs heures avant d’être recalcifié, le plasma oxalaté se coagule sensi- blement plus vite que si on le dilue immédiatement avant de le lecalcitïer I semhle donc que l’influence prolongée de la dilution facilite, dans une cerlaTne mesure! l’apparition du sérozyme, même en l’absence du sel calcique. THÉORIES DE LA COAGULATION DU SANG 587 •toute probabilité, c’est à ce principe coagulant précipitable .par 1 acide acétique (Wooldridge) que le suc de tissu doit sa oxicite, laquelle s atténue beaucoup par chauffage à 65° ou par contact du kaolin ou du noir animal (Czubalski 1914) L'hiru- dine, elant susceptible de prévenir la coagulation, protège les animaux conlre les effets de l'injection d'extrait (Glev Dold et Ogata). Influences favorisantes et facteurs antagonistes. Impulsion et résistance sont choses corrélatives, tout facteur tendant à imprimer une modification ou à déterminer un chan- gement d état doit nécessairement surmonter des obstacles ; s’il faut élucider comment le sang se coagule, il faut com- prendre aussi pourquoi, dans les circonstances normales, il se maintient à 1 état fluide. Le plasma circulant contient des sels calciques solubles,, mais on doit bien admettre que la paroi vasculaire ou les cellules sanguines ne produisent pas sur lui •des effets de conlact identiques à ceux que délerminent les corps étrangers tels que le verre; il semble qu’au point de vue contact, ces éléments figurés se comportent, à l’égard du plasma comme le plasma lui-même. C’est la raison majeure pour laquelle le sang, dans les vaisseaux, reste liquide. Nous savons d’autre part que ce principe essentiel, le cylozyme, est norma- lement cantonné, au moins en très grande partie, dans les pla- quettes. Ce sont là de précieuses garanties, mais on peut pré- sumer que sans doute elles ne suffiraient pas à elles seules à préserver le sang contre toute éventualité; des détériorations des éléments figurés peuvent survenir; une certaine diffusion des principes cellulaires dans le liquide ambiant est a priori inévitable; on doit prévoir en conséquence que le sang, pour rester indéfiniment fluide in vivo, doit posséder en soi quelque facteur antagoniste de la coagulation, capable d’assurer l’équi- libre ; nous avons déjà fait allusion à la réaction alcaline, favo- rable à la dissolution du fibrinogène, au rôle probable des col- loïdes protecteurs, el l’on sait que certaines influences pertur- batiices, telles 1 injection de peptone, de thrombine, de suc de tissu frais, d’anaphylatoxine, provoquent un processus réaction- nel caractérisé par la diminution de coagulabiliié du sang ou 588 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR même par l’apparition dans ce liquide d’un pouvoir anticoa- gulant manifeste (antithrombine). De ce qu’un plasma doué de sa composition parfaitement normale (tel le plasma non décalcifié d’oiseau obtenu selon la technique de Delezenne) refuse de se coaguler in vitro , on ne doit donc pas inférer que ce plasma ne contient absolument aucune trace de tel principe nécessaire à la coagulation : c’est un point sur lequel Nolf ajustement insisté. On doit cependant affirmer qu’il ne contient pas ce principe en quantité suffisante ; le plasma fluide d’oiseau se coagule lorsqu’on y introduit du cytozyme lipoïdique extrait des cellules (1). Nous savons au surplus que le cytozyme est susceptible non seulement de don- ner de la thrombine en s’unissant au sérozyme, mais aussi de favoriser l’apparition de celui-ci. Mais, comme Nolf l’a montré, le plasma d’oiseau se coagule souvent aussi lorsqu’on se borne à l’allonger d’eau distillée. Or nous n'ignorons pas qu’une forte concentration saline s’oppose aux réactions qui condui- sent à l’apparition de la thrombine, et l’on démontre aisé- ment (2) que la concentration la plus propice à ce processus est inférieure à celle du sang normal. Par conséquent le plasma d’oiseau qui contient sûrement du prosérozyme n’est pas tota- lement exempt du cytozyme indispensable; seulement, il en contient très peu, et c’est pourquoi les phénomènes ne se déroulent que si les conditions optimales lui sont offertes. Obtenu par centrifugation rapide, le plasma oxalaté et bien limpide de cheval ne se coagule parfois qu'avec une extraordi- naire lenteur par recalcification. L’addition de cytozyme accé- (1) Rappelons que le sang d’oiseau ne contient pas d’éléments identiques aux plaquettes des mammifères, et que si les leucocytes ne sont pas dépourvus de cytozyme, ils semblent ne le libérer que lentement. Chez les mammifères, la coagulation d’exsudats leucocytaires inflammatoires peut être hâtée beaucoup pai addition de plaquettes (Bordet et Delange). Ilowell (1914) a vu que la lymphe oxalatée de mammifère, fortement centri- fugée, peut ne pas coaguler par recalcification, à moins qu’on n’ajoute du lipoïde. (2) Bordet et Delange (Ces Annules , 1912) ont signalé qu'une forte concen- tration saline entrave la réaction sérozyme-cytozyme, laquelle s’accomplit très aisément dans un liquide pauvre en sel. Il résulte des déterminations de Herzfeld et Klinger ( Bioch . Zeilsch., 1915) que la concentration la plus favorable est voisine de 0,5 p. 100. Le plasma oxalaté se coagule notablement plus vite si, en le recalcifiant, on l’allonge de un ou deux volumes d’eau distillée que si on l’additionne d’une quantité correspondante de solution physiologique à 9 p. 1.000. THÉORIES DE LA COAGULATION DU SANG 580 1ère le processus, que l’on peut hâter aussi, d’autre part, par simple addition d’eau distillée ou même de solution physiolo- gique. Celle-ci n’agit selon toute vraisemblance qu’en rompant l’équilibre, en affaiblissant l’influence des colloïdes protecteurs qui paralysaient la réaction (1). Ces influences favorisantes qui se bornent à faciliter le tra- vail des principes actifs véritables, peuvent être qualifiées d’in- fluences thromboplastiques, mais il faut se garder de con- fondre leur mode d'action avec celui de ces principes mêmes. Nolf a montré par exemple que l'introduction de verre pilé dans un plasma de poisson qui restait fluide peut en déclen- cher la coagulation ; il a observé des effets de contact ana- logues, aboutissant à la production de thrombine et corrélative- ment à la coagulation, en faisant naître au sein du plasma pep- toné un précipité d’oxalate calcique. On sait d’autre part que le cytozyme ajouté à du plasma peptoné peut en délerminer la coagulation, mais il est clair que Je cytozyme n’agit pas à la façon du verre pilé ou de l’oxalate calcique ; ceux-ci, introduits daus du sérum, n’y développent pas de thrombine, laquelle par contre se forme en abondance dans le mélange de sérum et de cytozyme. Le verre pilé et les particules analogues n’intervien- nent que comme multiplicateurs de contact, ils facilitent à ce titre le processus qui conduit à l’apparition de la thrombine aux dépens des générateurs ; ceux-ci existaient dans les plasmas dont il s’agit, mais ne se manifestaient point, car une influence antagoniste entrave les réactions. Il semble bien acquis en effet que dans le plasma peptoné, l’antithrombine non seulement contrarie l’action de la throm- bine, mais surtout empêche sa production (2), cette influence (1) Il est probable que les colloïdes protecteurs peuvent gêner aussi l’action de la thrombine toute formée. D’après Morawitz, le plasma oxalaté normal se coagule moins aisément par la thrombine que la solution de fibrinogène pur. (2) Que la thrombine et l’antithrombine du plasma peptoné ou des tètes de sangsue (hirudine) se neutralisent mutuellement, cette notion est acceptée depuis longtemps. André^Gratia (C. R. Soc. de Biol., 28 février 1920, 83, p. 313) a constaté récemment que l’hirudine saturée de thrombine et, par consé- quent, neutralisée, reste telle malgré l’atténuation que le vieillissement imprime à la thrombine; toutefois le chauffage à 60° restitue l’hirudine. Il s’agit, comme Gratia ((.'. R. Soc. de BioZ., 26 juin 1920, 83) la montré, dune union par adsorption en proportions variables, chacune des substances affaiblissant d’autant plus fortement l’autre, qu’elle internent en dose plus 590 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR antagoniste pouvant être contre-balancée par l’augmentation en quantité d’un des générateurs, le cytozyme, ou par l'interven- tion d influences thromboplastiques, c’est-à-dire susceptibles de lavoriser la genèse de la thrombine, telles que l’addition d’eau distillée, 1 augmentation des surfaces de contact avec des corps étrangers, etc. Examen des théories relatives à la genèse de la thrombine. Ln problème' aussi difficile que celui de la coagulation du sang devait forcément suggérer de nombreuses explications. Parmi les théories proposées, il en est que les constatations ulté- rieures ont nettement infirmées et qu’il serait par conséquent superflu de discuter encore actuellement. L interprétation assez inattendue de Wooldridge, d’après laquelle la thrombine serait non la cause première et nécessaire mais le produit de la coagulation, a été comme on sait reprise et développée par Nolf. La coagulation résulterait pour cet auteur de 1 accotement de trois colloïdes, le fibrinogène, le t hrombogène et le thrombozyme, ces deux derniers provenant respectivement du plasma et des cellules et correspondant au thrombogène et à la thrombokinase de Morawitz ; on sait que ces matières sont considérées comme de nature albuminoïde. grande. De la thrombine incomplètement saturée d'antithrombine peut encore coaguler une quantité importante de fibrinogène, mais ne provoque plus qu une coagulation lente, même si la quantité de fibrinogène soumise a son action est relativement très faible. On comprend ainsi que, dans un plasma de peptone, on puisse observer la formation de llocons de fibrine tandis que 1 antithrombine est loin encore d’être complètement neutralisée. Il est certain que l’antithrombine s’oppose à la production de la throm- bine : l’analyse des phénomènes le démontre. Les recherches de A. Gratia (C. IL Soc. de Biol., 28 février 1920, 83, p. 311), récemment instituées à Bruxelles, ont lait voir qu’une dose d’antithrombine notablement inférieure à celle qu exige la neutralisation d’une quantité donnée de thrombine fraîche, suffit amplement à entraver la réaction sérozyme-cytozyme engendrant cette même quantité de thrombine. Une dose d'hirudine bien moindre encore, incapable d’empêcher la réaction sérozyme-cytozyme et a fortiori de neutra- liser la thrombine formée, est cependant capable de retarder considérable- ment la transformation de prosérozyme en sérozyme. Plus grande est la quantité de cytozyme que l’on fait intervenir, mieux est combattue 1 influence antagoniste que l’antithrombine tend à exercer sur la réaction sérozyme-cytozyme. On ne doit pas en déduire que, conformément à l’opinion de Howeli, le cytozyme neutralise directement l’antithrombine, nous allons revenir sur ce point. En réalité, le cytozyme en excès exerce sur le sérozyme une attraction plus puissante, et l’inlluence dispersante de l’antithrombine est ainsi plus aisément vaincue (Gratia). THEORIES DE LA COAGULATION DU SANG 591 Etant susceptibles de s’unir en proportions variables, ces trois colloïdes pourraient former des complexes de constitution dif- férente. Le complexe riche en fibrinogène, c’est la fibrine. Quant à la thrombine, elle serait un complexe de thrombogène et de thrombozyme renfermant peu ou pas de fibrinogène, mais dans la formation duquel le fibrinogène interviendrait néan- moins, en ce sens que la présence de ce corps et sa transforma- tion en fibrine seraient nécessaires pour que l'union du throm- bogène et du thrombozyme puisse se réaliser intégralement. En somme, la production de fibrine serait, dans la coagulation du sang, la condition même de l’apparition de la thrombine; elle lui serait, sinon antérieure, au moins concomitante, le fibrino- gène intervenant ainsi nécessairement dans la genèse de ce principe actil. Cette théorie est en désaccord formel avec les consta- tations rappelées ci-dessus, notamment avec le fait que dans un plasma totalement débarrassé de son fibrinogène, le processus formateur de thrombine se poursuit comme dans le plasma complet, les facteurs déterminants (présence de prosé- rozvnie, intervention du contact, du calcium, du cytozyme) opérant aussi efficacement et de la même façon en l’absence de fibrinogène qu’en présence de ce corps. Au surplus, la throm- bine se produit très activement aussi lorsqu’en l’absence de fibrinogène on fait agir sur le cytozyme le prosérozyme extrait, avant toute coagulation, du plasma oxalaté par le procédé du phosphate tricalcique. L opinion défendue par Bordet et Delange, à savoir que le lipoïde dénommé cytozyme, et qui offre les caractères de la lécithine, est vraiment l’un des générateurs de la thrombine, n’est pas acceptée par Nolf, pour qui les matières du type de la lécithine représentent simplement des agents thromboplas- tiques favorisant l’accolement mutuel des trois colloïdes, throm- bogène, thrombozyme et fibrinogène, c’est-à-dire propices aussi bien à la genèse de la thrombine qu’à l’effet coagulant de celle-ci sur le fibrinogène. En d’autres termes, le générateur de throm- bine qui est déversé dans le sang par les leucocytes ou les pla- quettes, et que Nolf dénomme thrombozyme, n’a, d’après cet auteur, et contrairement à l avis de Bordet et Delange, rien de commun avec le lipoïde. Mais en réalité aucun fait expérimen- 592 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tal relatif à la coagulation du sang par ses propres moyens (sans intervention de suc de tissu) ne vient démontrer la par- ticipation, dans ce processus, d’un thrombozyme différent du lipoïde. L’expérience donne en effet de la façon la plus formelle l’impression que les éléments figurés les plus importants à considérer dans la coagulation autonome du sang, les pla- quettes, doivent leur activité à ce principe thermostable et extractible par l’alcool, le lipoïde. Les plaquettes chauffées à <00° accélèrent la coagulation aussi bien que les plaquettes traîcbes, 1 émulsion de lipoïde extrait se comporte exactement comme celles-ci ; il est inutile de supposer l'existence d’un prin- cipe actif autre que le lipoïde, et qui serait le thrombozyme de Nolf. Semblablement, l’idée de ce savant d’après laquelle un sérum calcifié pourrait renfermer côte à côte à la fois du throm- bogène (lequel correspond au sérozyme de Bordet et Delange) et le thrombozyme hypothétique en question, ces substances s’abstenant d’ailleurs de réagir à moins qu’on n’introduise une substance thromboplastique, nous paraît manquer de base expérimentale. On ne pourrait admettre davantage que le lipoïde ajouté à du sérum se borne à fortifier faction d’une thrombine préformée sans fonctionner comme générateur véri- table. Nous avons rappelé, en effet, qu’en milieu décalcifié le lipoïde n intensifie pas 1 influence coagulante de la petite quan- tité de thrombine que renferme, à côté d’une dose importante de sérozyme, le sérum obtenu par recalcification du plasma oxalaté pauvre en plaquettes. Au contraire, en milieu calcifié, et sans que la présence de bbrinogene soit necessaire ni même utile, le sérozyme s’unit au cytozyme, engendre ainsi de la thrombine, les deux principes se consommant mutuellement par le fait même de leur union. Etant donné d’autre part que le cytozyme et les plaquettes s’équivalent quant à leur influence accélératrice sur la coagulation des plasmas pourvus de calcium, la notion que le cytozyme lipoïdique est le principe actif des élé- ments figurés sanguins et entre dans la constitution même de la thrombine nous paraît ressortir à l’évidence de l’ensemble des expériences. Tout en attribuant aux lipoïdes et particulièrement à l’un des représentants de cette catégorie de substances, la cepha- THÉORIES DE LA COAGULATION DU SANG :>93 line (1), une grande importance dans la coagulation, Howell ne se rallie pas davantage à 1 idée que des matières de ce type sont vraiment des matériaux formateurs de thrombine. Reprenant les constatations de VVooldridge sur les propriétés des extraits alcooliques de tissus, Howell montre que l’addition de lipoïde à du plasma peptoné en provoque la coagulation, mais il admet que cette substance agit en neutralisant l’antithrombine. D’après lui, l'inlluence accélératrice qu’elle exerce sur la coagulation du plasma oxalaté normal que l’on vient de recalcifier s’explique de la même façon, le sang renfermant même à l’état normal une proportion appréciable d’antithrombine, dont Je rôle est essentiellement d’empêcher la transformation de la prothrom- bine en thrombine : Ilowell estime que la substance mère de la thrombine est unique et n’a besoin, pour engendrer celle-ci, que de concours de sels calciques. Personne évidemment ne conteste la réalité de l’antithrom- bine (2) ni même l’existence, dans le sang parfaitement nor- mal, d’une ou de plusieurs matières antagonistes de la coagu- lation ; nous avons d’ailleurs insisté plus haut sur ce point à propos de l’équilibre colloïdal du sang, de la lenteur avec laquelle certains plasmas se coagulent bien que renfermant les éléments nécessaires, de l'influence adjuvante de certains agents tels la dilution, etc. Mais la question est de savoir si le cytozyme, lorsqu’il provoque ou accélère la coagulation malgré l’antithrombine, agit en neutralisant directement l’antithrom- bine comme le pense Howell, ou bien favorise l’apparition d’une thrombine abondante capable de surmonter, peut-être même d’anéantir, l'influence inhibitrice de l’antithrombine. En réalité, l’opinion d’ Howell ne nous paraît pas en harmo- nie avec certaines constatations relatées dans les pages précé- dentes. Si, conformément aux vues d’Howell, le lipoïde a pour etlet de neutraliser l’antithrombine en permettant ainsi à la pro- (1) Nous ne concevons guère, à vrai dire, pourquoi Ilowell attribue une importance spéciale à la céphaline plutôt qu'à la lécithine. La céphaline est peu soluble dans l’alcool ; or, l’alcool se comporte, envers le cytozyme, comme un excellent dissolvant. Ilowell reconnaît lui-mèrhe l’activité des extraits alcooliques. (2) Il résulte des recherches de Howell {Amer. Journ. of Physiol. , 1910 et années suivantes) que l’antithrombine résiste au chauffage à 60°, est détruite vers 75°-80°. 594 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR thrombine de se Iransformer en thrombine, on est contraint d admettre que le sérum issu de la coagulation par recalcifica- tion d un plasma oxaiaté pauvre en plaquettes, contient à la fois beaucoup de prothrombine et beaucoup d’antithrombine,, puisque l’addition de ce cytozyme lipoïdique y développe en abondance la thrombine. En somme, le sérum ressemblerait beaucoup au plasma originel. Mais on ne conçoit guère, dans ces conditions, pourquoi le cytozyme lipoïdique ne réagit pas de la même façon, d’une part avec le sérum, d’autre part avec le plasma que l’on vient de recalcifier : dans le plasma, le sérozyme * n existe pas à l’état voulu pour réagir sans délai avec le cyto- zyme, tandis que dans le sérum la réaction du cytozyme sur le sérozyme est très prompte; ce fait nous semble inconciliable avec la théorie d Howell. Certes, l’hypothèse de l’existence, dans le sang ou le plasma, d’une matière antagoniste tendant à empêcher le sérozyme de réagir avec le cytozyme et le mainte- nant ainsi à l’état de prosérozyme, est, sinon rigoureusement démontrée, au moins plausible, ainsi qu’il a été dit plus haut* Mais si le cytozyme s’attaquait directement, comme Howell le pense, à cette matière antagonisle, on comprendrait malaisé- ment pourquoi il agit plus lentement dans le plasma que dans le sérum. Mais si, comme nous l’admettons, son affinité s'adresse au sérozyme, on conçoit qu’il lui soit difficile de réagir dans le milieu plasmatique, c’est-à-dire lorsque le sérozyme est protégé par la matière empêchante en question. En réalité, ainsi que nous l’exprimions quelques lignes plus haut, le principe qui contre-balance directement l’influence empêchante de l’anti- thrombine, c’est la thrombine et non le cytozyme. Celui-ci n’est antagoniste de l’antithrombine qu’en raison de son pou- voir d’engendrer la thrombine. Mais comme il ne la produit que grâce à la collaboration du sérozyme, la présence de ce dernier principe est aussi nécessaire que celle du cytozyme à 1 abolition de l’influence antithrombique. Ces données résultent à l’évidence de l’expérimentation à laquelle le mode d’action du cytozyme sur le plasma hirudiné a été soumis récemment par Gratia (l). Cet auteur démontre que le cytozyme ne neutra- (1) C. B. Soc. de Biol., juin 1920. / THEORIES DE LA COAGULATION DU SANG 595 lise pas quantitativement l’hirudine. Un peu de cytozyme pro- voque la coagulation rapide d’un, plasma que l’addition d’une quantité modérée d’hirudine avait rendu inapte à la coagula- tion spontanée, mais une quantilé quelconque de cytozyme est impuissante si la dose d’hirudine mise en œuvre dépasse une certaine limite, bientôt atteinte d’ailleurs ; ceci se comprend aisément si l’on admet que c'est la thrombine, et non le cyto- zyme, qui vient à bout de l’antithrombine : en effet, la quantité de thrombine qu’un liquide additionné d'une dose suffisante de cytozyme peut fournir ne dépend plus que de sa teneur en séro- zyme, l’addition d’un supplément de cytozyme étant désormais inutile. D’autre part, et corrélativement, la neutralisation apparente de l’antithrombine par le cytozyme s’accomplit d’au- tant plus efficacement que le liquide est plus riche en séro- zyme : par exemple, une quantité de thrombine qui pourrait faire coaguler un volume donné de plasma phosphaté non hiru- diné ne détermine pas la coagulation de ce volume de plasma phosphaté additionné d’hirudine, même si l’on ajoute à celui-ci une dose de cytozyme considérable, dépassant de beaucoup celle qui suffit à faire coaguler, sans qu'il soit nécessaire d’ajou- ter de la thrombine, la même quantité de plasma semblable- ment hirudiné mais qui est riche en sérozyme, c’est-à-dire qui n’a pas été traité par le phosphate tricalcique. En d’autres termes, une dose de cytozyme plus que suffisante pour surmon- ter, en présence de sérozyme, l’intluence antagoniste d’une quantité donnée d’hirudine, est tout à fait incapable de pro- duire cet effet si le plasma hirudiné soumis à son action a été au préalable dépouillé, par le phosphate, du sérozyme qu’il contenait. En résumé, les constatations de Gratia relatives à l’antithrombine ne cadrent pas avec la théorie d'LIowell, mais s’harmonisent au contraire parfaitement avec la thèse deBordet et Delange, d’après laquelle le cytozyme s'unit au sérozyme pour engendrer la thrombine. ÉTUDES SUR LA PRÉCIPITATION MUTUELLE DES ANTICORPS ET DES ANTIGÈNES (deuxième mémoire) SÉRUMS ANTITOXIQUES par M. NICOLLE, E. CÉSARI et E. DEBAINS. La majorité des sérums antitoxiques fournissent des préci- pités quand on les mélange avec les poisons correspondants (1); d’où l’idée, émise par Calmette et Massol, d'utiliser ce phéno- mène afin de titrer l’antitoxine cobraïque. Les expériences qui suivent nous ont permis d’obtenir, pour la première fois , des résultats semblables, en faisant agir les sérums antidiphtérique et antitétanique sur les toxines homo- logues. L’effet précipitant paraît donc général et pourra être mis à profit dans l’essai des divers poisons spécifiques et de leurs anticorps. Nous étudierons ici le titrage des sérums antidiphtérique et antitétanique (2) et celui des toxines correspondantes; puis, nous envisagerons brièvement la précipitation mutuelle des toxines et des antitoxines au point de vue théorique. Titrage des sérums antidiphtérique et antitétanique. Pour effectuer cette mesure, il faut faire agir, sur un volume constant de solution toxique concentrée , des volumes décrois- sants du sérum homologue, en se conformant à la méthode que voici. Technique suivie. Ou sature, par le sulfate de soude anhydre, des filtrats de cultures diphté- riques et tétaniques. On sèche les précipités obtenus (vide sulfurique) et on (1) M. Nicolle, E. Césari et C. .Touan, Toxines et antitoxines. Paris, 1919. (2) M. Nicolle, E. Debains et E. Césari. C. R Acad, des Sciences , 29 décem- bre 1919. PRÉCIPITATION MUTUELLE UES ANTICORPS LT DES AN I IGÈNES 597 les réduit en poudre homogène. On dissout 0 gr. 8 de poudre dans 10 cent, cubes d’eau distillée ; le liquide résultant tue le cobaye de 550-650 grammes au 1/800 cent, cube sous la peau (poison diphtérique) et au 1/12.000 dans le muscle (poison tétanique). On mêle (parties égales) la solution toxique et une solu- tion, préalablement fondue (40°) de gélatine dans l’eau physiologique (10 p. 100 de gélatine (réaction neutre). On répartit le mélange en tubes, sous le volume de 1 cent. cube. On fait prendre à la glacière. On verse, sur les culots solides, 1 cent, cube de sérum antitoxique de plus en plus dilué : au 1/20, 1/50,... 1/200. On abandonne pendant deux heures (température ambiante) et on lit. lout résultat positif se traduit par l’apparition d'un disque blanc bleuâtre au-dessus de la limite du sérum dilué et de la » toxine-gélatine ». 11 importe que solu- tion toxique et sérum soient absolument limpides. Résultats obtenus. Le sérum antidiphtérique n’est délivré, par le Service séro- thérapique de l’Institut Pasteur, que s’il contient 300 unités au centimètre cube ; le sérum antitétanique, que s’il en renferme 4.000 (méthode L. Martin). Ces chiffres correspondent tous deux, dans notre procédé, à la formation d’un disque net, pour 1 cent, cube de sérum dilué au cinquantième ; au-dessous, les sérums sont insuffisants, au-dessus, de plus en plus actifs. De nombreux titrages, effectués in vivo par notre ami Loiseau et in vitro par nous-mêmes, indiquent les concordances moyennes qui suivent. Sérum antidiphtérique. — 1 /25 cent, cube (dans notre méthode) = 200 unités [in vivo) ; 1/50 cent, cube = 300 unités; 1/75 cent, cube = 400 unités; 1/100 cent, cube = 500 unités ; 1/125 cent, cube = 600 unités. Sérum antitétanique. — 1/10 cent, cube (dans notre méthode) — 2.000 unités ( invivo ) ; 1/25 cent, cube = 3.000 unités ; 1/50 cent. cube = 4.000 unités; 1/75 cent. cube = 5.000 unités ; 1/100 cent, cube = 6.000unités; 1/125 cent. cube = 7. 000 uni- tés ; 1/150 cent, cube = 8.000 unités. Aucun précipité , sur la toxine correspondante portée cinq minutes à 100°, avec 1/20 cent, cube de sérum « anti ». Notre méthode offre, on le voit, l’avantage d’une grande sim- plicité et, qui mieux est, d’une économie considérable de temps , de travail et d’ argent. Elle permettra d’étudier la naissance et les progrès du pouvoir antitoxique lors de 1 immunisation et, en éliminant au début de celle-ci les « mauvais chevaux », d’éco- nomiser encore temps, travail et argent. Inutile d’ajouter que les phénomènes de précipitation sont absolument spécifiques et que les sérums équins noimaux si montrent toujours inefficaces sur les deux toxines envisagées ici. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 598 Titrage des toxines diphtérique et tétanique. On fait agir, sur un volume constant de sérum très puissant. (600 unités pour le sérum antidiphtérique et 9.000 pour le sérum antitétanique), des volumes décroissants de liltrats homo- logues tels quels , d’après le procédé que voici. Technique suivie. On ajoute, au sérum salé à 3 p. 100, 3/10 de gélatine et on répartit en tubes (1 cent, cube par tube). On fait prendre dans la glacière. On verse doucement , sur les culots fermes, 1 cent, cube de filtrat de plus en plus dilué : à 9/10 8/10,... 1/20. On abandonne pendant deux heures (température ambiante) et on lit. Il faut, ici, saler le sérum et n’y ajouter que la quantité de gélatine stric- tement suffisante pour le solidifier temporairement, sans quoi se manifestent des précipités parasites fort gênants, dus aux sels que contiennent les filtrats. Résultats obtenus. Les toxines, utilisées dans l’immunisation des chevaux, doi- vent tuer les cobayes de 350 grammes sous le volume mini- mum de 1/500 cent, cube (toxine diphtérique) et 1/10.000 cent, cube (toxine tétanique), soit 1/300 et 1/8.000, quand on emploie des animaux de 550-650 grammes, comme nous l’avons fait ici (voie hypodermique, pour la toxine diphtérique et intra- musculaire, pour la toxine tétanique). Ces chiffres correspon- dent, respectivement , avec notre procédé, a la formation d’un disque net pour 1 cent, cube de poison dilué au demi et au cin- quième. Indiquons les correspondances moyennes suivantes. Toxine diphtérique. — 6/10 cent, cube, avec notre méthode = 1/100 cent, cube, in vivo; 5/10 cent, cube = 1/150; 4/10 cent, cube = 1/200; 3/10 = 1/250 • 2/10 = 1/300 ; 1/10 = 1/350. Toxine tétanique. — 5/10 cent, cube, avec notre méthode = 1/8.000 cent, cube, in vivo ; 4/10 = 10.000 ; 3/10 1/12.000. Aucun précipité , sur le sérum correspondant, avec 1 cent, cube de toxine , portée cinq minutes à 100°. Nous retrouvons, dans l’essai des toxines in vitro , les mêmes avantages que dans celui des antitoxines. Inutile d’insister. PRÉCIPITATION MUTUELLE DES ANTICORPS ET DES ANTIGÈNES 599 Remarques théoriques. La théorie de la précipitation sera étudiée, plus tard, avec les détails nécessaires. Bornons-nous, aujourd'hui, aux remarques indispensables. Les précipités dont on vient de s'occuper résultent de l’union de chaque antigène et de l’anticorps homologue. Le parallé- lisme entre les valeurs obtenues in vitro et in vivo d’une part, l’absence de réaction dans le cas des poisons portés au 100° d’autre part, ne sauraient laisser de doute là-dessus. Il paraît non moins évident que chacun des éléments en jeu (le sérum principalement) entraîne des substances banales qui lui sont associées et dont la masse, relativement grande, rend apparente à nos yeux la masse, certainement infime, de la toxine et de l'antitoxine. Cette manière de voir vaut pour tous les précipités observés dans les interréactions d antigènes et d anticorps et une comparaison se présente alors d’elle-même : le cas des ions gazeux, devenus visibles (et numérables), grâce aux goutte- lettes d’eau qu’ils condensent (expériences connues de \A ilson). Les diaslases et les antidiastases se précipitent aussi mutuel- lement, comme nous l’avons observé avec fenzyme gélatinoly- tique du pyocyanique (préparé par notre ami Launoy) et le sérums des lapins qui ont reçu cet enzyme. SUR LA CLASSIFICATION DE CERTAINS GROUPES OE BACILLES AÉROBIES DE L’INTESTIN HUMAIN par ALDO CASTELLANI et ALBERT J. CHALMERS. Préliminaires. Bacillaceæ. Classification. Encapsulât ex. Ebertheæ. Alcaligenes. Eberthus. Shigella. Lankoïdes. Dysenteroïdes. Salmonela. Balkanella. Wesenbergus. Enteroïdes. Escherichia. Conclusion. PRÉLIMINAIRES Depuis quelques années, nous nous sommes occupé d’une étude des bactéries intestinales aérobies humaines et il nous semble qu’il peut être utile de rassembler les connaissances acquises et de les ordonner sous une forme h laquelle il soit facile de se rapporter. Dans ce but, il est désirable de définir et de classer en tribus et en genres la famille des Bacillaceæ de Fischer, en vue d’un prochain mémoire traitant des fièvres Enteroidea qui sont occa- sionnées par les germes ainsi définis. Nous employons le mot Enteroidea pour les fièvres causées par les bactéries intestinales en général et nous les divisons en Enter ica, ou fièvres occasionnées par les germes typhique et paratypique A et B, et Paraenterica ou fièvres occasionnées par les bacilles autres que ces trois organismes. Cependant, dans le présent mémoire, nous limitons notre attention aux organismes et nous omettons la description des fièvres. Avant de taire le classement des Bacillaceæ il peut être utile d’expliquer que les termes genre et espèce, tels qu’on les emploie en bactériologie, sont basés sur des réactions biochimiques et pathologiques et ne sont pas pris dans le sens morphologique qu’on leur donne en Botanique et en Zoologie. 601 BACILLES AÉROBIES DE L’INTESTIN HUMAIN Ceci est nécessaire parce que ces réactions nous permettent de distinguer et de classer des organismes aussi variés dans leur action pathologique que les divers genres et espèces d’une famille florale peuvent l’être dans leur structure. Sous cette condition nous avons formulé les genres et les espèces, basant principalement leur type sur leur aptitude à faire fermenter divers hydrates de carbone, glucosides et alcools, sur les changements produits par leur développement dans le lait et sur leurs très importantes réactions sériques. Famille BACILLACEÆ Fischer, 1894. Cette famille peut être définie : Eubactériales avec cellules longues ou courtes, flagellées ou non flagellées; sporogènes ou non sporogènes, mais toujours cylindriques et droites et se divisant seulement dans une direction. Le genre type est Bacillus Colin, 1872, mais ce genre et l’autre genre ancien, Bacterium , renferment un si grand nombre d’espèces et de variétés que nous avons essayé de sim- plifier leur diagnose en définissant les tribus et les genres suivants : Classification. La famille Bacillaceæ peut être classée en tribus comme suit: Développement dans les milieux ordinaires du laboratoire. A. Entièrement ou presque entièrement absent. — Tribu 1, Nit robactereæ. B. Pauvre, Gram-négatif, se développe mieux sur milieu contenant du sang. — Tribu 2, Hæmophileæ. C. Très pauvre et très lente sur les milieux ordinaires et milieux au sang. — Tribu 3, Graciloideæ. D. Bon développement : . Endospores présents. — Tribu 4, Bacilleæ. IL Endospores absents : a ) Fluorescent ou chromogène. — Tribu 5, Bacteroideæ. b) Ni fluorescent ni chromogène : 1. Anaérobies obligatoires. — Tribu 6, Bacteroideæ. 2. Aérobies, souvent facultatives anaérobies : liquéfiant la gélatine. — Tribu 7, Proteæ. ne liquéfiant pas la gélatine : sans capsules : 1° avec coloration bipolaire. — Tribu 8, Pasteurelleæ ; 2° sans coloration bipolaire. — Tribu 9, Eberlheæ. avec capsules. — Tribu 10, Encapsulateæ. 40 602 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR LES TRIBUS Tribu ENCAPSULATEÆ Castellani et Chalmers, 1918. De toutes ces tribus la plus importante à notre point de vue* présent est celle des Ebertheæ, laquelle renferme beaucoup* d’organismes intestinaux; nous devons toutelois ajouter quelques mots suri 'Encapsulateæ, les Proteæe t les Graciloideæ. Définition. — Bacilles poussant bien sur des milieux ordi- naires de laboratoire, sans endospores; ni fluorescents ni chro- mogènes ; aérobies, anaérobies facultatifs; ne liquéfiant pas la< gélatine; présentant des capsules dans les tissus animaux. Genre type. — Encapsulatus Castellani et Chalmers, 1918. Genre ENCAPSULATUS Castellani et Chalmers , 1918. Définition. — Eïicapsulatess avec les caiactères de la tribu. Espèce type. — Encapsulatus pneumoniæ Friedlânder, 1883. Remarques. — Ce genre est actuellement le seul de la tribu, et il embrasse l’ancien groupe des bacilles encapsulés qui ont été passés en revue par Fricke en 1896, Clairmont en 1902, Perkins en 1904, Abel et lvallwacka en 1912 et litzgcrald en 1914. Les espèces sont ordinairement des organismes courts, non mobiles, gram-négatifs, encapsulés, pléomorphiques, qui font fermenter le glucose et le lactose; mais en ce qui concerne ce dernier sucre, ils peuvent produire seulement de l’acidité quoique habituellement ils forment de 1 acide et du gaz. Classification. Les diverses espèces de ce genre trouvées chez l’homme- peuvent être caractérisées comme suit : A. Fait fermenter incomplètement le glucose avec formation d acide, mais sans gaz, coagule le lait. — Pneumoniæ. B. Fait fermenter complètement le glucose et le lactose avec formation d’acide et de gaz. Coagule le lait. BACILLES AÉBOBIES DE L’INTESTIN HUMAIN I. Ne fait pas fermenter l’inosite. - Acidi lactici. IL Fait fermenter l mosite avec formation d’acide et de ffaz aerogenes. e &az:- 603 — Lactis Tribu EBERTHEÆ Castellani et Chalmers, 1918. Définition. — Bacülaceæ poussant bien sur les milieux ordi- ciires de laboratoire; ne forment pas d’endospores et souvent anaerobies facultatives; sans fluorescence; sans formation de ,°U 1IlqUéfaCti0n de la Sélatine; «ns coloration; gram- négatifs bipolaires, sans capsules. Genre type. — Eberthus Castellani et Chalmers, 1918. Classification. La tribu peut être divisée en genres qui peuvent être comme suit : A. Ne I II. B. Fait I. II. C. Fait I. reconnus fait pas du tout fermenter le glucose et le lactose ou bien le fait ermenter en partie seulement avec production d'acide mais sans gaz. . Ne coagule pas le lait : a) Ne fait pas fermenter le glucose et le lactose. - Genre 1 Alcaligenes Castellani et Chalmers, 1918. b) Fait fermenter en partie le glucose avec production d’acide et sans gaz, ne fait pas fermenter le lactose : 1. Mobile. Genre 2, Eberthus Castellani et Chalmers, 1918 , 2; ^on moblle- Genre 3, Shigella Castellani et Chalmers 1918 c ait fermenter partiellement le lactose et le glucose avec pro- Cas ITa Trh riS Sa"S gaz- Genre 4' Dysenteroides Castellani et Chalmers, 1918. Coagule le lait. Fait fermenter partiellement le glucose avec production d'acide mais sans gaz; ne fait pas fermenter le lactose (pas de gaz dans aucun sucre). Genre 5, Lankoides Castellani et Chalmers, 1918. fermenter le glucose complètement avec production d'acide et de gaz; mais ne fait pas fermenter le lactose : Ne coagule pas le lait. Genre 6, Salmonella Lignières, emendav. Castellani et Chalmers. Coagule le lait. Genre 7, Balkanella Castellani et Chalmers, 1918. fermenter le glucose complètement avec production d’acide et de gaz, fait fermenter partiellement le lactose avec produc- tion d’acide et sans gaz. Ne coagule pas le lait. Genre 8, Wesenbergus Castellani et Chal- mers, 1918. 604 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR D. Fait fermenter complètement le glucose et le lactose avec production d’acide et de gaz : I. Ne coagule pas le lait. Genre 9, Enleroides Castellani et Chalmers, 1918. IL Coagule le lait. Genre 10, Escherichia Castellani et Chalmers, 1918. Genre ALCALIGENES Castellani et Chalmers , 1918. Définition. — Eberlhese cjui no font pas fcrmentci ni 1g glucose ni le lactose, et sont caractérisés par leur manque général de pouvoir fermentatif et souvent augmentant l’alcali- nité des milieux. Le lait ne coagule pas et est rendu alcalin. Type. — Alcaligenes fæcalis Petruschky, 1898, emendav. Castellani et Chalmers 1918. Classification. Les divers organismes peuvent être différenciés comme suit: A. Non mobile : Melalkaligenes. B. Mobile : Fæcalis. Genre EBERTHUS Castellani et Chalmers , 1918. Définition. — Bacillacese mobiles, faisant fermenter partielle- ment le glucose avec production d’acide et sans gaz. Ne font pas fermenter le lactose ; ne coagulent pas le lait. Espèce type. — Eberthus typhosus (Zopf, 1885). Remarques. — Ce genre a pour espèce type l’organisme qui cause la variété de fièvre entérique dite fièvre typhoïde, ainsi qu’un nombre d’espèces qui sont les agents causais de fièvres enteroidea. Classification. Le genre comprend, outre le type, les espèces suivantes : Eber- thus Kandiensis Castellani, E. talavensis Castellani, E. Pristnitzi Castellani. Elles peuvent être différenciées bio-chimiquement comme suit, quoiqu’elles puissent être aussi distinguées en outre par leurs réactions sérologiques. BACILLES AÉROBIES DE L’INTESTIN HUMAIN 605 Mannite. Acide. Maltose. Pas de changement. Saccharose. Acide. Typhosus. Pas de changement. Acide. Kandiensis. Talavensis. Pas de changement. Pristnitzi. Genre SHIGELLA Castellani et Chalmers, 1918. Définition. — Ebertheæ non mobiles faisant fermenter par- tiellement le glucose avec production d acide, mais sans gaz; ne font pas fermenter le lactose, ne coagulent pas le lait. Espèce type. — Shigella dysenteriæ (Kruse, 1899). Remarques. — Ce genre renferme un certain nombre de formes; mais, nous avons rejeté tous ceux dont on n a donné que des descriptions très incomplètes qui ne permettent jamais de les reconnaître. Classification. Les espèces appartenant à ce genre peuvent être en vue de la diagnose divisées en : A. Fait fermenter la mannite. Sous-genre Flexnerella Castellani et Chal- mers, 1918. I. Fait fermenter le maltose. Groupe Flexner. II. Ne fait pas fermenter le maltose. Groupe pseudo-dysentérique. B. Ne fait pas fermenter la mannite. Sous-genre Shigella Castellani et Chal- mers, 1918. Les formes appartenant à ces divisions et sections peuvent être reconnues a l aide des tableaux suivants : A. — Sous-genre FLEXNERELLA Castellani et Chalmers, 1918. I. — Groupe FLEXXER : fermentation partielle du maltose. Lait. Acide, puis alcalin. Alcalin seulement. Fæcaloides. Sorbite. Pas de changement. Flexner. Acide. Salicyline. Acide. Tangallensis. Pas de changement. Dysenteriæ. G 06 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR II. - Groupe PSEÜDO-1) YSENTÉKIQ VE : ne font pas fermenter le maltose. Dextrine. Acide. I Salicine. Pas de changement. 1 Salicine. I „ , JAcide.-, . Pas de changement. Pas de changement. Adde. s udodysenténque S. dysenteriæ Pseudo-dysenteriæ var. D. 1. var. Y. Hiss et Russe]. var. A. B. - Sous-genre SHIGELLA Castellani et Chalmers, 1918. Lait. Acide, puis alcalin. I Arabinose. , ! Pas de changement. Acide. Dysenteriæ Kruse. Lunavensis. Constamment acide. Agglutination par sérum Shiga. Genre LANKOIDES Castellani et Chalmers , 1918 . Définition. — Ebertheæ faisant fermenter partiellement le glucose avec production d’acide mais sans gaz; lactose généra- lement acide, jamais de gaz. Coagulent le lait. Espèce type. — Lcinkoides pyogenes Fasset, 1902. Classification. L espece classée dans ce genre peut être déterminée comme suit : \ Mobilité. I f Présente. Absente. Pyogenes. Mannite. Pas de changement. i Galactose. Pas de changement. Acide. Ceylonensis var. A. Gintotlensis. ~1 Acide. I Dulcite. Acide. Pas de changement. Ceylonensis Madampensis. var. B. BACILLES AÉROBIES DE L’INTESTIN UUMA1N • 607 Genre DYSENTEROIDES Castellani et Chalmers, 1918. Définition. — Ebertheæ faisant fermenter partiellement le glucose et le lactose avec production d’acide mais sans gaz. Ne coagulent pas le lait. Espèce type. — Dysenteroides metadysentericus (Castellani 1916). Remarques. — Ce genre comprend 1 organisme de lamétady- senterie, lequel peut être différencié comme suit . Mannite. Acide. 1 Pas de changement. Dulcite. Indol. I 1 | I Acide. Pas de changement. En produit N’en produit pas Metadysentericus. Metadysentericus. Metadysentericus. Metadysentericus. var. D. var. A. var. B. ™r. C. Genre SALMONELLA Lignières emendav. Castellani et Chalmers , 1919. Définition. — Ebertheæ qui font complètement fermenter le glucose, avec production d'acide et de gaz, mais ne font pas fermenter le lactose et font fermenter partiellement ou complè- tement la mannite en addition à d’autres hydrates de carbone. Espèce type. — Salmonella paratyphi (Schottmüller 1902). Remarques. — Ce genre comprend un grand nombre de variétés qui peuvent être divisées en groupes comme suit : A. Ne fait pas fermenter la mannite. Groupe Morgan. B. Fait fermenter la mannite partiellement avec production d aci e, mais sans gaz. Groupe Veboda. , G. Fait fermenter la mannite complètement avec production acn ce gaz. Groupe Paratyphosus-asiaticus. A. — Groupe Morgan. Le groupe Morgan renferme seulement Salmonella Morgani qui est le même que Morgan I de l'ancienne nomenclature. Il y a fermentation avec production de gaz dans le glucose {B. Morgani dans le tableau). 608 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR B. — Groupe Veboda. Ce groupe comprend deux organismes- viz : Salmonellaveboda Castellani 1909 et S. willegoda Castellani 1911. Ils peuvent être distingués comme suit : Dulcite. , ! Acide et gaz. Salicine. Pas de changement. Veboda. 1 I Acide. I Salicine. I Acide et gaz. Willegoda. G. — Groupe paratyphosus-asiaticus. Ce groupe comprend un nombre de formes, dont quelques- unes sont de grande importance pratique. On peut les classer comme suit: a) Ne produit pas d’indol. Division Paratyphoidus. b) Produit de l'indol. Division Asiaticus. La diIFérenciation des organismes de ces deux divisions est comme suit : a) PARATYPHOIDUS : non-producteurs d'indol. Lait. Constamment acide. Paratyphi A. Devient alcalin après un certain temps. I Sérum Gaertner. Pas d’agglutination. Réaction de Castellani essai avec le sérum Paratyphosus B. Agglutination. Enteritidis Gaertner B. Danyzz (p. p.) Agglutinines absorbées. Paratyphosus B. Typhi murium (p. p.). 1 Agglutinines non absorbées. Dulcite. Acide et gaz. Ærtrycke [suipestifer) Psit tacosis typhi murium (p. p.) Pas de changement. Woliniæ. BACILLES AÉROBIES DE L’INTESTIN HUMAIN 609 b) ASIATICUS : producteurs d'indol. Saccharose. Pas de changeaient. Acide et gaz. I ! Dulcite. Salicine. 1 Positive. 1 Négative. 1 Acide et gaz. Pas de changement. 1 Pseudo -asiaticus 1 j Columbensis . Carolinus Castellani. Mobilité. Castellani. • , 1 , Présent. Absent. Asialicus var. mobilis. Asiaticus Castellani. Castellani. Genre BALKANELLA Castellani et Chalmers , 1918. Définition. — Ebertheæ qui font fermenter le glucose com- plètement avec production cl’acide et de gaz; ne font pas fer- menter le lactose. Coagulent le lait. Espèce type. — Balkanella coagulans Castellani 1916. Remarques. — Il y a deux espèces, le type et B. Carolinoides qui peuvent être séparées comme suit : Saccharose. ! Pas de changement. Acide et gaz. Coagulans. Carolinoides. Genre Wesenbergus Castellani et Chalmers, 1918. Définition. — Ebertheæ qui font fermenter le glucose complè- tement et le lactose partiellement produisant de l’acide mais pas de gaz. Ne coagulent pas le lait. Espèce type. — Wesenbergus wesenbergi Castellani 1913. Remarques. — Le type décrit par Castellani est mobile et produit .l’acidité dans le lait tournesolé. Il forme de l’acide et du gaz dans le glucose et le saccharose, mais seulement de l’acide dans le lactose, la mannite et la dulcite. Il est un pro- ducteur d’indol. Au même groupe appartient B. Giumai Castellani, lequel est 610 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR I ORDRE ALPHABÉTIQUE des noms d’espèce ■ (sans emploi des noms de genre). MOBILITÉ GRAM » GÉLATINE SÉRUM I LAIT TOURNESOLÉ I LACTOSE SACCHAROSE DULCITE MANNITE GLUCOSE MALTOSE DEXTRINE RAFFINOSE ARABINOSE H H S O P <3 B.acidi lactici, Hiip I pe. 0 0 0 0 AC AG 0 0 AG AG AG AG AG AG AG I B. Ærtrycke , De No- bele. 4- 0 0 0 A, Aie 0 0 AG AG AG AG 0 0 AG s 0 1 B. albofaciens, Cas- 0 0 0 0 AC 0 0 0 0 A 0 I tellani, 1905. B. Archibaldi, Cas- tellani et Chalmers, + 0 0 0 A, Aie 0 0 AG AG AG AG )) 0 » 0 1918. I B. Asiaticus, Castel- lani, 1905. 0 0 0 0 A, Ale 0 AG 0 AG AG AG AG AG AG 0 1 B. Asiaticus mobilis, Castellani, 1914. + 0 0 0 A, Ale 0 AG 0 AG AG AG AG AG AG 0 I B. bentotensis, Cas- 1 tellani, 1912. + 0 0 ' 0 A A A As 0 A A 0 As 0 0 B. capsulatus, Pfeif- 1 fer. 0 0 0 0 AC AG AG 0 AG AG AG AG AG AG AG B. Carolinus, Castel- I lani. I B. cavicida, Brieger. + 0 0 0 A, Ale 0 0 0 A ou A ou A ou )) AG AG » + 0 0 0 AC AG 0 AG AG AG AG AG AG 0 AG AG AG 0 I B. Ceylonensis A, Castellani, 1905. 0 0 0 0 AC 0 0 0 0 A 0 0 0 0 0 B. Ceylonensis B, Castellani, 1905. 0 0 0 0 AC A A A A A A A A A 0 B. cloacæ, Jordan. . + 0 + + AC AG AG 0 AG AG AG AG AG AG 0 • 1 B. coagulons, Castel- lani, 1917. 0 0 0 0 AC 0 0 » 0 AG AG )) )) )> H B. coli, Escherich. . + 0 0 0 AC AG 0 AG AG AG AG AG AG AG 0 I B. coli mutabilis, Massini. 0 0 0 0 AC AG 0 0 )) » » » )) » 0 | B. coloides , var. A, Castellani, 1916. 0 0 0 0 AC AG 0 AG » AG AG » » » » J B. coloides, var. B, Castellani, 1916. I B.colotropicalis, Cas- I tellani, 1905. 0 0 0 0 AC AG 0 AG » AG AG » » )» A, i 0 0 0 0 AC AG 0 0 AG AG AG AG AG AG 0 I 1 B. Columbensis, Cas- tellani, 1905. + 0 0 0 AVs Ale 0 ou Gss 0 AG AG AG AG VsGs 0 AG U 1 “ 1 Jou A I + = positive, présent; 0 = = négative, absent; A = = acide, production d’acidité ; Aie = alcalin, production d . L* = gaz, production de gaz; AG == production d’a BACILLES AÉROBIES DE L’INTESTIN HUMAIN 611 H Tfi O ü <1 < AG A I AG AG A AG AG AG 0 A AG AG AG K a? O P P 'P . 1 AG AG AG AG A AG AG AG 0 A AG AG AG i AG ! G AG P H l—H t/3 O Z AG 0 0 A AG 0 0 A ou 0 P Z U HH J < 0 0 As 0 0 0 AG AG AG I AG AG AG ■ AMYGDALINE ISODULGITE ÉRYTHRITE GLYCÉRINE 1 INDOL YOGES-PROSK. BOUILLON » » 0 » + 0 Gt 0 AG 0 A 0 ou +S 0 Gt — 0 )) )) » )) + + Gt 0 A i 0 AG + S 0 Gt 0 AG 0 » + S 0 Gt 0 0 0 A + 0 Gt )> » » )) + + Gt » » )) + 0 Gt ou +P )) » » )) + 0 )> 0 0 0 0 0 0 Gt 0 A 0 A + 0 Gt )) » 0 )) + + Gt » » » )> + » » 0 AG 0 AG + 0 Gt )) » )) )) 0 J) » » )) » )) )) » » » )> » )> )) » » 0 AG 0 AG + » » 0 AG 0 AG 1 + 0 Gt Appartient aux bacilles encapsulés, diffère du B. lactis aerogenes en ne faisant pas fer- menter avec production de gaz l’inosite; diffère du B. coli tropicalis étant capsulé en faisant fermenter avec production de gaz l’adonite et en ne faisant pas fermenter la saliciline. Identique au point de vue cultural et séro- logique au B. suipestifer ; identique au point de vue cultural au B. enteritidis Gaertner (différenciation par épreuves d’agglutina- tion) et B. paratyphosus B (différenciation par l’épreuve d’absorption de Castellani, agglutination insuffisante). Développement très lent et très pauvre. Diffère du B. Asiaticus uniquement par sa mobilité. Encapsulé, généralement considéré comme identique à B. lactis aerogenes. Brieger l’a décrit d’abord comme non mo- bile; diffère du B. coli en ne faisant pas fermenter la maltose. Liquéfaction très lente de la gélatine; les bacilles intestinaux liquéfiant les plus im- portants peuvent être groupés comme suit : 1° font fermenter le lactose (B. cloacæ)-, 2° ne font pas fermenter le lactose Gram -j- (B. Proteus vulgaris ); 3° ne font pas fer- menter le lactose Gram 0 ( B . diffluens). Incomplètement décrit, fait fermenter le lactose tardivement (au bout de six jours), considéré comme non producteur d’indol. Diffère du B. coli étant non mobile et ne faisant pas fermenter la dulcite; du B. Neapolitanus ou ne faisant pas fermenter le saccharose et la dulcite. , . — acide, plus tard alcalin; G = coagulation; P = peptonisation, pellicule; D = décoloration; s = petite quantité ; ss = très petite quantité. 612 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK i 1 ORDRE ALPHABÉTIQUE ; des 'LU a a z HH Ph a a «a H t— i a s— t s a Z HH H HH » <=> CO LU =2= cc a Xfl O m O Ph a H HH a a H HH Z a t» o u a 03 O H 03 1 o Z HH 02 O Z HH a H HH Z noms d’espèce l(sans emploi des noms HH pp O s Ph O < a -a a Ph -a 02 =3 G h- H O < a a O U ■< a a « Z < HH a a a a < HH H X a o a a < rt Çp < Ph o s de genre). m I B. Coscoroba .... 0 0 0 0 AC AG AG 0 AG AG AG AG AG AG 0 1 B. Danysz » » » » » » » » » » )) » )) » » B. diffluens, Castel- lani, 1916. + 0 + "t* AlcD 0 0 0 0 ou A AG 0 0 0 0 ou AYs 0 I B. Douglasi , Castel- 0 0 0 0 Aie 0 0 A A A A » » ' » » lani et Chalmers. 1918. 1 B. dgsenteriæ, Flex- 0 0 0 0 A, Aie 0 0 0 A A A A A A 0 ner. B. dgsenteriæ, Hiss 0 0 0 0 A, Aie 0 0 0 A A 0 A A A 0 et Russell. 0 A 0 A 0 0 0 ou As 0 0 A 0 A B. dijsenteriæ, Shiga- Kruse. B. dysenteriæ, Strong 0 0 0 0 0 0 0 0 A, Aie AC 0 0 0 A A A » 0 B. enterions , Castel- 0 0 0 0 0 AG 0 AG AG AG AG AGs OD AG 0 lani, 1911. B. enteritidis , Gaert- 0 0 0 A, Ale 0 0 AG AG AG AG AG 0 AG 0 ner. B. fæcalis alcalige- + 0 0 0 Ale 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 nés, Petruskhy. B. fæcaloides, Cas- + 0 0 0 Aie 0 0 0 A A A A 0 ou 0 0 tellani. 1916. 0 A AG B. gaso formons, non 0 0 0 » AC AG AG )) )) )> )) » » liquef aciens . B. Gintotensis, Cas- 0 0 0 0 DAC 0 0 0 0 A 0 0 0 A 0 tellani, 1910. B. Ginmai, Castella- 0 0 0 0 A, Ale A 0 0 0 AG AG AGs 0 AG 0 ni, 1910. B. Grünthali , Castel- + 0 0 0 s AC AG 0 0 AG AG » AG AG AG 0 lani 1909. 1 B. ic/eroïdes , Sana- + 0 0 0 A, Ale 0 0 A ou AG AG AG AG 0 ou 1 A ou )* relli. AG A AG B. Kandiensis, Cas- + 0 0 0 AsD 0 As 0 A A 0 0 0 0 A tellani, 1912. Ale AG AG AG B. Khartowvensis 0 0 0 0 A AG 0 AG AG 0 0 » Chalmers et Mac- donald, 1915. 0 AG AG AG B. lactis aerogenes 0 0 0 0 AC AG AG AG AG AG AG Escherich. B. levons, W.Molffi + 0 + » AC AG 0 0 AG AG » AG AG AG 0 I B. Lunavensis , Cas - 0 0 0 0 As 0 A 0 0 A A A 0 A i 0 tellani, 1912. Ale 0 A B.Madampensis, Cas - 0 0 0 0 AC A A A A A As A 0 tellani, 1911. B. meta- alcali qene ? 0 0 0 0 Aie Ale Ale Ale Ale Ale Ale )) » » 1 w Castellani, 1915. B. meta-coli, Caste - + 0 0 0 AC AG AG AG AG AG AG AG AG AG 0 lani, 1913. B meta-coloides, Cas + 0 0 0 AC AG 0 G AG AG AG AG AG AG 0 tellani, 1913. 1 1 t i i « 0 TWT7T 1 VÎT; BACILLES AÉROBIES DE L’INTESTIN HUMAIN 613 w W CO H CO H H H Z HH H H W H H Z w CO O Z H 33 as o CO O H U < M <5 O J Ë> >» « i-3 inosit; Z HH a HH h3 «s CO i-3 < P P >4 s H U H P P O CO i— i HH P 33 H P3 HH P3 O ï* t-3 0 P O P Z HH 03 eu i CO H O O > O P »U3 HH P O 03 \G AG » A D » )) )) » 0 » » Diffère du B. coli-tropicalis en faisant fer- * menter le saccharose ; certains auteurs emploient le nom de B. coscoroba pour désigner un germe différent avec tous les caractères du bacille du choléra des poules (pasteurella). )) AG )) A ou » » 0 » » » » A » 0 » » Gt Au point de vue cultural et sérologique iden- tique au B.enteridis Gaertner (Bainbridge). » »> )) )) » » Voir notes sur B. eloaeæ ; quelques races AG )) + coagulent et peptonisent le lait. » )) » » » » )) » » )) 0 A A )) 0 0 0 0 0 + » » 0 A A )) 0 0 0 0 0 + ou » )) + 0 A A » 0 » » As » 0 » 9 A A A » 0 0 A 0 0 + » » IG AG AG )> » » )) )) » + 0 GtPs IC AG AG 0 0 0 )) )) 0 0 » Gt, Au point de vue cultural identique au B.sui- 0 0 0 0 0 0 0 0 0 • 0 0 pestifer (=. B. Ærtrycke) et B. paratypho - sus B. Diffère au point de vue sérologique. Gt Le B. fæcalis alcaligeues typique produit une forte alcalinité dans tous les bouillons de sucres; mais quelques auteurs consi- dèrent que certaines races produisent une faible acidité dans le glucose et la mal- A A A » 0 0 » 0 » 0 0 Gt tose, quelques races peptonisent le lait. » ° » )> A 0 )) 0 » » » » 0 + )) Incomplètement décrit, il est probablement semblable au B. colotropicalis, mais indol 0. A. 0 0 0 0 0 0 0 GtP \G AG AG 0 AG 0 AG 0 As 4- 0 Gt \G AG AG 0 » )) » 0 )) + 0 Gt \.G AG AG )) )) » )) )) )) + 0 Gt ou Considéré comme identique au B. suipest ifer , GtP mais des essais sérologiques complets ne semblent avoir été exécutés. 0 A A A 0 0 A A A 0 0 Gt iG AG AG 0 AG 0 » a AG + 0 » tG AG AG AG AG » )) » )) 0 + Gt Diffère de Vacidi iactici en faisant fermenter l’inosite. VG AG AG 0 AG » » 0 )) 0 + )) 0 i A A 0 0 0 0 0 AYs + 0 Gt A A A 0 0 0 A 0 A + 0 Gt » Aie Ale » » » » )) » ± )) Gt Diffère du B. fæcalis alcaligeues par l’ab- sence de mobilité. vG AG AG AG AG 0 AG 0 AG + 0 G t Diffère du B. pseudo-coli en faisant fermen ter l’inosite. tG AG AG 0 0 0 AG 0 AG + » » 614 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ORDRE ALPHABÉTIQUE des noms d’espèce (sans emploi des noms de genre). MOBILITÉ «J O GÉLATINE SÉRUM LAIT TOURNESOLÉ LACTOSE SACCHAROSE DULCITE MANNITE GLUCOSE I H ce O H iJ < DEXTRINE RAFFINOSE ARABINOSE ? ADONITE B. me tadif/luens, Cas- tellani, 1916. + 0 + Aie 0 0 0 0 0 0 0 0 0 ou As 0 B. metadysentericus, Castellani, 1916, 0 0 0 0 A ou Aie A A 0 ou As A A A » f) » » var. A. B. metadysentericus , Castell., 1916, v. B 0 0 0 0 A, Ale A 0 ou AVs 0 ou AVs 0 ou AVs A A » )> )) )) ï B. metadysentericus, Castell., 1916, v. C. 0 0 0 0 A, Ale D As 0 ou AVs 0 ou AVs 0 ou AVs A As )) » » » B. metadysentericus, 0 0 0 0 A, Ale A A A A A A » » )) » Castell., 1916, v. D. 0 0 ou A 0 B. Morgani, Castel- lani et Ghalmers, 1918. 0 0 0 0 0 Ale ou As Ale 0 0 0 0 AG 0 ou A 0 ou A B.Neapolitanus, Em- 0 0 0 0 AC AG AG AG AG AG AG AG AG AG 0 merich. B. Negombensis, Cas- 0 0 0 0 0 Ale 0 0 0 0 A 0 0 0 0 0 tellani, 1910. AG B. oxytocus pernicio - 0 0 0 0 AC AG AG AG AG AG » AG AG AG sus , Wyssoko - witsch. \ AG 0 B. para-Ærtrycke , + 0 0 0 A, Aie 0 0 AG AG AG AG 0 0 Castellani, 1914. AG 0 B. para -Asiaticus . 0 0 0 0 0 0 0 AG AG AG AG AG AG Castellani, 1916. B . para - coagulans , 0 0 0 0 AC 0 0 0 AG AG AG )) AG AG » Castellani. B. para-colon, Day. + 0 0 0 A, Ale 0 0 A AG AG AG AG AG AG » B. para - diffluens , Castellani, 1916. + 0 + + AlcD ou D 0 AG 0 AG ou A AG 0 0 0 0 0 B . para-dysentericus , Castellani, 1914. 0 0 0 0 A 0 0 0 0 0 ou A -0 0 0 0 0 B . para - entencus , + . 0 0 0 A AG AG AG AG AG AG AG s AG AG 0 Castellani, 1914. 0 B. para - Grünthali , + 0 0 0 AC AG 0 0 AG AG AG AG AG AG Castellani, 1914. B. para-typhosus A, + 0 0 0 A 0 0 AG AG AG AG AG 0 AG 0 Schotmuller . 0 . B. para-typhosus B, Schotmuller. + 0 0 0 A, Ale 0 0 AG AG AG AG AG 0 AG B. para-typhosus C. » » » )) » » » » » » » » » » » B pneumoniæ, Fried- 0 0 0 0 AC A AG AG AG AG AG AG AG AG AG lander . 0 B. pritnitzi, Castel- lani, 1915. + 0 0 0 A 0 0 0 0 A A A 0 » : 0 B. proteus vulgaris, + + + + CouP 0 AG 0 0 AG AG 0 0 0 0 Hauser. B. pseudo- Asiaticus, 0 0 0 0 A, Ale 0 AG AG s AG AG AG AG AG AG 0 Castellani, 1913. B. pseudo - Asiaticus mobilis, Castellani. 1915. + 0 0 0 A ou 0 Ale 0 AG AG AG AG AG AG AG AG 0 BACILLES AÉROBIES DE L’INTESTIN HUMAIN 615 3 H 3 35 O 72 GALACTOSE j H 72 O > J INOSITE SALICINE AMYGDALINE ISODU LCITE ÉRYTHRITE GLYCÉRINE INDOL VOGES-PROSK. 1 BOUILLON » 0 ou 0 )) 0 » » ») » » » » As » As A )) » » » » » zt )) Gt )) A A » » )) )) » » + » » » A A » » » » » )> 0 )) » » A A » » » )) )) )) + )) » 0 0 ou 0 ou 0 0 0 0 0 0 + + 0 Gt AGs AGs VG AG AG 0 AGs 0 AGs 0 AGs + 0 )> Diffère du B. coli par l’absence de mobilité et enfaisant fermenter avec production de gaz le saccharose, du B.pseudo-coli parl’absence de mobilité; du B. colotropicalis en faisant fermenter la dulcite et le saccharose. 0 A As 0 0 0 0 0 0 0 0 Gt VG AG AG AG AG 0 AG 0 AG + + » VG AG AG AG 0 0 AG 0 AG 0 0 Gt VG AG AG 0 0 0 AG 0 0 + S 0 Gt Diffère du B. Asiaticus en ne faisant pas fermenter avec production de g,az le saccha- rose et en faisant fermenter la dulcite. A AG AG » » » ») » )) + 0 Gt VG AG AG » )) » » » » + 0 Gt » AG AG » 0 » » » 0 0 » Gt » 0 ou 0 0 0 0 0 0 0 ziz » Gt Lait rendu acide d’une manière permanente. As VG AG AG )) » » » )> » + 0 GtPs VG AG AG 0 AG 0 AG 0 AG ztz » Gt Diffère du B. Grünlhali en faisant fermenter la maltose. VG AG AG 0 0 0 AG 0 0 ou 0 0 Gt As Certaines races typiques sérologiquement VG AG AG AG 0 0 AG 0 0 0 0 Gt peuvent produire de temps à autre seule- ment A au lieu de AG; quelques races ne font pas fermenter l’inosite (Weiss et Rice). Au point de vue cultural et sérologique. » » » » h >* » » » » » )) identique au B. enteritidis. VG AG AG AG AG » » 0 » 0 0 )) °, A A 0 A 0 0 0 0 0 » Gt 0 AG A ou 0 0 » X> » 0 ou + » Gt Cultures dégageant une odeur désagréable ; AG As Hauser a distingué d’abord trois variétés de Proteus : P. vulgaris (liquéfaction rapide de la gélatine) ; P. mirabilis (liquéfaction lente) ; P. Zenkeri (sans liquéfaction). Plus , tard il a abandonné cette différenciation . VG AG AG 0 AG 0 AG 0 AG + 0 Gt Diffère du B. Asiaticus en faisant fermenter la dulcite. VG AG AG vo AG 0 AG a AG + 0 Gt 616 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ORDRE ALPHABÉTIQUE des noms d’espèce |(sans emploi des noms de genre). B. pseudo-Carolinus Castellani, 1917. B. pseudo-coli , Cas tellani, 1909. B. pseudo-coli formis Castellani, 1917. B. pseudo - coloides, Castellani, 1916. B. pseudo -coloides, var. B Castellani 1916. B. pseudo-Columben sis, Castellani, 1917 B. pseudo -mor g ani Castellani, 1918. B . pseudo- Wesenber gi, Castellani, 1918. B. psittacosis , No- card. B. pyogenes fætidus Passet. B . Schaefferi, von Frendenreich. B. suipestifer, Kruse. B. talavensis, Cas- tellani, 1909. B. tangallensis, Cas- tellani, 1911. B. tardus, Castellani. 1917. B. typhi murium. LoefÜer. B. typhosus , Eberlh B. Veboda, Castel- lani, 1914. B. Vekanda, Castel- lani, 1913. B. vesiculosis, Hen- rici. B. Watareka, Cas- tellani, 1913. B. Werahensis, Cas- tellani, 1913. B. Wtsenbergi, Cas- tellani, 1913 B. Tl esenbergoides, Castellani, 1916. B. Willegodai, Cas- tellani, 1914. B. Woliniæ , Castel- lani, 1915. B. Zeilanicus , Cas- tellani, 1905. 0 + + » 0 + 0 + + 0 + + 0 0 + + + + 0 + + + + + + + 1 GRAM a £ rH H < P « O 1 SÉRUM LAIT TOURNESOLÉ LACTOSE I SACCHAROSE DULCITE U H ►-H Z 7T. < S H rjl O CJ P p P W 05 O H P DEXTRINE RAFFINOSE arabinose 0 0 0 0 0 0 0 AG AG AG )) AG AG 0 0 0 AC AG AG AG AG AG AG AGs AG AG 0 0 0 AC AG 0 AG AG AG AG AG AG AG AG « 1 )) » )• » )> 0 » )> » » 1 }y » » » 0 » » )) 0 » )) » » » 0 0 0 0 0 0 AG AG AG AG AGs 0 AG 0 0 0 0 Aie 0 0 0 0 AG 0 0 0 0 0 0 0 0 0 AG 0 0 AG » )) » » 0 0 0 A, Aie 0 0 AG AG AG AG AG AG AG 0 0 0 AC A A A A A A A A A 0 0 » AC AG 0 AG J) » » )) )) )) 0 0 0 A, Ale 0 0 AG AG AG AG 0 0 AGs 0 0 0 AlcD 0 A 0 0 A 0 0 0 0 0 0 0 As Ale 0 A A A A A A A A 0 0 0 DP 0 0 0 0 As 0 — — — 0 0 0 A, Ale 0 0 AG AG AG AG AG 0 AG 0 0 0 A 0 0 0 A A A A As 0 0 0 0 A., Aie 0 0 AG A AG AG AG AG AG 0 0 0 A AG 0 AG AG AG AG 0 0 AG à 0 0 0 AC AG 0 0 » » )> » ! )) )) 0 0 0 A 0 0 AG AG AG AG 0 AG AG 0 0 0 A 0 0 AG A A AG AG AG AG ! » 0 0 A A AG A A AG » )) )) )) 0 0 0 0 0 AG 0 0 AG AG )) )> » o : 0 0 i \.,Alc 0 0 A A AG AG AG AG AG 0 0 0 1 A ou L,Alc 0 A ou Ale 0 AG AG AG 0 0 0 0 0 0 Ale Ale Ale Aie Ale Ale Ale Aie Ale 0 ou 0 Aie A w H P 0 0 0 0 0 0 0 0 0 oj 0! ! 0 0 I — 0 0 i O 0 O LG 0 0 0 0 O 0 O 0 O Ale fv INTTI.TNTR BACILLES AÉROBIES DE L’INTESTIN HUMAIN 617 GALACTOSE LÉVULOSE INOSITE SALTCTNE AMYGDALINE ISODULCITE ÉRYTHRITE GLYCÉRINE INDOL ' m O Qh (U m H ci5 O > BOUILLON AG AG » » )) )) » » + 0 GIF AG AG 0 AG 0 AG 0 AG s + 0 GtPs Diffère du I). coli en faisant, fermenter le saccharose, appartient au groupe Commu- AG 0 nior du bacille coliforme. AG 0 0 AG AG 0 AG + 0 Gt Diffère du B. pseudo-coli au point de vue sé- rologique et en faisant fermenter le saccha- • rose seulement après plusieurs iours. )) » » )) )) » )) + » » Diffère du B pseudo-coli en ne faisant pas AG fermenter la dulcite. )) » » » » » » + » » Diffère du B. pscudo-coloides en faisant fer- menter l’inosite. AG AG 0 AG 0 AG 0 AG + 0 Gt A A ou 0 0 0 0 0 0 + 0 Gt AG » )> )> )) » )) » )) + » Gt AG AG » 0 » )) )) » 0 0 Gt Identique au B. Ærtrycke, selon Bainbridge. A A » » » » » )) + 0 Gt )) » 0 » » » )) » + 0 Gt Incomplètement décrit. AG AG 0 ou 0 0 AG 0 As +s 0 Gt Au point de vue cultural et sérologique iden- ; A AG 0 tique au B. Aertryke , d’autres synonymes de B. suinestifer sont B. choiera suis, B. du Ilog — Choléra Salmon et J. Sih 1885. A A A 0 0 A + 0 Gt II A A 0 A 0 A 0 A + 0 Gt 0 0 ou — 0 — — — — 0 — — Croissance très lente et très maigre sur i AG As AG )) 0 0 )> » 0 0 0 Gt agar. Bainbridge a découvert que le nom est appli- qué à des organismes différents. Quelques races étant sérologiquement identiques au A 0 0 0 0 0 As 0 0 B. Ærtrycke, d’autres au B. enteritidis Gaertner, d’autres au B. paratyphus B . A Gt Quelques races, lait A,Alk. 3 AG AG AG 0 0 A 0 0 0 )> Gt ! AG AG 0 G 0 AG 0 AG 0 » Gt » )) 0 » )) )) » )) + 0 » •>( AG AG AG 0 0 AG 0 A + » Gt ♦ 0 0 » A 0 AG » 0 + S » Gt » )) « » » )) )) )) + » Gt » )) » » » » » » + )) Gt | AG A )) AG 0 AG )) 0 + s » Gt I LA ou 0 0 0 » >' » A 0 » Gt AG i Aie Ale 0 ou 0 ou 0 ou 0 ou 0 ou 0 ou 0 0 Gt Ce germe est très polymorphe : il prend des \ Ale Ale Ale Ale Ale Ale ou P formes de bacille, de vibrion, de spirilles. On a créé pour lui un nouveau genre : Vi~ - — briothrix. 41 618 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR non mobile. Archibald, dans le Soudan anglo-égyptien, a isolé un organisme de ce type du sang d’un cas d’Entercides à Kar- toum le cinquième jour de la maladie. Il était mobile, produi- sait de l’acide et du gaz dans le glucose, le galactose, le rham- nose (iso-dulcite), la dextrine, la mannite, l’amidon et la sorbite, mais produisait seulementde l’acide dans le lactose, le lévulose, la maltose et la dulcite, tandis qu’il ne faisait pas fermenter le saccharose, le raffinose, l’inuline, la salicine, la glycérine, 1 érythrineou 1 adonite. Une produisait pas d’indol, donnaiLune réaction de Visges-Proskauer négative, mais réduisait les nitrates et le rouge neutre. En outre des caractères de culture, les réactions sériques spécifiques les distinguent de E. typhosus, S. paratyphi , S. para- typhosus et S. yaertneri et il était bien agglutiné par le sérum du malade pendant la convalescence. Nous rappelons W. fer - mentosus. Les dites espèces peuvent être divisées comme suit : A. Produit de l’indol : I. Fait fermenter la dulcite. Wesenbergi. IL Ne fait pas fermenter la dulcite. Ginmai. B. Ne produit pas d’indol. Fermentosus. Genre ENTEROIDES Gastellani et Ghalmers , 1918. Définition. — Ebertheæ qui font fermenter le glucose et le lactose complètement avec production d'acide et de gaz. Ne coagulent pas le lait. Espèce type. — Enteroides enterions (Castellani 1907). Remarques. — Castellani isolait deux organismes des cas d 'Enteroidea et d’appendicite à Ceylan, à savoir le type Enteroides enterions et un autre E. vekanda. Dans les Balkans, Chalmers et Macdonald obtinrent/?, khartonmensis dans des cas d’entérite dans le Soudan Anglo-Egyptien. Classification. Les diverses espèces de ce genre peuvent être déterminées comme suit : BACILLES AÉROBIES DE L’INTESTIN HUMAIN 619 Adonite. I -J , Pas de changement. Acide et gaz. Sérum Entericus. Salicine. agglutination. Pas d’agglutination. Pas de changement. Acide et gaz. Entericus. , \ Vekanda. Khartoumensis. Sérum Parentericus. Agglutination. Pas d’agglutination. Parentericus. Badullensis. Genre ESCHERICHIA Castellani et Chalmers , 1918. Définition. — Ebertheæ qui font fermenter le glucose et le actose complètement avec production d’acide et de gaz; coa- ;ulent le lait. ME \ Espèce type. — Escherichia coli Escherich, 1886. Classification. Le nombre d’espèces rassemblées sous ce genre, meme après 3 rejet de celles si incomplètement décrites qu’elles ne peuvent as être classées, est si grand qu’elles demandent à être divi- ées en groupes et sections comme suit : A. Produit de l’indol. Division indol de Smith. I. Saccharolytique. Section Communior. II. Non-saccharolytique. Section Communis. B. Ne produit pas d’indol. Division non-indol de Smith. Nous appelons l’attention sur l’erreur qui a été commise en e qui concerne l’organisme appelé Coscoroba , lequel, tel qu’il été décrit, appartient au genre Pasteurella parmi les septicé- îies hémorragiques, étant une cause d’une maladie mortelle hez les cygnes. Par erreur, il y a quelques années, un orga- isme tout à fait différent appartenant au groupe Colon reçut e nom. Afin d’éviter la confusion nous proposons de donner au ^pe Colon de Coscoroba le nom Escherichia pseudocoscoroba lastellani et Chalmers 1918. Les espèces peuvent être déter- minées comme suit : 620 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR A. — Division produisant l’indol (Smith). I. — Saccharoly tique. Section Communior de Durham. Dulcite. t Acide et Gaz. Adonile. Pas de changement. I Mobilité. I 1 "l Acide et gaz. Pas de changement. Mobi ité. Mobi Présente. Absente. Pseudocoscoroba ité. Inosite. I r i Absente. Présente. Oxytocus. Melacoli. 1 Acide et gaz. Pas de changemen Pseudocoloidella. Pseudocoloides. Présent. Absent. I t. Sérum Pseudocoli. Neapotitanus. G Agglutination. Pas d’agglutination. Pseudocoli. | Fermentation tardive du saccharose. Coliformis. IL N on- saccharoly tique. Section Communis de Durham. Dulcite. r i Acide et gaz. I Salicine. Pas de changement. "I Acide. Acide et gaz. Pas de changera. Cavicida. I Metacoloides. Mobilité. Mobilité. \‘ Absente. Présente. B. coli. Inosite. i Absente. I Maltosc. Présente. I Maltose. Pas de chang. Acide et gaz. Coloidella. Coloides. Acide et Gaz. Pas de changement Paragrünlhali. Grünthali. Acide et gaz. Colitropicalis. ï Pas de changement Vesiculosus. B. — Division ne produisant pas d’indoi (Smith). Définition. — Cette division comprend seulement un orga nisme, Escherichia coli mutabilis Massini, insuffisamment décrit BACILLES AÉROBIES DE L’INTESTIN HUMAIN 621 Tribu PROTEÆ Castellani et Ghalmers, 1918. Définition. — Bacillaceæ poussant bien sur les milieux ordi- aires de laboratoire ne formant pas d’endospores, aréobies, sans ►rmation de fluorescence ou de pigment, mais liquéfiant la élatine. Genre type. — Proteus Hauser 1885. Classification. La tribu peut être divisée en genres comme suit : ! A. Liquéfiant rapidement la gélatine, ne fait pas fermenter le lactose, souvent gram-positif. Proteus. B. Liquéfiant lentement la gélatine, fait fermenter le lactose; gràm- négatif. Cloacæ. }enre PROTEUS HAUSER 1885 , emendavit Castellani et Ghalmers , 1918. Espèce type. — Proteus vulgaris Hauser, 1885. Remarques. — Les organismes de ce groupe sont de difficile lassification parce que souvent les résultats des réactions séro- ogiques ne correspondent pas aux résultats de finvestigation jt classification biochimiques. ; Un essai de classification bien incomplet est le sui\ant . Saccharose. Acide et gaz. Maltose. Acide et gaz. Pas de changement. Proteus. Paradiffluens. Genre CLOACA , Castellani et Chalmers , 1918. Espèce type. — Cloacci cloacæ Jordan 1890. Remarques. — Deux espèces sont connues, C. cloacæ et v;. levans, qui peuvent être séparées comme suit : Saccharose. Pas de changement. Glucose. ‘as de changement. Acide et gaz. Metadiffluens. Diffluens. Acide et gaz. Cloacæ. Pas de changement. Levans. RECHERCHES COMPLÉMENTAIRES SUR LA FABRICATION DU NUOC-MAM par J. MESNARD et E. ROSÉ. L’exposé de ces recherches peut se diviser ainsi-: 1° *rava^ effectué dans la formation du Nuoc-mam : Préparation du Nuoc-mam au laboratoire. Résultats obtenus. “ Agents du travail effectué dans la formation du Nuoc-mam «) Jus salés et cultures microbiennes. Action protéolytique de jus salé: et de cultures microbiennes; b) Diastases des organes digestifs et du tissu musculaire. Plasmolv», chloroformique et glycérique. Actions protéolytiques des extraits glycérines des organes digestifs et du tissu musculaire ■ 1° Sur la gélatine; 2° Sur l’albumine d'œuf coagulée; 3° Sur les albumoses et les peptones. 3 Lilluence de la variation du milieu sur l’activité diastasique des extraits glycérinés d’organes digestifs : 1° Température, 2° Réaction, 3° Taux du sel. 1 Actlon comparée de doses fortes et de doses faibles de sel dans la préparation du Nuoc-mam; 5° Résumé et conclusions. ★ * * L’un de nous a dans un article de Ces Annales donné , Ubtinu de la fabrication du Nuoc-mam ainsi qu’une définit;, basee sur la composition chimique de ce produit En ce qui concerne le phénomène qui donne naissance Nuoc-mam, ,1 estimait que ce phénomène devait ô.re une aul di&esüon de la chair des différentes espèces de poissons employ SUR LA. FABRICATION DIJ NUOC-MAM 623 soit par les sucs digestifs, soit par les sucs cellulaires, faction microbienne, combattue par la présence dune foi te dose d< sel, étant écartée au moins comme action principale. Il restait à vérifier ou à infirmer l’hypothèse émise; c’est l’objet du présent mémoire. Travail eîîectué dans la formation du Nuoc-mam. Pour nous rendre compte du travail effectué dans la forma- tion du Nuoc-mam, il faudrait établir ce qu’est chimiquement un poisson à l'état frais, puis ce qu’il est devenu lorsque le travail qui donne naissance au Nuoc-mam est termine a comparaison des deux séries de résultats nous fournirait 1 ex- pression du tra.vo.il etlectué. Comme, dans la fabrication du Nuoc-mam, la première opera- tion est une macération du poisson dans l’eau salee établie d’après certaines règles et que, après un certain temps, ce e macération est devenue elle-même du Nuoc-mam, nous pour- rons nous rendre compte du travail effectué en compaiant a composition chimique du liquide salé après quelques purs de macération, pris comme point de départ, avec la composition chimique dun Nuoc-mam commercial dont la préparation demandé une macération de plusieurs mois et qui nature e- ment peut être pris comme point d arrivée. L’analyse chimique nous donne les résultats suivants . Jus salé de 10 jours Nuoc-mam Réaction du biuret (intense) (nulle) Azote total (matière azotée dissoute). . 1,20 p. 10° MOp.lOO Pour 100 d'azote total dissous : Azote des albumines et des albumoses. . ‘‘-1 ^ Azote titrable au formol g ^ Azote ammoniacal ^ j Azote des acides aminés Par l’examen du tableau comparatif ci-dessus, on voit que le travail effectué dans la formation du Nuoc-mam se ra ui io par une dissolution de matière azotée; à» IZ la disparition de l'albumine et des albumoses et en o-énéral'des produits biurétiques ; H -* 1 624 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR 3" par ,1 augmentation de l’azote litrable au formol, ce nui -•end compte à la fois de l’azote ammoniacal et des acides (imines. Le travail effectué dans la formation du Nuoc-mam est donc essentiellement une dissolution de matière azotée suivie d’une dégradation intense de cette matière azotée. On peut le comparer au travail qui s’effectue dans les longues albumin^d«PC,qUeS °U '°rS ^ Ihyd,'°IySe acide des raatières Préparation du Nuoc-mam au laboratoire. Résultats obtenus. Il nous a paru utile d’essayer en premier lieu de préparer du Nuoc-mam à partir du poisson et du sel. Au cours de cette préparation nous pourrions isoler les différents agents en pré- conditi Je"Tr l6Ur aCti°n SUr l6S Protéiques dans les conditions de milieu semblables à celles qui sont réalisées dans la préparation industrielle du Nuoc-mam adop°tér surgir Cette Pre>ralion au laboratoire nous avons luivaiit C°nSe JU Professeur Legroux le dispositif Une cuve en poterie vernissée d’une conlenance de 4 litres environ pourvue d’une ouverture à la partie inférieure de sa paroi cylindrique a été garnie de couches alternatives de pois- ! de SeL Ges sarJmes (espèce de poisson choisi) ont été coupées au couteau puis salées. D’autre part, à la partie infé- mirô Cf|îe a CUVe’ Jant 1 0UVertUre’ a été P,acée nne sorte de filtre degrossisseur formé de minces copeaux de bois et de coquilles pilees. Avant remplissage, le fond de la cuve a été garni dune couche de sel, de même que, après remplissage un minale de la masse de poisson salé en contact avec l’air 1 e dispositif a ete complété par l’addition d’un système destiné à pressoi la masse de poisson. Il est composé d’une plaque circu- di'aire d'un0 cvSerf 6 f* ,tr°US ^ la Solide. Organes digestifs. 2 0,1 1,9 4 1-2 |*4» — Muscle 2 0,1 1,9 4 « 'CO “ • Cette expérience montre que les exsudats chloroformiques du poisson entier et des organes digestifs possèdent une action protéolytique d’origine diastasique ; que l’exsudât chlorofor- mique de muscle est, dans les conditions de l’expérience, sans action protéolytique sur la gélatine. Le pouvoir protéolytique des exsudats chloroformiques du poisson entier et des organes digestifs serait au moins égal — d’après le mode d’expression choisi — à 400. Piasmolyse glycérique. — Les exsudats chloroformiques qui libèrent plus ou moins les diastases lixées aux différents organes ou tissus sont de conservation difficile; aussi nous sommes-nous adressés pour avoir un liquide diastasique stable aux extraits glycérinés d’organes ou de tissus. Pour le préparer, nous avons pris : SUR LA FABRICATION DU NUOC-MAM 633 Sardine entière broyée 305 grammes. Muscle broyé de sardine 290 — Organes digestifs broyés 150 — Nous avons mis chacun de ces divers produits broyés en mace ration pendant 48 heures dans un poids égal de glycérine à 30°. Après 48 heures, nous avons filtré à fétuve à 37-38° avec le papier à filtrer Chardin et obtenu trois liquides clairs dont le pouvoir diastasique a été recherché et déterminé. Nous avons constaté que, lorsque ce pouvoir diastasique existait, il se conservait encore identique à ce qu il était après 2 ou 3 mois de préparation. Ces extraits glycérinés sont cependant moins actifs que les exsudats chloroformiques. Voici les résultats que nous a donnés une première expérience. 1° Action des extraits glycérines sur la gélatine. EXTRAITS DE SOLUTION de gélatine à 20 0/0 DILUTION d'extrait au 1/10 EAU distillée stérilisée TOTAL ÉTAT DE LA GÉLATINE après refroidissement. Poisson entier . . Organes digestifs. Muscles Témoin c. c. 2 2 2 2 c. c. 0,9 0,9 0,9 » c. c. 1,1 1,1 1,1 2 \ ° c. c. jo 4 /d 4 l « Oco \s 4 JS ' CO Solide fouettant. Gélatineux. Solide vibrant. On voit que l’extrait glycérine de muscle reste toujours sans action sur la gélatine, et pour un volume de dilution utilisée 9 fois plus grand que celui employé avec les exsudats chloro- formiques, il n'y a qu’une action protéolytique légère pour les extraits de poisson entier, un peu plus forte pour les extraits d’organes digestifs. Le pouvoir protéolytique des extraits d’organes digestifs serait représenté au maximum par le nombre 44 au heu du nombre 400 pour les exsudats chloroformiques. Une deuxième expérience va préciser les valeurs respectives du pouvoir protéolytique des extraits glycérinés de poisson entier, d’organes digestifs et de musclés. En voici le dispositif et les résultats : 42 634 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Dans les conditions de l’expérience, l’extrait de muscle est resté inactif au point de vue protéolyse de la gélatine, l’extrait d’organes digestifs possède un pouvoir égal à 40 ; celui de l’ex- trait glycériné de poisson entier que cette expérience ne déter- mine pas avec précision est sensiblement inférieur, assez voisin de la moitié du pouvoir protéolytique de l’extrait glycériné d'organes digestifs. Les extraits glycérines de poisson entier se présentant comme une dilution des extraits glycérinés des organes digestifs, dans les expériences suivantes pour la recherche de l’action sur 1 albumine d’œuf et les albumoses nous ne considérerons plus que les extraits d organes digestifs et ceux de muscle. 2» Action protéolytique sur l’albumine d’œuf coagulée. a) Extraits d’organes digestifs. — On ajoute dans deux tubes contenant 1 cent, cube d’eau physiologique et un cube'de blanc d’œuf coagulé 0 c.c. 2 d’extrait glycériné; d’autre part on établit un tube témoin dans lequel on ajoute, au lieu d’extrait glycériné, 0 c.c. 2 de glycérine pure. On additionne de toluol les 3 tubes obtenus et on les porte à l’étuve à 37-38°. Après 24 heures de séjour à l’étuve, on constate que les cubes d’albu- mine se ratatinent, deviennent jaunâtres et transparents Après 3 jours le phénomène s’est accentué. Si l’on soumet à l’analyse sua LA FABRICATION. DU NUOC-MAM 635 le liquide de chacun des 3 tubes on obtient les résultats expri- més ci-dessous : Tube témoin Tube 1 Tube 2 Acidité à la phtaléine en SO4lI2N/10. . 0 0 c.c. 5 0 c.c. 3 Azote titrable au formol en NaOIl N/10. 0 0 c.c. 8 1 c.c. 1 Les résultats de l’analyse confirment l’examen macroscopique des cubes de blanc d’œuf, il y a eu dégradation et par suite digestion de l’albumine coagulée. b) Extraits de tissu musculaire. — Si l’on ajoute V à X gouttes d'extrait glycériné de muscles de sardine dans des tubes contenant un cube d’albumine d’œuf coagulée baignant dans l'eau physiologique additionnée de toluène, on constate qu’après 20 heures de séjour à l’étuve à 37-38°, il n’y a aucune modification dans l'état extérieur des cubes d’albumine, alors que le cube d’un tube témoin additionné d’extrait glycériné d’organes digestifs est devenu transparent. Après 8 jours il n’y a pas davantage de modification. Les extraits musculaires n’ont pas ainsi d’action appréciable sur l’albumine coagulée. 3° Action protéolytique sur les albumoses et les peptones. a ) Extraits d organes digestifs. — On utilise une peptone pepsique riche en albumoses et produits biurétiques. En l’espèce, nous avons utilisé la peptone Chapoteaut. On prépare une solution de cette peptone à 2 p. 100 environ et on la neutralise par addition d’une solution normale ou décinormale de soude. Il faut environ 1 c. c. 5 de solution normale de soude pour neutraliser 100 cent, cubes de solution de peptone à 2 p. 100. Il reste à faire agir les extraits glycérinés sur la solution de peptone. On utilise des tubes contenant 3 cent, cubes de solu- tion et on dispose l’expérience ainsi qu’il suit : Solution Extraits neutralisée glycérinés N°s de peptone d’organes des tubes à 2 0/0 digestifs Toluène 1 5 c.c. X gouttes. X gouttes. 2 5 c.c. X gouttes. X gouttes. 3 5 c.c. X gouttes. X gouttes. 4 5 c. c. X gouttes. X gouttes. 5 O C.C. X gouttes. X gouttes. Témoin'à analyser immédiatement Témoin à porter d’abord à 10m à 100°. à l’étuve à -h 28-30°.. 636 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR La détermination de l’acidité et de l’azote titrable au formol dans chacun des tubes ci-dessus a donné les résultats suivants : Tube 1. Témoin analysé après addition de l’extrait glycériné et sans séjour à l’étuve . Tube 2. Témoin porté 10 minutes à 100°, puis ayant séjourné 22 heures à l’étuve à 28-30°. Tube 3. Après 22 heures à l’étuve à 28-30° Tube 4. id. • • • • Tube 5. Après 72 heures à l’étuve à 28-30° Si nous considérons 1 azote titrable au formol dans les diffé- rents tubes, nous voyons que le tube n° 2, porté à 100° pendant dix minutes, possède une teneur en azote formol très voisine de celle du tube témoin n» 1 dont l’analyse a été pratiquée immé- diatement après l’addition d’extrait glycériné. Dans les deux tubes témoins l’azote titrable au formol n’a donc pas sensible- ment varié. Par contre dans les tubes 3 et 4, après 22 heures à l’étuve à 28 -30“, 1 azote titrable au formol exprimé en cent, cubes de soude décinormale est passé de 4,3 à 3,6; la teneur en acides aminés de ces tubes a triplé. Si l’on augmente la durée du séjour à l'étuve (tube 5), la teneur en acides aminés augmente encore. Il y a donc dé la part des extraits glycérinés une action diastasique qui se traduit dans les tubes 3, 4 et 3 par une forte augmentation de la teneur en acides aminés de la solution de peptone. Si d autre part on introduit dans trois tubes différents Lessive de soude )n cent. cubes Sulfate de cuivre à 2 p. 100 . m gouttes * et qu’on ajoute dans le premier de ces tubes X gouttes de solution de peptone provenant d’un tube témoin n» 1, dans le second et dans le troisième respectivement X gouttes de solution prove- nant d un tube n» 4 et X gouttes de solution provenant d’un tube n» 5, on constate que la réaction du biuret est intense ans le premier tube, faible dans le second, nulle dans le troi- sième. Acidité (en c. c. de soude N/10) 0 C. C. 1 0 c. c. 4 0 c. c. 3 0 c. c. 4 0 c. c. 4 Azote titrable au formol (en c. c. de soude N/ 10) 1 c.c. 3 1 c. c. 5 3 c.c. 9 3 c. c. 8 4 c.c. 4 SUR LA FABRICATION DU NUOC-MAM 637 Ces diverses valeurs de la réaction du biuret nous montrent que sous l’influence des extraits glycérinés, il y a pendant le séjour à l’étuve appauvrissement des solutions de peptone'en produits biurétiques, alors que le dosage de l’azote formol nous avait montré l’enrichissement de ces solutions en acides ami- nés. Ces deux constatations démontrent l'activité diastasique des extraits glycérinés, activité qui, en l'espèce, est semblable à celle qui est en jeu dans le travail érepsique. b) Extraits glycérinés de muscle. — L’activité diastasique des extraits musculaires que nous avons jusqu’à présent trouvée nulle dans nos expériences soit sur la gélatine, soit sur l’albu- mine d’œuf coagulée (et pour celle-ci macroscopiquement tout au moins), prend ici une valeur appréciable. C’est ainsi que dans une expérience d’une durée de vingt- deux heures, l'azote titrable au formol de 5 cent, cubes d’une solution neutralisée de peptone est passé de 1 cent, cube à 1 c. c. 35 (différence en plus 0 c. c. 35). Dans une expérience de quarante-huit heures mise à l’abri le plus possible de 1 acti- vitém icrobienne par l’addition répétée de X gouttes de toluène, l’azote titrable au formol de la solution de peptone est passé de 1 c. c. 3 à 1 c. c. 95 (différence en plus 0,65). Nous avons vu qu’en vingt-deux heures l’activité diastasique des extraits d’organes digestifs était mesurée par le passage de l’azote titrable au formol dans la solution de peptone de 1 ,3 à 3,9 (différence en plus 2,6). Si l’on voulait établir une relation entre l’activité diastasique des extraits d’organes digestifs et celle des extraits musculaires en se basant sur l’augmentation de l’azote titrable au formol, l’activité des extraits d organes digestifs étant faite égale à 10, celle des extraits musculaires serait égale à 1,3. Une expérience comparable donne comme mesure de l’activité des extraits de poisson entier le passage de l’azote titrable au formol de 1,35 à 2,85 (différence en plus 1,50). L’activité des extraits de poisson entier comparée à celle des extraits d’organes digestifs égale à 10 serait de 5,8. En résumé, de l'ensemble de ces recherches sur les actions protéolytiques, il résulte que seuls les extraits glycérines renfermant les sucs des organes digestifs agissent à la lois et 638 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR dune manière appréciable sur la gélatine, sur l’albumine coagulée et la peptone pepsique. Ces extraits renferment donc les seuls agents capables de conduire une substance albuminoïde par dégradations succes- sives jusqu au stade acides aminés, et ces agents sont donc les seuls capables de produire la digestion très complète qui s effectue dans le travail de formation du Nuoc-mam. omme d’autre part, les jus salés sont inactifs sur l’albumine coagulée, il reste que les sucs digestifs exercent eux-mêmes directement leur action sur les tissus, sans l’intermédiaire des jus sales. Le rôle de ces derniers paraît être un simple rôle de protection vis-a-vis des microbes. Leur inactivité diastasique explique que dans une série d’expériences où des cuves de poisson sale stérilisées ont été ensemencées avec des jus salés e treize jours, vingt-trois jours et trente-trois jours de macé- ration, le aux de 1 azote total et de l’azote formol des jus n’ait pas sensiblement varié. J Nuoc-mamPaS ^ aCt'0n digestive’ 11 11 ’ï a Pas eu formation de Influence de la variation du milieu sur l’activité diastasique des extraits glycérinés d’organes digestifs. Les agents de la formation du Nuoc-mam ayant été mis en sur ils?’ rtSt neCeSSa1ire’ afin d’obtenir quelques indications N conditions a réaliser dans une fabrication rationnelle du Nuoc-mam de rechercher l’influence des conditions de milieu sui 1 activité des extraits glycérinés d’organes digestifs. l\ous envisagerons successivement : 1° La température; 2° La réaction ; 3° Le taux du sel. Température. - Pour la mesure de l’action protéolytique des adÎeÏsï J061?? à Cl',VerS,eS temPéralures uous nous sommes adresses a la solution de gélatine à 20 p 100 en q^r^f5 20 'UbeS ^ géIaÜne 61 l6S a-s constitués Dans quatre des tubes de chaque série, nous avons mis la SUR LA FABRICATION DU NUOC-MAM 639 même quantité d’extrait glycériné; soit 0 c.c. 2. Le cinquième tube dépourvu d’extrait glycériné constituait un tube témoin. Chacune des séries de cinq tubes a été respectivement portée dans quatre bains-marie réglés aux températures de + 28°, + 36°, + 44° et + 52°. Les tubes étaient successivement retirés des bains-marie après quinze, trente, quarante-cinq et quatre-vingt-dix minutes et examinés après refroidissement à — 1 5°. Voici les résultats obtenus : Tube refroidi après : B. M. à 28° B. M. à 36° B. M. à 44° B. M. à 52° 15 minutes de séjour au B.-M. Solide. Solide. Solide Gélatine. -30 — — Solide. Solide fouettant. Liquide Liquide. 45 — — Solide. fouettant. Liquide visqueux. Liquide. -» 90 — — Solide. visqueux. Liquide. » » Témoin après 90 minutes . . Solide. Solide. Solide. Solide. L’action liquéfiante des extraits glycérinés augmente donc avec la température de + 28° à + 52°. Si l’on dose lazote dans un tube après quatre-vingt-dix mi- nutes de séjour au bain-marie on obtient les nombres suivants : Azote titrable au formol Azote des acides aminés formés en c.c. de NaOHN/lO en c.c. de NaOH N/10 Tube après 90 minutes à 28°. . . 0,45 JJ, 63 _ 36o. . . o,60 0,84 _ 44o. . . 0,65 0,91 _ 52o. . . 0,65 M1 Tube témoin à 52°. . . 0,30 L’optimum d’action pour la température est compris entre ,36° et 44°. Réaction. — Pour la mesure de l’influence de la réaction du milieu comme pour la mesure de l’influence du taux du sel sur l’activité des extraiis glycérinés, nous nous sommes servis des cubes d’albumine d’œuf coagulée, matériel moins sensible aux différents agents chimiques que la gélatine. r a) Action de l' acidité. — Nous avons constaté qu’une acidité même très faible diminue sensiblement la protéolyse. G est ainsi que si l’on ajoute à un tube contenant 1 cent, cube d eau physiologique un cube de blanc d œuf coagulé et A Gouttes 640 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR d’extrait glycériné d’organes digestifs, l’activité diastasique passe de 100 pour le tube non acidifié à 80 pour le lube acidifié. Dans une série de tubes contenant un cube d’albumine d’œuf toagu ée aignant dans I eau physiologique nous avons ajouté une même quantité d’extrait glycériné (V gouttes) et des doses croissantes d’acide chlorhydrique. Nous avons porté à l’étuve à , 8°’ pendant vingt heures, et dosé par le titrage au formol a quantité d’acides aminés formés après ce séjour à l'étuve. Le i rage au formol nous a donné des doses décroissantes u acides aminés. En fonction des doses d’acide pour 1.000 qui représentent le degre d acidité du milieu, l’azote titrable au formol exprimé en cent, cubes de soude décinormale a les valeurs ci-dessous : Variation du pouvoir protéolytique des extraits glycérines en milieu acide sur cubes d’albumine. ACIDE P. 100 en HCl AZOTE DES ACIDES AMINÉS FORMÉS en c.c. de NaOH N/10 0 0,1.7 0,33 0,47 0,60 1,20 1,80 2,20 1 0,8 0,6 0,5 0,5 0,4 0,35 0,3 La chute de la courbe commence dès la neutralité disparue, a) Alcalinité — En fonction, l’alcalinité du milieu (obtenue par addition de soude décinormale), l’azote titrable au formol déterminé après séjour des tubes alcalinisés et additionnés d extraits glycérines, à l’étuve à 37-38», a les valeurs suivantes • Variation du pouvoir protéolytique des extraits glycérinés en milieu alcalin. ALCALINITÉ P. 100 en NaOH AZOTE DES ACIDES AMINÉS FORMÉS en c.c. de NaOH N/10 0 0,19 0,36 0,52 0,67 1,33 2,00 2,40 2 70 1 1,1 1,2 1,2 1,2 1,0 0,6 0,5 0,4 SUR LA FABRICATION DU NUOC-MAM 641 au contraire de ce que nous avons observé pour les lubes aci- difiés, une faible alcalinité augmente faction diastasique. Alors qu’avec une acidité de 0,60 p. 100 en IIC1 nous diminuons l’activité diastasique de moitié, avec un milieu dont l’alcalinité est au début du travail de 0,67 p. 1.000 en NaOH, 1 activité dias- tasique est supérieure à celle qui se produit dans un milieu neutre. Il faut noter qu’à la fin du travail diastasique, lorsque nous opérons le titrage de l’azote formol, le milieu est acide non seulement dans les tubes acides et neutres au début du travail, mais aussi dans les tubes alcalins où l’activité diastasique n’a pas été diminuée, ainsi qu’on peut s’en rendre compte par l’examen du tableau ci-dessous : TUBES NEUTRES AU DÉBUT tubes acides au début TUBES ALCALINS AU DÉBUT acidité finale en HCl travail acidité en HCl travail diasta- sique alcali- nité acidité trnvail diasta - diasta- sique début finale au début finale sique N° 1 N° 2 0 0,37 0 1 où 0,37 °/oo c. c. 1 1 N° 3 N° 4 N° 5 N° 6 0,17 0,33 0,47 0,60 0,37 0,74 0,93 0,74 c. c. 0,8 0,6 0,5 0,5 N° 3 N° 4 N° 5 N" 6 N° 7 0,19 0,36 0,52 0,67 2 »> 0,56 0,56 0,56 0,18 alcalin c. c. M 1,2 1,2 1,2 1 On voit qu’à la fin de l’hydrolyse, la réaction dans les tubes n° 1 à n° 6 — neutres, acides ou alcalins au début es uci Le travail diastasique s’effectue donc pour une bonne part en milieu acide, mais pour une acidité surajoutée très faible au début, le travail est gêné ; il est favorisé par une alcalinité deGUetStefvec cette réserve qu’on peut conclure que les extraits glycérines agissent en milieu neutre ou alcalin. ^ L’optimum d’action se trouve atteint pour un nu nu < < l’alcalinité est au début du travail de 0,36 a 0,6/ ce soui t pou ! » Â... un. alcalinité d. 1,33 p, 1.000, 1. d.nbié environ l’action protéolytique diminue; elle reste e«p»d."t «„al^ celle qui se produit lorsque le milieu est neutre. 642 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR d alcali plus forte, l’activité diastasique diminue encore et devient inférieure à celle obtenue en milieu neutre. Action du sel. — a) Cubes d'albumine d'œuf. — Pour la mesure de l’influence du sel sur l’activité diastasique des extraits glycérines, nous avons additionné le liquide dans lequel baignent nos cubes d’albumine de quantités différentes de solu- tion salée et d’eau distillée de façon à réaliser quatre taux de salure différents. Dans ces milieux différemment salés nous avons ajouté extrait glycérine' et toluol et porté à l’étuve à 37°-38°. Un tube témoin porté à l’ébullition nous a donné l’azote titrable au formol initial dû à l’extrait glycériné. Le tableau ci-dessus rend compte du dispositif employé pour 1 expérience ainsi que des résultats obtenus. N0' des H © o -S 3 g Si O ce M * S -v EAU SALÉE EAU DIsTILLÉH TOTAL SALURE du extrait GLYCÉRINÉ IX gouttes AZOTE TITRABLE AU FORMOL en c. c. de NaOHN/lO TUBES * J fl- 3 s ° à 31,7 stérilisée milieu et TOLUOL X gouttes Total dû à l’activité dias- tasique 1 c. c. 1 c. c. 0 c. c. 1 C. C. 2 0 1 0,70 2 1 0,5 0,5 2 8 0/0 i à l’étuve 0,85 0,55 3 1 0,5 » 1,5 11 0/0 > à 37°-38° 0,75 0,45 4 1 1 » 2 16 0/0 \ 24 heures 0,70 0,40 5 1 2 » 3 21 0/0 i 0,55 0,25 6 (témoin) 1 0 1 2 0 A l’ébulli- tion. 0,30 )) Nous voyons par ces résultats que l’activité diastasique décroît à mesure que le taux du sel augmente. Pour un taux i e sel de 21 p. 100 très fréquemment rencontré pour les ius sa s dans la fabrication du Nuoc-mam, l’activité diastasique est le tiers environ de cette même activité dans un liquide pratiquement non salé. b) Peptone. — Nous avons vu que dans le Nuoc-mam, les SUR LA FABRICATION DU NUOC-MAM 643 albumoses et, d’une manière générale, les produits biurétiques disparaissaient pour faire place aux acides aminés. L’action du sel étant particulièrement importante et se conti- nuant dans la préparation du Nuoc-mam alors que l’activité diastasique peptonisante est devenue une activité diastasique érepsique, il nous a paru nécessaire de vérifier si l’action du sel -est du même ordre sur cette nouvelle forme d’activité. Nous avons donc mesuré l’influence du sel sur l’activité dias- tasique des extraits glycérinés vis-à-vis de la peptone. Les résultats obtenus sont les suivants : Azote titrable au formol Azote titrable Azote titrable après 20 heures au formol au formol Taux du sel de séjour à l’étuve du représentant du milieu à 37°-38° tube témoin l’activité diastasique 0 3,3 1,3 2 8 0/0 2,95 1,3 1,65 a Ci 11 0/0 2,5 1,3 I 16 0/0 2,35 1,3 1 ,05 21 0/0 1,9 1,3 0,6 Nous voyons par le tableau ci-dessus que, comme dans l’action sur l’albumine d’œuf, l’activité diastasique sur la peptone diminue à mesure que le taux du sel augmente. Elle «st ramenée pour un taux du sel de 21 p. 100 sensiblement au tiers de sa valeur dans une solution pratiquement exempte de sel. Action comparée de doses fortes et de doses faibles de sel dans la préparation du Nuoc-mam. Le sel gène l’action diastasique ; nous venons de le constater par l’action directe des ferments sur les cubes d’albumine d’œuf coagulée, dans un milieu maintenu à 1 abri de 1 action microbienne par l’addition à ce milieu de quelques gouttes de toluène. D’autre part, nous avons vu, par les cuves très salees auxquelles nous nous sommes adressés poui préparer notre Nuoc-mam expérimental, que ces cuves très salées etaien a peu près exemptesde microbes, que le pioduit du travai ece* cuves avait été obtenu pratiquement sans le secours du Iravai microbien. 644 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK Recherchons maintenant en faisant baigner du poisson dans des jus moins fortement salés ce qu’il adviendra de ce poisson e de ces jus, ce que sera au point de vue bactériologique et au point de vue chimique le liquide obtenu. La composition chi- mique de ce liquide rendra compte du travail effectué et examen bactériologique montrera les agents en cause. Nous avons institué 3 « cuves >» réduites comme matériel à de simples tubes à essais larges et garnis de solutions salines de richesses en sel différentes dans lesquelles baignait un seul poisson. Pour éviter l’évaporation et nous rapprocher des conditions de fabrication du Nuoc-mam où la surface supérieure e a masse de poisson se recouvre d’une couche d'huile nous avons ajouté dans les tubes 1/2 cent, cube d’huile de vase- Nous avons laissé en contact poisson et liquide salin pendant iT nnq J0UrS de C0ntact’ dans t0US les ^es le liquide ses troublé, une activité protéolytique assez forte se manifeste ; es chairs se dissolvent, le poisson se désagrège et ne forte odeur, tantôt simplement putride, tantôt aromatique, aussi se dégagé. ^ r troU H Prati variée et il po ssIn Te T'6’ qanS ,traVaÜ d<3 Pr0té0'ySe efrectué sur le poisson, le travail microbien sera intervenu d’une manière importante sinon prépondérante. bUR LA FABRICATION DU NUOC-MAM 645 Protéolyse microbienne et protéolyse diastasique de l’albumine coagulée. Cube d’albumine coagulée : Digestion par diastase (extraits glycérinés) Azote total .... 4,2 100 — formol . . . 2,24 53.3 — ammoniacal. 0,62 14,8 — aminé. . . . 1,62 38,5 (La solubilisation de l'albumine [Az l’action microbienne que dans 1 action mation en ammoniaque est Digestion par microbes après 15 jours *3/78 100 2,24 59,2 1,85 48,9 0,39 10,3 total] n’est pas plus intense dans diastasique et le taux de la transfor- près de 4 fois plus élevé.) Voyons maintenant la composition chimique après un mois de macération des différents liquides dont les taux de salure sont respectivement de 16,9 p. 100, 13,5 p. 100 et 10 p. 100. Nous avons ajouté dans le tableau ci-dessous la composition chimique d’un Nuoc-mam d'un mois préparé normalement et dont le taux du sel est au moins de 24 p. 100. Liquide salé à 19,9 0/0 — 13,5 0/0 — 10 0/0 Nuoc-mam nor- mal d’un mois à 24 0/0 Azote Ammo- Azote total formol niacal 1,20 0/0 0,71 0,48 1,48 0/0 0,94 0,61 1,46 0/0 0,94 0,73 1,86 0/0 0,95 0,20 Taux 0/0 d’azote total ammo- Aminé formol niacal aminé 0,23 59 40 19 0,33 64 42 22 0,21 64 50 14 0,75 51 11 40 Parmi les chiffres ci-dessus, ceux des trois dernières colonnes relatifs à la répartition de 1 azote sous ses dillerents états sont particulièrement intéressants. Ces chiffres nous montrent que le taux de l’azote formol augmente avec la diminution du taux du sel • il est de 51 p. 100 de l’azote total dans le Nuoc-mam normal très salé contre 64 p. 100 dans les liquides les moins salés ; mais ce qui estplus caractéristique de la nature differen e du travail effectué dans le Nuoc-mam et le liquide moins sale, ce sont les valeurs respectives de l’azote ammoniacal et d e l’azoté des acides aminés. , , Le taux de l’azote ammoniacal est de 11 p. 100 de 1 azote total dans le Nuoc-mam normal (liquide très salé, travail diastasique) et de 40 à 50 p. 100 dans les liquides peu salés (travail micro ,ielV Le taux de l'azote des acides aminés est de 40 p. 100 dans 616 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR !e JNuoc-mam normal, liquide très salé (travail diastasique) il crobien) & P 10° danS 1<3S li<,U‘des moins salés (travail mi- Dans le Nuoc-mam, liquide très salé (travail diastasique),' zote des acides aminés est très supérieur à l’azote ammoniacal, ans les liquides peu salés (travail microbien), c’est au contraire taux de I azote ammoniacal qui est très supérieur à celui des Au point de vue chimique, l’influence d’une dose forte de ? dans les liquides de macération se traduit par un taux élevé des acides aminés dans ces liquides. L’influence des faibles doses de sel dans les liquides de macération se traduit par un taux eleve de 1 ammoniaque dans ces liquides. Quelle est la différence entre les liquides très salés et les îquides moins sales au point de vue nature des agents protéo- lytiques. Nous avons constatéque dans nos liquides très salés les ments microbiens sont rares ou inexistants. Dans les liquides peu sales, i s sont au contraire abondants. Dans les liquides très sales, les éléments microbiens n’interviennent pas d’une ma- meie appréciable leur développement étant è peu près nul • le travail dans les liquides salés est, ainsi que le montre l’analyse chimique, un travail a peu près entièrement diastasique. Dans es lquK es peu sales, le développement microbien étant abon- d^gest!ves.aVai m 16n 86 suPerPose au travail des diastases Au point de vue nature des agenls protéolytiques l’influence de fortes doses de sel se traduit dans les liquides de macéra! ■on par une flore microbienne pauvre laissant le champ libre de sM ! 7 • * aS6S digestives’ L’influence des faibles doses dite ri" Ï" a« ^"traire par une flore microbienne abon- c ante dont I activité particulière prédomine buUAhlIt- tra"Sf°rmal!0n de malières protéiques qui a pour l ut I l obtention d un produit assimilable par l’organisme et nui doit etre par conséquent riche en acides aminés, l’action micro- bienne se présente donc comme nuisible et doit être écartée. Le une dose elevee y pourvoit; mais comme d’autre part le f P°ssede «ne action inhibitrice sur le travail diastasique, une dose convenable de sel doit être employée. Cette dose de sel convenue s.,, l.dose lapine f.ibl, q„Uool en p,rme,'„nl^ SUR LA FABRICATION DU NUOC-MAM 647 certain travail diastasique, restera capable d’empêcher la pro- lifération bactérienne. Une salure intense doit être écartée ainsi qu’une salure trop faible, mais pour un autre motif : avec une salure intense tout travail diastasique serait arrêté et aucune transformation des protéiques du poisson n’aurait lieu. Résumé et conclusions. De l’ensemble des recherches exposées plus haut, il résulte que : 1° La fabrication du Nuoc-mam consiste en une macération du poisson frais dans l’eau fortement salée et le travail effectué dans la formation de ce produit est bien essentiellement une dissolution de matière azotée suivie d’une dégradation intense de cette matière azotée. Les jus salés, au début de la macération, présentent une forte proportion d'albumines et d’albumoses et peu d’acides aminés; à la fin de cette macération albumines et albumoses ont disparu et on constate à la titration au formol une lorte proportion d’acides aminés ; 2° Avec un taux moyen et suffisant de sel, on obtient au laboratoire par simple macération du poisson pendant un temps convenable, un jus salé dont la composition est celle du Nuoc-mam ; 3° Les éléments en présence dans le Nuoc-mam et qui réa- gissent entre eux peuvent être classés ainsi : a Les jus salés de macération et leurs éléments micro- biens et diastasiques; b Les organes digestifs du poisson et leurs sucs diastasi- ques ; c La chair musculaire du poisson; cl Les éléments cartilagineux qui restent inattaqués. 4° Les jus salés sont pauvres en éléments microbiens et leur action protéolytique, sensible sur la gélatine, est nulle sui l’albumine d’œuf coagulée et la peptone. Ils sont aussi pauvres en éléments diastasiques. Le rôle des jus salés parait être réduit à un rôle de solvant des produits de l’hydrolyse digestive et de protecteur, vis-à-vis des microbes, delà masse de poisson 648 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR qui y est plongée. Leur rôle au point de vue protéolylique est négligeable sinon nul. 5° Les extraits glycérines d’organes digestifs possèdent au contraire une activité protéolytique intense, à la fois sur la gélatine, sur l’albumine et la peptone pepsique ; 6° L extrait glycériné de chair musculaire de poisson ne manifeste d’activité diastasique que sur la peptone. Cet extrait n’aurait qu’une activité érepsique et cette activité est faible ; 6° Les extraits glycérinés d’organes digestifs considérés comme contenant les agents de 1 hydrolyse dans la formation du Nuoc-mam présentent des variations d’action avec les condi- tions différentes de milieu. Leur activité croît avec la tempéra- ture dans certaines limites, l’optimum d’action étant compris entre 36° et 44°; 8° Dans le travail d’hydrolyse, une certaine acidité se développe . 1 action diastasique est optima dans un milieu légèrement alcalin au début du travail; le taux de l’alcalinité favorable est compris entre 0,36 et 0,67 de soude pour 1.000. Une acidité surajoutée très légère, 0,17 de HCl p. 1.000, gêne immédiatement le travail ; 9° Le sel joue, dans la préparation du Nuoc-mam, un rôle prépondérant. 11 diminue l’activité diastasique des extraits glycérinés. D autre part, si 1 on ajoute au poisson une dose de sel trop faible, une flore microbienne abondante se déve- loppe dans les liquides de macération. Le liquide obtenu après un certain temps de macération se caractérise par un taux élevé de 1 ammoniaque et peu d’acides aminés. On trouve de 40 à 50 p. 100 de 1 azote total à l’état d’azote ammoniacal dans des liquides contenant de 16,9 à 10 p. 100 de sel. Tandis que dans un Nuoc-mam normal contenant 24 p. 100 de sel, on trouve seulement 11 p. 100 de l’azote total à l’état d’azote ammoniacal et 40 p. 100 à l’état d’azote d’acides aminés. L’influence des doses faibles de sel se traduit au point de vue bactériologique par une flore microbienne abondante et au point de vue chimique par un taux élevé de l’ammoniaque. L influence des doses élevées de sel se traduit au point de vue bactériologique par une flore bactérienne très réduite et au point de vue chimique par un faible taux de l’ammoniaque. Les conditions de fabrication du Nuoc-mam seront détermi- 649 SUR LA FABRICATION DU NUOC-MAM nées en dehors des conditions de réaction du milieu et de tem- pérature par la règle suivante : « Un taux de sel convenable pour permettre aux sucs digestifs un travail maximum tout en empêchant le plus possible le développement des bactéries ». Il résulte de nos expériences que le taux du sel dans les liquides de macération ne doit pas être inférieur à 20 p. 100. Il doit être compris entre 20 et 25 p. 100; 10° Les éléments actifs dans la fabrication du Nuoc-mam sont les diastases des organes digestifs du poisson gênées par un taux du sel élevé, mais protégées par ce même sel contre les microbes de la putréfaction dont l’action protéolytique dépasse le stade acides aminés et conduirait les albuminoïdes — pour une part toujours grande ■ — à l’état d’ammoniaque inutilisable par l’organisme humain. 43 MORT SUBITE DU LAPIN AU COURS D’INOCULATIONS SOUS-CUTANÉES DE SUBSTANCE NERVEUSE HOMOLOGUE par P. REMLINGER. Les accidents qui font l’objet de ce travail nont dû leur mise en évidence qu au hasard. Cherchant à reproduire expé- rimentalement les paralysies qui se manifestent parfois chez 1 homme au cours du traitement antirabique, nous injections sous la peau de deux lots de lapins des séries d’émulsions de substance nerveuse soit rabique, soit normale d’autres lapins. Les inoculations étaient répétées à des intervalles variant de 2-d a 18-20 jours. Pour compenser le fait que le système nerveux du lapin est moins sensible que celui de l’homme et que les injections portaient sur une substance nerveuse homo- logue, celle-ci était inoculée à dose massive. La première et même la deuxième fois qu’au cours d’une de ces injections un lapin nous est littéralement resté entre les mains — tant la mort se produit avec rapidité — nous avons cru à une mala- dresse de 1 aide chargé de maintenir l’animal ou à un accident opératoire. C’est seulement la répétition de la mort dans des conditions presque toujours rigoureusement identiques qui nous a fait changer d’opinion... Nous relaterons les faits observés en respectant l’ordre chronologique. Observation I. — Un lapin reçoit sous la peau les quantités d’émulsion d’encéphale (1) de lapin neuf saigné à blanc (2). suivantes (1) Tous les lapins recevaient sous la peau des émulsions d’encéphale cerveau, cervelet, bulbe rachidien réunis. Fréquemment même au bulbe une por ion de la moelle cervicale demeurait appendue. 11 ne semble pas qu’il v ait la une grave cause d erreur. On sait que M. Delezenne n’a pas réussi à obtemr des sérums spécifiques vis-à-vis des différentes parties de l’avo cérébro-spinal. 1 2 (2) Lorsqu'on inoculait de l’encéphale de lapin neuf, l'animal était saigné à blanc afin d éviter d'injecter avec la substance nerveuse une petite quantité de INOCULATIONS DE SUBSTANCE NERVEUSE 651 16 janvier 27 — 13 février 25 — 20 c. c. d’émulsion à 1/50. 1/12 d'encéphale. 1/12 _ — 1/6 — Le 2 mars, on inocule semblablement sous la peau de l’abdomen la moitié ■d’un encéphale de lapin neuf, soit 5 grammes de substance nerveuse émul- sionnés dans 80 cent, cubes d’eau physiologique. A peine l’inoculation ter- minée, l’aiguille est-elle retirée, que l’animal tombe sur le côté, les quatre membres agités d’un tremblement convulsif. 11 pousse quelques petits cris plaintifs et présente des mouvements agoniques d’ouverture et de fermeture des mâchoires. Les mouvements respiratoires diminuent très rapidement d’amplitude et la mort se produit, la durée des accidents n'ayant certaine- ment pas dépassé une demi-minute. Pas d’autopsie. Observation IL — Un lapin a reçu le 19 décembre sous la peau 10 cent, cubes d’une émulsion à 1/50 d’encéphale de lapin sain. Les 16 et 27 janvier, les 13 et 25 février, la même inoculation est répétée à la dose de 20 cent, cubes. Le 27 février, l’animal reçoit de même 1/6 d’encéphale. Même inocu- lation le 11 mars. Le 19 mars, on lui injecte — toujours sous la peau — un quart de cerveau de lapin finement émulsionné dans 40 cent, cubes d’eau physiologique et passé à travers une mousseline. On ne constate aucune particularité et on se met à inoculer semblablement trois autres lapins pré- parés de façon identique. C’est au cours de ces inoculations qu’on s’aperçoit que l’animal est mort dans le panier de transport sans avoir attiré l’attention par aucun phénomène. Il est étendu sur le côté, le corps flasque, l’œil vitreux, la bouche entr’ouverte. L’autopsie, immédiatement pratiquée, ne révèle aucune particularité. Aucune congestion des organes. Aucune hémor- ragie. Pas de coagulation massive du sang. En sorte qu’on ne sait à quoi attribuer ce décès — le deuxième — auquel on n'attache pas encore grande importance. Les trois autres lapins n’ont présenté aucun symptôme ni immédiat, ni secondaire. Le lendemain ils étaient parfaitement vivants et bien portants. Observation III. — Deux lapins ont reçu sous la peau les quantités sui- vantes d’encéphale de lapin sain : 19 décembre 16 janvier . 27 — 13 février . 25 — 27 — 11 mars . . 19 — 1er avril . . 10 c. c. d’émulsion à 1/50. 20 c. c. — 1/12 d’encéphale. 1/12 — 1/6 1/6 — 1/6 - 1/4 — 1/3 sang. Lorsque, au contraire, l’inoculation devait porter sur des encéphales de lapin rabique, on laissait la maladie évoluer jusqu’à sa terminaison natu- relle Les résultats ont été les mêmes dans les deux cas. On ne s’est point aperçu de ce que la petite quantité de sérum éventuellement injectée avec la matière cérébrale ait eu une inlluence sur la fréquence des accidents ou ait modifié leur symptomatologie. 652 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Le 11 avril, on injecte de même à chacun d’eux la moitié d’un encéphale (6 grammes de substance nerveuse chacun) émulsionné dans 80 cent, cubes d'eau physiologique et passé à travers une mousseline. Le premier de ces lapins était à peine remis dans son panier, l’inoculation terminée, qu’il s’échappait violemment, faisait dans la salle quelques bonds désordonnés et îetombait mort. Le tout avait à peine duré une demi-minute. Autopsie complètement négative. Non seulement les organes ne présentent aucune congestion ou aucune hémorragie, mais encore ils sont pâles, exsangues. Tel est en particulier le cas du cerveau et du poumon. Il n’existe de coagu- lations sanguines ni dans le cœur, ni dans les vaisseaux. Un autre lapin, qui, après avoir été préparé de façon identique, avait reçu sous la peau la deuxième moitié de l’encéphale (6 grammes de substance nerveuse émulsionnés dans 80 cent, cubes d’eau physiologique), n’a présenté, ni au cours de l’inoculation ni après elle, aucun symptôme morbide. Ramené à sa cage, il s’est mis de suite à manger comme si de rien n’était. Observation IV. Deux lapins ont reçu sous la peau les quantités sui vantes d’encéphale de lapin sain : 29 décemb e 16 janvier 27 — 13 févrierj 25 — 27 — 12 mars . 20 — . 10 c. c. d’émulsion à 1/50. 20 c. c. — 1/12 d’encéphale. 1/12 — 1/6 — 1/6 — 1/6 — 1/6 — Le 15 avril, ils reçoivent l’un et l’autre sous la peau la moitié d’un encé- phale auquel quelques centimètres de moelle cervicale sont appendus soit pour chaque lapin 5 gr. 50 de substance nerveuse émulsionnés dans 40 cent cubes d’eau physiologique. Le premier de ces animaux ne présente ni au cours de l’inoculation ni après elle aucun symptôme digne d etre noté. A peine la dernière seringue d’émulsion a-t-elle été poussée sous la peau du second qu’il se dé baZ Les po"! foie, le rein iis capsule as,f‘ ,mU<|lleuse de ‘’estomac et de l'intestin, le Les cavités’, JiiüT surrénales qui apparaissent d'un blanc de nacre len e“Zn La il CœUr ”*?*** ^ V0,umi"*u* ‘-il.ots qui les mou monaire ainsi nue d a Z® Coagulation massive s’observe dans l'artère pul- a nettement 1’-^ nS es grosses veines, la veine porte en particulier On «TdÆs;zrs^ ceue coa8u,ation ^ — ln 15 janvier 4 février 23 — 10 mars 16 — 28 — 8 avril 30 — 22 mai . . 2 c. c. d’émulsion à 1/50. 5 c. c. 10 c. c. 20 c. c. 40 c. c. 1/2 cerveau 2 grammes. 1/2 - 4 _ 1/2 - 1/2 — 4 4 _ d’un lapin’ra'bique^scdM’grârnmZde substa'* Pe3U m°‘“é d* ''e"céPha'e 40 ceni. cubes H'eo„ i 8 ? d e substance nerveuse émulsionnés dans quelques mouvements ZTiZTTTeT'sT/bLbtes1 à" “.CUlatl0n’ 1 animal a défense. L'inoculation terminée, il demeuTé^du sur Te m?"V7ento de - £s=ï£i parTysies' d'n TiTraTViniTlnaT'"8 d'e.xpériences sur Ia Pyogénie des vantes d'émulsion à f/50 de cerveau t^bique (Wrus ta,!” ^ qUanÜléS Sui‘ 15 janvier 4 février 23 — 10 mars . 16 - . 2 c. c. d’émulsion à 1/50 virus fixe. 5 c. c. 10 c. c. 40 c. c. 40 c. c. lot/l'animauxTl est! TTffet^fataï Tu'lu T"1 Ti® e.ntrePrises su1, tout un nombre de lapins prennent la rage et succombL/3 lnoculatlons un certain INOCULATIONS DE SUBSTANCE NERVEUSE 655 28 mars .... 1/4 encéphale, soit 2 gr. de subst. nerveuse 18 avril .... 1/2 4 gr. 25 — 1er mai .... 1/2 — 4 gr. 50 — 12 — . . . . 1/2 5 gr. 25 — 22 — .... 1/2 — 4 gr. — 4 juin .... 1/2 5 gr. 50 — Le 15 juin, on injecte de même sous la peau, à laide dune seringue de 20 cent, cubes, la moitié d’un cerveau rabique (4 grammes de substance nerveuse) émulsionné dans 60 cent, cubes d eau physiologique. A peine la troisième inoculation est-elle commencée que l’animal a, dans tout le corps, un soubresaut violent analogue à un mouvement de défense extrêmement marqué. On le met à terre. Déjà, incapable de se tenir debout, il est couche sur le côté. Cris plaintifs. Disparition du réflexe cornéen. Quelques convul- sions _ sorte de mouvement de course — agitent les membres. Au bout d’une demi-minute, elles prennent fin. L’animal fait encore quelques mouve- ments d’ouverture et de fermeture de la bouçhe et meurt. L’autopsie es pratiquée de suite. Les ventricules sont arrêtés en systole, mais les orei - lettes battent encore et on peut, au moyen d’une pipette, prélever une cer- taine quantité de sang pour la recherche des propriétés névrotoxiques éven- tuelles (1). Les organes ne présentent aucune congestion. Tous - et les capsules surrénales en particulier — sont au contraire très pales. • Un deuxième lapin, inoculé comme le précédent, le 15 juin, apres avoir reçu identiquement à dater du 15 janvier les mêmes inoculations, n a présente aucun symptôme morbide. Observation X. - Un gros lapin reçoit sous la peau, du 22 avril au 13 août 1919, les quantités suivantes d’encéphale de lapin neuf: Le 5 juillet, il reçoit dans le cerveau, après trépanation, un peu d émuls de substance nerveuse normale et ne présente consécutivement aucune réaction. 22 avril. . . 1/2 cerveau, soit 5 gr. de substance 30 — . . 1/4 — 2 gr. 75 3 mai . . . 1/4 — 2 gr. 75 — 6 — ... 1/3 cerveau, soit 3 gr. de substance 8 — ... 1/4 — 2 gr. 50 — 11 — . . . 1/4 — 2 gr. 50 * 12 — ... 1/4 _ 2 gr. 25 “ 18 — . • • 1/4 — 2 gr. 50 24 — . . • 1/4 — 3 gr. — 30 — • • • 1/3 — 2 gr. 70 ~ 12 juin . . . 1/3 — 3 gr. 33 28 — . . • 1/2 — 4 gr. 50 Le 10 juillet, on inocule encore sous la peau un quart d'encéphale de lapm « — du ment aucun phénomène morbide. 656 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR •-ftin (3 giammes de substance nerveuse) ef 1a oq • 'n veau (5 gr. 50) Le 13 anrit n •+ J C e 23 La moitié d’un cer- substance nerveuse ému ion " V U“e in°CuIation de 4 grammes de l'animal tombe brusquement sur le câr ° CUbeS d’eau Physi°logique, pattes, quelques mouvements d’ouvert ^ piesente de brefs soubresauts des succombe. La moHaZZ^^r ? de,fermeture des mâchoires et pratiquée et ne montre, dans C ln ' ailtanée‘ L autoPsie est immédiatement lation sanguine Tous les or» ^ U1 6 es gros vaisseaux, aucune coagu- muqueuses de leZrn" 16 P°Um°n’ le —eau, fes - — • t ^Tütxjstr^ss 1919, les quantités suivants d'ÏÏTdl cerveau ^ï„i“V“r 24 jui” 15 janvier. 4 février 23 — 10 mars. 16 — . 26 — . * 6 avril, 20 — . 10 mai . 21 — . 1er juin. 13 — . 2 c. c. d’émulsion à 1/50. 5 c. c. 10 c. c. _ 20 c. c. 40 c. c. ! f; “ substance nerveuse (1/4 de cerveau). 3grS0 “ <*/* - ). g1’ bU — (1/2 3 gr* — (1/3 ? 66 - 1/3 ? 8T' 66 ~ d/3 3 gr* 50 - (1/2 “ )• ~ )• ~ )• “ )• Le 24 juin, on émulsionne finement dan« sn u gique, un cerveau entier (8 grammes) Ha L CUbeS d eau Physiolo- moyen d’une seringue de 20 cent cubes T" m°rt ^ Virus flxe el> au émulsion sous la peau. Au cours des Ha"’ cornmence a injecter cette constate rien d’anormal mais à neine a premieres lnoculations, on ne sième que l’animal est Secoué deCn T C°mmencé à pousser la troi- oelles qui étaient prises au début Donr H SI°nb e tous Points analogues à diatement on sursoit à nntecüon ‘et défe™>- Immé~ presque complètement inerte et n’a dIus rlA^fi^ miS ? terre* DéJà 11 est ques petits cris plaintifs et esquisse de lé»A * COrnéen’ 11 P°usse quel- verture et de fermeture des mâchoires TV mouvements agoniques d’ou- de se manifester. La durée des nhénom ^ ^ Ceux-C1 cessent eux-mêmes - a été exactement d’une ^ mbiute L al " “ qm 3 P” être ch™nométrée révélé aucune particularité inlessan^ TousT 60' pratl(piée n’a o- d“ ïïri\nT“! d>“ '.r C i to, 4leïée, l g ammes de substance nerveuse le plus souvent mais par- INOCULATIONS DE SUBSTANCE NERVEUSE 657 fois davantage), sous la peau d’une série de lapins. Les ino- culations sont répétées à des intervalles de 10-12 jours en moyenne, souvent beaucoup plus courts (1-3 jours), parfois beaucoup plus longs (25-30 jours). A une lve et à une 2e injec- tions, il ne se produit lien d’anormal. C’est à une des injec- tions suivantes, à la 3e (2 obs.), à la 5e (1 obs.), à la 7% à la 8e ou à la 9e (1 obs.), à la 10e (2 obs.), à la 12e, à la 13e ou à la 15e (1 obs.) que les accidents se produisent avec une soudaineté et se déroulent avec une rapidité vraiment impressionnantes. Quelquefois (3 obs.) ils sont à grand fracas. L’animal s’échappe des mains de l’aide ou saute hors du panier dans lequel il doit être ramené à sa cage. Il fait dans la pièce quelques bonds désordonnés puis, presque aussitôt, tombe sur le côté, la cornée déjà terne et meurt après quelques mouvements ago- niques d’ouverture et de fermeture des mâchoires. Dans la majorité des cas (7 obs.), la symptomatologie est plus fruste. Le lapin a, entre les mains qui le maintiennent, quelques secousses convulsives, fatalement prises, lorsqu on n est pas averti, pour des mouvements de défense, d autant qu il pousse parfois (4 obs.) de petits cris plaintifs. Déjà, à ce moment, il est incapable de se tenir sur ses pattes et n’a plus de réflexe cornéen. Abandonné à lui-même, il tombe inerte sur le côté. Comme dans le cas précédent, il succombe en moins d une minute après de brefs mouvements agoniques, sorte de bâille- ment profond. Exceptionnellement, la symptomatologie est plus atténuée encore. L’animal, au cours de l’inoculation sous-cutanée, n’a attiré l’attention par aucun mouvement et, lorsqu’on retire l’aiguille , on n’est pas peu surpris de constater que déjà il a cessé de respirer et de vivre. Il est mort en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Ces accidents se sont produits six fois au cours même des inoculations, cinq fois immédiatement — quelques secondes — après elles. On conçoit qu’en rapport avec cetle particularité, la symptomatologie pré- sente de légères variantes qu’il est facile d imaginer . lapin tombant brusquement sur le côté et présentant sur le sol une sorte de mouvement de course au lieu de se débattre entre les mains de l’aide. Dans aucun cas, nous n’avons noté d émission d’urine ou de matières fécales. Ajoutons que ces symptômes sont rigoureusement identiques, que le lapin ait reçu sous la 658 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR nsi LaSUfÎ',anCe DOrmale <7 obs') ou rabique obs.). La fréquence de la mort subite par rapport aux iX7d, Tré!l indemnes est également sensiblement la meme dans les deux cas. La quanlité de substance ner ense mjectée lors de l’inoculation déclenchante (2 grammes chiffre minimum ; 8 grammes, chiffre maximum chiffré dansT ‘ guam,meS) a'nSi qUe 'a f)l,anlité d’eau phvsi’ologique touTo^rJ fe T1"0" 6St faUft (4° à 80 cube," ont J ■ egalement paru sans influence sur la fréquence des phénomènes ou leur symp.omatologie, q des t^^'opsie- immédiatement pratiquée dans dix observa- a jamais été constaté la moindre congestion des ontient, au contraire, une grande pâleur, comme si une lVrcéCphaÏe,CteT Tl"86 “’f* le Cas de cephale, tel est le cas du poumon, du foie du rein de, muqueuses intestinale et stomacale. Tel est Je cas des'ran appam Æ pulmon ire I é " aV°nS n°'é danS le Cœul' droi‘- l’artère ine oa‘ latin g''°SSeS T®8 ®‘ ‘8 Veine P01'te en Particulier, no coagulation massive du san°. Comment peut-on interpréter ces accidents si singuliers ? Il ?oZei:T, ( fri d'nS1Ster SUr le fait môme i, c sulJstance nerveuse normale homologue ino Je laemon subir'! ^ h1"'" 1W en excePle la question bile, très bien supportée par cet animal II suffit d prendre la Précaution d’émulsionner finement de passer à SeTlr n d° “*“**»*" ino’culafions un I T6” 6' 11 116 36 Pr°duit alors aucune lésion Zt est exceptionnel de voir les animaux maigrir et se cachectiser Exceptionnelle aussi est l’apparition dé nhéno! Xervation*1 (T r^L’l d°nt.n°US avons cependant relaté une cheé le iapintIpar’d^sCinocuîationa^de^substa0r*^'ne médu"ai- Provoquée logue. Soc. de Biol . d substance nerveuse normale homo- INOCULATIONS DE SUBSTANCE NERVEUSE 659 Témoin l’observation suivante — prise au hasard parmi un lot de faits semblables — où un lapin parvenu au dernier degré de l’amaigrissement était néanmoins capable de supporter sous la peau des doses massives (8 gr. 50) de substance nerveuse. Observation. — Un lapin reçoit en injections sous-culanées les quantités suivantes de virus rabique fixe : 15 janvier. 2 c. c. d’émulsion à 1/50. 4 février. 5 c. c. — 23 — . 10 c. c. — 10 mars . 20 c. c. — 16 — 40 c. c. — 28 — 1/4 cerveau, soit 2 gr. de substance nerveuse 8 avril. . 1/2 — 4 gr. — 30 — . . 1/2 — 4 gr. — 11 mai . . 1/2 — 4 gr. 50 — 22 — . . 1/2 — 4 gr. ' 2 juin . . 1/2 — 4 gr. — 14 — . . 1/2 — 3 gr. 50 — 25 — . . 1/2 — 4 gr. 50 — 2ô — . . 1/4 — 2 gr. 25 — 7 juillet . 1/2 — 4 gr. — 16 — . 1/2 — 3 gr. 50 1 17 — . 1/4 — 1 gr. 75 — 27 — . 1 — 8 gr. 50 — Dans les premiers jours du mois d’août, on s'aperçoit que ce lapin, qui en dix-huit injections a reçu plus de 50 grammes de substance nerveuse, es très éprouvé par les inoculations. Il présente un amaigrissement extreme et une véritable cachexie. Intentionnellement, le 19 août, on lui inocule sous a peau un cerveau rabique entier, soit 8 gr. 20 de substance nerveuse. Aucune particularité au cours de l’injection. Les jours suivants létal cachectique s’aggrave et, le 28 août, l’animal, qui n’a littéralement plus que a peau sur les os, est arrivé au dernier degré de l'amaigrissement. Nouvelle injectio d’un cerveau entier (8 gr. 50 de substance nerveuse). L injection est e très bien supportée. L’animal traîne jusqu’au 8 septembre au matin, date laquelle il est trouvé mort. La mort subite n’est donc pas un accident banal tel qu'il pourrait s’en produire - par réflexe par exemple — chez un animal amaigri à la suite d'inoculations repetees de substances nocives et la cachexie éventuelle ne parait tavonser en rien sa production. Doit-elle être constdéree comme un accident anaphylactique ? Nous ne le croyons guère davantage et pour les raisons suivantes : , , 1° Outre que la symptomatologie qui vient d etre décrite est assez différente de celle des accidents anaphylactiques, outre 660 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Jhï riT’ d6S phénomènes est sensiblement contraste aveÏ l " P“ 6Ur 68 °rganes à raut°Psie forme toujours not ' a COnSeS!'°n ~ Slnon avec les hémorragies — ffularitp e6|S 6n farC1 CaS’ n°US devons insister sur l’irré- impo blaeVde! IaqUeHe “ p™d“* sl,nce dent de ceux ’e g* “T ‘ fPP'oche, c. «ni. d’organes. On sait eombien danl c'^ f m'eCtl0,ls d’extraits «ceidents ont été l’objet de nonrbrens “8 cuber, a montré que si on infecte dans ! d’ ? parÜ' une émulsion très concentrée d’un en' LSp V)’lnes du laPln succombe en l’espace de m.ol 11 de lapin, l’animal espace de quelques minutes mais que, si on INOCULATIONS DE SUBSTANCE NERVEUSE 667 chauffe l’émulsion à 60°, l’animal n’en éprouve aucun dom- mage. Des accidents analogues ont été observés avec de nombreux organes : le poumon', la rate, le foie, le rein, les muscles, le testicule en particulier. Cependant, toutes ces expériences ont été entreprises par la voie intraveineuse, laquelle n’est, du reste, pas exempte d’objections ainsi que nous l’avons indiqué. Jamais, à notre connaissance, la toxi- cité des extraits d’organes n’a pu être mise en évidence par voie sous-cutanée. Si on force la dose, les accidents observés ne rappellent plus que de loin, en effet, ceux que provoquent les inoculations intraveineuses précitées, la mort se produisant seulement en 24 heures et davantage... Nous signalerons une autre différence entre l’action des extraits d'organes et celle de la substance nerveuse. Il ne semble pas qu’on puisse vac- ciner les lapins contre le poison contenu dans les extraits d’organes. Les animaux finissent le plus souvent par se cachec- tiser et par mourir. Nous avons vu, au contraire, que des lapins avaient pu recevoir sous la peau en seize injections la quantité énorme de 52, de 55 grammes de substance nerveuse et n’en avaient pas moins conservé tous les attributs de la santé. Quoi qu’il en soit, il est généralement admis que la toxicité des extraits d’organes est intimement liée au pouvoir de coa- guler le sang et que la cause immédiate de la mort est la thrombose de l’artère pulmonaire. Chez nos lapins, cette throm- bose n’a été observée que deux fois. Bien que, dans les autres observations, il n’existât de coagulations ni dans le cœur droit, ni dans l’artère pulmonaire, ni dans les grosses veines, nous attachons une grande importance à ces deux constatations positives. Nous pensons que c’est à des troubles circulatoires et plus particulièrement à une coagulation du sang dans les très petits vaisseaux qu’est due la mort de nos animaux. On sait qu’on a déjà expliqué de cette façon la mort presque subite des cobayes qui reçoivent dans le sang du sérum préa- lablement agité avec du kaolin ou mis en contact avec de la gélose... Les accidents sur lesquels nous venons d attirer l attention paraissent provisoirement justiciable d une intei- prétation analogue. Dans cette hypothèse, il est vraisemblable qu’avec de l’extrait de sangsue injecté primitivement an lapin 668 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ou mélangé à 1 émulsion d’encéphale, on empêcherait la mort de se produire. Toutefois, l’irrégularité avec laquelle on observe la mort subite chez* les lapins estfde nature à vicier un peu le résultat de cette expérience, à moins, comme nous l’avons dit, que celle-ci ne soit entreprise sur une très grande échelle. ERRATA Mémoire de M. Nicolle, ■> V. Frasey, E. Debains et E. Nicolas : Recherches sur la$préparatioril des sérums antimicrobiens et\ antitoxiques chez le cheval (premier mémoire) (mai 1920).) Page 307, ligne 3 et page 309, ligne 11, au lieu de Ç, lire Y. ADDENDUM Le mémoire de; L. Makmier : Modification \ d'un régulateur de chauffage électrique , 1913, 27, 498, qui figure dans les itables générales des tomes 26-30 au mot : Régulateur , a été omis à la table des auteurs. _ / Le Gérant : G. Masson. Paris. — L. Marethevx, imprimeur, 1, rue Cassett® 5 - Maison Ch. VERDIN G. BOULITTE, suce Ingénieur-Constructeur APPAREILS DE PRECISION Servant en Physiologie, en Pharmacologie et en Médecine INSTALLATIONS COMPLÈTES de LABORATOIRES sur DEVIS 7, Rue Linné, PARIS (Ve) : Téléphone 828-33 NOUVELLE ÉTUVE à température constante de HEARSON La figure représente l'Étuve électriqne sans réser voir d’eau. Dans ces appareils, la chaleur est produite, distribuée d’une façon uniforme par un ou plusieurs fils. Des jonc- tions spéciales commandant chaque fil permettent d’utiliser ces résistances suivant certaines combinaisons pour pro- duire des températures plus ou moins élevées. Nous fabriquons tous les appareils nécessaires aux labo- ratoires de bactériologie, tels que : bains-marie, étuves à paraffine, stérilisateurs, appareils Wassermann, etc. Tous nos appareils peuvent être chauffés, soit au pétrole, gaz ou électricité. ENVOI GRATUIT OU CATALOGUE SUR DEMANDE Seuls Concessionnaires : PATENT 38, rue Caumartin, PARIS SPRATT’S E. COGIT & C Constructeurs d’instruments et d’ Appareils pour les Sciences 36, Boulevard Saint- Michel, PARIS “ Téléphone : Fleurus 08-58 ATELIERS DE CONSTRUCTION EXPEDITIONS ET VERRERIE EN GROS 19, Rue Humboldt. PARIS AGENTS EXCLUSIFS DES MICROSCOPES KORISTKA. S. O.M. > n /v m / — _ _ r , r ^ Construits par la Société d’Ontiaue p/ h*' u' de Haute Précis, on.àParil ° Mecan'^ f i ^ f u r m /o. Depositaires des Colorants français R A L et des Colorants dn Dr TRIBONDEAU et du V HOLLANDE Produits chimiques pour la Micrographie et la Bactériologie Autoclaves , Centri futurs, Installations complètes de I MrUeux de culture stérile, appareils et broyeurs latapie nouveau modèle D'étuves électriques a températube constante NOUVEAUX APPAREILS DE PHYSIOT optt? Marque »ASCO pour La médecine efpeïp^emftion. chEaNAL* DOU.LHET et c. Suce PARIS - 22, rue de la Sorbonne, 22 - PARIS FABRIQUE DE PRODUITSCHIMIQUES ET PHARMACEUTIQUE '"“JE S * kn» I " — 7 — FOURNITURES GÉNÉRALES pour LABORATOIRES et Ateliers de construction d’Appareils de précision Les Établissements POULENC Frères 122, Boulevard Saint -Germain — PARIS Siège social : 92, rue VieilIe-du-Temple Produits Clips purs Réactifs, Liqueurs titrées Verre Français, marque LABO VERRERIE ORDINAIRE ET GRADUÉE DENSIMÈTRES THERMOMÈTRES APPAREILS lu chauffés au gaz, au pétrole, | à l’électricité. Autoclaves et Étuves à culture COLORANTS FRANÇAIS, marque R. A. F. pour Microbiologie et Physiologie MICROSCOPES === MICROTOMES === CENTR1FU0EURS MASSON et Cie, Éditeurs, Libraires de l'Académie de Médecine 120, boulevard Saint- Germain, PARIS. Vient de paraître A. ÔALMETTE L’INFECTION BACILLAIRE I ET LA TUBERCULOSE CHEZ L’HOMME ET CHEZ LES ANIMAUX vol gr in-8» de 620 p. avec 28 figures et 25 planches en couleurs. 55 fr. net F- - , . 8 ! /'A* xP O* J? ATELIERS DE CONSTRUCTION &a ^a. * *% - « rv ô 9 O a « e c- o c COMITÉ DE RÉDACTION Dr CALMETTE, sous-directenr de l’Institut Pasteur ; D' LAVFRAN. membre de l’Inslitut de France: Dr L. MARTIN, sous-directeur de 1 Institut Pasteur; Dr ROU A., d i recteur de I Institut Pasteur; D' VAILLARD, membre de l’Académie de medecire. PARIS ■A MASSON ET C‘% EDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain (6e). SECRÉTAIRE DE t-A RÉDACTION : CaMILLE RAV EAÜ BIBLIOTHÉCAIRE DE L’iNSTITUT PASTEUR 25, RUE DUTOT — PARIS (XV») LêM Annonces sont reçues à l'Économat de l'Institut Pasteur. i i PRIX DE L’ABONNEMENT. — France : 32 francs; Union postale : 33 francs; Prix d’un Numéro : 3 francs. LYSOL Lfc PLUS PUISSANT DES ANTISEPTIQUES-DÉSINFECTANTS DÉRIVÉS DU GOUDRON ENTIÈREMENT SOLUBLE DANS L’EAU Le LYSOL,, recommandé par les médecins et les savants les plue éminents, est le meilleur préservatif des maladies épidémiques : Grippe, Influenza, Diphtérie, Fièvre typhoïde, etc. Les Dispensaires antituberculeux et, principalement, le Dispensaire modèle de Lille, fondé et dirigé par le D' Calmette, emploient leg Solutions Kysoléos, de préférence à toutes autres, pour la des- truction des germes malfaisants des crachats et du linge des tuberculeux. Savons du toiletta antiseptiques ai LYSOL, peur ECOLES, CRECHES, DISPEISilBES, ata. Eau Dentifrice antiseptique au LYSOL Société française du LiYSOü 65, rue Parmentier, à IVRY (Seine) Le seul autorisé par PASTEUR A porter son nom 2 Grands Prix (Exposition Universelle 1900) 5 Diplômes d’Honneur 12 Médailles d’Or Prix Montyon Médaille d’Or de la Société d’Encourageme&t pour l’Industrie Nationale. Le SEUL pouvant s'opposer efficace- ment à la transmission des maladies par les eaux de boisson. FILTRATION DE L’EAU | BOUGIES DE POROSITÉS GRADUÉES POUR LABORATOIRES 1% Siège social : 58, rue lYotre-Dame de-Lorette, PARIS 1, Rue Godot-de-Mauroi 34' ANNÉE OCTOBRE 1920 N" 10 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Mémoire publié à l’occasion du jubilé de E. Metchnikoff. CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES IYIICR03ES ANTAGONISTES DE LA BACTÉRIDIE CHARBONNEUSE ( BACILLUS ANTHRACIS ) RECHERCHES EXPÉRIMENTALES par NY. SILBERSCHMIDT et E. SGHOCH (Travail de l'Institut d’hygiène de l’Université de Zurich.) Le point de départ des expériences que nous allons relater dans ce travail est l’observation suivante : Un médecin nous envoie une pustule dont il venait de faire lexcision dans un cas suspect de charbon. Le malade était occupé dans une filature de crins ; ces crins provenaient en majeure partie de Russie et de l’Amérique du Sud. Nous savons que dans ces deux pays la maladie charbonneuse s’observe assez souvent chez le cheval. Une émulsion de la pustule est inoculée à une souris et à un cobaye. La souris meurt en moins de quarante-huit heures ; à l’autopsie pas d’œdème typique et pas de bacille du charbon; nous trouvons dans les frottis d’organes et dans la culture le bacille de Friedlander à l’état de pureté. Le cobaye inoculé avec la même émulsion meurt un peu plus tard; le diagnostic de 45 670 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEL! Pi charbon est facile; la bactéridie se trouve dans les frottis et dans la culture de la rate. L’examen microscopique direct de la pustule nous avait déjà permis de confirmer le diagnostic de charbon. La culture sur gélose du contenu de cetle pustule nous fournit entre autres des colonies de bacille du charbon et du bacille de Friedlânder. Cetle observation est intéressante à plus d’un chef. La pré- sence du bacille de Friedlânder dans une pustule maligne n’est pas fréquente et mérite d’être notée. Le fait que ce bacille est capable d’arrêter le développement du Bacilius anthracis in vivo aurait pu avoir pour conséquence une erreur de diagnostic. Si nous nous étions contenlés d’une inoculation à la souris, nous aurions été conduits à nier la présence du bacille du charbon. Rappelons, à cette occasion, que toute analyse bactériologique de matières suspectes doit comporter l’examen microscopique direct, que nous plaçons en première ligne ; la culture et l'ino- culation à l’animal complètent ce premier examen. C’est en partant de l’observation que nous venons de résu- mer, que nous avons entrepris une série d’expériences dans le but d’étudier le rôle de l’infection mixte sur le développement de la bactéridie charbonneuse. Nous ne referons pas ici l'historique de la question de 1 infec- tion mixte. Qu’il nous suffise de rappeler les travaux d’Emme- rich, de Pavlovsky, de Bouchard, Fortineau, etc., sur le pouvoir antagoniste du streptocoque, du Bacilius prodigiosus , du bacille de Friedlânder et surtout du pyocyanique sur l’infec- tion charbonneuse. La pyocyanase, extrait stérilisé de cultures de bacille pyocyanique, a élé préconisée par Emmerich et Loeb comme moyen prophylactique et thérapeutique contre une série de maladies bactériennes. Les auteurs se sont basés sur l’action « antiseptique », dissolvante de cultures de pyocyanique stéri- lisées sur un grand nombre de microbes, Bacilius anthracis entre aulres. L’infection mixte est un des problèmes que Metchnikoff a abordés en lui donnant une impulsion nouvelle. Lors du séjour de l’un de nous à l’Institut Pasteur, von Dungern a repris, sous la direction de notre vénéré Maître, l’étude expérimentale de l’antagonisme du bacille de Friedlânder vis- à-vis delà bactéridie charbonneuse. Les expériences d'infection MICROBES ANTAGONISTES DE LA BACTÉRIDIE CHARBONNEUSE 671 mixte dans la chambre antérieure de l’œil du lapin ont fourni un résultat très concluant : l’injection simultanée de cultures vivantes de Bacillus anthracis et de bacille de Friedlânder était tolérée, tandis que les lapins témoins, qui n’avaient reçu que la bactéridie, mouraient de charbon. Les expériences effectuées avec des cultures de Friedlânder stérilisées ne donnèrent pas de résultats aussi constants, l’injection sous-cutanée non plus. Ju^qu ici on s’est surtout occupé de l’infection mixte en tant que lacteur aggravant la marche de la maladie primaire. On n’a pas assez tenu compte, à notre avis, de X action empêchante , de l’antagonisme proprement dit. Dans ses recherches sur le cho- léra expérimental Melchnikoff a reconnu que les divers microbes de I estomac ne sont pas indifférents quant au développement de I infection cholérique. Tandis qu’une levure (Toruld), une sarcine et un bacille coliforme favorisaient le développement de 1 inlection intestinale chez le lapin, le bacille pyocyanique, un eoccus blanc et un autre microcoque exerçaient une action nettement empêchante. La lutte contre l’infection intestinale au moyen d’ingestion de cultures bactériennes (Joghourt, bac. bulgare, etc.) est une application pratique de ces expériences. Les recherches que nous avons entreprises ont pour but d’apporter une contribution au problème complexe qui nous occupe. RÉSUMÉ DES EXPÉRIENCES Nous avons recherché l’action antagoniste d’un certain nombre de microbes, le bacille de Friedlânder, les bacilles typhique, paratyphique, coli, pyocyanique, etc. sur le dévelop- pement de l’infection charbonneuse. Nous avons commencé par une série d’expériences in vitro, qui nous ont permis de constater que le bacille du charbon pousse sur milieux de culture solides à côté de la plupart de ses antagonistes, contrairement à ce qu’on observe avec le pyocyanique. C’est le cobaye qui a servi à la plus grande partie de nos expériences; nous avons également fait des inoculations au lapin et à la souris. En vue d’obtenir des résultats concluants, nous avons opéré avec de fortes doses d'une culture très viru- 672 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR lente de Bacillus anthracis. Le cobaye témoin mourait généra- lement dans les quarante-huit heures après l’injection. La plupart des animaux ont été infectés par injection sous- cntanée d une émulsion en bouillon ou en solution physiolo- gique de culture fraîche sur gélose. Le plus souvent nous injections le bacille du charbon et, immédiatement après, l’émulsion de la culture dont nous vou- lions examiner les propriétés antagonistes; d’autres fois nous faisions le mélange in vitro. Nous avons fait l’autopsie et examiné le sang et la rate des animaux morls au cours de ces expériences. Bacille de Friedlànder et Bacillus anthracis. a) Expériences sur le cobaye. — Sur 11 cobayes inoculés simultanément au môme point avec les deux cultures, 8 ont survécu, 3 sont morts 1 jour 1/2, 2 et 19 jours après l’inoculation. A l’autopsie on ne retrouve que le bacille de Friedlànder. Les témoins ayant reçu la cullure de charbon seule ont suc- combé en 3 et 4 jours. 3 cobayes ont reçu les inoculations en 2 points différents, l’une à droite, l’autre sur le côté gauche; résultat : 2 animaux ont survécu, 1 est mort en 3 jours. Les cobayes morts après 1 inoculation sous-cutanée des deux cultures n’ont présenté à l’autopsie que du Friedlànder. Une injection intraveineuse des deux microbes tue le cobaye en 1 jour 1/2, comme le témoin. Un cobaye qui avait reçu une injection sous-cutanée de culture de Fried- lànder est inoculé, 8 jours plus tard, au même point, avec le bacille du char- bon; il meurt au -bout de 4 jours, le témoin 2 jours plus tôt. A l’autopsie nous ne retrouvons que le Bacillus anthracis. L’action antagoniste du bacille de Friedlànder est donc très nette chez le cobaye. Elle se manifeste surtout lorsque les deux cultures sont injectées en un même point. Cette action n’est pas durable : une injection faite au même point 8 jours après l'injection du Friedlànder n’est pas tolérée : le cobaye meurt de charbon avec un retard de 2 jours sur le témoin. b) Expériences sur la souris. — Sur 8 animaux, aucun n'a survécu. Les 4 souris inoculées sous la peau au même endroit, de même que les 2 souris inoculées en des points différents, sont mortes, à une exception près, en même temps que les témoins. 2 autres animaux infectés au moyen de quelques lésions cutanées superficielles faites au bistouri, sont morts 4 et 21 jours après l’infection, alors que les témoins ont survécu 2 jours 1/2 et 7 jours 1/2. L’infection superficielle n’étant pas dosable, nous n’attacherons pas une trop grande importance à ce résultat. Le fait que toutes les souris sont mortes provient de leur plus grande sensibilité au bacille de Friedlànder* Tandis que sur 8 cobayes témoins 7 résistent à l’injection du bacille de Fried- lànder, les 4 souris témoins meurent à la suite de l’injection d’une faible dose de culture pure de Friedlànder. Point important, l’examen du sang a donné du bacille de Friedlànder à l’état de pureté dans 6 cas sur 8; les 2 autres souris ont fourni une culture mixte (Friedlànder et charbon). Les MICROBES ANTAGONISTES DE LA BACTÉRIDIE CHARBONNEUSE 073 souris inoculées simultanément avec la bactéridie charbonneuse et le bacille de Friedlânder meurent ; dans la plupart des cas nous ne trouvons que le Friedlânder à l’autopsie, le Bacillus anthracis ayant disparu. c) Expériences sur ce LAPIN. — Contrairement à ce que nous avons obser\é chez le cobaye, les 5 lapins inoculés, soit sous la peau, soit dans les veines, n’ont pas résisté; les injections simultanées de Friedlânder et de charbon ont tué les lapins aussi vite que la culture de charbon seul. Les 2 animaux témoins, qui n’ont reçu que le Friedlânder, ont survécu. Les expériences sur le lapin sont intéressantes; elles nous montrent que l’antagonisme entre le Friedlânder et le Bacillus anthracis ne se manifeste pas chez le lapin comme chez le cobaye ou chez la souris. Ce lait est con- firmé par les résultats de l’autopsie : l’examen du sang ou de la rate des lapins inoculés avec les deux microbes nous a fourni des cultures de charbon, alors que pour le cobaye et pour la souris nous n’avons généralement obtenu que du Friedlânder. Bacille typhique (d’Ebert) et charbon. a) Expériences sur le cobaye. — Sur 12 animaux inoculés sous la peau simultanément, 5 ont survécu et 7 sont morts; dans 4 cas la survie a été de 3, 3 1/2, 6 1/2 et 13 jours sur le témoin charbon seul, pour les 3 auties animaux les différences sont moins nettes. A l’autopsie nous n’avons obtenu une culture mixte de bacille typhique et de charbon que dans un cas, tandis que dans les autres la bactéridie charbonneuse avait disparu. L'inoculation du bacille typhique 8 heures apres la culture du Bacillus anthraos napas retan e la mort du cobaye; à l’autopsie nous avons obtenu une culture mixte, donc présence des deux microbes dans divers organes. Dans un cas nous avons injecté le mélange des deux cultures dans la veine jugulaire, chez un autre cobaye dans le péritoine : les 2 animaux sont morts en 48 heures; les cultures n’ont donné que du bacille typhique. b) Expériences sur la souris. - 7 souris ont reçu deux cultures en injection sous-cutanée simultanément et au même point; S animaux ont survécu e 2 sont morts avec le bacille typhique. 4 autres souris ont etc inoculées en des points différents, l’une des cultures étant injectée sous la peau du dos l’autre sous la peau du ventre; 3 animaux ont succombe avec un retaul marqué sur le témoin, le 4e a survécu. L’infection superficielle au moyen de quelques lésions cutanées au bistouri n’a pas donné de résultat concluant : bien que nous ayons frotte une assez forte dose de culture d’anthrax sur la peau lésée, la souris témoin et une des souris à infection mixte ont résisté, la 2e est morte de charbon. e) Expériences sur le lapin. - Une injection sous-cutanée des deux cultures est tolérée alors que le témoin-charbon seul meurt en 1 joui 1/2, * lap * inoculés dans la veine de l’oreille avec un mélange de deux cultures meuient dans deux cas l’examen microscopique et la culture du sang ^ ^ " nas de charbon. Dans un autre cas l’inoculation de la bacténdie sous a peau et du bacille typhique dans la veine tue le lapin en 4 jours avec un 'tefexpérienles reEîci prouvent que le bacille typldqueest nelttnnent antagoniste et que, pour le cobaye comme pour la souns, 1 injection sous 674 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Hie^d'enXhe^^L^I116 typWqUe cl de la '^ctéridie charbonneuse per- lapin ,ea fl développement de l'infection charbonneuse. Pour le pin Ies 1 ( sultats sont moins concluants. Bacille paratyphique B et charbon. animaTnTsurté^u- aue^™’ 2 SUR LA S°ÜR,S’ ET 2 SÜK LE LAI‘1N- “ Aucun le témoin - à TtiUa ’ -1 ques'uns ont présenté une survie de 2 à 4 jours sur «ou seul, j, Jz::::irns gtnéraiement t,,ouvé ,e bacii,e du <*arb0n résultats que, contrairement* À‘qUe' A°US P°UVOnS conclu,>e de ces quelques d’Eberth, l'action anta-onisle • '*1 fUS aVOnS obscrvé l’0U1' le bacille que nous avons inoculé n'étaR pTn0îableCU'tUre baCi"e Pa'atyphique B Bacterium coli et charbon. point 2 survies etïdécès^Ie^sâ ~i Sur 4 lnjections sous-cutanées au même quelques heures aprè« les tém * ° i&*?S ,110cules en 2 points différents meurent ri J coli 8 iXes fprll 1 qUC lanimal <*ui "*<>it le Bacte- 2 "r î“° d “e r ^ :: presque régulièrement^ rrrri"0118 trouvons Zttsiz b) Expériences sur soi rts: /, »• avec une survie- une iniertinn fCtl0ns sous-cutanées au même point, temps que le témoin - -’i p-mt P011118 séparés, avec mort en même •le culture mixte Tans le pérSl tT Da“8 u“ cas “’Nection on ne trouve que du B. coli. ’ °UHS meurt en 24 heures; à l’autopsie chalbofTe^rmeurt en' 2 îo ms-' "a^utîes 8°7 -la.Pea" 8urvil* le témoin neuse : l'un survit, l'autre nlurt de B 1 P fl mjectés Par la voie vei- injection sous-cutanée et le Bacterium coli rf”” 3Pm rG60lt le charbon en « £“ s * “• pu démo™toe!'1' raction' nettwné^t^anufoo0'11'! *e Clique, nous avons la bactéridie charbonneuse! Z . ^ B“m C°K ^ Bacille pyocyanique et charbon. P.fr sz t ces de“ microi“ « »»«™« 1 ombteux tiavaux, nous nous sommes contentés rl’nn iuison011 6 XpénenCeS P°UVant servir de terme de compa- 8o u s la pꙓS0nt*s^écu"lês""2 autresT*568 '"jeCtés aV6c 'CS 2 cultules A l'autopsie pas de charbon, pyocyanique ZTlluJZIZnet MICROBES ANTAGONISTES DE LA BACTERIDIE CHARBONNEUSE G75 Comme pour les autres bactéries examinées, l’action antagoniste est moins nette lorsque l’inoculation est faite en des points ditférents. Un cobaye ayant reçu le pyocyanique sous la peau et le charbon dans le péritoine meurt de charbon en même temps que le témoin (charbon seul). b) Expériences sur la souris. — Sur 3 souris injectées sous la peau au même point, 2 résistent, la 3e meurt de charbon. 2 souris ayant reçu une injection simultanée dans le péritoine et 4 animaux injectés en des points différents (péritoine et tissu sous-cutané; meurent. L'eflet antagoniste n est pas net, l’injection intrapéritonéale tuant trop vite. c) Expériences sur lf. lapin. — 2 injections des deux cultures dans la veine : les lapins survivent alors que les témoins (charbon seul) meurent en 1 1/2 et en 4 jours. Un lapin injecté sous la peau meurt de pseudo-tuberculose le 10e jour : pas de charbon. Une 4-' expérience avec injection de pyocyanique dans les veines et de charbon sous la peau tue l’animal; les 2 microbes se retrouvent à l’autopsie. Ces quelques expériences confirment les données déjàaequises, à savoir que le bacille pyocyanique est un antagoniste (lu Bacillus anthracis in vivo. Elles nous montrent que 1 action antagoniste de ce bacille n’est pas supérieure à celle de quelques autres micro-organismes que nous avons examinés. Nous avons encore inoculé le bacille du charbon avec e pneumocoque, le streptocoque, le prodigiosus, le Proteus vul- qaris, le Bacillus mesentericus. Nous n'avons pas obtenu de résultats aussi nets que dans les expériences relatées dans ce travail. Le petit nombre de ces expériences ne nous permet pas de conclusions délinitives. Expériences avec des cultures de Friedlander stérilisées. - Ces expériences ont été absolument négatives. Le bacille de Friedlander par chauffage au bain-marie, injecté avec une culture virulente de anthracis n'a pas empêché l'infection charbonneuse. de rechercher si l’injection successive au meme point avait nuée sur la marche de l’infection charbonneuse. h_lirps Des cobayes, inoculés avec une culture ^ de ch ar de bacille 676 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR exPériences nous prouvent que l’action anta«o- ■ te des microbes étudiés est tr ès limitée. 0 Les animaux ayant résisté à l'inoculation de cultures mine „ sont-üs immunisés contre Pinfection charbonnetfe T^Z ZZlZZ°rbongTl réP°ndre.Par 'a "^üve. Nous avo'ns' ±ï *=“ r rieureaS lmmUnité C°nlre Une infection charbonneuse ulté- avons pu démoniaque ^dehors T'T -II6 réSUmer’ nous du bacille de Friedlânder i • ,aCl le Py°cyanique et . , n Jieajander , d autres microbes le haeilb Les trois espèces d’animaux avant servi à nn= „ * • S» r.ir”' aPr6S n"feCU“ *'k'— « ne Ps: Les cultures de Friedlânder tuées nar b pL i » plus leur action antagoniste. P 1 chaleur n exercent Les animaux ayant survécu à une injection ,la „ .. ne sont pas immunisés de ce fait 1 L J Ure mixte ini.céif.rt«i.”s »■«"-»> «'• ^rbon MICROBES ANTAGONISTES DE LA BACTÉRIDIE CHARBONNEUSE 677 CONCLUSIONS 1° Le bacille de Friedlânder, injecté en même temps que le bacille du charbon, exerce une action nettement antagoniste et permet souvent de sauver l’animal. Les résultats ont été surtout démonstratifs sur le cobaye à qui nous avions injecté les deux micro-organismes sous la peau; ils ont été moins nets pour le lapin, la souris inoculée avec les deux microbes meurt géné- ralement de septicémie à Friedlânder; le bacille du charbon ne se retrouve plus à l’autopsie. 2° Le bacille typhique d’Ebertha également une action nette- ment antagoniste que nous avons constatée sur le cobaye et sur la souris, de même que sur le lapin. 3° Le Bacterium coli est un antagoniste du Bacilliis anthra- cis ; ici aussi c’est l’inoculation sous-cutanée qui a donné les résultats les plus concluants. 4° Une culture du bacille paratyphique B, de notre collection, n’a pas exercé une action antagoniste aussi nette ; les ani- maux d’expérience sont morts après les témoins inoculés avec le charbon seul. A l’autopsie nous avons généralement retrouvé les deux microbes. 5° Nous avons pu confirmer -les résultats concernant les propriétés antagonistes du bacille pyocyanique sur les trois espèces d’animaux ayant servi à nos expériences. 6° Les propriétés antagonistes sont surtout nettes lorsque les deux microbes ont été injectés simultanément au même point. Elles ne se manifestent pas toujours lorsque la deuxième culture est inoculée à une certaine distance. 7° Lorsque les deux cultures sont inoculées à huit heures d’intervalle nous n’avons plus pu constater d’antagonisme : les animaux meurent de charbon. 8° L’action antagoniste, si nette lorsque l’on injecte les cul- tures vivantes, ne se manifeste pas lors de 1 injection de bacilles tués par la chaleur. 678 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 90 résistance à l’injeclion simultanée de charbon et de nedlander ou de typhique ne confère pas l’immunité vis à-vis <- une infection charbonneuse ultérieure. Des expériences relatées dans ce travail il ressort qu’il est possible de neutraliser l’action d'une dose sûrement mortelle ce bacille du charbon en inoculant simultanément une culture vivante d un microbe antagoniste. Il n’y a pas de relation irecte entre 1 action empêchante in vivo et lantagonisme in v'tro ' Le bacille pyocyanique agit sur le bacillus anthracis dans la culture (pyocyanase) ; c’est à cette action dissolvante qu on a attribué le pouvoir antagoniste in vivo. Le bacille de medlunder, par contre, n’a pas de pouvoir antagoniste sur les cultures de charbon in vitro et cependant il agit d’une façon très nette sur l’animal. L infection mixte a fait l’objet de nombreux travaux en tant que facteur aggravant. Les propriétés des cultures du bacille pyocyanique ont motivé l’emploi de la pyocyanase contre diverses infections. Le rôle empêchant de certains micro-orga- nismes, relevé par Metchnikoff pour le choléra expérimental et pour les intentions intestinales, n’a pas encore été suffisam- ment étudié. Il est probable que l’étude de cette question nous permettra d’élucider maint problème dans le domaine de immunité et de la prédisposition. MICROBES ANTAGONISTES DE LA BACTÉRIDIE CHARBOI\NEUSE 679 Tableau II. — Charbon et bacille typhique. i MICROBES ANTAGONISTES DE LA BACTÉRIDIE CHARBONNEUSE 081 Charbon etT Bacterium 082 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR MICROBES ANTAGONISTES DE LA BACTÉRIDIE CHARBONNEUSE Mémoire publié à l'occasion du jubilé de É. Metchnikofi. CONTRIBUTION A L ETUDE DES INFECTIONS INTESTINALES LE BACILLUS BOOKERI par H. TI SS IER. Les travaux sur la flore microbienne inteslinale oecuDenf .ma arge place dans 1 œuvre de Metchnikoff. Cet esprit aux^dées si arges voyait dans la prolifération d'espèces étrangères à la 016 normal® non seulement la cause des troubles dTistift maus encoie celle de la plupart de nos déchéances organiques’ | * ,avec 'l11®116 energie il sut défendre ces idées et diriger de nombreux elèves dans ces intéressantes recherches cine de tonn ' PaS,’ aprèS Us discussions dlJ Congrès de méde- e de 1900, apres les nombreux travaux parus de tous côtés qu on pu mettre en doute 1 origine microbienne de h pO des troubles digestifs de l’homme. Et pourtant dès 19)9 î" -IXf ECOlte aïemande 6t ceux d une certaine partie de Lcole française tendaient à leur chercher une autre cause Ceiait pourtant un fait connu, démontre nuo In * digestifs qui »e p;s »”• '« trouver, dans les selles, des microbes autres eue ,! maUnIu“sfl°re n° •maIe; GeS 6Spèces sont cvidemment^vâriées" Le que nous savions encore, c’est que ces bactéries anor males ne pouvaient s’installer d’emblée dans noire intestin' ,(| ' lalla,t llne S01’te de préparation chimique du milieu et ’ bouleversement des deleus.s de 1, tiers ni.,. No« Lvta" ( 1 ) Tissier, Thèse de Paris 1900, et Ces Annales, 20, février 1905 et 22, mai 1905. CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES INFECTIONS INTESTINALES 685 souvent observé qu’une fermentation putride précédait la pullu- lation d’espèces plus pathogènes. Mais ce qui restait à démontrer, c’est le mode d’action de ces microbes. On ne parvenait pas à reproduire chez l’animal le symptôme des maladies observées. L'ingestion des cultures ne produisait aucun trouble chez nos animaux de laboratoire. Metchnikoff, que cette question passionnait, eut 1 idée d’utili- ser pour ses expériences, non plus les cobayes et les lapins dont la flore intestinale est si différente de celle de l’homme, mais des singes et plus spécialement des anthropoïdes qui ne présen- tent pas cet inconvénient. On sait qu’il parvint ainsi à repro- duire le choléra infantile, levant ainsi le dernier doute sur l’origine microbienne de ces troubles digestifs (1). On peut schématiquement grouper ces infections intesti- nales en trois catégories : les infections putrides , catarrhales et py ré tiques. Dans le premier cas, on trouve dans les matières fécales tous les éléments nécessaires à une putréfaction vraie. On peut en isoler des bactéries protéolytiques ferments mixtes : B. per- frimjens et ferments simples : B. sporogenes (2), B. colico- genes (3) associées ou non à des espèces moins actives . Cocco- bacillus perfætens (i), Micrococcus parvulus (5), B. saccharo- butyricus , B. bavati (6) qui semblent surtout agir par lem produits de fermentation. Les douleurs abdominales plus ou moins localisées, les coliques par crises plus ou moins violentes, les selles molles, fréquentes, accompagnées de glaires et d émission de gaz fétides en sont les symptômes dominants. En modifiant le milieu chimique qui fait vivre ces microbes, on modifie plus ou moins vite les symptômes de la maladie. Dans les infections pyrétiques, aux troubles fonctionnels que nous venons de décrire s’ajoutent un état saburral particulier et des phénomènes généraux, de la fièvre. A côté des bactéries putrides anaérobies se développe une abondante flore du type (1) Metchnikoff. Ces Annales , 1914, n" 2. \2) Metchnikoff. Ces Annales , 22, décembre 1908. (3) Tissier Ces Annales , juillet 1912, p. y22. (4) Tissier. Thèse de Paris, 1900. (5) Veillon et Zuber. Arch. méd. exp., juillet 189. , l * 3 4 5 6- (6) Tissier. Soc. de Bio U, 1918, n° 8. 080 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUU n. euh dont l’action élective se porte sur les produits de dédou- ement des albumines. Ces microbes produisent des corps nui- sibles a 1 organisme et sont capables de pe'nétrer dans la circu- ation générale créant ainsi des septicémies plus ou moins tenaces. Ce sont les paralyphiqv.es A et B qui forment les élé- ments les plus connus de cette catégorie dans laquelle il fau- drait egalement mettre toute cette série de B. paraeoli mis en lumière par les travaux des Écoles anglaise et américaine. Dans les infections catarrhales, l’action microbienne porte surtout sur la muqueuse. Tout indique qu’elle est fortement touchée : selles glaireuses, diarrhéiques mélangées de sang ou de muco-pus dont 1 émission s’accompagne de ténesme, de brûlures, sensation de griffe, etc. Parfois même la diarrhée est profuse et on voit paraître des phénomènes généraux graves. G est dans cette classe qu’il faut ranger les dysenteries bacil- laires, les entérites cholériformes , le choléra infantile, etc Les recherches bactériologiques faites pendant la guerre ont montré la grande variété des bacilles dysentériques. Des microbes dissemblables peuvent donc produire des troubles digestifs identiques. Il est bien probable qu’il en est de même pour les diarrhées estivales des jeunes enfants. Metchnikoff considérait le />'. proteus vulgaris comme étant la cause la plus fréquente, sinon l’unique, de ces infections ( 1 ) G était déjà I opinion de Booker en 1897. Eschereck et Varans < ii 1900 lui attribuaient un rôle important. il nous semble également que son action sur l’intestin ne peut être négligeable. Lors de l’épidémie de choléra infantile de 1900 nous l’avions fréquemment isolé des selles des nour rissons très gravement atteints; mais il est bon d’ajouter que nous 1 avons rencontré dans des cas dont l’allure clinique ne rappelait en rien ces formes graves. Il existe également dans des selles d enfants ne présentant que des indispositions légères. A côté du B. proteus vulgaris nous .devons placer une espèce plus rare en nos contrées, dont les caractères morphologique et clinique sont différents, mais dont l’action nocive est voisine : c est le U. bookeri décrit par Ford en 1903 (2). (1) Metchnikoff. Ces Annales , 1914, n° 2. (2) W. W. Ford. Sludies from the royal ' Viol. Hosp., Montréal, 1. n» .5, CONTRIBUTION A L’ETUDE UES INFECTIONS INTESTINALES 687 La description donnée par cet auteur est malheureusement très succincte et nous croyons nécessaire d’en donner une étiule plus approfondie. Il se présente au microscope sous l’aspect d’un coccobacille rappelant les formes banales du B. coli. Il est de même dimen- sion et tixe également les coloranls à ses extrémités. Il ne donne pas, par contre, de forme d’involution dans les vieilles cultures. Il est immobile. Sa vitalité est assez considérable, on peut le repiquer d'une culture en bouillon ordinaire vieille d’un mois ou d’une culture en gélatine datant de quatre mois et demi. C’est un anaérobie facultatif se développant aussi bien à 37° qu’à 22°. Sur gélose ordinaire il donne des colonies analogues à celles du B. coli qui prennent aussi en vieillissant une teinte café au lait. Elles virent légèrement le milieu de Drigalski. Ensemencée en gélose profonde cette espèce disloque le milieu par une abondante production de gaz. Elle liquéfie lentement la géla- tine sans donner de colonies migratrices, mais, chose curieuse, elle communique à ce milieu liquéfié une teinte acajou. Le lait est coagulé lentement en fins grumeaux et le sérum prend une coloration jaunâtre. Sur pomme de terre elle se développe assez bien donnant une colonie peu épaisse de teinte marron clair. Tous les milieux amidonnés brunissent également. Les milieux à la tyrosine prennent, au bout de quelques jours, une coloration rose. Ses propriétés chimiques sont plus spéciales. Ce bacille, en effet, n’attaque pas 1 amidon et très faiblement les sucres. Il ne donne jamais de fermentation acide dans les milieux pep- tonés contenant du glucose, ou un autre sucre : lactose, sac- charose, lévulose, galactose, mannite, du Ici le. Le lait seul donne, après sa coagulation, une faible acidité qui disparait pai la suite. Si nous dosons les sucres de tous ces milieux nous voyons qu’environ un tiers a été détruit. Cette attaque a donc été insidieuse et lente, elle est insignifiante si on la compare a celle des matières protéiques. Nous avons vu qu il liquéfiait la gélatine, il attaque égale- ment les albuminoïdes et les protéines. 11 était intéressant de mesurer son pouvoir protéolytique et nous 1 avons mis en mile 688 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR peptoné contenant des quantités connues d albumine animale ou végétale. Dans les deux cas, la bactérie avait utilisé les pep- tones et les acides aminés du milieu, délaissant les albumines. Dans le lait son action protéolytique est plus nette : un tiers de la caséine est détruite. Son action élective se porte donc sur les dérivés des matières protéiques : albumoses, peptones, acides aminés, mais elle est loin d être aussi intense que celle du B. proteus vulgaris, elle ne fait pas disparaître des milieux peptonés la réaction du buriet et ne donne ni indol, ni phénol. C est donc un ferment protéolytique simple ; mais comme le sont ordinairement les aérobies. Ces bactéries ne brisent pas en gros morceaux la molécule albuminoïde comme le font les grands anaérobies de la putréfaction, laissant les sous-produits a des microbes accessoires, ils la dissocient lentement jusqu’à 1 ammoniaque comme le fait le B. pyocyanique . Le B. booken est, enfin, pathogène pour les animaux de labo- ratoire. Un demi-centimètre cube de culture de bouillon ordi- naire tue la souris en douze heures et 1 cent, cube inoculé sous la peau provoque, chez le cobaye, des troubles généraux dont il ne se relève que lentement. La môme dose mise dans le péri- toine tue l’animai en quelques heures. Ce bacille peut également causer des troubles digestifs quand il est mélangé aux aliments. Pendant cinq jours de suite, nous avons donné à un chimpanzé de trois ans environ 10 cent, cubes d’une culture liquide mélangée à du lail. Trois jours après l’animal a perdu l’appétit et a eu des selles molles peu liquides < 1 enfin glaireuses au nombre de huit a dix dans la journée. Au bout d’une quinzaine de jours seulement les troubles digestifs se sont atténués et ont disparu lentement. Nous avons essayé de déterminer son mode d’action. Nous avons d abord inoculé sous la peau d’un cobaye des cultures filtrées sur bougie; 1 cent, cube produisait un malaise évident qui ne disparaissait qu en trois ou quatre jours. Par contre la même dose, dans le péritoine, tuait rapidement l’animal. Des corps microbiens recueillis comme l’indique Nicolle et délayés dans l eau physiologique (3 grammes pour 10 cent, cubes) ino- culés sous la peauNà la dose de 1 cent, cube n’ont fait qu’indis- poser l’animal, tandis qu’ils l’ont tué quand ils ont élé mis dans CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES INFECTIONS INTESTINALES 689 le péritoine. Ainsi corps microbiens et produits de cullurc sonl également nuisibles. Le B. proteus vulgaris donne des toxines douze lois moins actives, mais les poisons adhérents aux corps microbiens luent plus rapidement 1 animal. Il est donc bien probable que les "troubles observés chez les enfants « porteurs de ce germe » : B. booléen, étaient impu- tables à cette espèce. C’étaient d’abord de l’inappétence, puis des lourdeurs d'estomac, des digestions pénibles, des selles molles et enfin de la diarrhée glaireuse (8 à 10 selles dans les vingt-quatre heures)' avec de légères coliques et enfin de la dépression, de l’amaigrissement, mais toujours sans fièvre. Dans quelle condition cette espèoe peut-elle se développer dans le tube digestif? 11 semble, d’après les quelques observa- tions que nous possédons, qu’une préparation du milieu chi- mique lui est nécessaire. 11 faut qu’il se produise dans les déchets digestifs, au moins un début de putréfaction. Nous avons toujours trouvé dans ces selles diarrhéiques du B. per- frinqens, côte à côte avec notre bacille. Nous avons alors cher ché à donner une alimentation dont aucun déchet ne puisse être utilisé par cet anaérobie. Peu à peu, nous sommes arrives, ainsi, à l'éliminer de la tlore intestinale; or, en même temps que lui, disparaissait le B. bookeri. Nous vîmes, alors, diminuer puis disparaître tous les trou- bles dont se plaignaient nos jeunes malades, et nous ne pûmes jamais par la suite isoler, de leurs selles, lune ou 1 autre e ces deux bactéries. . ‘ Comme on le voit, tout rappelle dans ce genre d infection u qui se passe dans les infections légères à B. proteus vulgaris. On doit donc la placer côte à côte dans la nosographie des maladies digestives. Mémoire publié à 1 occasion du jubilé de É. Metchnikoff. ROLE DES HÉMOLYSINES DANS L'INTOXICATION MICROBIENNE Par M. WEINBERG et M. NASTA. Un grand nombre de microbes pathogènes sécrètent, à côté i au res substances toxiques, des hémolysines. Bien que ces dermercs a.ent déjà fait l’objet de nombreux travaux, nous ne sommes pas encore fixés sur la part qui leur revient dans intoxication generale de l’organisme au cours d’une infection. : ous avons essayé de combler cette lacune, en étudiant comparativement la toxine totale de quelques microbes et la m me toxine debarrassée de ces substances hémolytiques ar « toxine totale » il faut comprendre l’ensemble des substances toxiques que renferme la partie liquide et claire d une culture bien centrifugée Nous nous sommes servis presque exclusivement de la toxine non filtrée : le filtre Charo- berland même peu serré, comme la bougie L 2 par exemple retient une grande partie de l’hémolysine Les toxines étudiées sont celles du ». perfringem , du vibrion septique, du staphylocoque doré et du streptocoque Les animaux d expérience ont été, pour la plupart, injectés ■ ans la \eine, car c est par celte voie que l’effet des hémoly- ^:.PlUSbrUtal - P- conséquent le plus nettement Doux procédés ont été employés pour priver la toxine de sÜTb yliT i !e |H'°Ct5dé ClaSSique fP" consiste à sal uer b, toxine par des globules rouges en excès, et le pro- 'r™'”*»" 0" '« normal, dont les |)r.prL« ri 7 5 I1”' f J«pni« les Iravaux d’Ehrlicl.. Lest I analyse des résultats obtenus dans celle dernière ROLE DES HÉMOLYSINES DANS;L’INTOXICATLON MICROBIENNE 691 partie de nos recherches qui nous a permis d apporter quelques notions précises sur les propriétés curatives du sérum normal de cheval ainsique survies effets non spécifiques de cei tains sérums antitoxiques ou antimicrobiens. TECHNIQUE X. - L’hémolysine microbienne est obtenue par centrifugation de trois à dix minutes (centrifugeur Jouan n» 2) des cultures microbiennes en bouillon olucosé à 1 p. 1.000. Lorsque les microbes sont auto-agglulinants (strep o- coque, bactéridie charbonneuse), on remplace avantageusement la centritu- gation par la tiltration sur papier durci, stérilisé à I autoclave. Pour les hémolysines du B. perfringens, du vibrion septique et du s rep ci- coque, employer les cultures jeunes (quatorze à dix-huit heures) ; pour celle du staphylocoque les cultures de cinq à six jours. Pour (préparer la stiep- tococolysine, ensemencer le bouillon avec le stieplocoque con. ene b°L’unité hénmlytique dune toxine microbienne est la quantité de toxine capable d'hémoîyser, au bout d'une heure d'étuve à 37-1 - ^ cube £ globules rouges (8 Fp. 100) d'une espèce donnée. L indice berne . ytique lep sente le nombre d'unités hémolytiques contenues dans 1 cent, cube , L'indice (hémolytique de la toxine du fl. perfringens était dans nos exp _ riences de 30 à 50 (globules de cobayes); l’hémolys.ne de vibmn ytique a donné l’indice 0 à 10; la staphylolysine, 10 à 20 pour les globules de cobaye et 80 à 100 pour ceux de lapin. La streptococolysine marquait 3 a _o. B. - Pour établir l'indice antihémolytique, on verse dans une série de tubes renfermant une unité d hémolysine microbienne des doses deerc - santés (1/40 à 4/1.000 [de cent, cube) du sérum étudie. L hem 5 sérum doivent (être dilués dans de beau physiologique, de façon que les doses employées dans l'expérience soient de 0 c.c. 1. Les tubes sont mis à l'étuve à pendant une heure. Au 1 tout de ce temps, on ajoute 1 cent, cube de globules rougi « ■ (« « P- « e on ,eme les tubes à l'étuve. Les résultats sont notes au bout de deux e ■ ^ ^ La limite du pouvoir antihémolytique du sérum es n i q r0 nDiètement s“ «w, sera 400. r _ Pour «river une toxine microbienne de son hémolysine, il n est nullement nécessaire de la mettre en contact avec ^ g^" *X“Shémo- excès. Prenons, par exemple, une oxine du r p J ^es ^ cette toxine lytique 50 pour les globules de cobaye. Les 0 • en,evel. toute trace renfermant 300 unités hémolytiques, on devis , P provenant de d'hémolysine, les mettre en contact avec ““ eul o^globu.i »r p.o ^ ^ la centrifugation de 500 cent. cube® C ~o|)u|airc de 25 cent, cubes de sang ce qui revient au meme, avec un culo g complètement privée de son défibriné et lavé. En réalité, la toxine est déjà comr 692 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUH - «■•'»»!« XSrulXrï r*rt 4 a« '■ .... ment un culot de sang IZÎL j ?,T, ‘UbU à Cenlrifu«e «>»'«- on veut enlever toute son hémolysine d^ I 3 flua"|llc de toxine à laquelle immédiatement (trois à cina miniLi ’i , " mélanger et de centrifuger centrifugation, est complètement m-ivée aUSSitôt «P1*» la ce procédé, la quantité de san« laoué soit 1 • " l'Cmohsme, bien que, dans après un contact prolongé du mélange i ,n < l'leure « celle qu’on trouve à la glacière. g mftlange toxine-globules rouges à l’étuve ou Celte fixation très ranide (in in, * , constatée pour toutes les hémoIysin™°micm't «voit été »»H. qo’ïu tou, de SU compl'qi|ee Phém„g,obi. - La* destruction des gl ob u /es ' ' ro !'e< lenenne s . Thèse de Bordeaux 1919 toxine du B. perfringens a déià éiA VW° a Ia Suitc a donné, pour les globules ftes de cobaye, les résultats suivants : Le sérum de cheval neuf neutralise toujours l’hémolysine du B. perfringens vis-à-vis des globules rouges du cobaye • son jml.ce anti-hémolytique varie de 80 à 500. L’indice anti- spécifiques, préparés contre d’autres due ltdice d Petm{ens> Présente les mêmes variations que l indice du sérum de chevaux neufs. indice anli-hémolytique du sérum anti -perfrinqens anli :::: à pius é,evé que £ “ï; . .. no,maux- Le sérum antitoxique anti -perfrinqens a ne es chilfres les plus élevés; il est 20 à 60 fois supérieur a 1 indice de sérum normal. p leui tr SZZ tlZT™ t^rVT7raUve de Ia neu- sérum de cheval normal et un sérum spécifique^’ ^ "" :::: i'ecoivent *“• *■ Premier, ,e 0 C.C.I Ce Sérum „olma, de VhlaT de, * « £ toxine avec seulement 0c c 2 de sérum ' eu*1Pme’ la meme quantité de le deuxième ayant présenté une “ h* COb*^ Trois cobayes (295 ifin 8 crise d hémoglobinurie. de toxine mélangée' Y 1 i gammes) sont injectés avec 2 cent, cubes de sérum anlitoxfque, antLeerwlrT"^ (1/2°’ 1/3°’ ,/ë0 de cent- eube) Sième succombe en deux minutes.^"*' ^ ' CUX p,'em,ei's survivent, le troi- l’un le mélange' de fcim t^cu lïe i',] trolai)’me u>t reçoivent dans la veine, de sérum normal l’am.e le mi de B P^ngens et de 0 c. c. 5 1/20 de cent, cube de “éln ^ 2>Cent’ CU',eS de cullurc et de Enfin, les cobayes témoins (595 590 VSTT/ q^CS deux col)a3'es survirent, veine avec 2 cenUcubesTtoxine sel 42°, «rammes). injectés dans la et demie et cinq benl ulautre témoTnT^T “ne ‘leUre' tr°is tue 1 cent, cube meurt en trois heures enfin e Z*™™* reSU injecté dans ,a veine avec 2 cent, cubes di ^ ROLE DES HÉMOLVSINES DANS L’INTOXICATION MICROBIENNE 6115 Cette expérience est démonstrative; elle signifie que le pou- voir neutralisant du sérum de cheval, normal ou spécifique, est nettement proportionnel à son pouvoir anti-hémolytiqüe vis-a- vis de l’hémolysine du H. per [ring ens. En effet, nous avons utilisé dans cette expérience un sérum normal à indice anti-hémolytique 100 et le sérum spécifique à indice 2.000, c’est-à-dire 20 fois plus actif. Or, pour protéger un cobaye contre l’action de 2 cent, cubes de loxine, il fallait 0 c. c. 2 de sérum normal et une dose.de sérum spécifique comprise entre 1/30 et 1/50 de cent, cube, c’esl-à-dire à peu près 20 fois plus faible. L’intérêt de nos observations est encore accru par le fait que nous avons obtenu le même résultat chez les cobayes injectes avec le mélange de culture et de sérum normal. Pour terminer ce chapitre rappelons une expérience de Bull et Pritchett (1). Ces auteurs injectent dans la veine d’un pigeon le mélangé de 1 cent, cube de toxine de />. per f ring ens et de 1 cent, cube de sérum de lapin normal. Le pigeon meurt en une heure et demie. . Cette observation, d’apparence contradictoire, ne fait en réalité que confirmer nos conclusions. En effet 1 hémolysine du B. per f ring ens dissout très activement les globules rouges de pigeon; son indice atteint quelquefois jusqu’au chiffre 200. Et, cependant, le sérum de lapin neul n exerce aucun pouvoir empêchant vis-à-vis de cette bémolysine. 11 ne pouvait donc pas empêcher la mort de l’animal dans l’expérience des auteur^ américains que nous venons de citer. Hémolysine du Vibrion septique. Le Vibrion septique sécrète in vivo une hémolysine très active, comme le montrent les lésions hémorragiques considérables qu’on trouve à l’autopsie d’animaux morts à la suite d inocula- tion intramusculaire ou sous-cutanée de culture de cet anaérobie. In vitro, le Vibrion septique sécrète aussi une hémolysme, mais la partie non hémolytique de sa toxine est assez active (1) Jauni, of exp. med., 1917, 26, p. 146. 696 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR JT-rrr ,a ,110rt ^ l,anima1, même lürscKel|e est débarras- sée de tout pouvoir globulicide. Ainsi, dans une de nos expé- ! 'erlïnd t ‘‘T'- d" Vibri°n sePticlue> fiItrée sur bougie Cham - lerknd, tuait regulieremenl, à la dose de 1 cent, cube, un lapin i'3a|'TeS' barraféede SOn bémolysine par contact ‘ , ® g!°b"les rouSes de JaP;n, la même toxine ne tuait P us un lapin de même poids qu’au bout de vingt-quatre heures et encore à la dose double (2 cent, cubes). q esUelienv 'T’ t0XinC“ n°n hémolyticlue d« Vibrion septique retardé^ V 1VeqUe S°n aC,i°n n'est nilll"a'cn< affaiblie ni i e tardée par la suppression de l’hémolysine. Hémolysine du staphylocoque doré. Sans jouer un rôle prépondérant, l’hémolysine du slaphylo- "énérale°de P°U'' Une &rande Part à l’intoxication ? ,, de orSanisme causée par ce microbe. Aussi occupe- t-elle une place intermédiaire entre les hémolysines précé- 'iue nous°al|m° ^ “ déC°U‘e d aÜleurs de 9ueklues expériences Dans la première expérience, la toxine centrifugée du sta phylocoque (24 cent, cubes) n’a été que partiellement débar assec de son hemolysine, par contact de quinze minutes à la lâp^Tâ cUernet cUubesTat0ire "" ^ °ulot SIobuIai- de sang de Dans une deuxième expérience, où la toxine du stanbvlo ïï»' Tr d" Son “““'yl"» «» contact cubes de t ■■ "" °?.''""mes a>'ant reçu dans la veine 20 cent. de vingt heureT s-Z'* ^ ^ hémolysine sont morts au bout lônesti t WmsaVOU' montré, après Pinjection.de symp- -“r tc;e ,apin ^ toxine centnfugee mais non traitée, ROLE DES HÉMOLYSINES DANS L’INTOXICATION MICROBIENNE (507 a été pris quinze minutes après- F injection de paralysie du train postérieur, suivie de mort en quelques heures. On obtient des résultats beaucoup plus nets lorsqu’on neu- tralise l’hémolysine du staphylocoque par l’anlibémolysine du sérum normal ou bien du sérum non spécifique. \oici quelques expériences démonstratives : Première expérience sur cobayes. — L indice hémolytique de la toxine cen- trifugée du staphylocoque vis-à-vis des globules rouges de cobaye est 20. L’indice anti-hémolytique des sérums employés : 20 pour le sérum normal, 500 pour le sérum 803 (sérum antivibrion septique, à la fois anti toxique et antimicrobien). Cobayes Reçoivent dans la veine Meurent 350 gr. 2 c.c. de toxine centrifugée en 15 minutes. 4QQ 2 dans la nuit. 4qq 2 dans la nuit. 300 gr. 2 c.c. de toxine, 1 c.c. de sérum normal en 4 jours. 300 n 2 — 1 — 803 en 6 — 1/2 300 2 - 0,5 - - en 2 Deuxième expérience sur cobayes. — Toxine staphylococcique et mêmes sérums que dans l’experience précédente. Cobayes Reçoivent dans la veine Meurent 250 gr. 320 2 c.c. de toxine centrifugée 2 — en 6 heures, en 24 heures. 300 270 280 2 c.c. de toxine, 2 2 — 1 c.c. de sérum normal 0,5 — 0,2 - en 4 jours, en 36 heures, en 2 heures. 300 270 280 2 — 2 — 2 — 0,5 c. c. de sérum 803 . . 0,2 - 0,1 - en 48 heures, en 36 heures, en 3 jours. Expérience sur lapins. - Lïudice hémolytique de la toxine staphylococ- cique est 90; les sérums sont les mêmes (pie dans l’expérience précédente. Lapins Reçoivent dans la veine Meurent 1.800 gr. 2.320 2.100 2.200 2.250 5 c.c. de toxine centrifugée. 10 — 10 — 10 — 10 — dans la nuit, en 5 minutes, en 7 minutes, en 45 minutes, en 21 h. 50. 2.300 2,500 2.200 10 c.c. toxine centrif., 0 c. c. 5 de sérum 803 10 — 1 c-c- 10 — 2 c-c* “ en 22 heures, en 9 jours, en 13 jours. 6H8 ANNALES DE L’INÿTIÏlIT PASTEUR Les résultats obtenus dans ces expériences sont d’autant plus significatifs que la toxine centrifugée de staphylocoque ren- erme encore un nombre considérable de germes et que, d’autre paît cm oculture faite à l’autopsie des animaux morts avec un grand retard à la suite d’injection intraveineuse de mélange (le toxine-sérum a toujours donné des résultats positifs (1). J J M > ★ * •¥■ Les faits que nous venons d’exposer démontrent nettement que les hemolysines bactériennes, loin d’être inoffensives, con- tribuent a 1 intoxication générale de l’organisme au cours de infection microbienne. La part qui revient à chaque bémol y- sme dans cette intoxication dépend non seulement de l’inten- i c son pouvoir globulicide , mais aussi de la proportion dans laquelle elle se trouve mélangée à la partie non hémoly- tique, dans une dose mortelle de toxine totale. Cotte piopoition est très variable non seulement pour les dif- ferentès espèces microbiennes, mais encore pour les différentes souches d une même espèce. Elle n'est même pas constante pour une souche donnée. 1 Ainsi «ne souche du II. perfringens très hémolytique peut exceptionnellement , ne pas former d’hémolysine et produire chez le cobaye un œdème blanc. D’autre part, nous avons des souches de B. perfringens ayant causé chez l’homme une gan- gi ene gazeuse toxique à œdème bJanc et qui, une fois isolées de qiœTSr™ S°nt m°nlréeS 'rès hémolytiques aussi bien in vivo ,,.DtU hht qu’une hémolysine joue un rôle prédominant dans in oxicd ion generale de 1 organisme causée par une toxine mi- u chienne, il ne faudrait pas conclure que la partie non hémoly- ique t e cette toxine soit complètement inactive. Ainsi la toxine du b. perfringens, débarrassée de son hémolysine, ne tue plus les cobayes du même poids que le témoin (400 grammes), mais -vons la filtration d’une culture de stanhvlom me '^1 llnb loxine obtenue par dantdix minutes. Cela explfque ^ pouraunT1 •hZ™ îl?(blement centrifugée pen- des lapins injectés avec la loxme f X i” f 7 PnUiquéeà l’autopsie expériences, des résultats posit fs Jd°“"é’ dans deux autre» de nos ROLE DES HÉMOLÏSINES DANS L’INTOXICATION MICROBIENNE 699 elle reste encore assez active pour tuer un cobaye de 200 à 250 grammes. Les résultats de nos expériences avec la toxine du Vibrion sep- tique ne signifient nullement que l’hémolysine ne joue aucun rôle dans Fintoxication causée par ce microbe. Ils prouvent seulement que, dans les conditions spéciales où nous nous sommes placés — et qui correspondent à la septicémie et à Fintoxication suraiguë dans les cas d’infection naturelle — la partie non hémolytique de la toxine est assez active pour amener à elle seule la mort foudroyante de l’animal. Il ne faut pas perdre de vue la rapidité extrême avec laquelle l’hémolysine se fixe sur les globules rouges ; elle explique pourquoi il est si urgent de recourir à une injection intravei- neuse de sérum dans le cas d’une infection causée par un microbe hémolytique. Elle explique aussi pourquoi un sérum thérapeutique préparé contre une espèce microbienne hémoly- tique, comme B. perfringens , staphylocoque, streptocoque, pneumocoque, etc., doit posséder à un haut degré un pouvoir antihémolytique. Cette dernière nécessité est encore soulignée par les expé- riences dans lesquelles nous avons réussi à neutraliser la toxine de différentes espèces microbiennes par le sérum normal de cheval et par ce fait, enfin, que ce pouvoir neutralisant du sérum normal est assez exactement proportionnel à son pouvoir antihémolytique. L’étude du pouvoir antihémolytique du sérum de cheval vis- à-vis d’une hémolysinej donnée d’origine bactérienne permet d’expliquer certains succès thérapeutiques obtenus avec le sérum normal. Comme ce pouvoir antihémolytique est très variable suivant les échantillons de sérum, on s explique com- ment, en utilisant un mélange de plusieurs sérums, on aug- mente les chances de ces succès thérapeutiques. Ainsi, pour notre part, nous n’avons jamais observé d’infections secondaires à staphylocoques dans les plaies traitées par le sérum mixte antigangreneux, dans lequel il n’entre pas, cependant, de sérum antistaphylococcique . L’étude du pouvoir antihémolytique du sérum normal de cheval donne également la clef de la fréquence des affections a streptocoques observées dans les mêmes conditions. Besredka 700 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR auul déjà signalé le pouvoir anlihémolytique très faible du sérum normal de cheval vis-à-vis de la streptococolysine; nous 1 avons trouvé pour notre part, nul chez 150 chevaux nenTs seuls îlPart’ de '°US 168 serums P,éParés à l’Institut Pasteur, - L serums antigangreneux, antipneumococcique et anti- ]vtiai](£0C0sfClq.U7e 86 ,SOnt montrés lrès légèrement antihémo- étudT'fi t"' éCJrtill0DS de Sé'-Um antistreptococcique etud.es, 6 (serums 732, 73i, 735, 730, 771 et 788) «e sont rr;rrnt fanühém°!ytiques (indice “tihéiolytique , . ’ LS autres ont été complètement dépourvus de d u pouvcur antihémolytique. Il est possible que ces variations de Pouvoir anlihémolytique, suivant les échantillons étudiés mePnt sérotheeS contl'adictoires signalés dans le traite- obtenu dernrP,qUei J” 'n'eCtionS à streptocoques. Le succès traitée " dans ,rois de septicémie puerpérale , - ’ LPre:5 nos conseils, par du sérum antigangreneux Wlons0 le" î Sé'fU T a,ltlS,r"Pl0C0Cci,ll)" ‘■'"-'Si parmi les échan- t i Mémoire publié à l'occasion du Jubilé de E. Metchnikoff (1). SUR LE DOSAGE • i . / DU TRYPTOPHANE DANS LES MATIÈRES PROTÉIQUES • .... i f par Pierre THOMAS. Le tryptophane ou acide indol-3-aminopropionique fait partie de la molécule d’un grand nombre de substances protéiques, auxquelles il communique un caractère particulier, à savoir la propriété de fournir de l’indol sous l’action des bactéries de la putréfaction. La fibrine, la caséine, les albumines de l’œuf, du sérum et du lait, en particulier, se distinguent par leur teneur relativement élevée en tryptophane. Dans la digestion des albuminoïdes, une partie du tryptophane est utilisée par l’organisme, le reste fournissant vraisemblable- ment la majeure partie de l iiidol qui est ensuite excrété. Rien qu’il n’y ait pas de rapport défini entre la quantité d’indol formé dans l’organisme et la teneur en tryptophane des aliments, il existe cependant une relation assez étroite entre ces quantités. Le dosage du tryptophane dans les matières azotées faisant partie du régime alimentaire est donc nécessaire si on veut comprendre les variations de la quantité d indol éliminée, en supposant — ce qui est légitime — que l’intestin n est jamais dépourvu des espèces microbiennes capables d amenei sa foi- mation aux dépens du tryptophane. En examinant les travaux publiés sur le dosage du trypto- phane, on se trouve amené à classer les méthodes en plusieurs groupes. Les unes reposent sur l’isolement direct du produit, Tes autres sur sa transformation par les bactéries en indol que l'on peut doser, d’autres enfin sur l’obtention de diverses réac- tions colorées dont on apprécie l’intensité ou qui servent de i * * (1 Ce mémoire a été remis au Comité en mai 1M^. 702 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR limites de titrage. Nous examinerons rapidement ces divers procédés. 1° Méthode par isolement en nature. — Elle a été employée par Hopkins et Cole (1) qui ont utilisé la digestion trypsique pour détacher le tryptophane de la molécule protéique, puis 1 ont séparé par précipitation au moyen du sulfate mercurique en milieu acidifié par l’acide sulfurique. Après lavage du pré- cipité, on le décompose au moyen de l’hydrogène sulfuré, puis on recommence encore une fois ce traitement. La solution obtenue est concentrée jusqu’à cristallisation; finalement, on seche et on peut peser. Hopkins et Cole ont ainsi retiré directe- ment de la caséine 1,5 p. 100 de son poids de tryptophane. Ce résultat, que les auteurs indiquent comme un minimum en raison des pertes inévitables, est à retenir. Cette méthode est celle qui donne les résultats les plus cer- tains ; elle exige naturellement une quantité importante de matière protéique, ce qui la rend inapplicable dans beaucoup de cas. 2" Méthode par transformation en indol et dosage de ce corps. — On a songé à décomposer le tryptophane et à doser l’indol produit. Ainsi, W. von Moraczewski (2) provoque la putréfaction de divers albuminoïdes, après les avoir soumis à la digestion pepsique et trypsique. L’indol lormé est séparé par distillation et dosé. Mais les chillres obtenus montrent que le calcul du tryptophane, basé sur ces dosages d’indol, ne peut donner aucun résultat constant. 3 Méthode de titrage basée sur l emploi d’une réaction colo- rée. — Le tryptophane en solution pas trop étendue donne avec 1 eau de brome une coloration rouge violacé. Cette réac- tion a été d’abord utilisée par Levene et Rouiller (3), en 1907, pour le dosage volumétrique, au moyen d’une solution titrée d’eau de brome. La fin du titrage était indiquée par le virage de la coloration du rouge violet au jaune, ce qui correspond à la transformation du mélange de tryptophane monohromé et dibromé en combinaison dibromée. On peut reprocher à ce dosage son manque de précision. (1) F. G. Hopkins et S. Cole. Journ. of PhysioL , 1901, 27. p. 418 (2) \\. von Moraczewski. Bloch. Zeilsch ., 1913, 51. p. 340. (3) P. Levene et C. Rouiller. Journ. of. Biol. Chem., 1907, 2, p. 481. DOSAGE DU TRYPTOPHANE DANS LES MATIÈRES PROTÉIQUES 703 D’autre part, il n’est applicable que dans des solutions ne conle- nant, à côté du tryptophane, aucun corps susceptible d’absorber le brome. 4° Méthodes colorimétriques. — Fasal (1) a indiqué en 1912 un procédé basé sur l’action de l’acide sulfurique en présence de l’acide glyoxylique (réaction de Hopkins). Il se fait une colo- ration violette, que l’auteur compare, au colorimèlre, avec une gamme colorée obtenue au moyen d’une solulion titrée de tryp- tophane pur. Plus récemment, Herzfeld (2) a publié une méthode qui repose sur l’emploi du ^-diméthylaminobenzaldéhyde en pré- sence d’acide chlorhydrique. La coloration bleue qui apparaît progressivement est comparée, au colorimètre ou au spectro- photomèlre, à celle que fournit une solution titrée de trypto- phane pur, comme dans la méthode de Fasal. Ces procédés sont d’une application commode et présentent l’avantage d’exiger seulement de petites quantités de substance. Leur précision laisse toujours à désirer, mais elle est au moins de même ordre que celle des méthodes d’isolement qui per- mettent actuellement de doser les acides aminés. J’ai donc repris l’étude du procédé indiqué par Fasal. Cet auteur prend 0 gr. 1 environ de substance, desséchée jusqu’à poids constant, y ajoute 2 cent, cubes de solution d’acide glyoxy- lique (obtenue par réduction d’une solution satinée d’acide oxalique avec l’amalgame de sodium) puis 6 cent, cubes d’acide sulfurique concentré ; après avoir mélangé, il compare au colo- rimètre Dnbosq avec le type de la gamme colorimétrique qui paraît le plus voisin de la teinte obtenue. Fasal, voulant contrôler sa méthode, détermine la teneur en tryptophane de la caséine ; il trouve le chiffre de 0,65 p. 100. Comme dans une préparation faite par Abderhalden et Kempe(3), ces auteurs avaient obtenu avec la caséine 0,53 p. 100 de tryp- tophane, Fasal considère l’accord comme satisfaisant, sa méthode colorimétrique excluant, dit-il, les pertes. En fait, en répétant le dosage selon Fasal avec de la caséine desséchée, en poudre, j’ai obtenu le chiffre de 0,6 p. 100. Il (1) IL Fasal. Bioch. Zeitsch ., 1912, 44, p. 392. (2) E. IIerzfeld. Bioch. Zeitsch., 1913, 56, p. 258. (3) E. Abderhalden et Kempe. Zeitsch. physiol. C hernie, 1907,52, p. 208. 704 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR semble donc qu’il y a concordance. Malheureusement, on observe qu après quelques heures de repos le mélange coloré en violet laisse surnager des grains très fins fortement colorés. G est qu’une partie de la caséine ne s’est pas dissoute dans l’acide, accident presque inévitable avec la plupart des sub- stances protéiques lorsqu’elles ont été séchées à l’étuve. J’ai alors pris de la caséine du même échantillon, que j’ai finement pulvérisée au mortier d’agate, tamisée au tamis de soie finr puis séchée jusqu’à poids constant. Une détermination faite sur celte poudre m’a donné la valeur de 1,78 p. 100, la totalité du produit passant en dissolution dans l’acide sulfurique. Ce chiffre peut être considéré comme en parfait accord avec celui de Hopkins et Gole, qui est d’ailleurs indiqué par Abder- lialden lui-même dans ses ouvrages (1). En travaillant avec la méthode de Fasal, on peut donc arriver à des résultats satis- faisants, si on prend la précaution de pulvériser la substance assez finement pour qu’elle passe entièrement en dissolution dans 1 acide ; cet auteur paraît avoir négligé cette précaution et par suite tous les résultats publiés par lui semblent bien douteux. Cette méthode présente pourtant un très grave incon- vénient : c’est de donner des colorations très variables, allant du bleu au rouge-violet par toutes les teintes du violet. La comparaison au colorimètre avec la teinte bleue donnée par le tryptophane pur devient dès lors difficile, souvent impossible.. Lorsqu’il s’agit de matières protéiques très riches en groupe- ments hydrocarbonés, la couleur est toujours rabattue par une proportion variable de brun et la comparaison est impossible. La méthode de llerzfeld parait devoir éviter les inconvé- nients de la précédente. En effet, le tryptophane, préalablement libeie de la molécule par la digestion trypsique, est mis en évidence au moyen de réactifs moins violents, et les colora- tions obtenues semblent être en rapport plus direct avec sa teneur dans la molécule protéique. llerzfeld prend 1 gramme de matière protéique séchée, qu’il dissout dans 500 cent, cubes d’une solution de carbonate de sodium à 0,5 p. 100, ajoute 0 gr. 5 de pancréatine et laisse digérer vingt-quatre heures à 1 étuve, en présence de chloro- (0 E. Abderhalden. Lehrbuch d. physiol. C hernie , 1914, 3e édit., p. 400. DOSAGE DU TRYPTOPHANE DANS LES MATIÈRES PROTÉIQUES 703 forme et de toluène. Après ce temps, il mesure exactement 50 cent, cubes du liquide refroidi et filtré, y ajoute 10 cent, cubes de réactif au /9-diméthylaminobenzaldéhyde (1), puis 40 cent, cubes d'acide chlorhydrique concentré, et laisse trente heures à la température ordinaire. Le liquide bleu est alors comparé, au colorimètre ou au spectrophotomètre, avec celui qui est fourni par une solution titrée de tryptophane. Bien entendu, le tryptophane contenu dans la pancréatine est déter- miné par une expérience de contrôle et il en est tenu compte dans le calcul du résultat. Dans quatre déterminations faites avec la caséine, Alerzfeld trouve 0,52; 0,53; 0,51; 0,50; moyenne : 0,515 p. 100. En opérant par sa méthode, j’ai trouvé de 1,3 à 1 ,4 p. 100. Quelles peuvent être les raisons de cette divergence? Il y en a plu- sieurs. D’abord, ici encore, la finesse de la poudre a son impor- tance, car la dissolution dans le carbonate de sodium étendu peut n’être pas complète. Des poudres fines de caséine m ont donné 1,60 et 1,63 au lieu de la teneur indiquée plus haut. Avec certaines substances, la finesse de la poudre ne suffit pas toujours, et il faut avoir recours à un autre moyen, comme nous le verrons plus loin. D’autre part, la durée de la digestion employée par llerz- fekl, vingt-quatre heures, est insuffisante pour détacher la totalité du tryptophane fixé dans la molécule. Hopkins et Lole indiquent de laisser la digestion jusqu’à ce que la réaction a l’eau de brome soit maximum, ce qui peut atteindre jusqu a sept jours. On sait d’ailleurs que la quantité libérée augmente nettement dans les premiers jours de la digestion. Enfin, Herzfeld paraît négliger complètement l’action dé jà lumière sur le développement de la réaction colorée qo utilise. J’ai observé qu’un mélange laissé à 1 obscurité se coloie beaucoup plus lentement qu un autre mélange identique p a en pleine lumière. Sur une table, dans un laboratoire, c es c i rences d’éclairement produisent des différences d intensité i ans (1) Ce réactif a la composition suivante : /^-diméthylaminobenzaldéhyde. . . • Acide chlorhydrique concentré . . • • Eau 20 grammes. 500 cent, cubes. 500 cent, cubes. 706 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ,a c°uleur 1 es échantillons placés côte à côte. De plus la durée t e ti-enle heures qu’il indique est plutôt insuffisante; j’ai obtenu après quarante-huit et même soixante heures des i esultats plus comparables. J’ajouterai qu’il n’y a aucun intérêt, au point de vue de la précision, a remplacer le colorimètre par le spectrophotomètre • ccs deux instruments se complètent plutôt. Le colorimètre i onne , e 1res bons résultats pour comparer les teintes bleues aiJ° I11 m,°yenne intensité, dans lesquelles une légère différence de coloration ne gêne pas la comparaison, et dont le pouvoir absorbant est trop petit, sous faible épaisseur, pour perme re utilement l’emploi du spectrophotomètre. Inverse- ’,C!- '"“'T mstrument convient très bien pour comparer des solutions intensément colorées, avec lesquelles l’emploi du colorimètre n est pas recommandable (1). ★ * * J ai, en tenant compte de ces faits, employé le mode opéra- ° su*vant. La substance protéique desséchée est pulvérisée finement et tamisée à travers un tissu de soie serrée pu la poudre est séchée à l’étuve jusqu’à poids constant. On pèse exactement un poids voisin de 0 gr. 40 de produit et oï le (issout en broyant au mortier, par petites portions, dans une nsurà 2eo5ace°rte t ^ & °’5 *>’ 100’ On complète ensuite a 200 cent, cubes avec cette solution. Certaines sub- s ances ne se ( issolvent pas complètement dans ces conditions Jn prend alors une certaine quantité de préparation à l’état .™,de, c„g„lée p„ la chaleur, .«i,Ppr«ipi.(, à l„éî t on 1 essore avec soin. On prélève deux portions de même LhelwTl1 * 8™mme,S’ de la masse ''crnicle, et on des- ' Lluve jusqu à poids constant, tandis que l’autre ztzz, r ? ceni; d* >* LaToh! m“'nSI POidS de matière sèche solution, de naner , de 0 gr- <0 d’une préparation active P i< al me, puis de 5 cent, cubes de chloroforme et de cent, cubes de toluène, est placée à l’étuve à 37» et aban- conitL7t par Beaudoin, If, me'üfo^ de Cb- «OS DOSAGE DU TRYPTOPHANE DANS LES MATIÈRES PROTÉIQUES "01 donnée à cette température. On prélève après chaque période de vingt-quatre heures un volume déterminé de liquide, que l’on essaie à l’eau de brome après neutralisation. Quand la coloration ne paraît plus augmenter d intensité (cinq a sept jours), on prélève avec une pipelte une certaine quantité de liquide que l’on filtre, et on mesure 50 cent, cubes de filtrat, auquel on ajoute 10 cent, cubes de réactif au p-dimélhylamino- benzaldéhyde, préparé comme plus haut, puis assez d acide chlorhydrique concentré et pur pour amener le volume a 100 cent, cubes. On mélange et on laisse à la lumière, en disposant à côté, soumis au même éclairement, un ballon sem- blable, dans lequel on a mis, avec le réactif et l’acide chlorhy- drique, 50 cent, cubes d’une solution de tryptophane pur ( 1) < e richesse connue (0,004 à 0,010 p. 100). Après quarante à qua- rante-huit heures, on compare les teintes au colorimetre, on fait de nouveau cette comparaison après cinquante-deux a soixante heures, et on calcule la richesse en tryptophane. \ oici un exemple de détermination : On a digéré un poids de caséine correspondant à 0 gr. 45 de produit sec, dissous dans 200 cent, cubes de solution, avec 0 gr. 10 de trypsine. La réaction est faite sur oO cent, eu s de liquide, amenés à 100 cent, cubes. Une épaisseur de 0,95 e ce liquide correspond au colorimèlre à une épaisseur t e , du liquide obtenu avec 10 cent, cubes de solution de trypto- phane à 0,02 p. 100, amenés à 100 cent, cubes. La solution de tryptophane contient : 0,02 X 10 __ q qq2 p 100 deT. 100 La solution de caséine contient . 0,002 X l 0,95 — 0 0021 p. 100 de T. La totalité de la digestion de caséine contient : 0,0021 X -00 __ o,0084 p. 100 de T. ,1) Le tryptophane qui a servi à ces comparaisons provenait de la maison Hoffmann La Hoche, 21, place des a: Q „ ' 2o p. 100, que l'on dilue Il est commode d’en préparer une solution a 0 &r. P- 4 plus ou moins au moment de l’expenence. 708 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUH La trypsine employée contenait, d’après la détermination préalable, 0,70 p. 100 de tryptophane, soit 0,0007 pour 0 gr. 10 quantité utilisée. Il reste donc 0,0084 — 0.0007 — 0,0077 T pour 0 gr. 45 de caséine, ce qui tait : P 0,0077 X 100 0 , 45 1 j 71 p. 100 de caséine. CONCLUSIONS , f ' °sagf ' e ,ryptopbane est une opération simple et conduit a des résultats concordants si on suit exactement le mode opératoire indiqué. Pour les substances qui résistent à la diges- ion ou relu sent de se dissoudre complètement, on pourra se rouver bien du procédé de Fasal, mais à condition de partir d un produit très finement pulvérisé et si ce produit ne renferme pas une proportion trop élevée de restes hydrocarbonés. entaT? et18! oCne"',aoe ,!a CaSéiDe 6n “rPtophane, variable tre 1,7 et 1,8 p. 100 d après les deux méthodes, elle con- corde suifisamment avec les résultats de Hopkins et Cole pour pouvoir être admise. P ÉTUDES SUR LA PRÉCIPITATION MUTUELLE DES ANTICORPS ET DES ANTIGÈNES (troisième mémoire) SÉRUMS ANÏICELLULAIRES — VALEUR PRATIQUE DE LA RÉACTION PRÉCIPITANTE par M« NICOLLE et E. GÉSAIÜ. Sérums anticellulaires. Les sérums, obtenus en immunisant les chevaux ou les lapins contre les bactéries (ou, mieux, les cellules) les plus diverses, précipitent constamment les extraits correspondants. Ces extraits peuvent être préparés de plusieurs laçons : macération en eau physiologique de germes tués par l’alcool-éther (et desséchés), suivie de filtration — dissolution, dans l’eau distillée, de filtrats microbiens précipités par lesulfatede soude anhydre — macération, en eau distillée, de germes broyés avec le sulfate de soufre anhydre (et desséchés), suivie de filtration — liquide de laquage des hématies (hémolyse par l’eau distillée) isotonise et filtré, etc... Dans tous les cas, soit par mélange, soit pai superposition (avec ou sans gélatine, ajoutée au liquide « infé rieur »), l’interréaction du sérum et de l’extrait se manifeste sous la forme d’un précipité nettement visible. Citons, comme objets d’étude : les sérums antipneumococ- ciques équins (types 1,2, 3 et 4); les sérums antiméningococci- ques équins (A, B et C); le sérum antigonococcique equm ; les sérums antityphique et antiparatyphiques (A et Bi équins; les sérums antistreptococciques équins; les sérums anti-Shiga e anti-Flexner équins; le sérum antituberculeux équin de Valiee , le sérum d’un cheval traité par la levure de bière; les sérums 710 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR ' e lapins qui avaient reçu : des vibrions cholériques, du pneu- mobacille, de la bactéridie asporogène, du micrococcus meli- ensts, du staphylocoque, du bacille de la morve, de la levure truites * CS hematleS ^°U du sérum) de mouton> etc... Dans oi es n°s expenences, les sérums normaux demeuraient, bien entendu, inefficaces. La « communauté dantigènes » entre des microbes (ou maint,’ ^ d eshèce différente, signalée par nous à réaction rf?ÎTï ?°mmUnau,é ^ l’agglutination et surtout la réaction de Bordet-Gengou révèlent avec évidence, se retrouve «SntTvxV T U antipneUm°C0CCi ''eagissent avec les 1 olo0ues, par une précipitation mutuelle ainsi que nous avons établi. Le phénomène de la précipitation tbZT , 0“C’ thé0ryuement’ la Plus haute valeur diagnos- q . ta iquement, la coexistence fréquente des trois sortes isrssr • &-* « >■»»•" t " d“ *»*» d’anticorpsdans le. orrespondants rendra souvent les recherches qualitatives et déceler ’s^ oiT difflciles’ voire impossibles. Si l’on veut ce u soit un antigene, soit un anticorps, il faut nécessaire ent que le premier domine dans l’extrait, le filtrat ou l’humeur étudiés et le second dans le sérum homologue. Il st nonTom indispensable que les éléments réagissants" se irolZVZZ PRÉCIPITATION MUTUELLE DES ANTICORPS ET DES ANTIGÈNES 711 centration suffisante, car l’effet précipitant a ses limites, que les réactions « parasites » ne permettront jamais de reculer indéfiniment. Laissant de côté ce qui concerne les enzymes et antienzymes, dont la connaissance est encore peu avancée, nous allons examiner, d'une part, le cas des toxines et des antigènes indif- férents et, d’antre part, celui des anticorps, que tous les deux peuvent engendrer chez les sujets malades ou immunisés. On envisagera donc, successivement, la recherche des antigènes (par les anticorps) et celle des anticorps (par les antigènes). Recherche des antigènes. Toxiises. — Comment mettre les toxines en évidence dans les filtrats et extraits microbiens? Dans les filtrats , il est aisé de les déceler et de les titrer , si l’on s’adresse à des liquides très actifs, tels les bouillons de culture diphtérique ou tétanique, débarrassés de leurs germes. Ces bouillons représentent, prati- quement, des solutions de poison pur et les sérums employés pour les étudier sont à la fois très efficaces et avant tout anti- toxiques. La recherche et le titrage n’offrent alors aucune diffi- culté (voir notre second mémoire). Avec les extraits , on ren- contre des obstacles insurmontables. Prenons, comme exemple, la toxine du bacille de Shiga, renfermée dans les extraits au sulfate de soude (1) et le sérum obtenu en injectant ces extraits. Les liquides qui servent à la recherche contiennent un excès énorme de substance microbienne et les sérums "ti ises un excès non moins énorme d’anticorps dirigés contre cel e substance; toxine et antitoxine sont donc noyées au seul d’autres éléments réagissants, qui « gouvernent » la formation des précipités obtenus. Il faudrait opérer avec des filtrats très toxiques de cultures jeunes et les sérums engendiés pai ceux ci (voir plus loin). — Nous n’avons pas rencontré les poisons dip i- térique et tétanique dans les sérums thérapeutiques correspon- dants; ils circulent, chez les animaux, quelque temps aptes (1) M. Nicolle, F-. Debains et G. Loiseao. Ccs Annales, août 191b. 712 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR chaque injection de toxine, comme on l a observé jadis et la réaction précipitante les mettrait sans doute en évidence à ce moment. Antigènes « indifférents » (ou antigènes de constitution). — Nous avons montré, précédemment, que leur recherche dans les extraits ou filtrats microbiens peut représenter une excel- lente méthode d’identification des germes. Chacun connaît 1 identification des humeurs par la précipitation. La recherche et le titrage des sérums étrangers, chez les sujets qui les ont îeçus, n otlrent aucune d if fieu lté (voir notre premier mémoire). La mise en évidence des antigènes microbiens, au cours des maladies infectieuses, dépend de la quantité circulante et, conséquemment, de 1 âge et de 1 intensité de l’infection. Nous avons décelé, dans le sérum de certains malades, les antigènes pneumococciques et méningococciques, mais nos études, n’ayant porté que sur peu de cas, n offrent point de valeur statistique. Memes réflexions pour la recherche des antigènes microbiens chez les animaux immunisés. Recherche des anticorps. Antitoxines. Inutile de souligner à nouveau les avantages de l’essai in vitro , appliqué aux sérums antidiphtérique et anti- tétanique. Le titrage de l’antitoxine dysentérique (dirigée contre le poison du bacille de Shiga) comporte les difficultés indiquées plus haut, quand on opère avec les extraits bacillaires et le sérum correspondant. Les résultats sont moins incohérents, si 1 on substitue aux extraits les filtrats de cultures jeunes et nos expériences indiquent nettement que ces filtrats permettraient de titrer sans difficulté des sérums engendrés par eux. Malheu- reusement, il est bien plus ardu d’obtenir, d’une façon régu- >ere, des produits actifs en s’adressant aux cultures liquides qu en utilisant les extraits microbiens et ces derniers consti- tuent la meilleure source de toxine en matière d’immunisation. Anticorps des antigènes « indifférents » (Précipitines des auteurs). — Le sérum des pneumoniques, celui des individus PRÉCIPITATION MUTUELLE DES ANTICORPS ET DES ANTIGÈNES 713 atteints de fièvres typhoïde ou paratyphoïde (B) peut renfermer des précipitines, comme nous l’avons noté plusieurs fois. Il serait intéressant de comparer systématiquement, dans les maladies infectieuses, les résultats de la précipitation et ceux de l'agglutination, les deux méthodes ayant chacune leurs avan- tages respectifs. Rappelons que l’on peut déceler et titrer aisé- ment l’anticorps spécifique, chez les sujets atteints de 1 affection sérique (voir notre premier mémoire). Quant au sérum des animaux immunisés avec les cellules les plus diverses (microbes, notamment), il renferme toujours, à un moment donné, la précipitine homologue. L’activité de celle-ci mesure exactement la « force » du sérum. On en conclura sans doute qu’elle peut mesurer, ipso facto , le pouvoir bactériolytique (le pouvoir curai if, médicalement parlant). Pas le moins du monde et voici pourquoi : Nous avons établi ailleurs (1) qu’au cours de l’immunisation les anticorps croissent de façon continue et que leur dévelop- pement se Iraduit par un effet coagulant de plus en plus mar- qué *. les sérums apparaîtront donc de plus en puis aggluti- nants ou précipitanls in vitro et antitoxiques in vivo. Mais la puissance bactériolytique (ou faculté de permettre 1 action des compléments) offre, avons-nous montré, un maximum, passé lequel elle demeure pratiquement stationnaire, puis décline. Ajoutons que ce pouvoir bactériolytique « devance » le pouvoir précipitant, c'est-à-dire qu 'actuellement les méthodes suscep- tibles de déceler le second restent moins sensibles que celles qui nous font connaître le premier. Il en résulte qu au début de l’immunisation l’absence de pouvoir précipitant ne permet pas de distinguer les bons et les mauvais sérums et que, plus tard, un sérum qui précipite peut être encore excellent, comme il peut commencer à fléchir. Dans l’état présent de la question, il convient donc de se méfier des sérums qui précipitent très énergiquement, mais cette méfiance légitime ne saurait rem- placer le titrage in vivo. Par conséquent , la réaction précipitante permet d identifier et de titrer les antigènes et les anticorps, lorsque la concentia- (1) M. Nicolle et E. Césari . C. R. de la Soc. de Biol., 17 avril 1920. m r. 14 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tion de ceux-ci atteint un degré suffisant 4 1 ? , sorle d’antigène m l’o i b J *ant 1 Iors(ïu llne seule SYNTHÈSES DE L’ACIDE CYANIQUE PAR OXYDATION DES SUBSTANCES ORGANIQUES NOUVELLES MÉTHODES D’ANALYSE DE CE CORPS par H. FOSSE. PARTIE THÉORIQUE CHAPITRE I Par de nouvelles méthodes d’analyse, basées sur la précipi- tation de l’urée par le xanthydrol, sous forme d un composé cristallisé spécifique, l’urée dixanthylée (1) . ,C6IF cG n\ O / >CH - Nil - CO - NH - CH< >0, nous avons acquis et démontré un ensemble de notions nou- velles, chimiques et biologiques, qui peuvent être résumées ou interprétées ainsi qu'il suit : A. L’urée existe à tous les degrés d’organisation de la matière vivante. Sa présence chez les invertébrés, signalée d abord par plu- sieurs auteurs, puis mise eu cloute ou considérée par d’autres comme vraisemblable jusqu a un certain point (2), devient tan- gible si on traite par le xanthydrol le suc cellulaire des animaux inférieurs qui suivent : Mollusques : escargot, anodonte, moule, huître, Insectes : ver à soie, fourmi, mouche , (1) Fosse (R.). C. fl. Acad, des Sciences, 1907, 145, p. «H.; Ce» Annales, 1916. ^fSe (R.). C, fi. Acad, des Sciences, 1913, 157, p. 151 ; Ces Annales, 1916, 30, p. 673. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Crustacés : écrevisse, langouste, crevette; Vers : sangsue; Echinodermes ! etoile de mer; Cœlentérés : actinie. Végétaux. L’urée découverte chez les champignons [Bamberger et andsield, Gaze Goris et Mascréj (t) fut, plus tard, isolée par nous dans nombre de plantes alimentaires : endive épinard potiron, melon, chou-fleur, navet, carotte, pomme dé , ZTm d. m erMt De nombreuses investigations nous ont toujours conduit à Xélaux -Terre686 iT da"S '** mUieux où vivent les prélevé déns les forêt"'6 °U n°n’ ‘eiTeaU d* f6UilleS 6t de bois’ . I! niest d°nc Pa; P°ssible de savoir, après ces expériences s.- la carbam.de, mcluse dans les champignons et lL vXétaux précités est créée par eux ou puisée dans le sol. e e o..Bine végétale, animale ou même minérale ? Rien ne permettait de le savoir. ' La germination de la graine des végétaux supérieurs et de blême” n’°lS1SSUreS D0US ;i donné la solution de ce pro- R- L'urée est un produit physiologique de la cellule végétale. s.-acx p . *i i 09 ; Giyltmî, T\ ,903’ 24' P- 218 et 1905 1 008, 147, p. .488. V ' 78’ Gob[s et C. R. Acad, des Sciences', (3) Fosse (R.'j. c. B ACcaadd dZs1mCeS’ 1912, 155' 851 ' ■ Acad, des Sciences, .9.3, 156, p. 567 et 263. SYNTHESE DE L'ACIDE CYANIQCE 717 Plantule et plante adulte , cultivées aseptiquement sur milieu nutritif Mazé : maïs. Graine à F état de repos : blé, maïs, pois. Moisissure ensemencée spontanément sur milieu Raulin : Aspergillus niger. Moisissures cultivées aseptiquement sur milieu Raulin : Péni- cillium glaucum , Aspergillus niger. Pour établir que la formation de l’urée est bien un phéno- mène commun aux végétaux et aux animaux, des précautions particulières nouvelles ont été prises dans l’emploi de la tech- nique d’analyse. La méthode que nous avions suivie jusque-là comportait la distillation au bain-marie, sous pression réduite, du suc d’expression des plantes, broyées avec de l’acide acétique. Le danger de scinder les protéiques en urée , en vertu d’une réaction que nous avons décrite (1) (hydrolyse alcaline des albuminoïdes), était rigoureusement exclu, grâce à la nature acide du liquide soumis à la chaleur. Mais, même dans ces circonstances, d’autres principes connus ou encore inconnus n’étaient-ils pas capables d’engendrer des traces de carbamide? Si peu vraisemblable que puisse paraître une telle hypothèse, nous avons tenu à l’écarter, en retranchant du mode opératoire des précédentes expériences le chaulTage, même à la tempéra- ture peu élevée nécessaire pour la distillation sous pression réduite des sucs végétaux. Le xanthydrol nous a permis de précipiter F urée directement à partir des sucs ou des macéra/ions acétifiés, n ayant pas subi Faction de la chaleur , non concentrés et refroidis (2), apparte- nant aux plantes qui suivent : Moisissures. Aspergillus niger | Pénicillium glaucum. Végétaux supérieurs adultes. Carotte, Endive, Haricot vert, Laitue vireuse, Epinard, Pourpier, Pomme de terre, Chicorée, Petit pois, Potiron, Navet. (1) Fosse (R.). C. R. Acacl. des Sciences , 1912, 154, p. 1819. (2) Fosse (R.). C. R . Acad, des Sciences , 1913, 156, p. 1938. 48 718 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Maïs. Graine a l’état de repos. \ Maïs, Blé, Seigle, Soleil de Russie, Fève des marais, Fève naine, Féverole, Plantules. Tréfilé, Luzerne, Lentille, Haricot, Gesse, Gazon, Potiron. G. — L'urée est un produit d'excrétion des végétaux comme des animaux. / Ce qui précède rattache par un nouveau lien les végétaux aux animaux et contribue à établir 1 unité vitale des deux règnes Ce qui suit semble, au contraire, détruire cette harmonie et opposer, 1 une à 1 autre, les deux grandes classes d’êtres vivants. Rejetée comme excrément par l’animal, l’urée est, au contraire, acceptée comme aliment par le végétal. On sait, en effet, que les plantes peuvent se développer normalement lorsqu’elles ont reçu de l’azote exclusivement sous cette forme (G. Ville, 1862; Lutz, 1901; Czapeck, Mazé, P. Thomas) (1). Dautie paît, lorsque la plantule édifie ses tissus, l’urée apparaît en meme temps que des matériaux de construction des protéiques, l’asparagine et d’autres acides aminés. Faut-il en conclure que la molécule intacte de ce produit d'excrétion des animaux joue un rôle dans la synthèse de l’albu- mine des végétaux? L’amide du plus simple des acides aminés peut-il faire partie intégrante des protéiques de la plante au même titre que les auti es aminoacides homologues supérieurs? En d’autres termes, l’urée est-elle directement assimilable par la plante? Assurément non. Le rôle et l’utilité de l'uréase dans les plantes, insoupçonnés avant nos recherches, parce que l’on ignorait la formation de l urée par leurs cellules, consiste précisément à détruire ce corps non assimilable pour le transformer en deux aliments par excellence : 1 acide carbonique et l’ammoniaque. (1) P. Thomas. Ces Annales , 1919. SYNTHÈSE DH L'ACIDE CY A NIQUE 719 C’est pourquoi, comme nous l’avons constaté, le même végétal peut contenir simultanément urée et uréase, et être ainsi le siège des deux phénomènes inverses de formation et de destruc- tion de ces corps (1). La présence si fréquente de l’uréase chez les végétaux | Shi- bata, Takenchi, Kiesel, Zemplen, Falk, Li-Lu-Ling et Gran- dovinet, Kan Kato, Fosse] (2) démontre que l’urée est aussi impropre à la nutrition des plantes qu’à celle des animaux. Si ce ferment venait à faire défaut pendant la germination, on verrait le végétal excréter l’urée comme l’animal, et la graine subir des pertes d’azote. Cette conséquence, qui décou- lerait de l’absence d’uréase, serait contraire à l’expérience. D. — Les trois classes de matériaux carbonés des êtres vivants, protéiques, hydrates de carbone, graisses, pos- sèdent la faculté d’engendrer l’urée par oxydation et sont par conséquent susceptibles de participer au vaste phéno- mène de la formation de l’urée dans la nature. E. — Les protéiques et l'urée 1. — Formation de l’urèe par oxydation permanganique des protéiques. D’après Déchamp, Ritter, Hofmeister, Hugounenq, l’oxyda- tion de l’albumine conduit à l’urée. D’après Staedeler, Subbotin, Loew, Tappeiner, Lossen, l’urée ne se produit point dans ces conditions (3). La littérature chimique antérieure à nos recherches n’accor- dait aucun crédit à l’expérience de Béchamp. La plupart des traités ne la citaient même pas. D’autres estimaient que cette formalion de l’urée n’avait pas été réalisée, paraissait douteuse ou n’était pas suffisamment démontrée. La cause des résultats contradictoires, obtenus par les auteurs cilés, et de 1 opinion qui en était résultée dans les ouvrages, est due aux difficultés considérables que présentait l’extraction de petites quantités d’urée d’un mélange. (1) Fosse (R.). C. R. Acacl. des Sciences , 1914, 158, p. 1374. (2) Fosse (R.). Ces Annales , 1 9 1 G , 30, p. 750. (3) Fosse (R.). C. R. Acad, des Sciences , 1912, 154. p. 1187; Ces Annales , 30, p. 642 et suiv. 1916, 720 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Le xanthydrol nous a permis d'isoler, d'analyser ci d'identi- fier Purée produite par V oxydation permany unique des protéi- ques : ovalbumine, globuline, fibrine, caséine, gélatine, gluten. 2* — Formation directe de Vurèe par hydrolyse alcaline des albuminoïdes. Quoique l’urée ait ainsi pris naissance au sein d’un mélange oxydant, il n’est cependant pas permis d’en conclure que sa formation découle nécessairement d’un processus d oxydation. Puisque les matières protéiques sont des dérivés guanidiques de l’arginine, nous avons pensé qu’elles devaient être capables d’engendrer directement l’urée, sous l’influence des alcalis. L’expérience a vérifié cette prévision. Pour déterminer la for- mation de l’urée par hydrolyse des protéiques, il n’est point nécessaire, comme on l’avait toujours fait jusqu’ici, d’effectuer la série des opérations suivantes ; hydrolyse de l albumine par les acides minéraux; séparation de l’arginine des acides aminés et des bases hexoniques; hydrolyse de l’arginine par la baryte; isolement de l’urée du mélange. Ajoute-t-on de l’acide acétique et du xanthydrol à la solution alcaline d’un protéique, préalablement chauffée 20 minutes à 1 ébullition (1), on voit 1 urée se déposer, sous la forme de sa combinaison xanthylée. L’albumine produit donc indiscutablement l’urée sous l’in- fluence soit du permanganate de potasse, soit seulement de la potasse. L urée formée dans 1 action du permanganate sur î albumine, provient elle uniquement de l'hydrolyse du noyau guanidique? Découle-t-elle à la fois de celte origine et de l’oxydation de groupements non uréogènes ? 3. — Le processus pur et simple de l’oxydation permet de réaliser la synthèse de l’urée aux dépens des protéi- ques (2). Ce fait résulte nettement du dosage de l’urée formée par oxydation de protéiques, dont la teneur en arginine est connue. ■ (1) Fosse (R.). C. R. Acad, des Sciences , 1912, 154, p. 1819. (2) Fosse (R.j. Ces Annales, 1916, 30, p. 655. SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQCE 721 La fibrine et la caséine donnent par oxydation une quanti e d urée deux fois supérieure à celle qui correspond à 1 arginine, incluse dans leur molécule. Caséine . Fibrine . Urée totale par oxydation p. 100 3 gr. n 2 gr. 3 Arginine p. 100 4,84 3,0 Urée virtuelle p. 100 1 gr 1 er. 6G Urée par synthèse p.100 1 gr. 51 1 gr. 3 Avant d’entreprendre de nouvelles expériences sur les pio- téiques nous avons cherché, d’abord, si les autres matériaux carbonés de l’organisme ne seraient pas capables < e pt oc u artificiellement l'urée par oxydation. Y, — Les hydrates de carbone et l’urée. Dans un intéressant travail (1) Hofmeistér établit que l’uree prend naissance en oxydant, en présence de 1 ammoniaque, un certain nombre de substances organiques non azotees. savant en signale line vingtaine que l’oxydation ammomaca e ne peut transformer en urée. Parmi elles se trouvent . g cose, la glycérine, Y aldéhyde formique. Eppinger (2) consta.e que, par oxydation ammoniacale, la glycérine et l 'aldéhyde formique ne produisent pom ^ durée, tandis que le glucose peut en donner une 1res quantité. !. _ Synthèse de l’urée par oxydation du glucose et de V ammoniaque. Le glucose, l’ammoniaque et l’urée se trouvent piègent. dans tous les tissus. -nrines Entre le glucose , Y ammoniaque et uree ces 1 2 e qui se produisent incessamment dans 1 organisme, relation n’était connue avant nos travaux. Lorsqu’on erniu, I d. «!«»»“ - f""JX 9 grammes de MnO‘K, on obtient 7 grammes duree pou. (1) Hopmeister. Arch. fur erp. « Mam., «896, 37, p. «6. (2) Eppinger. Hofmeistcrs Beit 't'dje, L > > » P- 722 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 100 grammes de glucose, en suivant le mode opéraloire une nous avons décrit (1). M 2‘ ~~ Synthèses de l’urèe par oxydation des hydrates de carbone d’origine végétale ou de la formaldéhyde en presence d ammoniaque. La carbanude se produit constamment encore dans l’oxyda- aon ammoniacale du lévulose, du saccharose, de la dextrine de inuline, de X amulon, de la cellulose , ainsi que de leur généra leur, 1 aldéhyde formique . Ces synthèses peuvent nous expliquer la présence de l’urée chez les végétaux. L uree incluse dans la plantule et même dans l’embryon icsulle de I oxydation des principes carbonés et azotés en reserve dans J a graine. La cellule de l'Aspergillus et du Pénicillium réalise la même synthèse, lorsqu elle édifie ses tissus en brûlant du sucre et De 1 ammoniaque. 1 sine dS ïm'ée ^ °Xydation ^«cose en pré - rz en très petites — » Un centigramme d’ammoniaque est aisément transformable en uiee lorsqu on 1 oxyde en présence de glucose. L’urée se oime encore lorsqu’on traite par MnOK une solution conte- nant autant de glucose que le sang et un centigramme seule- ment d ammoniaque par litre (2 ). 4, Les hydrates de carbone et les protéiques. L’ammoniaque n’est pas le seul principe naturel azoté d’urée" dU glucose- Prociuise d’importantes quantités «uïïf f U'°“ 1 "’«>• p.» moins remur- 1 able, lorsqu on provoque son oxydation en présence de I, e!ie-mênmemere ^ l amU,0nia(ll'« dans l’organisme, l’albumine » FoS [Sj: ««*’ 154’ p’ 1449’ SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE 723 Tandis que le rendement en urée par oxydai ion des al bu- minoïdes seuls est assez faible, il s’élève brusquement, au contraire, à des valeurs considérables, si on oxyde simultané- ment l’albumine et le glucose. Nous sommes ainsi dans la nécessité d admettre qu une importante relation insoupçonnée existe entre la glycogénèse et l’uréogénèse. G. Les matières grasses et l’urée. Synthèse de l’urèe par oxydation de la glycérine et de l’ ammoniaque. Ce constituant des corps gras possède, comme le glucose et les hydrates de carbone, la faculté de produire l’urée, lorsqu on l’oxyde en présence d’ammoniaque. CHAPITRE II A. Comment l’urée se forme-t-elle dans l’organisme? « On a d’abord pensé qu’elle provenait, par isomération, du cyanate d’ammonium [Dumas et Cahours (IKtdi ( ).. comme dans la célèbre synthèse de Wœhler. Cette hypothèse, sans appui expérimental sombra aussitôt dans l’oubli. Elle fut proposée à nouveau (Salkowski et Hoppe- Sevler 1877 et 1881), lorsque Schullzen et Nencki (K ) ( ) eurent’ constaté que l’ingestion de substances am.nees pro- voque l’excrétion des urées correspondantes. Cependant, toutes les tentatives pour caractériser l’acide cyamque d ans éco- nomie ou pour réaliser sa formation par oxydât, on des sub- stances organiques ayant échoué, la théorie cyamque fut 16 Abderhalden (3) considère que la moins fondée des tlleori'' " de l’uréogénèse, c’est celle qui suppose la formation de 1 ac.de (1) Dumas et Cahours. C. R. Acad, des Sciences iM, 15, p. 910. 12) Schultzen et Nencki. Berichte, 1869 2 p. o6b. (3) Aederhalden. Lehrbuch der pliysiol. Chenue, 1909, p. ■ 724 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR H:’ * Anl.ge, inê’sten beêTÜndet erscheint uns von diesen t alT '7 ! V'S" »»d Snlkou-ski. E, finden >, niCÜ ge Ungen’ lm 0rganismus Cyansàure aufzu- le " ayanl PU (leceler 1 acicIe cyanique dans le foie fut conduit, pour expliquer la formation de l’ure'e à admettre que l’oxydation ammoniacale de l’albumine des . aades amines et d’autres substances produirait le groupement — CONIP 1 i) aussitôt ne, disparaîtrait en s’unissant au radical résultant — NH2 de 1 oxydation de l’ammoniaque. poÜ; orieine V0?™6 l'niverselIement acceptée, l’urée aurait 1 ° ne !acide carbonique et l’ammoniaque Une dia- . ase exercerait sur leur combinaison, carbonate! d’ammonium e“tTI °"é Carbrate (Dr6ChSel)’ — des extrêmement élevés, a 40» au maximum, et en milieu anueux q,,i r eire rf,li,0)2 XC6II4/ pour 10 c.c. avant chauffage après chauffage 0 gr. 0055 0 gr. 022 Urée pour 100 gr. de glucose avant chauffage après chauffage 1 gl“. 18 4 gr. 71 B. Oxydation électholytique du saccharose et de l’ammoniaque. On électrolyse avec clés électrodes de platine la liqueur sui- V vante, refroidie au-dessous de 32°. Sucre de canne J ë1- Ammoniaque à 22° 50 c.c. Eau, quantité suffisante pour 1:0 c.c. . ' > Durée de l’électrolyse : neuf heures. 732 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Variation de l’intensité : 0 amp. I à 1 amp. 5. Dosage de l urée dans la liqueur électrolysée, con«ervéf A - TEMPERATURE ORDINAIRE, PENDANT DES INTERVALLES « TE Croissants. Age de la liqueur compté à partir de la fin de l’électrolyse 0 heure 13 h. 30 30 h. 30 CO(NII — Cu{° H V»* XC6IP/ pour 10 c. c. 0 gr. 003 0 gr. 0163 0 gr. 0223 Urée pour 100 gr. de sucre 0 gr. 21 0 gr. 70 0 gr. 96 i° Glycérine et ammoniaque. Proportion des réactifs : Glycérine Ammoniaque à 22° Bé Mn04K . . 1 gr. 30 c. c. 10 gr. On ajoute le persel à la solution ammoniacale de glycérim coloré “JTdécoî ^ "'""T' U mélanSe> encore fortemen rine à’l/20 6 ^ q qUeS S°UtteS de S°luti0n de glycé Volume du liltrat et des eaux de lavage : 100 cent, cubes. l’OSACE »B L’ORÉE DANS CA L.QOEÜ. CHAUFFÉE AVEC NH‘C1, OU NON CHAUFFÉE. nt! TT » re tt 4 CO (NH - CHX " \oi2 XC«H4/ ' 'C6IP pour 10 c. c. avant chauffage après chauffage traces. 0 gr. 088 Urée pour 100 gr. de glycérine avant chauffage après chauffage traces. 12 gr. 37 30 Aldéhyde formique et ammoniaque'. Proportion des réactifs : 1 gr. 1 Polyoxymélhylène ...... Ammoniaque à 22° Permanganate de calcium cristallisé .' .' |5 gr°' , " opératoire. - La solulion ammoniacale de formai « e..i. « rj i= SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE 733 assez lentement pour que la température ne s’élève pas au-dessus de 40°. Durée de cette partie de l’expérience : une heure trente. Après deux heures d’abandon, on ajoute de l’ammoniaque pure pour détruire ce qui reste de caméléon. Volume de solution : 150 cent, cubes. Dosage de l’urée formée pendant l’oxydation. 10 cent, cubes de liqueur reçoivent 21 cent, cubes d’acide acétique et 1 c.c. 5 de xanthydrol méthylique à 1/10. L’uréine est recueillie le lendemain. Xanthyl-urée : 0 gr. 0265, d’où urée pour 100 grammes CH20 : 5 gr. 16 Dosage de l’urée formée postérieurement a l’oxydation, A LA TEMPÉRATURE ORDINAIRE. Si on chauffe cette solution ou si on l’abandonne longtemps à elle-même à la température ordinaire , Yurée se forme en quantité considérable. Après 1 heure à 95°, le rendement était de 24 gr. 15 d urée pour 100 grammes ù’aldéhyde formique. A 5 cent, cubes de solution oxydée, préalablement chauffée 1 heure, vers 95°, dans un tube à essais, muni d’un bec, surmonté d’un tube réfrigé- rant, on ajoute, après refroidissement, 5 cent, cubes d’eau, 21 cent, cubes d’acide acétique et 1 c. c. 5 de xanthydrol méthylique à 1/10. Xanthyl-urée recueillie le lendemain 0 gr. 062 0,062 X 30 X100 Urée pour 100 grammes de CH20 : — 2-t gr. lo Si on dose l'urée de jour en jour, dans la liqueur conservée à la tempé- rature ordinaire, on constate l’accroissement du rendement jusqu’à une valeur maximum, voisine de celle obtenue après 1 heure de chauffage à 95°. A 5 cent, cubes de liqueur d’oxydation, conservée 42 jours à la température ordinaire, on ajoute 5 cent, cubes d’eau, 21 cent, cubes d acide acétique U 1 c. c. 5 de xanthydrol méthylique. Xanthyl-urée recueillie le lendemain 0,0625X 30 X 100 D’où urée pour 100 gr. de CH20 : 0 gr. 0625 24 gr. 35 Ainsi une solution ammoniacale de formol , contenant après oxydation 5 gr. 16 d'urée pour 100 de Cl 1*0 , mis en expérience , en renferme : 24 gr. 15 après 1 heure de chauffage à 95° et 1 24 gr. 35 après 4% jours d' abandon à la température ordinaire. Formation de l’urée par les produits 'd’oxydation de l’aldéhyde formique ET DE L’AMMONIAQUE A LA TEMPÉRATURE ORDINAIRE. Age de la solution compté après l’oxydation CO (NH - CH pour 10 c.c. pour 5 c.c. 0 gr. 0265 Urée pour 100 gr. CH20 formée spontanément totale après l'oxydation 0,0 49 4 heures . . )) 5 gr. 16 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 1 jour. . 2 jours . 6 - . II — . 19 - . 26 _ . 42 — 0 gr. 0365 0 gr. 04 0 gr. 059 0 gr. 074 0 gr. 0965 0 gr. 1075 » )) » )) )> o »> 0 gr. 0625 7 gr. 01 7 gr. 79 11 gr. 49 14 gr. 41 18 gr. 79 20 gr. 94 24 gr. 35 1,85 2,63 6,33 9,25 13,63 15,78 19,19 CHAPITRE IV Oxydation simultanée de deux principes naturels : protéiques et hydrates de^carbone. Lorsqu’on brûle du glucose par voie humide, en présence d ammoniaque, celle-ci ne saurait échapper à l’obligation de former de l’urée même si cette base n’existe qu’à l’état de traces centigramme) ou à la dilution de 1 centigramme par litre. De la resuite 1 existence probable d’une relation insoupçonnée entre la glycogénèse et luréogénèse (1). Les expériences qui suivent confirment encore cette hypo- thèse et montrent, en outre, la formation d’un terme intermé- diaire précurseur de l’urée. ^ aptitude du glucose à produire l’urée et son terme précurseur intermédiaire nest pas moins remarquable et intéressante lorsqu’on provoque son oxydation en pré- sence de la substance mère de l’ ammoniaque dans l'orga- nisme : 1 albumine elle-même . landis que le rendement en urée dans l’oxydation des albu- minoïdes seuls est assez faible, il s’élève brusquement à des valeurs considérables, si dans des conditions expérimentales convenables, on oxyde simultanément les protéiques du san°- et le glucose. Oxydation des>rotéiquesJdu sang, additionnés de gi.ucose Proportion des réactifs : • ' (1) Fosse. (R.). Ces 154, p. 1448. Annales, 19! 6, ;30, p. 667 et 672; Comptes rendus , 1912, ( SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE 735 Sang de bœuf défibriné 10 c.c. Permanganate de potassium pulvérisé. . 20 gr. Solution de glucose à 1/10 8 c.c. Eau 20 c.c. Mode opératoire. — Dans un vase cylindrique d’un litre contenant le permanganate, le sang et 1 cent, cube de solution de glucose, on ajoute, goutte à goutte, en agitant le glucose. Un échauffe ment considérable se déclare, la masse boursouflée de bulles se soulève. De l’eau est introduite pour fluidifier la mixture et remplacer celle qui disparaît par évaporation. Volume de liqueur : 100 cent, cubes. /C" II4 CO (NH — CIP 1 V))2 M76H4/ pour 10 c. c. , ^ après chauffage avant chauffage ^avec NH4Ci 0 gr. 028 0 gr. 103 Urée par litre de sang ■ — __ _ S** ___ ^ avant chauffage après chauffage 4 gr. 14 gr. 7 2. — Influence de la quantité de glucose et d’oxygène con- sommée sur le rendement en substance urêogène et urée. Le rendement s’accroît, dans certaines limites , avec la proportion de glucose et d’oxygène détruits. Expérience A. Urée, par litre de sang, formée 1. 2. Volume de sang 10 C.C. 10 C.C. Glucose 0 gr. 8 2 gr. MnO’K 20 gr. 30 gr. Avant après chauffage pendant chauffage avec NIUC1 le chauffage 4 gr. 3 gr. 42 14 gr. 7 20 gr. 1 10 gr. 7 16 gr. 68 Meme mode opératoire que ci-dessus : 1 . 2. Volume du filtrat et des eaux de lavage 100 C.C. 150 c.c. C6 H4 CO (NH — C\\( KyOY pour 10 c. c. XC6II4/ Avant chauffage Après chantfage avec NH4C1 0 gr. 028 0 gr. 016 0 gr. 103 0 gr. 094 Expériences B. — Trois séries d’expériences ont été instituées sur le même sérum de bœuf, chargé de globules, additionne de doses croissantes de glucose et de permanganate. Mode opératoire. — Dans un vase de un litre contenant le 736 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK sérum, le permanganate pulvérisé, et assez d’eau (50 cent, cubes environ) pour rendre le mélange tluide, on laisse écouler goutle à goutte (quinze à vingt minutes), en agitant, une solution de glucose à 1/10 jusqu’à destruction complète du persel. On constate une élévation considérable de température. Analyse du sérum, mêlé de globules, soumis a l’oxydation «• Azote par litre (Kjeldahl) 31 gr. 78 Urée par litre (dosée au xanthydrol). . 0 gr. 307 Azote de l’urée par litre 0 gr. 143 Sérum vol. Glucose 1. 10 c.c. 1 gr. 4 2. 10 c.c. 2 gr. 3 3. 10 c.c. 3 gr. 2 Filtrat et eaux de lavage 1. 150 c.c. 2. 150 c. c. 3. 250 c.c. S. — la quantité d’urée peut atteindre des chiffres bien plus élevés , 40 grammes par litre de sang , et dépasser singu- lièrement ainsi le titre des urines humaines les plus riches en urée , si Von opère ainsi qu’il suit : Proportion des réactifs : Sang de l’expérience précédente, dilué à 1/5. . . . 5 c.c. MnO*K pulvérisé 4 gr. Solution de glucose D. 1,090 1 c.c. 9 Mode opératoire. — Dans un vase conique de 150 cent, cubes environ, contenant le sang et le i\ln04K, mêlés et préalable- ment portés, durant quelques minutes, dans un bain d’eau à 80°, on introduit, hors du bain, goutte à goutte et en agitant, la solution de glucose. Après destruction complète de persel, addition d’eau, de chlorure d’ammonium et chauffage à 95° pendant une heure, on traite le résidu presque sec par de l’acide acétique à 66 p. 100, on essore et on lave avec le même réactif, Urée par litre de sérum formée N urée p. 100 MnO*K apr. chauff. av. chauff. pend, chauff. N total 20 gr. 11 gr. 14 30 gr. 14 gr. 25 37 gr. 19 gr. 19 1 gr. 71 9 gr. 43 16 gr. 3 3 gr. 12 11 gr. 13 20 gr. 9 3 gr. 75 15 gr. 44 28 gr, 2 Volume de liqueur dosée 10 c.c. 10 c.c. 20 c.c. C6 II* CO(NH — CH/" >0) N:mu après chauffage 0 gr. 052 0 gr. 0665 0 gr. 1075 avant chauffage 0 gr. C08 0 gr. 0146 0 gr. 021 SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE 737 de manière à obtenir environ 50 cent, cubes de liqueur à laquelle on ajoute en deux fois 4 cent, cubes de xanlhydrol méthylique à 1/10. C6 H4 CO (Nil — CA\( \0f (après 4 à 6 heures) = 0 gr. 283 XC6H4/ d’où urée pour 1 litre de sang : 40 gr. 4. CHAPITRE Y Nouvelles méthodes d’analyse qualitative de l’acide cyanique. Les méthodes de recherche de l’acide cyanique, employées jusqu’ici, doivent être bien plus imparfaites et infidèles que celles qui servaient à déceler 1 urée avant 1 emploi du xantliy- drol. Nul n’avait pu, en effet, avant nous, reconnaître 1 acide cyanique dans les produits d’oxydation des substances orga- niques, autres que l’acide cyanhydrique; tandis que la for- mation de l’urée par oxydation des protéiques, quoique niée, il est vrai, par nombre d’auteurs, avait cependant été affirmée par d’autres. L’absence de méthode de recherche précise a caché à de nombreux savants l’acide cyanique qu’ils avaient sous les yeux. Plusieurs, même, ont été jusqu’à affirmer la non-formation de ce corps dans une réaction qui en produit, cependant, des quantités considérables : l’oxydation ammoniacale du glyco- colle. [ # Moyen de caractériser l'acide cyanique par la formation de lf urée. La réaction de Wœhler peut servir à reconnaître de très petites quantités d’acide cyanique, puisque nous pouvons, grâce au xanthydrol, caractériser et identifier des traces d’urée. , Mais il existe plus d’un corps, susceptible d’engendrer 1 uree. 738 ANNALES DE LMNS'IITUT PASTEUR Toute formation d’urée ne dérive point nécessairement de l’acide cyanique. Cependant, la nature des conditions expérimentales qui autorisent ou empêchent l’apparition de la carbamide permet de caractériser la substance uréogène. La grande sensibilité de notre méthode de dosage de l’urée, appliquée à l’analyse d’une ou de plusieurs substances, avant et après chauffage avec NILCl (avant et après traitement par un acide), permet d’apprécier la formation de très petites quantités d’urée et par conséquent de reconnaître la condition absolument nécessaire de la présence de l acide cyanique, même à l’état de traces. On peut rechercher la carbimide dans un mélange soit directement en solution, soit dans le précipité brut obtenu par l’action du nitrate d’argent. Recherche de l’acide cyanique dans une solution. Deux dosages d’urée sont nécessaires : a) Le premier est effectué sur la liqueur n’ayant subi aucun traitement ; b) Le deuxième sur la liqueur, préalablement chauffée, une heure avec du chlorure d’ammonium. A 2 cent, cubes, par exemple, de chacune des deux liqueurs, on ajoute 4 cent, cubes d’acide acétique et 0 c. c. 3 de xanthy- drol méthylique à 1/10. Si le poids de xanthyl-urée de b) est supérieur à celui de a), la liqueur peut contenir de l’acide cyanique. Recherche de l’acide cyanique par la formation de l’urée AUX DÉPENS DE SON SEL D ARGENT. La méthode est basée sur les deux réactions : Formation de l’urée par chauffage du sel d’argent avec du chlorure d’ammonium ; Abolition de cette propriété par chauffage préalable du sel argentique avec l’acide azotique. 1 oui apprécier la sensibilité de ces réactions, nous décrirons les expériences suivantes : SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE 7;U* Moyen dé caractériser l’urée produite PAR UNE TRÈS PETITE QUANTITÉ DE SEL D ARt.ENl . Expérience I. - On chauffe, 15 minutes, au bain-marie bouillant, dans un petit tube à essais, pouvant être soumis à la centrifugation . Cyanate d'argent “ ^ °f Chlorure d’ammonium u 81, Eau 0 gr. 2o I.a liqueur centrifugée après addition d’acide acétique (0 c.c. 5). pourvue d’un peu de xanthydrol, se transforme en une bouillie cristalline de xan urée. Expérience II. - Ou évapore à sec, au bain-marie, dans une capsule de porcelaine, avec un peu de chlorure d’ammonium : Solution de cyanate d’argent à 0 gr. 02 pour 100 c. c. ^ ^ ^ d’eau ammoniacale ^ X ooi D’où cyanate d’argent mis en expérience » Le résidu sec est broyé avec : T-, _ 0 c.c. 33 Eau Acide acétique 0 c.c. Action successive de l’acide azotique, de l’ammoniaque,^ et du chlorure d’ammonium SUR le -CYANATE d argent..^... Les mêmes expériences 1 et 2, exécutées après acidulation préalable par NOH, chauffage, alcalinisation par P S de chlorure d’ammonium, puis évaporation a sec, - point la moindre trace d’urée. Même résultat négatif en opéra sur des doses plus considérables de cyanate d argon . Un tube à essais reçoit du cyanate d argent (0 gi ■ 03^’n^ga ^ pébullition N0*« f ?„aajotrer NH‘cTeî mkinuent quinze à vingt minâtes au bL màr boulant. Le liquide centrifugé reste limpide après addition de xanthydrol acétique. Application de 1, action tèriser de l’acide eyamque dans les p des substances organiques. Nous avons déjà décrit de nombreux exemples de formation de l’urée par simple chauffage, avec ou sans Ntl ü, suivant 740 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR |,'',“I'I|"S n;du" ls’ "J1*»1 I oxydation. ,.s Th ti: tr»scrr,. We ”, fo,me ■»- avec N08A«* précipité quelles produisent pnZûZZTJiZt T *"**” me m'a' du p*v» UÆ ™ ügsf * — — Glucose et ammoniaque. — Oxydation. — A 10 cent cube* H0 solution aqueuse de glucose pur à t /tu c U cent; cubes de moniaque et 5 cent, cubes rivi • ’ ü cent* cuhes d am" (7 ou 8) en agitant ?» p • î r U’ °.n a-,oute Par petites portions VarfaUon11^^4^11 ^ réaC‘if: une heur« fente. 20-40» température du mélange réactionnel : on la LTdÏ^^^ le lendemain, complète à 100 cent, cubes le volume du 111 2 grammes^de nUr t *"*”«■ ^ addition de dilué jusqu’à ce que le prSté bî./T ^ nitriqUe paraisse plus sensiblement augmenter " P‘°dUit Gefui-^tsort i Tl *“* ^ PréciPité Antique. - ment lavé pour chasse^lT C°nCave’, est soigneuse- dans la liqueur La dissof r S. PG *îf traCG d uree’ contenue' brun, retenu par le filtre f" ammonia0-2 42 . 746 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR !?. °.[anale \le Potassium, se colore en bleu violet inlense sous l influence du perchlorure de fer. Si on agite le cyanate d’argent quelques inslants avec de l’eau con enan un peu de chlorhydrate d’hydroxylamine, la liqueur i ree prend au conlact du perchlorure de fer une coloration bleu-violet, qui disparaît ensuite. La réaction devient beaucoup plus sensible et permet de i econuaitre microchimiquement des traces de cyanate en opé- On broyé dans une petite capsule de porcelaine à sec: Cyanate d’argent o er. 001 Chlorhydrate d’hydroxylamine o gr. 001 En mouillant la mixture d’une goutte de solution de per- ' ■,°nUe, , 6 , er ,res dlluée (solution officinale diluée à 1/23) on voit se développer la coloration bleu-violet. Application à la caractérisation de l’acide cyanique , formé pal oxydation du glucose et de l’ammoniaque. °ducose Tir8 ^ Provemint de l’oxydation du ç ri cos e et de 1 ammoniaque par le procédé précédemment r ' rit, on ajoute du nitrate d’argent et le volume d’acide azotique ■ !/•> necessaire pour neutraliser la liqueur, déterminé dans essais avec de ^ î? * °l T CM Sont <»ans un tube à essais avec de 1 eau contenant un peu de chlorhydrate d’hydro- • y < mine, e filtrat additionné de perchlorure de fer développe VheH k, C0l°rati0n bleu -violet caractérisée ?d 1 hydroxyl-uree. Cette coloration disparaît ensuite. L - Identification de l’acide cyanique par l’analyse quantitative . Nous avons établi que l’oxydation des substances organiques Purée dre ” COrP8 ^-édiaire, produisant spontfnéS Les solutions de protéiques, seuls ou additionnés de glucose es o niions ammoniacales d’acides aminés, de glycérine 0 ’ d aldéhyde formique qui, après oxydation, renferment peu ou SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE 747 point d’urée, on produisant avec abondance par simple chauf- fage, tout comme le cyanate d’ammonium dans 1 expérience de W œliler : /NID CONH . NH3 = CO< x NII2 Quoiqu’il soit possible de précipiter de cesi, solutions un sel d’argent, capable de produire l’urée par chauffage avec NH4Cl et de donner toutes les réactions connues de 1 acide cyanique, nous avons cru nécessaire de démon'rer indiscutablement son existence par le plus sur des critériums, 1 analyse quantitative, à cause de l’importance de cetle synthèse, de ses conséquences et des nombreuses expériences vainement tentées pour !a réaliser. Les conditions, indispensables pour atteindre ce but, exigent l’obtention de l’acide cyanique ou de l’un de ses dérivés rigou- reusement pur. Analyse immédiate de l’acide cyanique. Le cyanate de potassium se dissout dans 1 alcool à 80°, bouil- lant, et en cristallise par refroidissement, ce qui permet de l’obtenir pur. Mais ia méthode n’est applicable qu’à de grandes quantités de substance, comme c’est le cas dans la préparation industrielle de ce corps par oxydation du cyanure de potassium. Pour obtenir le cyanate de plomb, Williams (1) aébarrasse le cyanate de potassium du commerce de son carbonate parle nitrate de baryum, puis précipite la liqueur par le nitrate de plomb. Le sel ainsi formé est peut-être pur (?), en partant du cya- nate de potassium pur, mais il ne l’est certes pas, si on le précipite d’un mélange de sels. L’isolement, sous forme de sel de plomb pur, de 1 acide cyanique n’est réalisable que si l’on peut éliminer complète- ment au préalable toute substance étrangère, donnant une combinaison plombique insoluble, puisque le cyanate de plomb, décomposable par l’eau chaude, ne peut être purifie par cristal- lisation. (1) Williams. Zeitsch. fur Chemie , 1853, 352. Beilslein, 1, 1265. 748 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Ce procédé, d’application restreinte, est, en outre, assez peu sensible. Nous avons, en effet, constaté que l’azotate de plomb ne trouble pas de manière appréciable la solution de cyanafe de potassium à 1/1.000. L’acétate basique de plomb précipite moins incomplètement l’acide cyanique de ses solutions. Précipitation de l’acide cyanique a l’état de sel d'argent. La précipitation de l’acide cyanique est moins imparfaite paj- un sel d’argent que par l’acétate basique de plomb. Si on introduit quelques gouttes de solution de nitrate d argent dans la liqueur filtrée, provenant de l’action de l’acétate asique de plomb, en excès, sur le cyanate de potassium, on voit, en effet, apparaître un précipité volumineux de cyanate ri n rnrnn f J 1 RÉPARATION DU CYANATE d’aRGENT PUR A L’ANALYSE. L’action du nitrate d’argent .sur nos liqueurs d’oxydation es substances organiques ne conduit pas à du cyanate pur De nombreuses expériences furent instituées, soit pour ne précipiter que l’acide cyanique d’un mélange, soit pour trouver les conditions dans lesquelles les matières étrangères ne se for- meraient plus. L’analyse du sel d’argent brut, ainsi obtenu, révéla qu’il elait toujours très impur. ^ Ag p. 100 Matière 0,1271 0,173 0,123 0.115 AgCl 0,1115 0,148 0,099 0,089 Trouvé 66,05 64.4 60.5 38,2 Théorio 72,00 es tentatives n ayant pas donné de résultat, il ne nous resta plus qu une ressource : isoler l’acide à l’état de pureté. Long- temps nous nous heurtâmes, pour atteindre ce but, à des i icu tes considérables, dues au manque de méthode permet- „tr “ “rp*' i"C,“ - >w"l‘ 1“"« L un SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE 749 Cristallisation du cyanate d’argent. Lorsqu’on place au-dessus de l’acide sulfurique, sous cloche, comme le faisait Wœhler,*une solution ammoniacale de cyanate d’argent, le gaz disparaît et le cyanate cristallise en tablettes, retenant de l’ammoniaque. En procédant ainsi, il ne nous a pas été possible d isoler le sel pur. Même insuccès en dissolvant à chaud le produit argen- tique brut dans de l’eau faiblement ammoniacale. L’emploi de l'eau pare et de la chaleur nous a donné une méthode sûre , très simple , permettant d’obtenir , à l état de sel d'argent pur à l'analyse, de petites quantités d acide cyanique, mêlé à des substances minérales ou organiques , dans un impor- tant volume de solution. Mode opératoire. — La liqueur, résultant de 1 oxydation, additionnée de nitrate d’argent, neutralisée presque complète- ment par de l’acide azotique dilué, abandonne un précipité floconneux, qu’on essore et lave à la trompe. Par traitement à l’eau bouillante, une partie de celui-ci se dissout, tandis que l’autre reste insoluble et brunit. Le filtrat laisse apparaître par refroidissement de petits cristaux blancs, chatoyants, caracté- ristiques au microscope, généralement puis apiès uni s< u < cristallisation. Analyse quantitative du cyanate d’argent. La nouvelle méthode que nous avons instituée repose sur la détermination quantitative du chlorure d’argent et de 1 uree, produits simultanément par un même poids de cyanate. Sous l’influence de la chaleur et du chlorure d ammonium, une molécule de cyanate d’argent donne une molécule ' e chlorure d’argent et une molécule d’uree : CO NAg + NH‘C! = AgCI + CO (NH*)! Trois à quatre centigrammes d’acide cyanique produisent un poids suffisant de sel d’argent pour l’analyse quantitative de Ls les éléments : l’argent étant déterminé à l'etat de chlorure, on dose le carbone et l’azote sous forme d uree. 50 750 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ' X P KHI EN CE S PRELIMINAIRES. — DOSAGE DE L’URÉE PRODUITE PAR CHAUFFAGE DU CYANATE D ARGENT ET DU CHLORURE D’AMMONIUM A DIVERSES TEMPÉRATURES ET PENDANT DES TEMPS VARIABLES. Milieu Chaulfage Cyanate Urée xanthylée Urée p. 100 de cyanate Théorie : 40 gr. Trouvé Durée Température poids * Poids Eau .... 1 h. 80° 0,0911 0,2265 35,51 1 h. 30 80° 0,12795 0,308 34,4 • • • • 4 h. 78-80» 0,1055 0,254 34,39 Ammoniaq. 1 h. 92-94° 0,1513 0,4175 39,42 — 1 h. 92° 0.1425 0,429 40 — 1 h. 90-96° 0,1196 0,325 38,81 — • 1 h. 90-92° 0,122 0,3335 39,05 _ 1 h. 90-92° 0,122 0,3335 39,05 Mode opératoire pour l'analyse du cyanate d'argent. — On place au bain d’eau, réglé vers 92», pendant t heure, une fiole conique à bec, lestée d’un collier de plomb, contenant 0 gr. 10 à 0 gr. 15 de cyanate d’argent et son poids de chlorure d’ammo- nium, dissous dans l’ammoniaque. Après 20 minutes de chauf- fage, on rince les parois avec un peu d’eau distillée, afin d éviter que des traces de solution n’échappent à l’action de la chaleur. La pellicule de chlorure d’argent délayée dans l’eau acétilîée est reçue sur creuset de Gooch taré; vase et précipité sont lavés avec quantité d’eau suffisante pour obtenir un volume exactement mesuré (50 à 100 cent, cubes'. L’urée est dosée sur une partie aliquote : 10 à 20 cent, cubes. Identification de F acide cyanique, formé par oxydation ammoniacale des substances organiques : glucose , glycérine glycocolle, protéiques , et glucose , glycocolle. Glucose et ammoniaque. Proportion des réactifs : Glucose . . . . Ammoniaque . . Eau MnO*Iv pulvérisé 1 gr. 10 c.c. 10 c.c. 10 gr. On ajoute le persel au glucose ammoniacal, par petites por- tions. L’excès de caméléon est détruit à l’aide de 10 cent, cubes d’ammoniaque. Volume de filtrat : 100 cent, cubes. SYNTHÈSE DE L’AGI DE CYANIQUE 751 A 65 cent, cubes de liqueur, très légèrement acidulée par de Lacide nitrique dilué, en présence de tournesol, on ajoute 2 grammes de nitrate d’argent. Le volumineux précipité obtenu, lavé, est chauffé pendant 20 minutes avec 250 cent, cubes d’eau, à l’ébullition. Le filtrat, abandonné 12 heures dans un endroit frais, donne 0 gr. 13 environ de sel d’argent. Analyse du cyanate d'argent. — 0 gr. 1146 de substance et 0 gr. 15 de chlorure d’ammonium, dissous dans 10 cent, cubes d’ammoniaque, sont chauffés 1 heure, vers 95°. Volume du filtrat et des eaux de lavage : 50 cent, cubes. Poids du chlorure d’argent : 0 gr. 1094. Ag pour 100 grammes de matière, trouvé : 71,84; théorie : 72,00. Dosage de l’urée : Xanthyl-urée Urée pour 100 gr. de sel d’Ag pour 10 c.c. pour 20 c.c. Trouvé Théorie 0 gr. 0625 )) 88,95 40 )) 0 gr. 125 38,95 40 Glycérine et AMMONIAQUE. Proportion des réactifs : Glycérine 1 gr- Ammoniaque à 22° Bé 50 c.c. MnOHv pulvérisé 10 gr. Mode opératoire. — O» ajoute le persel à la solution ammo- niacale de glycérine dans l’espace de 5 minutes. Le fnélange, encore très coloré, est rendu incolore par quelques gouttes de glycérine à 1/20. Volume de liqueur : 100 cent, cubes. Préparation du sel d'argent. — 80 cent, cubes de liqueur, additionnés de nitrate d’argent, reçoivent de l’acide acétique dilué, jusqu’à faible réaction acide au tournesol. Le précipité, essoré et lavé, est épuisé par 175 cent, cubes d eau bouillante. Poids de sel d’argent, recueilli le lendemain : 0 gr. 098. Analyse du sel d'argent. — 0 gr. 097 de matière sont chauffés 1 heure 30 à 90°, après addition de 10 cent, cubes d ammo- niaque et 0 gr. 10 de NfLCi. Le résidu presque sec, délayé dans de l’acide acétique à 70 p. 100, essoré sur creuset de Goocli 732 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tare, est lavé avec le même réaclif de manière à produire io cent, cubes de liqueur, auxquels on ajoute S cent, cubes de solution méthylique de xanthydrol à 1/10. _Vr5ent Urée p. 100 de sel d’argent Matière AgCl Trouvé Théorie Uréine " ^^6 "rh^rie ' 0,097 0,092 71,38 72 0,2636 39,11 40 Protéiques du sang et glucose. Proportion des réactifs : Sérum- 20 c.c. MnO*K pulvérisé 74 or Solution de glucose à 1/10 64 c. c. Eau ajoutée pour rendre fluide .... 50 c. c. * Mode opératoire. Au mélange de permanganate, sérum et eau, on ajoute goutte à goutte, en agitant, la solution de glu- cose. Echauffement considérable. Volume du filtrat : 250 cent, cubes. Préparation du cyanate d’argent. — Après neutralisation par ie le de la liqueur, au moyen d'acide nitrique dilué à 1 /5 addition de nitrate de calcium, filtration, introduction de nitrate d argent et d’acide nitrique jusqu’à réaction neutre ou à peine ac.de on essore et lave le précipité, qu’on traite par l’eau bouillante. La liqueur filtrée se trouble aussitôt en se rcfroi- dissant. Analyse : Argent p. 100 de sel Matière AgCl Uréine Tr/^^nXÔT' 0,1333 0,1265 » 7 j go 0,1808 „ 0 423 ’ 40 40 C»L\ COCOLLE ET AMMONIAQUE. Proportions des réactifs : Glycocolle . . . Eau 1 «r- . . 30 c.c. Ammoniaque MnO*K pulvérisé . . C‘C* 7 gr. Mode opératoire - On introduit en plusieurs fois le perman- ganate dans la solution ammoniacale de glycocolle et on agite SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE 753 avec la tige d’un thermomètre. Dès que la température atteint 50% on refroidit puis on ajoute de nouvelles doses de persel. On maintient ensuite a 40° jusqu’à décoloration. Durée totale de l’oxydation : 45 minutes. Volume de liqueur : 100 cent, cubes. Préparation du cyanate d'argent : comme dans les expériences précédentes. Analyse : Matière : 0,117 AgCl : 0,1105 Trouvé Ag p. 100 : 71,14 Théorie : 72 ★ * * CHAPITRE VI Influence de la présence d’oxyde de cuivre sur les rendements en acide cyanique et urée, obtenus dans 1 oxydation per manganique ammoniacale des principes immédiats. Phénomène de réduction dans un milieu oxydant. Les principes naturels peuvent produire d’importantes quantités d’acide cyanique et d’urée. Le rendement dépend, dans certaines limites, du degré d’oxydabilité de la substance dans le milieu considéré, de la puissance du réactif oxydant, de sa concentration, de celle de l’ammoniaque et aussi parfois de la présence de certaines matières minérales, telles que les sels de cuivre, dont l’influence extrêmement nette s’est revelee a nous en oxydant la cellulose en solution cupro-amm'omacale. 1. Oxydation ammoniacale de la dextrine, en présence ou non d'oxyde de cuivre. Une solution ammoniacale de dextrine, oxydée par le per- manganate de calcium, ne contient après oxydation que 0 gr. 37 d’urée p. 100 grammes de dextrine, sans chauffage et 2 gr. 83 p. 100 après chauffage. Si on reproduit la même expérience en présence de car o- nate de cuivre, le rendement en urée, égal a 2 gr 37 p. t e dextrine dans la liqueur non chauffée, s elève a 21 gr. p. après chauffage. ANNAI.ES DE L’INSTITUT PASTEUI! Proportion des réactifs : A. Oxydation sans cuivre : Dextrine ^ . Ammoniaque à 22° 10 r' • ° Permanganate de calcium cristallisé . . 6 gr. II. Oxydation avec cuivre : Dextrine Q Ammoniaque ' 10 f ^ Permanganate de calcium cristallisé . . 6 gr. ( arbonate de cuivre précipité i oT. Mode opératoire. - Aux deux solutions de glucose ammo- oerm ’ ^ CU‘Vre’ °n aj0ute Par Petites portions le permanganate on essore, on lave le peroxyde et on complète le volume de liqueur à 100 cent, cubes. P Dosage de l'urée. - A 10 cent, cubes de chacune des S Provenant des expériences A et B, non chauffés, ou chaudes une heure vers 95», dans le même bain on aiôule 0 cent,, cubes d’acide acétique cristallisé et 1 c. c.’ 5 de xan- thydrol méthylique à 1/10. cuivre /à'1 reau'el' ’ 1^°° i° 1 ammon*aque (expérience avec l’ordinaire ° 6St ''eCUeillie et dosée c°«*me à CO(NH-CH/C‘n\0). pour 10 cCc‘H* Urée’ V°U\Zïï: ^ d0Xtrine’ av.chaurt. apr.chauff. av. pend, ohaul Expér. A. Sans cuivre S 0 &r- « 0 gr. 57 „ ( » 0 gr. 01 » 2 M Expér. B. Avec cuivre ) 0 £r* 009 * 2 gr. 57 ^ 8° 2 grJ 28 0 gr,0T63 » 21 gr. 85 19 gr. 28 2. — Oxydation cupro- ammoniac ale de l’amidon. toire" ProP°rt|°ns que pour la dextrine, même mode opéra- CO(NH — CH^ \q)* 'p« ]\i/ TT pour 10 c. c. P°Ur 100 d’amidon avant chauffage après chauffage a vont 7b <7 ^ " — __ 1 chauffage apres chauffage 0 gr. 007 » *“ ~ SD SM SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE 755 3. — Oxydation cupro- ammoniac ale de la cellulose. Proportion des réactifs : Coton hydrophile 0 trr. Ammoniaque à 22° 20 c. Carbonate de cuivre pur précipité ... 1 gr. Permanganate de calcium 6 gr. Mode opératoire . — A la solution cupro-ammoniacale do cellulose, agitée avec un lliermomèlre, on ajoute le perman- anate par portion de 1 gramme d’abord (quatre), puis de grammes (une), de manière que la température ne dépasse pas 40°. Dès la première addition du persel, la liqueur s épaissit en une masse gluante de couleur vert-brun, puis se liquéfie par agitation. Durée de l'expérience 30 minutes. Volume du filtrat et des eaux de lavage. . 100 c.c. Pour 10 c. c. Urée pour 100 gr. de cellulose avant chauffage après chauffage avant chauffage après chauffage 0 gr. 003 » 0 g*. 83 ,> 0 gr. 066 » l8 £T* 8,1 Lorsqu’on verse l’acide acétique dans la liqueur provenant du chauffage, on constate 'un curieux phénomène; celle-ci se trouble et dépose un précipité blanc de sel cuivreux , dû à V action réductrice d'une substance formée pendant l'oxydation de la cellulose. 4. __ Oxydation cupro-ammoniacale de la caserne A. Far le permanganate calcique. — Proportion des réactifs : Caséine pure du lail de vache . Ammoniaque à 22° Eau Carbonate de cuivre Permanganate de calcium . . • 0 gr. 5 10 c.c. 10 c.c. 1 gr. 8 gr. La solution cupro-ammoniacale de caséine, agitée avec un thermomètre, reçoit le persel par portion de 1 gramme nus , puis de 3 grammes (une) et enfin de 2 grammes (une). /56 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR N anation de Ja température 20 à 60° Duree d’introduction du réactif 30 minutes. olume du filtrat et des eaux de lavage . . 100 c.c. Pour 10 c. c. Urée pour 100 gr. de caséine avant chauffage après chauffage avant chauffage après chauffage 0 gi . 0145 » 4 g.j._ j M ” 0 «T. 07 ‘ » 20 gr. réactif*-1 LE PERMAN6ANATE DE potassium. — Proportion des Caséine. ... . 1 erp Ammoniaque à 22° '■Oc Carbonate de cuivre » „ MN04K pulvérisé • 15 gr Température maximum prise par le mélange. . 570. Durée de l’expérience . , Volume de liqueur ... .fineUre‘ co(nh-ch/C,h\0>> \f6 114/ . pour 10 c.c. Urée pour 100 gr. avant chauffage après chauffage avant chauffage' après chauffage pendant chauffage °gr;°2S „ » 3gr.57 7 7 gr' 1,65 * 25 gr. 2! 21 gr. 64 La liqueur a été chauffée une heure vers 95», en présence de chlorure d’ammonium. presence ★ * * CHAPITRE VII ^nfque6 efruré^3168 ^ ?rb°ne à enf»endrer l’acide cya- ammoniacal concenl^ " perman9ani(Iue- en milieu nant autant de glucoro COnte‘ moniaque comparables^ inférieures8 à <’r\\ ï' t°^S dam" (0 gr. 10 à 0 gr. 01 par litre). de or^anisme La quantité de glucose étant dans ces expériences b/en supé- 757 SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE Heure a celle de l’ammoniaque, qu arrive-t-il lorsqu’on brûle, au contraire, des traces de glucose en milieu fortement ammo- niacal? Les expériences citées nous ont révélé l existence probab e d’une relation entre la glycogenèse et l’uréogénèse, celles qui suivent conduisent à considérer l’aldéhyde formique et l'acide cyanhydrique comme termes intermédiaires, instables, précur- seurs de l’urée, el, par conséquent à rapprocher la formation de ce corps de la synthèse des principes naturels chez les végétaux. 1. — L’oxydation de très petites quantités de glucose au sein de l'ammoniaque concentrée, engendre des propor- tions considérables d’acide cyanique et d urée. Après tautomérisation par la chaleur de cyanate d'ammonium le rendement en urée peut dépasser 70 p. 100 du glucose nus en expérience. Un molécule de glucose est susceptible de donner plus de deux molécules d uree. à) Oxydation de 0 gr. 025 de glucose, obtention de 65 gr. d’urée pour 100 DE glucose. — Proportion des reactif s : Solution de glucose à 1/200 dans l’ammoniaque d’où glucose Chlorure d’ammonium Permanganate de potassium pulvérisé à 21° 5 c c. . . . 0 gr. 025 . . . 1 gr. 5 ... 1 gr- 3 Mode opératoire. — Dans plusieurs tubes à essais de 200 mil- limètres de longueur et de 20 millimètres de diamètre munis de bec, contenant chacun le chlorure d’ammonium disse dans la solution de glucose, on introduit, en une fois le perse! et on agite avec la tige d’un thermomètre. La réaction, ass vive, ./déclare bi.n.ét, elle .oulè,. 1. mélangé .1 I»rU • température vers 60». En quelques instants, le permanganate subit la destruction totale. r p nroduit Dosage de l'urée dans le mélange non chauffe. L P de la réaction, délayé dans 5 cent, cubes d eau e^ pm le sm filtre sans pli; l’intérieur du tube et le précipité niangan je sont lavés à l'aide de 22 cent, cubes d acide acétique L incolore reçoit ensuite t c. c. 5 de xanthydrol methyhque. 758 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR Xanthyl-ui-ée, recueillie le lendemain, successivement lavée 4 1 f ® acétique » 50 p. ,roide 4 à 1 »lcool «t séché : 0 0055, p ,0’0 J(j * 0,0055 X 100 T3<~M25~ = 3 ^r- 14- Dosage de l'urée dans le mélange chauffé une heure vers 95» cTatKeTÔ; Xn? * f* ^ - ^in d’eau,' e te ce'll il " rf 'eUr caPacit^ «ait plus Plus 1 qUee' °rSqUe k m,Xt,,re ne se boursoufle P ’ ,e Ia Par01 intérieure avec S cent cubes d’eau '8*prt°“ rdr°n '“Z d”’ '« renda„, heure.’ rr-' ,m æ&z dit ci-dessus^ '“"demain et lavée comme il a été CO(NH — CH<^ \q * C6II4/ t rée pour 100 grammes 2 moi. gr urée piin^il'igr ,le_g„, se de glucose i^ol.-gr glucosX 100 — ~ Théorie 0 gr. OOoo » 3 gr 14 0,114 a» . 0.114 r't', 61,96 6M6 0,115 . ’ M’96 66,66 ba,/ 62,56 66,66 ^ZTmV::vz de glpcose’ obtt°n de 70 grammes ' LC0SE- — Proportion des réactifs : so,ution «?: æl4 1/200 dans * c.c. Chlorure d’ammonium 0 gr. 02 Permanganate de potassium pul^sé ' 2 % 50 <“» !a Précédente expérience. A la mixture ZZdié r *ff* Une hewe à - on agite, on filtre puison l^T 1““*' CUb6S d’aCide ace'Hflue. à l’aide d’acide 'acétique pur ' dîbo f filtl'e élcndn,,, «on J-»,, „5 lenrcnl“t)’nÉ SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE 759 incolore, qui occupe un volume de 30 cent, cubes, reçoit 1 c.c. 5 de xanthyd roi méthylique. C° H* co(Nii-ch/ Vf \C6 H 4/ pour 0 gr. 02 de glucoso 0 gr. 095 0 gr. 095 0 gr. 098 c) Oxydation de 1 centigramme de glucose, obtention de 71 grammes d’urée pour 100 de glucose. — Proportion des réactifs : Solution de glucose à 1/1.000 dans l’ammoniaque à 22° 10 c.c. Chlorure d’ammonium B * Permanganate de potassium pulvérisé 1 §1‘- 0 2 mol.-gr. urée Urée pour 100 grammes de glucose 67,8 67,8 70 1 mol.-gr. glucose Théorie xioo 66,6 66,6 66,6 Mode opératoire. — Comme le précédent. C6 H* CO(NH — Cil/ V2 XC6H4/ Urée pour 100 grammes pour 0 gr. 01 de glucose de glucose 0 gr. 047 67 0 gr. 048 68 T ,1 0 gr. 050 il 0 gr. 050 71 0 gr. 0495 70 2 mol.-gr. urée 1 mol.-gr. glucose 66,6, 2. — L’oxydation de très petites quantités d’amidon, d’inuline ou de cellulose, en milieu ammoniacal concen- tré et en présence d’oxyde de cuivre, engendre des quan titès considérables d’acide cyanique et d’uree. Après tautomérisation du cyanate d'ammonium par la cha- leur, le rendement en urée est compris entre 50 et /O p. la substance soumise à /’ oxydation. Oxydation de la cellulose en solution cupro-ammoniacale. - Proportion des réactifs : Papier à filtrer pour analyse Ammoniaque à 22° Carbonate de cuivre précipité . Permanganate de potassium pulvérisé . Chlorure d’ammonium . • • 0 gr. 15 150 c.c. 1 gr. 1 gr. gr. 50 760 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR bec Contenant l/e DaüS ^ tubeS à essais’ numis de oxvder .n ? Permanganate ^ !» cent, cubes de liqueur à par ^petites T& “ ^ U“e b^ette de verre et Placé au , P 1ÜOns le chlO'ure d’ammonium. Le tout est ion de | ‘n'mane Pendant quelques minutes jusqu’à cessa- °n . d® bouillonnement de la mixture. Après rincatre des parois deS tu bes avec 2 cent, cubes d’eau et chauffage au bain- ace'tiquëeLrr aj°l"e 10 cent’ cubes d’acide précipiter la • ‘ da"S Un mé,anSe de glace et de sel, pour avec 17 cent P w1*6 deS clliorures- Essorage et lavage Le Vltraë ir , T et 2 ce"<' cubes d’eau. ° donne la xanlhvl ^ C' °'v ^ ““‘Mrol-mélhylique, aban- • nlbyl-uree que 1 on recueille et pèse le lendemain : r« tri co(nh_ch/C'h‘\o, XG6H4/ pour 0 gr. 01 de cellulose 0 gr. 048 0 gr. 0485 Crée pour 100 grammes de cellulose 68,57 60,2 0 gr. 0490 70 ammoniacale. — 1 ^En^pérant”*1 I,M'UMS KN soldti°n «:[,Ro- trouve: P cornme Pour la cellulose, on C0(NH-Ch/C6H%0)* XG6H4/ pour 0 gr. 1 d’inuline 0 gr. 038 0 gr. 038 Urée pour 100 grammes d’inuline 54,2 54,2 * * CHAPITRE VIII cyaniqtf mtirïe engendrer “e 4 uree par oxydation en présence d’ammoniaque. 1* — Le rendement en urée atteint a elevées que dans l’oxvdatin n * dG8 valeurs bien plus lorsqu’on oxyde le plus sin i aaimoniacale du glucose , ÏST 0„ so* après tautomérisation du Tyanate ZnuZuun. ^ SYNTHÈSE DE L’ACIDE CYANIQUE 761 Dans de larges tubes à essais munis de bec, contenant 10 cent, cubes de solution de polyoxyméthylène à 1/ 1 .000 dans l'ammoniaque concentrée, on introduit 2 grammes de chlorure d’ammonium et t gr. 5 de MnO'lv pulvérisé. On triture à l’aide de la tige d’un thermomètre. Après destruction du permanga- nate, on chauffe avec précaution au bain-marie à 9 > pour chasser une partie de l’ammoniaque et éviter le soulèvement ultérieur de la masse. Quand la matière s’est affaissée, après avoir bouillonné quelques instants, on rince la paroi du vase avec 2 cent, cubes d’eau, puis on abandonne une heure au bain- marie vers 92-95°. On mélange ensuite avec 10 cent, cubes d acide acétique, ou refroidit pour faire déposer les chlorures, on essore et on lave avec 17 cent, cubes d’acide acétique et 2 cent, cubes d eau. Le filtrat, additionné de 1 c. c. 5 de xanthydrol méthyiique dépose la xanthylurée que l'on recueille le lendemain. Urée pour 100 grammes de CHaO pour 0 gr. 01 de CII*0 137,1 137,1 140,7 0,096 0,096 0,0983 Dans des conditions expérimentales semblables, l'oxydation de l’hexaméthylènetétramine a donné les résultats suivants : Urée pour 100 grammes d'urotropine pour 0 gr. 0077 d'urotropine av. chauff. apr. chauff. 7. chauff. apr. chauff 0,066 0,067 0,065 0,064 0,065 122 124 120 118 120 762 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR suggéré i hypothèse que ce corps doit précéder l’urée dans oxydation artificielle des hydrates de carbone en présence de I ammoniaque. Sans préjuger ce qui .se passe dans l'organisme, il est cepen- ant permis de constater combien cette hypothèse s’écarte de a theone actuelle de IWogenèse qui voit un précurseur de I uree dans 1 acide carbonique, substance incombustible, inca- pable de participer directement sous cet état à la synthèse des principes naturels. Les expériences qui précèdent nous amènent au contraire a faire dériver l’urée d’un corps combustible, dont lÏÏr vUdébTV1 ‘a pui8Sance «yu'^ique sont incompa- rables . 1 aldéhyde formique, premier terme supposé de l’assi- nidation chlorophyllienne. Entre l’aldéhyde formique présumé et l’acide cyanique ecouvert et saisi par nous dans les produits d’oxydation des su s ances organiques, se place nécessairement une autre subs ance transitoire, fort répandue chez les végétaux • l’acide cyanhydrique. Tandis que la théorie de l’origine carbonique de uree est sans lien chimique visible avec le mécanisme de la tution, 1 hypothèse de son origine formaldéhydique établit au con rmre, une étroite relation entre la genèse de^e corps ei celle des principes naturels. Les deux corps qui, isolément ou ensemble, ont permis de îealiser les synthèses des matières sucrées, des acides aminés des bases xanthiques et ,, uriques... paraissent être cei xÏà memes qui précèdent la formation de l’urée dans l’oxydation artificielle des principes naturels : 3 CH20 + NI{3 + Q CNII ±-2 CON FI + NI|a CO (Nil4)2. (Laboratoire de chimie organique, l’ acuité des Sciences de Lille.) * RECHERCHES SUR LE SPIROCHÆTA ICTERO HE MO RR A G IÆ INADA ET IDO par Marian GIESZCZYKIEWICZ (avec la planche XVII). (Travail du laboratoire du Dr AihujTe Pettit.) I Sur les corpuscules apparaissant dans les cultures de Spirochæta icterohemorragiæ. Un grand nombre de Spirochétidés produisent des corpus- cules arrondis aussi bien dans les organes des vertébrés et des invertébrés que dans les cullures. Leishman, Dutton et lodd, Breinl, Uarter, "W olbach les ont étudiés en ce qui concerne le Spirochète de 1a, lièvre récurrente d’Afrique ; Balfour, Fantham, Hindle, Marchoux et Couvy les ont observés dans la spirochétose des Poules; Noguchi les a signalés dans les cultures de presque tous les Spirochètes qu il a réussi à cultiver ( Spirochæta duttoni , kochii , obermeïen , nouyi, gallinarum, phagedenis, Treponema pallidum , Tr. macosum) , Balfour, O’Farrell, Meirowsky les ont également vus chez le Treponema pallidum . J. V. Scott Macfie les retrouve chez le Spirochæta urethræ; Bosanquet en a donné une description pour le Spirochæta anodontæ ; Wolbach et Binger les ont constatés dans des cultures de deux Spirochètes isolés de l’eau ( Spirochæta elusa et S. biflexa ). Ils ont été étudiés dans les cultures du Spirochæta icterohemorragiæ par Martin et Pettit, Hubener et , Reiter, Reiter et Ramme. En ce qui concerne leur nature, les opinions des divers auteurs diffèrent diamétralement. Les uns (Marchoux et Gouvy, Wolbach) les tiennent tout simplement pour des produits e dégénérescence ou bien dénient leur oiigine spirocie osique , 764 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR les autres (Leishman, Balfour, Dutton, Todd) leur attribuent un rôle important dans le cycle évolutif de ces parasites. Cer- tains auteurs (Hindle) distinguent deux sortes de granules que nous examinerons successivement: «) Les premiers se forment soit à l’extrémité, soit latérale- ment ; ,1s surpassent, en général, l’épaisseur du corps et peu- vent acquérir un volume considérable ; le plus souvent, on n’en compte qu un seul par micro organisme, et, jamais, ils ne sont nombreux. On s’accorde à considérer ces corpuscules comme des formes dégénératives. />) La seconde catégorie est caractérisée par des formations multiples (10-to), petites (guère plus volumineuses que le corps) missant par se disséminer; finalement, le Spirochète n’est plus lepresente que par une gaine, contenant parfois 1-2 granules • élimination des formations en question est en rapport avec des mouvements actifs que Balfour a comparés aux secousses d un Chien sortant de l’eau (dog shaking movement). Ce ne n que ces granules que certains auteurs (surtout Hindle) envisagent comme un slade évolutif de ces parasites. Dans ces conditions, MM. Louis Martin et Auguste Pettit avaient juge nécessaire de reprendre l’élude de cette question- leur conseil, je me suis appliqué à étudier la formation des corpuscules dans les souches de Sp. icterohemorragiæ, enire- ' ï1nStitUt PaSteU" ’• Cel1— - pratiquent d’huile de ^ Y , T""1 ^ Upin dilué àl/6, recouvert dès h (in I Slu^levées (L. Martinet A. Pettit). semaines - les Soi ’w pi,',,ominent au bout de deux, trois rr r\ ’ , , SPlrochetes deviennent de plus en plus rares ( 'S- I»), en dehors de quelques formes à peu près spiralées, on LE SPIROCHÆTA ICTEROHEMORRAGIÆ INADA ET PD 0 765 ne trouve guère que des débris, des tronçons de filaments sur lesquels adhèrent encore des corpuscules. En même temps, l’aspect macroscopique de la culture se modifie : si elle était trouble (opalescente) au début, elle s’éclaircit ultérieurement, les corpuscules et les Spirochètes se collectant au fond du tube ; ils y forment de petits grains blancs visibles à l’œil nu, qu’une agitation assez forte suffit à désagréger. Les cultures plus âgées renferment des amas analogues, qui peuvent comprendre des corpuscules présentant une certaine analogie avec des Micro- cocci. Pour éliminer la possibilité d’une contamination, les cul- tures sont systématiquement contrôlées par ensemencements effectués sur gélose, bouillon, bouillon additionné de sérum, bouillon stérilisé par l’ébullition et recouvert d’huile de vase- line, gélose ascite, gélose Yeillon. Invariablement, les cultures sont restées négatives. D’ailleurs, un examen microscopique attentif permet de différencier les corpuscules des cocci. Les premiers sont polymorphes et se colorent difficilement , les seconds sont uniformes et se colorent facilement, en prenant une teinte plus foncée. Les températures de 36-37°, bien qu accélérant la formation de corpuscules, sont cependant incapables de faire disparaître complètement les Spirochètes normaux. Si on les recherche avec suffisamment de soin, on les y retrouve même après quatrc- cinq semaines. Cependant, si on soumet une culture bien déve- loppée de Spirochètes à la température d’environ 40°, la forma- tion des corpuscules s’y effectue si rapidement qu au bout de trois jours, on ne retrouve plus de Spirochètes noimaux . une culture qui abondait en formes spiralées ne présente plus alors que des corpuscules et des débris de Spirochètes. Si on a i ecoui s à des températures encore plus élevées, le temps nécessaire à la production des corpuscules diminue. Un seul chauffage d une demi-heure à 48° suffit pour faire apparaître des granules dans la majorité des Spirochètes (fig. 7). Néanmoins, les tem- pératures basses n empêchent pas la formation des coipuscules. A la glacière, leur nombre est considérable déjà au bout d une semaine (fig. 4) ; après un séjour de deux à trois semaines, une culture peut parfois se transformer entièrement en corpuscules. Celte influence des températures basses n est pas cependant 766 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR aUSS* COn,stan,te (Iue celle des températures élevées. Une tem- perature de 15» environ est la moins favorable à leur formation ; o est a cette température que les Spirochètes persistent le plus du'KlTi30"8 r"r f°rme SpiraIée’ La dégénérescence s’y tra- ‘ ml plutôt par I apparition de formes plus longues à spires .^tendues (fig. 5) que par celle de corpuscules (Voir Martin et ettK, k>piioehetose ictérohémorragique, iig. 4). J ai essaye aussi d’influencer la formation des corpuscules par < ei tains agents chimiques. Ceux qui entraînent des chan-e- ZZ i: F "T:1011 ^ T1116" ProV°('Uent la formation^ corpuscules. Rn additionnant une culture d’un sixième de son vo ume d une solution décinormale d’un acide faible (acide aie iq„c cristal! isable) ou de soude, on peut observer, vingt- quatre heures plus tard, l’apparition de nombreux corpuscules («» r“ T ,mT,t ,TWc ",r '* -*•» '!»• spLhôic ; olume de , r h>'Potonklll« - "'.tenue en diluant un volume de la culture dans environ 20 (ou davantage) volumes eau dis illee, n exerce pas d’action efficace sur la formation des corpuscules. Les substances telles que le phénol à 1 par I 000 OU le sublime a 1 par 50.000, semblent tuer et fixer lesSmVochètes p rapidement pour qu’il puisse se former des corpuscules ' ,,r C'nmw SS solutlons hypertoniques (chlorure de sodium à ! P’ 10°) formation de corpuscules pet s m il assez nombreux (fig. 8). 1 [ cs> mais Les corpuscules sont généralement arrondis mais le.,,- f très Tarlable , parlai, ,„ips.M,|e J Lear volume pas pllB A les corpuscules grandissent, les Spirochètes m.i 1 te arr- w *•» « •« taille diminue : parfois un corpuscule idhér-mi : ° . de Spirochète simule un cocons qui serait muni d’unTil (IR^f q n e Iq u e^ois'deif x (fig^! '^pa^s'd1 SC“' Cor^lSCTke f%- 1 5), anciennes (fig 4> üLi 5 Se<,a“S *s cultures seur d’un Spirochète 7JT r paiement f’épais- m in «seules dans la totalité duTorps dÎ.°«E' P t D°mbre',X et observée que rarement dans les cultu, es'en cues't te “ j,pent,être cependant à les mettre en évidence mémo i ' d* reuss chauffées une seule fois à 48" unis te • • 1 ans cs cn,tures 8 ’ mdtb Je n ai pas pu observer ce LE SPIROCHÆTA ICTEROHEMORRAGIÆ INADA ET IDO 767 phénomène à l’ultramicroscope; ainsi je suis incapable de dire s’il s’accomplissait du processus décrit par Leishman et Bal four. Les corpuscules en question ne prennent pas le Gram ; ils se colorent difficilement par les couleurs basiques d’aniline (fuchsine, bleu de méthylène, thionine), mieux par le Giemsa. Dans les préparations à l’argent, ils prennent une teinte brune plus ou moins foncée suivant la durée et la température de la nitratation. Chaque procédé de coloration met en évidence des individus colorés plus ou moins intensément. Les méthodes d’examen de prédilection auxquelles chaque culture était sou- mise, sont : 1° l'examen à l’ultramicroscope ; 2° la coloration par le mélange de Giemsa, après fixation par les vapeurs d’acide osmique ; 3° la méthode de Fontana-Tribondeau. Ces trois méthodes se complètent mutuellement. La signification biologique des corpuscules est une question des plus difliciles à élucider ; correspondent-ils à un processus purement dégénératif ou bien ont-ils quelque analogie avec les spores des Bactéries? En d’autres termes, est-ce là une forme sous laquelle le Spirochète peut persister, dans cer- taines conditions, pour reproduire ensuite, dans d’autres con- ditions, sa forme typique? Si cette dernière conception était juste, il serait rationnel qu’une culture, contenant clés corpus- cules, soit plus résistante vis-à-vis des divers agents nocifs. Or, il n’en est rien : une culture plus ancienne et, par consé- quent, riche en corpuscules n’est pas plus résistante vis-à-vis des températures élevées qu’une culture jeune ; toutes deux sont tuées par les mêmes températures en même temps. Une culture âgée, d’environ trois semaines, dans laquelle le nombre des corpuscules surpasse de beaucoup celui des Spiro- chètes est chauffée pendant une demi-heure à 48°; le repiquage pratiqué avant le chauffage est positif; celui eflectué après le chauffage reste négatif. Répétée à la température de 45°, l’expérience fournit les mêmes résultats. Plusieurs cultures jeunes de Spirochètes sont tuées également par ces tempe- ratures. Au cours de la transformation des Spirochètes en corpus- cules, de nombreux repiquages ont été pratiqués afin de rechercher à quel moment disparaît la vitalité il une culture 7 fi 8 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR en voie de transformation. Les premiers résultats ont été ambigus; ensuite, je parvins à éliminer certaines causes d erreur, ce qui me permit d’obtenir des renseignements signi- licatifs et constants. Pour cela, il faut : 1° examiner surtout le depot se formant au fond du tube, car dans les cultures anciennes, les Spirochètes, en perdant plus ou moins leur mobilité, se ramassent bien souvent au fond, englobés dans les amas de corpuscules signalés ci-dessus; 2° il ne faut pas se borner à un seul procédé d’investigation; il est nécessaire d’en utiliser plusieurs, notamment l’examen à l’ultramicroscope; excellent quand il s’agit de mettre en évidence des Spirochètes jeunes, souples et mobiles, ce dernier moyen se montre parfois insuffisant lorsque les cultures ne renferment que quelques Spirochètes peu nombreux, rigides, immobiles et entourés de très nombreux corpuscules; 3° les Spirochètes sont très sensibles au moindre changement de milieu. Quand on commence à employer une nouvelle série de milieux, on observe parfois que les Spirochètes ne s’y développent qu’avec difficulté ou bien n’y poussent absolument pas. hn prenant toutes les précautions possibles, j’ai pu constater que . I une culture, ne contenant plus de Spirochètes normaux mais uniquement des corpuscules, ne se repique pas; 2° une culture perd plus vite sa vitalité dans les conditions favorables a la formation des corpuscules que dans les conditions qui conservent plutôt les formes typiques de Spirochètes et i alentissent la lormation des corpuscules. Voici, a titre d’exemple, une des nombreuses expériences que j ai effectuées : une souche, récemment isolée de Sp. icte- rohemorragiæ, est ensemencée le 27 décembre en trois tubes du même milieu de culture (sérum de Lapin dilué). Les tubes sont placés ensemble à l’étuve à 29», jusqu’au 2 janvier, .est alors que les cultures, qui ont très bien poussé jusqu’à ce moment, sont retirées de l’étuve et soumises à l’action de i erentes températures. Elles sont alors examinées à inter- valles rapprochés au point de vue de la morphologie et de la vitalité. La morphologie est étudiée à l’ultramicroscope, au Giemsaet au Fontana-Tribondeau; les repiquages sont effec- tués a aide d une pipette Pasteur, soit à la dose de 1 /2— 1 cent, cube de culture sans toucher au dépôt, soit en prélevant au LE SPIROCHÆTA 1CTER0HEM0RRAGIÆ INADA ET IDO 769 fond du tube quelques gouttes seulement, mais contenant quelques grains blancs qui s’y déposent après un certain temps. Les ensemencements opérés de la seconde façon étaient géné- ralement plus efficaces. Voici les détails: Tube 1. — Placé le 2/1 à l’étuve à 40°. — 3/1. Spirochètes normaux très nombreux; corpuscules peu nombreux; repiquage positif. — 5/1. Pas de Spirochètes; quelques filaments atypiques, probablement débris de Spiro- chètes, corpuscules très nombreux, repiquage négatif. — 7/1. Même tableau ; repiquage négatif même en ensemençant le dépôt. — 9/1. Mêmes résultats. — 12/1. Mêmes résultats. — 16/T. Mêmes résultats. Le tube est soumis de nouveau à 29° et observé jusqu’au 9/2. Les Spirochètes ne réapparaissent plus. Les repiquages restent négatifs. Tube 2. — Placé le 2/1 à la glacière. — 3/1. Spirochètes normaux nombreux; corpuscules peu nombreux; repiquage positif. — 5/1. Spirochètes nombreux; corpuscules aussi nombreux; repiquage positif. — 7/1. Spirochètes nombreux; corpuscules nombreux; repiquage négatif (on ensemence le liquide sans toucher au dépôt). — 9/1. Spirochètes peu nombreux; corpuscules nom- breux; repiquage positif (on ensemence le dépôt). — 12/1. Spirochètes peu nombreux, corpuscules nombreux, repiquage négatif (avec le dépôt). — 16/1. Spirochètes très rares; corpuscules nombreux; repiquage négatif. — 22/1. Plus de Spirochètes; corpuscules nombreux; repiquage négatif. — 31/1. Pas de Spirochètes; corpuscules nombreux; le tube est remis à l’étuve à 29° et observé jusqu’au 10/11; les Spirochètes ne réapparaissent pas; les repi- quages restent négatifs. Tube 3. — Placé le 2/2, dans une armoire du laboratoire, température environ 15°. — 3/1. Spirochètes normaux nombreux; corpuscules très rares; repiquage positif. — 5/1. Mêmes résultats. — 7/1. Spiiochètes nombieux, corpuscules très rares, repiquage négatif (on ensemence le liquide sans toucher au dépôt). — 9/1. Spirochètes nombreux, corpuscules rares; repi- quage positif (on ensemence le dépôt). — 12/1. Spirochètes nombreux; corpuscules rares; pas de repiquage. — 16/1. Spirochètes nombreux; beau- coup de formes allongées à spires dictinctes; corpuscules rares; repiquage positif avec le dépôt. — 22/1. Mêmes résultats. —31/1. Spirochètes nombreux ; corpuscules pas rares; pas de repiquage. — 10/2. Spirochètes nombreux; corpuscules nombreux; repiquage positif avec le dépôt. — 21/2. Spirochètes nombreux; corpuscules nombreux; repiquage négatif avec le dépôt. —6/3. Spirochètes nombreux ; corpuscules nombreux; repiquage positil avec le dépôt. — 13/3. Mêmes résultats. Or, à la température du laboratoire, qui était défavorable a la formation de corpuscules, la culture est restée vivante plu> de deux mois et demi. Faute de temps, la culture ne put être observée jusqu’à dépérissement complet. Pour répondre à l’objection que le repiquage ne constituerait qu’une méthode trop peu sensible pour attester la vitalité /u ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR dune culture, j’ai entrepris quelques expériences sur les animaux, aussi bien sur les Cobayes pour lesquels la spiroché- tose est le plus souvent mortelle que sur des Rats qui sont à la ois réfractaires à la maladie et réservoirs de virus. Deux tubes sont ensemencés avec le Sp. iclerohemormqiæ et maintenus pendant cinq jours à l'étuve à 29°. Les Spirochètes s'y développent «bon! (laminent . un tube est alors mis à l’étuve à 40» ; l'autre conservé A la tempe- rature d environ 15»; cinq jours plus tard, le premier tube ne contient p us le cornue T’ "T TqU“ "eS -.'Puscules; quant au second c' s e contraire. 1 cent, cube pris au fond du premier lube est injecté à un ■o iaye et a un liât blanc, 1/2 cent, cube du deuxième tube est inoculé à un Cobaye témoin et à un Hat blanc témoin. Le premier Coba "survit Les mêmes expériences furent répétées avec d’autres souches de Spirochètes, puis avec une culture transformée en corpus- cu es au bout d’un séjour de trois semaines à la glacière. Les résultats ont été identiques: il est impossible d’infecter un an.mal avec une culture transformée en corpuscules, soit ‘ irectement, soit par I intermédiaire d’un animal réservoir de 1 ou tes ces expériences aboutissent à la conclusion suivante • les corpuscules, apparaissant dans les cultures de Sp. icterohe- morragiæ, ne sont rien autre que des produits de dégénéres- cence. Naturellement, les expériences relatées ci-dessus ne nous permettent pas d’affirmer que les Spirochètes sont incapables d’engendrer, dans d’autres conditions que celles «.dmu,, des formations pins „„ ,„„L rente. ““ “Snilic,li»n biologique complètement diK- (I l Le Cobaye succombe seize jours plus tard h i,no 4. « sans présenter de signes de spirochétose ni dl ‘L pulmonaire tandis que le témoin succombe en sept ionr >P ,asites daps les organes » ses organes sont farcis de Spirochètes1 Quant a Une ®P/rochét°se typique : ques jours plps tard, 1/2 — 1 cent cube dV«a 1 L-X Rats’ 011 Prélève quel- Il est impossible de transmettre la shrocliétoL<,av°n ‘,niecle à des Cobayes- avec une culture transformée entièrement osea'ecle sang de Rat injecté sang du Rat témoin qui a reçu des Soi, rhère ,corPuscules> tandis que le douze jours avec tous les s, "mpWmes de t typTeS tue un Cobaye en dans les organes. Pour obtenir une infection s|moc,'etose et des parasites préférable de faire le prélèvement péS du.xsa"g de Rat- 11 1 injection d'une culture de Spirochètes- „„ P''enuère semaine après 1 expenence échoue le plus souvent. ' ’ quelques semaines plus tard, LE SPIROCimTA ICTEROHEMORRAGIÆ INADA ET IDO 771 BIBLIOGRAPHIE Balfour, Spirochætosis of Sudanese Fowls. Fourth Report Wellcome tropi- cal Research Laboratories at the Gordon Memorial College Khartoum, 1911. — Résistent Form of Treponema pallidum. Journ. of the royal Army med. Corps , 16, p. 695. . . . Bosanquet, Brief Notes on the Structure and Development ot Spirochæta anodontæ Kevsselitz. Quarterly Journ. of microseopical Science, 56, 1911, p. • « • Breinl, On the Morphology and life Ilistory of Spirochæta duttoni. Annals of tropical Med. and Parasitology, 1908, p. 435. Carter, The présence of Spirochæta dutloni in the Ova of OrnUhodorus moubata. Annals of tropical med. and Parasitology , p. 181, 1901. Dutton et Tord, Morphology of Spirochæta dutloni, Lancet , 52, p. 1*1, !•»«'• Fanthaji. Spirochætes and their Granule Phase. Bntish med. Journ., 18 iricirs 1910. O' Farrel et Baefour, Granule Shedding in Treponema pallidum and asso- ciated Spirochæte. Journ. of the royal Army med. Corps, 17, 1911. IIindle, On the Life-Cycle of Spirochæta gallinarum. Parasitology , 4, RriTER, Beitrâge zur Ætiologie der Weil’schen Krankheil, 2 Mitteil. Deutsche med. Woch., n° 1, p. R 1916. T- . Leishman, Experiments in Connection with the Transmission of the T ick Fever Journ . of the royal Army med. Corps, 12, n° 2, 1909. . , _ Mechanism of Infection in Tick-Fever and hereditary Transmis, on of Spirochæta duttoni in the Tick. Lancet, 1, p. 10, 1910. . - « Granule » Clumps in Ornithodorus moubata and their Relation to Spirochæta of African relapsing Fever. Ces Annales, 32, n° P ’ Marchoux et Couvy, Argas et Spirochètes. Ces Annales , 27, ^ • Martin et Pettit, Spirochétose ictérohémorragique, aiJs; ' Woch Meirowsky, Beobachtungen an lebenden Spirochaten. Munch. med. -, P Nooecn, A Method for the pure Cultivation of pathogenie Treponema palli- dum. Journ. of exper. Med., 14, p. 99, 1911. — Treponema mucosum. Journ. of exper. Med., 16, p. > _ ‘ . f f _ Pure Cultivation of Spirochæta duttoni, kochü, nbermeier, novy,. Journ. o, Pu^'cuUivaGon Tspirochæta phagedenis. Journ. o, exper. Med., 16, P' “cuuîvauon of Spirochæta gallinarum. Reiter et RammEj Beitrâge zur Ætiolog.e der We,l schen Mankhed, Mitt. Deutsche med. Woch., p. 1282, 1916. . I W. Scott Macfie, Uréthral Spirochætosis. Parasitology, 9 p. 2U. TODU, The Granules of Spirochæta duttoni. Bull, de la Soc. c e pa Distribution and Morphology of Spiroc^tajutlorü and Sp. kochü in expérimentait,' infected Ticks Journ. Woebach et BmoER, Cultivation of a free living f.Ue.alde Spnochæta. of med. Research, 30, n» 1, p. 9, 1914 Research, n» 1, — A Filterable Spirochæta from free Water. joui u, p. 23, 1914. 772 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR II Sur la morphologie de Spirochæta icterohemorragiæ en milieux acides. été\uî'r'nareVrtrCheS 6Xp0SéeS Ci'dessus> mon attention a u s! , ; ° gements morphologiques que présente 1 1:ZT:Z“ “rrél*“Ve““' '« modifications Si on mélangé clans un tube environ ,10 cent, cubes d’une culture jeune en sérum dilué avec 1 cent, cube d’une solution dec, normale de soude, les Spirochètes deviennent rig d s p us épais et formant plusieurs gros corpuscules arrondi fi/c,) - changement ne s’observe qu’au bout de vingt-uuatfe - men.sn?e fUlt P'US intér™ts sont les change- culture l'ï.e'u'te'lu'é.rti"'1"1'’, k f"'1" d“ Spirochète, de («, H.1; 4S * r* raccourcissement et les spires n»; m P'oduit un 0,5 g, sont séparées par des iLtlrv , i ““ Cl’envir011 elles. apparaissent moins nombreuses et nlu Jl" I ^ d°Ubles; 1 aspect se rapproche de celui du fl P *^.hes; en un mot les Spirochètes deviennent plus épais' ffiTToi ^ ^ ce.v„g,m.»,s^,sr^sruleï*rron‘,i-(,i^2)- frottis colorés ^ V ~ .1. FouL-TriboXl °" W" r *—« moment restent négatifs Pour piqila£es pratiques à ce question, il „ „P '• <*~«e en normale do milieu en réaction acide il T' * alc»l'ne de> il faut pousser l’acidifica- 773 LE SPIROCHÆTA ICTEROHEMORRAGIÆ INADA ET IDO ' tion un peu plus loin jusqu’au degré indiqué ci-dessus. Si la quantité d'acide est bien dosée,' la culture se trouble légère- ment au bout de quelques heures ; si vingt-quatre heures après on neutralise l’acide, le trouble disparaît, mais les Spirochètes ne reviennent pas à la forme normale. Cette constatation m’a amené à rechercher l'influence de la réaction de l’urine sur la morphologie des Spirochètes. D une façon générale, cette sécrétion produit une fragmentation et une dissolution de ces micro-organismes. Dans quelques cas, seulement, en mélangeant à parties égales une urine fortement acide et une culture, les Spirochètes se sont modifiés d’une façon comparable à celle qu'on obtient en acidifiant le milieu de culture avec de f acide acétique ; cependant les change- ments n’ont jamais été aussi constants ni aussi généralisés, même à égalité de degré acidimétrique. Peut-être peut-on expliquer ces résultats de la façon suivante : les Spirochètes modifiés par l’acide acétique persistent sous leur forme nouvelle pendant des jours entiers. Dans l’urine, cependant, les condi- tions sont moins favorables; si l’urine est faiblement acide, le phénomène ne se produit pas; dans le cas contraire, les micro- organismes se fragmentent et ne tardent guère à se détruire et le phénomène décrit ci-dessus ne se produit que pendant un temps très court : par conséquent, il devient très difficile de l’observer. Cependant, certains ailleurs (1) avaient déjà remarqué que l aspect du ùp. icterohemorragix dans l’urine est plutôt polymorphe et, en tout cas, différent de celui des Spirochètes de cultures. Or les changements de forme sont probablement dus à l’acidité de l’urine, la lyse à 1 influence d’autres facteurs agissant dans l’urine. Je prie M. Auguste Pettit d’agréer mes remerciements pour son bienveillant accueil dans son laboratoire. Je lui exprime ma gratitude pour 1 intérêt qu il a porté à ces i echerches et pour les conseils qu il a bien voulu me donner. (1) N. Fiessinger, La spirochéturie. Journ. méd. français , n° 4, 1919. — Pierre-Paul Lévy et Guilé, Action de l’urine sur le Treponema de la syphilis. C. R. de La Soc. de Biol., 1919, 82, n° 2. 774 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUII EXPLICATION DE LA PLANCHE XVII Li" corpuscule minuscule entre le milieu et l’extrémité droite du Spirochète. Premier stade du développement. On distinguait 1res bien les bPFiG r 8n 1 1 petltes et nombreuses- Culture de sept jours à l’étuve à *9» n , f n C0,,puscule plus grand, à l’extrémité gauche; un autre Jus 1 lit a 1 extrémité droite du Spirochète. On ne distingue plus les spires la tigüreT6" Sl"' deUX aUlre8 Spirochêtes> à droito. Même culture que Ho. é. — Un corpuscule sur une forme courte (probablement le resi» ,r,,„ Spirochète). Même culture que figures 1 et 2. ««'ement '« reste d un hic.. 4. — Un groupe de Spirochètes et de corpuscules „„ d'une semaine à la glacière -opuscules apies un séjour lure d'JnvironTsT ^ ^ CuUureS anciennes’ maintenues à la tempéra- Fig. 6. - Corpuscules nombreux, Spirochètes très rares Les cornusml^ Présentent une variabilité extrême de volume de forme 'ifl v? coloration. Séjour de quatre semaines à 1 etuve à £ “le,,8,le ^ ,a fiG. 7. Corpuscules apparus consécutivement à un seul chauffW 'So SSÜ.-Ï5Æ sur Fig. 9. - Corpuscules apparus consécutivement à l'a, lion H» i , T' de soude décinormale ajouté à «n , 7 I action de 1 cent, cube de vingt-quatre heures CUbeS d CuIture J"™». A» bout Fig. 10. — Déformation de Spirochète Po i; , d'acide acétique à 1 p 100 ajouté à in i J '°n e ^ cent, cube Spirochètes. '' 10 CenL cubes de culture jeune de normaux. “ M"m° CU'tU''e immédiate'«ent avant l’acidification. Spirochètes acétique à 0,05 p. 100 (voîr ^^lth'au à 'action d'acide spires relâchées, formant des corpuscules A droüre. e™. SpirochHes * encore normaux. ' ‘ 10,le et en bas, Spirochètes Le (j tvant : G. Masson. Paris. - L. Marbthkvx, imprimeur, 1, rue Cass.u. •V- m, Annales de l'Institut Pasteur. TOME XXXIV. PL. XVI 1. Mém. M. Gieszczykiewicz. Figuhe 1. Figure 2. Figure 3. Figure 4. Figure 5. Figure 6. Figure 7. Figure 8. Figure 9. Figure 10. Figure 1 1 . Figure 12. (Phr-to Jeanlel ) * . . . . ' . . . . . . Il . ■ ' 1 I NOUVELLE ÉTUVE .température constante de HEARSON La figure représente l’Étuve électrlqne sans réser- voir d’eau. ... , .. « Dans ces appareils, la chaleur est produite, distribuée d’une façon uniforme par un ou plusieurs ms. Pf,sd°nc' tions spéciales commandant chaque fil permettent d utiliser ces résistances suivant certaines combinaisons pour pro- duire des températures plus ou moins élevées. Nous fabriquons tous les appareils nécessaires aux labo- ratoires de bactériologie, tels que : bains-marie, étuve.» à paraffine, stérilisateurs, appareils Wassermann, etc. P Tous nos appareils peuvent être chauffés, soit au r pétrole, gaz ou électricité. ENVOI GRATUIT DU CATALOGUE SUR DEMANDE Seuls Concessionnaires: SPRATT’S PATENT 38, rue Canmartln, PARIS • • • • ' ■«■'y***, -• ËtfA ZiB Maison Ch. VEROIN «O* G. BOU LITTE, suce Ingénieur-Constructeur APPAREILS DE PRÉCISION Servant en Physiologie, en Pharmacologie et en Médecine INSTALLATIONS COMPLÈTES de LABORATOIRES sur DEVIS 7, Rue Linné, PARIS (Ve) Téléphone 828-33 ma - Cernent par Ta Marine Tt Têt HSpiïâûît dè Paria. PANCREATINE DEFRESNE 'SfTîSt.îar.Tss- ,a‘ J0 J?£îs,lonî Oimcilea. J Omtrtt»“ui. 160 Rüe Lafayette PARIS «esesBAPHiK - BMt&m&i.Qeiiÿi E. COGIT & C E Constructeurs d’instruments et d’ Appareils pour les Sciences 36, Boulevard Saint-Michel, PARIS Téléphone : Fleurus 08-58 . ATELIERS DE CONSTRUCTION EXPEDITIONS ET VERRERIE EN GROS 19, Rue Humboldt, PARIS AGENTS EXCLUSIFS DES MICROSCOPES KORISTKA. S. O. M. Construits par ta Société d’Optique et de Mêcaniaue de Haute Précision , à Paris. mecan,(Iu* Dépositaires des Colorants français R. A L et des Colorants du D» TRIBONDEAU et du Dr HOLLANDE Produits chimiques pour la Micrographie et la Bactériologie Autoclaves, Centrifugeas, Installations complètes de Laboratoires Milieux de culture stérilisés , Microtomes de toutes marques. ' appareils et BROYELRS latapie |; nouveau modèle D’étuves électriques a température constante NOUVEAUX APPAREILS DE PHYSIOLOP tt? Marque .ASCO» pour la médeciue efrexpém^enUtion. CHENAL* DOUILHETefc- Suce PARIS - 22, rue de la Sorbonne, 22 - PARIS fabrique de produits chimiques et pharmaceutique f™“ E EiS* t SSfW * fBtntom . ieromii — 7 — FOURNITURES GÉNÉRALES pour LABORATOIRES et Ateliers de construction d’Appareiis de précision Les Établissements POULENC Frères 122, Boulevard Saint- Germain — PARIS Siège social : 92, rue Vieille-du- 1 emple Produits Mues purs Réactifs, Liqueurs titrées Verre Français, marque LABO VERRERIE ORDINAIRE ET GRADUEE DEN SIMÈTRES THERMOMÈTRES APPAREILS I chauffés au gaz, au pétrole, | à l’électricité. Autoclaves et Étuves à culture COLORANTS FRANÇAIS, marque R. A. L,. pour Microbiologie et Physiologie MICROSCOPES ==-- MICROTOMES === CENTR1FUGEURS M°." BERNOT Frîs 160 Ru. Lafayett. PARIS MASSON et <ÿ», Éditeurs, Libraires de l’Académie de Medecine 120, boulevard Saint-Germain, PARIS. Vient de paraître M. NICOLLE Les Antigènes et les Anticorps Caractères généraux Applications diagnostiques et thérapeutiques Un volume de 115 pages 4 fr. 50 net. s oV^ ATELIERS DE CONSTRUCTION %'\ *$>♦' Pour appareils de CHIMIE, SS. BACTÉRIOLOGIE. \ verrerie soufflée, graduée, porcelaine, terre, grès. 1» 36 et 13, Rue Vauquelin PARIS (V) INSTALLATIONS COMPLÈTES DE LABORATOIRES "E-T IDIE! S A LLES D’O PÉR ATIOITS Fourniture de Produits chimiques — Matières colorantes Microscopes — Microtomes. IVeutra . Fina. . . Verre. . NOUVELLES VERRERIES DE LABORATOIRE : Qualité léna. — Hohême. — Courante. Produits français fabriqués par la Verrerie E. ADNET, 28. rue des Carrières, à Chareni on , près Paris. ~r rvi n - ENVOI FRANCO DU CATALOGUE ÏLLUSTKE - P. LEQUEUX* INGÉNIEUR ^ f des Arts et Manufactures ARIS — 64, Rue Gay-Lussac, 64 — PARIS Adresse télégraphique : VV1ES1VEGC-PARIS _ Téléphone : 806-25. SPECIALITE D’APPAREILS BACTÉRIOLOGIQUES tttddc ET bajns-marie A TEMPÉRA- TURES CONSTANTE, * ÉTUVES A CUT PAR LE fl^T^1ENNES CHAUFFÉES pETpm o ’ h electricité et le PETROlE * REGULATEURS DE TEMPERATURE * CHAMBRES - ÉTUVES , etc. * APPAREILS A DÉSINFEC- ^ ^1^ éS* TI ON. FOURMSSIUI DBS Mit! PASTEOI de Paris, Lille, etc.. et Instituts Bactériologiques de France et étranger > INSTALLATION de LABORATOIRES Projets, Devis Envoi franco des Catalogue* aur demanda as s siasa t assaeœ - P#ri8, " L Marethbux, imprimeur, 1, rmHÜÜÏÙT T. XXXIV. — 1920. Novembre — N» 11. ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR FONDÉES SOUS LE PATRONAGE DE «I. PASTEUR PAR ' • - E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION Dr GALMETTE, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr LAVERAN, membre de l’Institut de France; Dr L. MARTIN, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; Dr VAILLARD, membre de l’Académie de médecine. PARIS MASSON ET Cle, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain (6e). ECRÉTAIRE DE LA Rédaction : Camille RAVEAU BIBLIOTHÉCAIRE DE L’iNSTITUT PASTEUR 25, RUE DUTOT - PARIS (XVe) Les annonces sont reçues à ■ l’Économat de l’Institut Pasteur . PRIX DE L’ABONNEMENT. — France : 45 francs; Union postale : 55 francs; Prix d'un Numéro : 4 francs. ABONNEMENT. Prix de l’abonnement Prix du numéro, — PRIX DES VOLUME8 DES « ANNALES ». , à partir de 1921 France .... 45 fr — Union Postale. 55 fr. _ _ 4 fr. Années antérieures. — Les années 1888, 1889, 1890, 1891, 1894 à 1896 sont épuisées Les années 1892, 1893 et 1897 à 1919 se vendent séparément 28 francs. Les années 1887 (volume I), 1893, étant très rares, ne se vendent pas séparémen Tables des Matières, années 1887 à 1906, 1 vol., 10 francs. SOMMAIRE DU N° I I La cellule géante syncytium ou dérivé de syncytium contribution à 1 étude des gr nulomes, par Liénaux et Hamoir Les propriétés des microbes lactiques; leur classification, par Paul Van Steenberge . . De la pathogénie du choléra [quatrième mémoire) : Le gastro-entérotropisme des vibrion par le professeur G. Sanarelli L’immunité naturelle et acquise chez la chenille de Galleria mellonella (premier mémoire par S. Le “ JBYlü^ ” seul véritable CRESYL EXIGER LE VRAI Le seul d’une efficacité scientifiquement contrôlée et d’une innocuité absolue eCeo estante LE MEILLEUR DÉSINFECTAfCT ANT IPAR ASIT AIRI Cicatrisant rapide des plaies, blessures, etc. Indispensable pour V Assainissement, la. Désinfection et l'Hygiène des Habitations et de leurs Dépendances Le CRÉSYL-JEYES authentique possède ns pouvoir germicide cousit! rable, même en présence de matières protéiques Non toxique, le CRÉSYL-JEYES se montre contre les Plaies un excelle antiseptique. Pour la désinfection des Locaux, les bons effets du CRÉSYL-JEY] tiennent à ses remarquables propriétés BACTÉRICIDES et ANTIPUTRIDES. SAVONS ANTISEPTIQUES AU CRÉSYL-JEYEI pour la TOILETTE et 1 HYGIÈNE de la PEAU Société Française de Produits Sanitaires et Antiseptiques PARIS — 35, Rue des Francs-Bourgeois — PARI! P. LEQUEUX*, Ingénieur des Arts et Manufacture* Maison WIESNEGG, 64, rue Gay-Lussac, Paris Fournisseur de l'Institut Pasteur et de la Faculté de médecine de Paris STÉRILISATEURS, ÉTUVES, APPAREILS DE DÉSINFECTION Installations de Laboratoires de bactériologie. Exposition univ. Paris 1900 : DEUX GRANDS PRIX APPROUVÉS par le Conseil supérieur d’Hygiène publique de France, AUTORISÉS conformément à la loi par M. le Ministre de l’Intérieur. Produits, Procédés APPAREILS pour la DÉSINFECTION en surface, en profondeur et par lavages ou trempages. Cartouches auto-productrices d'aldéhyde formique FLUOFORIVIOL GONIN CRESYLOL SODIQUE GONIN NITIDOL GONIN fixes et transportables, à basse cession, utilisant le formol. Adresser toute la correspondance Adresse telégr, Téléph 60, Rue Saussure FABRIQUE DE GRILLAGES BT IDE CAGES peur Études Bactériologiques CHENILS ET VOLIÈRES Paul pTaRRETTE Fournm d« l’Institut Pistear nt d« la FScalté d« Médeeft* t?. rue Sèguier, 17, Paris ■6‘) “ *w- V* — v— ' ^ w~ w ‘ — v — ' LYSOL LE PLUS PUISSANT DES ANTISEPTIQUES-DÉSINFECTANTS DÉRIVÉS DU GOUDRON ENTIÈREMENT SOLUBLE DANS L’EAU Le LYSOL, recommandé par les médecins et les savants les plus éminents, est le meilleur préservatif des maladies épidémiques : Grippe, Influenza, Diphtérie, Fièvre typhoïde, etc. Les Dispensaires antituberculeux et, principalement, le Dispensaire modèle de Lille, fondé et dirigé par le Dr Calmette, emploient lee Solutions Lysolées, de préférence à toutes autres, pour la des- truction des germes malfaisants des crachats et du linge des tuberculeux. Savons de toilette antiseptiques an LYSOL, penr ÉCOLES, CRECHES, DISPENSAIRES, ete. Eau Dentifrice antiseptique au LYSOL Société française du liYSOli 65, rue Parmentier, à IYRY (Seine) Le seul autorisé par PASTEUR à porter son nom 2 Grands Prix (Exposition Universelle 1900) 5 Diplômes d’Honneur 12 Médailles d’Or Prix Montyon Médaille d’Or de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale. Le SEUL pouvant s'opposer efficace- ment a la transmission des maladies par les eaux de boisson. FILTRATION DE L’EAU BOUGIES DE POROSITÉS GRADUEES POUR LABORATOIRES Siège social : 58, rue Notre-Dame-de-Lorette, PARIS SOCIÉTÉ D'INSTILLATION ET D'ENTRETIEN 1, Rue Godot-de-Mauroi (POUR PARIS ET LA BANLIEUE) 34e ANNÉE NOVEMBRE 1920 N° 11 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR LA CELLULE GÉANTE SYNCYTIUM OU DÉRIVÉ DE SYNCYTIUM CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES GRANULOMES par LIÉNAUX, professeur et HAMOIR, agrégé à l'École de médecine vétérinaire de Cureghem-lez-Bruxelles. Les recherches que nous exposerons ici ont eu pour point de départ des études sur les altérations du rachitisme, de l'ostéo- malacie et de l’ostéoporose (1). Constatant que lhypohaverso- genèse engendre l'haversomégalie, et qu’inversement le fort volume des os n'est obtenu qu'aux dépens de leur densité, par suite de l’adéquation des facultés ostéogènes et des surfaces à couvrir d'osséine, nous nous étions demandé si la relation des surfaces et des volumes, considérée dans les cellules géantes et dans les cellules ordinaires, ne pourrait pas expliquer l’énigme qui pèse toujours sur la valeur anatomique et sur la valeur fonctionnelle des premières. L’anatomie pathologique comparée nous a fourni de précieuses indications à cet égard. Disons de suite que nous avons visé tout d’abord les cellules géantes dont l’existence est liée à celle des processus inflam- matoires chroniques et que Laulanié(2) avait qualifiées cellules (I) Bull, de l'Acad. royale de Médecine de Belgique , 1919. (2l Etude critique et expérimentale sur les cellules géantes , 188S. 776 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR géantes irritatives. Il nous avait paru en effet que les cellules géantes tpmorales pouvaient n être, comme les tumeurs elles- mêmes auxquelles elles appartiennent, que des anomalies de développement sans finalité dont il serait par conséquent prématuré d étudier les conditions d adaptation. Nous avons pourtant été amenés plus tard à les comparer aux cellules irntatives et celte confrontation nous a conduits à Rélargisse- ment du groupe de celles-ci, en même temps qu’au rétrécis- sement de celui des tumeurs sarcomateuses ; ce point sera envisagé dans un travail ultérieur. C est dans le tubercule que la cellule géante irrilative ou cellule de Langhans est le plus souvent rencontrée. Les auteurs la repi ésentent comme formant le centre de cette lésion consi- dérée à son stade initial ; elle y est entourée de cellules polyé- driques, dites épithélioïdes, formant un nombre variable d assises et elles-mêmes bordées extérieurement de lympho- cytes entremêlés aux éléments conjonctifs et autres de l’organe envahi. Mais Je tubercule n’est qu’une formation anatomique parti- culière que l’on observe au cours de maladies diverses relevant de causes miciobiennes (bacillose ou tuberculose, morve, acti- nomycose, actinobacillose, lèpre, etc.) ou de causes parasitaires (aspergillose, strongylose, vasculaire, gale démodectique, syphilis, etc.). L’édification tuberculeuse paraît dirigée dans chacune de ces maladies contre l’agent causal et avoir pour but, sinon toujours pour effet, d’enrayer son action, de nuire à son développement ou de provoquer sa destruction dans les limites étroites du nodule inflammatoire. Ses moda- lités sont diverses. Dans la tuberculose, par exemple, le champ de la défense organique se trouve d’habitude peu à peu reculé circulairement devant le front d’attaque du bacille, parce que les premières lignes cellulaires de la résistance succombent successivement (caséification); mais cette mortification centrale peut manquer dans la tuberculose et elle fait constamment défaut dans d’autres affections, dans l’actinomycose notamment. Dans la morve pulmonaire, la lésion ne prend l’aspect histolo- gique du tubercule que secondairement, autour du foyer mortifié de pneumonie militaire qui évolue primitivement dans chacun des points où une emhole spécifique s’est fixée. 11 s’agit là de plié- 777 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES GRANULOMES « nomènes contingents, inhérents à la nature particulière des fac- tcuis pathogènes et des résistances en présence. De simples corps aseptiques peuvent provoquer des néoformations tuherculiformes et celles-ci apparaissent par conséquent comme un moyen de défense très général contre des causes d’irritation localisées et ■d’effet durable. Lacellule géante lait généralement partie des élé- ments qui y figurent et elle a son rôle à jouer dans l’œuvre de détense de l’économie. L’anatomie pathologique l’a surabon- damment prouvé en montrant les rapports que celte cellule Fig. 1. — Symplaste en fragmentation dans un tubercule du foie du paon, pouvant donner l'illusion d'une énorme cellule géante, mais qui en com- prend, en réalité, plusieurs. contracte avec les microbes, avec les parasites ou avec les corps étrangers; au surplus, l’accord est unanime pour la consi- dérer comme un phagocyte fixe. Nous ne nous attarderons pas à refaire la description des • cellules géantes ; onia trouvera dans les ouvrages classiques et dans nombre de travaux spéciaux; il n’y a rien été ajouté depuis nombre d’années. Nous rappellerons seulement leurs dimensions relativement grandes, quoique fort variables, et la multiplicité habituelle de leurs noyaux, ceux-ci pouvant dépasser la centaine. Celles des oiseaux sont remarquables par l’importance de leurs diamètres ; mais une remarque doit être faite et le lecteur saisira mieux son importance au cours des 778 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUH développements qui suivront. Les altérations tuberculeuses des oiseaux donnent, sous le microscope, plus souvent que celles des mammifères, des aspects symplastiques que l’on peut, à la rigueur, considérer comme appartenant à des cellules géantes, mais qui ne sont en réalité que la matrice d’où ces dernières dérivent. C’est ainsi que nous avons mesuré 315 {x en longueur et 215;/ en largeur pour un élément qui renfermaitplus de deux cents noyaux; or il s’agissait d’un syncytium coupé tangentiellement dans la paroi d un tubercule caséeux et dont plusieurs lignes de iragmentation étaient déjà bien visibles (fîg. 1). La forme des cellules de Langhans est vraiment quelconque. Les prolonge- ments dont elles sont ordinairement pourvues et qu’on a expliqués par la configuration étoilée de certains des éléments qu’elles peuvent s’etre adjoints à leur périphérie trouveront une interprétation complémentaire dans un processus formatif (jui n’a pas été signalé jusqu’ici. Tuberculose aviaire. 11 était naturel que nous commencions nos recherches sur du matériel provenant d’oiseaux tuberculeux, les lésions de la tuberculose aviaire étant particulièrement riches en cellules géantes. Nous débuterons donc par l’exposé des observations que nous avons faites sur la poule, le faisan et le paon. Les lésions ont été fixées diversement, soit au formol à ) p. 100, soit au mélange picro-formo! de Louin. soit encore au mélange bichromate potassique-acide acétique de Tellves- mczky. Nous avons varié les colorations sans sortir des tech- niques qui sont d’usage courant en histologie. Un fait essentiel nous a frappés dès nos premières recherches. r que 780 ANNALES DE I. 'INSTITUT PASTEUR (lig. 2,4). A côté des noyaux vésiculeux des cellules épithé- lioïdes dont il est formé, le symblaste renferme souvent des noyaux de leucocytes ou même des globules blancs entiers bien distincts. Il n est pas rare d’y voir, comme dans les cellules géantes, des vacuoles arrondies ; la coloration au Soudan de prépara- tions non traitées par les dissolvants des corps gras montre que ces vacuoles résultent de la disparition de gouttelettes grais- seuses lors du passage au xylol des pièces à débiter en coupes ; elles caractérisent donc un état de dégénérescence. Seul l’examen de coupes sériées des tubercules jeunes permet d attribuer toute leur signification aux particularités précé- enles. On reconnaît ainsi que le syncytium occupe le centre i u tubercule ; qu’il y forme une masse non toujours régulière ordee de cellules épithélioïdes en couches plus ou moins nom - breuses ; que cette masse est souvent déjà fragmentée à sa Peripherie de manière à prendre la forme d’un bloc d’où partent, en rayonnant dans toutes les directions, des prolonge- ments de forme, de longueur et d’épaisseur variables, séparés les uns des autres par des fenles (fig. 2, 3). On constate dans ce cas que ces solutions de continuité, tout en étant découpées suivant des lignes dépourvues d’uniformité, laissent voir dans ces dermeres des droites, des courbes, des dentelures, des angles qui, rapprochés bord à bord, se coaptent parfaitement, de sorte qu il faut bien admettre que la fîssuralion du symplaste lesulte des brisures qui y sont survenues. Il n’y a pas seule- ment eu division du syncytium, mais rétraction de celles de ses parties qui sont comprises entre deux fentes voisines. Celte dernière interprétation est confirmée par l’existence de travées protoplasmiques tendues a travers les fenles, d’un bord a l autre de celles-ci, et qui délimitent à l’occasion des reo es ou on rencontre de-ci, de-là, une cellule épithélioïde in leucocyte ou seulement les noyaux de pareils éléments. Quand ces travées ont été rompues par le retrait des fragments ^mplastiques entre lesquels elles étaient tendues, il en peut ZT , " ‘r*“" » »»"* l’«»P<*t ■!« poin.es ou d,* ra,',c,bn *« p^it 'mplaste non encore disloqué se .» bien, s’il a *“‘ *»' '« tubercule gris. les cellules gémles qd en soèc™"1'0” plus liant, versalement I • ! lssues ailront été coupées trans- p»sr:ss “ r !» leuses ffio' ^ \ t < ront circulaires, ovalaires ou angu- deux cercles concentrique, de „i ’ P°SSederont à Occasion groupes plus ou moins compacté ZZZ™ IlUpourraUsI CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES GRANULOMES 785 faire encore que la cellule qui se présente ainsi ne renferme qu’un seul ou quelques noyaux et même qu’elle en soit dépourvue. Toutes ces variantes dépendent du point de la lon- gueur de la cellule géante où le rasoir a enlevé la tranche examinée ; nous savons que les noyaux se réfugient à distance du centre caséeux. Dans les mêmes préparations, les cellules géantes présentent des prolongements par lesquels elles s anas- tomosent entre elles ou sont hérissées de pointes, de becs, d’éperons qui témoignent des rétractions subies parle symplaste fragmenté. Le mécanisme de la formation des cellules géantes des oiseaux pIG g _ Tuberculose du foie d’un paon. A gauche, tubercule jeune montrant un symplaste avec noyaux groupés ; à droite, tubercule caseeux avec cellules géantes dont la plupart sont coupees radian ement. nous apparaît donc très clairement. 11 comporte les temps suivants : 1° fusion des cellules épithélioïdes en syncytium, 2° fragmentation de ce dernier en blocs polyédriques ou cy in- driques suivant des plans en général radiaires par rapport au centre du nodule, de telle façon que les cellules géantes demeu- rent continues entre elles par leur extrémité interne lc !‘“ tion du protoplasme de chacune de ces parties qui s isole plus ou moins des blocs voisins. Le sort des noyaux des cellules géantes nous les montre se groupant à distance du centre du nodule tuberculeux pendan le même temps où la cellule meurt et tombe à 1 état caseeux par son bout central. Fuient-ils le contact des toxines bacillaiies élaborées plus abondamment vers le centre ; sont-ils attires pat l’appât des sucs nutritifs qui filtrent dans les fissures du sym- 786 ANNALES ])E L’INSTITUT PASTEUR plaste et qui continuent à arriver du côté de sa base? Chimio- axie négative dans la première hypothèse, chimiotaxie positive pour la deuxième; ni l’une ni l’autre n’est déplacée. Quoi qu’il en soit, il y a heu de faire l'étude des cellules de Langhans ' hez es mammifères pour voir à quel point les données recueil- les chez les oiseaux pourraient leur être applicables. Tuberculose des mammifères. -es altérations sont souvent plus complexes que celles des oiseaux en ce sens que les tubercules des mammifères s’en- touren d habitude de tubercules secondaires sur lesquels il s’en ° Ile d autres de telle sorte qu'il en résulte des conglomérats tuberculeux. Au sein de ceux-ci, il peut être malaisé, qu'ils so en demeures crus ou qu’ils aient été envahis par la caséili- eahon, de reconnaître le territoire et les éléments propres de chaque lésion élémentaire. Nous avons étudié semblables ong lomerats chez le bœuf, dans les poumons, la plèvre les lions Th’l meniDgekS ; Chez 16 cheval> dans la ra*e et les gan- P umon DriaUX; 16Z rh°mme’ danS 16 foie> Ja -te et les nérats nui rS “ qUe Ia formation ^ ces conglo- ar e rne 651 pr°pre aux ma'«*nifères, ne paraît possible que culose oui T aTaUX réSi8tent plus ,onStemps à la tuber- ex les oiseaux ne survivent - lulTerïule's ^iméd t06 ^ P6Ut n°US apPrendl'e l’examen des figue 7 en stnTuneT', 6S ‘"produits da- la ht picmier (fig. 7, 1) montre, au centre d'un tubercule jeune ne couronne de noyaux rassemblés à une certaine distance de di„r.,,z L* luee, mais sa limite externe ne l’est pas encore II est a £sevn°:;r 1 ion r fera ? deh- *“«2» future cellule <,éante faU dP°Ur m°ment aUCUne trace’ La diffus, lequel s’étend L °nC0,'C ParÜe du tubercule ’ °U m°mS vers la Périphérie du Dans la niomo ligure on 9 lo r.zxii i <■ Par une sorte de sillon disjoncWet ceîufSU CONTRIBUTION A L’ÉTUDE RES GRANULOMES 787 multiples endroits, par des ponts protoplasmiques qui maintien- nent l’unité du symplaste en travail de segmentation. Pareil sillon ne peut guère se comprendre que par le retrait du pro- toplasme qui est en train de s’isoler de la masse commune. Le dessin reproduit en 3 se rapporte à un stade plus avancé de l’évolution du tubercule. Il s'agit d’une lésion élémentaire [,’1G 7. __ Tuberculose humaine ; 1 et 2, tubercules caséeux de la rate. "ris 3, tubercule dont le centre a commencé de subir la caséification. On dislin., ut autour de ce centre quelques cellules géantes bien reconnais- sables, déjà isolées de leurs voisines ; dans les autres points, on remarque seulement des groupes de noyaux espaces les .« sein du symplaste ; de» tour» r,d„„;,s y sont déjà visibles et l’ensemble de la_ préparation fai prevon comment, à l’intervention d’autres éclatements semblables du protoplasme, l’organisme achèvera de réaliset enceic eme VStm V» i» eellules gé.nle,. Nous r.trouv.n» donc 788 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUli la même disposition que nous avons vue chez les oiseaux. Les cellules de Langhans y prennent l’aspect d’éléments cylindri- ques ou polyédriques souvent anastomosés entre eux par leurs faces latérales et pourvus à leur base de prolongements qui s’enfoncent dans le syncytium ou se portent à la rencontre des cellules épithélioïdes. Gomme elles sont orientées de la périphérie *** ■ Fig. 8. — Couronne de cellules géantes autour d’un foyer caséeux dans un conglomérat tuberculeux du bœuf. du tubercule vers le caséum central, elles se présenteront autre- ment dans les sections du tubercule qui ne traverseraient pas le foyer mortifié ; coupées transversalement ou obliquement, ■elles seront ou circulaires ou polygonales, leurs noyaux seront aussi diversement collectés, ainsi que nous l'avons déjà indiqué à propos de la tuberculose aviaire. La même orientation par rapport au caséum subsiste pour les cellules géantes des conglomérats tuberculeux. L’incidence heureuse du rasoir permettra de les voir plongeant par la tête dans la zone mortillée (fig. 8 et 9), mais un détail nouveau se présente en ce sens que les cellules géantes sont le plus souvent séparées les unes des autres par du tissu de granulation, autre- CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES GRANULOMES 789 ment dit par des cellules épithélioïdes en quantité d’importance variée, mais toujours notable. Comme les cellules de Langhans peuvent être traversées diversement par le rasoir, elles pourront paraître sans contact avec le caséum et même totalement en- tourées de tissu épithélioïde. Les coupes faites dans les mêmes conglomérats en dehors des points caséeux vont nous fournir des documents nouveaux pour l’interprétation de la genèse des cellules géantes. p1G> 9. _ Autre aspect du tissu tuberculeux autour du caséum dans un conglomérat tuberculeux du bœuf. Au sein du tissu de granulation dont ces coupes sont formées on rencontre des nappes parfois fort étendues de syncytium. Nous en avons rencontré qui dépassaient le champ du microscope. Leurs noyaux vésiculeux, qui ne diffèrent pas de ceux des cellules épithélioïdes, sont encore régulièrement répartis ou sont déjà rassemblés par endroits de manière à figurer ici des cercles, là des ovales, ailleurs encore des arcs isolés, parfois successifs et concentriques, ou des groupes de forme quelconque (fîg. 10). Entremêlés à ces noyaux, il se ti ou\e, suivant les cas, plus ou moins de noyaux leucocytaires et de vacuoles dont la graisse a disparu par l’action des milieux dis- solvants; des cellules épithélioïdes et des leucocytes facilement reconnaissables peuvent également exister au sein des m- 700 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR plastes. On y voit encore, mais c’est un détail inconstant, des solutions de continuité d'ordinaire rigides, droites, courbes ou anguleuses qui parfois se divisent ou se croisent de manière à r/ s, 55 /4< tio. 10. Tuberculose pleurale du bœuf. Nappes symplastiques et collée- tions nucléaires. délimiter des blocs polygonaux de configuration très variée dont les noyaux sont ou non déjà orientés comme nous venons de l’indiquer (fig. Il et 12). Ces blocs représentent de futures cellules géantes. Entre eux et celles de ces dernières qui ont acquis leurs caractères classiques, on retrouvera des formes intermédiaires qui témoignent d’une évidente filiation; mais il l io. 11. — Tuberculose humaine. Syncytium en voie de division dans une coupe tangentielle en dehors du caséum. va de soi qu on ne les saisira qu’en multipliant les examens, les cellules géantes achevées ne pouvant exister dans les memes points où on les voit débuter. Vues dans les conglomérais, les cellules typiques de Lang- CONTRIBUTION A L’ÉTUDE. DES GRANULOMES 79 J hans sont encore généralement disposées par groupes comme les blocs précédents. Cela se conçoit; ces derniers sont rare- ment totalement discontinus; des bandes, des lilaments de Fig. 12. — Tuberculose vertébrale du bœuf. Syncytium en voie de division ; coupe de même direction et situation que ci-dessus. protoplasme continuent à les unir et deviennent plus tendus à mesure que les distances augmentent. Les choses se passent comme si des foyers de condensation, de contraction apparais- saient au sein du symplaste diffus, et comme si chacun de ces Fig. 13. — Tuberculose pleurale du bœuf. Deux cellules géantes qui s’écartent et dont les fi’aments d’union s’étirent. centres attirait à lui un certain territoire de la substance pro- toplasmique qui l’entoure, de manière à la décoller des terri- toires contigus 'que de simples cassures séparent tout d abord. Puis, le mouvement de retrait continuant ses effets, chacun de r’o 792 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ces territoires s’éloigne peu à peu de ses congénères, ou, éven- tuellement, des cellules épithélioïdes. Si certaines des travées d’union qui ont subsisté conservent leurs rapports avec les cellules dont elles proviennent (fig. 13), d’autres s’étirent au point de se déchirer et ce qui en reste apparaît dorénavant comme des prolongements des cellules géantes maintenant typiques ou sous celui de becs, de pointes, d’éperons dont la direction atteste que les éléments qu'ils hérissent étaient autre- lois continus avec d’autres qui sont à proximité, au même titre que les anastomoses qui les précédaient marquaient l’unité primitive du syncytium formateur. Les espaces qui s’ouvrent ainsi entre les cellules géantes en voie de s’individualiser sont d’abord pauvres en éléments cellulaires, mais ils ne tardent pas à être envahis par du tissu de granulation. Parmi les cellules géantes, il en est de rondes, ou plus exac- tement de sphériques, ou sensiblement telles, qui, comme les autres, sont ou non munies de prolongements. Nous avons tendance à les tenir pour arrivées à une forme normale. On peut les rencontrer à côté de formes moins régulières. Il nous semble toutefois qu elles sont plus nombreuses dans certaines altérations, comme si des facteurs particuliers, liés par exemple à l’âge ou à la bénignité de la maladie, peut-être à la résistance de 1 individu, ou même de l’organe, étaient capables de hâter l’évolution vers ce stade. Nous avons notamment étudié une tuberculose méningée du bœuf dans laquelle les formes rondes étaient dominantes; les vaisseaux y avaient aussi un dévelop- pement tout spécialement important, exceptionnel pour une lésion tuberculeuse. Au sujet des noyaux de cellules géantes des mammifères, nous n aurions rien à dire, s’il ne nous avait paru qu’ils sont plus souvent répartis en couronne et en couronne relativement régulière dans les formes rondes. Les données précédentes nous ont donc fait voir que les cellules géantes des mammifères dérivent, comme celles des oiseaux, de la fragmentation du syncytium en blocs disposés comme les rayons d une sphère autour du centre du tubercule. Les cassures îigides que nous avons décrites au sein du sym- plaste marquent le début de cette division; on ne peut les observer avec leur aspect de fentes croisées, ainsi que les blocs 793 CONTRIBUTION A L’ÉTUDE- DES GRANULOMES polygonaux qu’elles délimitent, que pour autant que l’inci- dence du rasoir lui ait fait traverser transversalement ou obli- quement les segments radiaires. Ces fissures appartiennent au symplaste en voie de division. Les cellules géantes encore réunies entre elles par des prolongements ou dont les prolon- gements leur sont devenus propres sont d’un âge plus avancé. 11 nous faut revenir un instant sur un détail que nous n'avions pas rencontré chez les oiseaux. Alors que nous avons constaté que les cellules géantes de ces derniers se côtoient étroitement autour du caséum, nous venons de voir que celles des conglomérats tuberculeux des mammifères se trouvent souvent écartées les unes des autres et que les espaces qui les séparent peuvent être comblés de cellules épithélioïdes et, éventuellement, de symplaste. Cette particularité différentielle ne nous est apparue dans toute sa netteté que dans les conglo- mérats, c’est-à-dire dans des altérations qui impliquent une survie assez longue. Dans ces conditions, le mouvement de, retrait protoplasmique qui donne naissance aux cellules géantes continuant plus longtemps ses effets, lesdites cellules en arrivent à s’écarter davantage les unes des autres ; les espaces qu’elles abandonnent se comblent de lymphe (on peut, en effet, y trouver fort peu d’éléments cellulaires), puis de leu- cocytes et de cellules épithélioïdes que leur fusion occasion- nelle pourra transformer en syncytium. Ce caractère anato- mique apparaît ainsi comme l’indice d’une certaine résistance de l'organisme. Quoi qu'il en soit, le retrait du symplaste et des cellules géantes ouvre des espaces à l’édification de nou- velles quantités de tissu de granulation. Dès le début de ce mouvement, alors qu’il n’existe que des fissures au sein du syncytium, la lymphe s’y porte inévitablement et il peut y avoir là un motif plausible à l’émigration des noyaux des cel- lules géantes vers les parties de ces éléments où la nutrition se trouve mieux assurée. Réalité de l’existence des syncytiums dans les granulomes. Cellules géantes des granulomes non tuburculicux. Nous nous sommes abstenus de rappeler les descriptions classiques pour faire connaître surtout l'existence des sym- 794 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR plastes tuberculeux et le processus par lequel les cellules géantes en proviennent. Nous reviendrons pourtant sur quel- ques données acquises. On a parlé de plasmodes, de cellules plasmodiales, à propos de cellules épithélioïdes plus grosses que les autres, contenant deux, trois ou un plus grand nombre de noyaux, que tous les auteurs mentionnent en faisant l'histoire du tubercule. Le lerme syncytium ou symplaste conviendrait plutôt; ces pré- tendus plasmodes sont des symplastes de petites dimensions, un acheminement vers les formations de meme ordre plus importantes, jusqu’ici méconnues. La formation des symplastes a d’ailleurs été notée déjà dans l’évolution tuberculeuse. Borrel (1), entre autres, n’a-t-il pas vu, dès le troisième jour de l’injection intraveineuse de bacilles chez le lapin, de grandes cellules à noyau unique, qu’il iden- tifie avec les grands leucocytes mononucléaires, se grouper autour des amas bacillaires, se souder entre elles et former des cellules géantes typiques, pouvant renfermer jusque 60 noyaux. D'autre part le travail de Broden (2) sur l’histogé- nèse du tubercule comporte une série de figures (nos 11 à 14 de la planche IV) où l’on peut voir de beaux symplastes résultant de la fusion de cellules fixes de l’épiploon du lapin. Chaussé (3), après avoir montré l'épaississement des cloisons interalvéolaires du poumon par néoformation de cellules fusiformes, montre ces éléments fusiformes et les mononu- cléaii es s accolant, se tassant, et se fusionnant pour donner des cellules géantes. Il ajoute : « Il ne paraît y avoir aucune sélec- tion dans le groupe des cellules qui donnent naissance à ce plasmode ; 10, 20 éléments voisins, quels qu ils soient, devien- nent coalescents et reportent leurs noyaux à la périphérie, enfermant dans leur protoplasme un ou plusieurs bacilles. C est au contact des bacilles, peu nombreux encore, que la fusion des éléments épithélioïdes se produit; le résultat, et sans doute le but de cette fusion, sont l’englobement et l’immo- bilisation des bacilles. » (1) Ces Annales , 1888, p. 245. (2) Arch. de méd. ecpér. et d'anal, patholog., 1899. (3) Etude des lésions tuberculeuses pulmonaires récentes. Arch . de méd. exper. et danal. pathol., octobre, novembre 1915. CONTRIBUTION A L’ETUDE DES GRANULOMES 795 L’existence de formations syncytiales a été observée dans des altérations non tuberculeuses. Besnoit et Robin (1), à propos d’une pseudo-tuberculose de la peau des bovins, due à un parasite de la classe des protozoaires, s’expriment comme suit : « Dans les couronnes de leucocytes allongés perpendicu- lairement à la surface du parasite, on trouve fréquemment des cellules plurinucléées dont les noyaux sont disposés en rangées linéaires sur le bord excentrique de la cellule, dans l’alignement des noyaux périphériques des leucocytes voisins. De toute évidence, il y a eu simple accolement de plusieurs mononucléaires contigus par leurs laces adjacentes et fusion des protoplasmes en un bloc homogène. En certains points, la coalescence est encore incomplète et on peutdevinei une ligne de démarcation entre deux cellules en voie de fusionnement. Cette agglomération des éléments leucocytaires semble avoii pour but l’englobe ment et la destruction de l’énorme proie constituée par le parasite. » On a d’ailleurs discuté longtemps le point de savoir si les cellules géantes résultent de la soudure, pour les uns des cellules fixes des tissus de soutien, pour les autres des leuco- cytes macrophages, ou, au contraire, de la multiplication isolée des noyaux des mêmes éléments ayant pris les apparences des cellules épithélioïdes et dont le protoplasme grandirait au lieu de se diviser. L’accord semble s’êlre fait aujourd hui pour admettre que .es cellules géantes dériveraient de la fusion des macrophages, gros éléments à protoplasme abondant et à noyau vésiculeux, identifiables ou très ressemblants aux grands leucocytes mononucléaires, qui prennent naissance dans les organes lym- phatiques, peut-être aussi, en cas de processus infectieux loca- lisés, aux dépens des endothéliums des capillaires lympha- tiques. . -, Bordet (2) dit qu’ils jouissent de la remarquable propriété e se réunir par la fusion de leur protoplasme pour constituer des cellules multinucléées ou de se superposer en couches autour de corps étrangers. . r . La soudure des macrophages est plus ou moins par ai c. (1) C. R. de la Soc. de Biol., 28 novembre 1913. (2) Bokdet, Traité de l’immunité , p. 175. 796 ANNALES DE L’INSTJTUT PASTEUR Ainsi Ha v et (1), à propos d une étude des lésions expérimen- tales de la leishmaniose, dit que les grandes cellules qu’il identifie avec les grands mononucléaires et qui sont bourrées de parasites, peuvent former des amas dans lesquels elles sont tassées, serrées au point qu’il est parfois difficile d’observer leurs limites individuelles; il ajoute que ces limites existent pourtant, si peu accusées qu’elles soient. D après nos constatalions, le processus de l’apparition des cellules géantes comporterait le plus souvent deux temps, en passant par fédificalion de syncytiums pour aboutir à la frag- mentation de ceux-ci. Comme nous bayons indiqué chez les mammifères, le processus ne se termine pas par la division du syncytium, les blocs qui en résultent se modifient peu à peu et cela sultit à expliquer les formes si variées des cellules géantes et la vraie nature des prolongements dont elles sont ornées. Des ouvrages récents voient encore dans ces prolonge- menls des émanations amiboïdes et la preuve du rôle phago- cytaire des cellules géantes. Peut-être ces prolongements sont-ils capables de mouvements actifs; la démonstration n’en est pas laite et ne paraît pas d’exécution commode. Nos obser- vations prouvent à l’évidence qu'ils sont ordinairement des reliquats du protoplasme emporté par les cellules géantes au moment où elles se constituent en se disjoignant du syncytium morcelé. La théorie suivant laquelle les prolongements uppar- îenc raient aux cellules épithélioïdes marginales dont la fusion a donné lieu aux cellules géantes doit être acceptée à titre secondaire. Certaines pointes de cellules géantes sont manifes- < men es cellules épithélioïdes, même parfois encore nucleees, non complètement englobées dans la masse com- mune (voir fig. 5). Il eût été intéressant de contrôler la formation des cellules géantes dans la plupart des granulomes non tuberculeux. Nous avons du nous borner à l’étude des seuls matériaux dont nous disposions. Les résultats que nous en avons obtenus sont con- nmatifs de ceux que nous avons décrits à propos de la tuber- culose; ils montrent que la filiation syncytiale des cellules beantes est un processus très répandu, probablement commun (1) Bull, de l'Acad. royale de Médecine de Belgique , 1919. CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES GRANULOMES 797 » à toutes les maladies dont les altérations se rapportent au gra- nulome inflammatoire. Quoi qu’il en soit de cette conclusion toute provisoire, puis- qu’elle demande à être étayée de recherches pour chaque cas particulier, nous dirons deux mots de celles que nous avons faites sur la morve pulmonaire du cheval et sur l’actinomycose bovine. La première de ces maladies évolue assez indirectement vers le granulome ; les caractères hislologiques de celui-ci Fig. 14. — Symplaste en voie de division dans la paroi d’un tubercule morveux pulmonaire à la période de caséification. n’apparaissent que secondairement, dans la coque conjonctive qui se forme autour de chacun des infarcti morveux après leui envahissement leucocytaire et leur mortification. Ladite coque conjonctive comporte une zone externe fibreuse et une inteine, constituée essentiellement de tissu épithélioïde, pourvu ou non de cellules géantes. Quand ces dernières sont présentes, elles res- semblent en tout, y compris dans leur mode de développement, à celles de la tuberculose. Comme elles, elles procèdent géné- ralement de masses syncytiales. La figure 14 montre la section de l’une de ces masses; on peut y voir la concentration des noyaux en plusieurs points et aussi des cassures du protoplasme qui marquent le début de 1 individualisation des cellules géantes. La configuration assez spéciale des cellules géantes de 1 ac î- nomycose ne les éloigne pas autant qu’on pourrait le penser des précédentes. La figure 15 en fait foi. Voici tout d aboi , en '9 on ne Peut mieux, que les cellules epilhelioides se sont d'abord noyées dans un symplaste, lequel a engendre de nouvelles cellules plus grandes que les pre- nueres. 1 Valeur physiologique des cellules géantes. Les données précédentes sur la nature anatomique des cel- lules géantes étant établies, nous aborderons l’examen de leur valeur physiologique. Rappelons tout d’abord que les différents auteurs qui ont contrôlé expérimentalement la formation des tubercules con- ecutivement a 1 introduction de bacilles de tvoch dans le san- !" * r* i*1»»1» « fleuri J que dans les premiers moments qui suivent l’injection les bacilles sont entoures à peu près exclusivement par des leuco- i\Z ïrfa,reS’ lesquels ne f0nt place du ultérieurement es éléments au moins trois ou quatre fois plus gros que les polynucléaires, éléments pourvus d un noyau vésiculcux et CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES GRANULOMES 799 riches en protoplasme, qui, en raison des tonnes qu ils pren- nent, ont reçu le nom de cellules épithélioïdes. Ces deux caractères, tenant à leur volume et à 1 abondance de leur pro- toplasme, se retrouvent dans les mêmes cellules des granu- lomes non tuberculeux. Micro et macrophages sont toujours associés dans les exsu- dais, même aseptiques. Les premiers paraissent être les vrais 1 agents de la lutte antimicrobienne ; ils cèdent la place aux • macrophages, lorsque la tâche est à peu près terminée, ces der- niers se chargeant de détruire à la fois les microbes, les débris de cellules et même les cellules qui sont incapables de rentrer dans la circulation. Il est remarquable que l’injection expen- Fig< _ Tubercules de l'actinomycose du bœuf. mentale de cellules animales (globules rouges, spermato- zoïdes, etc.) ou végétales (levures, etc.) aux sujets de labora- toire provoque l’apparition prédominante des macrophages dans l’exsudât; il en est encore ainsi lorsqu’on injecte des poudres inertes, telles que lycopode, carmin, charbon de bois, etc. L’action des macrophages paraît ainsi mieux appro- priée, sinon peut-être à une lâche plus rude, en tout cas a un effort plus durable et Bordet les considère comme les artisans les mieux qualifiés des processus chroniques (1). Les épanchements séreux qui surviennent au cours des mala- dies diverses fournissent des indications concordantes : « a constatation d’une polynucléose dans ces épanchements dénoté une infeclion aiguë, la lymphocytose trahissant au contraire es processus chroniques (tuberculose, syphilis) ou bien se mani- festant au moment où les infections aiguës retroceden , c es -a- (1) Traité de V immunité, p. 217. 800 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUli dlre, lors‘f"e les Polynucléaires, ayant accompli leur tâche, peu- vent se désister du conflit (1). Les formes de la leucocytose, expression sanguine de la multi- p 'cation des globules blancs dans les organes hématopoïétiques emoignent dans le même sens. A de nombreuses exceptions près, correspondantes à des microbes très actifs ou à des cir- constances dans lesquelles l’organisme se défend mal, la poly- nucléose est le propre des maladies microbiennes aiguës (pneu- monies, staphylo et streptococcie, appendicite); elle apparaît i n- , atteint le maximum de son intensité à la période i elat, fléchit au moment du déclin, en même temps que la mo- nonucléose s affirme à son tour. Dans les maladies parasitaires, malaria, kala-azar, dans certaines maladies chroniques, tuber- surtoutS(2)hl 1S’ ° eS* M C°ntraire la mononucléose qu’on observe Ainsi les leucocytes polynucléaires, qui sont de tous les glo- bules blancs la variété numériquement la mieux représentée , . Sa"S et 1,0111 le Protoplasme est d’une grande mobilité sont les phagocytes préposés à la défense permanente de l’éco- nomie contre les microbes. Les macrophages n’entrent en jeu que oisqu un effort supplémentaire ou un travail spécial de digestion intracellulaire deviennent nécessaires. Les grands monucleaires sont peu nombreux dans le sang; ils y apparais- sen apres mobilisation ou multiplication dans les ganglions lymphatiques et dans la rate. Des macrophages peuvenf moelb^o 'PI'° U're dan^ d autreS orSanes’ notamment dans la lium des ceUSD “? ® “aladie’ et aux ^pens de l’endothé- 11 . des capillaires lymphatiques des tissus où le besoin de leur intervention se fait sentir. Nous retiendrons de tout ceci que les digestions intra- €6 “ flr6S ,6S pIus durables incombent aux éléments les plus saisr t*. d* *« '-»»» Æ • . P ’’ organisme oppose une résistance en mode de tesse qui comporte la mobilisation des leucocytes polynucléaires ou microphages. Si l’effort doit être plus longtemps c0nti- , Ue’.°U P us ë'and, le même organisme paraît avoir avantage ■ eahseren mode de masse le travail de défense qu’il s’impose. (1) Ibid., p. 220. (2) Bordet. Ibid., p. 223. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES GRANULOMES 801 Ainsi, en va-t-il des moteurs animés dont l’homme a fait ses auxiliaires. Les chevaux de format léger, plus nerveux, plus actifs, sont utilisés surtout aux allures rapides, tandis que les sujets plus corpulents, moins excitables, sont réservés aux transports lents de lourdes charges. Les cellules géantes sont des macrophages particulièrement volumineux. N’est-ce point pour répondre à la fonction qui leur est dévolue. La surface de la sphère augmentant seule- ment en raison du carré du rayon, tandis que le volume augmente comme le cube du même rayon, les cellules volu- mineuses, ont, relativement à leur masse, moins de surface que celles de petites dimensions. Par suite, les cellules géantes sont relativement mieux protégées contre l’action des toxines du milieu où elles vivent que les cellules épithélioïdes, pourtant déjà de belle grandeur si on les compare aux microphages. Ce phénomène d’appropriation se développe avec une ampleur remarquable lors de l’apparition des syncytiums, lesquels, pour une quantité de protoplasme égale à la sommation des proto- plasmes des cellules épithélioïdes dont ils procèdent pai coa lescence, présentent une surface beaucoup moindre que les surfaces additionnées de ces derniers éléments. Des lors, le champ exposé aux poisons microbiens se trouve rétréci e ceux qui sont introduits dans le protoplasme commun y sont notablement dilués, partant moins agissants, moins depn- mants. , . Mais la réduction des surfaces ne peut dépasser un cer degré sans désavantager les formations symplastiques qui en bénéficient. Elle entraîne en effet une réduction simultanée l’apport des matériaux nutritifs indispensables. La ragmen a tien des symplastes y pourvoit, car elle a pour conséquence a création de cellules nouvelles, encore très volumineuse encore fortement protégées contre 1 intoxication du dtho s, mais dont la surface extérieure agrandie assure mieax la U' “ tion. D’après les observations que nous avons relatees la p part des cellules géantes ont ce processus a leur ongi ■ qu’elles se disjoignent, la lymphe s’insinue dans leurs stices et leurs noyaux se portent vers la penp i - par l’effet d’attractions relevant du chimiolax.sme, mai. • -ii ’;i e’v nlmite l’effet répulsif exerce pai n’est pas impossible qu il s y ajoute c p 802 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR le" toxines microHiennes dont l'action est constante au pôle central des cellules géantes. Uavct (1) considère les cellules volumineuses remplies de Leishmanie et pouvant contenir des polynucléaires qu’il a vues tans les capillaires de ses animaux d’expérience, comme étant vraisemblablement de grands leucocytes mononucléaires qui on pris des proportions plus grandes qu’à l’état normal. Peut- etre en est-il ainsi; mais le doublement du noyau dans cer- tains de ces éléments et les difficultés que l’on rencontre, comme nous lavons rappelé plus haut, à reconnaître leurs limites dans les agglomérations nodulaires qu’ils forment, rendent très probable qu’ils subissent aussi des phénomènes de coalescence. H est d ailleurs tout à fait probable que l’importance de ces phenomenes sera en rapport avec les besoins de l’organisme dans chaque cas et que les cellules géantes pourront à l’occa- sion en naître directement, tandis que dans d’autres circons- ances, e es n en proviendront que secondairement, par la division de symplastes plus ou moins volumineux. (1) Bull, de l'Acad. royale de Médecine de Belgique, 1919. LES PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES ; LEUR CLASSIFICATION par Paul VAN STEENBERGE. INTRODUCTION Les premiers travaux parus sur l’étude de bactéries lactiques après leur découverte par Pasteur en 1857 avaient tendance a comprendre sous ce nom tous les microbes produisant de l’acide lactique en grande ou en petite quantité. Pottevin comprit que cette classification devait nécessaire- ment prêter à confusion et considéra comme ferments lactiques actifs ceux qui transforment le sucre en acide lactique a quelques centièmes près. Des multitudes de microbes à pro- priétés très différentes produisent en effet, entre autres acides, de l’acide lactique. Par les recherches d’Osterwalder nous savons que même les bactéries acétiques forment une petite dose d’acide lactique. . . . Beiierinck [1 et 2] a distingué la classe des microbes lacti- nues actifs en prenant pour base une série de caractères gene- raux. C’est exclusivement de cette classe de microbes que je m’occuperai dans cette étude et spécialement des especes se rencontrant dans les industries de la fermentation alcoolique, notamment dans la distillerie et dans la brasserie. Nous devons les premières connaissances sur les microbes lactiques d'abord à Pasteur et puis aux différents auteurs fran- çais qui ont complété ses études sur les maladies du vin, de la bière et du lait. . Mon distingué compatriote Van Laer nous omi étude approfondie de la maladie de la tourne de la biere, maladie déjà signalée sous ce nom par Pasteur L’importance du rôle joué par les microbes lactiques en . - tillerie donna lieu a plusieurs études dont la phipart se î son limitées à une espèce et dont celle de Bennebe.g, qui a 804 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR examiné une séné d’espèces, a le plus étendu nos vues sur la constitution de cette classe de microbes. Le peu de rapport qui me semble établi entre les différentes especes de microbes lactiques et dès lors la difficulté de s’en aire un aperçu général clair m’a incité à en étudier compara- tivement toute une série. 1 Je donne immédiatement les caractères généraux des mi- crobes lactiques actifs, à quelques changements près, tels que les a établis Beijerinck [1 et 2] : 4 1° Ils sont immobiles; 2° Ils constituent des anaérobies facultatifs; 3° Ils ne forment pas de spores ; 4° Ils exigent, comme nourriture, des hydrates de carbone détermines et de 1 azote peptonisé, ou de préférence tryptonisé ; o Ils forment de petites colonies sur milieu nutritif solide n71?r eUî m:'ieU ?référé’ 16 m0Ût S«Iosé gélatiné, alors . 11 8 e extlalt de malt liquide la quantité de matériel microbien produit est relativement plus grande; 6° Ils forment aux dépens des sucres attaqués, d’après l’espèce e microbe soit de l'acide lactique, soit, en outre d’une quantité mminante d acide lactique, une dose déterminée d’acide volatil ! f fS,eS t0uJ°urs Proportionnelles à ce dernier d'alcool et d anhydride carbonique; /° Us sont dépourvus de catalase, c’est-à-dire qu’ils sont incapables de décomposer H’O. Ce caractère négatif est très tous |T6 T" l6S m,iCr°LeS ]a::tlfl"cs’ car d’après Beijerinck es au les microbes manifestent la réaction catalytique. ÉTUDE GÉNÉRALE A. — Répartition des microbes lactiques dans la nature. Méthodes de récolte. en^éneÏÏÏ' oS très ^pandus dans la nature; general, on les trouve dans tous les extraits végétaux sucrés ;l6S «TT ” Céré*l«'. '« lait, *n» 1«» fé”, di 1 homme et des animaux, dans le sol, etc. Le fait que les différentes espèces’ de microbes lactiques se is inguen entre elles par leurs propriétés spécifiques nous PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 805 donne le moyen d'isoler successivement les différentes espèces en faisant changer les conditions de culture. Les méthodes d’enrichissement et d’isolement employées par moi sont basées sur les quatre principes suivants dont les trois premiers ont été préconisés par Beijerinck [1 et 2] : 1° La présence de la levure alcoolique favorise le développement des microbes lactiques vis-à-vis des autres micro-organismes . Cette méthode est recommandable pour l’extraction des microbes lactiques des milieux peu riches en ces espèces. 2° La culture des microbes lactiques peut se faire à 1 abri de 1 air. La méthode de culture à l’abri de l’air (en tlacon bouché à l’émeri et complètement rempli de milieu nutritif) est lapins commode pour la prolifération des microbes tactiques quand on a affaire à des matériaux riches en ces derniers. 3<> A des températures déterminées correspond la pullulation des pèces déterminées de microbes lactiques. 4° L'auto lys at de la levure de distillerie constitue un milieu favo- rable à l’accumulation de certaines espèces et est impropre au dévelop- pement d’autres espèces. J’ai exposé dernièrement les détails de l’autolyse de la levure. En général les espèces de microbes lactiques nom- breuses dans la levure fraîche de distillerie périssent rapide- ment pendant l'autolyse tandis que l’autolysat s’enrichit en des espèces de microbes lactiques peu représentées (1) dans la levure fraîche. Il est évident qu’en dehors de ces 4 caractères mentionnes d’autres peuvent servir de base pour établir des méthodes de récolte de certaines espèces de ferments lactiques. ESPÈCES ÉTUDIÉES J'ai étudié des espèces de microbes lactiques isolées . a) De la levure de distillerie (de la « Nederlandsche G.st- en-Spiritusfabrick »» à Delft) qui est bien de par son origine le milieu qui a .le plus de chance de nous renseigner sur la mul- (1) C'est le cas pour toutes les espèces isolées par la méthode de l'auto- lyse. 806 ANNALES DE L’INSTITUT P A STE U K tiplicité des espèces de microbes lacliques de la nature, vu que sa constitution en microbes lactiques répond à celle de Tem- patage de distillerie, dont la composition hydrocarbonée et azotée fait le milieu favori des microbes lactiques. J’ai isolé de la levure de distillerie une grande quantité d individus dont, après examen comparatif superficiel, 17, me semblant être des espèces différentes, ont été étudiés de plus près; je les représenterai provisoirement par les chiffres romains de 1 à XV et les B. delbrucki et Lactobacterium fer - mentum par leur nom. Tous présentent la forme de bâtonnet (J), excepté XIV qui correspond au Pecliococcus aculi lactici Lindner et XV qui est une petite sarcine. Furent obtenus par la méthode d’enrichissement ; D’après les Ie'' et 2e principes à 30° : X, XI, XII; D api c s le 2 pi mcipe a 3 /° ; XI\ , Lactob . f ermentum ; D’après les 1er et 2e principes à 45° : B . delbrucki ; D’après le 4e principe (méthode de fautolyse) à 30° : J II, III, IV, V, VI, VII, VIII et IX; à 37° : XIV et XV - à 45° : XIV. b) De la bière a fermentation basse. — Plusieurs échan- tillons furent isolés : une espèce répondant au Saccharobacillus pastonanus décrit par Van Laer et que je représenterai par Lb. past. {Lactobacterium pastorianum); une autre espèce de bâtonnet différant légèrement du Lb. past. par plusieurs caractères et ne paraissant identique à aucune autre espèce de ferment lactique décrite; je la mentionnerai dans mes tableaux Par Lb. ce. {Lactobact. cerevisiæ) ; comme troisième espèce une sarcine que j’appellerai « sarcine de bière ». c) Du SOL (terre de jardin). — Un streptocoque que je pro- pose de désigner sous !e nom de Streptococcus terricola et une espèce présentant la forme de bâtonnet que je désignerai par le nom de Lactobacterium terricola (Lb. terric.). Une espèce de sarcme aussi isolée de la terre manifestait à peu près les mêmes propriétés que la « sarcine de bière ». (1) Je propose d’admettre le nom Lactobacterium comme nom eénérioue do toutes les especes de ferments lactiques en forme de bâtonnet PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 807 d) Des crottins de cheval et des crins. — J’ai isolé des crottins et crins de deux écuries différentes : une espèce de sarcine produisant dans du moût à 10° Balling un maximum d’acidité (1) de 10 cent, cubes N p. 100; une espèce de Lacto- bacterium à propriétés analogues à celles du Lactobacterium fermentum Beijerinck et le Lcictococcus dextranicus Beijerinck décrit d’abord par Yan Tieghem sous le nom de Lenconostoc mesenteroïdes. J’ai remarqué en général que les cultures initiales brutes obtenues par l’ensemencement du moût avec de la terre, des crottins de cheval ou crins, des fèces, de la levure de distillerie, atteignent une acidité plus éleVée que les cultures obtenues par un repiquage dans un nouvel échantillon du même moût sté- rile; l’acidification diminue progressivement dans les cultures obtenues par repiquages successifs pour se maintenir ensuite constante dans les mêmes conditions de culture. On pourrait d’abord croire à une action symbiotique des nombreuses espèces de microbes se trouvant dans la culture brute. Ceci ne paraît que peu probable, car si on tâche d’isoler de la culture initiale autant d’espèces différentes que possible, et qu’après on réensemence ensemble dans du moût à 10° Balling les cultures pures de toutes ces espèces, on n obtient jamais une acidité aussi élevée que celle obtenue dans la cul- ture brute initiale. D’ailleurs l’expérience m a montré que la culture simultanée d’un mélange de plusieurs espèces de mi- crobes lactiques ne produit, dans le cas le plus favorable, qu’une acidification égale à celle qu’est capable de provoquer le microbe lactique le plus acidifiant du mélange. Le maximum d’acidité que j’ai pu obtenir après trente jouis à 30° dans du moût à 10° Balling pour le microbe lactique le plus acidifiant de ma collection tut 19 cent, cubes 23 N p. 100, alors qu’en culture brute Moût -f- terre , dans les mêmes condi- tions, l’acidité s’élevait après quatorze jours à 23 cent, cubes 2 N p. 100, chiffre qui retombait à 9,4 après le premier repiquage. Il reste à supposer que les microbes amenés delà nature dans (D L'acidité sera toujours exprimée par le nombre de centimètres cubes de KOH normal nécessaires pour la neutralisation (à la phenolpthaleme comme indicateur) de 100 cent, cubes de liquide. 808 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR nos milieux de culture manifestent leurs propriétés physio- logiques, ou du moins certaines d’entre elles, d’une façon "plus intense dans la première culture que dans les suivantes. C’est à se demander si nous parvenons à culliver dans nos milieux les organismes avec les mêmes caractères, ou plutôt si nous parvenons à leur faire manifester les mêmes caractères que dans la nature. Nous savons en effet que les propriétés des êtres en général varient avec la nourriture qui est mise à leur dispo- sition, ou plutôt avec les conditions de culture dans lesquelles ils sont placés. Il serait imprudent de qualifier toutes ces varia- tions de « mutation », car il ne paraît pas douteux que dans "en des cas ces variations, qui consistent le plus souvent du moins apparemment, dans la perte d’une propriété, ne sont souvent que temporaires, les propriétés perdues continuant à exister alors à l’état latent et prêtes à se manifester dès qu’on réalisera le milieu et les conditions de culture nécessaires à eur apparition. C’est comme s’il manquait dans ce cas au milieu de culture les éléments indispensables à la constitution des agents actifs porteurs des propriétés disparues. Cette façon de voir découlé aussi des recherches de Buromsky qui a remarqué pour 9 especes différentes de levure qu’elles s’accoutumaient bien au milieu minéral de Sehukow(l), mais que les levures ainsi cultivées ne pouvaient provoquer la fermentation aleoo- ique parce qu’elles ne possédaient pas de zymase, alors que reensemencees dans du moût, toutes les espèces de levure avaient recouvré, après quelques cultures successives, leu-; pou- voir de fermentation alcoolique initial. Il en résulté qu’un milieu peut communiquer à un organisme des propriétés qui peuvent ne pas se manifester dans un autre • V. 6 c. Ilgr‘ m e ri t se fait alors progressivement. C’est “ r‘r BIedran qui dit av0ir Pu ramener Prieurs ypcs de ferments butyriques décrits comme différents par ers auteurs à une même espèce après les avoir cultivés pe'n u" v n,T1S SUr T, mêmemilie«' Il « ainsi montré clairement qu avant de soumettre un microbe à une étude approfondie il raSpproerTrman lbIe r ^ Préalablement ses propriétés par i apport a un milieu déterminé. ^ (lj Milieu de Schukow d’après Btrromsky. PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 809 B. — Morphologie des microbes lactiques. Je n attache que peu d’importance à la morphologie des microbes lactiques; la forme de leurs cellules paraît d’ailleurs variable dans une certaine mesure d’après les conditions de culture. Dans des conditions déterminées la forme constitue cependant une donnée utile dans l’identification de quelques espèces. On trouvera à la fin de ce travail le dessin de la plupart des espèces étudiées, cultivées sur moût gélosé, de même que ci- après un tableau général 1 dans lequel je mentionne entre autres les dimensions de chaque espèce et l’aspect et la forme de leurs colonies sur moût gélosé, après quatre jours de culture à 32°. La largeur des cellules est généralement plus grande pour les cultures sur moût gélosé qu’en moût liquide. Pour les espèces de Lactobacterium dont les individus s’asso- cient en filaments plus ou moins longs suivant l’espèce, les cultures contiennent toujours inévitablement des bâtonnets de longueur inégale. En milieu de culture liquide les filaments sont plus longs que sur milieu solidifié. C. — Physiologie des microbes lactiques. I. Développement sur le moût gélosé. L’ aspect des colonies est variable avec l’âge de la culture Quand elles sont très jeunes les colonies de toutes les bactéries lactiques sont transparentes, plus ou moins suivant l’espèce; elles s’opalisent progressivement pour être complètement opaques dès qu’elles atteignent undemi-millimètre de diamètre, ce qui est en général le cas après cinq jours à 30°, à condition qu'elles se trouvent suffisamment espacées dans la culture pour pouvoir bien se développer. Les colonies des microbes lactiques n’atteignent jamais une grande dimension sur moût gélosé et gélatiné, alors que ce milieu constitue cependant leur terrain préféré et que leur multiplication paraît notablement plus intense dans du moût liquide. Dans les cultures pures de toutes les espèces de microbes lactiques on peut apercevoir deux espèces de colonies 810 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR grandes et petites, qu’on croirait à première vue correspondre à des espèces différentes de bactéries ; ceci n’est pas, car les deux espèces de colonies fournissent des individus qui mani- festent les mêmes caractères physiologiques. Cette différence de croissance tient sans doute à ce que certains germes se développent plus vite que d’autres et par le fait même produi- sent des colonies plus grandes, vu qu’ils jouissent des meilleures conditions que le milieu de culture peut leur fournir. Sur une culture de moût gélosé où les colonies se trouvent serrées, toutes restent pelites. A mesure que l’âge de la culture avance sans que les colo- nies croissent encore, celles-ci se foncent progressivement et deviennent finalement brunes. Le brunissement (1) de la cellule ne s’opère qu’après la mort de celle-ci et d’autant plus vite que la température est plus élevée et que le contact de l’air est plus intime. Ainsi, si on place une culture au-dessus de la température optima de l’espèce examinée, le brunisse- ment est très rapide. A la température ordinaire le brunisse- ment est d’autant plus rapide que l’espèce de microbe résiste moins à l’influence nuisible de l’air et que la colonie est plus petite. J’ai cultivé plusieurs espèces de microbes lactiques, comme cultures piquées, dans des tubes contenant une couche de moûtgélatiné de 10 cent, cubes de haut, pour les soustraire au contact direct de l’air; après un an toutes les colonies étaient encore blanches et leurs germes bien vivants. Le phénomène du brunissement des colonies nous donne des indications concernant le moment du repiquage des cultures pures entretenues en collection, sur de nouveaux milieux nutritifs; le moment désigné est celui où le brunisse- ment commence à la surface des colonies. Un autre phénomène caraclérise encore le développement des microbes lactiques sur du moût gélosé ainsi que sur eau de levure gélosée additionnée d’un sucre attaquable par les microbes lactiques; la diffusion de l’acidité formée dans le milieu provoque, dans un certain rayon autour de la colonie ou du champ de culture, la précipitation des (1) Ce phénomène, attribué à une action oxydasique, paraît très général, chez les végétaux. PROPRIÉTÉS DES- MICROBES LACTIQUES 811 matières azotées rendues insolubles. Le trouble produit est d’autant plus grand et étendu que l'espèce cultivée forme plus d’acide. 11 va de soi que cette produel ion de trouble dans les conditions citées n’est pas un caractère spécifique propre exclusivement aux microbes lactiques, car tout microbe faisant une dose suffisante d’acide peut produire ce phénomène ; il donne cependant une indication sérieuse dans le sens de l’identification d’un microbe. II. Cultures dans l'extrait de malt. L’action de microbes lactiques se manifeste dans les liquides nutritifs sucrés: 1° par la multiplication du microbe d’où résulte la production d’un trouble d’une intensité et d’une durée variables avec l'espèce de microbe ; 2° par une aci- dification quantitativement et qualitativement variable avec l’espèce. 1. Aspect et durée du trouble. — L’aspect du trouble provoqué dans la culture permet de diviser les microbes lactiques en deux groupes: Premier groupe : Les microbes lactiques floconneux , que j’appelle ainsi parce que les individus de ces espèces se conglo- mèrent dans le liquide en flocons plus ou moins grands, suivant les espèces, qui se déposent facilement au fond de la culture, d’où résulte qu’ils ne troublent que peu la culture, qui du reste se clarifie complètement dès que la multiplication a cessé, ce qui correspond au moment où le liquide a atteint une acidité titrant 5 à 7 cent, cubes KOH N. par 100 cent, cubes (d’après les espèces). L’espèce VI, quoique devant se classer dans le groupe des floconneux, fait exception à cette règle; le liquide se clarifie plus lentement par le fait que la conglomération des cellules est imparfaite; en outre des flocons qui se déposent dans la culture il y reste en suspension des cellules isolées qui retardent notablement sa clarification. 11 est remarquable que, pour les espèces floconneuses les plus typiques, le liquide ne se trouble pour ainsi dire pas pendant toute la période du développement ; on voit en suspension dans 812 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR TABLEAU ESPÈCES CULTURES SUR MOUT GÉLOSE DIMENSIONS ET ASPECT DES CELLULES COLONIES après 4 jours à 32° I Lactobacterium filatim (III) 1,3 — 4,6 : 1 ix. Chaînettes jusqu’à 49 [j. de longueur. En moût liquide, chaîne de longueur indéterminée. Colonies régulière- ment rondes de 1/^3 à 1/2 millimètre de diamètre, — encore transparentes, en grande partie, peu cohérentes. 1 Lactobacterium conglomeratum i (y) 1,3 — 2,6: 1.15 [a. Cellules le plus sou- vent accouplées. Se présentent dans le liquide sous forme de conglomérats. Colonies régulière- ment rondes de 3/4 de millimètre dedia- mètre. I Lactobacterium floccogenum (I; 1,3 — 3 : 0,8 (x. Chaînettes jusque 14 ;x. En moût liquide, cel- lules isolées, ou par courtes chaînettes. Conglomérats. Colonies régulière- ment rondes, relati- vement élevées, me- surant 1 millimètre de diamètre. 1 Lactobacterium par ci fermentons (II) 1 — 2,6 : 1 ;x. Cellules isolées, as- sociées par 2 ou en chaînettes. En moût liquide : 1 — 2.6 : 0,8 ix. Chaî- nettes. Conglomé- rats. Colonies rondes en core à demi trans- parentes, de 1 milli- mètre de diamètre ; — se développent étendues et peu éle- vées. — A la sur- face se forment, dès le 6e jour, des stries concentriq. et une élévation au centre. I Lactobacterium 1 multivolatiqenum. (IV) 1,3 - 4.9 : 0,87 [x. Cellules isolées ou par 2; dans le moût liquide, formation de conglomérats. Colonies blanches, rondes, cohérentes. 1 » ORIGINE ET ACCUMULATION TEMPÉRA- TURES Maximum Optimum Minimum au-dessous de 13° * ACIDIFICATION DES SUCRES ET DU LAIT Origine : Levure de dis- tillerie. Accumulation : Par l’au- tolyse de la levure de distillerie à 30°; encore dans l’eau de levure mannitée. 37° 32-37» Acidifie bien les glucose, lévulose, maltose, sac- charose ; peu la dex- trine, pas la lactose ni le lait. | 11 Origine : Levure de dis- tillerie. Accumulation : Par l'au- tolyse à 30° et isolément sur moût gélosé; aussi par culture dans de la levure additionnée de 5 p. 100 de mannite ou de 5 p. 100 de lactose. 40-44» 33-35» Acidifie bien les glucose U lévulose, maltose, sac charose, lactose, dex- 1 trine et lait. t Origine : Levure de dis- tillerie. Accumulation : Par l’au- tolyse à 30° de la môme façon que les espèces précédentes. L’isole- ment se fait très bien en ensemençant l’auto- lysat avec de la levure pure dans du moût 10°B. Il se forme des flocons de levure + microbe lac- tique d’où on isole ce dernier. 39» 30» Acidifie bien les glucose If lévulose, maltose, sac- ] charose, lactose, dex- trine et lait. ! 1 r c L Origine : Levure de dis- tillerie. Accumulation : Par l’au- tolyse à 30°. 39» 28-32» Acidifie bien les glucose, L lévulose, saccharose, lactose, dextrine et lait; 1 un peu moins bien le maltose. L Origine : Levure de dis- tillerie. Obtenu par l’autolyse à 30». 40-44» 35° Acidifie bien les glucose, : lévulose, maltose, sac- charose, dextrine ; peu le lactose et le lait. iÊNÈRAL ASPECT I)E LA CULTURE .VN S DU MOÛT 10° B. Durée du trouble à 30». liquide ne se trouble as; déjà après 24 h. il se ■ouve de volumineux flo- ons au fond de la bou- sille; des flocons en sus- ension se déposent as*ez apidement. >rès 24 h. ± trouble; laire après 42 h. et bril- imment cl aire après 60 h. épôt de flocons compacts dhérant au fond et aux arois. PROPRIÉTÉS DES. MICROBES LACTIQUES O O Q O •— i w •ouble après 2i h. ; d etits flocons compacts se éposent sur le fond et îs parois et y adhèrent ; a culture se clarifie après à 5 jours. êgèrement trouble après !4 h. ; claire après 48 h. et >rillante après 60 h. Flo :ons assez volumineux. ouble après 24 h.; claire ■ès 48-72 h. ; petits flo- ts se déposant au fond adhérant aux parois is forme de stries de jt en bas. 14,1 acide volatil 12,4 0,2 1,6 12,3 1,7 9,1 1,2 13,2 + lent + 19,25 7,1 36,9 + intense 0 0 ï - ‘H '■d n ^ w tf> • 0 o] + + + Relative- ment faible. a. 4 t3 •= a + + Irès faible. en © £C vi + + + + 814 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ESPECES Lactobacterium multivolaticum (VI) Lactobacterium otigoacidificans (VII) Lactobacterium grave (X) Lactobacterium listeri (XI) [B. listeri Hen- ri e ber g). Lactobacterium viscogenum (XIII, CULTURES SUR MOUT GÉLOSE dimensions ET ASPECT DES CELLULES 0,65 — 1,3 : 0,53 (a. Cellules isolées ou associées par 2 ou en chaînettes jus que 13 ji.. Dans le liquide : con glomérats. 1,3 — 4,3 : 0,87 jx. Cellules isolées ou associées par 2 ou en chaînettes jusque 15 ;a (jusque 4,6 en moût liquide). 1,6 — 2 : 1,15 (a. Le plus souvent par 2 cellules accou- plées, aussi en chaî- nettes (12,5 ;x). Dans moût liquide 1 — 1,6 : 0,82 ix, Cel- lules isolées par 2 ou en courtes chaî- nettes. 1,3 — 2 : 1 — 1,3 ,x Cellules isolées, par 2 ou en courtes chaî nettes (jusque 14 jx). Dans moût liquide : 1,3 -{2,3 : 0,87 jx. Cellules isolées ou par 2 ou courtes chaînettes (7,3 ;x). ,65 — 12,5 : 0,66 (x. COLONIES après 4 jours à 32® Colonies blanches, à stries concentri- ques quand elles sont étendues. Colonies grisâtres, plates avec stries concentriques à la surface et élévation au centre; elles sont très cohérentes. ORIGINE ET ACCUMULATION Colonies blanches étendues, peu éle vées avec stries concentriques, et élévation au centre mesurant 1 3/4 2 millimètres de diamètre. Colonies blanches, rondes de 1 milli- mètre de diamètre Colonies visqueuses brunâtres, plates atteignant 1 milli- mètre de diamètre après 7jours. Après les colonies devien- nent sèches et très cohérentes. Origine : Levure de dis- tillerie. Obtenu par Tautolyse de | la levure à 30°. Origine : Levure de dis-l tillerie. Accumulation : Par l’en- semencement de la le- vure de distillerie fraî- che dans du moût à 30° Origine : Levure de dis- 1 tillerie. Accumulation : En ense- mençant de la levure de distillerie fraîche dans du moût à 30®, il se forme des flocons de levure et du lactobet listeri, d’où on isole ce| dernier. Origine : Levure de dis- tillerie. solé d’une culture de le- vure de distillerie dans) du moût à 37®. Origine : Levure de dis- 1 tillerie. Obtenu par l’autolyse I à 30®, TEMPÉRA- TURES Maximum Optimum Minimum au-dessous de 13» 46-47» 35» 40-44» 32-35» 40-44» 35-37» 40-44» 37» 36-39» 33 34® ACIDIFICATION Ides sucres et du laitI | Acidifie bien les glucose, lévulose, maltose, sac-J charose, peu la dextrine, | le lait et la lactose. | Acidifie bien les glucose, lévulose, maltose, sac- charose, relativementj peu la dextrine et le lait, [ très peu la lactose. [Acidifie bien les glucose, lévulose, maltose, sac-j charose ; modérément la dextrine, très peu le lait| et pas la lactose. [Acidifie bien les glucose, lévulose, saccharose; peu la dextrine, très peu le lait et pas la lac- 1 tose. | Acidifie bien la maltose | et la galactose; assez bien la saccharose et la lévulose; moins le glu- cose et la dextrine, peu le lait et pas la lactose. PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 815 ASPECT DE LA CULTURE DANS DU MOÛT 10° B. Durée du trouble à 30°. Trouble après “24 h ; flocons peu denses ; floculation imparfaite; le liquide se clarifie après ± 10 jours. rrouble après 24 h.; ma- nifeste le phénomène « de la tourne », se clarifie après 8 jours. Trouble après 24 h. ; mon- tre le phénomène de la tourne; pas de flocons; claire après 48 h. et bril lante après 70 h. 'rouble après 24 h.; phé- nomène de la tourne; claire après 20 jours. 'rouble après 24 h. avec production de matière vis queuse qui se dépose après 4-5 jours ; • claire après 10 jours. fcc G g es es -G CQ • O o O Q • Tl § ü G <2* Q ^ G 3 G s H ft W t*. fl ■< tG S 17,2 8,5 10 11 9,5 ACIDE VOLATIL par 100 c.c. de culture 6,5 en p. 100 sur l’acidité totale 35,0 1,11 0,85 1,5 1,25 13,0 8,5 13,6 13,1 o O H G H Z W § w cfc < o 'W Q U 03 © a o i— < -»-> ifl O O S 9 G -G "G "T G £ G rO + intense. + + + + H K •C K — i H S G O O < O -< G O G G t- G > G eS G T? -es + + S* © es (G -a H G X G 2 £ > G •G e« 'G © G G. O G *® © G es G ^ G G ■G g » '5 o ^ G in G G % G Relative- ment faible. Faible. Très notable. Forte. •G G G O E"1 3 Z G « o SG W ^ G ■** G G ■W -O Q » fl es tG G O G "G -G o §3 es o ^ S ® ^ G • es P i' © ifl © 2 O -H t. < O M fc S 5 I T ü © < V) a a es fl Très faible. H < fl «J es O » ü * © a © À-® | > ® § © CS P 3 -© a ^ S « H -2 .O ® ZrOjJ t. par 100 c.c. de en p. 100 sur l’acidité DÉGAGEMENT DH Pouvoir réduct vis à-vis du so du bleu de métln du lévulose H © P ’~ P CS O ~“ O ® < 'O ce .2 H» o Ai •« NOCIVITÉ •s le développ ction lermen' levure lors d meement sim H 3 C3 'P ïï o Û, o — 5 C g e • S >3°-^ cc ** ce culture totale r 1 O OQ 2 0- ** Zi w O w CO H e © © ® © œ 0,81 10,4 + rapide. 0 Faible à 30° 0 et en des- sous, nota- • ble à 37°. 0 0 0 0 Faible. 0 0,74 9,13 + lent et 0 Faible. + faible. 0,15 2,7 0 0 Très faible. 0 0 0 0 0 — — 1,19 16,8 + 0 — — • ACIDIFICATION de la mannite POUVOIR DÉCOMPOSANT des glucosides esculine et indican pouvoir d’inversion du saccharose • 0 0 | 0 0 — 0 0 0 0 — — ■ + 818 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR la eu Hure des flocons entre lesquels le liquide paraît tout à fait clair, les cellules s’agglutinent au fur et à mesure de leur production et se déposent assez rapidement pour que dans le liquide il n’y ait jamais assez de corpuscules en suspension pour y occasionner un véritable trouble. La production de flocons peut se faire de deux façons diffé- rentes : fl) par l'agrégation (!)[%. IJ de cellules d’abord isolées Lig. 1. — LacLobacterium conglomeralum. Floculation par conglomération par agglutination des cellules. (Gr. : 390.) ou en courtes chaînettes en paquets plus ou moins grands déformé irrégulière ; c est le cas pour la plupart des espèces floconneuses ; b) par accroissement des cellules ; celles-ci, tout en se multipliant, restent accolées par les extrémités pour former ainsi des chaînes de longueur indéterminée, ressemblant à des filaments mycéliens et qui, en s’enroulant sur elles-mêmes et en s’entre- (1) Les espèces floconneuses par agrégation adhèrent généralement par petits flocons aux parois et au fond des récipients de culture. Cette pro- priété peut faciliter leur isolement. Les espèces floconneuses par accrois- sement ( lactob ifilatim) n’adhèrent pas aux récipients de culture. PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 819 croisant, donnent naissance à de grands flocons (fi g. 2) d’appa- rence légère, mais qui se déposent rapidement. Nous trouvons un spécimen typique de cette dernière forme de floculation dans l’espèce 111 que je propose d’appeler Lactobacterium filatim. Deuxième groupe : Les microbes lactiques non floconneux\ou de la tourne. — Les espèces de ce groupe ne se conglomèrent pas en flocons, restent au contraire isolées ou associées par deux Fig. 2. — Lactobacterium filatim. Floculation par accressence. (Gr. : 390.) cellules ou en courtes chaînettes; il en résulte que leurs cul- tures en milieu liquide se clarifient beaucoup plus lentement et, pour certaines espèces, très lentement. Il peut arriver cependant que, dans les cultures âgées de certaines de ces espèces, il s’établisse une légère conglomération. Pasteur a signalé les premiers représentants de ce groupe de Lactobacterium comme occasionnant dans le vin et dans la b i è î e un mal qu’il appelait maladie de la tourne. Cette dénomina- tion se justifie par le fait que, quand on imprime un mouve- ment giratoire aux cultures en milieu liquide de ces espèces 820 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR de microbes, le matériel microbien se soulève, les cellules se meuvent dans le liquide suivant le sens de leur longueur et y provoquent des ondes soyeuses. Tous les microbes présentant la forme de bâtonnet et qui ne se conglomèrent pas, manifes- tent le phénomène de la tourne et d’une façon d’autant plus caractéristique que 1 espèce examinée forme des cellules ou des filaments de cellules plus longs. Dans le tableau II sont mentionnés l’aspect des cultures et la durée du trouble dans du moût à 10° B. pour une série d’espèces de microbes lactiques (I) à différentes températures. Dans une colonne « Remarques » sont présentées les observa- tions invariables avec la température. Au-dessus de 20° le déve- loppement se fit généralement avant les vingt-quatre heures après l’ensemencement; à 20° il se fit avant les quarante-huit heures et à 13° il ne fut visible en général pour toutes les espèces que le cinquième jour. La marque O indique qu’aucun développement n’eut lieu ; la marque — indique qu’un essai correspondant ne fut pas fait. Le trouble des cultures devient d’autant plus intense et d’autant plus durable que la concenlration du milieu nutritif est plus grande. 2° Acidification du moût. — J’ai d abord déterminé les maximum, optimum et minimum de température des espèces étu- diées. Il n’est pas douteux que par des expériences rigoureuses on parviendrait a établir, spécialement pour l’optimum, des tem- pératures légèrement différentes pour le développement d’une part, et pour l’acidification d’autre part; dans peu de cas en effet, la multiplication et l’action enzymatique d’un microbe trouvent leur optimum à la meme température. Cette distinction ne m’a pas occupé et je me suis limité à déterminer les tem- pératures cl acidification . La température optimum n’est pas une valeurabsolue, car elle va ne avec la d ui ée de 1 acidification , elle est d’autant plus basse que le degré d’acidité du milieu est plus élevé. Des tubes conte- (1) Dans beaucoup de mes expériences, je n’ai pas compris les espèces Lactobact. delbrucki Leichmann et Lactob. fermentum Beijerinck, parce quelles ont déjà fait l’objet d’une étude spéciale, la première par Hennkberg fil et la seconde par Smit. PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 821 Tableau- II. ESPÈCES REMARQUES NOMBRE DE JOURS après lequel les cultures sont devenues claires à différents degrés générales à 45° à 40° à 37° à 35° à 32» à 30» à 28» à 24» à 20» à 13» I Formation de pe- tits flocons adhé- rant au fond et aux parois du va- se de culture. 0 0 2 2 2 2 3 3 4 8-10 II Formation de flo- cons ne manifes- tant aucune adhé- rence au verre. 0 0 2 2 2 2 2 3 3 7 III Flocons volumi- neux ne manifes- tant aucune adhé- rence au verre. 0 0 Ne se trouble pas; les flocons déposent à mesure de leur formation. se • IV Petits flocons adhérant au verre. 0 2-3 2-3 2-3 2-3 3 3 3 4 8-9 V Id. 0 2 2 2 2 2 2 2 3 7 VI Flocons assez grands adhérant au verre et cel- lules non agglo- mérées. • 2 4 — 6 — 7 — 8-10 — — VII Phénomène de la • tourne peu ac- centué. 0 2 — 6 — 8 — 10 — — VIII Id. 0 4 — 6 — 10 — 10 — — IX Petits flocons adhérant au verre. 0 2 2 2 2 2 2 2 3 7 X Phénomène de la tourne. 0 2 2 2 2 2 9 2 3 6-7 XI Id. 0 5 5 5 8 18 18 18 22 — XII Id. 0 3 6 8 10 14 15 1* 20 22 XIII La culture de- vient visqueuse après 24 heures, plus fluide après (5 jours à 30° par exemple). 0 — — — — 8-10 — — — — XIV — 2 6 — l'o — 10 — 10 — 10 XV — 0 4 — 10 — 10 — — — — Lb. past. Phénomène de la tourne. 0 — — — — 13-15 — — 15-17 — Lb. Ce. Id. 0 — — — — 10-12 __ li 82l ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR nant 10 cent, cubes de moût stérile à 10» B. furent ensemencés respectivement par chaque espèce et placés aux différentes températures d’examen. Les acidités exprimées par le nombre de cent, cubes de KOH N nécessaires à la neutralisation de 100 cent, cubes de culture avec la pliénolphtaléine comme indicateur sont consignées dans le tableau III. Tableau III. ESPÈCES ACIDITÉ APRÈS 3 JOURS DE CULTURE A 45° 40° 37» 35» 32» 30» 28» 24» 20» I 0 0 7,2 7,4 7,5 8.0 7,6 6,4 5,2 II 0 0 4,4 3,3 4,4 4,4 4,4 _ 3 1 III IV 0 0 0 6,9 6,2 8,7 6,2 8,6 6,2 8,4 5.2 8.3 4,8 8,0 7,1 3,5 5,2 V 0 6,7 7,6 8,4 8,0 6,7 6.9 6,7 4,9 IX 0 6,9 8,4 8,7 8,0 8,0 7,1 •6,9 5,5 X XI XII 0 0 0 5.3 5,5 6 . 4 5,8 6,4 6,1 5,8 6,2 5,3 5,3 5,8 5,8 4.9 5,5 5,5 5,3 — 4,4 acidité APRÈS 6 JOURS DE CULTURE VI VII VIII XIV 3.0 0 0 6.0 7,3 5,8 5,8 8,6 — 11,2 7.3 6.4 8.6 — 7,3 6,7 6,5 6 7 — ___ — XV 0 3,4 4,1 U, i 3 0 I Lactob. cer. . — past. . . . Sarcine de bière . . I Lactob. terric I Streptoc. terric I XIII (après 8 jours). . 0 0 2,4 4,0 4,2 0 0 0 2,6 4,0 4,2 0 0 3,2 2.7 3.7 4.4 8.4 — 7 4,8 2,4 3,3 4.0 8.0 — 6.4 4,6 2.4 3,3 4,0 — Les données du tableau III légèrement complétées nous per- mettent de dresser un tableau IY mentionnant les températures maximum et minimum pour le développement et l’acidification c!dessuSmUm P°Ur 1 acidification aP‘'ès un temps indiqué On peut remarquer qu’avec quelques Laciobacterium, les phis élevées rCln6S étU(ÜéS ^ déveloPPent aux températures les PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 82,3 J ai cru utile de savoir quelle' acidité peuvent provoquer différentes espèces de microbes lactiques en des espaces de temps variables et à différentes températures. J’ai ensemencé à cette fin les espèces mentionnées ci-après dans du moût de 10° B., dans des bouteilles fermées à l’émeri; cette dernière précaution eut comme raison d’éviter l'évaporation des liquides Tableau IV. ESPÈCES | TEMPÉRATURE MAXIMUM OPTIMUM MINIMUM I 39° 30° II 39° 28-32° III 3/o 32-37° IV 40-44° 35-37° V 40-44° 32-35° VI 46-47° 35° M 3 VII 40-44° 32-35° CL VIII 40-44° 30-33° Ct> ai IX 40-44° 35° O e X 40-44° 35-37° W XI 40-44° 35-37° Cl XII 40-44° 40° XIII 36-39° 33-34° O XIV > 47° CO CJS O O 3 XV 40-44° 35-37° ffn Lactobacterium delbrucki . . . 54° 42-45° ÇD — fermentinn . . O O CO 1 CO V* 37° CL ct> — cer 33-35° 28-30° 73 — pastorianum . . 39° 26-30° Sarcine de bière > 45° 35-40° Laclococcus clexlranicus . . . > 47° 30-35° Streptococcus terricoia > 45° 35-40° Lactobact. terricoia > 54° O 2lO *vT 1 O de culture pendant l’expérience. Les résultats se trouvent au lableau V. Le tableau Y nous montre, comme le lit déjà le tableau II, qu’en dessous de l’optimum la rapidité de l’acidification diminue avec la température de culture; elle diminue encore avec l’acidité acquise du milieu et avec l’àge de la culture; nous voyons en effet que l’acidification est la plus intense pendant la 824 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR première période pour diminuer progressivement après, jusqu à atteindre un maximum déterminé d acidité totale. Pour une espèce déterminée de microbe lactique, le maximum linal d aci- dité est indépendant de la température de culture. Nous apprenons de plus que l’acidiücation se fait assez lente- ment pour la plupart des espèces même à leur optimum de culture; le Lactob. delbrucki et Lactob. fermentam opèrent une acidification beaucoup plus rapide. Dans un tableau suivant VI j’indique le maximum d'acidité pour chaque espèce dans du moût à 10» B, Comparativement je fis quelques expériences dans du moût à 20» B. pour me rendre compte de l’influence de la concentration du milieu nutritif sur le degré d’acidité atteint. Les expériences eurent lieu dans des bouteilles fermées à l’émeri et à 30°. Les tableaux VI et précédents peuvent donner lieu à quelques considérations sur le mécanisme de l acidification. Nous voyons quelle est notablement plus intense dans du moût à 20° B. que dans celui à 10° B. Ceci est une conséquence directe d'une multiplication plus intense dans le premier cas; plus le moût est concentré, plus forte est la multiplication. L’acidification, par le fait qu’elle est proportionnelle à la concentration du moût, est proportionnelle au nombre de cellules présentes, d où résulte la conclusion que chaque cellule d’une espèce déter- Tableau V. • ACIDITÉ PRODUITE DANS DU MOUf A 10° B ESPÈCES à 30° après à 30° après à 13° après 3j- 6j- 10j. 20 j. 30 j. 3 j- 6j- 10 j. 20 j. 30 j. 7 j 20 j. 30 j. I 7,7 1 11,2 13,3 14,4 4,9 8,2 10,3 — 14,0 4,7 8,6 10,1 II 4,3 4,7 5,2 6,0 V 3,0 3,9 4,0 4,9 5,6 2,8 — 4,0 III 4,9 6,4 9,7 13.5 14,8 3,4 5,6 7,4 10,3 11,6 3,2 6,9 7,7 IV 8,0 11,0 13,0 — 20,0 4,9 8,0 10,1 12,9 15,5 5,6 9,0 10,8 V 6,4 9,2 12,0 14,2 14,4 4,7 7,4 9,9 12,7 12,9 4,7 9,0 11,0 IX X 7,7 10,5 12,9 14,6 — 5,4 8,2 10,3 12,4 13,9 5,6 8,6 9,5 M 5,4 6,0 7,9 9,0 10,1 4,0 5,2 6,0 8,6 9,5 4,3 — 6,4 XI ____ 8,2 11,6 — — 5,6 6,7 8,6 10,1 4,3 — 7,1 XII 5,4 — 8,6 11,6 11,8 “ 7,3 9,9 11,2 5,2 7,1 825 PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES imnée de microbe lactique peitf provoquer aux dépens du sucre une dose limitée (1) et fixe d’acide. Lorsque la culture atteint, d'après les espèces, 5 à 7 cc. N p.tOO Tableau YI (I). ESPÈCES (2) D après 3' ACIDITÉ PRODUITE A 30° ANS D i jours LT MOÛT A 10° après 4 mois BALLING après 6 mois DANS DU MOÛT A 20° B après 35 jours 1 14 + (3) 14,2 0(3) 0 22,0 II 9,2 + 8,7 0 — 0 — III 15,2 4- 17,3 0 17,6 0 20,0 IV 19,7 -f 22,2 -b 23,0 4- 24,5 V 14,4 4- 14,4 0 — 0 20,0 VI 17,6 + 18,8 4- 19.0 4- 22,5 VII 9,2 4- 9,2 4- — 4- — VIII 9,3 4- 9,4 4- 9,6 4- — IX 14,9 + 18,4 0 — 0 21,5 X 11,0 4- 11,3 4- — — — XI 11,0 4- 11,0 4- — 0 15,5 XII 11,4 4- 11,4 + 11,6 0 13,0 XIII 9,5 4- — — — — — XIV 8,6 4- 9,0 4- — — 15,0 XV 6,7 — — — Laclob. cer 8,8 — — past 8,1 8,3 Sarcine de bière .... 4,5 — Lactoc. dextranicus . . . 7,1 — Streptoc. ter rie 3,5 3,5 Lactob. terric 3,8 3,8 (1) Je n’ai fait la première détermination d’acidité qu’après 31 jours, parce que les essais du tableau V m’avaient montré que pour les cultures de la plupart des espèces l’acidité augmente durant tout le premier mois. (2) Le Lactob. delbrucki et le Laclob. fermentum atteignent, à leur optimum respectif de 45° et 37°, leur maximum d’acidité après 3 jours de culture, qui est de 11,3 pour le premier et, d’après Smit (I), 13,2 pour le Lactob. 'fermentum. (3) Les signes -j- et 0 indiquent respectivement si oui ou non la culture contenait, au moment du titrage, encore des individus vivants. (lj On pourrait vouloir chercher la raison de la limite à l’acidification dans le fait que l’action enzymatique se trouverait entravée par l’acidité formée dans le milieu. Cette hypothèse me paraît invraisemblable pour la raison que le maximum d’acidité est différent pour chaque espèce de microbe lactique et qu’il ne me paraît pas logique de reconnaître aux enzymes acidifiantes des différentes espèces, une résistance différente aux acides alors que leur action qualitative est la même et qu’il y a donc tout fond pour croire qu’elles sont aussi de même nature. 826 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR d’acidité, toute multiplication du microbe se trouve arrêtée; l’acidification au contraire continue par tes cellules présentes, jusqu’à un maximum d’acidité totale, variable pour chaque espèce mais constant pour une même espèce dans les mêmes conditions de milieu. Le maximum d'acidité une fois atteint reste invariable dans le milieu de culture. Le même tableau VI nous montre encore que les espèces de microbes lactiques, jouissant du pouvoir acidifiant le plus intense, se trouvent dans le groupe des microbes lactiques floconneux (voir tabl. II). Au point de vue de la nature de V acidité produite on peut diviser les microbes lactiques en t° microbes lactiques vrais , produisant exclusivement de Yacide lactique et 2° ceux qui, à côté d'une quantité dominante d’acide fixe, constitué par de Yacide lactique et une trace d 'acide succinique (d’après Gayon et Dubourg [1], Bertrand et Duchacek et Smit), produi- sent de Yacide volatil en dose variable avec l’espèce Pour les espèces de ferments lactiques examinées par Kayser [1], Ber- trand et Duchacek et Smit, l’acidité volatile était constituée par de l’acide acétique et par une trace d'acide formique. Pour ma part, je n’ai pas procédé à l’analyse qualitative de l’acidité, je me suis contenté de déterminer comparativement par la méthode de Duclaux l'acidité fixe et volatile formée par chaque espèce de ma série de microbes lactiques. Pour toutes les espèces j’ai obtenu par distillation fractionnée des chiffres à peu près analogues à ceux trouvés par Smit et par moi-même pour le Lactob. fermentum, espèce pour laquelle Smit a soigneu- sement analysé les produits de fermentation et attribué l'acidité, volatile à de l’acide acétique et de l’acide formique. Ces données me font croire que les acides volatils produits par toutes les espèces de microbes lactiques du deuxième groupe sont les mêmes, notamment de l’acide acétique et de l’acide formique. La production d’acides volatils par les microbes lactiques est toujours accompagnée d’un développement de GO"; c’est pour- quoi j’appellerai dans la suite assez souvent les espèces du deuxième groupe, les microbes lactiques producteurs de CO2 par opposition aux microbes lactiques vrais , non producteurs de CO\ De plus, pour toutes les espèces du deuxième groupe, la quan- tité de CO2 produite est proportionnelle à la dose d’acide volatil, PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 827 d’où résulte que la détermination de CO2 donne la mesure de l’acidité volatile et vice versa. Ce fait peut rendre service dans la classification rapide et facile des microbes lactiques dans un des deux groupes. Pour me rendre compte du dégagement de CO2 j’ai ense- mencé respectivement toute une série d’espèces dans du moût stérile à 10° B. dans des bouteilles stériles complètement rem- plies et fermées à l’émeri; les essais furent placés à 30°. Dans le cas de dégagement de gaz, celui-ci produit de la mousse entre le goulot de la bouteille et le bouchon et entraîne par son échappement une partie du liquide d'autant plus grande que la production de gaz est plus intense et plus rapide. Il est vrai que cette méthode d’appréciation du dégagement de CO n’est pas parfaite, car il peut y avoir des espèces de microbes lactiques produisant si peu de CO que celui-ci reste en solution dans la culture: je suis persuadé que ceci est le cas pour les espèces I, V, IX dont les cultures ne donnent lieu à aucun dégagement apparent de CO2 et accusent cependant des traces d’acide volatil et d’alcool; je mentionne ici en plus l'alcool, parce que les différents chercheurs qui se sont occupés de la fermentation lactique se sont prononcés pour une production parallèle et proportionnelle d’alcool et de CO2. Un moyen relativement sensible de se rendre compte de la présence de CO* dans la culture, et dont on peut se servit dans un cas douteux, consiste à plonger précipitamment dans la culture un gros fil de platine chauffé au rouge; dans le cas de présence de CO2 il se produit dans le liquide un bruissement doux avec échappement de gaz le long du fil, de façon à provo- quer autour du fil de platine à la surface du liquide une mousse plus ou moins étendue suivant que la culture contient plus ou moins de gaz. S’il n’y a pas présence de CO2 il se produit au contrane un bruissement aigu, sifflant et il ne se forme aucune mousse. Je communique dans le tableau VII les résultats de la détei- mination des acides fixes et volatils (1); j’y mentionne aussi si oui ou non il y a eu dégagement apparent de CO*. d) Pour la détermination des acides volatils, j’ai tenu compte du fait que nar la distillation se trouve entraîné de l’acide lactique en petite quantité proportionnelle à la concentration dans la culture : j’ai fait les corrections 828 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Tableau VIL ESPECES DE MICROBES Lb. pastor. . Lb. cer. . . Lactoc. dex- tranio.us. . Streptococ. terric. . . ACIDITÉ DANS DU MOÛT A 10° BALLING APRÈS 30 JOURS A 30° Totale 11.3 7,8 6,6 3,55 Fixe Volatile 12,1 0,2 7,9 1,2 14,1 0 12,05 7,1 12,2 0,2 4,5 6,2 7,39 1,11 7,0 1,1 12,55 0,25 9,2 1,2 9,5 1,5 9,08 1,12 8,25 1,25 5,35 0,15 2,56 4,14 11,3 0 6,99 0,81 7,36 0,74 8,09 0,66 5,49 0,11 3,55 0 Volatile, p. 100 d’acidité totale 1,67 p. 100 13,2 - 10,4 — 9,13. — 7,45 — PRODUCTION apparen'e de CO2 0 (+) rapide à 37°. (4-) lente, (-f) lente. Il resu Ile du tableau VII que la production d’acidité volatile est 1res variable avec l’espèce et que le nombre d’espèces n’en provoquant pas une trace est très limité. III. Action des microbes lactiques sur différents sucres; nature de leurs produits. En général, on pourrait dire que tes sucres glucose, lévulose maltose et saccharose subissent, par une même espèce déter- les, données obtenues par la distillation de solution d’acide lartinno tsdfu.re?eXra^nS C°rreSPOndant «PP— ement à PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 829 minée de microbe lactique et dans les mêmes conditions de culture, une acidification peu différente pour chacun d eux ; une dextrine donnant une coloration brune avec 1 iode fournit une acidité moindre. L’intensité de l’acidification est variable Tableau VIII. j| ES FÈCES acidité après 2G joi rs a DANS EAU DE LEVURE 30° ACIDITÉ APRÈS 26 JOURS A 30° dans le lait 5 p 100 glu- 5 p. 100 levu- 5 p. 100 mal- 5 p. 100 saccha- 5 p. 100 dex- J cose lose tose rose trine , 10,6 11,7 1 14,0 11,9 11,4 14,9 solidifié. II 12,1 13,5 7,2 11,9 13,5 15,1 solidifié. 1 ni 14,2 16,9 13,5 16,2 5,9 2,3 lluide. ! IV 13,5 14,4 13,5 13,0 9,9 — V 13,1 13,1 14,0 12,2 10,8 9,2 épais. I VI 18,0 18,3 14,6 5,4 5,2 légèrement épais. J Vil 11,7 12,8 13,5 13,2 5,6 3,8 fluide. I VIII 11,2 12,6 13,5 11,4 5 , 6 4,0 fluide. 1 IX 13,5 12,3 13,9 12,2 10,1 8,3 épais. 1 X 12,1 14,1 14,1 13,5 6;7 6,2 -4- épais. J XI 16,2 13,5 15,7 13,7 4,7 3,4 fluide. XII 13,9 12,6 14,8 14,9 4,1 5,4 -4- épais. 1 1 xiii 2,6 7,4 14,6 — 3,0 lluide. I Lactob. cer — 7,2 — 3,0 — Id. Lactob. past — 4,8 — 3,0 — Id. | Lacloc. (lexlranicus . . . 6,9 15,0 6,8 11,4 Id. . avec l’espèce de microbe. Au tableau VIII, je signale les doses d’acidité accusées par des cultures dans des solutions de 5 p. 100 de différents sucres dans de l’eau de levure et dans du lait. On voit par le tableau VIII que quelques espèces montrent cependant une prédilection pour certains des sucres cités plus 830 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR liant. La conduite des microbes lactiques vis-à-vis du lait atliic ici sui tout notre attention; en effet tandis que certaines espèces, appartenant spécialement au groupe des floconneux par conglomération , acidifient la lactose du lait comme ils le lont du moût et des autres sucres cités, d’autres l’acidifient seulement faiblement et d’autres encore quasi pas. Gomme complément au tableau VIII j’ajoute encore que le Lactob. fer- Tableau IX. Ce fait de moindre activité ou d’inactivité d'espèces déter- ”»«» vis-à-vis du Lit . été .llritad à plusieurs repr”" entre autres par Smit, à une composition azotée du lait ne convenant pas au développement de ces espèces (1). Je montre par le tableau IX que cette explication est erronée pour les microbes lactiques en général et que la conduite différente I6(1/femeL^0»tdLV0],',PA0UTU ètre vl:aie jusqu’à un certain point pour le d , 1 Lb‘ de s- d" *» peuveu, se distinguer eu peu,°°I “ta “tari Ï “"“fï! ,!U" •?.“ I»»11' se présente à l’esprit est celle de la ' prem,ere hypothèse qui d’hydrogène libre mr là • ? Posslbll,té de production microbe; cette hypothèse doit M " !‘.C 1011 calalylique du PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES H3T convaincre, j’ai opéré sur de grands volumes de gaz et me& résultats ne font que confirmer une fois de plus ce qui a été établi à différentes reprises, notamment par Gayon et Dubourg, Beijerinck 3), tlenneberg 1, Müller-Thurgau et Smit. Spécialement pour la fermentation mannitique plusieurs réactions ont été proposées. Celle de Pasteur 23 C6Hl*Os = 12 C6H10Os + 12 C6H1406 + 6 CO2 + 6 H*0 Mat. visqueuse. Mannite. n’est pas exacte puisque la production de la mannite est indé- pendante de la formation de matière visqueuse. La réaction de Duclaux 13 CcH120* -f- 6 H20 = 12 C6H140G + 6 CO* en apparence plus admissible ne résiste pas non plus à 1 examen approfondi. La plupart des auteurs lui ont reconnu l’avantage de tenir compte de la production simultanée de mannite et de CO, produits dont ils croyaient la formation inséparable dans la fermentation mannitique. Cette façon de voir, encore exprimée dans les derniers temps par Müller-Thurgau et Smit, est inexacte; la production de mannite se fait indépendamment de celle de CO2 comme le prouvent les expériences suivantes. Ce qu'on peut dire est que la production de CO par un microbe lactique aux dépens d’un sucre indique que cette espèce est réductrice et la mesure de CO2 dégagé fournil la mesure de son pouvoir réducteur dans le milieu employé. Des expériences m’ayant appris que le pouvoir réducteur persiste dans les cultures de microbes lactiques réducteur^, après la fermentation (1), je disposais du moyen de sépaiei la fermentation lactique proprement dite, 1 acidification, de la fermentation mannitique. Du moût à 10° B. ensemencé par l’espèce W fut laissé a la température de 30° jusqu’à la formation du maximum d acidité correspondant au moment où le dégagement de CO2 est devenu nul. Je considérais ce moment comme venu après vingt-huit (1) Ce fait par lui seul est déjà suffisant pour prouver que la réduction ne peut être due à de l’hydrogène libre puisque l’échappement de ce dernier, devrait inévitablement avoir comme conséquence la disparition du pouvon réducteur de la culture. 838 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR jours, l’acidité totale de la culture était alors de 20c.c. 5 N p. 100. De cette culture, agitée, fut remplie une bouteille stérile de 60 cent, cubes dans laquelle fut ajouté 5 p. 100 de sucre lévu- lose et qui fut placée à 30°. Après vingt-quatre heures, l’évapo- ration d’une partie du liquide laissa dans le résidu une forte cristallisation de mannite. Parallèlement à cette expérience je fis des essais comparatifs avec le soufre et le bleu de méthylène, dont les résultats montrèrent aussi un pouvoir réducteur pro- noncé et rapide de la culture acidifiée : 60 cent, cubes de cette culture purent réduire 150 milligrammes de bleu de méthylène en vingt-quatre heures à 30°. Pendant ces réductions intenses il ne s’est pas dégagé une trace de CO\ On comprendra que la condition essentielle de ces expé- riences consiste à supprimer le pouvoir acidifiant et en môme temps le pouvoir producteur de CO2 du microbe lactique et à lui garder seul son facteur réducteur, sinon, spécialement pour le lévulose, il ' pourrait se faire une nouvelle acidification accompagnée inévitablement d’un dégagement de CO2. J’ai réalisé cette condition en laissant s’épuiser le pouvoir acidi- fiant du matériel microbien par une acidification préalable; i autre part, 1 acidité élevée du milieu devait empêcher une nouvelle multiplication du microbe. Par d autres recherches, j ai tâché de me renseigner de plus près sur la nature de ï agent réducteur . Dans 60 cent, cubes de moût acidifié clair obtenu par décan- tation du liquide clair surnageant d’une culture acidifiée d’une part, et dans 60 cent, cubes de culture trouble (contenant Jonc du matériel microbien) d’autre part, j’ai ajouté primiti- vement 10 milligrammes de bleu de méthylène. Après vingt-quatre heures la réduction était nulle dans le liquide exempt de corpuscules microbiens alors que le même liquide, mais contenant le matériel microbien, avait réduit 150 milligrammes de bleu de méthylène. Les expériences de réduction du lévulose et du soufre donnèrent dans les mêmes conditions des résultats analogues. La même culture trouble ne donne plus de réduction après ébullition. 1 Ces différents faits établissent que la réduction ne peut se taire qu’en présence du corps microbien ayant conservé son PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 839 activité enzymatique et doit être attribuée à l’action d’une endo- enzyme que je désignerai sous le nom de lévulo-mannitase. Une preuve que l’enzyme réductrice devait être une endo- enzyme se trouvait déjà dans le fait que la coloration obtenue par la réduction des sélenite et tellurate de sodium se limitait aux colonies microbiennes sans se produire en dehors de celles-ci. Une nouvelle question s'impose : La réduction se fait-elle dans la cellule directement aux dépens de la substance réduc- tible ou bien se fait-elle aux dépens de certains produits de la fermentation lactique en solution dans la culture, sous l’intluence de la lévulo-mannitase comme catalyseur? Pour pouvoir répondre à cette question j’ai décanté le liquide clair d’une culture de l’espèce IY dans du moût ayant atteint son acidité finale; j’ai lavé le matériel microbien à plusieurs reprises à l’eau distillée, jusqu’à réaction neutre, pour le priver de tous les produits de la fermentation lactique. Ce matériel microbien ainsi lavé fut mis en suspension dans un peu d’eau distillée et additionnée, pour des essais respectifs, de lévulose, de soufre et de bleu de méthylène. La réduction se fit, mais moins intense que dans la culture même, ce qui prouve que la réduction peut se taire par la réductase directement aux dépens de la substance réductible ajoutée. A la suite de ces constatations il semble logique d’exprimer la fermentation mannitique par : C9H1S0* -f ... IP (lévulo-mannitase) = C6H140*. lévulose. marmite. Je n’ose cependant considérer cette réaction comme indubi- tablement définitive, car elle ne fournit pas l’explication du fait signalé plus haut, notamment de la production d’une plus grande dose d’acide volatil aux dépens du lévulose qu’aux dépens des autres sucres. En 1903, Mazé et Perrier ont voulu attribuer ce surplus d'acide volatil à l’oxydation de l’alcool en acide acétique avec production simultanée de mannite suivant la réaction sui- vante : CPIPO r 2 C6Hl206 + H2 = C*H402 + 2 C:aHl408. Les auteurs attribuaient cette oxydation à une action énzyma- 840 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tique. Leur hypothèse trouve un appui dans les recherches de (•ayon [1] et Dubourg, Müller-Thurgau et Osterwalder et Smit qui établirent que les ferments mannitiques produisent nota- blement plus d’acide acétique aux dépens du lévulose qu'aux dépens des autres sucres, mais en même temps peu ou pas d’alcool et de glycérine, alors que la quantité de CO2 reste la même (voir tableau X). Des expériences m’ont convaincu qu'il ne faut pas chercher la provenance du surplus d’acide acétique dans une transformation de l’acide lactique en acide acétique par les microbes lactiques réducteurs. V. Action des microbes lactiques sur la mannite , sur le lactate et le malate de calcium. En même temps j'ai soumis à l’examen la mannite, le lactate de calcium, produits de la fermentation lactique, et le malate Tableau XII. ESPÈCES ACIDITÉ APRÈS 5 JOURS A 30 O EAU DE LEVURE i 3 p 100 mannite AU DE LEVURE 3 p. 100 lactate de Ca 3 p. 100 malate de Ca Contrôle 1.0 1,3 1 ,i I 1,8 7,3) 1,8 1,2 III 1,6 5,1 1,8 1,1 IV 1,2 2,3 1,65 1,5 V 1,9 7.5 1,9 VI 1,15 •2 3 1,5 1,1 VII 1,4 1 ,6 1,6 IX 1,9 V- 1,9 X 1,2 1,45 1,2 XI 1,3 1,5 1 .65 1,0 XIII 1,35 1,9 1,2 0,65 XIV 1,6 1,2 1,5 0 , 75 | Laclob. ferme.ntum . . . 1,1 1.3 1,4 — delbi'ucki .... 1,25 M 1,5 — cer . . ^ . 1,0 1,0 1,4 - — pasl. ...... 1,1 1,0 1.3 0,8 Laetococ. dex iraniens . . — 2,0 1,55 ï 1 • A 1 11 de calcium. A de 1 eau de levure fut ajouté respective- ment 3 p. 100 de chacune de ces substances, chacun des PROPHI ÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 84 î milieux fut ensemencé avec une série de microbes lactiques différents; le titrage de l’acidité eut lieu après cinq jours de culture à 30° (voir tableau XII). 1° La mannite est attaquée par le groupe des microbes lacti- ques floconneux et parmi eux spécialement par les espèces non productrices de CO 2 ou non réductrices qui donnent à ses dépens un développement et une acidification notable; les espèces IV et VI provoquent une légère acidification; l’action manifestée par les autres espèces est négligeable ou nulle. Je fais cepen- dant remarquer que XIII rend le liquide légèrement visqueux. On pourrait dire que les producteurs de mannite ne l’attaquent pas, ce qui est en concordance avec les observations de tous les auteurs qui se sont occupés de la fermentation mannitique. Les microbes lactiques de la bière ne donnent aucun développe- ment aux dépens de la mannite; il est probable que les consta- tions contradictoires de Henneberg 1 concernant le Sac- charob. pastorianus Van Laer [Lb. past.) et le B. fasciformis Rommel et Schônfeld reposent sur une erreur; 2° Le lactate de calcium n’est attaqué par aucune espèce de microbe lactique ; 3° Quelques espèces donnent un très léger développement aux dépens du malate de calcium. VI. Action des microbes lactiques sur les glucosides. Sous le nom de « réactions Je l’émulsine », Beijerinck 4 a décrit faction décomposante de certains microbes lactiques vis-à-vis des glucosides esculine, indican et amygdaline. L’action sur fesculine fui examinée pour une série d’espèces par leur culture sur les milieux suivants : a) Eau de levure gélosée 100,0 Glucose o, 0 Esculine 0,1 Citrale de fer 0,1 ■i) Le même milieu sans addition de glucose. Dans le cas de décomposition, fesculine produit du glucose et de l’esculétine (C15Ii,609 -f-fIsO = C6H1206 C9Hfl04) ; celte dernière fournit en présence du citrate ferrique une coloration brune ou noirâtre d’après la réaction du milieu. 842 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ut Décomposent l’esculine : I — Y — VI —I K —X —XII — XIIL Ne décomposent pas l’esculine : II — III — IV — VII — VIII — XI — XIV. Les espèces I — A — IX et X sont les plus actives. L expérience, répétée après un an de conservation en culture pure des espèces citées, donnait encore les mêmes résultats. Je veux mentionner eu passant que des essais comparatifs m’ont montré que les levures haute et basse de brasserie, la levur<3 de distillerie, une levure de vin (bordeaux) donnaient lieu à une décomposition énergique de l’esculine ; le Schizos. pom.be et le S. apiculatus opèrent plus lentement; la levure de bière autolysée et l’extrait suivant le procédé LebedefF produi- sent aussi la réaction ; le IL coli reste inactif. défais remarquer que la réaction se manifeste beaucoup plus rapidement et plus intensément pour le milieu (p) exempt de sucre. Il faut sans doute attribuer ce fait à ce que dans le milieu (a) la décomposition de l’esculine se trouve gênée par la présence du glucose, alors que dans le milieu (fi) le glucose produit est consommé par la bactérie au fur et à mesure de sa production. Les espèces de microbes lactiques examinées se compor- tèrent de même vis-à-vis deTinJican. L'amygdaline, au con- traire, ne fut décomposée par aucune d’elles. VIL Influence des microbes lactiques sur la fermentation alcoolique. Toutes les espèces de microbes lactiques sont nuisibles pour la levure. Cette nocivité doit être attribuée à l’acidité produite pat les ferments lactiques ou au fait que certaines espèces de microbes lactiques jouissent de la propriété d’agglutiner la levure ou, pour certaines espèces, à ces deux raisons à la fois. Eu effet, M. et M,r,e Rosenblatt, avec Kayser et Dumas, ont montré qu'à aucune dose les acides libres ne favorisent la levure alcoolique. L’acide lactique peut être supporté par la levure jusqu a dose élevée sans qu’il arrête la fermentation, mais de petiles quan- tités de cet acide diminuent sensiblement déjà la multiplication de la levure. Une espèce de levure haute produisant après sept jours à la température de 20° une atténuation de 86 p. 100 dans PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 843 du moût ne donnait, dans le même moût, et après sept jours aussi, qu’une atténuation de 72 p. 100, pour une addition de 13 c. c. 2 N p. 100 d’acide laclique et GO p. 100 pour une addition de 25 c. c. 6 N p. 100 d’ acide lactique. Les acides volatils de la fermentation lactique sont beaucoup plus nuisibles que l’acide lactique. Je ne citerai ici que les chiffres fournis par Johannessohn Tableau XIII. ESPÈCES EXAMINÉES ATTÉNUA- TION apparente ACIDITÉ RE MARQUES Levure haute pure 81 p. 100 2.2 — + 1 13 V? Agglutination de la le- vure. Culture parfai- tement claire. — -4- in 76 — 6,4 Pas d'agglutination de la levure. _ 4- IV 77 — 4,0 Id. + V 75 — 6,2 ld. - + VI 78 — 3,9 Id. — + XI 69 9,5 Agglutination de la le- vure. — Culture plus trouble. — -f XIII 53 — 8,4 Production de matière visqueuse et aggluti- nation de la levure. — -f- £6. ferment um 81 •) 9 - 1 - Le Lb. ferment uni ne s’est pas développé. I parce que mes conclusions résultant des expériences mention- nées au tableau XI II se rapprochent des résultats de cet auteur. 11 établit que la fermentation alcoolique est entravée respec- tivement par 0 gr. 092 p. 100 d’acide formique et 0 gr. 5 p. 100 d’acide acétique; comme doses les plus laihles déjà nuisibles il admet 0 gr. 032 p. 100 pour l’acide formique et 0 gr. 12 p. 100 pour l’acide acétique. En partant de ces données, on pourrait croire qu'un coup d’œil sur le tableau Vil nous permet de classer les microbes lactiques suivant leur nocivité. Ceci serait vrai si le développe- ment de chaque espèce se faisait avec la même intensité en présence de la levure qu’en culture pure, ce qui n est pas le 844 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR cas. G est pourquoi il est nécessaire d’examiner chaque espèce de microbe lactique en la cultivant simultanément avec de la levure avant de se prononcer sur sa nocivité. L’influence défa- vorable pour chaque espèce est variable avec les condilions de culture. Les expériences du tableau XIII en fournissent la preuve. J'ai ensemencé dans du moût à 10° B. simulianément une trace de levure haute pure avec plusieurs espèces de mi- crobes lactiques respectivement; après quatre jours de culture a la température de 30°, j'ai déterminé en même temps l’atté- nuation apparente et l'acidité du milieu. D’après le tableau VII, les espèces IV et VI, produisant la plus grande dose d’acidité volatil et étant., en culture pure, les acidihcateurs les plus énergiques, devraient se montrer les plus noeils à l’égard de la levure; on voit que ceci n’est pas le cas, du moins lors de l'ensemencement simultané du microbe et de. la levure. Ce fait provient de ce que IV et VI se trouvent gênées par le développement et l'action de la levure et que dès lors leur mulliplication et l’acidilication sont très lentes. D autres espèces, au contraire, telles que principalement XI et XIII qui en culture pure acidifient moins rapidement que IV et VI et produisent beaucoup moins d’acide volatil, parais- sent non gênées mais plutôt favorisées par la levure, provo- quent une acidification rapide et se montrent les plus nocives. Je puis déduire de ces essais ce que nous ont déjà appris les données préliminaires sur l’action des acides sur la levure, notamment : I» qu e. parmi les microbes lactiques vrais (ceux né produisant pas d acide volatil) les plus nuisibles sont ceux qui forment le plus d' acide lactique à côté de la levure ; 2» que I atténuation est d autant plus faible qu'il se forme dans le milieu plus d'acide volatil. 11 est évident que, dans les mélanges d'acide lactique et d’acides volatils produits par les ferments lactiques, chacun de ces acides agit par sa nocivité spécifique. Je fais remarquer que, dans chacun des deux groupes de microbes lactiques respectivement (non producteurs et pro- ducteurs d'acide volatils) ceux qui forment le plus d’aride en culture simultanée avec la levure et, par le fait même, qui sont les plus nuisibles , sont ceux qui agglutinent la levure (l XI — XIII), ce qui prouve que l’agglutination par elle-même est PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 845 déjà défavorable. Ce n’est d’ailleurs pas inattendu, vu qu’il est établi que la levure à l’état divisé (« poussiéreuse ») a une énergie fermentât ive plus grande qu’à l’état congloméré « floconneuse »), ce qui s’explique par le lait que dans le lernier cas la surface de contact de la levure avec le liquide à fermenter est moins grande. L’influence défavorable de cette diminution de surface se met encore mieux au jour pour pIG 3< Agglutination des cellules de levure par le lactobacterium (loccogenam. Culture simultanée dans du mont. (Gr. . 325.) l’espèce XIII où, en outre de la coagulation de la levure, a lieu la formation d’une matière visqueuse qui vraisembla- blement enveloppe les paquets de cellules agglutinées. L’atténuation obtenue avec XIII est notablement inférieuie à celle avec XI qui produit cependant plus d acide total et plus d’acide volatil que la première espèce. L’Agglutination de la levure par certaines espèces de microbes lactiques (tig. 3). — Ce phénomène fut d’abord signale par Barendrecht et étudié, pour une espèce de microbe lactique 846 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR agglutinante, B. listeri, par Henneberg. Beijerinck [4] a de'crit une espèce semblable sous le nom de Lactococcus agglutinant. J ai dans ma collection 3 espèces différentes de microbes lactiques qui agglutinent la levure : l’espèce XI que je désigne par Lactobacterium listeri parce que j’estime quelle corres- pond au B. listeri Henneberg, l’espèce I que je propose d’ap- peler Lactobacterium floccogenum et l’espèce XIII que je pro- pose d appeler Lactobacterium viscogemtm. L agglutination de la levure par les microbes lactiques agglutinants peut s’obtenir soit en cultivant ensemble la levure et le microbe lactique, soit en ajoutant à de la levure en cul- urc liquide ou en suspension dans l’eau, goutte à goutte une culture fraîche de microbes agglutinant. La première méthode est la plus sure et la seconde la plus simple et la plus rapide. r L agglutination se produit en milieu acide, neutre et alcalin ; elle paraît favorisée par une certaine chaleur, 30» par exemple. Les flocons se désagrègent lentement dans les cullures conservées. Les cellules de levure tuées par 1 ébullition sont encore coagulables par une culture de microbe agglutinant ; l’ébulli- tion de la culture du microbe au contraire supprime le pou- voir agglutinant, ce qui pourrait faire supposer une action enzymatique de la part du microbe agglutinant. Le professeur Heijerinck admet comme explication du mécanisme de l’agglu- tination que le microbe agglutinant produit en culture une matière visqueuse qui passe en suspension dans le liquide et enveloppe les cellules de levure d’une couche superficielle qui sert de matière de liaison entre les cellules de levure. Cette façon de voir est basée sur le fait que le filtrat clair d’une culture de l’espèce Lactobacterium floccogenum est encore capable d agglutiner la levure et pourrait trouver un appui dans le lait que le Lactobacterium viscogemtm produit de la matière visqueuse et peut agglutiner la levure. D. Chimie de la fermentation lactique. Les cl i lie rente s transformations opérées par les microbes lactiques doivent être attribuées à l’action d’enzymes endocel- PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 847 hilaires. Herzog a montré lexistence d’une lacto-acidase dans le Bcicterinm acidi lactis , de même que Ilastings, Evans et Hart dans le Bac. lactis acidi , Buchner et Meisenheimer (1) men- tionnent déjà avant l’intervention d’une pareille enzyme dans la production de l'acide lactique. D après \\ eigmann les microbes lactiques desséchés conservent leur pouvoir aci- difiant. I. — Action des microbes lactiques sur les hexoses. 1° Les microbes lactiques vrais transforment les hexoses, sous l’action d’une lacto-acidase, exclusivement en acide lactique : C6H1806 = 2CaH603. 2° Les microbes lactiques producteurs de CO2 donnent lieu à une série de produits dont la formation n a encore pu être exprimée que par des réactions hypothétiques; je n en citerai que quelques-unes, celles qui ne paraissent pas en discordance avec nos connaissances actuelles : Pour la production de : l’acide acétique 1 alcool et CO2 (Duclaux) . . de la glycérine (Duclaux(. . l'acide succinique (Duclaux). C*1I12Ü6 = 3 C2FP02 C6II1206 = 2C2H60-fC02 7 C6H120# + 6 H* O = 12 C3H803 6 CO2 7C8H1206-h 6 CO2 = 12G*H604 + 6HlO. 11 faut admettre pour les microbes lactiques producteurs de CO3 une constitution enzymatique plus complexe que pour les microbes lactiques vrais. Je rappelle quelques faits établis plus haut : 1° que le rapport de la dose d acide lactique, d une part, à la somme de tous les autres produits de la feimentation lactique, d’autre part, est variable d après 1 espèce de ferment lactique ; 2° que, pour chaque espèce déterminée, ce rapport est variable d’après les conditions de culture (par exemple avec Faction de l’air); 3° que d’autre part il existe pour toutes les espèces de microbes lactiques un rapport constant entre 1 acidité volatile, le pouvoir réducteur, CO 2 et l’alcool, et probablement aussi la glycérine et l’acide succinique. Je crois pouvoir déduire de ces faits : (1) Buchner et Meisenheimer : d’après Mazé et Perrier 1 848 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 1 Que la production de l'acide lactique par les microbes pro- ( llcteurs de ^O2 se fait par une acido-lactase (semblable à celle qui se trouve clans les microbes lactiques vrais) qui agit indé- pendamment de toutes les autres enzymes du protoplasme cellulaire (OH-’O = 2 CW) ; ceci nous apprend qu’une leaction unique exprimant tous les produits de la fermentation lactique n aurait aucun sens; 2 Que tous les produits de la fermentation lactique , autres que 1 acide lactique , pourraient s’exprimer par une seule réaction , car a mon avis ils sont dus à l’action d’un complexe d'enzymes a action parallèle. Cependant je ne tâcherai pas en ce moment re Iraduire ma façon de voir en réaction, pour le bon motif que les proportions des différents produits entre eux ne sont pas encore assez exactement établies. En .attendant plus de um iere a ce su jet on pourrait exprimer les transformations par quelques reactions simples, séparées, telles que celles citées p us haut et qui par leur ensemble pourraient constituer ta reaction globale de tous les produits autres que l’acide lac- tique. Dans cette réaction les composantes de Duclaux pour la production de la glycérine et de l’acide succiuique s’exprime- raient par 1 7 c6ii‘*o6 = ee’ipO’-i-ec'iDO1. Je ne cite pas de réaction pour la production de l’acide for- mique dont le mécanisme est encore obscur; certains auteurs ont propose a ce sujet des réactions admettant la production simultanée d’hydrogène libre dont la présence n’a pu être PAn cto IXa A II. - Action des microbes lactiques sur les polysaccharides. D’après la règle généralement admise, les polysaccharides ' livraient, pour devenir assimilables, subir par hydrolyse préalable la simplification jusqu’à la forme monosaccharide Un cas d hydrolyse préalable du lactose en glucose galac- tose est mentionné par Bertrand et Weisvveiller et par Bertrand et Duchacek pour le Daeillus bulgaricus. Le ferment manni tique de Gayon et Dubourg [2] ne contenait ni invertase ni maltase, ni lacta-e ; le Saccharob. pastorianus de Van Laer ne contenait, d’après l’auteur, aucune enzyme hydrolysant les PROPRIÉTÉS DES MICROBES LA.CTIQUES 849 polysaccharides; le Lactob. fermentum, d’après Smit, rie con- tenait ni lactase, ni raffinase. J’ai entrepris quelques expériences afin de me rendre compte do l’ hydrolyse éventuelle des sucres maltose et saccharose par mes microbes lactiques. 1° Recherche d’une maltase ou malto-glucase. — Mes expé- riences furent basées sur le fait que certaines levures telles que le S. apiculatus Reess et le Mycoderma ne se développent pas aux dépens du maltose, mais bien aux dépens du glucose. Si les microbes lactiques contiennent de la malto-glucase, ils seront en état, par la décomposition de maltase en glucase, de rendre assimilable pour les levures citees ci-dessus un milieu maltosé. a) Par la méthode auxano graphique de Beijerinck [5]. — Dans de l’eau de levure gélosée contenant 5 p. 100 de maltose, chauffée à l’ébullition et refroidie rapidement vers 40° fut ajoutée une goutte d’eau stérile tenant en suspension des cellules de Mycoderma cerevisiæ ; le tout est versé dans une boîte de culture. Après solidification je fis sur ce milieu des stries de cultures pures de 10 espèces différentes de microbes lactiques. Toutes se développèrent bien, mais la multipli- cation du Mycoderma , faible partout, fut la même autour des colonies de microbes lactiques que dans les intervalles espacés de ces colonies, ce qui prouve que des colonies de microbes lactiques il n’y a eu aucune diffusion de glucose. Des essais parallèles avec le S. apiculatus donnèrent lieu à la même conclusion. b) Dans de /’ extrait de malt 10 0 B. furent ensemencés : dans un premier matras, le S. apiculatus ; dans un 1 matras, le S. apiculatus et Lactob. pastor .; dans le 3e matras, le S, apicu- latus et l’espèce 111. Les cultures furent placées à 20°; après 5 jours la densité était tombée dans les 3 milieux à 8°6 Ballmg, perte qui correspondit à la disparition du glucose du moût. Les microbes lactiques qui produisirent cependant un bon dévelop- pement ne décomposèrent pas le maltose en glucose, sinon l’atténuai ion par le S. apiculatus aurait dû être plus forte pour les cultures contenant les microbes lactiques. 850 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR „ Les ««mes expériences dans l’eau de levure contenant ■> p. 100 de maltose donnèrent lieu à un ton développement des microbes lactiques et acidification par eux, mais non à la mulli- plication du S. Apiculatus. 2° Recherche de l’invertase. — J’aurais pu faire remarquer d. ! Sm..e.dï tableau VIII que les milieux « eau de levure , 0 P’ 100 saccharose » donnaient la réaction de Fehline pour es cultures de toutes les espèces de microbes lactiques au moment de la détermination de l’acidité, c’est-à-dire après un séjour de 26 jours à 32°. Il serait imprudent de conclure de là à l'existence de sucrase car l’expérience m’a prouvé que des quantités relati- vement faibles d’acide peuvent invertir le sucre saccharose. - insi, apres 3 jours à la température de 30», on obtient déjà une faible inversion dans de l’eau de levure contenant I P’ 1®°. de sacchar0se et titrant une acidité de C cent, cubes p. 100 en acide lactique; l’inversion est déjà notable pour une acidité de 9 à 12 cent, cubes N p. 100. Ces essais montrent que, pour éviter toute cause d’erreur, la recherche d une enzyme invertissante doit se faire en dehors de influence des acides formés pendant la fermentation lactique ce qu on obtient en les neutralisant au fur et à mesure de eui proi uclion en ajoutant un excès de craie aux cultures. J’ai opéré suivant la méthode auxanographique sur de l’eau de ovure gélosée contenant 5 p. 100 de saccharose 4 1 p. 100 6 U , dans lafluelle avait été ensemencé dans toute la masse, dans un cas, le 5. apiculatus, dans l’autre le Mycoderma cerevmæe t a lasurface de laquelle furent ensemencées en stries les differentes espèces de microbes lactiques; il est connu que ni le S. apiculatus ni le Mycoderma ne se développent aux < epens du saccharose, mais bien aux dépens du sucre interverti Apres 2 jours à 30» les deux espèces de levures s’étaient bien développées dans et autour du champ de culture des especes I — III — y __ yr __ rY ûf T , , aes 1 ^ Lactoc. dextranicus VU vm8 evh8mP’ ni autour du champ de culture des espèces Vil - Vil -x - XI - XII -XIII -XIV -Lactob. pas, or., dou resuite que les espèces de la première série (espèces oconneuses) contiennent de l’invertase, qui manque dans celles t PROPRIÉTÉS DES MICRODES LACTIQUES 8:>1 de la deuxième série (espèces non floconneuses ). L addition d'un peu d’acide lactique au milieu précédent donna lieu à une légère trace de développement du Mycodevmct et du S. apicu- latus. Les microbes lactiques dépourvus d’invertase acidifient cependant le saccharose de la même iaçon que ceux qui eTl possèdent. Ces résultats démontrent que le saccharose, pour une partie des espèces de microbes lactiques, et le mallose pour toutes les espèces subissent l’assimilation et 1 acidification sans hydro- lyse préalable; il en résulte que la nécessité de la décom- position préalable des polysaccharides en mono-saccharides ne peut être admise comme un principe général. Il est vrai qu’on peut faire l’objection que les microbes lactiques qui ne mani- festent pas de pouvoir hydrolysant par la méthode d’examen employée le possèdent peut-être, mais si faible que les hexoses produits soit aux dépens du maltose, soit aux dépens du saccharose, n'existent que passagèrement comme tels et subissent l’acidification à mesure de leur production. Ceci me paraît peu probable. E. — Quelques facteurs qui influencent le développement et le pouvoir acidifiant des microbes lactiques. La plupart de ces facteurs ont fait l’objet d’études par d’autres auteurs; aussi je me limiterai a communiquei mes résultats d’expérience aussi brièvement que possible. 1° Influence de la dose de sucre. — Voyons à ce sujet au tableau XIV .quelques résultats d’expériences pour 2 espèces de microbes lactiques. L acidité fut dosée après 1 jour de cultuie à 30° et 5 jours à 20°. Tableau XIV. ESPÈCES EAU DE LEVURE (contrôle) 1 p. 100 glucose 5p. 100 glucose 10 p. 100 glucose III * t *» 2.3 4^ O "2,5 10,0 IV 2,3 3,9 - P 6,4 9,5 852 AXIALES DE L’INSTITUT PAS TE U H 11 en resuite que : 1° l'acidification est proportionnelle à la dose de sucre; 2° relativement à la concentration du milieu en sucre, 1 acidification est la plus forte pour les milieux les moins sucrés. Ces faits sont généraux pour toutes les esp'ces de microbes lactiques. 2 Influence de la nature et de la dose de l'azote. — Tous les auteurs ont qualifié la peplone d'aliment azoté préféré des microbes lactiques. Les microbes lactiques ne forment pas d’acide aux dépens des matières azolées et la quantité d’azote nutritif n’a de l’influence sur 1 acidification que jusqu'à la dose nécessaire à la multipli- cation du microbe acidifiant. 3" f ret nce DE LA réaction du MIMEE. — Les réactions neutre legerement acide et très légèrement alcaline sont, d'après les espèces de ferments lactiques, les seules favorables au déve- loppement de ces microbes. Leur développement est empêché ou arrêté par une acidité correspondant, d après les espèces, à 5 à 7 cent, cubes N p. 100 en acide lactique. 1 é Influence de l’air. — Les microbes lactiques sont des anaérobies facultatifs. Beijerinck les a qualifiés d 'oliqoaéro- phi/es. Aussi bien pour le développement que pour l'acidi- fication, les résultats de mes expériences me permettent de les diviser en oligoaérophiles , aérop hiles et indifférents b. l’air. • >° Influence dl houblon. — Le houblon exerce déjà à faible dose une action entravante sur le développement des microbes lactiques, loutes les espèces autres que celles isolées de la bière se développaient très lentement et faiblement dans du moût contenant de l’extrait à 1 p. 1.000 de houblon de Bavière; dans du moût à 2 p. 1.000 de houblon, seules les espèces de la bière se développaient. 0" Influence des sels. - Ch. Richet [1 et 2] nous a appris que de ires petites quantités de sels de Mg, Ba Pt Mn Va et aussi des traces d’iode accélèrent légèrement la fermentation lactique ; 1 auteur a conclu .* PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 853 « L’accoutumance est la loi » (1). Des essais faits pour le sulfate de manganèse m ont montré que des doses de Mn SO4 -f 7 I11 20 jusqu’à 50 milligrammes par 100 cent, cubes sonl favorables. Le NaCl se montre favorable aux microbes lactiques aux doses de 0 gr. 01 et 0 gr. 02 par 100 cent, cubes et commence à être nuisible à 0 gr. 05 par 100 cent, cubes. 7° Influence de la fermentation alcoolique. — J’ai lait remarquer plus haut que la fermentation alcoolique favorise les microbes lactiques vis-à-vis des autres microbes. Pour faire ressortir plus clairement l'influence de la levure dans les conditions les plus différentes j’ai fait à, côté de 1 ensemen- cement simultané de la levure et du microbe lactique, des expériences dans lesquelles je laissais d’abord se faire la fermentation lactique pendant des périodes respectivement de 3, 6, 10 et 20 jours à la température de 30° avant d’ajouter la levure. Les dosages d’acidité eurent lieu après 34 jours. Tableau XV. ESPÈCES DE MICROBES lactiques ENSF.MENCEMENT SIMULTANÉ de levure -P microbe lactique LEVURE après 3 jours de fermentation lactique -j- LEVURE après 6 jours -|- LEVURE après 10 jours -j- LEVURE après 20 jours I 10,4 11,5 12,7 14,4 14,4 III 5,8 8,3 10,6 — 14,1 IV 13,0 13,4 18,3 19,8 19,8 V 9,6 10,1 10,2 10.9 13,3 IX 10.4 — 11,7 10,7 (?) Les chiffres établissent avec les résultats précédents (entre autres ceux du tableau XIII) qu’en général la levure est un concurrent des microbes lactiques avec cette réserve que (1) Dans une publication [4] suivante Richet conclut à la « mutation brusque » d’une espèce de ferment lactique sous 1 influence du T1NO*. D’après le graphique de l’auteur même, la nouvelle propriété acquise ne paraît pas héréditaire puisque, le lendemain de la prétendue mutation, le pouvoir acidifiant de l’espèce examinée est retombé notablement et parait ce qu’il pouvait être à la suite d’une accoutumance progressive. A mon avis Richet n’avait aucune raison de conclure à la mutation en se basant sui données qu’il nous soumet. 854 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR quelques espèces y sont peu sensibles (espèces XI, XII XIII) L’acid ifical ion est d’autant plus faible qu’au moment de ensemencement de la levure la fermentation lactique est le plus éloignée de son maximum d’acidité. L’acidification moindre lors de l’ensemencement simultané de la levure et du microbe lactique peut s’attribuer à l’influence nuisible de I alcool produit et, d’après les cas, au fait que la levure qui se développe plus vite accapare les matières azotées les plus assimilables et place ainsi le microbe lactique dans de mau- vaises conditions de milieu. Longévité des microbes lactiques. 1 Longévité dans dü moût. — L'examen du tableau Vil l ) montre que, dans des cultures dans du moût à 10“ 15.. il reste encore des individus vivants après une conservation de quatre mois a 30 et deux mois à la température ordinaire. 11 en résulte encore que les « espèces floconneuses non productrices de CO’ .. résistent le moins longtemps dans le milieu acidifié. Du fait que la résistance n’est pas inversement proportionnelle à l'aci- dité du milieu, il semble qu’il faut admettre pour chaque espèce une résistance spécifique aux acides. La mortalité de chaque espèce est cependant d’autant plus rapide que l’acidité est plus elevée et par conséquent que la concentration primitive du milieu est plus élevée. La mortalité devient d’autant plus notable que les cultures présentent une plus grande surfâce à l’air. J’ai fait des ex périences comparatives en bouteilles fermées complètement i emplies de moût et en vases coniques contenant une couche de moût de 2 centimètres de hauteur. La virulence des cultures lut examinée après trente-quatre jours cà 30», en les ensemen- çant sur du moût gélose. Au même tableau je joins le résultat d’une série d’expériences entreprises dans le but de me rendre compte de la résistance des microbes lactiques au houblon; j’ai largement ensemencé es especes examinées; aucune d’elles ne s’est multipliée mais comme on le voit au tableau XVI, plusieurs ont conservé leur individus "vivants?d'^Uent Si °Ui °" n°n les cultl"’es contenaient encore dés PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 85G vitalité après un mois de conservation à 30°, ce qui prouve que la dose de houblon employée, soit 2 gr. 5 par litre (0,25 p. 100) constitue pour elles une dose antiseptique, mais non bacté- ricide. Tableau XVI. DANS DU MOUT 10° B DANS DU MOUI' ESPÈCES EXAMINÉES — — — . — — - 10" B + 0.-25 0/0 Bouteille fermée Vase conique de houblon I 1 0 4 II + 0 0 III 4 0 0 IV + 4 très peu 0 ' V + 0 0 VI 4 + 0 VII 4- 4 4 peu VIII 4 ü 0 IX 4- 0 4 X 4 -h 4- XI 1 0 0 XII 4- 0 XIV 4 i » i Dans une autre série d’expériences faites avec les mêmes espèces de bactéries, j’ai remarqué que, des cultures dans du moût conlenant 0 gu. 1 p. 100 de houblon, celles correspondant aux espèces Vil et X contenaient encore des individus vivants après cent dix jours de conservation de culture à 30°, ainsi qu’après six mois; dans le dernier cas la conservation pendant les soixante-dix derniers jours s’est faite à la température ordi- naire. Les espèces VU, X et XII qui se rapprochent le plus, de par leurs propriétés vis-à-vis du houblon, sont celles des Lactobacterium de la bière dont le plus résistant est le Lb. pastor. Longévité sur moût gélosé ou gélatiné. — Des essais succes- sifs m’ayant montré que les cultures pures de toutes les espèces de microbes lactiques avaient conservé leur vitalité après cinq mois de conservation sur du moût gélosé et à l’air, à la tempé- rature ordinaire, | indique dans le tableau XA II ci-dessous le résultat de l’examen de vitalité de ces mêmes cultures après 856 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR huit et après dix mois et demi de conservation. Après quatorze mois, aucune culture ne manifestait plus de virulence. Tableau XVII. ESPÈCES APRÈS 8 MOIS * APRÈS 10 MOIS 1/2 I ' _L 0 11 4- + III + 0 i IV + 0 V 0 0 VI 0 0 ! vu % + 0 vur 4- + IX 0 0 X + 0 XI 4- 0 XII + 0 XIV 0 0 » On voit que la longévité des microbes lactiques sur moût gélosé à l’air varie, d’après l’espèce, entre cinq à dix mois. Je recommande cependant de repiquer les cultures pures sur milieu nouveau tous les trois mois; la conservation à la tem- pérature ordinaire est désignée. Deux causes, dans les conditions citées ci-dessus, diminuent le temps de vitalité des microbes lactiques, notamment le con- tact de l’air et l’acidité formée. On peut remédier à la première par la méthode des cultures en profondeur qui supprime du moins le contact direct et abondant de l’air et donne de bons résultats. L intluence de I acide formé peut être supprimée par l’addition d’un excès de craie au milieu. La culture piquée dans un milieu additionne d un exces de craie est la meilleure méthode de conservation des microbes lactiques. O. Classification des microbes lactiques. En 1907 Beijerinck 1 2] classa les microbes lactiques au point de vue morphologique en laclocoques et lac/obaciUes ou Lacto- bacterium. Je m’occupe ici de la classification des Lactobacte- rium entre eux. PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 857 De toutes les propriétés physiologiques pouvant servir de base à la classiücation des Lactobacterium , j’ai donné la préfé- rence à l'aspect qu'ils communiquent au milieu de culture liquide , parce que cette propriété facilite l’identification rapide d’une espèce à examiner. Les autres propriétés physiologiques sont d’une grande utilité dans la nomenclature des différentes espèces. Le texte concernant l'aspect des cultures en milieu liquide ou en résumé les « Remarques générales » au tableau II peu- vent servir de guide à la classificat ion des Lactobacterium en deux sous-groupes. Je désigne les espèces étudiées par le nom que je propose pour chacune d’elles; entre parenthèses je mets le chiffre romain par lequel elles furent représentées dans le texte. 1° Groupe des Lactobacterium floconneux. Lactobacterium filatim (III) — cou glomeratum (1) (V et JX) . — floccogenum (I) — paucifermentans (II) — multivotaticum (VI) — multioolaiigenum (IV) Von producteurs de CO1 2 Producteurs de CO2 2° Groupe des Lactobacterium non floconneux ou « de la tourne ». Lactobacterium oligoacidificans (\ II et VIII). — grave (X). — listeri (XI et XII) {Bac. listeri IIenneberg). — viscogenum (XI II). — delbrucki {Bac. delbrucki Leichmann). — fermentum ( Lactobacillus fermentum Beijerinck). — pastorianum {Saccharobacillus pastorianus Van Laer). Les autres Lactobacterium se développant dans la bière et déjà cité plus haut. Toutes les espèces mentionnées dans ce groupe sont produc- trices de C0% excepté le Lactobacterium delbrucki. Sans doute une partie des espèces étudiées par moi ont déjà été décrites par d’autres auteurs; la comparaison de mes données pour chaque espèce avec celles trouvées dans la littérature n a (1) Le nom B. conglomérats a déjà été employé par Beijerinck [3j pour mentionner dans la levure de distillerie la présence d’une espèce de microbe lactique agglutinant la levure. 8 '38 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR I i'1- +• Lactobacterium floccogc- Fig. 5. — Lactobacterium parcifer- num (I). (Gr*. : 1180.) mentans (II). (Gr. : 1180.) Fig. 6. - Lactobacterium filatim (III). Fig. 7. — Lactobacterium mullivolati- (O. : 1180.) genum (IV). (Gr. : 1180.) PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 859 Fig. 8. — Lactobacterium conglomera- tum / (V). (Gr. : 1 180.) Fig. 9. — Lactobacterium multiv^la- ticum (AT). (Gr. : 1180.) pIG io. — Lactobacterium oligoaci- dificans I (VII). (Gr. : 1180.) pIG. il. — Lactobacterium oligoaci- dificans II (Y III). (Gr. : 1180.) 860 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 1 [G. J 2. Lactobacterium conglome- ratum II (IX). (Gr. : 1180.) Fig. 13. — Lactobaclerium grave (X). (Gr. : 1180.) Fig. 14. — Lactobacterium listeri (XI) ( B.listeri Henneberg). (Gr. 1180.) l iG. 15. Variété de Lactobacterium listeri (XII. (Gr. : 1180.) PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 861 Fig. 16. — Lactobacterium cerevisiæ (Gr. : 1180.) Fig. 17. — Lactobacterium pastoria- num ( Saccharobac . paslorianus Van Laer ). (Gr. : 1180.) Fl0. 18. — Lactobacterium viscogenum. (Gr. : 1180.) Fig. 19.— Lactobacterium fermentum (Lactobacillus fermentum Beijerinck). (Gr. : 1180.) 862 ANNALES ÜE L’JNSTITIJT PASTEUK cependant pu mener à une identification que pour peu d’espèces, comme on peut s’en apercevoir par le tableau ci-dessus. Pour quelques espèces de Lactobacterium décrites, je me bornerai à les classer, d’après les données des auteurs, dans un des deux groupes fondamentaux : Dans le groupe des microbes lactiques floconneux : B. beije- / iticki, B. niaei ckei i, B. hayducti , B. cucutneris fevmentciti , B. leichmanni /, II et II [ (tous de Ilenneberg); ces trois der- nières espèces provoquent la conglomérai ion à la façon de Lactobaclerium filatim ; Dans le groupe des microbes lactiques non lloconneux : lu ferment mannitique de Gajon et Dubourg, B. wortmawa, K. buchnen, B. punis fermentaii de Ilenneberg (Ces trois dernières espèces ont beaucoup de commun avec le Lactobac- lerium fermentum Beijerinck), B. mannitopœnm et B. qracile ( 1 e M tille r- T h u rga u . J avais d abord l’intention de décrire dans une partie spéciale les différentes espèces de microbes lactiques étudiées dans ce travail, mais, dans le but de réduire les frais de publication, je me borne à communiquer leurs principaux caractères dans un tableau général T. Pour les laits qu’il me semble nécessaire de mentionner en plus pour l’une ou l’autre espèce, j’ajouterai quelques notes sous forme de remarques. * Lct récolté du Pediococcus acid i lactici Lindner. L’au- tolyse de la levure de distillerie à 45° pendant trois jours m’a toujours conduit à une culture pure du Pediococcus acidi lactici , aucune autre espèce de microbe lactique ne résistant aussi longtemps dans l’autolysat; nous savons qu'au contraire en culture simultanée dans le moût à la même température 45», le B . delbrucki élimine facilement le pédiocoque. Pai encore pu isoler très facilement le Pediococcus acidi lactici d un échantillon de levure de distillerie séchée à 30-40° et conservée pendant deux ans à la température ordinaire. Influence de lucidité sur le pouvoir dextranoyène du Laclo- coccus dcxtranicus Beijerinck [6j. - La production de dextrane PROPRIÉTÉS DES MICROBES LACTIQUES 863 par cette espèce aux dépens du sucre saccharose se trouve déjà empêchée par une addition au milieu saccharosé (eau de Levure -j- 5 p. 100 saccharose) de 2,2 cent, cubes N d’acide laclique par 100 cent, cubes, alors que le développement et 1 acidifica- tion se font. Lactobacterium filatim (III) (fig. 6). — Dimensions et formes : sur moût gélosé cette espèce se développe en chaînetles très longues qui, à première vue, paraissent complètement unies, présentant l’aspecl d’un mycélium qui s’enroule sur lui-même et s’entre-croise en formant, aux lieux de croisement et de Fig. 20. — Lactobacleriurn delbrucki (B. delbrucki Jfenncbrrg . Culture sur pâte de malt gélosée. (Gr. : 1520.) plissement, ce qu'on peut appeler des « nœuds » qui se distin- guent dans la préparation microscopique comme autant de points réfringents. Dans du moût liquide les filaments atteignent une longueui indéterminée, s’enroulent et s’entor tillent sous forme de flocons volumineux, rappelant un peu l’aspect des flocons de AI,(Oll )# précipité fraîchement d’une solution. Généralement la culture ne se trouble pas lorsque le milieu n'est pas très riche (plus de 10 p. 100 de sucre), que l’ensemen- cement ne s’est pas fait avec beaucoup de matériel microbien. Pour des milieux de culture riches le trouble est d’autant plus intense que la culture se fait à une température se rapprochant de l’optimum, pour la bonne raison que, la multiplication étant 864- ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR plus rapide, il se trouve toujours plus d’individus et de flocons en suspension dans la culture. La récolté de cette espèce se fait en autolysant la levure de .st.llene a 30» et l’isolement en faisant, au moyen de l’auto- ysat, des stries sur du moût gélose ; on laisse se faire la culture i . ' al I.’" accumuler cette espèce par l'ensemencement de 7 p eiOOeNaC|dlStllleri0 flaîChe danS dU m°Ût addilionn Groupe C. 4-4-i 4- 4- ] 4- 4- ] D’après ce tableau on voit que tous les microbes sur lesquels j’ai expérimentés peuvent être répartis entrois groupes. Le premier groupe A contient les microbes contre lesquels les chenilles possèdent une immunité complète. On peut ino- culer à ces chenilles non seulement i /80 de cent, cube d’émul- IMMUNITÉ CHEZ UNE CHENILLE 895 sion microbienne, mais meme jusqu’à plus de 1 / 20 de cenl. cube, c’est-à-dire une quantité à peu près égale à la quantité totale du sang de la chenille; celle-ci non seulement reste vivante et se transforme normalement en chrysalide et en papillon, mais elle détruit les microbes avec une rapidité sur- prenante. Cette destruction des microbes n’est pas due à ce qu’ils ne peuvent pas vivre dans les humeurs de la chenille, où ils seraient dissous, mais elle est due à une réaction active des cellules, c’est-à-dire à la phagocytose. Généralement tous les processus morbides s'accomplissent très rapidement en 24-48 heures, surtout à la température de 37°. Ils sont moins rapides à la température du laboratoire. Si la chenille n’est pas capable de venir à bout en 24 heures des microbes injectés, elle succombe Irès vite à la septicémie ou à l’intoxication. Si, par contre, elle prend le dessus, la gué- rison se fait aussi très rapidement. Le second groupe B contient les microbes contre lesquels les chenilles ont une immunité incomplète. Elles ne résistent pas à de fortes doses ; elles succombent dans les premières 24-48 heures. Par contre, elles supportent des doses plus faibles et guérissent très rapidement. Le troisième groupe C contient des microbes auxquels les chenilles sont très sensibles et vis-à-vis desquels elles ne mani- festent aucune immunité. Inoculés même à très petites doses, ils provoquent toujours une infection mortelle. La maladie se développe dès les premières heures et la chenille succombe généralement le lendemain. En comparant les trois groupes de microbes, on est avant tout frappé par un fait étrange et même paradoxal. Les chenilles sont réfractaires aux microbes pathogènes les plus dangereux, qui provoquent toujours une infection mortelle chez les animaux supérieurs. D’aulre part, les chenilles sont très sensibles aux microbes saprophytes ou peu pathogènes que j’ai étudiés. Quelle est l’explication de ce fait étrange ? Cela dépendrait-il de ce que les chenilles sont insensibles aux toxines des microbes pathogènes et qu’elles sont sensibles aux sécrétions des microbes saprophytes ? Pour résoudre cette question, j’ai entrepris toute une série d’expériences avec des toxines solubles et des endotoxines. 896 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR En premier lieu, j’ai étudié les toxines solubles, comme la toxine tétanique, diphtérique, etc. Injectées même en doses très grandes, elles ne provoquaient aucun trouble chez les chenilles. Expérience n° 20. — 5 chenilles reçurent dans la cavité du corps 1/80 de cent, cube de toxine tétanique. Vingt-quatre, quarante-huit heures plus tard, toutes étaient vivantes et se transformaient normalement en chrysa- lides et papillons. Expérience n° 21. — 5 chenilles reçurent 1/80 de cent, cube de toxine diphté- rique. Vingt-quatre, quarante-huit heures plus tard, toutes étaient vivantes. Expérience n° 25. — 5 chenilles reçurent 1/80 de cent, cube de tubercu- line. Vingt-quatre, quarante-huit heures plus tard, toutes étaient vivantes. Expérience n° 30. — 5 chenilles reçurent 1/80 de cent, cube d’endotoxine de Proteus. Quinze heures après l’injection, toutes les chenilles étaient mortes. Les mêmes expériences étaient faites avec les cultures fil- trées de Proteus, de Subtilis, d’Anthracoïdes, de bacilles dysentériques, typhiques, etc., c’est-à-dire avec les microbes les plus pathogènes pour les chenilles. Les filtrats de ces cultures étaient injectés à des doses très grandes sans provoquer aucun malaise chez les chenilles. On peut dire que nos chenilles sont complètement insen- sibles aux toxines solubles. La chose se passe autrement si on leur injecte les endo- toxines. Comme on sait, il y a une grande différence entre les mi- crobes toxigènes tel que le bacille diphtérique et les microbes à endotoxine, tel que le vibrion cholérique, le bacille typhi- que, etc. Ce sont surtout ces microbes à endotoxine qui sont très toxiques pour les chenilles. Si nous prenons ces deux microbes en culture, en bouillon, si nous centrifugeons, puis si nous examinons séparément la partie liquide et le dépôt, nous constatons ceci : dans la culture diphtérique, la partie liquide est toxique, tandis que le dépôt 1 esta peine; c’est l’inverse pour la culture cholérique: la partie liquide est très peu active, tandis que le dépôt, même chauffé à S5°-6 0°, est très toxique. Aous avons préparé les endotoxines de la façon suivante : La culture de 3-5 jours en bouillon est centrifugée, le dépôt est chauffé à 58° pendant une heure. IMMUNITE CHEZ UNE CHENILLE 897 Expérience n° 87. — 5 chenilles reçurent 1/80 de cent, cube de bacilles typhiques. Vingt heures après l’injection, toutes les chenilles étaient mortes. Expérience n° 89. — 5 chenilles reçurent 1/80 de cent, cube d’endotoxine de bacille paratyphique A. Vingt heures après l'injection, toutes les che- nilles étaient mortes. Expérience n° 90. — 5 chenilles reçurent 1/80 de cent, cube d’endotoxine du bacille coli. Vingt heures après l’injection, toutes les chenilles étaient mortes. Expérience n° 91. — 5 chenilles reçurent 1/80 de cent, cube d’endotoxine du bacille coli chauffé à 100°. Vingt heures après l’injection, toutes les chenilles étaient mortes. Expérience n° 92. — 5 chenilles reçurent 1/200 de cent, cube d’endotoxine du bacille coli. Vingt heures après l’injection, toutes les chenilles étaient mortes. •l’ai fait les mêmes expériences avec les endotoxines du bacille pyocyanique, prodigiosus, charbon, etc., avec les mêmes résultats; cela prouve que les microbes pathogènes pour les chenilles agissent principalement par leurs endotoxines, qui sont toujours virulentes pour les chenilles. En examinant Je sang des chenilles qui ont reçu les endo- toxines, on peut toujours constater la diminution rapide des globules blancs. Ceux qui restent sont souvent gonflés et déformés. J’ai essayé aussi quelques autres substances toxiques. Le venin de serpent (cobra) est très toxique pour les che- nilles. Injecté même à dose très petite, il tue la chenille instantanément. La bile est aussi très toxique. 1/160 de cent, cube de bile de bœuf tue la chenille en quelques secondes. Le sang des autres animaux et d’autres insectes, injecté en grande quantité, n’agit pas sur les chenilles. Parfois j’injectais aux chenilles une telle quantité de sang de mouton ou de cobaye qu’elles devenaient rouges, mais cela ne les empêchait pas de vivre et de se transformer normalement en chrysalides et en papillons. Elles sont aussi très peu sensibles aux différentes couleurs (1) que je leur injectais en quantité colossale. Toutes nos expériences démontrent que les chenilles sont en effet douées d’une vitalité et d’une résistance extraordinaires contre les microbes et les substances toxiques. On peut même (1) Voir mon travail des Arch. Zool. Expér., 1908. 898 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR dire que leur résistance, leur immunité contre les microbes les plus dangereux est beaucoup plus forte que chez les animaux supérieurs. Leurs moyens de défense contre ces microbes sont beaucoup plus efficaces. D’après le tableau I ci-dessus, nous voyons que le groupe A des microbes est complètement inoffensif pour les chenilles. Ce groupe contient les microbes les plus redoutables et les plus résistants. Le second groupe B, qui contient aussi des microbes très dangereux, est aussi peu virulent pour les chenilles. Comme nous l’avons vu, les chenilles résistent très bien aux faibles doses des microbes du groupe B. Mais ce que nous appe- lons une faible dose est en réalité une dose colossale eu égard aux petites dimensions de la chenille. Nous devons noter encore un fait intéressant. Parmi tous les microbes avec lesquels nous avons expérimenté (plus de 40 espèces), c’est le bacille tuberculeux qui est le moins viru- lent pour les chenilles. Les bacilles tuberculeux, si bien pro- tégés par leurs capsules cireuses, les bacilles tuberculeux, si résistants et qui restent vivants pendant des années dans l’orga- nisme d’un animal supérieur et dans celui de l’homme, sont ' complètement inoffensifs pour les chenilles. On peut leur injecter des quantités formidables de bacilles tuberculeux les plus virulents sans produire aucun trouble. Ce qui est surtout important, c est que tous ces bacilles tuberculeux sont complè- tement digérés et détruits en deux ou trois jours. Le microbe le plus virulent pour la chenille c’est le Proteus qui la tue à coup sûr, même en quantité très minime. Pour contaminer la chenille, il faut absolument lui injecter le microbe dans la cavité du corps. Toutes mes tentatives de contaminer la chenille en lui donnant les microbes per os, ou bien en les introduisant dans les téguments par friction, ont échoué. J ai essayé aussi bien des lois de mettre les chenilles malades et mortes à coté de chenilles bien portantes et jamais je n’ai réussi à leur communiquer la maladie. 11 y a plus de dix ans que j’ai de nombreuses cultures de chenilles dans mon laboratoire, des milliers de chenilles sont passées entre mes mains et jamais je n ai rencontré d’épidémies. Parfois je trouvais dans mes cultures des chenilles malades et IMMUNITÉ CHEZ UNE CHENILLE 899 mortes. J’ai isolé trois espèces de-microbes qui provoquent chez elles ces maladies naturelles, mais jamais je n’ai pu produire une épidémie. Tous ces faits prouvent effectivement que nos chenilles possè- dent des moyens extraordinaires de défense contre les microbes. Il est d’autant plus intéressant d’élucider les causes qui rendent les chenilles aussi résistantes envers les microbes, que cela peut avoir un intérêt non seulement théorique, mais aussi pratique. La Tuberculose. Je commence mes études sur l’immunité des chenilles par la tuberculose, car ce microbe présente le cas le plus intéressant et le plus démonstratif. Comme je l’ai démontré, parmi tous les microbes que j’ai expérimentés, c’est le bacille tuberculeux qui est le moins virulent pour la chenille. C’est dans l’immunité envers la tuberculose que la chenille révèle tous ses moyens de défense antimicrobiens. Mais quelle est la cause de cette immunité extraordinaire? Par quels moyens parvient-elle à se débarrasser de bacilles tellement résistants et si dangereux pour les autres animaux? A-t-elle quelque chose de spécifique dans son organisalion qui lui facilite cette lutte contre les bacilles tuberculeux? Ces problèmes sont du plus haut intérêt. Les nombreuses expériences que j’ai faites avec différentes espèces de bacilles tuberculeux me persuadèrent que les che- nilles possèdent une immunité complète envers toutes les espèces et races de bacilles tuberculeux, ainsi qu’envers les bacilles paratuberculeux. J’ai essayé des bacilles jeunes et des bacilles âgés, des bacilles de différentes provenances et à différentes doses. Le résultat a été toujours le même, à savoir : la destruction des bacilles tuberculeux dans les chenilles contaminées et la guérison de celles-ci. Les chenilles infectées par la tuberculose se transfor- maient normalement en chrysalides et en papillons. Voici quelques expériences : Expérience n° 20. — 10 chenilles reçurent dans la cavité générale 1/80 de cent, cube d’émulsion très épaisse de bacilles tuberculeux humains. Après sept 900 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR jours, toutes les chenilles se transformaient normalement en chrysalides et ensuite en papillons. Expérience n° 10. — 15 chenilles reçurent 1/80 de cent, cuhe de bacilles tuberculeux bovins. Après douze jours, toutes les chenilles se transfor- maient en chrysalides et en papillons. Expérience n° 15. — 15 chenilles reçurent 1/80 de cent, cube de bacilles tuberculeux aviaires. Après onze jours, toutes les chenilles se transfor- maient en chrysalides et en papillons. Expérience n° 18. — 10 chenilles reçurent 1/80 de cent, cuhe de bacilles tuberculeux pisciaires. Après huit jours, toutes les chenilles se transfor- maient en chrysalides et en papillons. Toutes ces expériences étaient faites à la température de 37°. En examinant le sang de la chenille, quinze, vingt, trente, soixante minutes après Finjection, on peut constater toujours Fig. 1. — Groupes de phagocytes trois heures après l’injection de bacilles tuberculeux. une phagocytose très intense. Trente à soixante minutes après Finjection presque tous les bacilles tuberculeux sont déjà ingérés par les phagocytes. Si l'émulsion des bacilles tubercu- leux est très homogène, les phagocytes englobent une telle quantité de bacilles qu'ils en sont bourrés et ont l'apparence de petits sacs remplis de bacilles tuberculeux (fig. 1). Si la quantité de bacilles tuberculeux injectée n’était pas trop grande, ils étaient phagocytés et digérés en cinq à huit heures. Mais ce n'est pas tout; on voit bien sur les coupes qu’à côté de la phagocytose, il y a encore la formation (surtout autour de grumeaux de bacilles tuberculeux) de cellules géantes et de capsules. Cette formation des cellules géantes commence deux à trois heures après Finjection des bacilles tuberculeux. En faisant les coupes des chenilles deux, trois, quatre, cinq heures après Finjection de bacilles tuberculeux, on peut poursuivre 904 IMMUNITÉ CHEZ UNE CHENILLE tous les stades successifs de cetter formation de cellules géantes et des capsules. Les phagocytes, en s’accolant autour des grumeaux de bacilles tuberculeux, forment un plasmode, une cellule géante. Avec le temps ces plasmodes dégénèrent graduellement. Des leucocytes nouveaux affluent continuellement de la périphérie, se disposent au pourtour et constituent une capsule composée de tissu conjonctif (voir les figures 2, 3, 4). Au centre de ces capsules se trouvent toujours des masses de Fig. 2. — Groupes de phagocytes autour des masses de bacilles tuberculeux. bacilles tuberculeux déjà digérés et transformés en un pigment brun-noir. En examinant attentivement ce pigment, on trouve tous les stades de la destruction et de la digestion des bacilles tuberculeux. La formation des plasmodes sert évidemment à intensifier la digestion. Dans l’absorption des aliments parles phagocytes, seules de petites doses de substances peuvent être digérées. Dans les cas où de grandes quantités doivent être digérées à la fois, cela s’effectue par l’action combinée de plusieurs cellules. Il se forme alors des agglomérations et toutes les substances à digérer subissent à la fois l’action d’une grande quantité de liquide digestif. Certainement le même résultat pourrait être obtenu par la 902 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR phagolyse (ce qui a souvent lieu chez les mammifères). Ce moyen est moins efficace, attendu que les ferments digestifs devenus libresjse dissolvent dans la quantilé totale du plasma sanguin. Voilà pourquoi il est plus avantageux de provoquer dans un]seul endroit la fixation de.tous les éléments à dissoudre. Ce but est parfaitement atteint par la formation d’amas de leucocytes autour des masses de microbes fixés et isolés des Fig. 3. — Formation de la capsule autour des (agglomérations de phago- cytes vingt heures après l’injection de bacilles tuberculeux. organes sains par une capsule. C’est peut-être grâce à ces capsules que les chenilles parviennent à lutter si bien et si rapidement contre beaucoup de microbes, même les plus résistants. La rapidité avec laquelle se déroule ce processus de formation des capsules est étonnante, deux à trois heures seulement après l’introduction des microbes s’établit l’agglomération des pha- gocytes et la formation des capsules. Le lendemain il y a déjà des centaines de capsules formées. On peut dire que la plus grande partie des microbes injectés est digérée non pas dans 903 IMMUNITÉ CHEZ UNE CHENILLE les phagocytes isolés, mais clans' ces capsules. Proportionnelle- ment à la quantité des microbes injectés, il se forme une quan- tité plus ou moins grande de capsules. Toutes les capsules contiennent à P intérieur un pigment brun-noir, ce qui les rend très visibles dans la cavité générale de l’insecte, même à l’œil nu ou encore mieux à la loupe (voir hg. 5). Elles se présentent comme des taches noires dis- Fig. 4. — Capsule^autour des" bacilles tuberculeux digérés eU transformés en pigment brun- noir^ trois jours aprèsj l injection des bacilles tuberculeux. persées sur les organes internes de là chenille. La plus grande partie des capsules est logée à la face dorsale, dans la région du cœur, surtout dans le bout postérieur de la chenille ; sou- vent, dans cet endroit, la quantité de capsules est si grande que les derniers segments de la chenille se présentent colorés en brun-noir. Cette accumulation des capsules dans le bout postérieur s’explique très facilement par le fait que le sang circule dans la cavité générale de la chenille de la tète vers la queue. C’est ainsi que toutes les agglomérations de microbes et de phagocytes sont entraînées passivement vers le bout postérieur. 60 904 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Après cet exposé relatif aux formations et au rôle des capsules, nous devons nous demander : sont-elles de véritables tubercules? Gomme on sait, le tubercule est caractérisé histologiquement par une cellule géante qui est entourée d une couronne de cellules épithélioïdes et de cellules embryonnaires. . « Le centre de ces formations, le protoplasma, puis les noyaux des cellules géantes se détruisent; on n’en distingue bientôt plus que les résidus parmi lesquels les bacilles sont plus ou moins nombreux, irrégulièrement disséminés surtout à la périphérie, au dedans de la zone des cellules épithéliales. » u Lorsque la caséification s’étend, les bacilles colorables diminuent de nombre et finissent par disparaître tout à fait en apparence. En cet état de tubercule caséeux, la lésion peut encore régresser. Alors les cellules embryonnaires qui entou- rent la petite masse s’organisent en tissu fibreux, formant une paroi dense qui s’épaissit graduellement jusque vers le centre, où l'on ne trouve finalement que des débris de leucocytes (1). » D’après cette brève description du vrai tubercule des mam- mifères, nous devons convenir que les capsules des chenilles sont des formations tout à fait analogues. La formation de la cellule géante, sa caséification, les cellules embryonnaires s'organisant en tissu fibreux, tout se passe comme chez les mammifères. La différence est dans la vitesse avec laquelle se produit 1’évolution du tubercule. Tandis que chez les mammi- fères c’est un processus lent, chronique, qui dure souvent des mois et des années, chez la chenille tout se passe très rapide- ment, en quelques heures. Quel est le sort ultérieur des tubercules dans le corps de la chenille? L’examen des coupes de chrysalides et de papillons démontre que toutes les capsules restent intactes chez les chrysalides comme chez les papillons. C’est d’autant plus étonnant que presque tous les organes internes larvaires de la chenille pendant la métamorphose sont détruits et transformés en organes et en tissus nouveaux. En plaçant les chenilles infectées par les bacilles tuberculeux (•1) A. Calmette. L infection bacillaire et la tuberculose, p. 93. IMMUNITÉ CHEZ UNE CHENILLE 90S à des températures plus basses (10o-12°), on peut ralentir le développement. (j est ainsi que je pus avoir des chenilles tuberculeuses qui ont vécu pendant vingt à trente jours après linfection. Les recherches microscopiques démontrèrent que toutes Fig. 5. — Cavité interne de la chenille injectée de bacilles tuberculeux : t, tète; a , intestin antérieur; n, intestin moyen : k , intestin terminal; g , tubes de Malpighi; c, capsules remplies de bacilles tuberculeux transformés en un pigment brun noir. les capsules étaient inlactes. Seulement leur contenu — le pigment brun-noir — était devenu plus homogène et liquide. Une partie rie ce pigment liquéfiée était passée dans le sang. 906 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR d’où elle était éliminée par les cellules péricardiales. C’est une nouvelle preuve que ces cellules jouent un rôle excréteur, car elles éliminent de l’organisme les produits des déchets de la cellule. Qu’est-ce que ce pigment brun-noir? Présente-t-il quelque chose de spécifique pour les bacilles tuberculeux digérés? Comme je l’ai déjà démontré dans mon premier mémoire sur l’anatomie et sur la physiologie des chenilles (1), la pro- duction de ce pigment se manifeste au cours de la phago- cytose de divers microbes (Subtilis, charbon, etc.). On sait que le sang des chenilles renferme un ferment spécifique, qui produit sous l’influence de l’oxygène de l’air un pigment brun, dont la teinte s’assombrit assez rapidement. La formation de ce pigment à l’intérieur des phagocyles et des capsules démontre que la digestion des microbes est accompagnée d’un processus d’oxydation intense. La destruction des bacilles tuberculeux dans le sang des che- nilles a-t-elle lieu aussi en dehors des cellules? Toutes mes recherches faites dernièrement pour élucider ce fait, que j’avais soutenu antérieurement, me donnèrent la conviction qu'il n’y a pas de bactériolyse. Tous les bacilles tuberculeux sont digérés soit à l’intérieur de phagocytes isolés, soit à l’intérieur des capsules. S’il en est ainsi pour les chenilles, que se passe-t-il chez les chrysalides et chez les papillons? Sont-ils aussi réfractaires aux bacilles tuberculeux? Ce serait surtout intéressant d’étudier l’immunité pendant la métamorphose, durant laquelle les phagocytes jouent, comme on le sait, un rôle spécial dans la destruction des vieux organes larvaires. Les phagocytes sont- ils capables de défendre l’organisme à ce moment critique de la vie de l’insecte? Pour résoudre cette question, j’injectais les bacilles tuber- culeux à la chenille au moment précis de sa transformation en chrysalide. L’étude du sang et des coupes des chrysalides fixées me donna la conviction que les chrysalides sont aussi réfractaires aux bacilles tuberculeux que les chenilles. Une heure après 1 injection on observe déjà une phagocytose (1) Arçh. Zool. Expér ., 38. IMMUNITE CHEZ UNE 'CHENILLE 907 intense. Deux heures plus tard, on ne trouve plus de bacilles tuberculeux libres, tous les bacilles sont englobés soit par les phagocytes isolés, soit par leurs agglomérations; de dix-huit à vingt heures après l’injection des bacilles tuberculeux, j’ai trouvé dans la cavité générale des chrvsalides contaminées des capsules typiques déjà bien formées. A 1 intérieur des capsules, il y avait le pigment brun à côté des bacilles bien colorables par la fuchsine de Ziebl. Il me semble que cette destruction des bacilles tuberculeux se passe ici plus lentement que chez les chenilles. Toutes les chrysalides injectées par les bacilles tuberculeux se transformèrent en papillons. J’ai fait les mêmes expériences avec les papillons en leur injectant de l’émulsion de bacilles tuberculeux. Le lendemain, j’ai trouvé tous les bacilles tuberculeux à l’intérieur de petites capsules. Deux jours après l’injection, j’ai constaté la forma- tion de pigment brun-noir et la destruction des bacilles à l’inté- rieur des capsules. Ici comme chez les chenilles, nous avons les mêmes phéno- mènes : phagocytose, formation des capsules et digestion des bacilles tuberculeux. En nous basant sur ces faits, nous pou- vons dire que la mite des abeilles est douée d’immunité natu- relle contre la tuberculose à tous les stades de sa vie aussi bien qu’au moment de sa métamorphose. Tout récemment, le Dr Fiessinger, qui a travaillé aussi avec les chenilles, dans une comunication faite à la Société de Biologie, confirme mes constatations sur la destruction de bacilles tuberculeux. « Les bacilles sont déjà phagocytés par les leucocytes une demi-heure après l’ingestion. Vers la troisième heure les bacilles phagocytés s’amassent en vacuoles brunâtres, leur acidophilie disparaît. Il se produit une véritable bactériolyse in vivo. La mite continue son cycle normal et forme une chrysalide normale. » L’auteur se demande dans quelle mesure la disparition des bacilles tuberculeux correspond à une destruction véritable de ces bacilles. Pour résoudre cette question, il injecte au cobaye le contenu des chevilles inoculées avec les bacilles tuberculeux, deux, cinq et huit heures auparavant. 'J08 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR Tous les cobayes injectés avec les mites inoculées par les bacilles tuberculeux deviennent tuberculeux et succombent. « Or, de cinq à huit heures, il est exceptionnel de voir dans le corps de la mite le moindre vestige des bacilles tuberculeux injectés. Ils ne sont plus retrouvés peut-être parce qu’ils ont perdu leur acido-résistance, mais ils ne sont pas totalement détruits, du moins pendant les premières heures. » Les expériences du D1 Fiessinger prouvent seulement qu’en huit heures les bacilles tuberculeux ne sont pas complètement digérés dans le corps des chenilles, quoiqu’ils aient disparu du sang des chenilles. Gomme nous l’avons démontré, la plus grande partie des bacilles injectés est digérée, non dans le sang, mais dans les capsules où cette digestion se passe plus lentement. Même quelques jours après l’injection, on peut trouver des bacilles tuberculeux colorables par la méthode de Ziehl à côté de grandes masses déjà digérées et transformées en pigment. Tout dépend de la quantité et surtout de la qualité des émul- sions des bacilles tuberculeux. Si l’émulsion n’est pas assez homogène, si elle contient de gros grumeaux et des masses compactes de bacilles tubercu- leux, la digestion se fait beaucoup plus lentement. C’est pour- quoi il faut prendre soin de préparer des émulsions bien fines et homogènes. Expérience n° 36. — 20 chenilles reçurent 1/80 de cent, cube de bacilles tuberculeux très virulents. Après cinq jours le contenu de ces chenilles est injecté à trois cobayes, un cobaye est mort tuberculeux trois mois après 1 inoculation. Deux autres restèrent vivants et bien portants même dix mois après l’inoculation. La destruction des bacilles tuberculeux dans le sang et dans les capsules est tellement démonstrative et évidente que nous pouvons affirmer que les chenilles possèdent une immunité extraordinaire envers la tuberculose et que cette immunité est due aux ferments digestifs inclus dans les corps des phagocytes, tous mes efforts pour isoler ces ferments et les mettre en pratique comme remède contre la tuberculose sont jusqu’ici restés sans résultats. D après le tableau 1 on voit que les bacilles tuberculeux 909 IMMUNITÉ CHEZ UNE CHENILLE 7 ne sont pas les seuls microbes' envers lesquels les chenilles sont complètement réfractaires. Les bacilles diphtériques téta- nique, le streptocoque, les trypanosomes, etc., sont aussi inoftensifs pour les chenilles, même injectés en très grande quantité. L’étude de l’immunité dans toutes ces maladies m’a démontré que les chenilles luttent contre tous ces microbes par deux moyens : par la phacocytose et la formation de capsules. Jamais je ne pus constater dans le sang des chenilles ni agglu- tinines, ni bactériolysines, ni antitoxines, etc. C est pourquoi nous pouvons affirmer que l’immunité natu- I relie des chenilles envers tous les microbes que j’ai étudiés est une immunité cellulaire. % Le Gérant : C. Masson. Paris. — L. Mabetheux, imprimeur, 1, rue Cassette. 8615. 9’ EP'^i •' / m * ''H1!* . ; ■ ' ■ * . ' • -> ■ ' x — 5 — DE Servant en Physiologie, en Pharmacologie et en Médecine INSTALLATIONS COMPLÈTES de LABORATOIRES sur DEVIS 7, Rue Linné, PARIS (Ve) Téléphone 828-33 PRÉCISION APPAREILS Maison Ch. VERDIN &0* ;g. boulitte, suce Ingénieur-Constructeur NOUVELLE ÉTUVE àtempérature constante de HEARSON La figure représente l’Étuve électrique sans réser- voir d’eau. Dans ces appareils, la chaleur est produite, distribuée d’une façon uniforme par un ou plusieurs fils. Des jonc- tions spéciales commandant chaque fil permettent d'utiliser ces résistances suivant certaines combinaisons pour pro- duire des températures plus ou moins élevées. Nous fabriquons tous les appareils nécessaires aux labo- ratoires de bactériologie, tels que : bains-marie, étuves à paraffine, stérilisateurs, appareils Wassermann, etc. Tous nos appareils peuvent être chauffés, soit au pétrole, gaz ou électricité. ENVOI GRATUIT DU CATALOGUE SUR DEMANDE Seuls Concessionnaires : SPRATT’S PATENT 38, rue Caumartin, PARIS — 6 — Mi©E0<^EAPggl - E. COGIT & CIE Constructeurs d’instruments et d’ Appareils pour les Sciences ' 36, Boulevard Saint-Michel, PARIS — Téléphone : Fleurus 08-58 ATELIERS OE CONSTRUCTION EXPÉDITIONS ET VERRERIE EN GROS 19, Rue Humboldt. PARIS AGENTS EXCLUSIFS DES MICROSCOPES KORISTKA. S.O.M. Construits par la Société d’Optique et de Mécanique de Haute Précision, à Paris. Dépositaires des Colorants français R. A. L. et (les Colorants (lu D1 TRIBONDEAU et du Dr HOLLANDE Produits chimiques pour la Micrographie et la Bactériologie Autoclaves , Centrifugeurs, Installations complètes de Laboratoires, Milieux de culture stérilisés , Microtomes de toutes marques. APPAREILS ET BROYEURS LATAPIE NOUVEAU MODÈLE D’ÉTUVES ÉLECTRIQUES A TEMPÉRATURE CONSTANTE NOUVEAUX APPAREILS DE PHYSIOLOGIE Marque « ASCO » pour la médecine et l’expérimentation. ““RTT «T . A Tl — T ,T CHENAL*, DOUILHETet C“, Suce- PARIS — 22, rue de la Sorbonne, 22 — PARIS Adoptée officiellement par la Marine et les Hôpitaux de Paris . PANCREATINE DEFRESNE 1 gr. transforme simultanément : 35 gr. albi mine; 20 gr. corps gras; 25 gr. amidon. Dyspepsie. I Dégoût des Aliments. 1 Gastralgie. Diabète . $ Digestions difficiles . j Gastrite , etc. POUDRE — PILULES — ÉLIXIR DEFRESNE, Auteur de la Peptone Pancréatique. 4, Quai du Marché-Neuf, PARIS, et Pharmaoleu. FABRIQUE DE PRODUITS CHIMIQUES ET PHARMACEUTIQUES Produits pars pour Analyses * Bactériologie * Histologie « Mierograpiiie Dépôts des balances : H. L BECKER Fils et Ci#, db BRUXELLES En Franoe : Henry-Louis BECKER. — A. CATTEAUZ et R. GUELTON^Suc”. ZEFOUÜISriSSIEîTJIRS IDE L’INSTITUT PASTEUR — 1 — FOURNITURES GÉNÉRALES pour LABORATOIRES et Ateliers de construction dAppareils de précision Les Établissements POULENC Frères 122, Boulevard Saint- Germain — PARIS Siège social s 92, rue Vieille-du-Temple Produits Chimiques pars Réactifs, Liqueurs titrées Verre Français, marque LABO VERRERIE ORDINAIRE ET GRADUÉE DENSIMÈTRES THERMOMÈTRES APPAREILS chauffés au gaz, au pétrole, î à l’électricité. ? f Autoclaves et Étuves à culture COLORANTS FRANÇAIS, marque R. A. L. pour Microbiologie et Physiologie MICROSCOPES === MICROTOMES === CENTRIFUOEURS t ‘ ■ ■>. » M°" BERNOT F i 160 Rue lafayette PARIS LA BRITI8H SCIEHTIF1G APPARATUS MAHUPACTURERS LU (ASSOCIATION DE CONSTRUCTEURS ANGLAIS) annonce l’ouverture d’une EXPOSITION .. d’Appareils et Instruments de précision - au 198, RUE SAINT-JACQUES — PARIS (B*) INSTRUMENTS pour la Bactériologie, la Physiologie, la Chimie biologique, etc. — 8 — £*'*î © ** pV f « ATELIERS DE CONSTRUCTION *cA, Pour APPAREILS DE CHIMIE, BACTERIOLOGIE, Verrerie soufflée, graduée, porcelaine, terre, grès. "'A * . \ » il ÜJ 36 et 13, ilize Vauquelin = PARIS (Ve) = INSTALLATIONS COMPLÈTES DE LABORATOIRES ET IDE SALLES DOPÉRATIOLTS Fourniture de Produits chimiques — Matières colorantes Microscopes — Microtomes. NOUVELLES VERRERIES DE LABORATOIRE : Neutra . Ffna. . . Verre. . Qualité Iéna. — Bohême. — Courante. Produits français fabriqués paç la Verrerie E. ADNET, 28, rue des Carrières, à Charenton , près Paris. *^^*.** — “ — — i i n n_ nj-Ln_runj~uajnjnjnxiJ^T--fx — ENVOI FRANCO Dü CATALOGUE ILLUSTRÉ — Pi nr rN ■ icri i v* ingénieur ■ "« Vac V«/ Ci L/ , des Arts et Mannfactnres PARIS — 64, Rue Gay-Lussac, 64 — PARIS Adresse télégraphique : W1ESNEGG-PARIS. — Téléphone : 806-25. SPÉCIALITÉ D’APPAREILS- BACTÉRIOLOGIQUES UTOCLAVES * STÉRILISATEURS A AIR CHAUD * A STÉRILISATEURS A EAU BOUILLANTE * ÉTUVES et BAINS-MARIE A TEMPÉRA- TURES CONSTANTES * ÉTUVES A CUL- TURES MICROBIENNES CHAUFFÉES PAR LE GAZ, L’ÉLECTRICITÉ ET LE PÉTROLE * RÉGULATEURS DE TEMPÉRATURE * CHAMBRES - ÉTUVES , ETC. * APPAREILS ~ *4 A DÉSINFEC- - ^ *1 TION. FOURNISSIOK DES loititats PASTEUR de Paris, Lille, etc., et Instituts Bactériologiques de France et Etranger INSTALLATION DE LABORATOIRES Projets, Devis Envoi franco des Catalogues sur demande Expositions l Bruxelles 189T : Grand Prix i Saint- Louis 1904 : Grand Prix Universelles ) Paris 1900: 2 Grands Prix 1 Bruxelles 1910 : 2 Grands Prix Paris. — L. Màrethkux, imprimeur, 1, rue Cassette. ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR FONDÉES SOUS LE PATRONAGE DE' Ri. PASTEUR PAR E. DUCLAUX COMITÉ DE RÉDACTION Dr GALMETTE, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr LAVER AN, membre de l’Institut de France; • Dr L. MARTIN, sous-directeur de l’Institut Pasteur; Dr ROUX, directeur de l’Institut Pasteur; GAILLARD, membre de l’Académie de médecine. PARIS MASSON ET C‘% ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain (6e). Secrétaire de la Rédaction Camille RAVEAU BIBLIOTHÉCAIRE DE L’INSTITUT PASTEUR 25, RUE DUT OT — PARIS (XVe) Les annonces sont reçues à l’Économat do F Institut Pasteur PRIX DE L’ABONNEMENT. — France : 45 francs ; Union postale : 55 francs. Prix d’un Numéro : 4 francs. — 2 — ABONNEMENT. — PRIX DES VOLUMES DES « ANNALES ». Prix de l’abonnement, à partir de 1921 Frange .... 45 fr. — — — x — Union Postale. 55 fr. Prix du numéro, — — 4 fr. Années antérieures. — Les années 1888, 1889, 1890, 1891, 1894 à 1896 sont épuisées. Les années 1892, 1893 et 1897 à 1919 se vendent séparément 28 francs. Les années 1887 (volume I), 1893, étant très rares, ne se vendent pas séparément. Tables des Matières, années 1887 à 1906, 1 vol., 10 francs. SOMMAIRE DU N° 12 Pag Étude expérimentale de l’encéphalite léthargique, par C Levaditi et P. Harvier 1 De la pathogénie du choléra ( quatrième mémoire) : Le gastro-entérotropisme des vibrions, par le professeur G. Sanarelli (suite et fin) 1 Ouvrage reçu par les Annales : LES COLLOÏDES, par Jacques DUGLAUX, 288 pages, (Gauthier-Villars), prix : 14 francs HYGIÈNE des ECOLES, HABITATIONS, etc. EXIGER LE Seul CÈÉSYü Véritable Le plus écergique et le meilleur marché à l'emploi des DÉSINFECTANTS ANTISEPTIQUES ET PARASITICIDES Go Désinfectant antiseptique n'est ni toxique, ni caustique. Le CRESY L-J EYES s e m ploie en lavages, arrosages, pulvérisations (100 à 150 gr. pour 10 litres d’eau), supprime toute mauvaise odeur. Le G R ES Y L“ J EYES détruit radicalement et promptement tous les germes delà TUBERCULOSE et de toutes MALADIES infectieuses. Le CRESY L“J EYES est ie meilleur stérilisant des selles cholériques, typhiques, etc. Il est supérieur à tous les autres désinfectants (voir Annales de l'Institut Pasteur, janvier 1905). Adopté par les services d’Hygiène et de Désinfection, les i.ôpitaux, Asiles, Casernes, Lycées, Industries diverses, etc. Le CRESYL- J EYES n’est pas toxique : il n'altère ni les métaux, ni les tissus, il conserve le bois. — Indispensable pour la Désinfection des Habitations, Eviers, Puisards, W.-C., Ecurie*, Etables, Se méfier des Contrefaçons, le “ CRESYL-JEYES ” ne se vend qu’en Bidons ou Flacons cachetés, portant la marque de la Société, ainsi que le nom CRESYL-JEYES. PRIX SPÉCIAUX AUX ADMINISTRATIONS Société Française de Produits Sanitaires et Antiseptiques P AMS — 35, Rue des Francs-Bourgeois — PARIS Vient de paraître : OLGA METCHNIKOFF LA VIE d’Élie Metchnikoff Un volume, 272 pages. Hachette, édit. Prix . ... 12 francs MASSON ET CiE, ÉDITEURS ft LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE f| I2Ü, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS Vient de paraître : ' V-" ' '' _ ' ' ' •' - ' S' L ^ ^ Le Diabète sucré ÉTUDES . CLINIQUES PHYSIOLOGIQUES, THÉRAPEUTIQUES PAR le Dr Marcel LABBÉ, Professeur de pathologie générale à la Faculté de Paris ; Médecin de l’hôpital de la Charité. Un volume de 376 pages avec 8 figures hors texte ... 20 fr, net. MASSON ET CiEt ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE i 2 0, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS NOUVEAU TRAITE DE MÉDECINE Publié sous la direction de MM. les Professeurs G.-H. ROGER Médecin de l’Hôtel-Dieu, Membre de l’Académie de Médecine; F. WIDAL Membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie de Médecine; P. J. TEISSIER Médecin . de l'Hôpital Claude-Bernard, Membre de l’Académie de Médecine. Secrétaire de la Rédaction : Marcel GARNIER Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. Le NOUVEAU TRAITÉ DE MÉDECINE formera : FASCICULES grand in-8°, de 300 à 500 pages avec nombreuses "figures dans le texte, en noir et en couleurs, et planches hors texte en couleurs, sous une élégante demi-reliure toile dos plat, et paraîtra dans un délai de deux armées (Décembre 1922). Le prix de chaque fascicule sera fixé au moment de la mise en vente selon son importance. . Vient de paraître : FASCICULE I. — Maladies infectieuses. — L’infection, par G.-H. Roger. — Les Septicémies, par E. Sacquépée. — Streptococcies, par G.-H. Roger. — Erysipèle, par G -H. Roger. — Pneumococcie et Pneu- monie, par P. Menetrier et II. Stévenin. — Staphylococcie, Infections à Tétragènes, Eutérococcie , Infections à Coccobacille de Pfeiffer, à Diplobacille de Friedlârider, Psittacose, Infections à Proleus, par M. Macaigne. — Infections putrides, par A. Veillon. — Méningo- coccie, par Ch. Dopter. — Gonococcie, par M. Hudelo. 1 vol. de 482 pages, 55 fig., 3 planches en couleurs. . . 35 fr. net. > LEQUEUX & Ingénieur des Arts et Manufactures Maison WIESNEGG, 64, rue Gay-Lussac, Paris Fournisseur de llnstitut Pasteur et de la Faculté de médecine de Paris [ÉRILISATEURS, ÉTUVES, APPAREILS DE DÉSINFECTION Installations de Laboratoires de bactériologie. Exposition univ. Paris 1900 : DEUX GRANDS PRIX ÉTABLISSEMENTS CP , X. \ Ct:: l £ G O N I N ®*ZStC' Produits, Procédés et APPAREILS pour la DÉSINFECTION en surface, en profondeur et par lavages ou trempages. APPROUVÉS par le Conseil supérieur d’Hygiène publique de France, AUTORISÉS conformément à la loi par M. le Ministre de l’Intérieur. N° 3 pour 15 m3 N 4 pour 20 m3 FUHIIGATORS GONIN Cartouches auto-productrices d'aldéhyde formique CRESYLOL SODIQUE GONIN - FLUOFORMOL GONIN NITIDOL GONIN TTyTTT' O de tous chauffages, fixes et transportables, à basse ri X LJ V Xli^ température, sans pression, utilisant le formol. Adresser toute la correspondance à H. le Direetear fles Etablissements GONIN 60, Rue Saussure, PARIS (17e) Adresse telégr. : FUMIGATOR-PARIS Télèph. : WA GRAM -17-23 FABRIQUE DE GRILLAGES ET IDE CAGES pour Études Bactériologiques CHENILS ET VOLIÈRES Paul PIARRETTE Fournissent de l’Institut Pasteur et de la Faculté de Médecine 17, rue Séguier , 17. Paris <6‘) - 6 - LE PLUS PUISSANT DES ANTISEPTIQUES-DÉSINFECTAN1 DÉRIVÉS DU GOUDRON ENTIÈREMENT SOLUBLE DANS L’EAU Le L1YSOL1, recommandé par les médecins et les savants les pl éminents, est le meilleur préservatif des maladies épidémique; Grippe, Influença, Diphtérie, Fièvre typhoïde, etc* Les Dispensaires antituberculeux et, principalement, le Dispensai modèle de Lille, fondé et dirigé par le Dr Calmette, emploient 1 Solutions Lysolées, de préférence à toutes autres, pour la de tructiondes germes malfaisants des crachats et du linge des tuberculeu Savons de toilette antiseptiqoes an LYSOL, penr ECOLES, CRECHES, DISPENSAIRES, etc. Eau Dentifrice antiseptique au LYSOL Société française du IiYSOI 65, rue Parmentier, à IVRY (Seine) Le seul autorisé par PASTEUR à porter son nom 2 Grands Prix (Exposition Universelle 1900) 5 Diplômes d’Honneur 12 Médailles d’Or Prix Montyon Médaille d’Or de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale. Le SEUL pouvant s'opposer efficace- ment à la transmission des maladies par les eaux de boisson. FILTRATION DE L’EAU BOUGIES DE POROSITÉS GRADUÉES POUR LABORATOIRES 4 Siège social : 58, rue Notre-Dame de-Lorette, PARIS SOCIÉTÉ D’INSTALLATION ET D’ENTRETIEN 1, Rue Godot-de-Mauroi (POUR PARIS ET LA BANLIEUE) 34e ANNÉE DÉCEMBRE 1920 N" 12 - I •• ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE par C. LEVADITI et P. HARVIER. (Avec les planches XVIII et XIX.) Depuis le 25 décembre 1919, nous avons, à plusieurs reprises et sans succès, essayé d’inoculer l’encéphalite léthargique au singe et au lapin. Le 10 février 1920, pour la première fois, nous avons réussi à conférer cette maladie au lapin, en partant d une émulsion des centres nerveux provenant d’un sujet mort d’encéphalite dans le service de M. Carnot. Cet essai nous a permis d’obtenir un virus spécifique à caractères fixes , pouvant être transmis régulièrement au lapin et se prêtant à l’étude expérimentale de la maladie de v. Economo. Ce sont les résul- tats fournis par cette étude que nous désirons exposer dans le présent mémoire. Certains d’entre eux ont été déjà relatés dans une série de notes, présentées à la Société médicale des Hôpi- taux, a la Société de Bioloqie et a 1 Academie de Médecine flj (1) Harvier et Levaditi. Soc. méd. des Hop., séance des 6 février 5 mars et 7 mai 1920. C. R. de la Soc. de Biol., 83, séance du 20 mars p. 354* du 94 mars p. 385; duSmai, p. 674; du 2t juillet, p. 1140; Bull, de VAcad.deMéd~ séance du 20 avril 1920; Le Journal médical français , 1920, 9, n° 3, p. 121 62 912 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR î. — Historique de l’étude expérimentale de l’encéphalite léthargique. L étude expérimentale de 1 encéphalite a été inauguiée en 1917 par y. Wiesner(l). Cet auteur, se servant du matériel fourni par v. Economo (2), inocula un singe avec une émulsion de centres nerveux provenant d’un cas mortel d’encéphalite. L’injection fut faite par voie subdurale, à la dose de 0,2 cent, cubes. Quelques heures après , l’animal parut malade et, le len- demain matin, présenta de la somnolence et une légère parésie d’un des membres inférieurs. Il mourut 46 heures après l'inoculation. L’étude histologique des centres nerveux révéla des lésions d’encéphalite hémorragique au niveau de la surface des circonvolutions cérébrales et de la moelle, accom- pagnées d’œdème et d'hyperémie. L’ensemencement permit d’isoler un diplocoque facilement cultivable. Ce premier essai de v. \\ iesner doit être considéie comme peu probant. Nous verrons, en effet, par la suite, que le virus de l’encéphalite est difficilement transmissible au singe, lorsque le matériel d’inoculation provient directement de l'homme; que la période d’incubation est beaucoup plus longue, même quand on s’adresse à un virus ayant subi des passages répétés sur le lapin; que les lésions sont autrement caractéristiques que celles décrites par v. Wiesner; enfin, que le germe de l’encéphalite est un microbe filtrant et non pas un diplocoque facilement cultivable. Bien plus démonstratives sont les expériences publiées en 1919 par Strauss, Hirshfeld et Lœvve (3). Ces auteurs ont inoculé un singe par voie cérébrale avec une émulsion des centres nerveux provenant d’un sujet mort d’encéphalite. L’animal succomba quelques jours après, présentant des lésions de méningite à mononucléaires, une lymphocytose du liquide céphalo-rachidien, des hémorragies punctiformes de l’écorce et une infiltration cellulaire périvasculaire. Les expérimen- tateurs ne purent réaliser de passages sur d’autres singes. q; V. Wiesner, Die Aetiologie der Encephalitisiethargica. Wien. klin.Woch ., V Economo ^Éncephalitis lethargica. Wien. Min. Woch., 1917, n» 30, p. 581. (3) Strauss, Hirshfeld et Loewe. New York med. Journ., 3 mai 1919, p. 772. L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 913 (euis'inUi^i,wiS|PlUS,tar!1 (n°Vembre 1919)> mêmes aû- , V Jcfent des lapins un filtrat (bougie Berkefeld) d'encéphalite n«w°-pharyngées de malades atteints encéphalite . ils obtiennent un virus actif pour cette esnèce animale et réalisent des passages multiples. ment-mv n7,tent’ P" ^ même occasion- les résultats expéri- mentaux obtenus en partant de l’émulsion cérébrale de leur dMS k SJ/cériûe)> ch<* w . j , °o1(Ille avait montré ultérieurement, à côté de traumatiques, de, ,lltoli„ns d'eucl phahte . ils réussirent à conférer la maladie au lapin, mais ne ta iserent pas de passages sur cette espèce animale. Les essais des auteurs américains prouvaient : Que le virus de l'encéphalite est transmissible au lapin et ,ZQu'il S'a9it d’un vinis filtrant, pouvant être conservé dans La glycérine] 3» Que ce virus existe non seulement dans les centres nerveux TLamS) d,anSJeS °écJéllom naso-phar, jugées des sujets atteints de Ici maladie de v. Rconomo . Tnrl CnPt‘e?eS °nt, été COnfirmées en 191 9 Par Mc Intosh et nbull (2). Apres de nombreux essais infructueux (3) ces auteurs se servant du matériel fourni par une épidémie d’en- ceplialite ayant sév, en 1919 à Derby, ont réussi à transmettre maladie a un singe catarrhinien inférieur. Des fragments de centres nerveux d’un cas mortel ont été placés d’abord dans la g ycerine a 33 p. 100, puis émulsionnés dans l’eau salée. Une partie de 1 émulsion fut inoculée telle que dans le cerveau e la cavité péritonéale d'un Macaccus rhésus ; le reste fut filtré a travers une bougie Berkefeld, puis injecté de la même ma- niéré a un Cercopithacus patas. Seul ce dernier présenta de la rigi üe et des tremblements, quelques jours après l’inocula- ion; il succomba environ deux mois après, et, à la nécropsie on constata chez lui des lésions hémorragiques et inflamma- (1) Strauss, Hirshfeld et Lqewe Joum nf ,i- p 370 °t lnfect. cliseases, novembre 1919 ï5&7* '“= ««s (3) Mc Intosh. rtep. Local Gouvern. Doard on Publ. Health, 1913, u° 121, p. 57. 914 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR toires du système nerveux central, particulièrement au niveau des zones les plus atteintes chez 1 homme. ★ * * Ainsi que nous l’avons mentionné, nos essais ont débuté le 25 décem- hrp 1919 Les voici par ordre chronologique : 10 25 1 décembre 1919. - Levaditi et Harvier : inoculation intracérébrale d’émulsion de substance nerveuse (noyaux centraux, protubérance et bu provenant d'un cas d’encéphalite typique (J...) à un Macaccus cynomolgus : ’lf 12 janvieï MO. - Widal et Levaditi : même inoculation (centres ner- veux) à un Cynocéphale , à un Macaccus cynomolgus et a deux lapins . résultat janvier. - Netter et Levaditi : inoculation de filtrat (bougie Chamber- land) de salive provenant de trois cas d'encéphalite’ a deux lapins et a un Macaccus cynomolgus : résultat négatif. . h1 40 22 janvier. - Netter et Levaditi : a) inoculation de liquide tePhf rachidien à un Macaccus cynomolgus et à un lapin : résultat négatif ; b) inocu- lation de sang d'encéphalite dans la cavité péritoneale d un Macaccus cyno- molous : résultat négatif. . , 50 28 janvier. - Guiulain, Guy-Laroche et Levaditi : inoculation des centres nerveux à un Macaccus cynomolgus et à deux lapins : résultat négatif \ 60 30 janvier. — Netter et Levaditi : inoculation de liquide cephalo-rachi- dien à un singe Callitriche : résultat négatif. 70 7 février. — Levaditi et Harvier : inoculation de centres nerveux (cas G...) à un Macaccus cynomolgus et h deux lapins : résultat négatif avec le singe, douteux avec les lapins. , . 80 10 février. — Brouardel, Forestier et Levaditi : inoculation de centres nerveux à un Cynocéphale et deux lapins : résultat négatif. 90 10 février. - Levaditi et Harvier : inoculation de centres nerveux (cas Ho...) à un Macaccus cynomolgus et à deux lapins '.résultat positif (virus fixe, passages en série) avec les lapins, négatif avec le singe. # . . 10° 11 février. — Levaditi et Harvier : inoculation de sang citrate (péritoine) à un Macaccus cynomolgus et à quatre cobayes : résultat négatif. llo 14 février. — Netter et Levaditi : inoculation de centres nerveux dans le cerveau de deux cobayes : résultat négatif. l2o 23 février. — Levaditi et Harvier : inoculation de centres nerveux (cas Ga...) (1) à un Macaccus sinicus et à deux lapins : résultat négatif. 13° 23 février. Levaditi et Harvier : inoculation de filtrat (bougie Chain - berland, n° 1) d’émulsion dç muqueuse nasale (cas précédent) à un Cynocé- phale : résultat négatif. ...... 14° 6 mars. — Levaditi et Harvier : inoculation de sang humain citrate (cas Gio...) à deux cobayes : résultat négatif. 15° 16 mars. Levaditi et Harvier : inoculation de centres nerveux (cas Caz..., enc. choréique) à deux lapins : résultat positif, virus atténué. 16®" i I juin. — Levaditi et Harvier : inoculation de centres nerveux (cas Ler..., encéphalite myoclonique) à deux lapins : résultat négatif. (1) Virus frais. 915 L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE En résumé, nous avons pratiqué trente inoculations par voie intracérébrale et intrapéritonéale, à 19 lapins, 13 singes catarrhiniens inférieurs ( Macaccns cynomolgus , Cynocephalus hamadrias , Macaccns sinicus , 5. Callitriche) et 8 cobayes. Le matériel employé a été :10 fois les centres nerveux (noyaux centraux, protubérance et bulbe), 3 lois le sang, 2 fois/c liquide céphalo-rachidien, 1 fois la salive et 1 fois la muqueuse nasale, ces deux dernières après filtration préalable. Or, de ces nom- breuses tentatives de transmission expérimentale de l’encé- phalite, deux seulement ont abouti à des résultats • positifs ( virus fixe, à virulence très marquée et virus atténué ) et un troisième à un résultat douteux. Toutes les autres sont restées sans effet, les animaux inoculés ayant, pour la plupart, survécu ou ayant succombé à la suite d’une méningite microbienne par infec- tion secondaire. Il en résulte que le germe de /’ encéphalite léthargique de 1 épidémie parisienne de 1919-1920 est difficilement trans- missible au singe et au lapin, lorsqu'il est puisé directement chez f homme . fes centres nerveux seuls se sont montrés virulents. Il nous a été, en effet, impossible de conférer la maladie avec le sang, le liquide céphalo-rachidien, la salive, et, contraire- ment aux auteurs américains, avec le filtrat de muqueuse nasale. II. — Histologie pathologique de l’encéphalite humaine. Provenance de nos virus. Les cas que nous avons soumis à une étude histologique aussi complète que possible et au contrôle expérimental sont au nombre de quatre. Les voici en détail : Observation I (J..-, Ernestine ) [J]. Encéphalite léthargique. J..., vingt-six ans, entre à l’hôpital Beaujon le 20 décembre 1919. Le début de son affection remonte à la fin de novembre 1919 et semble avoir été marqué par un léger rhume. Depuis quinze jours, elle se sent fatiguée; elle a de la fièvre tous les soirs, mais cependant elle a pu continuer son travail. Le 1 5 décembre, elle est prise brusquement, dans l’après-midi, d’une céphalée violente, suivie de nausées, puis de vomissements. Elle se couche. Le même (1) Harvier et Levaditi. Bull, cle lu Soc. méd. des Hôp., séance du 6 fé- vrier 1920. 916 ANNALES DE L’INSTÏTUT PASTEUR soir, elle essaie de se lever, mais à nouveau elle est prise de vomisse- ments. Examen 21 décembre. — La malade est couchée dans le décubitus dorsal, les paupières fermées, [somnolente. Elle peut ouvrir les yeux, dès qu’on l’interpelle : ses paupières se soulèvent alors lentement et incomplètement. Les pupilles sont égales, de dimensions normales, non déformées et réagis- sent parfaitement à la lumière. Par contre, le réflexe à l’accommodation est lent et paresseux. Il n’y a pas de déviation des axes oculaires. Les mouve- ments de latéralité des globes oculaires sont conservés. On note, toutefois, quelques se- cousses nystagmiques lentes dans le regard externe. La somnolence , le ptosis double , avec nystag- mus , tels sont donc les symptômes qui attirent l’attention immédiatement. Le faciès est normalement coloré; il n’y a ni paralysie faciale, ni paralysie des lèvres ou de la langue, ni troubles de la déglutition. Il n’existe aucun trouble moteur, ni [para- lysie, ni contracture, au niveau des membres supérieurs et inférieurs. Tous les réflexes ten- dineux sont conservés. Les réflexes cutanés sont normaux. Le réflexe plantaire se fait en flexion; il n’y a pas de réflexe de défense. La sensibilité parait normale ; elle est d’ail- leurs difficile à chercher en raison de l’état de somnolence de la malade. On ne constate ni tremblement des mem- bres, ni asynergie, mais : 1° Une légère trémulation des lèvres ; 2° De légers mouvements choréiques du pouce et de l’index des deux mains ; 3° Une catatonie des membres supérieurs ; 4° Des mouvements d' automatisme des membres supérieurs . Après avoir recherché l’état de la tonicité musculaire par des mouvements passifs d’extension et de flexion de l’avant-bras sur le bras, on constate que la malade exécute spontanément ces mêmes mouve- ments trois ou quatre fois de suite avec une amplitude progressivement décroissante. Ces mouvements d’automatisme n'existent pas aux membres inférieurs. Les symptômes méningés font défaut : il n’y a ni raideur de la nuque, ni signe de Kern i g, ni réflexe de Brudzenski ou de Guillain ; pas d’hyperesthésie musculaire, pas de rétraction du ventre. Toutefois, la raie vaso-motrice est très marquée et persistante . Le pouls est à 120, régulier, bien frappé, sans intermittences, non dissocié. Température : 39°2. La tension artérielle est 15-9 au Paclion. La respiration est à 18 par minute, régulière. Troubles psychiques. — La malade peut soutenir un interrogatoire assez précis, mais elle répond d’une façon lente et un peu monotone ; elle ren- seigne exactement sur son nom, son âge, sa profession, son habitation. Elle peut préciser le début de sa maladie et se plaint encore d’une céphalée L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 917 frontale et occipitale. On ne constate ni désorientation ni amnésie, mais seulement une fatigue cérébrale rapide :„après quelques minutes d'interro- gatoire, la malade bredouille quelques paroles incompréhensibles, puis retombe dans son sommeil. Examen des différents organes. — L’examen des différents viscères est négatif; la langue est humide, légèrement blanchâtre; les vomissements ne se sont pas reproduits. Aucun symptôme pulmonaire, ni cardiaque. Foie et rate de volume normal. Pas d’adénopathies. Urines rares : 500 grammes par vingt-quatre heures, rouges, boueuses, riches en urates, ne contenant ni albumine, ni sucre. Examens de laboratoire. — Hémoculture : négative. Ponction lombaire : liquide clair, légèrement hypertendu, albumine nor- male. Réduction de la liqueur de Fehling. Examen cytologique : 2 à 3 lymphocytes par champ d’immersion au 1/12. 22 décembre. Température, 39°. Pouls, 120. R., 20. Mêmes symptômes objectifs, sans aucune modification. Les signes oculaires n’ont pas varié. Il existe aujourd’hui une légère parésie de la convergence. Le nystagmus per- siste. La nuit a été calme, sans cris, sans cauchemars, sans délire. Tension artérielle, 14-8. Etat narcoleptique permanent. Urines, 1.500 grammes. Examen du sang’. Globules rouges, 5.420.000; globules blancs, 20.800. Formule leucocytaire : Polynucléaires, 59; mononucléaires [moyens, 21; grands mononucléaires, 4. Lymphocytes, 4. 23 décembre. Température, 40°8. Pouls, très rapide, à 141, mais régulier. Respiration, 28 pair minute, régulière. Tension artérielle, 13-8. La somnolence est de plus en plus accusée, la malade répond à peine et par monosyllabes. Ptosis bilatéral. Inégalité pupillaire légère D [> G. Les pupilles réagissent à la lumière plus faiblement. La convergence est impossible. Les mouve- ments de la face s’exécutent correctement, sans asymétrie. La langue est sèche. Mêmes troubles moteurs, catatoniques et choréiques du membre supérieur. Urines, 500 grammes, même aspect, sans albumine. Dans la journée, la malade a été couverte de sueurs abondantes, surtout à la face. Constipation depuis l’entrée. Incontinence des urines pourja première fois. 24 décembre . Renseignements fournis par la surveillante . La malade a vomi à 5 heures du matin ; à 7 heures le faciès était pâle autour du nez et des [lèvres, et contrastait avec une cyanose très marquée des extrémités. Température, 43°5. Mort à 8 heures du matin, sans convulsions , au neuvième jour de la maladie. Autopsie. — Le 25 décembre, à 9 heures du matin. Aucune lésion viscérale appréciable ; pas de tuberculose ; poumons et cœui normaux. Le foie présente les caractères du foie infectieux : taches blan- châtres sur les deux lobes et petites ecchymoses sous-capsulaires au niveau du lobe gauche ; consistance normale ; coloration un peu jaunâtre à la coupe. La rate, les reins, les surrénales, tout le tractus digestif ont un aspect absolument normal. Cerveau. On note une congestion [très marquée des circonvolutions céré- brales des faces externes des deux hémisphères et un fin piqueté ecchymo- tique au niveau des noyaux centraux, des pédoncules et de la protubérance^ Le bulbe, le cervelet et la moelle sont d’aspect normal. 918 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Étude histopathologique des centres nerveux (v. planche XVIII, fig. I el 2). — Notre examen a porté sur tout l’ensemble du système nerveux : écorce cérébrale, noyaux cérébraux, pédoncules, protubérance, bulbe et moelle. Ecorce cérébrale . La pie-mère renferme de vastes lacs hémorragiques, surtout au niveau des septa. Les vaisseaux, extrêmement dilatés, contiennent une masse considérable de globules rouges, en même temps qu’une grande quantité de pigment d'origine hématique, soit libre, soit inclus clans les cellules endothéliales vasculaires, les leucocytes polynucléaires neutrophiles et les éléments macrophagiques qui parsèment les foyers hémorragiques. On ne constate nulle part dans les méninges les manchons périvasculaires dont nous parlerons plus loin. La subs lance grise des circonvolutions cérébrales montre également des vaisseaux, surtout des veines, fortement dilatés. Cependant, en aucun endroit, ces vaisseaux ne présentent de signes d irritation. Nous avons décelé, dans l’espace périvascu- laire d’un certain nombre de capillaires, des amas de petits corpuscules assez réguliers , d'un diamètre de 4 à 5 g, constitués par une masse de chromatine centrale et un corps plasmatique coloré en bleu verdâtre par le polychrome de Unna. La signifi- cation de ces corpuscules reste obscure. Les cellules nerveuses de l’écorce ne sont pas altérées. Noyaux centraux . Au niveau du noyau lenticulaire et de la couche optique, les allérations sont plus caractéristiques, sans toutefois égaler en intensité celles que nous avons constatées dans l’isthme de l’encéphale. Des manchons périvasculaires entourent la plupart des vaisseaux sectionnés, qui sont forte- ment dilatés. Çà et là, on constate des hémorragies dans la gaine périvasculaire ou en pleine substance grise. Isthme de l'encéphale. Les lésions sont au maximum au niveau des pédoncules cérébraux, de la protubérance et de la partie supérieure du bulbe. Elles sont localisées principale- ment dans la substance grise qui forme le plancher du 4e ven- tricule, sans manquer totalement ailleurs. Ces altérations sont de deux ordres : d’une part, des manchons périvasculaires , d’autre part, des foyers d'infiltration plus ou moins diffus, localisés L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 919 dans la substance grise et parfois entre les faisceaux de la substance blanche. Les manchons périvasculaires sont constitués presque exclu- sivement par des éléments mononucléaires (contrairement à ce qu’on observe dans la poliomyélite où il existe de nombreux leucocytes polynucléaires neutrophiles). Ces mononucléaires sont des lymphocytes (en grande majorité), des plasmazellen, enfin de rares éléments macrophagiques à noyau clair et à pro- toplasma abondant. Nous avons constaté de plus, soit dans l’intérieur des vaisseaux, soit dans ces manchons périvascu- laires, une grande accumulation de pigment d’origine héma- tique, libre ou inclus dans les cellules endothéliales et macro- phagiques. Çà et là, nous avons noté la présence d’hémorragies non seulement dans les espaces périvasculaires, mais aussi en pleine substance grise. Les foyers d'in tiltration sont également constitués par des mononucléaires et ne paraissent avoir aucun rapport intime avec les cellules, nerveuses. Nous n’avons pas observé, dans notre cas, de lésions de la névroglie, ni les cellules étoilées à noyau hypertrophique décrites par Marinesco. En ce qui concerne les cellules nerveuses, nous n’avons décelé, en aucun point, des altérations rappelant, même de loin, la neuronophagie si constante et si caractéristique de la poliomyélite. Ces cellules sont altérées incontestablement, moins dans les noyaux d’origine des nerfs moteurs qu’ailleurs, mais leur altération consiste simplement en des modifications de forme tant du protoplasma que du noyau et en une fonte de la substance tigroïde. Les cellules satellites sont, en certains endroits, netlement proliférées. En résumé, les lésions nerveuses constatées dans notre cas correspondent, à peu de chose près, à celles décrites par P . Marie etTrétiakoff (1) et par Marinesco (2). Topographiquement, elles se placent entre la partie moyenne du bulbe et les noyaux qui entourent la capsule interne, avec un maximum d’intensité dans la partie supérieure du bulbe, la protubérance et les pédoncules cérébraux. La corticalité ainsi que la moelle (L P. Marie et Trétiakoff. Soc. mèd. des Hôp ., Paris, 24 mai 1918, p. ^/o. (2) Marinesco. Bull, de l'Acad. de Méd., Paris, 5 novembre 1918, p. 411. 920 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR paraissent intactes. Les méninges ne présentent aucune lésion inflammatoire, mais seulement des hémorragies. Etude expérimentale. — Des fragments de substance grise, intéressant tout le mésencéphale, ont été triturés et émulsionnés dans l’eau salée. L’émul- sion a été conservée deux jours à la glacière, puis inoculée à la dose de Oc. c. 2 dans le cerveau de deux lapins. Un de ces animaux est mort quarante-huit heures après l’inoculation, après avoir présenté des lésions de méningite aiguë, sans lésions d'encéphalite, ni manchons périvasculaires. Le second lapin n’a présenté aucun trouble. D’autres fragments ont été conservés dans la glycérine pure pendant quatorze jours, à la glacière, en attendant d’avoir un singe à notre dispo- sition. Le 8 janvier, une émulsion de ces fragments dans l’eau salée a été inoculée à la dose de 0 c. c. 25 dans le cerveau du Mac. cynomolgus n° 1. En dehors d’une légère élévation de température de 1° à 2°, six jours après l’inoculation intracérébrale, l’animal n’a présenté aucun trouble, en particu- lier aucun symptôme nerveux. Ces expériences montrent qu'il nous a été impossible , dans ce cas , de trans- mettre i encéphalite léthargique au lapin et au singe catarrhinien inférieur. Le lapin mort à la suite de l’inoculation intracérébrale a succombé incontesta- blement à une méningite infectieuse n’ayant aucun rapport avec l’encéphalite. Observation II (G..., Victor ) [l] Encéphalite myoclonique. G..., quarante-quatre ans, entre à l’hôpital Laënnec le 31 janvier 1920. Son affection a débuté brusquement le 4 janvier par des douleurs continues, très vives, au niveau des deux fesses et de la face postérieure des cuisses, au point qu’il ne pouvait ni marcher, ni s’asseoir, ni rester étendu dans la position horizontale. La seule attitude qu’il supportait sans souffrir était la situation demi-assise, avec inclinaison du corps sur le côté droit. Dès le lendemain, les douleurs irradiaient le long des deux membres inférieurs jusqu’au talon, d’abord du côté droit, puis du côté gauche. Le malade a souffert ainsi pendant quatorze jours, sans présenter d’autres troubles. Il ne sait pas s’il a eu la fièvre. Examen. — 1er février. Le malade est calme, répond bien aux questions et peut fournir la plupart des renseignements ci dessus mentionnés. On est frappé immédiatement de ce fait qu’il présente plusieurs types de mouvements : 1° Au niveau des membres inférieurs. a) Des secousses myocloniques courtes et brusques, qui se passent dans les muscles postéro-internes des deux cuisses, pendant lesquelles le tendon du grand adducteur se dessine sous la peau, en même temps que s’ébauche un léger mouvement de flexion de l’articulation du genou. Ces secousses myocloniques sont très fréquentes mais irrégulières; par moments, elles surviennent toutes les quatre ou cinq secondes. b) Des mouvements alternatifs d’abduction et d’adduction des pieds prédo- minants du côté droit, et assez lents. 2° Au niveau de l'abdomen , on observe, synchrones avec la myoclonie des membres inférieurs ou alternant avec elle, des mouvements brusques du (1) Ha r vie r et Levaditi. Bull, de la Soc. méd. des Hôp., séance du 5 mais 1920. L'ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 921 diaphragme et des muscles de la paroi abdominale, qui sont de deux ordres : 1° projection en avant de la région sus-ombilicale ; 2° contraction de la paroi abdominale dans la région sous-ombilicale qui semble brusquement attirée en haut et en dehors. Ces mouvements de l’abdomen sont irréguliers, quelquefois, mais non toujours alternatifs. Ils sont plus fréquents que les secousses mvocloniques des cuisses. 3° Au niveau des membres supérieurs. Le malade présente de très légers mouvements choréiques des mains, très espacés; de temps en temps il exécute un mouvement « d’émiettement » (frottement du pouce contre l'index) analogue à celui des parkinsoniens. 4° Au niveau de la face. Le malade présente du clignotement des pau- pières, particulièrement accusé lorsqu’on lui commande de fermer les yeux et des contractions des petits muscles du menton, de la lèvre supérieure et de l’aile du nez du côté gauche. En dehors de ces mouvements, l’examen décèle les particularités sui- vantes : Les membres inférieurs ont une tonicité musculaire normale; les réflexes rotuliens et achilléens sont très affaiblis ; le réflexe crémastérien est aboli ; les réflexes abdominaux sont difficiles à rechercher en raison des mouve- ments choréiques. Il n’y a pas de trouble apparent de la sensibilité, ni des sphincters. Le malade peut marcher, mais sa démarche est hésitante; il perd l'équilibre en faisant demi-tour. Pas de signe de Romberg. Aucun trouble cérébelleux. Il n’existe, d’autre part, aucun symptôme méningé, ni raideur de la nuque ni signe de Kernig. Mais, par contre, la raie vaso-motrice est particulière- ment intense. Le pouls est régulier à 112, non dissocié. La température est de 38°. La respiration est irrégulière du fait même des mouvements diaphragmatiques. On note encore une légère inégalité pupillaire (D. < G.). Les [pupilles réagissent parfaitement à la lumière et à l’accommodation. Il existe une parésie du moteur oculaire externe des deux côtés : l’œil se porte difficile- ment en dehors; par contre, la convergence est normale. Nous avons dit que ce malade répondait correctement aux questions. Il n'est pas somnolent. Il présente cependant quelques troubles psychiques particuliers qui consistent en désorientation (il ne se rend pas compte qu il est à l’hôpital) et en hallucinations visuelles (il croit reconnaître son tils couché dans un lit voisin). L’examen de tous les autres organes est négatif; la langue est légèie- ment saburrale mais humide; il n’y a ni vomissements ni constipation, aucun signe pulmonaire ni cardiaque; la tension artérielle est de 13-9 au Pachon; l’examen des urines ne décèle ni sucre, ni albumine. 2 février. — On observe, au niveau des différentes parties du corps, les mêmes mouvements que la veille. Les secousses myocloniques dis memores inférieurs sont aussi marquées. On remarque aussi qu il est possible de provoquer ces secousses, du côté gauche, par une excitation déterminée avec le marteau sur un point quelconque du membre inférieur du même côté; par contre, ce phénomène n’existe pas du côté droit. On constate aujourd’hui, alors qu’ils faisaient défaut la veille, une ébauche de signe de Kernig et le réilexe contro-latéral de Brudzenski. Il n’y a pas de raideur de la nuque, mais la raie vaso-motrice est toujours très intense ; les régions percutées avec le marteau deviennent le siège de taches rouges persistantes. La température est à 38°5; le pouls à 112, régulier. 922 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Une ponction lombaire ramène un liquide clair coulant sous tension, dont 1 examen donne les renseignements suivants : liquide non fibrineux, sans culot de centrifugation appréciable, contenant 0,53 d’albumine (au tube de Sicard), 30 éléments par millimètre cube à la cellule de Nageotte et, à l’examen cytologique, une réaction lymphocytaire exclusive. La réaction de Wassermann, pratiquée sur le sang et sur le liquide céphalo-rachidien, est négative. 3 février. — La nuit précédente a été calme. Examiné à 9 heures du matin, le malade a pu répondre. A 10 heures, il est dans le coma presque complet. On constate alors une cyanose légère de la face, avec révulsion des globes oculaires en haut et en dehors, du mâchonnement des lèvres; la langue est sèche; les secousses des muscles de la cuisse et de l’abdomen et les petits mouvements choréiques des membres supérieurs persistent ; la température est à 39°, le pouls à 132, petit, mais sans irrégularités. La raideur de la nuque et le signe de Kernig ,sont aujourd’hui très appré- ciables. 4 février. — Coma complet; température 40°5, pouls très rapide et inégal ; aspect classique du coma méningé; les mouvements choréiques et myoclo- niques subsistent, moins fréquents cependant, mais aussi nets que les jours précédents. Mort le 4 dans l’après-midi. Autopsie le 6 février. — L’autopsie des centres nerveux (encéphale et moelle) ne révèle aucune lésion macroscopique appréciable, en dehors d’une légère congestion de la pie-mère sur la convexité. On ne constate aucun épaississement méningé, aucune traînée purulente, aucune trace [de granulation tuberculeuse, tarit au niveau de la base qu’au niveau de la scissure de Sylvius. Le poumon gauche présente des traces de symphyse pleurale ancienne sur le lobe inférieur, et le poumon droit, des signes de splénisation de la base, avec aspect marbré du parenchyme; il n’y a pas de noyau broncho- pneumonique : le poumon surnage à l’épreuve de l’eau et la pression en fait sourdre une petite quantité de sérosit anguinolente. Pas de tuberculose ganglionnaire. Le cœur, le foie, la rate, les reins et les oapsules surrénales ne présentent aucune lésion macroscopique. Examen histologique des centres nerveux (v. pl. XVIII, fig. 3 à 9, 11 à 13). — Il n’existe aucune lésion appréciable des méninges, de l’écorce cérébrale et du cervelet. Sur toute l’étendue de l’axe cérébro-spinal, depuis les noyaux gris centraux jusqu’à la moelle, on trouve disséminées des altérations analogues à celles que nous avons décrites à propos de notre premier cas d’encéphalite léthargique : c’est-à-dire des manchons périvascu- laires et des foyers d infiltration plus ou moins intenses, unique- ment constitués par des mononucléaires. 1° Au niveau des noyaux gris centraux , on ne constate guère que de petits foyers discrets d’infiltration. 2° Au niveau du pédoncule les lésions sont très accentuées, L ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 923 particulièrement dans le locus niger. Elles consistent en alté- rations périvasculaires (afflux de lymphocytes, de plasmazellen et de gros macrophages), en une infiltration diffuse par des plasmazellen et en une destruction neuronophagique des cellules nerveuses pigmentées (v. pl. XVIII, fig. 4, 5, 6, 8, 9, 11, 12 et 13). On peut suivre, sur les coupes, toutes les étapes du processus neuronophagique, et la présence du pigment dans le proto- plasma de la cellule nerveuse permet de saisir les différentes phases de cette destruction phagocytaire du neurone. Des élé- ments rnononucléés, pour la plupart des plasmazellen, com- priment le protoplasma de la cellule nerveuse, étranglent le corps cellulaire, puis pénètrent à l’intérieur même du neurone. A ce moment, les granulations chromatophiles disparaissent au voisinage immédiat des phagocytes et une auréole claire se dessine autour du mononucléaire envahissant. A une phase plus avancée, la cellule nerveuse est réduite à une masse homo- gène, colorée en rouge vif par l'éosine — orange — bleu poly- chrome. Cette masse est entourée par de nombreux éléments mononucléaires (plasmazellen ou cellules satellites) qui appa- raissent remplis du pigment ayant appartenu au neurone pha- gocyté. Enfin, en d’autres points, tout vestige de cellule ner- veuse a disparu et on ne trouve plus que du pigment libre ou inclus dans les nombreux mononucléaires qui infiltrent le tissu interstitiel. On peut constater encore l’existence de véritables nids cellulaires, qui marquent l’emplacement d’une cellule nerveuse à une phase avancée de neuronophagie. Toutefois, contrairement à ceux de la poliomyélite, ces nids sont exclu- sivement constitués par des mononucléaires. Enfin on observe encore de véritables pseudo-cellules géantes , formées par une cellule nerveuse ratatinée contenant du pigment, et entourée d ) plusieurs mononucléaires tassés les uns contre les autie», le contact entre leur protoplasma et celui du neurone est si intime, qu’on a l’impression d'une véritable continuité entre ces éléments différents. Notons que nous n’avons constaté ces differentes lésions de neuronophagie qu’au niveau du locus niger et qu’elles taisaient complètement défaut dans les autres portions de l’axe cérébro- spinal que nous avons examinées. 924 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR 3° Au niveau de la protubérance et du bulbe , on retrouve des vaisseaux dilatés, entourés de manchons très apparents de mononucléaires, en particulier au niveau des olives et dans la région avoisinant le 4e ventricule, et quelques petits foyers d infiltration de la substance grise, sans lésions cellulaires, ni neuronophagie. Gcs lésions sont plus intenses dans la protubé- rance que dans le bulbe. t Au niveau de la moelle , on remarque des dilatations vascu- laires avec petites suffusions sanguines , surtout dans la sub- stance grise. Certains vaisseaux de la substance blanche (au niveau des cordons postérieurs) et de la substance grise (cornes antérieures et surtout postérieures) sont entourés de manchons de mononucléaires, moins importants cependant que ceux observés dans 1 isthme de 1 encéphale. Çà et là, disséminés dans la moelle à différents niveaux, on trouve, en pleine substance grise, de petits loyers d’infiltration mononucléaire. Les cellules ner- veuses sont intactes et toute figure de neuronophagie fait défaut. 5° Au niveau des ganglions rachidiens , il n’existe aucune lésion cellulaire, ni vasculaire. Dans cette observation d’encéphalite myoclonique, nous avons retrouvé des altérations identiques à celles de l’encépha- lite léthargique, précédemment décrites : lésions périvascu- laires, loyers plus ou moins dilfus d’infiltration constitués par des mononucléaires, intégrité des cellules nerveuses. Mais, en outre, nous avons conslalé des lésions de neuronophagie, exclu- sivement localisées dans le locus niger , lésions qui faisaient défaut dans notre cas d encéphalite léthargique. Ces lésions de neuronophagie sont donc, lorsqu’elles existent, beaucoup plus discrètes dans l’encéphalite que dans la poliomyélite. Les élé- ments destructeurs du neurone sont des mononucléaires dans l’encéphalite et des polynucléaires dans la poliomyélite. Ainsi se piécise encore la différenciation histologique entre les deux maladies. Enfin la diffusion en hauteur des lésions inflammatoires pro- voquées par le virus de l’encéphalite paraît fournir la preuve anatomique des formes cliniques multiples de la maladie, qui tendent à être individualisées de jour en jour. L’existence d'altérations médullaires , en particulier, permet d’interpréter la forme myoclonique de l’encéphalite épidémique. L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 925 Etude expérimentale. — Une émuls.ion de substance nerveuse (noyaux centraux, protubérance et bulbe) a été inoculée par voie cérébrale et péri- tonéale à un Macaccus cynomolgus et dans le cerveau de deux lapins. Furent injectés, en même temps, trois rats dans le péritoine et quatre souris sous la peau. Le singe est mort quarante-cinq jours après, ayant présenté des troubles intestinaux, sans signe d’encéphalite. Un des lapins a présenté de la raideur de la nuque et des tremblements généralisés dès le deuxième jour. Il est mort le onzième jour; des passages, faits sur deux autres lapins, sont restés négatifs. Le second lapin est mort de méningite infectieuse. Tous les autres animaux sont restés indemnes. En somme : résultat douteux. Observation III (en collaboration avec MM. Brouardel et Forestier ) [IJ. Encéphalite myoclonique, forme atypique. X..., cinquante ans, entre à l’hôpital Necker, le 21 janvier 1920. La malade se plaignait depuis quelques jours, de violentes douleurs à l’abdomen et au thorax. Avant tout autre signe, en la découvrant, on était frappé par les secousses musculaires, violentes, brusques et répétées qui agitaient les muscles de l’abdomen et le diaphragme ; à intervalles irréguliers, les muscles latéraux de l’abdomen, surtout du côté droit, se contractaient brusquement, comme mus par la décharge d’un courant électrique, entraî- nant une dépression de la paroi, un déplissement de l’ombilic, et un brusque retrait des côtes; tout cela sans hoquet. Ces secousses, que des douleurs violentes et continuelles en ceinture avaient précédées de deux jours, étaient encore douloureuses, incessantes, persistant même pendant le sommeil. Les symptômes nerveux se limitaient à ces seuls phénomènes; les autres organes ne présentaient aucun trouble appréciable. La température oscillait entre 37° et 38° ; dans les urines on décelait une petite quantité d’albumine. L’état de la malade s’est rapidement modifié; les douleurs ont disparu, les secousses myocloniques ont perdu en intensité ce qu’elles gagnaient en extension; des groupes musculaires des quatre membres ont été atteints ; la face a été respectée. En meme temps s’installait du délire onirique et confusionnel alternant avec de l’abattement, et bientôt la malade présenta de la torpeur. Fait intéressant à noter : le cœur a présenté des extrasystoles de plus en plus nombreuses, comme s’il participait aux troubles de la contractilité des autres muscles, et la tension artérielle s’est abaissée. La malade est moi te vers le vingt-cinquième jour de sa maladie, après deux jours de coma, sans que sa température, sauf pendant un jour, ait atteint 39°. Les examens de laboratoire nous ont apporté peu de renseignements. Le liquide céphalo-rachidien, prélevé à deux reprises, était clair, très peu riche en lymphocytes, et présentait une hyperalbuminose légère (0 gr. 30 par litre). Son inoculation au lapin a été négative. La réaction de Wassermann du sang et du liquide céphalo-rachidien a été négative; l’albumine urinaire n’a pas dépassé 0 gr. 50; mais le taux de l’urée sanguine, qui était de 0,92 par litre vers le quinzième jour de la (t) Brouardel, Levaditi et Forestier. Bull, cle la Soc. méd. des IIôp., séance du 5 mai 1920. 926 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR maladie, s’est élevé à près de 2 grammes trois jours avant la mort. L’oligurie seule en était la cause, car la concentration urinaire de l’urée atteignait 36 grammes par litre. A l’autopsie, à part quelques adhérences pleurales et un peu de congestion hépatique, nous n avons trouvé aucune lésion viscérale appréciable ; le cerveau et la moelle était d’apparence normale, l’étude histologique a été plus fructueuse. Examen histologique. — A défaut des autres segments de la moelle qui n’ont pas été examinés, nous avons pu étudier les lésions de la partie supérieure de la moelle allongée. Nous avons constaté une intégrité absolue des cornes antérieures; Jes cellules pyramidales avaient leur aspect normal ; en aucun endroit, on ne voyait de figures de neurophagie. Les cornes postérieures seules étaient altérées, et d’ailleurs d’une façon peu marquée. Les altérations consistaient en petites hémorragies et surtout en formations de manchons péri- vasculaires, constitués par des éléments mononucléaires, lymphocytes, plasmazellen, groupés sur deux ou trois ran- gées. Dans le bulbe, au niveau des olives, les lésions étaient excessivement peu marquées et localisées au voisinage immé- diat du 4e ventricule. Elles consistaient, comme dans la moelle, en hémorragies et en tout petits manchons périvasculaires entourant certains vaisseaux. Dans la protubérance, des vaisseaux étaient dilatés, les espaces périvasculaires élargis, œdémateux ; mais on ne constatait nulle part les manchons périvasculaires si nettement caractéristiques de l’encéphalite léthargique typique. Absence de lésions dans les noyaux centraux, à part une certaine dilatation vasculaire et quelques petites hémorragies. Intégrité du cerveau et du cervelet. Etude expérimentale. — Une émulsion de substance nerveuse a été injectée, le 10 février, à un Cynocephalus hamadrias (cerveau et péritoine'' et à deux lapins (cerveau). Les trois animaux ont survécu, sans avoir présenté des troubles apparents. Résultat négatif. En résumé , il s’agit d’un cas qui, cliniquement, se rapproche de ceux décrits par MM. Sicard et Kudelski sous le nom d’encéphalite aiguë myoclonique, et qui paraissent rentrer dans le cadre de la chorée électrique de Dubini. L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 927 Si la coexistence de ces cas avec'une épidémie d’encéphalite léthargique semble déjà un argument en faveur de l’iden- tité de ces deux maladies par ailleurs si différentes, l’examen histologique îappoite ici en fournil un autre de grande valeur. La présence de lésions caractéristiques, quoique peu accen- tuées, nous autorise à considérer ce cas comme une encéphalite léthargique absolument atypique , en ce sens que les symptômes d 01 igine mésocéphalique et les lésions intenses, localisées habi- tuellement dans cette région, faisaient défaut. Le rapprochement s’impose, au point de vue épidémiolo- gique, entre l’encéphalite léthargique et la poliomyélite. Comme cette dernière, l’encéphalite est contagieuse et épidé- mique, et cependant nous n’avons, jusqu’ici, que de rares docu- ments (Netter) sur la façon dont se propage celte nouvelle maladie. Nous sommes enclins d’admettre que, chez l’homme. 1 encéphalite est, en réalité, une infection généralisée, due à un virus dont la localisation sur le système nerveux central n est pas forcément obligatoire. Nous croyons qu il y a lieu d’envisager l’existence de formes de transition entre les cas où le système nerveux central n’est pas touché et ceux où les mani- festations pédonculaires sont intenses. L’observation précé- dente est un exemple de ces types morbides où les phénomènes infectieux et septicémiques l’emportent sur les troubles nerveux. Ceci n est pas sans offrir des analogies avec ce qui se passe dans la poliomyélite, où les enquêtes épidémiologiques montrent que, dans certaines familles, apparaissent, à côté de formes typiques de paralysie infantile, une méningite sans atteinte des centres nerveux, ou une simple poussée fébrile avec ou sans troubles gastro- intestinaux ( cas abortifs de Wickman). Dans 1 encéphalite léthargique, comme dans la maladie de Heine-Medin, ce sont , très probablement , ces formes abortives , pseudo-grippales , plus ou moins septicémiques ( et aussi les sujets bien portants , porteurs de germes) qui assurent la diff u- sion de la maladie. 63 028 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Observation IV ( Hof ..., Louise ). Encéphalite léthargique (1). 3\lme Iloff... (Louise), quarante-cinq ans, est amenée à 1 hôpital Beaujon dans la soirée du 3 février 1920. D’après les renseignements donnés par une de ses amies, le début de la maladie remonterait à quelques jours seule- ment : elle fut prise de syncope le 31 janvier pendant son travail. Recon- duite à son domicile, elle ne reconnut ni sa maison, ni sa concierge. Il n'a pas été possible d’obtenir d’autres détails sur le passé de cette malade. Elle présente, le 4 au matin, une éruption d'herpès dont les vésicules sont disséminées sur la région sus-orbitaire, l’aile du nez, la lèvre inférieure et le menton, exclusivement du côté droit de la face. La malade est fébrile (38°5-39°), légèrement somnolente, et de plus aphasique : elle répond aux questions par monosyllabes inintelligibles ; elle comprend et exécute les ordres simples : « asseyez-vous » « donnez-moi la main », mais elle ne peut tirer la langue. Il n’existe ni déviation des axes oculaires, ni ptosis. Les pupilles sont égales et réagissent à la lumière. Les mains présentent des mouvements de carphologie incessants, mais tant au niveau delà face que des membres, on n’observe aucun trouble moteur: ni secousses muscu- laires, ni mouvements choréiques, ni phénomènes parétiques. Les réflexes tendineux sont normaux, les réflexes cutanés abdominaux sont abolis. Tout symptôme méningé, tel que raideur ou signe de Kernig, fait défaut. Le pouls est rapide, non dissocié. On note seulement une raie vaso-motrice très prononcée et une rétention d'urine nécessitant le sondage vésical : les urines ne renferment ni albumine, ni sucre. 11 n’existe aucune lésion cardiaque, ni pulmonaire. Une ponction lombaire, pratiquée le 6, ramène un liquide clair, renfermant 0 gr. 25 d'albumine, et une légère lymphocytose. Les cultures sur gélose ascite du liquide céphalo-rachidien sont restées stériles. L’état de la malade n’a subi les jours suivants aucune modification. La température s’est maintenue entre 39» et 40° jusqu’à la mort, qui survint dans la nuit, du 8 au 9 février, précédée d’une période de coma avec incon- tinence des sphincters, ayant duré vingt-quatre heures. Autopsie. — Faite trente-six heures après la mort, le 10 février 1920. L’encéphale est fortement congestionné et présente une consistance remarqua- blement molle, sur toute son étendue. Il n’y a ni ramollissement, ni foyer hémorragique, ni méningite appréciables à l’œil nu. L’examen de la moelle n’a pas été pratiqué. Tous les viscères sont normaux. On note seulement une congestion des deux bases pulmonaires et quelques taches blanches dégénératives au niveau du foie. Examen histologique des centres nerveux (pl. XVIII, fig. 10). On constate : au niveau du bulbe , des dilatations vasculaires avec petites hémorragies de la substance blanche et des man- chons périvasculaires à mononucléaires assez discrets dans le plancher du 4e ventricule. Des lésions analogues existent au niveau de la protubérance ; on note, de plus, à l’intérieur de (1) Levaditi et IIarvier. C. R. de la Soc. de Biol., 1920, 83, séance du 20 mars p. 354. 929 L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE certains vaisseaux, mêlés aux globules rouges, des leucocytes polynucléaires chargés de pigment sanguin. Dans les pédoncules cérébraux, les manchons périvasculaires sont peu accusés \ le locus niger ne présente aucune lésion appréciable. Dans Y écorce cérébrale , il existe une légère accumulation de mononucléaires autour de certains vaisseaux de la pie-mère. Dans la circonvo- lution de broca , les lésions sont très intenses : la substance grise corticale est déchiquetée, œdémateuse; les vaisseaux sont entourés de manchons constitués par des plasmazellen et des lymphocytes; il existe aussi des hémorragies périvascu- laires. De plus, en certains points du cortex, on décèle des foyers d' encéphalite , caractérisés par un afflux de rares poly- nucléaires neutrophiles et de très nombreux mononucléaires à noyau clair, à protoplasma large, au voisinage immédiat ou à certaine distance des vaisseaux. En résumé, cette observation est caractérisée : 1° Cliniquement," par un état fébrile accompagné d’herpès, une somnolence avec aphasie, des mouvements carphologi- ques, et des symptômes méningés dissociés. L’évolution de la maladie semble avoir été particulièrement rapide, la mort étant survenue vers le neuvième jour. 2° Anatomiquement , par des lésions discrètes d’encéphalite, localisées principalement dans le bulbe et par des altérations périvasculaires et inflammatoires de l’écorce cérébrale, en particulier au niveau de la circonvolution de Broca. C est d'ailleurs la première fois que nous observons de telles lésions corticales. Ce cas, rapproché de ceux que nous avons déjà étudiés histologiquement, montre que le processus anato- mique de la maladie n’a pas toujours une localisation méso- céphalique, puisqu’il peut intéresser, à des degrés divers, non seulement la moelle, mais encore l’écorce cérébrale. Etude expérimentale. — Des fragments de substance grise, prélevés asepti- quement au niveau du bulbe, de la protubérance, des pédoncules cérébraux, des noyaux centraux et du cortex, sont triturés et dilués dans de l’eau salée isotonique, L’émulsion est injectée dans le cerceau d’un Macaccus cgnomolgus et de deux lapins nos 30-30 M et 32-32 M (10 février). Macaccus cgnomolgus n° 1. Dose injectée: 0 c. c. 25. Survit sans aucun trouble apparent. Lapin n° 30-30 M est mort le huitième jour. Autopsie : Congestion du cerveau, piqueté hémorragique du poumon. Cultures de sang du cœur et du cerveau (aérobies et anaérobies) restées stériles. Examen histologique des centres 930 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR nerveux. — Lésions typiques de l’écorce cérébrale et du mésocéphale, iden- tiques à celles que l’on constate chez l’homme : méningite à mononu- cléaires (lymphocytes et plasmazellen), manchons périvasculaires, infiltia- tion de la substance grise par des leucocytes polynucléaires. Absence de microbes. Lapin n° 32-32 il/, survit sans présenter des troubles. Réinoculé plus tard avec du virus de passage, ce lapin a contracté l’encéphalite. Une émulsion préparée avec le cerveau du lapin n° 30-30 M a été injectée, à la dose de 0 c. c. 2, dans le cerveau de deux lapins. Lapin n° 44-44 M est mort le sixième jour, présentant les mêmes lésions que le lapin n° 30-30 M (encéphalite et manchons péiivasculaiies). Lapin n° 34-34 M est mort le septième jour, avec des altérations très mar- quées de méningo-encéphalite corticale. Le cerveau du lapin n° 34-34 M nous a servi pour des passages ultérieurs. De lui dérive notre virus fixe actuel, lequel a servi à d’innombrables inocu- lations. Ces inoculations ont été faites, soit avec du cerveau trais, soit de temps en temps, avec du cerveau conservé dans delà glycérine pure, stéii- lisée (voir plus loin). Ces premiers essais prouvent que le virus cle ï encéphalite épidémique est pathoq eue pour le lapin ( tout en ne l étant pas , à T origine, pour le singe), et qu'il se prête facilement à des passages réguliers , déterminant chez cette espece animale clés lésions analogues à celles observées chez l'homme. III. — Animaux sensibles au virus. Parmi les animaux dont nous avons essayé la sensibilité à l’égard du virus de l’encéphalite léthargique, seuls le singe , le lapin et le cobaye se sont montrés réceptifs; le rat blanc et la souris sont réfractaires. Lapin, — Si le lapin s’infecte rarement, lorsqu’on l’inocule avec des produits provenant directement de l'homme (10 p. 100 dans nos essais), par contre, il offre une réceptivité pour ainsi dire absolue à l'égard du virus de passage {virus fixe). En effet, nous avons vu que des deux animaux ayant reçu l’émul- sion cérébrale du cas Hoff... (obs. IV), un seul fut atteint d’encéphalite; le second n’a présenté aucun trouble et pourtant il ne jouissait d’aucune immunité naturelle, puisque, réinjecté plus tard avec du virus de passage, il a contracté une maladie mortelle, tout comme un animal neuf. Par contre, les très nombreux lapins, inoculés ultérieurement avec ce virus, ont présenté une sensibilité absolue, sauf de rares exceptions, L ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 931 qui s’expliquent d’ailleurs par des défauts de technique, car leur réinoculation a été toujours couronnée de succès. Singe. — Des nombreux singes catarrhiniens inférieurs, inoculés avec des produits prélevés chez l’homme, ou avec du virus fixe, un seul a contracté l’encéphalite. Expérience I. — Mcicaccus cynomolgus , n° 57. Inoculé par voie cérébrale (0 c. c. 4) avec du virus de passage (4e pass.;, le 8 mars. Rien de particulier jusqu’au 18 mars. A ce moment ( incubation : dix jours), l’animal présente un léger nystagmus, se déplace difficilement, paraît manifestement malade. Un état de somnolence se déclare le lendemain et la mort survient le 20 mars. A la nécropsie , on constate une hyperémie et des hémorragies puncti- formes de l’écorce cérébrale. La rate paraît hypertrophiée ; le foie est couvert de taches jaunes; aucune lésion dans les autres organes. L 'examen histologique du cerveau montre des lésions typiques et très étendues d’encéphalite (V. planche XIX, fig. 2). Une émulsion de ses centres nerveux est inoculée à deux lapins : Lapin n° 24-24, meurt d’encéphalite le quatrième jour ( lésions typiques). Lapin n° 25-25, meurt d’encéphalite le cinquième jour ( lésions typiques ). Cette expérience montre que les singes inférieurs , insensi- bles au virus de F encéphalite puisé directement chez l homme , peuvent devenir réceptifs à F égard du virus fixe de passage. Cobayes. — Même insensibilité vis-à-vis du germe pris directement chez l’homme; par contre, cette espèce animale contracte la maladie lorsqu’on inocule par voie cérébrale le virus de passage. J» Expérience IL — Cobaye n° 3, inoculé dans le cerveau (0 c. c. 1) avec du virus fixe, le 13 mars. Meurt le douzième jour , avec des lésions typiques d’encéphalite. Cobaye n° 4 inoculé de la même manière et au môme moment que le précédent. Meurt le neuvième jour, lésions typiques. Le cerveau de ce dernier animal sert à infecter deux lapins n° 30-30 et 31-100 et deux autres cobayes n0, sans lésion d encéphalite. Deux passages faits avec son cerveau fournissent tous deux un résultat négatif. Les glandes salivaires ne contiennent donc pas le germe de V encéphalite . Si Eon rapproche ce résultat négatif du fait qu’il nous a été impossible de conférer la maladie au lapin, en injee- 950 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tant le virus dans Ja glande sous-maxillaire, et aussi de 1 insuccès de nos essais de transmission avec la salive filtrée, on est conduit à admettre que les glandes salivaires ne jouent pas un rôle important , ni comme porte d'entrée , ni comme voie d élimination du germe de cette maladie. Certaines des expériences résumées dans le chapitre précé- dent nous ont montré que, hormis le système nerveux, aucun autre tissu ne se prête à la pénétration du virus de l’encéphalite dans 1 organisme, exception faite du testicule et de la muqueuse nasale préalablement lésée. Peut-on déceler le germe dans ces deux derniers organes chez les animaux infectés par la voie crânienne? En ce qui concerne le testicule , l’expérience suivante répond négativement : Expérience I. — On prélève les testicules d’un lapin mort d’encéphalite, à la suite d’une inoculation cérébrale de virus fixe. Ils sont émulsionnés dans l’eau salée et l’émulsion est inoculée dans le cerveau du lapin n° 93 B- 93 O. L animal meuit le onzième joui ’ sans lésions d’encéphalite. Passage négatif. Le virus n existe donc pas dans le testicule des lapins aijant succombé à V encéphalite expérimentale , provoquée par l'injec- tion du virus fixe dans le cerveau. Quant à la muqueuse naso-pharyngée , l’importance de la question, au point de vue épidémiologique, mérite qu’on s’y arrête plus longuement. Nous avons insisté, précédemment, sur le rôle de cette muqueuse comme voie de pénétration du virus. Le naso-pharynx constitue-t-il également la voie par où le germe, ayant pullulé dans l’axe encéphalo-médullaire, s éli- miné, pour se répandre dans les sécrétions naso-buccales et assurer ainsi l’extension épidémique de la maladie? Les recherches des auteurs américains, montrant la présence du microbe filtrant dans ces sécrétions, résolvent le problème et rendent toute expérimentation superflue. Nous avons pensé, néanmoins, qu’il était intéressant d’entreprendre une vérifica- tion expérimentale de ces recherches faites sur l’homme, tout en tenant compte de ce que les conditions, réalisées par la L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 951 maladie que provoque chez le lapin l’inoculation du virus dans le cerveau, sont différentes. Expérience I. — Le 19 avril on dissèque la muqueuse nasale de deux lapins morts d’encéphalite à la suite d’une inoculation de virus de passage dans le cerveau, en ayant soin de ne pas toucher le cerveau à travers la lame criblée. La muqueuse et les cornets tout entiers sont triturés avec du sable fin et émulsionnés dans de l'eau salée isotonique. L’émulsion est filtrée sur papier d’abord, puis sur une bougie Chamberland n° 3 (filtrat stérile). Le filtrat est inoculé à la dose de 0 c.c. 2 dans le cerveau et de 5 cent, cubes dans la cavité péritonéale des lapins : Lapin n° 35-35 A, meurt après trente-sept jours, sans lésion d’encéphalite. Lapin n° 38-38 A, survit. Lapin n° 39-39 A, meurt le onzième jour , sans lésion d’encéphalite ; son cerveau sert à pratiquer deux passages, qui donnent tous deux un résultat négatif. Il nous a été impossible de découvrir la présence du virus de lé encéphalite dans le filtrat de muqueuse nasale , prélevée chez des lapins infectés par voie cérébrale. Il existe donc une contradiction nette entre les données expé- rimentales et les constatations faites par Strauss et ses collabo- rateurs chez l’homme. Empressons-nous de dire q.ue nos résul- tats n’infirment nullement ces dernières. Ils peuvent s’expliquer de diverses manières. Tout d’abord il est fort possible que, la maladie étant chez le lapin de très courte durée, le virus qui pullule dans la corticalité cérébrale n’ait pas le temps matériel de s’éliminer par la muqueuse nasale. Ensuite, nous avons vu que le germe de l’encéphalite, tout en étant capable de traverser les bougies Berckfeld et Chamberland 1 et 3, est en bonne partie retenu par ces bougies. Il se peut donc que le virus traverse chez nos lapins la muqueuse naso-pharyngée, en si petite quantité, qu’il est absorbé totalement par la paroi des bougies filtrantes : d’où l’inactivité du filtrat constatée dans l’expérience précitée. Quoi qu’il en soit, et malgré les données négatives fournies par l’expérimentation, le fait de l' élimination du virus de la maladie de v. Economo par la muqueuse naso-pharyngée peut être considéré comme indiscutable. Dès lors, il y a lieu de rechercher quel est le chemin suivi par le microbe pour atteindre le cerveau d'une part , pour se diriger de /’ encéphale vers la muqueuse naso-pharyngée, afin de s'éliminer à travers cette muqueuse, d' autre part. 952 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Déjà, lorsque, avec Landsteiner ( loc , cit.), l’un de nous a envisagé le meme problème à propos de la poliomyélite, l’importance de la voie nerveuse lui est apparue nettement. On avait admis alors que le germe, dans sa marche ascendante, suivait les filets nerveux du nerf olfactif et atteignait ainsi les centres nerveux à travers le bulbe olfactif. La présence du virus fut, en effet, décelée dans ce bulbe, chez les sujets infectés par voie nasale. Une expérience analogue ne peut être réalisée avec l’encéphalite, chez le lapin, par suite de diffi- cultés techniques pour ainsi dire insurmontables. Les condi- tions anatomiques sont telles, en effet, qu’il est difficile d’appré- cier la virulence du bulbe olfactif sans toucher au cerveau. Aussi, avons-nous procédé par analogie et cherché, au niveau de l’œil, une vérification impossible à faire sur l’appareil olfactif du lapin. Voici comment nous avons raisonné : S’il est vrai que le germe, ayant pullulé au niveau du cortex cérébral, se propage excentriquement, en suivant le trajet des nerfs crâniens, pour se répandre ensuite dans l’appareil sensitif qui représente l'épanouissement de certains de ces nerfs, nous devons pouvoir le saisir non seulement en cours de route, mais aussi au niveau de cet appareil sensitif. En ce qui con- cerne le système olfactif, il devra être décelable au niveau du bulbe olfactif (comme dans la poliomyélite), dans les filets nerveux qui en émanent et dans les terminaisons nerveuses olfactives. Pour ce qui a trait à l’appareil visuel, le microbe pourra être saisi au niveau du nerf optique et de la rétine. Le premier de ces essais étant impossible pour les motifs que nous avons indiqués, nous avons été amenés à réaliser le second. Voici ce que répond l’expérience à ce sujet : Expérience I. — Le 25 mai, on prélève, par la voie orbitaire, le nerf optique d’un lapin inoculé dans le cerveau et mort d’encéphalite. Il sert à préparer une émulsion qui est inoculée par voie cérébrale aux : Lapin n° 36 B- 36 O, meurt le sixième jour avec des lésions typiques d’encé- phalite. Lapin n° 37 B- 37 O, se comporte comme le précédent. Expérience II. — Le 5 mai, on énuclée les deux yeux d’un lapin mort d’encé- plialite, à la suite d’une inoculation de virus fixe dans le cerveau. Les globes oculaires sont lavés à l’alcool, rapidement flambés, puis ouverts, en les sectionnant transversalement, au niveau de la chambre postérieure. On dissèque la rétine, on la lave avec de l’eau salée, puis on la triture. L’émulsion préparée est injectée au : 953 L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE Lapin n° 86-86 L, meurt le neuvième jour d’encéphalite. Passage positif (lésions typiques et intenses, incubation de cinq jours). Ces expériences montrent que le germe de /'encéphalite, après avoir pullulé dans le cortex cérébral , se propage à la rétine en suivant la voie du nerf optique. Par analogie, on peut admettre que le microbe suit la même voie au niveau de l’appareil olfactif : de la muqueuse nasale , dont il a franchi la barrière à la faveur d'un processus inflam- matoire banal , il se propage à l' appareil olfactif de cette muqueuse , puis il gagne le cerveau , en longeant les filets et le bulbe olfactifs ; il suit la même voie , mais en sens inverse , lorsque de l encéphale il se dirige vers la muqueuse nasale , afin de s éliminer par les sécrétions de cette muqueuse. L’importance de ces données expérimentales, en ce qui con- cerne l’épidémiologie de l’encéphalite léthargique, ne saurait échapper. Frappantes sont les analogies entre la maladie de v. Econome et celle de Heine-Medin, au point de vue de leur mode de propagation. Le naso-pharynx constitue pour toutes les deux la principale, sinon l’unique source de contagion, par conséquent le foyer microbien qu’il faut éteindre, si I on désire réaliser une prophylaxie efficace. Toute la question des por- teurs de germes est rattachée au rôle du naso-pharynx comme réceptacle de virus. Cette question a été résolue pour ce qui a trait à la poliomyélite, puisque, d’après les recherches de Petterson et Kling, le virus peut être décelé dans les sécré- tions du pharynx, chez des sujets absolument sains, ayant vécu dans l’intimité des poliomyélitiques. Elle reste tout entière en ce qui concerne l’encéphalite. La présence du germe n’a élé mise en évidence que chez les malades (Strauss et ses collaborateurs) ; il y aurait donc lieu de le rechercher dans les sécrétions naso-pharyngées des hommes bien por- tants, vivant dans l’entourage des encéphalitiques. Nous nous proposons de combler cette lacune. En attendant, il est permis de considérer l’existence de ces porteurs de germes comme très probable et de leur attribuer, de même qu’aux cas frustes, atypiques, à allure septicémique, sans nul sym- ptôme clinique indiquant une localisation nerveuse du virus, l’extension épidémique de la maladie de v. Economo. Il se peut que chez ces porteurs l’absence d’infection soit due à ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 954 la résistance qu’oppose la muqueuse naso-pharyngée normale à la pénétration du microbe dans l’organisme, ainsi que semblent l’indiquer quelques-unes de nos expériences, ou encore à un état réfractaire inné de cette muqueuse (immunité naturelle locale), particulier à certains individus. Mais ce ne sont là qu’hypothèses nécessitant une vérification expérimentale rigou- reuse. Ajoutons qu’au cours de nos nombreuses expériences (plu- sieurs centaines de lapins), et malgré le contact intime entre animaux infectés et non inoculés (couples vivant dansda même cage), nous n avons jamais constaté de contamination spontanée . IX. — Immunité. Nous avons insisté à la fin du chapitre III, sur ce fait que, contrairement à ce qui a lieu dans la poliomyélite expérimen- tale, aucun des animaux ayant contracté l’encéphalite à la suite d’une inoculation de virus par la voie nerveuse, testicu- laire ou par la voie nasale, n’a survécu à la maladie. Il nous a donc été impossible de réaliser des expériences de renfor- cement d’un état réfractaire acquis, consécutif à la guérison spontanée, semblables à celles que l’un de nous a relatées avec Landsteiner dans la poliomyélite. Nous avons donc dû recourir à la vaccination active des animaux neufs, en nous servant des divers procédés utilisés dans la rage. Ces procédés ont été les injections sous-cutanées de virus fixe , de virus desséché et aussi de virus èthêrè. Les lapins ainsi traités ont été éprouvés ensuite par inoculation intracrânienne et intraoculaire d’émulsions virulentes, ou bien par infection nasale. Les expériences résu- mées ci-dessous rendent compte des résultats enregistrés. Expérience I. — Le lapin n° 76 M reçoit sous la peau, le 17 mars et le 23 mars, 5 cent, cubes d'émulsion cérébrale virulente. Il est bien portant jus- qu’au 29 mars. A ce moment on éprouve sa résistance en lui inoculant dans le cerveau 0 c. c. 2 de virus fixe ; deux autres lapins servent de témoins. Ces derniers succombent d'encéphalite le troisième jour ; le lapin préparé meurt avec des lésions typiques le quatrième jour. V injection de virus vivant sous la peau ne rend donc pas le lapin réfractaire à l'égard d'une inoculation d'épreuve faite dans le cerveau. # L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 955 Dans les expériences qui suivent, nous avons éprouvé la résistance des animaux préparés en pratiquant l’injection d'épreuve non pas dans la substance cérébrale, mais dans la chambre antérieure de V œil. Expérience IL — 1° Le lapin n° 8-8 L commence par recevoir sous la peau 2 cent, cubes d’émulsion de virus desséché (procédé de Pasteur à la potasse), depuis quatre jours, le 17, le 24 et le 30 mars. On lui injecte ensuite, le 9 avril, 2 cent, cubes d'émulsion virulente. 2° Le lapin n° 67 C est traité par un vaccin éthéré, préparé comme suit : une émulsion de cerveau virulent est mélangée, à parties égales, avec de l’étlier sulfurique et conservée jusqu’au lendemain à la glacière. L’éther est décanté, puis totalement évaporé à l’étuve à 37°. Le vaccin est conservé à la glacière. L’animal reçoit, du 1er au 10 avril, 11 cent, cubes de vaccin sous la peau (le 1er, le 7 et le 10 avril). Le 15 avril on éprouve la résistance des deux animaux, en leur inoculant 0 c. c. 1 de virus fixe dans la chambre antérieure de l'œil ; deux autres lapins servent comme témoins. Ces derniers succombent avec des lésions typiques d’encéphalite le neuvième jour. Le lapin préparé avec du vaccin éthéré (67 C) meurt le quatorzième jour (altérations typiques et passage positif). Le lapin préparé avec du virus vivant (8-8 L) survit. Cette expérience montre que le vaccin éthéré crée un état réfractaire relatif , mais manifeste à l'égard de l' inoculation intra-oculaire de virus fixe. Cet état réfractaire devient absolu , vis-à-vis de la meme inoculation , lorsqu'on se sert du virus vivant comme vaccin (injection sous-cutanée). Expérience III. — Le lapin n° 87-97 L reçoit sous la peau, le 17 et le 24 mars, 2 cent, cubes d’émulsion de cerveau desséché (4 jours), le 30 mars 2 cent, cubes de virus desséché pendant onze jours, puis le 9 avril 2 cent, cubes de virus vivant. 2° Le lapin n° 68 C reçoit sous la peau, du 1er au 10 avril, 3-3 et 5 cent, cubes de vaccin éthéré. Le 28 avril, on éprouve la résistance des deux animaux, en leur inoculant 0 c. c. 1 de virus fixe dans la chambre antérieure de 1 oeil ; un autie lapin, inoculé de la même manière, sert comme témoin. Ce dernier meurt d encé- phalite le neuvième jour. Le lapin n° 87-9/ L meurt le vingt-cinquième joui sans lésion d’encéphalite; le lapin n° 68 C survit. Cette expérience montre que le vaccin vivant et aussi le vaccin à l'éther confèrent un état réfractaire manifeste , à l'égard de C inoculation intra-oculaire de virus fixe. Les animaux, ayant résisté à 1 introduction du virus dans la chambre antérieure de l’œil, sont-ils également réfractaires a l’inoculation du virus dans le cerveau ? 956 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Expérience I. — Le lapin n° 8-8 L, ayant survi à l’expérience n° II de la série précédente, continue à être chargé de virus vivant après l’essai intra-oculaire. Il reçoit, du 12 mai au 2 juin, trois injections sous-cutanées de 5 cent, cubes de virus fixe. Il est éprouvé par voie cérébrale (0 c. c. 2) le 9 juin, en même temps qu’un animal témoin. Ce dernier succombe le cinquième jour. Le lapin vacciné meurt d’encéphalite (lésions intenses et passage positif) le onzième jour. L ensemble de ces recherches prouve qu'il est possible de conférer /’ immunité au lapin vis-à-vis de /’ inoculation du germe dans la chambre antérieure de l'œil , en se servant , comme vaccin , de virus desséché , de virus vivant et de virus traité par l'éther. Cette immunité n'est cependant pas absolue , puisque les animaux , qui ont résisté à une telle inoculation d'épreuve , se montrent sensibles à V introduction du virus dans le cerveau. Si l’on tient compte de ces résultats, que nous considé- rons d’ailleurs comme préliminaires et perfectibles, la diffé- rence apparaît entre l’encéphalite et la poliomyélite , au point de vue de la vaccination active des animaux sensibles. En effet, dans la poliomyélite, en nous servant soit de singes guéris spontanément et dont nous avons renforcé la résistance ultérieurement, soit de simiens neufs, il nous a été possible, à l’aide de moelles desséchées ou de virus vivants, de leur con- férer un état réfractaire absolu, se traduisant par une insensi- bilité complète vis-à-vis de l’inoculation intracérébrale . Par contre, les lapins, traités de la même manière avec le virus de l’encéphalite, ne résistent qu’à l’introduction du virus dans la chambre antérieure de l’œil ; l’inoculation intracrânienne les tue presque aussi vite que s’ils n’étaient pas vaccinés. La rai- son en est que l’infection par voie oculaire est moins brutale que celle déterminée par voie cérébrale, comme l’indique la durée de la période d’incubation, sensiblement plus longue dans le premier cas. Il se passe très probablement, au niveau de l’œil, un processus de défense naturelle que l’état réfrac- taire acquis accentue et qui détermine, chez les animaux vaccinés, une destruction totale du germe, avant que celui-ci, en suivant le chemin de la rétine et du nerf optique, réussisse à toucher le cerveau. Ce processus est totalement impuissant à annihiler l’activité pathogène du microbe, lorsque le microbe est déposé directement dans le parenchyme cérébral. Si dans la poliomyélite l’état réfractaire absolu est possible L’ENCÉPHALITE DITE LETHARGIQUE 957 à réaliser, c’est qu’ici nous avons affaire à une espèce animale naturellement plus résistante que le lapin , puisque le singe peut parfois guérir spontanément de la maladie de Heine- Medin, tandis que le lapin meurt toujours, lorsqu’il contracte expérimentalement l’encéphalite. Epreuve nasale. — Le lapin n° 63 £-63 O reçoit, du 2 juin au 19 juillet, en quatre injections sous-cutanées, b20 cent, cubes de virus vivant. Le 24 juillet, on badigeonne la narine gauche avec une trace d'huile de crolon , puis on introduit dans la même narine un tampon chargé d'une émulsion épaisse de virus fixe. Le lapin neuf n° 60-60 M est soumis au même traitement. Lapin vacciné 63 £-63 O meurt d'encéphalite le seizième jour (lésions typiques), Le lapin témoin n° 60 M succombe le quatrième jour avec des altérations caractéristiques. Cette expérience montre que la vaccination sous-cutanée avec clu virus vivant réalise un état réfractaire partiel , mais réel , à r égard de /’ introduction du germe par la voie nasale . Propriétés du sérum des animaux jouissant d'immunité naturelle ou créée artificiellement , à l’égard du virus de l’encéphalite . Les recherches de Landsteiner et Levaditi ( loc . cit .) ont montré que le sérum des singes qui guérissent spontanément de poliomyélite, ou qui ont été vaccinés, estcapable de détruire in vitrole germe de cette maladie. D’après Netter et Levaditi (1), cette propriété neutralisante spécifique se retrouve également chez les sujets humains convalescents de la maladie de Heine- Medin. Nous avons entrepris des expériences analogues avec le virus de l’encéphalite. Ce sont les suivantes : 1° Sérum de singe naturellement réfractaire. Le Macaccus cynomolgus n° 36 reçoit du virus fixe (virus de lopin) par voie cérébrale (0 c. c.4)et péritonéale (2 cent, cubes) le 12 mars. Paraitmalade vers le quatrième jour, puis se remet. Le 10 avril, il est éprouvé par la même voie avec du virus glycériné provenant du Macaccus cynomolgus n° 37, mort d’encéphalite. Aucune réaction. Il s’agit donc d'un animal sélant montré réfractaire non seulement à l'égard du germe ayant subi des passages multiples sur le lapin , mais aussi vis-à-vis d'un virus ayant déjà conféré la maladie à un simien de la même espèce. Saigné le 19 avril. Mélange à parties égales de virus fixe, filtré sur papier, (1) Netter et Levaditi. C. £. de la Soc. de Biol., 1910, 9 avril et 21 mai. 958 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR et de sérum du Macaccus n° 76. Contact pendant deux heures à 37° et durant la nuit à la glacière. Le 23 mars on inocule le mélange, à la dose de 0 c. c. 2, dans le cerveau de lapin n° 47 A ; un autre lapin, servant comme témoin, reçoit un mélange de virus et de sérum de lapin neuf. Le lapin témoin meurt d’encéphalite le cinquième jour ; le lapin n° 47 A succombe également le cinquième jour. Le sérum d'un singe naturellement réfractaire à l égard du virus de l' encéphalite ne neutralise pas in vitro ce virus. 2° Sérum de lapins vaccinés Expérience I. — Le 6 mai, on se sert du sérum du lapin n° 84 (V. Expérience n° II, page...), saigné le 5 mai. Même disposition expérimentale que précé- demment. Le mélange est inoculé par voie intra oculaire au lapin n° 93 A et, par voie intracérébrale, au lapin n° 89 A. Un mélange témoin, fait avec du sérum de lapin normal, est injecté de la même manière à deux lapins n° 95 A (œil) et n° 90 A (cerveau). Les deux lapins témoins meurent d’encéphalite, le premier le dixième jour , le second le sixième jour. Quant aux animaux ayant reçu le mélange de virus et de sérum de vacciné, le premier (œil) succombe le onzième jour, le second (cerveau) meurt le sixième jour. Donc, aucune différence d’avec les témoins. Une seconde expérience analogue à la précédente, dans laquelle nous nous sommes servi du sérum du même lapin n° 84, saigné plus tard (le 10 juini, et d’un autre animal vacciné avec du virus vivant (n° 43 C), a fourni un résultat identique. Nous conclurons de ces recherches que, contrairement à ce qui a lieu dans la poliomyélite , le sérum des lapins rendus arti- ficiellement réfractaires à l égard de T inoculation intra-oculaire du virus de /’ encéphalite ne possède pas des propriétés neutra- lisantes à V égard de ce virus. Agit-il préventivement ? Expérience I. — a) Injection simultanée de virus et de sérum dans le cerveau. Le lapin n° 83 A reçoit, dans l’hémisphère droit, 0 c. c. 1 de virus fixe, et dans l’hémisphère gauche, 0 c. c. 2 de sérum du lapin vacciné 84. Il meurt d’encé- phalite le septième jour. b) Injection de sérum dans les veines. Le lapin n° 84 A reçoit 0 c. c. 2 de virus dans la chambre antérieure de l'œil et 2 cent, cubes du même sérum dans les veines. Il meurt d’encéphalite le neuvième jour. Le lapin n° 85 A est infecté par voie oculaire le 5 mai et reçoit 5 cent, cubes du même sérum, cinq jours après l'infection. Il succombe d’encéphalite le neuvième jour. Deux témoins , qui n’ont pas été traités, meurent également le neuvième jour. L’ensemble de ces recherches permet de conclure : 1° Que le sérum des animaux naturellement réfractaires (cer- tains singes) ne neutralise pas in vitro le virus de l'encéphalite ; 2° Que le sérum des lapins vaccinés . qui résistent à Lino- 959 L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE culation intr a- oculaire du germer , est dépourvu de propriétés neutralisantes in vitro ; ^ Que ^ se) uni des memes lapins ne possède pas de propriétés préventives (injection simultanée de virus et de sérum ou ino- culation du sérum pendant la période d’incubation). 11 en resuite que 1 état réfractaire naturel ou acquis ne dépend pas du pouvoir microbicide du sérum, puisque celui-ci se montre incapable de neutraliser le virus fixe et d’agir pré- ventivement. Tout se passe donc comme si, dans T encéphalite , soit par suite de la sensibilité particulièrement accusée de T espèce animale sur laquelle on expérimente , soit à cause des propriétés spéciales du virus, la vaccination active et passive n était réalisable que difficilement. 3° Sérums humains. A la suite des essais de Levaditi et Landsleiner sur le pou- voir neutralisant du sérum des singes rendus réfractaires à l’égard du virus de la poliomyélite, Levaditi et Netter (1) ont entrepris des expériences analogues avec des sérums humains. Ces auteurs ont recherché si le sérum des sujets ayant eu, à un moment donné, une attaque de poliomyélite, jouissait de qualités bactéricides à 1 égard du virus de la para- lysie infantile expérimentale. Leurs tentatives ont abouti à des résultats pleinement satisfaisants, et la méthode est entrée dans le domaine de la pratique : on a recours à elle pour éta- blir un diagnostic rétrospectif de la maladie de Ileine-Medin. Il était intéressant de répéter ces expériences avec le virus de l’encéphalite. Nous en avons réalisé un certain nombre (2), dont voici quelques exemples : Expérience I. — On emploie les sérums provenant des malades suivants : 1° Convalescent cl encéphalite. Début de la maladie remontant à trois mois , convalescent depuis un mois ; 2° Encéphalite myoclonique. Début de l’infection il y a deux mois , conva- lescent depuis un mois ; 3e Encéphalite myoclonique et léthargique. Début remontant à deux mois, convalescent depuis trois semaines. (1) Netter et Levaditi. C. R. de la Soc. de Biol., 1910, 9 avril et 21 mai. (2) Levaditi et IIarvier. Loc. cit. 65 960 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Le 15 mars, on dispose l’expérience comme précédemment avec ces trois sérums, et, en plus, un sérum humain normal, pris comme témoin. L’injection des mélanges est faite dans le cerveau. Lapin n 10 C ) Sérum spécifique n° 1 : Lapin n° 9 C ) Lapin n° 11 C : — n° 2 : Lapin n° 13 C : — • n° 3 : Lapin n 14 U Sérum humain normal Lapin n° 29 M ) Meurent cï encéphalite le sixième jour. — le septième jour . — le septième jour. Meurt d'encéphalite le quinzième jour — le huitième jour . remarquer la durée plus longue de la Donc, aucune action neutralisante. A période d’incubation chez les animaux ayant reçu le mélange de virus et de sérum normal (huit et quinze jours). Expérience IL — On se sert du sérum provenant du malade suivant : 1° Encéphalite myocl mique. Début en décembre 1919, convalescent depuis quatre mois. Le 6 mai, on dispose l’expérience comme précédemment, avec cette diffé- rence que le mélange de sérum et de virus, au lieu d être injecté dans le cerveau, est inoculé dans la chambre antérieure de l'œil. Lapin n° 91 A, sérum spécifique n° 1, meurt d’encéphalite le onzième jour. Lapin n° 92 A, sérum humain normal , survit. Aucune action empêchante manifeste', au contraire, le seul animal quisuixit est celui qui reçoit le mélange de virus et de sérum normal. Dans une troisième expérience, nous nous sommes servi d un sérum pro- venant d’un cas A' encéphalite myoclonique , convalescent depuis trois mois. Le résultat que nous avons enregistré fut totalement négatif. Enfin, dans un quatrième essai , fait avec un sérum provenant d’un sujet dont l’encéphalite avait évolué plus d'un an aupa- ravant, nous avons constaté une action neutralisante mani- feste. Obs. : Mad. Sub... atteint à' encéphalite à forme léthargique en octobre 1918, convalescent depuis dix-sept mois. Le mélange de virus et de sérum, conservé pendant deux heures à 31° et vingt heures à la glacière, est injecté dans la chambre antérieure de l'œil. Lapin n° 11 B , sérum spécifique , survit. Lapin n° 16 B, sérum normal , meurt d’encéphalite le onzième jour. En résumé, nous avons essayé les propriétés neutralisantes de six sérums provenant de sujets atteints d’encéphalite léthar- gique et myoclonique, dont la convalescence datait de trois semaines , un mois , trois mois , un mois et dix-sept mois. Tous ces sérums, sauf un (Sub...), se sont montrés inactifs. Le seul malade nous ayant fourni un sérum capable de détruire les propriétés pathogènes du germe in vitro est un sujet guéri d'une atteinte d'encéphalite léthargique depuis plus d'un an. 961 L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE Au contraire, il nous a semblé que dans la plupart des cas le sérum des convalescents , dont\ /’ infection était de date relative- ment récente , favorisait l'infection expérimentale , au lieu de la retarder , comme l'indiquent la survie ou le retard manifeste de l’éclosion de la maladie, chez les lapins ayant reçu le mélange de virus et de sérum humain normal. Il y a donc lieu de conclure de ces essais préliminaires : 1 Que, dans la grande majorité des cas , le sérum des conva- lescents d' encéphalite léthargique ou myoclonique est dépourvu des propriétés microbicides , dans les conditions où le sérum des convalescents de poliomyélite neutralise parfaitement le virus de la maladie de Heine -Me dm ; 2° Il semblerait que ce pouvoir microbicide n apparaisse dans le sérum que chez les sujets dont la maladie est guérie depuis fort longtemps (plus d’un an, dans notre observation) ; 3° Que le sérum des convalescents d'une encéphalite relative- ment récente (trois semaines a quatre mois), au heu de détruire in vitro le microbe , favorise son développement chez les animaux d' expérience . Des recherches complémentaires sont nécessaires ; nous nous proposons de les réaliser, dès que nous -aurons de nouveaux matériaux d’étude entre les mains. Toutefois, les résultats déjà enregistrés sont assez concordants pour permettre de formuler l’hypothèse suivante : Parmi les sujets humains soumis à la contagion par le germe de l’encéphalite, beaucoup ne contractent pas la maladie. Ce sont probablement ceux qui jouissent d’une immunité naturelle, due à des conditions locales et générales (humorales). Les conditions locales sont représentées par la résistance qu’oppose la muqueuse naso-pharyngée normale à la pénétration du virus dans l’organisme et les conditions générales, humorales, par un certain pouvoir neutralisant du sérum. Lorsque la barrière nasale est supprimée, par le fait d’une inflammation banale, et quand le pouvoir bactéricide normal du sérum baisse, le germe réussit à s’implanter dans l'organisme et à envahir le système nerveux central. De là cette espèce de sensibilisation que l’on constate chez les encéphalitiques pendant l’évolution de leur maladie, ou au cours de leur convalescence, et qui se traduit par l’action favorisante de leur sérum sanguin. Ce n’est 962 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR que longtemps après que l’immunité se déclare et qu elle peut être décelée par une neutralisation sérique du virus. S’il est vrai que l’immunité chez l’homme se développe aussi lentement et aussi difficilement que chez le lapin, il est à prévoir que les récidives doivent être fréquentes au cours de la maladie de v. Economo. Or, c’est ce que la clinique nous enseigne. Netter (1) a attiré l’attention sur la fréquence de ces rechutes et, avant toute expérimentation, prévu l’absence de propriélés neutralisantes dans le sérum des convalescents récents. Nous venons de voir que nos expériences vérifient amplement cette prévision. X. Rapports entre l’encéphalite et la poliomyélite. L’encéphalite léthargique et la poliomyélite épidémique, de même que la rage, appartiennent au même groupe de maladies infectieuses à virus filtrant, jouissant d’une affinité élective pour le système nerveux. Les relations entre les deux pre- mières affections sont plus intimes qu’entre elles et la rage. Elles se transmettent par la même voie du naso-pharynx ; leur propagation paraît assurée par les formes frustes et les porteurs de germes; même localisation du microbe dans le système nerveux central; même virulence des mucosités naso-pha- ryngées. L’analogie entre la maladie de Heine-Medin et celle de v. Economo est si intime, que l’étude expérimentale de cette dernière a été calquée, pour ainsi dire, point par point sur celle de la poliomyélite. Et cependant des différences fonda- mentales entre les deux affections nous autorisent à les consi- dérer comme étant dues chacune à un germe spécifique. Ces différences sont d’ordre clinique, anatomo-pathologique et expérimental. Les voici : t° Au point de vue clinique , tous les observateurs sont d'accord pour établir une distinction nelte entre leur sympto- matologie, leur évolution, les séquelles qui persistent après la o-uérison. Nous ne pouvons insister ici sur ces caractères clini- ques spéciaux, ce serait sortir du cadre de ce travail. 2” Au point de vue anatomo-pathologique : la poliomyélite (1) A. Netter Bull, de VAcad. de Méd., séance du 6 avril 1920, p. 333. L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 963 s’attaque principalement à la moelle épinière, l’encéphalite lèse avec prédilection le mésocéphale et parfois l’écorce cérébrale. Il est vrai que l’on a décrit des formes encéphalitiques de la maladie de Heine-Medin, comme on a observé des lésions médullaires discrètes dans celle de v. Economo (Harvier et Levaditi), mais ce ne sont là qu'exception, qui n’enlèvent rien à la localisation élective des deux germes. D’ailleurs, les réactions cellulaires du liquide céphalo-rachidien (l)ne sont pas les mêmes dans les deux affections. Même différence au point de vue des lésions histologiques. Dans la poliomyélite, tant humaine qu’expérimentale, le pro- cessus a une allure aiguë et se distingue par des altérations graves et profondes des neurones moteurs et sensitifs de la moelle. Il s’agit d’un processus de neuronolyse et de neurophagie dont voici le mécanisme, tel qu’il a été conçu par l’un de nous, en collaboration avec Landsteiner (2) : « Le fait que les cellules nerveuses offrent des altérations dégénératives à un moment où les intiltrations périvasculaires sont relativement peu prononcées, montre que le virus (ou les produits toxiques qu’il élabore) agit primitivemement sur ces cellules , et que la dégénérescence des neurones n est pas sous la dépendance des lésions vasculaires. On ne saurait non plus attribuer avec certitude les altérations des vaisseaux et des méninges à la désintégration primitive des cellules nerveuses, le virus pouvant engendrer lui- même directement ces altéra- tions. Le microbe de la poliomyélite envahit le système nerveux en suivant les espaces lymphatiques qui entourent les vaisseaux sanguins. Arrivé dans la substance grise, le parasite s attaque aux cellules nerveuses, pénètre dans leur protoplasma et y pul- lule. La pullulation du virus, et peut-être aussi la sécrétion de quelque toxine, amène, d’une part, la dégénérescence primitive du neurone, et, d’autre part, une réaction inflammatoire autour de ce neurone, réaction constituée par des polynucléaires et des mononucléaires. Les leucocytes, sous l’action nécrosante du microbe (ou de ses sécrétions), dégénèrent à leur tour, et cette première phase du processus aboutit ainsi à une niasse de (1) Voir le travail de Castaigne et Cathala. Journal médical français, n •> , 9, p. 124. (2) Levaditi et Landsteiner. Loc. cil., p. 843. 964 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR détritus destinée à être résorbée. Il est possible que les polynu- cléaires, en se détruisant, mettent en liberté quelque ferment protéolytique, lequel, agissant sur ces détritus, les dissout en partie. Quoiqu’il en soit, ce sont les éléments mononucléaires, macrophages de Metchnikoff ou polyblastes de Wickman, qui assurent, par voie de phagocytose, la résorption définitive de ce qui avait été la cellule nerveuse. La réaction 'polynucléaire est donc une réaction dé infection, liée à V envahissement du neurone par le virus , tandis que la résorption des produits résultant de la nécrobiose est V œuvre des macrophages. » Dans /’ encéphalite humaine , ce sont les altérations méningées et vasculaires qui prédominent de beaucoup, au point qu’on peut considérer, comme caractéristiques de la maladie, les manchons périvasculaires à lymphocytes, à gros mononu- cléaires et à plasmazellen. Non pas que ces manchons soient l’apanage exclusif de l’encéphalite (on les trouve également dans la maladie du sommeil et dans la paralysie générale ), mais ils sont plus développés dans l’affection de v. Economo que partout ailleurs. Par contre, les lésions cellulaires propre- ment dites passent au second plan. La neuronolyse et la neuro- nophagie sont discrètes ou absentes dans tout le mésocéphale, sauf en une zone bien déterminée, le locus niger , comme l’ont prouvé dès le début, P. Marie et Tretiakoff (1), et encore pas dans tous les cas. Mais même à ce niveau, la neuronophagie n’offre pas le même aspect que dans la poliomyélite. L’envahis- sement de la cellule nerveuse préalablement dégénérée par les polynucléaires, si intense dans la poliomyélite, est presque totalement absent dans l’encéphalite. Ce sont les mononu- cléaires qui jouent ici le principal rôle, en tant qu’éléments chargés de netloyer le terrain et d’assurer la résorption des débris cellulaires, pigment et autres. On a l'impression que dans la maladie de v. Economo, les mononucléaires inter- viennent seuls, à l’exclusion des polynucléaires, dans le pro- cessus neuronophagique. En somme, lésions à caractères aigus, nettement infectieux dans la paralysie infantile, altérations à allure plus chronique dans l’encéphalite. Celle-ci ne revêt d’ailleurs un aspect manifestement infectieux aigu, au point (1) P. Marie et Tretiakoff. Soc . méd. des Hip., séance du 24 mai 1918, p. 475. L’ENCÉPHALITE DITE- LÉTHARGIQUE 963 de vue histo-pathologique, que chez les animaux d expérience , lapins, cobaye ou singe, et c’est sur ce terrain que les deux affections se rapprochent le plus (encéphalite parenchymateuse à polynucléaires, myélite aiguë, avec neuronophagie à leuco- cytes neutrophiles dans la maladie de Heine-Medin). Au point de vue expérimental , nous avons insisté au cours de ce mémoire sur les dissemblances révélées par l’expérimen- tation entre les deux affections. Elles consistent surtout dans la réceptivité inégale des diverses espèces animales à F égard des deux virus et dans les particularités de V immunité ainsi que les propriétés du sérum. Nous avons vu en effet que le germe de la poliomyélite est pathogène pour le singe et peu ou pas actif pour le lapin et le cobaye. Le virus de l’encéphalite, au con- traire, n’est presque pas offensif pour les simiens inférieurs, cependant qu’il s’adapte au lapin, au point qu’il est capable de se transformer en un virus fixe, à virulence constante. L’expé- rience nous enseigne, d'autre part, que l’immunité active, facile à réaliser artificiellement avec le germe de la maladie de Heine-Medin, est non seulement lente à apparaître et constam- ment partielle, jamais absolue, dans l’encéphalite, mais encore qu’elle ne s’accompagne pas de qualités microbicides du sérum, comme dans la paralysie infantile humaine ou expéri- mentale. Ces données suffiraient pour établir une séparation nette entre les deux processus infectieux. Nous avons cru, néanmoins, utile d’entreprendre quelques essais d 'immunité croisée , pour marquer mieux encore leur différenciation. a) Le virus de F encéphalite vaccine-t-il contre celui de la poliomyélite ? Expérience I. — Le Macaccus cynomolgus n° 41 reçoit, le 17, le 23 et le 29 mars, 4-6 et 6 cent, cubes de virus encéphalitigue frais. Le 10 avril, il est inoculé dans le cerveau avec du virus de poliomyélite, conservé dans de la glycérine. Le cinquième jour tremblements généralisés et paralysie faciale. Mort de poliomyélite typique le 19 avril. Le virus de F encéphalite ne vaccine donc pas le singe contre le germe de la poliomyélite. b) Le virus de la paralysie infantile vaccine-t-il le lapin contre celui de F encéphalite ? Deux lapins n°s 36 A et 21 A reçoivent sous la peau, le 20 et le 26 avril, 966 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 5 cent, cubes d’émulsion virulente de moelle de singe poliomyélitique. Le 5 mars, ces animaux sont éprouvés par voie cérébrale avec une émulsion de virus d encéphalite. Ils succombent tous deux le 9 et le 10 mai ( le quatrième et le cinquième jour), en présentant des lésions très intenses d’encéphalite. Ces expériences , démontrant V absence de toute immunité croi- sée entre le virus de T encéphalite léthargique et celui de la poliomyélite , mettent en lumière la nature différente de ces deux virus. XI. — Identité de nature entre certaines chorées graves fébriles et l’encéphalite épidémique. Virus atténués. La question des rapports entre la chorée et l’encéphalite aiguë épidémique a été posée par Carnot et Gardin (1), à la Société médicale des Hôpitaux , en janvier 1910. Des auteurs, tels que Ardin-Delteil (2) et Reynaud, Lereboullet et Mouzon (3), Claude, Rose et Piédelièvre (4), Souques (5), ont relaté à la même Société des observations où la chorée fut accompagnée ou suivie de symptômes d’encéphalite pendant l’épidémie récente de Paris et ses environs. iNous avons rapporté une observation analogue (6) et démon- tré expérimentalement que la chorée aiguë fébrile , à évolution rapide , indépendante de tout autre manifestation d' encéphalite , était due au virus de la maladie de v. Economo. Il s’agissait d’une jeune fille de vingt-trois ans, atteinte un mois auparavant de fièvre et d’angine passagères. Les mouvements choréiques apparaissent ensuite d’emblée très intenses et généralisés. Cette chorée vraie, fébrile, accompagnée de lymphocytose céphalo-rachidienne, était accompagnée d’érythème purpurique et d’une chute considérable de la tension artérielle, c’est-à-dire d’un syndrome d'érythème grave. La mort survint trois jours après l’entrée de la malade à l’hôpital, six à huit jours après le début, difficile à préciser, des accidents. Examen histologique des centres nerveux. — Ecorce cérébrale. Pas de méningite appréciable, ni d hémorragies méningées. Les cellules nerveuses de l’écorce sont intactes. Rien à noter, en dehors de légères dilatations vasculaires de la substance grise. Noyaux centraux. Légère infiltration périvasculaire de type lymphocytaire assez discrète. Isthme de l'encéphale. Au niveau des pédoncules, de la protubérance et du (1 à 5) Bull, de la Soc. méd. desHôp., séances des 30 janvier, 5 mars, 12 mars 23 avril et 1er mai 1920. (0) IIarvier et Levaditi. Bull, de la Soc. méd. des Hôp ., séance du 7 mai 1920. L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 967 bulbe, par contre, les lésions sont inienses et caractéristiques. On note : 1° une dilatation vasculaire considérable, surtout dans la région pédonculaire. La plupart des vaisseaux sont distendus, gorgés de globules rouges. Dans certains vaisseaux plus volumineux, on constate une thrombose leucocytaire constituée par des polynucléaires et du pigment sanguin ; 2° De petites hémorragies en dehors des vaisseaux, en pleine substance grise ; 3° Des manchons périvasculaires très intenses constitués par une accumu- lation d’éléments mononucléés dans la gaine de nombreux vaisseaux ; 4° De petits foyers d'infiltration lymphocytaire dans la substance grise, autour des cellules nerveuses. Celles-ci ne sont pas altérées; pas de figure de neuronophagie. Moelle. Les cellules des cornes antérieures sont intactes. On constate seu- lement de petits foyers hémorragiques et une légère réaction périvasculaire (à lymphocytes et à plasmazellen) dans les cornes antérieures et même dans la substance blanche, au voisinage des septa. Les lésions histologiques, en somme, ne diffèrent de celles que nous avons observées dans un cas d’encéphalite à forme léthargique précédemment étudié que par les dilatations de vaisseaux et les thromboses leucocytaires intravasculaires. Expérimentation. — Le 16 mars , on prélève aseptiquement des fragments de substance grise au niveau des noyaux centraux, des pédoncules, de la région bulbo-protubérantielle et des fragments de moelle à différents niveaux, qui sont triturés d’abord, puis émulsionnés dans l’eau salée physiologique. L’émulsion est inoculée à la dose de 0 c. c. 2 dans le cerveau de deux lapins ( lapins n° 82 et 85). Le lapin n° 82 n’a présenté aucun trouble. Le lapin n° 85, malade dès le 21, est mort le 25 mars, soit neuf jours après l’inocu- lation. Les cultures du cerveau restent stériles. L’examen histologique des centres nerveux montre : 1° au niveau du cerveau , une méningite intense à mononucléaires, avec hyperémie, des vaisseaux et accumulation de lympho- cytes à leur périphérie, sans encéphalite corticale proprement dite; 2° au niveau du mésocéphale , des manchons périvasculaires à mononucléaires et des lésions d’encéphalite en foyer. Une émulsion des centres nerveux de lapin n° 85 est inoculée le 25 mars aux lapins nos 39 et 38. Le lapin n° 39 n’a présenté aucun trouble apparent ; réinoculé le 12 avril avec du virus de passage, il meurt d’encéphalite cinq jours après. Le lapin ne 38 est mort le treizième jour ; l’examen histologique des centres nerveux n’a montré que des lésions méningées minimes, avec accu- mulation de mononucléaires autour de certains vaisseaux. Le cerveau de ce dernier animal sert à pratiquer un troisième passage , qui donne encore un résultat positif, après une incubation de treize jours , avec des altérations cérébrales et méningées légères, mais incontestables. Enfin, un quatrième passage (inoculation par la voie sphénoïdale) a provoqué la mort de l’animal le quinzième jour . Il résulte de ces constatations que l’injection au lapin d une émulsion des centres nerveux de ce cas de chorée fébrile a conféré une encéphalite transmissible en série (quatre passages successifs), ayant ceci de particulier, que les lésions engendrées étaient moins accentuées que celles provoquées par notre 968 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR virus fixe, et que l’incubation était sensiblement plus longue que celle observée ordinairement chez les animaux inoculés avec ce virus. Ces données prouvent : 1° Que certaines chorées fébriles aiguës sont déterminées par le virus de l' encéphalite léthargique ; 2° Que par analogie avec ce qui a lieu dans la paralysie infantile épidémique , il existe des virus encéphalitiques de viru- lence inégale. Celui qui provient de notre cas de chorée se distingue par son activité pathogène relativement peu marquée pour Je lapin, et par l’impossibilité où nous nous sommes trouvés de le trans- former, par des passages répétés, en un virus aussi actif que notre virus fixe. XII. — Tentatives de culture. Strauss, Hirshfeld et Lœwe (1 ) affirment avoir cultivé le virus de l’encéphalite en se servant de la méthode de Noguchi. Le germe cultivé se présente sous la forme de corpuscules (( globoïd bodies) assez facilement colorableset conserve sa virulence pour le lapin. En collaboration avec M. Lefèvre, nous avons entrepris de nombreuses tentatives de culture d’après la même méthode, sans succès jusqu’à présent (2). Par contre nous avons réussi à conserver la virulence des microbes à 37°, en symbiose avec des cellules cultivées in vitro (3). Expérience I. — Des fragments de leslicule de lapin contenant du virus actif sont cultivés d’après la méthode de Carrel, dans du plasma de lapin (boîtes de Gabritchewsky), le 20 mai. Développement cellulaire intense (rosaces de cellules conjonctives fusiformes) le 25 mai. Passage dans du plasma frais, en ajoutant des fragments de testicule neuf et essai de virulence : lapin n° 59 B- 39 O meurt d’encéphalite le septième jour. Le 29 mai , nouveau passage et nouvel essai de virulence: lapin n° 46 B- 46 O meurt le quatrième jour, avec des lésions minimes d’encéphalite. (1) Strauss, Hirshfeld et Lœwe. Journ. of the Amer. med. Assoc., 4 oct. 1919. (2) Le virus se conserve à 37° dans le milieu de Noguchi pendant sept à huit jours. (3) Quelques essais préliminaires nous ont montré que le virus de l’encé- phalite peut conserver sa virulence dans des sacs en collodion, placés dans le péritoine des lapins. L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 969 Le 5 juin, nouveau passage. Essai de virulence : lapin n° 70 B- 70 O succombe le quatrième jour d'encéphalite (passage positif). Le 10 juin , la culture cellulaire s'arrête. L 'essai de virulence reste négatif. Cette expérience montre que le germe de F encéphalite peut vivre in vitro à 37°, en symbiose avec les éléments conjonctifs du testicule , aussi longtemps gue ces cellules conservent leur vita- lité et se multiplient (quinze jours dans nos essais). Encore une analogie entre ce germe et ceux de la poliomyélite et de la rage (1), que l’un de nous a pu entretenir vivants dans les memes conditions. * ■¥■ CONCLUSIONS GÉNÉRALES 1° Le virus de F encéphalite léthargique est pathogène pour le lapin et le cobaye et peu ou pas virulent pour le singe ; 2° Les lésions qu'il engendre chez les animaux sensibles , ainsi que les symptômes de la maladie expérimentale , sont , à peu de chose près , les mêmes que chez l'homme ; 3° V agent de la maladie est un virus filtrant , qui se conserve dans la glycérine , se détruit à 56°, est tué par un contact pro- longé avec l'acicle phénique au 100° et garde sa virulence pendant quarante-huit heures au moins après la mort des animaux ; 4° La maladie peut être transmise au lapin par la voie crâ- nienne, la voie oculaire et par la voie des nerfs périphériques. Le virus est inoffensif , si on l'injecte sous la peau , dans les veines , clans le péritoine , clans la trachée , dans le tube digestif ou dans le parenchyme de la glande salivaire. Il confère l' encéphalite , lorsqu' on l'injecte dans le testicule , ou il se conserve au moins pendant dix-sept jours ; 5° La muqueuse nasale intacte s'oppose à sa pénétration dans F organisme. Le virus ne réussit ci la franchir que si elle est préa- lablement lésée et enflammée. Il suit alors , très probablement , la voie ascendante des nerfs olfactifs, pour atteindre le cerveau, (1) Levaditi. C. R. de l' Acad, des Sciences , 1914, 159, p. 284; C. R. de la Soc. de Biol., 25, p. 505. 970 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR de même qu'il chemine en sens inverse le long de la voie du nerf optique pour infecter la rétine ; 6° Le germe existe dans la masse cérébrale et la moelle épi- nière, tout en étant absent dans les humeurs [sang, liquide céphalo-rachidien ) et les organes, y compris la glande salivaire. Il s élimine par les sécrétions naso-pharyng ées [Strauss et ses collaborateurs ), très probablement à la faveur d une inflammation de cette muqueuse et en suivant la voie descendante des nerfs olfactifs ; 7° La propagation épidémique de la maladie de v. Economo, s effectue par la voie naso-pharyngée. Les cas frustes et très probablement les porteurs de germes assurent au premier chef cette propagation ; 8° Il n'y a pas de guérison spontanée de la maladie expéri- mentale, par conséquent pas d'état réfractaire consécutif . L'im- munité peut être créée artificiellement à l'aide de la vaccination par des vaccins vivants ou morts ; elle n'est pas absolue, mais assez manifeste pour qu elle puisse être étudiée : 9° Le sérum des animaux vaccinés n'est pas doué de propriétés microbicides in vitro, ni de qualités préventives ; 10° Il en est de même du sérum des convalescents d' encépha- lite, à moins que la convalescence ne soit de très longue date ; 11° L' histologie pathologique et l' expérimentation démontrent la différence qu'il y a lieu d'établir entre le virus de l'encé- phalite et celui de la poliomyélite. Il n'y a pas d'immunité croisée entre les deux affections ; 12° Certaines chorées aigues fébriles, observées pendant l'épi- démie récente d' encéphalite , sont dues au virus de la maladie de v. Economo ; 13° Il existe des variétés atténuées de ce virus ; 14° Le germe peut être entretenu vivant pendant assez long- temps en symbiose avec les éléments cellulaires cultivés in vitro. 25 juillet 1920. L’ENCÉPHALITE DITE LÉTHARGIQUE 971 LÉGENDES DES PLANCHES Planche XVIII. pIG< i. _ Coupe de protubérance. Encéphalite léthargique. Coloration au bleu polychrome-éosine-orange. Gross. 100/1, v , vaisseau entouré d un manchon périvasculaire ; c e te, cellules nerveuses entourées de mononu- cléaires. pIG- 2. Coupe de protubérance. Encéphalite léthargique (cas J..., v. obs. I). Coloration à l’hématéine éosine-orange. Gross. 540/1. v , vaisseau, contenant des hématies h et des leucocytes chargés de pigment; m, man- chon périvasculaire constitué par des lymphocytes l (1), de rares polynu- cléaires po et des mononucléaires mo\ p, paroi vasculaire; n , tissu neiveux. pIG 3> Coupe intéressant le Locus niger. Encéphalite léthai gique vcas G..., v. obs. II). Coloration à l’hématéine-éosine-orange. Gross. 950/1. c, cellule nerveuse rétractée, avec n, noyau altéré et p, pigment; h, hématie; m, mononucléaires ayant phagocyté le pigment des cellules nerveuses {neuronophagie) ; pl. plasmazellen ; r, vaisseau capillaire dont la paroi contient du pigment et qui renferme un polynucléaire. pIG> 4. Neuronophagie au niveau du Locus niger. Encéphalite léthargique (cas G..., v. obs. II). Coloration au bleu polychrome-éosine-orange. Gross 950/1. c, cellule nerveuse, avec p, pigment et n, noyau altéré et péii- phérique; pa, plasmazelle, érodant le protoplasma de la cellule nerveuse et y creusant une encoche e; l, lymphocyte; cv, cellule vacuolaire. Frn. 5. — Neuronophagie au niveau du Locus niger. Encéphalite léthargique (même observation). Coloration au bleu polychrome-éosine-orange. Gross. 950/1. c, cellule nerveuse phagocytée par des mononucléaiies p, m, con e nant du pigment ayant appartenu à cette cellule. Fig. 6. — Neuronophagie au niveau du Locus niger. Encéphalite lethcu gique (même observation, même coloration). Gross. 950/ 1 . c, cellule neiveuse, avec p, pigment; g, granulations basophiles; cette cellule est erodee en e, par la pénétration de l, lymphocyte et m, mononucléaire a protoplasma clair. Fig. 7. — Locus niger. Encéphalite léthargique (meme obseivation, meme coloration). Gross. 950/1. c, cellule nerveuse à aspect normal, avec p, piment et au du LoCüS niger. Encéphalite léthargique (cas G v. obs. II). Même coloration. Gross. 950/1. c, cellule neneuse ivec £ granulations basophiles. Cette cellule est en voie d’être phagocytée par les nombreux mononucléaires qui 1 entourent (l). P Fig 9 _ Neuronophagie au niveau du Loccs niger. Encéphalite léthargique (obs ' II). Même coloration. Gross. 950/1. c, cellule nerveuse, avec p U ment' Un gros mononucléaire m, et un lymphocyte l, ont pénétré a 1 intérieur du protoplasma cellulaire. Le mononucléaire y a creuse une vacuole v ; es, cellule satellite renfermant du pigment p ayant appartenu la cellule nerveuse. (1) Le renvoi l en haut de la figure doit être supprimé. 972 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Fig. 10. — Coupe d'écorce cérébrale. Circonvolution de Broca. Encéphalite léthargique avec aphasie (cas H..., v. obs. IV). Coloration à l’hématéine- eosine-orange. Gross. 750/1. v, vaisseau sanguin, avec h, hématies et In leucoc} te polynucléaire. Ce vaisseau est entouré d’un manchon constitué par de grosses cellules vacuolaires et de rares lymphocytes l et mononu- cléaire, gm. Fig- Hi — Neuronophagie au niveau du Locus Niger. Encéphalite léthargique (cas G..^, v. obs. II). Coloration au bleu polychrome-éosine-orange. Gross. 9o0/1 . c, cellule nerveuse, avec p , pigment et g, granulations baso- philes, en bas, accumulation d’éléments mononucléaires à la périphérie de la cellule. b lo. 12. — Neuronophagie au niveau du Locus niger. Encéphalite léthargique (cas G..., v. obs. II). Même coloration. Gross. 950/1. c, reste oxyphile de cellule nerveuse; p, plasmazelle et l , lymphocyte; es, cellule satellite. •ig* 13, ~ Neuronophagie au niveau du Locus niger. Encéphalite léthargique (memes cas, coloration et grossissement), e, reste oxyphile de cellule ner- veuse, contenant encore du pigment p; mp, mononucléaire ayant phagocyté le pigment de la cellule nerveuse ; es, mononucléaire contenant des grains de pigment dans une vacuole; pc, pigment dans un débris de protoplasma- P°» polynucléaire ayant phagocyté du pigment. Planche XIX. Fig. 1. - Coupe de cerveau du lapin 34-34 M. Coloration à l’hématéine- éosine. Gross. 100/1. v, vaisseaux sanguins entourés de manchons péri- vasculaires; c, encéphalite parenchymateuse à polynucléaires. Fig. 2. — Coupe de cerveau du Macacccs cynomolgus, n° 57. Mêmes colora- tion et grossissement, m, , méningite à lymphocyte et à gros mononu- cléaires; v, vaisseau méningé; e, foyers d’encéphalite parenchymateuse. hiG. 3. - Neuronophagie au niveau du Locus niger. Encéphalite léthargique (cas G..., v. obs. II). Coloration au bleu polychrome-éosine-orange. Gross. 950/1. c, cellule nerveuse, avec p, pigment, n et ne, noyaux °de cellules mononucléaires ayant pénétré dans le protoplasma de la cellule nerveuse; es , cellules satellites; v, vaisseau sanguin. Fm. 4. - Coupe de cerveau du lapin 34-34 M (v. Fig. I). Coloration à l héma- teine-eosine-orange. Gross. 550/1. y, vaisseau sanguin de l’écorce cérébrale contenant des hématies, des lymphocytes et de nombreux polynucléaires (p). f vaisseau est entouré d’un manchon constitué par des lymphocytes des plasmazellen et des mononucléaires ; e, endothélium vasculaire ; v, artériole ap atie, entourée de manchon périvasculaire à lymphocytes (Z) et à rares polynucléaires contenant des granulations (po) ; pom , polynucléaires pseudo- eosinoplnles en pleine substance grise. Fig. 5. - Coupe de cerveau du cobaye 2 8-C. Môme coloration. Gross. 560/1. r, vaisseau sanguin, avec pa, paroi vasculaire et h, hématies; p, foyer d’en- cephahte parenchymateuse constitué par des polynucléaires à granulations pseudo-eosinophiles p, et par des polynucléaires en état de cytolyse avancée \pv, nj. r,]nT« tn7* C0upe de Cerveau dU lapin 34 M (v- flg- 1}- Mème coloration, fxioss. 5o0/l. y, vaisseau sanguin avec pa, paroi vasculaire; en, foyer d’encé- phalite au niveau de 1 écorce cérébrale, constitué par des polynucléaires à gianulations pseudo-éosinophiles ( pk ). DE LA PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA (quatrième mémoire) LE GASTRO-ENTÉROTROPISME DES VIBRIONS [suite et fin ) par le Professeur G. SANARELLI. (Avec les planches XX et XXI.) II La prétendue « péritonite cholérique » des cobayes n’est qu'une gastro-entérite. 1, -Le tableau bactériologique du choléra humain est INCONSTANT ET EN DÉSACCORD AVEC LA DOCTRINE PATHOGÉNÉTIQUE DOMINANTE. Une fois démontrée la possibilité de réaliser chez les cobayes inoculés par voie péritonéale, une constante excrétion intesti- nale de vibrions, il restait à étudier de plus près le mécanisme de ce phénomène afin d’en mettre en lumière la signification et l’importance dans le processus cholérique. On ne doit pas oublier, en effet, que, malgré les innombrables contributions cliniques et expérimentales, le tableau bactério- logique du choléra humain reste, aujourd’hui encore, loin d’êlre exempt de grosses obscurités et d’inexplicables contra- dictions. Parmi celles-ci, la plus évidente est, sans doute, celle de l’absence constatée de tout rapport entre la gravité ou les formes cliniques de la maladie et la quantité de vibrions qu’on trouve présents dans les déjections des malades ou dans lin- testin des cadavres. Des cas de choléra authentique sans vibrions dans les selles ont été signalés dès l’époque de la découverte du vibrion cholé- rique. 974 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Les premiers à insister sur ces résultats négatifs furent Straus et Roux (1 ). Mais alors on 1 attribuait à des imperfections techni- ques ou à des causes banales. Koch lui-même avait dit que les conditions les plus favorables, pour reconnaître la présence des vibrions dans les déjections, étaient passagères. Mais, ensuite, une quantité d’autres observateurs (Nicali et Rietscb, Pertik, Gruber, Netter, Fürbringor, Dieulafoy, Kirchner, Senator, Rumpf, Galfky, Rumpel, Beck, Sirena et Scagliosi, etc.) ont insisté sur l’absence fréquente de vibrions dans des cas reconnus bien authentiques de choléra asiatique. Dans une intéressante étude bactériologique exécutée sur 201 cas de choléra, survenus à Paris en 1892, Lesage et Macaigne (2) ont traité le problème de la façon la plus précise. Ils ont démontré que, tandis que de simples diarrhées peuvent donner d’abondantes cultures de vibrions, dans des cas très graves et mortels de choléra, la recherche du germe spécifique, dans les déjections, peut être absolument négative. A une Commission chargée de faire un rapport sur le dia- gnostic bactériologique du choléra, Gaffky (3) déclarait, il y a quelques années, que sur six recherches infructueuses pratiquées sur des matières fécales prélevées à l’autopsie, on avait réussi quatre lois à isoler le vibrion cholérique en recourant à la culture, dans de 1 eau peptonée, de tout le contenu d’une anse intestinale ! La question n est donc pas encore résolue. Loin de là. Malgré les méthodes actuelles extrêmement per- fectionnées et sensibles employées dans les laboratoires bacté- riologiques pour isoler les vibrions des déjections, les cas de choléia asiatique sans vibrions dans les selles sont toujours plus fréquemment signalés, dans chaque épidémie, par des bactériologistes les plus habiles et les plus consciencieux. Quelques-uns de ces cas ont été observés aussi par mon assistant bainpietio, dans le laboratoire bactériologique de Langoris, à l’occasion de l’épidémie de choléra qui a sévi parmi les troupes (1) Exposé des recherches sur le choléra à Toulon. Bull, de V Acad de Médecine, 1884, p. 1047. .oS Etude bactériologique du choléra observé à l’hôpital Saint-Antoipe en 1892. Ces Annales , 1893, 7, p. 18. <*) v,0y,?ï i 0TTEym;, Rapport sur le diagnostic bactériologique du choléra. Bull, de l Office ait. d hygiène publique, 1911, p. 2001. , pathogénie du choléra 975 de’mT* danS Ia ZOne de gUerre de 1 Is0m°’ pendant l'automne On a prétendu expliquer ces faits, en apparence inconciliables avec la doctrine pathogénique du choléra, admise aujourd’hui en envisageant diverses hypothèses, comme, par exemple, celle d apres laquelle le vibrion disparaîtrait rapidement du contenu intestinal, parce qu’il serait doué d’une vitalité éphémère. Mais ces hypothèses sont, pour la plupart, invraisemblables et indémontrables. Un autre point, qui parait être de jour en jour plus en oppo- sition avec la doctrine pathogénétique de R. Koch, regarde le siège extra-intestinal des vibrions. Encore aujourd'hui, l’opinion générale des médecins est que le contenu du canal digestif soit le siège exclusif du virus cholérique et de son action spécifique. Mais, depuis quelque temps, les publications concernant la présence des vibrions cholériques dans les tissus et dans les organes les plus divers deviennent de plus en plus nombreuses et documentées. Il existe sur ce sujet (une littérature déjà très riche, qui va des premières constatations de Doyen(l), de Tizzoni et Cattani (2), de Rabès (3), de de Rekowski (4), de Girode (3), etc. aux plus récentes de Sewastianoff (6), de Diatroptoff (7), de Cano et Wiener (8), et de Greig (9). C’est un fait désormais incontestable que, à l’autopsie des (1) Recherches anatomiques et expérimentales sur le choléra éDidémimie Arch. de phys. norm. et pathol., 1885, 6, p. 179. 1 1 (2) Loc. cit., p. 200. (3) Erfahrungen über Ætiologie und Prophylaxis der Clioleraepidemie der letzten Jahre, etc. VI Internat. Congr. zu Wien , 1887. (4) Sur les micro-organismes dans les organes des morts cholériques Archives des sciences biologiques, Sainl-Pétersbourg, 1892, 1, p. 517 (5) Examen de 78 cas cholériques; action du bacille virgule sur le foie et le pancréas. Semaine médicale , 1892, n° 52. (6) Zur Frage des Durchoringungsvermôgens der R. Koch’schen Cholera- vibrionen durch die Darmwand in die Gewebe und Organe. Zeitschr. fur Ilygiene , 1910, 65, p. 127. " ' ' (7) Zur Frage über die Racteriologie der Choiera. Deutsche med Woch 1891 p. 691. ‘ ’ ’ (8) Rapport sur l’apparition des vibrions dans les urines des cholériques Conseil sanit. maritime et quarantenaire d'Egypte , 1913. (9) The invasion of the tissues by the choiera vibrio and further observa- tions on pneumonia in cases of choiera. The Indian Jcurn. of Med Researches juillet 1914, 2, p. 1. r 06 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR cholériques, la recherche bactériologique décèle souvent la présence des vibrions non seulement dans le contenu intestinal, mais aussi dans le sang et dans les viscères les plus indépendants du canal digestif (cerveau, poumons, reins, muscle cardiaque, liquide cérébro-spinal, canal thoracique, urine, etc.). Naturellement personne n’a mis en doute que le point de départ de ces vibrions était l’intestin. On a discuté seulement si leur irruption dans le sang et dans les différents organes, qui serait toujours secondaire, doit être attribuée à une particulière virulence des germes, si elle peut se produire pendant la vie ou si elle doit être plutôt attribuée à un phénomène de 1 agonie ou cadavérique analogue à celui des infections secondaires pio- duites par les microbes intestinaux banaux. Mais, sur ce point aussi, les opinions des auteurs sont très partagées. Parmi les autres causes de désorientation, il y a aussi celle qua indiqué Diatroptoff : la gravité ou l'étendue des altérations de la muqueuse digestive, qui, suivant les auteurs, devraient favoriser les migrations secondaires du contenu intestinal, ne sont pas du tout en relation ni avec le plus ou moins de fréquence de ces migrations, ni avec la quantité des vibrions qui, à l’autopsie, sont isolés des difféients organes. Ces problèmes, comme tant d autres, de bactériologie cholé- rique qui restent encore indécis et contradictoires, rendent de plus en plus difficile toute conception satisfaisante du processus pathogénétique humain. 11 faut donc insister pour demander la lumière aux expériences de laboratoire. 2. Les vibrions introduits dans l’organisme par le péritoine SONT ÉLIMINÉS RÉGULIÈREMENT PAR LES VOIES DIGESTIVES. Heureusement, j’ai trouvé dans le vibrion de Flsonzo un microbe cholérique qui se prête particulièrement bien à ce genre de recherches. Sa virulence se maintient très constante et, par suite, à la différence de certaines autres souches de vibrions, sa multiplication, assez abondante dans l’organisme animal, est rendue plus facile. Outre cela, son pouvoir toxique n’est pas excessif, son excrétion intestinale est habituellement abondante et son dosage, pour obtenir des effets déterminés dans les animaux, n’est pas compliqué. 977 PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA On doit cependant ne pas oublier que, sur le résultat des injections et sur la durée de la maladie, comme sur le tableau bactériologique de l’autopsie, la plus ou moins grande résistance individuelle influe souvent plus que la dose du virus et le poids des animaux. En faisant toutefois des expériences sur un certain nombre de cobayes, en choisissant des animaux adultes et robustes, en employant des doses appropriées, en cherchant en somme avec persévérance à obtenir des animaux qui succombent non seu- lement, après un processus 1res aigu, dans la courte période habituelle de douze à dix-huit heures, mais aussi après deux ou plusieurs jours, on réussit à obtenir tôt ou tard des résultats nettement démonstratifs. Il est bien entendu que les cycles morbides, d’une durée excep- tionnelle, suivis de mort tardive, n’obéissent à aucune règle. Ils sont l’effet du hasard, beaucoup plus que de la volonté de l’expérimentateur. L'important est de ne pas les négliger et d en utiliser l’étude en temps opportun. Car ce qu a affirmé Pfeiffer n est pas exact, à savoir que l’action pathogène du vibrion cholérique est si éphémère que « la destinée des animaux injectés se décide, en règle générale, dans les vingt-quatre heures » (1), et que « l’alarmant tableau morbide, une fois surmonté pendant cette période, disparaît sans laisser de traces » (2). Au contraire, dans les expériences sur le choléra, perdre de vue — comme cela arrive ordinairement dans beaucoup de laboratoires — les animaux qui ont survécu après vingt- quatre heures, c’est s’exposer à la perte irréparable d’un malériel qui se montre souvent extrêmement intéressant et même précieux. On ne peut exiger que, dans les petits animaux de labora- toire se résume, dans le bref délai de quelques heures, un processus qui, chez 1 homme, l’incubation comprise, exige toujours un cycle bien plus long. Ce n’est pas non plus le cas d’invoquer de prétendues analogies expérimentales avec les formes galopantes, foudroyantes, etc. du choléra humain. ’ (1) Toc. cil. (Choleraatiologie), p. 279. (2) Loc. cit. (Choleragift), p. 398. 978 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Nous verrons, en son temps, comment ces issues soudaines et foudroyantes du choléra humain ne doivent pas être attribuées à l’œuvre seule des vibrions. Elles pourraient encore moins être comparées a l’ordinaire processus morbide péritonéal que 1 on obtient artificiellement chez les cobayes. Quelques auteurs ont, en effet, prétendu voir, dans le refroi- dissement progressif du cobaye qui succombe en quelques heures à linjection péritonéale de vibrions, une certaine analogie • avec i’algidité cholérique de l’homme. « La maladie provoquée chez les cobayes par l’injection péritonéale de vibrions présente de telles analogies avec le stadiiiTH cilgiduïïi du choléra humain, a écrit Pfeiffer (1), qu’il est à peine possible de douter de l’identité de la substance toxique qui détermine l’une et l’autre. » Mais tout le monde sait que, dans le choléra humain, 1 algi- dité constitue un syndrome bien plus complexe que celui d’un simple refroidissement du corps, accompagné de ressentiment et de météorisme abdominal. La banale hypothermie des cobayes qui meurent de « péritonite cholérique » peut, avec tous les autres symptômes concomitants qui ont été comparés à tort à ceux de l’algidité cholérique, être obtenue aussi par l’injection péritonéale ou sous-cutanée de germes divers. Je l’ai exactement reproduite avec le b. typhique (2); plus tard Klein (3) l’a obtenue avec le B. prodigiosus et avec le colibacille, Sobernheim (4) et Voges (5) avec le Proteus viilgaris , avec le B. subtilis , etc. Par conséquent, ce syndrome abdominal des cobayes n'a aucun caractère de spécificité. Les expériences que je vais rapporter peuvent se diviser en deux séries : La première série — série G — concerne deux groupes. Le premier groupe comprend des cobayes « de comparaison », morts dans le cycle habituel de douze à dix-huit heures ; le deuxième groupe comprend des cobayes morts, irrégulièrement, (1) Ibidem, p. 399. (2) Etudes sur la fièvre typhoïde expérimentale. Ces Annales (1er Mémoire), 1892, 6, p. 731. (3) Die Anticholera-Vaccination. Centr. fïir Bakter ., 1893, 13, p. 426. (4) Zurintraperitonealen Cholerainfectionder Meerschweinchen. Hygienische Rundschau, 1893, 3, p. 997, (5) Ueber die intraperitoneale Cholerainfection bei Meerschweinchen. Zeitschr . f. Hygiène, 1894, 17, p. 195. PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 979 dans des périodes successives, c’est-à-dire de deux à sept jours après l’injection péritonéale de vibrions. Dans le chapitre suivant, nous nous occuperons de la deuxième série — série D — concernant un autre groupe de cobayes morts entre douze heures et douze jours, après l’injection endo- veineuse de petites doses de vibrions. Les cultures à l’autopsie ont toujours été effectuées de la façon que j’ai indiquée plus haut. Avec les ensemencements sur l’agar, qui servent plus spécialement à la constatation numérique et comparative des vibrions, j’ai l’habitude de faire aussi des cultures dans de l’eau peptonée pour vérifier leur présence et dans du bouillon lactosé (à 2 p. 100), avec du carbonate de chaux, pour vérifier rapidement, le cas échéant, la présence du colibacille. Série G (premier groupe). Cobaye n° 1 (de comparaison), 200 grammes. — Injection péritonéale de 1/2 culture de vingt-quatre heures. Mort après douze heures. Tableau I (I). ENSEMENCEMENTS du CULTI Colonies de vibrions JRES SUR GÉLOSE Colonies d’autres germes FERMENTA- TION du lactose VIBRIONS dans l’eau peptonée Péritoine OC 0 4 Sang 3 0 — + Rate 1 0 — 0 Rein 7 0 — 4 Foie 4 0 — 0 Bile 0 0 — 0 Estomac 0 — (- B. mesentericus. — 0 Duodénum 5 0 — 4- Jéjunum rose. . . . 0 0 — 0 — brun . 4- 0 — 4 Iléum 44 ++ Colibacilles. + 4 Cæcum 44- 4+4 4 i T (1) Signes conventionnels pour les cultures sur gélose : Colonies innombrables : oc ; — très nombreuses : +++5 — abondantes : -) — b (entre 50 et 100 sur chaque tube); — rares : + (entre 10 et 50 sur chaque tube); Développement dans l’eau de condensation seule : 1 ; Aucun vibrion : 0; Quand les colonies développées tout en étant très rares, ont pu être 980 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Autopsie. — Abondant exsudât dans le péritoine. Intestin grêle de couleur rose, très hyperhémique, avec la dernière portion de couleur brunâtre, diar- rhéique. Vessie urinaire rétractée et vide. Vésicule biliaire très détendue. Capsules surrénales hémorragiques. Examen microscopique. — La recherche des vibrions dans le canal digestif est négative. Cobaye n° 2 (de comparaison), 220 grammes. — Injection péritonéale de 1/2 culture de vingt-quatre heures. Mort après quatorze heures. Autopsie. — Abondant exsudât péritonéal. Duodénum et partie du jéjunum couleur rose violacée. Portion inférieure de l’intestin grêle de couleur brunâtre et diarrhéique. Iléum et cæcum normaux. Vessie urinaire vide. Capsules surrénales hémorragiques.' Examen microscopique. — La recherche des vibrions le long du canal digestif reste négative. Tableau IL ENSEMENCEMENTS du CULTl Colonies de vibrions RES SUR GÉLOSE Colonies d’autres germes FERMENTA- TION du lactose VIBRIONS dans l’eau' peptonée Péritoine 00 0 _ 4- Sang 0 — 4- Plèvre ++ 0 — 4- Poumon 4-+ 0 — 4- Rate 4-4- 0 — 4- Rein -b+ 0 — 4- Foie + 0 — 4- Bile + 4- 0 — 4- Estomac 0 0 — 0 Duodénum +4-4- + -f- Colibacilles. + 4- Jéjunum rose. . . . +++ H — b — 4- — brun . + b+ + + 4" Iléum oo + — 4- + Cæcum +++ ++ - 4- -b Cobaye n° 3 (de comparaison), 580 grammes. — Injection péritonéale de une culture de vingt-quatre heures. Mort après douze heures. Autopsie. — Faible exsudât péritonéal. Toute la masse intestinale est fortement enflammée et de couleur rouge. Stase veineuse générale. Réac- tion du contenu gastrique, très acide. Première portion de l'intestin grêle, de couleur rose, contenant beaucoup d’exsudat muqueux ; deuxième portion, comptées, leur nombre est indiqué en chiffres. Toutes les fois que dans les cultures du contenu intestinal on a pu faire le compte des colonies choléri- ques et de celles d'autres germes, on a indiqué le pourcentage respectif. Pour les cultures en bouillon. — La fermentation survenue (qui équivaut ordinairement à la présence du colibacille) est indiquée par le signe + ; l’absence de fermentation, par le signe — Pour les cultures clans Veau peptonée. — La présence de vibrions est indi- quée par le signe -f, l’absence par le chiffre 0. PATHOGÉNIE DU. CHOLÉRA 981 de couleur brunâtre, diarrhéique. Vessie urinaire rétractée, contenant quelques gouttes d’urine albumineuse.' Examen microscopique. — Dans la première portion (rose) de l’intestin grêle et, dans l’iléum, on trouve divers vibrions. Tableau III. ENSEMENCEMENTS du CULTURES SUR GÉLOSE FERMENTA- VIBRIONS Colonies de vibrions Colonies d’autres germes TI0N du lactose dans l’eau peptonée Péritoine CO 0 — 4 Sang 1 0 — 4 Rate 0 0 — 0 Rein droit 0 0 — 0 — gauche .... 0 0 — 4 Foie 1 0 — 4 „Rile 0 o — 0 • Estomac 0 3 B. mes en ter ici. — 0 Duodénum 3 1 — — 4 Jéjunum rose. . . . 44 + - — 4 — brun . 0 44 - — 0 Iléum T" 4" 4 _ f 4" t T Cæcum » » 4 4 Rectum 4 + Colibacilles. 4 4 Cobaye n° 4 (de comparaison), 640 grammes. — Injection péritonéale de une culture de vingt-quatre heures. Mort après dix-huit heures. Tableau IV. ENSEMENCEMENTS CULTURES SUR GÉLOSE FERMENTA- VIBRIONS TI0N dans l’eau du Colonies de vibrions Colonies d’autres germes du lactose peptonée Péritoine 4" 0 — 4 Sang 1 0 — .4. Rate 0 0 — 0 Rein î 0 • » 0 4 Foie 4-44 0 __ — Bile (30 0 — 4 Estomac 0 q — (- B. mesenterici. — 0 Duodénum 444 0 — 4 Jéjunum rose. . . . oo 1 Colibacille. 4 4 — brun . oo 4- 4 . . 4 Iléum- oo 4- - 4 4 Cæcum oo 4 - 4 . 4 982 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Autopsie. — Faible exsudât fibrineux péritonéal. Toutes les parois du canal digestif sont fortement congestionnées. La portion supérieure de l'intestin grêle (rose) est remplie de liquide séreux contenant beaucoup de flocons épithéliaux; la portion inférieure (brune) est dilatée par une abon- dante quantité de sérosité couleur verdâtre. Iléum et cæcum en apparence intacts. Vessie urinaire contractée contenant quelques gouttes d’urine trouble due à la présence d’éléments épithéliaux et de spermatozoïdes. Examen microscopique. — Nombreux vibrions dans le (contenu de tout le canal digestif, du duodénum à l’iléum. Cobaye n° 5 (de comparaison), 600,. grammes. — Injection péritonéale de une culture de vingt-quatre heures. Mort après dix-neuf heures. Autopsie. — Abondante quantité d’exsudat péritonéal.' Anses intestinales très hyperhémiques et arborisées. Le mésentère aussi présente les signes d’une intense hyperhémie sanguine. Le duodénum est rempli de mucosités jaunâtres, très fluides.' La première portion du jéjunum (de couleur rose) est diarrhéique et remplie de mucosités et de flocons épithéliaux. La deuxième portion (brune) est, elle [aussi, diarrhéique et dilatée par un contenu fluide, tirant sur le jaune. Le cæcum est également diarrhéique. Reins congestionnés. Capsules surrénales hémorragiques. La vessie urinaire est complètement rétractée; avec la pipette, on extrait à peine deux gouttes d’urine qui, à la chaleur, se changent en un flocon d’albumine coagulée. Tableau Y. ENSEMENCEMENTS du CULTI Colonies de vibrions JRES SUR GÉLOSE Colonies d’autres germes FERMENTA- TION du lactose VIBRIONS dans l’eau peptonée Péritoine 444 0 4“ Thymus » » )) 4- Sang 44 0 — 4- Poumon » » » 4* Rate 3 0 — 4- Rein droit H — h 0 — 4- — gauche . . . . 44 0 — + Foie 3 0 — 4- Bile 0 0 — 0 Capsule surrénale . 4- 0 — 4- Estomac 0 Bactéries diverses. 4~ Duodénum 44 4* 4- 4- Int. grêle rose (1er) . +4- 50 0/0 colibacilles. 4- 4- - (2e) . oo 1 — + 4- — brun (1er). G© 4- 4- 4- - (2e) . oo 50 0/0 colibacilles. 4- 4 Iléum oo B. mesenterici. 4- 4- Cæcum oo 20 0/0 colibacilles. 4- 4- Rectum » » » 4* PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 983 Examen microscopique . — La présence de vibrions est facilement constatée, en assez grand nombre, le long de tout l’intestin grêle. Ces- tableaux bactériologiques, qui, dans leur ensemble, correspondent aux résultats déjà exposés dans les expériences par série indiquées plus haut, nous permettent d’appeler par- ticulièrement notre attention sur les points suivants : 1° Chez les cobayes qui succombent des suites de la « péritonite cholérique » dans l’espace de vingt- quatre heures, l'irruption des vibrions dans la circulation sanguine persiste jusqu’à la mort et s’effectue dans une plus large mesure chez les animaux jeunes que chez les animaux adultes (1); 2° L’excrétion intestinale des vibrions injectés dans le péri- toine représente un phénomène constant, aussi bien chez les cobayes jeunes que chez les cobayes adultes; 3° La quantité de vibrions cultivés dans le canal digestif est beaucoup plus grande que celle que l’on cultive, d ordinaire, dans le sang et les autres organes ; 4° Il y a des cas (cobayes 4e et 5e) où l’excrétion intestinale des vibrions fait ressortir, à l’autopsie, par son abondance meme, le fait bactériologique le plus important; 5° L’excrétion intestinale des vibrions se produit, dans la plus large mesure, au niveau de l’iléum ; 6° Sauf les cas de provenance biliaire, le duodénum repré- sente la portion intestinale qui, d’ordinaire, est la moins riche en vibrions ; 7° Le canal digestif du cobaye, du pylore à tout 1 intestin grêle, est normalement très pauvre en microbes. Même les colibacilles, chez les cobayes neufs, sont très peu abondants dans l’iléum et le cæcum. Leur nombre augmente considéra- blement pendant l’infection cholérique; 8° Dans le contenu gastrique, de réaction constamment acide, on ne trouve jamais ni vibrions, ni colibacilles, ni d’autres espèces microbiennes asporogènes, mais seulement des spores de saprophytes communs. (1) Il ne faut pas [attacher trop d’importance à la présence de nombreux vibrions dans le foie du cobaye n° 4; elle est évidemment due à une infection vibrionienne le long des voies biliaires. 984 ANNALES DE L INSTITUT PASTEUR 3- — Comment s’effectue l’excrétion gastro -intestinale DES VIBRIONS INJECTÉS DANS LE PÉRITOINE. Nous verrons maintenant comment ces déductions prélimi- naires prennent des contours plus précis et, en même temps, plus significatifs, même par rapport au problème pathogé- nique du choléra, dans les tableaux bactériologiques des cobayes du 2R groupe, morts'au delà de la période habituelle de douze à dix-huit heures après l’injection péritonéale. Série C (deuxième groupe). Cobaye n° 6 de 280 grammes. — Injection péritonéale de 1/2 culture de vingt-quatre heures. Mort après deux jours. Autopsie. — Faible exsudât dans le péritoine et dans le péricarde. Esto- mac vide d’aliments, contenant des mucosités verdâtres de réaction alcaline. Duodénum dilaté, enflammé et rempli de mucosités. Jéjunum rouge vif, rempli de liquide diarrhéique, dense, jaunâtre. Le cæcum est très dilaté par le .contenu diarrhéique, très 'fluide. La vessie urinaire est complètement rétractée et vide. Le sang est noirâtre, d’aspect poisseux. Examen microscopique. — [Dans le contenu du duodénum, du jéjunum, de 1 iléum et du cæcum, on observe des quantités infinies de vibrions, minces, filamenteux, flexueux, la plupart groupés en tas touffus et étendus,’ compa labiés a d épais buissons. Dans le contenu de jjl estoimc, on trouve aussi beaucoup de vibrions, avec d'autres formes bactériennes. Mais les vibrions de 1 estomac conservent, plus que les autres, la forme en virgule caractéristique. Tableau VI. ENSEMENCEMENTS du CULTURES SUR GÉLOSE Colonies de vibrions Colonies d’autres germes ■Péritoine 5 0 Plèvre 15 0 Sang 50 Û Rate 0 0 Rein 2 0 Estomac 00 4- B. mssenterici . Bile oe 0 Duodénum oc 0 Jéjunum 00 16 colibacilles. Iléum oo 25 — Cæcum GO ++ l'E RMENTA — TION du lactose VIBRIONS dans l’eau peptonee — + — — + — 0 — + + + — + + + + + + 4- -F + 985 PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA Cobaye n° 7 de 460 grammes. — Injection péritonéale de 1/2 culture de vingt-quatre heures. Mort après trois j-ours. Autopsie. — Péritoine sec. Intense hyperhémie de toute la muqueuse intestinale. Estomac vide d’aliments, réduit de capacité, contenant un liquide muqueux de réaction alcaline et de l’albumine coagulable à la cha- leur. Duodénum rouge et rempli de mucosités fluides, verdâtres. Première portion du jéjunum, couleur rose-hortensia, arborisée, diarrhéique, avec contenu tirant sur le jaune floconneux. ^Portion inférieure de l’intestin grêle, d'aspect brunâtre, avec contenu diarrhéique, fécaloïde. Vessie urinaire com- plètement rétractée, contenant quelques gouttes d’urine qui se coagule complètement à la chaleur. Examen microscopique. — Dans le duodénum, mais spécialement le long du jéjunum et, en particulier, dans sa dernière portion, on observe une énorme quantité de vibrions. Dans certaines préparations on a comme 1 impression’ d’avoir sous les yeux des préparations de cultures pures! Le contenu du cæcum est, lui aussi, extraordinairement riche en virgules. Les préparations de la bile (colorées avec de la thionine phénique) démon - trent une très grande quantité de cellules épithéliales desqua mées et beau - coup de vibrions. Tableau VIL ENSEMENCEMENTS du CULTl Colonies de vibrions JRES SUR GÉLOSE Colonies d'autres germes FERMENTA- TION du lactose VIBRIONS dans l’eau peptonée Péritoine 1 j 0 — 0 Sang 0 0 — 0 Rate . 0 0 — 0 Rein 0 0 — 0 Foie • + + 0 — + . Rile OC — + Estomac + -j- B. mesenterici. + + Duodénum ..... oo 0 — + Jéjunum rose. .. . . GO 0 — + — brun . OO -[-colibacilles. 4- + Iléum 00 + - + + Cæcum oo 4" 4- + Cobaye n° 8 de 520 grammes. — Injection péritonéale de 1/2 culture de vingt-quatre heures. Mort après sept jours. Autopsie. — Péritoine sec. Estomac rétracté et vide d’aliments; contient environ 4 cent, cubes de liquide muqueux, à réaction alcaline. Tout 1 intestin est rouge et diarrhéique. Vessie urinaire contenant peu d urine, non albu- mineuse. Examen microsopique. — Dans toutes les préparations du contenu intes- tinal, des vibrions sont visibles; ils sont spécialement abondants dans l’intestin grêle et dans l’iléum. 986 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Tableau VIII. ENSEMENCEMENTS du CULTl Colonies de vibrions JRES SUR GÉLOSE Colonies d’autres germes FERMENTA- TION du lactose VIBRIONS dans l’eau peptonée Péritoine 0 0 0 Sang 0 . o — 0 Rate 0 0 — 0 Rein 0 0 — 0 Foie 0 0 — 0 Bile 0 0 — 0 Estomac 37 0 — + Duodénum ++ 0 — Jéjunum rose. . . . GO 1 colibacille. + + — brun . OO 3 0/0 — + + Iléum GO 10 0/0 — + + Cæcum CO 20 0/0 — + + 11 en résulte donc que toutes les fois que, par suite d’une résistance occasionnelle des animaux, l’infection vibrionienne d’origine péritonéale évolue plus lentement en dépassant le cycle ordinaire de vingt-quatre heures, il se produit, chez les cobayes, un tableau bactériologique absolument analogue à celui du choléra humain. Les trois expériences, chacune sous un aspect différent, ne pourraient être plus caractéristiques et plus démonstratives. Dans le cobaye n° 6, mort après deux jours de maladie, la quantité de vibrions retrouvés le long de tout le canal digestif, même au simple examen microscopique,^ est déjà tellement abondante qu’on peut la comparer à une véritable culture pure. Il est vrai que, dans ce cas, les vibrions, quoique en petit nombre, se trouvaient encore dans la circulation générale. Mais cette circonstance, confirmée par le fait qu’ils se retrou- vent souvent en très grande quantité même dans la vésicule biliaire — comme dans le choléra humain — fait penser que la fréquente présence de vibrions dans le sang et dans les organes de cholériques n’est pas due, toujours, comme on le croit généralement, à une invasion accidentelle de l’agonie ou cadavérique. En examinant la façon dont se comportent les vibrions dans PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 987 les trois dernières expériences; on voit très nettement que ces microbes montrent une tendance singulière et constante à se transporter non seulement des cavités séreuses, mais aussi du sang, vers l’intestin, et non vice versa. Dans le cobaye n° 7 et plus nettement encore dans le cobaye n° 8, plus robustes et qui, peut-être, pour cela, ont survécu plus longuement que le cobaye n° 6, les vibrions avaient déjà abandonné complètement non seulement la cavité péritonéale et la circulation sanguine, mais même la vésicule biliaire qui, après la muqueuse des voies digestives, représente, chez les animaux aussi, un abondant et fréquent émonctoire de vibrions. Ce n’est pas le cas de penser que l’énorme quantité de vibrions que I on trouve dans 1 intestin puisse être de prove- nance biliaire. L’excrétion intestinale des vibrions ne fait jamais défaut, elle est une règle constante, tandis qu’il n’en est pas ainsi de l’excrétion biliaire. On 1 a vu aussi dans le cobaye n°8. En outre, il résulte non seulement des expériences en série rapportées ci-dessus, mais aussi de ma piatique per- sonnelle basée sur des centaines d’observations faites sur les cobayes et les lapins, que le duodénum, tout en recevant 1 afflux biliaire, loin d’être la portion du canal digestif la plus riche en contenu vibrionien, est, au contraire la plus pauvre, quand elle n’est pas, comme cela se produit généralement, stérile du tout, non seulement en vibrions, mais aussi en autres geimes. L’expérience du cobaye n° 8, mort après sept jouis de maladie, a acquis une signification exceptionnelle par suite du contraste très net entre la complète stérilité du sang et de tous les organes et l’exubérante quantité de vibrions pullulant le long de tout le canal digestif, où la même flore colibacillaire était restée entièrement ou partiellement éliminée. Ici le tableau bactériologique classique du choléra humain s’est véritablement réalisé, dans toute sa signification doctrinale . L'évolution d’un cycle plus prolongé de l’infection vibno- nienne dans le cobaye nous a amenés aussi à constater des lésions anatomiques très importantes qui font complètement défaut, ou qui sont à peine ébauchées, dans les cas e in- fection vibrionienne aiguë. Les organes les plus atteints sont : l’intestin, ! estomac e l’appareil urinaire. 988 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUK L’intestin manifeste les signes d’une entérite aigue, desqua- mative, extrêmement grave. Son contenu est représenté par une énorme quantité de mucus, de sérosités transsudées des parois intestinales dépouillées de leur épithélium, d’une énorme accumulation d’éléments épithéliaux desquamés et des résidus d’un sphacèle très étendu des villosités. Dans les coupes microscopiques, colorées avec l’hématoxyline-éosine, on voit que, sur certains poinls, la paroi intestinale est réduite à une mince membrane transparente, constituée par la séreuse, par la musculaire et par un peu de tissu conjonctif de soutien, très œdémateux, où s’enfoncent encore des restes, plus ou moins déformés et squelettiques, de villosités et de culs-de-sac glandulaires. Une grande partie des villosités, leur revêtement épithélial, ainsi qu’une invraisemblable quantité de détritus provenant de la deslruction de la muqueuse et de ses éléments anatomiques, remplissent, de la façon la plus désordonnée, tout l'intestin. La recherche et la démonstration des vibrions dans les sections microscopiques de l’intestin peut se faire dune manière satislaisante en employant la fuchsine phénique, ayant soin pourtant de décolorer et de dé>hydrater les coupes fixées sur les lames de verre, avec une extrême rapidité. Dans les préparations bien réussies on observe les vibrions. j en nombre souvent considérable, spécialement amassés ou éparpillés dans les espaces coojonctifs interglandulaires ou dans J intérieur des glandes mêmes qui débouchent entre les villosités. On les y voit, souvent en quantité innombrable, rangés pour la plupart en colonnes denses qui remplissent tout le vide des cryptes de Lieberkühn , orientés manifestement vers une même direction, c’est-à-dire vers le débouché des glandes. Gela explique pourquoi, dans les préparations exé- cutées avec des flocons de mucus prélevé des déjections cholé- (1) Le procédé qui ma paru répondre le mieux est le suivant : 1er temps • coloration avec fuchsine phénique à 1 : 10 à chaud, pendant dix minutes’ des coupes très minces, fixées sur les plaques de verre avec de l’albumine glycérinée; 2* temps : lavage rapide dans de l’eau; 3e temps : séchaoe avec papier buvard; 4* temps : rapide déshydratation avec l’alcool absolu- 5e temps : xylol; 6* temps : baume. Les vibrions ne restent pas bien imprè- gnes de couleur dans toutes les préparations ainsi traitées. Mais les prépa- rations bien réussies sont d’une évidence démonstrative qui ne laisse rien à désirer. PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 9*89 riques, les groupes de vibrions ont été souvent comparés par différents auteurs à des essaims de petits poissons. L’ensemble des préparations donne l’impression que les vibrions arrivent dans le creux glandulaire a ter go, à travers les mailles du tissu conjonctif qui les entoure où, pourtant, on ne remarque aucun signe de réaction cellulaire. Et comme ils ne se retrouvent jamais dans les sections des capillaires sanguins, il est permis de présumer que leur éparpillement dans le conjonctif sous-cutané et interglandulaire — où ils se trouvent toujours en assez grande quantité — s’effectue à tra- vers le réseau lymphatique dont le tissu conjonctif lui-même est extraordinairement sillonné. De l’ensemble de mes observations sur la façon dont les O vibrions se comportent dans l’organisme animal, j'ai dû me former la conviction que ces microbes ont toujours une grande tendance à émigrer et à se déplacer, par les voies lymphatiques, afm de rejoindre, à travers les circuits les plus courts, leur but final : c’est-à-dire les parois de l'intestin vers lequel ils se sentent attirés d'une manière presque élective. Les vibrions cholériques doivent donc être regardés comme de vrais microbes enter otropes. Leur excrétion intestinale est évidente. Egalement incontes- tables sont les dévastations de la muqueuse digestive causées par leur arrivée, par leur arrêt ou multiplication et par leur passage. La grave entérite toxique, qu'ils produisent d’nne façon aiguë, explique la mort des cobayes, sans qu’il soit besoin d’invoquer le concours d’autres facteurs hypothétiques qui ont échappé jusqu’ici à toute démonstration. J'ai cru nécessaire d’étudieT de plus près le mécanisme de cette excrétion intestinale, en cherchant à en surprendre la phase la plus intéressante. Déjà, à l’occasion des expériences des séries A et B chez les cobayes, décrites dans le premier chapitre de ce mémoire, j’avais remarqué que la décharge des vibrions dans P intestin commence précocement et dure en abondance jusqu’à la sixième heure incluse, après l'injection péritonéale. A ce moment, la muqueuse intestinale présente l’acmé de sa vio- lente réaction au stimulant toxique représenté par l’arrivée, 990 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR par 1 arrêt et aussi par la multiplication des vibrions dans le tissu conjonctif sous-muqueux. Cette phase coïncide également avec les principales manifestations morbides présentées par l’animal : abattement, extrême sensibilité abdominale et hypo- thermie. Si la dose des vibrions injectés ne dépasse pas celle qu’il peut tolérer, le cobaye réussit à se délivrer de la plus grande partie des vibrions, triomphe de la violente crise intes- tinale qui a accompagné leur élimination et, le jour suivant, il est rétabli. Ce rétablissement rapide ne doit donc pas être attribué à la nature passagère et fugitive d’hypothétiques « toxines pri- maires », comme le prétend Pfeiffer (1), mais simplement à la courte durée de la colique intestinale qui caractérise la décharge ou l’expulsion des vibrions. Quand la dose des vibrions injectés est élevée, la décharge dure plus longtemps, la colique atteint, par conséquent, un degré d’intensité plus élevé, l’hypothermie s’accentue et l’ani- mal finit par succomber. Dans un cas, ayant sacrifié l’animal vers la douzième heure après 1 injection péritonéale, tandis qu’il présentait encore de très graves symptômes abdominaux, j’ai constaté que le péri- toine s était déjà débarrassé de presque tous les vibrions et que ceux-ci, soit isolés, soit groupés, par le simple examen micro- scopique, se retrouvaient le long du canal digestif, du pylore à la valvule iléo-cæcale. Dans une préparation faite avec un matériel extrait, au moyen d une pipette, de la dernière portion de l iléum, j’ai vu même une pittoresque arborescence de vibrions, disposés presque dans le même ordre que ceux que l’on observe dans l’intérieur des cryptes de Lieberkühn\ Les ensemencemenls ont donné, en effet, ce résultat : un seul vibrion cultivé dans le péritoine; (1) Loc. cil. (Choleraaliologie), p. 279. R. Pfeiffer a exécuté toutes ses recherches en employant, comme germe cholérique, le vibrion de Massaoua , bien connu dans tous les laboratoires de bactériologie par son exception- nelle toxicité et par certains attributs biologiques qui en font une espèce bien différenciée dans la famille, pourtant si multiforme, des vibrions. Il est probable que les résultats de Pfeiffer ont beaucoup dépendu de la nature toute particulière du vibrion de Massaoua, dont la provenance et la spéci- , fïcité ont été aussi 1 objet de quelques contusions et de nombreuses contes- tations (Voir aussi mon mémoire : « I vibrioni intestinali e la patogenesi del colera ». Il Policlinico , Roma, 1895, 12, M., p. 48). PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 991 vibrions innombrables à l’état de pureté presque complète, le long cle tout l’intestin, du duodénum à l’iléum ! Mais l’excrétion des vibrions ne s’effectue pas seulement à travers la muqueuse intestinale. Nous avons vu que, lorsque l’infection vibrionienne chez les cobayes évolue moins rapidement et que la maladie se prolonge au delà de vingt-quatre heures, le contenu gastrique n’est plus acide, qu’il présente une réaction alcaline et qu’il permet la présence et, par conséquent, la multiplication des vibrions. Dans le cas du cobaye n° 6, l’abondante exsudation muco- albumineuse de l’estomac était devenue une culture presque pure de vibrions ! De quelle façon les vibrions injectés dans le péritoine réus- sissent-ils à parvenir jusque dans la cavité de l’estomac? L’étude des sections microscopiques de la paroi gastrique nous éclaire complètement sur ce point. Avant tout, l’altéra- tion anatomique qu’on remarque aussitôt, dans ces cas, même à l’œil nu, dans la paroi gastrique, est une intense infiltralion œdémateuse du conjonctif sous-muqueux. Ce tissu est très tuméfié et offre une consistance presque gélatineuse, de sorte que la musculaire paraît très soulevée et presque détachée de la muqueuse qui est, elle aussi, tuméfiée et épaissie. A l’examen microscopique des sections, on voit que la sur- face de la muqueuse est complètement dénudée. L’épithélium cylindrique de revêtement est, en très grande partie, détruit et dégénéré et les entonnoirs glandulaires sont méconnaissables. Les éléments ne se distinguent plus l’un de l’autre: parfois on ne voit pas même leurs noyaux. Le fond des fossettes gas- triques, où débouchent les glandes tubulaires, est, en bien des points, constitué par des détritus granulaires où l’on ne dis- tingue que quelques éléments intacts. Toute la muqueuse semble être le siège d’une infiltration œdémateuse. La recherche des vibrions, dans les sections colorées avec la fuchsine phénique, complète et explique la gravité des altéra- tions anatomiques. Les vibrions apparaissent dans leur forme recourbée, vir- gulée, caractéristique. Pour la plupart, ils sont disséminés sans ordre, le long du bord de la muqueuse et près des débou- chés des glandes peptogastriques. On en voit aussi dans Tinté- 67 992 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR rieur de la muqueuse, mais ils y sont plus rares. Du reste, ils ne sont jamais si nombreux que dans l’intestin. On en trouve çà et là, en petits groupes de 3-4, mais généralement, ils sont isolés et font complètement défaut dans les couches profondes de la muqueuse et dans les culs-de-sac glandulaires. L’examen attentif des préparations donne l’impression que l’excrétion gastrique des vibrions s’effectue aussi à travers les terminaisons des vaisseaux lymphatiques de la muqueuse. Ces vaisseaux, on le sait, sont très abondants et proviennent des gros troncs qui parcourent la sous-muqueuse. C’est, je crois, la première fois que la présence des vibrions est signalée dans la paroi gastrique. Mais cette observation nous met en mesure de comprendre comment, malgré l’habi- tuelle réaction acide du contenu gastrique, on a pu parfois cultiver des vibrions même dans le matériel émis avec le vomissement des cholériques. Chez les animaux malades de choléra expérimental, comme peut-être aussi chez l’homme, il doit se produire, avec l’excré- tion intestinale, quoique dans une mesure plus limitée, une véritable excrétion gastrique de vibrions. Tant que le contenu de l’estomac reste acide, les vibrions expulsés à travers ses parois sont tués presque instantané- ment, comme il arrive, par exemple, chez le lapin, dont le contenu gastrique reste toujours très acide, même après plu- sieurs jours de maladie. Ce n’est que quand la réaction du contenu stomacal devient neutre ou alcaline, comme cela se produit souvent aussi chez L’homme (1) et comme on l’observe chez le cobaye, que les vibrions peuvent se conserver vivants, se multiplier et être émis avec le vomissement. La présence des vibrions dans la paroi de l’estqmac nous rend compte de toute la symptomatologie gastrique du cholé- rique, restée jusqu’ici si énigmatique ; l'arrêt du pouvoir absorbant, l'affaiblissement de la sensibilité, la suspension de toutes les facultés digestives, l’abondante transsudation con- tenant de l’urée, du carbonate d’ammoniaque et même du sang, etc. (1) Griesingek, Inf 'ectionskrankheilen , 1864, 2e édition. PATHOGÉNIE DU. CHOLÉRA 993 En un mot, les parois de l’estomac se comportent comme les parois de l’intestin parce que, comme celles-ci, elles sont envahies par les vibrions et ressentent les effets immédiats de leur action toxique. Une dernière et importante lésion que l’on observe à l’au- topsie des cobayes qui ne meurent pas précocement, c’est-à- dire dans la période que j’appellerais d’invasion, nous donne la raison d’autres faits qui sont également parmi les plus caractéristiques du choléra : la vacuité de la vessie et la pré- sence d’albumine dans l’urine» Mais nous nous occuperons plus à loisir de ce phénomène, lorsque nous pourrons l’étudier dans des conditions meilleures et sur des animaux plus appropriés, comme les lapins. 4. — Comment l’on peut empêcher, dans le péritoine, l’exode des virrions. Les immunisations non spécifiques. Mais, à ce point, c’est-à-dire après avoir démontré que les cobayes qui ont reçu les vibrions dans le péritoine, meurent des suites d'une gastro-entérite d’origine sanguine, un désir bien naturel se présentait : celui de rechercher, même comme confirmation indirecte d’un si intéressant phénomène, de quelle façon l’on pourrait empêcher l’exode des vibrions de la cavité péritonéale et prévenir ainsi la localisation secondaire, léthale, gastro-inteslinale. Comme on l’a vu, dès notre premier mémoire, la fuite des vibrions de la cavité péritonéale s’effectue principalement à travers les vaisseaux lymphatiques de l’épiploon et la défense de l’organisme contre la menace de vibrionémie consiste, dans ces cas, dans une œuvre soudaine de barrage phagocytaire exécutée au moyen de l'épiploon, par les polynucléaires vascu- laires. 11 était donc logique de supposer que l’ablation de cet organe si riche en vaisseaux lymphatiques, et par suite, si per- méable aux vibrions, aurait dû empêcher et prévenir l’exode de ceux-ci. Dans ce sens j’ai fait un certain nombre d’expériences. L’ablation de l’épiploon est, dans les cobayes, une opération simple et facile. Les conséquences de la mutilation d’un organe si important se traduisent cependant, indépendamment du 994 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR traumatisme opératoire qui est insignifiant, par une notable diminution de poids qui dure quelques jours. Les animaux ne se sont rétablis et n’ont regagné leur poids initial que de huit à douze jours après l’opération. Mais si, à ce moment, l’on injecte dans le péritoine des cobayes opérés une dose non mortelle de vibrions on obtient un résultat contraire à toute prévision. Non seulement les animaux meurent, tandis que les témoins survivent, mais les ensemencements du sang, exécutés au moyen de prélèvements périodiques des jugulaires, à partir du moment de l’injection péritonéale, démontrent que les vibrions se précipitent du péritoine dans le courant sanguin, beaucoup plus précocement et plus abondamment chez les cobayes privés d’épiploon que chez les cobayes normaux témoins! Chez les premiers, huit minutes à peine après l’injection périlonéale, les ensemencements exécutés avec quelques gouttes de sang, sur gélose inclinée, donnent lieu au développement d’une quantité innombrable de colonies vibrioniennes. Cette intense vibrionémie se maintient pendant plusieurs heures et s’affaiblit, sans pourtant cesser complètement, jus- qu’au moment de la mort qui survient d’ordinaire après le laps de temps habituel de douze à quatorze heures. En certains cas, la mort est tardive et se produit après un à trois jours. Dans le premier cas, on a un (ableau anatomique plus grave encore que celui qu’on observe dans les cobayes neufs, du même poids, qui succombent à une dose mortelle de vibrions. Les cultures du sang sont toujours positives : 20 à 40 colonies par tube; les ensemencements du péritoine et plus spécialement de l’intestin enflammé et diarrhéique, de l’intestin grêle à l’iléum, donnent lieu à de véritables glaires très pures de vibrions. Cela prouve que la quantité des vibrions qui ont afflué vers les parois du canal digestif, et qui ont été ensuite expulsés dans son contenu, doit avoir été énorme et sans arrêt, de beaucoup supérieure à celle que l’on constate chez les cobayes neufs inoculés dans le péritoine avec des doses mortelles de cultures cholériques. Cela tient sans aucun doute : 1° à un accès plus libre des PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 995 vibrions vers les trajets du réseau lymphatique sous-séreux; 2° à ce que le centre de multiplication et d’irradiation des vibrions, c’est-à-dire la cavité péritonéale, a fonctionné sans interruption et librement comme un excellent milieu de cul- ture, à cause de l’insuffisance de la défense phagocytaire, due à l’absence de l’épiploon. En effet, l’examen frais du mésentère démontre que cette membrane a cherché, mais en vain, à remplacer l’épiploon. Elle paraît enflammée, œdémateuse, épaissie, avec les capil- laires lymphatiques énormément enflés et remplis de phago- cytes et de vibrions. Les préparations fixées et colorées avec le bleu polychrome sont troubles et confuses à cause de l’intense infiltration œdémateuse et leucocytaire du feuillet qui, en par- ticulier chez les cobayes qui succombent plus tard, après deuxà trois jours, est encombré de cellules polynucléaires et mono- nucléaires. Rien de tout cela ne s’observe dans le mésentère des cobayes morts de « péritonite cholérique » et qui n’ont pas été amputés de l’épiploon. Concluons. L’absence de la barrière épiploïque favorise un passage plus soudain des vibrions, du péritoine dans le sang. Tandis que, d’un côté, la lutte phagocytaire péritonéale, qui se livre principalement sur l’épiploon, vient à faire défaut, les vibrions se précipitent, sans rencontrer le barrage d’aucune sorte, dans le réseau lymphatique des autres membranes séreuses (mésentère, ligament hépato-diaphragmatique, etc.). Comme nous l’avons déjà vu dans les mémoires précédents, la réaction phagocytaire de ces membranes (mésentère) est tardive, paresseuse et insignifiante en comparaison de celle que l’on observe sur l’épiploon. Si les cobayes amputés de l’épiploon succombent plus tard, après deux à trois jours, les lésions qu’ils présentent à l’au- topsie sont encore plus graves que celles que l’on observe chez les cobayes normaux, qui meurent dans le même laps de temps après l’injection péritonéale d’une dose mortelle de vibrions. On trouve, en effet, des altérations anatomiques plus pronon- cées : abondant exsudât séro- purulent, non seulement dans le péritoine, mais aussi dans la plèvre ; estomac aux parois dila- tées, enflammées et œdémateuses, rendues presque transpa- 996 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR rentes et gélatineuses, rempli de liquide trouble, alcalin , trans- formé en une culture presque pure de vibrions; intestin enflammé, diarrhéique, œdémateux, avec un contenu formé d’une culture presque pure de vibrions; vessie urinaire vide et rétractée ; sangpoisseux, etc., innombrables quantitésde vibrions dans les exsudats séreux, dans le sang, partout! L’ablation de l’épiploon rend donc beaucoup plus grave l’évo- lution du processus vibrionien chez les cobayes. Cela explique plus clairement le rôle véritablement protecteur de cef organe lympathique abdominal, déjà signalé par H. Roger (1). On sait, en effet, depuis une publication très ancienne de Gravitz (2), que les lapins supportent impunément, dans le péritoine, sans tomber malades de péritonite, des doses même très élevées de staphylocoques pyogènes. Le phénomène a été étudié plus tard par Banti (3); celui-ci a démontré que cette relative innocuité des staphylocoques injectés dans le péritoine des animaux dérive simplement de ce que la plupart de ces staphylocoques, absorbés par les vaisseaux lymphatiques, y seraient tués parles leucocytes. En partant évidemment de ces connaissances, Roger a voulu voir si, chez les lapins amputés de l’épiploon, l’action patho- gène des staphylocoques s’exerçait d’une façon plus sévère. Les faits ont correspondu aux prémices; les lapins privés de l’épi- ploon succombent, tandis que les témoins survivent. Roger suppose que l’ablation de l’épiploon diminue simplement la résistance de la séreuse. Cette explication, peut-être trop géné- rale, m’a poussé à faire quelques recherches plus précises sur le sort des staphylocoques injectés dans le péritoine des lapins, en sacrifiant, à différents intervalles successifs, une série de ces animaux, à chacun desquels j’avais préalablement inoculé une culture entière de staphylocoque doré. Voici quel a été le résultat global de ces expériences : au bout de dix minutes à peine, les staphylocoques injectés dans le péritoine sont déjà passés dans le duodénum et dans l’intes- tin grêle; au bout de trente minutes, on les trouve aussi dans (1) Rôle protecteur du grand épiploon. C. R. de la Soc. de Biol., 1898, p. 197. (2) Statistischer und experimentell-pathologischer Beitrag zur Kenntniss der Peritonitis. Charité- Annalen , 11e année. (3) Sulla distruzione dei batteri nell’organismo. Arc/i. per le Scienze med., 1888, p. 191. f PATHOGÉNIE DU' CHOLÉRA 991 l’iléum, dans le sang et dans la -bile. À ce moment, ils se cul- tivent dans le contenu intestinal en si grande abondance qu’ils en constituent la flore bactérienne presque exclusive. Mais au bout d’une heure, les cultures commencent à être moins fer- tiles ; au bout de six heures, les staphylocoques ne s’isolent plus du sang, et, au bout de douze heures, toutes les cultures restent généralement négatives. Cette élimination intestinale du staphylocoque qui, chez les lapins, est mis en évidence avec une extrême facilité, parce que dans le contenu entérique normal de ces rongeurs, la présence accidentelle du staphylocoque doré est extrêmement rare, doit avoir aussi une considérable importance dans la pathologie humaine. Un cas fortuit, survenu à l’Institut d’IIygicne à Home, nous a offert l'occasion de démontrer quelles applications pratiques on peut quelquefois retirer de cette notion si intéressante. Vers la mi-décembre 1917, le chef de la section de chimie de notre Institut, le professeur A. Scala, remarqua, en même temps qu’une forte fièvre, l’apparition d’un gros furoncle au cou, dû au staphylocoque doré. Après deux incisions successives, pratiquées le 25 et le 28 du même mois, la fièvre disparut et la guérison locale et générale sembla rapidement atteinte. Mais, le jour même de la disparition de la fièvre, c’est-à-dire le 30 décembre, le professeur Scala commença à sentir une douleur persistante à l hypocondre gauche. Le 6 février, sans qu’on pût invoquer aucun motif occasionnel, le professeur Scala, aussitôt après un modeste déjeuner, eut une crise sou- daine diététique, avec vomissement et fort malaise. Le lende- main, une rechute fébrile se produisit, avec réapparition de la douleur habituelle à l’hypocondre gauche. Le 14, nou- velle rechute fébrile. La fièvre devint continue, avec de très courts intervalles le matin. Elle disparut pendant peu de temps, le 18, après une purgation au calomel. Mais, le 25, la courbe fébrile reprit de façon continue, accompagnée de la douleur habituelle au côté gauche, avec une marche assez inquiétante. De fait, le professeur Scala, déjà très affaibli par la dénutrition, épuisé par la fièvre continue rebelle à tout remède antipyrétique, sans forces et désormais incapable de se soulever sur son lit, inspirait les plus légitimes inquiétudes et 998 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR permettait de faire les diagnostics et les pronostics les plus sévères. On eut alors l’idée que la douleur sentie, dès le début de la maladie, à l’hypocondre gauche était causée par une localisa- tion staphylococcique dans la paroi intestinale et que la persis- tance de la fièvre exténuante était due à ce foyer de germes constitué à la suite de migration de l'abcès furonculaire, pour- tant si éloigné ! Mon assistant, le professeur Sampietro, fut chargé de rechercher le staphylocoque dans les déjections. Les cultures donnèrent aussitôt, le 2 février, un résultat pleinement positif. On suspendit alors tout autre traitement et, avec le même sta- phylocoque isolé des déjections, on prépara immédiatement, un vaccin antipyogène. Le professeur Scala fut soumis, tous les deux jours, à l’injection sous-cutanée de 1 cent, cube de vaccin contenant 1 milliard de staphylocoques tués à 65° pen- dant trente minutes. Après la sixième injection, la fièvre tomba pour ne plus remonter; le professeur Scala entra en pleine convalescence et, au bout de quelques jours, put se lever, complètement rétabli. Cela dit, en passant, revenons à nos tentatives dont le but est d’empêcher le passage des vibrions de la cavité péritonéale au courant sanguin. L’ablation de l’épiploon s’étant montrée insuffisante au but poursuivi, j’abandonnai l’idée de toute autre intervention de ce genre et je résolus de faire appel aux ressources naturelles de l’organisme. On sait que le péritoine des cobayes réagit et rend rapidement inoffensives les doses non mortelles de vibrions, au moyen de la foudroyante intervention combinée des leucocytes périto- néaux et des leucocytes vasculaires. Je jugeai donc que, en fractionnant en plusieurs temps l’introduction péritonéale d une dose mortelle de vibrions, de façon à provoquer, dès la première injection d’une petite dose, un immédiat barrage leucocytaire des voies lymphatiques péritonéales, les vibrions introduits par les injections successives, quoique pratiquées à de brefs intervalles, devaient être arrêtés par la barrière leuco- cytaire déjà constituée. En d’autres termes : qu’arrive-t-il si, au lieu d’introduire PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 999 dans le péritoine des cobayes la.dose mortelle des vibrions — dans notre cas une culture entière — en une seule fois, comme d'habitude, on l’introduit par fractions, à des intervalles rapprochés ? L’expérience est très facile. On choisit deux cobayes d’un poids égal ; au premier on injecte dans le péritoine une culture de 24 heures, développée sur gélose et délayée dans du bouillon ; au deuxième on injecte une culture identique, mais en quatre temps, c’est-à-dire un quart de culture chaque fois, dans le courant de la journée (12 heures). Le résultat correspond pleinement aux prémices qui ont suggéré l’expérience : le premier cobaye meurt régulièrement dans le laps de temps habituel; le deuxième cobaye, au con- traire, après un peu de malaise qui se manifeste, comme de coutume, vers la 6e et 7e heure, se rétablit et survit. Voici la marche thermique d’un de ces couples d’expériences : Tableau IX. c o CO U £ p 0 cc P T. R. COBAYE a DE 360 GR. P O s Qh P T. R. H 1-9 w B B 28 28 37°2 "v 9 37° Inj. périt. 1/4 culture. V 9 » 10 37° » 10 36°5 )) 11 37°5 » 11 37°5 )) 12 38°5 Injection C. S. » 12 37°5 » 13 37°1 » 13 37°8 » 14 37° )) 14 36°3 )) 15 36°5 » 15 35° )) 16 36°5 » 16 35° )> 17 36° Injection C. S. » 17 34°5 )) 18 36°3 » 18 34°5 » 19 37e3 )) 19 34°5 )) 20 37°8 » 20 33°8 )> 21 37°8 Injection G. S. » 21 33°2 » 22 38°3 » 22 33° 29 38° 28 8 V" 8 V » )) 9 38°3 L’animal va bien et s’alimente. Il survit. COBAYE b DE 360 GR. Inj. périt. 1 culture. L’animal est mort clans la nuit. Ces expériences prouvent donc qu’il suffit de fractionner, meme dans l’espace de 12 heures, une dose sûrement mortelle 1000 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR de vibrions pour que cette dose ne soit plus suffisante à produire la mort. Cela démontre que le précoce barrage leucocytaire provoqué dans le péritoine par la première injection de vibrions est suffisante pour intercepter le passage vers les voies sanguines à une grande partie des vibrions qui surviennent plus tard avec les injections successives. Ainsi, quoiqu'il se produise un peu d’hypol hermie et de douleur abdominale, dues certainement à une légère attaqué d’entérite causée par le passage dans le sang d'une petite portion des vibrions injectés, la grande masse de ces vibrions reste dans le péritoine et est obligée de s’y éteindre peu à peu et de se dissoudre par faction des phagocytes. De cette façon, l’imposante vibrionémie et la gastro-entérite mortelle qui s’ensuit deviennent impossibles. Mais cette expérience nous autorise à tirer une autre conclu- sion. Elle constitue un argument de plus contre l'ancienne théorie pathogénique de Pfeiffer, d’après laquelle la mort des cobayes qui ont reçu les vibrions dans le péritoine surviendrait à la suite d une intoxication générale, causée par la dissolution des corps bactériens et la r ^absorption de leur protoplasme toxique, lequel agirait comme paralysant, sur le centre thermique et le centre circulatoire (1). S’il en était réellement ainsi, on ne comprendrait plus com- ment une dose mortelle de vibrions, injectée dans le péritoine dans l’espace de 12 heures, ne serait pas suivie de mort! On sait en effet qu’une dose mortelle de vibrions peut tuer le cobaye même après une maladie de plusieurs jours. On doit donc attribuer à un processus analogue l’extrême rapidité avec laquelle, par une injection péritonéale ou endo- veineuse préalable de bactéries saprophytes ou pathogènes divers, ou de substances variées, qui n'ont rien de spécifique, comme le bouillon, l’urine, l’acide nucléinique, le chlorure de sodium, le sérum normal, etc., on peut protéger les cobayes contre une injection péritonéale successive de doses mortelles de vibrions cholériques. (1) Loc. cii. (Choleraâtiologie, p. 268 et 273). PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 1001 Comme on le sait, on a beaucoup discuté ce problème de F « immunisation non spécifique » soulevé par les expériences de Klein (1), de Sobernheim (2), et, surtout, d'issaeff (3). Mais on n’y a donné aucune solution précise. Quoique Pfeiffer (4) eût attribué uniquement au pouvoir destructif des leucocytes, rappelés, de quelque façon que ce soit, dans la cavité périto- néale, la protection conférée au moyen d’injections prépara- toires de bactéries ou de substances banales, Issaeff, — qui avait travaillé dans le même laboratoire et sous la direction de Pfeiffer lui-même, — a reconnu que cette explication ne suffi- sait pas à éclaircir le phénomène et qu’il était nécessaire d’admettre l'intervention d’un autre facteur. Cet autre facteur, nous le connaissons bien aujourd’hui. C’est l’œuvre de barrage des polynucléaires vasculaires, rappelés par les injections préparatoires afin de protéger les voies lym- phatiques péritonéales. Comme nous l’avons vu dans les mémoires précédents, la barrière leucocytaire qui se forme surtout au niveau de 1 épi- ploon, à la suite de l’imposante diapédèse qui se produit dans les capillaires sanguins de cet important organe, empêche ou, au moins, ralentit considérablement et réduit à une mesure tolérable l'invasion sanguine des vibrions. Cela empêche ou atténue les lésions produites par les vibrions qui se dirigent et se localisent de suite dans les parois de l’appareil digestif. Tout cela nous aide enfin à expliquer avec toute la clarté désirable bien d’autres problèmes sur l’immunité qui étaient restés jusqu’ici tellement inexplicables qu ils semblaient presque paradoxaux, comme par exemple ceux-ci : pourquoi le degré de résistance des cobayes, qui ont reçu une injection vaccinante dans le péritoine, est-il plus fort après 24 heures qu après 8-10 jours ? pourquoi les cobayes immunisés par voie périto- néale sont-ils plus résistants que ceux immunisés par voie sous- cutanée? pourquoi les cobayes qui ont reçu une seule injection (1) Loc. cit. (2) Loc. cit. (3) Untersuchungen liber künstliche Immumtât gegen Choiera. Zeitschr. fur Hygiene , 1894, 16, p. 287. (4) Loc. cit. (Choleraâtiologie), p. 282. (5) Loc. cit., p. 325. 1002 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR immunisante, 24 heures après cette injection, quand leur résistance péritonéale a atteint son maximum, ne présentent- ils pas, dans le sang, le moindre pouvoir bactéricide? etc. Donc, en nous basant sur l’ensemble des résultats obtenus dans le groupe d’expériences exposées dans ce chapitre, nous pouvons admettre comme acquises les conclusions générales suivantes : l°Les vibrions parvenus directement de la cavité péritonéale ou indirectement de la circulation générale aux parois du canal digestif peuvent se retrouver, dans le contenu de ce canal, en si grande quantité qu’ils constituent, dans tout son parcours, la flore microbienne dominante. 2° Les cobayes qui ont reçu dans le péritoine une dose mor- telle de vibrions ne meurent ni de péritonite, ni d’intoxication ou d infection générale, comme on l’avait cru jusqu’ici, mais d’une gastro-entérite très aiguë causée par les vibrions eux- mêmes. 3° Dans les processus à marche plus lente, les vibrions aban- donnent complètement, non seulement la cavité péritonéale, mais aussi le courant sanguin. Ils se cantonnent et se multi- plient presque exclusivement et en une quantité démesurée dans les seules parois du canal digestif qui en sont, par suite, gravement et mortellement atteintes. 4° Même les altérations microscopiques observées, dans ces cas, dans les parois intestinales des cobayes, sont identiques à celles qu’on observe dans le choléra humain. 5° La disposition que, dans ces cas, prennent les vibrions dans les tissus de la muqueuse intestinale et jusque dans les débouchés glandulaires est identique à celle qui a déjà été décrite dans le choléra humain. 6° L’excrétion intestinale des vibrions s’effectue à travers le réseau lymphatique du conjonctif sous-muqueux et interglan- dulaire. 7Ü Cette excrétion intestinale paraît pratiquement la seule ressource dont l’organisme dispose pour rendre inoffensifs et pour expulser les vibrions qui ont déjà pénétré dans le sang ou dans les tissus. La gravité de la gastro-entérite et son issue dépendent donc de la quantité des vibrions injectés dans le péritoine. Cela explique pourquoi la question de la dose des PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 1003 microbes à injecter est essentielle pour l’issue de la soi-disant « péritonite vibrionienne ». Les variations dans la dose minima mortelle chez les différentes souches cholériques sont, par conséquent, en relation avec le pouvoir toxique qu’ils sont respectivement en état d’exercer sur la muqueuse intestinale. 8° Il existe aussi une véritable excrétion gastrique de vibrions. Ceux-ci peuvent arriver, par derrière, c’est-à-dire par la circu- lation générale, dans les parois de l’estomac. Là, leur présence détermine des altérations anatomiques et fonctionnelles : œdème du tissu conjonctif sous-muqueux et interglandulaire, chute de l’épithélium de la muqueuse, lésions profondes des éléments constitutifs des glandes peptogastriques, hypersé- crétion aqueuse ou mucoséreuse. 9° Lorsque, à cause de ces altérations la réaction du contenu ' de l’estomac devient alcaline, les vibrions injectés dans le péri- toine et expulsés à travers les parois du ventricule se dévelop- pent abondamment dans le contenu de ce dernier. 10° L’ablation de l’épiploon, en supprimant, dans le péri- toine, un organe d’enrichissement phagocytaire et, en même temps, un facteur efficace de barrage pour la défense du réseau lymphatique sous-séreux, favorise et rend beaucoup plus graves les gastro-entérites cholériques d’origine péritonéale. 11° La connaissance de ces faits rend plus compréhensible le mécanisme d’action, si controversé, des «immunisations non spécifiques » contre le choléra péritonéal. III Gastro-entérotropisme des vibrions cholériques. Reproduc- tion expérimentale du tableau anatomique et bactériologique du choléra humain (l). \ . Le GASTRO-ENTÉROTROPISME DES VIBRIONS : LEUR EXCRÉTION ORALE ET URINAIRE. Passons maintenant au deuxième groupe d’expériences, c’est-à-dire à celles de la série D, qu’on a effectuées en injec- (1) Sanarelli, Le gastro-entérotropisme des vibrions. C. H. de l'Acad. des Sciences , 17 mars 1919, 168, p. 578. lOOi ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR tant les vibrions, à petites doses, directement dans les veines. Ces expériences ont donné des résultats encore plus démons- tratifs que les précédentes. La dose injectée dans les veines représente la sixième partie (chez les cobayes de grosse taille, moins encore!) de la dose minima mortelle requise par les injections péritonéales. Ap rès ce que nous avons dit sur l’exode des vibrions à travers les vaisseaux lymphatiques péritonéaux et l’origine indiscuta- blement sanguine de la gastro-entérite cholérique qui en découle, l’injection des vibrions directement dans les veines équivaut, dose à part, à l’injection dans la cavité péritonéale. On a eu soin que les animaux choisis fussent toujours de plus grande taille. On a fait les injections dans une des jugu- laires. La mort des cobayes inoculés dans les veines avec les doses indiquées plus haut ne survient jamais dans un délai constant. Le plus ou moins de résistance de chacun des animaux se manifeste ici d’une façon extrêmement variable. Mais cette irrégularité qui, de prime abord, paraîtrait embarrassante et défavorable à toute étude méthodique, permet au contraire de surprendre dans ses différentes phases le processus biologique de la maladie vibrionienne dans les cobayes et d'en tirer aussi de plus larges connaissances pathogéniques. De fait, indépen- damment de leur poids, les animaux peuvent, même s’ils sont inoculés avec la même dose, succomber au bout de 12 heures comme au bout de 12 jours ! Dans le premier cas, la résistance naturelle est minime ou nulle, et la mort survient, comme on se l'explique aisément, avec le tableau baclériologique de la septicémie. Quand, au contraire, la résistance naturelle est plus forte, la bactériémie est simplement transitoire, les vibrions se can- tonnent dans les tissus et dans les organes qu'ils préfèrent, en y déterminant cette prolifération et ces lésions spécifiques qui seront décrites plus loin. Série D. Cobaye n° 1 de 510 grammes. — Injection endoveineuse de 1/6 de culture de vingt-quatre heures. Mort après douze heures. Autopsie i — Faible exsudât séreux-hématique dans le péritoine. Anses intestinales d’aspect presque normal. Seulement le duodénum et une portion PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 4005 étendue du jéjunum sont diarrhéiques, avec contenu jaunâtre, trouble, i i clie en éléments épithéliaux. La vessie contient peu d'urine albumineuse, très trouble à cause de la présence d’épithéliums desquamés et très riche en spermatozoïdes. Examen microscopique. — La recherche des vibrions dans les préparations est négative pour le sang et pour les diverses portions de l’intestin grêle. On en trouve pourtant dans la bile et dans le contenu de l’iléum. Tableau X. ENSEMENCEMENTS du CULTl Colonies de vibrions JUES SUR GÉLOSE Colonies d’autres germes FERMENTA- TION du lactose VIBRIONS dans l’eau peptonée 4» Péritoine 6 0 -b Sang +++ 0 — + Rate +++ 0 — + Rein H — 1 — b 0 — + JFoie +H — b 0 — + Bile 00 0 — + Estomac 0 0 — 0 Duodénum H — 1 — b 0 — + Jéjunum diarrhéique ++ 0 “b — non diarrh oo 0 + 4" Iléum oo 0 + ' 4- Cæcum H — I — b -f- colibacilles. + + Urine 1 0 — + L’interprétation de cette première expérience est évidente. L’animal est mort de septicémie vibrionienne. Il s’agissait ici d’un sujet doué d’une grande sensibilité envers les vibrions inoculés. Du sang, ceux-ci ont réussi à passer, bien qu’en petit nombre, même dans le péritoine et dans l’urine. La présence, dans la vessie, d’urine albumineuse atteste peut-être que les vibrions n’ont pu traverser le filtre rénal que parce qu’il était déjà anatomiquement altéré. D’ailleurs, la présence des vibrions dans l’urine est une constatation qui n’a rien d’exceptionnel. En examinant à Calcutta l’urine de 55 cholériques, Greig (1) a isolé le vibrion 8 fois. Le tableau bactériologique révèle immédiatement, ici aussi, les émonctoires principaux des vibrions : la bile et 1 iléum. (1) Preiiminary note on the occurrence of Gomma bacillus in the urine of cases of choiera. The Indian Journ. of Med. Research., 1913, 1, n° 1, p. 44. 1006 ANNALES DE L'INSTITUT PASTEUR Quant à la bile, nous avons déjà vu, dans les précédentes expériences, et nous verrons encore plus loin, que les voies biliaires représentent, dans le choléra, un émonctoire des plus constants et des plus précoces. Elles restent aussi, avec les dernières portions du canal digestif, le siège le plus persistant du vibrion cholérique. Dans la vésicule biliaire des lapins injectés par voie endoveineuse, j’ai retrouvé et isolé le vibrion meme après cent jours ! Cela confirme les observations de Greig (1). Celui-ci, à l’examen de 271 cas de choléra, a constaté 81 fois la présence de vibrion cholériques dans les voies biliaires. Mais Greig est d’avis, comme tous les auteurs, que les vibrions arrivent dans l’appareil biliaire, directement ou indirectement, de l’intestin. Nos expériences démontrent, au contraire, que l’infection biliaire peut être d’origine hématique. Il ne faut pas s’étonner de ce que, dans le contenu diarrhéique de l’intestin grêle, le nombre des vibrions cultivés a été moindre que dans la portion non diarrhéique. Un transsudât intestinal copieux, surtout si ce transsudât est essentiellement séreux ou muqueux, n’implique pas toujours abondance de vibrions. Le transsudât simplement muqueux ou séro-muqueux carac- térise d’ordinaire les cas très aigus. Les vibrions sont, au contraire, bien plus nombreux là où le contenu intestinal n’est pas délayé par un excès de liquide transsudé, d’une façon aiguë, par l’intestin. Les vibrions se trouvent en plus grande quantité (quelque- fois comme dans une culture pure !) non seulement dansl’iléum, où l’on en trouve presque toujours, même quand ils semblent absents ailleurs, mais aussi dans les portions d’intestin qui sont remplies d’un contenu d’aspect crémeux. Le transsudât de cette apparence est constitué exclusivement par des détritus provenant du sphacèle de la muqueuse et, pour cela, est plus riche en vibrions. On l’observe plus spécialement chez les lapins, surtout lorsque la maladie a duré quelques jours. Cobaye n° 2 de 420 grammes. — Injection endoveineuse de 1/6 de culture de vingt-quatre heures. Mort après deux jours. Autopsie. — Aspect cholérique de toute la masse intestinale. Le sang est (1) Note on the occurrence of the Choiera vibrios in the biliary passages. The Lancet, 23 novembre 1912, p. 1423. 1007 PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA épais et noirâtre. L’estomac est rempli de liquide aqueux et présente une réaction légèrement alcaline ; il contient encore des résidus d’aliments her- bacés. La muqueuse gastrique paraît, en grande partie, comme corrodée Examenlmicroscopique. - La recherche des vibrions dans le sang et dans le péritoine est négative. Le duodénum montre une flore microbienne variée et de rares vibrions. Le long de tout l’intestin grêle, jusqu’à la valvule iléo- cæcale, le contenu présente de grandes quantités de vibrions, épars un peu partout. Au milieu de la flore microbienne variée du contenu cæcal, on observe beaucoup de vibrions. La bile est transformée en une culture pure de vibrions. Tableau XI. ENSEMENCEMENTS du CULTURES SUR GÉLOSE fermenta- VIBRIONS Colonies de vibrions Colonies d’autres germes TION du lactose dans l’eau peptonée Péritoine 0 7 B. fluorescens. 0 Sang + + 30 0/0 — -b Rate 4 4-4- 50 0/0 — — -b Rein 4- 50 0/0 — — 4 Foie +++ 50 0/0 — — -b Bile "bd — b 50 0/0 — — + Estomac 0 ++ - + + Duodénum 00 30 0/0 — 4- Jéjunum (I) oo 4 0/0 — + + - (H) oo 3 0/0 — + ~b Iléum oo 1 0/0 — + 4- Cæcum GO 60 0/0 — 4- 4- Urine 0 50 0/0 — — 0 Bouche 0 Cocci et autres bac- téries. + Ce cas aussi est intéressant à cause de l’infection secondaire qu’a déterminée un bacille banal fluorescent. Ce bacille a envahi tout l’organisme et est passé jusque dans l’urine. Quant aux vibrions, ils ont manifesté, ici aussi, l’habituel afflux très accentué vers les voies digestives, correspondant à une dimution évidente dans le sang. La réaction légèrement alcaline du contenu gastrique a per- mis également, dans ce cas, la survie de quelques vibrions. Le fait que les vibrions se sont développés seulement du matériel plus abondant ensemencé dans l’eau peptonée et non des ense- mencements sur gélose démonlre que, dans Je contenu gastrique, ils devaient se trouver en petit nombre et que, par 68 1008 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR conséquent, le changement de réaction du contenu lui-même devait dater de peu de temps. Le fait le plus intéressant de ce tableau bactériologique 1 es e cependant l’isolement du vibrion de la cavité orale. La~ recherche des vibrions dans la cavité orale des cobayes se fait d’une manière très simple. Après avoir flambé, à la flamme d'un bec Bunsen, le museau de l’animal, on ouvre la bouche au moyen d’une robuste pince flambée et, avec une grosse pipette, on fait gargouiller dans l’arrière-bouche un peu d’eau pcptonée qui se répartit, ensuite, dans les divers tubes de culture. L’excrétion des vibrions de la muqueuse orale, chez les cobayes qui meurent d’infection vibi ionienne non galopante, représente un fait très fréquent. Comme nous le constaterons plus loin il est indépendant de la présence contemporaine des vibrions dans le sang circulant. Ce n’est donc pas un phenomene lié à l’état de vibrionémie. Il prend, par conséquent, une signi- fication analogue à celle de l’excrétion gastrique et intestinale. On pourrait faire deux objections: 1° la possibilité dune infection de la muqueuse orale, au moyen des aliments acciden- tellement souillés de déjections ; 2° la possibilité d une infection par le regorgement du contenu gastrique, très frequent chez les cobayes. Mais le premier cas est peu probable ; le cobaye inoculé avec une dose mortelle de vibrions cesse presque aussitôt de prendre de la nourriture. En effet, son estomac se vide peu à peu, à mesure que le contenu devient séreux, alcalin et riche en vibrions. D’autre part, j’ai observé que les vibrions déposes sur la muqueuse orale des cobayes normaux disparaissent avec une extrême rapidité : en quelques heures ! Enfin, il faut obser- ver nue la présence des vibrions est presque constante dans la „0IJP des cobayes qui meurent d’infect, on cholérique plus fente tandis qu’ils manquent toujours dans les cas plus ou moins aigus, comme aussi dans les témoins sains, même lorsque ceux-ci sont tenus ensemble, sans aucune précaution, dans la même cage, avec les cobayes infectés. Quant au deuxième doute, je me borne à remarquer que - comme nous le verrons dans un prochain mémoire - 1 excré- tion orale des vibrions représente un phénomène constant même chez les lapins adultes ou à la mamelle qui meurent de 1009 PATHOGÉNIE DÜ CHOLÉRA choléra expérimental, procuré par voie parentérale. Or le con- enu gastrique des lapins, adultes ou nouveau-nés’ même quand ils meurent au bout d’une longue maladie, reste toujours ties acide, bactéricide et, pour cela, stérile en vibrions - il est donc dans l'impossibilité absolue de contaminer, par regorge- ment, la muqueuse bucco-pharyngée. Du reste, le fait d’une excrétion vibrionienne orale ne doit pas nous étonner. Depuis longtemps, on considère les amygdales, qui, sur une ongue surface, sont en contact immédiat avec la cavité bucco- pharyngée, non seulement comme des organes d'absorption ou d entree, aussi bien pour les particules inertes que pour les microbes, mais aussi comme des organes d’éiiminalion et comme des portes de sortie. Dès 1886, Siebel (1), en injectant dans le sang- des corpus- cules inertes (carmin, vermillon), vit que ceux-ci s’éliminent non seulement à Iravers les follicules lymphatiques de l'intestin grêle, mais aussi par la surface des amygdales. Les expériences successives de Federici (2), de Schônemann (3), et plus spécialement celles du laryngologiste F. Henke (4) ont confirmé ces résultats à l’égard des microbes. Les recherches de ce dernier, exécutées sur l’homme vivant et sur le cadavre, ont donné des résultats extrêmement démon- stratifs. Henke, avant de procéder à l’ablation des amygdales, dépo- sait, sur la muqueuse des cornets d’une narine du sujet à opérer, de petites quantités de noir animal, puis opérait à la distance de plusieurs heures ou de plusieurs jours. Il a réussi, de cette façon, à observer qu’une grande quantité du noir ani- mal déposé dans une narine se retrouvait, après vingt-quatre heures déjà, dans l’amygdale du côté opposé. Les granulations noires se retrouvaient toujours dans les espaces lymphatiques (1) Ueber das Sehicksal von Fremdkôrpern in der Blutbahn. Virckow's Arch 1886, 104, 514. (-; Sul meccanismo e significato probabile délia emigrazione dei leucociti attraverso l’epilelio delle tonsille palatine. Alti delïVUI Congresso délia Soc ital. di Laringologia in Siena, Napoli, 1905, p. 144. (3) Zur Physiologie u. Pathologie der Tonsillen. Arch. für Larynool u Rhinol., 1909, 22, p. 251. ' J (4) Neue experimentelle Feststellungen über die physiologische Bedeutun” der Tonsillen. Arch. f. Laryngol. u. Rhinol., 1914, 28, p. 230. 1010 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR périvasculaires. L’examen microscopique et les expériences effectuées sur des cadavres démontrent que les grains s élimi- nent en masse, à travers l’épithélium, grâce à un courant qui les entraîne mécaniquement, à travers le tissu des amygdales, de sa partie profonde vers la surface bucco-pharyngée. Concluons : A travers la surface libre de l’amygdale, dont 1 ampleur est considérablement augmentée par les dépressions et par les cryptes, l’organisme expulse une partie des éléments étiangeis apportés par le courant lymphatique • Le même phénomène se produit très probablement aussi pour les microbes, à tel point que quelques auteurs ne sont plus aujourd’hui éloignés d’admettre que, dans la majeure partie des amygdalites, l’agent infectieux ne provient pas de la surface de l’amygdale, mais arrive à cet organe, parfois de loin, à tra- vers les voies lymphatiques. Dans ces cas, la pénétration de l’agent infectieux se produi- rait plutôt à travers les narines, le sinus maxillaire et la muqueuse bucco-pharyngée. Récemment encore, Eggebrecht (1), dans plus de 4 p. 100 des convalescents et des guéris de fièvre typhoïde, aurait con- staté dans la mucosité de l’amygdale, de la gorge et de la langue, la présence du bacille typhique. Dans aucun de ces cas d’excré- tion buccale, hauteur n aurait réussi à isolei les bacilles ébei- thiens des déjections. Il s’agit donc, dans ces cas, de décharges vibrioniennes ; salivaires, tonsillaires, folliculaires ou simplement muqueuses, analogues aux décharges gastro-intestinales. On sait bien que des décharges microbiennes salivaires ont été depuis longtemps signalées par différents auteurs, dans de graves infections générales dues aux staphylocoques, aux strep- tocoques, aux tétragènes, etc. En ce qui concerne les cobayes inoculés par voie parentérale avec cultures de vibrions cholériques, on peut donc admettre que toute la surface muqueuse du canal digestif, de la bouche jusqu’au rectum, représente une surface excrétrice ou expulsive ininterrompue de vibrions. (1) Porteurs de bacilles typhiques dans la bouche. Analysé dans le Bulletin de l'Office Internat, d' Hygiène publique , 1916, p. 996. PATHOGÉNIE DU GHOLÉUA 1011 Cobaye n° 3 de 680 grammes. — Injection endoveineuse de 1/6 de culture de vingt-quatre heures. Mort après trois jours. Pendant la maladie, le poids de l’animal a diminué de 80 grammes. Autopsie. — Le tableau abdominal est extrêmement caractéristique. Du duodénum à l’iléum, tout le canal digestif paraît très distendu par un contenu aqueux, en certains endroits verdâlre et en d’autres incolore. Il contient en suspension une quantité de flocons de mucus et de lambeaux de muqueuse. Quelques anses de l’intestin grêle ont une coloration simplement rose et sont très hyperhémiques ; d’autres sont de couleur hortensia ou verdâtre à cause de la transparence de leur contenu. L’estomac Contient beaucoup de liquide de réaction alcaline. Le cæcum aussi est plein de liquide verdâtre très fluide, presque aqueux. La rate et le foie sont d’aspect normal, mais les reins présentent les signes d’une glomérulonéphrite. La vésicule biliaire est énormément distendue et contient environ 5 cent, cubes de bile verte. La vessie urinaire est rétractée et vide. On réussit à aspirer 1/2 cent, cube d’urine qui, chauffée dans la même pipette, se coagule comme si elle était de l’albumine d’œuf. Examen microscopique. Duodénum. Présence de vibrions, [de bacilles et de streptocoques; Jéjunum : son contenu dans les préparations colorées avec fuchsine phénique, paraît une culture pure de vibrions. Aussi, dans les préparations faites avec le contenu de Yiléum, du côlon et du cxcum,~o n trouve des vibrions en quantité innombrable. La bile est une culture pure de vibrions. Tableau XII. ENSEMENCEMENTS du CULTURES SUR GÉLOSE FERMENTA- TION du lactose VIBRIONS dans l’eau peptonée Colonies de vibrions Colonies d’autres germes Péritoine 7 0 4- Sang 20 -f-f pneumocoques. — “h Rate 35 10 — — 4- Rein droit 10 1 — — 4 — gauche .... 1 0 — 4- Foie 35 44 pneumocoques. — 4- Bile OC 0 4 4 Estomac 44 4 colibacilles. -h 4- Duodénum oo 1 0/0 — 4- 4 Jéjunum (rose) . . . oo 1 0/0 — 4 4 — (hortensia) oo 1 0/0 — 4 '4 — (vert) . . . 00 1 0/0 — 4- 4- — — ... oo 10 0/0 — 4- 4- Iléum oo 10 0/0 — 4- 4 Côlon oo 10 0/0 — 4 i ~! - Cæcum GO 10 0/0 — 4- 4 Urine oo 0 — 4 Bouche » )) )> 4 1012 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUU Dans cette expérience, qui a eu la durée d’un cas de choléra humain à marche rapide (1-3 jours), la localisation intestinale des vibrions commence déjà à se dessiner d’une façon plus nette. L’apparition dans le sang d’un pneumocoque est due très pro- bablement à une infection pré-mortelle, car le cobaye normal est notoirement assez résistant au pneumocoque. La pénétra- tion de ce microbe dans la circulation atteste la forte diminu- tion de résistance présentée par l’animal après 3 jours de maladie. J1 est probable que cette même condition d’extrême réceptivité a, dans ce cas, favorisé le retour dans la circulation d’une certaine quantité de vibrions qui s’étaient déjà concen- trés et développés, pendant ce temps, dans des proportions véritablement prodigieuses, dans les parois intestinales. De fait, dans le même intestin, ils avaient fini par resler presque les seuls représentants de la flore cultivable. Le colibacille était réduit à des proportions négligeables. A remarquer, ici aussi, la présence des vibrions dans le contenu gastrique, dans la cavité orale et dans l’urine, où ils s’étaient également multipliés. Ce premier groupe d’expériences de la série D met déjà en* lumière quelques faits nouveaux qu’il convient de retenir : 1° La plus ou moins grande quantité de vibrions contenus dans les différentes portions du canal intestinal n’est nullement en rapport avec l’état plus ou moins diarrhéique de ces portions; 2° Dans les cas d’infection cholérique*à marche plus lente, la muqueuse bucco-pharyngée devient, elle aussi, une voie d’excrétion des vibrions. 2. — Comment on peut observer, chez les cobayes, la reproduc- tion EXPÉRIMENTALE DU TABLEAU ANATOMIQUE ET BACTÉRIOLOGIQUE DU CHOLÉRA HUMAIN. Mais c’est surtout dans le deuxième et dernier groupe d’expé- riences de cette série D, que nous retrouverons à l'autopsie d’animaux morts après 5, 8 et 12 jours de maladie, une plus nette reproduction anatomique et bactériologique du choléra humain. A mesure que la maladie se prolonge, l’entérotropisme des vibrions devient de plus en plus manifeste, de plus en plus défini et de plus en plus net, à tel point qu’il prend le caractère d’une localisation spécifique exclusive. PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 1013 Le séjour des vibrions le long' des parois du canal digestif n’étant pas sans avoir de graves conséquences locales, le tableau final qui en résulte ne laisse plus, expérimentalement, rien à désirer. Cobaye n° 4 de 630 grammes. — Injection endoveineuse de 1/6 de culture en vingt-quatre heures. Mort après cinq jours. L’animal est sacrifié dans la période de l’agonie. Pendant la maladie, son poids a diminué de 110 grammes. Autopsie. — Tout l’écheveau intestinal est diarrhéique. Le duodénum est rouge et dilaté par une grande quantité de sérosités muqueuses. Tout le jéjunum, arborisé par une intense hyperhémie veineuse, de couleur rose, avec des taches jaunâtres ou hortensia est rempli d’un liquide séreux, transparent, de couleur jaune-verdâtre, et présente en suspension des grumeaux et des flocons blanchâtres., Le côlon et le cæcum sont, eux aussi, nettement diarrhéiques. L’estomac, un peu réduit de proportions, présente des parois épaissies par une infiltration œdémateuse du conjonctif de soutien; son contenu aqueux, un peu trouble, présente une réaction alcaline. La rate 'et le foie sont normaux. Les reins paraissent légèrement hyperhé- miques. La vessie urinaire est à demi vide et le peu d’urine qui s’v trouve, de réaction légèrement acide, contient de l’albumine. Les vésicules sémi- nales sont très dilatées. Examen microscopique. — Présence des vibrions en quantité variable le long de tout le canal digestif : très abondants dans le contenu de l’iléum, en eulture pure dans la bile. Tableau XIII. ENSEMENCEMENTS du CULTURES SUR GÉLOSE FERMENTA- TION du lactose VIBRIONS dans l’eau peptonée Colonies de vibrions Colonies d’autres germes i Péritoine 0 0 — 0 Sang . 0 0 — 0 Rate 0 0 — 0 Rein droit 0 0 — 0 — gauche .... 0 0 — 0 Testicule 0 0 — 0 Vésicules séminales 0 0 — 0 ► Urine 0 0 — 0 Foie oo 0 — 4- Bile. oo 0 — + Estomac GO -f- colibacilles. 4- 4- i Duodénum oo 1 0/0 — 4- 4- Jéjunum (I) 00 40 0/0 — * 4- 4- (II). . -f+ 50 0/0 — 4- 4- Iléum oc 15 0/0 — 4- 4- Cæcum ....... oo 50 0/0 — 4- 4- Bouche » » » 0 1014 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Ce cas est vraiment typique et offre un tableau bactériolo- gique absolument identique à celui d’un cas certain de choléra humain de durée ordinaire (4-6 jours). Le tropisme intestinal des vibrions cholériques ne pourrait recevoir une démonstration plus éloquente que celle-ci. En considérant l’énorme quantité de vibrions trouvés, à l’autopsie, le long du canal digestif seul , on hésiterait presque à croire que cet animal ait reçu l’injection du virus par voie paren- térale ! Les vibrions isolés du tissu hépatique sont évidemment d’origine biliaire, (juand la vésicule biliaire se transforme en une ampoule de culture vibrionienne, les vibrions peuvent facilement pulluler le long de toute l’arborescence hépatique des canaux biliaires et être, par conséquent, aspirés à l’aide de la pipette, avec le suc hépatique. Dans ce cas l’excrétion orale des vibrions a fait défaut. Cobaye n° 5 de 640 grammes. — Injection endoveineuse de 1/6 de culture de vingt-quatre heures. Mort après huit jours. Inoculé le 11 août, l’animal meurt le soir du 19, après avoir perdu 240 grammes de son poids. Autopsie. — Exécutée aussitôt après la mort. Tableau abdominal impo- sant. Toute la masse intestinale paraît dilatée et remplie de liquide diar- rhéique. Le duodénum et le jéjunum sont remplis de liquide aqueux, hématique, flottant, qui en a considérablement dilaté les parois. Celles-ci sont très amincies et transparentes, et offrent une teinte rose ou gris- jaunâtre. Le côlon et le cæcum sont énormément dilatés et occupent, à eux seuls, tout le bassin, à la manière d’une grosse outre unique, allongée, dont le contenu liquide est flottant comme dans une besace remplie d’eau. Au moyen d’i ne grosse pipette en ampoule, on extrait de ce sac environ 50 cent, cubes de liquide trouble, aqueux, semblable à de l’eau sale, conte- nant en abondance des flocons et des détritus épithéliaux, sans résidus alimentaires. L’estomac est à moitié vide; son contenu présente encore des caiaclères alimentaires et a une réaction légèrement acide. La rate est petite et flasque, les reins paraissent hyperhémiques et dégénérés; stase hépatique; vésicule biliaire remplie de bile hématique ; vessie urinaire complètement contractée et vide. Aucune trace de diarrhée, mais l’orifice anal aussi est sanguinolent et, le long du rectum, on trouve des mucosités sanguines. Examen microscopique. — Le contenu du duodénum et d'une grande partie du jéjunum est une culture pure de vibrions. Dans la seconde portion du jéju- num, on aperçoit aussi beaucoup d’autres bactéries. Dans l’iléum, la flore mi- crobienne est, comme d’habitude, très variée, et commence à prendre l’aspect ordinaire de la flore fécale. Le liquide aqueux contenu dans l’énorme sac con- stitué par le côlon et le gros intestin, riche en fragments de muqueuse et de détritus épithéliaux, présente une flore microbienne très variée, de type fécal, PATHOGÉNIE DÛ CHOLÉRA 1015 avec une quantité innombrable de vibrions. Dans le rectum prédominent les bactéries (colibacilles), mais on observe aussi des vibrions. La bile est une culture vibrionienne pure. Tableau XIV. ENSEMENCEMENTS du CULTL Colonies de vibrions RES SUR GÉLOSE Colonies d’autres germes FERMENTA- TION de la lactose VIBRIONS dans l’eau peptonée Péritoine 0 0 — 0 Sang 0 0 — 0 Rate 0 0 — 0 Rein droit 0 0 — 0 — gauche .... 0 0 — 0 Foie 0 ' 0 — 0 Rile OO 0 — 4 Estomac » 0 4- 4 Duodénum OO — 4- Jéjunum (1er). . . . OO 0 — 4 - (2e) . . • CO 1 0/0 colibacilles. + 4 - (3e) . . . 4+4- 50 0/0 — + 4 Iléum +++ 35 0/0 — 4 4 Côlon. Cæcum . . . +4+ 35 0/0 — + 4 Rectum » » 4- + Bouche » » + 4 L’importance de ce cas ne consiste pas seulement dans la localisation exclusivement intestinale des vibrions et dans leur amas énorme le long de tout le canal digestif. Nous nous trou- vons ici en face de l’imposante démonstration de l’action délétère produite par eux dans les tissus des parois intestinales,- j)u pylore à l iléum 1 action toxique, locale, des vibrions s’est bornée à provoquer le flux habituel séro-muqueux et à efflanquer plus ou moins fortement les parois intestinales^ Mais, dans le côlon et le cæcum, ces faits ont pris des propor- * tions que je n’avais jamais vues auparavant. La paralysie musculaire du gros intestin, déterminée probablement par l’action toxique interpariétale des vibrions, aggravée par l’augmentation progressive du flux intestinal, a fini par tendre tout le côlon et le cæcum, en les fondant et en les transfor- mant tous les deux en un immense cloaque dont on a pu extraire 50 cent, cubes de liquide aqueux : une culture im- pure de vibrions! Il s’agit d’un cas certainement exceptionnel 1016 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR parce que, d’ordinaire, le cæcum et aussi le côlon, dans l’in- fection vibrionienne des cobayes comme dans celle des lapins, réagissent beaucoup moins que les autres portions du canal digestif à l’action toxique des microbes sur la paroi. On peut même dire que, dans la très grande majorité des cas, ils ne réagissent pas du tout. Dans ce cas, au contraire, nous nous sommes trouvés en face d’un magnifique exemple de choléra sec , dû à l’état paralytique de la musculature intestinale, absolument analogue à celui qui a été décrit chez l’homme, lorsque la transsudation qui a lieu dans l’intestin n’est pas évacuée. Nous verrons, dans une autre occasion, que ce phénomène se reproduit habituellement dans tous les jeunes lapins qui meurent de choléra. Dans ce cobaye n° 5 aussi, on a constaté l'excrétion des vibrions aussi bien dans la cavité gastrique que dans la cavité orale. La durée du processus morbide, exceptionnelle pour les cobayes, mais comparable à un cas de choléra humain hmarcke moyenne (7-10 jours), a fait penser, malgré les dernières recherches de Greig, à la possibilité d’une éventuelle appari- tion d'agglutinines dans le sang. D’après Greig (1), dans les cas mortels de choléra humain, les agglutinines seraient, en général, absentes. Dans les cas non mortels, elles apparaîtraient, dans le sang, à la sixième journée. Par la centrifugation du sang extrait du cœur de ce cobaye n° 5, j ai réussi à obtenir un peu de sérum. Celui-ci manifes- tait, sur les vibrions, un pouvoir agglutinant 1 : 50. Cela prouve que, même dans les cas mortels, quand la maladie a eu une durée suffisante, l’apparition d’agglutinines dans le sang circulant est possible. TIC os a. y e a® 6 de 480 grammes. — Injection endoveineuse de 1/6 de culture de vingt-quatre heures. Mort après douze jours. L’animal, inoculé le |13 août, meurt le 25 du même mois après avoir perdu 230 grammes de son poids. & Autopsie . — Emaciation accentuée. Muscles amincis et presque atrophiés ; organes intérieurs réduits de volume et profondément anémiés. Cavité péri- tonéale sèche, estomac réduit de capacité avec parois amincies et contenu (1) The agglutinins in the blood of choiera cases. The Indian Journ. of MecL Research , 1915, 2, 733. PATHOGÉNFE DU CHOLÉRA 1017 aqueux de réaction alcaline. Intestin grêle avec parois amincies et transpa- rentes, presque complètement vide, sauf quelques anses de couleur jau- nâtre qui présentent un contenu diarrhéique, riche en éléments épithéliaux. Côlon et cæcum également réduits, avec peu de contenu, de consistance ordi- naire, de couleur jaunâtre. Rate normale. Vessie contenant Oc.c. 5 d’urine très albumineuse. Bile trouble à cause de l’abondant contenu d’éléments épi- théliaux desquamés. Examen microscopique . — Présence de vibrions, en grande quantité, le long de tout le canal digestif, du pylore à l’iléum. Au milieu des espèces fécales, normales, les vibrions sont également abondants dans le côlon et dans le cæcum. Dans la bile, ils se trouvent en culture pure. Tableau XV. ENSEMENCEMENTS du CULTE Colonies de vibrions RES SUR GÉLOSE Colonies d’autres germes FERMENTA- TION du lactose VIBRIONS dans l’eau peptonée Péritoine 0 0 — 0 Sang 0 100 streptocoques. — 0 Rate 0 — — 0 Rein droit 0 — — 0 — gauche . . . . 0 — — 0 Foie 20 150 streptocoques. — + Bile OO — — + Estomac • » » )) -b : Duodénum CO — — Intestin grêle. . . . oo — — + Iléum 44 — — 4- Cæcum 44- 25 0/0 colibacilles. 4- 4- Urine 0 0 — 0 Bouche CO + streptocoques. 4 Dans cette dernière expérience de la série D, comparable, pour la durée du processus morbide, à un cas decholéia humain à forme lente ou prolongée (10-15 jours), on a eu a peu près la répétiiion du tableau bactériologique précédent. Il y a eu ici, de plus, l’irruption du streptocoque dans la circulation sanguine. Il s’agit probablement dune invasion très morlelle favorisée par l’état de profonde émaciation et, par suite, d’extrême réceptivité de l’animal. On sait que, même dans le choléra humain, non seulement à l’autopsie pratiquée peu de temps après la mort, mais aussi dans la période de réaction et pendant la convalescence même, on peut constater des invasions, des complications et des loca- 1018 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR lisations secondaires, dans le sang ou dans les différents organes des microbes pathogènes les plus variés, hôfes habituels des surfaces muqueuses. Parmi ces microbes, les plus com- muns sont précisément les streptocoques, les colibacilles, les pyogènes, etc. Mais le fait le plus intéressant de cette expérience se rap- porte à la flore du canal digestif représentée tout le long du canal, du pylore à la valvule iléo-cæcale, parles vibrions seuls! Le colibacille y était complètement absent. Ce tableau confirme une notion que j’ai eu lieu de confirmer, de la façon la plus précise, au cours de nombreuses expé- riences non seulement sur les cobayes, mais encore sur les lapins et sur les chiens. Contrairement à ce qu’on croit en général, l’intestin grêle de ces animaux ne possède nullement une flore microbienne propre ou constante. La prétendue constance de certaines espèces, par exemple du colibacille, n est rien moins que démontrable. L intestin grêle, dans toute sa longueur, y compris le duo- dénum, est au contraire très pauvre en microbes, quand il est vide de matières alimentaires, comme cela arrive presque tou- jours. Souvent, j’ai trouvé des portions d’intestin complètement stériles. En tout cas, 1 étonnante pureté absolue du contenu vibrio- nien intestinal indique, dans ce cas, que les streptocoques trouvés dans le sang et dans les différents organes étaient de provenance orale. Le tableau bactériologique de la bouche, qu on a trouvée, à 1 autopsie, pullulant de vibrions et de strep- tocoques non seulement confirme encore une fois le fait de l’excrétion orale des bacilles virgule, mais fait penser aussi à l’origine bucco-pharyngée probable de quelques infections du sang, primaires ou secondaires. Les résultats de ces dernières expériences nous autorisent donc à admettre comme bien établis les faits suivants ; 1° Il est possible d’obtenir expérimentalement, sans arti- fices particuliers, chez les cobayes inoculés avec des vibrions par la voie parentérale, un| tableau anatomique et bactério- logique absolument égal au tableau du plus typique choléra humain ; 2° Dans ces cas, tout le contenu intestinal peut être souvent PATI10GÉNIE DU CHOLÉRA 1019 constitué par une culture très. riche, absolument pure, de vibrions ; 3° Dans quelques cas exceptionnels, on peut observer aussi une impressionnante reproduction, anatomique et bactériolo- gique, de cette forme paralytique intestinale qui a été décrite chez l’homme sous le nom de choléra sec ; 4° Contrairement à ce qu’on croit en général, même dans les infections vibrioniennes à issue mortelle, mais à marche plus lente, les agglutinines spécifiques peuvent aussi apparaître dans la circulation ; 5° Dans les formes expérimentales à évolution prolongée, il peut se produire, comme dans le choléra humain, des irruptions dans le sang et des localisations multiples de microbes patho- gènes qui sont les agents habituels des infections secondaires 3. — Quelques hypothèses SUR LA CAUSE DU GASTRO-ENTÉROTROPISME DES VIBRIONS. De l’ensemble des expériences qui ont été exposées dans ces mémoires sur 1 infection vibrionienne des cobayes, il ressoit particulièrement un fait autour duquel s est construit peu à peu le complexe édifice pathogenique de cette maladie experimen taie, c’est-à-dire : la convergence élective vers les parois du canal digestif des vibrions introduits dans l’organisme par la voie parentérale et leur élimination gastro-intestinale. Par conséquent, la pathogénie de ce processus morbide prend, elle aussi, au point de vue expérimental, la meme physiono- mie qu’une autre maladie humaine qui, jusqu’en 1894, avait été regardée, sans contestations, comme une infection, d’ori- gine et de siège typiquement intestinaux : la fièvre typhoïde. Mes recherches conduites pendant les années 1892-93 dans le laboratoire du regretté professeur Metchnikoff, à l’Institut Pasteur, m’ont amené, au contraire, surtout en me basant sur les faits expérimentaux, à regarder la fièvre typhoïde comme une infection générale à localisations électivement lymphatiques, avec manifestations secondaires de nature sur- tout toxique, à la charge de toutes les muqueuses en général et de la muqueuse intestinale en particulier. J ai donc exclu dès lors que le siège primitif du virus typhique tut dans le ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR J 020 contenu intestinal et que les altérations caractéristiques de la maladie dussent être imputées à un poison spécifique, produit dans le canal digestif même et absorbé ensuite par la muqueuse intestinale, comme on le croyait alors. J’affirmai que le poison typhique était élaboré dans les tissus et atteignait les parois intestinales en agissant par derrière (1 ). La lièvre typhoïde, disais-je, ne doit pas être considérée comme une maladie de l’intestin, pas plus que la variole ne doit être considérée comme une maladie de la peau ! Depuis cette époque, les opinions des pathologistes et des médecins se sont beaucoup modifiées sur ce point. On tend même aujourd’hui à aller à un excès opposé ! De fait, quelques auteurs, en se basant sur les tableaux de l’hémoculture, ten- draient même à regarder la fièvre typhoïde comme une véritable septicémie (2). Mais c’est là peut-être une exagération. Les bacilles typhi- ques se multiplient dans l’organisme animal, surtout dans les organes lymphatiques et dans les cavités lymphatiques (séi euses). Leur apparition dans le sang est due à des décharges bacillaires analogues à celles que l’on observe dans l’infection vibi ionienne expérimentale. 11 s agit donc d’une bacillémie et non d’une septicémie. Les résultats de l’hémoculture le confir- ment : celle-ci, en effet, n’est généralement positive que plu- sieurs jours après le commencement de la fièvre typhoïde. Chez les animaux inoculés par voie parentérale avec les vibrions cholériques, ceux-ci apparaissent aussi régulièrement dans le sang. xMais, comme on l’a vu, il s’agit de décharges transitoires, de bacillémies fugitives. On observe également le même phénomène chez l’homme et il serait inexact de parler de septicémie ! Dans un prochain mémoire, nous nous occuperons de la manière de reproduire expérimentalement, chez les animaux non seulement le tableau anatomique et bactériologique du choléra, mais aussi l’attaque aiguë de l’algidité cholérique, avec tout le cortège des altérations viscérales et humorales, si nombreuses, et si imposantes, qui sont caractéristiques de (1) Eludes sur la fièvre typhoïde expérimentale (1er, 2e, 3R mémoires! Tes Annales, 1892, p. 721 et 1894, p. 193 et 353. (2) Ch. Richet fils, Loc. cit., p. 27. PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 1021 l'infection vibrionienne humaine. Nous pourrons alors com- prendre plus aisément la façon dont se comportent les vibrions à l’égard de la circulation du sang. Mais, en attendant, une question se présente : pourquoi les vibrions cholériques se dirigent-ils électivement vers les parois gastro-intestinales ? L’excrétion gastro-intestinale des vibrions, à part la considé- rable sensibilité élective qu’offre l’appareil digestif vis-à-vis de leur poison, remplit-il simplement le rôle d’un émonctoire qui élimine de l’organisme les vibrions, comme si ceux-ci étaient des éléments hétérogènes qu’il faut expulser, ou bien, dans ce phénomène, quelque chose de plus spécifiquement vital enlre- t il en jeu? . Sont-ce les leucocytes qui entraînent les vibrions vers l’émonctoire intestinal, par un phénomène analogue a celui qui aété décrit par Stassano (l)à proposde l’élimination intestinale de certains sels et de certains poisons, ou bien s'agit-il d un phénomène de tropisme spécifique, analogue au tactisme de certains parasites animaux ? . On ne doit pas oublier, en effet, que les vibrions présents dans l’organisme ne se bornent pas simplement a vivre et a se multiplier. Comme nous l’avons déjà vu, ils sont doués d une mobilité extraordinaire et leur organe de locomotion, quoique constitué par un seul cil vibratile, leur imprime une vitesse telle qu’elle n’est dépassée par aucun autre microbe. Or on connaît les tendances de certains parasites qui, apres avoir pénétré dans l'organisme animal, atteignent 1 organe d’élection ou d’élimination en parcourant des voies centntuges Aux premiers appartiennent tous ceux qui de 1 intestin et des vaisseaux lymphatiques profonds se portent, par des voies diverses, à la périphérie. Les onchosphères de certains ténias, arrivées dans l’intestin, émigrent et s’établissent dans es organes ou tissus adaptés à leur développement ultérieur , es embryons du Tænia solium, du T. sayinala et du Bolnocep ta- lus la tus, à peine libérés de leur coquille dans 1 estomac de leurs hôtes, émigrent et vont se localiser dans les muscles (1) Sur le rôle des leucocytes dans l’élimination^ C. It. Acad, des sciences, 1901, 133, p. HO. Voir aussi mon mémoire preceden . 1022 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUli dans le tissu conjonctif périmusculaire, où ils passent leur phase larvaire ; les embryons du T. echinococcus passent de 1 intestin dans presque tous les organes et tissus, où ils se transforment en vésicules d’échinocoque ; les embryons du T. cœnurus et du l. seria/is vont de l’intestin aux centres ner- veux où ils deviennent, respectivement, Cœnurus cerebralis et Cœnurus seria/is. De la même manière se comportent les distomes hépatique et lancéolé, qui arrivent dans l’intestin sous forme de cercaires et émigrent ensuite dans le foie; le Paragonimus Westermanni qui va se localiser dans les poumons; les trichines qui, de l’intestin vont s’enkyster dans les muscles et les microfilaires sanguicoles qui, des lymphatiques profonds, vont rejoindre les vaisseaux sanguins superficiels d’où elles sont sucées par le moustique qui est leur hôte intermé- diaire. A la deuxieme catégorie appartiennent tous les autres para- sites qui, d une façon ou de l’autre, en suivant des voies diverses, pas toujours démontrées, vont de la périphérie vers le centre, c est-à-dire de la surface cutanée aux différents organes intérieurs. Le Schistosomum hæmatobium semble en effet, en auivant sur la peau de 1 homme, sous forme de cercaire, s’insinuer dans l’épaisseur du tissu cutané et émigrer ensuite pour atteindre le siège d’élection (cercle portai ; branches mésentériques et spléniques ; veines vésicales, hémor- roïdales et utérines). Il semble aussi que le Schistosomum japomcum pénètre par la voie cutanée et rejoigne ensuite le système veineux et artériel de l’intestin. Une démonstration très suggestive de l’émigration de la surface cutanée vers le contenu intestinal a été obtenue par les expériences de Looss, sur la pénétration des larves d ' Ankylostomum duodena/e par la voie cutanée. Les larves de ces vers, une fois qu’elles ont atteint, dans le milieu extérieur, le maximum de développement de vie larvaire, sont capables de pénétrer dans l’épaisseur de la peau, soit à travers les follicules des poils, soit par les pores, soit aussi par un point quelconque de la peau elle même, et d'atteindre la cavité intestinale où elles deviennent adultes., Quant à la route que les larves suivraient pour arriver dans 1 intestin, on avait cru d abord à un processus très compliqué décrit par Looss lui-même. Mais des expériences plus récentes i J 023 PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA faites par Lambinet (1), par Càlmette et Breion (2) et par Alessandrini (3) ont démontré non seulement que les larves d 'Ankylostomum arrivent dans l’intestin des chiens et des chats, même si elles ont été injectées dans le péritoine, mais que, les sucs gastriques de ces animaux étant en état de détruire ces larves, celles-ci n’atteindraient jamais l'intestin. Aussi n admet-on plus aujourd’hui comme possible 1 ingé- nieux, mais compliqué circuit de Looss , bien connu, mais on pense que les larves susdites passent directement des capil- laires veineux du poumon dans les capillaires artériels et, de là, au cœur gauche et, par la grande circulation, aux parois de 1 intestin. En effet, on a réussi à obtenir l’infection des animaux, même après avoir pratiqué sur eux l'œsophago- stomie à la Pawlow . De même que la pénétration de X Ankylostomiim dans la peau provoque des manifestations papuleuses et pustuleuses, le pas- sage dans l’intestin semble aussi être précédé d’un bref arrêt des larves dans l’épaisseur de ses parois, au-dessfous de la muqueuse. Là, quelques auteurs (Grassi, Niepce, Bilharz, etc.) ont remarqué des cavités remplies de sang, contenant de jeunes vers. De plus récentes observations auraient permis de constater qu’un autre ver aussi, le Strongyloides intestinalis , pénétrerait dans l’intestin, comme Y Ankylostomum, à travers la peau. Ces exemples tirés de la zoologie médicale trouvent-ils quel- ques points de ressemblance avec les localisations électives intestinales des vibrions cholériques, introduit dans l’orga- nisme par voie parentérale? Afin d’éclaircir ce point le plus possible, j’ai voulu faire quelques expériences. J’ai voulu, dis-je, vérifier le degré d’attraction exercé sur les vibrions par le sérum du sang, par la sérosité péritonéale et par le suc de paroi intestinale de cobaye, en comparaison de l’attraction exercée, dans les mêmes conditions, par la simple eau peptonée. (1) Ueber die Durchdringung der Larven des Ankylostomum duodenale durci) die Haut. Deutsche .med. Woch 1904, 30, n° 50, p. 1848. (2) Note sur l’infection ankylostomiasique expérimentale chez le chien. Bull, de V Acad, de Méd., 1905, n° 12, p. 312. (3) Ulteriori osservazioni sul ciclo di sviluppo dell’ Uncinaria duodenalis (Dub.). Bollett. délia Soc. zoologica italia?ia, 1905, noi 2 3 4-5. 09 1024 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Une première série d’expériences a été effectuée en employant des tubes en U remplis de sable, égaux à ceux que Carnot et Weill-Hallé (1) ont conseillés pour l’isolement du bacille typhique. Gomme on le sait, les auteurs se sont proposé, par cette méthode, de tirer parti de la vitesse de locomotion possédée par le bacille typhique, pour obtenir f son isolement d un matériel impur, par exemple : des selles. Le matériel impur ayant été ensemencé dans une des deux branches du tube en U, le bacille typhique, plus rapide que les autres microbes, passerait le premier dans la branche opposée, en traversant avec une plus grande vitesse la haute couche de sable. On a donc rempli les tubes de sable en U avec de 1 eau pep- tonée, on a ensemencé les vibrions dans une des deux branches et, ensuite, on a tâché d’attirer les memes vibrions vers l'autre branche en laissant tomber dans celle-ci quelques gouttes de sérum frais* de cobaye, de la sérosité péritonéale ou du suc entérique de cobaye normal. Ce suc a été préparé en émul- sionnant, en sérum, la muqueuse de 1 intestin grêle d un cobaye normal, en délayant, a parties égales, avec une solu- tion physiologique et en filtrant à travers une petite bougie Berkefeld. En tenant les tubes en permanence dans la -chambre étuve et en faisant des cultures avec des prélèvements périodiques de la branche stérile, on arrive à surprendre, avec une préci- sion absolue, le moment où les vibrions, après avoir traversé le filtre de sable, sont passés de la surface du bras de départ à celle du bras d’arrivée. Naturellement, on se servait, comme mesure de comparai- son, de tubes de sable en U contenant seulement de l’eau peptonée. Je dirai tout de suite que les résultats de ces expériences comparatives laissent la plupart des fois à désirer, pour la régularité et la précision. Ce n’est qu’après un grand nombre d’essais que l’on réussit à tirer un critérium approximative- ment juste, sur l’existence ou le manque d’un pouvoir chimio- (1) Notes pratiques sur la recherche du bacille typhique dans l’organisme. La Presse Médicale , 1915, p. 89. 1025 PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA tactique des vibrions envers le sérum et le suc entérique de cobaye. 1 Dans les tubes de contrôle, la double colonne de sable n’est traversée généralement par les vibrions qu’au bout de onze heu les. Dans les tubes amorcés avec du sérum, avec de la sérosité péritonéale ou avec du suc entérique de cobaye, les vibrions passent d’ordinaire de l’un à l’autre bras un peu plus vite, dans environ dix heures. L’avantage sur les tubes-témoins n'est pas grand, mais, en somme, se répète avec une suffisante uniformité. En tenant aussi compte de l’inévitable grossièreté de ces expériences, elles témoignent du côté des vibrions une plus grande attraction envers le sérum de sang, la sérosité périto- néale et le suc entérique. Afin de mieux éclaircir la partie qui se rapporte au sérum et au suc entérique, dans une autre série d’expériences, au lieu d amorcer les vibrions dans le bras d’arrivée avec du suc enté- rique mêlé avec du sérum, j’ai remplacé ce suc par un petit fragment d intestin grêle, prélevé d’un cobaye récemment tué. Le résultat global fut, à peu près, égal aux précédents : dans le bras amorcé avec un fragment d’intestin, l’arrivée des vibrions s’effectua un peu plus vite que dans le deuxième bras non amorcé des tubes de contrôle. Mais on ne put constater aucune différence sensible entre le pouvoir d’attraction du sérum pur et celui de l’intestin. On ne réussit pas non plus à vérifier aucune différence dans le pouvoir d’attraction entre le sérum de sang et la sérosité péritonéale. Pour éclaircir mieux encore ces données, j’ai voulu expéri- menter aussi ce pouvoir d’attraction avec de minces tubes de verre longs de 15 centimètres et de 1 millimètre de diamètre, que j’ai remplis de sérosité péritonéale, de sérum de sang ou d'eau peptonée. Après avoir bouché l’ouverture supérieure avec de la cire à cacheter, j’ai plongé la partie inférieure, restée ouverte, dans une petite éprouvette contenant une émulsion de vibrions, ou je l’ai couchée sur une culture vibrionienne, développée à la surface d’un tube d’agar. Pour faire les cultures de la por- tion supérieure du liquide contenu dans les tubes capillaires, on a ôté ces derniers de l’éprouvette ou du tube l’agar, on les a fixés sur une tablette de paraffine, on a enlevé le bouchon de 1026 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR cire et, par une pipette capillaire, on a prélevé une goutte de liquide qu’on a ensemencée dans de l’eau peptonée. Les résultats d’une série d’expériences ont fourni des données à peu près constantes. Pour rejoindre le sommet des petits , tubes de verre, les vibrions ont employé : 5'-6' si les petits tubes contenaient du sérum de cobayes ou de la sérosité péritonéale; 45'-2 heures si les petits tubes contenaient de l’eau peptonée (témoins). En conclusion, l’ensemble de ces expériences nous autorise à retenir : que la sérosité péritonéale et le sérum de cobaye représentent, pour la vitesse de translation des vibrions cholé- j riques, un milieu beaucoup plus propice que la simple eau peptonée. Mais, malgré tout cela, les causes véritables du tropisme gastro-intestinal des vibrions cholériques restent encore peu compréhensibles. RÉSUMÉ Les résultats expérimentaux exposés dans ce quatrième mémoire peuvent se résumer dans les conclusions suivantes : 1° Contrairement à ce qu’on a cru jusqu’ici, le sang des cobayes n’exerce aucun pouvoir bactéricide sur les vibrions cholériques. Par conséquent, chez les cobayes inoculés dans le péritoine, les vibrions qui se déchargent en grandes quantités dans le courant sanguin à travers les lymphatiques de la séreuse ne meurent pas. Ils y déterminent seulement une vibrionémie transitoire, mais ils finissent, tôt ou tard, par abandonner la circulation générale et par se diriger et se concentrer vers les parois intestinales, qui représentent leur but et leur émonctoire naturel. 2° Les cobayes qui ont reçu dans le péritoine une dose léthale de vibrions ne meurent ni de péritonite, ni d’intoxication ou infection générale, mais ils meurent des suites d’une gastro- entérite causée par les vibrions qui se sont concentrés et qui agissent dans les parois mêmes du canal digestif. Dans les cas qui ne sont pas très aigus, les vibrions abandonnent complô- PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 1027 tement la cavité péritonéale ainsi que la circulation sanguine et se multiplient seulement, en quantité innombrable, dans les parois du canal digestif. Dans ces cas on constate, a l’autopsie, un tableau anatomique et bactériologique égal à celui d’un cas typique de choléra humain. 3° L’excrétion des vibrions de l’organisme des cobayes ino- culés dans le péritoine ne s’effectua pas seulement à travers le réseau lymphatique du conjonctif sous-muqueux et interglan- dulaire de l’intestin, mais aussi à travers les parois de l’estomac. Meme dans les parois de l’estomac du cobaye, la présence des vibrions détermine de graves altérations anatomiques et humorales. Parmi celles-ci une des plus précoces et des plus constantes est la réaction alcaline du contenu gastrique qui se produit chaque fois que les cobayes inoculés dans le péritoine avec des doses léthales de vibrions, meurent au delà de vingt- quatre heures. Dans ce cas, le contenu liquide de l’estomac se présente aussi extraordinairement riche en vibrions. 4° L’ablation de l’épiploon, qui est le principal organe de défense et de barrage lymphatique contre les vibrions injectés dans le péritoine, rend plus rapide et plus abondante la trans- migration de ces microbes dans le courant sanguin et rend, par suite, plus graves les gastro-entérites vibrioniennes d origine péritonéale. 5° Dans les cas à marche plus lente, on peut observer aussi, chez les cobayes, une excrétion vibrionienne à travers la muqueuse bucco-pharyngienne. 6° Dans les formes à évolution prolongée et à issue mortelle, il peut se présenter, chez les cobayes, cette forme paralytique intestinale qui a été décrite chez l’homme sous le nom de « choléra sec »; il peut apparaître dans la circulation des agglu- tinines spécifiques et il peut se produire des infections ou des localisations secondaires de la part d’autres germes, comme on l’observe dans le choléra humain. 7° Il n’est pas encore possible de dire à quoi l’on doit attri- buer le gastro-eutérotropisme des vibrions. Les recherches effectuées à ce sujet ont démontré seulement que le sérum de sang et la sérosité péritonéale des cobayes représentent, pour la vitesse de locomotion des vibrions cholériques, un milieu beaucoup plus propice que l’eau peptonée ordinaire. 1028 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR 8° Le tableau anatomique et bactériologique du choléra humain, que l’on observe chez les cobayes inoculés par voie parentérale, ne peut équivaloir à la reproduction d’un pro- cessus morbide analogue à celui qui est propre à l’homme. En. effet, il reste encore à reproduire chez les animaux l’épisode symptomatologique le plus grave et le plus caractéristique du choléra humain : Yalgiclité cholérique ! PATHOGÉNIE DU CHOLÉRA 1029 » EXPLICATION DES PLANCHES Ces figures, comme celles des mémoires précédents, ont été dessinées d’après nature par M. G. Monti, dessinateur de l'Institut d'Anatomie com- parée de Rome. Planche XX. Fig. 1. — Distribution des vibrions dans la paroi intestinale d’un cobaye de 460 grammes (voir chap. II, par. 3, cobaye n° 7), mort trois jours après l’injection péritonéale de demi-culture de vibrions cholériques. Le tissu conjonctif interacineux, comme le contenu des culs-de-sac glandulaires apparaissent parsemés d’innombrables quantités de vibrions. L’intérieur des glandes de Lieberkühn est plein aussi de vibrions. (Coloration avec fuch- sine phénique). Ob. 1/15. imm. hom. Oc. 6 comp. pIG. 2. — Paroi de l’estomac de cobaye mort deux jours après l’injection péritonéale de demi culture de vibrions (voir chap. II, par. 3, cobaye n° 6). A proximité des débouchés des glandes peptogastriques, dont les éléments anatomiques apparaissent défaits ou très altérés, on observe des vibrions isolés ou réunis en petits groupes. La surface de la muqueuse gastrique, en haut, est complètement dépouillée de son caractéristique épithélium cylindrique. La palissade glandulaire, profondément déformée, est rendue presque méconnaissable à cause de son infiltration œdémateuse. (Coloration avec fuchsine phénique), Ob. 1/15. 1mm. hom. Oc. 6 comp. pIG, 3. — Arborescence de vibrions dans le -contenu de l’iléum d’un cobaye de 300 grammes, tué douze heures après l’injection péritonéale d’une culture cholérique (voir chap. II, par. 3). Coloration avec fuchsine phénique. Ob. 1/15. Imm. hom. Oc. 6 comp. F1G. 4. — Vibrions dans le contenu diarrhéique de l’intestin grêle cl'un cobaye mort deux jours après l’injection péritonéale de demi-culture cholérique (voir chap. II, par. 3, cobaye n° 6). Planche XXL pIG \ — Intestin grêle de cobaye mort trois jours après 1 injection péii- tonéale de demi-culture de vibrions cholériques (la même que la figure 1 de la planche précédente). Dans les cryptes de Lieberkühn, on observe la disposition caractéristique des vibrions qui sont expulsés à travers la muqueuse. Coloration et grossissement, comme ci-dessus. pIG> 2. — Préparation du contenu diarrhéique de 1 intestin grêle du même cobaye qu’à la figure 4 de la planche précédente. Coloration et grossissement, comme ci-dessus. pJG 3 Préparation du contenu de l’iléum du cobaye précédent. TxU * TABLE DES MATIÈRES Mouvements des leucocytes et quelques tactismes étudiés à 1 aide de l’enregistrement cinématographique, par J. Coma nd ox 1 Etudes sur le pneumocoque ( neuvième mémoire ) : Immu- nité antipneumococcique, par Mlle A.. Raphaël . ... 26 Étude expérimentale sur la sérothérapie antigonococ- cique, par Félix Terrien, Robert Debré et Jean Paraf 34 De l’action des sérums par la voie respiratoire, par A. Besredka Abreuvoir pour rats et souris, par A. Ponselle 55 Jubilé E. Metchnikoff . — La pathogénie du choléra et la vaccination anticholérique, par J. Cantacuzène . . 57 Technique d’identification des germes pyocyaniques, par* C. Gessard 33 Études sur le pneumocoque ( dixième mémoire) : Prépa- ration et propriétés des sérums antipneumococ- ciques, par C. Truche 98 Pneumonie et tuberculose chez les troupes noires, par A. Borrel jpg Études sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes [premier mémoire ) : Sérums « antisérums », par M. Nicolle, E. Césari et E. Debains 149 Note sur 1 étiologie et l’anatomie pathologique du typhus exanthématique au Mexique, par S. Burt Wolbach et John L. Tood >153 De l’emploi de l’éther acétique comme réactif précipi- tant des protéides, par A. Marie 159 TABLE DES MATIÈRES 1031 Produclion d’acide formique . par la levure dans les milieux amidés, par P. Thomas 162 Études sur le pneumocoque ( onzième mémoire)'. Races du pneumocoque, par M. Nicolle et E. Debains .... 177 Les conditions de nutrition des Anophèles en France ( Anopheles macuHpennis) et le rôle du bétail dans la prophylaxie du paludisme, par E. Roubaud 181 Les levures des saucissons, par E. CÉSARiet A. Guillier- mond 229 Les sérums antiprotéasiques, leur spécificité. La réaction de l’antiprotéase, par L. Launoy 249 De la pathogénie du choléra ( deuxième mémoire) : La « péritonite cholérique » du cobaye, par le professeur G. Sanarelli, Directeur de F Institut d’Hygiène de F Université de Rome (avec la planche I) 271 Recherches sur la préparation des sérums antimicrobiens et antitoxiques chez le cheval [premier mémoire), par M. Nicolle, Y. Frasey, E. Debains et E. Nico- las' 285, [668] Anaphylatoxine et anaphylaxie, par A. Besredka 334 Étude sur la peste aviaire, par G. Jouan et A. Staub . . . 343 Ostéo-périostite post-typhique traitée par un autovaccin vivant sensibilisé [méthode Besredka ), par les Doc- teurs M. Ciuca et I. Enescu 358 Infection et vaccination par voie trachéale, par A. Bes- redka 361 De la pathogénie du choléra [troisième mémoire) : Le protéide du vibrion cholérique, par le professeur G. Sanarelli 370 Action du bacille fluorescent liquéfiant de Fliigge sur l’asparagine en milieu chimiquement défini [deuxième mémoire ) : Produits et mode d’attaque de l’aspara- gine, par le Dr A. Blanchetière 392 Les vaccinations antirabiques à l’Institut Pasteur en 1919, par J. Via la 412 État organisé des colonies bactériennes, par René Le- groux et J. Magrou (avec les planches II à XII). . . 417 La flagellose des euphorbes, par Carlos França (avec les planches XIII et XIY) 432 1032 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Essais d'inoculation du paludisme au chimpanzé, par F. Mesnil et E. Roubaud (avec la planche XY). . . Pyrexie mortelle à allure spéciale causée par un flagellé à la Guyane française, par Marcel Léger Composition chimique du hacille tuberculeux, par A.Goris. Sur l’évolution de Sarcoci/stis mûris , par M. Marullaz . . Nouvelles recherches expérimentales sur la vaccination des bovidés contre la tuberculose, par A. Calmette et G. Gcérin Jubilé E. Metchnikoff . — Considérations sur les théories de la coagulation du sang, par le Dr Jules Bordet. . Études sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes ( deuxième mémoire] : Sérums antitoxiques, par M. Nicolle, E. Césari et E. Debains Sur la classification de certains groupes de bacilles aéro- bies de l intestin humain, par Aldo Castellani et Albert J. Chalmers Recherches complémentaires sur la fabrication du Nuoc- mam, par J. Mesnard et E. Rosé Mort subite du lapin au cours d’inoculations sous-cuta- nées de substance nerveuse homologue, par P. Rem- linger Addendum . . . Jubilé E. Metchnikoff. — Contribution à l’étude des microbes antagonistes de la bactéridie charbon- neuse (Bacillus anthracis ). Recherches expérimen- tales, par W. Silberschmidt et E. Schoch Jubilé E. Metchnikoff. — Contribution à l’étude des infections intestinales. Le Bacillus Bookeri , par II. Tissier Jubilé E. Metchnikoff . — Rôle des hémolysines dans l’intoxication microbienne, par M. Weinberg et M. Nasta . . t Jubilé E. Metchnikoff . — Sur le dosage du tryptophane dans les matières protéiques, par Pierre Thomas. . . Etudes sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes ( troisième mémoire) : Sérums anticellu- laires. Valeur pratique de la réaction précipitante, par M. Nicolle et E. Césari 466 481 497 553 561 600 622 650 668 669 684 690 701 709 TABLE DES -MATIÈRES 1033 Synthèses de l’acide cyanique par oxydation des sub- stances organiques. Nouvelles méthodes d'analyse de ce corps, par R. Fosse 715 Recherches sur le Spiroc/iæta icterohemorrcigiæ Inada et Ido, par Marian GiEszczYKiE\vicz(avec la plancheXVII). 703 La cellule géante syncytium ou dérivé de syncytium >; contribution à l’étude des granulomes, par Liénaux et IIamoir 775 Les propriétés des microbes lactiques ; leur classification, par Paul Van Steen berge 803 De la pathogénie du choléra ( quatrième mémoire) : Le gastro-entérotropisme des vibrions (première partie), par le professeur G. Sanarelli ...... r 871 L’immunité naturelle et acquise chez la chenille de Gal- leria mellonella ( premier mémoire ), par S. Metal- nikow . . 888 Etude expérimentale de l’encéphalite léthargique, par G. Levaditi et P. IIarvier (avec les planches XVIII et XIX) 911 De la pathogénie du choléra (quatrième mémoire) : Le gastro-enlérotropisme des vibrions (suite et fin), par le professeur Sanarelli (avec les planches XX et XXI) 973 O n. • * ♦ * « T £* H C IL A TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D’AUTEURS Besredka (A.) Blanchetière (A.) Bordet (Jules) Borrel (A.) » ' Calmette (A.) etGuÉRiN (G.). Cantacuzène (J.) . . . „ . Gastellani (Aldo) et Ghal- mers (Albert J.) Césari (E.), Nicolle (M.) et Debains (E.) Gésari (E.) et Nicolle (M.)# De l’action des sérums par la voie respi- ratoire 51 Anaphylatoxine et anaphylaxie. . . . 334 Infection et vaccination par voie tra- chéale 361 Action du bacille fluorescent liquéfiant de Flügge sur l’asparagine en milieu chimiquement défini ( deuxième mé- moire). Produits et modes d’attaque de l’asparagine 392 Considérations sur les théories de la coagulation du sang . . .* 561 Pneumonie et tuberculose chez les troupes noires 105 Nouvelles recherches expérimentales sur la vaccination des bovidés contre la tuberculose 553 La pathogénie du choléra et la vaccina- tion anticholérique 57 Sur la classification de certains groupes de bacilles aérobies de l’intestin humain 600 Etude sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes ( premier mémoire). Sérums « antisérums » . ,149 Etudes sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes ( deuxième mémoire). Sérums antitoxiques. . . . 596 Etudes sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes ( troisième mémoire). Sérums anticellulaires. Va- TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D’AUTEURS 1035 leur .pratique de la réaction précipi- tante 709 Césari (E.) et Guillier- mond (A.) Les levures des saucissons 229 Chalmers (Albert J.) et Cas- tellani (Aldo) Sur la classification de certains groupes de bacilles aérobies de l’intestin humain 600 Ciuca (M.) et Enescu (J.) . Ostéo-périostite post-typhique traitée par un auto-vaccin vivant sensibilisé ( Méthode Besredka ) 358 Comandon (J.). ...... Mouvements des leucocytes et quel- ques tactismes étudiés à l’aide de l’enregistrement cinématographique. 1 Debains (E.), Nicolle (M.) et Césari (E.) Etudes sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes (pre- mier mémoire). Sérums « antisérums ». 49 Debains (E.) et Nicolle (M.). Etudes sur le pneumocoque (onzième mémoire). Races du pneumocoque. . 177 Debains (E.), Nicolle (M.), Frasey (V.), Nicolas (E.). Debains (E.), NicoLLE (M.) et Césari (E.) Debré (Robert), Terrien (Félix) et Paraf (Jean). Enescu (J.) et Ciuca (M.) . Fosse (R.) França (Carlos) Frasey (Y.), Nicolle (M.), Debains (E.), Nicolas(E.). Gessard (C.) Gieszczykiewicz (Marian ) . Recherches sur la préparation des sérums antimicrobiens et antitoxiques chez le cheval (premier mémoire ). 285, [668] Etudes sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes (deuxième mémoire). Sérums antitoxiques ... 596 Etude expérimentale sur la sérothérapie antigonococcique 34 Ostéo-périostite post-typhique traitée par un auto-vaccin vivant sensibilisé (Méthode Besredka) 3X8 Synthèses de l’acide cyanique par oxyda- tion des substances organiques. Nou- velles méthodes d’analyse de ce corps. 715 La llagellose des euphorbes (avec les planches XIII et XIV) 432 Recherches sur la préparation des sérums antimicrobiens et antitoxiques chez le cheval (premier mémoire). 285, [668] Technique d’identification des germes pyocyaniques Recherches sur le Spirochxta ietero- hemorragiæ Inada et Ido (avec la planche XVII) 763 1036 ANNALES DE L’INSTITUT PASTEUR Goris (A.) Composition chimique du bacille tuber- culeux 497 Guérin (C.) et Calmette (A.). Nouvelles recherches expérimentales sur la vaccination des bovidés contre la tuberculose 553 Guilliermond (A.) et CÉ- SARI (E.) Hamoir et Liénaux . . . . II AR VIER (P.) et Levaditi (C.). Jouan (C.) et Staub (A.). . Launoy (L.) Léger (Marcel) Legroux (René) et Magrou (J.) Levaditi (C.) etHARviER(P.). Liénaux et IIamoir .... Magrou (J.) et Legroux (Re- né) Marie (A.) Marmier (Louis) ..... Marullaz (M.) Mesnard (J.) et Rosé (E.) . Mesnil (F.) et Roubaud (E.) . Metalnikow (S.) Nasta (M.) et Weinberg (M.) . Les levures des saucissons La cellule géante syncytium ou dérivé du syncytium. Contribution à l’étude des granulomes Etude expérimentale de l’encéphalite léthargique (avec les planches XVIII, XIX) Elude sur la peste aviaire Les sérums anliprotéasiques, leur spéci- ficité. La réaction de l’antiprotéase . Pyrexie morcelle à allure spéciale cau- sée par un flagellé à la Guyane fran- çaise (avec la planche XVI) Etat organisé des colonies bactériennes (avec les planches II à XII) Etude expérimentale de l’encéphalite léthargique (avec les planches XVIII, XIX). . . . ‘ La cellule géante syncytium ou dérivé du syncytium . Contribution à l’étude des granulomes E'at organisé des colonies bactériennes (avec les planches II à XII) De l’emploi de l’éther acétique comme réactif précipitant des protéides. . . Modification d’an régulateur de chauf- fage électrique ( mémoire du t. 27, omis à la Table des auteurs des tomes 26 30) Sur l’évolution du Sarcocystis mûris . . Recherches complémentaires sur la fa- brication du Nuoc-mam Essai d’inoculation du paludisme au chimpanzé (avec la planche XV) . . . L’immunité naturelle et acquise chez la chenille de Galteria mellonella [premier mémoire ) Rôle des hémolysines dans l’intoxica- tion microbienne 229 777 911 343 249 481 417 911 777 417 159 668 547 622 466 890 690 1037 TABLE ALPHABÉTIQUE PAR NOMS D’AUTEURS Nicolas (E.), Nicolle (M.), Frasey (V.) et Debains CE.). Nicolle (M.), Césari (E.) et Debains (E.) Nicolle (M.) et Debains (E.). Nicolle (M.), Frasey (V.), Debains (E.) et Nicolas (E.). Nicolle (M.), Césari (E.) et Debains (E.) Nicolle (M.) et Césari (ë.). Par af (Jean), Debré (Ro- bert) et Terrien (Félix). Ponselle (A.) Raphaël (Mlle A.) . . . . Remlinger (P.) Rosé (E.) et Mesnard (J.) . / Roubaud (E.) Roubaud (E.) et Mesnil (F.). Sanarelli (G.) Recherches sur la préparation des sé- rums antimicrobiens et antitoxiques chez le cheval [premier mémoire). 285, [668] Etudes sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes ( pre- mier mémoire). Sérums « antisérums ». 149 Etudes sur le pneumocoque ( onzième mémoire). Races du pneumocoque . . 177 Recherches sur la préparation des sé- rums antimicrobiens et antitoxiques chez le cheval ( premier mémoire). 285, [668] Etudes sur la précipitation mutuelle des anticorps et des antigènes ( deuxième mémoire). Sérums antitoxiques . . . 596 Etudes sur la précipitation mutuelle des anticorps etdes antigènes (troisième iné- moire). Sérums anticellulaires. Valeur pratique de la réaction précipitante. 709 Etude expérimentale sur la sérothé- rapie antigonococcique . 34 Abreuvoir pour rats et souris 55 Etudes sur le pneumocoque ( neuvième mémoire). Immunité antipneumococ- cique 26 Mort subite du lapin au cours d’inocu- lations sous-cutanées de substance nerveuse homologue 650 Recherches complémentaires sur la fabrication du Nuoc-mam 622 Les conditions de nutrition des Ano- phèles en France (. Anophelis maculi- pennis ) et le rôle du bétail dans la prophylaxie du paludisme 181 Essais d’inoculation du paludisme au chimpanzé (avec la planche XV). . . 466 De la pathogénie du choléra ( deuxième mémoire). La « péritonite cholérique » du cobaye (avec la planche I) .... 271 (Troisième mémoire). Le protéide du vibrion cholérique (Quatrième mémoire). Le gastro-enté- rotropisme des vibrions .... 873, 973 1038 ANNALES DE f /INSTITUT PASTEUR Sjlberschmidt(W.) etScHocH (E.) SCHOCH (E.) et SlLBERSCHMIDT (W.) Staub (A.) et Jouan (C.). . Terrien (Félix), Debré (Ro- bert et Paraf (Jean) . . Thomas (P.) Tissier (H.) Tood (John L.) et Wolbach (S. Burt) Truche (G.) Van Steenberge Weinberg (M.) et Nasta (M.). VlALA (J,) Wolbach (S. Burt) et Tood (John L.) Contribution à l’étude des microbes antagonistes de la bactéridie charbon- neuse ( Bacülus anthracis). Recherches expérimentales 669 Contribution à l’étude des microbes antagonistes de la bactéridie charbon- neuse ( Bacülus anthracis). Recherches expérimentales 669 Etude sur la peste aviaire 343 Etule expérimentale sur la sérothé- rapie antigonococcique 34 Production d'acide formique par la le- vure dans les milieux amidés .... 162 Sur le dosage du tryptophane dans les matières protéiques 701 Contribution à l’étude des infections intestinales. Le Bacilius Bookeri. . . 684 Note sur l’étiologie et T anatomie patho- logique du typhus exanthématique au Mexique J 50 Etudes sur le pneumocoque ( dixième mémoire ) : Préparation et propriétés des sérums antipneumococciques . . 98 Les propriétés des microbes lactiques. 80b Rôle des hémolysines dans l’intoxica- tion microbienne 690 Les vaccinations antirabiques à l’Institut Pasteur en 1919 412 Note sur Pédologie et l’anatomie patho- logique du typhus exanthématique au Mexique 153 t Le Gérant : G. Masson. Paris. — L. Maretheux, imprimeur, 1, rue Cassette Annales de l'Institut Pasteur Fig. l v Fiq. 2 0 O o » « 0 0 0 o° « o *4 JP © 0 u O O . O O O d e"* * o O o üo • o V 0 * 0 • ." * • o c ! ' ;* ./ o" * r .v o o o o ° ° o 0 O ° 0* » Q % o b O fi-,* . 0 0 • «° 0£ * ' • -* 00 • » o Q ° G ^ V 0 ù O O ^ O o o % e ° • w o C * a 0 ( o w O k O O u ' o a • TT O °n* •« . * •o"»..* a ü > , oot'-O «o a • & 4 O ° * W0 • 0*0 0 O v O • *• « o© * * o ^ c. D AU O '0 ^ • - - «r • V. » *_#' u o ® o o O o « o O « « o * 0 o o „ tf O • o o , / 6 *5 ‘ c* 0 û <*^6 .. «G o 0 ° o ^ 3 0 ^ 0 ce . # * « °y° o <£> © © •• o O»o • • ^ je* • o • : o * • 000 °» ^ o o « © o0 o O e° ^ O ° O 0 0 o « • o o • * o° 0° * . 0 0/ o , o 4 ?/&'-> m — ® °®„ o\ 0 P © û 0 © •„ o ; ô • * •i- • * »•• 0 , o 0 'a o” « Be o *.* «*G°“ .-.f O ü » ~b~ * . ^ ° .o V* ° ' * * * ° .-Q «•* . •• o « • ,* ** * Q o » 0 ç « 0 o 6 .* î**.* 0 ”, « O 0 ^ « 0 0 % 0 » 0 ° , 0 0 J) ° e » c o ■ ^ • * ..* O o o ° cP ^ 0 • O « © ” ' 0 • ' O 0 0° 0 0 O O Ü • o • a 0 „ 0 6 «• 0 ®„ o 6 V * ° ^ O o L 0 6 C» O °r, V « O O o '« .. Va* ». 0 * © S>0 # ' t> o 0 O t> © O • U 0 » <■ • a » u * 0 O G 0 c o o • • r/ , P O o« 0» t> o « A O • o c *c O 0 w . ° «* c • * V •- . t « a ■ <*> 0 e 0 *» O Q 0 v*« •Su fl» <0 v. • o o v 6 o° ° * o o t> 0*0 o 0e « e ; o o • - ; CO o O g O 0° O O « 0 Ou® * « Fief. 5 f i © ! ^ o m \ i m ’ * *• I P FiV- 6 »• ■' TMt *♦ !'* Çfe Z n ? i i-ÏÇ. Z O Constantin., cfeZ &lith. r TOME XXXIV PL. XVIII Meiri. Levadiü & H amer 4 • * p o m Annales de l'Institut Pasteur. Fit y. Z O ü O o O O O « O O O o" ^ O o ° > °° n ** <* « Z4'.* V _ o*- y% « O o *• % C O o o O o « o \ o « JXXh ; ' % ° Q “ o o \ ° fc' O ° N '•••» • (f ° O ° ° oÜ ° °° o°° O ° *> ° 00 °< o° 0 O _ ülü 0 « o 1 O O O o o o O °o O * o 0 0 £%\°« 0 o «* 0 y ïflk ° o 0 •, O . '»• +m o a ° o 0 * O Q w O o 00 « o ; °ov t fv,° o « o o o « o * ÿ '".v 0 \ •» **. o ,<î^» v. 'a «V* «■ » • >° l .«£ « .' **- 0° o° t ol o S o V°“av 0<*° « o « 0 - 0 0 0 0 „ o o 0 0 o o 0 ° o 0 O O o 0 o ^ ~ o _ P 0 a o p * t> o « I V, ♦ ° «.. 0 o O o « I oO 0*0 0 uo 0 0 ♦ *, 0 o 1 » ^ o» o'o 0 o „ »«•„&*» -> 0 x**; »<* *»• 0 0 ;«•••:% .V- ....•#$! ♦: ‘ W :: J&î*. / ,î;.V:;r»‘-: 0 o *»••* # \ ^ °0 o r\ * # «' o O „ w . « °o *" v/vV ;;v* •• ~ - •*,*•*• . . • .*»“'■• /••A S /.••* ‘.-t :* î i -** h.*' o ' o *» o o o O » 0 „ * «o » « q "o-'i % 0° o 0 O e Constantin cJel a, lith. TOME XXXIV PL. XIX Mèm.Levaditi & Harvler © © CO © °6> « 8 ,âo0 Cto 00 P> ® ® 28» \ \ V D 68 *§êofe 080 c*2- o P V' P fr 6 Annales de l’institut Pasteur Tome XXXIV, Pl. XX (Mém. Sanarelli.) Annales de l’Institut Pasteur. Tome XXXIV, P l. XXI. (iVlÉM. SaNARELLI.) - 1 APPAREILS DE PRÉCISION Servant en Physiologie, en Pharmacologie et en Médecine INSTALLATIONS COMPLÈTES de LABORATOIRES sur DEVIS — 15 à 31, Rue Bobillot, PARIS (XIIIe) Anciennement ; 7, rue Linné. Téléphone 828-33 NOUVELLE ÉTUVE > température constante de HEARSON ■ La figure représente l’Étuve électrique sans réser- voir d’eau. Dans ces appareils, la chaleur est produite, distribuée d’une façon uniforme par un ou plusieurs fils. Des jonc- tions spéciales commandant chaque fil permettent d’utiliser ces résistances suivant certaines combinaisons pour pro- duire des températures plus ou moins élevées. Nous fabriquons tous les appareils nécessaires aux labo- ratoires de bactériologie, tels que : bains-marie, étuves à paraffine, stérilisateurs, appareils Wassermann, etc. Tops nos appareils peuvent être chauffés, soit au pétrole, gaz ou électricité. ENVOI GRATUIT DU CATALOGUE SUR DEMANDE Seuls Concessionnaires : SPRATT’S PATENT 38, rue Caumartin, PARIS Adoptée officiellement par la Marine et les Hôpitaux de Paris. PANCREATINE DEFRESNE 1 gr. transforme simultanément : 35 gr. albt mine; 20 gr. corps gras; 25 gr. amidon. Dyspepsie. ( Dégoût des A.liments. 1 Gastralgie. Diabète . j Digestions difficiles. \ Gastrite, etc. POUDRE — PILULES — ÉLIXIR DEFRESNE, Auteur de la Peptoue Pancréatique, 4, Quai du Marché-Neuf, PARIS, et Pharmaoiea. X3XXjI_iA_TXI_iT CHENAL*, DOUILHET et C*, Suce- PARIS — 22, rue de la Sorbonne, 22 — PARIS ;; FABRIQUE DE PRODUITS CHIMIQUES ET PHARMACEUTIQUES Produits purs pour Analyses * Bactériologie * Histologie ♦. Micrographie Dépôts des balances : H. L BECKER Fils et C,e, de BRUXELLES En France : Henry-Louis BECKER. — A. CATTEADX et R. GUELTON, Suc". ZFOTJKlSriSSETTIRS IDE L’INSTITUT PASTEUR E. Oogit & C Constructeurs d’instruments et d’ Appareils pour les Sciences 36, Boulevard Saint-Michel, PARIS Téléphone : Fleurus 08-58 ATELIERS DE CONSTRUCTION EXPÉDITIONS ET VERRERIE EN GROS 19, Rue llumboldt, PARIS AGENTS EXCLUSIFS DES MICROSCOPES KORISTKA. S. O. M. Construits par la Société d’Optique et de Mécanique de Haute Précision, à Paris. Dépositaires des Colorants français R. A. L. et (les Colorants (lu Dr TRIBONDEAU et du Dr HOLLANDE Produits chimiques pour la Micrographie et la Bactériologie Autoclaves , Centrifugeurs, Installations complètes de Laboratoires, Milieux de culture stérilisés, Microtomes de toutes marques . APPAREILS ET BROYEURS LATAPIE NOUVEAU MODÈLE D’ÉTUVES ÉLECTRIQUES A TEMPÉRATURE CONSTANTE NOUVEAUX APPAREILS DE PHYSIOLOGIE Marque « ASCO » pour la médecine et l’expérimentation. MASSON ET Cie, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE Ï20, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS Vient de paraître LES ANTIGÈNES ET ANTICORPS Caractères généraux APPLICATIONS DIAGNOSTIQUES ET THÉRAPEUTIQUES PAR M. NICOLLE, de l’Institut Pasteur de Paris. Un volume de 115 pages 4 fr. 50 net. MASSON HT Cis; EDITEURS H LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE |g j 2 0 , BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS Vient de paraître LA CHIMIE ET la Guerre SCIENCE ET AVENIR T’A R Ch. MOÜREÜ, Membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie de Médecine, Professeur au Collège de France. Cet ouvrage montre comment, dans T un et l’autre camp, le problème chimique a été vital pendant la guerre. Dans une puissante vue d'en- semble, Fauteur dégage les facteurs généraux de la grandeur nationale, montre ce que nous pou- vons faire si nous savons nous organiser et donner à la recherche et à la méthode scienti- fique le rôle capital qui leur appartient. Un volume de 384 pages de la Collection Les Leçons de la Guerre. Prix 10 fr. net. — 11 — FOURNITURES GÉNÉRALES pour LABORATOIRES et Ateliers de construction d’Appareils de précision Les Établissements POULENC Frères ; • 1 22 , Boulevard Saint -Germain — PARIS Siège social : rue Vieille-du Temple Produits Cbiiips purs Réactifs, Liqueurs titrées Verre Français, marque LARO YEBREHIE ORDINAIRE ET GRADUÉE DENSIMETRES THERMOMÈTRES APPAREILS chauffés au gaz, au pétrole, à l’électricité. Autoclaves et Étuves à culture COLORANTS FRANÇAIS, marque R. A. L. pour Microbiologie et Physiologie MICROSCOPES === MICROTOMES ~ CENTRIFUGEURS APPAREILS ET INSTRUMENTS DE PRECISION British Scientific Apparatus Manufacturera Ltc> (ASSOCIATION DE CONTRUCTEURS ANGLAIS) Magasin Cl’ Exposition : £08, Rue Saint-Jacques - PARIS (Ve) INSTRUMENTS pour la Bactériologie, la Physiologie, la Chimie biologique, etc. RENSEIGNEMENTS ET CATALOGUES FRANCO SUR DEMANDE *0% •*/2\ ,v® ■ V ^:<.v ATELIERS DE CONSTRUCTION Pour APPAREILS DE CHIMIE, BACTÉRIOLOGIE. Verrerie soufflée, graduée, porcelaine, terre, grès w I® 26 et 13, Rue V auquel m == PARIS (Ve) = INSTALLATIONS COMPLÈTES DE LABORATOIRES ET IDE SALLES D’OPÉRATIOITê Fourniture de Produits chimiques — Matières colorantes Microscopes — Microtomes. NOUVELLES VERRERIES DE LABORATOIRE : Neutra . Qualité léna. Fina. . — Bohême. Verre. . — Courante. Produits français f abri an#5' par la Verrerie E. ADN^ 28, rue des Carrières, à Charentoii , près Par P. LEQUEUX*, PARIS — 64, Rue Gay-Lussac, 64 — PARIS INGÉNIEUI des Arts et Manufacti Adresse télégraphique : W1ESNEGG-PARIS - Téléphone : 806-25. SPÉCIALITÉ D’APPAREILS BACTÉRIOLOGIQUE Autoclaves ^ stérilisateurs a air chaud * STÉRILISATEURS A EAU BOUILLANTE * ÉTUVES et BAINS-MARIE A TEMPERA- TURES CONSTANTES * ÉTUVES A CUL- TURES MICROBIENNES' CHAUFFEES PAR LE GAZ, L’ÉLECTRICITÉ ET LE PÉTROLE * RÉGULATEURS DE TEMPÉRATURE * CHAMBRES - ÉTUVES , etc. »ï* APPAREILS A DÉSINFEC- TI0”- s FOURNIS DES instituts PA! de Paris, Lille, e et Instituts Bactériologi de France et Etranger INSTALLATION DE LABORATOl Projets, Devis Envoi franco des Catalogues sur dem Expositions l Bruxelles 1897 : Grand Prix 1 Saint-Louis 1904 : Gran Universelles J Paris 1900: 2 Grands Prix î Bruxelles 1910 : 2 Gram Paris. — L. Marktheux, imprimeur, 1, rue Cassette. THE UNIVERSITY OF TEXAS AT AUSTIN UNIVERSITY OF TEXAS LIBRARIES